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Famille et Bien-Etre social
(Seize heures une minute)
M. GARDNER (président): A l'ordre!
M. LAFRANCE: Je dois commencer par m'excuser, il paraît que qui
s'excuse, s'accuse. Le comité d'étude des crédits du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social devait se faire par mon
collègue, le député de Jonquière, qui est
allé assister à un congrès international du travail.
Alors, à pied levé, on m'a demandé à la
dernière minute de bien vouloir le remplacer.
Comme la devise des hommes publics, c'est de servir. J'ai
accepté, M. le Président, nous n'avons pas l'intention de faire
subir au ministre ce qu'on appelle un examen en le questionnant sur chacun des
postes budgétaires. Alors, si le comité est de cet avis, nous
pourrions peut-être, dès le début, en profiter pour aborder
tous les problèmes du ministère de façon globale, quitte
à revenir avec quelques questions quand nous passerons les postes
budgétaires.
Je n'ai pas l'intention d'ouvrir le volumineux dossier qui est
accumulé depuis un an au sujet des réclamations, au sujet des
pressions, au sujet des recommandations qui ont été faites par
différents organismes familiaux. Il y a des gens qui ont parlé
dans la province, qu'on appelle les prêtres en colère. J'ai moins
de sympathie pour ces prêtres défroqués que j'en ai pour
certains pauvres. Et nous assistons, dans la province de Québec,
à l'heure actuelle, à ce phénomène des pauvres qui
commencent à se révolter contre leur situation.
C'est assez paradoxal quand on y songe car en 1958, il y a dix ans, le
budget du ministère de la Famille et du Bien-Etre social, si on exclut,
par exemple, les écoles spécialisées et les oeuvres de
terrain de jeux, s'établissait à environ $60 millions. Tandis
qu'aujourd'hui il est rendu à $407 millions, soit une augmentation de
650%. C'est donc une montée en flèche qui s'accompagne en
même temps d'une espèce d'explosion, d'insatisfaction qui n'est
pas particulière, disons, au ministère de la Famille et du
Bien-Etre social. Mais ça nous démontre bien que c'est une
espèce de gouffre, quand on essaie de satisfaire certaines classes de la
société avec des sous et des piastres seulement.
Il faut prendre d'autres moyens, nous aurons l'occasion d'en parler
probablement au cours des crédits. Le moyen par excellence est la
prévention.
Nous n'avons pas l'intention, non plus, d'ac- cabler le ministre de tous
les péchés d'Israël. Nous savons que le ministère de
la Famille et du Bien-Etre social, comme on l'a dit dans le rapport Boucher,
c'est le ministère des conséquences. C'est lui qui récolte
à peu près tous les pots cassés de la
société. Malheureusement, souvent, les remèdes sont
à d'autres niveaux.
Même si nous avons des réclamations, des demandes à
faire aujourd'hui au ministre avec peut-être plus d'insistance que
possible, nous n'avons pas l'Intention de faire comme d'anciens
collègues du ministre qui réclamaient la démission de
l'ancien ministre de la Famille parce qu'il ne réussisait pas à
satisfaire tout le monde.
Mais nous avons bien l'impression et je le dis, M. le
Président, en toute honnêteté, sans animosité
que le ministre est vraiment débordé. Cumuler deux fonctions
aussi importantes que celles de ministre de la Santé et du Bien-Etre
social, en 1968, avec un budget qui s'établit à au-delà de
$1 milliard, le ministre en dépit de sa bonne volonté, en
dépit de sa compétence, en dépit de son affabilité,
je ne crois pas qu'il puisse de façon convenable pouvoir orienter la
politique du ministère.
Est-ce qu'il est question que le ministre soit soulagé de l'une
de ses fonctions? Ce sera l'une de mes premières questions.
M. CLOUTIER: Il faudrait, M. le Président, poser cette question
au premier ministre qui nomme les ministres et fait les mutations, les
modifications au cabinet provincial. Mais disons que si l'on se base sur les
décisions qui ont été prises par le premier ministre
à l'occasion des derniers remaniements ministériels, il ne semble
pas que l'on veuille dissocier ces deux ministères qui peuvent
être coiffés du titre de ministère de la
Sécurité sociale.
Il y a eu certains gestes de posés également par le
ministre et ses ministres d'Etat, parce qu'il faut bien se rappeler que le
ministre en titre partage le fardeau du travail et les responsabilités,
même s'il garde la responsabilité finale des décisions
à prendre. Il partage le fardeau du travail avec deux collègues,
un à la Santé et un au Bien-Etre social.
Je répéterai certains arguments énoncés l'an
dernier en faveur de ce rapprochement des deux ministères, même
si, j'en conviens, cela impose des responsabilités assez lourdes
à ceux qui en ont accepté la charge. Je crois par contre qu'il y
a des avantages qu'on ne doit pas sous-estimer, entre autres évidemment
une meilleure planification dans le domaine de la sécurité
sociale, même s'il y a énormément à faire dans ce
secteur. Il y a une coordination
des forces et des ressources, tant chez les hommes que chez les
institutions et, je crois, M. le Président, l'expérience
révélera qu'il était heureux de faire travailler ensemble
de très près, en étroite coordination, ces deux
ministères. Il y a eu un premier geste concret de posé quand nous
avons pu, grâce à la collaboration du ministre des Travaux
publics, regrouper ces deux ministères physiquement dans un même
immeuble, l'édifice Joffre qui apparaît en couverture du rapport
annuel du ministère et situé sur le chemin Sainte-Foy.
L'aménagement de deux ministères importants dans un
même édifice a certes nécessairement posé des
problèmes que nous n'avons pas tous résolus mais qu'avec le
temps, le plus tôt possible, nous espérons être en mesure de
régler. D'autre part, il y a le regroupement aussi des cadres
supérieurs du ministère et de tous les officiers et
fonctionnaires de ce ministère qui sont en majeure partie à
Québec. Il reste encore quelques fonctionnaires ailleurs dans la ville
de Québec, mais la majeure partie de nos effectifs est regroupée
à l'intérieur de cet édifice. On pourrait élaborer
assez longuement sur la modernisation administrative que permet ce
regroupement. Mais j'ai déjà, dans une intervention
antérieure à la Chambre, dans le cadre du discours du budget,
élaboré assez longuement sur la modernisation des
mécanismes administratifs, la mise en place de procédés
modernes de gestion, d'informatique et même, il apparaît aux
crédits, cette année, cet instrument extrêmement important
qu'on appelle le Centre électronique des données, qui sera
aménagé dans l'édifice ou tout près de
l'édifice Joffre.
Cet instrument sera à la disposition exclusive du
ministère de la Santé et du ministère de la Famille et du
Bien-Etre, qui ont des programmes importants à mécaniser. Je
n'élaborerai pas longuement sur cet aspect administratif quant à
l'intégration de certains services administratifs, intégration
d'un personnel qui travaille à l'intérieur de ces services
administratifs et je pense qu'en y mettant le temps voulu il nous sera possible
de roder ces mécanismes que nous avons déjà mis en place,
de sorte que les résultats qu'apportera une gestion modernisée
seront bénéfiques pour les deux ministères, Santé,
Famille et Bien-Etre social.
En répondant à cette question du député de
Richmond, au sujet de ce fardeau imposé à un homme qui a surtout
la collaboration de deux collègues, je ne voudrais pas poser un jugement
de fond. Mais à mon avis, les gestes qui ont été
posés jusqu'à maintenant et l'orientation que semble prendre, non
pas cette intégration de deux ministères, mais cette cohabitation
et ce travail en étroite collaboration, je pense que, si l'on me permet
non pas de porter un jugement de valeur, mais de donner mon opinion, je crois
que c'est une excellente initiative. A moyen terme et à long terme elle
prouvera qu'elle était désirable.
M. LAFRANCE: II reste tout de même, M. le Président, que le
ministre est appelé, surtout à l'heure actuelle, à prendre
connaissance d'une volumineuse documentation. Il est appelé à
dialoguer, à rencontrer des groupements, et dernièrement, j'ai vu
de nombreuses critiques de gens qui se plaignaient qu'ils ne pouvaient pas
d'ailleurs il y en a toujours qui se plaignent mais je crois
qu'avec raison, certains groupements se plaignent qu'ils ne peuvent pas
dialoguer suffisamment avec le ministre. Il y a là certainement un
écueil à une bonne administration du ministère.
M. CLOUTIER: Depuis un an, en particulier, je pense que j'ai eu
l'occasion d'être fréquemment en contact avec ceux qui travaillent
dans le domaine de la famille et du bien-être social. J'ai eu l'occasion
de donner des conférences ou de recevoir en entrevue pour discussion ou
pour recevoir des mémoires. J'ai eu l'occasion de prendre contact avec
plusieurs organismes qui travaillent dans le domaine de la famille:
fédérations des services sociaux à la famille, organismes
familiaux. Entre autres, j'ai reçu dernièrement un mémoire
de l'Union des familles sur une restructuration proposée du Conseil
supérieur de la famille. J'ai également gardé un contact
très étroit avec les agences sociales, soit par les
fonctionnaires et par mon collègue le ministre d'Etat. Je ne ferai pas
l'énuméra-tion des organismes que j'ai été
appelé à rencontrer, avec qui j'ai été
appelé à discuter depuis un an, mais je crois que même si,
à certaines périodes de l'année, surtout à
l'époque de l'étude en Chambre de législations qui
concernent les deux ministères ou de présentation des
crédits, des prévisions budgétaires, je pense qu'à
ce moment-là il faut tout de même retarder certaines rencontres
qu'on avait prévues. Mais de toute façon, sincèrement et
honnêtement, je crois pouvoir dire que nous avons été
accessibles à tous ceux qui voulaient nous faire des
représentations. Peut-être pas toujours physiquement, mais si nous
n'avons pas pu l'être physiquement, nous l'avons été
autrement, par la correspondance et la réception des mémoires et
d'autres facilités modernes de communication.
M. BOURASSA: M. le Président, est-ce que
je pourrais poser une question sur l'assistance-médicaments?
On reconnaît l'importance de la mesure, on sait que le projet est
en marche, que des fonctionnaires d'une grande compétence y travaillent
et on connaît aussi la modestie des coûts en question, je pense,
d'après la commission Cas-tonguay, c'est $8 millions. Cela
coûterait une somme de $8 millions pour fournir
l'assistance-médicaments gratuitement aux assistés sociaux.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire quand ça va entrer en vigueur,
étant donné que ça existe dans d'autres provinces et que
c'est un besoin tellement essentiel et tellement évident?
M. CLOUTIER: Le comité de l'assistance-médicaments
formé par arrêté en conseil s'est mis au travail dès
sa formation. Il y a déjà quelques mois qu'il est au
travail...
M. BOURASSA: Plus que ça je crois.
M. CLOUTIER: Quelques mois. Mes fonctionnaires vont me fournir
l'information. Cela fait un an exactement. Des étapes ont
été bien tracées afin d'en arriver, pour ce comité,
à proposer au gouvernement la mise en place d'un régime
d'assistance-médicaments pour les assistés sociaux.
M. BOURASSA: Oui.
M. CLOUTIER: Il y a des experts qui ont été appelés
à faire partie de sous-comités et je suis dire, M. le
Président, qu'à ce stade-ci il y a deux étapes importantes
qui sont franchies, dont la deuxième se terminera probablement cette
semaine ou la semaine prochaine. C'est l'étape de la fabrication du
formulaire.
M. BOURASSA: Qui n'est pas la plus facile.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas la plus facile, c'est la plus difficile. Les
experts qui ont travaillé sur ce comité, en collaboration avec le
grand comité de l'assistance-médicaments, disent que
jusqu'à présent le travail a été mené
au-delà de leurs espérances. Certaines difficultés
vraiment considérables qui avaient été entrevues au
début du travail ont été résolues et je pense que
selon les rapports que j'ai présentement, la liste des
médicaments qui nous sera soumise sera véritablement le fruit
d'un travail d'hommes très compétents.
Comme troisième étape, il y aura la négociation. Je
veux tout de suite rassurer tous ceux qui sont intéressés par
cette troisième étape qui est extrêmement importante. Ceux
qui sont dans le champ de la pharmacie, de la fabrication des
médicaments, auront tout le loisir de se faire entendre, de rencontrer
et les experts qui ont travaillé sur la fabrication de la liste et le
grand comité, de sorte que...
M. BOURASSA: Cela va être long.
M. CLOUTIER: Je ne veux pas présumer, évidemment, du
climat de la négociation. J'imagine qu'après ce travail qui a
été fait par le comité des experts, je suppose qu'ils
auront en main tous les éléments pour répondre aux
questions qui seront posées par les fabricants de
médicaments.
M. BOURASSA: Le ministre réalise l'urgence de la mesure, quand
même. Il y a des gens qui reçoivent une maigre allocation sociale
mais il en passe une partie, surtout les personnes âgées, pour
acheter des médicaments. Est-ce que vous prévoyez que ça
va être mis en pratique avant la fin de l'année?
M. CLOUTIER: Ceux qui ont réellement le problème des
médicaments, présentement, les assistés sociaux, ceux qui
ont réellement un problème dans la comptabilisation des besoins
sur la formule, bien on tient compte de cet article « médicament,
» de sorte qu'il y a une partie de ce coût de
l'assurance-médicaments qui va remplacer un coût que nous assumons
déjà en partie consciemment ou inconsciemment. Alors, disons que
les estimations du député...
M. BOURASSA: De la commission Caston-guay. Je ne veux pas m'approprier
des estimations qui ont été le résultat de plusieurs mois
d'études.
M. CLOUTIER: Le député est très modeste et je
reconnais...
M. BOURASSA: Le ministre aussi. Dans le même ordre d'idées,
question de la carte médicale, évidemment, parce que les gens
quipos-sèdent des cartes médicales actuellement ne peuvent pas
bénéficier de médicaments gratuits. Je pense que
là, ce serait un avantage.
M. CLOUTIER: C'est exact que ceux qui ont la carte d'assistance
médicale ne peuvent pas avoir des médicaments en vertu de
l'assistance-médicaments. Ils l'obtiennent en vertu de nos lois
d'assistance publique, parce qu'ils font la preuve des besoins, mais dans la
preuve des
besoins Ils mentionnent particulièrement cet article
médicament. Mais de toute façon, pour répondre
précisément à la question du comité, je ne peux,
à ce moment-ci, prévoir la durée de cette troisième
étape qui concerne la négociation. Nous espérons que cette
étape sera franchie assez rapidement et que nous pourrons ensuite,
apporter une législation.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre aurait une solution pour la question
de la carte médicale puisqu'on vient de l'aborder? J'avais
souligné, l'année dernière c'est un problème
extrêmement courant dans mon comté J'en ai parlé
à plusieurs reprises.
Est-ce que le ministre aurait une solution pour ces gens qui
reçoivent une pension de vieillesse fédérale accrue et qui
perdent ainsi l'allocation provinciale? Ils se trouvent à perdre leur
carte médicale. Nous recevons encore plusieurs plaintes. Je sais que
l'an dernier, le ministre avait promis de faire diligence pour régler
ces cas-là et je dois lui dire que nous avons encore plusieurs cas qui
nous sont soumis, du moins dans mon comté, peut-être dans le
comté de Richmond, peut-être pas dans le comté de
d'Arcy-McGee.
M. HOUDE: Cela n'a pas l'air d'être réglé.
M. LAFRANCE: Le ministre avait dit à ce moment-là qu'il
essaierait d'accorder une allocation symbolique pour justifier la remise de la
carte médicale.
M. BOURASSA: C'est pour les vieilles personnes. Ce sont elles qui ont
besoin le plus de soins médicaux parmi les différentes
catégories d'individus.
M. HOUDE: Vous aviez l'air très compréhensif, l'an
dernier, lorsque nous avions étudié cela et ça
m'étonne moi aussi, je voulais aborder cela qu'il y ait
une foule de gens qui reçoivent, qui n'ont comme moyen de vivre que
l'allocation qui vient du fédéral, de la pension de vieillesse et
qui ont perdu cette carte d'assistance médicale. Est-ce qu'il y a un
moyen possible, un moyen technique de la leur procurer dans certains cas? Nos
bureaux régionaux font des enquêtes, je sais. J'ai un cas en
tête actuellement qui est très particulier peut-être, mais
où le travailleur social du bureau régional est
entièrement d'accord et fait la recommandation. C'est un vieux couple
malade qui a besoin de voir le médecin régulièrement et
qui demeure à un endroit où il n'y a ni moyen de communication,
ni moyen de transport, il est obligé de prendre un taxi ou se faire
conduire par des voisins, et c'est impossible. Cela fait un an qu'on essaie
d'obtenir la carte d'assistance médicale et il a fallu à un
moment donné que le médecin intervienne lui-même et
garantisse justement ces vieillards de pouvoir faire des visites gratuitement
et de ne rien charger, parce qu'on n'a pas cette carte-là et les gens
n'en ont pas les moyens.
M. BOURASSA: La situation est empirée. Evidemment, avant ils
avaient leur carte médicale, là ils ne l'ont plus.
M. CLOUTIER: On va replacer le problème dans son contexte. L'an
dernier, nous en avions discuté assez longuement. On se souvient,
probablement les députés se souviennent certainement
comment cela s'est produit à ce moment-là il y a eu
modification de la loi fédérale, celle de la
sécurité de la vieillesse. Il y a eu addition à la pension
de $75, pension universelle déjà versée aux
récipiendaires de la sécurité de la vieillesse, il y a eu
une allocation supplémentaire qu'on a appelée une allocation de
revenus minimum, une garantie au maximum de $30, de sorte que le revenu total
de la personne qui peut entrer sous la Loi de la sécurité de la
vieillesse était de $105. Nous avions à ce moment-là,
18,000 cas de personnes âgées de 68 ans et plus, qui recevaient
une allocation supplémentaire de $1 jusqu'à $30 et
au-delà. Mais ceux qui nous concernent, ce sont surtout ceux qui se
situaient entre ce zéro et $30. Je l'ai dit l'an dernier j'ai
donné des chiffres dont je me souviens il y avait à ce
moment-là 10,000 personnes qui ont pu ravoir la carte d'assistance
médicale après avoir produit une formule de revision.
M. BOURASSA: ... Dix mille...
M. CLOUTIER: 10,000 personnes sur les 18,000, au moment des discussions
des crédits de l'an dernier. Il y avait également 1,500 personnes
dont nous devions revoir le dossier et qui, à notre avis, pouvaient se
réinscrire et obtenir une allocation du provincial, une allocation
supplémentaire, et recevoir la carte d'assistance médicale. Il y
avait d'autre part 4,000 personnes qui ne se qualifiaient définitivement
pas pour une allocation supplémentaire du provincial et par
conséquent, la carte d'assistance médicale. Il restait 3,000
personnes qui ne nous avaient pas donné de réponse et, à
ce moment-là, nous nous interrogions pour savoir pourquoi nous n'avions
pas reçu de réponse à l'invitation que nous avions faite
à ces personnes de nous
faire part de leurs besoins de sorte que nous puissions leur donner une
allocation supplémentaire, si possible.
M. BOURASSA: Souvent, ce sont des vieilles personnes qui
déménagent, qui restent en chambre.
M. CLOUTIER: Comme je l'avais promis l'an dernier, nous avons fait un
rappel à ces 3,000 personnes j'ai ici le texte qui avait
été envoyé par la Commission des allocations sociales
et on leur disait, entre autres: Si même avec l'aide de vos
parents ou amis il vous est difficile de remplir la formule incluse, veuillez
nous le faire savoir et nous demanderons à l'un des agents du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social d'aller vous aider
à la remplir.
C'était évidemment pour aider à ces gens dans les
cas où c'était le manque d'instruction ou d'autres raisons
semblables qui les empêchaient de répondre à la demande du
ministère.
Je puis donner des statistiques en date de cette année au 31
décembre...
M. BOURASSA: Je crois que Charles Azna-vour fait concurrence au
ministre, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de le faire taire?
M. LE PRESIDENT: De fermer les fenêtres?
M.BOURASSA: Oui.
M. LE PRESIDENT: Ou de le faire arrêter?
M. BOURASSA: Pas de fermer les fenêtres mais... Ah! vous avez un
concurrent.
M. CLOUTIER: Nous avions au 31 décembre 1967, 15,051 personnes
âgées de 67 ans et plus qui recevaient un supplément
d'allocation de pension de veillesse et qui donc avaient leur carte
d'assistance médicale.
M. BOURASSA: C'est 15,000, combien?
M. CLOUTIER: C'est 15,051 personnes, au 31 décembre 1967. Et
durant les douze mois qui ont précédé 11,010
bénéficiaires sont décédés.
UNE VOIX: Ah! ceux qui avaient... UNE VOIX: Un taux assez
élevé.
M. BOURASSA: On voit que l'assistance médicale est urgente.
M. CLOUTIER: Je laisse aux médecins le soin d'interpréter
ces statistiques, mais disons que je ne voudrais pas conclure à
première vue que dans ces âges-là, le taux est plus
élevé ici qu'il l'est ailleurs.
M. BOURASSA: Je fais foi aux affirmations du ministre.
M. CLOUTIER: Alors, nous avons 15,051 personnes qui, au 31
décembre 1967, avaient un supplément de pension, un
supplément du gouvernement provincial et la carte d'assistance
médicale. Nous avons examiné chacun des cas en particulier.
Je viens de dire à l'instant que nous avons fait un rappel
à ceux qui n'avaient pas donné de réponse à notre
première invitation. Et tous les fonctionnaires, particulièrement
ceux de la Commission des allocations sociales, se sont penchés sur
chacun des dossiers et ont donné à l'intérieur de la
réglementation actuelle, le maximum de bienveillance à la demande
soumise. On a fait bénéficier les postulants de tous les
mécanismes que pouvaient permettre notre réglementation et notre
législation actuelle de sorte que dans plusieurs cas l'allocation n'a
été, à toutes fins pratiques, qu'une allocation symbolique
de $5 avec la carte d'assistance médicale.
Il faut dire que, dans plusieurs cas, celui qui a obtenu une allocation
du fédéral, une allocation du revenu minimum garanti de $30 et
qui continue à recevoir un supplément du provincial et sa carte
d'assistance médicale, il est en bien meilleure posture qu'il
l'était.
UNE VOIX: Oui, évidemment.
M. BOURASSA: Celui qui reçoit cinqdollars de plus du
fédéral et qui perd sa carte, il n'est pas...
M. CLOUTIER: On peut également examiner le cas de celui qui
reçoit une allocation du fédéral de $30 ou $25 et qui ne
reçoit pas d'allocation du provincial, ni sa carte d'assistance
médicale. Dans plusieurs cas, il est encore avantagé, par rapport
à ce qu'il avait auparavant.
M. BOURASSA: La dépense est faible.
M. CLOUTIER: Oui, mais la moyenne des allocations, des
suppléments que nous avons payés l'an dernier était de $15
par personne. Et en recevant son supplément d'allocation
fédéral, ça lui donne une somme de $360 par année.
Si l'on tient compte que la moyenne
d'utilisation de la carte d'assistance médicale n'est pas de $360
par année, elle est inférieure à ça. Il a donc une
compensation suffisante pour payer ses comptes médicaux et il lui reste
une somme d'argent en plus qu'il avait auparavant.
M. BOURASSA: Alors, au niveau des moyennes, et dans des cas
particuliers...
M. CLOUTIER: II reste certains cas particuliers mais, dans tous ces
cas-là, il faut évidemment que soit la personne elle-même,
ou avec l'assistance d'autres personnes, soumette le cas au ministère,
à la Commission des allocations sociales.
M. BOURASSA: Le ministre va continuer à donner le
bénéfice du doute comme l'a fait l'an dernier...
M. CLOUTIER: Dans tous les cas nous donnons le bénéfice du
doute et donnons toute l'attention et la bienveillance voulue à
l'étude des cas.
M. BOURASSA: D'accord, merci.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Stan-stead.
M. VAILLANCOURT: M. le Président, le ministre a dû recevoir
un mémoire d'un comité ad hoc sur l'assistance publique et on
demande quand le nouveau projet de loi de l'assistance sociale sera
passé!
Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a l'intention de passer
ce projet de loi à cette session?
M. CLOUTIER: Le député lit les journaux.
Il a vu que les gens...
M.VAILLANCOURT: Je n'ai pas vu la réaction du ministre.
M. CLOUTIER: La population en général et surtout les gens
qui travaillent dans le secteur du bien-être s'intéressent
énormément à ce projet de loi d'aide sociale sur lequel
nos fonctionnaires et une partie importante des effectifs du ministère
de la Famille se sont penchés depuis plusieurs mois.
L'an dernier, à l'occasion de l'étude des crédits,
j'avais dit que le projet de loi, à toutes fins pratiques, était
terminé. Il restait à parfaire la réglementation qui, elle
aussi, était très avancée et il nous fallait à ce
moment-là faire une étude très importante des implications
financiè- res. Parce, que, sans entrer dans les détails, les
députés comprennent facilement qu'un projet de loi de cette
importance, évidemment, suppose aussi, en pratique, des montants assez
importants.
A la suite de la réception de ces documents donnant un
aperçu, des considérations sur les implications
financières, il y a eu discussion au conseil des ministres. J'ai
déjà annoncé que certaines opérations qui sont
reliées très étroitement à la présentation
de l'aide sociale, tels que régionalisation, décentralisation,
recrutement des effectifs nécessaires à l'administration de cette
nouvelle loi d'aide sociale, formation du personnel, sont en train de se
concrétiser si vous voulez. Nous avons obtenu l'approbation du conseil
des ministres et l'approbation de la Fonction publique. En collaboration avec
la Fonction publique nous nous occupons actuellement de recruter le personnel
nécessaire.
Nous nous sommes assuré les services d'une personne
spécialisée dans la formation du personnel. Au ministère,
cette opération commence et va se poursuivre très
intensément durant les semaines qui vont venir. De sorte que maintenant,
le projet de loi de l'aide sociale est devant le comité de
législation pour discussion ultime et finale avant sa
présentation à l'Assemblée législative.
J'ai noté aussi les représentations qui sont faites
à l'effet que les mouvements, les associations et certainement
peut-être des individus sont intéressés à faire
entendre leurs voix et nous sommes conscients de l'importance de cette demande
de la part des groupements. Je crois qu'il nous fera plaisir de travailler en
collaboration avec eux et de les entendre en comité avant la passation
des dernières étapes en Chambre du projet de loi d'aide
sociale.
Mais de toute façon, c'est un projet de loi extrêmement
important, certainement un des plus importants que la Législature aura
à étudier durant la présente session. Je pense que nous
n'avons rien négligé au ministère. Des officiers
très qualifiés, très compétents ont
dépensé des heures très nombreuses pour l'étude de
ce projet de loi. Nous avons eu recours à des spécialistes, nous
avons fait des études des législations qui existaient ailleurs.
Même s'il a été dit que la consultation n'avait pas
été faite, je peux vous dire qu'il y a déjà une
consultation très élaborée qui a été faite
avec des individus et aussi avec des personnes qui sont dans le champ du
bien-être social et de l'aide sociale.
Avec ce que je viens d'annoncer comme consultation, nous recevons avec
extrêmement de bienveillance cette demande des corps publics, des
organismes et nous leur permettrons de se
faire entendre à l'occasion de l'étude de ce projet de
loi.
M. LAFRANCE: Est-ce que le ministre croit que le projet sera
présenté dans cette première partie de la session ou
à la reprise à l'automne?
M. CLOUTIER: Bien, je ne sais pas à quel moment les Chambres
pourront ajourner ou si le travail législatif sera terminé avant
l'ajournement mais de toute façon, celui qui vous parle met tout en
oeuvre pour que le projet de loi soit apporté avant l'ajournement
d'été, si possible, si ajournement il y a.
M. VAILLANCOURT: Si je comprends bien, le ministre va présenter
cette loi-cadre à cette session-ci et il va permettre aux
intéressés de venir en comité faire leurs suggestions et
leurs recommandations. Un peu comme pour la loi de police qui a
été étudiée en comité?
M. CLOUTIER: Je ne sais pas à ce moment-ci, en combien de parties
sera divisée cette session. Est-ce que ce sera en deux ou en trois
parties? Combien y aura-t-il d'ajournements? Je puis dire cependant que la Loi
d'aide sociale sera présentée à cette session-ci.
J'espère, et j'essaierai, avec le plus d'éloquence possible, de
convaincre tous ceux qui travaillent encore sur la loi, le comité de
législation, non pas de précipiter les choses mais de mettre le
plus de temps possible sur la préparation de la loi afin que nous
puissions l'apporter avant l'ajournement.
M. LAFRANCE: Je crois que le ministre, au cours de la dernière
session, d'ailleurs, avant la session, s'était engagé à
plusieurs reprises à présenter cette législation. Nous
comprenons qu'elle ait subi certains retards mais je crois que c'est de plus en
plus urgent car il y a un nombre sans cesse grandissant d'économiquement
faibles qui vivent dans une situation assez tragique à l'heure actuelle,
si on considère la hausse du coût de la vie. Est-ce que le
ministre, à part cette loi générale d'assistance sociale,
a quelques mesures à suggérer pour remédier à cette
situation? Est-ce qu'il entend adopter des politiques nouvelles?
M. CLOUTIER: Possible. La loi d'aide sociale n'est pas une mesure
isolée. Elle s'inscrit dans un contexte. Nous avons, lors de la
conférence fédérale-provinciale, à Ottawa, au mois
de février dernier, remplacé tout le problème de l'aide
sociale dans son véritable con- texte. Et nous avons dit, à ce
moment-là, qu'il était évident que nous n'avions pas en
main tous les outils qui nous permettent d'exercer une action
véritablement efficace et complète dans le domaine social.
D'ailleurs, c'est la continuation et nous avons encore été plus
loin, à l'occasion de la dernière conférence, en
représentant le plus complètement possible l'importance pour le
gouvernement du Québec d'avoir un certain contrôle sur les
politiques de main-d'oeuvre. Et dans cette optique, cette loi d'aide sociale
doit s'accompagner ici au Québec de certaines mesures de
prévention.
Le député de Richmond, tout à l'heure, au
début de ses remarques, a parlé précisément du
domaine de la prévention et de l'importance qu'on doit y attacher. On a
mené des expériences pilotes alors qu'il était titulaire
du ministère. Il les connaît bien. D'autres ont été
faites depuis ce temps et d'autres projets s'annoncent également parce
que nous voulons mettre l'accent sur tous ces mécanismes de
réhabilitation, de recyclage de ce groupe de personnes que sont les
assistés sociaux. J'ai fait parvenir à tous les
députés une brochure qui a été
préparée par notre service de l'information du ministère
de la Famille et de la Santé. Elle raconte justement ces trois
expériences de retour à la vie normale de l'assisté
social. D'autres expériences ont été faites par la suite
et toutes ces expériences sont très concluantes.
A partir de ces expériences pilotes, nous pouvons
généraliser, et à partir de là, en s'ins-pirant de
ces modèles, élaborer des politiques plus générales
à travers la province. Particulièrement, la dernière
expérience menée dans le domaine de la restauration
forestière et de la sylviculture nous a permis de constater qu'il y a
là une importante réadaptation au travail chez l'assisté
social. Cela nous a permis également de constater que l'assisté
social, mis en possibilité de produire un travail normal, s'acquitte de
sa tâche avec efficacité. De sorte que les rendements en terme de
chiffres de cette expérience nous indiquent que le travail fourni par
l'assisté social est aussi rentable, est aussi efficace que celui qui
est continuellement sur le marché du travail.
Alors, ce sont des expériences pratiques de remise au travail
d'assistés sociaux. Il y a aussi d'autres formules qui sont
extrêmement importantes et que nous discutons dans un comité,
comité qui réunit autour de la même table le
ministère de l'Education, le ministère du Travail et le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social, pour la formation des
travailleurs. On sait que c'est un domaine dans lequel on vient de s'engager,
un domaine relativement nouveau.
II y a certainement là des choses à parfaire et à
améliorer. Mais de toute façon, nous avons nous, au
ministère de la Famille, une clientèle importante, parmi laquelle
il y a des aptes au travail. Nous voulons les ramener sur le marché du
travail le plus tôt possible et, pour ce faire, comme tous les
travailleurs ordinaires, les travailleurs de l'industrie, ils ont besoin
à un certain moment de cours d'entraînement, d'initiation au
travail, de recyclage et de formation. Alors, ce comité a
déjà tenu plusieurs réunions et je pense que ce sera
là également une façon très efficace de retourner
à la vie normale un groupe important de nos assistés sociaux.
M. LAFRANCE: Deux points, M. le Président Le ministre vient de
souligner l'importance qu'il y a de récupérer le domaine de la
sécurité sociale, le premier ministre avait inscrit dans
l'adresse de l'an dernier, le rapatriement des allocations de vieillesse. Mais
le ministre nous a dit, au cours de l'étude de ses crédits l'an
dernier, qu'un comité était en relation constante avec le
fédéral pour le rapatriement. Est-ce qu'il y a un certain
progrès qui a été fait? Est-ce que le ministre envisage la
possibilité que la province récupère ce domaine-là
très bientôt?
M. CLOUTIER: Le secteur du gouvernement qui, plus
particulièrement actuellement, poursuit son travail dans ce domaine,
c'est le ministère des Affaires intergouvernementales et c'est mon
sous-ministre, M. Marier, qui a participé à des séances,
à des travaux de ce comité. La déclaration du premier
ministre, déclaration qui a été reprise à
l'occasion d'autres conférences fédérales-provinciales ou
en d'autres circonstances, déclaration que j'ai reprise, ne laisse pas
de doute sur l'intention ultime du gouvernement du Québec de rapatrier
le champ de la sécurité de la vieillesse.
M. LAFRANCE: Est-ce qu'il y a un progrès à l'heure
actuelle?
M. CLOUTIER: Je pense que cela s'inscrit dans tout le contexte du
rapatriement de la sécurité sociale. Nous avons dit
également que nous voulions repatrier le secteur des allocations
familiales et je crois que si nous voulons en faire véritablement une
restructuration adéquate dans ce domaine des allocations familiales, il
faudrait que le gouvernement du Québec dispose de toutes ces sommes qui
actuellement sont consacrées par le fédéral aux
allocations familiales dans le Québec et cela s'élève
à $165 millions.
Il faudrait que nous en disposions pour les ajouter aux $80 millions que
nous consacrons, nous aussi, à ce secteur des allocations familiales de
sorte que, en possession de ces sommes importantes, nous serions en posture
pour faire une restructuration des allocations familiales tenant compte aussi
de cette autre législation dont nous venons de parler, aussi,
législation d'aide sociale.
M. LAFRANCE: Le premier ministre a dit que la session de 1968 serait la
session du pain et du beurre. Nous attendons toujours le pain et le beurre. Il
y a bien des voeux pieux qui ont été exprimés. Est-ce que
le gouvernement songe, par exemple, à doubler les allocations
familiales, comme il s'y est engagé d'ailleurs?
M. CLOUTIER: Voici, doubler les allocations. Est-ce que le
député dit doubler les allocations familiales du
fédéral?
M. LAFRANCE: Du fédéral, oui. Est-ce que ce n'était
pas inscrit au programme du gouvernement?
M. CLOUTIER: Je n'ai pas le programme ici, mais pour autant que je me
souvienne, si ma mémoire ne fait pas défaut, nous disions que
nous reconnaissions dans le domaine de la sécurité sociale, des
besoins, des besoins urgents, mais que nous n'avions pas, à ce
moment-là, toutes les données nécessaires pour nous
prononcer sur l'opportunité de faire cela, dans une très courte
période de temps. Il nous semblait, à ce moment-là, qu'il
nous faudrait espacer cela, sur un certain nombre de mois et d'années.
De toute façon, l'an dernier, comme première mesure, nous avons
instauré un régime d'allocations familiales qui
déjà représente la moitié des sommes que le
fédéral y consacre, $165 millions par le fédéral et
$82 ou $84 millions par la province.
M. LAFRANCE: Mais le ministre a-t-il des mesures bien spécifiques
pour justifier un peu la déclaration du premier ministre qui a dit que
ce serait une session de pain et de beurre? Est-ce qu'il yades mesures, par
exemple, est-ce que le ministre a quelque chose pour répondre à
cette situation tragique des familles? Le ministre sait que des pressions se
font de plus en plus pressantes. Bientôt nous assisterons je ne le
souhaite pas, je n'aime pas ce genre de pressions mais nous assisterons
peut-être à la marche des pauvres contre le parlement, c'est
possible. Alors est-ce qu'il y
a des mesures pour parer à cela? Est-ce que le ministre a
quelques mesures à annoncer?
M. CLOUTIER: Si je comprends bien le député de Richmond,
la seule mesure à laquelle il ferait allusion, ce serait une...
M. LAFRANCE: Une mesure d'urgence, disons d'abord, pour répondre
aux besoins essentiels à cause du coût de la vie. Est-ce que cette
nouvelle loi générale d'assistance sociale va pouvoir
répondre à ces besoins-là? Oui si c'est tout simplement
une refonte des lois sociales?
M. CLOUTIER: M. le Président, il est entendu et je crois,
à ce moment-ci, sans révéler quoi que ce soit de la
législation avant qu'elle ne soit apportée à
l'Assemblée législative, qu'il est normal qu'une
législation de cette importance s'accompagne également d'une
revision des taux. Mais je dois dire au député que cette
législation d'allocations familiales a tout de même assuré
une répartition importante des revenus entre les familles du
Québec. C'est une somme de $80 millions qui a été
répartie entre les familles du Québec. D'autre part, il faut
tenir compte aussi que la loi d'assistance médicale apportée par
le gouvernement qui nous a précédés, le 1er avril 1966, a
permis également de soulager des assistés sociaux du paiement des
soins médicaux. Alors c'était une somme également de $15
à $16 millions qui a été mise à la disposition de
cette classe plus défavorisée, qu'on appelle les assistés
sociaux.
Si le ministère de la Famille et du Bien-Etre social
lui-même a comme ministère et le député l'a
dit tout à l'heure a pour fonction de subvenir aux carances des
autres ministères ou de la situation économique, alors il a pour
fonction de combler les lacunes qui se produisent dans le domaine
économique, soit par un chômage plus élevé
qu'à l'ordinaire ou soit par d'autres causes extérieures qui font
que les familles du Québec sont aux prises avec des difficultés
particulières. Mais ce n'est pas le rôle du ministère de la
Famille et du Bien-Etre social de créer ou de susciter la
création de mécanismes ou d'organisations qui vont engendrer
directement du travail. J'ai dit tout à l'heure que nous collaborions de
façon très étroite avec le ministère des Terres et
Forêts quand il s'agit de restauration forestière, et de
sylviculture, que nous collaborions avec l'Education et le Travail dans les
programmes de formation de nos assistés sociaux, ce dont le
Fédéral ne se préoccupe en priorité
actuellement.
Il se préoccupe de former ses chômeurs qui sont sur
l'assurance-chômage et nous bien, il nous faut combler ce vide
créé par l'absence de formation des assistés sociaux qui
relèvent actuellement de nos lois d'aide sociale.
Alors, je ne crois pas que les députés aient dans
l'idée que ce serait le rôle du ministère de la Famille et
du Bien-Etre social d'apporter des législations qui vont créer
directement de l'emploi, qui vont, disons, apporter dans le domaine
économique des structures ou des mécanismes nouveaux qui vont
à leur tour susciter de l'emploi et créer des revenus
additionnels.
M. LAFRANCE: Disons que je faisais allusion surtout aux assistés
sociaux, à ceux qui vivent d'assistance publique, d'assistance sociale.
Alors, ce sont ces gens-là aujourd'hui qui sont le plus mal pourvus
parce que le coût de la vie est tellement élevé qu'ils ne
réussissent pas, avec l'aide qui leur est accordée, à
subvenir à tous leurs besoins essentiels. Je crois que c'est là
le plus tragique à l'heure actuelle. Et ce sont ceux-là aussi qui
crient le plus fort, je crois, et avec raison.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Mégan-tic, s'il
vous plait.
M. BERGERON: M. le Président, concernant les assistés
sociaux...
M. LAFRANCE: Je voudrais bien que le ministre réponde à ce
que je viens de dire là.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il ne serait pas préférable, M.
le Ministre, de passer chacun des postes budgétaires. Voyez-vous tout
à l'heure on parlera d'allocations familiales, d'allocations
sociales?
M. LAFRANCE: Bien, je vous le dis, M. le Président, je n'ai pas
l'intention de m'amuser, de m'arrêter à poser des questions pour
chacun des postes budgétaires. Nous pourrons les adopter presque
globalement quitte à poser quelques questions seulement et je crois
qu'il y aurait intérêt et, même si nous prenions quelques
heures pour discuter des crédits du ministère de la Famille et du
Bien-Etre social qui s'élèvent à plus de $400 millions, je
ne crois pas que cela serait exagéré. Alors, c'est la suggestion
que je fais au comité, quitte à passer très rapidement
ensuite. D'ailleurs, on a étudié, la plupart des membres de
l'Opposition, les crédits en détail, nous trouvons qu'ils sont
justifiés de
façon générale. Nous n'avons pas l'intention d'en
discuter longuement.
M. CLOUTIER: Alors, pour répondre à mon collègue,
le député de Mégantic me le permet, pour répondre
aux remarques...
M. BERGERON: Avec plaisir.
M. CLOUTIER: ... du député de Richmond, voici, en ce qui
concerne les taux. Les taux n'ont pas été haussés depuis
de nombreuses années sauf en ce qui concerne les mères
nécessiteuses. Et de toute façon, ce qui s'est produit disons
depuis un an, nous avons constaté que ceux qui administrent la Loi de
l'assistance publique et les lois catégorisées, se sont servis de
tous les mécanismes qui existent tel que possibilités
d'allocations d'urgence, possibilités d'allocations spéciales
afin de faire bénéficier toutes les familles qui sont aux prises
avec des problèmes particuliers, qu'ils doivent les faire
bénéficier de hausses d'allocation pour leur permettre de vivre
décemment et de rencontrer, de régler les difficultés avec
lesquelles elles sont aux prises. De sorte que, le député le
sait, les budgets de l'an dernier ont été sous-estimés et
le chiffre réel des prestations versées l'an dernier a
été de beaucoup supérieur aux prévisions
budgétaires qui avaient été inscrites au début de
l'exercice. On peut dire que non seulement c'est cette clientèle
nouvelle qui est venue s'ajouter à cause d'un ralentissement
économique mais aussi ceux qui bénéficiaient des
allocations, surtout dans la région de Montréal. Ils ont eu une
hausse appréciable dans les moyennes de prestations qui ont
été versées.
Mais les allocations de façon générale n'ont pas
été haussées sauf en ce qui concerne les mères
nécessiteuses. Généralement, depuis 1961, sauf les
mères nécessiteuses et en 1962 et 1964 il y a eu une hausse des
allocations de base de $10. Evidemment on se rend bien compte que, aujourd'hui,
ces taux de prestations qui sont versées évidemment ne
répondent pas aux besoins exprimés par les individus qui sont aux
prises avec des difficultés particulières quand on songe aux
augmentations de salaires qui ont été versées en
général un peu partout dans l'industrie ou dans le secteur public
ou parapublic.
On peut constater facilement que cet écart va s'accroissant avec
les années et c'est pour cela qu'il nous faut consacrer des sommes de
plus en plus importantes à ceux qui tombent sous le coup de nos lois
sociales et qui ont be- soin de l'assistance du ministère de la Famille
pour combler du moins les besoins essentiels.
M. LE PRESIDENT: Le député de Mégantic.
M. BERGERON: Concernant le problème de la sécurité
sociale, je pense que les députés ont l'habitude de recevoir
plusieurs demandes de différentes personnes à leur bureau.
Je pense qu'il serait de toute évidence d'une importance
primordiale que le gouvernement du Québec récupère
d'Ottawa les montants nécessaires pour prendre en main la
sécurité sociale.
Je pense que du point de vue de l'efficacité, si l'on veut
réellement accomplir un travail qui amène des résultats,
par exemple...
M. LAFRANCE: C'est ce que je disais en l'absence du député
tout à l'heure. Le ministre a d'ailleurs fait cet énoncé
de principe.
M. BERGERON: ... dans la prévention, dans la
réhabilitation et dans le recyclage, le véritable rôle
appartient au ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
Il est bien beau de donner des pensions à des gens. Si elles sont
capables de travailler, ce qu'elles veulent c'est du travail. Je pense que si
l'on pouvait récupérer du gouvernement central les montants
nécessaires, à ce moment-là, on pourrait mettre au travail
ces personnes qui ne demandent pas autre chose que de travailler. Par exemple,
nous sommes, dans nos comtés ruraux, en mesure de nous rendre compte que
les chemins de colonisation ont besoin d'être réparés. Je
pense que certains assistés sociaux ne demanderaient pas autre chose que
de pouvoir travailler. A ce moment-là le ministère pourrait les
engager pour faire du travail qui va décharger le reste de la population
dans ce domaine-là. Même chose pour la voirie.
M. LAFRANCE: Est-ce que le député voudrait qu'on fasse
travailler les assistés sociaux pour les allocations qu'on leur
accorde?
M. BERGERON: Je pense qu'on pourrait leur donner un salaire convenable
pour qu'ils puissent vivre de sorte qu'il y aurait...
