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(Douze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare ouverte la commission de la culture. Je vous
rappelle le mandat de la commission ce matin, qui est de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 122, Loi
modifiant la Loi sur le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration; nous procéderons également par la suite à
l'étude du projet de loi 124, Loi modifiant la Loi sur le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un
remplacement. M. Boulerice (Sainte-MarieSaint-Jacques) est
remplacé par M. Bélanger (Anjou).
Projet de loi 122
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le secrétaire.
Mme la ministre, pour des remarques préliminaires.
Remarques préliminaires Mme Monique
Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, merci, M. le Président. Comme il
s'agit du projet de loi pour modifier la Loi sur le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration, c'est un projet de loi sur
lequel, je pense bien, mes collègues et moi, on devrait s'entendre. J'ai
entendu la réplique de mon collègue en Chambre. Je pense que non
seulement il était d'accord, mais il aurait souhaité
peut-être que j'aille un peu plus loin.
Mais je pense que ce qui est important, c'est que les modifications
qu'on apporte sont des modifications quand même majeures, et j'offre ma
collaboration. Dans un premier temps, il est question qu'on abandonne, qu'on
annule les deux postes de vice-présidents, en gros, et puis qu'on
modifie un peu le mandat du Conseil des communautés culturelles,
étant donné qu'il avait le volet immigration et qu'on veut le
remplacer plutôt par l'intégration, parce qu'on pense qu'avec les
nombreux nouveaux arrivants c'est important qu'on mette plus d'emphase sur
l'intégration.
Donc, si vous le permettez, M. le Président, avec les membres de
l'Opposition, on pourrait commencer immédiatement l'étude article
par article du projet de loi. (12 h 40)
M. Bourdon: M. le Président...
Le Président (M. LeSage): Oui, M. le député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: ...je voudrais faire quelques remarques
préliminaires pour dire qu'en principe l'Opposition officielle est
évidemment d'accord pour modifier la composition et le mandat du Conseil
des communautés culturelles. Notre appui n'est cependant pas acquis en
troisième lecture parce que nous pensons que l'occasion est belle
d'examiner le travail du Conseil des communautés culturelles et de
tenter de savoir du Conseil quelles intentions il entretient pour l'avenir,
parce que c'est un organisme, comme bien d'autres, qui a un peu perdu sa raison
d'être depuis huit ans, puisqu'on n'entend pas le Conseil souvent et,
quand on l'entend, ce n'est pas toujours très pertinent.
Alors, d'une certaine manière, le projet de loi qui est devant
nous limite un peu les dégâts. Ça enlève un peu des
coûts au Conseil des communautés culturelles, mais on ne pense pas
que ça redéfinisse vraiment son rôle ailleurs que dans la
loi. Et, dans ce sens-là, nous allons demander aujourd'hui d'entendre le
Conseil des communautés culturelles parce qu'on veut savoir de lui
qu'est-ce qu'il a l'intention de faire avec sa nouvelle composition et son
nouveau mandat. Depuis des années, à part des périodes
préélectorales fédérales, par exemple, où il
est nécessaire de rallier tous les amis dans un cocktail, on n'entend
pas, on entend peu le Conseil des communautés culturelles. Et, à
cet égard, on se demande, nous, si c'est suffisant de lui faire subir
une sorte de cure d'amaigrissement sans savoir ce que le nouveau Conseil va
faire avec son mandat.
Bien sûr, d'entrée de jeu, on est absolument d'accord que
le mandat en matière d'immigration sera celui d'intégrer,
d'intégrer dans la société d'accueil, mais qu'est-ce au
juste que ça représente? Si on se fie au dernier document que le
Conseil a publié, en pleine période électorale, avec deux
candidates libérales pour présenter au nom du Conseil un
document, c'est à se demander qu'est-ce que le Conseil entend. Le
document, dans le «technojargon» de la technostructure galopante,
nous parlait que, quand des nouveaux arrivants ont des valeurs
différentes des nôtres, nous n'avons donc pas les mêmes
valeurs et qu'il faut un peu discuter de nos valeurs communes pour tenter de
les harmoniser. Lise Bissonnette, du Devoir, avait raison de dire qu'une
fois qu'on a écrit ça on n'a rien écrit. On le sait bien
que la société d'accueil doit faire un effort pour
intégrer et que les nouveaux arrivants doivent faire un effort pour
s'intégrer.
Le problème, c'est que le Conseil n'est plus un
creuset, c'est une espèce de sous-Sénat canadien où
les gens se promènent pour aller faire de la figuration dans des
cocktails. À cet égard, nous avons l'intention de scruter le
projet de loi ligne par ligne pour essayer de rendre le Conseil utile et
essayer qu'il retrouve une pertinence.
Chacun se rappelle que c'est un gouvernement du Parti
québécois qui avait institué le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration sous la gouverne du
député de Mercier, Gérald Godin. On se rappelle que la
première présidente, Mme Westmoreland, avait donné au
Conseil une personnalité et une place dans l'opinion publique. On
entendait le Conseil et on savait que le Conseil poursuivait des fins bien,
bien immédiates. Et le signe que Mme Westmoreland faisait un travail
pertinent, c'est que, d'abord, son mandat n'a pas été
renouvelé par le nouveau gouvernement; ça donnait une idée
que, pour le nouveau régime, les conseils étaient d'abord des
parures et des organisations un peu factices, ayant pour but de faire croire
qu'un ministère ou le bureau du premier ministre était vraiment
conseillé et avisé. On a vu après que tout ce qui s'est
passé comme brassage à Montréal n'a pas fait l'objet
d'interventions publiques du Conseil des communautés culturelles.
L'exemple récent, c'est les amendements à la
législation linguistique qui touchent, au premier chef, les 500 000
Québécois d'origine immigrante qui vivent sur l'île de
Montréal. On n'a point entendu pour la peine le Conseil
là-dessus. Pourtant, les membres des Communautés culturelles
étaient les premières personnes concernées.
Je reviens au document dont Lise Bissonnette a fait une brillante
critique, M. le Président. C'est un document qui est fait pour faire
politiquement l'équivalent de l'émission de Radio-Québec
«Parler pour parler». À cet égard-là, nous, on
trouve que c'est loin d'être suffisant de parler pour parler. Puis, avant
de voter une continuation de mandat au Conseil des communautés
culturelles, nous, on souhaite l'entendre pour savoir s'il va retrouver sa
pertinence.
À cet égard, avant de procéder, M. le
Président, à l'étude article par article, je voudrais
introduire une proposition pour entendre justement le Conseil des
communautés culturelles et, si on me le permet, j'en ferais tout de
suite la lecture.
Le Président (M. LeSage): Oui. Avant de procéder au
dépôt de cette motion, j'aimerais demander aux membres de la
commission s'il y a d'autres remarques préliminaires? Mme la
ministre.
Mme Monique Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président. Bon, à la
décharge du Conseil, je comprends que peut-être les avis n'ont pas
satisfait le député de Pointe-aux-Trembles, mais je dois dire
quand même que le Conseil a produit au cours des années des avis
assez importants comme, par exemple, sur le logement; encore sur
l'alphabétisation, sur les jeunes. Et, aussi, le mandat du Conseil est
déjà décrit dans la loi constitutive, qu'on ne modifie pas
pour le moment, et la ministre doit toujours aussi... peut demander, bon, tout
avis qu'elle souhaite.
En modifiant le mandat du Conseil à l'effet qu'on exclue
maintenant le volet immigration pour que le Conseil s'attarde davantage au
volet intégration, la ministre va pouvoir aussi demander des avis en
fonction de ça. On pense aussi qu'il est important de conserver le
Conseil tant et aussi longtemps qu'on ne sera pas sûrs que les
communautés culturelles... qu'il n'y a personne d'autre,
c'est-à-dire, qui pourra prendre la relève.
Comme, par exemple, on garde le Conseil du statut de la femme, le
Conseil de la famille, d'autres conseils, on pense qu'il est toujours important
de conserver le Conseil des communautés culturelles. Cependant, vous
vous souviendrez qu'il y avait trois personnes à temps plein. Donc, on
pense qu'une seule personne à temps plein avec du personnel de soutien
et des recher-chistes pour pouvoir donner les avis à la ministre qui
pourront lui être demandés, normalement, ça serait
suffisant. Mais, pour aujourd'hui, M. le Président, on doit s'attarder
au projet de loi 122 qui modifie tout simplement la structure,
c'est-à-dire les vice-présidents, qui abolit les postes de
vice-présidents et aussi le volet immigration.
Donc, écoutez, M. le Président, je ne vois pas la
pertinence d'entendre le Conseil à ce moment-ci. Je pense qu'on aura
l'occasion de les questionner, par exemple, que ce soit à d'autres
commissions parlementaires, que ce soit, par exemple, au niveau de la
défense des crédits ou encore... Il y aura aussi la consultation
sur l'immigration qui se fera, par exemple, au printemps. Alors, à ce
moment-là, je pense que mon collègue, le député de
Pointe-aux-Trembles, aura tout le loisir possible pour questionner le Conseil
à ce moment-là. Moi, je souhaiterais que l'on commence
l'étude article par article le plus rapidement possible, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Merci, M. le Président. D'abord, entendre le
Conseil lors de la consultation sur l'immigration au printemps, je pense que
ça cesserait d'être pertinent si la loi est adoptée telle
quelle. On lui enlève le volet de l'immigration. Alors que, pendant des
années, le Conseil ne s'est pas fait entendre sur ce qui le regardait,
je ne vois pas pourquoi on l'entendrait sur ce qui ne le regarde pas, à
part la partie intégration qui est toujours prévue.
Alors, M. le Président, je fais la proposition suivante...
Le Président (M. LeSage): Si vous voulez attendre juste un
instant, M. le député de Pointe-aux-Trembles, Mme la ministre a
demandé la parole.
M. Bourdon: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Ce que je voudrais ajouter, M. le
Président, c'est que le Conseil n'aura plus le volet immigration, sauf
que, lors des consultations, le Conseil pourra se faire entendre parce que
l'intégration est intimement reliée à l'immigration.
C'est-à-dire que le gouvernement ne peut pas décider des niveaux
d'immigration sans savoir si nous avons les moyens de l'intégration.
Donc, par ce fait, le Conseil aura aussi à donner des avis sur la
consultation des niveaux, entre autres. (12 h 50)
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
Motion proposant d'entendre le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration
M. Bourdon: M. le Président, ma proposition est la
suivante: «II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure la commission permanente de la culture
tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet
de loi 122, Loi modifiant la Loi sur le Conseil des communautés
culturelles et de l'immigration, des consultations particulières quant
à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin la
commission entende le Conseil des communautés culturelles.»
Le Président (M. LeSage): Alors, je déclare cette
motion recevable. Vous voulez commenter, M. le député de
Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: Oui, M. le Président. Vu l'heure, je
suggère, au choix de la commission, que je commence le 30 minutes, je
crois, qui m'est imparti ou qu'on suspende et que je le fasse cet
après-midi. C'est au choix de la commission.
Le Président (M. LeSage): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, on va continuer, on
va poursuivre. Je suis en désaccord avec la motion et je ne sais pas
si...
Le Président (M. LeSage): Très bien. Alors...
Mme Gagnon-Tremblay: Je sais qu'il y a du temps imparti. Je ne
sais pas si on peut passer au vote ou si on doit entendre...
Le Président (M. LeSage): Non.
M. Bourdon: Non. M. le Président, j'ai l'intention de
tenter de convaincre la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, c'est sûr que...
Le Président (M. LeSage): Alors, M. le
député de Pointe-aux-Trembles, vous avez 30 minutes.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: Comme l'écrivait quelqu'un: II n'est pas
nécessaire d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour
persévérer. Je crois cependant que le projet de loi qui est
devant nous, M. le Président, modifie de façon importante la
fonction du Conseil des communautés culturelles et il
m'apparaîtrait normal d'entendre le principal intéressé, le
Conseil.
C'est sûr qu'on peut l'entendre de façon accessoire lors du
débat important sur le niveau d'immigration dont le Québec veut
convenir. Mais, là, c'est sur la mission du Conseil que nous avons des
doutes. Nous nous interrogeons sur la pertinence du travail du Conseil. Le
gouvernement s'interroge lui aussi puisque, aux fins de récupérer
quelques centaines de milliers de dollars, il abolit deux fonctions de
vice-présidents du Conseil. À cet égard, j'aimerais savoir
du Conseil, et je pense que les membres de la commission auraient
intérêt à apprendre de la part du Conseil qu'est-ce qu'il a
l'intention de faire pour justifier son existence.
On parle, M. le Président, d'un conseil de 15 membres. Ce sont
des sommes appréciables, un peu moins de 1 000 000 $, qui sont
dépensées pour et au nom du public. Et c'est devenu un
sénat, le sénat des communautés culturelles, où les
amis des amis du bureau du premier ministre se font nommer. Et je ne dis pas
qu'il n'y a pas là des personnes de qualité, il y en a, mais le
Conseil n'a véritablement pas la confiance du gouvernement pour se faire
entendre et donner des avis. La preuve, c'est qu'on lui soustrait même le
mandat de l'immigration pour ne retenir que l'intégration, certes
essentielle, des nouveaux arrivants à la société
d'accueil, mais l'immigration comme telle, c'est une responsabilité du
ministère et c'est révélateur que la ministre et le
ministère ne veulent plus entendre le Conseil sur l'immigration comme
telle, mais simplement sur les questions d'intégration qui sont
posées par l'immigration dans n'importe quelle
société.
M. le Président, comme parlementaires, on nous dit: Nous allons
réduire les dégâts et les dépenses. Nous nous
interrogeons tous ensemble sur la raison d'être réelle du Conseil,
pas en tant que tel, mais avec son fonctionnement actuel. Je pense qu'il n'est
pas suffisant de nous dire qu'il y aura deux vice-présidents de moins et
de ne pas entendre le Conseil sur qu'est-ce qu'il va faire, qu'est-ce qu'il
entend continuer avec les effectifs et les budgets réduits que l'on
entend lui consacrer.
M. le Président, c'est quand même révélateur
que sur la langue d'affichage, question importante pour les
Québécoises et Québécois d'origine immigrante, on
n'a pas, de fait, entendu le Conseil, sauf une fois, timidement, en commission
parlementaire. C'est sûr que, si on l'avait entendu, on aurait couru le
risque que le Conseil nous ramène le «free choice», qui est
encore le
dada de certaines communautés culturelles, qui ont bien le droit
de penser que, en matière d'affichage, ça devrait continuer
à être comme à la belle époque «anything
goes», mais on ne l'a pas entendu cette fois-là.
On ne l'a pas entendu non plus sur quelque chose d'encore plus
essentiel, qui allait au coeur, justement, de la capacité, de la
volonté d'accueil de la société d'accueil, qui
était la question de la langue d'enseignement. On sait bien que le
Conseil aurait pu se faire entendre sur l'application de la loi 101 pour savoir
si elle garde, comme nous le pensons de l'Opposition officielle et comme la
ministre le pense aussi, toute sa raison d'être. Rien!
On n'a jamais lu, de la part du Conseil, un vrai bilan de l'application
de la loi 101 aux nouveaux arrivants. Bien sûr que le ministre
responsable de la langue française avait raison de dire que certains
indicateurs linguistiques à Montréal ont tourné pour le
mieux. Tout le monde se réjouit que maintenant la majorité des
étudiantes et étudiants d'origine immigrante, de ce qu'on appelle
dans le jargon du ministère de l'Éducation et je n'aime
pas le terme, M. le Président, sans doute vous non plus la
cohorte des étudiants de la loi 101 parce que, moi, je suis
peut-être un homme démodé, mais «cohorte», je
vois un film avec Gengis Khan et je vois des chevaux dévaler, mais en
tout cas! le groupe d'âge des jeunes qui, à l'époque
de la loi 101, entraient en première année et suivantes, à
58 %, ils ont choisi volontairement le cégep francophone après
leur secondaire. C'est un résultat qui est appréciable. Lors de
l'adoption de la Charte de la langue française, on en était
à peu près à 10 %. Mais c'a posé à
Montréal des difficultés d'intégration justement
considérables.
J'en parle en connaissance de cause, ma fille a fait partie de la
génération de Québécoises et de
Québécois chargés d'intégrer les autres. Elle l'a
fait dans une école primaire du CEPGM, où il y avait de nombreux
Québécois et Québécoises d'origine immigrante et,
ensuite, à l'école FACE qui, au surplus, est une école
où un tiers des classes sont anglophones et les deux tiers francophones.
Et c'a réussi, globalement, mais c'a posé et ça pose
encore de nombreuses difficultés parce qu'on a dit à une
génération: Voilà de nouveaux arrivants que notre
indifférence et parfois même l'hostilité de certains
éléments plus intégristes de notre société
poussaient vers l'école anglophone ou, en tout cas, vers la commission
scolaire protestante de Montréal, dont la majorité de la
clientèle est anglophone.
Il n'y a pas eu de bilan de la part du Conseil des communautés
culturelles sur le pari qu'on avait à relever, sur le défi que
ça représentait et sur les résultats que cela a
donnés, résultats globalement bons, mais avec des questions qui
restent posées. Est-ce que les écoles en question devraient
prévoir une certaine limitation des inscriptions afin de mieux
intégrer? C'a posé des problèmes, notamment à
l'école Saint-Luc, qui, desservant un milieu à 40 % d'origine
immigrante, s'est retrouvée dotée d'une clientèle scolaire
à 80 % immigrante parce que, volontairement, les gens s'y inscrivaient,
d'autant que la CECM avait eu la très mauvaise idée d'y concen-
trer un grand nombre de classes d'accueil. Bref, il y a là un
débat important et j'aimerais ça aussi qu'on entende le conseil
sur la réforme des structures scolaires sur l'île de
Montréal.
M. Messier: M. le Président, compte tenu de l'heure,
est-ce qu'il est possible d'ajourner nos débats jusqu'à 15
heures, s'il vous plaît?
Le Président (M. LeSage): Oui, oui. Effectivement, M. le
député de Pointe-aux-Trembles, il est 13 heures.
M. Messier: Non, M. le député de
Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. LeSage): Est-ce qu'il y a eu une
recommandation ou une demande à l'effet que l'on pourrait
peut-être raccourcir l'heure du dîner?
M. Bourdon: M. le Président, on a besoin de tout notre
temps pour préparer les autres motions et vraiment entendre tous ceux
que la question intéresse. Alors, nous ne voulons pas bâcler
l'étude et l'adoption du projet de loi 122.
Le Président (M. LeSage): Alors, compte tenu du fait que
ça prend l'unanimité et compte tenu du fait qu'il est 13 heures,
je suspends les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 5)
Le Présidait (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la culture reprend ses travaux.
Je vous rappelle que, lors de la suspension, nous en étions
à écouter le député de Pointe-aux-Trembles sur une
motion qu'il a présentée. M. le député de
Pointe-aux-Trembles, je vous rappelle qu'il reste à votre intervention
20 minutes et je vous laisse la parole.
