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(Quinze heures douze minutes)
Le Président (M. Doyon): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la culture commence ses travaux, et la
séance est ouverte. Le mandat est celui que nous poursuivons depuis
quelques semaines maintenant. Il s'agit pour nous de continuer l'étude
détaillée du projet de loi 86, Loi modifiant la Charte de la
langue française. Je demande à M. le secrétaire de nous
indiquer les remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Fradet
(Vimont) sera remplacé par M. Maltais (Saguenay); M. Leclerc
(Taschereau) par Mme Boucher Bacon (Bourget); M. Boisclair (Gouin) par M.
Jolivet (Laviolette); M. Boulerice (Sainte-MarieSaint-Jacques) par M.
Brassard (Lac-Saint-Jean); M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles) par M.
Bélanger (Anjou); M. Libman (D'Arcy-McGee) par M. Cameron
(Jacques-Cartier).
Le Président (M. Doyon): Très bien. Donc, quand
nous avons ajourné nos travaux vendredi, nous en étions, M. le
ministre, à l'article 11. Vous nous aviez fait part de certaines
réflexions ou hésitations à ce sujet-là, et nous
sommes prêts à reprendre nos travaux là où nous les
avions laissés après que les membres eurent été
saisis des projets de réglementation que vous avez déposés
à cette commission. M. le ministre, vous avez la parole.
La langue des organismes parapublics (suite)
M. Ryan: M. le Président, essentiellement, les
modifications qui sont proposées dans le projet de loi visent à
remplacer les mots «L'Office» par les mots «Le
gouvernement» ou «du gouvernement» quand il s'agit d'un
règlement. Ça fait partie de l'économie
générale de la Charte, ça. Nous parlons de
règlement du gouvernement et non plus de règlement de l'Office.
Ça, c'est une première partie.
Autre partie. J'avais indiqué la semaine dernière, avant
que nous ne nous laissions, que le quatrième alinéa, dans sa
formule actuelle, pouvait donner lieu à certaines imprécisions
étant donné qu'on change, la paternité du règlement
devant revenir au gouvernement plutôt qu'à l'Office. La
difficulté se présentait à compter de la deuxième
ou troisième ligne qui disait: Le gouvernement «peut, par
règlement, fixer les modalités et les conditions de
délivrance d'une attestation, pourvoir à la constitution d'un
comité d'examen et à son mode de fonctionnement et établir
des critères et un mode d'évaluation de la connaissance du
français appropriée»; là, j'avais indiqué
que, comme le texte se lisait, on pourrait interpréter que c'est le
gouvernement qui formerait le comité d'examen. Finalement, ce n'est pas
le cas. En lisant le texte attentivement, je pense que le règlement peut
très bien prévoir que ce comité d'examen sera formé
par l'Office. Et, par conséquent, tout le reste pourra demeurer tel
quel, même cet article-là. Je n'éprouve pas le besoin de
faire une proposition de modification, finalement.
Le Président (M. Doyon): Très bien. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Mais, à ce moment-là, si le ministre
a raison, ce n'est pas parce que l'Office peut le faire en vertu de l'article,
c'est parce qu'il peut le faire parce que le gouvernement pourra estimer qu'il
peut le faire.
M. Ryan: C'est ça.
Mme Blackburn: Mais il n'y a pas l'obligation de le faire faire
par l'Office.
M. Ryan: Comme c'est formulé là, si c'est le
gouvernement, non. Non.
(Consultation)
M. Ryan: Je crois que c'est mieux de le laisser comme ça.
En ce qui nous touche, je pense que c'est mieux de le laisser comme ça,
finalement. Actuellement, il y a un comité d'examen qui est
composé de 3 personnes, d'après le règlement. Il y en 1
qui est nommée par l'Office, 1 par l'Office des professions et 1 par le
ministre. Donc, ce n'est pas un comité qui est formé par
l'Office, c'est un comité qui est formé en vertu d'un
règlement. Je pense que c'est mieux de le laisser comme ça. Et je
n'ai pas l'intention que ça soit un comité formé autrement
que ce n'est mentionné dans le règlement actuel.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, la
compréhension que j'ai de l'article 35, tel qu'il va être
modifié, ça va être uniquement le gouvernement qui va
pourvoir à la constitution d'un comité.
M. Ryan: II peut, par règlement.
M. Bélanger (Anjou): II peut, par règlement, fixer
les modalités et les conditions de délivrance d'une attestation,
pourvoir à la constitution d'un comité
d'examen. Mais l'Office n'aura plus ce pouvoir-là. Il faudrait,
à ce moment-là, par un amendement, dire que l'Office pourra
pourvoir. Parce que, là, c'est clair que, dans cet amendement-là,
c'est uniquement le gouvernement qui va pouvoir pourvoir, par règlement,
justement, à la constitution d'un comité d'examen. Je pense que,
ça, en tout cas, selon la compréhension que j'en ai, c'est assez
évident.
Mme Blackburn: Bien, oui, c'est évident. Parce que, si on
veut que ce soit...
M. Bélanger (Anjou): Si on veut que l'Office puisse avoir
un tel pouvoir, il faudrait, je pense, faire un amendement pour pouvoir mettre
«L'Office» dedans.
M. Ryan: Regardez, nous autres, ici, ce n'est pas dans ces
choses-là qu'on va s'enfarger bien, bien longtemps. On pourrait
envisager quelque chose comme ceci, M. le Président: Le gouvernement
peut, par règlement, fixer les modalités et les conditions de
délivrance d'une attestation la suite, là, je le dis
à titre «tentatif» ou «tentatoire»; je le
déposerai par écrit, au besoin, ensuite pourvoir à
la composition et au mode de fonctionnement d'un comité d'examen
constitué par l'Office. Et ensuite: établir des critères
et un mode d'évaluation de la connaissance du français
appropriée... Si ça convenait aux gens, on le déposerait
derechef. Ça va?
M. Bélanger (Anjou): Oui, ça, ça irait.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander à nos
collaborateurs juristes de préparer un projet de modification que je
vais relire pour que ce soit sûr qu'on se comprenne?
Une voix: Oui. Vous dites de pourvoir...
M. Ryan: Le titre de commissaire... Ha, ha, ha! Pardon? Le
gouvernement peut, par règlement, fixer les modalités et les
conditions de délivrance d'une attestation. Ça, ça demeure
tel quel. Ensuite, pourvoir à la composition et au mode de
fonctionnement d'un comité d'examen constitué par l'Office et
établir des critères et un mode d'évaluation de la
connaissance du français... Le reste demeure tel quel. Les 3
dernières lignes demeurent telles quelles... Non, il y a d'autres mots
qui tombent après. Les mots «et à son mode de
fonctionnement», ça tombe, ici.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Juste pour être certain qu'on
ne se trompe pas. Quand on dit: «constitué par l'Office»,
ça ne va pas être formé par l'Office. C'est ça?
C'est-à-dire formé par les membres de l'Office?
M. Ryan: Non, non, non. Constitué par l'Office.
Mme Blackburn: Non, non.
M. Bélanger (Anjou): Ça veut dire que l'Office va
désigner les membres de ce...
Mme Blackburn: Pourvoir. (15 h 20)
M. Bélanger (Anjou): ...pourvoir à ce que les gens
soient nommés sur ce comité-là.
M. Ryan: Mais, dans le règlement, pour l'immédiat,
en tout cas, il va être prévu que le comité va demeurer
comme il est actuellement: 1 personne désignée par
l'Office...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Ryan: ...1 personne désignée par l'Office des
professions, 1 personne désignée par le ministre.
M. Bélanger (Anjou): Ah, d'accord!
M. Ryan: O.K.? C'est le règlement qui va pourvoir à
ça. Ensuite, c'est l'Office qui va constituer le comité.
M. Bélanger (Anjou): Ça va.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que, en attendant qu'on
l'ait, on peut suspendre 2 minutes...
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'on a besoin de
suspendre?
Le Président (M. Doyon): ...pour avoir le texte, ou si
vous voulez suspendre cet article-là et qu'on y revienne dans quelques
instants?
M. Ryan: J'aimerais peut-être mieux qu'on suspende
l'article, M. le Président, pour y revenir dès que l'amendement
sera disponible.
Le Président (M. Doyon): D'accord. Mme Blackburn:
Oui.
Le Président (M. Doyon): Alors, l'article 11 est
suspendu.
Mme Blackburn: Peut-être vous rappeler également
qu'on avait annoncé un amendement à cet article-là. Alors,
on va y revenir.
Le Président (M. Doyon): Quand on y reviendra.
D'accord.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Doyon): En même temps.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: Vous êtes mieux, peut-être, de nous le
communiquer tout de suite, M. le Président, qu'au moins on soit
averti.
Le Président (M. Doyon): Oui, bien sûr. Mme
Blackburn: II a été déposé. M. Jolivet:
II a été déposé vendredi. M. Ryan:
Oui?
M. Jolivet: C'est comme vos règlements sur les autres
parties, si on les avait reçus, ça irait mieux.
Mme Blackburn: Alors... M. Ryan: Pardon?
M. Jolivet: C'est comme vos règlements sur les autres
parties, si on les avait reçus, ça irait mieux.
M. Ryan: Vous approchez, là. On approche de 17.
M. Jolivet: O.K.
M. Ryan: II n'en tient qu'à vous.
Mme Blackburn: Nous avions déposé...
M. Jolivet: Non, c'est la réciproque qu'on voulait.
Mme Blackburn: ...un amendement...
M. Ryan: Mais admettez qu'il y a plus de viande dans nos
communications.
Mme Blackburn: ...à l'article 11.
M. Jolivet: C'est intéressant de les avoir avant.
Mme Blackburn: L'article 11 du projet de loi 86, Loi modifiant la
Charte de la langue française, est modifié par l'ajout, au
deuxième paragraphe, après le mot «gouvernement», des
mots «, après consultation de l'Office,».
M. Ryan: O.K. Ça, on va le discuter tantôt, par
conséquent.
Mme Blackburn: Oui. Alors, on passe à l'article 12, M.
le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, l'article 12. Si je
comprends bien, il y a un amendement de la part du gouvernement à
l'article 12.
L'amendement est le suivant: Remplacer le paragraphe 1 ° de
l'article 12 par le suivant: 1 ° le remplacement, dans la première
ligne, du mot «deux» par le mot «trois». Fin de
l'amendement.
(Consultation)
Le Président (M. Doyon): M. le ministre, je viens de faire
lecture de l'amendement que vous proposez à l'article 12,
c'est-à-dire remplacer le mot «deux» par le mot
«trois». Est-ce que vous avez...
M. Ryan: Oui, l'explication. Dans la modification que proposait
le gouvernement, on remplaçait les mots «ne sont renouvelables que
deux fois» par les mots «sont renouvelables», ce qui pouvait
signifier que le permis pour la pratique de la profession pendant une
période d'au plus 1 an pouvait être attribué à titre
temporaire, de manière à répéter sans limite.
L'amendement aura pour effet de porter le nombre de renouvellements possibles
de 2 à 3.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre pourrait nous dire ce qui a
fait problème pour qu'on ajoute 1 année?
M. Ryan: Ce sont des cas qui ont été portés
à mon attention.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y a plusieurs cas? Est-ce qu'il y a
un rapport là-dessus?
M. Ryan: II y en a eu quelques-uns, des cas pénibles. Je
n'ai pas de précisions.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on pourrait prendre connaissance de
ce...
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: ...rapport-là...
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: ...les personnes impliquées?
M. Ryan: Non, je ne donnerai pas connaissance ici.
Mme Blackburn: C'est du domaine public.
M. Ryan: Je ne donnerai pas connaissance ici. Ce sont des cas de
gens qui sont partis depuis, et on n'a plus d'affaire à s'adresser
à eux autres. Ils sont partis.
Mme Blackburn: Oui, mais, à ce moment-là... Bon,
s'ils sont partis, vous ne pouvez pas corriger le fait qu'ils soient
partis...
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: ...ça ne les ramènera pas que vous
ajoutiez 1 année. Alors, ce qu'on se demande, nous: Vous pensez
sincèrement qu'en ajoutant 1 année les personnes qui sont parties
seraient restées?
M. Ryan: c'est mieux 3 fois que 2. je pense que ça saute
aux yeux, c'est 50 % plus de chances.
Mme Blackburn: C'est mieux 3 échecs que 2.
M. Ryan: Oui, 3 chances que 2. Trois chances! On ne sait pas si
la troisième se soldera par un échec.
Mme Blackburn: Sur quel argument le ministre se fonde-t-il pour
dire qu'il refuse de porter à notre connaissance et à celle de la
commission le nombre de cas impliqués et ce qu'étaient ces
cas?
M. Ryan: J'ai déjà donné, dans des
échanges antérieurs à cette commission, un exemple
élaboré. Je l'ai donné à plusieurs reprises et je
n'entends pas le répéter aujourd'hui.
Mme Blackburn: Ce n'est pas ce qu'on vous demande, des exemples
élaborés. Je pense que la commission est en droit d'avoir des
informations précises là-dessus. J'imagine que le ministre... Il
nous a répondu ce matin en Chambre que c'était sur la foi d'un
professeur qui avait dit qu'il ne fallait pas faire confiance aux syndicats.
J'imagine que toute sa thèse ne se bâtit pas exclusivement sur:
j'ai entendu parler, on m'a dit que et, après ça, je passe une
toi. J'imagine que vous avez des fondements plus rigoureux.
M. Ryan: À peu près toutes les personnes qui sont
dans l'enseignement de l'anglais langue seconde vont vous dire la même
chose que ce professeur-là. Ce n'est pas une chose inusitée.
C'est une rencontre fortuite. J'ai fait allusion à ça au
début de ma rencontre. J'en ai rencontré plusieurs autres qui
m'ont dit la même chose. Mais ce n'est pas le sujet que nous discutons
présentement. Le sujet que nous discutons présentement, c'est de
porter de 2 à 3 les possibilités de renouvellement. ..
Mme Blackburn: Non, non. Le sujet que...
M. Ryan: ...et le gouvernement le propose au nom d'un
réalisme élémentaire qui lui est enseigné par
l'expérience.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il pourrait nous laisser juger du
réalisme élémentaire sur la base de rapports concrets ou
juste sur la base de rumeurs?
M. Ryan: Non. Je n'ai pas autre chose à ajouter
là-dessus.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait nous expliquer pourquoi son intention première
était de ne pas mettre de nombre de répétitions, à
savoir combien de fois on pourrait renouveler, et là, tout à
coup, il nous arrive avec 3, avec un amendement pour 3? Écoutez, on ne
dit pas qu'on est contre l'amendement mais on voudrait le comprendre. En tant
que membres de la commission...
M. Ryan: Je vous ai donné le... Si vous lisez...
M. Bélanger (Anjou): Non. Est-ce que je peux finir mon
intervention, s'il vous plaît?
M. Ryan: Oui. Très bien.
M. Bélanger (Anjou): Merci.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le
député.
M. Bélanger (Anjou): C'est que le ministre doit comprendre
que, nous, en tant que membres de la commission parlementaire, on se doit
d'essayer de comprendre les principes ou les articles qu'on adopte, savoir
c'est quoi l'intention du législateur. Vous savez que les tribunaux,
régulièrement, se posent cette question-là. On est aussi,
je pense, les membres de la commission, un peu le législateur. Donc, je
pense qu'on a besoin de savoir c'est quoi notre intention là-dedans.
Alors, moi, j'aimerais comprendre pourquoi le ministre, au début,
voulait ne pas mettre de limites quant au nombre de fois que ça pouvait
être renouvelé et en faire, finalement, quelque chose qui serait
renouvelable ad vitam aeter-nam, pour reprendre une expression qu'il aime bien,
et puis, maintenant, on met une limite de 3. Est-ce que c'est une forme de
pression de la part de certaines personnes qui trouvaient ça abusif de
pouvoir rendre ça renouvelable indéfiniment ou... Pourquoi de 2
à 3, alors qu'au début... Pourquoi il a changé
d'idée, le ministre? Pourquoi il voulait ne mettre aucune limite quant
au renouvellement puis, maintenant, on arrive avec un amendement? Puisque le
ministre ne veut pas nous faire part de ses expériences
vécues...
M. Ryan: Non. Parce qu'il en a déjà fait part. Il
en a déjà fait part à cette commission.
M. Bélanger (Anjou): Quand?
M. Ryan: À 2 ou 3 reprises, à tout le moins.
Mme Blackburn: Sur parole, il faut le croire. Tu
n'as pas compris le système?
M. Bélanger (Anjou): Je n'étais pas sur cette
commission-là, mais ça pourrait...
M. Ryan: Regardez... Non, non. Laissez-moi finir. Tantôt,
je vous ai laissé parler.
Tout d'abord, nous avons un nombre de cas, chaque année,
très limité. On a déjà distribué des
statistiques là-dessus. Pour la deuxième année cette
année, le deuxième renouvellement, je pense que c'est entre 15 et
20. Alors, on a été saisi de cas, dans ces
catégories-là, qui posaient des problèmes. On se dit:
Bien, si on donne une chance qu'ils reviennent... Le permis n'est pas
distribué obligatoirement. C'est distribué sur décision de
l'Office, sans ingérence politique d'aucune manière. On disait:
Vu le très faible nombre de cas qu'il y a, qu'on leur laisse donc la
latitude; ils sont capables de prendre ces responsabilités-là.
C'est ça qui était le sens de la première formulation.
Maintenant, il y a eu des représentations qui ont
été faites, en particulier du côté de l'Opposition.
On a dit: Très bien. Ils ne sont pas prêts à prendre
ça maintenant; on va mettre 1 année de plus, un renouvellement de
plus. C'est ça qui est arrivé.
Et c'est inutile de préciser que cette disposition s'applique
particulièrement aux ressources hautement spécialisées
qu'on veut aller chercher dans d'autres pays afin de les mettre à
contribution au Québec même. Vous savez que, dans les
résolutions adoptées par le Conseil général du
Parti libéral en avril, l'une de ces résolutions disait qu'il
fallait prévoir une attention spéciale pour les cas de personnes
possédant une compétence élevée mais qui peuvent
avoir des difficultés au point de vue de la langue officielle. Ça
ne devrait pas être une raison pour les exclure du Québec,
ça. Alors, c'est ça qui est la provenance de cette
modification-là. Ce n'est pas une chose inventée dans le cerveau
du ministre, pas du tout. (15 h 30)
Maintenant, je donne une autre considération qui influence le
gouvernement. Aux États-Unis, ils ont enrichi énormément
le milieu scientifique, d'abord dans les années trente, en faisant venir
des savants des pays qui étaient sous domination nazie. Ils les ont
admis dans des universités et des collèges. Ils ne leur ont pas
fait passer le test d'anglais. Ils ont dit: Vous allez venir, vous avez une
discipline dont vous êtes les maîtres. Le reste, vous vous
arrangerez avec ça. Vous l'apprendrez sur les lieux. Ça a
été la même chose au lendemain de la guerre. Ça
continue maintenant avec des spécialistes et des experts qui viennent
des pays qui étaient sous la domination soviétique. Ça
enrichit une culture. Ça la diversifie beaucoup. Il y a des
scientifiques de grand renom aux États-Unis qui n'auraient pas
été capables de passer l'examen de l'Office en anglais pendant
plusieurs années.
On se dit: On met les chances du côté du Québec
plutôt que du côté d'une règle d'airain. C'est
ça qu'on fait, et il semble que l'opinion ne soit pas prête
à accepter plus qu'un troisième renouvellement. C'est mieux que
rien. C'est pour ça qu'on en a 3. Il me semblait que, dans l'ordre de
grandeur où on était, il n'y avait aucun risque pour l'avenir de
la nation à laisser un peu plus de latitude là-dessus. Je
continue d'avoir cette opinion.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Laviolette, vous m'avez demandé la parole; préférez-vous
que votre confrère continue?
M. Jolivet: II peut continuer. Je parlerai après. Le
Président (M. Doyon): M. le député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, le ministre
comprendra, dans l'exemple qu'il m'a donné, que je sais qu'il y a eu des
cas de savants allemands, pendant la guerre, parce qu'ils avaient
été persécutés par le régime nazi, qui sont
venus travailler aux États-Unis et qui sont devenus citoyens
américains. Mais le ministre comprendra certainement qu'il y a des
dispositions qui ont été prises, au moins, pour qu'ils apprennent
l'anglais. C'est certain. On ne ferait pas enseigner dans une université
américaine des professeurs qui parlent uniquement l'allemand à
des étudiants qui ne parlent pas un mot d'allemand. Alors, ce n'est
peut-être pas... Soit qu'ils connaissaient déjà l'anglais
ou il y a des dispositions qui ont été prises. Je pense quand
même que c'est un principe que, quand on a un professionnel ou un
professeur qui enseigne dans un pays, on s'arrange pour qu'il ait une
connaissance appropriée de la langue nationale pour pouvoir passer son
enseignement. Je pense, en tout cas. L'exemple... Je comprends...
M. Ryan: Mais ce n'est pas...
M. Bélanger (Anjou): Moi aussi, je suis pour
l'enrichissement de quelqu'un qui provient d'un autre pays et qui vient nous
enseigner. C'est un principe fondamental, ça. D'ailleurs, c'est pour
ça que les universités encouragent leurs étudiants
à aller dans des pays étrangers pour faire leur thèse de
doctorat, parce qu'il y a des échanges culturels incroyables à
pouvoir, comme ça, s'échanger des étudiants ou des
cerveaux entre pays. Mais je pense que l'exemple du ministre, en tout cas,
n'est peut-être pas tout à fait adéquat.
M. Joiivet: M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Un instant! M. le ministre,
est-ce que vous voulez...
M. Ryan: Juste une réponse à cette intervention. Il
en est venu plusieurs au lendemain de la guerre, au Québec, et pendant
les années de la guerre aussi. Il en est venu de pays slaves en
particulier, qui parlaient un français barbare, qui ont
été admis à enseigner les
sciences, même dans nos universités francophones et
anglophones, qui ont offert une très grande contribution, qui sont
parvenus à une maîtrise convenable de la langue française.
Ça leur a peut-être pris 5, 10, 15 ans. Si on avait eu une
règle d'airain comme celle-ci il n'y en avait pas, à ce
moment-là, fort heureusement il y en a peut-être plusieurs
qui auraient été obligés de repartir. Et là on a pu
les garder. Leurs enfants se sont francisés. Ils font partie du paysage
maintenant. C'est un enrichissement pour le Québec. C'est ça
qu'on vise. On vise à avoir une loi qui, tout en affirmant des principes
fondamentaux, ne sera pas un carcan.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Laviolette.
M. Joli vet: M. le Président, là, je vais essayer
de comprendre. C'est un permis temporaire. Actuellement, en vertu de la loi, il
ne serait renouvelable que 2 fois. Le ministre nous indique qu'en ajoutant 3 il
donne 1 chance de plus. Est-ce que je comprends?
M. Ryan: Oui.
M. Jolivet: Bon! Ça, c'est votre raisonnement, là,
que j'ai bien compris jusqu'à maintenant. Là, vous faites un
amendement en mettant «trois» au lieu de «deux». Mais,
si je prends votre texte initial, dans votre texte initial, c'est
marqué: le remplacement, dans les première et deuxième
lignes, de ce qui suit: «ne sont renouvelables que deux fois,» par
les mots «sont renouvelables». Si je relis le texte, les permis
visés à l'article 37, qui sont des permis temporaires, sont
renouvelables c'est ce que je comprends, là avec
l'autorisation de l'Office de la langue française. S'ils sont
renouvelables par l'Office de la langue française, si je suis votre
raisonnement, dans ma tête à moi, s'ils sont renouvelables,
n'indiquant pas le nombre de fois, c'est qu'ils deviennent renouvelables
automatiquement, indéfiniment. Donc, si je suis votre raisonnement,
pourquoi vous mettez 3? Pourquoi mettre 3? Avant, c'était
indéfi-nement, dans ma tête à moi. Est-ce que je comprends
bien?
M. Ryan: Regardez, avant ça, là, il faut lire le
texte si on veut se comprendre. Le texte se serait lu comme suit: «Les
permis visés à l'article 37 sont renouvelables, avec
l'autorisation de l'Office de la langue française, si
l'intérêt public le justifie.»
M. Jolivet: J'ai bien compris. M. Ryan: C'était
très bien.
M. Jolivet: Oui, oui, mais ce que je veux dire, là, c'est
que vous, vous aviez proposé cet amendement-là par l'article 12
qui amende l'article 38, et vous nous dites qu'ils sont renouvelables si
l'intérêt public le justifie.
M. Ryan: Oui, mais, là...
M. Jolivet: Bon! Si l'intérêt public le justifie, ne
mettant pas le nombre de fois, ça veut dire que c'était
renouvelable 5 fois, c'était renouvelable 6 fois, 7 fois.
M. Ryan: Oui.
M. Jolivet: Oui. Mais, là, là, ce que vous venez de
me dire, c'est que vous l'enlevez, ça, en mettant «trois» au
lieu de «deux». Vous venez de le restreindre alors que vous nous
donniez comme argumentation tout à l'heure que vous l'augmentiez. Je ne
comprends plus rien, moi, là.
M. Ryan: C'est à cause de vous autres. Regardez, je vais
vous dire franchement...
M. Jolivet: Dans le premier, il aurait été mieux de
le laisser, d'abord, même si j'étais contre.
M. Ryan: Non, mais c'est ça. C'est à cause de vous
autres, c'est à cause de vos protestations.
M. Jolivet: Ah!
M. Ryan: Ce n'est pas d'autre chose que ça. Si vous
êtes prêts à accepter la formulation initiale, on va y
revenir en courant.
M. Jolivet: Qu'est-ce que vous voulez avoir? L'initiale, c'est 2
fois?
M. Ryan: Non, non. Le texte que nous avons dans le projet de loi,
c'est une concession que nous vous faisons. J'espère au moins que vous
allez l'accepter.
M. Jolivet: À nous autres? Vous nous faites une concession
à nous autres?
M. Ryan: On en fait souvent, et vous ne les comptez pas. Mais
c'est pour vous autres, ça.
M. Jolivet: Bon. Moi, j'aimerais savoir quels sont les genres.
Parce que, là, vous ne voulez pas parler des cas individuellement, mais
j'aimerais bien entendre les genres de cas qu'on a eus. À la demande de
qui vous avez eu ça? De la Fédération des travailleurs du
Québec, FTQ, autrement dit? De la part de qui?
M. Ryan: Ici, ça, c'est pour l'admission à des
professions...
M. Jolivet: Je sais.
M. Ryan: ...qui sont comprises dans la législation sur les
professions. Je ne sais pas combien il y en a; il doit y avoir une soixantaine
de corps professionnels, en tout. L'an dernier, les premières
autorisations de
renouvellement, il y en a eu 75, à peu près. On va avoir
des chiffres plus détaillés tantôt, je pense, hein. M.
Rondeau est-il là?
Une voix: Son messager s'en vient.
M. Jolivet: On ne visera pas le messager.
M. Ryan: O.K. Les deuxièmes autorisations, il y en a eu
une quinzaine.
M. Jolivet: Mais quel genre? Quels sont les genres?
M. Ryan: Moi, je ne peux pas vous dire. Je ne peux pas vous dire.
Je n'ai pas regardé ça en détail.
M. Jolivet: Mais, écoutez, vous nous demandez, à
nous autres, de nous prononcer sur quelque chose, et vous dites...
M. Ryan: Oui, oui, oui. Je demande ça, 3 au lieu de 2; 3
fois au lieu de 2. Il me semble que c'est assez simple. On est dans un ordre de
grandeur. On veut ouvrir le Québec et non pas le fermer. Il n'y a aucune
espèce de risque pour le Québec à mettre 3 au lieu de 2.
On aime l'ouverture plus large que celle plus étroite.
M. Jolivet; Mais, là, je ne comprends plus rien. C'est que
tout à l'heure vous aviez l'ouverture ad vitam aeternam, selon le bien
public, si le bien public l'exige. Là, vous venez nous dire que vous
nous traitez de n'importe quoi. On ne vous a pas demandé ça,
là. On vous demande de nous dire la vérité. Pourquoi vous
voulez passer de 2 à 3 alors que vous étiez ad vitam aeternam
avant? Et vous venez nous dire que, de passer de 2 à 3, c'est à
notre demande et c'est mieux. Voyons donc! Je ne suis pas niaiseux, moi, cet
après-midi. Je veux juste savoir pourquoi.
M. Ryan: C'est ça.
M. Jolivet: Nous autres, on était contre le fait que
ça soit renouvelable ad vitam aeternam.
M. Ryan: M. le Président, je pense qu'on tourne en rond et
on n'avancera à rien comme on est partis là. On n'avancera
à rien. Nous avons écouté ce qui s'est dit. Nous sommes
convaincus que la proposition initiale était une proposition bonne pour
le Québec. On a répandu toutes sortes de légendes à
travers le Québec voulant laisser croire que le gouvernement voulait
ouvrir toute grande la porte des professions à n'importe qui qui ne
parlait pas le français au Québec. Ça, c'est votre
langage. J'espère que vous le reconnaîtrez.
M. Jolivet: Non! Non! Non!
M. Ryan: Eh bien! franchement, là, c'est ce que nous avons
entendu. C'est ce que nous avons entendu à maintes reprises...
M. Jolivet: Vous ne visez pas le bon messager, là,
vous.
M. Ryan: ...à maintes reprises, à maintes reprises.
Et là nous disons, pour calmer ces appréhensions, nous allons
mettre 3 fois au lieu de 2. C'est tout.
M. Jolivet: Dites donc de la part de qui vous avez eu des
pressions et quels en sont les genres. Dites-le donc au lieu de dire n'importe
quelle baliverne. Je suis tanné, moi, de me faire dire un tas de
balivernes. Je n'ai jamais dit ça.
M. Ryan: C'est ça qui a été dit.
M. Jolivet: Mon parti n'a jamais dit ça. Non, ce n'est pas
vrai, ça.
Mme Blackburn: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...la vérité a ses droits. Le
ministre se plaît souvent à rappeler ça. On doit à
la vérité et il doit à la vérité de rappeler
correctement ce que nous avons dit sur cette question. C'est qu'il envoyait un
message qui était confus et qui créerait de la confusion,
particulièrement chez les immigrants, en leur disant: Vous pouvez venir
travailler au Québec, et un permis... Évidemment, ils avaient un
permis temporaire pour travailler au Québec, même s'ils ne
connaissaient pas le français, et ce n'est plus important que vous
appreniez la langue. C'est ça que nous avons dit, essentiellement. Et
c'était par rapport au message qui était véhiculé.
Alors, on ne peut pas dire n'importe quoi.
M. Ryan: C'est ça qu'on a compris.
Mme Blackburn: Alors, là-dessus, M. le Président,
j'appellerais le vote sur l'amendement.
M. Ryan: M. le Président, c'est ça que nous avons
compris qu'ils avaient dit.
Mme Blackburn: Le vote est appelé.
Le Président (M. Doyon): Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention sur l'amendement dont j'ai fait lecture tout à l'heure, je
demanderais à ceux qui sont...
M. Brassard: M. le Président, cependant, je souhaite que,
pour la suite des choses, nous réussissions, comme dans ce
cas-là, semble-t-il, à convaincre le ministre à d'autres
amendements, à d'autres suggestions. Là, il me surprend...
M. Jolivet: ...le convaincre.
M. Brassard: ...le ministre m'étonne.
Une voix: II plie sous l'Opposition.
M. Brassard: On a réussi à le convaincre,
sem-ble-t-il, et je ne m'en doutais pas. C'est une surprise, là. Je suis
complètement surpris aujourd'hui. On a réussi à convaincre
le ministre de changer des choses dans son projet de loi.
M. Jolivet: Pourtant, la députée de Terrebonne
n'est pas ici. (15 h 40)
M. Brassard: Je suis vraiment étonné, et
j'espère que ça va continuer comme ça.
M. Jolivet: M. le ministre, la députée de
Terre-bonne n'est pas là, en plus.
Le Président (M. Doyon): Alors, les membres sont
prêts à voter?
Une voix: Oui.
M. Ryan: Tu sais, on peut bien dire toutes sortes de choses
à la légère, ça va bien, mais, si le
député suivait un peu plus le travail de la commission, il se
souviendrait que cet amendement est parmi ceux que nous avons
déposés dès le début de la semaine dernière,
au tout début des travaux de la commission.
Mme Blackburn: Ce n'est pas l'Opposition.
M. Brassard: Ce n'est pas ça, la nouveauté. La
nouveauté, c'est que vous avez changé ça parce qu'on vous
aurait convaincu.
M. Ryan: Laissez-moi terminer. Non, laissez-moi terminer. Je l'ai
dit, justement. Quand nous avons expliqué ces amendements au tout
début des travaux relatifs à l'examen détaillé du
projet de loi, j'ai dit que nous tenions compte des représentations qui
avaient été faites. C'est pour ça que nous mettions 3 au
lieu de 2, surtout 3 au lieu de renouvelable un nombre indéfini de fois.
Il y a toujours eu, dans les dispositions que nous avons recommandées,
le maintien de la disposition voulant que ce soit fait sur autorisation, parce
que le permis est accordé par le corps dirigeant d'une profession mais
sur autorisation de l'Office de la langue française, si
l'intérêt public le justifie. Il y a toujours eu 2 clés qui
étaient là, dans la formule initiale du projet de loi, et qui
demeurent aussi.
Le Président (M. Doyon): Donc...
M. Jolivet: ...M. le Président, aujourd'hui, là,
c'est de nous faire dire que c'est nous autres qui avions dit des choses qu'on
n'avait pas dites.
M. Ryan: Mais ça a été
confirmé...
M. Jolivet: II y a des gens qui représentent la population
qui sont venus le dire ici. Je comprends, la FTQ l'a demandé. Elle a dit
que c'était trop, les mots «renouvelables ad vitam
aeternam». Ne venez pas nous dire que c'est nous autres qui avons tout
dit ça. Nous autres, ce qu'on a dit, on voulait revenir à 2
reprises.
M. Ryan: Ça a été confirmé par la
députée de Chicoutimi.
M. Jolivet: Non, monsieur!
Mme Blackburn: Non, M. le Président.
M. Ryan: Je regrette, ça signifie la même chose.
M. Jolivet: Vous interprétez. Moi, je ne ferai pas de
dogme de foi ici; je m'appelle saint Thomas, moi... Thomas, pas saint Thomas.
Pas encore.
Mme Blackburn: Du moment que ce n'est pas lui qui le dit, c'est
des balivernes. Le vote...
Le Président (M. Doyon): À l'ordre! Donc, que ceux
qui sont en faveur de l'amendement veuillent bien l'indiquer, s'il vous
plaît. M. le ministre.
M. Ryan: En faveur.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Charlevoix.
M. Bradet: Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Richelieu.
M. Khelfa: Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Cameron: Pour.
Le Président (M. Doyon): Que ceux qui sont contre...
Des voix: Non, non.
Le Président (M. Doyon): Vous êtes pour? M.
Jolivet: Bien oui! À défaut d'avoir 2... Le
Président (M. Doyon): Alors, Mme...
M. Brassard: On a réussi à convaincre le ministre
et on va être contre? Voyons donc!
M. Jolivet: C'est une victoire décisive.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Pour.
Le Président (M. Doyon): Alors, tout le monde est
d'accord. C'est unanime. L'amendement est adopté. Je m'abstiens, comme
président. M. le député de Lavio-lette!
M. Jolivet: Excusez-moi.
Le Président (M. Doyon): Donc, nous revenons à
l'article, tel qu'indiqué au projet de loi lui-même, 86. Cet
article est le suivant. J'en fais la lecture. L'article 38 de cette Charte est
modifié par: 1° le remplacement, dans les première et
deuxième lignes, de ce qui suit: «ne sont renouvelables que deux
fois» par les mots «sont renouvelables» et on a eu 3
au lieu de 2. Alors, ce premier alinéa a été
changé.
Le deuxième alinéa est le suivant, tel qu'il
apparaît: 2° le remplacement, dans les quatrième et
cinquième lignes, des mots «de l'Office de la langue
française» par les mots «du gouvernement». Fin de
l'article 12. M. le ministre.
M. Jolivet: M. le Président, justement, c'est parce que
vous avez dit, je crois, «ne sont renouvelables que deux fois»
remplacé par «sont renouvelables»; vous avez dit 3. Je pense
qu'on revient au texte initial, «ne sont renouvelables que trois
fois».
Le Président (M. Doyon): On s'est entendus sur
l'amendement. Ne fendons pas les cheveux en 4, je pense qu'on se comprend.