M. LAFRANCE: En plus de leur allocation?
M. BERGERON: Disons qu'un assisté social reçoit $195 par
mois. Si on divise ça par quatre semaines, cela fait environ $45 ou $50
par semaine. A ce moment-là, pourquoi le ministère
continuerait-il à lui donner son montant d'ar-
gent? Le ministère concerné pourrait combler la
différence pour lui permettre de vivre d'une façon convenable. Je
comprends qu'il y a des difficultés comptables qui vont surgir mais il
est impensable qu'aujourd'hui, en 1968, un père de famille avec quelques
enfants à sa charge puisse vivre avec $195 par mois. Il y aune question
de comptabilité qui entre en ligne de compte.
M. HOUDE: Par contre, il y en a qui ne sont pas sur le Bien-Etre social
et qui sont mariés et qui ont également des enfants et qui
gagnent ça $50 par semaine.
M. BERGERON: D'accord. Mais je pense que c'est un aspect du
problème. Si l'on veut réellement régler le
problème des assistés sociaux il y a les invalides, c'est
un autre problème mais de ceux qui sont capables de travailler,
je pense que ce serait réellement les aider à reprendre leur
place, une place convenable dans la société.
M. CLOUTIER: Je voudrais ajouter une remarque. Une expérience
concrète que nous avons menée et dont j'ai parlé tout
à l'heure, c'est celle de la restauration forestière, une
expérience qui a été menée conjointement par le
ministère des Terres et Forêts et le ministère de la
Famille l'an dernier. Des sommes nous sont même venues de l'ARDA pour
être dépensées dans ce secteur d'activités.
Il ne s'agit pas de rémunérer ou d'envoyer plutôt
l'assisté social effectuer un travail quelconque. Mais il y a là
un travail véritablement utile et efficace qui redonne de la valeur
à un territoire forestier. Parmi notre main-d'oeuvre qui est apte au
travail chez les assistés sociaux, il y en a une partie importante qui
est capable d'accomplir ce travail et même non seulement elle est capable
mais elle est spécialisée dans ce genre de travail. On sait
qu'une partie importante de nos assistés sociaux sont des travailleurs
forestiers. Nous faisons appel I cette main-d'oeuvre qui est
spécialisée dans ce genre de travail et nous lui assignons cette
tache particulière pour laquelle elle reçoit une
rémunération normale comme sur n'importe quel marché du
travail.
Alors, il ne s'agit pas directement d'un programme d'assistance publique
rémunéré, il s'agit d'un travail utile, rentable,
effectué par une main-d'oeuvre spécialisée qui, autrement
et sans ce programme, aurait eu recours à des versements d'assistance
sociale pour ses besoins essentiels.
Je voudrais ajouter une autre remarque sur ce que j'ai dit tout à
l'heure et citer des sta- tistiques qui illustrent bien la hausse de la moyenne
des allocations distribuées depuis un an. En janvier 1967, à
Montréal, la moyenne des allocations versées était de
$113.10 et, au mois de janvier 1968, elle était de $143.78. Il y a donc
là une somme de $30 d'augmentation mensuelle. Ceci dit pour
compléter l'information que j'ai donnée tout à l'heure,
lorsque je disais qu'en utilisant tous les mécanismes de la loi, des
règlements de l'assistance spéciale, il y était possible
de hausser les sommes versées aux assistés sociaux.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Iberville.
M. CROISETIERE: Pour faire suite aux remarques précédentes
du député de Mégantic, je me demande s'il ne serait pas
possible au ministère de la Famille de songer à conclure une
entente avec certains ministères. Je pense spécialement au
ministère de la Voirie dont les employés saisonniers n'ont plus
d'ouvrage à l'automne et deviennent automatiquement assistés
sociaux du ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Et, s'il y
avait une formule quelconque, soit d'assistance-chômage, sinon
fédérale, du moins provinciale... Parce que ces employés,
congédiés tous les automnes et repris tous les printemps, sont
automatiquement à la charge du ministère de la Famille et du
Bien-Etre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous discutons un budget qui est
augmenté de la somme de $143 millions en comparaison avec celui de l'an
dernier. Le plus important montant qui constitue cette augmentation de $143
millions, est une somme de $82 millions au poste des allocations familiales du
Québec. Premièrement, les $88 millions annoncés l'an
dernier sont réduits à $82 millions cette année;
deuxièmement, le ministre sait que nous avons critiqué assez
sévèrement la ventilation de cette somme, trouvant, comme nous le
trouvons encore, qu'elle est mal répartie. Nous avons une augmentation,
comprenant, en outre, les allocations familiales du Québec de 54% du
budget et nous sommes tout de même menacés de la
possibilité d'une marche des pauvres sur le parlement de Québec.
Il me semble qu'il y aurait eu moyen de se servir de cette augmentation
très importante de façon à améliorer la situation
des assistés sociaux en leur donnant une satisfaction plus
complète, une satisfaction qu'ils ne sentent pas. Et je dois souligner
aussi dans ce contexte une autre plainte que j'ai formulée à
l'endroit du ministère l'an dernier, et, plus encore, à l'endroit
du ministère de la Santé.
Les moyens de publicité et les contacts du ministère
j'ai entendu le ministre parler des contacts qui ont eu lieu je
dois dire que celui qui a des contacts avec le milieu de l'assistance sociale
ou au niveau des assistés sociaux eux-mêmes, ou au niveau des
agences sociales qui s'en occupent, est impressionné par le manque de
satisfaction à ces niveaux-là, et avec le nombre et avec la
qualité des contacts. Puisque l'on a traversé à vol
d'oiseau le sujet de tout le travail du ministère, je me demande si le
ministère entre en communication avec les assistés sociaux de
façon à leur indiquer les possibilités de recyclage de
nouvelles formations de travail ou si c'est annoncé plutôt au
niveau du Parlement, aux députés, par des brochures, aux journaux
que les assistés sociaux ne lisent pas toujours. Est-ce que c'est un
effort qui est fait vraiment au niveau de l'assisté social pour
l'acheminer vers cette évolution qui le remettrait sur le marché
du travail?
M. CLOUTIER: M. le Président, il y a plusieurs points qui ont
été soulignés par le député. D'abord, il a
mentionné l'importance de l'augmentation des budgets du
ministère, et il a également extrait de ces sommes globales le
montant de $82 millions des allocations familiales.
Il ne s'agit pas d'une réduction du projet annoncé l'an
dernier en ce qui concerne les allocations familiales. Les estimations que nous
avions, à ce moment-là, nous permettaient d'entrevoir que cela
pouvait aller jusqu'à $88 millions de dépenses pour les
allocations familiales. Mais après avoir effectué le recensement
préalable au versement des prestations, dans le concret, les sommes
suffisantes étaient de $82 millions au lieu de $88 millions. Mais nous
n'avons pas modifié la législation, les taux annoncés
à ce moment-là, quand il s'est agi de $88 millions sont
demeurés les mêmes, mais il s'est avéré qu'en
pratique, il y avait moins d'enfants que nous avions comptabilisés
d'abord, et que les sommes que nous avions à consacrer à cet
article ont été moins importantes que celles prévues. Mais
il n'y a eu aucune réduction du programme.
Deuxièmement, le député dit que, quant à la
répartition à l'intérieur du programme d'allocations
familiales, cela ne lui semble pas l'idéal. Cela, nous l'avons admis
l'an dernier, quand nous avons présenté le projet de loi. Nous
avons dit que ce n'était qu'une première étape,
particulièrement en ce qui concerne les enfants de douze à seize
ans, mais nous avions voulu plus particulièrement, en fixant ce montant
ad- ditionnel de $10, indiquer qu'il y avait là, à notre avis,
lieu de faire dans l'avenir un effort supplémentaire. Mais nous voulions
reconnaître déjà, à ce moment-là, qu'il y
avait pour ces âges de douze à seize ans, des besoins plus
considérables que pour les enfants d'âge inférieur à
douze ans. De toute façon, c'est dans une étape à venir.
Disons idéalement que cette étape devrait être franchie au
moment où il nous sera possible de récupérer les
allocations familiales du Fédéral, de façon à
restructurer en entier tout ce système, parce qu'à ce
moment-là nous disposerions de montants aussi importants que $250
millions. Je n'ai pas à révéler à ce moment-ci de
quelle façon nous allons proposer aux Chambres une nouvelle
législation dans le domaine des allocations familiales, mais des
études très intensives qui ont été faites au
ministère et qui se tiennent à jour, non seulement chez nous,
mais je crois pouvoir dire en collaboration avec d'autres ministères
intéressés, particulièrement l'Education, nous permettront
à ce moment-là d'offrir une formule beaucoup plus
complète, tenant compte des sommes plus importantes que nous aurons
à notre disposition.
Je dois dire aussi au député que, cette année, dans
l'augmentation qu'il a mentionnée tout à l'heure, nous avons les
$82 millions d'allocations familiales, à un article spécifique du
budget, tandis que, l'an dernier, elles étaient payées par le
fonds consolidé de la province.
C'est pourquoi elles n'apparaissent comme comparaison dans le budget, de
sorte qu'il nous faut considérer plutôt un accroissement de
budget, à partir de $264 millions à $325 millions.
M. GOLDBLOOM: $61 millions.
M. CLOUTIER: Et sur ces $61 millions, il y a évidemment des
sommes plus considérables qui ont été
dépensées pour l'aide sociale l'an dernier. De sorte que le
budget prévu a été dépassé par un montant
assez important. Il y a eu un mandat spécial de $29 millions pour
l'assistance sociale, à la fin de la dernière session, de sorte
que, si on compare les sommes d'assistance-chômage réelles
payées l'an dernier, au lieu de $85,150,000 elles étaient de
$121,605,000. C'est ce qui explique que le budget est moins considérable
qu'il ne le paraît dans le livre vert de cette année.
Le député a parlé aussi des contacts avec les
assistés sociaux pour fin d'information ou pour leur faire part de tous
les mécanismes qu'ils peuvent utiliser pour la réadaptation, le
recyclage, la formation. En ce qui concerne les contacts personnels, j'en ai eu
ma part avec les
assistés sociaux et avec des fonctionnaires aussi. Us ont
assisté à des rencontres où nous avons pu échanger
des opinions et entendre des revendications et des exposés des
problèmes dans le domaine social. Mais les agences sociales car
il y en a encore plusieurs qui administrent les lois, la loi
d'assistance-chômage, les bureaux des municipalités qui, eux
aussi, dans certains cas, c'est le cas de la ville de Montréal, qui
administre les lois d'assistance-chômage, et nos bureaux
régionaux, quand ils viennent en contact avec les assistés
sociaux évidemment se préoccupent et se
préoccuperont toujours davantage, parce que c'est l'un des objectifs que
nous poursuivons dans la nouvelle législation et dans la mise en place
de nouveaux mécanismes, des bureaux régionaux, des bureaux
locaux, et de la formation du personnel. Ils insisteront toujours davantage sur
la réadaptation de l'assisté social, son retour à la vie
normale. De sorte que, dans notre nouvelle législation, le droit
à l'information, pour l'assisté social, est un droit fondamental
qui est reconnu.
Et du côté du ministère, nous avons
déjà des sommes prévues pour donner l'information
adéquate, au moment où cette nouvelle législation sera
apportée et il y a aussi ailleurs, notamment à l'Office
d'Information, des sommes qui seront consacrées, pour vulgariser la loi
d'assistance sociale et la mettre à la portée de tous ceux qui
ont besoin d'avoir recours à un moment ou l'autre, à notre
législation, de connaître tous les mécanismes non seulement
qu'ils peuvent utiliser, mais qu'ils devront utiliser pour faciliter leur
retour à la vie normale, entre autres, ces mécanismes de
formation des travailleurs.
M. HOUDE: Je pense qu'un des problèmes les plus fréquents,
auxquels un député a à faire face et, en ce qui me
concerne, il m'apparaît un peu confus c'est toute la question du
placement, que je pourrais diviser en deux catégories. Première
catégorie, placer des vieillards, placer des jeunes; deuxième
catégorie, placer des vieillards malades, et placer des enfants malades.
Peu importe la catégorie que vous allez choisir, il m'apparaît,
chaque fois que nous téléphonons à un bureau
régional, que c'est un problème, et les travailleurs, dans nos
bureaux régionaux, sont débordés de travail, en ce qui
concerne le placement. Ils se plaignent parfois de manquer de personnel, se
plaignent parfois de manquer de lits ou de maisons spécialisées
pour les accueillir, d'une part.
D'autre part, ce qui me surprend également, et c'est pourquoi je
voudrais avoir des explications, c'est que je sais que le ministère a
une politique pour des maisons pouvant recevoir des veillards ou des
enfants.
Je sais qu'il faut se former en corporation à but non lucratif.
Bien, ça m'apparaît que c'est assez rare, puisque nous manquons
tellement de places, puisque c'est si compliqué de placer un vieillard
ou un enfant dans une institution quelconque. D'autre part, nous recevons de
temps en temps, comme députés, des demandes de personnes qui nous
prient d'intervenir auprès de votre ministère, des personnes qui
veulent ouvrir des maisons de pension, soit pour des enfants, soit pour des
vieillards, mais qui n'ont pas l'autorisation, parce que ce sont des
particuliers. Et là, il y a quelque chose, quant à moi, que je ne
comprends pas.
Alors, j'aimerais savoir, premièrement, quelle est la politique,
si vous voulez, globale, ou l'optique de votre ministère quant au
placement vieillards, enfants en santé, vieillards, enfants malades, et
quel est ce lien ou ce joint, où je ne comprends pas, à savoir
que, pour pouvoir recevoir des personnes à la maison, vieilles ou
jeunes, on doive nécessairement appartenir à une corporation
à but non lucratif, tandis qu'un particulier, qui a une très
belle maison, une très belle pension, qui pourrait, j'imagine, se
conformer à certaines normes, à certains standards, semble avoir
de la difficulté etpeutpeut-être même essuyer un refus
complet quant à un permis pour recevoir des vieillards ou des enfants
que les médecins ou enfin des agences pourraient leur envoyer.
M. CLOUTIER: Voici, M. le Président, quelle est la politique du
ministère en ce qui concerne les ressources institutionnelles. J'ai
maintenu en vigueur, à mon arrivée au ministère, la
politique qui avait été mise de l'avant par mes
prédécesseurs, à savoir que, dans ce domaine de la mise en
place des ressources institutionnelles, il était
préférable que ce soit fait par des corporations sans but
lucratif.
Il y a à leur disposition des sommes importantes. C'était
il y a quelques mois par la Société centrale d'habitation, une
centrale d'hypothèques et de logement et c'est maintenant par la
Société d'habitation du Québec. Il y a, et ça,
c'est publlc,ç'a été annoncé dans le discours du
budget, et je l'ai dit lors d'un discours à l'Assemblée
législative, il y a sur notre table de travail, cette année,
environ une centaine, si vous voulez 92 ou 97 projets de foyers pour personnes
âgées, réalisés avec des prêts de la
Société d'habitation du Québec, qui fournit un prêt
de 100% du coût de construction et d'achat de terrain.
M. LAFRANCE: Est-ce qu'il y en a en construction?
M. CLOUTIER: II y en a en construction actuellement, il y en a disons
une vingtaine qui sont en construction et les autres sont à
différents stades préparatoires à la construction
et...
M. LAFRANCE: Combien y en a-t-il de construits à ce jour?
M. VAILLANCOURT: A la Société centrale
d'hypothèques, on prêtait à 90%?
M. CLOUTIER: On prêtait à 90%. M. VAILLANCOURT: Là,
c'est 100%?
M. CLOUTIER: C'est 100% de prêt, par la Société
d'habitation du Québec.
M. VAILLANCOURT: Du coût de la construction?
M. CLOUTIER: Et de l'achat du terrain.
M. VAILLANCOURT: Et de l'achat du terrain et l'ameublement...
M. CLOUTIER: L'aménagement du terrain, non. La
Société d'habitation ne prête pas sur l'équipement
et l'aménagement de la bâtisse. Cela, c'est payé à
même cette contribution que nous demandons, contribution locale des
individus, des groupes, des municipalités, qui par une souscription, par
la mise en place d'une quête, d'une levée de fonds publics,
recueille des fonds suffisants.
M. VAILLANCOURT: Advenant que la corporation a un terrain qui est
évalué par la Société centrale d'hypothèques
à $10,000 ou $15,000, est-ce que ça peut compter, ça, pour
l'ameublement?
M. CLOUTIER: Cela équivaut comme mise de fonds, mise de fonds qui
est comprise dans la souscription publique faite pour réaliser le
projet. Alors, c'est, d'une part, dans le domaine des foyers pour personnes
âgées, et c'est le même principe qui s'applique dans le cas
de l'enfance.
M. HOUDE: Une seconde. Je trouve cette politique-là très
louable et je n'ai pas un mot à dire, mais je pense que ça exige
d'abord, de la part de certaines personnes, premièrement de se former en
corporation et puisque que c'est à but non lucratif, c'est du
bénévolat, quoi, c'est de la charité que doivent faire
certaines personnes pour se grouper, fonder un foyer, emprunter des sommes
d'argent, demander votre aide et là recevoir un groupe de malades ou de
personnes âgées pour cette cause-là.
Cela, j'en suis, et puis bravo, si cela peut se multiplier dans toute la
province. Mais ce que je ne comprends pas encore, c'est que... Prenez
exactement la même situation. Un particulier a, par exemple, une ancienne
auberge, comme ça arrive dans le nord de Montréal, ou dans les
Laurentides, le long d'un lac, un ancien hôtel par exemple.
Le type est propriétaire de ce domaine-là, ainsi que son
épouse. Il veut mettre les chambres qui sont là à la
disposition d'un certain nombre de vieillards. Même si cela lui rapporte
un profit, au bout de l'année, je ne sais pas, quand bien même il
se ferait $8,000, $9,000 ou $10,000 de profit net, pour avoir soin de tout le
building et accueillir 25, 30 ou 40 vieillards, dont cela ferait l'affaire
d'aller là, et dont cela ferait aussi l'affaire, bien souvent, des
travailleurs sociaux, parce qu'ils s'arrachent les cheveux, parce qu'ils ne
savent pas où les envoyer nos vieux et nos vieilles qui veulent se
placer quelque part, à ce moment-là, est-ce que c'est possible
encore? Il m'apparaîque non.
M. CLOUTIER: Non, je l'ai dit tantôt que j'avais maintenu la
politique établie par mes prédécesseurs, et le
député de Richmond pourra corroborer ce que je dis dans le
moment. Son successeur, le député de Laurier, a aussi maintenu la
même politique. J'étais d'accord pour que nous gardions la
même orientation.
Il y a certainement possibilité d'équiper tout le
terrritoire du Québec de ces foyers pour personnes âgées
avec cette formule de corporation. Si on en juge par les demandes qui nous
viennent au ministère, cette formule est très populaire. Elle
permettra la réalisation d'un grand nombre de foyers, de
décentraliser ces foyers dans des régions rurales ou mi-rurales,
urbaines, au lieu d'avoir des foyers trop considérables, d'en avoir de
plus petits et de les décentraliser davantage de façon qu'un
foyer localisé à un endroit puisse desservir un certain rayon. Il
y a une philosophie derrière cette politique de décentralisation,
c'est de permettre à la personne âgée de continuer de vivre
dans le milieu dans lequel elle a toujours vécu, avec des gens de sa
connaissance, des gens du même milieu, de gens qui, au cours de la vie,
ont vécu dans les mêmes conditions. Je crois que c'est beau-
coup plus agréable pour ces personnes et elles sont beaucoup
moins isolées du contexte dans lequel elles ont toujours vécu et,
de façon générale, je pense qu'il est admis maintenant que
c'est la formule idéale.
Quant à la participation communautaire que vous avez
identifiée il y a un instant, charité ou
générosité ou contributions bénévoles, je
pense qu'il est important aussi que la population se rende compte qu'elle a des
devoirs envers les personnes âgées et envers la réalisation
d'un programme comme celui-ci. La meilleure preuve que nous pouvons avoir que
la population a réellement compris qu'elle avait un devoir de
participation communautaire, c'est que, partout où les souscriptions ont
été mises de l'avant, elles ont été
couronnées de succès dans la majorité des cas et dans une
proportion importante. Cette année, pour le programme que nous avons
envisagé d'une centaine de foyers, une vingtaine sont en construction et
les autres le seront dans les semaines à venir.
Je crois pouvoir dire qu'il nous sera possible de mettre en chantier ce
programme que nous nous sommes fixé pour la présente année
et du côté des personnes âgées et du
côté de l'enfance.
De toute façon, personnellement, je sais que c'est là
aussi l'assentiment de beaucoup de personnes, je crois qu'il est important que
nous conservions cette participation communautaire de la population, de sorte
que l'on ne puisse pas dire que la tâche totale, globale et ultime
revient toujours à l'Etat dans tous les règlements des
problèmes sociaux que nous avons à résoudre.
M. HOUDE: D'accord, mais vous n'avez pas répondu à ma
question. Je ne parlais pas de l'Etat justement, je parlais de si on
peut appeler ça de l'entreprise privée au point de vue du
principe, de la philosophie, si vous voulez, de toute cette optique-là.
A l'idée de la corporation, je vous l'ai dit, j'ai dit bravo.
En attendant que vos projets ou que plusieurs autres corporations se
forment, il y a quand même des centaines et des centaines de personnes
qui ne trouvent pas de place actuellement dans les foyers. Il n'y a plus de
place. Il n'y a pas de lits. C'est ce qu'on nous répond tous les jours
au téléphone. Il n'y a pas de place, monsieur. J'ai
téléphoné, ce matin, à un fonctionnaire de votre
ministère, il n'a jamais voulu me promettre de date...
M. CLOUTIER: Est-ce que c'est pour une personne malade?
M. HOUDE: Une personne âgée qui a besoin d'avoir,
d'après son médecin, si possible, des traitements de
physiothérapie.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas le même problème, j'en parlerai
tout à l'heure.
M. HOUDE: C'est aussi confus et aussi compliqué. Vous avez d'une
part, les vieux et les jeunes non malades, et les vieux et les jeunes malades.
Dans les deux catégories, ce n'est pas facile de placer quelqu'un. C'est
très difficile, il n'y a pas de place nulle part. D'autre part, vous
avez certaines personnes qui ont des entreprises privées qui ne
demanderaient pas mieux que d'en recevoir, mais à cause d'un principe
qui est bon, que j'accepte, vous voulez les éliminer pour continuer,
dites-vous une politique qui a été adoptée avant.
D'accord. Mais en attendant, est-ce que ces entreprises privées ne
pourraient pas en recevoir? Sinon, est-ce que vous prévoyez,
d'après vos statistiques, que dans un ou deux ans, il y aura
suffisamment de foyers pour les vieillards, pour les jeunes, malades ou non,
pour pouvoir accommoder tout le monde par votre formule de corporation à
but non lucratif?
M. CLOUTIER: Si le député me le permet, je ne parlerai pas
des malades tout de suite parce que les malades relèvent du
ministère de la Santé et je dirai de quelle façon on
procède. Mais je voudrais bien que le député sache que
nous n'enlevons pas les permis aux entreprises privées qui exploitent
des foyers actuellement. Sauf si la preuve est faite qu'un foyer n'offre pas la
qualité de soins que nous exigeons.
M. HOUDE: Vous n'en enlevez pas mais en accordez-vous de nouveaux?
M. CLOUTIER: Nous n'accordons pas de nouveaux permis parce que nous
savons que la formule de la corporation publique, corporation sans but
lucratif, disons dans une limite de temps acceptable, répondra aux
besoins dans le domaine du placement des personnes âgées. Cette
année, ces 100 foyers nous permettent d'avoir à notre disposition
6,265 lits pour les personnes âgées. L'an prochain, je ne sais pas
combien nous pourrons mettre de foyers en chantiers, mais nous avons
actuellement des demandes au ministère qui nous permettent d'entrevoir
qu'il y a encore autant de projets qui pourraient être
réalisés durant l'année à venir ou au cours des
deux années subséquentes, de sorte que d'ici cinq ans, nous
pourrions avoir un nombre de foyers suffisant, je pense, à tra-
vers le Québec pour répondre aux besoins dans ce domaine
du placement.
Il y a des hôpitaux privés relevant du ministère de
la Famille et d'autres relevant du ministère de la Santé, qui
reçoivent des personnes âgées qui déjà
demandent des soins médicaux. On les appelle, en termes techniques, les
S-3 et il y en a du côté de la Santé qui sont
identifiés comme des hôpitaux pour malades chroniques et
convalescents. J'ai autorisé il y a une semaine ou quinze jours une
addition importante de 350 lits à l'Hôpital Gray Star dans l'est
de Montréal. C'est pour répondre précisément aux
besoins des malades chroniques et il y aura là des facilités
importantes dans le domaine de la physiothérapie. C'est ce dont le
député a parlé tout à l'heure.
Il y a aussi d'autres projets pour Montréal dont
l'élaboration n'est pas terminée à ce moment-ci. Je ne
peux pas les révéler mais, dans quelques jours, lors de
l'étude des crédits du ministère de la Santé, je
serai en mesure d'annoncer également un autre projet important pour les
malades chroniques dans la ville de Montréal. Et il y aura aussi dans
toute la province je donnerai les détails lors de l'étude
des crédits de la Santé décentralisation des
institutions, mise en place d'institutions pour les malades chroniques dans des
régions qui ont déjà des hôpitaux
généraux mais qui n'ont pas de ressources pour les malades
chroniques et dans d'autres régions qui n'ont pas de ressources du
tout.
Le président est bien intéressé à ce
problème des malades chroniques parce que chez lui, il y a un
problème aigu dans ce domaine et je serai en mesure, dans les prochaines
semaines, d'annoncer ce qu'on va faire de façon générale
dans la province, dans l'année qui va venir, pour les malades chroniques
et les convalescents.
Pour les enfants, en partie, ce programme de trente institutions
comprend quinze garderies.
Cela équivaut à 2,885 lits. Alors, cela va répondre
à un besoin aigu dans le domaine du placement des enfants
déficients et arriérés mentaux.
M. LAFRANCE: Est-ce que c'est l'enfance exceptionnelle?
M. CLOUTIER: Pour l'enfance exceptionnelle, il y a cette année
quinze garderies dans les trente projets ou les vingt-neuf projets
annoncés dans le discours du budget.
M. HOUDE: Est-ce que ce sont des enfants de la même
catégorie que ceux qu'on est incapable de placer au Mont Providence,
pour nom- mer une place, qui seront acceptés dans ces nouvelles
garderies pour déficients mentaux?
M. CLOUTIER: C'est cela. On sait que, sur le territoire de la province,
il y a des régions qui sont complètement dépourvues de ces
res-sources-là. De sorte qu'une institution comme Mont Providence est
assaillie de toutes parts. Toutes les régions de la province
désirent bénéficier de ce service et il y a des listes
d'attente...
M. HOUDE: M. le Ministre, il y a une liste d'attente de mille noms au
Mont Providence, cela prend cinq ans pour réussir I y placer un enfant.
C'est inconcevable, en 1968, qu'on n'ait pas de place pour ces enfants
mentalement malades et surtout ceux qui sont non récupérables.
J'ai eu l'occasion d'aller en visiter dans des foyers, qui sont attachés
par des cordes et des chaînes, avec un cadenas, dans le lit. Des enfants
de cinq ans, de sept ans, de huit ans, démesurément gros, c'est
un problème extraordinaire qui est inconcevable. On en a parlé
l'an passé, vous vous en souvenez. C'est impossible. Tout le monde
essaie. Le curé, le médecin, le travailleur social, le
ministère, tout le monde tente de placer cette catégorie
d'enfants quelque part et il n'y a malheureusement pas de place. A ce
sujet-là, est-ce que dans les 2,885 nouveaux lits prévus, il y a
de la place pour cette catégorie d'enfants je ne suis pas
médecin mais qu'on classe comme non
récupérables?
M. CLOUTIER: Ce sont 2,885 lits pour cette classe d'enfants. De sorte
que nous allons plus que doubler dans un an les lits que nous avons
actuellement.
M. HOUDE: Cela veut dire qu'il va vous manquer à peu près
2,000 lits. Parce que d'après une statistique que j'ai lue
dernièrement, il y a à peu près 5,000 de ces enfants
infirmes dans la province.
M. CLOUTIER: Nous avons une carte et nous avons identifié les
endroits nous permettant de desservir régionalement toutes les parties
du Québec. Alors, à partir de la carte administrative, nous
allons faire une implantation de ressources et ces quinze projets-là
s'inscrivent dans ce projet total d'implantation de garderies et d'institutions
un peu plus avancées pour les entraînables et les
éducables. Nous aurons alors toute la gamme d'institutions
nécessaires pour pouvoir aussi récupérer ceux que l'on
peut récupérer et les réintroduire de façon
quelconque sur le marché du travail, soit sur
le marché ordinaire du travail, ce qui n'est pas possible dans
beaucoup de cas, ou du moins en atelier protégé.
M. HOUDE: M. le Ministre, je suis certain que dans votre tête
c'est un projet immédiat, mais est-ce que vous pouvez placer à
peu près une date ou un mois pour la fin de ces travaux? Est-ce que ces
travaux de construction sont amorcés?
M. LAFRANCE: Est-ce qu'il y a des crédits de prévus?
M. CLOUTIER: Oui. C'est avec la Société d'habitation du
Québec. Alors, nous n'avons pas besoin ici de sommes pour
l'investissement, pour la construction, parce que la Société
d'habitation prête à 100% et la souscription populaire prend soin
de l'équipement et de l'ameublement. Mais nous avons inscrit dans le
budget d'opération les sommes suffisantes pour l'administration de ces
maisons qui, une fois construites dans le cours de l'année, vont
commencer à opérer. Nous avons, dans les prévisions
budgétaires, des sommes suffisantes pour l'administration de ces quinze
garderies, au fur et à mesure de leur ouverture.
M. HOUDE: L'ouverture se ferait dans le courant de l'année
68/69?
M. CLOUTIER: L'année 68/69, entre le 1er avril 1968 et le 1er
avril 1969.
M. HOUDE: Une dernière question, si vous me le permettez. Puisque
l'on a parlé de ce problème du placement, je voudrais revenir au
point de vue local, là, je parle pour mon comté, ma paroisse. La
ville de Laval, comme vous le savez, deuxième ville en importance par la
population du Québec, a un bureau de votre ministère qui fait son
grand possible, je l'ai déjà souligné en Chambre je pense.
Il donne un service en autant que faire se peut. Je sais d'autre part et
je ne voudrais pas que vous pensiez que ce sont vos fonctionnaires qui se
lamentent je vous en ai déjà parlé M. le Ministre,
ne serait-ce que temporairement, je réitère ma demande, serait-il
possible d'avoir au bureau de la Famille et du Bien-Etre de la ville de Laval
quelques employés de plus?
La population augmente considérablement, ces gens-là sont
débordés de travail actuellement. Il n'y a aucune division,
aucune différence entre le placement et tout le reste de vos services.
Et je pense qu'il serait important d'avoir peut-être, une personne ou
deux, spé- cialement pour consacrer tout leur temps à toute la
question du placement.
M. CLOUTIER: C'est tout le problème de la régionalisation
que pose le député. Evidemment, c'est le cas de Laval, mais il y
a des cas identiques aussi dans d'autres régions de la province, et dans
cette opération de décentralisation que nous faisons actuellement
et l'implantation de bureaux, il y en aura 63 bureaux dans tout le territoire
du Québec, dans l'implantation de ces bureaux, dis-je, il est
prévu évidemment une expansion de ces bureaux. De sorte que,
à Laval, j'ai ici un tableau qui me l'indique, il y a du personnel
supplémentaire de prévu pour l'amélioration des services
dispensés à la population de votre comté et de votre
région.
M. HOUDE: Est-ce prévu pour bientôt?
M. CLOUTIER: L'opération se fait cette année,
l'opération de décentralisation et d'implantation des 63 bureaux
dont j'ai parlé.
M. VAILLANCOURT: Est-ce qu'il y a aussi pour Sherbrooke du personnel de
prévu?
M. CLOUTIER: Une augmentation importante.
M. VAILLANCOURT: Parce qu'il y manque réellement de personnel.
Quand va-t-il pouvoir entrer en fonction, est-ce avec le nouveau budget?
M. CLOUTIER: C'est prévu dans le budget qu'on étudie
présentement. Les effectifs sont autorisés. Nous avons des
reviseurs du ministère, ceux qui travaillent ici à Québec.
Il y en a au-delà d'une centaine qui vont retourner dans les
régions. Il y en a qui vont être recrutés dans les agences
de service social, qui actuellement, dans la section économico-sociale,
administrent la partie de l'assistance-chômage. Nous allons, après
qu'ils auront complété les formalités requises, à
savoir le concours, la Fonction publique, et toutes les formalités que
l'on connaît, les intégrer à nos bureaux régionaux.
Nous faisons également appel à des effectifs
supplémentaires d'au-delà de 200 agents de la
sécurité sociale, des nouveaux, qui vont...
M. VAILLANCOURT: Cela, c'est pour toute la province?
M. CLOUTIER: Toute la province. De sorte que, une fois
l'opération terminée, décentralisation, implantation,
régionalisation de bureaux, nous aurons un effectif en place de 1,099
personnes dans les régions.
M. VAILLANCOURT: Est-ce que ce sera des agents volants?
M. CLOUTIER: Pardon!
M. VAILLANCOURT: Des agents volants qui vont circuler dans n'importe
quel bureau régional?
M. CLOUTIER: A partir des bureaux locaux, et des bureaux
régionaux, il y a ce qu'on appelle des agents itinérants, qui
vont aller aussi dans certaines régions où il peut y avoir
concentration d'assistés sociaux, qui vont, eux, se rapprocher de la
population. On connaît bien cette formule-là. Des agents de la
sécurité sociale vont dans une région, une journée
par semaine, tenir bureau, de façon que ce soit plus accessible pour la
clientèle. Alors c'est toute cette opération que nous sommes en
train de compléter, dans le moment, en 1968 et en 1969, de façon
que nous ayons l'instrument, un outil approprié et efficace pour
administrer une nouvelle loi d'aide sociale. Parce que ça ne sert
à rien d'apporter une nouvelle législation qui remplace toutes
les différentes lois actuelles, dans le domaine de l'aide sociale, si on
n'a pas un outil efficace d'administration, pour administrer cette
loi-là. Et aussi ce qui complète tout ce réseau, ce sera
notre centre des données et l'informatique, pour étudier toutes
les informations que nous allons avoir au ministère, à notre
centre de données, et que nous allons pouvoir traiter pour recueillir,
savoir ce dont nous avons besoin pour l'administration de l'aide sociale et
aussi pour l'orientation de notre politique, dans le domaine social.
M. VAILLANCOURT: Cela veut dire que les bureaux qui ont
été mis à la disposition du ministère de la Famille
et du Bien-Etre social comme à Coaticook et à Magog, et qui sont
fournis gratuitement par la ville, avec les appareils de
téléphone, n'ont pas été occupés depuis
qu'ils ont été approuvés par le ministère de la
Famille et du Bien-Etre. On disait qu'un enquêteur irait faire du bureau
une couple de jours par semaine, or personne n'y est allé. Est-ce que
cela veut dire qu'avec le nouveau personnel, on va pouvoir occuper les bureaux
qui ont été offerts par les villes?
M. CLOUTIER: Dans cette opération-là, le ministère
des Travaux publics s'occupe actuellement de trouver tous les locaux
nécessaires à ces bureaux régionaux et à ces
bureaux locaux et bureaux satellites. Si la municipalité veut mettre
à la disposition du ministère des Tra- vaux publics, et par
ricochet à la disposition du ministère de la Famille, des locaux
pour l'administration de notre loi d'aide sociale, nous allons certainement les
utiliser.
M.VAILLANCOURT: Dans la ville de Magog et la Ville de Coaticook, les
conseils ont passé une résolution offrant gratuitement avec le
téléphone un bureau dans chacune des villes au ministère
de la Famille et du Bien-Etre, et ça fait environ un an que personne
n'est allé au bureau. Alors la ville se demande: Est-ce qu'on va
continuer à garder le bureau ou bien si on va le louer à
d'autres.
M. CLOUTIER: Je ne connais pas la situation particulière que me
mentionne le député, mais j'imagine... On fait un recrutement de
personnel, mais le recrutement est en cours. Si on n'avait pas de personnel
pour l'envoyer dans ces bureaux satellites, cela explique probablement que le
bureau n'ait pas été utilisé encore, mais il le sera
certainement dans l'opération de centralisation qui est en train de se
compléter.
M. VAILLANCOURT: II serait bon que le ministère avertisse ces
villes-là pour leur dire qu'elles gardent le bureau, que le
ministère va l'occuper d'ici...
M. CLOUTIER: Plusieurs municipalités, surtout dans les endroits
où l'on désire avoir des bureaux satellites, où des agents
itinérants vont aller donner des services à la population,
plusieurs nous ont offert des accommodements.
M. LAFRANCE: Je voudrais recommander au ministre d'insister en
particulier pour faire appel aux ressources communautaires. Ce soir, le
ministre vient de nous faire part de son intention de retenir des locaux dans
différentes localités, je crois qu'il y a là certainement
une dépense considérable qu'on pourrait éviter en faisant
appel, comme on l'a fait par exemple à Magog, à Coaticook et dans
la plupart des municipalités rurales que je connais bien, je suis
sûr que les autorités municipales seraient disposées
à mettre à la disposition des officiers gouvernementaux des
locaux d'essai gratuitement.
M. CLOUTIER: Nous allons certainement considérer toutes les
offres de locaux qui nous sont faites, mais il y a un aspect dont il faut tenir
compte et qui est très important, c'est que nous voulons regrouper aussi
I l'intérieur des régions, sous un même toit, dans un
même édifice...
M. LAFRANCE: D'accord.
M. CLOUTIER: ... dans les régions, tous les services
gouvernementaux. Il y a un aspect important dont on a saisi le ministère
des Travaux publics, c'est le regroupement tout près des centres
provinciaux de main-d'oeuvre de nos bureaux de Bien-Etre, de façon que
nous puissions faire le joint très facilement et très rapidement
avec les centres de main-d'oeuvre pour pouvoir réinscrire sur le
marché du travail le plus facilement possible la main-d'oeuvre dont nous
disposons. Alors, je pense que ce rapprochement géographique, ce
rapprochement physique va faciliter les contacts avec les centres de
main-d'oeuvre, de sorte que les dossiers vont pouvoir être
communiqués plus rapidement I partir de nos bureaux régionaux aux
centres de main-d'oeuvre et inversement.
M. VAILLANCOURT: Pour l'administration, très bien, mais pour le
contact plus direct avec les personnes nécessiteuses, c'est bon qu'il y
ait des bureaux décentralisés, parce que les personnes qui font
une demande d'assistance sociale n'ont pas les moyens de faire 25 ou 30 milles,
louer des taxis, etc. Il faut des bureaux près de la population autant
que possible.
M. CLOUTIER: Je crois que le critère qui a guidé nos
officiers dans le choix de l'emplacement des bureaux c'est un
critère important c'est qu'il n'y ait pas plus que 15 milles de
distance, je crois, entre le point de plus éloigné du territoire
et le bureau où l'assisté social peut recevoir les services.
M. VAILLANCOURT: Alors, ça c'est parfait.
M. LEDUC (Taillon): Le recrutement du personnel, quelle en est la base?
Quels sont les critères sur lesquels on se base pour engager du
personnel enquêteur auprès de ceux qui font des demandes?
M. CLOUTIER: C'est la Fonction publique et je crois que c'est une
onzième année.
M. LEDUC (Taillon): Mais, est-ce qu'ils reçoivent un
entraînement soit du ministère ou d'ailleurs avant d'être
qualifiés pour devenir enquêteurs?
M. CLOUTIER: Parmi les 1,099 personnes nécessaires, chiffre que
j'ai mentionné il y a un instant, il y a d'abord tous ceux qui sont en
place dans nos bureaux régionaux et locaux actuellement et qui sont
compris dans ce chiffre. Il y a au-delà d'une centaine de reviseurs du
ministère à Québec qui vont s'en aller dans les
régions. Il y a au-delà de 200 personnes, des agents de
sécurité sociale et des personnes qui travaillent dans le domaine
clérical qui sont actuellement au service des agences sociales et qui,
après le concours, vont aussi venir au service du ministère de la
Famille, justement dans ces bureaux, et il nous faudra faire appel à
plus de 200 personnes aussi, des nouveaux agents de la sécurité
sociale sur lesquels la Fonction publique a établi des critères
et...
M. LEDUC (Taillon): Ce à quoi je veux en venir, ce n'est pas
tellement ce que vous allez faire et tout ça, c'est à ceux qui
sont en place actuellement. Avec l'expérience que j'ai maintenant, de
deux ans dans un comté qui fait souvent appel à votre
ministère, je pense que ça prend du personnel, non seulement
qualifié au point de vue de l'éducation ou de l'instruction, mais
ça prend un personnel extrêmement patient, extrêmement juste
et ici, je vais me faire détester un peu en disant ce que je vais dire,
mais je pense que c'est l'occasion. Je crois que dans certaines régions
il y a peut-être du personnel qui, très tôt l'avant-midi,
devient impatient et le demeure le reste de la journée. C'est mauvais,
ça. Est-ce que c'est une pratique courante que les enquêteurs se
font passer pour des représentants disons de Beauty Counsellors si c'est
une dame ou de vendeurs de Fuller Brush ou autres choses semblables pour entrer
dans la maison, pour faire une enquête sur une famille qui demande de
l'aide. Est-ce que c'est habituel, ça? Est-ce que c'est une façon
courante de procéder au ministère? Ou encore quelqu'un se
présente, et au lieu de dire qu'il représente le ministère
de la Famille et du Bien-Etre social il se dit repré-présentant
de la compagnie Fuller. Il entre dans la maison, donne quelque chose, puis
commence à poser des questions sur la famille, le revenu. A la fin ou
s'aperçoit que c'était un enquêteur du ministère de
la Famille et du Bien-Etre social.
M. CLOUTIER: Je pense bien que tous les députés savent que
celui qui se présente dans une maison pour faire l'examen du dossier
d'une personne qui demande de l'aide sociale, doit se présenter sous son
nom d'agent de la sécurité sociale. La nouvelle classification de
la fonction publique décrit bien la tâche comme celle d'un agent
de la sécurité sociale, de sorte que ce terme d'enquêteur
disparaîtra. Celacom-
portait, je pense bien, un aspect péjoratif. C'est plutôt
un agent de la sécurité sociale qui vient faire le lien entre le
ministère et l'individu, et voit si l'allocation demandée est
bien nécessaire, ou si le montant, le quantum de l'allocation qui a
déjà été accordée a encore sa raison
d'être. Le député m'a posé une question sur la
formation du personnel. Il a insisté, et avec raison, sur les
qualités humaines qu'on est en droit d'exiger chez un agent de la
sécurité sociale. Pour ma part, j'ai déjà
représenté auprès de la Fonction publique qu'il
était aussi important que ceux qui sollicitent des postes d'agents de
sécurité sociale soient reconnus pour des personnes qui
possèdent des qualités humaines. C'est aussi important que des
qualités professionnelles. Je pense que, dans le recrutement de nos
agents, nous allons apporter une grande attention à ce facteur de
qualités personnelles du candidat qui sollicite un emploi au
ministère de la Famille dans le domaine de la sécurité
sociale.
M. LEDUC (Taillon): Si le ministre me permet. Il pourra peut-être
envoyer une lettre circulaire dans certaines régions pour expliquer
qu'ils doivent se présenter comme étant des agents de la
sécurité sociale.
M. CLOUTIER: II va y avoir mieux qu'une lettre circulaire. Il va y avoir
un programme de formation du personnel qui...
M. LEDUC (Taillon): D'accord, M. le ministre, cela s'en vient...
M. CLOUTIER: ...est pour l'immédiat, ...durant
l'année.
M. LEDUC (Taillon): Mais pour demain matin...
M. CLOUTIER: S'il y a des régions où les agents de la
sécurité sociale se présentent sous une fausse
étiquette ou si l'agent de sécurité sociale, au su et au
vu de tout le monde, n'apporte pas dans l'accomplissement de ses fonctions la
patience et les autres qualités qu'on est endroit d'exiger de lui, je
pense que déjà le ministère est en mesure de faire les
remarques à ceux qui sont directement responsables de ces personnes et,
de toute façon, un programme important de formation du personnel est en
cours. Nous avons recruté, au ministère, un spécialiste de
la formation du personnel, un psychologue, qui met sur pied c'est
d'ailleurs terminé un programme de formation qui va
débuter dans quelques jours et s'échelonner sur une certaine
période de l'année 1968. Et cette formation s'applique à
tout le personnel y compris nos agents de sécurité sociale qui
vont administrer la loi d'aide sociale.
M. LEDUC (Taillon): J'ai seulement deux questions, M. le
Président, après, je me tairai. Est-il courant ou accepté
par le ministère qu'on remettre le chèque mensuel aux gens qui en
ont besoin en deux tranches. Exemple: quelqu'un devant normalement recevoir
$90, touche un montant de $50 et, une semaine ou dix jours plus tard, un second
montant de $40. Est-ce courant? Cela peut-il arriver?
