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(Quinze heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Brouillet): La commission des
communautés culturelles et de l'immigration reprend ses travaux. Voici
les membres de la commission: Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Dean
(Prévost), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Payne (Vachon), M.
Godin (Mercier), M. Gratton (Gatineau), Mme Lachapelle (Dorion), M. Laplante
(Bourassa), M. Leduc (Fabre), M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), M. Lincoln
(Nelligan).
Les intervenants: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Ryan (Argenteuil), M.
Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Gauthier (Roberval), M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. Martel (Richelieu), M. Polak (Sainte-Anne), M. Vaillancourt
(Orford), M. Vaugeois (Trois-Rivières).
Il y a une correction dans la liste des membres: M. Dupré
(Saint-Hyacinthe) sera membre à la place de M. David Payne qui sera
intervenant.
Mme Lavoie-Roux: On ne veut pas que vous votiez avec nous autres.
Ce sont les ordres.
M. Payne: Pourquoi ne puis-je être membre?
Le Président (M. Brouillet): C'est parce que vous devez
quitter, M. Payne.
M. Payne: J'étais supposé faire un amendement. Je
peux?
Le Président (M. Brouillet): Oui, quand même. C'est
parce que, comme vous devez partir tout à l'heure, ça nous prend
un intervenant.
M. Godin: C'est parce qu'il avait un amendement à
proposer.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il n'y a pas de problème.
M. Gratton: On craint vos représentations.
Mme Lavoie-Roux: Vos incartades. Bien oui, puis vous avec nous
autres, le gouvernement serait renversé! Je crains fort que M. Leduc
vote avec M. Laurin.
Une voix: Vous craignez?
Le Président (M. Brouillet): Alors, nous étions
rendus à l'article 28. Oui, M. le député de Papineau.
M. Gratton: Gatineau, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Gatineau, excusez.
M. Gratton: Ce sont deux comtés italiens "Gatino" et
"Papino". Je pense qu'il est peut-être utile de mentionner que, si nous
suspendons l'étude des articles touchant le secteur de
l'éducation, c'est que le ministre de l'Éducation sera ici
à 20 heures.
Une voix: À 20 heures ce soir.
M. Gratton: On reprendra alors là où nous en
étions à la dernière séance.
Avant d'aborder l'article 28 où on était avant d'aborder
le secteur de l'éducation, est-ce que le ministre accepterait de
déposer ou de faire distribuer aux membres de la commission les
représentations, les lettres ou télégrammes qu'il a pu
recevoir au cours des derniers jours et, notamment aujourd'hui, je pense, de
municipalités, de commissions scolaires, d'autres organismes qui
réclament des amendements au projet de loi?
Distribution de documents
M. Godin: J'en ai un exemplaire unique ici, mais rien
n'empêche d'en faire faire des copies.
Pensez-vous qu'il y a moyen, monsieur?
M. Payne: J'ai un amendement à déposer.
M. Godin: C'est peut-être le moment, demandez à
votre président.
M. Gratton: Est-ce qu'on peut régler ma demande?
Le Président (M. Brouillet): Une chose à la fois,
s'il vous plaît.
M. Gratton: Bien, voyons!
Le Président (M. Brouillet): Nous allons régler la
demande du député de Gatineau.
M. Gratton: Voilà.
Le Président (M. Brouillet): Après, je serai
prêt à entendre le député de Vachon.
M. Godin: Cela commence par "nous sommes heureux". C'est ce que
vous voulez?
M. Gratton: Et ça finit par "voulez-vous amender la loi?"
Ah! Ah! Ah!
M. Godin: Voulez-vous qu'on la distribue aux
députés de l'Opposition?
M. Gratton: Oui. J'en ai reçu des copies, mais,
malheureusement, je n'en ai pas fait de photocopies. Je pense que chaque membre
de la commission devrait normalement s'intéresser à ces
choses.
M. Godin: Comme vous avez les originaux, ce serait
peut-être mieux qu'on se serve des vôtres pour faire les
photocopies. Nous, on n'a que des photocopies.
M. Gratton: Je ne pense pas qu'on puisse parler d'originaux dans
mon cas; effectivement, ce sont des copies de télégrammes
adressés au ministre.
M. Godin: Moi, j'ai des photocopies. Cela a été
envoyé à Montréal et cela nous est parvenu aussi. Entre
vous et moi, passez-moi vos copies qui sont plus propres que les miennes, qui
sont des bélinos, et on va en faire des photocopies.
M. Gratton: Oui. Peut-être pour les besoins de la cause,
afin qu'on sache si on a bien les mêmes documents, M. le ministre, on en
a un ici de la commission scolaire de Bonaventure, un autre de la commission
scolaire protestante de Gaspé, de la commission scolaire
régionale gaspésienne, de l'Association des commissions scolaires
protestantes du Québec, de la présidente du Townshipper
Association, un autre du maire de Côte-Saint-Luc, M. Bernard Lang, un
autre du maire de Beaconsfield, Mme Patricia Rustad.
M. Godin: Oui. C'est une question d'accent, je ne me battrai pas
avec vous là-dessus.
M. Gratton: Pas de problème. Un autre de la ville de
Hamstead.
M. Godin: Oui.
M. Gratton: J'ai également celui de la ville de
Pointe-Claire, M. Malcom Marx.
M. Godin: Celui de Dollard-des-Ormeaux, l'avez-vous?
M. Gratton: Je ne l'ai pas, non.
M. Godin: Je pense que j'ai tout ici, on va en faire faire des
photocopies. Combien de copies voulez-vous? Le messager est déjà
parti.
M. Gratton: II y en a un autre que je voudrais vérifier
avec vous. Ce matin, on m'a transmis par téléphone le texte d'une
lettre qui a été déposée à Montréal,
supposément aussi au bureau du ministre, du comité des grands
magasins.
M. Godin: Oui.
M. Gratton: Vous avez cela?
M. Godin: Oui.
M. Gratton: Bon, cela aussi. Finalement, il y a une lettre et un
mémoire. La lettre est datée du 5 décembre, de M.
Géci, directeur général adjoint du secteur anglais de la
CECM. Vous n'avez pas cela? Cela vous est pourtant adressé.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, cela vous est adressé. Comment
se fait-il que vous ne recevez pas votre courrier? On vous cache des choses, M.
le ministre.
M. Gratton: On vous cache des choses, M. le ministre.
M. Godin: On est débordé de ce temps-ci.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les amendements qu'il vous a
envoyés.
M. Gratton: Je vous en donnerai une copie.
M. de BellefeuiUe: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Gratton: Vous n'avez pas autre chose, vous, M. le
ministre?
M. Godin: Non. La Chambre des notaires, l'avez-vous eue?
M. Gratton: Non.
M. de Bellefeuille: M. le Président, sur la même
question, on m'a informé que M. Gilles Rhéaume, en sa double
qualité de président de la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal et de président du Mouvement
national des Québécois, a émis hier un communiqué
de presse. D'autre part, M. André Cloutier, président de
l'Association canadienne-française de l'Ontario, a
télégraphié aujourd'hui à quelques membres du
gouvernement québécois, y compris le
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration. Je
voudrais demander au ministre de porter ces textes le plus tôt possible
à la connaissance des membres de la commission.
M. Godin: L'ACFO, la Société Saint-Jean-Baptiste et
également les professeurs de français. Les copies s'en viennent.
D'accord?
M. de Bellefeuille: D'accord.
M. Gratton: Oui, on apprécierait d'en avoir des copies,
parce que nous n'en avons pas reçu.
M. Godin: Elles s'en viennent.
M. Gratton: D'accord.
M. Godin: "It is coming up."
M. Gratton: "It is coming up."
M. Godin: "It is coming right up."
M. Gratton: "Thank you very much."
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Nous allons
tous attendre avec impatience les documents.
M. Godin: Voilà.
Le Président (M. Brouillet): Entre-temps, est-ce que vous
seriez prêts, quand même, à aborder l'article 28?
M. Gratton: Bien oui.
Le Président (M. Brouillet): II y a le
député de Vachon qui avait quelques amendements. Est-ce que
c'était concernant l'article 28? Si vous voulez les déposer et
nous les apporter ici.
M. Payne: Non, si vous n'y voyez pas d'objection, cela touchait
effectivement les articles 20 et 23. Si cela vous convient, je pourrais les
déposer tout de suite. Auriez-vous préféré qu'ils
soient déposés au tout début?
M. Gratton: M. le Président, je pense qu'il serait
préférable que le député attende qu'on soit rendu
là, parce qu'on a aussi des amendements. Cela pourrait se recouper.
M. Payne: À la discrétion du président.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
Étant donné que nous sommes à étudier l'article 28,
nous allons poursuivre.
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Lors du retour sur les
articles en suspens, peut-être qu'il y aurait lieu de voir cela.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant d'aborder
l'article 28, j'avais demandé, la dernière fois que
j'étais ici, si on pouvait déposer la liste des cas où on
avait permis l'affichage bilingue pour des raisons de sécurité.
On nous avait dit qu'on nous la remettrait. Est-ce que cela a été
remis?
M. Godin: J'ai envoyé une lettre au ministre des
Transports et j'attends sa réponse.
Mme Lavoie-Roux: Mais ce n'est pas nécessairement
seulement dans les transports qu'il y a des affiches pour la
sécurité et la santé. Cela peut être dans d'autres
domaines. J'admets avec vous qu'il y en a une partie qui relève du
ministre des Transports, mais cela peut être au Commerce.
M. Godin: Non, la liste des cas où cela a
été autorisé?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Godin: Vous m'aviez donné un cas précis, qui
était l'épandage d'un abrasif au lieu du sel.
Mme Lavoie-Roux: Oui. J'avais donné cela comme
exemple.
M. Godin: Elle était générale.
Mme Lavoie-Roux: Ma question était d'ordre
général. Dans quelle mesure s'était-on prévalu de
cet article qui prévoit que l'affichage puisse être bilingue pour
des raisons de santé et de sécurité publique?
M. Godin: Vous pouvez demander ce relevé à
l'office. Ce qu'il faut savoir, madame, c'est que les organismes peuvent
prendre sur eux d'afficher.
Mme Lavoie-Roux: Donnez-moi au moins ceux qui sont venus à
l'attention de l'office.
M. Godin: D'accord, les demandes venues à l'attention de
l'office.
Le Président (M. Brouillet): L'article 28?
Comités de francisation M. Gratton: Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Godin: Je lis le nouvel article 28. "L'article 147 de cette
charte est modifié par l'addition de l'alinéa suivant: Les
représentants des travailleurs sont désignés pour une
période d'au plus deux ans. Leur mandat peut être
renouvelé." Cela vise à s'assurer que les travailleurs membres
des comités de francisation représentent vraiment les
travailleurs de l'entreprise. L'expérience qui nous a été
décrite, c'est que, dans certains comités de francisation, un
travailleur nommé au début de l'opération, en 1977 ou
1978, avait été promu et était maintenant devenu un
superviseur ou un chargé de service. Les raisons pour lesquelles il
avait été choisi au début ne s'appliquant plus, le
travailleur se plaignait qu'il n'y avait pas vraiment de représentant
qui vivait les problèmes que ces gens vivent quotidiennement. Pour
s'assurer que les gens qui représentent les travailleurs à ces
comités soient vraiment au coeur du bassin où la francisation
doit s'appliquer, nous proposons l'ajout de cet amendement à la loi
101.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, simplement pour que cela
fasse partie du dossier, j'aimerais à nouveau citer ce que le Centre de
linguistique de l'entreprise dit au sujet de l'article 28 dans cette
communication que nous avions sollicitée auprès de lui à
la suite du dépôt du projet de loi 57. En bref, le CLE dit: "Cette
disposition vient préciser dans le temps deux questions que beaucoup
d'entreprises se sont posées depuis 1977, à savoir,
premièrement, si le comité est une institution permanente et,
deuxièmement, dans l'affirmative, faut-il prévoir le remplacement
de ses membres? Ajoutons que, dans les entreprises où la majorité
des travailleurs ne sont pas syndiqués, ces dispositions obligeront la
direction à organiser des élections tous les deux ans."
Je ne pense pas que le Centre de linguistique de l'entreprise veuille
faire quelque démonstration que ce soit autre que d'indiquer, à
juste titre selon moi, que là où la majorité des
travailleurs ne sont pas syndiqués, l'entreprise devra trouver un moyen,
tous les deux ans, de faire désigner les représentants des
travailleurs au comité de francisation. Je me demande si le ministre
s'est penché sur cela. Est-ce qu'il sera laissé au choix des
entreprises de procéder comme bon leur semble pour le choix de ces
personnes-là?
M. Godin: Non, pas du tout. Ce sont précisément les
employés qui vont choisir leurs représentants au sein de ces
comités. Nous pensons que cela peut avoir un effet positif sur l'esprit
et le climat dans certaines entreprises que tous les deux ans les travailleurs
se réunissent, à la demande de leur syndicat, s'il y en a un, ou
à la demande d'eux-mêmes s'il n'y a pas de syndicat ou à la
demande de la direction, pour l'application de la loi 101. Je ne pense pas que
cela ait des effets négatifs, au contraire.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'il y aurait
d'autres questions ou observations concernant l'article 28?
Une voix: Non.
Le Président (M. Brouillet): L'article 28 est-il
adopté?
M. Gratton: Sur division pour la raison suivante: l'ensemble des
articles qui font partie de ces comités de francisation, compte tenu des
remarques qu'on a faites au début quand on a abordé
l'étude de ces articles, nous semble ne rien faire pour améliorer
la situation et, comme cela constitue, aux yeux de certains, un irritant de
plus, nous adoptons l'amendement sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur
division.
J'appelle l'article 29.
M. Godin: Je le lis: "L'article 148 de cette charte est
modifié par l'addition de l'alinéa suivant: "Au moins le tiers
des membres d'un sous-comité est désigné
conformément à l'article 147." Voici ce qui se passe dans la
réalité, M. le Président. Dans le cas d'une grande
entreprise qui compte plusieurs filiales ou succursales ou ce qu'on appelle des
"plants" en anglais, l'entreprise, conformément à la loi 101,
avait formé un comité de francisation et, à
l'intérieur de ses usines - dans certains cas, il y en a trois ou quatre
dans le territoire du Québec - avait formé un sous-comité.
La loi 101 ne reconnaissait pas, pour ces sous-comités, le même
principe du tiers des membres qui est retenu pour le comité de
francisation centralisé. C'est la raison pour laquelle, à la
suite des revendications, des demandes et des suggestions des travailleurs,
nous avons décidé d'ajouter ce principe au sein des
sous-comités de francisation actifs.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Gratton: Le ministre exprime le point de vue des travailleurs.
Il me permettra sûrement, pour que cela fasse partie du dossier, de dire
ce que le Centre de linguistique de l'entreprise, qui représente, lui,
la partie patronale, en pense. "Dans la pratique, nous dit le CLE, les
entreprises
n'ont pas créé de sous-comités, puisque cette
approche est peu compatible avec la réalisation d'objectifs
réels. Il faut garder à l'esprit que l'application efficace d'une
politique de gestion suppose la définition claire et précise des
objectifs et des moyens par la direction de l'entreprise, l'information de tous
les employés, puis la surveillance de leur application par chacun des
niveaux d'encadrement concernés. Dans ce contexte, les
sous-comités sont, par conséquent, une courroie de transmission
peu utile à l'exception peut-être des entreprises comptant un
grand nombre d'établissements dispersés dans l'ensemble de la
province."
M. le Président, quant à nous, on peut adopter l'article
29.
Le Président (M. Brouillet): L'article 29 est
adopté?
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Brouillet); Adopté. J'appelle
l'article 30.
M. Godin: L'article 30 vise à remplacer l'article 150 de
la charte qui se lisait ainsi: "L'office décide, après
étude du rapport mentionné à l'article 149 - rapport
préliminaire qui décrit la situation du français dans une
entreprise - si l'entreprise doit adopter et appliquer un programme de
francisation. Dans l'affirmative, l'entreprise charge son comité de
francisation d'établir le programme approprié et d'en surveiller
l'application." Le nouvel article 150, qui porte le numéro 30 dans le
projet de loi 57, se lirait ainsi: "Le comité de francisation a pour
mandat d'élaborer, s'il y a lieu, le programme de francisation et d'en
surveiller l'application. Il veille à ce que le français conserve
dans l'entreprise le statut que les programmes de francisation ont pour objet
d'assurer." (15 h 45)
C'est de concordance avec un article qu'on a adopté la semaine
dernière, M. le Président. Cela vise à assurer que le
comité de francisation atteindra son objectif, d'une part;
deuxièmement, qu'il atteindra des objectifs qui ne seront
peut-être même pas apparents dans l'entreprise. Je pense, entre
autres, aux effets de l'implantation de la bureautique, de la
télématique dans les entreprises, et de la robotique, même,
dans certains cas. Nous voulons que ces nouveaux développements
techniques soient couverts par la francisation de manière que le
français reste au Québec une langue utile non seulement au XXe
siècle, mais même à l'aube du XXIe siècle qui est
très bientôt. Nous serons peut-être tous ici quand cela
arrivera; du moins, c'est ce que je souhaite de notre côté. Donc,
cela vise à s'assurer que la francisation restera une dynamique vivante
dans une entreprise au Québec.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: "Cet article consacre le caractère permanent
des comités de francisation et n'ajoute rien de plus aux obligations des
entreprises. Ici encore, la proportion du succès sera davantage fonction
de la qualité de la gestion de l'entreprise que de l'action des
comités." Cette remarque du CLE, nous la faisons nôtre, M. le
Président, et nous adoptons l'article 30.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je voudrais savoir une chose. Sur le plan juridique,
un juge est devant la nécessité d'interpréter le statut
que les programmes de francisation ont pour objet d'assurer. Cette
définition, sur le plan juridique, est-ce quelque chose qu'un juge peut
utiliser et sur laquelle il peut fonder son opinion? Il me semble que le nouvel
article est beaucoup plus difficile sur le plan juridique que le premier.
M. Godin: Vous voulez dire qu'il est plus contraignant?
M. Scowen: Non, plus difficile d'interprétation.
M. Godin: Au fond, c'est bien simple, c'est que les programmes de
francisation ont pour objet d'assurer que le français soit
utilisé à chaque étape de production à l'usine,
sauf dans les cas des sièges sociaux et des centres de recherche. Mais
comme une entreprise - vous le savez aussi bien que moi, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce -subit une évolution,
tel que je l'ai mentionné tout à l'heure, nous voulons que, dans
l'entreprise, le statut du français, à des niveaux où la
loi stipule que le français doit être utilisé, ne soit pas
modifié à la baisse dans l'avenir.
M. Scowen: Je comprends très bien l'objectif. Je veux
simplement m'assurer que vous êtes sûr que, sur le plan de
l'interprétation juridique, vous ne rendez pas beaucoup plus difficile
le travail d'un juge qui sera peut-être un jour obligé
d'interpréter cette deuxième phrase.
M. Godin: Remarquez qu'à l'article 141 de la loi 101, qui
est toujours en application, on énumère de façon
très précise, à a), b), c), d), e), f), g), h),
l'encadrement de l'implantation du français dans une entreprise. Le
statut est déjà déterminé par l'article 141. Comme
on fait référence dans l'article 150 à l'article 141
implicitement, ce
que "statut" veut dire là-dedans, c'est précisé par
l'article 141.
Le Président (M. Brouillet): L'article 30 est-il
adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. J'appelle
l'article 31.
M. Gratton: Qu'est-ce qu'on fait, M. le ministre?
M. Godin: Comme l'article 31 touche la langue de travail, au
fond, et la francisation, on peut peut-être rouler jusqu'à
l'article...
M. Gratton: 34.
M. Godin: 34 ou à l'article 33 même. Jusqu'à
l'article 34, si vous êtes d'accord.
Le Président (M. Brouillet): Vous êtes d'accord pour
quoi, pour passer par-dessus l'article 31?
M. Godin: Non, pour poursuivre jusqu'à l'article 34
inclusivement.
Le Président (M. Brouillet): Les articles 31, 32,
jusqu'à 34 inclusivement. Est-ce cela?
M. Godin: Oui, c'est cela.
Une voix: Vous voulez en discuter globalement?
M. Godin: Non, poursuivre article par article jusqu'à
l'article 34 inclusivement.
M. Gratton: Pour terminer la section.
M. Godin: Pour terminer la section sur le travail et revenir
ensuite au statut de la langue française et anglaise dans les
institutions, aux articles 20, 23 et 28.
Une voix: De la loi 101?
M. Godin: De la loi 101. Êtes-vous d'accord?
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
Une voix: Tout le monde est d'accord.
Le Président (M. Brouillet): On poursuit avec l'article
31. L'article 30 est adopté.
M. Godin: À l'article 31: "L'office peut, pour la
période qu'il détermine, exempter une entreprise de l'application
de toute disposition de la présente loi ou d'un règlement: a)
lorsqu'il délivre une attestation d'inscription ou un certificat de
francisation; ou b) lorsque l'entreprise est en cours d'application d'un
programme de francisation approuvé par l'office." L'alinéa
suivant et le dernier: "L'office en avise la Commission de protection de la
langue française instituée par le titre III." C'est le titre III
de la présente loi. Au fond, le premier paragraphe du nouvel article
reprend le principe de l'exemption prévue à l'ancien article 153
en l'étendant aux règlements pour que les règlements
soient validés. C'est une préoccupation.
M. Gratton: Ah bon!
M. Godin: Le paragraphe a) est une modification de concordance en
raison de la disparition des certificats provisoires qui sont remplacés
par une attestation d'inscription et, enfin, le paragraphe b) étend
l'exemption possible durant l'application d'un programme de francisation. Donc,
on précise et on étend l'exemption possible pour la durée
de l'application d'un programme de francisation.
M. de Bellefeuille: M. le Président, avant qu'on en vienne
à la substance de l'article 31 - c'est bien l'article 31 que nous
étudions? - ...
M. Godin: Oui, oui, c'est bien cela.
M. de Bellefeuille: ...pourrais-je signaler que l'alinéa
b) est fort mal rédigé dans son texte français? Le texte
anglais est bien rédigé, mais le texte français laisse
beaucoup à désirer. On dit: "Lorsque l'entreprise est en cours
d'application d'un programme de francisation approuvé par l'office". Ce
n'est pas l'entreprise qui est en cours d'application. C'est le programme qui
est en cours d'application.
M. Godin: Avez-vous une suggestion, M. le
député?
M. de Bellefeuille: Lorsque l'entreprise est en train de mettre
en oeuvre un programme de francisation. Est-ce que cela irait? Je ne sais pas,
moi.
M. Godin: Voulez-vous qu'on le demande à notre...
Mme Lavoie-Roux: Lorsque, dans une entreprise, un programme de
francisation approuvé par l'office est mis en application.
M. Godin: Ou est en cours.
Mme Lavoie-Roux: Au lieu de "en train".
M. Godin: Ou est en cours.
Mme Lavoie-Roux: En cours d'application.
M. Godin: Si le programme est en cours, cela va.
M. de Bellefeuille: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: II faut inverser l'ordre de la phrase.
M. Godin: Ce n'est pas l'entreprise. Voulez-vous
répéter votre suggestion, madame? Lorsque dans une
entreprise...
Mme Lavoie-Roux: Lorsque, dans une entreprise, un programme de
francisation approuvé par l'office est en cours d'application.
M. de Bellefeuille: Un programme de francisation approuvé
par l'office est en cours d'application.
M. Godin: Un programme de francisation approuvé par
l'office est en cours d'application.
M. de Bellefeuille: Voilà:
M. Godin: Le but, c'est de changer uniquement l'ordre des mots.
Est-il vendu? Est-il approuvé?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. M. Godin: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Nous recevons l'amendement
à l'article 31, au paragraphe b).
M. Godin: Le paragraphe b). C'est cela.
Le Président (M. Brouillet): Nous allons remplacer le
paragraphe b) par le texte suivant, si vous voulez le lire à
nouveau.
M. Godin: Lorsque, dans une entreprise, un programme de
francisation approuvé par l'office est en cours d'application. C'est
bien cela?
Mme Lavoie-Roux: Ou "Lorsqu'un programme de francisation
approuvé par l'office est en cours d'application dans une entreprise".
Ce serait encore plus simple. Cela ne change rien au fond.
M. Godin: "Lorsqu'un programme de francisation...
Mme Lavoie-Roux: ...approuvé par l'office...
M. Godin: ...approuvé par l'office est en cours
d'application dans une entreprise."
Mme Lavoie-Roux: Dans une entreprise. C'est encore plus simple.
Il y a moins de virgules.
M. Godin: C'est encore plus simple, plus clair. Vive la
clarté!
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, si vous
voulez nous le relire.
M. Godin: Nous remplaçons le b) du document soumis par un
nouveau b) qui se lirait comme suit: "Lorsqu'un programme de francisation
approuvé par l'office est en cours d'application dans une entreprise."
D'accord?
Le Président (M. Brouillet): "...d'application dans une
entreprise." Très bien. Adopté? L'amendement est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Vous appelez cela un amendement?
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est
adopté. L'article 31 tel qu'amendé est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté tel
qu'amendé. Article 32?
M. Godin: Article 32. L'article 154 de la loi 101 se lisait comme
suit: "L'office peut suspendre ou annuler le certificat de toute entreprise qui
ne se conforme pas au programme de francisation qu'elle s'est engagée
à réaliser ou qui ne respecte plus les obligations qui lui sont
imposées par la présente loi et par les règlements."
Cet article est modifié en remplaçant ce que je viens de
lire par l'article suivant: "L'office peut suspendre ou annuler le certificat
d'une entreprise si elle ne respecte plus les obligations qui lui sont
imposées par la présente loi ou les règlements ou si le
français n'y est plus utilisé à tous les niveaux selon les
termes de l'article 141."
Le nouvel article 144...
Une voix: 154.
M. Godin: Pardon? ...154, dis-je, reprend le principe
énoncé, tout en l'étendant aux entreprises qui ont
terminé l'application d'un programme de francisation. Encore là,
c'est le même principe que tout à l'heure, M. le Président.
Si le fonctionnement d'une entreprise est modifié, ce que cela
prévoit, c'est surtout l'entrée dans de telles entreprises des
récentes techniques de
production robotisées ou assistées par ordinateur. Nous
voulons que ces nouvelles étapes soient également l'objet de la
francisation, de manière que même, dans de tels cas, les
travailleurs du Québec puissent continuer à travailler en
français.
M. Lincoln: Je voudrais poser quelques questions au ministre. Si
vous ajoutez "ou si le français n'y est plus utilisé à
tous les niveaux selon les termes de l'article 141", si on va à
l'article 141, qui s'applique déjà dans la loi actuellement,
est-ce que cela ne rend pas l'article 154 beaucoup trop rigide à ce
point de vue? Vous dites, par exemple, "à tous les niveaux". Sous
l'article 154 antérieur, il y avait une certaine flexibilité. Si
le programme de francisation était organisé, il y avait des
obligations qui en découlaient; peut-être qu'un ou l'autre niveau
de l'article 141 ne s'appliquait pas à la même cadence,
peut-être qu'un a été suspendu pour un certain temps. Mais,
en ajoutant "ou si le français n'y est plus utilisé à tous
les niveaux selon les termes de l'article 141", vous pouvez peut-être
avoir un de ces niveaux qui, pour une raison ou une autre, n'est pas
respecté dans des entreprises très techniques, par exemple,
"l'utilisation d'une terminologie française." Disons qu'on est dans le
domaine de la haute technologie, pour une entreprise qui va travailler presque
à 100% en anglais, "à tous les niveaux", cela veut dire que
chacun des paragraphes de l'article 141 devrait être observé,
n'est-ce pas? Par exemple, dans le certificat donné à cette
entreprise qui reconnaît que certains niveaux sont exemptés,
est-ce que cela ne les force pas, l'article 154?
M. Godin: Non, cela permet à l'office "de", mais cela ne
force pas l'entreprise à le faire. Au fond, vous savez comment cela
fonctionne. C'est pour cela qu'il y a 300 personnes à l'office. Dans
certains pays - je pense à la Belgique - la loi dit: II faut que ce soit
français dans telle partie du pays, il faut que ce soit flamand dans
telle partie du pays.
M. Lincoln: Non, non, je suis d'accord là.
M. Godin: Donc, nous on a des négociateurs...
M. Lincoln: Je comprends.
M. Godin: ...et les négociateurs tiennent compte...
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Godin: ...de la réalité. Il y a des programmes
qui s'étendent jusqu'en 1992, M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Oui, oui, je suis entièrement d'accord avec
vous, M. le ministre. Je comprends exactement ce que vous essayez de nous dire.
Mais, là on écrit une loi...
M. Godin: D'accord, d'accord.
M. Lincoln: ...et ces choses vont être appliquées
selon la loi. Vous dites "ou si le français n'est plus utilisé
à tous les niveaux selon les termes de l'article 141." L'article 141 est
très précis. Il y a des paragraphes de a) jusqu'à h). Si,
par exemple, dans un certificat de francisation, vous avez des niveaux qui ne
sont pas soumis au même programme de francisation, etc., est-ce que cela
ne donne pas la latitude à l'office de pouvoir dire: Écoutez,
vous n'utilisez pas le français selon le niveau. "À tous les
niveaux selon les termes de l'article 141", il faudrait peut-être
qualifier cela selon les niveaux se rapportant au programme de francisation
lui-même, parce que les niveaux vont être différents, selon
le programme de francisation. Cela n'explique pas lequel c'est.
M. Godin: Mais c'est implicite. C'est implicite, c'est exactement
ce que cela dit. Si vous lisez la série d'articles de la loi 101 qui
portent sur la francisation, vous voyez qu'il y a énormément de
souplesse. L'article nouveau ne modifie en rien la souplesse. Tout ce que
l'article nouveau prévoit, c'est l'avenir. Par conséquent, nous
voulons que... Prenons le cas mentionné à l'article 141,
paragraphe f): "ce qui comporte l'utilisation d'une terminologie
française". S'il y a un bloc dans l'entreprise, dont la terminologie
française est déjà traduite, cette entreprise respecte 141
f), jusqu'à ce moment-là. S'il y entre un nouvel
équipement, s'il y a une nouvelle traduction à faire de la
terminologie française, donc le paragraphe f) ne s'appliquerait plus.
Nous voulons que, le plus tôt possible, l'entreprise se conforme,
grâce à ce nouvel article, à l'application de l'article 141
f) et l'office va risquer une nouvelle entente. (16 heures)
M. Lincoln: Ce que vous voulez dire, ce sont les niveaux
appropriés. Pourquoi ne le dit-on pas?
M. Godin: C'est implicite.
M. Lincoln: C'est ça qui n'est pas clair.
M. Godin: Quand on dit à tous les niveaux, ce sont...
M. Lincoln: Les niveaux cités.
M. Godin: ...les niveaux qui sont ici.
M. Lincoln: D'accord. Peut-être que
certains niveaux...
M. Godin: Pour atteindre l'objectif ultime, le délai est
dans des ententes qui interviennent suivant le genre d'entreprise. Les
exceptions sont nombreuses et la souplesse est presque infinie. Il y a des
entreprises qui étaient anglophones auparavant et qui sont
déjà francisées puisqu'elles produisent des verres. Dans
d'autres entreprises, comme Pratt & Whitney, c'est très en retard
parce que c'est beaucoup plus complexe. Il y a une entente.
M. Lincoln: D'accord. Mais l'article dit: "L'office peut
suspendre ou annuler le certificat d'une entreprise (...) si le français
n'y est plus utilisé à tous les niveaux selon les termes de
l'article 141." Si vous oubliez le reste, ça veut dire que l'office peut
suspendre ou annuler le certificat de francisation d'une entreprise si le
français n'y est plus utilisé à tous les niveaux selon les
termes de l'article 141. Dans certains programmes ou certains certificats,
peut-être qu'un niveau pourrait être exempté, par exemple
dans le domaine de l'ordinateur.
M. Godin: Non. Tous les niveaux font partie des programmes de
francisation. Vous avez peut-être vu des programmes de francisation
soumis en commission parlementaire. Il y a des échéanciers: 1982
pour telle opération, 1985 pour telle autre, 1990 pour telle autre. Pour
chaque niveau, il y a une date qui est plus ou moins rapprochée. S'il y
a un avancement par rapport à l'échéance prévue,
l'office est satisfait et donne un point à l'entreprise. S'il y a un
délai, l'office juge si celui-ci est fondé ou non. De toute
façon, votre crainte sera peut-être dissoute, si je puis
m'exprimer ainsi, par l'article 154.1. La suspension d'un certificat n'est pas
une procédure qui se fait comme ça. Ce n'est jamais encore
arrivé malgré les cas patents de retard - dans le cas de Pratt
& Whitney - en tout cas, il y a 7% ou 8% de cas. Avant que l'office
suspende un certificat, il y a beaucoup de procédures à
respecter.
M. Scowen: J'ai une autre question. Est-ce que le ministre peut
m'expliquer dans quel sens l'utilisation du français "à tous les
niveaux selon les termes de l'article 141" ne peut pas être une
obligation imposée par la présente loi ou ses
règlements?
M. Godin: Plus que ne l'était l'ancienne?
M. Scowen: Non, dans le sens de l'amendement comme tel.
M. Godin: Non, c'est à peu près la
même...
M. Scowen: Autrement dit, je vous demande ce que vous ajoutez au
sens de l'article si vous ne terminez pas avec le mot "règlements".
M. Godin: Ce qu'on ajoute, c'est les entreprises qui ont
terminé un programme de francisation.
M. Scowen: D'accord.
M. Godin: Donc, pour tous les niveaux couverts par 141, la
francisation est terminée, mais arrive tout à coup dans
l'entreprise, à un niveau X, de a) à h), un équipement
nouveau qui modifie, par conséquent, l'utilisation du français
dans tel niveau, par exemple au niveau c). Nous voulons que l'entreprise prenne
les mesures, avec l'office, pour que le nouvel élément dans c)
soit aussi francisé. Cela se réfère à des
tablettes, si vous le voulez.
M. Scowen: La réponse est que, dans la loi actuelle, une
fois son programme de francisation complété, la compagnie tombe
en dehors des contraintes de l'article 141. Est-ce cela?
M. Godin: C'est cela.
M. Scowen: Et maintenant vous voulez la
réintégrer.
M. Godin On veut s'assurer de couvrir tout nouveau
développement, tout nouvel équipement et surtout, M. le
Président, ce qui touche le XXIe siècle qui est
déjà à nos portes. Pensez à Comterm-Matra. Nous
voulons que ces nouvelles apparitions dans les niveaux a) à h) soient
couvertes dans l'avenir.
Le Président (M. Brouillet): II y a un amendement à
la version anglaise de l'article 32 que je dois vous soumettre.
M. Gratton: Un instant, M. le Président. Il faut voir cela
de plus près.
Le Président (M. Brouillet): L'article 32.
M. Godin: Alors, est-ce que je vous le lis maintenant?
Une voix: Oui, s'il vous plaît.
M. Godin: Ou si on a terminé notre discussion.
Une voix: Ah non!
Le Président (M. Brouillet): De toute façon,
l'amendement n'est pas adopté, quitte à revenir sur l'article
avant d'adopter celui-
ci.
M. Gratton: D'accord.
M. Godin: Alors, je lis l'amendement proposé: La version
anglaise de l'article 154.1 édicté par l'article 32 est
modifiée par le remplacement dans la première ligne du mot
"issuing" par le mot "refusing".
M. Gratton: Ah bien oui.
Le Président (M. Brouillet): Adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Alors, nous
revenons à l'article 32.
M. Godin: Excusez-moi, M. le Président, d'avoir
passé tout droit.
M. Gratton: Oui, est-ce que mes collègues ont
terminé?
Une voix: Oui.
M. Gratton: Alors donc, j'ai compris l'explication du ministre
vis-à-vis du premier aliéna de l'article 154.1 et si je ne
m'abuse, il s'agit là de légaliser un règlement qui...
M. Godin: Exactement.
M. Gratton: ...avait été jugé invalide.
M. Godin: Exactement.
M. Gratton: Alors, adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 32 est
adopté tel qu'amendé.
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Brouillet): L'article 33 tel
qu'amendé?
M. Lincoln: Est-ce qu'on adopte...
Le Président (M. Brouillet): Tel qu'amendé.
M. Gratton: Pardon?
Une voix: C'est en anglais, vous.
M. Lincoln: ...l'article 32 aussi?
Le Président (M. Brouillet): Oui, tel qu'amendé en
anglais.
