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(Quatorze heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Doyon): Alors, la séance de la
commission est ouverte et je rappelle que le mandat de cette commission est de
procéder à la vérification des engagements financiers du
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration pour
les mois de juillet 1991 à juillet 1992 inclusivement. M. le
secrétaire est-ce qu'il y a des remplacements que vous voulez
annoncer?
Le Secrétaire: Oui, Mme Cardinal (Château-guay) est
remplacée par M. Gauvin (Montmagny-L'Islet); M. Messier
(Saint-Hyacinthe) est remplacé par M. Camden (Lotbinière).
Le Président (M. Doyon): Tout le monde est d'accord? Donc
ces remplacements sont inscrits.
Documents déposés
J'ai à déposer des réponses qui ont
été obtenues sur les questions laissées en suspens lors de
la dernière séance de vérification des engagements
financiers du ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration qui a eu lieu le 11 septembre 1991. Ces réponses ont
été reçues au Secrétariat des commissions le 21
octobre 1991 et les membres de la commission les ont reçues le 29
octobre 1991. Alors, je fais le dépôt, M. le secrétaire.
Donc, ces documents sont déposés.
Maintenant, si tout le monde est d'accord, nous allons procéder
à la vérification des engagements financiers du ministère
que je viens d'indiquer et nous allons le faire mois après mois,
à partir du mois de juillet 1991 pour nous rendre jusqu'au mois de
juillet 1992. Le nombre d'engagements pour chacun des mois est indiqué
dans l'ordre du jour qui a été distribué aux membres de la
commission. Je n'en ferai pas lecture de façon à sauver du temps.
J'ai cru comprendre qu'il y avait une entente entre les membres de la
commission, aussi bien du côté ministériel que du
côté de l'Opposition, pour que cette commission poursuive ses
travaux jusqu'à la fin de la vérification, pouvant nous rendre au
maximum jusqu'à 20 heures ce soir. Est-ce qu'il en est ainsi?
M. Bourdon: M. le Président, il est en ainsi, mais si la
ministre et les autres membres de la commission étaient d'accord, je
souhaiterais qu'on consacre la première heure à un certain nombre
de questions relatives au fonctionnement du ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration, parce que, sinon, il va
falloir prendre prétexte d'un engagement financier pour parler, par
exemple, des cours de français dans les COFI, ou du fonds d'aide aux
réfugiés, ou de la régionalisation de l'immigration
où Mme la ministre a fait une tournée récente, ou d'une
déclaration récente d'un chef politique à l'endroit des
communautés culturelles. Ce que je veux dire, c'est que... Je ne
nommerai aucun chef en particulier, mais je vois par le visage de la ministre
qu'elle met déjà un nom sur la question. C'est que, M. le
Président, on pourrait convenir de siéger jusqu'à ce
qu'adoption s'ensuive et de précéder ça par ces quatre
questions que je souhaiterais aborder. Sinon, comme vous le savez, on prend
prétexte d'un engagement financier où il y a le mot
«réfugié» et on pose des questions. Je ne sais pas si
Mme la ministre serait d'accord.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que Mme la ministre ainsi
que les membres de la commission ont objection à ce qu'on procède
ainsi?
Mme Gagnon-Tremblay: Personnellement, M. le Président, je
n'ai pas d'objection. Je pense que j'ai toujours été très
ouverte à faire connaître toutes les actions, les activités
du ministère et on a toujours eu une excellente collaboration. Je pense
que c'est dans un but cons-tructif et à ce moment-là je n'ai
aucune difficulté.
Le Président (M. Doyon): Parfait. Mme Gagnon-Tremblay:
Cependant...
Le Président (M. Doyon): Aucun des membres de la
commission ne s'objecte?
M. Gobé: Non, M. le Président, je pense que c'est
une excellente façon de procéder et j'encourage le
député de Pointe-aux-Trembles à commencer.
Intolérance et racisme à rencontre de
membres de la communauté juive du Québec
Mme Gagnon-Tremblay: ...M. le Président, je ne sais pas si
je pourrais avoir votre attention. C'est que...
Le Président (M. Doyon): Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...peut-être avant de débuter -
et je suis persuadée que tous les membres de la commission vont endosser
mes propos - je voulais tout simplement souligner qu'encore une fois, hier, la
communauté juive du
Québec a été l'objet d'actes de vandalisme et de
profanation à caractère antisémite et ça
m'inquiète beaucoup parce que là, il s'agit aussi de
propriétés privées. Donc, je voudrais, bien sûr,
exprimer mon indignation auprès de la grande majorité des
Québécois et des Québécoises et je voudrais
aussi... J'invite mes collègues de l'Opposition à se joindre
à nous pour condamner sans ambages ces actes de haine. Et je voudrais
aussi rassurer la communauté juive à l'effet qu'elle n'est pas
seule pour se défendre. C'est intolérable. J'ai toujours dit
qu'il n'y a pas de place pour l'intolérance et je suis persuadée
que tous les membres de cette commission endossent également mes
propos.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, un peu après
Noël, il y a déjà eu des slogans racistes et fascistes
d'affichés sur un certain nombre de synagogues sur l'île de
Montréal et je partage l'inquiétude de la ministre de constater
que d'autres actes de vandalisme semblables viennent d'être
perpétrés et que, cette fois-ci, on s'attaque non seulement aux
édifices du culte de nos compatriotes juifs, mais même à
des domiciles privés. Alors, je veux joindre ma voix à celle de
la ministre pour dire que les Québécois n'ont aucune
tolérance pour l'intolérance, et pour souhaiter aussi que les
corps policiers puissent rapidement mettre fin à ces actes tout à
fait étrangers à la culture et à la tradition de
tolérance du Québec et des Québécois. (14 h 40)
Je voudrais ajouter, M. le Président, que dans les 12 derniers
mois il y a 7 personnes qui ont été assassinées au
Québec, surtout à Montréal, par des personnes et des
groupes que l'on relie habituellement aux campagnes racistes, et je parle des
personnes qui ont été assassinées pour la seule raison
qu'elles ont une orientation sexuelle différente de celle de la
majorité et je partage les propos à cet égard de la
section québécoise du Congrès juif canadien qui disait
à une des occasions de ces morts violentes que, dès que des
activités de cette nature se déroulent, elles ont tendance
à porter sur des personnes à cause de leur origine, d'autres
personnes à cause de leur religion, d'autres personnes à cause de
leur orientation sexuelle et que tout ça constitue des manifestations
d'intolérance qu'on ne peut pas, au Québec, tolérer, et
à cet égard, je voudrais rappeler ce pasteur allemand qui, un peu
après la dernière guerre mondiale disait: «Quand ils ont
emprisonné les Juifs, je n'ai rien dit parce que je ne suis pas Juif.
Quand ils ont emprisonné les syndicalistes, je n'ai rien dit parce que
je ne suis pas syndicaliste. Quand ils ont emprisonné les homosexuels,
je n'ai rien dit parce que je ne suis pas homosexuel.» Et il ajoutait:
«Quand ils m'ont emprisonné, il n'y avait plus personne pour
protester contre mon emprisonnement.»
Dans ce sens-là, je ne dis pas que la menace est grosse encore,
mais le Québec n'est pas exempt malheureusement de manifestations de
racisme et d'intolérance. Il n'y en a pas plus ni moins qu'ailleurs. Il
y en a, et dès qu'il y a un acte, je pense que c'est un acte de trop.
Alors, je souscris entièrement aux propos de la ministre sur ce dernier
acte d'une série noire qui, j'espère, va se terminer.
Le Président (M. Ooyon): M. le député de
LaFontaine.
M. Gobé: Oui. M. le Président, dans le même
sens que Mme la ministre et mon collègue, le député de
Pointe-aux-Trembles, on ne peut en effet qu'être abasourdi devant les
actes qui ont été commis depuis quelque temps envers des membres
de la communauté juive du Québec. Aussi, à titre de membre
de cette commission, j'aimerais que vous m'indiquiez, M. le Président,
s'il est possible que la commission adopte une motion qui déplorerait
ces gestes et les condamnerait, qui réitérerait le
caractère pluraliste et tolérant de la société
québécoise.
M. Bourdon: Tout à fait.
Le Président (M. Doyon): Oui...
M. Gobé: Est-ce qu'il y a consentement?
Le Président (M. Doyon): ...s'il y a consentement des
membres de cette commission.
M. Gobé: Alors, j'aimerais faire cette motion. Est-ce que
vous voulez que j'en fasse lecture?
Le Président (M. Doyon): Oui, s'il vous plaît.
M. Gobé: «Que la commission des communautés
culturelles et de l'immigration déplore et condamne les gestes
d'intolérance et de racisme perpétrés à rencontre
de membres de la communauté juive du Québec et
réitère le caractère tolérant et pluraliste de la
société québécoise.»
M. Bourdon: Je me permettrais de l'appuyer, si le
député est d'accord.
Le Président (M. Doyon): Alors, cette motion est
considérée comme recevable. Est-ce qu'il y a des membres de la
commission qui veulent parler sur cette motion?
Mme Blackburn: Adopté à l'unanimité. Il me
semble que sur ces questions les Québécois et les
Québécoises, les parlementaires, ont toujours su
se montrer largement ouverts et réceptifs. Je ne peux qu'appuyer
les propos de mes collègues et de la ministre responsable des
Communautés culturelles. S'il y a une intolérance qu'on doit
pratiquer, c'est celle visant à condamner tout geste
d'intolérance et de racisme à l'endroit de groupes, d'individus
ou de communautés au Québec.
Le Président (M. Doyon): Alors, cette motion est donc
adoptée. Vous me permettrez, en tant que président, de dire que
je suis complètement d'accord avec cette motion et qu'il en va de
l'intégrité de notre société et du principe
fondamental de l'égalité de tous les citoyens. Si on accepte le
moindrement qu'il y ait des écarts qui soient acceptés,
tolérés ou ignorés sans que nous puissions et que nous
prenions la peine d'élever la voix, c'est le début de toutes
sortes d'abus dont on ne peut connaître l'issue. Alors, il ne fait aucun
doute, et il faut le dire avec fermeté, il faut le dire avec conviction,
et je pense que c'est l'avis unanime de tous les partis ici, à
l'intérieur de cette Assemblée nationale, qu'il n'est aucunement
question que nous puissions, de quelque façon, fermer les yeux ou
ignorer des attaques de nature raciste, de nature discriminatoire à
l'égard de quelque société quo ce soit.
Même Québec n'est pas exempt de ça. Je me rappelle,
il y a deux ans, que le cimetière qui est situé dans le
comté de Louis-Hébert, où il y a des sépultures
juives, a été l'objet de désacralisation et qu'à
l'époque il y avait eu un mouvement unanime pour réprouver ces
actes, qui sont des actes de banditisme, de bas étage, qui sont tout
simplement l'expression d'une lâcheté, une lâcheté
ignoble, parce que c'est une lâcheté anonyme qui peut, à la
longue, donner un mauvais visage à la société
québécoise. Mme la ministre, je vous remercie d'avoir fait
état de votre position, en tant que ministre des Communautés
culturelles, à l'égard de ces actes de vandalisme ou de
banditisme. Il n'est pas vrai qu'au Québec il y aura quelque ferment que
ce soit qui pourra nous mener à des excès que connaît la
Yougoslavie, que connaissent d'autres pays. Nous ne sommes pas prêts
à jouer ce jeu-là, et les gens qui acceptent de faire ça,
en tant que président de la commission de la culture, non seulement je
les blâme, mais je souhaite que la justice leur mette la main dessus et
qu'ils soient jugés le plus sévèrement possible de
façon à ce qu'aucun d'entre nous ne puisse être
accusé de quelque complicité ou acceptation par association ou
par silence de ces actes-là. Il serait facile de se taire
là-dessus et d'ignorer en disant que ce n'est pas important. C'est
important. C'est important, c'est vital, et le Québec ne veut pas
connaître ça, ne connaîtra pas ça. Je pense qu'il y a
une chose sur laquelle nous sommes tous d'accord, les deux partis qui sont
représentés à l'Assemblée nationale, c'est qu'en
aucun cas nous n'accepterons que ces choses-là se passent et nous
n'accepterons de nous taire là-dessus. Alors, cette motion est donc
acceptée à l'unanimité.
Votre proposition, M. le député de Pointe-aux-Trembles,
était de consacrer une heure à des questions
générales d'administration du ministère des
Communautés culturelles, et je pense que la ministre a exprimé
son accord ainsi que les autres membres de la commission. Alors, vous avez la
parole, M. le député.
M. Bourdon: M. le Président, si la ministre était
d'accord - parce que j'ai mentionné les COFI, l'aide aux
réfugiés et la régionalisation de l'immigration -
même si ce n'est pas traditionnel, il m'apparaît que ce serait
peut-être mieux que la ministre ouvre le jeu, explique, et que nous
réagissions par la suite. Sinon, si notre information est
incomplète, on peut se dédoubler inutilement. Ce que je dis
là ne veut pas dire qu'on va être d'accord avec tout ce que la
ministre va dire, mais on aurait, d'entrée de jeu, une
déclaration liminaire qui ferait le point pour qu'on puisse, à
notre tour, réagir et donner notre vision des choses.
L« Président (M. Doyon): Merci. M In
député. Mme la ministre.
(14 h 50)
Réorganisation des cours dispensés dans
les COFI
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je vais commencer
par les COFI. Avant les fêtes, j'avais eu l'occasion, justement, de
rencontrer le député de Pointe-aux-Trembles pour le mettre au
fait des nouveaux cours de francisation que nous allions donner aux COFI. Les
COFI, comme vous le savez, ce sont les centres d'orientation et de formation
des immigrants. Ce sont des cours d'introduction à la langue
française qui s'adressent à des immigrants qui se destinent au
marché du travail.
J'avais annoncé, en 1989, que nous voulions introduire un nouveau
programme pédagogique. Nous avons, bien sûr, tenu compte des
besoins de la clientèle, c'est-à-dire des élèves
qui, normalement, veulent apprendre le français, veulent l'apprendre
rapidement, veulent avoir des cours de qualité et aussi des horaires
compatibles avec leurs besoins. Vous savez que quand ces personnes arrivent,
elles sont obligées de s'installer, de s'organiser. Souvent, bien
sûr, elles doivent prendre un peu plus de temps avec la famille.
Plusieurs se cherchent de l'emploi. Donc, nous avons pris en compte les besoins
de ces personnes.
J'ai consulté, de concert avec les professeurs des COFI, avec les
représentants du ministère. Et nous avons, bien sûr, un
produit qui est maintenant reconnu, c'est-à-dire qu'il a
été testé, qui a été analysé.
Et nous croyons que les objectifs définis dans ce nouveau cours seront
rencontrés à l'intérieur des 600 heures prévues
pour donner ces cours, mais avec une possibilité de 200 heures
supplémentaires, à temps partiel, pour toutes les personnes ou
tous les élèves qui ont une langue qui est plus lointaine de la
nôtre, qui auraient plus de difficultés d'apprentissage.
Nous voulons aussi, à la fin du cours, même si les
étudiants sont évalués par les professeurs tout au long
des cours, remettre aux étudiants une attestation beaucoup plus
officielle de leur compétence en français, pour leur permettre de
s'inscrire dans d'autres institutions. Parce que, comme vous le savez, les
cours que nous donnons - je le disais tout à l'heure - ce sont des cours
d'introduction. Alors, il faut être capable de faire la passerelle avec
d'autres institutions d'éducation.
Et aussi, ce qui est intéressant, c'est que nous avons
établi un triple horaire, un horaire qui répond davantage aux
besoins des étudiants. Nous aurons un horaire l'avant-midi, un horaire
l'après-midi et un horaire à temps partiel pour le soir, parce
que nous nous sommes rendu compte que, pour plusieurs, la cinquième
heure était une heure qui était plus difficile d'absorption. On
avait de la difficulté, finalement, à absorber l'enseignement qui
nous était donné au cours de la cinquième heure. Et aussi,
compte tenu des conventions collectives, la cinquième heure était
donnée par un autre professeur. Donc, l'étudiant pouvait avoir,
tout au long de ses 750 heures de l'époque, peut-être 10, 12, 14
professeurs. Alors, nous avons essayé d'améliorer la situation.
Et, en faisant du triple horaire j'ai pu économiser sur les loyers, donc
ce qui me permettra de rejoindre 1500 stagiaires de plus, réduire les
périodes d'attente qui seront dorénavant de quatre à cinq
semaines. Et vous vous souviendrez qu'il y a quelques années les listes
d'attente étaient de sept à huit mois. Alors là,
maintenant, nous pourrons réduire de quatre à cinq semaines.
Ces cours seront en vigueur à compter du 1er avril. Nous aurons
aussi pour les professeurs des séances de formation. On sait que les
professeurs de COFI ont fait oeuvre de pionniers. Ils ont travaillé de
nombreuses années avec peu de moyens. Là, au moins, nous leur
donnerons du matériel pédagogique beaucoup plus à point.
Et il faut bien aussi considérer tout leur dévouement, parce que
vous savez que ce n'est pas facile pour un professeur d'enseigner à 15
ethnies différentes, par exemple, dans un même cours. Nous avons
expérimenté ce programme avec plusieurs d'entre eux. Nous
continuerons, bien sûr, à l'enrichir, à enrichir notre
matériel pédagogique avec ces mêmes professeurs. Et je peux
aussi vous assurer que le nombre de professeurs ne sera pas réduit
puisqu'il y aura accroissement du nombre d'heures l'après-midi et le
soir.
Alors, voilà, en gros, je ne sais pas si vous avez des questions,
mais je pense que j'ai assez bien résumé le nouveau cours. Donc,
vous comprenez que c'est pour l'améliorer. Ce n'est pas pour
réduire l'enseignement, c'est parce qu'on veut l'améliorer et
avoir un cours plus structuré et uniformisé.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, l'ancien règlement
parlait de 750 heures de cours de français. Et dois-je comprendre des
explications de la ministre qu'il y aura 600 heures obligatoires et 200 heures
facultatives, auquel cas il y aurait une baisse des heures obligatoires? Je ne
parle pas de la répartition de l'horaire qui me semble adéquate.
Il faut tenir compte qu'on s'adresse à des adultes, que ces
personnes-là ont comme premier souci de trouver et de conserver un
emploi, et je suis absolument d'accord que les plages horaires soient
aménagées pour tenir compte de la clientèle qui, si elle
travaille, peut le faire le soir, le matin, l'après-midi. Ça,
ça m'apparait une adaptation nécessaire et qu'on pourrait
souhaiter plus générale dans l'enseignement, mais on ne
débordera pas. Mais pour ce qui est du nombre d'heures de cours de
français, et je comprends que 600 ou 800, ça n'est qu'une
introduction parce que les complexités de la langue font que pour en
avoir une connaissance plus adéquate ça prend plus de temps que
ça. Et puis, on pourrait souhaiter qu'à la fin de l'école
primaire les enfants québécois de souche aient eu le nombre
d'heures qu'il faut pour parler et écrire correctement le
français. Mais, dans le fond, ce qui m'inquiète, et les journaux
ont fait état que ça inquiète des personnes, c'est est-ce
à dire que le nombre d'heures obligatoires d'apprentissage de la langue
de la majorité va être réduit et que les 200 heures vont
être facultatives pour les personnes qui voudraient les suivre?
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, je pense que ça peut
Inquiéter certaines personnes, bien sûr, parce que vous savez,
quand on fait des modifications, quand on apporte des changements à un
système, bon, c'est toujours inquiétant. Cependant, je veux
vraiment vous rassurer et vous confirmer que les 600 heures sont des heures
obligatoires, avec allocation, et que, pour toute personne qui n'aurait pas
appris aussi rapidement, ces personnes auront droit à 200 heures
à temps partiel. Donc, à ce niveau-là... Et aussi, si
c'est 600 heures, c'est que nous avons expérimenté le programme
et nous croyons, compte tenu des objectifs qu'on veut poursuivre, que nous
pourrons donner cet enseignement au cours des 600 heures. C'est ce qui se fait,
par exemple, dans d'autres provinces, c'est ce qui se fait dans d'autres
pays.
Et, aussi, il faut dire que sur les 750 heures il y avait une centaine
d'heures qui étaient prévues pour des visites à
l'extérieur des cours. Bien sûr qu'à ce moment-là on
pouvait aussi enseigner à travers une pratique qui était
différente. Mais, maintenant, nous subventionnons des groupes
communautaires pour préparer aussi les nouveaux venus aux us et coutumes
du Québec. Donc, on va continuer quand même à travers nos
cours à donner l'information pertinente sur, par exemple, notre
système d'éducation, notre système de santé, nos
droits, nos lois, mais nous le faisons en classe et nous sommes
persuadés qu'à l'intérieur des 600 heures nous pourrons
atteindre les objectifs que le ministère s'est donnés.
M. Bourdon: Maintenant, M. le Président, ce qui me
préoccupe, je ne sais pas si j'ai mal compris la ministre, mais elle
parle de 600 heures obligatoires, avec allocation. Alors, je commence par une
question. Est-ce à dire que les 200 heures additionnelles, qui sont
facultatives, sont prévues, elles, sans allocation?
Mme Gagnon-Tremblay: Effectivement, c'est ça.
M. Bourdon: Mais, je m'inquiète, moi...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est à temps partiel. C'est parce
que c'est à temps partiel. C'est parce qu'à ce moment-là
ce qui arrive généralement dans la vraie vie, c'est que nous
faisons face à un décrochage aussi qui est assez
considérable. Et, pourquoi? Parce que, comme je vous le disais, nous
avons pris en compte les besoins de la clientèle. Et, souvent, quand la
personne trouvait un emploi, préférait aller travailler que de
continuer a recevoir des allocations pour suivre des cours de français.
