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Education
(Onze heures cinquante-cinq minutes)
M. PROULX (président): A l'ordre! Messieurs, le comité des
crédits de l'Education est ouvert.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne veux certainement pas
recommencer le débat d'hier. Cependant, il me fait plaisir de
déclarer que dès mon arrivée à mon bureau, ce
matin, j'ai tenté d'atteindre par téléphone chacun des
commissaires, anciens ou nouveaux, de la Commission scolaire de
Saint-Léonard, et devant l'impossibilité de leur parler
directement, j'ai immédiatement envoyé à chacun d'eux,
à leur adresse personnelle, un télégramme pour les inviter
à mon bureau, pour me rencontrer personnellement, la semaine
prochaine.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je me fais sûrement
l'interprète des membres du comité qui siègent de ce
côté-ci, pour remercier le ministre de l'annonce qu'il vient de
nous faire et le féliciter d'avoir donné suite à la
suggestion du député d'Olier. Je pense que nous aurons tous
confiance que le ministre aura du succès dans ses démarches
auprès des commissaires d'écoles de Saint-Léonard.
J'aimerais lui poser de mon côté non plus je n'ai
pas l'intention de rouvrir le dossier, sauf pour poser une question de fait,
simplement au ministre est-ce que le ministre peut nous dire si son
ministère, soit lui personnellement, soit l'un ou l'autre de ses
fonctionnaires, a échangé de la correspondance avec la commission
scolaire ou les commissaires d'écoles qui étaient en fonction
à ce moment-là, au sujet du problème dont il est question
depuis quelques jours?
M. CARDINAL: En aucun moment donné, à ma connaissance, la
commission scolaire ou les commissaires n'ont communiqué officiellement
par écrit avec le ministre on avec le ministère. Cependant, ily a
eu des lettres, à titre individuel, qui ont été
envoyées, soit des membres du mouvement MIS, soit d'autres personnes qui
sont des citoyens de Saint-Léonard.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, le ministre est sans doute au
courant que dans les journaux il a été dit par des organismes et
le compte rendu en a été donné dans les journaux, que les
événements de Saint-Léonard, les prises de position que
l'on connaît à Saint-Léonard, n'ont pas pu se produire sans
une connivence du ministère de l'Education. Alors, le ministre
pourrait-il nous dire s'il a un commentaire à faire à ce
sujet?
M. CARDINAL: L'interprétation des faits, elle a été
faite à compter du prétendu silence du ministère ou du
ministre de l'Education. Je rappelle des faits. Dès que le
problème de Saint-Léonard est apparu dans les journaux et les
autres moyens de communication, j'ai mentionné, hier, que j'avais
envoyé sur place deux membres du personnel du bureau régional de
Montréal, l'un de langue française et l'un de langue anglaise,
pour voir sur place ce qu'il se passait, pour avoir un relevé
démographique, un relevé des classes ou unilingues
françaises ou bilingues, pour avoir un document de travail sur la
situation telle qu'elle existait à ce moment-là.
C'était au tout début du mois d'avril. J'ai d'ailleurs
donné certains renseignements au cours des débats d'hier,
à partir de ce rapport que m'ont fait ces deux fonctionnaires.
Même, par la suite, lorsqu'il y a eu des réunions. Un soir,
par exemple, l'un des mouvements tenait une réunion d'un
côté de la rue et l'autre mouvement de l'autre côté.
J'avais aussi délégué des fonctionnaires pour suivre ce
qui se passait. Cependant, en aucun moment, n'ayant pas été
appelé à intervenir, je ne suis intervenu. Je l'ai
mentionné d'ailleurs à plusieurs reprises et certains ont
interprété cette apparence de désintéressement
comme étant une connivence du ministre ou du ministère. Je nie
fermement, catégoriquement cette connivence ou cette
interprétation et je répète que, depuis le début,
nous avons suivi de très près cette situation en laissant, aux
commissaires, aux parents, aux citoyens de Saint-Léonard, aux mouvements
qui s'étaient créés, l'entière liberté
d'agir démocratiquement et le débat que nous avons eu hier,
évidemment, donne le résultat de cette situation, que je veux
continuer à suivre par cette invitation que j'ai faite maintenant aux
commissaires.
Entre parenthèses, ces commissaires ne sont pas en fonction
d'après la Loi de l'instruction publique. Les nouveaux commissaires
élus, normalement, entrent en fonction après le 30 juin,
c'est-à-dire le 1er juillet.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre pourrait communiquer aux membres
du comité le rapport qu'il a obtenu des deux fonctionnaires qu'il a
délégués sur les lieux.
M. CARDINAL: Si vous le permettez, j'aimerais le revoir, parce que je
l'ai vu en le recevant, j'y ai porté attention à ce moment-
là, je m'en suis servi à quelques reprises hier. Je n'ai
pas d'objection de principe. J'aimerais cependant le revoir, vu que
c'était un document de travail interne. Après étude, je
pourrai répondre à cette question. Probablement d'ailleurs,
dès la reprise des travaux cet après-midi.
M. GERIN-LAJOIE: Merci. Alors, M. le Président, quant à
moi, je n'ai pas d'autre question sur ce problème de
Saint-Léonard.
M. LE PRESIDENT: Ah, bon! ça va. D'autres questions sur le
problème de Saint-Léonard?
M. GERIN-LAJOIE: Au sujet du poste budgétaire 16, d'une
façon générale, est-ce que je pourrais vous proposer la
procédure suivante? Un domaine assez vaste. Je pense que M. le ministre
et tout le monde en conviendront. Toute la question des subventions aux
commissions scolaires, en somme, englobe le problème complet de
l'administration des commissions scolaires au Québec. Alors, c'est donc
un domaine très vaste. Est-ce que je puis suggérer que nous
commencions par des questions de politique générale, et que nous
réservions pour après les questions particulières à
telle ou telle commission scolaire? Parce que nous savons que les
députés ont généralement un certain nombre de
questions particulières. Alors, je propose cette procédure pour
faciliter en somme, l'ordre dans les débats, si cela peut convenir.
M. CARDINAL: Je suis entièrement d'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Pour ouvrir les questions d'ordre
général, j'aimerais commencer par certaines questions,
peut-être éventuellement certains commentaires, en ce qui concerne
le problème des emprunts de banque par les commissions scolaires.
Est-ce que le ministre est en mesure à ce moment-ci de nous dire
quel est le montant des emprunts de banque, au moment présent ou
à la date la plus récente, pour l'ensemble des commissions
scolaires du Québec?
M. CARDINAL: Si l'on peut me donner quelques instants, je vais les
découvrir.
Le total et présentement quand je dis présentement,
cela date peut-être de la fin d'avril $172,300,000 pour fins
d'opération. Ce sont des emprunts temporaires des commissions scolaires
régionales et locales, pour fins d'opérations courantes.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire
quelles ont été les variations mensuelles ou périodiques,
trimestrielles, de ces emprunts, au cours des douze derniers mois?
M. CARDINAL: Je ne serais pas en mesure de les donner
immédiatement, mais le relevé peut être fait, si on le
demande.
M. GERIN-LAJOIE: Selon les renseignements que j'ai et
l'expérience que je puis avoir, j'ai l'impression, j'ignore si le
ministre est en mesure de confirmer cette impression, que ce montant se
maintient, relativement parlant, tout le long de l'année. Il y a
certaines fluctuations, mais si, d'une part, à des périodes
données, il y a des remboursements de faits par les commissions
scolaires, d'autre part, il y a de nouveaux crédits qui sont
demandés par les commissions scolaires, peut-être pas les
mêmes à ce moment-là, mais dans l'ensemble, le montant se
maintient.
M. CARDINAL: Nous pouvons faire le relevé, mais disons que,
généralement, ce qui vient d'être affirmé est vrai.
Les variations se font au moment où nous payons les subventions et la
situation, si j'ose dire, se rétablit au même niveau par la suite.
Est-ce que vous désirez que le relevé soit fait?
M. GERIN-LAJOIE: Non, avec ce que le ministre me dit là, je veux
être sûr que l'on ne dira pas que ça baisse de moitié
pour toute une période.
M. CARDINAL: Non, le chiffre que j'ai donné n'est ni un chiffre
record, quant à un maximum ou un minimum. Ce n'est pas non plus une
moyenne, c'est le chiffre, I la fin d'avril. Et on le prendrait à
d'autres périodes et on arriverait à des résultats qui
seraient sensiblement les mêmes.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre peut me dire, à ce
moment-ci j'ignore si ses fonctionnaires ont les renseignements
quel a été le chiffre correspondant pour la même
période l'an dernier et l'année d'avant, approximativement?
M. CARDINAL: En 1967, de mémoire, à la même date, le
chiffre serait de $140 millions à $150 millions, au lieu de $172
millions. Il y a deux ans, malheureusement cela dépasse ma
mémoire, n'y étant pas à ce moment-là, et
malheureusement mes fonctionnaires n'ont pas les chiffres ici.
M. GERIN-LAJOIE: Ils y étaient, mais cela dépasse leur
mémoire.
M. CARDINAL: Est-ce que le député s'en souvient?
M. GERIN-LAJOIE: Non.
M. CARDINAL: Est-ce qu'il désire absolument avoir le chiffre?
M. GERIN-LAJOIE: Non, merci. Alors, M. le Président, à ce
sujet-là, j'aimerais faire les commentaires suivants: Les emprunts
temporaires de banque des commissions scolaires le ministre sera
sûrement d'accord avec la première affirmation que je vais faire
posent un problème véritable. Le montant de ces emprunts
augmente d'année en année, sans doute à mesure
qu'augmentent les dépenses, les budgets des commissions scolaires. Mais
qu'elles qu'en soient les causes, les augmentations d'emprunts de banque,
d'année en année, constituent un problème de financement
et le coût de l'enseignement, le coût de l'opération des
commissions scolaires est assez considérable. Seulement d'une
année à l'autre, selon les chiffres approximatifs que vient de
nous donner M. le ministre, il y a une augmentation d'au-delà de $25
millions ou $30 millions sur un chiffre, l'an dernier, de $140 millions
à $150 millions.
Je pense que c'est là une progression très
considérable qui doit nous alarmer beaucoup. Elle doit nous alarmer pour
deux raisons. D'abord, parce que de fonctionner de cette
façon-là, avec des emprunts temporaires qui augmentent
d'année en année, je pense que c'est une indication de mauvaise
administration, dans le sens de mauvais régime administratif. Je pense
que de la part des commissions scolaires, c'est une sorte d'administration qui
rappelle trop la bonne franquette des petits budgets de nature familiale des
commissions scolaires, d'il y a longtemps, dans nos paroisses. Je pense
qu'aujourd'hui, alors que nos commissions scolaires sont rendues à
administrer des budgets de plusieurs millions de dollars, qui mettent en cause,
par conséquent, des sommes fantastiques dans toute la province, je pense
qu'il faut établir non seulement des règles, mais des
procédures administratives qui évitent des situations comme
celle-là.
Et je pense que d'un point de vue financier, la chose est
particulièrement grave. Si l'on prend le chiffre de $172 millions que le
ministre vient de nous mentionner, comme un chiffre assez juste, comme
représentant les emprunts des commissions scolaires à
l'époque actuelle et que l'on calcule à un taux
d'intérêt bancaire courant, disons 8% cela pourra
peut-être être 7 3/4% on constate que pour une année,
c'est une somme de $14 millions qui est en cause. Une somme de $14 millions, je
pense que cela doit faire réfléchir le gouvernement et toute
administration.
Je pense qu'au moment où l'on parle d'économie, de
régime d'austérité, de difficultés à faire
face à ses obligations financières j'envisage, à ce
moment-ci, l'ensemble du gouvernement et non pas seulement le ministère
de l'Education - à un moment où le gouvernement doit augmenter
les impôts pour faire face à ses obligations, des impôts qui
touchent les tout petits contribuables autant que les autres et peut-être
davantage les petits, je ne veux pas reprendre les débats du discours du
budget, je pense qu'une somme de $14 millions, c'est une somme sur laquelle il
faut vraiment s'arrêter. Et quand on songe à l'intérieur du
budget du ministère de l'Education, qu'une somme de $14 millions serait
presque suffisante pour établir la gratuité scolaire à
l'université, par exemple, je pense que ça doit faire
réfléchir encore davantage. Quand je parle de gratuité
scolaire à l'université, disons que je me rapporte d'une part au
chiffre de $20 millions que nous a mentionné le ministre à une
séance antérieure, comme étant le coût possible,
approximatif, de la gratuité scolaire au niveau de l'université,
et je m'en rapporte d'autre part à mes calculs faits très grosso
modo sur une population étudiante universitaire d'environ 30,000
étudiants, à un coût approximatif et moyen de $500 par
étudiant, ce qui fait au total $15 millions. Mais qu'il s'agisse de $15
millions ou de $20 millions, la somme de $14 millions, payée en
intérêt sur les emprunts bancaires des commissions scolaires en
une seule année, je pense que c'est là une situation qui doit
inviter l'Opposition à l'Assemblée législative, et la
population en général, à s'Interroger très
sérieusement sur l'efficacité de l'administration scolaire au
Québec.
J'ai mentionné $14 millions, mais si l'on ajoutait, par
hypothèse de travail, aux emprunts des commissions scolaires, ceux des
hôpitaux qui sont dus également à des relations
financières avec le gouvernement, ceux des institutions privées
dans le domaine de l'enseignement, c'est encore $40 à $50 millions,
selon les renseignements que j'ai pu obtenir à diffé-
rentes sources, qu'il faudrait ajouter. Et je ne parle pas des emprunts
faits par les municipalités de la province, qui
s'élèveraient à une somme d'environ $150 millions. Tous
ces chiffres ensemble font des sommes d'intérêt fantastiques, de
l'ordre d'une quarantaine de millions de dollars. Toutes ne relèvent pas
bien sûr je pense que ç'a été bien
clair du ministère de l'Education, mais toutes relèvent de
l'administration de la province et de l'administration du gouvernement de la
province.
Je pense que c'est là un gaspillage pur et simple que le
Québec ne peut se permettre. C'est un gaspillage, parce qu'avec une
saine administration, avec des impôts perçus au bon moment, avec
des subventions payées au bon moment, avec une répartition des
dépenses à des périodes déterminées pendant
l'année d'opération des commissions scolaires et des autres
secteurs de l'administration scolaire au Québec, on pourrait
éviter la très grande partie de ces dépenses
d'intérêts résultant d'emprunts temporaires faits par les
commissions scolaires au Québec.
Alors, M. le Président, j'ai voulu attirer succinctement, mais
aussi clairement que possible, l'attention du ministre sur cette situation, une
situation qui n'est pas née sous l'administration du ministre actuel de
l'Education, une situation qui a ses origines très lointaines dans
l'administration des commissions scolaires, dans l'administration des budgets
gouvernementaux, qu'il s'agisse du ministère actuel de l'Education ou
des anciens ministères, celui de la Jeunesse ou celui de l'Instruction
publique.
Mais, ce que je veux mettre en lumière, à ce moment-ci,
c'est que la situation, au lieu de s'améliorer, comme les contribuables
sont en droit de s'y attendre, s'aggrave d'année en année. A
preuve, cette augmentation de $25 millions à $30 millions dans les
emprunts en une seule année.
M. le Président, je pense que cette situation est absolument
intolérable et que le ministre devrait être appelé à
nous indiquer quelles mesures il entend prendre, au cours des mois à
venir, pour corriger cette situation?
M. CARDINAL: M. le Président, le montant d'emprunt s'était
accru, par rapport à l'an passé mais cet accroissement, disons,
d'une moyenne de $145 millions à $172 millions, est sensiblement le
même accroissement que l'on retrouve dans le coût des
opérations, c'est-à-dire que, proportionnellement, le nombre
d'emprunts par rapport au coût total est le même. Il n'y a pas un
accroissement véritable dans la partie financée temporairement
auprès des banques.
Le problème du financement est donc dans le fond, pour une
partie, un problème de coût. Des projets précis, de
nouveaux modes de financement, sont actuellement à l'étude, et au
ministère des Finances et au ministère de l'Education. Nous avons
mentionné tantôt « période d'austérité
». Je ne parle pas à la place du ministère des Finances ou
du gouvernement. A plusieurs reprises je suis revenu sur le fait qu'au
ministère de l'Education, je n'avais pas parlé de période
d'austérité, malgré le titre dont on avait coiffé
l'une de mes conférences, mais d'une opération
d'efficacité.
M. GERIN-LAJOIE: Si vous voulez me permettre, soit dit en passant
que...
M. CARDINAL: D'accord, ça ne contredit pas ce que je viens
d'affirmer. Le gros effort consiste donc à faire, d'une part, une
régularisation de la croissance des coûts et, d'autre part,
vraiment continuer l'opération efficacité.
C'est un problème, on vient de le mentionner, qui existe depuis
nombre d'années, sous toutes les administrations. Ces modes de
financement que nous conservons sont un héritage de l'histoire auquel
d'ailleurs il suffit de voir les réactions lorsqu'on en parle
tiennent une partie de la population et une partie des administrateurs
scolaires.
J'ai déjà d'ailleurs exprimé publiquement, à
la télévision, mes opinions personnelles sur les modes et les
moyens de financement des commisssions scolaires. C'étaient des opinions
personnelles. En résumé, ça consiste à ne pas
être satisfait des moyens actuels. Enfin, au niveau du collège, si
on dépasse la commission scolaire ou au niveau de l'université,
parce qu'on a dépassé ce niveau dans l'intervention, il y a
présentement et c'est une première étape une
étude qui est faite pour avoir de nouvelles façons de financer
ces établissements. D'ailleurs, dans la loi-cadre de l'enseignement
supérieur qui sera présentée, il y a tout un chapitre qui
est prévu sur les modes de financement à ce niveau, mode de
financement qui pourra ensuite, si on veut, s'étendre par le bas, vers
d'autres structures.
Il existe, de plus, un comité interministériel, où
des représentants particuliers de la direction du financement du
ministère, est représentée particulièrement avec
des représentants du ministère des Finances pour étudier
cette question globale du financement.
De toute manière, il faut financer soit par des emprunts, soit
par des taxes; je ne pense pas qu'aucun gouvernement n'ait encore
inventé d'autres modes. La seule question: A quel niveau est-il plus
rentable, plus normal, plus
juste, plus efficace d'effectuer des accroissements dans les emprunts ou
dans les taxes? Je ne suis pas le ministre des Finances; je n'ai pas
l'intention de prendre sa place pour défendre une thèse ou une
autre.
Pour répondre, enfin, à la question qui termine
l'intervention, les deux étapes qui sont prises sont donc, d'une part,
étude d'une législation permettant, à tous les niveaux, de
nouveaux modes de financement et d'autre part, comité
interministériel pour étudier cette situation et voir l'action
qui pourrait être entreprise pour que cette situation ne se
perpétue pas indéfiniment. Encore une fois je reviens sur une
phrase que j'ai mentionnée parce que cela me paraît la clé,
c'est que l'un des sujets très précis d'étude de ce
comité, c'est de régulariser la croissance des coûts. C'est
certainement là qu'au départ on résout en partie le
financement en diminuant, si vous voulez, l'impact.
M. GERIN-LAJOIE: Je remercie le ministre de son intervention. Je
comprends très bien que le problème de la croissance des
coûts est pour une grande part à la base du problème des
emprunts dont j'ai fait mention mais il y a véritablement le
ministre ne l'a pas nié, mais j'ai l'impression que, s'il n'a pas
escamoté, il n'a pas beaucoup insisté un problème
d'administration aux différents niveaux. D'abord, le ministre a dit
qu'il fallait que l'éducation se finance soit par les taxes, soit par
les emprunts...
M. CARDINAL: Evidemment, ça finit toujours par des taxes quand
même.
M. GERIN-LAJOIE: Cela finit toujours par les taxes.
M. CARDINAL: C'est la différence entre le court terme, le moyen
terme et le plus long terme.
M. GERIN-LAJOIE: Mais ce que je veux signaler, M. le Président,
c'est que ce n'est pas principalement un problème de niveau des taxes.
C'est un problème de l'efficacité de la perception des taxes et
c'est un problème du moment de la perception des taxes dans une grande
mesure. Et ce problème de la perception des taxes, son
efficacité, son calendrier, il se pose à deux niveaux. Il se pose
au niveau du gouvernement provincial et il se pose au niveau des commissions
scolaires. Je comprends très bien que ce n'est pas le ministre et que ce
ne sont pas les fonctionnaires du ministère de l'Education qui sont
responsables de la perception des taxes des commissions scolaires. Seulement
l'administration scolaire de la province, même pour la tâche qui
est confiée aux commissions scolaires, aux organismes locaux, demeure
pour une part, dans ses principes, une responsabilité du
ministère de l'Education. Je pense que le ministère a la
responsabilité de voir à l'établissement d'un
système de perception des taxes locales qui soit efficace et de voir
à ce que ce système soit mis en application au niveau provincial.
Bien sûr que ce n'est pas la responsabilité du ministre de
l'Education mais je pense que l'étude des crédits du
ministère de l'Education est une occasion autorisée, pour des
députés à l'Assemblée législative de
démontrer qu'il y a un problème qui relève du gouvernement
de la province même s'il ne relève pas du ministre de l'Education
comme tel.
Alors, après avoir souligné, M. le Président, que
ce n'est pas à mon avis, d'abord un problème de nouvelles taxes,
mais que c'est beaucoup plus un problème d'efficacité dans le
système des échéances de perception et de
l'efficacité de l'administration du système de taxation au niveau
scolaire et au niveau de l'administration provinciale, je dis que les sommes
d'intérêt de l'ordre de $20 millions pour les commissions
scolaires et les institutions privées, c'est un gaspillage qui constitue
à mon point de vue, un scandale. Quand je vois les étudiants et
bien d'autres que les étudiants au Québec réclamer avec
insistance, l'établissement de la gratuité au niveau de
l'enseignement universitaire, la gratuité de la fréquentation de
l'enseignement universitaire et que le gouvernement parle d'étapes
à établir, que le gouvernement est même obligé de
dire que ce sont des étapes à fixer dans l'avenir, étapes
qu'il n'est même pas en mesure d'établir et encore moins de rendre
publiques, à l'heure actuelle, je me dis que les étudiants ont
raison, le public qui appuie les étudiants a raison. Ces $15 à
$20 millions d'intérêt, il faudrait que nous cessions de les
payer, dans le plus bref délai possible, et je veux dire d'ici 1 an ou 1
1/2 an, et que nous affections cette somme, par exemple, à une fin comme
la gratuité de l'enseignement universitaire.
M. CARDINAL: M. le Président, je dirais que je serais presque
entièrement d'accord avec le député de
Vaudreuil-Soulanges, s'il n'avait pas prononcé le mot scandale.
Cependant, je le prends dans un autre contexte. Je dirai que tous ici, tant que
nous sommes, nous croyons voir certains scandales dans la situation actuelle,
que nous nous sommes lancés dans la vie
que nous menons aujourd'hui et que nous tentons de les corriger.
M. GERIN-LAJOIE: Je félicite M. le ministre.
M. CARDINAL: Le système fiscal est au niveau donc des commissions
scolaires et au niveau gouvernemental, d'accord. Au niveau des commissions
scolaires, le regroupement qui s'opère et dont j'ai mentionné
hier, qu'il commençait seulement à s'accélérer, va
aider déjà à résoudre le problème, en ce
sens que moins il y aura de petites unités qui ont de grandes
difficultés dans la perception, qui ont des retards et doivent en
conséquence, se financer à court terme, qui multiplient partout
à travers la province un même système de perception, en
accord avec les municipalités, sans oublier dans certains coins, la
cotisation pour fins de réparation, de construction d'église,
etc.
Le regroupement déjà va diminuer un grand nombre de
problèmes dans la perception même. Tant que le système
fiscal, cependant, au niveau des commissions scolaires sera ce qu'il est
présentement, malgré le regroupement, il demeurera, malgré
tout cela, une certaine difficulté de perception. Et c'est pourquoi,
sans annoncer aucune politique, l'on sait qu'on étudie,
présentement, cette question de la fiscalité scolaire, j'entends
par impôts fonciers. D'ailleurs, le rapport Bélanger
déjà faisait des recommandations à ce sujet.
Au niveau gouvernemental, Je suis d'accord que ceci concerne tout le
gouvernement et que l'on peut profiter du budget du ministère de
l'Education, qui est une partie importante des dépenses du gouvernement,
pour faire ses commentaires à ce sujet, et le ministre de l'Education se
fera le porte-parole, en plus du journal des Débats, auprès des
autres membres du gouvernement.
M. GERIN-LAJOIE: Il faudrait que le ministre fasse un
résumé, je pense bien.
M. CARDINAL: Pourquoi pas? De toute façon, pour revenir au
problème à un autre niveau, je pense qu'il faut d'abord, dans ce
domaine, refaire des structures qui, justement, permettront un financement plus
valable, plus viable, plus adapté aux tâches que l'on trouve dans
le domaine de l'Education. Si l'on prend, tantôt, l'exemple de
l'hospitalisation, il est bien évident que la fiscalité actuelle
qui est l'héritage du passé, serait aussi justifiée, c'est
une façon de dire les choses, dans le domaine de l'hospitalisation que
dans le domaine de l'Education. Il faudra, après avoir adopté de
nouvelles structures qui sont en marche c'est le regroupement
avoir étudié de nouveaux modes de financement, des études
sont en marche, trouver de nouvelles opérations et voir à les
conserver saines, au fur et à mesure qu'elles seront
établies.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans le même domaine cela a
peut-être été mentionné, je suis arrivé en
retard, et si cela l'a été, on peut m'interrompre tout de suite,
je lirai le journal des Débats - le ministre parle de restructurer.
Hier encore, on entendait ça, et c'est sûrement valable, de
restructurer les unités de perception communes, en particulier de
regrouper ces petites unités locales extraordinairement endettées
à travers le Québec, de façon qu'au moins il y ait ce
départ pour plus d'efficacité. Mais ça, ça implique
le maintien de la taxe foncière du côté scolaire, si je
comprends bien.
Je voudrais rappeler au ministre et lui demander si ça continue
à exister dans l'esprit du gouvernement, qu'avant qu'il soit ministre,
sous le ministre de la Justice actuel, au moment d'un bill, et Dieu sait que
ça été très solennel, au moment d'un bill local, je
crois que c'était celui de Montréal, l'an dernier, très
solennellement, le premier ministre, flanqué du ministre des Finances,
avait annoncé que dans des délais assez brefs et l'on
croyait que ça pouvait être cette année il
annoncerait un plan précis qui, par étapes, éliminerait
justement le fardeau scolaire de la taxe foncière, parce que ce fardeau
est en train de gruger d'une façon absolument inouïe, en fonction
des charges qu'elles sont obligées d'assumer, le budget des
municipalités à travers tout le Québec.
Evidemment, il y a une sorte de cercle vicieux là. Mais, pour
simplifier ma question et la rendre plus précise en même temps, si
le ministre nous annonce que l'on va restructurer et rendre plus efficace un
système dont le premier ministre a annoncé l'an dernier en
prévoir la fin, il l'annonçait même solennellement comme
l'une des intentions précises du gouvernement, là, j'avoue que je
ne comprends pas très bien.
M. CARDINAL: Je pense que je pourrais vous donner une explication,
puisque vous étiez absent au début. Si nous employons le terme
« restructuration », il y a deux restructurations. Il y a celle des
unités même des commissions scolaires qui tomberaient disons de
1,600 à 200 environ. C'est déjà une restructuration
importante dans la fiscalité scolaire.
M. LEVESQUE (Laurier): Au point de vue administration, en tout cas c'est
bien sûr!
M. CARDINAL: Au point de vue de la perception, au point de vue de
l'administration, au point de vue de la répétition, etc.
M. GERIN-LAJOIE: Cela ne change pas le fardeau fiscal du
contribuable.
M. CARDINAL: Cela pourrait le changer, mais enfin je ne m'embarquerai
pas dans la philosophie qui pourrait dépendre du phénomène
de la régionalisation.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais enfin, il reste qu'il y a une solution..
M. CARDINAL: II reste, deuxièmement, là je vais arriver
à la question précise, que l'intention du gouvernement
exprimée l'année dernière est encore la même. C'est
pourquoi j'ai mentionné tantôt qu'il y avait un comité, le
sous-ministre des Finances, l'honorable ministre des Finances l'a d'ailleurs
déjà mentionné en Chambre.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est ça qui se cachait
là-dessous.
M. CARDINAL: Je n'ai rien voulu cacher.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, non, mais je veux dire que c'est ça
que...
M. CARDINAL: II y avait un comité qui étudiait ceci. A ce
comité d'ailleurs on a fait venir des fonctionnaires du ministère
de l'Education. J'ajoute que déjà je l'ai dit tantôt
et je le répète publiquement j'ai donné mes
opinions personnelles à ce sujet. C'était à
l'émission 2 plus 1, où, à une question très
précise, j'avais répondu très précisément
que moi, personnellement et là je développe un peu plus ce
que je disais au député de Vaudreuil-Soulanges je ne vois
pas la relation entre la taxe foncière et l'éducation.
M. BINETTE: M. le Président, pour enchaîner dans ce
domaine, en attendant que la restructuration soit faite sur le plan local,
est-ce que le ministre envisage, sur le plan de l'efficacité, une
façon, une politique pour avancer, pour approuver plus rapidement les
budgets des commissions scolaires? Je crois que les retards à approuver
les budgets des commissions scolaires causent nécessairement de
l'inefficacité et retardent le paiement des sub- ventions
d'équilibre budgétaire, retardent le paiement d'autres
subventions et, à ce moment-là, ce serait peut-être, dans
l'immédiat, une façon de régler le problème,
c'est-à-dire de donner un peu plus d'efficacité à
l'administration, en essayant de trouver une politique d'approbation de budget
qui puisse se faire avant que l'année ne soit terminée, parce que
la plupart des budgets seront approuvés au milieu de juillet 1968 et ce
sont les budgets de 67/68. Alors, quand on dit budget, on dit que c'est une
prévision budgétaire et on approuve la prévision
budgétaire une fois que la dépense est faite.
C'est une des très grandes anomalies qui se trouvent actuellement
au ministère de l'Education.
Remarquez bien que je n'en fais pas reproche au ministre lui-même,
parce que je sais que l'approbation de ses budgets dépend
évidemment des...
M. GERIN-LAJOIE: Pourquoi pas?
M. BINETTE: Je sais que l'approbation des budgets dépend, non
seulement du ministère de l'Education, mais des commissions scolaires
locales et régionales. Cela, c'est entendu. Mais sur ce plan-là,
est-ce qu'il n'y aurait pas une politique ou des directives que pourrait donner
le ministre aux commissions scolaires pour qu'elles soumettent leur budget plus
rapidement et que le ministère lui-même approuve ces budgets plus
rapidement, afin que les commissions scolaires reçoivent à temps
leurs subventions d'équilibre budgétaire et autres, pour
éviter à ces commissions scolaires d'emprunter des montants
considérables aux banques et pour réduire justement ce montant de
$14 millions à $20 millions qui est actuellement payé en
intérêt, à cause de l'inefficacité.
M. CARDINAL: Non seulement le ministre y pense mais il y a
déjà des choses de faites. La première, c'est qu'on a
séparé l'approbation des budgets du paiement des subventions
d'équilibre budgétaire. Les subventions remises aux commissions
scolaires sont basées sur le dernier budget approuvé et non plus
sur le budget de l'année. Ayant séparé les deux
opérations, il est possible d'aller plus rapidement dans le paiement des
subventions et d'empêcher un certain nombre d'emprunts temporaires qui
deviendraient moins temporaires.
M. BINETTE: Ce ne sont pas les subventions d'équilibre
budgétaire.
M. CARDINAL: Oui. Elles sont actuellement séparées de
l'approbation des budgets.
Deuxième chose, nous avons déjà au
ministère, commencé une opération je ne sais pas
comment je l'appellerais en français un « craft program
» pour que l'approbation des budgets soit accélérée.
De fait, on a annoncé dans divers journaux récemment qu'un
certain nombre de budgets étaient déjà approuvés et
que nous continuions. Cela m'a préoccupé dès mon
entrée au ministère.
Troisièmement, c'est que la perception de la taxe, dans les
commissions scolaires à travers la province, n'est pas
nécessairement aux mêmes dates, ni au même rythme. De ce
côté-là aussi, c'est rattaché à tout ce que
j'ai dit tantôt. J'ai demandé qu'on fasse un effort particulier
et, s'il y a lieu, qu'on amende la législation pour qu'on puisse
réunir éventuellement, pour autant que le système demeure,
la perception de la taxe, l'établissement du budget, l'approbation du
budget donc et le paiement des subventions. Mais, pour le moment, nous avons
séparé les trois opérations pour permettre qu'au moins
l'approbation des budgets et l'émission des chèques par le
ministère des Finances à la demande du ministère de
l'Education se fasse plus rapidement. Et de fait, si on a suivi les
débats en Chambre depuis les cinq derniers mois, où il y a eu des
questions assez nombreuses sur les paiements de subventions aux commissions
scolaires, on constatera qu'infailliblement la réponse a toujours
été la même, lorsqu'elle a été donnée,
c'est qu'hier, aujourd'hui ou cette semaine un chèque partira.
Alors, de fait, nous avons déjà, dans les derniers mois,
accéléré le paiement des subventions à la suite de
cette séparation qui a été faite entre les diverses
opérations et nous sommes présentement à trouver non
seulement des moyens, mais à établir une procédure pour
permettre une plus grande rapidité dans l'approbation des budgets, pour
autant évidemment qu'ils seront reçus.
M. BINETTE: Nous savons qu'actuellement les commissions scolaires
prélèvent 90% du montant de la taxe de l'année
précédente. Alors, ce n'est pas là que le coût des
emprunts augmente. Vous payez actuellement les subventions assez au jour le
jour sauf les subventions d'équilibre budgétaire qui ne peuvent
pas être payées avant l'approbation du budget.
M. CARDINAL: Non, pardon, elles sont payées sur la base du budget
antérieur, même si le budget de l'année n'est pas
approuvé. Nous avons séparé les deux pour pouvoir
hâter le paiement. L'opération n'est pas suffisamment
avancée pour qu'on ait une avance, je suis d'accord.
M. GERIN-LAJOIE: C'est une subvention incomplète.
M. CARDINAL: Oui, c'est une partie de la subvention, c'est exact. Mais
c'est quand même un progrès sur la situation qui existerait si
nous attendions l'approbation du budget pour commencer le paiement.
M. BINETTE: Mais est-ce que vous allez donner des directives?
M. CARDINAL: Par exemple, le premier versement est sur la base de 50% de
la subvention de l'année scolaire 1966-1967. Le deuxième montant
est porté à 75% de la subvention telle que calculée pour
le budget de l'année scolaire 1967-1968. Et le dernier versement se fait
après l'approbation du budget.
M. BINETTE: C'est cela qui représenterait $172 millions
d'emprunts par les commissions scolaires?
M. CARDINAL: Distinguons, parce qu'il y a bien des nuances à
apporter ici. $172.3 millions représentent à la fois les emprunts
par les commissions scolaires locales et régionales. Or, dans les
régionales, il n'y a pas d'impôt scolaire et il n'y a pas de
subvention d'équilibre budgétaire.
M. BINETTE: Quelle est la proportion entre les locales et les
régionales. Est-ce que vous pourriez nous la donner?
M. CARDINAL: On ne pourrait pas la donner comme cela,
immédiatement.
M. BINETTE: Ce n'est pas plus important que cela, mais tout de
même c'est pour savoir d'où vient le défaut?
M. CARDINAL: Le chiffre le plus près que je pourrais donner, je
le donne sous réserve, il y aurait présentement environ $60
millions dus par les locales aux régionales. Et il y a un autre
phénomène dont on n'a pas parlé depuis le début,
c'est que certaines locales, ou parce qu'elles sont en retard dans la
perception, ou parce que la perception est lente, ou pour d'autres raisons,
sont en retard dans ce qu'elles doivent verser à la
régionale.
M. BINETTE: Je prends un exemple concret, la commission scolaire locale
de Saint-Eusta-che. Elle a actuellement un montant d'emprunt qui
s'élève à $500,000 et actuellement...
M. CARDINAL: Emprunt temporaire?
M. BINETTE: Oui, temporaire. Je sais qu'elle a perçu en majeure
partie, soit 90% de sa taxe foncière. Ce qui veut dire que ça
représente quand même, pour une commission scolaire locale, un
montant assez considérable d'emprunt temporaire, alors qu'elle a
perçu 90% de son budget.
M. CARDINAL: De son impôt.
M. BINETTE: De son impôt. Alors, d'accord. A ce moment-là,
est-ce que les $500,000 ne viennent pas de la seule différence entre les
10% qui n'ont pas été perçus et l'ajustement pour
l'année courante?
M. CARDINAL: Je ne le saurais pas pour cette année.
M. BINETTE: Non, mais dans les commissions scolaires, je me pose la
question. Est-ce que cette différence de $500,000 sur un budget de $1.5
million, mettons, qui représente le tiers, provient seulement des 10% et
de l'augmentation de la taxe pour l'année courante et du manque de
paiement des subventions du gouvernement?
M. CARDINAL: Je ne croirais pas, ce serait généraliser. Je
pense que les cas sont très différents d'une commission scolaire
à une autre, ça peut-être, dans le cas des locales et des
régionales, une mauvaise perception pour toutes sortes de raisons, parce
que les gens ne paient pas ou parce que le système de perception est
mauvais ou parce qu'il n'y a pas de personnel et ça peut être des
délais dans les approbations du budget qui retardent le
ministère. Dans chaque cas, si nous en faisons l'étude, nous
sommes obligés de le faire chaque fois qu'il y a un réajustement
à faire. Il peut y avoir des raisons différentes. C'est
certainement, l'une des raisons possibles mais ça n'expliquerait pas
tout. Je pense que les raisons que l'on a données tantôt, le
système tel qu'il existe, les difficultés administratives qu'il
impose en lui-même, sont les raisons valables.
M. BINETTE: Mais une chose que je m'explique mal, c'est...
M. CARDINAL: II y a aussi autre chose, les dépenses
inadmissibles.
M. BINETTE: Oui, mais une chose que je m'explique un peu difficilement,
il semblerait qu'à la direction générale du financement,
le personnel n'a pas été complété suivant les
demandes que vous aviez prévues pour l'an passé.
M. CARDINAL: C'est exact.
M. BINETTE: Et il manque de personnel à ce moment-là et
est-ce que l'on fait un effort pour trouver le personnel voulu, pour voir
à l'approbation de ces budgets?
M. CARDINAL: Dans toutes les directions générales, l'on
fait plus que des efforts pour trouver le personnel voulu. C'est une autre
question que de savoir pourquoi, dans les divers services du gouvernement, il
est difficile de trouver tout le personnel voulu, dans une année
donnée.
M. BINETTE: Mais il me semble que sur ce point vital qui est une cause
de l'augmentation du coût de l'administration, il serait
nécessaire que le ministre de l'Education insiste pour obtenir le
personnel voulu, au moins à ce poste-Il, qui est un poste clé, un
poste où évidemment l'efficacité pourrait y gagner.
M. CARDINAL: Vous savez qu'en certains milieux, on a justement
reproché au ministre de se préoccuper d'abord des moyens
d'administration et de financement. Par conséquent, je suis
déjà très sensibilisé à ce
problème.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait
nous fournir des renseignements plus précis, au sujet des budgets des
commissions scolaires? D'abord, est-ce que tous les budgets de l'année
scolaire 1966-1967 ont été analysés et
approuvés?
M. CARDINAL: Tous sont analysés et une vingtaine ne sont pas
approuvés.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre peut nous dire le nombre de ceux
qui ont été approuvés, s'il y en a 1,600 ou ...
M. CARDINAL: Disons 1,500.
M. GERIN-LAJOIE: Ont-il été approuvés depuis
quelque temps? Depuis quelques mois ou quelques semaines?
M. CARDINAL: Depuis bien des mois. Et certainement quelque temps.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, quant au budget 1967-1968, l'année
courante, ou en venait le traitement en terme mécanographique ou
autrement de ces budgets au ministère et de leur approbation de
façon plus spécifique?
M. CARDINAL: Le nombre de commissions régionales est de 64; celui
des commissions scolaires locales, que j'appellerais grosses, est de 257 et
celles que que j'appellerais petites, 1,216; c'est-à-dire qu'il y a
1,537 commissions scolaires intéressées au moment où le
tableau que j'ai devant moi a été fait. Dans les documents qui
sont reçus, il y a 63 des commissions scolaires régionales,
c'est-à-dire qu'il en manque encore une; il y en a 227 locales,
c'est-à-dire qu'il en manque 30; il y a 1,069 locales du
troisième groupe, c'est-à-dire qu'il en manque un peu plus. Il
faut, pour faire l'opération sur la mécanographie, perforer des
cartes, valider le système, le vérifier, le normaliser, etc.,
avant d'arriver aux résultats finals.
Actuellement, la taxe est déterminée, c'est-à-dire
que l'analyse est complétée, il y a une signification, dans 42
commissions régionales, sur 64 qui ont fourni des chiffres, nombre
total. Dans le cas des commissions scolaires locales, deuxième groupe,
il y en a 43, et les chiffres sont très récents je vous
donne ça et cela date du mois je juin il y en a 43 pour
lesquelles l'analyse est complétée avec les mêmes
normalités indiquées tantôt sur 227 documents reçus,
avec la différence que j'ai indiquée aussi de ceux qui ne sont
pas reçus; et quant aux commissions scolaires locales, moins grandes, je
n'ai pas le chiffre devant moi.
M. GERIN-LAJOIE: Sur combien? 1,200?
M. CARDINAL: Ce qui veut dire qu'il y en a 85 sur 1,216 possible. Il y
en a 1,169 qui ont envoyé des documents.
Nous prévoyons, de plus, dans le premier cas et le
deuxième cas, c'est-à-dire, les régionales et les plus
importantes commissions scolaires locales, terminer le 20 juin pour toutes les
commissions scolaires dont nous avons reçu les documents.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, ma première question: sur les 1,100 et
quelques commissions scolaires locales, mentionnées en dernier lieu par
le ministre, celui-ci n'est pas en mesure de nous donner une idée
du...
M. CARDINAL: Je vais vérifier tout de suite. Dans ce dernier
groupe, où nous avons reçu les documents, toutes les commissions
scolaires ont été informées du taux normalisé de la
taxe, mais il n'y a aucune approbation de budget.
M. GERIN-LAJOIE: Dans les cas où les budgets ont
été analysés pour les régionales et certaines
grosses commissions scolaires, un peu plus qu'une quarantaine dans chaque cas,
si j'ai bien pris les chiffres...
M. CARDINAL: C'est 42 et 43. M. GERIN-LAJOIE: C'est bien ça.
M. CARDINAL: Mais tout sera terminé d'ici, nous sommes le 14
aujourd'hui, la semaine prochaine, dans six jours, pour ces deux
groupes-là.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre nous a dit que ces budgets-là, 42 et
43, avaient été analysés. Est-ce que cela veut dire que
des approbations ont été signifiées aux commissions
scolaires?
M. CARDINAL: Non, cela veut dire que la commission scolaire a
déjà reçu la signification de son taux normalisé
pour fin de taxation.
Je me corrige. Dans chacun de ces cas-là, de plus, elles ont
reçu l'approbation du budget.
M. GERIN-LAJOIE: II y a un de mes collègues qui voudrait poser
une question.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Duplessis.
M. COITEUX: Est-ce que le ministre pourrait nous dire sur quel
barème l'on se base pour normaliser la taxe? De quels facteurs tient-on
compte?
M. CARDINAL: Ceci est très technique. Je peux vous donner le
résumé de la formule. Il y a une formule mathématique
très précise d'établie, et d'ailleurs il y a une
explication générale qui est donnée dans un document que
j'ai distribué hier. Si vous désirez que je donne les deux pages
qui expliquent...
M. COITEUX: Non, voici, ma question est beaucoup plus pratique. C'est
parce qu'il apparaîtrait que dans certains cas, je n'accuse personne, je
l'ignore, ç'a peut-être été fait, mais vous prenez
des paroisses, par exemple, com-
me Natashquan, Aguanish, où les gens reçoivent, à
un moment donné, une taxe normalisée qui augmente lorsque baisse
le revenu moyen des résidants de ces endroits. Alors, je me demande si
les facteurs, à ce moment-là, ne sont pas trop théoriques
qui militent vers une décision à l'effet que ces taux de taxe
sont normalisés, il y a une augmentation. Ces gens-là n'ont pas
reçu la visite, ni au municipal pour l'évaluation municipale, je
sais qu'ils peuvent avoir ces données-là, ni du scolaire et une
bonne journée on nous dit que l'on normalise notre taxe et cela nous
augmente de $0.35, $0.40 ou $0.50 et nos revenus baissent!
M. CARDINAL: Je réponds à la question de deux
façons. Oui, il est tenu compte du revenu, mais ce
renseignement-là, comme tous les autres renseignements qui forment la
formule, sont fournis par la commission scolaire.
Moi non plus, je n'accuse personne en donnant cette réponse,
comprenez bien. Le ministère ne va pas faire l'évaluation, il ne
va pas demander les renseignements aux familles.
Le ministère obtient les renseignements des commissions scolaires
et, à partir de ces renseignements, il tient compte, entre autres
choses, du revenu, lorsque la commission scolaire donne ce renseignement.
M. COITEUX; Tantôt, je donnais un exemple concret d'une commission
scolaire, où il y avait 80% des personnes sur l'assistance sociale
depuis six ou sept mois qui a vu augmenter son taux de taxe. A ce
moment-là, je me pose la question, c'est pour ça que je
m'informe.
M. CARDINAL: C'était plus loin dans ma réponse. De fait,
je reçois à mon cabinet de temps à autre ça
arrive assez peu souvent des demandes de commissions scolaires qui ne
sont pas satisfaites du taux normalisé. C'est qu'il existe une
procédure. Lorsqu'une commission scolaire, devant la réponse du
ministère, n'est pas satisfaite, elle a droit d'appeler de cette
décision et ce cas est étudié à titre exceptionnel
et je peux vous dire que c'est une étude qui va très loin et qui
peut être parfois très longue, et que l'échange entre la
commission scolaire et le ministère, à ce moment-là, est
un échange qui peut se faire pendant tout le temps que la commission
scolaire désire faire reviser, si vous voulez, la décision, la
nouvelle décision, la « renouvelle » décision, etc.
jusqu'à un moment donné où il faut, évidemment,
imposer une décision, sans quoi c'est tout le système qui
accrocherait.
M. COITEUX: Je remercie le ministre. Cela me permettra de donner une
réponse.
M. BINETTE: Dans l'ensemble, les commissions scolaires ont-elles
pratiquement atteint leur taux normalisé?
M. CARDINAL: Sur 1,500 commissions scolaires, combien ai-je dit
tantôt, enfin disons 1,600 ou 1,537, il y en a peut-être 80 qui
n'ont pas encore le taux normalisé au sens fixe du terme. Je pense que
c'est le minimum.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre pourrait nous remettre
pas maintenant, mais à la prochaine occasion la liste des 84
commissions scolaires, s'il vous plaît?
M. CARDINAL: Oui. Aussitôt que possible.
M. PICARD (Olier): Lorsque le ministre parle de 1,500 commissions
soclaires, est-ce pour l'année fiscale se terminant le 30 juin 1968?
M. CARDINAL: C'est ça, c'est la situation actuelle. Cela ne tient
pas compte des regroupements qui ont été opérés en
mai et qui prendront effet au mois de juillet.
M. PICARD (Olier): Parce que les regroupements doivent se faire, je
pense...
M. CARDINAL: Avant le 1er juillet M. PICARD (Olier): Avant le 1er
juillet. M. CARDINAL: C'est exact.
M. PICARD (Olier): Pour l'an prochain, à combien
prévoyez-vous évaluer le nombre de commissions scolaires?
M. CARDINAL: Cent de moins que. cette année.
M. PICARD (Olier): Seulement 100?
M. CARDINAL: Je vous donne ça à un chiffre près,
oui.
M. PICARD (Olier): Alors, ça serait dans deux ans que le
regroupement sera réalisé?
M. CARDINAL: Bien, j'ai répondu déjà à cette
question dans le passé. Le mouvement vient de s'amorcer et il a une
tendance, maintenant, je ne dirais pas à se précipiter mais
à s'accélérer.
M. GERIN-LAJOIE: II y en a seulement entre 75 et 100, selon le chiffre
que le ministre a donné, qui ont été
regroupées...
M. CARDINAL: Oui, si l'on parle de regroupement ou d'annexion, ça
diminue de 100 le groupe que je viens d'indiquer de 1,534.
M. BINETTE: Cela voudrait dire que ça prendra une dizaine
d'années avant que la restructuration soit faite.
M. CARDINAL: Non, le projet n'est pas de dix ans, ni dans l'esprit du
ministre ni du ministère.
M. BINETTE: Quelle est votre date? Quel délai à peu
près? Cinq ans?
M. CARDINAL: Si l'on demande ma date personnelle, j'ai mentionné
un délai court, devant la Fédération des Commissions
scolaires; si l'on me demande ce qui est réalisable, je pense qu'il faut
attendre cinq ans.
M. BINETTE: Cinq ans.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le ministre nous a mentionné des
chiffres pour les commissions scolaires régionales, 42 et 43 des grosses
commissions scolaires locales, ces budgets-là, si mon renseignement est
bon, ont été approuvés au cours des dernières
semaines et de toute façon après le milieu de mai.
M. CARDINAL: C'est exact.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, je comprends toutes les explications que le
ministre nous a données tout à l'heure, mais je pense qu'il faut
bien mettre en lumière cette situation-là...
M. CARDINAL: Qui n'est pas nouvelle.
M. GERIN-LAJOIE: Qui n'est pas nouvelle, ça je pense que des
budgets de commissions, non seulement je pense mais je peux affirmer qu'un
nombre substantiel de budgets de commissions scolaires étaient
approuvés, dans le passé, avant le 15 mai et avant le 15 avril et
avant le 15 mars. Alors, si l'on veut faire des comparaisons, on pourrait en
faire avec des chiffres.
Seulement, à tout événement, la situation actuelle,
je pense bien, et le ministre en conviendra, est absolument inacceptable. Je ne
veux pas me contenter de faire un blâme ou de noter une situation
inacceptable, mais je me demande quelles sont les conséquences pour les
commis- sions scolaires de recevoir un budget à la fin de l'année
scolaire, de cette façon-ci de la part du ministère, avec une
indication de dépenses non admises. Par conséquent, des charges
supplémentaires à faire aux contribuables, charges qui n'ont
peut-être pas été prévues par la commission scolaire
elle-même au moment où elle a fait son budget. Parce qu'il n'y a
aucun doute que dans la préparation des budgets, il peut y avoir des
discussions quant au caractère admissible ou non admissible de certaines
dépenses de commissions scolaires.
M. CARDINAL: Si vous me le permettez, dans Hebdo-Education, on avait
publié la règle budgétaire. Il y a une note qui
aété distribuée.
M. GERIN-LAJOIE: Le 7 juin 1968.
M. CARDINAL: J'ai un petit rapport que j'ai distribué hier, je
pense, à ceux qui étaient présents.
M. GERIN-LAJOIE: A la page suivante, il y a une date, est-ce que c'est
la même?
M. CARDINAL: Le 7 juin 1968. A la dernière page, il y a une note,
on pourrait peut-être la lire. La mise en place et le
développement du nouveau système de vérification et de
contrôle des prévisions budgétaires ont été
beaucoup plus longs que prévu. Cela explique le retard constaté
en 66/67 et en 67/68.
M. GERIN-LAJOIE: Il y a du mécontentement.
M. CARDINAL: Non, c'est de la concurrence.
M. LE PRESIDENT: L'équipe du tonnerre.
M. CARDINAL: Cependant, étant donné que le formulaire du
budget 68/69 est pratiquement identique à celui de l'année
passée parce qu'il y a eu des modifications et que la
procédure de la vérification et de l'analyse sont maintenant
rodées. L'approbation des budgets sera plus rapide en 68/69. En effet,
une analyse sommaire comportant l'application stricte des règles
d'approbation aux prévisions soumises sera d'abord effectuée. Les
versements des subventions d'équilibre budgétaire à payer
durant l'année ainsi que le taux de la taxe scolaire seront
déterminés à partir de cette analyse. Tout rajustement
tenant compte de la situation particulière se fera à partir de
l'étude des dépenses et des revenus réels lors de
l'analyse des états financiers.
M. GERIN-LAJOIE: Mais ça, c'est pour le prochain budget.
M. CARDINAL: Oui. Je ne peux pas corriger le passé, j'accepte
toute analyse qu'on peut en faire et je me tourne vers l'avenir. Et
tantôt, en répondant au député M. Binette, j'ai dit
que non seulement on y pensait mais qu'on a pris des dispositions pour
qu'à l'avenir cela ne se reproduise plus.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais ma question se rapportait à l'avenir
absolument immédiat dont celui de la charge financière
supplémentaire dont les commissions scolaires prennent connaissance en
recevant les documents du ministère de l'Education, de cette direction
du financement. S'il y a des dépenses non admises et qui n'avaient pas
été comptées comme dépenses non admissibles par les
commissions scolaires au moment de la préparation de leur budget, est-ce
qu'elles doivent imposer une taxe supplémentaire ou bien, si elles vont
recevoir une subvention d'équilibre budgétaire
augmentée?
M. CARDINAL: Les dépenses inadmissibles, ce n'est pas nous qui
les calculons. Comme la commission scolaire a déjà reçu
tous les renseignements, elle est en mesure de calculer elle-même ses
dépenses inadmissibles. Ce n'est pas une surprise qui est envoyée
à la commission scolaire. Les règles des dépenses
admissibles sont données aux commissions scolaires avant l'approbation
des budgets ou des états financiers.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais le ministre est sûrement familier avec
des situations de cette nature-là où il peut y avoir des
différences d'interprétation sur le caractère admissible
ou non admissible de certaines dépenses.
M. CARDINAL: Je suis d'accord.
M. GERIN-LAJOIE: La question que je pose est celle-ci: Là
où il y a différence d'opinion entre le ministère et la
commission scolaire évidemment c'est le ministère qui a en
principe le dernier mot mais dans un cas où le ministère
arrive avec sa décision, une fois que toutes les dépenses sont
encourues, qu'il est trop tard pour que la commission scolaire tienne compte de
la décision du ministère, est-ce que c'est la commission
scolaire, à toutes fins pratiques, qui a à supporter les pots
cassés dans le sens que c'est la commission qui a à payer pour
une décision tardive du ministère? Ou bien, est-ce que le
ministère en somme encaisse le coût et augmente sa subvention
d'équilibre budgétaire?
M. CARDINAL: J'ai deux réponses. La première, c'est que de
fait je n'ai pas vu encore depuis les mois que je suis là de situations
semblables qui se soient présentées. S'il s'en présentait,
je pense qu'il y aurait certainement une discussion entre le ministère
et la commission scolaire, à partir des états financiers et s'il
y avait « faute » du ministère, je pense bien que l'on
verrait à prendre des moyens pour que la commission scolaire n'en
souffre pas.
M. GERIN-LAJOIE: Mais la seule « faute » dont je parle, je
mets le mot « faute » entre guillemets comme le ministre l'a
employé sans doute...
M. CARDINAL: Ah, vous entendez même les guillemets!
M. LE PRESIDENT: II a les oreilles fines.
M. GERIN-LAJOIE: Alors la « faute » du ministère
à laquelle je fais allusion, c'est celle du retard. Je veux bien qu'on
s'entende, M. le Ministre et moi et les membres de ce comité, pour que
les commissions scolaires qui prendront connaissance de nos débats
sachent à quoi s'en tenir. Ce que j'ai compris c'est que, lorsque les
commissions scolaires apprennent au mois de juin ou après le mois de
juin, c'est-à-dire à la fin de l'année scolaire, que
certaines dépenses qu'elles considéraient admissibles ne sont pas
considérées admissibles par le ministère, le
ministère va les supporter par une subvention d'équilibre
budgétaire supplémentaire.
M. CARDINAL: Je reviens sur ma réponse. Je n'ai jamais vu le cas
se présenter depuis que je suis là.
M. GERIN-LAJOIE: Je comprends.
M. CARDINAL: II est donc quant à moi hypothétique et je
n'ai pas dit que, s'il se présentait, il y aurait une subvention
d'équilibre budgétaire pour le régler. J'ai dit qu'on
verrait à trouver un compromis de façon que la commission
scolaire ne soit pas, elle, dans une situation difficile.
DES VOIX: Adopté.
M. GERIN-LAJOIE: C'est parce que le mi-
nlstre a une autre réponse à donner et j'ai la
délicatesse d'attendre qu'il soit prêt à la donner.
M. CARDINAL: Vraiment je suis sérieux quand je dis que le cas est
hypothétique. Mais supposons qu'une commission scolaire ait
décidé de faire une dépense non admissible, quelle va
être son attitude?
Elle va venir vers le ministère pour négocier cette
situation qu'elle a créée. Je pense que si, à l'inverse,
partant d'une hypothèse, le ministère avait créé
une situation qui rende les états financiers ou le financement des
commissions scolaires difficile, il serait prêt à négocier
avec les commissions scolaires. Il y a des négociations qui
s'établissent entre le ministère et les commissions scolaires,
que ce soit sur le taux normalisé ou que ce soit sur
l'admissibilité ou la non-admissibilité ou le remboursement de
dépenses non admissibles même au-dessus de la commission
scolaire.
M. GERIN-LAJOIE: Je remercie le ministre de ces éclaircissements
et je souhaite qu'en dépit de son allégeance politique, il fasse
preuve de libéralité à l'endroit des commissions
scolaires. Si cela lui est trop difficile, qu'il invite ses fonctionnaires
à le faire. Je sais que ce n'est pas difficile pour le ministre, je le
connais bien.
M. CARDINAL: Merci!
M. LE PRESIDENT: Pour éviter que la partisanerie s'empare de ce
comité, est-ce qu'on pourrait revenir à deux heures trente?
M. CARDINAL: Je voudrais savoir si on demeure toujours sur le même
poste?
M. LE PRESIDENT: On va rester sur les généralités.
La séance va ajourner à cinq heures, d'un commun accord, je
pense.
M. CARDINAL: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Et nous allons bien respecter cette entente.
M. GERIN-LAJOIE: II y a une séance de l'Assemblée
législative, mais il en a été question entre certains
membres, en particulier M. Bellemare et M. Lesage. Je ne pense pas que nous
ayons besoin d'y être. Les députés pourront regarder les
bills dont il est question là-bas, mais les chefs parlementaires ont
convenu que les députés n'avaient pas tous besoin d'être en
Chambre.
M. CARDINAL: Même si je ne suis pas député, on m'a
laissé entendre qu'on commencerait à deux heures trente ici.
Malgré que dans la vraie Chambre, on commence les travaux...
M. LE PRESIDENT: Et nous finissons à cinq heures.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'on laisse le Conseil législatif?
UNE VOIX: Est-ce qu'on siège ce soir? M. CARDINAL: Non, on finit
à cinq heures.
M. GERIN-LAJOIE: En principe, on va dans l'autre salle, si elle est
occupée, on continuera ici.
M. CARDINAL: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Ou bien, est-ce qu'on reste ici?
M. LE PRESIDENT: Nous revenons ici, à moins que les honorables
conseillers n'y soient A deux heures trente.
Reprise de la séance à 14 h 41
M. GARDNER: (président): A l'ordre! Nous en étions rendus,
à midi, je crois, au poste 16 et nous discutions des
généralités. Alors, M. Gérin-Lajoie.
M. GERIN-LAJOIE: J'ai quelques autres questions que j'aimerais poser
à monsieur le ministre. Après avoir parlé des budgets des
commissions scolaires, j'aimerais avoir quelques renseignements au sujet des
états financiers. D'abord, est-ce qu'on peut me dire si tous les
états financiers des commissions scolaires au 30 juin 1966 ont
été analysés et acceptés?
M. CARDINAL: A quelques rares exceptions près, oui.
M. GERIN-LAJOIE: Off the record, j'ai le goût de demander au
ministre si c'est lui qui ajoute le mot rare aux renseignements qu'il obtient
de ses fonctionnaires.
M. CARDINAL: Est-ce que le ministre n'est pas censé
connaître de lui-même certains renseignements?
M. GERIN-LAJOIE: Je ne commets pas d'indiscrétion. Au 30 juin
1967, combien y a-t-il eu d'états financiers d'acceptés?
M. CARDINAL: II n'y en a aucun.
M. GERIN-LAJOIE: Un long silence s'ensuivit. Devant cette situation,
est-ce que le ministre pourrait nous dire dans quelle mesure les commissions
scolaires peuvent savoir quelles dépenses, encourues au cours de
1966-1967 ne sont pas acceptées dans l'ordre des règles
d'approbation des budgets des commissions scolaires?
M. CARDINAL: Ce matin, nous avons répondu à une question
concernant l'approbation des budgets. Alors, de fait, les nombres des chiffres
que j'ai mentionnés sont déjà faits. Il est évident
qu'il y a une différence entre les budgets et les états
financiers. Mais, comme on a séparé la perception de la taxe de
l'approbation des budgets et des subventions, même si les commissions
scolaires peuvent se poser des questions, il leur est quand même permis
d'opérer d'une façon normale.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre se rend compte qu'avec des états
financiers au 31 juin 1967 non approuvés, non analysés, non
acceptés, les commissions scolaires vont se trouver I un moment
donné devant l'obligation d'imposer certaines taxes
supplémentaires pour l'année 1966-1967 plus certaines taxes
supplémentaires pour l'année 1967-1968.
Tout cela en plus des taxes scolaires de l'année courante qui
s'en viennent. Je me demande un peu quelle est la réaction du ministre
devant une pareille situation.
M. CARDINAL: Elle est double. D'une part c'est une affirmation que les
commissions scolaires devront imposer certaines taxes supplémentaires,
et d'autre part, le ministre dira franchement son opinion sur cette situation
administrative, il n'en est pas personnellement satisfait et, comme il l'a
indiqué ce matin, il a pris des dispositions pour que dans la plus
brève période possible, cette situation soit corrigée.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre nous a distribué à l'occasion
de l'étude des crédits les règles budgétaires pour
l'année scolaire 1968-1969. Ces règles budgétaires portent
la date du 7 juin 1968.
Est-ce que le ministre peut nous dire quand ces règles
budgétaires ont été transmises aux commissions
scolaires?
M. CARDINAL: Cela, c'est fait au début de cette semaine qui se
termine aujourd'hui. De fait, c'est daté du 7 juin. Il est difficile que
cela ait été transmis avant cette date.
M. GERIN-LAJOIE : C'est bien ce que je soupçonnais.
M. CARDINAL: Oh! ce n'est pas surprenant!
M. GERIN-LAJOIE: Mais j'ai pensé que le ministre pourrait le
mentionner quand même pour éviter tout malentendu. Je ne sais pas
l'expression exacte qu'on emploie au ministère mais le formulaire du
budget qui doit être rempli, le gros cahier de formulaires a-t-il
été transmis en même temps?
M. CARDINAL: Actuellement, les régionales ont toutes ce cahier et
la plupart des commissions locales l'ont aussi en leur possession.
M. GERIN-LAJOIE: J'espère qu'on comprendra que, pour les
députés de cette Chambre et plus particulièrement pour
celui qui est un ancien ministre de l'Education, ce n'est pas une tâche
facile que de procéder à l'analyse des crédits
du ministère de l'Education, d'en faire l'interrogatoire ici, de
poser des questions au ministre et d'exprimer son opinion à
l'égard du ministre et des fonctionnaires du ministère de
l'Education. Mais je pense qu'en dépit des sentiments de
répugnance personnels que l'on peut avoir, il est un devoir qu'il nous
faut remplir en notre qualité de député et c'est avec
toute cette répugnance que je me vois dans l'obligation de critiquer
très sévèrement le ministère de l'Education, au
sujet de l'administration financière relative aux commissions
scolaires.
On se souviendra que la Loi de l'instruction publique, à
l'article 487, impose aux commissions scolaires régionales l'obligation:
« Avant le 31 mars de chaque année, toute commission scolaire
régionale doit préparer et soumettre au ministre son budget pour
l'année scolaire suivante. Ce budget est sans effet tant qu'il n'a pas
été approuvé par lui. » Et à l'article 359,
qui se rapporte aux commissions scolaires locales, on lit ceci: « Entre
le 15 et le 30 juin, toute commission scolaire doit préparer et
soumettre au ministre son budget pour la prochaine année scolaire. Ce
budget est sans effet tant qu'il n'a pas été approuvé par
lui. »
M. le Président, comment une commission scolaire régionale
peut-elle se conformer à la loi et soumettre au ministère son
budget pour la prochaine année scolaire avant le 31 mars, lorsque les
normes budgétaires du ministère de l'Education ne sont pas
transmises avant la deuxième semaine du mois de juin? C'est une
situation absolument intolérable et c'est une illustration flagrante
d'une administration que je n'ose pas qualifier. Je ne suis pas sans
connaître les problèmes difficiles auxquels le ministère de
l'Education doit faire face. Bien sûr qu'avec le nombre de commissions
scolaires, avec l'augmentation des budgets, avec l'augmentation des
responsabilités les problèmes arrivent plus vite que le
ministère se sent en mesure de les résoudre.
Mais je pense que cette situation, sur le plan purement administratif,
ce qui se passe au ministère de l'Education, quand aucun principe
d'envergure n'est en jeu, mais qu'il s'agit de la bonne marche d'une affaire
courante, est absolument inacceptable, absolument impardonnable.
Et on prend plaisir, de temps à autre chez mes amis d'en face,
sans malice bien sûr, cela a été le cas depuis le
début de l'étude des crédits du ministère de
l'Education, à se référer à la situation
antérieure, à la situation des années
précédentes pour indiquer que ça ne va plus mal, que ce
n'est pas pire, et que les problèmes qu'on a ne sont pas nouveaux.
Evidemment, j'ai eu l'occasion de répondre que si ç'a mal
été dans le passé, f espère bien que personne ne
considère cela comme une raison pour que ça n'aille pas mieux
maintenant. Et je pourrais citer ici, en comité, les critiques qui ont
été faites par nos amis d'en face, en particulier, celui qui est
premier ministre aujourd'hui, et certains de ses collègues à
l'égard du ministère de l'Education en 1965-1966. Il fut
même un moment au mois de janvier 1966, sauf erreur, où le premier
ministre d'aujourd'hui, alors chef de l'Opposition, allait même
jusqu'à réclamer la démission du ministre d'alors et du
sous-ministre de l'Education, après s'être plaint longuement de
tout ce qui n'allait pas selon lui au ministère.
Or, en ce qui concerne les règles d'approbation des budgets des
commissions scolaires, en ce qui concerne de façon plus
générale, les budgets tout d'abord, j'ai bien affirmé ce
matin que le retard de cette année à approuver les budgets des
commissions scolaires est sans précédent. J'affirme cet
après-midi que le retard du ministère de l'Education à
approuver et à analyser les états financiers des commissions
scolaires est sans précédent. Et j'affirme, troisièmement,
que le retard du ministère de l'Education à publier et distribuer
aux commissions scolaires les règles budgétaires est
également sans précédent.
Je dirais même que la situation se détériore
d'année en année. Et ainsi, à l'heure du déjeuner,
simplement, j'ai fait un relevé des Hebdo-Education que j'avais à
mon cabinet de député. Alors Je suis remonté
jusqu'à l'Hebdo-Education du printemps 1966 et j'y ai constaté
que, cette année-là, avant le changement du gouvernement, les
règles budgétaires des commissions scolaires pour l'année
scolaire suivante 1966-1967 étaient rendues publiques le 1er avril 1966.
Elles étaient publiées en encart dans l'Hebdo-Education du 1er
avril, 1966. L'année suivante on avait changé de gouvernement, on
avait changé de ministre. Et ce n'était plus le 1er avril qu'on
publiait les normes budgétaires. Cette année-là,
c'était le 28 avril, un mois plus tard que sous le gouvernement
libéral.
C'était alors l'honorable Jean-Jacques Bertrand qui était
ministre de l'Education. Voilà que' cette année, ce n'est pas le
1er avril comme du temps du gouvernement libéral. Ce n'est pas le 28
avril comme du temps du ministre Bertrand, c'est le 7 du mois de juin qu'on
publie les normes budgétaires.
Si je voulais employer le même style parlementaire ou
électoral que celui du premier mi-
nistre d'aujourd'hui, je m'empresserais de réclamer des
démissions, non pas celle des fonctionnaires et du sous-ministre, parce
que ce sont les mêmes fonctionnaires et le même sous-ministre.
Alors, je n'ai pas raison de croire que c'est leur faute si les choses vont
plus mal aujourd'hui que dans notre temps. Et de toute façon, je sais
trop bien, ce que feignait d'ignorer le chef de l'Opposition d'alors, que la
responsabilité de l'administration d'un ministère, ce ne sont pas
les fonctionnaires qui doivent en porter la responsabilité devant
l'opinion publique, ce sont les ministres.
Je serais bien obligé, pour suivre le style du premier ministre,
de réclamer la démission du ministre après lui avoir dit:
C'est franchement assez pitoyable de voir cette dégringolade d'un
ministre de l'Education à l'autre. Mais je réclamerais bien
sûr, la démission du gouvernement tout entier, le gouvernement
dirigé par le premier ministre actuel. Indépendamment de ces
démissions que les parlementaires demandent comme ça de temps
à autre, pour dramatiser un peu l'expression, la formulation des griefs
à l'égard du gouvernement, indépendamment de ces demandes
de démission qui ne sont que des formes d'expression bien sûr, on
se doit de constater, en ce qui concerne l'administration gouvernementale
relative aux commissions scolaires, qu'on se trouve aujourd'hui devant un
gâchis comme jamais on n'en a vu depuis, disons depuis que le
ministère de l'Education existe. Comme j'ai bien dit tout à
l'heure, je comprends qu'il y a des problèmes au ministère. Ce
que je ne comprends pas, c'est qu'au lieu d'assister à une
amélioration de la situation, on assiste à une
détérioration continuelle. On assiste à ce que j'ai
appelé il y a un moment, à une véritable
dégringolade à mesure qu'on passe d'un ministre à un
autre.
Alors voilà ce que j'avais à dire en ce qui concerne ces
questions budgétaires, financières des commissions scolaires et
spécialement à ce moment-ci, en relation avec les règles
d'approbation des budgets. J'ai constaté à la lecture de la page
14 du document que les commissions scolaires devront compléter le
formulaire de prévisions budgétaires.
Je lis à la page 14 du document: « Compléter les
formulaires de prévisions budgétaires et les soumettre à
la direction générale de financement avant le 31 juillet.
»
D'abord, j'ignore de quelle autorité, c'est le
sous-ministre qui signe cela avec le directeur général du
financement, cela porte la signature du ministre en page frontispice
j'ignore de quelle autorité on peut donner jusqu'au 31 juillet, quand la
loi dit autre chose. Mais à tout événement, je ne sais pas
si le ministre compte vraiment que tout peut se passer dans le délai
mentionné. Il faut évidemment que les commissions scolaires
régionales préparent leur budget, fassent la répartition
du coût entre les commissions scolaires locales qui en sont membres. Il
faut que les commissions scolaires locales préparent elles-mêmes
leur budget, intègrent à leur budget la part des frais de la
commission scolaire régionale qui est à leur frais. Alors je me
demande jusqu'à quel point ce délai pourrait être
respecté. Encore une fois, j'aime autant ne pas être à la
place des administrateurs des commissions scolaires locales et
régionales, qui ont à prépare leur budget, sans avoir
reçu l'approbation de leur budget de l'année qui se termine et
qui devrait normalement leur servir de guide, et sans avoir reçu
l'approbation de leurs états financiers de l'année
précédente, celle terminée le 30 juin 1967, qui devrait
aussi servir de guide dans la préparation des formulaires
budgétaires de cette année.