Une voix: D'accord.
M. Gratton: Ah nous, on est bilingue, dans l'adoption.
Le Président (M. Brouillet): L'article 33?
Appel d'une décision de l'office
M. Godin: L'article 33 dit ceci: II y a appel d'une
décision de l'office de refuser -non, attendez un peu, 154.1, est-ce
qu'on l'a lu? - avant de refuser, de suspendre ou d'annuler...
Le Président (M. Brouillet): II est adopté,
n'est-ce pas?
M. Godin: Ce n'est pas la peine de le lire.
Le Président (M. Brouillet): Ah non, ce n'est pas
nécessaire de le lire.
M. Gratton: Ah non, non.
Le Président (M. Brouillet): Ce n'est pas
nécessaire de lire les articles. Si c'est nécessaire pour des
explications que vous voulez fournir...
M. Godin: C'est très bien, merci. Je croyais que.
L'article 33: "L'article 155 de cette charte est remplacé par le
suivant: "155. Il y a appel d'une décision de l'office de refuser, de
suspendre ou d'annuler un certificat de francisation. Une commission d'appel
est instituée à cette fin. "Cette commission est
formée..." Excusez-moi.
M. Gratton: M. le Président, est-ce que le ministre sent
qu'il est nécessaire de lire...
M. Godin: Pas du tout.
Le Président (M. Brouillet): Pour les fins du journal des
Débats, ce n'est pas nécessaire de lire.
Une voix: ...155?
Le Président (M. Brouillet): Le texte décrit la loi
que nous avons...
Une voix: Lorsqu'il y a papillon.
Le Président (M. Brouillet): Oui, oui, s'il y a un
amendement...
M. Gratton: II n'y a pas d'amendement.
Le Président (M. Brouillet): ...le prochain
amendement.
M. Gratton: Le ministre pourrait simplement peut-être nous
expliquer...
M. Godin: Bien, au fond, ce sont...
M. Gratton: ...qu'est-ce que dit l'article 33?
M. Godin: Dans tout l'article 33, qui couvre 155, 155.1,
155.2...
M. Gratton: C'est cela.
M. Godin: ...155.3 et 155.4, cela vise à habiliter
différents règlements, entre autres, les suivants: le
règlement régissant la Commission d'appel de francisation des
entreprises, règlement 1; le règlement sur les modalités
d'appel interjeté auprès de la commission d'appel,
règlement 10; tous les éléments sont déjà au
règlement sauf 155.3: Et il est d'usage de conférer de tels
pouvoirs aux organismes ainsi constitués. Donc, c'est pour donner suite
aux mémoires du doyen Ouellet du ministère de la Justice et d'un
comité formé à cet effet par le Conseil de la langue
française, par l'office et mon cabinet.
M. Gratton: Jusqu'à présent, cette commission
d'appel a entendu combien de demandes?
M. Godin: Aucune. Mais parce qu'aucun programme de francisation,
enfin ou très peu de programmes de francisation sont terminés.
C'est encore en cours. Donc, c'est pour l'avenir.
M. Gratton: La commission est constituée, par contre.
M. Godin: Oui, de M. Aimé Gagné qui en est le
commissaire.
M. Gratton: Et qui sont les autres membres?
M. Godin: Alors M. Aimé Gagné, un secrétaire
et trois membres qui ne sont pas payés, qui n'ont jamais
siégé.
M. Gratton: Mais M. Aimé Gagné fait quoi, à
part...
M. Godin: M. Aimé Gagné, il lui arrive de
rencontrer les entreprises qui demandent à le voir pour leur donner des
explications sur leurs droits, leur programme de francisation; pour les
informer, au fond.
M. Gratton: Et sa nomination est de quelle date?
M. Godin: Cela date du tout début... Donnez-moi donc vos
questions précises: Depuis combien de temps...
M. Gratton: En fait...
M. Godin: ...son salaire, le coût, le fonctionnement de la
commission... M. Gratton: Oui. M. Godin: ...d'accord.
M. Gratton: Si la commmission n'a pas encore entendu une seule
plainte, j'imagine que cela ne doit pas faire cinq ans qu'il est nommé.
En tout cas, je l'espère.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! cela fait celai
M. Gratton: Oui?
Mme Lavoie-Roux: Ah oui!
M. Gratton: Peut-on avoir sa description de tâches?
M. Godin: Oui, on va tout vous fournir cela. Deux jours par
semaine.
M. Gratton: Son curriculum vitae. M. Godin: À 28
000 $ par année. M. Gratton: Son statut marital.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il a des frais de...
M. Godin: Oui, on va vous donner cela.
M. Gratton: On veut avoir cela tout ensemble.
M. Godin: Oui, on va vous donner cela. Je vais vous dire depuis
quand il est nommé...
M. Gratton: Oui.
M. Godin: ...le coût de fonctionnement, son salaire, le
statut des autres membres, enfin une description complète.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Gratton: Ses antécédents.
M. Godin: II faut le rapport annuel.
M. Lincoln: Ce qu'on voulait, ce que je veux aussi, c'est savoir
combien de fois s'est réunie cette commission d'appel, s'il n'y a pas eu
d'appel, si elle se réunit seulement s'il y a des appels.
M. Godin: Son rôle. M. Lincoln: Son rôle.
M. Gratton: Oui.
M. Godin: Ses activités. D'accord?
M. Gratton: Oui, on veut avoir cela ici à la
commission.
M. Lincoln: On veut savoir si elle s'est réunie.
Le Président (M. Brouillet): L'article 33 est-il
adopté?
M. Gratton: Oui, M. le Président, sous réserve de
recevoir ces informations.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Est-ce que
nous roulons encore, M. le ministre, ou si nous mettons le frein?
M. Godin: On peut passer à l'article 34 tout de suite.
Le Président (M. Brouillet): À l'article 34,
oui.
M. Godin: Oui. L'article 179 de la charte est modifié par
l'addition à la fin de ce qui suit (pour les commissaires): "sauf du
pouvoir d'imposer l'emprisonnement."
Une voix: Une concordance. M. Godin: Une concordance.
Le Président (M. Brouillet): L'article 13 est suspendu.
Nous y reviendrons.
M. Godin: Non, c'est dans l'éducation. Tout ce qui fait
partie de l'éducation est suspendu.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais comme l'a dit mon chef...
Le Président (M. Brouillet): L'article 34, c'est un
article de concordance.
Une voix: Une minute!
Le Président (M. Brouillet): Non?
M. Gratton: Un instant! Comme on a suspendu...
Mme Lavoie-Roux: II faudrait suspendre l'article 34.
M. Gratton: ...l'article 13 et que c'est une concordance avec
l'article 13, on va le suspendre aussi, si vous le voulez bien.
Le Président (M. Brouillet): L'article 34 est suspendu.
D'accord.
M. Godin: C'est une concordance avec l'article 13.
M. Gratton: C'est parce qu'on a un amendement à vous
proposer à l'article 13.
M. Godin: Oui, d'accord.
Le Président (M. Brouillet): L'article 34 est suspendu.
L'article 35.
M. Gratton: M. le Président, avant de passer...
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, d'accord, c'est
vrai, il y a...
M. Gratton: ...aux articles 20 et 23, ce n'est pas
nécessaire de le faire avant, mais je viens de prendre connaissance de
la représentation reçue par le ministre de ia Chambre des
notaires. La Chambre des notaires n'avait pas cru bon de l'envoyer à
l'Opposition, je ne lui en tiens pas...
Mme Lavoie-Roux: Grief. M. Godin: Grief.
M. Gratton: ...grief. Voilà. Par contre, je
m'aperçois que la représentation que fait la Chambre des notaires
touche l'article 5 et mériterait qu'on s'y attarde peut-être pas
nécessairement immédiatement, mais comme on a déjà
adopté l'article 5, j'aimerais qu'on s'entende pour déclarer que
l'article 5 est suspendu afin de pouvoir y revenir au moment
approprié.
M. Godin: D'accord.
Une voix: II n'y a pas de problème.
Le Président (M. Brouillet): On est d'accord. Nous ouvrons
à nouveau l'article 5.
M. Gratton: Oui. De la même façon, j'aimerais qu'on
indique aussi qu'il pourrait y avoir un amendement dont je ne peux vous fournir
le texte immédiatement, mais qui serait probablement l'article 0.3,
compte tenu du papillon du ministre qui a 0.1, 0.2...
M. Godin: II y a l'article 0.1, 0.2, oui.
M. Gratton: ...et qui viserait à examiner l'article 22 de
la loi 101 en ce qui a trait aux représentations faites par le
comité des grands magasins que le ministre a reçu
aujourd'hui.
M. Godin: L'article 22.
M. Gratton: Oui, c'est la question de l'affichage qui est permis
pour des raisons de sécurité...
M. Godin: Pour la sécurité.
M. Gratton: ...dans l'administration seulement. Cela va?
M. Godin: Oui.
M. Gratton: Cela étant noté, on pourra...
Le Président (M. Brouillet): Ce serait l'article
0.3...
M. Gratton: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Brouillet): ...à ajouter.
M. Gratton: C'est cela.
M. Godin: D'accord. L'article 0.2, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Nous revenons à
l'article 0.2.
M. Godin: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Godin: Je pense que M. Payne a...
Municipalités, commissions scolaires et autres
institutions
M. Lincoln: Moi aussi, j'ai un amendement à l'article 0.2.
Est-ce que je peux proposer un amendement?
M. Godin: Oui.
M. Lincoln: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Lincoln: ...puis-je proposer un amendement à l'article
0.2?
M. Godin: M. Payne est-il là, M. le Président? M.
Payne est-il là?
Une voix: II a un amendement.
M. Gratton: II le présentera quand il sera là. (16
h 15)
Le Président (M. Brouillet): J'ai ici un amendement que
j'ai reçu de je ne sais qui. Je viens d'en recevoir un ici, j'en ai un
autre ici, est-ce que cela est du ministre?
M. Gratton: Montrez donc pour voir! M. Godin: C'est de M.
Payne.
Le Président (M. Brouillet): Je l'ai depuis...
Mme Lavoie-Roux: On ne l'a pas, l'article...
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais que vous
reconnaissiez le député de Nelligan, qui a un amendement à
vous proposer.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je propose un amendement...
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît! Est-ce que vous avez l'amendement entre les mains? Comme c'est
là, j'ai deux amendements, un amendement qui provient du
député de Vachon et un autre qui provient du député
de Nelligan.
M. Lincoln: Mon amendement est à l'article 0.1.
"Insérer avant l'article 1 du projet de loi l'article suivant:
"L'article 20 de cette charte est modifié par l'addition de
l'alinéa suivant: Le présent article est sans effet dans les
organismes reconnus en vertu du paragraphe f de l'article 113 qui applique les
mesures approuvées par l'office suivant le troisième
alinéa de l'article 23." Cela est en fait, la même chose,
excepté qu'on change les mots "services de santé et services
sociaux" par "organismes", pour reconnaître les nombreux organismes qui
ont fait la demande d'inclure les municipalités et les commissions
scolaires sous l'article 20. Cela est le sens de notre amendement.
Mme Lavoie-Roux: C'est très clair. C'est cela.
M. Godin: M. Payne, vous avez un autre amendement?
M. Payne: Oui.
M. Godin: Je m'excuse, M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Je vais le mettre sur la
table.
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas en avoir deux. L'autre
était sur la table avant.
M. Godin: C'est parce que l'un modifie l'autre et, au fond, cela
va satisfaire tout le monde.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Écoutez... C'est
pareil...
M. Lincoln: Nous sommes disposés à écouter
l'amendement de M. Payne, si on peut se rejoindre.
Le Président (M. Brouillet): On peut faire une chose. Si
on discute sur la réécriture d'un amendement à partir de
deux, on peut suspendre une minute, pour qu'on l'écrive, et on reviendra
après avec un amendement qui fera l'affaire de tout le monde.
Une voix: Cela est de la charité. Les deux sont
écrits.
M. Payne: Est-ce que je peux le déposer, M. le
Président?
M. Godin: Est-ce que vous pourriez le lire, M. le
Président, l'article actuel...
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas encore déposé, vous
avez juste le droit de le lire.
M. Payne: Je propose un sous-amendement, si vous avez l'esprit
ouvert je pense...
Mme Lavoie-Roux: Oui, on vous écoute.
M. Godin: Excusez-moi, une question en point d'ordre. Est-ce que
cela ne pourrait pas être un sous-amendement à la motion du
député de Nelligan?
Mme Lavoie-Roux: On ne le sait pas encore. On ne peut pas vous
répondre, vous ne l'avez pas lu.
M. Godin: II faut qu'il lise son sous-amendement.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela qu'on dit et, après, on vous
dira qu'on peut accéder à votre demande.
M. Godin: C'est bien. On...
Mme Lavoie-Roux: II le lit pour le moment.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Vachon, lisez ce que vous nous soumettez comme amendement et on verra s'il y a
lieu d'en faire un sous-amendement par la suite.
M. Lincoln: Je suis disposé à ce que ce soit un
sous-amendement.
Mme Lavoie-Roux: On est prêt, mais on ne sait même
pas ce qu'il y a dedans.
M. Gratton: Cela ne peut pas être un sous-amendement, la
motion de M. le député de Nelligan...
Le Président (M. Brouillet): Écoutez, un à
la fois. Une minute, s'il vous plaît! Écoutez, je suspends pour
une minute. Les travaux sont suspendus pour une minute. (Suspension de la
séance à 16 h 18)
(Reprise de la séance à 16 h 20)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre! La
commission reprend ses travaux.
Une voix: Est-ce que vous prenez les deux?
M. Godin: On marie les deux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, votre micro est-il
ouvert?
Le Président (M. Brouillet): Le micro est ouvert, oui.
Une voix: L'amendement et le sous-amendement.
Mme Lavoie-Roux: Bon, il doit proposer l'amendement avant que
l'autre ne propose son sous-amendement.
M. Gratton: Sur une question de règlement, M. le
Président; je pense qu'il est important qu'on s'entende. Un amendement a
déjà été présenté par le ministre. Ce
que le député de Nelligan propose, c'est donc un sous-amendement.
On ne peut donc amender un sous-amendement. Il est donc nécessaire que
la proposition ou la suggestion du député de Vachon, avec le
consentement du parrain de la motion de sous-amendement, le
député de Nelligan, soit incorporée à la motion de
sous-amendement du député de Nelligan et devienne ce dont nous
discuterons ensuite.
M. de Bellefeuille: Ou bien, une autre possibilité serait
que le ministre retire son amendement; à ce moment, l'amendement du
député de Nelligan deviendrait l'amendement et le
député de Vachon pourrait présenter un
sous-amendement.
M. Gratton: Oui.
M. Godin: Mon collègue de Deux-Montagnes lit dans mon
esprit, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Gratton: Le ministre se retire donc du dossier.
M. Godin: N'en abusez pas!
Le Président (M. Brouillet): Le ministre se retire.
M. Godin: Je retire mon amendement.
Le Président (M. Brouillet): Vous retirez votre
amendement, très bien. Nous acceptons donc l'amendement du
député de Nelligan et le sous-amendement du député
de Vachon. Nous avons lu l'amendement tantôt et je vais maintenant lire
le sous-amendement présenté par le député de
Vachon. Le sous-amendement consiste à ajouter, à l'article 0.2,
à la quatrième ligne, après les mots "les organismes", les
mots suivants "et services".
M. de Bellefeuille: Ce n'est pas plutôt "et les
services"?
Des voix: Non.
Mme Lavoie-Roux: Ce serait mieux "et les services".
Le Président (M. Brouillet): Donc, nous ajoutons,
après les mots "les organismes", les mots suivants "et les services". Le
sous-amendement est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. L'amendement
tel qu'amendé est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté.
M. Gratton: C'est renversant.
M. Godin: Est-ce que 0.2 est adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Brouillet): Oui, 0.2 est adopté
tel qu'amendé.
M. Godin: Tel que sous-amendé? Le Président (M.
Brouillet): Oui.
M. Godin: Avez-vous demandé un vote scindé,
messieurs?
M. Gratton: Non, on a voté l'adoption de l'article.
M. Godin: L'autre bord?
M. Gratton: On ne peut pas...
M. Godin: Cela ne se discute pas ici, d'accord.
M. Gratton: Vous savez ce que je veux dire.
M. Godin: Oui. On en parlera dans les corridors.
M. Gratton: C'est enfin quelque chose de positif, cela nous
réjouit, mais il y a tellement de choses qui nous peinent dans ce projet
de loi que...
M. Godin: Vous demanderez un vote scindé, monsieur.
Le Président (M. Brouillet): Après le 0.2, il y
avait le 0.3.
M. Gratton: Vous devez être content vous aussi, M. le
ministre? Bon.
Le Président (M. Brouillet): Nous revenons. Il y avait un
0.3 qui était annoncé tantôt.
M. Gratton: On devrait peut-être aller à 23. Je
m'excuse, non pas à 23, mais à 1.1. Il faut être
conséquent.
M. Lincoln: J'aurais voulu présenter un amendement
à 1.1, s'il vous plaît.
Le Président (M. Brouillet): Article 1.1. C'est
déjà un amendement à un texte de loi.
M. Gratton: Alors, ce sera un sous-amendement.
Le Président (M. Brouillet): Vous aimeriez ajouter un
sous-amendement.
M. Lincoln: Oui, un sous-amendement.
M. de Bellefeuille: Est-ce qu'on a les textes?
M. Lincoln: On vous donnera les textes.
M. Godin: Ce n'est pas le même; le vôtre viendra
après.
Le Président (M. Brouillet): Nous sommes à vous
distribuer ce qui se veut un sous-amendement à l'amendement à
l'article 1.1. L'article 1.1 tel que proposé...
M. Godin: Est-ce que... M. Payne, allez-y.
Une voix: Comment, M. Payne? M. Godin: Ah! Pardon.
Le Président (M. Brouillet): L'article 1.1 tel que
proposé...
Une voix: On ne l'a pas.
M. Gratton: Oui, on l'a.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Voilà!
M. Godin: C'est un nouvel article.
Une voix: Qui l'a déposé?
M. Godin: C'est un amendement au mien.
M. Gratton: C'est un amendement à l'article 1.1.
M. Godin: D'accord.
M. Lincoln: Est-ce que vous dites...
Le Président (M. Brouillet): Écoutez un peu. J'ai
ici le texte de l'article 1.1. que j'avais et le député de
Nelligan nous donne...
M. Lincoln: J'ai proposé un amendement à l'article
1.1.
Le Président (M. Brouillet): II faut tout d'abord
commencer par revoir... Votre amendement reprend l'ensemble.
M. Lincoln: Mais non! Il y a des changements. Autrement, cela ne
pourrait pas être un amendement.
Le Président (M. Brouillet): II faudrait que vous nous
indiquiez, dans votre texte, ce qui est un amendement, parce que...
M. Lincoln: Je vais vous l'indiquer. Je vais présenter...
C'est un amendement que je présente à l'article 1.1.
Le Président (M. Brouillet): Nous allons le lire...
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Brouillet): ...et voir ce qu'il y a de
neuf par rapport à celui qu'on a sur la table.
M. Lincoln: Je propose un amendement, à savoir que
l'article 1.1 soit changé pour se lire ainsi: "Insérer,
après l'article 1, l'article suivant: 1.1. L'article 23 de cette charte
est remplacé par le suivant: "23. Les services de santé et les
services sociaux ainsi que les municipalités doivent assurer que leurs
services au public sont disponibles dans la langue officielle. "Ils doivent
rédiger dans la langue officielle les avis, communications et
imprimés destinés au public. "Les services de santé, les
services sociaux et les municipalités reconnus en vertu du paragraphe f)
de l'article 113 doivent élaborer les mesures nécessaires pour
que leurs services au public soient disponibles dans la langue officielle ainsi
que les critères et les modalités de vérification quant
à la connaissance de la langue officielle nécessaires pour
remplir les responsabilités en vertu du présent article."
Si vous voulez que je vous explique ce qu'on a changé dans cet
article, je le fais tout de suite, si vous voulez. Si vous regardez le premier
alinéa qui dit: "23. Les services de santé et les services
sociaux", nous avons ajouté "ainsi que les municipalités".
Le Président (M. Brouillet): Je demanderais aux gens de
prendre note des ajouts.
Une voix: C'est avec...
M. Lincoln: Non, non. Je n'ai pas dit que j'ajoutais "les
services sociaux". J'ai dit qu'on ajoute "ainsi que les municipalités".
D'accord?
Une voix: D'accord.
M. Lincoln: Ensuite, au troisième paragraphe, "les
services de santé, les services sociaux", on a ajouté "et les
municipalités".
Une voix: Oui.
M. Lincoln: Le paragraphe 3 est celui où il y a des
changements. Par exemple, vous dites au paragraphe 3: "...doivent
élaborer les mesures nécessaires pour que leurs services au
public soient disponibles dans la langue officielle ainsi que les
critères et les modalités de vérification de la
connaissance que doivent avoir de la langue officielle des personnes
appelées à fournir des services au public." Nous, nous disons:
"...des mesures nécessaires pour que leurs services au public soient
disponibles dans la langue officielle ainsi que des critères et des
modalités de vérification quant à la connaissance de la
langue officielle nécessaire pour remplir les responsabilités en
vertu du présent article." L'idée de ce... Voulez-vous me dire si
l'amendement est recevable, parce que j'aurais voulu expliquer les...
M. de Bellefeuille: M. le Président, pendant que vous
réfléchissez sur la recevabilité...
Le Président (M. Brouillet): Je m'aperçois d'une
chose, c'est que l'article...
Une voix: Ce n'est pas venu encore.
Le Président (M. Brouillet): Non, je sais bien, mais ceci
se veut un sous-amendement et il faut savoir qu'on a pris connaissance de
l'amendement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je ne suis pas sûre que ce ne
serait pas au deuxième.
Le Président (M. Brouillet): Je croyais que le premier
texte...
M. Godin: Serait-il bon, à ce moment-là que je lise
l'article 1.1 tel qu'il apparaît dans l'amendement proposé par le
ministre, ensuite, l'amendement de M. le député de Nelligan?
C'est ce que vous suggérez, si je comprends bien?
Le Président (M. Brouillet): C'est cela. Il faut d'abord
connaître l'amendement avant de connaître le sous-amendement. Je
croyais que l'article 1.1 auquel nous revenions avait déjà
été exposé et suspendu.
M. Lincoln: Oui, il l'a été.
M. Gratton: Oui, il l'a été, mais on peut...
M. Godin: A-t-il été lu?
Mme Lavoie-Roux: On peut le lire.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Godin: On pourrait le lire pour les fins du journal des
Débats.
M. Lincoln: Est-ce qu'on peut le sous-amender...
Le Président (M. Brouillet): J'inviterais donc le ministre
à nous lire ce qui se présenterait comme un amendement.
M. Godin: Nous insérerions, après l'article 1 de la
loi 57 l'article suivant -l'article 1.1 qui remplace l'article 23 de la Charte
de la langue française - : "Les services de santé et les services
sociaux doivent s'assurer que leurs services au public sont disponibles dans la
langue officielle. (16 h 30) "Ils doivent rédiger dans la langue
officielle les avis, communications et imprimés destinés au
public. "Les services de santé et les services sociaux reconnus en vertu
du paragraphe f) de l'article 113 doivent élaborer les mesures
nécessaires pour que leurs services au public soient disponibles dans la
langue officielle ainsi que des critères et des modalités de
vérification de la connaissance que doivent avoir de la langue
officielle les personnes appelées à fournir des services au
public. Ces mesures, critères et modalités sont soumis à
l'approbation de l'office."
Je retire mon amendement, M. le Président. Je suggère que
ceci soit l'amendement et que M. le député de Vachon lise son
sous-amendement après que le député de Nelligan ait
expliqué la raison de son amendement.
Le Président (M. Brouillet): Donc, vous retirez votre
amendement. Ce que le député de Nelligan propose serait
l'amendement?
M. Godin: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Et, éventuellement, on
pourrait recevoir un sous-amendement.
M. Godin: Le sous-amendement de M. le député de
Vachon.
Le Président (M. Brouillet): Donc, nous retirons
l'amendement présenté par le ministre, nous acceptons ce que M.
le député de Nelligan nous a lu tantôt comme l'amendement
et il y aurait un sous-amendement qui viendrait du député de
Vachon. Nous entendrons donc le député de Vachon sur son
sous-amendement.
M. Payne: Avant l'argumentation du député de...
M. Godin: Au même moment où nous distribuons le
texte.
Le Président (M. Brouillet): Avez-vous tous entre les
mains le texte de l'amendement du député de Nelligan?
Une voix: Je l'ai distribué tout à l'heure.
M. Godin: Du sous-amendement. Le Président (M.
Brouillet): Non.
M. Godin: Celui du député de Nelligan, on l'a.
Le Président (M. Brouillet): C'est l'amendement du
député de Nelligan. Vous avez tous le texte? Bien.
M. Lincoln: J'aurais voulu expliquer mon amendement d'abord pour
le situer; autrement, on ne comprendra pas le pourquoi de l'amendement.
Après, M. le député de Vachon expliquera pourquoi il veut
l'amender.
Le Président (M. Brouillet): Étant donné la
nature de l'amendement, que c'est très long, nous pouvons prendre encore
quelques minutes pour discuter de l'amendement.
Une voix: L'amendement du député de Nelligan?
Le Président (M. Brouillet): Quand on aura compris le sens
de l'amendement du député de Nelligan, là, nous recevrons
le sous-amendement et nous en disposerons après.
Des voix: Bien oui.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Gratton: Ensuite, le député de Vachon fera le
sien.
M. Lincoln: Tout d'abord, du point de vue de la grammaire, ma
collègue de
L'Acadie m'a souligné que "connaissance de la langue officielle
nécessaire...
Mme Lavoie-Roux: Pour remplir leurs responsabilités...
M. Lincoln: ...pour remplir leurs responsabilités," ce
devrait être au singulier. Tout cela devra être corrigé, si
nécessaire, grammaticalement. Ce que je veux expliquer, c'est le sens,
la raison pour laquelle nous proposons cet amendement. Dans le mot à mot
proposé par le ministre et qu'il a retiré en faveur de cet
amendement - pour lequel geste je le remercie - on restreignait l'article 23
aux services de santé et aux services sociaux; on ignorait les
municipalités qui sont impliquées dans la chose, comme l'ont
indiqué de nombreux télégrammes qu'on a reçus.
La première chose était d'inclure les municipalités
qui voulaient l'être à l'article 23, qui est un sous-article de
l'article 20. Il était essentiel d'inclure les municipalités Pour
ce qui est des commissions scolaires, elles sont incluses à l'article
28. Il était important d'inclure les municipalités et c'est la
raison pour laquelle elles l'ont été deux fois. On disait au
préalable, dans le mot à mot du ministre, que c'étaient
seulement les services de santé et les services sociaux.
Dans le dernier alinéa du mot à mot présenté
par le ministre, on retrouvait les mots suivants: "les personnes
appelées à fournir des services au public". On a changé
cela de façon que le dernier alinéa se situe par rapport aux
services eux-mêmes et non aux personnes. Nous disons que les institutions
auront la responsabilité de s'assurer que les services, les organismes
ont la connaissance nécessaire de la langue officielle pour remplir
leurs responsabilités en vertu des articles de la loi 101 et de la loi
57, mais ces articles ne s'appliqueront pas de façon individuelle,
à chaque personne. C'est le sens même de tous les mémoires
qui ont été présentés à la commission,
c'est-à-dire qu'on veut instaurer le bilinguisme institutionnel dans ces
organismes et non le bilinguisme individuel.
Pour vous donner un exemple quant à ce que mon amendement
suggère et ce que le mot à mot original ne fait pas, prenez un
service opératoire d'un hôpital où cinq chirurgiens
seraient en train d'opérer à un certain moment. Ce qu'on veut,
c'est qu'il y ait une présence dans ce service d'opération d'un,
deux ou trois chirurgiens qui aient une connaissance appropriée de la
langue française, selon les critères de la loi, pour
répondre aux besoins du public, mais qu'il ne soit pas obligatoire que
les cinq chirurgiens présents aient tous une connaissance de la langue
française, selon la loi. Il me semble que l'amendement que nous avons
suggéré reconnaît la nécessité pour les
services eux-mêmes d'avoir une présence qui pourrait communiquer
dans la langue officielle, qui pourrait s'assurer que le public puisse
communiquer dans la langue officielle, mais non pas nécessairement que
chaque personne au sein de ce service ait une connaissance selon la loi de la
langue officielle. C'est le sens de notre amendement. J'espère que les
membres de la commission le recevront, parce que cela transmet le message que
nous avons reçu très fortement dans les mémoires qui ont
été lus à la commission sur la loi 101.
Le Président (M. Brouillet): Très bien, merci. Il y
a maintenant un sous-amendement qui a été présenté
par le député de Vachon. Est-ce que le député de
Vachon veut nous... Je voudrais vérifier. J'ai un texte ici. Est-ce bien
celui-là l'amendement du député de Vachon?
M. Payne: Je peux vous le lire rapidement, parce que ce sera plus
évident...
Le Président (M. Brouillet): Une minute! On va s'assurer
que tous les membres de la commission ont le texte entre les mains.
M. de Bellefeuille: Si le député de Vachon
expliquait son amendement, vous pourriez, M. le Président,
vérifier si c'est bien ce que vous avez devant vous.
Mme Lavoie-Roux: L'avons-nous cet amendement?
Le Président (M. Brouillet): J'aime autant le
vérifier avant pour ne pas être obligé de...
M. Payne: Je vais d'abord le lire et vous pourrez
vérifier.
M. de Bellefeuille: Non, c'est un autre.
M. Payne: Puis-je lire l'amendement? Vous pourrez vous-même
vérifier, M. le Président.
M. Godin: Est-ce l'amendement à l'article 1.1, M. le
député de Vachon?
M. Payne: Avant que vous ne décidiez si vous avez le bon
amendement, je vais vous dire ce que c'est.
Mme Lavoie-Roux: Avons-nous l'amendement de M. le
député de Vachon?
M. Payne: Je le lis.
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît! Les membres n'ont pas tous la copie. Très bien, M. le
député de Vachon.
M. Payne: Ma proposition serait que l'article 23 - je le lis - de
cette charte soit remplacé par le suivant: "23. Les organismes et
services reconnus en vertu du paragraphe f) de l'article 113 doivent assurer
que leurs services au public soient disponibles dans la langue officielle. Ils
doivent rédiger dans la langue officielle les avis, communications et
imprimés destinés au public. Ils doivent élaborer les
mesures nécessaires pour que leurs services au public soient disponibles
dans la langue officielle, ainsi que des critères et des
modalités de vérification de la connaissance que doivent avoir de
la langue officielle les personnes appelées à fournir des
services au public. Ces mesures, critères et modalités sont
soumis à l'approbation de l'office." Si je peux faire
référence à l'argumentation...
M. Godin: On peut toujours l'expliquer, M. le
député de Mont-Royal. Il est plus généreux.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Vachon, si vous voulez expliquer les différences que vous voyez dans
votre sous-amendement.
M. Payne: Je trouve que l'amendement du député de
Nelligan est un peu limitatif.
Le Président (M. Brouillet): Un minute, s'il vous
plaît! Nous allons écouter...
M. Payne: D'abord, en ce qui concerne sa référence,
son amendement parle de services de santé, de services sociaux et des
municipalités. Il n'y a rien là qui parle -cela m'inquiète
- des commissions scolaires. Il n'y a pas de garantie formelle dans
l'amendement pour les écoles, ni pour les services qu'on peut appeler
les services reconnus comme, par exemple, des services du secteur anglais dans
les écoles françaises, des services spécifiques. Mon
amendement, dans la notion des services, aussi vague que cela puisse
paraître à première vue, a pour effet d'élargir la
notion de la volonté exprimée par le député de
Nelligan. Si on maintient les mots "les services reconnus" en vertu du
paragraphe f), on ne touche pas au principe parce que, de toute façon,
l'amendement porte exclusivement sur l'article 113f. Alors j'ajoute la
possibilité que les commissions scolaires qui sont admissibles aient
accès à ce principe.
Deuxièmement, il est évident qu'il faut faire
l'élaboration des mesures nécessaires. Je pense que c'est
évident. Lorsque je parle des personnes appelées à fournir
des services, là encore, c'est un peu plus généreux que la
suggestion de l'Opposition parce qu'on ne désigne que certaines
personnes, pas toutes les personnes qui vont être appelées
à fournir les services au public. Donc, ma proposition est assez
limitative en restant large dans le sens que ça implique un plus grand
nombre et ça se limite à ceux qui sont obligés de fournir
les services en français.
Finalement, je pense que là peut-être il y aura une
certaine dissension avec l'Opposition. Je considère que c'est absolument
nécessaire dans l'intérêt de
l'homogénéité qu'il y ait approbation de la part de
l'office. On ne peut pas avoir une loi - à mon avis ce n'est pas
souhaitable - si vous proposez que les organismes puissent, à leur
gré, décider des critères de vérification de la
connaissance appropriée. Je pense que, dans n'importe quelle norme, la
définition doit être répandue et
généralisée. La définition normalisée:
raison pour laquelle je propose que ces mesures devraient être soumises
à l'approbation de l'office.
Nota bene: On dit tout simplement "ils devraient être
approuvés". Voilà les principales raisons, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je suis d'accord quant au premier paragraphe, premier
alinéa, des commentaires du député de Vachon, sur le
libellé de son paragraphe d'inclure tous les organismes dans 113f et
cela inclut les municipalités, les organismes scolaires, etc. Dans le
même esprit d'ouverture, pour vouloir être aussi
généreux que possible et ne pas créer de problème
indu à ces organismes, est-ce que je pourrais lui suggérer, parce
qu'on est au niveau d'un sous-amendement, on ne peut pas faire un
sous-sous-amendement, qu'au dernier paragraphe, on incorpore en partie
l'amendement de M. le député de Nelligan quant à la
connaissance de la langue officielle nécessaire pour remplir leurs
responsabilités en vertu du présent article? Au lieu d'avoir
encore "les personnes appelées", autrement dit, d'avoir une
ingérence et obliger les personnes bilingues, vous voulez, je
présume, avoir l'institution bilingue. On pourra avoir les mesures,
critères et modalités soumises à l'approbation de l'office
mais sans référence aux personnes individuelles. Autrement dit,
pour les modalités de la vérification, ce seraient les
institutions qui élaboreraient leur plan et celui-ci pourrait être
soumis pour approbation à l'office mais pas quant aux individus. C'est
là qu'est le problème. C'est quand on commence à parler
d'individus.
M. Payne: Je peux tout de suite vous répondre
là-dessus. La nuance, M. le député
de Mont-Royal, c'est que lorsque vous parlez de "personnes
appelées", légalement je pense que l'on s'entend qu'on ne fait
pas référence à un individu spécifique, mais
normalement à un poste. Si vous êtes en train d'élaborer
les mesures nécessaires, si vous parlez de quelqu'un responsable pour
l'accueil, vous ne nommez pas la personne, vous parlez du poste. Je pense que
c'est l'esprit de l'amendement.
M. Ciaccia: Le problème, c'est que... (16 h 45)
Le Président (M. Brouillet): II y a le
député de Nelligan qui a également demandé la
parole.
M. Lincoln: J'aurais voulu suggérer peut-être au
ministre et au député de Vachon, dans le sens de ce que mon
collègue de Mont-Royal a suggéré, que si on prenait le
sous-amendement du député de Vachon, les premier et
deuxième paragraphes, on parle à partir de 23, "les organismes et
services", ensuite "ils doivent rédiger", et pour le dernier, et si on
ajoutait au mien "ces mesures, critères et modalités sont soumis
à l'approbation de l'Office".
On essaie, tout le monde, d'arriver au même but. C'est une affaire
de trouver les mots nécessaires. Je pense que, si on
réfère aux personnes - et cela après avoir discuté
et rediscuté avec plusieurs personnes qui s'y connaissent, on est
arrivé à la conclusion -si on commence à dire "les
personnes appelées à fournir des services", à ce
moment-là, c'est une question d'interprétation. Qui sont ces
personnes? J'ai donné un exemple de gens qui donnent des services au
public, par exemple, un bloc opératoire où vous avez cinq
chirurgiens, peut-être que vous avez deux ou trois résidents qui
viennent de la Colombie britannique ou de la Saskatchewan, pourvu qu'il y en
ait un, deux ou trois, ou si vous avez vingt infirmières
présentes...