Donc, à ce moment-là, on suppose que la personne qui,
normalement, aurait besoin de 200 heures supplémentaires pourrait aussi
avoir un emploi en même temps. Donc, on lui permet de venir les soirs,
à temps partiel, mais on alloue des frais de transport par exemple, des
frais des déplacement, des frais de gardiennage. On ne donne pas
d'allocation comme telle, mais on alloue des frais de gardiennage. (15
heures)
M. Bourdon: Mais, moi, ce qui m'inquiète un peu, c'est que
les personnes qui vont vouloir faire les 200 heures additionnelles, je crois
comprendre que ce sera obligatoirement à temps partiel, et que ça
va être sans allocation. Est-ce qu'il ne serait pas possible au moins
d'envisager qu'une personne qui, par hypothèse, n'a pas encore
trouvé d'emploi ou a un emploi - parce que dans une ville comme
Montréal les emplois là, c'est des horaires variables - ou qui a
trouvé un emploi lui permettant de continuer à suivre le cours de
jour et avec allocation, est-ce que ce ne serait pas préférable -
je n'en suis pas pour tout de suite au principe du caractère non
obligatoire des 200 heures, bien qu'il y ait des questions à poser, je
pense, là-dessus - mais c'est qu'une personne qui voudrait le faire le
ferait nécessairement à temps partiel et sans allocation de telle
sorte que, c'est sûr qu'un chiffre on peut toujours le regarder par un
bout de la lunette ou l'autre, on peut, quand c'est fait comme c'est fait,
penser que le nombre d'heures avec allocation est réduit de 20 %. Et je
ne vous cache pas, Mme la ministre, que couper quelque chose de 20 % ça
comporte toujours des risques, nous on s'en est déjà
aperçu. Et donc ces personnes-là, qui pourraient vouloir prendre
les 200 heures additionnelles à temps complet et non pas à temps
partiel, est-ce que ça ne devrait pas leur être loisible? Et une
deuxième question que je pose, les 100 heures qui étaient
consacrées à des visites, ça ne m'apparaît pas
inutile, moi, ces visites-là, puisque l'intégration à une
société d'accueil c'est quand même quelque chose de
complexe, et est-ce que je dois comprendre des explications de la ministre que
les visites vont être permises autrement? Je suis d'accord que la visite
comme telle ne permettait pas de faire l'apprentissange du français.
Mais aller visiter une organisation qui s'occupe de Québécoises
et de Québécois d'origine haïtienne à
Rivière-des-Prairies, par exemple, c'est s'initier à la
réalité québécoise. Ou aller à
Rivière-des-Prairies voir des gens qui éprouvent le besoin
d'avoir un hôpital de première ligne, ça pourrait aussi
être une activité. Ce que je veux dire c'est que, dans le fond, je
résume ma question en deux volets: Est-ce qu'on ne réduit pas
l'enseignement du français obligatoire de 20 %? Et, deuxièmement,
est-ce qu'on ne réduit pas pour les nouveaux arrivants, pour les
Québécois d'adoption, de 20 % les cours qui étaient
donnés avec allocation, et est-ce que les 200 heures
supplémentaires ne devraient pas être offertes au moins avec
allocation pour ceux qui sont capables et qui le désirent?
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, au départ je voudrais
peut-être parler des visites. On ne les exclut pas complètement,
à la condition, bien sûr, qu'elles répondent aux objectifs.
Je disais que nous avons prévu 8 objectifs à l'intérieur
du cours et nous voudrions qu'elles répondent aux objectifs. Tout
à l'heure j'ai dit peut-être une centaine d'heures, mais c'est un
peu moins que ça. On me dit ici que c'est peut-être 25 ou 30
heures de visites qu'on faisait.
M. Bourdon: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Cependant il faut vous dire qu'au
départ ces cours, même les 600 heures, ne sont pas obligatoires.
On ne peut pas obliger quelqu'un à venir suivre les cours au COFI. On
leur suggère fortement, on leur indique
à l'étranger que, pour pouvoir participer pleinement
à la société majoritaire, il faut qu'ils apprennent le
français. Lorsqu'ils arrivent et qu'ils viennent nous voir au
ministère on leur indique, finalement, les dates et le moment où
ils pourraient suivre des cours et on leur dit qu'ils doivent suivre des cours.
Mais il n'y a pas d'obligation comme telle. Donc, les 600 heures
répondent vraiment à un nouveau cours et on pense qu'on va
pouvoir, bien sûr, atteindre tous les objectifs qu'on s'est
donnés.
Il y a aussi, quand on parle de visites, il y a du nouveau
matériel informatique qu'on va entrer dans nos cours, visuel, qui va
peut-être pouvoir remplacer aussi... Pas informatique, plutôt
visuel. C'est-à-dire que je mélange peut-être là
l'informatisation, mais c'est un appareil quelconque qui va quand même
permettre aux gens de voir un peu comment ça se passe dans la vraie vie.
Il y a aussi, comment pourrais-je dire donc... Quant aux 200 heures, qui sont
des heures sans allocation, comme je vous le disais tout à l'heure, ce
n'est pas tout le monde qui a besoin de ces 200 heures additionnelles. Le cours
est fait vraiment pour 600 heures et on prétend que l'on va
améliorer la qualité dans ces 600 heures, mais pour une personne,
comme je le disais, dont la langue est loin, est très loin de la
nôtre, à ce moment-là, les 200 heures peuvent être
importantes. Mais il faut vous dire une chose: c'est que nous donnons, comme je
le mentionnais tout à l'heure, des allocations pour le transport, pour
la garderie, mais il y a une chose, c'est que si la personne, à ce
moment-là, n'est pas eligible aux allocations et qu'elle n'a pas
d'emploi, pour toutes sortes de raisons, et qu'elle est venue, par exemple,
comme réfugié ou comme personne de la famille, à ce
moment-là, cette personne-là est eligible à l'aide
sociale. Et si c'est une personne, par exemple, qui est venue dans la
catégorie des indépendants, elle est censée avoir aussi
des sommes pour assumer certains besoins. Et si la personne n'est pas sur
l'aide sociale, c'est parce qu'on suppose qu'elle a un emploi et à ce
moment-là, la personne qui a fait un certain temps à temps plein
dans le jour va peut-être être très heureuse de pouvoir
poursuivre sa formation à temps partiel le soir, tout en ayant son
emploi.
M. Bourdon: Maintenant, moi, j'avais compris que le cours n'est
pas obligatoire, mais fortement recommandé, là. Il me semble que
le ministère s'oblige cependant à moins. L'ancienne règle
du jeu, c'est qu'une personne qui s'inscrivait pouvait, avec allocation, suivre
750 heures de cours. Vous avez raison, il devait y avoir, là comme
ailleurs, du décrochage, et je trouve louable l'idée de repenser
les cours et de penser... Je ne trouve pas que c'est exclu qu'on puisse en 600
heures faire même un meilleur contenu qu'avant en 750 - je n'en
disconviens pas. Cependant, je vois que les cours avec allocation ont
été réduits de 20 % et la ministre a raison de souligner
que, si une personne est eligible à un autre programme, elle pourra
bénéficier d'un autre programme et je trouve correct les frais de
transport et de gardiennage pour permettre à des adultes d'aller le soir
suivre des cours. Ça m'apparaît correct, mais une personne qui
travaillerait, par hypothèse, et qui voudrait suivre le
supplément de 200 heures de jour, je trouve un peu déplorable que
ce ne soit plus prodigué, que ce ne soit plus offert.
Et j'en profite pour ajouter une autre dimension, quitte à ce
qu'on déborde un peu, M. le Président, mais les COF! jouent un
rôle essentiel dans la région de Montréal et ils sont
essentiels à l'intégration des Québécois d'adoption
et ils sont une partie importante, je dirais même essentielle, de ce que
prodigue la société d'accueil dès le départ. Donc,
je pense que ça vaut la peine de prendre le temps de se le demander. Et
j'en profite pour poser une autre question à la ministre qui est: Est-ce
que quelque chose va être prévu pour les personnes qui arrivent
avec une bonne connaissance, une connaissance, dans certains cas, plus que
suffisante, du français, vu que Statistique Canada nous a appris
récemment que les pays d'origine les plus importants pour ce qui est du
Québec, c'est la France, le Liban, Haïti et d'autres pays
francophones. Et l'observation que je reçois d'immigrants, c'est qu'ils
disent: Oui, mais on peut parler parfaitement bien le français
dès notre arrivée, mais l'initiation à la vie
québécoise, l'intégration, ils disent: On a le
défaut de ne pas parler anglais. Par hypothèse, je dis ça
en boutade, on parle bien français, donc, on n'a même pas droit
à un programme avec allocation. Parce que je veux être clair
auprès de la ministre, l'intégration à la
société québécoise, ça n'est pas
unidimensionnel. C'est sûr que comme société d'accueil
à majorité francophone on veut que tous les immigrants
s'intègrent à la société majoritaire et parlent et
écrivent le français. (15 h 10)
II y a des progrès, d'ailleurs, qui ont été
réalisés a cet égard-là; on est passé de 28
% à 37 %, ce qui est une bonne tendance, mais on peut prendre les 37 %
ou l'interpréter par les 63 % qui ne s'intègrent pas encore. Je
ne dis pas que 63 % le devraient, mais c'est un indicateur d'une bonne
tendance. Mais il reste encore que les choses ne sont pas ce qu'on
souhaiterait. Donc, il y a ce volet: Est-ce qu'il n'y a pas, entre guillemets,
une injustice envers !es immigrants originaires de pays francophones ou de pays
où le français se porte encore beaucoup - je pense au Cambodge ou
au Viêt-nam -parce que je pense que l'intégration à la
société québécoise n'a pas qu'une dimension
linguistique? Les droits économiques, les droits sociaux, la culture de
la majorité, les cultures des minorités, en tout cas, il y a
comme tout un champ, et le système actuel en exclut ceux qui, pour
notre
plus grand ravissement, parlent français en arrivant. Par
exemple, Jean-Claude Gobé n'aurait pas pu aller au COFI quand il est
arrivé.
Mme Gagnon-Tremblay: Je veux peut-être...
M. Gobé: Une rectification: je suis en effet allé
au COFI, M. le député de Pointe-aux-Trembles.
Une voix:...
M. Gobé: Je suis allé au COFI, en effet, et
à l'époque on pouvait y prendre des cours de français, ou
des cours d'anglais. Je dois vous dire que j'ai fait six semaines dans un COFI
en arrivant au Québec, ce qui m'a grandement aidé d'ailleurs
à faire des affaires par la suite avec les États-Unis pour une
compagnie québécoise.
M. Bourdon: C'est bon.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Peut-être que je voudrais
dissiper un malentendu: quand on parle d'allocations, actuellement les
étudiants ont droit à 30 semaines d'allocation, et ça,
ça se maintient, c'est maintenu, même si on modifie l'horaire et
même si c'est 600 heures, ils auront toujours droit à 30 semaines
d'allocation. Il n'y a pas de diminution au niveau du nombre de semaines
d'allocation. Et si, par exemple, j'ajoutais 30 semaines comme on me le
demande, 800 heures, ça signifierait que l'étudiant est en cours
pendant 9 mois. Donc, je vous disais tout à l'heure qu'il y a un besoin
aussi d'apprendre rapidement pour pouvoir aller sur le marché du
travail. Mais je dois vous dire aussi, ce que nous avons fait depuis que j'ai
signé l'entente avec le gouvernement fédéral, nous avons
admis en COFI les personnes dont la langue était l'anglais. Parce que,
vous savez, auparavant, c'était seulement, c'est-à-dire les
deux... C'est-à-dire que si vous parliez une des deux langues
officielles vous n'étiez pas admissible au COFI. Depuis que |'ai
signé Contente avec le gouverne ment fédéral, j'ai admis
même les personnes qui parlent anglais dans les COFI.
Et, d'autre part, aussi c'est que bien sûr j'ai eu des
commentaires à l'effet que plusieurs personnes francophones venant
d'Hafti, venant de l'Afrique, venant d'Europe, bon, ces personnes se sont
plaintes qu'elles n'avaient pas suffisamment, comme elles n'étaient pas
admissibles au COFI, elles n'avaient pas cette connaissance du Québec.
J'ai instauré l'année dernière un cours de 25 heures, dont
15 heures sur la vie québécoise et 10 heures sur le marché
du travail, pour permettre à ces personnes d'acquérir des
connaissances, par exemple, sur la préparation d'un curriculum vitae. On
sait, par exemple, que dans certains pays vous devez écrire à la
main votre curriculum vitae pour pouvoir faire votre demande d'emploi. Ici, on
sait que c'est le contraire. Alors, sur toutes sortes de trucs ou toutes sortes
de mesures, on donne maintenant, comme je le mentionnais, 25 heures de cours
à ces personnes et je dois vous dire que jusqu'à maintenant c'a
d'excellents résultats. Et on fait ça depuis le printemps 1992,
si ma mémoire est fidèle. Le printemps 1992. Et c'a d'excellents
résultats.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
LaFontaine, vous avez quelque chose à dire là-dessus?
M. Gobé: Oui, M. le Président. Mme la ministre, je
suis content de voir que vous êtes en train de travailler pour mettre en
vigueur ces cours de vie québécoise, mais si mes souvenirs sont
exacts, il y a 21 ans, lorsque je suis arrivé, ça se donnait au
Québec et la première semaine que nous arrivions, nous recevions
un cours - payé d'ailleurs - d'initiation à la vie canadienne,
qui comportait la vie québécoise, bien entendu. Alors, est-ce que
vous voulez dire par là que ces cours ont été
abandonnés au fur et à mesure des temps et qu'on pense donc
à les remettre maintenant?
Mme Gagnon-Tremblay: Ça, j'avoue que c'est en dehors de
mon temps, mais il semblerait que oui.
m. gobé: en tout cas, je trouve ça très
intéressant. ça nous permet d'apprendre le système
bancaire, d'apprendre les tribunaux, d'apprendre les lois du travail...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. C'est ce que nous faisons.
M. Gobé: ...d'apprendre le gouvernement: qui était
le premier ministre du Canada, du Québec. À l'époque,
c'était M. Bourassa, d'ailleurs. D'apprendre les différentes
réglementations du travail aussi, les syndicats, enfin ces
choses-là.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ce que nous faisons maintenant, mais
depuis un an.
M. Gobé: C'est très intéressant.
Après cette semaine-là, ça permettait à tout
immigrant qui arrivait au Québec, qu'il soit Français ou Anglais,
ou d'autres régions, de savoir à peu près les grandes
normes, et je trouverais intéressant que ce soit remis en vigueur. Et,
d'après moi, ce n'est peut-être pas dans les COFI que ça
devrait être donné, mais peut-être dans les écoles
secondaires ou les... Avez-vous prévu, des fois, s'il n'y a pas de COFI
dans certaines régions? Parce qu'il peut y avoir 10 immigrants, 7
immigrants ou 15 dans une région. Je sais que vous avez des programmes
pour régionaliser
l'immigration. C'est évident qu'on ne pourra pas les amener
à Montréal faire du COFI. Alors, est-ce que vous avez
prévu peut-être ou pourriez prévoir d'ouvrir des classes
dans des écoles pour, d'abord, ces cours d'initiation à la vie
canadienne québécoise? Il faut quand même... On est dans le
Canada. Il ne faut pas juste marginaliser ça à ici; on est dans
un grand ensemble. Et aussi pour qu'ils puissent prendre des cours de langue
française dans ces régions-là. Sinon, ces immigrants vont
être coupés. Parce que s'ils vont à Victoriaville, je ne
suis pas sûr qu'à Victoriaville il y a assez d'immigrants pour
faire un COFI.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, là où nous n'avons pas de
COFI, nous n'avons pas de direction régionale, nous avons des offres de
services avec des commissions scolaires. Nous signons des ententes avec les
commissions scolaires pour que les cours de français puissent être
donnés. Et je dois dire aussi que, suite à cette
réorganisation de la formation en français en COFI, nous
ouvrirons aussi des cours de français sur la rive nord et sur la rive
sud. Nous fermons cependant deux COFI dans Montréal même,
Ovilar-Asselin et Saint-Charles, pour pouvoir ouvrir des cours sur la rive nord
et la rive sud.
M. Gobé: Alors, vous dites...
Le Président (M. Doyon): Rapidement.
M. Gobé: Donc, vous voulez dire par là que vous
allez envoyer ces élèves-là dans des écoles
secondaires et primaires sur la rive sud?
Mme Gagnon-Tremblay: Non. C'est-à-dire que...
M. Gobé: C'est parce que je n'ai pas bien compris,
là, ce que vous disiez.
Mme Gagnon-Tremblay: ...nous sommes responsables des adultes
lorsqu'ils arrivent, nous sommes responsables de ces personnes-là, pour
leur donner des cours d'intégration à la langue française.
Nous signons... C'est-à-dire, par exemple, nous allons louer des
classes...
M. Gobé: Ah!
Mme Gagnon-Tremblay: ...dans des écoles déjà
existantes...
M. Gobé: C'est ça que je voulais savoir.
Mme Gagnon-Tremblay: ...pour ne pas avoir à investir,
comme on le fait actuellement, nécessairement, dans des locaux, dans des
loyers, dans des bâtisses, mais investir davantage dans la formation. Et
c'est pour ça aussi, tout en modifiant l'horaire, par exemple, en
permettant d'économiser sur l'infrastructure et en pouvant ouvrir, sur
la rive nord et sur la rive sud, dans des classes déjà
existantes, ça nous permet de rejoindre 1500 personnes de plus cette
année.
M. Gobé: Est-ce que c'est des commissions scolaires qui
vont donner le cours ou...
Mme Gagnon-Tremblay: Non, non.
M. Gobé: ...vos enseignants à vous des COFI?
Mme Gagnon-Tremblay: Les cours seront donnés par les
professeurs qui sont rattachés aux centres d'orientation et de formation
pour les immigrants.
M. Gobé: Merci, madame.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. La ministre, par
son nouveau règlement, il me semble, vient pénaliser en quelque
sorte ceux dont la langue - pour utiliser son expression - est loin de la
nôtre, particulièrement les Asiatiques, parce que leur
difficulté d'apprendre le français est reconnue, comparativement
aux Espagnols, à ceux dont la langue est plus près de la
nôtre. Alors, est-ce qu'elle a mesuré auprès de ces
communautés les modifications qu'elle veut apporter?
Mme Gagnon-Tremblay: Nous avons fait certaines
vérifications et, comme je le mentionnais aussi, voyez-vous, nous,
actuellement, c'est que le ministère en collaboration avec les
professeurs ont travaillé sur 600 heures et ils croient pouvoir donner
le cours. Mais si, cependant, après un an, après deux ans, on se
rend compte qu'il y a des difficultés particulières pour
certaines catégories de personnes, vous comprenez qu'on sera très
flexible. Notre objectif, ce n'est pas de donner une moindre qualité ou
de donner du français à moins de personnes. Au contraire, notre
objectif c'est d'atteindre le plus grand nombre de personnes possible et c'est
de leur donner le meilleur français possible aussi. Je dois vous dire
que c'est parce qu'il n'y a pas uniquement aussi les cours donnés dans
les COFI. Nous traitons avec les commissions scolaires, nous signons des
ententes avec les commissions scolaires pour qu'elles donnent des cours de
français, nous donnons des subventions aussi aux organismes
communautaires qui, eux, peuvent aussi donner des cours de français.
Et, actuellement, nous travaillons sur une offre beaucoup plus globale
de francisation, de sorte qu'on soit capable de faire la passerelle entre ce
que mon ministère donne et ce que les autres ministères doivent
faire pour la clientèle.
Parce que, lorsqu'une personne quitte le COFI... Bon, je partais tout a
l'heure d'initiation à la langue française: vous avez des
personnes qui ont besoin de cours beaucoup plus pointus pour travailler, par
exemple, dans leur profession. Alors, il y a des cours qui se donnent, par
exemple, pour les infirmières, parce qu'elles doivent travailler dans un
lieu précis, avec des termes précis, pour les ingénieurs,
pour les architectes, pour d'autres professions et là, ce sont des cours
beaucoup plus poussés qui sont donnés soit en collaboration avec
l'université ou encore avec des groupes communautaires. Mais ce qui est
intéressant et ce qui est important de savoir, c'est qu'il faut, un
jour, être capable de faire la passerelle avec les autres institutions,
compte tenu des besoins. (15 h 20)
Mme Blackburn: Dans les objectifs que vous vous êtes
donnés, vous enlevez le paragraphe 4° du septième article qui
visait à amener le stagiaire à écrire une courte note sur
un sujet donné, relié, s'il y a lieu, au secteur
d'activité dans lequel cet immigrant cherche un emploi? Pourquoi on a
laissé tomber cet objectif?
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, je demanderais...
Mme Blackburn: Parce que je vois que ça a
été modifié, là.
Mme Gagnon-Tremblay: ...si vous me le permettez, M. le
Président, que ma sous-ministre associée, Mme Brodeur, puisse
répondre à cette question.
Le Président (M. Doyon): Oui, madame. Tout est en ordre.
Vous pouvez parler.
