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(Onze heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M. Doyon): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la culture reprend ses travaux, et je
déclare la séance ouverte. Je rappelle que le mandat de la
commission est le suivant. Il s'agit pour elle de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi 86, Loi modifiant la Charte de la
langue française. M. le secrétaire, vous voulez bien nous
annoncer les remplacements, s'il vous plaît?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Fradet
(Vimont) est remplacé par M. Maltais (Saguenay); M. Leclerc (Taschereau)
par Mme Boucher Bacon (Bourget); Mme Loiselle (Saint-Henri) par M. Maciocia
(Viger); M. Boulerice (Sainte-MarieSaint-Jacques) par Mme Caron
(Terrebonne); M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles) par M. Jolivet (Laviolette) et
M. Paré (Shefford) par M. Brassard (Lac-Saint-Jean).
La langue de l'administration (suite)
Le Président (M. Doyon): Très bien. Merci beaucoup.
Donc, hier, nous avons terminé nos travaux avec la présentation,
de la part du ministre, des projets de règlements, un sur
l'administration publique et l'autre sur les proportions des affiches en
français par rapport à une autre langue. Et nous étions
donc à l'article 4 du projet de loi 86. La discussion de cet article
n'avait pas encore été commencée. Je suis prêt
à reconnaître M. le ministre, s'il me le demande, pour donner des
explications supplémentaires.
M. Ryan: Je voudrais tout d'abord répéter, M. le
Président, vu que la députée de Chicoutimi n'était
pas ici hier soir, ce qui s'est dit hier soir concernant des expériences
antérieures de législation en matière linguistique. Il
avait été affirmé à de très nombreuses
reprises que, lorsque l'ancien ministre, le député actuel de
Mercier, avait présenté un projet de loi à
l'Assemblée nationale je pense que c'était en 1983
il avait accompagné sa présentation d'un projet de
règlement. Alors, j'ai fait des vérifications à cet
égard, et les vérifications m'ont amené à conclure
que ce n'était pas vrai. M. Godin avait été invité,
à l'époque, à soumettre les mémoires dont il avait
été saisi, les correspondances qui avaient pu lui parvenir
là-dessus. Les demandes de l'Opposition du temps n'avaient pas
porté sur le texte des règlements, à ma connaissance. Et,
de son côté, M. Godin ne pouvait pas déposer de projet de
règlement parce qu'il n'y en avait pas. Et lui-même me l'a
confirmé hier. Il a fait des vérifications de son
côté. Et je dois vous dire la réponse un peu savoureuse
qu'il m'a donnée. Il a dit: Je ne pouvais pas en présenter parce
que j'en avais demandé puis je ne les avais pas obtenus de la part de
nos services. Ça lui a pris plus de temps pour les obtenir. Ça
lui a pris 1 an ou 2.
Par conséquent, ce que nous faisons à l'occasion de cet
exercice, c'est beaucoup plus avancé que ce qui a jamais
été fait en matière de législation linguistique.
J'en suis très heureux. Et, si l'insistance de l'Opposition a pu
contribuer à l'obtention de ce résultat, c'est tant mieux. Je
pense qu'on ne lance pas un concours de mérite. Je pense que c'est
important de corriger les faits, là, quant à ce qui est
arrivé antérieurement.
Mme Blackburn: Peut-être, rapidement, sur le même
sujet, M. le Président. Effectivement, j'ai vérifié
auprès de M. Godin, et le ministre a raison. Oui. Parce que, moi,
j'avais pris la parole de M. Godin et, finalement, il a fait les
vérifications. Ce qu'il m'a dit, c'est que les règlements
existaient. Puisque les modifications que ça entraînait aux
règlements étaient relativement mineures, peu importantes, il
avait demandé aux organismes responsables de lui proposer les
amendements à la lumière, évidemment, de la
législation, et ça a pris beaucoup plus de temps que
prévu, et les règlements ont été effectivement
publiés seulement, si je ne m'abuse, en 1985. Ils n'ont jamais
été représentés ou adoptés par
l'Exécutif, le Conseil exécutif. Alors, oui. Mais, cependant, la
différence, c'est que les changements qui étaient... Les
règlements, dans leur presque totalité, existaient. Il ne
s'agissait que de modifications relativement mineures. Mais, effectivement,
j'ai vérifié à nouveau auprès de M. Godin qui, lui,
a vérifié auprès de ses fonctionnaires de l'époque,
et les règlements existaient. Évidemment, ils l'étaient
toujours, mais les règlements modifiés n'ont pas
été présentés, effectivement, en même
temps.
M. Ryan: Ajoutons, en outre, pour être complets, que le
règlement modifié qui fut approuvé par le Conseil des
ministres ne fut publié dans la Gazette officielle du Québec
qu'en juin 1985, c'est-à-dire au moins un an et demi...
Mme Blackburn: Oui. Le présent gouvernement n'a pas...
M. Ryan: ...ou 2 ans après l'adoption de la loi. C'est
ça que je veux établir. Et, à ce moment-là,
ça a été publié à l'état de projet,
parce qu'il fallait ensuite que ce soit ratifié par le gouvernement.
Mme Blackburn: Et ça ne l'a jamais été.
M. Ryan: La Loi sur les règlements n'existait pas encore
à l'époque, et ça n'a pas été
promulgué. Ça a été une publication qui devait
être suivie d'une décision en bonne et due forme. Il y a eu
l'élection ensuite, qui est venue compliquer les choses, nous en
convenons.
Mais c'est pour montrer que le...
M. Jolivet: Ça a compliqué, c'est vrai. M. Ryan:
Pardon?
M. Jolivet: Vous avez dit «compliquer les choses».
C'est vrai.
M. Ryan: Oui. Pour le gouvernement du temps.
M. Jolivet: Ah! non, non, non.
Mme Blackburn: Non.
M. Ryan: Évidemment!
M. Jolivet: Pour la population.
Des voix: Ha, ha, ha!
(11 h 50)
M. Ryan: La population a eu le temps de s'exprimer par la suite
et de confirmer son verdict.
Alors, ceci pour illustrer que le processus réglementaire n'est
pas affaire aussi simple qu'on peut souvent nous le laisser entendre dans la
polémique politique, qui est de bon aloi, par ailleurs. Quand on peut
faire se réunir les 2 dimensions, c'est tant mieux. Mais, encore ce
matin, je travaillais sur un autre projet très complexe. Nous devions en
venir à la conclusion qu'un certain projet de loi doit être
adopté dans les meilleurs délais, mais qu'en même temps
toute la réglementation ne peut pas être rendue publique
maintenant. Il y a toutes sortes de circonstances qui agissent, là. On
ne peut pas établir des règles théoriques trop
englobantes, parce que ça finit par paralyser le fonctionnement de
l'appareil. Mais, dans ce cas-ci, en tout cas, la question ne se pose pas parce
que, les règlements, nous les aurons à l'état
d'avant-projet, et tout le monde aura le temps d'en discuter aussi longtemps
qu'on voudra, et jusqu'à des limites raisonnables.
M. Jolivet: C'est ce qu'on va voir ce matin.
Le Président (M. Doyon): Très bien. Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on pourrait commencer à...
Le Président (M. Doyon): Oui. M. le ministre, est-ce
que... Bon. M. le député de Lac-Saint-Jean a mentionné
hier, si ma mémoire est correcte, que, compte tenu que les
règlements ont été déposés, le ministre
n'avait pas d'objection qu'on puisse discuter à loisir du contenu des
règlements, même si, strictement parlant, ce n'est pas la loi. Il
semblait y avoir un accord des 2 côtés. Cet accord subsiste
toujours?
Mme Blackburn: Oui, effectivement, comme on a
réclamé les règlements pour mieux comprendre la
portée de la loi, mieux en comprendre les implications,
l'applicabilité du concept de prédominance, il nous apparaissait
important d'avoir les règlements. D'ailleurs, ce n'était pas que
l'Opposition qui le demandait; la demande a été formulée
par tous les organismes qui étaient un tant soit peu sensibilisés
à ce genre de question. Donc, il est important, et je suis heureuse que
vous en soyez venu à cette conclusion, qu'on examine un peu la
portée du projet de règlement que nous avons en main. C'est un
avant-projet, le ministre l'a rappelé tout à l'heure, je le
comprends.
Je dois dire également que j'ai eu l'occasion, avec ce même
ministre, d'avoir un débat sur lequel on n'a pas, finalement, fait
consensus, mais sur un projet de règlement qui touchait l'enseignement
catholique et le statut des écoles confessionnelles et des
régimes pédagogiques desdites écoles. Alors,
c'était le règlement d'application. On avait eu, à cette
occasion-là, un bon débat et une consultation également.
Si ma mémoire est fidèle, il y avait eu consultation, à
l'époque. Alors, j'espère juste que, en ce qui a trait à
ces règlements, on pourra procéder de la même
manière.
Avant-projet de règlement sur
l'affichage
Mais je voudrais, de façon un peu plus précise, examiner
avec mes collègues un certain nombre des articles de cet avant-projet de
règlement. Alors, j'ai celui qui touche les règlements sur
l'affichage de l'administration. On dit, à l'article 2: L'affichage de
l'administration relatif à des activités de nature similaire
à celles des entreprises commerciales peut être fait à la
fois en français et dans une autre langue, pourvu que le français
y figure de façon nettement prédominante au sens du
règlement et on trouve le second règlement qui
définit le sens de la prédominance sauf si cet affichage
est fait sur des panneaux-réclame, affiches ou tout autre support d'une
superficie... et là on indique le nombre de mètres
carrés.
Alors, moi, j'essaie de voir l'applicabilité de cette
disposition. Une première question: Vous avez ce genre de panneaux qui
peuvent avoir des dimensions qui ne sont pas généralement
régulières; vous avez une partie de l'affiche, là, des
fois c'est une bouteille, des fois c'est une voiture, et là ça
sort du panneau. Comment est-ce que vous allez mesurer ça?
L'autre question: Comment va-t-on évaluer s'ils ont droit au
français et à l'anglais sur les panneaux si vous estimez... Et
là je ne sais pas quel nombre de mètres carrés vous allez
indiquer, mais mettons que ça a 3 par 6; 3 par 6, ça donne 18
m2. Et si Mediacom ou Cossette, ou n'importe quelle entreprise
décide de le
faire un demi-mètre de moins, et là il a le droit de le
faire bilingue, alors, comment est-ce qu'on va pouvoir appliquer ce genre de
règle?
Je ne vous cache pas que j'ai lu le projet de loi avec un certain
amusement. Le ministre s'inquiète toujours de l'image qu'on va avoir
à l'étranger. Je me disais: Mettez-moi sur un tel projet de
règlement, ou avant-projet de règlement, appelez-les n'importe
comment, bien, mettez quelqu'un à l'extérieur du Québec,
là, bien, il va se bidonner. Il va dire: Voulez-vous me dire comment
ça se fait qu'on soit rendu dans ce genre de chinoiserie?
Mais j'aimerais quand même entendre le ministre. Il a certainement
réfléchi plus longtemps que moi, puisque c'est son travail de le
faire. Et comment est-ce qu'on va administrer une telle politique?
M. Ryan: Là, M. le Président, je ne voudrais pas
qu'on confonde les objets non plus, là. Là, nous discutons le
projet de loi. Moi, j'ai soumis les projets de règlement, les
avant-projets de règlement pour aider la réflexion des
députés. Mais je ne suis pas intéressé, là,
à commencer à entrer dans les détails. On va avoir 3 mois
pour discuter l'avant-projet de règlement. Et ce n'est pas mon
intention, là, de commencer à discuter de ces choses-là en
détail ce matin. Je vais entendre les représentations qu'on fera.
Mais il y aura d'autres moments pour discuter ça de manière plus
approfondie, et on le fera.
Sur la question que vous posez, on a, évidemment,
réfléchi longuement, on a fait des consultations dans les milieux
professionnels compétents, et il y a des éléments de
solution à ce problème-ci. Nous avions un chiffre qui
était mentionné ici. Ce que nous visons, là, ce sont
essentiellement les grands panneaux-réclame le long des routes.
Ça, c'est bien clair.
Mme Blackburn: Oui, là, on est sur la question des
panneaux, mais...
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Oui, on est sur la question des panneaux, mais, en
même temps, on a la question...
M. Ryan: Ça...
Mme Blackburn: ...de la nette prédominance.
M. Ryan: Non, mais, regardez, laissez-moi finir. Nous visons les
grands panneaux le long des routes. Et la grandeur standard des grands
panneaux, là, si vous parlez avec les agences, c'est 10 pieds par 20,
l'équivalent d'à peu près 18 m2. Alors,
ça, c'est un point de référence. On ne l'a pas mis ici,
parce qu'on sait qu'il y a des variations qui sont possibles, qu'il faut
regarder comme il faut. Mais, ce point-là, c'est déjà un
point de référence, là, qui est acquis. Dans l'industrie,
c'est comme ça que ça marche. S'ils changeaient, qu'ils mettaient
9 par 18, on changerait ça, et ça finirait là.
Mais ils ont intérêt, eux autres, ils ont
intérêt, cependant, à respecter la réglementation du
gouvernement, parce que ça peut être nocif pour l'industrie aussi,
mais ce problème-là est soluble. Si, évidemment, on veut
considérer comme panneau-réclame tout ce qu'il y a dans le
moindre recoin, dans les centre d'achats, par exemple, là, on revient
à des difficultés impossibles et on ne veut pas aller
là-dedans. C'est les grands panneaux-réclame que nous visons, par
conséquent, le long des routes, des voies publiques, ça fait que
ça élimine un paquet de choses.
Mme Blackburn: Le ministre a dit: Je ne veux pas discuter de ces
détails-là. Lorsqu'on examine un projet de loi de cette
nature-là... Le Conseil du patronat lui-même estime que cette loi
est une loi-cadre, une loi-cadre qui prévoit des exceptions dans les
règlements, exceptions qui ne sont pas inscrites dans la loi. Donc, si
vous voulez comprendre la portée de la loi et son applicabilité,
il faut absolument que ça puisse être illustré. Donc, on
essaie de voir, et ça va être l'objectif ce matin, comment on va
gérer la règle de la prédominance, comment on va
gérer la règle de la grandeur et de la dimension des
panneaux-réclame.
M. Ryan: Sur la grandeur des panneaux-réclame, une fois
que ce sera arrêté dans le règlement, il n'y aura rien de
plus simple. C'est pour ça qu'on envisage une définition
quantitative. Ce sera bien simple à régler.
Mme Blackburn: Je reviens avec mon exemple. Vous avez 2
compagnies, 2 entreprises qui sont en compétition. C'est normal dans ce
secteur d'activité; dans tous les secteurs d'activité
économique, c'est encore la libre entreprise. Mediacom, Cossette ou
encore Benetton... Le ministre s'est un peu apitoyé sur le sorte de
Benetton. Je me suis dit qu'il ne devait pas beaucoup connaître les
enseignes de Benetton, et je ne suis pas sûre qu'il partagerait toujours
le genre de publicité que Benetton fait. Par exemple, est-ce que je
sais, le prêtre qui embrasse une religieuse, le petit bébé
qui vient juste de naître, il a encore le cordon et il n'a pas
été lavé; alors, c'est ça, le genre de
publicité de Benetton. Et puis, évidemment, l'Afrique du Sud;
c'est la main d'un bébé noir dans une main d'adulte blanc. Alors
vous voyez, il est provocateur. Alors, Benetton est en compétition pour
faire la publicité d'une entreprise, brasserie ou autre, et il
décide que, lui, les 18 m2, il est capable de contourner
ça parce qu'il est capable de vous faire une affiche qui va
peut-être avoir 15 m2 mais qui, au plan de l'impact visuel, va
être extraordinaire et bilingue. Extraordinaire et bilingue. Il pourrait
mettre, en fond délavé, deux tiers-un tiers, deux tiers
français en fond délavé gris les deux tiers
seraient là et le tiers, je ne sais pas, en fluo quelque chose,
et puis son panneau serait d'à peu près 2 m2 moins
grand, beaucoup plus choquant. Il va faire le pari avec les 2 autres
entreprises, et Benetton, là-dessus, il faut connaître sa
politique, il va l'emporter sur Mediacom et Cossette. Lorsque vous
définissez un panneau-réclame par la dimension, comment est-ce
que vous allez gérer ça? (12 heures)
M. Ryan: Les grands panneaux-réclame, une fois qu'on en
aura arrêté la dimension, il n'y a rien de plus facile à
vérifier.
Mme Blackburn: Non, vous allez l'arrêter à 18...
M. Ryan: Oui?
Mme Blackburn: Mettons que vous le vérifiez, photo
à l'appui, le galon, le pied-de-roi, le mètre à mesurer.
Mais, au-delà de ça, vous aurez fait ça, mais l'entreprise
dira: Oui, pour contourner ça, moi, je vais faire mon panneau un petit
peu plus petit. Pas de problème, il est plus petit.
M. Ryan: S'il va en deçà des dimensions prescrites
dans le règlement...
Mme Blackburn: Donc, il va pouvoir le faire en
deçà. Si, plutôt que de le faire à 18 m, comme vous
l'estimiez tout à l'heure...
M. Ryan: Non, mais c'est ça que je vous disais. Si on voit
des choses comme celle-là, le gouvernement va ajuster son tir
immédiatement.
Mme Blackburn: S'il le fait à 15.
M. Ryan: II n'y a pas de problème là-dessus. Le
gouvernement va mettre un nombre qui va prévoir ces
possibilités-là. Ne vous inquiétez pas de ça.
Mme Blackburn: Alors, quand vous dites: Le gouvernement... C'est
justement ce que les organismes disaient. Je pense au Centre de linguistique de
l'entreprise, et même, dans une certaine mesure, à la Chambre de
commerce de Montréal et au Conseil du patronat, encore une fois, qui
disaient: On n'aime pas les choses qui sont instables, qui sont ambiguës,
qui créent une espèce de confusion et qui changent du jour au
lendemain. Nous, on aime la stabilité dans ce genre d'affaire là.
Si vous me dites qu'en même temps ça va pouvoir changer
rapidement...
M. Ryan: En tout cas, nous pouvons faire des règlements.
Tout le sens du projet de loi, madame, c'est que le gouvernement peut faire des
règlements pour empêcher que l'affichage soit fait dans une autre
langue que le français dans le cas de certaines situations. Là,
je vous donne un exemple. Vous m'avez dit: Qu'est-ce que vous voulez dire par
ça? Je vous donne un exemple. Voici ce qui est prévu. Il y a les
panneaux-réclame qui sont là-dedans; ce n'est une surprise pour
personne. Si on parle des panneaux-réclame maintenant, c'est
prématurément. On perd notre temps, parce qu'on va en par- ler
quand on va parler de la langue du commerce et des affaires. C'est là
que ça va. Là, pour le moment, on discute des
sociétés d'État, et on devrait s'en tenir à
ça; ce serait beaucoup plus constructif. On va avoir l'occasion...
L'autre, on va le discuter, et on va dévoiler le règlement quand
on va être rendu là. Ici, c'est une jonction qu'on fait avec ce
règlement-là pour les sociétés gouvernementales qui
ont des activités commerciales et pour leurs activités
commerciales. Je pense qu'on serait beaucoup plus fondé de s'en tenir
à ça. L'autre, c'est une question de modalité
particulière.
Mme Blackburn: Mais importante, puisque vous dites
déjà...
M. Ryan:Non , non.
Mme Blackburn: ...qu'on pourra modifier s'il y a des abus. Je
veux dire, ce n'est pas comme ça...
M. Ryan: Non, c'est évident que pour nos
sociétés d'État, M. le Président, si les
panneaux-réclame doivent être en français, ils vont
être en français uniquement. La question ne se pose pas.
Mme Blackburn: Sur les sociétés
d'État...
M. Ryan: Et le principe, ici, c'est qu'on veut que les
sociétés d'État qui ont des activités commerciales
puissent obéir, en matière de message publicitaire, moyennant le
consentement de leurs autorités normales qui sont, dans certains cas,
leur conseil d'administration, dans d'autres cas le ministre responsable, puis
généralement les 2. On veut qu'elles puissent avoir la
faculté d'obéir aux mêmes critères qui s'appliquent
à des firmes comparables dans le secteur privé.
Mme Blackburn: M. le Président, oui, je veux bien qu'on
s'attarde un petit peu à l'administration, aux entreprises,
sociétés d'État qui ont des activités de nature
similaire à celles des entreprises commerciales. Ce que nous dit ce
règlement, c'est que dorénavant elles pourront afficher de
façon bilingue. Le Conseil de la langue, pourtant, invitait
là-dessus à beaucoup de prudence, parce que... Est-ce qu'on
demandera à la Société des alcools, à
Hydro-Québec, à la SEPAQ je pense à la SEPAQ en
particulier d'avoir 2 types de messages selon que l'entreprise ou
l'activité se déroule à Rimouski, ou encore quelque part
à Montebello? Et le ministre me répond: Pour ce qui est des
sociétés d'État, il va y avoir une certaine pression,
puis, évidemment, elles devront un peu se... Il n'a pas dit s'orienter,
mais elles sont soumises, évidemment, elles répondent, pour
utiliser l'expression de ce matin, elles répondent à un ministre
qui va les diriger. Est-ce que, en vertu de ce règlement et de la loi
habilitante, un gouvernement et un ministre pourraient empêcher
Hydro-Québec, la Société des alcools et leur dire: C'est
écrit, mais vous n'avez pas le droit de le faire, même si vous
respectez les
règles et les règlements? Jamais. À ma
connaissance, je ne connais rien qui permettrait à un ministre d'inviter
ou d'obliger une société d'État qui en aurait
décidé autrement à appliquer ou à faire de la
publicité commerciale en respectant les règles
édictées.
M. Ryan: Regardez, là, je pense que la
députée de Chicoutimi n'a peut-être pas la même
expérience que j'ai des rapports avec ce genre de société.
Je vais prendre une société qui a l'air de ma compétence,
la Société d'habitation du Québec, qui doit faire beaucoup
d'affichage pour ses programmes. Ça, vous en avez un petit peu partout.
Si elle veut recourir à une forme d'affichage qui comporte le recours
à une autre langue puis que le ministre lui dise: Je n'en veux pas, il
n'y en aura pas. Ça, c'est clairement établi. Il n'y a pas de
problème là-dessus. Je peux vous assurer de ça.
Mme Blackburn: Non. Non, non. Il n'y en aura pas à...
M. Ryan: Puis c'est bien entendu. Elles fonctionnent sous
l'autorité du ministre...
Mme Blackburn: Oui, mais...
M. Ryan: ...puis il y a un conseil d'administration de la
Société d'habitation du Québec qui gère les
affaires de la Société, qui prend des décisions courantes.
Mais toutes les choses importantes sont référées au
ministre régulièrement. Ces temps-ci, je vois moins le
président, parce que je suis prisonnier de la commission et du salon
bleu. Je ne m'en plains pas.
Mme Blackburn: C'est tout relatif.
M. Ryan: Oui, oui. Je ne m'en plains pas. Remarquez bien que
ça fait partie de mes devoirs, mais...
M. Jolivet: Vous en avez trop. On vous en a trop
donné.
M. Ryan: Les choses... Regardez, vous avez droit à votre
jugement. C'est extrinsèque à notre discussion. Vous savez
très bien que ces secteurs-là sont très heureux des normes
de supervision qu'ils ont.
M. Jolivet: Je ne dis pas, mais vous en avez trop. Qui trop
embrasse...
Une voix: Trop de responsabilités, trop de projets de
loi...
M. Jolivet: Oui, mais il en a trop pareil.
Le Président (M. Doyon): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
M. Jolivet: La preuve, il va falloir en...
Le Président (M. Doyon): M. le député! M.
Jolivet: Merci.
M. Ryan: En même temps, on demande qu'il y ait moins de
ministres. Je ne sais pas comment on raisonne.
Là-dessus, je pense que c'est clair, ça. Le ministre a
seulement à l'établir, et dire: Cette affaire-là, je veux
que vous soumettiez ça à mon approbation, et ça va
être soumis à son approbation.
Mme Blackburn: Oui, mais je veux dire... Je veux bien que, sur la
base d'un principe, d'un respect et d'une communication harmonieuse qui s'est
établie, ça se fasse comme ça, mais mettez-vous dans la
situation inverse. Mettez-vous dans la situation inverse, alors que les
rapports sont tendus avec l'organisme, et l'organisme fait une
évaluation, ça lui prend son affichage bilingue et il beurre le
Québec au complet. O.K. Propagation, pour utiliser le terme du Conseil
de la langue.
M. Ryan: Bien, regardez...
Mme Blackburn: Comment un ministre peut-il, légalement...
Il va mettre le conseil d'administration de la société en
tutelle? Ce n'est pas possible. Il respecte la loi et les règles. Vous
le savez comme moi que ça sera difficilement gérable.
M. Ryan: Non, non, non, ce n'est pas difficilement
gérable. Je suis en total désaccord, en total désaccord
sur ce point-là.
Mme Blackburn: Ah! ça, on sait ça.
M. Ryan: Ce n'est pas ainsi que les choses se passent.
Mme Blackburn: Ce n'est pas la première fois, et j'imagine
que ce n'est pas la dernière fois.
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Ce n'est pas la première fois que vous
êtes en désaccord, et sans doute pas la dernière.
M. Ryan: Non, non, mais, sur ce point-ci, je vous parle
d'expérience, je pense, en connaissance de cause, et je vous dis que ce
n'est pas comme ça que ça va se passer. Et, à supposer que
cela se produisît, le ministre aurait toute faculté de faire
modifier la loi de l'organisme en question pour dire: En matière
linguistique, l'organisme devra référer à
l'autorité du ministre. Il y a toujours ce recours-là pour le
ministre, et les dirigeants des organismes le savent très bien. Il y a
toutes sortes de moyens. Changer la direction, c'est un autre moyen qui est
employé assez fréquemment, ça
aussi. Il y en a qui essaient de se soustraire. C'est une tentation bien
humaine. Mais le gouvernement, les pouvoirs exécutif et
législatif disposent des moyens voulus pour corriger ces
situations-là. Mais on fait nos lois sur le postulat qu'une relation de
confiance normale va exister.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre pourrait me dire,
là... J'ai de la difficulté à comprendre comment il
introduit cette idée du bilinguisme dans l'administration des
sociétés d'État. Est-ce qu'il y a des données au
plan économique qui nous permettent d'affirmer que ça a eu des
effets? Par exemple, il s'est vendu moins de vin, il s'est vendu moins
d'alcool, on a vendu moins de vin embouteillé au Québec, on a
moins utilisé nos services. C'est quoi, cette idée de vouloir
propager le bilinguisme, l'anglais et le français, dans tout le
Québec par les sociétés d'État? L'État s'est
donné une loi que le ministre nous dit avoir respectée, qui fait
du français la langue officielle de l'administration et du gouvernement.
Et là, tout à coup, les sociétés d'État
et, évidemment, comme pour bien d'autres secteurs, on le verra au
cours du projet de loi ne sont plus soumises à ces dispositions.
Et le Conseil du patronat... Ça, j'ai de la difficulté aussi. Le
Conseil du patronat fait preuve de plus de prudence que le ministre
lui-même. Faites-moi comprendre ça. C'est quoi, l'idée?
M. Ryan: Non. Je pense que la députée
interprète...
Mme Blackburn: Bien, ce n'est certainement pas le respect des
personnes. (12 h 10)
M. Ryan: ...faussement ce qui a été dit par le
Conseil du patronat. Le Conseil du patronat a dit qu'il était hautement
favorable au projet de loi et il avait hâte de connaître les
règlements. Il a dit que lui, pour sa part, il va recommander aux
entreprises qui en font partie... Mais c'est rien qu'un pouvoir de
recommandation. Puis, là, il ne s'adressait pas au gouvernement du tout.
Il a dit: Je vais recommander aux entreprises de ne pas abuser de l'affichage
dans d'autres langues dans des sections du Québec qui sont
entièrement françaises. Pas besoin de M. Dufour pour savoir
ça. Pensez-vous que le président d'Hydro-Québec a besoin
de ce conseil-là pour décider de ce qu'il va faire sous
l'autorité de sa ministre? Pas du tout. M. Dufour a émis des
propos de sens commun, auxquels nous souscrivons volontiers et auxquels
souscriront également, j'en suis sûr, les organismes d'État
avec des activités à caractère commercial, qui auront
à prendre de telles décisions.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Ryan: Je souligne, encore une fois, que l'article 2 traite
uniquement de l'affichage de l'administration relatif à des
activités de nature similaire à celles d'entreprises
commerciales.