Alors voilà ce que je croyais de mon devoir de mentionner
à ce moment-ci, au sujet de l'administration budgétaire des
commissions scolaires.
M. CARDINAL: M. le Président, je remercie d'abord le
député de quand même avoir souligné toutes les
difficultés auxquelles le ministre de l'Education a à faire face
dans son administration de plus en plus complexe et de plus en plus importante.
Il ne faudrait cependant pas dramatiser la situation. Il y aura peut-être
un certain nombre de mises au point que je pourrais apporter. Tout d'abord, il
n'y a pas d'accumulation dans ces retards. La taxe de 1967-1968 au point de vue
scolaire, est basée sur les budgets 1967-1968 et sur les états
financiers de 1965-1966. Celles de 1968-1969 seront basées sur le budget
de 1967-1968 et sur les états financiers de 1966-1967. Ce n'est donc pas
un retard cumulatif qui se terminera par une tragédie, en supposant que
demeure tout ce qui existe, comme on en a parlé si longuement ce matin
dans les structures, dans les modes de perception, etc., et en supposant que le
regroupement ne se poursuivrait pas. Il est facile, on l'a mentionné
hier, dans l'Opposition, d'accabler soit le gouvernement, soit le ministre en
titre. Cependant, je pense que ceci ne règle pas les problèmes,
même si cela peut être une incitation au ministre en poste à
les régler et à tenter de les régler plus rapidement.
Je ne demande pour ma part, la démission de personne au
ministère et n'accuse personne, même si j'ai mentionné
tantôt que je n'étais pas
personnellement satisfait de cette situation, que j'ai d'ailleurs
découverte avant que le député de l'Opposition ne la
souligne. D'ailleurs, cette situation prouve justement que le système
est à modifier.
J'indiquerai plus précisément qu'au 12 janvier dernier,
une circulaire avait déjà été adressée
à toutes les commissions scolaires, leur indiquant non seulement la
politique générale, mais la politique dans les détails,
pour les dépenses admissibles et les règles
budgétaires.
A ce moment-là, en particulier, à la suite de la
réunion du 2 décembre 1967 avec les représentants de
toutes les commissions scolaires, le gouvernement et le ministère
avaient indiqué: premièrement, que généralement,
sauf exception, les règles d'approbation étaient les mêmes
que l'an passé; deuxièmement, que dans deux domaines en
particulier, c'est-à-dire dans le personnel non enseignant soit de
direction, soit de soutien, il y avait un gel soit des normes, soit des
effectifs; et troisièmement, que deux problèmes, demeurés
en suspens, celui des règles d'approbation des dépenses au point
de vue du transport des écoliers, règles qui n'existaient pas
l'an passé, et celui que je viens d'indiquer, du personnel non
enseignant. D'ailleurs, dans le document dont a fait état le
député de l'Opposition, il y avait déjà dans la
circulaire du 12 janvier, la même phrase qui dit ceci: « Dans
l'ensemble, les règles de 1968-1969 sont identiques à celles de
1967-1968. » Ce qui veut dire qu'avant le mois de mars, avant par
conséquent le mois d'avril, les commissions scolaires, sauf sur les
points qui ont été soulignés, étaient
déjà au courant des règles concernant les dépenses
admissibles et leur budget.
La question du transport des écoliers qui, jusqu'à
présent avait été réglée sur une base
individuelle, a été étudiée. Nous attendions le
rapport d'une commission. Et quant à la question du traitement du
personnel non enseignant, à compter des principaux, des membres des
cadres et ce que j'ai appelé le personnel de soutien, il y avait
déjà eu cette réunion du 2 décembre 1967. Les
commissions scolaires étaient donc bien au courant de la situation et de
fait, je dois souligner que, dès décembre, elles avaient,
officiellement à cette réunion, offert leur collaboration devant
la situation présente. Tout ceci faisant partie de cette
opération « efficacité », dont j'ai parlé cet
avant-midi.
Ce que je viens de dire ne constitue pas des excuses, parce que comme le
mentionne le député, je me sens et je suis entièrement
responsable de la situation présente, avec les expli- cations que j'ai
données, devant le public, devant le conseil des ministres, devant ce
comité. Et j'assume entièrement cette responsabilité et je
n'ai pas l'intention, malgré une situation changeante, de permettre que
cette situation se perpétue. J'ai au contraire l'intention très
ferme je pense que dans les interventions que j'ai faites ce matin, j'ai
indiqué déjà un certain nombre d'étapes qui avaient
été posées je pense donc, et ce n'est pas
simplement une intention ou une expression d'intention, que, devant cette
responsabilité qui m'incombe, j'avais déjà, avant cette
intervention du député de Vaudreuil-Soulanges, pris non seulement
la décision, mais les moyens de régler cette situation.
Celle-ci s'explique non seulement pour les raisons que je viens de
donner, mais par le fait qu'à la suite de nouvelles règles
budgétaires adoptées l'année dernière, à la
suite de nouvelles méthodes d'administration au sein du
ministère, il y a eu, nécessairement et malheureusement, une
période de rodage pour laquelle je n'oserais imputer aucune
responsabilité à qui que ce soit.
Nous sommes devant la même situation que celle qui a
été décrite pour l'aide aux étudiants et il faut
tirer, je pense, profit d'une expérience à compter non pas des
erreurs mais des difficultés qui se sont présentées pour
faire mieux à l'avenir, mieux que dans la situation présente ou
celle de l'année passée. Je ne veux pas faire de comparaisons du
tout ici avec l'ancien gouvernement mais m'en tenir simplement à la
situation telle qu'elle se présente. Nous allons faire mieux qu'un voeu
pieux, nous organiser pour que ne se répète pas cette situation
que nous avons quand même contrôlée puisque
déjà, dès le 2 janvier, nous avions informé les
commissions scolaires de la situation, des règles
générales budgétaires, des questions qui restaient en
suspens.
Donc, tout en acceptant, non pas les reproches, mais les remarques du
député de Vaudreuil-Soulanges, je puis l'assurer en toute
sincérité et pour le bien de la population, des commissions
scolaires, des enseignants, des administrateurs et des étudiants, que
cette situation n'est que temporaire à cause d'une conjoncture
donnée et qu'elle ne se répétera certainement pas.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je remercie le ministre. Je
pense bien qu'il ne m'en voudra pas si je mentionne, un peu avec le sourire,
que je formule le voeu qu'il utilise le plus efficacement possible, ce sont ses
mots, le temps qui peut lui rester comme ministre n'ayant pas la fonction de
député et n'étant pas obligé d'être
à l'Assemblée législative comme d'autres. Pouvant
ainsi consacrer tout son temps à l'administration du ministère je
formule le voeu qu'il en profite pour atteindre les objectifs qu'il vient de
mentionner.
M. CARDINAL: Vous pouvez être assuré, M. le
Député, que dans le peu de temps qu'il me reste, j'en profiterai
au maximum.
M. PICARD (Olier): Ce peu de temps peut se traduire par combien de
semaines, de mois?
M. CARDINAL: Le premier ministre, la Providence et les
événements en décideront.
M. GERIN-LAJOIE: Ne me dites pas qu'on a encore un Dieu le père
à Québec.
M. CARDINAL: N'interprétez pas mes paroles dans ce contexte.
M. LE PRESIDENT: D'autres questions sur l'article 16?
UNE VOIX: Adopté.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense qu'à ce moment-ci, de ce
côté-ci toujours, les collègues qui sont avec moi ont un
certain nombre de questions à poser sur des secteurs particuliers.
M. CARDINAL: Evidemment, nous pouvons poursuivre ces questions et
réponses pendant une période de temps non pas définie mais
déterminée. J'ai mentionné à plusieurs reprises au
cours de cette semaine que j'étais à l'entière disposition
de la deputation d'un côté comme de l'autre du comité de
cette Chambre. Cependant, je pense que dans les cas très particuliers,
on ne peut s'attendre que le ministre ait ici 1534 dossiers et puisse en
discuter. Je veux cependant dire une chose que j'ai déjà dite
d'ailleurs à tous les députés des deux côtés
de la Chambre. J'ai déjà informé dans le passé les
députés du nom des personnes responsables, des numéros de
téléphone, c'est-à-dire des locaux où ils pouvaient
obtenir des informations. Je les ai invités à communiquer avec
mon cabinet en tout temps pour avoir des détails sur les situations
particulières. Je dis ceci pour répéter cette invitation
et non pour vous empêcher de poser des questions dans des cas
particuliers.
M. GERIN-LAJOIE: On comprend très bien que le ministre ne soit
pas toujours en mesure de répondre ici aux questions sur des cas
particuliers mais le ministre, je pense, depuis le début de
l'étude des crédits du ministère de l'Education s'est
prêté très bien à nos questions et, d'autre part,
quand il s'agissait de renseignements particuliers, il a accepté de nous
les obtenir entre deux séances. Alors, je crois que de
côté-ci, nous avons été très heureux de son
attitude à ce sujet et nous l'en remercions.
M. LEFEBVRE: M. le Président, en ce qui me concerne, mes
questions ne sont pas de la nature de celles que le ministre veut éviter
avec raison. Disons qu'elles concernent peut-être plus
particulièrement le milieu de Montréal. Mais Montréal,
c'est assez grand, et je pense que le ministre lui-même s'est plaint
qu'au début de l'étude des crédits, on lui avait à
son sens posé des questions très générales.
Je veux en arriver, pour ma part, à quelques questions
très particulières qui touchent directement la politique du
ministère et non pas l'administration interne de l'une ou l'autre des
commissions scolaires. Tout d'abord, le ministre a rappelé, à
plusieurs reprises, que le mandat du comité de restructuration scolaire
de l'île de Montréal se terminait à la fin de septembre
prochain. Et le ministre nous a dit, par ailleurs, qu'il avait reçu des
rapports intérimaires. Est-ce que le ministre est en mesure d'assurer
les membres du comité que le comité de restructuration scolaire
n'a pas demandé, jusqu'à maintenant, une prolongation de son
mandat?
M. CARDINAL: Le comité, jusqu'à présent, n'a
demandé aucune prolongation de son mandat et dans les rapports
intérimaires qu'il adonnés, a manifesté l'intention de
remplir son mandat dans le terme qui lui a été imparti.
M. LEFEBVRE: Maintenant, M. le Président, si donc nous avons
l'assurance morale, selon que semble nous confirmer le ministre, que le
comité fera rapport le 30 septembre, est-ce que le ministre est en
mesure de dire au comité quel délai se donnent le
ministère et le gouvernement, pour se prononcer sur les recommandations
qui lui seront faites?
M. CARDINAL: Premièrement, évidemment je ne donne pas
moi-même l'assurance que le comité fera rapport au moment
indiqué. Je donne l'assurance qu'il n'a pas demandé de
prolongation ou d'extension de délai.
Deuxièmement, n'ayant pas le rapport entre les mains, ne
connaissant pas son importance ni quant au fond, ni quant à la forme ni
quant au nombre de pages, etc., il serait vraiment imprudent, pour le ministre,
de faire une promesse
sur le moment où les recommandations qui sont de nature
consultative, seraient adoptées. La seule garantie que je puisse donner,
comme ministre de l'Education, c'est que dès que le comité aura
terminé son mandat, c'est de le recevoir, d'écouter les
recommandations et de les transmettre immédiatement, par les voies
ordinaires, aux autorités concernées, pour étude et
adoption, s'il y a lieu.
M. LEFEBVRE: Alors, le ministre se souviendra, sûrement,
même s'il n'était pas membre du gouvernement à cette
époque-là, que les gens qui siègent de ce
côté-ci, M. le Président, à votre gauche, de
même qu'une très vaste portion de l'opinion, à
Montréal, était d'avis que la formation même de ce
comité de restructuration scolaire était inutile, en ce sens que
le rapport Parent et toutes les études subséquentes contenaient
déjà suffisamment de recommandations et suffisamment d'analyses
sur la situation, pour que le gouvernement ait été en mesure,
selon nous, dès l'été dernier, d'établir cette
restructuration scolaire à Montréal, qui a, à notre avis,
trop tardé.
Aussi, le ministre ne serait-il pas surpris et je crois
honnête de l'en prévenir à l'avance que de ce
côté-ci de la Chambre, enfin du comité, nous serions
certainement très scandalisés que le gouvernement impose de
nouveaux délais, dans la réalisation de cette restructuration
scolaire à Montréal.
Maintenant, je crois que le ministre conviendra que ces questions sont
tout à fait opportunes, parce qu'elles ont fait l'objet
déjà dans les journaux, de débats assez soutenus. Un bon
nombre de personnes à Montréal ont l'impression que le
gouvernement a cherché à réaliser, indirectement, ce qu'il
n'a pas pu faire par la voie du bill 67, qu'il a dû retirer dans les
circonstances que l'on sait, et ceci en particulier en désignant le
vice-président, M. Pagé, et en doublant son salaire pour en faire
un officier à temps plein. Je veux vérifier ce détail.
Est-ce que le vice-président actuel de la Commission des écoles
catholiques de Montréal, dont on a porté le traitement à
$15,000 par année, est un officier à temps plein de la Commission
scolaire?
M. CARDINAL: M. le député a mêlé un certain
nombre de choses dans son intervention, ce qui rend plus difficile une
réponse précise, ce que je préfère toujours.
Essayons de prendre chacune des choses dans l'ordre.
L'on sait déjà, par certains événements qui
se sont produits, que le ministre actuel n'est pas favorable à
l'extension des délais, pour les commissions ou les comités qui
sont déjà créés. Je pense donc qu'il n'a pas lieu
de craindre un retard dans le rapport du comité. De fait, la date du 30
septembre a été fixée, justement pour permettre, s'il y a
lieu et si c'est possible, un projet de législation à la reprise
de la session, s'il y a lieu de le faire.
Quant à M. Pagé, il n'y a pas de changement dans son
statut. Et ce qui est accordé, non pas à M. Pagé, mais
à tous les commissaires, à tous les membres de la Commission
scolaire de Montréal, c'est: A) une augmentation de l'indemnité
et B) le retrait de l'arrêté en conseil des frais de
représentation. Ceci n'a pas été fait pour une personne en
particulier mais pour tous les membres de la commission, sauf pour le
président dont le cas était déjà
réglé.
Si ceci a été fait par le ministre actuel, c'est que ce
dossier était déjà ouvert depuis, je ne pourrais pas ici
dire le nombre de mois ou d'années, depuis déjà longtemps,
à la demande même de ces commissaires. Dans ce cas, ce n'est pas
un acte motu proprio du ministre ou du conseil des ministres. D'ailleurs, il
est à noter que seul un commissaire a fait des commentaires à ce
sujet. Donc, la réponse: le statut de M. Pagé n'est pas
changé; il est vice-président de la Commission des écoles
catholiques de Montréal, avec des indemnités qui ont
augmenté comme ont augmenté les indemnités de tous les
commissaires. Il est également président du comité de
restructuration, poste auquel il avait été nommé par mon
prédécesseur.
M. LEFEBVRE: Est-ce que je dois comprendre que M. Pagé touche un
traitement comme président du comité de restructuration?
M. CARDINAL: Il n'y a pas de traitement aux membres du comité de
restructuration. Ils ont des frais de déplacement et de séjour,
lorsque ça s'applique, selon les normes actuelles du ministère,
dans les cas de membres de comités. D'une façon
générale, au budget de cette année, il n'est pas
prévu ce que l'on pourrait appeler des jetons de présence, pour
les membres des comités créés par le ministère.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que M. Lefebvre me permettrait de demander un
éclaircissement supplémentaire? Le ministre nous a dit que la
revision du traitement, c'est bien ça, des membres de la Commission des
écoles catholiques...
M. CARDINAL: Non, j'ai dit de l'indemnité, ce n'est pas un
traitement. Il y a deux choses: si l'on regarde la loi et les
règlements, dans
les commissions scolaires, dans toute la province, il y a une
indemnité, il y a des frais que l'on appelle généralement
frais de représentation, même si le terme n'est pas judicieusement
choisi.
M. GERIN-LAJOIE: Mais Montréal, c'est un cas spécial,
parce qu'il y avait un arrêté en conseil.
M. CARDINAL: Oui. Dans les autres commissions scolaires, ce sont des
règles budgétaires qui s'appliquent. Cela dépend du nombre
d'étudiants. Cependant, il y a quelque chose de commun avec les deux,
c'est que les frais de représentation ne sont plus prévus dans
l'arrêté en conseil qui a été adopté pour
corriger l'indemnité des commissaires de la Commission des écoles
catholiques de Montréal, et, à la suite de cet
arrêté en conseil qui a été adopté, c'est la
commission elle-même qui a déterminé ou qui a pu
déterminer ce que j'ai appelé les frais de représentation,
qui peuvent s'ajouter à cette indemnité fixée par
arrêté en conseil.
M. GERIN-LAJOIE: II n'y a pas de limites, comme dans le cas des autres
commissions scolaires?
M. CARDINAL: Pour les frais de représentation, oui. A ce
moment-là, la Commission des écoles catholiques de
Montréal obéit aux règles budgétaires ordinaires,
pour cette partie qui lui appartient.
M. GERIN-LAJOIE: Maintenant, le ministre a-t-il dit que le dossier de
l'indemnité avait été ouvert à la demande des
commissaires?
M. CARDINAL: C'est-à-dire qu'il y avait eu dans le passé,
dans ce dossier je cite de mémoire un certain nombre de
demandes qui venaient de certains commissaires.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, je pense que c'est une précision
importante; ce n'était pas une demande, du moins si je remonte à
l'époque où j'avais la responsabilité du ministère.
Il y avait des demandes faites par des commissaires individuellement, mais non
pas par la commission.
M. CARDINAL: Non, je n'ai jamais voulu dire, ni laisser croire, que
c'était une demande officielle venant d'une résolution du conseil
de la Commission des écoles catholiques de Montréal. Une
intervention du député de Vaudreuil-Soulanges prouve que ces
demandes, dans les cas où elles ont été faites, existaient
depuis déjà un certain temps.
M. GERIN-LAJOIE: On n'aurait pas jugé à propos de les
accorder.
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre comprendra, je voudrais
être bien clair là-dessus. Je ne voudrais pas qu'il y ait de ma
part une critique quant au montant, par exemple, de l'indemnité des
commissaires, bien qu'à l'époque où j'étais
moi-même commissaire, je n'avais pas concouru dans une demande
d'augmentation qui avait effectivement été faite et, à ce
moment-là, les traitements des commissaires étaient de $3,000,
l'indemnité était de $3,000 plus $1,000 pour ce que l'on appelle
frais de déplacement ou de représentation. Maintenant, ce qui a
surpris, je pense, non seulement celui qui vous parle, mais la population de
Montréal, ç'a été la majoration assez
exceptionnelle accordée au vice-président, dont
l'indemnité a été portée à $15,000, et je
suis un peu étonné d'apprendre de la bouche du ministre que, pour
un tel traitement, le vice-président n'est pas, dans son esprit,
considéré comme un fonctionnaire à temps plein.
M. CARDINAL: Est-ce que je peux demander si le président est
considéré comme un fonctionnaire à temps plein et demander
si le député se rappelle quelle est l'indemnité qui est
donnée au président?
M. LEFEBVRE: Je m'en souviens. Maintenant, je pense que le ministre se
souviendra également que, à l'époque en tout cas où
j'étais là, le président était en même temps
directeur général et je pense que si l'on considère son
traitement, si mon souvenir est bon, c'était $17,500.
M. CARDINAL: Plus $3,000 et quelque chose...
M. LEFEBVRE: II n'y avait sûrement pas d'abus, par rapport aux
responsabilités que portait le président de la commission.
M. CARDINAL: Je ne place pas ça sur ce plan-là du tout. Je
disque si nous nous mettons à faire des comparaisons sur des bases
individuelles...
M. LEFEBVRE: Oui.
M. CARDINAL: ... personnellement, ce qui me rend malheureux, parce que
l'on parle de
noms à ce moment-là et non plus de poste, nous pourrions
comparer à ce qui existait déjà avant que je n'arrive ou
à la suite de la démission de l'ancien président,
directeur général, directeur des services, etc. Un nouveau
président a été désigné qui a gardé
la pleine indemnité sans être à temps plein. Mais ceci
n'est pas une attaque contre le président.
M. LEFEBVRE: Je crois que c'est la responsabilité du gouvernement
actuel. Pour ma part, en tout cas, et pour les gens qui siègent de ce
côté-ci, nous n'avons eu rien à voir dans cette
décision. Et si le ministre croit que ce fut une erreur, il n'aura
qu'à en parler à son prédécesseur immédiat
qui a approuvé la chose.
M. CARDINAL: Non, n'interprétez pas mes paroles! Je pense que
j'ai déjà exprimé cette opinion en février dernier,
si je ne me trompe, à l'effet que des gens qui se dévouent pour
le nombre d'heures que l'on ne peut établir quant à la Commission
des écoles catholiques de Montréal, méritent quand
même des indemnités appropriées. Cependant, quant au
quantum, quant aux personnalités, quant aux comparaisons que nous
pouvons faire, je trouve que c'est un terrain difficile qui, enfin,
dépasse peut-être le cadre d'une discussion des
généralités de l'administration d'une commission scolaire
en particulier, ou de toutes les commissions scolaires.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je ne suis pas de l'opinion du
ministre sur ce point et s'il veut bien considérer ces cahiers de ce que
l'on appelle couramment les « clippings », il constatera qu'il y a
eu, à l'époque, de très vives protestations de la part des
associations et tous les journaux ont commenté en manchettes, n'est-ce
pas, cet incident-là. C'est dire que cela dépasse, à notre
avis, de beaucoup la question des personnes en cause. Et le ministre aura
remarqué que je n'ai en aucune façon critiqué les
personnes concernées, mais que j'ai cherché I poser des questions
qui nous éclaireraient sur la politique du gouvernement. Et encore une
fois, je pense qu'on avait raison et qu'on a encore raison de s'étonner
que le gouvernement, à la suite de la défaite du bill 67, ait
jugé opportun d'augmenter si considérablement le traitement de la
personne que lui-même avait choisie comme président
désigné, il a dû changer ses plans par la suite, il a quand
même porté le traitement du vice-président de la Commission
des écoles catholiques de Montréal I $15,000. Aujourd'hui, le
ministre nous dit que ce fonctionnaire n'en est pas un à temps plein.
Remarquez que, si je voulais faire le procès d'un individu, je pourrais
demander au ministre combien le vice-président reçoit comme
retraité du gouvernement en tant qu'ancien sous-ministre. Mais ce n'est
pas, encore une fois, le procès d'une personne que nous faisons, c'est
le procès d'une administration. Enfin procès est peut-être
un terme exagéré, mais c'est la critique d'une
administration.
M. GERIN-LAJOIE: Demandez-le donc, je voudrais le savoir.
M. LEFEBVRE: Enfin, je pense que les gens seraient peut-être
intéressés de savoir combien le vice-président actuel
touche, en tant que retraité du gouvernement.
M. CARDINAL: Je donne le chiffre aussi exact que je puisse trouver.
C'est un peu plus que $13,000 par année.
M. LEFEBVRE: Un peu plus que $13,000 par année.
M. CARDINAL: Cependant, je me permets de revenir sur ce qui vient
d'être dit, je regrette que l'on s'attache à une personne en
particulier, parce que je ne rendrai pas la pareille en comparant avec d'autres
personnes engagées à d'autres époques. Le
député se rappelle lui-même qu'hier soir, il s'est
élevé avec beaucoup de conviction contre des allégations
qui semblaient être dirigées vers lui ou envers lui.
M. LEFEBVRE: Parce qu'elles étaient fausses.
M. CARDINAL: Non, je ne qualifie pas le fait qu'elles soient fausses ou
véritables, mais je pense que lorsqu'on en est rendu dans des
détails comme ceux qu'on discute, que l'on abaisse singulièrement
le débat. Personnellement, je ne le cacherai pas, ceci m'embarrasse de
parler d'une personne dont tout le monde connaît le nom et qu'on ne
désigne que par son poste, tout en disant qu'on ne veut pas parler de
telle chose et ne pas parler de la personne, tout en en parlant.
M. LEFEBVRE: Non, je regrette, M. le Président, mais le ministre,
je pense, cherche I noyer le poisson. Ce que nous discutons, ce ne sont pas les
qualifications de M. Pagé, ni son mérite, ni sa valeur
personnelle que nous ne mettons pas en doute, que nous n'avons d'ailleurs
aucune raison de discuter ici aujourd'hui. Mais lorsque le gouvernement,
après que le bill 67 eut été défait, a quand
même jugé à propos...
Le ministre n'était pas là, mais il s'est dit tout S
l'heure entièrement responsable de la politique du ministère et
je le félicite d'accepter ses responsabilités. Dans un instant,
d'ailleurs, je lui demanderai comment ce fait est conciliable avec les
déclarations de certains membres du cabinet sur la politique de
l'éducation. Mais quoi qu'il en soit pour l'instant, nous constatons
simplement qu'une forte portion de l'opinion à Montréal et
le ministre serait mieux de prendre cela sérieusement, plutôt que
de nous accuser de faire la chasse aux sorcières...
M. CARDINAL: Je ne veux accuser personne.
M. LEFEBVRE: Bien, le ministre nous dit que nous voulons ravaler le
débat. Nous ne voulons rien ravaler du tout, nous constatons. Pour ma
part j'habite Montréal, je suis passablement au courant des
problèmes de l'éducation dans la région
métropolitaine, et je sais que beaucoup de gens considèrent que
le gouvernement actuel, après avoir été défait sur
son fameux bill 67 et défait principalement par l'opinion publique, a
quand même cherché à réaliser le bill 67.
M. CARDINAL: Le gouvernement n'a pas été défait sur
le bill. Il a retiré le bill. Il n'y a aucune relation entre ce bill et
l'arrêté en conseil dont il est question, sauf les
interprétations que l'on pourrait apporter. Je m'excuse, M. le
Député, je ne veux pas faire une réponse ad hominem. Je ne
veux pas me mettre à analyser la façon dont vous engagez ce
débat, mais je pense qu'il ne faudrait pas confondre les choses et qu'il
faudrait, lorsque l'on parle des personnes et des événements, y
attacher beaucoup d'attention et beaucoup de nuances, et ne pas donner une
série de faits qui ne sont reliés entre eux que par tout
simplement l'écoulement normal du temps, pour en tirer des
conclusions.
Il est d'accord qu'en février dernier, si je ne me trompe, il y a
eu dans la Presse des échos de protestations d'un certain nombre de
personnes. D'autre part, si l'on s'en rapporte aux commissaires en
général de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, il n'y a eu qu'un membre de ce conseil qui ait
protesté. Si je puis d'ailleurs employer le mot « protester
», il n'est peut-être quand même pas juste, parce que je n'ai
pas devant moi les paroles qu'il a pu prononcer et qui sont au
procès-verbal de la réunion de la Commission des écoles
catholiques de Montréal.
Tantôt, je me suis permis de faire des comparaisons entre divers
membres de cette commission. Je ne veux pas y revenir. Je n'ai pas du tout
l'intention de comparer ni la compétence ni les indemnités qui
sont accordées à diverses personnes, et encore une fois si l'on
remet ceci dans le débat général ou dans la conjoncture
générale, j'ai mentionné à plusieurs reprises
depuis le début de cette semaine, que justement il y a un comité
de restructuration pour l'île de Montréal, parce que la situation
du grand Montréal, avec deux commissions scolaires très
importantes, une vingtaine d'autres commissions scolaires moins importantes,
c'est une situation qui doit être corrigée.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je constate que le gouvernement a
retardé toutes les décisions jusqu'à ce qu'il
reçoive le rapport du comité, sauf la décision d'augmenter
les indemnités des commissaires et, M. le Président, je ne veux
pas prendre trop le temps du comité, bien qu'a mon avis il s'agisse
d'une chose importante. Je demande au ministre de bien vouloir lire dans le
Devoir du 12 février, la protestation du comité conjoint des
parents de Montréal, le 12 février 1968.
M. CARDINAL: Je l'ai déjà lue et, si cet
arrêté a été adopté très peu de temps
après mon arrivée, c'est que la procédure était
déjà commencée, à la demande même du
président de la CECM.
M. LEFEBVRE: Maintenant, M. le Président, j'aimerais lire au
ministre une déclaration de celui qui est maintenant ministre d'Etat
à la Fonction publique. Je tire cette citation du journal La Presse, 25
janvier 1968, donc à une date où le ministre actuel de
l'Education était bien ministre de l'Education, et si l'on prend au
sérieux la déclaration qu'il nous a faite tout à l'heure,
comme c'est certainement mon cas, je lui demanderais s'il approuve la
déclaration suivante faite par M. Marcel Masse: « Le ministre
d'Etat, Marcel Masse, a émis l'opinion hier que la Commission des
écoles catholiques de Montréal constituait l'une des principales
barrières à l'intégration des immigrants au milieu
francophone québécois. M. Masse a déclaré que le
gouvernement de l'Union Nationale avait déjà tenté l'an
dernier, grâce au bill 67, de nationaliser la CECM, cet autre
ministère de l'Education. Mais, a dit le ministre, le Parlement a
bloqué le projet de loi en prêtant au gouvernement des intentions
qu'il n'avait pas. »
Or, M. le Président, j'aimerais savoir si
le ministre actuel de l'Education partage ce point de vue qui a
été émis par un membre du Cabinet, alors que
lui-même occupait la fonction du ministre de l'Education.
M. CARDINAL: Encore une fois, M. le Député, distinguons
les choses. Il y a la solidarité ministérielle, qui consiste,
lorsque le cabinet a pris une décision, d'être tous solidaires de
cette décision. Il y a aussi cette liberté individuelle qui
permet à chacun des membres d'un cabinet de s'exprimer librement, en
dehors des décisions du cabinet. L'honorable ministre Masse qui,
à ce moment-là, n'était plus ministre d'Etat à
l'Education a donné une opinion personnelle, sur laquelle d'ailleurs,
à cette époque, j'avais été questionné par
les journalistes et je répète à peu près ce que
j'ai dit à cette époque.
M. Masse a donné une opinion personnelle. Je n'ai pas, comme
ministre, officiellement, à la qualifier, à l'infirmer ou
à la confirmer. Je pense que c'était une opinion personnelle et
je l'accepte comme telle et je pense que chacun des ministres actuellement,
comme sous tout autre gouvernement depuis le début du système
parlementaire actuel, a le droit d'exprimer des opinions personnelles.
M. LEFEBVRE: Maintenant, M. le Président, si je poursuis, je note
que le ministre n'a voulu ni se solidariser ni se désolidariser de cette
déclaration. J'y reviendrai dans un instant. Mais je voudrais poursuivre
la même déclaration de M. Masse où, plus loin, le journal
le cite entre guillemets, en disant ceci: "Et la CECM va son petit bonhomme de
chemin. C'est un second ministère de l'Education. Le gouvernement croit
à la nécessité d'un lien étroit entre la CECM et le
ministère de l'Education".
Alors, M. le Président, si vous gardez bien en mémoire
cette affirmation à l'effet que le gouvernement tient à un lien
étroit, je tire du rapport annuel de la Commission des écoles
catholiques de Montréal pour l'année scolaire 1966-1967, la
citation suivante: « Pour remplacer M. Jarry, le lieutenant-gouverneur en
conseil nommait M. Gaétan Leborgne au cours du mois de juin;
âgé de 49 ans et père de six enfants, le nouveau
commissaire a été au service de la commission de 1950 à
1961. Il était directeur du bureau de la construction, au moment de son
départ. Il agit présentement comme conseiller technique, dans le
domaine de la construction, auprès du ministère de l'Education.
»
Ma première question au ministre serait de savoir si M. Leborgne
agit toujours dans le domaine de la construction, comme conseiller
auprès du ministère de l'Education?
M. CARDINAL: Non, il n'agit plus comme conseiller auprès de la
CECM, dans le domaine de la construction.
M. LEFEBVRE: Auprès de la CECM ou auprès du
ministère?
M. CARDINAL: Auprès du ministère, c'est autre chose. Il y
a, à la suite d'une décision du conseil des ministres, un bureau
d'ingénieurs qui agit d'une façon permanente pour la durée
d'un contrat de deux ans, auprès du ministère de l'Education
à titre d'experts pour la construction d'écoles.
Encore une fois, attention aux conclusions de ce que je pourrais dire!
Encore une fois, je regrette que l'on commence la discussion sur un autre
individu. Je me demande, sans employer des mots qui d'ailleurs ont
été employés, quel procès l'on veut faire. Enfin,
je consens quand même, avec la même disponibilité et la
même sérénité que j'essaie de conserver, à
répondre à la question.
M. Leborgne, paraît-il, serait membre de ce bureau
d'ingénieurs qui agit auprès du ministère. Est-ce que ceci
veut dire que M. Leborgne, individuellement, agit comme conseil auprès
du ministère? Non. Je vois comment se passent les choses dans ces
bureaux de consultants.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je répète la citation
que j'ai donnée tout à l'heure et je crois qu'il s'agit là
d'un problème fort important. On s'en rendra compte dans un instant
lorsque l'on parlera des montants en cause. Le rapport de la Commission des
écoles catholiques de Montréal se lit comme suit: « M.
Leborgne agit présentement comme conseiller technique, dans le domaine
de la construction, auprès du ministère de l'Education. »
Or, j'aimerais que le ministre informe le comité à savoir
à quelle date M. Leborgne a été embauché par le
ministère? A quelles conditions?
M. CARDINAL: Il n'est pas embauché par le ministère. Je
répète ma réponse. A la suite d'un arrêté en
conseil du conseil des ministres, un contrat d'une période de deux ans a
été conclu avec la firme Valois, Lalonde et Associés, j'ai
oublié tous les autres noms. Il n'y a pas d'individu d'engagé
comme consultant du ministère.
M. LEFEBVRE: Alors si je comprends bien, M. le Président, je veux
être sûr de ne pas mésinterpréter le ministre. Cela
veut dire que M. Gaétan Leborgne n'a jamais personnellement
été embauché par le ministère, ni à salaire
ni à honoraire?
M. CARDINAL: Jamais, ni à salaire ni à honoraire. Je
répète, à la suite d'un arrêté en conseil, un
contrat pour une période de deux ans, d'avril 1967 à avril 1969,
a été conclu avec une firme. Mais encore une fois, je pose une
question au député de l'Opposition. J'ignore où il veut en
venir. Je me demande pourquoi il s'attache à des personnes.
M. LEFEBVRE: Vous allez voir dans un instant où je veux en
venir.
M. CARDINAL: Probablement que je vais le voir. J'espère que
ça ne sera pour s'attaquer à des individus.
M. LEFEBVRE: M. ,1e Président, je pense que c'est le devoir des
membres de la Législature et le ministre évidemment est nouveau
parmi nous, plus nouveau que je ne le suis moi-même, mais je ne crois pas
qu'il doive se surprendre que l'on pose des questions d'intérêt
public en vue de s'assurer qu'il n'y a pas, dans certains cas, des conflits
d'intérêt flagrants.
Je ne vais pas tout de suite aux conclusions, mais j'indique...
M. CARDINAL: Si c'est le sens de la question, je suis entièrement
d'accord.
M. LEFEBVRE: Bon, eh bien, cessons de jouer les vierges offensées
et essayons de voir s'il y a problème ou non.
M. CARDINAL: M. le Député, quand même! Vous faites
de la poésie.
M. LEFEBVRE: Non, je ne fais pas de poésie, je constate...
M. CARDINAL: Je ne sais pas en quoi je ressemble à une vierge
offensée.
M. GERIN-LAJOIE: C'est ce qu'on appelle mettre les points sur les
« i ».
M. LEFEBVRE: Le ministre cherchait à m'a-pitoy er pour que je
mette fin à mon questionnaire. Je n'ai pas du tout l'intention de
cesser.
M. CARDINAL: Je n'ai jamais cru que je réussirais à vous
apitoyer.
M. LEFEBVRE: Alors, M. le Président, je comprends donc que M.
Leborgne est membre d'un bureau qui, au nom du gouvernement, a comme
tâche d'approuver les plans de construction d'écoles. C'est bien
cela?
M. CARDINAL: Non, ce bureau n'a pas à les approuver, je regrette,
c'est le ministère qui approuve. Ce bureau est un bureau de consultants
qui aide le ministère, soit à établir des normes, soit
à étudier l'application de ces normes. Les décisions ne
sont jamais prises par un bureau d'experts.
M. LEFEBVRE: Je crois que le ministre ferait bien de vérifier
pour être tout à fait certain. Je ne voudrais pas, quant à
moi, que le public soit induit en erreur contre son gré. L'opinion
courante à Montréal et ceci est quand même
imprimé dans un rapport officiel de la Commission des écoles
catholiques de Montréal c'est que M. Leborgne occupait au
ministère une fonction en vertu de laquelle il devait juger les plans
soumis par les commissions scolaires.
M. CARDINAL: Si vous retournez à la documentation de la CECM., je
me souviens fort bien qu'avant que j'aie annoncé la création des
collèges d'enseignement général et professionnel, on
annonçait certains noms qui n'étaient pas encore
créés dans une documentation de la CECM. Est-ce que ce document
est officiel? Je ne dis pas qu'il est faux. Mais quant à la situation de
M. Leborgne, encore une fois il est membre d'une firme, il est également
je peux l'ajouter pour donner une image complète membre
d'un comité où il n'est pas seul, où il y a au moins
quatre ou cinq autres personnes avec lui. Cette firme et ce comité ne
sont que des organismes de consultation, d'expertise, de la direction
générale de l'équipement du ministère de
l'Education.
M. LEFEBVRE: Parce que je pense que le ministre est sans doute au
courant que M. Leborgne est président du sous-comité de
construction de la Commission des écoles catholiques de Montréal
et qu'il est également président du comité chargé
du choix des professionnels.
M. CARDINAL: A la suite de deux décisions prises par le conseil
d'administration de la Commission des écoles catholiques de
Montréal.
M. LEFEBVRE: A la suite d'une première nomination puis d'une
dissolution pour s'assurer de la nomination de M. Leborgne sur ce comité
de trois personnes qui a comme fonction de choisir les professionnels qui
doivent se charger de la construction des écoles à
Montréal.
Alors, ma question au ministre est bien simple: A son avis, y a-t-il
là une situation de conflit d'intérêt?
M. CARDINAL: Je crois que le ministre n'a pas à s'ériger
en juge ou en tribunal pour savoir si, dans la situation que j'ai essayé
de décrire le mieux possible, une personne en elle-même ou
objectivement est dans une situation de conflit d'intérêt. Ce qui
se passe à la CECM, qui bénéficie d'une loi
spéciale et qui est un organisme qui, dans ses décisions,
bénéficie de beaucoup d'autonomie, est une chose et la
présence de M. Leborgne, qui est architecte, au sein d'un comité
d'architectes ou d'une firme de consultants, ne me paraît en rien
anormale. Je ne pense pas qu'en réponse à la question j'aie
à juger. Je ne pense pas que l'absence d'un non laisse
interpréter un oui ou que l'absence d'un oui laisse interpréter
un non.
M. LEFEBVRE: J'aurai à vérifier. Je dois dire en toute
bonne foi que les informations que me communique le ministre diffèrent
légèrement, quant au rôle de M. Leborgne
àl'intérieur du ministère, de ce que plusieurs personnes
à
Montréal croient et, je le constate, de ce qui est écrit
dans le rapport.
M. CARDINAL: Le député, je pense, admettra aussi que je
réponds en toute bonne foi, d'après les renseignements que me
fournissent les fonctionnaires et les dossiers que j'ai à mon
ministère, à la lecture de cet arrêté en conseil
dont j'ai parlé tantôt.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je n'affirme pas qu'il y ait un
conflit d'intérêt, mais je pense qu'il est de
l'intérêt public d'attirer l'attention du ministre sur la
possibilité qu'il y ait là conflit d'intérêt.
C'est quand même le même gouvernement qui a nommé ce
même homme, d'une part à la Commission des écoles
catholiques de Montréal dont le gouvernement contrôle la
majorité des membres - enfin contrôle, je retire le terme
nomme la majorité des membres, c'est plus exact. Et d'autre part, je
pense que c'est le gouvernement qui choisit également les bureaux de
professionnels appelés à le conseiller sur les constructions,
etc. Et je répète au ministre que beaucoup de gens
informés à Montréal, semblent Inquiets de cette situation
et je crois que, dans l'intérêt public, je ne doute pas que ce
soit sa préoccupation, il ferait bien d'aller lui-même au fond des
choses.
M. CARDINAL: Je remercie le député de sa
préoccupation du bien public et j'en prends note.
M. LEFEBVRE: Maintenant, je veux faire un lien entre la première
citation que je faisais tout à l'heure du ministre
délégué à la Fonction publique et la
deuxième que j'ai faite et qui m'a amené à dire un mot des
commissaires, de M. Gaétan Leborgne. Les associations de parents et
certains éditorialistes - et je vous avoue également que c'est
également mon impression, je ne veux pas me cacher derrière les
autres - semblent d'opinion que les raisons pour lesquelles le gouvernement
tient tant à mettre la main sur la Commission des écoles
catholiques de Montréal, ou tarde tant à refaire les structures,
ne sont pas toutes aussi pures les unes que les autres. Et je pense que, s'il
s'avérait qu'il y eut vraiment conflit d'intérêt, par
exemple dans le cas que j'ai nommé, et qu'il y eut danger de favoritisme
ou de patronage, ceci serait un élément de preuve.
Ce que je veux demander au ministre de l'Education et je pense
qu'il sera heureux de l'occasion qui lui est fournie de le faire -ce serait de
quelle façon il voit, lui, la solution à ce qu'on a appelé
le parallélisme des ministères de l'Education,
c'est-à-dire le fait que, dans l'opinion d'un certain nombre de
porte-parole du gouvernement, le premier ministre s'est plaint encore de
ça hier, le ministre Marcel Masse en a parlé à plusieurs
reprises, on a dit qu'il y avait deux ministères de l'Education. Le
ministre actuel, lui, comment voit-il, dans l'avenir, une meilleure
intégration qu'il rechercherait des effectifs administratifs,
pédagogiques, qui sont au service de l'Education dans la région
de Montréal, avec les objectifs du ministère lui-même?
M. CARDINAL: Il n'y a aucun doute, malgré tout ce qui a
été dit par le député de l'Opposition et que je
n'ai pas dit, je ne me suis jamais prononcé et je n'ai jamais
porté de jugement ou fait de procès d'aucune des commissions
scolaires, qu'il existe à Montréal, à la CECM ou aux
autres commissions scolaires, un grand nombre de personnes très
compétentes dont tout le système de l'Education du Québec
peut bénéficier et de la compétence et de
l'activité.
Je lui indiquerai cependant qu'à Montréal encore
une fois c'est une répétition et je m'en excuse - il y a le plus
important de tous les bureaux régionaux de la province qui est
situé à la Place Crémazie et dont le personnel
dépasse plus de 70 membres et qui s'occupe de toutes les questions du
ministère de l'Education dans l'Ile de Montréal. D'autre part,
c'est encore une répétition, la situation présente en est
une, je l'ai déjà dit, qui est un héritage du
passé; et le comité de restructuration qui a été
créé, dont le mandat a été lu, relu et
commenté hier soir, est l'un des éléments de solution
à cette situation
du grand Montréal au point de vue scolaire, qui n'est
certainement pas idéal, je pense que je n'ai pas été
ambigu à ce sujet.
Par conséquent, je ne pense pas que j'aie à juger une
commission scolaire, si grosse soit-elle, parce qu'elle est grosse ou parce que
son conseil est composé de telle ou telle autre personne. Au contraire,
je l'ai indiqué, je suis tourné vers l'avenir et cette situation
des structures scolaires de l'Ile de Montréal, indépendamment des
personnes qui composent les commissions scolaires, y compris la CECM, est une
situation qui globalement ne peut pas durer pendant longtemps, pour des raisons
qui ne s'attachent aucunement ni à des conflits d'intérêt,
ni à des conflits de personnalité, ni à des questions de
personnalité uniquement.
Bien au contraire, je pense que le ministre de l'Education, devant tous
les problèmes qui l'assaillent au point de vue de l'éducation
dans tout le Québec, dont Montréal au point de vue de la
population, est un immense morceau et la plus grande proportion, doit chercher
la solution auprès de ceux qui avant lui ont été
nommés pour lui faire des recommandations.
Celles-ci, si l'on prend la composition du comité, viendront. Les
administrateurs qui représentent toutes les commissions scolaires de la
ville de Montréal, qui représentent les enseignants de ces
mêmes régions, et qui représentent les parents de ces
mêmes régions, si donc les associations de parents ont eu à
se plaindre de certains actes posés dans le passé, ces
mêmes associations ont l'occasion de présenter leurs
recommandations, leurs suggestions, leurs craintes, à ce comité
qui a été créé. Elles ont été
invitées à le faire et je suis sûr d'ailleurs qu'elles le
feront, parce qu'elles sont vraiment intéressées à ce que
les problèmes de Montréal soient résolus. Et, encore une
fois, le gouvernement actuel n'a pas l'intention, devant le rapport de ce
comité qui sera présenté d'ici la fin de septembre
prochain, de demeurer inactif.
Il étudiera ce rapport dès qu'il lui sera
présenté et prendra, aussitôt que possible, les solutions
qui s'imposent.
M. LEFEBVRE: M. le Président, à la suite des paroles du
ministre, est-ce qu'il serait exagéré de conclure que, quant
à lui, il ne voit pas la solution dans ce que l'on a déjà
appelé « la nationalisation » par le gouvernement du
Québec de la CECM?
M. CARDINAL: Je n'aime pas à revenir sur le passé. Que
veut dire le mot « nationalisation »? Qu'est-ce que ça veut
dire, nationaliser une corporation qui est déjà publique, qui
déjà, même si elle a une loi spéciale, doit
obéir à certaines normes établies par le ministère,
à la loi générale de l'instruction publique pour ce qui
n'est pas inclus dans sa loi, aux règlements du ministère,
à la Loi du ministère de l'Education, etc. Par conséquent,
s'attacher au mot, ce n'est pas une chose qui m'intéresse. Je
préfère, comme je l'ai dit à plusieurs reprises,
m'attacher aux problèmes, aux personnes, aux événements,
et trouver les solutions qui, dans une situation donnée, semblent
s'imposer, après avoir pris les conseils, après avoir pris la
réflexion qui s'impose.
M. LEFEBVREs Je suis bien d'accord avec le ministre. Mais, je pense
qu'il est conscient du fait que le terme « nationalisation »
n'était pas de moi. Il était du ministre
délégué à la Fonction publique. Maintenant,...
M. CARDINAL: Pourquoi m'obliger à y revenir. J'ai dit
tantôt que c'était une opinion personnelle de ce ministre...
M. LEFEBVRE: Oui, oui.
M. CARDINAL: ... et que je ne la qualifiais en rien ni ne la
jugeais.
M. LEFEBVRE: Non, non, nous avons compris, M. le Président. Mais
j'ai une dernière question à poser au ministre. J'ignore si c'est
habituel, honnêtement, je le demande en toute bonne foi, il jugera si
c'est possible ou non. Mais par les questions que je lui ai posées tout
à l'heure, je veux assurer tous les membres du comité, à
commencer par le ministre lui-même, que ce n'est aucunement mon intention
de ternir les réputations ou de faire des procès de personnes.
Mais, des gens sérieux ont attiré mon attention sur les faits que
j'ai mentionnés.
Je crois que beaucoup de gens à Montréal
s'intéressent à cette situation-là et je crois qu'il
serait dans l'intérêt public que le ministre, après avoir
vérifié tous les détails des faits sur lesquels j'ai
attiré son attention, sans aucun esprit, d'ailleurs, partisan ni, encore
une fois, ni dans l'intention de nuire à qui que ce soit, je lui serais,
pour ma part, reconnaissant, et je crois qu'il serait dans
l'intérêt public, si le ministre remettait au comité une
brève déclaration indiquant exactement les faits et
vérifiant l'authenticité de ce qui est écrit dans le
rapport que j'ai invoqué; de façon qu'au moins les membres du
comité et le public, dans la mesure où le public
s'intéresse à cela, puisse
juger en connaissance de cause et qu'il n'y ait aucune équivoque
possible.
M. CARDINAL: Je pense que j'ai fait cette déclaration et qu'elle
est dans le journal des Débats. J'ignore, si le député me
demande à ce moment-là, une enquête?
M. LEFEBVRE: Non, non.
M. CARDINAL: J'aimerais comprendre vraiment la question. Je puis, s'il
le désire, vérifier les faits que j'ai obtenus des hauts
fonctionnaires qui m'entourent...
M. LEFEBVRE: Disons...
M. CARDINAL: ... et répéter à une prochaine
séance ce que je viens de dire.
M. LEFEBVRE: Non, disons, M. le Président, pour être tout
à fait précis, que ma question serait la suivante: Est-ce que le
ministre aurait l'obligeance de vérifier, dans le journal des
Débats, ce qu'il a dit, s'il en est satisfait et s'il croit après
étude que ceci répond totalement à la vérité
et à ce qu'il voulait dire?
M. BOUSQUET: Premièrement, le ministre ne parle pas à
travers son chapeau. S'il a affirmé ça, ça veut dire
que...
M. LEFEBVRE: Que le député de Saint-Hyacinthe me laisse
donc poursuivre! Si, par hasard, M. le Président, et je pense
qu'on ne pourrait pas lui en faire grief dans un échange
improvisé, si certains faits avaient échappé à
l'attention du ministre ou à celle de ses conseillers, à ce
moment-là je lui donne l'occasion tout simplement de faire une
rectification, c'est tout.
M. CARDINAL: Est-ce que je puis attendre la réciproque de celui
qui posait les questions?
M. LEFEBVRE: Oui, mais malheureusement je n'ai pas les mêmes
ressources d'information.
M. CARDINAL: Pourtant, je pense que vous devriez être bien au
courant de la situation interne de cette commission dont vous avez
parlé.
M. LEFEBVRE: Pas tellement.
M. LE PRESIDENT: Le député de d'Arcy-McGee... ou
plutôt de Vaudreuil-Soulanges.
Mo GERIN-LAJOIE: J'allais dire que le président s'est
fait, auprès de quelques-uns d'entre nous, l'interprète d'un
certain nombre de membres pour exprimer le voeu que cette séance ajourne
dans quelques minutes. Je dois dire que, de notre côté, nous
n'avons pas d'objection puisque, de toute façon, nous avons de la
matière pour continuer la semaine prochaine. Mais comme le
député de D'Arcy-McGee aurait deux courtes questions à
poser et que, la semaine prochaine, il devra participer aux travaux du
comité des crédits de la Santé, on pourrait
peut-être lui permettre de les poser tout de suite.
M. CARDINAL: Je suis d'accord pour permettre au député de
D'Arcy-McGee de poser ses questions.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais signaler que la Chambre est ajournée
à trois heures lundi et qu'il faudrait revenir ici lundi vers quatre
heures.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je serai bref. Je fais une triste
constatation et je demanderais au ministre les précisions qui
s'imposent. Je note qu'à ce poste du budget, l'article intitulé:
« Classes spéciales pour certains enfants » et l'article
intitulé: « Livres de bibliothèque scolaire »,
connaissent une diminution du montant prévu pour l'année 68/69 en
comparaison avec celui prévu pour 67/68, tandis qu'à l'article
intitulé: « Transport des élèves », il y a une
augmentation cette année en comparaison avec l'an dernier. Je vais les
prendre dans l'ordre inverse. Est-ce que l'augmentation du montant prévu
pour le transport des élèves traduit un retard dans la
construction des écoles? J'explique ma question, on entend souvent la
plainte de la part des parents que les écoles ne sont pas construites
assez rapidement dans les secteurs où les augmentations de population
sont connues, et qu'on est obligé de diriger les enfants vers d'autres
secteurs.
M. CARDINAL: Non, M. le Député, il n'y a aucune relation,
et de fait il faut voir qu'à ce poste il ne s'agit pas d'un poste comme
les autres. Ce qui joue à travers tous les articles de ce poste
numéro 16, ce sont justement les normes de subventions statutaires. Si,
par exemple, le transport scolaire augmente de coût, c'est que, d'une
part, il y a de plus nombreux élèves et, d'autre part, il y a des
normes qui sont établies, alors que l'an passé, je l'ai
mentionné déjà, chaque cas était jugé sur
une base exceptionnelle. D'autre part, c'est la mê-
me chose pour les bibliothèques ou l'autre article numéro
3 que vous avez mentionné. Ces prévisions budgétaires, qui
sont des prévisions budgétaires et non pas des sommes qui seront
nécessairement dépensées, sont basées sur des
prévisions en fonction des normes.
Par conséquent, ce n'est pas que nous diminuons à des
postes, c'est tout simplement que, en prévision des étudiants qui
seront présents, d'après les normes qui sont en vigueur
d'après le tableau que nous avons étudié tantôt, ces
sommes devraient être utilisées.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que les sommes qui ont été
réellement dépensées l'an dernier ne correspondent pas
avec les montants prévus au budget de l'an dernier, dans ce
cas-là?
M. CARDINAL: Je pourrais donner une réponse, mais là
aussi, ce ne serait pas une véritable réponse. Encore une fois,
les chiffres qui apparaissent là sont purement fondés sur des
normes et ne représentent pas nécessairement les dépenses
effectives qui seront faites à compter de la réalité des
choses.
Deuxièmement, il s'agit de budget à partir de subventions
statutaires. Il y a, en plus des subventions statutaires, il y a d'autres
sommes qui, de fait, vont être ajoutées à divers autres
postes, à travers tout cet important budget, et qui viennent corriger
dans les faits les chiffres exposés ici. Par exemple, dans le même
poste 16, vous avez des subventions spéciales à certaines
commissions scolaires ou vous trouvez une augmentation de $135 millions
à $175 millions sur une base budgétaire. Et cet article 8 vient
corriger en particulier les articles concernant les classes spéciales,
les livres de bibliothèque et d'autres articles de ce poste. Tout ce
poste 16 est basé, jusqu'au numéro 8, sur des subventions
statutaires. Et si vous me permettez, si on regarde le cahier dont on a si
souvent parlé, à la page 12, 5-1, bibliothèques à
un des points que vous avez soulevés, on lit ceci: « Le
ministère acceptera comme dépenses admissibles un montant de $3
par élève...
M. GERIN-LAJOIE: Quelle page?
M. CARDINAL: Page 12. Article 5-1, dans ce cahier des normes. ... pour
l'achat et les reliures de livres et pour l'achat et location de
matériel audio-visuel. » Ce montant comprend le dollar
prévu et le dollar, c'est cela qui est aux articles 3 et 7, etc.
dans la loi régissant les subventions statutaires.
M. GERIN-LAJOIE: Et à la page 11, il y a les normes pour les
commissions scolaires régionales.
M. CARDINAL: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: Ce que le ministre vient de lire, c'est pour les
commissions scolaires locales.
M. CARDINAL: D'accord, c'est ça. Alors, par conséquent, il
faut interpréter ici ce tableau. C'est la base statutaire. Ce n'est pas
ce qui, en fait, sera donné. Ce qui, en fait, sera donné, on le
retrouve dans la grande et très forte réserve de $175 millions
qui se fait quand même suivant des normes mais qui ne dépendent
pas de lois qui établissent statutairement des subventions aux
commissions scolaires.
M. GOLDBLOOM: Alors, ce n'est pas à l'article «
bibliothèques » par exemple, que le ministre est pour
économiser cette année.
M. CARDINAL: Du tout, c'est purement sur une base budgétaire en
fonction du nombre d'étudiants qu'on a prévu selon la base
statutaire prévue par la loi.
M. GERIN-LAJOIE: Pour juste clarifier ce point-là, je pense que,
pour répondre positivement à la question du député
de D'Arcy-McGee, le ministre devrait nous dire si, en somme, dans les normes
budgétaires, la somme de $15 pour service de bibliothèque et de
technique audio-visuelle, dans les commissions scolaires régionales, et
la somme de $3 pour les commissions scolaires locales, constituent la
même norme que l'an dernier.
M. CARDINAL: Oui, je peux répondre directement que c'est la
même norme que l'an dernier.
M. GERIN-LAJOIE: II n'y a aucun changement, ni en partie?
M. CARDINAL: II n'y a aucun changement. C'est ça. C'est pourquoi
l'an passé un budget a été fait sur les prévisions
du nombre d'étudiants à ce moment-là, un budget fait sur
une autre base, et l'on sait par les discussions qu'on a eues dans d'autres
postes, que les prévisions démographiques des étudiants
sont actuellement sujettes à des variations qui dépendent
à la fois d'une part de la scolarisation plus accrue et d'autre part
d'un nombre de naissances plus restreint.
M. GOLDBLOOM: Avant de poser ma dernière question, M. le
Président, j'aimerais attirer l'attention du ministre sur une discussion
que j'ai eu l'honneur d'avoir avec son collègue des Transports et
Communications, au sujet du transport scolaire. Il y a eu évidemment des
éléments de cette discussion qui touchaient les
intérêts du ministère de l'Education, et je prierais le
ministre de bien vouloir se mettre en contact avec son collègue du
ministère des Transports pour poursuivre la recherche d'une solution aux
problèmes qui sont soulevés là-dedans. Je n'entre pas dans
les détails...
M. CARDINAL: C'est déjà fait, M. le Député,
au niveau des deux ministres individuellement, si vous voulez en commun, et au
niveau du Conseil des ministres.
M. GERIN-LAJOIE: Il y a eu un comité de crée, y a-t-il eu
un rapport?
M. CARDINAL: Il y a eu un comité. Il vient à peine de
remettre son rapport et je n'ai pas encore eu l'occasion, I cause justement de
la discussion des crédits, de déposer ce rapport devant le
conseil des ministres.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, normalement on pourra s'attendre à ce
qu'il soit déposé en Chambre...
M. CARDINAL: Oui, une fois qu'il aura été
déposé au conseil des ministres, on peut s'attendre à ce
que normalement, comme les autres rapports, il soit déposé en
Chambre. Je pense que ceci à ce moment-là dépasse ma
compétence, parce qu'on se rappelle comment cette commission a
été créée, à la suite de quels
événements. Elle dépasse les cadres du simple
ministère de l'Education. C'est-à-dire que c'est I la suite de
cet accident de Dorion que le conseil des ministres a créé une
commission où il y avait des gens de divers milieux, dont en particulier
des représentants du ministère des Transports et du
ministère de l'Education, sans oublier la sécurité, enfin
le point de vue médical. Alors de fait, ce n'est pas un rapport au
ministre de l'Education, mais un rapport au conseil des ministres. Je l'ai
reçu pour le transmettre au conseil des ministres, et je vais le faire,
comme on dit dans le code de procédure civile, avec la plus grande
diligence.
M. GOLDBLOOM: La dernière question, M. le Président. En ce
qui concerne les classes spéciales pour certains enfants, est-ce que le
ministre peut me dire si ces classes sont en évolution? Est-ce qu'il y a
augmentation malgré la diminution apparente des fiches? A partir de quel
niveau de quotient intellectuel accepte-t-on les enfants et jusqu'à
quelle année de scolarité maintient-on ces classes
spéciales?
M. CARDINAL: II y a un tableau que nous pouvons préparer ou qui
est déjà préparé à ce sujet et nous
pourrions l'apporter au cours des prochaines séances.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il y a eu un comité d'étude de
créé, de constitué conjointement par le ministère
de l'Education et par le ministère de la Santé et peut-être
d'autres ministères, sur les questions de l'enfance exceptionnelle?
M. CARDINAL: II y a un comité conjoint qui existe
déjà, un comité interministériel qui fonctionne
présentement. Il n'a pas fait rapport.
M. GERIN-LAJOIE: Ce comité-là n'apas été
chargé de faire une étude systématique comme font les
comités d'étude et de faire un rapport en bonne et due forme au
gouvernement?
M. CARDINAL: Non, c'est un comité de travail. Ce n'est ni une
commission royale d'enquête ni un comité officiel de
l'extérieur. C'est un comité de travail interministériel:
Santé, Education, Travail.
M. GERIN-LAJOIE: Famille et Bien-Etre.
M. CARDINAL: Famille et Bien-Etre, oui, pardon, je m'excuse.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre a eu lui-même, ne
serait-ce que d'une façon interne, des rapports en bonne et due forme ou
s'il y a eu simplement des comptes rendus verbaux?
M. CARDINAL: Depuis que je suis ministre je n'ai pas eu à mon
bureau de rapport de ce comité. L'on m'informe cependant que je recevrai
incessamment un rapport de ce comité.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que ce serait utile si le ministre, d'ici la
prochaine séance, se renseignait un peu plus complètement sur
cette question-là. Je profite de l'occasion tout de suite à ce
moment-ci pour souligner, pour rappeler qu'en Ontario il y a eu une
étude systématique, méthodique de faite, je ne sais pas si
c'est par les ministères eux-mêmes ou par les
gens de l'extérieur, des responsabilités de chacun des
ministères sur les problèmes de l'enfance exceptionnelle. Je
demanderais au ministre, à la lumière de ce que nous savons chez
nous et de ce qui s'est fait en Ontario, ce qu'il envisage pour l'avenir dans
ce domaine-là?
M. CARDINAL: Je ne voudrais pas ici faire une promesse. J'ai dit que le
comité existait, qu'il poursuivait ses travaux, que je n'avais pas
reçu de rapport. Je ne pense pas qu'on devrait faire dépendre la
défense des crédits d'un rapport dont je ne connais pas la date
du dépôt. Je peux me renseigner davantage sur les étapes du
travail de ce comité mais je ne puis certainement pas promettre qu'un
comité interministériel déposera un rapport avant que
l'étude des crédits ne soit terminée.
M. GERIN-LAJOIE: Non, ce n'est pas ce que j'envisageais, le ministre le
comprendra bien, mais c'est simplement que le ministre puisse nous dire
évidemment nous pourrions procéder sous forme de questions
précises je pense qu'il s'agit d'un problème d'envergure
qui est assez familier à ses collaborateurs immédiats du
ministère et sur lequel, je pense, il pourrait nous faire un certain
énoncé de politique.
M. CARDINAL: L'énoncé de politique, cela présuppose
déjà qu'un rapport soit entré. Ce que je peux donner, je
pense, c'est un rapport de progrès pour traduire « progress
report ».
M. GOLDBLOOM: Mais disons au moins que nous ne répondons pas
encore, en toute satisfaction, aux besoins qui existent et tout renseignement
que le ministre pourrait nous fournir quant à ses projets serait
apprécié.
M. CARDINAL: C'est pourquoi il y a un comité. C'est parce que la
situation n'est pas satisfaisante aux yeux du ministre. Sur ce point, je serai
d'accord.
M. LEFEBVRE: M. le Président, seulement trente secondes. C'est
pour compléter le dossier au sujet de l'échange de vues de tout
à l'heure. Est-ce que le ministre aurait l'obligeance de nous
décrire je ne crois pas que cela ait été fait
de nous dire très brièvement en quoi consiste le mandat du
bureau d'architectes, auquel il a fait allusion, et dont M. Gaétan
Leborgne est membre?
M. CARDINAL: II a un double mandat, celui d'établir des normes
pour la construction des écoles et celui aussi de fournir du personnel
pour l'étude de ces normes. Il ne faut pas confondre, là vous
parlez du bureau d'architectes. Il y a le bureau des consultants, enfin il y a
le comité, et il y a le contrat avec cette firme de consultants. La
firme de consultants fait deux choses: elle étudie les normes et elle
fournit du personnel. Le ministère, plutôt que d'engager un
personnel à temps plein comme je l'ai mentionné hier, pour une
période nécessairement limitée, a engagé une firme
d'experts qui, pendant cette période du programme de construction, nous
fournit ses experts. S'il s'agit du comité d'architectes, c'est une
autre chose. Il faudrait séparer les deux problèmes.
M. LEFEBVRE: C'est que le ministre a été très
concis là-dessus. Je n'ai pas d'objection à ce qu'il
réponde lundi, mais je crois qu'il serait important, pour éviter
toute équivoque, que le comité soit pleinement informé. Si
je comprends bien, M. Leborgne est intéressé des deux
côtés. A la fois du côté de ce que vous appelez la
firme de consultants et à la fois sur le plan des normes
architecturales.
M. CARDINAL: Intéressé, le mot est fort.
M. LEFEBVRE: Non, je dis intéressé, mais disons
impliqué ou concerné, ou appelez cela comme vous le voudrez.
M. CARDINAL: D'accord.
M. LEFEBVRE: Je crois que ce n'est pas très clair, M. le
Président. Je pense que le ministre devrait, soit aujourd'hui ou lundi,
nous dire de façon plus précise quelles sont les tâches de
ces deux organismes.
M. CARDINAL: II y a un contrat avec la firme de consultants.
M. LEFEBVRE: Parce qu'il s'agit de centaines de millions de dollars, en
ce qui concerne la région de Montréal. Je pense que c'est une
chose importante et si le ministre veut dormir là dessus en fin de
semaine et nous donner une description lundi, moi, ça me convient.
M. CARDINAL: Le ministre a toujours la conscience paisible, il ne
dormira pas toute la fin de semaine, parce qu'il aurad'autres choses à
faire, mais il est disposé à fournir des renseignements plus
précis lundi.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre ne dort pas longtemps, mais il dort
bien.
M. CARDINAL: Ceci est exact, parce que celui qui me fait face, sait le
peu d'heures qui nous sont laissées au sommeil.
M. GRENIER: Est-ce que nous pourrions savoir, si les
députés de l'Opposition ici au comité de l'Education
prévoient que l'on puisse accepter les crédits au cours de la
semaine prochaine, assez rapidement, ou est-ce que pour vous, c'est une
question de jours ou une question d'information?
M. GERIN-LAJOIE: Disons qu'en ce qui me concerne et avec ce que je sais
de mes colligues, nous avons passablement de renseignements à demander
au ministre.
M. GRENIER: Est-ce que l'on peut prévoir que ça va se
terminer au milieu de la semaine ou vers la fin?
M. GERIN-LAJOIE: Nous en avons pour quelques séances, mais pas
pour des semaines.
M. GERNIER: Je sais que l'éventuelle question va arriver encore
lundi, à savoir si le député de Vaudreuil-Soulanges
probablement fera encore une longue théorie à savoir qu'un
père de famille a le droit de vivre avec ses enfants et le
député de Chambly nous dira qu'il est lassé
d'élever ses enfants par téléphone. Mais il serait tout de
même bon de savoir qu'à l'intérieur des comités, il
est parfois bon d'accélérer les démarches tout en
fournissant les renseignements nécessaires, mais c'est quand même
ici que l'on peut sauver du temps. Ce n'est pas par les longues tirades du
lundi quand on ouvre la Chambre, que l'on va couper le temps sur les
comités. Personnellement, j'ai bien l'impression qu'ici, l'on
répond amplement aux questions, de la part du ministre, et que
l'Opposition reçoit toutes les informations et prend tout le temps
voulu. J'ai bien l'impression que nous pouvons accélérer les
questions et les discussions là-dessus, parce qu'il y a bien du verbiage
qui s'est fait depuis lundi que nous sommes sur ce comité et nous en
sommes encore au poste 16. Il y aurait peut-être lieu de s'interroger
à savoir si l'on peut accélérer les démarches, au
cours de la semaine prochaine.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le député est le porte-parole du
gouvernement pour apprécier la marche...
M. GRENIER: Non, mais je peux me permettre d'apprécier les
discussions amenées tant par le député d'Ahuntsic que par
certains autres qui avaient des questions qui parfois auraient pu être
beaucoup plus courtes. Enfin que l'on n'arrive pas encore avec une tirade
lundi, pour demander de couper les travaux et dire que le gouvernement ne voit
pas l'heure de terminer.
M. CARDINAL: Est-ce que cependant, je le dis publiquement, l'on peut
s'entendre pour quatre heures, lundi après-midi? La semaine
dernière, je pense que nous avons laissé au député
de l'Opposition le droit de revenir mardi, à cause d'une absence
justifiée lundi. Si l'on accordait peut-être dix minutes de
grâce, pour que je sois à temps à quatre heures, je
l'apprécierais.
M. GERIN-LAJOIE: Nous sommes d'accord.
M. LE PRESIDENT: La séance est ajournée à lundi,
seize heures.
(16 h 10)
Séance du 17 juin 1968
(Seize heures neuf
minutes)
M. GARDNER (président): A l'ordre! Très bien, nous
continuons. Nous étions au poste budgétaire 16, article 8:
Subventions spéciales à certaines commissions scolaires. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: Au moment où nous avons ajourné, la
semaine dernière, il était question des classes pour l'enfance
inadaptée. Je ne sais pas si le ministre est en mesure, aujourd'hui ou
à un autre moment, de nous fournir certaines statistiques quant au
nombre de classes qui existent dans la province par niveau, nombre d'enfants,
par groupe d'âge de préférence.
M. CARDINAL: Vendredi, lorsque nous avons ajourné, je me suis
informé comment obtenir plus de détails. Je n'ai pas encore lu la
réponse parce que je viens d'arriver, mais il ne s'agit que d'un
léger sursis.
M. GERIN-LAJOIE: Vous étiez en vacances?
M. CARDINAL: Non, je n'étais pas en vacances. J'étais en
fonction officielle pour la fin de semaine, comme cela arrive à tous les
ministres, pour toutes les fins de semaine.
M. GERIN-LAJOIE: Vous, vous n'étiez pas dans la campagne
fédérale, toujours?
M. CARDINAL: Non.
M. GERIN-LAJOIE: Cela a avancé la campagne
fédérale!
M. CARDINAL: Cela veut dire quoi?
M. GERIN-LAJOIE: Arrêtez-nous, M. le Président, c'est votre
rôle! Les statistiques demandées par le ministre, couvrent-elles
le nombre de professeurs également? Je pense que ce serait un
renseignement utile.
M. CARDINAL: Vous demandez des renseignements parce qu'on avait
commencé le sujet, vendredi. Pour le moment, les renseignements
demandés ne portent que sur la question de vendredi dernier. Si on
ajoute d'autres suggestions...
M. GERIN-LAJOIE: Oui.
M. CARDINAL: ...on obtiendra le nécessaire.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, j'aimerais avoir également le nombre de
professeurs engagés dans les classes pour enfants inadaptés.
Serait-il possible, en même temps je ne veux pas là imposer
au ministère des recherches inutilement longues d'obtenir
quelques autres renseignements? Comme les rapports de ministère ne vont
pas tellement dans le détail ce n'est pas un reproche c'est
seulement une constatation éventuellement, d'ailleurs, nous
aurons des questions à poser sur le rapport, sur la façon dont il
est fait, nous aimerions également avoir des statistiques comparatives
pour un certain nombre d'années.
Cela pourrait s'appliquer à bien des choses. Mais dans le cas de
l'enfance inadaptée, on sait qu'il s'agit d'un sujet qui est assez aigu,
dont la population devient de plus en plus consciente. Depuis un certain nombre
d'années, cinq ou dix ans, cela n'a jamais progressé au rythme
souhaité par les responsables de l'éducation au Québec.
Alors, je pense qu'il serait utile de pouvoir faire des comparaisons.
M. CARDINAL: Tout est noté.
M. GERIN-LAJOIE: Maintenant le ministre pourrait-il nous dire
s'il préférerait répondre à cette question de
politique, au moment où il nous fournira les chiffres demandés
le ministre est-il en mesure de nous dire quels sont les
éléments principaux de la politique du ministère de
l'Education pour assurer le développement de ces classes pour enfants
inadaptés?
Le développement en nombre, le développement en
qualification de professeurs, le développement en méthodes
pédagogiques utilisées?...
M. CARDINAL: Je préférerais répondre lorsque
j'aurai les statistiques. Cela permettra des comparaisons.
M. GERIN-LAJOIE: Je comprends, c'est une question assez vaste, mais
comme je le mentionne, on ne dispose vraiment d'aucun renseignement à ce
sujet-là à moins d'aller puiser d'un côté et de
l'autre dans des comptes rendus du travail d'associations particulières.