Si M. le député de Vachon voulait changer le dernier
paragraphe, on ajouterait, à mon dernier paragraphe, "ces mesures,
critères et modalités sont soumis à l'approbation de
l'Office" et on prendrait son premier et son deuxième paragraphes, je
pense que c'est cela qu'on veut faire ensemble.
Une voix: M. le Président.
M. Payne: Oui, mais vous ne pouvez pas discuter de cela en
abstraction.
Le Président (M. Brouillet): Une minute. S'il vous
plaît!
M. Godin: Pour aller dans le sens de la qualité du
français soutenue par Mme la députée de L'Acadie et pour
faire disparaître la crainte que le mot "personnes" peut
générer chez certaines personnes, je proposerais, M. le
député de Vachon, que, dans votre amendement, nous disions ceci:
"Ils doivent élaborer les mesures nécessaires pour que leurs
services au public soient disponibles dans la langue officielle ainsi que des
critères et des modalités de vérification de la
connaissance de la langue officielle, aux fins de l'application du
présent article".
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Godin: Je répète et vous me direz si vous
êtes d'accord, MM. les deux...
M. Payne: ...pour vérifier, le député de
Nelligan n'a pas spécifié qu'il ajoute... Moi, je
préfère le...
M. Lincoln: Mais on a pris votre mot à mot.
M. Payne: Non, non. Je parle du troisième paragraphe.
M. Lincoln: Le troisième paragraphe revient à
votre...
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît! Je
suspends les travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 48)
(Reprise de la séance à 16 h 53)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre! Je vais
relire ce qui est devenu le sous-amendement du député de Vachon:
Insérer, après l'article 1, l'article suivant: "1.1. L'article 23
de cette charte est remplacé par le suivant: "23 Les organismes et
services reconnus en vertu du paragraphe f de l'article 113 doivent assurer que
leurs services au public sont disponibles dans la langue officielle. Ils
doivent rédiger dans la langue officielle les avis, communications et
imprimés destinés au public. Ils doivent élaborer les
mesures nécessaires pour que leurs services au public soient disponibles
dans la langue officielle, ainsi que des critères et des
modalités de vérification de la connaissance de la langue
officielle aux fins de l'application du présent article. Ces mesures,
critères et modalités sont soumis à l'approbation de
l'office."
Ce sous-amendement est devant la commission. S'il n'y a pas d'autres
questions, observations, on peut... Est-ce que quelqu'un aurait des
observations à faire encore?
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, M. le Président, je me
demande même si on peut appeler cela un sous-amendement parce que
cela va détruire l'amendement.
Le Président (M. Brouillet): Prenons le vote sur le
sous-amendement et, à ce moment, cela emportera l'amendement. Cela va de
soi, mais il est reçu comme un sous-amendement.
M. Leduc (Fabre): J'avais une question qui allait dans le sens de
celle que posait Mme la députée. Dans l'amendement du ministre,
on fait la distinction entre les services au public et les personnes
appelées à fournir les services au public. La question que je me
posais est la suivante: Vu que tous les services dans un hôpital sont
appelés à servir le public, cela ne voulait-il pas dire que tous
les services devraient être bilingues et, à ce moment, est-ce
qu'on ne peut pas l'étendre aux individus? C'est la question que je me
posais, mais vous semblez donner des assurances que non. Enfin, le ministre
semble donner des assurances que non mais je voyais
l'intérêt...
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez reformuler votre question?
M. Leduc (Fabre): On fait la distinction, dans l'amendement du
ministre, entre les services au public et les personnes appelées
à fournir les services au public. La distinction est bien faite. Il y a
les services et il y a les personnes. Donc, les personnes qui sont
appelées à fournir des services doivent avoir une connaissance
suffisante du français. Cela est bien établi. Si vous
éliminez cette distinction, je me posais la question suivante: Est-ce
que l'ambiguïté ne demeure pas? Parce que tous les services dans un
hôpital, c'est pour le public. Donc...
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Écoutez, vous discutez
sur...
M. Leduc (Fabre): C'est pourquoi je voyais l'intérêt
de la distinction qui avait été établie. On ne l'a
sûrement pas établie pour rien. Vous me dites que oui. C'est cela,
on ne l'a sûrement pas établie pour rien, cette
distinction-là, entre les services et les personnes qui sont
appliquées à donner ces services aux patients.
Le Président (M. Brouillet): Bien, là, vous
discutez sur ce qui n'est plus le sous-amendement.
M. Payne: Un instant, là.
Le Président (M. Brouillet): Tout ce qui n'est pas
devant...
M. Payne: Si vous voulez rouvrir la discussion
là-dessus...
M. Leduc (Fabre): Je pose une question.
Le Président (M. Brouillet): On a justement suspendu le
débat pour qu'on arrive à s'entendre sur cela et là vous
rouvrez la discussion...
M. Leduc (Fabre): Non, je ne le rouvre pas, M. le
Président, je pose une question.
M. Godin: Sur le fond.
M. Leduc (Fabre): Sur le fond de l'amendement. Si l'amendement
n'introduit pas une ambiguïté par rapport au texte original qui
avait été soumis par le ministre...
Le Président (M. Brouillet): Alors, M. le
député de Vachon.
M. Payne: J'avais abandonné ma cause, mais, là, je
suis tenté de revenir. Dans un esprit d'ouverture et de collaboration,
je peux très bien accepter le consensus sur l'amendement. Mais, c'est
manifeste, c'est évident, pour moi, que, lorsque l'on parle de services
en général, cela est le principe qui s'applique à
l'institution. Mais, en ce qui concerne l'individu, peut-être que je ne
devrais pas dire l'individu, mais...
Mme Lavoie-Roux: La personne.
M. Payne: ...la personne, il faut que, tôt ou tard, elle
soit identifiée. Cela est extrêmement limité. Alors, la
portée de mon amendement original, c'est justement pour identifier ces
secteurs-là, ces endroits-là, où on va exiger certains
services. Je reviens au mot "services" dans un contexte particulier. Alors, la
portée de mon amendement original, c'est beaucoup plus large, moins
limitatif que le vôtre, plus large d'esprit que le vôtre.
Le Président (M. Brouillet): Alors, le ministre a
demandé la parole sur cela.
M. Godin: Alors, précisément, on a eu de longues
discussions là-dessus avec des conseillers juridiques. Et le mot qui
fait foi de tout, c'est le mot "disponible".
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Godin: II faut qu'en tout temps, dans un organisme aux
services reconnus, il y ait un service disponible. Pas l'ensemble du "staff"
d'un hôpital, d'une commission scolaire ou d'une municipalité,
mais qu'il y ait une disponibilité de services; donc, un certain nombre
de personnes, déterminées par l'organisme lui-même, le tout
soumis à
l'approbation de l'office, qui devront parler français - c'est
déjà le cas dans la plupart des institutions. Mais les personnes
qui ne parleraient pas français, au moment où l'entente
interviendrait, seraient, elles, soumises à des tests conçus par
l'organisme, qui existent déjà d'ailleurs dans certaines
institutions, entre autres les hôpitaux et les services sociaux, et qui
sont déjà approuvés d'ailleurs par l'office. Donc, cela
restreint l'obligation à l'institution. C'est pour cela qu'on met
"disponible". C'est le mot "disponible" qui fait foi de tout.
M. Lincoln: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: ...cela est une question de savoir quelle est la plus
grande ouverture parce que, d'un côté ou de l'autre, on est
censé... Il me semble qu'il y a une volonté d'en arriver à
un consensus sur ce qui va refléter la nécessité d'avoir,
dans les institutions anglophones, un bilinguisme institutionnel plutôt
qu'individuel, comme cela avait été le cas auparavant, selon les
interprétations qui avaient été faites de la loi 101. Je
pense que c'est cela le but qu'on veut tous atteindre. (17 heures)
La question qui se pose, c'est de savoir si le sous-amendement
proposé par le député de Vachon, qui inclut les mots "les
personnes appelées à fournir des services au public" identifie
certaines personnes qui seront appelées à donner ces services au
public et, si dans ce sens, c'est plus large que de parler des services
eux-mêmes qui seront disponibles dans la langue officielle, c'est la
question clé qu'on nous pose. Il me semble que si on laisse "les
personnes appelées à fournir des services", on revient presque au
point de départ parce que, par le fait même, on arrive à un
groupe de personnes qui font le même travail et qui donnent des services
au public.
On peut prendre des exemples multiples. On peut prendre l'exemple des
infirmières qui donnent toutes des services au public, qui sont
appelées à les donner. Comment décide-t-on qui est
appelé à donner des services à ce public? Est-ce qu'on va
finir par décider que toutes sont appelées à donner des
services au public? Si on parle des chirurgiens, on va décider que tous,
parce que ce sont des personnes... Est-ce qu'on va choisir celles qui sont
appelées à donner des services au public et que, demain matin,
par exemple, un hôpital, un résident qui vient de la Saskatchewan
et qui ne parle pas français, mais qui transige avec le public... Il me
semble que l'objectif serait atteint si on prenait le mot à mot, qu'on
semble d'accord à accepter comme compromis. On pourrait être
d'accord avec ce compromis. Cela voudra dire que si, dans une institution
quelconque, que ce soit pour les déficients mentaux, un hôpital ou
quoi que ce soit, le service lui-même, en général, est
disponible dans la langue officielle, cela ne veut pas dire que chaque personne
appelée à transiger avec le public dans une situation se
rapportant à 2 sera obligée d'avoir une connaissance de la langue
française, pourvu que ce service lui-même puisse offrir une
disponibilité dans la langue officielle. J'ai donné l'exemple de
l'acte opératoire. Vous avez peut-être là dix
infirmières et cinq médecins. Ce ne sont pas tous ces gens qui
seront obligés comme personnes, mais le service lui-même peut
être interprété à travers deux ou trois personnes
qui vont assurer cette capacité d'interprètes en français.
Il me semble que la distinction est bien importante. Pour cette raison,
j'aurais certainement préféré voir le mot à mot que
nous avons suggéré comme compromis, parce qu'il me semble que
c'est plus large dans ce sens-là; cela indique ce qu'on veut faire dans
la loi, que le service soit disponible en français sans que chaque
personne au sein de ce service soit bilingue.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Vachon, voulez-vous prendre la parole à ce sujet?
M. Payne: J'aimerais conclure là-dessus. Je me rallie
à la majorité, mais je tiens à insister sur le fait que le
principe doit avoir des modalités d'application. On a toujours
demandé que la loi devrait expliciter les modalités
d'application. C'était bien cela, si j'ai bien compris, d'ailleurs, la
position des membres de l'Opposition depuis des mois... Lorsqu'on stipule "les
personnes appelées à fournir des services", c'est une
évidence manifeste que ces personnes, tôt ou tard, que ces postes
doivent être nommés... Tout organisme, service de santé,
commission scolaire, qui sont services reconnus, vont être obligés
de faire un portrait sur la manière dont ce bilinguisme institutionnel
sera garanti. Je maintiens qu'en suggérant que ces personnes devraient
être appelées à fournir, on devrait stipuler ce qu'ils
sont, ce que sont les services en pratique. Le principe est explicité
davantage, mais si, par contre, de notre côté, au moins, on peut
vivre avec un consensus, c'est parfait.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour arriver au but que le député de
Vachon propose, je pense que la réponse du ministre est exacte. Si vous
identifiez une personne, cela ne garantit pas le service. Il faut que le
service soit disponible. Quand le service est disponible,
ce n'est pas la personne, parce qu'une personne peut avoir... Mais une
fois que le service est disponible et ces mesures, critères,
modalités soumis à l'approbation, je pense que cela...
M. Payne: Peut-être qu'une partie de mon argumentation vous
a échappé. Ce que j'ai dit, c'est que ce ne sont pas les
personnes, ce ne sont pas les individus. C'est plutôt le service et le
service est identifié sous forme de poste, normalement.
M. Ciaccia: Je pense que...
M. Payne: Si vous parlez des soins intensifs, par exemple, tu ne
fais pas allusion nécessairement aux individus, mais tu exiges un
certain service. Là, il y a certaines personnes qui devraient être
appelées à fournir ce service et c'est là le sens de
l'amendement. Sinon, c'est difficilement applicable.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: ...je ne sais pas si j'ai bien compris les
observations de mes collègues de Fabre et de Vachon mais il me semble
tomber sous les sens que des organismes et services peuvent voir à ce
que leurs services au public soient disponibles dans la langue officielle, mais
qu'on ne peut attribuer à ces organismes ni à ces services une
connaissance de la langue. Ce sont seulement les personnes qui ont une
connaissance de la langue. Il me semble que c'est ce que le
député de Fabre disait tout à l'heure. Dans le texte que
nous avons devant nous, il n'y a pas de problème quant à l'emploi
du mot "disponible", mais il y a un problème quand on arrive aux
critères et modalités de vérification de la connaissance
de la langue française aux fins de l'application du présent
article. Là, on n'a pas parlé de personnes; on se demande qui
doit avoir cette connaissance de la langue.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez...
Le Président (M. Brouillet): Avez-vous terminé, M.
le député de Deux-Montagnes, pour le moment?
M. de Bellefeuille: Je vais me laisser interrompre, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Bon, quitte à revenir.
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si le raisonnement du député de
Deux-Montagnes est juste, l'article 23 est complètement... Ce sont
même les services qui rédigent dans la langue officielle à
l'article 23, c'est encore plus drôle: Les services de santé et
les services sociaux doivent assurer que leurs services sont disponibles et ils
doivent rédiger dans la langue officielle... Ils devront
l'écrire, en plus de le parler, si on lui donne l'interprétation
que vous en faites.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Non, je ne partage pas l'avis de Mme la
députée de L'Acadie parce qu'il est parfaitement normal que des
organismes et services assurent que leurs services au public soient
disponibles, il n'y a pas de problème; qu'ils rédigent,
là, cela fait peut-être un peu problème, mais pas un
problème grave. Ce qui me paraissait faire plus sérieusement
problème, c'est quand on vérifie la connaissance de la langue
française d'un organisme ou d'un service. Là, vraiment...
M. Lincoln: Si vous voulez qu'on inscrive "au sein de ces
services".
M. de Bellefeuille: Je vais seulement m'en remettre à mon
collègue de Fabre et à mon collègue de Vachon qui ont
soulevé la question. Est-ce qu'ils se rallient ou s'ils ont
trouvé la façon de concilier ces divers avis?
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Je prétends que, tel qu'amendé,
l'article est imprécis; c'est l'office qui va devoir
interpréter.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que...
M. Leduc (Fabre): Mais il va falloir qu'il interprète qui
et comment vont s'appliquer les services, ce que cela signifie et qui va devoir
avoir la connaissance suffisante, quelles personnes, dans les services, devront
avoir la connaissance suffisante. Cela veut dire, à mon sens, une plus
grande imprécision de l'article; mais si cela rallie tout le monde, je
n'ai pas d'objection. On s'en remet à l'Office de la langue
française.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: II me semble, après avoir écouté
les interlocuteurs - ce n'est pas parce que je n'y ai pas participé que
je n'y suis pas intéressé - que ce qu'on recherchait,
c'était de consacrer le principe du bilinguisme institutionnel
plutôt que le bilinguisme individuel. Bien sûr, on pourrait
formuler autant de rédactions qu'il y a de députés
autour de la table.
M. Godin: Et de juristes avec les députés.
M. Gratton: Oui, en plus. Il me semble que l'espèce de
consensus auquel en sont arrivés le député de Vachon et le
député de Nelligan - et le ministre a vérifié
auprès des juristes - serait, au mieux, ce sur quoi on peut s'entendre.
Bien sûr, on n'aura peut-être pas réglé tous les
problèmes, il en surviendra peut-être en cours d'application, mais
Dieu sait qu'il y en aura sûrement moins avec cette rédaction
qu'il n'y en a eu jusqu'à maintenant. Quant à nous, nous serions
prêts à nous prononcer là-dessus immédiatement.
M. Godin: Juste un dernier fion.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Godin: Et c'est vraiment un fion. Je m'adresse à mon
collègue de Deux-Montagnes. Quand on parle de connaissance du
français, cela ne peut s'appliquer qu'à des personnes,
implicitement.
M. de Bellefeuille: Bon, d'accord.
M. Godin: Je me rallierais à "modalités de
vérification de la connaissance de la langue officielle aux fins de
l'application du présent article", si mes collègues sont
d'accord.
M. de Bellefeuille: Le reste étant sous-entendu.
M. Godin: Voilà! Vendu?
Le Président (M. Brouillet): Le sous-amendement reste tel
qu'il a été lu tantôt et je le soumets à l'adoption.
Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Ce
sous-amendement emporte l'amendement qui avait été
présenté par le député de Nelligan.
M. Gratton: L'amendement du député de Nelligan est
adopté, M. le Président, si j'ai bien entendu?
Le Président (M. Brouillet): Non, c'est le sous-amendement
qui est adopté...
M. Gratton: Oui.
Une voix: Cela inclut les deux.
Le Président (M. Brouillet): ...et ainsi, il
emporte...
M. Godin: C'est comme la loi... Taft-Hartley. C'est l'amendement
Lincoln-Payne.
M. Gratton: Et l'article 1.1 est adopté. Une voix:
1.1., adopté.
M. Gratton: Où va-t-on maintenant, M. le
Président?
Le Président (M. Brouillet): Justement, l'article 1.1,
c'était le sous-amendement comme tel. L'article 3 a été
suspendu, je crois.
M. Godin: Nous avions l'article 2. L'abrogation de l'article 25,
cela n'a pas été adopté, à ma connaissance.
Le Président (M. Brouillet): Oui, il est adopté.
L'article 2 est adopté.
M. Godin: II est adopté? L'article 3.
Le Président (M. Brouillet): L'article 3...
M. Gratton: II est suspendu.
Le Président (M. Brouillet): ...est suspendu.
M. Gratton: II va le demeurer jusqu'à ce soir.
Une voix: Oui?
M. Gratton: II me semble.
M. Godin: Cela relève de nous.
M. Gratton: Aviez-vous un amendement à cela?
M. Godin: En fait, l'article 26 élargit le recours...
M. Gratton: M. le Président, je tiens à rappeler
que le député d'Argenteuil avait un amendement à proposer
à l'article 3. Je peux me tromper...
M. Godin: Voulez-vous qu'on attende qu'il soit
présent?
M. Gratton: Oui, s'il vous plaît! M. Godin:
Suspendu.
M. Gratton: Oui. La même chose pour l'article 4.
M. Godin: Suspendu. Ah oui, l'article 4, pour les mêmes
raisons. D'accord. Il sera ici ce soir, à 20 heures?
M. Gratton: Oui.
M. Godin: Je propose de passer à l'article 40, M. le
Président.
M. Gratton: L'article 7.
M. Godin: 7. Excusez-moi, l'article 7.
Permis spécial des ordres
professionnels
Le Président (M. Brouillet): L'article 7.
M. Godin: À l'article 7, après avoir bien
réfléchi aux remarques de mon collègue de Nelligan... Le
papillon 7 est-il distribué?
Une voix: Non.
M. Godin: Je vais attendre qu'il soit distribué.
Le Président (M. Brouillet): À l'article 7, comme
je n'étais pas ici quand on a discuté de cela, on repart à
neuf.
M. Godin: On repart à neuf.
Le Président (M. Brouillet): Parce que j'ai des textes
d'amendement ici entre les mains.
M. Godin: On repart à zéro.
Le Président (M. Brouillet): On repart à
zéro. Bon! Très bien.
M. Lincoln: Cela devrait être "éloignée".
M. de Bellefeuille: Est-ce que celui-ci remplace l'autre
papillon?
M. Lincoln: II y a une...
M. Godin: On n'avait pas d'autre papillon. Ah oui! Vous avez
raison.
M. de Bellefeuille: La réponse, c'est quoi? Oui?
M. Godin: Oui.
M. Lincoln: Cela devrait être "éloignée",
"région éloignée".
M. Godin: D'accord. Donc, je le lis au complet: "Les ordres
professionnels peuvent, avec l'autorisation préalable de l'Office de la
langue française, délivrer un permis spécial à des
personnes qui sont déclarées aptes à exercer leur
profession sans avoir du français une connaissance appropriée au
sens de l'article 35. "L'autorisation prévue au premier alinéa
est accordée par l'Office de la langue française: "a) - nouveau -
lorsque, de l'avis du ministre des Affaires sociales, la délivrance d'un
permis spécial est nécessaire pour assurer l'accessibilité
des services de santé et des services sociaux dans un
établissement situé dans une région
éloigné..." avec un "e" muet ajouté à la main. b)
reste le même: "lorsque des raisons d'ordre scientifique ou technologique
l'exigent." (17 h 15)
Nous poursuivons. "Dans le cas prévu par le paragraphe b du
deuxième alinéa, le permis autorise son détenteur à
exercer sa profession exclusivement pour le compte d'un seul employeur dans une
fonction ne l'amenant pas à traiter avec le public." Alinéa
nouveau. "Malgré - il y a 20 ans, on disait "nonobstant" qui
était un très beau mot, malheureusement tombé en
désuétude -le troisième alinéa, l'office peut, dans
l'intérêt public, autoriser la délivrance d'un permis
spécial aux conditions qu'il fixe."
Le Président (M. Brouillet): Le ministre vient de lire
l'article tel qu'il est amendé, dans son entièreté...
Une voix: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Brouillet): ...à l'exception de
quelques petits apartés. Enfin, le texte écrit pourra les
exclure.
M. Lincoln: Puis-je poser quelques questions au ministre? On
pourrait en discuter au préalable. Ce que vous ajoutez
réellement, c'est...
M. Godin: "L'office...
M. Lincoln: "L'office peut, dans l'intérêt public,
autoriser la délivrance..." Serait-ce possible de suggérer
quelque chose avant d'arriver à la question d'amendement? Prenez le
premier paragraphe. Vous situez les permis spéciaux dans le cas d'un
établissement situé dans une région
éloignée. Serait-il possible d'ajouter aussi à cela? Nous
avions suggéré quelque chose de beaucoup plus large et vous
revenez à celui-là. Nous sommes d'accord. Pourriez-vous ajouter
"ou pour des raisons qu'il juge essentielles"? On parle du ministre des
Affaires sociales. Il me semble que...
M. de Bellefeuille: M. le Président, sur cette question...
Avez-vous terminé?
M. Lincoln: Non, je voulais demander cela au ministre...
M. de Bellefeuille: Ah bon!
M. Lincoln: ...et, deuxièmement, lui demander, dans le cas
qu'il a ajouté, comment il voit dans son optique que cela résout
les cas dont nous avions discuté l'autre jour.
M. Godin: On peut peut-être entendre le
député de Deux-Montagnes avant de faire un "wrap-up".
M. Lincoln: Oui.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je sais que le
ministre en a parlé l'autre jour, mais j'oublie pourquoi il ajoute cette
notion de région éloignée. C'est tout ce que je voulais
dire. M. le député de Nelligan, si on enlevait...
Mme Lavoie-Roux: On pourrait l'enlever tout simplement.
M. de Bellefeuille: ...l'allusion à la région
éloignée, on n'aurait pas besoin de votre ajout.
M. Lincoln: Ah oui! je suis tout à fait d'accord.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, on vous a
posé une question.
M. Godin: C'est parce que les cas qui ont été
portés à notre attention par l'office et par des régions
éloignées précisément, c'était que l'ancien
article de la loi 101 qui portait ces exceptions ne permettait pas à
certaines régions - je pense, entre autres, à
l'Île-d'Entrée, aux Îles-de-la-Madeleine, aux villages de la
Basse-Côte-Nord, Kégashka et autres - d'avoir des services
d'infirmières, etc.
Par ailleurs, si nous ouvrions dans l'ensemble, nous craignons qu'il y
ait une avalanche de demandes, et nous avons vécu depuis six ans sans
problème. Les seuls problèmes que nous avons vécus
vraiment sont ceux dans les régions éloignées. Aucun
problème de fond n'a été porté à notre
connaissance pour les régions autres qu'éloignées. Nous
réglons des problèmes au paragraphe b, disons, des
problèmes d'un grand savant, Albert Einstein, unilingue, enfin bilingue,
parlant allemand et anglais, qui aurait été invité par
McGill. L'alinéa b aurait autorisé son séjour ici et sa
pratique ici. Je ne pense pas que...
M. Lincoln: ...même s'il faisait de la médecine, M.
le ministre. Disons que ce soit quelqu'un à l'Institut neurologique de
McGill, ce à quoi a fait référence mon collègue
l'autre jour; s'il arrivait comme médecin au sein des services de
santé plutôt que comme scientifique ou comme technologue qui irait
faire de la recherche, est-ce qu'à ce moment-là on ne dira pas
non, malgré le troisième alinéa?
Mme Lavoie-Roux: Dans l'intérêt public.
M. Godin: On le règle avec l'addition que l'on fait. Seul
l'office est équipé pour évaluer des cas comme celui que
vous soulevez. En fait, à notre connaissance, comme je vous le dis, il
n'y a pas eu de problème posé jusqu'à maintenant.
M. Lincoln: Le troisième alinéa de l'article 40
s'applique à quoi? Est-ce que cela s'applique à tous les services
sociaux, ceux inclus aux paragraphes a et b, ou est-ce que cela s'applique
seulement au paragraphe b?
M. Godin: Au fond, si vous aviez un grand neurologue, ce serait
pour des raisons d'ordre scientifique qu'il pourrait échapper à
l'obligation d'une connaissance du français. En d'autres termes, un
médecin très spécialisé vient ici. Il a besoin de
parler à des patients pour les fins de son métier. Si le
médecin ne parle pas français, il cadre tout à fait dans
le b et il est couvert en plus par l'exemption qu'on ajoute.
M. Lincoln: L'exemption que vous ajoutez, c'est ce que je veux
savoir. Les affaires d'alinéas, c'est embrouillant. Est-ce que le
dernier paragraphe que vous ajoutez, malgré le troisième
alinéa, s'applique à a et b ou bien rien qu'à b? Pourquoi
ne l'appliquez-vous pas à a et à b?
M. Godin: À b.
M. Lincoln: À b seulement. Mais qu'est-ce que cela peut
vous faire d'appliquer cela à a également puisque c'est l'Office
qui va juger les cas spécifiques? À ce moment, cela
évitera toutes les...
M. Godin: Les raisons d'ordre scientifique ou technologique sont
couvertes par l'alinéa qu'on vient d'ajouter.
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Godin: L'Office peut, pour ces raisons, donner un permis
spécial. Les problèmes dont est saisi le ministre des Affaires
sociales sont uniquement ceux de l'accessibilité aux services de
santé et aux services sociaux. Il n'est saisi d'aucun autre
problème.
M. Lincoln: Oui, d'accord. Mais si, par exemple, il y avait des
problèmes d'urgence des services de santé et des services sociaux
dans une région urbaine, dans la loi, il n'y a pas de
flexibilité, à ce moment-là.
M. Godin: En six ans d'exercice de la loi 101, il n'y a pas eu de
cas qui se sont présentés, M. le député de
Nelligan. Il ne faut pas détruire l'esprit même de la loi 101 qui
est qu'au Québec, un professionnel qui parle français a plus
d'ouvertures qu'un professionnel qui ne parle que l'anglais. S'il parle les
deux langues, c'est total. Mais l'esprit de la loi 101, c'est que la
connaissance du français fait partie des conditions de travail au
Québec, sauf exceptions prévues. Je craindrais, en ouvrant trop
le a, que nous fassions tomber, pour un grand pan d'activité
professionnelle au Québec, l'esprit de la loi 101. Là-dessus, je
vous le dis dès maintenant, je pense que le troisième
alinéa répond au problème que vous me posiez l'autre jour,
M. le député de Nelligan, qui n'était pas le même,
qui était un problème dans une entreprise qui avait
engagé... Cela se règle par l'alinéa qu'on ajoute. Mais
là, vous ajoutez une autre dimension et celle-ci, de l'avis de plusieurs
médecins, nous ne pouvons pas l'ouvrir parce que nous remettrions en
question l'esprit de la loi 101, une des bases de la loi 101. Je vous
répète qu'en six ans, les cas que vous posez ont
été résolus par l'esprit qui était dans la loi 101
et qu'on retrouve ici: raisons d'ordre scientifique.
M. Lincoln: M. le ministre, je n'ai pas envie d'insister trop
longtemps. L'autre jour - si vous vous référez à la
transcription - on a parlé également des services sociaux et des
services de santé. L'amendement qu'on nous avait suggéré
et que j'avais discuté avec vous était très large et
prenait les deux.
M. Godin: C'était trop.
M. Lincoln: Oui. C'était trop, d'accord. Mais là,
on cherche une espèce de compromis qui va aller un petit peu plus loin.
C'est pourquoi j'avais suggéré que peut-être vous
considéreriez "pour d'autres raisons que le ministre jugerait
essentielles". Il pourrait y avoir une épidémie, il pourrait y
avoir n'importe quoi.
Le Président (M. Brouillet): II y a le
député de Deux-Montagnes et le député de Vachon qui
ont demandé la parole.
Mme Lavoie-Roux: Moi aussi, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Le député de
Vachon et la députée de L'Acadie.
M. Payne: Moi, j'ai toujours été convaincu par les
arguments qui voulaient restreindre les exceptions permises, dans ce cas-ci,
par le paragraphe a, aux professionnels de la santé. Tout en
étant un peu méfiant vis-à-vis de la notion de
l'intérêt public, parce que c'est quelque chose qui est
susceptible d'être interprété assez subjectivement par les
autorités, je trouve, par contre, que a est très limitatif, dans
le sens que j'ai vu plusieurs cas de présence d'un professionnel au sein
d'un service qui peut être appelé un service essentiel. Dans
l'éducation, si l'université a besoin, pendant une session,
pendant un an, d'avoir quelqu'un, un ingénieur, par exemple, cela peut
être aussi valable que quelqu'un qui est professionnel de la
santé. Mon voeu serait que a soit tout simplement éliminé
pour laisser la discrétion autorisée par b. C'est ce que
j'aimerais. À ce moment, vous pouvez trouver les critères
d'applicabilité qui ont une cohérence globale sans faire de
référence spécifique et exclusive aux services de la
santé. Il y a 39 professions qui sont considérées.
Mme Lavoie-Roux: J'avais demandé la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Oui, Mme la
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas argumenter longtemps parce que je
l'ai soulevé suffisamment longtemps la dernière fois. Je pense
que le député de Vachon a fait des considérations qui
mériteraient d'être retenues. Mais, dans le paragraphe a, cela est
tellement restrictif déjà, c'est lorsque, de l'avis du ministre
des Affaires sociales, la délivrance d'un permis spécial est
nécessaire pour assurer l'accessibilité. Il y a deux
éléments restrictifs. Il faut d'abord que le ministre des
Affaires sociales donne son avis et il donne son avis strictement en relation
avec l'accessibilité. Je ne vois pas pourquoi on est obligé d'y
ajouter l'autre élément qui empêche de couvrir une
situation qui pourrait peut-être se présenter ou ne pas se
présenter en mettant l'élément région
éloignée. Votre restriction, vous l'avez dans l'avis du ministre
et uniquement dans les conditions de répondre aux besoins
d'accessibilité. Ce sont les seules choses. Ce n'est pas n'importe quel
médecin qui arrive ici et dit: Même si je suis dans une
région urbaine... Cela est relié aux critères
d'accessibilité, c'est-à-dire que le patient ne peut pas avoir
d'accès aux services à moins que cette personne ne soit
présente. Cela est très limitatif. La question de la
région éloignée, je ne la saisis vraiment pas. Pour moi,
cela est très restrictif en soi.
M. Godin: On règle les problèmes dans le paragraphe
b.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai parlé d'anestésistes
l'autre jour, où on risquait de manquer d'anasthésistes à
l'Institut
neurologique de Montréal. M. Godin: À Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Oui, à Montréal. Ce
problème des anesthésistes se retrouve dans tout le
Québec. Ce n'est pas nécessairement un spécialiste, c'est
même quelqu'un qui n'aura peut-être pas affaire au public. Parce
que les anesthésistes, je ne sais pas s'ils parlent beaucoup à
leurs patients, je ne le sais pas.
Une voix: Non, pas tellement.
Une voix: Ils n'ont pas le temps.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste que cela serait pour rendre
accessible et cela pourrait même se présenter dans d'autres
hôpitaux de Montréal. Cela pourrait se présenter à
Grand-Mère qui n'est pas reconnue comme une région
éloignée, qui se trouve sans anesthésiste et, tout
à coup, quitte à prévoir les dispositions, à
l'intérieur de tant de mois, ils doivent posséder une
connaissance du français. Pourquoi bloquer l'accès de
spécialistes alors qu'il y a une pénurie véritable et qui
doit être évaluée par le ministre des Affaires sociales
dans toute autre région qu'une région éloignée.
Évidemment, à plus forte raison, dans les régions
éloignées. Je ne vois vraiment pas...
M. Godin: C'est couvert par l'alinéa nouveau que...
Une voix: ...l'alinéa nouveau, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: L'intérêt public.
M. Godin: Oui, c'est exactement cela, c'est exactement le cas que
vous donnez. Faute de pouvoir entrer dans une description pour toutes les
possibilités, je dois me limiter à l'intérêt
public.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je ne veux pas argumenter
jusqu'à la fin.
M. Ciaccia: Pas nécessairement l'intérêt
public, c'est surtout l'ensemble. Je pense que...
Mme Lavoie-Roux: L'intérêt public peut s'exercer
à l'égard de...
M. Godin: N'est-ce pas qu'une pénurie
d'anesthésistes à Grand-Mère tombe
précisément dans la définition sous le parapluie
d'intérêt public? L'absence d'un neurologue à
Montréal tombe également sous l'intérêt public.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, on a toujours discuté
de cette question. Le député de Vachon m'a rappelé quelque
chose dont on avait discuté l'autre jour. Ce qu'on veut faire, c'est
d'aller beaucoup plus loin que les services de santé, la science et la
technologie. L'autre jour, on a parlé des professionnels, de la musique,
des économistes, des spécialistes dans les écoles, cela
pourrait être toutes sortes de professions. Ce que je vais
suggérer, M. le ministre, c'est de proposer l'amendement dont nous avons
discuté et, s'il est défait, il sera défait, mais c'est ce
qu'on va faire. Je voudrais le proposer.
M. Godin: Je vais vous proposer quelque chose. On va le mettre
à b, lorsqu'il y a des raisons d'ordre scientifique, technologique ou
culturel qui l'exigent.
M. Lincoln: Non, mais même dans les services, par exemple,
culturels, l'éducation, je ne sais pas si...
M. Godin: Cela est culturel.
M. Lincoln: Mais même dans les services de santé,
les services sociaux, cela ne répond pas...
M. Godin: Scientifique, non.
Mme Lavoie-Roux: Pas nécessairement scientifique, un
anesthésiste.
M. Godin: La proposition que je vous ferais serait d'ajouter
d'ordre scientifique, technologique ou culturel. Est-ce que cela vous
conviendrait comme rédaction, M. le député de
Deux-Montagnes? Est-ce qu'on répète le "ou" deux fois ou si on
met: Scientifique, technologique ou culturel?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, et "ou".
M. Godin: C'est cela, en bon français. Merci, Mme
Lavoie-Roux.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je constate la
très grande bonne volonté du ministre, mais mon instinct me
pousse à retrancher plutôt qu'à ajouter. Vous avez
peut-être raison. Je n'insisterai pas. (17 h 30)
M. Lincoln: Je n'ai pas fini. Je n'avais pas fini.
Le Président (M. Brouillet): Le député de
Nelligan n'avait pas terminé.
M. Lincoln: Je vais insister, M. le Président, pour lire
mon amendement parce que...
Le Président (M. Brouillet): Allez-y, oui, allez-y.
D'accord.
M. Lincoln: Je vais le lire. Une voix: Pas de
problème.
M. Lincoln: Je vais proposer l'amendement suivant à
l'article 7: L'article 40 de cette charte est remplacé par le suivant:
"Dans les cas où l'intérêt public ou l'intérêt
économique le justifie, les autres professionnels peuvent
délivrer un permis spécial aux personnes déjà
autorisées à exercer leur profession en vertu des lois d'une
autre province ou d'un autre pays. Ce permis spécial autorise son
détenteur à exercer sa profession exclusivement pour le compte
d'un seul employeur."
C'est à peu près ce qui était là, mais
peut-être...