Mme Blackburn: II n'y a pas de nature similaire entre la
Société des alcools et la...
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Vous n'avez aucune entreprise au Québec qui
a les mêmes activités que la Société des
alcools.
M. Ryan: Regardez, ils ne s'en prévaudront pas s'ils n'en
ont pas besoin; ils ne s'en prévaudront pas, de cette
disposition-là. Ce n'est pas une obligation qu'on fait, encore une fois.
C'est une faculté pour des administrateurs responsables puis de qui on
exige une performance de plus en plus élevée. Puis la
Société des alcools, c'est beau. On peut bien faire toutes sortes
de questions, mais ce que nous savons, c'est que les revenus tendent à
plafonner actuellement. Ça va prendre des campagnes de promotion plus
agressives, plus agressives. Puis, si... Pardon?
Mme Blackburn: Moins de taxes?
M. Ryan: Bien, regardez, c'est votre interprétation. On
peut en avoir d'autres, interprétations. Je respecte votre avis.
M. Brassard: C'est celle du consommateur aussi.
Mme Blackburn: Allez demander ça au bootlegger. Je veux
dire qu'on...
M. Ryan: Je respecte votre avis. Oui, oui, c'est très
bien, mais, si on juge de ce côté-là, les campagnes de
promotion doivent être pointées particulièrement vers les
auditoires, selon les goûts qu'ils manifestent. Très bien, ils
pourront le faire avec une certaine latitude, toujours sous l'autorité
de leur ministre de tutelle et de leur conseil d'administration, mais, ce que
nous ne voulons pas, ce à quoi nous voulons mettre un terme avec ceci,
c'est qu'il y ait une interdiction absolue, globale, aveugle, totale, sans
nuance. Nous mettons des nuances.
Mme Blackburn: vous voulez dire que la publicité... je
vais juste poser une dernière question, ensuite je vais terminer.
prenons, par exemple, la société des alcools. les anglophones,
c'est 8,8 %. si vous y ajoutez ceux qui s'y sont joints après
s'être installés au québec, mettez-en 20 % dans la
région montréalaise, 20 %. et là vous allez me dire que,
parce qu'eux autres ils ne comprennent pas la publicité sur les vins en
français, ils vont en acheter plus si on leur met ça en anglais?
c'est ça que vous nous dites, là? il y a comme quelque chose qui
ne va pas. comment est-ce que... vous savez, c'est comme si on vous disait...
c'est comme...
M. Ryan: Bien, regardez, n'importe quel commerçant va vous
dire ça. N'importe quel commerçant va vous dire ça. Pas
obligé d'être allé à l'école bien longtemps.
Il va dire qu'il prend du miel pour attirer les mouches, non pas des substances
étrangères. Il va prendre du miel.
Mme Blackburn: Le français, c'est une substance
étrangère?
M. Ryan: Pour certains. Pour celui qui est au bout d'une certaine
section de Montréal, si on veut l'atteindre absolument pour l'amener
à modifier son système de chauffage, passer du pétrole ou
du gaz à l'électricité, ça peut être bon de
chercher à l'attirer d'une manière qu'il va comprendre
immédiatement. Et qu'on laisse une certaine latitude à
Hydro-Québec dans les sections qui sont à forte
caractéristique...
Mme Blackburn: J'arrête le ministre tout de suite, M. le
Président. Hydro-Québec écrit en anglais à ses
clients qui le demandent. Hydro-Québec fait de la publicité sur
les postes de télévision anglais, dans les journaux anglais.
Alors, on ne peut pas laisser le ministre dire n'importe quoi.
M. Ryan: Alors, à plus forte raison, à plus forte
raison, M. le Président. Ça confirme mon point. Qu'elle puisse
faire son affichage dans certains endroits en français
prédominant, avec une part qui sera dans une autre langue, comme
n'importe quelle activité commerciale, nous autres, nous trouvons que ce
n'est pas déraisonnable. C'est tout.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je veux essayer de
comprendre, moi, tout simplement, là. Bon. Prenons la
Société des alcools qui a... combien de succursales? Des
centaines de succursales, parfois dans des petites municipalités. Il y
en a 2 à Aima, chez nous, en tout cas. Puis, à
Métabetchouan, qui n'est pas une grosse municipalité, ils en ont
une aussi. Et il y a des comptoirs, même, dans certains endroits. Alors,
la Société des alcools va pouvoir afficher de façon
bilingue, avec prédominance... Ça, on en parlera tantôt de
ce fameux concept de prédominance. Elle pourra afficher de façon
bilingue. Ça veut dire qu'à Aima ou à Rimouski l'affichage
de la Société des alcools va être bilingue, qu'elle va
devoir produire et payer un affichage bilingue pour le répartir,
évidemment, dans toutes ses succursales. C'est ça que ça
veut dire?
M. Ryan: Non. Vous supposez...
M. Brassard: Non? Ça ne veut pas dire ça?
M. Ryan: ...qu'elle va faire ça. Vous supposez qu'elle va
faire ça, et rien ne vous autorise à supposer qu'elle va faire
ça.
M. Brassard: Pardon? Elle ne fera pas ça?
Une voix: Elle a le droit.
M. Brassard: Qu'est-ce qu'elle va faire, d'abord?
M. Ryan: On lui donne, avec ceci, la faculté, là,
dans les conditions, dans les situations où elle le jugera opportun,
d'accompagner son message, qui sera de manière nettement
prédominante en français, d'un message dans une autre langue.
Ça ne veut pas dire qu'elle va le faire, puis on ne lui enjoint pas de
le faire, pas du tout. Toute l'intention de la loi, c'est que l'affichage soit
surtout en français. Mais on dit: Là, on élargit un petit
peu pour les entreprises à caractère commercial. On va lui donner
la même chance de manière qu'elle ne soit pas
défavorisée par rapport à d'autres de ce point de vue
là.
M. Brassard: Est-ce qu'on peut imaginer... J'essaie de voir ce
qui va arriver.
M. Ryan: Oui, oui.
M. Brassard: Est-ce qu'on peut imaginer que la
Société des alcools va produire, concevoir et produire 2 types
d'affichage? Un affichage bilingue avec prédominance du français,
conformément à la loi et aux règlements, et, pour
certaines de ses succursales, celles du West Island, par exemple, ou dans
certaines parties de Montréal ou de l'Estrie, puis un affichage
unilingue français pour ses autres succursales, pour Grand-Mère,
Aima ou Rimouski? Est-ce qu'on peut concevoir ça? Ce qui va
entraîner, évidemment, des coûts supplémentaires,
c'est évident. Ça coûte plus cher. C'est sûr.
M. Ryan: Ce n'est pas interdit avec ceci. Ça ouvre la
porte à des possibilités comme celle-là, qui permettent
d'ajuster le message davantage aux attentes et aux caractéristiques de
la clientèle. Il n'y a rien d'étonnant là-dedans.
M. Jolivet: Un ghetto. Des ghettos à Montréal.
M. Ryan: Bien, voyons donc! Des ghettos à Montréal,
là, franchement! Ça ne change pas grand-chose, ceci, à la
caractéristique de chaque quartier. Au contraire, ça va faire
apparaître que le gouvernement tient compte de la réalité
concrète au lieu de prétendre l'effacer par des textes de loi qui
ne s'appliquent pas.
Mme Blackburn: Ce n'est pas 90 %...
M. Ryan: Non, là-dessus, on a fait le point clairement. Je
pense qu'il doit être souligné là-dessus.
M. Brassard: Toujours à propos de votre règlement
sur l'affichage de l'administration, là, vous avez
déterminé que c'était 15 km, l'affichage de
l'administration pour les visiteurs qui entrent au Québec ou en sortent,
l'affichage de l'administration qui leur est destiné peut être
fait à la fois en français... À quel genre d'affichage
pense-t-on? Vous donnez surtout comme exemple, vous, «Bienvenue au
Québec». Mais y a-t-il d'autres genres d'affichage auquels on
pense, qui s'adresseraient aux visiteurs étrangers qui entrent au
Québec? Ça va prendre quelle forme? Quel genre d'affichage?
M. Ryan: Regardez, dans la région qui est proche des
postes frontières, il y a souvent des lieux d'accueil, des lieux
de...
M. Brassard: Des kiosques d'information touristique, des choses
du genre?
M. Ryan: Oui, des lieux de rafraîchissement pour les
touristes. Dans ces secteurs-là, vous pourriez avoir l'affichage dans
une autre langue que le français, le français étant
nettement prédominant.
M. Brassard: Mais un affichage pour dire quoi, à part
«bienvenue»?
M. Ryan: Regardez, je vais vous donner un exemple. Ça, je
ne le donnais pas, mais je vais vous le donner quand même, parce que
ça relèverait plutôt du ministre des Transports et de son
pouvoir réglementaire dont j'ai parlé hier, qui fait partie de
l'article 4, d'ailleurs. Au Québec, nous ne fonctionnons pas avec les
milles anglais. Nous fonctionnons avec les kilomètres.
M. Jolivet: Ça existe déjà, ça. M.
Ryan: Dans les 2 langues? M. Jolivet: Ça existe
déjà, ça, dans l'article...
M. Ryan: Pas dans les 2 langues, seulement dans 1 langue.
M. Jolivet: II n'y a pas d'accident à cause de
ça.
M. Ryan: Ça, ça pourrait être mis en
français et en anglais.
Mme Blackburn: Pas seulement au Québec, au Canada
aussi.
M. Ryan: Voici un exemple concret.
M. Brassard: Quand on dit: Les chemins publics empruntés
par les visiteurs pour entrer au Québec ou en sortir, vous savez
très bien qu'il y a un bon nombre de visiteurs, de nos jours, dans une
société moderne, qui ne nous arrivent pas par les
frontières mais par les aéroports. Ils arrivent par avion, la
voie des airs. Us atterrissent à Dorval, ils atterrissent à
Mirabel ou ils atterrissent à Québec. Ou par les trains. Ils se
retrouvent dans les gares. (12 h 20)
Mme Blackburn: Par les voies fluviales.
M. Brassard: Mais surtout par les airs, par la voie des airs. Ils
arrivent dans les aéroports. Est-ce que le chemin, la route qui part de
l'aéroport vers Québec, par exemple, les 15 premiers
kilomètres sont considérés comme un chemin public
emprunté par les visiteurs pour entrer au Québec ou pour en
sortir?
M. Ryan: Ça a été rédigé de
manière à prévenir ce genre de difficulté
là.
M. Brassard: Oui.
M. Ryan: Mais peut-être, M. Gosselin, vous pourriez...
Parce qu'on s'est arrêté sur toutes ces
considérations-là, évidemment.
Le Président (M. LeSage): Alors, Me Gosselin, si voulez
bien vous identifier pour fins d'enregistrement du Journal des
débats. Me Gosselin.
M. Gosselin (Jacques): Jacques Gosselin. Lorsqu'on dit
«emprunté par les visiteurs pour entrer au Québec»,
lorsqu'on arrive par un aéroport, on est déjà au
Québec lorsqu'on est sur l'aéroport. On n'emprunte pas le chemin
qui conduit à l'aéroport pour entrer au Québec. Lorsqu'on
survole le territoire québécois et qu'on atterrit à
Mirabel, on est au Québec. C'est la même chose pour les ports.
M. Brassard: C'est par là qu'on entre au
Québec.
M. Gosselin: Oui, mais c'est les chemins empruntés. Ce
n'est pas un chemin qui donne accès au Québec, le chemin qui
conduit à l'aéroport. L'aéroport est au Québec.
M. Ryan: Réponse satisfaisante.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Oui. Toujours concernant le même
règlement, j'aimerais avoir des explications sur la logique
gouvernementale. Par exemple, dans l'article 3, on indique que pour les
musées, jardins botaniques, zoologiques, lieux touristiques, ça,
l'affichage pourrait être bilingue. Par contre, dans l'article 2, on dit:
L'affichage dans les transports publics, les accès aux transports
publics, les abribus, ça, ça va demeurer unilingue
français. C'est ça? C'est ça que je comprends.
Oui, oui. Les transports publics, les accès, les abribus. C'est
cette exception à l'article 2. Ça fait partie de la
deuxième exception. Ça va être unilingue français.
D'accord?
M. Ryan: Oui, sauf... Regardez...
M. Brassard: Mais, là, quelle est la logique qui vous a
conduit, comme gouvernement, à dire: Pour les transports publics, les
accès à ces transports publics, et même les abribus, en
plus... Les transports publics, c'est quand même plus
général que l'autobus. Ça peut vouloir dire le train
aussi, les taxis. Bon. C'est du transport public. Tout ça,
l'unilinguisme français ne fait pas de problème. Et, au
contraire, il est maintenu. Mais, par contre, un musée, un site
touristique, une exposition culturelle, là, l'affichage peut être
bilingue. Qu'est-ce qui vous a conduit à faire cette
distinction-là? Quelle est la logique qui vous a inspiré?
M. Ryan: Transport public, là, pensez à la STCUM,
la Société de transport de la Rive-Sud de Montréal, la
Société de transport de Laval, la Société de
transport de la CUQ, à Québec. Ça, ce sont des moyens de
transport qui sont utilisés par la population couramment, où le
visage du Québec se manifeste à longueur d'année,
où on est habitué à un affichage français. Ce sont
des organismes de l'administration, à part ça, de
l'administration, ne l'oublions pas. Puis, comme on l'applique à
l'administration, on l'appliquera aussi à un service de transport
privé, sauf si ce service-là sert à du transport
interprovincial ou international. À ce moment-là, ça ne
s'appliquera pas.
Mais, dans ce cas-ci, il nous est apparu logique de maintenir cet
élément-là, qui est très important. C'est une
exception. C'est une exception.
M. Brassard: Je comprends que c'est une exception, mais c'est
parce que j'ai de la difficulté à saisir la logique, parce qu'on
parle souvent des visiteurs étrangers, des touristes. On dit: Pour un
touriste, il va être important que l'affichage bilingue apparaisse dans
les sites touristiques. Et, du même souffle, on dit: Par contre, pour les
transports en commun, les autobus, les métros, ce ne sera pas
nécessaire. Ils se débrouilleront. L'unilinguisme français
va continuer de prévaloir, puis ça ne posera pas de
problème pour le touriste. Comment ça se fait que ça pose
un problème pour le touriste dans un site touristique..
M. Jolivet: Le Village d'Emilie, à Grand-Mère.
M. Brassard: Oui. Là, ça leur pose un
problème énorme qu'il faille autoriser par la loi l'affichage
bilingue, et, pour l'utilisation du métro, des autobus, des taxis,
ça ne pose pas de problème. Ça, c'est la logique
gouvernementale que j'ai de la misère à saisir.
M. Ryan: Non, mais, regardez, c'est parce que le principe de
base, c'est que l'affichage de l'administration est en français.
M. Brassard: Oui.
M. Ryan: Ça va, ça? Est-ce que vous avez des...
M. Brassard: Avec bien des exceptions, là.
M. Ryan: Avez-vous des objections à ça?
M. Brassard: Pas mal beaucoup. En tout cas...
M. Ryan: L'affichage de l'administration en français, vous
pouvez avoir des objections aux exceptions mais pas au principe de base qu'on
respecte. Quand on respecte...
M. Brassard: Je comprends, mais c'est le partage de vos
exceptions que je ne comprends pas.
M. Ryan: Ça, si vous voulez questionner...
M. Brassard: Je me mets à la place d'un touriste
étranger. Vous lui dites...
M. Ryan: Regardez, on vous a expliqué... M. Brassard:
Vous lui dites...
M. Ryan: Non, non, mais, là, c'est parce que vous
raisonnez à l'envers.
M. Brassard: Vous vous êtes placé à la place
d'un touriste étranger qui arrive au Musée d'art contemporain ou
au Musée de la civilisation, à Québec, ou qui arrive au
Mont-Sainte-Anne pour faire du ski qui est un site touristique
vous vous êtes placé dans sa peau. Vous dites: II faut qu'il y ait
un affichage bilingue, sinon, il va se perdre, il va être perdu, il ne se
comprendra pas. C'est ça, votre logique. Et, en même temps, dans
le même règlement, vous dites: Par contre, pour le métro,
pour les autobus et pour les taxis, il n'y a aucun problème; il va se
débrouiller facilement et il va se retrouver, et avec un affichage
unilingue français. Comprenez-vous? Je ne comprends pas votre
logique.
M. Ryan: Non, mais, regardez, je pars de l'inverse, moi. Je pars
du principe que l'affichage de l'administration est français.
Mme Blackburn: Ce n'est pas vrai, c'est l'inverse. Il est
bilingue, exception: français.
M. Ryan: Non, non. Vous, vous déformez tout, comme
toujours.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): M. le ministre, vous avez la
parole.
Mme Blackburn: Évidemment.
M. Ryan: Oui, mais je suis en train de parler... Bien oui, vous
m'avez interrompu, vous avez couru après.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: En toute amitié. Ha, ha, ha!
Là, j'étais en train de dire... Ça devient de plus
en plus difficile de finir mon raisonnement, M. le Président, pas
à cause de difficultés internes. Externes. Le principe de base,
c'est que l'affichage de l'administration est en français. C'est le
principe de base de la loi. C'est le principe de base de la loi.
M. Brassard: Mais, M. le ministre, quand vous dites ça,
ça aussi, j'ai de la misère à le comprendre, parce que je
regarde votre règlement. On dit «sauf». Quand on dit
«sauf», ça, c'est les exceptions, et les exceptions portent
sur l'unilinguisme français. Alors...
M. Ryan: Regardez... Là, vous m'interrompez encore.
M. Brassard: ...je suis porté à conclure que le
principe de base, c'est l'affichage bilingue, avec prédominance, bien,
on en reparlera plus tard...
M. Ryan: Si vous continuez de m'interrompre...
M. Brassard: ...et que l'unilinguisme français dans
l'affichage, c'est plutôt l'exception.
Le Président (M. Doyon): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, je vous suggère de vous adresser à
la présidence et, à ce moment-là, peut-être que le
tampon que je suis vous permettra de terminer la démonstration que vous
voulez faire. Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Ryan: Alors, M. le Président, je recommence le
raisonnement. J'ai l'impression que c'est le principe de base qui est le plus
difficile à comprendre pour l'Opposition, ce qui m'étonne
grandement. Le principe de base, c'est que l'affichage de l'administration est
en français. C'est le principe de base. Et, dans le projet de loi, nous
écrivons, au troisième alinéa de l'article 4:
«Toutefois, le gouvernement peut déterminer, par règlement,
les cas, les conditions ou les circonstances où l'administration peut
utiliser le français et une autre langue dans l'affichage.» Alors,
nous donnons 3 exemples. Tout le reste est français, exclusivement; tout
le reste de l'affichage de l'administration est exclusivement en
français. Et les exceptions que nous donnons, il y a celle des postes
d'entrée et de sortie aux frontières, plus les lieux d'accueil ou
les sites touristiques gouvernementaux qui peuvent être dans un rayon de
15 km. Ça, ça se comprend facilement, il n'y a pas de
problème là-dessus.
On dit, deuxièmement, que les activités de nature
commerciale... Pour les sociétés gouvernementales qui ont des
activités commerciales, ça pourra se faire selon la règle
de 58 plutôt que selon la règle de l'administration. C'est clair,
ça. On dit que ça leur prend ça.
Il y a un troisième cas, c'est les musées et les jardins
botaniques et puis toutes ces affaires-là. Ça, c'est pour des
raisons qui nous ont été signalées à maintes
reprises au cours des dernières années. On va au Jardin botanique
actuellement, on ne serait pas autorisés à mettre les
inscriptions en bas des objets exposés dans toute autre langue que le
français, y compris, même, le latin, qui est
généralement utilisé dans les jardins botaniques... (12 h
30)
Le Président (M. Doyon): Mme la députée!
M. Ryan: ...dans les jardins...
Le Président (M. Doyon): Juste laisser terminer le
ministre et, après ça... Autrement, on n'en sortira pas.
M. Ryan: Mais je comprends. Tu sais, la question suscite beaucoup
d'intérêt, et je vois que l'argument semble intéresser
notre collègue. Je vous remercie de...
Mme Blackburn: M. le Président...
M. Ryan: ...préserver ma liberté d'intervention, M.
le Président.
Mme Blackburn: C'est parce que le ministre...
Le Président (M. Doyon): Mais, Mme la
députée...
Mme Blackburn: Non...
Le Président (M. Doyon): ...autrement...
Mme Blackburn: ...permettez...
Le Président (M. Doyon): ...je vous promets...
Mme Blackburn: O.K.
Le Président (M. Doyon): ...de faire respecter votre droit
de parole de la même façon que je voudrais faire respecter celui
du ministre. J'ai fait preuve d'un petit peu de laxisme, peut-être,
jusqu'à maintenant, pensant que... Bon. Mais je vais faire en sorte que,
quand le ministre commence une démonstration ou une intervention, il
puisse la terminer, de même que vous, Mme la députée, et de
même que tous les membres de
cette commission. Je m'engage à ça. M. le ministre,
continuez.
M. Ryan: Alors, la troisième exception j'ai
longuement expliqué les 2 premières la troisième,
nous parlons des lieux destinés à l'accueil des visiteurs: les
musées, les jardins botaniques ou zoologiques, les expositions
culturelles ou scientifiques, les sites touristiques. Dans ces cas-là,
l'affichage pourra être fait en français ou dans une autre langue
de manière que le français figure de façon au moins aussi
évidente.
C'est sûr que, quand vous arrivez à concevoir des
inscriptions placées sous ou à côté des objets
exposés dans un musée, je ne pense pas que ce soit de bon
goût de prescrire par loi que ces inscriptions devront être
nettement prédominantes en français; il faut laisser un peu de
marge au bon goût des autorités des établissements,
à l'équilibre esthétique qu'ils veulent et doivent
créer dans ce genre de lieu. Et je pense que, dans plusieurs cas, le
français figure de manière au moins aussi évidente.
Ça respecte parfaitement l'esprit de notre législation, parce que
ce n'est pas une apologétique permanente qu'on essaie de réaliser
non plus; je pense que c'est un régime pratique qui soit conforme
à toutes les bonnes règles de «convivance», de bon
goût, de jugement et d'équilibre. Alors, dans ces cas-là,
il nous apparaît que c'est mieux d'avoir ça comme ça.
Ça résume tout le règlement, ça, M. le
Président. Ça résume tout le règlement. Ça
veut dire que tout le reste, là, tout ce qui n'est pas mentionné
ici, en ce qui touche les activités de l'administration... Disons que le
ministre de la Santé veuille promouvoir la lutte contre le sida ou qu'il
veuille promouvoir il n'approuvera pas nécessairement ça
la diffusion des condoms dans les écoles. À ce
moment-là, il est obligé de faire sa campagne en français.
Sauf dans ce cas-là, pour des raisons de santé, il pourrait juger
qu'il y a certains messages qui peuvent être dans une autre langue, pour
raisons de santé. Mais, sauf les motifs de santé et de
sécurité publique, qui sont traités dans une autre
disposition, tout l'affichage de l'administration... Moi, comme ministre des
Affaires municipales, là, je lance un programme sur le regroupement
municipal; si je veux faire de l'affichage là-dessus, je dois le faire
uniquement en français. Je pourrai sortir une brochure qui sera dans une
langue autre que le français; je peux faire ça. Mais,
l'affichage, je le fais uniquement en français. Et on pourrait faire le
tour des ministères, et c'est la même application. Je
réponds à la question qui était posée tantôt:
Oui, mais quoi, et où? Partout. Partout, sauf dans les cas qui sont
mentionnés dans le règlement.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le ministre. Mme la
députée.
Mme Blackburn: C'était juste parce que je voulais... Le
ministre a affirmé quelque chose qui n'est pas dans son
règlement. Ce qu'il dit: Ça pourrait être en
français et dans d'autres langues. Ce n'est pas ça qui est dit
dans ses règlements. C'est en français et dans une autre langue.
Et ce n'est pas... Moi, quand on parle des musées, que ça soit en
3, 4, 5 langues, je l'ai déjà dit, je pense que, là, il y
a quelque chose de sens commun. Mais ce n'est pas ça qui est dit dans
son règlement. C'était juste ça, la question de tout
à l'heure, et ça aurait permis, si vous m'aviez laissée,
M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Oui, mais, Mme la
députée...
Mme Blackburn: ...au ministre de dire tout de suite ce qu'il va
nous dire là.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée, je
ne permets pas, là, que vous critiquiez les décisions que je
prends, premièrement. Et, deuxièmement, M. le ministre terminait
son intervention. Vous soulevez le point que vous voulez soulever, et vous le
faites à un moment qui est approprié, et le ministre va vous
donner la réponse. Vous vouliez l'avoir immédiatement; vous
l'aurez 2 minutes plus tard, mais vous allez l'avoir si le ministre veut bien
vous la donner.
M. Gosselin: «Dans une autre langue»... Le
Président (M. Doyon): M. Gosselin, oui.
M. Gosselin: ...ça date de 1976. C'est un
euphémisme qu'on avait utilisé pour ne pas parler de l'anglais
dans la Charte de la langue française. C'est de là que vient
cette expression-là.
Mme Blackburn: Oui.
M. Gosselin: C'est une façon de le dire sans le dire.
Mme Blackburn: Oui... M. Jolivet: M. le
Président...
Mme Blackburn: ...ça, ça veut dire que c'est
l'anglais; il n'y a pas d'autre langue.
M. Gosselin: Non, non. Non, non... M. Jolivet: M. le
Président...
M. Gosselin: ...l'interprétation juridique de «dans
une autre langue»...
M. Jolivet: Je m'excuse, là. M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Oui, un instant!
M. Gosselin: Non...
M. Jolivet: Oui, mais...
M. Gosselin: ...j'explique un peu d'où...
M. Jolivet: ...c'est parce qu'avant d'aller plus loin, M. le
Président...
Le Président (M. Doyon): Oui, monsieur le
député...
M. Jolivet: ...j'étais là, moi, en 1977, et je sais
les débats. Ce n'est pas un euphémisme. «Dans une autre
langue», ça permettait, dans un petit commerce, d'avoir du grec,
de l'italien.
M. Gosselin: Oui, oui. Aussi ça. M. Jolivet: O.K.
Parfait! M. Gosselin: Aussi ça. M. Jolivet: Merci.
M. Gosselin: Ça vise aussi toutes les autres langues. Mais
c'était aussi une façon...
M. Ryan: Maintenant, si vous me permettez de vous donner mon
interprétation...
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: ...quand on dit «dans une autre langue»,
ça peut être dans plus d'une autre langue. C'est aussi simple que
ça. Excepté que la règle de la prédominance vaudra
toujours. Si vous avez 3 langues qui sont employées, il faut que le
français soit nettement prédominant par rapport à
l'ensemble, dans un rapport qui se rapproche de 2 pour 1. Moi, c'est comme
ça que je l'interprète, en pratique.
M. Gosselin: Dans l'utilisation, on a repris l'expression qui
était dans la Charte, si vous voulez, qui a toujours été
utilisée dans le règlement pour dire la même chose, la
même réalité.
M. Jolivet: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Doyon): M. le député de
La-violette.
M. Jolivet: ...il est évident que l'objectif qui
était poursuivi à l'époque au niveau des petits
commerces... Et c'était ça qu'était la question. Parce
que, dans le reste, les gros commerces et les grandes entreprises de 50
employés et plus, c'était le français. Ça,
c'était clair. Il n'y a pas de cachette. Il n'y a pas d'anglais et il
n'y a pas de... C'était le français. Ça, c'était
clair.
La deuxième, c'est qu'on voulait permettre dans certains cas, et
ça a été fait, la possibilité pour des petites
entreprises, de peu d'employés en termes de nombre, d'avoir le droit
d'afficher en grec, en chinois, en italien si elles le désiraient. Il
faut faire attention à ce qu'on dit.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Ryan: Oui. Moi, en tout cas, je vous donne mon
interprétation. Et celle que je retiens comme ministre responsable de
l'application de la Charte, c'est que, quand tu dis «dans une autre
langue», tu ne dis pas «dans une seule autre langue». C'est
dans une autre langue. S'il arrive qu'il y en ait 2 et qu'on respecte la
règle de la nette prédominance, moi, à moins qu'on
m'institue une action devant les tribunaux, c'est comme ça que je vais
l'interpréter.
M. Jolivet: Et, d'ailleurs, M. le Président, pour revenir
à son interprétation, si je reviens à son
réalisme... Parce que, si vous parlez de la réalité,
c'était de même que ça s'appliquait, comme je le dis.
O.K.
M. Ryan: On se comprend très bien. M. Jolivet:
Merci beaucoup. Le Président (M. Doyon): Bon. M. Jolivet:
...