M. Jolivet: C'est bien important.
Le Président (M. Doyon): Le secrétaire est capable
de faire sa job, et il n'a pas besoin de vos conseils. On va se
débrouiller très bien, vous allez voir. M. le ministre, sur
l'article... Non, c'est que chacun son métier, les... les... seront bien
gardés.
M. Brassard: Les chefs.
Le Président (M. Doyon): Les chefs, oui. M. le ministre,
sur l'article 12.
M. Ryan: Le deuxième paragraphe, là, consiste
à remplacer les mots «de l'Office de la langue
française», à la fin de l'article 38, par les mots
«du gouvernement», conformément à la logique
générale du projet de loi.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Oui. Nous avions songé à apporter un
amendement pour ramener cette responsabilité à l'Office parce
que, je pense qu'il faut le dire, en ce qui a trait à l'appropriation
par le gouvernement des pouvoirs réglementaires de l'Office, ça a
été estimé injustifiable et injustifié par la
très grande majorité des organismes qui sont venus en commission
parlementaire, et y compris le Conseil du patronat et le Centre de linguistique
de l'entreprise qui a rappelé au gouvernement que, dans cette
matière, il était important de conserver le pouvoir
réglementaire, j'allais dire à une portée de bras du
gouvernement, pour éviter toute tentation de partisanerie.
Évidemment, le ministre utilise une espèce
d'euphémisme pour prétendre que, du moment où, de toute
façon, c'est le gouvernement qui adopte les règlements, c'est du
pareil au même. Ça n'est pas vrai que c'est du pareil au
même que de faire concevoir les règlements par l'Office, qui les
soumet au gouvernement, qui, lui, généralement, les approuve. Il
faut qu'il y ait, à ce moment-là, une très bonne raison
pour demander des modifications à un règlement.
Généralement, lorsqu'un règlement est conçu,
pensé par des organismes extérieurs au gouvernement, les seules
raisons qui amènent un gouvernement à inviter l'organisme
à modifier son règlement, c'est lorsque c'est contraire à
une loi, lorsque ça vient contredire des dispositions
législatives, lorsque ça peut porter atteinte aux droits et
libertés de la personne. Il y a des raisons claires qui indiquent les
moments où un gouvernement peut inviter un organisme à revoir son
projet de règlement.
Le ministre sait très bien que ce n'est pas ça qu'il fait
actuellement. Ce qu'il fait actuellement, il décide que les
règlements, dorénavant, seront ceux du gouvernement. Les
organismes l'ont mis en garde contre cette pratique qui créait une
espèce de confusion, mais également une certaine forme
d'insécurité chez les organismes
qui sont soumis à ces différentes dispositions.
Moi, je n'apporterai pas le prochain amendement parce que,
d'évidence, il va être considéré comme étant
irrecevable. Comme on veut progresser d'ans l'examen de cet article et dans les
suivants, cependant, on aurait un autre amendement.
Une voix: Avant d'adopter l'article 12?
Mme Blackburn: Oui, alors, allez-y.
Le Président (M. Doyon): Oui...
M. Brassard: Juste une petite remarque...
Le Président (M. Doyon): Oui...
M. Brassard:... c'est parce que...
Le Président (M. Doyon):... M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard:... j'écoutais, tout à l'heure, le
ministre qui nous indiquait que l'Office avait, justement, un rôle
essentiel à jouer dans l'autorisation, qu'il y avait une double
clé dans l'octroi du permis: il y avait la corporation et il y avait
l'Office qui venait confirmer ou autoriser. Et j'ai cru comprendre que l'Office
jouait bien son rôle, remplissait bien sa fonction. Et j'ai cru
déceler, dans les propos du ministre, une sorte d'approbation du travail
effectué par l'Office dans ce domaine-là.
Je suis un peu étonné de voir que le ministre, cependant,
dans le même article, une ligne plus loin, décide de retirer
à l'Office son pouvoir réglementaire en cette matière;
j'ai de la misère à comprendre la logique ou la cohérence
de ce raisonnement-là. Si l'Office assume bien sa fonction en ce qui
à trait à l'autorisation ou au renouvellement du permis pour ce
qui est des ordres professionnels, pourquoi n'est-il pas fiable ni
crédible, pourquoi ne lui fait-on pas confiance en ce qui a trait
à l'élaboration des règlements régissant cette
fonction-là? J'ai de la misère à comprendre. Il y a comme
un illogisme, là, à ce point de vue là, qui me saute aux
yeux.
M. Ryan: C'est bien simple à comprendre, là...
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Ryan: On a décidé, à propos de l'article
35 de la Charte, que les règlements concernant l'admission à
l'exercice d'une profession seraient confiés au gouvernement. Ici, c'est
un corollaire de ce que nous avons fait, là, à 11, à
propos de 35. Nous agissons de manière logique avec nous-mêmes;
c'est la même chose.
Mme Blackburn: C'est ça, là...
M. Ryan: On n'est pas pour avoir 2 sortes de règlements.
C'est justement ça qu'on veut terminer. On veut avoir une sorte de
règlements, qui vont être des règlements du gouvernement,
comme c'est tout à fait normal. Il n'y a rien d'extraordinaire
là-dedans; on vient de le faire à l'article
précédent.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Laviolette. (15 h 50)
M. Jolivet: M. le Président, j'aimerais savoir, parce que,
dans le texte, là, initial, avant l'amendement, on dit: Le permis
visé à l'article 37 ne sera renouvelable là, on
vient de faire un changement que 3 fois, avec l'autorisation de l'Office
de la langue française, si l'intérêt public le justifie.
Et, après ça, on dit que le renouvellement se fait en vertu des
règlements édictés par le gouvernement. Si je comprends
bien, l'autorisation de l'Office va être en vertu des règlements
que le gouvernement va avoir déterminés. Ce n'est pas le
gouvernement, donc, qui donne l'autorisation?
M. Ryan: Bien non. Le règlement, lui, le règlement,
on en a un actuellement, il y en a un qui existe. Là, c'était un
règlement de l'Office, il devient un règlement du gouvernement.
C'est le même règlement. Il y a une disposition transitoire
à la fin du projet de loi, qui établit que ces
règlements-là demeurent. Ça devient des règlements
du gouvernement. Tant qu'ils n'ont pas été modifiés, ils
demeurent les mêmes. Et l'Office doit procéder à la tenue
des examens en conformité avec les règlements, ce qui est
normal.
M. Jolivet: C'est juste le mot «autorisation», parce
que l'autorisation, ça veut dire que c'est l'Office qui l'autorise, mais
il l'autorise en vertu du règlement indiqué par le
gouvernement.
M. Ryan: Oui, oui, c'est l'Office qui organise les séances
d'examen. C'est l'Office qui organise les séances d'examen, et là
il y a un comité qui établit des examens normalisés...
M. Jolivet: C'est parce que j'essaie de voir. Le règlement
va-t-il prévoir l'intérêt public? Parce que, là, on
dit: II n'est renouvelable que 3 fois, avec l'autorisation de l'Office, si
l'intérêt public le justifie.
M. Ryan: Le règlement, qu'il dise ce qu'il voudra, ne
pourra jamais effacer ce qui est dans la loi. La loi a toujours
antériorité sur le règlement.
M. Jolivet: Ça, vous avez raison.
M. Ryan: Et, quand c'est dit expressément dans la loi, en
général, on évite de le répéter dans le
règlement.
Ici, je veux juste terminer. Là, c'est prévu qu'il y a un
comité qui établit les examens normalisés concernant la
compréhension du français oral, la compréhension du
français écrit, l'expression orale en français,
l'expression écrite en français, la connaissance, la
capacité d'utilisation de la terminologie française de la
profession. Alors, pour un renouvellement, ça va être la
même chose. Il va falloir que la personne se soumette à un examen
qui va être établi par ce comité-là. C'est ça
qu'on dit, là; ce comité-là, dont la formation est
prévue à l'article 11,35.
M. Jolivet: En fait, c'est l'Office qui, si
l'intérêt public le justifie, détermine s'il doit y avoir 1
fois, 2 fois ou 3 fois.
M. Ryan: C'est ça, exactement.
M. Jolivet: Et, à côté de ça, on dit,
pour le renouvellement, par exemple, que les intéressés vont
devoir se présenter à des examens qui, eux autres, vont avoir
été déterminés par l'État, par les
règlements, là, du gouvernement.
M. Ryan: Oui, c'est ça. M. Jolivet: O.K.
M. Ryan: Je donne juste une précision, si vous me
permettez; tantôt, je ne l'avais pas. L'année dernière, en
1992-1993, il y a eu 76 renouvellements, 61 premiers et 15 seconds
renouvellements, et, là-dessus, il y en a 60 qui portaient sur des cas
d'infirmières ou d'infirmières auxiliaires. Je crois que, si vous
allez dans les hôpitaux anglophones, vous constatez qu'il y a beaucoup
d'infirmières ou d'infirmières auxiliaires qui viennent de pays
jamaïcains, par exemple, les Antilles, les Antilles anglaises, et, des
fois, ça leur prend un peu de temps avant d'acquérir la
maîtrise complète du français. Ça fait qu'il y a
cette possibilité-là qui leur est offerte ici, qui permet
à nos établissements hospitaliers de garder du personnel qui est,
en général, d'excellente qualité. Alors, si on
enlève ces catégories-là que je viens de mentionner, il ne
reste pas grand-chose; il resterait de la place pour le cas dont j'ai
déjà parlé.
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je pense que le ministre doit comprendre quand
même qu'il s'agit d'infirmières, effectivement, qui peuvent
prendre un peu plus de temps, avoir un petit peu plus de difficultés
à maîtriser le français. Mais, comme elles travaillent dans
des établissements de santé au Québec et je pense
à l'hôpital Royal Victoria qui a une clientèle importante
de francophones c'est d'autant plus important qu'elles maîtrisent
correctement le français parce que, s'il y a un moment dans la vie
où vous avez besoin d'être compris, je pense bien que c'est quand
vous êtes malade. Alors, moi, ça va.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que le deuxième
paragraphe de l'article 12 est adopté? Mme Blackburn: Sur
division.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que la totalité de
l'article 12, tel qu'amendé, est adoptée? Sommes-nous prêts
à revenir à l'article 11? Non?
Mme Blackburn: II y a un amendement.
Le Président (M. Doyon): Un amendement sur... On s'en
vient à l'article 13, parce qu'on n'est pas prêts.
La langue du travail
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, j'aurais un
amendement à proposer, qui serait à l'effet de rajouter un
article 12.1. Alors, je suis certain que le ministre va l'entendre et je pense
qu'il ne peut pas faire autrement qu'être d'accord avec cet
article-là. Mon amendement se lit ainsi: Le projet de loi 86, Loi
modifiant la Charte de la langue française, est modifié par
l'insertion, après l'article 12, de l'article suivant: 12.1 L'article 41
de la Charte est remplacé par le suivant: «L'employeur
rédige dans la langue officielle les communications qu'il adresse
à l'ensemble de son personnel, à une partie de son personnel,
à un employé en particulier ou à une association de
salariés représentant son personnel ou une partie de son
personnel. Cependant, dans le cas d'une communication adressée à
un employé en particulier, il lui est loisible, avec l'accord de
celui-ci, d'utiliser la langue de son interlocuteur. «La signification
d'une mesure disciplinaire doit ête rédigée en
français ou à la fois en français et dans la langue de
l'employé à qui elle s'adresse, à défaut de quoi
elle est nulle et de nul effet.»
Alors, M. le Président, je pense que cet amendement a pour effet
de bonifier, justement, une disposition que le ministre n'avait pas l'intention
de toucher. Et je pense que ça vient tout simplement s'inscrire dans le
respect des droits...
Le Président (M. Doyon): Un instant! Un instant, M. le
député! Je devrai tout d'abord vous entendre sur la
recevabilité, vous-même de même qu'un représentant du
parti ministériel, sur le caractère de recevabilité de
l'amendement 12.1, tel que vous venez d'en faire la lecture. Alors, sur la
recevabilité, strictement parlant, M. le député de
Laviolette, vous avez la parole.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Je pense qu'à sa
face même, prima facie, cet article-là est un ajout à la
loi 86, qui a pour but de modifier, puisqu'on est toujours dans la Loi
modifiant la Charte de la langue française, de modifier l'article
existant, 41, pour le bonifier. Alors, dans ce sens-là, M. le
Président, il est recevable, à mon avis.
Mme Blackburn: Je voudrais ajouter également...
Le Président (M. Doyon): Oui, rapidement.
Mme Blackburn: ...comme les notes explicatives indiquent
déjà qu'il y a des modifications au chapitre de la langue de
travail, il est, à ce double titre, recevable.
Le Président (M. Doyon): Est-ce qu'il y a des
représentations qui sont faites par les représentants
ministériels?
M. Ryan: On va s'en remettre au jugement du président de
la commission.
Le Président (M. Doyon): Alors, suspension pour 2
minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 58)
(Reprise à 15 h 59)
Le Président (M. Doyon): On me présente un
amendement au projet de loi 86, un nouvel article, l'article 12.1, qui vise
à remplacer, en fait, l'article 41. Si on regarde ce que contient
l'article 41, il porte sur les communications entre un employeur et son
personnel. L'article qui nous est proposé comme amendement
élabore sur le même sujet. 11 ne vient pas en contradiction. Il
précise certaines données et oblige à certaines choses.
Et, dans les circonstances, je suis prêt à considérer que
cet amendement est recevable. Donc, sur le fond. (16 heures)
M. Bélanger (Anjou): Oui. Sur le fond, M. le
Président, j'aimerais peut-être que le ministre puisse entendre
mes arguments. On peut suspendre, peut-être, quelques... Je pense que le
ministre...
Le Président (M. Doyon): Suspension. (Suspension de la
séance à 16 h 1)
(Reprise à 16 h 3)
Le Président (M. Doyon): Nous sommes prêts à
reprendre nos travaux. M. le ministre, juste pour vous situer, l'amendement qui
a été proposé par le député d'Anjou, et dont
lecture a été faite, a été jugé recevable
par la présidence. Nous en sommes maintenant à regarder le fond,
et la parole est au député d'Anjou, sur le fond de cet
article.
M. Bélanger (Anjou): Bien, M. le Président, je
regardais l'article 41, tel qu'il est présentement, qui dit:
«L'employeur rédige dans la langue officielle les communications
qu'il adresse à son personnel. Il rédige et publie en
français les offres d'emploi ou de promotion.»
Alors, je pense qu'on veut bonifier, justement, cet article 41, soucieux
que nous sommes des droits des minorités et des gens qui ne parlent pas
nécessairement le français, un peu dans la même
lignée de ce que, plusieurs fois, le ministre nous a dit. Alors, nous,
ce qu'on prévoit dans cet amendement, c'est la possibilité,
à ce moment-là, d'utiliser la langue de l'interlocuteur, qui peut
être une autre langue que le français, afin, justement, que cette
communication soit mieux comprise par l'employé.
Alors, c'est la même chose à propos d'une mesure
disciplinaire. À ce moment-là, la signification d'une mesure
disciplinaire doit être rédigée en français, ou
à la fois en français et dans la langue de l'employé
à qui elle s'adresse. Ça, ce n'était pas prévu.
Dans l'article 41, tel qu'il est, c'est en français seulement. Nous, on
prévoit, avec cet amendement, le français et une autre
langue.
Alors, je considère que cet amendement est tout à fait
souhaitable. Finalement, on bonifie le projet de loi, et c'est dans le sens,
c'est tout à fait dans le sens, même, indiqué à
maintes reprises par le ministre responsable de l'application de la Charte.
Alors, je vois difficilement comment le ministre pourrait refuser un tel
amendement qui, finalement, je pense, répond tout à fait à
ses critères.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Ryan: Le texte actuel de la Charte stipule que l'employeur
rédige dans la langue officielle les communications qu'il adresse
à son personnel. Il y a eu un certain nombre de cas qui ont
été portés à l'attention d'arbitres, même des
tribunaux. Et je crois comprendre que l'interprétation qui a
été retenue, c'est que ces communications sont, en l'occurrence,
des communications à caractère collectif, destinées
à l'ensemble du personnel. Et ça va être sujet à
vérification. On ne peut pas donner une interprétation sûre
maintenant. Il faudrait que nous le vérifiions.
Deuxièmement, si la proposition de modification du
député d'Anjou était retenue, là, ça
voudrait dire que toute communication adressée à l'ensemble du
personnel, à une partie du personnel, à un employé en
particulier, à un employé en particulier, devrait être
rédigée dans la langue officielle. Là, je vais vous dire
franchement, je crois que ça va trop loin, «à un
employé en particulier». Parce que ça veut dire que vous
avez une petite entreprise de 5 employés, qui est dirigée,
là, par une personne qui a beaucoup d'initiative mais qui a des
problèmes. Et des communications, il peut y en avoir. Ça
dépend des entreprises; il y en a où il n'y a pratiquement pas de
communications écrites, d'autres où il y en a beaucoup.
Là, il s'agit de communications écrites, si je comprends bien.
Là, faire une obligation de faire la communication en français
partout, dans toutes les entreprises, le législateur n'était pas
allé jusque-là parce qu'il avait des motifs de le faire, parce
qu'il avait des motifs de le faire.
Il y a peut-être lieu de regarder de près des
améliorations possibles, mais je crois que, comme c'est
formulé là, là, ça crée des
problèmes d'application auxquels il aurait fallu penser
sérieusement. Nous sommes prêts à retenir cette proposition
pour étude, mais je ne peux pas l'accepter derechef. Et, s'il y a des
améliorations qu'on peut apporter, qui n'iront pas jusqu'à
créer une obligation absolue à tous les échelons du
fonctionnement de la moindre petite entreprise, je pense qu'à ce
moment-là on va se comprendre.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je ferai
remarquer au ministre que, dans le premier paragraphe, on dit «il lui est
loisible». C'est que, par rapport à l'employeur, il lui est
loisible, avec l'accord de celui-ci, d'utiliser la langue de son interlocuteur.
Donc, on ne crée pas ici une obligation. C'est une opportunité
qu'on donne à l'employeur. Il n'est pas obligé, à ce
moment-là, de la saisir. Alors, c'est une porte, je pense, qu'on ouvre.
Et puis, à ce moment-là, justement, dans une petite entreprise
où les relations sont très proches entre les employés et
l'employeur, à ce moment-là, je pense que c'est tout simplement
une certaine souplesse qu'on donne à la loi, et. en tout cas, quant au
premier paragraphe, ça ne crée aucune obligation.
M. Ryan: Vous croyez qu'on ne crée aucune obligation?
M. Bélanger (Anjou): Non. La première... «il
lui est loisible».
M. Ryan: Franchement, ça... Non, non, mais la
première partie du paragraphe crée des obligations additionnelles
qui vont bien au-delà de tout ce qu'a imaginé le
législateur jusqu'à maintenant, qu'il faut mesurer.
«Rédige dans la langue officielle les communications qu'il adresse
[...] à un employé en particulier».
Mme Blackburn: Cependant. M. Bélanger (Anjou):
Cependant.
M. Joli vet: Cependant. Dans le cas des communications...
M. Ryan: Mais le problème n'est pas là. Ce n'est
pas ça qui est le problème. Le problème, c'est qu'il peut
y avoir une petite entreprise dont le propriétaire n'est pas capable de
rédiger des communications en français; il n'a pas la
connaissance de la langue qu'il faut, et il y a des communications qu'il faut
faire de manière très rapide, des fois. Il est peut-être
capable de les donner oralement en français, mais il n'est
peut-être pas capable de les écrire. Et là, si vous
l'obligez à mettre de l'écriture partout pour conduire une
entreprise...
M. Bélanger (Anjou): Mais, en vertu de 41, il a
déjà l'obligation de le faire rien qu'en français.
L'article 41 lui donne l'obligation, déjà, de le faire en
français. Là, on lui donne la possibilité de le faire dans
une autre langue.
M. Ryan: Très bien. On va le laisser comme ça. Si
l'obligation est déjà là, on va la laisser comme
ça.
M. Bélanger (Anjou): On veut être plus
généreux, on va l'améliorer.
M. Ryan: Non, non, je pense que... M. Bélanger (Anjou):
On est généreux.
M. Ryan: Jusqu'à maintenant, l'article 41, si vous me
disiez: On garde la première partie de l'article 41, on garde l'article
41 comme il est, il n'y a pas de problème là-dessus... Mais, ici,
là, je pense qu'on va beaucoup plus loin, à certains
égards, que la loi actuelle. Et, par ailleurs, on crée une
faculté qui, de toute manière, existe déjà dans les
faits. Je ne suis pas opposé à l'idée qui est
proposée ici, mais je doute de l'opportunité de modifier
l'article 41 à cause de ça. (16 h 10)
M. Bélanger (Anjou): Ce n'est pas évident.
M. Ryan: Pardon?
M. Bélanger (Anjou): Je voudrais juste faire remarquer au
ministre que, finalement, on reprend 41 tout simplement en ajoutant une
possibilité; et c'est une possibilité. Il lui est loisible,
à l'employeur, d'utiliser une autre langue, il n'est pas obligé.
«Loisible», ça ne crée pas d'obligation.
M. Ryan: Oui, oui.
M. Bélanger (Anjou): Ce n'est pas marqué «il
doit». Donc, c'est pour ça que je ne comprends pas. À ce
moment-là...
M. Ryan: Regardez...
M. Bélanger (Anjou): C'est pour ça que je ne
comprends pas.
M. Ryan: Tout d'abord, là, il rédige dans la langue
officielle. Comme c'est écrit, il peut rédiger ça dans une
autre langue également. Ça y est déjà, parce que
toute disposition de la loi où il n'est pas prescrit qu'on utilise
exclusivement la langue officielle doit être interprétée,
en vertu de l'article 89, comme signifiant qu'on peut également utiliser
une autre langue. Donc, comme l'article est formulé ici, il permet
à l'employeur d'utiliser une autre langue pour communiquer avec un
employé. Il n'y a pas... Ça y est déjà, c'est
pregnant dans l'article, ça.
M. Bélanger (Anjou): Mais, M. le Président, je
ferai remarquer au ministre qu'on conserve la même façon
dans notre amendement. On dit encore «L'employeur rédige dans la
langue officielle», on ne dit pas exclusivement, là, on dit
encore, on prend la même formulation qu'il y a de prévue dans le
41 original. Donc, encore là, si on prend le même article
d'interprétation, ça va être interprété comme
quoi il pourrait le faire dans une autre langue, sauf que là on dit
qu'il peut en plus prendre la langue de l'interlocuteur. On vient apporter une
précision. Je veux dire, on ne vient pas, je pense, d'exclure quoi que
ce soit, là.
M. Ryan: Moi, je trouve que la proposition n'ajoute pratiquement
rien à ce que nous avons déjà dans l'article 41, plus je
la regarde. Si vous voulez me dire exactement ce que ça ajoute puis
pourquoi il y a lieu de faire des améliorations, c'est très bien,
mais, jusqu'à maintenant, je n'ai pas compris.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Oui, M. le Président, je vois qu'on a plus de
misère à convaincre le ministre; les difficultés
croissent. J'avais eu quelque espoir tout à l'heure, mais, là,
ça se complique.
Quand on regarde 41, tel qu'il est présentement, on dit:
«L'employeur rédige dans la langue officielle les communications
qu'il adresse à son personnel.» Ça ajoute quoi, ce qu'on a
dans notre amendement? Ça évite, je pense, qu'on ait recours
à des échappatoires. Parce que, là, 41 dit: «qu'il
adresse à son personnel». Nous, on dit aussi «à une
partie de son personnel». Donc, ça veut dire, je ne sais pas, un
service quelconque de l'entreprise. Parce qu'un employeur pourrait dire: Je
rédige dans la langue officielle mes communications à l'ensemble
de mon personnel, mais je ne suis pas obligé de le faire pour m'adresser
à tel service, le service des ventes ou le service de production; je ne
suis pas obligé à ça. Il pourrait, à ce
moment-là, ne pas respecter la loi. Donc, on veut éviter
ça. On précise aussi «à une partie de son
personnel».
Même chose, qu'il faut préciser aussi: les associations de
salariés, c'est-à-dire les syndicats, soit représentant
l'ensemble du personnel ou une partie du personnel, parce qu'il arrive que,
dans les entreprises, il y ait plusieurs syndicats... Bon. Dans les grosses
entreprises, parfois, tu as plusieurs syndicats qui représentent le
personnel. On veut s'assurer que les communications écrites avec les
syndicats, avec les organisations de travailleurs, les associations de
salariés se fassent dans la langue officielle. Donc, ça vient
préciser, en quelque sorte, clarifier la disposition qu'on retrouve
à 41.
Pour ce qui est de l'employé en particulier, encore là, je
ne répéterai pas ce que mon collègue d'Anjou a dit. Il y a
là un caractère facultatif. Si l'employé, non seulement
est un anglophone, mais ça pourrait être aussi un hispanophone,
bon, un immigrant qui parle espagnol, on pourrait peut-être utiliser
également la langue espagnole, si c'est possible, pour se faire
comprendre de cet interlocuteur. Mais, à ce moment-là, pour la
personne, pour l'individu, il y a une possibilité qu'on communique dans
sa propre langue, autre que la langue officielle. Ça m'apparaît
une mesure, comme dit souvent le ministre, une mesure humanitaire.
Et le dernier paragraphe m'apparaît important puisque, dans 41
actuellement, on dit: Les offres d'emploi et de promotion, c'est
rédigé et publié en français. Mais il arrive aussi
qu'il ne soit pas juste question d'offre d'emploi et de promotion pour un
travailleur. Parfois aussi, il est l'objet de mesures disciplinaires. Il est
même l'objet aussi de congédiement, peut-être, de mise
à pied. Et il n'y a rien qui oblige, dans la loi, à ce que la
mesure disciplinaire ou la signification de la mesure disciplinaire soit
rédigée dans la langue officielle ou dans la langue de
l'employé si ce dernier a eu recours à la possibilité
qu'on communique avec lui dans une autre langue que la langue officielle.
Moi, il me semble que ça vient compléter, préciser,
clarifier 41 en même temps que ça permet à un individu de
demander qu'on communique avec lui dans une autre langue que la langue
officielle. Vous savez, c'est un article qu'on retrouvait déjà
dans un projet de loi que mon ex-collège de Taillon, M. Filion, avait
déposé à l'Assemblée nationale, et un projet de loi
que le ministre avait reconnu à l'époque comme étant
intéressant, comportant des éléments qui méritaient
un examen attentif. Je ne vous le cache pas, c'en est un qui vient de ce projet
de loi là puis qui m'apparaît un enrichissement, un
approfondissement de l'article 41, tel qu'il est rédigé, tel
qu'on le retrouve dans la loi.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Ryan: J'en suis encore à me demander exactement ce que
cette modification apporte à ce que nous avons déjà. Je
pense que nous avons déjà dans le texte actuel tout ce qu'on
voudrait ajouter de manière plus détaillée. Maintenant, je
peux faire une chose, M. le Président, je peux retenir cet
article-là, avec le consentement de la commission, le faire examiner par
nos services spécialisés en relations du travail, voir toutes les
implications du projet d'amendement et arriver à une séance
suivante avec une position claire là-dessus. Mais je ne peux pas
souscrire à une proposition aussi complexe quand on sait combien les
relations du travail sont chargées de jurisprudence de toutes sortes. On
peut employer un mot dans le langage courant, ici, qui revêt une tout
autre signification dans la langue des relations du travail. Il faut absolument
consulter des personnes versées en relations du travail pour mesurer les
implications précises de formules comme celle qu'on nous propose.
Un homme de bonne volonté peut dire moi-même, je
l'ai déjà dit à propos de cet article-là, et le
député le souligne avec raison, et j'en suis tout à fait
conscient ça mérite un examen attentif, mais, à
première vue, c'est intéressant. Mais il faut voir tout ce
que ça signifie concrètement pour la vie quotidienne de
l'entreprise et se demander si c'est une chose que nous sommes prêts
à imposer partout, dans toutes les entreprises, sans nuance, sans
distinction. Là, il faut se poser la question.
C'est dans un moment où le gouvernement n'est pas
spécialement prêt, enclin à multiplier les contraintes de
toutes sortes pour les entreprises qui écrasent présentement sous
le fardeau de contraintes réglementaires de toutes sortes. Alors, dans
ce sens-là, je suis prêt, M. le Président, à prendre
la proposition en considération, à l'examiner et à vous
faire rapport à la prochaine séance.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Peut-être rappeler un certain nombre de
choses, puis insister... Je suis certaine que le ministre se rappelle, d'abord,
le projet de loi 191. Sur ses articles en particulier, nous avions
consulté, nous avions consulté pour savoir vraiment l'état
de la situation. Et ce que ça nous avait appris, la rédaction de
41, ça avait généré des interprétations
différentes pour ne pas dire divergentes. Et selon que le
propriétaire ou le patron s'adressait à tout son personnel, il
estimait l'avoir fait à tout son personnel, il n'avait pas à le
faire par département. S'il y avait 3 unités syndicales et s'il
s'adressait à tout son personnel, il n'avait pas à le faire
lorsqu'il s'adressait à une unité syndicale de façon
particulière.
Alors, on avait constaté que, dans les faits, l'application de
cet article-là était rendue extrêmement difficile parce
qu'il y avait toute une série d'interprétations extrêmement
limitatives dans certains cas, qui avaient, dans les faits, comme effet de
brimer totalement ou de contrevenir à l'esprit de ce qu'on voulait de
cet article-là. C'était la base de l'amendement qui avait
été apporté à 191.
Et en ce qui a trait au deuxième paragraphe, là-dessus,
mon collègue a raison. On a au Québec des travailleurs immigrants
qui... Bon. On pourra accuser n'importe qui de ne pas leur apprendre
suffisamment, ne pas leur donner le moyen de maîtriser le
français, mais on sait très bien qu'ils ne maîtrisent, des
fois, ni le français ni l'anglais, et ils ne sont même pas bien
informés de ce que sont leurs droits. Ils sont incapables de lire les
notes les concernant. Alors, on dit que, lorsque ça les concerne de
façon particulière, ça devrait pouvoir se faire. Ces
travailleurs-là ont des droits que, souvent, ils ignorent et qui sont
bafoués parce qu'on ne les connaît pas. (16 h 20)
Par ailleurs, il y a un troisième argument. Le ministre, on a
déjà un amendement qu'il a pris en considération et sur
lequel on attend toujours que le ministre nous revienne; c'était
à l'article 1 du projet de loi. On n'a toujours pas eu de retour du
ministre. Là, le ministre dit: Mettez-m'en un autre. Alors, je commence
à trouver que c'est peut-être un peu beaucoup.
Et, par ailleurs, quand le ministre avait annoncé qu'il
apporterait des modifications mineures à la loi 101, surtout en
matière d'affichage, il avait un peu annoncé son intention
d'améliorer les articles touchant la langue de travail, le
français langue de travail. Je dois dire qu'à ma grande
déception on n'en a pas trouvé beaucoup. Alors, comme on a ouvert
la loi, nous, et que, déjà, le préambule prévoit
qu'il y aura des améliorations en ce sens, on pense que c'est l'occasion
d'aider le ministre à faire un travail un peu plus correct et
peut-être un peu plus acceptable dans l'opinion publique. Alors,
voilà les raisons pour lesquelles il faut militer en faveur du
dépôt de l'amendement que vous avez en main. Et j'espère
très sincèrement que le ministre va l'accepter.
M. Jolivet: M. le Président?
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le ministre... Je vais l'attendre, parce
qu'il... M. le ministre demandait, par rapport à la loi actuelle, ce que
ça apportait de plus, et il ne voyait rien de plus. Je regarde la loi
actuelle. On dit, à l'article 41: «L'employeur rédige dans
la langue officielle donc, c'est en français, vu que c'est la
langue française, c'est la loi sur la langue française les
communications qu'il adresse à son personnel.» Donc, ça
veut dire à tout son personnel, que ce soit une partie ou la
totalité, en tout cas, à tout son personnel. Il rédige et
publie en français les offres d'emploi ou de promotion. Ce que
l'amendement apporte, c'est qu'il dit que les communications s'adressent
à l'ensemble de son personnel, à une partie de son personnel,
à un employé en particulier, à une association de
salariés qui représente soit son personnel au complet ou une
partie de son personnel. En français, donc, les communications. C'est ce
qu'il dit.
Cependant, ce qu'il ajoute à tout ça, c'est qu'il dit que,
dans le cas d'une communication adressée à un particulier,
à un individu, par rapport au texte... Parce que, dans le texte initial,
s'il s'adresse à son personnel, s'il s'adresse à un individu,
c'est son personnel, c'est une partie de son personnel, donc il s'adresse juste
en français. Ce qu'ajoute la proposition de mon collègue, c'est
qu'on dit qu'avec l'accord de celui-ci, de cet individu-là, il est
loisible à l'entreprise, à l'entrepreneur de pouvoir utiliser le
français, mais aussi la langue de l'individu.
Dans le cas où on a une mesure disciplinaire, où on y va
plus précisément, dans le contexte où il peut être
mis en suspension ou qu'une mesure disciplinaire lui est donnée, on dit
qu'elle est d'abord rédigée en français, puisque c'est la
langue officielle, ou à la fois en français et dans la langue de
l'employé à qui elle s'adresse, de façon, justement,
à ce que l'individu sache très bien, s'il est d'une autre langue
que le français ou l'anglais... Qu'il soit capable de comprendre ce que
veut dire la lettre qui lui est envoyée. Donc, ça ajoute
beaucoup, ça personnifie au niveau de l'individu. Ce que le
ministre a dit: On va au niveau de l'individu. Et c'est dans ce sens-là
qu'on est capable, avec l'amendement proposé, d'y arriver par rapport
à la loi actuelle.
Alors, je pense que ça ajoute énormément pour
permettre d'aller individuellement chez chaque individu pour essayer de lui
faire comprendre, et même dans sa langue si nécessaire.
Mme Blackburn: M. le Président?
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Alors, nous acceptons la proposition du ministre
à l'effet de suspendre l'examen de cet amendement. Il a pris
l'engagement de nous revenir dès la prochaine séance,
c'est-à-dire ce soir, alors, ça irait. Peut-être, en
même temps, lui rappeler qu'il serait intéressant qu'il nous
ramène l'amendement qui a également été suspendu,
à l'article 1. Alors, ça m'irait, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Donc, l'amendement, tel que
proposé, qui devait devenir l'article 12.1, est suspendu pour le moment.
Nous sommes prêts soit à revenir à l'article 11 ou à
passer à l'article 13.
Mme Blackburn: On peut revenir à 11 si le ministre est
prêt.
Le Président (M. Doyon): Oui, s'il est prêt, sinon,
nous irons à 13. M. le ministre, est-ce que vous êtes prêt
à revenir à 11 ou si vous préférez qu'on
continue?
M. Ryan: Oui, je serais prêt à vous remettre une
proposition d'amendement pour 11, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Très bien. Alors, nous
revenons à l'article 11. M. le ministre.
La langue des organismes parapublics (suite)
M. Ryan: Si vous me permettez de présenter la
proposition...
Le Président (M. Doyon): Oui.
M. Ryan: ...elle se lirait comme suit: Ajouter, après le
paragraphe 3° de l'article 11, le paragraphe suivant: 4° le
remplacement, dans les deuxième et troisième lignes du
quatrième alinéa, des mots «pourvoir à la
constitution d'un comité d'examen et» par les mots
«établir les règles de composition d'un comité
d'examen devant être formé par l'Office, pourvoir». Le reste
demeurerait tel quel. Ce qui veut dire que l'article se lirait comme suit,
là:
Le gouvernement peut, par règlement, fixer les modalités
et les conditions de délivrance d'une attestation...
Une voix: Par l'Office.
M. Ryan: Par l'Office? Non, pas par l'Office. ...d'une
attestation. Ensuite, «pourvoir à la constitution d'un
comité d'examen», ça, ça serait remplacé par
«établir les règles de composition d'un comité
d'examen devant être formé par l'Office, pourvoir» à
son mode de fonctionnement et établir des critères et un mode
d'évaluation de la connaissance du français appropriée
à l'exercice d'une profession ou d'une catégorie de
professions.
Le Président (M. Doyon): Donc, est-ce qu'on peut avoir
votre amendement, M. le ministre, s'il vous plaît? Je le remets au
secrétaire. Qui veut s'exprimer sur l'amendement? On veut des
photocopies? D'accord. Suspension, le temps qu'on fasse des photocopies.
(Suspension de la séance à 16 h 26)
(Reprise à 16 h 39)
Le Président (M. Doyon): La commission reprend ses
travaux. Nous sommes à étudier un amendement à l'article
11, auquel nous sommes revenus, dont lecture a été faite par le
ministre. Et je pense que, M. le ministre...