Mme Brodeur (Nicole): Je m'excuse. Je vais plutôt
m'approcher. Pour répondre à la question de Mme la
députée, je dirai ceci. C'est qu'on a
préféré enlever, disons, cette disposition qui, à
notre avis, allait peut-être un peu trop loin par rapport aux objectifs
effectifs du programme. Ce qu'on vise à travers le programme
d'intégration linguistique qu'on offre en ce moment, et qu'on va
continuer d'offrir à travers les 600 heures avec possibilité
d'extension à temps partiel jusqu'à 800 heures, c'est d'amener
d'abord - et c'est ça notre priorité - le nouvel arrivant et la
nouvelle arrivante à s'exprimer oralement - c'est le premier objectif -
et, deuxièmement, à pouvoir écrire, effectivement, un
certain nombre de mots écrits et de petits messages du type de celui que
vous avez identifié. Mais de l'indiquer tel quel dans un
règlement, en tout cas, on avait le sentiment que, pour être
exhaustif, il aurait fallu pouvoir écrire des notes en vue de faire
l'épicerie, une note pour expliquer à l'école pourquoi
l'enfant était absent, ce qui fait que c'était simplement dans
une perspective, je dirais, d'économie de texte qu'on a enlevé
cette note-là.
Pour conclure et me résumer, l'objectif du programme, c'est
d'amener le stagiaire à se débrouiller en français,
c'est-à-dire à s'exprimer correctement et à pouvoir
rédiger de courtes notes sur des petits besoins, les besoins
réguliers de la vie quotidienne, en prenant en compte aussi qu'une fois
qu'il y a un mandat qui échoit à notre ministère il y a
une relève qui doit être prise par la suite par le
ministère de l'Éducation, où le stagiaire qui a besoin de
parfaire à la fois son apprentissage oral et ses apprentissages
écrits doit s'inscrire.
Le Président (M. Doyon): Merci, madame.
Mme Blackburn: Si on supprime le paragraphe qui prévoit la
rédaction de courtes notes, j'imagine que c'est parce que... Là,
vous dites: II faut qu'on leur donne pareil. Je dois dire que je ne comprends
pas bien.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que M. Riddell voudrait
répondre à ça?
Mme Blackburn: Une autre question. C'est que selon les
données que la ministre nous fournissait, il me semble, récemment
- je pense que c'est à l'occasion des crédits l'an passé -
il est démontré que les immigrants qui nous arrivent au cours des
dernières années sont moins scolarisés que ceux qui
arrivaient au Québec il y a une dizaine d'années, une
décennie. Étant moins scolarisés, est-ce qu'on peut en
même temps faire ce constat et penser qu'on peut leur apprendre la langue
en moins de temps? Il me semble qu'il y a comme une contradiction
là-dedans.
Mme Gagnon-Tremblay: mon sous-ministre pourra compléter
votre dernier point de vue. cependant, je dois dire qu'au niveau de la
scolarisation il faut faire attention aux catégories. parce que vous
savez que nous sélectionnons... il y a deux ans, c'était 60 %,
mais, là, compte tenu de la famille qui arrive de plus en plus, nous
sélectionnons 50 % des gens à cause de leurs qualifications et
à cause de leur scolarisation. donc, ils ne sont pas
nécessairement moins scolarisés. il peut arriver que, dans
certaines clientèles, les gens soient moins scolarisés comme, par
exemple, les familles qui viennent rejoindre d'autres familles.
Je voulais aussi préciser - tout à l'heure, ça m'a
échappé - lorsque vous parliez, par exemple, des Asiatiques...
Entre autres, les Vietnamiens et les Cambodgiens viennent ici
généralement comme réfugiés. Ils arrivent comme
réfugiés et ils sont sélectionnés dans des camps,
bien souvent à cause d'une connaissance du français ou d'une
certaine connaissance du français. Malgré ça, ces
personnes, du fait
qu'elles arrivent comme réfugiées, elles sont admissibles
à une allocation pour un an. Même si, par exemple, la personne
retourne sur le marché du travail ou a besoin de ces 200 heures
supplémentaires, nous sommes obligés de lui accorder l'allocation
pendant un an comme réfugié.
En plus de ça, quant aux autres, quant aux Chinois, par exemple,
95 % de l'immigration qui provient de Hongkong, entre autres, c'est une
immigration de gens d'affaires et, bien sûr, nous n'accordons pas
d'allocation à ces gens-là et ils ne passent pas non plus par les
COFI; ces gens-là vont directement dans des écoles
privées. Ou, encore, ce que nous avons fait, nous avons signé une
entente avec Alliance française à Hong Kong pour voir le
degré - comment pourrais-je dire -d'intérêt de ces
personnes-là de venir s'établir au Québec. Ces
personnes-là s'inscrivent à Alliance française, à
leurs propres frais, pour apprendre le français avant leur
arrivée. Donc, peut-être que ça pourrait préciser.
Et, quant à votre article, je demanderais à mon sous-ministre, M.
Riddell, d'y répondre.
Le Président (M. Doyon): M. le sous-ministre.
M. Riddell (Norman): Merci, M. le Président. Le
règlement auquel Mme la députée fait
référence, c'est un règlement pour fins d'identification
des personnes qui sont éligibles pour un cours de français. Donc,
vous savez, le Québec accorde un certain nombre de points à
l'étranger, aux personnes qui parlent français, pour fins
d'immigration. Deuxièmement, nous, depuis un moment, on évalue
systématiquement les personnes à l'arrivée pour
connaître le niveau de français qu'elles ont et cette
évaluation est une évaluation orale. Donc, le règlement
dont on parle dans ce cas-ci est un règlement qui est lié, pas au
profil de sortie des personnes mais au profil d'entrée. C'est toujours
l'intention du ministère de faire en sorte que les personnes qui
quittent le cours soient capables de rédiger des petites notes en
français.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. Riddell.
Mme Blackburn: Mais juste une dernière statistique sur la
scolarisation des immigrants. Les informations qu'on a entendues très
récemment nous amènent à penser que les immigrants, les
réfugiés nous arrivent moins scolarisés qu'il y a une
dizaine d'années. Et là, évidemment, je ne parle pas des
immigrants investisseurs qui doivent représenter 0,5 %, même pas,
ou quelques dixièmes de 1 % de l'immigration totale. Je veux dire, ce
n'est pas de ceux-là dont je m'inquiète beaucoup, moi.
Mme Gagnon-Tremblay: II y a 50 % de notre immigration qui est
sélectionnée pour ses qualifications. Donc, ça veut dlro
qu'il y en a 50 % qui sont qualifiés, c'est-à-dire qui ont une
scolarisation assez élevée, parce qu'il faut qu'ils
répondent au départ, aussi, au guide d'emploi du
québec.
Mme Blackburn: Ça représente combien? Parce que
là, je sais qu'il y a la reconstruction des familles... C'est les
réfugiés...
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, si par exemple...
Mme Blackburn: ...plus ceux qu'on sélectionne.
Mme Gagnon-Tremblay: Je dirais, par exemple, la
réunification de familles, c'est peut-être 20 % à 25 %, par
rapport à 50 %. Donc, c'est ça. C'est à peu près 25
%, réunification des familles. Là, au niveau de la
réunification des familles, ça dépend toujours, bien
sûr, de l'immigration qui est arrivée antérieurement.
Alors, la sélection que vous avez faite, il y a, par exemple, deux ou
trois ans, la famille arrive après.
Il y a aussi d'autres personnes qu'on ne sélectionne pas, mais
qui viennent de toute façon, qu'on appelle les revendicateurs de statut
de réfugié, catégorie pour laquelle on n'a pas
nécessairement de contrôle sur la venue ou non. Et ces
personnes-là, si on accepte qu'elles demeurent au Québec,
après quelques années, il faut également faire venir leurs
familles. Il y a, par contre, des personnes très scolarisées,
malgré tout, à travers ces personnes, et peut-être d'autres
moins.
Je vais vous donner ici.. J'ai une fiche au niveau de la scolarisation.
De 1987 à 1991, 33 % des gens qui ont été admis au
Québec avaient une scolarité de 14 ans et plus; 14 % avaient de 0
à 6 ans de scolarité de niveau primaire; 31 % avaient de 7
à 11 ans de scolarité; 22 % avaient de 12 à 13 ans de
scolarité. Et ce n'est pas en baisse actuellement. La scolarité
des immigrants est plutôt en hausse.
M. Michel Bourdon: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le député
de Pointe-aux-Trembles. (15 h 30)
M. Bourdon: Moi, pour ce qui est de l'initiation à la vie
québécoise, je pense qu'il y aurait peut-être des efforts
à faire en direction du communautaire. Je vais donner un exemple que
j'ai vécu à Noël. J'étais invité à un
souper communautaire dans un groupe d'entraide en santé mentale, dans le
quartier de Mercier-Est qui est dans mon comté, et il y avait là
une personne qui n'a pas de vécu psychiatrique - le groupe se
perçoit largement, parce que ce sont des activités de loisir et
autres - et qui est rovondlcatrice du statut de réfugié venant
du
Zaïre. Et il y a des revendicateurs du statut de
réfugié... Ce n'est pas en dire du mal de dire que parfois,
à l'occasion, on comprend le désir d'immigrer plus que le besoin
de se faire reconnaître un statut. Je ne dis pas dans quelles
proportions... Mais, dans son cas à lui, il était en visite
officielle au Québec, il a manqué l'avion, c'est-à-dire
que l'avion a été retardé, il a appelé à
Kinshasa, ça ne répondait pas chez lui, les voisins lui ont dit
que l'armée était venue, qu'il y avait eu des coups de feu et
qu'ils avaient apporté des corps. C'est quelque chose d'assez
épouvantable.
La réflexion que je me suis faite, c'est qu'on est dans un
quartier de Québécois de souche relativement âgés,
bien qu'il y ait un renouvellement, de telle sorte que, pour ces personnes,
c'est la première fois que dans leur groupe il y a quelqu'un qui n'a pas
la peau blanche qui s'intègre et l'accueil a été
très correct. Et, là-dessus, il faut dénoncer quand il
faut dénoncer, mais on peut peut-être se donner des bons points.
Moi, j'ai déjà discuté avec les frères Atemgoua de
la rue DeLorimier, et dans leur pays d'origine, en Afrique ex-française,
il y a autant de Atemgoua qu'il y a de Tremblay au pays de ma collègue
de Chicoutimi. Et lui, ce qui l'a beaucoup frappé, un des deux qui est
à l'Institut de technologie pour finir son cours d'ingénieur
qu'il a commencé en France, c'est qu'à l'hôtel de ville de
Verdun où il a passé un été comme stagiaire et
où il va retourner l'été prochain, il était la
seule personne non canadienne française de la bâtisse sur 80. Et
il me disait, d'entrée de jeu: En France, il aurait fallu que je compte
sur les 15 % d'électeurs du Front national sur les 80, et là j'ai
été reçu d'emblée. Et ce qui est typiquement
québécois de souche, c'est qu'on lui a dit: Tu dois
connaître les restaurants africains de Montréal, toi. Il a dit:
Bien oui, je les connais. Ils ont dit: Eh bien, on va aller manger avec toi
parce que tu vas savoir à quelle place.
Et parlant de ça, l'été dernier, pour le 350e
anniversaire, la ville de Montréal a eu la bonne idée -
même le député de LaFontaine va admettre que la ville a
parfois une bonne idée - d'organiser dans les îles de l'Expo une
espèce de grand salon culinaire de toutes origines où il est venu
200 000 personnes. Ce n'est pas rien. Parce que vous savez que les
Québécoises et les Québécois, de souche comme
d'adoption, la nourriture, on y accorde une importance plus grande que nos
voisins du sud, par exemple. Ce n'est pas exclure personne de nos projets de
souveraineté de dire qu'au sud la nourriture fait l'objet de moins de
soins qu'ici. Il n'y a pas de désir de les exclure de l'Accord de
libre-échange en disant ça.
Mais ce que je veux dire, c'est qu'il m'ap-paraît qu'il serait bon
que, dans l'initiation à la vie québécoise, les groupes
communautaires soient mis à contribution et pas seulement les groupes
formés en partie ou en totalité de Québécois
d'adoption, peut-être même en mettant l'accent chez les groupes de
quartier comme le mien, qui sont très canadiens français, puisque
l'intérêt existe et que ça permet des contacts moins
officiels qu'aller à une école se rencontrer, ce qui n'est pas
inutile non plus. Alors, je me permets d'en faire une question-suggestion
à la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que c'est une excellente
idée. D'ailleurs, quand j'ai demandé la
réévaluation de nos programmes de subvention... Nous avons
réorganisé nos programmes de subvention et ce que je tends
à faire et que le ministère essaie de faire aussi, c'est
davantage de subventionner les organismes par quartier pour s'assurer que tous
les services sont donnés, en collaboration, bien sûr, avec du
paragouver-nemental, comme par exemple avec les CLSC ou avec d'autres
institutions, avec la ville, pour s'assurer qu'on puisse répondre aux
besoins, mais davantage par quartier - parce que Montréal c'est grand -
en prenant par exemple un organisme qui travaille pour l'intégration sur
le marché du travail, mais qui peut desservir des gens qui ne sont pas
nécessairement dans le quartier. Et, aussi, nos subventions visent
davantage les organismes qui sont prêts à travailler avec
plusieurs autres communautés: non pas du monoethnique mais du
pluriethnique.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, dans le même sens de l'initiation
à la vie québécoise, moi, j'ai toujours
déploré... Puis là je profite de l'occasion pour vous
faire la proposition suivante. On veut régionaliser l'immigration. Je
connais la volonté de la ministre là-dessus, quoique, à
mon avis, il y a un préalable: pour régionaliser l'immigration,
il va falloir d'abord qu'il y ait des emplois en région. Mais,
ça, c'est une autre question. On ne réussit même pas
à retenir nos enfants, c'est même un des problèmes.
Mais, de toute façon, au-delà de ça, je pense qu'il
y a des initiatives qui pourraient être génératrices
d'intégration plus harmonieuse à la société
québécoise. Je pense à des échanges dans les
écoles. Pourquoi est-ce qu'on n'aurait pas des jeunes
Montréalais, dans des quartiers où vous retrouvez 80 % de la
clientèle qui sont issus d'autres pays, de nouveaux arrivants qui
viendraient passer une semaine chez les gens? À Chicoutimi, à
Rimouski. Ça devrait pouvoir s'organiser. Pourquoi les associations
féminines, pour parler des organismes communautaires, l'AFEAS, en
région, n'organiserait pas, avec un cercle ou deux, la
possibilité d'accueillir quelques femmes immigrantes pendant quelques
jours pour leur montrer c'est quoi l'arrière-pays? Il me semble qu'il y
a des initiatives comme ça qui ne
coûteraient pas cher, sauf qu'il faudrait mettre un peu à
contribution la société québécoise. Dans les
régions, à Montréal également je dois le dire,
c'est généralement accueillant, des francophones d'origine. Mais,
les Montréalais, de façon générale, et de
façon plus particulière les immigrants, ne connaissent pas les
régions. Il y aurait des façons à la fois
intéressantes, amusantes, cultu-rellement fructueuses, si on pouvait
organiser ce genre d'échanges. Les associations de gens d'affaires, les
associations étudiantes, pourquoi pas? Pourquoi pas? Dans les
universités et puis dans les cégeps, dans les écoles
secondaires. Pourquoi est-ce qu'on n'initie pas quelque chose comme
ça?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez tout à fait raison.
Mme Blackburn: Moi, je vous fais cette suggestion-là et
puis je vous offre mes services.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est très important. Et, d'ailleurs,
nous avons déjà expérimenté plusieurs
expériences. Même au Saguenay-Lac-Saint-Jean, l'année
dernière, avec le Centre des chrétiens et des juifs, il y a eu un
échange. Il y en a eu dans ma région, la région de
l'Estrie. Et, je me souviens, entre autres aussi, lors du Festival de
l'érable de Plessisville, Mme Dussault, la maire de Plessisville, avait
invité Mme Aoura Bizzarri, et moi j'avais subventionné un autobus
complet pour amener des femmes, pour les sensibiliser, puis les mettre en
contact avec les fermières - elle avait été reçue
d'ailleurs par les fermières. Les contacts se poursuivent. On essaie de
multiplier... D'ailleurs, on subventionne des organismes aussi pour faire du
rapprochement. C'est ce qu'on appelle notre programme de rapprochement. Et,
donc, je pense que vous avez tout à fait raison de vouloir
multiplier...
Régionalisation de l'immigration
Et, ça m'amène peut-être - parce que c'était
un des sujets dont je devais discuter - à la régionalisation.
Parce que vous avez parlé de la régionalisation. Bien sûr
que nous voulons faire beaucoup d'efforts sur la régionalisation, mais
je l'ai toujours dit, on ne peut pas obliger un immigrant à venir en
région, comme on ne peut pas obliger la région à recevoir
des immigrants. Je pense qu'H faut préparer le terrain. Il faut
préparer les mentalités, les attitudes. Mais, cependant, on a eu
des expériences antérieurement, des expériences qui n'ont
pas été tellement fructueuses, dans le sens que vous vous
souviendrez sûrement des années quatre-vingt avec les «boat
people», et ces personnes-là sont retournées. (15 h 40)
Donc, l'approche maintenant du ministère est une approche qui est
différente de celle qui existait auparavant. Et c'est pourquoi j'ai fait
une tournée l'automne dernier, non pas dans toutes les régions du
Québec, j'ai voulu centraliser mes efforts davantage dans les
régions centrales, là où on avait déjà des
directions régionales. Alors, j'ai fait des visites ici a Québec,
à Sherbrooke et à Hull, là où on a des directions
régionales, une succursale à Trois-Rivières. Je suis
allée sur la Rive-Nord et la Rive-Sud pour pouvoir parler de la
régionalisation - dans un premier temps je pense que c'est important
qu'on intéresse ces régions - et pour aller voir aussi, pour
prendre le pouls, pour savoir si ces personnes, si ces milieux... J'ai
rencontré des leaders socio-économiques, mais surtout des leaders
économiques pour savoir s'il y a un intérêt pour nous aider
dans la régionalisation. Parce que seul, le gouvernement ne peut pas le
faire: on a besoin de l'aide de partenaires pour régionaliser
l'immigration. Donc, notre approche se veut une approche différente. Au
lieu d'acheminer, comme on l'a fait, des personnes - parce que c'étaient
surtout des réfugiés qui allaient en région - on veut que
notre approche réponde davantage à des opportunités
concrètes. C'est-à-dire qu'on veut que la région soit
capable de nous dire: Nous avons bien sûr un taux de chômage
peut-être élevé, mais nous avons aussi des pénuries
de main-d'oeuvre qualifiée, qui empêchent nos industries de se
développer. Donc, peut-être faire à un moment donné
un inventaire de nos besoins, voir par exemple avec nos gens d'affaires ce
qu'on peut faire, si on peut faire de la sous-traitance, si on peut, par
exemple, investir dans des entreprises de la région. On veut aussi que
l'établissement soit durable et on veut bien sûr le faire en
partenariat. Parce que c'est bien beau de vouloir faire venir des immigrants en
région, mais il faut qu'ils soient accueillis, qu'ils soient
intégrés et qu'ils demeurent en région.
Donc, j'ai fait cette tournée l'année dernière,
pour sensibiliser les régions et aller prendre le pouls, et je leur ai
demandé, en collaboration avec nos différentes directions
régionales, de faire une plan d'action d'ici le printemps prochain, sur
les actions que la région pourrait faire en collaboration avec les
différents partenaires et le ministère pour atteindre ces
objectifs. Ces plans d'action devraient être aussi diversifiés que
la région ou que les régions le sont. Une fois que j'obtiendrai
ces plans d'action, on verra qui doit faire quoi et comment on peut encore
mettre des efforts, et je verrai aussi s'il y a de l'intérêt pour
le faire. Parce que la régionalisation, comme je vous le dis, on ne
l'impose pas, et le ministère seul ne peut pas le faire: on a besoin de
l'aide de partenaires.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le député
de LaFontaine et après, M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Gobé: Oui, merci, M. le Président. Alors, tout
d'abord j'aimerais abonder dans le sens de mes deux collègues, le
député de Pointe-aux-Trembles et Mme la députée de
Chicoutimi, à l'effet qu'il serait intéressant que les
élèves de nos écoles montréalaises puissent
participer à des échanges d'écoles. Et si ça se
fait entre des écoles montréalaises et des écoles
françaises ou des écoles italiennes, je trouve difficilement
concevable que ça ne se fasse pas au niveau québécois sur
une échelle organisée. C'est-à-dire, peut-être
serait-il souhaitable, Mme la ministre, que vous parliez à votre
collègue de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur -
surtout de l'Éducation - afin de voir peut-être à arrimer
des programmes d'échanges, comme ça se fait avec d'autres pays.
Et d'autres pays d'ailleurs le font. On sait qu'actuellement au niveau de la
Communauté économique européenne un certain nombre
d'écoles françaises, au niveau primaire, à chaque
année, échangent avec une école anglaise ou une
école allemande ou une école italienne. J'ai pu le voir l'an
dernier lors d'un voyage que j'y faisais, où une école
française complète s'était transportée à
Liverpool et une école de Liverpool était rendue dans la
région d'Orléans, et non pas pour faire du tourisme seulement,
mais pour y prendre des cours et y découvrir la réalité.