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: J'ai 3 points. Je vais être bref, parce qu'on a
d'autres choses à faire aujourd'hui. J'ai 3 points. Le premier, c'est
concernant ce que ma collègue disait sur la grandeur de la pancarte. Le
ministre doit s'en souvenir, j'en suis sûr. Quand on a instauré la
TPS au fédéral, on a chargé des taxes sur les berlingots
de chocolat que les enfants prenaient. Puis, à tel niveau de
millilitres, c'était taxable et, au-delà de ça, ce
n'était pas taxable. Sans changer le contenant, parce que les gens sont
astucieux c'est ce qu'elle essayait de dire, ma collègue; ils
sont astucieux qu'est-ce qu'ils ont fait? C'était marqué:
En bas de 500 ml, c'est taxable; en haut, ce ne l'est pas. Le berlingot n'a pas
changé de grosseur. Ils ont ajouté 1 ml à
l'intérieur, et c'était rendu à 501 ml, et la taxe ne
s'appliquait pas. Il a fallu que l'État, au fédéral,
revienne à nouveau, change la loi parce que les gens sont astucieux.
Ce que le ministre nous a dit, je veux bien le comprendre. Dans des cas
comme ceux-là, compte tenu de principes de base qu'on veut mettre en
termes de mètres carrés, etc., en termes de prédominance,
ce qu'il dit: Si ça ne marche pas à notre goût, on changera
la loi, on changera le règlement. C'est ce que je comprends. Est-ce que
je comprends bien?
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Ryan: Comme je l'ai dit, je pense que ce
n'est pas le moment de s'engager dans la discussion...
M. Jolivet: Non, non, mais je pose la question. Je veux bien
comprendre.
M. Ryan: ...des millimètres et des millésimes. Je
pense que ce n'est pas le moment de s'engager là-dedans. Nous vous
donnons ce projet de règlement à titre d'indication de ce que
sont les intentions du gouvernement.
M. Jolivet: Je le sais.
M. Ryan: Je pense que, si vous voulez être loyaux dans
l'exercice que nous faisons, vous allez comprendre, si on vous donne une
très bonne idée de ce qu'est l'intention du gouvernement, que
notre mandat ici, nous autres, c'est de discuter l'article du projet de
loi...
M. Jolivet: Oui, je sais.
M. Ryan: ...et ceci, je vous l'ai dit, on aura l'occasion d'en
discuter. D'abord, on le met en circulation exprès pour que les opinions
s'expriment. Et je dis: Si la commission émet le désir d'en
discuter de manière plus élaborée, en temps utile nous le
ferons. Mais qu'on ne commence pas à me demander des auditions à
n'en plus finir pour décider de la largeur des choses, et tout.
Franchement, là...
M. Jolivet: Non. Mais ce n'est pas de ça que je parle.
M. Ryan: ...ce n'est pas un jardin d'enfance, ici. M. Jolivet:
Ce n'est pas de ça que je parle. M. Ryan: Bon!
M. Jolivet: Ce que je veux juste dire, je donne un exemple de ce
que des gens astucieux, à partir d'un règlement
général, pourraient faire. Alors, je vous le dis simplement. Je
vous mets en garde.
M. Ryan: Très bien. Oui. J'en prends note. M. Jolivet:
C'est dans ce sens-là.
M. Ryan: J'en prends bonne note. (12 h 40)
M. Jolivet: Le deuxième exemple que je veux donner. On
parlait d'entrer aux frontières. Est-ce que, pour le ministre, dans sa
tête à lui, entrer aux frontières indique qu'il doit y
avoir nécessairement... Parce qu'il y a des gens qui passent ailleurs
que par la frontière, avec des lieux où on va arrêter les
gens et vérifier les gens puis vérifier ce qu'ils transportent,
etc. Donc, je prends un exemple, Lacolle, que je connais bien et que vous
connaissez bien. Je vais aller à Chartierville. Vous connaissez
Chartierville? Chartierville, c'est l'autre bord de Lennoxville, à
côté de la ville de La Patrie. Puis, en haut de la côte, qui
est une côte magnétique, là, il y a une petite
bâtisse puis il y a un gardien de frontière. Est-ce que là
aussi ça va être considéré comme étant une
place permettant, à ce moment-là, d'avoir dans les 15 km suivants
une pancarte l'indiquant?
M. Ryan: Je le penserais.
M. Jolivet: Alors qu'actuellement, avec tous les gens qui passent
par là, je n'ai pas entendu parler qu'il y ait bien, bien des accidents
à Chartierville. Parce qu'à Chartierville, les gens, quand ils
arrêtent, ils regardent la côte magnétique bien plus, puis
il y a plus de danger à regarder la côte magnétique
qu'autre chose, parce que c'est la route nationale.
Je vais donner un deuxième exemple avant que le ministre ne me
réponde. Saint-Pamphile de Kamouraska. Est-ce qu'à Saint-Pamphile
de Kamouraska, si tu veux sortir le dimanche, il faut que le vendredi tu aies
demandé ton ticket? Parce que la seule chose qu'il y a de disponible
à Saint-Pamphile de Kamouraska, tu mets ton ticket pour que la
barrière s'ouvre. Il n'y a pas de gardien en fin de semaine. Puis,
pourtant, il y a une guérite, là. Puis, pour vous dire, encore
plus drôle, étant donné que le chemin de l'autre
côté, c'est un chemin de bois là, je parle de ce que
je connais; je travaille dans le domaine forestier, comme critique bien,
de l'autre côté, les Américains viennent, et les
Québécois de l'autre côté vont. Est-ce que dans
cette place là où... On n'a jamais entendu parler qu'il y avait
des grands accidents qui se sont produits à Saint-Pamphile de
Kamouraska. Est-ce que, là, il va y avoir besoin de mettre des
pancartes, désormais? J'aimerais bien savoir où est-ce que c'en
est.
M. Ryan: Votre ticket de 2... Est-ce que vous parlez de
signalisation routière ou...
M. Jolivet: Oui, oui, je parle de signalisation. Oui, je suis
rendu dans le deuxième sujet.
M. Ryan: Bon. Correct. La signalisation routière...
M. Jolivet: Les 15 km dont on parlait.
M. Ryan: ...ça, ça va relever du ministre des
Transports, et il ne pourra mettre de signaux dans une langue autre que le
français que là où il n'y aura pas de pictogramme
disponible. Parce que la règle très générale, c'est
le français exclusif.
M. Jolivet: Non, mais, je vous donne un exemple. Puis, là,
là...
M. Ryan: Sauf les...
M. Jolivet: ...vous m'avez dit tout à l'heure qu'à
Lacolle...
Le Président (M. Doyon): M. le député..
M. Jolivet: Non, mais c'est parce que...
Le Président (M. Doyon): ...laissez finir le ministre.
Juste pour...
M. Jolivet: Non, mais c'est parce que...
Le Président (M. Doyon): Non, M. le
député...
M. Jolivet: S'il me le permet.
Le Président (M. Doyon): Non. M. le ministre, vous avez la
parole. Non. Parce qu'autrement on n'en sortira pas.
M. Jolivet: O.K. Je vais revenir plus tard.
Le Président (M. Doyon): Oui, oui, vous reviendrez, pas de
problème.
M. Jolivet: Ça va prendre plus de temps.
Le Président (M. Doyon): Oui. Bien, ça prendra le
temps que ça prendra. M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, à Lacolle, moi, quand je
répondais tantôt, là... Il faut toujours distinguer entre
la signalisation puis l'affichage. La signalisation relève du ministre
des Transports.
M. Jolivet: O.K.
M. Ryan: Puis, dans le cas de la signalisation, ainsi que je l'ai
indiqué, le français est la règle quasi universelle. S'il
y a besoin de plus, il y a les pictogrammes qui sont là. Des fois, les
pictogrammes peuvent même tenir lieu du français parce qu'ils
parlent un langage universel. Et, à défaut de pictogramme, s'il y
a des motifs de sécurité ou de santé qui sont
présents, là, le ministre pourra décider dans son
règlement de prévoir l'usage d'une autre langue. C'est
limité à ça.
Le Président (M. Doyon): M. le député.
M. Jolivet: Je ne le sais pas. Au niveau des pictogrammes...
M. Ryan: Passons à l'affichage maintenant. M. Jolivet:
O.K.
M. Ryan: L'affichage. Dans le cas de l'affichage, disons que vous
avez un poste du ministre du Tourisme à l'entrée de Lacolle, par
exemple, ou à quelques lieues de là. Là, à ce
moment-là, l'affichage pourrait être en français et dans
une autre langue à condition que le français soit nettement
prédominant. Je pense que c'est logique. Et si c'est un
panneau-réclame, c'est seulement en français. Je pense qu'on va
finir par se comprendre.
M. Jolivet: Ah! mais, je comprends très bien. Je vous
donne l'exemple typique, là, du fait qu'on passe de milles à
kilomètres. Je pense que ça, c'est logique. Il faut que les gens
soient avertis. Actuellement, à ma connaissance, quand on est à
Saint-Pascal de Kamouraska, il n'y a pas de ça. Quand j'étais
à Chartierville, je n'en ai pas vu. J'y suis allé. Ça fait
quand même un bout de temps, c'était dans les années
quatre-vingt, là, que j'y suis allé, mais je ne pense pas qu'ils
aient changé bien, bien. Je vous pose la question: Désormais,
pour les besoins, dans les 15 km qui vont suivre, maximum, il pourra y avoir
une affiche bilingue avertissant les gens du transfert de milles à
kilomètres, ce qui nécessite des coûts additionnels. Mais
je vous pose la question. Dans ces lieux-là, y a-t-il eu des accidents?
Est-ce que les gens sont vraiment peu connaissants de ce qui se passe, de telle
sorte qu'il y a eu des accidents, que c'est dangereux pour la
sécurité publique?
Quant à la question des pictogrammes pour la deuxième
partie de la question, à part, je pense, le brouillard, le risque de
brouillard puis l'autre, c'est le dynamitage, je ne pense pas qu'il y ait de
problème de pictogramme.
M. Ryan: C'est les cas qui nous ont été
signalés, ça. Maintenant, quand on dit «pourra», je
pense bien qu'il faut faire confiance au jugement du ministre, encore une fois.
Il n'y a aucune intimation qui lui est donnée par ceci d'aller planter
des affiches inutiles dans le fond de tel ou tel endroit. Je ne nommerai pas
les endroits, parce que Saint-Pamphile, comme vous le savez, est le lieu dont
le député de Montmagny-L'Islet a déjà
été le maire et, pour lui, c'est un village très
important.
M. Jolivet: Très beau aussi. Très beau. J'y suis
allé.
M. Ryan: Moi aussi. Par conséquent, ici, tout ce qu'on
donne, c'est la faculté de se servir de son jugement dans les situations
qui vont le requérir. Il faut cesser de penser que, chaque fois qu'on
donne une permission, le gouvernement va se précipiter pour la
généraliser à l'échelle de tout le Québec.
Ce n'est pas du tout, du tout l'intention de ceci. Est-ce que la réponse
est satisfaisante? J'en suis sûr... Elle se comprend, en tout cas.
M. Jolivet: Non, vous avez une logique, j'ai la mienne. Je vous
dis simplement qu'à ce moment-ci vous laissez entre les mains d'un
ministre le soin de faire de telles choses. Ça suppose... Et là
je prends mon «peut» juridique. Parce que mon «peut»
juridique, je le connais
dans les négociations. Parce que les gens vont nous dire: Le
«peut» juridique, c'est «doit». Parce qu'on ne marque
plus «doit» comme avant. Je le sais.
M. Ryan: Ça, là, regardez, je peux vous faire
donner toutes les... Excusez-moi, j'allais...
Le Président (M. Doyon): Si M. le député a
terminé avant que M. le ministre n'intervienne... J'aimerais m'assurer
que vous avez terminé avec ce que vous vouliez soulever.
M. Jolivet: Non, j'ai une autre question après.
Le Président (M. Doyon): Oui. Alors, M. le ministre,
voulez-vous répondre à cette partie?
M. Ryan: Ça, je peux voir à ce que l'assurance soit
fournie à cette Chambre que le langage employé signifie que c'est
facultatif. J'aurai une opinion en bonne et due forme; je vais en parler avec
nos conseillers. Je peux vous assurer que, si ça doit être
obligatoire, moi-même, je ne m'en ferai point le parrain.
M. Jolivet: D'une façon ou d'une autre, M. le ministre,
pour répondre à cette question-là, j'utiliserai votre avis
juridique pour d'autres projets de loi où on a fait les mêmes
discussions.
M, Ryan: Maintenant, ici, juste un petit point. C'est que, les
tribunaux, il est arrivé qu'ils donnent... Il faut prendre le contexte
dans lequel est employé le mot «peut». Mais, comme nous
l'employons ici, ça, nous y avons vu, si ce n'est pas suffisamment
clair, de l'avis de nos conseillers, nous le ferons clarifier de manière
qu'il n'y ait pas de doute dans l'esprit du juge.
M. Jolivet: D'une façon ou d'une autre, vous savez
très bien que tout ce qu'on a pu dire ici n'est pas
nécessairement retenu lors du jugement. Alors, c'est ce qui est
marqué dans le texte.
L'autre chose, j'en ai parlé au ministre en quittant hier soir,
en dehors des micros; je voudrais en parler ici, parce qu'on parle de
sécurité routière, des sécurités comme
celle-là. Nous, les Québécois, on est drôles parce
qu'on a, dans notre voiture, pour ceux qui conduisent encore leur voiture,
à droite ou ceux qui sont assis parce qu'ils sont conduits
un miroir extérieur qui réverbère des distances qui ne
sont pas les vraies distances, pour les besoins de calculer notre recul
lorsqu'on stationne. Et il est marqué, en anglais: «Objects in
this mirror are closer man they appear». Je ne sais pas si ma
prononciation est bonne mais, en tout cas, c'est ça. Ça
«veut-u» dire que nous autres, comme Québécois, le
ministre va désormais, pour la sécurité des
Québécois francophones qui achètent, en majorité,
des voitures venant des États-Unis, même fabriquées au
Québec mais avec des miroirs de ce genre-là, est-ce que ça
veut dire que, désormais, vous allez marquer les 2 langues offi-
cielles? Est-ce que vous allez faire marquer juste la langue officielle du
passé, qui était le français? Qu'est-ce que vous allez
faire devant ça? Parce qu'il faut absolument protéger les
Québécois. Parce qu'il me semble qu'il faudrait vraiment les
protéger puisque le ministre nous dit que, pour les visiteurs qui,
normalement, viennent dans un pays étranger, avec une langue
étrangère, il faut tellement les protéger qu'il faut tout
leur donner dans leur langue à eux autres. Est-ce que j'exagère
un peu?
Le Président (M. Doyon): Avez-vous terminé, M. le
député?
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Ryan: Quand le député dit qu'on veut tout leur
donner, il exagère grossièrement, parce qu'on veut leur donner
certaines choses très limitées et très modestes,
finalement. Il ne faut pas se faire d'illusions.
La question qui est posée mérite une attention
spéciale. C'est inadmissible, à mon point de vue, qu'un
véhicule vendu au Québec soit porteur d'une indication unilingue
anglaise quand il s'agit de l'objet dont a parlé le
député. Puis je vais voir à parler à mon
collègue, le ministre de l'Industrie et du Commerce, pour qu'il
s'intéresse à cette question-là et qu'il fasse les
représentations nécessaires pour qu'on obtienne des
redressements. Est-ce que c'est un véhicule de GM, ça?
M. Jolivet: Tous les véhicules sont comme ça.
Une voix: Les rétroviseurs, là, chez Renault, c'est
marqué seulement en français.
M. Jolivet: Renault, c'est AMC. Renault, c'est AMC. Imagine-toi,
c'est fait aux États-Unis.
M. Ryan: En tout cas, regardez, est-ce qu'il y a quelque chose
que vous auriez à me signaler là-dessus, M. Dumas? Si vous ne
l'avez pas, laissez faire; si vous n'avez pas compris, on va laisser faire.
On va faire l'examen de l'affaire, et on fera les
représentations, au besoin. Et, s'il y a d'autres situations semblables,
je demande qu'elles soient portées à mon attention.
Juste une minute, un conseiller veut me parler.
(Consultation)
M. Ryan: Ha, ha, ha! Les conseillers ne sont pas toujours les
plus utiles, hein. M. Kelley vient de me dire qu'on discute présentement
de la langue de l'administration et que ça va pouvoir être
abordé quand on va parler de la langue du commerce et des affaires. (12
h 50)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Joli vet: Je voulais avancer les choses.
M. Ryan: Pardon?
M. Jolivet: Je voulais avancer les choses.
M. Ryan: C'est pour ça que...
M. Jolivet: Alors, je donnais un exemple...
M. Ryan: Je connais votre bonne volonté.
M. Jolivet: ...au cas où on ne se rendrait peut-être
pas là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Hull, en vertu de la règle d'alternance, si vous avez quelques
questions.
M. LeSage: J'aurais une remarque à faire sur les
allégations du député de l'Opposition à l'effet
qu'on va légiférer pour avoir des panneaux-réclame
possiblement dans les 2 langues lorsque les pictogrammes ne peuvent pas
s'appliquer, et il semble vouloir dire qu'on le fait pour protéger les
anglophones. Je voudrais faire remarquer au député de...
Une voix: Joliette.
Une voix: Laviolette.
M. LeSage: ...Laviolette...
M. Jolivet: Plus tard, Jolivet, mais, pour le moment, c'est
Laviolette.
M. LeSage: Si, par exemple, sur l'autoroute 20, on doit indiquer
qu'il peut y avoir du brouillard, ce n'est pas juste pour protéger les
anglophones qu'on va écrire ça en anglais. Parce que, à ma
connaissance, lorsqu'il y a un accident sur la 20, il y a toujours au moins 1
autre véhicule qui est impliqué, et possiblement que ce sera un
Québécois francophone, à ce moment-là. Alors, ce
n'est pas juste pour protéger les anglophones qu'on fait ça;
c'est pour se protéger nous aussi des conséquences: un anglophone
pourrait faire un accident et pourrait causer d'autres dommages. C'est la
remarque que je voulais faire, M. le Président.
M. Jolivet: Je n'ai pas pensé à ça. Je n'ai
pas pensé à ça.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le député
de Hull. Mme la députée de Terrebonne.
M. Jolivet: C'est pour permettre à l'anglais de nous
comprendre. Ah!
Mme Caron: Merci, M. le Président. Alors, juste,
peut-être, pour répondre. C'est évident que je
m'inquiète beaucoup de la santé et de la sécurité
des Québécois francophones qui voyagent dans les autres pays,
parce que les autres pays n'ont pas nécessairement cette
considération-là pour notre sécurité.
Alors, M. le Président, moi, je voudrais toucher plus au principe
général du processus réglementaire. Le ministre,
tantôt, nous disait à quel point le processus réglementaire
était complexe, qu'il n'était pas simple, que c'était
très long, qu'il y aurait 3 mois pour discuter, finalement, au niveau du
contenu du processus réglementaire. Et c'est pour ça que je veux
m'en tenir au niveau du principe général. C'est évident
que l'intention du ministre est sûrement que ce
règlement-là soit un règlement qu'il peut faire respecter,
un règlement qui soit applicable, parce qu'il ne mettrait pas autant
d'énergie, autant d'efforts à préparer un processus
réglementaire et que le règlement ne soit pas applicable.
Dans les différents règlements que j'ai vus avec le
ministre et dans d'autres commissions parlementaires, je pense principalement
au niveau de l'éducation, le principe de base était toujours
à l'effet qu'il fallait que le règlement, pour être
applicable, soit le plus simple possible. Que ce soit un règlement
où on émettait toujours les mêmes principes, donc, on
était capable de les appliquer.
Lorsque je regarde l'avant-projet de loi, il m'apparaît qu'on
utilise des concepts différents, donc plus difficilement applicables. Et
je vais vous donner juste un exemple. Au niveau du Code de la
sécurité routière, on utilise l'expression «de
façon nettement prédominante». Et le ministre nous donnait
comme exemple que ça pouvait être, par exemple, un lieu
destiné à l'accueil, à la sortie d'une route ou à
l'entrée de la route. Par contre, lorsqu'on se parle au niveau des lieux
destinés à l'accueil puis à l'information des visiteurs,
c'est toujours un lieu d'accueil pour les visiteurs, autant lorsqu'on parle de
la sécurité routière que lorsqu'on parle de l'accueil pour
visiter un musée, un jardin botanique ou autre, et là on utilise
l'expression «de façon au moins aussi évidente».
Pourquoi ne pas avoir utilisé toujours le même concept «de
façon nettement prédominante» puisque ce concept-là
est même défini dans un autre projet? Je ne comprends pas pourquoi
le ministre n'a pas maintenu sa logique «de façon nettement
prédominante» pour l'ensemble de ses exceptions.
On le retrouve au niveau des activités de nature similaire
à celles des entreprises commerciales. Si on regarde les
activités touristiques, elles sont de nature similaire à des
entreprises commerciales. Ce qui se passe là, je m'excuse, là,
mais ce sont vraiment des activités similaires. Et on utilise la notion
de «nettement prédominante», alors qu'au niveau du lieu
destiné à l'accueil qui, cette fois-ci, n'est pas près
d'une route... Si le musée est près d'une route, est-ce qu'on va
utiliser la même chose? Pourquoi vous n'avez pas utilisé la
même chose?
Le ministre y a fait juste allusion un petit peu,
tantôt, en disant que c'était une question de bon
goût. Je ne pense pas que le règlement doit être au niveau
du bon goût. S'il nous avait parlé uniquement de
l'intérieur, par exemple, du musée, au niveau des objets
exposés, mais, lorsqu'on parle du cas d'un lieu destiné à
l'accueil, l'accueil se fait aussi à l'extérieur et à
l'entrée du musée. Pourquoi on n'a pas maintenu le même
concept pour que le règlement soit plus facilement applicable? Il me
semble que ça va être assez difficile au niveau de
l'application.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Doyon): M. le ministre, oui.
M. Ryan: Regardez, la remarque de la députée de
Terrebonne porte sur le troisième point du règlement. Il y a
quelque chose là-dedans. Moi, j'ai parlé tantôt des
musées, des jardins botaniques. Je trouve que d'avoir la règle au
moins équivalente, c'est suffisant pour le bon goût, justement,
pour l'aménagement général du lieu dont la
caractéristique est une caractéristique de culture. Ce n'est pas
de l'enrégimentation linguistique ou de la surveillance; c'est une
question de culture. Si on a ça, «au moins
équivalente», c'est très bien. Mais vous avez
souligné dans ce texte-là le cas d'un lieu destiné
à l'accueil ou à l'information des visiteurs. Il y a un point,
là. Je pense que c'est un point qui va devoir être regardé
de proche, puis qui pourrait, lui, être restreint plutôt à
la règle de nette prédominance. Je pense que c'est un point que
nous retiendrons sûrement.
Mme Caron: Je vous remercie. J'avais une autre question, M. le
Président. Dans la définition de «de façon nettement
prédominante», là aussi, je me demandais si le ministre, au
cours des prochains mois, pourrait tenter de simplifier cette
réglementation-là en essayant d'utiliser, finalement, selon les
différents points, à peu près les même
règles. Je regarde le point 2. On nous dit: Sur une même affiche,
le texte rédigé doit être au moins 2 fois plus grand. Les
caractères utilisés en français aussi, 2 fois plus grands.
Lorsqu'on arrive au point 3, si ce sont des affiches distinctes mais de
mêmes dimensions, là, les textes rédigés en
français doivent être au moins 2 fois plus nombreux les
affiches puis les caractères au moins aussi grands.
Par contre, quand on arrive sur des affiches distinctes mais de
dimensions, cette fois-ci, différentes, là, il faut que les
affiches soient au moins aussi nombreuses. Donc, on n'arrive pas aux
mêmes critères que tantôt. Et puis, au moins 2 fois plus
grandes, il me semble que c'est vraiment compliquer l'application du
règlement. Puis je me dis: Ça prend déjà tellement
d'efforts vous le disiez vous-même tantôt pour avoir
un règlement qu'il faut au moins qu'on le simplifie pour être
capable de l'appliquer, sinon, ça ne nous sert à rien d'avoir un
règlement si on ne peut pas l'appliquer.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Ryan: Si la discussion qui aura lieu au cours des prochaines
semaines permet de voir une formulation plus simple, nous autres, nous en
serons ravis et nous l'accueillerons volontiers. Et ce que nous
présentons dans le projet de règlement est la transcription quasi
intégrale, sauf l'ajout du facteur distance, des éléments
et même des formulations qui étaient déjà dans le
règlement adopté par le gouvernement, en bonne et due forme, en
1989, à l'été de 1989, si mes souvenirs sont bons. Puis,
dans le temps, on a fait des gorges chaudes avec ça. Je me souviens des
questions que les journalistes m'adressaient à propos du 2 pour 1;
ça les fatiguait bien gros, ça. Ils disaient ne pas comprendre.
Si vous n'êtes pas capable de comprendre la différence de 2 pour
1, il y a bien des choses que vous ne comprendrez pas. C'est le concept le plus
élémentaire qu'on avait pu trouver. C'est ça qu'on avait
cherché.
Mais, dans le reste, à toutes les modalités dont vous avez
parlé, s'il y a moyen de dissiper des ambiguïtés puis de
simplifier l'affaire, on le fera d'autant plus volontiers que l'esprit de ce
règlement-là, comme je l'ai dit, ce n'est pas de prescrire une
norme arithmétique mais plutôt d'avoir une portée
indicative. C'est pour ça qu'on ne dit pas: devront avoir ceci puis
ça; on dit: seront réputées conformes les affiches qui
répondront aux normes suivantes. Mais ça ne veut pas dire que
c'est les seules normes possibles. Il pourrait y en avoir d'autres. Il y a
beaucoup de place qui est laissée à l'imagination, à
l'initiative créatrice des auteurs puis des porteurs de messages,
ici.
Mais, encore une fois, si on peut l'exprimer d'une manière
simplifiée, je pense que ce n'est pas de ce côté-ci qu'il y
aura des résistances. (13 heures)
Mme Caron: M. le Président, j'y reviendrai cet
après-midi, parce que mon collègue de Laviolette a une
précision.
Le Président (M. Doyon): Oui, oui. Alors, dernière
remarque de M. le député de Laviolette...
M. Jolivet: M. le Président, en fait, ce n'est pas une
remarque...
Le Président (M. Doyon): ...après ça, nous
allons suspendre jusqu'à 15 heures.
M. Jolivet: M. le Président, c'est parce que... Le
Président (M. Doyon): Oui, M. le député.
M. Jolivet: ...j'ai commis une erreur, alors je veux la corriger
immédiatement. Je suis toujours mêlé entre Saint-Pascal de
Kamouraska et Saint-Pamphile de l'Islet. Quand j'ai parlé, tout à
l'heure, de Saint-Pamphile de Kamouraska, je parlais plutôt de
Saint-Pamphile de l'Islet. Alors, je veux le corriger immédiatement
pour
mettre le ministre sur la bonne voie, la bonne route pour qu'il aille
vérifier.
M. Ryan: Alors, là, c'est Saint-Pamphile de l'Islet,
hein?
Le Président (M. Doyon): Donc, nous suspendons nos travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 21)
Le Président (M. Doyon): La commission de la culture
reprend ses travaux. Nous avons terminé, avant d'aller au
déjeuner, avec une intervention de Mme la députée de
Terrebonne, et je n'avais pas eu d'autres demandes d'intervention sur l'article
4. À moins qu'il n'y en ait et qu'on ne me l'indique, je demanderais que
nous puissions voter sur l'article 4. Aviez-vous terminé sur l'article
4? Je sais qu'il y avait Mme la députée de Terrebonne qui...
M. Jolivet: Elle a dit qu'elle avait encore quelques questions
sur les règlements, mais...
Le Président (M. Doyon): Non, je ne sais pas s'il y avait
d'autres questions.
M. Jolivet: Oui, elle nous avait dit ça.
Le Président (M. Doyon): Oui.
M. Jolivet: Mais, comme elle n'est pas là...
Le Président (M. Doyon): C'est difficile de la faire
parler. Oui, M. le député de Hull.
M. LeSage: M. le Président, question de directive. Lorsque
nous ajournerons nos travaux aujourd'hui, est-ce qu'il y a un ordre de la
Chambre en ce qui concerne les travaux de lundi matin?
Le Président (M. Doyon): Nous devrons attendre l'ordre de
la Chambre de lundi. Nous siégeons à 10 heures. Ça
débute à 10 heures, la période de questions, lundi.
