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(Onze heures quarante et une minutes)
Le Président (M. Doyon): Je déclare la
séance de la commission de la culture ouverte et je rappelle que la
commission a pour mandat, pendant cette séance, de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 53, Loi sur le
Conseil des arts et des lettres du Québec. M. le secrétaire,
pourriez-vous nous annoncer les remplacements, s'il y en a?
Le Secrétaire: Mme Cardinal (Châteauguay) est
remplacée par M. Bergeron (Deux-Montagnes); M. Leclerc (Taschereau) est
remplacé par M. La-frenière (Gatineau).
Le Président (M. Doyon): D'accord. Merci beaucoup. Mme la
ministre, comme nous entreprenons l'étude d'un nouveau projet de loi, je
ne sais pas si vous voulez nous faire part de certaines remarques avant que
nous commencions. Mme la ministre.
Remarques préliminaires Mme Liza
Frulla-Hébert
Mme Frulla-Hébert: Oui, M. le Président. Merci.
Alors, M. le Président... bonifié de l'annonce de nouvelles
nominations à la commission de la culture, des remplacements. Je voulais
préciser, par contre, que la commission de la culture est réunie
aujourd'hui pour procéder à l'étude article par article du
projet de loi créant le Conseil des arts et des lettres du
Québec. Comme je le soulignais à l'Assemblée nationale
lors de mon intervention sur l'adoption de principe de ce projet, je crois
sincèrement à l'intérêt et à l'importance de
ce projet de loi. Je voudrais rappeler, pour le bénéfice des
membres de la commission, qu'ici même devant cette commission, il y a un
an, la communauté artistique a exprimé très explicitement
ses attentes à l'égard de l'intervention de l'État dans le
domaine du soutien à la création et je m'en voudrais de ne pas
saluer, encore une fois, tout le travail accompli par les membres de la
commission de la culture au cours de cette large consultation qui nous a permis
de mener à terme l'ambitieux projet de doter le Québec d'une
politique culturelle.
Par ce projet de loi sur le Conseil des arts et des lettres, nous
proposons d'instaurer un des principaux leviers de la mise en oeuvre de la
politique culturelle. La création d'un Conseil des arts et des lettres
du Québec constituera, à ne pas en douter, un geste très
significatif de l'ampleur de l'engagement du gouvernement envers la
communauté artistique québécoise, envers les arts et les
lettres et envers la culture québécoise dans son ensemble.
Dans le domaine de la culture, l'État ne peut ni même ne
doit agir seul. Il faut miser sur les forces vives de ceux et de celles qui la
construisent, la font vivre et la perpétuent. En premier lieu, c'est sur
les forces créatrices de la communauté artistique qu'il faut
miser. Pour pouvoir compter sur l'action conjointe de tous les milieux
intéressés de près ou même de loin au
développement de la culture, il fallait d'abord convenir ensemble des
buts que nous recherchions. C'est ce que nous avons fait et, partant de ces
acquis, nous pouvons avancer sur la voie que nous nous sommes tracée en
étroite collaboration.
Reflet d'un large consensus que nous avons construit ensemble, la
politique culturelle sert d'assise aux grandes orientations et aux grands
objectifs que nous voulons poursuivre. Ce sont des repères
indispensables, des points d'appui fondamentaux qui servent de guide aux
actions que tous ensemble, le gouvernement et ses partenaires, nous
entreprendrons dans les prochaines années. Pour ma part, je suis
très satisfaite que nous ayons pu, comme société, nous
donner un tel cadre. Ça nous permet d'aller de l'avant, vers des buts
précis, et surtout d'avancer tous ensemble parce que ces buts font
office de rassem-bleurs. Plus que dans tout autre secteur, il est essentiel que
l'action culturelle soit l'affaire de tous les intervenants de notre
société. Ici, encore plus qu'ailleurs, le partenariat prend son
sens véritable.
C'est dans ce paysage que s'inscrit le projet de loi sur le Conseil des
arts et des lettres. C'est aussi pourquoi l'organisme que nous proposons
institue un modèle différent du modèle traditionnel de
conseil des arts ou des modèles de sociétés d'État
que nous avons au Québec. Le projet de loi propose la création
d'un organisme public, autonome, responsable de la gestion de l'aide
financière attribuée aux artistes et aux organismes artistiques.
Et cet organisme que nous proposons d'instituer, il est souhaité et
attendu depuis la création du ministère des Affaires culturelles,
mais nous proposons de le créer selon des paramètres particuliers
dictés par notre très grand souci de voir jouer un rôle
capital pour la création artistique, ce rôle devant
s'insérer dans l'ensemble de la politique culturelle.
Par ce projet de loi, donc, nous innovons. La formule que nous mettons
de l'avant respecte les principes qui constituent les fondements des conseils
des arts, soit le respect de l'autonomie de la création, la transparence
de la gestion de l'aide financière accordée et l'association des
milieux artistiques à la gestion de cette aide. La
formule innove également en affirmant la responsabilité de
l'État en matière de soutien aux arts et aux lettres. Cette
responsabilité est inscrite dans les mécanismes mêmes qui
présideront aux relations entre le Conseil et le ministre responsable de
l'application de la loi. Elle innove encore en établissant des liens
fondamentaux avec la politique culturelle. Si nous pouvons nous permettre
d'être aussi précis et clairs quant aux responsabilités
respectives du Conseil et du ministre responsable, c'est que nous avons en main
un outil dont peu d'États disposent: une politique culturelle.
Dans une certaine mesure, le modèle que nous proposons se
distingue aussi de nos propres modèles de sociétés
d'État. Il est clairement mis en évidence que c'est par
l'entremise du ministre responsable de l'application de la loi, et responsable
aussi de l'application de la politique culturelle, que se maintiendront les
liens entre le gouvernement et le Conseil. C'est au ministre que reviendra la
tâche de s'assurer que l'action du Conseil est cohérente avec
l'esprit de la politique et aussi de voir à ce que la politique
culturelle reste vivante, en évolution, adaptée au milieu
québécois.
Le projet de loi sur la création d'un Conseil des arts et des
lettres constitue, en quelque sorte, un contrat social entre les milieux
artistiques et le gouvernement. La communauté artistique se voit donner
toutes les garanties de la responsabilité complète du Conseil des
arts et des lettres sur les contenus artistiques. Cette responsabilité
est déterminée par le pouvoir du Conseil d'élaborer son
plan d'activités et d'élaborer les programmes, d'en
définir la portée, les conditions et critères
d'admissibilité. Le Conseil sera donc responsable de
l'élaboration et de la gestion des programmes d'aide financière
destinés aux artistes et aux organismes artistiques dans les domaines
des arts visuels, des métiers d'art, des arts de la scène, des
arts multidisciplinaires et des arts médiatiques, ainsi qu'en
matière de recherche architecturale.
Donc, tous les aspects qui concernent le contenu des programmes:
critères d'admissibilité, barèmes et limites de l'aide,
modalités d'attribution, tous ces aspects, donc, sont de la
compétence du Conseil. Seuls les barèmes et limites de l'aide
financière sont soumis à l'approbation du ministre et cela,
uniquement pour des raisons de contrôle financier et non pas de
contrôle du contenu artistique. Nous avons pris grand soin de laisser la
plus grande latitude possible au Conseil dans la détermination des
éléments de substance ou de contenu artistique.
En affirmant le pouvoir du ministre de donner les orientations et les
objectifs au Conseil, nous répondons à une attente du milieu
artistique qui souhaite, effectivement, la cohérence de l'action du
Conseil avec les grandes orientations et les grands objectifs de la politique
culturelle. Il ne faut pas oublier que cette politique reflète le large
consensus exprimé par la société québécoise
dans son ensemble quant à la vision commune que nous avons de notre
développement culturel. C'est comme détenteurs du pouvoir de
maintenir le cap et d'établir les liens nécessaires avec
l'ensemble des secteurs d'activité culturelle de ses ministères
et de ses organismes que le gouvernement entend assumer ses
responsabilités propres en matière de soutien aux arts et
à la culture. Loin de s'en dégager ou de s'en
désintéresser, le gouvernement inscrit, au contraire, dans le
texte même de l'encadrement légal du Conseil, son engagement
vis-à-vis le Conseil. Il le fait pour deux raisons. La première,
c'est parce que sa responsabilité première de veiller à la
saine gestion des fonds publics en est cause. La seconde, et c'est ce qui est
complètement nouveau, c'est parce que la responsabilité
gouvernementale consistant à harmoniser les actions de l'État et
à réconcilier l'action culturelle sur le terrain est
appelée à prendre de l'ampleur, pour assurer que les efforts de
l'ensemble des partenaires aillent dans le même sens.
J'invite maintenant la commission à procéder à
l'étude du projet de loi. Je peux assurer tous ses membres de mon
écoute la plus attentive à toute proposition de nature à
apporter les améliorations qui seraient souhaitables. Merci, M. le
Président. (11 h 50)
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui, M. le Président. Je m'en voudrais de ne
pas commencer l'étude article par article du projet de loi 53 sans
rappeler à la ministre certaines choses. Ces choses, je les ai dites
lors de la première étude, cette semaine. Le Conseil
québécois des arts sera désormais responsable en lieu et
place du ministère des Affaires culturelles de la gestion des programmes
de subventions et de bourses destinés aux artistes et aux organismes
culturels dans le domaine des arts visuels, des métiers d'art, de la
littérature, des arts de la scène, des arts multidisciplinaires,
des arts médiatiques, de la recherche architecturale et du
perfectionnement professionnel des artistes. Ce n'est pas un sujet sans
intérêt. Les critères d'admissibilité, les
modalités d'attribution de l'aide financière de ces programmes
seront toutefois soumis à l'approbation du ministre de la Culture. De
même, le Conseil devra soumettre chaque année son plan
d'activités à l'approbation du ministre et tenir compte des
orientations et des objectifs que le ministre lui indiquera. De plus, ce qui
n'est quand même pas, aussi, sans importance, le Conseil doit donner son
avis au ministre sur toute question que celui-ci lui soumet dans les domaines
de la compétence du
Conseil. Voilà, résumé assez bref, le mandat du
Conseil des arts que propose le projet de loi.
Je rappellerais encore, de nouveau, la controverse qui a
précédé le dépôt du projet de loi 53 quant
à l'emplacement du siège social du Conseil des arts. Le projet de
loi indique que le siège social du Conseil sera situé sur le
territoire de la Communauté urbaine de Québec. Toutefois,
l'article 23, de façon suave et subtile, indique, lui, que le Conseil
exercera - je cite - «ses activités principalement sur le
même territoire que celui de son siège social». Plusieurs
intervenants et observateurs ont crié victoire pour Québec, la
capitale. Je crois qu'effectivement il est normal, approprié,
souhaitable, voire même obligatoire que le Conseil des arts, enfin un
organisme de ce type, de cette nature et de cette importance soit établi
dans la région de la capitale. Mais je vais redire de nouveau aux gens
de la ville de Québec: Soyez attentifs, soyez vigilants et scrutez,
même si ça peut surprendre venant de ; la part d'un
député «montréaliste», pour employer cette
expression consacrée qu'utilise ce comédien, et
pamphlétaire à l'occasion, qu'est Doris Lussier.
Déjà, la ministre avait indiqué, lors de sa
conférence de presse qui a suivi le dépôt du projet de loi
53, que le Conseil des arts aura un important bureau à Montréal,
ce que l'on ne peut quand même pas nier, l'importance d'avoir un bureau
à Montréal. On ne va pas se cacher de la réalité,
une proportion très grande des activités culturelles et de la
production culturelle se fait dans la métropole. C'est un secret de
polichinelle, c'est presque une lapalissade. Au départ, le nombre de
personnes qui habitent dans la grande couronne montréalaise,
déjà, est significatif de la production qu'il peut y avoir en
termes de volume, au-delà de 3 500 000. Mais j'ai peur que ça
risque, s'il n'y a pas cette vigilance, d'être une demi-victoire pour la
ville de Québec. J'aurai toujours, jusqu'à preuve du contraire,
la crainte que, progressivement, les effectifs et les activités du
Conseil glissent en douce au bureau de Montréal, et la capitale se
retrouverait alors avec une coquille vide ou tout simplement une plaque en
bronze à la porte d'un immeuble. Je rappelais à cet égard,
avant-hier, la Caisse de dépôt et placement du Québec qui,
en principe et en vertu de sa loi constitutive, a son siège social
à Québec. Mais tout le monde le sait bien, parce que c'est de
toute évidence et on s'en rend compte, que les activités et les
employés de la Caisse de dépôt et placement sont
aujourd'hui concentrés à Montréal.
Ceci ayant été dit et redit aujourd'hui, l'Opposition est
toutefois favorable à la mise sur pied du Conseil des arts et des
lettres du Québec, tel que proposé par le projet de loi 53, et
ce, d'autant plus que, dès l'ouverture des travaux de la commission
parlementaire de la culture en octobre 1991, c'est bien l'Opposition officielle
qui proposait la création d'un tel organisme subventionnaire, respectant
le principe du «arm's length», c'est-à-dire de la distance
relative entre le ministère et les milieux culturels. Tous se
rappellent, d'ailleurs, l'intervention qu'avait faite en début de
commission le chef de l'Opposition officielle et député de
L'Assomption, M. Parizeau.
Par rapport au Conseil des arts du Canada, et la ministre aura sans
doute lu dans le journal Le Devoir d'aujourd'hui, «Conseil des
arts, prise deux», un article de Mme Andrée Lapointe, historienne
et muséologue à l'Université Laval... Je suis
persuadé que son attachée de presse s'empressera de lui en
remettre une copie, ce qui me semble de visu fait actuellement. Il y a des
positions à l'intérieur de cela que la ministre va lire tout en
m'écoutant, et je lui rappellerai certains paragraphes.
Donc, je reviens au texte en disant: Par rapport au Conseil des arts du
Canada, le Conseil québécois des arts proposé par ce
projet de loi 53 qui est devant nous en commission parlementaire pour
étude article par article va bénéficier d'une autonomie
réduite dans les faits, contrairement à son pendant
fédéral. Non seulement le Conseil québécois des
arts va relever directement de l'autorité d'un ministre, en l'occurrence
celui de la Culture, mais le Conseil devra soumettre à l'approbation de
ce dernier, ou cette dernière, pour être contextuel, son plan
annuel d'activités ainsi que les modalités des programmes de
subventions et de bourses qu'il administrera.
Certaines réactions des milieux culturels au Conseil des arts
proposé par le projet de loi 53 ont soulevé et continuent de
soulever encore la crainte d'un dirigisme du ministère. Cette crainte du
dirigisme, je tiens à le répéter, nous apparaît
être quelque peu exagérée. À notre avis, il faut
établir une distinction fondamentale entre l'élaboration d'une
politique, des modalités relatives aux programmes de subventions et la
gestion ou l'allocation des budgets alloués à ces programmes.
Comme il s'agit là de fonds publics qui seront investis, donc de ces
sommes ramassées auprès des contribuables, et Dieu seul sait
qu'on va en chercher beaucoup - je ne dis pas qu'on va en chercher trop pour la
culture, mais on va quand même en chercher beaucoup pour toutes les
activités nationales - il est normal et nécessaire que
l'élaboration des politiques et des modalités de programmes
d'aide relève du gouvernement, par l'intermédiaire du ministre
responsable. Quant à l'allocation, à la répartition et
à la gestion lies budgets dévolus à ces programmes,
là il nous apparaît préférable qu'elles soient
confiées au Conseil des arts.
Cette distinction fondamentale nous permettra de respecter le principe
de la distance relative, traduction française libre de «at arm's
length», entre le ministère et les milieux culturels puisque le
projet de loi 53 établit clairement le Conseil comme le responsable des
décisions
relatives aux allocations des fonds dont il disposera pour
répondre aux diverses demandes d'aide financière qui lui seront
adressées par les artistes et les organismes culturels de l'ensemble du
Québec. Et, en dépit d'une autonomie moins grande que le Conseil
des arts du Canada, et voilà là une indication pourquoi
j'attirais l'attention de la ministre sur cet article paru dans le journal
Le Devoir de ce matin, le Conseil québécois des arts
établira dans les faits une distance relative entre le ministre et les
milieux culturels conformément aux voeux exprimés par ces
derniers lors des travaux de la commission parlementaire de l'automne dernier.
Je rappelle à la ministre qu'il nous faudra établir formellement
la mesure de cette distance, et nous allons, d'ailleurs, l'aborder. Ainsi, pour
assurer une plus grande indépendance du président du Conseil par
rapport au ministre, il faut envisager une durée de son mandat plus
longue que les quatre années prévues par le projet de loi.
Même chose dans le cas des autres membres du Conseil dont le mandat est
limité à une brève durée de trois ans par le projet
de loi.
Ce projet de loi 53, par contre, ne prévoit aucun
mécanisme formel de consultation des organismes représentatifs
des milieux culturels quant à la nomination des membres du Conseil, ce
qui constituerait un élément de distance. Le Conseil doit
être composé de gens reconnus, je le répète, pour
leur contribution aux arts et à la culture, plutôt que leur
contribution à la caisse du Parti libéral. Pour être
vraiment représentatif des milieux culturels, il faut donc amender le
projet de loi afin que la loi constitutive du Conseil prévoie un
mécanisme formel de consultation stipulant que ses membres sont
nommés par le gouvernement après que celui-ci eut
sollicité l'avis des associations et organismes représentatifs
des milieux culturels. (12 heures)
Donc, si je reviens à l'article dont je faisais mention
tantôt, paru dans le journal Le Devoir de ce matin, qui s'intitule
«Le Conseil des arts, prise deux», qui est un article signé
par Mme Andrée Lapointe, historienne et muséologue à
l'Université Laval, j'attirerais l'attention de la ministre sur deux
paragraphes qui me semblent bien refléter l'opinion
générale et en particulier celle de l'Opposition. Elle dit, et je
cite au hasard, quoique le corps du texte quand même se tient et il
mériterait peut-être d'être lu au complet, mais je vais me
limiter à certains paragraphes, et le fait de les citer ne les
«décontexte» pas, si on me permet l'expression. «Il
faut ensuite attendre 1992 - disait-elle dans ce paragraphe, puisqu'il y a un
précédent - pour voir renaître à nouveau le Conseil
des arts québécois. Cette fois, il semble bien portant, et
appelé à un long avenir. Mais ce rejeton pourrait être
condamné à demeurer mineur, car le ministère le garde en
tutelle et lui indiquera comment gérer ses biens. Le ministère de
la Culture et son nouveau Conseil des arts et des lettres ont maintenant
à faire leurs preuves. Laissons la chance au coureur.» C'est
l'attitude que nous attendons avoir.
Dans les deux derniers paragraphes, et je pense qu'il y avait
utilité de les citer, M. le Président, l'on peut lire, dans
l'article de Mme Lapointe, ces phrases suivantes: «II y en a
fondamentalement très peu», parce qu'elle disait: «Quelle
différence existe-t-il entre les deux politiques culturelles?»,
c'est-à-dire le Conseil des arts à Ottawa et le Conseil des arts
à Québec. Elle disait: «II y en a fondamentalement
très peu, n'en déplaise aux partisans de l'une ou de l'autre. Les
similitudes sont au niveau des structures, des mécanismes bipolaires, et
nous dirions même en définitive au niveau de l'autonomie et de
l'influence des conseils. «De différence, nous en voyons
simplement une, au niveau des moyens financiers, dont le
déséquilibre en faveur du fédéral va créer
de grandes attentes au niveau provincial. Attentes de budgets signifiants qui
vont permettre de répondre réellement à l'éternel
problème de saupoudrage», et j'ajouterai de mon cru: causé
par l'absence de crédits suffisants, de crédits
adéquats.
Donc, M. le Président, voici les remarques préliminaires
que je tenais à adresser, en indiquant à cette commission qu'il
est de l'intention de l'Opposition officielle, par la voix de son porte-parole,
de déposer différents amendements, donc proposer, il va de soi,
différents amendements qui, à notre point de vue et selon notre
évaluation, vont servir à bonifier cette loi que nous avons
l'intention d'adopter, d'améliorer, et à faciliter le travail du
Conseil dans ses objets, que le personnel qui s'y trouve soit traité
avec équité et, également, des amendements qui permettront
d'accroître son autonomie, c'est-à-dire, de façon à
reprendre l'expression que j'utilisais, de prendre la vraie mesure de la
distance.
Voilà, M. le Président. Je vous remercie de m'avoir
écouté. Je crois que, à moins que la ministre
désire réagir sur mes propos, nous sommes, quant à nous,
disposés à procéder à l'étude article par
article du projet de loi en vous demandant d'avoir la gentillesse de bien
vouloir nous les lire auparavant.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député. Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président,
brièvement, parce qu'on aura quand même toute la journée
pour discuter article par article et, en fait, soutenir, et même, s'il le
faut, enrichir, si c'est possible, le projet de loi, pour vous dire que nous
entreprenons ces discussions de façon extrêmement ouverte. Et
toutes les idées sont bonnes et, si elles peuvent être applicables
pour enrichir, alors nous sommes très disposés à
recevoir toute suggestion.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre.
M. Boulerice: Si vous me le permettez, M. le Président, je
veux dire que je suis très heureux de voir l'attitude, de la ministre.
Pas ce journal, mais un autre parlait du comportement des parlementaires qui,
semble-t-il, aurait choqué un groupe d'étudiantes. Alors, s'ils
nous ont vus nous chamailler et qu'ils s'en sont attristés, alors ils
auront l'occasion, si jamais ils lisent la transcription de ces débats,
de voir que nous pouvons, effectivement, collaborer. Je souhaiterais, par
contre, lorsque deux formations politiques décident de collaborer pour
le bien-être d'individus qui sont les artistes et pour une cause qui est
noble et qui relève de l'esprit, qui est celle de la culture, que
personne n'ait l'audace de traiter cela de complicité.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député. Que ceux qui ont à comprendre comprennent.
Étude détaillée
Constitution et organisation
Donc, nous allons commencer dès maintenant l'étude article
par article de la Loi sur le Conseil des arts et des lettres du Québec.
Nous en sommes au chapitre I intitulé «Constitution et
organisation». L'article 1 se lit comme suit: «Est institué
le "Conseil des arts et des lettres du Québec".» Fin de l'article.
Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: Oui, M. le Président. C'est par
cet article qu'on institue le Conseil des arts et des lettres du Québec
comme organisme autonome et décentralisé pour le soutien public
des arts et des lettres. La création d'un Conseil des arts et des
lettres met donc en évidence le principe de l'autonomie de la
création artistique, et on retrouve, évidemment, ce type
d'article introductif dans toute loi constitutive d'un organisme.
Le Président (M. Doyon): M. le député.
M. Boulerice: Bien, écoutez, hors de tout doute,
effectivement - qui sait lire a bien lu - ça établit la
dénomination du Conseil des arts. La seule question que je poserais
à la ministre est: Quel est l'échéancier fixé par
elle pour le début des activités du Conseil? Est-ce que c'est
toujours le 1er avril 1993?
Mme Frulla-Hébert: Nous visons effectivement le 1er avril
1993. On sait qu'il va y avoir quand même discussion. Mme Courchesne va
entreprendre, comme on le disait hier, les discussions en janvier, si la loi
est adoptée. Alors, à partir de ces discussions-là, nous
souhaitons que la collaboration continue, d'ailleurs, entre les
différentes parties en cause, et là je mentionne surtout les
différents syndicats des employés, entre autres. Et, si tout va
bien, nous serons prêts à commencer le 1er avril. Je dirais le 1er
avril ou le 1er mai, dépendant... C'est notre objectif. C'est notre
échéancier.
M. Boulerice: S'il devait y avoir un délai, que personne
ne souhaite, il va de soi, le ministère de la Culture, possiblement,
étant créé dans quelques jours ou quelques heures et se
départissant de certains de ses objets de gestion face au Conseil des
arts, comment ça va fonctionner, l'espèce de vide, si jamais il
devait y en avoir un?
Mme Frulla-Hébert: Si jamais il y a délai, il n'y
aura pas de vide parce que le ministère retient... Il y a une
période transitoire et le ministère retiendrait ses programmes.
Chose certaine, l'ordre est donné que tout doit se faire en douceur et
que personne, personne ne doit être pénalisé de ces
changements. Alors, les gens auront à mettre les bouchées doubles
s'il le faut, mais on est tous déterminés à ce que la
transition se fasse d'une façon très simple et très
douce.
M. Boulerice: Si je vous ai bien comprise, sans aucune
pénalisation pour les artistes et les organismes culturels, puisque
ça va coïncider avec l'adoption des crédits du
ministère, donc, forcément, le début de l'arrivée
des demandes d'aide...
Mme Frulla-Hébert: Absolument.
M. Boulerice: ...de ces artistes et de ces organismes.
Mme Frulla-Hébert: Absolument, parce que la transition qui
se fait, elle se fera... Évidemment, bon, on sait que certains postes ou
les postes vont être offerts, d'abord et avant tout, aux employés
du ministère, donc des gens d'expérience. Donc, il y aura, il y
a, d'ailleurs, des mesures transitoires au chapitre V, on pourra les regarder
ensemble, mais, chose certaine, c'est que les milieux n'auront pas à
souffrir de ce changement.
M. Boulerice: Merci, Mme la ministre. Alors, M. le
Président, je vous prierais...
Le Président (M. Doyon): L'article 1 est
adopté?
M. Boulerice: À moins que ma collègue désire
intervenir, je vous prierais de considérer... (12 h 10)
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Oui. J'interviendrai plutôt à
l'étude article par article. Je vous remercie.
Le Président (M. Doyon): Très bien. M.
Boulerice: Bien, nous y sommes. Le Président (M. Doyon): Nous
y sommes. M. Boulerice: Mais là, c'était l'article 1.
Mme Blackburn: L'article 1.
Le Président (M. Doyon): Nous sommes à l'article
1.
Mme Blackburn: Non, il n'y a pas de commentaires.
Le Président (M. Doyon): Merci. Donc, l'article 1 est
adopté.
M. Boulerice: II est adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 2 se lit comme suit:
«Le Conseil est une corporation.» Fin.
Mme Frulla-Hébert: Cet article reconnaît le statut
corporatif du Conseil. Le Conseil pourra donc exercer les pouvoirs d'une
corporation au sens du Code civil, en outre de ceux que la présente loi
lui confère. Il s'agit d'un principe qu'on retrouve
généralement dans les lois constitutives d'organismes
autonomes.
M. Boulerice: c'est effectivement habituel. si je comprends bien,
ça signifie la possibilité pour un vice-président... non,
ce n'est pas cela. je me trompe d'article. je suis trop vite, là. alors,
d'accord pour «corporation».
Le Président (M. Doyon): Donc, l'article 2 est
adopté.
L'article 3 maintenant, j'en fais la lecture: «Le Conseil est un
mandataire du gouvernement. «Ses biens font partie du domaine public,
mais l'exécution de ses obligations peut être poursuivie sur ses
biens. «Le Conseil n'engage que lui-même lorsqu'il agit en son
nom.» Fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert: Le premier alinéa de cet article
attribue la qualité de mandataire au Conseil des arts et des lettres.
Les organismes qui sont créés pour gérer une fonction
gouvernementale sont mandataires du gouvernement. Ils
bénéficient, pour l'exécution de leur mandat, des
privilèges et immunités dont jouit le gouvernement.
Le deuxième et le troisième alinéa
déterminent la propriété des biens du Conseil, de
même que fa responsabilité de celui-ci lorsqu'il agit en son nom.
Ici, encore, il s'agit d'un article usuel dans les lois constituant ce type
d'organisme autonome.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre, à ce
sujet-là, j'aimerais pouvoir vous demander: Qu'en est-il de la
responsabilité des dirigeants du Conseil? Est-ce qu'ils peuvent encourir
une responsabilité personnelle advenant une décision quelconque
qui pourrait donner prise à...? Est-ce que c'est prévu plus loin,
peut-être?
Mme Frulla-Hébert: En fait, le président-directeur
général est nommé permanent, donc il a sa
responsabilité dévoluant de sa position. Évidemment, les
membres du Conseil et des conseils d'administration sont imputables, comme tout
membre de conseil d'administration de société, autant comme
membre de conseil d'administration, que ce soit de la Place des Arts, des
grands musées, etc., ils sont imputables de leur réputation.
Mais, évidemment, ils ne sont pas personnellement responsables, mais
c'est imputable de leur réputation.
Me Brière, vous avez quelque chose à ajouter?
Le Président (M. Doyon): Oui, Me Brière.
