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(Dix heures deux minutes)
Le Président (M. Messier): Je déclare la
séance ouverte. Je vais rappeler le mandat de la commission
parlementaire. C'est l'interpellation du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques à la ministre des Affaires culturelles sur le
sujet suivant: Le financement des arts au Québec. Je demande à la
secrétaire d'annoncer les remplacements s'il vous plaît.
La Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix) est remplacé
par M. Charbonneau (Saint-Jean); M. Doyon (Louis-Hébert) est
remplacé par M. MacMillan (Papineau); M. Hamel (Sherbrooke) est
remplacé par M. Maltais (Saguenay); M. Lemire (Saint-Maurice) est
remplacé par M. Camden (Lotbinière); M. Paré (Shefford)
est remplacé par M. Dufour (Jonquière).
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la
secrétaire. Je vais rappeler les dispositions régissant
l'interpellation pour les députés et pour ceux qui sont dans les
galeries. Le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques va commencer
pour 10 minutes; la ministre sera interpellée pendant 10 minutes et,
après ça, il devrait y avoir alternance entre les
députés ministériels, la ministre et le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. On devrait débuter
immédiatement par le député de l'Opposition. On y va pour
10 minutes.
Exposé du sujet M. André
Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, en cette journée de
deuil, puisque nous avons assisté hier soir au cinquième
enterrement consécutif de la promesse libérale du 1 %, je pense
qu'il était du devoir du porte-parole de l'Opposition pour ce qui est
des affaires culturelles de procéder, ce matin, à une minute de
vérité avec Mme la ministre des Affaires culturelles et son
gouvernement.
Depuis 1985, M. le Président, le gouvernement libérai nous
avait habitués à un comportement plutôt embarrassant en
matière d'affaires culturelles. Voilà, et surtout cela s'appuie
à partir d'hier soir, que la limite est très nettement
dépassée. J'aimerais vous rappeler un peu les faits. De 1976
à 1985, le gouvernement du Parti québécois avait
accordé une importance tout à fait particulière au domaine
des arts parce qu'il était conscient de la spécificité
culturelle du Québec, du caractère français qui en
constitue la pierre angulaire et parce qu'il savait que le secteur culturel
représente une force économique importante, et d'une importance
telle d'ailleurs qu'elle ne doit pas être négligée. Chaque
dollar investi dans une activité culturelle génère - ce
sont des chiffres de 1987, il faudrait regarder ceux de 1989 et de 1990 - au
moins 1,60 $ dans notre économie. Les festivals, le
théâtre, les expositions et autres événements
semblables auraient d'ailleurs le meilleur rendement dans le secteur tertiaire
par les emplois indirects créés, les taxes et autres revenus
perçus. Donc, de 1976 à 1985, le gouvernement du Québec a
multiplié par quatre le budget de la culture dont la part du budget de
l'État est ainsi passée de 0,42 % à 0,67 % du budget total
de l'État. Et puis, en 1985, le malheur arriva, et le Parti
libéral est arrivé dans le décor en promettant de
consacrer 1 % du budget total de l'État à la culture. Il n'a pas
tenu parole. Et s'il y avait, comme le dit le député de Papineau,
une caisse vide eh bien, c'était à lui d'avoir
l'honnêteté de ne pas s'enfler de promesses fallacieuses. Il n'a
pas tenu parole, M. le Président. Pour 1990-1991 le budget du
ministère des Affaires culturelles ne représente toujours que 0,7
%, ce qui nous permet de relever l'inexactitude de la déclaration de la
ministre, hier après-midi, en cette Chambre au moment de la
période de questions lorsqu'elle disait qu'elle avait augmenté de
16 %. Donc, 0,7 % de l'ensemble des dépenses gouvernementales.
Malgré, toujours, le budget silencieux d'hier, il manque 100 000 000 $,
97 000 000 $, je crois pour être précis, dont on aurait grandement
besoin au niveau culturel.
Lors de son premier mandat, le gouvernement libéral a
également décrété un moratoire sur le
développement de nouveaux équipements culturels. La
prédécesseure n'avait que ce mot à la bouche: moratoire,
moratoire, moratoire. Et la prédécesseure de la ministre avait
une espèce d'urticaire politique lorsqu'il s'agissait de parler de
financement par service de la dette. Il faut croire que le mal est guéri
dans un certain sens puisque, lorsqu'on regarde le budget d'hier, on n'a plus
les mêmes réserves quant au financement par service de la dette.
Je vois Mme la sous-ministre qui me regarde attentivement puisque c'est un
discours qu'elle a entendu aussi fréquemment que moi. Donc, moratoire
sur le développement des nouveaux équipements culturels ainsi que
sur le programme d'aide à l'implantation de nouvelles
bibliothèques. Ces gestes démontrent hors de tout doute, M. le
Président, à quel point ce gouvernement est sensible au domaine
des affaires culturelles.
Finalement, la semaine dernière... M. le Président, je
demanderais aux députés - je crois que ce sont les
députés, ce ne sont pas des fonctionnaires, on les entend
tellement peu
souvent en Chambre que j'hésite à savoir si ce sont des
députés - de la formation ministérielle, si ce sont des
députés qu'ils veuillent bien s'identifier, de respecter mon
droit de parole...
Le Président (M. Messier): Avec le plus grand des
plaisirs. Je vais...
M. Boulerice: ...comme je le ferai pour le leur. J'invoquerais
l'article 32 de notre règlement aussi, M. le Président.
Le Président (M. Messier): M.le
député de Papineau, soyez digne de vos fonctions, s'il vous
plaît. Merci.
Une voix: Quel article?
Le Président (M. Messier): L'article 32.
M. Boulerice: Finalement, la semaine dernière, l'actuelle
ministre des Affaires culturelles annonçait, dans un communiqué
devenu célèbre, le communiqué de Fort Lauderdale, qu'elle
amorçait une réflexion globale sur toute la question du
financement des arts au Québec, expliquant que sa réflexion
portait principalement sur les modes de financement dont pourrait être
doté le milieu culturel pour sortir - et c'était là
vraiment, M. le Président, où les mots étaient blessants -
du cercle vicieux de dépendance envers l'État. Évidemment,
cette nouvelle a rendu le monde culturel furieux. On l'aurait été
à moins.
L'Opposition a également qualifié d'inacceptable, M. le
Président, ce désengagement dont on voit d'ailleurs les grandes
balises dans le budget d'hier et demandé à la ministre d'au moins
soumettre toute cette question à une commission parlementaire au lieu de
la confier à une firme privée, comme elle a décidé
de le faire. La culture n'est pas uniquement comptable, madame. La culture, ce
sont les choses de l'esprit. Je pense qu'on doit les voir avec une perspective
beaucoup plus grande que celle d'une calculatrice comme telle.
Les bibliothèques. M. le Président, l'annonce pompeuse
d'hier soir nous laisse quand même un peu perplexes. Après avoir
saccagé autant que ce gouvernement-là au niveau des
bibliothèques publiques, comment pouvons-nous présenter les
engagements d'hier comme étant la trouvaille du siècle? Elle ne
fait, en définitive, que mettre un pansement sur une blessure qu'elle a
elle-même infligée au monde des bibliothèques. Quand on
regarde ce budget et qu'on regarde attentivement les chiffres, on parlait de 72
000 000 $ par service de la dette. Changement d'orientation, changement de cap,
changement de philosophie entre partenaires. Les partenaires, ce sont les
municipalités. Mon collègue, député de
Jonquière et porte-parole de l'Opposition pour les affaires municipales,
sera très heureux d'intervenir tantôt, et moi, je le souhaitais
ardemment. 40 000 000 $ des partenaires, c'est-à-dire des
municipalités, 32 000 000 $ du gouvernement. La plus grande partie de
ces investissements additionnels va être consacrée durant
1990-1991. Alors, on voit, M. le Président, comme je le disais, en
contravention avec l'article 32 hier soir au moment où le ministre des
Finances parlait, que ce qu'il nous offrait hier en définitive,
c'était du vieux stock. Pour employer une expression populaire qui est
bien comprise par l'ensemble de la population, le ministre nous a servi du
réchauffé, du vieux stock, comme on dit dans le langage
quotidien.