M. CLOUTIER: Habituellement un seul chèque est remis, sauf pour
les cas qui relèvent d'un administrateur, d'une tierce personne qui agit
à titre de curateur. De toute façon, je crois que la suggestion
qui a déjà été faite et qui l'est de nouveau
aujourd'hui a retenu l'attention des fonctionnaires du ministère, bien
que son application suppose un appareil administratif, et une augmentation de
la charge administrative. A priori, l'idée n'est pas rejetée d'en
venir le plus tôt possible à une formule d'émission de deux
chèques mensuels au lieu d'un. Je pense que ça faciliterait
l'administration d'un budget pour la mère de famille qui recevrait son
allocation mensuelle en deux versements.
M. LEDUC (Taillon): Dernière question, M. le Président, je
sais qu'actuellement, le ministère des Travaux publics construit un
édifice dans notre région pour accommoder tout le personnel du
ministère. Cet édifice doit être prêt cet automne, en
octobre ou novembre.
J'en avais parlé au ministre de la Famille et du Bien-Etre qui
m'a référé au ministère des Travaux publics qui,
lui, me dit que c'est impossible. J'aimerais quand même demander, qu'au
bureau de la rive sud, on ajoute deux ou trois lignes
téléphoniques. Il y a actuellement trois lignes
téléphoniques et, pour pouvoir rejoindre le chef de bureau, je
suis obligé de lui envoyer un télégramme. Vous pourrez en
parler à M. Rolland, il en reçoit souvent et je lui dis:
Téléphonez-moi quand vous aurez une ligne de libre.
Le maire de Longueil a été obligé d'envoyer la
police pour demander à M. Rolland de communiquer avec lui. Les gens
appellent plus souvent qu'autrement à la maison chez moi pour avoir des
détails et des renseignements parce qu'ils ont de la difficulté
à rejoindre le personnel. Le ministère me dit que c'est à
cause de l'exiguïté des locaux qu'il est impossible d'augmenter le
nombre de lignes téléphoniques. Eh
bien, déjà, sur l'appareil de M. Rolland, il y a deux
lignes de libres. Il s'agirait tout simplement d'en ajouter. Ce n'est pas un
panneau qu'il faut. Je pense que cela résoudrait bien des
problèmes et vous rendriez ma femme très heureuse parce que c'est
elle qui prend les messages.
M. CLOUTIER: J'ai eu l'occasion de parler personnellement de ce
problème avec le ministre des Travaux publics, après que le
député me l'eut mentionné et il me fera plaisir de revenir
à la charge pour tenter d'apporter une solution temporaire en attendant
l'immeuble neuf en construction.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Huntingdon.
M. FRASER: ... est-ce qu'il faut une corporation spéciale pour
cela ou si une corporation de ville peut le faire?
M. CLOUTIER: Une corporation en vertu de la troisième partie de
la loi. Mais les promoteurs peuvent être des individus ou des
groupements. Cela peut être des gens qui travaillent dans le domaine
municipal. Cela peut être des organismes sociaux comme les Chevaliers de
Colomb qui se sont intéressés particulièrement à ce
problème. Cela peut être des individus qui se groupent pour former
une corporation.
M. FRASER: Mais il faut former une corporation avant de faire une
demande...
M. CLOUTIER: Première étape, d'abord que le
ministère reconnaisse le besoin dans la localité et la
région et, deuxième étape, quand ce besoin est connu et
que l'acceptation de principe a été donnée par le
ministère de la Famille, il y a formation d'une corporation qui va voir
à la réalisation du projet dans toutes ses étapes.
M. FRASER: Et l'argent est prêté par...
M. CLOUTIER: La Société d'habitation du Québec.
M. FRASER: II est prêté pour vingt ans, trente ans ou
quoi?
M. CLOUTIER: C'est cinquante ans pour le remboursement. C'est
prévu au budget par tranches comme service, sous l'article «
service de la dette, » chaque année.
M. LE PRESIDENT: Le député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: Le ministre, depuis tantôt, a répondu aux
quelques questions que je voulais poser.
Si j'ai bien saisi, il est question que le ministère de la
Famille et du Bien-Etre social fusionne l'ensemble de ces services,
c'est-à-dire que les bureaux locaux et les bureaux régionaux qui
reçoivent actuellement les demandes d'assistance-chômage ou
d'assistance publique soient également habilités à
recevoir les demandes de pension d'invalide, des mères
nécessiteuses et ces choses-là. Est-ce bien la formule qu'a
expliquée le ministre?
M. CLOUTIER: C'est la nouvelle loi d'aide sociale qui va réunir
dans une seule loi toutes celles qui existent actuellement. Les lois qu'on
appelle lois catégorisées, comme celles concernant les invalides,
les aveugles et aussi la loi de l'assistance publique.
M. MAILLOUX: A présent, aucun de ces bureaux-là ne sera
habilité à recevoir l'ensemble des demandes, tant et aussi
longtemps que la nouvelle loi ne sera pas en vigueur.
M. CLOUTIER: Il nous faut conserver les mécanismes qui existent
actuellement, c'est-à-dire la Commission des allocations sociales qui
administre les lois catégorisées et, d'autre part, le
ministère par sa direction générale qui administre les
lois de l'assistance publique et...
M. MAILLOUX: Tantôt, le ministre a mentionné que vous aviez
une augmentation de deux cents fonctionnaires pour l'ensemble des lois
administrées par le Bien-Etre social. Je voudrais référer
le ministre à une certaine conférence de presse qu'a
donnée le premier ministre alors qu'il disait qu'il faisait une
réserve de fonctionnaires qui n'avaient pas d'ouvrage dans certains
ministères.
Tantôt, vous avez mentionné qu'on y ajoutera deux cents
fonctionnaires pour tout le problème du bien-être social pour la
province de Québec, est-ce que le ministre et ses fonctionnaires pensent
que c'est suffisant? Si l'on fait une répartition dans Montréal
et le Montréal métropolitain et l'ensemble des bureaux locaux ou
régionaux, cela veut dire que, dans les comtés comme chez nous ou
ailleurs dans la province, cela ajoutera peut-être un ou deux
fonctionnaires. Je voudrais donner un exemple typique au ministre pour prouver
jusqu'à quel point il y a un retard actuellement dans la province, dans
les demandes d'allocations. Je ne rends responsable en aucune façon les
gens de la Commission des allocations sociales, parce que je sais qu'ils
sont débordés devant les demandes supplémentaires,
en nombre de plus en plus grand qui sont faites actuellement, ainsi que les
bureaux régionaux, qui sont assaillis par de nombreux chômeurs qui
viennent sur le marché.
Mais voici une demande d'allocation qui est peut-être un exemple
brutal, que je vais donner. Il s'agit d'une veuve dont le mari est
décédé au mois de juin 1967. La Commission des allocations
sociales du Québec donne un accusé de réception en date du
7 juillet 1967. Suivant le témoignage de la veuve ce matin,
l'enquêteur est passé vers le 3 mars 1968 et, le seul document que
cette dame a depuis la mort de son mari, c'est cette carte-là. Cela fait
presque une année de cela.
Et je mentionnerais un autre cas pour lequel je suis intervenu
peut-être 50 fois depuis trois mois. Une personne qui a presque
brûlé vive. Son mari l'a délaissée. On est
obligé de la faire manger à la cuillère. La seule
réponse que nous avons eue, c'est une avance de $65 depuis le 1er juin,
alors que la demande a été portée devant la commission le
15 septembre, et l'accusé de réception de la commission est
daté du 17 septembre: versement partiel de $65 de l'assistance publique
par le bureau du comté. Pour toute la rétroactivité, on
est encore à plaider, parce qu'elle a droit à sa
rétroactivité depuis que sa demande est faite. Les
médecins ont été catégoriques dans son cas
brûlée à mort
Alors, est-ce que le ministre pense qu'avec 200 fonctionnaires de plus
dans la province, on est capable de rejoindre des retards semblables? Il y en a
des centaines dans les comtés actuellement.
M. CLOUTIER: Le député mentionne 200 fonctionnaires, mais
il va y avoir dans les régions aussi les fonctionnaires de Québec
qui retournent dans les régions. Cela n'ajoute pas globalement du
personnel, mais les anciens vont être beaucoup plus près de la
population, et les centres de décision, au lieu d'être à
Québec, une fois la politique du ministère établie, la
politique dans le domaine de la sécurité sociale, les centres de
décision vont être au niveau des régions. Alors il va y
avoir accélération du processus de décision, de sorte que
les dossiers ne se promèneront pas continuellement entre Québec
et la région.
En plus de ces 117 fonctionnaires qui viennent de Québec, il y
aura également des officiers des agences de service social qui
administrent actuellement l'assistance-chômage, qui vont venir, sous
l'autorité du ministère de la Famille, travailler dans nos
bureaux locaux et régionaux. Là aussi il va y avoir une
intégration de sorte que la plainte que l'on entend souvent, et à
bon titre je crois, de la part des assistés sociaux qui nous disent: On
a été au bureau de l'agence sociale, ils nous ont
référés au bureau local ou au bureau régional du
ministère. Dans certains cas, il faut ajouter à ça un
troisième partenaire qui est la municipalité. Alors, je crois que
l'intégration de ces trois organismes qui actuellement administrent des
lois d'assistance-chômage, cette intégration va simplifier et le
travail du ministère et la demande de l'assisté social.
Je pense qu'il ne faut pas prendre non plus le nombre de 200
fonctionnaires additionnels comme un chiffre absolu et porter un jugement
définitif, parce que le rapprochement de services de la population va
certainement en augmenter l'efficacité.
Il faut ajouter ça au nombre de fonctionnaires additionnels dont
nous aurons les services. Et nous avons actuellement cinq cent dix-sept agents,
avant la décentralisation et l'implantation des bureaux, et nous en
aurons 1,099 une fois l'opération terminé. Je pense que nous
pouvons dire, à ce moment-ci, que ces nouvelles structures, cette
nouvelle façon d'administrer notre loi d'aide sociale, nos lois dans le
domaine de la sécurité sociale, va être une nette
amélioration sur l'ancien procédé.
M. MAILLOUX: J'espère bien que les conclusions du ministre seront
de nature à améliorer le problème et je voudrais ajouter
en conclusion à ces paroles-là que ce n'est sûrement pas
une critique contre les fonctionnaires qui sont chez nous dans le comté,
parce que je pense que ces gens-là se font mourir actuellement à
la tâche en répondant même les samedis et dimanches, et au
public et aux hommes publics qui doivent les rencontrer. Certainement, ces
gens-là rendent un service que l'on rencontre dans peu de
ministères du gouvernement.
M. LAFRANCE: M. le Président - au sujet de l'orientation de la
discussion ce soir, disons que notre intention était de discuter
la politique générale du ministère, quitte à poser
quelques questions sur les articles. Le ministre a été
très généreux, il a répondu même à des
questions... Disons que ce soir on a suffisamment défriché le
terrain pour entreprendre rapidement l'adoption des articles les uns
après les autres et, si le ministre veut coopérer, je pense qu'on
finira pour demain soir...
M. MAILLOUX: II ne reste plus de questions à poser...
M. LE PRESIDENT: Huit heures quinze.
M. CLOUTIER: Vous pouvez compter sur ma collaboration.
Reprise de la séance à 20 h 19
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 1: Administration.
M. LAFRANCE: Est-ce que le ministre prévoit la création de
nouveaux services au sein du ministère?
M. CLOUTIER: Il y a l'opération de régionalisation dont
j'ai parlé cet après-midi, avec tous les effectifs que cela
suppose. L'opération de décentralisation et de
régionalisation.
M. LAFRANCE: Mais il n'y a pas de nouvelle administration.
M. CLOUTIER: Non. Il y a la direction générale de
l'administration qui a été créée il y a deux ans.
Ce sont les mêmes directions générales qui existent au
ministère. Je dois souligner à ce moment-ci j'en ai
glissé un mot cet après-midi le traitement
électronique des données. Le centre des données suppose
lui aussi un recrutement assez important de personnel. La majorité de ce
personnel vient du ministère des Finances. Alors, c'est à la page
84, là où on voit « service de l'informatique ». Il y
a 76 employés de prévus et également transfert
d'employés du ministère des Finances. Ce sont les transformations
majeures qu'on peut identifier pour l'année fiscale 68/69.
M. LE PRESIDENT: Traitements et indemnités.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que je peux poser une question qui englobe toute la
question des traitements et indemnités? J'ai compté 2,309 postes
de fonctionnaires au ministère. L'an dernier, il y avait autorisation
pour 2,270. Je sais que cela ne veut pas dire que tous ces postes
étaient occupés, mais cette année, cela se chiffre selon
le présent texte à 2,309. Sur ces 2,300 personnes, combien sont
des travailleurs sociaux professionnels?
M. CLOUTIER: Là où il y a concentration de travailleurs
sociaux, c'est à la section dont dépendent les bureaux
régionaux et les bureaux locaux. C'est la section de la direction
générale de l'assistance à domicile. C'est là
qu'ils sont presque tous localisés. Ce que le député
demande, c'est combien il y a de travailleurs sociaux.
En attendant d'avoir l'information sur les travailleurs sociaux
professionnels à l'emploi du ministère, je voudrais donner un
bref résumé de l'effectif du ministère, globalement. On
avait au budget 67/68 un effectif autorisé de 2,394 postes. Sur le
bordereau de paye du 29 novembre 1967, au moment où on préparait
le budget 68/69, il y avait 1,987 postes occupés. Alors, il y avait 407
postes disponibles à ce moment-là en tenant compte des services
qui existaient au 1er avril 1967, suivant le service d'organisation et des
méthodes.
Alors, nous avons pris ces 407 postes pour créer des nouveaux
services et, disons, prendre soin de l'opération de
régionalisation. De sorte que nous pouvons dire que nous faisons une
économie de 400 personnes, parce que, sur cet effectif de 2,394 postes
autorisés pour 67/68, l'opération de régionalisation
n'était pas comprise et il y avait également l'opération
des allocations familiales, la mise en place des allocations familiales qui a
requis un nombre relativement important de personnel. Alors, avec le même
personnel, avec ces postes que l'on a récupérés, 400, nous
pouvons prendre soin de l'opération de régionalisation et de
l'opération de mise en place des allocations familiales et aussi de
certains autres postes que nous avons comblés.
M. GOLDBLOOM: Si je peux préciser la raison de ma question, c'est
que nous avons parlé cet après-midi des représentants du
ministère qui sont en contact avec les assistés sociaux et avec
ceux qui formulent des demandes pour devenir des assistés sociaux.
Après tout le ministre lui-même a insisté sur les
qualités humaines qui devraient animer ces personnes et il
reconnaîtra sûrement que ce ne sont pas seulement les
qualités humaines mais également une certaine formation qui
permet à ces gens-là de traiter convenablement avec les citoyens
qui formulent des demandes auprès du ministère. Alors, c'est
surtout à ce niveau-là que je voudrais savoir si ceux qui
s'appellent agents ou représentants du ministère de la Famille et
du Bien-Etre social sont surtout des travailleurs sociaux professionnels ou des
aides sociaux qui jouissent quand même d'une certaine formation, ou
est-ce que ce sont seulement des personnes qui ont trouvé un emploi par
le truchement de la Commission de la fonction publique?
M. CLOUTIER: Il y a des travailleurs sociaux; il y a une partie
importante de l'effectif qui sont des aides sociaux; il y en a un plus grand
nombre que les travailleurs sociaux; il y a aussi la troisième
catégorie de gens, ce sont des personnes qualifiées qui sont
habilitées par les exigences que la Commission de la fonction publique a
posées, disons une onzième année ou
le cours secondaire, pour être acceptées comme agents de
sécurité sociale. Nous ajoutons à cela évidemment
la formation professionnelle, dont j'ai fait également état cet
après-midi, et il y a aussi le personnel pour compléter
l'organisation des bureaux. Il y a aussi tout le personnel clérical. Le
travail dans les bureaux va être divisé en différentes
sections, mais de toute façon, je crois que la réponse satisfera
le député. Je lui dirai que les cas difficiles, dans les bureaux,
que la clientèle des assistés sociaux qui réclame un
traitement social sera vue par les travailleurs sociaux qui auront ce qu'on
appelle je ne sais pas si nous avons l'équivalent en
français un « case load » plus réduit de
façon à apporter plus de temps à la solution des
problèmes sociaux. Mais les assistés sociaux normaux, qui n'ont
pas d'autres problèmes que ceux du chômage ou des problèmes
non complexes, peuvent être traités avec du personnel moins
spécialisé.
M. GOLDBLOOM: Est-ce qu'il y a certains secteurs du ministère
où l'on exige que la personne en charge soit un travailleur social
diplômé?
M. CLOUTIER: Nous en avons dans les cadres supérieurs du
ministère.
A différents échelons, il y a des travailleurs sociaux. Us
occupent des postes à partir de sous-ministre. Nous en avons plusieurs
qui sont par profession des travailleurs sociaux diplômés.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1. Traitements, adopté.
Sous-article 2: Frais de voyage ?
M. LAFRANCE: Est-ce qu'il y a des frais de voyage prévus pour le
séjour en Europe de certains fonctionnaires du ministère, au
sous-article 2?
M. CLOUTIER: Si le ministre ne s'est pas encore informé s'il y en
a pour lui, il a manqué un voyage l'an dernier. Actuellement, pour
autant que je sache, il n'y a pas de voyage outrefrontières de
prévu pour, je parle du ministre ou des sous-ministres, mais cela reste
dans le domaine de la possibilité.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2: Frais de voyage, adopté.
Sous-article 3: Honoraires, adopté. Sous-article 4: Frais de bureau et
autres dépenses, adopté. Sous-article 5: Matériel,
articles de bureau, impressions et abonnements?
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que le ministre pourrait, en quelques instants,
nous donner la raison de cette augmentation assez considérable des
frais, à ce moment-ci?
M. CLOUTIER: Au sous-article 5: Matériel, articles de bureau?
M. SAINT-GERMAIN: Oui, sous-article 5.
M. CLOUTIER: Dans la réorganisation administrative, il est
prévu de remplacer l'équipement désuet. Alors, il y a des
machines à écrire, des machines à calculer, des machines
à photocopier. C'est dans l'opération de mécanisation, de
modernisation de l'administration du ministère.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, c'est simplement un changement
d'équipement non considérable, j'entends. Il n'est pas question
de changement de politique. Cela n'implique pas un changement de politique au
point de vue de matériel ou...
M. CLOUTIER: Cela fait partie de la réorganisation administrative
du ministère et de la décentralisation aussi.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 5, adopté. Sous-article 6:
Traitement électronique des données?
M. CLOUTIER: Voici, j'en ai parlé à deux ou trois
reprises, adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 7: Publicité et
information? Adopté.
M. LAFRANCE: II y a une augmentation assez substantielle. Je crois que
ce n'est pas exagéré quand on considère que le
ministère a une clientèle de 500,000 personnes.
M. CLOUTIER: Oui, c'est surtout pour la loi d'aide sociale et la
régionalisation des bureaux. Pour donner l'information sur ces deux
opérations majeures.
M. LAFRANCE: En passant, je ferai remarquer au ministre qu'il est assez
difficile, dans les bottins téléphoniques, de trouver
l'appellation qui désigne l'organisme du gouvernement. Par exemple,
à Asbestos, c'est; Ministère de la Famille et du Bien-Etre
social, à Vic-toriaville, c'est: Province de Québec. Est-ce qu'il
n'y aurait pas possibilité d'adopter quelque chose d'uniforme dans la
province pour désigner les bureaux du gouvernement?
M. CLOUTIER: Oui, je pense que ce serait le ministère des Travaux
publics qui pourrait, dans ce cas précis, donner une directive un peu
générale dans toutes les différentes compagnies de
téléphone qui préparent des annuaires
téléphoniques.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. VAILLANCOURT: En passant, seulement une question. On avait
reçu une liste de la fonction de tous les principaux du ministère
de la Famille et du Bien-Etre.
La liste est assez vieille, il y en a plusieurs qui ont
été changés depuis. Est-ce que le ministère
possède encore ça?
M. CLOUTIER: De quelle date?
M. VAILLANCOURT: Cela doit dater de 1964 ou 1965, quelque chose comme
ça.
M. PINARD: II y a eu un grand événement en 1966.
M. CLOUTIER: Oui, cela n'a rien modifié, nous avons ajouté
du personnel.
M. VAILLANCOURT: Je ne sais pas s'il y a une date dessus. Je n'en vois
pas. Ce n'est pas daté. Mais je vois par ceux qui sont en tête de
liste, le ministre était M. Emilien Lafrance, etc...
M. LAFRANCE: Cela est dépassé.
M. VAILLANCOURT: Vous savez ce que je veux dire. Est-ce que vous avez
des listes plus récentes?
M. LE PRESIDENT: Sous-article 8.
M. CLOUTIER: II y a l'annuaire, le bottin téléphonique du
gouvernement.
M. VAILLANCOURT: II n'est pas récent non plus.
M. CLOUTIER: Mais au ministère, nous avons dans le rapport annuel
une liste des officiers supérieurs, mais ce sont les noms seulement, il
n'y a pas de numéro de téléphone.
M. VAILLANCOURT: Non, c'est le ministère.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 8: Automobiles, adopté.
Sous-article 9: Automobile: entretien et opération. Adopté.
M. LAFRANCE: Combien de voitures compte le ministère?
M. CLOUTIER: Celle du ministre en titre et celle du ministre d'Etat.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 10: Formation en cours d'emploi.
M. LAFRANCE: En quoi cela consiste au juste, M. le Président, la
formation en cours d'emploi?
M. CLOUTIER: Cela fait partie de notre programme de formation. Mais
seulement, là il s'agit de...
M. LAFRANCE: Ah! de formation en cours d'emploi, très bien.
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté.
M. CLOUTIER: Les employés du ministère aussi. Formation
des employés du ministère de certains employés du
ministère. Il y a des allocations de versées aussi à des
stagiaires.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que c'est à ce poste-ci que le ministre
faisait allusion cet après-midi quand il a parlé d'un psychologue
qui se chargera de la formation du personnel.
M. CLOUTIER: Oui, le psychologue est ici à l'administration et le
programme de formation du personnel est réparti sur deux ou trois
articles.
M. GODLBLOOM: Est-ce que je dois comprendre qu'il y a d'autres
personnes, y compris des travailleurs sociaux, qui participent à la
formation du personnel, ou si c'est seulement pour les officiers
supérieurs?
M. CLOUTIER: C'est comme dans tous les programmes de formation, on fait
appel évidemment à des professeurs, soit de l'intérieur ou
de l'extérieur du ministère pour donner des périodes de
cours à ceux qui feront partie de l'opération de formation.
Mes fonctionnaires m'informent qu'il y a deux travailleurs sociaux qui,
en plus du psychologue, vont être spécialement affectés
à cette tâche de formation du personnel et un...
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministère participe au programme de
formation en dehors de ses propres cadres? Est-ce que le ministère
assume plus de responsabilités dans le domaine
de la formation des travailleurs sociaux en général?
M. CLOUTIER: Le ministère de l'Education et le ministère
de la Famille, en collaboration, s'occupent du programme de formation
universitaire des travailleurs et des aides sociaux. Et nous avons
également proposé aux agences de les aider aussi au point de vue
de formation du personnel.
M. GOLDBLOOM: C'est là où je veux en venir. Est-ce qu'il y
a des membres du personnel du ministère qui font des stages en dehors du
ministère, dans des agences de bien-être social?
M. CLOUTIER: Le stage ne se fait pas à partir d'officiers du
ministère qui vont dans des agences. Mais, comme je l'ai expliqué
cet après-midi dans l'opération de régionalisation, des
travailleurs des agences, du personnel des agences sont recrutés pour
venir travailler à l'intérieur du ministère de la Famille.
Et c'est ce qui va se produire pour 200 personnes des agences sociales qui vont
être intégrées au réseau des bureaux du
ministère.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre est au courant d'un rapport du
père Lecavalier sur la formation des travailleurs sociaux et sur la
coordination des agences comme milieux de placement pour des stages?
M. CLOUTIER: Oui, c'est un rapport qui a été produit aux
officiers du ministère et qui est aussi venu à mon attention.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, je ne suis pas au courant de tous les
détails. Est-ce que c'est un document commandité par le
ministère?
M. CLOUTIER: Cette semaine, au ministère, il va y avoir
étude et consultation au sujet des priorités. A ce
moment-là, on fera l'étude de ce projet précis de
l'abbé Lecavalier en référant toujours à la
formation du personnel.
M. GOLDBLOOM: Alors, cela a été reçu mais pas
encore adopté.
M. CLOUTIER: Pas encore adopté.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: J'avais une question à poser avant le dfner, M.
le Président, et comme vous le savez, six heures est arrivé. Pour
aborder le sujet dans son ensemble, vous avez dit, pendant la discussion
générale, que vous alliez engager quelque 200 nouveaux
employés afin de décentraliser les services. Et on vous a
posé la question: Quels sont les barèmes qui serviront à
déterminer ou à élaborer les questionnaires et les
qualifications qu'on demandera à ces nouveaux employés? Vous ne
sembliez pas être trop au courant. Mais je crois que c'est là
quelque chose d'extrêmement important parce qu'en principe,
personnellement, je doute fortement que vous puissiez engager 200 personnes
compétentes en plus de celles qui sont à votre emploi
actuellement, et je crois que ce système de décentralisation
vaudra ce que vaudra la qualification de vos employés à vos
services du ministère.
M. CLOUTIER: Le député sait quels sont les
mécanismes de la Fonction publique. Evidemment nous nous
intéressons de très près au recrutement de ces agents de
la sécurité sociale. Il y a des personnes en autorité au
ministère de la Famille qui sont sur le jury qui va les entendre et
porter un jugement sur ces postulants au poste d'agents de la
sécurité sociale au ministère de la Famille.
Alors, à partir de là, étant donné que la
Commission de la fonction publique, de concert avec le ministère de la
Famille, a établi les critères de base qui vont servir de
qualifications, de normes minimales pour l'acceptation, je pense qu'à ce
moment-là les mécanismes normaux se mettent en marche et
l'opération...
M. SAINT-GERMAIN: Mais quels sont précisément ces
critères que vous avez établis ou que vous établirez?
M. CLOUTIER: Ils ont été établis par la Fonction
publique. Une des exigences minimales, c'est la onzième année.
L'âge minimal, 23 ans. L'expérience évidemment
compte...
M. VAILLANCOURT: Est-ce qu'il y a une limite d'âge?
M. CLOUTIER: Mes officiers m'informent qu'il n'y a pas de limite
d'âge mais on imagine facilement qu'une personne qui serait jugée
d'un âge trop avancé n'aurait pas certaines qualifications qu'on
est en droit d'exiger pour un tel poste d'agent de la sécurité
sociale.
M. VAILLANCOURT: II y en a dans certains ministères, parce que
j'ai remarqué qu'il y en a qui sollicitent un emploi et on leur dit
qu'ils sont trop âgés.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais de toute façon, M. le Ministre, avoir
une onzième année et 23 ans, c'est bien peu. Enfin, le
barème, le critère...
M. CLOUTIER: Il faut comprendre que ce sont des gens qui sont en place
dans les agences sociales. On parle du recrutement. Est-ce que vous parlez du
recrutement de ceux qui sont dans les agences sociales et qu'on va aller
chercher? Ils ont une expérience dans le milieu et on sait que, par
concours de la Fonction publique, ou par examen, quand il s'agit d'une
interview, un examen oral, on juge des qualités, des qualifications de
la personne mais, il y a des exigences pour l'âge, je les ai
données. Il y a des exigences pour la scolarité; il y a tous ces
autres facteurs sur lesquels les examinateurs portent un jugement, à
savoir quelle est la personnalité de l'individu, quelle est sa
connaissance du milieu, quelle est sa façon de voir les
problèmes.
M. SAINT-GERMAIN: Si vous considérez simplement, comme je vous le
disais, une onzième année et 23 ans, c'est dire que vous n'avez
pas de critères. Les critères seront le bon jugement de ceux qui
feront passer les examens à ces gens-là.
M. CLOUTIER: Bien, le député a déjà vu les
concours de la Fonction publique publiés dans les journaux. On mentionne
une série de qualifications.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais personnellement, je crois que, pour remplir
les fonctions qu'exigent de telles responsabilités, il faut certainement
être humain comme vous avez bien décrit d'ailleurs, avant le
dînier, les qualifications exigibles pour un emploi comportant de telles
responsabilités. Mais, personnellement, je vois mal que le simple fait
d'avoir 23 ans et une onzième année soit suffisant. Il est vrai
que ce sera le jugement de ceux qui, comme vous le dites, feront passer
l'examen à ces différents candidats, qui prendront une
décision. Je sais bien que ce n'est pas seulement une onzième
année et 23 ans, il y aura certainement autre chose; vos critères
sont larges; vous laissez l'initiative. Autrement dit si ce sont les seuls
critères qui existent, vous laissez la responsabilité de la
décision i ceux qui font passer l'examen.
M. CLOUTIER: Bien, disons...
M. SAINT-GERMAIN: II est extrêmement important, à mon avis,
que les gens qui auront ces responsabilités, aient une expérience
humaine assez prolongée. Cela ne s'apprend pas nécessairement
dans les livres et pas nécessairement au niveau de la onzième
année non plus. Il faut qu'ils connaissent le milieu et qu'ils
connaissent surtout la mentalité et le besoin et toute cette philosophie
sociale qui doit exister au service et qu'ils puissent avoir le jugement voulu
pour l'appliquer à bon escient et avec justice, discernement et
humanité.
Alors, ça prend un homme qui a déjà une certaine
expérience de la vie et des choses pour avoir un tel jugement, et
être réellement capable de prendre de telles
responsabilités. C'est pour ça que je doute que cette
décentralisation qui, en principe, est excellente, n'ait dans les faits,
quelque efficacité si elle se fait trop vite et si elle ne repose pas
sur des gens compétents et capables de décisions.
M. CLOUTIER: Je comprends lapréoccupa-tion du
député et je pense qu'il traite certains aspects du
problème, aspects très importants, à savoir qu'en plus de
la qualification professionnelle l'aspirant doit posséder des
qualités humaines et aussi peut-être une expérience du
milieu. De toute façon, il y a 1,099 personnes qui vont être
affectées à ces tâches dans ces bureaux locaux et
régionaux. Il y a déjà un fort contingent de ces personnes
qui sont dans le milieu depuis longtemps, soit au ministère, ceux qui
sont dans les bureaux locaux et régionaux.
Il y a les reviseurs qui sont actuellement au ministère et qui
vont s'en retourner dans les régions et qui travaillent depuis de
nombreuses années sur ces dossiers d'assistés sociaux.
Il y a ceux qui sont actuellement dans les agences et qu'on va recruter
aussi par concours, qui sont déjà dans le milieu et qui ont une
expérience. Il y a également, sur ces 1,099 personnes, 200
nouveaux qui nous arrivent par voie de concours de la Commission de la fonction
publique, et qui nous viennent de partout.
Sans avoir le nombre précis des postulants, de ceux qui ont fait
une demande d'emploi à la fonction publique, je crois savoir, à
ce moments ci, que les demandes d'emploi sont nombreuses et qu'il y aura un
choix qu'il faudra exercer.
Il sera fait par ceux qui forment le jury, et je suis tellement
conscient de l'importance de ces qualités humaines dont on a
parlé à quelques reprises, que j'ai demandé la semaine
dernière à mes fonctionnaires d'avoir une réunion
spéciale avec la Fonction publique pour vérifier, en-
core une fois, avant que l'opération ne se fasse, les exigences
qu'on demandera à ceux qui seront acceptés pour faire partie des
bureaux locaux et régionaux. D'autre part, il ne faut pas perdre de vue
non plus que cette opération de recrutement sera complétée
par l'opération de formation du personnel dirigée par ceux dont
j'ai parlé tout à l'heure. C'est une des étapes
importantes de l'opération de régionalisation que ce cours de
formation du personnel. Je pense qu'il faudra tout de même y mettre un
peu de temps et compléter l'opération en entier avant d'avoir
véritablement toute la qualité de personnel que nous voulons
avoir.
M. LAFRANCE: Je voudrais insister avec mon collègue. D'ailleurs
le ministre est très conscient du problème, mais depuis quelque
temps, je crois que dans la province, les récriminations se sont
multipliées chez une foule d'assistés qui prétendent
être reçus de façon cavalière par certains
fonctionnaires. Il y en a pour qui ce n'est pas justifié car je crois
que chez un certain nombre c'est presque une vocation que d'être en
contact avec ce public. Je sais que le ministre y accorde beaucoup
d'importance, et je suis heureux que mon collègue l'ait
souligné.
M. CLOUTIER: Oui, à chaque fois qu'on nous signale, avec raison,
que des agents de la sécurité sociale n'apportent pas dans leur
travail les qualités qui doivent être apportées, je crois
que nous sommes justifiés, à ce moment-là, d'exiger que la
situation soit corrigée ou que d'autres moyens soient pris pour que du
personnel plus qualifié soit mis à la disposition de la
clientèle.
M. SAINT-GERMAIN: Si vous me permettez aussi, M. le Président,
autérieurement, il y a quelques années, toute cette question du
bien-être social était bien moins structurée qu'elle ne
l'est aujourd'hui, beaucoup moins complexe. Alors il y a beaucoup de gens qui
ont été amenés à s'occuper de services sociaux qui,
nécessairement, n'avaient pas beaucoup de qualifications personnelles,
bien que la majorité de ces gens aient eu le sens des
responsabilités et aient été sensibles aux maux de la
société, assez sensibles pour y prendre part et essayer d'y
remédier.
Dans le contexte actuel, je crois qu'il faut plus que de la bonne
volonté. Il faut aussi une certaine qualification que malheureusement,
l'expérience n'apporte pas toujours. Alors, en somme, j'aurais
pensé que le ministère eût attaché assez
d'importance je ne doute pas que vous attachiez de l'importance aux
qualifications du personnel mais je suis un peu surpris que vos
critères n'aient pas été étudiés plus
à fond et...
M. CLOUTIER: Mais c'est la Fonction publique, M. le Président. A
partir du moment où on dit à la Fonction publique: C'est tel
genre de personne que nous désirons avoir, avec telles qualifications,
alors la Fonction publique détermine, fait la description de la
tâche et fait...
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, nous n'avons pas eu tout de même les
critères de la Fonction publique. Le seul critère que vous nous
avez fait connaître, c'est une onzième année et 23 ans.
Alors, que les critères aient été élaborés
ou étudiés, soit par la Fonction publique ou par le
ministère, il en reste qu'au point de vue des critères, ce soir,
ils ne sont pas déterminés ou du moins...
M. CLOUTIER: Parce qu'il sera facile je pense bien ç'a
été publié dans les journaux pour le
député de prendre connaissance du détail de tout ce qui
est exigé, de tout ce qui est inscrit, de tout ce qui est décrit
par la Fonction publique. En somme je crois résumer en disant que nous
allons attacher beaucoup d'importance aux qualités humaines, nous allons
attacher de l'importance à l'expérience dans le champ du
bien-être social, expérience dans l'administration. Les autres
qualifications de base ont été données quant à
l'âge et quant à la scolarité. Je pense qu'à
l'intérieur de ces critères-là, nous pouvons tout de
même, si on y ajoute la formation en cours d'emploi et la supervision au
fur et à mesure des opérations, avoir à assez court terme
une bonne qualité de personnel. Je pense que les situations auxquelles
les députés ont fait allusion tantôt manque de
qualifications de certaines personnes, absence de certaines qualités
qu'on est en droit d'exiger l'on peut corriger tout ça.
M. SAINT-GERMAIN: Je souhaite que vous ayiez du succès, mais de
toute façon, j'ai bien l'impression que si la décentralisation se
fait plus vite que le recrutement du personnel qualifié, la population
va certainement en subir le contre-coup.
M. CLOUTIER: Mais toutes ces opérations-là se font
parallèlement. Le renouvellement du bureau se fait en même temps
que le recrutement du personnel.
M. SAINT-GERMAIN: Je l'espère, parce que
si vous allez plus vite, ça n'ira pas du tout.
M. LAFRANCE: Le ministère a-t-il un représentant sur le
jury, pour les examens?
M. CLOUTIER: Oui, oui...
M. VAILLANCOURT: M. le Président, dans la formation du personnel,
est-ce que ça va être des cours qui vont être donnés
aux enquêteurs qui vont aller voir les personnes qui ont fait les
demandes, là, pour être assistées?
M. CLOUTIER: C'est le personnel de nos bureaux, les agents de la
sécurité sociale qui vont recevoir une formation, un cours
d'entraînement
M. VAILLANCOURT: Mais, maintenant, les enquêteurs qui ont
accès au public, est-ce qu'ils vont, est-ce qu'ils sont...
M. CLOUTIER: Ils sont compris dans les programmes de formation du
personnel.
M. VAILLANCOURT: Ce serait une bonne chose de le leur mentionner. Dans
mon comté, il est arrivé qu'un enquêteur, après
avoir fait l'enquête, dise à la femme: Votre pension va être
réduite. Si vous avez quelque chose à dire, vous le direz au
député, ça dépend de lui. Puis quand il faisait la
demande, ça ne dépendait pas du député.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 10, adopté. Article 2: Services
auxiliaires. Traitements.
M. CLOUTIER: Vous avez les archives, le fichier central, photocopies,
achats, messagerie, magasin, service de réception. Tous les services.
Service de réception du courrier et des marchandises.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2? Frais de voyage, accepté?
Article 3: Services financiers; sous-article 1: Traitements,
accepté?
Frais de voyage?
M. SAINT-GERMAIN: Services financiers, ce sont ceux qui sont
responsables de l'envoi de chèques?
M. CLOUTIER: Ce sont les services des budgets généraux et
les finances des institutions.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2, accepté? Article 4: Autres
services; sous-article 1: Traitements?
M. LAFRANCE : Est-ce que le ministre pourrait énumérer
quels sont ces autres services?
M. CLOUTIER: L'organisation et les méthodes, un service technique
sous la direction de M. Privé, le service de programmation et de
recherche, sous la direction de M. Beausoleil, le service médical, sous
la direction du docteur Leblanc; le service de l'information, sous la direction
de M. Kaltenbach, et le service du contentieux, sous la direction de Me
Desjardins.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2: Frais de voyage, accepté?
M. GOLDBLOOM: Avant de quitter définitivement ce poste de
l'administration, est-ce que le ministre me permettrait une question qui
relève de sa déclaration au début, à l'effet qu'il
n'entre pas dans les idées du gouvernement celle de séparer les
deux ministères? Est-ce que l'on est en voie de les fusionner? Et quand
le ministre a parlé de la possibilité d'un ministère de la
Sécurité sociale, est-ce que c'est une idée personnelle ou
est-ce une politique du gouverne ment vers laquelle le déroulement des
faits nous achemine?
M. CLOUTIER: Disons brièvement, M. le Président, parce que
j'ai eu l'occasion d'élaborer sur ce sujet à diverses reprises,
que, pour l'instant, il n'est question que de fusion administrative de certains
services administratifs, là où ça ne cause pas de
problèmes trop aigus, mais qu'en ce qui concerne d'autres étapes
qui nous apparaissent à ce moment-ci comme susceptibles d'être
étudiées, d'autres étapes d'intégration, telles que
les services comptables et les services financiers, ça suppose tout de
même une opération d'une plus grande envergure.
Je ne crois pas, si une étape comme ça doit se faire,
qu'elle doive se faire à la légère; elle doit avoir
été préparée de longue main, afin qu'en voulant
améliorer l'efficacité du ministère, bien qu'en effectuant
cette intégration, on n'augmente pas des problèmes avant qu'ils
n'aient été résolus.
En ce qui concerne, à plus ou moins long terme,
l'opération de regroupement total des deux ministères,
d'intégration totale, il n'en est pas question. Il s'agit de faire
cohabiter deux ministères qui travaillent dans le champ de la
sécurité sociale. Je pense que cette cohabitation, ce travail en
étroite collaboration peuvent apporter des choses excellentes, peuvent
apporter une réduction des frais, peuvent apporter une coordination, une
collaboration, une planification de beaucoup améliorée sur le
plan idéologique et sur le plan philosophique. Alors, je crois que
les ministères de la Santé, de la Famille et du Bien-Etre
social, tout en gardant leur identité propre, peuvent travailler en
étroite collaboration et de façon que des lacunes causées
par l'absence de dialogue puissent être éliminées. Alors,
c'est la position de fond, c'est l'option que, personnellement, j'ai prise et
je crois que, pour l'instant, il n'y a pas lieu de supposer ou de conclure
qu'il y aura davantage.
M. GOLDBLOOM: Je remercie le ministre de ces précisions, parce
que cela éclaircit beaucoup les intentions du gouvernement. Je termine,
M. le Président, par ce petit commentaire qu'un vrai ministère de
la sécurité sociale devrait assumer la responsabilité
pour, disons, le Régime de rentes, pour l'application de certaines
politiques de main-d'oeuvre, tandis que, dans le secteur de la santé, il
y a des services médicaux qui font actuellement partie du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social, certains services de
réadaptation qui constitueraient un autre secteur qui n'est pas
strictement celui de la sécurité sociale.
M. CLOUTIER: II y a aussi une chose extrêmement importante et sur
laquelle nous attirons l'attention de tous nos officiers. C'est cette
coordination, ce travail en collaboration avec tous les autres
ministères. Il y a des comités interministériels qui
s'occupent de différents secteurs de l'administration provinciale et le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social vient en contact
étroit avec d'autres ministères que celui de la Santé. Il
y a l'Education, le Travail, et j'ai donné des exemples cet
après-midi. Alors l'objectif c'est d'éliminer entre les
différents ministères, les barrières, si barrières
il y a, afin qu'il y ait un travail coordonné.
M. LE PRESIDENT: Alors, poste budgétaire 2: Service de
l'informatique? Article 1: Traitements?
M. SAINT-GERMAIN: Tout de même au poste de l'administration, M. le
Président, je tiendrais à faire remarquer que le coût
d'administration a monté cette année, pas tout à fait de
1% mais presque.
M. CLOUTIER: Mais vous avez le centre électronique des
données qui ajoute $385,000 et cela n'existait pas l'an dernier. Vous
avez la formation d'emplois en cours. Cela n'existait pas l'an dernier. Et vous
avez également la publicité et l'information qui ont
été majorées substantiellement pour tenir compte des
nouveaux programmes.
M. SAINT-GERMAIN: Mais le centre des données est supposé
vous aider dans votre travail journalier.
M. CLOUTIER: Oui, mais cela fait partie de la modernisation de tout
l'équipement du ministère.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais cette modernisation, en fait, serait
supposée baisser le coût de l'administration, non?
M. CLOUTIER: Durant les dernières années, nous avons
déboursé des sommes d'argent au ministère des Finances.
Cela nous était imputé par le ministère des Finances pour
les services que le centre nous rendait. A partir de cette année, nous
aurons à notre disposition un centre. Et toutes les sommes requises pour
la création, la mise en place de ce centre et l'achat
d'équipement sont prévues à notre budget.
M. SAINT-GERMAIN: Mais les $385,000 vont à l'achat
d'équipement dans ce cas-là.
M. CLOUTIER: C'est une Imputation qui est faite a partir du poste 2.
Vous avez l'Informatique, vous avez une somme de $2,037,500 et, à partir
de là, les imputations de $2,036,500 sont faites à chacun des
articles qui requièrent des services du centre des données.
M. SAINT-GERMAIN: Mais ce centre des données c'est une
modernisation qui est supposée faire baisser le coût de
l'administration.
Il n'est pas supposé en augmenter le coût.
M. CLOUTIER: Nous mettons en place des services nouveaux de
l'informatique que nous n'avions pas. Nous avons besoin de moderniser notre
appareil. Nous avons besoin de posséder certaines informations que nous
n'avons pas sur notre clientèle d'assistés sociaux. Nous avons
besoin de dresser des fichiers. Nous allons organiser des fichiers à
partir des fichiers d'allocations familiales que nous avons déjà
organisés. Fichiers d'allocations scolaires. Nous voulons arriver
à des fichiers complets des populations. En relation avec les
éléments que nous avons déjà au ministère de
la Santé, nous avons déjà un service de la
démographie qui existe depuis 1924. A partir de tout cela, nous sommes
conscients de monter au ministère de la Famille et du Bien-Etre social
un appareil moderne qui va nous permettre de disposer de données
suffisantes pour interpréter les résultats dont nous avons besoin
pour orienter la politique du ministère. Mais à long terme,
je pense que, par suite de l'installation de cet outillage moderne, il y
aura certainement diminution des coûts d'administration.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 2: Service de l'information?
Article 1: Traitements? Adopté. Article 2! Frais de voyage,
adopté. Article 3: Frais de bureau, adopté. Article 4:
Matériel, articles de bureau, impressions et abonnements: achat et loyer
d'équipement, adopté. Article 5: Etudes et recherches.
M. LAFRANCE: Est-ce que le ministre pourrait informer le comité
des recherches et des études qui sont en cours à l'heure
actuelle?
M. CLOUTIER: Ce sont des travaux d'analyse et de programmation qui sont
donnés à contrat justement dans cette opération,
installation, mécanisation de l'appareil administratif.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est que ça, M. le Président?
M. CLOUTIER: II y a $125,000.
M. LAFRANCE: II y a un autre article pour la recherche. Il y a
l'étude au sein des crédits j'imagine qu'il y a un autre article
qui va...
M. CLOUTIER: Est-ce que vous parlez de notre service de programmation et
de recherche?
M. LAFRANCE: Oui.
M. CLOUTIER: Bien, il y a tous les salaires à l'article 1-4. Dans
les autres services, tout à l'heure, on a passé le service de la
programmation et de la recherche. Alors les salaires étaient compris
à cet article.