Alors, l'amendement, d'après ce que je comprends des quelques
mots qui se sont rendus à mes oreilles, est un petit peu changé
dans le sens que, dans la dernière ligne de l'amendement, au lieu de la
virgule qui suit «Office», cette virgule serait remplacée
par le mot «et» de façon à... M. le ministre donnera
les explications. Ce n'est pas à moi à les donner. C'est pour que
l'idée, d'après ce que j'ai compris, qu'on veut avoir dans
l'amendement soit atteinte. Donc, au lieu de la virgule qui suit
«Office», dans la dernière ligne de l'amendement, remplacer
cette virgule par le mot «et», le reste restant pareil. M. le
ministre.
M. Jolivet: Mais il y a un autre «et» ailleurs.
M. Ryan: Oui, il y a un «et» qui suit. C'est pour
ça que celui-ci avait été mis de côté, mais
les rédacteurs considèrent que, si on enlève le mot
«et» avant «pourvoir», le passage pourrait être
interprété pour signifier que ça s'applique à
l'Office et non pas au comité d'examen, que le «et» garantit
que son mode de fonctionnement s'applique au comité d'examen
plutôt qu'à l'Office. Je pense que c'est une explication qui est
plausible. C'est toujours des choses discutables, évidemment, les
questions de rédaction, mais je pense qu'il faut porter respect aux
auteurs du texte. (16 h 40)
M. Jolivet: Je doute. Je doute, parce que j'ai de la
misère... M. le Président, là, avec les amendements qu'on
a adoptés, c'est marqué: Le gouvernement peut, par
règlement, premièrement, fixer les modalités et les
conditions de délivrance d'une attestation...
M. Ryan: Et, tantôt, on va ajouter...
M. Jolivet: ...deuxièmement, établir les
règles de composition d'un comité d'examen devant être
formé par l'Office...
M. Ryan: ...et pourvoir à son mode de fonctionnement.
M. Jolivet: Oui, mais c'est parce que vous avez un autre
«et» après ça, avant établir, là.
M. Ryan: On me souffle dans le dos que c'est une autre
idée, après le deuxième «et». Oui, on le sait.
On le sait, mais c'est lourd quand même.
Mme Lapierre (Lorraine): C'est lourd, mais c'est vraiment
«et pourvoir...»
M. Ryan: Oui, en tout cas, on ne fera pas de...
M. Jolivet: Est-ce qu'elle pourrait nous l'expliquer?
M. Ryan: Oui, voulez-vous donner une explication?
M. Jolivet: Oui.
M. Ryan: Je pense qu'on est dans les... En tout cas, donnez les
explications, Mme Lapierre. Mme Lapierre, du ministère de la
Justice.
Le Président (M. Doyon): Mme Leclerc?
Mme Lapierre: Lapierre.
Le Président (M. Doyon): Lapierre?
Mme Lapierre: Oui. Quand on lit la constitution du comité
d'examen et son mode de financement, c'est un tout. O.K.? Ce qui fait que
ça fait: «établir les règles de composition d'un
comité d'examen devant être formé par l'Office et pourvoir
à son mode de fonctionnement et établir des critères et un
mode d'évaluation de la connaissance du français.» C'est un
tout par rapport à «fixer les modalités et les conditions
de délivrance d'une attestation.» Ensuite, c'est
l'établissement d'un comité d'examen et son mode de
fonctionnement. C'est qu'il y a 3 réalités
différentes.
M. Jolivet: Oui, je sais. Le gouvernement peut, par
règlement, fixer les modalités, établir les règles
de composition d'un comité d'examen; c'est encore le gouvernement qui
doit pourvoir à la suite, pourvoir à...
Une voix: À la composition.
Mme Lapierre: Établir les règles de composition
d'un comité d'examen devant être formé par l'Office,
pourvoir à son mode de fonctionnement, sans mettre le «et»,
on a l'impression que le «son» peut se rattacher à l'Office
au lieu du comité, si on met une virgule.
M. Jolivet: Puis, après ça, l'autre idée,
c'est: établir des critères et des modes...
Mme Lapierre: C'est ça.
M. Jolivet: Tabarouette! Ça va être très
lourd, ça. Le gouvernement peut, par règlement, fixer... On va
laisser la nuit...
M. Brassard: Pourquoi vous ne faites pas plusieurs phrases...
M. Ryan: Regardez, on va vous proposer une formulation.
M. Brassard: ...avec des points? Faites des points, puis...
M. Ryan: Non, non, regardez, on va vous proposer une formulation.
On ne peut pas tout réécrire; on n'est pas ici juste pour faire
de la grammaire non plus, hein. Je vais vous proposer...
M. Brassard: C'est important, c'est la Charte de la langue
française.
M. Jolivet: Mais, les juges, par exemple...
M. Ryan: Regardez, je vais vous proposer une formulation qui
tient compte de tout, je pense.
M. Jolivet: O.K. Parfait.
M. Ryan: Le gouvernement peut, par règlement, fixer les
modalités et les conditions de délivrance d'une attestation,
établir les règles de composition d'un comité d'examen
devant être formé par l'Office, pourvoir au mode de fonctionnement
de ce comité et établir des critères et un mode
d'évaluation de la connaissance du français appropriée
à l'exercice d'une profession ou d'une catégorie de professions.
On l'a actuellement dans le texte; on l'a déjà dans le texte de
la loi. Je pense qu'avec ces 4 points-là on a tout ce qu'il faut, M. le
Président, et ça réglerait le problème.
Le Président (M. Doyon): Alors, pour qu'on puisse avoir le
bon texte, on va tout simplement suspendre, avec votre permission, cet article,
de façon à ce
que nous ayons des écritures qui correspondent. M. Brassard:
Avant...
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: ...M. le Président, j'aurais, quant à
moi, à 11.1, un amendement à faire.
Le Président (M. Doyon): O.K. Alors, suspendons l'article
11...
M. Brassard: Suspendons 11.
Le Président (M. Doyon): ...et prenons l'amendement 11.1.
On suspend l'article 11, le temps que nous puissions avoir une proposition
écrite qui corresponde à ce que le ministre vient de nous
suggérer.
M. Brassard: Bien non. Bien non. Bien non. C'est très
court. Je suis convaincu que ça va passer comme du beurre dans la
poêle; le ministre va accepter ça, ce ne sera pas long. Le projet
de loi 86, Loi modifiant la Charte de la langue française, est
modifié par l'ajout de l'article suivant: 11.1 L'article 37 est
modifié par l'ajout de l'alinéa suivant: «L'Office doit,
dans son rapport annuel, faire mention du nombre de permis temporaires
délivrés au cours de l'exercice financier ainsi que des
renouvellements accordés conformément à l'article
38.»
Le Président (M. Doyon): Voulez-vous faire la
distribution, s'il vous plaît?
M. Ryan: Je crois que ce serait mieux après l'article 38.
Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Doyon): Tout d'abord, nous allons
décider de la recevabilité de l'article, quitte à le
mettre ailleurs si la chose est jugée...
M. Ryan: On devrait le mettre après 38, si vous n'avez pas
d'objection.
M. Jolivet: Hein?
Mme Blackburn: Après 38?
M. Ryan: Au lieu de 37, mettre 38; 38.1. Ça serait: 11.1
L'article 38.
M. Brassard: Est modifié.
Mme Blackburn: Oui, ça irait. Il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Doyon): Bon, alors sur la
recevabilité...
M. Jolivet: Si on s'entend sur...
Le Président (M. Doyon): Tout le monde est d'accord?
Alors...
Mme Blackburn: Alors, ça serait l'article 38.
Le Président (M. Doyon): La proposition d'amendement est
donc jugée recevable et, si je comprends bien cet amendement,
maintenant, au lieu d'avoir, à 11.1: L'article 37 est modifié,
ça serait: L'article 38 est modifié par, etc.
M. Jolivet: On va faire penser à la députée
de Terrebonne quand elle réussit à en faire passer un.
Mme Blackburn: Ça va.
M. Brassard: Alors, si le ministre est d'accord, je ne plaiderai
pas plus longtemps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: C'est simplement pour avoir des données.
Le Président (M. Doyon): Alors, 37 est remplacé par
38. Le reste demeure pareil. C'est ça?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Doyon): Sur le fond, M. le ministre.
M. Ryan: Pas de commentaire.
Le Président (M. Doyon): Pas d'objection? Est-ce que
l'amendement proposé par le député de Lac-Saint-Jean est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Alors, ça dispose de cet
amendement.
Mme Blackburn: On va pouvoir dire ça en Chambre,
tantôt. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): Nous sommes donc à
l'article 13, qui est le suivant... Est-ce qu'on a des amendements à
l'article 13, proposés par le gouvernement? Non?
La langue du travail (suite)
M. Ryan: M. le Président, l'article 13, là, est un
article qui devrait être examiné plus tard, quand nous aurons
disposé des articles relatifs au processus de francisation des
entreprises. Je pense qu'il serait prématuré
de l'aborder maintenant, parce qu'il repose sur des modifications qui
devront être l'objet d'une décision plus tard.
Le Président (M. Doyon): L'article 13 est suspendu.
L'article 14. Il y a un amendement.
M. Ryan: II y a un amendement.
Le Président (M. Doyon): L'amendement proposé par
le M. ministre est le suivant. Remplacer l'article 14 par le suivant: 14.
L'article 44 de cette Charte est remplacé par le suivant: «44.
Toute sentence arbitrale faisant suite à l'arbitrage d'un grief ou d'un
différend relatif à la négociation, au renouvellement ou
à la révision d'une convention collective est, à la
demande d'une partie, traduite en français ou en anglais, selon le cas,
aux frais des parties.» Fin de l'amendement proposé. M. le
ministre. (16 h 50)
M. Ryan: Selon les avis de nos services, l'arbitrage d'un grief
ou d'un différend relatif à l'application ou à la
révision d'une convention collective, c'est assimilable à une
action de nature judiciaire ou quasi judiciaire et tombe, en
conséquence, sous le coup de l'article 133 dont nous avons vu les
contraintes qui en découlent en matière d'usage linguistique lors
de l'examen de l'article 1 du projet de loi. Alors, il s'agit d'un acte logique
par rapport à ce que nous avons déjà étudié.
En vertu de l'article 133, la personne qui agit comme juge dans un
différend dont sont saisis les tribunaux ou l'organisme quasi judiciaire
appelé à intervenir dans un dossier... La personne qui agit comme
juge ou arbitre est libre d'utiliser la langue de son choix, l'une des 2
langues officielles du pays. Et, par conséquent, on ne peut pas lui
prescrire d'autorité qu'elle utilisera seulement la langue officielle ou
qu'elle utilisera obligatoirement la langue officielle.
En conséquence, l'article est rédigé de telle
manière que chaque partie concernée puisse avoir accès au
texte de la sentence en français, si elle le désire. Elle n'aura
qu'à le demander, et l'instance concernée devra
s'exécuter. S'il s'agit d'une cour municipale, la version
française devra être fournie aux frais de l'administration qui a
la charge du tribunal municipal, c'est-à-dire la municipalité, ou
les municipalités concernées dans le cas d'une cour qui dessert
plusieurs municipalités. S'il s'agit de la Cour du Québec, la
responsabilité en incombera au gouvernement du Québec. S'il
s'agit de la Cour supérieure et de la Cour d'appel, le gouvernement du
Québec étant chargé d'assurer le fonctionnement de ces
cours, la responsabilité de fournir la version française lui
reviendra. Et ça se termine là.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Avant de passer à l'examen de la
proposition d'amendement du ministre, moi, j'aurais une question. À
l'article 14, il était prévu au projet de loi, tel qu'il a
été présenté en Chambre, que l'article 44 de cette
Charte était abrogé. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui on se
retrouve avec une proposition d'amendement? Avant de commencer à se
prononcer sur le fond, je voudrais savoir qu'est-ce qui a amené le
ministre à un virage aussi important.
M. Ryan: Ce n'est pas un virage majeur, puis la
députée se souvient très bien que, quand la
Fédération des travailleurs du Québec est venue rencontrer
la commission parlementaire, elle a fait part de ses appréhensions
à propos de cet article-ci, et j'ai déclaré, à ce
moment-là, au président de la Fédération des
travailleurs du Québec et à la délégation qui
l'accompagnait que nous verrions à maintenir cet article dans des
termes, cependant, compatibles avec les dispositions de l'article 1 du projet
de loi. C'est ce que poursuit le gouvernement avec le projet de modification
dont nous sommes saisis.
Mme Blackburn: Est-ce que la FTQ a été saisie du
projet d'amendement, puis est-ce qu'elle s'est dit d'accord avec le sens et la
portée de la modification?
M. Ryan: Non. Non. Les propositions d'amendement ont
été déposées, si mes souvenirs sont bons, il y a
déjà environ 1 semaine à la commission parlementaire. Je
pense que tout le monde a eu le loisir d'en prendre connaissance. Et nous
maintenons l'essentiel des droits des travailleurs là-dedans, en
compatibilité avec les dispositions de l'article 1.
Mme Blackburn: Mais je voudrais savoir quand même. Le
ministre nous dit: Ce n'est pas un virage important. Ce n'est quand même
pas rien, là. Je veux dire, il estimait qu'on n'en avait plus besoin, de
cette disposition-là. Et là il nous dit: Ce n'est pas vrai, on en
a besoin d'une. Bon, il faut vraiment la modeler au nouveau pattern que s'est
donné le gouvernement, c'est-à-dire qu'il faut rentrer dans 133,
en accepter toutes les conséquences dans le sens le plus large et dans
l'acception la plus large du terme. Et là on accepte ce qui avait
été refusé par les Québécois et les
Québécoises. Là, on accepte ces conditions-là et on
accepte 133 en son entier. Et, évidemment, non seulement il dit: II
faudrait peut-être réajuster ça, mais il faut le mettre
dans le nouveau modèle. Je veux juste savoir, au-delà de la
remarque de la FTQ, qui était, là-dessus, assez claire, qu'est-ce
qui a amené le gouvernement à dire: On n'en avait pas besoin;
là, on en a besoin. On en a besoin, mais rentrons ça dans le
nouveau modèle québécois, c'est-à-dire le
bilinguisme.
M. Ryan: Regardez, M. le Président, à la rigueur,
si vous lisez l'article 9 retouché à la suite de la
décision qui a été prise ici, on dit dans cet article:
«Tout jugement rendu par un tribunal judiciaire et
toute décision rendue par un organisme exerçant des
fonctions quasi judiciaires sont traduits en français ou en anglais,
selon le cas, à la demande d'une partie, par l'administration tenue
d'assumer les coûts nécessaires au fonctionnement de ce tribunal
ou de cet organisme.»
Là, ici, dans la modification, nous disons: «Toute sentence
arbitrale faisant suite à l'arbitrage d'un grief ou d'un
différend relatif à la négociation, au renouvellement ou
à la révision d'une convention collective est, à la
demande d'une partie, traduite en français ou en anglais, selon le cas,
aux frais des parties.»
Alors, ici, la différence qui peut justifier l'inclusion d'une
disposition spéciale s'explique par 2 facteurs. D'abord, il y avait eu
des interprétations malicieuses ou ignorantes qui ont été
diffusées à travers tout le Québec, disant que le
gouvernement voulait supprimer des droits des travailleurs. Et nous voulons
faire la preuve clairement que c'est une affirmation fausse.
Deuxièmement, il y a cette affaire. On disait: aux frais de
l'administration qui est chargée d'assumer les coûts
nécessaires au fonctionnement de ce tribunal. Dans le cas des relations
du travail, les frais d'arbitrage sont à la charge des parties, non pas
du gouvernement, non pas de l'administration mais aux frais des parties. La
modification que nous proposons tient compte de cette différence. Mais,
substantiellement, il n'y a pas de différence de nature entre les 2
dispositions.
Mme Blackburn: La seule différence, ça vise
à bien clarifier la responsabilité reliée aux coûts
de la traduction. Je veux dire, si ce n'est pas le gouvernement, ce sont les
parties.
M. Ryan: C'est ça.
Mme Blackburn: C'est la seule raison qui vous a amené
à introduire ça. Mais ça ne répond pas à la
demande et aux inquiétudes de la FTQ.
M. Ryan: II y a d'autres raisons. Nous avons dit clairement
à la FTQ, quand elle est venue, que nous avions adopté une
règle de conduite qui consiste à légiférer
constitutionnellement. Puis nous entendons nous conformer à cette
règle et nous en fournissons l'application claire ici.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Mme Blackburn: Alors, il ne faudrait pas laisser croire... Parce
que, là, votre intervention, c'est que vous rappeliez les remarques de
la FTQ...
M. Ryan: C'est vrai.
Mme Blackburn: ...en disant: C'est pour se conformer. Ça
n'a rien à voir avec les remarques de la FTQ.
M. Ryan: J'ai indiqué clairement à M. Daoust, quand
il est venu puis on sortira les galées, si on le veut que
nous verrions à maintenir cet article-là en conformité
avec ce qui est dit à l'article 1. C'est ce que nous faisons.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Oui, je comprends la démarche du ministre.
Ça ne veut pas dire que je suis en accord avec lui, mais je la comprends
dans le sens où, depuis le début, le ministre a une
volonté arrêtée de se conformer, comme il dit, à la
Constitution. Et, dans le cas présent, c'est l'article 133 auquel il
fait référence formellement.
Ce qui fait problème dans l'article 44, tel qu'il est
rédigé dans la loi, ce qui fait problème relativement
à l'article 133, c'est uniquement, à mon avis je me trompe
peut-être, mais je ne pense pas me tromper c'est uniquement la
dernière phrase du premier alinéa, qui dit: «Seule la
version française de la sentence est officielle.»
C'est ça qui fait problème avec l'article 133. Parce que
l'article 133 stipule qu'il y a égalité des 2 langues et que les
jugements, les décisions, les sentences dans une langue ou dans l'autre
ont valeur légale égale. C'est ça qui fait
problème. Si on enlève «Seule la version française
de la sentence est officielle», la conformité avec 133
apparaît immédiatement. Et si c'est ça, là,
remarquez bien... Si la volonté du ministre, c'est ça, son
objectif, c'est ça, c'est la conformité avec 133, moi, il me
semble qu'en enlevant seulement la dernière phrase du premier
alinéa, «Seule la version française de la sentence est
officielle», à ce moment-là, ça indique qu'il y
ajuste la version française qui a valeur légale, et là,
ça, ça peut être considéré comme une
violation de l'article 133. Si on enlève ça, tout le reste est
parfaitement conforme, même, à 133: «la sentence arbitrale
doit être rédigée dans la langue officielle ou être
accompagnée d'une version française dûment
authentifiée». Ça veut dire, dans le cas où la
décision ou la sentence est rendue en anglais, qu'elle doit être
accompagnée d'une version française authentifiée. (17
heures)
Et le deuxième alinéa m'apparaît aussi important:
«II en est de même des décisions rendues en vertu du Code du
travail par les agents d'accréditation, les commissaires du travail et
le Tribunal du travail.» Pourquoi fait-on sauter cela, entre guillemets,
cette phrase-là, qui avait quand même son utilité, dans la
loi actuelle? Il me semble que l'objectif de se conformer à 133 pourrait
être atteint en supprimant seulement la dernière phrase du premier
alinéa.
(Consultation)
M. Ryan: C'est plus que ce que souligne le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: J'aimerais savoir ce qu'il y a de plus.
M. Ryan: Quand on écrit «la sentence arbitrale doit
être rédigée dans la langue officielle», s'il y avait
seulement ça, ça ne pourrait pas fonctionner parce que,
justement, l'objet même de la décision de la Cour suprême,
c'est de prévoir que la sentence peut être rédigée
dans l'une ou l'autre langue, au choix de l'auteur.
Deuxièmement, «être accompagnée d'une version
française dûment authentifiée», ça veut dire
qu'on obligerait le juge à authentifier la version française de
son jugement alors que, lui, ce qui authentifie son jugement, c'est le texte
qu'il a rendu lui-même.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, j'ai peine
à suivre le raisonnement du ministre parce que, encore là, si on
doit appliquer le raisonnement, l'interprétation de 89, le fait,
justement, de faire comme mon collègue l'a dit, de laisser 44 tel qu'il
est sauf enlever «Seule la version française de la sentence est
officielle»... Si on prend l'article 44 en coupant cette
phrase-là... D'accord, ça n'empêche pas l'utilisation de
l'anglais, parce que 89 dit: «Dans les cas où la présente
loi n'exige pas l'usage exclusif de la langue officielle, on peut continuer
à employer à la fois la langue officielle et une autre
langue.» Donc, on permet quand même l'utilisation de l'anglais et
on ne dit pas que c'est uniquement la version en français qui va avoir
préséance.
Alors, je pense que le raisonnement de mon collègue de
Lac-Saint-Jean est tout à fait cohérent. L'article 44, en
enlevant la phrase qui porte problème, je pense que ça permet,
à ce moment-là, de rédiger en langue anglaise, et puis il
va être officiel quand même.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: J'aimerais peut-être suggérer que notre
conseiller juridique, Me Gosselin, fournisse quelques...
M. Brassard: Qu'on connaît bien. Qu'on connaît
bien.
M. Ryan: .. .précisions additionnelles à ce
sujet.
M. Gosselin (Jacques): À 44, comme on est dans le domaine
quasi judiciaire, il faut quand même laisser à celui qui
rédige la décision le choix d'opter pour l'une ou l'autre des
langues.
M. Brassard: II fa.
M. Gosselin: Si vous voulez, c'est l'arrêt Blaikie, dont on
a discuté l'autre jour, qui a été entériné
par la Société des Acadiens et par MacDonald contre la ville de
Montréal. Donc, il faut que les 2 langues soient sur un pied
d'égalité pour que lui puisse choisir celle qu'il va
utiliser.
M. Brassard: Mais, dans 44, si vous enlevez la dernière
phrase dont je parlais tantôt, il y a liberté de choix. Il peut
choisir la langue de sa sentence. Si c'est un juge ou un arbitre anglophone, il
va rédiger sa sentence en anglais. Il a le choix.
M. Gosselin: Mais on ne peut pas forcer un juge à
authentifier la version de son jugement, parce que ce serait l'inciter à
la rédiger en français.
M. Brassard: Ça, ce n'est pas pousser un peu loin
l'interprétation des jugements des tribunaux et de la Cour suprême
sur 133? Il me semble que, là, on est, comme me souffle mon
collègue, plus catholiques que le pape.
Une voix: C'est incroyable.
M. Brassard: Là, on pousse très loin
l'interprétation des jugements de la Cour suprême concernant 133.
On «pourrait-u» se garder une petite marge de manoeuvre? C'est
incroyable. D'autant plus que la faculté de choisir sa langue, la langue
du jugement, est parfaitement respectée. Parfaitement respectée.
L'arbitre, s'il veut rendre sa sentence en anglais, il le fait. Est-ce que
vraiment on va à rencontre des jugements des tribunaux en demandant
qu'il y ait une version française?
M. Gosselin: L'article 44 reprend la formulation de l'article 13
de la Charte, pour l'essentiel, qui a été déclaré
inconstitutionnel dans Blaikie. Nous autres, c'est notre...
M. Brassard: L'article 13 sur la langue de la législation
et des tribunaux?
M. Gosselin: Oui.
M. Brassard: Oui, je sais bien. Je sais bien.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre, avez-vous quelque
chose à ajouter?
M. Ryan: Je pense que l'objet que nous visons, c'est que la
sentence arbitrale soit disponible dans la langue officielle. Je pense que
l'effet de la modification proposée serait précisément
celui-là. Alors, je pense qu'à la lumière des explications
qui viennent de nous être fournies... On peut bien essayer de contourner
la difficulté, elle est là, elle n'est pas inventée par
nous. Elle est une donnée du réel avec lequel nous devons
composer pour légiférer. Je pense que ce qu'il importe d'assurer,
c'est que la sentence, encore une fois, sera disponible en français pour
celui qui veut l'avoir en français. Pardon?
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi, si le ministre a fini.
M. Ryan: C'est vrai.
Le Président (M. Doyon): À ses frais.
M. Ryan: Aux frais de qui?
Mme Blackburn: À ses frais.
M. Jolivet: À ses frais. Bien, vous dites...
Mme Blackburn: Des syndicats des employés. Oui.
M. Ryan: Non, non, des parties. C'est la règle
générale qui s'applique. En général, dans les
conventions, les frais d'arbitrage sont partagés par les 2 parties.
M. Jolivet: Est-ce que j'ai mal compris? Tout à l'heure,
maître disait ceci. Il disait: On ne peut pas mettre une version
française dûment authentifiée. On ne peut pas obliger le
juge à authentifier la version française parce que, dans le fond,
ça l'oblige à faire sa sentence, à l'écrire en
français. C'est ce que j'ai compris. J'ai bien compris. Donc, vous me
dites...
M. Gosselin: Ça peut l'induire.
M. Jolivet: J'ai compris ça. Ce que je veux juste bien
comprendre, là, c'est que le ministre, d'une part, nous dit: La
sentence, elle est en français. C'est ça que j'ai compris,
là? Si les parties, les 2 parties... Disons qu'il y a une partie
française et une partie anglaise et qu'elles sont devant les juges, le
juge va rédiger la sentence en français ou en anglais?
M. Ryan: C'est lui qui va décider.
M. Jolivet: Bon!
M. Ryan: C'est lui qui va décider.
M. Jolivet: Au moment où il décide, s'il est
anglophone, admettons, il décide que ça va être en anglais.
Moi, ce que je suis en train de dire: Moi, je suis la partie française.
O.K.? Admettons. Je veux avoir une version française de la sentence
anglaise. Je vais être obligé de payer pour?
M. Ryan: L'idée, c'est que ça va être
partagé suivant les règles d'arbitrage...
M. Brassard: En plus, ça ne sera pas authentifié.
C'est juste une traduction qu'il va y avoir.
M. Jolivet: Oui, je sais.
M. Ryan: ...suivant les règles de financement de
l'arbitrage.
M. Jolivet: Non, je sais. Je comprends, là, mais ce que je
veux juste dire, là, c'est que je vais être obligé de la
payer moi-même et, en plus, elle ne sera pas authentique. L'authentique
va être l'anglaise.
M. Ryan: Vous allez participer au coût. Vous ne payez pas
vous-même. Vous allez participer au coût, avec l'employeur. C'est
le syndicat, là, ce n'est pas vous.
M. Brassard: M. le Président, ça, c'est une chose,
le coût, là, mais ce qui est important, ce que dit mon
collègue, c'est qu'elle n'est pas authentique. Si la sentence est rendue
par un juge anglophone, il a le droit de le faire. Pas de problème, il a
le droit de le faire. Il a le droit de rendre sa sentence en anglais.
Là, la partie française dit: Écoutez, moi, là, je
voudrais avoir une version française de la sentence. Il va y avoir une
traduction. Elle va participer au coût de la traduction. Il va y avoir
une traduction, mais ça ne sera pas une version authentifiée,
ça va être juste une traduction. C'est un peu curieux, là.
Moi, je pense que, là, on pousse la soumission à 133 et au
jugement qui porte là-dessus un peu loin, un peu trop loin. Ça
devient quasiment de la servilité, à 133, là. Bien,
là, écoutez! À partir du moment où le juge a le
droit, parfaitement...
M. Ryan: Regardez! Regardez!
M. Brassard: ...a parfaitement la liberté de choisir la
langue dans laquelle il va rendre son jugement et il va le rédiger,
à partir du moment où cette liberté-là est
pleinement respectée, il me semble que, là, on va trop loin.
M. Ryan: Non, mais, ici, là... Regardez, on peut
dramatiser à l'infini. Ça, c'est facile. Il n'y a rien de plus
facile que ça. Mais, en matière d'arbitrage, si mes informations
sont correctes, de manière très générale, l'arbitre
est choisi sur accord des 2 parties. C'est là que le syndicat doit
exercer son pouvoir de pression. On veut avoir un arbitre qui va être
capable de rendre une sentence en français. Il n'y a absolument rien qui
l'empêche d'exiger ça au moment du choix de l'arbitre. Et tout le
monde sait que ceux que choisit le gouvernement pour les cas où ils
doivent être désignés d'autorité... Je prends, par
exemple, pour l'arbitrage des premières conventions collectives,
à ma connaissance, à 98 %, ce sont des juges français, des
arbitres français. On peut bien dramatiser puis monter dans les rideaux
à tout propos, mais dans ce cas-ci...
M. Brassard: Moi, je ne monte pas dans les rideaux. Il n'y a pas
de rideaux ici, là.
M. Ryan: Non, vous avez parlé de servilité
excessive. Vous, ça ne vous humilie pas? M. Brassard: Oui,
oui.
M. Ryan: Ça ne vous humilie pas. Vous projetez les
insultes dans toutes les directions, à l'année longue,
pratiquement.
M. Brassard: Oui, servilité excessive. Je maintiens mes
termes. (17 h 10)
M. Ryan: Mais, nous autres, nous n'acceptons pas ces
choses-là. Nous voulons agir de manière responsable, en
conformité avec la Constitution du pays, dans le respect des droits des
personnes...
M. Brassard: Vous allez trop loin.
M. Ryan: ...dans le respect des droits des personnes. Puis, ce
que nous proposons... Encore une fois, au point de vue pratique, je pense avoir
établi clairement que ça ne comporte aucunement les risques,
encore moins les déviations dont a parlé le député
de Lac-Saint-Jean dans son intervention. Tous les moyens sont là.
L'arbitre n'est pas choisi par Ottawa, n'est pas choisi par Québec; dans
95 % des cas, il est choisi par les parties elles-mêmes. Qu'elles
exercent leur pouvoir de marchandage à ce niveau-là. Il y a tout
ce qu'il faut.
M. Brassard: Vous marchandez le français.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais rappeler
l'opinion de la FTQ là-dessus et les raisons qu'invoquait la FTQ pour
demander au gouvernement le maintien de l'article 44 de la Charte de la langue
française. Que disait la FTQ? Ils rappelaient que, s'il y a un aspect de
la loi sur lequel les travailleurs et les travailleuses sont pointilleux, c'est
celui de la francisation des relations de travail, parce qu'ils savent ce que
ça veut dire d'avoir une convention collective rédigée en
anglais alors que 80 % des travailleurs québécois sont
francophones. On n'a pas à vous rappeler encore une fois quelles furent
les luttes que nous avons menées pour obtenir le droit de
négocier en français. On l'a oublié, mais ce
n'était pas évident et ce n'est pas quelque chose qui est
figé dans le béton dès que vous lâchez un peu de
lest là-dessus.
Alors, ils disent: Le projet de loi 86 ne s'attaque heureusement pas
à ce droit mais, dans quelques milieux de travail, encore actuellement,
nous dit-on, à la table de négociation, des employeurs imposent
alors, je voudrais bien que le ministre écoute encore des
négociations en anglais, sans traduction simultanée. Encore
aujourd'hui, au Québec. Alors, ils ajoutent qu'il faut cependant que le
gouvernement comprenne que les relations de travail sont bien plus que celles
du droit de négocier. C'est aussi tout le droit quotidien des relations
de travail qui est en jeu.
Ils disent: Donc, en abolissant l'article 44 de la Charte, qui, lui,
concerne les décisions arbitrales, et ce, au nom de l'uniformité
du processus judiciaire nouveaux articles 7, 8 et 9 proposés par
le projet de loi on met ainsi en péril la francisation des
relations de travail. Ce n'est pas l'Opposition qui dit ça, c'est une
association syndicale majeure au Québec. Ils disent: Donc, ainsi, on
peut en déduire que toute traduction n'aura pas de valeur légale.
Dans un Québec francophone, un texte français
rédigé à grands frais perdra de sa valeur pour les
travailleurs et les travailleuses. Ils disent: Un texte comme ça, est-ce
que ça vaudra la peine qu'on le paie alors qu'on ne pourra pas plaider
avec parce qu'il n'a pas de valeur légale? Il n'a pas de valeur
légale.
De plus, l'application du nouvel article 9 pourra entraîner des
coûts substantiels pour les travailleurs et les travailleuses. Et ce
qu'ils expliquaient, eux, non seulement ça va coûter plus cher
mais ça n'a pas de valeur légale. Et la tentation va être
grande, finalement, d'abandonner ce droit-là, parce qu'il ne vous
permettra pas de défendre votre dossier sur la base du texte qui n'est
pas légal.
Alors, c'est ça que nous disait la FTQ. Et l'arbitre ne manquera
pas de porter au compte des parties tous les frais de traduction qu'on lui
imposerait. Et les syndicats, travailleurs et travailleuses, devront assumer la
moitié sinon la totalité des coûts, ce que les employeurs
ne manqueront pas de tenter d'obtenir en négociation. Parce que
l'employeur va dire: Écoutez, on partage les frais de l'arbitrage. Ne
nous demandez pas en plus de partager les frais d'une traduction qui n'a pas de
valeur légale, qui ne permettra pas à l'employé de me dire
si j'ai raison ou de plaider sur cette base-là. Voulez-vous me dire
ça va être quoi, la valeur? Quel va être
l'intérêt pour le syndicat de demander une traduction si elle n'a
pas de valeur légale et si elle ne permet pas à l'employé
de l'utiliser pour défendre son droit?
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Ryan: On peut bien soutenir tout ça, mais, si
les...
Mme Blackburn: C'est la FTQ.
M. Ryan: ...conseillers juridiques du gouvernement, qui sont nos
conseillers attitrés, nous disent qu'une disposition comme
celle-là, pour être constitutionnelle, doit répondre
à telle et telle exigence, qu'est-ce qu'on va faire? On peut bien se
donner un baroud d'honneur...
Mme Blackburn: Le ministre se rappelle, quand on lisait
dans...
M. Ryan: M. le Président, est-ce que je pourrais
continuer?
Le Président (M. Doyon): Mme la députée! M.
le ministre, vous avez la parole.
M. Ryan: On peut bien se donner un baroud d'honneur, puis dire:
Nous autres, on s'en va...
Mme Blackburn: Dans le doute, on s'abstient. Le
Président (M. Doyon): Mme la députée!
M. Ryan: ...avec le drapeau, puis c'est nous autres qui avons
raison. Mais, si on induit des groupes à entrer dans cette
voie-là, puis qu'ensuite ils se voient frustrés dans leurs
attentes par les jugements des tribunaux, serons-nous plus avancés?
Encore une fois, si des dispositions constitutionnelles ne nous satisfont
point, nous pouvons travailler à les modifier par toutes sortes de
moyens légitimes, y compris le moyen majeur que préconise le
parti de l'Opposition, c'est-à-dire le changement radical de l'ordre
constitutionnel. C'est permis en vertu de notre ordre démocratique.
Mais, la condition qui sous-tend ce droit-là, c'est l'engagement de tous
à respecter la Constitution comme elle existe. Autrement, tout le reste
ne vaut rien. Si l'autre règle devait prévaloir, d'autres
éléments pourraient s'en servir pour nous empêcher
d'exercer des droits constitutionnels.
Je pense que ça va de soi qu'on ne peut pas prendre dans une
constitution seulement la partie qui fait notre affaire. Il faut prendre
l'ensemble et en tirer le meilleur parti possible, agir avec la plus grande
sagesse possible. Ce n'est pas du tout faire acte de démission ou de
servilité que d'agir ainsi. C'est faire acte de réalisme
politique, de loyauté envers les institutions qui nous
régissent.
On peut bien, encore une fois, décider arbitrairement, ici, le
petit groupe que nous sommes: ça, ça ne marche pas, on ne
voudrait pas l'avoir comme ça, ça va être comme ça,
ce n'est pas comme ça qu'on légifère. Nous l'avons dit
souvent, la règle du gouvernement, c'est de chercher le plus
honnêtement possible à légiférer dans le respect de
la Constitution et, en conséquence, dans le respect des avis fermes que
nous donnent les services compétents du gouvernement en cette
matière. Puis je tiens à souligner, M. le Président, ayant
transigé beaucoup avec les conseillers du ministère de la Justice
au cours des 8 dernières années, qu'ils ne sont pas infaillibles.
Personne n'est infaillible. Mais je tiens à souligner que, de
manière très générale, les avis qu'ils nous donnent
sont des avis soigneusement étudiés, appuyés sur un examen
attentif de tout ce qui peut être trouvé comme jurisprudence ou
comme opinion comparable, contraire, assimilable ou apparentée. Nous
voulons agir dans le meilleur intérêt du peuple
québécois; je pense qu'ils vont en tenir compte. Nous les payons
pour nous donner ces avis-là, ils sont engagés à cette
fin-là.