M. Bourdon: Oui, de la pièce maîtresse, d'entendre
le Conseil qui est visé par le projet de loi qui est devant nous, le
Conseil des communautés culturelles, qui devrait, je pense, venir dire
aux parlementaires qu'est-ce qu'il va faire avec cette loi qui l'ampute de deux
vice-présidences et qui remplace son mandat en matière
d'immigration par un mandat restreint important, essentiel, mais
restreint de ne voir qu'à l'intégration des nouveaux
arrivants.
M. le Président, je pense que la réforme est majeure,
qu'elle est fondamentale et qu'il serait important que le Conseil des
communautés culturelles vienne, dans le fond, répondre à
la chanson de Bécaud: «Et maintenant, que vais-je faire de tout ce
temps, que sera ma vie?» Alors, que va-t-il faire avec sa structure
atrophiée et son mandat rétréci, le Conseil? Est-ce qu'il
va
continuer de ne rien faire? Parce que, en pratique, le Conseil ne fait
rien et n'avise pas le gouvernement ni le Parlement sur ce qui devrait
être fait, notamment en matière d'intégration.
Juste avant l'ajournement, M. le Président, je parlais
brièvement des structures scolaires de l'île de Montréal
qui n'ont aucun bon sens. Nous avons une structure scolaire qui est
tantôt protestante, tantôt catholique et, pour bien faire ou pour
mal faire, selon ce qu'on prend, qui tantôt est protestante francophone,
protestante anglophone, catholique anglophone, catholique francophone. Alors,
ça nous donne quatre structures scolaires. Un beau fouillis; on peut
même dire un fouillis lamentable.
À cet égard, M. le Président, dans le débat
sur le référendum de Charlottetown, j'avais l'occasion d'exprimer
à la radio du groupe ethnoculturel grec de Montréal à quel
point c'était quelque chose d'infiniment désolant, dans le fond,
que l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, qui a été
soupesé, considéré, vous le savez, à bien des
reprises, qu'on n'ait même pas trouvé le moyen, en 30 ans, de
remplacer, dans l'Acte de l'Amérique du Nord britannique,
«catholique» par «francophone» et
«protestant» par «anglophone», parce que tous nos
problèmes de structures scolaires sur l'île de Montréal
viennent de ce que la Constitution du pays prévoit deux
réalités qui n'existent plus, qu'il y aurait à
Montréal des catholiques et des protestants, alors qu'en
réalité la ville de Montréal, l'île de
Montréal, la région de Montréal, la région de
l'Outaouais, aussi, dans une bonne mesure, sont des régions
multiethniques, multicul-turelles, où on retrouve des gens de toutes
origines.
Et là, au surplus, le ministre de l'Education a introduit une loi
qui s'appelle la loi 105, qui voulait simplifier les structures scolaires.
Ça n'a pas passé, ça a été contesté
jusqu'en Cour suprême, laquelle vient de décider, oh horreur!
qu'on peut avoir une structure catholique anglophone, catholique francophone,
protestante anglophone, protestante francophone et qu'on pourra avoir en plus
une structure neutre. Quatre ce n'est pas assez, on va en mettre cinq!
Ça signifie, sur l'île de Montréal, M. le
Président, qu'à un moment donné des enfants qui sont
anglophones mais catholiques sont transportés plus loin en autobus vers
une école protestante anglophone, parce qu'on ne peut pas mettre
catholiques et protestants dans les mêmes classes. On n'est quand
même pas à Londonderry, ni même à Belfast, et c'est
quelque chose d'illogique, d'insoutenable. Il y aurait eu là
matière pour un colloque pour le Conseil des communautés
culturelles. (15 h 10)
La Communauté hellénique de Montréal l'a
vécue assez tragiquement, cette folie-là, lors des
dernières élections scolaires. Dans le comté même du
ministre délégué aux Affaires autochtones, près du
COFI, du super COFI de la polyvalente que le ministère a introduite au
coeur du quartier de Parc-Extension, nos compatriotes québécois
d'origine grecque s'étaient organisés pour participer à
l'élection scolaire. Us ont été tous biffés de la
liste parce qu'ils ne sont ni catholiques ni protestants. Là,
c'était la Commission des écoles catholiques qui tenait le vote.
Alors, ça a été quelque chose qui les a frustrés
à bon droit: ils peuvent envoyer les enfants à l'école,
mais ils ne peuvent pas voter parce qu'ils ne sont pas catholiques.
Ça, est-ce que le Conseil a entrepris des études
là-dessus? Comment faire l'intégration des nouveaux arrivants si
on a une structure scolaire qui est 125 années en retard sur les
réalités pluralistes, au plan religieux, que vivent les nouveaux
arrivants? Il y en a bien peu qui sont à proprement parler et
strictement catholiques ou protestants, mais la structure scolaire est
confessionnelle. Ça, il y aurait de la matière pour le Conseil.
J'aimerais que la présidente nous explique où en sont les
études du Conseil sur cette réalité-là, sur ces
difficultés-là. Puis, les parlementaires pourraient utilement, je
pense, l'entendre à cet égard, avant de savoir comment continuer.
Puis, en fait, la présidente peut-elle continuer sans la
vice-présidente, qui est maintenant députée du Parti
libéral du Canada, là? Elle doit éprouver un sentiment de
perte d'avoir perdu l'autre candidate gagnante; parce qu'elles étaient
toutes deux candidates, mais il y en a une qui a gagné, puis l'autre qui
a perdu.
D'ailleurs, le prochain document que je vais déposer, c'est pour
entendre le Congrès national des Italo-Canadiens, qui a pour
président une personne qui connaît les structures scolaires de
l'île de Montréal, puisqu'il est directeur du secteur anglophone
à la Commission scolaire Jérôme-Le Royer. Il pourrait nous
dire, dans le cas de Jérôme-Le Royer, qu'est-ce que la
restructuration scolaire de l'île de Montréal va faire.
Mais le Conseil, là, il ne peut s'en tirer avec une sorte de
réprimande et une idée que, quant à ne rien faire, c'est
aussi bien que ça coûte moins cher. Il faudrait que le Conseil
nous expose ses objectifs, ses plans, son échéancier, sa
façon de fonctionner à l'avenir. Et ça, eh bien, la
ministre a été très peu diserte sur ce que le Conseil des
communautés culturelles entend faire.
Puis, en termes d'amendements, M. le Président, je peux
déjà en annoncer pour rendre le Conseil des communautés
culturelles plus diversifié dans sa composition. Comment faire de
l'interculturalisme sans la société d'accueil? Alors, ça,
c'est une question que nous allons devoir discuter et dont nous allons devoir
disposer après qu'on aura essayé de convaincre la ministre
d'entendre les intéressés, en commençant par le Conseil
lui-même, qui devrait venir nous dire comment il voit son rôle,
comment il veut redéfinir son rôle.
Et ça me permet de dire, M. le Président, qu'il y a aussi
quelque chose d'un peu ambigu dans l'idée, non pas de spécifier,
de préciser dans la loi que le Conseil des communautés
culturelles s'occupe d'intégration des nouveaux arrivants, mais de dire
qu'il cesse de s'occuper d'immigration, hors la facette importante de
l'intégration des nouveaux arrivants. Après tout, il s'agit du
Conseil des communautés culturelles et de l'immigration qui conseille la
ministre et le ministère, qui n'est pas que le ministère des
Communautés culturelles, qui est
aussi le ministère de l'Immigration, et, à cet
égard, c'est une restriction importante du mandat du Conseil des
communautés culturelles. Je pense qu'il y aurait lieu d'entendre ce que
le Conseil en pense. Quand on s'occupe d'intégration des immigrants,
bien, c'est qu'on s'occupe d'immigration et donner son avis, comme le Conseil,
nous dit-on, serait appelé, au printemps, à le faire, sur le
niveau d'immigration, sans donner autre chose qu'un avis sur
l'intégration...
Bien sûr qu'en matière d'intégration des nouveaux
arrivants le nombre d'immigrants qui vont être reçus au
Québec est un facteur important à l'égard de la
capacité d'intégration de la société d'accueil,
mais il y a d'autres facteurs en immigration qui sont économiques, qui
sont sociaux et dont le Conseil ne pourra pas traiter, si je comprends bien. Il
va juste regarder dorénavant l'intégration des nouveaux
arrivants.
Et quelle sorte d'intégration? L'intégration
économique? Oh! Là, ça va devenir quelque chose d'un peu
plus problématique. Or, la capacité de s'intégrer par
l'emploi est quelque chose de tout à fait fondamental en matière
d'immigration. Ça ne touche pas juste notre sainte langue, ça ne
touche pas juste notre sainte sécurité culturelle, M. le
Président, ça veut dire que dans aucun pays du monde on n'a
trouvé d'élément plus intégrateur que l'emploi pour
les nouveaux arrivants. Alors, y a-t-il assez d'emplois? Comment cela se
place-t-il?
Si je comprends bien, le nouveau Conseil des communautés
culturelles ne s'occupera de l'immigration que sous l'angle restreint de
l'intégration à la société d'accueil. Moi, je pense
que l'immigration c'est plus vaste que ça. Le Bureau de révision
en immigration, il doit bien y avoir des plaintes qui parviennent aux membres
du Conseil des fois. Il m'en parvient, moi, dans mon bureau de comté de
la pointe est de l'île de Montréal. Ceux qui siègent au
Conseil doivent en entendre parler que le Bureau de révision en
immigration, en moyenne, siège une trentaine de jours sur chaque demande
qui lui est faite. Ça ne le rend pas très accessible. Et, vous
connaissez l'adage, M. le Président: «Justice delayed is justice
denied». Je ne peux pas croire que les communautés culturelles,
les communautés de Québécois et de
Québécoises d'origine immigrante n'entendent jamais de plaintes
en immigration, ou ils en entendent mais ils n'osent pas les
répéter.
M. le Président, dans le fond, la question qui nous est
posée, comme parlementaires, c'est: Est-ce que le Conseil est là?
Dans le fond, la question c'est: Le Conseil ne répond plus. Il ne
répond plus aux attentes du milieu; il ne répond pas aux attentes
de la ministre, j'ai le sentiment. En tout cas, il ne répond absolument
pas aux attentes de l'Opposition.
Sur la langue d'affichage et d'enseignement, on aurait
préféré, nous, un honnête désaccord avec le
Conseil qu'un silence complice. Et, à la fin, on ne savait pas complice
de quel ministre, complice de quel tournant linguistique que ce
gouvernement-là s'apprêtait à faire. On n'entend pas le
Conseil et, comme on n'entend pas le Conseil, on n'entend pas les
communautés culturelles.
Une question qui se pose, M. le Président, c'est que les
communautés culturelles ne sont pas que des clientèles. Les
groupes ethnoculturels représentent des citoyens à part
entière qui participent au Conseil des communautés culturelles
pour se faire entendre. À cet égard, un autre amendement que nous
allons déposer va viser qu'il y ait, au Conseil des communautés
culturelles, des personnes d'origine canadienne-française et
canadienne-anglaise. Parce que voilà un Conseil, M. le Président,
qui a pour but d'intégrer et qui ne comporte dans ses rangs aucune
personne représentant la société d'accueil qui doit
intégrer.
Si je comprends bien, ceux et celles qui siègent au Conseil des
communautés culturelles ont une composition pour s'intégrer
elles-mêmes à la société d'accueil, mais personne ne
représente la société d'accueil au Conseil. Ce sont des
questions qui ont été soulevées souvent. Et, nous, on
entend bien proposer par amendement que le Conseil se mette à mieux
représenter toute la société québécoise.
Et, là-dessus, M. le Président, je demanderais
peut-être à mon collègue d'Anjou... (15 h 20)
Le Président (M. LeSage): Très bien. M. le
député d'Anjou, je vous cède la parole.
Une voix: ...n'est pas au courant du dossier.
M. Bélanger: J'ai été sensibilisé
pendant la période du midi.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou, vous avez la parole.
M. Pierre Bélanger
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Vous
comprendrez que je ne reprendrai pas tous les arguments de mon collègue,
le député de Pointe-aux-Trembles, relativement à ce
dossier qui me tient à coeur, vous savez, comme élu de
Montréal. Vous savez, le comté d'Anjou, en particulier, comporte
environ 15 % de Québécois d'origine ethnoculturelle. Donc, je
suis évidemment très sensibilisé, je pourrais dire,
à toute la situation et à tous les problèmes aussi, aux
problèmes d'intégration, parce qu'on parle d'intégration,
et je pense que c'est tout à fait important, cette problématique,
dans la région de Montréal.
Je regarde, dans mon comté, le Maillon des Haïtiens.
D'ailleurs, sa tâche première est de faire l'intégration de
la communauté haïtienne dans le comté d'Anjou. Il fait un
travail extraordinaire et a besoin d'aide et de support, évidemment,
pour pouvoir accomplir son travail.
Tout ça pour vous dire, M. le Président, que le Conseil
des communautés culturelles qu'on veut amender par le projet de loi
actuellement, je n'en ai pas beaucoup entendu parler. Quand j'ai regardé
ce projet de loi, je me demandais justement exactement qu'est-ce que
ça fait, quel est son mandat exactement, quelles sont ses
réalisations. Je partage tout à fait la demande, la requête
formulée dans la proposition, c'est-à-dire de l'entendre, parce
qu'on est quand même en train de modifier d'une façon assez
particulière la composition du comité. Je pense que ça
aurait été intéressant de savoir des membres de cette
commission, pour vraiment prendre une position éclairée
relativement à la modification de leur composition, savoir exactement ce
qu'ils souhaitent d'une telle modification.
Est-ce qu'ils voudraient qu'on leur donne peut-être des moyens
supplémentaires, des outils supplémentaires afin qu'ils puissent
faire leur travail? Je pense que c'est difficile, à ce moment-là,
pour nous, parlementaires, de prendre d'une façon éclairée
de tels choix, de telles décisions qui vont affecter leurs
opérations sans qu'eux-mêmes nous fassent part peut-être de
leurs expériences. Si ces membres sont déjà membres depuis
plusieurs années, à ce moment-là, leur expérience,
leur vécu comme membres du Conseil, je pense que ce serait tout à
fait pertinent et intéressant pour les membres de cette commission de
pouvoir en tirer des conclusions et pouvoir, à ce moment-là,
échanger avec ces membres.
Aussi, les attentes du ministre. Je pense que ça aurait
été intéressant; par les échanges, on aurait pu
savoir exactement quelles sont les attentes du ministre relativement à
ce Conseil des communautés culturelles. Je comprends qu'on affiche
toujours une satisfaction, officiellement, du travail fait par de tels
conseils, mais je pense qu'il est important aussi de faire certaines critiques
constructives et de regarder d'une façon attentive de quelle
façon on pourrait, des fois, soit améliorer le travail,
améliorer l'approche et faire en sorte, finalement, qu'on ait une
structure tout à fait adéquate. M. le Président, dans ce
sens-là, je pense qu'il serait important qu'on les entende.
Maintenant, je regarde au niveau des répercussions des
amendements qui sont apportés à la loi. À l'article 1, on
va éliminer les postes de vice-présidents. Moi, j'aurais voulu
savoir exactement que faisaient, jusqu'à date, ces
vice-présidents. Je pense que ça aurait été
intéressant de savoir, de la part des membres du Conseil des
communautés culturelles, quelles étaient les fonctions des
vice-présidents. Et maintenant qu'il n'y aura plus de
vice-présidents, comment sentent-ils qu'ils vont devoir s'adapter suite
à ce changement de composition?
Donc, M. le Président, tout ça pour vous dire que je pense
que ce serait vraiment important qu'on entende le Conseil des
communautés culturelles devant cette commission. Nous aurions, je pense,
des échanges tout à fait constructifs, et c'est dans ce
sens-là que je vais appuyer la proposition de mon collègue de
Pointe-aux-Trembles.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député d'Anjou. Est-ce qu'il y a d'autres parlementaires qui
veulent s'exprimer sur cette motion?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Mme la ministre.
Mme Monique Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais m'en tenir tout simplement au projet
de loi qui est devant nous, je n'essaierai pas d'élaborer sur d'autres
sujets, peut-être pour rectifier certains propos. Par exemple, concernant
les membres du Conseil. Bien sûr, le Conseil est composé de 15
membres. Il n'y a que la présidente qui, dorénavant, sera
à temps plein; on élimine les deux postes de
vice-présidents. C'est quand même presque 70 000 $ par poste. Moi,
je pense que, dans un cas de bonne gestion, je ne comprends pas pourquoi
l'Opposition s'objecterait à ça, surtout dans le contexte
difficile dans lequel on vit. Mais, de toute façon, je voulais rectifier
la question des membres.
Concernant l'immigration, le volet immigration, je dois dire que le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration a
modifié considérablement sa vocation. Depuis quelques
années, il s'est donné une direction des politiques et
programmes. Il y a beaucoup de mandats qui sont consacrés maintenant...
c'est-à-dire qui ont été remis au ministère des
Communautés culturelles et, pour éviter certains
dédoublements ou des avis qui, finalement, iraient un peu dans le
même sens que le Conseil, je pense que le volet immigration, comme je le
disais, est moins important actuellement. Compte tenu que c'est un petit
conseil et que le volet intégration est absolument essentiel, surtout
sur l'île de Montréal, c'est important de s'attarder davantage
à tout le volet de l'intégration, compte tenu de la mission
immigration que le ministère fait actuellement.
Quant à la composition des membres, M. le Président, je
dois vous dire que, depuis que je suis là, on tend justement à
avoir une représentation des Québécois d'origine, parce
que je pense que c'est important d'avoir un certain équilibre. Je ne
dirais pas qu'on est rendu à la moitié actuellement, mais de plus
en plus on tend vers ça. Depuis quelques années maintenant, on a
un certain équilibre. Entre autres, on avait jusqu'à maintenant
il est encore là, je pense Jean-Guy Dubuc, qui est
l'ancien éditeur de La Presse, qui était directeur de
La Tribune, à Sherbrooke, et qui représentait la
région de FEstrie justement. Il y a quand même des personnes qui
sont très qualifiées qui siègent sur ce conseil
d'administration. Comme je le disais tout à l'heure, on ne peut pas dire
que le Conseil s'est croisé les doigts et n'a rien fait. On pourrait,
par exemple, déposer à un moment donné la liste, la longue
liste de tous les avis qu'a donnés le Conseil au cours des
dernières années.
Ceci étant dit, M. le Président, je n'ai rien d'autre
à ajouter sur le projet de loi. Je vais voter, bien sûr, contre la
motion et je souhaiterais toujours que l'on puisse commencer le plus rapidement
possible l'étude du premier article, au moins, du projet de loi.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la ministre. D'autres
intervenants?
Mise aux voix
Est-ce que ta motion est acceptée?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. LeSage): Rejetée? M. le
député d'Anjou... M. le député de
Pointe-aux-Trembles, je m'excuse.
M. Bourdon: Je vote pour la motion, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Ah! vous demandez le vote
nominal?
M. Bourdon: Ah oui!
Le Président (M. LeSage): Alors, M. le secrétaire,
si vous voulez bien appeler le vote, s'il vous plaît.
Le Secrétaire: Oui. M. le Président. M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles)?
M. Bourdon: Pour.
Le Secrétaire: Mme Gagnon-Tremblay
(Saint-François)?