Rien au niveau du soutien à l'artiste comme tel. On a doté
les artistes d'un statut, mais la plus grande crainte que j'avais
s'avère vraie. Le statut n'est qu'une statue. Oui, ils peuvent
négocier des contrats, mais rien ne nous dit qu'ils auront plus de
contrats. On n'a pas donné à l'artiste un statut fiscal. Rien
dans le budget ne parie de la fiscalité. Quand on connaît - et
j'espère que la ministre le connaît - l'étalement des
revenus du milieu culturel où c'est en dents de scie, l'étalement
des revenus aurait été une mesure intéressante, mais le
ministre ne semblait pas préoccupé par cette
partie-là.
La ministre a-t-elle murmuré? Le ministre des Finances
était-il sourd? Je veux dire, la question se pose. Mais, c'est le budget
le plus lamentable que je n'aie jamais vu depuis que je m'intéresse
à la politique et que je regarde le budget du ministère de la
Culture. Je pense que c'est difficile maintenant pour un gouvernement
libéral et je ne peux quand même pas m'em-pêcher d'avoir une
certaine sympathie envers la ministre. Comment pourra-t-elle être
crédible quand elle va parier de la culture, quand on regarde le triste
bilan des cinq dernières années et, surtout, le discours le plus
racolleur politiquement que je n'aie jamais entendu et qui s'avère
encore lettre morte? Je vous le répète en guise de conclusion -
vous me faites signe que les 10 minutes sont écoulées - on a
assisté hier au cinquième enterrement de la promesse du 1 % qui
devait être réalisée en 1990-1991, après avoir eu
une extension.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Je demande à la
ministre des Affaires culturelles et députée de Chambly
d'intervenir pour 10 minutes.
Réponse de la ministre Mme Lucienne Robillard
Mme Robillard: M. le Président, je suis très
heureuse de l'occasion qui m'est aujourd'hui offerte de discuter plus à
fond du développement de la culture au Québec parce que parier du
financement des arts, c'est aussi parier de notre vision de la culture et je
n'ai pas vu dans le
discours du député de Sainte-Marie-Saint-Jacques sa vision
de la culture au Québec. Depuis mon arrivée au ministère
des Affaires culturelles, je multiolie les rencontres et les réflexions
dans le but d'arrêter les gestes à poser pour favoriser encore
davantage le développement culturel du Québec au cours des
années quatre-vingt-dix.
Nous sommes à la veille de la commission parlementaire sur la
défense des crédits. C'est donc un moment
privilégié pour transmettre à l'Assemblée ma
façon d'aborder cette question et pour partager mes convictions.
Permettez-moi d'abord, M. le Président, de réagir de façon
très spontanée aux propos de M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. Ma première réaction sera de
répondre oui, à M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. Oui, la culture québécoise
représentée à travers les arts et son patrimoine et
particulièrement notre culture francophone doit être non seulement
protégée, elle doit rayonner et se développer. C'est
à travers les arts et le patrimoine qu'un peuple se fait
connaître, qu'il développe sa fierté et prend conscience de
sa valeur, qu'il assure sa pérennité et la transmission de ses
valeurs les plus profondes.
Ma deuxième réaction sera de répondre oui à
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Oui, notre
gouvernement s'est engagé, lui, à consacrer 1 % du budget de
l'État à la culture. Et oui, nous maintenons notre engagement, M.
le député. Notre gouvernement maintient le cap à un rythme
plus lent qu'il ne l'aurait souhaité, mais à un rythme plus
rapide, vous en conviendrez, que nos vis-à-vis lorsqu'ils formaient le
gouvernement. Nous avons mis, en effet, quatre ans à parcourir le chemin
que vous avez parcouru en huit ans, soit d'accroître la part relative du
budget du ministère des Affaires culturelles de près de 0,15 % du
budget de l'État. Vous conviendrez, M. le Président, que c'est un
effort important du gouvernement libéral au milieu culturel et un
message clair concernant la priorité que nous accordons à ce
secteur.
Ma troisième réaction sera encore de répondre oui
à M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Oui, je
connais la situation encore précaire de beaucoup d'artistes, de beaucoup
de créateurs, de beaucoup d'organismes culturels et des exemples me sont
régulièrement soumis, parce que je suis en contact continuel avec
cette clientèle.
Le besoin d'augmentation des crédits est évident. Je le
partage, et je m'engage, comme ministre, à défendre le
mieux-être économique de la culture et des gens qui y oeuvrent.
Mais il ne s'agit pas de limiter nos réponses à ces questions. Il
m'importe bien davantage de positionner la problématique du financement
des arts dans la perspective des années quatre-vingt-dix et de bien
cerner les objectifs que nous devons poursuivre. Ces objectifs doivent
déborder largement celui d'augmenter les crédits. Il nous faut
autant se demander selon quel ordre de priorité, en fonction de quels
besoins à satisfaire et de quelle réalité à
respecter, tout en tenant compte également de l'objectif ultime de tout
geste d'État, l'intérêt de la population, du contribuable
et des consommateurs de services et de biens culturels. Bref, il nous faut
penser le développement culturel des années quatre-vingt-dix et
c'est à cela que je me suis engagée comme ministre des Affaires
culturelles.
M. le Président, tous les Québécois et toutes les
Québécoises le constatent: le milieu de la culture est
extrêmement dynamique. Nous vivons une période d'effervescence, de
création, d'éclatement des talents, autant des créateurs,
des artistes, que des gestionnaires des organismes culturels. Cette
vitalité de la création et de la diffusion culturelle
traduit-elle une très grande santé financière? Pas
vraiment, il faut le reconnaître, mais il faut cependant constater
l'amélioration des conditions économiques des milieux culturels,
amélioration qui se traduit pour quelques-uns en un succès
financier certain; pour un plus grand nombre, en un équilibre encore
précaire, et pour plusieurs, en un niveau minimal de survie. Cette
amélioration est aussi confirmée par une participation plus
grande du milieu et de plusieurs partenaires publics et privés. On
l'observe également par le rayonnement de plus en plus important de nos
produits culturels chacun dans leur créneau et dont leur qualité
internationale leur permet de se comparer fort avantageusement à un
niveau de performance internationale.
Ce dynamisme du milieu culturel québécois est un signe
d'une évolution qui n'est pas sans affecter les équilibres et les
habitudes établis. Nous vivons actuellement des années
charnières, il faut bien le constater, où les organismes
culturels sont à une étape cruciale de leur croissance.
Devant cette réalité des années quatre-vingt-dix,
nous devons nous interroger sur nos modes d'intervention et la
nécessité de satisfaire tous ces besoins qui se pointent à
l'horizon ou qui nous sont déjà exprimés. Ce sont des
questions fondamentales qui s'imposent à nous comme gouvernement et
à tous les groupes culturels.
Je peux vous assurer d'ailleurs, M. le Président, que les groupes
culturels sont très conscients de ce défi. Regardons les dix
dernières années et, sans même nous référer
aux statistiques, par simple observation, quelques constatations
s'imposent.
Premièrement, beaucoup de nos organismes culturels sont devenus,
au fil des ans, des institutions, pourrait-on dire, que ce soit en musique, en
danse, en théâtre ou en muséologie. Il en est de même
d'événements culturels majeurs. Ils sont installés; ils
ont leurs lettres de
créance; ils ont des clientèles de plus en plus
nombreuses. Cette réalité commande une organisation plus forte,
des conditions plus stables, qui s'adaptent aux conjonctures.
Deuxièmement, les dix dernières années ont vu
naître beaucoup d'organismes nouveaux. Il s'en crée encore en
région autant à Montréal qu'à Québec. Ils se
sont trouvé des créneaux et se sont développé des
publics. Ils aspirent maintenant à élargir leur rayonnement, du
moins, dans leur ville ou leur région, voire même à
l'ensemble du Québec. D'autres, plus jeunes, cherchent encore à
s'installer.
Troisièmement, la création, la source même de la
vitalité de notre expression culturelle, a obtenu une reconnaissance
nationale et internationale. Il faut le constater avec fierté, plusieurs
Québécois et Québécoises ont traversé les
frontières et sont devenus de véritables ambassadeurs du
Québec.
Enfin, mais non les moindres, les travailleurs de la culture ont vu, au
cours de ces dix dernières années, leurs conditions de travail
s'améliorer. Les interventions du gouvernement, particulièrement
par ses lois 90 et 78, ont largement contribué à cette
évolution. Cette évolution de la culture et de ces organismes, M.
le Président, je la considère très positive. Mais cela ne
me fait pas oublier, et j'en suis profondément convaincue, la
fragilité des organismes et leur très grand besoin financier.