Ce n'est pas tel organisme extérieur ou tel autre qui a
été engagé pour servir de conseiller au gouvernement, ce
sont les conseillers juridiques du ministère de la Justice. Puis, dans
tout ce que nous discutons, tous ceux qui avaient à être
consultés l'ont été à maintes reprises, ont
formulé des opinions nettes. Puis, quand on essaie de répandre
qu'il y a seulement 1 commissaire qui présiderait à tout
ça du haut de son trône, c'est absolument faux. Ce n'est pas comme
ça du tout que ce projet de loi là a été
préparé. Ce n'est pas comme ça que nous discutons
actuellement.
Puis, quand l'Opposition nous apporte des suggestions constructives, on
est très intéressés à les accueillir, comme nous
l'avons fait envers nos services qui nous ont conseillé au cours des
mois précédents. Plus on va avancer dans le projet de loi...
Mais, d'après ce que je constate, on n'avance pas vite. Plus on va
avancer, plus on va s'apercevoir que c'est ça qui est l'économie
véritable du projet de loi.
Alors, ici, on peut dire qu'on n'accepte pas la Constitution actuelle et
qu'on décide qu'on demande la séparation du Québec.
Très bien. Mais, en attendant que la population se soit prononcée
majoritairement en faveur de cette option, nous plaidons qu'il faut loyalement
respecter la Constitution, surtout quand elle prescrit des droits fondamentaux
qui ne portent aucunement atteinte aux nôtres.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le ministre. M. le
député...
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. M. le Président, tout à
l'heure, le ministre nous disait: Si nos conseillers juridiques pensent que
cette question d'arbitrage peut aussi être assujettie à 133, on a
le devoir de procéder dans l'intérêt supérieur du
Québec. Je me dis qu'il y a une autre règle qui dit: Dans le
doute, on s'abstient. Pourquoi faudrait-il prendre toujours
l'interprétation la plus contraignante, qui va peut-être, et on ne
l'a même pas vérifié, au-delà de la portée
même de 133? Et ce que dit à cet égard la FTQ: Vous risquez
ainsi de miner un processus qui voulait que, les négociations, ça
se fasse en français, qu'il y ait une version officielle en
français, ce qui permettait aux travailleurs francophones, majoritaires,
faut-il le rappeler au ministre, en territoire du Québec, d'avoir un
texte légal sur lequel s'appuyer en cas de conflit
d'interprétation. C'est ça que la FTQ nous dit. Elle ne nous dit
pas autre chose.
Et vos conseillers, ce que je sens dans la remarque du ministre, ils
n'ont pas la certitude absolue que ça pourrait échapper à
133. Pourquoi est-ce qu'il faut que le ministre prenne toujours l'acception la
plus large et la plus soumise à 133? Peut-être qu'il va
au-delà de ce que 133 voudrait. Il faudrait même voir si le
gouvernement canadien, qui a 2 langues officielles, a des dispositions
similaires dans ses règles. (17 h 20)
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Ryan: Je n'ai plus de remarque à faire
là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou. M. Bélanger (Anjou): Ça va, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Juste une petite question, parce que le ministre doit
certainement savoir, dans le secteur du textile, ceux qui négocient...
Parce que le principe de base, c'était de permettre à l'individu
qui travaille dans l'usine, homme ou femme, de pouvoir savoir ce qui lui
arrive. Mais, dans bien des conventions collectives au niveau du textile, en
termes de sentence comme celle-là, vous avez des patrons qui sont de
tendance anglophone plutôt que de tendance francophone, dans bien des
cas, à cause du secteur dans lequel on est, et aussi des syndi-, cats.
Moi, je le sais, là. Je peux vous dire qu'à Grand-Mère,
chez moi, à un moment donné, il a fallu qu'on se batte, parce que
dans la salle Bastarache, sur la 13e rue, à Grand-Mère, il est
arrivé un événement où le syndicat parlait en
anglais aux employés. Ça n'avait pas de bon sens, parce que
c'était une agence internationale. Je vous dis, M. le Président,
que l'article, tel qu'il était là, était celui qui
permettait de convenir qu'il fallait que ce soit en français. Puis c'est
ça que je crains. Alors, c'est pour ça que je dis: Ça ne
va pas suffisamment loin par rapport au texte actuel.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Ryan: Dans le texte actuel de la loi, l'article 43 prescrit:
«Les conventions collectives et leurs annexes doivent être
rédigées dans la langue officielle.»
M. Jolivet: Je parle des griefs, de l'arbitrage et ces
choses-là. Je parle de ça, là. Cette partie-là
aussi.
M. Ryan: Oui. Là, on arrive à l'intervention d'un
individu qui agit comme arbitre au bout de la ligne. C'est là que le
lien avec l'article 133 doit être fait.
M. Jolivet: Oui, je sais. C'est pour ça qu'il y avait une
authentification d'une version française que l'individu, après
ça, pouvait avoir, sachant qu'il pouvait se fier sur ça pour
faire valoir ses points de vue futurs. Je connais ces milieux-là.
M. Ryan: Là, vous avez entendu ce que le conseiller du
gouvernement nous a dit tantôt à ce sujet.
M. Jolivet: J'ai compris, j'ai compris. Parce que, ce que j'ai
compris, ça l'obligeait quasiment, par induction, à aller donner
un texte français plutôt qu'un texte anglais et que, à ce
moment-là, il avait tendance plutôt à rédiger en
français qu'en anglais. Je trouve ça un peu normal, dans le fond,
vu que, la majorité des gens à Grand-Mère, c'est des
francophones.
M. Ryan: M. le Président, je demanderais qu'on se prononce
là-dessus.
Le Président (M. Doyon): Bon. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement, tel que présenté par M. le
ministre, et dont j'ai fait lecture tout à l'heure? D'autres
interventions?
Des voix: Non.
Le Président (M. Doyon): Non. Que ceux qui sont en faveur
de l'amendement à l'article 14, qui remplace l'article 44 par un autre,
que ceux qui sont en faveur de cet amendement veuillent bien l'indiquer. M. le
ministre.
M. Ryan: En faveur.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Charlevoix?
M. Bradet: Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Richelieu?
M. Khelfa: Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Saint-Hyacinthe?
M. Messier: Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Jacques-Cartier?
M. Cameron: Pour.
Le Président (M. Doyon): Est-ce qu'il y a d'autres pour?
Que ceux qui sont contre cet amendement veuillent bien l'indiquer. Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Laviolette?
M. Jolivet: Contre.
Le Président (M. Doyon): Abstention de la part de la
présidence. le secrétaire: pour: 6 contre: 3
Abstentions: 1
Le Président (M. Doyon): L'amendement est adopté.
Nous allons revenir, tel qu'il avait été entendu, à
l'article 11.
Mme Blackburn: Oui. Pourquoi est-ce que vous n'adoptez pas
l'article 14?
Le Président (M. Doyon): On vient d'adopter l'amendement.
L'article 14, tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Ryan: II est remplacé par le nouveau. Mme Blackburn:
Même vote. La langue des organismes parapublics (suite)
Le Président (M. Doyon): Même vote, très
bien.
Alors, nous avons un nouveau texte, qui remplace celui qu'on nous avait
distribué précédemment et qui reprend les termes qui
avaient été utilisés par M. le ministre. Alors, j'en fais
la lecture pour qu'on sache exactement où on en est.
À l'article 11, il s'agit d'ajouter, après le paragraphe
3° de l'article 11, le paragraphe suivant, un quatrième paragraphe
qui est le suivant: 4° le remplacement, dans les deuxième et
troisième lignes du quatrième alinéa, des mots
«pourvoir à la constitution d'un comité d'examen et
à son mode de fonctionnement» par les mots «établir
les règles de composition d'un comité d'examen devant être
formé par l'Office, pourvoir au mode de fonctionnement de ce
comité». Fin de l'amendement. Alors, compte tenu que... Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: Non, je n'ai rien à dire là-dessus.
Le Président (M. Doyon): Que ceux qui sont en faveur de
cet amendement veuillent bien l'indiquer. M. le ministre.
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Charlevoix.
M. Bradet: Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Cameron: Pour.
Le Président (M. Doyon): Oui?
Mme Blackburn: Ça me tenterait de prendre le vote sur cet
amendement, mais on a quand même un amendement sur cette...
Le Président (M. Doyon): Oui, oui, on va... Je sais que
vous avez un amendement.
Mme Blackburn: Mais, là, je suis obligée de vous
dire que, comme on n'a pas de notre amendement à l'intérieur,
c'est contre.
Le Président (M. Doyon): Donc, contre, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Doyon): Abstention de la part de la
présidence.
Le Secrétaire: pour: 5 contre: 3
Abstentions: 1
Le Président (M. Doyon): Donc, l'amendement est
adopté. Vous aviez un amendement, que vous m'annonciez, sur l'article
11.
Mme Blackburn: Qui a été
présenté...
Le Président (M. Doyon): II a été
présenté.
Mme Blackburn: ...même 2 fois, si je ne m'abuse: vendredi,
à la fin de la séance, et aujourd'hui.
Le Président (M. Doyon): Alors...
M. Ryan: Pendant qu'on cherche ça, M. le Président,
je voudrais faire une observation. Tantôt, nous avons adopté un
article 11. 1. Il a été adopté, hein?
Une voix: Oui, oui.
M. Ryan: Maintenant, là, on me signale qu'il y a une
difficulté. Je vous la signale. C'est qu'on donne à l'Office la
responsabilité de faire mention dans son rapport annuel du nombre de
permis temporaires délivrés au cours de l'exercice financier
ainsi que des renouvellements accordés conformément à
l'article 38. Mais, en fait, l'Office n'est pas responsable de la
délivrance des permis temporaires, ce sont les ordres
professionnels.
M. Brassard: II autorise.
M. Ryan: Pardon?
M. Brassard: II autorise. Il donne l'autorisation.
M. Ryan: Seulement les renouvellements. C'est seulement les
renouvellements.
M. Brassard: Pardon?
M. Ryan: C'est seulement les renouvellements qui sont
autorisés par l'Office. Mais, pour le reste, il y a des examens...
M. Brassard: Mais, vous parliez, vous disiez qu'il y avait 2
clés. Vous avez utilisé l'expression «2
clés».
M. Ryan: Pardon?
M. Brassard: Le permis est délivré par la
corporation, mais avec autorisation de l'Office.
M. Ryan: Oui. Après que la personne a subi un examen
institué par un comité. Mais, une fois que la personne a subi
l'examen avec succès, là, la corporation délivre le
permis. L'Office n'intervient pas là-dedans.
M. Rondeau (Jean-Claude): La première année...
Le Président (M. Doyon): Monsieur, monsieur... Un instant!
M. Rondeau, si vous voulez prendre place pour...
M. Rondeau: Jean-Claude Rondeau.
Le Président (M. Doyon): M. Rondeau, vous avez la
parole.
M. Rondeau: C'est que, la première année, l'ordre
professionnel délivre le permis. L'ordre peut le faire et, pour le
renouvellement, l'ordre a besoin de l'autorisation de l'Office; et il peut y
avoir 2 renouvellements. Et, si je comprends la portée de l'amendement
qui a été adopté tout à l'heure, on est
passé de 2 à 3 renouvellements. Mais l'Office intervient
simplement sur le renouvellement. C'est l'ordre professionnel qui accorde le
permis temporaire, donc pour une possibilité de 1 année. Donc,
c'est pour ça que le texte, tel qu'il était proposé, pose
difficulté, parce qu'il amènerait, il créerait une
obligation pour l'Office de faire rapport de données que l'Office ne
possède pas, tandis que l'Office peut évidemment faire rapport
des renouvellements parce que chaque renouvellement est décidé
par le conseil de l'Office.
Le Président (M. Doyon): Alors, on peut rouvrir l'article
11. 1, si vous voulez, pour tenir compte de ces renseignements
supplémentaires, et y revenir quand vous aurez eu le temps d'y repenser,
peut-être.
M. Ryan: Excusez-moi. Voulez-vous répéter, s'il
vous plaît? J'ai manqué ce que vous avez dit. Quelqu'un me
parlait.
Le Président (M. Doyon): Compte tenu des explications de
M. Rondeau, ce que je demande...
Mme Blackburn: On pourrait l'amender en conséquence.
M. Brassard: On va l'amender en conséquence.
M. Ryan: Maintenant, il y a un texte, ici, qui vous sera
proposé pour fins de brièveté. Il faudrait qu'on modifie
plutôt l'article 12 en ajoutant un troisième alinéa qui
pourrait se lire comme suit...
Le Président (M. Doyon): Là, M. le ministre, je
suis obligé de vous interrompre tout de suite...
M. Ryan: Juste à titre indicatif...
Le Président (M. Doyon): Oui. Ah! à titre
indicatif, d'accord. Sans saisir le...
M. Ryan: Non, non, pas du tout. C'est à titre indicatif
pour qu'on puisse se comprendre.
Le Président (M. Doyon): D'accord, juste qu'on puisse s'y
retrouver. M. le secrétaire est en train d'y perdre son latin.
Une voix:...
Le Président (M. Doyon): Oui, d'accord. M. le ministre, on
vous écoute.
M. Ryan: Ce serait quelque chose comme ceci qui viendrait
s'ajouter à l'article 38: «L'Office indique,
dans le rapport annuel de ses activités, le nombre de permis dont
il a autorisé le renouvellement en vertu du présent
article.»
Le Président (M. Doyon): On y arrivera tout à
l'heure et...
M. Ryan: Parce qu'on va le faire circuler, si vous me
permettez.
Le Président (M. Doyon): Oui, bien sûr. M. Ryan:
Ça irait, ça?
Le Président (M. Doyon): Alors, on va en faire faire des
photocopies.
M. Brassard: Parce que ça reste dans les limites des
pouvoirs de l'Office.
M. Rondeau: C'est normal. (17 h 30)
Le Président (M. Doyon): donc, nous avions un amendement
proposé par mme la députée de chicouti-mi, qui
était le suivant. j'en fais lecture: l'article 11 du projet de loi 86,
loi modifiant la charte de la langue française, est modifié par
l'ajout, au deuxième paragraphe, après le mot
«gouvernement» des mots «, après consultation de
l'office,». fin de l'amendement.
Alors, sur la recevabilité. Est-ce que quelqu'un veut s'exprimer
ou si vous laissez la présidence en disposer?
M. Brassard: Ça tombe tellement sous le sens!
Mme Blackburn: Oui, ça tombe sous le sens. Je ne pense pas
que...
Le Président (M. Doyon): Est-ce que, du côté
ministériel, il y a des interventions? Pas d'intervention, du
côté ministériel, sur la recevabilité? Alors, je
déclare l'amendement recevable.
Mme Blackburn: Alors, brièvement, sur le fond, c'est que
nous croyons que l'Office ne peut pas être complètement
évincé du processus d'élaboration des règlements
sur cette question. Alors, l'objectif, c'est de dire: le gouvernement,
après consultation de l'Office, peut, par règlement. On parle
toujours de 2 clés, là; on en a une qu'on ajoute comme garantie
pour éviter qu'il y ait du dérapage.
M. Ryan: Est-ce que vous avez expliqué l'amendement? On a
déjà disposé d'une proposition semblable à un stade
antérieur de nos travaux, puis nous avons invoqué, à ce
moment-là, la proposition d'amendement déjà
déposée par le gouvernement concernant l'article 42 du projet de
loi. Dans cette proposition d'amendement, le gouvernement prévoit que
l'Office pourra donner son avis au ministre sur les projets de règlement
du gouvernement. Alors, tout est compris là-dedans. Il n'est pas
question, dans notre esprit, d'insérer où que ce soit dans le
projet de loi une obligation du type de celle que préconise l'amendement
de la députée de Chicoutimi. Il faudrait le faire 25, 50 fois.
Avec ce qui est prévu là, l'Office pourra donner son avis en tout
temps, sur tout projet de règlement, y compris ce que nous discutons
à l'article 11.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Je pense qu'il faut revenir sur cette
argumentation. Le ministre sait très bien que, même si ça
donne la possibilité à l'Office de se prononcer sur les
règlements, les projets de règlement au moment de la
prépublication, le ministre sait très bien que, pour des raisons
urgentes, par exemple, il pourrait même ne pas être obligé
de prépublier. C'est-à-dire qu'ils entreraient en vigueur
dès leur publication, parce que c'est indiqué... Parce que, dans
la loi, ailleurs, on retrouve que c'est la nouvelle Loi sur les
règlements qui va s'appliquer aussi dans le cas de la Charte je
ne pense pas avoir erré là-dessus avec le résultat,
donc, qu'il pourrait y avoir, en invoquant des raisons d'urgence, entrée
en vigueur d'un règlement dès sa publication. Première
chose.
La seconde: qu'est-ce que le ministre craint de vouloir associer
l'Office à la préparation des règlements? Qu'est-ce qu'il
craint? Plusieurs pensent à des règlements touchant
particulièrement le Régime pédagogique. C'est qu'il y a
une obligation de consulter le Conseil supérieur de l'éducation.
Je veux dire, ça n'a pas empêché que les choses se fassent
et ça assure une certaine critique de l'extérieur, qui oblige le
gouvernement, quel qu'il soit, à faire preuve d'un peu de prudence en
ces matières.
Faut-il ajouter que ça a été la critique unanime?
S'il y a une chose sur laquelle le gouvernement s'est fait critiquer, c'est sur
son approche réglementaire. Ça, ça a fait l'objet des
critiques qui sont venues de tous les organismes. Trop de pouvoirs
réglementaires au gouvernement, et au gouvernement,
précisément, une loi-cadre dans laquelle on définit
l'essentiel des dispositions dans les projets de règlement. Je ne pense
pas que ça soit demander énormément que de dire, sur ces
questions... Comme c'est l'Office qui en réglera une partie, qui
gérera une partie de l'activité, pourquoi ne serait-il pas
consulté sur cette question? Évidemment, ça ne
s'étend pas à toutes les autres dispositions.
M. Ryan: J'ai donné mes explications sur... Une
voix: On passe au vote.
Le Président (M. Doyon): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur cet amendement proposé par Mme
la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Non, on prend acte que le gouvernement refuse de
se soumettre, de soumettre ses règlements à l'examen de
l'Office... Dieu en la personne...
Le Président (M. Doyon): Alors, êtes-vous
prêts à prendre le vote? Que ceux qui sont en faveur de
l'amendement proposé par Mme la députée de Chicoutimi
veuillent bien me l'indiquer. Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou?
M. Bélanger (Anjou): Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Pour.
Le Président (M. Doyon): Est-ce qu'il y a d'autres
personnes, d'autres membres de la commission qui sont pour? Que ceux qui sont
contre cet amendement veuillent bien me l'indiquer. M. le ministre.
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Charlevoix.
M. Bradet: Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Richelieu.
M. Khelfa: Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Cameron: Contre.
Le Président (M. Doyon): Abstention de la part de la
présidence. le secrétaire: pour: 3 contre: 6
Abstentions: 1
Le Président (M. Doyon): Trois pour, 6 contre,
l'amendement est rejeté. L'article 11 lui-même est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Brassard: Adopté sur division.
Le Président (M. Doyon): Alors, l'article 11.est
adopté sur division. Nous en sommes à l'article 15.
M. Brassard: Est-ce que l'amendement de 12...
Le Président (M. Doyon): En effet, oui. Alors, passons
à l'amendement de 12. Oui, d'accord.
M. Brassard: Ça va. Revenons sur l'amendement
déjà adopté.
Le Président (M. Doyon): Alors, il y avait un amendement
qui avait été adopté, qui était de façon...
On revient sur cet amendement et on...
M. Brassard: ...de l'Opposition.
M. Ryan: On sait très bien ce que vous visez.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): L'article...
M. Brassard: Que signifient ces propos? Cessez ce procès
d'intention, ces propos teintés d'ironie.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre pourrait nous faire part
des rapports du caucus, tout à l'heure, quant à l'avenir de cette
commission? Et je sens que dans sa petite remarque il y a comme quelque chose
qui ressemblerait à un pendant...
M. Ryan: Non. Je vais vous dire ce que je signifiais dans ce
cas-ci, pour vous prouver une fois de plus comment vous êtes enclins aux
mauvaises interprétations. Je vois que vous vous hâtez pour
arriver à l'article 17...
M. Brassard: Oui.
M. Ryan: ...pour avoir enfin connaissance du projet de
règlement.
Mme Blackburn: Ah! Là-dessus...
M. Ryan: Alors, est-ce que j'étais injuste?
M. Brassard: Pas vraiment.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): Alors, est-ce qu'il y a encore
des membres de la commission pour retirer l'amendement qui avait
été proposé précédemment et qui visait
à ajouter l'article 11.1?
M. Brassard: M. le Président, dans un esprit de
collaboration, pour que nos travaux avancent et progressent, oui, on retire
notre amendement.
Mme Blackburn: D'accord. C'est ça.
Le Président (M. Doyon): Donc, cet amendement est
retiré.
M. Ryan: Ils veulent l'avoir avant le souper!
Le Président (M. Doyon): Et, à l'article 12, il
s'agit maintenant d'amender l'article 12 de la façon suivante. Ajouter,
à la fin de l'article 12, le paragraphe suivant: «L'Office
indique, dans le rapport annuel de ses activités, le nombre de permis
dont il a autorisé le renouvellement en vertu du présent
article.» Et fin de l'amendement. C'est bien compris? Est-ce
adopté?
Des voix: Adopté.
La langue du commerce et des affaires
Le Président (M. Doyon): L'article 15, maintenant. J'en
fais la lecture: L'article 53 de cette Charte est modifié par le
remplacement, dans la première ligne, des mots «L'Office de la
langue française» par les mots «Le gouvernement». Fin
de l'article 15. M. le ministre.
M. Ryan: On avait un amendement 14.1, M. le Président. Je
ne sais pas si vous l'avez noté.
Le Président (M. Doyon): Ah! Vous aviez un amendement,
oui. Alors, 14.1. On revient à 14.1, plutôt. J'en fais la lecture.
Insérer, après l'article 14, l'article suivant: 14.1 L'article 52
de cette Charte est modifié par l'insertion, dans la première
ligne et après le mot «dépliants», de ce qui suit:
«, les annuaires commerciaux». Fin de l'amendement proposé.
M. le ministre, sur cet amendement en particulier, sur 14.1. M. le
ministre.
M. Ryan: Ça, c'est une modification qui répond en
particulier au cas de l'annuaire, le bottin téléphonique dont
nous avons déjà parlé, le bottin des pages jaunes. Il
avait été compris pendant un certain nombre d'années que
ce genre de publication tombait sous le coup de l'article 58. Il a
été compris par la suite qu'il devait plutôt tomber dans le
champ de l'article 52. Mais, comme il n'y a pas de mention explicite, nous
avons jugé qu'il serait bon de clarifier cette situation qui a
donné lieu à des complications sérieuses. À la
suite de la modification que nous proposons, les annuaires commerciaux seraient
ajoutés aux catalogues, brochures, dépliants et autres
publications de même nature, ce qui veut dire qu'ils seraient soumis
à l'obligation d'être publiés, rédigés en
français, et sans que soit exclu l'usage d'une autre langue. (17 h
40)
M. Brassard: Mais...
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: ...quand vous dites qu'il y a eu des contestations
ou des litiges à ce sujet-là, vous faites référence
à quoi? Est-ce que ça s'est retrouvé devant les tribunaux
ou...
M. Ryan: Ça n'a pas été jusque devant les
tribunaux mais ça a donné lieu à des transactions qui ont
duré longtemps et qui ont abouti à une solution
particulière.
M. Brassard: Entre l'Office et certains...
M. Ryan: Oui. Si vous êtes intéressé à
ce qu'on ait quelques explications supplémentaires, peut-être que
le président de l'Office pourrait les fournir.
Le Président (M. Doyon): M. Rondeau, si vous voulez bien
vous approcher, s'il vous plaît.
M. Rondeau: Alors, M. le Président, c'est le dossier de
Télé-Direct, pour parler concrètement, et
l'interprétation qui avait été donnée depuis
l'adoption de la Charte, et qui s'est traduite, d'ailleurs, dans le programme
de francisation de Télé-Direct, c'était de
considérer que cette forme de publicité relevait plutôt de
l'article 58. Il faut se rappeler qu'il y a eu des modifications, en 1988,
à l'article 58, et, à partir de ce moment-là,
l'interprétation donnée à la fois à l'Office et
à la Justice, c'était à l'effet qu'il faudrait
plutôt considérer les annuaires commerciaux sous l'angle de
l'article 52 et non 58. Mais, entre-temps, évidemment,
Télé-Direct avait développé des pratiques
commerciales avec ses clients depuis le tout début. Et ce qui est venu
dans les médias, c'était notamment des demandes de
commerçants anglophones qui regrettaient de devoir payer une double
publicité pour mettre leur annonce à la fois dans la partie
française et la partie anglaise. Le sens de l'article: en mettant
«annuaires commerciaux» dans l'article 52, pour dire les choses
simplement, ça ne répond pas à la demande des
commerçants. Ils vont devoir continuer à faire leur
publicité à la fois en français et en anglais, mais, pour
Télé-Direct, ça rend les choses plus claires quant au
fondement législatif à partir duquel ils peuvent appuyer leur
pratique.
Mme Blackburn: Ça peut éviter la contestation, et
de voir la clientèle glisser ailleurs.
M. Rondeau: Je ne sais pas si ça peut éviter la
contestation, mais, en tout cas, ça rend la relation entre l'Office et
Télé-Direct ou d'autres organismes qui auraient ce genre de
publicité, ça rend les choses plus claires, pensons-nous.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Donc, cet article est
adopté.
M. Cameron: Sur division.
Le Président (M. Doyon): Sur division?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Vous vous relayez. Vous vous relayez. Une voix:
C'est de la collaboration.
Mme Blackburn: C'est ça. C'est parce qu'il ne faut
pas...
Le Président (M. Doyon): Alors, l'article 15,
maintenant.
Une voix: Je n'ai pas d'alliance.
Le Président (M. Doyon): On m'exemptera d'en faire lecture
à nouveau.
Une voix: On en prend note. Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): M. le ministre, sur l'article
15.
M. Ryan: L'article 15, là, nous renvoie...
Mme Blackburn: L'article 14...
M. Ryan: L'article 14 est fini depuis longtemps.
Le Président (M. Doyon): L'article 14, on l'a
adopté. L'article 14 a été adopté, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui. On a voté contre.
Mme Blackburn: Oui, on a inversé le vote, je pense.
C'est-à-dire, on a eu le même vote. Ça va. On va trop
vite.
Le Président (M. Doyon): Alors, sur 15, M. le ministre,
nous vous écoutons.
M. Ryan: L'article 53 de la Charte se lit présentement
comme suit: «L'Office de la langue française peut, par
règlement, prévoir, suivant les conditions qu'il fixe, des
dérogations à l'article 51 ou à l'article 52.» Et
les mots «L'Office de la langue française» sont
remplacés, en vertu de l'article 15 du projet de loi, par les mots
«Le gouvernement», et ce, en conformité avec de nombreux
articles déjà adoptés.
M. Brassard: Les règlements adoptés par l'Office
vont prévaloir jusqu'à modification par le gouvernement.
M. Ryan: C'est ça. Il y a une disposition, là, vers
la fin du projet de loi, qui nous indique clairement que tous les
règlements existants l'article 63 de l'Office de la langue
française en vigueur à l'entrée en vigueur du
présent article «sont réputés être des
règlements du gouvernement adoptés en vertu de la Charte de la
langue française, dans la mesure où ils demeurent
habilités en vertu de cette Charte telle que modifiée par la
présente loi.»
Le Président (M. Doyon): On m'indique, M. le
ministre...
Mme Blackburn: Un projet d'amendement.
Le Président (M. Doyon): Je regrette de vous interrompre,
mais, étant donné qu'on me dit qu'il y a un amendement sur 15, on
devrait peut-être commencer par l'amendement avant de passer à
l'article proprement dit.
Mme Blackburn: Oui, en fait, c'est: L'article 15 du projet de loi
86, Loi modifiant la Charte de la langue française, est modifié
par l'ajout, dans la troisième ligne et après le mot
«gouvernement», des mots «après consultation de
l'Office».
Le Président (M. Doyon): L'amendement est
déclaré recevable.
Mme Blackburn: II faut savoir. Quand on parle des
règlements, le gouvernement peut penser que, dans certaines
matières, il peut procéder sans consultation. Mais on pense que,
dans d'autres matières, il pourrait peut-être changer d'avis
éventuellement et penser que l'avis de l'Office pourrait être un
précieux concours lorsqu'il s'agit, soit d'adopter, soit de modifier un
règlement. C'est dans le chapitre sur la langue du commerce et des
affaires. Ce n'est pas simple à gérer, ce n'est pas simple
à administrer, ça soulève les débats qu'on
connaît. Et on pense que, là, en cette matière, le ministre
pourrait se laisser convaincre qu'avant de procéder il serait plus
prudent de consulter obligatoirement l'Office. Même s'il n'accepte pas
dans d'autres dispositions, on pense que, sous ce chapitre, il devrait pouvoir
le faire. C'est une question de prudence.
Également, c'est que, lorsqu'il y a une consultation de l'Office,
que l'Office se dit d'accord, j'imagine que c'est plus facile de passer un
règlement sans
soulever trop de vagues. Puis le ministre ne prend pas trop de chances
et de risques avec une telle obligation puisque, généralement, il
a su, à certaines occasions plutôt difficiles de l'Office, mettre
l'Office au pas. Alors, j'imagine que ça ne devrait pas trop
l'inquiéter qu'il soit consulté.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre,
là-dessus.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais entendre la
répétition de la dernière phrase? De «mettre
l'Office au pas»; je n'ai pas compris.
Mme Blackburn: Je dis que ça ne devrait pas
l'inquiéter d'avoir une obligation de consulter l'Office sur un projet
de règlement parce que, de toute façon, il a su, dans certaines
situations, influencer les décisions de l'Office; et l'Office
était plus ou moins en tutelle, au moins dans le cas de Rosemère.
C'est ce que je disais, et que je répète. Alors, je me dis que,
compte tenu de l'influence qu'il exerce sur l'Office, ça ne devrait pas
être trop dérangeant de le consulter avant d'adopter des
règlements au chapitre de la langue du commerce et des affaires. Je le
rappelle, parce que le ministre n'écoutait pas tout à l'heure; il
était en train d'échanger, certainement pour de bonnes raisons,
avec ses conseillers. Mais, ce que je dis, c'est une question sensible, il le
sait...
Une voix: ...au Conseil des ministres. M. Ryan: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): M. le député, on
savait tous ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: II n'y avait que la députée de
Chicoutimi, semble-t-il... C'est ça. Mais, s'il n'est pas conseiller,
c'est un fidèle allié, en matière constitutionnelle
surtout.
M. Gautrin: En toute matière, madame.
Mme Blackburn: Donc, au chapitre de la langue du commerce et des
affaires, c'est sensible, c'est délicat. On dit: Pourquoi est-ce que le
ministre et les prochains gouvernements ne se créeraient pas
l'obligation, pour éviter de perturber inutilement le climat social, de
consulter l'Office sur les projets de règlement?
Le ministre m'a dit non de façon générale.
Peut-être que, là-dessus, il va céder. On pense, 4es fois,
que ça prend... La pédagogie, c'est l'art de
répéter. Peut-être que d'ici quelques chapitres il va
comprendre l'utilité.
M. Ryan: M. le Président, je maintiens les
considérations dont j'ai déjà fait part à la
commission. Ceci nous ramène à une question maintes fois
discutée et résolue dans le sens contraire par cette
commission.
Mme Blackburn: Vraiment, pas smatte! M. Ryan:
Refusé.
Le Président (M. Doyon): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur cet amendement?
M. Ryan: Je voudrais l'être. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): Est-ce qu'on est prêts
à passer au vote?
Mme Blackburn: Oui. Il n'y a personne qui appuie son projet de
loi à peu près dans tout le Québec, sauf,
évidemment, et avec raison et je pense que, là-dessus, il
faut respecter leur avis quelques membres de la communauté
anglophone, quelques représentants. Pour le reste, moi, je cherche
encore les appuis de ce gouvernement-là. Il n'y en a pas. Ce n'est pas
moi, ici, qui vais le faire changer d'avis, mais il ne sera pas dit qu'on
n'aura pas essayé.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée, sur
l'amendement que vous proposez, que ceux qui sont en faveur de cet amendement
proposé par vous veuillent bien me l'indiquer. Vous-même, Mme la
députée?
Mme Blackburn: Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou?
M. Bélanger (Anjou): Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Évidemment, pour.
Le Président (M. Doyon): D'autres membres sont-ils pour?
Que ceux qui sont contre... M. le ministre?
M. Ryan: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Charlevoix?
M. Bradet: Contre.
Le Président (M. Doyen): M. le député de
Richelieu?
M. Khelfa: Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Saint-Hyacinthe?
Une voix: Aïe! Pierre, voyons! Voyons! M. Messier:
Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Saint-Hyacinthe, je ne vous ai pas entendu.
M. Messier: Parce que vous parliez, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Non, non, je ne parlais pas. Je
regrette, non, je ne parlais pas.
Une voix: II pensait tout haut.
Le Président (M. Doyon): Non, je ne pensais même pas
haut. Votre réponse, c'est quoi, à l'appel?
M. Messier: Contre. (17 h 50)
Le Président (M. Doyon): Contre. Bon.
M. Cameron: Contre.
Le Président (M. Doyon): Contre, M. le
député de Jacques-Cartier. Abstention de la part de la
présidence. le secrétaire: pour: 3 contre: 6
Abstentions: 1
Le Président (M. Doyon): L'amendement est rejeté.
Nous revenons à l'article 15. L'article 15, adopté sur
division.
L'article 16, dont je fais lecture. Est-ce qu'on a des amendements
là-dessus, de la part du ministre, M. le secrétaire? Est-ce que
vous avez des amendements à proposer, Mme la députée? De
toute façon, je fais lecture de l'article 16:
L'article 54 de cette Charte est modifié par le remplacement,
dans les première et deuxième lignes, des mots «de l'Office
de la langue française» par les mots «du
gouvernement».
C'est la fin de l'article. Est-ce qu'il y a des amendements sur
l'article 16?
M. Bélanger (Anjou): Oui.
Le Président (M. Doyon): Un amendement?
M. Bélanger (Anjou): Oui, un amendement qui va dans le
même sens que l'amendement précédent. Alors, vous
comprendrez, je ne ferai pas un long débat dessus; tout simplement pour
le soumettre à cette commission. Cet amendement se lirait ainsi:
L'article 16 du projet de loi 86, Loi modifiant la Charte de la langue
française, est modifié par l'ajout, à la fin, après
le mot «gouvernement», des mots «édicté
après consultation de l'Office de la langue française».
Alors, c'est dans le même sens que l'amendement
précédent. Nous pensons que c'est important, à ce
moment-là, qu'il y ait consultation avec l'Office de la langue
française.
Le Président (M. Doyon): La première chose à
faire, c'est que je considère cet amendement re-cevable. Alors,
maintenant, sur le fond, si vous voulez bien y aller. Alors, aucune autre
intervention? Que ceux qui sont en faveur de l'amendement proposé par M.
le député d'Anjou à l'effet d'ajouter, après le mot
«gouvernement», à l'article 16, les mots
«édicté après consultation de l'Office de la langue
française», que ceux en faveur de cet amendement veuillent bien me
l'indiquer. Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Pour.
Le Président (M. Doyon): Le député
d'Anjou?
M. Bélanger (Anjou): Pour.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Pour.
Le Président (M, Doyon): D'autres personnes sont pour? Que
ceux qui sont contre cet amendement veuillent bien me l'indiquer. M. le
ministre?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Charlevoix?
M. Bradet: Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Saint-Hyacinthe?
M. Messier: Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Jacques... M. le député de Richelieu?
M. Khelfa: Contre.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Quand on n'est pas à la
table, on risque de passer en dessous.
M. Khelfa: Moi, je suis à la table, l'extension de la
table.
Le Président (M. Doyon): Ha, ha, ha! L'extension de la
table. Donc, le député de Richelieu est contre. M. le
député de Jacques-Cartier, vous êtes contre aussi?
M. Cameron: Oui.
Le Président (M. Doyon): Alors, abstention de la part de
la présidence.
Le Secrétaire: pour: 3 contre: 6
Abstentions: 1
Le Président (M. Doyon): L'amendement est rejeté.
Nous arrivons à l'article 16. Sur cet article proprement dit, M. le
ministre, avez-vous quelque chose à nous dire?
M. Ryan: Le 17?
Le Président (M. Doyon): Non, 16 n'a pas été
voté. Nous venons de... Alors, l'article 16 est adopté sur
division.