Et je crois que, vu qu'on a une spécificité un peu
particulière actuellement au Québec et à Montréal,
ville multiethnique un peu différente du reste des régions, il
serait peut-être aussi intéressant et aussi instructif pour les
élèves et bénéfique pour la société
québécoise dans son ensemble de faire en sorte que les jeunes
Montréalais, qui maintenant sont en grande partie, comme je le disais,
d'origines diverses, puissent aller passer 15 jours ou une semaine dans une
école du Lac-Saint-Jean ou à Chicoutimi, et que ce soient les
commissions scolaires entre elles qui y voient et qui défraient les
coûts inhérents à cela et que ça fasse partie des
programmes ordinaires des commissions scolaires. Ça permettrait une
meilleure connaissance des Québécois et des
Québécoiess les uns envers les autres, non seulement au niveau
régional et touristique, mais au niveau des valeurs qu'on peut
véhiculer au niveau du langage. Et je pense que cela permettrait
peut-être d'éviter des confrontations futures ou des
mésententes ou des incompréhensions et des clivages entre les
régions et la métropole, qui va continuer, il n'en fait aucun
doute, à changer beaucoup dans les prochaines décennies.
Ceci étant dit, une autre partie du dossier que vous avez
abordée, c'est la régionalisation. Je trouve ça
très intéressant et tout le monde reconnaît, madame, que
vous avez fait un excellent travail: vous êtes allée sur le
terrain, vous avez tenu une commission parlementaire, vous-même avez
participé à des échanges avec des groupes, avec des
Vietnamiens, m'a-t-on dit, dans votre région et vous avez mis
vous-même la main à la pâte. Mais peut-être met-on la
charrue avant les boeufs. On dit: On fait venir des immigrants et on les envoie
en région. Pourquoi les régions ne diraient-elles pas de quels
genres d'immigrants elles ont besoin, quels genres d'immigrants elles sont
prêtes à intégrer? Cela permettrait à nos bureaux,
à Paris, à Londres ou ailleurs, lors de leur sélection
d'immigrants et de recrutement, de tenir compte des critères et des
besoins des régions. À ce moment-là, les immigrants
seraient choisis pour aller immigrer dans la région de Drummondville ou
dans la région de Sherbrooke... Et lorsque vous parlez de votre contrat
moral, qui est très bien, d'ailleurs, pour les immigrants, un autre
côté du contrat moral serait que l'immigrant qui est
accepté pour aller travailler à Sherbrooke ou à
Chicoutimi, recommandé, parrainé ou demandé par la
région, dans son contrat moral, en plus d'avoir une bonne conduite au
niveau du Québec, de respecter les lois et de respecter la
démocratie, de ne pas battre sa femme et de ne pas faire les incisions -
comment c'est, enfin - les excisions et toutes ces choses-là, vous
l'avez très bien mis en avance, madame - devrait respecter son
engagement de s'établir dans la région qui l'a choisi, et
peut-être que ce serait là une des solutions. Parce qu'il est
évident que si on prend les immigrants «at large» et qu'on
les fait venir au Québec, ils ne viennent pas forcément pour
s'établir à Chicoutimi ni à Sept-îles. Ils viennent
s'établir en Amérique du Nord, dans la grande ville, avec le
néon, avec le macadam, avec le câble, avec tout ça, et
c'est très difficile, d'après moi, de les envoyer en
région et de les y intégrer. Ils ne seront peut-être pas
heureux là. Peut-être qu'il y aurait là une manière
différente de regarder la situation et peut-être que ça
nous amènerait des résultats plus intéressants.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour répondre à votre
première question, M. le député de LaFon-taine, je suis
tout à fait d'accord que je suis prête à sensibiliser ma
collègue de l'Éducation, mais aussi, il faut sensibiliser les
commissions scolaires. Je pense que les commissions scolaires ont un rôle
important à jouer. Mais, je ne sais pas, aujourd'hui, j'aurais le
goût de vous lancer un défi et de lancer un défi à
tous les députés. On est combien, on est quoi, à
l'Assemblée, on est... On représente tous les comtés du
Québec. Pourquoi, par exemple - on a tous des budgets
discrétionnaires - chaque député ne pourrait pas payer un
autobus de jeunes ou de personnes de Montréal pour venir dans nos
comtés? Alors, il me semble que ça pourrait se faire. Une fois
par année, on pourrait... Je pense que ça ne nous appauvrirait
pas et on jouerait un rôle de rapprochement incroyable. Alors, moi, c'est
un défi que je vous lance, là, et je me sentirais un peu
appuyée dans mes démarches et là, mes
sous-ministres me regardent parce qu'ils se disent: Tiens, encore une
autre de ses idées...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: mais je suis per suadée... Ha, ha,
ha! Et l'autre chose, lorsqu'on parle peut-être de demander aux
régions de voir quel type d'immigrants, quel profil, c'est ça
finalement que j'ai fait quand je suis allée en région, parce
qu'il faut que ça réponde à des besoins. Quand je parle
d'opportunités concrètes, finalement, c'est ça. Si je suis
allée cet automne, c'est parce que vous savez que toutes les
régions, actuellement, font l'exercice de leur planification
stratégique dans le but d'établir des grands axes d'intervention.
Et je leur ai dit, c'est le message que je leur ai donné: II ne faut pas
oublier, il faut absolument intégrer l'immigration dans cette
démarche stratégique, parce que la région ou les
régions qui n'incluront pas l'immigration dans leur développement
régional seront des régions pénalisées. Et je suis
persuadée, moi, que les régions qui auront indu l'immigration
dans les quinze prochaines années, ce seront des régions qui
seront les plus performantes. C'est le message que j'ai livré aux
régionaux quand je suis allée.
M. Gobé: Ce qu'il faut bien comprendre de votre
réponse, madame, c'est qu'on pourrait établir, selon les demandes
des régions, des normes qui seraient envoyées à nos
bureaux de recrutement d'immigration qui verraient, dans la sélection,
à choisir ces immigrants qui correspondraient à ce
profil-là et qui accepteraient d'aller s'y établir...
Mme Gagnon-Tremblay: Ça pourrait se faire sur une petite
échelle, parce que c'est sûr...
M. Gobé: ...et non pas le contraire, les amener à
Montréal et, après ça, essayer de les
répartir...
Mme Gagnon-Tremblay: Ça peut se faire sur une petite
échelle dans le sens que si, par exemple, une entreprise a besoin d'une
qualification spécifique, ça peut se faire sur une petite
échelle. C'est sûr qu'on ne peut pas le faire sur une grande
échelle. Il y a une autre chose, cependant, qu'il ne faut pas ignorer;
c'est que la mobilité existe au Québec ou au Canada, dans le sens
que la Charte des droits et libertés nous empêche aussi de retenir
quelqu'un malgré ses voeux...
M. Gobé: Mais votre contrat moral, madame.
Mme Gagnon-Tremblay: ...dans une région. Je pense que
là, il y a aussi, bien sûr, cette liberté de circuler
librement partout. Cependant, je dois vous dire que, si les régions nous
font connaître leurs besoins, ça va permettre d'informer nos
bureaux d'immigration à l'étranger sur les besoins des
régions.
Quand je parlais de plan d'action tout à l'heure, c'est sûr
qu'on pourrait élaborer, on pourrait en parler toute une soirée.
J'ai même inscrit aussi que c'est important d'avoir tout le
matériel promotionnel des régions et ce matériel
promotionnel, c'est sûr qu'il en existe déjà dans les
régions, sauf qu'il n'est pas toujours adapté à notre
clientèle d'immigrants. Généralement, si l'immigrant
choisit une région, c'est parce que l'immigrant veut faire le meilleur
choix possible, tout comme nous on le ferait si on allait à
l'extérieur. (15 h 50)
Donc, l'immigrant veut savoir, par exemple, ce qu'il y a en termes de
logement, ce qu'il y a en termes d'éducation, ce qu'il y a en termes de
culture, d'activités culturelles, ce qu'il y a en termes de soins de
santé. C'est important que les régions nous fassent
connaître aussi déjà leur matériel proportionnel et
qui puisse être ajusté aux besoins de notre clientèle. Et
donc, ça c'est important. Et bien sûr aussi actuellement il y a
des projets expérimentaux que nous faisons avec différentes
régions, par exemple Québec-Bruxelles, et nous travaillons
aussi... J'ai subventionné la Maison régionale de l'industrie
aussi pour pouvoir développer une stratégie qui permettrait
d'accueillir et de retenir des gens dans la région.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre.
Maintenant, c'est au tour du député de Pointe-aux-Trembles. M. le
député.
M. Bourdon: M. le Président, d'abord je voudrais relever,
en mon nom et en celui de la députée de Chicoutimi, le
défi de la ministre, et je pense qu'on devrait trouver des moyens de
communiquer ça par écrit à nos collègues. Je ne
doute pas que mon collègue de LaFontaine va faire de même parce
que, à même notre enveloppe discrétionnaire, on le sait,
c'est une puissante incitation d'approcher une commission scolaire en disant
qu'on va payer l'autobus et la commission scolaire pourrait avec les parents
trouver des moyens... Ce qui m'apparaît anormal, c'est qu'avec ma
collègue de Bourget on finance l'école Sainte-Claire, dans le
quartier de Mercier-est, qui est une école très performante, la
troisième sur IHe après l'école internationale et
l'école de douance, donc, la première dans les écoles qui
ne sélectionnent pas, ce qui n'est pas rien, et leurs
élèves les plus talentueux viennent de finir, la semaine
passée, le programme régulier de toute l'année en
français et continuent en anglais Jusqu'à la fin de
l'année, ce qui m'apparaît très correct. Et, par ailleurs,
ils font des échanges avec des élèves de la ville de
Rochester, dans l'État de New York, ce qui est fort bien, et il y a
même la collaboration de Kodak qui y a son siège social. Ce que je
veux
dire, c'est qu'il y a des initiatives aussi dans les provinces, les
autres provinces...
Mme Gagnon-Tremblay: II y en a très peu qui visitent le
Québec, cependant.
M. Bourdon: C'est ça. Et sans se replier sur soi et en
faire un petit débat politique sur la quatre-vingtaine de mon
comté qui sont allés à Calgary et qui sont revenus.. Et,
en passant, les parents ont voté comme le reste des 66,4 % du
comté. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a, à l'oeil,
près de 50 % des Montréalais qui ne sont jamais allés dans
une autre région du Québec, et on serait surpris des chiffres
dans le sens inverse. Mme la ministre, j'ai une amie qui est enseignante au
cégep Lionel-Groulx à Sainte-Thérèse - et on n'est
pas dans le Québec profond et périphérique,
Sainte-Thérèse là; c'est dangereusement proche de
Montréal - qui a fait un sondage chez ses élèves et il y
en a 25 % qui sont rendus au cégep qui n'étaient jamais
allés à Montréal. Là on ne parle pas de très
loin. Si on regarde les liens de Chicoutimi, ou Jonquière, ou Roberval
avec Montréal, il y a des gens qui n'y iront jamais.
Par ailleurs, et je ne dis pas ça par souci ou par
intérêt mesquin, la commission scolaire
Jérôme-LeRoyer consacre chaque année 50 000 $ pour envoyer
des élèves de souche et «pas de souche», en Italie -
ce qui est assez coûteux. Et, ce n'est pas le choix du pays, je veux
être clair, l'Office franco-québécois serait là pour
y voir si c'était la France. Mais, remarquez qu'il y a deux commissions
scolaires d'impliquées et, chaque année, le protocole d'entente
dit qu'il y a trois cadres de chaque commission scolaire qui vont à
Venise en octobre faire le point sur le programme. Mme la ministre, je n'ai pas
besoin de vous dire que si vous voulez un député de l'Opposition
pour faire le point sur un programme, n'importe quel mois de l'année,
à Venise, écoutez, je ne me mettrai pas au blanc, mais on
trouvera un député de l'Opposition en tordant des bras.
Mme Gagnon-Tremblay: J'aimerais mieux qu'ils viennent à
Venise en Estrie.
M. Bourdon: C'est ça. Mais blague à part, pourquoi
on ne favorise pas un brassage à l'intérieur du Québec?
Par exemple, pourquoi je pense à Jérôme-LeRoyer? Parce que
notre commission scolaire est multiethnique dans sa composition: il y a
plusieurs intérêts. Prendre des jeunes Québécois de
souche avec des Québécois d'adoption qui iraient ensemble, par
exemple, à Chicoutimi, ce serait déjà beaucoup - parce
qu'il y a des frictions aussi entre jeunes - mais, par ailleurs, les
élèves qui les recevraient à Chicoutimi
découvriraient la réalité multiculturelle de
Montréal en même temps; et, des fois, il suffit de peu de
choses.
Justement, sur le budget discrétionnaire, l'été
dernier, j'en ai accordé un pour un moniteur dans un parc de
Pointe-aux-Trembles, et juste pour une année, c'était bien
entendu, Mme la ministre; j'ai aussi peur de la récurrence que n'importe
qui autour de cette table. Mais c'était pourquoi? Vous savez, des
frictions, ça commence avec peu de choses chez des adolescents. Il y
avait dans le nouveau parc, somptueux, un très beau parc, des terrains
de volleyball et II y avait des espaces pour jouer au basketball. Les terrains
de volleyball, ça a pris une année de démarches pour que
le fonctionnaire responsable condescende, même si ce n'était pas
dans sa description de tâches, à sortir les filets du chalet.
Parce que ça, c'était un problème d'une importance
cosmique et la conseillère municipale, par des menaces et des
supplications, a fini par obtenir qu'il sorte les filets de volleyball du
chalet. Il les a sortis et je peux vous donner un état de santé:
il n'est pas mort et les filets sont sortis du chalet. Donc, il n'y avait pas
de filets pour jouer au volleyball et les jeunes se promenaient avec des
ballons. Si jamais vous habitez un appartement à Montréal,
où un jeune qui aime le ballon est votre voisin d'en haut, vous allez
savoir ce que c'est un adolescent ou une adolescente qui aime le ballon. Or,
les Québécois d'origine haïtienne du quartier étaient
bien meilleurs au basketball que les Québécois de souche. Bon, je
n'apprendrai rien à personne. Et là, les frictions se
créaient pour l'usage du truc de basketball parce que là, tu
avais juste à apporter ton ballon. Bon. Le moniteur que j'ai
contribué à embaucher, qui était d'ailleurs une monitrice,
a convaincu les Québécoises et les Québécois
d'origine haïtienne de montrer aux Québécoises et
Québécois de souche à jouer au basketball dans des
équipes mixtes. Et il n'y aura plus jamais de problèmes dans ce
parc-là parce que les Québécoises et les
Québécois de souche qui se sentaient un peu sans allure au
basketball et qui étaient jaloux, bien là, ils jouent au
basketball, et ça se fait. Donc, je pense que... Et puis, il ne s'agit
pas de tout attendre de votre ministère. Les députés, s'il
y en avait 50 qui prenaient l'initiative auprès de leur commission
scolaire, ça pourrait faire boule de neige.
Par ailleurs, pour ce qui est de la régionalisation de
l'immigration, je me permets de formuler deux suggestions. Est-ce qu'on a bien
regardé aussi les moyens de peut-être attirer en région des
Québécois d'adoption qui sont à Montréal depuis un
bon bout de temps? Parce que... En tout cas, les Québécois, quand
ils entrent en Floride, ils entrent d'habitude par Miami. Et la même
chose en immigration, parce que la première société
d'accueil, c'est les gens de notre pays d'origine dans la société
d'accueil. C'est fort humain, d'une part. (16 heures)
D'autre part, j'ai déjà eu l'occasion de discuter avec la
ministre d'un problème que j'ai étudié avec mon
collègue, le député de Rouyn-
Noranda-Témiscamingue, qui est posé par l'Association des
médecins diplômés hors Québec - je ne veux pas faire
le débat au complet ici - et la ministre a eu une oreille sympathique
à leurs doléances qui touchent principalement son collègue
de la Santé et des Services sociaux. Je ne veux pas dire que c'est
simple parce qu'au Québec le droit de pratiquer la médecine
ça comporte en fonds publics, d'une façon ou de l'autre, une
dépense d'à peu près 500 000 $ et il n'est pas
indécent de se poser la question. Mais je me suis permis de
suggérer à la ministre que peut-être un comité
restreint - pas un comité à communiqués, si vous me le
permettez - formé de Santé et Services sociaux et du
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration se pose
ce problème. Parce que, bien sûr qu'au Québec on a un
problème de répartition des effectifs médicaux. Bon, ce
n'est pas notre mandat ici de s'interroger, mais je sais, par exemple, qu'il
manque au Québec 50 anesthésistes. Un anesthésiste, comme
un ingénieur en aéronautique qui est requis chez Pratt et Whitney
ou chez Ca-nadair, ça ne se forme pas en trois mois par des cours par
correspondance. Et il y a un gaspillage si on a à Montréal un
anesthésiste d'origine immigrante qui lave la vaisselle dans un
restaurant - et ce n'est pas une caricature - pendant qu'il en manque à
l'hôpital Le Gardeur de Repentigny et qu'un peu à la
soviétique on donne 1000 $ au noir à un anesthésiste - au
noir dans le sens de marché noir, à même des fonds publics
- du centre-ville pour condescendre à se rendre jusqu'à
Repentigny, ce qui serait une horreur si ça arrivait pendant une
tempête. Par ailleurs, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de faire quelque
chose? Parce qu'il y a une autre porte d'entrée: ce sont les
universités où, là, si on est ami d'amis et si, une fois
rendu on fréquente les mêmes cocktails, là, on trouve un
moyen d'avoir un permis temporaire, puis d'avoir un permis permanent. Et ce
n'est pas le ministère québécois qui est en cause, c'est
juste l'état de fait que c'est permis pour, entre guillemets, des
sommités. Sans simplifier les choses, il y a, à Rouyn-Noranda,
6000 personnes qui n'ont pas de médecin de famille et on lit chaque
semaine les doléances des CLSC qui se cherchent des médecins et
qui, vous le savez, ne peuvent pas en trouver parce qu'avec 65 000 $ par
année, au prix où les réparations de Rolls Royce sont
rendues, on ne peut vraiment pas vivre. Il y a là matière
à réflexion.
Je pense que la régionalisation, ça aurait un autre
avantage. Il manque de médecins et de spécialistes en
région. Je ne dis pas que c'est simple, mais il s'agit d'intégrer
100 personnes et je pense que notre système de santé comporte 18
000 médecins omnipraticiens ou spécialistes. Il ne s'agit pas de
les intégrer pour les intégrer, là. La
société d'accueil en ça, comme à Rabat ou à
Paris, doit se poser la question: Est-ce que cotte personne-là exerce
une profession où on a une lacune et pas de possibilité de
combler la lacune à court terme? Moi, je pense qu'il y aurait
certainement moyen d'en intégrer un certain nombre et de penser aussi -
mais, ça, c'est votre collègue de la Santé et des Services
sociaux - à trouver des moyens, par l'internat ou autrement, pour que
ces personnes-là ne perdent pas leur spécialité. Parce
qu'un neurologue qui ne pratique pas et qui n'est même pas en milieu
hospitalier ou universitaire peut perdre ses capacités.
Je pense que, pour la société d'accueil, c'est bien
sûr que... Un Québécois d'origine africaine, par exemple,
qui opère votre mère à coeur ouvert, bien, c'est sûr
que la société d'accueil, même quelqu'un qui a une tendance
ethnocentrique va dire: En général, je n'aime pas que, mais celui
qui a opéré ma mère, oui, lui, il est correct, par
exemple. Donc, je pense qu'il y aurait quelque chose... Sans compter que, chez
les allophones, il y a une question de modèle et, ces
personnes-là, si elles s'intègrent, si on en a besoin, avec tous
les si qu'il faut, sont des gagnantes. En région, et pour les autres, je
pense que ça pourrait être un exemple.
Moi, en tout cas, je me permets à nouveau d'insister
auprès de la ministre pour voir s'il n'y aurait pas moyen, pour ce qui
est des médecins diplômés hors Québec, de
peut-être envisager, avec son collègue de la Santé et des
Services sociaux et des députés ministériels ou de
l'Opposition, non pas de faire un grand comité pour faire un grand
rapport, mais juste voir un problème. Et j'ajoute une dimension: il y a
des pays comme les États-Unis qui trouvent qu'une personne qui a une
expérience prouvée en neurologie ou dans d'autres domaines, pour
la société qui en requiert et qui a une pénurie, ce n'est
pas rien de recruter une personne déjà formée.
Un autre point que je voudrais souligner à la ministre, c'est que
la régionalisation c'est aussi une question d'ignorance du marché
du travail en région par les immigrants qui sont concentrés
à 87 % à Montréal, mais par les régions aussi. Je
suis allé à ma maison de Charlevoix, dans le temps des
fêtes, avec des amis d'origine roumaine, dont l'une est orthophoniste et
vient d'une petite ville de Roumanie, et elle disait: Écoutez, j'ai lu
les déclarations de Mme Gagnon-Tremblay... Puis elle a eu un choc comme
n'importe qui, la première fois qu'elle a vu Baie-Saint-Paul. Puis elle
a dit: Écoutez, je n'ai pas besoin de lire des rapports de 100 pages.
S'il y avait un travail d'orthophoniste d'ouvert à Baie-Saint-Paul, moi,
je suis volontaire et partante, parce que c'est tellement beau. Puis ça
ressemble tellement, d'une certaine façon, à son pays d'origine.
Donc, il n'y a pas toujours un appariement du besoin ressenti avec l'offre.
Parce qu'on parle d'une ville comme Baie-Saint-Paul où il y a 7000 de
population puis l'île de Montréal où il y en a 2 000 000.
Ce n'est pas
évident qu'un besoin ressenti à quelque part est connu
à Montréal où la personne pourrait être disponible.