M. LeSage: Ah! d'accord. C'est parce que, lorsqu'on se quittera
cet après-midi, on ne se reverra pas avant lundi, et je profiterais de
l'occasion, M. le Président, avec votre permission, pour souhaiter un
joyeux anniversaire au député de Lac-Saint-Jean, qui
célébrera demain je ne sais pas combien d'années, mais
c'est demain sa fête, alors...
Le Président (M. Doyon): À peine, à peine.
Bonne fête!
M. Brassard: Je suis rendu à un âge où on ne
l'annonce plus, on ne le proclame plus.
Mme Blackburn: On n'en parle plus? Des voix: Ha, ha, ha!
M. LeSage: Oui. Bon anniversaire! M. Brassard: Merci, M. le
député de Hull. (Consultation)
Mme Blackburn: M. le Président. Le Président (M.
Doyon): Oui.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut convenir d'examiner l'article 4
et, si, des fois, le député avait encore une question, on pourra
y revenir?
Le Président (M. Doyon): Sur les règlements?
Oui.
Mme Blackburn: Sur les règlements, paragraphe 1°,
ça va. C'est une...
Le Président (M. Doyon): Donc, ceux qui sont en faveur
de...
M. Brassard: On va montrer, M. le Président, qu'on est
d'extrême bonne volonté. L'amendement au paragraphe 1°, nous
sommes d'accord, c'est voté à l'unanimité.
Le Président (M. Doyon): Sauf que l'article 4 est un
tout.
Mme Blackburn: Vous aviez compris, hein?
Le Président (M. Doyon): L'article 4 étant un tout,
je vais mettre au vote... Alors, l'article 4 étant un tout, et il n'y a
pas d'article autre, contrairement à ce qui s'est passé dans
l'article 1...
Mme Blackburn: On a 2 paragraphes.
Le Président (M. Doyon): Oui, on a 2 paragraphes, sauf
que...
Mme Blackburn: Le deuxième paragraphe.
Le Président (M. Doyon): Alors, ceux qui sont en faveur de
l'article 4.
M. Brassard: J'ai des choses à dire. Le
Président (M. Doyon): Encore?
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Doyon): Alors, O.K. Continuons la
discussion sur l'article 4. Pas de problème. Il semblerait que la
discussion n'est pas finie sur l'article 4. Ce que je pensais être...
Mme Blackburn: Est-ce que... Une question.
Le Président (M. Doyon): Oui, un instant, je vais
terminer. Il semblerait, M. le ministre, que l'article 4 n'est pas
terminé comme tel, qu'il y a d'autres interventions. Alors, je suis
prêt à écouter les membres de la commission.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre pourrait déposer
à cette commission le tableau ou les données illustrant le fait
que l'utilisation exclusive de pictogrammes ou de français ait pu
menacer la santé ou la sécurité publique? Est-ce qu'il y a
des cas précis? Est-ce que le ministre a eu des rapports
là-dessus? Est-ce que la sécurité publique, comme il est
responsable aussi de la sécurité publique a fait état de
situations qui auraient menacé, à un moment ou à un autre,
la santé et la sécurité de visiteurs, de
Québécois ou de Canadiens? De Québécois tout court,
particulièrement, parce que c'est surtout nous qui voyageons ici. ...qui
auraient pu menacer leur santé et leur sécurité parce
qu'on n'a que les pictogrammes ou le français sur la signalisation
routière?
M. Ryan: Je vais dire comme on dit, quand les gens sont morts,
ils ne sont plus là pour le dire.
Mme Blackburn: Ah! Parce qu'il y en a qui seraient morts de
ça?
M. Ryan: Bien, on ne le sait pas. On ne le sait pas. Prenez quand
la tragédie est arrivée à Sainte-Madeleine, une
tragédie qui a coûté des nombreuses vies, c'était
très embrouillé ce soir-là. On ne le sait pas. Ils sont
partis... On ne le sait pas, mais on se dit: Voici une zone où le
gouvernement a estimé qu'il fallait mettre des avertissements empreints
d'une gravité spéciale, à plus forte raison dans un cas
comme celui-là où on n'a pas de pictogramme approprié. On
se dit: II faut que ce soit disponible dans l'autre langue. On a beaucoup de
touristes qui passent ici, puis... C'est dans ce sens-là.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on a évalué ou
fondé cette décision sur des expériences dans les pays
étrangers, où il y a toutes les langues? Là on est en
train de dire: Nous, c'est spécial, le Québec, pour des
situations comme ça où, finalement, on n'a pas vraiment eu de
plaintes, on n'a pas de données illustrant que ça a
provoqué effectivement des accidents, mais on ouvre. Est-ce qu'on a
vérifié ce qui se faisait à l'étranger?
M. Ryan: On a eu des rapports. On a parlé avec les
autorités du ministère des Transports qui nous disent que
ça va être très approprié d'avoir des signes comme
ceux-là, puis ça nous suffit.
Mme Blackburn: Sur la base de quoi est-ce qu'ils vous ont
donné ça?
M. Ryan: Sur la base de la sécurité des voyageurs
et de l'honnête information des gens en matière de
sécurité.
M. Jolivet: Mais, dans le brouillard, ils «voient-u»
l'affiche? Qu'elle soit en français ou en anglais, ils
«voient-u» l'affiche?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Mais oui. C'est évident que dans le brouillard
vous avez 100 degrés différents de visibilité selon
l'épaisseur du brouillard.
M. Jolivet: C'est des lumières. M. Ryan:
Pardon?
M. Jolivet: Non, c'est parce que je posais une question bien
simple. C'est que vous dites, le brouillard... Vous prenez le brouillard de
Saint-Madeleine. Je vous pose une question, je vous demande une question...
Pardon?
M. Tremblay (Rimouski): C'était annoncé longtemps
d'avance. C'étais annoncé longtemps d'avance. C'était
annoncé avant, puis longtemps d'avance.
M. Jolivet: Je m'excuse. Sainte-Madeleine, si vous avez vu
ça parce que vous n'êtes pas dans le coin à
Sainte-Madeleine, ce n'était pas annoncé, à
l'époque. Il y avait des brouillards qui arrivaient comme ça.
Quand vous montez sur la route de Québec, je peux vous le dire par
connaissance, quand on arrive dans le bout de Neuville, entre Neuville et
Donnacona, là, dans ce coin-là, à un moment donné,
il fait soleil. À 5 heures du matin, je l'ai fait souvent. Il fait
soleil. J'ai même fait mention de ça à mes enfants. On
rentre dans un épais brouillard. On dit: Maudit, il fait mauvais
à Québec! On sort du brouillard, puis il fait encore soleil. Il y
a une place comme ça. Alors, à Sainte-Madeleine, c'est exactement
une chose semblable. Alors, la question, c'était à propos d'une
signalisation avec des lumières indiquant: Difficultés qui s'en
viennent plus tard. Vous avez, à Sainte-Julie, la courbe, la grande
courbe sur la 20. Même problème avec l'autobus qui a eu un
accident. Qu'il y ait eu des annonces ou pas, ce n'est pas la pancarte qui
aurait indiqué le danger.
M. Ryan: Sainte-Rosalie.
M. Jolivet: Oui. Sainte-Julie, Sainte-Rosalie, dans ce
coin-là, là.
M. Ryan: Sainte-Julie, ce n'est pas la même chose.
M. Jolivet: Non, mais c'est dans ce coin-là, là.
M. Ryan: Non, non. Pas tout à fait. M. Jolivet: Mais c'est
sur la 20. M. Ryan: Oui.
M. Jolivet: Ah! vous la faites plus que moi. Moi, je fais la
40.
M. Ryan: C'est ça. Ça paraît.
M. Jolivet: Parce que je vais à Grand-Mère.
M. Ryan: Ça paraît. Tout ce qu'on dit, c'est que le
ministre des Transports, qui n'est pas un imbécile, qui n'est pas un
irresponsable, aura la possibilité, quand il jugera qu'il n'y a pas de
pictogramme disponible et qu'il y a une menace pour la santé ou la
sécurité publique, de donner la signalisation dans une langue
autre que le français. C'est tout ce qu'on dit ici. Puis il n'y a pas
grand danger là-dedans, l'anglicisa-tion.
M. Jolivet: Mais, ce que je veux ajouter, c'est que le ministre
parlait d'un brouillard.
M. Ryan: Oui.
M. Jolivet: Là, je m'imagine la réponse. Ma
collègue n'était pas là à ce moment-là, mais
le député de Hull, ce matin, me disait que, si c'était en
anglais, c'était pour ma protection à moi, francophone, pour que
l'Anglais, l'anglophone puisse arrêter pour empêcher l'accident
avec moi. C'est ce que j'ai compris. C'est ce qu'il m'expliquait ce matin.
M. Ryan: ...qu'il faisait.
M. Jolivet: C'est ce qu'il a dit. Le député de Hull
a dit ça.
M. Ryan: Vous savez que la solution qu'on a retenue, de toute
manière, à Sainte-Madeleine, c'est un immense placard uniquement
en français. Puis il y a peut-être d'autres solutions.
M. Jolivet: Avec des lumières, des clignotants.
M. Ryan: Oui, oui. C'est entendu. Il y a peut-être d'autres
solutions qui seront mises en oeuvre au cours des années à venir,
on ne le sait pas. Mais, tout ce qu'on demande, c'est qu'ils aient cette
faculté-là. Ce n'est pas la fin du monde. (15 h 30)
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Bon. On va un peu loin. L'article 22, actuellement,
de la Charte de la langue française, dit: «L'administration
n'utilise que le français dans l'affichage, sauf lorsque la santé
ou la sécurité publique exigent aussi l'utilisation d'une autre
langue.» C'est couvert, ça. Ça couvre la signalisation
routière aussi. Pourquoi on tient tant à ajouter le paragraphe,
là, dans le projet de loi 86? C'est évident que c'est parce qu'on
a l'intention arrêtée, sinon clairement exprimée, du moins
comme arrière-pensée, d'introduire ou d'avoir la
possibilité d'introduire le bilinguisme en matière de
signalisation routière quand bon nous semblera et de ne pas être
trop limité, comme on pense l'être par l'article 22
actuellement.
Dans l'avis du Conseil de la langue française sur cette
matière... Pourquoi le ministre n'a pas suivi l'avis du Conseil de la
langue française? Il est très clair. On peut voir, en pages 38,
39 et suivantes... Je vous en cite quelques extraits. Et là, c'est
à la suite, en plus, de l'étude d'un groupe de travail
ministériel qui a examiné les aspects linguistiques de la
signalisation routière. Première remarque: Pour plus de
sécurité, il est préférable que le regard du
conducteur ne quitte la route que très peu de temps, d'où la
nécessité, pour les auteurs du rapport, d'avoir recours le plus
souvent possible à des pictogrammes. C'est évident que si, en
plus, la signalisation est bilingue, là, il y a plus de texte. Par
conséquent, le regard du conducteur va être attiré plus
longtemps par l'affiche. Alors, donc, le principe «pour plus de
sécurité, il est préférable que le regard du
conducteur ne quitte la route que très peu de temps», il ne
s'appliquera pas.
Deuxième remarque que fait le Conseil de la langue
française: Les pictogrammes peuvent être utilisés pour
presque toute la signalisation.
Troisième remarque, il en arrive à la conclusion: De
toutes les informations portées à la connaissance du groupe de
travail, aucune n'a établi une relation entre l'unilinguisme
français dans la signalisation et l'affichage public de consignes de
sécurité et les accidents survenus au Québec. C'est
évident. Voyons donc! Il n'y a personne qui va croire qu'il peut y avoir
un lien entre une signalisation routière unilingue française et
des accidents de la route. Le groupe de travail est formel
là-dessus.
Et, troisième remarque: Selon le rapport du groupe de travail, il
n'y a que 2 cas pouvant éventuellement mettre en danger la
sécurité des personnes où, à l'heure actuelle,
n'existent pas de pictogrammes pouvant accompagner ou remplacer l'usage de mots
français, c'est: «Dynamitage. Fermez votre émetteur».
Et le rapport du groupe de travail ajoute: Toutefois, devant la nouvelle
technologie utilisée sur les chantiers de construction, il y a lieu de
s'interroger sur la pertinence d'utiliser ce message maintenant. Alors, il en
reste juste un, là, c'est celui dont on parlait tantôt, c'est
«Risque de
brouillard». Vous ne me ferez pas accroire qu'on n'est pas capable
de trouver un pictogramme pour ça. On pourrait peut-être placer la
photo du premier ministre du Québec, il est souvent dans le brouillard!
On ne sait pas trop souvent dans quelle direction il va. Il est très
indécis. On a de la misère à connaître ses
orientations à peu près dans tout. Il pourrait être un
excellent pictogramme.
Puis, le Conseil recommande... Il recommande quoi? Il recommande que
l'on utilise le plus possible les pictogrammes dans la signalisation
routière. Très bien. Deuxièmement, que là où
l'utilisation des pictogrammes n'existe pas encore on maintienne l'unilinguisme
français dans la signalisation routière. C'est le Conseil de la
langue française, sur les recommandations d'un groupe de travail.
Le ministre dit toujours qu'il travaille avec beaucoup de rigueur,
qu'ils font les choses avec beaucoup de rigueur. Effectivement, il faut le
reconnaître. Le Conseil de la langue française a mis sur pied un
groupe de travail ministériel sur les aspects linguistiques de la
signalisation routière, pour se pencher là-dessus
spécifiquement. Et sa recommandation, c'est qu'on utilise le plus
possible les pictogrammes dans la signalisation routière. C'est ce qui
se généralise à peu près partout dans le monde. Et,
deuxièmement, que là où l'utilisation des pictogrammes
n'existe pas encore on maintienne l'unilinguisme français dans la
signalisation routière.
Le ministre, le gouvernement décide toutefois d'aller à
rencontre de cette recommandation, comme ça a été le cas,
d'ailleurs, pour l'affichage commercial. On le verra un peu plus tard. On n'a
pas suivi les recommandations du Conseil de la langue française. C'est
évident. On comprend pourquoi. Il y a une intention très
arrêtée d'introduire un peu partout, de généraliser
le bilinguisme de toutes les façons et sous toutes les formes,
même quand ce n'est pas nécessaire, même quand ce n'est pas
requis, même quand ce n'est pas utile.
Dans le cas de la signalisation routière, il me semble que la
démonstration et l'argumentation du Conseil de la langue
française sont limpides, sont convaincantes. On ne voit pas pourquoi le
ministre n'a pas suivi les recommandations du Conseil et ne les a pas
respectées.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre. M. Ryan:
Pas de commentaires. Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la députée
de...
Mme Blackburn: L'article 22 de la Charte était, nous
semble-t-il, assez clair. Je me permets de le relire: «L'administration
n'utilise que le français dans l'affichage, sauf lorsque la santé
ou la sécurité publique exigent aussi l'utilisation d'une autre
langue.» Qu'est-ce qu'on est en train de vouloir introduire par la
modification qu'on appporte là, alors qu'il nous semble que ce
qu'invoque le ministre était déjà potentiellement possible
dans l'article 22? Vous pouviez le faire. C'est quoi, cette idée
d'ouvrir pour l'administration, pour la signalisation routière, alors
que la possibilité existait déjà dans l'article 22?
M. Ryan: Si vous nous dites: On est prêt à laisser
tomber l'article 29 de la Charte et on va garder seulement l'article 22, on va
le laisser tomber, cet articulet-ci, si c'est ça, votre proposition, on
est prêt à la regarder. Ça va tomber sous
l'administration...
Mme Blackburn: C'est bien.
M. Ryan: ...et ça élargit l'affaire encore bien
plus. On vous remercie...
Mme Blackburn: Alors...
M. Ryan: ...de votre libéralité tout à fait
insoupçonnée. C'est ça, l'affaire.
Mme Blackburn: C'est bien, parce que je sais que vous l'abrogez,
là, dans les articles suivants. Alors...
M. Ryan: O.K.?
Mme Blackburn: ...moi, M. le Président...
M. Ryan: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Je suis prêt à le
recevoir, oui.
Mme Blackburn: Abroger 29? Le Président (M. Doyon):
Non... M. Ryan: ...29, pour garder 22.
Mme Blackburn: Bon, M. le Président, je laisse le ministre
saccager la loi. Je voudrais essayer de la...
M. Ryan: Mais c'est montrer que...
Mme Blackburn: ...bonifier, pas de la démolir.
M. Ryan: Je pense que c'est une belle preuve de bavardage
inutile, M. le Président.
Mme Blackburn: Je voudrais proposer un amendement.
Une voix: Ah?
Mme Blackburn: L'article 4 du projet de loi 86,
Loi modifiant la Charte de la langue française, est
modifié par l'ajout, à la fin du deuxième paragraphe, de
l'alinéa suivant: «Ces règlements doivent, avant d'entrer
en vigueur, être soumis pour étude à la commission
parlementaire permanente compétente.»
Oui, il me semble que, ça, ce n'est pas refusable, là.
J'imagine que ça va dans l'ordre des...
Le Président (M. Doyon): Un instant! M. Brassard:
C'est une belle amélioration. (Consultation)
Le Président (M. Doyon): Alors, sur la
recevabilité, Mme la députée de...
Mme Blackburn: Oui?
Le Président (M. Doyon): ...Chicoutimi, à moins que
ce ne soit le député de Laviolette qui se charge de cette
partie?
M. Jolivet: Je peux peut-être le faire.
Mme Blackburn: II est compétent en ces
matières.
M. Brassard: II y a un partage des tâches... Mme
Blackburn: Eh! oui, c'est ça.
M. Brassard: ...très, très, très
marqué, chez nous.
Mme Blackburn: II est efficace, à part ça, hein.
Ha, ha, ha!
M. Jolivet: M. le Président, simplement, cet
ajout-là vient concrétiser dans les faits la proposition que le
ministre nous a faite lui-même nous disant qu'il avait l'intention,
lorsque les règlements seront publiés, de tenir une commission
parlementaire ayant pour effet d'entendre les gens de l'Opposition et les
membres du côté ministériel faire valoir leurs points de
vue sur le règlement qui est en cours. Donc, c'est simplement dans ce
sens-là que nous croyons acceptable un tel amendement. Et si le
ministre, dans sa largesse, insiste même pour que des groupes puissent
être entendus, il n'y a rien qui l'empêcherait dans cette
commission. Mais je crois que ce que j'ai compris de la part du ministre, c'est
à l'effet que l'étude serait faite par les parlementaires, de
part et d'autre, de la commission. Alors, moi, ça me satisferait, M. le
Président. (15 h 40)
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Rimouski, sur la recevabilité.
M. Tremblay (Rimouski): Je pense que l'amendement qui est
proposé est irrecevable parce qu'il vient nier les dispositions
habilitantes du ministre de soumettre les règlements au gouvernement.
C'est le gouvernement qui doit décider de la réglementation.
Alors, ça vient nier cette disponibilité-là, cette
possibilité-là.
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Avant que vous ne vous prononciez, je pense que le
député de Rimouski vient de proférer une
hérésie. L'amendement qu'on soumet ne réduit d'aucune
façon, ne restreint d'aucune façon le pouvoir ministériel
du gouvernement, du Conseil des ministres de mettre en vigueur des
règlements. D'aucune façon. Il n'est pas dit là-dedans que
c'est la commission qui adopte les règlements; il n'est pas dit
là-dedans que c'est la commission qui autorise la mise en vigueur des
règlements. C'est simplement la commission qui doit les examiner, et
sans pouvoir les amender, les modifier ou les rejeter, d'aucune façon,
simplement pour étude, pour étude seulement, pour examen. Alors,
ça, c'est tout à fait possible. Ça s'est
déjà fait, ça se fait fréquemment. On vient
quasiment de le faire pendant quelques heures, hier et aujourd'hui. On a
examiné ensemble des règlements, sachant très bien qu'on
n'a aucun pouvoir pour les adopter, on n'a aucun pouvoir pour les modifier.
Mais une commission parlementaire peut fort bien analyser, examiner,
étudier des règlements. Donc, ça ne restreint d'aucune
façon les responsabilités du pouvoir exécutif en
matière réglementaire.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le député
de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, pour
réfuter l'argumentation du député de Lac-Saint-Jean
à l'effet qu'on vient de prendre connaissance des règlements et
d'en discuter, c'est par consentement que nous l'avons fait. Alors, c'est
sûr que, si nous n'avions pas consenti, nous n'aurions pas pu le faire.
Alors, on a eu l'amabilité de consentir à discuter de la
réglementation qui était présentée dans
Favant-projet de règlement. Mais, présentement, la proposition
d'amendement qui est proposée vient de nier les dispositions
habilitantes du gouvernement de proposer des règlements et de les rendre
applicables. C'est le gouvernement qui peut faire ça, un pendant
à la loi. Donc, on n'a pas à revenir en commission
parlementaire.
Le Président (M. Doyon): Dernière intervention, Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Avant que vous ne preniez la décision, M.
le Président, parce que c'est important et l'objectif est simple, je
pense qu'il allait dans le sens de
ce qu'avançait déjà le ministre ce matin et hier
à l'effet qu'il avait l'intention de consulter et d'apporter les
règlements à la commission parlementaire sur le fond, sur la
recevabilité. Ça n'entache en rien le pouvoir du gouvernement
d'adopter les règlements, et ce n'est pas parce que ça vient en
commission parlementaire que ça enlève pour autant des pouvoirs
au gouvernement. À preuve, nous sommes ici, puis le gouvernement va
faire adopter la loi qu'il veut. C'est la même chose pour les
règlements. Alors, ça ne vient pas brimer ou contraindre le droit
du gouvernement de faire adopter ses propres règlements.
Ensuite, cependant, je sais que si ma mémoire est fidèle,
et le ministre s'en rappellera, il y a une telle disposition qui existe dans
les règlements touchant la confessionnalité, les écoles
confessionnelles dans le réseau scolaire public, où il est
prévu qu'avant d'être adoptés, modifiés ils doivent
être présentés ou soumis à l'examen de la commission
parlementaire permanente de l'éducation. Alors, ça existe
déjà. Ça ne constitue pas une obligation pour le
gouvernement d'en tenir compte, mais, en même temps, et là vous me
pardonnez si je vais un peu sur le fond, ça met les règlements un
peu à l'abri de la tentation de les modifier, y compris par notre
gouvernement, dans le fond, sans passer par l'exercice plus transparent de la
consultation.
Alors, moi, je pense que, vraiment, c'est un objectif... Je n'en dirais
pas plus que ça. Je souhaiterais vraiment qu'il soit
considéré non seulement recevable mais adopté.
Le Président (M. Doyon): Bon. Alors, j'ai entendu les 2
points de vue concernant cet amendement. Il est vrai que la chose n'est pas
contraire au bon sens, qu'elle peut être considérée. La
question que j'ai à trancher, cependant, c'est si, au-delà
d'être une chose qui peut être faite, soit à
l'intérieur d'un projet de loi parce que c'est présenté
comme ça par le gouvernement et que c'est là le désir du
gouvernement, ou encore si c'est fait de consentement après coup, la
question que j'ai à me poser, c'est: Est-ce que cet amendement-là
constitue un empiétement sur le pouvoir exécutif? Parce qu'il va
de soi que la question fondamentale qui se pose ici, c'est: Est-ce que la
réglementation est un privilège de l'Exécutif et, à
ce moment-là, elle ne peut pas être soumise à des
contraintes extérieures sans que l'Exécutif y consente
d'emblée. Oui?
M. Brassard: Avant que vous ne poursuiviez, compte tenu de
l'importance de la décision que vous aurez à rendre, je voulais
vous signaler un élément qui pourrait vous aider dans votre
décision et qui concerne la Charte des droits et libertés de la
personne où, à l'article 86.9, on stipule que le gouvernement,
après consultation de la Commission là, il s'agit de la
Commission des droits de la personne publie le projet de
règlement à la Gazette officielle, avec un avis indiquant
le délai après lequel ce projet sera déposé devant
la commission parlementaire élue de la justice et indi- quant qu'il
pourra être adopté après l'expiration des 30 jours suivant
le dépôt du rapport de cette commission devant l'Assemblée
nationale. Donc, ça n'affecte en rien le pouvoir exécutif, mais
ça permet à la commission parlementaire, si elle le veut, mais
elle n'est pas même tenue d'en faire l'examen, de faire l'étude du
règlement.
Le Président (M. Doyon): Oui. Bon. Alors, c'est un
élément dont, dès le début, je tenais compte quand
je disais que l'Exécutif pouvait accepter de se voir lui-même
soumis à cette contrainte. Et, si le ministre avait mis une disposition
comme ça dans la loi, il n'y aurait aucun problème à ce
que nous puissions en discuter. L'Exécutif a décidé de
s'imposer lui-même cette contrainte, ce qui est totalement
différent que de se voir imposer par le législatif une limitation
de son pouvoir de réglementation. C'est ce que je me pose comme
question, ici, la question, à savoir... Il faut le reconnaître,
les règlements ne pourront pas être promulgués, ne pourront
pas être publiés, ne pourront pas entrer en vigueur, la
consultation ne pourra pas s'enclencher sans qu'une commission parlementaire,
la nôtre en l'occurrence, n'ait été saisie de ces
règlements et n'en ait fait une étude pendant un certain nombre
de jours ou une période donnée de temps, ce qui veut dire que
l'Exécutif n'aura plus les mains libres pour décider de
l'entrée en vigueur de sa propre réglementation.
Et vous allez reconnaître avec moi, qu'on le veuille ou pas, que
ce pouvoir réglementaire est un pouvoir qui appartient à
l'Exécutif non seulement sur le fond, sur ce qu'il va contenir, mais
aussi sur l'entrée en vigueur de cette réglementation. C'est un
élément intrinsèque du pouvoir de l'Exécutif de
décider quand le processus réglementaire va prendre naissance et
quand il va se terminer, par voie de publication tout d'abord, consultation,
etc., et promulgation. Ce qui fait que cet élément, ici,
empêcherait l'Exécutif d'avoir les mains totalement libres sur
cette façon de faire qui appartient à l'Exécutif.
Il est vrai que l'Assemblée nationale, quand elle passe des lois,
impose des limites à l'Exécutif, bien sûr, mais c'est pour
ça que les projets émanent de l'Exécutif...
Une voix: ...
Le Président (M. Doyon): Non, je suis en train de rendre
ma décision. Je n'accepterai plus d'être interrompu, parce que ma
décision est enclenchée, et je suis obligé de la rendre,
en mon âme et conscience, selon la conviction que j'ai que cet amendement
n'est pas recevable pour les... Pas parce que le pouvoir réglementaire
n'est pas... Vous plaiderez sur le fond, si vous voulez, tout à
l'heure.
Une voix: ...
Le Président (M. Doyon): Non, je dis que recevoir ce
règlement, c'est dans... Non, ce n'est pas
comme ça que ça marche. Un instant! Un instant! La
présidence se prononce sur la recevabilité, à savoir si
cet amendement est un amendement qui va à rencontre du pouvoir... Il y a
une contradiction entre l'article pour être clair qui donne
le pouvoir au gouvernement de et cet amendement qui limite ce pouvoir du
gouvernement de. (15 h 50)
M. Jolivet: Une minute! Bien oui! Bien oui!
Le Président (M. Doyon): Et, dans les circonstances,
je...
M. Jolivet: Bien oui, M. le Président, je sais,
mais...
Le Président (M. Doyon): Un instant! Je déclare
l'amendement irrecevable pour ces raisons, et je le fais en mon âme et
conscience, comme je pense que je comprends la situation. Je ne prétends
pas que je vais faire l'affaire de tout le monde, mais c'est ça, ma
décision. Alors, ma décision est rendue.
M. Jolivet: Question de directive. Là, on va bien se
comprendre, parce qu'est irrecevable tout amendement qui a pour but d'aller
à rencontre du principe; deuxièmement qui oblige le gouvernement
à dépenser de l'argent...
Le Président (M. Doyon): M. le député, je
vous interrompts tout de suite. M. le député!
M. Jolivet: Mais, je «peux-tu» vous demander la
directive?
Le Président (M. Doyon): Non, M. le député,
vous ne pouvez pas remettre ma décision en question.
M. Jolivet: Je ne remets pas...
Le Président (M. Doyon): Vous ne ferez pas ça par
le truc de demande de directive. Je ne suis pas votre conseiller juridique. Si
vous avez des conseils juridiques à demander à quelqu'un,
trouvez-en d'autres que moi. Je ne suis pas à votre service pour vous
donner des conseils juridiques sur la façon de procéder pour
atteindre vos objectifs. C'est une chose qui vous appartient, et vous avez
à vous débrouiller comme vous le pouvez. Vous n'avez pas, dans
les circonstances... Je ne vous enlève pas le mérite d'avoir mal
plaidé ou d'avoir mal expliqué la chose. J'en suis venu à
la conclusion que, compte tenu des règles qui gouvernent la
recevabilité des amendements, cet amendement-là est irrecevable,
et cette décision-là est rendue. Et je vous prie de continuer la
discussion sur le fond de l'article ou de présenter un autre amendement.