Article 17. Il y a un amendement à l'article 17, un amendement
proposé par M. le ministre. Il s'agit d'insérer, dans la
première ligne du troisième alinéa de l'article 58
proposé par l'article 17 et avant le mots «les», ce qui
suit: «les lieux,». Fin de l'amendement. Sur l'amendement, M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je constate qu'il est 17 h
55.
Le Président (M. Doyon): Oui.
M. Ryan: Cet article introduit un des éléments les
plus importants du projet de loi et, avec le consentement des membres de la
commission, je suggérerais que nous entreprenions l'examen de cet
article à compter de 20 heures.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la
députée.
Mme Blackburn: II pourrait y avoir consentement si le ministre
consent à déposer tout de suite le projet de
règlement.
M. Ryan: Non, je le déposerai ce soir, à 20
heures.
M. Bélanger (Anjou): Je ne comprends pas pourquoi. Je
pense que ça faciliterait les travaux de la commission d'avoir ces
projets de règlement. Ça nous permetterait, pendant l'heure du
souper, de les étudier, de les regarder. Là, je ne comprends pas
pourquoi le ministre ne montre pas sa...
M. Ryan: Non, je veux avoir une chance de les expliquer en
même temps. Je veux avoir la chance raisonnable de les expliquer en
même temps que je les déposerai, et 20 heures se prêtera
mieux à cet exercice que l'heure actuelle. Déjà, nous
accomplissons beaucoup, nous tenons les engagements...
Mme Blackburn: Parce qu'il y a des chances qu'on les lise
mal.
M. Brassard: Est-ce que le leader du gouvernement va poser un
geste regrettable, regrettable ou déplorable, avant que vous ne
procédiez au dépôt?
M. Ryan: Je n'en ai aucune indication. Et, selon les pouvoirs que
vous m'attribuez, je serais normalement informé. Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Ce que j'ai dit, c'est ça. C'est ce qu'on
avait compris.
Le Président (M. Doyon): Est-ce qu'on est d'accord pour
suspendre jusqu'à 20 heures?
M. Brassard: Ça me rassure un peu, parce que c'est
évident que, si le premier ministre de facto nous garantit que le leader
du gouvernement ne procédera pas...
M. Ryan: Mais, cependant, M. le Président, j'ai senti,
dans la question du député de Lac-Saint-Jean, une certaine
latitude que je n'ai pas trop de mal à comprendre. .. une certaine
lassitude...
M. Brassard: Non, non, non, non, non, au contraire.
M. Ryan: ...que je n'ai pas trop de mal à comprendre. Je
comprends très bien qu'il ait été habité par ces
pensées.
M. Brassard: Au contraire, je suis extrêmement
intéressé, M. le Président. D'ailleurs, j'ai
été très assidu depuis le début de l'étude
détaillée. Ça m'intéresse beaucoup.
M. Ryan: Oui. Nous n'avons aucune critique à faire sur la
contribution du député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Bon. Alors, je ne suis pas las. Je ne suis pas las
du tout. Il n'y a pas de lassitude.
Le Président (M. Doyon): Nous allons suspendre nos travaux
et nous allons le faire étant entendu que nous allons commencer par
l'amendement proposé par M. le ministre. Et, si M. le ministre a des
documents à déposer, on pourra le faire à ce
moment-là. Suspension jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise à 20 h 19)
Le Président (M. Doyon): La commission de la culture
reprend ses travaux. Nous en étions à l'étude de l'article
17 et, sur l'article 17, M. le ministre nous a annoncé un certain nombre
de choses. Mais, avant qu'il ne le fasse, nous avions été saisis
d'un amendement de sa part qui visait à remplacer dans l'article 17,
dans la première ligne du troisième alinéa de l'article 58
qui était proposé par l'article 17 justement, le mot
«les» par les mots «les lieux,». S'il y a consentement
de la commission, compte tenu de ce pourquoi nous sommes en attente de la part
du ministre, on peut mettre cet amendement-là en suspens, M. le
ministre, si vous le souhaitez, mais on peui en disposer aussi, comme vous
voudrez. Je suis au service de la commission. On peut commencer dès le
dépôt des règlements, si vous ne voyez pas
d'inconvénients. (20 h 20)
Dépôt de l'avant-projet de
règlement sur la langue du commerce et des affaires
Alors, donc, on va garder notre amendement à l'article 17 en
suspens pour le moment. Nous allons procéder au dépôt et
à la distribution du projet de règlement, tel qu'annoncé
précédemment par M. le ministre, et je demande à M. le
secrétaire de bien vouloir en faire la distribution. Je pense qu'il y a
des gens ici dans la salle qui sont peut-être désireux d'en avoir
des copies. Il n'y a pas d'objection, il y en a des copies qui ont
été faites de façon à ce que vous puissiez les
avoir en votre possession. Je demanderais à ceux qui peuvent le faire,
d'en remettre à ceux qui sont intéressés.
Maintenant que la distribution a été faite, je suis
prêt à écouter M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, la Charte de la langue
française comprend un chapitre septième intitulé:
«La langue du commerce et des affaires», dans lequel on trouve les
articles qui vont de 51 jusqu'à 71. Ce chapitre traite essentiellement
de 3 sujets principaux: la langue des inscriptions sur les produits;
deuxièmement, la langue des catalogues, des brochures, des
dépliants et autres publications de même nature; et, en
troisième lieu, la langue de l'affichage public et de la
publicité commerciale. Pour chacune de ces trois grandes
catégories d'objets, la Charte prévoit la possibilité de
règlements permettant d'établir des dérogations à
l'un ou l'autre article.
Le législateur avait prévu des modifications furent
faites à quelques reprises depuis l'adoption de la Charte en 1977
la probabilité de cas qui ne pourraient pas se prêter à une
application littérale de la Charte. Et, en conséquence, il avait
prévu que l'Office ou le gouvernement, selon les cas, pourrait, par
règlement, prévoir des situations où des
dérogations j'emploie l'expression à dessein
seraient autorisées.
Il existe déjà, dans le recueil des règlements
relatifs à la Charte, un règlement qui traite
précisément de la langue du commerce et des affaires. Ce
règlement existe depuis plusieurs années, au moins une dizaine
d'années, parce qu'il existait lorsque nous sommes arrivés au
pouvoir en 1985. Il a été modifié en juillet 1989,
à la suite, oui... Non, ce n'est pas celui-là. Ça, c'est
celui sur la prédominance. On en a déjà parlé. En
tout cas, celui-là existe depuis avant l'arrivée du gouvernement
actuel au pouvoir, c'est-à-dire depuis bien avant...
Une voix: ...
M. Ryan: Non, le règlement sur la langue du commerce et
des affaires. C'est dans cette brochure-ci. Alors, il y a déjà un
règlement qui existe. Et le projet de règlement, que je vais
porter à la connaissance des membres de la commission parlementaire ce
soir, apporte un certain nombre de modifications au règlement existant.
Ça, il faut s'entendre bien clairement. Nous apportons un certain nombre
de modifications au règlement existant.
Maintenant, avant de préciser la nature de ces modifications, je
voudrais apporter 2 éléments d'information très
importants. Le règlement actuel existe depuis 1979. Il a
été question, à plusieurs reprises, d'y apporter des
modifications. Le premier projet majeur de modification fut mis de l'avant par
celui qui était responsable de l'application de la Charte sous le
gouvernement du Parti québécois, vers la deuxième partie
du séjour du Parti québécois au pouvoir, le
député de Mercier, M. Gérald Godin.
Le gouvernement de l'époque avait même fait publier, dans
la Gazette officielle du Québec, en juin ou juillet 1985
juillet 1985 un nouveau projet de règlement dont nous mettrons
des copies à la disposition des membres ce soir. Je pense que si vous
voulez les faire distribuer, M. le Président, ce sera très
utile.
Le Président (M. Doyon): ...
M. Ryan: Et peut-être qu'il y aurait lieu d'en faire tirer
des copies pour les représentants de la presse qui sont ici. Je ne sais
pas si M. Grenon est ici?
Le Président (M. Doyon): Pour les membres de la
commission...
M. Ryan: Ceci est important. Puis, plus tard, ce règlement
n'a pas pu être confirmé par le gouvernement. Il avait fait
l'objet d'une publication dans la Gazette officielle du Québec en
juillet 1985, mais il ne fut pas proclamé par le gouvernement. Et,
à l'automne de la même année, on se souvient tous des
événements qui se produisirent au début de décembre
le 2 décembre, si mes souvenirs sont bons. Il y avait un balayage
à travers le Québec et le Parti québécois
était chassé du pouvoir et remplacé par le Parti
libéral et nous héritâmes de ce dossier non
terminé.
Le Président (M. Doyon): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Ryan: Ensuite, les ministres qui se sont succédé
à cette responsabilité, je pense, en particulier, à la
députée de Chomedey, vice-première ministre et ministre
actuelle de l'Énergie et des Ressources, le ministre
délégué à la Fancophonie internationale, le
député de Rosemont, ont oeuvré sur toutes sortes de textes
qui étaient en circulation à ce moment-là et
étaient prêts à proposer des modifications aux
règlements, mais ils en furent empêchés par le cheminement
du dossier relatif à la constitutionnalité des dispositions
relatives à l'affichage. Ce dossier avait été porté
devant les tribunaux. Il a subi différentes étapes et, lorsqu'est
arrivé le jugement de la Cour suprême, en décembre 1988, ce
n'était pas le temps d'agir sur ces règlements. Il fallait
plutôt aviser à une solution aux problèmes immédiats
qui avaient surgi.
Ensuite, en 1991, l'Office de la langue française s'est remis au
travail sur le projet de modification aux règlements et m'a soumis un
projet de nouveaux règlements. J'avais, à l'époque,
sollicité l'avis du Conseil de la langue française. Celui-ci
avait déconseillé, à l'époque, l'adoption du projet
parce que, déjà, d'autres questions avaient pris
l'avant-scène et, déjà, il était question de
modifications à la Charte de la langue française je
l'avais laissé entrevoir, moi-même, à l'occasion du dossier
de Rosemère. Et l'échéance qui devait marquer l'expiration
de la période de 5 ans prévue pour l'application de la clause
dérogatoire invoquée par le gouvernement en décembre 1988
se faisait plus prochaine. Il fut décidé de prendre tout ce
problème-là ensemble, au lieu d'attendre et de toujours chercher
à régler par petits morceaux particuliers. C'est ce qui explique
l'approche plus large qu'a épousée le gouvernement dans son
projet de loi. L'Opposition aurait voulu nous réduire à ne
traiter strictement, étroitement, que d'affichage. Mais il y avait
beaucoup d'autres questions qui avaient mûri, en cours de route. Et il
nous est apparu qu'au terme de cette période il serait normal que nous
faisions également progresser le dossier sur tous les fronts où
c'était possible.
Nous avons déjà déposé 2 projets de
règlement, 2 avant-projets de règlement que nous avons soumis
à la discussion des membres de la commission et de nos concitoyens. Nous
déposons, ce soir, un troisième projet, le projet de
règlement sur la langue du commerce et des affaires. Celui-ci est
attendu avec un intérêt spécial parce qu'on se dit: C'est
peut-être ici qu'on va enfin trouver la brèche que l'on cherche
depuis le début dans la programmation gouvernementale. On cherche, avec
une curiosité très avide, les points faibles qu'il y aurait, dans
ce projet de loi là. On n'a pas réussi à les identifier
jusqu'à maintenant parce que, tout ce qu'on a offert comme commentaires,
ce sont des suppositions fondées sur des frayeurs qu'on peut comprendre,
mais qui sont absolument indémontrables et non démontrées.
(20 h 30)
Dans ce projet sur la langue du commerce et des affaires, je
procéderai brièvement à la présentation, M. le
Président, quitte à solliciter tantôt peut-être une
brève période de répit afin de pouvoir répondre aux
questions que les membres de la presse voudront sans doute m'adresser.
Il y a 3 sections. Je les prends une après l'autre. Il y a
d'abord la section qui traite des inscriptions sur les produits. De
manière générale, dans cette section, on va comprendre
pourquoi nous avons mis dans la loi, à un moment donné, à
propos de l'affichage, certaines affiches pouvant être affichées
uniquement dans l'autre langue. Il y en a qui sont partis en peur puis qui ont
dit: C'est effrayant, tout le bateau va s'écrouler. Ce n'est pas le cas
du tout.
En matière d'inscription, nous prévoyons plusieurs cas
où l'inscription pourrait être inscrite sur un produit uniquement
dans une langue autre que la langue officielle. Ces cas, par exemple,
embrassent les produits culturels, les livres, les messages relatifs à
des films ou à des oeuvres culturelles, par exemple, les inscriptions
qui peuvent être portées sur l'emballage de produits alimentaires
périssables provenant de l'extérieur du Québec, les
inscriptions qui peuvent être fixées sur des produits
destinés à l'exportation, etc. Il y en a toute une série
qui sont mentionnées ici, mais j'ajoute tout de suite une
précision: la plupart de ces exceptions sont déjà
présentes dans le règlement actuel et celles qui sont nouvelles
étaient prévues soit dans le projet de règlement de M.
Godin, soit dans le projet de règlement de l'Office de la langue
française.
En ce qui touche les inscriptions, en conséquence, il n'y a pas
vraiment de nouveaux sentiers qui sont ouverts ici. Toutes les personnes qui
sont le moindrement informées du travail accompli dans le passé,
et tout ça a déjà été rendu public, le
projet Godin, le projet de l'Office de la langue française
également... Par conséquent, ici, nous codifions de
manière peut-être un petit peu plus claire, nous apportons une
précision ici ou là, mais, de manière très
générale, nous suivons de très près
l'économie des modifications ou des ajustements proposés
antérieurement, soit par le ministre Godin, soit par l'Office de la
langue française.
Et je puis affirmer sans crainte d'être contredit que, dans
l'ensemble de ce règlement, 90 % de la matière est en parfaite
harmonie avec les dispositions du projet Godin. Puis un peu plus,
peut-être 95 % en parfaite harmonie avec les dispositions du projet
soumis par
l'Office de la langue française, sauf les questions relatives
à l'affichage qui, évidemment, devront être définies
en conformité avec le projet de loi 86. Alors, pour les inscriptions, M.
le Président, je n'ai pas d'autres commentaires à faire pour
l'instant.
Le deuxième sujet porte sur les dérogations à
l'article 52, lequel traite des catalogues, des brochures, des dépliants
et autres publications de même nature. Là, nous réglons
différents cas. Il y avait le cas du fameux annuaire des pages jaunes.
Il avait été résolu jusqu'à maintenant, de
manière à obliger l'entreprise éditrice à publier
distinctement une édition française et, ensuite, une
édition anglaise... Mais on s'est aperçu que c'était une
interprétation abusive de la loi comme elle existe actuellement. Et,
dans le projet de règlement, nous prévoyons qu'une publication
pourrait être faite en 2 éditions distinctes, mais il n'y a pas
d'obligation de ce côté-là. Si un éditeur veut
publier un message dans lequel il y aura des textes français et des
textes dans une autre langue, il pourra le faire, puis, déjà, la
loi actuelle lui permet de le faire suivant toutes les interprétations
autorisées qui en ont été données.
Les catalogues, brochures, dépliants, annuaires et autres
publications de même nature concernant un produit culturel ou
éducatif, un spectacle, un récital, un discours, une
conférence, un cours, une émission de radio, de
télévision ou faisant la promotion d'un organe d'information
pourront être rédigés uniquement dans une autre langue que
le français si, selon le cas, le contenu culturel ou l'activité
se déroule dans cette autre langue ou si l'organe d'information diffuse
dans cette autre langue. Les catalogues, brochures, dépliants relatifs
à un congrès, un colloque, une foire ou une exposition
destinés uniquement à un public spécialisé ou
restreint pourront être rédigés uniquement dans une langue
autre que le français. Dans des catalogues, brochures, dépliants,
annuaires commerciaux et toute autre publication de même nature pourront
être rédigés uniquement dans une autre langue que le
français: la raison sociale d'une entreprise établie
exclusivement hors du Québec, une appellation d'origine, la
dénomination d'un produit exotique ou d'une spécialité
étrangère, un toponyme, un patronyme, un prénom ou nom de
personnage, une marque de commerce reconnue au sens de la loi des marques de
commerce, à condition, dans ce dernier cas, qu'une version
française en ait été déposée. Voilà.
Ça, ça traite de toute la section relative aux catalogues, aux
annuaires. Il y a bien des clarifications qui sont apportées, une plus
grande souplesse, mais déjà cette souplesse était
prévue dans les projets de modification antérieurement soumis,
tantôt par l'ancien ministre Gérald Godin, tantôt par
l'Office de la langue française.
En ce qui touche la troisième section maintenant, l'affichage
public et la publicité commerciale, l'article 15 prévoit que la
publicité commerciale d'une entreprise, présentée sur des
panneaux-réclame, affiches ou tout autre support d'une superficie
minimale devant être déterminée ultérieurement et
visible de tout chemin public au sens de l'article 4 du Code de la
sécurité routière, devra être faite uniquement en
français, à moins que cette publicité ne soit
située sur les lieux mêmes des établissements de cette
entreprise. On prévoit également ce qui est
déjà dans la loi 178 que la publicité commerciale
d'une entreprise devra être faite uniquement en français dans tout
moyen de transport public. Là, on ajoute: dans ses accès et dans
les abribus.
On prévoit plus loin que l'affichage public sur ou dans un
véhicule servant régulièrement au transport de voyageurs
ou de marchandises à la fois au Québec et hors du Québec
pourra être fait à la fois en français et dans une autre
langue, pourvu que le français figure de façon au moins aussi
évidente. L'affichage relatif à la santé ou à la
sécurité publique pourra se faire à la fois en
français et dans une autre langue pourvu que le français y figure
de façon au moins aussi évidente. L'affichage public d'un
musée, d'un jardin botanique ou zoologique, d'une exposition culturelle
ou scientifique pourra être fait à la fois en français et
dans une autre langue, pourvu que le français y figure de façon
au moins aussi évidente. L'affichage public relatif à un
événement destiné à un public international ou
à un événement dont les participants viennent en
majorité de l'extérieur du Québec pourra se faire,
lorsqu'il est relié directement à la nature et au but de
l'événement, à la fois en français et dans une
autre langue, pourvu que le français figure de manière au moins
aussi évidente.
Encore ici, si on relit le projet Godin, toutes ces dispositions
étaient déjà comprises dans le projet Godin. On pourrait
facilement faire des gorges chaudes à l'heure actuelle en extrayant un
article particulier de son contexte et en disant: Ça y est, nouveau
glissement, nouveau déraillement, nouvelle érosion de la
pureté de la Charte. Mais, quand vous situez ça dans le contexte
concret d'où ça vient, on s'aperçoit que toutes les
personnes de bon sens qui se sont penchées sur ces questions, qui ont eu
l'occasion de les approfondir sérieusement en étant un petit peu
impliquées dans l'application de la Charte en sont venues à des
conclusions semblables à celles que nous présentons dans le
projet de règlement. Et tous ces documents sont publics. Je pense qu'on
pourra les examiner à loisir et nous faire part de toutes les
réserves que l'on voudra nous communiquer.
De même, l'affichage public et la publicité commerciale
d'un produit culturel ou éducatif qui ne serait qu'en langue anglaise ou
dans une autre langue pourrait être fait uniquement dans cette langue,
pour des raisons qui relèvent du sens commun. L'affichage public par une
personne physique à des fins non professionnelles ou non commerciales
pourra être fait dans la langue de son choix. Si elle est chez elle, sur
sa propriété, la personne pourra faire de l'affichage dans la
langue de son choix. Ce n'est l'affaire ni du gouvernement ni des censeurs de
la langue. L'affichage public du mode d'utilisation d'un appareil
installé en permanence dans un lieu public... Je pense à une
loterie vidéo ou des appareils de nettoyage automatique ou de service
automatique de timbres, etc. Tous ces appareils installés en permanence
pourront avoir un affichage en français et
dans une autre langue, pourvu que le français y figure de
façon nettement aussi évidente. Encore là, on avait la
même chose dans le projet de règlement de M. Godin. C'est toutes
des choses qui étaient dans le règlement de M. Godin. (20 h
40)
Un affichage relatif à un congrès, un colloque, une foire
ou une exposition destinés uniquement à un public
spécialisé ou restreint, même chose. Il pourrait être
fait dans une autre langue à condition que le français... Il
pourrait être fait uniquement dans une autre langue que le
français, dans ce cas-ci. Il peut arriver que ce soit un congrès
de scientifiques qui sont tous d'une langue étrangère. S'ils
veulent venir se réunir ici, ils ne sont pas obligés de passer
par cette disposition-là et même le projet Godin traitait
également de cette question dans le même sens que le projet de
règlement actuel. Pardon?
Une voix: Même affaire.
M. Ryan: Même chose. Alors, M. le Président, j'en
suis rendu au terme de la présentation de ce projet de règlement.
Comme on pourra le constater, sauf les dispositions relatives à
l'affichage, qui sont nettement dérivées en ligne directe du
projet de loi 86, pour des raisons que tout le monde saisira, l'ensemble des
dispositions de cet avant-projet que nous communiquons aujourd'hui se situe
dans la continuité des préoccupations des ministres qui se sont
succédé à la responsabilité de l'application de la
Charte de la langue française. Il comporte des ouvertures
appréciables. Il n'y a pas de changements radicaux, pas de trahison, pas
de démission, seulement des adaptations de bon aloi à une
réalité que nous avons le devoir de percevoir, de comprendre dans
sa vérité propre, dans sa vérité objective, et non
pas d'essayer à tout prix de modeler sur nos propres conceptions des
choses.
Je communique cet avant-projet pour qu'il donne lieu à des
réactions, autant de la part des députés que de la part de
nos concitoyens de tous les milieux. Le gouvernement ne sera pas invité
à procéder à l'adoption de cet avant-projet de
règlement avant la fin de l'été. Il n'est pas question que
je fasse des propositions au gouvernement à ce sujet avant un stade
avancé de l'été. Par conséquent, tous ceux, toutes
celles qui voudront se pencher sur le projet de règlement et soumettre
des observations sont assurés que leurs représentations seront
l'objet d'une étude attentive et respectueuse.
Je souhaite vivement que l'on voie le lien très important entre
cet avant-projet de règlement et tous les articles de la Charte qui sont
compris au chapitre VII, c'est-à-dire les articles qui vont de 51
à 71. Je pense que ça règle une grosse partie du
problème auquel nous étions affrontés. Si cet avant-projet
de règlement peut voir le jour, avec les autres que nous avons
déjà communiqués à la connaissance de la commission
et d'autres qui viendront s'ajouter un peu plus tard, je pense que nous serons
fort avancés sur la route de l'aggiornamento, c'est-à-dire de la
mise à jour honnête et réaliste de la Charte.
Je rappelle les règlements. Le premier que j'ai
déposé, il y a une semaine, traitait de la langue de
l'administration, c'est-à-dire des organismes publics, le gouvernement,
les ministères, les sociétés d'État, les
municipalités, les commissions scolaires, les collèges aussi. Le
deuxième traitait du concept de nette prédominance, de
l'application de la règle de la nette prédominance. Nous ajoutons
ce soir le règlement sur la langue du commerce et des affaires. Je crois
qu'on aura... Ceux qui pensaient que le gouvernement n'avait pas soigneusement
examiné tous les aspects de cet exercice d'aggiornamento pourront
constater, à tout le moins, que nous avons fait un effort consciencieux,
que la meilleure contribution que chacun et chacune puisse apporter, c'est de
répondre à cet effort en examinant loyalement et objectivement
les textes, et en essayant de les améliorer avec nous. Nous sommes
toujours disponibles à cette fin. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Avant de faire une lecture plus approfondie,
quelques questions. Ensuite, nous demanderions un ajournement, pas un
ajournement, mais de suspendre, pendant au moins...
Une voix: Une demi-heure, une heure.
Mme Blackburn: ...trois quarts d'heure, sûrement, le temps
de faire la lecture du projet, mais pour en faire une lecture plus conforme
à la présentation que le ministre a voulu faire. Dans l'affichage
public de la publicité commerciale, je ne vois nulle part la
règle de la prédominance. Est-ce qu'elle a été
abandonnée?
M. Ryan: Non, non. Elle est dans la loi. Elle est dans la loi,
par conséquent, ce n'est pas nécessaire de la
répéter explicitement dans le règlement. C'est dans la
loi.
Mme Blackburn: Elle est dans la loi, mais elle n'est pas dans les
règlements, d'aucune manière.
M. Ryan: Ce n'est pas nécessaire. Ce n'est pas
nécessaire. On écrit là où ça doit
être «au moins aussi évident que...»
Le Président (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est à la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. Je vois à plusieurs endroits «de
façon au moins aussi évidente» et ça apparaît
un peu partout. Je regarde partout. C'est toujours la même règle
que je vois, «de façon au moins aussi évidente»
à...
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Charlevoix, s'il vous plaît!
Mme Blackburn: ...l'article 17, à l'article 18, à
l'article 19, à l'article 20, 23. Alors, évidemment, ce qu'on
retrouve là-dedans, c'est vraiment que c'est bilingue. C'est
anglais-français partout, partout, mur à mur, et il s'agirait que
votre grand panneau-réclame soit sur le commerce ou à
proximité pour qu'il soit également permis de le faire dans les 2
langues. Alors, tout est en... Alors, vouloir faire passer le règlement
comme étant une copie assez proche, pour ne pas dire conforme à
celle du député-ministre Godin... Je l'ai lu, je l'ai relu
rapidement. Il y a effectivement un certain nombre de dispositions, mais ce
n'est pas à une différence énorme, et le ministre le sait
et, la partie ministérielle, vous le savez également, c'est celle
de l'affichage public commercial. Ce que M. Godin visait, c'étaient des
activités à caractère plus privé, des colloques.
C'était également par rapport aux produits culturels, un certain
nombre de règles que j'avais lues et que je me suis
remémorées rapidement. Ce n'est pas vrai cependant d'aller dire
et affirmer que, pour l'essentiel, on a respecté le règlement de
M. Godin parce que c'est essayer d'induire la population en erreur en s'abriant
avec la crédibilité de quelqu'un qui a fait un travail
remarquable et qui s'appelle l'ex-ministre des Affaires culturelles.
À présent, le ministre disait tout à l'heure que
c'était un peu par laxisme ou presque si on n'avait pas
été plus rapidement dans l'adoption des règlements. Ce
n'est pas juste à cause des événements que le ministre
relatait, à savoir l'élection générale qui s'est
tenue en décembre 1985, mais, si le ministre veut faire preuve un peu
d'humanisme, il va se rappeler qu'à l'époque M. Godin
également avait subi une intervention chirurgicale majeure. Je ne sais
pas si quelqu'un se le rappelle, mais on se le rappelle. Évidemment, si
on ne veut pas en tenir compte, on en tient compte pour quelques personnes et
pas pour les autres, mais je voudrais bien qu'on fasse la même chose pour
tout le monde.
Ça veut donc dire que la notion de nette prédominance dans
les règlements disparaît totalement. On ne la voit pas dans les
règlements.
M. Ryan: Avez-vous terminé?
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Ryan: D'abord, je voudrais corriger une chose. Ce n'est pas
nous qui avons affirmé à maintes reprises, pendant un mois de
temps, que le gouvernement précédent avait déposé
des règlements en même temps qu'un projet de loi. C'est la
députée de Chicouti-mi. C'est nous qui avons dû faire la
preuve que c'était faux. Je ne blâme pas... Je n'ai pas
porté de blâme à l'endroit de l'ancien ministre. Je
rapporte les faits comme ils se sont produits et comme il a eu
l'honnêteté de les confirmer auprès de moi et, sans doute,
auprès de la députée de Chicoutimi. Les raisons, c'est une
autre affaire, ça. Mais il y a eu une affirmation de faite, que la
députée de Chicoutimi a déjà retirée,
d'ailleurs, et je ne vois pas pourquoi elle revient là-dessus ce
soir.
Mais je souligne encore une fois que nous, je pense que c'est mon droit
strict de le souligner, nous déposons les avant-projets de
règlement en même temps que nous faisons l'étude des
articles pertinents du projet de loi.
J'ajoute une deuxième précision à propos du concept
de nette prédominance. D'abord, là, il y a 3 aspects dans le
projet de règlement. Il y a les inscriptions, il y a les catalogues, les
brochures, les dépliants et il y a finalement l'affichage. Si la
députée de Chicoutimi lit le texte de la loi attentivement, elle
constatera qu'en matière d'inscription la règle qui était
inscrite dans la loi actuelle, c'est celle de la place au moins aussi
évidente du français. C'est celle-là. Ce n'est pas la
règle de la nette prédominance. Et nous n'en voulons pas dans les
inscriptions. Nous maintenons la loi actuelle là-dessus. (20 h 50)
En ce qui touche les catalogues, les brochures, les dépliants,
ils doivent être rédigés en français. Ils peuvent,
en vertu de l'article 89, être rédigés dans une autre
langue. Il n'y a pas de règle de nette prédominance qui est
là. La règle de nette prédominance est dans l'article 58,
à propos de l'affichage public et de la publicité commerciale. Il
n'est pas nécessaire de la répéter à chaque article
du projet de règlement qui traite de l'affichage commercial. C'est
fondamental, c'est essentiel. C'est la règle qui est inscrite en
tête du chapitre et pour laquelle nous donnons d'ailleurs une
règle d'application qui fait l'objet d'un règlement distinct. Il
ne faut pas déplacer les choses. On a décidé de maintenir,
et j'en fais la preuve encore, bon nombre de dispositions de la Charte. Il y
avait quand même des dispositions qui pouvaient donner lieu à une
application raisonnable, mais le concept de nette prédominance, lui, de
manière très habituelle dans la Charte, il vaut surtout au
chapitre de l'affichage.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le ministre doit reconnaître que la
différence majeure, capitale se trouve dans l'affichage commercial et
que sur ce chapitre, de façon particulière, on a
dénoncé cette loi comme étant une loi-cadre qui,
finalement, portait beaucoup plus dans les règlements que ce qu'on ne
pouvait trouver dans la loi avec les effets un peu pernicieux, les dangers de
travers, tels que dénoncés par le Conseil du patronat et d'autres
organismes. En ce
qui a trait... Curieusement moi, je veux suivre le raisonnement
du ministre il me dit: Écoutez, c'est dans la loi. Si c'est dans
la loi, on n'a pas à indiquer à tous les paragraphes du
règlement dans le règlement que c'est une nette
prédominance. Pourtant, le ministre devra m'expliquer pourquoi il a cru
utile de le faire lorsqu'il s'est agi de l'affichage dans l'administration
où on parle, là, vraiment de la règle du tiers, deux
tiers. Alors, pourquoi le fait-il dans l'administration et qu'il ne le fait pas
dans l'affichage public privé? Il l'a placé dans le
règlement.
M. Ryan: Justement, parce que c'est... À cause de
l'obligation particulière qui incombe à l'administration de
donner une place plus forte au français.
Mme Blackburn: Ça veut donc dire que vous, dans votre
esprit, on ferait preuve d'un peu plus de souplesse, pour utiliser votre terme,
s'il s'agit de l'affichage public privé.
M. Ryan: Dans une certaine mesure, évidemment,
évidemment. C'est l'objet même...
Mme Blackburn: Ça veut donc dire que la règle du
tiers, deux tiers, vous ne voulez pas la réaffirmer dans le
règlement parce que vous croyez qu'il faudrait leur laisser un petit peu
plus de place?
M. Ryan: Non. M. le Président...
Mme Blackburn: Vous avez dit: Ils ont plus de
responsabilités de promouvoir le français.
M. Ryan: .. .en matière d'affichage, la règle de la
nette prédominance est clairement inscrite dans l'article 17 du projet
de loi et je vais le lire, là, pour ne pas qu'il y ait
d'équivoque à ce sujet-là: «L'affichage public et la
publicité commerciale doivent se faire en français. «Ils
peuvent également être faits à la fois en français
et dans une autre langue pourvu que le français y figure de façon
nettement prédominante.» alors, ça, c'est antérieur
à tout règlement. et tout règlement doit être
basé sur ce principe-là qui est affirmé clairement dans la
loi. il n'y a aucun danger de ce point de vue là. et j'affirme, encore
une fois, m. le président, qu'exception faite, là, des quelques
articles qui traitent plus immédiatement de l'affichage public et de la
publicité commerciale, 90 % du projet de règlement que j'ai
dévoilé ce soir est très proche des propositions qui
étaient contenues dans le projet de m. godin en 1985 et je défie
qui que ce soit de faire la démonstration du contraire. je donnerai le
temps voulu à la députée de chicoutimi pour faire son
examen, et tout examen loyal conduit à cette conclusion.
Mme Blackburn: M. le Président.
M. Ryan: Je sais que c'est embarrassant.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, il n'y a rien
d'embarrassant là-dedans...
M. Ryan: Ha! tant mieux.
Mme Blackburn: ...pour une raison extrêmement simple, parce
qu'il y a des choses qui peuvent tomber sous le sens commun. Mais si vous
prenez ce qui apparaît l'essentiel, c'est-à-dire l'affichage
public privé et l'affichage de l'administration, ça commence
à faire le morceau le plus important. Ça ne représenterait
que 5 % des règlements et ça serait déjà trop. Ce
n'est pas ça, la question. Que vous compariez ça en disant:
Ça fait 90 %, bien, bravo! vous avez reconnu un certain nombre de
règles qui tombaient sous le sens.
M. Ryan: On va faire tomber ces frayeurs-là.
Mme Blackburn: Mais, si les 10 % sont en train de trahir l'esprit
et l'essentiel de ce que constituait la loi 101, évidemment que c'est
facile. Le ministre, et c'est de bonne guerre, est en train d'essayer de se
donner de la crédibilité en utilisant celle de son
prédécesseur. Alors, moi, je pense que...
Une voix: Ah! Ah! Ah! Allez le lire. M. Ryan: Je n'en ai
pas besoin.
Mme Blackburn: Moi, je pense que, quand on manque de
crédibilité...
Une voix: Allez le lire.
M. Ryan: Je n'en ai pas besoin.
Mme Blackburn: ...on essaie de s'abrier dans celle des
autres.
Une voix: Allez le lire, d'abord. M. Ryan: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Ce que je... Ça va. Quand on est silencieux
comme vous, on se tait aussi, à ce moment-là.
M. Ryan: C'est par politesse...
Le Président (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Blackburn: Quand on joue les «rubber stamps», on
continue.
Une voix: II vaut mieux se taire.
Le Président (M. LeSage): Vous avez terminé, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Non, M. le Président. Le
Président (M. LeSage): Allez-y.
Mme Blackburn: Je relis, dans la langue de l'administration,
l'article 4 qui vient modifier l'article 22. Je rappelle ma question: Pourquoi
est-ce qu'on ne retrouve pas, dans les règlements sur l'administration
publique, la règle de la prédominance? Et le ministre m'a
répondu, dans un premier mouvement: On a plus d'exigences pour
l'administration publique, parce qu'ils ont plus de responsabilités de
promouvoir le français. C'est sa réponse. On peut faire sortir
les gal-lées.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Ryan: Un élément qu'il faut apporter en
complément de cette réponse, c'est que la langue de
l'administration est traitée dans un autre chapitre de la Charte. Et la
langue de l'affichage dont nous parlons à 58 s'applique pour les
entreprises privées. Ça fait partie du chapitre qui s'intitule:
«La langue du commerce et des affaires». Il y a un autre chapitre
sur la langue de l'administration. C'est pour ça que nous avons fait un
règlement distinct pour la langue de l'administration. C'est en
application de l'article 22, je pense, de la Charte. C'est ça?
Mme Blackburn: Oui, c'est 22. Le 4 qui modifie 22.
M. Ryan: Là, nous avons fait un article distinct et nous
disons: La règle habituelle pour l'administration, dans son affichage,
sera le français, le français exclusivement. C'est ça qui
est la règle de base. On prévoit 3 exceptions. C'est tout,
ça. La première exception porte sur les inscriptions qu'on pourra
trouver à l'entrée des frontières ou dans les
régions immédiatement proches des frontières. Il y a,
deuxièmement, la faculté qui sera donnée aux
sociétés ayant des activités assimilables à des
activités commerciales, là, de se prévaloir de l'article
58. En somme, c'est normal, c'est des activités de même nature. On
peut être en désaccord, mais j'explique la position. Je pense
qu'il y a une logique là-dedans aussi. Troisièmement, on parle
des musées, on parle des jardins botaniques, des jardins zoologiques, et
vous remarquez qu'il y a la même disposition dans l'article relatif
à la langue du commerce et des affaires. Ici, on parle des musées
et des centres touristiques à caractère privé, et dans le
règlement sur l'affichage de l'administration, là, on parle des
institutions de même nature qui sont de caractère public. Dans ce
cas-là, vous remarquerez que c'est la règle voulant que le
français figure de façon au moins aussi évidente, dans les
2 cas.