M. Brière (Jules): Oui. Ils vont jouir de
l'immunité générale qui est reconnue aux administrateurs
qui agissent à l'intérieur de leurs fonctions. Je pense que,
comme toute autre personne morale de droit public, ils sont à l'abri de
poursuite personnelle dans la mesure où ils n'excèdent pas les
pouvoirs qui leur sont attribués. Alors, je pense que c'est la
règle générale qui s'applique ici.
Le Président (M. Doyon): Mais il n'y a pas de dispositions
particulières?
M. Brière: Non, non.
Mme Blackburn: Je pense que c'est une disposition d'ordre
général qui est reconnue pour tous les membres de ces
conseils-là. Sauf, évidemment, si la personne a
délibérément contrevenu à certaines dispositions,
ou fait des détournements, ou privilégié, là, elle
peut être poursuivie personnellement. Mais, sinon, pas dans le cadre de
l'exercice normal de ses fonctions comme membre de conseil d'administration, et
de société ou de corporation.
Mme Frulla-Hébert: En assumant, d'ailleurs, que tout le
monde, quand même, est de bonne
volonté.
Mme Blackburn: Bien, c'est ça.
Mme Frulla-Hébert: On n'est pas une société
paranoïaque, quand même.
Le Président (M. Doyon): L'article 3 est-il adopté?
Adopté.
M. Boulerice: Adopté. Mme Blackburn: Non.
Le Président (M. Doyon): Vous avez une question?
Mme Blackburn: S'il vous plaît, j'avais une question. Le
dernier paragraphe: «Le Conseil n'engage que lui-même lorsqu'il
agit en son nom.» Est-ce que, comme mandataire du gouvernement... Je
voudrais savoir si ça a juste une portée en ce qui a trait
à la gestion des biens ou aussi, de façon plus
générale, dans toutes ses décisions.
Mme Frulla-Hébert: En fait, c'est général
dans toutes ses décisions. Il ne peut pas engager le ministère
quand il agit au nom du Conseil des arts et des lettres.
Mme Blackburn: mais, comme il gère des budgets, comme il
n'engage que lui-même et non pas son gouvernement, est-ce que ça
laisse une latitude au ministre de la culture d'invalider une décision
du conseil? comme il n'agit qu'en son nom et non pas au nom du gouvernement, il
est mandataire du gouvernement, mais il agit en son nom?
Mme Frulla-Hébert: En fait, pas vis-à-vis les
tiers. Vis-à-vis les tiers, la décision du Conseil est
valide.
Mme Blackburn: Ah bon! Donc...
Mme Frulla-Hébert: Et si le Conseil contrevient à
une loi, etc., c'est lui qui est poursuivi et non le gouvernement. Donc,
ça laisse l'autonomie au Conseil au niveau de ses décisions,
quand il agit, donc quand il administre les programmes dont il est
mandaté. Mais il ne faut pas oublier - on va revenir ensuite à la
responsabilité face au ministre - les responsabilités mutuelles,
celles du Conseil et celles du ministre responsable.
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Doyon): L'article 3 est-il adopté?
Adopté.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 4.
Mme Frulla-Hébert: ...si le sens de votre question...
C'est parce que Mme Lévesque m'éclaire un peu. Si le sens de
votre question est: Est-ce qu'on peut changer les décisions du Conseil?
la réponse, c'est non.
Mme Blackburn: Bon, parce que c'était ça, la
question.
Mme Frulla-Hébert: C'était ça, la
question?
Mme Blackburn: Oui, ça ne vous permet pas d'intervenir
dans les décisions du Conseil pour les invalider.
Mme Frulla-Hébert: C'est ça. Exactement.
Mme Blackburn: D'accord. Donc, ça touche davantage des
décisions reliées lorsqu'il agit comme mandataire et sur les
biens en particulier.
Mme Frulla-Hébert: C'est ça. Me Brière. M.
Brière: À l'intérieur de sa compétence.
Mme Blackburn: À l'intérieur de sa
compétence, évidemment, oui. Ça va.
Le Président (M. Doyon): L'article 4 maintenant, qui se
lit comme suit: «Le Conseil a son siège social sur le territoire
de la Communauté urbaine de Québec, à l'endroit
déterminé par le gouvernement. Un avis de la situation ou de tout
déplacement du siège social est publié à la
Gazette officielle du Québec. «Le Conseil peut tenir ses
séances à tout endroit au Québec.»
Mme Frulla-Hébert: C'est l'article qui détermine
que le siège social doit être situé sur le territoire de la
Communauté urbaine de Québec. Maintenant, l'endroit exact sera
déterminé par le gouvernement. C'est un article usuel pour
établir le siège social. Par contre, le Conseil pourra,
évidemment, tenir ses séances, et ça, c'est important,
à tout endroit au Québec. Maintenant, cet article est
bonifié, si on veut, par l'article 23 que nous verrons plus tard.
Le Président (M. Doyon): Vous permettrez, Mme la ministre,
de me réjouir au nom de mes collègues de la région de
Québec de cette décision qui apparaît ici à
l'article 4. Je pense qu'il est normal, on l'a déjà dit, que le
siège social de ce Conseil se situe à Québec, qui est la
capitale du Québec. Je me réjouis que ce soit inscrit dans la loi
et j'espère que c'est là le signe de la volonté
très claire que le premier ministre a déjà
exprimée, d'ailleurs, de faire en sorte que Québec soit vraiment,
constitue
vraiment la capitale et le centre administratif où la prise de
décision est faite. Cet article 4 va dans ce sens-là, alors je
m'en réjouis.
M. Boulerice: II ne reste au premier ministre qu'à donner
l'exemple et à habiter la capitale. Ceci étant dit, ce ne sera
pas dans les locaux du ministère, comme tel?
Mme Frulla-Hébert: Non, parce que vous avez le
ministère de la Culture...
M. Boulerice: En fait, ça peut être dans un local...
Oui.
Mme Frulla-Hébert: Non, le Conseil du trésor... Mon
Dieu! Mon Dieu! Le Conseil des arts et des lettres sera situé hors lieu,
si on veut, du ministère de la Culture, donc à un autre
endroit.
M. Boulerice: O.K. Ce n'est pas dans le même lieu
physique.
Mme Frulla-Hébert: Non.
M. Boulerice: Ça peut être un immeuble qui,
potentiellement...
Mme Frulla-Hébert: Absolument.
M. Boulerice: ...pourrait peut-être appartenir au
ministère de la Culture. Mais ce n'est pas dans le même...
Mme Frulla-Hébert: Mais ce n'est pas dans le même
lieu physique, pour créer quand même une distance entre les deux,
d'une part. Deuxièmement, on reviendra sur les points de service quand
on étudiera, si vous voulez, l'article 23. Maintenant, pour fins
officielles, fins de déclaration officielle, le choix a
été fait en cohérence avec le fait que Québec,
comme vous dites, est la capitale. Maintenant, comme c'est une institution,
finalement, qui est nouvelle, d'une certaine façon, qui ne s'ajoute pas,
puisqu'on fait éclater le ministère des Affaires culturelles,
mais qui est nouvelle en soi, il était tout à fait normal,
même comme ministre «montréaliste», comme dirait mon
collègue, que le siège social et son administration se situent
sur le territoire de la Communauté urbaine de Québec. (12 h
20)
Le Président (M. Doyon): Mme la députée.
Mme Blackburn: En fait, c'est généralement la SIQ
qui, sur appel d'offres, décide de la localisation de ces
services-là. J'imagine que ça va fonctionner de la même
façon.
Mme Frulla-Hébert: Oui.
Mme Blackburn: Une question. Ça va laisser des espaces
vacants dans l'édifice du ministère actuel. Ces espaces vont
être occupés comment?
Mme Frulla-Hébert: Bien, il s'agit de voir là. Il
faut dire qu'au ministère actuel... Bon, on s'aperçoit que la loi
n'a pas été changée depuis 1961; on habite le
ministère depuis, Mme Léves-que? depuis 1979. Vous savez comme
moi que, de 1979 à 1992, il y a eu augmentation d'activités,
même s'il y a eu... À un moment donné, il y a eu explosion
de programmes, ensuite rationalisation de programmes, mais ce n'est pas grave.
Il fallait toujours avoir quand même des gens qui servent. Donc, on est
très, très à l'étroit au moment où on se
parle, au ministère même. Alors, ça va permettre, parce
qu'on parle quand même, globalement, de 75 personnes qui vont servir le
Conseil des arts et des lettres, réparties à Montréal et
à Québec, ça va permettre tout simplement peut-être
un réajustement de locaux et ça va permettre aux gens, au
ministère de la Culture de respirer un peu.
Mme Blackburn: C'est quand même 60 postes de^ravail.
Mme Frulla-Hébert: Ah oui! Excusez-moi. Fait à
noter aussi, il y a des employés qui sont à l'extérieur du
local actuel, du 225 Grande Allée. Alors, ça va nous permettre
probablement, au ministère en tout cas, les employés du
ministère, de les regrouper...
Mme Blackburn: Dans le même...
Mme Frulla-Hébert: ...et de rationaliser aussi tout
ça.
M. Boulerice: Deux questions. Ma première. Je suis bien
d'accord avec l'énoncé du président de la commission pour
ce qui est de la capitale nationale, sauf que j'espère le retrouver dans
le camp des vigilants, de façon à ce qu'on n'ait pas à se
désoler. La ministre entend-elle donner des indications précises
pour que ce soit à l'intérieur des limites de la ville de
Québec, Québec ville?
Mme Frulla-Hébert: Bien, on parie...
M. Boulerice: Le Conseil des arts du Québec,
Québec, Québec.
Mme Frulla-Hébert: En fait, on parle du territoire de la
Communauté urbaine de Québec. Maintenant, quand on cherche un
local, etc., au niveau de la SIQ, nous, au ministère des Affaires
culturelles, on essaie toujours, soit d'habiter ou, enfin, un lieu dit
culturel, que ce soit un lieu réaménagé, soit un lieu
historique, soit un lieu... Bon, exemple: il va y avoir le
déménagement du bureau du ministère des Affaires
culturelles, parce que ce n'est plus vivable, de la place Jacques-Cartier. Si
le déménagement est accepté, on reste, par exemple, dans
le Vieux-Montréal,
et il y a sur la table, avec la SIQ, la possibilité d'aller
habiter la maison Cuvillier. Donc, on essaie toujours soit de prendre un lieu
patrimonial ou... Alors, les mêmes demandes et exigences vont être
faites auprès de la SIQ pour situer le Conseil des arts et des lettres,
et ce, aux deux places, à Montréal et à Québec.
Le Président (M. Doyon): Là-dessus, Mme la
ministre, j'aimerais vous souligner qu'il existe une telle chose qu'un
secrétaire à la capitale, ici, qui a une responsabilité
bien particulière. Vous êtes au courant. J'aimerais que vous vous
assuriez que le secrétaire à la capitale est consulté,
qu'il est mis dans le coup. D'ailleurs, je verrai, je ferai en sorte
moi-même de communiquer avec lui pour qu'il soit en contact avec vous
autres, de façon à ce qu'on puisse mettre à contribution
cette personne qui a une responsabilité particulière dans tout ce
qui concerne l'aménagement de Québec capitale, et son rôle
est défini, je pense que c'est par un décret qui a établi
cette fonction-là. Il est là depuis maintenant au-delà
d'un an. Il serait extrêmement important qu'il soit mis à
contribution quand viendra le moment de trouver l'endroit propice pour
établir les bureaux du...
Mme Frulla-Hébert: On a...
Le Président (M. Doyon): Juste une seconde, les bureaux du
Conseil des arts et des lettres. Ce qui fera en sorte d'éviter que,
potentiellement, certaines erreurs puissent se faire, qui permettraient des
conflits qui seraient désastreux, qui pourraient nuire. Alors, je vous
invite à faire en sorte que le secrétaire à la capitale
soit mis dans le coup.
Mme Frulla-Hébert: Ça nous fera plaisir de
collaborer, comme on le fait toujours d'ailleurs, M. le Président. On
est en contact continuel avec M. Demers. C'est sûr, et soyez convaincu
que le Conseil des arts et des lettres va refléter l'action, son action,
en fait, au niveau du territoire de la région de Québec.
Le Président (M. Doyon): Très bien. Merci. M. le
député.
M. Boulerice: Oui. Je partage les propos de Mme la ministre quant
à l'exiguïté des locaux actuels du ministère à
Québec. Soit dit en passant, c'est un très bel édifice, un
édifice, d'ailleurs, signé par Cormier, donc qui a une valeur
patrimoniale indéniable. Donc, effectivement, le transfert d'un certain
nombre de personnes hors cet édifice va permettre probablement certains
réaménagements et un environnement plus propice au travail, des
conditions matérielles plus adéquates. Mais, de façon
à mieux nous situer, la ministre a parlé d'entre 50 et 70
personnes, je crois - je cite de mémoire, hier - qui passeraient du
ministère comme tel au Conseil des arts; est-ce qu'elle a un
approximatif du nombre qui serait Conseil des arts siège social à
Québec et Montréal? Je ne sais pas, moi, quelque chose... Je
parle en pourcentage. Les trois quarts seraient à Québec et le
quart irait à Montréal?
Mme Frulla-Hébert: Comme je le disais hier, il y a des
scénarios qui sont regardés présentement en fonction des
besoins, d'abord, des besoins administratifs et, deuxièmement, des
besoins de service, autant pour Québec, la région de
Québec, l'Est du Québec, et Montréal. Je pourrais
être beaucoup plus précise là-dessus vers la fin, je
dirais, du mois de janvier. Chose certaine, c'est qu'il y aura toujours un
nombre, sinon égal, un peu plus élevé à
Québec, compte tenu des fonctions, incluant l'administration et le
service à Québec, et le service à Montréal. Mais il
faut s'assurer aussi que la région de Montréal soit dotée
d'un très bon service puisque 83 % de l'activité se passe
à Montréal. Donc, il y a des grandes demandes à
Montréal. Il faut prendre en considération aussi que les groupes
culturels de Montréal n'ont pas aussi à se rendre - frais de
transport, etc., etc. - à se rendre à Québec. Donc, on
considère d'abord le service à donner. Mais c'est certain, ne
serait-ce que par la constitution non seulement du siège social, mais
que ses principales fonctions, donc toutes les fonctions administratives et de
service, soient situées à Québec, il y aura tout au plus,
sinon 50-50 et un peu plus à Québec...
M. Bouierice: J'ai été peut-être inattentif,
M. le Président. Est-ce que Mme la ministre pourrait me rappeler quel
est l'endroit, et me le situer, qu'elle privilégie pour le
«comptoir»...
Mme Frulla-Hébert: À Montréal.
M. Boulerice: ...j'emploie cette expression, à
Montréal?
Mme Frulla-Hébert: Ça va être
déterminé par la SIQ. Ce n'est pas déterminé
encore.
M. Boulerice: Le point de service, dis-je, plutôt.
Mme Frulla-Hébert: Pas encore. Ce n'est pas encore
déterminé. Et là nous verrons. Comme le Conseil des arts
à Montréal... À Québec, on cherchera les endroits
en collaboration, évidemment, toujours avec la SIQ, c'est elle qui
décide selon certains critères. Alors, ce sera la même
chose pour Montréal. Mais on privilégie toujours un endroit ou un
lieu dit patrimonial, culturel ou dans l'environnement. Ce sera probablement
dans votre comté.
M. Boulerice: Alors, je comprends que la
ministre n'aura pas grand choix. Son choix se limitera à une
seule circonscription de Montréal. Je ne la nommerai pas par modestie.
Je crois, M. le Président, que ma collègue...
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: m. le président, mme la ministre nous dit
que 83 % des activités se déroulent dans la région
métropolitaine.
Mme Frulla-Hébert: Oui.
Mme Blackburn: Je pense que c'est là le problème.
Il n'y a pas 83 % de la population dans la région de Montréal. Je
comprends qu'il y a une masse critique qui fait qu'une partie importante des
activités finisse par... ça draine une partie des
activités. Mais, s'il n'y a pas des efforts réels pour
décentraliser les activités culturelles, pour encourager des
nouvelles troupes dans les régions, une véritable politique qui
n'a pas comme effet, comme ça s'est vu chez nous, puis vous le savez,
d'éliminer des groupes plutôt que d'examiner comment on pourrait
renforcer la structure, encourager le développement d'activités
culturelles dans les régions, parce qu'on parle... L'industrie
culturelle, c'est payant, et vous le savez, vous. Chaque dollar investi en
industrie culturelle en crée 7 $, génère 7 $ de
retombées. C'était ça. Je n'ai pas vu les dernières
données; ça m'étonnerait que ce soit autrement, parce que
ceux qui sont dans le domaine, les artistes vivent généralement
en dessous du seuil de la pauvreté. C'est ce qui fait que c'est si
payant, ce domaine-là, payant pour l'État, s'entend. (12 h
30)
Dans ce sens-là, si, parce qu'il y a 83 % des activités
qui se déroulent dans la région de Montréal, on dit: II va
y avoir 50 % des activités du Conseil des arts qui vont s'en aller
là, le danger c'est qu'on se retrouve encore à renforcer une
structure qui est extrêmement centralisatrice, qui n'a déjà
pas trop de sous, il faut le dire - même si, à Montréal,
ils en ont plus qu'ailleurs, ils n'ent ont pas déjà assez non
plus - et ça va venir renforcer cette tendance-là. Moi, ça
m'inquiète. Ça m'inquiète par rapport au
développement des arts et de la culture dans les régions. C'est
l'indigence, par les temps qui courent.
Mme Frulla-Hébert: D'abord, je veux vous répondre
à ça et vous rassurer. D'ailleurs, le projet de loi mentionne que
le mandat du Conseil est de soutenir dans toutes les régions du
Québec la création, l'expérimentation, la production
artistique et d'en favoriser le rayonnement au Québec, au Canada et
à l'étranger. Le fait aussi que le ministre responsable... Et
c'est là la beauté du lien entre le ministre responsable et
le
Conseil des arts et des lettres, c'est que le ministre responsable a le
devoir d'assurer, justement, le développement de la création et
ce, à travers toutes les régions du Québec. Un ministre
responsable, quel que soit le ministre de la Culture, mes successeurs futurs,
aura toujours ce mandat-là. Il n'y a pas un ministre responsable qui
peut, au niveau du gouvernement, dire: Bon! Parfait, nous allons tout drainer,
si on veut, les sous dans la région de Montréal parce que c'est
là que ça se passe. Ce n'est pas vrai, puisque la création
vient de partout. Qu'on parle de Robert Lepage, il vient de Québec.
Qu'on parle de Desjardins, il vient de l'Abitibi. Et il y en a combien qui
viennent de chez vous? Alors, c'est sûr que le ministre responsable aura
et devra assurer cette vigilance et, par ses orientations et directives, devra
diriger le Conseil des arts et s'assurer que le Conseil des arts le fasse.
Maintenant, qu'il y ait une somme importante d'activités à
Montréal... ça, ça se passe dans toutes les villes au
monde, parce qu'à un moment donné vient aussi le fait que... Il y
a quand même un potentiel, si on veut, de consommateurs culturels, de
spectateurs, etc., pour la région de Montréal, je dirais, dans la
grande région de Montréal, d'environ 58 % à 60 % de la
population. Alors, c'est sûr que la région de Montréal va
toujours être un grand centre d'activités, et je pense que c'est
sain aussi, puisqu'il y a concentration aussi au niveau des médias,
etc., et ça, c'est inévitable. C'est aussi inévitable de
dire que nos artistes et nos créateurs que nous subventionnons bien
souvent, l'aide aux créateurs, etc., à un moment donné
quittent le Québec pour aller à l'étranger, soit pour se
perfectionner, soit pour tout simplement rayonner. Ce serait aussi, je pense,
très malsain de restreindre, si on veut, cette... non, je ne parle pas
d'exode, mais cette volonté aussi d'aller se faire valoir à
l'étranger. Alors, si Montréal a un pouvoir d'attraction et que
l'étranger, l'Europe a un pouvoir d'attraction, ça
n'empêche pas que le noyau culturel doit se développer partout
à travers le Québec, et on y sera très vigilant. C'est
pour ça que la loi mentionne spécifiquement que le mandat du
Conseil est de soutenir la création et l'expérimentation dans
toutes les régions du Québec.
Mme Blackburn: Oui, mais là permettez-moi de vous dire que
ce serait bien un scandale si ce n'était pas dans la loi. Ce serait
avouer ouvertement qu'il y a un préjugé à l'endroit des
régions. Il n'y a pas un gouvernement qui oserait faire ça,
j'espère.
Mme Frulla-Hébert: Excepté...
Mme Blackburn: Mais de là, excusez-moi, à corriger
une situation qui pénalise lourdement les régions... Il est vrai
que Desjardins est de l'Abitibi, que Lepage est de Québec et qu'il y
en
a plusieurs qui viennent de Chicoutimi. Mais, s'ils veulent progresser
un peu, comme il n'y a pas de soutien suffisant au développement des
industries culturelles en région, ils finissent toujours par se
retrouver, pas seulement pour présenter des spectacles sur une
période d'un mois ou de deux mois, ils finissent par
déménager, parce qu'il n'y a pas ce qu'on appelle de
discrimination positive à l'endroit des productions qui se font en
région. Et la dernière politique de la ministre a eu comme effet
précisément l'inverse, c'est-à-dire qu'on n'a gardé
que ce qui avait, selon des critères arrêtés... on a
consolidé et, quand on a consolidé, il y en a quelques-uns qui
n'étaient plus dans la machine, ils sont sortis, ils ont
été évacués. Ça, ça n'aide pas
à créer de nouveaux courants, à encourager de nouvelles
productions, à encourager l'imagination, mais, systématiquement,
ça vide les régions. Parce que, quand vous avez moins de
spectateurs, c'est le fait des régions, vous le constatez d'ailleurs,
les régions se vident en plus, elles se vident de leur population jeune
qui fréquente plus le spectacle. Alors, quand vous avez moins de
spectateurs et qu'on vous demande ou qu'on a presque les mêmes exigences
que si vous étiez à Montréal, ça pose un
problème.
Si on veut se redonner une relève, il va falloir qu'on ait des
politiques que j'appelle de discrimination positive - je n'aime pas le terme,
mais il dit bien ce qu'il veut dire - pour soutenir et favoriser le
développement des arts, de la culture et des industries culturelles dans
les régions. Et, quand vous me dites qu'il y a 83 % des activités
qui se passent à Montréal, les cheveux me dressent sur la
tête, parce qu'il se ferait des choses dans les régions le
moindrement qu'on mettrait un peu de bonne volonté. Il n'y a pas
beaucoup de sous et ça suppose qu'il va falloir qu'on en enlève
quelque part. Puis, là, je veux dire, on va renforcer la tendance, je
vois ça venir, à moins qu'il y ait un coup de barre terrible de
donné et que les personnes qui siègent au Conseil des arts soient
un peu issues des régions.
Mme Frulla-Hébert: Voilà.
Mme Blackburn: Vous vous rappelez ce qui s'est passé avec
la politique que M. Arpin vous a déposée. Il n'y avait rien ou
à peu près rien sur les régions. D'ailleurs, c'est un
reproche que je lui ai fait, que j'ai fait à quelques-uns qui
siégeaient avec lui, qui venaient des régions. Mais il n'y avait
rien là-dedans. L'importance ou le statut, je dois dire, des membres de
ce comité qui venaient de la région de Montréal a fait en
sorte que la voix des régions a été complètement
éteinte. Alors, le problème va risquer de se reposer aussi au
Conseil des arts et, s'il n'y a pas une volonté ferme de modifier cette
tendance qui est forte, qui est lourde, les régions, vous pouvez mettre
un x dessus en matière de déve- loppement culturel.
Mme Frulla-Hébert: Juste, encore là, pour vous
assurer... D'abord, la composition du conseil d'administration devra
refléter cette dimension régionale. On ne l'a pas mis dans la loi
parce que, effectivement, ce n'est pas, en fait... Le Comité de
législation nous dit tout simplement: Vous composez et, après
ça, sort que ça se fasse par décret ou par protocole.
C'est sûr que la composition du conseil d'administration va
refléter la dimension régionale, c'est certain.
Deuxièmement, je tiens aussi à attirer l'attention
là-dessus, parce que, quand on parle de volonté réelle,
elle est réelle, le plan de relance que j'ai annoncé, avec M.
Mercier, président de l'UMQ, ainsi que la Coalition des arts, le plan de
relance fait grand état et aide beaucoup la production en région.
On a beaucoup parlé de la promotion, si on veut, qui est quand
même un cinquième du plan de relance, mais il y a toute l'aide,
justement, à la diversité en région. Il y a l'aide aux
tournées, non seulement à Montréal versus, je ne sais pas,
moi, la Gaspésie, mais aussi la Gaspésie versus Montréal.
Il y a aussi l'aide aux producteurs à développer des publics
nouveaux, et ça, ça se fait à travers le Québec. Et
il y a une aide spécifique pour aider les régions à
présenter aussi de la diversité et non pas, et je tiens à
spécifier, à importer, si on veut, ce qui se fait de
Montréal à Québec, mais à présenter
elles-mêmes des choses qui sont plus diverses, en région.
Donc, il y a une tendance de prise. On a corrigé le tir au niveau
du rapport Arpin. Les conseils d'administration vont refléter la
dimension régionale et les orientations et les directives du ministre
vont être aussi en fonction de la politique culturelle qui met,
justement, en évidence la création en région, d'une part,
et la loi du Conseil appuie toute cette action.
Mme Blackburn: Parce que, moi, je voudrais voir ce que ça
a donné en matière d'injection de ressources financières
là-dedans, d'argent sonnant. Si je me rappelle les crédits, parce
que j'avais participé à l'étude des crédits le
printemps dernier, les crédits additionnels que la ministre avait
obtenus, vous en aviez plus de 80 % qui s'en allaient dans la région de
Montréal pour soutenir les grandes institutions, les institutions
nationales. Dans les régions, on avait quasiment rien, c'était
vraiment les miettes et, à ma connaissance, je n'ai pas vu beaucoup de
retombées des budgets additionnels dans ma région.
Mme Frulla-Hébert: II y a 33 % du plan de relance
qui va en région, 33 % des 5 000 000 $ va en région, d'une part,
annoncé jeudi. Quand nous avons réparti aussi les budgets de la
politique culturelle, il y a eu deux efforts de faits. Il y a eu, et ça,
c'est en dehors de la
politique culturelle, 5 000 000 $ de donnés pour consolider,
évidemment, les organismes existants, donc organismes existants et
approuvés, et ça, c'est tous les organismes, autant à
travers le Québec, Montréal, Québec et régions.
Deuxièmement, il y a eu aussi un effort de fait au niveau des
musées. Donc, il y a 1 300 000 $ qui va aux musées
régionaux et musées intermédiaires, ce qui affecte plus
particulièrement les régions, et 33 % du budget du plan de
relance qui va en région. (12 h 40)
Maintenant, l'effort est fait, la volonté est faite, les balises
sont là pour que ça se fasse, mais il faut aussi, quand
même, considérer la réalité qui fait en sorte que
Montréal demeure et demeurera toujours un pôle d'attraction, il y
aura toujours une somme d'activités importante dans la région de
Montréal, spécifiquement dans le comté de mon
collègue de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Mme Blackburn: Mais votre 1 300 000 $, c'est à
l'intérieur des 5 000 000 $ qui étaient déjà
prévus.
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que non, le nouveau
5 000 000 $ qu'on vient d'annoncer.
Mme Blackburn: Le nouveau... C'est sur combien, 1 300 000 $?
C'est sur 5 000 000 $.
Mme Frulla-Hébert: Oui.
Mme Blackburn: Ou sur les 9 900 000 $ du printemps dernier?
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que... Non, non,
non. C'est sur 5 000 000 $. C'est sur le...
Mme Blackburn: Ce sont des crédits additionnels.
Mme Frulla-Hébert: Oui, absolument. Ce que nous avons
annoncé mardi qui provenait de l'annonce des 5 000 000 $ du budget de
Gérard D. Levesque.
Mme Blackburn: De crédits additionnels.
Mme Frulla-Hébert: II y a 33 % alloués à
l'activité en région selon différentes mesures.
Mme Blackburn: Dans un autre domaine d'activité qui
pénalise lourdement les régions aussi, je pense au Carnaval
Souvenir de Chicou-timi, les critères que le ministre s'est
donnés pour subventionner des activités comme celle-là,
c'est le rayonnement international. Trouvez-moi un rayonnement international
dans un festival à travers le Québec. Il y a un peu le Carnaval
de Québec, puis il y a le Festival d'été...
Mme Frulla-Hébert: Bien, il y a le Festival de jazz...