Je pense que le ministère devrait, à un moment donné,
soumettre un travail d'envergure et d'information sur le sujet. La semaine
dernière j'ai posé une question pour savoir s'il y aurait un
rapport publié par un comité conjoint des ministères de
l'Education, du Travail, de la Famille et du Bien-Etre social et de la
Santé, et le ministre m'a répondu qu'il y avait un comité
interne formé de sous-ministres et de hauts fonctionnaires.
M. CARDINAL: C'est exact. Ce comité a commencé ses
travaux, si j'ai bonne mémoire, il y a environ deux mois. Je ne sache
pas qu'il soit en mesure...
M. GERIN-LAJOIE: Disons qu'il n'y a peut-être pas eu de travail
suivi. Mais je sais qu'une ébauche de travail avait été
commencée avant le changement de gouvernement en 1966. Je comprendrais
très bien que le ministre me dise qu'il y a eu d'autres urgences,
quoique il s'agisse ici...
M. CARDINAL: Non pas que ceci ne soit pas prioritaire, mais il y a des
urgences. Il y a des ordres dans les priorités.
M. BOUSQUET: II aurait fallu rester au pouvoir pour le savoir.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre, tout de même, pourrait-il se
renseigner auprès de ses collaborateurs...
M. CARDINAL: Oui, d'accord.
M. GERIN-LAJOIE: ... pour savoir ce qui s'est fait depuis deux ans, non
seulement au ministère, mais sur le plan de la coopération et de
la coordination avec les autres ministères?
M. CARDINAL: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Parce que c'est un domaine de l'éducation
où sont particulièrement impliqués d'autres
ministères. C'est évident, puisqu'il s'agit autant d'un
problème de santé que d'un problème
d'éducation.
M. CARDINAL: D'accord. Ma réponse n'est pas pour...
M. GERIN-LAJOIE: Pour éluder...
M. CARDINAL: ... éluder la question. Ceci est noté...
M. GERIN-LAJOIE: Ce sujet-là sera en suspens parce qu'à la
lumière des renseignements qui nous seront soumis par le ministre,
j'aurai évidemment certaines questions à poser sur un sujet qui
est de grande importance.
M. CARDINAL: Puis-je poser une question au député de
Voudreuil-Soulanges? Dans toute la première partie de la question, les
chiffres d'aujourd'hui, sont assez simples et leur relevé est facile.
Mais dès qu'on remonte deux ans en arrière, je le sais pas
expérience, le relevé est un peu plus long. Dois-je donc
comprendre que l'étude des crédits est soumise I chacune de ces
réponses si les relevés sont plus ou moins longs à
obtenir? Actuellement tous les hauts fonctionnaires sont au comité des
budgets pendant la plus grande partie de la journée.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre veut-il dire que les statistiques en
question ne sont pas disponibles?
M. CARDINAL: Non, je veux dire que celles dont on aurait besoin pour
répondre à la situation présente, on peut les obtenir
très rapidement. Il m'est difficile, étant ici depuis sept mois,
de dire si je puis obtenir rapidement un relevé de deux ans.
M. GERIN-LAJOIE: Bien, disons que vos fonctionnaires savent s'ils ont
cela dans leurs fichiers de statistiques courantes au ministère ou bien
s'il s'agit seulement de relevés aux sources mêmes.
M. CARDINAL: Si votre question porte sur ce qui s'est fait non seulement
au ministère, mais avec d'autres ministères et avec les
associations et avec les groupes en cause, à ce moment-là, cela
demande un relevé qui a plus d'envergure.
M. GERIN-LAJOIE: Les statistiques que j'ai demandées d'abord,
quant au nombre de classes, d'enfants, de professeurs...
M. CARDINAL: Oui, ça va.
M. GERIN-LAJOIE: Cela, c'est l'éducation. Puis un relevé
pour au moins les trois dernières années, c'est possible?
M. CARDINAL: Oui, oui. Mais dès qu'on entre en
contactavecd'autresorganismes, je suis obligé de me réserver
parce que je vais à l'extérieur et c'est plus difficile.
M. GERIN-LAJOIE: Pour les statistiques que je viens de mentionner et qui
remontent aux trois dernières années, cela permettra
d'établir une projection suffisante.
M. CARDINAL : Disons, que nous apporterons le document qu'il nous est
possible d'obtenir dans le plus bref délai et si, à ce
moment-là, il y a lieu d'aller plus loin, bien on posera de nouveau la
question peut-être.
M. GERIN-LAJOIE: Maintenant, en parlant de l'enfance inadaptée,
il y a toute la question des débouchés sur le marché du
travail pour ceux qui poursuivent ces classes à un moment donné,
ces enseignements et qui en sortent. Est-ce qu'on a auministère des
renseignements, statistiques sur les débouchés, pas les
débouchés futurs mais les débouchés actuels pour
les jeunes qui sortent des classes d'enfants inadaptés?
M. CARDINAL: Je douterais qu'on les ait au ministère. Je pense
qu'on pourrait les obtenir, par exemple, du ministère du Travail ou
d'autres organismes.
M. HOUDE: II y avait eu des ententes, M. le Ministre, avec certaines
commissions scolaires, dont une en particulier que je connais, qui est la
régionale des Mille-Iles, qui avait pris des ententes, par exemple, pour
que certaines jeunes filles de l'enfance exceptionnelle puissent travailler par
la suite dans certains hôtels reconnus, réputés comme
filles de chambre, par exemple.
M. CARDINAL: D'accord. Mais est-ce que les commissions scolaires ont
fait rapport au ministère après, si elles avaient
travaillé?
M. HOUDE: On se pose la question. C'est qu'à l'époque, on
disait que c'était un projet pilote et j'ai vraiment l'impression que le
ministère devait être au courant de certaines initiatives d'un
certain groupe de commissions scolaires. Quant à moi, j'aimerais savoir
si au ministère, on se préoccupe d'encourager de telles
initiatives ou si on suit les résultats de ces initiatives afin de
créer un marché du travail pour ceux qui malheureusement n'ont
pas la chance de travailler.
M. CARDINAL: Distinguons, cependant. Je ne voudrais pas que l'on parte
sur une fausse piste. Les débouchés sur le marché du
travail, ce que j'appellerais le placement, ne sont pas la
responsabilité première du ministère de l'Education et par
conséquent, pour obtenir ces renseignements-là, il est probable
que je doive aller à l'extérieur du ministère.
M. HOUDE : Bon, alors, je reprends ma question. Est-ce que le
ministère de l'Education a quelqu'un qui, peut-être en
collaboration avec le ministère du Travail, fait une étude
concernant le marché du travail pour ces finissants et ces finissantes
de nos classes...
M. CARDINAL: Non seulement je l'ai mentionné la dernière
fois, mais j'y reviens. Il y a un comité qui a été
créé entre le Bien-Etre social, la Santé, le Travail et
l'Education, justement pour joindre à la fois l'Education qui
prépare au marché du Travail, le placement qui est au Travail, le
recyclage qui se fait à partir des gens qui sont au Bien-Etre social et
qui n'ont plus de travail et qui doivent être remis à l'Education
pour être replacés dans le Travail. Ceci est
interministériel.
Est-ce que cela satisferait les députés de l'Opposition si
on faisait un rapport aussi complet que possible sur toutes ces questions qui
sont posées? Encore une fois, je ne me sens pas malheureux, mais je dis
les choses comme elles sont, c'est que à un moment donné, on
dépasse, d'après moi, carrément le ministère de
l'Education et on lui donne des responsabilités qui ne lui appartiennent
pas. En d'autres mots, il va travailler en collaboration avec d'autres
ministères, ceux que j'ai mentionnés, pour que les trois se
coordonnent. Mais le ministère, par exemple, par ses bureaux
régionaux, ne fait pas de placement. Le Travail, par ces mêmes
bureaux, peut le faire. A ce moment-là, c'est un autre ministère
qui le fait, même si les deux se coordonnent avec celui du Bien-Etre
social pour le recyclage de ceux qui ne sont plus sur le marché du
Travail et qui dépendent actuellement du bien-être social.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais il faudrait quand même nous expliquer
comment cela se fait en pratique. Parce que le ministre sait qu'il y a des
commissions scolaires qui dispensent cet enseignement-là, le
député de Fabre a mentionné un cas. Il y a un autre cas
à Lakeshore où une école pour enfants inadaptés est
administrée par la commission scolaire protestante, mais au nom de la
commission scolaire catholique tout autant que de la commission scolaire
protestante, en vertu d'une entente entre les deux commissions scolaires,
entente qui s'est faite il y a trois ou quatre ans, peut-être cinq ans.
C'est une école qui a acquis une assez grande réputation,
l'école John F. Kennedy. A cette école-là, on a mis en
place plusieurs aspects qui sont de la nature d'un projet pilote. Cela s'est
fait avec la participation très directe du ministère de
l'Education d'une part, par ses subventions spéciales, d'autre part par
les conseils de certains de ses fonctionnaires. Je sais qu'une école
comme celle-là a des ateliers et qu'elle s'occupe non seulement de
préparer les jeunes de ces classes à des métiers, mais
qu'elle s'occupe aussi de les placer. Alors, je pense que le ministère
de l'Education devrait avoir
des renseignements de ses propres écoles.
M. CARDINAL: D'accord. Pour ce qui dépend de nos propres
écoles, de notre propre ministère, je dis d'avance, je
répète que nous allons fournir les renseignements.
M. GERIN-LAJOIE: La question que je voulais poser maintenant, c'est
celle-ci: Quel est le personnel du ministère de l'Education au service
de l'enfance inadaptée?
M. CARDINAL: On va vous mettre cela dans la même feuille de
renseignements.
M. GERIN-LAJOIE: Ce sera commode d'envisager le tout dans un
morceau.
Alors, quant à l'enfance inadaptée, pour le moment, on
laisse le sujet en suspens. Quant à moi, je n'ai pas d'autre question
pour aujourd'hui.
M. HOUDE: Le député de Vaudreuil-Soulanges a
demandé, à une des premières sessions, si le
ministère pouvait nous procurer le document qui a été
envoyé aux commissions scolaires et intitulé: « Structures
fonctionnelles des commissions scolaires ».
M. CARDINAL: Je crois que j'ai répondu rapidement que je
l'apporterais aussitôt que possible.
M. HOUDE: Est-ce que cela a été fait?
M. CARDINAL: Non, il n'a pas été apporté pour une
raison très simple, c'est que ce document, le jour où on m'a
posé la question, venait d'arriver à mon bureau et que par
conséquent il demande, disons non pas une revision mais à
être revu par le ministre pour une approbation.
M. HOUDE: Mais il a déjà été
distribué dans les commissions scolaires.
M. CARDINAL: Non, il n'est pas distribué.
Il attend mon autorisation pour être distribué. Le document
de cette année n'est pas distribué, on attend l'autorisation du
ministre pour le distribuer.
M. GERIN-LAJOIE: Alors est-ce que ça veut dire que les gens qui
l'ont sont des personnes qui travaillent sur un comité consultatif?
M. CARDINAL: C'est ça!
M. GERIN-LAJOIE: II y a eu des copies?
M. CARDINAL: Oui, des copies. Mais écoutez, dès que vous
avez une consultation, vous avez un nombre X de copies qui sont émises.
Alors je donne la situation telle qu'elle est. Le jour même où la
question m'a été posée je le recevais. Evidemment, depuis,
je n'ai pas eu le temps d'agir. Le document est prêt. Il est à mon
bureau. Il doit être envoyé aux commissions scolaires qui ne l'ont
pas encore reçu. Il faudrait qu'il y ait une feuille de couverture pour
qu'il soit envoyé.
M. HOUDE: Je sais qu'il en est question dans ce document. Je voudrais
savoir si la politique du ministère a été changée,
dans les régionales en particulier, concernant ce qu'on appelle
communément des directeurs de service. Actuellement, dans certains
domaines, comme par exemple la musique ou l'éducation physique, la
plupart des commissions scolaires régionales ont un directeur de cette
discipline-là ou dans cette matière-là. Il semblerait, si
mes informations sont justes, qu'il y a une tendance actuellement à
vouloir faire disparaître ces postes de directeurs pour nommer tout
simplement des chefs de service qui en réalité continuent
à être des professeurs mais qui sont tout simplement
dispensés de périodes. Personnellement, je pense que si cette
tendance s'applique, c'est assez dangereux pour l'efficacité de cette
discipline.
Actuellement, la plupart des commissions scolaires apparemment, selon
les normes qui leur seraient peut-être refusées, se verraient dans
l'obligation d'exiger par exemple que le directeur du service, je ne sais pas
moi, musical ou de l'enseignement de la musique à l'école, soit
obligé d'enseigner peut-être quinze ou quatorze périodes au
lieu de dix-huit et consacrer l'équivalent de quatre périodes
à la coordination de ce service-là. Dans beaucoup d'écoles
où il y a des milliers et même si ce n'est qu'un millier
d'étudiants, si on veut vraiment de l'efficacité à
l'intérieur d'activités ou de matières qui ont
été, jusqu'à maintenant, considérées comme
peut-être plus secondaires que l'anglais, le français ou les
mathématiques, je pense qu'il y a là un danger. Est-ce que le
ministre peut me dire si c'est discuté, si c'est
étudié?
M. CARDINAL: Non, telle n'est pas là la philosophie. Voici deux
renseignements précis au sujet de cet organigramme. Premièrement,
le document dont j'ai parlé tantôt et dont nous avions
déjà parlé la semaine dernière est un
document qui vient de subir une consultation assez large. Il a
été envoyé aux commissions scolaires, non pas comme une
directive qui doit s'appliquer, ce n'est pas un arrêté en conseil,
c'est une deuxième phase de la consultation.
Deuxièmement, j'ai mentionné déjà qu'il y
avait eu, tôt ce printemps, une réunion ici de toutes les
fédérations des commissions scolaires catholiques ou protestantes
ou de ceux qui dépendent d'agences du gouvernement, pour les inviter
à participer avec le gouvernement à une étude
d'efficacité et de diminution des coûts. A la suite de cela, il a
été convenu, dans l'ordre des principes, il n'y a pas de
directives d'émises, qu'il y aurait lieu d'étudier
particulièrement au cours de l'année qui va débuter la
question du personnel qui n'est pas du personnel enseignant directement. Et
j'entends par personnel non enseignant, non pas le personnel qui n'enseigne pas
du tout, mais qui d'abord n'enseigne pas, qui fait partie d'une part des cadres
vous placeriez probablement ces gens-là dans les cadres et
d'autre part ce que j'appellerai le personnel de soutien, c'est-à-dire,
concierge, etc.
Il faut savoir que nous sommes dans cette conjoncture, et que, d'une
part, alors que les régionales augmentent en nombre, en importance, et
que ces gens ne font pas partie comme tels du corps enseignant, ne participent
pas à des négociations à la table provinciale comme les
autres, ne sont pas nécessairement dans des associations qui ont une
représentation directe. Les commissions scolaires ont jusqu'à
présent utilisé leur bon jugement pour établir ces gens
à divers postes, divers salaires. Il y a un dialogue actuellement entre
les ministères, entre le gouvernement, je dirais même, et les
commissions scolaires, pour établir dans ce domaine des normes, afin
qu'on sache à travers la province où on va, pour que le
coût global puisse être contrôlé non par le
ministère mais contrôlé d'une façon globale. Cela se
relie à ce qui a été dit la semaine dernière. On ne
peut pas en même temps vouloir que, dans chacune des régionales,
il y ait des cadres dans chacune des spécialités, et, en
même temps, vouloir que des budgets ne soient pas trop augmentés
et que le coût global de l'éducation, au niveau des commissions
scolaires, augmente sans cesse proportionnellement au nombre
d'étudiants.
M. HOUDE: Maintenant, croyez-vous que ces normes seront établies
pour la prochaine année scolaire, en septembre 1968?
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas possible.
Nous en sommes à la fin de juin. Cela se fera au cours de
l'année et par une consultation. Ce n'est pas unilatéral.
M. HOUDE: D'accord. Maintenant, est-ce à dire que les commissions
scolaires qui, depuis peut-être un, deux ou trois ans, ont
déjà dans les cadres des postes de directeurs dans certaines
disciplines, peuvent garder ces directeurs?
M. CARDINAL: Elles les conservent actuellement, en ce sens que ce qui
est demandé aux commissions scolaires, c'est de ne pas continuer dans le
même mouvement, à moins de consultations et d'échanges,
mais rien n'est enlevé de ce qu'elles avaient déjà. Cela
équivaudrait, grosso modo, à ce qu'on pourrait appeler, entre
beaucoup de guillemets, à un gel volontaire pour un avenir
rapproché, quelques mois, pendant la consultation et le travail.
M. LE PRESIDENT: Poste 16.
M. GERIN-LAJOIE: Une question, M. le Président, que je ne savais
vraiment pas où poser dans l'ensemble du budget de l'Education. Cela
aurait peut-être pu tenir à l'administration, à
l'informatique. Je la soulève ici à l'occasion des subventions.
C'est la question des statistiques. Autrefois, au département de
l'Instruction publique, on publiait des statistiques vraiment un peu plus
élaborées que celles qui apparaissent aujourd'hui dans le rapport
du ministre de l'Education. Je sais qu'il y a une couple d'années, au
ministère, on envisageait de publier à part le rapport annuel,
tel que nous l'avons entre les mains, depuis cette époque, des bulletins
statistiques sur tous les aspects de l'administration du ministère, sur
tous les secteurs de l'Education et relativement dans les détails, des
statistiques sur les bourses et les prêts aux étudiants, sur les
cours par correspondance, sur le nombre de diplômes accordés et
ainsi de suite. Est-ce que ces projets ont été
abandonnés?
M. CARDINAL: Ils n'ont pas été abandonnés. D'abord,
avant de vous répondre, vous savez que, en matière de
statistiques, tout gouvernement, qu'il soit fédéral, provincial
ou municipal, est nécessairement en retard, parce qu'il faut les
relever, les étudier, les coordonner, etc. Si on prend le recensement
des municipalités ou autre chose, on sait qu'il y a toujours un certain
décalage. Non seulement ils ne sont pas abandonnés mais le
premier document de statistiques détaillées vient de sortir la
semai-
ne dernière. Ce sont des statistiques détaillées
sur le personnel enseignant, son sexe, son état civil, etc. C'est le
premier d'une série de documents qui vont sortir justement pour
compléter le rapport annuel et donner en feuillets
détachés, sur chacun des aspects du ministère, une
série de renseignements statistiques. Le document s'appelle: «
Statistiques de l'enseignement 1965-1966. Personnel enseignant. » C'est
le premier. Il y en a quatorze autres qui sont en voie de préparation
actuellement, qui sont prêts. Je peux déposer ce premier, si on
veut. Les 14 autres, Je ne suis pas prêt à les déposer, ils
sont prêts mais ils ne sont pas imprimés.
M. GERIN-LAJOIE: Quand le ministre parle de feuilles
détachées, qu'est-ce qu'il veut dire?
M. CARDINAL: Non, je ne parle pas de feuilles détachées,
je parle de fascicules détachés. C'est-à-dire qu'il y en a
un, sur les enseignants, il y en aura un sur autant de sujets qu'il y aura de
fascicules. Ce n'est pas un rapport. On pourra réunir pour affaires,
après, un rapport complet des statistiques du ministère. Mais,
c'est le premier sur quinze fascicules de ce genre, le premier qui est
prêt, depuis la semaine dernière.
Je suis prêt à le remettre...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous allez l'envoyer à tous les
membres du comité, M. le Ministre?
M. CARDINAL: Certainement. Il est sorti de presse.
M. LE PRESIDENT: Ainsi que les subséquents?
M. CARDINAL: Enfin, subséquents; il ne faudrait pas attendre que
les autres soient sortis et que le comité siège pendant tout ce
temps-là! Au rythme d'un par semaine, par exemple, ce qui est beaucoup
plus rapide que cela ne sortira on sera ici pour un bout de temps.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, est-ce que c'est le
problème du ministère de publier ces choses-là sur le
même sujet, une fois par année ou à quel autre rythme ou
fréquence?
M. CARDINAL: Régulièrement, chaque année, sur le
même sujet où on aura commencé à en publier. Oui,
c'est le premier d'une série et cela continuera l'an prochain, en
supposant que toutes choses demeurent les mêmes.
M. GERIN-LAJOIE: Ce serait peut-être utile, c'est un petit
détail, qu'on indique le mois, sur ces publications-là.
M. CARDINAL: Je vous remercie de la suggestion.
M. GERIN-LAJOIE: II y a des sous-ministres qui vont reconnaître
des travers d'ancien ministre!
M. CARDINAL: II en avait?
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 16, d'autres questions?
Adopté?
M. COITEUX: M. le Président, avant de terminer le poste
budgétaire 16, il me faudra nécessairement revenir sur le cas
spécifique d'une commission scolaire régionale qui ne
présente pas les mêmes données que les autres commissions
scolaires régionales de la province.
Ceci est dû à l'étendue, d'abord, puisque le
comté que je représente est de 250,000 milles carrés. La
distribution démographique pour les élèves qui
fréquentent la régionale du Golfe, s'étend jusqu'à
tout près de 650 milles à l'est, 350 milles au nord, sans
communication autre que l'avion et le bateau, pas de voirie.
Je sais que le ministre commence à être sensibilisé
à ces faits. Les hauts fonctionnaires le semblent aussi. La semaine
dernière même, le ministre a consenti à envoyer encore des
hauts fonctionnaires à la Commission scolaire régionale du
Golfe.
Il semblerait d'après les appels que j'ai reçus qu'il n'y
a pas eu entente, du moins, il y a eu entente sur place, et il semblerait que
les résultats sont autres que ceux anticipés. Quoi qu'il en soit,
ce que je veux c'est essayer d'aider ces gens de la commission scolaire
régionale, essayer d'aider les jeunes qui en définitive,
même s'ils sont de centres très éloignés, ont un
droit primordial à l'éducation, tout aussi bien que les enfants
plus fortunés ou plus chanceux qui demeurent près des grands
centres.
J'aurai deux cas spécifiques qui illustreront bien les
difficultés auxquelles ont à faire face les représentants
de la régionale du Golfe. C'est une question de transport, c'est une
question de distance, c'est une question de résidence d'étudiants
et de pension.
En date du 19 avril, la régionale du Golfe a passé une
résolution, décidant de donner le cours secondaire simple
jusqu'à ce que nous
ayons un CEGEP. Les élèves devront prendre le cours
à Sept-Iles, c' est-à-dire jusqu'au niveau de la 12e
année. On avait fixé, par résolution, le coût d'un
transport régulier, septembre, décembre, janvier et juin. En cela
il ne semble pas y avoir de difficulté, et une pension de $700 par
année s'ils doivent demeurer en dehors de leur localité.
Cet article-là, d'après la lettre du 12 juin que j'ai
reçue du ministre ce matin, semble devoir être refusé. Et
on apporte comme argument que d'autres commissions scolaires créent
certains problèmes envers les autres régionales. Mais je suis
convaincu qu'il n'y a aucune autre régionale, M. le Président,
qui présente les mêmes conditions que la nôtre. Vous prenez
le cas du secondaire 5; il n'y a pas de résidence pour les
étudiants à Sept-Iles et quelqu'un qui part soit de Blanc-Sablon
ou de Schefferville de Schefferville, passe encore et de toutes
les autres localités de la basse Cote-Nord qui sont
considérées comme réellement
sous-développées...
D'ailleurs, les statistiques de revenus annuels des familles sont
là pour le prouver. On a reçu ceci en disant quelle maximum,
c'est $300. $300 que l'on consent à quelqu'un qui part de Blanc-Sablon
parce qu'il est obligé de demeurer à
Sept-Iles en résidence privée. J'ai bien compris que la
différence de quelque $500 qu'il lui faudra payer veut dire à
toutes fins pratiques que cet élève ne pourra pas suivre le
cours. Nous ne demandons pas, je crois, des choses tout à fait
spéciales et des choses dont, si elles étaient accordées,
les autres commissions scolaires régionales qui n'ont pas à faire
face à ces problèmes de distance et de faible revenu des parents,
pourraient se prévaloir pour en faire un article afin que toutes les
commissions scolaires régionales soient traitées sur le
même pied. Ce qui veut dire que si on ne change pas la politique du
ministère, ce qui semble être la dernière lettre du 12 juin
signée par le ministre, 50% au moins de ce montant doit être
payé par les contribuables.
M. CARDINAL: Est-ce que je pourrais vous demander de lire la lettre,
parce que...
M. COITEUX: « En réponse à votre lettre du 6 mai au
sujet des élèves de Schefferville, et d'ailleurs, je dois vous
dire que le problème ici soulevé est répété
dans nombre d'endroits de la province. » Je ne crois pas que cela puisse
être vrai.
M. CARDINAL: Enfin, je ne veux pas faire un procès. Vous parlez
de la partie de la lettre...
M. COITEUX: Je pense que c'est M. Cardinal.
M. CARDINAL: C'est moi qui l'ai signée jeudi passé, je
m'en souviens fort bien. Il y a des chiffres à la deuxième page,
en haut de la page d'ailleurs...
M. COITEUX: C'est ça.
M. CARDINAL: ... qui sont des chiffres exceptionnels...
M. COITEUX: Ce problème se pose à chaque fois qu'un
élève doit fréquenter une école trop
éloignée de sa municipalité pour permettre un transport
quotidien. En 1966-1967, le nombre d'élèves ainsi affectés
dépassait 2,000; en 1967-1968 le nombre est encore plus
élevé. Pour faire face à ce problème, nous avons
adopté comme politique de subventionner une contribution par la
commission scolaire régionale concernée, les frais de logement,
de pension, ne dépassant pas $300.
Dans le cas de Schefferville, les revenus étant assez
élevés, passe encore. Mais la même lettre et les
mêmes offres devront s'appliquer pour l'élève du bas de la
Côte dont les parents n'ont pas un revenu de $2,000.
M. CARDINAL: Lisez donc jusqu'au bout...
M. COITEUX: Je m'excuse. La contribution par la commission
régionale concernée, frais de logement et de pension ne
dépassant pas $300 comme coût internatif et coût de
transport. C'est un virement de fonds. Par conséquent, la contribution
de $700 consentie par la commission scolaire régionale du Golfe doit
être payée pour plus de 50% par les contribuables des commissions
scolaires locales membres de la régionale. On me signale que les autres
commissions scolaires régionales qui se trouvent dans la même
situation à l'égard de certains de leurs élèves se
sont limitées pour la plupart à une contribution de $300. Une
contribution de $300, je ne ferai pas de commentaires, je vais lire votre
lettre. « La générosité de la commission scolaire
régionale du Golfe, à cet égard, crée certains
problèmes pour les autres régionales qui ne se sentent pas en
mesure d'en faire autant. Dans le moment, nous considérons qu'il est
impossible pour le ministère de l'Education de faire supporter un
fardeau additionnel de cette envergure par les contribuables de la province.
»
Là on tombe à un autre sujet qui est Havre-Saint-Pierre,
qui est réglé partiellement, du
moins beaucoup plus avantageusement que le premier. « La direction
générale de financement du ministère de l'Education vient
de conclure une entente avec la régionale du Golfe au sujet de la
résidence des élèves de Havre-Saint-Pierre. »
Cela, c'est un sous-bureau pour l'information du public qui est à
100 milles à l'est de Sept-Iles et qui prend soin de tous les
élèves jusqu'à Blanc-Sablon. « Selon les
prévisions des administrateurs de la régionale, le coût par
élève sera de $793 en 1968-1969. Vu que nous ne nous sommes pas
encore arrêtés à une politique définitive au sujet
des résidences opérées par les commissions scolaires, nous
avons accepté comme mesure provisoire dans ce cas particulier la
méthode suivante de financement. Coût d'opération de la
résidence par élève: $793; coût moyen de transport:
$100; contribution de la commission scolaire régionale du Golfe, $300;
contribution annuelle des parents, qui est l'allocation scolaire, $150, il
reste un solde de $443. Le solde de $443 sera payé en principe par les
parents; dans le cas où les parents sont incapables de faire face
à cette dépense, compte tenu du revenu familial, une contribution
additionnelle par la régionale sera admise sur prêt à une
subvention d'équilibre. » Je suis heureux que le ministre me la
fasse lire parce que je n'aurai pas besoin de la faire publier dans les
journaux.
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas pour ça que je vous la fais
lire.
M. COITEUX: « Les élèves provenant de la commission
scolaire de Kégashka à Blanc Sablon et qui seront en
résidence à Havre-Saint-Pierre bénéficieront d'un
traitement équivalent. Nous nous efforçons d'assurer à
tous les élèves de la province, une éducation conforme
à leurs aptitudes et ambitions, sans qu'il en coûte aux parents
plus que les frais de subsistance, et, évidemment, le salaire non
gagné durant la période de la fréquentation scolaire. Vous
admettrez que compte tenu de nos ressources, il m'est impossible d'accepter
actuellement, en plus des coûts de l'enseignement, et de transport, tous
les frais de subsistance ».
Cela s'applique aux élèves de 8e à la 11e
année, alors il restera un petit détail à ajuster mais ce
n'est pas tellement grave. C'est l'autre qui est grave. L'autre cas soumis est
celui où on a plafonné à $300 les dépenses
admissibles pour la régionale. Parce que c'est la même chose, avec
cette différence qu'il s'agit d'un niveau supérieur. L'on
voudrait un arrangement temporaire et je le demande au nom des enfants de mon
comté, au nom de la régionale du golfe. Tant que nous n'aurons
pas de CEGEP, la fréquentation scolaire de ces gens-là devra
être abandonnée dans bien des cas. Si on ne peut pas en venir
à une entente satisfaisante, soit que l'élève fournisse,
comme pour une bourse, une demande d'allocation supérieure, soit que des
mesures soient prises au palier de la commission scolaire, je n'ai aucune
objection à ce que l'une ou l'autre des formules soit retenue, mais il
faut que l'élevé puisse anticiper du moins une demande qui sera
jugée à son juste mérite, suivant le revenu des parents,
pour que la différence entre $300 et $400 si les frais sont de
$700 soit comblée par une allocation ou une bourse ou qu'elle
soit considérée comme dépenses admissibles à la
régionale.
M. CARDINAL: Voici quatre éléments de réponse
à cette question qui préoccupe le député de
Duplessis. Tout d'abord je répète que les centres
éloignés nous préoccupent au ministère et que nous
sommes d'accord qu'il y a des cas exceptionnels. De fait, la lettre que nous
venons de lire montre que nous constatons que ce sont des cas exceptionnels. Je
donne un exemple: lorsqu'on établit un collège d'enseignement
général et professionnel à Gaspé, même si ce
n'est pas au niveau de la commission scolaire, il s'agit d'un collège
exceptionnel. Il n'entre pas dans les normes des 17 points de la grille, etc.
C'est presque impossible d'attendre qu'il en entre un dans cette grille
à cet endroit-là. Il suffit de survoler cette région pour
se rendre compte qu'il y a une école tous les 100 milles et un
collège tous les 500 milles.
Deuxièmement, je voulais le mentionner et vous l'avez fait
vous-même. En partie, le problème a été
réglé, parce que j'ai envoyé la semaine dernière
une lettre dont vous avez aujourd'hui le texte.
Troisièmement, M. White, le directeur du financement au
ministère est allé à Sept-Iles, il y a environ quinze
jours pour discuter des questions de résidence et de transport, C'est
à la suite de cette visite qui montre notre préoccupation, que
cette lettre amène le premier élément de solution.
Quatrièmement, au niveau collégial, ce sont les
systèmes de bourses qui devraient corriger la situation, parce que le
système des subventions et d'équilibre budgétaire n'existe
plus. Il n'y en a pas pour le niveau collégial ou le niveau de CEGEP.
Par conséquent, c'est au niveau des bourses que doivent être
placées les demandes qui justifient des solutions spéciales. Par
conséquent, je réponds globale-
ment après ces quatre remarques. Les endroits, appelons-les
isolés, ou éloignés, ou exceptionnels de la province
je n'aime pas employer l'expression sous-développés
méritent une attention spéciale. Dans la mesure du possible et
selon nos moyens budgétaires, nous tentons de leur accorder ce
système exceptionnel, qui, d'ailleurs, a même été
reconnu par la loi, en certains domaines. Il est certain que les
problèmes de ces régions ne sont pas ceux de Montréal, de
Québec, de Trois-Rivières, de Sherbrooke ou de Saint-Hyacinthe.
Le cas de la rive-nord ou des Iles-de-la-Madeleine ou de la Gaspésie est
très particulier. Je ne sais pas si cette réponse satisfait le
député.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 16: Subventions
d'opération aux commissions scolaires.
M. GERIN-LAJOIE: Sur cette question-là, M. le Président,
je pense que l'on ne saurait trop insister et il faudrait profiter de
l'occasion qui nous est offerte maintenant pour le faire sur la
nécessité d'accorder une attention toute spéciale à
ce problème des régions éloignées. On se souviendra
que certains critiques ont voulu, plus ou moins malicieusement, qualifier de
révolution bourgeoise la réforme qui s'est faite en
éducation. Je ne pense pas, qu'à ce comité, on soit
disposé à accepter une telle critique, mais lorsqu'on voit le cas
de régions éloignées comme celle dont il est question
à l'heure actuelle, celle de la Cote-Nord, je pense qu'il faut tout de
même s'interroger.
La réforme scolaire n'a pas été faite uniquement
pour la population qui a l'avantage de vivre à proximité des
grands centres ou dans des régions relativement peuplées. Le cas
de la Cote-Nord, le cas des Iles-de-la-Madeleine, certains autres cas dans la
province, méritent qu'on leur porte une attention toute spéciale.
Je pense qu'il est important que les gens qui habitent la Cote-Nord sentent
vraiment qu'ils sont des citoyens à part entière du
Québec. Qu'ils ont droit au même service d'Education que tout le
reste de la population du Québec.
S'il faut, pour assurer la réalisation de cet objectif, que le
gouvernement du Québec affecte des sommes importantes à la
résidence des étudiants et à leur transport aux endroits
où se donnent les enseignements soit élémentaire, soit
secondaire, le plus souvent secondaire, bien sûr, je pense que ça
doit être l'une des priorités à caractère social de
la politique du gou- vernement. Je pense que l'ensemble du Québec a
été d'accord, et des deux côtés de la Chambre on est
d'accord sur la priorité qu'il a fallu donner au domaine de l'Education
au Québec pendant les années soixante. Mais je pense que nous
n'avons pas le droit de laisser cette réforme en cours de route. Nous
n'avons pas le droit de laisser en cours de route la poursuite de cet objectif,
sous prétexte qu'il s'agirait d'un groupe de population relativement
restreint en nombre. Je pense que c'est cet aspect qu'il faut bien mettre en
lumière.
Ce que le député du comté de Duplessis a
signalé au cours des minutes qui viennent de s'écouler, ce n'est
pas simplement le cas particulier d'un comté de la province et
l'intervention du député de Duplessis n'est pas seulement celle
d'un député qui se préoccupe du sort de ses
électeurs, mais c'est en même temps l'illustration d'un
problème qui se pose en divers endroits de la province et que le
ministre et son ministère et le gouvernement dont le ministre fait
partie ont le devoir de considérer comme un problème d'envergure
provinciale.
Nous avons peut-être tendance, lorsqu'on a affaire à de
grands ensembles, lorsqu'on est dans l'administration publique ou dans les
affaires publiques à ne considérer que les gros chiffres,
à ne considérer que les moyennes. Mais je pense qu'il faut
s'arrêter au sort de toutes les populations qui constituent l'ensemble du
Québec et que le cas de la Côte-Nord illustré si clairement
par le député de Duplessis avec les chiffres qu'il a
mentionnés, avec les explications qu'il a fournies doive nous rendre
tous très conscients de cette situation.
Déjà il y a trois, quatre ans, des initiatives ont
été prises au Québec pour favoriser l'éducation
complète des jeunes qui se trouvent à demeurer dans des endroits
éloignés. Le ministère de l'Education a non seulement,
à l'époque, autorisé la construction, mais
subventionné la construction de résidences. Ce fut le cas aux
Iles-de-la-Madeleine tout d'abord. Ce fut le cas par la suite à
Havre-Saint-Pierre. Il y a eu des résidences subventionnées dans
des vieux édifices à Gaspé et j'en oublie
probablement.
Mais je pense qu'il faut aller plus loin et qu'il faut prendre tous les
moyens pour que les citoyens de la Côte-Nord et de tous les endroits
éloignés du Québec soient vraiment non seulement dans les
intentions, non seulement dans les textes de lois, mais soient dans la
réalité des citoyens à part entière du
Québec, particulièrement lorsqu'il s'agit du système
d'éducation.
M. CARDINAL: M. le Président, depuis le début des
débats de ces crédits, je réponds aux questions sauf une
fois où je me suis permis un exposé un peu plus long. En fait, si
j'avais voulu faire un discours, j'aurais prononcé probablement des
paroles à peu près semblables à celles du
député de Vaudreuil-Soulanges, et je puis lui rappeler que c'est
une des préoccupations actuelles du ministère et du
gouvernement.
Si nous prenons, dans un autre domaine, mais toujours en
éducation, l'accord de coopération qui vient d'être
signé avec le gouvernement fédéral, le BAEQ qui se
rapporte à dix comtés de la région de la Gaspésie,
de Rimouski, des Iles-de-la-Madeleine, etc., il y a une forte somme qui est
mise là pour des fins d'éducation, non pas au niveau
élémentaire ou secondaire mais au niveau du recyclage.
De toute façon il est évident que le ministre et le
ministère pensent que partout dans la province, qu'il s'agisse de
régions éloignées ou de régions urbaines ou de
régions rurales, il existe un droit pour tous les enfants, à la
même qualité d'enseignement, et ceci s'applique à la
rémunération, aux cadres, aux frais de transport, etc. C'est un
problème qui s'est toujours posé au Québec de façon
plus ou moins aiguë, et je rappelais tantôt que même certaines
législations il suffit de se référer au code civil
ont toujours dans le passé tenu compte de cette situation. Quant
à l'attention aux détails, je répète ce que j'ai
déjà dit. C'est que le ministère actuellement, le ministre
le premier, porte justement attention aux détails. Je suis un des
premiers à me méfier des généralisations, des
statistiques et des moyennes. Je ne sais pas si c'est à ce comité
ou ailleurs que j'ai rappelé, pour que le débat soit plus
léger, cette histoire du savant qui s'était noyé dans un
ruisseau qui avait une moyenne de trois pouces d'eau parce qu'il était
tombé dans un trou de trente pieds.
M. GERIN-LAJOIE: Dans un « Troudeau »?
M. CARDINAL: C'est vous qui faites de la politique
fédérale, ce n'est pas moi.
M. GERIN-LAJOIE: C'est vous qui avez parlé du trou de trente
pieds.
M. CARDINAL: Alors, je ne parle pas du statut particulier pour ces
régions mais d'une attention particulière.
M. GRENIER: J'aurais une question. Etant donné qu'on donne un peu
une couleur locale à ce que M. Coiteux disait pour Duplessis, j'aimerais
aussi que le ministre me donne une ré- ponse au sujet d'un
problème qui sévit chez nous à savoir que c'est un
comté peut-être pas aussi étendu que celui de Duplessis,
mais aussi très étendu sur la rive sud, et où nous avons
un problème d'une deuxième polyvalente qui est proposée
à Courcelles, dans mon comté, et sous-jacente à celle de
Lac-Mégantic qui est déjà acceptée par la
régionale de l'Estrie. Alors, la régionale de Courcelles
grouperait sept commissions scolaires dont cinq sont encore non
régionalisées, et deux qui sont régionalisées
à l'Estrie. Vous avez répondu en date du 8 mal dernier, M. le
Ministre, que, à trois conditions, le ministère serait d'accord,
à savoir le consentement de la régionale de l'Estrie du retrait
des deux commissions scolaires et que, deuxième condition, que la
régionale de l'Amiante accepte de voir adhérer à sa
régionale les cinq commissions scolaires non régionalisées
et qu'enfin, la régionale de l'Amiante accepte la construction de cette
école.
Alors, il semblerait bien que les deux dernières conditions
soient relativement faciles alors que la première, à savoir le
retrait de Saint-Romain et Saint-Sébastien de l'Estrie. provoquerait une
difficulté à Lac-Mégantic étant donné qu'on
retirerait à ce moment-là 150 élèves pour une
polyvalente d'environ 2,000 élèves. Alors, cela obligerait
probablement à donner des options à Sherbrooke soit a une
distance assez éloignée du Lac-Mégantic. Actuellement on
est en pourparlers, I savoir s'il n'y aurait pas lieu d'affilier la
régionale de Courcelles, ce sous-centre de Courcelles, à la
régionale de l'Estrie, et qu'il y ait, entre la polyvalente de
Lac-Mégantic et celle de Courcelles des échanges au niveau des
options, que des options se donnent à Courcelles et d'autres à
Lac-Mégantic.
Maintenant, le problème, c'est que les municipalités du
bas du comté, qui sont très éloignées de
Lac-Mégantic, aimeraient, si c'était possible, prendre certaines
options à la régionale de la Chaudière ou à la
régionale de l'Amiante, étant donné qu'elles sont au
carrefour des trois régionales. On se demande s'il y aurait
possibilité pour le ministère d'accepter que certaines paroisses,
par exemple dans le bas du comté, puissent se rendre prendre des options
qu'on ne donnerait pas I Courcelles, soit à la régionale de la
Chaudière ou à l'Amiante, même si elles sont
rattachées au pôle de l'Estrie?
M. CARDINAL: Je répondrai à cette question en partant d'un
peu plus en arrière, à la suite des questions qui ont
été posées. C'est le problème de ce que
j'appellerais généralement les cas exceptionnels. Je vais faire
un bref résumé avant d'arriver à une réponse
préci-
se. Dans le problème des cas exceptionnels ou des régions
exceptionnelles, il y a eu ce fameux comité des cas exceptionnels de
régionalisation qui a parcouru la province, et qui a fait des
recommandations au ministre, il y a à peine un mois.
Deuxièmement, il y a des cas exceptionnels du genre de ceux du
comté de Duplessis pour lequel des études spéciales ont
été faites, comme en fait foi la lettre que j'ai adressée.
Troisièmement, les cas exceptionnels qui sont reconnus à l'aide
aux étudiants. C'est pourquoi j'invitais tantôt le
député Coi-teux, du même comté de Duplessis,
à faire parvenir, enfin, à demander aux étudiants à
faire parvenir des demandes d'aide aux étudiants sur une base
exceptionnelle. Quatrièmement, il y a le fait que même s'il
n'existe pas de politique de résidence actuellement, nous avons
justement admis des cas pilotes dans des régions exceptionnelles. Il y a
aussi le fait que j'ai mentionné, et c'est le cinquième, que le
collège d'enseignement général et professionnel de
Gaspé a été vraiment dans ce sens un CEGEP
exceptionnel.
Le cas de Courcelles se situe dans ces cadres, et c'est à la
suite de la visite sur place de la commission des cas exceptionnels, que j'ai
écrit une lettre le 8 mai pour dire aux gens de la région que le
ministère était prêt à collaborer, que c'est notre
problème, que si vous faites telle ou telle chose, nous serons d'accord
pour vous donner ce que vous demandez. Concernant la suggestion que vous
faites, qu'on rattache tantôt au pôle de l'Amiante ou au pôle
de la Chaudière, certaines locales, je vous dis à cette table que
je suis entièrement d'accord. Ceci est sujet à discussion. C'est
ce qu'il y a de particulier dans les cas exceptionnels, qu'ils ne peuvent pas
se résoudre à partir de normes précises qu'on appliquerait
normalement ailleurs, nous basant sur la carte scolaire. D'ailleurs, en vertu
de l'article 496 de la Loi de l'instruction publique, il y a des ententes
possibles entre les régionales. Par conséquent, entre la
régionale de la Chaudière d'une part et celle de l'Amiante
d'autre part, à partir de la lettre du 8 mai, elles peuvent s'entendre
pour réaliser le projet qui est inclus.
M. GRENIER: Parfait. Merci, M. le Ministre.
M. LE PRESIDENT: Poste 16, accepté.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président j'aimerais que le ministre nous
informe de la situation en ce qui concerne le régime d'entente entre
commissions scolaires protestantes et commissions scolaires catholiques pour
l'éducation des enfants, des jeunes de langue anglaise.
En autant que je sache, M. le ministre peut me corriger si ce n'est pas
rigoureusement exact, il y a une entente de cette nature qui existe dans la
région de Châteauguay...
M. CARDINAL: Missisquoi...
M. GERIN-LAJOIE: Missisquoi également.
M. CARDINAL: En fait, je dirais tout de suite qu'il y en a plusieurs, il
faudrait faire un relevé. Dans plusieurs endroits, il y a eu des
ententes entre commissions scolaires catholiques et protestantes, ententes qui
portent sur des sujets divers et qui peuvent aller uniquement de l'entente pour
donner l'enseignement aux étudiants jusqu'à l'entente qui
existe à Missisquoi, de construire une école en commun. Alors, je
ne sais pas jusqu'où va la question, mais c'est un fait que l'on
retrouve en certains endroits de la province des ententes entre ces deux
groupes de commissions scolaires, qui portent sur divers points qui leur sont
particuliers. On pourrait faire un relevé de ces ententes pour donner
une véritable représentation de la situation.
M. GERIN-LAJOIE: Disons que ce que j'avais en vue, de façon plus
précise, ce sont les ententes en vertu desquelles les enfants de langue
anglaise ou qui désirent être éduqués en langue
anglaise au niveau secondaire, et qui relèvent d'une commission scolaire
régionale catholique, sont confiés à une commission
scolaire régionale protestante ou dite protestante. C'est le cas de
Châteauguay Valley. Nous pouvons citer d'autres cas où...
M. CARDINAL: Oui, il y a d'autres cas...
M. GERIN-LAJOIE: ... des ententes d'autant d'envergure existent,...
M. CARDINAL: Autant d'envergure, je ne saurais dire, au moment
présent, mais il y a d'autres cas, et je pourrais en faire un
relevé, si vous le désirez.
M. GERIN-LAJOIE: S'il vous plait. M. CARDINAL: Bon.
M. GERIN-LAJOIE: Une autre question sur un autre sujet qui serait en ce
sens-ci. Le mi-
nistre a parlé la semaine dernière des subventions
d'équilibre budgétaire, aux commissions scolaires, et de la
façon dont elles sont payées. J'aimerais que le ministre nous
dise, aussi clairement que possible clairement, je veux dire pour la
compréhension de ceux qui écoutent, et en tenant compte de leur
état d'information nous indique deux choses au sujet des
subventions d'équilibre budgétaire pour la prochaine année
scolaire. On a parlé pas mal du passé, je me préoccupe de
l'avenir. Pour la prochaine année scolaire, quelles seront les normes du
ministère en ce qui concerne la détermination des montants des
subventions, d'équilibre budgétaire toujours, et les normes ou
les règles du ministère en ce qui concerne les époques de
paiement?
M. CARDINAL: Première question. Quant aux normes, il n'y a pas de
changement à ce que j'ai dit la semaine dernière. Cela
apparaît dans le cahier que j'ai d'ailleurs distribué, je pense.
On a indiqué que les subventions d'équilibre budgétaire
avaient été séparées de la perception de
l'impôt, de l'approbation des budgets, et qu'elles se faisaient par
rapport aux états que nous avions pour l'année
précédente.
M. GERIN-LAJOIE: Mais, M. le Ministre, cela n'est pas clair pour moi?
Est-ce que vous pourriez me dire cela, reprendre la chose, et me dire
clairement comment les subventions de la prochaine année, en fait
d'équilibre budgétaire, vont être
déterminées?
Je comprends évidemment qu'à la fin, les subventions
d'équilibre budgétaire sont déterminées de la
façon suivante. Il y a les dépenses admissibles d'une
part,...
M. CARDINAL: C'est cela.
M. GERIN-LAJOIE: D'autre part, les revenus de la commission scolaire
comprennent le revenu de la taxe locale normalisée, payés par la
locale à la régionale, deuxièmement, comprennent les
subventions statutaires et puis, le solde est payé en subventions
d'équilibre budgétaire pour équilibrer les dépenses
admissibles. Ça, je comprends cela.
M. CARDINAL: C'est cela.
M. GERIN-LAJOIE: Mais quand les dépenses admissibles ne sont
déterminées qu'avec des mois, sinon une année et plus de
retard, je me demande comment, l'an prochain, les subventions
d'équilibre budgétaire seront déterminées quant
à leurs montants? Combien est-ce qu'une commission scolaire va recevoir
entre le mois de septembre et le mois de juin, l'an prochain? Pas ce qu'elle va
recevoir l'année suivante à être affecté à
l'an prochain?
M. CARDINAL: Bien, les deux questions sont reliées. Vous savez
qu'il y a 50% de la subvention des crédits budgétaires qui sont
payés avant la fin de l'exercice fiscal du gouvernement,
c'est-à-dire avant le 31 mars de l'année, et que les autres 50%
sont payés après cette date-là, et c'est à ce
moment-là qu'a lieu la correction, à partir des états
financiers qui proviennent des commissions scolaires.
M. GERIN-LAJOIE: Non, la réponse n'est pas assez claire. Quels
états financiers? Des états financiers pas approuvés,
parce que, là, quand vous dites après l'année
financière du gouvernement, cela veut dire après le premier
avril. On a dépassé le premier avril, depuis un bon moment, et
les états financiers de l'an dernier n'ont pas été
approuvés, pas un seul.
M. CARDINAL: Non, d'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, je me demande si tous les renseignements...
M. CARDINAL: Je vais essayer d'être plus clair. Vous reposez, dans
le fond, sous une autre forme, les mêmes questions que la semaine
dernière. On vous a dit, très précisément, la
semaine dernière vous aimez cela, probablement, que je
répète la même chose, vous doutez de la situation...
M. GERIN-LAJOIE: Non, mais lorsque vous parliez du passé et de
l'avenir, je voudrais savoir pour l'avenir?
M. CARDINAL: Non, on a parlé du présent. On vous a dit,
à ce moment-là, avec un tableau à l'appui, quels
étaient les cas où le taux de la taxe était
signifié, le cas où les budgets ont été
approuvés, le cas où l'état financier a été
approuvé ou n'était pas approuvé. On vous a donné
cela en trois groupes. C'est la situation présente.
J'ai mentionné à ce moment-là, je ne pourrais
peut-être pas citer mes paroles à lalettre, que je me sentais
responsable devant cette situation que je ne l'admettais pas et que j'entendais
la corriger.
Par conséquent, il va y avoir une accélération qui
va s'établir grâce à de meilleures méthodes
administratives, grâce au regroupement
des commissions scolaires, grâce à d'autres moyens que nous
prendrons. Vous voulez par conséquent, savoir de quelle façon
exactement, avec précision et savoir sur quelle année, sur quels
chiffres, etc., vont se faire les subventions d'équilibre
budgétaire, ceci va s'opérer dans une situation mouvante
où on va essayer de regagner le terrain perdu. Je pense qu'il n'est pas
possible de répondre à ces questions d'une façon
précise en ce sens qu'il faut arriver à un idéal,
où les budgets seront approuvés à temps,
c'est-à-dire avant que tout ne soit terminé, que les états
financiers seront approuvés dans un délai raisonnable
après que l'année sera terminée et que, non seulement 90%,
mais que tout l'impôt pourra être perçu à temps et
qu'à ce moment-là, il sera possible d'avoir, dans un délai
que j'ignore aujourd'hui, des statistiques ou des chiffres précis, qui
nous permettront d'établir des subventions d'équilibre
budgétaire. Il est sûr que la façon dont les subventions
d'équilibre budgétaire sont actuellement payées, il y en a
toujours une partie qui est reportée sur l'avenir, pour corriger.
M. GERIN-LAJOIE: Malheureusement, je voudrais poser au ministre des
questions précises, et il faut que le ministre comprenne que je ne suis
pas ministre de l'Education, et je n'ai pas tous les renseignements qu'il
possède. Alors, s'il trouve que je reviens sur des choses qu'il m'a
déjà dites, qu'il se dise que j'ai besoin qu'on me le dise une
fois de plus ou en d'autres mots.
Ma première question, c'est celle-ci: Les commissions scolaires
régionales vont faire leurs budgets, pendant l'été, vont
les soumettre pour juillet, ou le plus tôt possible après juillet.
Pour ce qui est de la subvention d'équilibre budgétaire pour la
prochaine année scolaire, son montant sera éventuellement
déterminé sur la base de ce budget-là et non pas du budget
de l'année qui vient de se terminer, n'est-ce pas?
M. CARDINAL: Bon, on va se reprendre, si vous voulez. Le projet pour
l'avenir, pour 1968-1969, c'est sur cela que porte la question. Subvention des
crédits budgétaires, premier versement, en décembre 1968,
sur la base de 50%-50% dont je parlais tantôt, de la subvention de
l'année antérieure la subvention de l'année
antérieure on la connaît très précisément
donc 50%... Bien, oui, la subvention de l'année
antérieure, on la connaît.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne sais pas!
M. CARDINAL: Bien oui, la subvention au budget de l'année
antérieure.
M. GERIN-LAJOIE: Pas la subvention définitivement
approuvée par le ministère?
M. CARDINAL: Non, les subventions budgétisées de
l'année antérieure.
M. GERIN-LAJOIE: Budgétisées par la commission
scolaire?
M. CARDINAL: Par les deux, la commission scolaire et le ministère
et provenant de l'étude du budget au ministère.
Deuxièmement, versement en avril, on est rendu là en 1969,
pour arriver à 75% du montant de la subvention, selon les
dépenses budgétisées pour 68/69.
M. COITEUX: Indépendamment qu'elles soient acceptées par
le ministère ou non à cette date-là?
M. CARDINAL: Budgétisées, c'est-à-dire selon le
budget reçu au ministère et qui est étudié.
Troisièmement, il va rester 25%, qui vont être payés en
69/70, eux, pour apporter la correction ou...
M. GERIN-LAJOIE: L'année scolaire 69/70?
M. CARDINAL: Oui, ... ou après, selon l'analyse des états
financiers que nous aurons reçus de l'année 68/69.
M. GERIN-LAJOIE: Bon, maintenant, le deuxième versement fait en
avril pour 75% des dépenses...
M. CARDINAL: Pour porter à 75% ce n'est pas 75%, c'est
pour porter à 75% du montant de la subvention selon les
dépenses budgétisées pour l'année même,
68/69.
M. GERIN-LAJOIE: Mais les dépenses budgétisées par
la commission scolaire, sans approbation par le ministère, ou
approuvées par le ministère?
M. CARDINAL: Après étude du budget par le
ministère.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, le ministre, avec ses collaborateurs, a
confiance que l'an prochain, les budgets auront pu être
étudiés et traités par le ministère avant le 1er
avril.
M. CARDINAL: Oui, c'est ce que j'ai dit en commençant à
répondre à la question. J'ai dit: On supposait...
M. GERIN-LAJOIE: Non, le ministre n'apas mentionné la date du 1er
avril.
M. CARDINAL: Non, à part cela, j'ai dit que je supposais que les
méthodes seraient accélérées pour diverses raisons
que j'ai mentionnées aujourd'hui très en résumé et
que j'avais mentionnées la semaine passée. Ceci est non pas un
plan mais enfin un projet pour arriver à l'avenir, pour l'an prochain,
68/69, à payer les subventions d'équilibre budgétaire.
M. GERIN-LAJOIE: Je demande juste un oui ou non. Je demandais au
ministre de tenir pour acquis que le 1er avril, cela devrait avoir
été étudié par le ministère.
M. CARDINAL: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Les budgets de toutes les commissions scolaires. Selon
son projet.
M. CARDINAL: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Et quant à la dernière partie de la
subvention d'équilibre budgétaire qui sera payée en...
M. CARDINAL: J'ai dit 1969 ou 1970ou après. Ce sont les mots que
j'ai employés il y a deux minutes et que vous pourrez vérifier
par l'enregistrement: selon l'analyse des états financiers reçus
au ministère et étudiés par le ministère.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre est agressif?
M. CARDINAL: Non, c'est mon ton de voix normal.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, la dernière partie de la subvention qui
peut équivaloir à plus ou moins peut-être plus,
peut-être moins que 25% de la subvention d'équilibre
budgétaire éventuellement et finalement déterminés
peuvent être payés combien d'années après la fin de
l'année scolaire à laquelle s'applique la subvention?
M. CARDINAL: Pas combien d'années? Ceci suppose un pluriel. Je
dirais entre 12 et 15 mois, si vous voulez.
M. GERIN-LAJOIE: Parce que là, au mois de juin 1968, où
nous sommes, je comprends que ce soit du passé, mais enfin, c'est notre
point de départ.
M. CARDINAL: Oui, oui.
M. GERIN-LAJOIE: Au mois de juin 1968, il n'y a pas un seul état
financier du 30 juin 1967 qui a été adopté.
M. CARDINAL: Non.
M. GERIN-LAJOIE: Une hypothèse. Si l'an prochain, on devait se
trouver dans la même situation par rapport au budget de l'année
scolaire qui se termine ces jours-ci, qu'une hypothèse...
M. CARDINAL: C'est l'hypothèse rejetée par
hypothèse de travail, comme disent les scien-tistes.
M. GERIN-LAJOIE: ... les subventions ne pourraient être
payées que, enfin substantiellement, plus que douze mois après la
fin de l'année scolaire.
M. CARDINAL: D'accord, je répondrai à la question. Voici
ce que nous entendons faire pour les subventions d'équilibre
budgétaire. Je ne veux pas compliquer la situation mais ajoutons ceci.
Dans des cas d'urgence, il est facile d'étudier un ou deux ou quatre,
cinq cas, si vous voulez, et non pas toute la masse. Lorsqu'on se trouve devant
des cas d'urgence, il est possible d'accélérer ce processus. Mais
je ne veux pas compliquer...
M. GERIN-LAJOIE: Mais est-ce que le ministre trouve cela satisfaisant ou
bien s'il ne trouve pas cela satisfaisant que disons, grosso modo 25% de la
subvention d'équilibre budgétaire ne soient payés que de
douze à quinze mois, peut-être davantage après la fin d'un
exercice financier?
M. CARDINAL: Ce n'est certainement pas idéal. Et encore une fois,
j'ai l'impression de répéter souvent la même chose.
M. GERIN-LAJOIE: Non, mais c'est parce que le ministre a
mentionné que l'an prochain, il améliorerait la situation...
M. CARDINAL: Oui, ce sera déjà amélioré.
M. GERIN-LAJOIE: ... alors, je me demande si cela, il considère
cela comme une situation...
M. CARDINAL: ... une situation provisoire pour passer entre la situation
actuelle et une situation future où la conjoncture même sera
différente. Parce que là, nous sommes déjà rendus
à plus d'une année dans l'avenir où le
comité qui étudie la fiscalité scolaire aura je
l'espère, fait rapport. Les regroupements des commissions scolaires se
seront accélérés. Les méthodes au ministère
qui ont commencé l'année dernière au point de vue de
l'analyse de ces chiffres, informatique, etc, se seront rodées. Le
service d'informatique lui-même se sera amélioré, aura
augmenté son personnel, aura établi de meilleures
méthodes.
Par conséquent, j'ai l'impression, je suis sûr que dans
quinze mois, que dans dix-huit mois, la situation ne sera pas à tous
points de vue ce qu'elle est aujourd'hui. On aura tout d'abord, à toutes
fins pratiques, gagné au moins trois mois sur la situation
présente, sans compter ce qui peut changer en dehors du simple fait de
gagner ces trois mois ou plus.
Maintenant, est-ce que le député de l'Opposition pourrait
me dire pourquoi il insiste tant sur cette question, parce que ceci est une
question, je l'ai déjà dit, pour laquelle je donne une
réponse qui décrit la situation présente, celle qui va
venir et qui, personnellement, ne me satisfait pas entièrement et qu'il
faut corriger. Cependant, tel est le fait pratique, telle est la grandeur dans
tout le ministère pour le budget ou simplement pour les commissions
scolaires de cette partie-là si vous voulez. Si nous disons qu'il y a
25% ou un peu plus ou un peu moins, de ces subventions d'équilibre
budgétaire qui sont payés douze mois, onze mois, treize mois,
quatorze mois ou quinze mois après la réception et l'approbation
des états financiers, ceci représente combien pour cent des
dépenses des commissions scolaires à travers toutes les
commissions scolaires de la province.
Une subvention d'équilibre budgétaire, c'est
déjà un morceau, comme on l'a déjà indiqué,
qui vient après les dépenses admissibles, moins l'impôt,
moins les subventions d'opération, par conséquent, cela
représente quoi? Cinq à six pour cent des budgets
d'opération totaux des commissions scolaires.
Ce n'est pas- une solution idéale. Ce n'est pas une excuse que je
donne là, je veux seulement dire que la portée de cette situation
n'en n'est pas une qui puisse placer les commissions scolaires dans des
situations telles qu'elles aient une grande difficulté à
opérer.
M. GERIN-LAJOIE: Ce sont des montants qui ont leur importance, qui
s'ajoutent à d'autres montants. Quand ces montants-là sont
reportés à une année scolaire postérieure et que
déjà à ce moment-là, la commission scolaire a
d'autres emprunts à faire. Ce retard dans le paiement des subventions du
gouvernement, c'est-à-dire le fait que ça arrive longtemps
après la fin d'un exercice financier, s'ajoute à d'autres retards
administratifs au niveau des commissions scolaires. Les retards des commissions
scolaires locales dans la perception de leurs taxes, retard des commissions
scolaires locales dans le paiement à la régionale de la part
qu'elles doivent. Ce sont des retards qui se produisent à tous les
niveaux, des retards de diverses natures et je pense que le gouvernement est
mal placé pour faire des reproches aux commissions scolaires locales
quant aux délais qu'elles mettent à percevoir leurs taxes ou
à payer les commissions scolaires régionales quand
lui-même, comme gouvernement, a des retards aussi importants que ceux
dont on parle, dans le paiement de ses propres subventions, qui sont des
dettes, des dettes pures et simples, parce que ce sont des montants que le
gouvernement reconnaît devoir aux commissions scolaires.
Alors, si le gouvernement est incapable d'avoir une efficacité
plus grande dans le fonctionnement du régime de
subventionsetdanssesver-sements aux commissions scolaires, comment peut-il
souhaiter que des commissions scolaires locales, avec un personnel beaucoup
moins rodé, beaucoup moins préparé, en principe, que celui
dont dispose le ministère, avec des méthodes administratives, en
principe, moins élaborées, moins mécanisées que
celles dont dispose le ministère, puissent faire preuve d'une plus
grande efficacité? Je pense que le gouvernement a le devoir,
premièrement, d'être efficace, parce que dès qu'il
administre une chose, il doit bien l'administrer. Et deuxièmement, il
doit donner l'exemple. Et je pense qu'il ne doit, en aucune façon,
donner l'occasion aux commissions scolaires de lui dire: Le gouvernement ne
fait pas mieux que nous! Je pense que dès qu'une commission scolaire
peut dire cela, le ministère se place dans une fausse position. Une
position qu'il devrait, lui-même, trouver intolérable.
C'est l'esprit dans lequel j'ai posé toutes mes questions, de
façon non agressive. La semaine dernière, on a parlé du
passé, eh bien, j'ai pensé qu'il était de mon devoir de
demander l'échéancier que le ministre envisageait pour l'an
prochain et avec quel montant, pour que chacun sache à quoi s'en tenir,
et les administrateurs scolaires et les enseignants, qui ne sont pas
payés à temps, dans certains cas, comme on l'a vue au cours de
l'hiver dernier, et pour l'information aussi des députés.
M. CARDINAL: C'est dans le même esprit que je fais les
réponses. Je n'ai pas essayé de les éviter et de
décrire la situation plus rose qu'elle ne l'était.
Mo GERIN-LAJOIE: Le ministre m'a demandé pourquoi je
posais cette question-là.
M. CARDINAL: J'ajouterai cependant ceci. C'est une
réponse-question. Vous admettrez qu'il y a cette contingence. Les
subventions d'équilibre budgétaire ne pourront jamais être
payées en totalité avant que les commissions scolaires entre
elles n'aient soumis leur état financier.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre admettra que les commissions scolaires ne
peuvent soumettre ni leur budget ni leur état financier avant qu'elles
n'aient reçu les formulaires du gouvernement.
M. CARDINAL: Non, je ne retourne pas sur le passé. Je dis que
même si nous étions dans une situation idéale, elles ne
pourraient pas être payées dans la même année.
M. GERIN-LAJOIE: Il pourrait y avoir plus que 75% de payés.
M. CARDINAL: Cela devient marginal à ce moment-là parce
que je viens d'indiquer que 25% représentent à peu près
5%. 77.2% représenteraient peut-être une différence de
4.x%. On revient sur la marge. Ce qui est important ce n'est pas cette marge,
c'est l'opération totale. Nécessairement, on ne peut arriver
à une situation telle où tout ceci arriverait pile le 1er
juillet...
M. GERIN-LAJOIE: En ce qui concerne le rapport du comité qui a
fait enquête sur le transport, est-ce que le ministre sait de ses
collègues s'il pourra être rendu public prochainement?
M. CARDINAL: La situation est celle-ci. J'ai reçu très
récemment le rapport et j'attends, c'est la même réponse
que la semaine dernière, qu'il y ait un conseil des ministres pour l'y
déposer. Il n'y en a pas eu depuis que j'ai siégé tous les
soirs devant ce comité. Je pense qu'il doit d'abord être
déposé là, il est destiné à ce conseil et
ensuite il doit passer à l'assemblée.
M. GERIN-LAJOIE: J'ai demandé au ministre s'il y avait du nouveau
depuis la semaine dernière. Il n'y a pas de nouveau?
M. HOUDE: M. le Ministre, l'an passé, si ma mémoire est
fidèle, il y avait eu beaucoup de publicité concernant toute la
question des manuels scolaires, des volumes. Est-ce qu'il y a eu des
développements à ce sujet, des recherches, des études?
Est-ce qu'on a amélioré la situation? C'est une question d'ordre
général.
M. CARDINAL: Dès que je suis arrivé, je me suis rendu
compte qu'il y avait des problèmes de ce côté. J'ai
demandé des rapports purement internes pour connaître la situation
sur les procédures d'approbation des manuels scolaires, sur le nombre de
manuels scolaires qui pouvaient ou non être approuvés et sur la
façon dont chacun des deux comités du conseil supérieur
approuvait les manuels scolaires quant au point de vue catholique ou
protestant. A la suite de ces renseignements obtenus de façon interne,
j'ai désigné auprès de moi une personne avec mandat, en
collaboration avec la direction générale de l'enseignement
élémentaire et secondaire, d'étudier cette question, de
voir quels étaient précisément les problèmes, les
statistiques. Je ferai quelques commentaires tantôt. Et de me faire
régulièrement des rapports intérimaires avant d'arriver
à un rapport final qui apporterait des propositions sur la façon
de résoudre ce problème.
Cette personne qui fait rapport au ministre entre aussi en communication
avec les commissions scolaires, les éditeurs, les libraires, tous ceux
qui se rattachent au monde du manuel scolaire. La première étape
vient donc d'être posée. Je dis commentaires parce que j'ai vu
plusieurs statistiques publiées dans les journaux sur les manuels
scolaires, sur la proportion par exemple des manuels scolaires anglais. Une
chose qui m'a frappé quand j'ai vu un de ces articles et que j'ai voulu
aller au fond des choses, c'est de constater qu'on incluait dans la proportion
des manuels dits anglais les manuels pour enseigner l'anglais. Il est
évident qu'on arrive, si on n'épure pas, si on ne ventile pas les
chiffres, à de singuliers résultats puisqu'aux niveaux
élémentaire et secondaire, il y a partout un certain nombre de
manuels anglais pour enseigner l'anglais. Ne soyons donc pas scandalisés
que ceux-là soient ou anglais ou américains ou canadiens-anglais.
Par conséquent, actuellement, cette personne a un mandat d'une
durée de cinq mois pour faire un rapport au ministre qui
évidemment l'étudiera avec ses hauts fonctionnaires pour voir
l'étape suivante qui devra être franchie.
M. HOUDE: Et ce rapport inclut une recherche quant aux auteurs possibles
à l'encouragement à donner aux Québécois pour
publier...
M. CARDINAL: C'est ça, quand auxauteurs, quant à la
traduction ou à la rédaction en commun ou à l'adaptation,
les conclusions ne sont pas données d'avance.
M. HOUDE: C'est global.
M. CARDINAL; Oui, le mandat comprend tout ça. Justement, je
cherche quelle est la situation globale. Cela ne s'applique pas au niveau
universitaire cependant parce que là, quand on parle de manuel scolaire,
rendez-vous compte que c'est quelque chose d'assez difficile à
définir ce qu'est un manuel, pour autant qu'il en existe au niveau
universitaire. Quand il s'agit du collégial, j'ai constaté depuis
que j'ai cette personne qu'il faudra faire une étude particulière
parce que, à cause des institutions privées d'une part, des CEGEP
d'autre part, vous n'avez pas la structure que vous avez aux niveaux
élémentaire et secondaire.
M. HOUDE: Vous avez mentionné, je pense, que le mandat
était de cinq mois. Enfin, vous avez demandé un rapport pour une
période de cinq mois.
M. CARDINAL: C'est cela.
M. HOUDE: Peut-on savoir environ quand se termine cette période
de cinq mois?
M. CARDINAL: Dans trois mois. Il est entendu cependant, si l'on juge
nécessaire à ce moment-là, que l'on accordera un
délai additionnel d'un mois au maximum...
M. HOUDE: Merci.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelle est
cette personne?
M. CARDINAL: C'est une dame qui a pour nom de famille Petit-Martinon,
qui a des diplômes universitaires, qui a été, à
plusieurs époques de sa vie, dans le milieu de l'édition soit
canadienne, soit française.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'elle a prénom Céline?
M. CARDINAL: C'est cela, elle est connue d'ailleurs dans les milieux
d'édition et de l'Association des éditeurs, etc. etc...
M. HOUDE: Et de l'éducation physique. M. CARDINAL: Oui, elle
s'occupe de l'édu- cation physique, à part cela, M. le
Député. Elle est même, je pense, je ne sais pas si c'est
ceinture noire ou...
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, au sujet des manuels scolaires,
je voudrais simplement faire part au ministre et à ce comité
d'une situation que des milieux du livre canadien signalent comme étant
inquiétante depuis un bon moment déjà. Je n'ai pas
l'intention de soulever toute la question du livre canadien, même pas
toute la question du livre en ce qui concerne le domaine scolaire. C'est un
domaine très vaste et il faudra I un moment donné que cette
question soit étudiée en comité, si le gouvernement n'y a
pas apporté des remèdes assez radicaux au cours des prochains
mois, parce qu'il semble que la situation du livre canadien soit non seulement
précaire, mais vraiment en danger à l'heure actuelle.
Il y a un aspect particulier que j'aimerais souligner. C'est que les
milieux du livre se plaignent que les programmes du ministère de
l'Education sont approuvés tellement tard ou tellement au dernier
moment, à la veille d'une année scolaire, qu'ils ne sont
absolument pas en mesure de préparer ou de mettre au point les manuels
scolaires pour l'usage de notre population étudiante. Et que, dans ces
circonstances, le livre français, qui est déjà plus
conforme à certains programmes adaptés, se trouve placé
dans une situation nettement privilégiée, et qu'on assiste
à l'heure actuelle à un envahissement véritable du livre
français de France qui met vraiment en danger
l'édition canadienne du manuel scolaire.
Je n'ai pas de chiffres, de statistiques d'aucune sorte à fournir
au comité à ce moment-ci, mais d'après les renseignements
qu'on a portés à ma connaissance, la situation est
particulièrement tragique, et on n'envisage dans les milieux du livre
canadien aucune solution ou aucun remède pour sortir de cet imbroglio
actuel. On a déjà bien mis en lumière dans certains
journaux, dans certaines publications, le problème du livre de langue
anglaise chez nous. Ce que je soulève à ce moment-ci, c'est une
tout autre chose, et je pense qu'à un moment donné, non seulement
il faudra qu'on apporte un correctif efficace, un correctif certain à
l'aspect du domaine du livre que je viens de mentionner, mais qu'on assure une
distinction très nette entre les volumes qu'on désire obtenir de
France et ceux qu'on devrait produire chez nous.