C'est une économie qui est soigneusement établie,
après mûre considération de chaque objet. Il n'y a pas
d'improvisation là-dedans et il n'y a pas d'à-peu-près,
non plus. C'est tout précis et ça répond à une
conception qui se tient.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires, madame... Alors, à la demande du
ministre et des parlementaires de cette commission, je suspends les travaux
pour environ 45 minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 59)
(Reprise à 22 h 2)
Le Président (M. Doyon): La commission de la culture
reprend ses travaux. Nous en étions à l'étude, ou, en tout
cas, à la discussion sur le projet de réglementation soumis par
le ministre. Comme c'est quelqu'un d'autre qui y présidait, M. le
secrétaire, qui avait demandé la parole à ce moment? C'est
vous, Mme la députée?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Une lecture rapide du
projet de règlement confirme l'impression qui s'était
déjà dégagée de la loi: l'unilinguisme
français en matière d'affichage public et de publicité
commerciale, c'est l'exception; exception pour Media-com, pour les transports
en commun et les abribus exception. Tout le reste et sans exception,
c'est le bilinguisme. Curieusement, l'article introductif, c'est:
«L'affichage public et la publicité commerciale doivent se faire
en français.» Il est étonnant qu'on ait conservé cet
article-là parce qu'on aurait pu dire: doivent se faire en
français et en anglais, sauf exceptions françaises. Parce qu'en
matière d'affichage public et de publicité commerciale, que
ça soit à l'intérieur des commerces, les grandes surfaces,
ce qui n'était pas vrai avec la loi 158... à l'extérieur,
évidemment, à moins que le ministre nous dise qu'il y a
peut-être quelques autres petites exceptions cachées, mais, pour
l'heure et pour le moment, on dit: l'unilinguisme français, une
exception, et la règle de prédominance difficilement applicable,
pour ne pas dire inapplicable. À un point tel qu'on se demande comment
il se fait qu'il ait conservé l'idée des Mediacom, des grands
panneaux-réclame? Et, si on parle d'un nombre de mètres
donnés, comment va-t-il administrer cette règle-là? On dit
18 m2, mais n'importe qui, le moindrement avisé, s'il veut
compétitionner Mediacom, va le faire à 17,5 m et, là, il
ne sera plus soumis aux mêmes règles. Comment est-ce que ça
va se
gérer? Donc, ce qu'on dit dans l'affichage public et la
publicité commerciale en français, c'est devenu l'exception, la
règle étant: ça se fait en anglais et ça se fait en
français. Et y compris ce qui est grave en matière
d'affichage public et de publicité commerciale pour l'administration. Et
tout ça, particulièrement pour l'administration, sans que
ça ait été vraiment demandé.
Est-ce que le président d'Hydro-Québec est venu demander
au ministre d'afficher bilingue? Est-ce que la Société
d'habitation du Québec est venue demander au ministre d'afficher
bilingue? Est-ce que la Société des alcools est venue demander
d'afficher bilingue? Est-ce qu'il y a eu des démarches? Est-ce qu'ils
sont venus ici, en commission parlementaire, nous dire que ça nuisait
à leur chiffre d'affaires, plus que la taxe, de ne pas afficher
bilingue? Alors, c'est ça le problème avec ce projet de loi et le
projet de règlement qui l'accompagne. C'est qu'on a complètement
renversé le sens de la Charte qui était la charte du
français et, en matière d'affichage public et de publicité
commerciale, c'est devenu l'exception et c'est confirmé dans ce projet
de règlement.
Moi, j'aurais besoin de quelques éclaircissements, puis on
pourrait commencer avec un point parce que ça m'a un peu
peut-être qu'on a une mauvaise compréhension; le ministre nous en
accuse quotidiennement. Alors on va vérifier avec lui comment est-ce
qu'on doit interpréter le règlement en ce qui touche l'affichage,
dans les moyens de transports, dans les abribus et dans ces accès.
Est-ce à dire, par exemple, que l'affichage à
l'intérieur d'un autobus, c'est uniligue, et, à
l'extérieur, c'est bilingue? Parce que c'est bien marqué
«dans». Est-ce à dire que dans les abribus, à
l'intérieur, c'est unilin-gue et, à l'extérieur, c'est
bilingue? Parce que le règlement est un diktat. Peut-être que le
ministre pourrait commencer par nous éclairer là-dessus.
M. Ryan: ...qu'on est ici pour discuter les détails du
projet de règlement mais on vous a donné l'ensemble, à
titre d'information. Ce n'est pas ça que nous sommes appelés
à prouver ce soir; c'est le texte du projet de loi. Le texte du projet
de loi est bien clair puis dit le contraire de ce qu'affirme la
députée de Chicouti-mi. Elle dit: le projet de loi proclame le
bilinguisme partout. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai. Le projet de loi dit
ceci: «L'affichage public et la publicité commerciale doivent se
faire en français. «Ils peuvent également être faits
à la fois en français et dans une autre langue pourvu que le
français y figure de façon nettement
prédominante.»
On ne dit pas «ça doit». Si c'était le
bilinguisme généralisé, on dirait: ça doit
être fait dans les 2 langues, comme on l'a fait à propos de 133.
À propos de 133, on a parlé de bilinguisme. On ne peut pas nier,
c'est ça qui est la réalité dans des cours de justice;
«l'une ou l'autre langue» et, dans certains cas, «l'une et
l'autre langue». Certains document doivent être dans les deux.
Mais, ici, on n'a jamais prétendu le contraire. Là, on vient de
faire la découverte d'une grosse évidence.
Pourquoi est-ce qu'on fait des changements à la loi 101 en
matière d'affichage, M. le Président, sinon pour modifier les
dispositions selon lesquelles le français devait être
employé moyennant l'interdiction d'une autre langue? C'est l'objet
même des modifications que nous apportons à l'article 58. Ne nous
demandons pas de reproduire ce qui existait. Nous n'aurions pas
présenté de projet de loi. Nous avons expliqué, à
combien de reprises, pourquoi nous procédions ainsi. C'est
évident qu'une autre langue sera permise en général dans
l'affichage public et la publicité commerciale. C'est un des principes
du projet de loi. Les règlements ne peuvent pas être
différents du principe du projet de loi. Sauf, au troisième
alinéa, le projet de loi dit: «Toutefois, le gouvernement peut
déterminer, par règlement, les lieux, les cas, les conditions ou
les circonstances où l'affichage public et la publicité
commerciale doivent se faire uniquement en français ou peuvent se faire
sans prédominance du français ou uniquement dans une autre
langue.» C'est ça que fait le projet de règlement. C'est
évident que le texte de la loi étant rédigé ainsi,
si on était arrivé puis qu'on avait inverti la règle, puis
dire: ça va être le français exclusivement partout, sauf
dans quelques exceptions, on n'aurait jamais rédigé l'article 17
du projet de loi comme il a été rédigé. Encore une
fois, soutenir que nous instituons le biliguisme
généralisé partout, c'est faux. Parce que tout
dépendra de la manière dont agiront les entreprises qui ont des
messages à véhiculer et nous demeurons d'avis, de ce
côté-ci, que, dans un grand nombre de cas, un très grand
nombre de cas, les entreprises choisiront de véhiculer leur messages
commerciaux uniquement dans la langue officielle du Québec, puis
ça sera tout à fait légitime. Si on proclamait le
bilinguisme, elles ne pourraient pas faire ça. Il devrait y avoir une
version anglaise. Ce n'est pas ça que dit le projet de loi du tout, du
tout.
Alors, peut-être que c'est des termes imprécis dont la
portée a échappé à la députée de
Chicoutimi dans son intervention mais, franchement, je pense que c'est
important de discuter ces choses avec précision et rigueur; autrement,
on risque de créer de fausses impressions, ou de donner lieu à
des polémiques inutiles. (22 h 10)
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre a, avec
beaucoup de justesse, attiré notre attention sur l'article 58. Peut-il
m'expliquer: «L'affichage public et la publicité commerciale
doivent se faire en français.» Ça, ça va bien
jusque-là; et, dans le troisième paragraphe, il prévoit
les exceptions, où ça se fera uniquement en français, pour
bien faire comprendre que l'unilin-guisme français, c'est une exception.
C'est ça que ça vient dire, son projet de loi. L'unilinguisme
français, c'est une exception, la règle générale
étant le bilinguisme. Le ministre nous dit: Ah, évidemment, les
notions ont échappé à la députée de
Chicoutimi, c'est compris, elle ne comprend jamais rien. Bien, ça, on le
savait; il y en a d'autres aussi qui ne...
M. Ryan: On le constate tous les jours.
Mme Blackburn: ...comprennent rien. Tous les jours,
effectivement, depuis déjà huit ans. C'est déjà
passablement... Et curieusement, il y a de moins en moins de gens qui le
croient. Heureusement, heureusement, parce qu'il y en a pas mal d'autres qui
sont rentrés dans la même barque que moi, selon le ministre.
Alors, ce que je demande au ministre: Est-ce qu'il est exact que les 3
exceptions dont on parle, c'est les Mediacom, les grands panneaux, il
nous a suggéré, comme dimension, 18 m, la semaine
dernière; il nous a suggéré que c'était
généralement ce qui était standard, 18 m, peut-être
et plus, là, mais je... et l'autre, les transports en commun,
transports publics, et les abribus? Est-ce que ce n'est pas là les trois
seules exceptions qu'on retrouve dans son règlement et dans son projet
de loi? Est-ce que c'est exact?
M. Ryan: La seule réserve que j'ai là-dessus, c'est
que la députée a encore commencé son intervention en
disant: Ici, on a quelques exceptions sur l'unilin-guisme français, et
le reste, c'est le bilinguisme: Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai; c'est
ça que je veux essayer de vous faire comprendre. Si c'était le
bilinguisme, ce serait écrit en toutes lettres: Les messages doivent
être en français; ils doivent également être en
anglais. Ça, ça serait du bilinguisme. Mais, quand on dit: Les
messages doivent être en français, ils peuvent également
être faits à la fois en français et dans une autre langue,
on ne peut pas tirer cette conclusion-là, c'est inexact, c'est inexact.
Ça étant dit, encore une fois, nous l'avons dit toute la
controverse des 6 derniers mois a eu lieu autour de cette idée-là
qu'en matière d'affichage public et de publicité
commerciale, nous ne pouvions pas, pour des raisons maintes fois
expliquées, maintenir la règle de Punilinguisme français
exclusif.
Alors, si vous ne maintenez pas cette règle-là, vous
maintenez une règle de prédominance du français, avec
possibilité d'usage d'une autre langue, qui ne signifie pas qu'elle sera
nécessairement utilisée. C'est ça qu'on dit ici,
excepté qu'on prévoit quelques exceptions. Franchement, quand on
a conçu le projet de loi, on ne voulait pas que les exceptions soient
trop nombreuses. S'il y en a d'autres cas qu'on veut souligner au cours des 2
prochains mois, là, pendant lesquels on aura des échanges publics
sur le projet de règlement, la section III, on les donnera; et, si la
députée a des cas qu'elle veut fournir, soumettre à notre
réflexion, nous allons les écouter. Mais les affirmations
générales là-dessus, on est passé ce
stade-là; on est dans le stade de l'étude fonctionnelle.
Mme Blackburn: Dans ce que le ministre nous dit, est-ce que j'ai
bien compris? Il dit: Les exceptions unilingues françaises, on les
voulait les moins nombreuses possible.
M. Ryan: Dans ceci, si on affirme... Mme Blackburn: C'est
bien ce que j'ai compris. M. Ryan: ...le principe que vous avez... Mme
Blackburn: Alors, c'est vraiment...
M. Ryan: ...le français non obligatoire
partout, avec possibilité d'utilisation d'une autre langue, allez-vous
venir dire, dans un article suivant: Impossibilité d'utilisation d'une
autre langue dans la majorité des situations? C'est absolument
contradictoire.
Mme Blackburn: C'est pour ça qu'il aurait
été plus cohérent de dire que c'était
également l'anglais et le français qui étaient permis.
M. Ryan: Non, c'est faux, c'est faux; ce n'est pas ça que
le projet de loi dit, et toutes les déformations que la
députée cherchera à diffuser n'atterriront nulle part,
parce que, quand les gens verront le texte, ils vont s'apercevoir que ce n'est
pas ça que ça dit.
Mme Blackburn: Si...
M. Ryan: Ce n'est pas ça que ça dit.
Mme Blackburn: Si le passé est garant de l'avenir, on se
rappelle un passé plutôt récent ce n'est pas
très vieux le début des années soixante-dix,
où tout se passait majoritairement, ou unilingue anglais, ou bilingue,
et y compris dans ma Gaspésie natale. Ça veut dire que, pour
utiliser l'expression du Conseil de la langue, qui recommandait au gouvernement
de ne pas aller dans cette direction, parce qu'il estimait que permettre le
bilinguisme dans l'affichage public et la publicité commerciale,
c'était prendre un risque de propagation du bilinguisme, de propagation
de l'anglais sur tout le territoire du Québec... Ce n'est pas moi qui
dit ça. C'est le Conseil de la langue et, le Conseil de la langue, c'est
le ministre qui l'a consulté. Je sais que, par après, il a
créé son petit comité parallèle, sa manière
à lui. Quand les avis ne font pas son affaire, on les arrange, mais il y
a un avis là qui n'est pas l'avis du Parti québécois, qui
est l'avis de l'organisme officiel chargé de conseiller le gouvernement
et, par voie de conséquence, la population, de façon
générale. Puis, ce qu'ils vous ont dit: Si vous vous en allez
dans cette direction, attendez-vous à ce qu'on beurre le Québec.
Propagation de l'anglais sur tout le territoire du Québec, ce n'est pas
mon expression, c'est celle du Conseil de la langue. Et pour des raisons
extrêmement simples, de la même manière
qu'Hydro-Québec, tantôt, voudra le faire aussi. Est-ce
qu'Hydro-Québec aura 2 types d'affichage destinés au public?
Est-ce qu'elle va dire: Pour Montréal-Ouest, pour les informer de ce que
j'ai à faire, je vais faire ça, puis, après ça, un
petit bout en Estrie, puis un autre petit bout à quelque part, en
Gaspésie, puis, tout
le reste, ça va être unilingue français? Vous savez
bien qu'à sa face même ça n'a pas de bon sens. Vous savez,
très rapidement, que la Société des alcools va utiliser
son pouvoir pour le faire le plus largement possible dans les 2 langues, parce
que c'est une question d'économie. Puis, là, vous allez invoquer
l'économie en disant: Mais oui, c'est vrai que ça coûte
plus cher faire faire ça un petit peu en bilingue, puis un petit peu en
unilingue, puis un petit peu... Et le résultat va être ce que
prévoit le Conseil de la langue, c'est-à-dire la propagation de
l'anglais sur tout le territoire du Québec. Alors, je le rappelle, ce
n'est pas moi qui l'ai dit, c'est le Conseil de la langue.
Et supposément... Moi, je me trompe souvent, là. C'est
connu, aux yeux du ministre, mais, le Conseil de la langue, il doit y avoir un
peu de sérieux, là-dedans, d'autant qu'il a d'excellents amis
à lui, des gens que je respecte aussi, M. Taylor, en particulier, qui
n'est pas non plus tombé de la dernière pluie. Il a quand
même un passé, il a une crédibilité, puis cette
personne-là, associée avec d'autres, vous a dit: Ça n'a
pas de bon sens. Là, vous êtes en train de nous dire que ça
a du bon sens. Alors, voulez-vous me dire sur la foi de quoi?
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Ryan: Je pense que la partie des propos de la
députée de Chicoutimi, relative à Hydro-Québec puis
ces choses-là, ça, c'est impertinent, à ce moment-ci,
parce qu'on a adopté l'article... je pense que c'est l'article 4 du
projet de loi. On l'a adopté la semaine dernière.
Une voix: Sur division. Mme Blackburn: Sur division.
M. Ryan: Oui, oui, mais il a été adopté.
Maintenant, c'est adopté. On n'est pas supposé revenir
là-dessus. Là, on discute de la langue du commerce et des
affaires, la langue dans le monde du commerce et des affaires. Dans ce
monde-là...
Mme Blackburn: Je reconnais... M. Ryan: O.K?
Mme Blackburn: ...que le ministre a raison là-dessus, sauf
que ce que j'aurais dû lui dire, ce que je m'apprêtais à lui
dire, c'est qu'avec l'administration publique, le fait qu'il autorise le
bilinguisme dans la publicité, il donne un mauvais exemple. Il donne un
exemple qu'il n'aurait pas...
M. Ryan: Je soulève la question de pertinence,
là.
Une voix: Oui, oui.
M. Ryan: Là, je soulève la question de
pertinence.
Franchement, vous dites que j'ai raison et vous continuez.
Mme Blackburn: Bien oui, parce qu'on parle de l'affichage
public...
Le Président (M. Doyon): Mme la députée, je
vous demande de vous référer à l'article 17, s'il vous
plaît.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Et je dis tout
simplement que dans l'article 17, touchant l'affichage public et la
publicité commerciale, le ministre... Il va y avoir une tendance forte
à la bilinguisation, du fait que le gouvernement autorise
l'administration et ses sociétés d'État à afficher
bilingue. Voulez-vous me dire sur quel principe le privé s'en priverait?
Pourquoi est-ce qu'il se gênerait?
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Le privé, il y a une loi qui le gouverne qui est
bien plus importante que toutes nos considérations savantes autour de la
table. C'est la loi du commerce.
Une voix: C'est ça.
Mme Blackburn: Ça les a gênés, encore.
M. Ryan: Un commerçant de Rimouski, qui veut annoncer
à la devanture de son magasin, sait très bien ce qu'il a à
faire. Il n'a pas besoin d'avoir les conseils du ministre responsable de
l'application de la langue, ni de tel ou tel député. Lui, son
guide, c'est sa clientèle.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée.
Oui, oui, je sais, mais le ministre est en train de...
M. Ryan: Et il va concevoir ses messages dans la langue qui
pourra le mieux atteindre sa clientèle. Mais, où la
clientèle est à 98 % française, il n'y aura aucun
problème qui va se poser là. J'en suis convaincu, parce que tout
le monde est devenu davantage conscient, au cours des dernières
années, de l'importance qu'il convient d'accorder à la langue
française au Québec. Il y en a qui en étaient
peut-être moins conscients. Ça n'a jamais été la
moitié aussi pire que le prétendent des prophètes de
malheur de l'autre côté. Je me rappelle, moi, dès le temps
de la commission Gendron. Dans le rapport de la commission Gendron, il y avait
un passage que j'ai cité combien de fois et qu'on n'a jamais
écouté, de l'autre côté. Il disait que 87 % du temps
de travail des francophones était consacré au travail en
français, dès ce moment-là dès ce
moment-là. L'évolution qui s'est produite, depuis, ne pouvait pas
être considérable, parce que, quand tu es rendu à 87 % dans
un continent
comme le continent nord-américain, tu ne peux pas frapper la
barrière de 100 %, c'est impossible; c'est impossible, c'est impensable,
étant donné le caractère international des
échanges, et tout, là, franchement, c'est impensable. (22 h
20)
Alors, on a fait certains progrès, mais, tu sais, il ne faut pas
partir en peur, et le Québec des profondeurs, c'est lui qui a
survécu au cours des années; toutes nos lois l'aident, mais
finalement il survit par ce qu'il est, d'abord, fondamentalement. Nous autres,
ce que nous faisons ici, c'est un acte de foi un peu plus grand
là-dedans, et pas parce que nous le faisons d'une manière
spontanée et joyeuse, mais parce que l'évolution des 5
dernières années nous a convaincus, d'abord, qu'il n'y avait pas
d'issue dans la voie que nous avions choisie. Nous n'étions pas capables
de l'expliquer de manière à satisfaire les critiques
sérieux et honnêtes. Et, deuxièmement, l'opinion a
évolué, chez nous, les valeurs ont évolué, aussi,
au point que nos concitoyens et nos concitoyennes sont plus conscients que
jamais de l'importance qu'il convient d'apporter aux valeurs de
responsabilité personnelle, sans détriment des valeurs de
responsabilité collective, mais en subordonnant les secondes aux
premières de manière très habituelle.
C'est ça qui est l'essence de l'article 58, c'est le fond. On
peut discuter. Même sur les modalités, je m'aperçois qu'il
n'y a pas beaucoup de critiques vraiment fonctionnelles qu'on peut faire
entendre. Et j'ai dit à la députée: S'il y a d'autres
exceptions que vous pensez vraiment nécessaires et indispensables, on
serait intéressé à les entendre, on serait
intéressé à en discuter, on est prêt à le
faire. Mais, sur le principe de fond, on ne peut pas revenir là-dessus.
C'est un des points fondamentaux du projet de loi.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre est un
homme...
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...cultivé, on le lui reconnaît, et
c'est de commune renommée. Il a lu beaucoup. Il s'est
intéressé à toutes sortes de questions. Je sais qu'il
s'est intéressé aussi à ce qu'on appelle l'extinction des
langues dans le monde et dans l'histoire de l'humanité. J'imagine qu'il
l'a fait; on ne peut pas être porteur du dossier linguistique, au
Québec, sans s'être intéressé à cette
question. Et, d'ailleurs, il s'est intéressé, puisqu'il nous
rappelait, la semaine dernière, au moment où on commençait
à examiner le projet de loi, que, dans le fond, il en va un peu des
langues comme des modes. Le latin avait déjà été la
langue de la diplomatie, du commerce, des affaires. Le latin, en tout cas, a
disparu comme langue première du commerce et des affaires. Il en reste
à peu près deux, trois qui parlent le latin, dont le ministre, et
probablement le pape, encore quoique, celui-là, il est Polonais;
je ne le sais pas trop, trop - mais bref, bref, ce que ça laissait
entendre, c'est qu'il ne faut pas trop s'apitoyer sur la disparition possible
c'est ce que ça pouvait contenir du français au
Québec, puisqu'il y en a d'autres langues qui ont disparu.
On connaît le sort du français actuellement. Le
français a déjà été la langue de la
diplomatie, la langue des relations internationales et la langue des affaires;
et, sur le continent européen, c'était la langue seconde dans
toute une partie des pays de l'Europe de l'Ouest; ça n'est plus vrai,
ça n'est plus vrai. Il connaît la fragilité du
français. Il ne peut pas faire semblant qu'il ne sait pas. Il prend des
risques avec l'avenir du français au Québec. C'est ça
qu'il fait, parce que nous, nous, les petits 6 000 000, là, il pense
qu'on va résister à la vague d'américanisation. Je ne sais
pas où il prend cette idée-là, mais je ne suis pas
certaine qu'il soit sérieux lorsqu'il essaie de nous l'avancer.
Ça ne tient pas. Ça ne tient pas, ça ne tient pas à
un minimum de rigueur.
Alors, je dis que, ça, c'est le commencement du glissement. Et on
abordera le dossier des écoles, tantôt, et ça va être
le commencement de la fin, aussi, dans ce secteur-là. Là-dessus,
par rapport aux dispositions particulières du règlement, c'est
qu'on ne voit pas, à l'exception des règles d'égale
importance je vais réutiliser les expressions «le
français y figure de façon au moins aussi évidente»,
on ne parle pas de la prédominance, mais je présume qu'il faut se
rapporter au règlement sur l'évaluation de ce qui s'appelle le
règlement touchant l'appréciation de la nette
prédominance. Mais on pourra y revenir. La nette prédominance,
vous n'avez pas eu une seule plainte pour la nette prédominance à
l'intérieur des commerces. Demandez-moi donc ce que ça va donner
à l'extérieur. D'autant qu'on a aboli l'Office, en tout cas les
moyens que l'Office avait à l'époque. Pas l'Office mais la
Commission. On a aboli la Commission. Ce n'est pas sûr que ça va
nous donner grand résultats.
Là-dessus, je vais terminer. Je résume en disant que, dans
le fond, l'article est mal appelé quand on dit: Le français, la
langue du commerce et des affaires. Puis, ensuite, le ministre nous dit: J'ai
voulu limiter à quelques cas le plus possible la possibilité de
l'unilin-guisme français de la publicité commerciale. Bien, je me
dis: C'est là la réponse que... la réponse qui
était... et l'évaluation qu'on en faisait.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, sur la question de la
prédominance des langues dans le monde, c'est un fait contre lequel nous
ne pouvons rien. Selon les époques de l'histoire de l'humanité,
il y a certaines langues qui ont prédominé par rapport à
d'autres. Longtemps ce fut le latin. Après ça, l'espagnol a connu
une grande domination, le français. Là, depuis un siècle,
c'est l'anglais qui n'a cessé de monter, qui semble promis à une
prédominance qui va durer encore au moins, au moins, quelques
générations. Ça c'est un fait. Ça n'a rien
à
voir avec les langues particulières sur chaque territoire. Il
peut y avoir une langue internationale: la lingua franca. Puis, dans notre cas,
c'est l'anglais aujourd'hui, ça, personne ne conteste ça,
personne ne conteste ça. S'il y a quelqu'un qui connaît un
meilleur journal que le New York Times dans le monde, je le défie
de le nommer. C'est le journal le plus complet, le mieux équipé,
c'est lui qui donne le plus de matière à chaque jour. On a beau
avoir 10 Devoir ici, puis 50 Presse, ça ne vaudra jamais,
au point de vue qualité... Quand on dit ça, je pense que ce n'est
pas du tout faire injure à nos journaux qui sont honorables,
étant donné les moyens très limités dont ils
disposent. Et j'en sais quelque chose pour avoir été
là-dedans.
Je sais que quand je mettais les pieds au New York Times à
New York, bien, j'étais obligé, dans une bâtisse d'une
quinzaine d'étages, dans le temps, de me rendre compte que la boutique
où j'oeuvrais était une boutique infiniment modeste. Le New
York Times vient de se procurer le Boston Globe. Savez-vous combien
est-ce qu'il paie pour ça? Un milliard un milliard. On n'est pas
du tout dans cette ligue-là. Il y a ça. Nous devons tenir compte
de ça, puis nous ne pouvons pas refuser à nos concitoyens
l'accès à cette lingua franca de l'époque moderne. C'est
une autre raison pour laquelle nous insistons sur la nécessité de
l'apprentissage de la langue seconde.
Ça étant dit, j'en reviens au projet de règlement
lui-même. Je constate que sur la partie qui traite des inscriptions, de
la section I, pas de remarque là-dessus. Ça m'a l'air que
ça suscite l'adhésion, ça, de l'Opposition. Je ne veux pas
l'emporter avant le temps, mais je pense que la députée
conviendra qu'on est très proche de ce qui a été
travaillé avant nous dans le passé. Que les mesures qui sont
là sont des mesures de caractère fort raisonnable.
Sur les catalogues, les brochures, les dépliants, les annuaires
commerciaux et autres publications de même nature, je ferais la
même observation. Je n'ai pas entendu de critique là-dessus. Je
pense que la députée avait demandé trois quarts d'heure
pour examiner l'ensemble du règlement. Je suis enclin à penser
je ne veux pas le conclure avant que... la conclusion appartient
uniquement à la députée puis à ses
collègues, pas à moi que ça ne soulève pas
trop de difficultés dans leur esprit parce qu'ils nous l'auraient dit
ils nous l'auraient dit. Alors, ça fait une deuxième
section qui est réglée.
Nous arrivons à la troisième section. Là, il y a un
point qui fait difficulté. On conteste le principe inscrit dans le
projet de loi, d'où émane le projet de loi. Ça, je le
conçois très bien. Je le sais que l'Opposition va voter contre le
projet de loi. Mais elle ne peut pas s'attendre à ce que, nous autres,
nous lui présentions un projet de règlement qui soit le contraire
de ce que dit le projet de loi. Nous essayons d'être honnêtes avec
nous-mêmes. Puis, là, nous alignons un certain nombre d'exemples
où l'affichage devra être fait en français, pourra
être fait dans une autre langue mais d'une manière qui ne sera pas
la nette prédominance mais qui sera plutôt aussi évidente
aussi évidente. C'est ça qu'est le principe à peu
près général qu'on trouve là dans les
dérogations qu'on prévoit. Puis, je regarde chacun des cas. Je
pense que ce sont des cas très nettement circonscrits. Dans plusieurs de
ces cas-là, il y a concordance avec ce qu'on propose pour les
inscriptions, les catalogues et les autres publications de même nature.
Puis, c'est à peu près tout ça, ce dont traite le
règlement. (22 h 30)
Celui-là, moi, je vais en être assez heureux parce que ce
n'est pas l'ouvrage de M. Godin, ce n'est pas l'ouvrage de l'OLF, ce n'est pas
l'ouvrage du Conseil, ce n'est pas l'ouvrage du ministre actuel. C'est
l'ouvrage de tout ce monde-là. Ça illustre ce que j'ai dit
dès le début de nos travaux: On peut se chicaner entre nous, on
peut s'alimenter de critiques de part et d'autre, c'est de bonne guerre, mais
au fond, en vertu de l'économie de notre régime, chacun apporte
sa pierre à l'édifice. Quand la pierre est bien posée,
elle reste et elle peut être améliorée, elle peut
être renforcée. Quand elle a besoin d'ajustements, elle les a et,
si les ajustements vont trop loin, il arrive un changement, à un moment
donné, qui permet d'établir l'équilibre, mais je crois que
ce règlement est à l'enseigne de la continuité.
En ce qui touche la publicité commerciale et l'affichage public,
l'orientation du projet de règlement est en ligne avec le projet de loi,
et, là-dessus, je ne prétends pas trouver une ressemblance avec
le projet de M. Godin, pour des raisons évidentes, parce que le principe
de base en matière d'affichage était différent, mais, sauf
cette exception, tout le reste est absolument de même inspiration, et je
serais fort heureux que l'Opposition voulût le reconnaîre en toute
loyauté.
Mme Blackburn: Est-ce que la question...
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
ministre?
Mme Blackburn: Le ministre ne veut pas s'en aller sur ce genre de
détail, mais, quand même, ça nous donnera l'esprit. Dans
les moyens de transport, ses accès et dans les abribus, est-ce à
dire qu'à l'intérieur c'est unilingue français et,
à l'extérieur, ça pourra être bilingue? Les grands
panneaux qu'on voit sur tous les autobus qui circulent dans les villes
où il y a des autobus il n'y en a pas partout est-ce que
ça veut dire que, dans les transports en commun, à
l'intérieur, c'est unilingue et à l'extérieur... La
même chose pour les camions de livraison.
M. Ryan: Pardon. A priori, je penserais que ça va
être en français uniquement à l'intérieur et
à l'extérieur.
Mme Blackburn: Pourquoi c'est marqué «dans»?
M. Ryan: Bien, «dans», c'est le moyen qui a
été
employé. Si c'est mieux d'employer une autre préposition,
on le fera, mais c'est évident que c'est ça.
M. Bélanger (Anjou): II faudrait peut-être marquer
«dans» et «sur», à ce moment-là.
M. Ryan: Oui, c'est ça. Ça, ça pourrait
être corrigé, on a 2 mois pour faire ça, mais je prends
note de cette observation-là, avec intérêt. Toute
observation constructive nous édifie.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bélanger (Anjou): Nous ne cesserons de vous
édifier.
M. Blais: C'est parce qu'il ne nous croit pas capables de quelque
chose de constructif. C'est tellement. ..
M. Ryan: Mais je vois que vos collègues font un effort
appréciable.
Mme Blackburn: Ah! je sais. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Vous savez, j'ai un défaut majeur, je suis
une femme, en plus.
Une voix: Ah non! Ah non!
M. Ryan: On peut descendre dans toutes sortes de
considérations, mais c'est complètement étranger à
nos préoccupations.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Mme Blackburn: Vous m'en direz tant!
M. Ryan: Nous, nous avons des femmes de très grande
qualité de notre côté, et elles ne nous tiennent jamais ce
language-là. C'est pour ça que nous respectons leurs
interventions.
M. Brassard: J'aurais d'abord, au préalable, une question
à poser au ministre concernant la dimension des panneaux-réclame,
la dimension des panneaux-réclame. Est-ce que... Excusez...
M. Ryan: Oui, je vous écoute, M. le Président, et
le député de Lac-Saint-Jean aussi.
M. Brassard: Sur la question des panneaux-réclame, vous
allez indiquer la dimension, la superficie. Là, elle n'est pas
indiquée, mais vous allez, évidemment, l'indiquer. La superficie
générale des panneaux-réclame, actuellement, c'est de quel
ordre?
M. Ryan: Les informations qu'on nous a données indiquent
que c'est 20 x 10, 20 pieds par 10 pieds, ce qui fait 18 m2, 18,3
m2.
M. Brassard: Donc, vous allez indiquer, probablement... Ça
va être à peu près ça, une superficie de tant de
pieds carrés.
M. Ryan: Je ne sais pas, je ne sais pas. Nous allons
écouter, nous allons continuer d'étudier au cours des 2 prochains
mois. C'est un...
M. Brassard: Parce qu'à partir du moment où vous
indiquez une superficie, un chiffre précis, c'est évident
qu'à ce moment-là ça devient facile de se soustraire
à cette règle-là. Il suffit de rapetisser les
panneaux-réclame et de se considérer comme pouvant utiliser plus
d'une langue, une autre langue que la langue officielle. Alors, si vous ne
choisissez pas d'indiquer une superficie précise, vous allez faire
quoi?
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Ryan: ...ça, ce sont des choses que nous avons
déjà commencé à travailler avec les entreprises
concernées. Il n'y en a pas beaucoup d'entreprises de
panneaux-réclame au Québec. En tout, je pense qu'il y en a 5. On
a vite fait le tour, c'est une industrie extrêmement
spécialisée, dont les possibilités de marché sont
loin d'être illimitées et les entreprises qui sont là
occupent à peu près tout le terrain actuellement. Si nous avons,
avec elles, des rapports empreints de compréhension et que, selon les
renseignements qu'elles nous donnent, la dimension standard, c'est celle que
nous inscrirons dans le projet de règlement, je pense bien qu'elles le
respecteront et, si elles doivent envisager des changements, elles viendront
nous en parler. Si on nous parle de changements qui sont à envisager
dans un avenir rapproché, nous en tiendrons compte dans le
libellé définitif. Pour le moment, c'est le point où nous
en sommes rendus. Je l'ai donné en toute transparence, je pense bien,
mais nous compléterons les petits points qui restent à remplir
d'ici la présentation de mes recommandations au gouvernement. Quand il
va nous rester seulement ça à remplir...
M. Brassard: Est-ce que je dois comprendre que vous songez
à une sorte d'entente? Étant donné le nombre réduit
des entreprises dans ce secteur-là, vous songez à une sorte de
négociation d'entente, une entente avec les entreprises
concernées?
M. Ryan: Une entente, nous n'en avons pas besoin
réellement. Ce que nous voulons obtenir d'elles, c'est une information
fiable quant aux tendances prévisibles de l'industrie. Une fois que nous
aurons ça, nous n'avons pas besoin d'entente. D'abord, ces
entreprises
n'ont pas de contrôle sur les commandes qu'elles recevront des
commanditaires. Elles, ce que nous leur demandons, ce sont des indications
techniques: Quelles sont les tendances de l'industrie? Vers quel format de
panneaux-réclame on s'oriente, étant donné
l'évolution des techniques et tout ça? Et c'est à la
lumière de ces considérations que nous arrêterons, d'une
manière définitive, le texte du paragraphe 15.
M. Brassard: C'est justement. Ces entreprises obéissent,
en quelque sorte, aux commandes de leurs commanditaires qui leur
réclament tel genre de publicité. Une firme de publicité a
conçu un projet de réclame, des slogans, des trucs du genre,
qu'on retrouve généralement sur les panneaux-réclame.
Comme ils sont soumis à leurs commanditaires, un commanditaire qui
voudrait outrepasser le règlement et utiliser une autre langue, en plus
de la langue officielle, pourrait fort bien dire à l'entreprise: Vous
réduisez les panneaux-réclame, la dimension des
panneaux-réclame, de telle sorte que vous ne serez plus soumis à
la réglementation. Donc, vous pourrez utiliser ou recourir à la
règle générale prévue à l'article 58.