Mme Gagnon-Tremblay: Contre.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Contre.
Le Secrétaire: Mme Loiselle (Saint-Henri)?
Mme Loiselle: Contre.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Contre.
Le Secrétaire: M. Lesage (Hull)?
Le Président (M. LeSage): Abstention.
Le Secrétaire: pour: 1 contre: 4
Abstentions: 1
Le Président (M. LeSage): Alors, la motion est
rejetée. M. le député de Pointe-aux-Trembles.
Motion proposant d'entendre te Congrès national
des Italo-Canadiens
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais introduire une
motion qui se lit comme suit: «II est proposé qu'en vertu de
l'article 244 de nos règles de procédure la commission de la
culture tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du
projet de loi 122, Loi modifiant la Loi sur le Conseil des communautés
culturelles et de l'immigration, des consultations particulières quant
à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle
entende le Congrès national des Italo-Canadiens.» (15 h 30)
Le Président (M. LeSage): Alors, cette motion est
recevable.
M. le député de Pointe-aux-Trembles, vous avez un temps de
parole de 30 minutes.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais que l'on entende
une des composantes les plus essentielles de l'interculturalisme
québécois, le congrès italo-canadien, sur ce qu'il attend
du Conseil des communautés culturelles. Je ne pense pas, M. le
Président, qu'on puisse indéfiniment dire: Le Conseil ne
représente en fait à peu près personne.
Quand les choses deviennent sérieuses et que, par exemple, il y a
un référendum sur l'accord de Charlottetown, on voit une
coalition se former et c'est légitime du congrès
italo-canadien, du Congrès hellénique canadien et du
Congrès juif canadien, lesquels sont les trois plus grosses composantes
des communautés culturelles québécoises en termes
d'effectifs. Sans être précis, on peut dire que la
communauté italophone de la région de Montréal,
principalement, représente un bon 150 000, 175 000 personnes, que la
communauté grecque en représente tout près de 80 000 et
que le Congrès juif représente, à Montréal, qu'ils
soient séfarades ou ashkénazes, tout près de 80 000
personnes aussi. Si on prend les trois, les 150 000 plus les 160 000, on arrive
à trois organisations puissantes qui représentent au-delà
de 300 000 personnes dans la région de Montréal. Alors, comment
décider de continuer en disant: Le congrès italo-canadien, non,
on n'a pas besoin de les entendre, ça ne les regarde pas, le Conseil des
communautés culturelles? Ils ont quelqu'un qui y siège, la
présidente est issue de cette communauté-là, mais on ne
les consultera pas, c'est bénin.
On va faire des réformes qui vont avoir un impact majeur sur le
Conseil sans entendre les communautés importantes numériquement,
importantes en influence, qui ont des personnes qui siègent, pas
officiellement en leur nom, là, mais des personnes issues de leurs
rangs. Alors, eux autres, on dit: Ça n'a pas d'importance. À la
prochaine occasion, faites une coalition, là, pour appuyer le
«Canada forever», et sans changements, puis ça va suffire.
Vous avez vos strapontins, puis on fait semblant de vous entendre au sein du
Conseil des communautés culturelles. Et, quand on modifie de
façon importante le mandat, la mission du Conseil des communautés
culturelles, on n'a pas besoin de vous entendre. Vous viendrez au prochain
cocktail, puis on se parlera, puis c'est en se parlant qu'on se comprend.
Mais il y a quelque chose là-dedans qui est plus que
bénin, M. le Président, c'est qu'on dit: Vous autres, vous
êtes les communautés culturelles de service. Soyez-y quand on vous
demande, faites de la figuration quand il y a des cocktails, mais votre
conseil, il ne vous représente pas, il ne parle jamais en votre nom, il
n'ose pas se faire entendre. Avant de dire ce qu'il pense de la loi sur
l'affichage et sur la langue d'enseignement, il attend le la du gouvernement.
Puis on comprend que le Conseil soit prudent puis fasse attention. Prenez le
Conseil de la famille, prenez le conseil supérieur de la jeunesse,
prenez le Conseil du statut de la femme. On ne les entend plus. Ils font bien
attention parce que, quand il y a eu le rapport «Un Québec
cassé en deux» du Conseil des affaires sociales qui, lui, traitait
de la substance, qui, lui, traitait de l'état de la situation au
Québec, le gouvernement n'a pas aimé le rapport. Il s'est
vengé, il a aboli le Conseil. Alors, là, c'est une abolition
partielle qui nous est présentée aujourd'hui. Le Conseil comprend
que, pour vivre heureux, il est mieux de vivre caché. Puis en attendant,
sur l'île de Montréal, les relations interethniques, les relations
interculturelles ne sont pas simples et il y aurait une tâche
énorme pour le Conseil si le gouvernement lui laissait ses
coudées franches.
Le Conseil est là pour autre chose que pour rassembler les
organisateurs, quand il y a une campagne fédérale, au cours de
réceptions où les députés ne sont pas
invités parce que c'est là, c'est les «old boys» qui
se rencontrent pour mettre au point le travail électoral pour le Parti
libéral du Canada à Montréal. Puis, là, on n'invite
pas de députés québécois, mais on invite le
ministre fédéral parce que, lui, ça, ce n'est pas pareil.
Le ministre du Multiculturalisme, c'est à privilégier dans toutes
les actions du Conseil des communautés culturelles pour que le grand
frère d'Ottawa, avec son aile, sa succursale québécoise,
coordonne la prise en captivité des communautés culturelles.
Un des problèmes qu'on vit au Québec, c'est la
polarisation organisée par les deux partis libéraux pour garder
dans sa nasse, pour garder dans le filet de pêche toujours les votes des
communautés culturelles. C'est une des tragédies que vit
Montréal, M. le Président, vous le savez bien. Quoi que le Parti
québécois fasse, il n'aura jamais plus de huit, 10
députés et quoi que le Parti libéral fasse, il n'en aura
jamais moins de 16 à 20, et, comme Equality Party est en train de
disparaître, c'est plutôt 20 que 16 qui se préparent. Alors,
le Parti québécois a beau se forcer, sur l'île de
Montréal, sa vision électorale, son panorama est à hauteur
de 20. Et quoi que le parti ministériel fasse ou ne fasse pas, surtout,
il est assuré d'en garder 20. Alors, ça fait des
communautés culturelles des clientèles captives qui sont
traitées en clientèles. Alors, ça, sur l'île de
Montréal, cette polarisation des 20 sièges qui, de toute
façon, viennent aux libéraux sans effort et des 10 sièges,
tout au plus, qui sont réservés au Parti québécois,
ça place les communautés culturelles et la communauté
anglophone, mais surtout les communautés culturelles, dans une situation
qui leur est extrêmement défavorable. Les communautés
culturelles sont gagnées d'avance. Alors, le parti ministériel ne
lève pas le petit doigt pour essayer de les convaincre de rallier sa
cause, c'est gagné d'avance. Vous êtes là pour aller voter,
et allez-y en grand nombre.
Sans compter, M. le Président, qu'aucun effort n'est fait par le
gouvernement actuel pour contrer la véritable désinformation qui
circule dans les communautés culturelles. Dans le ghetto, ce qui
circule, ce n'est pas beau. Les Québécois francophones, la
majorité francophone, les Québécois d'origine
canadienne-française, pour essayer de toujours rester «politically
correct», sont présentés sous un jour et un oeil
extrêmement défavorables. Et le ministère, de son
côté je n'ai jamais lu d'avis du Conseil des
communautés culturelles là-dessus ne s'emploie d'aucune
manière à faire une vraie information sur ce que souhaite, sur ce
que désire la majorité de Québécois d'origine
canadienne-française. Bien non, la polarisation sert le parti qui est au
pouvoir. Alors, on l'entretient tant qu'on peut.
C'est ainsi que j'ai entendu un ministre, dans un débat sur
l'accord de Charlottetown, dire qu'un des objectifs fondamentaux de l'accord de
Charlottetown, c'était de garantir les droits humains pour les
communautés culturelles du Québec. En français, dans le
vrai débat, dans le débat principal, il n'y a jamais personne qui
a parlé de ça. Les droits fondamentaux de tous les
Québécois et de toutes les Québécoises, ils sont
dans la Charte canadienne et dans la Charte québécoise et, s'il y
a une chose qui est de commune renommée, c'est que la Charte
québécoise va plus loin et protège mieux les droits que la
Charte canadienne. Mais ça ne leur était pas dit.
À cet égard, pendant le référendum sur
Charlottetown, on a vu le ministère être utilisé à
toutes sortes de fins auprès des communautés culturelles. Et,
à l'occasion, le message, M. le Président, était lourd. On
disait à des communautés importantes: Quand vous vous rapprochez
du Parti québécois, vous vous éloignez des subventions. Le
ministre fédéral, de son côté, était mis
à contribution pour appeler les gens chez eux, pour leur dire de bien
s'aligner dans la marche triomphale vers le oui, qui a finalement
été une débandade. Mais ça, on ne peut pas
impunément utiliser ainsi des groupes de citoyens complets pour bien
longtemps.
Et, nous, au lieu que ça se fasse dans les corridors, on
souhaiterait que, de temps en temps, une organisation comme le congrès
italo-canadien vienne se faire entendre à la commission parlementaire.
Parce que, là, ils se font entendre dans quelles officines, et à
quelles fins, et avec quelles menaces pour leurs subventions, pour les
différentes choses qui leur sont présentées?
M. le Président, ça serait important que la
plénitude des droits des Québécois qui font partie des
communautés culturelles leur soit reconnue, parce que, là, on ne
les traite pas en citoyens mais comme des clients et on dit: Vous êtes
une clientèle captive et, là, essayez de vous accommoder des os
que l'on vous laisse. (15 h 40)
Les autres conseils, le Conseil supérieur de l'éducation,
le Conseil du statut de la femme, tous les autres conseils qui existent au sein
de l'appareil de l'État, est-ce qu'on leur coupe les
vice-présidents? Est-ce qu'ils sont punis? Je ne parle pas du Conseil
des affaires sociales. Lui, il a fait un rapport qui a déplu; on l'a
aboli. Alors, ça, il n'y a pas de problème à cet
égard-là. Mais ce n'est pas tout le monde qui est puni comme le
Conseil des communautés culturelles. Et je ne dis pas que l'Opposition
officielle est contente de la façon dont le Conseil des
communautés culturelles s'acquitte de ses mandats. Mais, avant d'abolir
deux postes de vice-président, on ne peut pas quand même retenir
l'explication que, le Parti libéral du Canada ayant trouvé une
fonction à une des deux personnes qui étaient candidates à
la dernière élection, là, on peut abolir le poste puisque
la personne qui l'occupait s'est recasée ailleurs.
Et, à cet égard-là, M. le Président, il y a
eu quelque chose d'indécent, en plein précampagne
électorale fédérale, de voir le Conseil s'afficher pour
montrer ses dirigeantes qui étaient candidates d'un parti politique.
C'était sortir de l'obligation de réserve qui est faite aux
personnes qui ont une fonction officielle dans l'État
québécois.
Vraiment, le Conseil, on ne l'a pas entendu, en conférence de
presse, trois fois depuis 10 ans. Puis, là, on l'entendait soudainement
en pleine précampagne électorale par des personnes qui
étaient choisies comme candidates et qui s'affichaient non pas en
réalité dans leur titre et dans leur fonction officielle au
Conseil, mais pour se montrer parce que, en période d'élections,
la visibilité, c'est bon.
Alors, M. le Président, je pense qu'il est temps d'avoir un
véritable conseil des communautés culturelles, puis, puisque le
Conseil existe, pourquoi on ne l'entend pas? Quel parlementaire serait perdant
d'entendre les intéressés nous définir leur rôle,
leur mission, leurs projets, leurs batailles? Puis on pourrait se faire une
idée si ce que nous est déposé va dans le sens de leurs
intérêts. Pourquoi ne pas entendre les intéressés
eux-mêmes? Et, puisqu'on parle du congrès italo-canadien, c'est la
principale organisation dans les communautés culturelles, on aurait
intérêt à l'entendre. Ce sont des personnes qui se font
entendre régulièrement sur une foule de sujets. Là, leur
conseil est modifié de façon importante. Pourquoi ils ne
viendraient pas nous dire qu'est-ce qui leur plaît dans le projet de loi
et qu'est-ce qui leur déplaît dans le projet de loi? Pourquoi ces
choses-là se font toujours sans transparence, dans les corridors, dans
des officines que nous ne connaissons pas, au lieu de se faire au grand jour,
en commission parlementaire, en entendant le Conseil des communautés
culturelles d'abord?
Ça, la majorité ministérielle a pris comme position
que non, les intéressés, ils n'ont pas d'affaire à se
faire entendre, qu'ils se contentent des miettes qu'on laisse tomber de la
table. Bon. La majorité joue son rôle d'empêcher un
organisme important de se faire entendre. Nous disons maintenant: Pourquoi ne
pas entendre une communauté dont plusieurs membres distingués
siègent comme députés libéraux à
l'Assemblée nationale? Est-ce que le ministre des Affaires
internationales, est-ce que le whip du Parti libéral, est-ce que
d'autres personnes, qui siègent avec compétence dans ce
Parlement, appartiennent à une communauté qu'on n'a pas envie
d'entendre? Est-ce qu'il y a juste leur voix v-o-i-x qui
intéresse le parti ministériel et non pas leur voix, au sens de
ce qu'elles ont à dire ces personnes-là?
Je sais bien le sort qui va être réservé à ma
motion, M. le Président. On va dire: Le congrès italo-canadien,
on les rappellera quand on aura besoin d'eux aux barricades pour
défendre notre vision, qui est la vision du grand frère
fédéral, de l'avenir du Canada, mais, en attendant, on n'a pas
besoin d'entendre les troupes. Tout ce qui compte, c'est la grande
armée, le choeur de l'Armée rouge qui s'en va vers je ne sais pas
où, mais on dit: Les soldats de cette armée, pas d'importance,
surtout pas lorsqu'ils appartiennent à des communautés
culturelles. Eux autres, c'est gagné d'avance. Les bulletins sont dans
les boîtes quasiment avant que les boîtes s'ouvrent. Alors, il n'y
a pas besoin de les consulter sur rien. Le sort de Montréal, ça
ne les intéresse pas; l'intégration harmonieuse des nouveaux
arrivants à Montréal, ça ne les intéresse pas; les
difficultés que même les niveaux d'immigration rencontrent du fait
de la mauvaise situation économique, ça ne les intéresse
pas; l'intégration scolaire, ça ne les intéresse pas; la
langue d'affichage, ça ne les intéresse pas; la langue
d'enseignement, ça ne les intéresse pas. Eux autres, qu'ils
soient là quand on a besoin de leur vote et, pour le reste, leur avis
nous importe peu, leur silence ne nous gêne pas. Qu'ils se taisent,
qu'ils prennent ce qu'on leur donne.
Alors, M. le Président, je pense qu'il faut entendre une
organisation, le congrès italo-canadien, qui représente entre 150
000 et 175 000 personnes sur l'île de Montréal et dans la
région de Montréal. Ce n'est pas rien. C'est une organisation
puissante, importante, un des piliers des communautés culturelles et un
des piliers du Parti libéral, il n'y a pas d'inconvenance à le
souligner. Mais il n'y a pas juste les votes qui comptent, il y a les voix, les
voix de ces personnes-là qu'on aimerait entendre, nous, en commission
parlementaire.
Je m'étonne de ne pas trouver de ministériels
intéressés à les entendre parce que, dans le fond, est-ce
qu'on va remplacer deux solitudes à Montréal par une quarantaine
de silences de toutes sortes d'organisations à qui on dit, de facto:
Contentez-vous d'être là quand on vous demande de faire de la
figuration et, pour le reste, notre sort, ça va se décider entre
Québécois de souche?
C'est révélateur qu'à la commission de la culture,
quand on parle des communautés culturelles, il n'y ait pas une personne
issue des communautés culturelles. Il y en a pourtant dans cette
Chambre, mais on n'est pas intéressés à les entendre. On
nie leur différence. On ne veut pas les entendre et on dit: Laissez...
En voilà une, c'est toujours ça de pris, j'en suis fort aise, une
personne issue d'une communauté culturelle qui va venir siéger.
Alors, je salue mon collègue de Richelieu et
j'espère que, lui, on va l'entendre, parce que, comme c'est
là, la majorité ministérielle est bien
décidée à ne pas entendre le Conseil des
communautés culturelles. Et, là, la motion est à l'effet
d'entendre, sur le projet de loi qui est devant nous, M. le
député de Richelieu, le congrès italo-canadien.
Je soulignais, je vous le répète à vous, que le
parti ministériel compte plusieurs Québécois d'origine
italienne dans ses rangs et on les laisse parler au caucus, j'espère,
parce que, des fois, c'est plus facile de parler...
Une voix:...
M. Bourdon: Je n'ai pas dit que le député de
Richelieu était d'origine italienne, je le connais depuis assez
longtemps pour connaître son origine. Ce que je dis, c'est que les
communautés culturelles, dont font partie plusieurs
députés issus des communautés culturelles, j'espère
qu'elles ont le droit de parole au caucus parce qu'on ne les entend pas souvent
en commission parlementaire. Et ça, dans les caucus, c'est reconnu que
tout le monde peut parler. Mais je dis qu'on a devant nous un projet de loi qui
est fondamental, qui change les données et qui change les règles
du jeu au Conseil des communautés culturelles.
Manifestement, les communautés culturelles n'ont pas
été consultées. Alors, comme parlementaires, est-ce que
ça ne serait pas notre devoir de les entendre, de leur offrir de se
faire entendre? Parce que, je le répète pour le
député de Richelieu, on ne l'a pas entendu sur la langue
d'affichage le Conseil des communautés culturelles, je parle. On
ne l'a pas entendu sur la langue d'enseignement, on ne l'entend sur rien, puis,
là, on lui coupe deux voix, on lui coupe deux porte-parole, on lui coupe
deux postes de vice-président, en disant: Ça va coûter
moins cher, puis, de toute façon, ils ne faisaient rien; ils
étaient en attente d'un statut de député du Parti
libéral du Canada. L'une a été élue, l'autre pas.
Alors, celle qui a été élue, ce n'est plus
problématique, puis l'autre qui ne l'a pas été, bien, elle
va rester présidente du Conseil. (15 h 50)
Nous, on n'est pas contents de la manière dont le Conseil
fonctionne et on voudrait entendre le congrès italo-canadien, qui est sa
principale composante, qui est la principale communauté culturelle au
Québec qui compte, sur l'île de Montréal, entre 150 000 et
175 000 personnes. Alors, j'espère que les ministériels vont
convenir d'entendre au moins un groupe, le plus important, avant de
décider. Sinon, c'est toute la logique des clientèles et du
clientélisme. On dit: Soyez là en bons soldats, en rangs
serrés, chaque fois que le Canada est en cause. Maintenant, l'avenir du
Canada et l'avenir du Québec, ça ne vous regarde pas. Le Parti
libéral prend soin de vos intérêts et le ministre
fédéral du Multiculturalisme aussi. Et, vous autres, le
rôle qui vous est assigné, c'est d'être de la chair à
canon électorale. Soyez là quand on vous appelle. Empêchez
le Parti québécois de prendre tel, tel ou tel siège.