Vous avez parfaitement le droit de le faire, M. le député.
M. Jolivet: Motion d'amendement, M. le Prési- dent. On ne
va pas discuter du fond là-dedans, de la recevabilité. Motion
suivante: L'ajout, à la fin du deuxième paragraphe, de
l'alinéa suivant, même type que tout à l'heure: «Ces
règlements, après leur prépublication, seront soumis pour
étude à la commission parlementaire permanente
compétente.»
Le Président (M. Doyon): Est-ce que je peux avoir votre
amendement par écrit, s'il vous plaît?
Alors, je suis prêt à vous entendre, M. le
député de Laviolette, sur la recevabilité de cet
amendement.
M. Jolivet: M. le Président, tout ce qu'on a voulu faire
jusqu'à maintenant, ça a été de répondre aux
souhaits du ministre, et même à sa demande, et même à
son conseil. Ce qu'il nous a dit pendant la discussion qu'on a eue sur les
règlements, il nous a dit: Je suis prêt, comme ministre, à
permettre, pendant que les règlements seront publiés ce
qu'on appelle la prépublication avant leur adoption finale,
qu'une commission parlementaire, qui est la nôtre, une commission
permanente étudie les règlements, fasse des recommandations au
ministre pour permettre de bonifier les règlements. C'est ce que j'ai
bien compris de la part du ministre, et j'ai saisi dès ce
moment-là, de la part du ministre, cette
possibilité-là.
Ce que je vous propose, donc, comme amendement, c'est de dire
qu'après la prépublication, c'est-à-dire dans les jours
qui suivront, avant leur adoption, bien entendu, par la publication finale par
le Conseil des ministres, il y ait une commission parlementaire à
laquelle ces règlements seront soumis.
Maintenant, en vertu de la façon dont un amendement est
recevable, ça ajoute, ça soustrait, et quand on est d'accord ou
pas d'accord avec une telle décision, on la bat. Quand on parle,
maintenant, de ce qui est irrecevable: est irrecevable une motion, en vertu de
nos règlements, qui a pour but d'augmenter les coûts que le projet
de loi prévoit. Seul un ministre a le droit de proposer une telle
motion. On en a vécu à plusieurs occasions, et le ministre, suite
à nos argumentations dans bien des cas, a accepté de le mettre
dans le projet de loi.
Dans le cas qui nous préoccupe, vous n'avez pas, comme
président, à ma connaissance à moi, dans toute la
jurisprudence que l'on connaît, si on l'a bien étudié
à fond, la capacité de déterminer si ça limite ou
si ça ne limite pas le pouvoir d'un gouvernement ou d'un
exécutif. La réalité, c'est qu'effectivement un amendement
a pour but d'arrêter l'Exécutif avant une décision qu'il a
l'intention de prendre. Les exemples sont nombreux au niveau des
décisions qui ont été rendues ici, à cette
Assemblée, où l'Opposition prenons l'exemple des heures
d'affaires pour l'ouverture des magasins a eu des amendements qui
avaient pour but d'empêcher le gouvernement d'ouvrir les magasins de
telle heure à telle heure. On a donc déterminé que la
proposition d'amendement était recevable. C'est évident que notre
job à nous, comme parlementaires, c'est d'arrêter le
gouvernement quand il va trop loin. Le seul moyen que nous avons dans
une loi, c'est de le proposer par amendement, mais on lui évite des
coûts, on ne lui en impose pas d'autres. Alors, le pouvoir
exécutif, s'il peut être plus contrôlé, c'est les
députés ministériels et les députés du
pouvoir, ensemble, en commission, qui peuvent empêcher le gouvernement de
faire des choses qui n'ont pas de bon sens.
Je dois m'incliner devant votre décision; ça ne veut pas
dire que je l'accepte. Je dois l'accepter comme vous l'avez
déterminée, mais pas comme je le pense. Et, à mon avis
à moi, M. le Président, l'amendement précédent,
comme celui-là, était recevable.
Le Président (M. Doyon): Un instant, M. le
député. M. le député, vous connaissez nos
règles.
M. Jolivet: Oui, je le sais.
Le Président (M. Doyon): S'il vous plaît, plaidez
sur l'amendement...
M. Jolivet: C'est ce que je fais.
Le Président (M. Doyon): ...et cessez de vous plaindre de
ma décision précédente, qui ne changera pas, de toute
façon, et c'est contraire à nos règles. Je vous prie
de...
M. Jolivet: Je le sais, je le sais que votre
décision...
Le Président (M. Doyon): Oui, alors...
M. Jolivet: ...ne changera pas, mais ça ne veut pas dire
que je n'ai plus le droit de dire si je suis d'accord ou pas d'accord.
Le Président (M. Doyon): Non, non, vous n'avez pas le
droit de la critiquer, M. le député. Vous le savez fort bien.
M. Jolivet: Je la critique, je la critique, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): Vous n'avez pas le droit. Je vous
rappelle à l'ordre, pour la première fois.
M. Jolivet: Bien, vous avez le droit.
Le Président (M. Doyon): Oui. Alors, je vous rappelle
à l'ordre et ne vous permets pas de continuer. Je vous rappelle à
l'ordre pour la première fois.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Plaidez la recevabilité,
il n'y a pas de problème avec ça, mais...
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): ...ne critiquez pas ma
décision, je ne l'accepterai pas. J'aime mieux vous le dire tout de
suite, ça ne marchera pas avec moi.
M. Jolivet: Ça, je suis sûr...
Le Président (M. Doyon): Bon, alors, n'essayez pas avec
moi.
M. Jolivet: ...que vous ne l'accepterez pas, mais...
Le Président (M. Doyon): Bon, alors, n'essayez pas.
M. Jolivet: ...j'ai le droit de la critiquer pareil.
Le Président (M. Doyon): Non, vous n'avez pas le droit, M.
le député.
M. Jolivet: Je le prends, le droit.
Le Président (M. Doyon): Je vous rappelle à l'ordre
pour la première fois.
M. Jolivet: Merci, mais je vous dis, M. le Président, que
le seul lieu qu'on a pour contrôler un gouvernement, dont son
Exécutif et le Conseil des ministres, c'est ici. Est-ce que, moi, comme
député, je vais accepter d'être bâillonné?
Non, M. le Président. Je ne l'accepterai pas, parce qu'il y a de
nombreuses décisions qui ont été rendues. Si le conseil
qu'on vous a donné ou la décision que vous avez prise n'est pas
à ma satisfaction, je vous le dis, M. le Président, je ne peux
pas accepter d'être bâillonné, comme député de
l'Opposition, pas plus que les ministériels. Et je ne les comprends pas
de ne pas s'insurger devant une telle décision. Le Conseil
exécutif n'a pas tous les pouvoirs. Je dois le limiter, moi, comme
député, ici, à l'Assemblée nationale. Le seul moyen
que j'ai, c'est ici. Je ne peux pas le faire au Conseil des ministres, je le
fais ici. Et c'est pour ça que la proposition précédente
était bonne. Vous avez déclaré qu'elle était
mauvaise, je l'accepte parce que je n'ai pas le choix, mais je la conteste. Et
je vous dis maintenant que celle-là au moins est recevable, parce que le
ministre lui-même nous l'a suggérée.
M. Ryan: ...
M. Jolivet: Ah! M. le ministre, si vous avez fait des erreurs,
acceptez-les, parce que j'en ai connu de votre part. Vous n'êtes pas plus
infaillible que moi. Vous êtes aussi faillible que moi. Et j'en ai connu.
Et, dans ce contexte-là, M. le Président, je juge que la motion,
telle que présentée au moins, est recevable. L'autre aurait pu
être battue. Ils ont voulu prendre d'autres moyens, bien, libre à
nous maintenant. Allons-y
avec celle qui est devant nous autres.
Le Président (M. Doyon): Sur la recevabilité de
cette deuxième motion.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je pense que
c'est une autre mesure dilatoire. Elle vient tout simplement dans le même
style que l'autre que vous avez refusée, et je pense que ça ne
donne rien de pérorer là-dessus. Je me fie sur votre
décision, M. le Président, et soyez assuré que cet
amendement-là est irrecevable.
Le Président (M. Doyon): Alors, moi, je suis suffisamment
informé pour déclarer que cet...
Mme Blackburn: ...
Le Président (M. Doyon): Non, je suis suffisamment
informé, Mme la députée, et ma décision est
à l'effet que cet amendement est recevable, et je suis prêt
à entendre les interventions sur cet amendement. Et je maintiens, comme
président, la décision que j'avais à prendre tout à
l'heure. Et je veux que ça soit bien clair. Je suis prêt à
être conciliant, à faciliter le débat, mais d'un autre
côté je ne permettrai pas et je ne peux pas permettre que les
privilèges de la présidence fassent l'objet d'un
empiétement quelconque. Je ne peux pas permettre ça. Et je suis
surpris que le député de Lavio-lette, qui a été un
vice-président de l'Assemblée nationale, se permette de tels
écarts de langage. Ce n'est pas coutumier à cette commission.
C'est vrai qu'il n'est pas familier avec les travaux de cette commission, mais
c'est totalement, totalement contraire à la tradition qui est celle que
nous avons établie ici, à l'intérieur de cette commission.
D'ailleurs, je le regrette vivement, et je souhaite, entre nous, que cet
exemple-là ne soit pas suivi, parce que les choses vont se passer
autrement. Et, si on veut jouer ce jeu-là, la présidence a des
moyens d'appliquer des règles qui vont rendre la vie difficile à
tout le monde, qui vont rendre nos travaux difficiles et qui ne nous rendront
pas plus productifs, sauf qu'il est de coutume et il a toujours
été de coutume qu'une décision de la présidence
soit respectée comme telle et qu'on ne la remette pas en question. On
s'y plie et on revient à la charge d'une autre façon, comme le
député de Laviolette a su le faire. Et je déclare cet
amendement recevable, et je suis prêt maintenant à entendre des
représentations sur le fond. (16 heures)
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, je vous remercie. D'abord, je veux rappeler
au député de Rimouski qu'il n'a jamais été de notre
intention de faire des mesures dilatoires avec cet amendement, pas plus qu'avec
les autres. Et je ne parlerai pas longtemps là-dessus. Je ne parlerai
pas longtemps. Ce que je voudrais dire, c'est que c'est le genre de
règlement, sur une question sensible et délicate, sur lequel
ça demande...
Une voix: ...
Mme Blackburn: O.K. Les nerfs! ...qui doit être
traité avec transparence transparence et ouverture et
respect de la population. Et tout ce qu'on dit là-dedans, et ce qu'on
souhaite, c'est qu'au moment où il y aura une modification et je
suis certaine que ça conviendrait à pas mal de monde quand
on modifiera ce genre de règlement, que ces règlements soient
soumis à la commission parlementaire compétente. Pas juste parce
qu'on pense que le gouvernement actuel pourra aller trop loin dans le sens de
l'anglicisation ou de la bilinguisation mais aussi pour empêcher un autre
gouvernement, qui serait le gouvernement du Parti québécois,
d'aller abruptement dans l'autre sens. D'ailleurs, c'est un peu ce que
suggérait le Conseil du patronat en disant: Essayez de vous arranger
pour ne pas trop jouer là-dedans. Alors, c'est une certaine forme de
garantie pour éviter que ça ne soit trop laissé facilement
à l'arbitraire d'un gouvernement qui irait dans une direction ou dans
l'autre. Et je conclus là-dessus, M. le Président. À moins
que mes collègues ne veuillent intervenir, j'appellerais le vote.
Une voix: Oui.
Le Président (M. LeSage): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Je vais être un
peu plus calme, parce que je n'aime pas l'injustice, et le ministre le sait
très bien, à part ça. Parce que, quand j'ai
été président à la place que vous occupez, s'il y a
quelqu'un qui a laissé les débats se faire le plus largement
possible, permettant à tous les députés de faire valoir
leur point de vue, j'étais de ceux-là. Je suis de ceux qui
croient que la présidence doit permettre le débat et non pas
l'empêcher. La décision appartient toujours au côté
ministériel. Ils ont le droit et le pouvoir de décider, par leur
nombre, et c'est normal. Mais, au moins, on a la chance de dire ce qu'on pense.
Demandez à des vice-présidents qui sont venus me demander des
conseils sur la façon dont je présidais à l'époque,
quand ils sont devenus membres du gouvernement libéral en 1985. Je leur
ai dit: II y a une façon d'agir si tu veux être un bon
président. Tu laisses parler l'Opposition et tu laisses parler le
pouvoir, mais, après ça, tu décides. Mais tu ne
décides pas sans avoir au moins pris la chance de les écouter
comme il faut.
Mais je ne me ferai pas dire 2 fois qu'on a mal plaidé, moi. On a
bien plaidé. On a bien plaidé par rapport à ce
qu'était tout le passé. Ce n'est pas la première fois que
de tels amendements sont proposés. S'il y a des gens qui ont des... Non,
je ne le dirai pas, je
vais me retenir. Mais je vous dirai simplement, M. le Président:
Ce n'est pas la première fois qu'on propose un tel amendement, celui,
maintenant, que j'ai voulu, en termes de conciliation, proposer. C'est parce
que j'ai voulu écouter le ministre tel qu'il l'a présenté.
Il nous le disait, il nous l'a répété qu'il n'avait pas
d'objection à 2, 3 occasions depuis le début de nos
travaux à ce que les règlements, avant d'être
adoptés de façon finale... J'ai marqué
«prépublication». J'aurais pu même parler de
publication. J'aurais pu faire ça parce que la prépublication
amène d'autres changements. J'aurais pu mettre «publication»
au lieu de «prépublication». Je pourrais même faire un
sous-amendement, si vous voulez, M. le Président.
Simplement, dans ma tête à moi, c'est que, pendant le temps
de la publication, il est encore temps, il y a encore moyen de faire des
amendements avant que le Conseil des ministres ne se décide, finalement,
et de faire valoir les points de vue des gens et des citoyens de mon
comté, de ma région et de l'ensemble du Québec. Il me
semble, M. le Président, que le moyen que j'ai, comme membre du
Parlement, quand je ne suis pas confiné à une règle de
parti, c'est d'être capable d'avoir la chance de dire ce que je pense au
nom de mes citoyens. Puis il n'y a pas une présidence qui va
m'empê-cher de le dire ici.
Et c'est dans ce sens-là, M. le Président, que je fais ma
proposition, parce que ce n'est pas la première fois qu'on le propose.
S'ils ne voulaient pas faire suite à ce qu'ils nous proposaient, ils
n'avaient qu'à voter contre. Ils n'avaient qu'à dire ce qu'ils en
pensaient.
M. Ryan: M. le Président, est-ce qu'on remet en question
la décision de tantôt?
M. Jolivet: Non, M. le ministre. Je parle de la publication des
documents...
M. Ryan: C'est exactement ça. M. Jolivet: ...qui
ont été présentés.
M. Ryan: Si vous discutez le fond de la motion, je n'ai pas
d'objection. Mais, là, vous semblez vous écarter quelque peu.
M. Jolivet: J'ai pris quelques écarts jusqu'à ce
que le président ou quelqu'un d'autre me rappelle à l'ordre. Vous
le faites? Je vais me soumettre, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Mais je vous dirai simplement que la proposition qui
est faite devant nous, c'est à vous autres de décider maintenant
si vous n'êtes pas d'accord avec ce que vous avez proposé
déjà, avec ce que vous avez suggéré de
proposer.
Mme Blackburn: Un instant! Peut-être un dernier mot...
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Laviolette. Mme la députée de Chicoutimi,
vous voulez ajouter?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je trouverais
particulièrement surprenant, étonnant, pour ne pas utiliser
d'autres termes, que le gouvernement refuse par la voix de sa majorité,
la partie ministérielle, cet amendement alors que le ministre
lui-même, à plusieurs reprises, s'est engagé à
consulter, à venir en commission parlementaire avec les
règlements. Est-ce qu'il faut comprendre, à ce moment-là,
que l'engagement du ministre de soumettre ses projets à la commission
parlementaire, c'était simplement pour endormir l'Opposition puis
l'opinion publique générale et qu'il n'avait pas l'intention de
le faire? S'il a vraiment l'intention de le faire, normalement, il devrait
voter en faveur de l'amendement. Je vous remercie.
Le Président (M. Lesage): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur
l'amendement?
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, j'appelle le
vote, s'il vous plaît.
M. Jolivet: M. le Président. M. le Président...
Le Président (M. LeSage): M. le secrétaire, si vous
voulez... M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Je vais être bref. Non, non. Si je veux
être légaliste...
Le Président (M. LeSage): Oui.
M. Jolivet: ...il n'a pas le droit de demander le vote, il a
déjà parlé dessus.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi a demandé le vote nominal. Alors, M. le secrétaire, si
vous voulez bien appeler le vote.
M. Jolivet: Non, non. C'est lui qui a demandé le vote,
là, puis il a déjà parlé dessus.
M. Khelfa: Je n'ai pas parlé sur la motion, et je demande
le vote.
Le Président (M. LeSage): M. le secrétaire, est-ce
que vous voulez appeler le vote, s'il vous plaît, sur l'amendement?
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)? M. Jolivet:
Pour.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
Le Secrétaire: M. Ryan (Argenteuil)?
M. Ryan: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Rimouski)?
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Secrétaire: M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Contre.
Le Secrétaire: Mme Boucher Bacon (Bourget)?
Mme Boucher Bacon: Contre.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
Le Président (M. LeSage): Abstention.
Le Secrétaire: pour: 3 contre: 5
Abstentions: 1
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le secrétaire.
La motion d'amendement est défaite, est rejetée. Est-ce que
l'article 4 est adopté?
Des voix: Adopté. M. Brassard: Vote.
Le Président (M. LeSage): Alors, le vote sur l'article 4
est demandé. M. le secrétaire, vous voulez bien appeler le
vote?
Le Secrétaire: M. Ryan (Argenteuil)?
M. Ryan: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Rimouski)?
M. Tremblay (Rimouski): Pour.
Le Secrétaire: M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Pour.
Le Secrétaire: Mme Boucher Bacon (Bourget)?
Mme Boucher Bacon: Pour.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Pour.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
Le Président (M. LeSage): Abstention.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Contre.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre.
Le Secrétaire: Mme Caron (Terrebonne)?
Mme Caron: Contre.
Le Secrétaire: pour: 5 contre: 3
Abstentions: 1
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 4 est
adopté. J'appelle l'article 5, qui se lit comme suit: L'article 23 de
cette Charte est modifié par le remplacement, dans les première
et deuxième lignes du premier alinéa, de ce qui suit:
«paragraphe f de l'article 113» par ce qui suit: «premier
alinéa de l'article 29.1». M. le ministre.
Mme Blackburn: M. le Président, peut-être une
suggestion. Comme il s'agit d'articles de concordance et que, finalement,
ça touche particulièrement l'article 10, on pourrait suspendre
l'étude des articles 5, 6, 7, 8 et 9... Un instant, 9, c'est...
Le Président (M. LeSage): L'abrogation de l'article
29.
Mme Blackburn: Oui, alors...
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
Mme Blackburn: ...pour ensuite... Parce que ce sont des articles
de concordance par rapport à l'article 10.
M. Ryan: Quel article vous seriez disposée à
aborder?
Mme Blackburn: L'article 9. M. Ryan: L'article 9?
Mme Blackburn: On pourrait prendre le 9, parce que j'imagine
que... Les concordances, vous en avez déjà disposé avec le
4.
M. Ryan: Oui, l'article 9... Je pense que l'article 9... Oui,
c'est ça. Je pense que c'est fort convenable.
Le Président (M. LeSage): Alors, on suspend les articles
5, 6, 7 et 8?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. LeSage): D'accord. J'appelle donc
l'article 9, qui se lit comme suit: L'article 29 de cette Charte est
abrogé. M. le ministre.
M. Ryan: Je pense bien, M. le Président, qu'à la
lumière de ce que nous venons d'adopter l'abrogation de l'article 29
s'impose. Nous venons de disposer du problème de la signalisation
routière dans l'article 4 du projet de loi 86. Par conséquent,
l'article 29 de la Charte n'a plus sa raison d'être, l'autre ayant
été adopté. (16 h 10)
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Des
commentaires, Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Oui, peut-être rappeler l'article 29 de la
Charte. C'était: «Seule la langue officielle peut être
utilisée dans la signalisation routière. Le texte français
peut être complété ou remplacé par des symboles ou
des pictogrammes.» Et, comme, à l'article 4 qui vient d'être
adopté, il est indiqué qu'on pourra aussi utiliser une autre
langue ça pourra se faire en anglais et en français
évidemment que ça vient expliquer que cet article-là soit
abrogé. Adopté sur division.
Services fournis à des personnes en
majorité d'une langue autre que française
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 9 est
adopté sur division. J'appelle donc l'article 10 qui se lit comme suit:
Cette Charte est modifiée par l'insertion, après l'article 29, du
suivant: «29.1 L'Office doit, pour l'application des dispositions
prévues au troisième alinéa de l'article 20 et aux
articles 23, 24, 26 et 28, reconnaître, à leur demande, les
organismes municipaux ou les organismes scolaires au sens de l'Annexe, ou les
établissements de services de santé et de services sociaux
visés à cette Annexe, qui fournissent leurs services à des
personnes en majorité d'une langue autre que française. Il doit
également, pour l'application de ces dispositions, reconnaître,
à la demande d'un organisme scolaire, les services de ce dernier qui
sont chargés d'organiser ou de donner l'enseignement dans une autre
langue que le français. «Le gouvernement peut, sur demande de
l'organisme ou de l'établissement qui ne satisfait plus à la
condition qui lui a permis d'obtenir la reconnaissance prévue au premier
alinéa, retirer celle-ci s'il le juge approprié compte tenu des
circonstances et après avoir consulté l'Office. Cette demande est
faite auprès de l'Office qui la transmet au gouvernement avec copie du
dossier. Ce dernier informe l'Office et l'organisme ou l'établissement
de sa décision.» M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, le premier alinéa de
l'article 29.1 reprend substantiellement ce que l'on trouve présentement
à l'article f de l'article 113 de la Charte. L'article 113 de la Charte
définit certains devoirs de l'Office, dont celui de reconnaître
les organismes municipaux, scolaires, de santé ou de services sociaux
qui fournissent leurs services à des personnes en majorité d'une
langue autre que française et, d'autre part, les services qui, dans les
organismes scolaires, sont chargés d'organiser ou de donner
l'enseignement dans une langue autre que le français. Il a
été décidé de placer cette disposition à
l'endroit qui est suggéré, c'est-à-dire en 29.1, parce que
les autres dispositions traitant des implications du statut ainsi
octroyé à un organisme sont présentées aux articles
20, 23, 24, 26 et 28. Alors, tous ces articles traitant des organismes
susceptibles d'obtenir un statut spécial en matière de langue
sont réunis dans la même section du projet de loi. Voilà
pour la première partie de l'article 29.1. Il consiste en un
déplacement à l'intérieur du texte général
de la Charte, mais il n'introduit aucun changement de substance, que je
sache.
Cet alinéa porte, évidemment, sur l'octroi de la
reconnaissance du statut qui est accordé à l'Office de la langue
française. C'est l'Office qui se voit attribuer le devoir, et par
conséquent aussi, le pouvoir d'octroyer un statut d'organisme
partiellement bilingue à certaines municipalités, à
certaines agences de service social, à certaines institutions de
santé ou à certains organismes scolaires. Il doit accorder ce
statut à des organismes qui fournissent leurs services à des
personnes qui sont en majorité d'une langue autre que française.
Ici, évidemment, nous maintenons la règle qui était
inscrite dans la Charte. C'est la même règle qui continue de
s'appliquer, tout simplement.
Le deuxième alinéa parle du retrait du statut. La Charte
actuelle n'en dit mot, et un tribunal et des commentateurs en ont conclu que le
retrait du statut pouvait être accompli de la même manière
que l'attribution du statut, c'est-à-dire par une décision de
l'Office faisant suite à la constatation que l'organisme ne fournit plus
ses services à des personnes en majorité d'une langue autre que
française. nous comprenions, du côté du gouvernement, que
cette interprétation était par trop simple, par trop
linéaire, qu'il fallait regarder davantage dans la signification du
retrait du statut. alors, nous en sommes venus à la conclusion,
après mûre étude, que le retrait d'un statut est d'autant
plus délicat que le seuil d'entrée est très
élevé. si, par exemple, le seuil d'entrée était
à 8 %, comme c'est le cas en suède pour la minorité, ou
encore
à 10 %, comme c'est le cas, je pense, pour la législaion
de l'Ontario ou la législation fédérale, à ce
moment-là, qu'un organisme qui tombe en bas du seuil minimal se voie
dépouiller du statut qu'il avait, si le législateur l'a
prévu clairement, je pense qu'il n'a pas à s'en étonner
outre mesure. mais ici, ce qu'on ne doit pas oublier, puis c'est ça qui
complique la question, c'est que le seuil d'entrée est beaucoup trop
élevé: 50 %, c'est démesuré. c'est
démesuré pour reconnaître les droits d'une minorité.
nous ne le mettons pas en question maintenant mais, en retour, une fois que le
statut a été donné, nous ne voulons pas qu'il puisse
être retiré quand l'organisme est rendu à 49 % ou 47 %. ce
serait absurde. et c'est pour ça que nous disons, dans ces
cas-là: quand il a été donné, il va rester
donné. si l'organisme, par la voix de son corps autorisé
une municipalité, c'est son conseil municipal, un hôpital, c'est
son conseil d'administration, une école, ce sera sa commission scolaire
juge devoir demander le retrait du statut, il pourra le faire. la
demande sera acheminée vers l'office, lequel la transmettra au
gouvernement avec copie du dossier, et le gouvernement prendra l'avis de
l'office et ensuite en viendra à une décision. si on m'avait dit:
on serait prêt à négocier cette affaire-là, puis on
va mettre le seuil, disons, à 10 %, puis, à ce moment-là,
le statut devra être retiré automatiquement lorsque la preuve est
faite qu'un organisme a une clientèle d'une autre langue dont le seuil
est inférieur à 10 %, je comprendrais. mais, là,
étant donné le seuil d'entrée très
élevé que nous établissons, il faut une mesure de
protection pour le retrait du statut. et nous ne l'avions pas dans la charte
actuelle, de toute évidence.
Comme cette décision entraîne toutes sortes de
conséquences pour le gouvernement, qu'elle peut éventuellement
affecter l'attribution des écoles, l'attribution des crédits pour
les établissements de santé ou les établissements de
service social, etc., je pense que la façon dont c'est disposé
respecte les organismes, comme nous essayons toujours de le faire dans nos
législations; elle respecte les organismes.
Et une autre chose que je dois ajouter, c'est que l'organisme muni d'un
statut n'est pas exposé à de très grandes tentations. Il
faut qu'il fournisse des services en français à la
clientèle, il faut qu'il ait même soumis un plan, qui est sujet
à l'approbation de l'Office, pour la fourniture de services en
français à la clientèle. Ça lui donne le droit
à un affichage bilingue, à un affichage dans les 2 langues, et,
dans ce cas-ci, je pense que l'affichage doit être fait en
français, en... disons que c'est en anglais et en français, d'une
manière équivalente, si mes souvenirs sont bons. Ça lui
donne le droit d'avoir des communications en anglais à
l'intérieur, ou dans une autre langue, mais c'est évidemment de
l'anglais que nous parlons. Il faut cesser de se voiler les yeux. Et ça
ne l'oblige pas à d'autres choses. Pour le reste, il peut adopter ses
résolutions en anglais; il peut déjà le faire sous
l'empire de la loi actuelle. Le statut de reconnaissance qu'on lui donne
n'ajoute rien de ce point de vue là. Ses communications, il peut les
envoyer en français, il peut les envoyer dans une autre langue
également. Mais, là, il y a son affichage et ses communications
internes qui, par l'effet de la reconnaissance octroyée en vertu de
l'actuel article 113f, peuvent être faites dans une autre langue.