M. de Bellefeuille: Cela ressemble beaucoup à
l'article...
M. Lincoln: Cela lui ressemble beaucoup, oui...
M. de Bellefeuille: ...de la loi actuelle. M. Lincoln:
...c'est vrai.
M. de Bellefeuille: Sauf que vous ne retenez pas les derniers
mots: "Dans une fonction ne l'amenant pas à traiter avec le public."
M. Lincoln: Oui, c'est exactement cela; ce sont les raisons que
nous avons discutées l'autre jour avec le ministre. Ce sont des cas de
permis spéciaux qui sont donnés parce que, dans bien des cas -
prenez les cas que nous avons discutés l'autre jour, des
sociétés scientifiques et technologiques - par exemple, dans le
domaine des ordinateurs, parfois, on n'a pas de technologues ici, on doit avoir
des technologues qui traitent avec le public et qui, malheureusement, viennent
de l'Allemagne, viennent des États-Unis. Ou ce sont les clients, le
public qui viennent d'ailleurs pour acheter ici. C'était la raison, du
reste, pour laquelle le ministre a inséré le dernier paragraphe.
C'était le sens de retirer ces mots-là.
M. Godin: Alors, nous sommes prêts à voter, à
moins qu'il n'y ait d'autres interventions. De notre côté, c'est
terminé.
Une voix: Un instant, M. le Président!
Le Président (M. Brouillet): Alors, actuellement, nous
avons devant nous un sous-amendement.
Mme Lavoie-Roux: On en avait un autre, on en avait un du ministre
avant. M. Godin: Non, je l'ai retiré. Une voix:
Pouvez-vous le lire?
M. Godin: Parce que ce n'est pas un ordre professionnel.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Alors...
M. Ciaccia: Une question.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Ce n'est pas cet amendement-ci que vous avez
retiré?
M. Godin: Non, non, pas cela.
M. Ciaccia: Seulement une question au ministre.
Le Président (M. Brouillet): Excusez, s'il vous
plaît. Nous devons peut-être... C'est sur l'amendement du
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. Le premier.
Une voix: Sur le papillon...
Le Président (M. Brouillet): Très bien, une
question, parce que nous devons aussi disposer du sous-amendement qui
est...
Mme Lavoie-Roux: On y reviendra après.
Une voix: Pouvez-vous me le lire?
Mme Lavoie-Roux: II a une question à poser. Après,
on vous lira cela.
M. Ciaccia: Ma collègue, la députée de
L'Acadie, s'était référée à un cas
où, par exemple, à Shawinigan, on avait besoin d'un
anesthésiste et vous avez répondu qu'avec l'addition de
l'alinéa sur l'intérêt public, cela couvrait cette
situation. Mais si on regarde la façon dont vous avez
rédigé votre amendement, est-ce que c'est possible que... Vous
dites que, malgré le troisième alinéa, l'office peut, dans
l'intérêt public, autoriser la délivrance d'un permis
spécial aux conditions qu'il fixe.
Le troisième alinéa se réfère seulement,
dans les cas prévus par le paragraphe b du deuxième
alinéa, aux régions éloignées.
M. Godin: Ce seraient des raisons d'ordre scientifique, M. le
député.
M. Laplante: Dans les régions éloignées,
c'est le a.
M. Ciaccia: C'est le a.
M. Laplante: Le b, ce sont les raisons d'ordre scientifique ou
technologique.
M. Ciaccia: Oui, il a raison. M. Godin:
C'est-à-dire que si...
M. Ciaccia: Oui, mais cela ne serait pas...
M. Godin: ...M. le député de Mont-Royal...
M. Ciaccia: ...une raison d'ordre scientifique ou
technologique.
M. Godin: Si vous avez un cas en région
éloignée, c'est couvert par a; si vous avez un cas à
Montréal, c'est couvert par b, dans le cas d'un anesthésiste ou
dans le cas du neurologue cité par le député de
Nelligan.
M. Ciaccia: Ce n'est pas d'ordre scientifique ou
technologique.
M. Godin: Un médecin, ce n'est pas d'ordre
scientifique?
M. Ciaccia: Non, non, pas en santé. Bien non, ce n'est pas
dans...
Mme Lavoie-Roux: ...bien non, c'est un professionnel.
M. Ciaccia: C'est pour donner un service. L'exemple que vous avez
donné, Albert Einstein, cela est d'ordre scientifique et technologique.
Mais pas...
Mme Lavoie-Roux: Pas l'anesthésiste.
M. Ciaccia: ...l'anesthésiste; vous n'allez pas l'employer
pour des raisons d'ordre scientifique ou technologique.
Une voix: De toute façon, y avait-il d'autres
interventions là-dessus?
M. Ciaccia: Non, mais est-ce que vous avez répondu?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il faudrait le mettre en fonction non
seulement du paragraphe b, mais aussi de a?
M. Godin: Non.
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Brouillet): Le député de
Vachon a...
M. Payne: Moi, j'avais un sous-amendement...
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît, on va
entendre le député de Vachon pour ne pas y revenir.
M. Payne: J'avais un sous-amendement, mais je ne sais pas si cela
irait chercher un consensus. J'avais plutôt ceci à l'idée:
Lorsque, de l'avis du ministre, la délivrance d'un permis spécial
est nécessaire pour assurer l'accessibilité des services,
l'office peut, dans l'intérêt public, autoriser la
délivrance d'un permis spécial aux conditions qu'il fixe. Je vois
mal toute référence à une région
éloignée.
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît!
J'aimerais, s'il vous plaît, que les membres de la commission, parce
qu'on aura à se pronocer sur cela en tant que membres de la commission,
écoutent un peu l'exposé.
M. Payne: J'ai fait mon exposé. Je viens de lire une
proposition hypothétique pour un sous-amendement. Voulez-vous que je le
fasse?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Payne: Lorsque, de l'avis du ministre, la délivrance
d'un permis spécial est nécessaire pour assurer
l'accessibilité des services, l'office peut, dans l'intérêt
public, autoriser la délivrance d'un permis spécial aux
conditions qu'il fixe.
M. Ciaccia: Cela, c'est bien, parce que cela répond
à la question que j'avais posée au ministre, M. le
Président.
M. Godin: Pouvez-vous nous répéter cela, M. le
député?
Une voix: Parce qu'on dit que c'est bien, le ministre veut que
vous répétiez.
M. Ciaccia: Mais, savez-vous, la situation que j'avais
soulevée au ministre quant à son libellé" malgré le
troisième alinéa... Il faudrait enlever les mots "malgré
le troisième alinéa, l'office peut...". Alors, cela
répond...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on va répéter pour le
ministre?
M. Ciaccia: On va répéter pour le ministre.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Vachon, pourriez-vous signaler...
Mme Lavoie-Roux: Répéter, pour la troisième
fois.
Le Président (M. Brouillet): ...en quoi consiste votre
amendement, où il se situe dans le texte?
M. Payne: Pour la troisième fois, et je crains l'appui de
l'Opposition: Lorsque, de l'avis du ministre, la délivrance d'un permis
spécial est nécessaire pour assurer l'accessibilité des
services, l'office peut, dans l'intérêt public, autoriser la
délivrance d'un permis spécial aux conditions qu'il fixe.
Une voix: Non.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas très dangereux cela.
M. Payne: La seule chose que cela ajoute, c'est la tâche du
ministre.
Une voix: Le ministre maintient la...
M. Godin: On est prêt à voter, M. le
Président... Non, non, monsieur, je l'ai compris, je le connais.
Mme Lavoie-Roux: II l'a écarté. Je n'ai pas encore
compris pourquoi il tient absolument à sa région
éloignée.
Une voix: Votons.
Une voix: Est-ce qu'on peut voter?
Mme Lavoie-Roux: Cela ne donnera pas...
Le Président (M. Brouillet): Je crois que...
M. Payne: C'est parce que, M. le Président, lorsque vous
parlez de la région éloignée, c'est toujours très
difficile d'interpréter cela, que ce soit le ministre des Affaires
sociales... De toute façon, c'est assez méprisant...
Mme Lavoie-Roux: II y a une carte des régions
éloignées.
Le Président (M. Brouillet): Je crois que, sur ce
point-là, une réponse pourra peut-être être
apportée.
Mme Lavoie-Roux: Quand on a voté la loi 27 et qu'on a
déterminé des rémunérations différentes pour
les médecins...
M. Payne: Je m'en souviens.
Mme Lavoie-Roux: ...en terrain éloigné et en
terrain proche, une carte a été établie par les
règlements qui détermine les régions
éloignées. J'imagine que c'est à cette carte que le
ministre des Communautés culturelles se référait.
M. Payne: Oui, mais je m'oppose au principe.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui, il y a du subjectif
là-dedans.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais poser une question au
ministre?
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député de Mont-Royal, une question au ministre.
M. Ciaccia: Quelle est votre objection de dire - parce que avez
de la protection ici "Lorsque, de l'avis du ministre, la délivrance d'un
permis spécial est nécessaire pour assurer l'accessibilité
des services, l'office peut, dans l'intérêt public, autoriser la
délivrance d'un permis spécial aux conditions qu'il fixe"?
M. Godin: Parce que les seules raisons où les
professionnels de la santé devraient être exclus de la
connaissance du français, ce sont des raisons très bien
identifiées depuis les six ans d'existence de l'Office de la langue
française, qui a reçu des demandes auxquelles il n'a pas pu
répondre pour des problèmes à l'Île-d'Entrée,
où il y a une population uniquement anglophone. Aucune infirmière
ne voulait y aller, sauf une dans l'univers peut-être, et pour des
raisons que la plupart des gens ne peuvent comprendre. Je ne sais pas si vous
êtes déjà allés dans l'île-d'Entrée, il
n'y en avait qu'une qui ne parlait que l'anglais. L'office n'a pu l'autoriser
à y aller; enfin, l'office a dû faire des contorsions
légales pour l'autoriser à y aller.
Pour régler ces cas-là, nous ouvrons en a et ce sont les
seuls cas dont on a été saisi. Les autres cas
évoqués par Mme la députée de L'Acadie, se sont des
raisons d'ordre scientifique complétées par
l'intérêt public.
M. Ciaccia: Ce n'était pas d'ordre scientifique.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, si le ministre veut nous dire
formellement ici, en commission parlementaire, que des professionnels de la
santé sont des scientifiques...
M. Godin; Oui, c'est ce que je crois.
Mme Lavoie-Roux: ...si vous voulez le dire, formellement, quoique
je doive vous rappeler qu'au moment de la loi 101 le ministre de
l'Éducation nous avait aussi fait des affirmations aussi formelles que
celles-là quant à la fréquentation scolaire des parents
à l'élémentaire - je ne veux pas revenir là-dessus
- et, finalement, cela ne s'est jamais
appliqué et cela a créé un tas de
problèmes... Même si je crois le ministre quand il nous dit cela,
ça n'aura pas de force d'application.
M. Godin: De toute façon, nous sommes prêts à
voter.
Le Président (M. Brouillet): Alors, écoutez. On a
le sous-amendement présenté par le député de
Nelligan. Nous allons voter sur le sous-amendement.
M. de Bellefeuille: Est-ce que je pourrais commenter
brièvement ce sous-amendement, M. le Président?
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. de Bellefeuille: À mon avis, il y manque deux
éléments que je considère importants, au moins deux
éléments. Il y en a un qui est l'autorisation préalable de
l'Office de la langue française, que je considère
importante...
M. Lincoln: Pas de problème.
M. de Bellefeuille: ...et l'autre, c'est la fonction, qui devrait
en être une ne l'amenant pas à traiter avec le public. Par
ailleurs, je ne comprends pas pourquoi le député de Nelligan
considère que l'intérêt économique ne fait pas
partie de l'intérêt public, puisqu'il dit "dans les cas où
l'intérêt public ou l'intérêt économique le
justifie". C'est donc qu'à son avis l'intérêt
économique ne fait pas partie de l'intérêt public...
M. Godin: Et vice versa.
M. de Bellefeuille: ...et cela m'étonne.
Le Président (M. Brouillet): Nous sommes prêts.
Est-ce que le sous-amendement présenté par le
député de Nelligan est adopté?
M. Godin: Non.
M. Gratton: Alors, vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Alors...
M. Dupré: M. le Président, on vote sur quoi?
Le Président (M. Brouillet): ...on vote sur...
Une voix: Sur l'amendement, sur le sous-amendement de M. le
député de
Nelligan et non pas sur celui du député de Vachon, qui n'a
pas été retenu.
Mme Lavoie-Roux: II peut revenir avec un autre amendement.
Le Président (M. Brouillet): Là, nous votons sur le
sous-amendement du député de Nelligan.
Mme Lavoie-Roux: Cela va être moins compliqué.
Le Président (M. Brouillet): Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Dupré
(Saint-Hyacinthe)?
M. Dupré: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Gratton (Gatineau)?
M. Gratton: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Une voix: Lui, il est toujours là, quand ce n'est pas le
temps.
Le Président (M. Brouillet): M. Leduc (Fabre)?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Lincoln (Nelligan)?
M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Brouillet): Alors, ce sont les seuls.
Pour 3, contre 5. Le sous-amendement est rejeté. Nous passons
à...
M. Laplante: Je n'aurais pas eu à venir.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais un autre sous-amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît, nous
revenons donc à l'amendement présenté par le ministre.
Y-a-t-il d'autres...
M. Payne: Moi, j'aurais...
Mme Lavoie-Roux: ...sous-amendements?
M. Dupré: On ne vote pas sur l'amendement avant son
sous-amendement?
Le Président (M. Brouillet): Nous avons devant nous un
amendement. S'il y a d'autres amendements qui doivent être faits, je n'en
ai aucun. Je n'ai aucun sous-amendement. Il est toujours possible d'en avoir
d'autres.
M. Payne: Je peux dire quelque chose là-dessus?
Le Président (M. Brouillet): Certainement, si vous le
désirez.
M. Payne: Dans le remplacement du paragraphe a, lorsque, de
l'avis du ministre, la délivrance d'un permis spécial est
nécessaire pour assurer l'accessibilité des services, l'office
peut, dans l'intérêt public, autoriser la délivrance d'un
permis spécial aux conditions qu'il fixe...
M. de Bellefeuille: Je voudrais poser une question
spécifique.
M. Payne: ...si cela...
Le Président (M. Brouillet): Écoutez, une minute,
est-ce que tout le monde a pris connaissance du sous-amendement
présenté?
Mme Lavoie-Roux: Oui, on l'a bien vu tout à l'heure.
M. Gratton: Nous, nous sommes prêts à...
Le Président (M. Brouillet): J'aimerais
peut-être...
Une voix: On l'a écrit?
Le Président (M. Brouillet): Je le laisse devant moi.
M. Payne: J'aimerais...
Le Président (M. Brouillet): On peut commencer à en
discuter. (17 h 45)
M. Payne: Pour moi, c'est très important de rapatrier au
sein du ministère responsable de l'application de la loi les
responsabilités qui en découlent. Si la discrétion
appartient au ministre des Affaires sociales, dans un cas tel que celui
proposé préalablement, cela laisse la possibilité à
plusieurs interprétations selon la discrétion du ministre. La
discrétion du ministre des Affaires sociales, avec les meilleures
intentions au monde, peut être beaucoup plus limitative ou, par contre,
beaucoup plus large, dans son interprétation de l'intérêt
public, que l'interprétation donnée par le ministre
lui-même qui, dans d'autres sections de la loi, a certains pouvoirs en ce
qui concerne les permis.
La raison pour laquelle je voudrais rapatrier ces pouvoirs
discrétionnaires au sein du ministère responsable de
l'application de la loi et la deuxième raison pour laquelle je m'oppose
à l'amendement, c'est que je considère que restreindre
l'accessibilité aux services de santé et aux services sociaux,
c'est préjudiciable à toutes les autres corporations qui existent
et à l'intérêt public. Je pense que c'est dans
l'économie générale de la loi qu'on devrait avoir un
ministre qui peut juger, en collaboration avec les corporations qui tiennent
jalousement à leur autonomie à cet égard. Je pense que
cela peut ajouter quelque chose à la tâche du ministre de juger
l'intérêt public, l'obligeant à apporter certains
critères d'évaluation de ce qu'est l'intérêt public,
à un moment donné.
Par contre, je pense que c'est beaucoup plus juste et cohérent
avec l'économie générale de la loi et les intentions
exprimées par l'article 40 de la loi 101 tel que cela existait en
1977.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Vachon, pourriez-vous le relire attentivement pour qu'on puisse...
Une voix: ...la comprendre. On le sait.
Le Président (M. Brouillet): J'ai besoin du texte, s'il
vous plaît, et j'aurais besoin que vous me le relisiez. Pour une
dernière fois, je vous le demande, et lentement.
Mme Lavoie-Roux: Pour la sixième fois. Cela vaut la peine
de faire adopter...
M. Payne: Lorsque, de l'avis du ministre, la délivrance
d'un permis spécial est nécessaire pour assurer
l'accessibilité des services, l'Office peut, dans l'intérêt
public, autoriser la délivrance d'un permis spécial aux
conditions qu'il fixe.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je crois que, dans
ses remarques, tout à l'heure, le député de Vachon a bien
marqué que les mots "le ministre", dans le sous-amendement qu'il vient
de proposer, se réfèrent au ministre dans le sens de l'article
212 de la loi, c'est-à-dire le ministre chargé de l'application
de la Charte de la langue française.
Mme Lavoie-Roux: C'est bien cela.
M. Payne: Exact.
M. Godin: Ledit ministre peut-il parler là-dessus?
Une voix: Certainement.
M. Godin: Cela obligerait ledit ministre à se
gréer, pour parler en vieux français...
M. de Bellefeuille: À se quoi? M. Godin: À
se gréer.
Mme Lavoie-Roux: À se gréer sur son bateau.
M. Godin: À se gréer d'experts qui
détermineraient si une région éloignée a besoin de
tel ou tel service, alors qu'en fait, c'est le collègue dudit ministre
aux Affaires sociales qui est le mieux équipé, le mieux
gréé, pour répondre à ces questions. C'est la
raison pour laquelle, après des discussions entre divers
collègues, on a convenu de laisser le ministre des Affaires
sociales...
M. de Bellefeuille: Dégrée-toi.
M. Godin: ...responsable de recommander à l'office une
telle décision. C'est la raison pour laquelle je voterai contre cet
amendement.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Je crois que, dans l'amendement, il n'est pas
question de régions éloignées. En plus, cela couvre
tout.
M. Godin: Cela fait deux raisons pour voter contre.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que quelqu'un d'autre
veut intervenir sur le sous-amendement présenté par le
député de Vachon?
Une voix: Vas-tu te dégréer? M. Laplante:
Rejeté.
Une voix: Voyons donc, Mme Lavoie-Roux.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que le sous-amendement
est adopté?
Des voix: Adopté. M. Laplante: Rejeté.
Une voix: Rejeté.
Une voix: Vote nominal.
Le Président (M. Brouillet): J'entends des voix, mais je
ne peux pas savoir de quel côté c'est majoritaire.
M. Gratton: Surtout à ce coup-là, M. le
Président, sortez votre crayon, parce que là on n'est plus
sûr.
Le Président (M. Brouillet): Alors, on y va.
M. Gratton: Un instant. Une voix: Une instant.
Le Président (M. Brouillet): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Une voix: Avez-vous honte de voter pour?
Une voix: Je t'expliquerai ce que cela veut dire
"gréer".
Le Président (M. Brouillet): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Je m'abstiens, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Qui s'abstient?
M. de Bellefeuille: Moi.
Mme Lavoie-Roux: Bon, eh bien, on fait du progrès!
Le Président (M. Brouillet): M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Gratton (Gatineau)?
M. Gratton: Pour.
M. Laplante: J'ai hâte de voir qui va s'abstenir chez
vous.
Le Président (M. Brouillet): M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Leduc (Fabre)?
Mme Lavoie-Roux: J'ai assez hâte qu'il vote contre le
gouvernement.
M. Laplante: Attendez une minute.
Le Président (M. Brouillet): M. Lincoln
(Nelligan)?
M. Lincoln: Pour.
Une voix: Un homme loyal et fidèle.
Le Président (M. Brouillet): Et M. Dupré
(Saint-Hyacinthe)?
Une voix: C'est là qu'on va le savoir.
M. Dupré: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Dupré
(Saint-Hyacinthe)?
M. Dupré: Pour.
Le Président (M. Brouillet): Pour.
M. de Bellefeuille: On dirait que cela vous étonne, M. le
Président!
Le Président (M. Brouillet): Pour: 4; contre: 3; et une
abstention. Bon, alors nous revenons...
M. Godin: L'amendement est accepté.
Le Président (M. Brouillet): Ah, il est refusé!
Une voix: Non.
Mme Lavoie-Roux: 4 pour, 3 contre, une abstention.
Une voix: 4 pour, 3 contre, une abstention, c'est
adopté.
Mme Lavoie-Roux: C'est adopté.
Une voix: Ils ne sont pas habitués.
Le Président (M. Brouillet): 4 pour, 3 contre...
Une voix: Vous avez l'air surpris, M. le ministre!
M. Godin: 4 pour, 3 contre?
Une voix: Oui.
M. Godin: II y a des têtes qui vont tomber!
Une voix: Cela, c'est toi et moi...
Une voix: Alors, où en sommes-nous?
Le Président (M. Brouillet): Alors, écoutez, le
sous-amendement est adopté.
Une voix: Où en sommes-nous là?
Mme Lavoie-Roux: À la proposition du ministre.
M. Laplante: Le sous-amendement devient l'amendement
principal.
Mme Lavoie-Roux: C'est juste un petit amendement, on va
l'intégrer dans le principal.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Brouillet): Nous revenons à
l'amendement.
M. Gratton: M. le Président, question de règlement.
On vient de voir une motion adoptée contre le gré du ministre.
Est-ce que vous pourriez m'indiquer si cela pourrait faire tomber le
gouvernement? Est-ce qu'il s'agit d'une question de confiance? Est-ce qu'on
doit faire rapport à l'Assemblée?
Une voix: Elections générales dans...
Le Président (M. Brouillet): Nous allons entendre
l'ensemble du projet de loi, certainement.
Une voix: Partielles...
M. de Bellefeuille: M. le Président, sur la question de
règlement du député de Gatineau. J'ai l'impression qu'un
gouvernement n'a jamais été renversé en commission. Est-ce
que je me trompe? Et il faut que cela se rende au salon bleu pour que le
gouvernement puisse être...
M. Gratton: Oui, je pourrais faire état, d'ailleurs, d'un
cas encore plus grave, d'une loi où l'article 1 contenait l'ensemble du
principe et où l'article 1 avait été défait. Et je
pense que le président de l'Assemblée avait trouvé le
moyen de déclarer que le gouvernement pouvait toujours continuer de
siéger.
Le Président (M. Brouillet): Alors, nous revenons à
l'amendement, à l'article 7. L'amendement, maintenant, se lirait de la
façon suivante. L'amendement consiste, à l'article 7,
premièrement, par le remplacement du paragraphe a) par le suivant:
"Lorsque de l'avis du ministre des Affaires sociales, la délivrance d'un
permis spécial est nécessaire pour assurer l'accessibilité
des services, l'office peut, dans l'intérêt public, autoriser la
délivrance d'un permis spécial aux conditions qu'il fixe."
Deuxièmement, par l'addition de l'alinéa suivant: "Malgré
le troisième alinéa"
Une voix: Bien non.
Mme Lavoie-Roux: II faut introduire le sous-amendement
là.
M. Lincoln: II faut que vous...
Mme Lavoie-Roux: ...introduisiez le sous-amendement.
Le Président (M. Brouillet): Ah, excusez.
M. Lincoln: ...reveniez au texte.
Le Président (M. Brouillet): Finalement, à ce
moment-là, l'amendement se termine ici.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Tout simplement.
M. Gratton: C'est cela.
M. Godin: Ah non, attendez un peu.
M. Lincoln: Cela est le sous-amendement du député
de Vachon...
Le Président (M. Brouillet): Qui remplace l'ancien
paragraphe a.
M. Lincoln: ...qui remplace a.
Le Président (M. Brouillet): Qui remplace l'ancien a.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
Une voix: Non, non, non.
M. de Bellefeuille: Qui remplace au complet l'amendement
proposé par le ministre.
Une voix: Oui.
Une voix: Oui, monsieur, voilà.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Gratton: C'est ce que je disais tantôt, le ministre a
été battu à plate couture.
M. Godin: Est-ce que je peux faire un amendement, monsieur...
M. Laplante: Si tu étais resté en Chambre, j'aurais
été tout seul ici; pas de complication!
Le Président (M. Brouillet): Alors, le sous-amendement,
qui a été adopté, remplace l'amendement qui avait
été présenté par le ministre.
M. Godin: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Très bien?
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais bien cela que vous lisiez au complet
ce qu'on a adopté.
Une voix: Oui.
M. Godin: Ne venez pas me dire que vous ne savez plus sur quoi
vous avez voté, madame.
Mme Lavoie-Roux: Bien non, mais là, c'est à cause
de votre amendement principal.
M. Godin: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Alors, je relis. Le
sous-amendement, qui va remplacer l'amendement au complet...
M. Gratton: Et est-ce qu'on pourrait lire l'article 7...
Le Président (M. Brouillet): Le nouvel article 7.
M. Gratton: ...tel qu'amendé?
Le Président (M. Brouillet): Très bien. L'article
7: "L'article 40 de cette charte est remplacé par le suivant: 40. Les
ordres professionnels peuvent, avec l'autorisation préalable de l'Office
de la langue française, délivrer un permis spécial
à des personnes qui sont déclarées aptes à exercer
leur profession sans avoir du français une connaissance
appropriée au sens de l'article 35. "L'autorisation prévue au
premier alinéa est accordée par l'Office de la langue
française: "a - c'est là que l'amendement invervient - lorsque de
l'avis du ministre...
M. Lincoln: On n'a plus besoin de a.
M. Gratton: II n'y a plus de a, on peut juste enchaîner,
parce qu'il n'y a plus de b.
M. Lincoln: II n'y a plus de b.
M. Gratton: Donc, il n'y a plus nécessité d'avoir
a.
Le Président (M. Brouillet): Écoutez: L'amendement
que j'ai dit ceci: "Remplacer le paragraphe a de l'article 7 par le suivant..."
Si cela est mal rédigé, rédigeons-le bien. On va suspendre
les travaux, on va bien le rédiger et on reprendra les travaux
tantôt.
M. Ciaccia: Continuez avec a.
Mme Lavoie-Roux: On fera cela après le souper.
Le Président (M. Brouillet): On suspend les travaux,
rédigeons le texte comme il faut.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise de la séance à 17 h 57)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre! Nous
reprenons les travaux et nous les suspendons jusqu'à 20 heures ce
soir.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise de la séance à 20 h 19)
Le Président (M. Brouillet): La commission des
communautés culturelles et de l'immigration reprend ses travaux. Nous
étions à l'article 7. J'aimerais faire le point sur la situation
de l'article 7 à l'heure où nous nous parlons.
M. Gratton: M. le Président, pourriez-vous me permettre un
mot?
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: En fait, j'avais compris que, dès la reprise
ce soir à 20 heures, nous entamerions les dispositions du projet de loi
57 ayant trait à l'éducation et, d'ailleurs, la présence
du ministre de l'Éducation en témoigne. Est-ce qu'on ne pourrait
pas remettre la discussion de l'article 7 à plus tard?
M. Laurin: Mais ma patience est bien connue, M. le
Président.
M. Gratton: Et la mienne aussi.
M. Laurin: Je peux très bien laisser M. Godin terminer son
article 7.
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît! J'aurais un petit point à soulever au départ.
Une voix: Avec grand plaisir, M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: On va vous écouter, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): On m'a fait part tantôt
que nous causons des problèmes à ceux qui ont à
contrôler l'enregistrement du journal des Débats. Il y a trop de
monde qui parle en même temps et ils n'ont que deux pistes. Je vous
prierais, s'il vous plaît, de demander la parole pour qu'on puisse parler
un à la suite de l'autre et non pas deux ou trois en même temps.
Alors, M. le ministre.
M. Godin: Je pense que la parole est plutôt à vous,
M. le Président. Nous venons de voter un amendement; alors, je pense que
nous sommes prêts à voter l'article 40.
Le Président (M. Brouillet): II y avait un certain
imbroglio quand nous nous sommes laissés et j'aimerais clarifier la
situation avant de passer au vote sur l'article 40. Tout d'abord, un amendement
avait été déposé par le ministre et vous avez le
texte de cet amendement. Nous avons eu un sous-amendement
présenté par le député de Vachon. C'est un
sous-amendement qui se substitue à l'amendement que nous avions. Comme
l'amendement ne concernait que le a), le sous-amendement ne concerne que le a).
J'étais en train de relire l'article 40 tel qu'amendé et c'est
là que s'est posé le problème de l'interprétation
du sous-amendement.
Étant donné que le sous-amendement ne concerne que le
paragraphe a), je vais relire l'ensemble de l'article tel qu'amendé
avant de demander le vote sur l'article 40. Alors, si vous voulez suivre, voici
comment maintenant se lit l'article 7 tel qu'amendé: "L'article 40 de
cette charte est remplacé par le suivant: Les ordres professionnels
peuvent, avec l'autorisation préalable de l'Office de la langue
française, délivrer un permis spécial à des
personnes qui sont déclarées aptes à exercer leur
profession sans avoir du français une connaissance appropriée au
sens de l'article 35. "L'autorisation prévue au premier alinéa
est accordée par l'Office de la langue française: a) - et c'est
ici que nous remplaçons le paragraphe par le sous-amendement - lorsque,
de l'avis du ministre des Affaires sociales, la délivrance d'un permis
spécial est nécessaire pour assurer l'accessibilité des
services, l'office peut, dans l'intérêt public, autoriser la
délivrance d'un permis spécial aux conditions qu'il fixe."
Nous poursuivons et revenons maintenant à l'article 7. "b)
lorsque des raisons d'ordre scientifique ou technologique l'exigent."
Maintenant, le dernier paragraphe: "Dans le cas prévu par le paragraphe
b du deuxième alinéa, le permis autorise le détenteur
à exercer sa profession exclusivement pour le compte d'un seul employeur
dans une fonction ne l'amenant pas à traiter avec le public."
Alors, c'est l'article 7 tel qu'amendé.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: ...vous me permettrez de vous signaler qu'il
y a, je crois, une erreur dans le texte que vous venez de nous communiquer.
Vous vous souviendrez que, cet après-midi, nous avons plusieurs fois
parlé du ministre des Affaires sociales et lorsque le
député de Vachon a présenté son sous-amendement,
j'ai pris le soin d'intervenir pour établir bien clairement que
l'expression "le ministre", "l'avis du ministre" utilisée par le
député de Vachon référait au ministre dans le sens
de l'article 202 de la loi 101, c'est-à-dire, le ministre responsable de
l'application de la Charte de la langue française. Alors, c'est bien de
ce ministre qu'il s'agit et non pas, comme vous venez de nous le dire, du
ministre des Affaires sociales.
Une voix: C'est exact.
Le Président (M. Brouillet>. C'est
l'inconvénient de ceux qui font des amendements sans les écrire.
Dans le texte écrit qu'on m'avait remis et que j'ai signé...
Une voix: Et sur lequel on a voté.
Le Président (M. Brouillet): ...c'était bien
"lorsque, de l'avis du ministre des Affaires sociales". J'ai ici des
photocopies du texte que l'on m'a remis. Tout le monde avait très bien
compris l'article. J'ai voulu le relire pour qu'on ait le texte de façon
précise. Alors, c'est le texte écrit que j'ai au bas duquel j'ai
indiqué "adopté".
Une voix: II est adopté.
M. Laplante: C'est adopté, d'accord.
M. Leduc (Fabre): Si nous votons contre, nous votons contre tout
l'article et on revient à l'article 40 original. C'est ça?
Le Président (M. Brouillet): On n'en est pas encore au
vote sur l'article.
M. Leduc (Fabre): On est à quoi?
Le Président (M. Brouillet): C'est tout simplement une
discussion sur la rédaction d'un article déjà
adopté. C'est un sous-amendement.
M. Gratton: M. le Président, pourrais-je faire une
suggestion au gouvernement, plutôt que de nous enliser dans un
débat de procédure à n'en plus finir? Vous savez comment
régler le problème. Vous aviez un problème cet
après-midi. Vous vous êtes fait jouer un tour. La meilleure
façon, c'est de dire: On a manqué notre coup. Vous pouvez le
réparer tout simplement en présentant un amendement au moment du
dépôt du rapport à l'Assemblée nationale.
M. Godin: Vous pensez bien, M. le député de
Gatineau, que c'est une option que nous avons envisagée.
M. Gratton: Oui, mais...
M. Godin: Celle-là et d'autres.
M. Gratton: Ne nous amenez pas vos fantassins ce soir.
M. Godin: Je vous remercie de vos conseils judicieux. Cela
s'ajoute à la sagesse que j'avais recueillie jusqu'à maintenant.
J'en tiendrai compte.
M. Gratton: Alors, est-ce qu'on peut passer aux choses de
l'éducation?
Une voix: Moi, je suis d'accord pour qu'on vote sur l'article
40.
Le Président (M. Brouillet): Quant au texte écrit
que j'avais entre les mains, est-ce qu'on s'entend sur ce texte-là au
niveau du sous-amendement?
M. Lincoln: Un instant. Je voudrais poser une question à
ma collègue.
Le Président (M. Brouillet): Pour ce qui est du dernier
paragraphe de l'amendement...
M. Godin: Vous vous êtes joué un tour, vous
aussi.
Le Président (M. Brouillet): ...il a été
inclus dans le sous-amendement de ce paragraphe.
M. Gratton: Nous, on ne joue pas un tour. On vote contre tout
ça.
M. Lincoln: Le ministre est en train de faire un petit tour de
passe-passe. Ce dernier paragraphe ne saute pas.
Le Président (M. Brouillet): On a une possibilité,
c'est de prendre le vote donnez-moi le texte - sur l'amendement tel qu'il est
sous-amendé.
M. Lincoln: Si vous retirez a), celui-là n'est pas a).
M. Godin: M. le Président, dans la mesure où
l'amendement adopté cet après-midi inclut l'essentiel de
l'alinéa qui porte le no 2 à mon papillon, je pense que
l'alinéa no 2 est tombé par le fait même.
M. Gratton: M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît, sur ce point-là. Quand j'ai
relu l'article tel qu'amendé, je m'apprêtais, justement,
à lire le deuxièmement de l'amendement et c'est là qu'on a
sursauté en disant: Non, non, il est supprimé,
celui-là.
M. Lincoln: Mais à présent...
Le Président (M. Brouillet): C'est pour cela, à la
suite de votre intervention générale, que j'ai dit: Très
bien, le sous-amendement remplace tout l'amendement. C'est justement, votre
intervention qui a contredit ce que j'étais en train de faire;
j'étais en train de lire le b) et vous vous en souvenez très
bien. Si vous voulez considérer le sous-amendement comme ne
remplaçant que le a) de l'amendement, je dois soumettre au vote
l'amendement tel que sous-amendé et cela n'a pas été
fait.
M. Gratton: M. le Président, pour éclairer ma
lanterne...
Le Président (M. Brouillet): C'est très clair.
M. Gratton: Ce n'est pas clair pour moi. Tantôt, quand vous
avez fait la lecture de l'article tel que sous-amendé, vous avez bien lu
b).
Le Président (M. Brouillet): Le b) de l'article et non pas
de l'amendement. Il y a l'article, l'amendement et le sous-amendement. Il y a
trois choses.
M. Gratton: C'est ça. Donc, le b) de l'article
demeurait.
Le Président (M. Brouillet): Le b) de l'article n'est
touché ni par l'amendement, ni par le sous-amendement.
M. Gratton: Et la partie qui vient après le b) y venait
également.
M. Lincoln: Cela se réfère à b).
Le Président (M. Brouillet): Là, vous vous
référez à ce qui vient après dans l'amendement.
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Ce qui vient après
dans l'amendement, c'était un paragraphe qui s'ajoutait à la
fin.
M. Lincoln: M. le Président, ce que le
député de Vachon a voulu faire, c'est prendre ceci et l'ajouter
à a). Cela ne veut pas dire que cela ne s'applique pas également
à b). Il a voulu ajouter cela à a). Il ajoute ce bout-là
à a). C'était un amendement qu'il apportait, mais ce ne veut pas
dire que celui-là ne s'applique pas à b).