M. LAFRANCE: Ah, très bien!
M. GOLDBLOOM: Est-ce que c'est l'intention du ministère de faire
faire des recherches à même ces données pour orienter les
politiques du ministère?
M. CLOUTIER: Nous avons un service de recherche qui groupe 17
professionnels au service de planification, de programmation et de recherche du
ministère de la Famille. C'est là un effectif très
important. Nous avons tout ce personnel qui est en place et, au service de la
recherche, nous avons complété les cadres du- rant l'année
qui vient de s'écouler. Toutes ces personnes à temps plein
contribuent à toutes les sections et toutes les directions du
ministère.
M. LE PRESIDENT: Alors, études et recherches, adopté.
M. VAILLANCOURT: M. le Président, qu'est-ce que ça veut
dire $2,037,500 et imputations, $2,036,500?
M. LE PRESIDENT: Nous sommes rendus à l'article 6.
M. VAILLANCOURT: Quel est le remboursement de ça?
M. CLOUTIER: Cela veut dire que nous imputons aux différents
articles le coût. Alors nous avons imputé à
l'administration $385,000. Il y en a d'imputé à la Santé.
Hyena d'imputé à d'autres articles. Vous allez voir $826,500
à l'assistance sociale. C'est ça qui est réparti entre les
différents articles.
M. LE PRESIDENT: Article 6: Exécution des travaux, adopté.
Moins imputations, adopté également.
M. SAINT-GERMAIN: Le montant de $1,000 dans ces conditions-là,
qu'est-ce que cela veut dire?
M. CLOUTIER: Voici, c'est un enregistrement comptable, c'est pour qu'il
reste un chiffre à l'article, une valeur nominale.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 3: Assistance sociale. Article
1: Traitements. Adopté.
M. SAINT-GERMAIN: Au poste budgétaire 3, M. le Président,
le ministre a déclaré qu'il y avait énormément de
gens sans responsabilités qui étaient assistés...
M. LAFRANCE: Cela, c'est plus loin.
M. LE PRESIDENT; Article 2: Frais de voyage. Adopté.
Article 3: Frais de bureau et autres dépenses. Adopté. Article 4:
Matériel et articles de bureau, impressions et abonnements.
Adopté. Article 5: Traitement électronique des données.
Adopté. Article 6: Examens médicaux et frais chirurgicaux.
Adopté. Moins contribution du gouvernement du Canada. Adopté.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, là, on touche à
l'administration de l'assistance sociale. Est-ce à ce poste du budget
que l'on peut parler de cette administration qui est faite par des agences
autres que le ministère lui-même pour qu'il y ait relation alors
du ministère avec les agences communautaires de bien-être
social?
M. LAFRANCE: Poste budgétaire 4, article 2: Financement des
agences sociales.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 4 : Bureaux locaux et
régionaux et financement des agences sociales.
M. LAFRANCE: Nous en avons parlé suffisamment cet
après-midi. Je ne sais pas si mes collègues ont des questions
à poser.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1: Traitements. Adopté.
M. LAFRANCE: Est-ce que le rôle des bureaux régionaux reste
le même? Celui qui avait été établi. Est-ce que le
ministre pourrait résumer en quelques mots quel est le rôle exact
des bureaux régionaux?
M. CLOUTIER: Les bureaux régionaux vont continuer d'administrer
les lois du ministère, entre autres l'assistance-chômage et
éventuellement la nouvelle loi d'aide sociale, mais il va y avoir aussi
une autre partie importante de leurs fonctions qui sera de dispenser des
services sociaux à la population. Alors, en somme, c'est le traitement
complet à l'assisté social qui consiste, non seulement à
lui donner des prestations en argent, mais également à lui
fournir la possibilité de se réhabiliter et d'empêcher,
ainsi, c'est le rôle aussi du ministère, la dislocation des
familles et le placement des enfants en mettant à la disposition des ces
familles des moyens tels que les auxiliaires familiales, les services de soins
à domicile...
M. LAFRANCE: Ces services seront procurés en collaboration avec
des agences sociales, sans doute. C'est leur rôle aussi.
M. CLOUTIER: Oui, les agences sociales, à partir du moment
où elles seront libérées de l'administration de
l'assistance-chômage, vont pouvoir donner toute leur attention à
une gamme de services qu'on pourrait identifier comme le « counselling
». L'équivalent français, ce sont des services à
rendre, des services de dépannage et on peut inclure dans tous ces
services l'éducation domestique, références à des
mécanismes de réhabilitation de travail, éducation de
l'auxiliaire familiale et ainsi de suite.
M. LE PRESIDENT: Traitements, adopté. Frais de bureau,
adopté. Frais de bureau et autres dépenses, adopté.
Matériel, articles de bureau, impressions et abonnements, adopté.
Financement des agences sociales.
M. LAFRANCE: II y a une augmentation considérable. Est-ce que le
ministre pourrait nous en donner les raisons?
M. CLOUTIER: Oui, d'abord, il y a chez les agences sociales comme
ailleurs, des augmentations de salaires dues aux conventions collectives pour
celles qui ont des conventions collectives. Les autres suivent la tendance et
sont obligées aussi d'accorder des hausses de traitements.
M. LAFRANCE: Est-ce que le ministre est en mesure de dire si les
traitements qui sont payés aux agences sociales sont équivalents
à ceux qui sont payés au gouvernement?
M. CLOUTIER: Oui, de plus en plus. Dans les conventions,
évidemment, il y a ce qu'on appelle la politique salariale et tous ces
salaires du secteur parapublic viennent s'aligner sur les salaires payés
dans la Fonction publique. Il y a également, comme autre facteur
d'augmentation, l'accroissement des services donnés par les agences
sociales et également l'accroissement du personnel des agences de
service social qui, pour donner des services accrus, doivent avoir des
effectifs plus considérables.
M. LAFRANCE: Le ministre pourrait-il désigner les services qui
sont confiés aux agences sociales? Il y a toujours de la confusion qui
existe dans l'esprit du public à ce sujet.
M. CLOUTIER: Un des services importants donnés par les agences,
c'est les placements des enfants ou des personnes âgées. C'est un
des services importants rendus à la famille. Il y a aussi des services
d'auxiliaires familiales qui est une des sections vers lesquelles s'orientent
les agences de service social. Il y a les domaines de planification familiale
dans lequel oeuvrent les agences qui sont non seulement des agences
spécialisées dans les services à rendre à la
famille, mais des agences polyvalentes. Alors, ce sont toutes des sections de
services rendus par les agences de service social.
M. LAFRANCE: Est-ce que ça comprend les subventions pour le
perfectionnement du personnel aussi. Le personnel des agences?
M. CLOUTIER: Dans les crédits des agences, vous me demandez s'il
y a une section pour la formation du personnel?
M. LAFRANCE: La prévention, la réhabilitation, par
exemple. Cela prend un personnel qualifié.
M. CLOUTIER: Dans le budget des agences sociales, il y a $200,000
prévus pour la formation en cours d'emploi. Dans l'augmentation
proposée, il y a également pour le reclassement des travailleurs
on a parlé beaucoup de prévention cet après-midi,
de réhabilitation, on a dit quel était l'effort que l'on voulait
mettre dans ce secteur $250,000 de prévus dans l'augmentation du
budget des agences justement pour cette section qu'on peut identifier à
celle des projets pilotes dont on a parlé cet après-midi, les
trois expériences mentionnées dans le petit livre, la petite
brochure publiée par le ministère.
M. LAFRANCE: Est-ce que le rôle des agences est appelé
à être changé, modifié dans l'avenir ou s'il va
demeurer le même?
M. CLOUTIER: Disons que la gamme des services à rendre à
la population, l'éventail s'agrandit d'année en année. Il
y a de nouveaux services qui viennent s'ajouter, il y en a dont on entend
parler régulièrement sur la place publique, il y en a d'autres
qui viennent s'ajouter dans l'actualité. Je fais allusion tout
particulièrement aux garderies. C'est un des nouveaux services qui
retient actuellement et qui va retenir de plus en plus l'attention des services
sociaux du ministère de la Famille et je n'entrevois pas, à ce
moment-ci, de nouvelles orientations pour les agences sauf de perfectionner les
services qu'elles ont déjà et d'ajouter des nouveaux services qui
vont répondre aux besoins de la population. Mais, les agences avaient
une vocation à remplir, elles ont été créées
dans un but bien spécifique et je pense que cette raison de leur
création est toujours là et les agences ont toujours une place
importante à remplir dans le domaine de la sécurité, dans
le domaine du bien-être.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, s'il vous plaît. Dans
le financement des agences sociales, est-ce qu'il y en a qui sont
financées en quasi-totalité par le ministère de la Famille
et du Bien-Etre social ou est-ce qu'il y a une rangée de la proportion
que représente pour l'agence en question la contribution du
ministère?
M. CLOUTIER: Nous finançons les agences dans une proportion aussi
forte que 80%.
M. LAFRANCE: 90%.
M. CLOUTIER: 80% à 90%. La contribution qui est demandée
au ministère s'accroît d'année en année parce que
l'on constate que les agences ont de plus en plus de difficultés
à rencontrer les objectifs de souscription qu'elles lancent dans la
population. Alors, le ministère est obligé de combler cette
différence que la population ne comble pas.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que c'est le désir du ministère de
voir le gouvernement, le trésor public assumer une plus forte proportion
des dépenses courantes des agences de bien-être social, laissant
à l'Initiative privée et aux campagnes de souscription que
pourraient mener ces agences, le développement de nouveaux services
comme ceux auxquels le ministre vient de faire allusion?
M. CLOUTIER: Ces campagnes de souscription apportent des revenus aux
agences qui sont comptabilisés pour fins budgétaires dans les
revenus de l'agence. Elles nous soumettent leur budget dans lequel ces revenus
sont comptabilisés et il y a un certain écart à combler et
c'est cet écart que comble le ministère de la Famille
après étude du budget des agences.
M. GOLDBLOOM: A quelle condition, M. le Président, quelle est
l'autorité pour ne pas dire l'emprise du ministère sur les
activités, sur les décisions de ces agences?
M. CLOUTIER: Les agences nous soumettent un budget annuel qui est comme
les budgets des hôpitaux et les budgets des commissions scolaires,
lesquels sont sujets I certaines normes, à certaines directives. Il y a
des spécifications, il y a des critères qui nous guident dans
l'acceptation de ces budgets. Une fois ces budgets acceptés, il reste un
certain montant d'argent à distribuer et ce montant d'argent qui reste I
distribuer, le sera en consultation avec les agences et le ministère de
la Famille en discutant ensemble, autour d'une table, les priorités.
Et on peut associer aussi à cette opération les conseils
d'oeuvres et les fédérations. Je pense que cette
expérience de consultation va se faire très prochainement, parce
que nous venons
de terminer l'opération d'approbation des budgets,
première étape, et cette deuxième étape, y compris
la consultation dont je viens de parler, se fera ces jours-ci.
M. GODLBLOOM: Est-ce que le but de ces consultations sera de coordonner
le travail du ministère avec celui des agences parce que, je crois,
surtout dans le régime d'austérité que nous vivons
actuellement, nous n'avons pas les moyens de nous permettre des réseaux
parallèles. Nous n'avons pas la richesse qui nous permettrait d'avoir
cette duplication. Est-ce que c'est le but de ces consultations?
M. CLOUTIER: Oui. Il y a définitivement comme objectif de
coordonner nos efforts et d'éviter la duplication. Il y a aussi un
objectif, qui est d'informer les agences des transformations et des nouveaux
mécanismes administratifs que nous mettons en place et que nous
désirons aussi, à certaines conditions, voir adopter par les
agences. Il est important que, du côté des effectifs, du
côté de la politique salariale, du côté du
développement des nouveaux services, de l'expansion à donner aux
nouveaux services, que toutes ces choses soient discutées entre les
agences et le ministère de la Famille. Nous avons aussi une consultation
permanente, nous avons un dialogue qui va devenir de plus en plus constant
entre le secteur parapublic et le secteur gouvernemental au sujet des
politiques à établir et des modalités pour réaliser
ces objectifs. A ce sujet, je suis heureux de dire qu'actuellement nous avons
un comité permanent qui siège, et qui est formé de
représentants du secteur parapublic et du secteur gouvernemental. Ce
comité a commencé à se réunir à intervalles
réguliers.
M. GOLDBLOOM: Je suis content de l'apprendre, parce que je pense qu'il
est important que les consultations se fassent dans les deux sens. Le ministre
n'est sûrement pas sans savoir qu'il y a des agences de bien-être
social qui travaillent dans le domaine depuis assez lomgtemps mais qui, devant
l'ampleur que prend le travail et le rôle du ministère, se sentent
alors un peu marginales et voudraient participer pleinement à la
planification de ce qui se fait dans l'intérêt de la
population.
M. CLOUTIER: Oui, c'est dans ce souci de permettre au secteur parapublic
de s'exprimer, de donner son opinion, dont nous voulons tenir compte, que nous
mettons en place ces mécanismes de consultation qui vont
s'avérer, je crois, très utiles et très efficaces. Il faut
dire aussi que les agences sociales et le gouvernement n'oeuvrent pas
exactement dans le même sens d'action, surtout après
l'opération de régionalisation, alors que le gouvernement va
oeuvrer surtout dans le domaine de la distribution de prestations, et nous
ajoutons aussi ce dont j'ai parlé tout à l'heure, la section des
services, il faut dire que les agences sociales ne devront oeuvrer que du
côté des services à rendre à la population.
M. GOLDBLOOM: Après tout, dans le do mal-ne de
l'assurance-hospitalisation, la loi défend à une compagnie
d'assurances de couvrir ce qui est déjà couvert par le
régime gouvernemental. Est-ce que c'est dans le même ordre
d'idées que...?
M. CLOUTIER: Disons que cette consultation empêchera qu'il y ait
duplication.
M. GOLDBLOOM: Il reste une question que j'ai posée tout à
l'heure et à laquelle je n'ai pas obtenu toute la réponse que
j'aurais voulue, c'est-à-dire les conditions de la contribution
gouvernementale au financement de certaines agences de bien-être
social.
Il y a évidemment des agences qui reçoivent un financement
à même les fédérations et leur campagne de
souscription. Il y a eu, comme dans le secteur hospitalier, des directives qui
ont été émises par le ministère, qui statue sur la
liberté, je retire le mot « liberté » pour le moment,
disons sur l'opération financière, l'opération
budgétaire de l'agence de bien-être social.
Quelle est la liberté que conserve l'administration de l'agence
quant à l'utilisation des autres fonds? Je ne parle pas de ceux qui
proviennent du gouvernement mais de ceux qui peuvent provenir d'autres
sources.
M. CLOUTIER: J'ai parlé tout à l'heure de
mécanismes de consultation. J'ai dit d'abord qu'il y avait une
première opération d'approbation des budgets, qui était
faite, qui était complétée actuellement. Il y aurait une
deuxième opération qui se ferait en collaboration avec les
agences sociales, les conseils d'oeuvres et les fédérations,
autour d'une table pour attribuer les sommes qui restent au
développement de certains services. Alors, I partir du moment où
nous avons donné notre approbation au budget de l'agence sociale, j'ai
dit tout à l'heure, également, que ce budget comprenait d'une
part les revenus de l'agence et d'autre part les dépenses de l'agence,
nous approuvons le budget et les agences sociales fonctionnent à partir
de ce moment comme des institutions hospitalières.
Alors, à l'intérieur de ce budget approuvé, elles
sont libres, elles sont le député a retiré
l'expression que J'emploie maintenant mais disons qu'à
l'intérieur de ce budget que nous avons approuvé les agences
sociales peuvent, à partir de là, administrer à
l'Intérieur de ce cadre approuvé par le ministère.
M. GOLDBLOOM: Mais seulement à l'intérieur.
M. CLOUTIER: A l'intérieur de ce cadre approuvé.
M. GOLDBLOOM: Et l'approbation du ministère s'applique aux deux
secteurs du financement de l'agence, secteur gouvernemental et secteur
privé.
M. CLOUTIER: Toute cette opération est à l'approbation des
budgets. Cette approbation de deuxième étape dont je parlais il y
a un instant se fait conjointement et par les agences et par le
ministère de la Famille et ce procédé-là est
nouveau. Alors, disons qu'à partir de là, une fois que les
agences de service social ou les conseils d'oeuvres ou les
fédérations, avec le ministère, se sont entendus, à
l'intérieur de ce budget qu'elles ont présenté, à
l'Intérieur des sommes que le gouvernement et que le ministère de
la Famille consacrent au secteur du financement des agences, à partir de
ce moment, je ne crois pas qu'il y ait de place pour du fonctionnement
autrement qu'à l'intérieur de ce qui a été
déterminé, de ce qui a été planifié en
collaboration par les deux parties.
M. GOLDBLOOM: Mais cela constitue quand même jusqu'à un
certain point une camisole de force, autour de l'administration de l'agence,
c'est-à-dire, si, au cours de l'année, il y a un membre du
personnel qui a l'idée d'aller faire un stage de perfectionnement, et si
cela n'a pas été prévu dans le budget pour l'année
et dépassait le montant qui est prévu, même s'il y a un
bienfaiteur qui arrive et qui est prêt à contribuer à ce
montant, l'agence n'a pas la liberté d'accepter ce montant et de faire
faire le stage de perfectionnement.
M. CLOUTIER: Voici, M. le Président, le député de
D'Arcy-McGee a posé un cas bien spécifique, bien concret, d'une
agence qui reçoit un montant extra-budgétaire, montant non
prévu à son budget et qu'elle veut consacrer à l'objet du
don qu'elle a reçu. Est-ce que c'est le sens de la question du
député de D'Arcy-McGee?
M. GOLDBLOOM: Je le formulerai dans l'autre sens, c'est-à-dire
que l'agence se trouvant restreinte par cette camisole de force, voulant faire
faire un stage de perfectionnement ou voulant augmenter la qualité ou la
quantité de ses services, si cette agence allait à ce
moment-là chercher des fonds en dehors du budget, est-ce que ce serait
acceptable, est-ce que ce serait permis?
M. CLOUTIER: C'est un événement qui se produit dans le
courant de l'année. Et, à partir de ce moment-là,
ça ne fausse pas le budget initial autorisé par le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social en collaboration avec
l'agence. Alors, je crois que, dans le cas spécifique que pose le
député, il n'y apas lieu pour le ministère de contrecarrer
le désir de l'agence, de consacrer cette somme additionnelle qu'elle
aurait reçue pour une fin bien spécifique. Mais ce que je veux
que le député saisisse bien, c'est que les prloritésdes
services à développer ont été fixées en
collaboration par le ministère et l'agence.
A partir de ce moment-là, il n'est certainement pas loisible
à l'agence ou au conseil d'oeuvres, dans le courant de l'exercice
financier, de fausser le sens de cette décision qui aurait
été prise en commun et d'orienter différemment le
développement de l'agence.
Alors, je pense qu'à ce moment-là, à plus ou moins
long terme, on peut assimiler cette orientation différente à
celle que prendrait une institution hospitalière qui
développerait, indépendamment et sans considération pour
le budget approuvé, des services qui n'ont pas été
prévus au budget. Je ne crois pas que le cas qu'a soulevé le
député de D'Arcy-McGee fausse le sens de l'acceptation du budget
par le ministère en collaboration avec l'agence en cause.
M. GOLDBLOOM: Néanmoins, M. le Président, ce nouveau
système représente un déplacement considérable de
l'initiative et de la liberté d'action vers le gouvernement, comme dans
le secteur hospitalier.
M. CLOUTIER: Comme dans le secteur hospitalier, il est inévitable
qu'il y ait plus grand besoin de coordination et de planification à
mesure que les centres mis à la disposition des agences sont
importants» Pour des sommes de $16 millions, il est important que les
agences sociales travaillent en étroite collaboration avec le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social quant à la
détermination des objectifs à atteindre et des priorités
à établir.
M. GOLDBLOOM: Bien, je sais, M. le Président, à quel point
la saine administration est chère au ministre. Je comprends parfaitement
la ligne de pensée qu'il explique. Cependant, il y a une
différence avec la situation où le gouvernement se croit. Il se
trouve dans le rôle de suppléer à ce qui est
récolté par l'agence des autres sources de financement et, ce
faisant, a dit: Si nous sommes prêts à vous accorder un certain
montant pour combler le budget de vos besoins, ce n'est qu'à la
condition que nous approuvions la totalité de votre budget et que nous
ayons notre mot à dire sur l'application de tous les fonds que vous
aurez à votre disposition.
Il y a une différence entre cette situation et la situation dans
laquelle le gouvernement dit: Voici, nous ne pouvons vous donner que cette
somme, mais si vous pouvez en trouver davantage, vous pourrez vous en servir et
en jouir à votre gré.
M. CLOUTIER: Disons que...
M. GOLDBLOOM: On limite, dans les deux cas, la responsabilité
financière du gouvernement, mais la limitation sur l'initiative et la
liberté d'action de l'agence n'est pas la même dans les deux
cas.
M. CLOUTIER: Mais je crois que, dans des rencontres qui vont se tenir
périodiquement entre les agences et le ministère, il y aura lieu,
s'il se pose des problèmes particuliers quant à l'utilisation de
ces centres extrabudgétaires, que ces problèmes puissent se
résoudre facilement, dans la plus parfaite entente dans les deux
secteurs. De toute façon , M. le Président, je peux vous assurer
c'est là, je crois, la préoccupation du
député de D'Arcy-McGee que même si le
ministère de la Famille et du Bien-Etre contibue pour la majorité
des fonds aux agences de bien-être social, nous sommes soucieux de
respecter tout de même une certaine autonomie, une certaine
liberté de la part des agences et, cette part d'autonomie, cette part de
liberté de manoeuvre sera établie, je crois, par la discussion et
le dialogue autour d'une table et par ces mécanismes de
consultation.
M. GOLDBLOOM: Un dernier commentaire à ce poste-ci du budget. Je
suis informé que les agences de bien-être trouvent les
procédures d'approbation de certaines dépenses, surtout des
dépenses d'urgence assez lourdes et que, s'il y a une chose qui se
produit dans les bureaux de l'agence qui exige une réparation assez
rapide, et si cet accident, par malheur, arrive vers la fin de la
journée du vendredi, il est évident que c'est
éventuellement approuvé par le ministère de la Famille et
du Bien-Etre social. Mais quand même il y a toute une procédure
à suivre, que, selon mes informations, les agences ne suivent pas
généralement. Ils font faire les réparations ou ils
prennent certaines autres décisions qui ne défoncent pas le
budget et laissent de côté les procédures administratives
qui sont prescrites.
M. CLOUTIER: De toute façon, ces directives sont nouvelles et je
sais que dans ces rencontres de consultation entre les agences et le
ministère, on se préoccupe de discuter ces postes ou de discuter
ces directives et je crois que l'on trouvera facilement, des terrains
d'entente, des moyens de régler ces quelques difficultés, parce
que les directives n'avaient pas pour but d'entraver la marche des agences,
comme les budgets des hôpitaux n'ont pas pour but d'entraver la marche
des hôpitaux, mais il s'agit de rationaliser tout ce secteur et de
coordonner le développement des agences et de coordonner harmonieusement
avec le développement dans le secteur gouvernemental.
M. GOLDBLOOM: II reste quand même que, par l'émission d'un
petit document de quelques pages, on a opéré un changement
radical dans la situation des agences de bien-être social et sans que le
public ne s'en rende compte vraiment, parce que cela a été fait
plutôt récemment et sans grande publicité. Je crois que
même les agences de bien-être social n'ont pas compris parfaitement
et immédiatement la portée de ces directives qui ont
été émises.
M. CLOUTIER: II n'y a pas seulement dans le secteur du bien-être
où il y a eu des directives, il y en a eues dans le secteur hospitalier,
il y en a eues dans le secteur de l'éducation. Cela faisait suite
à des rencontres que le premier ministre avaient eues avec les
principaux agents et représentants de ces groupements et les directives
et les normes s'inscrivaient dans tout ce contexte que l'on vivait cette
année, à savoir la période d'austérité.
Alors, disons qu'avec la discussion, avec des consultations fréquentes
et suivies, il y aura possibilité de huiler davantage la machine,
là où peut-être les directives occasionnent aux agences des
frictions à cause de la mise en marche de cette nouvelle machine.
M. GOLDBLOOM: Mais le ministre ne me permet pas d'interpréter ses
paroles de façon
à croire que c'est un régime transitoire.
M. CLOUTIER: II faudra que des directives puissent se modifier. Mais je
crois que ce qui ne se modifie pas, c'est la coordination et la
planification.
M. GOLDBLOOM: Et la saine administration. M. CLOUTIER: Et la saine
administration.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 5: Allocations diverses.
Article 1: Allocations aux personnes âgées de 65 à 67 ans?
Adopté.
M. SAINT-GERMAIN: Au sujet des personnes âgées, je vois ici
une baisse, c'est à cause, je suppose de l'aide que vous avez du
fédéral au sujet de ces subventions-là, pensions de
vieillesse.
M. CLOUTIER: Ce sont ceux qui atteignent l'âge de 67 ans, cette
année. Ils sont transférés à la
sécurité de la vieillesse et, l'an prochain, ceux de 66 ans et en
1970, ceux de 65 ans.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant ces questions de cartes qui permettaient
à ces gens-là,... est-ce que cela a été
résolu?
M. CLOUTIER: Oui, on en a parlé cet après-midi. J'ai
donné des statistiques et j'ai dit qu'au 31 décembre 1967 il y
avait, si ma mémoire est bonne, 15,051 cas de récipiendaires de
la sécurité de la vieillesse qui reçoivent un
supplément d'assistance-vieillesse du ministère de la Famille et
qui ont la carte de l'assistance médicale.
M. SAINT-GERMAIN: Avec cette carte d'assistance médicale
maintenant, comme vous le savez, il y a un problème au sujet des
optométristes. On en avait parlé l'année dernière,
est-ce que maintenant les services optométriques donnés par les
optométristes sont inclus dans les services avec cette carte?
M. CLOUTIER: Pas encore, M. le Président, mais avec
l'éloquence du député, je pense qu'on peut entrevoir des
jours meilleurs.
M. SAINT-GERMAIN: Malheureusement, je dois constater que mon
éloquence est sans effet. Parce qu'au point de vue pratique la situation
est toujours la même.
M. CLOUTIER: De l'éloquence, M. le Président, cela peut se
retrouver à moyen terme comme à court terme.
M. LE PRESIDENT: Article 2.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que le ministre pourrait me donner une
politique plus définie à ce sujet-là?
M. CLOUTIER: Je pense que lorsque viendront les crédits du
ministère de la Santé nous aurons l'occasion de traiter ce
sujet-là à l'occasion peut-être du développement de
l'assurance-maladie. Mais disons qu'il y a d'autres problèmes, d'autres
professions paramédicales qui ont posé le problème. Je
comprends que ce soir le député pose le cas des
optométristes. Mais il y a d'autres corps professionnels tels que les
dentistes qui également veulent que les soins qu'ils donnent aux
assistés sociaux soient couverts par le régime. De toute
façon tous ces problèmes, le problème des
optométristes et le problème des dentistes retiennent
actuellement l'attention de ceux qui, à l'intérieur du
ministère de la Santé se préoccupent de donner de
l'extension au régime d'assistance médicale ou ce que vous
appelez un régime d'assurance-maladie partiel. Je ne puis pas donner la
bonne nouvelle au député ce soir. Je ne sais pas à quel
moment cette politique gouvernementale pourra être rendue publique mais
je sais qu'en ce qui concerne spécialement les optométristes et
les dentistes, il y a des représentations qui ont été
faites au gouvernement. Il y a des mémoires qui ont été
produits et toutes ces revendications et ces demandes qui ont été
faites sont actuellement l'objet d'études additionnelles. Je ne
prévois pas que nous puissions inscrire au budget 68/69 les sommes
suffisantes pour couvrir les soins médicaux des optométristes et
des dentistes.
M. SAINT-GERMAIN: C'est déjà plus clair, M. le
Ministre.
M. LE PRESIDENT: Article 2.
M. SAINT-GERMAIN: Mais de toute façon, vous me permettrez, si
j'interprète bien vos paroles, qu'il sera permis à l'étude
des subsides du ministère de la Santé de revenir sur le
sujet.
M. CLOUTIER: Certainement. Je veux dire ici aux crédits du
ministère de la Famille, tout de même, que dans les demandes de
prestations qui nous sont faites de la part des assistés sociaux, nous
tenons compte de ces besoins exprimés, de ces besoins pour des soins de
la vue et des soins dentaires, de sorte que les assistés sociaux qui ont
des besoins dans ce domaine, nous en tenons compte dans
l'établissement
de la prestation. Alors indirectement, disons que pour l'assisté
social une partie de son allocation a trait aux soins médicaux et aux
soins dispensés par les optométristes et les dentistes.
M. SAINT-GERMAIN: C'est justement là le fond du problème.
L'injustice est justement là. Vous avez pointé du doigt le
problème réel» Il est entendu que lorsque les
problèmes dentaires seront inclus ou sont inclus actuellement, je ne
crois pas qu'on puisse comparer cette situation avec la situation des
optométristes. Actuellement, ce qui arrive en pratique, c'est que vous
payez des soins exclusivement aux ophtalmologistes et vous ne payez pas les
mêmes services professionnels aux optométristes. En pratique,
l'optométriste s'est fait une clientèle et s'il y a dans cette
clientèle des gens dont les frais médicaux et les frais optiques
sont payés par les allocations, par votre ministère, eh bien, ces
gens-là n'ont plus le choix, ils n'ont plus cette liberté de
choisir le professionnel qui leur rendra ces services. Et c'est là le
fond du problème. C'est une injustice envers les optométristes,
c'est une injustice envers les gens, puisque c'est un empiètement sur
leur liberté de choisir qui ils veulent bien.
Ce qu'il y a de plus dommageable, c'est que souvent ces gens-là
font appel au service des optométristes depuis nombre d'années.
Alors, c'est une compétition tout à fait injuste et, d'ailleurs,
au point de vue de ces gens-là, nécessairement, ils n'ont pas le
même service parce que les optométristes sont au service de la
population pratiquement dans toutes les villes de quelque importance du
Québec. Bien souvent, ces gens âgés sont obligés de
se déplacer et, dans certaines régions surtout, au lac
Saint-Jean, en particulier, ils ne peuvent absolument pas avoir le même
service optométrique.
M. CLOUTIER: Nous sommes bien conscients du problème, mais de la
façon dont le député le pose, il y a également des
documents qui nous ont été remis les études qui ont
été faites le prouvent attestant qu'il n'y a pas une juste
répartition des effectifs dans le territoire du Québec. Les
médecins ophtalmologistes qui dispensent les soins sont
concentrés dans des villes comme Montréal, Québec et
Sherbrooke et les optométristes, eux, par contre, sont répartis
sur le territoire du Québec. Il y a là véritablement un
problème que nous avons reconnu et auquel nous voulons apporter une
solution. Je le dis franchement au député; Nous voulons y
apporter une solution aussitôt que possible.
M. SAINT-GERMAIN: Je ne veux pas M. le
Ministre, faire un débat politique là-dessus mais je crois
que votre parti a été sensibilisé à ce
problème, lors même de la campagne électorale, parce que
vous avez promis que ce problème serait résolu. Alors, cela fait
déjà pratiquement deux ans et rien de nouveau n'a
été apporté. Je crois que c'est une situation qui serait
relativement facile à résoudre. C'est un problème facile
à résoudre. Cela demanderait simplement un peu de bon vouloir et
voilà que la situation depuis deux ans reste la même et, de
nouveau, vous nous dites que, pour cette année, il n'y a aucun espoir.
Alors, je ne crois pas que les gens, et les optométristes en
particulier, soient heureux de la situation et je les comprends bien.
M. GOLDBLOOM: Le ministre n'est pas sans savoir que le problème
actuel est relativement restreint. Mais il a des implications pour l'avenir
avec l'instauration, souhaitons-le, d'un régime global
d'assurance-maladie. A ce moment-là, les optométristes qui
fournissent au moins 70% des services d'examens visuels dans la province se
trouveraient dans une situation extrêmement désavantageuse. Et les
ophtalmologistes étant moins monbreux, il y a évidemment un
problème humain qui touche et le client et le professionnel dans les
deux cas. Et vu qu'il y a de part et d'autre des personnes de bonne
volonté qui cherchent dans les relations entre les deux professions
à résoudre les conflits qui peuvent avoir existé, et qui
ont existé dans le passé, je pense qu'il est devenu très
important pour les deux ministères dont le ministre est titulaire, de se
pencher sur ce problème et de contribuer à une solution
rapide,
M. SAINT-GERMAIN: Si vous me le permettez, M. le Président,
j'aimerais ajouter que c'est une situation qui a des répercussions
directes sur la profession. Le nombre de finissants est à la baisse et
je dirais que c'est là une des raisons principales. Les jeunes sont
conscients que le gouvernement de plus en plus s'immiscera dans le domaine de
la santé et si les optométristes ne sont pas reconnus, c'est une
profession tout à fait sans espoir.
Alors, dans le contexte actuel, les jeunes ne choisissent pas les
études en optométrie parce que c'est un domaine qui dans le
moment vit dans une complète insécurité. L'avenir, c'est
simplement un point d'interrogation pour les optométristes dans le
moment. Alors, il y a un problème humain, et à mon avis, un
problème urgent pour toutes les personnes qui sont sensibles aux droits
acquis des citoyens. C'est un problème qui dépasse...
M. CLOUTIER: Je dirai au député que ce soir je prends note
de ses observations et, dans l'étude des crédits du
ministère de la Santé, nous ajouterons d'autres remarques et
j'apporterai d'autres précisions quant à ce qui a
été fait des discussions au sujet des différentes
professions.
M. ST-GERMAIN: Nous reprendrons le débat, si vous le voulez bien
alors.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté? Article 2, adopté?
Article 3, adopté? Quatre également?
M. PINARD; Article 3. Est-ce que le ministre peut me dire combien il y a
d'aveugles dans la province de Québec qui sont
bénéficiaires de pensions?
M. CLOUTIER: En mars 1968, il y en avait 2,409.
M. LE PRESIDENT: Article 4?
M. PINARD: Un instant. Alors, ça représente quel montant
en pensions mensuelles?
M. CLOUTIER: En moyenne, $73.51.
M. PINARD: $73.51 en moyenne, par mois?
M. CLOUTIER: En moyenne, par mois.
M. PINARD: Maintenant, est-ce que le ministre peut donner le nombre de
célibataires, parmi ces aveugles récipiendaires de pension, par
rapport aux chef de famille avec enfants à charge?
M. CLOUTIER: Nos officiers vont chercher.
M. PINARD: Plusieurs représentations ont été faites
par l'Association canadienne des aveugles, section de Québec, à
l'effet que les aveugles sont peut-être ceux qui, parmi les
récipiendaires de pensions diverses du gouvernement de la province, sont
les plus marginaux, en ce sens que toutes proportions gardées, ces
personnes seraient celles qui recevraient le moins par rapport à leur
invalidité sur le plan physique et par rapport à leur moyen de se
défendre contre les adversités de la vie. Dans le cas de la
personne célibataire, je vois difficilement comment un aveugle peut se
tirer d'affaires avec une pension moyenne de $73.51 par mois, s'il ne
reçoit pas d'autres allocations venant d'autres sources gouvernementales
ou paragouvernementales.
M. CLOUTIER: Dans la nouvelle loi, cette situation sera corigée
parce que l'allocation sera basée sur les besoins et non pas sur le type
d'incapacité. Alors, ils ne seront pas classés comme invalides,
aveugles ou vieillards indigents. Ce sera basé sur les besoins. Alors,
si les besoins de l'aveugle sont identiques à ceux d'un invalide ou
à ceux d'un récipiendaire d'une allocation
d'assistance-chômage, à ce moment-là, l'allocation sera
équivalente à celle dont j'ai parlé.
M. PINARD: Oui mais il faudrait tenir compte de la capacité de
gagner de la personne aveugle. Par exemple, je connais un organiste qui a
tellement de talent qu'il est attitré à une paroisse et qu'il est
salarié de la fabrique. A ce moment-là, ça constitue un
supplément de revenus qui lui permettent de faire vivre assez
convenablement sa famille. Mais, dans le cas d'autres personnes, il n'y a
absolument aucune possibilité pour eux de gagner quoi que ce soit par un
travail parce que le degré d'instruction n'est pas là, à
la base, pour permettre à cette personne d'accepter du travail.
M. CLOUTIER: Si le député - pas ce soir, mais en une autre
circonstance veut bien consulter le tableau du rapport annuel du
ministère à la page 55, il aura toutes les statistiques des
années 1960 à 1967, en ce qui concerne les aveugles, le nombre de
bénéficiaires et la ventilation des chiffres, les
célibataires, les sexes... Il faut ajouter une autre remarque à
ce que j'ai dit au député tout à l'heure, c'est qu'il faut
ajouter à cette moyenne d'allocation, les prestations spéciales,
les prestations supplémentaires que nous donnons par d'autres
mécanismes, tels que les arrêtés en conseil, les
prestations spéciales d'assistance spéciale, en plus des
barèmes déjà acceptés.
M. PINARD: En faveur de qui, en faveur des aveugles célibataires
ou bien en faveur des aveugles qui ont des charges de famille, par exemple?
M. CLOUTIER: Quand des besoins spéciaux nous sont
démontrés, il y a des possibilités, par des
mécanismes spéciaux d'assistance spéciale, d'ajouter
à cette allocation de base distribuée aux aveugles.
M. PINARD: Par exemple, juxtaposition de diverses pensions en
supplément de la pension reçue par les aveugles.
M. CLOUTIER: Non, il y a une pension de
base et il peut y avoir de l'assistance spéciale qui vient
s'ajouter, en vertu de la Loi de l'assistance publique, par arrêté
en conseil. En mars 1968, il y a eu 580 aveugles qui ont eu un
supplément, une moyenne de $26.35.
M. PINARD: Par mois?
M. CLOUTIER: Par mois, de sorte que l'allocation pour ces gens-là
était de $100.
M. PINARD: Est-ce que le ministre se propose de corriger quand
même les barèmes de base, de façon à tenir compte
des besoins plutôt que d'un critère?
M. CLOUTIER: La nouvelle loi d'aide sociale prend charge de
ça.
M. PINARD: Est-ce qu'elle est en vigueur en ce moment?
M. CLOUTIER: Non, elle sera présentée à
l'Assemblée législative. La nouvelle loi tient compte de
ça.
M. LE PRESIDENT: Le député de Richmond.
M. LAFRANCE: Le ministre vient de faire allusion aux cas spéciaux
qui sont soumis à l'approbation du conseil des ministres, par
arrêté en conseil. Est-ce que le ministre pourrait m'envoyer une
copie de l'un de ces arrêtés? J'ai fait ça assez
souvent...
M. CLOUTIER: Cela existait dans le temps du député de
Richmond.
M. LAFRANCE: C'est pour me rendre compte un peu de la nature de ces cas
spéciaux, s'ils sont les mêmes...
M. CLOUTIER: Est-ce que le député de Richmond veut avoir
une liste avec les noms des personnes et les montants?
M. LAFRANCE: Les arrêtés. J'ai soumis cela à
plusieurs reprises au député de Missisquol qui m'en a fait la
demande, quand j'occupais le poste de ministre. Je crois qu'il est bon qu'un
membre du Parlement puisse se rendre compte un peu de la nature de ces cas
spéciaux au cas où un certain favoritisme pourrait s'y
ingérer.
M. CLOUTIER: Disons que c'est un document...
M. LAFRANCE: Assez confidentiel.
M. CLOUTIER: ... très confidentiel, ce sont des cas qui sont
exposés, et disons que même la nouvelle loi d'aide sociale et
probablement les lois actuelles réfèrent très
précisément à leur caractère confidentiel, mais de
toute façon, je pourrais consulter avec le député de
Richmond, une de ces listes et je pourrai, avec plaisir, lui fournir les
informations.
M. LE PRESIDENT: Article 4: Allocations aux mères
nécessiteuses.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Allocations...
UNE VOIX: Laissez-le parler.
M. SAINT-GERMAIN: Je voudrais seulement demander au ministre si tous ces
gens qui reçoivent des allocations, soit les personnes invalides, les
personnes aveugles, les mères nécessiteuses, ont aussi la carte
médicale?
M. CLOUTIER: Oui.
M. GOLDBLOM: M. le Président, j'aimerais faire des commentaires
sur cet article du budget. J'aimerais savoir si la politique actuelle du
ministère permet à ces mères nécessiteuses, ou
facilite à ces mères nécessiteuses la possibilité
de travailler. Peut-être que je devrais m'expliquer un peu plus
précisément. Si je comprends bien, quand on parle de mère
nécessiteuse, la définition même veut dire celle qui a sur
ses seules épaules la responsabilité de sa famille. Elle est dans
une situation qui l'oblige, ou de rester chez elle en recevant les allocations
sociales qui ne sont pas vraiment suffisantes pour permettre à une telle
famille de vivre convenablement, ou bien de trouver des moyens de faire garder
ses enfants et d'aller travailler dans l'espoir de pouvoir gagner plus que les
allocations sociales. Dans le cas où la mère commence à
travailler, surtout I temps partiel et elle reçoit un certain
montant d'argent qui n'est pas très élevé est-ce
que c'est la politique du ministère de lui permettre d'en garder une
portion ou est-ce qu'elle est obligée de voir réduire ses
allocations sociales dans la mesure qu'elle gagne de l'argent?
M. CLOUTIER: Elle a droit à un certain maximum de revenu et
au-delà... Elle a le droit d'avoir un revenu de $1,000 en plus de son
allocation. Alors, elle a le droit d'avoir
des revenus additionnels, soit par le travail ou soit sous d'autres
formes de revenus pour $1,000, outre son allocation de mère
nécessiteuse.
UNE VOIX: Sans que cela affecte...
M. CLOUTIER: Sans que cela affecte son allocation. Au-delà de
$1,000 de revenus, évidemment, l'allocation est réduite en
proportion.
M. SAINT-GERMAIN: Si elle gagne $1,200, les $200 sont déduits de
son allocation.
M. CLOUTIER: C'est ça.
M. VAILLANCOURT: Les $1,000 c'est au cours de l'année,
ça.
M. CLOUTIER: Durant l'année.
M. VAILLANCOURT: Advenant qu'une mère nécessiteuse gagne
$1,000, disons durant six mois, est-ce qu'on lui coupe sa pension au moment
où elle gagne ces $1,000?
M. CLOUTIER: Il s'agit justement, comme dans le cas des autres
allocations, de catégoriser ce fait à la fin de l'année.
On demande un rapport sur les gains, le travail et les revenus, à
l'endroit où elle a travaillé. Si c'est un travailleur qui a
travaillé pour une municipalité ou une commission scolaire, on
demande à la fin d'année le rapport des revenus gagnés et
un ajustement est fait.
M. GOLDBLOOM: Le maximum des allocations permises à une
mère nécessiteuse se chiffre à combien actuellement?
M. CLOUTIER: Excusez, M. le Président, je n'ai pas saisi la
question.
M. GOLDBLOOM: Le maximum des allocations sociales qui peuvent être
versées à une mère nécessiteuse se chiffre à
combien?
M. CLOUTIER: Bien, il ya, comme tout à l'heure, une allocation de
base de $95, à partir du deuxième enfant, il y a $20 additionnels
par enfant mais on sait que le premier enfant est comptabilisé avec la
mère, $95 pour la mère et son enfant, $20 à partir du
deuxième enfant, par enfant additionnel, et il y a en plus de cela, les
prestations dont j'ai parlé tout à l'heure au
député de Drummond pour les allocations spéciales qui
peuvent être ajoutées à toutes les allocations
catégorisées par suppléments.
M. GOLDBLOOM: Cela veut dire qu'elle peut toucher jusqu'à combien
par année, environ?
M,, CLOUTIER: En mars 1968, il y avait 18,153
bénéficiaires qui avaient en moyenne $133.60 d'allocations et il
faut ajouter à cela les prestations supplémentaires qui leur sont
versées.
M. SAINT-GERMAIN: Les prestations supplémentaires ne leur sont
pas versées d'une façon générale?
M. CLOUTIER: Pas générale.
M. SAINT-GERMAIN: C'est exceptionnel?
M. CLOUTIER: C'est exceptionnel, c'est sur demande et sur production de
rapports par les agents.
M. SAINT-GERMAIN: En quelle année ce maximum d'allocation a-t-il
été établi, si je peux vous le demander?
M. CLOUTIER: Le député de Richmond s'en souvient, c'est en
1966.
M. GOLDBLOOM: J'ai devant moi, M. le Président, un article du New
York Times du 28 janvier, qui donne des chiffres pour la mère
nécessiteuse qui a une allocation de base de $3,300 par année, et
qui a le droit de conserver, si elle commence à travailler, $85 par
mois, ce qui équivaut à peu près à $1,000 par
année et 30% jusqu'à concurrence de $4,900 par année.
M. LE PRESIDENT: Combien d'enfants?
M. GOLDBLOOM: Cela, c'est avec trois enfants.
M. CLOUTIER: Les statistiques de quel état?
M. GOLDBLOOM: De l'état de New York. C'est un régime
relativement récent, instauré du début de cette
année.