Il est possible, à la suite de certaines ententes entre le
gouvernement français et le gouvernement du Québec dans le
domaine du livre, particulièrement en ce qui concerne des
manuels au niveau universitaire ou des manuels dans le domaine
technique, qu'il y ait confusion dans l'esprit du public, l'esprit des
éditeurs canadiens ou des éditeurs français sur les
véritables intentions du gouvernement québécois. Il ne
faudrait pas que qui que ce soit au Québec, en particulier, soit sous
l'impression que les ententes du ministère de l'Education ont pour objet
de favoriser l'importation au Québec, à des conditions
particulièrement avantageuses pour les expéditeurs, de livres
français au détriment des éditeurs canadiens. Mais de bien
établir que ces accords entre la France et le Québec dans le
domaine du livre n'ont pour but que de favoriser le livre français, le
livre de conception française, tout autant que de fabrication
française, de préférence à l'ouvrage de conception
américaine, tout autant que de fabrication américaine, mais qu'en
aucun cas, le ministère de l'Education ne voudrait favoriser le livre
conçu et produit en France par opposition au livre conçu et
fabriqué au Québec.
Je pense qu'une déclaration du ministre pourrait être
opportune à ce sujet-là, à ce moment-ci, mais je pense
qu'au-delà de toute déclaration que pourrait faire le ministre
à ce moment-ci, il sera utile, à un moment ultérieur, pour
le ministère de l'Education et peut-être pour le gouvernement dans
son ensemble, ce qui englobe dans mon esprit le ministère des Affaires
culturelles, en particulier, que le gouvernement fasse un énoncé
public de politique à ce sujet.
M. CARDINAL: Ce que vient de dire le député de
Vaudreuil-Soulanges est exact, et c'est pourquoi j'ai demandé qu'il y
ait une rencontre entre le directeur de la coopération du
ministère de l'Education et les éditeurs, rencontre qui a eu lieu
pour les rassurer et leur décrire précisément, quelle
était la situation, qui, aux yeux du public, pourrait paraître
différente de ce qu'elle était. C'est pourquoi j'ai
rencontré moi-même, comme ministre, un représentant des
éditeurs, pour discuter de la situation avec lui.
C'est pourquoi aussi, la dame dont j'ai parlé tantôt
rencontre ces gens-là pour connaître la situation et la
résoudre, l'objectif global étant, dans le fond,
d'améliorer la qualité des manuels, comme on vient de l'indiquer,
compte tenu de la nécessité de maintenir et de développer
notre propre industrie du manuel au Québec.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le Président, nos rangs sont
minces...
UNE VOIX: Mais la qualité reste.
M. GERIN-LAJOIE: ... Alors, parlant au nom de mes collègues, de
ce côté-ci, je n'ai pas d'autres questions sur le poste
budgétaire 16. Nous le laissons donc en suspens à cause des
diverses questions qui ont été posées, des documents qui
seront apportés, et des questions que nous aurons sûrement
à poser sur l'enfance exceptionnelle.
M. CARDINAL: Je ne ferai pas de commentaire, mais, comme on a
laissé le poste 1 en suspens, est-ce qu'il est nécessaire de
laisser les postes 1, 10 et 16 en suspens?
M. GERIN-LAJOIE: C'est parce qu'on veut avoir des renseignements. Le
ministre convient que...
M. CARDINAL: Oui, mais nous pouvons tous les avoir au sujet du poste
budgétaire 1 qui reste en suspens.
Je ne veux pas insister et développer cette technique à
l'infini.
M. GERIN-LAJOIE: Non, mais c'est parce que je conclus que le
ministre...
M. CARDINAL: Ni l'Opposition ni le ministre n'ont intérêt
à développer une technique, comme ça, de laisser je ne
sais combien de postes budgétaires en suspens, et de tout recommencer
à la suite des détails que je vais donner.
M. GERIN-LAJOIE: Je veux bien rassurer le ministre, il ne s'agit pas
d'une technique de laisser tout en suspens, mais nous voulons avoir des
renseignements que le ministre n'est pas en mesure de nous donner tout de
suite. Je comprends qu'il ne soit pas en mesure de le faire. Il n'a pas tous
les dossiers de son ministère avec lui, ici. Je pense qu'il est normal
pour nous, de l'Opposition, de demander les renseignements que nous demandons,
d'obtenir des réponses.
Maintenant, que nous obtenions des réponses et posions des
questions supplémentaires, sur n'importe quel poste budgétaire,
cela n'a vraiment pas d'importance, du moment qu'il est bien entendu que les
questions que nous avons soulevées et sur lesquelles le ministre a
convenu de nous donner des renseignements, qu'elles sont, ces
questions-là, laissées en suspens...
M. CARDINAL: Tout ceci est noté.
M. GERIN-LAJOIE: ... Sur le poste budgétaire 16, il y avait une
question à la fin, du député Lefebvre, à la
dernière séance. Il sera ici demain. Alors, peut-être qu'en
même temps que les autres questions, on pourra avoir des
éclaircissements là-dessus.
M. CARDINAL: Je suis à votre disposition.
M. GERIN-LAJOIE: Mais alors, avec ces explications, je n'ai pas
d'objection à ce que le poste budgétaire 16 soit...
M. CARDINAL: Non, ce que je veux dire précisément, c'est
que les postes peuvent être adoptés, mais je vais donner quand
même les réponses.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais on peut avoir des questions. Le ministre
conviendra que, sur l'enfance exceptionnelle, les classes spéciales, on
n'a vraiment eu aucun renseignement aujourd'hui et, à la lumière
des renseignements qu'il nous donnera, nous aurons sûrement quelques
questions.
Au sujet du poste budgétaire 16, il y avait une question que le
député de Drummond aurait aimé poser. Je vais la poser
maintenant, M. le Président. Cela se rapporte aux écoles,
à ce qui se passe dans nos écoles, c'est un poste
budgétaire évidemment très vaste. C'est cette fameuse
question qui a reçu une certaine publicité, celle de l'usage des
drogues par nos jeunes.
C'est une question très délicate sur laquelle on a
relativement peu de renseignements, sur laquelle il y a par contre beaucoup de
publicité, une question qui touche bien des autorités.
C'est une question à laquelle s'intéresse de près,
j'imagine, d'après ce qu'on me dit, la Police fédérale.
C'est une question dont s'occupe, apparemment, d'après ce qu'on me dit,
la Sûreté du Québec. Mais je me demande si le ministre de
l'Education y porte lui-même une attention particulière. Je pense
qu'il le devrait, pas seul, bien sûr, en coopération probablement
avec le ministre de la Justice, peut-être avec d'autres ministres.
La question, quant à nous de l'Opposition, nous préoccupe
de deux façons. C'est que, d'une part, il nous paraît, selon les
renseignements dont nous disposons, qu'il y a un problème réel.
C'est-à-dire que certains éléments de notre jeunesse
l'ampleur de ces groupes m'est absolument inconnue s'adonneraient
non seulement à la consommation, mais au commerce de certaines drogues.
C'est là une situation très inquiétante. On sait que, dans
d'autres pays, on parle beaucoup de l'usage des drogues par les jeunes et,
là, encore, on n'a pas tellement de renseignements.
D'autre part, la situation nous préoccupe d'un autre point de
vue. Il est tout à fait plausible que l'usage des drogues ne soit pas
aussi répandu qu'on le dit parfois, soit dans des publications de toutes
sortes, journaux, périodiques ou autres publications, ou soit par la
commune renommée, ou par les rumeurs. Et si l'usage des drogues est, en
fait, moins répandu qu'on le dit en plusieurs milieux, je pense qu'il
serait important de mettre cette situation en lumière. Parce que je
pense que les rumeurs qui courent dans certains milieux nuisent au
développement de l'éducation, nuisent à la confiance que
doivent avoir nos écoles et que doivent avoir de la part du public, nos
éducateurs qui sont responsables des écoles.
Je pense que le public québécois n'a pas le droit de
mettre en cause la réputation de nos organisations scolaires, la valeur
et le rendement éducatif de toutes ces organisations scolaires qu'on
s'efforce de développer au Québec, comme on le fait actuellement
dans certains milieux. Alors, ma préoccupation est donc double et, d'une
façon, nos deux préoccupations sont contradictoires en ce sens
que nous craignons que ce soit assez répandu, et nous voudrions savoir
ce que le gouvernement fait pour se renseigner sur la situation et pour la
corriger, et, d'autre part, notre préoccupation est à l'effet que
la rumeur soit beaucoup plus grave que la réalité. Dans ce
cas-là, cela nuit au rendement de notre système
d'éducation.
Alors, j'aimerais que le ministre nous renseigne d'abord sur ce qu'il
sait de la situation et, deuxièmement, sur la façon dont il se
préoccupe du sujet, je devrais dire dont il s'occupe du sujet soit seul,
soit en coopération avec d'autres ministres ou ministères?
M. CARDINAL: Vous comprendrez qu'à partir de ce que vous venez de
dire et qu'on trouve dans les journaux, à savoir si la rumeur
dépasse la réalité ou si la réalité
dépasse la rumeur, à partir de ouï-dire, de chiffres qui
n'ont jamais été fournis, de la commune renommée, de
lettres individuelles écrites dans la chronique de lettres des lecteurs,
etc., il est difficile au ministère de l'Education de donner quelque
chose de précis sur cette situation-là. Ceci supposerait qu'une
enquête a été faite. On l'a mentionné, c'est exact,
la Sûreté fédérale et la Sûreté
provinciale s'en préoccupent et le ministère n'y est pas
demeuré indifférent. J'ai dit, depuis le début des
discussions autour de ce budget de l'Educa-
tion, qu'une étude était commencée sur les
relations maîtres-élèves au secondaire et sur la vie des
étudiants.
Cette enquête portera donc sur la vie à l'école
secondaire et polyvalente, y compris cet aspect de l'usage et du non-usage, de
la vente ou de la non-vente des drogues.
De fait, pas plus tard que la semaine dernière, il y a un projet
d'étude sur le problème de la drogue dans les écoles qui a
été présenté par un haut fonctionnaire du
ministère par un médecin psychiatre, et ce projet que nous venons
de recevoir, qui est un projet d'étude, est lui-même
envisagé pour faire partie de cette enquête. Par
conséquent, quant au passé, comme il n'y a pas eu d'enquête
spécifique pour le ministère de l'Education, je me méfie
personnellement des qu'en-dira-t-on en ce domaine, pour de multiples raisons,
parce que, un étudiant qui serait pris ou qu'on connaissait par commune
renommée comme utilisant de la drogue, fait plus la nouvelle que 3,499
étudiants qui ne l'emploient pas.
Deuxièmement, c'est qu'à compter du moment où le
nombre des étudiants augmente considérablement à un niveau
plus élevé dans les écoles, ce sont des gens qui, s'il n'y
avait pas eu la réforme de l'enseignement et la réforme des
structures, ne seraient pas à l'école et seraient dans d'autres
milieux où le problème s'était posé, se posait et
continue de se poser. Il y a donc dans la démocratisation même de
l'enseignement un plus grand nombre d'étudiants de tous les milieux qui
viennent à l'école et qui autrefois étaient dans d'autres
milieux. C'est pourquoi le ministère, non seulement se préoccupe
de l'aspect au sens vague, mais a prévu ce point particulier dans cette
étude dont j'ai parlé, et a déjà reçu
d'ailleurs, un projet d'étude d'un psychiatre, laquelle doit être
incorporée dans cette enquête.
M. GERIN-LAJOIE: Mais le ministre nous dit qu'il n'y a pas eu
d'enquête systématique de faite au ministère.
M. CARDINAL: Il y a eu des enquêtes dans certains cas
précis. Lorsqu'on nous mentionne que dans telle école il y a
telle chose, nous nous informons pour voir quelle est la situation, pour autant
que l'on puisse la connaître dans un domaine aussi difficile. On sait les
difficultés, même de la police fédérale, à
découvrir ceux qui font usage ou qui font le trafic des narcotiques. On
ne peut pas s'attendre que le ministère puisse avoir des
procédés qui lui permettent d'établir le nombre de ceux
qui auraient usé de ces procédés.
Il faut aussi mentionner que dans certaines commissions scolaires
où nous avons cru que le problème se posait davantage, les
commissions scolaires elles-mêmes, sur place, ont procédé
à une enquête, je ne sais pas jusqu'à quel point, et qu'il
y a eu aussi, de la part des enseignants, des conférences sur le
problème de l'utilisation de la drogue.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre est au courant si le
ministère de la Justice a fait des enquêtes
systématiques?
M. CARDINAL: Une réponse très précise, non. Je n'ai
pas vérifié auprès du ministère de la Justice s'il
y avait eu des enquêtes systématiques. Il faudrait poser la
question au ministre de la Justice.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, à ce moment-ci,
j'aimerais dire que, personnellement, après tout ce qui a
été publié dans les journaux, les longs reportages
publiés dans des journaux qui ne sont pas des journaux à
sensation, des reportages publiés en plusieurs tranches, je ne veux pas
donner des noms de commissions scolaires parce que je trouve ça injuste,
surtout dans un débat comme celui-ci qui porte sur l'ensemble de la
province. Je ne veux pas donner des noms de journaux non plus, parce qu'il y en
a eu plusieurs. Il y a eu plusieurs publications qui ont fait des reportages
sur cette question-là.
Personnellement, M. le Ministre, je ne suis pas sensibilisé
à cette question uniquement comme ancien ministre, bien loin de
là, non pas seulement comme père de famille parce que j'ai des
enfants aux écoles au Québec et en particulier j'en ai une dans
une régionale, mais je pense que tout citoyen de Québec, à
la suite de ce qui a été publié, en particulier depuis un
an ou deux à travers le Québec, doit être bien conscient de
la gravité de la chose. Je pense que tous nous devons être
conscients que l'usage et le commerce des drogues par les jeunes en
particulier, est quelque chose de très grave et que, d'autre part, le
fait qu'on en parle autant est aussi en soi, que ce soit ou non une pure rumeur
sans fondement, c'est presque aussi grave que l'usage et le commerce de la
drogue même.
Or dans les circonstances, M. le Président, je dois au nom de mes
collègues, demander au ministre et demander au gouvernement dans son
ensemble, si le ministre croit que cette responsabilité doit être
partagée avec d'autres ministères que celui de l'Education, de
demander au gouvernement d'instituer une enquête,
non pas nécessairement publique, mais une enquête
méthodique sur le problème de l'usage et du commerce de la drogue
par les jeunes qui fréquentent nos écoles
élémentaires, secondaires et collégiales à travers
le Québec.
Je pense que ce qui a paru dans diverses publications, comme je l'ai
mentionné, est une justification amplement suffisante pour qu'on ne se
contente pas des bribes de petites enquêtes-maison. Je ne dis pas
ça de façon péjorative. Des petites enquêtes-maison,
des bribes d'enquêtes peuvent être suffisantes en certains cas mais
pas dans le cas actuel. Des petites bribes d'enquêtes-maison comme celles
que nous a mentionnées le ministre il y a un moment. C'est une
enquête d'envergure, encore une fois, qui ne devrait pas à ce
stade-ci prendre un caractère public pour ne pas alarmer inutilement la
population, et je tiens à établir bien clairement que si je fais
cette demande formelle d'enquête méthodique, en collaboration
probablement avec le ministère de l'Education et le ministère de
la Justice, c'est tout autant, parce que je crois que les rumeurs sont souvent
sans fondement, que je crois, d'autre part, que le problème est
réel dans certains milieux.
Alors, je soumets cette demande après mûre
considération au ministre. Je l'adresse au gouvernement dans son
ensemble et j'espère qu'elle sera accueillie avec l'esprit dans lequel
je la formule.
M. CARDINAL: L'étude dont j'ai parlé tantôt n'est
pas une étude maison et elle est déjà en cours depuis plus
de trois mois. Par conséquent, il n'y a pas eu une action dans ce
domaine. Deuxièmement, vous avez dit une chose que je retiens et que je
rappelle, c'est qu'en cette matière, il faut vraiment user de
discrétion et ne pas faire de tapage parce qu'on nuit plus à ce
moment-là à l'éducation et aux buts proposés qu'on
n'aide, surtout s'il y a une grande part qui appartient à la rumeur. Il
s'agit donc, dans l'étude dont j'ai parlé, d'une enquête
systématique faite discrètement, qui a jusqu'à
présent affecté une dizaine d'institutions d'enseignement, de
façon à chercher une méthode pour vraiment
découvrir quelle est la situation.
M. GERENT-LA JOIE: Est-ce que le ministère de l'Education fait sa
part tout seul ou en coopération avec le ministère de la
Justice?
M. CARDINAL: Non. Pour l'instant, l'enquête dont je parle est
purement une enquête faite sur la vie des étudiants dans les
polyvalentes, par le ministère de l'Education, et qui ne porte pas
uniquement sur ça. Je spécifie. C'est un des points de
l'enquête ou de l'étude. Puis-je ajouter que tout dépend
comment on envisage cette question. Si vous en faites une enquête
policière, cela n'a pas le même résultat que si vous faites
une étude par le ministère de l'Education et que vous concluez
par des méthodes pédagogiques d'information et
d'éducation.
M. GERIN-LAJOIE: Je suis bien conscient de ça. C'est pour
ça que j'ai parlé du travail en commun des deux ministères
qui, chacun, ont leur méthode et je me demande si, dans un cas comme
celui-là, la méthode à utiliser ne serait pas une
méthode qui ne serait pas celle du ministère de l'Education s'il
fonctionnait seul, mais une méthode qui ne devrait pas être non
plus celle du ministère de la Justice s'il fonctionnait seul comme
lorsqu'il fait enquête sur un cas ou une situation particulière,
mais s'il n'y aurait pas lieu, au contraire, de mettre au point une
méthode qui serait le travail en commun de spécialistes du
ministère de la Justice. Peut-être même en faisant usage de
ceux qui sont spécialisés dans les aspects préventifs au
ministère de la Justice, mais une enquête qui utiliserait une
méthode mise au point par la recherche en commun des
éléments divers venant de ces deux ministères.
M. CARDINAL: C'est justement ce qui est fait. Remarquez ce que f ai dit:
L'étude nous faisons une enquête dans ce sens-là
a été commencée par le ministère de
l'Education. C'est tout de même surtout dans ce domaine-là, une
méthode d'action, si vous voulez, d'enquête et de
prévention. J'ai même mentionné tantôt que, nous
avions déjà un projet qui nous venait d'un psychiatre, qui est
certainement l'un des aspects de la question avant l'aspect répressif,
et par conséquent, il est possible que, dans la méthodologie de
notre étude, nous concluions qu'il faille aller plus loin et, à
ce moment-là, devant les résultats de ce que l'on connaît,
demander l'aide du ministère de la Justice. Nous ne l'avons pas cru
encore... Je retiens les remarques du député, mais je maintiens
ma position qu'il faut commencer par être prudent et que notre but, au
ministère de l'Education, est d'abord de tenter par nos moyens de
connaître la situation, de chercher une méthode de la
connaître mieux, de la corriger, s'il y a lieu, de la prévenir,
s'il y a lieu, et que, pendant les travaux que nous effectuons et qui dureront
un certain temps, si vraiment nous découvrons que la situation
dépasse nos moyens et nos objectifs, il y aura lieu, à ce
moment-là, d'en appeler aux services du ministère de la
Justice.
Cependant, l'objectif, en terme de temps, n'est pas dans deux ou dans
trois ans. L'étude étant commencée depuis un peu plus de
trois mois, nous espérons que, dès septembre prochain, nous
aurons une méthode telle que l'on puisse savoir à qui il faut
avoir recours dans la mise en place, la mise en fonction de la méthode
qui sera reconnue la meilleure.
M. GERIN-LAJOIE: Mais j'avoue que ce que me dit le ministre ne me
satisfait pas, parce qu'il ne nous fournit pas beaucoup de détails.
Evidemment, je le comprends, mais je l'inviterais à nous donner plus de
détails, parce que ce qu'il vient de nous dire me laisse l'impression
très nette qu'il s'agit d'une enquête qui a beaucoup plus
d'envergure et qui n'est pas axée sur cet aspect-là.
M. CARDINAL: C'est exact
M. GERIN-LAJOIE: C'est une enquête sur la relation
martres-élèves, sur le climat...
M. CARDINAL: Sur la vie même dans...
M. GERIN-LAJOIE: ... sur la vie à l'intérieur de
l'école. Or, ce que j'ai en vue, M. le Président, c'est quelque
chose de beaucoup plus précis que cela. Et j'ai le sentiment très
net avec ce que le ministre nous dit à moins qu'il nous
apporte des détails supplémentaires, que l'enquête
actuellement en cours, ou l'étude actuellement en cours, comme il l'a
rappelé, ne répondra pas à l'objectif que j'ai
proposé, qui est de déterminer d'abord une situation.
A l'heure actuelle, jusqu'à quel point les jeunes de nos
écoles s'adonnent-ils au commerce et à l'usage des drogues?
Voilà une question à laquelle, je pense, il faudrait chercher une
réponse. Et c'est une enquête précise que je propose.
M. CARDINAL: J'aurais deux réponses à ceci, parce qu'on va
rester dans l'ordre de la discussion: Question de point de vue et façon
d'envisager le problème.
Vous, vous posez ces questions. Un autre pourrait me poser la question:
Quel est le problème des relations sexuelles dans les polyvalentes? Sur
cela aussi, il y a eu beaucoup d'articles. Il y a eu des appels
téléphoniques. Il y a eu des lettres, etc... On pourrait prendre
aussi bien un autre problème. Le problème des relations
maîtres-élêves, on l'a déjà soulevé.
Vous pourriez en trouver d'autres, si vous vouliez, on pourrait en trouver
pendant toute la semaine.
Isoler tel problème ou tel autre, ce n'est pas la recherche que
le ministère de l'Education entend faire. Et s'il fallait isoler ce
problème et essayer de le circonscrire, et de savoir ce qu'il est
exactement, vous vous rendez compte que ce n'est pas simplement avec l'aide
même du ministère de la Justice qu'il faudrait le
découvrir. Ce phénomène d'utilisation de la drogue, s'il
existe, fait partie d'un phénomène qui dépasse
l'école à ce moment-là.
Une enquête semblable serait faite, peut-être en
collaboration avec le ministère de l'Education mais ce serait une tout
autre enquête que de découvrir la situation exacte, comme vous
semblez vouloir la définir, de l'utilisation de la drogue dans nos
écoles. C'est une tout autre chose et, à ce moment-là, si
vous voulez procéder avec discrétion, etc., etc., etc., ce n'est
plus, je pense, la responsabilité du ministère de l'Education que
d'une façon très anclllalre.
M. GERIN-LAJOIE: Bien, je suis content d'avoir poussé mes
questions plus loin parce que, vraiment, j'isole le problème; c'est
exact. Le ministre me corrigera s'il le désire, mais je conclus de ce
qu'il vient de dire que ce problème de l'usage et du commerce de la
drogue chez les jeunes en est un parmi de multiples autres, à ses yeux,
dans nos écoles.
Et bien, M. le Président, telle n'est pas ma
préoccupation, tel n'est pas même mon jugement. Je pense que ce
problème est particulier, il doit être isolé et revêt
une gravité telle, qu'il justifie...
M. CARDINAL: Bien, prouvez vos affirmations...
M. GERIN-LAJOIE: ... le ministère de l'Education de prendre
l'initiative le ministre pourra me corriger, s'il me permet de finir
...
M. CARDINAL: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: ... le ministre de l'Education de demander la
coopération de son collègue de la Justice, je ne sais pas s'il y
a d'autres collègues qui pourraient être en cause, le
ministère de la Santé, je n'en sais rien.
Je laisse cela à sa discrétion et à son jugement
et, pour le moment, je mentionne la Justice et l'Education, pour qu'une
enquête méthodique soit faite sur cette question-là. J'ai
dit qu'elle était suffisamment grave à deux points de vue
je ne veux pas me répéter mais, puisque le ministre m'y invite
indirectement par ses observations suffisamment grave parce que cela
existe et qu'il faut corriger la situation, grave aussi parce que la rumeur en
soi, est une source de malaise et qu'il faut la
détruire, la faire disparaître par une information exacte,
s'il y a lieu.
Alors, c'est dans cette perspective-là que j'invite instamment le
ministre de l'Education à obtenir du conseil des ministres l'institution
d'une enquête non publique, immédiate, menée
systématiquement sur cette question.
M. CARDINAL: Alors, je note la suggestion du député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: Poste 16, adopté, sous réserve de ce
qu'on a dit.
M. LE PRESIDENT: Un instant.
M. CARDINAL: Un instant, si vous me le permettez justement. Est-ce que
cela veut dire que d'autres personnes qui viendront plus tard et qui sont
absentes aujourd'hui vont recommencer chacun des articles non adoptés?
Il n'en est pas question.
M. GERIN-LAJOIE: Mais alors, je n'ai pas la transcription de...
M. CARDINAL: Je devais apporter des renseignements additionnels, si on
passe à la même question. J'ai vérifié avec
exactitude et je répète les deux choses que j'ai dites: M.
Le-borgne n'est pas un fonctionnaire du ministère de l'Education. Il n'a
aucunement le statut de fonctionnaire à plein temps, ou permanent ou
enfin, peu importent les qualités qu'on puisse lui donner. Il est membre
de la firme Valois, Lalonde etc., qui agit comme consultante à la suite
d'un contrat qui a été signé par le ministère,
à la suite d'une demande au Conseil de la trésorerie qui avait
été faite en avril 1967 et pour une période de deux ans.
Cette firme fournit, d'une part, des comités d'étude pour
étudier les normes. Il y a un comité qu'on appelle, comité
d'architectes, sur lequel il y a un certain nombre de personnes dont M.
Le-borgne et cette firme fournit aussi du personnel sous sa
responsabilité, soit pour l'inspection, soit pour l'étude des
normes, etc. C'est dans ce cadre que M. Leborgne a travaillé, selon que
l'on veut l'entendre, pour le ministère de l'Education,
c'est-à-dire qu'il a rendu des services professionnels.
La question soulevée par le député d'Ahuntsic
était de savoir de la part du ministre s'il considérait que M.
Leborgne, à ce moment-là, était dans une situation de
conflit d'intérêt. Je réponds précisément que
sur cette base-là, je ne le crois pas.
Je ne sais pas s'il y a d'autres cas où des gens sont
employés, disons indirectement, dans des services du ministère de
l'Education, et sont en même temps, par exemple, commissaires
d'écoles. La situation peut peut-être se reproduire ailleurs. On
est parti d'un cas particulier, mais je ne crois pas que cette situation en soi
constitue une situation de conflit d'intérêt, légalement ou
sous une autre forme.
M. GERIN-LAJOIE: Evidemment, il y a légalement et il y a aussi la
question de savoir ce qui convient dans une saine administration,
indépendamment de la loi. Cela, c'est une question de jugement de la
part d'une administration et de ceux qui la dirigent, de jugement aussi de la
part du public. Le ministre doit sûrement se poser la question. Je la
pose ici, c'est peut-être une question qui demandera plus ample
étude, mais la situation de la Commission des écoles catholiques
de Montréal ne se compare vraiment pas à la situation d'autres
commissions scolaires de la province, sauf le « Greater Montreal
Protestant School Board ». Il s'agit d'une très grosse commission
scolaire qui, à elle seule, a un budget de construction, je ne sais, de
$200 à $300 millions pour les toutes prochaines années. Le
commissaire dont nous parlons est membre ou président, je ne sais, d'un
comité de construction ou comité d'architectes de cette
même commission.
Est-ce que, dans un cas comme celui-là, une personne, un
professionnel, qui est, d'une part, dans une commission scolaire, commissaire
et membre ou président d'un comité, en relation avec la
construction, se trouve en même temps l'un des conseillers techniques du
ministre, du ministère, pour l'approbation des projets soumis par
l'autre organisme? Pour l'instant, je laisse au ministre le soin de porter un
jugement sur cette situation. De ce côté-ci, quant à moi,
je ne suis pas en mesure de me prononcer, mais j'avoue franchement, M. le
Président, que la question me paraît au moins soulever un
problème et une question de je ne sais pas si l'expression est
bien française mais de décence administrative, qu'une
même personne se trouve placée à deux postes d'une telle
importance, l'un où l'on propose des projets, l'autre où l'on est
appelé à recommander l'approbation. Je soumets le tout sous forme
de question, enchaînant avec ce qui a été dit la semaine
dernière, laissant à chacun le soin de porter son jugement, ou
laissant au ministre le soin d'apporter des précisions
supplémentaires en temps opportun, s'il le juge à propos.
M. CARDINAL: D'accord. Mon attention a déjà
été attirée et je regarderai de plus près ce
comité, où l'on rencontre d'ailleurs d'autres membres d'autres
commissions scolaires.Quand j'ai mentionné ceci, tantôt, ce
n'était pas par hasard. Il y a d'autres architectes, aussi, sur ce
comité. Ce sont des gens qui, pour une partie, sont des professionnels
et qui, pour une partie, sont des gens qui ont une expérience dans le
domaine des commissions scolaires,, Je sais qu'il y a quelqu'un de la
commission scolaire, de ce que nous appelons le Lakeshore, par exemple, qui est
membre aussi de ce comité, et qui nous est prêté dans les
cadres de ce contrat de service professionnel.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le poste budgétaire No 16 est
accepté, sans aucune réserve?
M. GERIN-LAJOIE: Les réserves se rapportent aux points sur
lesquels le ministre doit nous soumettre des renseignements.
M. CARDINAL: Est-ce que l'on convient que, pour toutes les questions qui
ont été posées, pour lesquelles je dois déposer des
documents, nous pouvons adopter les postes budgétaires quand même.
Mais comme le no 1 est suspendu et même le no 10, nous pourrons y revenir
en temps utile.
M. GERIN-LAJOIE: Pour poser des questions.
M. CARDINAL: Ce que je veux dire, vous comprenez très bien la
situation, c'est que je ne veux pas que nous recommencions chacun des postes
chaque fois que quelqu'un, d'un côté ou de l'autre de la Chambre,
se présentera devant le comité.
M. GERIN-LAJOIE: Je suis bien d'accord, nous ne voulons pas reprendre le
débat.
M. LE PRESIDENT: La séance est ajournée à 8 h
15.
Reprise de la séance à 20 h 19
M. PROULX (président): A l'ordre! Le poste budgétaire 17:
Subventions aux commissions scolaires pour achat, construction et
transformation d'écoles, poste budgétaire 17, s'il vous
plaît.
M. GERIN-LAJOIE: Sur la question de construction d'écoles, le
ministre a raison de signaler que nous en avons parlé passablement la
semaine dernière. Alors, c'est dire que le terrain a été
passablement couvert. Nous avons, peut-être, quelques questions tout de
même.
M. HOUDE: Alors, moi, c'est une question pour satisfaire ma
curiosité, pas pour embêter le ministre du tout. Je voudrais
savoir, lorsqu'un contrat se donne pour la construction d'une école
primaire en particulier, si le ministère qui accepte les plans pour la
construction de l'école a également un droit de regard concernant
la cour d'école, la grandeur de la cour d'école? Il y a des
normes qui existent pour ça?
M. CARDINAL: Oui, de fait, dans une construction nouvelle, il y a au
moins deux choses, qui n'en excluent pas d'autres. La construction et ce que
j'appellerai, dans un terme français, disons, l'aménagement
paysagiste au sens très large qui comprend les cours, le terrain.
M. HOUDE: Est-ce qu'il y a une norme qui dit que dans une cour
d'école, par exemple, il doit y avoir nécessairement un espace
vert? La question est très simple, mais c'est que d'une façon
générale, en circulant à travers le Québec, quatre
fois sur cinq, vous voyez justement un espace vert de prévu dans une
cour d'école de ' langue anglaise. Quand on arrive dans une cour
d'école de langue française, quatre fois sur cinq, je dirais
qu'on ne voit que de l'asphalte.
M. CARDINAL: Et c'est comme ça depuis au moins 40 ans.
M. HOUDE: Ah, oui! je suis bien d'accord, cela a toujours
été comme cela, je pense bien. Mais, cela ne veut pas dire que
c'est bon.
M. CARDINAL: Non.
M. HOUDE: Je me demande pourquoi on est devant ce fait accompli. Ma
question pourrait peut-être se transformer en suggestion. Je me demande
s'il ne devrait pas y avoir un minimum d'espace vert de prévu dans nos
cours d'écoles, en particulier, de nos écoles primaires?
C'est
une question de mentalité, je pense, plus que d'autre chose.
M. CARDINAL: Permettez? Jusqu'à présent, ça n'a pas
été une question de normes, comme on le soulignait, mais une
question de moeurs dans le fond.
C'est ce qu'on vient de dire des écoles, mais on pourrait le dire
de bien d'autres choses, si on faisait la comparaison.
M. HOUDE: Oui mais est-ce que c'est possible que ce soit
étudié par quelqu'un qui connaît cela?
M. CARDINAL: C'est que, jusqu'à présent, on approuve les
plans selon un certain nombre de normes qui sont beaucoup plus des normes quant
à la qualité de l'équipement, au genre de construction, au
coût de construction, qu'à l'aménagement paysagiste. C'est
possible et je prends la suggestion.
M. HOUDE: Peut-être qu'il serait possible de le rendre obligatoire
dans les normes. Qu'à un moment donné, lorsqu'on construit une
école, qu'on prévoie au moins un espace vert plutôt que de
l'asphalte et une immense clôture.
M. CARDINAL: Est-ce que la norme serait qu'on l'impose dans le cas des
cours de récréation d'écoles de langue française ou
qu'on ne l'impose dans le cas des cours de récréation
d'écoles de langue anglaise?
M. HOUDE: Je pense que même si on l'imposait pour les cours de
récréation d'écoles de langue anglaise, je pense que ce
serait facile à vendre, parce que déjà, de fait, j'ai
l'impression qu'on le prévoit. Et vous avez des exemples typiques ici
même dans Québec, dans de vieux quartiers de Québec, vous
voyez une école de langue anglaise et un immense espace vert
réservé pour la pratique...
M. CARDINAL: J'étais sérieux tantôt II suffit de
passer dans une rue et de voir que c'est la même chose chez les
individus, que derrière la maison la cour est recouverte de petits
caillous ou d'asphalte tandis qu'à côté c'est un jardin ou
un espace vert.
M. LE PRESIDENT: Chez les Irlandais, c'est plus vert encore, je
pense.
M. HOUDE: Au moins le 17 avril. En tout cas, je pense que cela fait
quand même partie de la pédagogie moderne.
M. CARDINAL: D'accord.
M. LE PRESIDENT: D'autres questions concernant les espaces verts?
M. GERIN-LAJOIE: Je serais curieux de connaître la réponse
que le ministre fera à semblable intervention du député de
Fabre, l'an prochain, surtout après que le ministre aura reçu
pendant une année des délégations de commissions scolaires
qui demandent une cour pavée pour les enfants.
M. CARDINAL: La même réponse probablement, à moins
qu'on puisse imposer quelque chose. C'est une question de moeurs. Enfin, il ne
sert à rien de développer ce sujet, on fera de la socio-urbano,
etc.
M. GRENIER: Suivant.
M. GERIN-LAJOIE: C'est un ancien de Rigaud, celui-là, je ne sais
pas ce qui ne va pas.
M. GRENIER: On semble vouloir s'étendre longuement sur la
pelouse.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 17, adopté. Poste
budgétaire 20: Direction générale de l'enseignement
supérieur.
M. GERIN- LA JOIE : Je mêle toujours les députés de
Frontenac et Mégantic. C'est le député de Frontenac ou
Mégantic?
UNE VOIX: De Frontenac.
M. GERIN-LAJOIE: Le député de Frontenac a des questions
pour le poste budgétaire 20.
M. GRENIER; Non.
M. GERIN-LAJOIE: Aucune question.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 20, adopté.
M. CARDINAL: Poste budgétaire 18: Subventions aux écoles
secondaires et indépendantes. C'est d'accord, on sait ce que c'est,
c'est le bill 39.
M. LE PRESIDENT: Poste 18: Subventions aux écoles secondaires
indépendantes.
M. COITEUX: A quoi est due la différence de montant
allouée à ce poste?
M. CARDINAL: Cela s'explique par le fait que le bill 39 ait
été adopté au cours de l'an dernier. Ce sont les
institutions secondaires qui sont associées à des commissions
scolaires.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 19: Subventions aux instituts
familiaux, adopté. Poste 20: Direction générale de
l'enseignement supérieur.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je veux juste éviter des
malentendus, c'est parce que les institutions indépendantes, on va en
parler juste une fois puis on peut revenir au poste 22. Alors 18, c'est
réglé comme ça; 19, c'est la même chose.
M. CARDINAL: Poste 20 à la page 75.
M. GERIN-LAJOIE: Poste 20, les universités, M. le
Président, je ne sais pas si le ministre et les autres
députés seraient d'accord, je suggère qu'on en reparle
lorsque nous serons rendus aux subventions de toutes sortes, 23 et
suivants.
M. LE PRESIDENT: Poste 20, adopté. Poste 21: Enseignement des
beaux-arts. M. le député de Duplessis, vous n'avez rien sur les
beaux-arts?
M. COITEUX: Oui, j'aurais une question à poser au ministre.
Est-ce qu'il y a un professeur qui donne des cours aux élèves qui
font du dessin ou du barbouillage dans la rue du Trésor à
Québec?
M. GARDNER: Du barbouillage! Cela, c'est une insulte, M. le
Président!
M. CARDINAL: C'est de l'éducation permanente, libre,
spontanée et sans normes.
M. GERIN-LAJOIE: En anglais, cela s'appelle du « hippie arts
».
M. COITEUX: C'est sans doute pour ça qu'on y voit souvent le
député-président.
M. LE PRESIDENT: Cela me rappelle la question des « arts
artistiques ».
M. GERIN-LAJOIE: N'oublions pas que Montréal a rayonné
jusqu'à Saint-Jean, du temps d'un nommé...
M. LE PRESIDENT: Poste 21, adopté. Poste 22.
M. GERIN-LAJOIE: Alors ici, ma question principale c'est: A quand la
fameuse loi-cadre des institutions privées?
M. CARDINAL: C'est comme je l'ai dit, elle est déjà
déposée devant les légistes du Conseil exécutif. Si
je ne me trompe pas, vendredi soir, il y a eu une réunion d'étude
au sujet de cette loi justement pour en préparer le dépôt.
Alors, c'est incessamment. Ne demandez pas au Conseil législatif quand
une loi va être déposée en Chambre.
M. GERIN-LAJOIE: Qu'est-ce que ça veut dire, ça?
M. CARDINAL: Bien, le conseiller législatif est censé le
savoir seulement après qu'une loi a été
déposée en Chambre.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais il y a un certain conseil des ministres dont
diverses catégories de personnes font partie...
M. CARDINAL: D'accord! C'est une blague! De fait, cela se fera, je ne
dirai pas d'un jour à l'autre mais c'est presque ça.
UNE VOIX: Adopté.
M. GERIN-LAJOIE: Non, pas tout à fait. On ne se lancera pas dans
des commentaires auxquels nous inviterait une situation comme celle-là
où...
M. CARDINAL: J'ajouterai qu'il y a même eu une réunion ce
matin à ce sujet-là.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, cela fait deux ans qu'on l'attend. Est-ce que le
ministre peut nous dire ce qu'on prévoit comme régime de
subventions pour les institutions privées l'an prochain?
C'est-à-dire à partir du mois de septembre.
M. CARDINAL: De deux choses l'une, là. Il faut se placer dans
l'alternative. Le ministre lui-même ne peut pas dire si une loi va
être adoptée ou ne sera pas adoptée, même s'il sait
que le dépôt va en être fait prochainement.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que ce que le premier ministre a dit
à l'Assemblée législative nous laisse entendre assez
clairement à moins d'un renversement de vapeur, que la loi ne sera
même pas soumise à l'étude avant l'ajournement
d'été, même si elle était lue en première
lecture.
M. GARDNER: Il a dit au cours de la présente session.
UNE VOIX: Cela peut aller en octobre ou novembre.
M. GERIN-LAJOIE: Qui a dit ça? Attendez, je pense, M. le
Député, là, qu'on ne se suit pas. Le premier ministre a
dit en Chambre qu'il visait c'est un objectif à ce qu'on
ajourne la session pour le temps de l'été I compter de la fin de
la semaine prochaine, donc le 29 ou le 30 du mois de juin. Dans
l'hypothèse, au mieux, où le projet de loi en question serait
déposé à l'Assemblée législative, lu en
première lecture d'ici le 30 il ne peut pas subir ses trois
lectures d'ici le 30 cela veut dire que l'étude en serait faite
à l'automne.
M. CARDINAL: Je reviens quand même à ma réponse
parce que je pense qu'elle est valable. D'abord c'est vrai que d'un
côté comme de l'autre de la Chambre, on a parlé d'une
possibilité d'ajournement. C'est une possibilité. Or, de deux
choses l'une. Ou bien la loi est adoptée à temps ou elle ne l'est
pas. Si elle ne l'est pas, c'est le statu quo et c'est par conséquent le
bill 39 qui s'applique: les institutions associées. Si la loi...
M. GERIN-LAJOIE: Cela commence à être secondaire. Les
institutions privées, cela couvre le niveau collégial.
M. CARDINAL: Mais nous parlons d'institutions indépendantes ici,
il me semble. Au secondaire, d'accord.
M. GERIN-LAJOIE: C'est parce que le ministre a parlé des
institutions associées.
M. CARDINAL: Oui, mais, quand vous parlez d'institutions
indépendantes, on parle de quel niveau?
M. GERIN-LAJOIE: Tous les niveaux. Tous les niveaux actuellement
subventionnés par l'Etat.
M. CARDINAL: Bon, pour un niveau, c'est le bill 39 qui continuerait de
s'appliquer. Pour les autres niveaux, cela serait encore le statu quo,
c'est-à-dire ce qui a existé cette année. Si au contraire
la loi est adoptée, ce sera la nouvelle loi qui établira les
normes de subventions aux institutions privées.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministère ne consi-dère-t-il pas, le
gouvernement ne considêre-t-il pas la possibilité de subventions
spéciales s'ajoutant aux subventions statutaires pour cer- taines
institutions privées au cours de la prochaine année scolaire?
M. CARDINAL: De fait, quand j'ai dit statu quo: la réponse est
valable, parce qu'il y a toujours eu un comité qui a
étudié les subventions qui devraient être accordées
à titre exceptionnel à des institutions privées.
M. GERIN-LAJOIE: Quelles subventions ont été
accordées cette année? La prochaine séance?
M. CARDINAL: On n'a pas, ici, la liste avec nous. Je l'avais il y a une
journée ou deux. Malheureusement, je ne l'ai pas ce soir, je peux la
rapporter. Mais, j'ai la liste de ce qui a été
accordé.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre conviendra qu'il est difficile pour nous de
poursuivre aussi complètement qu'on le souhaiterait l'étude d'un
poste budgétaire comme ça, sans avoir un renseignement comme
celui que je demande. Ce n'est pas un reproche, c'est seulement une indication
qu'on ne peut vraiment pas aller au fond du poste budgétaire de cette
façon-là.
M. CARDINAL: Bon, attendez un peu. On vient de trouver la feuille. Je
m'excuse.
Alors, du premier septembre 1967 au premier septembre 1968, subventions
accordées dans des cas exceptionnels, pour les institutions
d'enseignement privé, les sommes totales recommandées, $269,660,
accordées à huit institutions.
M. GERIN-LAJOIE: Sur quelle base, pour quels motifs?
M. CARDINAL: Il n'y a pas ici de statut. Chaque cas a été
étudié...
M. GERIN-LAJOIE: Cela, je comprends bien, je connais cela, le
comité des cas exceptionnels.
M. CARDINAL: Alors, si vous connaissez cela...
M. GERIN-LAJOIE: Mais, je veux savoir quelle situation exceptionnelle,
quelles catégories de situations exceptionnelles, il y a eues ou bien
étaient-ce des dettes trop considérables, ou bien...
M. CARDINAL: C'est exact. Dans beaucoup de cas, c'est à cause de
la dette, du service
de la dette ou de la dette elle-même, qui était
considérable par rapport aux moyens financiers de l'institution.
M. GERIN-LAJOIE: Sûrement le ministre et ses hauts fonctionnaires
ont-ils eu des rapports du comité avec une justification des subventions
accordées.
M. CARDINAL: Si vous voulez me donner deux minutes ou passer à
une autre question, je vais vous la donner, la liste, avec les raisons.
M. GERIN-LAJOIE: Si le ministre pouvait reconstituer cela rapidement,
avec sa mémoire, en canadien on appelle cela une mémoire de
singe, mais cela ne serait pas gentil.
UNE VOIX: C'est d'éléphant, pas de singe.
M. GERIN-LAJOIE: Dans son cas, cela ne lui rendrait pas justice.
M. CARDINAL: Alors, voici. Collège Sainte-Marie, $98,000, service
de la dette; Corporation Sainte-Marie-des-Laurentides, qu'on appelle aussi
collège Saint-Pierre-d'Oka, dette d'opération; Séminaire
de Gaspé, $14,650, service de la dette; collège des Eudlstes de
Montréal, $28,750, service de la dette; Séminaire Saint-Antoine,
Trois-Rivières, $9,670, service de la dette; Collège classique de
Hauterive, $24,890, service de la dette; collège Saint-Jean-Vianney
Montréal, pour opération, $20,000; collège Marie-Anne,
Montréal, service de la dette, $54,000; total $269,660.
M. GERIN-LAJOIE: C'est complet pour cette année. Il n'y a pas de
demande en suspens?
M. CARDINAL: Nous n'en connaissons pas pour le moment. Mais comme
l'année n'est pas terminée, il peut certainement en venir d'ici
septembre, sauf une exception qui a déjà été
mentionnée devant ce comité. Il y a eu une demande
spéciale du collège Loyola pour lequel il n'y a aucune somme
encore de versée. C'est présentement à l'étude au
ministère.
M. GERIN-LAJOIE: Le premier ministre a dit l'autre jour qu'une injustice
de longue date avait été corrigée par le gouvernement dont
le ministre de l'Education fait partie, c'était probablement
prématuré.
M. CARDINAL: Non, c'est à long terme et c'est pourquoi ce n'est
pas à ce budget-ci. Une étude est faite pour verser un montant
sur une période d'années et les modalités n'en sont pas
encore établies. Il a été question d'une somme de $4
millions sur un nombre donné d'années et ce nombre
d'années non plus n'est pas encore déterminé.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, est-ce que le montant global a été
déterminé? Est-ce $4 millions ou si ce n'est pas certain?
M. CARDINAL: C'est de $4 millions qu'il est question pour le moment,
mais il n'y a pas encore d'engagements précis du ministère.
Disons que le montant ne dépassera pas $4 millions, si vous voulez,
c'est la limite. Dans ce sens-là, le montant est
déterminé.
M. GERIN-LAJOIE: D'après ce que vous dites ce soir, est-ce que
ça peut être moins, pensez-vous?
M. CARDINAL: Je serais surpris que ça soit moins.
M. GERIN-LAJOIE: Et ça ne pourra pas être plus.
M. CARDINAL: Non. Mais il y a une différence entre les montants
que j'ai indiqués et ce cas-là qui est un cas présentement
à l'étude et qui n'est pas réglé.
M. GERIN-LAJOIE: Celui-ci est un exceptionnel parmi les
exceptionnels.
M. CARDINAL: Non, c'est un cas exceptionnel parmi les cas exceptionnels
des institutions d'enseignement privé.
M. GERIN-LAJOIE: Ma question, il y a un moment, c'était celle-ci:
II n'y a pas de demandes en suspens au ministère?
M. CARDINAL: Je n'en connais pas d'autres que celle que je viens
d'indiquer. Enfin, il y a une seule.
M. GERIN-LAJOIE: De quelle institution?
M. CARDINAL: Le centre de l'enseignement vivant de Montréal.
M. GERIN-LAJOIE: Une demande de combien?
M. CARDINAL: C'est un centre pour enfants inadaptés et c'est
quelques milliers de dollars,
c'est-à-dire qu'encore là, je ne peux pas être
précis, parce qu'il n'y a pas eu de décision de prise, c'est aux
environs de $7,000, c'est un petit montant.
M. GERIN-LAJOIE: J'ai la question suivante, d'ordre
général, à poser au ministre. Les institutions
privées du niveau collégial qui n'ont pas été
transformées en CEGEP ou n'ont pas été
intégrées à des CEGEP se trouvent à demeurer sous
la loi des institutions privées, je ne me souviens pas du nom exact, des
subventions aux institutions privées, telles qu'elles ont
été adoptées l'an dernier. Cela signifie que ces
institutions-là devront imposer des frais de scolarité assez
substantiels. Dans un cas que j'ai à l'esprit, celui de Rigaud, je
comprends que les frais de scolarité seraient de l'ordre de $400. Est-ce
que le ministre est saisi de la difficulté énorme dans laquelle
se trouveront placées ces institutions avec le régime de
subventions actuelles, alors que d'autres institutions sont en mesure d'offrir
la gratuité complète?
M. CARDINAL: II en est saisi continuellement. De fait, il y a un premier
élément de réponse qui est dans l'aide aux
étudiants dont on a déjà parlé. Parce que, ce
sujet-là, on en a parlé depuis que les débats ont
commencé sur les crédits. Nous savons que, lorsque des bourses
sont accordées aux étudiants, dans les collèges
d'enseignement général et professionnel, il n'y a pas de bourse
pour les frais de scolarité. Lorsque des bourses sont accordées
dans les autres institutions privées, il y a des bourses qui couvrent
les frais de scolarité. Il y a, deuxièmement, ce qu'on a
mentionné tantôt, le bill 39, qui accorde maintenant $550 au
niveau collégial, c'est-à-dire, comme je l'ai mentionné,
la semaine passée, de 55% à 60% du coût.
J'avais mentionné à ce moment-là 60% comme chiffre
global.
M. GERIN-LAJOIE: Mais ce n'était pas par déduction de ce
montant-là qu'il reste des frais de scolarité de l'ordre de
$400.
M. CARDINAL: D'accord, après déduction du montant qui est
donné là, mais sans tenir compte des bourses. Maintenant, ceci
est une situation provisoire de deux façons, c'est-à-dire que
d'une part vous avez cette loi-cadre des institutions privées dont on
parle, on a mentionné tantôt qu'elle sera déposée
incessamment, il y a le fait qu'un certain nombre d'autres collèges
d'enseignement général et professionnel vont être
ajoutés, disons une dizaine d'autres, au cours des années qui
s'en viennent. Il y aura après cela une concurrence entre des
institutions privées et des institutions publiques, concurrence qui est
demandée d'ailleurs par la population qui désire avoir ces deux
genres d'institutions et je ne me souviens pas si c'était lors de la
première ou la deuxième journée des débats sur les
crédits, mais il y a eu une intervention je pense assez longue sur ce
sujet.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, il y a encore des choses en suspens parce que le
ministre m'a remis, la semaine dernière, un document intitulé
« Carte des instituts » sur laquelle nous devons revenir à
la suite de l'étude de ces choses-là, de ces divers postes
budgétaires. Mais comme il est question ici des institutions
privées, j'aimerais d'abord signaler que les bourses et prêts aux
étudiants ne règlent en rien la question que j'ai
soulevée, celle des frais de scolarité. Je vais parler bien
franchement, il n'y a rien comme de donner des exemples concrets avec des
personnes en chair et en os. Moi, comme député et avocat, en
dépit des revenus que je peux avoir, je ne vois pas, dans le saint
monde, pourquoi je paierais $400 pour envoyer mes enfants au Collège de
Rigaud alors que je pourrais les envoyer gratuitement à Valleyfield ou
à Saint-Laurent, ou autour de chez moi, ou à d'autres
institutions où on va offrir la gratuité. Je pense que ça
demeurera des situations tellement exceptionnelles que ces institutions dites
privées vont se trouver placées dans une situation, en milieu
québécois, à peu près impossible. Disons que c'est
mon opinion, je sais que c'est une question d'opinion, je sais qu'il y en a qui
ne la partagent pas, mais c'est ce que je pense. Un Collège comme Rigaud
est un pensionnat, un collège résidentiel. Il y aura toujours des
familles, du moins dans un avenir prévisible, qui voudront envoyer leurs
enfants dans des collèges résidentiels, pour une raison ou pour
une autre. Ces familles-là, je pense, se trouveront grandement
pénalisées, parce que des familles qui sont obligées
d'envoyer leurs enfants, pour une raison ou pour une autre, dans un
collège résidentiel, ont le même droit que les autres
familles, je pense, à la gratuité scolaire, et je ne vois pas
pourquoi un jeune, garçon ou fille, qui est obligé d'aller dans
un CEGEP résidentiel ou un collège résidentiel, serait
privé de la gratuité et aurait à payer des frais de
scolarité de $400 en plus de la pension de l'ordre de $500 à
$600, peut-être davantage, cela variera suivant les institutions.
Alors, je pense que c'est une situation très sérieuse. Un
autre aspect du Collège de Rigaud et il y en a d'autres dans ce
cas-là, quelques-uns, c'est celui de la transformation au CEGEP.
Mais j'y reviendrai en parlant de la carte des instituts à un
autre moment, je ne veux pas faire double emploi. Mais le ministre et le
gouvernement ne semblent pas se rendre compte que les institutions
privées se trouvent placées dans une situation très
difficile en raison du retard du gouvernement à présenter,
à rendre publique la loi des institutions privées. Pour un
gouvernement composé de membres d'un parti politique qui ont pris
plaisir à dire et redire que l'ancien gouvernement voulait faire mourir
les institutions privées à petit feu, je pense que c'est une
façon d'agir qui n'est vraiment pas acceptable de la part de ceux qui
croient vraiment que les institutions privées, en matière
d'enseignement, ont une place au Québec. Si le gouvernement continue
cette façon d'agir, je pense qu'on aura les résultats à
très brève échéance, c'est-à-dire endedans
d'un an ou deux. C'est-à-dire que ces maisons seront, à toutes
fins pratiques, acculées à la faillite et seront obligées
de se donner purement et simplement, que ce soit comme le Collège de
Nicolet, le Séminaire de Nicolet ou d'autres institutions. A ce
moment-là, malheureusement, il sera trop tard pour réparer les
pots cassés.
M. CARDINAL: C'est le député lui-même qui invoque le
passé. Je ne sais pas si, de 1961 à 1966, la situation
était meilleure que cette année, ou si, au contraire, elle ne se
dégradait pas. De fait, le bill 39, l'augmentation du niveau des
prêts-bourses, le bill 2 représentent pour l'année 67/68
une très nette amélioration sur les années
antérieures. Les subventions aux institutions indépendantes
étaient demeurées, grosso modo, les mêmes au cours des
années qui ont précédé et je ne sais pas quelle est
la question exactement. Est-ce que le député veut dire ou bien
que la gratuité scolaire devrait être également la
même dans les institutions publiques et dans les institutions
privées, c'est-à-dire que les institutions privées devront
être financées à 100% comme les institutions publiques, ou
bien que les institutions privées devraient disparaître? Je ne
comprends vraiment pas l'intervention. S'il s'agit de dramatiser et de dire
que, d'ici deux ans, toutes les institutions privées vont
disparaître, je ne suis pas du tout d'accord. C'est justement pourquoi le
gouvernement qui l'avait annoncé a préparé une loi-cadre
des institutions privées pour que, statutairement, des subventions
soient accordées selon des principes connus à l'avance. Cette loi
a été préparée à la suite d'un travail de
consultation très vaste auprès des institutions privées,
des parents qui ont des enfants dans les institutions privées et, s'il y
a un re- tard dans son dépôt, c'est attribuable au fait que la
session de cette année a commencé assez tard et au fait que les
travaux parlementaires, comme on le sait...
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est pas une raison!
M. CARDINAL: ... ont porté sur bien d'autres sujets que
l'éducation pendant plusieurs semaines. Je n'aime pas revenir sur ces
sujets.
M. COITEUX (Duplessis): Le ministre n'était pas là! Il ne
faut pas en parler.
M. CARDINAL: Non, il ne faut pas en parler, d'accord, mais je me demande
vraiment ce que signifie l'intervention du député de
Vaudreuil-Soulanges et de quel côté il pose une question ou
émet des conclusions.
M. GERIN-LAJOIE: Bien, c'est très simple. D'abord, le
gouvernement est en faute de ne pas avoir soumis son projet de loi, de ne pas
l'avoir déposé à l'ouverture de la session ou dans les
quelques jours ou les quelques semaines qui ont suivi. Ce n'est pas parce que
la session a commencé tard qu'on n'a pas le projet de loi. C'est parce
que le projet de loi n'est pas prêt. C'est parce que le gouvernement
n'est pas branché. C'est ça qui est grave. C'est ça que je
reproche au gouvernement. Ce que j'ai voulu dire dans une intervention qui
n'était peut-être pas claire, c'est que les institutions
privées se trouvent acculées à une situation très
difficile qui les mènera peut-être à la fermeture, à
la faillite, parce que le gouvernement ne fait pas connaître sa
loi-cadre, son projet de loi-cadre des institutions privées. Il y a un
tas d'institutions qui à l'heure actuelle se tiennent sur le qui-vive
dans l'espoir que ce projet de loi va leur permettre de survivre. Je n'en sais
rien, je ne le connais pas, le projet de loi. Mais ce que je dis, c'est que le
gouvernement, par sa faute, à cause de son retard, maintient les
institutions privées dans une situation nettement impossible qui pourra
les mener à la faillite.
M. CARDINAL: Voici deux réponses. D'abord, c'est que le premier
jour, j'ai fait une intervention assez longue sur ce sujet et, de fait, je ne
me souviens pas quel journal, l'un des journaux, le lendemain, titrait: Voici
les principes généraux sur lesquels sera fondée la Loi des
institutions privées et le titre du journal était: M. Cardinal
rassure les institutions privées, etc. Cela, c'est un premier fait. Par
consé-
quent, on revient sur un débat qui a été fait et
qu'on peut lire dans le journal des Débats. Deuxièmement, c'est
qu'on discute depuis quelque jours, ou à peine peut-être deux
semaines. Cette loi va être déposée et, même si elle
n'est pas débattue, on connaîtra dès le moment de son
dépôt quelle est la politique du gouvernement en matière
d'institutions privées.
M. GERIN-LAJOIE: A tout événement, cela ne contredit en
rien ce que je viens de dire, c'est que les institutions sont sur le qui-vive
et que...
M. GRENIER: On a un mandat de quatre ans et on va l'exécuter.
Cela va venir, ça aussi, il suffit...
M. GERIN-LAJOIE: Voulez-vous engager un petit débat et qu'on dise
que vous n'avez pas présenté un traître projet de loi qui
soit de votre cru depuis le changement de gouvernement?
M. CARDINAL: Je pense que ce n'est pas la place au comité
des...
M. GARDNER: .. On n'a présenté aucun projet de loi
en deux ans?
M. GERIN-LAJOIE: Alors qu'est-ce que vous faites-là, si vous
n'engagez pas le débat sur un terrain aussi politicailleur que
ça? C'est le député de Frontenac...
M. GRENIER: Non, non, c'est à la suite de l'intervention que vous
avez faite là, c'est une question...
UNE VOIX: C'est le député de Frontenac qui revient sur la
même chose.
M. GERIN-LAJOIE: Si ce n'était pas enregistré, je me
permettrais de dire autre chose!
UNE VOIX: II récidive à tout bout de champ. Il ne se
dompte pas!
M. HOUDE: Il se prend pour un autre, lui aussi.
M. GRENIER: Je ne me prends pas pour un autre. « Gnôthi
seauton », disait Socrate. Moi, je me connais, mais toi, tu ne te connais
pas!
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le Président, au sujet des
écoles professionnelles privées, je suppose que le ministre n'est
pas en mesure de nous dire quoi que ce soit, sauf que ceci sera aussi couvert
par la loi-cadre des institutions privées.
M. CARDINAL: A quel article, s'il vous plaît?
M. LE PRESIDENT: Nous sommes au poste budgétaire 22.
M. GERIN-LAJOIE: Le poste budgétaire des institutions
indépendantes.
UNE VOIX: A quel poste budgétaire?
M. GERIN-LAJOIE: Ah! ça, nous avons pris ensemble trois ou quatre
postes là. L'enseignement supérieur et puis les instituts
familiaux, les écoles secondaires indépendantes.
Alors, j'ai mentionné à l'occasion des postes
budgétaires 18, 19, 20 et 21, que je parlerais des institutions
indépendantes, en général, à tous les niveaux sauf
le niveau universitaire dès que j'aurais l'occasion au poste
budgétaire 22.
Je pense bien, depuis le début de l'étude des
crédits qu'on n'a pas fait de chichi au sujet de l'endroit où
l'on discuterait de la question dès qu'il y aurait une raison plausible
d'en parler.
M. CARDINAL: Je vais répondre la même chose qu'il y a un
projet de loi sur ces institutions.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, M. le Député, le poste
budgétaire 22, accepté? A la page 61.
M. GERIN-LAJOIE: Après. Oui, oui, on est là en effet.
C'est là que je parle des écoles professionnelles privées,
M. le Président. Je déplore une fois de plus que le gouvernement
n'ait pas encore, au moment où nous parlons...
M. GRENIER: Un débat, un débat, pas de question. N'engagez
pas de débat. Posez des questions pour provoquer.
M. COITEUX: Montez donc en Chambre. Cela allait bien quand vous
n'étiez pas là,
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, s'il y a certains de nos
collègues qui ont besoin d'une leçon en procédure
parlementaire, je ne voudrais pas me charger de la leur donner. Il ne serait
peut-être pas mauvais que quelqu'un rappelle, soit vous, ou soit l'un
d'entre nous, que nous sommes ici pour discuter de la politique
d'éducation du gouvernement du Québec, soit sous forme de
questions soit sous forme d'expressions d'opinions. Et c'est notre rôle,
notre responsabilité de procéder de cette façon et si nous
taisions la moindre chose que nous croyons importante, la moindre opinion que
nous croyons
importante, tout autant que la moindre question, nous faillirions
à notre responsabilité de député.
M. GRENIER: Ce sont des prétextes tout simplement.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 22: Subvention aux
collèges classiques. Nous continuons le poste budgétaire 22.
M. GERIN-LAJOIE: Adopté, M. le Président, quant à
moi.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 23: Subvention. Alors, est-ce
que nous procédons pour les différentes universités?
M. GERIN-LAJOIE: D'abord, une question de politique
générale. Comme nous l'avons dit tout à l'heure au sujet
de 20, que nous avons adopté sans discussion, c'est à ce
moment-ci que nous aimons soulever une question de politique
générale. Quelle méthode de détermination des
subventions avons-nous adoptée cette année?
M. CARDINAL: Vous parlez de quelle année? Des subventions qui
sont prévues au budget?
M. GERIN-LAJOIE: Qui sont prévues au budget pour l'an
prochain.
M. CARDINAL: Si on lit le discours du budget, on constate qu'il y a un
paragraphe qui indique quelle est la méthode qui a été
suivie cette année pour déterminer les subventions à
chacune des universités.
Cette méthode est la suivante: C'est que chaque université
a présenté un projet de budget qui a été
étudié par un sous-comité des budgets de fonctionnement ou
d'opération des universités.
Dans ces budgets acceptés, il y a deux choses. Il y a d'un
côté les revenus qu'ont les universités et, d'autre part,
la subvention que donne le gouvernement. Et je vais insister, ici, sur un fait,
c'est que les subventions aux universités, ne sont pas des subventions
basées sur un statut ou sur un per capita ou sur une formule, comme il
en existe en Ontario, mais des subventions qu'on appelle subventions
d'équilibre budgétaire. Par conséquent, il est normal,
d'après cette base, qui n'est pas nouvelle cette année, que les
universités qui ont des revenus plus élevés que d'autres,
reçoivent, proportionnellement moins. En ce sens qu'une fois que vous
avez un budget, disons, approuvé pour fins de subvention, il suffit d'en
déduire les re- venus de cette université pour trouver la
subvention, disons, normalisée.
Cette année, cependant, on le sait par les journaux, le rapport
complet du sous-comité des budgets de fonctionnement des
universités, n'a pas été accepté lors de la
réunion du comité ad hoc et la formule qui a été
prise a été la suivante. Comme il s'agissait d'une période
d'austérité, alors que le gouvernement voulait quand même
faire un effort particulier...
M. GERIN-LAJOIE: Période d'austérité, c'est le
ministre qui emploie l'expression?
M. CARDINAL: Oui, je l'emploie là.
M. GERIN-LAJOIE: C'est le gouvernement qui l'emploie.
M. CARDINAL: Je l'emploie, je parle du gouvernement en
général. C'est le gouvernement qui est dans une période
d'austérité. On sait que les autres gouvernements des autres
provinces et du Canada l'étaient aussi. Donc, les subventions, l'an
passé, avaient été de $67 millions au total. On
était prêt à faire un effort particulier et à passer
un montant qui se situerait aux environs, disons, de $87 ou $88 millions. De
fait, c'est $88 millions qui ont été accordés en
subventions aux universités.
Pour arriver à ce chiffre, nous avons pris les budgets des
universités et nous avons calculé l'accroissement dunombre
d'étudiants dans chacune des universités, à partir du
budget de l'année passée. Si dans une université
donnée, les étudiants augmentaient de 40% ou augmentaient de 20%
ou augmentaient de 10%, le budget de l'année passée, de
l'université, était augmenté de la même
façon, soit de 40%, 20% ou 10%, en supposant que j'ai gardé les
mêmes chiffres.
Et nous avions donc, par conséquent, le nouveau budget pour
l'année subséquente, budget idéal, c'est-à-dire que
c'est un budget qui quand je dis idéal pour fins de subventions -
c'est un budget qui ne s'accroissait pas de nouvelles initiatives des
universités. C'est que les universités, à ce
moment-là, gardaient les mêmes services pour assurer
l'accroissement du nombre d'étudiants.
Ce calcul ayant été fait, nous sommes arrivés
à un montant légèrement inférieur à $88
millions, et nous avons tout simplement extrapolé ou projeté ces
calculs pour arriver au montant total de $88 millions. Dans le discours du
budget on lit ceci: Par ailleurs, il nous a paru essentiel d'accroître de
façon substantielle des subventions d'équilibre budgétaire
aux universités du Québec. Ces subventions passe-
ront de $67 millions en 67/68, à environ $88 millions en 68/69.
En attendant la création du conseil des universités et
l'établissement de normes objectives qui tiennent compte à la
fois de l'expérience des années passées et des programmes
à long terme, la répartition des subventions a été
maintenue en partant de la base acceptée l'année dernière
c'est ce que j'appelle le budget de l'an passé - par toutes les
universités et en y ajoutant une somme répartie entre elles au
prorata de l'accroissement prévu de leurs inscriptions.
M. GERIN-LAJOIE: Comment le montant de $88 millions a-t-il
été déterminé? Comment le gouvernement est-il
arrivé au montant de $88 millions?
M. CARDINAL: Je viens de le dire, mais je vais répéter
pour que ce soit plus clair. Si on prenait les budgets 67/68 de toutes les
universités et des centres universitaires, on arrivait à un
montant de $101,498,000. Si on prenait l'accroissement des
étudiants...
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que je peux arrêter le ministre pour bien
comprendre les chiffres qu'il vient de mentionner : $101 millions?
M. CARDINAL: C'étaient les budgets. Distinguons les budgets des
subventions. J'ai mentionné tantôt que la subvention était
la différence nécessaire à une université pour
arriver dans son budget sans faire de déficit, après avoir
perçu elle-même les revenus qui sont les siens.
M. GERIN-LAJOIE: Les $101 millions, ce sont les budgets?
M. CARDINAL: Le montant de $101,498,000, c'étaient les budgets
67/68, acceptés par toutes les universités.
M. GERIN-LAJOIE: En 67/68.
M. CARDINAL: C'était la base. A ces budgets 67/68 nous avons
ajouté un facteur, qui était le facteur d'accroissement des
étudiants pour toutes et chacune des universités. Ceci donnait,
à ce moment-là, le calcul étant fait, des budgets, des
subventions de base, si vous voulez, de $82,900,000. Pour arriver à ce
calcul, chiffres qui n'étaient pas prévus, il suffisait de
prendre le budget d'une université, prenons par exemple le budget de
l'université Laval lequel l'an passé, accepté au
comité des budgets, était de $22,234,000. Les étudiants de
l'université Laval augmentaient d'un facteur connu, prévu. En
augmentant son budget, on le portait à un nouveau montant qui
était celui de $28,721,000, on en déduisait ses revenus et on
arrivait, à un montant donné, à la subvention de base.
La subvention de base totale pour toutes les universités et les
centres universitaires était de $82,900,000. Comme je l'ai
mentionné tantôt, comme le gouvernement était prêt
à faire un effort pour aller au-delà de cela, on a repris la
progression qui avait été faite par rapport au budget de l'an
passé, de façon à arriver à un budget total
d'opérations je l'ai mentionné tantôt - d'environ
$87 millions.
M. GERIN-LAJOIE: C'est ça ma question. J'avais compris tout
ça. Je m'excuse que le ministre n'ait pas compris ma question.
M. CARDINAL: Je m'excuse si je n'ai pas compris.
M. GERIN-LAJOIE: Comment au gouvernement êtes-vous arrivés
à $88 millions? Pourquoi, après être arrivés
à $82 millions, avez-vous dit: Nous sommes prêts à faire
plus? Et pourquoi vous êtes-vous arrêtés à $88
millions?
M. CARDINAL: Nous ne nous sommes pas arrêtés à $88
millions, mais à $87 millions. Il y a un million de plus qui est le
budget de rattrapage: $1,200,000.
M. GERIN-LAJOIE: Je veux savoir comment le gouvernement est
arrivé à ce montant-là. C'est un montant
déterminé a priori, si j'ai bien compris.
M. CARDINAL: A priori. Les universités, évidemment, comme
cela se fait à chaque année, demandaient plus que cela. Elles ont
commencé par faire des demandes qui étaient assez
élevées, qui dépassaient les chiffres de $100 millions.
Elles ont, peu à peu, baissé leurs demandes et le ministre des
Finances et le ministre de l'Education, qui sont tous les deux
co-présidents du comité des budgets ah hoc devant les
universités, ont présenté des chiffres que le budget du
gouvernement, le budget du ministère de l'Education, et dans ce budget,
celui des universités, permettaient d'accorder aux universités.
Je suis d'accord avec vous, ces chiffres auraient pu être aussi bien de
$86 millions que de $88 millions.
M. GERIN-LAJOIE: Que de $95 millions...
M. CARDINAL: Bien là, ça va dépasser, si vous
voulez, non pas les normes, parce que ce n'est pas une norme, $88 millions.
C'était le chiffre, que dans le budget total du ministère de
l'Education, on pouvait accorder, si vous voulez, aux universités. Il ne
faut pas oublier que $88 millions ou $87 millions, à ce
moment-là, c'était, comme je l'ai mentionné il y a
quelques jours, à peu près le double des subventions d'il y a
deux ans. Par conséquent, nous aurions pu nous arrêter et
justifier $82.9 millions, si vous voulez, et cela aurait été
justifié d'une façon très mathématique. Le
gouvernement a voulu être plus généreux pour les
universités à cause de la priorité qui était
accordée par le ministre à l'enseignement supérieur. C'est
pourquoi une somme d'environ $6 millions a été ajoutée
à ces $82.9 millions et a été divisée de la
même façon que les autres subventions. Il n'y a pas d'autre raison
que la priorité accordée à l'enseignement supérieur
et ceci, d'ailleurs, a été dit dans les explications qui ont
été données le soir même par le ministre de
l'Education sur les questions posées sur les subventions aux
universités.
