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(Onze heures douze minutes)
Le Président (M. Messier): Je déclare que la
séance de la commission de la culture est ouverte. Je rappelle le mandat
de la commission. Le mandat de la commission pour cette séance est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 135, Loi sur le Conservatoire de musique et d'art dramatique du
Québec. Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Paré
(Shefford) sera remplacé par M. Brassard (Lac-Saint-Jean).
Le Président (M. Messier): Merci. Une voix: Mme
Blackburn est membre...
Le Président (M. Messier): Oui, mais c'est juste pour les
remplacements. Parfait. Je ne sais pas s'il y a des remarques
préliminaires de la ministre...
Mme Frulla: Oui.
Le Président (M. Messier): ...et de l'Opposition
officielle par la suite. Oui, Mme la ministre, nous sommes tout ouïe.
Remarques préliminaires Mme Liza Frulla
Mme Frulla: M. le Président et chers membres de la
commission de la culture, nous entamons aujourd'hui l'étude article par
article du projet de loi 135, qui modifie l'organisation actuelle des
conservatoires de musique et d'art dramatique du Québec et qui remplace
l'actuelle Loi sur le Conservatoire. Il s'agit, je voudrais le rappeler, d'une
étape déterminante pour l'avenir de la formation artistique au
Québec, une étape qui confirme l'importance que nous accordons
comme gouvernement à notre Conservatoire de musique et d'art dramatique
et aussi une étape qui traduit notre volonté d'actualiser la
mission du Conservatoire et de moderniser aussi ses structures.
D'entrée de jeu, je souhaite réitérer mes
remerciements aux membres de cette commission et à tous les
représentants d'organismes ou de groupes, particulièrement les
étudiants et les enseignants qui se sont prêtés depuis
quelques mois aux consultations nécessaires à
l'élaboration de ce projet de loi. Suite à nos travaux d'hier, il
ressort que le projet de loi peut être amélioré. C'est donc
avec un esprit d'efficacité et surtout d'ouver- ture sur l'avenir que
nous abordons cette étape de l'étude article par article de ce
projet de loi.
En résumant, M. le Président, je dirais que le projet de
loi 135 vise d'abord et avant tout à doter le Québec
d'établissements publics de formation artistique qui soient mieux
adaptés à la réalité culturelle de 1993 et
pleinement outillés pour servir les élèves qui les
fréquentent et assurer une excellence dans l'enseignement musical et
artistique, car, et je le répète encore, notre réflexion
doit être centrée sur les besoins des élèves, qui
sont la principale raison d'être du Conservatoire. C'est donc en toute
confiance que j'aborde avec vous cette démarche.
Pourquoi revoir la Loi sur le Conservatoire? Parce que, M. le
Président, il fallait revoir la Loi sur le Conservatoire pour une raison
fondamentale. Après un demi-siècle, il était temps de
confirmer la vocation particulière des conservatoires et de leur donner
un statut et une autonomie adaptés à cette vocation. La Loi sur
le Conservatoire n'avait jamais fait l'objet d'une révision en
profondeur depuis 1942, plusieurs de ses dispositions sont donc devenues
carrément désuètes. Pour illustrer la
désuétude de l'actuelle loi, je vous signalerai simplement qu'au
moins la moitié de ses articles sont inopérants. Aujourd'hui,
nous avons l'occasion de faire en sorte que cette loi traduise
adéquatement les besoins des conservatoires et soit totalement
adaptée à leur réalité. Je dirais même que
nous avons le devoir de proposer une loi qui contienne tous les
éléments de base pour que les conservatoires maintiennent le
niveau d'excellence que nous leur connaissons et qu'ils disposent des moyens
appropriés pour se développer.
Un changement fondamental parmi ceux qui sont proposés concerne
le statut des conservatoires. On en retrouve la description dans le chapitre I
du projet de loi. Actuellement, le Conservatoire et son personnel font partie
du ministère de la Culture. Le projet de loi conférerait
dorénavant au Conservatoire le statut de corporation ou de personne
morale relevant, bien sûr, du ministre de la Culture, mais dirigé
par un conseil d'administration de manière à lui octroyer une
plus grande autonomie. Dans ce conseil d'administration, les milieux de la
musique et de l'art dramatique seraient représentés comme le
seraient le milieu de l'enseignement, le personnel et les élèves
des conservatoires. Cette représentation est essentielle pour assurer
une bonne coordination entre la formation dispensée par les
conservatoires, les besoins du milieu et la formation générale
assurée par les autres établissements d'enseignement. Comme vous
avez pu le constater à la lecture du projet de loi et des consultations
particulières que nous avons tenues, ce projet contient des mesures
concrètes pour favoriser une plus grande concertation entre toutes les
forces vives qui
ont à coeur le développement du Conservatoire, et cela, M.
le Président, sur l'ensemble du territoire québécois.
Parmi les changements apportés par le projet de loi 135, j'attire
votre attention sur l'article qui définit la mission des conservatoires.
La nouvelle mission proposée doit être non seulement plus conforme
à ce que font vraiment les conservatoires, mais elle doit mettre fin
à toute ambiguïté quant à leur raison
d'être.
En conclusion, le projet de loi que nous avons sur la table propose donc
des changements importants. J'aurai aussi des amendements à vous
suggérer au cours de nos travaux pour tenir compte, notamment, des
consultations particulières qui ont été tenues hier et
aussi des consultations effectuées depuis le dépôt du
projet de loi. Je demeure également prête à
considérer sérieusement tout projet d'amendement que pourraient
soumettre les membres de cette commission et qui permettra un
éclaircissement du projet de loi tout en gardant notre objectif
fondamental, celui d'assurer l'avenir de l'institution d'enseignement que
constitue le Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec.
Je vous convie donc à étudier attentivement ce projet de
loi. Je vous le demande pour l'avenir de notre relève artistique. Enfin,
M. le Président, j'entends déposer une première
série d'amendements au projet de loi 135 à l'issue des remarques
de notre collègue de l'Opposition.
Le Président (M. Messier): Mme la ministre, on vous en
remercie. M. le député de Gouin, porte-parole officiel en
matière de culture.
M. André Boisclair
M. Boisclair: M. le Président, à notre tour, il
nous semble important de faire un certain nombre de remarques avant
d'entreprendre l'étude du projet de loi 135. J'aurais d'abord une
question à poser à la ministre, si vous me le permettez, M. le
Président, et qui conditionnera sans doute mes remarques
préliminaires, lui demander si elle consent, ce matin, à
déposer les amendements.
Mme Frulla: Oui.
Le Président (M. Messier): Oui. Je vais... Oui, oui, on va
y aller dans la bonne forme quand même. Oui, ça va. Allez-y, M. le
député.
M. Boisclair: Alors, je comprends que la ministre a l'intention
de déposer, en bloc, ses amendements dès ce matin.
Mme Frulla: C'est-à-dire que nous allons déposer,
parce qu'on travaille encore les amendements pour les articles 1 à 13
inclus, ce qui nous donne... Ce sont les articles, finalement, que nous allons
voir, en tout cas, si le temps le permet, et nous entendons faire
connaître nos intentions touchant les autres articles très
rapidement. Nous sommes en train d'y travailler. Par contre, je vais aussi
demander la collaboration de l'Opposition, comme on le fait toujours. Si les
amendements, même proposés par l'Opposition, sont des
amendements... il n'y a aucun problème.
M. Boisclair: ...aussi.
Mme Frulla: C'est ça, il n'y a aucun problème pour,
justement...
M. Boisclair: D'accord.
Mme Frulla: ...les travailler ensemble.
M. Boisclair: Dans ces conditions, M. le Président, nous
sommes de ceux qui avons affirmé depuis le début de ces travaux
qu'il était impérieux de revoir la loi sur les conservatoires.
Nous l'avons dit de la même façon que la ministre l'a dit,
à la seule différence, cependant, que, pour nous, ce ne serait
pas dramatique si jamais nous devions continuer nos travaux à une autre
session et que, dans le cadre du fonctionnement de nos travaux, on puisse
reprendre l'étude de ce projet de loi là au mois de mars, au mois
d'avril ou au mois de mai.
Cependant, il apparaît clairement qu'une dynamique est
créée en ce moment et que, si nous étions capables d'en
arriver à un climat intéressant et stimulant pour l'ensemble des
membres de la commission, et que nous puissions véritablement discuter
d'amendements sur le fond, en prenant le temps pour le faire aussi, il pourrait
être souhaitable de procéder et de voir de quelle façon
nous pouvons nous diriger dans l'avenir. (11 h 20)
Je dis ça, M. le Président, parce que j'ai peine à
comprendre, et j'en discutais avec des collègues hier, comment il se
fait que nous nous soyons retrouvés comme ça, obligés
à la dernière minute de faire ce genre de réflexion, de
discussion sur des amendements possibles. Et en tout respect pour les membres
de cette commission, je pense que ceux et celles qui se sont fait les
promoteurs de ce projet de loi ont, à quelque part, erré dans le
processus. Il est inconcevable qu'à la dernière minute, comme
ça, l'UDA, pour n'en nommer qu'un, soit obligée de se
précipiter pour venir témoigner en commission parlementaire, tout
comme il est inconcevable que d'autres organisations, dans les délais
qui ont été ceux qui ont amené cette consultation,
disons-le, M. le Président, un peu improvisée et
décidée, comme ça, sur un coin de table, à la
dernière minute, à l'occasion de rencontres que des membres de
cette commission ont eues avec des représentants du cabinet de la
ministre... Alors, il est inconcevable que nous nous soyons retrouvés
dans ce genre de situation, d'autant plus que la ministre, maintes fois, nous
avait donné l'assurance de vastes consultations, qu'on avait reçu
l'opinion de tout le monde et qu'il était temps, justement, de mettre
fin à la consultation, qu'il fallait passer à l'action.
M. le Président, hier, nous avons demandé à tous
ceux et celles qui sont venus témoigner devant cette commission s'ils
avaient été consultés spécifiquement sur
l'énoncé de politique. Tous, à l'exception des directeurs,
nous ont dit qu'ils ne l'avaient pas été. Et nous n'avons pas
à nous réjouir, M. le Président, du fait que les
directeurs aient été consultés; cela va de soi, c'est sur
ces personnes que repose la responsabilité d'appliquer la loi, de
travailler le cadre dans lequel ils font leur travail quotidien. Donc, dans ce
contexte, il est à tout le moins important et, pour nous, il est clair
que ce processus, à certains égards, a été
improvisé et qu'il y a eu un manquement évident quant à la
promotion du contenu de ce projet de loi, sans quoi nous ne nous serions pas
retrouvés avec les commentaires que nous avons entendus hier.
Qu'est-ce qu'on a entendu, M. le Président, hier en commission
parlementaire? L'Union des artistes nous a demandé de surseoir à
l'adoption du projet de loi. Le Syndicat des professeurs de l'État du
Québec nous a demandé de surseoir à l'étude du
projet de loi. Les gens de la Guilde des musiciens nous ont demandé de
surseoir à l'étude du projet de loi. Les directeurs se sont
montrés très favorables et souhaitent une adoption rapide du
projet de loi, ce qui est un peu compréhensible aussi compte tenu de
leur expérience, mais compte tenu aussi de leur filiation
évidente et de leur devoir de réserve. On ne pouvait certainement
pas s'attendre à ce qu'ils jettent un regard critique sur le projet de
loi. Je ne dis pas pour autant que là n'est pas leur conviction, mais,
si ce ne l'était pas, en tout cas, c'est sûr qu'ils ne nous
l'auraient pas communiqué. Tous ceux et celles qui sont venus se
présenter ont demandé de travailler... s'il n'était pas
possible de bonifier le projet de loi. Ils nous ont demandé de surseoir
à ce projet.
Pourquoi, M. le Président, ces gens nous ont demandé
d'apporter des amendements significatifs? Sans doute parce que plusieurs sont
inquiets du climat dans lequel ils auront à travailler et
peut-être aussi qu'ils sont inquiets du climat dans lequel les
consultations sur ce projet de loi ont été faites avec les
partenaires qui ont été consultés. D'une part, parce que
ces gens ont été exclus, la démonstration a
été faite, et, s'ils ont été exclus au moment de
l'adoption... de l'étude du projet de loi et de la consultation sur les
orientations ministérielles, je peux bien comprendre pour eux qu'ils
soient inquiets quant à l'avenir et qu'ils se demandent: Si nous avons
été exclus au moment de la consultation sur les orientations
ministérielles, pourquoi le serions-nous pour les étapes à
venir?
Alors, ce climat d'incertitude nous a amenés à regarder
très clairement un certain nombre d'amendements que nous aurons
l'occasion de présenter, particulièrement pour s'assurer que
cette volonté, je pense, qui est aussi celle de la ministre, mais qui a
été celle de tous ceux qui sont venus témoigner devant
cette commission... pour s'assurer que les conservatoires soient vraiment des
lieux enracinés dans leur région et qui permettent à la
fois au milieu d'être dynamisé par la présence du
Conservatoire, mais aussi, dans une relation à double sens, que les
éventuels dirigeants du Conservatoire puissent aussi
bénéficier de l'apport significatif des gens du milieu. Donc,
c'est cet heureux mariage d'intérêt et de raison, cette relation
à double sens qui doit pouvoir s'effectuer dans un contexte où il
serait inacceptable, et je le répète, M. le Président, il
serait inacceptable que les conservatoires en région deviennent
uniquement des centres où on offrirait une formation initiale, laissant
la formation terminale pour les cycles supérieurs dans les grands
centres. Je ne veux pas dire que c'est là l'intention de la ministre,
mais si ce ne l'est pas, je pense que nous aurions intérêt
à préciser les articles du projet de loi 135 qui, à cet
égard, en inquiètent plus d'un.