Mme Blackburn: ...puis le Festival de jazz, le Festival Juste
pour Rire, ce genre de choses là. Mais allez donc trouver dans les
régions, pour le fun. Alors, la politique est claire. Ce qu'elle fait,
c'est qu'elle favorise Québec, Montréal, et l'essentiel s'en va
là parce que...
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que ce qu'on
appelle... C'est dans le cadre d'événements majeurs. On ne
soutient pas le Carnaval de Québec. On soutient s'il y a certaines
activités culturelles à l'intérieur du Carnaval de
Québec. On ne soutient pas le Carnaval de Québec.
Mme Blackburn: Pas vous, je ne parle pas du...
Mme Frulla-Hébert: On soutient le Festival
d'été.
Mme Blackburn: Oui. Je ne parle pas du ministère des
Affaires culturelles, là. Je parle du ministère du
Tourisme...
Mme Frulla-Hébert: Ah! du gouvernement. Ah bon!
D'accord.
Mme Blackburn: ...du Tourisme, qui s'est donné des
critères qui font en sorte d'éliminer la majorité des
activités hors Québec, Montréal. Avec le résultat
qu'évidemment ils leur disent: Faites-vous de la publicité
à l'étranger et on va en payer 50 %. Faites-vous de la
publicité à l'étranger! Alors qu'ils n'ont pas une cenne
de... Pour faire dépenser 20 000 $ à l'étranger, il faut
qu'ils en fournissent 10 000 $ et le gouvernement ne leur donne pas une cenne.
Non seulement il n'en donne pas, mais il en coûte. Alors, comme
politique, vous savez, ce n'est pas très brillant. Et là, je
trouve que dans ce genre d'activité là, souvent, la tendance,
c'est de trouver des critères qui finissent par éliminer les
régions de la carte. Et là, c'est vrai.
Mme Frulla-Hébert: Je ne peux pas parler pour les autres
ministères, mais, pour notre ministère à nous, on soutient
le festival de Rimouski, le Festival mondial de folklore de Drummondville, le
Festival international de poésie, à Trois-Rivières. On
soutient le Festival international de musique actuelle de Victoriaville. Il y a
aussi le festival du film de Rouyn-Noran-da. C'est à travers le
Québec, là, excepté qu'il faut que
l'événement soit... Quand on le considère comme
événement majeur, il faut que l'événement ait une
portée ou un rayonnement. Mais nos actions sont vraiment... En tout cas,
on essaie d'être juste et équitable et de le faire, et ce,
à travers le Québec. Maintenant, il y a...
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre, sans vouloir
vous interrompre, c'est parce que, là, le mandat de cette commission est
de procéder à l'étude du projet de loi. Nous étions
à l'article 4 sur la localisation du siège social du Conseil. Je
suis bien prêt à faire preuve de compréhension et à
vous laisser aller, sauf qu'on n'avancera pas beaucoup dans le projet de loi.
Je vous signale qu'il y aura des crédits à un moment donné
et que cette discussion-là sera fort à propos. Dans les
circonstances, je vous invite à faire preuve d'un petit peu de retenue
de façon à ce que nous puissions passer à travers le
mandat qui nous a été confié par l'Assemblée.
Mme Frulla-Hébert: Merci, M. le Président. La
discussion était intéressante. Alors, on la poursuivra aux
crédits.
Le Président (M. Doyon): Alors, l'article 4 est-il
adopté?
M. Boulerice: II sera adopté, M. le Président, mais
vous me permettrez quand même de poser une question à la ministre,
puisqu'elle en a fait allusion. À la fois des 5 000 000 $ et des 9 000
000 $, nous avions demandé une ventilation. Est-ce que la ministre peut
nous assurer que nous allons recevoir cette ventilation au moins avant
l'ajournement des fêtes?
Mme Frulla-Hébert: Oui, absolument.
M. Boulerice: D'accord. Alors, l'article 4, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): L'article 4 est donc
adopté. Nous passons à l'article 5 qui se lit comme suit:
«Les affaires du Conseil sont administrées par un conseil
d'administration d'au plus treize membres, dont un président,
nommés par le gouvernement. «Les membres sont choisis en raison de
leur intérêt pour les arts ou les lettres.» Fin de
l'article.
M. Boulerice: M. le Président, j'aimerais vous informer
que j'ai un amendement à l'article 5, à proposer.
Le Président (M. Doyon): Vous avez un amendement à
l'article 5. Vous me présentez votre amendement par écrit, s'il
vous plaît.
M. Boulerice: Oui. Alors, l'article 5 du projet de loi est
modifié par l'addition, dans la troisième ligne du premier
alinéa, après les mots «nommés par le
gouvernement», des mots «après avoir sollicité l'avis
des organismes, associations et groupes culturels».
Donc, vous pourrez le faire par vous-même,
M. le Président, le premier paragraphe de l'article 5 se lirait:
«Les affaires du Conseil sont administrées par un conseil
d'administration d'au plus treize membres, dont un président,
nommés par le gouvernement après avoir sollicité l'avis
des organismes, associations et groupes culturels.»
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député. Est-ce que des membres de la commission veulent
s'exprimer sur le caractère recevable de cet amendement? Il n'y a pas de
discussion, il n'y a pas de représentations à la
présidence? Donc, je considère cet amendement comme
recevable.
M. Boulerice: Je vais, M. le Président, motiver cette
proposition d'amendement. Le conseil est composé de 13 membres. Je pense
que ce nombre de 13 m'apparait raisonnable. Moins eût été
trop court; plus eût probablement, peut-être, gêné
certaines séances, puisqu'on ne va quand même pas fonctionner en
assemblée générale, je suis en mesure de comprendre. Il y
a un président nommé par le gouvernement, je suis
entièrement d'accord. Mais, malheureusement, je vois qu'on ne
prévoit pas un mécanisme de consultation formel auprès des
milieux culturels, alors que nous avons quand même un exemple qui est
intéressant et qui, à mon point de vue, même, est beau, qui
est celui du Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration.
Je pense que ça viendrait peut-être atténuer des
craintes que peut susciter le deuxième alinéa qui dit: «Les
membres sont choisis en raison de leur intérêt pour les arts ou
les lettres.» M. le Président, je pense avoir un
intérêt pour les arts ou pour les lettres. Est-ce que j'ai une
compétence - je peux me poser moi-même la question - pour
siéger à un conseil? On me prête, mais c'est très
exagéré, la qualité d'être collectionneur. Je vous
le répète - je parle d'art, surtout d'art plastique - c'est
très exagéré; ma collection est modeste. Mais je suis en
mesure de me poser également la question: J'ai un intérêt
et un goût, mais est-ce que j'ai la compétence et suis-je reconnu
à un point tel que je pourrais, demain, me retrouver au comité
d'acquisition du Musée des beaux-arts, du Musée du Québec
ou du Musée d'art contemporain? Je me pose honnêtement la
question. Je trouve cette phrase faible: «Les membres sont choisis en
raison de leur intérêt pour les arts ou les lettres.»
Donc, je pense que ce serait une garantie que l'on se donnerait, qui
ferait en sorte qu'il n'y aurait pas de... Il y aura toujours un
questionnement, ça va de soi. Jamais on ne pourra prétendre
à l'unanimité, mais il y aura une large adhésion du
milieu, en disant: Bien, nous nous reconnaissons quand même dans le
conseil, pour l'excellente raison qu'on a suggéré des noms, et le
gouvernement, via la ministre, a puisé dans le chapeau, et
c'étaient des gens à qui on accorde,
nous... Puisqu'un conseil, c'est d'abord et avant tout parce qu'on
voulait que les artistes voient leurs choses jugées par des pairs, donc
des pairs qui sont reconnus. Alors, je ne sais pas, moi. Je trouve que c'est
une garantie qui, vraiment, bonifierait la loi et nous éviterait
peut-être des critiques. À ce moment-là, on sera en
situation de défense. Alors, je crois que le conseil ne doit pas partir
en situation de défense, mais plutôt en situation d'offensive
culturelle et aller...
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre, sur le
même amendement.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, je pense que,
comme nous allons ajourner à 13 heures, il serait bon de mettre les
choses sur la discussion et de ne pas prendre une décision tout de
suite. Nous sommes d'accord, parfaitement d'accord sur le fond, excepté
qu'après en avoir discuté, et très longuement... Et,
à ce moment-ci, je demande aussi la collaboration des membres de la
commission. Si on peut trouver une solution ensemble, j'en serais ravie. Nous
avons regardé, finalement, ces nominations, etc., et on est d'accord
avec le fait de dire qu'il faut que le milieu se reconnaisse. Et c'est le but,
d'ailleurs. Quand on parle, même, d'intérêt, on voulait
spécifier: intérêt marqué, implication. Et
même le Bureau des lois nous a dit que, légalement,
«intérêt» veut dire non pas juste «je suis
intéressé», mais aussi «intérêt
découlant d'actions». (12 h 50)
Le problème que j'ai quand on dit, après
«nommés par le gouvernement», «après avoir
sollicité l'avis des organismes, associations et groupes
culturels», en est un de fonctionnement, et à partir du milieu
même et des commentaires du milieu. D'abord, premier commentaire du
milieu, parce qu'on a quand même, au fur et à mesure non seulement
qu'on a évolué, mais il a fallu rencontrer aussi les groupes pour
l'an 1 de la politique culturelle, ou l'application... Les groupes nous ont
spécifié le fait que certains d'entre eux - je parle même
de l'association de tous les ensembles musicaux, de la musique du
Québec, non pas la Guilde des musiciens... Mais tous ceux qui
représentaient les organismes musicaux du Québec, qui sont venus,
qui étaient regroupés ensemble, nous disaient: II faut faire
attention au niveau du conseil d'administration, parce qu'il ne faut pas avoir
des gens qui sont là et qui sont aussi partie prenante. Donc, il y a une
crainte aussi du milieu. Et je vous dis, on ne l'a pas, la solution parfaite.
On le met sur la table, et on fait une discussion après, et on y pense.
Il y a une crainte du milieu qui dit que les gens dans les conseils
d'administration qui y sont, mais qui sont aussi partie prenante, au fur et
à mesure des années, que les années passent, etc., ils
vont être là beaucoup plus pour défendre malgré tout
leur secteur, provenant tout simplement d'un réflexe tout à fait
normal, humain et même compréhensible. Donc, crainte d'un certain
corporatisme. Et ça, ça vient directement du milieu. Je vous le
dis là, ça vient directement de l'ensemble et du milieu.
Ça, c'est une chose.
Deuxièmement, quand on dit: «Sollicité l'avis des
organismes, associations et groupes culturels», vous savez comme moi
combien il y en a d'organismes, d'associations et de groupes culturels. Qui on
consulte? Où s'arrêtent les consultations? Où on commence?
Où ça finit? Ensuite, comment les choisir? Comment éviter
le corporatisme? Comment? Alors, ce sont toutes ces questions-là. Si on
pouvait avoir, par exemple, un organisme de sages, qui soit déjà
formé, composé, etc., qui, eux, nous soumettent... Un peu comme
on se rappelle l'Institut québécois du cinéma qui,
selon... Oui, mais regardez la différence. C'est que, selon leur conseil
d'administration, c'est représenté de différents groupes,
et chacun de ces groupes qui siègent à l'Institut, c'est quand
même assez restreint, nous arrive avec une liste de sept ou huit noms, et
on choisit à travers cette liste-là, et on forme un conseil qui
est très homogène. On fait très attention.
Mais ça représente très peu d'associations. Et
l'organisme est consultatif. Ce n'est pas un organisme qui distribue des fonds.
Ce n'est pas un organisme subventionneur. Donc, où on commence,
où on arrête et comment éviter le corporatisme? Et je vous
le dis, on ne l'a pas, la solution. C'est aussi simple que ça. La
volonté est d'avoir des gens qui sont au-dessus de la
mêlée, mais qui connaissent profondément le
développement culturel du Québec. Il s'agit aussi d'avoir des
gens qui ont une expérience aussi très variée. Mais
comment, finalement, éviter ces pièges-là et comment
éviter aussi... Ces organismes, associations, il y en a à peu
près, dans l'ensemble, on peut aller jusqu'à 500 organismes et
associations. Alors...
Le Président (M. Doyon): Oui. Alors...
Mme Frulla-Hébert: Et il y a 13 membres au conseil
d'administration.
Le Président (M. Doyon): Je pense qu'il y a plusieurs
membres, peut-être, de la commission qui veulent s'exprimer. Mme la
ministre, je conçois la difficulté à laquelle vous faites
face. Moi, je me dis que ce serait peut-être une belle occasion pour la
commission de la culture de jouer un rôle important. Pourquoi,
finalement, n'aurait-on pas - je soumets l'idée comme ça -la
possibilité que les membres soient choisis par le gouvernement,
nommés par le gouvernement, à même une liste que
soumettrait la commission de la culture? Moi, j'ai toujours pensé que la
commission de la culture pouvait aller au-delà de l'étude
proprement dite, du travail qu'on fait actuellement, et ce serait
intéressant pour la commission de la culture, à un moment
don-
né - je le soumets comme ça - de proposer des noms,
d'entendre des gens qui seraient devant nous et à qui on pourrait
parler. On pourrait déterminer quel est leur intérêt pour
la chose culturelle, pour les arts, discuter avec eux et dresser une liste de
ces personnes. C'est une possibilité qui vaudrait peut-être la
peine d'être étudiée. Le gouvernement, évidemment,
aurait la responsabilité ultime, possiblement, de choisir, parmi une
liste de 20 noms, par exemple, les 13 qui seraient ceux qui siégeraient
sur le conseil. Mais la commission de la culture pourrait entendre des
personnes qu'elle convoquerait, qu'elle inviterait à venir expliquer
quel est leur intérêt pour la chose artistique, pour la chose
culturelle et, suite à ça, elle pourrait décider si ces
gens-là, d'après les membres de la commission et d'après
l'avis de la commission, peuvent être nommés sur le conseil
d'administration.
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Oui, M. le Président. Je reviens à la
proposition d'amendement que j'ai déposée. Si on la lit bien:
«Après avoir sollicité l'avis des organismes, associations
et groupes culturels», la ministre n'a absolument aucune obligation
formelle de choisir les gens qui ont été soumis par les
organismes, les associations et les groupes culturels. Sauf qu'on se retrouve
quand même avec des organismes, des associations, des groupes culturels
qui, j'en suis certain, ne vont pas sombrer dans le corporatisme le plus
primaire, mais qui pourraient... Je vais vous donner un exemple. Il est
bête, il est méchant, comme tous les exemples, mais donnons un
exemple. Un organisme pourrait suggérer, je vais prendre quelqu'un qui
est très actif au niveau de la capitale nationale, M. Paul
Hébert, pour siéger au Conseil des arts. M. Hébert a un
intérêt pour les arts et les lettres, mais son
intérêt se traduit par une très grande compétence et
expertise dans la gestion des théâtres et la production. Il ne
sera pas là, il n'est pas là en tant que membre de l'UDA, mais
bien en fonction de ses réalisations qui sont extrêmement
pertinentes.
Vous pourriez vous retrouver, puisqu'on fêtait, justement,
dimanche, Vincent d'Indy, on pourrait se retrouver avec un organisme, une
association ou un groupe culturel qui choisirait sans aucun doute une des plus
grandes musicologues au monde, et nous avons le bonheur de l'avoir, nous, au
Québec, qui est Mme Maryvonne Kendergi. Je pense que personne, dans ce
pays, n'oserait mettre en doute son intérêt, mais son
intérêt en termes de compétence et de grande expertise, et
elle qui dialogue quotidiennement avec tous les autres plus grands musicologues
qui puissent se retrouver au monde. Et si la ministre devait nous arriver - je
dis «la ministre» dans son sens générique du terme,
je ne fais pas allusion à la personne qui est devant moi - arrivait et
nous nommait M. Genest, bien, là, on pourrait se poser des questions. On
pourrait se poser des questions.
Alors, la ministre n'est pas soumise formellement à prendre, mais
elle a quand même l'avantage, avec cet amendement, de se voir
suggérer une liste de noms, un bassin, un panier, pour employer une
expression, encore là, bête, et, à partir des listes
qu'elle a, qui est très facile, au ministère... Une lettre
type... Écoutez, je vais vous donner un exemple très, très
concret de cas de comté. Nous célébrons, nous, la semaine
des bénévoles. Bien, ce n'est pas compliqué, j'envoie un
formulaire à tous les organismes communautaires de ma circonscription
disant: Voulez-vous, à partir de tels critères, nous
déterminer quels sont, d'après vous, les bénévoles
de l'année? Et ceux qui sont choisis pour former cette espèce de
conseil des bénévoles de l'année, eh bien, ils sont
très indépendants, mais, par contre, ils ont été
alimentés d'un bassin. Alors, moi, je trouve que ça aide.
Le Président (M. Doyon): Je constate qu'il est 13 heures.
Alors, je me vois dans l'obligation de suspendre nos travaux jusqu'à 15
heures, ce qui donnera le temps de faire les consultations dont vous parliez,
Mme la ministre, et peut-être d'en venir à une entente dont nous
pourrons faire état à la reprise de nos travaux, donc, à
15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 13)
Le Président (M. Doyon): Je déclare la
séance de la commission ouverte. Nous allons continuer
l'exécution du mandat qui nous a été confié par
l'Assemblée. Nous allons tout simplement reprendre nos travaux où
nous les avons laissés, soit à l'article 5, l'article 5 qui
pariait des nominations au conseil d'administration du Conseil des arts et des
lettres du Québec.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires au sujet de l'article 5?
Mme Frulla-Hébert: L'article 5, M. le Président, si
mon collègue accepte, on va suspendre tout simplement pour en arriver -
on s'entend sur le principe tous les deux - à une formulation qui va
sembler adéquate et qui va englober tout ce qu'on veut.
Le Président (M. Doyon): Merci. Alors, l'article 5 est
suspendu.
M. Boulerice: Suspendu.
Le Président (M. Doyon): Merci. Je fais lecture de
l'article 6: «Le mandat du président du conseil d'administration
est d'au plus quatre ans et celui des autres membres, d'au plus trois ans.
«Leur mandat peut être renouvelé une seule
fois.»
Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: En fait, c'est un article qui
détermine la durée du mandat des membres du conseil
d'administration. Il a paru préférable de renouveler le mandat de
ses membres afin d'éviter que ceux-ci demeurent trop longtemps au sein
du conseil d'administration. Ceci permet aussi le renouvellement des
idées.
Maintenant, on parlait, à un moment donné... Pour
être clair, on parle d'au plus quatre ans, mais renouvelable une fois,
c'est-à-dire que le président peut aller à huit ans, et
celui des autres membres, d'au plus trois ans, c'est-à-dire qu'ils
peuvent aller jusqu'à six ans. Et pourquoi on a fait ça? C'est
qu'on s'assure que le président va toujours, finalement, apporter la
mémoire, c'est-à-dire pouvoir chevaucher. Mais ce qu'on a voulu,
aussi, en limitant ces deux choses, à la différence du Conseil
des arts du Canada, où il n'y a aucune limite et que le
président, tout honorable et compétent qu'il soit, a
été là pendant 25 ans... Évidemment,
inévitablement, si on ne met pas de limite à des mandats,
ça peut facilement créer aussi, avec le temps, des chapelles,
comme c'est la critique présentement au niveau du Conseil des arts et
des lettres du Canada. Alors, pour renouveler les idées, pour s'assurer
qu'il y ait aussi un roulement et un renouvellement du conseil
d'administration, on a jugé bon de dire: Ils seront reconduits une fois,
six ans maximum pour les membres de l'administration, huit ans maximum pour le
P.-D.G.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je m'excuse, M. le Président, c'est parce
qu'on a un petit problème d'agencement des feuilles dans le cahier.
(Consultation)
M. Boulerice: M. le Président, la durée du mandat
du président du Conseil des arts et des membres qui est respectivement
de quatre ans et de trois ans me paraît trop brève pour favoriser
leur indépendance. Il y aurait avantage à accroître d'une
année la durée du mandat prévu. Alors, je vous
dépose un amendement à l'article 6 qui se lit comme suit:
L'article 6 du projet de loi est modifié par le remplacement, dans la
deuxième ligne du premier alinéa: 1° du nombre
«quatre» par le nombre «cinq»; 2° du nombre
«trois» par le nombre «quatre».
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, j'aimerais
seulement poser une question. Je m'excuse, je veux rectifier ce que j'ai dit.
J'ai la loi du Conseil des arts du Canada. Et, quant aux membres du Conseil, on
dit: Le gouverneur en conseil fixe pour un maximum de cinq ans la durée
du mandat du président et du vice-président. Donc, les membres du
conseil d'administration n'ont aucune limite, mais le président a, au
Canada, une limite de cinq ans. Donc, je trouve que 10 ans, c'est long. Et
deuxièmement, je veux savoir un peu ce qui sous-tend le fait de dire:
Pour assurer le maximum d'indépendance. Dans le fond, que ce soit 8, que
soit 10... Mais je trouve ça long, 10 ans.
Le Président (M. Doyon): Avant que nous...
Mme Frulla-Hébert: Les conseillers sont nommés pour
trois ans aussi.
Le Président (M. Doyon): Avant que nous discutions
l'amendement, j'aimerais tout simplement que nous procédions à
voir s'il est receva-ble. Est-ce qu'il y a des représentations sur la
recevabilité? Pas de représentations. Je déclare donc
l'amendement recevable, et nous pouvons maintenant discuter. (15 h 20)
M. Boulerice: Le problème qui arrive la plupart du temps,
lorsqu'il y a des renouvellements, c'est que les renouvellements ne sont pas
nécessairement pour le nombre d'années qu'il y a d'inscrit. On
renouvelle pour un an, on renouvelle pour deux ans. On ne renouvelle pas
nécessairement pour le bloc prévu de quatre ans. Il y a des cas
qui sont arrivés récemment et même il y a quelque temps.
Donc, à ce moment-là, ça permettrait, comme je vous dis,
une plus grande continuité, une cohérence de la gestion du
conseil. Trois ans, ce n'est pas beaucoup pour un membre.
Mme Frulla-Hébert: En fait, c'est trois ou six,
renouvelable une fois. C'est que dans le milieu des arts et des lettres...
Parce que ce sont des gens ayant un intérêt, donc, pour la
plupart, ils vont être spécialisés dans un certain secteur.
Le président-directeur général étant aussi un
permanent, je ne suis pas certaine que, quand on renouvelle un mandat, on le
renouvelle pour deux ans dans un secteur aussi spécialisé.
Habituellement, les renouvellements se font souvent pour la durée
totale. C'est différent, par exemple, d'un conseil d'administration dans
le secteur économique, où, bon, la personne peut être un
président de compagnie extrêmement occupé. Les
responsabilités peuvent être aussi... Ce n'est pas l'histoire d'un
an, là. C'est que j'aimerais qu'on y réfléchisse vraiment
ensemble. Il faut éviter de perdre la continuité, et, d'un autre
côté, éviter aussi, puisque c'est un milieu qui est en
constante évolution, que les idées s'encrassent, là, et
qu'on n'ait pas un renouvellement d'idées nouvelles.
M. Boulerice: Au départ, on le met sur place. Donc, le
mettant sur place, je pense qu'il faut donner le temps aux gens - comment
est-ce qu'on pourrait dire? - d'apprivoiser...
Mme Frulla-Hébert: Ah, ça, je suis d'accord pour
maintenant. Mais comment on le fait à moyen et à long terme?
M. Boulerice: ...et de s'imprégner et de mettre sur place.
Parce que le Conseil des arts et des lettres, on va être très
franc, je pense qu'on pourra finalement parler de lui, en termes de vitesse de
croisière, probablement dans cinq ans, dans six ans, à mon point
de vue. C'est une évaluation que je fais, très arbitraire
peut-être là, mais c'est...
Mme Frulla-Hébert: Moins, je l'espère,
là.
M. Boulerice: Je pense que c'est le minimum, cinq ans, six ans.
Et, si on allait à quatre aussi, cela permettrait, tout en assurant la
continuité, une cohérence, compte tenu que le temps est là
et nous le permet, de procéder dans une certaine alternance pour ce qui
est des autres membres qui ne seraient pas renouvelés exactement au
même temps. Donc, à ce moment-là, ça
éviterait peut-être le danger d'institutionnaliser une
présence. Ça l'éviterait de devenir un sénat, pour
employer un terme qui est devenu péjoratif dans notre pays.
Mme Frulla-Hébert: Est-ce qu'on peut suspendre
celui-là? On va voir si on peut mettre l'alternance. On va y revenir
dans l'ensemble, là, et voir si on peut y mettre l'alternance, ou sinon,
à ce moment-là, bien, on ira à quatre et cinq. C'est parce
que j'essaie de comprendre, là. Je veux bien, parce qu'on n'écrit
pas ça pour, effectivement, à court terme, mais à moyen et
à long terme. Si on met quatre ans, assumant qu'après quatre ans
les gens veulent renouveler, bien, le problème va être le
même dans huit ans que dans six ans.
Mme Blackburn: Avant d'ajourner sur cet article, j'aurais un
commentaire. Autant de suspendre, j'aurais un commentaire.
Le Président (M. Gobé): Allez-y, madame. Faites
votre commentaire.
Mme Blackburn: Oui. Dans des organismes similaires, il y a,
à l'occasion, une disposition qui prévoit qu'il y a un bloc qui
est renouvelable dès après le premier mandat. C'est-à-dire
que si vous avez, comme dans le cas, 13 membres plus le président, alors
vous en avez 4, 5 ou 6 dont le mandat ne peut pas être renouvelé,
pour vous assurer, donc, que vous ne renouvelez pas trop massivement votre
organisme d'un coup.
J'ai présidé un conseil consultatif, et le problème
qu'on éprouve lorsque vous renouvelez un nombre important de personnes,
c'est que ceux qui finissent par diriger l'organisme, c'est la permanence. Il
ne faut pas s'illusionner, là, parce que ceux qui sont dans l'organisme
socio-économique comme représentants des organismes, s'ils sont
renouvelés souvent, ils ne maîtrisent pas suffisamment les
dossiers. C'est la permanence qui finit par décider.
Deuxième chose, c'est que, dans un organisme comme
celui-là, où les champs d'activités sont très
diversifiés, où vous vous familiarisez après, des fois, un
an, un an et demi, vous commencez alors à peu près à
être fonctionnel. Indépendamment des personnes et de leurs
capacités intellectuelles, de leurs connaissances, ça peut
prendre un an et demi à deux ans. Alors, quand elle a un mandat de trois
ans, elle est là pour faire du «rubber stamp». Moi, je pense
que ça a été... On ne s'en était pas parlé
et c'était exactement la remarque que j'aurais faite, n'ayant même
pas vu l'amendement. Parce que, si vous voulez que votre conseil soit efficace,
il faut, premièrement, que vous ne renouveliez pas tout le monde en
même temps et, deuxièmement, qu'ils aient des mandats assez longs
pour pouvoir se familiariser, sinon c'est la permanence qui fait le travail et
qui oriente l'organisme.
Mme Frulla-Hébert: Parfait, vous m'avez convaincue. Alors,
on va le mettre. Je reçois l'amendement, M. le Président, si les
membres de la commission sont d'accord.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 6, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Boulerice: L'article 6 est adopté.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 6 est donc
adopté. Je vais maintenant vous faire lecture de l'article 7:
«À l'expiration...
Mme Blackburn: M. le Président, on revient à 5
à quel moment?
Le Président (M. Gobé): À la fin,
peut-être? À moins que vous désiriez, de
consentement...
Mme Frulla-Hébert: On aimerait revenir à 5 à
la fin, tout simplement pour trouver une terminologie qui, je pense, ferait
consensus.
Mme Blackburn: c'est parce que j'aurais voulu faire mes
commentaires là-dessus. je n'y serai pas à la fin parce que j'ai
d'autres engagements. je dois rentrer...
Mme Frulla-Hébert: Donc, allez-y sur les commentaires, si
vous...
Le Président (M. Gobé): Bon, écoutez, si
vous préférez, on peut suspendre une minute ou deux, le temps que
vous trouviez une nouvelle formulation.
Mme Frulla-Hébert: Non, c'est parce que Jules doit
vérifier des choses.
Le Président (M. Gobé): Bon.
M. Boulerice: Je vous en ferai part, chère
collègue, et le porte-parole...
Le Président (M. Gobé): Oui, c'est ça. C'est
parce que c'est...
Mme Blackburn: Je suis membre de la commission et c'est à
ce titre que j'interviens et parce que je souhaiterais que mes propos soient
enregistrés. Parce que, un peu comme... Je pense qu'il y a deux
amendements sur la table. Il y a celui sur la consultation. Là-dessus,
les commentaires ont été, pour l'essentiel, faits, et je partage
l'avis du porte-parole de l'Opposition là-dessus, à l'effet que
ça ne vous oblige pas, mais ça vous permet, ça vous donne
accès à un bassin de candidatures potentielles plus
intéressantes que si vous le faites, même avec votre
réseau. Je pense que c'est intéressant.