M. Ryan: Oui, c'est tout de l'ordre du possible, mais je ne pense
pas vraiment que les choses vont se passer comme ceci. Si ça devait se
passer de cette manière-là, à ce moment-là, comme
je l'ai déjà indiqué, le gouvernement aurait tout le
loisir voulu pour ajuster son règlement, à supposer qu'il
revêtirait cette forme, dans sa version définitive, ce que nous ne
savons pas encore. Nous allons accueillir toutes les réactions qui nous
seront données et c'est seulement après avoir
étudié tous les avis dont nous aurons été saisis
que nous serons en mesure de tirer une conclusion quant à la forme que
revêtira finalement le règlement. Mais déjà, que
nous puissions communiquer toute cette matière à la population,
à ce stade encore très peu avancé de l'expérience,
je pense que c'est quand même un bon signe. Mais, celui-ci, il
présente une difficulté et c'est un des rares qui
présentent une difficulté, de tous les articles que nous avons
soumis, nous en convenons. Si vous pouvez nous aider, je suis très
intéressé à entendre les suggestions.
Le Président (M. LeSage): M. le député de...
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Avez-vous terminé, M. le
député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Non, je n'ai pas terminé parce que je
voudrais en venir à l'essentiel...
Le Président (M. LeSage): Allez-y! (22 h 40)
M. Brassard: ...quant à moi, c'est-à-dire à
la disposition générale de l'article 58, deuxième
alinéa. On dit que l'affichage public et la publicité commerciale
«peuvent être faits à la fois en français et dans une
autre langue pourvu que le français y figure de façon nettement
prédominante». Ce qui nous réfère à un projet
de règlement déposé la semaine dernière en
commission. C'est le règlement précisant la portée de
l'expression «de façon nettement prédominante».
Forcément, il a été déposé la semaine
dernière quand vous avez déposé le règlement sur
l'administration, mais il est clair qu'il s'applique aussi à l'article
58. La notion de prédominance, c'est la même. C'est la même
notion. Donc, c'est, si je comprends bien, le même règlement.
Moi, je vous avoue bien honnêtement, M. le ministre, j'ai beau
lire et relire ce règlement sur la portée de l'expression
«de façon nettement prédominante», je me demande
concrètement comment vous allez pouvoir appliquer ça. D'abord,
c'est une notion qui n'est pas nouvelle, une notion qui est apparue avec la loi
178, il y a 5 ans, bientôt 5 ans, presque 5 ans, lorsque le gouvernement
a décidé de recourir à la clause dérogatoire, on
s'en rappellera, pour rendre possible l'affichage bilingue à
l'intérieur des commerces, mais à la condition que la langue
officielle, le français, soit prédominant, et le maintien de
Funilinguisme français à l'extérieur des commerces.
Ça fait 5 ans qu'une telle notion existe dans nos lois et doit
s'appliquer. La députée de Chicoutimi signalait, à juste
titre, qu'il n'y a pas eu de plaintes. Il n'y en a jamais eu, parce que, pour
porter plainte sur une violation d'une loi, il faut que ce soit évident,
et il faut que la violation soit relativement simple à constater.
Quand c'est trop compliqué, c'est clair qu'il n'y a pas grand
monde qui porte plainte. Il n'y a pas grand monde qui prend la peine et le
temps pour essayer d'identifier une violation, de sorte qu'on arrive,
après 5 ans... C'est 5 ans; ce n'est pas rien. Ce n'est pas quelques
mois. Ça fait 5 ans que le concept de prédominance est dans nos
lois et s'applique à l'intérieur des commerces. Et il n'y a pas
eu une seule plainte, pour une raison évidente, c'est que, quand je
regarde le règlement qu'on a sous les yeux, qui a été
déposé la semaine dernière, il y a non seulement le
concept de prédominance qui est là, mais, en plus, on ajoute un
autre concept, qui est le concept de l'impact visuel. Ce n'est pas rien,
ça. C'est aussi nébuleux que le concept de prédominance.
Lorsque le texte rédigé en français a un impact visuel
beaucoup plus important que le texte rédigé dans l'autre
langue... ça nous avance beaucoup. l'article 2, là, il est
question de conditions pour déterminer si l'impact visuel est plus
important. là, il y a l'espace. si l'espace consacré au texte
français est deux fois plus grand que celui consacré au texte
rédigé dans l'autre langue, là, oui, il y a un impact
visuel plus important. là, il y a une troisième notion qui
intervient, qui est aussi très questionnable, c'est la notion du un
tiers, deux tiers. pourquoi pas 25 %, 75 %? pourquoi pas 60 %, 40 %? non, c'est
un tiers, deux tiers. on a choisi ça, là. je ne sais pas par quel
méandre on en est arrivé à ce choix-là. et, les
caractères, il faut qu'ils
soient 2 fois plus grands que ceux utilisés dans le texte, dans
l'autre langue. Deux fois plus grands. Toujours le concept, la notion un tiers,
deux tiers, et les autres caractéristiques de cet affichage.
Après ça, là, c'est quand les affiches sont
distinctes. Quand les affiches sont distinctes, une affiche distincte en
français, une affiche distincte en anglais, là, le nombre des
affiches est important. Là, le nombre des affiches, il faut qu'il y en
ait plus en français qu'il y en a en anglais. Combien plus? Deux fois
plus. Il faut qu'il y en ait 2 fois plus en français qu'en anglais,
quand les affiches sont distinctes. Là, pour décider s'il y a une
violation, vous entrez dans un magasin c'est pour ça qu'il n'y a
pas eu de plaintes d'alimentation, par exemple, où on a des
affiches pour des bananes, des jus de tomate, quelque chose du genre.
Là, pour déterminer s'il y a une violation, il faut quasiment
avoir un fauteuil roulant et se promener dans les allées, et là
il faut les compter.
Là, tu les comptes tout autour, tu les notes, et là, si
c'est 2 fois plus, c'est correct, la loi est respectée. Mais si ce n'est
pas 2 fois plus, il y a une violation. Mais qui va prendre la peine de faire
ça? Quand tu fais ton marché, tu fais ton marché. Tu
embarques les affaires dans ton panier et tu ne te soucies pas de compter les
affiches. C'est pour ça qu'après 5 ans il n'y a personne qui a
porté plainte. Voyons donc! Ce n'est pas applicable, cette
affaire-là.
Deuxièmement, les caractères utilisés dans le texte
rédigé en français sont au moins aussi grands que ceux
utilisés dans le texte rédigé dans l'autre langue.
Là, il faudrait avoir une règle, un gallon à mesurer pour
aller mesurer, et un pied-de-roi, comme on disait autrefois. Ça aussi
c'est absurde. Il n'y a personne qui va faire ça. Et puis, le
troisième écoutez bien ça la distance entre
les affiches et la répartition de ces dernières ne doivent pas
avoir pour effet de réduire l'impact visuel. Toujours cette notion pour
le moins ambiguë du texte rédigé en français.
La distance entre les affiches et la répartition de ces
dernières. Alors, les affiches en français, si elles sont en
arrière du magasin et non pas devant, j'imagine que c'a peut-être
pour effet de réduire l'impact visuel. Y a-t-il violation?
Peut-être. Et, quatrièmement, les autres caractéristiques
de cet affichage... C'est quoi, les autres caractéristiques? Un autre
concept ambigu et nébuleux, flou. Les autres caractéristiques.
Les couleurs, par exemple, peut-être, est-ce que ça rentre
là-dedans, les autres caractéristiques? Peut-être. Si c'est
fluo, probablement.
Quatrièmement, les textes rédigés à la fois
en français et dans une autre langue qui sont sur des affiches
distinctes, mais de différentes dimensions. Le texte
rédigé en français est réputé avoir un
impact visuel beaucoup plus important si les conditions suivantes sont
réunies. Toujours la question du nombre. Donc, il faut les compter. Les
affiches sont au moins 2 fois plus grandes en français que celles sur
lesquelles figure le texte rédigé dans l'autre langue. Là,
c'est le concept un tiers, deux tiers qui revient. Deux fois plus grand. Deux
pour un.
Les caractères utilisés dans le texte rédigé
en français sont au moins 2 fois plus grands toujours la
même notion du 2 fois pour 1 que ceux utilisés dans le
texte de français. Mais, là, il faut avoir un instrument de
mesure. Il faut se promener avec son pied-de-roi, comme les ouvriers de la
construction. Vous savez, les ouvriers de la construction, ils ont leur gallon
à mesurer dans leur ceinture. Quand on va faire notre marché, si
on veut surveiller les violations de la loi Sur la prédominance, on va
se promener avec notre gallon à mesurer dans la ceinture, un escabeau,
parce que, des fois, les affiches sont hautes, et une petite calculatrice pour
compter les affiches.
C'est pour ça qu'il n'y a pas de plaintes. Le ministre dit: II
n'y a pas eu de plaintes, et conclut, parce qu'il n'y a pas eu de plaintes, que
c'a été respecté. Pas du tout! Pas du tout! C'est parce
que ce n'est pas applicable. Je ne comprends pas qu'il dise: Ce n'est pas
difficilement gérable, tout ça. Voyons donc! Ce n'est pas
gérable. Ce n'est pas applicable. De sorte que la notion, le concept de
prédominance, moi, je suis convaincu que c'est une supercherie. C'est de
la poudre aux yeux. C'est un écran de fumée tout simplement parce
qu'il n'y a personne qui est en mesure d'appliquer ça correctement et
convenablement. Ce règlement-là, voyons donc, il n'y a
personne... Pensez-vous qu'ils vont être capables d'appliquer ça,
ce règlement-là? C'est plein de notions nébuleuses,
floues, de conditions absolument inapplicables. (22 h 50)
Donc, la réalité, ça va être quoi? La
réalité ça va être le bilinguisme, ça va
être les 2 langues sur un pied d'égalité dans l'affichage
public et commercial. Ça va être ça, la
réalité. C'est déjà la réalité.
Écoutez, à l'intérieur des commerces où c'est
permis maintenant, c'est déjà ça, la
réalité. Il ne faut pas se le cacher, là, la
prédominance, il n'y a personne qui se soucie de ça. C'est le
cadet des soucis d'à peu près tout le monde. Moi, j'aimerais
ça, parce que ça, là, le règlement sur la
prédominance, sur la notion de prédominance, c'est capital pour
ce qui est de l'article 58, deuxième alinéa. C'est capital, c'est
là le coeur de la loi. Les autres règlements que le ministre a
déposés tout à l'heure ont leur importance, et je pense
qu'il faut les regarder attentivement, mais c'est des exceptions. La
règle générale est là, et la règle
générale fait appel à une notion qui est définie,
encadrée ou qu'on veut encadrer ou définir dans le
règlement qui a été déposé vendredi dernier.
Et ça, vous avez beau lire, relire, apprendre par coeur ce
règlement-là, ce n'est pas applicable. Ce n'est pas applicable.
Il n'y a personne qui va appliquer ça, personne ne va appliquer
ça, et personne ne va se soucier du respect de ce
règlement-là. D'autant plus que l'organisme qui aurait pu
s'intéresser à son application et à son respect va
disparaître. On le supprime. La Commission de protection de la langue
française est «kaput», disparue, finie, il n'y en a plus.
Alors...
Mme Blackburn: II n'y avait pas de plaintes.
M. Brassard: Bien je comprends qu'il n'y avait pas de plaintes.
Sur un concept pareil il n'y avait sûrement pas de plaintes, c'est
évident. Il n'y en aura pas plus non plus, mais, au moins, on aurait
peut-être pu supposer que la seule institution intéressée
peut-être à faire un peu respecter ça, ou à faire un
effort pour faire respecter ça, un petit effort, c'est la Commission de
protection de la langue française, mais elle ne sera plus, là.
Elle est disparue. Alors, qui va avoir intérêt? Les citoyens, il
ne faut pas trop leur en demander, là. Moi-même, quand je vais
faire mon marché avec ma femme, je fais mon marché avec ma femme
et je jase avec le monde. Alors, je n'ai pas le temps de regarder les affiches.
Et je suis convaincu que le ministre, c'est ça qu'il fait aussi, il jase
avec le monde. Il n'y a personne qui va avoir le souci de faire ces calculs,
ces vérifications compliquées pour voir si la nette
prédominance est vraiment respectée. Alors, moi, j'aimerais mieux
que le ministre nous dise carrément: Oui, c'est vrai, vous avez raison,
ce n'est pas applicable, et c'est pour la forme, c'est pour la galerie, c'est
pour faire semblant qu'on s'attache à ça. Il faut faire semblant
qu'on est attaché à la prédominance du français
dans l'affichage. Mais, dans la réalité, vous avez raison.
J'aimerais ça qu'il nous dise: Vous avez raison, il n'y a personne qui
va appliquer ça et c'est carrément inapplicable, ce n'est pas
gérable. Au fond, ce qui va arriver, c'est le bilinguisme, les 2 langues
sur le même pied. Très souvent, probablement, peut-être
à l'occasion l'anglais prédominant; et personne ne va s'en
soucier. Et 58, dans le fond, c'est ça, c'est ça qui arrive
à 58.
Et le ministre s'offusque et s'indigne quand on dit ça et quand
les adversaires de la loi, les opposants à la loi 86 affirment qu'en
matière d'affichage public et commercial on va se retrouver avec, comme
règle générale, le bilinguisme
généralisé, et que le prétendu concept de
prédominance ne verra jamais le jour. Il va demeurer dans les limbes.
Jamais il ne verra le jour. C'est un enfant législatif mort-né,
le concept de prédominance. C'est en enfant législatif
mort-né. Jamais il ne verra le jour sur les murs des commerces ou sur
les façades des commerces. C'est déjà un concept
avorté. Donc, qu'on ait la franchise de nous dire que c'est vers
ça qu'on veut aller, c'est vers le bilinguisme général
dans l'affichage, et sans plus. Qu'on ait cette honnêteté de nous
le dire, de nous l'annoncer. Qu'on fasse tout cela en toute transparence. Au
moins on va savoir où on va. Qu'on n'essaie pas de nous berner, de nous
tromper, de nous conter fleurette, de nous conter des histoires sur la
prétendue prédominance du français qui va apparaître
soudainement dans l'affichage. Il n'est pas apparu depuis 5 ans. Ce
concept-là est apparu en 1987 puis on ne l'a pas vu sur les murs de nos
commerces, il n'a pas vu le jour. Alors, il ne verra pas plus le jour à
partir du projet de loi 86.
Moi, j'aimerais ça que le gouvernement fasse preuve d'une
franchise qu'on pourrait qualifier de brutale, mais de saine, au fond, dans le
débat actuel. Ce serait sain qu'il affiche carrément ses couleurs
et qu'il n'essaie pas de prétendre que le français va occuper une
place plus importante dans l'affichage. Ce n'est pas faisable, ce n'est pas
gérable, ce n'est pas applicable, quels que soient les règlements
tortueux et compliqués qu'on va concocter dans les officines du
gouvernement. On aura beau faire tous les efforts, je pense que...
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député. M. Brassard: Oui, M. le Président?
Le Président (M. Doyon): En terminant. Vingt minutes.
M. Brassard: J'ai déjà parlé 20 minutes?
Le Président (M. Doyon): Ah! oui.
M. Brassard: Extraordinaire! Vraiment! Alors, voilà, c'est
que je voulais dire. Un peu de franchise et, finalement, un peu
d'honnêteté, puis que le gouvernement affiche clairement ses
couleurs. On n'est pas dupe. Voilà ce que je voulais dire.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Jacques-Cartier. Oui, M. le ministre, oui, en vertu de la règle de
l'alternance.
M. Ryan: Ah, mais, non, je suis bien prêt à...
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Jacques-Cartier a demandé la parole.
M. Ryan: Oui. On va entendre le député de
Jacques-Cartier.
Le Président (M. Doyon): Oui, il n'a pas abusé
jusqu'à maintenant.
M. Ryan: Non, non.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Cameron: Merci, M. le Président. I should explain that
my colleague for D'Arcy-McGee was called urgently to Montréal and he
left me with two amendments to article 17...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Cameron: ...the idea being that, if the first one was not real
receivable or was real receivable but was then rejected, then I would move on
to the second one.
But the hour grows late and, in fact, the first amendment involves the
change of wording over an
issue that we have already heard analyzed in exhaustive detail by the
Minister and the Deputy for Chicoutimi, so I do not really think that it needs
to be entirely gone over again. Allow me to just read it before it is buried,
just to make clear what the purpose of the amendment was and then I will go on
to the second one if you bear with me.
The original amendment that I tought I was going to get in somewhere
around 6 o'clock this evening...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Cameron: ...was one that said: retrancher, dans la
troisième ligne du troisième alinéa de l'article 58 de la
Charte de la langue française, remplacé par l'article 17 du
projet de loi 86, les mots «doivent se faire uniquement en
français ou». As you will recall, this has already been given some
extended discussion. But I would like to just very briefly explain the purpose
and then read the second amendment and then I hope I will not take much more of
your time.
The purpose of this amendment, as I understand it, was to try to make
sure that the regulation in the law could not be expanded in the future by a
future government to require the use of unilingual French in broader and
broader areas without a debate in the National Assembly. In other words, the
law itself could remain on the books, but the use of article 17 in a certain
way might mean that what had previously been accepted as a matter of bilingual
usage or as Enghish or French, or French and another language or something like
that would now be again restricted to an exclusive use of French, and not only
restricted to an exclusive use of French but done so without new legislation or
without a new debate but purely by regulation. (23 heures)
That was the purpose of the amendment, to address that. Now, given the
hour, let us assume that we have already gone through everything that would
happen as the result of that and it died. Had it died? The alternative
amendment that my colleague from D'Arcy-McGee proposed was this, and I think
this is not a bad one. As a matter of fact, this is: Ajouter, dans la
deuxième ligne du troisième alinéa de l'article 58 de la
Charte de la langue française, remplacé par l'article 17 du
projet de loi 86, après le mot «circonstances» le mot
«exceptionnelles». C'est tout.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que je pourrais avoir
votre... M. le député...
M. Cameron: Oh yes, copies, if you want.
Le Président (M. Doyon): Alors, cet amendement est
déclaré recevable.
Une voix: Vous êtes vite, M. le Président. Des
voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): II est tard. Alors, sur le
fond... Non, non. On parle de l'amendement, mais c'est juste pour se situer.
C'est l'amendement qui ajoute un mot, c'est-à-dire le mot
«exceptionnelles» après le mot « circonstances».
C'est celui-là. Alors, sur...
M. Brassard: Vous avez raison. Il est recevable.
Le Président (M. Doyon): Sur le fond, M. le
député de Jacques-Cartier, je suis prêt à vous
entendre.
M. Cameron: So, it is agreed that it is receivable.
Le Président (M. Doyon): Non, sur le fait que pourquoi on
devrait voter pour.
M. Brassard: II faudrait le mettre au féminin.
Le Président (M. Doyon): Circonstances exceptionnelles,
avec un s. Deux 1, un s.
M. Cameron: What follows next? Le Président (M. Doyon):
Alors...
M. Cameron: Why I would like the word
«exceptional» added.
Le Président (M. Doyon): Yes.
M. Cameron: Partly, I have to use the thoughts of the Member for
D'Arcy-McGee, but I think that, in fact, the intention is that, if the word
«exceptionnelles» came in after «circonstances», it
would mean that these conditions ou circonstances où l'affichage public
et la publicité commerciale doivent se faire uniquement en
français would not happen too often. If «exceptionnelles» is
clearly defined, then, the power of the State would not be exercised that
often. I suppose I would argue that in the most general sense the concern of
the community that voted us in is to some extent that this power has existed at
all, irrespective of whether it has been applied with justice or fairly or
reasonably or moderately or by the Office or by the Minister, or by
règlement or by the law. The point is that the power is still there. If
there is a word like «exceptional» or «exceptionnelles»
describing the conditions or circumstances, it suggests that at least the power
will be used sparingly. I think that it is probably all I need to say on the
subject.
Une voix: Oh! go on, go on, you have half an hour.
M. Cameron: I may have, but I do not want to use it.
Le Président (M. Doyon): You have 20 minutes if you want
to use it.
M. Cameron: Well, if there are responses from the Minister or
from other Members, I would like, maybe, a right of reply but, beyond that, I
am willing to let stand the original explanation.
Le Président (M. Doyon): You will have the occasion to
come back if you want to.
M. le ministre, sur l'amendement proposé par M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Ryan: Regardez, je vais essayer d'assimiler cette
idée-là que véhicule le projet de modification. Il y a 2
possibilités. Soit que ça ajoute vraiment quelque chose à
ce que nous voulons faire ici, et ça serait quelque chose dans le sens
de restreindre. Puis, là, nous avons 3 catégories de situations
qui peuvent arriver, des cas, des lieux ou des circonstances où
l'affichage devrait se faire uniquement en français; d'autres cas
où il peut se faire sans prédominance du français, en
français et dans une autre langue, et d'autres cas uniquement dans une
autre langue. C'est évident qu'il s'agit d'exceptions par rapport
à la règle générale. Je crois que la formulation du
texte indique clairement, avec le «Toutefois»,
«Cependant», «However», que le gouvernement peut
déterminer les lieux où l'affichage doit se faire uniquement en
français, ou peut se faire sans prédominance du français
ou uniquement dans une autre langue. Où la modification proposée
ajoute quelque chose, c'est pour réduire; où elle n'ajoute rien,
à ce moment-là, nous n'en avons pas réellement besoin.
Alors, je crois qu'elle n'ajoute rien et que, mettre le mot
«exceptionnellement», on indiquerait une volonté de
restreindre qui n'est pas manifeste dans ce texte-ci. Il peut arriver, il y a
des cas, là, sans prédominance du français, et on en a
énuméré pas mal, dans le projet de règlement. Dans
le projet de règlement, là, vous voyez qu'on a une bonne douzaine
de cas, hein. Mais, là, ce n'est pas à titre exceptionnel; c'est
plus en raison de la nature de ces objets-là: Quand on parle des
musées, des jardins botaniques, zoologiques, où l'affichage
pourra être fait d'une manière équivalente, en
français et dans une autre langue, ce n'est pas une exception, c'est
parce que c'est un objet qui a sa nature propre. J'ai expliqué pourquoi,
moi, dans le cas d'un musée, dans le cas d'un jardin zoologique. On
n'est pas pour mettre un «Cheval» deux fois plus gros en
français qu'en anglais, tu sais; on se dit: Tu mets «Horse»,
«Cheval». Il faut garder un peu d'esthétique, un peu
d'équilibre là-dedans. Ça fait que c'est une
troisième règle, en somme, qui est formulée ici, dans le
paragraphe, qui est plus que pour des situations, là, très,
très restreintes; et la preuve est fournie par le projet de
règlement que nous avons déposé, O.K.? Alors, j'opte
plutôt pour le maintien du statu quo, mais je comprends le souci du
député de Jacques-Cartier, et j'y souscris; j'y souscris, et
j'espère que cette partie-là du projet de loi sera
utilisée de manière rationnelle, par voie de
réglementation, comme on essaie de le faire.
Je pense qu'il conviendra lui-même que ce qu'on a inscrit ici est
très, très proche de ce que veut signifier le troisième
alinéa, vu dans une perspective plus large qu'à titre
rigoureusement exceptionnel. C'est un autre régime, c'est une autre
modalité que revêt le régime de l'affichage, et, de ce
point de vue là, ce que je dis contredit également ce que j'ai
entendu de la députée de Chicoutimi, auparavant, ce qui me
déplaît plus particulièrement. J'aimerais bien lui
être agréable.
Mme Blackburn: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Not sure. Ha, ha, ha! Non, mais dans ce cas-ci, c'est
ça. Je pense que c'est une troisième règle qui vient
s'introduire. C'est plus large que strictement par exception.
Maintenant, M. le Président, j'allais apporter des
éléments de réflexion, là, à la suite de
l'intervention du député de Lac-Saint-Jean, tantôt, mais je
vais...
Le Président (M. Doyon): Oui...
M. Ryan: ...vous laisser disposer d'abord...
Le Président (M. Doyon): ...on va disposer de
l'amendement.
M. Ryan: ...de la proposition faite par le député
de Jacques-Cartier.
Le Président (M. Doyon): m. le député de
jacques-cartier, si vous voulez utiliser votre droit de réplique,
là, vous avez encore quelques minutes. vous souhaitez...
M. Cameron: I will not take the full time. I will admit that I
find the answer of the Minister quite reasonable reasonable, and I, of course,
did not have the regulations when we came in with these amendments, so that I
think to some extent they may be made ultra vires anyway, just by the arrival
of the actual regulations. I am not entirely certain that it is the case, but I
am also not, by training, a lawyer. So, I do not think that I could argue with
total assurance that the use of a particular word in either the English or
French text is necessarily an advantage, either to the Government or to the
citizens who are affected by the things the Government does. So I will leave it
at that.
Le President (M. Doyon): Alors, sur l'amendement, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Doyon): Oui.
Mme Blackburn: Oui, brièvement, là, c'est parce que
je pense que l'amendement qui est proposé là est inutile. Il
n'ajoute rien c'est ce que le ministre essayait de vous expliquer
parce que vouloir le limiter
plus qu'il ne l'a limité, actuellement, là, à des
circonstances exceptionnelles, là, il ne resterait rien. Il a admis,
tout à l'heure, qu'il a limité au maximum les circonstances
où il y aurait unilinguisme français, 3: transports en commun...
Bien, 3, en fait, 2: c'est les panneaux, les grands panneaux Mediacom, les
transports en commun, les abribus. Ça commence à ressembler
à ce qui ressemble aux accès aux transports en commun. Et c'est
tout, et c'est tout, c'est tout, c'est fini, ça arrête là.
(23 h 10)
Alors, moins que ça, là, il n'osera pas le faire. Moi, je
pense que, à essayer de réduire... Je ne comprends pas la
logique, cependant. Pourquoi le bilinguisme au zoo, puis pas dans le transport
en commun? Il doit y aller plus de touristes au zoo qu'il en va dans le
transport en commun et dans le métro de Montréal. Je ne le sais
pas. La logique, c'est sa logique à lui, une logique que j'ai de la
difficulté à comprendre. Mais votre proposition, je devrai voter
contre parce que, déjà, il n'y a même pas besoin d'avoir
«exceptionnelles» dedans pour qu'il ait estimé que
c'était exceptionnel, l'unilinguisme. C'est fini, on n'en parle plus.
Alors, c'est pour ça que je voterai contre.
Le Président (M. Doyon): D'accord. Alors, sur
l'amendement... À moins que M. le député de
Jacques-Cartier veuille répliquer? Sur l'amendement proposé par
M. le député de Jacques-Cartier, dont il a fait lecture tout
à l'heure, il s'agit d'ajouter, après le mot
«circonstances», le mot «exceptionnelles» à la
fin de l'article 17. Que ceux qui sont en faveur de cet amendement veuillent
bien me l'indiquer.
M. Cameron: Pour.
Le Président (M. Doyon): Le député de
Jacques-Cartier est pour. Est-ce que d'autres membres de la commission sont
pour, sont en faveur? Je n'en vois pas. Contre? M. le ministre?
M. Ryan: À propos de l'intervention
précédente.
Le Président (M. Doyon): Non, mais là je veux
savoir de quelle façon vous votez sur l'amendement de M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Ryan: Je serais tenté de m'abstenir, mais je vote
contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Charlevoix?
M. Bradet: Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Saint-Hyacinthe?
M. Messier: Contre.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi?
Mme Blackburn: Contre.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou?
M. Bélanger (Anjou): Contre.
Le Président (M. Doyon): Abstention de la part de la
présidence.
Le Secrétaire: 1 pour, 6 contre, 1 abstention.
Le Président (M. Doyon): Alors, l'amendement est
rejeté. M. le ministre, je reviendrai à vous pour votre droit de
parole suite à l'intervention de Mme la députée de
Chicoutimi. Le secrétaire m'indique que nous avons entre les mains un
amendement proposé par le ministre, qui est un amendement à
l'article 17 et je le lis pour qu'on se situe dont on n'a pas
encore disposé. Il est suivant: II s'agit d'insérer dans la
première ligne du troisième alinéa de l'article 58
proposé par l'article 17... Pardon?
M. Bélanger (Anjou): Je n'ai pas encore parlé, moi,
sur les règlements sur...
Le Président (M. Doyon): Oui, vous allez pouvoir le faire.
Non, je veux juste disposer... On a disposé d'un amendement, on va
disposer d'un deuxième, et après ça... Alors,
insérer, dans la première ligne du troisième alinéa
de l'article 58 proposé par l'article 17 et avant le mot
«les», ce qui suit: «les lieux,». Fin de l'amendement.
Est-ce qu'il y a des interventions sur cet amendement proprement dit?
Mme Blackburn: Est-ce qu'on dispose de l'amendement avant de...
Je pensais...
Le Président (M. Doyon): Parce qu'on avait
été...
Mme Blackburn: ...qu'on poursuivait la discussion.
Le Président (M. Doyon): Bien, c'est parce que M. le
secrétaire me signalait qu'on avait été saisi de cet
amendement. Il fallait, parce qu'on était pas mal sur le fond de
l'article, et on...
Mme Blackburn: Alors, là, on aborde l'étude de
l'article sur le fond.
Le Président (M. Doyon): Oui, puis on va pouvoir revenir
si... Oui, là, on est sur l'amendement. L'amendement, il s'agit, comme
je vous dis, d'ajouter «les lieux,» à la...
M. Ryan: Peut-être qu'on pourrait s'entendre sur
l'amendement rapidement pour revenir au fond.
Le Président (M. Doyon): Oui.
M. Ryan: ...«les lieux,». Ça fait une
précision de plus qui pourrait être très utile.
Le Président (M. Doyon): Vous êtes d'accord?
M. Tremblay (Rimouski): Sur l'amendement, on est d'accord.
M. Ryan: L'autre a été réglé.
Là, c'est un amendement gouvernemental, une modification proposée
par le ministre.
Mme Blackburn: C'est «les lieux,». M. Ryan: II
s'agit d'ajouter «les lieux,». Une voix: D'accord avec
l'amendement? Mme Blackburn: Oui, «les lieux,».
Une voix: Le règlement fait référence aux
lieux, les musées.
M. Ryan: Oui, c'est ça.
M. Tremblay (Rimouski): L'Opposition est d'accord.
Le Président (M. Doyon): Les conditions et les
circonstances.
Mme Blackburn: Oui. Ça va donner un peu plus de
critères pour resserrer.
M. Ryan: C'est toujours resserrer. Nous autres, chaque fois qu'on
peut raisonnablement...
Mme Blackburn: Le moins possible. Adopté sur division.
Le Président (M. Doyon): Alors, l'amendement est
adopté sur division. Donc, M. le ministre, et je reviendrai au
député d'Anjou après. M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Ryan: Je voudrais revenir brièvement sur le concept de
nette prédominance. En écoutant le député de
Lac-Saint-Jean, je me souvenais des séances que nous avons tenues en
1989, un groupe de travail qui avait reçu le mandat de préciser,
sous forme réglementaire, le concept de nette prédominance. Nous
avons travaillé pendant plusieurs semaines je pense qu'il a fallu
tenir des réunions hebdomadaires pendant 3 mois pour en arriver
au texte du règlement qui demeure pratiquement celui que nous sommes
appelés à considérer au cours des prochaines semaines.
Nous avons ajouté un élément dans le texte qui existait
déjà, et le facteur distance dans le cas où il y a
plusieurs affiches, de dimensions égales ou différentes.
On peut voir des difficultés dans ce concept-là, et je
conçois ça, aussi. Moi, je me mets dans une position de critique
impartial, et je pourrais écrire une couple d'articles qui feraient
rigoler le public, tu sais. Non, je comprends ça, mais on avait
essayé... Je me rappelle, les journalistes nous interpellaient dans le
temps. La réponse que nous leur apportions: Est-ce que vous avez un
concept plus simple, vous autres, pour exprimer la nette prédominance,
que 2 pour 1? On avait cherché loyalement et en étant soucieux de
simplicité ce qui peut être plus simple que le concept de 2 pour 1
pour exprimer l'idée de prédominance. On n'en a pas trouvé
qui étaient plus collé au ras du sol que celui-là: 2 pour
1.
On l'a formulé dans un règlement, qui a donné lieu
à une brochure dans le temps, que je vous présente encore
aujourd'hui, parce que je pense qu'il n'est pas déraisonnable dans sa
teneur, et très, très modeste. Quand il s'agit de
caractères... Disons que vous avez une affiche unique, caractères
2 fois plus gros, ça donne ceci, M. le Président. C'est bien
simple, ça peut être disposé de 50 manières, et
c'est là qu'il y a beaucoup de place pour la créativité de
ceux qui font la présentation et tout. Quand il y a 2 affiches,
l'affiche en français est au moins 2 fois plus grande que celle dans
l'autre langue, les caractères français au moins 2 fois plus
grands. Ce n'est pas difficile, pas difficile. On est bien proche des
règles de base, des règles de base en calcul. Quand il y a
plusieurs affiches, il y a au moins 2 fois plus d'affiches en français,
les caractères français sont au moins aussi grands, les autres
caractéristiques, comme la couleur le député a
parlé de ça tantôt l'éclairage, ne doivent
pas réduire l'impact visuel du texte rédigé en
français.
Je vais en laisser une copie au député de Lac-Saint-Jean,
vu l'intérêt particulier qu'il porte à cette question. Il
pourra nous revenir avec...
M. Brassard: Pour les autres membres aussi.
M. Ryan: Bien, là, je ne sais pas si j'en ai des copies
pour tout le monde. Moi, le secrétaire du Secrétariat à la
politique linguistique m'a passé sa copie. Je vous avoue que je ne
l'apporte pas dans mes poches de complet à tous les jours, parce que je
n'ai pas eu assez de questions pour ça. Mais, ça étant
dit, je crois que ça sera un instrument dont disposera l'Office dans son
travail d'édification. J'ai employé le mot
«édification» à plusieurs reprises à dessein,
délibérément, parce que, ce que nous voulons, c'est que se
construise un ordre
linguistique où cette règle-là aura une
présence importante. Puis, comme vous le savez, les pratiques
d'affichage figureront dorénavant, en vertu d'un article que nous
adopterons bientôt, j'espère bien, dans l'ordre du jour des
négociations qu'une entreprise devra conduire avec l'Office, en vue de
l'obtention d'un certificat de francisation et des rapports qu'elle devra
soumettre ensuite quant aux progrès de l'utilisation
généralisée du français dans l'entreprise. Ce sera
l'un...
Une voix: ...
M. Ryan: Là, franchement, vous allez apporter un immense
soulagement à notre débat.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: M. le Président, en avez-vous d'autres
copies?
M. Brassard: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
À moins qu'il n'ait pas terminé.
M. Ryan: On va envoyer nos 2 protagonistes principaux. Oui?
M. Brassard: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
À moins qu'il n'ait pas terminé?
M. Ryan: Non, je n'ai pas terminé. M. Brassard:
D'accord.
M. Ryan: Alors, l'Office, comme on peut le voir, par un article
qui est.,. Je pense que tout le monde est au courant de cet article qui vient
plus loin dans le projet de loi, à la page 14, à l'article
47.142, je pense, 47.141. Voyez-vous, on dit: «Les programmes...
Le Président (M. Doyon): M. le ministre, le document que
vous venez de distribuer, est-ce que vous voulez qu'on en fasse un
dépôt à cette commission pour qu'il fasse partie de
nos...
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Doyon): Alors, très bien.
M. Ryan: Avec votre consentement.
Le Président (M. Doyon): II sera déposé. (23
h 20)
M. Ryan: Merci. Alors, on dit, à l'article 47.141:
«Les programmes de francisation ont pour but la
généralisation de l'utilisation du français à tous
les niveaux de l'entreprise, par:» et là on énumère
une série de moyens. On dit bien, dans 7°: «l'utilisation du
français dans l'affichage public et la publicité
commerciale.»
Ces programmes de francisation doivent être approuvés par
l'Office. Donc, l'Office a un pouvoir de négociation très
important ici parce que, si l'entreprise n'est pas passée par
l'étape du programme de francisation, elle ne peut pas avoir
accès au certificat de francisation. Alors, l'Office tient un rôle
important. On lui donne un instrument. Les gens vont dire: Qu'est-ce que
ça veut dire, ça, nette prédominance? Ça veut dire
approximativement 2 pour 1. Ce n'est pas une règle arithmétique,
mais toute formule qui équivaudra à 2 pour 1 ou s'en rapprochera
sensiblement sera jugée, j'en suis sûr, avec la
compréhension nécessaire par l'Office en matière d'octroi
de certificats de francisation.