Et, je le rappelle à mon collègue de Richelieu, sur
l'île de Montréal, c'est dramatique, parce que les libéraux
peuvent faire n'importe quoi, ils vont avoir leurs 20 sièges, et le
Parti québécois peut faire n'importe quoi, il va rester
plafonné à 10 sièges.
Une voix: ...
Le Président (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Pointe-aux-Trembles, veuillez
poursuivre.
M. Bourdon: Mais, M. le Président, si les
ministériels veulent se faire entendre, qu'ils parlent.
Le Président (M. LeSage): Mais vous avez la parole, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: C'est ça. Je suis prêt à leur
céder de l'espace, surtout le député de Richelieu qui est
peut-être le seul Québécois issu d'une communauté
culturelle qu'on pourra avoir l'occasion d'entendre dans cette commission. Il
peut s'inscrire, là. Je sais bien que c'est mon tour et non pas le sien,
mais, sinon, personne n'aurait parlé. Et je pense qu'il faut revenir
à l'idée d'entendre ces Québécois-là parce
que, comme c'est là, on veut nous chambarder la mission, le rôle,
le mandat et le fonctionnement du Conseil des communautés culturelles
sans d'abord entendre le Conseil lui-même.
Et, là, j'en suis à la première de huit motions
pour entendre les intéressés. Et je commence par la plus
importante organisation des communautés culturelles au Québec, le
congrès italo-canadien qu'on pourrait entendre 20 minutes, 20 minutes de
questions par les ministériels, s'ils en ont, et 20 minutes par
l'Opposition. Et, après les huit motions, il y a deux amendements.
Alors, comme on dit en jouai, il faudra se gréyer pour veiller tard, M.
le Président. Et, là, la Chambre a décidé qu'on
veille jusqu'à 18 heures. Alors, si vous voulez veiller plus tard, il
faudra aller chercher un nouvel ordre de la Chambre. Je n'ai aucune objection,
je suis préparé pour veiller tard. Je suis capable de ramener mon
bonnet, de me déguiser en annonce des dépanneurs Couche-Tard.
Cela dit, M. le Président, je réitère que, d'abord,
il faudrait entendre le député de Richelieu. Même
symboliquement, ça serait une voix qu'on aura entendue à cette
commission parlementaire, qui est très canadienne-française dans
sa composition. Et, après cette motion qui, d'après moi, va subir
le même sort que l'autre on ne sait pas mais les
ministériels n'ont pas l'air de vouloir entendre les
intéressés il y en a six autres, et, après
ça, il y a deux amendements.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. M. le député de
Richelieu.
M. Albert Khelfa
M. Khelfa: Merci, M. le Président. M. le
Président, dans un premier temps, vous le savez, et je sais
assuré que le député, mon bon ami que j'aimerais
féliciter de sa convention qui a été spectaculaire avec
une victoire de huit voix, une table entière... Je vous félicite,
M. le député, mais j'aimerais vous souligner que, je ne sais pas
si vous connaissez ça, nous autres, on connaît ça depuis
1985, au moins, la solidarité de l'équipe et le travail
d'équipe et, quand on s'oriente vers une décision, on la
travaille solidairement comme caucus, comme équipe, derrière la
ministre responsable du dossier, et c'est ce qu'on fait.
M. le Président, je suis très heureux d'entendre le
député de Pointe-aux-Trembles. Vous le connaissez, c'est un
bonhomme qui a fait des relations de travail avec une centrale bien connue. Je
l'ai connu avant son entrée en politique, parce qu'il visitait notre
coin d'une façon régulière pour stimuler les troupes. Je
constate qu'il a continué à stimuler ses troupes et à
gagner avec huit voix. Et j'aimerais lui dire, M. le Président, et vous
dire que nous sommes là pour étudier le projet de loi 124 et le
projet de loi 122. Je suis assuré, à moins que je me trompe, que
je ne reconnaisse plus mon collègue de Pointe-aux-Trembles et sa
collaboration proverbiale, qu'il va commencer à regarder article par
article, loi par loi et qu'on pourra les étudier, voir où et
qu'est-ce qu'on peut faire ensemble pour l'avenir du Québec. Ça
lui tient à coeur d'une façon remarquable, et il l'a dit dans sa
convention. J'ai entendu une partie de son discours qui appelait à la
solidarité. Et, là, il pourra prendre l'exemple de la
solidarité que nous avons de ce côté de cette
Assemblée. J'aimerais l'inviter et je suis assuré qu'il va
accepter qu'on commence par l'article 1 du projet de loi 122 ou 124, à
son choix.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Richelieu. Mme la ministre.
Mme Monique Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le Président.
Écoutez, je pense qu'au départ, entendre le congrès
italo-canadien... On pourrait entendre les 1500 organismes qui existent sur
l'île de Montréal. J'ai mentionné que ce n'était pas
le lieu propice pour entendre quelque association que ce soit. On est à
l'étude d'un projet de loi, et je pense que les parlementaires ont
été mandatés par leurs commettants et commettantes pour
les représenter et prendre les bonnes décisions.
Je comprends cependant, comment pourrais-je dire, que le
député de l'Opposition, on lui a demandé d'occuper son
temps, d'occuper le temps cet après-midi. Que voulez-vous, c'est la
démocratie! Je le trouve même courageux et tenace; ça fait
une heure qu'il parle et il devra encore parler deux heures d'ici 18 heures; je
le trouve quand même très courageux. C'est ça, il faut
occuper le temps. Donc, au lieu de passer à l'adoption d'un projet de
loi parce que c'est important, et je pense qu'on est ici, les
législateurs, pour légiférer et non pas pour parler pour
ne rien dire, malheureusement, il sem- blerait que c'est ça la
démocratie. Parfois, ça semble insensé. Je suis
persuadée, je lis même dans les pensées de mon
collègue, qu'il est tout à fait d'accord avec moi mais qu'il a
une commande et qu'il doit la remplir. Alors, c'est le jeu de l'Opposition, et
je le comprends. Mais vous comprendrez, M. le Président, que nous allons
voter contre cette motion.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres intervenants? Vote nominal?
M. Bourdon: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): M.le secrétaire,
voulez-vous appeler le vote nominal, s'il vous plaît?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles)?
M. Bourdon: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: Mme Gagnon-Tremblay
(Saint-François)?
Mme Gagnon-Tremblay: Contre.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Contre.
Le Secrétaire: Mme Loiselle (Saint-Henri)?
Mme Loiselle: Contre.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Contre.
Le Secrétaire: M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Solidairement contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
Le Président (M. LeSage): Abstention.
Le secrétaire: pour: 1 contre: 5
Abstentions: 1
Le Président (M. LeSage): Alors, la motion est
rejetée.
Motion proposant d'entendre la ville de
Montréal
M. Bourdon: M. le Président... (16 heures)
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: ...j'ai une nouvelle motion qui se lit comme suit:
«II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles
de procédure la commission parlementaire de la culture tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 122, Loi
modifiant la Loi sur le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration, des consultations particulières quant à tous les
articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende la ville de
Montréal.»
Le Président (M. LeSage): La motion est rece-vable.
M. le député de Pointe-aux-Trembles, vous avez une
période de 30 minutes.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: m. le président, la ville de montréal
accueille 87 % des nouveaux arrivants au québec, et, à ce titre,
elle est le creuset par lequel passe l'immigration au québec, et,
à cet égard, m. le président, même si la ministre a
entrepris, puis avec l'accord de l'opposition officielle, des démarches
pour régionaliser l'immigration au québec, il reste que c'est
montréal qui accueille 87 % des nouveaux arrivants. à cet
égard, m. le président, on peut dire que régionaliser
l'immigration, c'est aussi sensibiliser les autres régions au fardeau,
à la tâche spécifique que, comme société, on
assigne à montréal. à cet égard-là, m. le
président, les québécois auraient tort de penser que la
métropole, que leur seule grande ville n'est pas différente des
autres villes de moyenne ou de grande importance en amérique du nord. au
colloque, auquel la ministre a participé, sur la régionalisation
de l'immigration, à hull, on expliquait qu'aux états-unis, en
pratique, les grandes villes d'accueil sont san francisco, los angeles, new
york et que les trois ou quatre principales de ces villes accueillent 40 % de
toute l'immigration qui se fait aux états-unis.
Donc, les Québécois ne sont pas dans une situation
différente. S'il est quelque chose, Statistique Canada nous
démontrait, il y a quelques mois, que Toronto concentre encore plus
d'immigration que Montréal, que la ville de Toronto en reçoit
plus et en nombre et en proportion de sa population. Donc, c'est un mouvement
qui est nord-américain, qui n'est pas particulier à la
société québécoise.
Maintenant, il y a des mythes qui durent en matière d'immigration
au Québec, la ministre le sait. Comme, par exemple, le sentiment non
fondé de beaucoup de Québécois que les immigrants ne
passent que par Montréal et ne viennent pas s'installer à
Montréal. Ils ne font pas que passer par Montréal, ils adoptent
Montréal, puis ils adoptent le Québec. Et certains, après
ça, décident d'autres mouvements migratoires, à Sorel et
Hull, quant à ça. Mais ce n'est pas vrai que le Québec, en
matière d'immigration, est une passoire. Non. On y vient et on y
reste.
La question de la culture après, surtout chez les immigrants de
la deuxième et même de la troisième
génération, est plus complexe. La ville, c'est Montréal.
Le pays, quant à moi, c'est le Québec; pour d'autres, c'est le
Canada. Mais le rêve demeure américain. Et, à cet
égard-là, les jeunes Montréalais d'origines diverses ne
divergent pas des jeunes Français. En France, on dit: L'Amérique,
puis Montréal fait partie de l'Amérique. Alors, même quand
on y prend racine, même quand on y reste, bien, le rêve est encore
américain et c'est encore la culture américaine qui est comme la
deuxième culture d'adoption. Et ça, M. le Président, ce
n'est pas sans poser des problèmes d'identité chez de nombreux
adolescents et adolescentes issus des communautés culturelles. À
l'origine, il y a le pays d'origine, il y a la culture d'origine, il y a la
ville d'adoption, parce qu'on ne peut pas dire encore que le Québec soit
le pays d'adoption, il y a l'autre pays d'adoption, le Canada, puis il y a le
rêve américain.
Et, à cet égard-là, M. le Président, je
pense qu'on aurait intérêt à entendre la ville de
Montréal qui a une expertise vaste en matière d'immigration, la
seule complète, la seule réelle, la seule véritable au
Québec parce que c'est la ville d'accueil et que cette ville-là
subit des pressions et vit des situations particulières du fait de son
statut de ville d'accueil de la société d'accueil. C'est pour
ça que nous avons accueilli avec enthousiasme les projets de la ministre
pour régionaliser l'immigration, pour faire partager cette richesse.
Maintenant, on connaît la logique économique de
l'Amérique du Nord, M. le Président. Les Québécois
d'origine portugaise qui ont choisi Hull, il y a 30 ans, y allaient pour
construire, parce que ce sont des constructeurs de maisons de première
force et c'est à eux qu'on doit d'avoir embelli et rénové
le centre-ville de Montréal pendant longtemps. Ils sont allés
à Hull, dans une région métropolitaine, dans la
région de la capitale nationale, où il y avait une
activité économique importante dans le domaine de la
construction. Us ont pris racine» ils ont embelli Hull, ils ont embelli
la région comme ils ont embelli Montréal. mais pourquoi on
n'entendrait pas montréal, qui est la ville d'accueil de la
société d'accueil? et, à cet égard-là, les
projets de régionalisation suscitent des inquiétudes dans la
ville de montréal, des inquiétudes de nature même
économique. parce que, d'après des études de la ville de
montréal, près de 28 % des nouveaux arrivants s'achètent
une maison en arrivant. c'est dire que tous les nouveaux arrivants au
québec et à montréal ne sont pas pauvres. les citoyens ont
tendance à voir, en immigration, que l'immigration de
réfugiés, qui est une facette essentielle à laquelle le
gouvernement est à peu près insensible... ce qui intéresse
le gouvernement, ce sont, je dirais, presque uniquement les immigrants
investisseurs. et je ne dis pas que c'est mauvais, mais ceux qui fuient le
salvador, ou qui fuient le guatemala, ou qui ont fui d'autres pays, on s'en
occupe beaucoup
moins. C'est ainsi qu'un fonds de 1 000 000 $, que le gouvernement du
Parti québécois avait consacré aux réfugiés,
a été réduit par étapes et maintenant
complètement aboli il y a quelques mois.
La ministre disait en Chambre, en réponse à une question
que je lui posais: Maintenant, c'est le ministre des Affaires internationales
qui devra s'occuper de cette facette. Oui, certes, mais le ministre des
Affaires internationales, sa vocation et la vocation de son ministère
sont d'abord économiques. Et c'est ainsi qu'on a vu une organisation
comme l'Aide médicale pour la Palestine être coupée par un
ministère et pas remplacée par d'autres. Et ça, je me
permets de souligner que c'est un des très mauvais actes posés
par ce gouvernement, d'avoir aboli le dernier petit 275 000 $ que le
Québec consacrait aux réfugiés dans le monde ou aux
organisations installées au Québec qui s'occupent de
réfugiés. À mon avis, M. le Président, c'est un
grand pas en arrière qui a été franchi à cette
occasion-là. Même la somme initiale, M. le Président, 1 000
000 $, on ne parlait pas d'énormément d'argent, mais 1 000 000 $
bien placés dans des camps de réfugiés, ça peut
susciter de l'espoir pour infiniment plus. (16 h 10)
À combien sommes-nous rendus de réfugiés dans le
monde? 15 000 000, 16 000 000, 18 000 000? Une classe de français dans
un camp en Thaïlande ou au Cambodge, c'est beaucoup d'espoir pour bien peu
de ressources. Le gouvernement a complètement aboli ce
programme-là qui aidait, entre autres, à l'Aide médicale
pour la Palestine. Et même au plan diplomatique, le calcul du
gouvernement est à très courte vue, parce que, parlons politique,
on parlait de sommes peu importantes mais qui donnaient au Québec une
visibilité considérable, parce que ça nous permettait
d'être dans les camps avec celles et ceux qui souffrent. Et, à cet
égard, ce que le Québec fait pour les Bosniaques est bien, bien
peu. C'est peu et c'est même assez lamentable, d'autant que le
gouvernement canadien ne veut pas recevoir de Musulmans tellement venant de
Bosnie et que le Québec est très docile en cette
matière-là et dit: Le Canada est pro-Serbes. Alors, respectons le
parti pris Serbes du Canada.
Et l'autre aspect, M. le Président, et on vit ça à
Montréal, on est en contact avec des organisations, on le sait qu'il y a
une discrimination du Canada à l'endroit des Musulmans et le
gouvernement du Québec est là, silencieux, à dire: Bof! si
on pouvait avoir des Bosniaques, des bons Bosniaques, là, parce que ce
sont ceux-là que le Canada privilégie. Et on ne dit rien, en
pratique. Ecoutez, le Québec a des forces qui pourraient servir dans les
régions du monde où se constituent les principaux camps de
réfugiés. Au plan médical, on n'est pas des deux de pique
et on aurait pu être à Sarajevo. Le Québec n'est pas
là, à Sarajevo. Le Québec n'est pas là, à
Sarajevo.
Une voix: ...
M. Bourdon: Oui, il y a des Québécois partout dans
le monde. On ne peut pas les empêcher de voyager et on ne peut pas
empêcher les organisations non gouvernementales de faire très
correctement ce que notre gouvernement a renoncé à faire: assurer
une présence puis amener un peu d'espoir dans les camps de
réfugiés.
Et, à cet égard-là, on aurait un rôle
à jouer si on décidait de le jouer. Parce que, au plan
médical, on peut être d'une grande aide pour beaucoup de monde,
mais on est à la remorque, à la traîne du gouvernement
canadien... Oui, monsieur, je prendrais un café pour me garder bien en
éveil. Il y a dans le monde 15 000 000 de réfugiés. Le
Québec avait un petit 1 000 000 $ pour s'en occuper et ce gouvernement
l'a aboli. Je le sais, M. le Président, qu'en matière de
réfugiés on ne peut pas tout faire tout d'un coup, puis les
gestes sont plutôt symboliques. Mais, quand on est à Sarajevo et
qu'on reçoit des bombes sur la tête, l'espoir, ça compte.
L'espoir, c'est tenace, et la population du Québec ne manque pas de
coeur et ne manque pas de ressources quand vient le temps de faire quelque
chose. Mais notre gouvernement se soucie très peu des
réfugiés.
Il y a un volet d'un programme qui s'adresse aux réfugiés,
habitant des camps, qui voudraient s'installer au Québec. Ce sont
quelques centaines par année. Mais je ne trouve pas, M. le
Président, que c'est suffisant. Et, comme on veut parler de substance,
nous, à la commission, à cette commission-ci, je voudrais qu'on
en parle, parce que et j'interpelle le député de Richelieu
pour qu'il essaie, au caucus peut-être, de faire entendre sa voix
à cet égard-là il y a, dans les camps de
réfugiés du Salvador, du Guatemala, du Cambodge, de la
Thaïlande et ceux du Moyen-Orient aussi, de nombreuses personnes pour qui
l'agriculture est une source de vie. Puis il y en a bien peu qui s'installent
à ce titre au Québec. Pourquoi? D'abord, M. le Président,
on a un ministère de l'Agriculture qui a retenu, comme modèle de
ferme, le modèle industriel et le seul, celui qui suppose un
investissement de 1 000 000 $, ce qu'on ne peut pas demander à un
réfugié qui a fui le Honduras, ou le Salvador, ou une autre terre
de guerre. Et on a, au Québec, M. le Président, un
problème de relève agricole. Il est connu, il est patent. Il y a
des terres en friche, dans des régions, parce que des jeunes
Québécois ne peuvent pas s'installer sur une ferme, à
moins de trouver 1 000 000 $; et, vous savez, tout le monde ne peut pas
être libéral et avoir 1 000 000 $ et avoir, comme Tommy D'Errico,
vendu quelques terrains. Et, à cet égard, M. le Président,
il y a une grande chance de manquer, parce qu'un des meilleurs terreaux pour
régionaliser l'immigration, à mon humble avis, c'est la
filière agricole qui pourrait servir... Et, à cet égard,
on manque des occasions.
Il y a un autre aspect, M. le Président. Je l'ai dit en l'absence
de la ministre, devant le seul député issu d'une
communauté culturelle présent à cette commission:
l'agriculture...
M. Khelfa: Un point d'ordre, M. le Président, là.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Richelieu.
M. Khelfa: M. le Président, selon nos règlements de
l'Assemblée, et je suis sûr que le député de
Pointe-aux-Trembles sait très bien qu'on ne souligne jamais l'absence
d'un collègue, pour une raison ou une autre. Je sais qu'il va continuer;
je l'écoute attentivement et religieusement. Ça vibre à
l'intérieur de moi-même en entendant sa voix et le contenu. Mais
j'avais souhaité, M. le Président, qu'il rentre sur le contenu de
l'article 1.