Le deuxième amendement que je souhaitais soumettre,
c'était celui touchant la présence des femmes et une
représentation équitable des régions. Si on n'assure pas -
il y a quelques régionaux ici, j'en vois au moins deux... Je sais que
c'est contraignant, pour avoir déjà essayé de travailler
avec une grille qui comprenne ces éléments. Je sais que c'est
contraignant, je sais que ce n'est pas facile, mais je sais que, si on ne
crée pas d'obligation, vous trouverez toujours les femmes, les noirs,
les autochtones et les régions en minorité, puis, je dirais, dans
cet ordre, les régions étant en arrière des noirs, si
c'est possible, je m'excuse.
Je n'ai jamais été très favorable à
l'idée de créer ce type de contraintes, mais si, un jour, on ne
les inclut pas dans nos projets de loi, si on n'oblige pas une
réflexion, une recherche de candidatures valables dans les
régions, pour occuper des fonctions, on finira par se retrouver, comme
on se retrouve dans d'autres organismes, avec les présidents
d'organismes, les présidents d'associations, et ils se retrouvent,
évidemment, comme ça se doit, les sièges sociaux
étant Montréal ou Québec, dans ces deux endroits. Si on ne
crée pas une contrainte, une certaine obligation, pas pour
l'égalité... L'égalité, ce n'est quasiment pas
gérable et je ne pense même pas que ce soit souhaitable. Ce que je
voudrais qu'on puisse y inclure, c'est l'équité, une certaine
équité. C'est moins contraignant, mais, au moins, ça
rappelle à tous les ministres, indépendamment des ministres...
Là, vous êtes ministre femme, alors, j'imagine,
préoccupée de voir une présence féminine plus
élevée. Demain, ça pourra être un ministre qui n'a
pas vraiment cette préoccupation-là et qui n'a aucune
préoccupation des régions. Il y aura au moins une contrainte dans
la loi. (15 h 30)
Je pense qu'il est important que ça se retrouve, sinon on risque
d'avoir un discours et la réalité ne s'enlignera pas sur le
discours. Moi, je ne veux pas l'égalité, parce que, je le
répète, je trouve que l'égalité, ça pourrait
être égal, plus grand dans les régions qu'à
Montréal, que dans les grands centres. Un jour, il pourra
peut-être y avoir plus de femmes que d'hommes. J'appelle
l'équité, j'appelle à l'équité. Et je pense
que c'est un principe qui est mieux administrate, qui se gère mieux, qui
crée moins de contraintes, mais, en même temps, il indique une
certaine orientation. Moi, je pense que vous devez ça aux
régions.
Mme Frulla-Hébert: Je l'ai dit, je pense, avant de briser
pour le lunch, je suis très empathique à ce que vous dites, et on
va voir maintenant, juridiquement, comment on peut parvenir à
refléter ce que vous dites. Si on a des problèmes à le
faire de façon juridique, ce sera fait par le protocole d'entente
même, avec celui du protocole d'entente qu'on devra signer, enfin, pour
instituer le Conseil des arts et des lettres, mais ça va se
refléter par écrit officiellement à quelque part.
Mme Blackburn: Mais au-delà de votre empathie, est-ce que
vous pouvez prendre un engagement formel? D'abord, au nom de votre
collègue qui est ministre déléguée à la
Condition féminine, est-ce qu'elle a fait des représentations
dans ce sens-là?
Mme Frulla-Hébert: Ma collègue n'a pas eu besoin de
faire des représentations en ce sens-là parce que, d'abord et
avant tout, j'y étais sensibilisée. Maintenant, il y a une
question de concordance avec les lois. Il y a une question, finalement, de
possibilité juridique. On est là, la possibilité
juridique, et, si, selon la possibilité juridique, par rapport à
tous les autres cas du gouvernement et ses lois, on peut le faire, on va le
faire. Sinon, ce sera écrit officiellement dans un protocole d'entente,
mais je m'engage officiellement à le faire, que ce soit une
représentation équitable au nom des femmes, une
représentation équitable au nom des régions. Parce que
c'est déjà dans la loi une représentation au niveau des
régions, au niveau du Conseil des arts et des lettres. Celle des femmes,
évidemment, n'y est pas, mais il y a une sensibilité
naturelle.
Mme Blackburn: Peut-être que M. Bhère...
Mme Frulla-Hébert: Oui.
Mme Blackburn: ...avec la permission du président,
pourrait nous expliquer ce que seraient les empêchements, les raisons qui
feraient qu'on ne puisse pas retrouver ça dans une loi, alors que le
Conseil des aînés ne parle pas d'équité, il parle
d'égalité des hommes et des femmes. La loi a été
déposée cette semaine en Chambre, et elle parle
d'égalité. Moi, je trouve que l'égalité, je le
rappelle, c'est difficilement gérable, et il viendra peut-être un
jour où il y aura plus de femmes. Le terme ne me convient pas beaucoup,
mais «équité», puisqu'il est déjà
utilisé dans une loi, j'imagine que...
«Égalité» étant déjà
utilisé, l'équité ne devrait pas vraiment poser
problème.
Mme Frulla-Hébert: Me Brière.
M. Brière: Pour répondre du mieux possible à
votre question, d'un point de vue juridique, je serais tenté de vous
dire qu'on légifère le moins possible la vertu. Dans une loi, au
fond...
Mme Blackburn: Mais on légifère le
péché.
M. Brière: Non, mais dans une loi comme celle-ci, qui ne
vise pas à assurer l'égalité des hommes et des femmes ou
à assurer l'égalité de traitement de toutes les classes de
la société, etc., mais qui vise, finalement, à
créer un organisme qui va s'occuper des arts et des lettres, il n'y a
pas de raison juridique d'inscrire cette variable, qui est très
importante dans la composition d'un organisme. Il n'y a aucune raison
fonctionnelle pour introduire cette notion-là.
Mme Blackburn: Culturelle.
M. Brière: II n'y a aucune raison culturelle qui tient ou
qui ressort du domaine des arts et des lettres. Le problème que vous
soulevez, c'est un problème d'application de la Charte des droits et
libertés et c'est une question d'application d'un programme de
discrimination positive, par exemple. C'est de la nature du respect du droit
à l'égalité et ce n'est pas de la nature de la
régie des arts et des lettres. Alors, d'un point de vue juridique, on
peut avoir une opinion peut-être différente là-dessus. Ce
n'est pas une matière sur laquelle on peut être tranché,
mais, du point de vue de la bonne législation, je peux vous dire que ce
n'est pas le lieu d'introduire cette variable.
Mme Blackburn: Alors, la disposition se retrouve
déjà dans le projet de loi sur le Conseil des aînés.
Je comprends que vous...
M. Brière: Les mauvais exemples, madame, ne sont pas
nécessairement les meilleurs arguments.
Mme Blackburn: Non. Ça dépend si vous appelez un
mauvais exemple une tentative plus rigoureuse, plus stricte, plus exigeante, de
redresser une iniquité à l'endroit des femmes et des
régions. Je ne sais pas si j'appellerais ça un mauvais exemple.
Ça dépend où on place les exemples. J'en verrais d'autres
de plus mauvais, mais je ne voudrais pas qu'on s'étende
là-dessus.
Ce que je veux dire, comme déjà le ministère de la
Santé et des Services sociaux l'a reconnu... Et là j'essaie de me
rappeler une autre loi où on a réussi à introduire la
reconnaissance, l'équité à l'endroit des régions.
Je vais le retrouver parce que ça fait déjà quelque sept
ans que je suis ici. Ça fait qu'à un moment donné on
réussit à passer quelques amendements, et je sais que dans une
loi on a réussi une fois à passer l'équité à
l'endroit des régions. Quand vous me dites que ce n'est pas culturel...
Quand vous me dites que ce n'est pas culturel, je ne veux pas dire culture dans
le sens de la production artistique, je dis que ça fait partie de la
culture dominante masculine et urbaine qui fait que et les femmes et les
régions sont négligées.
M. Brière: mais ne craignez-vous pas, madame, de
créer une discrimination à l'égard des autres classes de
la population ou des autres catégories de personnes?
Mme Blackburn: Comme?
M. Brière: Vous parlez des femmes. Vous parlez des
régions. Il y a d'autres variables qui sont protégées par
la Charte. Il y a des communautés linguistiques. Il y a des
communautés... Il y a des handicapes.
Mme Blackburn: Les anglophones se retrouvent toujours un peu
partout, y compris dans les organismes. Ça n'a jamais été
vraiment...
M. Brière: Oui, mais vous voyez l'écueil devant
lequel nous nous trouvons. Si nous mentionnons une ou deux variables, nous les
préférons à 15 autres. Et du point de vue technique
toujours - je n'exprime pas d'opinion sur l'opportunité de le faire -
c'est l'inconvénient d'introduire ici, dans une loi qui porte sur les
arts et les lettres, des variables de cette nature.
Mme Blackburn: Vous avez probablement raison en partie, mais vous
allez me permettre de contester la seconde partie. La première, c'est
que, effectivement, en en nommant un, on ne nomme pas tous les autres.
Effectivement. Cependant, ce dont je vous parle, les femmes, c'est 51 % de la
population. C'est comme quelque chose. Hein? Trouvez-moi un autre groupe qui en
représente autant. Et les régions, c'est au moins le tiers du
Québec en population, et c'est les trois quarts en superficie. Alors,
soyons un peu...
Je veux bien qu'on ait beaucoup de sympathie, et j'en ai et je la
partage, à l'endroit des anglophones, en dépit des apparences ou
encore des préjugés qu'on me prête, et je n'ai pas de
problème.
Quand j'ai présidé des organismes, il y avait des
anglophones. Parce que je pense que c'est une partie importante de la
communauté. Et ils se retrouvent dans la plupart de nos organismes, des
représentants de la communauté anglophone. Et, s'il n'y en a pas
dans les arts, il faudrait le corriger. Je pense qu'il faudrait le corriger
parce qu'il y a, effectivement, là-dedans, des gens qui ont à la
fois des expériences, des compétences, des connaissances qui
pourraient être précieuses dans le fonctionnement de votre
organisme. Mais pour autant ça ne veut pas dire que, parce qu'on n'a pas
reconnu les handicapés, les gens de couleur, les minorités
visibles, les autochtones, les anglophones, et les italophones, il faut dire
qu'il y a 51 % de la population dont on ne tient pas compte. Et moi, je pense
que ça, au plan juridique, vous avez probablement raison. Mais au plan
politique... La politique doit prendre ce genre de décision. Et c'est
à ça que j'invite la ministre. Et j'aurais terminé
là-dessus.
Mme Frulla-Hébert: Excepté... D'accord. Mais comme
j'ai dit tantôt, au niveau juridique, c'est difficile parce que ce qu'on
fait, évidemment, c'est une loi. On analyse les articles d'un projet de
loi. Et si, au niveau politique là-dessus, représentation
équitable... Il ne faut pas oublier non plus la communauté
anglophone, qui peut se retrouver dans un secteur ou un autre, qui est, dans le
fond, une communauté très importante à Montréal,
entre autres, et très impliquée, comme vous le dites. Alors,
à ce moment-là, il va falloir trouver une
représentativité globale, sur 13 membres. Alors, qu'on ne puisse
l'inscrire dans la loi parce que juridiquement parlant c'est difficile, je vous
ai dit que vous avez un engagement politique formel, que ça se
reflétera au niveau du Conseil ou du conseil d'administration.
Ça, c'est certain.
Mme Blackburn: Dans quelle proportion pour les femmes?
Mme Frulla-Hébert: Eh bien, là, on va essayer
d'être le plus... On parle d'équité. Alors, pour moi, le
plus possible. Et si je peux me retrouver en proportion égale à
celle de la population, c'est-à-dire 50-50, en fait, c'est ce que je
vise pour donner l'exemple. C'est ce que je vise, régions en proportion,
et là-dessus, évidemment, les deux groupes, si on peut dire,
linguistiques majeurs, c'est-à-dire anglophones et francophones, mais
à l'intérieur, quand même, de ces proportions.
Mme Blackburn: Quand vous dites en proportion, j'espère
que ce n'est pas en propor- tion de la production culturelle, qui est à
83 % à montréal par rapport aux régions.
Mme Frulla-Hébert: Non, non.
(15 h 40)
Le Président (M. Gobé): Je m'excuse, mais nous
étions sur l'article 5 qui, malheureusement, a été
suspendu. Est-ce que c'est satisfaisant pour vous, madame?
Mme Blackburn: Hum, hum.
Le Président (M. Gobé): Donc, on va pouvoir...
Mme Frulla-Hébert: On reviendra pour... pas juste pour
la...
Le Président (M. Gobé): Pour le libellé.
Mme Frulla-Hébert: En fait, ce qu'on va faire, M. le
Président, c'est qu'on reviendra pour le libellé de
l'amendement.
Le Président (M. Gobé): Nous reviendrons plus tard
sur le libellé, vu que la discussion a eu lieu. C'est ça? Est-ce
que je comprends bien?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Gobé): Vos propos ont
été inscrits dans le journal des enregistrements. Je l'ai
laissé aller à des fins...
Mme Blackburn: Oui, ça va, parce que si vous reportez
ça à la toute fin...
Le Président (M. Gobé): ...afin de vous rendre ce
service. Vous aviez émis le souhait que vos propos soient inscrits.
M. Boulerice: ...m. le président, nous sommes à la
recherche d'une meilleure formulation de l'amendement que nous avons
présenté et que la ministre souhaite inclure.
Le Président (M. Gobé): Et que Mme la
députée de Chicoutimi soit satisfaite.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Alors, donc, nous allons
maintenant passer à l'article 7, et je vais donc en faire lecture.
«7. À l'expiration de leur mandat, les membres du conseil
d'administration demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils soient
remplacés ou nommés de nouveau.»
Une voix: Dans la loi.
Le Président (M. Gobé): Alors, je pense, Mme la
ministre, que c'est très clair.
Mme Frulla-Hébert: Oui. Par cet article, on évite
qu'un siège devienne vacant au sein du conseil d'administration. Il
s'agit d'un article usuel.
M. Boulerice: Bon, c'est une disposition usuelle. Alors,
considéré comme adopté.
Le Président (M. Gobé): C'est correct? M.
Boulerice: Oui.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 7 est donc
adopté. Je passe maintenant à l'article 8. «8. Le
gouvernement détermine la rémunération, les avantages
sociaux et les autres conditions de travail du président. «Les
autres membres du conseil d'administration ne sont pas
rémunérés, sauf dans les cas, aux conditions et dans le
mesure que peut déterminer le gouvernement. Ils ont cependant droit au
remboursement des dépenses faites dans l'exercice de leurs fonctions,
aux conditions et dans la mesure que détermine le
gouvernement.»
Mme Frulla-Hébert: Alors, parmi les membres du conseil
d'administration, seul le président sera rémunéré,
puisque devant aussi voir à la gestion de l'organisme, et il occupera
son poste à temps plein.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, des commentaires?
M. Boulerice: Non.
Le Président (M. Gobé): Alors, donc, l'article 8
est adopté. L'article 9. «9. Le président préside
les réunions du conseil d'administration et, à titre de directeur
général, est responsable de la gestion du Conseil dans le cadre
de ses règlements et politiques. «Il exerce ses fonctions à
temps plein.»
Mme Frulla-Hébert: Cet article énonce que le
président du conseil d'administration assumera aussi le rôle de
directeur général de l'organisme. En joignant ces deux fonctions,
on assure le lien entre le conseil d'administration, organe
d'élaboration et de contrôle des politiques, et la direction
générale, organe d'exécution.
Le Président (M. Gobé): Bon, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Nous sommes à l'article 9. Premier
commentaire et, contrairement au Conseil des arts du Canada, où l'on
retrouve des fonctions distinctes de président et de directeur
général, le président du Conseil des arts et des lettres
du Québec, lui, assumera les deux fonc- tions.
Alors, la question que je poserais à la ministre: Pourquoi
a-t-elle choisi de confier à une seule personne les fonctions de
président et de directeur général?
Mme Frulla-Hébert: En fait, c'est un peu pour ce qu'on
disait tantôt, c'est de joindre, finalement, les deux liens,
c'est-à-dire le lien administratif, d'une part, et contrôle des
politiques, etc., et celui aussi du conseil d'administration, de telle sorte
qu'il y ait une continuité. Maintenant, il ne faut pas oublier non plus
que cet organisme, qui est l'organisme, je dirais, un des organismes les plus
autonomes du gouvernement, sinon le plus autonome du gouvernement quant
à sa gestion, contrôlant aussi programmes, paramètres,
barèmes, etc., ce qui n'est pas usuel dans la fonction publique
québécoise, alors, je pense que c'est une question de meilleure
administration, saine gestion et aussi, finalement, un meilleur contrôle
de l'ensemble.
M. Boulerice: Vous me permettrez de risquer une phrase et de dire
que ça évitera aussi, peut-être, que ce soit un
président d'apparat. J'ai dit: Ça évitera peut-être
que ce soit un président d'apparat.
Mme Frulla-Hébert: Oui, ça aussi.
M. Boulerice: Mais est-ce que je dois comprendre aussi que le
président sera assisté d'un secrétaire, comme le
prévoit l'article 13, et que celui-ci doit provenir du personnel actuel
du ministère?
Mme Frulla-Hébert: Pas nécessairement,
dépendant, comme on dit encore, des postes qui sont ouverts et
dépendant du transfert et de l'embauche. Ça peut être
quelqu'un qui vient du ministère ou encore ce poste-là,
spécifiquement, peut être quelqu'un, là, que nous avons
recruté. Mais nous sommes ouverts à quelqu'un de
l'extérieur, là.
Le Président (M. Gobé): M. le
député.
M. Boulerice: Bien, c'est justement... Est-ce que la ministre a
amorcé des consultations auprès de personnes pressenties pour la
fonction de président du Conseil des arts?
Mme Frulla-Hébert: Non, pas du tout. D'abord, on attend,
évidemment, que la loi soit adoptée. On respecte les
règles de l'Assemblée nationale, d'une part. Deuxièmement,
non seulement le président n'a été ni pressenti, ni... au
contraire, suite à même... Bon, on parle de l'amendement. Nous
sommes ouverts aux suggestions, d'abord, provenant des milieux. Ce que l'on
cherche, évidemment, c'est l'idéal, c'est-à-dire une
personne qui est incontestée et incontes-
table. Maintenant, c'est l'idéal, c'est sûr. C'est
difficile de faire l'unanimité partout, dans tous les secteurs, etc.,
mais surtout, pour le premier président du Conseil des arts, nous allons
chercher l'idéal, et toute suggestion est receva-ble.
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce que cela vous
satisfait?
M. Boulerice: Oui, c'est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Donc, nous allons adopter
l'article 9, à la suggestion de M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, et nous allons donc maintenant faire lecture de
l'article 10. «10. Les membres du conseil d'administration
désignent parmi eux un vice-président du conseil. «En cas
d'absence ou d'empêchement du président, le vice-président
assure la présidence du conseil d'administration.»
C'est assez clair, je pense, Mme la ministre. M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: c'est effectivement une disposition habituelle sur
le remplacement du président par un vice-président ou par une
vice-présidente...
Le Président (M. Gobé): Oui.
M. Boulerice: ...dans le cas d'incapacité d'agir du
président ou de la présidente, parce qu'on ne peut pas
présumer.
Mme Frulla-Hébert: Absolument. Le Président (M.
Gobé): C'est ça.
M. Boulerice: Je pense que vous employez le masculin dans sa
forme...
Le Président (M. Gobé): Générale...
Mme Frulla-Hébert: Générale. M. Boulerice:
Générale.
Le Président (M. Gobé): ...qui englobe le masculin
et le féminin.
M. Boulerice: Comme le dirait l'autre: L'homme embrasse la
femme.
Le Président (M. Gobé): Alors, donc, l'article 10
est adopté.
Article 11: «Le quorum aux séances du conseil est de la
majorité de ses membres. «En cas de partage, le président -
ou la présidente - a voix prépondérante.»
Mme Frulla-Hébert: C'est usuel.
Le Président (M. Gobé): Même chose. Je pense
que...
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. L'article 11 est donc
adopté.
Mme Blackburn: Un instant, s'il vous plaît.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Chicoutimi, oui.
Mme Blackburn: en cas d'incapacité du président
d'agir, c'est le vice-président qui préside le conseil
d'administration. mais, en cas d'incapacité du président d'agir,
qui préside les activités du conseil?
Le Président (M. Gobé): ...le directeur
général.
Mme Blackburn: Non, le conseil d'administration et le Conseil, ce
n'est pas la même chose. Généralement le conseil
d'administration, c'est le «chairman», alors que les
activités du Conseil, ça vous prend un administrateur.
Mme Frulla-Hébert: Ça, ça relève
beaucoup de la régie interne. Ce sera probablement le directeur adjoint
ou au niveau...
Mme Blackburn: Le secrétaire général.
Mme Frulla-Hébert: Bien, son adjoint ou son
secrétaire.
Le Président (M. Gobé): Ou le conseil
d'administration verrait à désigner quelqu'une.
Mme Blackburn: Généralement, dans plusieurs lois,
c'est désigné.
Mme Frulla-Hébert: Bien, ce n'est pas... Me
Brière.
M. Brière: Pas pour le directeur
général.
Mme Frulla-Hébert: Pas pour le directeur
général.
Mme Blackburn: Pas pour le directeur général. Mais
ce que je veux dire, c'est que du moment où le président qui est
nommé par le gouvernement est dans l'incapacité d'agir, la
personne qui agit ensuite devient... c'est un fonctionnaire. Je n'ai rien
contre les fonctionnaires mais, généralement, c'est prévu
que ça demeure un élu ou un nommé, si vous voulez, ou un
désigné par le gouvernement. Parce que là,
le deuxième en titre... parce qu'il y en a un qui préside,
qui est nommé, et qui préside les réunions du conseil
d'administration, mais les activités...
Mme Frulla-Hébert: Vous avez raison. Le
vice-président nommé, bon, au niveau du conseil d'administration,
il est nommé. Quant à l'administration même, c'est selon,
finalement, les règlements usuels, là, de la fonction publique,
c'est-à-dire que ça se fait par décret. C'est comme un
sous-ministre qui est dans l'incapacité, par exemple, tout simplement
à cause de maladie ou autre, de gérer le ministère. Alors,
il y a un décret qui se fait pour nommer quelqu'un d'autre à sa
place.
Mme Blackburn: J'ai dû mal m'exprimer, parce que je pense
très sincèrement - puis je ne cherche pas à allonger les
débats - que vous avez un trou dans votre loi, parce que, dans ce genre
d'organisme, les activités sont dirigées et
présidées par une personne nommée, désignée
par le gouvernement. Ce n'est pas un fonctionnaire. Alors, vous n'avez... Et,
en cas d'incapacité de cette personne, généralement, il y
a des dispositions où c'est le gouvernement ou la ministre qui
désigne la personne qui prendra en charge la direction de l'organisme,
en attendant qu'il soit remplacé ou qu'il se soit remis, si c'est des
problèmes de santé. Vous avez certainement un trou. Je
demanderais à Me Brière d'examiner ça. À mon avis,
vous avez un trou. (15 h 50)
Mme Frulla-Hébert: ...nous confirme que, dans ce cas-ci,
comme le directeur, le président-directeur général a un
statut de sous-ministre, alors, à ce moment-là, les lois
s'appliquent, c'est-à-dire son intérim se fait, au niveau de
l'administration, par décret. Je passe la parole à Me
Brière, là.
M. Brière: Oui, ce qui arriverait, c'est que le
gouvernement nommerait un président par intérim pour agir comme
directeur général.
Mme Blackburn: Mais, à ce moment-là, vous ne
l'indiquez pas dans la loi.
M. Brière: Non, ce n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Gobé): II est sous-ministre. Donc,
c'est la loi de la fonction publique qui s'applique.
Mme Blackburn: O.K.
Le Président (M. Gobé): C'est ça? O.K.
Alors, merci beaucoup. C'était donc un éclaircissement
intéressant.
Article 11. «Le quorum aux séances du conseil est de la
majorité de ses membres. «En cas de partage, le président a
voix prépondérante.» Ou la présidente, bien entendu.
Une voix: Usuel.
Le Président (M. Gobé): Usuel. Merci. Alors,
l'article 11 est maintenant adopté.
Article 12. «Tout membre du conseil d'administration ne peut, sous
peine de déchéance de sa charge, participer aux
délibérations ou décisions du conseil concernant une
demande d'aide financière dans laquelle il a un intérêt
direct ou indirect ou portant sur un concours dans lequel il a un tel
intérêt, ni intervenir à toute autre étape du
processus menant à une décision sur une telle demande ou un tel
concours. «En outre, le président ne peut, sous peine de
déchéance de sa charge, avoir un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise qui met en conflit son intérêt
personnel et celui du Conseil. Toutefois, cette déchéance n'a pas
lieu si un tel intérêt lui échoit par succession ou par
donation, à condition qu'il y renonce ou en dispose avec
diligence».
C'est là une clause habituelle de conflit d'intérêts
et de protection de l'intégrité.
Mme Frulla-Hébert: c'est ça. c'est un article qui
vise à empêcher que le président et les autres membres du
conseil d'administration se trouvent justement en conflit
d'intérêts.
M. Boulerice: Alors, c'est habituel, effectivement, et prudent
surtout.
Le Président (M. Gobé): C'est ça. C'est
raisonnable. L'article 12, donc, est adopté.
Article 13. «Le secrétaire et les autres membres du
personnel du Conseil sont nommés et rémunérés selon
le plan d'effectifs et les normes et barèmes établis par
règlement du Conseil. «Ce règlement détermine de
plus leurs avantages sociaux et autres conditions de travail. «Ce
règlement est soumis à l'approbation du gouvernement.»
Mme Frulla-Hébert: Bon, alors, en vertu de cet article,
c'est le Conseil des arts et des lettres qui déterminera, par
règlement, son plan d'effectifs et les normes et barèmes de
rémunération de ses employés. Un tel règlement
devra toutefois être soumis à l'approbation du gouvernement. Le
personnel du Conseil n'a donc pas le statut de fonctionnaires régis par
la Loi sur la fonction publique. Par ailleurs, les dispositions sont
prévues dans la loi, aux articles 38 et suivants, pour garantir un droit
de retour dans la fonction publique aux employés actuels du
ministère des Affaires culturelles qui seront transférés
au Conseil des arts.
M. Boulerice: M. le Président, je déposerais un
projet d'amendement à l'article 13 qui se lit comme suit:
1° le remplacement des mots «le plan d'effectifs et les normes
et barèmes établis par règlement du Conseil» par les
mots «les dispositions de la Loi sur la fonction publique»; 2°
par la suppression des deuxième et troisième alinéas.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre. Je trouve
que... Est-ce qu'il y a des gens qui veulent commenter la recevabilité
de cet amendement? Non? Alors, je considère cet amendement comme
étant recevable, sans aucun débat.
Maintenant, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques,
voulez-vous, brièvement peut-être, nous expliquer le but de votre
amendement.
M. Boulerice: Bon, le but de l'amendement, M. le
Président, est vraiment très simple. On a parié à
la fois de distance et d'autonomie. Donc, je pense que l'amendement veut bien
l'illustrer et surtout le rendre effectif, puisque ce sera des gens du Conseil
des arts, comme tels, et, en plus de ça, il y aura, quant à leur
rémunération, les normes de travail, etc., les dispositions que
l'on retrouve partout ailleurs, donc, à ce moment-là, une
protection pour ce personnel qui... Je ne sais pas quel mot je pourrais
employer pour trouver la formule la plus appropriée... enfin, qui
protège leur action.
Le Président (M. Gobé): Bon. Alors, Mme la
ministre.
Mme Frulla-Hébert: Écoutez, le principe même
du Conseil des arts, c'est d'avoir un conseil qui est autonome et qui soit
aussi souple. Et le Conseil aura... et se gérera, si on veut, selon les
lois du travail qui vont s'y appliquer, excepté qu'au point de vue
gouvernemental nous avons jugé bon que, finalement, la Loi sur la
fonction publique ne s'applique pas ici. Par contre, les employés qui
sont transférés du ministère au Conseil des arts sont
protégés. Mais les employés qui vont y rentrer au Conseil
des arts, qui vont y adhérer de leur pleine volonté, là,
eux, ne seront pas régis par la Loi sur la fonction publique, mais par
soit les normes du Conseil du travail ou, encore, éventuellement, par un
syndicat qui est peut-être un petit peu flexible.