M. BOUSQUET: En somme, lorsque le parti de l'Opposition procédait
à posteriori, il se trouvait bien moins généreux qu'en
procédant à priori.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, si j'ai bien compris, les subventions de cette
année sont basées strictement sur celles de l'an dernier, comme
point de départ.
M. CARDINAL: Comme point de départ, plus l'accroissement des
étudiants, tout simplement, plus, évidemment, une priorité
qui a été divisée sur la même base.
M. GERIN-LAJOIE: Pardon?
M. CARDINAL: Plus la priorité que j'ai indiquée, si on
peut appeler cela priorité, ces $6 millions, qui ont été
divisés de la même façon que $82.9 millions.
M. GERIN-LAJOIE: Tout ce qui a été accordé a
été accordé proportionnellement à l'accroissement
des étudiants...
M. CARDINAL: C'est ça. Dans chacune des universités les
unes par rapport aux autres.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre nous a expliqué qu'il y avait eu un
sous-comité présidé par M. Gauthier, c'est ça?
M. CARDINAL: C'est-à-dire que le ministre n'a pas dit ça.
Vous dépassez ce que le ministre a dit.
M. GERIN-LAJOIE: II a dit un sous-comité des budgets...
M. CARDINAL: De fait, c'était la troisième année
que des études étaient faites de cette façon. Si on
remonte au passé, on sait qu'il y a deux ans, il y a un an et cette
année, il y a eu un comité, appelé comité ad hoc,
sous lequel il y avait deux sous-comités, l'un appelé
sous-comité des budgets d'investissement ou d'équipement des
universités, l'autre...
M. GERIN-LAJOIE: Présidé cette année par qui?
M. CARDINAL: Ce comité était présidé par M.
le sous-ministre Yves Martin et M. Maheux était aussi sur ce
comité. L'autre sous-comité, appelé sous-comité des
budgets d'opération ou de fonctionnement, était
présidé par M. Germain Gauthier, directeur général
à la direction générale de l'enseignement
supérieur.
Ces deux sous-comités, pour chacune des trois années, ont
fait rapport à un comité qui était appelé
comité ad hoc, présidé encore une fois conjointement par
le ministre des Finances et le ministre de l'Education. Il y a deux ans, le
rapport des sous-comités n'a pas été accepté. L'an
passé, le rapport des deux sous-comités a été
accepté en son entier et, cette année, le rapport du
comité des budgets d'investissement a été accepté
et celui des budgets de fonctionnement n'a pas été
accepté.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que les budgets des sous-comités ont
été soumis au comité ad hoc?
M. CARDINAL: Dans chacun des cas, oui, chacune des trois
années.
M. GERIN-LAJOIE: Comment était composé le comité ad
hoc cette année?
M. CARDINAL: Le comité ad hoc s'est tenu dans la salle des
comités des bills privés de l'Assemblée législative
et était présidé par M. Dozois, ministre des Finances, et
celui qui vous parle, le ministre de l'Education, et composé de chacun
des recteurs de chacune des universités, c'est-à-dire six
recteurs.
M. GERIN-LAJOIE: A ce moment-là, est-ce que les deux ministres
ont soumis puisqu'il
s'agit des budgets de fonctionnement le rapport Gauthier?
M. CARDINAL: Attention, je réponds à votre question
précisément. Vous avez demandé s'ils ont été
soumis au comité ad hoc. Je vous dis oui qu'ils ont été
soumis au comité ad hoc, composé tel que je viens de vous le
mentionner.
M. GERIN-LAJOIE: Quand le comité s'est rencontré, est-ce
qu'il avait en main le rapport Gauthier?
M. CARDINAL: Oui. D'ailleurs, en fait, il y a eu cette année au
moins deux sinon trois réunions du comité ad hoc. La
dernière réunion du comité ad hoc était faite pour
recevoir chacun des rapports de chacun des sous-comités. J'ai dit
cependant tantôt, et je le répète pour qu'il n'y ait pas de
confusion, que le rapport du sous-comité des budgets de fonctionnement
des universités n'a pas été accepté.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, j'ai bien compris ça. Et puis, à
cette réunion-là dont le ministre nous parle, est-ce que les
membres du gouvernement, les deux présidents conjoints, ont fait part
à l'assemblée des recteurs, constituant un comité avec le
ministre...
M. CARDINAL: Ce n'est pas la même chose, ne confondons pas avec la
conférence des recteurs, là.
M. GERIN-LAJOIE: Le groupe des recteurs qui étaient là
avec les ministres, le tout constitué en comité ad hoc. Est-ce
qu'à cette occasion-là, les ministres ont fait part que le
rapport Gauthier ne pouvait pas être accepté tel quel par le
gouvernement en ce qui concerne les projets de subventions?
M. CARDINAL: Vous parlez de subventions d'opération? Oui, sur le
champ, cette réunion a été assez longue, je ne me souviens
pas du nombre d'heures qu'elle a duré et, sur le champ, les deux
ministres présents ont mentionné qu'ils ne pouvaient pas accepter
le rapport du comité des budgets de fonctionnement.
M. GERIN-LAJOIE: Mais est-ce que les deux ministres ont fait part de ce
que le gouvernement était disposé à offrir ou à
accorder aux universités?
M. CARDINAL: Les deux ministres ont indiqué sur le champ qu'ils
étaient pour offrir aux universités un montant de $87
millions.
M. GERIN-LAJOIE: La répartition entre les universités,
telle qu'elle est maintenant incluse dans le budget, le livre vert, est-ce que
les ministres en ont fait part aux représentants des universités
dès cette séance-là?
M. CARDINAL: Dès cette séance-là, et comme il y
avait quelques erreurs dans certains calculs, soit des prévisions des
étudiants, soit du budget des universités l'an passé, il a
été convenu qu'il y aurait un travail qui serait fait pour
corriger ces erreurs, qu'on les soumettrait aux universités qui avaient
allégué des erreurs ou des corrections ou des inexactitudes et
que ce qu' il resterait à faire était un calcul de nature
purement mathématique pour arriver au résultat.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il y a eu une discussion au sujet du projet
du gouvernement?
M. CARDINAL: II y a eu une longue discussion.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le gouvernement considère,
premièrement, que le travail du comité Gauthier a servi à
quelque chose?
M. CARDINAL: Oui, il a servi à établir la base. C'est
à ce comité que les budgets que j'ai tantôt appelés
normalisés de l'an passé ont été acceptés
par toutes les universités.
Deuxièmement, ce comité a établi lui-même les
facteurs de progression prévue du nombre d'étudiants dans chacune
des universités.
M. GRENIER: Est-ce que tous les recteurs étaient présents
à cette réunion?
M. CARDINAL: Tous les recteurs étaient présents à
cette réunion.
M. GRENIER: Est-ce qu'il n'y en a pas qui se sont fait
représenter?
M. BOUSQUET: Est-ce qu'il y avait des députés de
l'Opposition qui étaient présents?
M. CARDINAL: Non. Il n'y avait que les recteurs et les membres de chacun
des deux sous-comités.
UNE VOIX: Cette réunion était bien...
M. BOUSQUET: Je pense qu'il pose une série de questions dont il
connaît très bien la réponse du commencement à la
fin et il vous fait perdre votre temps et je pense que...
UNE VOIX: Je ne sais pas qui vient de le faire perdre.
M. BOUSQUET: II sait bien... enfin, il abuse peut-être de votre
générosité, M. le Ministre.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre considère que c'est une
formule juste qui a été employée cette année, quand
on considère que, vraisemblablement le ministre pourra me
corriger si je suis dans l'erreur à ses yeux l'augmentation des
dépenses des universités n'est pas la même pour toutes,
étant donné que certaines universités ont des
constructions nouvelles ou que certaines universités peuvent avoir
d'autres aspects qui influent sur leur coût?
M. CARDINAL: Distinguons les questions. Il ne s'agissait que du budget
de fonctionnement. Dans le budget de fonctionnement, certaines choses sont
fixées d'après des normes précises. Par exemple, les
services qui viennent de la construction, disons d'une aréna, ou d'un
centre social ou d'une chapelle ou autre chose, sont les mêmes pour
toutes les universités, c'est un tant par tête d'étudiant.
C'est déjà compris là-dedans. Deuxièmement...
M. GERIN-LAJOIE: Mais ce que je veux dire, c'est que à
l'université de Montréal, si le ministre me permet
juste pour que ma question soit claire, il y a le nouveau campus Deceles,
sciences sociales et droit pour le moment, l'édifice n'était pas
construit l'an dernier. Il vient d'être terminé, il va ouvrir ses
portes au mois de septembre. Alors cet édifice-là n'entrait pas
dans les dépenses de fonctionnement des universités de
Montréal au cours de l'année qui se termine, ou qui vient de se
terminer.
M. CARDINAL: C'est exact, mais il y avait de nouvelles constructions
à peu près à tous les campus universitaires. A Laval,
c'était la bibliothèque qui était construite, ainsi qu'une
autre faculté; à Sherbrooke je ne me souviens pas de tout
par coeur mais à McGill, vous aviez toute une série de
constructions, aussi. Après-que toutes les universités, vous avez
eu, ou des réaménagements ou des constructions. Mais, encore une
fois, je voudrais qu'on distingue très clairement. Je suis d'accord avec
vous que, dès que vous avez de nouveaux projets de construction, vous
avez de nouvelles dépenses d'opération.
Mais je reviens au fond de la question: Le ministre
considère-t-il que cette répartition-là était
juste? Oui. Mais j'ajoute ceci: Cette nou- velle répartition, qui
était différente de la base de l'an passé ou de la base
d'il y a deux ans, ou de la base des années antérieures, n'est
pas, dans l'esprit du ministre, une base qui crée un
précédent pour les années à venir. Au contraire,
tout de suite, sur place, à cette même réunion, le ministre
a annoncé qu'un comité de travail était créé
pour rechercher des moyens d'établir des formules alternatives, qui
pourraient être présentées au conseil des
universités, après sa création, pour en arriver à
une formule qui, une fois acceptée, serait indiscutable et permettrait
d'établir des subventions d'une façon que j'appellerai
normalisée, si vous voulez, ou réglementaire.
M. GERIN-LAJOIE: Pourquoi le ministère n'a-t-il pas mis en
vigueur une formule comme celle qui existe en Ontario?
M. CARDINAL: Pour des raisons très simples. Si on connaît
la formule de l'Ontario, on sait qu'elle s'applique dans un système
où les universités sont toutes du même type. Tandis,
qu'ici, si vous comparez les universités, avec les renseignements qu'on
a déjà et qui ne sont pas complets, on s'aperçoit qu'une
formule unique basée sur per capita d'étudiant
pondéré en fonction des niveaux, ne signifie à peu
près rien puisqu'on ne peut pas, entre les universités, et
même dans une même université, entre les facultés,
comparer les niveaux et qu'il en sera ainsi, tant que, justement, le
collégial n'aura pas été établi à peu
près partout dans la province et que le seuil d'entrée aux
universités ne sera pas établi d'une façon précise
par les profils d'admission, travail qui a été accompli en cours
d'année, et qui est maintenant terminé.
Si l'on prend des exemples trop concrets, je ne voudrais pas
m'éterniser là-dessus, l'on sait fort bien, par exemple, qu'une
faculté des arts et des sciences, à Sherbrooke ou à
McGill, a des étudiants d'un niveau qui n'est pas du tout le même
qu'à une faculté de droit ou à une faculté de
médecine de Laval, ou de l'Université de Montréal. On
pourrait faire des comparaisons entre toutes les universités et on
arriverait toujours à ceci. Le comité, pendant deux ans, s'est
penché sur les niveaux, mais n'a pas pu réussir à
établir justement des niveaux comparatifs. On peut adopter le principe
d'une échelle per capita ou d'une règle per capita. Mais quand on
vient pour le pondérer, il faut qu'on puisse avoir des
éléments comparables. Or, nous avons toujours eu dans le
Québec, jusqu'à la réforme du système de
l'éducation, des structures dans un système normalement
anglo-saxon, mais j'ai dit normalement, parce
qu'il y a des exceptions, et normalement aussi dans un système de
langue française, parce qu'encore là il y a des exceptions qui
n'étaient comparables à aucun des niveaux, y compris le niveau
universitaire.
En outre, la formule de l'Ontario est déjà l'objet de
vives discussions. Le ministre a rencontré lui-même, au conseil
des ministres de chacune des provinces, le ministre de l'Ontario, M. William
Davis, et déjà cette formule qui s'y est appliquée est
l'object de vives discussions entre les universités, tout
particulièrement les nouvelles universités. Or, comme il y a
déjà trois centres universitaires, nés à
Québec, qui ne sont pas du tout rendus au niveau des autres
universités, comme il existe déjà six universités
qui sont à des stades différents de leur organisation, de leur
histoire, comme il est question de créer, plus que question, il est
promis qu'une deuxième université de langue française
s'établira à Montréal, nous avons pensé qu'il
fallait, d'une part, recueillir le plus de renseignements possible, et les
universités ont donné ces renseignements dans la mesure où
c'était possible de les accumuler au cours des deux années
antérieures, de façon que, lorsque les nouveaux organismes
seraient créés, avec cette masse de renseignements, et avec le
travail qui aurait été fait au sein du ministère pour les
étudier et pour proposer des formules alternatives, le nouvel organisme
pourrait, à ce moment-là, établir une base qui pourrait
être discutable mais qui, une fois acceptée par tous et toutes, ne
serait plus discutée dans ses modalités.
Les subventions, cette année pas plus que les années
antérieures, ne sont données en fonction de critères qui
soient indiscutables, puisque jamais, d'une année à l'autre,
elles n'ont été données en vertu des mêmes
critères et je ne tire pas de ceci une conclusion pessimiste, au
contraire. C'est qu'on ne s'est pas attaché cette année à
une formule qui devrait inquiéter les universités, puisqu'il a
été clairement dit à cette réunion et, par la
suite, et à plusieurs reprises, par le ministre, que ce n'était
pas une formule prise pour engager l'avenir et que le discours du budget que je
citais tantôt le disait: En attendant la création du conseil des
universités, etc., etc.
M. GERIN-LAJOIE: Mais ce que le ministre vient de nous dire là
n'empêche pas qu'il pourrait y avoir, comme en Ontario, des subventions
de base par tête d'étudiant, pour chaque type d'enseignement,
chaque faculté, chaque niveau, après qu'un coût a
été donné, quitte à ce que des subventions
supplémentaires, justifiées par des circonstances
particulières, soient accordées comme c'est d'ailleurs le cas en
Ontario.
M. CARDINAL: Non, d'accord. Mais, seulement, M. le Député,
ceci a été étudié au sous-comité des budgets
de fonctionnement cette année. Et justement, le sous-comité des
budgets de fonctionnement, dans son étude qui a duré tout
l'été passé, n'a pas réussi à trouver un
accord commun entre tous les membres du comité où il y avait plus
que des représentants d'universités sur cette question de niveau.
C'est justement cela qui a été la base de la grande discussion.
Et si vous me permettez d'ajouter un fait, qui est peut-être, pertinent,
c'est que jusqu'au moment où il est devenu ministre, celui qui vous
parle était membre de ce comité et que, par conséquent, il
sait fort bien quelles ont été les discussions et ce qui s'y est
passé.
Et c'est précisément là qu'était la pierre
d'achoppement. C'est que nous nous sommes entendus sur toutes subventions
additionnelles, mais qu'il n'y avait pas d'entente sur ce que serait la
formule. D'ailleurs, on a établi un nombre remarquable de tableaux pour
essayer de comparer les niveaux. Je dis que même dans une
université, dans n'importe quelle université, d'une
faculté à l'autre, il est difficile actuellement d'établir
des correspondances de niveau.
M. GERIN-LAJOIE: C'est l'an dernier qu'on a accordé à
certaines universités des subventions dites de rattrapage.
M. CARDINAL: C'est cette année; $1,200,000 accordés en
subventions de rattrapage pour des fins de recherche. C'est compris dans les
$88 millions.
M. GERIN-LAJOIE: Uniquement pour la recherche?
M. CARDINAL: Oui, pour la recherche.
M. GERIN-LAJOIE: L'an dernier, il y en avait eu, sauf erreur, le
ministre pourrait préciser ou me corriger.
M. C ARDINAL: II n'y a pas eu de subventions de rattrapage l'an
passé. J'en suis sûr.
M. GERIN-LAJOIE: Pour les bibliothèques ou à divers postes
budgétaires?
M. CARDINAL: Non, non, les bibliothèques étaient comprises
dans les subventions de fonctionnement, l'an passé. Je le sais parce que
j'étais à l'autre bout de la ligne et que j'étais officier
de budget dans une université.
M. BOUSQUET: Je m'excuse, M. le Ministre, est-ce qu'il y a une raison
pour laquelle ces subventions allaient seulement dans le cas de recherche?
M. CARDINAL: Oui, il y a une raison. En ce qui concerne les subventions
dites de rattrapage, il a fallu préciser, pour ce comité de
budget de fonctionnement des universités, la notion de rattrapage ou de
« catching up ». Il fallait que ces subventions-là, qui
étaient des subventions spécifiques, soient données pour
des fins particulières, définies et qu'on puisse voir, non pas le
résultat en terme de production, mais l'utilisation de ces sommes.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre a envisagé la
possibilité que des facultés universitaires aient besoin d'un
développement plus rapide, plus considérable que d'autres et que
des dépenses courantes, pour une raison ou pour une autre, des
professeurs supplémentaires pour un même nombre
d'élèves, ou des dépenses pour les bibliothèques ou
d'autres raisons justifient un développement plus rapide de certaines
facultés?
M. CARDINAL: Oui, mais seulement lorsqu'une subvention est
donnée, on la donne sans que l'université soit tenue d'employer
telle partie pour les salaires, telle partie pour telle faculté, telle
partie pour tel projet. Seules les subventions de rattrapage et les subventions
pour les services per capita ne sont pas transférables. Toutes les
autres sommes, l'université peut les employer aux fins qu'elle juge
à propos et établir ses propres priorités dans les cadres
de ce budget.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre comprendra que cela ne répond pas
à ma question. Ma question est: Est-ce que dans la détermination
du montant de la subvention de l'université X, on a tenu compte d'un
besoin particulier d'expansion dans un secteur de cette université? Je
pense que la réponse est non, d'après ce que vous avez
déjà dit.
M. CARDINAL: On a tenu compte de l'accroissement des étudiants
dans toutes et chacune des universités. Elles étaient donc
toutes, à ce point de vue-là, sur le même pied. La base
était très objective, si vous voulez.
M. GERIN-LAJOIE: Parce que j'ai en vue tout le secteur universitaire de
la formation des administrateurs, administrateurs pour la gestion des
entreprises, administrateurs pour la Fonction publique. Je pense qu'il y a eu
plu- sieurs personnes, dans le public universitaire, chez les hommes
d'affaires, qui au Québec ont souligné depuis quelque temps
l'importance de donner un essor tout particulier au domaine de la formation
d'administrateurs dans les deux grands secteurs public et privé. Et
j'aurais pensé, M. le Président, que dans ce secteur-là,
le gouvernement aurait voulu marquer une priorité en affectant des
sommes particulières au développement de ces facultés ou
écoles ou un secteur à l'intérieur des universités.
Je pense, quant à moi, que c'est un domaine qui exige une attention
toute particulière de la part du gouvernement. Cela est d'autant plus
vrai, indépendamment de l'importance d'autres secteurs de la vie
universitaire en particulier, et dans le domaine scientifique, que je pense que
ce secteur-là revêt une importance toute particulière.
Je ne veux pas m'étendre là-dessus, pour des raisons qui
ont déjà été exposées. Disons, tout
simplement que, d'une part, l'efficacité de l'administration publique en
dépend, et que, d'autre part, la participation des Canadiens
français, en particulier, au domaine des affaires, et à
l'orientation des affaires chez nous, en dépend également. Alors,
c'est dans cette perspective sur laquelle, je ne veux pas m'êtendre
encore une fois, que j'aurais souhaité voir le gouvernement accorder une
attention toute spéciale en terme financier, en terme de subvention, et
que je déplore que cela n'ait pas été fait.
M. CARDINAL: Si vous me permettez, il y a une réponse à
ceci. D'abord, c'est justement à celui à qui vous vous adressez
qu'il n'est pas nécessaire de souligner ceci puisque déjà,
à plusieurs reprises, il l'a souligné et pour plusieurs raisons,
tout d'abord, à cause de son expérience passée et à
cause de convictions personnelles. A plusieurs moments dans des discours et des
interventions que j'ai faits récemment, je suis revenu sur cette
nécessité de créer de grands administrateurs de langue
française, tant dans le domaine public que dans le domaine privé.
Si, cette année, une priorité spéciale dans les budgets de
subventions aux universités n'a pas été imputée
comme telle, c'est pour deux raisons: c'est que d'abord, ce sujet d'une
école d'administration est à l'étude depuis environ un an
au ministère, et que la grande question qui se pose, c'est où
l'implanter et avec quels moyens, quelle université, quelle
faculté, au singulier ou au pluriel. Des études n'ont pas permis
encore d'en arriver à une conclusion. Il y a même eu dans
certaines universités des comités spéciaux de
créés qui ont fait des rapports sur ceci...
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que je peux corriger le ministre pour lui dire
que cela ne fait pas un an, cela fait quatre ans que c'est à
l'étude, et il serait peut-être temps que le gouvernement se
branche et qu'on ne recommence pas à neuf chaque fois qu'il y a un
changement de ministre.
M. CARDINAL: Quatre ans, cela fait cinquante-cinquante. On va se
séparer la responsabilité.
M. GERIN-LAJOIE: On parle de la responsabilité actuelle et parce
qu'il y a eu des choses qui ne se sont pas faites auparavant, je pense qu'on
doit quand même déplorer que les choses n'aboutissent pas plus
vite.
M. CARDINAL: Il y a une deuxième chose. C'est que dans le budget
de rattrapage, certaines des sommes dans les projets que nous avons
reçus seront imputés justement à ce secteur, tout
particulièrement à Sherbrooke où il existe
déjà une faculté de l'Administration dirigée par le
doyen Riverin, si je ne me trompe, et tout particulièrement à
Laval où il y a un nouveau programme dans ce domaine et le projet
concerne l'école d'administration...
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il y a des subventions de rattrapage?
M. CARDINAL: Oui, il y a des sujets de recherche dans le domaine de
l'administration. On sait qu'à Sherbrooke, c'est une maîtrise qui
est donnée, c'est donc au niveau de la recherche en particulier.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre peut nous dire quel est l'ordre
de grandeur des subventions?
M. CARDINAL: Pour le moment, non, parce que ces subventions de
rattrapage sont accordées à chacune des universités pour
des projets précis, et ces projets ne sont pas tous entrés. C'est
encore au niveau des universités que ces projets sont d'abord
approuvés par l'université même, et transmis au
ministère dans les cadres des sommes qui leur sont, à chacune,
attribuées.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre veut dire que les subventions
qu'il appelle de rattrapage pour des fins de recherches ne sont pas incluses
dans ce budget?
M. CARDINAL: Non. Dans les subventions d'opération, vous avez
$87,094,000 et vous avez des subventions de recherches de $1,200,000 qui sont
incluses dans ça et vous avez en plus de ça...
M. GERIN-LAJOIE: A quel endroit, ça?
M. CARDINAL: Cela n'apparaît pas dans le détail, si vous
voulez, je peux vous donner un détail de plus à tout ce que j'ai
dit depuis le début.
Dans les $88 millions, il y a trois montants. La subvention
d'opération, sur la base qu'on établit, la subvention de
rattrapage, $1,200,000 et troisièmement, les déficits
accumulés des universités qui sont payés par un certain
montant chaque année.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais ma question c'est: Où est-ce dans le
livre du budget?
M. CARDINAL: Je m'excuse, je n'ai pas compris votre question.
M. GERIN-LAJOIE: Ma question est: Où se trouvent ces montants
dans le livre du budget?
M. CARDINAL: Ah, bon! Un instant. On va le sortir. Si on prend par
exemple: subventions à l'université Laval, le montant total qui
est là comprend tous les chiffres dont je viens de parler.
M. GERIN-LAJOIE: Y compris la recherche. M. CARDINAL: Oui.
M. GERIN-LAJOIE: Bon. Le ministre doit être en mesure de nous dire
combien il y a pour la recherche.
M. CARDINAL: A Laval? $400,000. C'est pour des projets précis et
ces projets précis sont ceux qui ne sont pas présentement
entrés.
M. GERIN-LAJOIE: Ces sommes sont accordées par le
ministère...
M. CARDINAL: L'université Laval a droit à $400,000. Elle
doit nous soumettre des projets et ces projets seront subventionnés.
M. HOUDE: Et vous êtes certain que dans ces projets, il y en a
pour la question d'administration?
M. CARDINAL: Certain? Je ne le sais pas officiellement, je le sais par
des renseignements que j'ai eus, des demandes qui sont faites actuellement.
M. GERENT-LAJOIE: Alors, ce n'est ni le ministre, ni le
ministère, ni le gouvernement qui indiquent qu'ils attachent une
importance prioritaire à ce secteur du domaine universitaire et qu'ils
désirent voir se développer ce secteur-là plus rapidement
que d'autre...
M. CARDINAL: C'est-à-dire que le ministre a indiqué qu'il
voudrait que ce secteur se développe plus rapidement que d'autres, mais
dans le système actuel où chacune des universités est
autonome, même si elles sont financées entre 60% et 80% par
année, c'est elles-mêmes qui déterminent leur
priorité, et elles sont libres de suivre ou non, non pas les directives,
mais les voeux exprimés du ministre dans le système actuel. C'est
pourquoi on veut créer un conseil aux universités qui
planifierait d'avance les priorités au niveau de l'enseignement
supérieur.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne sais pas si le ministre a dit exactement sa
pensée, mais si j'ai compris sa pensée véritable, je
serais renversé et je ne la partagerais sûrement pas...
M. CARDINAL: Quelle serait cette pensée?
M. GERIN-LAJOIE: Parce que je n'accepterais pas ce que j'ai compris, que
le ministre n'ait rien à dire dans l'affectation de sommes
particulières, à des fins particulières.
M. CARDINAL: Ce n'est pas ça que je veux dire. Je veux dire que
lorsque nous recevrons les projets d'une façon définitive et
officielle nous serons libres de juger si ce sont des projets acceptables ou
non. C'est dans ce sens que le budget...
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais quand le ministre a parlé de la
situation globale du budget de l'université, j'accepte l'idée que
dans le système actuel pour le moment, je ne critique pas ce
système-là que l'université, une fois qu'elle a des
sommes prévues au budget, elle en fait ce qu'elle veut et elle peut en
faire une répartition différente de celle qui a été
soumise au comité.
M. CARDINAL: Ce n'est pas le cas avec le rattrapage. Ce que je veux
dire, c'est que l'université a l'initiative de nous soumettre un certain
nombre de projets. Nous n'imposons pas un projet.
M. GERIN-LAJOIE: Je parle d'autre chose. Je parle du budget
général. Je ne parle plus du rattrapage.
M. CARDINAL: Ah, bon! D'accord, je vous écoute.
M. GERIN-LAJOIE: Ce que je dis, c'est que, tout en acceptant cette
situation-là j'ai probablement mal compris ce que le ministre
voulait dire il ne m'entre pas dans la tête qu'un ministre puisse
prétendre qu'il ne pourra pas dire: J'affecte $100,000 au
développement de la faculté de Commerce pour tel et tel genre
d'études ou de recherches, préparez-moi un projet
là-dessus, je suis prêt à mettre $100,000 à votre
disposition pour du travail dans ce sens-là.
M. CARDINAL: Oui, le ministre pourrait le prétendre, mais le
ministre pense, à ce moment-là, que s'il le faisait ainsi, en
l'appliquant comme vous venez de le dire, non pas seulement pour une fin
spécifique, mais pour telle faculté ou pour telle école,
ceci serait difficilement acceptable dans le système actuel. Et je
reviens sur ce que j'ai dit: Nous sommes si je peux ainsi m'exprimer
excusés, dans le contexte actuel, d'un maximum d'autonomie des
universités, compte tenu des priorités qui sont établies
de façon coopérative, si vous voulez, en collaboration avec le
conseil des universités. C'est que, dans le système actuel, si,
d'autorité, le ministre accordait à une institution une somme
vraiment importante pour un développement donné, quelle que soit
la valeur de ce projet, vous auriez, je pense, de la part d'une autre
université, des demandes pour des projets d'égale valeur, parce
que cette université serait traitée d'une façon qui
apparaîtrait, dans le contexte actuel, comme étant
favorisée.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre me permettra de différer
fondamentalement d'opinion avec lui. Je pense que le gouvernement a certaines
responsabilités qu'il doit assumer au plan social. La formation
d'administrateurs publics et privés, c'est une responsabilité
sociale. Que le gouvernement juge qu'il y a urgence d'un développement
accentué dans ce secteur-là, je pense que le gouvernement fait
défaut à ses responsabilités en n'agissant pas de la
façon que j'ai mentionnée. Et j'irai plus loin. Le ministre nous
parle d'un projet de conseil des universités, dont on n'a
évidemment pas le détail à ce moment-ci, puisque ce projet
de loi n'est pas rendu public.
M. CARDINAL: Pardon, le ministre a déjà donné le
1er décembre le mandat de ce conseil, même si le projet n'est pas
rendu public, il y a eu consultation.
M. GERIN-LAJOIE: A qui a-t-il donné le mandat?
M. CARDINAL: Le mandat qui serait proposé dans cette loi a
été donné lors d'une conférence faite le 1er
décembre 1967, à l'occasion d'un colloque qui avait eu lieu
à l'université de Montréal. Ce mandat n'était pas
l'invention du ministre, ni du ministère, il venait des études
qui avaient été faites antérieurement par la
conférence des recteurs, par le Conseil supérieur de
l'éducation. Pour revenir à la question, je ne sais pas si nous
différons...
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre m'excusera de ne pas tenir pour acquis que
c'est ça qu'il y aura dans le projet de loi, parce que j'ai
imaginé et tout le monde imagine que, du mois de décembre
à la fin du mois de juin, le gouvernement a travaillé un peu et
il y a eu des consultations, et que tout cela n'a pas été
inutile, mais que cela a peut-être amené certains petits
changements dans ces projets de texte de loi.
M. CARDINAL: II n'y a aucun doute que cela a amené des
changements, mais, à ce moment-là, il n'était question que
du conseil des universités, tandis que la loi-cadre, dont il a
été question par la suite comprenait plus que le conseil des
universités.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que le ministre ne peut pas me faire de
reproches de ne pas me fier à ce qu'il a dit il y a un certain nombre de
mois, alors que le projet de loi n'est pas encore rendu public.
M. CARDINAL: Cela dépend de la façon dont il dit cela.
Mais revenons au tond de la question. On peut peut-être ou non
différer d'opinion, mais je répète que dans le
système actuel, la solution, c'est justement ce conseil des
universités, qui permettra, en collaboration avec les
universités, le ministère et les autres groupes
intéressés dans l'université, de faire cette planification
plutôt que de venir d'une discrétion d'un ministre, de deux
ministres ou d'un gouvernement.
M. GERIN-LAJOIE: Nous verrons, M. le Président, ce dont il s'agit
dans ce conseil universitaire, mais je suis loin d'être convaincu,
à l'heure actuelle, que c'est un conseil comme celui-là qui
devrait avoir la responsabilité de déterminer des
priorités aussi fondamentales, aussi importantes pour le Québec,
que celles dont j'ai parlé.
M. CARDINAL: Que voulez-vous dire par un conseil comme
celui-là?
M. GERIN-LAJOIE: Un conseil chargé de planifier le
développement universitaire.
M. CARDINAL: Oui, mais vous savez de qui il sera composé?
M. GERIN-LAJOIE: On verra à ce moment-là. C'est pour cela
que j'ai dits On verra quand on aura le projet devant nous. Mais je dis, pour
le moment, avec ce que je comprends, j'exprime cette opinion-là.
Seulement, évidemment, le ministre et le gouvernement pourraient
éviter blendes débats, s'ils déposaient le projet de loi,
s'ils se branchaient.
Alors, j'ai une autre question, sur un autre aspect de la question des
universités, celle des structures administratives des
universités. Je regrette qu'on n'ait pas de transcription des
débats qui ont lieu au comité des bills privés. L'an
dernier, lors de la présentation du bill de l'université de
Montréal, bill 97, je pense...
M. CARDINAL: Oui, 97, c'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: ... le premier ministre est intervenu à un
moment donné il présidait le comité pour
dire que diverses questions soumises au comité des bills privés,
et, en particulier, la question de la représentation des
étudiants et la question de la représentation des autres groupes,
non professeurs mais participant aux services de l'université, lorsque
ces questions-là sont venues sur le tapis, le premier ministre a dit que
le gouvernement proposerait une loi générale concernant les
structures administratives des universités.
Alors, je me demande si c'est dans les projets immédiats du
gouvernement ou si c'était...
M. CARDINAL: C'est immédiat. La loi-cadre de l'enseignement
supérieur, normalement, comporterait non simplement la création
du conseil des universités dont nous avons parlé, mais aussi
d'autres chapitres dont un sur les structures des universités.
M. GERIN-LAJOIE: Les structures des universités, ce sont les
organes qui assurent la vie de l'université. C'est ce que ça veut
dire?
M. CARDINAL: Oui, d'une façon générale.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, cela, c'est la loi qui...
M. CARDINAL: La loi-cadre de l'enseignement supérieur.
M. GERIN-LAJOIE: Qui doit être rendue publique...
M. CARDINAL: Aussitôt que possible. M. GERIN-LAJOIE: ...
incessamment. M. CARDINAL: Aussitôt que possible.
M. BOUSQUET: Aussitôt que les crédits vont être
votés!
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que vous prenez une chance! Vous verrez
cela.
Alors, je prends note que la question des structures administratives
sera couverte parla loi de l'enseignement supérieur et il s'agit des
structures administratives des universités existantes, n'est-ce pas? Pas
seulement des nouvelles universités?
M. CARDINAL: Bien, on verra quand la loi sera déposée.
M. GERIN-LAJOIE: Non, non, mais c'est parce que le ministre se
plaît à nous dire qu'il a dit telle et telle chose. Je me demande
s'il en a déjà parlé de cela? Non?
M. CARDINAL: Non, je n'ai pas parlé de cela.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, il ne peut pas nous faire l'honneur de nous en
parler à nous?
M. CARDINAL: Non, je pense que la députation recevra ceci tout en
même temps. Cependant, disons qu'il n'entre pas dans mes projets,
actuellement, de modifier par une loi générale la charte de
chacune des universités déjà existantes.
M. GERIN-LAJOIE: Ah, bon! Alors, cela me paraît contredire ce que
le ministre disait tantôt, comment peut-il réconcilier les deux
choses? La loi de l'enseignement supérieur là, dont il nous
parle...
M. CARDINAL: Je m'excuse, mais écoutez, je ne peux quand
même pas...
M. GERIN-LAJOIE: ... des structures administratives des
universités.
M. CARDINAL: On verra quand la loi sera déposée, il n'y a
pas d'opposition. Il y a apparence d'opposition dans ce que je dis, mais cela,
c'est un peu... Toute question voudrait me faire dire ce qu'il y aura dans une
loi qui est à l'étude actuellement et qui sera bientôt
déposée. Je pense qu'il faut attendre le projet de loi.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, je prends note que c'est un autre projet en
suspens. Pauvre ministre, il a le malheur d'arriver après un autre
ministre du même gouvernement, mais cela fait quand même deux ans
qu'on a un gouvernement qui a ses projets constamment en gestation!
M. BOUSQUET: Vous aviez tout laissé en germe, mon cher
monsieur!
M. CARDINAL: Non, je ne veux pas faire l'inventaire, il y a eu quand
même, l'an passé, toute une série de projets de loi
qui...
M. GERIN-LAJOIE: ... qui avaient été
préparés par l'ancien gouvernement, qui étaient tout
prêts.
M. CARDINAL: Je ne mets pas la discussion en matière
d'éducation sur ce plan-là.
M. GERIN-LAJOIE: Non, ce n'est pas une question de partisanerie, ce que
je dis, c'est que le gouvernement, depuis deux ans, n'a rien de son cru en
matière d'éducation. C'est cela qui m'inquiète. Je
comprends que le ministre se plaît en dehors de la Chambre, devant des
groupes qui ont droit d'être informés puis d'accueillir le
ministre et d'entendre de lui des choses pour les renseigner. Le ministre se
plaît, dans ces occasions-là, à dire que ça continue
de bouger en éducation, que cela avance, que la réforme de
l'éducation continue à battre son plein. . M. CARDINAL: D'accord,
je pense que si l'on fait le bilan du passé, vous jugez au bout de deux
ans. Laissez-nous six ans et vous verrez comment les deux autres tiers, au
total, se compareront avec le premier tiers et le total.
M. GERIN-LAJOIE: Bien, d'abord, ça ne satisfait pas. Le ministre
veut faire des comparaisons, on va en faire. Après moins d'un an, le
gouvernement libéral, moins d'un an, au printemps 1961,
présentait une dizaine de lois que j'ai coiffées du titre de la
grande charte de l'éducation, qui touchaient à un grand nombre de
domaines, qui n'avalent été préparées par aucun
gouvernement antérieur.
Je n'aime pas revenir sur ces choses-là, mais, puisque le
ministre m'y invite, je le fais. Ce que je signale, c'est que le ministre
n'aboutit pas avec ses collaborateurs et que le gouver-
nement actuel n'aboutit pas. C'est ça que je trouve grave et je
donne l'occasion au ministre de nous montrer ce qu'il a fait. Je l'attends en
vain. Le ministre nous annonce qu'il va avoir une loi de l'enseignement
supérieur, une loi des institutions privées, une loi pour autre
chose, seulement il n'y a rien qui nous est soumis. Enfin, je pense que c'est
mon devoir de le souligner.
M. CARDINAL: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Et la deuxième université
française, c'est la même chose, ça viendra?
M. CARDINAL: Septembre 1969.
M. GERIN-LAJOIE: Septembre 1969, en attendant...
M. BOUSQUET: Cela devait être créé, il y a dix ans
et vous, dans ce temps-là, vous faisiez écrire des volumes.
L'université dit non aux Jésuites. Des querelles de clercs. Il y
a dix ans que cela aurait dû être construit. Dans ce
temps-là, vous faisiez une querelle idéologique.
M. GRENIER: Pas de débat, pas de débat, M. Lajoie.
M. GERIN-LAJOIE: II y a telle ment de temps d'écoulé.
Maintenant, on peut laisser courir, ça ne change rien.
M. GRENIER: Non, en fait.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, c'est bien beau de nous dire septembre 1969,
mais nous ne voudrions pas que cela soit constitué comme
Radio-Québec, sur le coin d'une table en donnant mandat en blanc au
gouvernement. Une nouvelle université, c'est une chose trop importante,
nous pensons qu'il doit y avoir une loi qui soit discutée en public, qui
soit connue et qui fournisse un cadre à l'intérieur duquel tout
le monde sait qu'il peut travailler sans être soumis aux
intempéries de l'administration quotidienne d'un grand
ministère.
M. CARDINAL: Nous pensons la même chose.
M. GERIN-LAJOIE: Grand en volume et grand à n'importe quel point
de vue. Alors, c'est pour cela, quand le ministre dit septembre 1969, que je
pense bien que cela ne répond pas à grand-chose. Alors, le
ministre n'est pas à même de nous dire si on aura un projet de loi
prochainement?
M. CARDINAL: M. le Député, je m'excuse. Rendu où on
en est, ou bien nous allons trop vite et ce n'est pas assez
réfléchi, ou bien nous réfléchissons et cela ne
vient pas assez vite.
M. GERIN-LAJOIE: A quel propos donc?
M. CARDINAL: Bien les dernières phrases que vous venez de
prononcer.
M. GERIN-LAJOIE: Qu'est-ce que j'ai dit?
M. CARDINAL: Bien septembre 1969, c'est trop tard, parce qu'il faudrait
tout de suite une loi, etc. Et d'un autre côté, il faut que cela
soit mûrement réfléchi.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que le ministre...
M. CARDINAL: Je dois vous avoir mal interprété comme vous
avez cru tantôt mal vous interpréter.
M. GERIN-LAJOIE: Quand le ministre a dit septembre 1969, j'ai
pensé qu'il voulait dire que les cours commenceraient en septembre
1969.
M. CARDINAL: C'est ce qu'il veut dire.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, pour commencer les cours en 1969, il faut avoir,
comme on dit chez nous, au plus « sacrant ». C'est clair,
ça? C'est ça que j'ai dit.
M. CARDINAL: Je veux l'avoir le plus rapidement possible.
M. LE PRESIDENT: Le terme « plus sacrant » n'est pas un
terme parlementaire.
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est pas parlementaire, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je ne peux pas accepter un tel mot. Cela blesse mes
pies oreilles.
M. GRENIER: Une crise, ça va tuer dix minutes encore.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, ça, ce n'est pas une contradiction, M. le
Ministre. Alors, la loi, est-ce qu'on peut l'attendre à cette
session-ci? Est-ce une loi distincte de la loi de l'enseignement
supérieur?
M. CARDINAL: Oh! je ne pourrais pas répondre à cette
question ce soir.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que cette loi-là est en consultation
aussi auprès de divers groupes ou non?
M. BOUSQUET: Le gouvernement fera connaître sa législation
en temps et lieu.
M. CARDINAL: Je dirai que c'est une étude d'une façon
générale. Je n'irai pas plus loin sur cette question ce soir.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, est-ce que le ministre veut me dire qu'il n'a
pas soumis de projet de loi pour la nouvelle université française
à aucun groupement? Cela, il peut me le dire?
M. CARDINAL: Le ministre ne veut pas dire cela.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, ma question est: Est-ce que le ministre a soumis
à quelque groupement que ce soit, à ceux qu'il consulte, à
un groupement comme ceux qu'il consulte pour d'autres projets de loi, un projet
de loi concernant la deuxième université française
à Montréal?
M. CARDINAL: Bon, apportons une précision ici. A aucun moment, je
n'ai fourni des projets de loi comme tels à des groupes pour les
consulter. J'ai fourni ce qu'on pourrait appeler, c'est un terme
général, « un livre blanc » c'est-à-dire des
principes d'une législation nouvelle. Parce que j'ai voulu que les
projets de loi soient d'abord soumis aux députés, après
que la consultation eut été faite sur les principes
régissant cette loi.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre a fait ce type de consultation
au sujet de la constitution de la deuxième université
française à Montréal?
M. CARDINAL: Ce genre de consultation, oui.
M. GERIN-LAJOIE: Et puis, est-ce que son projet de loi, il espère
le déposer en même temps et aussi rapidement que celui de la
loi-cadre des institutions privées?
M. CARDINAL: II l'espère.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, son espérance veut dire, avant la fin de
juin. Ce n'est pas une promesse, mais une espérance.
M. CARDINAL: Non, je ne fais aucune promesse, j'essaie de...
M. GERIN-LAJOIE: Et son espérance pour la loi-cadre des
institutions privées, c'est avant la fin de juin?
M. CARDINAL: II l'espère, oui.
M. GERIN-LAJOIE: Et la même chose pour la deuxième
université française?
M. CARDINAL: Evidemment, tout dépend des travaux parlementaires,
des études qui sont faites...
M. GERIN-LAJOIE: Et du conseil des ministres!
M. CARDINAL: Oui.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, la même chose s'applique à la
deuxième université française?
M. CARDINAL: Oui.
M. GERIN-LAJOIE: C'est comme un quiz, ça?
M. CARDINAL: C'en est un.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre est là pour nous renseigner, il a
l'air de se faire prier un peu.
M. CARDINAL: Ecoutez, ça fait huit jours que je réponds
à des questions, je ne pense pas que je me sois fait prier.
M. GERIN-LAJOIE: Non, non, je dis ça à ce moment-ci, je ne
parle pas de façon générale.
M. BOUSQUET: Cela fait longtemps que vous n'avez pas fait
d'envolée, faites-en donc une.
M. GRENIER: Ce serait bon, ça mettrait du piquant dans notre
soirée qui s'éternise! Les journaux sont enthousiasmés! Si
ce n'était pas enregistré, je dirais autre chose.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, pour l'université du Québec,
est-ce qu'on attend un projet de loi de la même façon que pour le
reste?
M. CARDINAL: C'est la même réponse qu'à toutes les
questions précédentes.
M. GERIN-LAJOIE: Cela, c'est clair!
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre, est-ce que vous avez
une question?
M. GERIN-LAJOIE: Alors, quant au domaine universitaire, une
dernière question, mais je pense qu'on n'aura pas besoin
d'élaborer beaucoup. Il a été question de ce sujet: c'est
celui de l'orientation des étudiants. Il en a été question
lors d'un autre poste budgétaire, et à ce sujet-là, le
ministre nous a dit - il me corrigera si c'est une réponse trop sommaire
ou une interprétation trop sommaire de ce qu'il a dit au sujet de
l'orientation des étudiants au sortir de l'université, et plus
important encore, de l'orientation des jeunes dans le choix de leurs
études universitaires, en fonction du marché du travail.
M. CARDINAL: Oui, c'est exact. J'ai dit qu'il y avait une étude
qui a été faite en fonction du marché du travail.
M. GERIN-LAJOIE: Cette étude est faite au ministère?
M. CARDINAL: Elle est faite au ministère en liaison avec d'autres
ministères et en particulier le ministère de l'Industrie et du
Commerce. Mais pour une étude comme celle-ci, qui pour le moment n'est
pas terminée, nous ne sortons évidemment pas les chiffres parce
qu'il faut être très prudent. Vous vous rendez compte que, dans
une étude de ce genre, tout chiffre sorti est déjà une
indication et peut fausser immédiatement l'avenir, surtout quand vous
avez des étudiants de divers niveaux. Avant qu'ils ne soient rendus
à la fin de tous les niveaux, c'est-à-dire du collège
d'enseignement général et professionnel, parce que c'est une
première sortie vers le marché du travail, ou de
l'université, la société elle-même se modifie dans
ses besoins et l'on sait comment, de ce côté, il faut user de
beaucoup de prudence. Il y a deux colloques qui ont été tenus
dans une université où il était question de ces
études de marché du travail et où l'on a souligné
justement la difficulté, la délicatesse de ces études et
l'utilisation qu'on pourrait en faire. Mais l'étude se poursuit parce
que c'est une des choses, je l'ai déjà mentionné, qui nous
préoccupent de façon qu'il ne se produise pas des situations
comme celles dont on a parlé l'autre jour, d'ailleurs.
M. GERIN-LAJOIE: Il y a un aspect nouveau pour l'étude des
crédits, je ne sais pas s'il est nouveau en dehors d'ici, que j'aimerais
souligner sous forme de question. Est-ce que le ministère a
envisagé la possibilité de rendre publiques des études sur
le marché du travail faites dans des secteurs déterminés?
Je me demande, moi, si au ministère, à l'heure actuelle je
ne suis pas renseigné sur ce qu'il se fait - si on n'essaie pas de faire
une étude trop globale du marché de l'ensemble de la
société québécoise. Par exemple, si on prenait le
marché du travail pour les enseignants, si on déterminait combien
il faut de professeurs d'histoire...
M. BOUSQUET: Il en faut beaucoup...
M. GERIN-LAJOIE: ... et combien il faut de professeurs dans telle ou
telle branche.
M. BOUSQUET: ... quand on sait que c'est le levain de la
société.
M. GERIN-LAJOIE: C'est un exemple très restreint que je mentionne
mais qui pourrait s'appliquer dans d'autres secteurs d'économie ou de la
vie québécoise.
M. CARDINAL: Je pourrais faire une envolée ici mais je me
retiendrai parce que c'est un des sujets qui m'a intéressé au
cours des années antérieures. L'étude qui se poursuit se
fait à la fois par secteur et en tenant compte, alitant que possible, de
l'ensemble parce que c'est très abstrait que de dire que, dans un
secteur donné, il faut tant de personnes. Cela n'existe pas un secteur
donné dans le marché du travail. Si vous aviez demandé
très précisément: Combien faudra-t-il de professeurs
d'histoire? Il n'y aurait personne pour répondre à cette
question. Il faut demander: Combien faut-il de professeurs dans les sciences
humaines? Combien faut-il de professeurs dans les sciences appliquées,
dans les sciences exactes? Et déjà, c'est difficile.
Nous faisons ces études présentement par secteur et nous
ne les publions pas. Et jusqu'à présent, nous n'avions pas
l'intention de les publier, pour la raison de prudence que j'ai
mentionnée tantôt, de façon à ne pas laisser croire
par ces renseignements partiels, à une situation qui ne tiendrait pas
compte de la situation globale.
C'est un peu comme la question que l'on se pose à savoir, lors
d'une élection, si un sondage Gallup a pour effet de modifier le
résultat que donne lui-même ce sondage.
M. GERIN-LAJOIE: Je comprends très bien la préoccupation
du ministre. Est-ce qu'il pourrait tout de même nous dire dans quel
délai de mois ou d'années, il envisage que les renseignements
pourront être publiés?
M. CARDINAL: Ecoutez, le plus que je puisse dire, parce qu'il n'y a pas
de promesse dans ce domaine-là et une étude semblable n'est
jamais terminée, parce que c'est sans cesse à l'état
d'évolution, l'éventail s'ouvre de plus en plus. Donc à
l'échelle des mois, c'est impossible. Il faut donc dépasser
certainement une année je ne sais pas de combien de mois, avant que l'on
puisse songer à donner des résultats d'une telle enquête,
dans le contexte actuel.
M. GERIN-LAJOIE: Si j'ai bien compris, le ministre a dit quelque chose
comme une année?
M. CARDINAL: Non, j'ai dit que nécessairement cela
dépassera une année. Je vous disais tantôt, que je ne
voudrais pas faire une envolée, je ne veux quand même pas citer
les deux collègues dont j'ai parlé, Servan-Schreiber et tout ce
que vous voudrez, pour prouver que dans tous les pays où l'on a
enseigné ceci, on ne les a pas priés de publier les chiffres,
parce qu'au fur et à mesure que l'on avançait, justement, on
voyait de nouvelles difficultés et l'on se corrigeait au fur et à
mesure que l'on avançait. Par conséquent, je pense que ce serait
non seulement périlleux, mais que ce serait aller à l'encontre
même de la philosophie dans laquelle se fait cette étude, que de
promettre que ceci serait publié dans quinze mois ou dans vingt
mois.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, qu'est-ce que le ministre compte en faire, s'il
n'envisage pas la publication? Je ne comprends pas. Il a parlé d'un
délai et ensuite il a dit que l'on regrette en d'autres endroits de les
avoirs publiées. Alors, veut-il nous dire que...?
M. CARDINAL: Non. J'ai donné deux ou trois chiffres; si l'on fait
le total de tout ceci. J'ai dit: Ce n'est certainement pas avant un an. J'ai
employé un autre chiffre, 20 mois, si vous voulez, ce qui n'est pas deux
ans. Alors disons qu'entre ces deux limites, ma réponse pourrait
être oui à ce moment-là. Mais entre ces deux
limites-là, je ne peux pas placer un moment où il y aura
publication de ces études. C'est sûr qu'elles seront terminales
quant aux fins d'une étude donnée pour publication, en tant
qu'indication de ce qu'il pourrait être, mais disons que c'est au moins
un an, mais je pense que c'est un peu plus, et que ça n'ira pas
jusqu'à deux ans.
M. GERIN-LAJOIE: Juste, juste, juste en dedans du délai pour
changer de ministre de l'Education.
M. CARDINAL: Comme je l'ai dit l'autre jour, nous ne sommes pas encore
rendus à la même vitesse que dans d'autres pays.
M. GERIN-LAJOIE: Moi, je n'ai pas d'autres questions.
M. CARDINAL: On dirait que vous avez la nostalgie!
M. GERIN-LAJOIE: Ah! je vous assure que j'ai la nostalgie, quand je vois
le rythme de piéton auquel on fonctionne en éducation.
M. LE PRESIDENT: II y a des gens qui marchent vite, par exemple!
M. GERIN-LAJOIE: Hum!
M. GRENIER: II y en a qui ont marché trop vite aussi!
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 23. M. le Député,
est-ce que nous allons étudier toutes les subventions aux
universités?
M. CARDINAL: Je m'excuse, cela couvre 23 à 33, n'est-ce pas,
parce que chacun est un poste...
M. GERIN-LAJOIE: Quant à moi, je n'aipas de questions
particulières.
M. LE PRESIDENT: Alors, postes budgétaires 23 à 33. Poste
budgétaire 34. Si nous revenions peut-être à la page 76.
Poste budgétaire 34: Direction générale de
l'éducation permanente. Messieurs, vous avez la parole.
M. GERIN-LAJOIE: Au sujet de l'éducation permanente, c'est un
domaine assez vaste.
M. BOUSQUET: J'espère que cela ne sera pas la direction
générale de la question permanente.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que cela rejoint un peu les choses qui ont
été discutées et un peu, il y a un moment aussi, mais
d'une autre façon,...
M. CARDINAL: Oui, les systèmes d'éducation.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministère
ou le gouvernement a envisagé ou entrepris de faire un inventaire
permanent de la main-d'oeuvre indiquant la composition de la population active
et...
M. CARDINAL: Cela se fait d'abord particulièrement par le
ministère du Travail, mais cette fois-ci, de concert avec le
ministère de l'Education, et même aussi avec le ministère
du Bien-Etre social puisque, comme je l'ai déjà indiqué,
il y a dans la clientèle du Bien-Etre social, une partie qui pourrait
certainement bénéficier de ce qu'on appelle l'éducation
permanente ou le recyclage des adultes.
De fait, il y a un comité, actuellement, qui est permanent,
interministériel, puis-je dire, présidé ou si vous voulez,
guidé par le ministère du Travail.
M. GERIN-LAJOIE: Ma question précise portait sur l'inventaire de
la main-d'oeuvre...
M. CARDINAL: Oui, ceci est fait par le ministère du Travail.
M. GERIN-LAJOIE: A ce point de vue-là, est-ce qu'il y a une
collaboration entre les deux ministères ou si c'est uniquement le
ministère du Travail qui fait ce travail-là?
M. CARDINAL: Non, le ministère du Travail le fait, mais en
collaboration avec les deux autres ministères que j'ai nommés,
à savoir le Bien-Etre social et l'Education.
M. GERIN-LAJOIE: Quelle est la collaboration? Sous quelle forme se fait
la collaboration du ministère de l'Education? Est-elle personnelle ou
quoi?
M. CARDINAL: Au niveau du comité où il y a des
représentants de chacun des ministères. C'est au niveau des
sous-ministres...
M. GERIN-LAJOIE: Quel comité?
M. CARDINAL: C'est un comité qui a été
créé...
M. GERIN-LAJOIE: Un comité de sous-ministres?
M. CARDINAL: C'est un comité conjoint des trois
ministères, où en fait, vont les sous-ministres. Au début,
les ministres eux-mêmes se sont rencontrés. Il n'a pas
été déterminé par une loi ou un règlement ou
un statut que c'était un niveau. Mais, on le fait actuellement au niveau
des sous-ministres de façon à pouvoir bénéficier
des services, si vous voulez, de n'importe lequel ministère, au fur et
à mesure qu'ils sont nécessaires. C'est vraiment une
collaboration interministérielle qui se fait d'une façon
fonctionnelle.
M. GERIN-LAJOIE: Si je comprends bien, selon ce que le ministre me dit,
et selon ce que je sais par ailleurs, selon ce qui a été dit en
Chambre par le ministre du Travail, ainsi de suite, le travail dont je parle,
l'inventaire de la main-d'oeuvre, se fait par la direction
générale de la main-d'oeuvre, au ministère du Travail?
M. CARDINAL: Mais en collaboration, par exemple, avec le
ministère de l'Education où ça se fait dans les
mêmes bureaux régionaux. Vous avez des gens des deux
ministères.
M. GERIN-LAJOIE: Je demande au ministre sous quelle forme se fait cette
collaboration. Il me parle du comité des sous-ministres, je ne vois pas
très bien le comité des sous-ministres...
M. CARDINAL: Pouvez-vous préciser votre question? Que voulez-vous
entendre par quelle forme?
M. GERIN-LAJOIE: Ce que je croyais, c'est qu'il y avait une direction
générale de la main-d'oeuvre avec un directeur, avec du
personnel, et que ce personnel-là faisait le travail.
M. CARDINAL: D'accord, mais il a besoin, si vous voulez, de l'aide que
peuvent lui apporter deux autres ministères, et quand je dis que
ça se fait au niveau des sous-ministres, c'est le sous-ministre et tous
ceux qui sont derrière lui et dont il a besoin au fur et à mesure
que le travail de ce comité avance, de façon à obtenir les
renseignements de chacune des directions générales.
Au ministère de l'Education, vous savez qu'il y a un certain
nombre de sous-ministres sous lesquels il y a un certain nombre de directions
générales. Lorsque vous avez à ce comité un niveau
des sous-ministres, celui-ci peut obtenir de n'importe laquelle des directions
générales qui lui paraît être
intéressée dans une question donnée, les renseignements
dont il abesoinpour alimenter le travail qui se fait au comité. Il n'est
là que pour complémenter le travail de la direction
générale de la main-d'oeuvre au ministère du Travail.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que cette direction générale fait
elle-même la détermination de la formation requise pour les
différents types d'emploi? Différentes catégories?
M. CARDINAL: Ce sont justement des choses qui sont discutées
à ce comité. Et ici, il faudrait nuancer. C'est que
l'éducation est faite pour donner la pédagogie, pour donner
l'enseignement et, par conséquent, ce n'est pas le ministère de
l'Education qui va déterminer s'il faut l'avoir. Si dans tel
métier ou dans telle profession, on doit avoir tel ou tel niveau. Mais
comme le ministère de l'Education a créé un système
qui prépare des gens à quitter pour le marché du travail
à tel seuil ou à tel autre, ce sont les renseignements qu'il a,
qu'il échange, justement, avec ceux du ministère du Travail, qui
lui, connaît les normes, ou si vous voulez, les règles qui sont
nécessaires pour être dans tel métier
spécialisé ou plus ou moins spécialisé, etc. En
fait, c'est un travail de collaboration.
M. GERIN-LAJOIE: Mais c'est le ministère de l'Education qui doit
déterminer le genre de formation requise, enfin, la formation qu'on
donne pour préparer les gens à tel ou tel type de fonction.
J'aimerais savoir comment cette formation-là, ce contenu de formation,
se détermine.
M. CARDINAL: Oui, mettons-nous dans le concret. Il faudrait presque
partir d'un certain nombre d'exemples précis. Nous sommes dans une
situation où, jusqu'à présent, il n'y avait pas eu cette
collaboration entre les ministères et où dans chaque corps de
métier ou dans chaque profession, ce corps de métier ou cette
profession, soit par un comité paritaire soit par une corporation
fermée ou une corporation non fermée, déterminait les
qualifications qu'il fallait.
Au ministère de l'Education, par l'établissement des
programmes, par l'intégration des écoles de métiers dans
les secondaires, par l'intégration du technique et du technologique au
niveau du collégial on établit des programmes après
consultation dans le champ même avec ces mêmes gens que l'on
rencontre aussi au ministère du Travail, mais sous un autre angle. Il
est évident que c'est le ministère de l'Education qui
établit ses programmes, qui établit ses options, qui
établit ce qui est nécessaire pour arriver à obtenir, par
exemple, un diplôme d'études collégiales, si je l'appelle
ainsi, pour le moment.
D'un autre côté, le ministère de l'Education
n'établit pas, par ses règlements, quel est le diplôme
qu'il faut avoir pour conduire un autobus ou être menuisier ou être
avocat. A moins que je ne comprenne pas précisément la
question.
M. GERIN-LAJOIE: Pour les différents types de fonction, il y a un
contenu d'enseignement où il faut enseigner des mathématiques,
où il faut enseigner l'atelier de telle ou telle façon pour faire
faire de l'atelier de telle ou telle façon. Alors, cela peut
correspondre à ce qui est requis dans tout un éventail d'emplois
et pas seulement un emploi en particulier. Il y a moyen de coordonner de cette
façon là la formation que l'on donne à des personnes qui
occuperont différents types de fonction. Et de cette
façon-là aussi, on pourrait assurer une certaine polyvalence aux
jeunes ou aux adultes que l'on forme dans nos enseignements de
métiers.
C'est là une chose tellement importante qu'aujourd'hui, l'on se
plaint partout que l'éducation permanente est un échec partiel
assez grave, parce que les gens qui sont formés dans nos cours
professionnels d'adultes, ne trouvent pas d'emploi au sortir de leurs cours,
parce qu'on les a formés pour un emploi qui n'existe pas et un emploi
trop restreint.
M. CARDINAL: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Aujourd'hui, je pense que dans toute l'industrie, l'on
se rend compte et cela, on le proclame depuis déjà assez
longtemps, que les emplois évoluent en contenu de façon assez
rapide d'une année à l'autre. Et il faudrait donner à nos
jeunes et aux adultes qui passent par ces cours, une formation de base plus
complète qui leur permette de s'adapter à différentes
fonctions, dans le concret. Mais cela, ce n'est possible que dans la mesure
où l'on a analysé les fonctions dans le concret, où l'on
en a tiré les éléments fondamentaux pour en faire l'objet
des enseignements que l'on donne, à ceux qui suivent les cours.
Alors, il semble bien, d'après les plaintes que l'on
reçoit de divers endroits, qui sont publiés dans les journaux et
ailleurs, qui sont mises de l'avant par des syndicats, que, à l'heure
actuelle, à la direction générale de l'éducation
permanente, l'on met sur pied et l'on prodigue des cours qui ne mènent
nulle part.
Le cas des chômeurs de Saint-Jérôme, qui ont fait ce
mémoire qui a sûrement été porté à
l'attention du ministre au mois de mai, il n'y a vraiment pas longtemps, est
une illustration vraiment patente de cette situation à laquelle je fais
allusion. Je pense qu'il importe de bien souligner que ce n'est pas le nombre
de cours que l'on donne aux adultes à travers la province, qui est une
indication de l'efficacité de la direction générale de
l'éducation permanente et du ministère de l'Education à
cet égard. Mais bien au
contraire, le nombre de diplômés de ces cours qui trouvent
un emploi et la durée du temps pendant lequel ils conservent leur
emploi, par après. Je pense que le cri d'alarme lancé par les
chômeurs de Saint-Jérôme, dans leur mémoire du mois
de mai, est l'illustration d'une situation qui dépasse de beaucoup le
cadre de la municipalité de Saint-Jérôme, dans le
comté de Terrebonne, et que, à ce moment-ci, il serait important
d'avoir des explications de la part du ministre.
Evidemment, le mémoire touche bien plus qu'à la question
que j'ai soulignée, celle de l'adaptation des cours au besoin du
marché du travail. Il y a toute la question de la multiplicité
des autorités, à l'intérieur même du gouvernement du
Québec et le manque de coordination. Le manque de coordination aussi
avec l'entreprise privée. Le manque de coordination avec les syndicats.
Le manque de coordination avec l'action du gouvernement fédéral.
Alors, j'ai été amené à déballer un peu le
paquet des plaintes qui se sont manifestées et qui m'ont l'air
très sérieuses et auxquelles le ministre voudra sans doute faire
une réponse pour donner des explications.
M. CARDINAL: Puisque vous soulevez la question des réactions de
certains étudiants et de certains chômeurs, je me permettrai aussi
de faire de même. Et j'ai ici un télégramme devant moi,
daté du 13 juin, qui dit ceci: « M. Jean-Guy Cardinal, ministre de
l'Education, Hotel du gouvernement, etc. « Au nom de l'Association des
directeurs de l'éducation permanente de la province de Québec,
nous regrettons la publicité exagérée et souvent
mensongère qu'a suscitée la publication d'un mémoire
attribué à une douzaine d'étudiants chômeurs
inscrits à des cours de préemploi. Nous pensons que les griefs
émis ne sont pas conformes à la réalité tant locale
que provinciale, partout dans la province. Nous sommes quotidiennement les
témoins de la satisfaction et de la gratitude des milliers
d'étudiants adultes qui n'accepteront pas que leurs efforts, que leurs
succès, soient considérés comme une faillite magistrale.
Nous souhaitons que les accusations contenues dans ce mémoire ne
diminueront en rien le dynamisme de la direction générale de
l'éducation permanente. Nous osons espérer que vous prendrez
toutes les mesures utiles pour faciliter et hâter l'aboutissement de la
tâche immense que cette direction générale a entreprise
depuis sa création. » « Jean Larcimont,
secrétaire,
Association des directeurs d'éducation permanente, »
et l'adresse. Je puis le déposer.
J'ai ici une lettre qui vient de la Commission scolaire régionale
Dollard-des-Ormeaux: « 7 juin, Saint-Jérôme
adressée au directeur régional adjoint, division de
l'éducation permanente: « Cher monsieur,
Ci-inclus trois lettres d'appréciation de la part des
élèves inscrits au cours de préemploi à temps
plein, à Saint-Jérôme. Disons que ça fait
contraste avec le fameux mémoire. Une classe, celle de 9e
année A, n'a pas écrit de lettre. C'est justement dans cette
classe où l'on trouve les auteurs du célèbre document.
Nombre d'élèves inscrits dans chaque classe dont il est question,
9e année A: 12; 9e année B: 10; 10e année: 15; 11e
année: 12; total des élèves inscrits: 39; total des
signatures favorables: 37. « Veuillez me croire, Rémi Comeau,
conseiller de l'éducation permanente. » «
Saint-Jérôme, le 5 juin 1968 autre lettre: « Nous,
soussignés, élèves de la 10e année, ne sommes pas
d'accord avec le mémoire paru récemment et qui déclare que
les cours de préemploi sont une faillite totale. Pour ce qui est dudit
mémoire, nous n'en avions jamais entendu parler auparavant, si ce n'est
par les journaux. Nous sommes satisfaits à l'unanimité que les
cours donnés par les instituteurs aient apporté des
résultats satisfaisants. »
Onzième année, le texte s'intitule: « Quel
mémoire? Voilà la question que plusieurs étudiants se
posaient. Heureusement, les journaux étaient là. Sans doute si
nous l'avions vu, ce mémoire, aurait-il été moins
destructeur, car enfin, nous étions d'accord et nous le sommes toujours
sur certaines peines, mais nous ne croyons pas en ladite faillite totale. Le
manque d'organisation au sein de la direction de ces cours ne nous
empêche pas de constater la compétence des professeurs, ni de
constater que ce qui a fait défaut, au début de la
présente session, a été considérablement
amélioré. Ces cours sont encore jeunes et, comme tout ce qui est
jeune, ils doivent être perfectionnés, afin qu'ils deviennent
bientôt des cours adultes. »
Une autre lettre: « 5 juin 1968, 9e année B, A tout le
personnel dirigeant et enseignant des cours de recyclage. « Messieurs,
nous, étudiants soussignés, tenons à vous remercier et
à vous complimenter de votre dévouement à notre
égard. Nous croyons sincèrement que vous avez fourni le maximum
d'effort et de compréhension, afin que nous atteignions le but autant
désiré de votre part que de la nôtre. Nous savons fort bien
que la majorité des cours est essentielle à notre formation,
mais cependant, nous croyons que les cours d'histoire et de
géographie pourraient être éliminés. Toutefois, nous
croyons que cela ne relève aucunement de votre tâche, mais de
celle du ministère de l'Education. Pour nous, qui étions sans
travail, nous sommes très fiers de ces cours, nous sommes heureux
d'avoir eu le privilège de pouvoir poursuivre des études
après plusieurs années d'absence et ce, tout en subvenant aux
besoins de notre famille. « Ainsi, en terminant, nous souhaitons que
même parmi les préjudices, vous continuerez, afin de poursuivre la
besogne remarquable que vous avez accomplie. »
Je me demande si l'on veut que j'en lise d'autres.
Disons, généralement, que le ministère et les
commissions scolaires régionales donnent les cours, quant à la
nature et quant à la quantité, qui sont jugés par la
direction de la main-d'oeuvre et les entreprises nécessaires. Le
principe de ces cours, quant au ministère de l'Education, c'est la
polyvalence, d'accord, mais aussi la rentabilité immédiate, pour
autant que c'est possible, dans le cas d'adultes.
L'accent est donc mis sur ceci, et, de fait, sauf ce mémoire dont
il est question, nous n'avons pas eu vraiment de plaintes fondamentales et le
mémoire, au contraire, a amené les réactions que je viens
délire. Alors, par conséquent, à partir d'un fait
isolé, parce que de fait il n'y a pas eu d'autres mémoires qui
viennent d'autres groupes, nous avons essayé de voir pourquoi ce groupe
aurait eu cette réaction. Il y a eu des réactions qui ne sont pas
les mêmes que celles du groupe en question.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre a des statistiques sur le nombre
de personnes qui ont suivi ces cours-là?
M. CARDINAL: Parlez-vous de Saint-Jérôme?
M. GERIN-LAJOIE: Non, à travers la province.
M. CARDINAL: 39,725 étudiants divisés en trois groupes
suivaient des cours à temps plein, il s'agit d'adultes dans la formation
et dans le recyclage. Je suppose que c'est nécessaire de donner les
groupes: il y avait formation professionnelle, 11,086; préemploi,
27,365; Néo-Canadiens, 1,274. Suivaient des cours à temps
partiel, 23,000 dans la formation professionnelle, 105,000 dans le
préemploi; 1,053 étudiants dans les cadres. Si on prend les
39,725 plus les 23,000 plus les 105,000 plus les 1,053, ceci donne 168,775
élèves à ce niveau d'éducation populaire ou
permanente.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre a dit: Temps plein, 39,725.
M. CARDINAL: A temps plein, 39,725. La différence entre 168,775
et 39,725 donne les étudiants à temps partiel.
M. GERIN-LAJOIE: Combien le total?
M. CARDINAL: 168,775. Cela, c'est I part, évidemment, c'est une
partie du plan dont on parlait, cours formels de formation professionnelle,
préemploi, cadres, expérience et en plus de cela,
évidemment, dans les commissions scolaires, concernant
l'éducation qu'on appelle permanente ou pour les adultes, il y a
d'autres cours. Il y a des cours populaires, il y a des cours de langue, il y a
des cours, etc...
M. GERIN-LAJOIE: C'est à part. M. CARDINAL: Oui, c'est à
part.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que les 168,000, ça comprend
Tévec?
M. CARDINAL: Si les 168,000, ça comprend Tévec? Cela ne
comprend pas Tévec. Si on veut prendre d'autres chiffres,
l'éducation populaire, on l'évalue à travers tout le
Québec, les autres cours que ces cours formels, à environ 175,000
autres étudiants. Quand Tévec sera là-dedans, à ce
moment-là, ce sera environ 30,000 de plus comme on le sait.
M. GERIN-LAJOIE: Le chiffre que le ministre nous donne, c'est à
quelle époque, à quel moment, quelle année?
M. CARDINAL: Ce sont les inscriptions pour 1967/1968.
M. COITEUX: Quelle formation de base faut-il pour qu'un
élève soit admis à ces cours-là? Une
deuxième, une troisième année ou une quatrième
année?
M. CARDINAL: Non, on ne procède plus comme ça. Dans le
préemploi, il n'y a aucune formation de base. Il n'est pas dit que
ça prend une 1ère, une 2e, une 3e ou une 8e année.
M. COITEUX: L'âge maximum?
M. CARDINAL: L'âge maximum, 68 ans.
M. COITEUX: Qu'est-ce que l'on peut montrer à quelqu'un de 60
ans? Même si on le forme dans les contextes actuels de l'emploi et en
tenant compte des exigences que les compagnies sont obligées d'inclure
dans les conditions d'emploi, aujourd'hui un homme de 45 ans ne peut plus se
trouver d'ouvrage. C'est le cas qu'on a eu avec le recyclage qu'on a fait
à Clarke City.