Dans cette fragilité, M. le Président, le contexte
économique est églement en cause. En effet, le contexte
économique qui s'est imposé progressivement à l'industrie
des arts et de la culture fait figure de révolution et sans doute en
sera-t-il ainsi pour les dix prochaines années. Ce contexte,
caractérisé par des fluctuations majeures de l'économie en
général et par une augmentation importante du coût de la
vie, a généré une augmentation astronomique des
coûts de production, de diffusion des produits culturels,
particulièrement dans le domaine des arts de la scène et de
l'audiovisuel.
D'autre part, les produits culturels sont devenus de plus en plus
accessibles auprès de la population et c'est dans cet environnement que
l'État a toujours accompagné les milieux culturels au cours des
ans et les a aidés à profiter des occasions et des chances
offertes par cette conjoncture.
Le Président (M. Messier): En conclusion, Mme la
ministre.
Mme Robillard: Alors, en conclusion, M. le Président, je
suis très fière de constater que mon gouvernement, au fil des
ans, augmente à chaque année, étape par étape, le
budget dévolu aux Affaires culturelles.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, madame.
Mme Robillard: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Messier): II me fait plaisir,
Mme la ministre. Je passe la parole, pour cinq minutes, au
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Argumentation M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, je ne peux quand même
pas m'empêcher, en entendant la ministre, de me rappeler cette
très belle chanson, mais malheureusement d'actualité aujourd'hui,
de Dalida qui disait: Paroles, paroles, paroles, paroles. C'est ce qu'on
entend, M. le Président, depuis cinq ans, des paroles, des paroles, des
paroles, alors que le milieu de la culture demande des gestes très
concrets.
La ministre nous a inondés, durant son tour du Québec, de
communiqués de presse dont le troisième paragraphe était
toujours identique: La ministre se félicite du dynamisme des industries
culturelles de l'Abitibi-Témiscamingue et toutes les régions y
ont passé. Mais comment pouvons-nous soutenir ce dynamisme, M. le
Président, quand il n'y a aucune aide directe, comme telle, qui est
accordée au niveau de la culture? Je pense que la ministre a fait
peut-être sans doute un petit peu de psycholinguistique, elle a
parlé de défense des crédits. Je pense qu'effectivement
elle aura à se défendre aux crédits.
La ministre a l'audace de me dire, ce matin: Vous savez, nous, nous
réfléchissons, nous allons plus en avant. On va au-delà de
l'augmentation, qu'est-ce qu'on va faire avec. Mais, M. le Président, je
veux dire, c'est la chose la plus élémentaire. Comment
pouvons-nous déterminer ce qu'on va faire si, au départ, on ne
sait pas ce qu'on a, et, actuellement, on n'a rien, absolument, on n'a rien.
Comment la ministre peut-elle continuer à souffrir, comme sa
prédécesseure, de dyscalculie quand il s'agit de regarder les
chiffres au niveau de la culture? Quand nous sommes arrivés,
c'était à 0,42 %, nous l'avons porté à 0,67 %, donc
augmentation de 0,25 %. De 0,67 % où nous étions, M. le
Président, le gouvernement libéral l'a amené, hier soir,
à 0,73 %; ça fait 0,6 %. Qu'elle ne vienne pas gonfler les
chiffres artificiellement. Ils sont là les chiffres, M. le
Président, et la ministre sombre dans ce travers.
J'aimerais lui rappeler - il est important de le faire - qu'il y a un
ralentissement supposé-ment économique, mais le 1 %, vous l'aviez
promis à l'intérieur de votre premier mandat. Glorieux,
triomphant, bon administrateur, le Québec était pour être
l'Eldorado. Il n'a pas été respecté durant le premier
mandat. Vous les aviez, les sous, mais personne n'a eu de volonté
politique pour le faire.
J'aimerais vous rappeler, et ça, c'est
important, qu'on a traversé une période économique
bien plus difficile. Et si vous la traversez avec des soubresauts moins forts,
c'est parce que, justement, on a été capables, nous, les
courageux, de prendre des décisions. Jamais, en neuf ans de gouvernement
du Parti québécois, malgré une conjoncture
économique qui ne peut être comparée avec la vôtre,
madame, nous n'avons coupé dans le budget du ministère de la
culture; ce que vous avez fait. Vous avez coupé dans le budget du
ministère de la culture. Comment pensez-vous, de nouveau, être
crédible? Le seul 1 % que vous atteignez, c'est la prononciation des
mots: Nous l'aurons, le 1 % du budget de l'État. Le seul endroit
où vous obtenez le 1 %, c'est dans le flot de paroles qui est
déversé pour vous rattacher à un engagement qui a
été la plus grande fumisterie jamais montée face au milieu
de la culture depuis la création de ce ministère-là par un
homme qui venait de votre formation politique et qui est toujours resté
présent dans la mémoire des gens tellement son ouverture
était grande, qui était M. Georges-Emile Lapalme. Et je pourrais
continuer à nommer tous les autres qui ont suivi dont l'actuel maire de
Québec, M. L'Allier, que je salue d'ailleurs et auquel je promets mon
appui le plus entier dans le développement culturel de notre capitale
nationale, non pas provinciale, comme on aime l'appeler de l'autre
côté. (10 h 30)
La ministre a-t-elle des appuis au sein de son gouvernement pour
réaliser ce 1 %? Il semble que sa prédécesseure ne les
avait pas, puisque l'engagement tenait pour le premier mandat et n'a pas
été réussi. Et le premier ministre a même eu
l'effronterie - parce qu'on disait: C'est 1 % brut - de me répondre en
Chambre que le 1 % incluait toute la fiscalité. Alors, ce n'est pas 1 %
brut, tel qu'on l'avait promis. Je pense qu'il faudrait que ce gouvernement
s'assoie et regarde l'incohérence non pas de son, mais de ses discours
au niveau du 1 % et que, peut-être à l'exemple du ministre des
Affaires municipales, il fasse un acte de contrition et celui-là,
j'espère, avec un ferme propos.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Mme la ministre, pour cinq
minutes de réplique.
Mme Lucienne Robillard
Mme Robillard: M. le Président, je me demande vraiment
comment le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques fait ses calculs.
Si on regarde bien le cheminement des dossiers au niveau des Affaires
culturelles, le gouvernement québécois, pendant le temps que
l'Opposition était au pouvoir, a augmenté le budget des Affaires
culturelles de 0,44 % à 0,60 % seulement au niveau des crédits
qui étaient affectés aux Affaires culturelles. Alors, je ne pense
pas que l'effort ait été aussi substantiel au niveau de toutes
ces années et que ça reflétait une priorité du
gouvernement à l'époque.
Nous, M. le Président, avons eu le courage de faire un
engagement, un engagement du 1 %. Nous avons eu le courage et la volonté
de reconnaître officiellement ce milieu culturel, non seulement avec des
paroles, mais avec un engagement ferme que nous avions. Et, depuis 1985, de
façon graduelle, nous augmentons en moyenne le budget des Affaires
culturelles de 7 %. Même le budget de 1990-1991 comporte une augmentation
qui est encore plus forte que celle du budget de l'État. Qu'on ne me
parie pas d'un manque de volonté politique. Elle est là cette
volonté, M. le Président. L'engagement du gouvernement est
toujours là et il est prouvé par des chiffres.
En plus, nous considérons que non seulement les moyens financiers
doivent être là, mais qu'il nous faut aussi des objectifs en
matière culturelle. Il faut que l'État ait une vision à
plus long terme du milieu culturel. Alors, dans ce sens-là, M. le
Président, nous considérons que l'État intervient à
plusieurs égards dans le domaine culturel. Nous savons tous que son
rôle premier est de conserver et de diffuser la culture
québécoise, que son deuxième rôle, tout aussi
important, est vraiment le soutien à la création. Parce que la
culture ne s'arrête pas, elle évolue, M. le Président. Et
un gouvernement doit s'assurer non seulement de mettre en oeuvre son
patrimoine, mais d'assurer son évolution à travers le temps. Et
notre troisième rôle, M. le Président, est de nous assurer
que la culture et les milieux culturels évoluent dans des conditions
acceptables. Et pour ce faire, il a, bien sûr, à sa portée
l'aide financière directe mais aussi beaucoup d'autres moyens indirects
qui peuvent assurer des revenus plus substantiels aux organismes.