Chose certaine, c'est qu'on parle d'un organisme
décentralisé et autonome. Donc, c'est le souci du gouvernement de
reconnaître, à l'extérieur des structures
ministérielles, la personnalité distincte de l'organisme. Dans
ces organismes décentralisés de gestion administrative, le
personnel fait rarement partie de la fonction publique. C'est une tendance qui
est généralement observée dans les sociétés
d'État et qui est une disposition existante dans plusieurs organismes
décentralisés, soit le Musée d'art contemporain, le
Musée du Québec, la SEPAQ, la Société
immobilière, la Société de la main- d'oeuvre et aussi tous
nos fonctionnaires, finalement, qui sont au niveau de la Fondation de la faune,
les fonds FCAR, le Fonds de la recherche en santé et la SOGIC.
Alors, on veut avoir une structure qui est souple et on veut avoir des
gens qui, oui, s'y inscrivent, mais qui s'y inscrivent, justement, au fur et
à mesure des années, de bonne volonté, pour justement y
accomplir leur travail en fonction de l'excellence de leur travail. Les
employés du Conseil des arts de l'Ontario et du Canada aussi ne sont pas
soumis à la Loi sur la fonction publique.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Chicoutimi, il me fait plaisir de vous entendre.
Mme Blackburn: Qu'est-ce qui va arriver à un fonctionnaire
qui, par exemple, en raison de cette disposition-là,
c'est-à-dire, il n'est plus protégé par le syndicat de la
fonction publique ou, encore, par le Syndicat de professionnels du
gouvernement, ces deux unités syndicales, et qui décide, pour ces
raisons, il pourrait être intéressé, mais il ne va pas au
Conseil. Vous avez un surplus. Ça veut dire qu'ils sont mis en
disponibilité au ministère?
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire qu'il y a des mises
en disponiblité. Il ne faut pas oublier que les postes vont être
ouverts. Il va y avoir un décret de transfert. Les gens qui sont au
ministère présentement et qui font partie de la Loi sur la
fonction publique se prévalent de ces dispositions. Si, bon, pour une
raison ou pour une autre, ils n'y sont pas heureux, alors, ils sont
réintégrés dans la fonction publique. C'est pour les
employés qui, finalement, décident, eux, d'appliquer au Conseil
des arts si, dans... bon, de maintenant à trois, quatre, cinq, six ans
et plus, il y a des postes qui s'ouvrent, alors, ces gens-là sont
régis par les lois du travail, d'une part, si le Conseil des arts n'est
pas syndiqué ou, encore, par un syndicat qui est peut-être
beaucoup plus adapté à un organisme qui est plus petit, et un
organisme qui se veut souple, et un organisme qui se doit, en plus,
d'être souple et efficace. Ça peut éventuellement
être le même syndicat, là. Mais que ce sort... Il faut y
ajouter aussi une certaine souplesse. (16 heures)
Maintenant, quand on parle, dans un contexte de saine gestion des
ressources humaines, le ministère prendra tous les moyens, dans les
prochaines semaines, dès que le projet de loi sera approuvé, pour
considérer toutes les alternatives afin d'éviter les mises en
disponibilité. Les comités ministériels des
représentants de relations professionnelles, soit les syndicats de
professionnels et fonctionnaires, ont déjà été
rencontrés et vont être impliqués dans le processus visant
à trouver les meilleures alternatives en regard de ces
problématiques. Alors, chose
certaine, c'est notre premier Conseil des arts au Québec, on veut
avoir le meilleur effectif possible au Conseil des arts, on veut une saine
gestion, souple et efficace, pour justement pallier au problème que l'on
vit présentement.
Mme Blackburn: Est-ce que vous envisagez des
déménagements, par exemple, Québec-Montréal, au
moment de la restructuration?
Mme Frulla-Hébert: Quelques déménagements
possibles. Ça peut être Montréal-Québec,
Québec-Montréal, régions-Québec, dépendant
des postes qui sont ouverts, des intérêts des personnes et des
expertises, mais ces gens-là vont être couverts pour leurs frais
de déménagement selon les conventions collectives.
Mme Blackburn: Dans les cas de restructuration dans le
privé, pour des raisons de modernisation des équipements, de
ralentissement des activités, les entreprises privées ont des
obligations très précises à l'endroit des employés.
Dans la fonction publique, elles sont mises en disponibilité. Dans une
certaine mesure, elles n'ont pas les mêmes avantages touchant, par
exemple, le recyclage, la réorientation. Là, on va avoir le
problème avec les Transports. Les Transports, c'est 2500 personnes.
C'est vrai que ça va être moins important dans votre
ministère, mais est-ce qu'on a envisagé aller au-delà de
ce que sont les obligations actuellement prévues aux conventions?
Mme Frulla-Hébert: Je vais passer la parole à Mme
Courchesne parce qu'elle a déjà commencé, comme je le
disais tantôt, à rencontrer les gens pour un peu sensibiliser,
voir ce qu'il y a à faire. On travaille de très près avec
nos syndicats et nos employés parce que, venant toutes les deux de
l'entreprise privée, on essaie d'appliquer les mêmes principes de
gestion, motivation, bon, ce qui ne s'applique peut-être pas partout non
plus dans la fonction publique. On sait aussi que, dans l'entreprise
privée, il y a beaucoup de choses par rapport a la
sécurité d'emploi, etc., ce qui est très différent
de la fonction publique. Donc, il y a des avantages d'un côté,
dans l'entreprise privée, il y a aussi des désavantages par
rapport à la fonction publique. Maintenant, je vais passer la parole
à Mme Courchesne pour voir où on en est rendu.
Mme Courchesne (Michelle): Juste pour ajouter qu'à cet
effet, bien sûr, il y a du personnel qui aura peut-être à
vivre certain perfectionnement ou un recyclage d'une certaine façon au
niveau du type d'expertise qu'ils ont et qu'ils devront développer et,
actuellement, l'Office des ressources humaines est en train, justement, de
mettre au point des types de programmes pour des gens qui sont soit en
transition de carrière, soit mis en disponibilité et qui ont
à se réorienter. Et on va travailler en très
étroite collaboration avec l'Office parce que, vous l'avez
mentionné, il y a les Transports, il y a l'OPDQ, il y en a d'autres,
Santé et Services sociaux, et ils sont très conscients des
besoins des différents ministères à cet effet-là.
D'autant plus que, pendant que les gens seront mis en disponibilité,
évidemment, ces gens-là, ils vont continuer à travailler.
Nous, on va essayer de limiter au strict minimum les mises en
disponibilité et je pense qu'on va réussir assez bien.
Par ailleurs, ces gens-là vont donc, durant ces périodes
transitoires, pouvoir suivre le perfectionnement, et on est en
négociation à la fois avec le Trésor, à la fois
avec l'Office des ressources humaines pour que ces gens-là puissent
poursuivre un cheminement de carrière qui soit satisfaisant sur une base
personnelle. Mais il est évident que, dans une perspective de
réduction d'effectifs comme on connaît, on n'a pas non plus
beaucoup d'employés de trop; dans ce sens-là, on aura aussi des
nouveaux mandats au ministère de la Culture. Les nouveaux mandats au
ministère de la Culture, pour nous, c'est très important de
pouvoir les remplir.
Mme Blackburn: Oui, parce que, dans le fond, le Conseil a
beaucoup de pouvoirs, y compris celui éventuellement de donner des
avantages qui soient en deçà de ce que la fonction publique a
généralement, puisque c'est le Conseil qui établit par
règlement les avantages sociaux et les autres conditions de travail.
Ça veut dire qu'on pourrait retrouver là une espèce de
catégorie inférieure de professionnels qui font sensiblement le
même travail avec les mêmes qualifications que ceux qu'on va
retrouver au ministère de la Culture. Il y a là des
inéquités potentielles pour les travailleurs. Et à
l'intérieur des mêmes organismes, c'est ça?
L'autre problème que je voyais dans l'article, c'est qu'ils
établissent les plans d'effectifs, les normes et les barèmes.
Là, évidemment, vous allez me dire que mon inquiétude est
à l'inverse. Qui va assurer une certaine vigilance pour ne pas qu'il
arrive, dans ce Conseil, ce qui arrive dans d'autres conseils qui finissent par
mettre beaucoup du budget dans le fonctionnement, dans les effectifs, dans les
structures en, finalement, drainant d'autant ce qui devrait aller chez les
créateurs? Alors, comment est-ce que vous allez régler
ça?
Mme Frulla-Hébert: C'est ça. D'abord, il y a deux
choses. Je n'aime pas quand on dit «en deçà» parce
que c'est vraiment adapté aux besoins mêmes de l'organisme. Il ne
faut pas oublier que c'est un organisme, quand même, qui est
paragouvernemental, si on veut, un bras du gouvernement, d'une part.
Deuxièmement, il y a les lois du travail qui automatiquement
s'appliquent. On ne peut pas vraiment avoir deux
catégories de personnes qui travaillent dans le même
secteur. Mais, ce qu'on veut, tout simplement, c'est d'avoir une gestion qui
est, encore là, je reviens, très transparente, plus souple et
plus flexible.
Donc, les conditions qui vont s'appliquer à ces gens vont
être beaucoup en fonction de leur donner justement, et à
l'organisme et aux gens qui y travaillent, cette possibilité d'agir de
cette façon. On pourrait peut-être penser aussi à
être innovateur en ayant... Là, je m'avance, parce qu'il faudrait
que ma sous-ministre me dise si c'est possible. Ce que, moi, je déplore
dans la fonction publique, c'est qu'on n'a pas, comme dans l'entreprise
privée, des programmes incitatifs à l'amélioration,
à la performance, etc., parce que c'est tellement régi et
encadré qu'on s'en va selon les échelles, etc. Alors, ce serait
bon d'essayer de voir si c'est possible, justement, d'avoir des incitatifs pour
ceux qui veulent augmenter leur performance ou en donner plus, un peu comme on
fait dans toutes les grandes entreprises privées, d'une part, pour
améliorer justement, encore une fois, l'efficacité et la
performance de l'organisme.
Quand on dit: Est-ce que l'organisme va pouvoir se prévaloir du
fait qu'il est autonome pour engraisser, si on veut, la machine, de là
encore l'avantage d'un organisme qui répond à un ministre et non
pas un organisme qui est autonome, qui flotte et qui n'appartient à
personne. Donc, le ministre va avoir cette responsabilité
gouvernementale de voir à ce que l'organisme, quant à sa gestion
administrative, renvoie l'argent, si on veut, à l'aide à la
création et n'engraisse pas, si on veut, une machine administrative.
Donc, les normes du Conseil du trésor, du gouvernement, etc.,
s'appliquent et le ministre doit s'assurer que ces normes ou, enfin, ces
objectifs s'appliquent à l'organisme qui dépend de lui,
d'ailleurs, et dont il est responsable.
Mme Blackburn: Je reviens à l'amendement. L'amendement
indique que les plans d'effectifs pourraient être... Ce serait selon les
dispositions de la Loi sur la fonction publique. Il y a d'autres lois qui
prévoient que les conditions de travail des employés soient
celles de la fonction publique. Ça n'empêche pas l'organisme
d'établir ses plans d'effectifs mais on sait que ceux qui travaillent
dans cet organisme ont les mêmes conditions que ceux qui sont dans la
fonction publique. Parce que vous allez créer deux catégories.
J'avais eu l'occasion de l'observer pour l'Office des professions; le personnel
n'avait pas les mêmes conditions que la fonction publique et, finalement,
ça a été changé. Je ne me rappelle plus en quelle
année, mais je sais que ça a été changé il y
a déjà une dizaine d'années au moins.
Mme Frulla-Hébert: Me Brière me dit que c'est
exceptionnel que l'on mette ça dans la loi.
Me Brière, si vous voulez ajouter, s'il vous plaît.
M. Brière: Oui. Habituellement, on trouve ça dans
les conventions collectives qui sont propres aux organismes
décentralisés, comme la Société des alcools, par
exemple, on appelle ça une clause remorque. Dans ces conventions, c'est
généralement prévu que les conditions prévues,
négociées dans la fonction publique s'appliquent au niveau des
salaires, en tout cas, en ce qui concerne les salaires. Quant au normatif,
c'est généralement particulier. D'ailleurs,
l'intérêt principal de distinguer les deux champs d'application
des relations de travail, c'est que ça permet, plutôt que
d'appliquer des règles générales ou des normes
générales, de négocier, même dans le cadre de
conventions collectives, des normes plus adaptées. (16 h 10)
Mme Blackburn: Oui. Je veux bien vous entendre pour les normes,
mais je pense à la sécurité d'emploi, le salaire selon
l'échelle et, évidemment, ça, c'est plus les conditions.
Du moment où ça n'apparaît pas là-dedans, sur quoi
est-ce que le Conseil va se baser? Évidemment, dans un premier temps, la
majorité des employés va être syndiquée, donc avec
des conditions, mais ceux qui vont entrer à mesure, là?
M. Brière: Vous avez une contrainte déjà
fort importante.
Mme Blackburn: Oui.
M. Brière: Pendant la durée des conventions
collectives jusqu'à leur expiration et jusqu'à la
négociation de nouvelles les conditions de travail vont continuer de
s'appliquer. Alors, ça sera sûrement difficile pour les
gestionnaires de négocier pour l'avenir en bas de ce qui est
prévu là, enfin, me semble-t-il. Je ne vois pas là un
problème majeur.
Mme Blackburn: Et les employés, là-dessus, ont
été consultés? Parce que, vous savez, mon dossier, c'est
le travail, alors je me permets.
Mme Frulla-Hébert: Les employés ont plus
qu'été consultés, les employés ont
été partie prenante.
Mme Blackburn: Et ils sont d'accord avec cette disposition?
Mme Frulla-Hébert: Je le disais hier au niveau de la
culture, les employés ont été partie prenante de tout le
chambardement, si on veut, d'une part, et ils ont fait preuve
d'énormément de générosité, ils ont
participé d'emblée. Maintenant, je veux revenir à ce que
Mme Cour-chesne a dit. Au niveau du ministère des Affaires culturelles,
vous savez comme moi, d'abord, qu'on n'était pas un ministère qui
était, je dirais, très
grassement pourvu à partir de 1985. Ce qui fait qu'à
chaque fois qu'on a demandé des coupures dans la fonction publique,
etc., qui sont générales, des mesures générales, eh
bien, ces mesures s'appliquaient toujours à nous. C'est sûr. Et
nous, comme bons citoyens corporatifs, on remplissait les mesures. Ce qui fait
qu'au moment où on se parle - et je veux rendre tout ça public
parce qu'on a eu beaucoup de critiques au niveau du ministère et je les
trouve très injustes - les gens du ministère, on est en effectif
réduit. C'est pour ça qu'on ne pense pas avoir des gens vraiment
en disponibilité parce que les gens qui sont là, ce sont des gens
qui ont des tâches et qui travaillent très fort. On est à
effectif réduit et, si d'autres ministères sont grassement
pourvus, ce n'est vraiment pas le cas chez nous.
On nous a demandé de nous autofinancer pour la
régionalisation. On nous a demandé de prendre sur nous,
finalement, tous les effectifs. Alors, toutes les mesures, les
paramètres généraux qui se sont appliqués, en fait,
depuis quatre ou cinq ans, nous, on les a toujours subis. Alors, si d'autres
ministères étaient, effectivement, comme je le disais
tantôt, plus grassement pourvus, eux, ça leur faisait moins mal.
Mais nous, à chaque fois, il a fallu les subir et les subir de telle
sorte qu'en 1992, Dieu merci! on a tout fait exploser la structure pour avoir
une structure qui est plus efficace parce que, comme on dit, les gens sont
vraiment surchargés. Ils sont surchargés et je pense que ce n'est
qu'humain, je pense, Dieu merci! pour eux, qu'on en vienne à une
solution qui fasse en sorte qu'on puisse leur donner une structure plus souple
parce que, pour eux, ce n'est presque plus travaillable, là.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que cela satisfait
tout le monde sur cet amendement? Est-ce que l'amendement... M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, est-ce qu'on passe au
vote?
M. Boulerice: Je n'ai rien à rajouter, on a fait valoir
notre point de vue. La ministre a parlé de syndicats plus flexibles. Je
pense qu'elle s'est permis une appréciation qu'elle aurait
peut-être dû ne pas faire; mais, enfin, je la laisse avec ses
propos. Ce qui va arriver, c'est qu'à long terme il va y avoir de moins
en moins de gens dans ce Conseil, à cause du phénomène
d'attrition, etc., qui vont se retrouver membres de la fonction publique,
d'où la raison pour laquelle nous avons présenté cet
amendement. Mais nous sommes prêts à en disposer.
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce que
l'amendement est adopté?
Mme Frulla-Hébert: Non. Là-dessus, je dois vous
dire que, d'abord, ce n'est pas les syndicats qui ne sont pas flexibles, mais
les conventions collectives, parce que ce sont des conventions collectives qui
sont faites pour l'ensemble et la majorité. Nous préférons
avoir, justement, une convention pour un organisme qui se veut souple et
flexible. Je rappelle justement à mon collègue qu'il était
membre du premier conseil d'administration du Musée d'art contemporain
et la Loi sur le Conseil des arts et des lettres est tout à fait
semblable à celle sur les musées nationaux.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, nous
allons passer au vote. J'avais donc appelé le vote, je m'en excuse. M.
le secrétaire, si vous voulez appeler le vote, s'il vous plaît.
Alors, que les gens qui sont en faveur de la motion... M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. Boulerice
(Sainte-Marie-Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Oui.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Gobé): Les gens qui sont contre la
motion?
Le Secrétaire: Mme Loiselle (Saint-Henri)?
Mme Loiselle: Contre.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Contre.
Mme Frulla-Hébert: Contre.
Le Président (M. Gobé): Abstentions? Bon.
L'amendement est donc rejeté. Est-ce que, maintenant, l'article 13 est
adopté?
M. Boulerice: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): L'article 13 est donc
adopté sur division.
Je vais donc maintenant passer au chapitre II, Objets et pouvoirs. Je
vais donc lire l'article 14.
Objets et pouvoirs
«Le Conseil exerce ses attributions dans les domaines des arts
visuels, des métiers d'art, de la littérature, des arts de la
scène, des arts multidisciplinaires et des arts médiatiques,
ainsi qu'en matière de recherche architecturale.»
Mme Frulla-Hébert: C'est un article qui énonce les
domaines d'intervention du Conseil des arts et des lettres, lequel recouvre
les
domaines traditionnellement couverts par de tels organismes.
M. Boulerice: J'aimerais quand même poser la question
à la ministre: Est-ce qu'elle entend confier une responsabilité
particulière au Conseil en matière d'aide à la
relève et l'expliciter, et préciser ses intentions quant au
rôle du Conseil en matière de recherche architecturale?
Mme Frulla-Hébert: C'est un tout nouveau secteur. On se
rappelle qu'en commission parlementaire on a eu beaucoup de
représentations, en fait, de la société des architectes,
d'abord, qui disait qu'ils n'étaient finalement nulle part, non
éligibles au ministère des Affaires culturelles, qu'ils
étaient inclus au niveau de la SDI, donc à Industrie et Commerce
ils avaient de la difficulté, alors, ils flottaient. C'est un nouveau
programme que nous avons institué suite à la commission
parlementaire et qui relève du programme Aide aux artistes. C'est une
recherche de nouvelles formes d'architecture, de nouveaux concepts
architecturaux ou de nouvelles formes d'intégration
d'éléments architecturaux dans les ensembles existants.
Maintenant, compte tenu du mandat du Conseil, il est entendu que l'aide
à la recherche architecturale s'adresse à des individus pour un
projet de recherche et non pour la réalisation d'un projet
d'architecture.
Le Président (M. Gobé): Bon. C'est très
clair, madame. M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques?
M. Boulerice: Là, elle a répondu pour la recherche
architecturale, mais pour ce qui est de l'aide à la relève?
Mme Frulla-Hébert: À la relève? Les
programmes d'aide à la relève sont semblables aux programmes qui
existent déjà. Au niveau du ministère des Affaires
culturelles, ils existent déjà. Exemple, aussi, d'un programme
d'aide à la relève: vous allez voir, dans la ventilation qu'on va
vous soumettre avant la fin de la session, que cette année on a
donné - c'est un exemple - la direction de l'orientation que nous, on a
prise, au ministère des Affaires culturelles. Il s'agit de savoir
maintenant si l'administration du Conseil des arts va justement continuer cette
expérience; c'est à eux d'en décider. Mais on a
réservé 100 000 $ pour les troupes de théâtre, pour
qu'elles puissent, justement, aider la relève, les intégrer dans
les troupes existantes et leur permettre, justement, avec des professionnels,
de se développer. Alors, c'est ce genre de programme là qui va
exister au Conseil.
Le Président (M. Gobé): Très bien, Mme la
ministre. Est-ce que nous considérons l'article 14 comme étant
clarifié et, donc, nous pouvons l'adopter?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Gobé): L'article 14 est donc
adopté avec le consentement de M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. Nous allons donc à l'article 15. «Le
Conseil a pour objet de soutenir, dans toutes les régions du
Québec, la création, l'expérimentation et la production et
d'en favoriser le rayonnement au Québec et, dans le respect de la
politique québécoise en matière d'affaires
intergouvernementales canadiennes et de celle en matière d'affaires
internationales, dans le reste du Canada et à l'étranger. (16 h
20) «II a aussi pour objet de soutenir le perfectionnement des
artistes.»
Mme Frulla-Hébert: On en a amplement discuté ce
matin avec, entre autres, la députée de Chicoutimi. C'est tout
simplement pour spécifier le mandat du Conseil, ce mandat qui s'exerce
dans toutes les régions du Québec. Quand on parle d'orientation
des directives, évidemment, quand on parle du conseil d'administration,
il faut absolument que ce mandat se reflète dans les décisions du
Conseil et parmi les représentants aussi du Conseil, et qu'on s'assure
que le Conseil prenne en compte le fait que la création,
l'expérimentation et la production sont présentes,
évidemment, comme je le disais, partout au Québec, mais que la
circulation puisse se faire aussi dans toutes les directions, non pas seulement
d'une région à Montréal, mais aussi l'inverse, et qu'il y
ait le plus de circulation possible en termes d'activités
créatrices.
M. Boulerice: Est-ce que je dois entendre, dans les propos de la
ministre, que le Conseil aura des programmes d'aide spécifiques pour ce
qui est du développement en région, et s'attend à une
répartition régionale pour chaque programme d'aide
administré par le ministère?
Mme Frulla-Hébert: C'est...
M. Boulerice: Par le Conseil, il va de soi.
Mme Frulla-Hébert: C'est ça. Dans le
fonctionnement, pour l'instant, cet article-là va faire partie des
directives et des orientations. Le Conseil étant autonome, il se devra
tout simplement d'élaborer des programmes, paramètres, etc.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, nous
allons suspendre les travaux quelques minutes, le temps d'aller prendre un
vote. Donc, je vais suspendre les travaux pour la durée du vote et nous
reprendrons nos travaux par la suite. La commission est maintenant
suspendue.
(Suspension de la séance à 16 h 22)
(Reprise à 16 h 54)
Le Président (M. Gobé): Si vous voulez bien
rejoindre vos places, la commission reprend ses travaux.
Il me fait plaisir d'accueillir M. le député de Richelieu
qui a décidé de passer la soirée avec nous à cette
commission.
M. Khelfa: Oui.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député. Nous comptons sur votre présence comme à
l'habitude, d'ailleurs.
Nous en étions donc à l'article 15 et nous étions
prêts à l'adoption de l'article 15.
M. Boulerice:. Non, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Non?
M. Boulerice: ...malheureusement pour vous.
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas pour moi,
c'est l'intérêt de la commission d'en discuter si ce
n'était point fini.
M. Boulerice: L'intérêt, effectivement, de la
commission est de faire la lumière sur ce projet de loi.
Le Président (M. Gobé): Alors, Mme la
ministre...
Mme Frulla-Hébert: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...vous aviez fini vos
commentaires sur l'article 15?
Mme Frulla-Hébert: Oui.
Le Président (M. Gobé): C'était donc
à M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Vous aviez terminé pour ce qui est des
budgets dévolus aux régions. Est-ce que vous pouvez nous indiquer
quelle est la politique québécoise actuelle en matière
d'affaires intergouvernementales canadiennes, puisque l'article 15 en fait
très spécifiquement référence?
Mme Frulla-Hébert: Vous savez que la politique
québécoise en matière d'affaires intergouvernementales
canadiennes depuis le...
M. Boulerice: Je lis: «Le Conseil a pour objet de soutenir,
dans toutes les régions du Québec, la création,
l'expérimentation et la production et d'en favoriser le rayonnement au
Québec et, dans le respect de la politique québécoise en
matière d'affaires intergouvernementales canadiennes et de celle en
matière d'affaires internationales, dans le reste du
Canada et à l'étranger.»
Alors, comme on veut soutenir la création,
l'expérimentation et la production, j'aimerais savoir quelle est, depuis
le 26 octobre plus particulièrement, la politique
québécoise en matière d'affaires intergouvernementales
canadiennes relativement à la création, l'expérimentation
et la production culturelle québécoises.
Mme Frulla-Hébert: Écoutez, les ententes existent
déjà. Le 26 octobre n'a rien changé. Il y a des ententes
qui sont faites déjà avec l'Ontario, il y a des ententes qui
existent déjà avec la Colombie-Britannique, par exemple, et c'est
finalement la circulation, la libre circulation des activités de
création artistique et d'échanges aussi à travers le
Canada, que ce soit à l'horizontale ou à la verticale,
c'est-à-dire vers les États-Unis.
M. Boulerice: M. le Président, je vais
considérer... Le rapatriement des responsabilités
québécoises qui ont été confisquées - je
pense que le terme n'est pas exagéré - par le gouvernement
fédéral font-elles partie de la politique?
Une voix:... à la prochaine négociation.
M. Boulerice: Comment, la prochaine, vous en aurez une autre? Si
vous aimez les défaites, on vous en fera subir une autre, monsieur.
Le Président (M. Gobé): Comment vous dites, M. le
député?
Mme Frulla-Hébert: Pardon!
M. Boulerice: Je vous demandais si les pouvoirs, le rapatriement
des responsabilités fédérales font toujours partie de la
politique?
Mme Frulla-Hébert: d'abord, ce n'est pas dans la loi et,
deuxièmement, j'ai dit que, ce dossier-là, nous étions
pour le revoir dans son ensemble à partir de la fin janvier.
M. Boulerice: L'article 15 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): L'article 15 est donc
adopté. Je vais faire lecture de l'article 16. «Le conseil peut
accorder, dans le cadre de son plan d'activités, de ses programmes
d'aide financière et aux conditions qu'il détermine, une aide
financière au moyen de subventions ou de bourses. «Il peut aussi,
dans le cadre de son plan, créer des concours en vue de décerner
des prix à l'excellence artistique.»
Mme Frulla-Hébert: C'est une aide financière,
évidemment. L'aide financière accordée par le Conseil sous
forme de subventions et de
bourses devra l'être dans le... C'est le principal pouvoir du
Conseil dans le cadre d'un plan d'activités approuvé par le
ministre des Affaires culturelles. On va voir ça en article 17.
Maintenant, avec l'article 18, cet article confirme l'autonomie du Conseil sur
l'établissement de ses programmes d'aide financière. Le Conseil
pourra aussi créer des concours en vue de décerner des prix
à l'excellence artistique - on se rappellera hier le prix d'Europe, par
exemple - prix qui peuvent être remis soit sous forme d'argent, soit sous
une autre forme décidée par le Conseil.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre peut nous donner la liste
détaillée des programmes qui seront désormais
administrés par le Conseil, en lieu et place du ministère?
Mme Frulla-Hébert: En fait, pas en lieu et place, dans le
sens que c'est le Conseil qui le déterminera. Les programmes actuels,
ça, on pourra vous les fournir avec plaisir. On ne les a pas sur place,
mais on vous les fera parvenir au début de la semaine prochaine.
M. Boulerice: Durant qu'on parle de renseignements
demandés qui devront nous être fournis, est-ce que madame votre
sous-ministre a réussi à récupérer les documents
qu'elle avait préparés, mais malheureusement oubliés? Bon,
je vous remercie, M. le secrétaire.
Mme Frulla-Hébert: Nous sommes efficaces.
Le Président (M. Gobé): L'article 16 est donc
adopté?