Alors, voilà la portée exacte de cet article, ce nouvel
article 29.1 que le gouvernement propose dans le projet de loi 86. Je le pense
pondéré, je le pense respectueux du cheminement des organismes,
et je pense qu'il est de nature à prévenir toute décision
de caractère précipité. (16 h 20)
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Oui, M. le Président. Cet article est une
amélioration sur ce qui existait avant. Mais, en même temps, comme
le ministre a souligné lui-même qu'il y aurait une reconnaissance
plus concrète du fait que le seuil est très élevé,
on a espéré que le ministre aurait considéré
diminuer un peu ce seuil pour permettre à certaines minorités
d'avoir accès à certains services municipaux ou dans leurs
établissements hospitaliers ou de services sociaux. Le ministre a
souligné à quelques reprises durant les audiences publiques que
ce serait une prochaine étape où, à ce moment-ci, il
reconnaîtrait ce problème, mais peut-être, dans l'avenir,
qu'il va adresser directement la question du seuil. Nous croyons que le moment,
maintenant, est très propice pour adresser cette question, et nous
voulons apporter un amendement à cet article. Si vous voulez, je peux le
lire pour vous maintenant, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Allez-y, M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: À l'article 10. Remplacer, dans la
sixième ligne de l'article 29.1 de la Charte de la langue
française, édicté par l'article 10 du projet de loi 86,
les mots «des personnes en majorité» par les mots «une
population composée à 25 % de personnes».
Alors, ça veut dire, M. le Président, comme le ministre
lui-même l'a dit, qu'au Québec, pour qu'une municipalité,
par exemple, soit reconnue comme étant bilingue, il faut que la
minorité devienne majorité. Et, alors, c'est la langue de la
minorité locale, le français, qui demeure obligatoire, et c'est
la langue de la majorité locale, l'anglais, qui devient facultative.
Alors, nous croyons que le ministre devrait prendre l'opportunité de
l'analyse ou l'amélioration de la loi 101 pour faire cet ajustement
maintenant. C'est pour ça qu'on fait cet amendement, pour diminuer le
seuil de 50 % jusqu'à 25 %.
Le Président (M. LeSage): Alors, je suis prêt
à entendre des intervenants sur la recevabilité de cette motion
d'amendement.
M. Libman: Sur la...
Le Président (M. LeSage): M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Libman: évidemment, m. le président, je pense
que c'est très clair. cet article change ou remplace, en effet,
l'article 113f qui donne les critères pour des exceptions. et nous,
simplement, nous changeons la situation qui était so % avant, nous
changeons ça en 25 %. nous croyons que c'est recevable parce que, avec
le remplacement, à l'intérieur du remplacement, nous faisons ce
changement qui change simplement le pourcentage, en effet, de cet article.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de D'Arcy-McGee? M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ...même si on peut être contre, il y a
une chose qui est certaine: on peut juger qu'elle est recevable.
Le Président (M. LeSage): Elle est recevable, M. le...
M. Jolivet: Ah, bon, merci.
Le Président (M. LeSage): Moi, j'ai assez d'arguments pour
vous dire qu'elle l'est, recevable. Alors, vous voulez discuter de la motion
comme telle maintenant? La parole est à vous, M. le député
de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Comme je l'ai dit, M. le Président, je pense
que c'est très important de changer le seuil. Le ministre, à
plusieurs reprises, même cet après-midi, a dit que ce seuil
était trop élevé. Si ce n'est pas maintenant, ce sera
quand? Est-ce qu'il y aura une autre opportunité pour que cette question
soit adressée dans l'avenir? C'est une question fondamentale. La
communauté anglophone du Québec perd ses nombres dans ses
municipalités, dans ses institutions hospitalières. C'est une
façon de maintenir d'une façon très valable et
fondamentale un statut bilingue pour ses institutions, pour ses
municipalités. Et nous croyons qu'un pourcentage comme 25 %, une
population de 25 % à l'intérieur du cadre d'une
municipalité ou d'une institution est assez importante pour que cette
institution et cette municipalité méritent un statut bilingue
pour être capables d'offrir des services ou des garanties à cette
population minoritaire importante.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de D'Arcy-McGee. D'autres intervenants? M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je serai très bref, parce
que j'ai déjà exposé ma position à maintes reprises
là-dessus. Je trouve que l'argument véhicule une proposition qui
est fort défendable, fort défendable aux yeux du sens commun et
de l'équité raisonnable à laquelle on doit tous
aspirer.
Maintenant, cette revendication s'est fait jour récemment. Je ne
serais pas étonné que ce soit moi-même qui en ait
parlé pour la première fois, clairement. Et je n'en ai pas honte
du tout; au contraire, c'est mon opinion, et je l'ai émise à
maintes reprises. Mais le gouvernement a décidé, quand il a
conçu le projet de loi, qu'il ne ferait pas une proposition à ce
sujet-là maintenant, que nous continuerions d'étudier cette
question et que, plus tard, en temps utile, il y aurait peut-être lieu de
modifier cette disposition-là. Mais ça ne faisait pas partie de
l'économie du projet de loi comme nous l'avons conçu.
Malgré les débats qui nous séparent, nous visons
à maintenir un minimum de consensus dans les choses relatives à
la langue. Je comprends qu'on s'oppose fortement. Des fois, on exagère.
On est peut-être moins loin du gouvernement qu'on ne le prétend
des fois, mais nous visons à maintenir un consensus. Et,
là-dessus, je ne crois pas qu'on ait d'éléments de
consensus suffisants pour passer à un changement. Il n'y a pas eu assez
de débats là-dessus. On n'a pas eu le temps d'exposer clairement
sur la place publique le pour et le contre de cette question-là.
Vous savez, en matière linguistique, il faut
répéter 50 fois, même une chose élémentaire.
On discutait, là; on a passé 3 heures ce matin, M. le
Président, pour savoir si on était pour écrire
«n'utilise que la langue officielle» ou «utilise la langue
officielle». On est réduit à ça en matière de
langue. C'est pénible, mais c'est comme ça. C'est pénible,
tu sais, ça échappe à toute intelligence. Mais il faut
faire attention. On a fait un certain nombre de choix qui entraînent
beaucoup de discussions. Je crois qu'on est allés au maximum de la
limite raisonnable. Et je vous dirais quelque chose: si l'Opposition
manifestait qu'elle n'entend pas faire de croisade là-dessus et qu'elle
entend voter pour l'amendement, là, nous serions peut-être
disposés à examiner la question comme il faut. Mais je crois que
la première chose qu'on verra dans les journaux dans 3 jours, c'est:
«Une autre concession». Et on recule encore. C'est du recul, pour
les Anglais, toujours, et tout, vous savez. C'est comme ça qu'on est
traités, malheureusement, même quand on essaie d'être
équitables.
C'est pour ça que, dans cette perspective, je ne pense pas qu'il
serait sain d'aller plus loin que le gouvernement ne veut aller
là-dessus. Le député de D'Arcy-McGee reconnaît que
nous faisons un progrès très important. Le maire de
Rosemère est venu nous dire ici, M. le Président, vous vous en
souvenez sans doute, combien il souscrit à l'article que nous avons
présenté. Je lui ai demandé moi-même au cours de
l'audience, si mes souvenirs sont bons, s'il demandait que nous modifiions le
seuil d'entrée. Et il a dit non. Il a dit: Je ne fais pas de demande
à cette fin.
Alors, devant ces faits, je pense que l'opinion n'a pas
été assez saisie de cette question pour que nous prenions une
décision aujourd'hui. Si j'étais appelé à
écrire un article dans le journal demain matin, à titre
individuel, j'appuierais la proposition.
M. Libman: M. le Président.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Libman: Est-ce que le ministre ou votre ministère a
entrepris des études sur cette question? Est-ce que vous avez la moindre
analyse qui va dans cette direction pour analyser cette question? Les questions
de seuil, nombre, pourcentage, surtout entourant tout le débat autour de
Rosemère et la jurisprudence qui existe et les jugements qui existent
autour du procès de Rosemère, vous avez commencé une
analyse qui va dans cette direction ou pas encore?
M. Ryan: Non, je n'ai pas d'étude. Quand ce sont des
questions très particulières comme ça, je n'en ai pas
besoin. Je pense que ce sont des choses qu'on décide avec le sens commun
et le sens de l'équité. Je n'ai pas fait d'étude et je
n'en veux pas non plus, pour être franc. Parce que je connais la
réalité de ce point de vue là. Je sais très bien
que 25 % seraient plus intéressants pour la communauté anglophone
que 50 %. Je le sais, nous le savons tous. Mais il y a un jugement
d'opportunité à placer et, des jugements d'opportunité,
ça ne se règle pas avec des études interminables, et tout,
ça. Non, là-desssus, je pense qu'il y a un jugement dont je
prends l'entière responsabilité.
M. Libman: Alors, quand le ministre dit, M. le Président,
que le débat sur ces questions n'a pas encore eu lieu, qu'on n'a pas
encore abordé ce genre de discussion, comment est-ce que le ministre
prévoit lancer ce débat? Est-ce que c'est juste une
réflexion à l'intérieur de son cabinet?
M. Ryan: Non, mais, là, ce n'est pas dans les
priorités du ministre de lancer ce débat-là maintenant. Je
veux régler le projet de loi 86 et, après ça, je souhaite
passer à autre chose, avec beaucoup de députés. Mais je
n'enterre pas la question; elle reste ouverte dans mon esprit.
Le Président (M. LeSage): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'amendement? M. le député de Lac-Saint-Jean.
(16 h 30)
M. Brassard: M. le Président, moi, si je comprends bien le
statut de ces organismes, municipalités, c'est qu'on leur
reconnaît, on leur a reconnu un statut bilingue. Même plus que
ça, on leur a reconnu un statut anglophone, dans le fond. Parce que,
comment expliquer l'article 23 de la Charte? L'article 23 dit: Les organismes
et services reconnus en vertu du paragraphe f de l'article 113 113f
les organismes et services reconnus en vertu du paragraphe f de
l'article 113, qui dit que ces organismes doivent fournir des services à
des personnes en majorité d'une langue autre que française,
doivent assurer que leurs services au public sont dispon-sibles dans la langue
officielle. C'est ça, la situation. C'est que, ça, ce sont des
organismes, des municipalités, par exemple, ou des organismes scolaires
qui se sont vu reconnaître un statut spécial, un statut
anglophone, d'une certaine façon. Mais, en même temps, cependant,
on leur fait obligation de fournir des services en français, dans la
langue officielle. Ce n'est pas l'inverse. Ce n'est pas des organismes qui sont
francophones puis qu'on oblige à fournir des services anglophones. C'est
des organismes anglophones qu'on oblige cependant à fournir des services
francophones en vertu de l'article 23. Il ne faut pas inverser les choses,
là. La situation inverse existe aussi. Montréal, par exemple, n'a
pas ce statut-là mais fournit des services anglophones à ses
commettants anglophones. C'est connu, c'est reconnu, tout le monde sait
ça.
M. Ryan: Non, regardez, si on lit l'ensemble des articles qui
traitent des organismes visés par 113f, on s'aperçoit qu'ils sont
touchés. Quand on dit, par exemple: ils doivent rédiger dans la
langue officielle les avis, communications et imprimés destinés
au public, on ne les reconnaît pas comme anglophones quand on dit
ça.
M. Brassard: Oui, enfin, là, c'est une façon de
parler. Ce n'est pas ça que je veux dire.
M. Ryan: Non, non, mais c'est ça qui est dit dans le
texte, là. Puis, ailleurs, dans les services de santé et services
sociaux, les pièces versées au dossier clinique sont
rédigées en français ou en anglais, à la convenance
du rédacteur. Toutefois, il est loisible à chaque service de
santé d'imposer... Il y a un endroit... C'est très varié,
mais, à 28, on leur permet d'utiliser dans leurs communications internes
d'ordre pédagogique une langue autre que le français. Ça
veut dire que, les communications d'ordre administratif, c'est l'imposition de
la langue officielle. Quand on regarde ça, ce n'est pas si clair que le
suggère la distinction proposée par le député de
Lac-Saint-Jean. Que ça ne soit pas d'une clarté lumineuse, j'en
conviens. Il en est ainsi de bien des passages de cette loi.
M. Brassard: Oui, mais, enfin, ce n'est peut-être pas
lumineux, ce que j'ai dit, là, mais il a quand même une
différence.
M. Ryan: Non, non, je ne parle pas de ce que vous avez dit, je
parle de ce qui est dans le texte. Je comprends votre difficulté, au
contraire.
M. Brassard: II y a quand même une différence, je ne
sais pas, moi, entre la ville d'Alma puis la ville de
Rosemère ou une autre ville qui a un statut en vertu de 113f,
là. Il y a quand même une différence.
M. Ryan: Oui, 113.
M. Brassard: À Aima, chez nous, on n'a pas besoin de se
référer à un article spécifique de la Charte pour
obliger Aima à donner ses services dans la langue officielle. Ça
va de soi, en vertu des dispositions générales. Là, les
organismes, en vertu de 113f, on a jugé utile, dans certains articles,
de les obliger à prendre bien soin d'offrir leurs services dans la
langue officielle. Ça veut donc dire qu'ils ont un statut qui est
différent de celui des autres. Ces organismes-là fournissent des
services dans une autre langue que la langue officielle et, par
conséquent aussi, dans leurs critères d'embauché, par
exemple, ils peuvent avoir comme critère d'embauché d'avoir une
connaissance, une maîtrise d'une autre langue que la langue officielle.
Bon, ils ont vraiment un statut spécial, et on les oblige cependant,
c'est normal, à prévoir des services dans la langue officielle,
parce qu'ils ont des citoyens, des commettants qui ne sont pas anglophones.
Ça concerne surtout les anglophones. alors, là, ce que
l'amendement vient dire... c'est pour ça que le pourcentage
m'apparaît important, le pourcentage de la majorité. quand on
parle de majorité, ça m'apparaît important que le principe,
le critère de la majorité soit maintenu. sinon, ça risque
de généraliser ce statut qui est quand même relativement
spécial. si vous mettez 25 %, là, il faudrait voir vraiment
l'impact que ça peut avoir. montréal pourrait être dans ce
cas-là, et peut-être bien d'autres organismes. ça peut
avoir des effets assez considérables.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Ryan: D'après moi, l'intelligence que j'ai de
ça, c'est que la reconnaissance obtient pour un organisme un statut
partiellement bilingue, partiellement bilingue. Il doit respecter la langue
officielle, il doit l'employer dans ses communications officielles, il doit
l'employer même dans ses communications internes. Mais, en plus, il peut
utiliser une langue autre que le français dans son affichage, dans ses
communications internes et dans ses communications d'ordre pédagogique.
Voilà. Pour le reste, il est astreint à la Charte comme les
autres. Il peut utiliser ces facultés que lui accordent les articles
relatifs à 113f, mais il n'est pas obligé de le faire. Il peut
les utiliser, et ça n'en fait pas un organisme anglophone pour
autant.
Il faut penser aux cas concrets là-dessus. Prenez le PSBGM,
à Montréal, la Commission des écoles protestantes du Grand
Montréal, elle est reconnue en vertu de 113f, mais c'est devenu beaucoup
plus un organisme bilingue au cours des années à cause de sa
clientèle française, à cause du fait qu'aujourd'hui les
cadres emploient des personnes qui parlent les 2 langues. Ça a
changé. C'était un organisme très fortement anglophone.
Aujourd'hui, ça l'est moins, c'est plus bilingue. Ça ne le
redeviendra que si la décision de la Cour suprême reconnaît
la constitutionnalité de la loi 107 sur l'instruction publique.
Là, ça va redevenir un organisme prioritairement anglophone mais
qui devra se soumettre à toutes les dispositions de la Charte.
Et la question que pose le député de Lac-Saint-Jean,
d'autre part, est relative au seuil de 25 %. C'est sûr que, là, il
faudrait des études pour établir les municipalités qui
seraient susceptibles d'être affectées, les hôpitaux, les
collèges, et tout. Il faudrait faire le tour complet des institutions.
C'est pour ça que nous disons que nous ne sommes pas prêts
à embarquer dans une chose comme ça maintenant.
Le Président (M. LeSage): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'amendement proposé par le député de
D'Arcy-McGee? Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Brassard: Comment ça, l'amendement est adopté?
Vote nominal.
Mme Blackburn: Un instant! Peut-être juste une remarque
parce que...
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...j'ai dû sortir quelques minutes pour
accorder une entrevue à une radio communautaire où on avait dit
des énormités au sujet du présent projet de loi. Mais je
reviens donc à cet amendement. C'est 25 %. Ça veut dire que...
C'est pour reconnaître le statut. C'est ça? Ça veut dire
que, dans cette hypothèse, Rosemère n'aurait pas eu non plus son
statut. C'était juste une remarque en passant, parce qu'ils sont
à 24,3 %.
Le vote nominal.
Le Président (M. LeSage): Alors, merci, Mme la
députée de Chicoutimi. D'autres commentaires?
Des voix: Non. Le vote.
Le Président (M. LeSage): Alors, le vote est
demandé. Nominal?
Des voix: Oui.
Le Président (M. LeSage): M. le secrétaire, si vous
voulez bien appeler le vote, s'il vous plaît.
Le Secrétaire: M. Libman (D'Arcy-McGee)?
M. Libman: Pour.
Le Secrétaire: M. Ryan (Argenteuil)?
M. Ryan: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Rimouski)?
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Secrétaire: Mme Boucher Bacon (Bourget)?
Mme Boucher Bacon: Contre.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
Le Président (M. LeSage): Abstention.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Contre.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre.
Le Secrétaire: Mme Caron (Terrebonne)?
Mme Caron: Contre.
Le Secrétaire: pour: 1 contre: 7
Abstentions: 1
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le secrétaire.
Alors, l'amendement est rejeté.
Une voix: Un pour?
M. Ryan: Vous avez dit 2 pour?
Le Secrétaire: Un pour.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'amendement est
rejeté. Nous revenons aux discussions sur l'article principal.
Mme Blackburn: Oui. M. le Président... (16 h 40)
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Ce que le ministre nous dit: Bon, nous n'avons pas
remis en question les 50 %. Ce qu'il dit, finalement, c'est: On a changé
les dispositions pour responsabiliser les organismes et plus
particulièrement les municipalités. C'est elles qui auront
à prendre les décisions touchant le statut bilingue, en rappelant
que ce statut bilingue offrait un certain nombre de possibilités dont ce
qui semble être la plus importante en ce qui concerne plus
particulièrement le statut de Rosemère, c'est d'afficher en
anglais sur les édifices.
Le ministre nous a dit aussi que, finalement, une autre langue,
c'était l'anglais. Cependant, et le ministre le sait, dans le texte
même, lorsqu'on parle de toute autre langue que le français... Je
voudrais juste l'inviter à relire l'article. Si ma mémoire est
fidèle, dans l'article d'origine de la loi, c'est «toute autre
langue que le français», et c'est sur cette base, d'ailleurs, que
Rosemère a obtenu son statut de ville bilingue. C'était, à
l'époque, et je le dis de mémoire, environ 40 %. On va retrouver
ça dans l'avis du Conseil de la langue. Vous aviez 46 % d'anglophones et
5 % d'allophones. Et on a aggloméré allophones et anglophones,
avec le résultat que c'est sur cette base qu'on a accordé le
statut de ville bilingue à Rosemère. le problème que
ça pose, cette compréhension de la langue seconde, ça veut
donc dire que dans une agglomération, prenons un établissement
qui s'appellerait santa cabrini, l'hôpital santa cabrini, majoritairement
italophone mais qui a plutôt penché du côté de
l'anglais, ça veut dire que, là, ils desservent majoritairement,
à 50 %, des personnes autres que françaises, mais majoritairement
italophones. et leur statut, c'est un statut anglais-français. et,
ça, le ministre, s'il avait été là-dessus un peu
rigoureux, il aurait reconnu qu'on ne pouvait pas faire ce genre d'application
qui a été malheureuse à l'époque, je pense, d'avoir
considéré que tout ce qui n'était pas francophone
était anglophone. c'était une espèce de perception,
à l'époque, qui reposait beaucoup sur le fait que les
communautés allophones établies au québec, les immigrants
de souche moins récentes s'étaient, pour des raisons historiques,
identifiés et intégrés à la communauté
anglophone. ce qui n'est pas vrai, évidemment, en raison de la
diversité des origines des allophones et des immigrants nouvellement
arrivés; évidemment, ce qui n'est pas vrai en raison des
règles qui régissent l'accès à l'école
française ou anglaise. alors, évidemment, ça,
c'était la première chose. actuellement, ce qu'il faut se
rappeler, c'est que rosemère, nous dit-on, a 24,3 % d'anglophones, 66,6
% de francophones, 5,4 % d'allophones et 4,0 % d'autres qui ont 2 langues et
qui, finalement, n'ont pas identifié de façon parfaite à
quel groupe linguistique ils appartenaient. tout ça pour dire que le
statut de rosemère actuellement, à 24.%, on peut
prétendre, comme nous l'a dit un peu rosemère, et ils
étaient heureux de la décision de ce gouvernement, ils l'ont
à vie. ils l'ont à vie, le statut de rosemère, ou à
peu près. le ministre disait: je ne suis pas d'accord. s'il y en a
seulement 10 %, moi, là, je ne serais pas d'accord. sauf qu'ils
pourraient descendre à 5 %, 6 %, 7 % et ils pourraient conserver le
statut parce que personne ne le remet en question. puis, finalement, on
continue à imposer à 95 % d'une population, à
l'intérieur de l'hôtel de ville, par exemple,
des règles qui sont supposées répondre à
quelque 5 % ou 6 % de la population. C'est le choix de ce gouvernement. C'est
le choix de ce gouvernement.
Et je trouve toujours amusant le discours du ministre qui veut
responsabiliser les municipalités, responsabiliser les organismes. Quand
on sait ce qu'il a fait... Moi, j'avais suivi particulièrement le
dossier des commissions scolaires où il leur laissait à peu
près la responsabilité des bâtisses et pas beaucoup de
choses à faire en matière de ce qui est fondamental lorsque vous
parlez d'éducation: l'enseignement et les programmes. Je trouvais qu'en
matière de responsabilisation il leur restait à peu près
ça, l'affichage bilingue sur leurs bâtisses.
Ce que le Conseil de la langue nous dit là-dessus, et... Parce
qu'il faut rappeler que le ministre, dans la demande d'avis qu'il a
présentée au Conseil de la langue, demande d'avis en 5 points, il
y avait une question touchant le statut des organismes municipaux et publics
bilingues. Alors, ce que dit le Conseil de la langue: Les règlements de
l'Office devraient contenir un certain nombre de critères à
l'image de ceux qui apparaissent déjà dans le document qu'ils
ont, qui est intitulé «Politique administrative de l'Office de la
langue française relative au statut d'un organisme en vertu du
paragraphe f de l'article 113 de la Charte de la langue
française». Et ils énumèrent ces critères: la
langue maternelle, selon les données du recensement canadien; la langue
d'usage, selon les données du recensement canadien; la connaissance des
langues officielles, selon le recensement canadien; la première langue
officielle parlée, selon les recoupements effectués à
partir des 3 variables qui précèdent; les données de
recensements municipaux; les données statistiques de la
fréquentation scolaire; l'admissibilité à l'école
anglaise; la langue de correspondance avec les organismes de l'administration
publique; la langue dans laquelle le service est demandé; la langue dans
laquelle le service est reçu et les résultats de toute
étude démographique ou démolinguistique des données
du recensement canadien qui permettent de mieux cerner la réalité
locale. et le conseil recommande le retrait de la reconnaissance de la
langue... et que soient ajoutés à la liste qui
précède les éléments suivants: s'assurer qu'un
retour à la situation antérieure est hautement improbable. que
dit le conseil de la langue? évitez d'enlever un statut à une
municipalité, à un organisme parce qu'il est rendu à 45 %
si vous avez l'impression qu'à un moment donné il pourrait, pour
des raisons qui n'apparaissent pas évidentes pour le moment, se
retrouver, dans 3, 4 ans, avec 51 %. ne jouez pas trop avec ça. alors,
ça, c'était la recommandation du conseil. et ce qu'ajoutait le
conseil, il disait: dans une première étape, l'office de la
langue devrait informer l'organisme que, si, dans 5 ans, la proportion des
personnes auxquelles des services sont offerts dans une langue autre que le
français ne répond plus aux exigences de la loi, le statut
d'exception lui sera retiré.
Alors, les règles étaient souples. Et, là-dessus,
je pense qu'on pouvait être d'accord. Je partagerais l'avis du ministre
là-dessus, qui disait: II ne faut pas, brutalement, retirer le statut,
mais présidons de façon un peu... Il n'y a pas là-dedans
d'urgence, il n'y a pas le feu, alors procédons un peu plus lentement,
avec plus, j'allais dire, de générosité, en laissant un
peu plus d'ouverture, la possibilité de voir si ça ne changera
pas.
Et le Conseil poursuivait en disant: Dans une deuxième
étape, à la fin de ce délai de 5 ans, l'Office de la
langue française ferait savoir à l'organisme qu'il va
procéder à un réexamen final. Alors, là, l'Office
de la langue disait: Ce n'est pas parce qu'on pense qu'il n'y a plus... Et les
données statistiques, suivant les critères qu'on s'est
donnés, ne sont plus à 50 %. Il disait: On va vous donner 5 ans.
Mais, au bout de 5 ans, il ne disait pas: On va vous le retirer. Il disait: On
va réexaminer, à la lumière des mêmes données
statistiques, si ça a évolué. Et si, évidemment,
ça a évolué à la baisse, là,
évidemment, on aura à procéder. Et il ajoutait, le
Conseil: À chaque étape, l'Office de la langue française
devrait demander à l'organisme de lui fournir toute information
supplémentaire que ce dernier juge pertinente. Alors, s'il
s'était ouvert une annexion, par exemple, la ville annexe ou le village
annexe un village voisin... On sait que c'est à la mode actuellement,
les annexions, les fusions de municipalités. Il y a une fusion, et
là ça entraîne une augmentation de la proportion des
anglophones dans la nouvelle ville ainsi fusionnée ou le village
fusionné. Là, l'Office dit: Donnez-nous ce genre d'information
qui nous permettra de revoir l'avis ou les orientations et la décision
de l'Office. (16 h 50)
Ça nous semblait tout à fait acceptable. Ça
semblait respectueux des organismes, respectueux des municipalités,
respectueux des élus. Ça ne se faisait pas dans une
atmosphère de précipitation, ça ne donnait pas cette
impression qu'il fallait absolument, dès le lendemain matin, amener les
municipalités à changer toutes leurs pratiques à
l'intérieur. C'était fait de manière à respecter
les élus et les administrateurs. le gouvernement, une fois qu'il a
demandé l'avis du conseil, qu'est-ce qu'il fait? et c'est cousu de fil
blanc. il décide que dorénavant ce sera à la demande des
organismes, donc à la demande de l'hôpital qui a un statut
bilingue, à la demande de la municipalité qui a un statut
bilingue, à la demande du clsc qui a un statut bilingue, à la
demande de tout organisme qui a un statut bilingue, et seulement à sa
demande. dans les faits, c'est cousu de fil blanc parce que ça veut dire
qu'ils vont avoir un statut bilingue à perpétuité. ce qui
explique le bonheur qu'est venu ici exprimer, en cette chambre, le maire de
rosemère. le maire de rosemère, lui, est tout à fait
heureux. il a louange le ministre. il a dit: je suis content. on sait qu'il ne
reste plus que 24 % d'anglophones chez nous, mais, avec une règle comme
ça, on pense bien être capable de garder ça très
longtemps chez nous, ce statut-là.
De façon générale, ce qu'il faut voir dans la
disposition qui est introduite par cet article, c'est le statut à
perpétuité des organismes, municipalités qui ont un
statut bilingue. Ça, c'est vrai. Alors, si, chez vous, c'est ça
le cas, là... Pas vous, vous êtes à Hull, c'est moins vrai.
À Aylmer, c'est vrai. Aylmer, c'est bilingue, M. le
Président?
Le Président (M. LeSage): Je ne le sais pas, Mme la
députée de Chicoutimi...
Mme Blackburn: Non? Bon. Bref...
Le Président (M. LeSage): ...mais je peux vous dire
qu'à Hull on a 2 % d'anglophones.
Mme Blackburn: non, mais, aylmer, je pense que ça doit
avoir un statut. si ce n'est pas... il me semble que c'est proche. bref, ce que
le gouvernement a trouvé, c'est qu'une fois qu'on a reconnu, sur une
base qui est intéressante... reconnaître qu'à 50 % il
faudrait au moins que ça se passe dans les 2 langues, ça nous
semble logique. mais, là, on est en train de dire: même si c'est
rendu à 24 %, 5 %, 10 %, ce n'est pas important puisqu'on donne
ça à l'organisme. c'est figé là à vie. je
pense que c'est une autre histoire, et ça vient soumettre une partie de
ce personnel-là à des règles qui sont prévues pour
être les règles d'une minorité, qui s'imposent à la
majorité. on votera contre.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Libman: Oui, M. le Président. De l'autre pôle du
«spectrum»... De toute façon, je veux discuter la
possibilité d'un autre amendement, alors j'aimerais la présence
du ministre, si c'est possible. Je ne sais pas s'il revient. Peut-être
que vous voulez passer la parole au député de Rimouski
d'abord?