La qualité d'une mesure d'aide, M. le Président, doit
être celle de servir les fins pour lesquelles elle a été
implantée, et je ne pense pas que mon collègue le comprenne
très bien. Et comme nous sommes convaincus de la nécessité
de consolider les acquis en matière culturelle et de consolider les
gains des dernières années, d'assurer le développement des
industries culturelles des années 1990, j'ai commandé une
étude sur le financement des arts pour avoir une vision à plus
long terme. Cette étude va nous permettre justement de soumettre
à la consultation des milieux culturels, d'abord une base de
réflexion, des pistes d'orientation et de soutenir mon action au sein du
gouvernement pour améliorer nos interventions.
Alors, M. le Président, le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques n'a vraiment pas compris l'intention du
gouvernement. Il ne s'agit pas de couper dans les budgets gouvernementaux, il
s'agit de bonifier cette aide. Et est-ce qu'il y a quelqu'un qui va nous
reprocher de vouloir
maximiser l'aide aux milieux culturels, M. le Président? Je ne
peux pas le croire. Et c'est dans ce sens-là que j'ai donné un
mandat sur le financement des arts, pour que nous réussissions comme
État à soutenir le développement culturel d'un peuple, M.
le Président. Le mandat qui m'a été confié est de
gérer l'activité et le soutien de l'État en milieu
culturel et, gérer, c'est prévoir, M. le Président, ce
n'est pas avoir une vue à court terme, c'est regarder pour les dix
prochaines années. Et c'est dans ce contexte que le financement des arts
doit être regardé, M. le Président Je vous remercie.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre. Je vais
passer la parole au député de
Saint-Jean, M. Michel Charbonneau. Non, sur un droit de réplique,
mais surtout pour soutenir sa ministre.
Une voix: J'espère.
Le Président (M. Messier): Ça devrait.
Une voix: Ce n'est pas facile.
Le Président (M. Messier): M. le député de
Saint-Jean.
M. Michel Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, je crois que la
discussion de ce matin ne peut être plus appropriée d'autant plus
qu'on parle beaucoup, ces temps-ci, de la notion de société
distincte, et que la base première de cette notion repose
évidemment sur la culture. Je crois donc, dans ce contexte, qu'il est
opportun de souligner les nombreuses réalisations de l'équipe
libérale durant son premier mandat.
Je retiendrai tout particulièrement certains faits marquants qui
font aujourd'hui l'envie d'autres sociétés. L'adoption de la Loi
sur le statut professionnel et les conditions d'engagement des artistes de la
scène, du disque et du cinéma, figurent certainement parmi ces
faits marquants. Cette loi a répondu aux attentes des artistes des arts
d'interprétation tandis que la Loi sur le statut professionnel des
artistes, des arts visuels, des métiers d'art, de la littérature
et sur les conditions de diffusion de leurs oeuvres, assurent à ces
artistes les balises qu'ils ont identifiées.
De plus, afin de rendre opérationnelles ces lois, selon les
modalités prévues, la commission de reconnaissance des
associations professionnelles a été mise sur pied. Le
gouvernement libéral, deux ans seulement après avoir
accédé à la gouverne des affaires publiques, a donc
réalisé son engagement contracté auprès des
artistes et créateurs lors de la campagne électorale de 1985,
celui de reconnaître légalement leur statut. La clarification de
la définition du statut de l'ar- tiste professionnel, selon les loi 78
et 90, s'est avérée déterminante dans l'évolution
d'autres dossiers qui faisaient depuis longtemps l'objet de demandes. Ainsi,
sur la base de cette nouvelle définition, le ministère du Revenu
a apporté des modifications au bulletin d'interprétation à
l'intention des artistes interprètes à l'effet de les
reconnaître comme travailleurs autonomes.
Pour sa part, le ministère des Finances a ajouté certaines
prérogatives fiscales jusqu'alors impossibles sans cette reconnaissance
légale de leur statut. Les artistes avaient aussi demandé la
solidarité du gouvernement québécois dans le dossier du
droit d'auteur, ils l'ont obtenue doublement. Le ministère des Affaires
culturelles a d'abord offert et maintient toujours un service technique et
professionnel aux artistes et aux organismes dans ce dossier complexe de
juridiction fédérale.
Le gouvernement libéral a aussi adopté une politique
gouvernementale d'acquisition et de gestion des droits d'auteur, elle est
opérationnelle depuis le début de 1989.
Notre gouvernement, au cours de son premier mandat, a intensité
considérablement le rayonnement international de la culture
québécoise: nomination de conseillers à l'étanger
reconnus pour leur compétence culturelle; augmentation des programmes de
bourses aux artistes pour ne citer que ceux-là. On pourrait
également parler de la participation québécoise aux
activités de la francophonie internationale.
M. le Président, la liste est longue, mais je m'en voudrais de
terminer sans mentionner quelques autres éléments qui, je sais,
intéressent plusieurs membres de cette Assemblée. Le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques porte, comme l'équipe
ministérielle, une attention particulière à la
métropole culturelle du Québec. Soulignons que, de
décembre 1985 à septembre 1989, l'équipe libérale a
investi plus de 78 000 000 $ dans les grandes institutions montréalaises
afin d'enrichir la vocation de Montréal comme métropole
culturelle.
Des travaux d'agrandissement du musée des Beaux-Arts de
Montréal auront nécessité des investissements de quelque
80 000 000 $ dont 66 000 000 $ proviennent, en parts égales, des
gouvernements du Québec et d'Ottawa. L'ouverture officielle est
prévue pour le début de 1992. Pour la Place des Arts de
Montréal, des crédits de 11 100 000 $ ont été
dégagés pour l'aménagement scénique de la salle
Wilfrid-Pelletier en la dotant d'espaces de dégagement propres à
assurer les changements rapides de décor et d'accroître sa
polyvalence. Conformément aux recommandations du rapport Goyer, le
gouvernement libéral a, en décembre 1986, relancé la
construction du Musée d'art contemporain sur le site de la Place des
Arts. L'ouverture du musée est prévue au printemps 1992.
D'ailleurs ceux et celles qui circulent sur la rue Sainte-Catherine peuvent,
ces jours-ci, constater que les travaux de
construction progressent très rapidement.
Je m'arrête ici et je sais que la ministre actuelle porte, elle
aussi, une attention toute spéciale à la région de
Montréal. Ses récentes actions au TNM et au musée McCord
d'histoire canadienne constituent des gestes concrets. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député. Il me fait, plaisir, vous avez bien fait votre travail.
J'invite le porte-parole officiel, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques...
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, permettez-moi, dans deux
secondes, de relever une autre incohérence qui est celle de mon
honorable collègue député de Saint-Jean pour qui j'ai
quand même un certain respect mais qui fait l'étalage,
probalement... le Musée d'art contemporain, c'est le Parti
québécois, Musée des Beaux-Arts, Musée du
Québec, etc. Et il est en complète contradiction avec l'ancienne
ministre des Affaires culturelles actuelle vice-première ministre,
prédéces-seure de Mme la ministre qui disait: Pas une cenne dans
le béton, le 1 % c'est pour les artistes. Voyez l'incohérence du
discours là. Vous faites une "élogie" du béton quand la
prédécesseure de Mme la ministre disait: Pas un sou pour le
béton, ça va être pour l'artiste. M. le Président!
Mais comment la ministre peut-elle avoir - je ne sais pas si c'est du courage
ou de l'audace -comment la ministre peut-elle se présenter, ce matin, et
parler encore du 1 %. Le discours de 1985 ç'a été: Vous
nous élisez, nous vous promettons, nous vous donnerons 1 %. En cours de
route, bifurcation. Écoutez, on ne peut pas vous le donner tout de suite
le 1 %, mais on va vous le donner en 1990-1991. Bien, on est en 1990-1991.
C'est marqué là: Budget 1990-1991. Et là, la ministre dit:
Là, encore, là, paroles, paroles, paroles. Oui, mais vous nous
savez visionnaires. Nous on regarde pour les dix prochaines années.
Mais est-ce que la ministre est en train de nous donner
l'échéance de réalisation du 1 %? Ça va être
dans dix ans. Mme Lambert, que tout le monde connaît, vous le disait:
Vous l'avez promis. Tenez-le! S'il y a quelqu'un qui s'y connaît en
culture, je pense que c'est bien elle et qui y est allée aussi de ses
propres deniers. Tenez-le! Comment? Du courage ou de l'audace? Je me pose la
question. Je suis plus tenté de penser au deuxième qu'au premier.