Je me permets... Je sais que j'ai ramé large, mais je me permets de
demander à la ministre ce qu'elle en pense.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que votre première question
à l'effet de peut-être inciter fortement des
Québécois de différentes origines de Montréal de
s'établir en région, j'y ai songé, et je trouve que c'est
une excellente idée. Cependant, pour mettre ce programme en vigueur, il
faut aussi... C'est peut-être prématuré. Ce n'est
peut-être pas tout à fait le temps dans le contexte des
difficultés un peu économiques, parce que pour le faire, il faut
aussi s'assurer que la personne ait un emploi en région. Donc, c'est une
chose sur laquelle le ministère travaille actuellement, mais je ne peux
pas dire que ça pourrait se faire rapidement, parce que, comme on le
disait tout à l'heure... Je le disais tout à l'heure, ça
se fait à long terme. La régionalisation, c'est du moyen et du
long terme. Ce n'est pas nécessairement du court terme. Mais on y songe
actuellement, voir comment on pourrait faire, quels sont les incitatifs,
à la condition, bien sûr, qu'on puisse trouver des emplois. Je
dois vous dire aussi que le centre régional de Montréal,
où on a une direction régionale, affiche des offres d'emploi qui
proviennent des régions, de toutes les régions du Québec.
Alors, les Québécois qui arrivent sont en mesure de prendre
connaissance de ces différents emplois.
Quant aux médecins hors Québec, bien, comme je l'ai
déjà mentionné à plusieurs reprises, vous savez que
le Québec ne sélectionne pas de médecins. Toutes les
personnes qui pratiquent cette profession en dehors du Québec doivent
signer un engagement comme quoi elles ne pourront pas pratiquer au
Québec. Elles sont sélectionnées quand même parce
que, souvent, elles peuvent s'adapter à une deuxième
carrière. C'est sûr qu'il y a des cerveaux dont on se passe et
dont on aurait besoin. Mais il y a eu aussi certaines expériences en
région. Et je me souviens, lorsque ma collègue
Thérèse Lavoie-Roux était responsable de la Santé
et des Services sociaux, elle avait initié un projet pour envoyer des
médecins dans des régions éloignées, et
après quelque temps, ces personnes ont invoqué la Charte des
droits et libertés pour mettre fin à leur contrat. Donc, il y a
beaucoup d'hésitations à ce sujet-là. Mais votre
idée, quand même, est une idée que je prends en
considération à l'effet de voir s'il n'y a pas lieu de former un
comité ou, encore, je vais sûrement en discuter avec mon
collègue, bien sûr, et peut-être aussi faire un inventaire
du nombre de personnes, ou quelles sont les spécialités des
médecins provenant hors Québec et qui n'ont pas d'emploi
actuellement. Alors, ce n'est pas facile à faire non plus, parce que,
encore faut-il être capable de les récupérer. Mais
j'imagine que le groupe qui fait actuellement des efforts pour intégrer
ces médecins doit sûrement avoir certains noms déjà
en banque.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. M. le
député.
M. Bourdon: Alors, je remercie la ministre de la perche qui est
tendue pour ce qui est des médecins diplômés hors
Québec. Je peux vous dire à cet égard-là qu'ils
sont disposés à regarder, à partir d'un inventaire des
personnes. Ça fait deux fois qu'on les rencontre. Ils et elles sont
très conscients qu'il ne s'agit pas d'opérer à partir
d'autre chose que des besoins prouvés réels, et ce qu'ils
tiendraient à avoir - et je pense que c'est correct - c'est de voir
quelles sont les perspectives, parce que disons que ce qui leur est
appliqué actuellement par la Corporation des médecins, entre
autres, m'est apparu, à première vue, un peu capricieux. Et la
même chose pour les infirmières auxiliaires d'origine immigrante
qui vivent la même chose: c'est un peu capricieux. À ce
moment-là, c'est, je pense, à regarder. (16 h 10)
Maintenant, pour ce qui est de la régionalisation, je pense qu'il
y a là une riche idée, mais même dans l'hypothèse
où il y aurait une reprise - il faut toujours formuler
l'hypothèse qu'il y aurait une reprise; ça fait des années
qu'on formule tous cette hypothèse - dans le meilleur des cas, si la
proportion de Québécois d'origine immigrante s'installant dans la
région de Montréal passait de 87 % à 77 %, par
hypothèse, ce serait un résultat très appréciable.
Mais il resterait le problème dont la ministre, elle, n'est pas
responsable: celui de l'étalement urbain, de la fuite des jeunes couples
francophones vers la grande banlieue, de la centaine de mille logements libres
actuellement sur l'île de Montréal, parce que le taux d'occupation
atteint 7 % ou 8 %. Donc, un problème vaste et qui, en période de
récession économique, crée des tensions sur me de
Montréal parce que ça pose des problèmes d'occupation des
quartiers, et je pense qu'il est tard... Loin de moi l'idée de reprocher
à un Québécois ou à une Québécoise
d'origine immigrante d'aller dans un quartier parce qu'il y a des logements
à louer. Je pense aussi qu'on ne peut pas juste faire un discours
moralisateur aux jeunes couples francophones qui ont toutes sortes
d'incitations à s'en aller dans la grande banlieue: parce que c'est
moins cher, parce qu'il y a moins de taxes, parce qu'il y a toutes sortes de
choses. À cet égard, un de vos collègues, le ministre des
Affaires municipales, a mis sur pied un groupe de travail pour revoir un peu
les données des problèmes dans la région de
Montréal, et le chiffre le plus renversant c'est que, dans les 15
dernières années, la population de la région de
Montréal s'est accrue de 13 %, puis l'espace occupé s'est accru
de 50 %. Alors, là, ce
n'est plus juste qu'on s'étale, je dirais qu'on s'étire.
Et il y a des services publics qui sont fournis...
Je ne veux pas faire le débat ici, mais juste dire que c'est un
mélange détonnant d'avoir une situation économique
difficile, d'avoir un exode urbain et un effet de trou de beigne qui a
été bien ciblé; d'avoir des logements... Même pour
les logements locatifs à Montréal, les prix des loyers sont en
chute au moment où je vous parle. Et c'est sûr que le nouvel
arrivant, la nouvelle arrivante va aller où les loyers ont de l'allure
et ils recherchent le centre-ville. J'ai parlé déjà
à une contractuelle du ministère - parce que ça fait
longtemps qu'elle est contractuelle; vous savez que c'est une carrière
maintenant d'être temporaire au gouvernement -et je lui disais: Dans
votre expérience des 12 dernières années, vous avez
rencontré combien de revendicateurs du statut de réfugié
ou d'immigrante ou d'immigrant? Je vais vous dire: Ce n'est pas rien de
s'entendre répondre: Mettons une vingtaine de mille. Je me tenais
après ma chaise. Sur 12 ans, c'est ça. Et je lui disais: Mais
pourquoi tiennent-ils plus au centre-ville de Montréal et aux quartiers
centraux? Sa réponse m'a frappé comme évidente. Elle m'a
dit; Quand on arrive, puis qu'on n'a pas de perspective d'avoir une automobile
avant 10 ans, c'est sûr que vivre aux Éboulements, dans
Charlevoix, sans auto, c'est quelque chose de dur. Par ailleurs, me
disait-elle, ils me disent que les Québécois et les
Montréalais ont un accueil chaleureux et qu'il n'y a pas de
ghettoïsation, dans le sens qu'il y en a à Toronto. Il y a des
quartiers plus multiethniques à Montréal, mais il y a toutes les
ethnies dans le quartier en question, puis à cause du métro, la
mobilité leur est garantie, au départ, à un coût qui
a du sens.
Alors, tous ces arguments-là font que la régionalisation,
qui est souhaitable, qui est un bon objectif - et je pense que la ministre
prend le problème par le bon bout - ça n'empêchera pas que
le Québec vit actuellement un de ces problèmes qui est
Montréal et son avenir. Ce n'est pas parce qu'il y a des personnes qui
sont frileuses à l'excès qu'il ne faut pas trouver que, parfois,
il fait un peu froid et qu'il y a des phénomènes qui font que les
Québécois de souche se demandent comment Montréal va
finir. C'est sûr que l'immigration, on en voit toujours plus qu'il y en
a, etc. Il y a des problèmes de perception, mais il y a aussi un
problème que la ville centrale se vide et qu'il arrive des immigrants
qui sont bienvenus, mais que la composition ethnique s'en ressent et qu'il y a
d'autres tendances heureuses, comme dans le quartier de Pointe-aux-Trembles que
je représente où il y a de plus en plus de
Québécoises et de Québécois d'origine immigrante
qui viennent de Rivière-des-Prairies et non pas du centre-ville, parce
qu'ils disent qu'à Rivière-des-Prairies c'est trop des paroisses
canadiennes françaises, des paroisses d'origine italienne et des
paroisses d'origine haïtienne, et ils disent que, dans
Pointe-aux-Trembles, c'est le Québec ordinaire et ils
s'intègrent.
En tout cas, le problème n'est pas simple, mais je pense que la
ministre fait des pas dans la bonne direction avec la régionalisation.
Je finis en lui formulant le voeu qu'une solide reprise, ça aiderait
peut-être à accentuer le mouvement.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, je pense que vous avez raison et
l'objectif de la régionalisation, ce n'est pas non plus de vider
Montréal de ses capitaux. Je pense que ce n'est pas ça, c'est
d'équilibrer un peu. Et, comme je dis toujours que le Québec peut
se développer économiquement par l'immigration, il faut aussi que
les régions puissent profiter de ce développement
économique par l'immigration. C'est pour ça, d'ailleurs, que,
dans un premier temps, lorsque je parle de régionalisation à
moyen et à long terme, je «priorise» les gens d'affaires
qui, dans un contexte, par exemple, de récession ou de ralentissement
économique, pour ces régions comme pour tout le Québec,
ces personnes peuvent créer leur propre emploi. Alors, c'est pour
ça que, dans un premier temps, dans le contexte actuel, je
«priorise» la catégorie des gens d'affaires pour que ces
personnes puissent créer leur propre entreprise ou leur propre emploi en
région.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. Je pense
qu'après avoir consacré près de deux heures à des
remarques préliminaires de toute nature, sur tous les sujets, sans
vouloir être directif outre mesure, nous pouvons convenir qu'il y aurait
peut-être lieu de commencer à exécuter le mandat qui est le
nôtre, c'est-à-dire d'étudier les engagements financiers du
mois de juillet 1991 au mois de juillet 1992, à moins que M. le
député de Pointe-aux-Trembles, comme il me l'avait
signalé, ait quelque chose à dire pour terminer ses remarques
préliminaires. Je me vois dans l'obligation, comme président de
la commission, de m'assurer que le mandat de la commission est
exécuté, et prolonger beaucoup plus longtemps les remarques
préliminaires nous empêcherait de le faire.
M. le député de Pointe-aux-Trembles, je signalais, pendant
que vous parliez à votre collègue de Chicoutimi...
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. Doyon): ...que nous avons consacré
près de deux heures à ce qu'on a appelé des remarques
préliminaires. Je pense que ce n'est pas être directif outre
mesure de ma part, comme président, que d'indiquer qu'il faudrait
peut-être penser à exécuter le mandat qui est le
nôtre. À moins que vous ayez, pour
terminer, quelques brèves remarques à faire qui nous
permettraient de passer, tout de suite après, à l'étude
des engagements, en commençant par le mois de juillet 1991.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, d'abord, je voudrais
vous remercier de votre tolérance, qui est habituelle, et faire quelques
remarques, dans le fond, sur une déclaration récente du
président du Parti québécois, que Mme la ministre a
commentée d'une façon mesurée et modérée,
comme c'est son habitude. (16 h 20)
Je voudrais juste dire que le fait de constater un état de choses
statistiques, qui est que, grosso modo, 92 % des Québécoises et
des Québécois d'origine immigrante ou anglophone ont voté
pour le «oui» à l'accord de Charlottetown, on en tire comme
conclusion que, d'évidence, le résultat
référendaire démontre que les Québécois
peuvent prendre une décision quant à leur avenir, sans que ce
choix-là, que les Québécois de souche font, ait
été en même temps le choix des allophones et des
anglophones. Mais dire que ça se peut, c'est lire les statistiques du
référendum, ça ne veut pas dire que le Parti
québécois veut réaliser la souveraineté sans
l'apport des anglophones et des allophones.
Et, à cet égard, je voudrais rappeler qu'avec ma
collègue de Chicoutimi qui le copré-side je suis membre d'un
comité sur le statut des anglophones dans un Québec souverain. On
sait d'avance que les habitudes électorales ou
référendaires des anglophones ne se trouveront pas
modifiées par le rapport qu'on va faire, sauf que, contrairement
à ce que la population pense, en politique, il n'y a pas que les votes
qui comptent, il n'y a pas que les élections qui comptent, bien qu'elles
constituent un point culminant de la vie démocratique, mais il y a aussi
la vie après, le ralliement, le dialogue et le rapprochement
interculturels auxquels je suis attaché autant que la ministre et
auxquels mon parti et moi-même voulons continuer à contribuer.
J'ajoute une chose, qu'une personne, quelle que soit son origine, vote
oui ou non, ou libéral, ou Égalité, ou Parti
québécois, ce n'est pas une atteinte à la
démocratie que de le souligner. Je dis ça parce que le premier
ministre, il y a trois jours, s'est permis de dire qu'on n'a pas le droit de
mentionner même la proportion d'hommes ou de femmes, ou de
Québécois d'adoption ou de Québécois de souche qui
votent d'une manière ou de l'autre. Caricaturons un peu, est-ce qu'on
irait au point d'avoir dû dire, en 1976: Le premier ministre a
été défait dans Mercier, mais on ne dit pas par combien
pour ne pas l'humilier et ne pas faire de chicane? On donne encore les
résultats électoraux au Québec et les résultats
référendaires. Ce n'est pas exercer une discrimination contre un
groupe que de prendre acte de la façon de ce groupe-là de voter
dans un sens ou dans l'autre. Quel parti ne regarde pas comment les hommes, les
femmes, de tel niveau de scolarisation, tel niveau de revenu votent?
Par exemple, moi, quand j'ai appris, il y a un an, que dans mon
comté de Pointe-aux-Trembles j'étais à
égalité avec le Parti libéral chez les
Québécois d'origine italienne et les Québécois
anglophones, j'ai fait une scène parce que je me suis dit: 16,7 %
à 16,7 % avec deux tiers d'indécis, ce n'est pas acceptable; on a
dû faire des erreurs, puis ça explique qu'on n'ait que 72 %
d'Intention de vote pour mon parti dans le comté de Pointe-aux-Trembles,
puis il faut travailler. Ce que je veux dire par la, c'est que constater un
fait ce n'est pas dénoncer un groupe. Dans la proportion de 90 % ou 92 %
de bien des communautés culturelles ou des anglophones qui votent dans
un sens, on peut dire aussi que chez les Québécois de souche...
Je prends juste les résultats du référendum du 26 octobre
où la position de la partie fédéraliste de notre
population a été à son plus faible de toute l'histoire -
43 % - eh bien, dans les 43 %, les deux tiers des votants sont des
Québécois de souche qui ne sont pas moins Québécois
parce qu'ils ont trouvé que Charlottetown était un accord
acceptable. Mais dire ça, c'est dire que, si les deux tiers de ceux qui
ont voté oui sont des Québécois de souche, on peut trouver
spécial qu'il n'y ait que 8 % en moyenne à peu près
d'anglophones et d'allophones qui aient trouvé l'accord insuffisant. Ce
n'est pas sur le mérite du choix individuel que chacun fait comme il
veut et pour toujours. C'est juste de dire que la politique des blocs conduit
à des politiques d'affrontement et que nous ne souhaitons pas de votes
ethniques, ou religieux, ou autres.
Mme la ministre, je suis un réaliste. Ce n'est pas demain la
veille qu'aliophones et anglophones vont voter pour mon parti ou son option.
Ça, c'est une évidence. Ces personnes sont venues au Canada, dans
la province de Québec, et ont un attachement au Canada qui est bien
réel et qui est respectable en plus, et qui est un attachement qui est
ressenti par des millions de Québécois de souche, aussi, parce
que les deux tiers qui ont voté oui et qui sont Québécois
de souche, c'est 30 % de tous les électeurs. Donc, c'est près de
1 500 000 Québécois de souche qui ne sont pas moins
Québécois que moi, ou mon collègue de LaFontaine, ou ma
collègue de Chicoutimi, qu'ils aient voté oui ou qu'ils aient
voté non.
Ce que nous disons, c'est que ça n'est pas le vote qui pose,
à mon point de vue, problème. Chacun vote comme il veut. Ce qui
pose problème c'est le débat et le climat qui
précèdent le vote avec des perceptions que certaines personnes
entretiennent. Ce que je veux dire là-dessus, c'est que chacun vote
comme il l'entend, mais j'ai rencontré de très nombreuses
personnes d'origine immigrante sur IHe de Montréal qui croient qu'une
fois le Québec souverain chacun
verrait sa citoyenneté remise en question. Ce n'est pas rien.
Mais c'est naturel d'une certaine façon parce que les personnes ne sont
pas toutes également informées. Elles disent: Bien oui, mais
nous, c'est le Canada qui nous a admises. Alors, si le Québec devient
souverain, est-ce qu'on recommence à neuf, est-ce qu'on refait notre
demande?
Bon, avant qu'on me le dise, mon parti a un travail à faire, mais
le problème c'est que le débat ne se fait pas de la même
manière partout, et on peut souhaiter un débat mieux
informé pour que les personnes qui aiment et qui croient au Canada
votent pour le Canada, mais pas en pensant qu'il y a quelque
Québécois que ce soit qui veuille les mettre dehors du
Québec si telle option l'emporte ou si telle autre l'emporte. Et des
résultats de 92 %, écoutez, souvenons-nous de l'ex-Pologne
communiste, quand M. Gomulka passait avec 99,2 %, on se permettait de ricaner.
Et, comme le disait le vice-président du Parti québécois,
avant-hier: Jusqu'à 100 %, c'est légal. Passé 100 %,
ça ne convient pas.
En terminant, je voudrais souligner qu'il y a des communautés
culturelles à Montréal dont les dirigeants ont été
soumis à certaines pressions pendant la campagne
référendaire - je ne donnerai pas de détails - qui,
à mon avis, étaient un peu inconvenantes. Et, à cet
égard je dirai que quand on regarde le résultat on se dit
qu'à 92 % ce n'était peut-être pas nécessaire que le
ministre fédéral des communautés culturelles appelle des
personnes à la maison, chez elles, pour leur demander pourquoi elles
voulaient détruire le Canada. En tout cas, mon collègue de
LaFontalne, qui est un homme politique pratico-pratique, le sait, quand on
arrive à 92 % dans un secteur, mon Dieu, il ne faut pas appeler les gens
chez eux pour savoir pourquoi ils ne sont pas avec nous. Les 8 % qui restent
préservent la façade du pluralisme et de la démocratie. Et
là, je nomme un absent qui ne peut pas se défendre, M. Weiner, le
ministre fédéral au Multiculturalisme. Je finirai par trouver
quelqu'un dans son Parlement pour aller lui poser la question quand le
comté de Mercier se sera choisi un député du Bloc
québécois. M. le Président, merci.
Le Président (M. Doyon): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi. Oui, Mme la ministre, vous voulez
réagir, peut-être, tout d'abord? (16 h 30)
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, peut-être ce que je voudrais
dire, c'est que... Je pense que ce que notre premier ministre a
mentionné lorsqu'il parlait de chiffres, ce qu'il voulait dire, c'est
que ça dépend toujours dans quel but ça peut être
exploité. Je pense que c'est plus dans ce sens-là. Je dois vous
dire qu'on peut constater des faits, mais ça dépend toujours...
C'est-à-dire qu'on doit en faire une utilisation très prudente.
Et moi, je suis toujours peinée lorsque j'entends certaines
déclarations, comme ministre respon- sable du dossier, parce que vous
savez, dans un contexte difficile, c'a énormément de
répercussions sur les niveaux d'immigration, entre autres, que le
Québec doit définir. Et, dans ce sens-là, il est important
d'envoyer un message d'inclusion.
Durant la campagne référendaire, moi, je n'ai pas
appelé personne des Québécois des communautés
culturelles. Je me suis fait un devoir d'expliquer l'entente comme je
l'entendais, de façon très objective, tout en laissant à
toute personne le choix de ses convictions. Cependant, je sais très bien
que le député de Pointe-aux-Trembles est tout à fait
d'accord avec moi pour dire - on s'en est déjà parlé - que
nous avons encore de l'éducation à faire. Je pense qu'on ne
manque jamais une occasion, on ne doit jamais manquer une occasion d'en faire,
non seulement dans la population, mais même parmi nos
collègues.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Moi, c'est vraiment dans un tout autre ordre
d'idées, et puis avec votre autorisation, M. le Président, et
celle de mon collègue, j'ai ici des engagements financiers qui viennent
du ministère...
Une voix: Des Communautés culturelles.
Mme Blackburn: Non, pas des Communautés culturelles, c'est
plutôt le Conseil de la langue, ça relèverait du ministre
responsable de la Charte. Et c'est deux engagements qui, sans venir de chez
vous, vous concernent. Ça touche une convention pour obtenir les
services professionnels d'un contractant aux fins de réaliser pour le
Conseil de la langue une enquête scientifique sur les comportements
linguistiques des travailleurs immigrants et allophones. Et cette enquête
a été réalisée entre 1990 et 1992, au coût
d'environ 130 000 $, et un second travail qui a été
réalisé par écarts types, et c'est un «focus
group», pour évaluer les facteurs qui influencent l'usage du
français et de l'anglais au travail, et ça a été
réalisé en 1991-1992. Je me demandais si vous aviez eu le
résultat de ces enquêtes et quel usage vous en aviez fait?
Mme Gagnon-Tremblay: Les résultats ne sont pas disponibles
actuellement. Nous n'avons pas eu ces résultats. Moi, je n'en ai pas
pris connaissance.