Le Président (M. LeSage): Oui, M. le député
de D'Arcy-McGee. Merci. Alors, M. le député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, j'ai
écouté avec beaucoup d'attention la députée de
Chicoutimi eu égard au cas de Rosemère. C'est le gouvernement
précédent qui a donné le statut de ville bilingue à
Rosemère. Maintenant, il a été donné en vertu de
l'article 113f de la Charte de la langue française, et ce
statut-là, nécessairement, a été maintenu
jusqu'à ce jour. Maintenant, il a été donné en
vertu, comme je le disais tout à l'heure, de l'article 113f de la
Charte. L'article 113f précisait l'émission à l'organisme
du certificat, mais l'article 113f, ou l'article 113, était muet quant
au retrait. Ce que nous faisons avec l'article 10, volet 29.1, dans le
deuxième paragraphe, nous précisons le retrait, comment le
retrait du statut bilingue qui a été accordé à un
organisme sera fait. C'est simplement ça que nous faisons.
Et nous le faisons suivant une règle qui, à mon sens, est
raisonnable. C'est-à-dire, comme il a été de-
mandé, d'une part, par l'organisme et qu'il a été
attribué, d'autre part, l'organisme doit avoir à faire le
même cheminement, mais le cheminement contraire. Alors, le cheminement
contraire: l'organisme demande au gouvernement de se retirer, ou encore le
retrait de son statut de bilinguisme. Et, à ce moment-là, le
gouvernement, suite à une recommandation de l'Office, ou encore du
dossier, devra statuer. Parce que si c'est le gouvernement, d'une part, qui
donne le statut de ville bilingue ou d'organisme bilingue, d'autre part, le
même gouvernement, qui sera... suivant les temps, devra se garder le
privilège de retirer ce statut bilingue à la demande de
l'organisme.
Et je pense que le processus, à ce moment-là, du retrait
est précisé dans l'article, contrairement à ce qui est
mentionné présentement à l'article 113 qui reste muet
à cet égard. Là, nous venons préciser quelles sont
les modalités à retenir pour le retrait du statut bilingue d'une
municipalité ou d'un organisme quelconque, compte tenu que si on le
permet on doit également avoir une politique de retrait. Et là
ça vient préciser quelles sont les modalités du retrait.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Si on me permet une question au
député de Rimouski: Est-ce qu'il pourrait nous dire pourquoi il
n'a pas suivi la recommandation du Conseil de la langue qui était,
à cet égard, assez intéressante aussi comme
démarche et qui ne brusquait rien?
M. Tremblay (Rimouski): Je pense que le gouvernement a le droit
de recevoir des recommandations, mais également il a son
privilège aussi d'en tenir compte ou de ne pas en tenir compte. Il n'est
pas obligé. Il n'est pas tenu, sauf que le gouvernement doit agir. Si le
gouvernement qui nous succédera change d'avis, bien, il prendra les
dispositions. Nous, nous ne faisons que préciser le droit de retrait, ce
que vous n'avez pas fait lors de l'adoption de la Charte de la langue
française. Ça n'a pas été fait. Alors, l'article
113 est muet à cet égard. Nous, nous venons le préciser,
tout simplement.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Rimouski. Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Ce que je trouve dans
le libellé de l'article, c'est que, effectivement, on précise,
mais c'est 2 façons de procéder différentes. Lorsqu'on
demande le statut, l'Office doit reconnaître. C'est bien ça qui
est indiqué. L'Office doit reconnaître, dès qu'il y a une
majorité de personnes d'une autre langue. O.K.? Pourquoi, au niveau du
retrait, n'a-t-on pas aussi fait le même processus, c'est-à-dire,
dès que l'organisme ou l'établissement demande le retrait
compte tenu qu'il ne remplit plus la règle, évidemment qu'il va
le demander pourquoi ne l'obtient-il pas automatiquement, à ce
moment-là?
Pourquoi on a jugé bon de rajouter que le gouvernement va prendre
avis à l'Office, qu'il va le faire s'il juge que c'est approprié
et en tenant compte des circonstances? Je trouve que ça ne
précise pas vraiment. Quand on dit: S'il juge approprié, compte
tenu des circonstances et après avoir consulté l'Office, pour
moi, ça ne m'appa-raît pas quelque chose qui est vraiment une
démarche très, très claire, précise, avec des
critères. Pour entrer, les critères sont précis: on fait
la demande à l'Office, on doit avoir une majorité. Mais, pour se
retirer, on doit faire une demande; ça, je n'ai pas vraiment
d'objection. Effectivement, il faut faire une demande. Mais, là, la
condition du retrait n'est plus aussi claire que celle de l'entrée. Ce
n'est plus une question de nombre de personnes, c'est selon que le gouvernement
le juge approprié, compte tenu des circonstances et après avoir
consulté l'Office.
Alors, moi, je trouve que c'est vraiment des conditions très,
très différentes pour entrer et sortir. Si le
député de Rimouski avait voulu suivre sa même logique de
dire: Oui, il faut préciser; oui, c'est à la demande des
organismes... Mais, lorsque l'organisme demande, comme lorsqu'il demande pour
entrer, bien, il l'obtient, surtout que, là, ses critères ne sont
absolument pas définis.
M. Tremblay (Rimouski): Bien, je pense qu'au contraire... M. le
Président, est-ce que vous me donnez la parole?
Le Président (M. LeSage): Vous avez terminé, Mme la
députée de...
Mme Caron: S'il peut...
Une voix: Très bonne interprétation.
Mme Caron: Je verrai si j'ai terminé après ses
explications.
Le Président (M. LeSage): Oui, oui. M. le
député de Rimouski. (17 heures)
M. Tremblay (Rimouski): Si je lis bien le paragraphe 2 de 29.1:
«Le gouvernement peut, sur demande de l'organisme» et après
ça «et après avoir consulté l'Office».
Là, à ce moment-là, cette demande est faite auprès
de l'Office qui, lui, la transmet au gouvernement avec copie du dossier.
«Ce dernier informe l'Office et l'organisme ou l'établissement de
sa décision.» C'est le gouvernement qui, en bout de ligne,
décide, après avoir consulté l'organisme et après
avoir consulté l'Office de la langue française.
Mme Caron: C'est ça, mais vous n'avez aucunement
répondu à ma question. Pour entrer...
M. Tremblay (Rimouski): Ah! oui, oui, pour entrer...
Mme Caron: Pour entrer, l'établissement, l'organisme,
dès qu'il a le nombre, il fait la demande, et l'Office l'accorde. Pour
sortir, l'organisme, l'établissement fait la demande, mais, là,
il ne l'obtient pas automatiquement. C'est le gouvernement qui décide,
et le gouvernement décide avec certains critères, mais il n'y a
pas de critères définis. Il décide s'il le juge
approprié, compte tenu des circonstances et après avoir
consulté l'Office. Alors, ça, ce n'est pas des critères
précis. Pour entrer, les critères sont précis, c'est une
majorité de personnes. Pour sortir, bien, là, ça
dépend si on le juge approprié, ça dépend des
circonstances puis ça dépend de l'avis de l'Office. Ce n'est
vraiment pas traité de la même façon.
M. LeSage: Alors, merci, Mme la députée de
Terrebonne. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Merci, M. le Président. Quand on parle de
demande des établissements de services de santé et de services
sociaux, est-ce que ça veut dire que le conseil d'administration de ces
établissements peut faire la demande de retrait? Je pose cette question
au ministre.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre... Je crois, M.
le député de D'Arcy-McGee, qu'il serait souhaitable que vous
reformuliez votre question, s'il vous plaît.
M. Libman: Quand on parle d'un établissement de services
de santé et de services sociaux qui fait la demande de retrait, est-ce
qu'on parle du conseil d'administration de ces établissements?
M. Ryan: Oui, le conseil d'administration.
M. Libman: O.K. Alors, moi, j'essaie de trouver une façon
de protéger d'une façon plus forte ou plus claire que cet article
certains de ces établissements qui peuvent perdre leur statut. Si on
parle d'un hôpital, par exemple, et sa clientèle ou sa population
tombe sous le seuil des 50 %, moi, je crains qu'il ne soit toujours possible
qu'un conseil d'administration d'un certain établissement puisse
demander le retrait de statut, ce qui pourrait avoir un impact important sur la
clientèle de cet établissement. c'est pour ça, m. le
président, que j'aimerais déposer un autre amendement pour
peut-être offrir une protection à une communauté
minoritaire qui fréquente une certaine institution où,
peut-être, la clientèle de cette institution pourrait tomber en
dessous des 50 % et, en même temps... le sens de cet amendement est pour
que les établissements de services de santé et services sociaux
ne puissent pas perdre leur statut une fois obtenu. on dit que le seuil des 50
% est trop élevé; je pense que, pour certains
établissements, peut-être que le ministre pourrait
considérer renforcer leur protection en ne permettant pas qu'ils perdent
leur
statut. Même s'ils tombent en dessous du seuil des 50 %,
même si le conseil d'administration de ces établissements fait la
demande, on pourrait donner une protection pour les clientèles de ces
établissements.
Je vais vous lire l'amendement. J'ai des copies ici, M. le
Président. C'est sur l'article 10: Ajouter, à la fin du premier
alinéa de l'article 29.1 de la Charte de la langue française
édictée par l'article 10 du projet de loi 86, les mots suivants:
«II doit en outre maintenir le statut obtenu en vertu du présent
alinéa à tous les établissements de services de
santé et de services sociaux visés à cette annexe.»
Fin de la citation. Et aussi, M. le Président, ajouter à la
première ligne du deuxième alinéa, après le mot
«l'organisme», les mots «municipal ou scolaire», et
retrancher, dans les première et deuxième lignes du
deuxième alinéa, les mots «ou de
l'établissement.»
Alors, ça veut dire, M. le Président, que dans le
paragraphe qui parle de retrait du statut on élimine les
établissements de santé et de services sociaux de ce retrait de
statut.
Le Président (M. LeSage): Alors, votre motion d'amendement
est déposée, M. le député de D'Arcy-McGee. Je suis
prêt à vous entendre sur la recevabilité de cet
amendement.
M. Libman: Mais je pense que c'est très clair, M. le
Président. On parle de retrait, et notre amendement vise simplement
à exclure les établissements de cette possibilité d'un
retrait automatique si le conseil d'administration en fait la demande.
Le Président (M. LeSage): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Ryan: Sur la recevabilité?
Le Président (M. LeSage): Sur la recevabilité, M.
le ministre.
M. Ryan: Non, non.
Le Président (M. LeSage): Alors, cet amendement est
recevable. Je suis prêt à entendre d'autres intervenants sur
l'amendement comme tel. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: O.K. Sur le fond de l'amendement. ..
M. Khelfa: Sur la question de...
Le Président (M. LeSage): Un instant, M. le
député de D'Arcy-McGee. M. le député de
Richelieu.
M. Khelfa: Juste une question d'information. S'il y a d'autres
amendements pour le même article, si on peut les déposer, on
pourra discuter de tout ensemble.
Le Président (M. LeSage): Bien, écoutez, c'est...
Une voix: Tu es bien pressé.
Le Président (M. LeSage): ...le choix des membres...
M. Khelfa: Non, non, pour faciliter la... Une voix: Ha,
ha, ha!
Le Président (M. LeSage): ...de cette commission de
déposer...
M. Libman: C'est le dernier amendement, M...
Le Président (M. LeSage): ...en vrac ou de déposer
un à un. Je ne peux pas obliger quelque membre que ce soit à
déposer plus d'un amendement.
M. Libman: C'est le dernier amendement.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
D'Arcy-McGee, vous avez la parole.
M. Libman: M. le Président, on comprend que, si une
municipalité ou une commission scolaire tombe en dessous du seuil, il
est fort possible que cette municipalité ou le conseil de cette
municipalité ou même le conseil d'administration de la commission
scolaire puissent demander un retrait s'ils le veulent. S'ils ne le veulent
pas, ils ne font pas une demande de retrait. Mais, dans les cas des
établissements de services de santé et de services sociaux, nous
croyons que la présence de ces services dans la langue de la population
minoritaire, où les usagers sont minoritaires... Certains de ces
services sont beaucoup plus importants, peut-être, que des services
municipaux. On parle de santé, on parle de services sociaux très
importants. Et on ne sait pas, des fois, un conseil d'administration peut
être composé de membres de la majorité, qui peuvent
demander le retrait d'un statut, ce qui pourrait avoir un impact négatif
sur les usagers ou sur la clientèle de cet établissement.
Alors, nous croyons que, pour ces établissements de santé
et de services sociaux, même si la population, la clientèle de ces
établissements tombe en dessous du seuil, nous pouvons montrer un peu
d'humanité et ne pas permettre à cet établissement...
Ça pourrait avoir un effet sérieux sur certains usagers qui ont
besoin de certains services de santé dans leur langue, par exemple. Et
nous croyons que c'est juste, pour certains de ces établissements, de
maintenir leur statut une fois obtenu; qu'ils gardent le statut toujours, et
que même pas un conseil d'administration ne puisse demander le retrait du
statut de ces établissements.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de D'Arcy-McGee. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je pense, M. le Président, que cette
proposition d'amendement, elle tente de corriger une situation potentielle qui
ne se produira jamais. Voulez-vous m'expliquer en quelle année
l'hôpital Royal Victoria va demander le retrait de son statut par une
résolution de son conseil d'administration? C'est fort improbable. Mais,
si jamais il lui en venait l'idée, le gouvernement s'est laissé,
dans son article, tous les pouvoirs pour dire: Non, ça n'a pas de bon
sens. Parce que le retrait n'est pas automatique à la demande, M. le
député. Je pense que la députée, tout à
l'heure, de Ter-rebonne, a fait là-dessus une excellente
démonstration. Elle laisse place à l'arbitraire; elle laisse
place à des décisions que le gouvernement pourrait venir...
Contrairement à ce que le ministre veut laisser planer, c'est que,
là, on donne l'autorité à la municipalité, à
l'organisme de demander le retrait, comme on a demandé l'obtention. Mais
ce n'est pas vrai parce que, si c'était vrai, il dirait: On le retire
des que l'organisme le demande. Ce n'est pas ça qu'il a fait. Ce n'est
pas ça qu'il a fait. On va le retirer quand le gouvernement aura
décidé qu'on le retire, avec conséquence,
évidemment, que le gouvernement pourra dire...
Prenons, pour s'écarter un petit peu des institutions de
santé et de services sociaux, Rosemère. La municipalité a
un nouveau maire, avec des échevins qui décident de demander le
retrait. Ah! ça ne se fera pas automatiquement, là. Ça ne
se fera pas automatiquement. Le gouvernement va regarder ça et il pourra
juger que les échevins et le maire n'avaient pas raison, et il lui
conserve le statut. (17 h 10)
Alors, le gouvernement s'est laissé, en cette matière,
tous les pouvoirs, en dépit des apparences. C'est une apparence de
délégation de pouvoirs, de responsabilisation des institutions et
des municipalités, mais ça n'est qu'en apparence. Ce que fait le
gouvernement, il se met ce que j'appellerais des bretelles puis une ceinture,
puis la ceinture de sécurité par-dessus. D'abord, il faut que
l'organisme le demande. Évidemment, on prétend que
l'hôpital Royal Victoria ne le demandera pas, à moins, vraiment,
qu'on n'ait un bouleversement terrible au conseil d'administration, ce qui est
peu probable puis probablement pas souhaitable. Probablement pas souhaitable.
Mais c'est peu probable. Mais, en admettant qu'il y en ait un
«flyé» qui le fasse, là, le gouvernement va
être là pour dire: «Wo break!» Alors, on ne le fera
pas.
Moi, je pense que cet amendement est irrecevable parce qu'il y a
déjà dans l'article tout ce qu'il faut pour protéger le
statut des établissements de santé et de services sociaux et,
évidemment, le scolaire, on n'en parle pas parce que c'est une autre
règle. Mais, qui plus est, les arguments avancés par le
député ne résistent pas longtemps aux analyses. Lorsqu'il
dit que c'est pour offrir des services de santé et des services sociaux,
j'en suis. J'en suis. Mais il y a la loi 120 qui permet à tout citoyen
québécois ou canadien ou n'importe lequel qui vient à
l'hôpital de Chicoutimi d'avoir ses services en anglais; qui vient au
CLSC de la Jonquière d'avoir ses services en anglais; qui vient à
l'hôpital de La Baie d'avoir ses services en anglais. Et puis,
voyez-vous, je ne trouve pas ça anormal. Je ne trouve pas ça
anormal. Je trouve même ça correct. Moi, je me dis que, quand on
est malade dans son corps ou dans son esprit, on a besoin d'être
traité dans sa langue. Ça, je pense que c'est une règle
d'humanisme et de bon sens. Mais ils n'ont pas le statut de ville bilingue, ils
n'ont pas le statut d'établissement bilingue, et les services sont quand
même offerts. Alors, n'en mettons pas trop, là. Quand on en beurre
trop large, des fois, on éclabousse les autres.
Le Président (M. LeSage): Ça déborde. Merci,
Mme la députée de Chicoutimi. M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Libman: M. le Président, la députée de
Chicoutimi dit que c'est peu probable, cette situation. Comme je l'ai dit
tantôt, la communauté anglophone du Québec est en train de
diminuer. Il est très possible qu'en 10 ans, 15 ans la clientèle
de l'hôpital Royal Victoria soit à 25 % anglophone. À ce
moment-là, avec 75 % de sa population francophone, c'est très
possible que la composition de son conseil d'administration soit l'inverse de
la situation d'aujourd'hui. Il est toujours possible à ce
moment-là qu'ils puissent demander au gouvernement le retrait du statut.
Il faut se protéger de certaines conséquences potentielles dans
l'avenir.
Et la députée de Chicoutimi dit qu'à ce
moment-là le gouvernement doit entrer en jeu pour décider, mais
on ne sait jamais si un gouvernement, à ce moment-là, sera
très sensible à certaines inquiétudes de la
communauté anglophone du Québec. On ne nomme pas les partis
politiques qui siègent ici, à l'Assemblée nationale, mais
on ne sait jamais. Ce n'est pas quelque chose qui est peu probable. C'est une
possibilité qui pourrait exister. Et ça donnerait une protection,
dans l'absence d'une protection plus tangible, à la communauté
anglophone pour l'avenir si la population tombait sous le seuil de 50 %. C'est
une situation qui pourrait exister.
Alors, on demande que le ministre prenne en considération cette
réalité potentielle et offre cette protection renforcée
à la communauté anglophone pour certains établissements de
santé et de services sociaux.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de D'Arcy-McGee. M. le ministre.
M. Ryan: Si je comprends bien, le député de
D'Arcy-McGee voudrait assurer la permanence du statut accordé à
des établissements de santé...
M. Libman: Une fois obtenu.
M. Ryan: ...une fois obtenu. Je pense qu'on ne peut pas donner
ça. Je vais prendre l'exemple de l'hôpital Santa Cabrini. Il peut
arriver que la clientèle, à un moment donné, soit à
90 % francophone. Puis, à ce moment-là, je pense bien qu'il
faudra tirer la conclusion que ce n'est plus un hôpital pour la
communauté italienne, puis il n'y aura pas de raison de maintenir ce
statut-là indéfiniment, et le gouvernement pourra prendre la
décision.
Mais, d'autre part, il pourrait arriver qu'il se produise une cabale
comme on a vu à l'Hôtel-Dieu à propos du transfert. Tu
sais, il y a une petit gang qui s'est organisée pour paqueter
l'élection. Je pense qu'il y a 400 personnes qui se sont amenées
là ce soir-là, qui pensaient que c'était l'opinion de la
ville de Montréal. Ça, c'est dangereux. S'il arrive une petite
clique qui s'empare du contrôle du conseil d'administration, puis
là qui arrive à l'Office, l'Office dit: Moi, je suis pris. Il y a
une résolution, puis je ne peux rien faire. Mon rôle, c'est
d'accorder le retrait. C'est ça qu'on ne veut pas. C'est ça qu'on
veut prévenir. C'est pour ça qu'on met: L'Office donnera son
opinion. Il est dans le processus de l'Office. Son opinion est un facteur
important, et le gouvernement, au bout de la ligne, prendra la
décision.
Puis il peut arriver que le gouvernement, même s'il est saisi
d'une résolution en bonne et due forme, dise: Là, il y a eu de la
passion, il y a eu de la polémique, de la controverse. On va attendre 1
an, 2 ans, 3 ans. Il n'y a pas d'urgence à retirer ça demain
matin. Il va attendre que les choses se soient stabilisées puis,
à un moment donné, il prendra la décision
appropriée. C'est une mesure de sûreté, purement et
simplement, comme une mesure de prudence. Mais donner la
pérennité au statut... On a considéré toutes les
avenues, puis tout ce qui est trop fixe dans les lois ne rencontre pas beaucoup
ma sympathie, à moi. J'essaie de faire des arrangements qui permettent
la bonne vie commune des citoyens pendant une période raisonnable. Puis,
quand la loi aura besoin d'être améliorée, on
l'améliorera, mais je ne veux pas trop des garanties de
pérennité. Je ne suis pas fort là-dessus.
Alors, c'est pourquoi je vais voter contre l'amendement, malgré
la compréhension que je pense avoir des circonstances dans lesquelles il
pourrait surgir des situations difficiles qui requerraient, selon nous,
l'intervention du gouvernement. Même en écoutant les interventions
cet après-midi, je me suis laissé préoccuper par les
points de vue qui étaient émis. Je me suis demandé
honnêtement: Est-ce qu'on ne serait pas mieux de retourner ça
à l'Office ou... Je pose la question. Il n'y a pas de certitude absolue
là-dedans. Mais, après avoir pesé le pour et le contre, je
pense que ce que nous proposons, c'est plus pratique dans les circonstances.
C'est plus pratique dans les circonstances et, en général, les
réactions qui se sont exprimées sur ce point sont des
réactions favorables.
C'est évident qu'il y a un risque. Supposons qu'il y ait un
changement de gouvernement, un gouvernement composé de nos amis dont
nous connaissons les vues vacillantes en matière d'équilibre
entre liberté collective et liberté personnelle, qui
déciderait d'adopter une tout autre approche, puis eux autres, ce serait
l'approche mécanique: 49 %? Dehors! Plus de statut. C'est un risque qui
est inhérent à la solution que nous proposons, évidemment.
Ça, il faut en convenir. Mais le risque est là pareil si c'est
l'Office. L'Office est obligé d'appliquer un critère
administratif. Si le critère est de 50 %, 49 %, ça ne marche
plus. Il peut se donner un pouvoir, mais, moi, je ne tiens pas à ce
qu'un organisme administratif se donne des pouvoirs d'interprétation
puis des pouvoirs de prolongement puis de retardement, puis tout ça. Il
me semble que ce n'est pas comme ça que ça marche. Et, ça,
c'est la prérogative du politique d'apprécier une situation puis
de dire: Là, attendez un petit peu. Ce n'est pas mûr pour agir
tout de suite.
Mais, selon ce que j'ai déjà dit en cette commission, moi,
en ce qui me touche, nous apportons notre pierre à l'édifice. Ce
n'est pas la dernière. Ce n'est peut-être pas la plus importante.
D'autres en apporteront une autre plus tard. Mais, pour le moment, je pense que
l'amendement qui nous est proposé ne peut pas être retenu. Nous ne
pouvons pas voter pour ça, pour les raisons que j'ai données.
Le Président (M. Khelfa): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. M. le Président, je pense qu'il ne
faut pas laisser inscrit dans le Journal des débats de cette
commission des choses et des impressions qui sont archifausses.
L'Université Concordia, qui a un statut d'université bilingue, sa
clientèle était composée... Je ne la connais pas vraiment
parce que je suis sortie un peu du dossier, mais je vois un ex-sous-ministre
qui pourra me dire exactement la situation. Mais, au moment où on avait
examiné cette situation, il y avait 25 % d'anglophones, 50 %
d'allo-phones et 25 % de francophones. Il y a belle lurette qu'ils n'ont plus
50 % d'anglophones de langue maternelle. Il y a belle lurette. Ça fait
longtemps que c'est dépassé, ça. Personne, et y compris le
gouvernement du Parti québécois, n'a jamais demandé le
retrait du statut d'université bilingue. Alors, il ne faut pas dire
n'importe quoi.
M. Ryan: En vertu de la loi.
Mme Blackburn: L'Hôpital de Montréal pour enfants.
À l'Hôpital de Montréal pour enfants, on estimait qu'il y
avait à peu près 40 % puis, là,
généreusement de clientèle. Il n'y a personne qui a
pensé, envisagé de demander le retrait du statut d'hôpital
bilingue à l'Hôpital de Montréal pour enfants. D'ailleurs,
vous allez là, j'y suis allée, et puis tout se passe parfaitement
bien, et en français et en anglais, et ils donnent d'excellents
services. Alors, il ne faut pas commencer à laisser cette impression,
là, qu'on est des méchants, des mauvais, et que, là, on va
tout enlever, et qu'on
oppresse les anglophones. Essayez donc de faire preuve d'un peu de sens
commun, des fois, et de bon sens! C'est pour ça qu'il ne fallait pas
laisser ça là-dedans, parce que ça n'a pas de bon sens.
(17 h 20)
Ce que font les hôpitaux, les hôpitaux de Montréal,
anglophones je les ai trouvés habiles, habiles et avisés
ils sont en train de faire un regroupement. Et je trouve ça pas
mal habile et très avisé, parce qu'ils vont conserver une
structure en se donnant une structure unique. Évidemment que vous ne
pourrez plus jamais toucher à ça, et je trouve que c'est habile.
Je les ai regardé faire, j'ai examiné la situation, et ce
n'était pas, comme ça, anodin, évidemment. Tandis que,
s'ils étaient restés à 4 ou 5 séparés, il y
en a un qui aurait risqué de perdre son statut, et un autre.
Évidemment, d'un conseil d'administration, je trouve ça
très avisé.
Vous n'avez pas vu le Parti québécois, pas parce qu'on ne
l'a pas vu passer, pas parce qu'on n'a pas compris le jeu là-dedans, pas
parce qu'on est des bornés qui n'ont rien vu passer... Parce qu'on a
dit: Bien, c'est habile, leur affaire, et ils s'organisent pour garder leur
statut. Après ça, on avisera. Mais jamais, jamais personne,
là-dessus, n'a commencé à dire au ministre: Vous devriez
retirer le statut. Voyons donc! Ne dites donc pas n'importe quoi
là-dessus. Ça vous discrédite quand vous dites n'importe
quoi. Il y a des affaires qui passent, mais il y en a d'autres qui ne passent
pas. Celle-là, elle ne passe pas.
M. Ryan: Rosemère, c'est à vous autres et ça
l'est encore. Au dernier conseil, vous l'avez montré encore une
fois.
Mme Blackburn: Pardon?
M. Ryan: Dans le cas de Rosemère, on a vu ce que vous
pensiez, clairement.
Mme Blackburn: Redites-moi ça! Qu'est-ce qu'on a
pensé? Dites-moi donc ça!
M. Ryan: Vous l'avez dit à maintes reprises. Encore au
conseil, vous avez adopté une résolution demandant qu'ils se
fassent enlever leur statut.
M. Brassard: Ils sont à 24 %.
M. Ryan: Bien oui, mais vous l'avez...
Mme Blackburn: Us sont à 24 %. Alors, si, M. le
Président...
M. Ryan: Bien, voyons donc! Vous avez fait une campagne à
n'en plus finir.
Mme Blackburn: M. le Président, moi, là, j'entends
le ministre grogner alors qu'il n'a pas la parole. O.K.?
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi, vous avez la parole.
Mme Blackburn: Ce que je dis, là, si le ministre veut nous
dire... Parce que, là, le député vient de déposer
un amendement en disant qu'il faudrait que ça soit 25 96. Il dit: Je ne
suis pas d'accord. Il n'est pas d'accord, mais, là, Rosemère est
à 24 %, et il est d'accord pareil. Alors, on ne peut pas dire le pareil
et son contraire. Alors, moi, je me dis, si le ministre est en train...
M. Ryan: L'admission. C'était pour l'admission, ce
n'était pas pour le retrait. Vous parlez tout de travers.