Alors, M. le Président, j'aurai un dernier mot aussi pour ceux et
celles qui oeuvrent dans ces institutions, et je fais référence
à ceux qu'on appelait hier, je pense, avec beaucoup de pertinence, les
professeurs-artistes. Je déplore le ton malheureux des échanges
entre les membres de cette commission et leurs représentants, tout comme
je dénonce les propos du même genre qu'on retrouve dans les
quotidiens d'aujourd'hui. Si la ministre avait des commentaires à faire,
je lui reconnais tout à fait le loisir de faire les commentaires
à la presse qu'elle veut faire, c'est son droit le plus strict, mais
j'aurais bien aimé que cette question des profs trop payés puisse
être discutée là où, dans le cadre et dans le
respect de nos institutions, cette question doit être discutée. On
ne peut pas, si nous croyons dans le travail que nous faisons, si on croit en
notre rôle de parlementaires et de gens qui ont un travail sérieux
à faire dans cette commission, on ne peut pas dire une chose en
commission et en dire une autre à l'extérieur, surtout lorsque
l'une et l'autre ne se complémentent pas.
Je disais hier, je lançais un peu cette espèce de cri du
coeur en disant: Mais merde! retournez faire vos devoirs. Mais le climat
malsain qui semble exister entre la direction des institutions, entre les
enseignants, puis, là, rajouté avec ce qu'on a eu comme
témoignage, hier, des étudiants, m'inquiète pour l'avenir.
Je sais très bien que nos sociétés ne sont pas
consensuelles et je sais très bien que, dans des institutions comme
celles des conservatoires, il y a beaucoup de sensibilité et que
ça ne doit pas être une mince tâche que de gérer ce
genre d'institution dans le quotidien je prends toutes ces
précautions-là en rappelant ces choses mais de voir de
quelle façon cavalière nous avons traité certains de nos
invités hier, de voir... Ça ne donne rien de faire ce genre de
déclaration qu'on voit dans les journaux, ça met de l'huile sur
le feu.
Alors, dans ce contexte, je ne peux que souligner cette
inquiétude quant au climat qui, au lendemain de l'adoption du projet de
loi 135... Je ne peux pas présumer de son adoption, mais, si nous
allions en arriver là, j'espère que tout sera mis en oeuvre pour
essayer de normaliser la situation dans un contexte où, il ne faut pas
l'oublier, hier, les enseignants ont fait preuve d'une ouverture
considérable en déposant leur mémoire, en disant qu'ils
étaient prêts, hier, en commission
parlementaire, et je les cite, lorsqu'ils disaient en commission: Nous
sommes prêts... Alors, ils disaient en introduction: Notre souhait est de
collaborer à la rédaction d'un autre projet de loi pour conclure
sur un partage de responsabilités culturelles donnant accès
à la renégociation de toutes les conditions de travail. Il aurait
été intéressant, M. le Président, avant que la
ministre fasse les déclarations qu'elle a faites dans le journal,
qu'elle ait été informée du contenu de ces
recommandations.
Alors, qu'est-ce que vous voulez? nous, dans tout ça, notre
rôle, quel est-il? Bien, c'est de définir le cadre, c'est de
définir le niveau de délégation, c'est d'essayer de
s'assurer de la pérennité de l'institution en s'assurant d'un
modèle qui pourra permettre, justement, la libre expression de ce
caractère créatif qu'on retrouve dans ces institutions
significatives, qui contribuent, de façon remarquable, à l'essor
culturel de nos sociétés et qui, par le biais de ses finissants,
ajoutent une plus-value significative aux individus, à nos
sociétés et à nos régions. Alors, notre rôle,
ce sera de travailler alentour de ces objectifs-là en rappelant tout
simplement que, en bout de course, bien, ce sera ni sur la
responsabilité de la ministre, ni sur la mienne de donner des cours de
musique dans les conservatoires, mais que ce sera à des individus sans
qui, je pense, ces institutions n'existeraient pas, d'une part. (11 h 30)
J'aimerais donc, peut-être, qu'à un moment donné,
d'ici la fin des travaux, la ministre ait les mêmes bons mots pour les
individus qui oeuvrent dans ces institutions que pour l'institution
elle-même. Parce que, des bons mots pour les institutions, on en a tous
eus à l'occasion de l'étude de principe; on a tous rappelé
Wilfrid Pelletier, puis on a donc rappelé comment c'était
remarquable que les conservatoires produisaient des gens qui rayonnaient
à l'échelle nationale et internationale. Mais ces gens-là,
c'est parce qu'ils ont reçu une formation importante par des gens
compétents, par des gens qualifiés. Et si ce n'est qu'à
cause du type de formation et du processus pédagogique propres à
ces institutions, je pense qu'il faut les traiter avec plus d'égards, et
je pense que la ministre doit rectifier le tir sur cette question.
Je conclus, M. le Président, en vous disant que nous serons de
ceux qui travailleront... Comme nous l'avons annoncé au moment de
l'adoption de l'étude de principe, nous avons voté en faveur du
principe. Je n'ai pas dit qu'on allait voter en faveur du projet de loi encore.
On va discuter d'amendements et, à partir de là, on verra ce
qu'on va faire. Mais je souhaite qu'avant la fin de nos travaux la ministre ait
les mêmes bons mots pour les gens qui oeuvrent dans ces institutions que
pour l'institution elle-même et qu'elle agisse aussi de façon
conséquente sur cette question.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Gouin. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Oui, Mme
la ministre, quelques instants.
Mme Liza Frulla
Mme Frulla: Oui, une petite remarque, parce qu'on a beaucoup
véhiculé, hier... J'apprécie le ton, quand même, du
député de Gouin, un ton auquel on est habitués puisqu'on
collabore généralement très bien.
Quand on parle de projet de loi, bon, pressé, etc., je lui fais
remarquer, parce qu'il n'était pas là, qu'en 1991 il y avait un
projet de loi sur la table, et je me souviens, quand nous avons retiré
ce projet de loi pour procéder à la consultation qui nous amenait
à la politique culturelle, l'Opposition nous a taxés de... Elle
nous a blâmés, d'ailleurs, de retirer ce projet de loi en disant
qu'il était grand temps que l'on change le statut des conservatoires,
que ça n'avait plus de bon sens, ça n'avait plus de bon sens ce
qui se passait, à tous les points de vue, spécialement un peu au
niveau administratif. Quand on parle ne serait-ce que des différences
entre année gouvernementale versus année scolaire, ce qui se
passait face aux besoins des élèves... Statuer aussi, et
renforcer le rôle, c'est-à-dire décrire légalement
le rôle ou le rôle renouvelé des institutions dans les
régions. Donc> si on était taxés, en 1991, d'avoir
retiré le projet de loi et d'avoir un peu abandonné cette
idée, quand on arrive en 1993 et qu'on dépose le projet de loi,
il y a des consultations qui ont été faites. En disant qu'il n'y
en a pas eu, c'est de dire que tous les collaborateurs qui sont ici sont des
menteurs. Alors, je ne peux pas accepter ça non plus.
M. Boisclair: Je n'ai pas dit qu'il n'y en a pas eu, Mme la
ministre.
Mme Frulla: C'est ça. Alors, il y en a eu... M.
Boisclair: Je n'ai pas dit ça.
Mme Frulla: ...à l'intérieur même des
conservatoires, d'une part, sachant que la mission renouvelée, on en
avait parlé à l'époque, Mme Bacon à l'UDA, à
la Guilde, etc., mais, là, les orientations, effectivement, se sont
faites, consultations, à l'intérieur même des
intervenants.
Quand on parle du ton, moi, j'en suis. J'en suis. Par contre, je dois
vous dire que le climat d'incertitude n'a pas été
créé par la ministre. Je m'excuse, mais on a tout fait pour
essayer, dans la mesure du possible, de rassurer. Donc, le climat
d'incertitude, ça n'a pas été créé par la
ministre. D'envoyer aussi des communications en disant que notre intention,
c'était de vider les régions, quand vous savez très bien
que ce n'est pas ça, l'intention, ça n'a pas été
créé par la ministre non plus.
Alors, je peux comprendre cette volonté de coopération, et
j'en suis, je pense qu'on n'a jamais dit non plus que... Ces institutions sont
des institutions de qualité. On a aussi dit que ce sont les professeurs
qui faisaient les institutions. Étant moi-même professeure de
profession, je sais ce que c'est. Par contre, il faut quand même voir
à ce que ce projet de loi là passe. On ne le
passe pas à la vapeur, je ne pense pas, et on peut encore prendre
du temps et encore regarder et encore faire. Le problème, c'est que,
quand on fait ça, c'est, bien souvent, les étudiants qui paient
pour. Alors, comme on vous dit, nous, on est bien prêts à apporter
des amendements, qu'on dépose d'ailleurs en partie, et c'est avec cet
esprit de grande collaboration... Mais je vous ferai remarquer que je n'ai pas
aimé, je n'ai pas aimé certaines peurs qui ont été
faites aux professeurs, spécialement quand on disait aux professeurs
qu'ils n'étaient pas accueillis dans la nouvelle corporation, lorsque
toutes les prévisions sont là, dans le projet de loi, pour
accueillir tous les professeurs, sans exception. Et on a fait accroire aux
élèves toutes sortes de choses. Et, honnêtement, ça,
ça n'a pas été apprécié par la ministre,
mais pas du tout.
À partir de là, je pense que nous sommes ouverts, notre
intention est bonne. Mais compte tenu de ce que les directeurs nous ont dit,
compte tenu de ce que les dirigeants d'orchestre, les employeurs nous ont dit,
compte tenu... On a tenu compte de ce que les élèves nous avaient
dit. Au niveau de l'Union des artistes, il y a certaines précisions qui
ont été apportées à M. Tur-geon, hier, qui nous a
dit que, s'il y avait certains amendements, il n'y avait aucun problème
pour l'adoption du projet de loi, eux en étaient, ils n'avaient besoin
que d'explications. Je pense qu'il y avait eu des explications juste d'un
côté.
Alors, comme je vous dis, avec une bonification, moi, je n'y vois pas de
problème, mais, évidemment, plus on retarde et plus les
problèmes qui ont été mis sur la table, autant par les
élèves que par les directeurs des établissements qui sont
membres de la Guilde, qui sont membres de l'Union des artistes... bien,
évidemment, on retarde l'échéance et on maintient une
situation qui est extrêmement boiteuse.
Le Président (M. Messier): On vous remercie, Mme la
ministre, et on passe la parole à Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je pense qu'il y
avait un consensus sur l'idée qu'il fallait rafraîchir la loi et
l'actualiser. Mais il ne fallait surtout pas perdre de vue, et c'est ce qui
m'inquiète dans le projet de loi, ce qui avait fait les succès du
Conservatoire et comment prendre, se donner les garanties pour lui permettre de
continuer à être aussi performant. Ce qui m'inquiète en ce
qui a trait à toutes les questions qui touchent la culture, c'est cette
espèce d'attitude du gouvernement actuel, pour des raisons que je vais
essayer d'expliquer. Il modifie les structures, modifie certains organismes, on
a l'impression, pour essayer de les mettre à l'abri de la
voracité du Conseil du trésor ou d'une tendance plutôt de
droite qui pense que la culture, c'est finalement quand on n'a plus rien
d'autre à faire.
J'emploie comme exemple ce qui est arrivé à l'IQRC,
l'Institut québécois de recherche sur la culture, que j'estime
être un joyau ce n'est pas vous, mais c'était au
ministère de la Culture et à ma grande tristesse, on sait
où il est rendu. Bravo, bien, il va peut-être réussir
à faire quelque chose d'aussi intéressant, mais permettez-moi
d'en douter.
Et ce qui a amené les ministres successives parce que ce
sont des femmes, je pense que ça se comprend et ça s'explique
du ministère de la Culture à adopter une attitude qui a
fini par rattacher l'Institut québécois de recherche sur la
culture à l'Université du Québec, et on me l'a dit
clairement, c'était pour le mettre à l'abri de coupures, de
compressions. Mais c'est absolument scandaleux, parce qu'en rattachant l'IQRC
à un centre de recherche, l'INRS, c'est qu'il n'a plus l'autonomie, il
n'a plus la liberté, il n'a plus cette espèce de latitude qui lui
permettait, qui lui a permis de faire des travaux remarquables. La ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur a commandé une
étude qui démontre blanc sur noir qu'il a été
particulièrement performant, des études pertinentes, impact
important, et qu'il fallait conserver et le statut et le mandat. Mais pourtant
la décision, c'est: Si on veut les protéger, rattachons-les,
sinon on risque de les faire couper. Ce n'est pas comme ça que devraient
se prendre ce genre de décisions, et ça, ça
m'inquiète.
Et l'inquiétude que j'ai par rapport aux conservatoires... Les
conservatoires ont toujours été l'objet de critiques plutôt
acerbes du côté du ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur. Ça, c'est un classique. Toutes les
écoles qui ne sont pas rattachées au ministère de
l'Éducation, c'est vrai en agriculture, c'était vrai en tourisme,
c'est vrai en culture, ça a toujours un peu fait l'envie du
ministère de l'Éducation. Tout le temps, tout le temps,
ça, vous étiez là, nous étions là, c'est la
même chose. Alors, l'inquiétude que j'ai, c'est que,
progressivement, il va se passer pour les conservatoires ce qui s'est
passé pour l'IQRC. De changement en changement, on a fini par retrouver
l'IQRC à l'université. De changement en changement et
d'étape en étape, on risque de retrouver les conservatoires
rattachés tantôt au ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur. Alors, ça, c'est l'inquiétude.