(20 h 30)
Le Président (M. Brouillet): À quel b)?
M. Lincoln: II n'y a qu'un b).
Le Président (M. Brouillet): Dans l'amendement, on ne se
réfère pas du tout à b).
M. Lincoln: Je le sais très bien.
Le Président (M. Brouillet): On dit qu'on ajoute, donc on
ne supprime pas b); le paragraphe b) demeure là. On ajoute un autre
paragraphe.
M. Lincoln: Ce que je veux vous dire c'est que M. le
député de Vachon veut remplacer ce qui était dans a);
c'est cela, son amendement. Il donne un texte pour remplacer a) et il choisit,
pour des raisons que j'appuie, d'ajouter certains des mots qui apparaissaient
dans ce paragraphe. Cela ne veut pas dire, par le fait même, que cette
partie a été amendée. Cette partie se tient.
Le Président (M. Brouillet): C'est exactement ce que
j'avais compris. Quand je vous ai relu l'article tel qu'amendé, une fois
que j'ai eu terminé de lire l'amendement du député, je me
suis mis à lire le deuxièmement de l'amendement et c'est
là que vous m'avez arrêté en disant: Non, cela ne tient
plus.
M. Lincoln: Ce n'est pas moi qui ai dit cela.
Le Président (M. Brouillet): Ce n'est pas vous,
mais...
M. Gratton: C'est peut-être moi, mais j'ai pu faire
erreur.
Le Président (M. Brouillet): Comme tout le monde, c'est
bien évident.
M. Gratton: Cela arrive à tout le monde.
Le Président (M. Brouillet): Moi, tout simplement, je peux
vous soumettre ceci. C'est que nous allons prendre le vote sur l'amendement tel
que sous-amendé en considérant que le sous-amendement ne fait que
remplacer le a) du premièrement de l'amendement.
M. Godin: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Godin: ...je pense que l'intention du député de
Vachon était - si j'en juge par la rédaction de son amendement,
c'est très clair - d'intégrer dans un amendement qui
porte son nom les deux parties de mon papillon: premièrement le
paragraphe a) et, deuxièmement, celui qui commence ainsi: "Malgré
le troisième alinéa l'office peut, etc." Si on lit bien
l'amendement proposé, on voit que l'intention était
d'intégrer les deux et vous avez voté pour cela, messieurs. Il
n'est pas question de répéter deux fois le même
article.
M. Lincoln: Je trouvais que c'était deux choses tout
à fait séparées. Il y en a une qui a trait aux affaires
sociales, une autre qui a trait à des raisons d'ordre scientifique ou
technologique, qui peuvent peut-être avoir trait à un autre
ministère ou à l'office lui-même.
Le Président (M. Brouillet): Écoutez, M. le
député de Nelligan, si vous trouvez que le deuxièmement de
l'amendement n'est pas tout à fait compris dans le sous-amendement,
qu'il y a des éléments qui n'y apparaissent pas, vous avez le
loisir de proposer un autre sous-amendement qui va récupérer les
éléments du deuxièmement que vous ne voyez pas dans le
a).
M. Lincoln: Oui, avant que je le propose, j'aurais voulu savoir
l'attitude du ministre. Ce que j'ai envie d'ajouter, c'est le dernier
paragraphe du ministre après la fin de b), si le ministre est ouvert
à cela.
M. Godin: D'après ma lecture, M. le député
de Nelligan, de l'amendement que vous avez voté cet après-midi,
l'intention qui était prévue dans l'alinéa que j'ai
ajouté à votre demande se trouve dans l'alinéa qui est
ici, dans l'amendement Vachon. Cela est ma lecture. Maintenant, si vous voulez
proposer un amendement qui va dans ce sens, faites-le.
M. Lincoln: C'est à vous de décider, vous
êtes le président.
Le Président (M. Brouillet): C'est comme cela que cela
avait été compris par tout le monde cet après-midi, que le
deuxième était compris dans le premier, tellement qu'on m'a
arrêté quand je suis venu pour lire le deuxième. On m'a
dit: Non, ce n'est pas nécessaire, il n'existe plus.
M. Gratton: M. le Président, est-ce qu'on ne pourrait pas
demander au parrain de la motion de sous-amendement, le député de
Vachon - sûrement qu'il doit savoir mieux que quiconque ce qu'il voulait
faire - de nous l'expliquer?
Le Président (M. Brouillet): Je crois qu'il est important
de s'assurer que, quand les gens ont voté, ils savaient ce qu'ils
faisaient, même si cela correspondait plus ou moins à ce que le
député de Vachon aurait voulu. Ce n'est pas ce que le
député de Vachon souhaitait qui est intéressant, c'est de
s'assurer ce sur quoi l'ensemble des députés ont voté.
M. Gratton: On pourrait peut-être lui demander.
Le Président (M. Brouillet): C'était, à mon
sens, très clair pour tout le monde que les gens ont pensé, quand
ils ont voté le sous-amendement, que le sous-amendement
remplaçait tout l'amendement. Si M. le député de Nelligan,
maintenant, croit que tout ce qu'il y a dans le deuxièmement de
l'amendement n'est pas compris dans le sous-amendement, libre à lui
d'arriver avec un nouveau sous-amendement qui va faire état de ces
éléments; on votera.
M. Gratton: M. le Président, pendant que le
député de Nelligan y songe, j'ai presque envie de dire que le
seul, finalement, qui ait fait preuve d'intelligence dans tout cela, au moment
du vote, c'est le député de Deux-Montagnes qui s'est abstenu.
Le Président (M. Brouillet): À chacun de tirer ses
propres conclusions.
Une voix: Peut-être pas de courage, mais
d'intelligence.
M. de Bellefeuille: Pardon? Parlez donc dans le micro.
M. Gratton: M. le Président, j'aurais un amendement ou un
sous-amendement.
Le Président (M. Brouillet): Alors, un autre
sous-amendement. Il faudrait l'écrire, cette fois-ci.
M. Gratton: Vous allez voir, ce n'est pas compliqué. On
présume que b) est toujours là, qui dit "Lorsque des raisons
d'ordre scientifique ou technologique l'exigent".
Le Président (M. Brouillet): Ah oui! M. Gratton:
Bon!
Le Président (M. Brouillet): Écoutez, cette
partie-là n'était pas du tout concernée par
l'amendement.
M. Gratton: Non.
Le Président (M. Brouillet): Alors, elle ne peut pas
être affectée par le sous-amendement.
M. Gratton: J'aimerais demander d'abord au ministre pourquoi on
se sert du
pluriel plutôt que du singulier.
M. Godin: Parce qu'il y a des raisons.
M. Gratton: Parce que, quand je lis le document Rédaction
et interprétation des lois, on dit que la loi parle au singulier, parce
que le singulier inclut le pluriel. Alors, je me dis qu'à moins qu'on
n'ait voulu spécifiquement dire que cela prend plus qu'une raison
d'ordre technologique ou scientifique pour...
M. Godin: Cela en prend plus qu'une. M. Gratton: Cela en
prend plus qu'une? M. Godin: Oui.
M. Gratton: Est-ce qu'on peut demander pourquoi?
M. Godin: Le principe est là, M. le député
de Gatineau. Il s'agit de s'assurer que l'immense majorité des
professionnels qui travaillent au Québec parlent français. M. le
député de Gatineau...
M. Gratton: Oui, j'écoute.
M. Godin: ...vous avez eu ma réponse. Il s'agit de
prévoir les exceptions et, pour éviter qu'il n'y ait des abus par
rapport à ces exceptions prévues, nous voulons les baliser le
plus possible. C'est la raison pour laquelle nous avons inscrit à ce
projet de loi "lorsque des raisons d'ordre scientifique...". Une seule ne
serait pas suffisante.
M. Gratton: Mais, M. le Président, le ministre conviendra
sûrement que...
M. Laplante: Cela va être très court.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: J'aurais une faveur à demander aux membres de
cette commission. Si on voulait remplacer comme membre M. Dean par M. Laurin,
parce qu'il est appelé à une commission en haut actuellement.
Le Président (M. Brouillet): Monsieur qui?
M. Godin: M. Dean.
M. Laplante: M. Laurin à la place de M. Dean...
M. Godin: Comme membre de plein droit.
M. Laplante: ...comme membre de plein droit.
M. Gratton: Oui, j'accepterais volontiers, surtout si, en
même temps, on en profitait pour inscrire Mme Dougherty...
M. Laplante: Oui, oui.
M. Gratton: ...à la place de M. Vaillancourt.
M. Laplante: D'accord. Je vous remercie de votre
coopération. Vous pouvez y aller.
Le Président (M. Brouillet): À la place de M. Dean,
M. Laurin.
M. Laurin: J'aime cela voter.
Le Président (M. Brouillet): Mme
Dougherty, à la place de...
M. Gratton: M. Vaillancourt, comme intervenant.
Le Président (M. Brouillet): Ah oui, très bien.
M. Gratton: M. le Président, je comprends fort bien la
réponse du ministre, mais sûrement que le ministre conviendra
qu'il pourrait exister une raison d'ordre scientifique ou technologique qui
pourrait suffire à motiver qu'on accorde l'exemption dont il est
question à cet article. De toute façon, même si cela en
prenait plusieurs, il est bien clair que la loi, qui parle au singulier, inclut
le pluriel.
M. Godin: Avez-vous un amendement? M. Gratton: Oui, oui,
mais c'est que...
M. Godin: Allez-y, si c'est un amendement.
M. Gratton: Non, mais si le ministre me dit: On est d'accord, on
le change...
M. Godin: Faites un amendement.
M. Gratton: ...on n'a pas besoin de faire une motion
d'amendement.
M. Godin: Mais non, je vous dis que... M. Gratton: Vous ne
voulez pas? M. Godin: Non.
M. Gratton: Vous êtes bien impatient ce soir!
M. Godin: Je vous dis que je veux laisser "lorsque des raisons
d'ordre scientifique ou technologique l'exigent".
M. Gratton: Est-ce que c'est votre défaite aux urnes cet
après-midi qui vous rend aussi maussade ce soir?
M. Godin: Non, pas du tout, sûrement pas. Vous me trouvez
maussade?
M. Gratton: Bien, je trouve que vous avez l'air...
M. Lincoln: Irrité.
M. Gratton: ...d'avoir mal mangé, mal
digéré, je ne sais pas trop.
M. Godin: Je n'ai pas mangé, justement.
M. Lincoln: Irrité et ulcéré.
M. Gratton: Irrité et ulcéré, en effet.
Est-ce que je fais l'amendement tout de suite? Parce qu'il y a une autre
question qui surgit.
M. Lincoln: Moi, je retire mes... Écoutez, je me rallie
à votre...
Le Président (M. Brouillet): Interprétation?
M. Lincoln: ...décision très sage. Oui, on va
laisser cela comme cela.
M. Gratton: Alors, M. le Président, je fais motion donc
pour que, dans le paragraphe b) on remplace les mots "des raisons" par les mots
"une raison" et qu'au dernier mot "l'exigent" on biffe les lettres "nt".
M. Godin: On accepte, M. le Président. M. Gratton:
Bon.
M. Godin: "Lorsqu'une raison d'ordre scientifique ou
technologique l'exige."
M. Gratton: Bon. Vous voyez comme c'est tellement plus
plaisant.
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'amendement consiste
à remplacer, à l'article 7, paragraphe b), les mots "des raisons"
par "une raison" et "l'exigent" par "l'exige". Il est adopté par tout le
monde? Oui.
M. Gratton: L'article lui-même?
Le Président (M. Brouillet): L'amendement.
M. Gratton: L'amendement, oui, d'accord.
Le Président (M. Brouillet): Alors, nous avons un nouvel
article 7 amendé...
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Brouillet): ...pour une seconde fois.
Est-ce qu'il y a d'autres amendements?
M. de Bellefeuille: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: L'article 75 de notre règlement se lit
comme suit: "Quand un amendement ou un sous-amendement est rejeté, la
motion principale ou l'amendement principal est de nouveau mis en
délibération tel qu'il a été
présenté, et un nouvel amendement peut être proposé,
sauf les exceptions prévues au règlement." J'en conclus qu'on ne
peut pas, dans la situation présente, présenter de nouveaux
sous-amendements, qu'il faut d'abord disposer de l'amendement. Vous nous avez
dit, tout à l'heure, que vous jugiez que nous avions disposé de
l'amendement. Nous en avons disposé dans la mesure où le
sous-amendement remplaçait la totalité de l'amendement.
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. de Bellefeuille: Mais il me semble qu'il y a quand même
une étape qui manque, celle qui consiste à voter sur l'amendement
tel que modifié par le sous-amendement. Il me semble que c'est ce que
dit le règlement.
Le Président (M. Brouillet): Écoutez, quand le
sous-amendement remplace intégralement l'amendement - je l'ai
annoncé vous êtes conscients que le sous-amendement emporte
l'amendement. C'était implicite que, si vous votiez pour le
sous-amendement, eh bien, vous votiez contre l'amendement. On n'a pas à
prendre un vote sur l'amendement quand le sous-amendement l'emporte dans son
entièreté.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je ne mets nullement
en doute...
Le Président (M. Brouillet): Et de cela, vous en
étiez tous conscients, je l'ai dit avant le vote.
M. de Bellefeuille: ...ni l'exactitude de ce que vous venez de
dire ni votre sagesse. Mais j'aimerais bien que vous me donniez une
référence au règlement.
Le Président (M. Brouillet): C'est le
gros bon sens. Si vous avez une contre-indication dans le
règlement...
Mme Lavoie-Roux: II paraît que cela ne vaut pas ici.
M. Ryan: Ce n'est pas le meilleur argument dans cette maison.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, non.
M. de Bellefeuille: Cela a donné beaucoup d'ennuis
à un certain Galilée, le gros bon sens, il y a longtemps.
M. Gratton: Un certain qui? M. de Bellefeuille:
Galilée.
M. Lincoln: Galilée, on revient à Galilée!
C'est un mauvais exemple.
Le Président (M. Brouillet): Bon, écoutez...
M. de Bellefeuille: J'accepte votre décision. C'est une
décision que vous rendez et je l'accepte.
M. Gratton: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Une décision qui fera
époque.
M. de Bellefeuille: Voilà: On est en train d'écrire
du droit parlementaire.
M. Gratton: M. le Président, inutile de s'attarder
là-dessus, mais je pense que le défaut, le vice majeur de la
plupart des motions d'amendement qu'a présentées le ministre - et
ce n'est pas à lui que je le reproche - c'est justement qu'on
présente toujours des amendements comme visant à remplacer tel
article par tel autre article. Effectivement, à ce moment-là, ce
n'est pas un amendement. Déjà, dans le vieux règlement, on
disait: On ne peut pas faire, par exemple, la motion d'abroger un article ou de
rejeter un article. La seule façon de le faire, c'est de voter contre
l'adoption de l'article parce que la motion, c'est toujours pour adopter
quelque chose et on est pour ou contre l'adoption de quelque chose. Alors,
quand on veut modifier la chose à adopter, il faut formuler une motion
qui amende la motion. Quand on dit: La motion d'amendement vise à
remplacer le texte par tel autre texte, là, on n'amende plus, on demande
de rejeter le premier article et, ensuite, d'adopter le deuxième. C'est
pour cela qu'on se retrouve dans des situations comme celle que vient de
décrire le député de Deux-Montagnes, à juste titre,
où on ne peut plus s'y retrouver. Je pense que c'est à la base
qu'il y avait vice et non pas au moment où on s'est prononcé, cet
après-midi. (20 h 45)
Le Président (M. Brouillet): Alors, nous revenons à
l'article 7 tel qu'amendé. Cela fait assez de fois que nous lisons
l'article. Je ne pense pas que ce soit nécessaire de lire une autre fois
l'article tel qu'amendé. Tout le monde est conscient...
M. Gratton: Nous, on trouve que c'est clair.
Le Président (M. Brouillet): ...de ce qu'il est devenu.
Alors, je le mets aux voix. Est-ce qu'il est adopté?
M. Godin: Non, M. le Président. Une voix:
Rejeté.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'on prend le vote?
On prend le vote.
Une voix: Vote nominal.
Le Président (M. Brouillet): Vote nominal. Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Je m'abstiens, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. Dupré
(Saint-Hyacinthe)?
M. Dupré: Je m'abstiens, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Gratton (Gatineau)?
M. Gratton: Contre.
Le Président (M. Brouillet): Mme Lachapelle (Dorion)?
Mme Lachapelle: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Leduc (Fabre)?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Scowen: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Lincoln (Nelligan)?
M. Lincoln: Contre.
Le Président (M. Brouillet): 9 contre, 2 abstentions.
Une voix: L'éducation.
Le Président (M. Brouillet): Donc, l'article 7 est
rejeté. M. le député de Bourassa.
M. Laplante: Est-ce qu'on peut remplacer l'article 7 par un
nouvel article maintenant qu'il est rejeté?
Le Président (M. Brouillet): Pardon?
M. Laplante: Est-ce qu'on pourrait remplacer l'article 7
maintenant qu'il est rejeté dans son entier? Est-ce qu'on pourrait
refaire un article 7?
Le Président (M. Brouillet): Non.
M. Laplante: D'accord. Je vous remercie.
Une voix: II y a une façon de le faire.
M. Laplante: On retombe maintenant à l'article 40 de la
Charte de la langue française.
Le Président (M. Brouillet): Alors l'article 7 est
rejeté. À quel article allons-nous maintenant passer? Si vous
voulez me le dire. On ne suit pas l'ordre.
M. Gratton: Quel article: Est-ce le 13, le 14 ou le 15?
M. Ryan: C'est 12.
M. Gratton: 12 a été adopté avec un
amendement. L'article 13 a-t-il été adopté?
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît. Nous allons suspendre les débats pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 48)
(Reprise de la séance à 21 heures)
Le Président (M. Brouillet): La commission reprend ses
travaux. Nous allons aborder l'article 3. J'inviterais le ministre...
M. Godin: C'est l'éducation, c'est le chapitre sur
l'éducation.
Le Président (M. Brouillet): L'article 3 est suspendu.
M. Laurin: On était rendu à l'article 13. Je suis
parti avec l'idée de l'article 13.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
M. Ryan: ...l'article 3 était en suspens, cependant.
Le Président (M. Brouillet): J'attends que vous
m'indiquiez... Une minute, s'il vous plaît! Trop de monde parle
ensemble.
M. Ryan: J'aimerais mieux attendre pour l'article 3 parce que,
étant davantage préparé sur les autres, l'autre jour, nous
étions déjà engagés sur l'article 13.
Le Président (M. Brouillet): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je sais que l'article 6
a été adopté.
Le Président (M. Brouillet): Oui.
Les tests sur la connaissance du
français
Mme Lavoie-Roux: Avec le consentement des membres de la
commission, c'est simplement une considération qui a
échappé aux membres de la commission et, si la commission le
permet, j'aimerais leur en faire part; ils en feront ce qu'ils voudront.
Même si l'article a été adopté, je sais que
déjà il y a des précédents pour un article
adopté. Si on pouvait l'améliorer, il y en a qui vont accepter
qu'on le fasse.
Ce sont les exemptions qui sont prévues pour les tests. Sans
aucun doute, j'imagine que le ministre a également reçu ce
télégramme. Ce qu'on a porté à notre attention,
c'est le fait des enfants qui ont suivi les cours d'immersion en
français qui pourraient être exemptés des tests. Je pense
que ma collègue de Jacques-Cartier est beaucoup plus familière
avec cela que moi. Si la commission y consent... On ne veut pas prendre des
heures et s'éterniser, cela est juste pour faire valoir un point de vue
et, si vous jugez que cela a du bon sens, on pourrait juste ajouter un tout
petit
amendement.
M. Godin: Juste une question à poser.
Est-ce que de toute façon ces enfants ne seront pas
exemptés des tests à partir de septembre 1985?
Mme Lavoie-Roux: Non. Est-ce qu'ils vont être
considérés comme ayant fait trois années d'études
secondaires en français? C'est cela le problème.
M. Godin: Ils vont être considérés comme
étant sortis du secteur anglophone et, à l'été
1986, ils seront exemptés des tests.
Mme Lavoie-Roux: Mme la députée de Jacques-Cartier
va vous expliquer cela.
Mme Dougherty: II y a des centaines d'enfants qui ont
réussi les mêmes examens que les étudiants francophones
depuis 1977; ils se présentent aux mêmes examens, aux niveaux
secondaire IV et V, que les étudiants francophones. Ils ne sont pas
exemptés des tests linguistiques même s'ils ont réussi les
examens. Donc, je crois que la loi doit reconnaître ces enfants sur le
même niveau que les étudiants francophones.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire dès maintenant.
Mme Dougherty: Dès 1977. Parce que la loi a prévu
l'exemption de tous les anglophones dès 1985, mais ce n'est pas du tout
la même chose parce qu'ils ont, évidemment, une compétence
supérieure et équivalente aux élèves francophones
en ce qui concerne le français.
M. Laurin: Je pense que le député
d'Argenteuil...
M. Ryan: Je vais vous poser une question, Mme la
députée de Jacques-Cartier. Est-ce qu'il s'agit surtout d'enfants
qui ont été impliqués dans les classes d'immersion?
Mme Dougherty: Oui. Mais ce n'est pas le fait qu'ils ont
réussi les classes d'immersion, c'est le fait qu'ils se sont
présentés aux mêmes examens, ils ont réussi les
mêmes examens que les francophones dans les écoles
françaises.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je comprends très bien, cela mais je posais ma
question à dessein parce que je voulais signaler de nouveau à
l'attention du ministre de l'Éducation la contribution tout à
fait exceptionnelle que les classes d'immersion apportent au système
d'enseignement sous l'angle particulier de l'apprentissage de la langue
officielle du Québec et le fait que le ministère de
l'Éducation ignore à peu près totalement cette
contribution à des fins budgétaires et autres. Je pense que c'est
très intéressant l'exemple que vous apportez ici et je voudrais -
je sais que c'est en dehors du sujet que nous traitons immédiatement -
par voie de parenthèses, suggérer au ministre de
l'Éducation qu'il examine cet aspect du fonctionnement des écoles
protestantes avec un intérêt tout spécial.
M. Laurin: Je le fais déjà, M. le Président,
en même temps que je considère toutes les autres façons
qu'il y a d'apprendre la langue seconde. Et je ne voudrais pas entrer ici dans
des querelles d'écoles - parce qu'il y a beaucoup d'écoles -
quant à la meilleure façon d'apprendre la langue seconde. Il y a
l'école de l'Université McGill qui a fait carrière, dont
les écrits me sont bien connus, mais il y a aussi d'autres
écoles, dont une qui a fait des expériences en Angleterre durant
de nombreuses années, et une ici même au Québec, à
la Commission scolaire des Mille-Îles, où on dit que la meilleure
façon d'apprendre la langue seconde, ce n'est pas en première
année ou même par des classes d'immersion, mais au cours de la
sixième année par un enseignement intensif de la langue seconde.
Les statistiques qu'ils ont compilées montrent que cette méthode,
selon eux en tout cas, est supérieure à toute autre. Donc, il y a
des querelles d'écoles là-dedans et on n'est pas dans la
vérité absolue.
Mais j'en reviens à l'article. Si nous avons mis 1985 et 1986
dans la loi, c'est pour une raison très précise. J'ai toujours
dit et je le répète, les commissions scolaires anglophones, il y
a cinq ou six ans, ne dispensaient pas un enseignement de la langue seconde qui
permettait une connaissance d'usage de la langue française à la
fin des études secondaires. Et j'avais dit à l'époque que
cette disposition, qui était incluse...
Mme Lavoie-Roux: On a compris cela.
M. Laurin: ...dans la Charte de la langue française,
sauterait dès que l'enseignement de la langue seconde dans les
écoles anglophones s'améliorerait. Cela était fonction de
plusieurs facteurs. Le premier, la prise de conscience, la conscientisation des
commissions scolaires anglophones au fait qu'elles devraient faire un effort
accru pour que l'enseignement du français, langue seconde, soit
amélioré et que, à la fin des études secondaires,
on soit absolument sûr que l'enseignement dispensé puisse conduire
à une véritable connaissance d'usage de la langue
française. Donc, il y avait deux facteurs à considérer, le
premier, une
conscientisation et, deuxièmement, une amélioration des
programmes.
Je pense que la conscientisation a fait beaucoup de progrès
depuis quelques années. C'est tellement vrai que quelques parents
anglophones sont même allés beaucoup plus loin que ce que
demandait la loi et ont inscrit leurs enfants à l'école
française, pour être bien sûrs que leurs enfants auraient du
français une connaissance très appropriée. Et la preuve en
est que, cette année, je pense qu'il y a près de 13 000 parents
anglophones qui ont inscrit leurs enfants dans les écoles
françaises. Évidemment, là...
Mme Lavoie-Roux: II y en a toujours eu.
M. Laurin: Oui. Il y en a eu toujours un certain nombre mais le
nombre a crû, a augmenté d'année en année.
Le deuxième facteur, c'était l'amélioration de la
qualité des programmes. Effectivement, le ministère, avec la
collaboration des enseignants de langue anglaise, a révisé
complètement son programme de l'enseignement de l'anglais, langue
seconde. Ce programme a été approuvé par le Conseil
supérieur de l'éducation et par le ministère et il est en
application depuis maintenant quelques années. Je pense que maintenant
tous les enfants du secondaire I, dans les commissions scolaires anglophones,
ont reçu un enseignement du français, langue seconde, selon les
nouveaux programmes et tous les enfants du secondaire II, également, ont
reçu un enseignement du français dispensé selon les
nouveaux programmes; nouveaux programmes d'ailleurs qui ont reçu
l'agrément unanime ou presque de la communauté anglophone du fait
qu'ils étaient beaucoup plus axés sur la communication, sur
l'interaction professeurs-étudiants, sur le français, langue
courante, un enseignement dynamique de la langue. Mais il reste que les enfants
anglophones du secondaire III n'ont pas encore reçu un enseignement du
français dispensé selon le nouveau programme, non plus
évidemment que les enfants du secondaire IV. Nous aurions pu, si nous
avions été tatillons, pointilleux, mettre la date 1986-1987 parce
que ce n'est qu'en 1986-1987 que les étudiants du secondaire V auront
été soumis à cet enseignement, dispensé selon les
nouveaux programmes.
Nous avons mis 1985-1986 parce qu'un élève peut passer un
examen en secondaire IV aussi bien qu'en secondaire V. Par ailleurs, nous
savons que ce nouveau programme, même s'il n'est obligatoire qu'en
1986-1987, peut quand même être utilisé par les commissions
scolaires avant qu'elles ne soient obligées de le faire. C'est la raison
pour laquelle nous avons été libéraux, en l'occurrence, et
que nous avons avancé d'une année, dans le texte de loi, la date
à laquelle un élève qui a passé cet examen pouvait
se voir dispensé des tests.
C'est la raison, M. le Président, pour laquelle nous avons
inclus, dans cet article 6 révisé, la date 1985-1986. C'est la
date à laquelle nous pensons que les élèves qui passent
l'examen peuvent, selon nos demandes, nos exigences, garantir que l'examen
qu'ils ont passé avec succès garantit une connaissance du
français comme langue d'usage.
Donc, pour répondre à la députée de
Jacques-Cartier, même si, actuellement, les élèves en
classe d'immersion peuvent passer avec succès ces examens, c'est selon
les anciens programmes qui avaient été jugés, même
par un certain nombre de professeurs anglophones, insatisfaisants quant
à l'objectif qu'eux-mêmes poursuivaient et que nous poursuivions
également, c'est-à-dire une connaissance appropriée, une
connaissance d'usage de la langue française.
Par ailleurs, ce que mon collègue, le député de
Mercier, disait valait également. D'ici à deux ans...
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le Président, je voudrais...
M. Laurin: ...en fin de compte, les élèves qui
auront passé leurs examens, selon l'article 83 ou 84, je pense, n'auront
plus à passer de test.
Mme Lavoie-Roux: Et ce sont les examens...
Le Président (M. Brouiilet): Très bien, Mme la
députée de L'Acadie et ensuite Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas sûre si... Pourtant, le
ministre a l'habitude de comprendre, même s'il ne change pas toujours
d'idée. Ce à quoi on fait référence, ce sont des
examens identiques et non pas, par exemple, un programme d'immersion qui
comprendrait des examens provenant de la commission scolaire - et là
vous auriez peut-être raison de dire qu'il peut y avoir différents
niveaux, qu'on n'a pas atteint les objectifs - mais quand des enfants passent
deux ou trois examens en français qui sont les mêmes que les
examens des étudiants des classes françaises, des examens du
ministère, et qu'ils les réussissent, je pense que vous devez
avoir là des enfants qui ont une connaissance suffisante du
français. Je ne sais pas si c'est à cela que le ministre pensait
ou s'il pensait plutôt à un programme d'immersion qu'une
école aurait établi d'après ses critères, sans
contrôle du ministère ou sans possibilité de
contrôler...
M. Laurin: Mais, il faut bien
comprendre, Mme la députée, qu'en incluant le concept de
classe d'immersion comme critère, on s'aventure dans un terrain
difficilement balisable, en ce sens qu'il y a beaucoup de types de classes
d'immersion. Il y a des classes d'immersion où, durant deux ou trois
ans, des élèves reçoivent un enseignement en
français et reçoivent un enseignement de certaines
matières en français, alors qu'il y a d'autres classes
d'immersion où cette immersion est beaucoup moins marquée que le
cas que je viens de mentionner. Il y a donc de grandes variétés
dans les classes d'immersion. Il y a des classes d'immersion où un
élève est plongé, durant deux ans, d'autres durant trois
ans, d'autres durant un an, il y a des classes d'immersion où
l'enseignement du français, langue seconde, est dispensé d'une
façon intensive, d'autres classes d'immersion où l'enseignement
d'autres matières est dispensé en français, mais selon un
rythme, une durée ou une fréquence variable.
Mme Lavoie-Roux: Mais, est-ce qu'ils ont réussi un
certificat d'études bilingues dont les examens proviennent du
ministère?
M. Laurin: Mais, évidemment, même si quelques
élèves réussissent, après quelques classes
d'immersion, à passer un examen, il reste que c'est difficilement
généralisable. En fonction de la date
d'échéance...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, si tu peux le convaincre.
M. Laurin: ...très proche pour que les
élèves, qui auront suivi les nouveaux programmes, puissent ne pas
avoir à se soumettre à des tests. Il me semble que cette mesure
est tout à fait légitime. (21 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Je n'essaie plus de vous convaincre.
J'espère que mes deux collègues vont être plus
convainquants.
Le Président (M. Brouillet): Le député
d'Argenteuil avait demandé la parole.
M. Ryan: Je laisserais volontiers parler la députée
de Jacques-Cartier avant moi. Parce que je ne voudrais pas - elle est plus
immédiatement au courant de la situation -dire des choses qui la
mettraient dans l'embarras et je l'appuierai volontiers ensuite avec d'autres
arguments.
Le Président (M. Brouillet): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Oui. M. le Président, le critère, ce
n'est pas qu'ils ont fréquenté les classes d'immersion, pas du
tout. Le critère, c'est qu'ils ont fait la preuve de leur
compétence en passant les examens du secondaire IV et V, les mêmes
examens que les étudiants francophones dont c'est la langue
première. Ce n'est pas la langue seconde comme pour la plupart des
étudiants anglophones. Ils sont inscrits dans les mêmes programmes
que les étudiants francophones dont c'est la langue première,
donc le critère que l'on doit inscrire dans la loi, ce n'est pas le fait
qu'ils ont fréquenté l'immersion parce qu'il y en a quelques-uns
qui sont plus faibles que les autres. Mais le critère important, c'est
qu'ils ont réussi dans les mêmes examens, dans le programme de
langue première française. C'est là qu'est le
critère que l'on doit inscrire ici. Donc, on doit ajouter...
Mme Lavoie-Roux: Si elle a reçu le certificat...
Mme Dougherty: ...ceux qui ont réussi l'examen de
français comme les étudiants francophones.
Une voix: II faut changer la date aussi.
Mme Dougherty: Non, cela n'a rien à voir avec la date.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Regardez, si on mettait...
Mme Dougherty: S'il y a des étudiants anglophones, dans
les écoles anglophones...
Mme Lavoie-Roux: ...si cette personne a réussi des
examens...
Mme Dougherty: ...qui ont réussi. Au niveau secondaire IV,
il y en a plusieurs qui ont réussi aux examens de la langue
première, les mêmes examens que les étudiants
francophones.
Une voix: Pourquoi les obliger à attendre deux ans...
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil, s'il vous plaît.
M. Ryan: Je crois que l'intervention de la députée
de Jacques-Cartier veut porter, à l'attention du gouvernement, la
situation des étudiants qui sont sortis des écoles ces
dernières années ou qui en sortent actuellement,
c'est-à-dire avant 1985-1986.
Mme Dougherty: C'est cela.
M. Ryan: C'est cela. Ceux qui sont dans cette situation tombent
sous le coup du règlement relatif à la connaissance de la langue
officielle nécessaire pour l'obtention d'un permis d'un ordre
professionnel.
Dans ce règlement-là, le critère principal est le
suivant: la personne ou le
candidat à l'exercice d'une profession doit avoir
démontré, à la satisfaction de l'ordre professionnel,
qu'elle a suivi à temps plein, à compter du niveau secondaire, au
moins trois années d'un enseignement donné en langue
française. Et le point que veut faire valoir la députée de
Jacques-Cartier, à mon point de vue, c'est que, finalement, il peut
très bien arriver... Là, il y a une injustice qui s'est
créée à bien des reprises au cours des dernières
années - je pensais que vous portiez intérêt à ce
que je disais, M. Brière! On se fait toujours des illusions! - c'est
qu'il y avait beaucoup d'étudiants, sortant du niveau secondaire du
côté anglais, qui pouvaient avoir une meilleure connaissance du
français écrit, par exemple, que bien des étudiants du
côté secondaire français. Et celui qui sortait du
côté secondaire français n'avait aucun examen à
passer. Il était considéré comme sachant sa langue et Dieu
sait qu'il y en a qui ne savent pas l'écrire. Et une personne pouvait
très bien la savoir de l'autre côté et ne pas tomber
là-dessus. Et ce qu'elle veut porter à votre attention, c'est que
si une personne est capable, aujourd'hui, de passer, à la fin du
secondaire, les examens en français, même si elle a suivi un
enseignement qui serait classé administrativement comme anglais, qu'elle
devrait avoir cette possibilité-là, maintenant qu'il n'y a aucune
raison sérieuse pour l'empêcher d'y avoir accès, ce qui
n'interdit pas de garder dans la loi le reste qui est envisagé à
compter de 1985-1986. Et cela, je pense, que c'est un point qui est très
valable, par-delà toute considération théorique.
Des voix: ...
M. Ryan: On est mieux de commencer à se comprendre et on
va écrire après.
Le Président (M. Brouillet): Savez-vous,
officiellement...
M. Ryan: Je ne sais pas si le ministre a compris mon point de
vue.
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît, qu'on fasse le point!
M. Ryan: S'il l'admet, cela règle le problème, on
va s'asseoir et on va l'écrire.
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît! Actuellement, l'article 6 est adopté; on a accepté
de discuter d'un point, mais je n'ai pas encore soumis à la
volonté de la commission d'ouvrir l'article. Après les
discussions qu'on a eues, est-ce que l'Assemblée accepte d'ouvrir
l'article? À ce moment, je pourrai recevoir des amendements
précis.
M. Laurin: J'ai bien entendu les interventions
subséquentes à la mienne de la députée de
Jacques-Cartier et du député d'Argenteuil. Je constate que cela
est beaucoup plus restrictif, beaucoup plus précis qu'à la
première intervention où on voulait, au fond, que tous ceux qui
avaient bénéficié de classes d'immersion...
Mme Lavoie-Roux: On n'a jamais dit cela, je m'excuse.
M. Laurin: C'était l'esprit des interventions
antérieures.
Mme Lavoie-Roux: Non, je regrette.
M. Ryan: C'est ce que vous aviez compris. Très bien, on
respecte votre compréhension. On la connaît bien.
M. Laurin: Très bien, je ne dirai plus rien.
M. Ryan: On est suspendu aux lèvres du ministre.
M. Laurin: Puisqu'on me dit que je comprends mal, que
j'interprète mal, je vais me taire.
M. Scowen: Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne
idée ou non?
M. Laurin: Non, je vais me taire.
M. Ryan: M. le Président, nous avons dit au
ministre...