M. Bourdon: Alors, M. le Président...
Le Président (M. LeSage): Alors, merci, M. le
député de Richelieu.
J'aimerais vous rappeler, M. le député de
Pointe-aux-Trembles, que nous sommes à étudier la Loi modifiant
la Loi sur le Conseil des communautés culturelles et de l'immigration,
que nous avons une motion pour entendre la ville de Montréal. Alors, je
vous demande de vous en tenir à l'objet de la motion.
M. Bourdon: alors, m. le président, la ville de
montréal accueille 87 % des nouveaux arrivants et presque 100 % des
réfugiés. alors, les réfugiés, ils ont une origine,
ils ont des métiers, des capacités, et la classe agricole est
représentée parmi eux, à montréal, chez les
réfugiés. j'abordais le volet et la facette de la
régionalisation de l'immigration, et je réitère, m. le
président, qu'il y a à montréal des milliers de personnes
pour lesquelles l'expérience pertinente, en termes de travail, c'est de
l'expérience pertinente agricole, que les régions auraient
intérêt à recevoir. et, malheureusement, ni le
ministère des communautés culturelles et de l'immigration ni le
ministère de l'agriculture ne font ce qu'il faut pour ces
personnes-là. ils ne le font pas plus pour les jeunes
québécois, parce que le modèle de ferme qui est
privilégié par le ministère, c'est un modèle
à 1 000 000 $. et, quand on parle d'un réfugié
installé à montréal qui est d'origine salvadorienne, bien,
un investissement de 1 000 000 $, c'est hors de portée et c'est hors de
propos. alors, on attend après des suisses, des français, qui
apportent les sous. et il n'y a pas de milieu plus intégrateur que
l'agriculture. pourquoi, m. le président? d'abord, c'est la source. la
terre, c'est une symbolique.
Une voix: ...
M. Bourdon: Ah oui! Et, à cet égard-là, la
personne, de quelque origine que ce soit, qui reprend une terre en friche et
qui la fait revivre, elle est bien perçue par sa communauté,
ça va de soi, parce que le sens de la terre, les Québécois
l'ont, mais, malheureusement, il ne se fait rien dans ce domaine-là.
M. le Président, j'aurais besoin d'une petite pause pour
satisfaire un besoin naturel, et ça pourrait permettre aux
ministériels de se reconstituer, peut-être, un quorum.
Le Président (M. LeSage): Alors, je suspends les travaux
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 20)
(Reprise à 16 h 25)
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, vous aviez la parole et vous l'avez encore.
M. Bourdon: M. le Président, je mentionnais, tout à
l'heure, que 28 % des nouveaux arrivants à Montréal
achètent des maisons. C'est heureux parce que, ce qu'on connaît
depuis quelques années, c'est un exode des jeunes couples francophones
de l'île de Montréal vers la banlieue. Et, à cet
égard-là, et c'est pour ça que Montréal est une
ville d'accueil aussi, il y a de la place. La nature a horreur du vide et
ça ne sert à rien d'entretenir des terreurs sur la venue de
personnes qui embellissent et qui enrichissent la ville de Montréal.
C'est pour ça, M. le Président, que j'ai mis sur la table
une motion pour entendre la ville de Montréal, entendre la perspective
qu'elle a, la vision qu'elle a, la ville de Montréal, de ce qui pourrait
continuer à être fait en matière d'immigration.
Maintenant, je vais demander, ultérieurement, M. le
Président, que la motion soit mise aux voix. Et je n'ai pas grande
illusion sur l'issue. Je ne m'oppose pas à commencer, cet
après-midi, l'étude de la substance du projet de loi, mais,
cependant, vous aurez besoin d'un court ajournement, après l'issue du
vote, pour soumettre à la ministre des propositions pour
accélérer les travaux. Il n'est pas impossible qu'on sorte d'ici
avec une adoption article par article faite de la loi 122, à condition
que nos amendements soient considérés, et je suis bien
prêt, avant l'ajournement, à soumettre à la ministre les
projets d'amendements que nous avons.
Cependant, il est un autre projet de loi qui vient après
celui-là donc il n'est pas question pour nous, à moins d'un ordre
de la Chambre, qu'il soit adopté avant la Noël, parce que des
groupes importants, comme l'association des avocats en immigration, le Barreau
québécois et d'autres qui sont intéressés par la
question, voudraient se faire entendre sur ce projet de loi. Et cette
commission a une chance. Elle devait, en janvier, étudier le rapport
quinquennal de la Commission d'accès à l'information et, de
consentement, nous avons retardé l'étude du rapport quinquennal
de la Commission d'accès à l'information en février, de
telle sorte qu'il y aurait de la place, du temps, de l'espace, en janvier, pour
étudier sérieusement, avec les intéressés, la loi
124 qui suscite des réserves sérieuses dans le milieu des
communautés culturelles je pense qu'il faudrait les entendre
une loi qui est, par ailleurs, nécessaire,
parce que le fédéral se dote d'une loi et le Québec
doit s'habiliter dans les mêmes matières.
Cependant, je ne voudrais pas que les amendements sérieux que
nous avons préparés à la loi 122 soient
écartés du revers de la main. Dans ce sens-là,
après le vote sur la motion pour entendre la ville de Montréal,
je serai tout à fait disposé à laisser à la
ministre les amendements que nous allons déposer par la suite sur la loi
122 et à aller à mon bureau faire une liste d'organismes que nous
voudrions entendre sur 124, et 124 au complet, au mois de janvier, à
cette commission, qui en aura le temps puisque les travaux que la commission
devait consacrer au rapport quinquennal de la Commission d'accès
à l'information sont retardés de quelques semaines.
Alors, M. le Président, j'ai dit tout ce que j'avais à
dire sur la ville de Montréal, qui est ma ville que j'aime, et,
là, je serais bien d'accord qu'il y ait un vote.
Le Président (M. LeSage): Alors, est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur la motion pour entendre la ville de Montréal?
Mise aux voix
M. le secrétaire, vous voulez bien appeler le vote?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles)?
M. Bourdon: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: Mme Gagnon-Tremblay
(Saint-François)?
Mme Gagnon-Tremblay: Contre.
Le Secrétaire: Mme Loiselle (Saint-Henri)?
Mme Loiselle: Contre.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Contre.
Le Secrétaire: M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
Le Président (M. LeSage): Abstention.
Le Secrétaire: pour: 1 contre: 4 abstentions:
1 (16 h 30)
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le secrétaire.
Alors, la motion est défaite.
M. Bourdon: M. le Président, si...
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: ...la présidence et la ministre me
l'autorisait, je lirais les amendements que nous entendons déposer et je
solliciterais un petit ajournement pour aller préparer, à
l'intention de la ministre, une liste, finalement assez courte, d'organismes
qu'on pourrait entendre sur le projet de loi 124 en janvier. Après
ça, on verra ce que la ministre et le groupe ministériel pensent
de nos amendements.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, je pense qu'on a appelé le projet de loi 122.
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. LeSage): Je comprends que vous informez
les membres de cette commission que vous voudriez entendre des organismes sur
un autre projet de loi que nous sommes appelés à étudier
ultérieurement, mais je pense que, présentement, on doit s'en
tenir au projet de loi 122. Si vous avez des amendements à l'article 1,
je peux appeler l'article 1 et, si vous avez un amendement, vous pourriez le
déposer et on pourra en débattre.
M. Bourdon: Bien, écoutez, M. le Président, vous
avez raison sur la procédure. Ce que je dis, c'est que nous avons deux
amendements, et je réclamerais un ajournement pendant lequel j'irais
dresser, à l'intention de la ministre, qui verra ce qu'elle veut faire,
une liste d'organismes qu'on pourrait entendre sur l'autre loi. Je sais bien
que je suis restreint, à la commission, de ne discuter que d'amendements
à la loi qui est devant nous, ça, c'est une évidence,
mais, juste pour l'information des membres de la commission, je souhaiterais
lire les deux amendements que je laisserais à la réflexion de la
ministre et je prendrais une petite pause pour lui préparer, à
ses fins à elle, une liste d'organismes qu'on pourrait entendre en
janvier, et la ministre rendra la décision qu'elle rendra. Les
amendements, M. le Président, on va demander, après
l'ajournement, de les discuter, de les considérer et de voir ce qu'on
fera avec.
Le Président (M. LeSage): Est-ce qu'il y a consentement
pour la lecture des deux amendements ou des quelques amendements que le
député de Pointe-aux-Trembles désire apporter au projet de
loi 122? Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, si ces amendements
ont trait à la 122, je suis prête à les
entendre, sauf que vous comprendrez qu'il est dans mon intention, M. le
Président, de faire adopter non seulement la loi 122, mais la loi 124,
qui est aussi très importante pour le ministère, et je ne pense
pas que le député de Pointe-aux-Trembles voudrait que le
gouvernement fédéral agisse à notre place. Je pense que,
s'il y a un député qui voudrait bien que ce soit le Québec
qui agisse dans certains secteurs, surtout au niveau de la sélection,
c'est le député de Pointe-aux-Trembles. Donc, il est important
pour moi de faire adopter les deux projets de loi. Donc, si les amendements ont
trait à la loi 122, à ce moment-là, je suis prête
à les entendre, sinon j'aimerais qu'on reporte et qu'on continue le
débat.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, je vais lire et
déposer les deux amendements. Ils traitent de la loi 122. Quant à
la loi 124, il est évident qu'elle ne pourra pas, d'après moi,
être adoptée en son entier pour Noël. Maintenant, elle
comporte deux ordres de question, et je vais suggérer à la
ministre, ultérieurement, après une pause, qu'on entende, sur la
question du droit d'établissement des nouveaux arrivants... qu'on
remette cette partie-là de la loi au mois de janvier pour entendre les
groupes intéressés, ce qui ferait qu'on aurait deux projets de
loi adoptés avant Noël, et il y a une partie du deuxième
projet de loi qu'il n'est pas question pour nous d'adopter avant lés
fêtes ou, en tout cas, pas sans avoir entendu les organisations
importantes comme le Barreau, l'association des avocats en immigration et
quelques autres qui pourraient vouloir se faire entendre avant les fêtes.
On les entend avant ou après les fêtes, mais, quant à nous,
on les entend.
Je vais lire les amendements parce que...
M. Khelfa: M. le Président?
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Richelieu.
M. Khelfa: Si vous me permettez, est-ce qu'on peut commencer par
l'article 1 et voir où les amendements du député peuvent
s'intégrer?
M. Bourdon: Bien, moi, M. le Président, je laisserais les
amendements ici pour avoir une petite pause, simplement, puis, après
ça, on va les placer. Ce ne sont pas des amendements à
portée considérable.
Le Président (M. LeSage): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je veux avertir
immédiatement le député, mon collègue de
Pointe-aux-Trembles, qu'il n'est pas question pour moi de faire de pause. On
est ici jusqu'à 18 heures. On a perdu du temps. Depuis ce matin qu'on
veut discuter de ce projet de loi là.
Quant au projet de loi 124, faire entendre le Barreau, je n'ai eu aucune
représentation du Barreau, M. le Président, à l'effet de
se faire entendre. L'association des avocats en immigration n'a pas non plus
fait de revendication à cet effet-là. Il y a quelques membres de
l'association qui ont été contactés par mon
collègue et qui n'ont pas été nécessairement
mandatés par l'association, et ces personnes-là, M. le
Président, sont inquiètes, pas du projet de loi 124
nécessairement, mais de tout autre projet de loi déposé
devant cette Assemblée, devant l'Assemblée nationale dans
d'autres secteurs d'activité. Donc, je ne peux pas discuter avec
l'association de problèmes d'immigration qui sont reliés à
d'autres projets de loi déposés ailleurs, que ce soit au niveau
du Code des professions ou ailleurs.
Cependant, quant au projet de loi 124, M. le Président, je pense
que, lorsqu'on l'aura étudié article par article, que j'aurai
répondu à toutes les préoccupations de mon
collègue, à ce moment-là, il sera en droit de me dire s'il
est d'accord ou en désaccord. Et, s'il est en désaccord, on verra
quelle modification on peut y apporter. Mais, pour le moment, je veux l'aviser
que, moi, j'ai l'intention de continuer jusqu'à 18 heures, sinon plus
s'il le faut, M. le Président. Mais on doit, je pense, débuter
article par article le projet de loi 122 et, comme je le mentionne, si mon
collègue a des amendements, si c'est pour prendre une pause, je
préfère, à ce moment-là, qu'on commence à
étudier article par article. Il apportera ces amendements au fur et
à mesure parce que je pense qu'une pause à ce moment-ci ne serait
pas acceptable.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, on va continuer sans
pause, mais le groupe ministériel s'expose à n'obtenir aucune des
deux lois parce qu'on va parler de la substance du projet de loi qui est devant
nous. J'ai deux amendements à proposer. Puis, pour ce qui est de
l'association des avocats en immigration, je ne les ai pas sollicités:
ils sont venus me voir parce qu'ils avaient des représentations à
faire. J'ai demandé à la ministre d'avoir une rencontre avec les
officiers de son ministère, ce qu'elle a accepté fort
correctement. J'avais fait prévenir sa secrétaire que je serais
accompagné d'avocats en immigration. Le message ne s'est pas rendu,
semble-t-il, ça arrive dans une fin de session, mais je ne voudrais pas
que la ministre prenne ça pour une indélicatesse; sa
secrétaire à Québec avait été
prévenue des noms des personnes qui m'accompagneraient.
Ce pour quoi je veux déposer les amendements, ce n'est pas pour
éviter qu'on commence la substance du projet de loi 122, qui ne sera pas
adopté avant Noël avec notre consentement si on n'obtient pas que
les intéressés par l'autre projet de loi se fassent entendre et
si on n'obtient pas un débat correct des deux amendements pas
considérables qu'on a déposés. Alors, je suis tout
à fait prêt...
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles...
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. LeSage): ...ce que je comprends, c'est
qu'il n'y a pas de consentement pour que des amendements soient
déposés avant que l'on commence l'étude du projet de loi.
Mais ce que je comprends également...
M. Bourdon: Pas de problème.
Le Président (M. LeSage): ...c'est que vous avez des
amendements à proposer au projet de loi 122...
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. LeSage): ...alors je dois comprendre que
vous êtes disposé à procéder à son
étude...
M. Bourdon: Bien sûr.
Le Président (M. LeSage): ...et, lorsque nous arriverons
aux articles pour lesquels vous avez des amendements...
M. Bourdon: Bien, le premier est à l'article 1. Ça
fait que ça ne se fera pas attendre.
Étude détaillée Constitution et
composition du Conseil
Le Président (M. LeSage): Bien, il n'y a pas de
problème. J'appelle donc l'article 1, qui se lit comme suit:
L'article 3 de la Loi sur le Conseil des communautés culturelles
et de l'immigration, (L.R.Q., chapitre C-57.2) est modifié: 1° par
le remplacement du premier alinéa par le suivant: «3. Le Conseil
se compose de 15 membres, dont un président, nommés par le
gouvernement.»; 2° par le remplacement, dans la première ligne
des deuxième et troisième alinéas, du mot
«Six» par le mot «Sept».
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président. Cet amendement a
pour objet de supprimer les deux postes de vice-président, comme on l'a
mentionné, et, par concordance, le nombre de membres nommés
après consultation d'organismes représentatifs est porté
de six à sept pour conserver le nombre de 15 membres. Donc, on porte de
six à sept, mais on vient tout simplement supprimer les deux postes de
vice-président.
(16 h 40)
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, mon amendement se lit
comme suit:
II est proposé de conserver le libellé des deuxième
et troisième alinéas de l'article 3 de la loi actuellement en
vigueur. L'article 3 est modifié par l'insertion, après le
troisième alinéa, de l'alinéa suivant et je cite:
«Deux autres membres sont nommés après avoir
sollicité l'avis des organisations vouées à la promotion
des Québécois et des Québécoises d'origine
canadienne-française et canadienne-anglaise.» Fin de la
citation.
Le Président (M. LeSage): Est-ce qu'on pourrait avoir une
copie de l'amendement, M. le député de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: Oui. Alors, je pourrais l'expliquer
brièvement, M. le Président, s'il est recevable.
Le Président (M. LeSage): Si vous voulez attendre quelques
instants...
M. Bourdon: O.K.
Le Président (M. LeSage): ...je dois regarder la
recevabilité de la motion, M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
Alors, la motion est recevable. Je vous entends, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, je dois d'abord
expliquer à la ministre qu'il n'est pas simple, dans notre
société, d'utiliser à l'égard des personnes des
termes qui nous permettent de rester «politically correct», et elle
sait comment «Québécois de souche», ça a
commencé par plaire et puis, après ça, ça s'est mis
à heurter; comment «néo-Québécois» ou
«néo-Canadien», c'est rejeté. Et il y a, dans le
fond, trois composantes à la société
québécoise: les premiers habitants, les autochtones, et,
après ça, ceux qui sont venus ensuite par vagues: d'abord, les
Québécois d'origine canadienne-française ils
venaient de Bretagne, de Normandie, du Poitou et, par la suite, un
afflux important de Québécois d'origine canadienne-anglaise,
d'origine anglaise, qui sont aussi des composantes essentielles de la
société d'accueil. C'est pour ça que, dans le texte, on a
mis: «...la promotion des Québécois et des
Québécoises d'origine canadienne-française et
canadienne-anglaise», pour pouvoir dire, M. le Président,
qu'aujourd'hui, à part les autochtones, nous sommes tous d'autres
origines. À cet égard-là, je dis donc: «Deux autres
membres sont nommés après avoir sollicité l'avis des
organisations vouées à la promotion des Québécois
et des Québécoises d'origine canadienne-française et
canadienne-anglaise.
Quelles organisations, M. le Président? On pourrait penser
à Alliance Québec pour les Québécois d'origine
canadienne-anglaise et à la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal ou au Mouvement national des
Québécois pour les Québécois et
Québécoises d'origine canadienne-française, ce qui nous
permet, à l'égard des communautés culturelles, de dire:
Bien, on est tous d'autres origines, vous n'êtes pas les seuls. Et
ça permettrait, au sein de ce Conseil des communautés
culturelles, de débattre des problèmes, des difficultés
d'intégration avec tous les intéressés.
Je sais que la ministre dit, avec raison: II y en a déjà,
des Québécois d'origine canadienne-française, au Conseil,
et c'est heureux. Mais on dit: On en nommerait deux après avoir
consulté les organisations vouées à leur promotion et
à leur représentation. Parce que parler d'intégration,
c'est important d'en parler avec la société qui intègre en
même temps qu'avec ceux qui désirent s'intégrer.
(Consultation)
Le Président (M. LeSage): Vous avez
complété, M. le député de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je n'ai pas le
libellé de l'amendement. J'aurais une question à poser à
mon collègue de Pointe-aux-Trembles. Est-ce que le nombre de membres
demeurerait le même? C'est au niveau de la consultation?
M. Bourdon: Oui, le nombre demeurerait le même.
Mme Gagnon-Tremblay: Ça m'inquiétait un peu: il
trouvait qu'il y avait trop de sénateurs et là j'avais peur qu'il
en nomme davantage.