M. Boulerice: L'article 16 est adopté. (17 heures)
Le Président (M. Gobé): L'article 16 est maintenant
adopté. J'appelle donc l'article 17. «Le Conseil doit, chaque
année à la date fixée par le ministre des Affaires
culturelles, lui transmettre un plan de ses activités. Ce plan doit
tenir compte des orientations et objectifs que le ministre donne au Conseil.
«Le plan doit être établi selon la forme
déterminée par le ministre et contenir les renseignements que
celui-ci indique. «Il est soumis à l'approbation du ministre.
«Le plan est accompagné des prévisions du Conseil
concernant ses activités et son budget pour les deux exercices
financiers suivant celui pour lequel est établi le plan
d'activités.»
Mme Frulla-Hébert: C'est l'article qui détermine le
rôle et le lien entre le ministre et le Conseil des arts et des lettres,
d'une part, et aussi qui assure la transparence dans la gestion du Conseil des
arts. C'est un article qui oblige le Conseil à transmettre au ministre
des Affaires culturelles, à chaque année, un plan de ses
activités. Cet article prévoit toutefois certaines mesures de
contrôle sur les activités de l'organisme. D'abord, le plan doit
tenir compte des orientations et objectifs que le ministre donnera au Conseil
par rapport à la relève, par rapport aux régions, par
exemple, les grandes orientations. De plus, le plan est soumis à
l'approbation du ministre. Enfin, ce plan étant annuel, il est
prévu que celui-ci soit accompagné de prévisions du
Conseil concernant ses activités et son budget pour les deux
années subséquentes. Ces prévisions ne sont toutefois pas
soumises à l'approbation du ministre, elles sont fournies à titre
indicatif, afin que le ministre connaisse les orientations futures du Conseil.
Alors, c'est: dispositions relatives à la gestion, grandes orientations
données par le ministre selon la politique culturelle au Conseil,
programmes, paramètres, activités, etc., déterminés
en toute autonomie par le Conseil, et le plan d'action, étant un plan
annuel, révisé en partenariat avec le Conseil chaque
année.
M. Boulerice: M. le Président, je vous annonce que je vais
déposer un projet d'amendement à l'article 17 qui serait
modifié, après son troisième alinéa, par l'addition
d'un alinéa qui se lirait ainsi: «Après son approbation par
le ministre, ce plan d'activités est déposé à la
commission permanente de la culture afin que celle-ci puisse procéder
à son étude dans les meilleurs délais.»
Mme Frulla-Hébert: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Madame, je n'ai point
déterminé la recevabilité...
Mme Frulla-Hébert: Excusez-moi.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous parlez sur
la recevabilité de cet amendement? Non?
Mme Frulla-Hébert: Pardon?
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous voulez
intervenir sur la recevabilité?
Mme Frulla-Hébert: Non.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que quelqu'un en
cette commission veut intervenir sur la recevabilité? Donc, après
lecture de l'amendement... Tout le monde en a pris connaissance?
M. Boulerice: Je pourrai la motiver, M. le Président,
quand vous m'en donnerez la permission.
Le Président (M. Gobé): Alors, je vais en faire
lecture, afin que les gens puissent se prononcer. L'article 17 du projet de loi
est modifié, après le troisième alinéa, par
l'addition
de l'alinéa suivant: «Après son approbation par le
ministre, ce plan d'activités est déposé à la
commission permanente de la culture afin que celle-ci puisse procéder
à son étude dans les meilleurs délais.»
Donc, cet amendement n'ayant pas d'objection, est
considéré comme recevable? M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques vous voulez nous expliquer la raison qui motive cet
amendement.
M. Boulerice: Oui. Bien des raisons le motivent, M. le
Président, je vais tenter de vous expliquer les plus importantes. La
toute première. On a eu déjà les premières
réactions au dépôt du projet de loi 53 et certains ont
parlé de dirigisme, ce que nous avons tenté de désamorcer
mutuellement, la ministre et moi, en disant que non. Sauf qu'il est
évident qu'il y a quand même une proximité assez grande
avec l'Exécutif. Un des moyens, à notre point de vue,
d'atténuer cette proximité de l'Exécutif est tout
simplement de permettre à ce Conseil, qui doit jouir d'une large
autonomie, de venir faire part du plan d'activités auprès du
corps législatif qui est l'Assemblée nationale, via sa commission
de la culture. La commission de la culture pourra émettre ses
commentaires et cela permettra au Conseil des arts et des lettres du
Québec également de faire part en toute quiétude,
puisqu'il s'adressera au Parlement, de ses doléances, s'il en a, ou tout
simplement répondra à des questions tout à fait
légitimes que doit se poser le législateur quant à, d'une
part, le plan d'activités comme tel ou, si par malheur cela devait
arriver, une proximité peut-être pressante de la ministre. Parce
que nul n'est à l'abri des tentations. Je pense que ça
établit un principe qui est intéressant.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, vous avez
la parole.
Mme Frulla-Hébert: Merci, M. le Président. Moi, je
ne suis pas d'accord, je vais vous dire pourquoi. D'abord, un ministre se doit
d'être responsable, et c'est lui qui est responsable devant
l'Assemblée, d'une part. Il y a des canaux qui existent
déjà pour questionnement, c'est l'étude des
crédits. Et à l'étude des crédits,
évidemment, on peut déterminer un certain nombre d'heures et se
donner le temps nécessaire pour questionner, comme on le fait pour les
organismes indépendants; ils sont présents sur demande de
l'Opposition. Je trouve que c'est ajouter finalement un palier de plus à
un organisme qui est là, qui se veut souple, et je pense qu'il y a
assez... Il y a le rapport annuel aussi qui peut être
déposé aux deux places, le rapport annuel peut être
déposé à l'Assemblée et à la commission de
la culture. Maintenant, il n'y a rien qui empêche la commission de la
culture, sur un mandat d'initiative, d'étudier les activités
du
Conseil. Par contre, je trouve que c'est ajouter un processus qui est
encore supplémentaire, lourd et non nécessaire. Ensuite, il y a
aussi des dangers à ça dans un sens où qu'est-ce qui
arrive si, par exemple, le plan d'activités est approuvé par le
ministre et que la commission la refuse? Je trouve que c'est non
nécessaire et je ne suis pas d'accord avec cet amendement.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre. M.
le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je demande à la
ministre de réfléchir très attentivement à cette
proposition et de ne pas opposer une fin de non-recevoir immédiatement.
Premièrement, le Conseil ne viendra pas directement à
l'étude des crédits. Il ne viendra pas directement.
Mme Frulla-Hébert: II peut être convoqué.
M. Boulerice: Ah bien, non! Pas aux crédits, Mme la
ministre. Regardez bien nos règles de procédure. C'est la
ministre qui répond et non pas le président. Et ni aux
engagements financiers. Le seul qui pourra exercer un contrôle sur les
dépenses - je dis «dépenses», mais pas dans son sens
péjoratif - d'au-delà de 40 000 000 $, ce qui est énorme,
M. le Président, je suis heureux de vous l'entendre confirmer, sera le
Vérificateur général des finances. Ah! Parce que c'est
extrait carrément du processus de vérification des engagements
financiers, je le répète, et, à l'étude des
crédits, il n'y aura pas de comparution directe du président.
Quant au mandat de surveillance et quant au mandat d'initiative, M. le
Président, j'aimerais vous dire que, depuis le début de cette
Législature, cette commission parlementaire - donc, il y a
déjà trois ans et très exactement trois jours - n'a
exercé à date aucun mandat de surveillance et aucun mandat
d'initiative malgré les demandes répétées de
l'Opposition via le vice-président de la commission, suite à une
consultation avec le porte-parole de l'Opposition pour les arts et la culture,
à cause de l'obstruction systématique du parti
ministériel. Après trois ans, et ce n'est pas d'ailleurs à
l'honneur de la commission de la culture de n'avoir exercé pendant trois
ans aucun mandat de surveillance et aucun mandat d'initiative. (17 h 10)
Donc, je ne vais pas, M. le Président, laisser échapper 40
000 000 $ des deniers de l'État, dont nous sommes redevables face
à l'ensemble des contribuables québécois dans un domaine
aussi important et aussi stratégique pour le Québec, qui est
celui des arts et de la culture, à un hypothétique mandat de
surveillance ou à un mandat d'initiative de la commission parlementaire
qui est toujours lié à la majorité
ministérielle.
Donc, M. le Président, je répète mon propos. Cette
proposition d'amendement n'a pas du tout le but de mettre des bâtons dans
les roues, loin de là. Il n'y a pas de sombre dessein derrière,
que la ministre m'entende et me comprenne bien. Le plan d'activités aura
été adopté, mais n'est-ce pas là un heureux moyen,
au-delà de la vérification, de l'appréciation des
dépenses de 40 000 000 $, d'intéresser la commission de la
culture aux activités du Conseil des arts et des lettres du
Québec sur une base périodique et, en plus de cela, de projeter
la commission dans une discussion sur les grandes orientations qui lui ont
été données? Je trouve que ça apporte aux deux
plans: autant au plan du contrôle des dépenses que doit exercer le
Parlement via ses commissions et, deuxièmement, au niveau de la
discussion pour ce qui est du développement des arts et de la culture au
Québec.
Je fais de nouveau appel à la ministre, l'invitant à
considérer avec la plus grande sympathie cette proposition d'amendement,
et je puis l'assurer, en tout cas, qu'elle ne regrettera pas une telle
modification.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Est-ce qu'il y a des
précédents à ce genre de chose?
M. Boulerice: II y a un précédent, et je verrais
mal pourquoi on voudrait le refuser. Le Conseil des arts du Canada, lui,
comparait devant une commission permanente...
Mme Frulla-Hébert: M. le...
M. Boulerice: ...de la Chambre des communes.
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Boulerice: Alors...
Mme Frulla-Hébert: Mais, M. le Président...
M. Boulerice: Si les Communes s'occupent de culture,
l'Assemblée nationale peut le faire.
Mme Frulla-Hébert: Ce n'est pas pareil. D'abord,
premièrement...
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, oui.
Mme Frulla-Hébert: ...le Conseil des arts du Canada est un
organisme qui est totalement autonome, ne relevant d'aucun ministre en
particulier; donc, il se doit de relever de quelqu'un pour la transparence de
sa gestion. Deuxièmement, quand on dit 40 000 000 $, c'est beaucoup
donner, alors pourquoi Hydro-Québec, qui a un plan d'activités
supérieur, n'a à se présenter devant aucune commission?
C'est comme si 40 000 000 $ donnés aux arts et à la culture...
Pour les tarifs; ils y vont pour les tarifs, et ce n'est pas dans la loi. Ce
n'est pas inscrit dans la Loi sur Hydro-Québec - pour les tarifs, oui -
de venir discuter en commission d'un plan total d'activités. Il y a des
canaux pour ce faire. Je trouve que ce serait prendre le Conseil des arts et
des lettres et lui donner - pourquoi, parce que c'est un Conseil des arts et
des lettres? - un statut particulier qui ne se voit pas nulle part. Est-ce que
c'est parce que c'est 42 000 000 $ qu'on donne au Conseil des arts et des
lettres et, encore une fois, laisser présumer que, parce que c'est la
culture, la gestion serait moins serrée et le plan d'activités
moins approprié, si on veut, comparativement à d'autres secteurs
économiques qui n'ont pas à le faire? Donc, c'est un principe que
je trouve personnellement difficile à accepter. Je voudrais bien
accommoder, mais celui-là, c'est vraiment, là, aller contre mes
principes à moi, personnels, ceux que j'ai défendus au niveau du
Conseil du trésor pour cette autonomie-là, ce qui n'a pas
été facile, défendre l'autonomie du principe du Conseil
des arts et des lettres.
Je reviens quand même à ce que je disais tantôt,
c'est qu'il y a des canaux qui existent déjà, d'une part. Si on
se rappelle, aux crédits, la SOGIC est là, la Place des arts est
là. Si on demande des organismes, en théorie, ils sont là.
S'il faut, par exemple, déposer le rapport annuel à la commission
de la culture, nous allons le faire avec plaisir; s'il faut même
étendre le délai, à l'article 34, de 30 jours à 34,
35 jours, ça va nous faire plaisir. Il y a quelque chose dans ce
mécanisme, d'imposer au Conseil des arts et des lettres, qui est
autonome en soi, un autre palier d'interrogations, il y a quelque chose que moi
- comparativement à tout ce que j'ai défendu depuis quatre mois
au Conseil du trésor - je ne peux pas accepter.
Le Président (M. Gobé): M le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques, en réplique.
M. Boulerice: Oui. J'aimerais rajouter, M. le Président,
et je ne comprends toujours pas l'attitude de la ministre à ce niveau,
je pense que la ministre pratique le «at arm's length» mais
à l'envers, c'est-à-dire en tentant de mettre une distance entre
le Conseil et le Parlement, qui est l'autorité suprême dans ce
pays. Pourquoi vouloir mettre une distance entre ce Conseil et le Parlement? Je
le répète. Le Conseil se présentera, ayant soumis à
l'approbation du ministre titulaire son plan d'action. Le plan est
adopté. Le budget aura été adopté, il s'agira tout
simplement, pour les parlementaires qui sont préoccupés de
culture, qui veulent concourir au développement de la culture au
Québec et qui voient dans cet organisme - et la ministre le
célèbre, pourquoi veut-elle nous refuser de le
célébrer aussi? - de voir dans ce Conseil un instrument
merveilleux pour le développement de la culture au Québec et que
nous puissions discuter avec eux du plan d'activités qu'ils auront
présenté et qui aura été établi par la
ministre. De là, la ministre en tirera un avantage à très
court terme; à très court terme.
Je suis persuadé que lorsqu'on entendra le président, les
membres du Conseil qui voudront bien accompagner le président et que
nous aurons échangé avec eux... Parce qu'on dit «puisse
procéder à son étude», oui, mais dans le sens qu'il
n'y a pas de sanction en disant: Non, retournez, nous abolissons la
décision de la ministre, etc. Elle pourra, grâce à ce,
mécanisme, trouver d'ardents défenseurs en Chambre pour les
augmentations de budget qu'elle ira réclamer du ministère du
Conseil du trésor de façon à ce qu'elles soient
dévoluées au Conseil des arts du Québec. Je vous avoue
m'étonner de la réception de cette proposition par la ministre et
je lui répète: Ce n'est pas une étape de plus; au
contraire, il s'agit tout simplement de faire participer au maximum le
Parlement, via la commission permanente de la culture, aux débats sur le
développement des arts et des lettres au Québec. Et qui, en
fonction de la loi 52 et de la loi 53, en aura la responsabilité
maintenant au Québec? C'est le Conseil des arts et des lettres du
Québec. Voilà! On l'a dit, ça c'est établi
ailleurs.
À défaut d'accepter notre amendement, si elle ne le veut
pas - ce que je souhaiterais, ce serait beaucoup plus facile - peut-elle
s'engager à rendre public, d'abord, le plan d'activités du
Conseil des arts après qu'elle l'aura approuvé pour que les
milieux culturels puissent constater où s'en va le Conseil? Je luis
suggérais la voie parlementaire.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous êtes
en train, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, de changer
votre amendement? Et qu'au lieu de procéder on marque...
M. Boulerice: Non. Je prévois que si elle n'entend pas
raison là - la SOGIC, entre parenthèses, le fait
déjà effectivement - à ce moment-là, je me dis:
Bon, bien, est-ce que, à défaut d'accepter cela - ce qui
m'apparaît une avenue extrêmement intéressante et ça
a été fait sans aucune arrière-pensée, au
contraire...
Mme Frulla-Hébert: J'en suis certaine.
M. Boulerice: ...si elle ne veut pas l'accepter, peut-elle
s'engager à rendre public le plan d'activités du Conseil des arts
après qu'elle l'aura approuvé? Je vous dis tout de suite: Si elle
refuse au Parlement le loisir, je dirais même le plaisir de discuter avec
le Conseil des arts et des lettres du Québec, moi, à ce
moment-là, je vois très mal comment je pourrai tenter de
défendre le ministère et, par conséquent, la ministre
lorsqu'il y aura des attaques de dirigisme puisque je n'aurai jamais pu, je
n'ai jamais eu l'occasion d'échanger directement, en tant que membre de
la commission permanente de la culture - et j'ai l'intention de l'être le
plus longtemps possible - avec le Conseil des arts et des lettres du
Québec.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, en
terminant, et nous allons passer au vote sur cet amendement.
Mme Frulla-Hébert: Pour terminer rapidement, en toute
sincérité là, je crois à la bonne volonté de
cette proposition et je ne veux pas non plus éloigner le Conseil des
arts du Parlement, au contraire, mais un Parlement contrôle, a posteriori
et non a priori. La demande qui est là, c'est tout simplement de dire
qu'un plan d'activités est approuvé souvent avant l'application,
donc ça serait finalement d'agir a priori.
Quant à rendre public le rapport d'activités, je n'ai pas
de problème à rendre public le rapport d'activités...
Une voix: Le plan d'activités.
Mme Frulla-Hébert: ...le plan d'activités
plutôt, du Conseil des arts. On n'a pas besoin de le mettre dans la loi
puisque c'est couvert par la loi d'accès à l'information. Je ne
le mettrai pas dans la loi.
M. Boulerice: M. le Président, vous me permettrez...
Le Président (M. Gobé): Oui.
M. Boulerice: ...de reprendre la ministre et de lui dire qu'il ne
s'agit pas pour nous d'agir a priori, nous agissons a posteriori. Le plan a
été soumis à la ministre, la ministre l'a
accepté.
Mme Frulla-Hébert: Mais il n'est pas appliqué, le
plan. Au moment où on approuve le plan, il n'est pas
appliqué.
M. Boulerice: Mais on...
Mme Frulla-Hébert: Après le plan sera
appliqué et on est en mesure, par le rapport annuel, etc., de juger de
l'application ou des activités, etc. Maintenant, si le plan...
M. Boulerice: M. le Président, si la ministre voulait bien
me laisser continuer. Qu'elle relise donc l'amendement que je lui
présente. Je me permets de le faire à votre place, M. le
Président, si vous me l'autorisez.
Le Président (M. Gobé): M. le député.
(17 h 20)
M. Boulerice: «Après son approbation par le
ministre, ce plan d'activités est déposé à la
commission permanente de la culture afin que celle-ci puisse procéder
à son étude dans les meilleurs délais.» Dans les
meilleurs délais. La ministre peut laisser passer trois mois, quatre
mois, cinq mois, ne serait-ce que l'équivalent d'une demi-année,
et déjà on peut voir l'évolution. Déjà on
peut voir l'évolution comme telle. Donc, on ne peut pas dire qu'on agit
a priori, on va agir, dans les faits, a posteriori.
Mme Frulla-Hébert: Alors, quand on parle d'une
étape supplémentaire, pourquoi procéder alors à une
étude dans les meilleurs délais? Bon. Je ne doute pas de la bonne
volonté des gens ici, il faut quand même penser à dans 5 ou
10 ans là, d'une part, avec toutes les activités qui existent,
etc., et pourquoi alors étudier un plan d'activités si le plan
d'activités est déjà en application, approuvé par
le ministre et déjà en application? Il y a des grosses chances
que ça ne se fasse pas dans les 24 heures qui suivent. Donc, il y a de
grosses chances qu'il soit en application pendant que la commission de la
culture l'analyse. Honnêtement, je ne vois pas l'utilité de
ça. Le Parlement doit... C'est toujours le principe de l'autonomie aussi
de l'organisme, d'une part, et deuxièmement, on parle d'un
fonctionnement efficace, d'un fonctionnement souple et le ministre responsable
aura, lui, à répondre, et le Conseil des arts et des lettres, aux
crédits, aura, lui, à répondre aussi de ses
activités.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci, Mme la
ministre.
M. le député de Richelieu. Excusez-moi, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, mais le
député de Richelieu me fait signe depuis quelques minutes, avec
véhémence, semble-t-il.
M. Khelfa: Oui, M. le Président. Je vous remercie de
m'accorder la parole. Je veux juste vous souligner que personnellement je crois
que le débat est clair et je vous demande de procéder à un
vote.
Le Président (M. Gobé): Je prends bonne note de
votre demande, M. le député. Je demanderais à M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques de terminer son
argumentation et peut-être, par la suite, nous passerons au vote, les
membres de la commission semblant émettre le voeu, ayant
été assez informés, de se prononcer sur cet
amendement.
M. Boulerice: Cela nous aurait permis de corriger le tir pour
l'année subséquente. Si la ministre... Les propos auront
été enregistrés, et la journée où elle
cessera d'exercer des fonctions ministérielles et se retrouvera, entre
guillemets, simple députée, je ne sais pas dans quelle mesure
elle appréciera se faire dire par celui ou celle qui sera titulaire du
ministère de la Culture, qu'il est lourd pour la commission permanente
de la culture, qu'il est lourd pour le Conseil des arts et des lettres d'avoir
un échange de trois heures avec la commission permanente de la culture
de l'Assemblée nationale. Je ne sais pas si elle appréciera cette
journée.
Enfin, la proposition est là. M. le député de
Richelieu, avec la spontanéité qu'on lui connaît, a
demandé un vote là-dessus. Nous voterons donc. C'est un vote
nominal. Je préviens tout de suite la ministre, il y a des articles qui
l'ont, paraît-il, blessée et pour lesquels elle s'apprête
à vouloir répondre. Eh bien, moi, je lui dis que cela
était un barrage à des articles de même nature que ceux que
vous avez entendus. Attention! Et, à ce moment-là, je le dis
très honnêtement, qu'elle ne compte pas sur l'Opposition pour
dire: Non, il n'y a pas de dirigisme.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, juste pour
ajouter vite, vite.
Le Président (M. Gobé): Bien, c'est parce
que...
Mme Frulla-Hébert: Je pense que c'est l'inverse face
à la clientèle. Alors, allez-y.
Le Président (M. Gobé): Je sais, madame, je vous
remercie, mais le débat étant clos...
Mme Frulla-Hébert: Non, je voulais que ça soit
officiel.
Le Président (M. Gobé): ...je pense que nous
devrions éviter les échanges encore à
répétition et faire suite à la demande, semble-t-il,
majoritaire des membres de la commission. Je vais donc demander le vote.
M. le secrétaire, si vous voulez appeler un vote nominatif, s'il
vous plaît.
Le Secrétaire: M. Boulerice
(Sainte-Marie-Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Oui.
Le Secrétaire: Mme Frulla-Hébert
(Mar-guerite-Bourgeoys)?
Mme Frulla-Hébert: Contre.
Le Secrétaire: Mme Loiselle (Saint-Henri)?
Mme Loiselle: Contre.
Le Secrétaire: M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Contre.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Contre.
Le Président (M. Gobé): Le résultat, s'il
vous plaît. Abstentions.
Pour: 1; contre: 3; abstentions: 1. L'amendement est rejeté et je
demande donc si l'article 17, maintenant, est adopté.
M. Boulerice: Nous reviendrons...
Le Président (M. Gobé): Donc, c'est sur
division.
M. Boulerice: ...sur l'article 17 tel que... Une voix: M.
le Président...
M. Boulerice: ...libellé puisque, dans une première
étape...
Le Président (M. Gobé): C'est ça.
M. Boulerice: ...nous avons...
Une voix: ...c'est 4 contre et non 3 contre.
Le Président (M. Gobé): Je m'excuse. C'est 4, M. le
secrétaire. Il y avait là, semble-t-il, une erreur de
transcription. C'est 4, 1 et 1 abstention.
Est-ce que nous revenons à l'article? Voulez-vous encore
débattre de cet article, M. le député?
M. Boulerice: Oui, j'aimerais débattre de l'article.
J'aimerais demander à la ministre quels sont les objectifs et
orientations que la ministre entend fixer au Conseil pour sa première
année d'opération.
Mme Frulla-Hébert: Premièrement, les objectifs et
orientations seront déterminés par la politique culturelle et, ce
faisant, on parle de grands objectifs et orientations face, par exemple, aux
régions, face à la relève, face au soutien à la
création et à son développement à travers le
Québec, face aussi à son développement ou, enfin, son
internationalisation, son rayonnement international plutôt au niveau de
nos créations et activités. Les orientations précises
seront données au Conseil des arts au fur et à mesure. Si
l'implantation du Conseil des arts se fait comme on l'espère, en mars ou
avril, nous aurons le plan d'orientation, en fait, l'ensemble des orientations
de façon plus précise vers le mois de février, mars, mais
toujours basé et dicté par la politique culturelle du
Québec.
Le Président (M. Gobé): Alors, c'est très
bien. M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, êtes-vous
satisfait de ces explications de Mme la ministre?
M. Boulerice: Disons que je m'en contenterai.
Le Président (M. Gobé): Alors, il me fait plaisir,
donc, d'adopter cet article...
M. Boulerice: Sur division.
Le Président (M. Gobé): ...bien entendu, sur
division, comme vous le mentionnez.
Avant de passer à l'article suivant, l'article 18, je demanderai
aux membres de la commission, après consultation que j'ai eue au
début, s'il y a consentement pour que la commission siège sans
interruption jusqu'à la fin de l'étude du projet de loi au lieu
de suspendre à 18 heures et de revenir à 20 heures. Y a-t-il
consentement?
M. Boulerice: Consentement.
Le Président (M. Gobé): Consentement. Donc, sur
consentement, j'informe les membres de cette commission et le personnel qui
l'accompagne que la commission ne suspendra pas ses travaux à 18 heures
pour reprendre à 20 heures, mais continuera ses travaux sans
interruption jusqu'à l'échéance totale de notre
mandat.
J'appelle maintenant l'article 18 et j'en fais lecture. «Tout
programme d'aide financière du Conseil doit prévoir les
critères d'admissibilité à l'aide financière, les
barèmes et limites de cette aide, ainsi que ses modalités
d'attribution. «Les barèmes et limites de l'aide financière
sont soumis à l'approbation du ministre.» (17 h 30)
Article en suspens
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, je voulais
seulement, avec le consentement des membres de la commission, revenir à
l'article 5. Il y a un amendement qui a été proposé,
à l'article 5, par le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, amendement qui serait accepté si tout le
monde y consentait, c'est-à-dire d'insérer, à la fin du
premier alinéa de l'article 5, après le mot
«gouvernement», ce qui suit: «sur proposition du ministre des
Affaires culturelles, après consultation d'organismes qu'il
considère représentatifs des milieux des arts et des
lettres», et ce, pour assurer une représentativité et une
consultation auprès des milieux quant au conseil d'administration,
proposition qui a été, en fait, formulée, si on veut, par
les deux partis. Ceci nous permettrait d'amender immédiatement
l'article... Me Brière, 17, je pense.
M. Boulerice: M. le Président, question de
procédure. Pour ce faire, je devrai retirer celui que j'avais
présenté.
Le Président (M. Gobé): M. le député,
excusez-moi, je discutais avec mon secrétaire et vos paroles m'ont
échappé.
M. Boulerice: Alors, je vais les rapporter ou les remettre. Je
vous dirai que pour ce faire, puisqu'il y a une réécriture de
l'amendement après discussion, donc je devrai, pour respecter les
règles de procédure, retirer l'amendement initial que j'avais
présenté. On devra introduire un amendement de façon
formelle, tel que proposé par Mme la ministre, auquel nous consentons,
puisque cela rejoint l'objectif que nous cherchions à l'article 5.
Le Président (M. Gobé): N'ayant pas voulu vous
arrêter, je vous rappellerai que j'avais appelé l'article 18. Nous
devrions donc en disposer et revenir, par la suite, à l'article 5, M. le
député.
M. Boulerice: Une toute petite question sur l'article 18. Je pose
la question à la ministre.
Le Président (M. Gobé): Nous allons y revenir,
d'ailleurs. Mais je pense qu'il serait bon de disposer de cet article que
j'avais appelé.
M. Boulerice: Je demande à la ministre si on doit conclure
que les modalités des programmes d'aide administrés par le
Conseil seront les mêmes que celles des programmes d'aide actuels du
ministère qui lui seront transférés, du moins pour la
première année.
Mme Frulla-Hébert: Pour la première année,
oui, à cause des mesures transitoires.
M. Boulerice: Donc, l'article 18 est adopté.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, avec votre
consentement... Est-ce qu'on revient à l'article 5, M. le
Président?
Le Président (M. Gobé): Dès que l'article 18
aura été adopté.
Mme Frulla-Hébert: II l'est.
Le Président (M. Gobé): Alors, s'il est
adopté, nous allons donc maintenant revenir à l'article 5.
À l'article 5...
Mme Frulla-Hébert: Petite concordance, M. le
Président, avec l'article 17.
Le Président (M. Gobé): Mais là je...
Mme Frulla-Hébert: Ah! allez-y, excusez-moi, je suis plus
rapide que vous.