De renchérir: Oui, le 1 %, oui, le 1 % et la ministre confond encore une
fois entre le mode de révision de financement. Bien oui, mais est-ce
qu'elle est en train de se servir de ça en disant que c'est avec son
comité que j'appelle de clôture à neige, que la promesse
c'est 1 % de l'État, de l'argent de l'État? Elle va aller en
chercher le quart du tiers du un huitième dans le budget d'Alcan, etc.
Ce n'est pas ça. Et la ministre encore souffre de dyscalculie au niveau
des chiffres; elle confond l'augmentation des crédits avec la part que
représentent ces crédits dans le budget total de l'État.
Bien alors ça on va le régler une fois pour toutes, voulez-vous.
On va le régler une fois pour toutes, madame. Je vous offre, et
acceptez, deux débats publics là-dessus, un à
Montréal, un à Québec. On demandera au milieu de la
culture de l'organiser. Je suis prêt à le faire dans une salle,
devant des caméras de télévision, on va le faire le
discours sur les chiffres, madame. On va le régler une fois pour toutes
et il n'y a aura plus de dyscalculie de ce côté-là le
lendemain qu'on va faire ce débat. Je vous lance le défi, madame,
d'accepter ma proposition d'un débat sur les chiffres du
ministère de la culture. On va le faire des origines à nos jours
et on va voir qui dit vrai quand il s'agit de donner des chiffres. On va
démystifier ce langage qui est tenu depuis cinq ans, M. le
Président, au sujet du budget de l'État. (10 h 45)
Comment, encore une fois, la ministre peut-elle, aujourd'hui, alors que
le coq a chanté deux fois, une première fois en disant: Non, ce
n'est pas à l'intérieur du premier mandat; ça va
être en 1990-1991, et que, là, nous sommes au budget 1990-1991,
elle vient encore me faire le serment solennel du 1 %? Écoutez, il n'y a
personne qui nous regarde, il n'y a personne qui nous entend et il n'y a
personne qui va lire demain, qui peut croire ça. Là, c'est trop
cousu de fil blanc, M. le Président, pour que ce soit crédible.
Le masque est tombé. Ç'a été un racolage politique
et ça ne restera toujours qu'un racolage politique, de bas étage
malheureusement.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Suite à ce rappel de
la semaine sainte, je passe la parole à Mme la ministre.
M. Boulerice: Accepte-t-elle le débat? Mme Lucienne
Robillard
Mme Robillard: Merci, M. le Président. Vous savez, M. le
Président, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques
aujourd'hui peut crier et demander des débats publics, mais peut-il
m'expliquer comment, depuis le début de nos travaux à
l'Assemblée, il demeure si silencieux? Il a fallu que les milieux
culturels, eux, sortent sur la place publique et commencent à exprimer
leurs besoins pour qu'il ose se lever en cette Chambre et poser une question,
et, aujourd'hui,il va demander des débats publics, M. le
Président? Est-ce là tout son intérêt à la
culture. Est-ce là l'intérêt de son parti, alors qu'il n'a
même pas été capable de poser une seule question avant
cette semaine, ou peut-être une autre sur la TPS.
M. le Président, je ne comprends pas. Je comprends encore moins
quand M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques n'est pas
d'accord pour que nous investissions dans le Musée d'art contemporain.
Ah bien! Là, laissez-moi vous dire toute ma surprise.
Le Président (M. Messier): Mme la ministre. Sur une
question de règlement.
M. Boulerice: Oui, M. le Président, je m'excuse. Je pense
que vous avez en mémoire mieux que moi le numéro, mais vous savez
que la ministre ne peut interpréter mes paroles. Je ne me suis jamais
opposé à la construction du Musée d'art contemporain
puisque j'étais à son conseil d'administration et
président du comité de construction. Que la ministre retire ses
paroles.
Le Président (M. Messier): Je n'irai pas jusque là,
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Mme la ministre, on
vous laisse continuer.
Mme Robillard: M. le Président, M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques est furieux parce que nous investissons dans le
béton, a-t-il dit. C'est ce qu'il a dit au début de son
intervention. Alors investir dans la construction du musée d'Art
contemporain, c'est aussi investir dans le béton, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, et je ne peux croire que
vous ne soyez pas d'accord avec nous pour que nous ayons un musée
d'envergure au Québec au niveau de l'art contemporain.
Nous avons décidé d'augmenter les crédits, M. le
député, jusqu'à 34 000 000 $ pour ce musée, ce
musée que vous vouliez tant et, aujourd'hui, vous le décriez. Je
ne comprends plus, M. le Président. Les équipements culturels au
Québec sont nécessaires. Les artistes et les créateurs
eux-mêmes le demandent. Ils peuvent créer, mais où diffuser
leurs oeuvres? On a besoin d'équipements culturels de qualité
partout au Québec. Dans ce sens-là, mon collègue des
Finances, hier, a annoncé un plan d'accélération des
investissements publics. Je ne pourrais pas comprendre, M. le Président,
que M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques ne soit pas
d'accord avec ça.
Une voix: II n'a pas compris.
Mme Robillard: Nous allons investir une somme de 72 000 000 $, en
collaboration avec nos partenaires, dans le domaine culturel. C'est là
répondre à un très grand besoin dans le domaine des
équipements culturels au Québec, que ce soit dans le domaine du
patrimoine, dans le domaine des salles de spectacle, dans le domaine des
musées, dans le domaine des bibliothèques, M. le
Président, c'est là un investissement nécessaire. Je pense
que les milieux cul- turels seront d'accord avec moi si M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques ne l'est pas. Nous avons
besoin d'équipements culturels de qualité. Dans ce
sens-là, nous allons non seulement investir pour l'année qui
vient dans le domaine des équipements culturels, nous allons non
seulement augmenter notre budget au niveau du ministre des Affaires
culturelles, mais nous allons en plus regarder l'avenir concernant le
financement des arts. Nous sommes capables de prévoir, quand nous
dirigeons, et c'est dans ce sens-là que toute la question du financement
des arts va être étudiée et regardée, pour atteindre
nos objectifs culturels au Québec.
M. le Président, je le répète, le
développement du milieu culturel est une priorité pour le
gouvernement du Québec.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre. Je vais
passer la parole au député de Lotbinière, M. Lewis
Camden.
M. Lewis Camden
M. Camden: Merci, M. le Président. À certains
égards, l'interpellation de ce matin portant sur le dossier culturel
surprend. En effet, l'Opposition officielle tente pendant quelques heures de
donner des leçons au gouvernement québécois sur la
façon de gérer la culture au Québec.
Il apparaît clair, depuis 1985, que l'Opposition officielle
structure mal ses interventions, s'acharne sur des amendements dont elle saisit
mal la portée, en plus d'être déconnectée du milieu
culturel et de la gestion des affaires de l'État.
Pour ma part, le porte-parole de l'Opposition officielle n'obtient,
comme on a pu le constater, que très peu de marge de manoeuvre de sa
propre formation politique pour questionner le gouvernement sur ses
réalisations. À toutes fins utiles, le Parti
québécois est à la remorque de ce qui se dit ou se passe
dans ce domaine et éprouve même du mal à articuler une
pensée culturelle.
Mais cela se comprend mieux lorsqu'on jette un coup d'oeil sur la
réalisation ou la gestion de l'ancien gouvernement. Je m'explique, M. le
Président. Le 5 mars 1986, le ministre québécois des
Finances rendait public un document prébudgétaire intitulé
"Les finances publiques du Québec: l'urgence d'un redressement", dont
les orientations allaient être majeures dans les années à
suivre. Cet état de la situation budgétaire n'avait rien de
publicitaire mais reflétait une vieille préoccupation du
gouvernement de procéder à l'assainissement des finances
publiques.
Il y a d'autres moments pour discuter en détail de son contenu.
Tout au moins en rappel-lerai-je les axes fondamentaux pour voir comment il
s'applique en matière culturelle.
Donc, en 1986, le gouvernement libéral ouvrit les livres pour
constater que la dette gouvernementale était fort lourde et les
dépenses courantes largement financées par des emprunts.