(11 h 40)
L'autre que j'ai, c'est que c'est toujours fait sous couvert de
rationalisation. Moi, j'en suis pour la rationalisation, mais la
rationalisation qui vient fragiliser une institution... Ce n'est pas
l'Hôtel-Dieu de Montréal, ça ne se défendra pas
comme ça, un conservatoire, ils n'ont pas les équipements, ils
n'ont pas les ressources, ils n'ont pas l'habitude de ce genre de bagarres.
Alors, on risque de les fragiliser. Et ça, ça m'inquiète
profondément parce que chaque fois qu'on fragilise, c'est les
régions qui écopent.
Là, je le dis là parce que les régions sont en
train de se vider. J'ai une région particulièrement dynamique.
Ça fait à peu près six mois qu'on a l'impression qu'il n'y
a plus de ressort. Chaque fois qu'ils essaient de se remonter, il y a quelqu'un
pour taper dessus. On est rendu avec quelque chose, si vous additionnez les
assistés sociaux avec les chômeurs, on doit être
rendu à 30 %. trouvez-vous ça normal? non. parce que chaque fois
qu'on coupe un poste, un poste au conservatoire, par exemple, c'est un poste
bien rémunéré, stable, et ça permet des
investissements. ça a des retombées beaucoup plus importantes que
le salaire minimum, ça. personne n'a jamais examiné ce que
ça donnait au plan économique, mais ça a des effets
considérables dans nos régions.
Alors, ce que je dis par rapport au Conservatoire, non seulement par
rapport au rôle capital qu'il a joué, aux rapports
particulièrement soutenus et fructueux qu'il a entretenus avec
l'Orchestre symphonique, la capacité que c'a donné à
l'Orchestre symphonique de se développer dans différents secteurs
je pense au quatuor à cordes, je pense à l'Orchestre des
jeunes bon, écoutez, ils ont vraiment réussi une
implication et une reconnaissance du milieu tout à fait remarquables. Et
ça, il faut se le rappeler, parce que c'est ça qu'on oublie
souvent, comme législateurs. Avec une structure qui était
peut-être boiteuse, bien, ils ont eu des résultats remarquables.
N'allons pas prendre une décision qui risque de compromettre ce
résultat-là.
Alors, qu'on dise: Bon, l'exercice financier devrait respecter le
calendrier scolaire de juin à juin ou de juillet à juillet, moi,
je n'ai pas de problème. Qu'on puisse et qu'on s'arrange pour que les
études soient vraiment reconnues, évidemment, ça va de
soi, là. Je crois qu'on reconnaît les études de n'importe
où, le Maroc puis partout, jamais je croirai. Il y a comme un
problème si on ne reconnaît pas ça, mais il y avait
d'autres moyens de le faire, je pense.
À présent, ce qui m'étonne dans les mémoires
que j'ai entendus ceux que je n'ai pas entendus, je les ai lus, je ne
pouvais pas être ici hier soir c'est que, presque à
l'unanimité, sauf, il faut comprendre, les directeurs de conservatoire
ils sont plutôt mal à l'aise pour faire des critiques un
peu plus vives parce que ce sont des employés et ils administrent les
conservatoires pour l'ensemble, pour l'essentiel, tout le monde a dit:
II y a des problèmes. C'est que tout ça, ça s'est
passé comme si peut-être ils ont été
consultés. Je ne veux pas en douter, là, ils ont certainement
été consultés, mais c'est qu'on n'a pas retenu ou on n'a
pas bien saisi les recommandations qu'ils ont faites ou on n'en a pas tenu
compte, puisque tous viennent ici pour nous dire: Ce n'est pas vraiment
ça qu'on voulait. Alors ça, je dois dire qu'il y a comme quelque
chose qui s'est passé entre la consultation puis sa traduction dans le
projet de loi.
Alors, là, la ministre nous dit qu'il y a plusieurs amendements.
Je suis heureuse puis je suis prête...
Mme Frulla: Hier soir... Vous auriez dû être
là, hier soir. Pas tous, là, non plus...
Mme Blackburn: Je suis prête à collaborer. Tous ont
des recommandations visant à modifier de façon assez importante
certains articles, à ce que j'ai vu, à part, évidemment,
les directeurs de conservatoire.
Pour ce qui est de l'étonnement de la ministre par rapport
à l'interprétation qu'on fait de son intention quant au
rôle des conservatoires en région, moi, je suis obligée de
lui dire que du moment où elle déclare que, pour le bien de
l'élève, ils devront poursuivre leurs études dans les
grands centres, eh bien, là, je veux dire...
Mme Frulla: Monsieur a déclaré aussi la même
chose, dans la même intention. La même chose, si on prend les
galées...
Mme Blackburn: Mais alors, permettez-moi... Mme Frulla: Je
m'excuse, là.
Mme Blackburn: ...si c'est vrai, permettez-moi de diverger
d'opinion avec mon collègue.
Mme Frulla: Mais c'est parce qu'il ne pense pas ça, lui
non plus, là. C'est parce qu'il ne faut pas sortir des choses hors
contexte non plus, ià, Mme la députée. Il ne faut pas
sortir ça hors contexte.
Mme Blackburn: Je vais terminer, puis vous allez revenir.
Le Président (M. Messier): Je ne voudrais pas trancher au
couteau, là...
Mme Frulla: Excusez-moi, M. le Président, mais là,
c'est parce que, écoutez...
Le Président (M. Messier): ...mais on va permettre un
petit peu les... Pour éviter la zizanie, même entre les
députés de l'Opposition, on va faire en sorte que Mme la
députée de Chicoutimi finisse son intervention et, possiblement,
Mme la ministre.
Mme Blackburn: Bon. Laissez faire la zizanie.
Le Président (M. Messier): Non, non, vous étiez en
train, là...
Mme Blackburn: M. le Président, la zizanie, on va pouvoir
la régler.
Le Président (M. Messier): Je voudrais éviter
ça. Moi, je voudrais éviter ça. On va laisser Mme la
députée de Chicoutimi terminer son intervention, et, par la
suite, Mme la ministre voudra peut-être réagir.
Mme Blackburn: Moi, ce que je dis, c'est que la ministre devra,
si tel est le cas, rétablir les faits et le dire haut et clair et faire
en sorte que ça se traduise dans le projet de loi, que ça se
traduise. Je pense qu'elle est prête à le faire. Moi, je suis
prête à collaborer, parce que moi, ce que je veux comme
parlementaire, c'est
améliorer les projets de loi, c'est améliorer les projets
de loi.
Pour ce qui est de son intention, il est certain que c'est non seulement
dans les grands centres, mais je dis à l'étranger.
Généralement, quand ils quittent la région, c'est pour
aller, souvent, à l'étranger, pour poursuivre leur
perfectionnement. Mais de là... En tout cas, si ce n'est pas ça
l'intention de la ministre, qu'elle nous le dise, et c'est urgent.
Pour ce qui est du projet de loi, est-ce que c'est la formule qui
était la formule la plus adéquate pour préserver les
acquis, pour corriger une certaine situation qui alourdissait le système
ou qui pénalisait les élèves? Moi, je n'en ai pas la
conviction. J'aurais préféré je l'ai dit à
la ministre, mais il est trop tard quelque chose comme des écoles
affiliées on avait ça dans différents
systèmes affiliées à un cégep ou à
l'université, et l'émission des diplômes se fait par le
biais des établissements. Ça aurait pu être beaucoup plus
simple et moins lourd de fonctionnement.
L'autre reproche que je fais à ce projet de loi, c'est l'absence
quasi totale de pouvoirs dans les conservatoires locaux, dans les
régions. Avec un conseil de gestion je pense que c'est comme
ça qu'on a appelé ça...
Une voix: D'orientation.
Mme Blackburn: ...d'orientation, un conseil d'orientation, pour
avoir déjà présidé un conseil de gestion, je sais
que ça n'avait aucun pouvoir, et d'ailleurs, on s'en est sortis. C'est
au moment où on avait les collèges régionaux. Le
collège de Chicoutimi avait un conseil de gestion, et je le
présidais. Il n'y avait rien là-dedans, il n'y avait pas de
pouvoirs, il n'y avait rien, à un point tel qu'on les a abolis,
finalement. Mais le problème, c'est qu'il n'y a pas d'obligation de
consulter sur un certain nombre de choses. Ils sont consultés sur la
nomination du directeur. Sur l'embauche du personnel et des professeurs, il
faudrait voir. Moi, je trouve qu'il y a beaucoup de choses là-dedans
qu'il va falloir clarifier, parce que c'est avec ça qu'ils vont
travailler.
L'autre chose et ça, là, je le dis parce que c'est
une dé mes préoccupations vous allez me dire qu'il n'y a
pas de rapport, mais il y en a un. La loi 142 vient d'enlever, de
désassujettir, mais, finalement, c'est le syndicat qui est aboli pour 30
000 travailleurs jusqu'à ce qu'ils trouvent moyen de se brancher quelque
part. Il y aura peut-être 2000, 3000 conventions collectives, 2000, 3000
petits syndicats de boutique, je ne sais pas comment ça va fonctionner,
mais là, il y avait un acquis, et là, on vient, là, de
passer à travers. Bien, on est en train d'essayer, en tout cas, de
passer à travers 30 000 travailleurs syndiqués. Là, c'est
la même chose qu'on est en train de faire avec des travailleurs
syndiqués de la fonction publique, et cette tendance est
inquiétante. Au nom de...
M. Boisclair: M. le Président, est-ce qu'on me
reconnaît et me permet d'interrompre?
Le Président (M. Messier): Sur une question de
règlement?
M. Boisclair: Je vois des gens qui, depuis le début de ces
travaux, ne cessent de maugréer lorsque l'Opposition fait des
commentaires. Si des gens derrière ont des choses à dire, qu'ils
viennent s'asseoir à la table des témoins, et on va se faire un
plaisir de les entendre. D'ici ce temps-là, laissez les parlementaires
faire leur travail en toute tranquillité.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Gouin. C'est une mise en garde qui a sa raison
d'être, je pense. Merci. Mme la députée de Chicoutimi, en
revenant sur le sujet...
Mme Blackburn: Oui, c'est sur le sujet. Le Président
(M. Messier): Parfait.
Mme Blackburn: Je parle de nos travailleurs syndiqués qui
sont...
Le Président (M. Messier): Juste à éviter ce
dérapage stratégique, peut-être.
Mme Blackburn: ...dans ces institutions. Si on veut vraiment
parler de la situation de quelques professeurs qui sont complètement
dépassésj'allais méchamment dire qu'il y a aussi...
On en retrouve partout, des personnes dépassées, hein? Ce n'est
pas le privilège des conservatoires de musique. On irait dans toutes nos
institutions, nos conseils municipaux, c'est partout. Est-ce qu'il faut prendre
la hache pour assommer tout ça? Moi, je ne suis pas certaine qu'on
atteigne un objectif qui est souhaité. Parce que l'objectif, c'est de
donner une certaine stabilité, aussi, à l'établissement,
de lui conserver sa stabilité pour qu'il puisse fonctionner dans la
sérénité, dans la confiance. Mais si on est en train de
créer une espèce de précarité et
d'insécurité dans la boîte, je ne suis pas sûre que
ce sera le meilleur moyen de retenir les meilleurs éléments.
C'est fragile, ce genre de choses-là. On rentre n'importe où,
toutes les structures humaines, là, quand vous les brassez trop fort,
vous risquez de déstabiliser des personnes et de porter atteinte
à leur efficacité. Alors, ce projet de loi, je ne î aurais
probablement pas orienté de cette manière-là. Je ne suis
pas au gouvernement. Ce que je vais essayer de faire avec mon
collègue...
M. Bradet: ...
Mme Blackburn: Ça viendra. Ha, ha, ha!
M. Bradet: Ce n'est pas certain.
Mme Blackburn: Ce que je vais essayer de faire avec mon
collègue, c'est...
Le Président (M. Messier): M. le député de
Charlevoix, s'il vous plaît...
M. Bradet: Dans ses rêves.
Le Président (M. Messier): M. le député de
Charlevoix. Mme la députée.
Mme Blackburn: Ce que je vais tenter de faire avec mon
collègue, c'est de le bonifier, ou mieux. Et au plus, je voudrais,
là-dessus, donner à la ministre l'assurance qu'on le fera. Mais
ça ne veut pas dire pour autant que, si elle ne se rend pas à nos
arguments, on va être d'accord avec le projet de loi, là. Moi,
ça me prend des garanties.
Discussion générale
Mme Frulla: Ça marche. Juste une chose, par exemple...
Le Président (M. Messier): Oui.
Mme Frulla: ...pour les écoles affiliées... (11 h
50)
Le Président (M. Messier): Après ça, il y a
le député de Charlevoix qui a demandé la parole.
Mme Frulla: Oui. Juste une chose, Mme la députée,
pour les écoles affiliées, on en a gardé plusieurs.
À un moment donné, bon, en 1991 on parlait de
société d'État, de corporation, etc. Ça, c'est le
projet qu'on avait travaillé avec le prédécesseur. Les
écoles affiliées, encore faut-il que les écoles soient
affiliées à un certain niveau. Maintenant, les
élèves, on peut avoir des élèves du primaire qui
sont... on disait en stade secondaire ou universitaire. Alors, si on veut, le
mécanisme des écoles affiliées était difficilement
applicable, et après rencontres aussi avec des professeurs, les
professeurs, en plus, ne semblaient pas très chauds à
l'idée parce que, effectivement, une école affiliée, c'est
d'un niveau à un autre niveau tandis que, là, les niveaux se
chevauchent. Alors, c'aurait été beaucoup plus difficile.