M. CARDINAL: II y a deux réponses à votre question.
D'abord les hommes ou les femmes de 67 et 68 ans sont très peu nombreux
dans le système. Deuxièmement, à partir de quel âge
va-t-on cesser de donner des cours pour adultes? Je me rappelle qu'à un
moment j'ai voulu m'inscrire, alors que je n'étais pas ministre et que
j'avais un peu- de temps libre, à des cours pour adultes à une
école de Montréal. On m'a dit qu'après 40 ans on ne
pouvait plus s'inscrire. J'ai trouvé cela assez singulier. Alors, vous
fixez la limite et, troisièmement, c'est justement pour ce genre de
personnes de 35, si vous voulez, de 35 ans et plus qui ne peuvent pas, avec
leur formation actuelle, entrer dans le marché du travail, que ces cours
sont donnés pour les recycler et les remettre dans le cycle du
marché du travail actuel.
M. LE PRESIDENT: Ceux de 68 ans, on leur explique l'art d'être
grands-pères de Victor Hugo.
M. CARDINAL: Je vais vous donner un exemple, que l'on me donne à
l'instant. Je regrette, si j'avais su qu'il y aurait eu ce genre de questions,
j'aurais apporté un certain nombre de lettres qui sont rès
intéressantes parce qu'elles sont très humaines.
Par exemple, ce couple de personnes âgées qui nous
écrit pour nous remercier des cours en nous disant: Si nous n'avions pas
suivi les cours, nous ne pourrions pas vous écrire. Et le couple ajoute
en plus de cela: Non seulement de vous écrire, mais de pouvoir lire le
journal je ne vous dirai pas lequel .
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que de toute façon...
M. CARDINAL: Je pense bien qu'on ne peut pas nier aux gens, quel que
soit leur âge, non pas nécessairement le droit de se recycler pour
continuer à travailler, mais le droit de se recycler pour leur
satisfaction personnelle. J'ai connu dans le passé, quelqu'un, qui,
à un moment donné, est devenu libre, est parti à
l'âge de 55 ans, étudier à la Sorbonne, parce qu'elle avait
les moyens, à la suite d'un héritage. Je ne vois pas pourquoi il
y aurait une limite d'âge là-dessus.
Je comprends que l'on fait beaucoup état de ceux qui sont
âgés qui vont se recycler.
M. BOUSQUET: Le député de Duplessis peut encore
espérer!
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je voudrais enchaîner
avec ce que le ministre a dit et en dire même un peu davantage. Je pense
que le but de l'éducation permanente et des cours aux adultes n'est pas
simplement de permettre aux gens qui sont encore actifs de se recycler pour
occuper de nouvelles fonctions. Je pense que l'éducation permanente a
une autre fonction qui est tout aussi importante, c'est de permettre à
la population d'occuper une place qui donne plus de satisfaction dans la
vie.
Je pense que tout notre monde est tellement en transformation, tout ce
qui se passe autour de nous change tellement rapidement, que même les
personnes qui ont atteint un certain âge sont à même de
profiter des cours comme ceux que l'on offre ou qu'on pourrait offrir dans
l'avenir.
Et d'une façon, je pense, que les personnes âgées ou
d'un certain âge en ont plus besoin que d'autres parce qu'elles ont
besoin de cela pour s'adapter à toute la transformation qui
s'opère autour d'elles. Et justement, à une époque
où on parle de revenus annuels garantis, à une époque
où l'on parle de maisons pour vieillards, je pense qu'il est tout aussi
important de parler de cours et de moyens d'adaptation intellectuelle et
psychologique au monde qui nous entoure. Je pense qu'il se fait de grands
efforts dans le domaine de la science, de la médecine pour prolonger la
vie humaine. Et alors qu'on fait des efforts pour prolonger la durée de
la vie humaine, on fait des efforts pour rétrécir le nombre
d'années pendant lesquelles on sera actif à gagner sa vie.
Alors, il est d'autant plus important, dans ce contexte, d'assurer
à la population quelle qu'elle soit, des années de retraite
heureuse, des années de retraite remplie. Et si l'on parle de
civilisation des loisirs, ce n'est pas seulement pour les jeunes, qui ne sont
pas encore engagés sur le marché du travail, ce n'est pas
simplement pour les familles où les parents et les enfants vivent
ensemble, la civilisation des loisirs, cela doit être tout autant pour
ceux qu'on appelle nos vieux. Mais en fait, quand on commence à 50 et 60
ans, je pense que ce n'est pas encore un âge tellement avancé et
qu'il est important de bien mettre cet aspect de l'éducation permanente
en lumière. Et quant à moi, disons, que je suis heureux
d'avoir
eu l'occasion de le mentionner parce que c'est une fonction que l'on
doit toujours avoir à l'esprit et j'espère que le
ministère de l'Education attache £ cette fonction de
l'éducation permanente, tout autant d'importance qu'à celle du
recyclage de la main-d'oeuvre en exercice.
M. CARDINAL: Oui, c'est pourquoi, M. le Député, vous le
savez, je pense, a été lancée cette opération,
qu'on appelle opération-départ, à laquelle tous les
groupes ont collaboré pour la première fols dans toutes les
régions pour définir, justement, les besoins de
l'éducation pour adultes, non plus dans le recyclage, mais dans les
besoins en général.
Il s'agit d'une enquête de participation destinée à
faire l'inventaire des besoins de toute la population du Québec en
éducation permanente, et en même temps de prendre la mesure des
ressources disponibles. De fait, tous les rapports, sauf celui de
Montréal, sont parvenus au ministère et sont présentement
analysés. Certains de ces rapports, qui viennent de la province, ont
parfois jusqu'à 500 pages. Cette opération-départ a
été vraiment un départ pour planifier à partir du
concret de la situation qui existe dans la population, chez les adultes, cet
enseignement continuel ou permanent pour les adultes.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre nous a donné des statistiques en ce
qui concerne le nombre d'étudiants qui ont suivi des cours. En
particulier, il y en a eu 11,000 à temps plein dans l'enseignement
professionnel. Le ministre peut-il nous donner des statistiques sur les emplois
obtenus par ces 11,000 personnes?
M. CARDINAL: Non, ce serait les centres de main-d'oeuvre qui pourraient
le faire.
M. GERIN-LAJOIE: A-t-on ça au ministère de
l'Education?
M. CARDINAL: Non, je pense qu'on les aurait au ministère du
Travail. Ces renseignements ne sont pas au ministère de l'Education
actuellement. Je le dis clairement. Le ministère de l'Education a
demandé au comité conjoint que ces renseignements à ce
niveau lui soient fournis, et dès l'automne, le ministère du
Travail qui recueille actuellement ces résultats les transmettra
à ce comité.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre me permettra d'exprimer mon
étonnement qu'on n'ait pas ces chiffres-là au ministère de
l'Education. En somme, c'est la vérification du succès ou de
l'insuccès des cours.
M. CARDINAL: C'est pourquoi nous les avons demandés.
M. GERIN-LAJOIE: Si la moitié des personne qui ont suivi des
cours d'enseignement professionnel à temps plein sont chômeurs ou
font autre chose que ce à quoi ils ont été
préparés, je pense bien que ce serait une indication que les
cours n'ont pas été utiles.
M. CARDINAL: Les cours finissent en juin tout de même.
M. GERIN-LAJOIE: En juin, oui, mais les statistiques que le ministre
nous a données sont celles qui concernent l'an dernier.
M. CARDINAL: C'est pour 1967-1968, inscription.
M. GERIN-LAJOIE: II y a eu malentendu parce que...
M. CARDINAL: Non, enfin, il y a peut-être eu malentendu.
M. GERIN-LAJOIE: II y a eu malentendu parce que, 1967-1968, j'ai
pensé qu'il s'agissait de l'année fiscale du gouvernement.
M. CARDINAL: Non, c'est l'année scolaire 1967-1968. Je m'excuse
si je vous ai induit en erreur. Mais il s'agit de 1967-1968, inscription. Alors
pour ceux-là, il est évident...
M. GERIN-LAJOIE: L'année scolaire.
M. CARDINAL: Oui, l'année scolaire. Donc, on ne peut pas avoir
les résultats tout de suite. C'est pourquoi nous les avons
demandés pour l'automne I cet organisme conjoint parce que le
ministère du Travail est beaucoup mieux équipé que le
ministère de l'Education pour voir le résultat dans le
marché du travail.
M. GERIN-LAJOIE: Pour l'an dernier, l'année scolaire 1966-1967,
avez-vous les chiffres?
M. CARDINAL: Nous avons actuellement des chiffres au ministère
pour l'année dernière. Ces chiffres n'ont cependant pas
été relevés d'une façon aussi systématique
qu'ils le seront cette année. Il avait d'ailleurs été
entendu que, pour voir le résultat de l'opération, on ne le
ferait pas que sur une seule année, rien qu'à ses débuts,
mais sur deux années d'opération. De fait il y a des chiffres
dans les dossiers au ministère sur le résultat de l'an
dernier.
M. GERIN-LAJOIE: Sur le nombre d'étudiants, de personnes qui ont
suivi des cours d'adultes, mais pas sur le résultat au point de vue des
emplois que ces étudiants-là ont trouvés.
M. CARDINAL: Oui, mais comme je le disais tout à l'heure, ces
renseignements-là ne sont pas de ceux qui ont nécessairement une
valeur scientifique. Il faudrait en relever les chiffres là, les
analyser et les vérifier.
D'ailleurs, je reviens sur ce point. Justement ce comité a
été créé pour que ce travail qui est fait, on
puisse le diriger, en voir les résultats, les analyser et redresser la
situation s'il y a lieu.
M. HOUDE: M. le Président, au cours du semestre qui se termine I
la présente année scolaire...
M. CARDINAL: Je m'excuse, dois-je déposer le document de tout
à l'heure ou ne vous intéresse-t-il pas... le
télégramme?
M. GERIN-LAJOIE: Nous ne sommes pas un comité d'archives. Ce
document ne peut pas être déposé officiellement. Mais il
peut être remis aux membres du comité. Alors j'apprécierais
que le ministre m'en remette une copie qui pourrait servir à mes
collègues et à moi de ce côté-ci.
M. CARDINAL: D'accord. Je m'excuse, M. le député.
M. HOUDE: Au cours de l'actuel semestre qui se termine, pour le
commencement du second semestre, dans un certain nombre de commissions
scolaires régionales apparemment, à cause de
l'opération-départ peut-être ou de cette grande
popularité de l'éducation permanente, je ne parle pas là
des cours de formation formels, des cours de langues, de culture populaire
il y a eu, je pense, une espèce de gel. Je ne sais pas si les
budgets ont été épuisés, mais je sais que dans
certaines commissions scolaires, chez nous en particulier, beaucoup de gens qui
s'étaient inscrits au premier semestre pour une série de cours du
second semestre, qui avaient même payé leur inscription et
acheté le matériel nécessaire, surtout dans le domaine de
la culture populaire, ont reçu un avis les informant que les cours
étaient interrompus parce que, à ce moment-là, le
directeur de l'éducation permanente, apparemment à cause des
budgets devait faire un choix.
Il y avait tellement d'inscriptions qu'il devait faire un choix. Est-ce
que l'on continue les cours de couture ou de chapellerie, etc., ou si l'on
donne des cours de langues, en français, en anglais ou en espagnol?
Là, il y a eu une espèce de choix; dans certains cas,
apparemment, le directeur de l'éducation permanente aurait choisi de
donner les cours dans le domaine des langues, par exemple, plutôt que
dans le domaine de la culture populaire. Est-ce que cette situation,
étant donné la grande popularité vous l'avez dit
vous-même, il y avait eu 175,000 inscriptions cette année
est-ce que cet inconvénient va être réparé, disons,
pour l'an prochain? Est-ce que l'on a prévu que l'an prochain tous ceux
qui s'inscriront dans des cours, peu importe le nombre, pourront suivre le
cours jusqu'à la fin de l'année et que l'on n'arrivera pas au
beau milieu d'une année pour en abandonner les cours.
M. CARDINAL: C'est justement là une question de budget. C'est que
les commissions scolaires à un moment donné, il a fallu les
prévenir dans certains cas que vous avez indiqués de respecter
les budgets convenus. On ne peut pas, dans ce domaine-là, ne pas
respecter les budgets. Le choix, dans le cadre des limites budgétaires,
a été laissé aux responsables de ces cours.
M. HOUDE: Alors, cette année enfin, je vois qu'il y a eu une
augmentation mais est-ce que nous pouvons être optimistes et
espérer que ça ne se répétera pas, parce que les
budgets ont été augmentés?
M. CARDINAL: J'ignore si c'est de l'optimisme d'espérer que
ça ne se répétera pas.
M. HOUDE: On va arriver, à un moment donné, à avoir
un nombre maximum. Ce que je veux dire, c'est qu'à un moment
donné, dans une régionale, parce qu'il y a un bon directeur de
l'éducation permanente, parce que les gens sentent le besoin de
s'inscrire à des cours et, à un moment donné, je comprends
qu'il y a un budget, mais s'il y a 350 élèves de plus que
prévu, est-ce que c'est une raison, à ce moment-là, de
dire: Bien écoutez, il y a 350 élèves de trop, on ne peut
pas donner tel cours, parce que l'on n'a pas le budget. Est-ce qu'il y a des
cachettes quelque part? Est-ce que l'on peut espérer que, si ça
arrive, il me semble, moi, comme directeur de l'éducation permanente
dans une régionale, ce n'est pas un exploit mais c'est très
encourageant de voir qu'il y a plus de monde que prévu qui viennent
suivre des cours, quels qu'ils soient. Je trouve que ce serait dommage de faire
ce qui est arrivé dans
certains cas, d'écrire aux gens et de dire: Bien, c'est
malheureux, vous vous êtes inscrits à un cours de couture... Je
connais un cas en particulier, un groupe de femmes, par exemple, avaient fait
la dépense de s'acheter une machine à coudre, de s'acheter du
matériel que le professeur...
M. CARDINAL: Cela, c'est toujours utile.
M. HOUDE: Je comprends que ça peut être utile encore, mais
que le professeur leur avait dit de s'acheter tant de verges de
matériel, etc. et on a abandonné tout simplement ce cours.
M. BOUSQUET: Je trouve très dommage d'être limité
par les budgets, dans chaque ministère.
M. CARDINAL: Je répondrai très sérieusement
à la question, c'est justement pourquoi l'opération-départ
a été faite, pour que des priorités soient établies
devant ce grand nombre d'étudiants adultes.
M. HOUDE: Maintenant j'ai une autre question. C'est que dans certains
cas, dans certains cours qui relèvent de ce secteur de
l'éducation permanente, en particulier dans le domaine de la culture
populaire, il y a des organismes qui organisent des cours, je pense, M. le
Ministre, que l'on vous a mis au courant il n'y a pas tellement longtemps,
enfin je pense que M. Jean-Marie Morin vous en a parlé il n'y a pas
tellement longtemps. On organise certains cours je vais prendre un
exemple que je connais un peu mieux, celui du loisir et celui de la
préparation, certains cours de moniteurs, par exemple, qui veulent
travailler dans les camps de vacances. Je prends un exemple typique qui est
arrivé à l'époque de Pâques et apparemment il y a un
règlement qui dit que, pour obtenir des subventions, pour que les
stagiaires puissent avoir des subventions, que l'organisme qui organise ces
cours puisse bénéficier des subventions il faut que les
stagiaires ne soient pas des étudiants. Est-ce que je me trompe? Je ne
pense pas. J'ai vraiment l'impression que c'est ça qui est
arrivé. Alors, il y a un règlement qui dit que pour
bénéficier des cours, il ne faut pas que les stagiaires, que ceux
qui en profitent soient classés, soient considérés comme
des étudiants à temps plein ailleurs. Or, dans ce cas
précis...
M. CARDINAL; Est-ce que je peux vous demander qui a dit ça et
d'où il tient le renseignement?
M. HOUDE: Le renseignement, bien voici, il y a eu,
évidemment...
M. CARDINAL: C'est la première fois que j'en entends parler et
que mes officiers en entendent parler.
M. HOUDE: Non, on m'a dit que, enfin...
M. CARDINAL: Est-ce que ça vient du haut commissariat aux sports
et loisirs?
M. HOUDE: Oui, on avait parlé de ça. Ecoutez, prenons le
cas du loisir-danse, par exemple qui existe...
M. CARDINAL: C'est parce que je veux distinguer si ça appartient
au haut commissaire...
M. HOUDE: Je vous l'explique: les cours d'associations des camps du
Québec, d'une part, le loisir-danse, l'atelier folklorique, par exemple,
de Montréal. Ce sont des organismes, la Croix-Rouge, par exemple, des
cours de natation et de sécurité aquatique qui sont
déjà commencés ou qui sont en train de se donner. Vous
avez trois ou quatre organismes qui, depuis X nombre d'années, ont
toujours fait affaires avec l'éducation permanente de secteurs de la
culture populaire, qui ont toujours donné des cours subventionnés
par le ministère de l'Education. Or, cette année, on m'a dit
qu'il y avait un règlement disant ques pour avoir ces
subventions-là, les stagiaires devaient être des gens
déjà sur le marché du travail. Or, ça peut
être un principe très bon...
M. CARDINAL: Je peux répondre tout de suite.
M. HOUDE: ... mais la plupart de ceux qui suivent ces cours-là
sont quand même des étudiants.
M. CARDINAL: Non, justement ce n'est plus la même chose. Nous
sommes dans l'éducation des adultes.
L'éducation des adultes, ce n'est pas pour les jeunes
étudiants qui suivent le cours pour la première fois. Cette
partie-là est passée au haut commissariat et ce n'est plus la
même chose que les cours pour adultes. Dans les cours pour adultes
prévus à ce chapitre et vous avez raison, je comprends la
question maintenant ce sont des gens qui sont déjà des
adultes, qui ont déjà quitté l'école, qui ne sont
pas des jeunes étudiants qui en bénéficient.
M. HOUDE: J'admets cela et je le comprends. Je trouve que c'est normal
que l'éducation permanente consacre ses budgets aux adultes qui ne sont
pas des étudiants. D'accord. Mais à une condition. Vous pouvez
toujours me dire: Vous en reparlerez lors de l'étude des crédits
du Conseil exécutif. C'est ce que j'ai l'intention de faire. Mais, ces
montants qui se donnaient par l'éducation permanente, si l'on veut que
ces mêmes cours continuent, mais qu'ils s'adressent heureusement ou
malheureusement selon le cas des étudiants, ce sont quand même des
étudiants qui font du loisir, dans la plupart des cas, et qui
travaillent dans les camps de vacances ou sur les plages. Est-ce qu'il y a eu
un transfert de budget vers le haut commissariat? A ce que je sache il n'y en a
pas eu, parce qu'il y a toujours les mêmes $1,600,000 qui sont là
depuis deux ou trois ans. Actuellement, il y a eu des arrangements il y a eu
transfert...
M. CARDINAL: Vous aviez raison au début de votre discussion. Il y
a un échange entre les deux ministres pour régler cette
situation, qui va se reproduire d'ailleurs à d'autres exemplaires, parce
que l'on sort de divers ministères, que ce soit de l'Education, des
Loisirs, du Secrétariat de la province, des éléments qui
s'en vont au haut commissariat Alors il y a des aménagements à
établir qui ne sont pas encore établis, cela vient d'être
créé.
M. HOUDE: II y aura, bien sûr, des transferts de budgets en
conséquence.
M. CARDINAL: C'est ça, qui ne sont pas effectués mais
qu'il faudra faire en temps et lieu par les voies normales. Cela, je peux vous
l'assurer, parce que je ne me souviens pas de la date d'assermentation de M.
Morin, mais c'est une date qui est postérieure à la
préparation des budgets.
M. HOUDE: C'est parce que cela a créé des
problèmes. Ces cours ont commencé à la période de
Pâques. Les gens avaient les stagiaires. Les stagiaires étaient
rendus là pour suivre les cours et personne encore n'avait de
subvention.
M. GERIN-LAJOIE: Un mot, M. le Président, au sujet de
Tévec... Est-ce que le ministre peut nous dire quel a été
le nombre d'inscriptions cette année, Tévec, au lac
Saint-Jean?
M. CARDINAL: Je peux le donner exactement, f ai donné un chiffre
global tantôt à même les $175,000. Je pourrais faire mieux
que ça. Des statistiques ont été préparées.
Je pourrais les apporter et ce serait encore plus précis, parce que vous
auriez le détail, enfin des gens qui suivent des cours, de ceux qui sont
inscrits bona fide, vraiment, etc.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que l'on a les résultats? Est-ce que
c'est terminé, là, pour première année?
M. CARDINAL: Non, la correction n'est pas terminée, les
résultats ne seront donnés que lorsque le programme sera fini.
Alors, c'est un programme témoin ou que l'on pourrait appeler programme
pilote, comme nous le faisons ici, qui s'étend sur une période de
deux années et dont les résultats ne seront donnés
qu'après la période de deux années. Nous commençons
la deuxième année.
M. GERIN-LAJOIE: II n'y a pas de résultats provisoires
après la première saison? Il y a des examens, avez-vous
donné les résultats?
M. CARDINAL: II y a un certain nombre de devoirs, si l'on peut
s'exprimer ainsi, qui se font régulièrement et qui sont
corrigés, et dont les gens ont des résultats. Mais il n'y a pas
de résultats compilés qui donnent le succès ou
l'échec de l'opération. Il n'y a pas d'examen comme tel, avant le
terme de la période.
M. GERIN-LAJOIE: Maintenant, tout ces questionnaires-là sont
faits au ministère de l'Education, les questionnaires que l'on
donne...
M. CARDINAL: Oui, c'est au ministère de l'Education.
M. GERIN-LAJOIE: Je voudrais attirer l'attention sur une
incongruité assez baroque et puis...
M. CARDINAL: II y a des gens de l'extérieur qui sont
appelés. Au ministère de l'Education il y a des équipes
qui sont formées pour Tévec. Il n'y a pas que des gens du
ministère de l'Education.
M. GERIN-LAJOIE: Cela se fait sous la direction, la
responsabilité de fonctionnaires du ministère de l'Education.
M. CARDINAL: Exact. Je vous écoute pour l'incongruité.
M. GERIN-LAJOIE: C'est assez baroque, surtout quand l'on se rend compte
que ce sont des gens du gouvernement, des fonctionnaires
du gouvernement, qui préparent ces questionnaires. Je suis
allé au lac Saint-Jean au début du mois de février et l'on
m'a posé c'était une bonne colle une question qui
avait été posée à la télévision. On
m'a dit: Combien y a-t-il de ministères au Québec? Vingt-deux,
cinq, treize, vingt-sept ou seize?
M. CARDINAL: A ce moment-là, cela devait être 22.
M. GERIN-LAJOIE: Bien, M. le Ministre, vous avez zéro.
M. CARDINAL: Oui? C'est cinq?
M. GERIN-LAJOIE: La réponse n'est pas là. C'est ça
qu'il y a de grave, d'incongru, disons; le nombre de ministères,
c'était 20 à ce moment-là et 21 depuis qu'il y a le
ministère des Institutions financières.
M. CARDINAL: Quand je disais 22, je donnais la réponse la plus
proche. Je pense que j'avais bien deviné. Je n'ai pas tout à fait
zéro. Est-ce une raison pour abolir le projet Tévec?
M. GERIN-LAJOIE: II me semble que le ministère pourrait...
M. CARDINAL: Je vais corriger ça dès demain matin.
M. BOUSQUET: Ce qui aurait été vraiment incongru, cela
aurait été de demander le nom de l'ancien ministre.
M. GERIN-LAJOIE: ... être un peu plus sur le qui-vive, il me
semble, surtout pour des choses internes du gouvernement. C'est quelque chose
d'assez difficilement explicable. Je me suis amusé de là-bas
à téléphoner à Québec pour voir, si par
hasard, il n'y avait pas de changement au bureau du Conseil exécutif.
Mais il n'y en avait pas. Vingt, pour l'information de ceux qui ne peuvent lire
le journal des Débats, cela comprend 20 à ce
moment-là, c'est-à-dire au début de février, 21
aujourd'hui le ministère du Conseil exécutif, qui aux yeux
du public...
M. CARDINAL: Remarquez bien...
M. GERIN-LAJOIE: ... n'est peut-être pas un ministère, mais
techniquement en est un.
M. CARDINAL: ...Remarquez bien que sur des centaines de questions, cette
situation ne m'émeut pas trop. Je pense que les gens qui ont
vérifié cela ont fait leur possible, dans les circonstances.
M. GERIN-LAJOIE: J'ai appelé cela une incongruité.
M. CARDINAL: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que le mot est juste. Mais, puisqu'il s'agit
d'une chose interne du gouvernement du Québec qui peut se
vérifier assez rapidement... C'est cela qui fait que...
M. CARDINAL: Mais, entre nous, l'important, ce n'est pas de se poser la
question!
M. GERIN-LAJOIE: C'est quoi?
M. CARDINAL: Ce n'est pas tant dans un programme semblable, ce n'est pas
de se poser la question.
M. GERIN-LAJOIE: C'est quoi?
M. CARDINAL: Bien, c'est justement...
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est pas de se poser la question?
M. CARDINAL: ... Le fait important n'est pas tellement la réponse
que de se poser la question, je pense, parce que...
M. GERIN-LAJOIE: Ah! l'important, c'est de se poser la question!
M. CARDINAL: Oui, oui. Cela, c'est de l'éducation!
M. GERIN-LAJOIE: Seulement, cela fait un peu cocasse, lorsque les
députés, dans leur propre région ce n'était
pas la mienne, mais il y en avait d'autres là-bas...
M. CARDINAL: Si on avait posé la question...
M. GERIN-LAJOIE: ...Ne sont pas en mesure de répondre.
M. CARDINAL: Si on leur avait posé la question...
M. GERIN-LAJOIE: Pour moi, c'est un tour que les fonctionnaires ont
voulu jouer aux députés, quels qu'ils soient.
UNE VOIX: Du sabotage!
M. LE PRESIDENT: Comme président, je proteste.
M. CARDINAL: C'est peut-être un voeu.
M. GERIN-LAJOIE: D'augmenter ou de diminuer, diminuer à cinq.
M. LE PRESIDENT; Donc, le poste budgétaire 34: Direction
générale de l'éducation permanente, accepté?
M. GERIN-LAJOIE: Alors, au sujet du poste budgétaire 34, M. le
Président, la fin de ce poste-là, je voudrais dire, qu'en
dépit de toutes les difficultés, je pense que la direction
générale de l'éducation permanente, qui est une direction
générale assez nouvelle au ministère de l'Education, fait
un travail fantastique. On y a entrepris une très grande tâche. Je
sais combien il est difficile de conduire un semblable projet et les
interventions que j'ai faites, alors, que je me suis fait le porte-parole de
certains groupes ou de certaines personnes et que j'ai relaté certaines
situations, je le souhaite, seront prises en bonne part,z de façon
constructive, comme un souhait que la direction générale continue
d'étendre le champ de ses activités et le rende aussi profitable
que possible. Je sais que dans un domaine nouveau comme cela, le défi
est énorme à relever.
C'est un champ nouveau, pas seulement dans le ministère de
l'Education, mais au Québec, et dans le pays. Je comprends donc
très bien la tâche énorme à laquelle on a à
faire face au ministère en particulier en ce qui concerne M. Jolicoeur,
votre directeur général. Mais, je pense qu'il est important tout
de même, pour nous, députés, de souligner des
déficiences d'une situation et de souhaiter qu'on y remédie, le
plus complètement possible. Dans ce domaine de l'éducation
permanente, le grand défi est d'adapter l'éducation permanente
à un marché du travail en constante évolution et de faire
en sorte que ceux qui suivent des cours puissent vraiment trouver des emplois
à la fin de ceux-ci. Il faut donc un système d'orientation
approprié, que les adultes qui seront passés par là aient
vraiment la satisfaction qu'ils sont en droit d'en attendre et que cela serve
à la fois à l'économie du Québec et au
développement des aspects humains du milieu du travail et de la
société québécoise en général.
Alors, je termine donc cette étude critique par des
félicitations et par un voeu.
M. CARDINAL: Permettez, M. le Président. Je remercie le
député de Vaudreuil-Soulanges. C'est un encouragement, je pense,
pour les fonctionnaires responsables. Vous pouvez être assurés que
je conçois fort bien le rôle de l'Opposition et que toutes les
remarques formulées depuis le début ont été prises
en bonne part.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 34, accepté?
Poste budgétaire 35...
M. HOUDE: Seulement une minute, avant de passer au poste
budgétaire 35, le poste budgétaire 34, c'est...
M. CARDINAL: Pourquoi ajouter après ce qu'a dit le
député de Vaudreuil-Soulanges? C'était si beau!
UNE VOIX: Vous gâtez toutt
M. HOUDE: Ce n'est pas sur le poste budgétaire 34, c'est sur le
poste budgétaire 24.
M. CARDINAL: Ah! vous revenez?
M. HOUDE: Entre le poste budgétaire 34 et 35 là,...
M. CARDINAL: Oui, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Un instant, le poste budgétaire 34 a
été accepté?
UNE VOIX: Oui, oui.
M. GERIN-LAJOIE: Adopté.
M. HOUDE: Après le poste budgétaire 34, vous avez S24:
Association athlétique nationale de la jeunesse...
UNE VOIX: Page 64.
M. HOUDE: Subventions; neuvième de vingt versements égaux,
$40,000; subventions additionnelles, $188,000.
M. CARDINAL: C'est statutaire. C'est ancien. C'est la suite du
passé.
M. HOUDE: D'accord pour cela.
M. GERIN-LAJOIE: Le poste budgétaire 35 est statutaire.
M. HOUDE: Nous ne ferons pas une longue histoire avec cela, M. le
Ministre. Tout ce que je voudrais demander ou suggérer, je ne sais pas
si cela se fait techniquement, étant donné que maintenant, il y a
un haut commissariat aux sports et à la jeunesse. Je ne pense pas que le
ministère de l'Education ait le temps, ait les moyens peut-être,
les loisirs justement d'avoir quand même un certain droit de regard sur
l'Association athlétique nationale de la jeunesse mieux connue sous le
nom de Palestre nationale et Centre Paul Sauvé, qui reçoit quand
même à peu près ce qu'il y a de plus haut comme montant en
argent de la part du gouvernement en matière sportive et de loisirs au
Québec.
M. CARDINAL: On a pourtant un autre esprit sportif au
ministère.
M. GERIN-LAJOIE: Le sous-ministre n'a pas l'air d'accord. Quant à
l'esprit, oui, mais la réalité, apparemment pas.
M. LE PRESIDENT: Laissez donc parler le député.
M. HOUDE: Est-ce possible qu'à l'avenir cette subvention, au lieu
de relever du ministère de l'Education soit donnée, qu'il y ait
un transfert encore une fois de budget, et que cela dépende du haut
commissariat aux sports et à la jeunesse. Etant donné qu'on a
maintenant un commissaire aux sports, il pourrait, lui, tout en accordant bien
sûr les mêmes subventions, puisqu'elles sont statutaires et tout
cela, exercer un certain droit de regard et voir à s'en occuper, voir un
peu...
M. CARDINAL: Vous vous êtes peut-être fait le porte-parole
du haut commissaire à ce moment-là.
M. HOUDE: Bien, j'ai dit tantôt que je ne savais pas si
c'était possible techniquement. Est-ce que c'est possible techniquement
que ça change?
M. CARDINAL: Bien, cette année, je ne sais pas si c'est possible
techniquement. Si cela peut se faire, il n'y a aucune objection.
M. GERIN-LAJOIE: Je vais faire part de mon expérience
gouvernementale. C'est techniquement possible. Mais ce que le
député a bien voulu mettre en lumière, c'est ceci. C'est
qu'à l'Association athlétique nationale de la jeunesse, il y a
des subventions qui sont données d'année en année, depuis
un bon nombre d'années. Et je dois avouer que cette subvention m'a
posé des problèmes quand j'étais ministre de l'Education
ou de la Jeunesse, autrefois. Il s'agit d'une somme énorme comme vient
de le signaler le député de Fabre par rapport à ce qui est
accordé à tout autre organisme de sport et de loisirs ou de
jeunesse dans la province.
Ces subventions ont été attribuées sans exercice de
regard par le gouvernement, sauf une anlyse strictement financière par
le bureau de l'Auditeur. Je pense qu'il importe de souligner, M. le
Président, que cette association a toute sortes d'activités et en
particulier, des activités lucratives pour ne pas dire, strictement
commerciales. Alors, pour assurer un usage approprié des sommes qui sont
prévues ici, il faut le fonctionnarisme voulu pour vérifier le
travail qui s'y fait. Or, au ministère de l'Education, nous n'avons pas,
à l'heure actuelle, de personnel, disons, que nous n'avons pas les
services pour nous occuper d'organismes de loisirs comme cela, puisque le
personnel que nous pouvions avoir et qui était très restreint
d'ailleurs, à une certaine époque au ministère de
l'Education dans ce domaine, a été transféré au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et par la suite
au haut commissariat.
Alors, c'est vraiment pour assurer la bonne utilisation des fonds
publics en ce qui concerne ce poste budgétaire que le
député de Fabre fait sa suggestion. Et, comme je connais les
fonctionnaires du ministère, j'ai bien le sentiment qu'ils appuieront le
ministre si celui-ci suggère que ce soit transféré, parce
que vraiment au ministère de l'Education, il n'y a pas les services pour
surveiller cela. Le ministre a tenu pour acquis, je pense, si j'en juge par ses
remarques que cela est versé automatiquement et que nous n'avons pas
à voir à son utilisation. Alors, ce que le député
de Fabre aen vue, c'est que le gouvernement devrait voir à sa bonne
utilisation.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 35: Subventions additionnelles,
adopté. Poste budgétaire 36: Bureaux régionaux, nous y
reviendrons à la page 76.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, il y a neuf bureaux régionaux, n'est-ce
pas?
M. CARDINAL: C'est exact, il y en a un pour chacune des régions
de la province, au nombre de neuf, pour fins scolaires. De fait, cette division
en bureaux régionaux se retrouve dans d'autres ministères.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre pourrait nous remettre par
écrit, en même temps
que d'autres renseignements ce serait plus simple que d'essayer
de faire ça tout de suite en partant du gros cahier les
renseignements suivants? Pour chaque bureau régional, le nombre de
fonctionnaires, par catégorie de tâches. Je ne suggère pas
que l'on entre dans tous les détails de toutes les fonctions à
l'intérieur du ministère, mais que l'on divise ça un peu
par catégories tout de même, en plaçant le personnel
clérical évidemment de façon distincte.
M. CARDINAL: Vous remarquez qu'ils sont plus polyvalents dans les
endroits où ils sont moins nombreux, que dans les endroits où ils
sont le plus nombreux. Cela varie de trois à soixante-treize.
M. GERIN-LAJOIE: C'est ça, j'avais compris la chose alors. C'est
pour cela que je demande que ce soit divisé un peu par catégories
de fonctions.
M. CARDINAL: Est-ce que justement vous vous contenteriez de ce que nous
avons en fait, les spécialités selon le plan de classement de la
Fonction publique? Parce que c'est comme cela que les gens sont classés.
Ils sont classés spécialistes en éducation, cadre, etc...
Agent de gestion, sténo-dactylo, etc.. Si vous demandez la
détermination de la fonction du personnel...
M. GERIN-LAJOIE: J'ai dit par catégories de tâches.
M. CARDINAL: Nos catégories, ce sont les
spécialités que donne la Fonction publique.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, et dans les cadres, est-ce que vous êtes en
mesure de nous donner les spécialités, disons par directions
générales? C'est ce que je veux dire par
spécialités. Par exemple, dans un bureau comme Montréal,
en avez-vous dans l'aide aux étudiants? Probablement pas; en avez-vous
dans la direction générale de l'enseignement
élémentaire-secondaire? Oui, combien? Peut-être par
directions générales en somme.
M. CARDINAL: Probablement pas, ce n'est pas tout à fait exact.
Justement le bureau de Montréal a été l'un de ceux qui a
eu beaucoup de demandes dans le temps, en décembre ou janvier, pour
l'aide aux étudiants. C'est ce que je disais tantôt, c'est que ces
gens-là, étant sur place, sont nécessairement plus
polyvalents que ceux qui sont au ministère et qui sont divisés
par classes au sens de la Fonction publique et que leurs responsabilités
évidemment sont déterminées par le directeur
régional qui est sur place, selon l'équipe qu'il a et les besoins
locaux.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais polyvalent, est-ce que ça veut dire
qu'ils font de tout vraiment ou bien...
M. CARDINAL: Non, ça dépend. Il y a des endroits où
il y a un ingénieur par exemple, lui, c'est un ingénieur, c'est
bien précis, il ne s'occupe pas de l'aide aux étudiants.
Mais enfin, disons que nous préparerons un tableau et puis vous
pourrez poser des questions. Si nous vous donnions les fonctionnaires par
bureaux, par spécialités professionnelles et tâches en
gros, selon les directions générales, autant que faire se peut,
parce que si vous avez trois personnes à un endroit, elles
répondent à plusieurs questions.
M. GERIN-LAJOIE: Et en plaçant séparément le
personnel clérical.
M. CARDINAL: Oui.
M. GERIN-LAJOIE: Très bien. Et est-ce que vous pouvez ajouter
à ça vos prévisions pour cette année? Vous allez
augmenter ce personnel-là dans les bureaux ou non? Il y a des
prévisions pour l'augmentation?
M. CARDINAL: Oui, d'ailleurs, l'anpassé...
M. GERIN-LAJOIE: Selon les chiffres qui sont ici, de 227 à 289.
Est-ce une diminution?
M. CARDINAL: Vous parlez des effectifs budgétisés.
M. GERIN-LAJOIE: Oui.
M. CARDINAL: Parce qu'il y a eu deux phénomènes qui se
sont produits, vous-avez les effectifs qui, de fait, étaient
là l'an passé et qui ne sont pas ceux qui apparaissent ici.
M. GERIN-LAJOIE: 289, est-ce ce qui avait été
demandé l'an dernier?
M. CARDINAL: Ce sont les effectifs budgétisés. Il n'y a
pas eu autant de monde d'engagé. Deuxièmement, il y a eu le gel
des effectifs pour tous les ministères le 2 décembre.
Troisièmement, il y a les effectifs budgétisés. Nous
pouvons vous donner les effectifs budgétisés pour
l'année.
M. GERIN-LAJOIE: Pour l'année qui commence.
M. CARDINAL: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: Mais ça, est-ce que ça tient compte du
gel?
M. CARDINAL: Oui, parce que si vous voulez dégeler,
d'après la règle, vous êtes obligé de suivre un
certain nombre de règles qui ont été prévues
auparavant.
M. GERIN-LAJOIE: Vous aviez un nombre X de fonctionnaires.
M. CARDINAL: Nous pouvons vous donner le nombre de ceux qui
étaient là au mois de décembre, et le nombre
budgétisé.
M. GERIN-LAJOIE: Au mois de décembre combien aviez-vous en
chiffres ronds? Le chiffre précis sera donné demain. Supposons
que vous en aviez, disons cent cinquante?
M. CARDINAL: Nous allons vous donner deux chiffres. Effectifs
réels pour l'année 67/68, en fonction, plus l'effectif
budgétisés 68/69.
M. GERIN-LAJOIE: A une date déterminée?
M. CARDINAL: Oui, oui.
M. GERIN-LAJOIE: Au mois de novembre?
M. CARDINAL: Enfin, à une date que nous indiquerons.
M. GERIN-LAJOIE: Très bien.
M. CARDINAL: II est bien plus facile d'établir cela au 31 mars,
qui est la fin de l'année.
M. GERIN-LAJOIE: Très bien. Maintenant, est-ce que le gel
s'applique à ce secteur-là?
M. CARDINAL: Ce sont des fonctionnaires.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le nombre budgétisé est plus
élevé que celui que vous aviez quand vous avez
préparé le budget?
M. CARDINAL: Oui, parce que dans des secteurs où il y a un
développement particulier, c'est le cas des bureaux régionaux, on
peut se faire relever du gel, parce qu'il y a un besoin spécifique.
M. GERIN-LAJOIE: Bon, c'est ce que j'avais en vue. Alors, c'est comme
ça que les effectifs budgétisés sont plus nombreux que
ceux que vous aviez au mois de novembre.
M. CARDINAL: C'est exact.
M. GERIN-LAJOIE: Maintenant, quant aux locaux dans lesquels sont
logés ces bureaux, pouvez-vous nous dire ce qui en est? A
Montréal, est-ce que tout est logé dans un même
édifice?
M. CARDINAL: Oui, ils sont tous à la place Crémazie.
M. GERIN-LAJOIE: Et dans les autres municipalités, les autres
bureaux régionaux, comment sont-ils logés?
M. CARDINAL: Partout, ceux du ministère de l'Education sont tous
groupés. Mais, comme je vous le disais tantôt, cette division en
neuf régions, est commune à un certain nombre de
ministères. Et à certains endroits le gouvernement a
établi un bureau qui sert à plusieurs ministères. Mais
ceux de l'Education sont à la même place. Si vous voulez l'adresse
des bureaux régionaux?
M. GERIN-LAJOIE: Ajoutez-les aux documents que vous me donnerez.
M. CARDINAL: Oui.
M. COITEUX: De quel ministère va éventuellement relever le
placement des étudiants?
M. CARDINAL: Le placement des étudiants relève
présentement du ministère du Travail, en collaboration avec les
ministères concernés.
M. COITEUX: Maintenant, lorsque quelqu'un nous écrit, dans nos
comtés, par exemple, pour dire qu'il n'a pas eu satisfaction pour sa
bourse, ou si cela retarde, nous référons toujours cela à
M. Joyal. Est-ce que ce serait préférable de
référer le cas aux bureaux régionaux, à
l'avenir?
M. CARDINAL: Je ne généraliserais pas comme ça.
J'ai parlé de Montréal tantôt, là oui, parce qu'il y
a une grosse organisation. Mais tous les bureaux régionaux ne sont pas
rendus à ce degré de développement Alors pour l'aide aux
bourses dans un comté comme le vôtre, je communiquerais avec
Québec. Pour répondre à la question, il faudrait
répondre pour chacun des bureaux régionaux.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 36, adopté.
M. GERIN-LAJOIE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 37: Service de
l'information.
M. GERIN-LAJOIE: Juste en passant, est-ce que les députés
pourraient se faire placer sur la liste d'expédition complète du
ministère s'ils le désirent?
M. CARDINAL: II n'y a pas l'ombre d'un doute. Cela nous ferait plaisir
de voir l'intérêt manifesté par la députation. On en
prend note tout de suite.
M. GERIN-LAJOIE: Ce qui arrive, évidemment, il ne s'agit pas de
noyer les députés.
M. CARDINAL: Voulez-vous dire tous les documents? Pour Hebdo-Education,
ça, ça va bien. Il y a certains documents qui sortent
sporadiquement comme ce qui est sorti concernant les niveaux cette année
ou les CEGEP. Mais vous savez toute la documentation qui émane d'un
ministère comme le ministère de l'Education et je pense là
que ce serait noyer les députés que de leur envoyer des
programmes, de leur envoyer toutes les directives, toutes les circulaires, etc.
Disons que pour ce qui est destiné largement au public, on peut
certainement inscrire le nom des 108 députés sur la liste qui est
à l'information.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que vous publiez dans l'Hebdo-Education, je ne
crois pas, la liste de toutes vos publications, au fur et à mesure que
vous sortez une édition?
M. CARDINAL: II y a un catalogue spécial qui vient d'être
publié.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais ce n'est pas publié tous les mois, ni
tous les six mois?
M. CARDINAL: On va noter votre suggestion.
M. GERIN-LAJOIE: Je demande que dans l'Hebdo-Education il y ait une
petite chronique pour toutes les nouvelles publications.
M. CARDINAL: Oui, pour les nouvelles publications, je note la
suggestion. J'en ferai part au directeur de l'information.
M. GERIN-LAJOIE: Puis, d'autre part, vous faites faire une liste
sélectionnée de documents qui devraient être envoyés
à tous les députés régulièrement.
M. CARDINAL: Disons qu'actuellement, je ne veux pas répondre
à des questions qui n'ont pas été posées, mais nous
suivons de près l'information pour que cela soit plus efficace en ce
sens que cela soit porté davantage aux gens qui ont besoin de cette
information et qui en sentent l'intérêt.
Et chaque semaine, le ministre lui-même, à son cabinet,
reçoit la programmation générale, disons, de l'information
de cette semaine-là, que ce soit Hebdo-Education, les autres fascicules
qui peuvent être publiés, etc. Depuis un certain nombre de mois,
j'ai demandé ce rapport régulièrement.
M. GERIN-LAJOIE: Je sais que le ministère fait des efforts dans
le domaine de l'information, mais, comme je l'ai mentionné à un
autre moment, pendant l'étude des crédits, l'information demeure
quand même une pierre d'achoppement de la réforme de
l'éducation. Je sais combien c'est difficile. Je pense que le ministre
en est bien conscient, ses collaborateurs aussi. Mais, je me permets d'insister
sur le fait qu'on ne peut attacher trop d'importance à
l'information.
Il ne s'agit pas nécessairement d'en augmenter le volume, il ne
s'agit sûrement pas uniquement d'en augmenter le volume, bien au
contraire. Mais, il s'agit d'avoir une information qui remplisse davantage ses
fins. Je n'ai pas de formule magique à proposer. Mais, je pense que je
peux, à l'occasion, à cette occasion-ci, souligner qu'il y a un
effort à faire dans le domaine de l'information encore plus grand que ce
qui se fait à l'heure actuelle et j'espère que cela se fera.
M. CARDINAL: Si on regarde les crédits budgétaires, on
voit justement qu'il y aune augmentation qui me paraît raisonnable dans
les circonstances.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais ce n'est pas seulement une question de
fonds...
M. CARDINAL: Ah, non! ce n'est pas seulement une question de chiffres,
d'accord avec vous. Il y a non seulement une question de chiffres là
elle est raisonnable il y a surtout un effort particulier
actuellement qui se fait au ministère pour que ce soit une information
mieux adaptée aux besoins, dans ce sens que, ce
qu'il s'agit de faire c'est vraiment d'informer les gens de ce qui se
passe pour les rassurer, les prévenir, les aider, et répondre
à leurs questions.
M. GERIN-LAJOIE: Qui est le directeur de l'information I l'heure
actuelle?
M. CARDINAL: C'est un M. Brisebois.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il était au gouvernement avant
d'entrer au ministère?
M. CARDINAL: Avant d'être au ministère de l'Education, il
était au ministère des Terres et Forêts. Il est depuis
plusieurs années à l'emploi du gouvernement. Il a remplacé
M. Charles Denis lorsque celui-ci est parti remplir d'autres fonctions.
M. GERIN-LAJOIE: Provisoirement? M. CARDINAL: Je ne l'ai pas
qualifié.
M. GERIN-LAJOIE: Non, c'est un point d'interrogation.
M. LE PRESIDENT: Alors, le poste budgétaire 37, accepté?
Merci.
Le poste budgétaire 38: Radio et télévision
scolaires et enseignement audio-visuel.
M. GERIN-LAJOIE: J'ai quelques questions ici, M. le Président.
D'abord radio et télévision scolaires, une petite chose
délicate, qui n'est pas peut-être une affaire d'Etat, mais une
affaire que je me dois quand même de souligner. On m'a informé que
le ministre et sa famille ont passé à un programme de radio ou de
télévision scolaire.
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas exact, je pourrais corriger ça
tout de suite. J'ai vu la lettre dans les journaux, alors que M. Charles Denis
était directeur de l'information. On ne peut certainement pas l'accuser
d'avoir voulu mousser la personnalité de quelqu'un du parti avec lequel,
comme a dit M. Levesque, j'étais marié. La deuxième
série...
M. GERIN-LAJOIE: Pourquoi? M. Denis, j'espère que le ministre ne
veut pas dire ce que d'autres ont pu comprendre, qu'il ne remplissait pas ses
fonctions honnêtement.
M. CARDINAL: Je n'ai pas dit ça. J'ai dit qu'on ne pouvait pas
supposer qu'il voulait faire un programme politique. C'est ça que j'ai
voulu préciser. Je n'ai pas voulu dire...
M. GERIN-LAJOIE: J'imagine qu'il a bien servi les ministres qui
étaient à la tête du ministère dont il faisait
partie.
M. CARDINAL: Je n'ai jamais eu à me plaindre pendant qu'il
était là. Et ici, je me permets de reprendre mon histoire. Je
veux dire par là on m'a mal interprété, je m'excuse
de m'être mal exprimé je voulais dire que M. Denis ne
voulait certainement pas faire une émission politique de cette
émission. Je pense que c'est le contraire de ce qu'on a pu comprendre.
La deuxième série d'émissions recommençait en
janvier 1968. Il avait été déterminé qu'à un
moment donné, on passerait dans cette série, tous les organismes
du ministère, y compris le ministre. On m'a donc demandé en
décembre de me présenter au studio pour répondre à
des questions de M. Morency et d'une demoiselle dont j'ai oublié le nom.
J'étais seul à cette émission. Il n'y avait personne de ma
famille et j'ai été interrogé pendant cette
émission pour répondre à des questions sur qui
j'étais, sur ce qu'était le ministre, et sur le travail que le
ministre, comme tel, accomplissait et sur ce qu'il pensait de cette
série d'émissions. Lors de la dernière émission, on
m'a demandé d'apparaître trois minutes et demie pour
clôturer la série. C'est ainsi, malgré cette lettre qui a
été publiée dans un journal, que s'est passée
l'émission « L'éducation, c'est votre affaire »
première émission de la deuxième série en janvier
1968 à laquelle j'ai participé en tant que ministre.
M. GERIN-LAJOIE: Vous avez eu des photos?
M. CARDINAL: II y avait une photo d'un de mes enfants, c'est exact, plus
exactement celle d'André. Il y a eu également une photo d'une
toile du ministre. Il n'y a pas eu de photo de ma femme, on n'a pas
montré tout ce qu'il y avait de beau dans ma famille.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions à poser?
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que ses enfants sont beaux aussi. S'ils
tiennent de leur mère, ils doivent être beaux aussi.
M. CARDINAL:: C'est ce que j'ai dit: On n'a pas montré tout ce
qui était beau dans ma famille.
M. LE PRESIDENT; A l'ordre! D'autres questions appropriées.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que le ministre est conscient de cet
aspect délicat de la télévision scolaire, comme de toute
la télévision gouvernementale. Mais je ne veux pas entrer dans le
domaine de l'Office de publicité du Conseil exécutif. Ce sont
d'autres crédits.
M. CARDINAL: Cela, c'est autre chose.
M. GERIN-LAJOIE: Pour que ces moyens, ces instruments très
puissants de communications ne servent en aucune façon à des
objectifs autres que ceux de l'éducation objective de la jeunesse ou de
la population adulte à laquelle...
M. CARDIANL: ... Le film est à votre disposition et vous y verrez
que je n'ai fait aucune allusion politique à aucun moment.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, j'accepte...
M. CARDINAL: Si vous me permettez juste un fait pour nous
détendre à cette heure-ci. A un moment donné, on m'a
demandé quelle couleur j'aimais le mieux en parlant de peinture. J'ai
dit le bleu. Ce n'est qu'après l'émission, qu'on m'a dit: C'est
drôle que ça soit le bleu. Je n'avais même pas
réalisé que j'avais indiqué cette couleur-là entre
autres. Mais certains ont pensé que c'était une allusion
politique. Ce qui montre que, en toute candeur, on peut parfois faire de la
politique sans le savoir.
M. GERIN-LAJOIE: Vous,vous avez trouvé ça drôle.
Moi, je n'ai pas trouvé ça drôle.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 38: Radio et
télévision scolaires et enseignement audio-visuel.
M. GERIN-LAJOIE: En ce qui concerne les moyens audio-visuels, où
en est-on au ministère à ce sujet-là?
M. CARDINAL: Pour les moyens audio-visuels, il y a d'abord un bureau de
développement audio-visuel et il y a un comité
interministériel des méthodes et équipement audio-visuels.
C'est-à-dire qu'au ministère, avec l'aide de ces deux organismes,
nous essayons d'établir actuellement les normes qui permettront
justement de programmer le développement audiovisuel et de ne pas
être dans une situation telle où nous serons devant un fait
accompli, où il n'y aura pas eu un programme concerté dans ce
domaine.
M. GERIN-LAJOIE: Quels sont ces deux organismes?
M. CARDINAL: Le bureau de développement audio-visuel qu'on
appelle BDAV et qui est, en fait, attaché à l'exécutif et
un comité interministériel des moyens audio-visuels.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre pourrait nous donner demain la
composition de ces deux organismes?
M. CARDINAL: Bien, le BDAV ne dépend pas du ministère. Le
comité dont je parle, est un comité formé à partir
du BDAV. Je n'ai pas objection à aller chercher les noms, mais ce n'est
pas une responsabilité du ministère. Je partais de là,
pour répondre à la question. Il existe en dehors du
ministère pour l'assister. Au ministère même, c'est un
service de l'audiovisuel qui passe à travers, si vous voulez, tous les
niveaux élémentaire, secondaire, collégial etc. Non, ce
que je viens de dire est exact. C'est un comité du BDAV, lesquels
dépendent de l'exécutif.
M. GERIN-LAJOIE: Je suis préoccupé un peu du fait qu'il
n'y ait rien de ce que le ministre nous dit, qui dépende du
ministère de l'Education.
M. CARDINAL: Je m'excuse, il y a quand même au ministère de
l'Education un service audio-visuel. Et vous avez d'ailleurs, en matière
de radio et télévision et d'enseignement audio-visuel, un poste
budgétaire.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, la télévision scolaire et ces
choses-là.
M. CARDINAL: Surtout, oui.
M. GERIN-LAJOIE: C'est de l'enseignement magistral qui se donne à
la télévision, n'est-ce pas?
M. CARDINAL: Si vous le qualifiez ainsi.
M. GERIN-LAJOIE: Enfin, de façon habituelle. Est-ce qu'il y a des
études qui se font au ministère, sur l'utilisation des moyens
audio-visuels pour fins d'éducation? On sait qu'aux Etats-Unis, il se
fait énormément de recherches dans ce secteur-là. Il y a
même des projets pilotes qui sont en fonctionnement. Alors, je me demande
si, au Québec, l'on fait quelque chose pour se tenir un peu à la
page dans cela.
M. CARDINAL: On vient de recréer ou de refaire un service
spécial. Il s'appelle le service des techniques d'enseignement
audio-visuel. Ceci vient d'être organisé au ministère.
M. GERIN-LAJOIE: C'est nouveau, ça?
M. CARDINAL: Oui, c'est nouveau. Enfin, il y a quelques mois. Le
responsable a été désigné, si je me souviens bien,
en décembre 1967. C'est donc relativement nouveau. De plus,
évidemment, il y a toute l'expérience Tévec qui est
différente du cours magistral, je pense. J'apporte une correction. Oui,
il y a quand même cette animation sociale qui se poursuit par
l'expérience Tévec. Il n'y a pas simplement l'écran de
télévision et le cours magistral qui est donné là.
Vous avez des programmes qui se présentent sous différentes
factures où vous avez des gens d'invités, qui sont
interviewés, vous avez des discussions, des forums, des animateurs sur
place, etc. Par conséquent, l'expérience au Québec...
M. GERIN-LAJOIE: J'en ai vu des bouts et ce n'était pas
réjouissant.
M. CARDINAL: Ah, bien, cela! Ce n'est pas destiné à des
gens qui ont votre éducation, votre instruction et votre culture.
M. GERIN-LAJOIE: Sérieusement parlant. Enfin, je ne veux pas
parler de Tévec. C'est une expérience, c'est un projet.
M. CARDINAL: Bien, c'est ça. C'est une expérience.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne veux pas le critiquer, mais cela n'a pas atteint
un haut niveau de rendement.
M. CARDINAL: Non, mais cela a eu un effet intéressant dans la
région où cela s'est passé quand même. Mais nous en
sommes à l'origine de ceci. Tévec est vraiment une
expérience pilote qui nous aidera dans les méthodes
audio-visuelles. Le BDAV dont je parlais, tantôt, est justement une
étude qui se poursuit en dehors du ministère, mais avec l'aide,
la collaboration du ministère, pour étudier l'emploi des
méthodes et de l'équipement audio-visuels. Tévec,
elle-même, est dirigée par un groupe maintenant que l'on appelle,
conseil d'administration, et qui a été créé aussi
à l'automne, novembre ou décembre, où justement, vous avez
divers représentants du ministère et de gens en dehors du
ministère pour diriger et surveiller l'opération. Je pense que
c'est là, où nous en sommes rendus. Je le dis bien
précisément.
M. GERIN-LAJOIE: Mais aux Etats-Unis, il y a des expériences
très variées qui se font. Il ne s'agit pas de tout utiliser chez
nous. Il s'agit simplement de se tenir au courant de ce qui se fait et de
décider qu'il y a certaines expériences très
sélectives qui pourraient se faire chez nous.
Je fais, juste en passant, un rappel de ce que j'ai dit, de la
réforme pédagogique. Je pense que l'audio-visuel, dans nos
écoles, ce n'est pas un cours qui se donne à Québec ou
ailleurs dans un studio ou à Radio-Canada, qui est reçu dans les
écoles. C'est l'utilisation des moyens audiovisuels par des professeurs,
par les étudiants eux-mêmes à l'aide d'appareils qui sont
dans les écoles, à l'aide de bandes qui sont situées dans
les écoles ou ailleurs et enfin...
M. CARDINAL: Cela permet l'enseignement programmé, par exemple,
et un tas d'autres choses. Moi-même, l'autre jour, je donnais comme
exemple, qu'un programme de télévision, ce n'est pas une
pièce de théâtre télévisée, mutatis
mutandis, la même chose pour l'enseignement. A ce moment-là, le
contenant et le contenu ne se séparent pas. La technique devient une
méthode d'enseignement.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, je ne me sens pas obligé de continuer
à cette heure-ci sur ce sujet-là. Je veux bien mettre un terme
à cette étude du poste budgétaire 38. Mais, je voudrais
quand même, juste en terminant, souligner toute l'importance que je vois,
quant à moi, dans les moyens audio-visuels. Je pense que cela fait
véritablement partie de la réforme pédagogique. Je pense
que dans la population, l'on ne s'en rend pas du tout compte et même pas
chez les enseignants, ce qui est plus grave.
On aurait pu parler de ce qui se fait ou de ce qui ne se fait pas dans
les écoles normales. C'est peut-être dans les écoles
normales que l'on devrait poursuivre la recherche dans l'utilisation des moyens
audio-visuels, tout autant que sous l'égide de cet institut de recherche
pédagogique, qui est un poste budgétaire ultérieur et sous
lequel on ne s'étendra pas parce que l'on a parlé de la
réforme pédagogique de différentes façons.
Mais, je pense que cela fait vraiment partie de la recherche de moyens
pédagogiques nouveaux. La population et même les enseignants
peuvent avoir l'impression que les moyens audio-visuels, sont, soit des jouets
pour amuser les enfants, ou soit des instruments pour remplacer les
professeurs. Alors, il s'agit évidemment de ni l'un ni l'autre et je
pense qu'il est grand temps qu'au Québec l'on mette vraiment à
l'honneur la recherche de l'utilisation des moyens audio-visuels et que l'on
éta-
blisse même au Québec, d'une part dans les écoles
normales, d'autre part dans certaines institutions CEGEP, écoles
secondaires régionales, des centres témoins ou projets pilotes
où l'on puisse faire l'expérience de certaines méthodes
où des professeurs et des étudiants puissent ensemble poursuivre
ces recherches. Je pense que cela fait partie, encore une fois, de la recherche
pédagogique et je serais heureux d'entendre, un jour, que l'on s'est
lancé à fond dans ce secteur de la recherche.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 38, adopté?
Poste budgétaire 39: Coopération avec
l'extérieur.
M. GERIN-LAJOIE: Aucune question.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 40: Subventions
spéciales.
M. GERIN-LAJOIE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste budgétaire 41: Institut de
recherche pédagogique?
M. GERIN-LAJOIE: Je pense qu'avec tout ce que le ministre nous en a
déjà dit, sommairement, quant à moi, je n'ai pas de
question.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste budgétaire 42: Conseil
supérieur de l'éducation?
M. GERIN-LAJOIE: Quand vient le prochain rapport?
M. CARDINAL: Je sais que le rapport est plus avancé que les
dernières années. Je rencontre régulièrement le
président, le vice-président du conseil supérieur. Un
instant.
La dernière rencontre que j'ai eue avec le président et le
vice-président du conseil supérieur remonte au début de
juin. A ce moment-là, on m'a dit que le rapport serait mis sous presse
durant le mois.
M. GERIN-LAJOIE: Aucune question.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 43: Commission d'enquête
sur l'enseignement des arts?
M. GERIN-LAJOIE: Quand attendez-vous le rapport?
M. CARDINAL: On l'attendait pour le 30 juin. Aujourd'hui, j'ai
reçu un appel téléphonique de la commission disant qu'il
serait prêt dans les deux ou trois semaines qui suivait cette date.
M. GERIN-LAJOIE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 44: Intérêts sur
solde du prix d'achat de propriétés?
M. GERIN-LAJOIE: Qu'est-ce que cela?
M. CARDINAL: Ce sont les institutions qui ont été
achetées, enfin des édifices pour des institutions qui ont
été achetés par le ministère. Ces édifices
étaient sujets à des dettes obligataires que nous avons dû
assumer. Il s'agit de verser les intérêts de ces dettes
obligataires. Je prends un exemple: L'Académie de Québec a
été achetée pour en faire un collège d'enseignement
général et professionnel. Il y avait une émission de
détail faite I son sujet, $2 millions, à 5 1/2%
d'intérêt, série A, etc., avec fiduciaires. Il y a des
dettes de paiement d'intérêts au premier mai et au premier
novembre et ces obligations n'étant pas rachetées, il faut que le
ministère en assume le versement auprès des fiduciaires pour le
bénéfice des obligataires.
M. GERIN-LAJOIE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 45: Dépenses diverses ou
imprévues?
M. GERIN-LAJOIE: Je ne demanderai pas ce qu'il y a là!
M. CARDINAL: C'est pour prévoir l'imprévu.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 46: Achat, construction et
transformation d'immeubles, y compris ameublement et équipement?
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre a une liste?
M. CARDINAL: Oui, par exemple, il y a...
M. GERIN-LAJOIE: La liste est-elle trop longue?
M. CARDINAL: Oui, il y a des choses comme l'Académie de
Québec que j'ai mentionnée tout à l'heure, le
navire-école; Hull, où nous achetons un couvent. Il y a
Jonquière. Il y a des achats de terrain, des constructions et des
transformations à certains immeubles et particulièrement pour
l'enseignement collégial.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce la politique du ministère et du
gouvernement de faire eux-mêmes l'achat des édifices pour
l'enseignement collégial?
M. CARDINAL: Lorsque le bill 21 a été voté, cette
situation était temporaire dans certains cas. Ce qui c'est produit dans
d'autres cas, ce sont des baux. Il fallait lancer ces collèges
d'enseignement général et professionnel. Mais au fur et à
mesure que ces corporations seront établies, il faudra modifier cette
politique pour que les corporations elles-mêmes puissent les acheter.
C'est actuellement à l'étude.
Mais sur le plan budgétaire, c'est du pareil au même,
puisque ce sont des corporations publiques.
Ce qu'on éviterait ce sont les frais d'un acte notarié
entre les deux.
M. GERIN-LAJOIE: Quand le gouvernement les achète, quelle est son
intention?
M. CARDINAL: Eventuellement de les transférer aux
corporations.
M. GERIN-LAJOIE: Ici, les $10 millions, est-ce que c'est pour des
transactions déjà amorcées, presque conclues?
M. CARDINAL: Pas dans tous les cas. Dans quelques cas, oui, dans
d'autres cas ce sont des projets prévus pour cette année.
M. GERIN-LAJOIE: Les nouveaux projets, ce qui n'est pas
déjà amorcé, ce ne sont pas les nouveaux CEGEP directement
qui vont faire l'acquisition?
M. CARDINAL: Oui, c'estpossible. Ecoutez, chaque cas de CEGEP est un cas
particulier pour le moment.
M. GERIN-LAJOIE: Je demandais au ministre s'il y a seulement des projets
amorcés dans ces $10 millions?
M. CARDINAL: Non, pas seulement des projets amorcés. Par exemple,
il y a autre chose, il y a les écoles techniques, les instituts
technologiques où il y a, par exemple, des réparations à
faire ou des modifications à apporter, et les écoles normales. Ce
sont, enfin, toutes les écoles au sens large qui appartiennent au
gouvernement et pour lesquelles il y a soit des transformations ou des achats
de nouvelles institutions. Si on prenait un exemple, répartition pour
agrandissement et transformations ce sont des écoles
déjà en possession du ministère il y en a pour
$2,440,000.
M. GERIN-LAJOIE: Quelle sorte de transformations? Est-ce que vous
transformez des écoles du ministère de façon aussi
radicale que ça requiert des sommes comme ça, avant de les
transférer?
M. CARDINAL: Bien, prenons un exemple dans le passé: les
aménagements de laboratoires, c'est coûteux. Vous savez qu'on a
ouvert il y a trois semaines, un mois, de nouveaux laboratoires à
l'école de pêche de Grande-Rivière. Bien, ce qui est
nouveau, ce sont justement des laboratoires.
M. GERIN-LAJOIE: Dans les projets, est-ce que vous avez une liste?
M. CARDINAL: Oui, il y a par exemple les instituts technologiques de
Chicoutimi, Shawi-nigan, Sherbrooke, Tracy, Vaudreuil. Il y a des instituts
spécialisés comme les arts appliqués, marine, textile,
automobile à Montréal automobile à Québec. Il y a
des écoles de métiers, il y en a toute une série. Il y a
des écoles normales, il y a les Beaux-Arts à Québec, les
Beaux-Arts de Montréal. Vous savez qu'aux Beaux-Arts de Québec il
y a eu tout un réaménagement; aux Beaux-Arts de Montréal
il doit y avoir aussi des réaménagements.
M. GERIN-LAJOIE: Les Beaux-Arts de Québec sont sur le terrain de
l'Académie.
M. CARDINAL: C'est ça. C'est une construction nouvelle sur le
terrain de l'Académie. Vous savez qu'ils sont partis de diverses
anciennes bâtisses. Vous avez l'école normale Jacques-Cartier,
l'école normale Maurice-Duplessis; vous avez le cas du collège
Saint-Laurent que le ministère a déjà en sa possession et
qui doit être modifié, l'école normale de Sherbrooke.
M. GERIN-LAJOIE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, c'est la fin de l'étude.
M. CARDINAL: Est-ce qu'on pourrait savoir quand même ce qui se
passe après parce qu'il reste en suspens le numéro 1 pour
discussion en Chambre, si je ne me trompe, et il y a un certain nombre de
documents que le ministre a promis de déposer.
De quelle façon est-ce que le député de
Vaudreuil-Soulanges voudrait procéder?
M. GERIN-LAJOIE: Il y aurait certaines questions, aussi, au sujet de ces
documents-là vraisemblablement...
M. CARDINAL: D'accord. Est-ce que vous voulez que cela soit suspendu? Je
ne sais pas, il faudrait...
M. GERIN-LAJOIE: Il faudrait faire une nouvelle séance à
un moment qui vous conviendra.
M. CARDINAL: Oui, mais enfin, cela ne serait pas demain, à ce
moment-là. Il faudrait qu'au ministère nous nous retirions, cette
fois-ci, dans nos bureaux, pour y récupérer toute cette
documentation-là. Je pourrais peut-être communiquer avec vous et
vous dire que cette documentation est prête, vous la remettre et nous
pourrions fixer une date de réunion.
M. GERIN-LAJOIE: Très bien. Pensez-vous que c'est plausible que
cela puisse se faire cette semaine, jeudi ou vendredi?
M. CARDINAL: Ah, moi, j'en suis sûr! Disons qu'avant jeudi, cela
pourrait peut-être s'avérer difficile, mais cela pourrait
certainement être jeudi après-midi, par exemple.
M. GERIN-LAJOIE; Alors, disons, provisoirement, que c'est jeudi
après-midi...
M. CARDINAL: Si nous disions jeudi après-midi, trois
heures...
M. LE PRESIDENT: Quinze heures quinze.
M. CARDINAL: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Quinze heures quinze.
M. CARDINAL: J'aimerais mieux ne pas fixer une date et que, s'il se
produit un événement, que nous en causions mutuellement,
plutôt que de laisser cela aux possibilités.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, alors, trois heures trente. Il faut aller à
la Chambre pour l'ouverture, alors, trois heures trente.
M. CARDINAL: Quinze heures trente, jeudi.
M. LE PRESIDENT: Je tiens à remercier tout le monde de cette
collaboration, cet esprit d'impartialité et de parfaite
objectivité qui a régné durant tout ce comité.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre, pardon le Président,
voudrait un vote de félicitations?
M. LE PRESIDENT: Vous m'avez appelé le ministre, pas
d'anticipation! On n'est pas pressé. Bonsoir et merci.
(23 h 13)
Séance du 20 juin 1968
(Vingt et une heure)
M. PROULX (président): La séance est ouverte. Je le
déclare solennellement, en comité d'Education, c'est le
prolongement de la Chambre.
M. le Ministre, vous avez la parole.
M. CARDINAL: Si l'on se replace dans le contexte, il y a le poste
budgétaire 10 qui est resté en suspens, les autres ont tous
été adoptés, sauf le poste budgétaire 1, pour
discussion en Chambre.
Dans le poste budgétaire 10, il s'agissait de la formation des
maîtres.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si le ministre me permet,
j'aimerais soulever une question de procédure, avant que nous
procédions aux questions.
Il faut nous rappeler d'abord que, vendredi soir, lorsque, pour ma part,
j'ai laissé la discussion des crédits de l'Education, à
quatre heures et demie, nous nous étions quittés sur une question
que j'ai posée au ministre concernant un bureau de conseil au sein du
ministère de l'Education, et le ministre avait convenu de nous donner
une réponse le lundi.
Quant à moi, je m'en excuse. Je n'ai pas pu être là
le lundi, mais je dois déclarer que jamais je n'ai pensé que les
crédits de l'Education seraient adoptés aussi rapidement, d'une
part, et que, d'autre part, j'étais convaincu que le ministre n'aurait
pas d'objection. C'est le problème que je vous pose, à vous, M.
le Président, de même qu'au ministre; j'étais convaincu,
dis-je, que le ministre n'aurait pas d'objection à élucider sa
réponse, si, toutefois, nous n'étions pas satisfaits de cette
réponse. Je pense, en effet que tout le monde conviendra qu'il est bien
difficile, pour un groupe ou pour un membre d'un comité, d'accepter une
réponse avant même de l'avoir reçue. Le ministre a convenu
que, le lundi, il devrait au besoin expliciter son point de vue sur cette
question, ce qu'il a fait, j'ai lu, évidemment, les comptes rendus des
délibérations. Quant à moi, je ne suis pas satisfait des
explications du ministre.
J'ai quelques questions à lui poser. J'admets qu'en
procédure stricte, probablement, le ministre peut y faire objection.
Mais cela m'étonnerait que, si nouveau soit-il parmi nous, il soit
déjà à ce point non point féru, mais fervent de
procédure, et qu'il utilise un tel argument pour bloquer des questions
qui nous apparaissent pertinentes et qui sont dans l'intérêt
public. Enfin, je m'en remets sur ce point, M. le Président, à
votre opinion ou à celle du ministre.
M. LE PRESIDENT: Le ministre a des déclarations
générales à faire avant de commencer. Est-ce qu'on peut
lui laisser la parole?
M. LEFEBVRE: Bien, je veux savoir si le ministre est d'accord pour
entendre nos questions.
M. CARDINAL: Bien, si vous me prenez par les sentiments, et, de fait,
vous avez dit une chose qui est exacte, c'est qu'après
vérification des faits, j'ai répondu lundi à partir de
renseignements très précis que j'avais eus.
Il s'agissait de cas très particuliers concernant une personne.