M. Laurin: Je vais me taire et l'article sera
considéré comme adopté, un point c'est tout.
M. Ryan: À propos des interventions initiales, nous avons
soumis à l'attention du ministre qu'il n'avait pas saisi exactement ce
qui avait été dit.
M. Laurin: Bien oui! Mais si on veut rire des gens en les
insultant...
M. Scowen: On ne peut pas vous taquiner.
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît! Nous sommes trois ou quatre à parler en même temps.
Une minute, s'il vous plaît!
M. Ryan: On va se retrouver.
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît, un
à la fois. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Tout ce que nous disions,
c'est que l'interprétation que le ministre donnait des
premières interventions n'était pas la bonne. On a
mentionné les classes d'immersion pour dire que des personnes ayant
suivi ces classes d'immersion s'étaient rendues jusqu'à l'examen
secondaire en français et avaient réussi. On disait, pour ceux
qui se sont rendus jusque-là, qui ont réussi l'examen, est-ce
qu'il n'y aurait pas moyen de considérer, soit dans le règlement
ou de préférence dans la loi, la possibilité de leur
donner cet accès à l'exercice d'une profession? Ils ont fait la
preuve... Ce n'est pas autre chose. Pour le reste, on ne voulait pas du tout
régler le cas des classes d'immersion ici.
M. Laurin: M. le Président, j'ai l'habitude
d'écouter avec attention les interventions qui sont faites et nulle
part, dans les interventions faites antérieurement, on n'avait fait la
distinction entre un examen de français langue seconde et un examen de
français langue maternelle; c'est ce que je veux dire.
Dans la deuxième intervention, oui, j'ai entendu cette
précision et c'est tout ce que je voulais dire.
Mme Dougherty: C'est la langue maternelle dont je vous
parlais.
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît,
attendez et on vous donnera le droit de parole. Si chacun veut avoir raison,
vous voterez tantôt et, là, vous manifesterez votre
volonté.
M. Ryan: Est-ce que je peux juste compléter mon
intervention, M. le Président? Je n'avais pas terminé et,
quelquefois, il arrive qu'elle soit un peu longue.
Ce que je voulais demander au ministre - je m'excuse, je l'ai interrompu
parce qu'il a arrêté de parler; autrement, je l'aurais
laissé parler. Je retire l'interruption que j'avais faite d'ailleurs, si
cela l'a blessé. Ce que je veux demander au ministre, c'est si
l'interprétation plus précise qui a été
donnée à mesure que la discussion avançait - que j'avais
saisie dès la première intervention de la députée
de Jacques-Cartier non pas parce que je suis plus brillant, mais parce qu'elle
me l'avait dit avant qu'on commence - vaut la peine d'être
examinée en vue de donner lieu à une reconsidération de ce
texte. Je pense que c'est le sens de la demande qui est faite.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Laurin: J'accepte, M. le Président, cette correction.
J'en arrivais à dire que la deuxième intervention de la
députée de Jacques-Cartier m'apparaissait avoir trait à un
problème réel. Évidemment, ce que nous avons toujours
visé, c'est que le candidat éventuel à un ordre
professionnel, ayant à se soumettre à un test, possède une
connaissance suffisante de la langue française. Nous avions même
déjà un critère que nous reconnaissions, à savoir
que celui qui avait passé trois années dans une école
française était admissible à l'exercice de la profession
sans avoir à passer de test. Évidemment, si certain des cas qui
ont été soumis aux types de classes d'immersion intensive dont la
députée faisait état pouvaient conduire à cette
connaissance au point que l'étudiant ou l'élève pourrait
se soumettre avec succès à un examen de français langue
maternelle, je reconnais que ceci serait une garantie que l'élève
possède du français une connaissance suffisante. À cet
égard, je suis d'accord.
Si l'on consent que cela soit balisé de cette façon, je
serais prêt à envisager un amendement dans ce sens. Je pourrais
sûrement essayer de rédiger, à ce moment-là, un
amendement qui ferait état de cette admission. Par exemple, on pourrait
dire, ajouter au deuxième paragraphe...
Le Président (M. Brouillet): Si vous voulez prendre, si
vous voulez suivre l'amendement.
Mme Lavoie-Roux: II m'en a préparé un.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement consisterait
à...
M. Laurin: Je vous le lis, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Si vous voulez
préciser l'endroit.
M. Laurin: Le deuxième paragraphe commencerait comme il
commence, c'est-à-dire qu'une personne est réputée avoir
cette connaissance si, à compter de l'année scolaire 1985-1986,
elle a obtenu au Québec un certificat d'études secondaires ou si,
à compter de la date de l'entrée en vigueur de la loi, elle a
suivi, à temps plein, au moins trois années d'un enseignement de
niveau secondaire dispensé en français, et c'est là que
viendrait mon ajout, mon amendement: "ou si elle a réussi les examens de
français langue maternelle de la quatrième ou cinquième
année du secondaire."
Mme Dougherty: Est-ce que ce serait rétroactif?
M. Laurin: Non. Jamais rétroactif.
Mme Dougherty: Si on a réussi les examens il y a deux ou
trois ans?
M. Laurin: À partir de la date de l'entrée en
vigueur de la présente loi.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais juste faire une
petite remarque à propos de ce que vient de dire le ministre. Les lois
compensatoires sont toujours généralement, par nature,
rétroactives.
M. Laurin: Bien, c'est-à-dire...
M. Ryan: Quand on veut réparer un tort qu'on a
causé, il faut bien que ce soit rétroactif.
M. Laurin: Quand même! Ce n'était pas du tout un
tort. C'est tout récent. Il y en a quand même très peu de
ces cas. Je ne peux pas dire à quelle date cela a commencé.
M. Ryan: Voulez-vous répéter l'amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Brouillet): J'inviterais quelqu'un
à remettre le texte écrit de l'amendement.
M. Laurin: "Ou si elle a réussi les examens de
français, langue maternelle, de la quatrième ou cinquième
année du secondaire."
Le Président (M. Brouillet): Je suspends les travaux pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 28)
(Reprise de la séance à 21 h 40)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux.
M. Lincoln: Très brièvement, je voudrais
présenter une requête, j'en ai parlé durant la suspension
au ministre. Je voudrais qu'on change l'ordre pour que Mme Dougherty devienne
membre et, moi, intervenant. Cela va être purement pour la partie
éducation, s'il y a des votes.
Le Président (M. Brouillet): Très bien, tout le
monde est d'accord? Alors, M. Nelligan sera intervenant...
M. Lincoln: Non, M. Nelligan est mort. C'est...
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, M. le
député de Nelligan. M. le député de Nelligan sera
intervenant et Mme la députée de Jacques-Cartier sera membre.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on a le texte de l'amendement?
Le Président (M. Brouillet): Voici, je vous lis
l'amendement.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut l'avoir...?
Une voix: Vous allez comprendre.
Mme Lavoie-Roux: On va comprendre, d'accord. On est mieux de
comprendre!
M. Laurin: Mais on en a envoyé copie.
Le Président (M. Brouillet): C'est donc...
Une voix: Cela vient de l'Opposition, on va voter contre.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, ce....
M. Ryan: Le ministre est mêlé ce soir.
Mme Lavoie-Roux: Allez-y, "M. Nelligan".
Le Président (M. Brouillet): L'amendement consiste
à ajouter, à la fin du deuxième alinéa de l'article
35 édicté par l'article 6, amendé et
précédemment adopté, les mots suivants: "ou si elle a
réussi les examens de français, langue maternelle, de la
quatrième ou cinquième année du secondaire". Par souci de
concordance, il faut aussi remplacer, à la quatrième ligne du
deuxième alinéa, le mot "ou" par une virgule.
Une voix: M. le Président, il paraît que ce n'est
pas tout le texte "ou si elle a réussi..."
Mme Lavoie-Roux: ...l'avoir au complet. Cela ne se fait pas.
Le Président (M. Brouillet): Bon, je suspends les travaux.
Écrivez-moi cela, s'il vous plaît!
(Suspension de la séance à 21 h 43)
(Reprise de la séance à 21 h 47)
Le Président (M. Brouillet) À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux. Pour le moment, nous allons
laisser l'article 6 de côté pendant qu'on rédige le texte
de l'amendement. Nous allons aborder l'article 13, si vous le voulez bien.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Avant que nous abordions
l'article 13, j'aurais un autre problème à soulever
à propos d'un article qui est antérieur dans le texte de la loi.
C'est l'article 81. L'article 13 porte sur 33, si mes souvenirs sont bons.
J'aurais un problème à soulever à propos de l'article 81.
Je peux attendre que nous ayons disposé de l'article 13, si vous le
voulez.
M. Laurin: On y reviendra, c'est aussi bien.
Le Président (M. Brouillet): C'est peut-être aussi
bien. Si c'est simplement l'ordre, vous décidez. Moi, ça m'est
bien égal. On va, on revient, à ce moment-là...
M. Ryan: ...pourvu que vous ayez pris avis de ce besoin.
Oui. Nous revenons donc à l'article 13 pour essayer d'en
disposer.
M. le Président.
Motion concernant la commission d'appel
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil. M. le ministre, sur l'article 13.
M. Laurin: On avait déjà émis des
considérations.
Le Président (M. Brouillet): Je crois que vous en aviez
déjà discuté assez longuement.
Mme Lavoie-Roux: L'article 4 est suspendu?
Le Président (M. Brouillet): Où en
étions-nous? Est-ce qu'il y avait un amendement sur la table à ce
moment-là?
M. Laurin: Présenté par le député
d'Argenteuil.
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas été adopté?
M. Ryan: II y avait un amendement sur la table qui n'a
point...
M. Laurin: L'amendement se lisait comme suit: "Une commission
d'appel est instituée pour entendre l'appel prévu à
l'article 82. Cette commission est formée de trois membres nommés
par le gouvernement..." Il y a un ajout suggéré par M. le
député d'Argenteuil: "à la suite de consultations
auprès des commissions scolaires, des associations professionnelles, des
syndicats, de comités d'école ou des comités de parents
concernés." Fin de la citation.
Le Président (M. Brouillet): Avez-vous tous l'amendement
sous les yeux?
M. Godin: Non.
M. Laurin: II faudrait le redistribuer.
M. Ryan: Nous l'avons distribué l'autre jour, mais je peux
bien l'écrire de nouveau.
Mme Lavoie-Roux: On ne l'a pas.
Le Président (M. Brouillet): II n'y a pas de papillon
à l'article 13.
M. Laurin: C'est un amendement.
M. Ryan: Un amendement de l'Opposition.
M. de Bellefeuille: Mais il n'a pas été
distribué.
M. Ryan: Nous le communiquons à la présidence, qui
verra à vous le distribuer. Chacun son métier. Je n'ai point
cette chance. Alors, M. le Président, l'amendement se lit comme
suit:
Le Président (M. Brouillet): Si vous voulez
écouter, s'il vous plaît. Nous allons réécouter.
M. Ryan: L'article 83, dans sa formulation actuelle, commence
comme ceci: "Une commission d'appel est instituée pour entendre l'appel
prévu à l'article 82. Cette commission est formée de trois
membres nommés par le gouvernement..." Alors, après les mots
"nommés par le gouvernement", nous proposons d'ajouter les mots
suivants: "...à la suite de consultations...
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que quelqu'un
rédige?
M. Ryan: Oui, c'est très simple. Après les mots
"nommés par le gouvernement"...
Mme Lavoie-Roux: Intercaler les mots...
M. Ryan: ...ajouter les mots "à la suite de consultations
auprès d'organismes représentatifs des milieux
concernés".
Mme Lavoie-Roux: C'est un bel amendement.
M. Ryan: Je vous préviens tout de suite, M. le
Président, il serait peut-être préférable que je
vous donne une vue d'ensemble et vous allez savoir où on va. Ensuite, on
pourra découper cela d'une manière qui rende le tout plus
facilement digestible pour les fins de la discussion.
L'article 83 se lirait comme suit,
d'après nous: "Une commission d'appel - avec l'amendement -
à la suite de consultations auprès d'organismes
représentatifs des milieux concernés"... Dans le texte actuel, il
est écrit: "...l'appel est interjeté selon les modalités
fixées par règlement; les décisions de cette commission
sont sans appel." Nous voudrions proposer deux alinéas qui tiendraient
compte de ces choses tout en les élargissant et en les précisant.
Je peux même vous donner lecture tout de suite de ces alinéas que
nous proposons et on les mettra en forme l'un après l'autre ensuite.
"83.1 L'appel est formé et entendu selon la procédure et les
règles de preuves prescrites par règlement du gouvernement -j'y
reviendrai, c'est seulement pour vous donner une idée
générale - et dans les délais qui y sont prescrits. Le
droit des parents qui ont inscrit un appel à être entendu doit
être inscrit dans les règles de procédure et de preuves."
"83.2 La commission a tous les pouvoirs nécessaires à l'exercice
de sa juridiction, elle peut rendre toute décision qu'elle estime propre
à sauvegarder les droits des citoyens concernés et décider
de toute question de fait ou de droit. Cette décision est sans
appel."
Par conséquent, nous ne rejetons pas du tout le contenu de
l'article 83, mais la manière vague dont il est présenté
dans le texte actuel a donné lieu à bien des frustrations de la
part de citoyens qui ont eu à transiger avec la commission d'appel, au
cours des dernières années et des précisions sont apparues
nécessaires.
Je voudrais vous rappeler que, dans le rapport que j'avais publié
en mai dernier, à la suite de l'examen que j'avais fait du
problème des élèves illégaux, j'avais
consigné un certain nombre d'observations sur la commission d'appel,
observations dont il serait bon, je pense, que nous prenions connaissance pour
comprendre l'esprit dans lequel tout ceci se situe.
Je pense que, étant donné qu'on traite de la commission
d'appel, il est bon de savoir de quoi nous parlons exactement; il n'y a pas
beaucoup d'entre nous qui ont eu affaire à cet organisme de
manière directe. "Depuis sa création en octobre 1977, la
commission d'appel a accompli un travail consciencieux, elle a fait montre de
compréhension et de discernement. En mettant l'accent sur la rencontre
directe avec les parents concernés, elle a pu mieux comprendre les
problèmes soumis à son examen et adoucir, en même temps,
aux yeux des appelants, certaines aspérités de la loi. Devant des
problèmes divers, issus d'une réalité humaine infiniment
plus complexe que n'avait voulu le reconnaître le législateur, la
commission a dû toutefois se borner à interpréter et
appliquer de son mieux un texte législatif dont certaines dispositions
péchaient par excès de rigueur ou par manque de précision.
Elle n'a pas trouvé auprès du gouvernement l'empressement
souhaitable."
Si vous parcourez les rapports annuels que la commission d'appel a
soumis au gouvernement, comme la loi lui enjoint de le faire, vous constatez
que les principales recommandations formulées par la commission, au
cours des années, n'ont reçu à peu près aucune
suite de la part du gouvernement. Là, je vais donner des exemples de
ceci que je tire des rapports mêmes de la commission ou des observations
de certains commissaires: "Du texte même de la loi, lequel n'accorde pas
à la commission d'appel la latitude dont elle aurait eu besoin pour
mieux tenir compte, dans divers cas, de facteurs familiaux, sociaux et
humanitaires qui sont nés des difficultés, d'où cette
observation désabusée d'un commissaire qui, après l'avoir
abordé avec grande ouverture, a dû se désister de son
mandat avant la fin."
C'est un M. Norman Dann qui a fait un travail très consciencieux;
je suis sûr que le ministre en a eu connaissance. Là, je le cite:
"J'espère de tout coeur, écrivait-il l'an dernier, que sans
nécessairement aller jusqu'à modifier la loi, le ministère
trouvera le moyen d'en tempérer les rigueurs excessives par voie de
réglementation, de manière à nous dispenser de rendre des
décisions injustes, discriminatoires et inutilement punitives comme il
nous arrive dans certains cas. Des difficultés sont nées
également de l'indifférence et de l'inaction du gouvernement,
etc."
La commission d'appel signale: "C'est avec étonnement que les
commissaires ont constaté qu'après deux ans d'existence de la
commission d'appel, la jurisprudence établie par les commissaires
n'avait pas encore fait l'objet d'une directive du ministre de
l'Éducation aux organismes scolaires et aux personnes
désignées afin qu'ils puissent l'appliquer à leur propre
niveau. Cette abstention du ministre a eu pour effet d'obliger les commissaires
à traiter beaucoup plus d'appels qu'il n'aurait été
nécessaire. Les commissaires veulent aussi attirer l'attention sur le
fait qu'aucun compte n'ayant été tenu de leur
interprétation de la loi par les autres instances décisionnelles,
beaucoup de parents doivent attendre des mois pour qu'une décision soit
rendue, alors que le problème pourrait être réglé en
très peu de temps au niveau des bureaux d'admissibilité." On
pourrait continuer. Ces complaintes se répétaient d'année
en année, ce qui prouve que la commission faisait des recommandations,
des représentations dont on ne tenait pas compte.
Au cours des audiences de la commission parlementaire qui a
examiné la loi 101 récemment, des représentations ont
été faites aux parlementaires par des organismes
compétents. Au sujet de la commission d'appel, de nombreux voeux ont
été formulés; en particulier, on a demandé que soit
émise une directive ministérielle assurant la tenue d'une
jurisprudence pour accélérer les décisions. Surtout au
niveau des bureaux d'admissibilité, on a demandé que des
précisions soient apportées de manière à assurer
que le droit d'être entendu devant la commission et le droit d'être
informé de la preuve soient garantis à la connaissance de tous
les intéressés, de façon à garantir
également le droit d'être accompagné par un avocat devant
la commission d'appel.
On a demandé que soit établi un droit d'appel dans les cas
de demandes d'inscription temporaire qui sont refusées; on a
demandé que soit aboli le fardeau de la preuve pour les parents quant
aux pièces et documents devant être présentés devant
la commission. Nous savons tous que, dans le cas de parents qui sont venus
d'autres pays, des difficultés extrêmement complexes surgissent
parfois pour l'obtention des documents que requiert le bureau
d'admissibilité ou la commission d'appel. Le fardeau de la preuve est
mis sur le dos des parents et on demande qu'il ne soit pas imposé aux
parents de manière aussi lourde et unilatérale que celle que l'on
connaît depuis l'entrée en vigueur de la loi 101. On demande que
la nomination des commissaires soit faite après consultation de la
communauté anglophone et des communautés allophones.
On demande que les décisions de la commission d'appel soient
rendues dans des délais plus courts. Il y a des cas où,
même pour examiner les appels, cela a pris des mois. Quand la
décision a été rendue, l'année scolaire
était commencée, ce n'est intéressant pour personne. Cela
veut dire que, pendant ce temps, l'enfant est obligé d'aller à
l'école française alors qu'il aurait, hypothétiquement
à tout le moins, le droit d'aller à l'école anglaise. Cela
fait une année de perdue à cause de cela.
Si, dans la loi, on avait des dispositions un peu plus précises
pour corriger ces déficiences qui ont été signalées
par des personnes ayant été en contact direct avec les organismes
chargés de son application, surtout au niveau de la commission d'appel,
ce serait une bonne chose.
Je reviens au premier amendement. Je ne veux pas en faire l'objet d'une
discussion éternelle, nous l'avons discuté l'autre soir et nous
avons amplement de matières à discuter par la suite; nous ne
voulons pas faire le même débat deux fois à cette
commission. Nous avons dit, en ce qui touche la consultation, que nous avons
constaté, à certains moments, qu'à la commission d'appel,
il n'y avait même pas de membres en provenance des communautés
ethniques qui étaient les premières intéressées.
(22 heures)
Une manière d'assurer ou de rendre plus probable la nomination de
personnes émanant de ces communautés serait de procéder,
avant les nominations, à des consultations sérieuses
auprès des organismes représentatifs des milieux
concernés. Il nous semble que c'est une procédure suivie par le
gouvernement dans un grand nombre d'autres cas. Dans le cas de tribunaux
administratifs, en général, les membres de ces tribunaux
administratifs sont nommés après consultation des membres de
l'industrie concernée. Si on nomme, par exemple, un membre du Tribunal
des transports, on va consulter les représentants de l'industrie du
transport pour en venir à s'assurer qu'on ne nommera pas là, pour
régler les problèmes du transport, des personnes qui n'ont jamais
eu d'intérêt pour ces problèmes, à moins qu'il
s'agisse d'un gouvernement qui veut placer quelques amis avant une
élection. Cela arrive dans certains cas. Je pense que nous voulons tous
éviter cela, surtout dans le cas d'une commission qui est appelée
à rendre des décisions ayant une portée humaine
considérable. On voudrait que le maximum de flexibilité soit
assuré. Il nous semble qu'un amendement comme celui qui est
proposé serait de nature à mettre un peu d'huile dans un rouage
qui a fonctionné de manière plutôt laborieuse au cours des
sept dernières années.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, je voudrais d'abord commenter
uniquement le premier amendement, parce que...
M. Ryan: Les autres ne sont pas déposés.
M. Laurin: ...c'est celui qui a été lu et je pense
que c'est celui sur lequel le député s'est exprimé avec le
plus d'abondance. Il voudra noter au départ que, même s'il dit que
le gouvernement a nommé plutôt de ses amis à cette
commission, il reste que ses amis n'étaient pas tels qu'ils ne se soient
pas cru autorisés à faire des doléances ou à faire
des critiques à l'endroit du gouvernement. Ces critiques ont même
été citées par le député d'Argenteuil. S'il
eût été vrai que le gouvernement n'ait nommé que ses
amis, il reste que ses amis pouvaient correspondre à la
définition de Platon: Amicus Platonis...
M. Ryan: Plato.
M. Laurin: ...sed magis amicus veritatis.
M. Ryan: ...magis arnica veritas.
Mme Lavoie-Roux: Mais les vrais amis disent la
vérité.
M. Laurin: Donc, on peut dire que les...
M. Ryan: Question de règlement. Seulement une question de
règlement très brève. Je n'ai pas dit que le gouvernement
avait nommé uniquement des amis, j'ai dit qu'il est arrivé un
moment où il n'y avait même pas de représentant des
communautés ethniques intéressées parmi les membres de la
commission. J'ai parlé de l'autre comme d'une tentation possible.
M. Laurin: Je reconnais cette édulcoration du propos
antérieur du député d'Argenteuil. Je l'accepte avec
plaisir. C'est une tentation à laquelle - en tout cas, en ce qui me
concerne - j'ai su résister, M. le Président, mais l'autre
affirmation est également fausse, puisqu'un des membres de la commission
d'appel appartenait à un groupe allophone qui comptait plusieurs
représentants au Québec. Je pense que cette personne était
mexicaine ou sud-américaine, mais c'est un groupe très bien
représenté au Québec. Elle faisait donc partie d'un groupe
allophone. Nous avons même nommé à cette commission un
anglophone dont le député d'Argenteuil a cité abondamment
certains commentaires ou certaines plaintes, lorsqu'il a décidé
de ne pas demander un renouvellement de son mandat. Je pense donc que ce sont
là des faits qui contredisent au plus haut point les assertions ou les
insinuations du député d'Argenteuil. Je pense qu'il faut
rétablir les faits au départ, avant même que je ne pose des
questions ou que je n'entreprenne la discussion.
M. Ryan: Est-ce que je peux rectifier cette chose?
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, tout d'abord, la personne
d'origine mexicaine qui faisait partie de la commission ne répondait pas
du tout aux critères que j'ai mentionnés. J'ai dit que les
communautés ethniques les plus immédiatement
intéressées par les problèmes reliées à la
loi 101 n'étaient même pas représentées. Le ministre
sait très bien que je visais la communauté grecque et la
communauté italienne.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, s'il vous
plaît!
M. Laurin: M. le Président, quand il n'y a que trois
membres à une commission, on ne peut pas faire représenter les 75
communautés culturelles qui font partie du tissu culturel
québécois.
Mme Lavoie-Roux: On prend celles qui sont les plus
affectées par le problème.
M. Ryan: Merci d'avoir confirmé mon point.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. de Bellefeuille: ...le député d'Argenteuil, elle
a plus de chance d'être objective.
M. Ryan: M. le Président, je n'avais pas
terminé.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je remercie le ministre de confirmer mon propos. Il est
évident que, s'il y en a deux qui sont concernées plus
immédiatement et beaucoup plus considérablement, il faut viser de
préférence à trouver des membres de ce côté,
si on veut assurer le caractère humain.
Deuxièmement, le ministre a parlé du commissaire de langue
anglaise dont j'ai donné le nom. C'est vrai qu'il avait
été candidat, mais on en cherchait un
désespérément. Vous savez, vous n'avez même pas de
sous-ministre de foi protestante au ministère de l'Éducation, et
depuis combien de temps.
M. Laurin: Nous avons consulté plusieurs personnes qui,
après des entrevues, se récusaient.
M. Ryan: C'est cela. Pourquoi c'est ainsi? C'est parce qu'ils ne
veulent pas avoir honte de ce qu'ils vont faire.
M. Laurin: Non, peut-être parce que...
Mme Lavoie-Roux: Vous en avez eu un qui a
démissionné.
M. Laurin: ...leurs opinions à l'endroit du gouvernement
sont très ancrées. Ils ne veulent pas vivre des drames de
conscience.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je reviens au sujet de la discussion. Ce commissaire de
langue anglaise avait été nommé, c'était une bonne
nomination. Au bout d'un an ou deux, il s'est senti obligé, en
conscience, de démissionner, parce qu'il avait honte des choses
inadmissibles, suivant sa conscience, que l'interprétation
littérale de la loi à laquelle le forçait le gouvernement
et le texte de la
loi l'obligeaient à faire. Il a dit: Moi je ne veux plus faire de
choses comme cela. Je me retire. Il avait le temps de le faire. C'était
un homme qui était à sa retraite, un homme remarquable de
compréhension, qui parlait parfaitement les deux langues, d'ailleurs. Il
s'est retiré.
M. de Bellefeuille: Quant à en dire tant de bien, M. le
député, vous pourriez peut-être l'identifier.
M. Ryan: Son nom est dans mon rapport. Si vous voulez une copie
de mon rapport sur les élèves et les cours, je peux vous le
produire. C'est M. Norman Dann.
M. de Bellefeuille: Pour les fins du journal des
Débats.
M. Ryan: Voilà, j'ai cité des extraits abondants de
la lettre qu'il a donnée au ministre, je pense, en remettant sa
démission et cela n'a jamais été réputé.
Cela ne le peut pas parce que c'étaient des choses vécues. Il
faut se mettre dans le concret de cette affaire. On ne fait pas des blagues
avec cela. On dit des choses qui ont été vécues par des
êtres humains très consciencieux. Cela étant dit, le
gouvernement a fait une bonne chose en le nommant. Il en aurait fait une bien
meilleure en lui permettant de travailler convenablement.
M. Laurin: Malgré tout le respect qu'on peut avoir pour
l'opinion d'un ex-commissaire, je rappellerais au député
d'Argenteuil un adage qu'il connaît bien: Quot homines, tot sensus.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous répéter, M. le
ministre?
M. Ryan: Celui-là n'est pas bon.
M. Laurin: Quot homines, tot sensus. Autant de personnes, autant
d'opinions. On peut penser que les opinions de chacun sont conditionnées
par son milieu d'appartenance ou par l'éducation qu'il a reçue ou
l'entourage, l'environnement dans lequel il baigne et par un tas d'autres
facteurs. Je ne nie pas la légitimité de pareilles opinions, mais
il reste que la démocratie est faite d'un conflit d'idées,
d'idéologies qui fait justement que les choses peuvent avancer en raison
même de ces divergences, de ce choc des idées d'où jaillit
finalement la lumière.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je rappellerai simplement au ministre que le principe
qu'il a évoqué n'a jamais présidé à la
formation et au fonctionnement des tribunaux. C'est justement le contraire
qu'on vise avec les tribunaux. C'est d'établir des décisions qui
vont suivre certaines normes stables, communément partagées.
Justement, c'est pour cela qu'on a des lois, des tribunaux, pour éviter
qu'on verse dans des quot capita, tot sensus. Il en reste toujours un peu. De
toute manière, je ne veux pas prolonger le débat
là-dessus. On est sur un amendement précis, peut-être qu'on
pourrait y revenir.
M. Laurin: J'aurais une question à poser au
député sur son amendement. Je dois relire parce que j'ai de la
difficulté à comprendre un des adjectifs qu'il utilise à
la fin de cet amendement. Je voudrais lui demander ce qu'il entend par
commission, association, syndicat, comité d'école et
comité de parents concernés. Cela veut dire quoi,
concernés?
M. Ryan: M. le Président, le ministre vit dans les
discussions d'il y a deux jours. Nous avons vécu deux jours depuis ce
temps. J'ai déposé un amendement simplifié, tantôt,
qui répondait à certaines objections que nous avons
discutées l'autre soir. L'amendement que j'ai proposé, je pense
que vous l'avez, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Le mot "concernés"
demeure là, mais il y a moins de détails dans les organismes, on
parle d'organismes...
M. Laurin: Le mot "concernés" demeure là.
D'organismes représentatifs des milieux concernés.
Concernés, cela veut dire quoi? Pourriez-vous préciser,
expliciter, concrétiser?
M. Ryan: Volontiers. Ce sont d'abord des familles qui ont des
enfants atteints par les dispositions de la loi et qui pensent devoir se
prévaloir d'un droit d'appel. Deuxièmement, ce sont les
institutions scolaires qui seront appelées à traiter avec les
particuliers. C'est bien facile à identifier. L'autre jour vous faisiez
une montagne avec cela; c'est très simple, prenez les commissions
scolaires de l'île de Montréal et vous avez au moins 90% des cas
qui sont susceptibles d'être concernés. Il y a également
les enseignants qui sont importants là-dedans, parce qu'eux sont en
contact immédiat. Si vous avez une disposition un peu souple dans votre
texte de loi, vous allez voir tout de suite que c'est à ceux-là
qu'on doit s'adresser, les autres ne sont pas intéressés.
M. Laurin: Mais est-ce que le député d'Argenteuil
croit que les seuls milieux concernés soient ceux de Montréal? Il
y a quand même des anglophones ailleurs, il y en
dans l'Estrie...
M. Ryan: Non, mais cela s'applique surtout...
M. Laurin: ...il y en a à Sept-Îles, il y en a dans
plusieurs autres régions du Québec. Un texte aussi flou que
celui-là.
M. Ryan: M. le Président, en théorie on peut
soutenir n'importe quoi, mais je vous dis: En pratique, il y en a 90% qui sont
dans la région immédiate de Montréal. Je représente
une circonscription où il y a quelques cas, la circonscription
d'Argenteuil. Ce n'est pas un problème dans Argenteuil, on les compte
sur les doigts, on n'a pas besoin de toute la patente du gouvernement pour les
régler, on a d'autres moyens de les régler qui sont très
souples et qui ne sont pas à la connaissance du ministre.
M. Laurin: Mais il reste que le député d'Argenteuil
reconnaîtra qu'un texte de loi doit être précis et ne doit
pas engendrer des difficultés d'interprétation telles que ceux
qui sont obligés de l'appliquer se trouvent pris avec des dilemmes ou
des difficultés difficilement solubles.
M. Ryan: M. le Président, on pourrait citer au ministre
beaucoup d'autres lois dans le domaine de l'éducation qui
prévoient des consultations semblables.
M. Laurin: Oui, mais les articles ne sont pas
rédigés d'une façon aussi floue que l'amendement qui nous
est suggéré actuellement.
M. Ryan: Quand vous dites: "auprès des corps
économico-sociaux du milieu", je vous avertis que ce n'est pas plus
précis.
M. Laurin: Si on prenait à la lettre l'amendement du
député d'Argenteuil, je serais obligé, en tant que
ministre, aussi longtemps que je serai là, de consulter 3000
comités d'école, 350 commissions scolaires, etc, ce qui
allongerait les délais que le député d'Argenteuil veut
précisément éviter.
Le Président (M. Brouillet): Le député de
Deux-Montagnes a demandé la parole.
M. de Bellefeuille: M. le Président, ce débat est
extrêmement intéressant, mais je voudrais exprimer peut-être
une légère réserve à propos de certaines remarques
du député d'Argenteuil qui disait, à propos d'un ou d'une
commissaire qui était d'origine mexicaine, m'a-t-on dit, que ce
n'était peut-être pas le meilleur choix possible et qu'il aurait
peut-être mieux valu choisir quelqu'un représentant une
collectivité plus nombreuse au Québec, peut-être la
communauté italienne ou grecque.
M. Ryan: ...
M. de Bellefeuille: Permettez-moi de terminer, je suis intervenu
assez peu, M. le député.
Je crois que M. le député n'a pas nécessairement
raison. Je pense qu'il faut éviter, dans le cas d'organismes de
réglementation ou de tribunaux administratifs, de faire des nominations
telles que ces organismes ou ces tribunaux deviennent en quelque sorte des
prolongements de groupes existants dans la société. Il faut
rechercher plutôt des personnes qui, par leurs qualités
personnelles, manifestent toute l'objectivité voulue. Pour le genre de
question dont il s'agit, en rapport avec cette commission d'appel, il me semble
effectivement qu'une personne d'origine mexicaine représente, toutes
choses étant par ailleurs égales, un intérêt
exceptionnel puisqu'elle n'est pas atavi-quement liée aux
Québécois de vieille souche et n'a pas non plus de lien
particulier avec les collectivités très nombreuses. Il me
paraît par conséquent tout à fait vraisemblable qu'une
personne correspondant à cette description manifeste toute
l'objectivité voulue. Je ne sais même pas de qui il s'agit, mais,
d'après cette seule donnée qu'elle soit d'origine mexicaine, je
serais porté à croire que cela a bien des chances d'être
une excellente nomination. Il ne s'agit pas de constituer une commission
d'appel où il y aurait un francophone, un anglophone, un
hellénophone, un italophone ou un lusitanophone. On n'en finirait pas et
chacune de ces personnes deviendrait la représentante d'un groupe
plutôt que d'apporter tout simplement son honnêteté de
citoyen ou de citoyenne. Merci, M. le Président. (22 h 15)
Le Président (M. Brouillet): Très bien, chacun
s'est exprimé.
M. Laurin: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, un mot
encore.
M. Laurin: ...je voudrais aussi faire une autre remarque. Il est
vrai que, non pas pour des tribunaux administratifs, mais pour des organismes
importants, consultatifs, le gouvernement procède à des
consultations, mais le texte des lois n'est jamais aussi lourd ou
imprécis que ce qu'on nous propose. Par exemple, au Conseil
supérieur de l'éducation, nous nommons 22 membres après
consultation des associations ou organisations les plus représentatives
des parents, des enseignants, des administrateurs scolaires et des groupes
socio-économiques, ce qui veut
dire que nous nous adressons aux fédérations et non pas
aux organismes individuels concernés, ce qui allongerait les
délais et ce qui prolongerait beaucoup les procédures de
nomination.
Je suis prêt à reconnaître la validité du
principe sous-jacent à l'amendement du député
d'Argenteuil; en conséquence, je me demande s'il ne pourrait pas se
rallier à une autre formulation, à une meilleure formulation. Je
lui suggérerais ceci: Que cette commission soit formée de trois
membres nommés par le gouvernement, après consultation des
associations ou organisations les plus représentatives des parents, des
enseignants, des commissions scolaires, des administrateurs scolaires et des
groupes socio-économiques, ce qui voudrait dire, conformément
à ce que nous faisons pour le Conseil supérieur de
l'éducation et autres organismes, nous procéderions à
cette consultation, mais selon les usages et procédures reconnus.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: ...je suggère que nous voyions le texte.
Le Président (M. Brouillet): Oui, je vais vous distribuer
le texte.
M. Ryan: II n'y aura pas de difficulté, c'est dans le
même esprit. Pendant qu'on en prend connaissance... On ne veut pas perdre
cela. Si vous me permettez une remarque, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je n'en ferai pas un casus belli; par conséquent,
je ne ferai pas d'autres amendements là-dessus.
M. Laurin: Je n'ai pas l'esprit guerrier, M. le
Président.
M. Ryan: Tel que formulé, cela permet au ministre d'aller
chercher un de ses amis qui est président du comité de parents de
la commission scolaire de Saint-Jean-de-Capistran. Il a consulté la
Fédération des commissions scolaires qui lui a donné trois
ou quatre noms. C'est une personne qui ne connaît absolument rien dans le
problème, qui n'est pas immédiatement concernée par cela,
qui ne vient pas d'un milieu où on s'intéresse à ce
problème. Si on en a trois comme cela...