M. CLOUTIER: Je veux reconnaître, dès ce moment-ci, que les
allocations payées spécialement aux mères
nécessiteuses, malgré les ajustements qui ont été
faits, ne correspondent certainement pas aux besoins de la mère
nécessiteuse.
De toute façon, je pense que le projet de loi d'aide sociale, qui
va reconnaître comme fondement les besoins, va apporter des correctifs
im-
portants dans ces prestations qui sont versées actuellement.
M. MATHIEU: M. le Président, je crois que tout dépend du
lieu où demeure la mère nécessiteuse. Parce que les
prestations sont plus fortes dans des municipalités de 3,000 âmes
et plus fortes dans Québec et Montréal.
M. SAINT-GERMAIN: Voulez-vous me nommer un endroit dans la province de
Québec, où une mère peut vivre avec $95 par mois?
M. CLOUTIER: La moyenne est de $133 et ce n'est pas non plus suffisant
pour rencontrer les exigences d'une famille, mais, de toute façon, nous
sommes conscients que des correctifs doivent être apportés et ils
le seront à l'intérieur de la loi de l'aide sociale.
M. GOLDBLOOM: Je sais que ce n'est pas directement dans le domaine du
ministre, mais est-ce que la mère nécessiteuse qui commence
à travailler à le droit de déduire certaines
dépenses qui sont essentielles pour elles, à son travail,
c'est-à-dire les dépenses pour faire garder ses enfants, soit
chez elle, soit ailleurs?
M. CLOUTIER: Est-ce que le député fait allusion à
la Loi de l'impôt ou à l'établissement de sa
prestation?
M. GOLDBLOOM: Non, je fais allusion à la Loi de l'impôt. Je
sais que ce n'est pas directement la responsabilité du ministre, mais il
s'y intéresse sûrement et je pensais qu'il aurait les
renseignements.
M. CLOUTIER: Je me suis désintéressé depuis un
petit moment des lois de l'impôt, mais, de toute façon,
peut-être que le ministre d'Etat, le député de Chauveau,
qui est un comptable, pourra me corriger, mais je ne crois pas que ce soit
reconnu dans les formules d'impôt des exemptions pour...
M. GOLDBLOOM: C'est mon impression, malheureusement. Une dernière
question. Est-ce que le ministère prend quelque initiative que ce soit
pour aider à la mère nécessiteuse qui a été
abandonnée, à trouver son mari, et à
récupérer des sommes d'argent à même ses
revenus?
M. CLOUTIER: Le ministère, comme tel, je ne crois pas que nous
puissions prendre ces initiatives mais il existe des formules légales,
des recours juridiques et on parle beaucoup, du côté de la
justice, de formules d'assistance judi- ciaire qui permettront une plus grande
accessibilité aux soins légaux pour les assistés ou pour
ceux qui, comme les mères nécessiteuses, ont besoin d'avoir
recours aux services des avocats. Je crois que, de ce
côté-là, l'initiative, c'est-à-dire la juridiction
appartient à la Justice de régler ces problèmes.
M. GOLDBLOOM: II reste quand même que les procédures en
justice sont assez lentes et que la mère peut se trouver dans une
situation très difficile, si elle n'a pas les moyens de faire contribuer
son mari et si elle n'est pas secourue assez rapidement par le ministère
du Bien-Etre. Une recommandation a été formulée devant la
Commission royale sur le statut de la femme, à l'effet de créer
une commission qui prendrait charge de ces situations assez rapidement et qui
verrait à donner toute l'aide possible à la mère.
M. CLOUTIER: C'est associé aux tribunaux familiaux.
M. LAFRANCE: Une situation vraiment scandaleuse existe, c'est celle de
ces chefs de famille qui ont abandonné les leurs, qui mènent une
vie de pacha, qui ont souvent formé un autre ménage clandestin et
qui n'ont aucune obligation envers leur famille. Or la mère de famille
n'est pas en état de pouvoir assumer le coût des frais judiciaires
pour pouvoir obtenir l'aide à laquelle elle aurait droit.
M. CLOUTIER: Oui, c'est un cas, le cas que souligne le
député de Richmond, et la situation qu'il décrit est bien
exacte. Je crois que les contributions exigées du chef de famille qui a
quitté son foyer sont reliées à l'établissement de
la paternité, et je ne crois que nous puissions actuellement, dans
l'état de la législation actuelle, avoir des recours absolument
efficaces contre ce père de famille.
Je ne voudrais pas, à ce moment-ci, me poser en juriste ou en
homme de loi, mais d'autres plus compétents...
M. LAFRANCE: Je suppose que le ministre a dû soumettre ça
à son collègue du ministère de la Justice, parce que le
ministre est plus à même de se rendre compte de l'importance, de
la gravité de cette situation. J'imagine que le ministre a dû
attirer l'attention de son collègue là-dessus.
M. CLOUTIER: Le ministre attire continuellement l'attention du ministre
de la Justice sur des situations non acceptables dans le domaine du
bien-être.
M. LAFRANCE : On voulait s'assurer seulement.
M. GOLDBLOOM: Nous sommes heureux de le savoir. Est-ce que le ministre
partage l'opinion d'un bon nombre de personnes, y compris des avocats à
l'effet que la cour du Bien-Etre, la cour Familiale pourrait être
transformée en un tribunal d'une autre sorte, qui serait
présidé par un travailleur social avec légiste comme
conseiller?
M. CLOUTIER: Le député est sur un terrain glissant, quand
on sait...
UNE VOIX: Très intéressant.
M. CLOUTIER: ... qu'il est difficile...
M. LAFRANCE: Une chasse gardée.
M. CLOUTIER: ... d'amputer certaines professions de certains secteurs
où elles ont oeuvré depuis longtemps. Disons que dans ce domaine
de la justice qui est très près de la famille, un cheminement de
pensée s'accomplit. J'ai eu l'occasion, personnellement, d'en discuter
avec le ministre actuel de la Justice, et je crois bien que des solutions
seront trouvées, indépendamment des questions de juridiction ou
des questions de prestige, pour que les organismes soient dans la meilleure
position possible pour rendre des services à la famille. Que ce soit
sous la tutelle ou la juridiction du ministère de la Famille ou que ce
soit sous la juridiction du ministère de la Justice, je crois que,
éventuellement, avec la transformation de certaines structures, de
certains mécanismes, qu'il y aura davantage possibilité de rendre
des services à la population.
M. LE PRESIDENT: Alors, revenons aux allocations aux mères
nécessiteuses. Le député de Drummond.
M. PINARD: C'était surtout dans le domaine de l'assistance
judiciaire réclamée par les femmes mariées qui ont
à rechercher leur mari, le soutien de la famille à un moment
donné. Justement, aujourd'hui, je me suis occupé d'un cas et f ai
été obligé, pour aider cette pauvre femme qui avait quand
même huit enfants, de recourir au service de l'assistance judiciaire de
Montréal. J'ai été obligé de faire un appel
personnel au secrétaire du Barreau pour que le Barreau puisse dispenser
à cette femme les services d'un avocat qui va travailler gratuitement,
il va sans dire, sauf que les frais judi- ciaires encourus, eh bien, ils sont
à la charge de l'avocat, qui ne gagnera absolument aucun honoraire.
Pour faire suite aux remarques du député de D'Arcy-McGee
et du député de Richmond et aux remarques faites tantôt par
le ministre, et qui m'apparaissent être des remarques marquées au
coin de la sagesse, je me demande si, pour aller plus vite, au lieu de devoir
transformer radicalement les structures judiciaires actuelles de façon
à créer éventuellement les tribunaux de la famille, le
ministre actuel de la Famille et du Bien-Etre ne pourrait pas, de concert avec
le ministre actuel de la Justice, faire un essai loyal d'un système
nouveau qui serait, en quelque sorte, la suite logique de la suggestion faite
tantôt par le député de D'Arcy-McGee, de faire servir la
cour du Bien-Etre social comme cour de la famille, des conflits familiaux.
Cela pourrait être mis à l'essai dans un district
judiciaire pour voir les résultats et, si ça s'avère un
succès et une formule valable à ce moment-là, cela doit
être étendu dans toute la province, et cela amènera en
conséquence la transformation des structures judiciaires.
Je pense que cela devrait être mis à l'essai dans un
district judiciaire.
M. CLOUTIER: Disons qu'il y a un indice extrêmement
éloquent de ce rapprochement qui se fait sentir actuellement, c'est que
la cour du Bien-Etre social de Montréal est logée dans le
même immeuble que les services du ministère de la Famille et du
Bien-Etre social. Il y a déjà, ce rapprochement, où on a
sur les lieux la cour et le personnel affecté à la cour, et ce
voisinage entre les officiers et le personnel du ministère de la Famille
et celui de la Justice, qui travaillent en collaboration sur la
clientèle des enfants.
Je pense que déjà, c'est un pas important dans ce
cheminement de la pensée, dans cette transformation, et cela nous
amènera éventuellement, peut-être quand certaines
résistances auront été éliminées, à
cette transformation dont parle le député.
M. PINARD: Est-ce que le ministre songe, par exemple, à donner
des assesseurs à ces juges qui sont chargés d'administrer les
tribunaux de la famille, des conflits matrimoniaux? Un peu comme cela existe
dans le cas des régies gouvernementales. A la Régie des services
publics, par exemple, il y a un juge, un président qui a la
responsabilité de rendre les jugements mais qui est assisté
d'assesseurs qui, eux, constituent le comité qui sert de «
Fact
Finding Board ». Ils apportent au juge tous les faits pertinents
à la cause et font les recherches, les enquêtes et font en somme
la synthèse des faits qui sont plaidés dans la régie.
M. CLOUTIER: Disons que ce pourrait être une autre étape
intermédiaire vers une transformation plus radicale. C'est une
suggestion...
M. PINARD: C'est là que les agents spécialisés dans
le domaine des problèmes matrimoniaux, de la famille, pourront aider le
juge à rendre un bien meilleur jugement dans les circonstances.
M. CLOUTIER: C'est exact.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, M. le Président, lorsque le
père de famille ne fait pas face à ses obligations familiales, et
que ses obligations retombent sous la responsabilité du
ministère, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu que le ministre voie
à ce que ce soient des avocats de la couronne qui poursuivent le
père qui ne prend pas ses responsabilités?
M. CLOUTIER: Vous permettez que je consulte des avocats? Alors, mon
sous-ministre qui est aussi un juriste, un avocat, me dit que la nouvelle loi
d'aide sociale répond entière ment à l'observation que
vient de faire le député.
M. SAINT-GERMAIN: Mais il reste que les mères
nécessiteuses, dans la province de Québec, sont traitées
de piteuse façon parce qu'avec les allocations qu'on leur verse, c'est
absolument impossible pour une mère qui a deux, trois ou quatre enfants
sous sa garde de voir à ce que ces enfants soient éduqués,
logés, vêtus et nourris d'une façon raisonnable. Si cette
mère a certaines ambitions pour ses enfants, si elle veut leur donner
une formation, elle est dans une situation tout à fait intenable. C'est
d'autant plus surprenant, à mon avis, que si cette mère ne fait
pas face à ses obligations, ou est une mère irresponsable, si les
enfants retombent sous la responsabilité de l'Etat, on s'aperçoit
que ça coûte beaucoup plus cherpour prendre soin des enfants et
pour les éduquer que ça peut coûter pour faire vivre la
mère et les enfants ensemble. Je crois qu'il y a là une situation
d'urgence, M. le Président.
M. CLOUTIER: Notre nouvelle loi d'aide sociale transforme radicalement
la situation de la mère nécessiteuse.
M. SAINT-GERMAIN: Cette loi serait pour cette session?
M. CLOUTIER: Bien, j'en ai dit un mot cet après-midi.
M. LE PRESIDENT: Allocations aux mères nécessiteuses.
D'autres questions? Adopté.
M. LAFRANCE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Allocations aux élèves âgés
de seize à dix-huit ans. Adopté.
M. GOLDBLOOM: Aucune augmentation.
M. SAINT-GERMAIN: Aucune augmentation, même avec l'inflation.
Mo CLOUTIER: Bien, le chiffre réel de l'an
passé a été en-deçà des prévisions de
$20 millions. Il a été de $19,522,600.
M. SAINT-GERMAIN: Il reste que ces allocations ont été
établies dans leur contexte et qu'elles ont perdu
énormément de valeur, avec l'inflation qu'on subit
aujourd'hui.
M. CLOUTIER: C'est le sort de tous les programmes y compris
évidemment celui du premier régime des allocations familiales, le
régime fédéral qui aujourd'hui n'a pas la même
valeur.
C'est le sort de tous ces régimes qui, avec l'âge
évidemment, perdent de la consistance et, disons que ces
prévisions qui vous paraissent être restées au même
montant seront peut-être, si elles sont insuffisantes, étant
donné que c'est un programme qui est bien établi, le gouvernement
y pourvoira par des montants supplémentaires.
M. LE PRESIDENT: Allocations d'assistance sociale à domicile,
article 1.
M. LAFRANCE: Est-ce que c'est là, M. le Président, que
l'on trouve les 18,000 parasites qui vivent trois ou quatre en appartement et
dont a parlé le premier ministre récemment? Est-ce que le
ministre pourrait nous donner plus de précisions au sujet de ces
18,000parasites? Est-ce que ce sont des invalides, des gens qui
reçoivent tous l'assistance-chômage? Le ministre a dû
s'informer, le premier ministre a du prendre son information du ministre de la
Famille et du Bien-Etre social?
M. CLOUTIER: Disons, M. le Président, que dans la région
métropolitaine de Montréal il y a eu, durant la dernière
année, un accroissement assez sensationnel du nombre de
récipiendaires d'allocations sociales, allocations
d'assistance-chômage.
Parmi ces nouveaux récipiendaires, et aussi les anciens
récipiendaires, il y a une proportion de célibataires sans
travail, et ce que le premier ministre a voulu indiquer dans sa
déclaration, c'est qu'il était extrêmement important
et ce sera là un des articles de la nouvelle loi d'aide sociale
que ces célibataires, disons, pour les situer plus
précisément, de 18 à 30 ans, se prévalent des
mesures de formation professionnelle qui sont à leur portée. Dans
la nouvelle loi, il y aura des dispositions nécessaires à l'effet
que les chômeurs, ceux qui reçoivent les
bénéficiaires d'assistance-chômage, puissent se
prévaloir de mesures de formation d'entraînement professionnel, ou
perdent leur droit à une allocation s'ils ne se prévalent pas des
mesures qui sont à leur portée, telle que la mesure
extrêmement importante de la formation professionnelle. C'est la seule
façon, et je crois que c'est la meilleure façon, pour ces
personnes de déboucher efficacement sur le marché du travail.
Et, si l'on veut que les cours de formation professionnelle qui sont mis
à la disposition de la population, et en particulier de ces gens qui
sont encore à un âge où il est temps, il est plus que
temps, d'acquérir un métier. Il est important que cette
clientèle particulière se rende compte qu'elle n'a pas le choix
entre recevoir, continuer de recevoir une allocation d'assistance-chômage
ou se prévaloir des mesures de recyclage, de réintégration
sur le marché du travail, mais qu'elle doit prendre ces mesures quand
elles sont à la portée de sa main. Alors, c'est l'intention qu'a
indiquée le premier ministre et, je crois que nous mettrons tout en
oeuvre durant les prochains mois pour que ce contrôle se fasse et que les
mesures qui sont apportées, comme ces cours de formation, ces
mesures-là, que les récipiendaires d'allocations de chômage
n'aient pas le choix entre les accepter ou les refuser.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que le ministre croit réellement que
cette législation aura assez de mordant? Parce que, d'après la
déclaration du premier ministre, ces gens-là ne veulent tout
simplement pas travailler. Alors, s'il s'agitpour eux, pour continuer de
recevoir leur allocation, de simplement s'inscrire à un cours, je ne
pense pas que ces gens-là aient d'objections à essayer de suivre
un cours. Leur objection de base, je pense bien, c'est de ne pas travailler, de
se chercher une ou les mille et une raisons pour ne pas travailler. Alors, le
fait de les obliger, si vous voulez, à suivre certains cours, est-ce que
vous croyez que ça serait suffisant pour les incliner à reprendre
le travail ou même à travailler après avoir
refusé?
M. CLOUTIER: Disons qu'il y a là-dedans tout de même une
main-d'oeuvre qui n'est pas spécialisée. Il y a un fort
contingent de ces chômeurs qui sont ce qu'on appelle communément
des journaliers, des gens sans métier déterminé. Alors,
c'est dans l'intention de leur faire acquérir une formation
particulière, un métier particulier, que ces cours ont
été institués, et non seulement dans la région
métropolitaine de Montréal, mais partout en province, il est
possible pour ces gens de s'enregistrer à des cours de formation
professionnelle, il leur est possible d'acquérir un métier et je
répète ce que j'ai dit tout à l'heure, il n'y aura pas de
liberté possible de refuser de profiter des mesures de formation qui
sont à la portée de la main des chômeurs, surtout à
des âges où des métiers peuvent encore s'apprendre.
M. LAFRANCE: Est-ce qu'à l'heure actuelle on ne les oblige pas,
ces récipiendaires d'assistance-chômage, à démontrer
qu'ils ont fait un effort pour se procurer un emploi à certaines
périodes de l'année? Est-ce qu'on ne les oblige pas à
cette preuve-là?
M. CLOUTIER: Je pense que du côté des contrôles,
étant donné l'accroissement des coûts dans le domaine de
l'assistance-chômage, il est très important que nous ayons en
place les mécanismes les plus parfaits possibles. C'est pour ça
que nous voulons installer nos bureaux locaux et régionaux le plus
près possible des centres de main-d'oeuvre, afin qu'il y ait la
coordination la plus étroite possible entre ces centres de
main-d'oeuvre, qui tout de même ont des moyens plus efficaces de
réinscrire des chômeurs sur le marché du travail, et faire
la relation avec nos assistés sociaux. De toute façon, je pense
que les gouvernements fédéral et provincial sont fort
préoccupés de ces mesures de formation professionnelle de la
main-d'oeuvre. Il y a là certainement des discussions, je ne veux pas
entrer particulièrement dans ce domaine ce soir. Il y a des discussions
qui sont amorcées entre les deux gouvernements pour savoir quelle est la
compétence de chacun d'eux, la compétence respective dans ce
secteur particulier de la formation de la main-d'oeuvre. Il reste une chose
très évidente, c'est qu'il est important que nous ayons des
mécanismes suffisants pour permettre de contrôler que cette
clientèle de chômeurs non qualifiés puisse profiter de ces
avantages qui sont à leur portée et qui sont gratuits, non
seulement gratuits mais, pendant cette période de temps ils peuvent
retirer un salaire intéressant.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre peut nous donner une Idée de
la fréquence des
abus? Est-ce que ça se chiffre I un pourcentage assez
élevé d'après les enquêtes qui sont sans doute
faites de temps en temps?
M. CLOUTIER: C'est regrettable, actuellement nous n'avons pas toutes les
statistiques que nous voudrions avoir pour porter un jugement de valeur sur
cette clientèle. L'objectif de l'installation de ces mécanismes,
centre des données, informatique, c'est justement de posséder des
statistiques nécessaires sur notre clientèle des assistés
sociaux pour permettre d'orienter la politique du ministère et de porter
un jugement sur l'accroissement des assistés sociaux et de
connaître précisément les causes et les facteurs
d'accroissement et de concentration des assistés sociaux.
M. GOLDBLOOM: Ce sera très intéressant parce qu'on parle
traditionnellement des abus qui se font par des assistés sociaux qui
obtiennent des allocations auxquelles ils n'ont pas droit. Mais des
études qui ont été faites dans d'autres juridictions ont
démontré une proportion inférieure à 2% de ceux qui
recevaient des allocations auxquelles ils n'avaient pas droit, et sur ces 2%,
il y avait un demi pourcent qui provenait des erreurs administratives au niveau
du ministère.
M. CLOUTIER: Je dirais, M. le Président, qu'il n'y a pas
seulement que ceux qui reçoivent indûment des sommes d'argent. Il
y a aussi ceux dont j'ai parlé il y a un instant, qui ne font pas un
effort suffisant pour se reclasser sur le marché du travail ou pour
acquérir une formation suffisante pour leur permettre un retour à
la vie normale.
Je pense que, dans un cas comme dans l'autre, on doit essayer
d'éliminer ces abus ou ces lacunes.
M. LE PRESIDENT: Le député de Drummond.
M. PINARD: Le ministre peut-il nous dire sur quel barème il a
basé ses prévisions budgétaires pour l'année en
cours, parce qu'il passe subitement de $85,150,000 à $123,000,000, ce
qui représente, grosse modo, une augmentation de $38,000,000?
Alors, le ministre doit certainement avoir en main le nombre de
chômeurs, au moment où il prépare ses prévisions
budgétaires, et il fait aussi une sorte de calcul, quant aux
progressions de la montée de l'industrie du chômage, pour
être capable d'analyser les prévisions budgétaires de
$123,000,000.
M. CLOUTIER: Si le député veut corriger son chiffre, total
des prévisions budgétaires 67/68 était de $85,150,000, il
s'agit de le remplacer par un chiffre réel de l'exercice 67/68, qui est
de $121,605,000.
M. PINARD: Ah, bon!
M. CLOUTIER: Parce qu'il y a eu des budgets supplémentaires. Le
député se souvient qu'à la fin de mars, il y a eu un
budget supplémentaire de $29 millions à l'article de
assurance-chômage.
M. PINARD: C'est $121 millions? M. CLOUTIER: C'est $121,605,000.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, je ne sais pas si j'ai bien
interprété la déclaration du premier ministre, mais j'ai
compris que ces chômeurs-là, sans responsabilités
familiales, ne voulaient pas coopérer et abusaient simplement de la
situation. Si tel est le cas, comment voulez-vous amener ces gens-là sur
le marché du travail et les obliger à prendre des cours de
formation de travail, ou de recyclage, si vous voulez, si, réellement,
ils ne veulent pas coopérer. Je ne comprends pas qu'on règlerait
quelque chose en leur donnant des cours. Je comprendrais très bien qu'on
donnerait des cours à des gens qui voudraient coopérer, qui ne
veulent pas nécessairement se faire vivre aux frais de l'Etat. Mais si
ces gens-là, comme le dit le premier ministre, veulent réellement
se faire vivre aux frais de l'Etat, est-ce que le fait de leur donner des
cours, ce qui entre paranthèses va augmenter énormément
les frais, va régler quelque chose? Donner ces cours à ces
gens-là serait certainement dispendieux, et s'ils ne veulent pas
coopérer, comme le premier ministre semble l'avoir
déclaré, est-ce qu'il croit que c'est une solution réelle
au problème?
M. CLOUTIER: Bien, j'ai dit tout à l'heure qu'avec ces
mécanismes de contrôle que nous avons l'intention d'installer, de
mettre en place, le postulant à une allocation n'aura pas le choix de
refuser de bénéficier ou de profiter des avantages qui sont
à sa disposition, tels que les mécanismes de formation. Il n'aura
pas le choix entre les accepter ou les refuser.
M. SAINT-GERMAIN: Mais ce mécanisme
de contrôle devra se continuer même après les cours,
même après la période de recyclage.
M. CLOUTIER: Bien, une fois les mécanismes de contrôle
installés, M. le Président, ça va suivre le dossier du
récipiendaire d'une allocation d'assurance-chômage. Je crois bien
qu'une fois que l'assisté social ou le chômeur aura profité
de ces cours de formation, à ce moment-là il aura acquis tout de
même la motivation suffisante pour son retour au travail. Et c'est aussi
un des objectifs de ces cours de formation, en plus de donner une formation de
base, une formation qui manque, de motiver le retour au travail de celui qui
assiste à ces cours.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant; quel est le montant que vous versez
à ces gens-là, à un assisté sans
responsabilité de famille? Quelle somme lui versez-vous
mensuellement?
M. CLOUTIER: La moyenne, M. le Président, pour les inaptes de
plus de douze mois, est de $99.46; la moyenne, pour la ville de
Montréal, pour les bénéficiaires, nous l'avons ici, au
mois de janvier 1968, est de $143,78. Dans les bureaux régionaux, nous
avons une moyenne, au mois de janvier 1968, de $103.35.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, vous versez à Montréal, vous
m'avez bien dit, $100...?
M. CLOUTIER: C'est $143.78.
M. SAINT-GERMAIN: Et combien versez-vous à Montréal
à une mère nécessiteuse avec deux enfants?
M. CLOUTIER: J'ai donné comme moyenne tout I l'heure $133.
M. SAINT-GERMAIN: Alors vous versez plus à un
célibataire...
M. LAFRANCE: II ne s'agit pas seulement d'un célibataire. A cette
moyenne-là, il y a des responsables.
M. CLOUTIER: Ce sont des statistiques globales pour ceux qui retirent
à Montréal de l'asslstance-chômage.
M. SAINT-GERMAIN: Quelles sont les statistiques concernant les
célibataires qui sont sans responsabilité de famille?
M. CLOUTIER: On ne les a pas séparément.
M. LAFRANCE: Quel est le montant attribué à un individu
qui est en chômage...
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que vous faites une différence si
l'individu est en chômage avec ou sans responsabilité de famille?
Quelle somme payez-vous, au maximum, à un célibataire?
M. CLOUTIER: Oui. Mes officiers m'informent qu'il y a une somme
approximative de $75 par mois payée aux récipiendaires de
l'assistance-chômage I Montréal, aux célibataires.
M. SAINT-GERMAIN: Et vous donnez $95 à une mire
nécessiteuse et son premier enfant.
M. CLOUTIER: Il faut comprendre que, dans cette somme, il y a une partie
qui est allouée pour le logement.
M. LE PRESIDENT: Si ce même célibataire réside dans
sa famille, c'est $65.
M. SAINT-GERMAIN: De toute façon même si ce
célibataire demeure dans sa famille, à $65, c'est encore un
privilégié, comparativement à la mère de famille
qui est obligée de payer un logement. Vaut mieux vivre chez soi avec $65
que de se loger et de loger un enfant à $95.
M. LAFRANCE: On voit comment cela presse d'adopter la nouvelle loi
générale d'assistance publique pour mettre fin à toutes
ces injustices et à ces inégalités.
M. CLOUTIER: C'est basé sur les besoins. Une allocation
d'assistance-chômage payée à un célibataire peut
commencer à $50 et selon les besoins de la personne. L'allocation de
base, est de $55 à Québec et au Montréal
métropolitain et de $55 dans une localité ayant statut de
cité. Une localité n'ayant pas le statut de cité a $30 de
base.
M. SAINT-GERMAIN: La somme de $55, c'est lorsque le célibataire
demeure chez lui.
M. CLOUTIER: Demeure à Montréal et à
Québec.
M. SAINT-GERMAIN: Dans sa famille ou... M. CLOUTIER: Et dans une
cité.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce qu'il demeure nécessairement...
M. CLOUTIER: Non, c'est s'il demeure dans sa famille.
M. SAINT-GERMAIN: Et s'il demeure maintenant en dehors de la
famille?
M. CLOUTIER: C'est $55 et $65, $55 équivaut à $30 et $65
équivaut à $55.
M. SAINT-GERMAIN: C'est $65, s'il ne demeure pas chez lui.
M. CLOUTIER: S'il ne demeure pas chez lui. S'il est chef de famille avec
un enfant, c'est $85. S'il est chef de famille avec un adulte à charge,
c'est $85 et $95. S'il est chef de famille avec un enfant et un adulte à
charge, c'est $95 et $105.
M. SAINT-GERMAIN: Mais du moment qu'une personne vit avec un enfant,
cela fait toute la différence au monde. Alors, il vaut mieux prendre
soin de soi-même à $65, que de prendre soin d'un enfant en plus
avec quelques dollars de plus.
M. CLOUTIER: Ce sont des appréciations.
M. SAINT-GERMAIN: Il y aurait des modifications sérieuses
à faire au sujet des allocations qui sont versées en
général par la province.
M. CLOUTIER: J'ai expliqué, cet après-midi, que je ne
voulais pas entrer dans les détails de la nouvelle législation
d'aide sociale. Mais je répète que cette législation
d'aide sociale va fondre en une seule loi toutes les allocations qui existent
en vertu des lois actuelles. Cette législation sera basée sur les
besoins. Donc, on ne retrouvera plus cette situation que l'on voit
actuellement, où deux individus qui ont les mêmes besoins ne
reçoivent pas les mêmes allocations, parce que l'un retire en
vertu d'une loi et l'autre les retire en vertu d'une autre loi.
Alors, deux individus qui sont placés dans la même
situation de dépendance sociale, en vertu de la nouvelle loi d'aide
sociale, vont retirer les mêmes montants. C'est la philosophie de la
nouvelle loi. Les différences que l'on retrouve entre ces
différentes législations, différences d'allocations de
base et d'allocations supplémentaires se sont produites parce qu'il n'y
a pas eu de cohésion entre les différentes législations
apportées à certains moment de l'histoire ou de la vie du
Québec. Les législations sont venues à certains moments
combler certaines lacunes, certains besoins; on a apporté la loi des
invalides, la loi pour les aveugles, et il n'y a pas eu de coordination entre
ces différentes législa- tions, de sorte que l'on retrouve ce que
je viens d'expliquer, des situations qui, aujourd'hui, doivent être
corrigées. C'est ce à quoi va s'employer notre nouvelle loi
d'aide sociale, de façon que les personnes qui se retrouvent dans les
mêmes situations de dépendance retirent les mêmes montants
d'argent.
M. PINARD: Pour en revenir graduellement et plus rapidement, je
l'espère, à une politique de revenu annuel garanti, je pense bien
que ce sera assez générique pour en arriver à la
coordination dont parle le ministre. Cela simplifierait peut-être
l'administration, aussi.
M. CLOUTIER: La question du député pose un problème
de taille. C'est un problème qui a des implications financières
très considérables, qui suppose une transformation assez radicale
dans le domaine de la sécurité sociale. De toute façon, il
existe déjà un programme de revenu minimum garanti pour les
personnes âgées. Les pièces de législations qui
viennent s'ajouter dans le domaine social, nous conduisent
inévitablement vers une formule de revenu minimum garanti. Il reste
à savoir quand nous aurons suffisamment de lois en vigueur pour nous
permettre de fondre toute cette législation en une législation de
revenu minimum garanti. Mais, disons qu'en somme, ces nouvelles lois qui sont
apportées, soit dans le domaine des allocations familiales, dans le
domaine de l'aide sociale ou dans le domaine de la sécurité de la
vieillesse, nous amènent à mettre en place, déjà,
des éléments d'une politique de revenu minimum garanti.
M. GOLDBLOOM: M. le ministre nous a parlé de ses consultations
avec ses collègues. Est-ce qu'il a discuté avec son
collègue des Finances le mécanisme qu'on appelle impôt
négatif? Est-ce que c'est une chose que le ministre a envisagée
dans le cadre de cette loi?
M. CLOUTIER: Il y a actuellement des discussions entre le
ministère de la Famille et le ministère du Revenu, parce que nous
avons exprimé le désir, depuis deux ans, qu'aucune des nouvelles
mesures fiscales ne soit apportée sans que le ministère de la
Famille n'ait eu à donner son opinion sur les implications que l'on peut
voir au ministère de la Famille, sur la famille. Cette coordination
entre les deux ministères, le nôtre et le ministère du
Revenu et quand je dis le ministère du Revenu, eh bien,
évidemment, je veux associer aussi le ministère des Finances,
quoique moins directement que le ministère du Revenu - per-
met à ces deux ministères de collaborer de plus en plus
étroitement à étudier l'effet de ces mesures. On en a eu
un exemple, l'an dernier, quand le régime d'allocations familiales a
été lié très étroitement à une
mesure, du côté des exemptions de base pour les enfants,
jusqu'à seize ans, en vertu de la Loi de l'impôt sur le
revenu.
Alors, les deux régimes ont été
étudiés de très près, de façon à
s'imbriquer le plus possible l'un dans l'autre ou du moins à ne pas se
contredire.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le ministre ne s'attend pas
à pouvoir traverser ses crédits sans faire face à une
question polie mais assez difficile de ma part. Le ministre est un homme de
nature extrêmement prudente et je me demande comment il se fait qu'il se
soit permis de déclarer publiquement que cette nouvelle loi était
pour arriver le 1er avril et nous sommes aujourd'hui le 3 juin. Est-ce que le
ministre se permettrait de nous parler, au moins en termes
généraux, des difficultés impliquées dans ces
délais?
M. CLOUTIER: D'abord on pourra vérifier auprès du
député de Saint-Louis qui était présent au moment
de ma déclaration j'ai dit que nous tentions de mettre en place
pour le 1er avril toutes les structures administratives nécessaires
à l'administration d'une nouvelle loi d'aide sociale. Il y a toute la
différence au monde entre mettre en vigueur une loi d'aide sociale le
1er avril et mettre en place des structures administratives pour le 1er avril.
J'aurais été très heureux personnellement que nous ayons
pu apporter une nouvelle législation d'aide sociale le 1er avril 1968.
Mais nous nous sommes rendu compte, à l'étude, que la mise en
place du mécanisme administratif des structures, recrutement du
personnel, formation du personnel, location de bureaux, aménagement de
ces bureaux, c'était une tâche d'envergure. Nous voulions
également mettre en place des mécanismes de contrôle dont
j'ai parlé il y a un instant, non seulement pour réprimer
certains abus ou déceler certains abus, mais également pour
corriger certaines situations ou certains abus dont on se doute, sans
peut-être, encore jusqu'à maintenant, avoir mis le doigt
précisément sur l'endroit défectueux. Alors, dans cette
optique de mise en place d'un mécanisme administratif moderne,
adéquat, complet, formation et recrutement du personnel, je crois que si
on veut avoir du succès avec une nouvelle loi d'aide sociale, si on veut
qu'elle réponde véritablement à la mission qu'on veut lui
confier, je pense que nous ne devons pas ménager tous les efforts
nécessaires et devons y mettre le temps voulu pour que cette loi ait
pour s'appuyer, un outil administratif véritablement adéquat.
C'est dans cette idée que j'avais fait cette déclaration
et je serai très heureux d'apporter la législation à
l'Assemblée législative. J'expliquerai à ce
moment-là tout le travail qui a été fait par les officiers
du ministère, travail véritablement gigantesque. C'est une
pièce, et le député de Richmond sait tout le sens de la
remarque que je fais là. Tout le travail que cela a demandé
à nos officiers pour concevoir une loi d'aide sociale
véritablement complète, efficace.
Mais nous ne voulons pas non plus négliger un autre aspect
extrêmement important, c'est qu'il y a, dans toute législation
mais surtout dans une loi d'aide sociale, des implications financières
extrêmement importantes. Il ne s'agit pas non plus, par une loi d'aide
sociale, de bouleverser toute l'économie du Québec. Il faut
être prudent quand il s'agit de législation dans le domaine
social, parce qu'il est toujours dangereux d'augmenter au-delà des
normes, au-delà de ce qui est contrôlable, l'incitation au
chômage.
Alors, cette loi d'aide sociale est reliée à d'autres
décisions dans le domaine administratif, des décisions de
contrôle dont j'ai parlé tout à l'heure: contrôle des
abus, mise en place de mécanismes de prévention, coordination
avec les différents ministères pour mettre de l'avant aussi
d'autres projets concrets qui vont retourner à la vie normale et
réinscrire sur le marché du travail le plus de chômeurs
possible. Alors, tout ça, c'est un ensemble, et disons qu'avec la
prudence qu'on veut bien me reconnaître, nous avons tenu compte de toutes
ces implications et nous voulons nous rendre à terme, mais nous voulons
aussi mettre de notre côté toutes les chances de succès
possibles.
M. SAINT-GERMAIN: Cela ne contredit pas nécessairement la
déclaration du député de D'Arcy-McGee, cette
déclaration-là confirme que le ministre est resté
très prudent.
M. GOLDBLOOM: Il reste regrettable que les assistés sociaux et
les familles marginales, qui s'intéressent à toute
législation sociale, et même les travailleurs sociaux
eux-mêmes, les dirigeants des agences de bien-être social et
surtout les travailleurs sociaux qui sont en relation directe avec les pauvres,
n'ont pas saisi les nuances de la déclaration du ministre et ont cru,
comme plusieurs députés, et je dois l'avouer, selon les
reportages dans les journaux, que le ministre avait annoncé la loi pour
le 1er
avril. Il y a actuellement des réunions qui se tiennent, des
manifestations qui se préparent à cause de cette situation
difficile, et je tiens à préciser que les députés
de l'Opposition, pour autant que je peux le savoir, devant la
possibilité de ces manifestations, se sont empêchés
d'exploiter cette situation parce qu'après tout on ne veut pas de
désordre mineur dans un domaine aussi délicat et aussi important.
Mais il me semble qu'il serait très important pour le ministre de faire
aussi vite que possible une déclaration qui pourrait soulager les
inquiétudes de beaucoup de gens.
Les économiquement faibles qui, par le passé, n'ont pas
trouvé les moyens de canaliser leurs opinions et leurs désirs
vers un moyen d'expression, commencent à en trouver actuellement. C'est
un principe de ce qu'on appelle la démocratie de participation, que ceux
qui ne se sentent pas participants vont trouver des moyens et même des
moyens exagérés de participation et de manifestations pour ou
réussir la participation ou déranger les mécanismes
publics pour attirer l'attention de la société sur leur situation
difficile.
Alors, je pense bien que toute personne de bonne volonté voudrait
voir cette situation réglée au plus tôt. C'est le ministre
qui est le premier responsable évidemment, par ses fonctions, et le
premier intéressé par sa personne que l'on connaît
bien.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 2?
M. SAINT-GERMAIN: A ce sujet-là, je crois bien que la
législation sociale actuelle de la province, je pense bien que le
ministre l'admettra, coûte excessivement cher, elle est très
dispendieuse et elle perpétue, aussi des injustices. Alors il est tout
à fait urgent qu'elle soit modifiée et je dirais même
profondément.
M. CLOUTIER: Disons, pour ajouter à ce que j'ai dit il y a un
instant, que le conseil des ministres est bien sensibilisé actuellement
à ce problème. La législation d'aide sociale est devant le
comité de législation et du côté administratif, nous
avons accéléré le processus pour mettre en place tout ce
que j'ai énuméré tantôt du point de vue
administratif, du recrutement des effectifs, de sorte que nous puissions, le
plus tôt possible, être en mesure de mettre à la
portée de la population cette nouvelle législation.
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté?
M. GOLDBLOOM: J'aimerais poser une autre question sur la
législation prochaine. Est- ce que le ministre prévoit un
mécanisme qui lierait en quelque sorte les allocations sociales à
un indice quelconque du coût de la vie? Je suis un peu gêné
de lui poser cette question, pour une raison particulière. C'est qu'en
Colombie-Britannique, il y a un mécanisme qui est inscrit à
l'entente entre la profession médicale et le gouvernement de la province
pour que les honoraires de la profession médicale soient liés
à un indice qui n'est pas l'indice du coût de la vie comme tel, un
indice artificiel à deux composantes, mais quand même, j'ai un peu
honte de voir les honoraires de ma profession liés ainsi, et de ne pas
voir les allocations sociales qui sont plus directement affectées par
des modifications du coût de la vie...
M. CLOUTIER: Disons qu'il est prévu dans notre législation
d'aide sociale que je vais m'exprimer en termes techniques les
prestations seront indexées au coût de la vie.
M. GOLDBLOOM: C'est une bonne nouvelle.
M. LE PRESIDENT: Article 2: Allocations aux veuves et femmes seules de
60 à 65 ans.
M. LAFRANCE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Suppléments aux allocations
gouvernementales.
M. LAFRANCE: Nous l'avons longuement discuté après-midi,
il s'agit des suppléments.
M. LE PRESIDENT: Alors adopté. Allocations diverses suite
Auxiliaires familiales.
M. LAFRANCE: Peut-être que le ministre pourrait apporter quelques
précisions au sujet de...
M. CLOUTIER: C'est dans la ligne des services que j'ai expliqués,
services que le ministère fournit aux familles pour empêcher la
dis-loquation des familles, des services d'auxiliaires familiales, des aides
familiales.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Frais de rapatriement.
M. GOLDBLOOM: Rapatriement de personnes ou de juridiction?
M. CLOUTIER: Non, non, de personnes. J'espère que nous
n'évaluerons pas en termes d'argent le coût du rapatriement de ce
qui nous appartient.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Assistance funéraire,
adopté également. Moins contribution du gouvernement du
Canada.
M. CLOUTIER: Le chiffre est disparu. Je ne voudrais pas que les
députés soient inquiets. C'est parce que le ministre des Finances
s'en empare.
UNE VOIX: Ah!
M. CLOUTIER: C'est pour cela que ça disparaît du budget du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je m'excuse de vous interrompre.
Il est presque onze heures et j'aurai quelques brefs commentaires à
faire sur ce poste du budget, le poste budgétaire 5, est-ce que vous me
permettriez qu'on ne ferme pas ce poste budgétaire avant demain? Je
pourrais commencer par ces commentaires.
M. LE PRESIDENT: Le député en aurait pour combien de temps
sur ce poste? A peu près cinq minutes?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LE PRESIDENT: Si le député en a seulement que pour cinq
minutes, est-ce qu'on ne pourrait pas finir?
UNE VOIX: On pourrait finir. M. LE PRESIDENT: Allez-y.
M. GOLDBLOOM: Essentiellement, ce que je voulais dire, c'est que nous
sommes au poste budgétaire intitulé: Allocations d'assistance
sociale à domicile. C'est-à-dire dans le cadre des allocations
sociales, on prend certains moyens pour permettre à des gens de rester
chez eux au lieu d'être obligés d'aller dans des institutions
quelconques. Est-ce que j'ai raison d'en parler à ce poste-ci?
Il y a, par exemple, le problème des personnes âgées
qui ont besoin des certains soins et certaines attentions particulières.
Et je pense, spécifiquement, à un service qui est offert par
certaines agences de bien-être social, soit de fournir des repas chez ces
personnes âgées. Et à cause de la nature de la vieillesse,
à cause de la nature des changements physiologiques qui s'opèrent
avec le passage des années, les instincts de soif et de faim ne
s'expriment pas d'une manière efficace chez certaines personnes
âgées. Donc, il ne suffit pas de leur assurer les repas, qui sont
fournis par un traiteur, qui le livre à la porte, il s'agit
également de surveiller et de voir à ce que la personne mange
effec- tivement le repas aussitôt qu'il arrive ou peu après
l'arrivée du repas à sa porte. Il est arrivé dans certains
cas que la personne âgée n'a pas mangé le repas au moment
de sa livraison, et l'a laissé jusqu'au lendemain.
Entre-temps, il y a eu contamination de la nourriture et la personne est
tombée malade et a dû être hospitalisée par la suite.
Donc, ces agences, et ce sont non seulement des agences de bien-être
social comme telles, mais des extensions de soins hospitaliers qu'offrent
certaines institutions, envoient des personnes pour surveiller le vieillard,
pour voir à ce qu'il mange aux moments normaux et qu'il s'occupe de ses
repas de façon à ne pas permettre à la nourriture de se
gâter. Et en même temps, évidemment, il y a ce contact
humain qui manque tellement à beaucoup de personnes âgées.
Je suis informé qu'au moins une de ces agences s'est vu couper le budget
de façon à ne plus être en mesure d'avoir une personne
professionnelle affectée à temps complet à
l'administration et à la surveillance de ce programme. Et quand il
s'agit de faire faire cela, par des bénévoles qui le font
à tour de rôle, il n'y a pas la suite nécessaire pour voir
que tout soit bien organisé et bien surveillé.
Alors, je comprends qu'il y a un problème
d'austérité auquel nous faisons face. Mais je me permets de
recommander au ministre, assez sérieusement, de réexaminer cette
situation spéciale, parce qu'il est évident que, sans la bonne
nourriture et sans le contact humain, la détérioration
progressive de ces vieillards se fera jusqu'au point où d'autres genres
de soins et d'autres dépenses plus importantes seront requis. Alors,
c'est surtout ce que j'ai voulu dire.
M. CLOUTIER: Alors, je note l'observation du député et
s'il veut bien, en dehors de l'étude des prévisions
budgétaires, me donner des détails quant aux noms, je demanderai
à mes fonctionnaires de revoir et de corriger, s'il y a lieu, la
décision prise. Il se peut que tous les faits n'aient pas
été représentés aux officiers qui ont
étudié cette situation particulière. Alors, nous
corrigerons avec plaisir, s'il y a lieu de le faire.
M. GOLDBLOOM: Avec plaisir.
M. LE PRESIDENT: Alors, à demain, vers trois heures trente, le
comité siégera de nouveau. Alors, nous serons rendus au poste
budgétaire 6: Bien-Etre de l'enfance et de la jeunesse.
(23 h 2)
Séance du 4 juin 1968
(Seize heures vingt et une minutes)
M. GARDNER (président): Alors nous commençons. M. le
Ministre, nous étions rendus hier soir au poste budgétaire 6:
Bien-être de l'enfance et de la jeunesse.
M. CLOUTIER: M. le Président, si on me le permet, étant
donné que je n'aipas eu l'occasion de le faire hier, je voudrais
présenter les fonctionnaires qui m'accompagnent.
A ma droite, il y a mon sous-ministre, M. Marier, que tout le monde
connaît. Je les nomme à la suite sans tenir compte des
priorités: M. Claude Allard, attaché de presse aux
ministères de la Santé, de la Famille et du Bien-Etre social; M.