Et encore là, quand on parle de la menace de l'Éducation,
je vous dis que, par loi, nous sommes responsables de l'application des
conservatoires. Il faut toujours revenir à la politique culturelle. Il
faut toujours revenir à... Bon, vous n'y étiez pas, mais il faut
toujours revenir à la consultation qui a duré deux mois et demi.
Tout part de la politique culturelle, d'une part, il faut s'entendre. Et quand
on parle de dire: On fait les structures... Ce qui est autant au niveau du
Conseil des arts, c'est le milieu qui nous l'a demandé. On ne l'a pas
inventé, on n'a pas dit un bon matin: Bon, bien, parfait, là, on
s'amuse et on change les structures. On part justement de demandes directement
des milieux. Alors, donc, encore une fois, ce n'est pas d'une volonté.
Tu sais, les projets de loi, on ne les fait pas pour nous. On les fait
justement pour assurer une pérennité. On le fait d'abord et avant
tout pour les élèves. Et ce n'est pas par pur plaisir, parce
qu'on n'a rien à faire un bon matin, là. Je pense qu'on pourrait
tous faire autre chose, là, tu sais. Alors, si on le fait, c'est parce
qu'on a la conviction pure que c'est vraiment pour le mieux et non pas pour le
pire.
Mme Blackburn: M. le Président... Le Président
(M. Messier): Oui?
Mme Blackburn: ...je voudrais poser une question à la
ministre.
Le Président (M. Messier): Allez-y, madame.
Mme Blackburn: La ministre nous a dit hier, à plusieurs
reprises, que ça fait plusieurs années que c'est dans le
décor, plusieurs que c'est dans le paysage, c'est réclamé,
la réforme...
Mme Frulla: Des projets de loi?
Mme Blackburn: ...le rajeunissement de la loi du Conservatoire.
Vous avez dit ça à plusieurs reprises...
Mme Frulla: Oui, il y a eu le rapport...
Mme Blackburn: ...que ça fait longtemps que c'était
réclamé.
Mme Frulla: II y a eu deux rapports...
Mme Blackburn: Alors, moi, la question est la suivante: Est-ce
qu'il y a une urgence...
Mme Frulla: Oui.
Mme Blackburn: ...telle qu'il faille, dans des conditions que
vous connaissez, dont vous connaissez particulièrement les effets
pernicieux, en fin de session, «bulldozer»? Ça peut
être un bon projet de loi. Pourquoi est-ce qu'on ne prend pas le temps?
C'est juste ça. Est-ce qu'il y aurait un drame si c'était
adopté... Parce que l'année financière, de toute
façon, commencera seulement en juillet. Est-ce qu'il y aurait un drame
à ce qu'on adopte ça à la session d'hiver,
c'est-à-dire celle qui débute en mars?
Mme Frulla: Je vais vous dire où elle est, l'urgence.
L'urgence, elle est d'abord à plusieurs niveaux. Elle était
là en 1991, l'urgence, demandée par l'Opposition, d'une part.
Deuxièmement, elle est aussi pour la reconnaissance du travail
amorcé avec l'Éducation et pour continuer au niveau de la
reconnaissance des études. Elle est là aussi, l'urgence, dans la
mesure où on sait et c'a fait consensus aussi que le
statut actuel n'est pas un statut enviable pour les conservatoires. Il
faut changer le statut, et il fallait être là hier soir
pour écouter les directeurs.
Et je m'excuse, mais les directeurs qui sont là, qui sont
eux-mêmes des musiciens, qui sont eux-mêmes des comédiens,
qui sont là et qui pratiquent aussi le métier, s'ils avaient des
choses à dire, et ils les ont dites d'ailleurs, parce qu'ils ont
apporté certains amendements, on ne les tient pas moralement ou on ne
les tient pas intellectuellement, les directeurs. Puis M. Clément, du
Conservatoire de Chicoutimi, que vous connaissez très bien, j'aurais
aimé que vous soyez là pour l'entendre aussi. Il y a des choses
qui se vivent présentement au niveau des conservatoires. Parce que,
à ce moment-là je vois votre air je pourrais dire:
Bien, c'est facile pour... Tu sais, on parle des directeurs, puis je vois un
peu l'air du député de Gouin, qui fait: Bien, c'est bien
évident, eux autres sont payés pour...
M. Boisclair: Bien, oui, mais...
Mme Blackburn: Non, non, ce n'est pas ça qu'il a dit.
M. Boisclair: Ce n'est pas ça que j'ai dit.
Mme Blackburn: Ce n'est pas ça qu'il a dit, là, je
voudrais le corriger. Mais, entre nous, de façon...
Mme Frulla: C'est parce que, tu sais, il y a le respect de tout
le monde, je pense, au niveau des élèves, des... Mais oui, il y a
une urgence, et l'urgence était là en 1991.
Mme Blackburn: Ce n'est pas à trois mois... Soyons
sérieux. Ce n'est pas à trois mois d'avis...
Mme Frulla: Mais on reporte à juillet 1995; ce n'est pas
trois mois, c'est juillet 1995. Donc, il y a urgence, et je pense qu'il faut
procéder à nos travaux.
Le Président (M. Messier): Merci. Une dernière
intervention du député de Gouin avant de terminer ces remarques
préliminaires.
M. Boisclair: Moi, M. le Président, peut-être avant
d'entreprendre ce projet de loi, j'aurais deux propos sur lesquels j'aimerais
échanger avec la ministre. Après ça, on pourra
procéder.
Le premier a trait à cette discussion entre le ministère
de l'Enseignement supérieur et le ministère de la Culture. Je me
souviens qu'on questionnait la ministre à l'occasion des crédits,
où elle nous faisait part, à l'époque... On lui demandait
à quel moment elle entendait déposer le projet de loi modifiant
la Loi sur le Conservatoire. Alors, en avril dernier, on questionnait la
ministre là-dessus. Elle nous disait: II y a un comité ad hoc
créé entre des gens de mon ministère et des gens du
ministère de l'Enseignement supérieur. On est en train de
discuter ça. Mais à l'époque, vous nous disiez: Nous n'en
sommes pas venus à une entente. J'ai le propos, là, je pourrais
retrouver les propos exacts, mais, à peu près, c'est la teneur de
vos propos.
Est-ce que vous avez la conviction, aujourd'hui, que vous en êtes
venus à une entente? Parce que la lettre que vous avez
déposée, ce n'est pas une entente. C'est une lettre qui a
été soumise pour commentaires. Est-ce qu'on pourrait juste
essayer de clarifier cette situation-là?
Mme Frulla: Quand on parlait d'entente, c'était de
s'asseoir avec le ministère de l'Éducation, un peu après
les remarques que l'on retrouve spécifiquement, un, dans le rapport
Arpin, qui disaient d'essayer de faire nos démarches avec le
ministère de l'Éducation, pour voir, finalement, dans quel
réseau les conservatoires seraient, finalement, les plus
habilités à agrandir. Et on s'est dit: On est ouverts. Donc,
c'est avec une grande ouverture... Le rapport Arpin nous disait, et
effectivement, comme M. Turgeon, qui était partie prenante du rapport
Arpin, nous disait: Pourriez-vous faire une démarche avec le
ministère de l'Éducation et voir si c'est chez vous que les
conservatoires seraient les mieux ou chez eux?
Donc, on a entrepris des discussions. On a regardé tout
l'ensemble et tout ça, et ils étaient, eux aussi, en pleine
réforme, ce qui fait que, à un moment donné, on s'est dit:
C'est peut-être l'occasion rêvée. Et, finalement, quand j'ai
dit: On n'en est pas venus à une entente, c'est qu'on en est venus
à une entente à savoir: Est-ce que les conservatoires,
contrairement à ce que disait la députée de Chicoutimi,
seraient mieux chez eux? Eux nous ont dit, spécifiquement, après
avoir fait la démarche avec nous, que non, au contraire, si on veut la
pérennité des conservatoires, ils doivent rester au
ministère de la Culture. C'est là qu'elle est, l'entente.
Maintenant, à partir de ça, il y a eu des travaux de faits
au niveau des programmes, au niveau collégial, que M. Thibault et M.
Bruneau disent. Mais là, il y a des démarches qui sont
amorcées pour le niveau universitaire. Mais encore là, il faut
que ce soit aussi de corporation à corporation. Il y a une
démarche qui est faite avec le ministère de l'Éducation au
moment où on se parle, mais qui va se continuer aussi, se poursuivre
entre la corporation et le ministère. Où il y a entente, c'est
que, telles les écoles du même type, c'est-à-dire
professionnelles hors du ministère de l'Éducation, c'est la
ministre de l'Éducation qui va donner l'accréditation au niveau
des cours. Et aussi on avait demandé, à un moment donné,
la Guilde, de changer à l'intérieur de la loi sur l'enseignement
public, et eux, ce qu'ils ont dit, c'est: Si vous faites une corporation, les
résultats sont exactement les mêmes, la loi étant quand
même d'un stade assez avancé. De leur côté, ils ont
dit: Faites une corporation, et les résultats seront exactement les
mêmes. Alors, c'est un peu...
M. Boisclair: La raison pour laquelle je dis ça, c'est
parce que, hier, à chaque fois qu'on a abordé la
question, la ministre a répondu en nous disant: II n'y aura pas
de frais de scolarité tant que cette question-là ne sera pas
réglée, alors que l'objectif premier, ce n'est pas d'imposer des
frais de scolarité, l'objectif premier, c'est de régler le
problème.
Mme Frulla: Non, je répondais... Vous avez raison, mais je
répondais aux étudiants, là.
M. Boisclair: À chaque fois qu'on a abordé... Je le
sais, mais je veux juste essayer de... À chaque fois qu'on a
abordé cette question-là, vous nous avez dit: Pas de frais de
scolarité tant qu'il n'y a pas d'entente. Je veux juste être bien
clair. L'objectif, ce n'est pas d'imposer des frais de scolarité, c'est
d'en arriver à une entente. Est-ce que je comprends que ça doit
se faire lorsque l'institution devra avoir une existence légale?
Cependant, moi, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas y avoir,
déjà, un certain nombre d'ententes qui pourraient exister avec le
ministère.
Mme Frulla: C'est-à-dire qu'il y a des travaux
amorcés.
M. Boisclair: Des travaux préliminaires et des...
Le Président (M. Messier): Pour revenir à l'article
22, ce type de discussion-là, 22... Et l'article 22.1°, c'est:
«prescrire le paiement de droits d'admission ou d'inscription aux
services d'enseignement offerts...», patati, patata. On va revenir dans
le projet de loi, donc...
M. Boisclair: On est dans les remarques préliminaires,
là.
Le Président (M. Messier): Oui, mais c'est parce qu'on
s'éternise sur les remarques préliminaires. On pourra en
reparler, au niveau des articles, bien précisément.
M. Boisclair: Une dernière chose, si on me permet.
Le Président (M. Messier): Oui, allez-y, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Alors, juste pour... J'aimerais ça y revenir
tout à l'heure parce que ce n'était pas clair dans mon
esprit.
Le Président (M. Messier): Vous allez avoir la chance de
le faire.
M. Boisclair: L'autre chose, et là, j'aimerais ça
qu'on prenne peut-être juste cinq minutes pour en discuter, on
entreprendra l'étude tout à l'heure: Est-ce que la ministre peut
nous témoigner de sa volonté d'en arriver à une gestion
des ressources humaines qui serait, sans doute, plus proche de ce que le
Vérificateur général nous recommande dans son dernier
rapport? La ministre a, bien sûr, une responsabilité de
législateur, mais elle a aussi une responsabilité
d'administratrice qui doit gérer un certain nombre de ressources
humaines et financières. (12 heures)
Juste rappeler ce que ça donne, de façon
générale. Le rapport du Vérificateur général
nous disait: L'analyse des plus importantes fonctions de la gestion des
ressources humaines a fait ressortir plusieurs faiblesses: planification
stratégique absente... Bon. Je pourrais continuer la liste, le portrait
d'ensemble n'est pas réjouissant. Est-ce qu'il y a moyen de
connaître la réflexion de la ministre ou, peut-être, du
sous-ministre sur cette question?
Mme Frulla: C'est ce qu'on est en train de faire
présentement.
M. Boisclair: Dans un contexte où on nous a, entre autres,
fait la recommandation de dire: Ne nommez pas un directeur des études,
responsabilisez les conseils d'orientation dans chacune des institutions.
Mme Frulla: C'est-à-dire que c'est ce qu'on est en train
de revoir, mais à l'ensemble du ministère. Parce que si on
regarde au niveau du Vérificateur général, le
ministère de la Culture n'est nommé nulle part.
M. Boisclair: ...reprises
Mme Frulla: Questions techniques de la Place des Arts et
questions techniques, aussi, au niveau du prêt du Musée de la
civilisation, mais rien au niveau de la gestion. Donc, on est en train...
Une voix: De l'art contemporain.
Mme Frulla: De l'art contemporain. Mais on est en train de revoir
la gestion dans son ensemble. Alors, en arriver à des principes de dire
qu'il va y avoir, à l'intérieur des conservatoires, comme
à l'intérieur du ministère, comme à
l'intérieur du Conseil des arts, une gestion qui est efficace,
basée aussi beaucoup sur la motivation, l'interaction souple, ce sont
des principes pour lesquels non seulement j'en suis, mais pour lesquels nous
avons aussi choisi cette formule pour les conservatoires. Donc, je ne peux pas
être contre ça, M. le député, au contraire.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre. Il y a
Mme la députée de Chicoutimi qui voulait intervenir.
Mme Blackburn: Non, ça va aller.