M. Bourdon: Non, non. C'est le même nombre.
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, le nombre demeure le même et
c'était... Est-ce qu'on peut attendre le libellé de la motion ou
est-ce qu'on peut le relire?
Le Président (M. LeSage): Oui. Je suspends les travaux
pour quelques instants. On va avoir les photocopies dans une minute.
(Suspension de la séance à 16 h 46)
(Reprise à 16 h 47)
Le Président (M. LeSage): Nous avons distribué des
copies de l'amendement. Mme la ministre, est-ce que vous voulez intervenir?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Le Président (M. LeSage): Allez-y, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Bien, j'ai peut-être...
Écoutez, à prime abord, je serais plutôt d'accord avec
l'amendement. La seule chose que je me demande, cependant, c'est que, quand on
parle des organisations vouées à la promotion des
Québécois et des Québécoises d'origine
canadienne-française et canadienne-anglaise, ça veut dire quoi,
exactement, la promotion des Québécois? Quels sont les
organismes? Je ne sais pas si je pourrais avoir un peu
d'éclaircissements là-dessus.
Parce que, déjà, voyez-vous, ici il y avait
déjà six membres. Parce que là on modifie pour sept
membres, qui sont nommés après avoir sollicité l'avis des
organismes, des associations et groupes interculturels et celui des organismes,
associations et groupes des communautés culturelles. Mais il y avait six
autres membres, qui, maintenant, deviendraient sept autres membres, qui sont
nommés après avoir sollicité l'avis du milieu des
affaires, du travail, de l'éducation, des organismes, associations et
groupes oeuvrant à l'accueil et à l'adaptation des immigrants, ce
qui n'exclut pas, bien sûr, la société d'accueil. Alors
donc, la promotion des Québécois et des
Québécoises, je veux juste savoir, dans la vie pratique de tous
les jours, comment je vais pouvoir appliquer ça. C'est juste ça
que j'aimerais savoir du député de Pointe-aux-Trembles.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, c'est qu'on parle
déjà d'organismes voués à l'accueil, au milieu des
affaires et autres. Je trouve que c'est correct. Je parle de l'avis des
organisations vouées à la promotion des intérêts,
là on pourrait ajouter «des intérêts»
des Québécois et des Québécoises d'origine
canadienne-française et canadienne-anglaise. Ce que j'entends par
là, je pense à deux organismes: la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal, par exemple, qui est vouée
à la promotion des Québécois d'origine
canadienne-française, et je pense à Alliance Québec, qui
est la plus grosse organisation vouée à la promotion des
intérêts des Québécois d'origine
canadienne-anglaise.
Le Président (M. LeSage): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: J'aurais peut-être un amendement, si
le député de Pointe-aux-Trembles...
M. Bourdon: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Quand on parle d'organisations vouées
à la promotion des Québécois et des
Québécoises d'origine canadienne, je me demande s'il n'y aurait
pas lieu plutôt de parler des Québécois et
Québécoises de langue française et langue anglaise. Il
m'apparait que c'est plus difficile, peut-être... On
retrouve moins, dans nos lois «canadienne-française»
et «canadienne-anglaise». Mais, si c'était la promotion des
intérêts des Québécois et des
Québécoises de langue française et de langue anglaise, il
me semble que ce serait plus précis.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, je note avec une satisfaction
non déguisée que la ministre n'aime pas tellement employer le
terme «canadien», «canadienne», et son texte
m'apparaît correct; «des Québécois et des
Québécoises de langue française et de langue
anglaise», ça m'apparaîtrait parfaitement correct. On
s'entend que la Société Saint-Jean-Baptiste s'occupe de la
promotion des Québécois de langue française, Alliance
Québec des Québécois de langue anglaise. Et, de toute
façon, les références à l'origine sont de moins en
moins portées. Alors, ça réglerait cette
question-là. Ça m'apparaît correct, M. le Président.
(16 h 50)
Le Président (M. LeSage): Alors, Mme la ministre, est-ce
que vous voulez faire rédiger un sous-amendement?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Écoutez... Non, écoutez,
je n'ai rien contre les Canadiens ou Canadiennes, là. C'est tout
simplement parce que, si on regarde dans toutes les lois qu'on a
déjà...
M. Bourdon: Ça ne concorde pas.
Mme Gagnon-Tremblay: Ou ça concorde peut-être un peu
moins. Donc, si on parlait de langue, à ce moment-là, je trouve
que ça concorderait davantage avec ce qu'il y a déjà
d'écrit dans la loi.
M. Bourdon: M. le Président, si j'ai l'accord de la
commission, je changerais mon texte dans ce sens-là.
Le Président (M. LeSage): Alors, vous allez, M. le
député de Pointe-aux-Trembles, présenter un nouvel
amendement?
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. LeSage): Alors, on suspend l'article
1.
M. Bourdon: Parfait.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que vous revenez... Est-ce qu'on peut
l'adopter tout de suite? On peut le lire?
M. Bourdon: Je n'ai pas de problème à l'adopter
tout de suite...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, on pourrait...
M. Bourdon: ...ça se lirait: «Deux autres membres
sont nommés après avoir sollicité l'avis des organisations
vouées à la promotion [...] des Québécois et des
Québécoises de langue française et de langue
anglaise.»
Mme Gagnon-Tremblay: Vous aviez ajouté «des
intérêts», «la promotion des
intérêts».
M. Bourdon: Oui, «la promotion des
intérêts», vous avez raison. On ne fait pas la promotion de
personnes, mais des intérêts des personnes. Je relis, M. le
Président. Ce serait: «Deux autres membres sont nommés
après avoir sollicité l'avis des organisations vouées
à la promotion des intérêts des Québécois et
des Québécoises de langue française et de langue
anglaise.»
Mme Gagnon-Tremblay: Ça me convient, M. le
Président.
M. Bourdon: Parfait. L'autre amendement...
Le Président (M. LeSage): Non, M. le député
de Pointe-aux-Trembles...
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. LeSage): ...si vous voulez me permettre.
L'amendement que vous avez déposé, je vais supprimer le premier
paragraphe, celui qui se lisait: II est proposé de conserver...
Ça ne change rien, on abroge ça. Je vais lire l'amendement comme
il devrait se lire...
M. Bourdon: O.K.
Le Président (M. LeSage): ...et on va voter dessus.
L'article 3 est modifié par l'insertion, après le
troisième alinéa, de l'alinéa suivant: «Deux autres
membres sont nommés après avoir sollicité l'avis des
organisations vouées à la promotion des intérêts des
Québécois et des Québécoises de langue
française et de langue anglaise.»
M. Bourdon: Ça va.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Gagnon-Tremblay: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 1, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Bourdon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): J'appelle l'article 2, qui se
lit comme suit: 2. L'article S de cette loi est modifié par le
remplacement du premier alinéa par le suivant: «S. Le
président est nommé pour au plus cinq ans.»
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président. Par concordance
avec ce qui a été proposé à l'article 1,
l'amendement proposé a pour objet de supprimer la mention de la
durée des mandats des vice-présidents.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, mon amendement se lirait
comme suit:
L'article S de cette loi est modifié par le remplacement du
premier alinéa par le suivant, et je cite: «S. Le président
est nommé pour une période de trois ans.»
Le sens de l'amendement, M. le Président, c'est qu'il y aurait
dans le Conseil des membres nommés pour trois ans et un président
nommé pour cinq ans. Notre souhait, ce serait que le président
soit nommé pour une période pas plus longue que les autres
membres du Conseil.
Le Président (M. LeSage): Avez-vous des copies de votre
amendement, M. le député?
M. Bourdon: Oui.
(Consultation)
Le Président (M. LeSage): Alors, l'amendement est
recevable. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, j'ai un peu de
difficultés, dans le sens que je regarde quel est le mandat, par
exemple, des membres, des présidents des autres conseils. Donc, j'ai un
peu de difficultés, je ne voudrais pas que la nomination de notre
président ou présidente parce que c'est une
présidente maintenant, mais ça pourrait un jour être un
président aussi ne soit que de trois ans. Il y a toute la
question de la stabilité aussi, le temps de bien comprendre la
problématique, de bien comprendre les dossiers, de travailler, de
s'impliquer dans le milieu, et je trouve que trois ans est court pour
être capable de travailler correctement avec les communautés
culturelles, surtout au niveau de l'intégration. Ça me fait peur
un peu, d'autant plus que c'est différent des autres conseils.
Je prends pour exemple le Conseil des arts et des lettres, qui vient
tout juste d'être créé. On mentionne: «Le mandat du
président du conseil d'administration est d'au plus cinq ans et celui
des autres membres, d'au plus quatre ans.» Alors, c'est toujours cinq ans
qu'on retrouve. Pourquoi faire une exception? Je comprends que le
président, c'est-à-dire que mon collègue n'est
peut-être pas d'accord, actuellement, avec la présente
présidente, mais il y a d'autres membres aussi et il y a d'autres
présidents qui viendront par la suite, et, comme je vous dis, pour les
raisons de stabilité, peut-être que ce serait
préférable de le laisser à cinq ans, pour la
continuité.
M. Bourdon: M. le Président, j'aurais une question
à la ministre: L'adoption de la loi a quelles conséquences pour
la présidente actuelle du Conseil? Est-ce que ça reconduit son
mandat?
Mme Gagnon-Tremblay: Pour la présidente actuelle,
ça ne change absolument rien, c'est-à-dire que son mandat se
termine tel que prévu, la date est... je pense que c'est en 1996. Quel
est le mandat de la présidente? Si ma mémoire est fidèle,
c'est en 1996, encore faut-il que je le vérifie pour avoir plus de
certitude, mais ça ne change en rien le mandat de la présidente
actuelle, ça ne change en rien non plus le mandat du président.
On verra tout à l'heure qu'à l'article concernant les
vice-présidents, on mentionne que le vice-président... On ne
renouvellera pas de poste de vice-président, mais le
vice-président doit terminer son mandat. On ne veut pas non plus
créer des problèmes. Donc, la présidente actuelle doit
terminer son mandat tel que prévu, comme le vice-président
restant. Donc, c'est pour ça que je trouve que le trois ans, à
mon avis, limite beaucoup, compte tenu de la continuité, et je
préférerais le laisser à cinq ans. On me dit que le mandat
de la présidente actuelle se termine le 16 juillet 1995.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Deux choses, M. le Président. D'abord, le
texte dit de toute façon: «Le président est nommé
pour au plus cinq ans.» Un gouvernement pourrait décider de le
nommer pour trois ans.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour trois ans, oui.
M. Bourdon: Alors, je me rends aux arguments de la ministre et je
retire l'amendement.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'amendement est
retiré. Est-ce que l'article 2 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 3, qui
se lit comme suit: 3. L'article 7 de cette loi est remplacé par le
suivant: «7. Le président est chargé de l'administration et
de la direction générale du Conseil. «Il exerce ses
fonctions à temps plein.»
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, l'amendement
proposé a pour objet premier de supprimer le deuxième
alinéa de l'article 7 de la loi actuelle portant sur les fonctions des
deux vice-présidents par concordance avec l'abolition de ces postes, tel
qu'examiné précédemment.
Également, cet amendement a pour objet de redéfinir de
façon plus générale, et je dirais aussi plus moderne, les
fonctions du président et de rapatrier à cet article la mention
que celui-ci exerce ses fonctions à temps plein, au lieu de le mettre un
peu plus loin dans le projet de loi, et cette mention se retrouve actuellement
à l'article 9 de la loi. Donc, maintenant, lorsqu'on parle de la
nomination et de la charge de l'administration, à ce moment-là,
on parle immédiatement de l'exercice à temps plein. C'est plus
cohérent, finalement, que de voir cette mention à un article qui
est beaucoup plus loin dans le projet de loi.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la ministre. M, le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Ça nous convient.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 3 est
adopté. J'appelle l'article 4. 4. L'article 8 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans les deuxième et
troisième lignes, du mot «vice-présidents» par le mot
«membres».
Mme la ministre. (17 heures)
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, comme on abolit les
deux postes de vice-président, il faut, bien sûr, à ce
moment-là, remplacer un des deux postes par un membre au cas où
la présidente ne pourrait pas siéger, par exemple. Donc, à
ce moment-là, c'est un des membres du Conseil qui pourrait jouer ce
rôle.
M. Bourdon: Ça nous va.
Le Présidait (M. LeSage): Ça va. Alors, l'article 4 est
adopté. J'appelle l'article S, qui se lit comme suit:
L'article 9 de cette loi est remplacé par le suivant: «9.
Le gouvernement fixe la rémunération, les avantages sociaux et
les autres conditions de travail du président et du membre
désigné conformément à l'article 8 pour la
période pendant laquelle il remplace le président. »
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, comme je le mentionnais tout à
l'heure, étant donné qu'on retrouvera maintenant le temps plein
à l'autre article qu'on a adopté, on le supprime dans cet
article-là et, en plus, on mentionne que, si jamais il y a un
empêchement pour le président ou la présidente de
siéger à ce moment-là, c'est un membre qui pourra le faire
à la place.
Le Président (M. LeSage): Merci. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article S est
adopté. J'appelle l'article 4, qui se lit comme suit je m'excuse
6...
M. Bourdon: L'article 6.
Le Président (M. LeSage): L'article 10 de cette loi est
modifié par la suppression, dans les première et deuxième
lignes, des mots «et les vice-présidents».
Mme la ministre.
M. Bourdon: C'est concordant.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est concordant également parce que,
là, il n'y a plus d'allocation de présence aux membres. Parce
qu'on sait que les vice-présidents étaient à temps plein,
donc payés à temps plein.
Le Présidait (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: Ça va.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 6 est
adopté.
Fonctions et pouvoirs du Conseil
J'appelle l'article 7.
L'article 13 de cette loi est modifié par le remplacement, dans
la troisième ligne, des mots «l'immigration» par les mots
«l'intégration des immigrés».
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, je pense qu'on en a parlé
longuement. Le député de Pointe-aux-Trembles en a fait
état. C'est que le ministère croit qu'on devrait s'occuper
davantage d'intégration. Donc, on a ajouté les mots «de
l'intégration des immigrés» en enlevant
«immigration». Donc, ça veut dire que le Conseil s'occupera
de l'intégration des immigrés.
M. Bourdon: Ça nous va, M. le Président...
Le Président (M. LeSage): L'article 7 est
adopté...
M. Bourdon:... et c'est conforme à l'énoncé
de politique de la ministre.
Le Président (M. LeSage): Merci. L'article 7 est
adopté. J'appelle l'article 8.
L'article 14 de cette loi est modifié par le remplacement, dans
les paragraphes 1°, 2° et 3°, des mots «l'immigration»
par les mots «l'intégration des immigrés».
Mme Gagnon-Tremblay: C'est encore un article de concordance, M.
le Président.
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. LeSage): Ça va. Alors, l'article 8
est adopté. J'appelle l'article 9, qui se lit comme suit:
L'article 15 de cette loi est modifié par le remplacement, dans
les deuxième et troisième lignes, des mots
«l'immigration» par les mots «l'intégration des
immigrés».
Mme Gagnon-Tremblay: Comme à l'article
précédent, c'est encore un article de concordance.
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 9 est
adopté. J'appelle l'article 10, qui se lit comme suit:
Malgré l'article 1 de la présente loi, un
vice-président en fonction le (indiquer ici la date du jour
précédant celui de la sanction de la présente loi) demeure
en fonction, à titre de vice-président, jusqu'à
l'expiration de son mandat.
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, cette disposition
transitoire a pour objet de maintenir en fonction le vice-président
actuellement en poste jusqu'à l'expiration de son mandat, et, pendant
cette période, il agira à titre de vice-président et
exercera ses fonctions à temps plein, conformément aux
dispositions de son acte de nomination.
M. Bourdon: Ça nous va, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 10 est
adopté. J'appelle l'article 11, qui se lit comme suit:
La présente loi entre en vigueur le...
Mme Gagnon-Tremblay: À la date de sa sanction.
Le Président (M. LeSage): ...(indiquer ici la date...
Mme Gagnon-Tremblay: ...c'est-à-dire à la
date...
Le Président (M. LeSage): ...de la sanction de la
présente loi).
Est-ce que cet article est adopté?
M. Bourdon: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Merci. Est-ce que le titre du
projet de loi est adopté?
M. Bourdon: Adopté, M. le Président. Mme
Gagnon-Tremblay: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que le projet de loi, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Bourdon: Adopté, M. le Président. Mme
Gagnon-Tremblay: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que vous avez des
commentaires, Mme la ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: Non, M. le Président. Tout est
parfait. Merci.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: M. le Président, je félicite la
ministre d'avoir accepté ce dialogue et cette entente.
Le Président (M. LeSage): Merci. Alors, le projet de loi
est adopté tel qu'amendé.
Projet de loi 124
J'appelle maintenant le projet de loi 124... Une voix: Adopté.
M. Bourdon: Ah non!
Le Président (M. LeSage): ...soit la Loi modifiant la Loi
sur le ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration.
Mme la ministre.
Remarques préliminaires Mme Monique
Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président. Le projet de
loi poursuit quatre objectifs. Premièrement, c'est qu'il permet
d'utiliser les nouveaux pouvoirs conférés par la loi
fédérale quant à la possibilité d'assortir de
conditions le droit d'établissement aux ressortissants
étrangers. Aussi, il permet d'adopter des règlements
comportant de nouveaux critères de sélection. Il introduit aussi
la possibilité pour le ministère de modifier la
pondération des critères de sélection et des seuils de
passage pour l'évaluation des ressortissants étrangers. Et, par
ailleurs, il contient des dispositions techniques de concordance ou de
clarification pour faciliter l'application de la loi.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: Alors, M. le Président, il y a, quant à
nous, une difficulté majeure dans le premier volet. D'autre part, c'est
une loi qui comporte beaucoup plus de substance que la 122, puis ça
m'apparaît impossible de l'adopter en 55 minutes. Alors, dans ce
sens-là, je pense qu'il faudrait trouver un moyen d'en commencer
peut-être la discussion, mais d'entendre les intéressés la
semaine prochaine, ou préférablement en janvier, pour pouvoir
conclure. Parce que, de toute manière, même s'il n'y avait pas cet
os, la carcasse de cette loi, qui est l'embryon d'une loi à venir, je
pense, une refonte complète de la Loi sur le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration, c'est quelque chose qui
doit faire l'objet d'une étude.
Je suis conscient, M. le Président, qu'à cause de
l'entente que la ministre a conclue avec son homologue fédéral il
doit y avoir une loi habilitant le Québec. Mais la partie qui touche le
droit d'établissement est, quant à nous, inacceptable dans sa
formulation actuelle et touche et inquiète de nombreux groupes que nous
voulons, quant à nous, faire entendre. Quand les entendre? Il y a du
temps en janvier, puis il y aurait du temps la semaine prochaine. Quant
à nous, il n'y a pas d'entêtement à vouloir que le
débat se fasse à tel ou tel moment, mais nous ne voulons pas
adopter le volet qui touche le droit d'établissement sans avoir entendu
les groupes qui ont des objections. Et c'est une question sensible et
délicate. Trouver du temps la semaine prochaine, moi, ça
m'apparaît faisable et on pourrait finir avant Noël.