Les personnes qui étaient au comité, des deux côtés
de cette table, ont été satisfaits de la réponse. Sans
m'attacher à la procédure, j'avais mentionné à ceux
qui étaient présents que, comme on avait adopté tous les
postes, sauf le numéro 10, j'espérais qu'on ne revienne pas sur
n'importe quel autre poste en dehors de celui-ci, vu qu'on avait quand
même travaillé un certain nombre d'heures sur les crédits
de l'Education.
Il m'est difficile de donner un blanc-seing et de dire: Nous allons
ouvrir une vraie discussion là-dessus, surtout que vous avez
mentionné que vous avez plusieurs questions. Ce n'est pas le fait
d'être procédurier, mais il s'agit de savoir où l'on va et
quel est le nombre de questions et où ça nous mènera,
alors qu'il y a vraiment un travail à terminer pour le budget de
l'Education.
M. LEFEBVRE: M. le Président, quant à moi, je n'ai pas
l'intention d'éterniser les questions. J'en ai peut-être quatre ou
cinq et, encore une fois, j'y attache beaucoup d'importance et, pour être
d'une franchise totale avec le ministre, s'il refusait mes questions, je me
verrais dans l'obligation, de toute façon, soit de donner une
conférence de presse ou de communiquer au public les questions que je
veux lui poser et je pense que...
M. CARDINAL: Est-ce que c'est de la nature de menaces, ça?
M. LEFEBVRE: Pas du tout. Mais écoutez, je pense que le
président...
M. CARDINAL: Vous me décevez, M. Lefebvre!
M. LEFEBVRE: Peut-être que c'est réci-
proque, M. le Ministre. Je pense que nous ne sommes pas ici, n'est-ce
pas, pour nous lancer des compliments. Je vous ai exposé...
M. CARDINAL: Ni pour nous attaquer.
M. LEFEBVRE: Je vous ai exposé mes motifs.
M. CARDINAL: Bien quels sont ces motifs?
M. LEFEBVRE: Je vous ai expliqué que nous nous étions
quittés sur une question à laquelle vous avez convenu de
répondre, puisque, le lundi, en revenant au comité, vous avez
vous-même apporté des précisions. C'était une
admission que, contrairement à une opinion émise
préalablement dans l'après-midi du vendredi, vos explications
n'étaient pas suffisamment claires, puisque vous les avez
vous-même commentées. Mon collègue de Vaudreuil-Soulanges a
fait allusion, et c'est noté au procès-verbal, je pourrais en
donner lecture, au fait que je devais être ici le lendemain. Je ne sache
pas qu'il y ait eu à ce moment-là, de votre part, un refus
systématique à commenter cette question-là. Encore une
fois, je ne veux pas en faire un drame, mais je vous dis que je trouve que vos
réponses sont équivoques. C'est dans votre intérêt,
je pense, et dans l'intérêt du gouvernement - le gouvernement a
parfaitement le droit de se défendre et c'est notre rôle
à nous d'attaquer le gouvernement, lorsque nous croyons qu'il ne sert
pas l'intérêt public.
Je n'ai aucune gêne, M. le Président, à exercer
cette fonction et si, un jour, j'étais gêné de l'exercer,
je crois qu'il faudrait que je quitte mon poste. Alors, si je dis au ministre
que, s'il refuse mes questions, je devrai les lui poser par d'autres moyens, je
ne crois pas qu'il ait raison de considérer cela comme du chantage,
d'autant plus que je vois un seul journaliste ici à la table, je ne
pense pas avoir un grand succès de publicité avec les questions
que je veux lui poser. Il n'en demeure pas...
M. CARDINAL: C'est unimportant journal...
M. LEFEBVRE: ... moins que, c'est un fait, c'est le journal que le
premier ministre aime particulièrement, je crois. Mais, M. le
Président, enfin je m'en remets à la décision du ministre,
s'il veut ou non répondre.
M. LE PRESIDENT: Pour ma part, je refuserais ces questions, puisque
lundi, tout le monde devait être là. Je laisse au ministre le soin
de décider. Personnellement, je suis peu favorable à ce qu'on
aborde ces problèmes-là. J'y serais défavorable, comme
président.
M. BINETTE: Nous pourrions prendre un vote dans le moment, M. le
Président, parce que ce n'est pas le président qui décide.
Nous pourrions en appeler de votre décision.
M. LE PRESIDENT: Oui, c'est sûr.
M. BINETTE: Alors, si nous n'avons pas la décision du ministre,
on s'en va loin. Nous perdons notre temps en procédure. Parce que je
crois que cela prendrait plus de temps de faire de la procédure, d'en
appeler de la décision du président, que de passer aux questions
que M. Lefebvre veut poser. Alors, je pense que c'est une question de bonne
entente et je conviens que les questions que M. Lefebvre a l'intention de poser
sont des questions absolument sérieuses, qui avanceraient le
débat et qui permettraient au ministre de voir certains points que,
peut-être, il n'a pas vus à temps.
M. LE PRESIDENT: Parce que nous avons siégé, lundi. Lundi,
nous avons abordé tous ces problèmes-là. Tout le monde
s'est rendu.
M. GERIN-LAJOIE: Indépendamment des questions de
procédure, je pense bien que cela ne sera pas très long. Je pense
bien que le ministre aime autant liquider cela.
M. CARDINAL: Je ne veux pas revenir sur une décision du
président. Si j'étais assuré que cela sera bref et que
nous ne passerons pas la soirée sur un cas particulier auquel le
député d'Ahuntsic attache beaucoup d'importance, je veux bien me
montrer disponible, mais Je ne voudrais quand même pas que nous
recommencions. Cela fait 10 jours.
M. LEFEBVRE: Je pense que cela peut prendre un quart d'heure au
plus.
M. CARDINAL: Oui, oui.
M. LEFEBVRE: Enfin, moi, j'ai quelques questions à poser au
ministre.
Alors, M. le Président, voici. J'ai évidemment pris
connaissance des réponses du ministre et il me semble parfaitement
légitime de commencer. Remarquez ma première question les
questions ne sont pas nécessairement classées par ordre
d'importance je crois que le ministre devrait nous dire s'il est au
courant à peu près combien d'heures par jour
et combien de jours par semaine M. Leborgne consacre à sa
fonction de conseiller du ministère de l'Education?
M. CARDINAL: Je ne veux pas revenir sur la réponse que j'ai
donnée.
J'ai mentionné que M. Leborgne n'était pas un
fonctionnaire du ministère, qu'il n'était pas engagé
directement par le ministère, qu'il faisait partie d'une firme de
consultants engagée en vertu d'un contrat suivant l'arrêté
en conseil qui datait d'avril 1967, pour une période de deux ans. Cette
firme, je le répète pour la clarté des explications que
j'ai pu ajouter, fournit à la fois ce que j'appellerai des consultations
d'experts, c'est-à-dire un service professionnel en matière de
construction et d'équipement, et fournit à la fois, pour
certaines fins, du personnel. M. Leborgne est membre du personnel de cette
firme et c'est en cette qualité qu'il rend des services professionnels
dans les cadres de cette firme et non pas comme fonctionnaire à la
direction générale de l'équipement.
Je ne saurais dire immédiatement, le sous-ministre responsable
étant absent ce soir, le nombre d'heures par semaine en moyenne que
consacrerait M. Leborgne à ce travail.
M. LEFEBVRE: M. le Président, est-ce que le ministre est en
mesure de dire aux membres du comité à qui les conseils de M.
Leborgne sont adressés et quelle est la nature de ces conseils,
autrement dit, à qui se rapportent-ils?
M. CARDINAL: Ce sont des conseils professionnels en matière
d'architecture et ces conseils sont donnés dans le cadre de la direction
générale de l'équipement du ministère de
l'Education. C'est-à-dire qu'à ma connaissance, ce ne sont pas
des conseils donnés à l'extérieur mais au sein des
organismes de cette direction générale.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre est au courant à quelle date
M. Leborgne est devenu membre du groupe professionnel concerné? Je
comprends qu'il s'agit de la firme Lalonde...
M. CARDINAL: Lalonde, Valois et Associés. Non, je n'ai pas ce
détail précis.
M. LEFEBVRE: Je comprends, M. le Président, qu'il s'agit d'une
firme d'ingénieurs professionnels.
M. CARDINAL: C'est plus que ça. C'est une firme de consultants en
matière de construction. Ils sont engagés pour la construction
des polyvalentes. Par conséquent, font partie du travail que remplit
cette firme, ce que je mentionnais tantôt, des conseils,
c'est-à-dire qu'ils ont aidé à établir des normes.
Ils vérifient l'application de ces normes et vont fournir, pour
certaines fins, comme par exemple l'inspection du personnel qui fait ce
travail. Ils ont de plus créé un comité dont j'ai dû
parler lors des premières questions, sur lequel il y a à la fois
des architectes, des ingénieurs, des représentants de diverses
commissions scolaires, qui étudient les plans d'équipement,
c'est-à-dire de construction des écoles polyvalentes.
M. LEFEBVRE: Si je comprends bien, cela signifie que la firme fournit
des conseils quant aux normes théoriques que doivent respecter les
constructeurs d'écoles et, par la suite, la même firme est
appelée également à approuver les travaux une fois
exécutés, enfin à dire aux officiels du ministère
de l'Education que ces travaux sont ou non conformes aux normes.
M. CARDINAL: Si je comprends bien votre question, il faudrait la prendre
telle qu'elle est formulée, c'est-à-dire que la firme, comme
telle, remplit ces deux fonctions, ce qui ne veut pas dire que chacun des
membres du personnel de la firme peut, affecté au ministère de
l'Education, remplir ces deux fonctions.
M. LEFEBVRE: J'avais, le 14 juin, posé cette question au ministre
et voici sa réponse.
Il m'a dit: M. Leborgne, il était question de M. Leborgne, il a
un double mandat, celui d'établir des normes pour la construction des
écoles et celui aussi il était plutôt question de
l'équipe...
M. CARDINAL: II s'agit bien de la firme et non pas de M. Leborgne.
M. LEFEBVRE: D'accord. ... et celui aussi de fournir du personnel pour
l'étude de ces normes. Il ne faut pas confondre, là, vous parlez
du bureau d'architectes.
M. CARDINAL: Oui, cette firme non seulement fournit des individus, si
vous voulez, du personnel, mais a aussi créé ce qui est
appelé
un comité des architectes, qui s'occupe particulièrement
des plans et devis et dont M. Le-borgne est membre. J'avais, l'autre
après-midi, quand f ai répondu aux questions, le nombre des
personnes qui étaient membres de ce comité, je l'ai
peut-être indiqué dans ma réponse. J'ai indiqué dans
ma réponse à une question du député de
Vaudreuil-Soulanges qu'il y avait parmi ces gens-là non seulement
M. Leborgne qui était membre d'une commission scolaire, mais d'autres
personnes qui étaient aussi membres d'une commission scolaire. Je n'ai
malheureusement pas apporté ce soir avec moi ce document-là
à nouveau, croyant que la question était terminée.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je poursuis la lecture de la
déclaration du ministre le 14 juin devant le comité: II y a le
bureau des consultants, enfin, il y a le comité, il y a le contrat avec
cette firme de consultants, la firme de consultants fait deux choses, elle
étudie les normes et elle fournit du personnel. Là, je comprends,
je crois avoir saisi le ministre me corrigera, si je l'ai mal
interprété mais il précise maintenant, il vient de
préciser que M. Leborgne a un rôle quelconque à jouer dans
les deux aspects du contrat passé entre le ministère et cette
firme, à savoir l'établissement des normes et l'acceptation des
travaux.
M. CARDINAL: Je ne serai pas aussi précis, je suis sûr
qu'il est membre de ce que j'ai appelé le comité des architectes,
je ne serai pas en mesure, ce soir, n'ayant plus les documents devant moi, de
vous assurer si, oui ou non, il est utilisé par la firme pour le
ministère, à d'autres fins.
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre me permettra, ou vous
me permettrez, de me surprendre que le ministre, après avoir
été interrogé à deux reprises sur ce
sujet-là, n'ait pas, semble-t-il, jugé opportun de
s'enquérir des détails concernant le travail de M. Leborgne,
puisque j'y arriverai dans un instant, au sein même de
l'administration...
M. CARDINAL: M. le Président, je regrette, j'invoque le
règlement, là, on fait de l'interprétation et là,
j'arrête.
M. LEFEBVRE: Je regrette. Au comité, vous ne pouvez pas invoquer
le règlement, mais vous pouvez parler, par exemple...
M. CARDINAL: Je vais parler, dans ce cas- là. C'est que, l'autre
jour, j'ai apporté avec moi la documentation. On ne peut jamais
s'attendre qu'un ministre qui a un ministère comme le mien puisse se
rappeler tous ces détails-là par coeur. On a posé une
série de questions. J'ai apporté des renseignements ici pour
répondre à toutes les questions qui seraient posées lundi.
J'ai répondu lundi à toutes les questions qui étaient
posées et j'ai cru alors, de bonne foi, que l'on fermait le dossier. Par
conséquent, j'étais prêt, n'importe quand, à
répondre à toutes ces questions. La façon dont je
réponds ce soir n'est pas pour éviter les questions. C'est qu'en
toute honnêteté et bonne foi, je n'ai pas cru que l'on reviendrait
sur la chose. Et quand j'ai permis tantôt que l'on y revienne, je ne
pensais pas que l'on ferait une enquête, de question en question, pour
savoir si le ministre pouvait ou non se rappeler, par coeur, le dossier et s'il
y portait intérêt ou non.
M. LEFEBVRE: Non, M. le Président, ce n'est pas du tout un
concours de mémoire, un effort de mémoire, que j'essaie de faire
passer au ministre, c'est un concours peut-être de rigueur dans les
procédés administratifs, ce qui est bien différent. Le
ministre invoque la réponse, claire selon lui, qu'il a donnée le
17 juin. Je puis la lui citer puisque je l'ai évidemment,
celle-là aussi, au dossier. Le ministre a dit exactement ceci: «
Je devais apporter des renseignements additionnels, j'ai vérifié
avec exactitude, dit-il et je répète les deux choses que
j'ai dites M. Leborgne n'est pas un fonctionnaire du ministère de
l'Education, il n'a aucunement le statut de fonctionnaire à temps plein
ou permanent, ou enfin, peu importent les qualités qu'on puisse lui
donner.
Il est membre de la firme Valois, Lalonde, etc., qui agit comme
consultante à la suite d'un contrat qui a été signé
par le ministère à la suite d'une demande au Conseil de la
trésorerie qui avait été faite en avril 1967 et pour une
période de deux ans. « Cette firme fournit d'une part des
comités d'étude pour étudier les normes. Il y a un
comité d'architectes, sur lequel il y a un certain nombre de personnes,
dont M. Leborgne, et cette firme fournit aussi du personnel sous sa
responsabilité soit pour l'inspection, soit pour l'étude des
normes, etc. »
C'est dans ce cadre, mais M. le Président, les gens ici autour de
la table en sont juges et le public dans la mesure où il prendra
connaissance de nos débats en sera juge, je prétends que le
ministre est loin d'être précis en réponse à des
questions qui, elles, étaient très
précises concernant la possibilité de conflit
d'intérêt dans le cas précis de M. Leborgne.
Je maintiens, quant à moi, que les réponses du ministre
sont évasives et ne répondent pas aux questions qui avaient
été posées.
M. CARDINAL: Je regrette, ceux qui étalent présents lundi
ont trouvé les réponses satisfaisantes et l'ont même
dit.
M. BOUSQUET: Les absents ont toujours tort. Il fallait être
là lundi!
M. LEFEBVRE: Je regrette, mais ce que le ministre dit n'est pas exact.
Je pourrais relire ici ce qu'a dit mon confrère de Vaudreuil-Soulanges.
Ce n'est pas lui qui avait ces questions-là en main et il jugeait,
évidemment, que c'était peut-être à
l'intéressé, c'est-à-dire à celui qui avait
posé les questions, de juger satisfaisantes ou non les réponses
du ministre. Je pourrais citer le texte précis. Je crois que cela
représente exactement la substance de ce que mon collègue de
Vaudreuil-Soulanges, l'ancien ministre de l'Education, a répondu, et je
crois que c'est beaucoup tirer les choses par les cheveux de dire qu'il s'est
montré entièrement satisfait des réponses du ministre
puisqu'il a lui-même mentionné que je serais ici le lendemain,
laissant entendre très clairement qu'à ce moment-là on
verrait si j'étais satisfait ou non.
M. le Président, pour montrer au ministre qu'il n'est pas
question de lui chercher chicane, je ne sais pas s'il a pris connaissance, il
aurait dû à mon sens, prendre connaissance du procès-verbal
de la réunion de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, pour les 7 et 8 décembre, alors que M. Paul-Henri
Lavoie, l'un des commissaires de la CECM...
M. GERIN-LAJOIE: Décembre de quelle année?
M. LEFEBVRE: Décembre 1967. A propos de ces nominations multiples
dans le cas de M. Gaétan Leborgne. Cette fois-là, il s'agissait
de sa nomination au sein du comité de sélection des
professionnels engagés par la CECM.
J'ai dit, je maintiens, et le procès-verbal, qui est un document
public le prouve, que l'on a dissous tout exprès le comité, qu'on
l'a reformé afin de pouvoir y faire entrer M. Leborgne, ce qui semble
une procédure assez spéciale.
Je ne comprends pas que le ministre passe l'éponge
là-dessus comme si rien n'était, et qu'il n'ait aucun commentaire
à faire là-dessus.
Les questions que j'ai posées au ministre sont fondées sur
l'hypothèse suivante à savoir que, si un commissaire de la
Commission des écoles catholiques de Montréal est à la
fois membre du comité de sélection des professionnels, membre, ou
même président je crois, du comité des affaires
immobilières, c'est-à-dire qu'il recommande le choix des
architectes, qu'il recommande l'approbation de leurs travaux et qu'ensuite, au
sein du ministère de l'Education, il est en mesure de recommander
l'acceptation finale des travaux, je pense que si ceci n'inquiète
aucunement le ministre, ce n'est pas son honnêteté que je mettrais
en doute, mais c'est peut-être sa naïveté que je serais
porté à affirmer.
N'importe qui qui connaît un peu l'administration publique, et
pourtant le ministre a déjà occupé des fonctions
importantes dans l'administration, devrait s'inquiéter, et je cite le
procès-verbal de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, où M. Paul-Henri Lavoie disait ceci: «
Considérant qu'il y a lieu de réaffirmer la
nécessité de la plus grande collaboration possible avec le
ministère, mais en des formes claires, positives, précises,
régulières et structurées, mais en évitant tout ce
qui peut avoir un caractère personnel et individuel. «
Considérant qu'il y a lieu d'exprimer le regret du refus de M.
Pagé de servir au comité de sélection tout simplement
parce que la présente composition du comité ne le satisfait pas,
ce qui apparaît peu démocratique, puisqu'il accepte peu
après de faire partie du même comité, ( il s'agissait de
mettre dehors M. Lavoie pour faire entrer M. Leborgne, c'est aussi simple que
ça ); « Considérant qu'en dépit d'arrangements
administratifs ou autres qui existent, M. Gaétan Leborgne a pour
principale occupation reconnue un emploi au sein du ministère de
l'Education ( vous aurez remarqué que M. Lavoie a pris les
précautions oratoires d'usage, il a dit: « Considérant
qu'en dépit d'arrangements administratifs ou autres, M. Gaétan
Leborgne, à toutes fins pratiques, travaille au ministère de
l'Education » Ce que tout le monde semble corroborer, en tout cas les
quelques personnes que j'ai pu interroger sur la question et je tiens à
préciser que ce ne sont pas des fonctionnaires du ministre ). «
Considérant qu'en dépit d'arrangements administratifs ou autres,
qui existent, M. Leborgne a comme principale tâche un emploi au
ministère de l'Education et que cet emploi l'amène
spécialement à jouer un rôle actif important pour ce qui
regarde les projets de la Com-
mission et qu'en conséquence, pour ces projets et pour la
nomination des professionnels, il se rend couramment juge et partie; «
Considérant que cette situation peut engendrer des conflits
d'intérêt; « Considérant qu'au niveau même de
la commission et spécialement au niveau des officiers, cette situation
de juge et partie n'est pas conforme aux règles d'usage. « Pour
toutes ces raisons, M. Lavoie vote contre. M. le président tient compte
des réserves énoncées par M. Lavoie, et,
considérant le bon fonctionnement de la commission, vote contre la
proposition de M. P. -Adrien Gagnon. »
Comme je vous l'ai mentionné, cette proposition était
à l'effet de nommer M. Leborgne sur ce comité, en remplacement de
M. Lavoie, qu'on avait fait démissionner, par la dissolution du
comité.
M. MASSE: Cette résolution a dû être battue
avant...
M. CARDINAL: Et de toute façon, tous ceux qui ont voté
pour la résolution n'étaient pas de l'opinion de M. Lavoie.
UNE VOIX: Est-ce qu'elle était nécessairement...
M. LEFEBVRE: C'est-à-dire que, M. le Président... un
instant. Je ne pense pas, M. le Président, que le ministre puisse se
décharger sur d'autres personnes. Ce que nous avons le droit de
connaître ici, c'est son opinion. Si j'ai cité ce
témoignage, c'est pour montrer qu'au moins le président de la
Commission des écoles catholiques de Montréal, candidat
conservateur dans l'un des comtés, et un homme bien connu du ministre,
je pense, au moins, lui, et M. Paul-Henri Lavoie n'étaient pas
satisfaits de cet arrangement et se posaient des questions. M. Lavoie a fait
l'argumentation. Le président de la commission, M. André Gagnon,
a voté avec M. Lavoie. Je cite ça parce que ça, c'est un
bout du problème.
M. MASSE: Mais est-ce qu'il y en a d'autres qui sont en faveur de la
résolution ou si tout le monde était contre?
M. LEFEBVRE: Non. La proposition de M. P.-Adrien Gagnon est donc
acceptée à la majorité des membres présents.
M. MASSE: La majorité des membres présents connaissant le
dossier était d'accord?
M. LEFEBVRE: Bien sûr! M. MASSE: Bon, alors!
M. LEFEBVRE: Je n'ai aucunement prétendu le contraire. Mais je
crois que c'est mon droit, en tant que membre du comité, de demander
maintenant au ministre si, lui, à l'autre bout de l'échelle,
puisqu'il s'agit d'un cas de conflit possible d'intérêt, en raison
d'une chaîne de responsabilités, M. Lavoie, lui, a fait son
argumentation au niveau de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, comme c'était son droit. Le ministre
délégué à la Fonction publique a bien le droit de
nous laisser entendre que lui est plutôt de l'opinion de la
majorité. C'est son affaire.
Mais, ce que je veux savoir, moi, c'est si le ministre de l'Education
qui, lui, à l'autre bout de l'échelle, a le même
problème à mon avis du moins, si lui, il y voit une
difficulté. Il nous a répondu que non. Il n'en voyait pas. Je lui
repose la question, après les citations et les sous-questions que je lui
ai posées. Est-ce qu'il croit qu'il y a une possibilité de
conflit d'intérêt ou est-ce que, à sa satisfaction, cette
affaire-là n'existe pas, qu'il n'y a pas une possibilité de
conflit d'intérêt? Je crois que c'est à lui de le dire.
M. LE PRESIDENT: M. le Député, vous exigez de la rigueur
de la part du ministre. Vous l'attendez sans doute de la part du
président Vous avez demandé quinze minutes, je vous les ai
accordées. Je demanderais au ministre de répondre, le temps qu'il
voudra, et nous reviendrons par la suite au poste 10.
M. CARDINAL: La dernière question posée est purement une
question d'opinion. Et l'on voit d'après les faits qu'a cités M.
Lefebvre que, déjà, un certain nombre de personnes se sont
prononcées à partir des faits mentionnés au
procès-verbal cité et qu'une minorité a été
d'une opinion et une majorité d'une autre opinion.
Je pense que le député d'Ahuntsic a voulu sensibiliser le
ministre à une situation de fait qui pourrait être
interprétée, et que lui interprête peut-être
je ne sais pas, je n'interprète même pas sa pensée
ou que d'autres ont déjà interprétée comme
étant une situation de conflit d'intérêt. J'ai
déjà répondu que, dans l'ordre purement administratif, il
n'y avait certainement pas de conflit d'intérêt au sens technique
ou légal du terme, que s'il en existait dans l'ordre de la conscience,
cela se posait à ce niveau et que M. Leborgne allait y
répondre.
Quant à moi, je prends note de tous les renseignements, non pas
les renseignements mais des impressions qu'a pu donner le député
d'Ahuntsic, qui sont basées, comme il l'a dit lui-même, à
partir d'une hypothèse. Ce sont les propres mots, je pense, qu'il a
employés. Et, tenant compte de tout ce qu'il a mentionné, je
pense que je serai suffisamment avisé, enfin j'espère qu'il
m'accordera ce bénéfice du doute, pour revoir cette
hypothèse et pouvoir juger si, à mon opinion, il y a ou non
conflit d'intérêt. Mais je pense que je n'ai pas à me
prononcer à partir des faits mentionnés dans ce
procès-verbal, à partir d'opinions surtout, à partir de
faits que j'ai déjà mentionnés ici, devant ce
comité, pour établir d'une façon claire qu'il me parait y
avoir conflit d'intérêt. C'est le plus que je puisse
répondre à cette question.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 10.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre aura objection à
déposer...
M. LE PRESIDENT: Poste 10, s'il vous plaît.
II y a 25 minutes que nous sommes sur ce sujet. Poste 10, s'il vous
plaît.
M. LEFEBVRE: Bien, franchement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Poste 10, sinon, appelez-en de la décision. Nous
allons prendre le vote.
M. GERIN-LAJOIE: Nous allons prendre le vote.
M. LE PRESIDENT: Oui, soyez un peu sérieux.
M. GRENIER: Non, il est question d'être sérieux. Nous avons
attendu lundi, M. Lajoie s'est absenté. Nous avons attendu pour
commencer le débat mardi, nous avons tout repris mardi, avec M. Lajoie
qui était absent. Et aujourd'hui, nous reprenons encore tout le travail
avec M. Lefebvre. Alors, c'est une question de publicité simplement,
publicité libérale dans les journaux. Nous voudrions avancer et
faire des travaux. M. Lajoie est d'accord sûrement et vous devriez
l'être vous aussi.
M. BOUSQUET: Nous nous sommes entendus pour quinze minutes et les quinze
minutes sont écoulées.
M. LE PRESIDENT: Poste 10, s'il vous plaît. Poste 10.
M. CARDINAL: Nous allons prendre le poste 10, comme dit le
Président. Poste budgétaire 10, c'est la formation des
maîtres, si on se rappelle d'où nous sommes partis. Aux questions
posées par le député de Vaudreuil-Soulanges, j'ai
mentionné que la formation des maf-tres était chez moi une
priorité, que je l'avais déjà indiqué le 31 octobre
dernier, que j'y étais revenu à plusieurs reprises et que
j'entendais, le plus rapidement possible, et certainement avant la fin du mois
de juin 1968, donner à la fois un plan ou programme qui permette
d'établir des politiques et un moyen qui permette de réaliser ces
politiques.
Le 18 avril 1968, j'ai annoncé l'intention du ministère de
l'Education de procéder au réaménagement des institutions
de formation des maîtres et j'ai lancé, à ce
moment-là, ce qu'on a appelé l'opération REPERES. Le 22
mai, j'ai de nouveau indiqué que ce réaménagement
s'opérerait au cours de l'année scolaire 1968/1969. Aujourd'hui,
le 20 juin, je vais faire connaître comment le ministre entend effectuer
ce réaménagement et expliquer les raisons et les principes
généraux du plan à mettre en oeuvre.
Depuis la première nouvelle du règlement numéro 4
relatif aux permis et aux brevets d'enseignement, plusieurs organismes ont
étudié le problème de l'organisation et de la mise en
place des institutions de formation des maîtres dans la perspective de ce
règlement. On se rappelle que les articles 5 et 6 du règlement
prévoyaient un comité et donnaient un mandat à ce
comité. Parmi les principaux organismes qui ont étudié
cette question, il y a l'Association des religieux enseignants du
Québec, dont plusieurs membres représentent les
communautés religieuses enseignantes engagées depuis de
nombreuses années dans la formation des maîtres. Il y a aussi la
Fédération des écoles normales, qui groupe non seulement
les responsables des écoles normales privées mais aussi les
dirigeants des écoles normales gouvernementales. Il y a enfin, la
direction générale de la formation des maîtres, au
ministère, et le comité permanent de la formation des
maîtres, comité institué par le règlement
numéro 4.
Tous ces organismes, ces associations ont poursuivi différents
travaux dans le même sens, le réaménagement de la formation
des maîtres. Le temps est venu de poser des gestes qui nous permettront
d'aboutir à des projets précis et à des actes concrets
dans ce domaine. C'est pourquoi j'annonce à ce comité, pour
respecter
quelque chose qui a déjà été soumis ici, je
pense, par le député Goldbloom j'aurais pu faire une
conférence de presse mais je l'annonce à ce comité, c'est
une espèce de bourgeon de l'Assemblée législative
qu'il est constitué une mission de coordination des institutions de
formation des maîtres. Cette mission a pour mandat de faire des
recommandations au ministère de l'Education sur les modalités de
cette coordination, dans le cadre des universités et des CEGEP. Les
modalités de coordination recommandées porteront notamment sur la
localisation et l'identification des institutions désormais
destinées à recevoir des candidats à la carrière de
l'enseignement. Dans chaque région, à la lumière du
document de travail intitulé: « Principes généraux
du plan de coordination des institutions de formation des maîtres dans
les cadres des universités et des Collèges d'enseignement
général et professionnel. » J'ai ce document de travail,
qui a été préparé par diverses personnes.
M. GERIN-LAJOIE: C'est un document provenant du public?
M. CARDINAL: Oui, oui. Je l'ai ici et je puis d'ailleurs le remettre au
député de Vaudreuil-Soulanges.
UNE VOIX: Il n'a pas encore été passé aux
journaux.
M. CARDINAL: Non, c'est la première fois qu'il est sorti du
ministère.
M. LEFEBVRE: II ne faudrait pas qu'un homme politique passe des
questions aux journalistes, voyons donc.
M. GRENIER: Par exemple, c'est un peu rare. Se mêler de faire de
la campagne fédérale pendant une semaine et revenir ici pour
faire sa petite publicité libérale dans les journaux.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si vous commencez à parler
de publicité, on va aller en haut et on va parler également de la
publicité de l'Union Nationale.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre: Messieurs, nous allons revenir au poste 10,
s'il vous plaît: Direction générale de la formation des
maîtres. Je demande la collaboration de tous, s'il vous plaît.
M. CARDINAL: J'ai donc remis le document de travail au
député de Vaudreuil-Soulanges et je continue dans la
détermination des étapes de la mise en place des nouvelles
institutions. La mission devra tenir compte de la nécessité de
fournir au système scolaire tous les maîtres dont il a besoin,
maîtres dans tous les secteurs, dans toute la province. Dans ses
recommandations relatives à la localisation des institutions, même
si le nombre des étudiants requis pour qu'une institution puisse fournir
une formation valable aux futurs maîtres doit être assez
élevé, la mission devra tenir compte de la situation
particulière de certaines régions éloignées. On en
a déjà parlé ici.
En outre, la mission devra, de façon prioritaire, faire des
recommandations sur la formation des maîtres dans l'Outaouais, qui est
une situation exceptionnelle présentement. Cette mission sera
composée comme suit: un président, un vice-président, un
secrétaire, un membre de la direction générale pour la
formation des maîtres, un membre suggéré par la
Conférence des recteurs et des principaux des universités du
Québec, un membre suggéré par la Fédération
des écoles normales du Québec, un membre suggéré
par les enseignants religieux, le mot religieux au masculin désigne
autant, comme le bon français l'exige, religieux et religieuses...
M. GERIN-LAJOIE: Cela veut dire que les religieux embrassent les
religieuses.
M. CARDINAL: C'est ça, dans ce texte, un membre
suggéré par la Fédération des collèges
d'enseignement général et professionnel du Québec, deux
membres suggérés par les associations d'enseignants et deux
membres suggérés par la Fédération des
étudiants, martres du Québec.
C'est-à-dire que tous ceux qui sont intéressés
directement dans ce plan seront représentés à cette
mission.
Tous les membres de la mission sont nommés par le ministre de
l'Education. Il désigne lui-même les quatre premiers et, quant aux
autres, il les choisit dans une liste de trois noms suggérés par
chacun des groupes ou organismes concernés que j'ai déjà
mentionnés. La. mission commencera ses travaux au début de
juillet 1968 et soumettra, avant le 1er septembre 1969, ses recommandations au
ministre pour les institutions en cause dans chaque région, de telle
sorte que les applications du règlement numéro 4 relatives
à la reconnaissance des institutions de formation des maîtres
puis-
sent commencer au plus tard en janvier 1970.
La mission poursuivra ses travaux en étroite relation avec le
comité permanent de la formation des maîtres auquel elle soumettra
ses recommandations ceci conformément au règlement
numéro 4, d'ailleurs avant de les transmettre au ministre de
l'Education.
Ce comité, dont l'organisation et les modes de fonctionnement ont
été revisés au cours des derniers mois on en a
parlé la semaine dernière à la demande des membres
qui en font partie et des associations qui les désignent, ce
comité reprendra lui-même ses activités
régulières à compter de la semaine prochaine.
Cette mission s'inspirera donc d'un document de travail que j'ai
déposé, je ne veux pas le lire en entier parce qu'il est trop
long. Si on faisait un bilan de ce document de travail on verrait qu'il porte
sur des sujets comme ceux-ci, je suis le plan qui apparaît:
diversité et complémentarité des services scolaires,
diversité et complémentarité des fonctions relatives aux
services d'enseignement, nécessité d'intégrer la formation
des enseignants à des ensembles institutionnels plus vastes,
nécessité de la participation des institutions collégiales
et des institutions universitaires à la formation des enseignants,
nécessité et possibilité accrues d'une meilleure
définition des responsabilités des institutions universitaires et
des institutions collégiales eu égard aux divers types
d'enseignants à former, nécessité et possibilité
accrues de former des enseignants selon les besoins spécifiques du
système, nécessité et possibilité accrues de
recrutement par la multiplication des champs de recrutement
c'est-à-dire qu'il y aura un réseau d'institutions, un peu comme
les collèges, il y aura donc une déconcen-centratlon sur le plan
de la province et enfin, étude du rôle du ministère
de l'Education dans ce domaine de la formation des maîtres.
Le document de travail comporte environ 18 pages. Il sera
évidemment développé par les divers organismes dont j'ai
parlé, et ceux-ci que j'annonce se rattachent directement au
règlement numéro 4. J'ai mentionné tantôt les
articles 5 et 6 de ce règlement. En même temps, le comité,
que j'appelle permanent, ce que l'on comprend bien, je pense, sera non pas
ressuscité puisqu'il n'était pas mort, mais sera
réorganisé et reprendra ses travaux dès la semaine
prochaine.
M. GERIN-LAJOIE: Je remercie M. le ministre...
M. CARDINAL: Je pourrais même déposer aussi le document
concernant la mission que je n'ai pas remis au député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: Merci. C'est la déclaration que le ministre
vient de faire, le texte...
M. CARDINAL: C'est exact.
M. GERIN-LAJOIE: J'ai écouté très attentivement le
ministre, mais il comprendra évidemment que je puisse ne pas avoir saisi
tout ce qu'il a dit, alors il ne m'en voudra pas si j'ai l'air à ses
yeux de lui demander de répéter. Alors, j'ai cru comprendre dans
ce que le ministre nous a dit, qu'il s'agit d'un travail confié à
la mission avec tout ce qui s'y rattachera, un travail concernant la
coordination, le regroupement ou la mise en place des institutions pour
dispenser la formation des maîtres, mais le travail dont il nous a
parlé, l'énoncé de politique qu'il nous a donné ne
touchent pas, si j'ai bien compris, les structures académiques, les
études à poursuivre sur combien d'années, à quel
diplôme cela fonctionne et cela conduit.
Mais, il s'agit simplement là des institutions elles-mêmes.
Est-ce que j'ai bien compris?
M. CARDINAL: Non, ceci dépasse les institutions. Le mandat du
comité ou de la mission est double. D'une part, vous l'avez
mentionné, il y a l'intégration et la mise en place des
institutions. Je dis, intégration, parce qu'il existe
déjà, il ne reste aujourd'hui peut-être même pas 50
écoles normales publiques ou privées dans la province. Il existe
des facultés dites des sciences d'éducation, il existe certains
enseignements collégiaux qui assurent la formation des enseignants dans
certains collèges où il y a des ententes entre certains
collèges d'enseignement et des écoles normales.
Il s'agit à la fois d'intégrer ceci aux structures qui
viennent d'être complétées au ministère,
d'établir un réseau à travers la province pour que toute
la province puisse bénéficier de la formation des maîtres,
en tenant compte, soit des principes généraux ou de cas
exceptionnels ou de situations particulières. En plus, cette mission a
pour mandat de faire des recommandations au ministre sur les modalités
de cette coordination dans le cadre des universités et des
collèges, c'est-à-dire justement de savoir quelle sera, lors de
l'intégration dans une faculté universitaire ou dans un
collège, la façon dont, dans l'ordre pédagogique, la
formation des maîtres se constituera.
Si l'on prend le document de travail dont j'ai donné uniquement
ce que j'appelle une table des matières, l'on pourrait, si l'on lisait
tout le do-
cument, voir qu'il y a toute une série de problèmes qui
sont posés à la mission en collaboration avec le comité
permanent qui continue son travail. Si l'on réfère au
règlement numéro 4, on constate que le mandat du comité
permanent, c'est la reconnaissance des institutions, la supervision de
l'enseignement dispensé, la compétence d'un détenteur de
permis, la question des brevets, l'approbation des programmes de formation des
maîtres, le recyclage et le perfectionnement des maîtres, etc. Il
faut donc regrouper les deux, la mission ne fonctionne pas à vase clos,
elle fonctionne en accord avec le comité permanent.
C'est d'abord au comité permanent qu'elle remet son rapport, pour
que le comité permanent, à partir du travail de la mission,
soumette aussi au ministre ses recommandations dans un plan plus large.
C'est-à-dire qu'il y a à la fois dans ce que je viens d'annoncer,
d'une part ce que j'ai appelé l'autre jour un organisme qui permette
d'établir d'une façon, dans les structures, l'enseignement de la
formation des maîtres, et deuxièmement, un travail qui soit fait
par cette mission et par le comité permanent sur la formation
même, c'est-à-dire qu'une fois que l'intégration est faite,
il ne suffit pas de dire ceci va à l'université, ceci va au
collège, il faut dire : Qu'est-ce qui va aller à
l'université, qu'est-ce qui va aller au collège, quels seront ces
programmes? Et ceci sera examiné par le comité permanent.
M. GERIN-LAJOIE: Une mission, au ministère de l'Education, je
pense, a toujours pour fonction - c'est cela, une mission, je pense -de
s'occuper de la mise en place d'une politique dans le concret, mais d'une
politique déjà formulée par le ministère. La
mission des CEGEP, par exemple, c'était pour mettre en place les CEGEP
suivant des principes directeurs déjà établis, ainsi de
suite.
Alors, je me demande jusqu'à quel point le document de travail
que le ministre vient de nous communiquer est un énoncé de
politique suffisamment complet et, en particulier, en ce qui concerne les
niveaux d'étude, ce que j'appelle les structures académiques, les
niveaux d'étude avec les enseignements, comme contenu. A l'heure
actuelle, on sait ce que l'on a, les brevets A, avec le A-l, A-2, le FM-1, le
FM-2 et, en plus de cela, ce qu'il y a évidemment dans les
facultés de sciences d'éducation.
Alors, je me demande si le document de travail que nous avons devant
nous, se prononce sur ces programmes d'étude ou pas du tout, non
seulement ses programmes, mais ses structures académiques?
M. CARDINAL: Tout dépend comment on prend la question que vous
posez. Si l'on se met à analyser le document de travail, l'on voit que,
lorsqu'on parle de diversité et de complémentarité des
services scolaires, l'on essaie justement de découvrir quels sont les
services d'enseignement, et sans lire le texte, l'on sait par exemple que, dans
les collèges, les professeurs qui seront destinés à donner
un enseignement technique n'auront pas besoin d'avoir étudié dans
une faculté universitaire pendant trois ans pour donner un enseignement
de cette nature, s'ils ont pris, dans un collège d'enseignement
général et professionnel, une formation générale et
une formation particulière en psycho-pédagogie.
Le règlement numéro 4 prévoit en effet, en plus des
treize années de scolarité, cette année de
psycho-pédagogie. Par conséquent, il faut prendre tout le
problème en bloc, le règlement numéro quatre,
comité permanent, documents de travail, et mission. Ce n'est pas quelque
chose d'abstrait. Un autre exemple, c'est que dans les niveaux, c'est la
même chose, à savoir si la formation des enseignants doit
être le même pour le niveau préélémentaire,
c'est-à-dire pour la maternelle ou pour le niveau collégial, ou
pour le niveau secondaire; si les disciplines qui vont faire partie du
programme doivent être les mêmes dans la formation
générale pour tous les enseignants et surtout dans les formations
spécialisées; quelles seront les techniques didactiques qui
devront être utilisées, etc.
Si nous prenons un autre exemple, on parle dans le même document
de travail de la nécessité d'intégrer la formation des
enseignants à des ensembles institutionnels plus vastes,
c'est-à-dire que les enseignants étant eux-mêmes par la
suite membres d'institutions, il est beaucoup mieux, au lieu d'être dans
un système à part, qu'ils soient intégrés au
système et qu'ils deviennent des élèves-maîtres dans
ce système avant d'enseigner dans ce système.
C'est déjà un énoncé de politique que
d'établir ce chapitre qui s'Intitule: « Nécessité
d'intégrer la formation des enseignants à des ensembles
institutionnels plus vastes ». Si l'on veut prendre un autre exemple,
dans ce domaine, c'est que c'est déjà une politique que de
décider que l'intégration se fera non seulement au niveau
collégial, par exemple, ou non seulement au niveau universitaire, mais
aux deux niveaux, et de dire pourquoi ceci doit se faire d'après ce
plan, d'après ce document de travail, à deux endroits
différents, etc.
Je pense que ces exemples que je viens
de donner sont des exemples, non pas de création d'institutions
ou de détermination que telle institution va donner des cours pour la
formation des maîtres à tel endroit, mais que ceci fasse partie
d'une politique de cette formation et la première de ces politiques
c'est bien celle que je viens de souligner, que ça se fasse
déjà dans des niveaux précis, ce qui était
jusqu'à présent assez imprécis, parce que c'était
en dehors des structures, soit le niveau collégial, soit le niveau
universitaire.
Pour ce qui est du reste, le règlement numéro 4, dans ses
articles, 1, 2, 3, 4, n'est pas modifié.
M. GERENT-LA JOIE: J'ai l'impression, M. le Président, que cela
ne répond quand même pas tout à fait à la question
que je pose. Je pars du concret. A l'heure actuelle, il y a des cours de
formation des maîtres et des enseignements bien structurés, les
uns dans les écoles normales avec les cours de brevet A, par exemple, et
les études A-l, A-2, il y a les cours identifiés par les sigles
FM-1 et FM-2, ils sont différents, ils ne sont pas coordonnés
avec les A-l et A-2. Il y a des cours qui se donnent à
l'intérieur des universités et qui mènent à des
licences et des maîtrises.
Et quand je regarde le mandat de la mission - c'est le mandat dont le
ministre nous a donné lecture - je constate qu'il porte sur les
modalités de coordination des institutions, non pas des cours, non pas
des enseignements, mais des institutions de formation des maîtres dans le
cas des universités et des collèges d'enseignement
général et professionnel. Puis, le texte ajoute: « Les
modalités de coordination recommandées porteront notamment sur la
localisation et l'identification des institutions désormais
destinées à recevoir des candidats à la carrière de
l'enseignement dans chaque région, etc ».
Alors, je ne vois pas comment, à la face même des documents
sauf évidemment un mandat verbal qui pourrait venir par ailleurs
-la mission peut considérer de son mandat le fait d'étudier
d'abord et ensuite de faire des recommandations au ministre en ce qui concerne
les programmes eux-mêmes.
M. CARDINAL: Je reprends la question du député de
Vaudreuil-Soulanges. A partir du document, il part de la première
déclaration où il n'est question que de la mission, dont le
premier mandat est de déterminer la localisation dans les institutions
déjà existantes et par deux niveaux, collégial et
universitaire, de l'endroit où se fera l'enseignement ou la formation
des maîtres.
Ceci en soi, déjà, n'est pas complet. Il ne suffit pas de
dire que cela se fera au collège de... et à l'université
de... On sait déjà que le fait que cela se fasse à une
université et dans une faculté des sciences d'éducation
indique déjà un changement de programme important, lorsque se
fait l'intégration, et on sait qu'au niveau collégial, il faudra
vraiment créer de nouveaux programmes. Mais il faut ajouter à
cette mission le comité permanent qui reprend ses travaux, qui se sert
du document de travail dont j'ai parlé. Dans ce document de travail,
à la page 17, on parle du rôle du ministère de l'Education
et on dit que la coordination des fonctions des fonctions, non pas
simplement tel endroit, telle année de toutes les institutions
assumant collectivement la tâche de former les enseignants dont le
Québec a besoin, s'effectuera par le truchement de la direction
générale de la formation des maîtres. Ce sera un travail de
collaboration entre divers organismes, en collaboration avec la direction
générale de l'enseignement supérieur ainsi que de la
direction générale de l'enseignement collégial.
La direction de la formation des maîtres continuera d'être
assistée dans cette tâche par le comité permanent de la
formation des maîtres, institué par le règlement no 4 et
construit de telle sorte que tous les groupes en cause participent directement
à la mise au point des critères relatifs aux matières
suivantes et, entre autres, la supervision de l'enseignement et l'approbation
des programmes.
J'avais parlé, l'autre jour, d'un plan de politique, non pas
d'une politique définie dans tous ses termes et dans tous ses
détails. C'est un plan de politique. Le ministère grâce
à la mission, grâce au comité permanent, grâce aux
trois directions générales que j'ai mentionnés, va
pouvoir, à partir de ce plan, dans un terme donné, établir
des politiques quant aux programmes pédagogiques et quant à tout
ce qui est indiqué justement au règlement no 4 et qui est le
mandat du comité permanent.
Je suis d'accord avec le député s'il dit: Le document
déposé n'est pas une politique dans tous les détails. Il
ne cherche pas à être une politique dans tous les détails.
J'ai parlé, l'autre jour, si je ne me trompe pas, d'un plan. Je le
présente comme tel. C'est un plan pour permettre l'élaboration
d'une politique dans tous les détails et, en même temps que l'on
dépose un plan pour permettre cette élaboration de politique, on
dépose un autre document qui permet de trouver immédiatement les
structures dans lesquelles vont se créer ces politiques, vont se
développer ces politiques pour la formation des maîtres. La
question a été posée, depuis que le
rapport Parent avait été déposé: Où
se fera la formation des maîtres? C'est déjà une
réponse à cette question importante qui est donnée par ces
documents qu'il ne faut pas prendre séparément. Et la mission
n'est que l'un des organismes qui est surtout dirigé pour
l'établissement, je dirais matériel, de l'enseignement pour la
formation des maîtres.
M. MASSE: Très bien, adopté.
M. LE PRESIDENT: Souriez, M. Lefebvre.
UNE VOIX: Il n'a pas eu l'air de vous trouver drôle, M. le
Président.
M. GERIN-LAJOIE: Alors il s'agit d'une question évidemment fort
complexe et on comprendra que j'y aille à tâtons parce que les
choses sont complexes et, quand même, il faut profiter de l'occasion de
la présence du ministre pour éclaircir, dans la mesure du
possible, au moins les premières questions qui nous viennent à
l'esprit. Sûrement qu'une étude plus approfondie et avec les
conseillers qui sont dans la pâte de l'enseignement,
éventuellement, nous permettra de former un jugement plus à
fond.
Une première question qui me vient à l'esprit, en plus de
celle des programmes; sur celle des programmes, je comprends que le ministre
nous dit que ce document, puisqu'il vient de nous l'annoncer, ne couvre pas
tout, mais disons que cela me laisse un grand point d'interrogation. Si j'ai
bien compris le ministre, il dit que, pour le moment, il n'est pas en mesure de
répondre à cette question. Les structures académiques, les
contenus des programmes, c'est quelque chose qui sera étudié par
quel organisme? Cela, je ne l'ai pas compris.
M. CARDINAL: Dans la question, vous dites que je ne suis pas en mesure
de donner des programmes. Non. Les lieux où seront donnés ces
enseignements, ce soir, ne sont même pas déterminés. Je
donne l'organisme qui va les déterminer. Et d'autre part, je dis que le
comité permanent était déjà prévu par le
règlement no 4 pour approuver ces programmes...
M. GERIN-LAJOIE: C'est ce comité qui va faire ce
travail-là?
M. CARDINAL: ... et c'est ce comité qui va le faire, comme on l'a
dit à la page 17 que j'ai citée, en collaboration avec le
ministère de l'Education par ses trois directions
générales, celle du niveau supérieur, à cause de
l'intégration au niveau de l'université, celle du niveau
collégial, qui s'occupe des collèges d'en- seignement
général et professionnel, et celle de la formation des
maîtres dont c'est la principale responsabilité.
M. GERIN-LAJOIE: Qu'est-ce qu'a fait ce comité depuis qu'il a
été constitué, il y a deux ans ou à peu
près?
M. CARDINAL: Je n'ai pas le rapport du comité devant moi. Il y a
certainement eu des procès-verbaux. Si vous voulez me donner un instant,
je vais m'informer.
M. GERIN-LAJOIE: Je me demande si on commence au déluge.
M. CARDINAL: Pour donner quelques exemples en réponse à la
question posée: d'abord, ce comité a donné, par ses
études, plusieurs des éléments qu'on retrouve dans les
documents déposés ce soir. Il a fait des travaux sur la refonte
des règlements des écoles normales qui existaient jusqu'à
présent et qui existent encore. Il a préparé des documents
dont l'étude n'est pas encore terminée sur les systèmes de
probation et de certification des maîtres et des enseignants.
M. GERIN-LAJOIE: Le comité n'a pas travaillé sur la
question des programmes et des structures académiques?
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas un sujet qu'il a véritablement
entamé. Il l'entamera justement à partir de ce qui est
annoncé ce soir. J'ajoute ce qui est peut-être une
répétition, en d'autres mots, de ce que je disais tantôt.
Je comprends que ce n'est pas une réponse à toutes les questions
précises qu'on pourrait se poser, mais la grande réponse
donnée dans la déclaration, c'est à quel endroit va se
faire l'enseignement. Et, en donnant ceci, il y a déjà une partie
de la réponse à la deuxième question sur le programme.
Dans les universités, au moment où se fera l'intégration,
ce seront les programmes de ces universités, qui seront quand même
étudiés par la suite par des organismes que j'ai
mentionnés, dont en particulier la direction générale de
l'enseignement supérieur, en collaboration avec la direction
générale de la formation des maîtres. Il est évident
qu'au niveau collégial, il y a d'une part les programmes de formation
générale que tous les étudiants qui sont dans ces
collèges suivent, même s'il y a des options, et il y a d'autre
part des options que j'appellerai spécialisées pour les
enseignants comme il y en a pour d'autres métiers ou d'autres
professions qui sont justement déterminées par la direction de
l'en-
seignement collégial, la direction de la formation des
maîtres et le comité permanent. L'un de ses mandats, on le voit
dans le règlement numéro 4, sera justement d'approuver ces
programmes qui existent déjà dans des institutions ou y seront
créés lorsqu'ils n'existent pas.
M. GERIN-LAJOIE: Si j'interprète le ministre I la lettre et si je
le comprends bien, cela voudrait dire qu'on prend le programme des
universités et des CEGEP au départ et que les programmes des
écoles normales disparaissent purement et simplement.
M. CARDINAL: Non, ce serait une interprétation trop
étroite. La situation n'est pas la même dans les
universités où déjà il existe des cours à ce
niveau et dans les collèges où il y aura intégration entre
l'école normale et le collège.
M. GERIN-LAJOIE: Atout événement, au sujet des programmes,
le ministre nous dit que c'est le comité de la formation des
maîtres qui fera les recommandations.
M. CARDINAL: Oui, mais en collaboration. Et vous avez noté
je me permets de vous le souligner que dans le comité permanent
vous avez déjà, en vertu du règlement et de sa
composition, tous les groupes intéressés qui sont
représentés et que dans les missions qui voient à
l'intégration, on implique tous les groupes y compris même les
étudiants.
M. GERIN-LAJOIE: Je comprends ça, mais je veux savoir qui peut
faire quoi, parce que enfin, le ministre m'a répondu le
résultat de la mission, la question de sprogrammes, c'est le
comité de la formation des maîtres.
M. CARDINAL: C'est ça. Et remarquez qu'il n'y a pas une
séparation entre les deux, puisque la mission remet son rapport au
comité permanent avant que le ministre n'en prenne connaissance. Alors,
il n'y a donc pas de ces choses séparées et non
coordonnées.
M. GERIN-LAJOIE: Question suivante: les délais. Septembre 1969 ou
avant septembre 1969, pour le rapport de la mission. Le travail du
comité, le ministre n'y a pas posé de délai. Sur les
programmes, il a dit qu'on prévoyait au ministère l'application,
la mise en application des recommandations, les approbations voulues, en
janvier 1970.
M. CARDINAL: Au plus tard.
M. GERIN-LAJOIE: A toutes fins pratiques, j'imagine que ça ne
peut pas être appliqué pour les élèves au
début d'une année scolaire, dès septembre 1970. Janvier
1970, c'est pour voir ça en place dans les institutions, pour mettre
l'organisation sur pied, mais l'enseignement aux étudiants, dans sa
nouvelle forme, dans de nouvelles institutions, le cas échéant,
ce sera en septembre 1970.
M. CARDINAL: Ce serait normalement septembre 1970, ça pourrait
être avant. Si on prend l'expérience qui s'est
réalisée à la suite de l'adoption du bill 21 pour les
collèges d'enseignement général et professionnel, si on
tient compte que, cette année-là, qui était l'année
dernière, certaines corporations de collèges ont
été créées tout près de septembre ou en
septembre 1967, l'enseignement a quand même commencé dans ces
collèges en septembre 1967. Cette intégration ne se fera
probablement pas ce serait difficile pour les collèges
partout en même temps, mais il y aura des endroits qui commenceront
probablement en septembre 1969 et d'autres en septembre 1970. Cependant, ceci
n'est pas une promesse, parce que la mission devra aller sur place, rencontrer
les institutions concernées, les groupes concernés, et, disons
que tout en étant optimistes, je pense bien qu'il serait difficile de
croire que le programme puisse vraiment fonctionner d'une façon à
peu près générale, avant septembre 1970.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que la mission va procéder comme dans le
cas des collèges d'enseignement général et professionnel
et faire des recommandations dans la perspective où le ministre y
donnerait suite, cas par cas, ou globalement, en un seul paquet? Dans le cas
des CEGEP, la mission a suggéré au ministre d'en constituer, une
première fois, ce n'est pas neuf, peu importe, une dizaine l'an dernier,
et puis, cette année, une autre douzaine ou treize. Au fur et à
mesure, en somme, la mission faisait ses recommandations.
M. CARDINAL: C'eût été ma demande de prévoir
l'avenir, dans l'intention du ministre, à partir des documents qui ont
été commentés. Je pense que, normalement, la mission
devrait procéder par des recommandations concrètes, parce que, si
l'on attend une recommandation globale pour toute la province, surtout, ce
serait retarder d'autant que tout soit terminé. Alors, je pense que ce
serait de la nature du fonctionnement de la mission des collèges
d'enseignement général et professionnel, c'est-à-dire que
ce serait à partir de recommandations concrètes et non pas de
recommandations...
M. GERIN- LAJOIE: ... soumises au ministre au fur et à mesure
qu'elles sont...
M. CARDINAL: ... soumises au ministre mais par la voie du comité
dont nous avons parlé tantôt. Dans le fond, il s'agit non pas de
créer c'est-à-dire de partir de zéro il
s'agit d'intégrer, c'est-à-dire...
M. GERIN-LAJOIE: Du moins pour les CEGEP.
M. CARDINAL: C'est ça, pour les CEGEP qui existent actuellement,
qui ont été conçus jusqu'à présent. Rien
n'empêche que l'on sorte du sujet, que de nouveaux CEGEP soient
créés en des endroits où il n'y a pas de regroupement ni
d'équipement ni de professeurs, etc... On ne le connaît pas
l'avenir. Au début, cette mission a pour principal but
d'intégrer, c'est-à-dire de regrouper, dans un système
intégré, des choses qui existent déjà d'une
façon non intégrée, non coordonnée.
M. GERIN-LAJOIE: Maintenant, à la différence des CEGEP, il
s'agit, dans la plupart des cas, de regrouper des écoles normales avec
des institutions existantes, soit CEGEP soit universités.
Il ne s'agit pas de créer de nouvelles institutions dans le fond,
sauf exception?
M. CARDINAL: Disons que la comparaison avec les CEGEP, je l'accepte
jusqu'à un certain point, parce que dans les CEGEP, c'est un niveau qui
n'existait pas et que l'on a créé. Tandis, qu'ici, c'est une
intégration dans des niveaux qui existent, l'oeuvre venant d'être
créée, l'autre existant déjà: le niveau
collégial, c'est-à-dire collège d'enseignement
général et professionnel, et niveau universitaire.
La comparaison est donc un peu boiteuse. C'est justement parce que ce
niveau vient d'être créé qu'il est possible maintenant de
concevoir cette intégration.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais si je comprends bien là, il est
question d'intégrer des écoles normales à des CEGEP ou I
des universités?
M. CARDINAL: II est question d'intégrer l'enseignement qui
prépare des enseignants dans les CEGEP ou dans les
universités.
M. GERIN-LAJOIE: C'est-à-dire transporter la fonction...
M. CARDINAL: La fonction de la préparation...
M. GERIN-LAJOIE: ... remplie par les écoles normales...
M. CARDINAL: C'est cela, la fonction de formation des maîtres,
parce que transporter l'école normale dans...
M. GERIN-LAJOIE: On se comprend!
M. CARDINAL: Oui, oui, on fait beaucoup de circonvolutions...
M. GERIN-LAJOIE: On transporte des maisons d'habitation, mais on ne
transporterait pas...
M. LE PRESIDENT: On s'entend bien! Une question de vocabulaire!
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il y a quelque chose dans les documents et
dans les politiques écrites du ministère, à l'heure
actuelle, au sujet des centres de formation des maîtres au niveau
universitaire en dehors des villes où il existe des
universités?
M. CARDINAL: Est-ce que je pourrais poser une question? La question
pourrait-t-elle être précisée, voulez-vous dire former des
professeurs d'universités ou...
M. GERIN-LAJOIE: Non, non.
M. CARDINAL: ... demander si, dans les centres universitaires qui
existent déjà, il y a des cours qui se donnent pour
préparer les maîtres?
M. GERIN-LAJOIE: La mission a pour mandat, selon le texte que le
ministre nous a lu, de faire des recommandations au ministre de l'Education sur
les modalités de cette coordination dans le cadre des universités
et des collèges d'enseignement général et professionnel.
Alors, ma question est ceci: Par exemple en Abitibi pour illustrer ma
pensée, cela pourrait être au Lac-Saint-Jean et ce serait la
même chose, est-ce que cela veut dire que, dans un endroit comme cela,
l'intégration se ferait nécessairement à un collège
d'enseignement général et professionnel parce qu'il n'y a pas
d'université, ou bien si cela veut dire, dans le mandat, qu'on envisage
la possibilité d'établir un centre universitaire pour la
formation des maîtres?
M. CARDINAL: Je pense qu'il faut prendre la question autrement. Il y a
ce qui existe déjà où il y a intégration. Il est
évident que la mission, parce que son mandat est d'établir un
réseau 5. travers la province, devra donc dépasser ce qui existe.
Si l'on prend les universités, il y en a six et elles sont
concentrées dans un certain nombre de villes que l'on connaît. Des
centres universitaires, il n'y en a que trois actuellement.
Par conséquent, la mission devra, comme on le dit à la
page quatre, tenir compte de la situation particulière de certaines
régions éloignées où il n'y aura jamais
d'université, enfin pour une période brève à venir,
ou de centres universitaires.
M. GERIN-LAJOIE: Ma question c'est: Est-ce qu'on envisage
l'établissement de centres universitaires pour la formation des
maîtres dans les endroits où il n'y a pas d'université?
M. CARDINAL: La mission peut envisager ceci. Elle peut envisager deux
choses: elle peut envisager soit la création de centres universitaires
pour la formation des maîtres et pour autres choses ou elle peut
envisager des centres de formation des maîtres au niveau
collégial, intégration au collège d'enseignement
général et professionnel. Je ne veux pas dire que ce sont
nécessairement les collèges qui existent déjà ou
ceux qui existeront demain dans tel édifice. C'est un niveau
d'enseignement dont nous parlons surtout.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre ne pense pas que la question que
je pose, est une question de politique générale qui devrait
être établie par le ministère pour que la mission sache
à quoi s'en tenir. La mission, c'est une mission de mise en place, ce
n'est pas une mission d'élaboration de politique.
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas seulement une mission de mise en place,
c'est une mission qui fait des recommandations, et c'est le ministère
qui va les étudier pour les remettre au comité permanent.
M. GERIN-LAJOIE: Des recommandations sur la localisation et
l'identification. Bon, alors, c'est bien une mission de mise en place.
M. CARDINAL: Oui, d'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est pas une mission d'élaboration de
politique comme le co- mité de la formation des maîtres. Lui,
c'est un comité d'élaboration de politique.
M. CARDINAL: Oui, justement la mission fait rapport au comité de
la formation des maîtres et celui-ci, par conséquent, verra s'il
n'y a pas lieu d'aller au-delà des recommandations concrètes que
la mission ferait.
Si nous partons de l'exemple des collèges d'enseignement
général et professionnel et du document que j'ai
déposé l'autre jour, en deux parties, il y avait d'une part la
grille des 17 critères, et d'autre part, un plan d'ensemble à
partir du nombre d'étudiants que l'on voulait recevoir dans ces
collèges au bout d'un certain nombre d'années, qui était
cinq ans. Je pense que cette mission procédera de la même
façon. Ce que vous appelez une politique d'établissement,
plutôt que de l'établir d'une façon abstraite à
partir de politiques étudiées si vous voulez, seulement au
ministère, la mission, qui est une mission, c'est vrai,
d'intégration, va se rendre sur place et va voir dans les régions
si ça obéit à la règle générale, les
universités existant déjà, les collèges existant
déjà ou devant exister en vertu de la politique que la mission
des collèges a établie de concert avec le ministère. Elle
verra aussi et cela souligne, je pense, la réponse à la
question, enfin telle que je comprends la question à s'assurer
dans les cas particuliers, dans les cas exceptionnels, de ce qui devrait
être fait pour l'enseignement de la formation des maîtres.
Je ne peux pas à l'avance me prononcer sur un cas exceptionnel
particulier, ce qui serait dire à la mission: J'ai déjà
pris la décision avant que vous ne soyez partie.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, au prime abord, avec les
documents que nous avons devant nous, et les réponses que nous donne le
ministre, il me paraît y avoir des éléments de politique
qui font défaut pour le travail de la mission. Il s'agit, pour la
mission, de proposer et faire des recommandations quant à la
localisation et l'identification des institutions destinées à
recevoir des candidats à la carrière de l'enseignement. Alors je
pense qu'il faudrait que la mission sache d'abord quelle formation il faut
à ceux qui vont se destiner à la carrière de
l'enseignement. Est-ce un enseignement de deux ans, de trois ans, de quatre
ans? Est-ce que les collèges d'enseignement général et
professionnel seront appelés à donner l'enseignement de trois ans
ou de quatre ans, le cas échéant, qui serait requis pour la
formation des futurs enseignants?
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas le rôle de la mission. C'est que le
règlement numéro 4 établit déjà le nombre
d'années. C'est treize ans plus une année. Ceci est le minimum.
Il établit même que cette quatorzième année, c'est
l'année de psycho-pédagogie. Nous savons que, dans les
facultés des sciences d'éducation, le nombre d'années est
déterminé pour obtenir une licence en éducation.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que la mission va faire les recommandations pour
savoir si ça peut se donner, la psycho-pédagogie, dans un CEGEP
tout autant que dans une université? C'est la mission qui va dire
ça, ce n'est pas le ministère.
M. CARDINAL: Non. Ce n'est pas le rôle de la mission. La mission
va dire à quel collège ou à quelle université ou
à quels autres endroits à créer, qui n'existent pas, cet
enseignement va se faire. Quant au programme, je l'ai
répété à plusieurs reprises, c'est fonction
de...
M. GERIN-LAJOIE: En Abitibi, est-ce que la mission va nous dire
où devrait se donner l'année de psycho-pédagogie, la
troisième année de formation des maîtres?
M. CARDINAL: J'espère qu'elle va nous le dire.
M. GERIN-LAJOIE: Mais est-ce qu'elle peut dire que ça va se
donner dans un CEGEP et non pas à l'université?
M. CARDINAL: Oui, elle pourrait le dire. Ecoutez, ce n'est pas une
décision que j'annonce, parce que la mission, elle est lancée ce
soir, va dire: Dans ce coin-là, s'il est jugé que c'est un cas
exceptionnel et qu'il n'y a, au moment où l'on songe à
l'intégration, ni centre universitaire, ni université, ni
collège d'enseignement général et professionnel, bien
comment, en quel lieu, à quel endroit pourrait se donner cet
enseignement? Est-ce qu'il doit être, à cet endroit, du niveau
collégial ou du niveau universitaire? Et elle va faire une
recommandation. Je le souhaite. Cela, ce n'est pas le nombre d'années.
Ce n'est pas le programme. Ce n'est pas...
M. GERIN-LAJOIE : Bien, cela se rapporte au programme,
évidemment, la question de savoir si le programme exige trois
années de formation ou en exige quatre...
M. CARDINAL: D'accord, mais c'est que la mission fonctionne à
partir d'un mandat où il y a une donnée générale,
c'est qu'il va falloir qu'elle établisse de combien nous aurons besoin
de professeurs de divers niveaux, de diverses spécialisations à
travers la province, et comment elle pourra répartir la formation de ces
maîtres à compter des organismes, des institutions qui existent
déjà et de ceux qui devraient être créés en
conséquence, parce que ce serait par exemple, une hypothèse
insuffisante, ce qui existe déjà.
M. GERIN-LAJOIE: Autre question, il n'est pas question de l'ENET
ici.
M. CARDINAL: Ecole normale d'enseignement technique.
M. GERIN-LAJOIE: II n'en n'est pas question. Le rapport Parent
proposait, si ma mémoire est fidèle, je ne l'ai pas ici, que
cette école normale d'enseignement technique soit intégrée
ou coordonnée avec un centre universitaire de sciences
appliquées.
Or, il n'en est pas question dans le document que nous présente
le ministre. Alors, est-ce qu'il pourrait nous dire ce qu'on envisage? Est-ce
que l'ENET doit être nécessairement intégrée
à une université ou à un CEGEP?
M. CARDINAL: Je vais vous donner une hypothèse de travail, parce
que, encore une fois, je n'ai pas eu les recommandations de la mission. Mais,
l'on sait que la création ou l'ouverture d'une deuxième
université de langue française a été
annoncée pour Montréal, pour septembre 1969. J'ai
déjà, aussi, dans le passé, à quelques reprises,
mentionné que l'un des enseignements prioritaires de cette
deuxième université de langue française serait justement
l'enseignement dirigé vers la formation des maîtres.
M. GERIN-LAJOIE: Je comprends cela. Mais ma question, est-ce que cela
veut dire que, selon le mandat qui est donné à la mission,
l'hypothèse du rapport Parent est absolument mise de
côté?
M. CARDINAL: Cela ne veut pas dire qu'elle est absolument mise de
côté, mais ici, moi aussi, je cite de mémoire. Le rapport
Parent, d'une façon générale pour la formation des
maîtres, le situait à un niveau qu'était l'enseignement
universitaire. La réponse qui est donnée dans les documents de ce
soir, c'est que le ministère suggère plutôt que ce soit
à deux niveaux, parce qu'il y a des fonctions différentes
d'enseignement dans les structures qui ont été
établies.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais ici, il est question d'universités et
de CEGEP, pas d'autre chose. La formule Parent, c'était autre chose.
Dans les universités...
M. CARDINAL: Tout dépend justement de la notion qu'on se fait
Est-ce que les centres universitaires qui existent actuellement, est-ce que la
deuxième université de langue française qui n'existe pas
actuellement, seront éventuellement des universités du genre de
celles que l'on connaît aujourd'hui?
Enfin, je m'excuse, j'ai perdu le fil, un instant. Je reprends. Ceci est
déjà une hypothèse de travail que de concevoir que ce soit
la même chose ou que ce soit différent. Or, au ministère,
nous travaillons en même temps aux politiques pour la création de
cette deuxième université. Quant à l'émettre en
particulier, parce que votre question me paraît, à moins que je ne
la comprenne mal, à la fois générale et
spéciale...
M. GERIN-LAJOIE: Pour le moment, c'est toute la formation des
maîtres de l'enseignement spécialisé ou des options
professionnelles dans les collèges.
M. CARDINAL: II n'est pas nécessaire que tout cet
enseignement-là ne se fasse qu'à l'ENET. Et si on prend l'ENET
telle quelle, déjà l'ENET, c'est un enseignement qui en nombre
d'années vous interpréterez ma réponse
dépasse le nombre d'années qui se donne à tous les niveaux
y compris l'enseignement collégial. L'enseignement ENET, c'est
déjà plus que quatorze ans.
M. GERIN-LAJOIE: Oh! en principe. Je pense que c'est un enseignement
post-CEGEP.
M. CARDINAL: Bon, alors... Vous venez de donner un élément
de la réponse. La mission va se rendre compte de ces
choses-là.
M. GERIN-LAJOIE: Enfin, je pensais avoir posé ma question
clairement. J'ai l'impression de ne pas avoir de réponse et que le
rapport Parent proposait une institution d'un type particulier. Son institut
des sciences appliquées, ce n'était pas une université au
sens du rapport Parent et au sens usuel. Alors, j'ai l'impression, à
lire le document, que cette hypothèse-là est rejetée et
que la mission ne peut pas la considérer, parce que c'est en dehors de
son mandat, son mandat se limitant aux universités et aux CEGEP.
M. CARDINAL: Non, non. Au niveau universitaire ou au niveau de
l'enseignement supérieur et au niveau collégial,
indépendamment du document, j'ai apporté cette précision
tantôt en disant que c'est une intégration, pas
nécessairement d'une façon concrète à telle
université ou à tel collège, mais une intégration
soit au niveau du collégial, soit au niveau de l'enseignement
supérieur.
M. GERIN-LAJOIE: Ah, bien non! Le mandat de la mission, c'est
l'intégration de l'enseignement normalien ou de la formation des
maîtres à des institutions particulières qui s'appellent
des universités ou des CEGEP et il est question de leur localisation et
de leur identification.
M. CARDINAL: D'accord, mais les universités ou les CEGEP, ce sont
les universités qui existent déjà ou qui existeront.
M. GERIN-LAJOIE: C'est ça. Alors,...
M. CARDINAL: Les CEGEP, ce sont ceux qui existent ou qui existeront.
C'est ce que j'appelle des niveaux. C'est sur qu'il y aura une recommandation
concrète.
M. GERIN-LAJOIE: Ce sont plus que des niveaux, ce sont des institutions
concrètes.
M. CARDINAL: Pour celles qui existent, oui. Mais pas pour celles qui
n'existent pas encore.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne sais pas si le ministre veut ajouter des
explications.
M. CARDINAL: Ce n'est pas une explication. Je poserais une question au
député. Est-ce que vous étudiez le budget 68/69 ou celui
de 69/70, 70/71? Parce que, de fait, comme nous sommes partis dans ces
questions de l'échéance, je suis obligé de donner des
réponses sur les faits qui existent aujourd'hui et qui ne seront plus
les mêmes lorsqu'on étudiera, j'espère, encore ensemble,
les budgets 69/70 et 70/71.