Le Président (M. Messier): Ça va aller?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Messier): Parfait. Est-ce qu'il y a
d'autres remarques préliminaires du côté
ministériel? Ça va, on va pouvoir appeler les articles un par un
du projet de loi. M. le député de Richelieu, vous disiez
que...
M. Khelfa: La ministre a fait le tour de la question d'une
façon éloquente et réaliste.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Richelieu. Je vais appeler le chapitre premier,
Constitution et organisation.
Mme Frulla: M. le Président.
Le Président (M. Messier): Oui, Mme la ministre.
Mme Frulla: J'aimerais, tel que promis, déposer les
amendements des articles 1 à 13 inclus. Maintenant, évidemment,
hier, ayant fini très tard, on travaille sur l'ensemble des autres
amendements au projet de loi. Il ne faut pas oublier non plus que les
amendements qui ont été apportés ont aussi
été apportés non seulement suite aux consultations d'hier,
mais après le dépôt du projet de loi on a rencontré
des groupes, et, encore une fois, si nous sommes quand même très
convaincus du principe, on est toujours là pour le bonifier.
Dépôt des amendements
Alors, donc, tel que promis, nous déposons ces premiers
amendements.
Le Président (M. Messier): Merci.
M. Boisclair: Est-ce qu'on peut suspendre, le temps de faire des
copies?
Le Président (M. Messier): Oui, oui, effectivement, nous
allons suspendre, le temps de faire des copies supplémentaires.
(Suspension de la séance à 12 h 4)
(Reprise à 12 h 12)
Le Président (M. Messier): Je vous rappelle à
l'ordre. On est prêt à commencer l'étude article par
article, et j'appelle l'article 1.
M. Boisclair: Un instant...
Le Président (M. Messier): Vous m'interrompez
déjà, M. le député de Gouin.
M. Boisclair: ...on va s'installer, là. Vous êtes
dur sur la présidence, là. On vous écoute.
Le Président (M. Messier): Est-ce que vous êtes
prêts?
M. Boisclair: Oui.
Le Président (M. Messier): Mme la ministre, vous
êtes prête?
Mme Frulla: Oui.
Étude détaillée Constitution et
organisation
Le Président (M. Messier): Nous partons. Chapitre I,
Constitution et organisation, article 1: «Est institué le
"Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec".»
Adopté?
Mme Frulla: Bon, on institue tout simplement le Conservatoire de
musique et d'art dramatique du Québec.
Le Président (M. Messier): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Messier): Article 2: «Le
Conservatoire est une personne morale.» Mme la ministre.
Mme Frulla: Alors, c'est un article qui reconnaît le statut
moral du Conservatoire. On sait que, actuellement, le Conservatoire est celui
d'une direction d'un ministère, donc on crée une corporation
autonome chargée de réaliser la mission, d'actualiser les
conservatoires, comme c'est le cas dans les institutions comparables dans le
monde.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Nous sommes...
Le Président (M. Messier): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je me demandais simplement, du moment où
vous créez une corporation, est-ce qu'il est nécessaire de dire
que c'est une personne morale? Il me semble que c'est la première fois
que je retrouve ça dans un projet de loi.
Mme Frulla: C'est selon le nouveau Code civil du
Québec.
Mme Blackburn: Le nouveau Code civil, O.K. Donc, j'avais raison
de dire que je n'avais pas trouvé cela souvent dans les projets de
loi.
Le Président (M. Messier): On revient de Napoléon
à 1993. Donc, l'article 2 est adopté?
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Messier): L'article 3: «Le
Conservatoire a son siège sur le territoire de la Communauté
urbaine de Québec. Un avis de la situation ou de tout déplacement
du siège est publié à la Gazette officielle du
Québec.» Mme la ministre.
Mme Frulla: Alors, cet article, probablement à la grande
surprise de la députée de Chicoutimi, confère le
siège social sur le territoire de la Communauté urbaine de
Québec parce que ça facilite aussi le transfert des
employés de la direction générale actuelle, s'il le faut,
et, deuxièmement, parce que Québec étant la capitale et
que le Conservatoire étant ici, je pense qu'il y a lieu aussi de
maintenir les institutions qui y sont pour, justement, ne pas vider la capitale
de ses institutions.
Le Président (M. Messier): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: D'ailleurs, dans ce sens-là, ne serait-il
pas pertinent, lorsqu'on parle de déplacement... Pourquoi on
prévoit même, dans cet article, le déplacement
éventuel? Ce qu'on fait, c'est que... Si jamais le siège social
en venait à déménager, vous préférez le
faire par un décret qui serait publié dans la Gazette
officielle plutôt que d'amender la loi. L'Opposition verrait d'un
bien meilleur oeil qu'on limite l'article 3 de la façon suivante: Le
Conservatoire a son siège social sur le territoire de la
Communauté urbaine de Québec. Un avis de situation du
siège social est publié à la Gazette officielle du
Québec. Je ne vois pas pourquoi on prévoirait le...
Mme Frulla: C'est un article... On me dit... Notre conseiller
législatif, notre avocate nous dit que c'est un article qui est usuel,
et c'est comme ça qu'on l'inscrit de toute façon. C'est pour
assurer...
Mme Caron (Louise): C'est pour assurer que...
Le Président (M. Messier): Excusez-moi, est-ce que vous
allez prendre la parole? O.K., vous allez vous identifier pour les fins du
Journal des débats.
Mme Caron (Louise): Louise Caron. C'est juste pour assurer..
C'est un article usuel, c'est pour assurer qu'il n'y a pas juste la situation,
mais si jamais il déménage, que ce soit aussi publié dans
la Gazette officielle.
M. Boisclair: Que ça déménage?
Mme Caron (Louise): Non, non, pas déménage, mais,
je veux dire... Ce qu'il faut comprendre, c'est que son territoire, son
siège social va toujours être sur la Communauté urbaine de
Montréal. Ça, c'est clair, la loi le dit.
Une voix: De Québec.
Mme Caron (Louise): De Québec, excusez. Ha, ha, ha!
Ça va être toujours sur celui de Québec, mais l'avis de la
situation, c'est l'adresse, finalement, à Sainte-Foy, à
Québec, mais ça ne dit pas qu'il va sortir de la
Communauté urbaine de Québec.
Le Président (M. Messier): Mme la ministre.
Mme Frulla: Si on avait voulu vraiment déménager
à Montréal, on l'aurait déménagé, le
siège social, à Montréal, je veux dire, ce n'est pas
majeur.
Mme Blackburn: C'est un lapsus, M. le Président,
révélateur.
Le Président (M. Messier): C'était une erreur.
Mme Caron (Louise): C'était une erreur.
Mme Blackburn: Non pas parce que c'est dans la loi. Je pense
que... On dit que les lapsus sont révélateurs. Ce n'est pas moi
qui le dis.
Le Président (M. Messier): Mais ce n'est pas Mme la
ministre qui l'a prononcé.
Mme Blackburn: Non, non. Je n'ai rien dit de tel non plus.
Siège social et place d'affaires, là, je dois vous dire que... La
ministre, tout à l'heure, a dit: Ça étonne la
députée. Non, ça ne m'étonne pas, parce que le
contraire m'aurait terriblement étonnée. Que vous
déplaciez ce qui se fait déjà à Québec
à Montréal, ça aurait été une audace un
peu... Il faut vraiment vouloir provoquer que de faire ça. Alors, je ne
pense pas que vous auriez voulu provoquer. La seule chose, c'est que...
Mme Frulla: Compte tenu de l'importance du Conservatoire de
Montréal, veux veux pas, sa masse critique puis tout ça,
ça aurait pu être faisable. Donc, ce que je dis, c'est que le
choix que nous avons fait, nous l'avons fait délibérément.
Et ce n'est pas seulement un choix pour préserver certaines apparences,
parce qu'il aurait été discutable, comme dans le cas du Conseil
des arts, qui a soulevé un tollé, je dois le dire, parce que le
siège social était à Québec et que les gens
disaient que la majorité des activités je parle des
artisans se faisaient à Montréal. Donc, ça a
été un choix qui a été pensé, qui a
été réfléchi, et on pense qu'un statut de capitale
fait en sorte que ces institutions doivent y rester.
Mme Blackburn: Est-ce que le Conseil des arts,
finalement, il a ouvert ici? Est-ce qu'il y a un numéro de
téléphone à Québec?
Mme Frulla: C'est-à-dire qu'il est ouvert. Maintenant, ils
ont trouvé les adresses et ils sont en train de négocier avec la
SIQ.
Mme Blackburn: O.K. Parce que c'était plutôt
là-dessus que j'en avais un peu.
Mme Frulla: Et le numéro de téléphone est
publié, etc.
Le Président (M. Messier): On est hors d'ordre.
Mme Blackburn: Moi, ça me va. Je pense que je comprends
l'article comme étant son déménagement sur le
territoire.
Le Président (M. Messier): O.K. Parfait. Mais il y avait
peut-être une proposition du député de Gouin. Est-ce que
vous avez une proposition d'amendement de la...
M. Boisclair: Non, non. Je n'ai pas de proposition
d'amendement...
Le Président (M. Messier): Excusez. M. le
député de Charlevoix, s'il vous plaît. Ça nous
empêche de bien fonctionner au niveau du projet de loi s'il y a des
interventions de part et d'autre. M. le député de Gouin, s'il
vous plaît.
M. Boisclair: Juste qu'on clarifie... On voit souvent
apparaître siège social et place d'affaires. La notion de place
d'affaires est incluse dans le siège social ou si c'est dans le Code
civil?
Mme Caron (Louise): Le Code civil emploie maintenant toujours la
notion de «siège social». Bien, «siège»,
même. On n'emploie même plus «social». «Place
d'affaires», vous pouvez avoir plusieurs places d'affaires, mais le
siège social, c'est vraiment le principal établissement, je
pourrais dire, la maison mère.
M. Boisclair: C'est ça. Mais là, il n'est pas...
Ça, je comprends très bien, mais il ne serait donc pas pertinent
de dire que c'est le siège social et la place d'affaires.
Mme Caron (Louise): Non. C'est suffisant de dire
«siège». Parce que «place d'affaires»...
M. Boisclair: Mais il pourrait donc y avoir une...
Mme Caron (Louise): Ces établissements... On pourrait
peut-être même dire... Il y a des établissements partout,
quand même, mais son siège social, où origi-nent toutes les
décisions, c'est la...
Mme Frulla: Parce que la place d'affaires, dans le fond, elle est
à Québec, Rimouski, Chicoutimi. Il y en a partout.
M. Boisclair: Non, je comprends. Il y a combien de personnes,
à l'heure actuelle, qui travaillent au siège social?
M. Bruneau (Alain): Huit ou neuf personnes.
Le Président (M. Messier): Est-ce qu'il est possible de
vous identifier, s'il vous plaît, pour le Journal des
débats?
M. Bruneau (Alain): Oui. Alors, Alain Bruneau. Moi, je suis
sous-ministre adjoint aux institutions nationales. Alors, actuellement, il y a
neuf personnes. Les effectifs ont été diminués de
moitié au siège social depuis environ trois ans.
M. Boisclair: II y a neuf personnes qui y travaillent en ce
moment?
M. Bruneau (Alain): Oui.
M. Boisclair: Et il n'y a pas de modification qui est
prévue sur...
M. Bruneau (Alain): Ce qui est visé, c'est d'avoir,
disons, une équipe centrale la plus légère possible.
M. Boisclair: Parfait.
Le Président (M. Messier): Merci, M. Bruneau. Est-ce qu'il
y a d'autres questions sur l'article 3?
M. Boisclair: Non. Adopté.
Le Président (M. Messier): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
Mme Blackburn: Juste avant...
Le Président (M. Messier): Excusez-moi. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Vous dites qu'il y a eu une diminution de
personnel de combien? Je m'excuse, j'étais un peu distraite.
Le Président (M. Messier): La question est posée
à Mme la ministre, et, par délégation, vous la...
Mme Frulla: M. Bruneau... Il y a eu une diminution faite toujours
dans le but, justement, d'avoir une gestion efficace et aussi souple. On ne
s'en va pas en augmentant au niveau de l'administration. Par contre, c'est
aussi dans le but, comme on le fait toujours, d'attribuer
des fonds où ça compte, c'est-à-dire pour les
élèves. (12 h 20)
Mme Blackburn: On est passé de combien à combien?
C'était ça, ma question. On dit qu'il reste environ neuf
personnes.
M. Bruneau (Alain): Oui, il y en avait 17.
Mme Frulla: II y en avait 17, à l'époque. On passe
maintenant à neuf, et le travail se fait aussi bien.
Mme Blackburn: 50 %.
Mme Frulla: Maintenant, il y avait toute une question, M.
Thibault, au niveau de la réforme, pas juste une question
administrative, il y avait une question de dossier aussi. Je vais passer la
parole à M. Thibault, ici, qui est directeur général de
l'ensemble des conservatoires.
M. Thibault (Pierre): Bien, au moment où on a atteint 17
personnes... Je suis Pierre Thibault, directeur général.
Le Président (M. Messier): Enchanté, M. Thibault,
mes salutations.
M. Thibault (Pierre): Au moment où on a atteint le niveau
de 17 personnes, c'est le moment où les dossiers importants et à
long terme étaient élaborés, notamment le dossier de la
réforme administrative générale, qui est terminée,
maintenant, et un dossier de réforme pédagogique qui concernait
l'élaboration des nouveaux programmes dont on a parlé au cours
des consultations. Ces opérations majeures sont terminées, et on
a réduit, comme je l'avais prophétisé, d'ailleurs,
à l'époque, le personnel considérablement à la
suite de ça.