Et, en matière d'affichage plus large, il y aura des recours
ordinaires que prévoit la loi. C'est évident que ça
demandera de la compréhension et de la souplesse de la part de l'Office
quand il sera saisi de plaintes à ce sujet-là ou qu'il voudra se
saisir d'une situation, mais, nous autres, nous considérons que, dans le
stade actuel d'évolution des mentalités, le concept de nette
prédominance s'impose. Il avait été retenu par la Cour
suprême du Canada. Il a fait l'objet de nombreuses protestations
d'adhésion de la part des milieux anglophones. Que de fois j'ai entendu
des milieux anglophones «give us 10 to 1. We will be pleased provided the
principle safe.» Et nous avons fait plus que 10, 1 pour 10. Ça,
ça aurait été la proportion des anglophones dans la
population québécoise. Nous disons: 2 pour 1. Puis je pense qu'en
général les gens vont être satisfaits de ça.
Il faut croire en la loyauté des gens envers la loi et envers les
prescriptions réglementaires qui en découlent. Nous autres, nous
fonctionnons dans ceci avec une confiance raisonnable que les résultats
seront convenables et nous ne rechercherons pas, et nous n'anticipons point la
perfection arithmétique en ces choses. C'est la nette
prédominance du français que nous voulons obtenir sur les moyens.
Il se peut très bien que nous arrivions, dans 5 ou 10 ans, à des
constatations différentes de nos prévisions actuelles, mais dans
le sens que la prédominance se sera peut-être
réalisée par d'autres manières que celles que nous avions
envisagées. Puis, en temps utile, il y aura lieu d'ajuster le
règlement s'il le faut mais, pour le moment, nous agissons en
continuité de ce qui s'est fait déjà. Je suis convaincu
que n'importe quel lecteur va comprendre ça à la première
lecture. Mais je comprends que le député de Lac-Saint-Jean avait
des difficultés, parce qu'il n'avait pas vu ce magnifique
illustré.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: J'aurais une question bien simple à poser au
ministre, parce que, juste en terminant, il vient de nous dire: On verra dans
10 ans, dans quelques années, comment ça s'est appliqué
et, s'il le faut, on
apportera les ajustements qui s'imposent au règlement. Mais, dans
le cas de la nette prédominance, ça fait déjà 5 ans
presque et ça s'applique à l'intérieur des commerces. Et,
moi, je lui pose la question suivante: Est-ce que la Commission de protection
de la langue française ou l'Office ont fait une évaluation de
l'application de la mise en vigueur de la nettre prédominance à
l'intérieur des commerces permise depuis 1987, depuis l'adoption de la
loi 178?
On ne peut pas se baser sur les plaintes, tout le monde sait qu'il n'y
en a pas de plaintes, il n'y a pas eu de plaintes. Je comprends pourquoi,
là. Il n'y a personne au Québec qui va avoir l'esprit assez tordu
pour se promener même avec le joli petit dépliant
dans les commerces avec son gallon à mesurer pour essayer de voir s'il y
a des violations. Mais le Commission de protection, peut-être qu'elle a
fait, elle, une évaluation de l'application de cette notion-là.
Est-ce qu'on serait en mesure de connaître... Je pense que ce serait
important pour les membres de cette commission parlementaire, de savoir comment
ça s'est appliqué dans les commerces, puisque ce n'est pas une
notion nouvelle. C'est une notion qui existait dans la loi 178 et qu'on
élargit avec la loi 86.
M. Ryan: La loi 178 avait maintenu la règle de
l'unilinguisme pour l'affichage extérieur...
M. Brassard: .Oui
M. Ryan: ...et avait instauré la règle du
français nettement prédominant et de l'usage facultatif d'une
autre langue pour l'affichage intérieur.
M. Brassard: Oui.
M. Ryan: Étant donné le contexte dans lequel est
née la loi 178, étant donné que le débat
s'était bien davantage fait autour de l'affichage extérieur et
que comme nous maintenions cette règle-là de l'unilinguisme
français dans l'affichage extérieur, l'attention de la Commission
de protection s'est portée de manière nettement
prédominante...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: ...vers la surveillance de l'affichage extérieur,
avec les résultats que nous avons produits régulièrement
d'année en année à l'étude des crédits. Mme
de Fougerolles, la présidente de la Commission, a toujours produit des
rapports détaillés sur le nombre, la nature et la provenance des
plaintes dont elle était saisie. Puis peut-être... Pardon?
M. Brassard: Vous dites bien pour l'affichage
extérieur?
M. Ryan: Oui, oui, oui, l'affichage extérieur. Maintenant,
si Mme de Fougerolles veut ajouter un complément d'information quant
à l'autre volet de la question du député de
Lac-Saint-Jean, elle est à côté de moi, et, avec le
consentement du président et des membres, je pense bien qu'elle se fera
plaisir de nous répondre.
M. Brassard: Sûrement.
Le Président (M. Doyon): Mme de Fougerolles.
Mme de Fougerolles (Ludmila): Merci, M. le Président.
J'aimerais tout simplement confirmer une chose. La loi 178 prévoyait
l'unilinguisme français à l'extérieur et à
l'intérieur d'une grande proportion de commerces. Tous les commerces
employant plus de 50 employés, c'était unilingue français.
Les commerces franchisés, c'était unilingue français.
Donc, en fait, ce qui restait, c'étaient les entreprises
indépendantes de 50 et moins ou les non-franchisées de 5 et
moins; les 50 dans tous les cas et les 5 et moins non franchisées.
De plus, ce que la loi disait, c'est qu'était
considéré comme affichage extérieur l'affichage qui
était destiné aux gens se trouvant à l'extérieur.
Donc, tout ce qui était dirigé vers l'extérieur qui se
trouvait à l'extérieur d'un commerce était
considéré comme de l'affichage extérieur.
M. Brassard: Les vitrines, par exemple.
mme de fougerolles: les vitrines, exactement. alors, si vous
regardez le décompte du type de commerces qui avaient droit à
faire de l'affichage nettement prédominant à l'intérieur,
c'étaient les petits commerces genre dépanneur, genre
indépendant. ce n'étaient pas les grandes surface comme chez
métro, iga, etc. et ces commerces je le sais par
expérience mettent tout leur affichage en vitrine. pourquoi ils
mettent le genre d'affichage qu'ils mettent? c'est pour annoncer leurs
spéciaux de la semaine, les pommes de terre, enfin, les ventes, etc. si
vous allez chez un dépanneur, lui, il met tous ses spéciaux
à l'extérieur et, à l'intérieur, il n'y a
pratiquement pas d'affichage. il y a très, très peu d'affichage.
il met ses produits sur les comptoirs. mais ce n'est pas comme dans les
pharmacies ou comme pour diriger les clients, c'est trop petit. et je vous
dirais que, lorsque nos inspecteurs allaient dans ces commerces, 99 % de
l'affichage qui existait était considéré selon les
règles actuelles de l'affichage extérieur. donc, on a eu
très peu de cas d'affichage intérieur où la nette
prédominance était permise.
En fin de compte, je peux vous dire qu'on a eu 4 cas, et on les a
réglés, et on leur a montré comment faire la nette
prédominance. On arrivait avec le dépliant. Ils comprenaient, ils
l'ont fait. Et je dois vous dire aussi, pour complément d'information,
qu'un des 4 cas était un franchisé qui avait 2
établissements. Étant donné qu'il était
prospère et qu'il a pu ouvrir un troisième établissement
sous la même bannière, là, il a dû enlever son
affichage nettement prédominant puis le faire unilingue
français, parce qu'il n'y avait plus droit.
Donc, en fin de compte, je peux vous dire qu'il reste peut-être 3
commerces à Montréal où il y a de l'affichage nettement
prédominant, à ma connaissance. (23 h 30)
M. Brassard: Sauf que, là, c'est clair qu'avec le projet
de loi 86, cependant, les entreprises qui, actuellement, ne sont pas soumises
à l'affichage intérieur avec nette prédominance vont
l'être, c'est-à-dire les entreprises de 50 employés et
plus, les entreprises de 6 à 49 employés qui utilisent la
même raison sociale ou la même marque de commerce et qu'au moins 2
autres entreprises vont l'être également.
Donc, par conséquent, ce que vous dites, finalement: L'affichage
intérieur avec nette prédominance ne s'est pas vraiment
généralisé à cause du type d'entreprises qui y
avait droit. Mais, là, ce ne sera plus le cas avec le projet de loi 86,
ça va s'élargir. Et, là, forcément, les magasins
à grande surface vont pouvoir le faire et donc, à ce
moment-là, ça va devenir pas mal plus compliqué et, donc,
une plus grande surveillance va être requise et, malheureusement, votre
organisme n'existera plus.
M. Ryan: Oui, mais l'Office va exister pour faire le même
travail.
M. Brassard: Oui...
M. Ryan: Mais oui. Il y a une chose qu'on peut se dire aussi, on
hypothétise, cependant. Il n'y a personne qui n'a de certitude
là-dedans: la règle de nette prédominance pourrait
très bien j'ai dit tantôt qu'on ne peut pas prévoir
tout ce qui va arriver avoir un effet dissuasif aussi par rapport au
bilinguisme. Si c'est vrai que c'est compliqué, comme le dit le
député de Lac-Saint-Jean, il y en a beaucoup qui vont se dire: on
est aussi bien de rester uniquement en français comme on était
là. C'est très bien. Ça, c'est un autre effet que peut
produire la loi, dont on ne saurait minimiser l'éventuelle portée
actuellement.
Une voix: C'est ça.
M. Ryan: Ce ne serait pas contraire à l'intention du
législateur, malgré les motifs qu'on lui prête. Il y a
beaucoup, beaucoup de potentiel dans cette... Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, si j'ai bien
compris la réponse de Mme de Fougerolles, c'est qu'il y avait uniquement
3 entreprises qui se sont prévalues de... Je n'ai pas très bien
compris.
Mme de Fougerolles: C'est que nous avons eu des dossiers sur 3
entreprises. Nous avons reçu des plaintes sur 3 entreprises.
M. Bélanger (Anjou): Oui, d'accord. Mme de Fougerolles:
À l'intérieur.
M. Bélanger (Anjou): Et, ces dossiers-là, il n'y en
a aucun, si je comprends bien, qui a été transmis au Procureur
général pour qu'il y ait poursuite. C'est ça?
Mme de Fougerolles: Non.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que vous avez fait une
évaluation d'à peu près... Ça représentait
combien d'entreprises potentielles à peu près qui pouvaient se
prévaloir, on va dire à Montréal, de cette... Quelques
centaines? Quelques milliers?
Mme de Fougerolles: Je ne sais pas. Je n'ai aucune
idée.
M. Bélanger (Anjou): Vous n'avez aucune idée?
Mme de Fougerolles: Non, je n'ai aucune idée combien
d'entreprises...
M. Bélanger (Anjou): Je regardais, M. le Président,
la petite brochure, merveilleuse, qui est supposée être
évidente maintenant, pour rendre évident à tout le monde
le principe de la nette prédominance. Puis je remarquais, M. le
Président, que, justement, c'était du papier quadrillé,
comme un peu une règle à mesurer. Je pense que c'est assez
indicatif, justement, de ce que ça prend comme instrument pour pouvoir
justement évaluer la nette prédominance.
Je me demandais: est-ce que le ministre a demandé des avis
juridiques sur l'applicabilité de son critère tel que
défini? Parce que j'écoutais tout à l'heure
l'exposé de mon collègue de Lac-Saint-Jean relativement, je
pense, à un cas que tout le monde peut assez facilement identifier ou
penser probable: la personne qui va faire son épicerie. Puis je me
demande, moi, de quelle façon le ministre peut considérer
justement ces critères-là? Comment peut-on les évaluer?
Comment peut-on vraiment penser que ce sont des critères
vérifia-bles qui peuvent donner lieu à des poursuites ou à
des plaintes? Est-ce qu'il y a eu... Est-ce qu'il a demandé des avis
juridiques là-dessus?
M. Ryan: Ça a été préparé avec
la participation des officiers du ministère de la Justice. Us
étaient là même quand on a fait je peux dire
ça après coup parce que ça remonte à 4 ans. Quand
on a préparé le règlement sur la nette
prédominance, le sous-ministre de la Justice, M. Chamberland,
était présent. Le sous-ministre adjoint, M. Jean-K. Samson dont
tout le monde connaît l'expertise exceptionnelle en matière
constitutionnelle et juridique était présent également. Il
y avait d'autres conseillers du ministère qui étaient là.
Il y avait
Me Blanchet, qui a été longtemps chef du contentieux au
ministère de l'Éducation, et qui est maintenant sous-ministre
adjoint aux affaires juridiques au ministère des Affaires municipales.
Il était présent là, tout le temps. On avait des
conseillers de l'Office. Il y en avait de la Commission de protection de la
langue qui ont été consultés également. Ça
fait que, ça, il y a eu d'abondantes consultations. Puis, ces
textes-là n'ont été arrêtés qu'après
de très longues discussions, des échanges approfondis entre des
personnes de ce calibre-là, en plus des personnes, évidemment,
qui étaient au coeur de l'application de la Charte. M. Rondeau
était présent à ce moment-là, Mme de Fougerolles
était présente également; M. Laporte faisait partie du
groupe. Vous vous souvenez, hein? Il y avait toutes les meilleures ressources
qu'on pouvait mobiliser. Tout ce monde-là s'est mis d'accord
là-dessus.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je comprends
qu'il y a de nombreux avocats qui ont pu participer à
l'élaboration de ce principe-là, mais je pense que c'est
différent de participer à l'élaboration d'un principe et
le fait justement, une fois que ce principe est arrêté, de le
soumettre à une étude juridique approfondie. C'est
complètement différent. Je pense que le ministre en conviendra
avec moi.
M. Ryan: Non, parce que quand on a les meilleures
autorités du ministère de la Justice, avant de venir à
table mettre une idée de l'avant, elles consultent leurs collaborateurs.
Et, moi, j'ai un principe, pas un principe, une règle de conduite, comme
membre du gouvernement; je ne commande à peu près jamais
d'études juridiques à l'extérieur, parce que j'ai bien
confiance aux conseillers juridiques du gouvernement. Ils m'ont très
bien servi depuis sept ans et demi dans toutes les fonctions que j'ai
occupées et je n'aurais pas pu trouver de meilleurs avis à
l'extérieur, M. le Président. Ça sauve de l'argent au
gouvernement en même temps, parce que ce sont des gens qui sont
payés pour nous servir et je suis fier d'eux. Moi, dans les
ministères dont je m'occupe, nous gagnons pratiquement toutes nos causes
grâce à l'excellente défense qu'ils font des
décisions prises par le ministre.
Mme Blackburn: ...avec les Nations unies. M. Ryan: Pardon?
Mais celle-là, là... Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Remarquez que vous avez eu une grosse influence dans
l'affaire. Vous avez au moins 50 % de responsabilité.
Mme Blackburn: À moins que vous ayez gagné en
perdant.
M. Brassard: C'est parce qu'il l'a donnée au
Procureur.
Mme Blackburn: C'est la cerise sur le gâteau.
M. Ryan: Avec la décision que nous prenons maintenant,
nous aurons une bien meilleure défense, de bien meilleures chances de
succès.
M. Brassard: Je pense que c'est Rémillard qui l'a
défendue, celle-là.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président...
M. Ryan: C'est le gouvernement, là. On ne peut pas isoler
un ministre en particulier et je pense qu'encore là il y eut un travail
d'équipe. Je pense que les services du ministère responsable de
la langue furent étroitement associés à la
préparation du plaidoyer. Je me souviens, en particulier, que M. Rondeau
a été consulté de très près. Je pense que ce
n'est pas une indiscrétion de le dire. Moi-même, on m'a soumis les
textes avant de les envoyer. J'ai donné mon avis. Je ne m'en cache
pas.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président. Mais
le ministre ne trouve pas ça quand même un peu spécial
qu'un règlement existe depuis 1989, qui reprend cette même notion
de prédominance, de nette prédominance et qu'il n'y a jamais eu
de plaintes relativement à ce règlement-là? Pour lui,
là, est-ce qu'il interprète ça comme voulant dire que
c'est la paix linguistique, que tout le monde est content, qu'il n'y a jamais
eu de plaintes ou il ne reconnaît pas qu'il y a peut-être un
problème d'applicabilité du critère?
M. Ryan: Regardez, non... C'est parce que les gens, vous savez...
D'abord, Mme de Fougerolles a énuméré toutes les
exceptions qui existaient à ce moment-là. Vous alliez chez Eaton
à Montréal, à La Baie, dans ces grands magasins là,
il n'y avait pas de problème, tout l'affichage était en
français. Vous arrivez dans un petit commerce de rien, l'affichage, il
n'y en a pas tellement d'abord, et, ce qu'ils ont, ce sont des affiches qui
leur viennent de fabricants, ces choses-là. Ils n'ont pas les moyens de
se donner beaucoup d'affichage permanent et cet affichage-là, en
général, est bilingue. Ils marchent avec ça et il n'y a
personne qui passe de remarque. Vous allez dans une pharmacie, un petit
dépanneur et tout... Je comprends que le député de
Lac-Saint-Jean n'ait pas été embarrassé dans son magasin,
son marché d'alimentation, c'était uniquement en français.
Il n'était même pas obligé de regarder.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, c'est parce
que, moi, il y a une chose qui me préoccupe un peu et, là, je
n'ai pas la prétention d'être un expert là-dedans, du tout,
c'est quand le ministre parlait tout à l'heure que, justement, si c'est
difficilement évaluable, l'infraction, ce qui constitue une infraction,
ce qui
constitue justement une nette prédominance, lui, il
interprète ça comme voulant dire, comme étant un frein
peut-être pour les commerçants qui, dans le doute, vont dire tout
simplement: Moi, je ne prends pas de chance, je reste unilingue
français, je suis correct. Moi, je serais plutôt porté
à penser que, le fait, justement, que le test à subir est
tellement flou, tellement difficile à préciser, ça
constitue un très bon moyen de défense, justement, à
n'importe quelle poursuite. Ça, c'est un principe fondamental qu'on
appelle «the vagueness». Quand il y a une infraction qui est
définie de façon très vague, très floue, à
ce moment-là, c'est très difficile pour un Procureur
général de porter une plainte, parce que très facilement,
la personne qui est poursuivie peut soulever un doute, peut se défendre
en disant: Écoutez, c'est difficile pour un homme raisonnable de
définir c'est quoi, l'infraction, c'est quoi le caractère
prédominant, qu'est-ce qui ne l'est pas. Et je pense, moi... Si, depuis
1989, il n'y a jamais eu de poursuite sur le règlement tel qu'existant
depuis 1989, c'est assez évident que c'est dû au fait que les
critères qui étaient retenus, de nette prédominance, ce
sont des critères qui sont difficilement évaluables pour l'homme
moyen. On ne peut pas demander à l'homme moyen, à M.
Tout-le-Monde de se promener avec la petite brochure du ministre ou encore avec
l'article de loi pour voir les 4 critères et vérifier si les 4
critères sont respectés pour savoir: est-ce que je porte une
plainte ou si je ne porte pas une plainte? La couleur, le nombre des affiches,
la dimension, la distance. Je pense qu'il faut quand même se rendre
à l'évidence. Je comprends que nulle personne n'est censée
ignorer la loi, mais il ne faut pas demander à n'importe qui, non plus,
d'être un juriste pour pouvoir être en mesure de déterminer
s'il a commis ou s'il va commettre une infraction. Je pense que le ministre
doit être sensible à ce genre d'argument là.
M. Ryan: Oui, mais il ne faut pas aborder ces choses-là
avec l'idée d'instituer d'abord des procédures judiciaires. Je
pense que c'est une approche qui est contraire à celle du gouvernement.
Et il y a un but pédagogique dans ceci. L'approche fondamentale que nous
épousons, c'est l'approche de l'accompagnement, du soutien. C'est
ça que nous voulons faire. Nous ne tenons pas à ce que la menace
de la police soit toujours là-dedans. J'ai répété
à maintes reprises que je voulais que ça s'éloigne du
portrait linguistique ce n'est pas la place à cause du
lien immédiat qui existe entre langue et liberté. Il ne faut
jamais oublier ça, et c'est à cause de ça qu'il faut y
aller de manière prudente. Ce concept-là, avec le
règlement qui l'exprime, fournit un instrument très pertinent et
dont je suis assuré que l'on se servira dans la pratique avec le
discernement et la compréhension qui s'imposent. Il n'y a pas d'autre
voie dans ces choses-là. On a obtenu de bons résultats ces
dernières années, mais, là, il y a un ajustement qui
s'impose et je pense que nous sommes capables de le faire. (23 h 40)
M. Bélanger (Anjou): Je voudrais faire
référence à un échange qui a eu lieu au tout
début, quand on a procédé à l'étude de ces
dispositions. Quand ma collègue de Chicoutimi parlait de bilinguisme,
à chaque fois je voyais le ministre réagir: Ce n'est pas du
bilinguisme, ce n'est pas du bilinguisme. On dirait que pour le ministre
je ne sais pas si on a la même conception de la réalité
montréalaise il suffit de dire que le français est la
langue d'affichage pour que ça constitue de l'unilin-guisme
français. Il semble prendre ça pour acquis. Il ne semble pas
reconnaître que le fait de ne pas interdire la langue anglaise de facto,
ce que ça représente à Montréal, ce que c'a
toujours représenté historiquement à Montréal,
c'est le bilinguisme c'est le bilinguisme. C'est sûr que ce n'est
pas du bilinguisme... Je suis le ministre quand il dit que ce n'est pas du
bilinguisme obligatoire qu'il y a dans cette loi. C'est vrai. On ne dit pas
dans cette loi: ça doit être dans les 2 langues. Mais la force des
2 langues, l'attraction des 2 langues, la situation qu'on a à
Montréal, fait en sorte que, si on n'empêche pas la langue
anglaise, automatiquement elle arrive, même si elle n'est pas
obligatoire. Le ministre, chaque fois qu'on lui parle de bilinguisme, il rue
dans les brancards parce qu'il nous dit: Écoutez, ce n'est pas du
bilinguisme parce qu'on n'impose pas l'anglais. C'est vrai que vous n'imposez
pas l'anglais, mais vous ne le défendez pas et, de facto, le
résultat est le même à Montréal. Vous ne le
défendez pas et il va revenir au grand galop. Et, comme le disait la
députée de Chicoutimi, les cas où l'unilinguisme
français est obligatoire, il n'y en a pas beaucoup. J'attends toujours
une correction. Elle a énuméré les 2, 3 exemples dans
lesquels l'unilinguisme français va vraiment prévaloir, où
ça va être la règle absolue. Le ministre n'en a pas
nommé d'autres, là. Je ne pense pas que ma collègue se
soit trompée. Ce sont vraiment les cas qu'elle a cités, les seuls
cas où l'unilinguisme va prévaloir. Le reste, c'est... D'accord,
on peut affirmer le principe que ça va être le français. On
peut l'affirmer, mais, avec tous les principes d'interprétation qui
disent que, quand l'anglais n'est pas défendu, l'anglais est permis, le
ministre conviendra avec moi que ça équivaut de facto à du
bilinguisme. C'est ça. Qu'on parle de nette prédominance ou pas
de nette prédominance, à partir du moment où il y a 2
langues, peu importent les proportions, c'est du bilinguisme.
M. Ryan: Ça, je ne suis pas d'accord sur les conclusions
que tire le député d'Anjou. J'ai mentionné à
plusieurs reprises ce soir mon intérêt à connaître
d'autres situations où, selon l'Opposition, il serait impérieux
que l'on maintienne la règle du français exclusivement
obligatoire. Là, il y a 3 situations qui sont mentionnées dans le
projet de règlement que j'ai rendu public ce soir, c'est vrai. S'il y en
a d'autres, qu'on les mentionne et on verra, mais pour le moment, nous autres,
ce sont les cas que nous avons retenus. Les autres nous semblent devoir tomber
sous la règle générale. C'est vrai que nous modifions la
règle générale. C'est un des principes
fondamentaux du projet de loi. Je ne peux pas le cacher, mais on doit
tenir à ce principe-là dans la mesure la plus large possible. Il
me semble qu'autrement ce serait tromper la population que d'énoncer ce
principe pour ensuite dire: Ne vous inquiétez pas, on va continuer
à faire le contraire en pratique. Ce n'est pas ça qu'est
l'intention du gouvernement. Mais, s'il y a d'autres situations qui
requièrent le régime défini au troisième
alinéa de l'article 17, nous sommes intéressés à en
prendre connaissance.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je pense que
je peux donner un cas particulier où l'unilinguisme français
serait, je pense, souhaité et souhaitable par tout le monde, c'est les
magasins de grande surface. Moi, je n'ai pas vu un intervenant qui est venu
devant cette commission et qui a réclamé ça. Moi, je ne
sais pas d'où ça vient, cette commande. Et j'attends encore une
réponse de la part du ministre, à savoir pourquoi, dans les
grandes surfaces, l'unilinguisme français ne prévaut pas.
Pourquoi on n'a pas pensé à une disposition qui permettrait de
limiter l'usage de l'anglais pour ça? On semble prendre pour acquis
qu'il faut absolument, là-dessus, laisser tomber. Et je ne pense pas
qu'on brime aucun droit individuel. Quand une multinationale ou une grande
compagnie, avec je ne sais pas trop combien de milliers d'actionnaires et
d'administrateurs... Dire qu'on brime les droits individuels de tous ces
individus-là, en restreignant l'usage de l'anglais, je pense, en tout
cas, que la démonstration, à date, lors de cette commission, n'en
a pas été faite d'une façon éloquente. Elle reste
peut-être à faire. Peut-être que le ministre va nous en
faire la démonstration. Mais je ne sais pas quelle est la justification
de ça. Je pense que ça serait un bon exemple, ça,
où on pourrait, je pense, faire marche arrière, dans le projet de
loi qui nous est présenté, pour qu'on reste où on est
présentement. Je pense que c'est une situation qui est souhaitable et
qui est souhaitée par tout le monde.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Ryan: Là-dessus, je pense que ce sont des
activités directement reliées au commerce. Nous l'avons
examiné, et ça nous est apparu contraire à l'esprit des
décisions dont nous avons parlé à maintes reprises pour
maintenir l'interdiction de l'usage d'une autre langue dans les magasins de
grande surface. Si on le faisait là, il faudrait revenir à la
notion de très petits magasins, en contrepartie. Et nous n'avons pas
retenu ce concept-là, parce qu'il nous apparaissait inapte à
répondre de manière satisfaisante aux exigences que faisaient
peser sur le gouvernement les décisions rendues dans le passé.
Et, là, il fallait décider si on revenait à la clause
«nonobstant» ou non.
Il y a un autre facteur aussi. Dans la décision rendue par le
comité des Nations unies sur les droits humains, on dit bien qu'il y a 2
dimensions à la liberté du discours commercial. Il y a la
liberté de l'émetteur et il y a la liberté du
récepteur aussi. Le droit d'émettre des messages dans la langue
qu'on veut et le droit de les recevoir dans la langue que l'on parle. Ils ont
mentionné ça dans le jugement. La Cour suprême en avait
parlé également dans son arrêt de 1988. Et, tôt ou
tard, si nous ne tenions pas compte de ce facteur, nous étions
susceptibles d'être rejoints par le même argument des chartes de
droits, mais par une autre porte. Avec les dispositions que nous avons
arrêtées dans le projet de loi, nous évitons ces
difficultés, sauf, possiblement, en ce qui touche les
panneaux-réclame. De ce côté-là, nous avons
confiance que notre cause, si jamais elle devait être portée
devant les tribunaux, serait une cause fortement défendable. Mais nous
ne pouvons pas entretenir de certitude absolue à ces choses,
évidemment. Il n'y a personne qui peut donner ça.
Dans des questions juridiques qui n'ont pas fait l'objet de tests dans
les tribunaux, on le sait une fois que la décision a été
rendue. Mais je prends note quand même de l'observation du
député d'Anjou. Je la trouve éminemment constructive. Et
on va la regarder, dans l'examen qu'on va faire du projet, au cours des
prochaines semaines. On est capable de réexaminer une conclusion
déjà arrêtée. Ça, ce n'est pas une chose
qu'on s'est interdit de faire, loin de là.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, juste pour
terminer sur ce point. C'est parce que l'extrait de jugement auquel fait
référence le ministre, à ma souvenance, c'était
dans un obiter dictum du juge. Ce n'était pas le ratio decidendi
là-dessus, c'était uniquement une considération. Mais il
ne s'est pas prononcé d'une façon décisive sur ce point.
C'est peut-être un petit peu ce que je reproche à l'esprit de ce
projet de loi, c'est que dans le doute, chaque fois qu'il y a un doute,
à savoir s'il pouvait y avoir une interprétation
défavorable ou pas, on recule en disant: Bon, on va permettre l'anglais.
Chaque fois. Plutôt que de... On ne prend aucune chance. On ne prend
aucune chance. On fait le projet de loi le plus bilingue possible, sans que ce
soit bilingue, aux dires du ministre, mais il ne faut pas prendre de chance
pour ne pas qu'il y ait de contestation. Moi, je me demande pourquoi on abdicte
si facilement devant un risque de contestation. (23 h 50)
M. Ryan: Mais regardez...
M. Bélanger (Anjou): Je comprends qu'on n'aime pas nous
non plus les contestations. On s'est toujours dit qu'on voulait nous aussi la
paix linguistique. Mais, nous, on a toujours pensé qu'on l'avait vu, le
nombre très peu élevé de plaintes qu'il y a depuis quand
même quelques années. Puis, là, on dirait, tout à
coup, que le gouvernement semble tellement préoccupé,
obnubilé par le risque, aussi infime soit-il, de poursuites, qu'il fait
machine arrière à chaque fois et on dit: Bon, on va permettre
l'anglais. Ah! il peut y avoir une petite interprétation douteuse, on va
permettre l'anglais. Il peut y avoir un petit doute, on va permettre
l'anglais.
Puis là, finalement, on se retrouve devant une situation qui est
inconfortable pour le français comme langue officielle.
M. Ryan: Mais, dans la langue du commerce, le gouvernement, en
principe, n'a pas à s'ingérer trop. Ça, ça fait
partie d'une philosophie libérale. On n'est pas obligé
d'être grand clerc pour comprendre ça. Le gouvernement doit
réglementer la marche générale du commerce, mais la langue
dans laquelle les échanges se font habituellement doit être celle
des parties contractantes. On s'est aperçu qu'historiquement il y avait
eu des situations inadmissibles. C'est corrigé par l'obligation
d'employer le français partout. Mais la responsabilité d'un
gouvernement démocratique ne va pas plus loin, sauf exception, que de
pouvoir prescrire le respect de la langue de la communauté, à
tout le moins de la très grande majorité. Mais, de là
à s'attribuer le pouvoir d'interdire l'usage d'une autre langue, il faut
y penser comme il le faut. Et c'est là-dessus qu'on est invité
à réfléchir depuis quelques années, depuis S
ans.
Nous autres avons tiré la conclusion que définit le projet
de loi. Vous autres, vous trouvez que nous allons trop loin, qu'il aurait fallu
évoluer dans le doute. Tout ce qu'on a essayé de répandre
comme doute sur le rapport du comité des droits de l'homme
m'impressionne assez peu, moi. Je regarde la substance, l'essentiel. Que le
juge vienne d'Arabie ou bien d'Egypte, ça ne fait rien, ça. Il y
en a 20, là. Ça a l'air des gens qui ont de l'allure, qui sont
saisis de la situation des droits humains à travers le monde beaucoup
mieux que moi. Je me dis: Ils ont tiré une conclusion qui est presque
unanime sur le fond. Il y a des divergences sur un point ou l'autre, mais, sur
la question de fond, les divergences sont très peu nombreuses. Je me
dis: J'aime mieux prendre ça encore une fois. Eux autres, ils voient
peut-être des liens entre le discours commercial et la liberté
d'expression dans des pays où les libertés fondamentales sont
joliment moins protégées qu'au Québec et au Canada.
Peut-être l'exemple qu'on aurait donné ici aurait pu avoir des
répercussions dans d'autres pays et c'était ça qu'ils ont
visé aussi, c'est à ça qu'ils ont pensé aussi. Mais
je pense qu'on doit prendre a priori comme postulat que leur vision de la
liberté des droits de la personne dans le monde a des chances
d'être plus large que la nôtre à cause de la mission qui
leur a été donnée de former ce comité des droits de
la personne des Nations unies qui travaille maintenant depuis, à ma
connaissance, au-delà d'une trentaine d'années. D'ailleurs, moi,
j'ai du respect. Comme quand les tribunaux canadiens, à tous les
échelons tous les échelons établissent ce
lien-là aussi, je me dis: Ce sont quand même de bons juristes.
Nos nominations judiciaires au Canada, dans l'ensemble, sont assez
bonnes. Et je me dis: Ils ne sont pas commissionnés par le gouvernement
pour tirer cette conclusion-là. Je pense que nos juges agissent avec
liberté. Moi, j'ai l'honneur d'avoir un frère qui a
été membre de la Cour supérieure longtemps et je ne
connais personne qui aurait pu influencer ses jugements d'aucune
manière, surtout pas des politiciens et pas davantage son frère.
Mais ils ont leur conscience. Je pense qu'ils font... Je parlais avec une
personne qui a été nommée juge aujourd'hui,
récemment là. J'ai essayé d'aborder un sujet avec elle;
c'était fini. Il dit: Je suis en fonction depuis ma nomination. Finie,
la liberté de conversation avec lui. Mais on a ça, et ces
juges-là sont tous arrivés... Le juge Boudreault de la Cour
supérieure, les juges de la Cour d'appel, à l'unanimité,
les juges de la Cour suprême, à l'unanimité aussi, à
ma connaissance, il y a peut-être une chance que leur point de vue ne
soit pas aussi bête qu'il en a l'air. C'est ça qui est le postulat
du gouvernement. On donne une chance à cette sagesse accumulée
qui s'est exprimée par la voix de tous ces organismes qui ont
étudié notre document législatif de manière
approfondie. Je ne pense pas qu'on aille plus loin que ce que une honnête
loyauté intellectuelle... Quand on dit: on accepte ces
institutions-là et on fonctionne constitutionnellement, on donne une
chance. On a pris la clause dérogatoire pendant 5 ans. À cause
même de sa durée limitée, c'est une clause qu'on ne peut
pas invoquer 3, 4 fois de suite à propos du même objet, à
moins de s'inscrire en faux contre le régime. Je pense bien que, dans la
nature même de la clause dérogatoire, à moins de situations
bien, bien exceptionnelles... et je peux parler d'une. La question des droits
religieux qu'on a invoquée souvent dans des critiques du projet de loi,
ça n'a rien à voir avec ça. Là, il s'agissait de
protéger contre des interprétations laïcisantes abusives le
droit à l'enseignement religieux dans les écoles. On avait eu le
point de vue exprimé en commission parlementaire je pense que
c'était dans cette salle par le président de la Commission
des droits de la personne du Québec, qui était venu nous dire: Au
nom de ma conception des droits de la personne, vous n'avez pas d'affaire
à mettre de garantie concernant l'enseignement de la religion dans les
écoles. Mais là, madame s'en souvient, on était
présents ensemble, je lui ai dit: Je regrette infiniment, si vous voulez
venir vous présenter dans Argenteuil, venez, mais vous ne viendrez pas
faire la leçon au gouvernement jusque-là. Je lui ai dit
franchement et, 10 ans après, je lui dirais la même chose. Il
outrepassait son domaine joliment.
Là j'ai compris qu'il fallait mettre une clause
«nonobstant». Je l'ai compris parce que je me suis dit: Si ces
gens-là deviennent juges à un moment donné, on va en voir
des belles. Et je ne voulais pas imposer ma religion à personne. Je veux
simplement que les enfants dont les parents croient qu'elle devrait leur
être enseignée dans les écoles puissent avoir cette
garantie-là. Et, dans la loi, comme vous le savez, le droit d'être
exempté de cet enseignement-là et le droit d'avoir accès
à l'enseignement d'une autre confession religieuse sont également
garantis. Tu ne peux pas demander mieux. Quand je vois des gens qui agitent
ça comme symbole d'une étroitesse d'esprit et d'un
autoritarisme... Ils n'ont même pas lu la Loi sur l'instruction publique
et ils en parlent pareil.
Alors, je comprends les préoccupations du député et
je ne suis pas loin de penser comme lui sur ces choses-là,
excepté que les conclusions ne sont pas tout à fait les
mêmes.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le ministre.
Compte tenu de l'heure, à moins que les membres de cette
commission soient prêts à voter sur l'article 17... Ça n'a
pas l'air d'être le cas. Donc, j'ajourne nos travaux jusqu'à
demain ou à un autre jour, jusqu'à ce que la Chambre nous
convoque et nous confie de nouveau le mandat de poursuivre cette étude.
Donc, ajournement.
(Fin de la séance à 23 h 57)