Mme Blackburn: Si vous permettez, là, que je
termine...
M. Ryan: L'amendement traitait de l'admission.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, vous m'avez dit: J'ai la
parole. Bien, là, je l'ai, là. Alors, ce que je vous dis...
M. Ryan: Bien oui, mais c'est des menteries. Vous mentez.
Mme Blackburn: Pardon? Non, M. le Président.
Là-dessus, le ministre va retirer ses paroles.
M. Ryan: On n'a pas demandé de...
Mme Blackburn: C'est enregistré, et il n'a pas le droit de
dire à un parlementaire qu'il ment.
M. Ryan: Je vais faire la preuve, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre, vous
savez...
M. Ryan: Je vais retirer le terme, mais je vais faire la
preuve.
Le Président (M. LeSage): Très bien.
M. Ryan: L'amendement du député de D'Arcy-McGee
portait sur la condition pour l'obtention du statut.
Mme Blackburn: L'obtenir, oui. J'ai compris. M. Ryan:
L'obtention, pas le retrait. L'obtention.
Mme Blackburn: Oui. M. le Président, je n'ai pas
dit...
Le Président (M. LeSage): Mme la députée
de
Chicoutimi, vous avez demandé tantôt qu'on vous laisse la
parole. Vous avez laissé la parole pour répondre au ministre.
Alors, j'espère que vous allez le laisser répondre. M. le
ministre.
M. Ryan: J'ai terminé ma réponse. Mme Blackburn:
II a terminé.
M. Ryan: Cette précision étant donnée,
là, j'ai indiqué que je retirais ce mot-là qui n'est pas
parlementaire.
Le Président (M. LeSage): Alors, les propos sont
retirés.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Les propos sont
retirés.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi, vous voulez répliquer?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Ce que je dis au ministre: Si, à 24 %... on
est en train de se dire, ici... et le ministre est sensiblement d'accord avec
ça, puisqu'il dit: pour le retirer, même à 24 %, ce n'est
pas un scandale; qu'il le conserve. on peut partager ou pas, mais ça ne
serait pas plus un scandale, à ce moment-là, de l'accorder pour
25 %.
M. Ryan: Ce n'est pas ça que j'ai dit.
Mme Blackburn: Alors, il doit le reconnaître.
M. Ryan: Question de règlement, M. le Président. Ce
n'est pas ça que j'ai dit.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre. M. Ryan:
J'ai dit: Pour octroyer le statut... Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: ...il y avait un amendement qui nous parlait de...
Mme Blackburn: De 25 %.
M. Ryan: ...25 %. nous avons voté contre l'amendement.
Une voix: C'est ça.
M. Ryan: et il n'a pas été question de 24 % pour
retirer le statut. moi, je n'ai jamais parlé de ça ici.
Mme Blackburn: Non, non. Mais vous nous accusez, nous, qui, en
cette commission...
M. Ryan: Mais oui, mais vous me citez de travers. Si vous voulez
me citer, citez-moi, mais pas de travers.
Mme Blackburn: ...avons parlé, exprimé une opinion
quant au déroulement de la cause dans le statut de la ville de
Rosemère. Et le ministre reconnaîtra avec moi que ce que j'ai dit
dans cette situation, c'est qu'il n'était pas normal qu'un ministre
responsable mette en tutelle un organisme. C'est ça que j'ai dit,
essentiellement. Je me suis peu prononcée sur le statut, peu
prononcée sur le statut. Je me suis prononcée sur la forme et la
méthode utilisées, qui étaient irrespectueuses à
l'endroit des organismes, à l'endroit des parlementaires, et j'ai dit
que le ministre s'appropriait, par une autorité morale ou autre, des
pouvoirs sur des organismes, qui excédaient largement ce qui est
généralement admis.
Là-dessus, j'ai terminé, M. le Président, et je
voterai contre.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le député de
D'Arcy-McGee, vous voulez rajouter?
Mme Blackburn: Le vote.
M. Libman: Oui, M. le Président. C'est vrai que personne
n'a vraiment accusé le Parti québécois d'être
méchant. C'est vrai. Le Parti québécois n'a pas remis en
question le statut de certaines institutions et établissements
anglophones. C'est vrai, ça. Mais il y a une inquiétude qui
commence à se manifester à l'intérieur de la
communauté anglophone en ce qui concerne l'avenir de certaines de nos
institutions et certains de nos établissements. Le PSBGM, par exemple,
sa clientèle francophone, aujourd'hui, est à 40 %. Comme on le
voit dans les journaux, les hôpitaux commencent à discuter
l'annexion de tous les hôpitaux juste pour créer une situation
où nous pourrons maintenir la qualité de nos institutions. Et
quand on reconnaît le fait que le Parti québécois n'a
jamais remis en question le statut de ces institutions, c'est vrai. mais, dans
l'avenir, nous voyons la possibilité que la clientèle de
certaines institutions aujourd'hui anglophones puisse diminuer à environ
30 %; elle pourrait diminuer vers 25 %, 20 % peut-être. à ce
moment-là, c'est très possible qu'un gouvernement puisse remettre
en question la possibilité de regarder le statut de ces
établissements. comme le ministre l'a dit, comme l'opposition officielle
l'a fait avec rosemère, quand, certaines de nos institutions, leur
clientèle tombe à environ 25 %, c'est très possible que le
gouvernement, à ce moment-là, questionne le statut de ces
établissements.
C'est pour ça que nous croyons qu'il faut offrir une meilleure
protection pour certains de ces établissements, qui n'existe pas
présentement et qui
n'est pas corrigée par l'article 10 du projet de loi 86.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de D'Arcy-McGee.
Alors, le vote est demandé. M. le secrétaire, vous voulez
bien appeler le vote.
Le Secrétaire: M. Libman (D'Arcy-McGee)?
M. Libman: Pour.
Le Secrétaire: M. Ryan (Argenteuil)?
M. Ryan: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Rimouski)?
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Secrétaire: M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Contre.
Le Secrétaire: Mme Boucher Bacon (Bourget)?
Mme Boucher Bacon: Contre.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
Le Président (M. LeSage): Abstention.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Contre.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre.
Le Secrétaire: Et Mme Caron (Terrebonne)?
Mme Caron: Contre.
Mme Blackburn: Si on travaille assez longtemps, on va
peut-être finir par s'entendre.
Le Secrétaire: pour: 1 contre: 8
Abstentions: 1
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le secrétaire.
Alors, la motion a été battue.
Mme Blackburn: Alors, le vote sur le 10.
Le Président (M. LeSage): M. le secrétaire, vous
voulez bien appeler le vote sur l'article...
Mme Caron: M. le Président, je m'excuse, j'avais juste une
question sur...
Le Président (M. LeSage): Oui, Mme la
députée de Terrebonne, vous avez la parole.
Mme Caron: Une question sur le 29.1. Je voudrais faire
préciser au ministre: dans la dernière phrase du premier
alinéa, on dit qu'à la demande d'un organisme scolaire les
services de ce dernier sont chargés «d'organiser ou de donner
l'enseignement dans une autre langue que le français». Si, par
exemple, on se retrouvait dans un établissement où il y aurait
une majorité de personnes d'une autre langue que des anglophones, par
exemple dans une municipalité ou un organisme scolaire où on se
retrouverait avec une majorité d'Italiens ou de Grecs, est-ce que
ça s'appliquerait?
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Ryan: Oui, ici, c'est manifestement l'enseignement de la
langue anglaise qui est prévu, l'enseignement dans la langue anglaise
qui est prévu. Dans l'article 72 de la Charte, on prévoit que
l'enseignement se donne en français et qu'il peut se donner en anglais
dans certains cas, moyennant certaines conditions. Alors, il y a des
écoles qui sont mandatées pour donner l'enseignement en anglais
qui sont chargées d'organiser ou de donner l'enseignement dans une autre
langue que l'anglais. Dans ce cas-là, il doit reconnaître ces
écoles-là à la demande de l'organisme concerné qui
peut être soit l'école, soit la commission scolaire.
Mme Caron: Donc, dans ce cas-là, contrairement à ce
qu'on avait dans les autres articles, là, l'enseignement dans une autre
langue que le français se limiterait vraiment à l'anglais.
M. Ryan: Oui, c'est parce que dans notre législation
l'enseignement régulier peut se donner dans la langue française
et, par exception, dans la langue anglaise, pas dans une autre langue.
Mme Caron: Et concernant des organismes municipaux?
M. Ryan: Oui, ici, c'est vraiment le cas d'un organisme scolaire,
hein.
Mme Caron: Et dans le début du paragraphe, concernant les
organismes municipaux...
M. Ryan: Oui.
Mme Caron: ...est-ce qu'on pourrait arriver à demander,
par exemple, dans certaines villes je
pense, par exemple, je ne sais pas, à Saint-Léonard
si le pourcentage dépasse la majorité d'italophones, ou à
Brossard, si le pourcentage au niveau de la communauté chinoise
dépasse un jour, est-ce que ça s'appliquerait pour les
municipalités? (17 h 30)
M. Ryan: Les municipalités qui auraient des personnes en
majorité d'une langue autre que le français, disons la langue
chinoise?
Mme Caron: Oui.
M. Ryan: oui, dans le premier paragraphe, je pense que oui. oui,
oui. ce n'est pas une majorité absolue, ici. c'est en majorité.
il pourrait arriver qu'il y en ait 35 %, 34 %, 38 %, 28 %. à ce
moment-là, on pourrait la reconnaître comme habilitée
à fonctionner, dans une certaine mesure, suivant les modalités
définies dans la loi, dans cette langue-là aussi.
Là, on est dans le hautement problématique, parce que ce
n'est pas ça qui arrive dans la pratique. Les immigrants qui
s'établissent au Québec ne continuent pas au-delà de la
première génération dans leur langue. Us s'adaptent soit
à la langue française, soit à la langue anglaise. C'est
pour ça que le problème, à toutes fins utiles, atterrit
toujours en fonction de l'une ou l'autre des langues officielles du Canada.
Mme Caron: Je vous remercie. M. Ryan: Correct?
Le Président (M. LeSage): Alors, M. le secrétaire,
vous voulez bien appeler le vote sur l'article 10.
Le Secrétaire: M. Ryan (Argenteuil)? M. Ryan? M. Ryan:
Oui. On vote pour l'article? Le Président (M. LeSage): Pour
l'article.
M. Ryan: J'étais tellement renversé, M. le
Président. Je ne pensais pas qu'on était rendu là.
Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Rimouski)?
M. Tremblay (Rimouski): Pour.
Le Secrétaire: M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Pour.
Le Secrétaire: Mme Boucher Bacon (Bourget)?
Mme Boucher Bacon: Pour.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Pour.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
Le Président (M. LeSage): Abstention.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Contre.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre.
Le Secrétaire: Mme Caron (Terrebonne)?
Mme Caron: Contre.
Le Secrétaire: M. Libman (D'Arcy McGee)?
M. Libman: Contre.
Le Secrétaire: pour: 5 contre: 4
Abstentions: 1
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le secrétaire.
Alors, l'article 10 est adopté. J'appelle l'article 11.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Une suggestion. On pourrait peut-être
revenir aux 5, 6, 7 et 8 qui étaient des articles de concordance.
Le Président (M. LeSage): Alors, j'appelle l'article 5. Je
relis l'article 5, qui se lit comme suit: L'article 23 de cette Charte est
modifié par le remplacement, dans les première et deuxième
lignes du premier alinéa, de ce qui suit: «paragraphe f de
l'article 113» par ce qui suit: «premier alinéa de l'article
29.1». M. le ministre.
M. Ryan: Est-ce que vous êtes à l'article...
À quel article?
Le Président (M. LeSage): Article 5, M. le ministre.
M. Ryan: Parce que je me demandais, l'article 3, qu'est-ce qu'on
en fait?
Le Président (M. LeSage): II est adopté. L'article
4 a été adopté.
M. Ryan: Non, non. L'article 3 n'a pas été
adopté.
Le Président (M. LeSage): Je m'excuse. L'article 3 est
suspendu.
M. Ryan: II faudrait peut-être commencer par
celui-là.
M. Brassard: On aurait pu prendre 3, oui.
Le Président (M. LeSage): Alors, nous revenons à
l'article 3, qui se lit comme suit: L'article 20 de cette Charte est
modifié par le remplacement...
M. Brassard: Vous suivez. On ne va pas si vite que ça,
vous suivez, d'après ce que je peux voir.
M. Ryan: Dans un rythme pondéré.
Le Président (M. LeSage): ...dans la deuxième ligne
du troisième alinéa, de ce qui suit: «paragraphe f de
l'article 113» par ce qui suit: «premier alinéa de l'article
29.1». M. le ministre, la parole est à vous.
M. Ryan: Ça, c'est un article qui concerne les nominations
à des fonctions dans l'administration. On dit que cet article
prévoit que les organismes et services reconnus en vertu de 113f seront
exemptés de l'effet de ces mesures concernant la connaissance du
français dans l'administration. C'est l'article 20 de la Charte. Alors,
on remplace f de l'article 113 par les mots «premier alinéa de
l'article 29.1». Oui, c'est ça. Alors, c'est vraiment un article
de concordance. Nous ne touchons en rien à l'article 20, sauf cette
modification de forme.
Le Président (M. Doyon): Adopté? Mme Blackburn:
Sur division.
Le Président (M. Doyon): Sur division. On revient à
l'article 3.
Mme Blackburn: C'est fait. Adopté sur division. Article
5.
M. Brassard: L'article S.
Le Président (M. Doyon): D'accord. On revient à
5?
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Doyon): J'en fais une lecture. L'article
23 de cette Charte est modifié par le remplacement, dans les
première et deuxième lignes du premier alinéa, de ce qui
suit: «paragraphe f de l'article 113» par ce qui suit:
«premier alinéa de l'article 29.1». Fin de l'article 5.
M. Ryan: C'est un article de concordance, ça, M. le
Président. Nous ne changeons rien à l'article 23.
Mme Blackburn: Sur division. M. Ryan: Très
bien.
Le Président (M. Doyon): L'article 5 est adopté sur
division.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Doyon): Article 6. L'article 24 de cette
Charte est modifié par le remplacement, dans la troisième ligne,
de ce qui suit: «paragraphe f de l'article 113» par ce qui suit:
«premier alinéa de l'article 29.1». Fin de l'article 6.
M. Ryan: C'est un article de concordance, encore une fois, M. le
Président. Celui-ci traite de l'affichage des organismes reconnus.
Mme Blackburn: L'affichage bilingue dans les... Sur division.
Le Président (M. Doyon): L'article 6 est donc
adopté sur division. L'article 7. L'article 26 de cette Charte est
modifié par le remplacement, dans les première et deuxième
lignes du premier alinéa, de ce qui suit: «paragraphe f de
l'article 113» par ce qui suit: «premier alinéa de l'article
29.1». Fin de l'article 7.
Mme Blackburn: Concordance. Adopté sur division.
Le Président (M. Doyon): L'article 7 est adopté sur
division. Article 8. L'article 28 de cette Charte est modifié par le
remplacement, dans la deuxième ligne, de ce qui suit: «paragraphe
f de l'article 113» par ce qui suit: «premier alinéa de
l'article 29.1». Fin de l'article 8.
Mme Blackburn: Là-dessus, on pourrait en parler longtemps.
Sur division.
Le Président (M. Doyon): L'article 8 est adopté sur
division. L'article 9 a déjà été adopté,
d'après ce que je comprends. L'article 10 aussi.
Mme Blackburn: Oui. La langue des organismes
parapublics
Le Président (M. Doyon): Nous sommes rendus à
l'article 11, et j'en fais la lecture. C'est comme suit: L'article 35 de cette
Charte est modifié par: 1° le remplacement, dans les deuxième
et troisième lignes du troisième alinéa, des mots
«définie comme équivalente par règlement de
l'Office» par les les mots «détenir une attestation
définie comme équivalente par règlement du
gouvernement»;
2° le remplacement, dans la première ligne du
quatrième alinéa, des mots «L'Office», par les mots
«Le gouvernement»; 3° l'insertion, dans la deuxième
ligne du quatrième alinéa et après le mot
«attestation», des mots «par l'Office». Point final et
fin de l'article 11.
M. le ministre.
(Consultation)
M. Ryan: M. le Président. L'article 11 a 2 objectifs. Le
premier objectif, c'est en conséquence de ce que nous avons
affirmé à maintes reprises: faire assumer par le gouvernement le
pouvoir réglementaire dans les matières qui requièrent
l'adoption d'un règlement. Il me semble que ce pouvoir doit revenir au
gouvernement. Il a déjà été exercé en
étape ultime à chaque reprise par le gouvernement lorsque des
règlements ont dû être adoptés. Nous pensons que
c'est plus clair comme ça. Et l'essentiel de l'article 11 vise à
effectuer cette correction. (17 h 40)
Maintenant, il y a un petit problème qui se pose; je vous en fais
part en toute candeur. Je viens de m'en rendre compte en relisant notre article
11, dans son troisième paragraphe. Au troisième paragraphe, nous
disons «est modifié par l'insertion, dans la deuxième ligne
du quatrième alinéa...» On se suit, là?
Mme Blackburn: Oui, oui.
M. Ryan: Je pense qu'on se suit «...dans la deuxième
ligne du quatrième alinéa...»
Mme Blackburn: Attestation par l'Office.
M. Ryan: Attendez un petit peu. Oui, et après le mot
«attestation», des mots «par l'Office». Alors,
regardez, ça se lirait comme suit: «Le gouvernement peut, par
règlement, fixer les modalités et les conditions de
délivrance d'une attestation par l'Office ensuite, ça
continue pourvoir à la constitution d'un comité d'examen
et à son mode de fonctionnement et établir des critères et
un mode d'évaluation de la connaissance du français
appropriée à l'exercice d'une profession ou d'une
catégorie de professions.»
Là, il y a un problème. Je vous dirai franchement que ce
n'est pas l'intention du gouvernement de pourvoir à la constitution d'un
comité d'examen et à son mode de fonctionnement. D'un autre
côté, on peut prévoir que ce sera l'Office qui le fera,
parce que dans l'intention... Pourvoir à la constitution par l'Office,
ça, ça irait; à la constitution par l'Office. Ça
manque ici, parce que ce n'est pas l'intention du gouvernement de s'arroger le
pouvoir de créer ce comité-là; on n'y tient pas du tout.
Je pense que l'Office est beaucoup mieux placé pour le faire.
Mme Blackburn: Par l'Office qui pourvoit...
M. Ryan: Je vous préviens que nous déposerons un
amendement là-dessus au début de la semaine.
M. Brassard: Pour dissocier le pouvoir réglementaire des
autres...
Mme Blackburn: Du comité...
M. Brassard: ...tâches et fonctions...
M. Ryan: Regardez, ça pourrait être fait comme
ceci.
Mme Blackburn: La constitution du comité d'examen et son
mode de fonctionnement.
M. Ryan: Regardez, le gouvernement peut, par règlement,
fixer les modalités et les conditions de délivrance d'une
attestation, pourvoir à la constitution par l'Office d'un comité
d'examen et à son mode de fonctionnement, établir des
critères... Le reste peut rester dans le pouvoir réglementaire,
mais c'est que la constitution du comité d'examen serait explicitement
réservée à l'Office dans le texte de la loi, de
manière que, quand le gouvernement l'établira par
règlement, c'est entendu que ce sera l'Office. On serait lié par
le texte de la loi.
M. Brassard: II faut faire un autre alinéa.
Mme Blackburn: Oui, comme on peut faire une suggestion aussi.
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Parce que je vois ce que... Alors, c'était
ce qu'on avait vu: la délivrance d'une attestation par l'Office qui doit
pourvoir à la constitution. Je ne sais pas si ça se dit
«doit pourvoir», mais...
M. Ryan: Non, c'est parce que, là... En tout cas, on va
voir. Je vais l'examiner en fin de semaine, et on entendra les points de vue.
Mais ce que j'ai à l'esprit pour le moment, c'est: le gouvernement peut,
par règlement, pourvoir à la constitution par l'Office d'un
comité d'examen. Ce n'est peut-être pas mauvais que les conditions
de formation du comité d'examen soient déterminées par
règlement, mais ça sera clair dans le règlement que ce
comité d'examen sera formé par l'Office. Parce qu'une chose comme
celle-là... À un moment donné, il s'agit de l'avenir de
personnes qui demandent à être admises à l'exercice d'une
profession. C'est normal que ça n'échappe pas au pouvoir
réglementaire du gouvernement, que ce ne soit pas simplement une petite
officine qui puisse définir ça toute seule dans son coin. Parce
que, dans ces cas-ci, l'Office n'est pas responsable directement à
l'Assemblée nationale, c'est le ministre qui l'est. Mais il faut
indiquer nommément l'Office pour que cette
responsabilité-là, que nous lui reconnaissons sans aucune
difficulté, lui soit expressément réservée.
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: ...quant à étudier en fin de semaine,
on avait un amendement, nous, à l'article 11 aussi, alors l'étude
pourra couvrir notre amendement aussi. C'est un amendement qui modifiait, qui
ajoutait au deuxième paragraphe, après le mot
«gouvernement» les mots «après consultation de
l'Office».
M. Ryan: Deuxième alinéa.
M. Brassard: C'est au deuxième paragraphe de l'article 11
du projet de loi 86, évidemment, qui ferait en sorte que l'article
35...
M. Ryan: Ah oui, O.K.!
M. Brassard: ...se lirait: Le gouvernement peut, après
consultation de l'Office, par règlement...
M. Ryan: Non, mais, là, c'est parce que... M. Brassard:
...fixer les modalités.
M. Ryan: Ici, ça va être plus difficile. C'est parce
que nous avons une modification à la fin du projet de loi, où
nous disons que l'Office peut émettre son avis sur les projets de
règlement du gouvernement dans les matières qui le
concernent.
M. Brassard: Ce n'est pas compatible.
M. Ryan: Alors, il ne faudrait pas que ce soit... Je pense que
c'est là qu'on va pourvoir à cette question-là. Il peut
arriver...
Le Président (M. Doyon): Est-ce que vous faites un
amendement formel, M. le député, ou si vous
préférez le retenir pour le moment?
Mme Blackburn: On va le retenir. M. Brassard: On va le
retenir. Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: II nous l'annonçait, je pense. Si vous voulez
regarder celui... Je pense que nous l'avons déposé, l'autre. Il
est déjà parmi ceux que nous avons déposés, en tout
cas. Ça vient vers la fin. Et... . M. Brassard: On va le retenir.
On y reviendra peut-être, là.
M. Ryan: Oui.
M. Brassard: On va réfléchir aussi, nous autres, en
fin de semaine.
Mme Blackburn: Est-ce que, sur cette question... M. le
Président, vous permettez?
Le Président (M. Doyon): Oui.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre a un projet de
règlement?
M. Ryan: Ici, non. Non. (Consultation)
M. Ryan: M. le Président, il n'existe pas actuellement de
règlement. L'Office avait le pouvoir de prendre un règlement en
vertu de 35, qui n'existe point. Alors, nous autres, nous n'en avons pas de
préparé. C'est une chose que nous ferons, ça, au cours de
l'automne. On a fonctionné pendant 15 ans sans règlement, ce
n'est pas absolument essentiel. On verra si c'est...
M. Brassard: ...comment, finalement? (Consultation)
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Le ministre nous informe que, à cet effet,
l'Office n'avait pas de règlement.
M. Ryan: Je m'excuse, c'est une information défectueuse
que j'avais. Il y en a un.
M. Brassard: II y en a un?
M. Ryan: II y en a un, oui, qui est dans le recueil des
règlements. C'est le deuxième. Moi, je les ai
numérotés dans mon recueil. Il n'y a pas de numéro puis il
n'y a pas de pagination. Ce n'est pas commode. C'est le deuxième dans la
table des matières.
M. Brassard: C'est ça.
M. Ryan: Puis, à la fin du projet de loi, il y a une
disposition qui dit que tous ces règlements de l'Office deviennent ipso
facto, quand le projet de loi est adopté, des règlements du
gouvernement.
M. Brassard: Donc, c'est ce règlement-là qui...
M. Ryan: Pour le moment... M. Brassard: ...va être... M.
Ryan: Qui continue.
M. Brassard: Qui continue. Mais, s'il y a du changement à
y être apporté, la procédure sera différente
désormais; ça va être le gouvernement, maintenant.
M. Ryan: Le gouvernement procédera en vertu de la Loi sur
les règlements, puis l'Office pourra émettre son avis
là-dessus. Il ne sera pas obligé... D'un côté, c'est
un avantage pour lui parce qu'il peut arriver que le gouvernement veuille se
servir de son organisme, à un moment donné, en lui disant: Tu vas
me donner un avis. Il sait que l'organisme ne peut pas le contredire. Puis ce
n'est pas mauvais qu'il existe une zone grise entre les 2, des fois.
M. Brassard: Pour mon information puis l'information des membres
de cette commission, cette disposition-là de la Charte, est-ce qu'elle a
été appliquée souvent?
M. Ryan: Oui.
M. Brassard: Est-ce qu'il y a eu de nombreux professionnels qui
ont passé l'examen pour obtenir l'attestation? Est-ce qu'on a des
statistiques à cet effet?
M. Ryan: Oui. M. Brassard: Oui?
M. Ryan: On pourra avoir des statistiques au début de la
semaine. Je vais demander à M. Rondeau. Est-ce qu'il y aurait moyen de
préparer des statistiques, au début de la semaine, sur le nombre
de personnes qui ont été l'objet de décisions ou de
démarches auprès de l'Office, en vertu de 35? Les demandes
d'autorisation?
M. Brassard: En vertu de 35. C'est ça.
M. Ryan: Les demandes pour l'obtention d'un permis de pratique
d'un ordre professionnel. Oui, on a ça.
M. Brassard: Ça pourrait être
intéressant.
M. Ryan: Oui. Ça pourrait être intéressant
pour l'autre article aussi, là, où il est question de l'ajout
d'une année. Puisque...
Une voix: Excusez. La question porte sur combien?
M. Ryan: Les 5 dernières années, est-ce que
ça irait, ça?
M. Brassard: Oui, oui. Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: Les 5 dernières années, ça irait?
M. Brassard: Pour qu'on ait une idée, là.
M. Ryan: Vous les avez ici? Regardez, il y en a sur
l'année en cours. Aimez-vous mieux qu'on ait tout ça lundi
ou...
M. Brassard: Oui.
Mme Blackburn: Oui, oui.
M. Brassard: Je pense que c'est préférable.
Mme Blackburn: Et, compte tenu de l'heure...
M. Brassard: Compte tenu de l'heure...
Mme Blackburn: ...M. le Président, on pourrait
suggérer, proposer de...
M. Brassard: On va suspendre. Mme Blackburn:
...suspendre.
Le Président (M. Doyon): Très bien. Alors, s'il y a
consentement, on va ajourner nos travaux jusqu'à lundi, jusqu'à
ce que nous soyons convoqués. Oui, M. le député de
D'Arcy-McGee? (17 h 50)
M. Libman: Le ministre a promis certaines statistiques en ce qui
concerne l'éducation en anglais ou les inscriptions. J'aimerais bien
savoir si c'est possible de les étudier cette fin de semaine, si on
revient lundi.
M. Ryan: M. le Président, je crois qu'on pourrait
distribuer certains tableaux ce soir, avant de partir. On pourrait distribuer
certains tableaux sur les statistiques relatives à la
fréquentation de l'école anglaise.
M. Brassard: Oui, oui, oui. Mme Blackburn: Avec
plaisir.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que, ces tableaux, vous
désirez qu'ils soient déposés, M. le ministre, ou
simplement en faire une distribution informelle aux membres? Voulez-vous qu'ils
fassent partie des travaux de la commission?
Mme Blackburn: Alors, il faut rouvrir, hein. Documents
déposés
Le Président (M. Doyon): Alors, non, on n'a pas vraiment
ajourné. Tant que je parle, là, c'est... Donc, on va en faire un
dépôt ici, à cette commission, et, en même temps, les
distribuer aux membres de la
commission. Oui. Alors, ça termine votre intervention, M. le
député de D'Arcy-McGee?
M. Libman: Oui, excepté, M. le Président, pour vous
demander jusqu'à quand vous allez ajourner. Jusqu'à lundi, vous
avez dit?
Le Président (M. Doyon): Jusqu'à lundi,
jusqu'à ce que nous soyons convoqués de nouveau par un ordre de
la Chambre.
M. Libman: Alors, pas ce soir.
Le Président (M. Doyon): Donc, l'ajournement est
maintenant déclaré.
(Fin de la séance à 17 h 52)