Mme Blackburn: Est-ce que les budgets sont restés les
mêmes, le budget global? C'est quoi le montant des budgets des
conservatoires?
Mme Frulla: C'est 14 000 000 $ pour l'opération, il y a 2
000 000 $ pour le fonctionnement et il y a 6 000 000 $ pour les loyers.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y a eu des compressions dans
l'enveloppe du Conservatoire?
Mme Frulla: II y a eu... En fait, il n'y a pas eu de compression,
il y a eu une espèce de gel pendant les années que j'étais
là. Maintenant, il ne faut pas oublier aussi qu'il y avait beaucoup de
gens, à l'intérieur des conservatoires, des professeurs qui
disaient que, effectivement, l'administration était lourde. Parce que,
ça, c'est une direction de ministère. Alors, les personnes qui
ont été comprimées, c'est à la direction même
du ministère. Finalement, une fois que les mandats sont terminés,
ces gens-là, évidemment, retrouvent des postes à
l'intérieur même du ministère.
Mme Blackburn: Donc, ça n'a pas eu comme effet de mettre
un peu plus d'argent. L'argent économisé n'est pas
retourné à l'enseignement, comme vous le disiez, je veux
dire...
Mme Frulla: C'est-à-dire que...
Mme Blackburn: ...à être affecté à
l'activité proprement dite.
Mme Frulla: ...dans l'ensemble, quand on a 2 000 000 $ en
fonctionnement, quand on a 14 000 000 $, ça fait partie de l'ensemble du
budget des conservatoires. Moi, quand j'ai des décisions administratives
à prendre, à ce moment-là, c'est à moi, il n'y a
personne qui me dit où couper; c'est moi qui coupe, là. Durant
mon passage au ministère de la Culture, comparativement, par exemple,
à ce qu'on a fait dans l'administration générale, on a
essayé de garder tous les budgets de transfert, ce qu'on a réussi
à faire, autant au niveau des activités, maintenant, du Conseil
des arts, mais celles qui étaient au niveau du ministère. Mais,
administrativement parlant, le ministère a absorbé les coupures,
autant au niveau des musées, des ministères, etc.
administrativement parlant mais toujours dans l'intention de ne pas
toucher le contenu, mais finalement au niveau de l'administration. Mais
ça, je pense que c'est la tendance générale, et c'est un
peu ce que la population nous demande aussi, de faire plus et de façon
plus efficace avec...
Mme Blackburn: Ils n'ont pas été affectés
davantage à l'enseignement dans les conservatoires.
Mme Frulla: C'est-à-dire qu'on aurait pu aussi apporter
certaines coupures, donc, il y a eu, finalement, des ajouts dans les
conservatoires puisque les conservatoires, en soi, n'ont pas été
coupés de la façon...
Mme Blackburn: Ils ont maintenu...
Mme Frulla: ...par exemple, administrative que les musées
ont été coupés. Quand on demande aux conservatoires de
couper, c'est global, et, là, c'était à eux de
procéder. C'était à eux, par exemple, comme on le fait aux
musées, à prendre les décisions nécessaires au
niveau des coupures.
Mme Blackburn: Mais le personnel administratif n'est pas
très nombreux dans un conservatoire. Il y a un directeur
général, une secrétaire, quelqu'un qui est au
registrariat...
Le Président (M. Messier): M. Bruneau.
M. Bruneau (Alain): On retrouve habituellement dans chaque
conservatoire un directeur, une secrétaire, forcément. Vous avez
un centre de documentation dans chacun des conservatoires, vous avez quelques
appariteurs et des employés. Alors, vous avez une structure de base qui
est minimale mais qui est suffisante pour permettre le fonctionnement de
l'école.
Mme Blackburn: II n'y a pas moyen de comprimer, ce que je veux
dire, parce que vous dites: On n'a pas comprimé dans les conservatoires.
C'est parce que, finalement, c'est minimal ce qu'on retrouve. Ils s'occupent
des équipements, des instruments de musique, un peu des salles, des
locaux, des inscriptions et puis du centre de documentation, les partitions
et...
M. Bruneau (Alain): En fait, quand on parle des dépenses
de fonctionnement Mme la ministre évoquait les 14 000 000 $ et
quelques en 1989-1990, les dépenses de fonctionnement des
conservatoires, personnels et autres dépenses étaient de 13 200
000 $, et, en 1992-1993, les dépenses réelles étaient de
14 400 000 $. Donc, malgré la rationalisation pour l'ensemble des
dépenses de fonctionnement, en fait, il y a une augmentation de 9,3
%.
Mme Frulla: Maintenant, je dois vous dire, M. le
Président, que la défense des crédits, là, ce n'est
pas ici.
Le Président (M. Messier): C'est des informations d'ordre
général.
Mme Frulla: Mais il y a eu une augmentation. Alors, ce n'est pas,
quand on parle de transfert... Écoutez, moi, je vais toujours, toujours,
toujours, tant que je serai au ministère de la Culture, essayer d'avoir
une gestion très efficace. C'est pour ça qu'on se gère
à 8 % du budget comparativement à d'autres ministères qui
sont encore à 11 % et à 12 % et qu'ils essaient de comprimer pour
essayer d'investir le plus possible dans le contenu. Dans un contexte ou, veux
veux pas... On n'est dans un contexte économique très difficile
et un contexte de rationalisation, je pense qu'on ne s'en cache pas.
Le Président (M. Messier): M. le député de
Gouin, c'est adopté? L'article 3 est adopté. Nous sommes rendus
à l'article 4, et nous avons un papillon, un léger papillon.
M. Boisclair: Un gros papillon.
Le Président (M. Messier): Un gros papillon.
Mme Frulla: J'ai dit que l'article 4 était pour être
passablement amendé au niveau du conseil d'administration. Je pense que
nous avons pris aussi les avis et aussi les inquiétudes de plusieurs
groupes rencontrés, et il y a sept amendements à cet article, ce
qui fait que cet article est considérablement modifié.
Le Président (M. Messier): Donc, nous allons commencer par
le premier. Est-ce que vous avez tous en main les amendements?
M. Boisclair: Oui, sauf que là, est-ce qu'on
pourrait...
Le Président (M. Messier): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Ce que je proposerais, là, pour
alléger la discussion, là... Il y a d'abord, dans les amendements
que vous nous avez soumis, le nouveau libellé de l'article 4, si les
amendements sont retenus. Est-ce qu'on pourrait peut-être d'abord avoir
une présentation générale de cet article, en partant
peut-être de ce texte-là, là, à la page 2, que vous
nous avez remis, là, «l'article 4 se lira dorénavant comme
suit»? Pour une compréhension claire des choses, la ministre
pourrait peut-être nous faire une présentation
générale, et on pourra...
Le Président (M. Messier): Sage recommandation.
Mme Frulla: D'abord l'article tel qu'il était
présenté, je pense qu'on va partir de là, et s'il y a des
clarifications au niveau des amendements, là, je demanderai à M.
Bruneau et à Me Caron, ici à côté de moi, de
préciser.
C'est un article qui déterminait la composition du conseil
d'administration du Conservatoire. L'idée initiale, c'était
d'avoir un conseil d'administration qui était quand même d'un
nombre relativement restreint pour justement en faciliter, si on veut, les
discussions et aussi le bon fonctionnement. La majorité des membres,
c'est-à-dire qu'ils sont nommés par des ministres, mais cinq par
le ministre de la Culture donc, ce n'est pas un bloc homogène
deux par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science
et un par le ministre de l'Éducation. Maintenant, pour les nominations,
les consultations sont faites, selon le cas, auprès d'organismes
représentatifs des milieux, un peu comme ça se passe au niveau du
Conseil des arts, donc d'organismes représentatifs du milieu de la
musique, de l'art dramatique, des milieux de l'enseignement collégial et
universitaire, des milieux de l'enseignement primaire ou secondaire.
Maintenant pourquoi avions-nous demandé d'avoir deux de
l'Enseignement supérieur et un par le ministre de l'Éducation,
donc provenant du milieu de l'éducation? Pour répondre un peu
à ce que les gens nous apportaient, enfin, les interventions d'hier,
c'était, comme il y a, en fait, des liens à faire ou encore de la
sensibilisation à faire avec le ministère de l'Éducation,
pour ne pas travailler en vases clos, mais essayer de travailler aussi de la
façon la plus ouverte possible.
C'était un peu aussi après avoir eu certaines
conversations lors de la politique culturelle, où on parlait justement
de modifier, et de beaucoup, les conservatoires, et finalement aussi pour
encourager leur dynamisme dans le milieu. (12 h 30)
Le Conseil des universités, le conseil, aussi, des cégeps
nous ont demandé de pouvoir travailler en étroite collaboration
avec ces institutions. Donc, on s'est dit: un représentant pour
l'enseignement primaire, l'autre, primaire et secondaire, l'autre,
collégial, et l'autre, universitaire. De là, le nombre de trois.
Maintenant, encore une fois, on procède à ces nominations
après consultations qui sont faites. Donc, on s'assure, par ce fait
même, que ce sont aussi des gens qui proviennent du milieu ou qui sont
intéressés, si on veut, par le milieu en soi.
Maintenant, la composition du conseil d'administration vise à
assurer, notamment, la concertation avec les autres milieux de l'enseignement
ainsi que l'implication accrue du personnel enseignant et non enseignant du
Conservatoire et des élèves. Parce que, à
l'intérieur de conseil d'administration, il y aura, de façon
élective, des représentants des élèves et des
professeurs, au nombre de sept. Cette composition vise également
à assurer une représentation équilibrée des deux
secteurs concernés, musique et art dramatique, permet aussi d'assurer
une représentation des régions, et un règlement du
Conservatoire déterminera la procédure d'élection, aussi,
des membres. Parce qu'on ne peut pas avoir des membres qui sont élus
dans une corporation qui n'existe pas. De là, l'article 75, mais on y
reviendra en temps et lieu.
Donc, il s'agit de partir la corporation en limitant, si on veut, le
pouvoir des membres du conseil d'administration non élus, mais aussi
pour faire place, quand on prend des décisions ne serait-ce que sur le
contenu pédagogique, ne serait-ce que sur le fonctionnement même
des conservatoires, en laissant le temps, si on veut, au conseil
d'administration complètement formé, donc dans son
entièreté, de prendre des décisions qui sont très
importantes par rapport au fonctionnement et à la direction même
des conservatoires. C'est un peu ça qu'on a voulu faire. Mais ça,
c'était l'idée... L'idée du départ, c'est d'avoir
un conseil d'administration représentatif, oui, flexible et aussi ouvert
un peu sur ce qui se passe ailleurs, notamment dans le monde de
l'éducation.
Maintenant, compte tenu de certaines précisions qu'on nous a
demandé d'apporter et de certains ajouts, l'article 4 se lira
dorénavant comme suit...
Le Président (M. Messier): Est-ce que vous commencez
l'étude des articles ou ça cadre dans le
général?
Mme Frulla: Bien, c'est parce que là, il y a des
modifications majeures apportées à l'article 4. Je vous ai
parlé du principe global et général au niveau du conseil
d'administration et de la nomination. Maintenant, pour répondre un peu
à ce qu'on nous demandait, ce que les différents organismes
consultés demandaient ou, enfin, corps professoraux, etc., voici
maintenant les changements face à cet article.
Le Président (M. Messier): Allez-y, madame.
Mme Frulla: «Les affaires du Conservatoire sont
administrées par un conseil d'administration composé, au fur et
à mesure de leur nomination ou élection, des membres suivants:
«sept personnes, dont le président du conseil, nommées par
le ministre de la Culture après consultation d'organismes qu'il
considère représentatifs des milieux de la musique ou de l'art
dramatique; deux de ces personnes doivent être des anciens
élèves du Conservatoire ou du Conservatoire de musique et d'art
dramatique de la province de Québec institué par la Loi sur le
Conservatoire, l'un en musique et l'autre en art dramatique.» Donc, on
ajoute deux personnes, dont deux ex-élèves en musique et en art
dramatique; «deux personnes nommées par le ministère de
l'Éducation et de la Science après consultation d'organismes
qu'il considère représentatifs des milieux de l'enseignement
collégial ou universitaire; «une personne nommée par le
ministre de l'Éducation et de la Science après consultation
d'organismes qu'il considère représentatifs des milieux de
l'enseignement primaire ou secondaire;». Donc, on maintient à
trois les gens nommés par le ministère de l'Éducation. Par
contre, leur poids à travers le conseil d'administration diminue. Il
était de 20 %, donc, évidemment, le poids en pourcentage se voit
diminué. «le directeur de l'établissement d'enseignement de
la musique du Conservatoire à Montréal;». Il sera
automatiquement nommé sur le conseil d'administration, vu l'importance
de cet établissement. «un autre directeur d'établissements
d'enseignement de la musique du Conservatoire, élu à
majorité des voix exprimées par ses pairs, selon les
règlements du Conservatoire; «un directeur d'un
établissement d'enseignement de l'art dramatique du Conservatoire
élu à la majorité des voix exprimées par ses pairs,
selon les règlements du Conservatoire; «deux enseignants
d'établissements d'enseignement de la musique du Conservatoire, dont un
de l'établissement de Montréal, et un enseignant d'un
établissement d'enseignement de l'art dramatique du Conservatoire,
respectivement élus à la majorité des voix
exprimées par leurs pairs, selon les règlements du Conservatoire;
«un membre du personnel du Conservatoire, ne faisant pas partie des
catégories mentionnées aux paragraphes 4°, 4.1° et
5°, élu à la majorité des voix exprimées par
ses pairs, selon les règlements du Conservatoire; «deux
élèves à temps plein du Conservatoire, l'un
en musique et l'autre en art dramatique, nommés
conformément à l'article 32 de la Loi sur l'accréditation
et le financement des associations d'élèves ou d'étudiants
ou, si cette disposition ne peut trouver application, respectivement
élus à la majorité des voix exprimées par leurs
pairs, selon les règlements du Conservatoire. «Les
élections visées aux paragraphes 4° à 7° du
premier alinéa sont tenues et présidées par la personne
désignée par les membres du conseil en fonction.»