André Roy, à la section de l'administration, en charge des
budgets; M. Bégin, travailleur social professionnel; mon chef de
cabinet, M. Levasseur, le sous-ministre adjoint au ministère de la
Famille; M. Escojido, secrétaire général du
ministère; M. Mailhot, directeur général de la section de
l'enfance; M. Plamondon qui est directeur des services de placement à
l'enfance; M. Girouard qui est également un des hauts fonctionnaires de
la section de l'enfance. Deuxième rangée: M. Bouchard qui est le
président de la Commission des allocations sociales; M. Fernand Allard
qui est coor-donateur régional et l'assistant de M. Périard qui
est le directeur général de l'assistance à domicile. Il y
a M. Archambault qui est le directeur adjoint de la direction
générale des personnes âgées. Il y a M. Ramsay, qui
est le directeur du service pour les personnes âgées.
M. LAFRANCE: Merci M. le Président.
M. CLOUTIER: Et vous connaissez le ministre d'Etat.
M. LE PRESIDENT: Article 1.
M. LAFRANCE: Alors, M. le Président, si vous me permettez, dans
cette deuxième partie de la discussion de vos crédits,
crédits du ministère de la Famille et du Bien-Etre social, j'ai
juste quelques remarques à faire sur l'importance de ces crédits
qui s'élèvent globalement, pour les postes budgétaires 6,
7, 8 et 9, à plus de $80 millions. Il s'agit d'un domaine qui nous est
extrêmement sympathique, celui de l'enfance, en particulier de l'enfance
exceptionnelle.
Le ministre a déclaré à plusieurs reprises, en
particulier devant certains clubs sociaux, que l'année 1968 serait
l'année de la prévention. Bien, quand on sait qu'environ 90%
j'espère que je n'exagère pas de la future
clientèle de l'assistance sociale, d'après certains dossiers que
j'ai déjà eu l'occasion de consulter, se recrute surtout dans
cette classe des handicapés physiques et mentaux. On voit donc qu'avec
des soins et une éducation appropriée durant l'enfance, ça
pourrait contribuer à réaliser une économie d'une dizaine
de millions dans le domaine de l'assistance.
Disons que dans le passé, notre société,
malheureusement, a été assez indifférente à ces
problèmes. Et je considère je sais que le ministre doit
partager mon opinion qu'il est bon cependant de lui rappeler de temps
à autre qu'il ne s'agit pas d'avoir pitié de ces gens, de leur
accorder une faveur. Parce qu'ils ont, je crois bien, un droit fondamental, un
droit strict à l'éducation aussi bien que les enfants normaux. Et
la société, je crois, a le devoir de leur fournir des moyens de
se procurer cette formation. L'enfance exceptionnelle, comme on le sait,
comprend les aveugles et les demi-voyants. Or quand on sait que pour la
poursuite des études, environ 80% des activités scolaires sont du
domaine de la vision, on voit l'importance que ça peut jouer pour
l'éducation des enfants. Il y a également les sourds et les durs
d'oreille, les handicapés physiques, infirmes moteurs, il y a aussi les
déficients mentaux et les enfants peu doués.
Je voyais, il y a quelque temps, un mémoire qui a
été présenté par la Montreal Social Agencies et au
sujet duquel je tiens en passant à souligner le travail vraiment
admirable et éminemment important fait par nos amis protestants, juifs
et catholiques de la ville de Montréal. On estimait qu'environ 15%
à 25% de la population totale scolaire est atteinte par ces handicaps.
Je comprends que ce ne soit pas exclusivement la responsabilité du
ministre de la Famille et du Bien-Etre social. Cependant, un certain nombre de
ces enfants relève directement de lui et je crois que le ministre
et c'est pour ça que j'interviens a le devoir d'informer et
d'alerter ses collègues du comité interministériel sur
l'importance de ces problèmes, précisément pour cette
raison.
Le ministre de la Famille et du Bien-Etre social est concerné, le
ministre de la Santé l'est également. J'espère que le
ministre de la Famille a une certaine influence sur le ministre de la
Santé et sur le ministre de l'Education, qui, je crois, supporte la plus
lourde responsabilité. Je tiens à répéter ce
sont les choses qu'on sait qu'on oublie peut-être le plus facilement
si ces enfants ne sont pas recu-
pérés, eh bien, cela nécessitera des
déboursés considérables, soit pour leur
réhabilitation, soit pour les soutenir plus tard.
J'ai un exemple chez nous, que j'ai considéré ces jours
derniers. Il s'agit d'une personne à demi aveugle qui s'est
néanmoins mariée et qui se trouve à la tête d'une
famille nombreuse de neuf enfants. Aujourd'hui, elle est complètement
à la charge de l'Etat et ne peut pas se procurer d'emploi. Or, si on lui
avait procuré des verres à un certain âge, ou des soins
appropriés, ou une certaine formation, elle pourrait peut-être
maintenant subvenir à ses besoins.
Eh bien, d'après le montant qui lui est payé à
l'heure actuelle, j'estime que cela coûtera peut-être de $80
à $100,000 pour le soutenir lui et les siens pour le reste de ses jours.
Je crois donc qu'on devrait et je pense que c'est l'intention du
ministre accorder une priorité à ce domaine qui constitue,
à mon humble avis, le domaine par excellence de la prévention.
D'une véritable prévention, qui serait vraiment profitable. Je
pense que le moment des études et de planification est passé
à ce niveau et le ministre devrait se servir de toute l'influence dont
il dispose auprès de ses collègues, pour les inciter à
adopter les mesures qui s'imposent.
Est-il nécessaire de rappeler quelles sont ces principales
mesures? Il faudrait premièrement, procéder au dépistage
des cas. Il est extrêmement important que, dès le niveau
secondaire, dès le niveau primaire, en première année, on
puisse faire des examens généraux gratuits pour tous les enfants.
Il faudrait aussi informer les parents qui semblent assez ignorants de leurs
devoirs et de leurs responsabilités. Il serait également
nécessaire de fournir des appareils. Un autre cas m'a été
soumis, ces jours derniers. Il s'agit de deux jeunes filles de 14 ans qui font
leurs études et qui sont empêchées de les poursuivre parce
que leur père, simple employé de la Voirie, ne peut pas leur
procurer l'appareil auditif dont elles ont besoin, et ces jeunes filles vont
être obligées d'abandonner leur classe. J'ai d'ailleurs soumis ce
problème au ministère de la Famille et du Bien-Etre social qui
s'est toujours montré très sympathique devant des cas semblables
dans le passé et j'espère qu'il considérera celui-ci
à son mérite.
Je n'insiste pas outre mesure, mais je crois qu'il était de mon
devoir en ce moment, puisque le ministre a décidé de consacrer le
plus gros de ses efforts sur la prévention, de lui montrer que le
domaine par excellence dont il faut s'occuper est celui de cette enfance si
symphatique, l'enfance exceptionnelle, récupérable, envers
laquelle, malheureusement, on a fait preuve d'une indifférence vraiment
scandaleuse dans le passé.
M. CLOUTIER: Si le député de D'Arcy McGee me le permet, je
voudrais ajouter quelques remarques à la suite des observations faites
par le député de Richmond. Il a posé véritablement
un problème extrêmement important et qui retient l'attention non
seulement du ministre de la Famille et du Bien-Etre mais également celle
de tous les officiers, des fonctionnaires du ministère de la Famille et
du Bien-Etre, spécialement de ceux qui ont la responsabilité,
dans le domaine de l'enfance, d'élaborer une politique visant à
mettre en place les ressources dont nous avons besoin. . Dans ses observations,
il a débordé un peu le cadre du ministère de la Famille et
du Bien-Etre pour toucher celui de la Santé. Après consultation
avec le ministre de la Santé, voici ce que je peux lui dire à ce
sujet-là. Il y a ce domaine extrêmement important du
dépistage et là je veux d'abord faire des observations sur la
prévention du côté physique et du côté
mental.
Il y a au ministère de la Santé,et j'élaborerai
durant l'étude des crédits du ministère de la
Santé, un programme important de dépistage, en collaboration avec
le ministère de l'Education. Tout à l'heure, le
député a parlé d'un comité interministériel.
Il est exact que ce comité, qui groupe aussi en plus l'Education, la
Santé et le ministère de la Famille et du Bien-Etre social,
continue le travail qui a été commencé il y a quelques
années particulièrement dans ce domaine de l'enfance
inadaptée. Du côté de la Santé donc, il y a un
programme important de dépistage qui nous permettra, dès
l'entrée de l'enfant à l'école et à certaines
périodes fixes par la suite, à certaines étapes de son
cours d'étude, de voir où il en est avec sa santé, de
façon que nous puissions prendre les mesures qui s'imposent avant que
cet état de dépendance dont a parlé le
député, ne se soit installé définitivement chez
l'enfant.
Il y a également aussi, de la prévention du
côté social. Il faut prévenir ces problèmes que l'on
rencontre chez une proportion importante de la population d'âge scolaire.
Il y a également une coordination très étroite entre le
ministère de l'Education et le ministère de la Famille et du
Bien-Etre social dans ce secteur de prévention dans le domaine social.
Et à ce sujet, sans entrer dans les détails, on sait qu'il y a
des effectifs de travailleurs sociaux qui oeuvrent en milieu scolaire afin non
seulement de faire du traitement social mais également de la
prévention. Ce travail dans ce domaine social sco-
laire se fait en étroite collaboration entre, d'une part, les
commissions scolaires et le ministère de l'Education et d'autre part nos
agences de service social, nos bureaux régionaux et le ministère
de la Famille et du Bien-Etre social.
Il y a aussi, évidemment, cette portion importante de la
population d'enfants qui demande des institutions, qui demande des ressources
institutionnelles. J'ai parlé, hier et cela a été
annoncé par le ministre des Finances dans le discours du budget
des investissements, de la mise en place de ressources importantes du
côté de l'enfance inadaptée.
Nous avons révélé qu'il y aurait cette
année, en 68/69, l'implantation d'une trentaine d'institutions, dont une
quinzaine de garderies, et l'on sait quelles lacunes nous enregistrons dans ce
domaine-là et l'on connaît l'urgence des besoins à combler.
Alors, nous avons au programme, pour cette année, la mise en chantier
d'une quinzaine de ces garderies. Il y a également des projets
concernant un nombre à peu près équivalent, disons 14,
d'institutions de transition. Et le député de Richmond, qui a
déjà été titulaire du ministère de la
Famille, sait jusqu'à quel point sont nécessaires ces
institutions de transition, surtout pour répondre au besoin bien
spécifique de l'enfance aux prises avec des problèmes sociaux,
des problèmes d'adaptation.
Nous avons donc ce n'est là que la première
étape du programme pour cette année la mise en chantier de
ces 29 institutions. Et le programme se continuera au cours des prochaines
années. Nous nous occupons également et c'est là
une des priorités au ministère de la Famille, à la
direction de l'enfance d'assurer la transformation de ces institutions
qui, autrefois, n'étant pas spécialisées ne
répondent plus très bien aujourd'hui aux besoins de la population
ni à ceux relatifs à certaines régions.
C'est dans cette optique que nous procédons à la
transformation des anciens orphelinats traditionnels, dont la conversion a
été décidée et va se faire par étape, en
collaboration avec ceux qui, déjà depuis de nombreuses
années, ont consacré toute leur énergie et leur
dévouement au secteur de l'enfance. De concert donc avec, notamment les
communautés qui ont oeuvré dans ce secteur alors non
spécialisé, mais qui doivent réorienter leurs
activités, nous, du ministère, travaillons en étroite
collaboration afin d'assurer cette transition sans heurt et de
déboucher, vers un résultat positif, après avoir
déterminé une nouvelle vocation, et avoir assuré le
recrutement d'un personnel spécialisé nécessaire à
ces maisons, qui ré- pondront vraiment aux nouveaux besoins qui ont
été définis.
De toute façon, M. le Président, du côté de
l'enfance, nous savons qu'il y a des besoins urgents à combler, des
problèmes aigus auxquels il faut apporter une solution. Nous avons
employé les deux dernières années à structurer la
direction générale de l'enfance. Un nombre important de hauts
fonctionnaires est venu se joindre à notre équipe et le
député disait tout à l'heure que le temps des
études est terminé dans ce domaine, c'est exact nous
sommes en mesure maintenant d'entreprendre la réalisation de ce
programme qui a été bien préparé, qui a
été pensé et discuté avec la collaboration de ces
trois ministères, et dans l'optique de l'objectif que le gouvernement
veut atteindre, qu'il s'est fixé comme priorité première:
l'éducation. Nous voulons que tout ce secteur de l'enfance
inadaptée ait à sa disposition toutes les facilités
d'éducation que nous retrouvons dans le secteur des enfants normaux, de
sorte que nous puissions, non seulement réaliser cette partie importante
du programme qu'est la prévention, mais aussi entamer celle de la
réadaptation et, autant que possible, de la réintégration
sur le marché du travail, et dans la société normale, de
cette clientèle importante de l'enfance.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il va sans dire que nous
considérons ce secteur comme l'un des plus importants de tout le domaine
des responsabilités du ministère. Sans vouloir entamer un long
débat, nous aurions voulu insister sur l'importance souvent cruciale de
la prévention dans le domaine de l'enfance et j'aimerais attirer
l'attention du ministre sur deux ou trois aspects particuliers de ce
problème.
Il est sûrement au courant de ces aspects, mais je me permets
d'insister auprès de lui pour qu'il accorde une attention très
spéciale à ces facteurs.
Il n'est pas sans savoir que, dans les milieux
défavorisés, les conditions de vie ont pour effet d'abaisser le
quotient intellectuel des enfants. La faim chronique, le manque de stimulation
dans le milieu familial sont des choses qui ont pour effet de diminuer la
capacité de l'enfant à apprendre. Donc, non seulement il faut
dire que l'amélioration du milieu familial et du milieu social aidera
à l'enfant à être un meilleur élève à
l'école, mais il faut dire aussi que il on dépasse
clairement les cadres du seul ministère, mais on est obligé de le
faire et le ministre lui-même l'a fait à plusieurs reprises au
cours de nos discussions les programmes d'éducation qui sont
offerts dans les milieux défavorisés ne sont pas conçus
pour les enfants
qui se trouvent dans ces milieux-là. Les programmes qui
conviennent aux enfants des milieux plus fortunés ne conviennent pas
toujours aux enfants des milieux défavorisés. Or, il faudra des
consultations, entre ce ministère et celui de l'Education, pour attirer
l'attention du ministre de l'Education sur les besoins particuliers.
M. CLOUTIER: C'est fait.
M. GOLDBLOOM: Très bien. Je suis content.
Il y a aussi lieu de souligner l'importance et c'est une chose
dont nous avons parlé à d'autres reprises des contacts que
le ministère peut avoir avec les parents. Le ministère de la
Famille et du Bien-Etre a l'occasion de venir en contact avec les familles
concernées. Il arrive très souvent que, l'éducation et le
maintien de la scolarité jusqu'à la limite des capacités
de l'enfant ne se trouvent pas à un très haut niveau dans
l'échelle des valeurs de ces parents. Il faut faire un effort
très spécial pour convaincre ces familles de garder leurs enfants
à l'école. C'est sûrement la responsabilité de tous
ceux qui travaillent dans le domaine social avec ces familles-là.
Il faut dire que chez ces familles et là, on revient
strictement au domaine du bien-être social que les
difficultés financières que connaissent les familles en question
sont telles que l'enfant se voit privé de certaines distractions,
certains amusements qui sont à la disposition des enfants plus
fortunés. L'enfant qui fréquente l'école où il y a
d'autres enfants qui vont au cinéma, qui vont à certains
spectacles sportifs ou autres, se voit dans l'impossibilité d'y aller.
Il y a une très forte pression qui s'exerce au sein de la famille, et de
la part de l'enfant, et de la part de ses parents. Si cela ne vient que de la
part de l'enfant, les parents éprouvent beaucoup de difficultés
à résister à ces pressions. Tel enfant voudrait aller
travailler plutôt que de poursuivre son éducation et les parents,
dans certains cas, disent à l'enfant: Si tu commences I travailler
à un petit emploi, à l'épicerie du coin ou à la
pharmacie du coin, tu feras cela toute ta vie. Mais l'enfant n'a pas la
perspective pour apprécier les conseils que lui donnent ses parents.
Donc, tout le problème social tourne autour de cette question. Je suis
convaincu que le ministre est déjà sensibilisé à
tout cela, mais j'ai voulu attirer son attention sur l'enchaînement de
tous ces problèmes.
Cela forme un tout, cela forme une responsabilité qu'il partage
évidemment avec d'autres ministres.
Mais j'ai devant moi le chapitre 212 des statuts refondus, Loi du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social, et je trouve là
que le ministre de la Famille et du Bien-Etre social est chargé, et je
cite: « ... d'étudier les problèmes concernant l'enfance
négligée ». Je demanderais au ministre d'interpréter
dans le sens le plus large possible cette négligence. Et je cite un peu
plus loin: « ...et tous autres problèmes concernant l'enfance et
la jeunesse malheureuse ». Là aussi, je lui demanderais de donner
une interprétation aussi large que possible à ses
responsabilités dans ce domaine.
M. CLOUTIER: Les ministères de la Santé et de l'Education
acceptent facilement que le ministère de la Famille et du Bien-Etre ait
de larges responsabilités dans ce secteur de l'enfance. Et les travaux
du comité interministériel sont marqués au coin de la
coordination, de l'harmonie, ils font un travail extrêmement positif et
ces mesures, la mise en place de ces ressources institutionnelles, dès
cette année, ne sont qu'une des manifestations concrètes de cette
coordination et de cette politique d'ensemble qui fait suite évidemment
I ce travail du comité interministériel. Il y a d'autres mesures
que nous prenons au ministère, non seulement pour la mise en place de
ressources institutionnelles, mais aussi des facilités de formation de
ce personnel qui, dans ces institutions, va se préoccuper de former
l'enfant et de lui donner une éducation d'un niveau comparable à
celle donnée dans le secteur public, et même d'un niveau
peut-être supérieur, étant donné que
l'éducation donnée dans ces institutions est beaucoup plus
spécialisée et qu'elle met à la disposition de ces
institutions le personnel spécialisé. Je pense que le
ministère de la Famille accomplit là véritablement son
devoir.
Il y a aussi d'autre part la législation par laquelle, en
assurant une redistribution du revenu des familles, par les allocations
familiales et les allocations scolaires, nous permettons et encourageons la
fréquentation scolaire.
Je pense qu'il faudra ajouter à ces mesures d'autres solutions
qui seront proposées incessamment par ce comité
interministériel qui rendra public, ces jours-ci, le livre blanc de
l'enfance exceptionnelle.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 6, article 1: Traitements.
Adopté. Article 2: Frais de voyage. Adopté. Article 3: Frais de
bureau et autres dépenses. Adopté. Article 4: Matériel et
articles de bureau, impressions et abonnements. Adopté. Article 5:
Traitement électronique des données. Adopté. Article 6:
Publicité et information.
M. GOLDBLOOM: Sur ce point, M. le Président, j'aimerais demander
au ministre s'il y a un service au ministère qui prend sur lui
d'enseigner aux familles qui sont assistées par le ministère, les
principes d'administration d'un budget familial, qui donne des conseils sur
l'endettement, sur l'achat à tempérament, et autres
problèmes de ce genre.
M. CLOUTIER: Nous subventionnons de façon importante les
organismes qui s'occupent d'enseigner la gestion administrative, la gestion
d'un budget familial. Nous avons donné des subventions à des
coopératives, qu'on appelle des coopératives d'économie
familiale, les ACEF. Nous leur donnons des subventions et elles se
spécialisent justement dans cette éducation populaire.
Au ministère, en plus de ces organismes bien
spécialisés dans ce genre de services rendus à la famille,
il y a aussi, il ne faut pas l'oublier, les agences sociales, qui donnent aux
familles aussi, qui se préoccupent, auprès des familles, de ce
service d'éducation populaire.
On connaît aussi la préoccupation des syndicats qui, pour
leurs membres, donnent des cours de formation, des cours d'administration du
budget. Je ne crois pas donner une liste exhaustive mais je pense que le
ministère, par ses bureaux, par ses travailleurs sociaux, se
préoccupe, lorsqu'il y a une lacune et que celle-ci est bien
identifiée comme une mauvaise gestion du budget familial, de voir, au
ministère, par notre personnel, nos travailleurs, sociaux, à
combler cette lacune. Il y a ici, dans le budget de publicité et
information, au poste budgétaire 6, article 6, une publication mensuelle
sur le bien-être de l'enfance et de la jeunesse. Cette publication nous
permet aussi de donner des instructions quant à la gestion d'un budget
familial.
M. GOLDBLOOM: C'est important, M. le Président, parce qu'il
circule un peu largement un mythe voulant que les assistés sociaux
soient des assistés sociaux parce qu'ils administrent mal leur budget
familial. Je pense que, dans bien des cas, ce n'est qu'un manque
d'expérience, et que si on fournit un peu de renseignements
là-dessus, les assistés sociaux peuvent administrer leur budget,
dans la majorité des cas, aussi bien que n'importe qui.
M. CLOUTIER: Oui, quand la lacune est causée justement par ce
manque de connaissances en administration et en gestion, tous les
mécanismes, tous les organismes que j'ai mentionnés il y a un
instant, se préoccupent de procurer à la famille les
connaissances qui lui manquent. A ce point de vue, je voudrais aussi ajouter
que les auxillialres familiales on a passé hier sur un poste
budgétaire assez important où nous procurions aux familles des
services d'auxilliaires familiales sont, elles bien
entraînées à donner à la famille des connaissances
à ce sujet particulier.
M. LE PRESIDENT: Publicité et information, adopté.
Automobiles, adopté. Poste budgétaire 7: Orientation des
placements d'enfants. Article 1: Traitements.
M. LAFRANCE: Est-ce que le service de l'adotpion relève de cet
article?
M. CLOUTIER: Nous pourrons en parler à neuf, si...
M. LE PRESIDENT: Alors, Traitements, adopté. Frais de voyage,
adopté. Poste budgétaire 8, article 1: Institutions de l'enfance,
Administration. Sous-article 1: Traitements.
M. VAILLANCOURT: A quel article doit-on parler du placement des enfants
arriérés?
M. CLOUTIER: Bien, disons qu'on peut en traiter dans l'ensemble à
8 et 9. Si on couvre un sujet à 8, on l'aura couvert. Je ne crois pas
qu'on puisse séparer définitivement ces...
M. LAFRANCE: Est-ce que le ministre pourrait nous rappeler en quoi
consistent au juste les institutions de l'enfance?
M. CLOUTIER: II y a une énumération ici... Vous avez des
cliniques d'aide à l'enfance, les centres d'observation, le Centre
Berthelet. Alors, l'identification est assez... Vous avez aussi dans le rapport
annuel une énumération de tous les centres...
M. LAFRANCE: Très bien.
M. CLOUTIER: Page 112 du rapport annuel.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, pour ce qui est des enfants
actuellement sous la dépendance du ministère, parce que ce sont
des enfants abandonnés de leur père ou de leur mère,
combien en avez-vous?
M. CLOUTIER: Nous en avons, en foyer nourricier, je vais vous le donner
le chiffre.
M. SAINT-GERMAIN: Ceux-là sont des enfants légitimes, je
suppose?
M. CLOUTIER: Pas nécessairement, ce sont les enfants qui n'ont
pas été adoptés. Ils n'ont pas trouvé de foyers
d'adoption légale. On les place en foyer nourricier au lieu de les
placer en institution. Alors, ils ont un cadre de vie familiale. Il y a, je
vous donne un chiffre sous toute réserve quitte à confirmer tout
à l'heure, je crois, 23,000 enfants placés en foyers nourriciers.
M. le Président, 25,000.
M. SAINT-GERMAIN: Ce sont des enfants ou légitimes ou
illégitimes?
M. CLOUTIER: Des enfants qui...
M. SAINT-GERMAIN: ...qui sont abandonnés de leurs parents.
M. CLOUTIER: ... qui n'ont pas de foyer, qui ont été
retirés de leur foyer, ou qui ont commencé leur vie dans les
crèches ouïes pouponnières.
M. SAINT-GERMAIN: Combien y a-t-il d'enfants qui demeurent dans les
institutions? Des enfants de filles mères en particulier?
M. CLOUTIER: Des enfants de filles-mères qui restent dans les
crèches?
M. SAINT-GERMAIN: C'est juste.
M. CLOUTIER: On a devancé l'article du budget, mais, à
tout événement...
M. SAINT-GERMAIN: Bien non, je puis retarder ma question.
M. CLOUTIER: Non, je vais donner l'information tout de suite au
député. Mais il faut aller à une autre page pour trouver
les détails.
M. SAINT-GERMAIN: Mais certainement, si vous voulez.
M. CLOUTIER: Nous avons dans les crèches, pour l'année
67/68, une moyenne de 2,189 enfants. Dans les orphelinats, les institutions de
transition, 4,303 enfants. Dans les institutions spécialisées,
3,113 enfants. Alors, selonles renseignements que demande le
député, au 31 décembre, la population exacte des sept
crèches est de 1,673 enfants.
M. SAINT-GERMAIN: Au lieu de 2,189. M. CLOUTIER: C'était une
moyenne ce que j'ai donnée tantôt Alors, au 31 décembre
1966, c'est 1,673 enfants.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, ce sont tous des nouveaux-nés ou
des enfants de moins de 2 ans, je suppose.
M. CLOUTIER: La moyenne d'adoption se situe jusqu'à 18 mois.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, ce sont des enfants dont l'âge maximum
est de 18 mois. Maintenant, lorsque l'enfant a atteint 18 mois, il est,
à ce moment-là, soit adopté légalement ou
changé d'institution.
M. CLOUTIER: De préférence, placé en foyer
nourricier.
M. SAINT-GERMAIN: De préférence, vous le placez en foyer
nourricier. Mais des enfants qui ont plus de 18 mois, combien en avez-vous
encore en institution?
M. CLOUTIER: Selon les chiffres que j'ai donnés tout à
l'heure, en ce qui concerne les orphelinats et les institutions de transition,
il y a 52 institutions et il y a 4,303 enfants. Il y a, dans les 27
institutions spécialisées, 3,113 enfants.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, dans ce nombre d'enfants...
M. CLOUTIER: Cinquante-deux orphelinats et institutions de
transition.
M. SAINT-GERMAIN: 4,303 enfants, de quel âge? Quelle est la limite
d'âge? Ils partent de lu mois, si je comprends bien, et peuvent aller
jusqu'à quel âge?
M. CLOUTIER: Dix-huit mois à 18 ans. M. SAINT-GERMAIN: A dix-huit
ans.
M. CLOUTIER: Pas dans la même institution. Ce sont des
institutions spécialisées. Il y a des institutions qui gardent
des enfants de 6 à 12 ans. Il y en a qui gardent les enfants de 12
à 16 ou 18 ans. Il y a des institutions qui sont
spécialisées pour des garçons, d'autres sont
spécialisées pour les filles.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que ces enfants avaient la santé voulue
ou le développement mental voulu pour être adoptés ou pour
être placés en foyers nourriciers?
M. CLOUTIER: Je n'ai pas saisi la question du député.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que ces 4,300 enfants étaient
handicapés d'une façon ou d'une autre ou si ce sont tous des
enfants normaux?
M. CLOUTIER: Bien ce sont des enfants normaux. C'est comme toutes les
autres populations d'enfants, évidemment. Vous avez cette population
dans les crèches ou dans les pouponnières. Vous avez une
proportion d'enfants qui souffrent de déficiences physiques ou mentales.
Mais est-ce que l'on peut dire que le pourcentage de déficiences est
plus élevé?
Je demanderais à mes fonctionnaires, à mes
spécialistes,...
M. SAINT-GERMAIN: Si je pose ces questions, M. le Président,
c'est que je crois que pour tous ces enfants, le fait de vivre leur vie durant
dans des institutions, c'est une catastrophe.
M. CLOUTIER: Si le député veut prendre son rapport annuel,
aux pages 74 et 75, nous avons une répartition du pourcentage actuel des
placements selon les catégories d'enfants pour l'année 66/67.
Alors, je ne crois pas que les pourcentages soient modifiés
sensiblement. Nous avons 89% qui sont des enfants abandonnés, 6.3% qui
sont des enfants handicapés et 4.3% qui sont des enfants
délinquants. Vous avez dans l'autre tableau, le tableau 21, la
répartition des enfants placés par catégorie de
ressources.
Alors, au 31 mars 1967, vous avez dans les foyers et garderies 72.74%;
dans les orphelinats et crèches, 16.66%; dans les institutions
spécialisées, 6.26% et dans les centres de
rééducation, 4.34%. Alors, la moyenne de la durée de
séjour en institution est de deux ans.
M. SAINT-GERMAIN: Mais, il reste que ce sont 4,300 enfants qui,
pratiquement, passeront leur vie en institution?
M. CLOUTIER: Ils ne passent pas nécessairement leur vie en
institution. Vous avez des orphelinats et des institutions de transition, le
mot l'indique. J'ai dit tout à l'heure, dans la description de la
nouvelle orientation de ces orphelinats traditionnels, que nous nous assurions
maintenant d'une vocation spécialisée pour l'institution.
Après leur avoir fourni l'éducation, ils ne sont là qu'en
transition, soit avant de déboucher sur le marché du travail ou
soit dans un foyer, mais l'institution n'est, au- tant que possible, qu'une
transition. L'enfant ne reste en institution toute sa vie que s'il n'est pas
récupérable, ni physiquement, ni mentalement.
Alors, les garderies dont j'ai parlé tout à l'heure, les
quinze garderies qui ne sont que la première étape de
l'implantation des garderies sur tout le territoire de la province, sont des
institutions où, en majorité, les enfants sont, à toutes
fins pratiques, irrécupérables pour le marché du travail
ou pour la société en général.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, vous avez parmi ces 4,303 enfants, des enfants
qui ont été antérieurement dans des foyers, je suppose, et
qui y sont retournés pour une raison ou pour une autre?
M. CLOUTIER: Bien s'ils peuvent venir... M. SAINT-GERMAIN: A
l'orphelinat?
M. CLOUTIER: Cela peut être des enfants qui viennent des
crèches, qui vont aussi en orphelinat. Cela peut être des enfants
qui étaient chez leurs parents, dans leur foyer à eux, mais qui,
pour une raison ou pour une autre, soit qu'il y ait dislocation du foyer et
qu'ils n'ont plus de foyer, sont placés en institution. De toute
façon, la politique du ministère, c'est de ne laisser en
institution que les enfants qui doivent être en institution. Il y a une
raison bien simple, c'est que toute la politique dans le domaine de l'enfance
est orientée vers la réintégration de l'enfant
aussitôt que possible dans une vie normale. Alors, c'est pour cela que
les foyers nourriciers ont pris tellement de vogue et qu'aujourd'hui, nous
avons 25,000 enfants qui, s'ils n'étaient pas en foyer nourricier,
devraient être en institution. Mais, ils sont là dans un cadre
naturel, avec une famille, qui s'assure que les soins et l'éducation
leur soient dispensés. Mais nous voulons que les enfants ne soient en
institution que le temps voulu pour la réadaptation ou la formation.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que vous avez les chiffres qui pourraient nous
indiquer quel est le nombre parmi ces 4,300 enfants qui ont été
placés en institution d'une façon continue?
M. CLOUTIER: J'ai dit tout à l'heure que la moyenne de
séjour dans une institution est de deux ans. Il y a donc un roulement
assez considérable.
M. SAINT-GERMAIN: Je comprends, M. le
Ministre, mais quand bien même n'y aurait-il tout simplement qu'un
petit nombre d'enfants continuellement placés en institution? Je crois
qu'il est extrêmement important de le savoir. Je crois qu'un enfant qui
naît dans une institution, qui y passe sa vie, ne peut qu'être un
enfant sérieusement handicapé. Quand bien même le nombre
serait infime, il est important, à mon avis, qu'on le connaisse. Parce
que ces enfants-là sont toujours des enfants-problèmes, ce sont
toujours des malheureux, des handicapés mal développés,
qui ne peuvent que très difficilement s'adapter à la
société et y jouer un rôle de valeur. C'est la raison pour
laquelle je demande s'il est possible de connaître leur nombre même
s'il se résume à 100, à 50 ou à 5, ou qu'il n'y en
ait pas du tout, si vous voulez.
M. CLOUTIER: Très peu d'enfants, aujourd'hui, passent leur vie en
institution, sauf les déficients mentaux irrécupérables,
ceux que j'ai identifiés tout à l'heure comme étant une
clientèle pour les garderies. Pour les autres, il y a une gamme
d'institutions de plus en plus spécialisées. Chaque année,
dans cet éventail, grâce à la spécialisation du
personnel, s'ajoutent d'autres institutions qui, en fait, assurent un
régime de transition pour ces enfants et les réintroduisent,
graduellement autant que possible, dans la société où ils
seront un jour en mesure de vivre une vie normale. D'ailleurs, nos
fonctionnaires m'assurent que la moyenne de séjour dans ces institutions
est de deux années et que très peu d'enfants y vivent
continuellement, si l'on excepte les déficients mentaux qui ont un
quotient intellectuel très bas.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais lorsque vous dites « très peu
», dols-je comprendre que des enfants normaux restent en institution
d'une façon continue?
M. CLOUTIER: Un pourcentage très minime tandis qu'autrefois, les
enfants pouvaient entrer dans les orphelinats traditionnels à un
très bas âge, disons à cinq ans, et y demeurer
jusqu'à 16 ou 18 ans! Parfois même davantage. Mais aujourd'hui,
tel n'est plus le cas, parce que si un enfant est normal, s'il n'a aucune
déficience physique ou mentale, pourquoi le confiner à une
institution...
M. SAINT-GERMAIN: Je me le demande.
M. CLOUTIER: ... alors qu'il y a des foyers nourriciers qui peuvent le
recevoir et lui offrir une vie normale, alors qu'il peut recevoir dans les
milieux de l'éducation des régionales ou dans les écoles
primaires ou secondaires de ce territoire une éducation normale avec des
enfants de son âge. Toute la politique du ministère de la Famille,
du côté de l'enfance, est orientée vers la vie normale de
l'enfant et la préparation à une existence adulte normale. De
sorte qu'il ne séjourne en institution que le temps absolument requis
par les spécialistes, soit l'équipe médicale ou soit par
l'équipe de travailleurs sociaux et l'équipe
spécialisée dans le domaine de l'enfance. L'objectif de la
politique du ministère est que cet enfant soit réintroduit le
plus vite possible dans une vie normale dans la société.
M. HOUDE : Jusqu'à quel âge, M. le Ministre, vous
occupez-vous de ces enfants-là? Jusqu'à quel âge
peuvent-ils, par exemple, être placés en foyer nourricier? Vous
avez mentionné plus tôt 18 ans. Cela veut-il dire,
qu'automatiquement, à partir de l'âge de 18 ans, l'enfant devra
voler de ses propres ailes?
M. CLOUTIER: Entre 18 et 21 ans on pale spécialement la formation
de cet enfant afin de lui faire acquérir un métier ou de le
lancer dans des études professionnelles.
M. HOUDE: Pour poursuivre ses études.
M. CLOUTIER: II y a un programme spécial pour ces enfants.
M. HOUDE: Maintenant, ceux qui ont au-dessus de 18 ans et qui sont, soit
mentalement soit physiquement handicapés, où sont-ils
placés?
M. CLOUTIER: Us poursuivent des études normales, soit dans les
cadres...
M. HOUDE: Je pense à l'orphelin, par exemple, celui qui n'a
absolument pas de famille et dont vous vous en êtes occupé
jusqu'à l'âge de 18 ans.
M. CLOUTIER: Nous assurons sa pension. S'il est dans un foyer
spécial, dans une famille où il a chambre et pension, nous
assurons le coût de ses études et de sa pension durant ses
études pour l'amener...
M. HOUDE: Oui, d'accord, à pouvoir gagner sa propre vie. Mais je
pense à celui qui a 20 ans, 21 ou 22 ans et qui ne peut pas, justement
gagner sa vie. Par exemple, la maison à Hu-berdeau, continue-t-elle son
travail? A Huber-deau, je pense qu'on recevait ceux qui avaient 18 ans et
plus...
M. CLOUTIER: A Huberdeau, c'est jusqu'à 16 ans.
M. HOUDE: 16 ans.
M. CLOUTIER: Pour les plus de 18 ans, il n'y a pas d'institutions
spécialisées. Nous nous en occupons de la façon que j'ai
décrite tout a l'heure. Ils sont considérés comme les
autres adultes. Ils reçoivent du ministère tousles services que
la population adulte est en mesure de recevoir au point de vue des allocations,
des prestations...
M. LAFRANCE: Et une allocation pour poursuivre leurs études.
M. CLOUTIER: Si, de 18 à 21 ans, ils poursuivent leurs
études, comme je l'ai dit tout à l'heure, nous défrayons
en entier le coût des études, le coût de la pension et du
logement.
M. HOUDE: Je pense à ces bonshommes par exemple il y en a
très peu, j'imagine qui ont au-delà de 18 ans, mais pour
qui c'est impossible de gagner leur vie. Vous dites qu'il n'y a pas
d'institutions spécialisées pour cette catégorie
d'individus. Est-ce que, leur vie durant, vous vous en occupez? Les placez-vous
quelque part? Un gars de 22 ou 30 ans, qui ne peut absolument pas gagner sa
vie, par exemple.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député veut parler des
déficients mentaux?
M. HOUDE: Ceux qui, par exemple, à cause d'une déficience
mentale, justement, n'ont pas réussi à apprendre un métier
pendant leur séjour à l'orphelinat, n'ont pas réussi
à s'instruire. Il y en a quelques-uns. J'ai mentionné Huberdeau,
tout à l'heure, parce que les frères me disaient là-bas
que quelques-uns reviennent parfois, des anciens, des gars qu'ils sont
obligés d'accueillir, qui ont 20, 30 ou 35 ans, qui peuvent être
là jusqu'à la fin de leurs jours. On les fait travailler un peu
à laferme. Ce que je voudrais savoir, c'est s'il y en a beaucoup comme
cela dans la province, des personnes qui ont plus de 18 ans et n'ont pas
réussi, pour n'importe quelle raison, à se caser quelque
part.
Mo CLOUTIER: II y a des institutions qui prennent charge, même
après 18 ans, des déficients mentaux. Il ya des patients mentaux
qui sont âgés de plus de 18 ans qui sont dans des institutions.
Anbar est un exemple d'institution qui peut recueillir des adultes de 18 ans et
plus, qui souffrent de déficience mentale. Mes officiers me mentionnent
également l'école de Peter Hall, à Montréal.
M. LE PRESIDENT: Alors, les traitements, adopté?
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, je reviens sur le sujet. Ce
n'est pas une question de critiquer la politique du ministère, j'accepte
bien cette politique-là. Je crois que, dans le contexte donné,
c'est probablement la meilleure. Mais on ne m'a pas donné, à mon
avis, de réponse bien précise à ma dernière
question. Je veux savoir s'il y a des enfants qui ont été en
institution d'une façon continue.
M. CLOUTIER: II y en a, mais en très petit nombre.
M. SAINT-GERMAIN: Si le ministre ne peut pas me donner le nombre, cela
ne me sert à rien d'insister. Est-ce qu'il y en a et combien?
M. CLOUTIER: Ce sont quelques exceptions. De toute façon, M. le
Président, mes officiers ont noté la demande du
député et nous lui ferons parvenir la statistique. Il y en a en
très petit nombre, sauf ceux que nous avons identifiés il y a un
instant comme des déficients mentaux irrécupérables, qui
passent leur vie en institution et pour lesquels nous manquons d'institutions.
Cette année, c'est la première étape d'implantation de
cette politique. Nous ferons parvenir au député la statistique
exacte du nombre d'enfants qui passent leur vie en institution.
M. LAFRANCE: On peut dire, je crois, de façon
générale, que le ministère utilise tous les moyens humains
possibles pour tâcher de ne pas les garder en institution.
M. CLOUTIER: C'est exact.
M. LAFRANCE: Je crois qu'il s'agit de très rares exceptions
je suis au courant unpeu .
M. SAINT-GERMAIN: Quel est la durée du stage moyen que les
enfants font dans les familles où ils sont placés? Est-ce que les
enfants changent de famille adoptive plusieurs fois?
M. CLOUTIER: La moyenne de séjour est de trois ans dans la
même famille.
M. SAINT-GERMAIN: Et quelle est la moyenne de ceux qui, après
avoir été attachés à une famille, y vivent
jusqu'à leur adolescence, jusqu'à ce qu'ils atteignent le
marché du travail d'une façon continue, dans la même
famille?
M. CLOUTIER: II y a une portion importante de ces enfants placés
en loyer nourricier qui restent dans ces foyers nourriciers. Il y en a aussi
une partie qui changent de foyers.
M. SAINT-GERMAIN: Peut-être le ministre pourrait-il me donner ces
chiffres en même temps qu'il me donnera les chiffres de ceux qui ont
passé...
M. CLOUTIER: D'accord.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que le ministre a constaté que le fait
pour les enfants de changer de foyer nourricier était pour eux un
inconvénient sérieux?
M. CLOUTIER: Je m'excuse, j'ai été distrait un
instant.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que le ministre a constaté que le fait
pour un enfant de changer de foyer adoptif était un inconvénient
pour l'enfant?
M. CLOUTIER: Evidemment, le changement se fait pour cause, et si c'est
pour le bien de l'enfant à ce moment-là...
M. SAINT-GERMAIN: Entendu.
M. CLOUTIER: C'est la raison pour laquelle il y a changement de
foyer.
M. SAINT-GERMAIN: Mais il devrait tout de même arriver qu'un
foyer, que des parents laissent aller un enfant comme ça pour des
raisons qui sont personnelles, indépendamment du comportement de
l'enfant, je suppose. Est-ce que ça arrive? Cela devrait arriver.
M. CLOUTIER: Si les parents qui ont pris un enfant en foyer nourricier
désirent que l'enfant soit changé d'endroit ou aille dans un
autre foyer, nous ne pouvons pas, à ce moment-là, laisser
l'enfant de force dans un foyer nourricier.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que vous avez constaté tout de
même que c'était pour l'enfant une réadaptation difficile
de s'adapter à un autre foyer?
M. GOLDBLOOM: C'est toujours un peu ça, M. le Président,
et je dirai que l'enfant qui est changé à plusieurs reprises de
foyer subit des dommages permanents qui ne lui permettent pas
ultérieurement d'établir de bons liens avec qui que ce soit, et
c'est un problème assez grave. Mais je comprends également que,
dans les politiques du ministère, on fait tous les efforts possibles,
comme vient de le dire le député de Richmond, pour éviter
que ces déplacements, que ces déracinements soient
nécessaires.
M. CLOUTIER: De toute façon, le député de
D'Arcy-McGee est un éminent pédiatre, j'accepte volontiers son
diagnostic et je pense que, tout en étant profane, on peut
reconnaître qu'un changement trop fréquent de foyer nourricier ou
de placement en institution, je le comprends facilement, peut être une
cause de perturbation chez l'enfant.
M. LAFRANCE: C'est tout de même une philosophie que l'on rencontre
assez souvent chez des travailleurs sociaux, des gens qui sont dans les
services sociaux et qui prétendent qu'on ne doit pas laisser l'enfant
s'attacher trop à ses parents temporaires. Personnellement, j'ai
été témoin de changements qui ont été faits
comme ça. Il ne semble pas y avoir eu de raison majeure, mais ces
changements ont certainement pertubé l'enfant. Je ne suis pas un
pédiatre, mais j'ai été à même de me rendre
compte...
M. CLOUTIER: Je pense que l'une des causes était les taux
payés. Ces taux étaient un peu bas. Je pense que, dans certains
cas, cela a pu contribuer à l'instabilité de l'enfant. Je crois
tout de même que la hausse des taux accordés pour les enfants
placés en foyer nourricier contribue ce n'est sans doute pas le
seul facteur mais je pense que ça peut contribuer à une
certaine stabilité des enfants placés en foyer nourricier.
M. GOLDBLOOM: C'est à souhaiter, parce que, quand on place un
enfant dans un foyer nourricier, il étend des racines dans ce milieu
familial. Si l'on est obligé de le changer de foyer, il voit ces racines
déchirées et c'est extrêmement douloureux et pénible
pour lui. Et quand il arrive dans le deuxième foyer, il se dit: Pourquoi
est-ce que je pousserais des racines dans ce milieu, parce que je risquerais de
les voir se déchirer de nouveau? Alors, il reste refermé sur
lui-même et ça cause des problèmes graves chez l'enfant.
Donc, le ministre est sûrement conscient de l'importance de cette
suggestion.
M. SAINT-GERMAIN: Dans le choix des foyers, est-ce que vous vous
intéressez à choisir des foyers qui peuvent garder les enfants
d'une façon prolongée, ou qui peuvent garder les enfants
jusqu'à ce qu'ils aient atteint leur maturité?
M. CLOUTIER: Le placement en foyer nou-ricier ne se fait qu'après
que nos services, ou les services qui s'occupent des placements d'enfants, les
agences sociales, se sont assurés que certains critères sont
respectés, tel que la stabilité de la famille. Et je crois que
c'est ce qui fait que, à partir du moment où on s'est
assuré que ces critères de base ont été
respectés, on peut tout de même espérer être parvenu
à de la stabilité dans le placement des enfants en foyer
nourricier.