Cela me ramène au principe que formulait le député
de Deux-Montagnes. On peut très bien choisir des personnes objectives et
qualifiées de manière théorique, mais on pourrait
peut-être avoir 10 000 équations différentes pour les
nominations à cette commission d'appel. Ce n'est qu'un avertissement que
je donne; je ne ferai pas de proposition d'amendement. J'insiste, cependant,
pour que les personnes qui siégeront à cette commission,
étant donné le caractère profondément humain des
cas dont elles seront saisies, des décisions qu'elles seront
appelées à rendre, dans toute la mesure raisonnablement possible,
aient la connaissance de ces milieux, un contact avec ces milieux et même
une certaine habitude de vivre avec ces milieux. Le député de
Deux-Montagnes disait que je demandais que ce soit des représentants de
la communauté italienne; je n'ai jamais dit cela. Elles doivent provenir
préférablement des communautés qui seront principalement
affectées. Je pense que c'est une nécessité dont
l'évidence me paraît sauter aux yeux.
Encore une fois, l'amendement me plaît et je n'entends pas le
compliquer davantage; on en a déjà discuté amplement et
j'apprécie que le ministre accepte le principe. Je pense que la
formulation permettra, en cours de route, d'arriver à des consultations
qui. se rapprocheront de ce que j'essaie de souligner.
M. Laurin: Oui, c'est la formulation généralement
utilisée; elle se rapproche presque intégralement de la
procédure que nous utilisons pour les nominations d'organismes
consultatifs importants. Par ailleurs, il reste que le gouvernement garde
toujours une certaine prérogative de choisir parmi les noms soumis par
les organismes consultés.
Le Président (M. Brouillet): Pour clarifier la situation,
l'amendement qui avait été lu par M. le député
d'Argenteuil, nous le laissons de côté...
M. Ryan: Je le laisse tomber.
Le Président (M. Brouillet): ...et nous lui substituons
l'amendement proposé par le ministre, qui rejoint un peu la
préoccupation du député d'Argenteuil. Maintenant, il y a
un petit point à clarifier.
M. Ryan: C'est l'article 83.
Le Président (M. Brouillet): Nous suspendons pour une
minute.
(Suspension de la séance à 22 h 21)
(Reprise de la séance à 22 h 31)
Le Président (M. Brouillet): Mesdames et messieurs,
à l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. Je
vais vous lire la façon dont se présente l'amendement que nous
apportons à l'article 13 du présent projet de loi. Je vais lire
l'amendement: "L'article 13 du projet est modifié par l'insertion,
après le liminaire - le liminaire, c'est: "L'article 83 de cette charte
est modifié par l'addition de l'alinéa suivant:" -de ce qui suit:
"Une commission d'appel est instituée pour entendre l'appel prévu
à l'article 82. Cette commission est formée de trois membres
nommés par le gouvernement après consultation des associations ou
organisations les plus représentatives des parents, des enseignants, des
commissions scolaires, des administrateurs scolaires et des groupes
socio-économiques."
Nous poursuivons le texte: "L'appel est interjeté selon les
modalités fixées par règlement. Les décisions de
cette commission sont sans appel."
Excusez-moi, il paraît que ce n'est pas tout à fait cela.
J'attends.
M. Ryan: Vous attendez une intervention.
Le Président (M. Brouillet): J'attends que les gens qui
ont préparé le texte qu'on m'a remis me disent en quoi il faut le
modifier. Nous allons attendre une minute. Nous suspendons pour une minute.
(Suspension de la séance à 22 h 33)
(Reprise de la séance à 22 h 37).
Le Président (M. Brouillet): La commission reprend ses
travaux.
L'amendement à l'article 13 se lirait maintenant comme suit:
"L'article 13 du projet est remplacé par le suivant: L'article 83 de
cette charte est remplacé par le suivant: "83. Une commission d'appel
est instituée pour entendre l'appel prévu à l'article 82.
Cette commission est formée de trois membres nommés par le
gouvernement après consultation des associations ou organisations les
plus représentatives des parents, des enseignants, des commissions
scolaires, des administrateurs scolaires et des groupes
socio-économiques. L'appel est interjeté selon les
modalités fixées par règlement. Les décisions de
cette commission sont sans appel."
La suite, c'est le texte que nous retrouvons dans le projet de loi.
"Pour l'exercice des fonctions que leur confère la présente loi,
les membres de la commission sont investis des pouvoirs et de l'immunité
des commissaires nommés en vertu de la Loi sur les commissions
d'enquête (L.R.Q., chapitre C-37) sauf du pouvoir d'ordonner
l'emprisonnement".
M. Ryan: M. le Président, il y avait un premier amendement
qui avait été proposé traitant de la consultation. Je
pense que vous n'avez pas soumis celui-là au propre tel quel.
M. Laurin: Il est incorporé.
Le Président (M. Brouillet): II est incorporé,
maintenant...
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Brouillet): ...dans l'ensemble de
l'article.
M. Ryan: Parce que, là, on va vous proposer un autre
amendement.
Le Président (M. Brouillet): Au texte que je viens de
lire?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Brouillet): C'est possible.
M. Ryan: Puis, il y en aura deux autres au texte que vous venez
de lire que nous allons vous proposer.
Le Président (M. Brouillet): Mais, je veux dire sur...
M. Ryan: Trois, trois.
Le Président (M. Brouillet): Écoutez, cela peut
être un sous-amendement. Pour le moment, nous allons traiter de
l'amendement que je viens de lire et, s'il y a des sous-amendements sur le
texte que je viens de lire, on va procéder comme cela. Il y aura lieu
d'en ajouter, après cela, d'autres.
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas avoir de copie complète de
cela?
Le Président (M. Brouillet): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, je le sais, mais il y en a une autre
entre les deux qu'on n'a pas. J'ai celle-ci.
M. Ryan: Est-ce qu'il y aurait moyen d'en tirer des
photocopies?
Mme Lavoie-Roux: II y a autre chose entre les deux. Oui, oui.
Le Président (M. Brouillet): Écoutez, je vais vous
résumer un peu ce qu'il y a dans...
M. Ryan: L'article 83.
Mme Lavoie-Roux: L'article 83 de la charte.
Le Président (M. Brouillet): Vous avez l'article 83...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): ...de la charte...
Mme Lavoie-Roux: Pas besoin de copie.
Le Président (M. Brouillet): ...et nous conservons les
deux dernières lignes de l'article 83.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, d'accord.
Le Président (M. Brouillet): Nous conservons aussi
l'addition que nous avons dans l'article 13.
Mme Lavoie-Roux: Oui, du projet de loi 57.
Le Président (M. Brouillet): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, on l'a au complet.
Le Président (M. Brouillet): J'ai lu l'ensemble.
Mme Lavoie-Roux: Parfait. On ne peut pas dire qu'on est
d'accord.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Là, j'ai un autre amendement à
proposer.
Mme Lavoie-Roux: Un sous-amendement.
Le Président (M. Brouillet): Un sous-amendement, une
modification du texte que je vous ai lu. Non, c'est un sous-amendement et
c'est, à ce moment-là, irrecevable. C'est une modification du
texte que j'ai lu. Ce que j'ai lu, c'est l'amendement.
M. Ryan: Oui, d'accord.
Le Président (M. Brouillet): On peut, par la suite,
ajouter autre chose. Si c'est une modification du texte que j'ai lu, on peut la
recevoir comme un sous-amendement.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Oui, très bien,
allez-y.
M. Ryan: Ce serait ceci: que les mots "l'appel est
interjeté selon les modalités fixées par règlement"
soient remplacés... Pour simplifier la lecture à tout le monde,
M. le Président, les mots que je voudrais substituer à ceux qui
sont dans le texte actuel de la loi, je les tire de l'article 33 du projet de
loi 57; ce sont les articles 155.1 et 155.2 en gros, mais j'ajouterais une
chose. Je vous le dis tout de suite. Je vais vous donner la lecture de mon
sous-amendement. Les mots "l'appel est interjeté selon les
modalités fixées par règlement" sont remplacés par
les mots suivants: "l'appel est formé et entendu selon la
procédure et les règles de preuve prescrites par règlement
du gouvernement et dans les délais qui y sont prescrits...
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, "les
règles de preuve prescrites..."
M. Ryan: "Les règles de preuve prescrites par
règlement du gouvernement...
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Ryan: ...et dans les délais qui y sont prescrits. Le
droit des parents, qui inscrivent un appel à être entendu -
à être ou d'être entendus, je ne sais pas, mais, en tout
cas, c'est entendu - doit être inscrit dans les règles de
procédure et de preuve...
Le Président (M. Brouillet): "Les droits des
parents..."
M. Ryan: "Le droit des parents."
Le Président (M. Brouillet): "Le droit..."
M. Ryan: "...qui ont inscrit un appel à être entendu
doit être inscrit dans les règles de procédure et de
preuve. La commission a tous les pouvoirs nécessaires..."
Le Président (M. Brouillet): Cela va me prendre un
scribe.
M. Ryan: Cela va encore plus vite quand vous prenez...
Le Président (M. Brouillet): Avez-vous le texte
écrit?
Mme Lavoie-Roux: Oui, il est là.
M. Ryan: Oui, si vous prenez l'article 155.2, vous avez au
complet la partie que je vais lire, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Où cela?
Mme Lavoie-Roux: Dans le projet de loi 57.
M. Ryan: À l'article 33, page 12, le texte original du
projet de loi 57. "La commission a tous les pouvoirs nécessaires
à l'exercice de sa juridiction; elle peut rendre toute ordonnance
qu'elle estime propre..."
Le Président (M. Brouillet): "Toute ordonnance". C'est une
précision.
M. Ryan: Oui. "...à sauvegarder les droits des parties et
décider de toute question de fait ou de droit." C'est tout. À la
suite de ceci, on laisse tomber par conséquent les mots "pour l'exercice
des fonctions que leur confère la présente loi". C'est compris?
(22 h 45)
Le Président (M. Brouillet): Voyons, où est rendu
ce projet de loi?
M. Ryan: C'est un bel amendement.
Le Président (M. Brouillet): Oui, mais si j'avais le texte
de l'amendement sous mes yeux, cela pourrait se traiter plus facilement. On
pige à droite, à gauche.
M. Laurin: De toute façon, je n'accepterai pas cet
amendement, au nom du gouvernement, après y avoir longuement
pensé et en avoir discuté.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais avoir l'occasion de l'expliquer
pour commencer, M. le Président?
M. Laurin: Vous l'avez déjà expliqué tout
à l'heure, mais si vous voulez vous reprendre. Vous avez longuement
palabré sur cet amendement.
M. Ryan: Pas du tout. Je n'ai jamais rien expliqué. J'ai
été mal compris.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est bien entendu
par tout le monde?
M. Ryan: Je voudrais vous l'expliquer maintenant. Suspension? M.
le Président, je pense que la signification de ce sous-amendement
devrait être facile à saisir. J'ai mentionné tantôt,
lorsque nous avons parlé du dossier de la commission d'appel, que les
travaux reliés à cet organisme ont donné lieu à des
plaintes nombreuses en provenance des organismes qui ont eu des contacts
directs avec lui. Lors des audiences de la commission parlementaire
chargée d'étudier les modifications possibles à la loi
101, nous avons entendu des organismes qui sont venus nous dire
concrètement le genre de difficulté qu'ils avaient
éprouvée et les améliorations qu'ils souhaiteraient voir
apporter à la loi à ce sujet.
Le sous-amendement qui est proposé vise à donner des
garanties plus nettes dans la loi elle-même en ce qui touche les droits
fondamentaux des citoyens et des familles concernés, en particulier des
parents et des enfants directement touchés par une décision
concernant l'admission à l'école anglaise. Avec l'amendement que
nous proposons et dont je dois retrouver le texte, les règles de
procédure seraient obligatoirement définies par règlement
du gouvernement. Actuellement, il n'y a pas de règles de
procédure pour la commission d'appel. Est-ce qu'elles sont dans les
règlements?
M. Laurin: Oui.
M. Ryan: On va les vérifier. Je pense qu'elles sont
insuffisantes. Non, j'ai regardé tous ces règlements.
M. Laurin: Les règlements sur la demande de recevoir
l'enseignement en anglais.
M. Ryan: On va voir cela.
M. Laurin: Les articles 16, 17, 18 et 19.
M. Ryan: Attendez un peu. Ce n'est pas ma copie. C'est le recueil
de règlements, cela? Voulez-vous me trouver le numéro exact? Je
pense que je n'ai pas mon recueil de règlements ici.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que quelqu'un peut nous passer le livre
des règlements?
Une voix: On peut en faire faire des photocopies.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les articles 17, 18, 19?
Une voix: 16, 17.
M. Ryan: Justement, M. le Président, je remercie le
ministre, parce que mon recueil de règlements est resté dans mon
bureau en haut, dans un autre dossier que j'ai là-dessus. Pardon?
M. Laurin: Vous pouvez le garder dix minutes.
M. Ryan: Deux minutes, c'est très bien. M. Laurin:
Dix.
M. Ryan: Non, mais la lecture que j'ai faite suffit à
justifier le sous-amendement que nous proposons. Justement, nous autres, nous
voulons inscrire dans le texte des règlements le droit des parents
à être entendus par la commission d'appel, s'ils le
désirent. Ce droit n'est pas dans les
règlements actuels. Les règlements actuels créent
des obligations. Ils sont obligés de fournir les renseignements qu'il
faudra. Ils sont obligés de se présenter. Il n'est pas question
de droits là-dedans. Le droit pour les personnes d'être
assistées d'un avocat, ce n'est pas du tout mentionné
là-dedans. Par conséquent, nous voudrions que le gouvernement
soit obligé de le faire par règlement, lequel devrait être,
évidemment -ce n'est pas dans notre sous-amendement, mais cela me semble
aller de soi - soumis au préalable à la discussion publique sous
forme de projet qui serait discuté pendant 60, 90 jours avant
d'être édicté.
Après examen, je peux rendre ça au ministre parce que
c'est tellement court qu'on peut le lire en une demi-minute. Ça ne
répond pas du tout à l'objection que nous avons.
Ce que nous demandons est déjà contenu dans le projet de
loi, à propos de la commission d'appel dont il est question plus loin en
relation avec les décisions de l'Office de la langue française.
On prévoit là une commission d'appel en ce qui touche les
décisions de l'Office de la langue française. C'est le même
législateur; il doit être aussi humain et aussi large dans ses
perspectives dans une page que dans l'autre du texte de loi. On dit, à
ces deux endroits, à peu près exactement ce que nous proposons
d'incorporer. Cela ferait une meilleure symétrie dans la loi. Pour nous,
ce serait bien plus satisfaisant, surtout si on ajoute la phrase relative au
droit des parents à être entendus.
Il me semble que cela va de soi pour ces deux parties du
sous-amendement. Évidemment, quand on dit: "La commission a tous les
pouvoirs nécessaires à l'exercice de sa juridiction; elle peut
rendre toute décision qu'elle estime propre à sauvegarder les
droits des citoyens concernés et décider de toute question de
fait ou de droit", nous voulons que ce soit cela qui soit le
résumé de la compétence de la commission plutôt que
l'article relatif aux pouvoirs de la Loi sur les commissions
d'enquête.
La Loi sur les commissions d'enquête -j'en ai moi-même fait
l'examen avant d'exprimer une opinion là-dessus - donne à un
organisme des pouvoirs considérables. Elle lui donne le pouvoir
d'assigner des témoins, le pouvoir d'exiger la production de documents,
de livres, de papiers jugés nécessaires, le pouvoir d'exiger
qu'un témoin réponde à toutes les questions, le pouvoir
d'exiger des témoignages assermentés, le pouvoir de sévir
contre le refus d'un témoin de se présenter, contre son refus de
prêter serment, contre son refus de répondre suffisamment aux
questions, contre son refus de produire des documents et, évidemment,
contre le témoin qu'on juge s'être rendu coupable d'un outrage au
tribunal. Tout cela pour une question qui reste quand même assez simple
et pas du tout de nature à justifier toutes ces complications, toutes
ces brimades pour les libertés fondamentales des citoyens.
Tout ce que le texte du projet de loi nous offre comme garantie, c'est
qu'ils vont avoir tous les pouvoirs des commissions d'enquête sauf celui
d'emprisonner les gens. J'espère! Je suis étonné de la
magnanimité gouvernementale, mais cela veut dire que le pouvoir
d'imposer des amendes ou d'autres formes de sanctions que l'emprisonnement qui
est prévu dans la Loi sur les commissions d'enquête, la commission
le garderait. La commission d'appel n'a point besoin de cela. Le pouvoir
d'aller perquisitionner chez des gens...
Mme Lavoie-Roux: Cela n'a pas de bons sens.
M. Ryan: ... car cela va jusque-là, cela n'a pas de
sapré bon sens pour une commission d'appel. Une commission d'appel n'est
pas supposée faire d'enquêtes de cette nature. Elle est
supposée examiner le dossier qu'on lui présente. Si elle veut
être saisie de faits nouveaux, c'est son droit de le faire dans le cas
d'un tribunal administratif, me semble-t-il, mais on ne voudrait pas qu'elle
commence à se parer du manteau de la Loi sur les commissions
d'enquête pour aller faire le genre d'enquêtes que le ministre nous
disait l'autre jour qu'il n'avait pas voulu faire.
On ne veut pas, en somme, que cela dégénère en une
commission de police et, si on lui donnait les pouvoirs d'une commission
formée en vertu de la Loi sur les commissions d'enquête, le
chapitre C-37 des Lois refondues du Québec, c'est aller beaucoup trop
loin. Alors qu'on veut dissiper ce climat de crainte, d'intimidation, de peur
qui a trop souvent caractérisé les relations des parents et des
foyers intéressés avec les organismes reliés à
l'application de la loi 101, on vient ajouter des pouvoirs exorbitants. Les
gens vont dire: Je n'ai pas envie d'aller devant cette commission. Elle a le
pouvoir de venir sortir mes comptes de banque. Cela n'a pas de sens. C'est pour
cela que nous proposons, M. le Président, de prendre deux autres
paragraphes qui sont plus loin dans le texte de la loi et de laisser tomber
cette affaire-là.
S'il s'agit d'une compagnie qui est accusée d'avoir manqué
à la Charte de la langue française, qui fasse preuve de mauvaise
foi et qu'à l'autre niveau, au niveau des appels découlant d'une
décision de l'Office de la langue française, on décide
d'élargir les pouvoirs de la commission d'appel, je serais prêt
à l'examiner. Je ne formule pas d'opinion sur cela. Ce n'est pas mon
domaine propre. Je vous dis que, dans
le cas de la commission d'appel sur les cas d'admissibilité
à l'école anglaise, c'est vraiment une modification exorbitante
et absolument inadmissible pour nous.
M. Laurin: M. le Président, pour fins de concordance avec
l'article déjà adopté, puisqu'on me dit qu'il a
déjà été adopté pour la commission d'appel
instituée pour les entreprises, je suis prêt à accepter
exactement la formulation déjà adoptée,
c'est-à-dire l'appel est formé et entendu selon la
procédure et les règles de preuve prescrites par règlement
du gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Dans les délais qui y sont
fixés.
M. Laurin: On les a déjà fixés dans un
article antérieur; on a dit que c'était 60 jours. Donc, on n'a
pas besoin de l'ajouter là. Je suis prêt à accepter, pour
fins de concordance, cette même formulation et on vous présentera
l'amendement après.
Mais pour le reste, sur le fond, nous ne sommes pas prêts à
accepter aucune des autres recommandations, pour bien des raisons. Par exemple,
"le droit des parents qui ont inscrit un appel à être entendu doit
être inscrit dans les règles de procédure et de preuve",
c'est un article inutile. C'est déjà inscrit dans les pouvoirs
que nous ajoutons à l'article 13, c'est-à-dire: "Pour l'exercice
des fonctions que leur confère la présente loi, les membres de la
commission sont investis des pouvoirs et de l'immunité..."
On soumet cette commission aux règles de la Loi sur les
commissions d'enquête. Si on relit la Loi sur les commissions
d'enquête, on voit que tout le monde peut se faire entendre. Il y a
plusieurs articles qui en témoignent. Par exemple, on dit dans cette Loi
sur les commissions d'enquête, chapitre C-37: "Afin de découvrir
la vérité, les commissaires peuvent, par tous les moyens
légaux qu'ils jugent les meilleurs, s'enquérir des choses dont
l'investigation leur a été déférée." Ils ont
les pouvoirs d'un juge de la Cour supérieure siégeant en terme.
Les commissaires peuvent, par une assignation, "requérir la comparution
devant eux, aux lieu et place y spécifiés, de toute personne dont
le témoignage peut se rapporter au sujet de l'enquête et
contraindre toute personne à déposer devant eux...
M. Ryan: On est prêt à accepter la lecture
complète.
Mme Lavoie-Roux: Oui, lisez nous donc tout ce que fait un
commissaire-enquêteur.
M. Laurin: ...les livres, papiers, documents et écrits
qu'ils jugent nécessaires pour découvrir la
vérité."
M. Ryan: Voulez-vous le relire? Je n'ai pas compris, vous l'avez
lu un peu vite.
M. Laurin: "Contraindre toute personne à déposer
devant eux les livres, papiers, documents, écrits qu'ils jugent
nécessaires pour découvrir la vérité", et ainsi de
suite. "Ces personnes doivent comparaître et répondre à
toutes les questions."
Une voix: C'est incroyable!
M. Ryan: À toutes les questions.
Mme Lavoie-Roux: Continuez, ce n'est pas fini.
M. Laurin: "Les commissaires jouissent de la même
immunité et des mêmes privilèges que les juges de la Cour
supérieure." En plus, tous les droits que possèdent ceux qui sont
appelés à comparaître devant une pareille commission sont
garantis par la Charte des droits et libertés de la personne, qui a
préséance sur les autres lois. Et on le dit bien, à la
Charte des droits et libertés de la personne: "Toute personne a droit,
en pleine égalité, à une audition publique et impartiale
de sa cause par un tribunal indépendant et qui ne soit pas
préjugé, qu'il s'agisse de la détermination de ses droits
et obligations ou du bien-fondé de toute accusation portée contre
elle." En plus, à un autre article, à l'article 34, on dit que
"toute personne a droit de se faire représenter par un avocat ou d'en
être assistée devant tout tribunal".
M. Ryan: Continuez avec le pouvoir de sévir, on voudrait
avoir la lecture complète.
M. Laurin: La Loi sur les commissions d'enquête et la
Charte des droits et libertés de la personne accordent à tout
citoyen le droit d'être entendu et, en plus, il y a un autre argument,
ces tribunaux quasi judiciaires sont régis - et la jurisprudence est
très claire à cet égard - par la justice naturelle. Le
député d'Argenteuil ne doit pas ignorer un livre écrit par
M. Yves Ouellet, un nom qui est souvent mentionné, sur les principes des
contentieux administratifs, qui dit que le droit d'être entendu doit
prévaloir et que la justice naturelle exige qu'un organisme
exerçant une fonction quasi judiciaire respecte la règle audi
alteram partem. Donc, je pense que tous les textes déjà
adoptés prévoient toutes les éventualités que le
député veut prévoir dans les amendements qu'il veut nous
soumettre, aussi bien le droit des parents à être entendus que le
droit pour la commission de rendre toute décision qu'elle estime propre
à sauvegarder les droits des citoyens concernés. Donc, je ne vois
aucune utilité d'ajouter le texte de la fin du premier amendement ou
du
deuxième amendement. (23 heures)
Par ailleurs, M. le Président, je voudrais dire au
député d'Argenteuil, qui nous rappelait la
nécessité de la concordance, et même sa capacité ou
sa volonté de concordance, qu'il serait prêt à accepter
l'article 155, conformément à ce qui a déjà
été adopté ici, dans cette commission, pour la Commission
d'appel touchant les entreprises, qu'un article absolument analogue à
celui que nous proposons à l'article 13 a déjà
été adopté, puisqu'il est dit à l'article 155.3
"Pour l'exercice des fonctions que leur confère la présente
charte, les membres de la Commission d'appel pour les entreprises sont investis
des pouvoirs et de l'immunité des commissaires nommés en vertu de
la Loi sur les commissions d'enquête."
Pourquoi le député d'Argenteuil voudrait-il, dans son
effort de concordance, qu'on accepte seulement la première partie et
qu'on n'accepte pas la deuxième partie? Par ailleurs, je pense, encore
une fois, que le législateur a déjà statué, depuis
plusieurs années, à cet égard et que les règles qui
gouvernent aussi bien les tribunaux administratifs quasi judiciaires que les
tribunaux formels, de même que la Commission des droits de la personne
prévoient tous les cas que le député d'Argenteuil voudrait
voir inscrits dans une loi spécifique. Pour toutes ces raisons, M. le
Président, nous ne saurions accepter les suggestions ou les amendements
du député d'Argenteuil, sauf cet amendement de concordance qui
sera distribué dans quelques instants.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais faire quelques mises
au point, à la suite des propos qu'a tenus le ministre. Tout d'abord, je
constate qu'il n'a lu de la Loi sur les commissions d'enquêtes que les
passages qui faisaient son affaire. Vu qu'il a commencé à en
donner connaissance aux membres de la commission, qui n'ont pas tous eu
l'occasion de prendre connaissance du texte complet, je demanderais que vous
invitiez les conseillers juridiques, qui me semblent suivre les travaux de la
commission, à nous dire ce qu'il en est de la Loi sur les commissions
d'enquête au sujet du pouvoir de sévir et du pouvoir de
sanction.
Je pense qu'il serait très important qu'on soit
éclairé là-dessus et qu'on n'ait pas seulement la partie
qui peut faire l'affaire du ministre.
Deuxièmement, j'ai expliqué tantôt pourquoi
l'article 155.3 ne peut pas être transposé dans le cas de la
Commission d'appel sur les cas d'admissibilité à l'école
anglaise. Le ministre était peut-être distrait; il
préparait peut-être sa réponse avant même de
m1 avoir entendu. J'ai expliqué en toutes lettres que, dans
le cas de la Commission d'appel de l'office, il s'agit d'appels qui portent sur
des comportements d'entreprises à qui on aurait reproché d'avoir
enfreint la loi sur la langue française. Je signale, au passage, que ces
articles n'ont pas du tout été adoptés par la commission
ici; ils n'ont pas été étudiés encore.
M. Laurin: Je voulais dire 155.2. C'est une...
M. Ryan: 155.2, nous l'acceptons. Je l'ai incorporé dans
les suggestions que j'ai faites. Dans le sous-amendement que j'ai
présenté, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: On l'a mis. M. Ryan: ...155.2 y est...
Une voix: Oui, ils l'ont mis.
M. Ryan: ...et nous le voulons. Nous voulons qu'il soit là
aussi. Je suis content de voir que le ministre est d'accord
là-dessus.
M. Laurin: Et 155.3 n'est pas encore adopté.
M. Ryan: Et 33 n'est pas accepté du tout. Il n'a pas
été discuté encore.
M. Laurin: Ah bon! Ah bon!
M. Ryan: Je faisais de l'extrapolation pour les fins de notre...
D'accord? Je disais tantôt que, dans le cas de 155.3, vu qu'il s'agit
d'entreprises qui sont accusées d'avoir enfreint la loi de la langue
française ou de n'avoir pas respecté des ententes qu'elles ont
faites avec l'office, on peut comprendre qu'il y ait un pouvoir d'enquête
plus large, comme celui que la Loi sur les commissions d'enquêtes donne.
Je laisse cela, évidemment, à la discussion de mes
collègues qui vont en parler tantôt. Là, il s'agit
d'entreprises contre qui pèse une accusation d'avoir enfreint la loi,
tandis qu'ici, ce sont des parents qui viennent demander ce qu'ils pensent
être un droit. La commission, si elle n'a pas de preuve, va leur dire:
Non, il n'y a pas de violation de biens publics d'aucune manière. Il n'y
a pas de lésion contre d'autres intérêts ou contre qui que
ce soit. Je trouverais abusif qu'on mette cela et je vous assure que, dans les
communautés ethniques... Je connais moins la communauté
mexicaine, M. le député de Deux-Montagnes, elle est infiniment
moins nombreuse, d'ailleurs. Je connais assez bien la communauté
italienne, la communauté grecque, la communauté portugaise...
M. Laurin: Grecque, peut-être un petit peu moins.
Une voix: Pas tant que cela, pas tant que cela.
M. Ryan: Grecque, M. le ministre, j'aimerais aller y faire une
visite avec vous. On aurait du plaisir tous les deux.
Une voix: ...faire un concours.
M. Ryan: Non, je ne ferai pas de concours, mais juste une
rencontre amicale. Alors, je trouve qu'il y a déjà un gros
sentiment de crainte qui existe à l'endroit de la commission et ajouter
ceci va durcir l'attitude et va renforcer davantage les appréhensions.
Je ne vois pas l'utilité que cela aurait pour le bon fonctionnement de
la Commission d'appel.
M. Laurin: M. le Président, malheureusement, le
député n'est peut-être pas au courant, mais le bureau
d'admissibilité a été saisi de demandes et, par la suite,
la Commission d'appel a été saisie de demandes où il est
devenu manifeste qu'il y avait eu une très grande réticence de la
part de certains demandeurs à fournir les renseignements
demandés. Il y a eu plusieurs exemples aussi où les
renseignements qu'on demandait ont été fournis, mais se sont
révélés faux à l'usage. Et il y a eu des cas
où des fraudes certaines ont été constatées. Et il
est très difficile, dans ces cas-là, avec les pouvoirs que la
charte actuelle accordait, d'aller vérifier et d'avoir tous les moyens
d'aller vérifier. Précisément, avec les pouvoirs que nous
entendons maintenant accorder à la commission, il sera plus facile de le
faire. Ce n'est pas sans raison donc que nous ajoutons ces pouvoirs en plus
que, en ajoutant la Loi sur les commissions d'enquêtes, nous accordons,
d'une façon plus explicite et plus spécifique, certains droits
aux témoins conformément à ce que contiennent les articles
de cette Loi sur les commissions d'enquêtes aussi bien que la Charte des
droits et libertés de la personne.
Donc, ce n'est pas sans raison que nous ajoutons cet alinéa
à la charte et, encore une fois, nous ne pouvons pas accéder
à la demande du député d'Argenteuil.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Vous m'accordez le droit de parole?
Le Président (M. Brouillet): Oui, avec plaisir.
Mme Lavoie-Roux: Bon. On pourrait suspendre la séance pour
aérer la chambre.
Une voix: Suspendez la cigarette.
Mme Lavoie-Roux: On peut suspendre la cigarette, oui.
Je voudrais intervenir pour appuyer la motion du député
d'Argenteuil. J'ai cru comprendre que le ministre était favorable
à l'introduction pour concordance des articles 155.1, 155.2. Alors, je
ne m'y arrête pas. En ce qui a trait...
M. Laurin: ...155.1.
Une voix: ...155.1 et 155.2?
M. Laurin: Non.
Mme Lavoie-Roux: ...à l'article 155.3, il m'apparaît
que les dispositions que le ministre introduit dans la loi en conférant
aux membres de la commission l'immunité des commissaires nommés
en vertu de la Loi sur les commissions d'enquêtes, l'introduction de ces
dispositions-là m'apparaît hors de proportion...
Des voix: Chut, chut...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas parce que ce que j'ai à dire
est bien intéressant, mais je veux au moins m'entendre.
M. Laurin: Je vous écoute.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, vous n'êtes pas obligé,
vous savez, mais...
Alors l'introduction, je disais, de l'article 155.3, qui prévoit
d'accorder aux commissaires les mêmes pouvoirs que ceux qui sont
accordés aux commissaires nommés en vertu de la Loi sur les
commissions d'enquêtes, cela m'apparaît un pouvoir prohibitif.
Compte tenu des problèmes qui ont été soulevés -
oui, oui, on est rendu là -le ministre...
M. Laurin: On discute les deux articles.
Mme Lavoie-Roux: Oui, bon.
M. Laurin: Parce que c'est relié.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Le ministre nous dit: II y a des
problèmes qui justifient - il a parlé un peu en sous-entendu des
problèmes d'un tel ordre - la nomination de
commissaires-enquêteurs au sens de la loi des
commissaires-enquêteurs. Je suis tout à fait d'accord avec le
député d'Argenteuil quand il dit: Ceci peut se justifier dans le
cas des entreprises qui sont des personnes morales et qui ont pu... Même
là, on pourrait se poser des questions, mais, au
moins, il s'agit de personnes morales qui ne se sont pas
conformées à la loi et qui, peut-être, peuvent trouver des
moyens plus ou moins orthodoxes de ne pas s'y plier. Mais dans le cas des
parents, il faudrait d'abord savoir le nombre de cas qui a causé de tels
problèmes à la Commission d'appel; j'imagine que c'est quand
même un nombre de cas minime qui est allé devant la Commission
d'appel. Et compte tenu de l'envergure des pouvoirs qui sont donnés et,
entre autres, celui que je trouve vraiment hors de proportion, c'est la
possibilité... Je n'ai pas la loi sur les pouvoirs des
commissaires-enquêteurs, mais on sait, par exemple, qu'ils peuvent entrer
dans les maisons sans aucun avis et, une fois rendus dans la maison, ils
peuvent demander tout papier, tout document, je pense qu'ils peuvent presque
procéder à des fouilles dans la maison. Si je me trompe, qu'on me
corrige, je ne voudrais pas énoncer une erreur. M. le Président,
est-ce que le ministre...
Passez-moi la Loi sur les commissions d'enquête, on va le
voir.
Le Président (M. Brouillet): Vous permettez, M. le
ministre?
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas d'objection, M. le ministre?
M. Laurin: Non, pas du tout.
Mme Lavoie-Roux: Le droit des commissaires-enquêteurs de
pénétrer dans des foyers ou dans des maisons pour faire
enquête leur donne le droit certainement de demander tous les documents
qu'ils désirent obtenir, mais est-ce qu'ils pourraient même
procéder à des fouilles dans la maison?
M. Laurin: Je pense que vous pouvez lire l'article ou les
articles aussi bien que moi.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Remarquez que ce n'est peut-être pas une
très bonne référence, mais l'article 87 de la loi 22 - que
vous connaissez bien - avait le même libellé; c'est
peut-être bon de le rappeler.
Mme Lavoie-Roux: En relation avec la langue d'enseignement?
M. Leduc (Fabre): "Pour leurs enquêtes, les
commissaires-enquêteurs et les membres de leur personnel qu'ils
désignent sont investis des pouvoirs et de l'immunité
accordés aux commissaires nommés en vertu de la Loi sur les
commissions d'enquête."
C'est l'article 87 de la loi 22.
M. Ryan: C'est pour la Commission de surveillance. C'est un
mauvais article.
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire que nous n'avons pas
participé à l'étude de la loi 22, ni le
député d'Argenteuil, ni aucun des députés qui sont
ici.
Une voix: Le député de Gatineau. Mme
Lavoie-Roux: Non, il présidait!
Une voix: Mais au caucus, est-ce qu'il votait toujours du
même bord, comme aujourd'hui?
Le Président (M. BrouiUet): M. le député de
Gatineau.
Mme Lavoie-Roux: II n'a même pas voté sur la loi
22.
M. Gratton: Là-dessus, M. le Président, quels que
soient les députés qui ont participé ou non, je n'ai
jamais hésité à reconnaître que tous les articles de
toutes les lois qui ont été adoptées par tous les
gouvernements n'ont pas toujours nécessairement été sans
erreur. Si on a fait cette erreur en 1974, il n'est jamais trop tard pour la
corriger. Je vais aller plus loin que cela. Quant à moi, j'ai fait une
erreur cet après-midi en adoptant beaucoup trop rapidement l'article 33
du projet de loi et j'ai l'intention tantôt, M. le Président,
quand on aura terminé, de vous demander d'ouvrir à nouveau
l'étude de l'article 33 pour qu'on puisse, sinon faire des motions
d'amendement, tout au moins indiquer notre dissidence quant à l'adoption
de cet article qui, j'en conviens, a déjà été
adopté.
Le Président (M. Brouillet): II a été
adopté à l'unanimité.