Ces deux seuls points suffisent pour relever une carence majeure de
gestion à propos des équipements culturels que nous ont
légués nos prédécesseurs. Une nuance s'impose
cependant: nul ne conteste le besoin du Québec de se doter
d'équipements culturels suffisants en nombre et en qualité pour
que s'épanouisse la culture québécoise. Les
problèmes budgétaires demeurent tout de même bien
présents. La demande d'équipements culturels peut devenir
illimitée, tandis que la capacité de payer des contribuables ne
l'est pas. Encore aujourd'hui, nous payons environ 8 000 000 $ par jour pour le
service de la dette du Québec dû, pour une large part, à la
mauvaise gestion des 10 années péquistes.
Oui, M. le Président, c'est 8 000 000 $ qui pourraient être
investis en bonne partie dans le développement de la culture au
Québec. C'est là que l'ancien gouvernement du Parti
québécois a manqué de discernement. On se souvient, en
effet, qu'au printemps de la récession de 1982-1983 le gouvernement de
l'époque annonçait un vaste plan d'investissements publics en vue
de relancer l'économie. Ce geste apparaissait logique dans la mesure
où l'État doit, dans les moments difficiles, prendre des
décisions susceptibles de soutenir les secteurs en difficulté.
Mais, fait important, l'État québécois n'avait plus de
marge de manoeuvre pour en assurer le financement.
Voilà le véritable échec de l'ancien gouvernement,
qui, à son tour, se reflète sur le sens de l'analyse ou des
remarques formulées par le porte-parole de l'Opposition officielle en
matière de culture depuis 1985. En fait, je le comprends de ne plus
savoir où s'accrocher pour s'articuler à une pensée
cohérente, hypothéqué qu'il est par les actions du
gouvernement qui nous a précédés.
Enfin, M. le Président, je vous invite à bien examiner le
contenu du programme culturel du Parti québécois. À court
d'idées, on évoque des intentions toutes plus farfelues les unes
que les autres, qui ne tiennent aucunement compte d'une situation
budgétaire de gouvernement. On aiguise des appétits sans fournir
de garantie qu'un engagement non réalisé, comme dans le cas du
statut de l'artiste... Un exemple, M. le Président, dans son
édition de juin 1989, le Parti québécois suggère de
doter les régions du Québec d'enveloppes budgétaires
autonomes suffisantes afin de garantir leur autonomie d'intervention. M. le
Président, c'est précisément le gouvernement du Parti
québécois qui a contribué au sous-financement des
régions et sa façon de gérer les fonds publics a justement
eu pour conséquence de déstabiliser ces dernières. Certes,
le principe est valable, mais dans la mesure où une juste
répartition des ressources est assurée. Le gouvernement
libéral a dû, là aussi, redresser la situation pour
éviter de creuser davantage les disparités entre les
régions du Québec.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Lotbinière. Je vais passer la parole au fougueux
député de Jonquière, M. Dufour.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. J'avais le goût
d'intervenir sur ce sujet qui est préoccupant et qui suscite aussi
beaucoup d'interrogations chez l'ensemble des intervenants
québécois. Je vais vous dire, au début de mon propos, que
j'ai toujours eu l'immense respect des gens, celles et ceux qui occupent les
fonctions de ministre, en principe. Mais ce matin, je me pose de
sérieuses interrogations, puisqu'il semble que ça devient presque
une bataille de rue à l'effet qu'on n'écoute pas ce que
l'intervenant précédent a dit, mais on répond ce qu'on
veut bien dire. Mon collègue de Sainte-Marie-Saint-Jacques, qui n'a
définitivement pas besoin de défenseur, mérite au moins
que quelqu'un l'écoute et réponde à ses propos, lorsqu'il
parle. Si j'examine ou si j'ai bien entendu les propos de la ministre
concernant la question de béton, je n'ai jamais entendu de sa bouche
qu'il ait dit qu'il était contre les investissements dans le
béton. Ce qu'il a rapporté, c'était que l'ancienne
ministre, la ministre qui a précédé l'actuelle ministre,
disait qu'elle ne voulait pas investir dans le béton. C'est
complètement inexact, lorsque la ministre met des propos semblables dans
la bouche de mon collègue de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Mais venons-en au fait dont il s'agit. J'avais l'intention, bien
sûr, de parler du financement des bibliothèques publiques, dossier
que je connais assez bien parce que je ne pense pas que ce soit le gouvernement
du Québec qui ait été à l'origine de l'implantation
d'une bibliothèque municipale dans la ville dans laquelle j'ai
été maire en premier lieu, la ville d'Arvida, qui a une
bibliothèque depuis au moins 60 ans. Donc, ce n'est pas le gouvernement
du Québec qui a dit à la municipalité quoi faire. Quand je
vois aujourd'hui qu'on veut s'approprier tout le mérite qu'on pourrait
avoir dans ce domaine-là, je m'interroge sérieusement. On dit
qu'on fait des investissements supplémentaires; regardons donc dans les
faits.
En 1985-1986, le gouvernement du Québec investissait, dans le
temps, 20 189 000 $. En 1986-1987, première année de mandat du
Parti libéral, 16 328 000 $: désinvestissement de 4 000 000 $. En
1987-1988, 16 288 000 $: encore une baisse. En 1988-1989, 20 538 000 $. En
1990-1991, 20 500 000 $. Ce sont des chiffres précis. Je pense bien que
la ministre ne pourra pas dire qu'on a exagéré les faits. (11
heures)
Effectivement, pour mon ancienne ville, la ville de Jonquière,
j'ai examiné quelles étaient
les subventions accordées au fonctionnement de la
bibliothèque municipale, en 1985, environ 125 000 $. En 1986-1987,
ç'a descendu à 83 000 $ ou 86 000 $ grosso modo. J'ai
déjà fait sortir les chiffres. Je pourrais vous faire parvenir un
papier sur lequel je me base. En 1989, 114 000 $. Ce n'est même pas la
subvention qui existait en 1985 et on va prétendre qu'on a fait de gros
efforts pour améliorer la culture au Québec. Est-ce qu'on va
prétendre qu'on a fait quelque chose pour améliorer la situation
des Québécois et des Québécoises?
Je comprends pourquoi le gouvernement libéral n'a pas
intérêt à investir dans la culture du livre, parce que,
dans le livre, il y a effectivement les racines fondamentales de l'histoire.
C'est là qu'on apprend ce qu'on est et où on va et, en coupant
les gens de cette ressource, on vient de les couper de leurs racines. Il y a
des gens qui ont déjà compris ça dans le monde et la
meilleure façon de couper les gens de leur histoire, c'est de leur
donner le moins d'accès possible aux livres.
Si on veut faire des comparaisons dans le Canada, parce que dans ce cher
Canada il y a des gens qui aiment ça, se comparer, je pourrais
peut-être leur donner des petites nouvelles, parce que, d'un point de vue
statistique, le Québec n'investit pas plus que Terre-Neuve. On ne se
compare pas à l'Ontario. Quand ça fait notre affaire, on se
compare avec l'Ontario; quand ça ne fait plus notre affaire, on ne se
compare plus. Il n'y a pas de comparaison possible dans ce qui existe dans les
faits et le discours qu'on entend de l'autre côté. J'ai toujours
pensé que le livre était un instrument beaucoup plus important
que la télévision, même si les gens passent plus de temps
devant leur télévision. C'est dans le livre qu'on va trouver
notre formation. C'est le témoin de ce qui se passe actuellement dans le
passé et qui, souvent même, nous ouvre les perspectives d'avenir.
Effectivement, c'est là qu'on trouve les recherches qui permettent
à la population d'avancer.
Malheureusement, vous aurez beau me donner les chiffres que vous
voudrez, Mme la ministre, je vous dis: Vous ne pourrez pas me convaincre trop
longtemps. J'ai mis des efforts et j'ai fait assumer des
responsabilités, d'autant plus.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Jonquière. C'étaient les cinq minutes qui
vous étaient imparties.
M. Dufour: J'aurai probablement l'occasion d'y revenir, M. le
Président, et je compte y revenir.
Le Président (M. Messier): Avec le plus grand des
plaisirs. Je vais passer la parole au whip adjoint du gouvernement, M. le
député de Papineau, M. MacMillan, pour cinq minutes.
M. MacMillan: Non, je pense que c'est à Mme la
ministre.
Le Président (M. Messier): Vous avez absolument raison.
Cinq minutes pour la ministre. On vous écoute attentivement.
Mme Lucienne Robillard
Mme Robillard: Merci, M. le Président. M. le
député qui vient de faire son exposé me donne l'occasion
de souligner l'apport des municipalités au niveau du
développement culturel. M. le Président, laissez-moi vous dire
que j'ai été très fière de constater, dès
mon arrivée au ministère des Affaires culturelles, que les
municipalités voulaient s'impliquer dans le développement
culturel. Ce sont des partenaires privilégiées, pour nous.