Mais je ne veux pas, premièrement, adopter une loi qui a de la
substance en trois quarts d'heure et, d'autre part, le volet qui
préoccupe des groupes, tels le Barreau, l'association des avocats en
immigration, possiblement la Ligue des droits et libertés, le Protecteur
du citoyen, la Commission des droits de la personne... Des audiences, on
pourrait s'entendre sur une liste la semaine prochaine et trouver du temps pour
entendre ces groupes-là, qui auraient un délai raisonnable pour
se préparer et venir se faire entendre. Et, quant à l'association
des avocats en immigration, j'ai retenu l'observation de la ministre. S'ils
doivent voir leur position entérinée par le Barreau, il faudrait
que le Barreau nous le fasse savoir. Et ça serait faisable la semaine
prochaine. Moi, je n'ai pas de préférence à cet
égard-là parce que les groupes auraient le temps de se retourner.
Moi, j'ai mentionné trois ou quatre groupes. J'ajoute le Conseil des
communautés culturelles dans la mesure où le droit
d'établissement a un lien intime avec l'intégration à la
société d'accueil.
Le Président (M. LeSage): Mme la ministre.
Discussion générale
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, il s'agit d'un
projet de loi qui est assez technique, au départ.
M. Bourdon: Oui.
(17 h 10)
Mme Gagnon-Tremblay: Je conviens que c'est difficile, là,
parce qu'on retrouve des modifications à des articles et, si on n'a pas
un peu la philosophie de base de ce projet de loi, c'est très difficile,
à mon avis, d'en comprendre le bien-fondé. Je dois dire que, une
fois que cette loi sera adoptée, il y a toute une réglementation
qui devra suivre. Et, à ce moment-là, bien sûr, c'est une
question de prépublication, publication. Mais ce projet de loi là
est quand même important pour le ministère, pour bien jouer son
rôle surtout face à la nouvelle loi qui a été
adoptée par le gouvernement fédéral, la C-86. Donc, ce que
je pourrais conseiller, cependant, c'est que... J'ai essayé de regrouper
par secteurs, finalement, ce projet de loi pour qu'il soit plus
compréhensible, et je suis prête à donner les documents
qu'il faut à mon collègue de l'Opposition. Donc, par exemple,
quand on parle des articles 1, 5 et 11, il y a des articles qui sont de
même nature, qui se recoupent. Donc, à ce moment-là,
peut-être qu'on pourrait prendre... au lieu de prendre l'article 1,
l'article 2, je pourrais suggérer certains articles, et là on
pourrait discuter du principe même de chacun de ces articles-là,
et peut-être que ça serait plus facile.
Prenez, par exemple, quand on parle du droit d'établissement;
bien sûr que le député de Pointe-aux-Trembles peut avoir
des préoccupations à prime abord et peut se poser des questions,
à savoir: Est-ce que le gouvernement va commencer à obliger des
gens, par exemple, à aller en région, va obliger des gens ou des
entreprises à s'installer dans les régions? Bon. Je pense
qu'à ce moment-ci je voudrais rassurer le député de
Pointe-aux-Trembles et lui dire que, bien sûr, j'ai une
préoccupation pour la régionalisation, mais il n'est nullement
question de forcer qui que ce soit et on ne le retrouve pas dans la loi
non plus à aller s'établir en région.
Mais il pourrait arriver, pour toutes sortes de raisons, que certaines
personnes ne soient pas admissibles, par exemple, à venir
s'établir au Québec, ne passent pas notre grille de
sélection parce que, par exemple, l'emploi est éliminatoire. Mais
cependant, dans une région donnée, la personne pourrait aller
travailler, parce qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre
qualifiée. Donc, qu'est-ce qu'on pourrait faire avec ça?
C'est
qu'on pourrait permettre c'est dans notre grille de
sélection à cette personne-là d'obtenir des points
pour pouvoir venir s'établir en région. Mais, encore une fois,
vous comprenez que, en vertu de la Charte des droits et libertés, on ne
peut pas indéfiniment priver cette personne-là d'aller d'une
région à l'autre ou de s'établir ailleurs. Il s'agirait,
bien sûr, d'une espèce de contrat qui pourrait s'établir
entre l'employeur et l'employé pour une certaine durée, et cette
durée-là devrait être limitée, parce qu'on ne
pourrait pas, par exemple, dire: Pendant 10 ans ou pendant 15 ans... On sait
que ça irait à rencontre de la Charte des droits, et n'importe
qui pourrait, finalement, invalider, par exemple, ce contrat-là.
Mais, cependant, ce que ça pourrait faire, c'est que ça
pourrait permettre à cette personne de s'établir, et il ne faut
pas oublier qu'à ce moment-là je n'oblige pas qui que ce soit
à y aller, la personne a toujours le choix. Parce que, là,
premièrement, ça ne touche pas les personnes au Québec;
ça touche les personnes qui sont à l'extérieur du
Québec et qui ont le choix d'accepter ce type de contrat, de
s'établir en région ou bien d'aller s'établir dans
n'importe quel autre pays. C'est qu'on n'oblige personne à faire ce
choix; la personne est libre de faire ce choix, sauf que, si, librement, la
personne fait ce choix, il doit y avoir, quand même, un certain respect
de cette condition, qu'on pourrait voir, par exemple, dans le visa, tout comme
le gouvernement fédéral l'a prévu dans sa loi C-86,
c'est-à-dire qu'on pourrait voir une condition dans le visa, et la
condition serait levée après une certaine période de
temps. Si le contrat est de deux ans, par exemple, elle pourrait être
levée après deux ans.
Donc, il n'est nullement question de forcer quelqu'un à venir
s'établir. C'est en toute connaissance de cause que la personne pourrait
le faire et sur une base tout à fait volontaire, parce qu'elle aurait le
choix d'aller ailleurs, d'aller au Québec ou d'aller ailleurs. Donc,
finalement, c'est ça qu'on vise au niveau du projet de loi, c'est de se
donner les moyens d'aider, par exemple, des personnes qui, autrement, ne
pourraient pas venir au Québec, mais qui pourraient venir, par exemple,
en choisissant une région.
La même chose pour une entreprise, par exemple. Supposons qu'un
entrepreneur ne pourrait pas s'établir, ne serait pas accepté en
vertu de notre programme d'immigrants entrepreneurs. À ce
moment-là, peut-être que, avec des points supplémentaires
parce qu'il consent à aller faire des affaires avec une région,
parce qu'il y a déjà d'autres entreprises avec lesquelles il
pourrait faire des affaires, ou de la sous-traitance, ou quoi que ce soit,
à ce moment-là, ça serait un plus; il accepterait de le
faire.
Je tiens à préciser aussi que ça ne touche que la
catégorie des indépendants, c'est-à-dire la
catégorie des gens que l'on sélectionne en vertu de leurs
qualifications et de leur main-d'oeuvre, ou encore... Donc, ça ne touche
pas la famille, par exemple; la famille n'est pas touchée par ça,
de même que les réfugiés, non plus, ne sont pas
touchés. Il s'agit uniquement de la catégorie des
indépendants. Donc, il m'apparaît que, quand c'est bien compris
je comprends que, à sa base même, ça semble
très technique et ça peut être difficile mais, quand
on comprend bien ce qu'on vise, à ce moment-là, je pense que
c'est compréhensible, et, comme le gouvernement fédéral a
déjà dans sa loi quelque chose de semblable, nous, ce qu'on veut
au Québec, c'est s'harmoniser, et, comme on a l'exclusivité
en vertu surtout de la dernière entente que j'ai signée
avec Mme McDougall de la sélection de la catégorie des
indépendants, on ne voudrait pas se faire imposer par le gouvernement
fédéral ce critère, par exemple, de
régionalisation. On voudrait bien être capable d'occuper ce champ
de compétence. Donc, ce qu'on dit, c'est: Mettons dans la loi ce droit
d'établissement qui pourra être assorti de certaines conditions,
mais, par la suite, tout sera complété par la
réglementation.
Je ne sais pas si le député de Pointe-aux-Trembles a des
questions. On est ici pour bien se comprendre, et je suis prête à
lui donner d'autres informations, si nécessaire.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, d'abord, je remercie
la ministre de nous fournir un tableau plus complet et je suis conscient que le
Québec ne veut pas se retrouver dans un vide juridique qui permettrait
au gouvernement fédéral d'occuper des champs qui ont
été conquis de haute lutte par une négociation difficile
avec le gouvernement fédéral. Ça, c'est le premier
aspect.
Deuxième aspect, c'est qu'on n'a pas le projet de
réglementation. Et, pour les avocats et avocates que ca
intéresse, c'est sûr que la chair de la question se retrouve dans
la réglementation que nous n'avons pas encore. Par ailleurs, le
Parlement n'ajournera pas demain, là, et il y a des groupes qui veulent
être entendus, et, moi, je pense que nous devons les entendre. Et
ça m'étonnerait qu'on puisse, en trois quarts d'heure, adopter un
projet de loi, fusse-t-il technique, parce qu'il est important que le
porte-parole de l'Opposition comprenne toutes les facettes, et il y a au moins
un groupe qui s'est proposé pour nous expliquer ses craintes.
Alors, moi, dans ce sens-là, je n'exclus pas la
possibilité d'une adoption pour la Noël, mais ce que je dis, c'est
qu'on aurait besoin du projet de règlement, et je pense qu'on a besoin
d'entendre des groupes. Pas longuement: dans l'horaire de la semaine prochaine,
je suis convaincu qu'on serait capable de trouver le temps et que, finalement,
si on a le temps de discuter de propositions dont on sait d'avance qu'elles
vont être rejetées, on pourrait trouver le temps d'entendre des
groupes qui auraient un délai raisonnable pour se présenter, afin
de se faire entendre avant l'adoption plutôt qu'après. Parce que,
après, même si on a le règlement puis qu'il y a une
prépublication, il reste que le projet de règlement, il est
publié en vertu de la loi, puis, s'il y
a des choses inacceptables pour certains groupes dans la loi, le
règlement ne viendra pas nécessairement bonifier. Et, en plus,
j'ai beau avoir une capacité de lecture rapide, les tableaux et tout,
j'aurais besoin d'un peu de temps pour les consulter avec mon oeil valide.
Le Président (M. LeSage): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président, je reviens
encore en disant qu'entre autres selon le tableau qui est entre les
mains de mon collègue les articles 1, S et 11, justement, sont
relatifs au droit d'établissement. J'ai donné tout à
l'heure les raisons et comment on pourrait permettre à quelqu'un de
s'établir, par exemple, en région, toujours sur une base
volontaire.
Je comprends cependant la préoccupation du député
de Pointe-aux-Trembles de vouloir consulter les gens. Je dois vous dire que,
moi, je n'ai eu aucune représentation, M. le Président, pour que
ces personnes-là... elles ne m'ont pas demandé de se faire
entendre. D'autre part, ce que je pourrais dire, cependant, en guise de
compromis au député, ce que je pourrais offrir en guise de
compromis au député de Pointe-aux-Trembles... Je comprends que ce
n'est pas facile et, comme je le disais tout à l'heure, c'est technique,
ce projet de loi là. En guise de compromis, ce qu'on pourrait faire,
c'est qu'on pourrait adopter la loi, mais suspendre son application
jusqu'à temps qu'on dépose les règlements. Parce qu'il
n'est pas de mon intention de cacher quoi que ce soit; je veux que ce soit
très transparent. On a toujours avantage à discuter aussi pour
pouvoir améliorer quoi que ce soit, et, si on pouvait adopter le projet
de loi et ses articles, je suis prête, M. le Président, à
suspendre son application, tant et aussi longtemps que les règlements
n'auraient pas été déposés
ultérieurement.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, moi, j'aurais besoin d'un
délai de réflexion parce que j'ai des personnes à
consulter. J'apprécie la portée de l'offre: c'est que 1, S et 11
seraient suspendus jusqu'à ce que la réglementation soit
publiée.
Le Président (M. LeSage): C'est ce que la ministre a
indiqué, M. le député.
M. Bourdon: Mais est-ce qu'on entendrait, sur la
réglementation, les personnes et les groupes qui sont
intéressés? Parce qu'il y a des personnes qui veulent se faire
entendre. Et je dis tout de suite à la ministre que je pourrais, lundi,
multiplier les télégrammes et elle recevrait un paquet de
demandes d'intervention, mais, ça, c'est un jeu auquel je n'ai pas envie
de me livrer, et j'aurais besoin d'un délai de réflexion avant de
donner la réponse. (17 h 20)
Le Président (M. LeSage): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, comme je l'ai
mentionné, il y aura prépublication et publication, parce que les
règlements, actuellement, ne sont pas tous attachés, ne sont pas
encore terminés. Mais bien sûr que, lors de la
prépublication, tout groupe, toute association peut se faire entendre
et, à ce moment-là, peut faire connaître ses objections
aussi. Alors, si, par exemple, la prépublication soulève des
interrogations et qu'il y a des personnes qui veulent faire connaître
leurs commentaires, à ce moment-là, c'est la règle de
procédure habituelle, c'est-à-dire qu'elles nous feront part de
leurs revendications, et on peut toujours réajuster le tir au niveau de
la publication.
Alors, dans ce sens-là, je comprends qu'on peut toujours donner
un peu de temps au député. Je ne pense pas que, dans une
demi-heure, on soit en mesure d'adopter le projet de loi. Mais, cependant, je
veux quand même qu'il soit bien au fait qu'on pourrait comme je
l'ai dit, en guise de compromis suspendre ces trois articles
jusqu'à ce que les règlements soient publiés, soient
même adoptés. Et, à ce moment-là, je pense qu'on
aurait fait un pas, sans revenir par la suite.
Peut-être qu'on pourrait aussi j'aimerais peut-être,
si ça convient, je pense que mon collègue peut prendre le temps
pour réfléchir regarder un deuxième volet, entre
autres, du projet, parce que je pense que ça va faciliter la
compréhension. Quand on parle, par exemple, ou on discute des questions,
par exemple ça paraît assez considérable 2,
3, 4, 6, 8, 9 et 10, tous ces articles se rapportent aux formulaires.
Vous savez, le ministère a plusieurs formulaires. Il peut avoir
un formulaire, par exemple, pour faire une demande de certificat de
sélection; un formulaire, par exemple, pour souscrire à un
engagement; un formulaire pour des attestations d'identité; pour des
CAQ, par exemple; pour des personnes qui sont des étudiants qui veulent
venir étudier au Québec; pour, par exemple, même au niveau
des services de l'intégration linguistique, les personnes qui veulent
suivre des cours de français; des personnes qui ont besoin d'assistance
financière; par exemple, pour les stagiaires d'intégration
linguistique; ou encore pour des prêts pour aider l'immigrant, entre
autres, au niveau des réfugiés, les plus démunis. Alors,
on a toutes sortes de formulaires. Cependant, la difficulté, et c'est
ça qu'on demande dans le projet de loi, ces formulaires-là, quand
on veut faire une petite modification je ne parle pas du contenu, parce
que le contenu doit être réglementé, le contenu doit
être accepté par un règlement gouvernemental, on doit
suivre la procédure habituelle mais quand on veut faire une
petite modification non pas au contenu, mais ne serait-ce que changer une date,
à un moment donné, ne serait-ce que changer des choses
très, très, très mineures, ça prend un temps
incroyable pour y arriver parce qu'il faut passer par une réglementation
gouvernementale.
Alors, tout ce qu'on fait dans ce projet de loi et
tout ce qu'on dit, c'est que, pour ces modifications mineures qui n'ont
pas trait au contenu, dorénavant, ces modifications-là pourront
se faire par un règlement ministériel et non pas un
règlement gouvernemental.
Alors, c'est ce qu'on retrouve, par exemple, aux articles 2, 3, 4, 6, 8,
9 et 10. Donc, peut-être que ça va permettre une meilleure
compréhension. Déjà, on a passé plusieurs articles
qui sont relatifs, par exemple, à la même chose, comme, entre
autres, les formulaires. Alors, ça, je pense qu'on pourrait continuer
comme ça, et ça va vous donner une meilleure idée.
Peut-être que la semaine prochaine on pourra revenir, et ça sera
plus facile, ça va faciliter la compréhension du projet de
loi.
Si je prends, par exemple, le troisième bloc. Le troisième
bloc est relatif à l'engagement. La demande d'un ressortissant
étranger qui veut s'établir au Québec doit être
appuyée de l'engagement d'un tiers à l'aider à cette fin.
Ça, c'est pour souscrire à un engagement, par exemple. Vous avez
des personnes qui peuvent venir au Québec si un membre de la famille,
par exemple, peut y souscrire. Mais là on veut l'élargir; on
voudrait élargir cet engagement, on veut en faire un critère de
sélection. Parce que ce n'était pas un critère de
sélection actuellement; c'est quelque chose qu'on acceptait volontiers,
mais ça ne faisait pas partie d'un critère de sélection.
Là, cet engagement-là, deviendrait un critère de
sélection et ça pourrait permettre, par exemple, aux
collatéraux, qui ne faisaient pas partie de l'engagement habituel,
les frères, les soeurs, les neveux, les nièces, par
exemple de pouvoir venir au Québec suite à un engagement
qui serait accordé par un Québécois.
Et, encore là, c'est facultatif. Supposons, par exemple, que
quelqu'un ne pourrait pas venir au Québec pour toutes sortes de raisons,
parce que la personne ne fait pas la grille, supposons qu'elle n'a pas les
qualifications suffisantes et qu'il lui manquerait un, ou deux, ou trois
points, par exemple, s'il y a une personne au Québec qui s'engage
à pourvoir à ses besoins si cette personne-là n'avait pas
d'emploi ou quoi que ce soit, à ce moment-là, on pourrait
considérer sa demande. Parce que, comme je le disais tout à
l'heure, les collatéraux ne font pas partie des engagements actuellement
et, en plus de ça, c'est que cet engagement-là deviendrait un
critère de sélection. Le projet de loi ici nous permet, au
gouvernement, d'en faire un critère de sélection et d'aider des
personnes qui, autrement, ne viendraient pas. Alors, ça, c'est le
troisième bloc du projet de loi.
Quant au quatrième, bon, c'est pour bonifier les articles 7 et
13, c'est-à-dire deux articles à 7 et 13, et c'est au niveau des
échanges de renseignements. L'article 7, c'est tout simplement une
précision qu'on apporte parce qu'on parle de certificat, mais là
on y ajoute «certificat de sélection ou d'acceptation». Ce
n'était pas précisé dans le projet de loi. Donc, c'est
tout simplement une simple précision. On va ajouter au certificat, on va
ajouter «sélection ou d'acceptation». Quant à
l'article 13, encore là, on change un «et» par un
«ou». Alors, ce n'est pas majeur. C'est vraiment quelque chose de
très mineur.
On arrive maintenant au bloc cinq, et c'est tous les pouvoirs
habilitants du gouvernement en matière de réglementation.
Là, on touche les paragraphes 3e, 4°, 5° et 7° de
l'article 11.