M. GERIN-LAJOIE: J'espère que c'est une blague, parce qu'on est
ici pour étudier la politique de la formation des maîtres au
ministère de l'Education.
M. CARDINAL: Cette politique doit tenir compte non pas
d'impondérables mais de choses futures qui ne sont pas
réalisées.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre vient de
nous faire un énoncé de politique. Il nous a parlé
d'une mission qui est constituée avec un mandat. Alors je pose des
questions sur le mandat de cette mission. Le mandat me paraît se limiter
à l'intégration de la formation des maîtres I des
universités précises, à des CEGEP précis, et je
demande si ça exclut un autre type d'institutions. Enfin, le ministre
m'a donné...
M. CARDINAL: Non, cela n'exclut pas un autre type d'institutions. Et je
vais aller plus loin, je vais être « amiable compositeur »,
c'est que si le mot « université » dans ce texte
paraît trop strict, il n'y a rien qui empêche de le remplacer par
les mots « enseignement supérieur », pour donner le mandat a
la mission. Ce n'est pas sacramentel.
M. GERIN-LAJOIE: Institutions d'enseignement supérieur.
M. CARDINAL: Institutions d'enseignement supérieur. Oui.
M. GERIN-LAJOIE: Enfin, je pose des questions non pour embarrasser le
ministre, mais pour bien comprendre la situation.
M. CARDINAL: C'est ça. Je ne suis pas embarrassé. Je suis
très heureux qu'on discute cette question. Cela permet de faire avancer
davantage ce problème de la formation des maîtres.
M. GERIN-LAJOIE: Alors si le ministre nous dit que c'est son intention,
à tout événement, je le comprends mais...
M. CARDINAL: C'est dans l'esprit du document.
M. GERIN-LAJOIE: Il jugera s'il y a lieu pour lui de changer le texte
même du mandat, mais du moment qu'on se comprend ici, c'est ce qui est
important.
M. CARDINAL: C'est certainement et je le dis sans aucune Ironie
ou faux-fuyant l'esprit du document. Remarquez que, la semaine
dernière, J'avais dit que ce document serait prêt d'ici la fin du
mois. Nous avons travaillé pour préparer un document que je
puisse apporter ce soir parce que nous savions que nous devions continuer les
débats sur les crédits du ministère de l'Education. Les
termes qui seront donnés à la mission partent d'un esprit et non
pas d'un règlement dont il faut interpréter chacun des mots. Ce
n'est pas le règlement 4.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, en somme, le mot « université
» est dans le sens d'institution d'enseignement supérieur.
M. CARDINAL: Ce n'est pas dans le sens d'un édifice, si vous
voulez. Ce que j'ai appelé un niveau, c'est-à-dire le niveau
d'institution d'enseignement supérieur.
M. GERIN-LAJOIE: Une autre question, M. le Ministre, en ce qui concerne
la période de transition. Le ministre est encore plus familier que moi,
ses collaborateurs également, avec le fait qu'il existe un certain
malaise, une certaine interrogation dans le public au sujet de la valeur des
enseignements de formation des maîtres qui se donnent aujourd'hui, dans
le sens suivant: Est-ce que les enseignements qui se donnent aujourd'hui
mèneront vraiment quelque part et où? Ce sont des questions qu'on
se pose. Le brevet B, par exemple, c'est disparu complètement. Les cours
de A-l, A-2, où est-ce que cela mène? FM-1, FM-2, où
est-ce que cela mène?
M. CARDINAL: Je ne veux pas employer l'expression « droits acquis
», mais les étudiants qui ont commencé à
procéder dans un système donné ont d'abord le droit de
terminer l'enseignement qu'ils reçoivent dans ce système et de
recevoir ce à quoi ils s'attendaient au bout de ce système et
d'être en conséquence qualifiés selon que le système
le prévoyait I cette époque-là. Dans une période
que j'appellerai transitoire, c'est la même chose qu'actuellement avec
les CEGEP et le cours qui donnait le baccalauréat. Vous allez dire que
la comparaison n'est pas dans le même sens mais elle joue dans le
même sens.
M. GERIN-LAJOIE: Le baccalauréat n'était pas
inférieur à ce qui va se donner dans les CEGEP. Cela peut
être différent, mais je pense bien que comme qualité de
diplôme à la fin, comme qualité d'enseignement
attesté par le diplôme, le baccalauréat...
M. CARDINAL: Je suis d'accord, mais ce que je veux dire, c'est qu'on a
conservé les deux pendant une période de temps.
M. GERIN-LAJOIE: Ici, le problème, c'est que ceux qui sont
à l'école au mois de septembre prochain, ou en 1969, entrent
là en se disant: Nous, notre affaire, cela sera un cours à rabais
qui ne sera peut-être même pas accepté ou accepté
comme quelque chose d'inférieur quand on sera sur le marché des
enseignants.
M. CARDINAL: Bien, il y a déjà actuellement des endroits
où il y a une entente entre les collèges et les écoles
normales, et les cours A-l et A-2 sont déjà présentement
en voie d'intégration dans certains collèges. Nous ferons mieux
les prochaines années...
M. GERIN-LAJOIE: Ce que je veux souligner, c'est que les
étudiants-maîtres n'ont pas l'air de savoir même où
ça va les conduire l'an prochain comme troisième année,
par exemple.
M. CARDINAL: D'abord combien y en a-t-il, à travers toutes les
écoles normales, de ces années A-l et A-2 qui ne sont pas
déjà ou intégrées ou en voie d'intégration.
Et celles qui sont déjà intégrées ou en voie
d'intégration ou qui existent, conduisent après aux années
qui suivent, c'est une vérité de La Palice, aux années A-3
et A-4 qui déjà, au fur et à mesure que se poursuit
l'intégration, sont enrichies elles-mêmes, ces années.
M. GERIN-LAJOIE: Le A-3 et le A-4, comment se coordonnent-ils avec le
FM-1 et le FM-2? Le ministre dit que c'est la même chose mais...
M. CARDINAL: Le ministre n'a pas entendu sa réponse encore. C'est
de la télépathie, M. le Député.
M. LE PRESIDENT: Des intuitions.
M. CARDINAL: La télépathie vous a fait vous apercevoir que
c'était la même chose...
M. GERIN-LAJOIE: Mais, enfin, il faudrait peut-être, pour avoir
pleine satisfaction là-dessus, faire siéger le comité de
l'éducation et entendre les intéressés: les
étudiants-maîtres et les professeurs eux-mêmes, dans
certaines écoles normales, ou des groupes d'enseignants. Mais disons que
d'après les renseignements que j'ai, il n'y a pas coordination entre les
enseignements qui venaient pour le brevet A et le nouveau programme FM. Alors,
ça m'étonne que M. le ministre et ses conseillers disent que
c'est la même chose. A tout événement, moi, je sais que
j'ai eu des plaintes d'étudiants...
M. CARDINAL: Oui, d'accord...
M. GERIN-LAJOIE: ... pas d'étudiants individuellement, mais
d'étudiants représentant leur association. Alors, je vous les
enverrai, M. le Ministre, ou je les enverrai à vos fonctionnaires.
M. CARDINAL: Depuis que le rapport Parent a été
déposé, c'est sûr qu'il y a, disons un sentiment de...
M. GERIN-LAJOIE: Non, c'est parce que le programme FM est un nouveau
programme, depuis je ne sais pas deux ou trois ans.
M. CARDINAL: Oui, c'est pourquoi, pour l'avenir, nous voulons par cette
mission, par ce comité permanent, par le travail coordonné des
trois directions générales, établir et les structures et
une politique qui non seulement rassurera mais créera quelque chose de
cohérent et qui n'aura pas sans cesse besoin d'être
rétablie et corrigée. Et de fait, vous vous rendez compte que,
dans la mission, nous avons invité - et le ministre y tenait- les
étudiants par leur fédération à faire partie de la
mission pour tirer profit de leur expérience, de leurs recommandations,
de leurs suggestions.
M. GERIN-LAJOIE: En plus du manque d'identification avec le programme
A-3 et A-4, il y a le problème de la correspondance aussi avec les deux
premières années d'université. C'est un problème
qui n'est pas réglé, et les étudiants, apparemment,
certains d'entre eux avaient compris que les programmes FM-1 et FM-2
correspondraient plus ou moins au programme des deux premières
années d'université, et puis que ça leur permettrait,
après une troisième année, d'obtenir leur licence.
M. CARDINAL: Si l'on peut apporter une précision pour que...
Enfin on tente de saisir la même réalité, c'est que ce que
les étudiants appellent FM-1 et FM-2, c'est ce que tantôt j'ai
appelé A-3 et A-4 enrichis, appelez-les modifiés si le mot
« enrichis » est trop fort.
M. GERIN-LAJOIE: Ils ont des programmes modifiés et c'est
apparemment ce qui, pour certains étudiants, actuellement, est une
source de confusion. Cela ne correspond pas exactement à A-3 et A-4,
ça ne correspond pas aux premières années de la formation
à l'université dans les facultés des sciences de
l'éducation...
M. CARDINAL: Je n'oserais pas dire que le député pose une
question qui n'est pas claire et qui n'appelle pas une réponse claire.
Je pense que c'est une autre chose que la comparaison avec ce qui se donne dans
les faculté s des sciences de l'éducation et que, par
conséquent, il n'y a plus de comparaison vraiment possible, parce que
FM-1 et FM-2 ou A-3 et A-4 modifie's ou enrichis, c'est ce qui se donne dans
les écoles
normales et c'est différent de ce qui se donne par une licence
d'enseignement.
M. GERIN-LAJOIE: D'accord, mais les étudiants avaient espoir que
ce qui se faisait comme réforme de programmes depuis deux ans ou trois
ans, cela tenait compte, tout simplement, des recommandations du rapport
Parent, qui semblaient être acceptées au ministère,
implicitement, depuis l'adoption du règlement numéro 4, et que la
transformation ou l'enrichissement, pour employer votre expression, M. le
Ministre, des programmes A-3 et A-4, avait pour but d'ajuster les programmes
d'écoles normales de ce niveau-là à ceux des
universités, pour mener, éventuellement, à la fin d'un
enseignement de licence. Est-ce que ce n'était pas l'objectif
poursuivi?
M. CARDINAL: II y a une différence entre l'équivalence et
l'identité, et dès qu'on parle de comparaison, avec non pas
l'enseignement lui-même qui se donne dans une faculté, mais disons
le niveau d'enseignement supérieur, enfin le diplôme qui est
décerné par une faculté universitaire, on ne peut plus
comparer que par une question d'équivalence, et ce n'est jamais une
équivalence, c'est une comparaison ou, si l'on veut bien accepter le
terme, une harmonisation des scolarités.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, j'en arrive à l'autre question. Est-ce
qu'il y a entente avec des universités pour qu'il y ait plus ou moins
cette équivalence et qu'il puisse y avoir plus ou moins un FM-3, qu'on
l'appelle n'importe comment, mais une troisième année
après le FM-l et FM-2, pour mener à une licence?
M. CARDINAL: II y a entente avec les universités...
M. GERIN-LAJOIE: Sur l'équivalence?
M. CARDINAL: C'est-à-dire qu'il n'y a pas entente avec toutes les
universités, et disons...
M. GERIN-LAJOIE: Bien entre certaines?
M. CARDINAL: ... entre certaines universités, oui. Il y a eu plus
qu'un effort d'équivalence qui a été fait pour permettre
que des crédits soient accordés, parce que les
équivalences entre un enseignement universitaire et un autre
enseignement se traduisent dans la réalité des choses par un
certain nombre de crédits accordés qui permettent d'arriver, avec
exemption de certains cours, etc., à un grade donné.
D'ailleurs, vous parlez de FM-1 et FM-2, justement, cela n'existe plus.
C'est un vieuxvo-cabulaire qui est resté, c'est pourquoi je
préférerais parler de A-3 ou A-4 modifiés. Cet
enrichissement qui a été fait ou ce réaménagement a
justement pour but, sinon pour effet, d'harmoniser davantage ces
scolarités pour que des crédits puissent être
accordés, pour que l'on puisse en arriver à une
équivalence.
L'opération REPERES, d'ailleurs lancée le 18 avril,
était justement faite pour que l'on puisse refaire cette année de
psycho-pédagogie pour arriver à une équivalence
Peut-on parler d'équivalence plus parfaite, plus coïncidante?
Dans le cas du plan témoin, c'est-à-dire le plan
témoin entre Laval et l'école normale, où il y eu une
entente, on prévoit dans ce cas-là, qui est un cas pilote
là, une équivalence parfaite. L'entente est conclue. C'est
déjà annoncé depuis le mois d'avril, comme je viens de
l'indiquer. C'est un cas où il y a eu un accord de fait entre deux
institutions données et le ministère.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Ministre, je ne trouve pas du tout satisfaisante
la situation en ce qui concerne la période de transition, et cela touche
un nombre appréciable d'étudiants bien sûr. Je pense que
cela peut avoir plusieurs conséquences.
L'une, c'est de dissuader des jeunes d'aller à l'école
normale ou dans le secteur de la formation des maîtres.
Deuxièmement, c'est que cela produise un malaise considérable
à l'intérieur des écoles. Moi, j'ai l'impression de tout
ce qui s'est dit, y compris les documents produits, qu'il y a une telle
incertitude à l'heure actuelle pour ceux qui suivent des cours à
l'école normale pour devenir maîtres, qu'on devrait
déconseiller à tout le monde d'aller à l'école
normale et puis dire: Si vous voulez devenir un enseignant, allez-vous-en
à l'université, c'est la seule façon d'être
sûrs de votre affaire.
M. CARDINAL: Bien, la mission dont il est question a justement
été demandée par la Fédération des
étudiants-maîtres. C'est justement eux qui ont demandé ce
remède.
M. GERIN-LAJOIE: Qui ont demandé quoi?
M. CARDINAL: Qui ont demandé la création de cette mission
pour l'intégration.
M. GERIN-LAJOIE: Seulement cela ne règle pas le cas dans
l'intervalle.
M. CARDINAL: Non, cela ne règle pas...
M. GERIN-LAJOIE: Mais la mission va régler ça pour
1970?
M. CARDINAL: Oui, c'est pourquoi cela va justement Inciter S. l'avenir
des jeunes I entrer dans la profession d'enseignants parce qu'ils sauront ce
que sera l'avenir. Ceux qui y sont déjà entrés sont dans
une situation temporaire comme tous les enfants qui étaient dans le
système lorsqu'on a commencé à refaire les structures.
M. GERIN-LAJOIE: Mettons les choses au plus simple. Prenons ceux qui ne
sont pas entrés, là, mais qui songent à y entrer au mois
de septembre. Vous, vous auriez un enfant ou quelqu'un qui vous demanderait un
conseil et, connaissant la situation actuelle, vous lui conseilleriez d'entrer
à l'école normale? Vous ne lui diriez pas: Va-t'en vite à
l'université.
M. CARDINAL: Tout dépend de ce que désirerait cet
étudiant.
M. GERIN-LAJOIE: Enseigner.
M. CARDINAL: Oui. Enseigner, ça, c'est trop large,
aujourd'hui.
M. GERIN-LAJOIE: Enseigner dans les écoles publiques: maternelle,
élémentaire ou secondaire.
M. CARDINAL: Bien, supposons que ce serait un enseignement de formation
générale. A titre très personnel, je lui conseillerais
actuellement d'entrer dans une université.
M. GERIN-LAJOIE: Bon! Alors ça, c'est une déclaration qui
va plaire aux écoles normales quand les dirigeants vont lire
ça.
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas le sens dans lequel il faut
l'interpréter. Pas dans le sens que ce qui se donne dans les
écoles normales n'est pas satisfaisant. Mais comme il y aura
intégration soit au niveau universitaire, soit au niveau
collégial pour diverses fonctions d'enseignement, et qu'on parle de
quelqu'un qui y entrera en septembre prochain, il a l'option, il peut entrer
dans une école normale parce que pour toutes sortes de raisons
concrètes, c'est près de chez lui, etc. Car la question ne se
pose jamais dans l'abstrait comme ça. Si on analyse pourquoi les parents
choisissent telle institution plutôt que telle autre, il y a tout un
ensemble de situations qui leur permettent de faire ce choix. Evidemment,
entrer dans une école normale en septembre 1968 alors qu'on sait qu'il y
a un plan d'intégration, c'est qu'il est certain que cet enfant qui va
commencer à l'école normale va néces- sairement continuer
dans le plan intégré qui est annoncé, soit au niveau
collégial, soit au niveau universitaire, selon l'option qu'il prendra
dans les fonctions d'enseignement, et selon la formation qu'il aura eue avant,
il vient d'un niveau...
M. GERIN-LAJOIE: Remarquez-bien que moi, j'en suis sur le contenu de
l'enseignement, sur les programmes, peu m'importe que ce soit donné dans
une petite école normale à Vaudreuil ou bien à
l'université de Montréal ou au CEGEP de Rouyn, c'est
l'enseignement. Est-ce que l'enseignement que des jeunes vont recevoir dans une
école normale, l'an prochain et l'année d'après, avant que
le travail de la mission et du comité de formation des maîtres
soit fini, ou enfin soit assez avancé pour mettre le nouveau programme
en place, est-ce que cet enseignement-là nous paraît ou doit nous
apparaître comme étant d'aussi bonne qualité que ce qui
pourrait être donné à l'université? Quand je dis
qualité, je veux dire par rapport aux objectifs qu'on poursuit
aujourd'hui dans l'enseignement. Nous sommes en période de
transformation.
M. CARDINAL: Oublions le plan, oublions la transformation. Il existait
l'an passé, il existait il y a deux ans, il existait il y a trois ans et
des facultés des sciences de l'écudation et des écoles
normales. Comment se fait-il qu'il y avait des inscriptions dans les nombres
que l'on connaît et dans les écoles normales et dans les
facultés? Donc, la réponse, c'est qu'on verra, en septembre
prochain, il n'est pas nécessaire, à ce moment-là que l'on
compare des choses que...
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais le ministre conviendra que l'annonce qu'il
vient de faire, c'est une annonce de plus que le système va changer
radicalement.
M. CARDINAL: Est-ce qu'il serait préférable de ne pas
faire d'annonce que le système va changer?
M. GERIN-LAJOIE: Non. Je n'ai pas fait de critique de l'annonce que le
ministre a faite. J'ai dit que je crois qu'elle est incomplète.
M. CARDINAL: Vous n'avez pas fait de félicitations non plus!
M. GERIN-LAJOIE: Non, parce que disons que j'ai dit que ça
demande plus d'étude. Je pense bien que le ministre en conviendra, plus
d'étude de ma part, et d'autre part, j'ai soule-
vé ce que je considère être des objections ou des
difficultés sérieuses. A tout événement, je me
préoccupe de la période de transition. Et je ne sais pas, moi,
j'ai l'impression que la déclaration du ministre aurait dû
être complétée par un texte visant spécifiquement la
période de transition, parce qu'il va y avoir malaise chez ceux qui ont
commencé leur école normale ou chez ceux qui songent à y
entrer au mois de septembre. Par exemple, un étudiant se pose la
question: Qu'est-ce que je fais au mois de septembre? Est-ce que ça va
être perdu, pour moi, si j'entre à l'école normale? Le
ministre n'a pas fait de déclaration là-dessus.
M. CARDINAL: Non, écoutez, ce soir j'ai fait une
déclaration pour annoncer une mission, pour annoncer le plan
d'application d'une politique. La direction de la formation des maîtres
aura certainement à compléter des déclarations du ministre
pour informer les écoles normales, pour informer les étudiants,
pour informer la Fédération des étudiants-maîtres,
etc. Ceci n'est pas un document exhaustif, et je n'entends pas par là et
ne prétends pas non plus résoudre tous les problèmes qui
vont se poser. Mais on réforme ou on ne réforme pas. Ce serait
beaucoup plus simple, pour ne pas créer de problème, de ne pas
réformer, et le député de Vaudreuil-Soulanges sait
lui-même que lorsqu'on établit des réformes, on
établit nécessairement des périodes intermédiaires
où il y a nécessairement des critiques, des réactions, des
incertitudes. Il faut corriger la situation au fur et à mesure, durant
cette période intermédiaire. Toute réforme amène
une période transitoire.
Il ne faut pas abolir ce qui existait avant qu'on ait ce qui va se
produire.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, disons que je vais être précis et
positif, je vais faire une suggestion au ministre. Je crois qu'il est important
et urgent c'est une question de jours que le ministre fasse une
déclaration lui-même pour y attacher le prestige de la
fonction qu'il occupe, cela ne diminue en rien l'importance des interventions
des fonctionnaires une déclaration visant spécifiquement
les élèves qui se trouvent dans le régime de transition,
pour qu'ils sachent à quoi à s'en tenir, et que ceux qui peuvent
se poser des questions de la nature de celles que je soulève, aient une
réponse de la part du ministre.
M. CARDINAL: Je répondrai au député de
Vaudreuil-Soulanges qui, au lieu de me poser une question, cette fois-ci
m'obligera à répéter dix fois la même chose: la
suggestion est retenue.
M. GERIN-LAJOIE: Très bien.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais dire un petit mot
là-dessus. Ce qui se dégage de toute cette discussion à
mon esprit, de toute façon, c'est que cette période de transition
est une période critique pour bon nombre d'élèves qui se
trouvent actuellement dans notre système d'enseignement. Il nous faut
être plus exigeant quant à la formation des maîtres. Nous
sommes fatigués de voir des personnes enseigner à nos jeunes avec
une formation très limitée. Dans le cas du secteur anglophone que
je connais mieux que le secteur francophone, une année au collège
MacDonald a suffi pour permettre à des maîtres d'occuper des
postes de responsabilité considérable auprès de
très jeunes enfants.
Mais pendant cette période de transition, il est évident
que ceux qui ne jouiront pas de la parfaite formation qui sera enfin
réussie par le ministère, ceux-là seront
désavantagés à l'avenir, ils vivront de leurs droits
acquis, si on déclare que ces droits acquis existent, mais se sentiront
toujours des citoyens de seconde classe. C'est un peu comme l'enfant qui est
légèrement arriéré, qui souffre beaucoup plus que
l'enfant qui est sévèrement arriéré parce qu'il a
quand même assez d'intelligence pour se rendre compte qu'il est
arriéré. Et ce sera un malaise qui durera et c'est pour cette
raison, pour ma part, que je demandrais au ministre de chercher à
réduire au strict minimum la période de transition dans
l'intérêt non seulement des maîtres qui sortiront à
l'avenir du système, mais évidemment, dans l'intérêt
de leurs élèves.
Et c'est ça l'intérêt primordial de nous tous, j'en
suis convaincu.
M. CARDINAL: J'ajouterais ceci. D'abord la suggestion est retenue.
Tantôt, lorsque j'ai commencé à répondre, j'ai
insisté sur le fait qu'on veut réduire la période pour la
rendre la plus courte possible. Cependant nous avons déjà un
certain nombre de plans de recyclage pour ceux qui étaient avant la
réforme et qui sont dans une situation qui n'est certainement pas pire
que ceux qui se trouvent dans la période intermédiaire. Nous leur
offrons des plans de recyclage, de rattrapage et encore tout récemment,
vers le 20 mai, nous lancions au ministère un de ces plans de rattrapage
permettant à ces enseignants de rattraper, si vous voulez, ceux qui sont
rendus plus loin sans perdre de salaire, sans être obligés de
retourner durant une pleine année dans une école normale. Alors
il faudra compléter ce qui est annoncé ce soir par des programmes
qui permettront à ceux qui ont été durant la
période intermédiaire j'emploie le
mot « recycler » ou « rattraper »
d'atteindre au niveau de ceux qui les suivront.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je trouve parfaitement normal et
acceptable que de tels cours soient offerts à des personnes qui ont
déjà reçu leur formation ou même à ceux qui
sont actuellement en cours de formation. Je ne trouverai pourtant pas
acceptable qu'une personne qui entre en septembre cette année dans un
cours de formation de maîtres soit obligée par la suite de suivre
des cours de rattrapage ou de recyclage, ou se trouve dans une situation
défavorisée à cause des lenteurs du développement
du système.
M. CARDINAL: C'est pourquoi nous allons hâter l'application de
cette politique nouvelle. C'est la première fois que nous en
parlons.
M. GERIN-LAJOIE: Qu'est-ce qui en est du brevet B? Est-ce que c'est la
fin ou non?
M. CARDINAL: Le Brevet B se transmutera, à partir de 1970, en un
permis pour lequel je n'ai pas la désignation encore, au niveau d'une
quatorzième année.
M. GERIN-LAJOIE : Quand on dit « se transmutera », c'est
l'enseignement ou si c'est seulement pour ceux qui le détiennent
déjà?
M. CARDINAL: C'est conformément au règlement numéro
4. C'est que ceci est rattaché à une année en
psycho-pédagogie. C'est que déjà le Brevet B exige cette
année de psycho-pédagogie qui porte au niveau d'une
quatorzième année l'enseignant qui est prêt à
enseigner...
M. GERIN-LAJOIE : Est-ce qu'on en donne, cette année, des brevets
B?
M. CARDINAL: Oui, encore.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'on en donne l'an prochain?
M. CARDINAL: C'est probable qu'il en sera donné l'an
prochain.
M. GERIN-LAJOIE: Pendant combien d'années?
M. CARDINAL: Je viens d'indiquer dans ma réponse que c'est
jusqu'en 1970.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il est question, ou y a-t-il une
décision de prise au sujet de la possibilité que des finissants
de CPES puissent faire cette année de psycho-pédagogie pour
obtenir un brevet B?
M. CARDINAL: Pas actuellement. Non.
M. GERIN-LAJOIE: C'est une question qui s'est posée dans certains
milieux.
M. CARDINAL: Le CPES, c'est une 12e spéciale. C'est
intégré au secondaire simple dans les plans.
M. GERIN-LAJOIE: Eh bien, c'est ça, ma question. Est-ce qu'il a
été question, dans certains milieux, peut-être pas chez les
hauts fonctionnaires du ministère, mais dans les milieux enseignants
que, après le secondaire simple, pour ceux qui auraient eu un cours
équivalant au CPES, comme contenu, ils puissent faire une année
de psycho-pédagogie pour obtenir le brevet B? La réponse est
non?
M. CARDINAL: Non, pas pour cette année.
M» GERIN-LAJOIE: Pour cette année, est-ce encore possible?
Pas étonnant que les étudiants se posent des questions, M. le
Ministre! Vous comprendrez...
M. CARDINAL: Je ne suis pas étonné. Cette année
encore, si vous voulez, ça sera considéré comme une
treizième.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Ministre, est-ce que je peux
réitérer une observation et une suggestion que j'ai
formulées l'autre jour et qui se rapportent à l'information? Que
c'est donc important...
M. CARDINAL: Ce n'est pas nécessaire de les
réitérer. Pour ça, il faudrait augmenter le budget de
l'information.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que le ministre veut étudier
sérieusement les prévisions budgétaires de son
ministère. Il nous a dit l'autre jour au poste de l'information que les
budgets sont légèrement accrus...
M. CARDINAL: $1 million et deux cent quelque mille dollars.
M. GERIN-LAJOIE: ... légèrement accrus à cette
fin-là et qu'indépendamment des sommes prévues, il y avait
toujours la façon d'utiliser ces sommes-là, le ministre en est
conscient. Or, je pense que sur des questions comme celles que nous discutons
justement, il y a un pro-
blême d'information, un problème de communication au sens
le plus large, pas seulement d'information par écrit ou de programmes de
radio ou de télévision, un problème de communications sous
toutes les formes. Le ministre en est sûrement conscient dans une bonne
mesure mais je pense, et je me reporte à ce point de vue-là
à ma propre expérience, qu'un ministre ne se fait jamais trop
dire par des gens de l'extérieur ce qu'on ressent à
l'extérieur du ministère. Le ministère de l'Education est
un très gros ministère, celui qui en est le titulaire a de
grosses responsabilités. Je sais d'expérience que l'on ne peut
pas toujours être au fait de toutes les réactions des gens qui
sont à l'autre bout de la chaîne, les consommateurs du
système. Alors, c'est pour ça que je me permets d'insister dans
son intérêt, puis-je dire, mais surtout dans
l'intérêt du système de la population qui est
appelée à bénéficier du système
d'éducation.
M. CARDINAL: Puisque le député réitère ceci,
je réitère quelque chose que j'ai déjà dit et
auquel je crois vraiment. C'est que, d'une part, je fais l'impossible, non pas
malgré mais à cause des responsabilités qui m'incombent,
pour être attentif aux gens et à ce qui se passe et que, d'autre
part, je fais le même possible pour tenter, par tous les moyens qui sont
à la disposition du ministère, d'informer la population en
matière d'éducation, de ce que nous pouvons offrir, de ce qui se
produira et que c'est mon voeu le plus cher qu'on puisse toujours annoncer
d'avance, comme on le fait ce soir, des politiques pour que l'on sache
où se dirige le ministère dans chacun des domaines qui sont sa
responsabilité.
M. GERIN-LAJOIE: C'est un problème qui met en cause toutes les
techniques modernes de communication et d'information, une déclaration
comme celle qu'a fait le ministre ce soir.
C'est très bien, il faut commencer par là. Mais, c'est
très insuffisant, même les gens qui sont ici trouvent que ce n'est
pas suffisant. Alors, c'est de mettre en marche toutes les techniques modernes
de communication dans les deux sens, pour bien s'assurer de la façon
dont les choses sont perçues à l'autre bout de la ligne.
M. CARDINAL: D'accord. C'est pourquoi... Vous savez pourquoi j'aurais
fait une conférence de presse où f aurais répondu aux
questions des journalistes. J'ai fait des déclarations à ce
comité où j'ai répondu aux questions des
députés.
M. GERIN-LAJOIE: Bien, ce ne sont pas né- cessairement les
meilleures questions qu'il retire là. Je ne veux pas prendre trop de
temps, quant à moi, j'aurais juste une petite question je vais la
faire courte, mais elle est très importante malgré tout au
sujet du recyclage et du perfectionnement des maîtres.
Je voudrais surtout poser ma question au sujet de la différence
qui existe entre le recyla-ge et le perfectionnement, le recyclage étant
entendu généralement pour l'adaptation de nouvelles
méthodes et le perfectionnement étant quelque chose de plus en
profondeur et plus étendu, je pense, le perfectionnement menant à
des diplômes ou des degrés supplémentaires, provisoirement
des crédits, évidemment, et éventuellement des
diplômes. Tandis que ce n'est pas le cas du recyclage. A l'heure
actuelle, dans les milieux enseignants, il semble y avoir un certain malaise,
justement, à cause de la différence entre les deux, surtout en
raison du fait que le recyclage ne donne pas lieu à des
améliorations de statut et à des augmentations de traitements,
tandis que le perfectionnement conduit à ce résultat.
Alors, est-ce que le ministre a quelque chose à nous dire
à ce sujet-là pour améliorer la situation ou bien est-ce
que l'on continue comme c'est le cas, maintenant?
M. CARDINAL: Justement, il y a quelque chose. L'on sait que cette
matière en particulier est actuellement l'objet de négociations
et que, par conséquent, à cette table de négociations,
divers plans sont en discussion.
M. GERIN-LAJOIE: Espérons que la discussion finira et que nous
aurons des résultats, des décisions.
Au sujet des nouvelles méthodes d'enseignement, en toutes sortes
de matières, est-ce que le ministère a une politique à ce
sujet-là? Est-ce qu'on favorise la mise à l'épreuve, la
mise a l'essai, en grand nombre, non pas de toutes les méthodes
imaginables, mais d'un grand nombre? Parce que j'ai l'impression...
M. CARDINAL: II y a deux réponses, et nous les avons
déjà données sous d'autres formes. D'une part, il y a
REPERES, lancé le 18 avril, qui répond ceci: c'est justement une
année de recherche sur les méthodes psycho-pédagogiques
et, deuxièmement, il y a cet institut de recherche pédagogique
qui, entre autres choses, subventionne des recherches faites dans les
méthodes pédagogiques.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais est-ce que je peux préciser ma
question? C'est qu'à l'heure actuelle, il semble y avoir une
prolifération de
nouvelles méthodes qui sont utilisées en fait, et d'autres
à titre expérimental, plus ou moins, et il semble qu'on se perde
trop dans une telle multiplicité de nouvelles méthodes
auxquelles, assez souvent, dans certains milieux là, chez ceux que
j'appelerais des vendeurs de nouvelles méthodes, des promoteurs de
nouvelles méthodes, l'on tente d'attribuer une trop grande valeur
à la méthode en sol. Alors je me demande si le ministère a
une certaine politique à ce su-jet-là pour restreindre l'usage de
ces nouvelles méthodes et attacher plus d'insistance sur le contenu?
Il y a sûrement eu un grand nombre de nouvelles méthodes
qui ont été mises à l'épreuve depuis disons, je ne
sais pas moi, depuis cinq ans, et...
M. CARDINAL: C'est exact...
M. GERIN-LAJOIE: Je me demande là si au ministère on a
l'impression qu'il est temps de mettre un frein à la
prolifération...
M. CARDINAL: La question présuppose, à moins que je la
comprenne mal, un principe qu'il ne faudrait pas développer trop de
méthodes nouvelles, que les ayant découvertes ou
développées il ne faudrait pas trop en essayer. Par
conséquent, c'est dangereux comme principe, et je ne pense pas que les
enseignants, qui sont des professionnels de la pédagogie, l'acceptent a
priori. Je pense bien qu'une réforme dans l'enseignement, une fois que
les structures sont établies pour un certain temps, quitte à
être revisées, ne s'arrête pas dans le domaine des
méthodes qui ne sont que des moyens. Par conséquent, de la
façon dont la question est posée et je ne veux y
découvrir aucun piège un oui ou un non ne donne pas une
réponse...
M. GERIN-LAJOIE: J'ai l'impression qu'il y a une trop grande
prolifération à l'heure actuelle, que des maîtres en
exercice se recyclent pour apprendre les nouvelles méthodes et
qu'après un certain temps, je ne sais pas combien d'années, mais
un certain temps, pas très long, on découvre que, dans un milieu
donné, on ne se sert plus de la méthode, et que le recyclage,
à toutes fins pratiques, a été inutile.
M. CARDINAL: C'est ce qu'il y a de particulier à toute recherche.
Non seulement en pédagogie. Ailleurs, on pourrait prendre d'autres
domaines. Dans le domaine médical, c'est ce que l'on découvre
continuellement et c'est pourquoi les médecins se recyclent
continuellement. Et je pense que les pédagogues doivent faire la
même chose. Il ne s'agit pas je dois faire attention à
l'interprétation de faire des enfants des cobayes de nouvelles
méthodes, de multiplier à l'infini ces nouvelles méthodes
quant au temps et quant au lieu et quant au niveau...
M. GERIN-LAJOIE: Il y a des enfants qui perdent leurs énergies et
des professeurs qui se recyclent pour rien.
M. CARDINAL: C'est sûr qu'il y a un juste milieu dans ceci. Mais,
je ne voudrais pas que ce juste milieu soit au détriment de recherches
pédagogiques. Je pense que nous en sommes rendus à une discussion
qui ne permet pas de réponse précise, puisque nous sommes, non
plus, dans des buts à atteindre ni dans des moyens. Alors, on ne peut
pas imposer une méthode et arrêter, si vous voulez, la
liberté d'orientation nouvelle.
M. GERIN-LAJOIE: C'est une questiond'at-titude du ministère. Les
nouvelles méthodes doivent être approuvées par le
ministère, si je comprends bien. Alors, le ministère peut limiter
le nombre de ces approbations quant au nombre de méthodes et il peut
aussi limiter les champs d'expérimentation de telle ou telle
méthode. Par exemple, ne pas permettre qu'une expérience soit
faite dans un grand nombre d'écoles inutilement.
M. CARDINAL: C'est ce que le ministère fait. Et il le fait
même au niveau des méthodes d'enseignement des maîtres
eux-mêmes. L'opération REPERES dont on parlait tantôt,
où il y a une entente, est limitée obligatoirement à un
secteur donné et facultative dans un certain nombre d'autres secteurs
qui devront être approuvés par le ministère. Le
ministère actuellement mène à ce plan-là de la
formation des maîtres, si je m'en tiens uniquement à ce poste,
sans limiter la liberté, la limite de l'application quant au nombre et
quant au lieu, de façon à ce que cela ne soit pas une situation
où, à chaque endroit, on fasse une nouvelle recherche.
M. GERIN-LAJOIE: Enfin, pour le moment, je ne fais que signaler le fait
que selon les renseignements dont je dispose, il y a peut-être un abus
quant au nombre de méthodes, ou au nombre d'endroits où on les
met en application et que cela entraîne une perte d'énergie
considérable chez les professeurs, qui, à un moment donné,
après s'être recyclés ont des cours qu'ils n'ont plus
à utiliser.
M. CARDINAL: Bien, est-ce que cette im-
pression ne proviendrait pas du fait qu'après avoir
été tant d'années dans des méthodes rigides, nous
passons à une période d'expérimentation et que le
contraste laisse croire à une situation qui serait plus grave qu'elle ne
l'est?
Mais, encore là, il y a une question d'information, je pense.
C'est moi qui reviens à la charge et il y a une question aussi de
liberté ne signifiant pas le désordre.
M. GERIN-LAJOIE: Qu'est-ce qui va arriver au sujet des normaliens qui,
selon un rapport des journaux, ont décidé de boycotter de
nouveau, les examens des 26 et 27 juin?
M. CARDINAL: Bon, évidemment, j'aimerais avoir des chiffres
précis, parce que nous suivons la situation chaque jour.
Disons que si on prend uniquement les renseignements que le ministre
lui-même a pu lire dans les journaux, ce sont des renseignements que je
ne qualifie pas d'inexacts mais que je qualifie de partiels.
En fait, il y a eu une réunion. Si vous vous rappelez les
chiffres que j'avais donnés ici, il y avait plus de 1,000
étudiants sur plus de 5,000 qui ne s'étaient pas
présentés à cet examen. Je vous ai lu la lettre qui avait
été envoyée. J'ai donné dans quel contexte l'examen
avait été préparé et annoncé et la lettre
avait été envoyée. Si on parle du rapport des Journaux, on
voit que sur 400 et quelques étudiants présents à cette
réunion, ce qui n'est plus 1,200, il y en a quelque 300 qui se sont
déclarés contre l'examen. D'autre part, nous savons que les
lettres que nous avons envoyées ont pour un grand nombre reçu des
réponses et ce nombre de réponses dépasse actuellement
800. Je pense que ceci décrit bien la situation.
M. GERIN-LAJOIE: Des réponses individuelles reçues au
ministère?
M. CARDINAL: Des réponses individuelles reçues au
ministère des gens qui n'étaient pas à cette
réunion ou qui y étaient. Evidemment, je ne puis pas
contrôler. Elles sont déjà affirmatives pour plus de 800
sur un nombre possible maximum de plus de 1,400. Et nous suivons chaque jour
cette situation.
M. GERIN-LAJOIE: Quant à la formation des maîtres, pas
d'autres questions, M. le Président Sur d'autres articles?
M. CARDINAL: Est-ce que dans ce cas-là, je pourrais remettre
certains documents qui avaient été demandés? Est-ce que
l'on considère que le numéro 10 est approuvé?
Le numéro dix approuvé? Bien, voici, je vais
énumérer les documents et les remettre au fur et à mesure.
On avait demandé que je dépose un rapport qui a été
remis au ministre par des fonctionnaires à la suite de certains
événements qui s'étaient produits à
Saint-Léonard. On avait mentionné qu'un fonctionnaire de langue
française et un fonctionnaire de langue anglaise, à savoir M.
Tremblay et M. Rosevear qui sont membres du bureau régional de
Montréal, s'étaient rendus sur les lieux. Je remets ce rapport au
député de Vaudreuil-Soulanges.
On avait d'autre part posé une question concernant la liste des
commissions scolaires qui n'ont pas atteint le taux normalisé. On ne
fera pas de procédure. La réponse sera donnée par
écrit au moyen d'un tableau. Il y avait aussi une question sur les
statistiques concernant l'enfance inadaptée. Un tableau a
été préparé donnant des catégories d'enfants
des nombres de classes d'élèves pour les années 1960-1961,
1965-1966, 1966-1967, 1967-1968 avec des renseignements sur le nombre des
professeurs, le niveau des classes. Je remets aussi ce document.
Il y avait une autre question sur les ententes entre les commissions
scolaires catholiques et les commissions scolaires protestantes. Il y a
également un tableau qui a été préparé sur
les ententes actuellement en vigueur et sur les projets d'ententes à
l'étude pour l'année budgétaire ou scolaire 1968-1969, et
je remets également ce document.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre me permettrait? Quant au tableau
sur l'enfance inadaptée?
Quant à l'ajournement, est-ce que le ministre serait
disposé à aller jusqu'à 11 h 30, disons? J'ai
l'impression, d'après mes questions, que ça peut aller jusque
là, ou est-ce qu'il aime mieux continuer demain?
M. CARDINAL: Oui, ça peut aller jusqu'à 11 h 30 pour une
raison très précise. L'on sait par une annonce que j'ai faite
devant ce comité et qui a été rapportée dans les
journaux, que demain je reçois les commissaires de la commission
scolaire de Saint-Léonard, et que je veux leur consacrer autant de temps
qu'il me sera permis de le faire.
M. GERIN-LAJOIE: On pourrait siéger demain après-midi,
mais de toute façon, en vingt minutes ou une demi-heure on peut passer
à travers.
M. CARDINAL: Je suis I la disposition du comité.
M. GERIN-LAJOIE: Si le ministre n'a pas d'objection et les
collègues non plus.
M. CARDINAL: Est-ce que j'attends vos questions ou si je vous remets
d'autres documents?
M. GERIN-LAJOIE: Bien, j'aimerais yjeter un petit coup d'oeil.
Peut-être que c'est plus simple de poser les questions au fur et à
mesure.
Au sujet des ententes entre les commissions scolaires, ententes
actuellement en vigueur, nombre 10. Nom des commissions scolaires en cause, par
exemple, Arvida entre le Saguenay Valley School Board et la régionale
Lapointe. Pourquoi Arvida? Est-ce que c'est tout simplement le nom du
siège de la régionale?
M. CARDINAL: C'est le lieu physique où se trouve
l'école.
M. GERIN-LAJOIE: C'est parce que je me demande...
M. CARDINAL: L'école anglaise était à Arvida dans
ce cas.
M. GERIN-LAJOIE: Protestante?
M. CARDINAL: Oui, c'est ça. Enfin, anglaise protestante parce que
dans ce cas, Saguenay Valley School Board, c'est à la fois anglais et
protestant. Et la régionale Lapointe est française et catholique.
Nous parlons d'ententes entre les commissions scolaires catholiques et
protestantes.
M. GERIN-LAJOIE: Je comprends, cela pourrait être une école
catholique anglaise fréquentée par des protestants,
théoriquement.
M. CARDINAL: Enfin, dans ce cas je vous dis qu'elle est protestante.
M. GERIN-LAJOIE: Ce que jeveux savoir de façon précise,
c'est si ça englobe tous les enfants du territoire de la
régionale Lapointe.
M. CARDINAL: Ma réponse est oui.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, La Gaspésia Regional School Board et la
régionale de la péninsule dispensent l'enseignement secondaire au
complet?
M. CARDINAL: Disons qu'il s'agit de l'enseignement secondaire dans tous
les cas.
M. GERIN-LAJOIE: Complet, sans restriction?
M. CARDINAL: Sans restriction, complet. M. GERIN-LAJOIE: Quelques
cas?
M. CARDINAL: Quelques cas, ici, où en plus vous avez parfois
l'enseignement élémentaire.
M. GERIN-LAJOIE: II y a des cas de commissions scolaires locales comme
Murdochville, par exemple, entre les deux commissions scolaires locales,
où c'est pour l'élémentaire. Et le secondaire?
M. CARDINAL: L'élémentaire et le secondaire, c'est
ça. Arvida aussi est un cas d'élémentaire et de
secondaire.
M. GERIN-LAJOIE: Bien, c'est marqué entre les deux
régionales.
M. CARDINAL: Non, entre le Saguenay et le Valley School Board, on ne dit
pas que c'est régional. Mais ce cas d'Arvida couvre à la fois
l'élémentaire et le secondaire.
C'est un détail, si vous permettez. Si l'on part de la liste que
vous avez devant vous, l'élémentaire et le secondaire existent
dans le cas de Gagnon, Matagami, Murdochville, Thet-ford Mines. Dans les autres
cas, c'est le secondaire. Arvida était donc une mauvaise réponse,
et je corrige.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, voulez-vous répéter le
renseignement que vous venez de nous donner?
M. CARDINAL: Oui, alors, je répète. Je ne mentionne que
l'élémentaire et le secondaire...
M. GERIN-LAJOIE: Oui.
M. CARDINAL: Dans les cas que je mentionne, c'est le secondaire. Gagnon,
Matagami, Murdochville et Thetford Mines.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Ministre, j'ai une question de procédure,
je ne sais pas si je peux appeler cela comme cela. Il va y avoir la
transcription de nos débats en comité.
M. CARDINAL: Oui, selon le règlement.
M. GERIN-LAJOIE: Or, je me demande s'il ne serait pas utile de publier
certains de ces
tableaux en annexe, pas tous, pas le document concernant
Saint-Léonard, mais il y a d'autres tableaux là, seulement dans
l'intérêt public, je regarde cela, je pense que les ententes entre
régionales, cela serait intéressant que ce soit
publié.
M. CARDINAL: Le ministre n'a pasd'objec-tion à ce que les
tableaux qui sont distribués soient publiés en annexe.
Je ferais peut-être certaines réserves sur certains autres
documents qui sont donnés à titre d'information parce que
c'étaient des documents internes, de nature plus privée. Mais
pour les tableaux, comme c'est le cas pour la liste des commissions scolaires
qui n'ont pas atteint là taux normalisé, ou l'entente entre les
commissions scolaires, ou les statistiques sur l'enfance inadaptée, il
n'y a aucune objection à ce qu'ils soient annexés au journal des
Débats, au procès-verbal de nos délibérations.
Je n'ai aucune objection. Sur demande, des documents pourraient
être obtenus...
M. PICARD (Olier): Sur le rapport, par exemple, de M. Poupart, du
comité qui a étudié les problèmes de
Saint-Léonard?
M. CARDINAL: Ici, je ne l'ai remis que pour le comité parce
que... Maintenant, je sais, M. Goldbloom, comme membre du comité, que
vous avez un intérêt particulier. Je n'aurais pas d'objection
à ce que vous en ayez une copie.
Evidemment, il est remis, je le répète, pour des fins
internes de discussion. Ce n'est pas un dépôt en Chambre, parce
que c'est un rapport qui avait été demandé d'abord
à titre personnel.
M. GOLDBLOOM: Nous avons compris cela.
M. CARDINAL: Je peux ajouter en plus un document sur les ententes entre
les commissions scolaires pour les élèves catholiques
fréquentant une école protestante ou l'inverse et qui indique
justement le niveau élémentaire ou secondaire. La même
chose pour le projet d'ententes à venir.
Le document suivant. Voici, on avait demandé des renseignements
sur les bureaux régionaux. En fait, j'ai deux documents. Un donne la
liste des bureaux régionaux ainsi que les directeurs, le numéro
de téléphone etc. L'autre donne les effectifs c'est plus
que deux documents en place au 31 mars 1968, soit la fin de l'exercice
budgétaire, et les donne par catégories et par lieux. Un tableau
du personnel actuel et du personnel recruté et même, je vais plus
loin peut-être que la question, mais ce sont des informa- tions, un
état des opérations au premier avril 1968 pour chacun de ces
bureaux. J'entends des opérations non pas financières mais des
opérations de fonctionnement, de types de fonctionnement.
Le premier document, je n'aurais pas d'objection à ce qu'on
l'annexe. Le deuxième, je le donne purement à titre de
renseignement personnel. C'est encore un rapport interne.
Statistiques des inscriptions aux cours télévisés
de Tévec. Nombre d'inscriptions: 34,532. J'avais dit que c'était
au-delà de 30,000. Il y a donc le détail par âge, par sexe,
par scolarité, par région. La cote d'écoute, parce que ce
sont des gens qui ne sont pas inscrits au sens d'étudiants
réguliers et les statistiques sur les réponses aux exercices.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce pour publication celui-là aussi?
M. CARDINAL: Oui, je n'ai aucune objection. M. GERIN-LAJOIE: Oui, c'est
complet, ça.
M. CARDINAL: L'autre document n'a pas été demandé.
C'est une information que je donne à la suite d'une suggestion et qui
indique que, depuis qu'on s'est réuni, il y a eu des directives de
données pour que l'on prenne note qu'à l'avenir les 108
députés seront inscrits sur la liste du service de l'information.
Ce n'est pas pour annexe, c'est pour indiquer que le travail s'est fait.
M. LE PRESIDENT: C'est à la suite de votre suggestion, M. le
Député.
M. GERIN-LAJOIE: Merci bien, M. le Ministre.
UNE VOIX: Vous voyez comme on collabore.
M. CARDINAL: Et enfin, structures administratives des commissions
scolaires régionales. Je donne le document en soulignant quand
même ceci. Ce document est daté de cette semaine. Il vient, comme
je l'ai déjà indiqué lorsqu'on a posé la question,
d'arriver au ministère. Il n'a pas encore été
adressé aux commissions scolaires. Il va l'être incessamment
J'avais mentionné et je le répète, qu'il était fait
comme étant une autre étape de consultation. Par
conséquent, c'est dans cet esprit-là qu'il faut recevoir ce
document.
M. GERIN-LAJOIE: C'est pour publication ou non?
M. CARDINAL: Cela va être publié de toute façon
puisque cela va être envoyé aux commissions scolaires et
publié dans Hebdo-Education.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre va le remettre aux journaux.
M. GOLDBLOOM: Pauvre président!
M. CARDINAL: Oui, je veux être précis. Ceci, c'est la
lettre qui est envoyée aux commissions scolaires. Si l'on prend tous les
détails qu'il y a dans ceci, il y a un cahier qui est de cette
épaisseur-ci et qui est actuellement sous presse.Par conséquent,
je ne peux pas remettre, je pense que ceci y répond déjà.
Mais il pourrait être adressé à tous les
députés dès qu'il sera sorti des presses, si vous voulez,
et ça peut être la semaine prochaine.
M. GERIN-LAJOIE: Merci bien. Est-ce complet, M. le Ministre?
M. CARDINAL: Bien, c'est complet quant à ma liste, honorable
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que je peux référer à un
document que le ministre m'a remis l'autre jour, pour avoir quelques
explications et demander si l'on devrait le publier avec les autres? Il s'agit
des chiffres des écoles et des commissions scolaires où
l'application du règlement no 1 a été autorisée par
le ministère de l'Education, pour 1967-1968 et 1968-1969.
M. CARDINAL: Non, c'est une information, il n'y a pas d'objection. Le
ministre est convaincu que les députés feront un excellent usage
de ces renseignements.
M. GERIN-LAJOIE: Et le journal des Débats a une certaine
diffusion, comme on sait, par abonnement, alors cela peut être utile.
M. CARDINAL: Nous n'avons rien à cacher.
M. GERIN-LAJOIE: La question qui se pose est de savoir si cela peut
être utile ou non. Je pense que oui. Cela complète ce qui a
été donné dans Hebdo-Education du 11 juin 1968.
M. CARDINAL: C'est exact et cela aura une suite.
M. GERIN-LAJOIE: Alors disons qu'il y a seulement un domaine où
j'aimerais poser quelques questions ou exprimer quelques opinions, en quelques
instants. A la suite du document que le ministre m'a remis l'autre jour, pour
l'information des membres du comité, sur la carte des CEGEP pour la
province.
M. CARDINAL: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Ce document n'est pas déposé; en fait il
n'est pas publié en annexe au compte rendu des débats sur les
crédits. Le ministre me l'a remis l'autre jour.
Alors, il y a deux choses que j'aimerais souligner, disons que je vais
soulever des questions d'ordre général mais en rapport avec deux
cas particuliers. Tout d'abord, la question de l'intégration des
instituts de technologie avec des collèges classiques ou autres
institutions, pour former un CEGEP. Alors, disons que mes observations partent
du cas de l'Institut de technologie de Vaudreuil dont le ministre a
annoncé le rattachement à l'ancien collège de
Saint-Laurent et autres institutions, pour former le CEGEP Saint-Laurent.
M. CARDINAL: Est-ce que je pourrais apporter une nuance? C'est une
nuance, mais pour le ministre, elle est importante. Le ministre a
annoncé la constitution du collège d'enseignement
général et professionnel de Saint-Laurent. J'ai cinq personnes
qui sont à l'origine du conseil de l'administration,
c'est-à-dire, les cinq administrateurs provisoires pour trois ans sont
désignés. Ce sont eux qui doivent ensuite compléter la
corporation, engager le personnel, établir les structures. Lorsque vous
mentionnez que le ministre a annoncé que l'institut de technologie est
incorporé, je corrige en disant: La mission a recommandé qu'il en
soit ainsi. Mais le ministre, comme tel, n'a jamais fait une annonce aussi
précise.
M. GERIN-LAJOIE: Bien, le ministre dans sa déclaration, qui a
paru dans Hebdo-Education, n'est pas...
M. CARDINAL: C'est-à-dire non, je me souviens, ce n'est pas dans
la déclaration du ministre. C'est dans les documents qui accompagnent la
déclaration et qui sont des résumés des recommandations de
la mission. Il est vrai que la mission a recommandé l'intégration
de l'Institut technologique de Vaudreuil au Collège de
Saint-Laurent.
M. GERIN-LAJOIE: A la façon dont la déclaration est faite,
il est question et de Vaudreuil et des institutions situées sur le
campus de Saint-Laurent. Par exemple, l'Institut de techno-
logie de Vaudreuil est mentionné mais l'Institut
aéronautique de Dorval, dont il avait été question dans
les travaux de la mission, n'est pas mentionné dans la
déclaration.
M. CARDINAL: Je corrige. Ce n'est pas dans la déclaration. C'est
dans le rapport de la mission. C'est-à-dire qu'au moment de cette
déclaration du mois de mars, je ne sais si c'est le 14 mars, une
déclaration a été faite nommant les collèges
créés. Deux cartes ont été publiées donnant
l'implantation des collèges déjà créés et
des nouveaux collèges. Il y eut en plus, dans les documents qui
accompagnaient cette déclaration, un document qui, dans le fond,
reproduisait les principales recommandations de la mission. Non pas que je
veuille nier cette recommandation de la mission, mais c'était purement
une nuance que j'apportais en ce sens que le ministre, à sa
connaissance, n'a pas déclaré strictement ce qui vient
d'être mentionné. Est-ce que vous pouvez me donner la
référence exacte dans l'Hebdo-Education?
M. GERIN-LAJOIE: Non, je ne la trouve pas. Mais, de mémoire, je
ne me trompe pas, le premier ministre en Chambre, à tout
événement, a mentionné Vaudreuil. Mais de toute
façon, je prends la déclaration que le ministre vient de faire
à sa face même, comme étant la situation du point de vue du
ministère.
M. CARDINAL: De toute façon, c'est une mise au point d'ailleurs
qui ne change pas le fond de la question.
M. GERIN-LAJOIE: Bon, alors, de toute façon, c'est important ce
que le ministre vient de dire, c'est qu'il n'y a pas de décision finale
de prise en ce qui concerne l'intégration de quelque institution que ce
soit, parce que c'est le conseil d'administration du CEGEP qui en
décidera en liaison avec...
M. CARDINAL: ... le ministère. Ceci est exact. Et d'ailleurs, si
l'on voulait généraliser, institut technologique au sens
général ou enseignement spécialisé à ce
niveau, l'intégration n'est pas décidée dans tous les
domaines et dans tous les cas, des dossiers sont à étudier.
M. GERIN-LAJOIE: Voici ce qu'il y avait lieu de craindre. D'ailleurs, il
faut ajouter, pour que le dossier soit complet, le fait qu'au ministère
de l'Education, je pense que c'est à la direction générale
de l'enseignement collégial.
Il y a là des fonctionnaires qui s'occupaient jusqu'à
maintenant, plus particulièrement, de l'enseignement professionnel
dispensé dans les institutions du ministère, instituts et
écoles. On tenait pour acquis, chez les fonctionnaires, que l'Institut
de technologie de Vaudreuil perdait son identité au mois de septembre
prochain, ou enfin avec la fin de la présente année scolaire, que
les professeurs de l'institut actuel devaient être engagés s'ils
étaient au niveau collégial par le CEGEP Saint-Laurent et au
niveau secondaire par la commission scolaire régionale, que l'Institut
perdait sa direction, perdait son budget, en somme, perdait toute
identité.
Or, entre-temps, à la demande des étudiants, M. Paul-Emile
Larose, le directeur général, a envoyé un
télégramme pour dire que les enseignements continueraient
à se donner I Vaudreuil, au mois de septembre prochain, mais, le
télégramme ne dit rien quant à l'autonomie de
l'Institution, quant à l'existence de son corps professoral comme tel,
avec son directeur, avec son budget, avec son administration propre, comme
c'est le cas maintenant.
Les instituts de technologie ont leur identité propre.
M. CARDINAL: Me permettez-vous, M. le Député, de donner
une autre précision qui permettra de prendre le problème, disons,
généralement, et ensuite d'en arriver aux cas particuliers.
J'ai retrouvé ce que vous appeliez tantôt une
déclaration, c'est que dans des documents qui avaient été
rendus publics lors de l'annonce des collèges, qui n'étaient pas
dans la déclaration du ministre, il y avait un document qui disait:
Voici la liste des établissements, etc. C'était
rédigé exactement de la façon suivante. Encore une fois,
ce n'était pas une déclaration, c'était un document
d'information.
Voici: Les établissements scolaires qui ont consenti à
fusionner en des collèges publics leurs fonctions d'enseignement
collégial. Alors, c'était à partir du travail de la
mission qui savait que certaines institutions étaient disposées
à se fusionner. Alors, il ne faudrait pas aller au-delà de
cela.
Prenons, maintenant, le cas de Vaudreuil. Je pense, comme il s'agit d'un
cas en particulier, qu'il mériterait d'être étudié,
à cause d'un intérêt, d'une part que manifeste le
député, et d'autre part, de l'importance pour les
étudiants, le corps professoral et une information qui doit être
juste, que ce cas soit étudié d'une façon
particulière au-delà, je dirais, de ce comité avec le
dossier en main et les personnes concernées, pour que les
décisions qui
doivent être prises puissent l'être, après
l'étude d'un dossier et non pas simplement à partir des documents
que nous possédons, ici, ce soir.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, je suis heureux que le ministre accueille ma
présentation du problème de cette façon-là et je
serai heureux que ce soit considéré à son mérite en
soi.
Il s'agit d'un cas assez particulier parce que l'institut de technologie
est situé approximativement à 25 milles de tout CEGEP, celui de
Saint-Laurent en particulier, mais de deux autres collèges aussi: le
CEGEP de Valleyfield et le collège privé à Rigaud.
«Il aimerais dire ceci au moins pour le dossier. Je pense que l'institut
de technologie ne devrait pas être rattaché à ce moment-ci
au CEGEP Saint-Laurent, je pense que ce serait une décision
prématurée. Je crois que, pour l'instant, le statu quo devrait
être maintenu, que les services d'enseignement à l'institut de
technologie soient offerts aux étudiants qui fréquentent le CEGEP
de Saint-Laurent, le CEGEP de Valleyfield et le collège privé de
Rigaud de façon que les services d'enseignement technique, avec tout
l'équipement actuellement disponible à Vaudreuil, puissent
être mis à la disposition du plus grand nombre et en particulier
de tous les étudiants qui fréquentent ces trois institutions qui
sont situées à une distance à peu près égale
de l'Institut de technologie de Vaudreuil.
Je comprends très bien qu'éventuellement il faudra que la
fonction d'enseignement technique à Vaudreuil soit
intégrée à un CEGEP. Tout ce que je mets de l'avant, ce
que je propose au ministre, c'est que la décision ne soit pas prise
maintenant. Il est d'ailleurs déjà tard pour que cela se fasse
sans trop de heurts pour le mois de septembre, mais que, pour l'année
qui vient, on maintienne une espèce de situation de statu quo avec
quelque chose de nouveau, l'offre des services de cet institut à trois
collèges. Cela, ce serait nouveau. Mais cela ne change pas le
caractère administratif de la chose, tout simplement cela permet
à un plus grand nombre d'élèves d'en profiter. Alors de
toute façon ce serait à étudier.
M. CARDINAL: Est-ce que le député me permettrait de lui
répondre dans le même sens? Je pense quand même qu'il serait
irréfléchi, c'est-à-dire que c'est déjà
décidé, de dire: La suggestion est admise comme ceci. Je pense
que ce qui serait très fonctionnel, c'est que des
intéressés rencontrent des fonctionnaires désignés
qui sont responsables de ces secteurs, ce qui permet d'étudier sur place
le dossier et de faire au ministre une recommandation qu'il peut accepter
après une étude désintéressée des faits
pertinents. C'est une invitation déguisée.
M. GERIN-LAJOIE: Je remercie beaucoup le ministre et sûrement que
les personnes intéressées dans le secteur de Vaudreuil et du
territoire desservi par l'Institut de technologie de Vaudreuil accueilleront
cette invitation du ministre avec grande joie et que nous y donnerons
suite.
Le deuxième point que je voulais soulever, c'est celui du
Collège de Rigaud. Les institutions de Rigaud sont regroupées. Il
y avait là un collège classique, le collège Bourget, une
école normale, d'autres institutions; elles se sont regroupées
pour former un collège privé devant l'attitude du
ministère qui remonte même avant l'adoption du bill 21, à
l'effet qu'il n'y avait pas lieu d'établir un collège public
d'enseignement général et professionnel à Rigaud,
étant donné qu'il n'avait pas le bassin de population scolaire
pour justifier l'existence d'un collège surplace. Mais je pense que
c'est un cas, celui de Rigaud, qu'il faut envisager encore là, sui
generis, c'est un collège résidentiel qui reçoit des
étudiants de toute la province et je pense que le ministère en
est à un point où il devrait considérer très
sérieusement et même favorablement l'établissement d'un
CEGEP qui n'ait pas une assise territoriale comme les autres mais qui soit de
caractère résidentiel, c'est-à-dire qui ait sa
justification dans le fait qu'il a une clientèle qui se recrute bien
au-delà du territoire immédiat de l'institution.
Je pense qu'il y a des investissements très considérables
à Rigaud, une quinzaine de millions de dollars. Il y a un corps
professoral de valeur et, en tout, il s'agit d'une véritable institution
que le Québec, je pense, n'a pas le droit de laisser tomber purement et
simplement D'autant plus qu'il y a actuellement plusieurs centaines
d'étudiants qui la fréquentent et que ce nombre est susceptible
d'augmenter.
Alors, je demande au ministre de bien vouloir considérer
l'établissement du collège de Rigaud en CEGEP et de toute
façon, quel que soit le régime particulier de Rigaud, de
prévoir un régime qui permette aux étudiants de
fréquenter cette institution sans frais de scolarité comme dans
tous les CEGEP incorporés en vertu du bill 21.
M. CARDINAL: Je distingue une chose. Evidemment, sans frais de
scolarité, s'il est créé sous forme de CEGEP ou s'il
demeurait institution privée selon la loi-cadre, subventions selon la
loi-cadre des institutions privées qui sera déposée
incessamment.
CEGEP, la question peut et doit certainement
être étudiée. Cependant, je serai très
précis ici pour ne pas laisser croire à des promesses
inconsidérées. Je ne pense pas qu'à ce temps-ci de
l'année on puisse songer à ouvrir un dossier semblable et
promettre un collège d'enseignement général et
professionnel pour septembre 1968. Je pense que le député serait
probablement d'accord avec moi, si Je ne l'interprète pas au-delà
de sa pensée, que c'est une chose qui doit être soumise à
l'étude qui sera faite pour l'implantation de nouveaux collèges
d'enseignement général et professionnel pour l'automne qui
suivra, c'est-à-dire 1969.
M. GERIN-LAJOIE: J'aimerais mentionnera ce moment-ci, prenant les
observations du ministre en très bonne part, que les prochains CEGEP
devraient être annoncés par le gouvernement beaucoup plus
tôt que cela a été le cas cette fois-ci. Que le
gouvernement ait eu des problèmes administratifs, que l'annonce de la
constitution des CEGEP ait été liée à la mise au
point définitive du budget de la province par le gouvernement, tout cela
je le comprends.
Mais, je pense que les problèmes administratifs, les
problèmes de tout ordre qui surgissent lors de la constitution d'un
CEGEP et auxquels les administrateurs, le corps professoral de même que
les étudiants doivent faire face constituent des éléments
qui, de façon impérieuse, amènent le ministère de
l'Education et le gouvernement dans son ensemble à
décréter la constitution des nouveaux CEGEP, bien avant le mois
d'avril ou le mois de mars d'une année pour l'ouverture au mois de
septembre suivant.
Je me permets d'insister pour que les CEGEP devant être
constitués pour fonctionner au mois de septembre 1969, soient
annoncés par le gouvernement dès le milieu de l'automne 1968,
pour que l'organisation se fasse de façon progressive et sans une
précipitation indue. Quand on songe que, dans des cas comme ceux des
CEGEP qui ont été annoncés à la fin de mars, le 26
mars 1968, les directeurs généraux n'ont été...
M. CARDINAL: Hebdo est du 26, c'était déjà
annoncé.
M. LE PRESIDENT: Lundi, le 12, mardi...
M. CARDINAL: Le 19 mars, enfin cinq jours de différence.
M. GERIN-LAJOIE: Le 19 mars. Alors, des directeurs
généraux, dans des cas comme cela, n'ont été
nommés que tout récemment, cela a été le cas au
CEGEP Saint-Laurent. Alors, une institution de cette envergure-là,
où le directeur général est nommé au mois de juin
ou au mois de mai, disons, le ministre sera sûrement d'accord que cela
rend la mise sur pied de la nouvelle institution, par le regroupement de tout
ce qui existe, très difficile et que le gouvernement devrait être
conscient de ces problèmes-là et prendre les moyens pour annoncer
ses décisions à l'automne, de sorte qu'un directeur
général puisse entrer en fonction, disons, le premier janvier et
avoir tout l'hiver et le printemps, avec ses collaborateurs, pour mettre sur
pied la nouvelle institution.
M. CARDINAL: La suggestion est retenue. C'est pourquoi, d'ailleurs, j'ai
déjà annoncé au sein de ce comité, qu'il y aura un
CEGEP de langue anglaise en septembre 1969 à Montréal, c'est
même avant la mi-automne prochain, et vaut mieux tard que jamais pourvu
que cela ne soit pas en retard.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. GOLDBLOOM: J'aimerais simplement demander au ministre et je ne
lui tends pas de piège en lui posant la question -est-ce qu'il peut nous
donner une idée de ce qu'il espère pouvoir réussir demain,
au cours de sa rencontre, avec...
M. CARDINAL: La déclaration que je fais est la suivante: C'est
que je n'ai pas convoqué les commissaires, je les ai invités. Il
semble qu'ils aient accepté mon invitation. Je ne les reçois pas
pour leur imposer quoique ce soit, mais c'est une première rencontre, ce
qui laisse entendre que cela pourrait être une première suivie par
d'autres ou non. Les événements l'indiqueront et j'ai surtout
l'intention de discuter avec eux pour connaître avec plus de
précisions et directement ce qui se passe, quels sont leurs projets et
par cette consultation, cette participation avec eux, de trouver une solution
qui soit acceptable, dans le cadre de la discussion qui a eu lieu à
cette table, la semaine dernière.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre a l'Intention de faire plus que
d'écouter et de questionner?
M. CARDINAL: Oui, il a l'intention de faire plus. Quand je viens de dire
discuter avec eux et chercher avec eux une solution.
M. GOLDBLOOM: Merci.
M. CARDINAL: M. le Président, est-ce que je peux ajouter quelque
chose?
M. PICARD (Olier): Est-ce que le ministre a l'intention de leur
suggérer de garder le statu quo pour l'année scolaire qui
commence en septembre?
M. CARDINAL: Je ne pourrais pas répondre à cette question,
puisque je ne les ai pas encore rencontrés. Alors, de fait, ceci est une
des possibilités, mais ce serait prématuré, avant de les
avoir vus, de dire que ce sera la solution. Je vous dis que Je serai attentif
à ce qu'ils me diront, que nous discuterons ensemble, que nous
chercherons ensemble une solution qui nous paraîtra la meilleure.
M. PICARD (Olier): Cette réunion est cédulée pour
demain matin?
M. CARDINAL: Elle est prévue pour demain dans la matinée,
oui. Une invitation la prévoit pour demain, dans la matinée.
Est-ce que je peux ajouter quelque chose, M. le Président? Pour
compléter d'autres documents déjà remis ici, nous avons
beaucoup parlé des bourses. Disons que deux documents ont
déjà été déposés. Le dépliant
sur le système d'aide aux étudiants déjà remis au
comité. Le formulaire de prêts et de bourses déjà
remis au comité et j'ajoute aujourd'hui, nous allons de plus en plus
vite, cette fois-ci, en français et en anglais, la notice explicative du
formulaire. L'expédition du formulaire et la note explicative seront
complétées dès le 26 juin et tous les étudiants qui
ont fait une demande en 1967/1968 recevront automatiquement un formulaire
accompagné de la notice.
M. LE PRESIDENT: M. le Ministre, avez-vous terminé?
M. CARDINAL: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je tiens à vous féliciter, M. le
Ministre, de l'esprit avec lequel vous avez répondu aux questions. Je
tiens à féliciter l'Op-position.Je voudrais un vote unanime sur
la façon dont le comité a travaillé. Je tiens à
féliciter tout le monde et à vous remercier de votre
collaboration.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, est-ce que je pourrais
remercier le ministre? Je l'ai fait l'autre jour, mais c'était
après la séance et ça n'a pas été
enregistré. Alors, je voudrais bien qu'on l'enregistre que je remercie
le ministre et ses collaborateurs des renseignements qu'ils nous ont
donnés. Cela ne veut pas dire que les renseignements nous ont toujours
pleinement satisfaits. Bien au contraire. Seulement, je pense que c'est normal
que, dans une administration, il y ait toujours des choses à
améliorer. Je pense que le ministre s'en est bien rendu compte. Et il
est confiant. Alors, je l'ai remercié et lui souhaite bon succès
dans la poursuite de la tâche que je sais énorme.
M. CARDINAL: Puis-je ajouter ceci, M. le Président? De fait, j'ai
dit l'autre fois, moi aussi, une fois les micros fermés, que je
remerciais le président, que j'étais heureux de
l'expérience vécue avec l'Opposition et que j'en tirais
moi-même un certain nombre de suggestions et que j'avais répondu
dans l'esprit qu'on vient d'indiquer, pour une meilleure information dans le
domaine de l'éducation.
Je suis le premier à me rendre compte qu'il existe encore des
problèmes à régler en matière d'éducation et
je pense qu'avec l'équipe des fonctionnaires qui m'ont accompagné
d'ailleurs durant ces réunions, que je veux aussi remercier, qu'il y a
lieu, malgré l'insatisfaction qu'ont pu apporter certaines
réponses, d'espérer que l'avenir sera meilleur que le
présent.
M. LE PRESIDENT: Un seul voeu en terminant, un voeu tout à fait
impartial et objectif, c'est que nous nous retrouvions l'an prochain chacun de
son côté, pour continuer ce travail.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le Président a peur d'avoir des
élections?
M. LE PRESIDENT: Du tout. Je profite du Journal des Débats pour
saluer mes électeurs du comté de Saint-Jean. Je veux que
ça soit inscrit. Salut aux électeurs du comté de
Saint-Jean!
Bonsoir.
(23 h 40)
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