Très peu de temps après mon arrivée, j'ai même
reçu les représentants de l'Union des municipalités qui
venaient échanger des avis avec moi sur leurs préoccupations en
matière de développement culturel.
Alors, je ne peux qu'être fière de constater que, vraiment,
le monde municipal s'implique dans le domaine culturel. C'est en réponse
à nos citoyens et citoyennes du Québec, il ne faut jamais
l'oublier, M. le Président. Les demandes qui nous viennent tant au
niveau du gouvernement provincial qu'au niveau des gouvernements municipaux
sont des demandes qui expriment les besoins des citoyens et des citoyennes du
Québec. Maintenant, quand les citoyens et les citoyennes veulent aller
s'établir dans une ville au Québec, ils posent des questions
à la municipalité.
Il y a 10 ans, un citoyen demandait à la municipalité
quelles étaient ses infrastructures scolaires, quelles étaient
ses infrastructures en matière de loisirs et de sports, s'il y avait des
arénas partout. Maintenant, quand une citoyenne ou un citoyen veut aller
s'établir dans une municipalité, il demande aussi: Quelles sont
vos infrastructures en matière culturelle? Quand une entreprise veut
aller s'installer dans une ville, elle veut une qualité de vie pour ses
employés et elle demande à la ville: Quelle est la vie culturelle
qui existe ici, dans votre ville? Alors, cette demande est de plus en plus
grande par les citoyens et les citoyennes et par les entreprises. Dans ce
sens-là, les municipalités répondent à ces besoins,
et j'en suis très contente, M. le Président.
Depuis quelques années, nous avons d'ailleurs des ententes avec
les villes et les municipalités dans plusieurs domaines. Nous avons
commencé par des ententes sur le patrimoine. Plusieurs villes ont pris
conscience de la valeur patrimoniale qui existait sur leur territoire et qu'en
mettant en valeur ce patrimoine elles pouvaient non seulement contribuer
à la conservation de ce patrimoine-là, mais elles pouvaient
même attirer des gens pour venir visiter ce
patrimoine. Et là, on voit la synergie qui peut exister entre le
domaine touristique et le domaine culturel. Alors, les villes se sont
engagées avec nous à restaurer et conserver leur patrimoine.
C'est la même chose dans le domaine des bibliothèques, M.
le Président. Les villes sont nos partenaires
privilégiées. Ce sont elles qui initient la demande de
bibliothèques dans leur ville pour répondre aux besoins des
citoyens, et nous sommes contents de participer avec les villes dans cet
effort.
C'est maintenant la même chose dans le développement
culturel. Au-delà du patrimoine, au-delà des
bibliothèques, les villes sont maintenant intéressées
à s'impliquer aussi dans le développement culturel, dans le
soutien à l'artiste et au créateur. À cet égard, je
citerais l'entente que nous avons, le ministère des Affaires
culturelles, avec la ville de Laval. C'est vraiment une expérience
fantastique d'implication d'une ville pour son développement
culturel.
À cet égard-là, on a des négociations
présentement avec Québec, Montréal et d'autres villes. Eh
bien, bravo, M. le Président! Bravo! Les municipalités
répondent avec nous aux besoins de plus en plus pressants de nos
citoyens et de nos citoyennes du Québec pour avoir une vie culturelle
encore plus intense. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, Mme la
ministre. Je vais réparer mon erreur, je vais passer la parole au
député de Papineau qui n'en est pas à une quille
près.
M. Norman MacMillan
M. MacMillan: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir,
comme porte-parole des Affaires culturelle de l'Outaouais... Ce matin, je suis
très heureux de l'occasion qui m'est offerte de discuter du
développement culturel au Québec et plus particulièrement
du financement des activités culturelles.
La sensibilisation du Parti libéral du Québec à la
culture n'est pas toute nouvelle. Il est sans doute approprié de
rappeler que la création du ministère des Affaires culturelles,
qui remonte au début des années soixante, est le fruit du
gouvernement libéral de feu M. Lesage. D'ailleurs, le premier titulaire
du ministère, M. Georges-Emile Lapalme, représentait sans l'ombre
d'un doute la circonscription électorale comptant le plus grand nombre
d'artistes, de créateurs et d'intervenants culturels de la région
de Montréal. On se souviendra que feu M. Lapalme était
député de la circonscription d'Outremont à
Montréal.
D'année en année, les différents gouvernements qui
se sont succédé à la direction des destinées du
Québec ont fait passer le budget du ministère des Affaires
culturelles de 16 000 000 $ qu'il était au début des
années soixante-dix à 261 000 000 $, 20 ans plus tard.
Évidemment, le critique de l'Opposition nous mentionne que nous sommes
toujours en attente de consacrer 1 % du budget de l'État non pas
à la culture, mais pour le ministère des Affaires culturelles,
parce que, en effet, M. le Président, plusieurs autres ministères
québécois contribuent au financement des arts et de la
culture.
Si le ministère des Affaires culturelles collabore avec certains
ministères à l'atteinte d'objectifs gouvernementaux, il en incite
d'autres à la poursuite d'objectifs culturels. En 1988-1989, on estime
à environ 10 000 000 $ la contribution financière des autres
ministères dans le domaine des arts et de la culture. Si on ajoute les
crédits versés par le Conseil exécutif pour la
relève artistique, c'est près de 15 000 000 $ qui sont venus
s'ajouter au budget du ministère en 1988-1989.
En plus des contributions directes des autres ministères, il y a
des aides gouvernementales indirectes. Mentionnons tout d'abord, M. le
Président, la déduction fiscale pour le financement des
productions cinématographiques. Il s'agit là d'un incitatif que
nous envient d'autres provinces canadiennes. Une autre source importante de
financement des arts et de la culture provient des commandites des entreprises.
Ces commandites sont déduites par les entreprises comme dépenses
publicitaires et sont motivées par un désir de visibilité
des entreprises. Ajoutons à cela les legs et les dons aux organismes
culturels qui sont déductibles d'impôt. Ainsi, par le biais de la
fiscalité, le gouvernement encourage le financement privé des
arts.
Enfin, d'autres actions du ministère cherchent à
aménager un cadre favorable à l'exercice professionnel en
reconnaissant un statut professionnel aux créateurs et aux artistes. Les
lois sur les interprètes et les créateurs leur reconnaissent un
statut légal à partir duquel il devient possible
d'aménager un cadre de relations de travail entre les
interprètes, les créateurs et l'industrie, et d'assurer un
traitement plus équitable aux créateurs et artistes en tant que
contribuables.
Évidemment, le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques
vous dira que cela est bien beau, mais que le verre est toujours au quart vide,
puisque c'est à peu près ce qui manque au budget du
ministère des Affaires culturelles pour atteindre l'objectif que nous
partageons avec la ministre des Affaires culturelles.
Cependant, le critique de l'Opposition est bien mal placé pour
nous faire la leçon sur son ton habituel. Aucun gouvernement
québécois n'a consenti autant de ressources au ministère
des Affaires culturelles. En effet, entre 1970 et 1976, le budget du MAC est
passé de 16 000 000 $ à près de 44 000 000 $, un bond de
275 %. Même le programme officiel du Parti québécois
adopté les 8, 9 et 10 juin 1984 reconnaissait les efforts
gouvernementaux au chapitre culturel et on peut y lire:
Particulièrement depuis une vingtaine d'années, le Québec
connaît un essor remarquable reconnu Internationalement qui se manifeste
surtout dans la chanson, le cinéma et la littérature.
Le Président (M. Messier): En conclusion, M. le
député.
M. MacMillan: Jamais le gouvernement du Parti
québécois n'a autant investi que le fait l'actuel gouvernement
libéral. Qu'on prenne les statistiques qu'on veut, en dollars ou en
pourcentage, on ne dépasse jamais les 164 000 000 $ ou le 0,6 % sous le
Parti québécois.
Le Président (M. Messier): Je vous remercie beaucoup, M.
le député de Papineau. À la question qui m'était
posée par le député de Jonquière, non, un salle de
quilles n'est pas un bien culturel, mais ça fait partie de notre
culture. M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Bien, écoutez, M. le Président,
très brièvement, je vois que M. le député de
Papineau, lui aussi, est tombé dans le travers de la dyscalculie. Alors,
je vais de nouveau offrir à la ministre - j'espère qu'elle aura
le courage de dire oui - l'inviter de nouveau à un débat public
sur les chiffres du ministère de la culture. Si elle veut que ça
soit suivi par une discussion d'ordre philosophique au niveau de la culture, je
n'ai aucune objection à le faire.