Le Président (M. Gobé): On va aller par
étapes, sinon on va en oublier des morceaux. Il y a des gens qui font la
transcription et qui, eux aussi, vont être mélangés un peu
parce qu'ils ne nous voient pas.
Mme Frulla-Hébert: Allez-y, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Donc, nous revenons
à l'article 5, si vous êtes prêts à procéder.
Nous avions un amendement qui a été suspendu à l'article
5. Donc, je crois comprendre qu'il est retiré et, à la place, je
présente un nouvel amendement à l'article 5. Je vois que votre
adjoint, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, est toujours
efficace et nous l'amène.
Alors, j'en fais lecture. Ce nouvel amendement se lira: Insérer,
à la fin du premier alinéa de l'article 5, après le mot
«gouvernement», ce qui suit: «sur proposition du ministre des
Affaires culturelles, après consultation d'organismes qu'il
considère représentatifs des milieux des arts et des
lettres». Est-ce que cet article fait consensus?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Gobé): L'amendement à
l'article 5 est donc adopté. Est-ce que l'article 5, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 5 est
maintenant adopté. Vous disiez, Mme la ministre, que nous devions
revenir à l'article 17?
Mme Frulla-Hébert: En fait, l'article 17...
Le Président (M. Gobé): Nous l'avions
adopté, vous avez dit.
Mme Frulla-Hébert: Oui, excepté que, comme il y a
changement à l'article 5, Me Brière me dit qu'il doit y avoir
concordance. On doit tout simplement enlever... Après «Le Conseil
doit, chaque année à la date fixée par», au lieu
d'écrire «le ministre des Affaires culturelles», tout
simplement...
Le Président (M. Gobé): Le ministre de la
Culture.
Mme Frulla-Hébert: ...«le ministre».
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous en faites
un amendement? Alors, je reçois donc l'amendement que je
considère comme étant re-cevable, bien entendu. Cet amendement se
lit de la façon suivante: Retrancher, dans la deuxième ligne, les
mots «des Affaires culturelles». Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Gobé): L'amendement étant
adopté, l'article 17 se lit maintenant de la façon suivante.
«Le Conseil doit, chaque année à la date fixée par
le ministre, lui transmettre un plan de ses activités. Ce plan doit
tenir compte des orientations et objectifs que le ministre donne au
Conseil.» Est-ce que l'article 17, tel qu'amendé, est maintenant
adopté?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Gobé): L'article 17 est donc
adopté. Nous allons donc revenir à l'article 18 qui, lui, avait
été adopté. Il n'y a pas de concordance dans cet
article-là. Donc, nous allons maintenant à l'article 19. C'est un
peu le temps. Tout le monde est prêt? «Seuls sont admissibles
à l'aide financière les personnes physiques qui exercent seules
une activité visée par un programme d'aide financière,
ainsi que les personnes morales et groupements qui ne poursuivent pas le but de
réaliser des bénéfices pécuniaires à
partager entre leurs membres respectifs.» Est-ce qu'on ne dirait pas
plutôt «bénéfices pécuniers»?
Mme Frulla-Hébert: C'est tout simplement un article qui
détermine les personnes et groupements admissibles à l'aide
financière qui serait accordée par le Conseil. L'aide
financière est destinée aux personnes physiques et aux organismes
à but non lucratif.
Une voix: C'est un «a» et non pas un «e».
M. Boulerice: Bénéfices pécuniers.
Le Président (M. Gobé): Je pense qu'il y a une
faute. Est-ce qu'on dit bénéfices pécuniaires ou
«pécuniers»?
M. Brière: Le mot, c'est «pécuniaire»,
et non pas «pécunier». Avec un a, a-i-r-e.
Le Président (M. Gobé): Non, mais pécuniers,
i-e-r-s.
M. Brière: Je ne pense pas qu'on le trouve dans le
dictionnaire, «pécunier».
M. Boulerice: II faudrait vérifier dans lequel?
Le Président (M. Gobé): Est-ce que nous pourrions
vérifier? Je pense que c'est...
M. Boulerice: II y a «Le Petit Robert» qui est
fiable, lui.
Le Président (M. Gobé):
...«pécuniers».
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Nous suspendons une minute,
le temps de vérifier.
(Suspension de la séance à 17 h 37)
(Reprise à 17 h 38)
Le Président (M. Gobé): ...prendre pour acquis que
c'est là le mot, peut-être dans un autre dictionnaire. Donc, la
commission reprend ses travaux. On va garder ce mot "pécuniaires".
M. Boulerice: Alors, va pour «pécuniaires»
tant et aussi longtemps que ça tient et que le gouvernement a des sous
pour faire ça. Est-ce que ça veut dire que les organismes de
diffusion à but lucratif sont exclus de l'admissibilité aux
programmes d'aide du Conseil et qu'ils devront plutôt s'adresser aux
programmes du ministère qui sont destinés aux industries.
culturelles? C'est cela?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gobé): L'article 19 est
adopté. Nous allons maintenant passer à l'article 20: «Le
Conseil doit donner son avis au ministre sur toute question que celui-ci lui
soumet relativement aux domaines ou matières de sa compétence; il
peut en outre accompagner l'avis de ses recommandations.»
Mme Frulla-Hébert: C'est un article qui oblige le Conseil
à donner au ministre des Affaires culturelles son avis sur toute
question que celui-ci lui soumet relativement aux domaines ou matières
de sa compétence. Il permet, de plus, au Conseil d'accompagner son avis
de recommandations. Ainsi, le ministre pourra toujours bénéficier
de l'expertise que pourra acquérir le Conseil dans le domaine des arts
et des lettres.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Mme Frulla-Hébert: Sans oublier que le Conseil des arts et
des lettres n'est pas un organisme consultatif. C'est un organisme qui est
subventionnais. Alors, comparativement à d'autres organismes, tel
l'Institut québécois du cinéma qui est un
organisme-conseil, ce n'est pas le cas au niveau de l'organisme... en fait, au
niveau du Conseil des arts et des lettres.
Le Président (M. Gobé): M. le député.
(17 h 40)
M. Boulerice: Oui. M. le Président, j'aurais un
amendement, un projet d'amendement à apporter à l'article 20.
Le Président (M. Gobé): Je reçois donc
l'amendement et j'en fais lecture aux membres de la commission. Par la suite,
nous déciderons si cet amendement est recevable. Alors, projet de loi
53: L'article 20 du projet de loi est modifié par l'insertion,
après le premier alinéa, de l'alinéa suivant: "Le Conseil
peut produire un avis sur toute question relative aux domaines de sa
compétence qu'il juge opportun; il peut accompagner un tel avis de
recommandations. Le ministre peut rendre public tout avis produit par le
Conseil.» Y a-t-il des commentaires quant à la recevabilité
de cet amendement? M. le député de Charlevoix? Non. Mme la
ministre.
Mme Frulla-Hébert:...
Le Président (M. Gobé): Pas d'argumentation. Donc,
l'amendement à l'article 20 est recevable. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, voulez-vous plaider votre amendement?
M. Boulerice: M. le Président, la ministre parle
d'autonomie du Conseil. Voilà un article qui permet au Conseil
d'être autre chose qu'un tiroir-caisse également. «Le
Conseil peut produire un avis sur toute question relative aux domaines de sa
compétence qu'il juge opportun.» C'est de se fier à son
jugement, à l'expertise que le Conseil va développer. «Il
peut accompagner un tel avis de recommandations.» Cela pourra permettre
à la ministre, à l'intérieur du circuit fermé de
son cabinet, puisque le Parlement ne pourra en discuter... peut-être lui
émettre certaines recommandations tout à fait pertinentes qui lui
permettront de rajuster son tir. «Le ministre peut rendre public tout
avis produit par le Conseil», s'il le juge utile au bien-être du
développement des arts et des lettres au Québec. Mais, au
départ, ça donne au Conseil une autonomie, une autonomie de
réflexion qui est plus grande que celle qui est prévue à
l'article 20 tel que libellé, où, là, c'est sur commande
seulement.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, en
réplique à M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Mme Frulla-Hébert: D'abord, premièrement, je veux
officiellement relever le fait que, quand on dit que le Conseil n'est pas
redevable devant le Parlement, par le ministre responsable qui, lui, est
imputable devant le Parlement, par tous les mécanismes qui existent, par
le mécanisme qui permet aussi à l'Opposition de questionner, par
le plan d'activités qui est automatiquement rendu public, par les
crédits, le système d'analyse des crédits... Le Conseil se
doit d'avoir une gestion transparente. Tous ces mécanismes, finalement,
assurent et garantissent cette transparence. Donc, c'est pour ça qu'on
n'a pas jugé bon de passer par un autre mécanisme de questionne-
ment. Maintenant, sur l'amendement, j'ai un problème non pas sur le
fond, parce qu'effectivement le Conseil va avoir en son sein
énormément de gens qui vont avoir une expertise. Donc, on a
prévu la possibilité du ministre de demander cette expertise,
mais j'ai un problème sur la nature même du Conseil. L'objectif
n'est pas de créer un organisme consultatif, comme c'était le
cas, par exemple, du Conseil des arts créé au début des
années soixante.
Nous avons opté pour un Conseil des arts dont le mandat premier
est de voir au soutien de la création, de la production, de
l'expérimentation des diverses disciplines artistiques, de voir à
leur rayonnement, de voir au soutien et au perfectionnement des artistes.
Maintenant, les milieux artistiques, eux, sont bien organisés et nous
misons davantage sur la consultation du milieu par le biais de leurs
organisations existantes pour remplir le mandat de consultation. À
preuve, ces organisations existantes sont souvent... en fait, sont
aidées financièrement, sont subventionnées et elles se
renforcissent en se regroupant pour être encore plus
représentatives de toutes les activités dans un secteur
donné. Ces organisations nous ont dit clairement qu'elles voulaient
aussi garder le lien et la communication, si on veut, avec le Conseil, mais
pouvoir aussi orienter et communiquer leurs conseils, leurs
appréhensions directement au ministre. Ce n'est pas le souhait des
milieux artistiques - et nous les avons consultés beaucoup, ce dernier
mois - que de voir naître un Conseil des arts porte-parole, et unique
porte-parole des intérêts des divers groupes. On n'a pas
souhaité la création d'un groupe de pression, mais d'un organisme
dédié au soutien aux arts et aux lettres.
Donc, c'est important pour le ministre qu'il puisse demander l'avis du
Conseil sur les matières qui relèvent de la compétence du
Conseil, et il est important pour le ministre de garder les canaux ouverts
aussi par rapport aux différents groupes et organisations qui sont
existants et qui sont de plus en plus structurés et de plus en plus
forts. Il est important aussi pour le Conseil de garder sa nature propre qui
est un conseil qui voit au soutien de la création et de la production et
qui ne se trouvera pas, au fur et à mesure des années, juge et
partie.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre. M.
le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, un dernier commentaire
avant que nous ne passions au vote.
M. Boulerice: M. le Président, moi, je n'ai jamais vu le
Conseil des arts et des lettres du Québec comme étant uniquement
gestionnaire, rond-de-cuir et administrateur tatillon. Je pense qu'on doit
développer une pensée, au Conseil des arts et des lettres du
Québec. Quand je dis une pensée, je ne leur demande pas de
philosopher,
je ne leur demande pas de faire de la prose comme M. Jourdain en
faisait. Mais il peut arriver que ce Conseil constate qu'il y a un besoin
urgent de mesures, à cause de son expertise et de ce qu'il voit au
niveau du théâtre, etc., et qu'il y a des programmes d'aide qui
doivent être revus le plus rapidement possible. Donc, c'est la
liberté du Conseil en fonction de son expertise, recevant toutes les
demandes venant de tous les milieux. Je veux dire, je pense qu'on peut avoir un
portrait drôlement fidèle de ce qui se passe et, très
spontanément, alerter la ministre sous forme d'un avis, tout simplement,
avec peut-être une recommandation qu'elle gardera pour elle si,
politiquement, ça risque de lui nuire et qu'elle rendra publique, si
elle a immédiatement trouvé la solution. Mais qu'on cesse de
penser à ce Conseil comme étant le petit gestionnaire et le petit
administrateur tatillon qui dira: Un plus un égale deux. Bravo, le
budget est dépensé. Nous avons bien travaillé. Merci.
Mme Frulla-Hébert: Là, il y a des perceptions qui
m'inquiètent un peu, M. le Président. D'abord, le Conseil fait
ses programmes, développe ses activités et, pour faire des
programmes et développer des activités basées sur
l'expérience, il se doit, lui, non seulement de gérer en
rond-de-cuir... Déjà, le Conseil n'est pas encore formé.
Il faudrait quand même faire attention à comment on qualifie les '
gens qui vont y travailler, d'abord. Deuxièmement, pour faire des
programmes, des activités, etc. - et on va le voir dans les articles
subséquents - il se devra, lui, de consulter et d'aller voir des
comités consultatifs, d'une part.
Deuxièmement, il va y avoir 13 membres de conseil
d'administration, membres suggérés par des organismes
eux-mêmes. Ces gens-là se devront d'être extrêmement
actifs. Mais de demander au Conseil systématiquement de donner des avis
et de devenir... Parce que, par le fait même, le jour où on leur
donne le mandat de le faire, d'un côté, ils se voient
obligés de le faire. Alors, où arrête-t-on le rôle de
conseil consultatif comme on l'avait vu dans les années soixante, qui
n'a pas vraiment bien marché puisque le Conseil des arts et des lettres
n'a jamais vraiment levé de terre, versus le rôle tangible qu'il a
présentement face au développement de la création et de la
culture et, deuxièmement, face à toute son autonomie au niveau
des programmes, des barèmes, etc.? C'est cette perception-là,
d'une part, qui m'inquiète. Par contre, si la ministre veut demander
l'expertise et l'avis sur certains domaines bien précis, pourquoi? Parce
que les canaux sont ouverts avec les organismes et que si les organismes
viennent faire une demande ou, bon, apportent un certain avis et que la
ministre veut le faire vérifier par le Conseil des arts et des lettres,
bien, elle peut le faire et c'est prévu dans la loi que celui-ci peut ou
doit lui répondre. Mais il faut aussi bien comprendre que le
ministère de la Culture a ses orientations et le Conseil des arts et des
lettres a les siennes et des pouvoirs qui sont précis, des pouvoirs de
développement de la création et de la culture. Pour ce faire, il
doit aussi consulter lui-même les milieux pour bien élaborer ces
programmes-là. (17 h 50)
Le Président (M. Gobé): Alors merci, Mme la
ministre. Est-ce que nous appelons...
M. Boulerice: Je serais tenté, M. le
Président...
Le Président (M. Gobé): ...le vote...
M. Boulerice: ...par votre intermédiaire, de demander
à Me Brière d'expliquer à la ministre la différence
entre «peut» et «doit». Déjà ça
l'aiderait dans la compréhension de l'amendement.
Le Président (M. Gobé): Merci de cette
dernière remarque, M. le député. Il appartient à la
ministre de demander à son personnel, à ses fonctionnaires
d'intervenir ou pas, et non au président de cette commission. Alors, je
crois que, maintenant, nous allons passer à l'étape du vote.
Est-ce que quelqu'un demande le vote enregistré sur cette motion?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Gobé): Bon! Alors, M. le
secrétaire, je vous prierais donc de bien vouloir appeler le vote afin
que nous puissions disposer de cet amendement à son mérite.
Le Secrétaire: M. Boulerice
(Sainte-Marie-Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Oui.
Le Secrétaire: Mme Frulla-Hébert
(Margue-rite-Bourgeoys)?
Mme Frulla-Hébert: Non.
Le Secrétaire: Mme Loiselle (Saint-Henri)?
Mme Loiselle: Contre.
Le Secrétaire: M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Non.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Contre.
Le Secrétaire: M. Gobé (LaFontaine)?
Le Président (M. Gobé): Abstention.
Alors, je vous remercie. Le vote est donc pris. Pour: 1; contre: 4;
abstentions: 1. Donc, l'amendement est rejeté.
Nous revenons donc à l'article 20 tel qu'il est libellé.
Est-ce que nous adoptons l'article 20 tel que libellé? Sur division?
M. Boulerice: Je prends note, la ministre ne veut rien savoir. Il
est adopté sur division.
Le Président (M. Gobé): Bon! Alors... M.
Boulerice: Bonne chance pour la suite!
Le Président (M. Gobé): ...l'article 20 est
adopté sur division.
Nous passons à l'article 21 et j'en fais lecture: «Outre
ses programmes, le Conseil gère, avec l'autorisation du gouvernement et
aux conditions que ce dernier détermine, tout programme d'aide
financière qui lui est confié par un ministère ou un
organisme public.» Mme la ministre, des explications.
Mme Frulla-Hébert: C'est un article qui permet au Conseil
de gérer d'autres programmes que ceux qu'il établit avec
l'autorisation du gouvernement et aux conditions que ce dernier
détermine. Il s'agit de programmes qui pourraient lui être
confiés par un ministère ou encore un organisme public. Ça
peut être le ministère des Affaires internationales ou, enfin,
d'autres, le ministère des Communications ou enfin d'autres
ministères. En fait, c'est un article qui permet, si on veut,
l'expansion possible ou probable du Conseil des arts et des lettres.
Le Président (M. Gobé): Très limpide, Mme la
ministre. M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Donc, si vous l'avez mis, c'est que vous envisagez
de confier au Conseil la gestion de programmes d'aide financière
d'autres ministères que le vôtre, d'autres organismes. Est-ce que
vous aviez pensé, je ne sais pas, moi, à quelque chose comme
peut-être le prêt d'oeuvres de la collection qui est
géré par le Musée du Québec, qui pourrait
être fait par le Conseil des arts et des lettres?
Mme Frulla-Hébert: Enfin, c'est une disposition qui est
là et qui permettrait, en fait, au Conseil des arts de prendre d'autres
responsabilités. Maintenant, il s'agit de voir s'il y a lieu de prendre
ces responsabilités-là.
M. Boulerice: Vous n'avez aucun exemple concret là...
Mme Frulla-Hébert: Pas pour l'immédiat, non.
M. Boulerice: ...intention concrète?
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce que l'article
21 est adopté?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 21 est
adopté.
Je passe maintenant à l'article 22 et je vous prierais
d'être très attentifs car il est un peu long.
Mme Frulla-Hébert: Moi, j'ai un amendement à
l'article 22.
Le Président (M. Gobé): Oui. Vous permettrez,
à ce moment-là, que j'en fasse lecture et nous verrons votre
amendement par la suite, madame. «Le Conseil peut notamment, pour
l'exercice de ses attributions: «1° conclure, conformément
à la loi, une entente avec un gouvernement autre que celui du
Québec, l'un de ses ministères, une organisation internationale
ou un organisme de ce gouvernement ou de cette organisation; «2°
recevoir des dons, legs, subventions ou autres contributions, pourvu que les
conditions qui peuvent y être rattachées soient compatibles avec
l'exercice de ses attributions; «3° former des comités
chargés d'apprécier les demandes d'aide financière qui lui
sont adressées ou les candidatures à un concours qui lui sont
soumises et déterminer leurs règles de fonctionnement;
«4° former des comités consultatifs en vue de faciliter
l'exécution de la présente loi et déterminer leurs
attributions ainsi que leurs règles de fonctionnement. «Le
gouvernement détermine la rémunération des membres des
comités visés aux paragraphes 3° et 4°. Ils ont aussi
droit au remboursement des dépenses faites dans l'exercice de leurs
fonctions, aux conditions et dans la mesure que détermine le
gouvernement. «Les comités visés aux paragraphes 3° et
4° peuvent tenir des séances à tout endroit au
Québec.»
Je prends donc connaissance de l'amendement qui est proposé par
Mme la ministre et je vous en fais lecture. Article 22. L'article 22 est
modifié par l'insertion, après le premier alinéa, de
l'alinéa suivant: «Les membres des comités formés en
application du paragraphe 3° proviennent du milieu des arts ou dés
lettres. Ils ne peuvent être membres du conseil d'administration ni du
personnel du Conseil ou de la fonction publique.» Après le premier
alinéa. Mme la ministre, l'amendement me semble recevable et conforme
à l'esprit de cet article. Est-ce que vous voulez nous expliquer les
raisons qui vous amènent à proposer cet amendement?
Mme Frulla-Hébert: En fait, l'ajout de cet alinéa a
pour but d'assurer que les personnes qui présentent une demande d'aide
financière ou une candidature au Conseil seront évaluées
par des personnes, leurs pairs, c'est-à-dire des personnes provenant du
milieu et non par des membres du conseil d'administration ni par des membres du
personnel du Conseil ou de la fonction publique. Alors, on assure, comme on l'a
fait pour le consefr d'administration, que celui-ci sera formé de
membres provenant du milieu. Même chose en ce qui a trait aux
comités-jurys, ce sont des comités formés de pairs. le
président (m. gobé): o.k. merci, mme la ministre. m. le
député de sainte-marie-saint-jacques, avez-vous des
réactions à cet amendement?
M. Boulerice: Bon, ça aurait pu être dans le
règlement de régie interne et ça lui donne sans doute
peut-être plus de force d'être dans la loi. De toute façon,
tel que libellé, c'était souhaitable que ça apparaisse.
Donc, il est considéré comme adopté.
Le Président (M. Gobé): Donc, l'amendement...
M. Boulerice: Nous sommes plus compréhen-sifs que le parti
ministériel.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci, M. le
député. Donc, l'amendement à l'article 22 est
adopté. Est-ce que l'article 22, tel qu'amendé, est maintenant
adopté?
M. Boulerice: J'aurais une question à vous poser.
Qu'est-ce qui arrive des jurys sectoriels qui existent actuellement? Est-ce
qu'ils vont être transférés directement au Conseil?
Mme Frulla-Hébert: Ah! bien oui, c'est ça. En fait,
vous parlez de la formation des jurys sectoriels présentement. Est-ce
que c'est... Non, les banques de jurys vont être reformulées et
reconstituées et c'est au Conseil des arts et des lettres aussi à
déterminer la régie interne, comment il va former ces jurys et
comment ces jurys vont siéger.
M. Boulerice: Donc, les jurys actuels vont être dissous le
1 er avril.
Mme Frulla-Hébert: En fait, c'étaient des banques
de jurys. Ils sont toujours refaits chaque année. Ils sont toujours
reconduits. C'est des listes. C'est au Conseil des arts de faire ce qu'il veut
bien faire avec les listes.
M. Boulerice: ...être faites le 1er avril.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article est
adopté?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 22 est
donc adopté. Nous passons à l'article 23: «Le Conseil
exerce ses activités principalement sur le même territoire que
celui de son siège social.»
Mme Frulla-Hébert: Je pense qu'on a discuté de la
portée de l'article 5. L'article 23 bonifie, si on veut, l'article 5 en
s'assurant que les principales activités découlant du
siège social soient sur le même territoire. Donc, on s'assure
que...
Le Président (M. Gobé): Quelle est la notion de
territoire?
Mme Frulla-Hébert: La Communauté urbaine de
Québec.
Le Président (M. Gobé): Parce que ça peut
être très vaste.
Mme Frulla-Hébert: Communauté urbaine de
Québec. Mais c'est l'article 5 qui le dit et le 23...
Le Président (M. Gobé): D'accord. Et si la
Communauté urbaine de Québec était modifiée, dans
le futur, par agrandissement?
Mme Frulla-Hébert: Ça agrandit.
Le Président (M. Gobé): Très bien. Alors,
merci, madame.
L'article 23 est donc adopté, M. le député?
M. Boulerice: On l'a dit en début. C'est suave et subtil.
J'inviterai encore une fois les gens de Québec à être
extrêmement vigilants. Ce gouvernement est spécialiste du
glissement.
Le Président (M. Gobé): L'article 23 étant
adopté, nous passons donc à l'article 24: «Le Conseil peut,
par règlement, pourvoir à sa régie interne. «Un tel
règlement peut notamment prévoir que constitue une vacance
l'absence à un nombre de réunions qui y est fixé, dans les
cas et circonstances qui y sont déterminés.» Madame.
Mme Frulla-Hébert: En fait, le premier alinéa de
cet article donne au Conseil l'autonomie pour adopter un règlement
visant à pourvoir à sa régie interne et le deuxième
alinéa établit une règle visant à permettre au
Conseil de s'assurer que les membres participent aux activités du
Conseil et y prennent une part active. (18 heures)
M. Boulerice: Disposition usuelle. Il pourra
faire des mathématiques: quatre absences, «out», mais
réfléchir, non.
Le Président (M. Gobé): L'article 24 est donc
adopté. Avant de passer à l'article 25, je veux informer les
membres de cette commission que je passe la place à mon collègue,
M. le président Doyon.
Dispositions financières
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député. Si je comprends bien, nous sommes à l'article 25
dont je vais faire la lecture. «Le Conseil peut placer, à court
terme, les fonds dont il dispose en vertu de la présente loi:
«1° dans des titres émis ou garantis par le gouvernement du
Canada, du Québec ou d'une autre province canadienne; «2° dans
des titres émis par les municipalités du Québec;
«3° par dépôt auprès d'une banque ou d'une
institution financière inscrite à la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec, ou dans des certificats,
billets ou autres titres ou papiers à court terme émis ou
garantis par une banque ou une telle institution.» Fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert:
m. le président,
l'article limite les placements que peut faire le conseil avec les fonds dont
il dispose en vertu de la loi.
M. Boulerice: Le Conseil des arts du Canada
bénéficie de dispositions similaires dans sa loi constitutive.
Adopté.
Le Président (M. Doyon): Adopté, donc. L'article 26
est le suivant: «Le Conseil ne peut, si ce n'est à des fins de
placement en vertu de l'article 25, utiliser les sommes provenant des dons,
legs, subventions ou autres contributions, à l'exception de celles
votées annuellement par le Parlement, que pour l'attribution d'aide
financière ou de prix. «Il en est de même des sommes qui
découlent de ces placements.» Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: C'est un article qui limite
l'utilisation que le Conseil peut faire des sommes provenant de dons, legs,
subventions ou autres contributions qu'il reçoit, à l'exception
de celles votées annuellement par le Parlement. C'est un article qui
vise aussi à apporter une garantie à l'effet que les sommes
recueillies par le Conseil, autres que les sommes votées par le
Parlement, ne puissent servir au fonctionnement de l'organisme, mais qu'elles
soient allouées en fonction du mandat fondamental de l'organisme, soit
pour l'attribution d'aide financière ou de prix.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 26 est adopté.
L'article 27 est le suivant: «Le Conseil ne peut, sans l'autorisation du
gouvernement, contracter un emprunt qui porte au-delà du montant
déterminé par le gouvernement le total de ses emprunts en cours
non encore remboursés.» Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: C'est une disposition de contrôle
financier usuel. C'est tout simplement de limiter le montant des
emprunts...
M. Boulerice: En vertu de la Loi sur l'ad-mînistration
financière. L'article 27, adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 27 est donc
adopté. L'article 28 est le suivant: «Le gouvernement peut
garantir, aux conditions qu'il détermine, le paiement en capital et
intérêts de tout emprunt ou autre obligation du Conseil.
«Les sommes requises pour l'application du présent article sont
prises sur le fonds consolidé du revenu.» Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: ...de nature financière, le
gouvernement garantit les emprunts.
M. Boulerice: C'est le cas pour un organisme public, normalement
du moins. Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): L'article 28 est
adopté.
L'article 29 que je lis: «Le Conseil ne peut effectuer des
paiements ou assumer des obligations dont le coût dépasse, dans
une même année financière, les sommes dont il dispose pour
l'année au cours de laquelle ces paiements sont effectués ou ces
obligations assumées. «Le présent article n'a pas pour
effet d'empêcher le Conseil de s'engager pour plus d'une année
financière.»
Mme Frulla-Hébert: C'est un article qui vise à
empêcher le Conseil de dépenser, dans une même année,
plus d'argent que ce dont il dispose. Donc, le principe de bonne gestion des
fonds publics. Maintenant, c'est un article qui n'empêche pas le Conseil
de s'engager pour plus d'une année financière. Par exemple, il
pourrait conclure des ententes qui s'étendent sur plusieurs
années financières - quand on parlait d'ententes triennales -
avec un organisme artistique, ce que le ministère fait, mais a de la
difficulté à faire présentement.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Adopté. Article 30:
«L'exercice financier du Conseil se termine
le 31 mars de chaque année.»
Mme Frulla-Hébert: C'est un article qui détermine
la date à laquelle se termine l'exercice financier.
M. Boulerice: Ce n'est pas une règle que la ministre nous
impose, c'est tout simplement de respecter le cycle budgétaire du
gouvernement.
Une voix: Adopté.