M. Gratton: Oui, mais on va demander le consentement pour en
rediscuter. Je note que, dans le cas de l'article 33, il s'agit des entreprises
et que c'est bien différent de ce qu'on discute à l'article
13.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne suis pas pour lire
tous les articles afin de découvrir la vérité. On dit: Les
commissaires peuvent, par tous les moyens légaux qu'ils jugent les
meilleurs, s'enquérir des choses dont l'investigation leur a
été déférée. Les commissaires peuvent, par
une assignation, sur leur signature, requérir la comparution devant eux,
lieu et place spécifiés, de toute personne dont le
témoignage peut se rapporter au sujet de l'enquête et contraindre
toute personne à déposer devant eux les livres, papiers et
documents écrits
qu'ils jugent nécessaires. Les pouvoirs sont presque
illimités, c'est pourquoi on y apporte une certaine restriction en
disant: "sauf le pouvoir d'ordonner l'emprisonnement". (23 h 15)
J'aimerais rappeler au ministre qu'il y a à peu près deux
ans, en 1981, on avait adopté une loi qui venait modifier la Loi sur
l'aide sociale pour soi-disant détecter les fraudes de l'aide sociale.
Dans cette loi, pour la première fois, on introduisait la notion de
commissaire-enquêteur avec tous les pouvoirs du
commissaire-enquêteur, sauf le pouvoir d'emprisonnement. On avait
réussi à convaincre le gouvernement et à faire adopter un
amendement, ces pouvoirs nous apparaissant tellement considérables,
tellement grands et vu justement qu'on a alors affaire à des personnes
qui n'ont pas commis de délit contre une autre personne, mais il s'agit
de problèmes d'ordre personnel. Chaque fois qu'un
commissaire-enquêteur devrait exercer ses pouvoirs, cela serait soumis au
Conseil des ministres justement pour en limiter le nombre. Si vous relisez la
loi, cet amendement avait été retenu quant aux pouvoirs du
commissaire-enquêteur dans ces circonstances, alors qu'on
soupçonnait les gens d'avoir fraudé l'aide sociale, même
dans ces cas, afin de limiter autant que possible... On avait réussi
à faire accepter cet amendement sans trop de difficultés; je me
rappelle que c'était le député de Prévost qui
était porte-parole, car le député de Marie-Victorin
était malade à ce moment.
À plus forte raison dans ces cas-ci. Un des problèmes - il
faut bien se le rappeler -auxquels le gouvernement a eu à faire face,
non seulement ce gouvernement-ci mais le précédent, en rapport
avec les lois linguistiques, la loi 22 et maintenant la loi 101, a toujours
davantage touché la langue d'enseignement que toute autre disposition de
la loi, à laquelle les gens se sont conformés, d'une façon
générale, peut-être avec plus ou moins de
célérité.
La raison profonde, en ce qui touche la langue d'enseignement, c'est
qu'on touchait à des enfants, à des parents. Alors que cette
partie de la loi aurait dû être appliquée avec plus de
flexibilité, tant dans la loi 22 que dans la loi 101, c'est à
cette partie de la loi qu'on s'est attaqué avec la plus grande
rigidité alors que cette rigidité aurait dû s'appliquer
davantage à ce qui touchait des groupes, des personnes morales, des
entreprises où il n'y avait pas tant de dimension humaine que quand il
s'agissait de la langue de l'enseignement. Je pense que c'est une des raisons
pour lesquelles, par exemple, on a bloqué, dans le cas de la loi 22,
toute la question de la zone grise, etc. Je ne veux pas y revenir.
Dans le cas de la loi 101, on se retrouve avec le problème devenu
presque insoluble des illégaux dont un certain nombre avait
commencé à émerger au moment de la loi 22 même; en
tout cas, je ne veux pas entrer dans les détails. En ce qui touche les
relations de l'État avec les parents qui, eux, sont touchés par
leurs enfants ou dont les enfants sont touchés par l'application de la
loi, s'il y a un endroit où on doit éviter de prendre des mesures
ou de proposer dans la loi des dispositions qui pourraient mener, ne serait-ce
que dans un cas ou deux, à des abus qui créent un climat de
panique, un climat qui, souvent, devient exagéré - cela, je suis
prête à l'admettre - c'est bien cet endroit. Il reste qu'on
devrait tenter de le faire et éviter d'introduire dans la loi une
disposition telle que celle qui est prévue dans le troisième
paragraphe, je pense, de l'article 13.
Je ne m'étendrai pas plus là-dessus à ce moment-ci,
mais je dois vous dire que je conserve mon droit de parole de vingt minutes
pour y revenir si on ne réussit pas à convaincre le ministre de
retirer cette disposition de l'article 13.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Laurin: Il reste que les critères
d'admissibilité à l'école anglaise sont
déterminés clairement dans la loi, et seuls peuvent être
admis à l'école anglaise ceux à qui s'appliquent les
critères définis dans la loi. Si des demandes sont faites et
qu'il s'avère, lorsqu'on étudie ces demandes, qu'on ne peut avoir
des réponses exactes, des réponses claires, des réponses
fidèles, c'est une règle de droit de prétendre que ces
élèves ou ces enfants n'auront pas droit à l'école
anglaise. Or, sur 1000 demandes ou à peu près, je le disais tout
à l'heure à mots un peu couverts sans vouloir en faire
état plus qu'il ne le faudrait, je le répète, sur 1000 cas
que la Commission d'appel a pu vérifier à l'aide des pouvoirs
limités qu'elle avait, il s'est avéré que, dans 500 cas,
les informations qui avaient été transmises étaient
inexactes, infidèles, fausses et parfois, dans plusieurs cas,
franchement erronées et mensongères. C'est à la demande
même des commissaires, demande qui a été formulée
depuis longtemps déjà, que nous entendons maintenant leur donner,
par voie législative, des pouvoirs qui leur permettront de faire
appliquer la loi telle qu'elle a été adoptée par le
législateur. Encore une fois, cela est un argument plutôt
historique ou basé sur les faits, mais il y a aussi tous les autres
arguments que j'ai déjà donnés et qui montrent que,
même s'il y a un côté, peut-être, coercitif à
cette Loi sur les commissions d'enquête, elle contient aussi des
éléments positifs qui font que certains droits reconnus aux
témoins ou certains droits reconnus aux parties adverses, si on peut
employer ce terme, sont reconnus, et
aussi que tous les citoyens qui seront entendus pourront se
prévaloir de la Charte des droits et libertés de la personne et
s'appuyer sur elle. Si, dans plusieurs cas dans le passé, il a
été nécessaire de recourir à ces articles,
c'est-à-dire de soumettre telle ou telle partie à cette Loi sur
les commissions d'enquête, je ne pense pas que ce soit un
sacrilège que de vouloir la réclamer pour ces cas rares,
heureusement, où il faut s'assurer que la vérité et que
l'égalité devant la loi seront assurées.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le ministre
me permettrait une question? Comment avez-vous pu déterminer, dans 500
cas, en admettant que cela corresponde à votre chiffre, que les
réponses étaient erronées puisqu'on avait uniquement les
outils dont vous parlez?
M. Laurin: C'est souvent par correspondance. Nous
écrivions... Par exemple, supposons qu'un parent hindou qui demande son
admission à l'école anglaise dit que son enfant a fait ses
études primaires en anglais à tel endroit et que, grâce
à la correspondance, un moyen que nous avions le droit d'utiliser, nous
écrivions à cette école, il arrivait très souvent
que la réponse qui nous parvenait, c'est que cet enfant n'avait jamais
fréquenté cette école ou encore, que, s'il l'avait
fréquentée, c'était une école où la langue
d'enseignement n'était non pas l'anglais, mais la langue qui
prévalait dans cette partie du territoire. Je vous donne un exemple,
mais il y a eu...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous pouviez, quand même...
M. Laurin: ...plusieurs exemples. Il y a eu d'autres cas
où il aurait fallu d'autres pouvoirs pour aller vérifier les
assertions. Ces pouvoirs, la Commission d'appel ne les possède pas
actuellement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait me dire si -c'est juste une autre question, cela va être tout -
les commissaires-enquêteurs pourraient utiliser leurs pouvoirs, par
exemple, pour intervenir dans le cas des illégaux?
M. Laurin: Dans le cas des illégaux, je ne pourrais pas
faire de cas d'espèce. Ce que nous réclamons, ce sont des
pouvoirs généraux...
Mme Lavoie-Roux: Que vous pourrez utiliser comme vous l'entendez
dans n'importe quelle circonstance.
M. Laurin: ...comme cela arrive avec beaucoup d'autres lois, par
exemple, la Loi sur l'instruction publique. En vertu de l'article 14, nous
avons le pouvoir d'appliquer, lorsque nous mettons une commission scolaire en
tutelle, les droits et pouvoirs de la commission d'enquête...
Mme Lavoie-Roux: Mais elle s'adresse à la commission
scolaire et non pas à des individus.
M. Laurin: Oui, mais c'est un exemple que je cite. Je pourrais en
citer beaucoup d'autres. Elle s'applique à toutes les fois que nous
avons affaire à une situation où il est difficile d'avoir des
renseignements exacts et qu'il faut utiliser des moyens plus coercitifs que
ceux que nous utilisons habituellement.
Mme Lavoie-Roux: Mais, à l'égard des individus,
est-ce que le ministre peut nous dire...
M. Laurin: Les individus sont soumis à la loi autant que
les personnes morales.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais quels sont les cas? J'ai nommé
tout à l'heure ceux de l'aide sociale, dans les cas
présumés de fraude. Mais quels sont les autres cas où il y
a des dispositions de la loi qui prévoient des
commissaires-enquêteurs? Quelles sont les autres lois où, à
l'égard d'individus, on utilise des pouvoirs de
commissaires-enquêteurs?
M. Laurin: II faudrait que je fasse des recherches pour vous
répondre. Vous voulez citer la Loi sur l'instruction publique en ce qui
concerne les personnes morales...
Mme Lavoie-Roux: Je parle des individus en particulier.
M. Laurin: ...et même dans la Loi sur l'instruction
publique, lorsqu'il s'agit, par exemple, d'un enseignant à qui on refuse
sa classification ou qui est destitué, nous avons le droit d'instituer
une commission d'enquête où l'enseignant peut se faire entendre et
où, cependant, la commission instituée peut contraindre le
témoin à apporter tous les renseignements que la commission peut
juger nécessaires pour statuer sur son cas. Il y a beaucoup d'exemples
dans la législation.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Ryan: M. le Président, me permettez-vous juste une
petite demande au ministre, pas pour longtemps? C'est parce qu'il pourrait
envoyer chercher cela pendant que les interventions vont se faire.
Il a parlé des demandes qu'a soumises la Commission d'appel.
Est-ce qu'il y aurait moyen de faire venir des rapports annuels de la
Commission d'appel, depuis qu'elle existe,
pour qu'on puisse consulter les vraies demandes qu'elle a soumises au
gouvernement? Est-ce qu'on pourrait les avoir ce soir?
M. Laurin: On va les faire venir et on va vous les donner, mais
pas ce soir.
M. Ryan: Très bien. Demain. J'insiste parce que je ne
crois pas que ce soit compris dans les demandes que la commission a
soumises.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'aimerais intervenir brièvement pour appuyer
les propos de mon collègue, le député d'Argenteuil, si
vous me permettez. J'ai été frappé par la
déclaration du ministre selon laquelle il a trouvé au moins 500
cas de personnes qui ont triché ou qui ont produit des
déclarations mensongères et, pour cette raison, il veut s'assurer
que cela ne peut pas se faire. Il me semble que, dans n'importe quel
système de justice et de législation, il faut absolument accepter
que les solutions proposées soient, dans un certain sens,
équilibrées avec les problèmes qu'elles sont
supposées régler. Si le ministre adopte cet article, s'il donne
à la commission les pouvoirs des commissions d'enquête et s'il
règle les 500 cas comme il se propose de le faire avec des
enquêtes beaucoup plus étendues que celles qu'il peut faire
maintenant, et si, ce faisant, il crée des injustices dans un autre
sens, même pour une dizaine de personnes, parce que, dans l'autre sens,
il me semble que l'injustice sera plus grave... Une injustice commise par un
individu envers l'État, c'est grave, mais une injustice commise par
l'État envers un individu, quant à moi, c'est
légèrement plus grave.
On risque de régler un problème avec une solution qui sera
plus injuste que le problème qu'il est censé régler, et
surtout que le ministre lui-même a admis qu'il s'agit d'à peu
près 500 cas. Si vous regardez l'affaire, le ministre a proposé,
à l'article 13, qu'un alinéa soit ajouté à
l'article 83, qui dit: "Pour l'exercice des fonctions que leur confère
la présente loi, les membres de la commission sont investis des pouvoirs
et de l'immunité des commissaires nommés en vertu de la Loi sur
les commissions d'enquête..." Quand on regarde la Loi sur les commissions
d'enquête, vous voyez jusqu'à quel point cette loi donne des
pouvoirs étendus. Je lis la Loi sur les commissions d'enquête:
"Afin de découvrir la vérité, les commissaires peuvent,
par tous les moyens légaux qu'ils jugent les meilleurs,
s'enquérir de choses dont l'investigation leur a été
déférée. Chaque commissaire a tous les pouvoirs d'un juge
de la Cour supérieure siégeant en terme."
La nomenclature de cette commission, dans la loi, c'est une commission
d'appel. Normalement, quand on se trouve devant une commission d'appel, elle
n'est pas supposée chercher des nouvelles preuves, même d'accepter
de nouvelles preuves. Je pense que, dans ce cas-ci, c'est peut-être un
peu trop rigide et c'est pourquoi mon collègue, le député
d'Argenteuil, a suggéré quelque chose qui est à mi-chemin
entre les deux. Le fait même qu'on appelle cette commission une
commission d'appel, il me semble que c'est une indication que l'intention
était d'écouter les preuves, les faits qui ont déjà
été sortis, développés dans la première
instance, et de voir si la décision rendue est la bonne. Ce n'est pas de
faire une enquête additionnelle, de chercher de nouvelles preuves,
surtout quand il s'agit uniquement de 500 personnes. Cela me fait penser un peu
à une histoire que le ministre connaît peut-être
déjà; c'est une histoire concernant Charles de Gaulle. Je pense
que cette histoire est vraie et c'est une histoire qui indique un peu l'esprit
qui doit nous guider dans cet article. (23 h 30)
Semble-t-il que M. de Gaulle était en Afrique dans une colonie
française, à une période où il avait les pouvoirs
absolus dans cette colonie. Il était là avec sa femme. En voyage
entre deux grandes villes dans ce petit pays, par accident, sur le
côté de la route, il a vu deux éléphants qui
étaient en train d'avoir des relations sexuelles. Madame de Gaulle
était choquée. Elle a dit: C'est écoeurant que ça
puisse se passer ici. Qu'est-ce que vous allez faire devant toute la
population? C'était, pour elle, la première fois qu'elle voyait
une telle chose. Elle s'est tournée vers le président de la
République qui avait tous les pouvoirs pour régler tous les
problèmes et elle a dit: Qu'est-ce que vous allez faire? C'est terrible!
Savez-vous ce que le général a dit, dans sa grande sagesse? Il a
dit: Laisser faire.
C'est une histoire très libérale, comme vous le savez,
mais c'était une indication que même le général de
Gaulle, avec tous ses pouvoirs, acceptait qu'il existe, dans la vie publique,
certaines choses qui sont désagréables, certaines choses que les
gens peuvent penser inacceptables, mais qu'on ne doit pas essayer de
régler avec des lois, ni avec des règlements. Il existe des
choses dans la vie qui ne sont peut-être pas parfaites, mais dans
lesquelles l'État ne doit pas intervenir. Je pense que M. Trudeau avait
dit quelque chose d'un peu semblable quand il était ministre de la
Justice.
Je pense, que c'est l'esprit qui doit guider le ministre dans ce cas-ci.
Les propos de mon collègue, le député d'Argenteuil, pour
moi sont très justes et je vais encore le citer parce que, si vous
l'écoutez attentivement, vous voyez qu'on donne à la
commission tous les pouvoirs nécessaires. Il propose - et je cite
la proposition de mon collègue - que la commission ait "tous les
pouvoirs nécessaires à l'exercice de sa juridiction." Je ne sais
pas comment vous pouvez avoir mieux que cela: "tous les pouvoirs
nécessaires à l'exercice de sa juridiction. Elle peut rendre
toute ordonnance qu'elle estime propre à sauvegarder les droits des
parties et décider de toute question de fait ou de droit." Très
honnêtement, je ne vois pas comment on peut dire que les pouvoirs de la
commission seront trop limités avec une telle définition. Il me
semble qu'on crée là quelque chose qui est
équilibré et pour les parents et pour les commissions scolaires,
dans l'autre cas.
Si on va, comme le propose le ministre, jusqu'au bout, la Loi sur les
commissions d'enquête permet aux commissaires de chercher toute nouvelle
preuve, d'aller jusqu'au bout. C'est très possible qu'en faisant ce
genre d'enquête ils vont brimer les droits des citoyens affectés.
Mais il y a plus important que cela. Nous sommes dans un domaine
exceptionnellement émotif pour toutes les parties concernées.
Comme on le sait, déjà c'est un champ de législation qui a
créé beaucoup de problèmes pour tout le monde et c'est
très sensible. Ces lois sont très pénibles.
Je pense qu'en grande partie, la population qui a été
touchée par la loi 22, par la loi 101 et par les amendements et
règlements à cette loi, a accepté cela de bonne
grâce. Il y a eu des éditoriaux assez négatifs, mais, en
général, je pense qu'il faut admettre que, depuis 1974, quand la
loi 22 a été adoptée, la population qui a
été touchée par cette loi l'a acceptée en paix,
sans aller jusqu'à parler pour immédiatement. C'est normal. Elle
l'a acceptée comme une loi qui avait été votée
démocratiquement et à laquelle elle devait adhérer. Je
pense que tout le monde accepte qu'il existe aujourd'hui une communauté
anglophone qui a bien évolué pendant cette période.
Oui, le ministre a trouvé 500 cas de personnes qui ont
triché. Je l'accepte. Mais je suis persuadé que rappeler ces 500
personnes à l'ordre ne va pas changer de beaucoup l'équilibre
entre les anglophones et les francophones au Québec. Il faut les laisser
aller les injustices qu'elles ont commises pour atteindre leurs objectifs en
admettant qu'elles n'avaient pas raison de le faire, mais en admettant aussi
qu'il y a certaines injustices faites par les citoyens à l'égard
de toutes les lois et que cela ne justifie pas nécessairement qu'on
rende les lois de plus en plus rigides pour chercher les derniers contrevenants
à la loi. Il y a des limites raisonnables à ces efforts.
Si vous acceptez ce principe que, premièrement, à la base,
les gens de la communauté qui ont été
affectés...
Une voix: Les grands moyens.
M. Scowen: ...se sont comportés de façon
civilisée face à ces deux lois maintenant depuis dix ans, que,
deuxièmement, le ministre lui-même admet qu'il n'y a pas beaucoup
de cas de gens qui ne peuvent pas accepter l'ampleur ou les objectifs
généraux d'une loi, que les pouvoirs qu'on propose d'accorder
sont excessifs pour régler le problème visé, que l'esprit
de ce durcissement de la loi va à l'encontre de la nature
générale du projet de la loi 57 qui a pour effet d'adoucir un
peu, d'essayer de persuader les anglophones et les personnes qui veulent
envoyer leurs enfants dans les écoles anglaises, s'ils en ont le droit,
de les ramener un peu plus près de la majorité, d'essayer de
créer un climat un peu plus sain, c'est un article qui va à
l'encontre de l'orientation générale de la loi. C'est une
contradiction à l'intérieur d'un effort réel, je pense, de
la part du gouvernement de faire un geste positif. Vous avez cette tache
à l'intérieur du projet de loi qui est l'article 13.
Quant à moi, je pense qu'il y a beaucoup de raisons pour
décider de ne pas aller aussi loin qu'il est proposé par le
ministre et d'accepter le projet de mon collègue, le
député d'Argenteuil. En résumé, je pense que tout
ce que je peux demander au ministre, c'est de se rappeler les mots du
président de la Ve République devant sa femme et de laisser
faire.
Le Président (M. Brouillet): Alors, il y avait le
député de Nelligan qui avait demandé la parole tout
à l'heure. Vous aurez votre droit de parole immédiatement
après; je l'ai pris dans l'ordre des demandes. J'ai ici devant moi une
nouvelle proposition d'amendement concernant l'article 13. La situation est la
suivante, et cela peut éclairer les prochains débats: le
député d'Argenteuil a proposé un amendement. Celui-ci a
été repris par une proposition du ministre qui comprenait
plusieurs autres choses. La discussion s'est engagée sur l'amendement du
ministre et, à cet amendement, le député d'Argenteuil a
apporté deux sous-amendements. Je vous fais grâce de la lecture de
tout cela pour le moment, c'est enregistré au journal des Débats.
Les discussions se sont poursuivies. Là, le ministre a
rédigé une nouvelle proposition d'amendement à l'article
13 qui incorpore des éléments...
M. Laurin: Deux éléments.
Le Président (M. Brouillet): ...deux
éléments des propositions du député d'Argenteuil.
Je me demande s'il ne serait pas opportun de lire cette nouvelle proposition
d'amendement de la part du
ministre qui intègre différents éléments des
propositions du député d'Argenteuil. On pourra peut-être
relancer la discussion sur la base de cette nouvelle proposition d'amendement,
qui est plus large, qui comprend beaucoup plus de choses que la
première. Est-ce que vous êtes d'accord pour que nous fassions
lecture - nous pouvons vous remettre les textes que nous avons fait photocopier
- de cette nouvelle proposition d'amendement du ministre? On pourra
peut-être, sur cette base, poursuivre la discussion.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Le député de
Gatineau.
M. Gratton: ...je suis tout à fait d'accord pour que vous
lisiez le nouvel amendement du ministre. Mais le danger qui nous guette si la
proposition du ministre ne devait pas s'avérer acceptable pour nous,
c'est qu'on en soit à trois amendements qu'on discute en même
temps. Il me semble qu'on devrait, à partir du moment où on
présente un amendement en bonne et due forme, le rejeter ou l'adopter.
Vous le notez vous-même, on en sera rendu à un troisième
amendement et, à un moment donné, on ne s'y retrouvera plus.
M. Lincoln: Est-ce que je peux poser une question au
ministre,
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Lincoln: Est-ce que vous pourriez nous signifier, par exemple,
combien de pouvoirs des commissaires-enquêteurs vous avez retirés
par votre amendement?
M. Laurin: C'est-à-dire que nous avons accepté
déjà - je pense que c'était entendu -une proposition du
député d'Argenteuil sur la consultation des associations ou
organisations les plus représentatives. Cela, je pense que c'est
réglé. Nous avons incorporé au nouvel article 83 les
articles 155.1 et 155.2, c'est-à-dire: "L'appel est formé et
entendu selon la procédure et les règles de preuve prescrites par
règlement du gouvernement" et, deuxièmement: "La commission a
tous les pouvoirs nécessaires à l'exercice de sa juridiction;
elle peut rendre toute ordonnance qu'elle estime propre à sauvegarder
les droits des parties et décider de toute question de fait ou de
droit." Nous avons donc incorporé trois demandes du député
d'Argenteuil. Quant aux deux autres demandes qu'il nous fait,
c'est-à-dire, 1, "Le droit des parents qui inscrivent un appel à
être entendu doit être inscrit dans les règles de
procédure et de preuve" et, 2, "La commission a tous les pouvoirs
nécessaires à l'exercice..." Ah bien, 83.2, on l'a
incorporé en fait. Donc, il ne resterait plus de l'amendement que le
député d'Argenteuil nous a soumis que cette seule phrase: "Le
droit des parents qui inscrivent un appel à être entendu doit
être inscrit dans les règles de procédure et de preuve."
Donc, jusqu'ici, nous avons incorporé tout ce que le
député d'Argenteuil nous a soumis, sauf la phrase que je viens de
lire: "Le droit des parents..." Mais, dans son argumentation, le
député d'Argenteuil a fait valoir, cependant, qu'il
n'était pas d'accord avec l'autre partie de l'article 13 qui traite de
la commission d'enquête. Il en a parlé, mais il n'avait pas
présenté d'amendement à cet effet-là; il l'aurait
fait, bien sûr, à un moment donné.
Donc, je pense, peut-être pour aller plus vite, qu'on
pourrait...
Une voix: L'enlevez-vous?
M. Lincoln: Mais, M. le ministre.
M. Laurin: Non, nous ne l'enlevons pas.
M. Lincoln: ...ma question était: Toute l'argumentation
que nous avons eue, mon collègue d'Argenteuil...
M. Laurin: Notre position est de garder, après qu'on aura
disposé de cela, l'autre alinéa dont nous n'avons pas encore
traité formellement, c'est-à-dire: "Pour l'exercice des fonctions
que leur confère la présente loi, les membres de la commission
sont investis des pouvoirs et de l'immunité des commissaires
nommés en vertu de la Loi sur les commissions d'enquête, sauf du
pouvoir d'ordonner l'emprisonnement."
M. Lincoln: M. le ministre, si je peux vous poser une autre
question pour qu'on coupe tous les détails et qu'on arrive à une
espèce de compromis, est-ce que vous êtes prêt à
retirer au moins une grosse partie des pouvoirs des commissaires
d'enquête ou bien est-ce que vous allez être tout à fait
opposé à tout changement?
M. Laurin: Tout à fait opposé.
M. Lincoln: Mais, à ce moment-là, on perd du
temps.
M. Ryan: M. le Président, dans la même ligne de
préoccupation, tantôt, nous n'avons pas pu pousser plus loin
l'examen de tous les pouvoirs qui sont attribués par la loi C-37 aux
commissions d'enquête. Il y a certains pouvoirs d'attribués aux
commissions d'enquête par la loi C-37 que je n'aurais pas d'objection
à voir attribuer à la commission d'appel. Il y en a d'autres au
sujet desquels j'ai des objections invincibles. Et je me demande si cette
partie ne devrait pas être gardée. Je regarde l'heure et il est 23
h 45
environ. (23 h 45)
Le Président (M. Brouillet): Oui, 23 h 45.
M. Ryan: Je me demande si le ministre ne devrait pas consulter
ses conseillers juridiques; de notre côté, nous pourrions faire la
même chose, pour essayer de voir s'il n'y aurait pas moyen de trouver une
certaine liste de ces pouvoirs des commissions d'enquête qui demeure
raisonnable, qui demeure fonctionnelle et justifiable d'un point de vue humain
et rationnel et laisser tomber les autres qui sont une source
d'appréhension pour nous comme amis des droits de l'homme et en
même temps pour les personnes et les familles qui seront plus
immédiatement visées par la loi. J'ai l'impression que, de toute
manière, on n'arrivera pas au moment de voter ce soir; il est trop tard
et on a encore bien des choses qu'on voudrait faire valoir là-dessus. Je
crois que, si le ministre prenait cette attitude et qu'il puisse même y
avoir une certaine consultation là-dessus, cela pourrait peut-être
faciliter la solution de ce problème épineux. Ce problème
étant réglé, la partie qui regarde le droit des parents
d'être entendus, nous, on peut la laisser tomber sans difficulté.
Ce qu'a dit le ministre concernant les garanties qui sont déjà
données de ce droit dans d'autres textes législatifs
prioritaires, c'est une affirmation que je suis prêt à endosser.
Je crois que le règlement de la commission d'appel - je pense l'avoir
démontré tantôt - y gagnerait à être
révisé et complété. S'il était soumis
à la discussion avant...
M. Laurin: II ne peut pas l'être tout de suite, mais il le
sera.
M. Ryan: Oui, c'est ça... il y a peut-être des
éléments de solution de ce bloc de problèmes qui
pourraient être envisagés, parce qu'on veut trouver des
solutions...
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Laurin: Dans ce cas, M. le Président, je suis
prêt à me rallier à la proposition du député
d'Argenteuil et nous pourrions arriver, après nos consultations
réciproques, avec un nouveau texte pour l'article 13 la prochaine fois,
qui incorporerait probablement la suggestion du député
d'Argenteuil. Donc, je serais prêt à suspendre l'adoption de
l'article 13, étant bien entendu que je reviendrais avec un nouveau
texte qui essaierait de faire droit, d'une certaine façon, aux
réflexions et aux suggestions du député d'Argenteuil.
Le Président (M. Brouillet): Très bien, pour ce qui
est de l'article 13, nous nous laissons sur cela.
M. Laurin: Avec l'entente qu'à la prochaine réunion
j'arriverai avec un nouveau texte pour l'article 13 et qu'on essaiera d'aller
aussi loin que possible dans le sens des suggestions ou formulations du
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, parce que je pense que le ministre convient avec
moi que les transferts globaux de pouvoirs qui sont inscrits dans une autre loi
qu'on n'a pas eu la chance d'examiner bien soigneusement point par point, cela
comporte des...
M. Laurin: II y avait un article qu'on avait laissé en
suspens.
Le Président (M. Brouillet): Justement, il y avait
l'article 6. J'ai ici le texte.
M. Lincoln: M. le Président, juste avant qu'on laisse
l'article 13...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: ...il y a quelques points que le ministre a
soulevés que je voudrais relever, car ça m'a frappé.
Enfin, je sais qu'on va étudier cet article, mais il y a certains
arguments que le ministre a apportés pour soutenir qu'on incluait ces
pouvoirs à la demande même des commissaires. Il me semble que, si
cela avait été fait à la demande des commissaires, on
devrait être un peu plus anxieux d'inclure ces pouvoirs. En effet, quand
les commissaires eux-mêmes vous demandent des pouvoirs, naturellement les
policiers vont demander le plus de pouvoirs possible. Il me semble que ce n'est
pas un argument valable de dire: Les commissaires veulent cela, donc c'est
mieux parce qu'ils veulent cela. Les commissaires veulent toujours plus de
pouvoirs qu'avant.
Quant à votre argument par rapport aux droits de la personne,
d'un côté, vous retirez tout ce que vous pouvez et vous donnez les
pouvoirs les plus coercitifs et, en même temps, on dit: Les droits de la
personne vous protègent. Peut-être la prévention est-elle
la meilleure chose, c'est-à-dire de ne pas avoir de pouvoirs abusifs ou
coercitifs, ainsi on n'a pas besoin d'en appeler aux droits de l'homme.
M. Laurin: Je vais prendre cela en bonne considération
aussi.
Le Président (M. Brouillet): J'ai ici le texte de
l'amendement à l'article 6. Comme on en avait beaucoup discuté,
il restait simplement à avoir une formulation. Je peux
vous le distribuer. Bon, vous avez le texte, je vais vous le lire.
Amendement à l'article 6: remplacer le deuxième alinéa de
l'article 35 par le suivant: "Une personne est réputée avoir
cette connaissance si: 1 elle a suivi à temps plein au moins trois
années d'enseignement de niveau secondaire ou postsecondaire
dispensé en français; 2° à compter de l'année
scolaire 1985-1986, elle obtient au Québec un certificat d'études
secondaires; 3° après le (insérer ici la date de
l'entrée en vigueur du présent article) elle a réussi les
examens de français langue maternelle de la quatrième ou de la
cinquième année du cours secondaire."
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Est-ce que je peux poser une question au ministre? Je
ne comprends pas pourquoi vous insistez, dans le troisième
alinéa, pour inscrire "après le". Si une personne a réussi
les examens de français langue maternelle de la quatrième ou de
la cinquième année du cours secondaire l'année
dernière ou il y a deux ans, est-il nécessaire de l'obliger
à faire les tests? Le principe de l'affaire vise des personnes qui ont
fait ces examens.
Mme Lavoie-Roux: Dans le sens de la remarque du
député de Notre-Dame-de-Grâce, j'aimerais proposer un
sous-amendement; il pourrait devenir le sous-amendement du ministre, s'il le
veut. On pourrait rayer, dans le troisièmement, "insérer ici la
date de l'entrée..." On pourrait faire du troisièmement le
deuxièmement et dire: elle a réussi les examens en
français langue maternelle de la quatrième ou de la
cinquième année du secondaire et, troisièmement, à
compter de l'année 1985-1986, elle obtient du Québec un
certificat d'études secondaires.
M. Ryan: C'est bien bon, cela. Je veux appuyer avec beaucoup
d'ardeur cette proposition d'amélioration et non pas d'amendement.
M. Scowen: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît! Il y a beaucoup de discussions autour de la table. Qui veut
prendre la parole? M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'aimerais avoir une réponse du ministre parce
qu'il est possible qu'il y ait quelque chose que je ne comprenne pas. C'est une
question.
Le Président (M. Brouillet): Oui, je crois que M. le
ministre a pris en considération votre question et on devrait avoir une
réaction bientôt.
M. Scowen: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Laurin: À la suggestion du député de
Notre-Dame-de-Grâce, je serais prêt à enlever, au
troisièmement, "après le", la date.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. On pourrait le mettre
deuxième, M. le ministre, et mettre le troisième après,
les inverser.
M. Laurin: Oui.
M. Ryan: M. le Président, le ministre nous crée,
cependant, un problème dont il n'est pas conscient.
Une voix: Un autre?
M. Ryan: II crée en nous le désir de continuer
dès ce soir au-delà de minuit.
Une voix: Au-delà de minuit? D'accord.
Une voix: Si on a le consentement unanime.
Le Président (M. Brouillet): Tout le monde est
d'accord?
M. Gratton: Soyez sans crainte, M. le député.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on fait, M. le Président, c'est
garder le premièrement.
Le Président (M. Brouillet): Le premier reste
là.
Mme Lavoie-Roux: Le deuxième devient...
Le Président (M. Brouillet): Le deuxième devient le
troisième et le troisième devient le deuxième après
avoir retiré la première ligne...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Le Président (M. Brouillet): ..."après le
(insérer ici la date de l'entrée en vigueur du présent
article)."
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez le reprendre, M. le
Président?
Le Président (M. Brouillet): Pour tout le monde, je vais
reprendre. Le premièrement reste tel quel. Le deuxièmement
devient le troisièmement. Au troisièmement, on supprime la
première partie jusqu'à "elle" et ce troisièmement devient
le deuxièmement.
M. Lincoln: Est-ce qu'on peut parler du troisièmement
maintenant? Pourquoi est-ce que vous insistez sur 1985-1986, M. le
ministre?
M. Laurin: J'ai déjà donné les
explications.
M. Lincoln: Peut-être que la nuit portera conseil.
M. Laurin: Je ne pense pas que je reviendrais sur l'argumentation
que j'ai donnée. C'est le changement des programmes. J'aurais même
dû mettre 1986-1987, mais j'ai mis 1985-1986 parce que les examens
peuvent se passer en secondaire IV plutôt qu'en secondaire V. C'est
l'introduction du nouveau programme de français comme langue
seconde.
M. Ryan: Déjà, on observe un certain laxisme chez
le ministre. Il ne faudrait pas que cela aille trop loin.
M. Laurin: Je vous remercie de me rappeler à l'ordre.
Mme Lavoie-Roux: Je propose l'ajournement.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est-il
adopté?
M. Gratton: Sur division.
M. Laurin: Bien non! C'est à votre suggestion.
M. Gratton: Je vous dis sur division; si on veut prendre un vote
enregistré, je serai le seul.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur
division.
M. Lincoln: Je ne suis pas d'accord sur 1985.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que vous êtes
d'accord pour que nous poursuivions?
M. Ryan: Si les gens le veulent, être satisfaits, je n'ai
pas d'objection à ce qu'un vote enregistré soit pris à ce
moment-ci.
Le Président (M. Brouillet): Le vote enregistré n'a
pas été demandé, mais s'il y en a qui le demandent.
M. Gratton: Je le demanderais, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Vous en faites la
demande?
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Vote enregistré. On a
demandé le vote enregistré. Pour ou contre l'amendement à
l'article 6. Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Dupré
(Saint-Hyacinthe)?
M. Dupré: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Godin (Mercier)?
M. Gratton: II n'est pas là.
Le Président (M. Brouillet): M. Gratton (Gatineau)?
M. Gratton: Contre.
Le Président (M. Brouillet): Mme Lachapelle (Dorion)?
Mme Lachapelle: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Laplante (Bourrassa)? Il
n'est pas ici. M. Leduc (Fabre)?
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Scowen: Pour.
Le Président (M. Brouillet): Mme
Dougherty (Jacques-Cartier)?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Lincoln (Nelligan)?
M. Lincoln: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Ryan (Argenteuil)?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Brouillet): Excusez, M.
Ryan, comme intervenant, vous n'aviez pas le droit de vote. Je ne
compterai pas votre vote dans le total. Huit pour, deux contre. L'amendement
est adopté. Je dois ajourner les travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)