Mme Blackburn: Est-ce que vous avez été
informée, est-ce que vous les avez demandés? Est-ce que...
Mme Gagnon-Tremblay: Nous avons été
informés. Il s'agit naturellement d'un organisme qui ne relève
pas de notre ministère. Nous
avons été informés, tout comme vous, qu'il y a une
demande qui avait été faite à cet effet, mais nous n'avons
pas encore l'étude comme telle.
Mme Blackburn: Mais, comme ministre responsable de ce dossier -
puis vous savez que c'a une importance assez grande, la langue de travail au
Québec...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, mais vous savez cependant...
Mme Blackburn: ...par rapport aux tensions auxquelles vous
faisiez référence tout à l'heure.
Mme Gagnon-Tremblay: Mais vous savez cependant que toute
étude, qu'elle soit demandée, par exemple, par un
ministère, ou encore un conseil, généralement, doit servir
aussi à du travail interne. Elle doit servir, donc, et tant et aussi
longtemps que ça sert à développer des politiques ou quoi
que ce soit, elle n'est pas immédiatement publique. Elle peut devenir
publique par la suite, mais plusieurs études parfois servent à
l'interne. Donc, je ne suis pas au courant actuellement quant à cette
étude. Bien sûr que lorsqu'elle sera disponible on en prendra
connaissance avec plaisir et on se fera un devoir de vérifier ce qu'on
peut en faire et comment on peut améliorer nos propres politiques
à partir de cette étude. Mais, pour le moment, je dois vous dire
que je ne suis pas au courant.
Le Président (M. Doyon): Alors, très bien Mme la
députée. Comme il s'agit là d'un engagement financier qui
ne relève pas véritablement de la ministre, j'ai permis d'une
façon exceptionnelle cette question, de façon à ce que la
ministre puisse nous dire quelque chose si elle avait des résultats.
Mais il semblerait qu'elle n'en a pas. Alors... Oui?
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais vous remercier
de votre ouverture d'esprit, et m'excuser, puisque je devrai quitter. J'ai des
obligations dans le comté, je dois donc rentrer. Il m'aurait fait
plaisir d'assister au reste de la séance, mais mon collègue a
toute ma confiance.
Le Président (M. Doyon): Merci, bon voyage de retour.
Merci, Mme la députée. Alors, M. le député, nous
allons maintenant commencer... Oui, vous êtes le maître du jeu.
Nous allons commencer à regarder les engagements les uns après
les autres, en commençant par juillet 1991.
Je propose que la façon de procéder soit la suivante. M.
le député, vous voudrez bien nous indiquer les engagements sur
lesquels vous voulez questionner la ministre, et les autres pour le mois
donné seront considérés comme vérifiés.
Alors, M. le député, quels sont, en juillet 1991, les engagements
sur lesquels vous voulez poser des questions?
M. Bourdon: Je veux d'abord vous dire, M. le Président,
que je suis d'accord. Qui ne dit mot consent: ceux sur lesquels on ne pose pas
de questions sont réputés vérifiés.
Le Président (M. Doyon): Vérifiés.
Engagements financiers Juillet 1991
M. Bourdon: II y a le premier, la subvention normée,
programme d'aide à l'accueil et à l'adaptation, Accueil-liaison
pour arrivants, ALPA, Montréal. En fait, ce n'est pas une question de
fond. J'aimerais savoir dans quel quartier de Montréal se trouve cette
organisation-là?
Mme Gagnon-Tremblay: Pardon? Métro Pie IX, qu'on me dit,
M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Métro Pie-IX. M.
Bourdon: O.K.
Le Président (M. Doyon): Vérifié, donc.
Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. Bourdon: Oui, mais II y a une autre chose: on a dit juillet,
mais dans le haut de la page c'est marqué juin.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est juin. M. Bourdon: Alors,
juillet c'est juin.
Le Président (M. Doyon): Oui. C'est sur la liste de
juillet, mais ce sont des engagements pris au mois de juin. Est-ce qu'il y en
a d'autres dans ce mois, juillet-juin?
(Consultation)
M. Bourdon: Le Centre social d'aide aux immigrants...
Le Président (M. Doyon): Quel engagement, M. le
député?
M. Bourdon: C'est dans le bas de la première page.
Le Président (M. Doyon): Le septième ou
sixième?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez des chiffres, des numéros
séquentiels, là.
Le Président (M. Doyon): L'engagement 7?
M. Bourdon: C'est ça, c'est l'engagement 7, oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous voulez des informations sur cette
subvention, M. le député de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: Bien, juste préciser, M. le Président,
pour ne pas qu'on se répète, c'est que pour tous les mois qu'on
étudie on arrive à un total de 632 000 $. Je ne dis pas que c'est
trop ou que ce n'est pas assez. C'est pour ça que je voudrais savoir,
dans le fond, ce que fait cette organisation, que je ne connais pas, parce que,
comme je vous le dis, elle revient à plusieurs reprises.
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, alors la nature... Information,
référence, accompagnement, traduction, recherche de logement,
dépannage, installation, interprétariat, orientation et conseils.
Il s'agit d'une contribution trimestrielle dans le programme
d'établissement et d'adaptation des immigrants, pour le paiement des
salaires de 13 personnes. Je dois vous dire, M. le député de
Pointe-aux-Trembles, que comme je le mentionnais, on a réorganisé
nos programmes de subvention. Alors, là on retrouve des petits montants
à gauche et à droite, mais on est en train d'organiser notre
système de sorte que l'an prochain on aura un seul montant pour
l'organisme au complet. Ce sera beaucoup plus facile et on n'aura pas tant
d'engagements, on pourra retrouver un seul engagement par organisme. Là,
il y a autant de programmes parce que chaque organisme peut aller puiser dans
chacun des programmes. Donc, on retrouve des montants de certaines...
M. Bourdon: D'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: ...c'est-à-dire des subventions de
certaines sommes, mais l'an prochain notre système nous permettra de
donner le montant global pour chacun des organismes.
M. Bourdon: D'accord. Et, est-ce qu'on pourrait savoir dans quel
quartier l'organisme est situé...
Une voix: Métro Atwater.
M. Bourdon: ...et à quelles communautés son travail
s'adresse.
Mme Gagnon-Tremblay: Ils sont au métro Atwater, sortie
Maisonneuve, et ils interviennent, à ce qu'on me dit, dans le sud-ouest
de Montréal. Ça touche les Laotiens, les Vietnamiens, les
Polonais, les Tchèques, les Russes, les Swahilis...
Une voix: C'est la langue parlée.
Mme Gagnon-Tremblay: La langue parlée, O.K. Les Somaliens.
Alors, c'est un organisme multiethnique.
M. Bourdon: D'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: Parce que, d'ailleurs nos subventions
maintenant sont données, surtout pour ce type de subvention, à
des organismes multiethniques.
M. Bourdon: Ça va pour la page 1, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): Donc, nous passons donc aux
autres engagements, dans la deuxième page.
M. Bourdon: Dans la deuxième page, on voit là,
l'engagement 9, Divers... D'abord, j'aime bien qu'une entente avec le
fédéral tombe dans l'item «Divers». Supplément
accord Canada-Québec pour coûts assumés pendant la
période de transition des services d'accueil. Alors, c'était quoi
les coûts à assumer dans la période de transition, parce
qu'on en prévoit une énorme, nous, période de transition,
et on voudrait savoir comment ça s'arrange ces
coûts-là?
Mme Gagnon-Tremblay: Je dois vous dire que ce n'est pas toujours
facile...
M. Bourdon: Non. Ha, ha, ha!
(16 h 40)
Mme Gagnon-Tremblay: ...et que ça demande beaucoup de
détermination, et qu'il s'agissait quand même... C'est un
programme d'environ 3 000 000 $. C'est une entente que nous avons signée
avec le gouvernement fédéral pour ajustement, parce que ça
a pris un an avant que l'on puisse nous-mêmes au Québec
émettre les chèques, par exemple, aux réfugiés ou,
entre autres, aux organismes, parce que le gouvernement fédéral
avait déjà certains problèmes - certains programmes,
pardon; je ne dis pas qu'il n'y a pas de problèmes... Et aussi, il faut
dire qu'on a récupéré près de 65 employés.
Donc, bien sûr, toute cette période de transition, il a fallu
à ce moment-là sous-contracter avec le gouvernement
fédéral, et on va retrouver d'ailleurs, à quelques
endroits, une somme dépensée du même genre.
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais dire à la
ministre que si jamais on en vient à la grande transition...
Mme Gagnon-Tremblay: Préparez-vous.
M. Bourdon: ...je vais sûrement être
intéressé à la consulter, parce qu'elle connaît
ça et, entre-temps, si elle peut transmettre mes sympathies à son
collègue de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle, parce que lui, il n'a même pas
commencé, alors, il n'est pas prêt de finir.
Une voix: Ils sont 6400. eux autres
M. Bourdon: Et il y en a 6400 en jeu à votre niveau.
Alors, ça va, M. le Président, pour la page 2.
Août
Le Président (M. Doyon): Donc, le mois de juillet 1991 est
considéré comme vérifié.
M. Bourdon: Le mois est fini.
Le Président (M. Doyon): Le mois est fini. Août
1991.
M. Bourdon: En fait, M. le Président, si vous étiez
d'accord, je n'ai pas de questions à poser sur chaque point en
particulier, parce que, par exemple, le Centre Multiethnique de Québec,
je connais bien; je m'y suis retrouvé avec vous déjà. La
Maison internationale de la Rive-Sud, j'étais présent à la
soirée de remise des prix des relations interculturelles... Mais
plutôt, c'est une question plus générale que je me
permettrais de poser à la ministre. Les communautés dites plus
anciennes - la communauté juive, la communauté italophone, la
communauté d'origine grecque - on me dit qu'elles reçoivent moins
de subventions parce qu'elles ont moins de besoins d'intégration, ce qui
m'apparaît évident, a priori, mais il y a des organismes - je
pense à la FILEF dans la communauté italienne - qui se sont
trouvés démunis quand le changement s'est fait, parce que,
comparés à d'autres organismes de la même
communauté, ils ne sont pas richement dotés. Et, dans le fond, je
pose une question générale à la ministre: Est-ce qu'en
plus de tenir compte, d'une certaine façon, de l'ancienneté de
chaque communauté - parce que l'accueil et l'intégration chez les
Laotiens, ça tombe sous le sens que c'est plus compliqué que chez
les italophones, par hypothèse, ou chez des communautés assez
anciennes comme ça - est-ce qu'il n'y aurait pas un regard qui pourrait
être jeté sur les organismes des communautés de longue date
qui éprouveraient des difficultés et qui jouent encore un
rôle d'intégration quand même?
Mme Gagnon-Tremblay: Au départ, je pense qu'il faut
prendre en considération que notre ministère donne des
subventions à des organismes qui s'occupent de nouveaux venus, et
après un certain temps, entre autres, après 18 mois, 2 ans, 3 ans
maximum, ils doivent s'inscrire dans d'autres programmes du gouvernement.
C'est-à-dire qu'ils sont des Québécois à part
entière au tout début, mais que finalement, ils doivent aussi
aller chercher... On ne peut pas les garder sous notre protection
indéfiniment. Il faut savoir, à un moment donné, couper le
cordon. Vous savez, il ne vient plus, aujourd'hui, une pluie d'immigration, ou
beaucoup d'immigration provenant de l'Italie ou de la Grèce. Donc, ces
organismes, nous les avons rencontrés et, comme on subven- tionne des
organismes multiethniques plutôt que monoethniques, nous leur avons
offert nos services pour se transformer graduellement et aider les nouvelles
communautés qui arrivent au Québec et qui ont des besoins.
Ça a été une année de transition et on a pris en
considération, justement, cette année de transition: on a
accordé des subventions, mais comme je vous le dis, on a demandé
aussi aux organismes de se transformer, de transformer leur travail. Sinon, on
ne pourrait pas continuer indéfiniment. Alors, pour ces organismes,
cependant, si ça s'adresse à des personnes qui sont ici,
au-delà des délais que nous, on prévoit, à ce
moment-là, ça n'empêche pas ces organismes de s'adresser
directement au ministère de l'Éducation, directement au
ministère de la Santé, et directement à la Justice, ou
vice versa.
M. Bourdon: D'accord. Dans le cas de la FILEF, il y a une bonne
partie de son travail qui touche la CSST. La ministre a raison, il pourrait y
avoir une demande d'adressée de nouveau au ministère du Travail,
parce que je ne sais pas comment ça va au bureau de comté de la
ministre, mais au mien, qu'on soit d'adoption ou de souche, on n'est jamais
intégré à la CSST quand on a un accident ou une maladie
professionnelle. Alors, ça va, M. le Président, pour la page
1.
Le Président (M. Gobé): Alors, la page 2. Je crois
comprendre que...
M. Bourdon: Pour la page 2, ça va au complet. Il reste une
page 3.
Le Président (M. Gobé): Page 3.
M. Bourdon: Je vois qu'on revient de nouveau, à l'item 16,
à la publicité dans les médias afin de promouvoir la
Semaine interculturelle, 41 500 $. Je n'en suis ni sur la Semaine
interculturelle, qui est un succès... Ce n'est pas ça. C'est
parce que je l'ai vu dans une page précédente, et est-ce que la
ministre envisage là aussi de regrouper peut-être les engagements
pour qu'on puisse voir le total d'un seul coup?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Bourdon: Ça me va, M. le Président, à
part ça.
Le Président (M. Gobé): Donc, les engagements du
mois d'août 1991 sont adoptés.
Septembre
Et nous allons passer au mois de septembre 1991. M. le
député de Pointe-aux-Trembles, avez-vous des questions en
particulier sur ces engagements?
M. Bourdon: La page 1, ça va, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Très bien. La page 2
maintenant.
M. Bourdon: Idem. Le Président (M. Gobé):
Page 3? M. Bourdon: M. le Président, juste... Le
Président (M. Gobé): Oui.
M. Bourdon: ...à 18, 19, 20, ce sont des demandes de
livraison; il n'y a pas d'appels d'offres. est-ce que je dois déduire
que c'est à partir d'un contrat global, comme c'est le cas dans d'autres
ministères...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Bourdon: ...où il y a un appel d'offres pour toutes les
fournitures?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça. C'est une liste
établie par le ministère des Approvisionnements et Services.
M. Bourdon: Ça va.
Le Président (M. Gobé): O.K. Alors, c'est la
dernière.
M. Bourdon: Oui, alors, le 3 fait le mois, comme on dit, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Donc, les engagements de
septembre 1991 sont adoptés.
Octobre
Nous passons maintenant à octobre 1991. M. le
député de Pointe-aux-Trembles, avez-vous des questions?
M. Bourdon: Alors, la page 1, ça va, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Page 2?
M. Bourdon: à l'engagement 7, coûts
supplémentaires suite à l'établissement du double horaire
dans les cofi. je reste un peu interdit. je me demande ce que ça...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est pour l'entretien ménager et ces
choses-là.
M. Bourdon: O.K. Je profite de l'occasion, M. le
Président, pour peut-être rappeler à la ministre - j'aurais
dû en parler un peu plus tôt - l'idée de peut-être
avoir - excusez l'angli- cisme, mais la députée de Chicoutimi est
partie, je peux l'utiliser...
Le Président (M. Gobé): Entre
Montréalais.
M. Bourdon: C'est ça, entre Montréalais, et
Sherbrooke fait presque partie de Montréal...
Le Président (M. Gobé): C'est la grande
banlieue.
M. Bourdon: C'est que j'ai parlé à la ministre de
la possibilité peut-être d'un «briefing» de deux jours
pour les députés ministériels et ceux de l'Opposition sur
les réalités nouvelles du ministère de l'Immigration. Je
faisais une mauvaise blague au sujet de la députée de Chicoutimi,
mais elle est intéressée à ce «briefing» -
elle et d'autres - et l'idée serait, en dehors de nos partisaneries
respectives, de peut-être avoir un «briefing», que la
ministre d'ailleurs et les dirigeants du ministère ont
déjà fait pour nos attachés politiques, et les
attachés politiques en étaient revenus, en tout cas, ceux que
j'ai rencontrés, très contents parce que ça suscite,
l'immigration, des réactions dans les rangs des deux partis politiques,
ce n'est pas simple nulle part, et on a comme Intérêt à
connaître... Même moi, qui me croyais à l'abri de tout
préjugé, j'ai découvert que j'avais quelques
préjugés et qu'il y a des données que je n'avais pas.
Alors, je me permets de refaire la suggestion. (16 h 50)
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, j'en prends bonne note. Il s'agit de
trouver, bien sûr, des dates propices.
Le Président (M. Gobé): La commission en prend
bonne note aussi...
M. Bourdon: Ça marche.
Le Président (M. Gobé): ...par son
secrétariat, M. le député.
M. Bourdon: O.K. Ça dispose du mois de septembre.
Le Président (M. Gobé): Octobre.
Novembre
Alors, nous sommes maintenant au mois de novembre 1991, à la page
1. Il n'y a qu'une page, d'ailleurs.
M. Bourdon: Je vois l'engagement 4...
Le Président (M. Gobé): L'Université du
Québec
M. Bourdon: ...coûts de recherche sur l'in-
sertion linguistique des immigrants admis au Québec au cours de
la décennie quatre-vingt. Dans le fond, je trouve ça excellent et
j'espère que ça va alimenter la réflexion du ministre
responsable de la loi 101. J'espère aussi que le Conseil des
communautés culturelles va s'alimenter à cette
recherche-là et qu'on pourra aussi avoir un avis parce que je me permets
de poser la question à la ministre: Est-ce qu'elle n'a pas trouvé
étrange qu'après avoir demandé un avis il y a, deux fois
par semaine, un rapport déjà fait du Conseil de la langue
française, qui sort? Parce que l'impression que ça donnait
à quelqu'un de l'extérieur, c'est qu'on demandait un avis qu'on
avait déjà, et là, j'ai de la difficulté à
suivre. Est-ce que le ministre responsable de la loi 101 va faire comme le
professeur qui dit à l'élève: Refaites votre copie
jusqu'à ce que vous concluiez votre rédaction dans le sens que je
l'ai demandé?
Mme Gagnon-Tremblay: II faut croire que le Conseil est
avant-gardiste, il nous devance constamment, c'est-à-dire qu'il pense
au-delà de ce que nous on peut penser. C'est sûr qu'à ce
moment-là je ne peux pas répondre pour le Conseil, remarquez.
Nous, nous avons nos propres statistiques. Nous travaillons sur nos propres
études pour être capables de faire un suivi beaucoup plus
poussé, beaucoup plus pointu de notre clientèle. Et, bien
sûr que, si le Conseil veut s'inspirer de nos études, ça
nous fera grandement plaisir de les produire en temps et lieu.
M. Bourdon: D'accord. Maintenant, est-ce qu'on pourrait avoir -
je parle toujours de l'engagement 4 - le résultat de la recherche? Et,
d'autre part, question: Dans le débat linguistique, la ministre est en
cause à l'égard de la langue d'enseignement des immigrants, et il
y a des recherches qui peuvent alimenter le débat. Alors, dans le fond,
ma question est double: Est-ce qu'on pourra avoir ce résultat de
recherche et - pour ne pas arrêter à chaque engagement - de toutes
les recherches qu'il y aurait au ministère sur la question? Ici, on a
«l'insertion linguistique des immigrants admis au Québec au cours
de la décennie quatre-vingt»; ce qui touche le ministère,
la ministre me corrigera si je me trompe, c'est principalement la langue
d'enseignement et la langue de travail, parce que les deux sont des facteurs...
Dans le fond, je fais une demande ouverte, si on veut. Est-ce qu'on pourrait
obtenir des copies de ces recherches-là à mesure qu'elles
deviendront disponibles parce qu'elles sont des...
Mme Gagnon-Tremblay: Dès qu'elles seront disponibles, bien
sûr que ça va me faire plaisir parce que, là, il s'agit
d'une enquête... En somme, l'engagement 4, c'est une enquête
terrain qui a été effectuée en 1991 auprès d'un
échan- tillon d'immigrants qui ont été admis au
Québec en 1981, 1983, 1985, 1987 et 1989. Donc, ce n'est pas encore
terminé...
M. Bourdon: D'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: ...mais je pense bien qu'au printemps, fin
du printemps, on devrait être en mesure de faire connaître cet
avis.
M. Bourdon: Ça va, M. le Président, et ça
dispose du mois.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député.
Décembre
Alors, nous allons donc maintenant passer à décembre 1991
et nous allons entamer la première page. M. le député de
Pointe-aux-Trembles, vous avez, bien entendu, la parole.
M. Bourdon: À la page 1, il n'y en a pas, M. le
Président. À la page 2, il n'y en a pas...Il n'y en a pas en page
2. Ah! il y en a. Excusez. Non, il n'y en a pas en page 2. En page 3, il y a
l'élément 13.
Le Président (M. Gobé): Oui.
M. Bourdon: Je voudrais vérifier si le Programme du fonds
d'aide aux réfugiés, Développement et Paix, si c'est
à l'égard de l'aide médicale à la Palestine.
Mme Gagnon-Tremblay: Un instant, 13, Développement et Paix
avait pour but de soutenir un projet en faveur des handicapés
palestiniens.
M. Bourdon: M. le Président, je ne questionne pas, je ne
remets pas en doute le bien-fondé, mais, dans le fond, une question
simple et pointue: Pourquoi refuse-t-on à cet organisme un
renouvellement de sa subvention cette année? Et je connais en partie la
réponse, là. Pourquoi abolir le Programme du fonds d'aide aux
réfugiés qui, à ma connaissance, était de 500 000
$, qui a été institué, je pense, quand Gérald Godin
était ministre et qui, à l'égard des 18 500 000 de
réfugiés dans le monde, pouvait paraître peu, sauf que dans
ces matières-là, tout est important?