Vous me permettrez, M. le Président, de regarder un peu parce
qu'on .passe... Moi-même, voyez-vous, avec les Finances et l'Immigration,
ce n'est pas...
Donc, ça nous habilite à réglementer les pouvoirs
concernant, par exemple, des nouveaux critères de sélection qu'on
voudrait établir. L'évaluation du conjoint, aussi
jusqu'à maintenant, on ne prend pas le conjoint en considération
dans le sens que vous avez, par exemple... On sait que les conjointes,
entre autres, quand elles arrivent au Québec, de plus en plus, elles se
retrouvent sur le marché du travail comme toutes les autres
Québécoises. Et c'est important pour nous de prendre en
considération ses qualifications. Et ça, les groupes de femmes
nous l'avaient demandé à un moment donné, parce que, des
fois, souvent, c'est grâce à la conjointe si le conjoint peut
venir au Québec. Donc, on veut prendre en considération
l'évaluation du conjoint et lui donner des points en conséquence
pour lui permettre de passer la grille de sélection. Alors, ça,
c'est un engagement qu'on avait pris aussi dans l'énoncé de
politique. (17 h 30)
II y a aussi un critère concernant l'examen préliminaire.
Vous savez que, dans certains pays ou même, je dirais, dans presque tous
les pays, on reçoit tellement de demandes qu'il est un peu normal que
l'on fasse ce qu'on appelle une présélection, un examen
préliminaire des dossiers pour rejeter ceux qu'on voit
immédiatement qu'ils ne sont pas conformes, qui ne pourraient pas passer
la grille. Parce que, sans ça, vous comprenez qu'on ne réussirait
jamais à recevoir en entrevue toutes les demandes. Surtout dans certains
pays, je pense, entre autres, à certains pays d'où on
reçoit parfois 35 000 demandes par année, alors qu'on
sélectionne à peu près entre 40 000 et 45 000 immigrants
par année. Donc, la loi nous permet de se donner un pouvoir d'examen
préliminaire et, en vertu de la réglementation, plus tard, on
déterminera des critères de ça. Mais, actuellement, pour
nous permettre... Parce que, là, c'est important. Si on a du personnel
qui doit faire cette présélection, encore faut-il que ce
personnel soit habilité à la faire et qu'on ait
déterminé des critères pour qu'il puisse la faire, bien
sûr, en fonction de nos critères de sélection.
Quant aux catégories d'immigrants qui doivent être
rencontrés en entrevue de sélection... Vous me rappelez c'est
quoi?
Une voix: C'est juste une précision. C'est les
indépendants.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça. Quand on parle de
l'entrevue de sélection par rapport à l'examen
préliminaire...
Une voix: Non, carrément une entrevue de
sélection. On vient préciser que c'est les candidats
indépendants qui doivent se présenter à l'entrevue.
Mme Gagnon-Tremblay: O.K. D'accord. Alors, c'est tout simplement
un ajustement qu'on fait à un article par rapport à
l'évaluation du conjoint et par rapport à la catégorie
d'immigrants qu'on doit rencontrer en entrevue de sélection. C'est au
niveau, entre autres, de la catégorie des indépendants.
Après ça, on touche aux types d'attestations
d'identité, leur durée, la caducité. Quand les gens
arrivent ici pour aller chercher des services auprès du gouvernement
on sait que le Québec est très généreux et
offre plusieurs services on sait que, pour aller chercher ces services,
il faut, bien sûr, accorder des attestations d'identité. Donc, ce
qu'on dit à ce moment-là: Est-ce qu'il y aurait
possibilité d'avoir une durée à ça et aussi de
voir, à un moment donné, si ces attestations ne peuvent pas
devenir caduques dans certains cas? Ça, c'est le cinquième bloc
qu'on retrouve dans le projet de loi.
Le sixième bloc, c'est ce qu'on appelle la pondération par
règlement. C'est pas pire, hein, je trouve, pour avoir très
peu... Oui, je trouve que c'est très technique. Je l'avais
déjà vu auparavant, mais je ne l'ai pas vu récemment, je
n'ai pas été capable de revoir ce projet de loi récemment,
donc je me surprends, la mémoire me revient.
En ce qui concerne la pondération, actuellement, le projet de loi
du gouvernement fédéral C-86, par exemple, avec ce projet de loi
du fédéral, on pourrait dire: Cette année, quand on
décide de nos niveaux, on fait une consultation des niveaux et on
décide qu'on va chercher 45 000 immigrants. Il faut savoir: Est-ce qu'on
va contrôler ces niveaux-là? Qu'est-ce qu'on fait si, par exemple,
à un moment donné, on a 75 000 demandes? Est-ce qu'on accepte les
75 000 dans la même année ou si on maintient notre niveau de 45
000? Le gouvernement fédéral a prévu qu'une fois qu'il
aurait atteint son niveau le niveau du fédéral est pas mal
plus considérable que celui du Québec à ce
moment-là, il pourrait tout simplement non pas seulement refuser les
gens à venir, mais il pourrait dire: Toutes les personnes, tous les
dossiers qu'on a actuellement, on les ferme, on les oublie, et refaites une
demande s'il y a lieu, plus tard, mais on ne les considère pas. Mais,
nous, on a un certain problème, parce que le fédéral
émet son visa une fois que, nous, on a émis notre certificat de
sélection. Alors, vous comprenez que la personne peut avoir son
certificat de sélection en main, mais le visa, lui, peut être
refusé parce que le niveau est atteint.
Alors, ce qu'on veut faire, on ne change pas le critère de
sélection, on ne change pas les critères, mais il peut arriver en
cours d'année, dépendamment de la demande, dépendamment
aussi de notre économie... Supposons, par exemple, qu'on a des
difficultés ou supposons, par exemple, que, bon, on doit réagir
au niveau des qualifications pour une certaine main-d'oeuvre, ça nous
permettrait, au cours d'une année, d'agir rapidement sur la
pondération, c'est-à-dire que, au lieu de dire, par exemple,
qu'on accorde 10 points pour telle chose, pour telle qualification ou tel
critère, on pourrait accorder, par exemple, 8 points ou 5 points et,
comme ça, aller chercher les personnes qui sont les mieux
qualifiées pour pouvoir répondre aux objectifs, entre autres, de
francisation du Québec ou encore des objectifs économiques. donc,
supposons, par exemple, que j'ai un objectif d'atteindre 40 % d'immigration
francophone d'ici 1994 ça s'en vient rapidement... j'étais
à 37 % l'année dernière et, quand j'ai
décidé de cet objectif, on était à 27 %. on a fait
un bond, mais ce n'est pas facile, par exemple. si j'ai beaucoup plus de
familles qui arrivent, sur lesquelles je n'ai pas de contrôle, ou encore
de réfugiés, et que je dois aller chercher mes francophones, je
contrôle mes francophones à partir de la catégorie des
indépendants, à ce moment-là, il pourrait arriver que, si
je veux atteindre mon objectif, j'accorde plus de points à la
francisation. alors, c'est pour me permettre de réagir rapidement au
cours d'une année, de pondérer mes pourcentages sans pour autant
toucher aux critères, parce que les critères doivent être
définis et doivent être réglementés, et je ne peux
pas changer les critères. mais, par la pondération, ça
pourrait me permettre d'agir rapidement. c'est le sixième bloc qu'on
retrouve au niveau du projet de loi.
Quant au septième bloc, c'est toute la question
d'enquêteurs et de vérificateurs. Là, je vous avoue au
départ qu'il ne s'agit pas de créer des polices ou quoi que ce
soit. C'est toute une petite, petite unité de trois ou quatre personnes,
maximum, pour fins de vérification. On sait qu'on a des gens qui
arrivent, ils sont tous de bonne foi, il y a des personnes qui nous envoient
des demandes, mais je pense que c'est important de voir si, aussi, les
déclarations qu'on nous fait sont des déclarations qui sont
correctes, qui sont exactes. Donc, ces vérificateurs-là, non
seulement on les nomme, mais aussi on leur donne les pouvoirs d'enquêter
parce que, actuellement, ils n'ont pas ces pouvoirs d'enquête. Alors, on
leur donne des pouvoirs d'enquêter et on leur donne les pouvoirs de
vérifier, mais, en même temps, aussi, ce qu'on dit, c'est qu'on
mentionne parce que ça touche aussi à un article de la loi
concernant l'accès à l'information on dit qu'on ne peut
pas dévoiler ou divulguer notre preuve, bien sûr, avant que la
personne ait été... c'est-à-dire tant qu'on n'a pas
déposé les plaintes. Actuellement, c'est que n'importe qui
pourrait avoir accès à l'information, donc on ne pourrait jamais
poursuivre.
Et aussi on va retrouver une place où on enlève le mot
«sciemment», parce qu'on se rend compte que, quand on met
«sciemment», on n'est pas capable de faire la preuve. La preuve
nous incombe et on n'est jamais capable de faire la preuve si une personne a
fait une fausse déclaration ou non. Donc, c'est le bloc sept qu'on
retrouve du projet de loi. Et le bloc huit, bien sûr, c'est
l'entrée en vigueur de la loi.
Donc, je pense que, quand on le regarde par bloc, comme ça, et
tout ce qui sous-tend, finalement, la
philosophie de ce projet de loi, on se rend compte que ce ne sont que
des bonnes choses, et ça permet, bien sûr, d'agir à ce
moment-là. Et, comme je dis, il y a une réglementation qui
suivrait. Quant aux articles, surtout les articles qui concernant davantage mon
collègue de Pointe-aux-Trembles, les articles concernant le droit
d'établissement, je suis prête à faire un compromis
concernant ces trois articles-là en disant: On pourra suspendre, si on
adopte le projet de loi, la mise en vigueur, l'entrée en vigueur de ces
trois articles jusqu'à ce qu'on dépose ou qu'on adopte, pas qu'on
dépose, mais qu'on adopte la réglementation.
Alors, M. le Président, ce sont les informations que je peux
fournir à ce moment-ci. On pourra revenir la semaine prochaine. Je vais
laisser toute la fin de semaine à mon collègue pour
digérer ces tableaux et possiblement que la semaine prochaine ce sera
beaucoup plus facile pour l'adoption du projet de loi.
Le Président (M. Bradet): Merci, Mme la ministre.
M. Bourdon: M. le Président, j'ai une question à
deux volets. D'une part, la suspension de l'application des articles 1, S et
11. Qu'est-ce qui arrive si, après avoir entendu des individus et des
groupes, la ministre venait à la conclusion que tel aspect d'un
règlement ne pourrait pas être corrigé sans corriger la loi
qui donne naissance au règlement?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que ça ne pourrait pas
arriver, M. le Président, parce que le pouvoir est tellement
général. Et, comme je vous dis, c'est un pouvoir habilitant,
mais, s'il n'est pas suivi d'une réglementation, à ce
moment-là, même si j'ai le pouvoir habilitant, je ne peux rien
faire.
M. Bourdon: Une autre question, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Oui, allez-y, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Est-ce qu'on pourrait trouver du temps la semaine
prochaine pour entendre, sur les articles 1, 5 et 11 principalement, le groupe
qui a demandé à être entendu, à condition,
évidemment, qu'il en fasse la demande expresse?
Le Président (M. LeSage): Mme la ministre.
(17 h 40)
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, c'est une question
de temps, cependant. Vous comprenez que j'ai un projet de loi qui vient
d'être adopté, j'ai celui-ci et j'en ai un autre aussi au niveau
des finances. Je n'ai rien contre, par exemple, le fait que mes fonctionnaires
puissent rencontrer l'Association et répondre à ses questions
s'il y a des préoccupations concernant ces articles-là. Moi, j'ai
ouï-dire, et ce que j'ai cru comprendre de l'Association des avocats en
droit de l'immigration, je dirais même quelques avocats, parce qu'on me
dit que même le président de l'Association n'était pas au
fait, non plus, de cette entrevue, de cette rencontre... Donc, ce que j'ai cru
comprendre, c'est que l'Association était préoccupée par
d'autres projets de loi ou par d'autres questions concernant l'immigration,
mais que, finalement, concernant ce projet-là... Parce que je ne
voudrais pas qu'on rencontre l'Association et qu'on parle de tout sauf,
naturellement, du projet de loi qui nous concerne.
Alors, ce que je peux faire comme compromis, c'est que, si
l'Association, à la demande de son président, est prête
à rencontrer mes fonctionnaires même en collaboration avec le
représentant de l'Opposition, je suis d'accord, en dehors de cette
commission parlementaire, et qu'on donne tout l'éclairage
nécessaire. Comme je disais tout à l'heure à mon
collègue, je n'ai rien à cacher. Je pense qu'on travaille dans un
but constructif. Je n'ai absolument rien à cacher. Cependant, c'est une
question de temps aussi, et c'est pour ça que je demanderais à
mon collègue... S'il y a une demande qui nous vient de la part du
président, comme je le mentionnais, mes fonctionnaires pourraient fort
bien les rencontrer et leur expliquer le contenu et, par la suite, s'il y a
encore des préoccupations, on pourra les régler ici entre
nous.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Maintenant, M. le Président, à cet
égard-là, moi, j'ai en main, et on en a fait état au
ministère, des commentaires de l'Association québécoise
des avocats et avocates en droit de l'immigration sur le projet de loi 124
portant sur les modifications à la loi sur les communautés
culturelles et à l'immigration. C'est sûr que, lors du briefing
que la ministre nous avait consenti, on a abordé 140 et d'autres
facettes de la question complexe de l'immigration. Mais, moi, ce que je
suggère, c'est que, la semaine prochaine, on pourrait entendre ce
groupe-là pendant une heure en commission parlementaire à
l'occasion de l'étude détaillée du projet de loi article
par article, mais les seuls objets de la discussion seraient évidemment
ceux contenus dans la loi.
Je comprends que la ministre ne peut certainement pas toucher en
commission parlementaire un projet de loi du ministre responsable des
corporations professionnelles qui est en discussion ou une déclaration
et un énoncé d'intention de son collègue de la Justice. Ce
n'est pas simple, là. On sait qu'il y a beaucoup de questions. Mais,
moi, ça se résumerait à ce groupe, si son président
en fait la demande, puis le but ne serait pas de retarder les travaux de la
commission, mais bien, dans le fond, de les éclairer, puis même de
les accélérer. Puis on pourrait regarder le détail de
quand ça se fait.
Je sais que c'est la bousculade de la fin de session, mais je pense que
les leaders des deux bords pourraient trouver un temps pour ça d'autant
que le projet de
loi synthétisé et présenté en bloc est quand
même plus simple à comprendre. Puis on pourrait même
envisager l'adoption par bloc parce que, dans un bloc, il y a des choses qui
sont concordantes à d'autres puis, une fois que le principe a
été retenu, ce n'est pas impossible de passer à travers
l'ensemble. Et le projet de règlement, bien, on souhaiterait l'avoir
tôt parce que c'est là que la substance réelle de ce qui va
se faire va transparaître.
Le Président (M. LeSage): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, le groupe, dans son
document, aborde, comme mon collègue le disait tout à l'heure,
une foule de questions qui ne sont pas touchées par le projet de loi
124. Ce que j'ai remarqué dans leur document, entre autres, ils sont
surtout préoccupés par la Charte canadienne, quand on parle du
droit d'établissement. Par contre, comme j'ai mentionné tout
à l'heure à mon collègue, moi, je ne doute pas que la
Charte ne soit pas brimée à ce moment-ci; au contraire, il s'agit
de personnes à l'extérieur qui ont le choix de venir ou de ne pas
venir et, bien sûr, on ne pourrait pas avoir un règlement qui
obligerait quelqu'un à rester en région pendant des
années. Il faut respecter ça, et c'était surtout la
préoccupation, je pense, de ces personnes dans le document dont j'ai
copie.
C'est pour ça que je me dis qu'à ce moment-là,
compte tenu du temps, étant donné que je serai en commission
parlementaire pour un autre projet de loi sur les Finances lundi, ce que je
suggérerais peut-être au député de l'Opposition, ce
serait de permettre aux fonctionnaires de rencontrer les représentants
de l'Association lundi sur le projet de loi 124, surtout la question de la
Charte, et, par la suite, s'il y a mésentente ou si, malgré tout,
il y a difficulté, on pourra revoir le tout lorsqu'on commencera
à discuter article par article. Alors, là, je pense que ce serait
quand même un compromis acceptable, de permettre aux fonctionnaires,
lundi parce que je ne pourrai pas revenir lundi matin, entre autres
parce que j'ai un autre projet de les rencontrer, même en
compagnie du député de l'Opposition, s'il le désire
comme je vous dis, je n'ai rien à camoufler dans ce projet de loi
là mais en autant, bien sûr, que ce soit conforme au projet
de loi 124. Parce que je ne voudrais pas que la discussion soit la même
qui a eu lieu au début de la semaine et qu'on se retrouve avec plein de
préoccupations qui ne concernent pas le projet de loi 124. Mais
permettons aux fonctionnaires de rencontrer les membres de l'Association, en
somme ceux et celles qui sont préoccupés par ça, lundi,
et, s'il y a encore de la difficulté ou s'il y a encore des
préoccupations, on prendra la décision lorsqu'on se retrouvera
face à face pour l'étude du projet de loi.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, cela me convient
parfaitement. Je ne pourrai pas, moi non plus, y être lundi. Laissons-les
donc travailler avec ceux qui les ont très bien reçus à
l'occasion d'avant. Comme c'est un groupe qui ne s'est jamais fait entendre, il
y a eu tendance à déborder parce que ce sont des personnes qui
connaissent toutes les facettes. Et vous avez raison, il sera toujours temps en
commission parlementaire, s'ils sont présents, de leur demander de venir
témoigner, si la ministre y consent. Ça m'apparaît
raisonnable. Ça nous donne le week-end pour étudier toutes les
facettes des blocs du projet de loi, puis on pourrait conclure la semaine
prochaine.
Le Président (M. LeSage): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous comprendrez, M. le Président,
cependant, qu'on est prêts à les rencontrer en autant qu'ils
veuillent bien nous rencontrer aussi.
M. Bourdon: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Encore faudrait-il avoir... Je ne sais pas
si c'est le député de Pointe-aux-Trembles qui veut faire
l'invitation, qui veut les contacter...
M. Bourdon: Non, ça pourrait être le cabinet de la
ministre, quant à moi.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, ou bien pour savoir... avoir les noms,
finalement, des personnes.
M. Bourdon: Oui, oui, et ils sont disponibles. Mme
Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Bourdon: Je pense que, ça, ça ne constituerait
pas un problème et on pourrait, dans la semaine, voir si c'est
suffisant. Ils vont certainement vouloir assister à l'adoption du projet
de loi puis à la commission parlementaire. Mais, à cet
égard-là, je pense que ça ne pose pas de
difficultés.
Mme Gagnon-Tremblay: O.K. Alors, ça me convient, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
ministre?
M. Bourdon: La journée finit bien.
Le Président (M. LeSage): Alors, si je comprends bien, on
va ajourner nos travaux.
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. LeSage): Alors, j'ajourne les travaux de
la commission de la culture sine die.
(Fin de la séance à 17 h 48)