M. HOUDE: Dans le cas de petits frères et de petites soeurs
placés en foyers nourricier, j'imagine qu'un effort est fait pour que
frères et soeurs soient placés dans un même foyer, ou,
enfin, très près les uns des autres. La moyenne est-elle
bonne?
M. CLOUTIER: C'est exact. Nous essayons de reconstituer autant que
possible le caractère familial du foyer.
M. HOUDE: Peut-on affirmer que, dans la plupart des cas, cela
réussit? Que de jeunes frères et soeurs vivent ou sont
placés dans les mêmes foyers nourriciers?
M. CLOUTIER: Personnellement, comme député, j'ai vu
beaucoup d'exemples où la même famille a pris en foyer nourricier
trois ou quatre des enfants d'une même famille. Chaque fois que c'est
possible, nous encourageons cette façon de placer les enfants.
M. GOLDBLOOM: Je suis certain que le ministère éprouve
autant de difficultés que toutes les agences sociales à trouver
des foyers vraiment satisfaisants et en nombre vraiment suffisant pour les
besoins.
M. CLOUTIER: En nombre suffisant, oui, c'est difficile.
M. GOLDBLOOM: Puisqu'on parle du placement des enfants, puis-je demander
au ministre de faire de la lumière sur une situation relativement
récente dans la ville de Montréal où le ministère
aurait demandé à une agence de la métropole de replacer
4,000 enfants dont les soins relevaient du service du bien-être de la
métropole, et cela, me dit-on, à dix jours d'avis. Ce replacement
a-t-il été réussi?
M. CLOUTIER: Le député fait allusion à ce qui a
été mentionné dans un article de journal, selon lequel il
y aurait eu transfert de 4,000 enfants a partir du service de bien-être
de la ville de Montréal, aux agences de service social à
la Société d'adoption de Montréal. Ce
problème est actuellement étudié par nos fonctionnaires et
cette semaine, des rencontres sont prévus spécialement pour
traiter des modalités de ce transfert.
M. GOLDBLOOM: Je suis informé que ces 4,000 enfants, bien qu'ils
relèvent de la juridiction de la ville de Montréal, sont
éparpillés un peu partout dans la province même
jusqu'à Sept-Iles. Et on me dit que pour avoir soin convenablement de
ces enfants, l'agence de bien-être estime qu'elle aurait besoin d'ajouter
à peu près 75 personnes à son personnel, d'ajouter donc $1
million à sa masse salariale.
M. CLOUTIER: C'est ce qui fera aussi l'objet des discussions.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier a d'autres
questions de statistiques à soulever?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, sur un autre sujet dans le domaine
de l'enfance. J'ai fait une petite étude des lois qui concernent le
domaine du bien-être et je trouve devant moi la loi qui, à mon
sens, est la moins satisfaisante de toutes celles qui touchent le
bien-être et la famille. C'est la Loi de la protection de la jeunesse,
qui concerne surtout les institutions mais ne concerne vraiment pas la
réadaptation et la prévention des difficultés sociales et
des problèmes sociaux chez les enfants. Il y a des situations où
l'Etat devrait avoir le pouvoir d'intervenir pour corriger certaines
situations, pour protéger les enfants. Je crois que nous avons besoin
d'une nouvelle loi beaucoup plus large qui pourrait s'appeler Loi de la
protection de l'enfance et qui donnerait à l'Etat une certaine
juridiction, un certain pouvoir.
Je pense aux problèmes posés par l'enfant battu, et
à d'autres problèmes où notre législation n'est pas
claire et n'est pas suffisante. Est-ce que c'est dans les projets du
ministère de proposer une vraie loi de la protection de l'enfance?
M. CLOUTIER: Les officiers de nos différents services sont
à ramasser toute la documentation et à préparer tout le
travail de revision, de refonte de cette législation. J'en avais dit un
mot l'an dernier. J'avais dit que...
M. LAFRANCE: Il y a longtemps.
M. CLOUTIER: C'est un domaine extrême-
ment complexe. Je pense qu'il y avait au ministère une
priorité pour la législation d'aide sociale. D'autres
législations sont aussi à l'étude dans le moment, entre
autres, avec le ministère de la Justice et le ministère de la
Famille, de Loi de l'adoption. C'est une des pièces de la
législation qui sera proposée durant les prochaines
années, celle d'un code de l'enfance pour remédier à ces
carences qu'a mentionnées le député de D'Arcy-McGee, il y
a un instant.
M. LAFRANCE: Est-ce qu'il y a encore divergence entre les deux
ministères, celui de la Justice et celui de la Famille et du Bien-Etre
social, au sujet des amendements apportés à cette loi?
M. CLOUTIER: J'ai dit hier qu'il y avait des rencontres, des dicussions
assez fréquentes entre le ministre et les titulaires de la Justice et le
ministre de la Famille et aussi au niveau des hauts fonctionnaires, et je pense
que, de plus en plus, on essaie de trouver une communion de pensée.
M. LAFRANCE: Les mêmes voeux pieux.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier, une
question.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que le ministre pourrait me dire combien
d'enfants sont nés de mères illégitimes, l'année
dernière, dans la province?
M. CLOUTIER: En 1967, 6,000 environ.
M. SAINT-GERMAIN: Et combien de ces enfants-là ont
été adoptés?
M. CLOUTIER: En 67/68, j'ai les statistiques du 1er avril, disons
3,744.
M. SAINT-GERMAIN: Ces 3,744 sont en rapport avec 6,911?
M. CLOUTIER: II y a eu 6,600 naissances et 3,744 adoptions
légales. Mais, je ne sais pas si mes officiers ont les chiffres, mais il
y a de plus en plus de mères qui gardent leur enfant. De sorte que ce
n'est pas la différence comptable des enfants que l'on retrouve en
institution.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, combien y aurait-il d'enfants en institution,
actuellement, qui pourraient être adoptés mais qui ne le sont
pas?
M. CLOUTIER: Alors, ce que le député veut savoir, c'est
combien de filles-mères gardent leur enfant?
M. SAINT-GERMAIN: Bien, en faisant la soustraction, nous aurions le
résultat, je peux le supposer.
M. CLOUTIER: Nous avons une discussion juridique, là-dessus je
m'excuse.
M. SAINT-GERMAIN: Ce ne sont pas des « colles » que je pose
là.
M. CLOUTIER: Quand on parle de statistiques, j'aime bien donner au
député des chiffres comportant le plus petit pourcentage d'erreur
possible. Le député comprend que nous n'avons pas sous la main
toutes les statistiques qu'il désirerait avoir à ce moment-ci.
Mais je peux lui dire que, en ce qui concerne les naissances
illégitimes, on peut dire, actuellement, mes officiers le confirment,
qu'il y aurait maintenant 40% à 45% des mères qui gardent leur
enfant.
M. SAINT-GERMAIN: Quel est le pourcentage maintenant des enfants qui
sont de mères illégitimes et qui sont adoptés?
M. CLOUTIER: Au 1er janvier 1968, il y avait...
M. SAINT-GERMAIN: Ce n'est pas la différence, parce qu'il y a
certainement des enfants qui pourraient être adoptés et qui ne le
sont pas.
M. CLOUTIER: Au 1er janvier 1968, nous avons un chiffre exact, 662
enfants étaient gardés par la mère naturelle.
M. SAINT-GERMAIN: Et 3,744 qui ont été adoptés?
M. CLOUTIER: Ces 662 enfants que je viens de mentionner n'étaient
pas donnés en adoption, ils étaient gardés par les parents
naturels de l'enfant ou par les grands-parents.
M. SAINT-GERMAIN: Vous avez dit que 3,744 ont été
adoptés?
M. CLOUTIER: C'est 3,744 et... M. SAINT-GERMAIN: II y a 2,180...
M. CLOUTIER: Sur ces 3,744 cas, tous ne sont pas des naissances
illégitimes de l'année, mais ce sont des adoptions
légales. Il y a aussi
de ces enfants qui ne sont pas nés en 1967. Je pense que, pour
donner une statistique exacte au député, il faudrait faire un
révélé de ce chiffre de 3,700, des adoptions qui se sont
faites en 1967, et savoir à quelle année la naissance correspond.
Il y en a qui sont nés en 1966. Alors, pour avoir une statistique
exacte, il faudrait que nous reprenions tous ces chiffres...
M. SAINT-GERMAIN: C'est ça.
M. CLOUTIER: De toute façon, M. le Président, nous avons
pris note des questions, des demandes de statistiques du député.
Nous nous ferons un plaisir de lui faire parvenir des chiffres dont il pourra
tirer des conclusions.
M. SAINT-GERMAIN: Je ne veux pas être déplaisant mais je
crois que c'est un domaine extrêmement important. Je suis un peu surpris,
tout de même, qu'au ministère on n'ait pas ces chiffres-là
à jour, d'une façon continue.
M. CLOUTIER: J'ai tout de même donné au
député des chiffres sur les adoptions légales, Je lui ai
donné des chiffres sur les naissances illégitimes. Il a voulu
avoir une troisième catégorie de statistique que je n'ai pas.
Pour l'obtenir, il faudrait tenir compte d'un certain calcul. Il faudrait
vérifier certains chiffres. Il est entendu que, dans ce domaine de
statistiques, nous ne pouvons pas, sans faire certains calculs, obtenir tous
les chiffres qu'aimerait avoir le député à ce
moment-ci.
M. SAINT-GERMAIN: Combien y a-t-il d'enfants en institution,
présentement, qui pourraient être adoptés et qui ne le sont
pas, faute de demandes?
M. CLOUTIER: II y a tout le nombre d'enfants que j'ai donné. Ils
sont localisés dans des crèches et des pouponnières. Si
j'avais...
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, quelles sommes d'argent le
ministère dépense-t-il en vue d'inciter la population à
adopter ces enfants-là légalement?
M. CLOUTIER: Bien, il y a des agences. Ce n'est pas seulement le
ministère qui dépense des sommes. Il y a des agences qui font des
campagnes d'adoption à la télévision, à la radio et
dans les journaux. Je dois dire, à ce sujet-là, que nous avons
une très bonne collaboration de la presse écrite et
parlée, qui offre même gratuitement, souvent, des périodes
de temps ou des espaces dans les journaux pour favoriser l'adoption. Je dois
dire que les récentes campagnes ont apporté des résultats
vraiment intéressants, du côté de l'adoption.
M. SAINT-GERMAIN: Ces campagnes, M. le Président, ne
devraient-elles pas être continues parce qu'enfin il me semble qu'il y
aurait moyen, assez facilement...
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. SAINT-GERMAIN: ... de voir à ce que la population de la
province, nous sommes six millions dans la province de Québec, puisse
adopter au moins 6,000 enfants par année?
M. CLOUTIER: Bien, les campagnes d'adoption...
M. SAINT-GERMAIN: Si on les vendait d'une façon efficace à
mon avis, ces enfants-là.
M. LAFRANCE: C'est un domaine où on devrait inventer une
pilule.
M. CLOUTIER: Elle est continue, la campagne d'adoption, mais elle n'a
pas toujours la même intensité. Je pense qu'il y a certaines
périodes de l'année, tout de même, qui sont plus favorables
à l'adoption et je ne crois pas que les périodes... On voit
à la télévision, durant ces campagnes, des films où
l'on nous montre des enfants adoptés. Je pense que ceux qui sont des
experts dans ce domaine savent le temps où c'est plus favorable pour
passer ces messages. De toute façon, je crois que les campagnes sont
continues parce que, dans les journaux, presque continuellement, nous voyons
des photos d'enfants à adopter.
M. LE PRESIDENT: Alors...
M. SAINT-GERMAIN: J'ai eu l'impression, tout de même, M. le
Président, qu'on ne se sert pas... Lorsqu'on voit l'industrie, lorsqu'on
voit les maisons de finances annoncer, même avec une intensité
qu'on déplore et parvenir même à vendre leurs produits,
l'on se demande pour quelles raisons on n'utilise pas les mêmes
techniques publicitaires pour voir à ce que ces enfants-là
trouvent un foyer. Je crois qu'on n'y met pas la même coordination. Il ne
me semble pas, au niveau du ministère de la Famille et du Bien-Etre
social, que les efforts en vue de l'adoption soient coordonnés et
nécessairement efficaces d'après les résultats?
M. CLOUTIER: Le député devrait garder en mémoire
qu'il y a des sociétés d'adoption qui se spécialisent et
qui prennent charge de ce secteur de l'adoption.
Il y a à Montréal la Société d'adoption de
l'enfance, et il y a à Québec la Sauvegarde de l'enfance. Ce sont
ces agences qui ont des budgets. Une partie importante de leur budget est
consacrée à l'information et à la publicité. Nous,
nous joignons nos efforts à ceux des agences pour que, justement, les
média d'information mettent à la disposition des agences des
périodes ou des facilités de communication avec la population
pour favoriser l'adoption. Il y a d'autres institutions. Je ferai une
énumération des institutions qui s'occupent d'adoptions il y a le
Service social de l'Ouest québécois, il y a le Service social du
diocèse de Chicoutimi; le Service social du diocèse de
Gaspé; le Service social du Saguenay; le Service social de Hull; il y a
le Jewish Child Welfare Bureau, la Société d'adoption et de la
protection de l'enfance, rue Sherbrooke à Montréal, celle dont
j'ai parlé il y a un instant; le Service social de Nicolet et la
Sauvegarde de l'enfance à Québec dont j'ai parlé
également; le Service social du diocèse de Rimouski; le Service
social du diocèse de Saint-Hyacinthe; le Service social de Valleyfield;
le Centre de service social du diocèse de Trois-Rivières; le
Centre de service social du diocèse de Sherbrooke incorporé; le
Service social du diocèse de Saint-Jérôme; le Service
social du diocèse de Saint-Jean, Québec; le Service social de
Joliette; le Service social de l'enfance et de la famille de La
Pocatlêre; le Service social du diocèse de Mont-Laurier; le
Catholic Welfare Bureau; le Children Service Centre; le Willowdale Park
à Montréal. Tous ces organismes s'occupent d'adoption, ils
s'occupent non seulement de réaliser concrètement l'adoption mais
aussi de promouvoir l'adoption. Du côté du ministère de la
Famille, nous finançons les agences dans une proportion importante et
nous nous assurons que, dans le budget des agences, il y ait des services
spécialisés qui s'occupent de promouvoir l'adoption.
M. SAINT-GERMAIN: Mais il reste, M. le Président, qu'il y aura
encore des enfants à adopter.
M. CLOUTIER: Je pense bien, M. le Président, qu'il y en aura
toujours. L'idéal serait que nous puissions réintroduire le plus
tôt possible dans les foyers, dans les familles, tous les enfants qui
n'ont pas de foyer effectivement, mais entre l'idéal et la
réalisation, il y a parfois un écart que nous nous
efforçons de combler le plus rapidement possible.
M. SAINT-GERMAIN: Non, non, je ne parle pas de l'enfance exceptionnelle,
là, je parle de l'enfant au point de vue de la santé...
M. CLOUTIER: Le député parle des enfants qui sont normaux.
Evidemment, même si on voulait le favoriser, je pense bien qu'il serait
difficile de faire réussir à adopter les enfants qui ont des
déficiences physiques ou des déficiences mentales.
M. SAINT-GERMAIN: Tout à fait évident.
M. CLOUTIER: Surtout ceux qui ont des déficiences mentales. Je
pense que ceux-là, il nous faut les garder en institution pour leur
donner tous les soins dont j'ai parlé précédemment.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, comme pédiatre ayant
passé plus d'une décennie à être
pédiatre-conseil à une agence d'adoption, une de celles dont le
ministre a fait mention dans sa liste, je peux vous dire que, malgré les
difficultés posées par certaines adoptions possibles, adoption
d'un enfant handicapé, d'un enfant arriéré, d'un enfant
d'origine raciale mixte, il y a quand même d'excellents efforts qui se
font dans ce domaine et avec réussite plus souvent peut-être qu'on
ne le pense dans toute cette catégorie. Il y a quand même une
évolution sociale que nous vivons. Autrefois, dans plusieurs milieux, il
y avait des parents qui n'avaient pas d'enfants et qui en cherchaient pour les
adopter. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Nous avons même dans ces
milieux-là des enfants qui cherchent des foyers adoptifs. Alors, il faut
une campagne intensifiée pour réussir à placer tous ces
enfants-là, mais il y a d'excellents efforts qui se font par toutes les
agences que le ministre a nommées.
M. LE PRESIDENT: Traitements, adopté? Frais de voyage,
adopté? Cliniques d'aide à l'enfance. Sous-article 1:
Traitements.
M. LAFRANCE: Ici, une simple observation, M. le Président. Je
m'explique mal la réduction du personnel, quand on sait le rôle
éminent qui est joué par les cliniques d'aide à l'enfance
dont le rôle consiste, je crois, à informer les juges surtout.
M. CLOUTIER: Voici, le chiffre entre parenthèses était de
37 mais le chiffre des postes véritablement occupés, l'an
dernier, était de 23.
Il n'y a donc pas eu de réduction. 37, c'était l'effectif
autorisé pour 67/68, mais les postes n'ont pas été
comblés. De sorte que nous avons le même...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les frais de voyage sont adoptés?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je m'excuse, je voudrais
simplement demander au ministre j'ai devant moi la loi de la Clinique
d'aide à l'enfance si c'est précisément ce que l'on
discute ici.
M. CLOUTIER: C'est cela.
M. GOLDBLOOM: Et est-ce que ces cliniques jouent un rôle
auprès de la cour de Bien-Etre social?
M. CLOUTIER: C'est exact.
M. GOLDBLOOM: Là, le ministère a une responsabilité
assez importante, je crois, et il y a des problèmes sérieux au
niveau de cette cour. Il y a des agents de probation qui ont jusqu'à 250
cas chacun et qui ne sont pas tous des travailleurs sociaux
diplômés. Selon les normes, on devrait avoir un travailleur social
diplômé avec 60 ou au maximum 70 cas à sa charge.
M. CLOUTIER: Si le député me permet tout de suite, pour ne
pas le laisser sur une fausse impression. Les officiers de probation sont au
poste budgétaire 9, article 2 et il y a 197 postes. Alors, il y en a
beaucoup plus. Il ne faut pas prendre cet article-là...
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse. C'est pour cela que j'avais posé la
question au préalable. Mais si le ministre le permet, on pourra
épuiser ce sujet.
M. CLOUTIER: D'accord.
M. GOLDBLOOM: Je voulais dire aussi que l'échelle de traitement
de ce personnel n'est pas de nature à y attirer les compétences
voulues. Est-ce qu'il y a des améliorations prévues dans ce
domaine, et sur le nombre de personnel, et sur leur qualité
professionnelle, et sur les traitements qui iraient avec ces
qualités?
M. CLOUTIER: Concernant les traitements prévus, le chiffre
apparaissant au poste budgétaire 9, article 2, sous-article 1, les
officiers de probation, il y en a 223 entre parenthèses, mais il faut
corriger ce chiffre pour 197. Alors, c'est donc qu'il y a le même
effectif cette année. Le fardeau réel pour un officier de
probation est de 143 cas. Il y en a 70 qui sont en institution et 73 en
probation. Alors, ceux qui sont en institution ne donnent pas de travail aux
of- ficiers de probation. Ce sont ceux qui sont en probation proprement dite
qui donnent une charge de travail à l'officier.
M. GOLDBLOOM: Je suis quand même informé, M. le
Président, que la situation est loin d'être satisfaisante. Je sais
que ce n'est pas le ministre qui est responsable de la nomination des juges,
qu'il manque les juges nécessaires. Mais je lui demande d'exercer la
pression nécessaire auprès de son collègue de la Justice
pour qu'un nombre suffisant de juges soient nommés. Mais il est
responsable du personnel dans d'autres secteurs et je suis informé que,
dans bien des cas où l'enfant n'a pas de dossier, on le renvoie chez lui
dans l'espoir que rien ne lui arrivera par la suite, sans même le pouvoir
faire suivre par un agent de probation, parce qu'il n'y a pas assez de
personnel pour suivre ces enfants-là, et que ce n'est que quand l'enfant
revient pour une deuxième offense qu'on s'occupe vraiment de lui. Je ne
jette pas de blâme sur qui que ce soit, je comprends et je connais
jusqu'à un certain point la nature du problème, mais je
demanderais au ministre de faire un effort tout particulier. Si nous insistons
sur la prévention, en voilà un excellent exemple.
M. CLOUTIER: Pour donner suite aux suggestions de l'Opposition, j'aurai
une rencontre laborieuse et prolongée avec le ministre de la
Justice.
M. GOLDBLOOM: Très bien!
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1; Traitements. Adopté.
Sous-article 2: Frais de voyage. Adopté. Frais de bureau et autres
dépenses. Adopté. Article 3: Centres d'observation, sous-article
1: Traitements. Adopté.
M. HOUDE: Quelle est la moyenne en temps que passe un garçon ou
une fille dans ces centres d'observation?
M. CLOUTIER: A peu près quinze jours. M. HOUDE: A peu près
quinze jours.
M. LAFRANCE: Il s'agit des centres d'accueil. Est-ce que le ministre a
quelques projets pour l'année 68/69?
M. CLOUTIER: Concernant les institutions de transition dont j'ai
parlé tout à l'heure, il y a 14 centres, si ma mémoire est
bonne, dont la mise en chantier est projetée pour l'exercice 67/68.
M. LAFRANCE: Est-ce que le centre de Sherbrooke dont le ministre avait
annoncé l'automne dernier...
M. CLOUTIER: II est sur la liste.
M. LAFRANCE: La mise en chantier, le ministre l'annonce souvent.
M. CLOUTIER: Il est sur la liste. Ce n'est pas toujours le ministre qui
l'annonce. Souvent c'est la corporation.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2: Salaires. Adopté. Sous-article
3: Frais de voyage. Adopté. Sous-article 4: Frais de bureau.
Adopté. Sous-article 5: Pension et nourriture» Adopté.
Sous-article 6: Vêtements, lingerie et buanderie. Adopté.
Sous-article 7: Frais médicaux. Adopté. Sous-article 8:
Matériel de cours, jeux et loisirs.
M. HOUDE: Non, un instant.
M. LE PRESIDENT: Le député est intéressé
directement.
M. HOUDE: J'ai trouvé dans votre rapport,. M. le Ministre, que du
1er avril 1966 au 1er avril 1967 le Centre d'accueil féminin de
Montréal recevait 1,203 filles, le Centre Saint-Vallier, 4,790
garçons, le Centre de Québec 473 garçons et 176 filles, le
Centre de Sherbrooke 210 filles. Ce qui fait un total de 6,852 personnes qui
passent en moyenne 15 jours dans ces quatre centres d'observation. Je vois
là, à l'article: Matériel de cours, jeux et loisirs, un
petit $20,000. Je me demande exactement à quoi on joue, quelles sortes
de cours on reçoit et quelles sortes de loisirs on peut avoir avec
$20,000 pour 6,852 jeunes, garçons et filles de 10 ans à 18
ans?
M. CLOUTIER: II y a, je pense bien,...
M. HOUDE: Par contre, si vous me permettez, M. le Ministre, ce n'est pas
une critique que je fais, mais où je veux en arriver, c'est que je veux
profiter de cette occasion parce que je pense que ce sont des gens qu'on oublie
trop facilement je veux parler du Centre Saint-Vallier et je
voudrais profiter de cette occasion, en tout cas, pour féliciter ceux
qui travaillent à ce Centre Saint-Vallier, et, en particulier, vous le
connaissez tous par la radio maintenant, le sergent Labelle de la
Sûreté de Montréal, qui fait un travail assez
extraordinaire avec un groupe d'étudiants et d'étudian- tes
travaillant bénévolement à peu près tous les
samedis et tous les dimanches à occuper ces jeunes de dix à
dix-huit ans. Je suis convaincu que, s'il y avait un peu plus d'argent de
voté au budget, particulièrement dans ce secteur des cours, des
jeux, et des loisirs, cela aiderait les bénévoles, les
organisateurs, et en premier lieu probablement les jeunes qui sont dans ces
centres de probation.
Alors tout ce que je suggère au ministre, c'est de pouvoir
prendre quelque argent au sous-article 9, « autres dépenses
», et de combler peut-être le sous-article 8 qui m'apparaît
comme étant très faible.
M. CLOUTIER: Il y a tout de même eu une augmentation de 25%. Dans
une année d'austérité disons que c'est un bon
pourcentage.
M. HOUDE: Oui, je comprends. C'est passé de $15,000 à
$20,000.
M. CLOUTIER: Il faut tenir compte aussi de l'aménagement des
locaux. Cela ne permet pas toujours de faire ce qu'on voudrait faire du point
de vue des loisirs, du point de vue de l'aménagement surtout. Il y a
actuellement, au centre Saint-Vallier, un réaménagement des
locaux qui nous permettra de donner beaucoup plus d'expansion et de service du
côté des sports. Il faut tenir compte également que c'est
du matériel de remplacement. Nous avons déjà
accumulé sur place avec les années un certain matériel de
base, et il nous faut assurer un remplacement. Ce n'est pas toujours
remplacé avec du matériel neuf, mais du moment que nous pouvons
mettre à la disposition des enfants qui sont là des
services...
De toute façon, M. le Président, je note l'observation du
député, et ce n'est certainement pas le ministre qui va
s'objecter à l'augmentation des budgets du côté des loisirs
et des sports.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Autres dépenses, adopté.
Centre Berthelet. Traitements.
M. LAFRANCE: Est-ce que le ministre pourrait nous informer de la
nouvelle politique adoptée récemment, soit de confier
l'administration de ces centres à une corporation?
M. CLOUTIER: Oui, c'est exact. La même corporation va administrer
le Centre Berthelet et le Centre Saint-Vallier. La négociation
achève, effectivement, elle va se terminer en juin 1968. Cela
complètera l'organisation de ce côté. C'est maintenant la
nouvelle corporation qui va administrer les deux centres.
M. LAFRANCE: Est-ce que le ministre songe à étendre cette
formule aux autres institutions du genre aussi?
M. CLOUTIER: Dans le secteur de l'enfance, disons que la majorité
des institutions sont administrées par des corporations. Nous avions,
nous, dans notre budget, le Centre Berthelet qui, par le transfert des
employés, est devenu une corporation.
M. LAFRANCE: Et les droits acquis des fonctionnaires sont-ils
protégés?
M. CLOUTIER: Tout ça est protégé. Dans
l'intégration, par la convention collective, nous protégeons les
droits acquis. Alors, ceux qui ne pouvaient pas être
réintégrés dans la corporation ont été
placés par les soins du ministère dans d'autres services comme la
probation. D'autres ministères peuvent aussi occasionnellement en
absorber.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1: Traitements, adopté.
Sous-article 2: Salaires, adopté. Sous-article 3: Frais de voyage,
adopté. Sous-article 4: Frais de bureau, adopté. Sous-article 5:
Pension et nourriture, adopté. Sous-article 6: Vêtements, lingerie
et buanderie, adopté. Sous-article 7: Frais médicaux,
adopté. Sous-article 8: Matériel de cours, jeux et loisirs?
L'honorable député de Fabre.
M. CLOUTIER: Je dois dire au député de Fabre que le
chiffre réel dépensé l'année passée
était de $8,000, donc il y a encore augmentation de 25%.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre peut me dire si c'est la même
chose pour les frais médicaux? Est-ce que le chiffre réel de l'an
dernier...
M. CLOUTIER: Non, le chiffre était de $5,000 l'an dernier.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 9: Autres dépenses, adopté.
Article 5: Pension?
M. LAFRANCE: Quel est le taux duper diem à l'heure actuelle?
M. CLOUTIER: Il varie évidemment, mais la moyenne...
M. LAFRANCE: Est-ce que le ministre pourrait, si ce n'est pas trop long,
je ne suis pas un fanatique des statistiques...
M. LE PRESIDENT: J'ai envie de faire la suggestion au ministre d'engager
le député à son ministère.
M. CLOUTIER: Les taux ont été majorés. Le
député nous parle des taux dans les institutions qui ont
été augmentés parce que les conventions collectives
signées accordent des augmentations de salaires importantes, même
si c'est échelonné sur une certaine période. Egalement,
dans ces institutions, l'augmentation du prix d'une journée, du per
diem, est occasionnée aussi par l'augmentation des coûts,
coût de nourriture et tous les coûts d'administration de
l'institution. Et vous avez également, dans cet article, l'augmentation
des coûts en foyer nourricier. Alors l'augmentation des taux consentis se
réflète, c'est pour cela que vous...
M. LAFRANCE : Quel est le taux en foyer nourricier, actuellement?
M. CLOUTIER: C'est de $50, $60, $70 par mois, pour les trois classes
d'enfants. Alors en ce qui concerne le per diem, le prix d'une journée
pour les enfants normaux placés en institution est de $5.66, et, en
institution spécialisée, on peut dire $10 comme moyenne par
jour.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. SAINT-GERMAIN: Cela ne comprend pas les sommes versées aux
familles...
M. CLOUTIER: Oui, payées aux foyers nourriciers, dans le total de
$37 millions.
M. LE PRESIDENT: Article 5: Pension, adopté?
M. CLOUTIER: Excusez, je voudrais corriger, M. le Président, je
viens de donner une information inexacte. Les taux de pension payés en
foyer nourricier sont au poste budgétaire 9, article 3, dans les
$22,000,000.
M. LAFRANCE: Moins contribution des parents?
M. LE PRESIDENT: Adopté?
Subventions, poste budgétaire 8, article 6, adopté?
Moins imputations, adopté?
Article 7: Aménagement, réparations, entretien d'immeubles
et autres frais, adopté?
Poste budgétaire 9: Services sociaux de l'enfance. Article 1:
Administration; sous-article 1: Traitements?
M. GOLDBLOOM: Une question que j'aimerais poser au chapitre de
l'administration, et ça touche, évidemment, l'administration
générale du ministère. Il y a des parents qui se plaignent
qu'ils sont obligés par le ministère de répondre aux
communications qui leur parviennent des bureaux du ministère sur la
même feuille. Alors ils ne peuvent pas conserver la feuille et ils n'ont
pas de dossier satisfaisant. Je ne sais pas à quel point c'est vrai,
mais je voulais poser la question?
M. CLOUTIER: C'est exact que j'ai déjà vu de ces formules
en ce qui concerne la contribution des parents, je crois. Il y a des signatures
à poser, et la formule est retournée. De toute façon, je
crois que ce que les gens font, ils copient à la main les informations
qu'ils veulent conserver.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais ce n'est pas tout le monde qui le fait. J'ai eu
des difficultés à tracer certains problèmes parce que les
personnes en question me disaient: Nous avons dû répondre sur la
même feuille, et nous ne l'avons plus pour vous donner les renseignements
dont vous aurez besoin pour obtenir de l'aide pour nous.
M. CLOUTIER: De toute façon nos services administratifs notent
l'observation du député et s'il y a lieu de...
M. LAFRANCE: M. le Président, me permettez-vous juste un retour
sur un point qui m'a échappé. Il s'agit du poste
budgétaire 8, article 6: Subventions. La diminution de $2,859,000
à $552,600 seulement. Est-ce que le ministre pourrait nous donner les
raisons?
M. CLOUTIER: Le chiffre réel de l'an dernier n'a pas
été de $2,859,000, il a été de $425,000.
M. LAFRANCE: Il s'agit de subventions. De quelles sortes de
subventions?
M. CLOUTIER: Ce sont les mises de fonds pour l'implantation des
ressources, et on sait qu'on a besoin de fonds moins considérables parce
que la Société d'habitation du Québec prête à
100% des projets.
M. LAFRANCE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Alors, poste budgétaire 9, article 1,
sous-article 1: Traitements, adopté? Sous-article 2: frais de voyage?
Adopté. Service de réadaptation sociale. Traitements.
M. LAFRANCE: Est-ce qu'il y a une autre diminution de personnel, M. le
Président?
M. CLOUTIER: Non, c'est la même chose. Le chiffre entre
parenthèses, au lieu de se lire 223 pour l'an dernier c'est 197.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Frais de voyage. Adopté? Frais de
bureau et autres dépenses. Adopté. Pensions. Adopté. Moins
remboursements. Adopté.
M. GOLDBLOOM: Pourquoi est-ce que les remboursements sont moindres?
M. CLOUTIER: Ce sont les allocations, c'est la retenue à
même les allocations familiales fédérales pour les enfants
placés en foyer nourricier. Il y a une partie de l'allocation familiale
fédérale qui est octroyée dans le taux de journées
en foyer nourricier et qui revient. C'est une entente qui est prise
entre...
M. LAFRANCE: Cela ne répond pas tout à fait à la
question du député.
M. CLOUTIER: La diminution, provient de ce que le chiffre réel de
l'an dernier a été de $654,000 au lieu de $2 millions.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, M. le Président, pour ce qui est
des parents irresponsables, est-ce que le ministère s'occupe de faire
payer les frais de pension ou une partie des frais de pension au père
qui délaisse ses enfants?
M. CLOUTIER: Au poste budgétaire numéro 8, article 5, on
est passé. Contribution des parents, $750,000.
M. SAINT-GERMAIN: Cela a été souscrit par les parents.
M. CLOUTIER: C'est-à-dire que ce sont les prévisions pour
l'année qui vient, les collections.
M. SAINT-GERMAIN: Cela sera souscrit par les parents.
M. CLOUTIER: Oui.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce qu'habituellement c'est souscrit par contrainte
ou si c'est volontaire?
M. CLOUTIER: Les parents s'engagent à rembourser cette
contribution.
M. LE PRESIDENT: Alors, ce soir je crois bien que nous continuerons le
poste 10. Huit heures et quart.
Reprise de la séance à 20 h 17
M. GARDNER (président): A l'ordre! M. le député de
Drummond, nous étions rendus au poste budgétaire 10: Bien-Etre
des personnes âgées et autres adultes.
M. PINARD: M. le Président, le ministre est allé inaugurer
en fin de semaine, je crois que c'est dimanche, à Sainte-Justine,
comté de Dorchester, un foyer d'hébergement pour vieillards, et
c'est là qu'il a annoncé que son ministère se proposait de
construire cette année ou de faire construire une centaine de foyers
d'hébergement pour personnes âgées. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire quels sont les principaux foyers d'hébergement qui
seront construits dans la province cette année et, en vertu de quelles
ententes, ces foyers d'hébergement pourront être construits; s'il
s'agit d'accords intervenus avec la Société centrale
d'hypothèques et de logement, quels sont les normes
d'accréditation et d'approbation quant à ces foyers qui sont
proposés le plus souvent par des corporations incorporées en
vertu de la troisième partie de la Loi des compagnies, sans but
lucratif.
Je pense que le ministre sait d'avance de quoi je veux parler parce
qu'il y a des projets dont je lui ai parlé privément.
M. CLOUTIER: M. le Président, il y a en effet une centaine de
projets, plus précisément, il y en avait 92 ou 97
mentionnés par le ministre des Finances dont à ce
moment-là une quinzaine en construction. On peut dire que, maintenant,
il y en aurait une vingtaine en construction. Les autres, nous voulons les
mettre en chantier durant l'exercice financier 68/69. Evidemment la liste est
imposante quand il s'agit d'une centaine. Est-ce que le député
tient à ce que je donne la liste?
M. PINARD: Enfin, pour la région qui me concerne plus
précisément, surtout mon comté, il y a la construction du
pavillon Georges-Frédéric qui est à vocation triple,
c'est-à-dire qu'il reçoit à la fois des personnes
âgées, des malades chroniques et des cas de soins de garde. Je
pense que, malgré cette imposante construction, les besoins sont encore
très grands si je m'en reporte à un inventaire des besoins qui a
été fait au niveau du comté et au niveau de la
région. Je sais que des projets ont été mis de l'avant,
par exemple, un projet de construction d'un foyer d'hébergement
proposé par les Chevaliers de Colomb de Drummondville, qui serait
peut-être érigé dans le territoire de
Drummondville-Sud.
Je voudrais savoir combien de personnes ce foyer pourrait
héberger et où en sont rendus les pourparlers.
M. CLOUTIER: Le député vient de mentionner que dans sa
région particulièrement, il y a un projet pour Drummondville
piloté par les Chevaliers de Colomb, un projet de 80 lits. Il y a
également à Notre-Dame-du-Bon Conseil un autre projet de 40 lits
qui est sur notre liste mise en chantier pour l'année et l'exercice
68/69.
M. PINARD: Est-ce que les accords financiers sont conclus dans les deux
cas?
M. CLOUTIER: Je peux donner au député les étapes.
Au mois de mai 1968, à Notre-Dame-du-Bon-Conseil, l'étape s'est
rendue à la préparation des plans préliminaires. A
Drummondville, projet des Chevaliers de Colomb, c'était la
préparation de la preuve, c'est-à-dire l'inventaire des besoins.
Il y a aussi, mais pas sur notre liste de cette année, à Wickham
un projet qui s'annonce. Il y a à Drummondville-Sud aussi un projet qui
sera soumis au ministère. Il y aurait pour Drummondville, pour le
comté de Drummond, quatre projets.
M. PINARD: M. y avait deuxprojets de foyers d'hébergement pour
Drummondville-Sud?
M. CLOUTIER: Deux qui sont sûrs, c'est-à-dire qu'il y a un
projet à Drummondville par les Chevaliers de Colomb et un autre à
Drummondville-Sud dont le principal promoteur serait l'abbé Houde.
M. PINARD: C'est un projet différent de celui des Chevaliers de
Colomb.
M. CLOUTIER: Pour les deux premiers que j'ai donnés, la demande
est soumise à la Société d'habitation du Québec,
tandis que dans les deux derniers cas, il n'y a pas de demande de faite
à la Société d'habitation du Québec.
M. PINARD: Dans le cas du foyer d'hébergement à
Drummondville-Sud, ça pourrait donner combien de places?
M. CLOUTIER: C'est l'étude des besoins qui va dire combien de
lits seront nécessaires.
M. PINARD: Maintenant, le ministre se souviendra que le pavillon
Georges-Frédéric a d'abord été conçu pour
être une institution d'hébergement pour les vieillards. En cours
de route, au fur et à mesure que la construction se parachevait, un
inventaire plus précis des be-
soins a révélé qu'il y avait aussi beaucoup de
malades chroniques qui avaient besoin de recevoir des soins et d'être
hospitalisés ailleurs qu'à l'hôpital Sainte-Croix qui est
un hôpital de médecine générale, qui est trop petit
pour recevoir tous les malades qui ont besoin d'y entrer.
Alors, est-ce que c'est l'Intention du ministère de faire du
pavillon Georges Frédéric, dans les années qui viendront,
et dans un avenir plutôt rapproché, une institution qui serait
exclusivement dévouée aux soins qui devront être
donnés aux malades chroniques? De façon à faire sortir de
l'institution les personnes âgées qui seront relogées dans
les foyers dont le ministre vient de parler, et qui font l'objet de pourparlers
pour en arriver à une construction éventuelle?
M. CLOUTIER: A mesure que d'autres ressources pour les personnes
âgées seront mises en place, notamment les deux projets dont il a
été question pour la ville de Drummondville, il nous sera
possible de convertir complètement l'institution, le pavillon
Georges-Frédéric en hôpital ou en institution pour malades
chroniques.
Mais pour cela, pour sortir les patients, les personnes
âgées qui sont là, en hébergement, il nous faut
posséder d'autres ressources. Il nous faut les loger ailleurs. Alors,
l'orientation à donner au pavillon Georges-Frédéric est de
le consacrer exclusivement aux malades chroniques. D'ailleurs une institution
pour malades chroniques, cela répond à un besoin de la
région.
M. PINARD: Maintenant, est-ce que le ministre pourrait nous dire quel
est le per diem exigé en ce moment, au pavillon
Georges-Frédéric, en ce qui concerne l'hébergement? Parce
qu'il y a eu des difficultés...
M. CLOUTIER: C'est l'affaire de la Santé, parce que c'est un
hôpital pour malades chroniques qui a signé un contrat en vertu de
la Loi de l'assurance-hospitalisation.
M. PINARD: C'est qu'à, l'entrée des personnes
âgées à l'institution, on exigeait d'eux $85 par mois. Et
à ce moment-là, cela n'avait pas été clairement
expliqué à ces personnes, qu'éventuellement le
ministère se réservait le droit d'exiger d'eux la
différence entre $85 et $210 par mois. C'est-à-dire qu'il faisait
passer le per diem à $7 par jour, pour 30 jours, cela fait $210.
Effectivement c'est ce qui a été réclamé aux
personnes qui possédaient plus que $1,000 en banque. Alors, on a
exigé de ces personnes-là de dépenser d'une façon
ou d'une autre le surplus des $1,000 qu'ils avaient en banque ou dans d'autres
institutions.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas un cas particulier. La Loi et la
réglementation sont faites comme cela...
M. PINARD: Oui.
M. CLOUTIER: ... et ça fait déjà plusieurs
années que la législation et la réglementation nous
obligent à procéder de cette façon. Mais, une fois que le
capital de la personne est réduit à $1,000, à ce
moment-là la différence est fournie par le ministère, en
vertu de la Loi de l'assistance publique.
Seulement, la législation et le réglementation ne nous
donnent pas la possibilité de procéder autrement.
M. PINARD: II y a des cas où les personnes sont assez bien
nanties financièrement. Ils possèdent des biens pour une valeur
de $20,000 ou $25,000 placés dans une compagnie de fiducie. Ils ne sont
pas capables de dépenser cet argent-là car ils l'avaient mis de
côté pour le transmettre par voie de succession à leurs
descendants.
Alors, je ne vois pas comment le ministère arrivera à
faire baisser la somme de $25,000 pour être capable de faire jouer
pleinement le mécanisme de la loi. Tandis que, dans certains cas,
c'était vrai que la personne ne possédait que $2,500. Alors,
c'est relativement facile de faire descendre la somme de $2,500 à $1,000
pour arriver à faire jouer le mécanisme de la loi. Je ne sais pas
de quelle façon le ministère procède dans...
M. CLOUTIER: De toute façon toutes les dispositions actuelles des
lois, dans le domaine de la sécurité sociale et dans le domaine
de l'assistance publique, et aussi la réglementation sont sujettes
à révision pour la nouvelle loi.
M. LAFRANCE: Elle a été signée avec Ottawa, loi
d'assistance-chômage, je crois?
M. CLOUTIER: Oui, il y a la réglementation dans la
législation actuelle en vertu du régime canadien d'assistance
publique, mais nous ne pouvons pas avoir notre propre réglementation. La
réglementation est conjointe.
M. PINARD: Maintenant, est-ce que le ministre affirme que les
barèmes sont uniformes
partout dans les institutions du même genre dans la province et
que le per diem est de $7?
M. CLOUTIER: Le per diem est établi suivant le budget de
l'institution.
M. PINARD: Oui.
M. CLOUTIER: Je comprends que, dans une institution comme le pavillon
Georges-Frédéric, les coûts de séjour sont
peut-être plus élevés que dans d'autres petits foyers que
nous construisons actuellement. La moyenne de logement dans les foyers actuels
est de $4.65 par jour. Alors, il y a tout de même un écart entre
le pavillon Georges-Frédéric... Cela dépend aussi de
l'élaboration des services. Dans le pavillon
Georges-Frédéric, il faut dire que, pour les malades chroniques,
il y a certains services plus élaborés que dans un foyer
ordinaire où il n'est question que d'hébergement et de logement.
Alors, tous ces services fournis aux personnes âgées ou aux
malades chroniques, bien ils sont comptabilisés dans le budget annuel de
l'institution, et c'est ce qui fait en fin de compte le prix d'une
journée de l'institution.
M. PINARD: Actuellement, on m'a expliqué que les personnes qui
recevaient leur pleine pension de veillesse, par exemple $125, on leur
laissait, quoi, c'est bien $25?
M. CLOUTIER: C'est $22.
M. PINARD: C'est $22. Alors, on leur prend la différence à
l'institution pour combler la dépense qu'il en coûte pour les
garder journellement.
M. CLOUTIER: Bien, en vertu de la Loi d'assistance publique, c'est le
besoin de la personne, en fait c'est l'indigence... Le placement est
basé sur l'indigence de la personne et non pas sur... C
'est-à-dire, son besoin de placement est prioritaire à son
état de fortune.
M. PINARD: Oui, oui.
M. CLOUTIER: ... Alors, le besoin de placement est établi et, si
la personne ne peut pas défrayer elle-même le coût de sa
pension en tenant compte des réglementations dont j'ai parlé il y
a un instant, à ce moment-là c'est le ministère, par une
allocation d'assistance publique, qui paie la différence mais il y a
toujours ces $22 qui restent à la personne pour défrayer ses
menues dépenses.
M. PINARD: Comment expliquer, par exem- ple, que dans la même
institution, dans la partie réservée aux malades chroniques, il
n'y a pas de charges faites aux malades? Est-ce que c'est défrayé
entièrement par le service d'assistance publique?
M. CLOUTIER: Ce n'est pas la même loi.
Il y a la Loi d'assurance-hospitalisation.
M. PINARD: Oui.
M. CLOUTIER: On sait que nos malades, dans les hôpitaux
généraux ou dans les hôpitaux pour malades chroniques, sont
hospitalisés en vertu de la Loi de l'assurance-hospitalisation tandis
que les personnes hébergées en foyer, en institution d'assistance
publique, sont couvertes par la Loi de l'assistance publique.