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, ce n'est pas plus ou moins
aux Palestiniens, parce que même mon collègue, le
député de LaFontaine, est intervenu. Il est très sensible
à cette cause. Ce qui arrive, c'est que le budget était de 250
000 $ et, au cours des dernières années, on n'a pas même
déboursé toutes les sommes. Ce qui arrive, c'est que ces sommes
étaient là dans un but très précis d'aider, entre
autres, les réfugiés dans des
camps que nous voulions sélectionner. Vous vous souviendrez, par
exemple, que dans le camp de Phanat Nikhom on avait une école de
français, une école du Québec. Donc, ça pouvait
aider pour ces choses-là. Finalement, on se rend compte, aujourd'hui,
que les camps ferment de plus en plus. On ne retrouve presque plus de ces camps
maintenant. On a de la difficulté à aller sélectionner
dans ces camps, parce que le Haut Commissariat aux Nations unies tend à
Inciter les gens à retourner dans leur pays, donc à s'assurer,
bien sûr, qu'ils puissent y retourner de façon sécuritaire.
Donc, de ce côté-là, ça n'exige pas la même
aide.
Il faut vous dire aussi que le Québec, quand même, fait
énormément au niveau des réfugiés. Quand on prend
en considération, par exemple, les nombreux revendicateurs dont la
situation est régularisée et qui sont des réfugiés
finalement. Pour vous donner un petit exemple, nous sommes passés, en
1988, à 3624 réfugiés et, en 1991, nous en avions 15 592
à cause des revendicateurs. Et, en 1992, pour les neuf premiers mois
seulement, 8460. Alors, vous comprendrez que c'est aussi une demande
très forte sur les finances de l'État. Il faut le prendre en
considération. Alors, moi, j'ai dit, à un moment donné:
Est-ce que, par exemple, on travaille avec les réfugiés qui sont
ici? Parce que j'ai aussi pris en considération la mission du
ministère. Comme je l'ai mentionné, nous avons
évalué l'ensemble de nos programmes de subvention. À ce
moment-là, la mission de mon ministère n'est pas, bien sûr,
la mission du ministère des Affaires internationales. Donc, à ce
moment-là, quand il s'agit d'autres types, je me suis dit:
Peut-être que d'autres ministères pourraient prendre en compte
certains besoins et voir, par exemple, comment, nous, on pourrait continuer
à jouer notre rôle humanitaire, parce que le Québec ne veut
pas, bien sûr, se soustraire à ses responsabilités. Mais,
dans les circonstances, il m'apparaissait peut-être important que nous
nous retirions, finalement, de ce programme, pour pouvoir investir davantage
pour les gens qui sont déjà rendus ici. (17 heures)
M. Bourdon: On me permettra, M. le Président, de
manifester mon désaccord dans le sens que, oui, il y a des
revendicateurs du statut de réfugié, au Québec, et c'est
vrai que, comme société, on est, à cet égard,
particulièrement généreux. Je pense que ce n'est pas
là-dessus, mon désaccord. C'est que, dans le fond, il y a 10 000,
12 000, 15 000 personnes qui arrivent au Québec chaque année et
qui revendiquent le statut de réfugié, mais je fais une
distinction entre ces personnes, pour lesquelles le Québec encourt des
dépenses appréciables, importantes, et celles qui font partie des
18 500 000 de réfugiés à travers le monde, pour lesquelles
250 000 $ est une bien faible somme. Dans le sud-est asiatique, ça
voulait dire des classes de français, et je conviens que
l'amélioration relative de la situation au Cambodge, par exemple, a fait
que le besoin s'est déplacé, sauf qu'à cet égard ce
n'est pas le nombre de réfugiés qui manque. Il y a maintenant des
camps de réfugiés bosniaques, musulmans, croates. Autrement dit,
les camps de réfugiés s'alimentent de toute la misère de
la terre. Et c'est sûr que, comme petit peuple de 7 000 000, on ne peut
pas être comptable et faire quelque chose pour soulager toute la
misère du monde. Ça, c'est admis, c'est convenu. Mais il y avait
des zones d'intervention et il y a encore, je pense, des besoins. Par exemple,
il y a encore des réfugiés en Amérique centrale,
même si la situation, là aussi, a eu tendance à se
stabiliser. Il y en a dans l'ex-Yougoslavie. Et pour ce qui est
spécifiquement de l'Aide médicale à la Palestine, je me
permets de plaider pour cet organisme-là, à qui la subvention
était acheminée par Développement et Paix et qui
dépensait ces sommes-là, pas au Québec, pour les
réfugiés, mais au Moyen-Orient où il y a quelques millions
de réfugiés dans des camps. Et à cet égard,
l'actualité récente nous a parlé et nous parie encore - et
nous interpelle encore - des 400 Palestiniens qui ont été
expulsés d'Israël et qui sont maintenant en état
précaire, entre deux armées ennemies. Je ne dis pas que c'est
là que l'Aide médicale à la Palestine utilisait les fonds,
mais elle les utilisait pour des enfants handicapés palestiniens.
Je voudrais ajouter, si on parle de réfugiés puis de leur
pays d'origine, que je suis d'accord avec la ministre que, passé un
point, il y a d'autres ministères qui pourraient intervenir. Je pense au
Viêt-nam, à l'égard du ministère de la Santé
et des Services sociaux. Et si le ministre de la Santé et des Services
sociaux se mettait à utiliser, en faveur d'un pays malheureux comme le
Viêt-nam, une partie de son énergie débordante qui,
actuellement, s'enlise dans une guérilla non pas dans les
rizières du Mékong, mais sur les bords de la rivière des
Prairies, je pense que le sort des Vietnamiens s'en trouverait
amélioré.
Maintenant, si on parle du Viêt-nam, M. le Président... Et
il y a des réfugiés qui sont venus au Québec et qui
étaient originaires du Viêt-nam. Il y a des Vietnamiens aussi qui
sont allés au Cambodge, et les personnes qui ont vu le film «La
déchirure» savent ce qui s'est passé au Cambodge. Il est un
peu criminel que le Canada reconnaisse encore les Khmers rouges comme
représentants du peuple cambodgien, parce qu'il s'agit, M. le
Président - puis je ne dis pas ça souvent - quand on parle des
Khmers rouges, de fous et d'assassins, qui ont exterminé une partie de
leur propre peuple et qui, là, ont la prétention de participer au
pouvoir.
Donc, dans le cas du Viêt-nam, je donne un exemple: à un
moment donné, un journaliste français, Claude Julien, pour ne pas
le nommer, est sollicité par le premier ministre vietnamien, il y a
peut-être sept ou huit ans, Pham Van
Dông, pour savoir s'il ne pourrait pas trouver un contact pour
obtenir des États-Unis d'Amérique la liste des pièges
encore sur place dans la jungle et dans le pays vietnamien. Parce que,
jusqu'à il y a sept ou huit ans, il y avait encore des enfants qui
explosaient sur des engins de mort. Et le journaliste français en a
parlé à un militaire français qui en a parlé
à Robert McNamara, qui était rendu à la Banque mondiale.
Puis, bon, il a sorti les Impitoyables devis du Pentagone, puis ils ont pu
désamorcer les engins.
Mais je reviens au Viêt-nam. Il y a là des besoins en
réadaptation et autres où le ministère de la Santé
et des Services sociaux pourrait jouer un rôle. Je sais que ce n'est pas
de la responsabilité de la ministre, mais ce que je veux dire, c'est
qu'il y a, dans le monde, des situations qui nous interpellent, où on ne
peut pas faire la différence, mais où il me semble qu'il y aurait
quelque chose à faire.
Et je reviens à ce pourquoi je plaide l'Aide médicale
à la Palestine. On parle de 35 000 $. Ce n'est pas une somme
énorme. Et que la ministre me comprenne bien, 1000 fois 35 000 $, c'est
1000 fois une somme pas énorme. Je connais les limites des finances
publiques, sauf que je peux attester que l'Aide médicale à la
Palestine, c'est une organisation bona fide qui consacrait l'argent vraiment
aux enfants palestiniens handicapés et où les besoins sont encore
là. Alors, d'une certaine manière, je suis contre l'abolition du
programme de 250 000 $, et comment... Je ne sais pas, la ministre me corrigera
si c'est un anglicisme, je sais que les notaires l'utilisent,
«subsi-diairement»...
Mme Gagnon-Tremblay: On l'a beaucoup utilisé
récemment.
Une voix: C'est un très beau mot.
M. Bourdon: O.K.
Mme Gagnon-Tremblay: «Subsidiarité».
M. Bourdon: Oui. Et la «subsidiarité»... Qui
n'a pas été ému par les interventions qui se sont faites
là-dessus? Moins que par la «judiciabilité». Bien que
moi, dans mon comté, il y a des gens comme moi qui disaient:
Arrêtez de parler de sexe, il y en a assez!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: Je reviens donc à l'Aide médicale
à la Palestine. Je me permets d'intervenir en leur faveur. Que ce soit
sur ce programme-là ou sur un autre, je pense qu'ils font un travail
utile et que le Québec ferait bien de leur maintenir cette aide.
Mme Gagnon-Tremblay: Je veux revenir, peut-être, sur le
Viêt-nam parce que je disais que notre école française du
Québec, à Phanat Nikhom est fermée, mais nous avons pris
des arrangements pour continuer à donner des cours de français au
Viêt-nam. Je pense que vous devez connaître ma sensibilité
aussi pour ces besoins. Bien sûr, comme vous le disiez tout à
l'heure, il est difficile de pouvoir réduire à néant
toutes les misères du monde, toutes les guerres du monde, et je pense
qu'il appartient davantage à un gouvernement de faire beaucoup d'efforts
pour établir la paix. Je pense que quand les gouvernements pourront se
donner la main et pourront forcer les autres gouvernements à revenir
à la démocratie et rétablir la paix dans ces pays, c'est
ce qu'on souhaite parce que c'est ce que souhaitent aussi toutes ces
personnes.
Maintenant, pour revenir plus précisément à l'Aide
à la Palestine, vous comprendrez encore là que moi aussi je suis
très sensible et cependant, dans le programme, finalement, que nous
avions, j'ai constaté qu'il y avait beaucoup de chevauchements avec
celui du ministère des Affaires internationales qui suit la situation
à l'étranger et qui est beaucoup plus en mesure que mon
ministère de connaître les besoins et de suivre l'utilisation des
fonds. On me dit qu'en 1991-1992 le ministère des Affaires
internationales a dépensé 320 000 $. Je comprends le besoin
particulier pour les Palestiniens. Mon collègue de LaFontaine, comme je
le mentionnais, m'a interpellé aussi avant la commission parlementaire.
Et donc, écoutez, ce que je peux faire, c'est de m'engager à
contacter mon collègue du ministère des Affaires internationales
et à voir si, à même son budget, il pourrait aider cette
cause en particulier.
M. Bourdon: D'accord. Ça va pour cette page 3, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): Très bien. La page 4,
maintenant.
M. Bourdon: Pages 4 et 5, ça va.
Le Président (M. Doyon): Donc, ça termine la
vérification des engagements financiers pour le mois de décembre
1991. Nous sommes maintenant à janvier 1992. M. le
député.
Janvier 1992
M. Bourdon: M. le Président, l'engagement 2, le
Comité d'éducation aux adultes de la Petite Bourgogne. Et ce
n'est pas parce que la députée de Saint-Henri est ici et que
c'est dans le comté voisin, Sainte-Anne, et qu'elle peut être
appelée à la prochaine élection à voyager dans ce
quartier-là que je demande ça... Simplement, comme on parle d'un
programme d'aide à la francisation des immigrants, est-ce qu'on peut
savoir si ce travail-là est de même nature que ce qui est fait
dans les COFI ou si c'est différent?
Mme Gagnon-Tremblay: Non. C'est-à-dire que ça
s'adresse bien sûr à des adultes, mais c'est consacré
particulièrement à l'alphabétisation. (17 h 10)
M. Bourdon: O.K. Mais la ministre sait sans doute que les
commissions scolaires aussi donnent des fonds pour l'alphabétisation,
mais pour en obtenir, il ne faut pas en avoir besoin, en général.
Et, dans ce sens-là, je suis bien d'accord pour qu'elle en donne parce
que, entre autres, le Conseil du trésor a imposé une norme de 12
personnes par classe. Alors, moi, dans ma circonscription, «Un monde
à lire», par exemple, ils donnent ça à trois
personnes à la fols; ça doit être la même chose dans
la Petite Bourgogne. Et, avec très, très peu de ressources, ils
font un travail remarquable parce qu'il n'y a pas de droit plus essentiel,
à mon avis, que de pouvoir lire et écrire. Alors, je ne voudrais
pas que vous le preniez pour une critique. C'est juste que je voulais voir ce
que ça faisait. Puis je sais que, en matière
d'alphabétisation, chez les Québécois d'origine
immigrante, les besoins sont grands. Dans les réunifications de
familles, il y a parfois des personnes qui éprouvent des
difficultés. Et puis, il y a une question de classes d'âge
aussi.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Bourdon: II y a bien des Québécois de 50 ans et
plus qui voyagent en autobus à Montréal en se repérant sur
les couleurs de devantures de magasins, parce qu'ils ne savent ni lire ni
écrire. Et, je vous dirai, moi, chaque fois que je vais voir les amis
d'«Un monde à lire» - puis ça doit être la
même chose dans la Petite Bourgogne - je suis toujours très
ému de voir ce que ça fait dans la vie d'une personne de pouvoir
lire et écrire. Alors, dans ce sens-là, je suis bien
d'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: Souvent, ces personnes-là aussi
préfèrent suivre ces cours dans leur milieu...
M. Bourdon: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...et avec des connaissances.
M. Bourdon: Mais, vous avez raison parce que, effectivement, le
milieu institutionnel... Il y a des personnes qui sont allées jusqu'en
troisième, quatrième, cinquième, sixième,
septième année. Mais, pour une personne de 50 ans,
l'école, d'une part ça n'a pas toujours laissé un bon
souvenir, et, d'autre part, retourner à l'école c'est comme
d'être infantilisé. Puis, ces groupes d'alphabétisation
fonctionnent dans un petit local, au-dessus d'un magasin, puis ce n'est pas
l'école, puis il y a des personnes proches d'elles qui leur donnent des
cours. Ah, je suis bien d'accord.
L'engagement 4, identifier le profil de la clientèle ayant 12 ans
et plus de scolarité. Je me demande là... C'est le Centre
profrancisation du Québec; c'est un programme, on ne peut pas être
contre ça. Mais je me demande ce que c'est.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est une autre étude qui n'est pas
encore disponible là. Bon. Le ministère a demandé au
Centre de faire une recherche à deux niveaux: d'abord, sur le profil de
la clientèle du Centre, puis sur la gamme des services de francisation
offerts par les diverses institutions comme les cégeps,
universités, etc. Quand je parlais tout à l'heure de l'offre
globale de francisation, de passerelle d'un à l'autre là, c'est
ça.
M. Bourdon: O.K.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est de répondre plus
adéquatement à la clientèle particulière.
M. Bourdon: O.K.
Le Président (M. Doyon): Donc, vérifié.
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. Doyon): Ça termine la
vérification des engagements pour le mois de janvier 1992. Nous arrivons
à février 1992. M. le député.
Février
M. Bourdon: L'engagement 5, dispenser des cours de langue
française à temps partiel, commission scolaire
Jérôme-Le Royer. C'est la mienne.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Bourdon: Je vois qu'il y a d'autres commissions scolaires
aussi.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, comme je vous disais, c'est que nous
signons des ententes avec différentes commissions scolaires.
M. Bourdon: O.K. Dans les endroits où il n'y a pas de
COFI...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est ça.
M. Bourdon: ...vous réservez des places dans des classes
pour...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est ça.
M. Bourdon: Ça va, M. le Président. Alors,
ça va pour toutes les commissions scolaires; ça
se rend jusqu'à la fin de la page 3; même le mobilier on le
passe. Et puis ça règle ce mois-là, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): Février 1992,
vérifié. Mars 1992, M. le député.
Mars
M. Bourdon: O.K. Il y a, avec la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, l'engagement 1, frais concernant la phase
2 du projet de l'entente RAMQ-MCCI pour inscription des immigrants au fichier
de la RAMQ. Pour être franc, là, après que j'ai eu fini de
lire ça, je ne savais pas de quoi il retournait.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, c'est pour nous permettre de faire
des enquêtes sur le processus d'intégration des immigrants,
d'avoir des données statistiques.
M. Bourdon: O.K.
Mme Gagnon-Tremblay: Nous voulons constituer une banque pour fins
d'identification, de repérage, ou encore de localisation de la
population, pour être capable de faire le suivi. C'est à peu
près la seule façon dont on peut être capable de
repérer les personnes, pour voir si elles sont encore à
Québec, ou si elles ont quitté le Québec, ou finalement
dans quel milieu, pour avoir un peu des données statistiques sur le
profil de l'immigrant.
M. Bourdon: o.k. et l'engagement 3, développement de
l'architecture détaillée du système immigration...
là franchement, je suis confondu en lisant ça.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est de l'informatique, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: O.K. Mais est-ce qu'il y a de l'architecture en
informatique?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Apparemment.
M. Bourdon: Ah bon! Ça va, M. le Président, on en
apprend tous les jours.
Le Président (M. Doyon): Vérifié, c'est du
solide. Avril 1992, maintenant.
Avril
M. Bourdon: Page 1, jusqu'à l'engagement 6, ça va.
L'engagement 8, programme d'aide à la francisation des immigrants,
communauté hellénique de Montréal. Est-ce que c'est pour
des nouveaux arrivants, ou pour des membres de cette
communauté-là, qui est assez ancienne?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est pour les résidents permanents,
dont on sait qu'il y a énormément de besoins.
M. Bourdon: D'accord. Ça va pour la page 2, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): Page suivante. M. Bourdon:
Ça va pour la page 3. Le Président (M. Doyon): Page
4.
M. Bourdon: je vois à l'engagement 19, là, contrat
de formation et perfectionnement du personnel. est-ce que c'est en rapport avec
les cofi ou...
Mme Gagnon-Tremblay: Tout ce qui concerne la
micro-informatique.
M. Bourdon: O.K.
Mme Gagnon-Tremblay: Comme on s'informatise beaucoup, il faut
aussi donner la formation à notre personnel.
M. Bourdon: Ça va. Alors, ça va pour la page 4, M.
le Président. Ça va pour la page 5.
Le Président (M. Doyon): Ça termine la
vérification des engagements pour le mois d'avril 1992. Nous sommes
à mai 1992.
Mai
M. Bourdon: La page 1, ça va, M. le Président. Ah
bien, peut-être l'engagement 5, M. le Président, aide
financière visant à accentuer la venue et l'établissement
en région d'immigrants, de gens d'affaires et de travailleurs. Bon,
d'accord sur le principe, mais en particulier ça... (17 h 20)
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est une subvention qu'on a
accordée à la Maison régionale de l'industrie, qui va
servir finalement de projet pour toutes nos autres directions
régionales, pour voir, je le mentionnais tout à l'heure, comment
on peut accueillir les gens d'affaires en région, comment on peut les
intégrer et comment on peut les retenir. Alors, c'est un peu en
même temps travailler avec tous les leaders économiques pour
connaître les besoins de la région, identifier, par exemple, les
forces de la région en termes d'emplois, dans quels secteurs
d'activité, ce qui va nous permettre de mieux cibler par la suite.
M. Bourdon: Ça va, la page 1, M. le Président. Bon.
L'engagement 11, M. le Président,
l'Association de taxi Diamond de Montréal inc., utilisation des
coupons de taxi pour les déplacements des employés dans le cadre
de leurs fonctions. Juste pour savoir, là.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous avoue que j'ai posé la
même question, moi aussi, et on le reverra un petit peu plus loin. Ce qui
arrive, c'est que le ministère, comme vous le savez, est
éparpillé un peu partout dans la région de
Montréal. On retrouve le ministère à quatorze adresses
différentes. Alors, on a du personnel à quatorze endroits: bien
sûr, la direction générale, les COFI, et aussi on se
retrouve sur Ste-Ca-therine, un peu partout, parce que, physiquement, au 360
McGill, on ne peut pas, naturellement, avoir tout notre personnel dans cet
édifice-là. Donc, ces personnes-là doivent se
déplacer avec du matériel, avec de l'équipement
informatique. C'est le prix à payer pour ne pas retrouver tout notre
monde dans un même ministère, dans une même
bâtisse.
M. Bourdon: Est-ce que la ministre songe, éventuellement,
à recommander de regrouper dans la même bâtisse...
Mme Gagnon-Tremblay: Ah! C'est un voeu que...
M. Bourdon: ...et est-ce qu'on peut compter que ça va
rester au centre-ville, que ça n'ira pas rejoindre tout le reste
à Rivière-des-Prairies?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: C'est un voeu que je formule depuis fort
longtemps, sauf que, comme vous le savez, au centre-ville, ce n'est pas facile
d'avoir un édifice qui pourrait regrouper autant de personnes. Donc,
nous travaillons actuellement en collaboration avec la SIQ pour s'assurer qu'on
puisse avoir un local un jour où on pourra travailler avec tout notre
monde, parce que ça cause... On ne peut pas se cacher que ça
cause certains inconvénients. Vous comprenez que quand vient le temps de
travailler avec la direction des politiques et programmes ou la direction des
opérations, ils doivent se parler, assez souvent, ils doivent se
rencontrer pour échanger. Alors, je souhaiterais, bien sûr, qu'un
jour on se retrouve tous ensemble.