Maintenant, je suis prête à inclure aussi la
représentativité en région et d'y ajouter, à ce
niveau-là, une nouvelle formation. Si on a ajouté le directeur,
par exemple, de l'établissement de musique du Conservatoire, ça a
été spécifiquement demandé. Parce que, veux veux
pas, le Conservatoire de musique, un peu comme la Guilde le disait... La
Guilde, hier, voulait faire deux niveaux, c'est-à-dire des
établissements de niveau supérieur, Montréal et
Québec, et des établissements de région. Alors, il faut
quand même faire face un peu à la réalité, mais nous
sommes prêts à inclure la représentativité en
région et à l'inscrire directement dans la loi.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Gouin, sur des remarques préliminaires,
j'imagine, au lieu d'étudier article par article.
M. Boisclair: Oui, sur des remarques préliminaires sur
l'article.
Le Président (M. Messier): Oui.
M. Boisclair: II s'agit d'instituer un conseil d'administration
qui, bien évidemment, n'existait pas dans l'ancienne loi, conseil
d'administration que nous devons instituer, si ce n'est qu'à cause de la
création de cette corporation qui nous oblige à
réfléchir sur un conseil d'administration qui devra, bien
sûr, être imputable, responsable des actes qui seront posés
par les gens du Conservatoire. C'est une formule qui, certainement, a son
mérite.
Est-ce que d'autres formules que celle du conseil d'administration ont
été étudiées? Par exemple, plusieurs personnes sont
venues nous dire qu'il faudrait qu'il y ait un conseil d'administration dans
chacune des institutions qui, entre autres, pourrait s'assurer d'une
flexibilité, d'un mouvement des étudiants d'une institution
à l'autre, qui pourrait être accompagné d'un conseil
d'orientation qui, sur le régime pédagogique et sur les
programmes et ainsi de suite, pourrait assurer une certaine, pas une
normalisation, mais, en tout cas, que le passage puisse se faire d'une
institution à une autre, et souhaitaient que, à la tête de
l'organigramme, il y ait quelque chose de beaucoup plus souple et qui serait
issu des conservatoires locaux, en pensant au type qui pourrait être
semblable à celui d'une assemblée générale.
L'exemple qu'on portait à mon attention était celui des
différents conseils régionaux, par exemple, ceux qui ont
été créés par le ministère de la
Santé et des Services sociaux, qui sont institués par
élection des différents partenaires de chacune des
régions.
Le Président (M. Messier): Mme la ministre.
Mme Frulla: On a regardé différentes formules, on a
même regardé des corporations, des corporations, des corporations,
etc., excepté que, un peu à l'instar de ce que vous avez dit
hier, et vous aviez là-dessus très raison, c'est que ce ne sont
pas des conseils régionaux, ce sont des institutions, et des
institutions, à quelque part, évidemment, ont un budget de quand
même 14 000 000 $. Ne serait-ce que cela en plus de tout le reste
à l'administratif, et ça prend quand même des gens qui sont
imputables, justement, à la gestion de ce budget-là, d'une
part.
Deuxièmement, on parle d'alourdissement. Il faut quand même
aussi avoir une formule qui a été, premièrement,
prouvée ailleurs dans d'autres institutions, d'une part, et,
deuxièmement, aussi une formule qui est relativement simple et
crédible. Donc, après avoir regardé plusieurs autres
façons de faire puis on a gardé les écoles
affiliées on a vraiment fait des scénarios, on partait de
rien, donc on faisait toutes sortes de scénarios. On est venu à
la conclusion que c'est cette formule qui est quand même la meilleure
formule, la plus flexible.
Maintenant, je vais laisser à M. Bruneau, si vous voulez bien, M.
le Président, l'espèce de complément à la
réponse.
Le Président (M. Messier): M. Bruneau. Allez-y, M. le
sous-ministre. (12 h 40)
M. Bruneau (Alain): En fait, il y a un ensemble de choses
évidemment à concilier, et une des revendications fondamentales,
c'est de maintenir un réseau avec un régime pédagogique et
des programmes d'enseignement, disons, identiques qui répondent aux
mêmes standards partout. Je pense que les gens qui oeuvrent dans les
conservatoires ne souhaitent pas avoir un concept d'école
supérieure et d'école préparatoire, si on veut.
Donc, dès le moment où on crée... En fait, cette
hypothèse-là était dans le document d'orientation. On l'a
examinée, et, au plan administratif, ça pose des problèmes
épouvantables. Pensez uniquement, par exemple, au respect des droits des
employés qui vont être transférés, disons, du
ministère à la corporation. Là, il va y avoir une
unité de négociation au niveau de la corporation. Et si vous
avez, disons, des corporations avec des conseils d'administration, ça
veut dire qu'il y a autant d'unités de négociation qu'il y a de
corporations. D'autre part, il y a des formules semblables qui ont
déjà existé. Je pense que la députée...
M. Boisclair: Si vous me permettez, sur cette question, le
directeur du Conservatoire d'art dramatique de Montréal, je pense,
serait très content d'avoir son unité de négociation.
M. Bruneau (Alain): Oui.
Mme Frulla: C'est parce que six conventions collectives pour 15
employés, c'est beaucoup.
M. Bruneau (Alain): Je crois que, si vous me permettez...
Mme Frulla: Je pense que...
M. Bruneau (Alain): ...ce n'est pas tant d'avoir une unité
de négociation que dé pouvoir, dans le fond, dire un mot dans la
détermination des conditions de travail normatives du corps professoral.
Mais cette formule-là a déjà existé. Je pense que
Mme la députée de Chicoutimi y faisait référence
tout à l'heure avec le concept de conseil régional, je crois, au
niveau collégial au SaguenayLac-Saint-Jean, où il y avait
comme un...
Mme Blackburn: Un Conseil des collèges
régional.
M. Bruneau (Alain): ...conseil régional avec toute une
formule, qui a été abandonnée par la suite. Mais ça
pose des problèmes administratifs. Alors, disons que la formule qui a
été retenue par la ministre, dans le fond, permet une certaine
souplesse et permet aux gens qui viennent de l'intérieur de la maison de
pouvoir s'exprimer à travers ce conseil d'administration.
M. Boisclair: Je n'en suis pas encore dans le détail de
l'article, j'en suis encore sur la présentation générale.
Mais l'exemple des régies régionales est quand même un bel
exemple, parce que ce n'est pas un excès de lourdeur administrative
que...
Mme Frulla: II faut comparer quand même des pommes avec des
pommes, dans un sens où une régie régionale, ça n'a
pas les mêmes fonctions qu'un conseil d'administration de maisons
d'enseignement qui sont établies à travers le territoire,
où on veut garder, quand même, l'excellence. On parle d'excellence
en région partout, et de la même façon. Parce qu'il ne faut
pas se le cacher non plus. Exemple, on a donné beaucoup l'exemple du
Conservatoire de Val-d'Or. On regarde le bassin de la population à
Val-d'Or. On regarde aussi la région, qui est très
éloignée, par exemple, à Val-d'Or, et pour garder le
même niveau d'excellence à Val-d'Or, il faut, je pense, aussi des
commissions d'étude et un conseil d'administration qui fait qu'il y a
une certaine centralisation au point de vue des décisions et que
celles-ci sont appliquées uniformément. Parce que, finalement, si
on a tous des conseils d'administration, donc, différentes corporations,
c'est qu'il y a effectivement un risque de dérapage. Ça, on ne
peut pas accepter ça.
Le Président (M. Messier): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Moi, je veux juste réagir à
ça. Si c'est là l'intention de la ministre, moi, je suis inquiet.
La ministre nous parle d'une centralisation au niveau des décisions.
J'aimerais bien qu'elle puisse clarifier sa pensée, parce que ce n'est
vraiment pas ça que nous avons entendu hier, toute la
journée...
Mme Frulla: C'est-à-dire que...
M. Boisclair: ...et en comprenant bien que le conseil
d'administration sera aussi appuyé par la commission...
Mme Frulla: Les commissions d'étude.
M. Boisclair: ...d'étude, les deux commissions
d'étude, bon...
Mme Frulla: Exactement comme ça se passait avant.
M. Boisclair: ...qui auront, justement, cette
responsabilité...
Mme Frulla: C'est ça.
M. Boisclair: ...d'assurer le maintien de la notion de
réseau.
Mme Frulla: Bien oui.
M. Boisclair: Bon. Alors, ça...
Mme Frulla: Mais on a les commissions d'étude.
M. Boisclair: ...il ne faut pas distinguer ça. Mais les
commissions d'étude...
Mme Frulla: Le conseil d'administration...
M. Boisclair: Le conseil d'administration pourrait revenir pour
s'assurer que ce conseil d'administration soit justement le reflet de la
volonté des gens qui oeuvrent dans chacun des conservatoires
plutôt qu'une espèce de chien de garde ou un organisme
centralisé. La ministre ne m'a pas convaincu que l'exemple des
régies régionales je prends celui-là, je pourrais
en prendre un autre n'est pas un modèle...
Mme Frulla: Mais pourquoi on ne donne pas d'autres exemples,
d'autres exemples de ce qui se passe dans les institutions? C'est sûr que
je peux prendre un exemple de ce qui se passe ailleurs, mais pourquoi qu'on ne
prend pas aussi des exemples positifs de choses, des exemples probants qui se
passent dans diverses institutions et qui fonctionnent? Si le conseil
d'administration était formé, par exemple, d'administrateurs qui
n'étaient pas reliés au Conservatoire ni de près ni de
loin, qui n'étaient pas reliés au milieu, des hommes
d'affaires,
par exemple, et exclusivement de gens qui viennent d'un peu partout et
qui sont juste des gestionnaires, là, vous avez raison, je serais
très inquiète. Mais la volonté n'est pas là, la
volonté est vraiment d'avoir des ex-élèves, d'avoir des
directeurs impliqués, d'avoir des professeurs impliqués, d'avoir
des élèves impliqués, d'avoir des gens du milieu de
l'éducation, mais qui auront été... On aura
consulté aussi les organismes en fonction de leurs compétences
par rapport à ce qu'ils ont à faire, et, à ce
niveau-là, je pense que...
Et, ensuite, je m'engage aussi à apporter un amendement on
est en train de le vérifier à ce que les gens qui sont
nommés par le ministre soient représentatifs des régions.
On ne peut pas avoir de police d'assurance plus que ça. Même si je
me réfère à ce que le SPEQ nous avait
présenté, eux-mêmes étaient d'accord avec la
création d'un conseil d'administration. Je n'ai pas entendu ici beaucoup
de gens qui étaient contre. La seule chose, c'est la Guilde, qui est
arrivée avec une idée, mais qui est arrivée aussi avec une
idée de deux paliers de conservatoire. Tu sais, il faut aussi en
prendre... Je pense que j'essaie de donner toutes les assurances pour que ce
soit représentatif avec les deux commissions d'étude et pour
essayer de créer cette notion de réseau.
Le Président (M. Messier): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je vais peut-être essayer un peu
d'élargir le débat quant à la structure responsable, la
gestion de ces conservatoires, centralement et localement. Vous demandiez
d'autres exemples qui fonctionnent.
D'abord, je vais faire une remarque avant d'aborder le sujet de ce qu'on
aurait pu prévoir, qui demande des modifications, mais ça
pourrait rentrer là-dedans. D'abord, une première, c'est toutes
les politiques mur-à-mur. C'est fini, ça. Je veux dire, tout le
monde se dit qu'il faut laisser de la souplesse, il faut laisser place à
l'initiative, donc place aux décisions, y compris celles qui pourraient
avoir une incidence financière du moment où c'est à
l'intérieur de l'enveloppe. Ce n'est pas ce que je trouve
là-dedans. Les conservatoires régionaux, c'est
téléguidé d'en haut, et ça, ça va brimer
l'initiative. Moi, je pense que ça, il faut absolument qu'on revoie
ça. un modèle qui fonctionne, on va prendre les modèles
qui sont les plus proches, ceux des collèges. on sait que les
cégeps, au québec, il y a une loi qui prévoit à la
fois la durée des études, la sanction des études, il y a
des structures pour administrer les programmes, puis il y a une partie des
activités qui sont décentralisées. 30 % des contenus de
formation professionnelle sont décidés par le collège
lui-même. on en a 46 au québec, et ça fonctionne. et 46,
c'est sains compter les collèges affiliés à champlain, et
ainsi de suite. donc, on a un système qui fonctionne.
Ce qu'on a ici, ce que vous appelez le conseil d'orientation, c'est
l'équivalent des comités qu'on retrouve dans des écoles
primaires et secondaires. C'est exactement la même structure où,
finalement, ils ont peu ou rien à dire. Parce que, regardez, les
critères de sélection du directeur écoutez, ce
n'est pas gros, les critères, on ne dit pas: le gars, on dit: les
critères de sélection les modalités d'application
du régime pédagogique, ça serait bien diable si on
décidait, à Québec, que c'est comme ça que
ça va s'appliquer dans une école. Ça n'aurait pas de bon
sens. Ça va tellement de soi que ça n'aurait même pas eu
besoin d'être écrit, ou presque. Les modalités de
l'organisation scolaire au sein de l'établissement, ça aussi,
c'est difficile de décider ça d'en haut. Vous laissez ça
à n'importe... J'allais dire à n'importe qui, mais, dans notre
structure administrative, ce sont des choses qui tombent sous le sens. Et le
projet de règlement concernant la conduite et la discipline des
élèves, écoutez, on ne désirera pas ça
à Québec.