M. PINARD: Est-ce que ça ne semble pas discriminatoire au
ministre. Par exemple, il y a des personnes qui sont soignées dans la
partie qui est réservée aux malades chroniques, qui sont bien
nanties financièrement, et à qui ça ne coûte
absolument rien pour rester là.
M. CLOUTIER: C'est parce que l'institution dont le député
parle a deux fonctions.
M. PINARD: Oui, oui.
M. CLOUTIER: C'est pour ça, on retrouve deux types de
clientèle dans la même institution. Il y a quelques institutions
qui sont du même genre dans la province, mais règle
générale, les institutions sont spécialisées. Nous
avons des institutions d'hébergement et de logement pour les personnes
âgées, et nous avons d'autres institutions pour les malades
chroniques. Dans le cas mentionné par le député,
évidemment, c'est une institution à double et il peut arriver
aussi que ce soit à triple fonction.
Il peut y avoir des enfants aussi.
M. PINARD: C'est parce qu'au point de vue administratif, ça cause
des soucis, évidemment, au directeur de l'administration de l'institut,
mais ça cause aussi énormément de conflits parmi les
pensionnaires de l'institution qui savent que, dans le cas des malades
chroniques, rien n'est exigé de la personne qui y est soignée,
alors que du côté de l'hébergement on sait qu'il y a une
charge qui est faite à chaque pensionnaire, à même la
pension de vieillesse.
M. CLOUTIER: De toute façon, c'est une situation de transition. A
partir du moment où nous aurons des ressources suffisantes pour
les personnes âgées dans la ville de Drummondville, le
pavillon Georges-Frédéric ne servira que comme institution pour
les malades chroniques et les convalescents. Cette situation dont parle le
député disparaîtra.
M. LAFRANCE: Pendant que le ministre a devant lui la liste des
projets... est-ce qu'il aurait objection à donner la liste des demandes
qui ont été soumises par le comté, par quels groupements
et quelle est la situation des procédures?
M. CLOUTIER: Dans le comté de Richmond?
M. LAFRANCE: Le plus beau comté de la province.
M. PINARD: Tous les députés disent ça, M. le
Président.
M. CLOUTIER: Dans la localité de Richmond il y a un foyer de 60
lits et au mois de mai 1968, on en était à la nomination des
professionnels et au choix de l'emplacement.
M. LAFRANCE: La corporation, s'il vous plaît.
M. CLOUTIER: La corporation, oui, j'ai le nom du président, ici,
M. Delanay.
M. LAFRANCE: Oui, merci.
M. CLOUTIER: II y a également Bromptonville, un projet de foyer
dont le président est M. Albert Nichol. Il comprent 40 lits et on en est
rendu à l'étape de la préparation des plans.
M. LAFRANCE: Est-ce que le terrain a été acquis?
M. CLOUTIER: Non.
M. LAFRANCE: Très bien.
M. CLOUTIER: On me mentionne ici la préparation des plans. Il y a
un autre projet que je n'ai pas ici et qui est aussi en marche. Il y aurait une
demande, je crois, pour Asbestos.
M. LAFRANCE: II n'y a pas de demande pour Windsor?
M. CLOUTIER: Il n'y a pas de demande ici pour Windsor.
M. SAINT-GERMAIN: Pour Jacques-Cartier,
M. le Ministre, est-ce qu'il y aurait quelque chose?
M. CLOUTIER: Pour le comté même de Jacques-Cartier, il n'y
en a pas actuellement sur nos listes.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce qu'il y en a dans Baldwin et les comtés
voisins? Dans Baldwin ou Marguerite-Bourgeois?
M. CLOUTIER: Je vais vous donner ici les endroits dans Montréal
ou Montréal métropolitain.
M. SAINT-GERMAIN: C'est surtout l'ouest.
M. CLOUTIER: II y en a sur la Côte-Saint-Luc, Lachine. Il y a un
projet de 300 lits à
Lachine. On en est seulement à la préparation des
esquisses préliminaires.
M. SAINT-GERMAIN: Quels sont ceux qui sont en charge de...
M. CLOUTIER: Leur président est M. Jean-Guy Chartier.
M. SAINT-GERMAIN: Je sais maintenant qu'il y a eu un
référendum pour l'achat d'un terrain par la municipalité
en vue de ce projet et que les citoyens se sont objectés à cette
transaction. Alors, depuis ce temps, est-ce que, malgré cet
événement, les pourparlers restent en cours?
M. CLOUTIER: Les officiers m'informent qu'il a été
question d'un changement d'emplacement pour le parc Brownsburg.
M. SAINT-GERMAIN: Alors le projet reste à l'étude et reste
à l'ordre du jour.
M. CLOUTIER: Le projet est à l'ordre du jour.
M. SAINT-GERMAIN: Merci.
M. GOLDBLOOM: Est-ce qu'il y a, dans le comté de D'Arcy-McGee, un
projet d'agrandissement d'une institution qui existe déjà?
M. CLOUTIER: Qui existe sous quel nom? M. GOLDBLOOM: L'hôpital
Maimonides. M. CLOUTIER: La Santé. M. GOLDBLOOM: Ce sera à la
Santé?
M. CLOUTIER: Oui.
M. GOLDBLOOM: Très bien.
J'aurais quelques petites questions à poser au ministre.
Normalement, on n'inclut pas les personnes âgées dans les
statistiques des chômeurs. Il y a quand même des personnes
âgées qui voudraient se considérer comme des chômeurs
et qui voudraient trouver de l'emploi, qui trouvent que nos politiques de
retraite obligatoire sont injustes de nos jours. Est-ce qu'il y a des efforts
qui se font au niveau du ministère pour trouver de l'emploi aux
personnes âgées?
M. CLOUTIER: Du côté du ministère, actuellement, il
n'y a pas d'efforts spéciaux qui sont faits de ce
côté-là. Je pense que les services sociaux et les clubs de
l'âge d'or se préoccupent du loisir des personnes
âgées. Mais je ne suis pas en mesure de dire à ce moment si
ces organismes qui se consacrent aux loisirs, qui consacrent leurs
énergies à s'occuper des problèmes des personnes
âgées, si on se préoccupe spécialement du placement
sur le marché du travail des personnes âgées mais je ne le
crois pas.
M. LAFRANCE: Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité, M. le
Président, de tenter d'organiser des projets pilotes où il y
aurait un petit atelier au sein d'un foyer d'hébergement, qui pourrait
occuper des...
M. CLOUTIER: Ce sont évidemment d'excellentes propositions,
d'excellentes suggestions. Je pense que, de ce côté-là, les
clubs de l'âge d'or qui se forment ont précisément pour but
d'organiser la vie et la retraite des personnes âgées, soit du
côté des loisirs, soit du côté des occupations, du
côté des hobbies ou de la continuation de la vie professionnelle.
Alors, je pense que les clubs de l'âge d'or qui naissent de l'initiative
des personnes âgées sont d'excellents moyens, d'excellentes
façons de promouvoir la vie sociale, la vie professionnelle des
personnes âgées. Je pense que, dans les nouveaux projets, du
côté du ministère on attache beaucoup d'importance à
ces possibilités de développement des services aux personnes
âgées, soit du côté des loisirs, soit du
côté des ateliers. Alors nous, nous nous préoccupons de
mettre à la disposition des personnes âgées dans ces
institutions, dans les foyers, des conditions favorables, des
possibilités.
M. GOLDBLOOM: C'est évidemment plus facile du côté
des loisirs que du côté de l'em- ploi. On peut toujours inviter le
député à donner...
M. CLOUTIER: Disons que, du côté de l'emploi, ce n'est pas
toujours facile, c'est moins facile dans la majorité des foyers, surtout
si la population de ces foyers n'est pas homogène. S'il s'agit de
professionnels, je pense qu'à ce moment-là, les professionnels
sont peut-être en mesure plus que d'autres de se réintégrer
d'une façon quelconque sur le marché du travail. Mais s'il s'agit
de gens qui étaient autrefois des travailleurs dans l'industrie, des
travailleurs du sol ou des travailleurs de la forêt, je pense qu'il est
difficile de les réintégrer sur un marché du travail, sur
un marché quelconque.
M. GOLDBLOOM: Je pense bien que je n'ai pas besoin d'insister plus
longtemps là-dessus parce que le ministre est sûrement
sensibilisé à ce problème, mais il s'agit de personnes qui
se sont toujours senties utiles et, tout à coup, ne se sentent plus
utiles.
Ce n'est qu'en travaillant plutôt qu'en s'amu-sant qu'elles vont
se trouver toujours utiles. Alors je soumets à l'attention du
ministre...
M. CLOUTIER: De toute façon, ces possibilités sont l'objet
de l'attention du ministère quand il s'agit de projets de foyers.
M. GOLDBLOOM: Deuxième question, est-ce qu'il y a une
considération spéciale dans le domaine du transport pour les
personnes âgées? Je veux dire précisément, est-ce
qu'il y a une allocation pour des taxis qui est acceptée pour une
personne âgée qui ne serait pas acceptée pour une personne
plus jeune, à cause de notre climat hivernal qui n'est pas facile?
Prenons dans la région métropolitaine, il y a certains
hôpitaux qui sont situés sur des collines et où l'autobus
dépose la personne au pied d'une colline, ce qui présente une
difficulté importante pour une personne âgée qui doit quand
même se rendre à l'hôpital et ça plus
fréquemment qu'une personne plus jeune. Est-ce que c'est le genre
d'allocation qui est acceptée plus particulièrement dans le cas
de la personne âgée?
M. CLOUTIER: La réponse à cette question serait qu'il n'y
a pas directement au budget du ministère des remboursements ni une
partie du budget consacrée à ce transport. Mais il y a les clubs
de l'âge d'or qui se préoccupent de ce problème. Les clubs
de l'âge d'or font une action analogue dans le domaine des foyers,
à celle des associations de dames auxiliaires
ou de dames patronnasses font pour les malades hospitalisés dans
les hôpitaux. De toute façon, dans l'implantation des foyers, on
attache une grande importance à l'emplacement choisi de façon que
ce soit surtout, et partout où c'est possible, à proximité
d'un hôpital. Actuellement il y a plusieurs projets qui nous sont soumis
au ministère et qui vont se réaliser sur des terrains
donnés ou vendus par des corporations hospitalières de sorte
qu'il y aura proximité entre le foyer pour personnes âgées
et l'hôpital. Alors, c'est une façon de résoudre le
problème dont parle le député.
M. GOLDBLOOM: Je situerai le problème à un autre niveau
parce que l'on sait que, parmi les personnes âgées, il y a, je
pense 23% à 24% des personnes âgées qui ont un revenu
annuel inférieur à $1,000. Donc, dans ces cas, le
ministère est obligé d'évaluer les besoins pour juger les
allocations. Si la personne âgée soumet au ministère que,
parmi ses besoins, il y a celui de prendre des taxis parce qu'il n'y a pas
d'autres moyens de se rendre convenablement à l'hôpital ou
à d'autres endroits, est-ce que c'est une demande qui est
acceptée plus facilement dans un tel cas, dans l'évaluation des
besoins?
M. CLOUTIER: II y a les soins à domicile dont on n'a pas
parlé parce que ça relève plus particulièrement du
ministère de la Santé. Il y a une organisation des soins a
domicile dans plusieurs régions du Québec, et le Québec
est à l'avant-garde dans ce domaine de l'organisation des soins à
domicile. Il y a actuellement une trentaine de projets qui fonctionnent. Alors
je pense qu'en vertu de ce programme déjà nous pouvons rendre des
services aux personnes âgées en institution.
Mais il y a aussi des services dans les cas précis
mentionnés par le député où il y a besoin d'une
hospitalisation, il y a possibilité d'avoir un service d'ambulance.
M. GOLDBLOOM: Pas dans les cas de l'hospitalisation mais des visites en
clinique externe.
M. CLOUTIER: II y a toujours dans ces foyers une infirmerie qui prend
soin des malades qui n'ont pas besoin d'hospitalisation. Dans le foyer
où je suis allé en fin de semaine pour assister à
l'inauguration à Sainte-Justine de Dorchester, j'ai constaté
qu'il y avait une infirmerie à la disposition des personnes
âgées. Il y a le médecin, soit le médecin de famille
ou le médecin régional, qui va desservir l'institution et qui
donne...
M. GOLDBLOOM: Je ne veux pas insister plus longuement là-dessus
mais il y a des assistés sociaux qui sont obligés de
fréquenter assez régulièrement des cliniques externes ou
des hôpitaux pour se faire soigner.
M. CLOUTIER: Mais nous n'avons pas constaté qu'il y avait
là un problème aigu, un problème insoluble. De toute
façon, s'il y avait problème, la direction générale
des personnes âgées verra à apporter des solutions.
M. GOLDBLOOM: Ma dernière question dans ce domaine. La Loi de
l'assistance aux personnes âgées donne au ministre l'autorisation
de verser des allocations et de contracter des ententes avec le gouvernement
fédéral. Est-ce que le ministre accepterait de nous dire quelques
mots sur les relations du ministère avec le gouvernement
fédéral en ce moment? Il y a la Loi canadienne de l'assistance,
il y a certains...
M. CLOUTIER: Le grand régime d'entente entre le
fédéral et le provincial c'est le régime canadien
d'assistance publique en vertu duquel le fédéral rembourse au
provincial 50% des coûts des législations qui entrent sous ce
régime canadien d'assistance publique, c'est un régime
transitoire dont le député connaît les modalités, et
ces allocations que nous versons aux personnes âgées en vertu de
l'assistance-vieillesse, soit en vertu de la Loi de l'assistance publique, sont
couvertes par le régime canadien d'assistance publique.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le gouvernement fédéral impose
des limites sur sa participation?
M. CLOUTIER: C'est 50% du coût déterminé par les
besoins de la personne à condition que nous restions à
l'intérieur de la réglementation convenue.
M. LE PRESIDENT: Alors, traitements, adopté. Frais de voyage.
Adopté. Frais de bureau et autres dépenses. Adopté.
Crédits non requis pour 68/69. Pensions. Adopté. Subventions.
M. LAFRANCE: Aux subventions, il semble, M. le Président, que
l'un des obstacles majeurs que la plupart des corporations rencontrent, c'est
la mise de fonds initiale, la souscription. Je crois que les
municipalités sont maintenant autorisées à contribuer
à cette souscription. Est-ce que le ministre pourrait nous donner plus
de détail à ce sujet?
M. CLOUTIER: C'est exact, les municipalités apportent une
contribution importante, même dans certains cas la municipalité
est le promoteur. La municipalité fournit toute la mise de fonds
nécessaire. On sait que la mise de fonds est d'environ 7%. Elle
correspond à l'équipement et à l'ameublement de la
bâtisse. La Société d'habitation du Québec
prête 100% du coût de construction, du coût du terrain et de
l'aménagement du terrain. En ce qui concerne l'immeuble, le prêt
est effectué à 100% par la Société d'habitation du
Québec. En ce qui concerne l'équipement et le mobilier, c'est
payé par une souscription soit par la municipalité, soit par les
individus ou par des organismes sociaux, des groupements sociaux comme les
Chevaliers de Colomb qui perçoivent les fonds suffisants dans la
population.
M. LAFRANCE: Est-ce que dans certains cas où la
municipalité ou la population ne peut pas rencontrer cette exigence, le
ministre prévoit à cet article, au sous-article trois,
subventions, une aide qui pourrait être apportée dans certains cas
exceptionnels?
M. CLOUTIER: Quand nous avons constaté que le milieu a fait tout
l'effort qu'il devait faire, nous n'empêcherons jamais la
réalisation d'un projet à cause du manque de ressources ou du
manque de richesses du milieu.
M. BRISSON: La Société d'habitation du Québec
fournit 100% pour toute la construction.
M. CLOUTIER: Pour le coût de la construction et du terrain.
M. BRISSON: Alors, cela veut dire que les 7% s'appliquent simplement
à l'équipement.
M. CLOUTIER: L'équipement, l'ameublement et le mobilier.
M. BRISSON: Dans le rapport, il est marqué 17%.
M. CLOUTIER: C'est dans le temps où la Société
centrale d'hypothèques et de logement prêtait et elle ne
prêtait qu'à 90% de la valeur du coût de construction et du
terrain.
M. PINARD: Ce plan conjoint est-il en vigueur depuis longtemps entre
Ottawa et Québec?
M. CLOUTIER: Nous opérons maintenant en vertu de la Loi de
l'habitation du Québec. C'est la Société d'habitation du
Québec, depuis sa création, qui met à la disposition du
ministère de la Famille les fonds nécessaires pour la
construction des cent projets de foyers dont j'ai parlé, et des trente
institutions de l'enfance dont j'ai également parlé
antérieurement.
M. PINARD: Ce plan conjoint est en vigueur pour combien d'années?
Est-ce renouvelable chaque année?
M. CLOUTIER: C'est un plan par lequel nous avons annuellement à
notre disposition des sommes d'argent et qui est en marche depuis
février 1968. Pour représenter le ministère de la Famille,
il y a à la Société d'habitation du Québec un
sous-ministre, M. Levasseur, qui fait le lien entre le ministère de la
Famille et la Société d'habitation du Québec.
M. BRISSON: Sur quoi se base le ministère pour déterminer
s'il y a réellement besoin ou non?
M. CLOUTIER: L'étude des besoins est faite dans le milieu. On
fait l'inventaire des besoins, on fait le relevé des noms par le
promoteur du projet.
M. LAFRANCE: Est-ce que le service social n'est pas...?
M. CLOUTIER: Oui, le service social donne aussi et fournit les
renseignements et je pense que les municipalités sont appelées
à fournir tous les renseignements nécessaires et utiles à
l'établissement des besoins.
M. BRISSON: Supposons une ville comme Montréal où il y a
toujours des besoins, est-ce que vous déterminez aussi dans quel secteur
la maison doit être placée?
M. CLOUTIER: II y avait tellement de besoins à combler dans la
ville de Montréal. Je pense que l'étude des besoins que nous
faisons régionalement ne s'applique pas dans la région
métropolitaine de Montréal.
M. BRISSON: Quels sont les critères pour la région de
Montréal, pour le grand Montréal?
M. CLOUTIER: Pour l'instant, je pense que nous pouvons y aller avec des
projets assez importants.
M. BRISSON: Qu'est-ce qui sert à déterminer l'emplacement,
le choix de l'emplacement dans la ville de Montréal ou dans les
environs?
M. CLOUTIER: Dans Montréal, nous avons des projets importants.
Nous avons actuellement en construction la résidence Angélica qui
est un projet de plus de 500 lits et qui est en construction actuellement.
C'est dans Montréal-Nord, dans Ahuntsic, sur le boulevard Gouin. C'est
un projet de 543 lits dont la date d'ouverture probable est au début de
1969.
M. BRISSON: Est-ce que ce sont encore des genres d'appartements ou des
chambres avec des lits? Parce que 500 lits, cela me semble un peu
énorme.
M. CLOUTIER: Il y a 360 lits d'hébergement. 183 lits dans des
logements d'une pièce et demie ou deux pièces et demie où
des couples peuvent habiter.
M. PINARD: C'est un projet qui est évalué à
combien?
M. CLOUTIER: C'est un projet de $4 millions. Il y a également
d'autres projets dans Montréal et on parlait des critères, il y a
un instant. Disons, que les critères valables d'implantation de
ressources à Montréal, c'est aussi à la proximité
des hôpitaux. C'est un critère valable partout sur le territoire
du Québec. J'ai mentionné tout à l'heure que la
proximité des hôpitaux pour malades chroniques ou des
hôpitaux généraux, c'est un très bon endroit pour
implanter des foyers pour personnes âgées, comme aussi la
proximité des autres services ou des autres facilités, la
proximité des églises, la proximité des centres
commerciaux, alors, je crois qu'il y a évidemment une foule de
critères qui peuvent servir à déterminer dans
Montréal les terrains disponibles.
M. BRISSON: Est-ce que le coût du terrain est pris en
considération?
M. CLOUTIER: Le coût du terrain à Montréal est assez
important...
M. BRISSON: Oui, mais je veux dire, est-ce que le coût du terrain
peut empêcher la construction d'un centre d'hébergement, vu que le
terrain est cher à Montréal?
M. CLOUTIER: On établit la valeur et le prêt de la
Société d'habitation compense pour la valeur du terrain. La
valeur du terrain est inscrite dans l'actif de la corporation. Plus le terrain
est dispendieux, évidemment, plus le prêt est élevé.
Seulement, il y a un critère aussi dont on tient compte, c'est le
coût par lit.
Il est bien entendu que si le coût est trop astronomique, c'est
pour cela que les projets de la ville de Montréal, ou d'une ville en
particulier, d'une ville de moyenne importance, sont plus considérables,
parce qu'il nous faut répartir le coût sur un plus grand nombre de
lits, de façon que le coût du terrain, réparti sur le
nombre de lits, nous permette tout de même d'avoir un coût qui
reste dans des proportions acceptables.
M. BRISSON: Que peut être à Montréal, le coût
par lit?
M. CLOUTIER: D'une façon générale, en campagne,
dans une région rurale ou mi-rurale, mi-rubaine, le coût oscille
entre $5,000 et $7,000 par lit. A Montréal, c'est $8,000 du lit.
M. PINARD: Est-ce que le ministre peut me dire si l'accord conclu entre
les deux sociétés d'habitation, la Société centrale
d'hypothèques et de logement, d'une part, et la Société
d'habitation du Québec est valable également pour la construction
des hôpitaux pour malades chroniques?
M. CLOUTIER: Non. Les hôpitaux pour malades chroniques sont
financés soit par des budgets du ministère de la Santé, le
fonds d'immobilisation ou des émissions d'obligations. La
Société d'habitation du Québec ne finance que les
résidences pour personnes âgées, résidences pour
l'enfance, résidences pour les étudiants et tous les autres
projets de logement.
M. PINARD: Est-ce que le ministre pourrait me dire pourquoi ces
projets-là ne sont pas combinés? Parce que je vois mal de quelle
façon établir des critères entre un cas
d'admi-sibilité dans un foyer d'hébergement pour une personne
âgée de 75 ans, qui jusqu'à présent a
été en bonne santé, se meut facilement, est capable de
manger seule et de s'habiller seule. Mais qui nous dit que, dans un mois, deux
mois, cette personne ne sera pas atteinte d'une maladie qui va devenir
chronique? Quel est le critère qui fait qu'on l'envoie dans un foyer
d'hébergement ou que, dans trois mois, cela ne sera pas un cas de
maladie chronique?
M. CLOUTIER: Les patients qui sont en institution pour maladies
chroniques relèvent de la Santé. Tandis que les personnes
âgées qui sont dans des institutions d'hébergement
relèvent du ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Les
premiers, qui relèvent du ministère de la Santé, tombent
sous le coût de la
Loi de l'assurance-hospitalisation. Les autres patients, qui sont dans
les centres, des foyers pour personnes âgées, relèvent du
ministère de la Famille et ne tombent pas sous le coût de la
même législation. C'est le régime canadien d'assistance
publique ou nos lois d'assistance publique.
M. PINAKD: Il me semble qu'il y a eu une différence de
philosophie, si vous voulez, pour ne pas dire des conflits assez profonds,
entre les fonctionnaires du ministère de la Famille et du Bien-Etre
d'une part, et ceux du ministère de la Santé. Je me souviens
qu'il y en a qui voulaient tout simplement affirmer qu'à partir d'un
certain âge, il fallait considérer automatiquement la personne
âgée comme faisant partie de la catégorie des malades
chroniques, parce que, dans l'éventualité d'un mois, trois mois,
ou d'un an, cela devenait effectivement un malade chronique. Alors, pourquoi ne
pas y aller tout de suite?
Est-ce que c'est cette philosophie-là qui,
présentement...
M. CLOUTIER: Dans le cas des conflits, si conflits il y a, la solution
sera facilitée parce que les deux ministères seront dans le
même immeuble.
M. PINARD: Oui, parce que c'est maintenant fusionné. Bien, moi,
j'en parle en toute amitié avec le ministre, parce que, cette situation,
disons, je l'ai vécue peut-être plus que d'autres à
l'occasion de l'ouverture et de la mise en fonction du pavillon
Frédéric.
M. CLOUTIER: Il reste encore une zone grise qui fait actuellement
l'objet de discussions et qui fera encore l'objet de pourparlers. Disons, que
cette zone grise, c'est la section d'hébergement, de soins de garde et
des hôpitaux pour malades chroniques, où la différence est
parfois tellement minime entre la condition des patients
institutionnalisés à un endroit ou à un autre.
M. LAFRANCE: Pour simplifier le problème, si on reconnaissait que
la vieillesse est une maladie chronique, peut-être que ça
règlerait un peu...
M. PINARD: A partir d'un certain âge, évidemment.
M. CLOUTIER: C'est exact. M. LE PRESIDENT: Accepté?
Sous-article 4: Aménagement, réparations, entretien
d'immeubles et autres frais.
M. LAFRANCE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Imputations, adopté?
Poste budgétaire 12: Commission des allocations sociales du
Québec.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je m'excuse, mais vous avez
sauté le poste budgétaire 11, qui ne paraît pas dans le
détail, les subventions...
M. LAFRANCE: C'est $284,500.
M. GOLDBLOOM: Quelles subventions?
M. LAFRANCE: Ce n'est pas donné en détail.
M. LE PRESIDENT: Qu'est-ce qui arrive donc?
M. CLOUTIER: Alors, ce sont des subventions qui sont versées
à des associations, des groupements, des mouvements. Je vais vous donner
rapidement une liste. Il y a eu des subventions versées au comité
d'organisation du congrès international de la famille, des subventions
au Conseil canadien du bien-être, au Conseil supérieur de la
Société Saint-Vincent-de-Paul, au Centre d'action familiale de
Sherbrooke, au Centre de consultations conjugales de Québec, au Conseil
de l'enfance exceptionnelle de Montréal, à la John Howard
Society, à l'Association canadienne-française pour les aveugles,
à l'Institut national canadien pour les aveugles, à l'Association
de la croix de Lorraine et ainsi de suite...
M. LAFRANCE: Quel fut le montant attribué au Congrès
international de la famille?
M. CLOUTIER: Pour le comité d'organisation du Congrès
international de la famille, nous avions une somme ici je crois que
c'est un solde pour la prochaine année de $2,000 en tout
c'était $15,000.
M. LAFRANCE: Ah, bon!
M. BRISSON: Comment expliquez-vous la différence de $116,000?
C'était $400,000 l'an passé et cette année $284,000?
M. GOLDBLOOM: Je crois que c'est Montréal pour l'an dernier.
M. CLOUTIER: II y a des subventions qui étalent payées aux
agences l'an dernier, sur ce poste budgétaire de subventions, et qui
sont comprises dans les budgets des agences cette année. Je pense que,
dans l'ensemble, le budget est équivalent à celui de l'an
dernier.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre compte dépenser toute cette
somme?
M. CLOUTIER: Ce n'est pas difficile, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Alors, le poste budgétaire 11,
adopté?
Le poste budgétaire 12: Commission des allocations sociales du
Québec.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre pourrait me dire un mot sur
l'avenir qu'il réserve à la Commission des allocations sociales?
Je note ici, dans le rapport de la Commission Boucher 1963, une recommandation
que je cite: « Il faudrait restructurer tous les services d'assistance
financière du ministère en faisant disparaître le
cloisonnement qui existe actuellement entre la Commission des allocations
sociales et le Service d'assistance sociale ainsi que la duplication qui en
découle. Tout le service dorénavant responsable de l'assistance
financière devrait relever intégralement du sous-ministre.
»
Est-ce que de tels problèmes existent toujours? Quel est le
rôle précis que le ministre prévoit pour la Commission des
allocations sociales à l'avenir?
M. CLOUTIER: La recommandation du rapport Boucher mentionnait ce
cloisonnement entre la commission et le ministère. Je dois dire au
bénéfice des officiers du ministère et de ceux de la
commission également, qu'il y a actuellement une très bonne
collaboration entre la commission et les officiers du ministère de la
Famille et du Bien-Etre social.
Quant au sort qui est réservé à la Commission des
allocations sociales, je crois que la loi d'aide sociale
révélera, à ce moment-là, le statut exact de la
commission, mais sans rentrer, ce soir, dans les détails de la
législation à venir, disons qu'il est souhaitable que le
rôle de la commission soit modifié et qu'il y ait une orientation
différente.
M. LAFRANCE: Je crois qu'elle est appelée à jouer un
rôle très important, la commission, cependant, le ministre sait,
je n'ai pas besoin d'insister.
M. BRISSON: Il est question à Montréal, d'après ce
que j'ai oui dire, que la Commission des allocations sociales serait
transférée au bien-être social de Montréal. Est-ce
que c'est simplement une rumeur que toutes les allocations sociales que le
gouvernement donne seraient transférées au service du
bien-être social à Montréal et serait administré par
le service de Montréal?
M. CLOUTIER: La reprise en charge du service du bien-être. Dans
l'opération de régionalisation, de décentralisation des
bureaux, la reprise en charge du service de bien-être de la ville de
Montréal, par le ministère de la Famille, est prévue comme
la reprise en charge par le ministère de la Famille de l'administration
de la Loi d'assistance-chômage qui est faite actuellement par d'autres
services municipaux et par des agences de service social diocésain.
M. BRISSON: Puis aussi les allocations aux mères
nécessiteuses, allocations aux aveugles... Est-ce que ça
reviendrait au Bien-Etre social?
M. CLOUTIER: Bien, notre projet de loi d'aide sociale fond dans une
seule législation toutes les allocations et toutes les
législations actuelles. Alors, il y a unification sous une seule loi
prévue par la nouvelle loi d'aide sociale.
M. BRISSON: Est-ce que ce serait administré par le
ministère ou par la ville?
M. CLOUTIER: Par le ministère de la Famille, par nos bureaux
régionaux.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que cette décentralisation comprendra
également la décentralisation du niveau de la
décision?
M. CLOUTIER: Pour une décentralisation efficace, il faut qu'il y
ait également décentralisation des centres de
décision.
M. GOLDBLOOM: Avec des caisses décentralisées aussi pour
dépannage?
M. CLOUTIER: On a dé jà cette décentralisation. On
a déjà des bureaux payeurs qui font l'émission des
chèques, mais je crois que ce qui est encore plus important c'est la
décentralisation des décisions, de façon que
l'administration du régime soit beaucoup plus rapide et beaucoup plus
efficace.
M. LE PRESIDENT: Traitements. Adopté. Frais de voyage,
adopté. Frais de bureau et au-
très dépenses, adopté également. Conseil
supérieur de la famille, article 13. Traitements, adopté?
M. LAFRANCE: Ici, j'ai une question à poser au ministre. Il y a
des recommandations qui m'ont été faites par plusieurs organismes
familiaux pour réformer le conseil supérieur. Est-ce que le
ministre a pris une décision à ce sujet-la?
M. CLOUTIER: II n'y a pas de décision de prise actuellement. Il
ya des mémoires, entre autres un mémoire qui nous a
été produit récemment par l'Union des familles dont la
présidente est Mme Langlois. Dans ce mémoire, l'Union des
familles invitait les autres groupements familiaux à se pencher sur ce
problème, à faire connaître leur réaction et leurs
commentaires sur ce travail qu'ils ont préparé. De toute
façon, j'ai reçu moi-même ce mémoire en
présence de mes officiers. Nous avons discuté assez longuement du
contenu du mémoire, et j'ai demandé au Conseil supérieur
de la famille sur lequel siège également Mme Langlois,
laprési-dente de ce mouvement, j'ai demandé au Conseil
supérieur de la famille de donner, lui aussi, ses commentaires sur cette
restructuration possible du Conseil supérieur de la famille.
M. LAFRANCE: Est-ce que le conseil se réunit
régulièrement? Est-ce qu'il présente des rapports, des
mémoires au ministre?
M. CLOUTIER: II présente des avis au ministre sur des sujets que
lui mentionne le ministre ou sur tout autre sujet que le conseil juge à
propos d'aborder.
M. LAFRANCE: Est-ce qu'il y ades recherches ou des études qui
leur ont été confiées dont le ministre pourrait
peut-être nous parler?
M. CLOUTIER: Dans le rapport annuel du ministère, comme dans tous
les rapports annuels qui ont précédé, nous avons les
membres du Conseil supérieur de la famille, nous avons également
la composition du conseil, les réunions du conseil, et à ce
propos, à la fin de la page 96, on donne les avis du conseil, entre
autres un avis général en faveur des familles
québécoises, recommandations en marge de l'appellation du
ministre et avis et commentaires du conseil en marge des lois d'assistance
sociale du Québec. On m'a remis plus récemment un mémoire
sur la planification familiale et on a remis également au ministre un
mémoire sur la natalité.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que les trois membres du conseil dont le mandat
expirait en 1967 ont été remplacés?
M. CLOUTIER: Oui, ils ont été remplacés par M.
Léo Cormier de la Société de service social aux familles
et directeur de la filiale Petite-Bourgogne à Montréal. Il y a
Mme John Howllet qui est membre du conseil d'administration du Montreal Council
of Social Agencies. Il y a Mme Gertrude Langlois, présidente de l'Union
des familles de Montréal. Il y a M. Jean-Guy Quirion, directeur des
services à l'élémentaire et à l'enfance
exceptionnelle à la régionale des Mille-Iles.
M. LE PRESIDENT: Alors, traitements, accepté. Allocations de
présence et de déplacements, accepté. Frais de bureaux et
autres dépenses, accepté.
Voilà qui termine l'étude des crédits.
Communications...
M. PINARD: Je ne voudrais pas être désagréable pour
le ministre. A la suite de la déclaration qui a été faite
par le ministre de la Justice cet après-midi concernant une nouvelle
parue en première page du Soleil d'aujourd'hui sur l'incendie de
chèques d'assistés sociaux, est-ce que cela cacherait un
scandale? Est-ce que le ministre pourrait me dire s'il y a eu d'abord une
enquête au niveau administratif faite par son ministère qui aurait
pu conduire éventuellement à une enquête à
caractère judiciaire et qui aurait pu être la base de cette
nouvelle parue dans le journal d'aujourd'hui, nouvelle confirmée par le
ministre de la Justice en réponse à une question en Chambre cet
après-midi?
M. CLOUTIER: Ce sont en fait des renseignements fournis par le
ministère de la Famille au ministère de la Justice qui ont
suscité et nécessité cette enquête. C'est nous qui
l'avons demandée au ministère de la Justice. Nous avions
suffisamment d'indices pour nous permettre de demander une enquête
beaucoup plus poussée, et c'est ce qui se fait actuellement.
M. PINARD: Est-ce que cette enquête a débuté depuis
longtemps au niveau du ministère d'abord et ensuite de ça...
M. CLOUTIER: Elle a débuté au début de
l'année 1968.
M. PINARD: Oui. Est-ce que c'est une enquête de l'envergure
décrite dans cette nouvel-
le parue dans le journal d'aujourd'hui?
M. CLOUTIER: C'est une enquête très importante.
M. PINARD: Est-ce que ça pourrait rejoindre la déclaration
du premier ministre à l'effet qu'il y avait environ 18,000
assistés sociaux qui devaient être considérés comme
des parasites vivant au crochet de l'Etat?
M. CLOUTIER: Non, ça ne rejointpas directement cette
déclaration.
M. PINARD: Est-ce qu'il peut y en avoir qui font partie de cette
catégorie de récipiendaires d'allocations sociales visés
par la déclaration du premier ministre?
M. CLOUTIER: Je ne veux pas présumer des conclusions de
l'enquête en cours. Quand les résultats en seront rendus publics,
nous serons en mesure d'apprécier quels ont été
véritablement les abus, s'il y a eu abus, et quelle était la
clientèle bien particulière responsable de ces abus.
M. PINARD: Est-ce que le ministre peut me dire si les personnes qui
étaient récipiendaires d'allocations sociales l'étaient en
vertu du fonctionnement des agences de service social ou si c'étaient
des personnes qui recevaient directement leurs allocations du ministère
même?
M. CLOUTIER: Je ne peux pas donner ces précisions que le
député demande actuellement, étant donné que je
pense qu'on est dans un domaine extrêmement délicat. Je ne
voudrais pas nuire à la marche de l'enquête, mais c'est une
enquête très sérieuse menée par le ministère
de la Justice à la demande du ministère de la Famille. Sans
présumer, je ne peux pas dire actuellement quelles seront les
conclusions de cette enquête ni quelle sera l'ampleur des constatations
faites par les officiers du ministère de la Justice.
M. PINARD: Est-ce que cette enquête est de même nature que
celle qui avait été commandée à l'époque
alors que l'honorable René Lévesque était titulaire du
ministère, et continuée par la suite à votre
arrivée au ministère, et qui a conduit...
M. CLOUTIER: II s'en fait généralement des enquêtes.
Disons que nous voulons avoir aussi un contrôle sur les sommes qui sont
versées; mais cette enquête qui se fait actuellement par le
ministère de la Justice, est bien identifiée à des faits
que nous avons retracés ou des indices que nous avons, et je crois que
c'est notre devoir, à ce moment-ci, d'aller au fond de la question.
M. PINARD; Maintenant, dans l'enquête à laquelle j'ai fait
allusion, la preuve a révélé qu'effectivement il y avait
eu des récipiendaires qui étaient des personnes qui avaient
été inscrites sous de faux noms. Dans d'autres cas, il y avait
une ristourne qui avait été payée à même le
chèque de l'allocation, en vertu d'un petit système assez
scandaleux. Alors, est-ce que ce serait de même nature que celle que le
ministre connaît, et enfin pour préserver les noms de certaines
personnes à caractère de...
M. CLOUTIER: Etant donné que l'enquête se poursuit sub
judice, je ne peux pas dire à ce moment-ci, je ne peux pas
révéler la nature des abus. Si abus il y a eus,
évidemment, c'est ce que révèlera l'enquête en
cours.
M. PINARD: Le ministre affirme que c'est une enquête...
M. CLOUTIER: Très sérieuse.
M. PINARD: ... de grande envergure.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous avons adopté le poste
budgétaire 13 mais je crois que nous avons oublié le poste
budgétaire 14, également à la page 81.
M. SAINT-GERMAIN: Excusez-moi, M. le Président, mais pour
continuer dans le même sens ou du moins sur le même sujet, est-ce
que vous continuez tout de même une enquête administrative
parallèle à l'enquête judiciaire ou si vous laissez
exclusivement au ministère de la Justice la responsabilité de
cette enquête?
M. CLOUTIER: Disons que dans la constatation des faits, rendu à
un certain stage, une fois que les constatations administratives sont faites,
il appartient au ministère de la Justice de procéder.
M. SAINT-GERMAIN: Au point de vue de l'administration, est-ce que vous
en êtes venu à la conclusion que certains employés
étaient inaptes à remplir leurs fonctions ou est-ce qu'il y a eu
des suspensions qui ont suivi votre enquête administrative, avant de
passer à l'enquête de la Justice?
M. CLOUTIER: Disons qu'actuellement parce que nous ne connaissons pas
les résultats de l'enquête, nous ne sommes pas en mesure d'exercer
des sanctions, quelles qu'elles soient, ou de prendre des mesures
disciplinaires quelles qu'elles soient, ou de porter un jugement de valeur sur
tout l'ensemble du problème.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, même au point de vue administratif vous
n'avez pas pu, par le résultat de votre enquête...
M. CLOUTIER: Rien ne nous justifiait, dans le moment, de prendre des
sanctions.
M. PINARD: Est-ce que la nouvelle parue aujourd'hui est fondée,
cette nouvelle à l'effet que des pièces justificatives ont
été brûlées dans l'incendie qui a affecté le
centre de mécanographie le 25 avril dernier?
M. CLOUTIER: Le ministère de la Justice poursuit actuellement
l'enquête là-dessus aussi.
M. PINARD: Est-ce qu'il est à la connaissance du ministre que des
pièces justificatives concernant l'envoi ou l'émission de
chèques d'allocations sociales ont été
brûlées ou disparues?
M. CLOUTIER: II y a des chèques qui ont été
brûlés dans cet incendie, et nous avons demandé au
ministère de la Justice d'enquêter, de voir s'il y avait une
relation entre cet incendie et l'autre enquête en cours.
M. PINARD: Est-ce que c'étaient des chèques à
être envoyés ou des chèques qui avaient été
encaissés et endossés?
M. CLOUTIER: Encaissés et revenus au centre de la
mécanographie.
M. PINARD: Comment se fait-il que les chèques soient
retournés au centre de la mécanographie? J'ai toujours
pensé que les chèques encaissés et endossés par le
bénéficiaire étaient retournés au ministère
des Finances?
M. CLOUTIER: II y a une certaine vérification qui se fait
à la mécanographie.
M. PINARD: Pour fin de contrôle?
M. CLOUTIER: Pour fin de contrôle et fin de vérification de
caisse ou d'encaisse, ou réconciliation du contrôle.
M. LAFRANCE: Alors, je crois que l'enquête étant en cours,
on pourra en connaître les résultats. Je ne crois pas que ce soit
approprié de discuter de ce problème durant l'étude des
crédits du ministère.
M. SAINT-GERMAIN: J'aurais tout de même une question au point de
vue administratif surtout. Ces employés qui, par leur conduite, vous ont
amené à demander une enquête du ministère de la
Justice, ces employés conservent-ils actuellement les mêmes
fonctions et les mêmes...
M. CLOUTIER: M. le Président, je ne voudrais pas que les
députés, à ce moment-ci, laissent l'impression que nous
pouvons présumer que des employés sont déjà
responsables de malversations dans l'exercice de leurs fonctions.
Nous avions des indices qui nous permettaient de croire que nous devions
pousser un peu plus loin la recherche des renseignements sur certaines
situations. C'est ce que nous avons fait. Nous avons porté à
l'attention du ministère de la Justice ces indices que nous avions et,
à la suite de l'enquête du ministère de la Justice, nous
saurons quels étaient véritablement les abus si abus il y a
eu.
M. LE PRESIDENT: Alors revenons au poste budgétaire 14.
Adopté. Dépenses diverses et imprévues.
M. LAFRANCE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Poste 15: Dépenses en immobilisations. Achat,
construction et transformation d'immeubles, y compris ameublement et
équipement. Adopté.
UNE VOIX: A quelle page?
M. LE PRESIDENT: A la page 82.
M. VAILLANCOURT: J'aurais une question à poser à ce
poste-là. Est-ce que le ministre pourrait nous dire où en est
rendue la construction du foyer pour les enfants arriérés
à Saint-Ferdinand-d'Halifax et à quelle date approximativement ce
foyer va-t-il ouvrir?
M. CLOUTIER: Cela relève du ministère de la Famille, c'est
dans les garderies qui... vous avez dit Saint-Ferdinand-d'Halifax, alors je
crois que ce projet-là... C'est l'agrandissement de l'institution de
Saint-Ferdinand-d'Halifax?
M. VAILLANCOURT: C'est l'agrandissement de l'institution de
Saint-Ferdinand-d'Halifax pour les jeunes jusqu'à douze ou treize ans,
pour les petits garçons.
M. CLOUTIER: Est-ce que vous parlez de l'agrandissement de
l'hôpital actuel de l'hôpital psychiatrique? Si c'est
l'agrandissement de l'hôpital actuel, c'est le ministère de la
Santé.
M. LE PRESIDENT: Le député de D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: J'ai une dernière question pour le ministre, elle
est d'ordre général. Est-ce que le ministre prévoit que le
protecteur du citoyen aura un grand rôle à jouer à
l'égard de son ministère? Est-ce que les mécanismes de
contestations demeureront à l'intérieur du ministère?
Est-ce qu'il y a actuellement un tribunal d'appel à l'intérieur
du ministère?
M. CLOUTIER: Notre loi d'aide sociale prévoit des
mécanismes que pourront utiliser les assistés sociaux ou les
postulants à une allocation s'ils ne sont pas satisfaits de la
décision rendue par le ministre et ses fonctionnaires.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre prévoit que ces
mécanismes demeureront à l'intérieur du ministère
plutôt que d'être transportés dans le
ministère...
M. CLOUTIER: Notre loi prévoit des mécanismes à
l'intérieur du ministère.
M. LE PRESIDENT: Voilà qui termine l'étude des
crédits. Merci M. le Ministre, merci également, messieurs les
députés.
M. LAFRANCE: Un simple commentaire, M. le Président, je voudrais
souligner l'attitude de deux membres de ce comité que l'on devrait
peut-être citer en exemple à d'autres collègues de
l'Assemblée législative: le président qui s'est fait
remarquer par sa grande discrétion et le ministre par son grand esprit
d'objectivité. Alors je tiens à le souligner parce que je ne
crois pas que ce soit dans tous les crédits que l'on assiste à
une attitude aussi compréhensive.
M. CLOUTIER: Alors merci, M. le Président, une remarque comme
celle-là, venant de l'ex-titulaire évidemment ne peut pas me
laisser indifférent. Je voudrais, moi aussi, souligner la collaboration
d'abord du président, qui a fait ça avec tact et diplomatie, et
la collaboration de l'Opposition qui a, je crois, fait un excellent travail.
Personnellement, je voudrais aussi, avant de terminer, mentionner la
collaboration des officiers, des fonctionnaires de mon ministère qui,
pendant deux jours, m'ont fourni des renseignements que je n'ai peut-être
pas toujours transmis intégralement, mais dont j'ai fait mon profit.
M. LE PRESIDENT: Alors, merci.
(21 h 25)