Documents, comptes et rapports
Le Président (M. Doyon): Lattice 30 est donc
adopté. L'article 31 se lit comme suit. On arrive au chapitre IV
intitulé «Documents, comptes et rapports», et l'article 31,
le premier article de ce chapitre IV, se lit comme suit: «Aucun acte,
document ou écrit n'engage le Conseil s'il n'est signé par son
président ou un membre de son personnel mais, dans le cas de ce dernier,
uniquement dans la mesure déterminée par règlement du
Conseil. «Le Conseil peut permettre, aux conditions et sur les documents
qu'il détermine, qu'une signature requise soit apposée au moyen
d'un appareil automatique ou qu'un fac-similé d'une signature soit
gravé, lithographie ou imprimé. Toutefois, le fac-similé
n'a la même valeur que la signature elle-même que si le document
est contresigné par une personne autorisée par le
président du Conseil.» Fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert: C'est un article qui détermine
les personnes qui peuvent, par leur signature, engager le Conseil. On se
souviendra, on a eu une discussion là-dessus, hier, avec la
députée de Chicoutimi. Il prévoit la
délégation de signatures de même que certains moyens
techniques pouvant être utilisés pour l'apposition d'une
signature. C'est une disposition qu'on retrouve généralement dans
les lois constituantes d'organismes similaires.
Le Président (M. Doyon): M. le député. M.
Boulerice: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Adopté. Merci. L'article
32 est le suivant: «Les procès-verbaux des séances du
conseil d'administration approuvés par celui-ci et certifiés
conformes par le président ou par toute autre personne autorisée
à le faire par le Conseil, sont authentiques. Il en est de même
des documents et copies émanant du Conseil ou faisant partie de ses
archives lorsqu'ils sont signés ou certifiés conformes par l'une
de ces personnes.»
Mme Frulla-Hébert: Cet article reconnaît le
caractère authentique des procès-verbaux des séances du
conseil d'administration et de certains autres documents émanant du
Conseil. Il s'agit d'une disposition usuelle.
M. Boulerice: C'est usuel, mais pourquoi ne pas limiter la
conformité de signature des procès-verbaux des séances du
conseil au président ou au vice-président plutôt
qu'à tout membre?
Mme Frulla-Hébert: Cette disposition, Me Brière,
est-ce que...
M. Brière: Dans le fond, c'est pour des raisons purement
pratiques. Il peut arriver que ni le président ni le
vice-président ne soient disponibles pour certifier un document dans des
circonstances où c'est particulièrement urgent. Alors, au fond,
en autorisant spécialement certaines personnes à le faire, on
limite quand même le cadre de cette délégation.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre,
là-dessus, est-ce que je pourrais vous demander si, par exemple,
les procès-verbaux sont véri-fiables par n'importe qui, s'ils
sont disponibles sur simple demande? Est-ce que n'importe qui peut avoir
accès aux procès-verbaux du conseil?
Mme Frulla-Hébert: C'est la loi sur... C'est comme la
discussion, tantôt, quand on parlait du plan d'activités. La loi
sur l'accès à l'information, on se rappellera, M. le
Président...
Le Président (M. Doyon): Oui.
Mme Frulla-Hébert: ...qui donne accès aux
procès-verbaux, s'applique. Donc, les procès-verbaux sont...
Le Président (M. Doyon): II n'y a pas de limitation
spécifique là-dessus.
Mme Frulla-Hébert: Non.
Le Président (M. Doyen): L'article 32 est adopté.
L'article 33: «Le Conseil doit produire au ministre, au plus tard le 30
juin de chaque année, ses états financiers ainsi qu'un rapport de
ses activités pour l'exercice financier précédent.
«Dans les états financiers, les revenus et dépenses du
Conseil reliés à l'aide financière et à
l'attribution de prix doivent être indiqués
séparément de ceux reliés à l'exécution de
ses autres pouvoirs et à son administration. Le rapport doit pour sa
part énoncer le nom des bénéficiaires de l'aide
financière et les montants attribués à chacun. Les
états financiers et le rapport doivent en outre contenir tous les
renseignements que le ministre peut prescrire.» Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: L'article parle par lui-même.
M. Boulerice: C'est bien beau, mais ça n'entraînera
aucun débat. J'ai toujours l'article 17 dans la gorge, madame, et vous
verrez.
Le Président (M. Doyon): L'article 31 est-il
adopté?
M. Boulerice: Adopté sur division. Le Président
(M. Doyon): Adopté. Une voix:...
M. Boulerice: Non, des promesses que je respecte. C'est pour
ça qu'on me réélit.
Le Président (M. Doyon): L'article 34: «Le ministre
dépose ce rapport et ces états à l'Assemblée
nationale dans les 30 jours de leur réception ou, si elle ne
siège pas, dans les 30 jours de la reprise de ses travaux.»
Mme Frulla-Hébert: Même chose. Une disposition
usuelle.
M. Boulerice: Adopté. Suite logique du manque de
transparence. (18 h 10)
Le Président (M. Doyon): L'article 35: «Les livres
et comptes du Conseil sont vérifiés chaque année par le
Vérificateur général et, en outre, chaque fois que le
décrète le gouvernement. «Le rapport du Vérificateur
doit accompagner le rapport d'activités et les états financiers
du Conseil.»
Mme Frulla-Hébert: Disposition usuelle. M. Boulerice:
Disposition usuelle.
Dispositions transitoires et finales
Le Président (M. Doyon): Adopté, donc. L'article
36. Nous passons maintenant au chapitre V intitulé «Dispositions
transitoires et finales». L'article 36 se lit comme suit: «Les
programmes d'aide financière du ministère des Affaires
culturelles et les budgets y afférents, identifiés par le
gouvernement dans un plan de transfert, sont gérés par le
Conseil, pour l'exercice financier 1993-1994, compte tenu des adaptations
nécessaires, à compter de la date ou des dates qui sont
fixées dans ce plan. Le plan de transfert tient lieu, pour cet exercice
financier, du plan d'activités du Conseil. «Le transfert de cette
gestion, y compris le transfert des dossiers et autres documents du
ministère afférents aux programmes visés au premier
alinéa, a lieu selon des modalités déter- minées
par le ministre en collaboration avec le Conseil.» Fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert: De 36 à 44, M. le
Président, ce sont des articles qui prévoient un plan de
transition de programmes, de budgets, de personnels et de pouvoirs. Alors,
l'article 36, c'est un article qui prévoit que le Conseil, pour sa
première année d'opération, soit pour l'exercice
1993-1994, gérera les programmes d'aide financière du
ministère des Affaires culturelles identifiés par le
gouvernement, comme on en discutait tantôt. Alors, il y a cette
transition qui va se faire et qui est prévue, d'ailleurs, dans la
loi.
M. Boulerice: Au-delà des coûts de gestion, des
coûts de fonctionnement, est-ce qu'on pourrait connaître l'ampleur
des budgets des programmes d'aide qui vont passer du ministère au
Conseil?
Mme Frulla-Hébert: Le budget total du Conseil sera environ
de 42 000 000 $ à 43 000 000 $...
M. Boulerice: Non, mais le 1er avril 1993. Mme
Frulla-Hébert: C'est ça. M. Boulerice: C'est
ça, 42...
Mme Frulla-Hébert: 42 200 000 $, pour être
juste.
M. Boulerice: La ventilation?
Mme Frulla-Hébert: Bien, la ventilation... Ça, on
va vous la donner...
M. Boulerice: Ultérieurement.
Mme Frulla-Hébert: ...par programme. C'est ça,
c'est-à-dire qu'il y a 5 100 000 $ attribuables au fonctionnement, dont
1 000 000 $ sur les 5 100 000 $ . supplémentaires, d'argent neuf, pour
justement effectuer le changement.
M. Boulerice: Et programme par programme?
Mme Frulla-Hébert: Bien là, la ventilation
programme par programme, il faudrait vous donner... On vous a promis la
ventilation programme par programme du ministère, donc ce serait
celle-là qui serait applicable, jusqu'à ce que le Conseil des
arts, ensuite, devienne lui-même en opération, et là c'est
lui qui fait ses programmes et qui revoit tout ça.
M. Boulerice: d'ici à noël. la semaine prochaine
peut-être. enfin, vous nous l'apportez et on adoptera la loi.
adopté, m. le président.
Le Président (M. Doyon): l'article 36 est donc
adopté. l'article 37 est le suivant: «pour l'application de
l'article 36, dans tout décret, contrat ou autre document, toute
référence au ministre, au sous-ministre ou au ministère
des affaires culturelles est, lorsqu'elle concerne un programme dont la gestion
est transférée au conseil, une référence au
conseil.»
Mme Frulla-Hébert: c'est un article de nature transitoire,
en vertu duquel le conseil se trouve substitué au ministre, tout
simplement, au ministre et au sous-ministre.
Le Président (M. Doyon): L'article 37 est donc
adopté. L'article 38 se lit comme suit...
M. Boulerice: Vous me l'avez fait dire.
Le Président (M. Doyon): Excusez-moi, j'avais cru
comprendre qu'il y avait...
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): ...un accord de votre part. La
chose est-elle ainsi?
M. Boulerice: Le silence chez moi n'est jamais un accord,
monsieur.
Le Président (M. Doyon): Comment?
M. Boulerice: J'ai dit: Un silence n'est jamais un accord.
Le Président (M. Doyon): Non. J'avais entendu
«adopté» à mi-voix, mais...
M. Boulerice: Si vous entendez des voix...
Le Président (M. Doyon): À mi-voix.
M. Boulerice: ...on va changer le nom de votre comté, vous
aussi.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que vous l'adoptez ou vous
ne l'adoptez pas?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): C'est ce que j'avais cru
comprendre.
M. Boulerice: Ce sera le comté de Mar-guerite-d'Youville,
il y aura le comté de Jeanne-d'Arc.
Le Président (M. Doyon): L'article 38: «Les
employés, y compris les cadres, du ministère des Affaires
culturelles qui sont affectés, principalement ou accessoirement,
à des tâches susceptibles de relever de l'exercice des
attributions du Conseil deviennent, sous réserve des dispositions d'une
convention collective qui leur sont applicables, les employés du Conseil
dans la mesure où un décret prévoyant leur transfert est
pris avant le (indiquer ici la date suivant d'un an celle de l'entrée en
vigueur du présent article). «Ces employés occupent le
poste et exercent les fonctions qui leur sont assignées par le Conseil,
sous réserve des dispositions d'une convention collective qui leur sont
applicables.»
Mme Frulla-Hébert: Alors, c'est tout simplement une mesure
transitoire suite à ce que l'on avait discuté à l'article
13, si ma mémoire est bonne, toute la question du transfert des
employés, etc.
M. Boulerice: On a vidé le débat. 38,
adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 39: «Tout
employé transféré au Conseil en vertu de l'article 38 peut
demander sa mutation dans un emploi de la fonction publique ou participer
à un concours de promotion pour un tel emploi conformément
à la Loi sur la fonction publique (L.R.Q., chapitre F-3.1.1) si,
à la date de son transfert au Conseil, il était fonctionnaire
permanent au sein du ministère. «L'article 35 de la Loi sur la
fonction publique s'applique à un employé qui participe à
un tel concours de promotion.» Fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert: C'est un article, encore une fois, qui
accorde aux employés du ministère la protection
nécessaire, ceux qui ont été transférés d'un
organisme.
M. Boulerice: Et pour ceux qui ont le statut de fonctionnaire
permanent.
Mme Frulla-Hébert: C'est ça. Droit de retour.
M. Boulerice: donc, c'est une disposition qui maintient la
possibilité, effectivement, pour un employé
transféré au conseil de demander sa mutation ou sa participation
à un concours de promotion. c'est adopté, m. le
président.
Le Président (M. Doyon): L'article est-il
adopté?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article, donc, est
adopté. Nous sommes maintenant à l'article 40 qui est le suivant:
«Lorsqu'un employé visé à l'article 39 pose sa
candidature à la mutation ou à un concours de promotion, il peut
requérir de l'Office des ressources humaines qu'il lui donne un avis sur
le classement qu'il aurait dans la fonction
publique. Cet avis doit tenir compte du classement que cet
employé avait dans la fonction publique à la date de son
transfert, ainsi que de l'expérience et de la scolarité acquises
depuis qu'il est à l'emploi du Conseil. «Dans le cas où un
employé est muté en application de l'article 39, le sous-ministre
ou dirigeant d'organisme lui établit un classement conforme à
l'avis prévu au premier alinéa. «Dans le cas où un
employé est promu en application de l'article 39, son classement doit
tenir compte des critères prévus au premier alinéa.»
Fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert: Cet article complète le
précédent.
M. Boulerice: C'est ce que j'appellerais de l'information
préventive pour ceux qui postuleront. C'est adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 40 est adopté.
«41. En cas de cessation partielle ou complète des
activités du Conseil ou s'il y a manque de travail, l'employé
visé à l'article 39 a le droit d'être mis en
disponibilité dans la fonction publique au classement qu'il avait avant
la date de son transfert. «Dans ce cas, l'Office des ressources humaines
lui établit, le cas échéant, un classement en tenant
compte des critères prévus au premier alinéa de l'article
40.» Fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert: C'est un article qui accorde le droit
de mise en disponibilité, tel que discuté abondamment à
l'article 13.
M. Boulerice: J'espère que ça ne signifie pas
qu'ils ont déjà pensé à l'abolir après
l'avoir créé. Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): L'article 41 est adopté.
«42. Une personne mise en disponibilité suivant l'article 41
demeure au Conseil jusqu'à ce que l'Office des ressources humaines
puisse la placer.»
Mme Frulla-Hébert: C'est un article qui complète le
précédent.
M. Boulerice: Effet logique de l'article 41. Adopté.
Le Président (M. Doyon): Donc, l'article 42 est
adopté. L'article 43 se lit comme suit: «Sous réserve des
recours qui peuvent exister en application d'une convention collective, un
employé visé à l'article 39 qui est congédié
peut en appeler conformément à l'article 33 de la Loi sur la
fonction publique.» Fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert: C'est un article qui accorde un droit
d'appel conformément à la Loi sur la fonction publique. (18 h
20)
M. Boulerice: Ça va, adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 43 est adopté.
Article 44: «Les associations de salariés
accréditées conformément aux dispositions du chapitre IV
de la Loi sur la fonction publique, qui représentent des groupes
d'employés du ministère des Affaires culturelles à la date
du transfert des employés conformément à l'article 38,
continuent de représenter ces employés au Conseil jusqu'à
la date d'expiration des conventions collectives en vigueur au moment du
transfert. «Ces associations de salariés représentent
également, selon les groupes visés, les futurs employés du
Conseil jusqu'à la date d'expiration des conventions visées au
premier alinéa. «Les dispositions de ces conventions collectives
continuent de s'appliquer aux employés du Conseil dans la mesure
où elles leur sont applicables, jusqu'à leur date d'expiration.
«Toutefois, les dispositions de ces conventions collectives concernant la
sécurité d'emploi ne s'appliquent pas aux employés
visés au deuxième alinéa.» Fin de cet article.
Mme Frulla-Hébert: C'est un article, évidemment,
qui vise la représentativité des associations de
salariés.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre peut nous confirmer que le
libellé signifie également que tous les futurs employés du
Conseil ne bénéficieront pas de la sécurité
d'emploi, à l'exception de ceux qui, au moment de leur transfert du
ministère au Conseil, possédaient le statut de fonctionnaire
permanent?
Mme Frulla-Hébert: C'est juste dans la mesure où
ils peuvent en acquérir dans de nouvelles conventions collectives. Mais
les employés qui ne sont pas régis par la Loi de la fonction
publique n'ont pas la sécurité d'emploi, tels que ceux de la
fonction publique. Ce qui ne veut pas dire, évidemment,
qu'éventuellement ils ne pourront pas l'acquérir.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 44 est adopté.
Nous en sommes maintenant à l'article 45, que je lis: «L'annexe
III de la Loi sur le régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics (L.R.Q., chapitre R-10), modifiée
par les décrets 353-91 du 20 mars 1991, 398-92 et 399-92 du 25 mars
1992, 669-92 du 6 mai 1992 et 1263-92 du 1er septembre 1992 ainsi que par les
articles 31 du chapitre 14 des lois de
1991 et 73 du chapitre 44 des lois de 1992, est de nouveau
modifiée par l'insertion, dans le paragraphe 1 et selon l'ordre
alphabétique, des mots "le conseil des arts et des lettres du
québec".» fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, c'est un
article de concordance, tel que l'article 46 et l'article 47.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Donc, l'article 45 est
adopté. L'article 46: «L'annexe II de la Loi sur le régime
de retraite des fonctionnaires (L.R.Q., chapitre R-12), modifiée par la
décision du Conseil du trésor C.T. 179668 du 17 mars 1992, est de
nouveau modifiée: «1° par l'insertion, dans le paragraphe 1 et
selon l'ordre alphabétique, des mots "le Conseil des arts et des lettres
du Québec"; «2° par l'insertion, dans le paragraphe 3 et selon
l'ordre alphabétique, des mots "le Conseil des arts et des lettres du
Québec".» Fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert: Concordance, M. le
Président.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 46 est adopté.
Je fais maintenant lecture de l'article 47: «L'annexe IV de cette loi,
modifiée par l'article 74 du chapitre 44 des lois de 1992, est de
nouveau modifiée par l'insertion, en suivant l'ordre
alphabétique, de ce qui suit: "le Conseil des arts et des lettres du
Québec".» Fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert: Concordance, M. le
Président.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 47 est adopté.
L'article 48 est le suivant: «Les crédits accordés pour
l'exercice financier (indiquer ici l'exercice financier au cours duquel le
présent article entre en vigueur) au ministre des Affaires culturelles
sont, dans la mesure et selon les modalités que détermine le
gouvernement, transférés au Conseil. «Les autres sommes
requises pour l'application de la présente loi sont prises, pour le
même exercice financier, sur le fonds consolidé du revenu, dans la
mesure que détermine le gouvernement.» Fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert: C'est un article qui détermine
la provenance des sommes qui seront attribuées au Conseil pour
l'année en cours.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 48 est adopté.
L'article 49 se lit comme suit: «Le ministre des Affaires culturelles est
chargé de l'application de la présente loi.» Mme la
ministre.
Mme Frulla-Hébert: C'est un article qui détermine
le ministre responsable de la loi.
M. Boulerice: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): L'article 49 est adopté.
L'article 50 est le suivant: «Les dispositions de la présente loi
entreront en vigueur à la date ou aux dates fixées par le
gouvernement.» Fin de l'article.
Mme Frulla-Hébert: L'article parle par lui-même.
M. Boulerice: On les connaît. C'est le 1er avril si tout va
bien.
Mme Frulla-Hébert: Si tout va bien, oui.
M. Boulerice: Si tout va bien. Adopté. ...pour la
négociation du transfert des crédits et du personnel.
Mme Frulla-Hébert: On espère pour fin
février, début mars... décret fin février,
début mars si tout va bien.
M. Boulerice: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Doyon): l'article 50, qui est le dernier
article de la loi, est donc adopté. est-ce que les intitulés des
titres, chapitres, sections et sous-sections sont adoptés?
M. Boulerice: Je m'excuse, M. le Président, j'ai
été...
Le Président (M. Doyon): Est-ce que les intitulés
des titres, chapitres, sections et sous-sections sont adoptés?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
Mme Frulla-Hébert: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que le projet de loi est
adopté...
Mme Frulla-Hébert: Adopté. M. Boulerice:
Adopté.
Le Président (M. Doyon): ...tel qu'amendé? M.
Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Donc, adopté tel
qu'amendé. Étant donné que la commission a terminé
ses travaux, je l'ajourne sine die en vous disant que le mandat qui nous avait
été confié par l'Assemblée... Vous voulez faire des
remarques?
M. Boulerice: Non. Je pense que la ministre a l'intention d'en
faire.
Le Président (M. Doyon): Oui, si vous voulez, bien
sûr. Mme la ministre, avez-vous quelques remarques finales à
faire?
Remarques finales Mme Liza
Frulla-Hébert
Mme Frulla-Hébert: Oui, M. le Président. D'abord,
je veux remercier, comme à l'habitude, les membres de la commission de
la culture pour leur collaboration lors de l'étude du projet de loi sur
le Conseil des arts et des lettres. Nous sommes tous conscients de l'importance
de ce projet de loi en raison de ce qu'il représente pour l'avenir de la
création et, par conséquent, pour celui de la culture au
Québec. Je pense qu'à cet égard nous avons raison
d'être fiers du travail que nous avons accompli à cette commission
parce que nous avons contribué à faire avancer ce grand dossier
et à bien le faire. Les modifications que nous avons apportées
sont de nature à améliorer le projet de loi et, aussi, à
donner un cadre juridique plus adéquat au Conseil des arts et des
lettres. En spécifiant dans le projet de loi que les comités
d'évaluation des demandes d'aide financière seront
constitués de gens provenant des milieux artistiques, nous mettons
encore plus en évidence l'association des milieux à la gestion de
l'aide et les rassurons encore davantage quant à la non-ingérence
sur les contenus de la création artistique. Nous avons été
convaincus aussi de la pertinence de prolonger la durée maximale des
mandats des membres du conseil d'administration et de son président
grâce à une argumentation solide, ce qui prouve, M. le
Président, la bonne foi qui nous animait en entreprenant les travaux de
la commission parlementaire.
Le projet de loi sur le ministère de la Culture et celui sur le
Conseil des arts et des lettres sont complémentaires et même
liés. Il y a une étroite relation entre la responsabilité
du futur ministre de la Culture à l'égard de la politique
culturelle, comme le définit le premier projet de loi, et celle qu'il
exerce à l'endroit du Conseil des arts et des lettres. C'est pour mieux
asseoir cette responsabilité de ministre coordon-nateur que le projet de
loi sur le Conseil des arts et des lettres lui confie le mandat de faire des
liens entre les orientations et les objectifs de la politique culturelle et
ceux du Conseil des arts et des lettres. En conséquence, c'est à
lui que le Conseil devra rendre des comptes sur l'exercice de son mandat.
Tous conviennent de l'importance de l'équilibre entre les
exigences de la saine gestion des fonds publics et la réalisation d'un
mandat gouvernemental et celles de la non-ingérence dans les contenus de
la création artistique. Nous avons développé ensemble une
formule intéressante qui servira mieux les artistes et les organismes
tout en permettant au gouvernement de s'assurer que les fonds sont
utilisés adéquatement. (18 h 30)
En terminant, M. le Président, j'ose aussi ajouter que le
partenariat qui se développe et qui continuera, par le biais du Conseil
des arts et des lettres, à se développer, ne serait-ce que par
les membres du conseil d'administration qui seront suggérés, et
ce, grâce à l'amendement fourni par nos partenaires, notamment le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques ...fera en sorte que tous
seront partie prenante du développement de la culture au Québec
tout en maintenant l'autonomie d'un Conseil des arts et des lettres qui se
trouve à être un des seuls organismes à jouir de cette
distance entre le gouvernement et sa gestion même, un des seuls
organismes, sinon le seul, au gouvernement du Québec. Par contre, aussi,
transparence au niveau de la gestion et de la saine gestion des fonds
publics.
Donc, M. le Président, permettez-moi de vous remercier de
façon plus particulière pour votre excellent travail au cours des
séances de la commission de la culture. Ce remerciement s'étend
à tous ici. Le milieu aussi, j'imagine, vous remercie, M. le
Président. Je laisse maintenant la parole à mon collègue,
j'imagine?
Le Président (M. Doyon): Oui. M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Deux brefs commentaires, M. le Président,
deux ou trois, mais au maximum trois, de toute façon. L'Opposition,
comme toujours, a tenté d'être la plus collaboratrice possible
dans l'étude des projets de loi qui nous sont soumis, émanant du
ministère des Affaires culturelles et bientôt du ministère
de la Culture. Quand même, je m'avouerai passablement déçu
de voir que certaines propositions d'amendement que nous avions
apportées ont été balayées du revers de la main par
la ministre, notamment celle de créer ce que je vais convenir d'appeler
maintenant un rapport interactif entre le Conseil des arts et des lettres et la
commission permanente de la culture. Que la ministre ne vienne pas se plaindre
que ce Parlement ne parle pas suffisam-
ment de culture. Il y avait là une belle occasion de
procéder à un échange extraordinaire qui aurait pu
être extrêmement valorisant pour la commission de la culture dont
le rôle peut quelquefois être limité uniquement à
être un tampon d'approbation. Ça aurait pu générer
des discussions et, par conséquent, après ça, une plus
grande sensibilisation des parlementaires au développement des arts et
de la culture. C'est une très belle occasion ratée que la
ministre a elle-même décidé de rater. Je pense qu'elle
vivra le temps de le regretter amèrement, j'en suis persuadé. Je
serai malheureux pour elle, mais je serai dans cette situation du «je
vous l'avais bien dit», et je n'en aurai aucun plaisir, Mais, tant pis,
elle en assumera la responsabilité.
La deuxième. Nous avons effectivement regardé et
adopté des structures, mais... C'est beau, les structures, mais
ça me fait penser à la loi du statut de l'artiste. J'ai toujours
dit que c'était bien beau de donner un statut à l'artiste, mais
que, si ce n'était pas associé avec un statut fiscal de
l'artiste, le statut de l'artiste demeurait bêtement un statut, point,
c'est tout. Et ce n'est actuellement qu'un seul statut, il n'y a pas de statut
fiscal. Donc, on a beau avoir adopté la loi 52 et la loi 53, s'il n'y a
pas les ressources financières adéquates, ça n'ira pas
loin. Je vais lui rappeler ce que je lui disais en entrée, en citant de
nouveau l'article paru dans le journal Le Devoir de ce matin:
«Conseil des arts, prise deux», un article qui était
signé par Mme Lapointe et qui disait: «De différence, nous
en voyons simplement une, au niveau des moyens financiers, dont le
déséquilibre en faveur du fédéral va créer
de grandes attentes au niveau provincial. Attentes de budgets signifiants qui
vont permettre de répondre réellement à l'éternel
problème de saupoudrage» - et j'avais ajouté -causé
par l'abondance des ressources financières qui auraient
été utiles...
Une voix: L'abondance des demandes, aussi.
M. Bouierice: ...l'abondance des demandes, oui, et du peu de
ressources à y consacrer. C'est sur ces remarques, M. le
Président, que je conclus mon intervention, en vous remerciant de votre
présidence et en saluant Mme la ministre et son personnel.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député.
M. Bouierice: En vous remerciant...
Le Président (M. Doyon): II me reste à
féliciter la ministre d'être en train de faire la preuve que
l'immense tâche qu'elle a entreprise, maintenant depuis de nombreux mois,
elle est en train de la mener à bien, malgré le scepticisme qui
peut avoir entouré sa démarche, à l'époque. Elle
est en train de faire la preuve qu'elle avait une conviction profonde du besoin
et qu'elle a pris les moyens pour arriver à ses fins.
Alors, comme député et au nom de mes collègues, il
me reste aussi à la féliciter, lui souhaiter bonne chance dans ce
qui reste encore à faire. C'est bien sûr que tout n'est pas
réglé, mais les pas que nous avons accomplis hier et aujourd'hui
sont très importants. Nous en avons d'autres à faire et la
ministre s'en occupera activement, j'en suis fort convaincu. Alors, je m'en
réjouis et je suis sûr que le monde artistique et le monde
culturel respirent un peu plus à l'aise ce soir, voyant que lès
choses avancent non seulement normalement, mais - à titre de
président je peux me permettre de le dire - avec la collaboration de
l'Opposition, plus rapidement que normalement dans des circonstances
semblables.
Alors, c'est bon signe, et j'espère que les résultats
seront à la hauteur des attentes. Donc...
M. Bouierice: Une question, M. le Président, avant de
terminer.
Le Président (M. Doyon): Oui.
M. Beulerice: Est-ce que vous avez une voiture?
Le Président (M. Doyon): Est-ce que j'ai une voiture?
M. Bouierice: Oui, vous êtes venu au parlement en
voiture?
Le Président (M. Doyon): Oui, je suis venu...
M. Bouierice: Moi aussi, et la ministre aussi, c'est merveilleux.
Nous retournerons chacun dans notre voiture, dans nos circonscriptions
respectives, pour ceux que ça intéresse.
Le Président (M. doyon): Alors, que ces choses soient
inscrites et qu'elles soient dites et comprises.
Donc, il me reste à remercier la ministre ainsi que tous les
collègues députés qui ont participé à la
commission, ainsi que Me Brière qui, comme d'habitude, nous a
été d'un précieux secours, de même que Mme la
sous-ministre et tous ceux qui ont fourni les renseignements dont nous avions
besoin lors de l'étude. Donc, j'ajourne sine die les travaux de cette
commission.
(Fin de la séance à 18 h 37)