Tout ça pour vous dire que ce qu'on laisse au conseil, et c'est
là-dessus que je voudrais intervenir, plus sur le fond, ce qu'on laisse
au conseil de gestion, c'est l'équivalent de ce qu'on donne...
Même pas, parce qu'il y a plus que ça. Si vous allez voir dans les
comités d'école, en vertu de la loi 106 ou 107 c'est la
107 qui a structuré ça ils ont plus de pouvoir que ce que
vous retrouvez là-dedans. Alors là, j'ai un problème, puis
c'est un comité d'école. Ça n'a pas à gérer
un établissement de cette nature-là.
Alors, c'est pour ça que, quand vous parlez de votre structure,
j'en suis. Ça prend une structure, vous vous donnez un conservatoire,
donc, qui gère les grands principes, les grandes règles, qui
établit les grandes règles, mais, pour le reste, il faut qu'il y
ait des pouvoirs en bas, et, là-dedans, il n'y en a pas. C'est vraiment
ce sur quoi je voudrais revenir. Pour ce qui est du régime
pédagogique, ça, on pourra en reparler, mais c'est sur les
décisions. (12 h 50)
Mme Frulla: Oui, je comprends. Je vais passer la parole à
M. Bruneau parce que je pense que ce domaine lui est très familier lui
aussi on parlait des régies régionales
lui-même ayant travaillé à différents
ministères, le ministre de la Santé, etc. Je pense qu'on pourrait
lui demander...
Mme Blackburn: Je voudrais juste, si vous le permettez, M. le
Président... Parce que M. Bruneau, tout à l'heure, a fait
référence à ce que j'avais dit concernant les conseils de
gestion qui existaient à l'époque des collèges
régionaux, quatre collèges régionaux il en reste un
d'ailleurs, côté anglais. Le conseil de gestion à ce
moment-là était un organisme qui avait peu de pouvoir, pour ne
pas dire pas de pouvoir, et il n'avait même pas le pouvoir de
défendre l'ajout d'un programme au ministère. Il fallait qu'il
passe au collège régional, et le collège régional
s'en allait au ministère. C'était une affaire de fou. Ça
avait déresponsabilisé et démobilisé tout le monde.
Vous en aviez un, M. le Président. C'était le collège de
Saint-Hyacinthe qui était
dans Bourchemin, avec le collège avoisinant à
Drummondville. ..
Le Président (M. Messier): À Sorel,
effectivement.
Mme Blackburn: Alors, tout ça pour vous dire que ça
a été aboli partout, et ce que je disais, c'est que ça
démobilise tout le monde et ça déresponsabilise.
Mme Frulla: Est-ce que je peux vous poser une question? Par
exemple...
Mme Blackburn: Alors, ça a été aboli.
Mme Frulla: ...on parle... Juste une chose, puis
après...
Le Président (M. Messier): Habituellement, c'est
l'inverse.
Mme Frulla: Hein?
Le Président (M. Messier): Habituellement, c'est
l'inverse.
Mme Frulla: Non, non, mais c'est parce que, dans la discussion,
il ne faut pas oublier... Il faut quand même penser que les
conservatoires, c'est 907 étudiants plus ceux d'art dramatique. Parce
que ce ne sont pas des institutions... Quand on parle de cégep, un
cégep bien souvent a 2500, 3000, 3200 et même jusqu'à 4000
élèves.
Mme Blackburn: II y en a un qui en a 7000.
Mme Frulla: Alors, il y en a un vraiment... Nous, c'est quand
même des institutions qui sont... Premièrement, c'est beaucoup
plus petit comme dans l'ensemble. Deuxièmement, il ne faut pas oublier
aussi l'enseignement personnalisé qui fait que les élèves
sont à peu près à tous les niveaux, donc, ça aussi,
c'est très, très différent et unique. Et c'est sûr
que notre volonté, ce n'est pas de démotiver ou encore
démobiliser ou alourdir, mais c'est par rapport aussi à la taille
de la corporation et aussi par rapport à l'enseignement qui se donne,
mais aussi par rapport à ce qui se passe dans les régions. Pas
toutes les régions, ça ne peut pas être...
Si on regarde la disparité régionale, etc. je
reviens toujours à Val-D'Or c'est difficile de maintenir, compte
tenu du bassin de la population et la disponibilité même des
professeurs pour aller enseigner et tout ça... Il faut absolument, si on
maintient la vocation du conservatoire en disant que ce sont des
établissements voués à l'excellence, bien, à
quelque part, il faut qu'il y ait des décisions qui se prennent et des
volontés qui se manifestent. On parlait de conseil d'administration pour
chacun des établissements. Le budget va se diviser comment? Quand on
décide, chacun des établissements, tout le monde à un
moment donné vient qu'à tirer pour sa... C'est normal. Le budget
se divise comment si c'est pris individuellement et un peu partout? C'est
encore le ministère... Et le ministère ne sera plus
là.
Alors, je voudrais passer juste la parole à M. Bruneau, parce que
ça peut peut-être éclairer.
Le Président (M. Messier): M. le sous-ministre.
M. Bruneau (Alain): Effectivement, en fait, quand on regarde la
situation dans les conservatoires, Mme la ministre l'évoquait tout
à l'heure, on parle, dans le fond, d'entre 900 et 1000
élèves. Vous avez un très grand nombre
d'établissements qui ont moins de 100 élèves. Je prends le
cas, par exemple, de Val-D'Or où vous avez 40 élèves dont
la majorité des élèves, disons, suivent à peu
près deux ou trois heures de cours par semaine. Donc, on n'est pas tout
à fait en présence du même univers que dans le secteur de
la Santé et des Services sociaux. Parce que, en fait, quand on parle des
régies régionales de la Santé et des Services sociaux, qui
ont des fonctions de planification sur leur territoire et d'allocation de
ressources, en fait, ce sont des régies qui manipulent, pour plusieurs
d'entre elles, des milliards de dollars. Vous voyez, là, on parle d'un
réseau qui a un budget d'à peu près 14 000 000 $ avec 900
élèves. Je veux dire, on est loin de l'univers...
Par ailleurs, il est clair que... Là, on aborde la question de
l'article 4 sur la composition du conseil d'administration, mais il faut
regarder l'économie générale, à mon sens, du projet
de loi. Il y a le conseil d'administration, il y a des commissions des adultes,
il y a des conseils d'orientation. Mme la ministre évoquait hier la
possibilité de revoir certaines choses du côté des conseils
d'orientation pour leur donner plus de substance. Donc, il y a comme un certain
nombre d'instances, et à l'égard, disons, de la
délégation de pouvoirs, l'hypothèse qui est posée
par la ministre, c'est que, avec une présence si significative de gens
de l'intérieur, sept sur 15 et, dans le fond, neuf sur 19, avec
l'amendement qu'elle dépose, on peut penser que la
délégation de pouvoirs, en fait, va être faite, parce que
c'est en adoptant son règlement de régie interne c'est
l'article 12 c'est par ce règlement-là que, en quelque
sorte, le conseil d'administration va venir distribuer les pouvoirs entre les
différents établissements.
Alors, dans toute sa sagesse, on peut penser que le conseil
d'administration... J'ai à l'esprit, disons, ce que nous ont dit les
directeurs, hier soir, qui sont présents au conseil d'administration et
aussi, disons, les interventions du syndicat des professeurs de l'État.
On peut penser que le conseil d'administration, lorsqu'il va adopter ces
règlements de régie interne, qu'il va, à ce
moment-là, disons, confier des pouvoirs significatifs au directeur de
l'établissement. Et c'est important qu'il le fasse, puisque les
établissements sont répartis pour l'ensemble du Québec,
ils ont une certaine spécificité. Et le conseil d'administration
va pouvoir le faire sans avoir cette contrainte de la loi de l'administration
financière
qui, actuellement, nous empêche, dans le fond, de faire certaines
délégations de pouvoirs, ce qui fait que moi, je signe des
papiers tous les jours pour autoriser, dans le fond, des gestes sur des faits
que je ne connais même pas.
Alors, vous voyez, donc, il y a l'économie générale
de la loi et les dispositions qui vont permettre les délégations
de pouvoirs appropriées en fonction des besoins des...
Le Président (M. Messier): Merci, M. le sous-ministre. Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Moi, je réagis, puis je vais tenter de vous
exprimer ce que ça veut représenter. Bien. Prenons que votre
conseil d'administration soit très généreux, très
ouvert. Il fait de la délégation de pouvoirs à son
directeur général local. Ça veut dire qu'il y a plus de
pouvoirs dans la région parce que... Je vais vous expliquer, c'est
très simple. C'est la chaise musicale. Le directeur est là, il
peut être nommé... On lui délègue des pouvoirs par
la structure, O.K.? On ne délègue pas un pouvoir à une
région, on délègue par la structure et par la structure
des employés, d'un employé de l'État. Là, c'est du
para. Mais ça ne le sera plus, mais, je veux dire, c'est du pareil au
même. C'est financé par l'État.
Donc, vous allez avoir le même problème qu'on connaît
actuellement dans certains établissements, particulièrement de la
santé, où, finalement, ces gars-là ou ces filles-là
sont un peu mal placés à la fois pour être critiques des
politiques de l'État parce qu'ils sont dans le même
système. Us sont là, directeurs généraux ou
à une régie régionale, ils ont de bonnes chances
d'être nommés sous-ministres tantôt, et puis ça ne
s'adonne pas, parce que c'est toujours dans le même bassin qu'on joue
pour ça, avec le résultat que ça, dans une région,
ça ne vous ajoute pas de pouvoir sur les orientations, sur la diminution
des budgets, sur l'ajout de programmes, de discipline, et c'est ça, le
danger.
Ce que j'essaie de vous faire comprendre, essayez de doter la structure
régionale d'un pouvoir. Quand une région se sent responsable de
quelque chose, elle a le monde à l'oeil, O.K.? Elle a le monde à
l'oeil, elle s'en occupe. C'est ça que j'essaie de voir. C'est pour
ça que je regarde la loi dans son ensemble pour voir comment vous
distribuez les pouvoirs. Et, dans la loi, je constate que,
régionalement, il n'y en a pas.
L'argument que vous utilisez en disant: Est-ce qu'on va donner à
Val-d'Or et là, vous prenez le plus petit de la gamme...
Mme Frulla: Oui, mais ça existe pareil!
Mme Blackburn: Oui, mais on avait une structure à l'UQ
où on avait des centres d'étude régionaux. Alors, les
petites universités, qui n'étaient pas encore des
universités, à Rouyn-Noranda et une autre qui était
à Hull, avant de devenir des universités, compte tenu de la
taille plutôt réduite, on appelait ça des centres
d'étude, et là, ils étaient rattachés directement
à l'UQ, ici. D'accord?
Mme Frulla: Ce que vous voulez dire, c'est que Val-d'Or
deviendrait un centre d'étude?
Mme Blackburn: C'est qu'il pourrait y avoir un statut
différent plus propre à la taille. Ce que je veux dire, ça
n'enlèverait pas...
Mme Frulla: Je ne suis pas sûre si eux vont bien aimer
ça.
Le Président (M. Messier): Nous allons pouvoir continuer
ultérieurement. Nous sommes obligés de reporter ça sine
die parce que... C'est une question...
Mme Blackburn: On est ici pour travailler, il faut
absolument...
Le Président (M. Messier): Mme la députée de
Chicoutimi, il y avait une question de posée par votre collègue,
à savoir si les amendements étaient pour être
déposés.
M. Boisclair: C'est les autres amendements, entre autres sur
18.
Mme Blackburn: Parce qu'on va travailler dessus un peu.
Mme Frulla: Oui, au fur et à mesure qu'on le travaille, je
vais le déposer, mais là, je ne sais pas, là, il
faudrait...
Mme Blackburn: Moi, je vais essayer de...
M. Boisclair: Mais là, quand est-ce qu'on va se
revoir?
Mme Frulla: Mais il y a une chose que je voudrais vous
demander.
Le Président (M. Messier): Très rapidement, Mme la
ministre.
Mme Frulla: Oui, rapidement. Vous avez les amendements à
4, vous regardez l'ensemble. Pourquoi pas à ce moment-là,
on est ouverts à partir du conseil d'administration, essayer
de... Je suis très mal à l'aise de dire à Val-d'Or qu'il
deviendrait un petit conservatoire... Je suis mal à l'aise avec
ça. Je veux dire, c'est moi qui suis là et qui suis mal à
l'aise avec ça, là.
Le Président (M. Messier): Mme la députée de
Chicoutimi. (13 heures)
Mme Blackburn: Regardez, ce que je veux juste dire, c'est qu'il y
avait des structures qui permettaient à l'UQ de donner un statut
différent, parce que tu n'étais pas obligé de
répéter toute la structure d'une université avec sa
commission des études, etc., à une petite constituante. Alors, on
avait trouvé ça. Finalement, elles sont devenues des
universités, des constituantes. Mais avant d'être des
constituantes, c'étaient des centres d'étude. Je ne vous dis pas
qu'il faudrait appeler ça «conservatoire». Vous pourriez
même l'affilier à un autre conservatoire. Je ne sais pas, mais
ça se ferait. Ce que je veux juste essayer de faire...
Le Président (M. Messier): Parfait. Vous allez pouvoir
continuer à jaser ensemble. Disons que nous sommes dans un univers de
conversation. Je vais arrêter, et je vais ajourner sine die.
(Fin de la séance à 13 h 1)