M. Bourdon: Est-ce que ça serait inconvenant d'envisager
le Centre de commerce mondial? C'est juste...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Là, je dois vous dire...
M. Bourdon: D'après ce que je lis, ils sont loués
à 30 %, et d'après ce que je lis aussi, il en vient du monde
entier, des Québécois.
Mme Gagnon-Tremblay: Là, je dois vous dire que, ne venant
pas de la région de Montréal, je ne sais pas de quoi je parle
exactement, mais mes fonctionnaires aimeraient vraiment ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: Écoutez, c'est parce que, hormis le fait qu'il
n'est que partiellement occupé - et je dis ça au
député de Louis-Hébert, si jamais il me fait le plaisir de
m'appeler quand il vient à Montréal - le Centre a de la
difficulté à louer. Ce n'est pas le premier immeuble, mais il y a
l'Hôtel Intercontinental qui est situé dedans. Il y a un atrium
qui est tout à fait splendide et que...
Mme Gagnon-Tremblay: Là, je me situe un peu plus
maintenant.
M. Bourdon: II fait le lien entre le Vieux-Montréal et ce
qui a été «autoroute» près du Palais des
congrès, mais, entre autres, je suis allé là à un
colloque de la Commission des droits de la personne et je comprends la
réaction de vos fonctionnaires. Moi, travailler là, je trouverais
que ça... Et puis, écoutez, ce n'est pas un commerce, le
ministère de l'Immigration, mais au moins, je veux dire, c'est un centre
de commerce mondial et il y aurait quelque chose de logique là-dedans.
Alors, ça va, M. le Président, pour la page 2.
Le Président (M. Doyon): Vérifié. Page
3.
M. Bourdon: Ça va pour la page 3, M. le Président.
L'engagement 23, Institut national de la recherche scientifique de Sainte-Foy,
un chantier de recherche, MCCI-ville de Mont-réal-INRS... Franchement,
là, le ministère, je comprends; la ville de Montréal, je
comprends; l'INRS, je comprends, mais qu'est-ce que ça fait, exactement,
tout ce monde là ensemble?
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, c'est des rapports d'étude
et d'analyse sur les termes suivants: démographie montréalaise et
contribution de l'immigration; marché de l'habitation et situation de
l'immigrant; diagnostics sur la contribution de l'immigration, sur les
stratégies du développement économique de Montréal,
sur le rôle de l'immigration quant à la vocation internationale de
Montréal. Donc, tous ces rapports seront connus un petit peu plus
tard.
M. Bourdon: Ces documents-là, que je suis très
intéressé à consulter, à un moment donné,
est-ce qu'il y en a déjà des éléments qui ont
été donnés au comité de la ville de Montréal
qui a publié récemment un rapport et une étude sur
l'apport économique des immigrants dans la région de
Montréal?
Mme Gagnon-Tremblay: On me dit que, dans la mesure où la
ville de Montréal était partenaire, elle a pu se servir de
certains éléments de recherche...
M. Bourdon: Ce qui serait parfaitement normal, remarquez
là.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, sauf qu'il n'y a pas eu...
M. Bourdon: Et à cet égard, je voudrais
souligner... Parce que la population a tendance des fois à confondre les
types d'immigration. Par exemple, les réfugiés, il y a là
des problèmes de sous-scolarisation à l'occasion, parce que les
régions du monde où ça va mal sont parfois des
régions sous-développées, où
l'alphabétisation n'est pas très avancée. Dans les
réunifications de familles, ça n'impose pas de contraintes
à la société d'accueil, mais pour le frère, la
soeur, le père, la mère, des fois le niveau de scolarité
n'est pas élevé. Mais de ceux et celles que le Québec
sélectionne à l'étranger, le rapport de la ville de
Montréal disait entre autres que, de ceux qui s'établissent
à Montréal, dans les immigrants sélectionnés, il y
en a 28 % qui achètent une maison à Montréal. Ça
contribue à écarter l'image de l'immigrant pauvre - pas juste au
Québec, à Ellis Island ou ailleurs - qui arrive et qui est
victime d'une catastrophe: il y en a dans le monde depuis longtemps.
Mais je peux vous dire, Mme la ministre, que je parlais, à un
moment donné, à un entrepreneur en construction, dont on aurait
pu craindre un peu d'ethnocentrisme - pas parce qu'il est péquiste, il
ne l'est pas - et il me disait: L'immigration, c'est très essentiel pour
vendre des maisons. Je disais: Là je ne vois pas le rapport, ce n'est
pas évident. Lui en construit et en vend dans Pointe-aux-Trembles, mais
il dit: C'est des jeunes couples francophones, dont la maison au centre-ville
et ailleurs est souvent achetée par des nouveaux arrivants. Il me disait
aussi qu'il y a d'autres quartiers où les maisons neuves sont
achetées par... Je sais que, le long d'Hochelaga, dans l'est,
près de la voie ferrée, il s'est bâti des maisons de ville,
qui ont été achetées il y a quatre ou cinq ans par des
Québécois d'origine vietnamienne qui voulaient s'acheter des
maisons de ville en ville. À cet égard là, on a une image
distordue parfois de l'immigration, parce qu'elle est diverse, elle est
complexe. Et ça m'amène à poser la question à la
ministre: Est-ce qu'elle ne pourrait pas - parce que son habileté
à négocier est évidente - obtenir qu'une partie d'un
programme de publicité du fédéral pour chanter, au nom de
ce pays à des gens de cette ville de Montréal, qui a
été fondée 225 ans avant le pays dont il est ques- tion...
pour faire valoir c'est quoi l'immigration aux heures de grande écoute
à la télévision? À cet égard-là moi
je trouverais que la dépense n'est pas excessive parce que, pour
combattre les préjugés, je pense qu'il faut montrer la
réalité, et l'immigration est diverse, complexe, et enrichit
Montréal, entre autres. (17 h 30)
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, écoutez, je peux toujours
parler, bien sûr, à mon vis-à-vis fédéral, de
qui jusqu'à maintenant j'ai eu une bonne écoute. Je ne sais pas
s'il ne me retournera pas aux millions de dollars qu'il m'a déjà
accordés. Je dois vous dire, cependant, que nous avons convenu au
ministère - ça fait partie du plan d'action triennal qu'on avait
déposé il y a quelques années - de faire une campagne de
sensibilisation bientôt, dans le but justement d'informer la population,
parce que, comme vous le mentionniez, ces personnes-là achètent
des propriétés, se vêtissent, se nourrissent. Elles ne sont
pas un fardeau pour l'État. Au contraire, elles travaillent très
fort et elles apportent des capitaux, elles apportent des connaissances, elles
apportent un savoir-faire. Il faut faire connaître ces avantages parce
que souvent on a une image de l'immigration qui est faussée.
M. Bourdon: À cet égard-là, je me permets de
demander à la ministre si le quota, le niveau d'accueil est
établi ou est à établir.
Mme Gagnon-Tremblay: On l'avait établi pour les trois
dernières années, c'est-à-dire que c'est une des
dernières années... On devra faire une consultation, possiblement
au cours de l'année, pour pouvoir penser aux prochaines années,
mais on reviendra là-dessus. Mais là, maintenant, on avait
prévu quand même... Jusqu'à maintenant, nos trois
années, je pense que c'est cette année que ça
s'achève, c'est ça? Oui. On termine cette année et on
devra aller en consultation cet été.
M. Bourdon: D'accord. Et ça a été quoi le
nombre pour cette année?
Mme Gagnon-Tremblay: Finalement, si je me souviens bien,
c'était 40 000, 45 000 et 47 000 en premier, ou... C'était 45
000, 47 000, 49 000, et, finalement, on a gelé à 45 000, compte
tenu du contexte économique difficile que nous avons vécu.
M. Bourdon: Et vous aurez donc, vraisemblablement cette
année, une consultation pour les trois prochaines années, par
hypothèse.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça. Exactement.
M. Bourdon: Mais j'insiste, en tout cas, sur la publicité.
Je ne parle pas de propagande. Je ne vous en soupçonnais pas, mais ce
que je veux
dire, c'est que l'image que les gens s'en font - et ça inclut les
parlementaires - est distordue. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de
réfugiés pauvres et d'un niveau de scolarité bas et qui ne
méritent pas accueil et compassion. Ce n'est pas ça
l'idée, mais c'est que les pays d'origine sont comme le nôtre: il
y a des gens de toute condition.
En passant, je me permettrai, M. le Président, de remercier la
ministre et son cabinet des démarches faites un peu avant les
fêtes pour l'épouse de Marc Dean, qui... Il l'a
épousée au Pérou; il était missionnaire laïc;
tous les papiers étalent en règle pour qu'elle Immigre au titre
do la réunification des familles, parrainée par l'Office. Je veux
juste dire que je pense qu'il n'y a pas un parlementaire - et la ministre est
une parlementaire - qui n'est pas sensible à ça. C'est qu'on fait
des lettres... Mon bureau a appelé le bureau de la ministre où il
a été bien reçu et il y a eu des démarches de
faites parce qu'elle était pourchassée par les escadrons de la
mort à Lima et il y avait un fonctionnaire fédéral qui
faisait problème... Bon! On part en vacances pour Noël pareil et
là, j'arrive au Conseil national de mon parti et il y a un jeune homme
qui se présente à moi, je ne l'avais jamais vu de ma vie, et il
dit: Je suis Marc Dean et, me dit-il, elle est arrivée le 24
décembre et tu remercieras la ministre de ma part parce que... Bon. Elle
est jeune, elle est belle, elle est vivante, ils ne l'ont pas prise, et, comme
Gérald Godin a coutume de le dire... Tout d'abord, c'est le
«fun» de voir un cas de comté réglé. Ma
collègue de Saint-Henri va convenir avec moi qu'on ne les règle
pas tous, mais, des fois, on dit: Elle, là, elle a pris l'avion, elle a
débarqué à Mirabel et elle est vivante. Mais, dans tous
les sens du terme, elle justifiait la phrase de Gérard Godin, à
savoir que les immigrants enrichissent et embellissent le Québec. En
tout cas, je me permets de remercier la ministre...
Mme Gagnon-Tremblay: Merci.
M. Bourdon: ...et son cabinet parce qu'on ne sait pas ce que
ça va faire, mais, en tout cas, pour cette personne individuelle,
prendre l'avion pour Mirabel, c'était très important.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, je vous remercie. Comme je
vous dis, dans la mesure de mes pouvoirs, je m'efforce de travailler dans la
bonne direction, sauf que je n'ai pas toujours la dernière
décision et parfois il est difficile aussi... Chaque cas est un cas
d'espèce.
Mais je reviens cependant à la question des
réfugiés, et à l'importance pour nous, au ministère
aussi de faire des études sur le profil de ces
clientèles-là pour être mieux en mesure de démontrer
ce qu'on avance à la population. Et je dois vous dire qu'actuellement
nous avons quand même dos statistiques qui nous démontrent que
même les réfugiés, globalement... C'est-à-dire que
l'ensemble des immigrants, y compris les réfugiés, utilisent, par
exemple, moins les services de santé que les Québécois
d'origine, l'aide sociale et aussi, souvent, gagnent légèrement
plus que les Québécois d'origine.
M. Bourdon: Bien, je voudrais ajouter là-dessus. J'ai
écrit à la ministre, récemment, pour deux familles
chiliennes d'origine, les Barahona-Cruz et les DeCruz-Gutierrez. Ce qui m'a
frappé, c'est que c'est deux familles qui sont au Québec depuis
trois ans. Je les ai rencontrées. J'ai parlé au cabinet de M.
Valcourt: ce n'est pas facile de susciter des réflexes humanitaires chez
un gars de bicycle... Mais j'ai remarqué que, dans les deux cas des deux
familles, il y a là cinq adultes, ils travaillent tous les cinq et il
n'y a personne qui est l'objet d'un programme gouvernemental. Il y en a un qui
a ouvert un atelier de mécanique à Brassard. Son épouse
s'occupe des deux enfants à temps plein, et ça l'occupe. Les
DeCruz-Gutierrez sont à Notre-Dame-de-Grâce. La femme fait des
ménages, mais étudie à l'Université du
Québec à Montréal, parce qu'elle est enseignante, et elle
va finir par enseigner, j'en ai la certitude. Le mari est comptable à la
SPCA puis le fils de 20 ans travaille dans un magasin. C'est sûr qu'il
faut que les gens voient... Oublions les préjugés à
l'égard des bénéficiaires de l'aide sociale; c'est un
autre débat. Mais voilà des personnes qui ne veulent pas vivre
aux crochets de la société d'accueil et qui apportent... À
l'atelier de mécanique à Brossard, il s'est associé avec
deux autres personnes d'origine immigrante. En tout cas, sans idéaliser
l'ensemble de la question, je trouve qu'il faut que les Québécois
voient de quoi il s'agit et en quoi ça nous profite dans le fond.
Mme Gagnon-Tremblay: Remarquez qu'au niveau des revendicateurs du
statut de réfugié - j'ai mentionné le nombre qui arrive
tous les mois - ça a aussi un impact sur tous nos niveaux d'immigration.
Je dois vous dire que j'éprouve beaucoup de compassion pour ces
personnes et je me sens parfois déchirée, sauf que pour tous ceux
qui viennent et qui ne sont pas de véritables réfugiés au
sens de la Convention de Genève, à ce moment-là, il faut
envoyer un message très clair à l'étranger, à
savoir qu'elles doivent suivre les filières normales. C'est que nous
avons quand même des bureaux à l'étranger. Il y a de
nombreuses personnes qui attendent leur tour pour venir ici. Si, à un
moment donné, on ne gère pas correctement notre immigration, je
pense que la population ne nous le pardonnerait pas. Alors, c'est pour
ça que, parfois, je me sens un peu déchirée, mais il y a
aussi des messages qu'il faut envoyer.
M. Bourdon: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Très bien. Donc, ça
termine...
M. Bourdon: Page 4, ça va. Page 5, ça va. Page 6,
ça va. Page 7, ça va aussi.
Le Président (M. Doyon): Vérification
terminée pour mai 1992. Juin 1992.
Juin
Mme Gagnon-Tremblay: Comme vous le constaterez, M. le
député de Pointe-aux-Trembles, c'est le mois où on accorde
le plus de subventions. C'est le mois où les crédits sont
adoptés et où on envoie les chèques à tous les
organismes qui ont fait des demandes. Vous remarquerez aussi que c'est au cours
de ce mois-là qu'on commence à regrouper les sommes pour les
organismes.
M. Bourdon: M. le Président, dans le mois de mai... (17 h
40)
Le Président (M. Doyon): Que nous venons de terminer? J'ai
l'impression que vous avez un recherchiste qui vous mêle plus qu'il ne
vous aide là! Ha, ha, ha!
M. Bourdon: Non, non, non! Il m'aide énormément, M.
le Président. Ça va. Alors, ça va pour...
Mme Gagnon-Tremblay: II y aurait peut-être... Vous me
permettrez, M. le Président. Au mois de mai, il y a deux engagements
financiers qui concernent le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration.
M. Bourdon: Mais c'était justement la question de mon
recherchiste, Mme la ministre et M. le Président!
Mme Gagnon-Tremblay: O.K. Alors, finalement, c'est des loyers.
D'accord. Alors, je le souligne, parce que je ne l'avais pas ici.
M. Bourdon: Je me permets une question sur le Conseil.
L'impression que j'ai, c'est qu'il cache assez bien ses travaux, dans le sens
que les difficultés interculturelles, interethniques et interraciales,
à Montréal, entre autres, je n'entends jamais parler du Conseil
en rapport avec ça. Je sais que le Conseil est d'abord consultatif
auprès de la ministre. Mais je me permets de poser la question: Est-ce
qu'il ne pourrait pas être plus visible à l'occasion?
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, c'est une remarque que je
ferai sûrement à la présidente que je dois rencontrer,
d'ailleurs, incessamment. Alors, je lui ferai sûrement cette remarque de
votre part, M. le député de Pointe-aux-Trembles.
Le Président (M. Doyon): Pas d'autres questions?
M. Bourdon: Non, puis il n'y en a pas d'autres pour le mois de
juin, M. le Président.
Juillet
Le Président (M. Doyon): Très bien. Donc, nous
arrivons au dernier mois qui fait l'objet de cette séance,
c'est-à-dire le mois de juillet 1992. M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Alors, l'engagement 13, M. le Président,
recherche sur les groupes religieux du Québec et leur apport à la
société québécoise. Il me semble que le titre porte
à équivoque. En tout cas, j'aimerais savoir de quelle sorte de
recherche il s'agit.
Mme Gagnon-Tremblay: Bien sûr, quand on parle
d'accommodement, on parle de contrat moral, c'est une étude sur les
traditions religieuses suivantes: traditions musulmanes, incluant les groupes
bahaï; les zoroastriens; les traditions orientales non chrétiennes;
les traditions animistes et les groupes religieux nouveaux. Donc, cette
étude a pour objectif de fournir un répertoire analytique complet
et la production d'un fichier pour chacune de ces traditions. Le fichier
comprendra les rubriques suivantes: présentation monographique;
sous-fichier historique, sous-fichier géographique, institutionnel,
protocolaire; sous-fichier des communications; expertise encyclopédique
et sous-fichier général. Et ça va servir à la fois
au ministère, à d'autres ministères, aux organismes, au
besoin.
M. Bourdon: C'est donc dire que le résultat de cette
recherche va être public; elle va être publiée.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça, lorsque terminée,
oui.
M. Bourdon: D'accord. Je suis satisfait de la réponse,
mais c'est parce qu'on disait «recherche sur les groupes religieux du
Québec». Oui, ce sont des groupes religieux du Québec, mais
dans des communautés culturelles. Est-ce que, dans cette...
Mme Gagnon-Tremblay: D'ailleurs, c'est moins une recherche que
des fichiers qu'on est en train...
M. Bourdon: Que des fichiers. Est-ce que le ministère a
déjà envisagé une recherche sur la pratique religieuse, si
on veut, et les institutions religieuses des Québécois
d'adoption?
Une voix: C'est ça.
M. Bourdon: C'en sera, mais est-ce qu'il y aura un chapitre ou
quelque chose de consacre aux sectes et puis... Bon, tout ie monde a le droit
d'être dans une secte, mais dans la région de Montréal il y
a des gens, d'origine immigrante d'ailleurs, pour qui ça pose certains
problèmes. Puis ça n'a rien à voir avec le fait que les
personnes qui sont dans ces sectes sont d'origine immigrante. C'est que les
sectes, en tant que telles, les Québécois de souche dans
l'Église de Scientologie, ça pose quelques problèmes.
Est-ce que cette étude-là va permettre de faire un portrait de ce
qui se fait?
Mme Gagnon-Tremblay: On me dit que oui, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: O.K. Merci.
Le Président (M. Doyon): D'autres questions sur d'autres
engagements?
M. Bourdon: Non, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Bon, alors, avec juillet 1992, on
termine la vérification des engagements financiers que nous avions pour
mandat de vérifier, c'est-à-dire ceux de juillet 1991 à
juillet 1992.
Je voudrais tout d'abord remercier Mme la ministre, ainsi que tout le
personnel qui l'accompagnait, d'avoir bien voulu se prêter à cet
exercice et d'avoir fourni des réponses aussi clairement qu'elle le
pouvait. Tout ça s'est déroulé dans une atmosphère
de franche collaboration. Et je voudrais remercier M. le député
de Pointe-aux-Trembles, comme critique officiel, de même que mes
collègues, ici, membres de la commission. Et le mandat étant
terminé, à moins que Mme la ministre ait quelques mots à
dire, j'ajournerai les travaux.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je voudrais tout
simplement remercier le député de Pointe-aux-Trembles de sa
collaboration habituelle. Je pense que c'est toujours intéressant de
pouvoir lui faire connaître ce que le ministère fait, ses
orientations et ses grandes politiques. Je pense que ça me fait toujours
plaisir de le faire. On le fait toujours de façon très ouverte et
de façon très constructive.
Je veux remercier, bien sûr, aussi, tous les autres
collègues de la commission, mes sous-ministres et ma directrice de
cabinet de même que tout le personnel du ministère qui, vous
savez, pour une couple d'heures, doivent faire un travail colossal. Ça
demande énormément de travail pour produire l'ensemble de ces
fiches, et je veux les remercier, aussi, pour tout ce travail. Et vous aussi,
M. le Président, vous remercier pour votre appui.
Le Président (M. Doyon): M le député.
M. Bourdon: m. le président, me permet- triez-vous...
d'abord, je souscris à vos propos et j'ai oublié de le faire au
début, on a oublié de le faire au début... est-ce que la
ministre accepterait de nous présenter les personnes qui l'accompagnent,
parce que ça n'a pas été fait et...
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
M. Bourdon: En fait, c'est de mettre des noms sur des
visages.
Le Président (M. Doyon): Bonne idée. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: alors, je vous présente, à ma
droite, mon sous-ministre en titre, m. norman riddell, ma sous-ministre
associée, mme nicole brodeur, la sous-ministre adjointe, mme suzanne
masson, mon sous-ministre adjoint, m. robert trempe, et ma directrice de
cabinet, mme suzanne gilbert.
Le Président (M. Doyon): Merci beaucoup. Alors, maintenant
qu'on se connaît il nous reste seulement qu'à...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): ...ajourner les travaux sine die.
Alors, ajournement.
(Fin de la séance à 17 h 48)