La ministre, malheureusement, subit le travers bassement partisan qui
consiste à attaquer le messager quand le message blesse. J'aimerais
rappeler à (a ministre qu'elle aurait besoin d'un historique des
débats culturels. Il manque à la ministre une culture historique,
de toute évidence. Je ne sais pas ce qu'elle faisait le 3 avril 1989,
mais je peux lui dire que moi, je parlais de culture et je parlais
déjà du 1 %. Il y a d'autres tribunes que celle en Chambre pour
le faire. Entre parenthèses, la ministre n'a toujours pas répondu
à ma question quant à l'impact de la TPS et le porte-parole de
l'Opposition n'a jamais dit, à son entrée en fonction, qu'il
n'aimait pas le contemporain et le moderne, lui. Alors, on verra lequel des
deux est le mieux célébré dans le milieu de la
culture.
Mais cela dit, j'invite la presse qui nous écoute à
regarder attentivement les discours des députés
ministériels. C'est sans doute le plus grand apport du Parti
libéral à la culture du Québec, les textes qu'on remet aux
députés libéraux pour intervenir sur la culture. Mais
quand on les relit, on s'aperçoit que c'est toujours le même tissu
de contradictions. Là, c'est rendu que ça va être le
recyclage des pelures de patates et les bénéfices bruts qu'on en
retire qui vont pouvoir être inclus dans le budget de la culture.
Vraiment, je trouve que c'est un peu fort. (11 h 15)
Quant au financement des arts, tout le monde a lu le communiqué
honteusement méprisant que la ministre a lancé en parlant des
artistes comme étant des gens souffrant de dépendance. Et je me
rappelle fort bien avoir entendu à la radio le monsieur qui va s'occuper
du comité de cette firme parler de mentalité d'assistance
sociale. Comme discours méprisant envers les artistes, on ne peut pas
faire mieux.
Alors, la ministre a confié à un comité... Moi, je
vais lui faire une proposition. J'ose espérer, si elle n'a pas le
courage du débat, qu'elle acceptera la proposition. Est-ce que la
ministre est prête à accepter que ce comité soit
sabordé? De toute façon, on va économiser les sous de
l'État: finis les contrats. On va donner ça à la
commission de la culture comme mandat d'initiative; et nous allons l'assumer,
nous, parlementaires élus. Puisque c'est nous qui votons les budgets, on
assumera nos responsabilités, au lieu d'aller se cacher derrière
le paravent d'une étude dont on pourrait peut-être tirer
habilement certaines conclusions, de façon à lui faire rejoindre
le discours de désengagement auquel on assiste de la part du parti
gouvernemental dans toutes les sphères d'activité. Mon
collègue, le député de Jonquière, d'ailleurs, est
bien placé pour en parier, lorsqu'il fait allusion aux
municipalités.
Alors, voici deux offres à la ministre. Qu'a-t-elle à
répondre? A-t-elle le courage d'un débat public sur les
crédits et le 1 %? Je suis prêt à l'affronter n'importe
où, n'importe quand, n'importe comment. Deuxièmement, est-elle
prête à faire en sorte, puisqu'elle peut intervenir et influencer
les députés de la majorité à la commission de la
culture, que ce soit la commission de la culture qui assume ce mandat, puisque
ce sont les élus qui doivent en répondre, et non pas se camoufler
encore une fois derrière un comité?
Le Président (M. Messier): C'est tout, M. le
député?
M. Boulerice: J'attends la réponse. Je suis prêt
à lui donner les minutes qui me restent pour formuler sa
réponse.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. L'idée est vraiment
intéressante, il faudrait peut-être convaincre le président
de la commission de la culture. Mais je laisse la parole à Mme la
ministre.
Mme Lucienne Robillard Mme Robillard: M. le Président, je
pense
que la clientèle du milieu culturel a d'autres
intérêts, présentement, qu'un débat public sur les
chiffres, d'autant plus que, très prochainement, nous a
Une voix: C'est vrai, il est bon.
Mme Robillard: ...la défense des crédits,
d'échanger avec M. le député sur toutes ces questions des
moyens financiers dans le domaine de la culture. Voyez-vous, M. le
Président, quand nous avons décidé de lancer cette
étude sur le financement des arts, c'est parce que nous avions vraiment
à coeur le développement culturel. Et si M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques n'a pas encore compris notre
volonté... Elle est très claire: il s'agit de maximiser ce que
l'État fait déjà pour les milieux culturels. L'État
conservera toujours une responsabilité dans le domaine culturel. Je l'ai
dit et je le répète, M. le Président: l'État est
là pour conserver, pour diffuser notre culture. Il est là pour
soutenir la création. Et nous nous demandons, à l'heure actuelle:
À quel prix nos artistes et nos créateurs nous donnent-ils cette
belle vie culturelle que nous avons, au Québec? À un prix
très cher pour eux, dans des conditions difficiles, et l'État
devra toujours être là pour les supporter.
Il est très clair, pour nous, que le développement
culturel est une priorité qui est liée au développement
économique. Très souvent, le développement
économique va d'abord passer par le développement culturel, et
vice et versa; il y a des liens très forts entre les deux. Il s'agit
d'abord et avant tout de s'occuper de ce développement culturel qui, au
Québec, joue un rôle très grand. D'abord, pour la
qualité de vie de l'ensemble de nos citoyens et de nos citoyennes.
N'importe quelle personne qui va, un soir, à un spectacle, a une
pièce de théâtre, à un concert en retire un
bien-être. C'est une grande qualité de vie que nous donnent nos
artistes et nos créateurs, présentement. De plus, quand nous
participons à des activités culturelles, nous augmentons aussi
notre sentiment d'appartenance à notre société. Parce que
nos artistes et nos créateurs jouent ce rôle si important de nous
représenter dans notre société, de dire ce que nous
sommes, d'exprimer nos valeurs. Alors vous voyez, le rôle social des
Affaires culturelles est très grand pour la qualité de vie de nos
concitoyens et de nos concitoyennes. De plus, ce secteur a des retombées
économiques très grandes, au Québec. Alors dans ce
sens-là, ce secteur est tellement primordial, que nous lui accordons
toute l'attention nécessaire. Et non seulement nous voulons poser des
gestes à court terme, mais nous voulons aussi regarder, à moyen
terme, ce que sera la culture dans 10 ans. Où voulons-nous aller dans le
développement culturel, au Québec? Et quels seront les moyens?
Nous avons cette vision des années 2000, M. le Président, au
niveau du gouvernement. Et c'est dans ce sens-là que l'étude est
faite, si M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques ne le
comprend pas. Il ne faut pas seulement avoir une vision à court terme,
mais à plus long terme. C'est pour ça que nous sommes élus
par la population: pour prévoir l'avenir, pour maîtriser l'avenir,
M. le Président, et pour assurer l'avenir. Dans ce sens-là, le
mandat qui a été donné sur le financement des arts
s'inscrit vraiment dans une planification stratégique du
ministère des Affaires culturelles, M. le Président. Je vous
remercie.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup. On aimerait
souligner la présence du député de Lévis, qui
accompagne un groupe de jeunes étudiants. Nous vous souhaitons la
bienvenue à cette commission parlementaire. Je vais passer la parole au
député de Richelieu, qui n'en est pas à un bateau
près.
M. Albert Khelfa
M. Khelfa: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
d'intervenir dans le cadre de cette interpellation portant sur le financement
des activités culturelles au Québec. Le bilan du gouvernement du
Parti libéral est, en matières culturelles, plus
qu'intéressant. Et je voudrais prendre quelques instants pour porter une
attention plus particulière aux équipements culturels que notre
gouvernement met à la disposition des citoyens et citoyennes du
Québec et ce, dans toutes les régions du Québec.
M. le Président, je peux faire une liste exhaustive des
équipements culturels construits depuis le début des
années soixante sous l'égide des deux gouvernements, le
gouvernement de M. Lesage et le gouvernement de l'actuel premier ministre, M.
Robert Bourassa. Mais, vous le savez, M. le Président, le temps est
limité et pourrait me manquer. Compte tenu des limites, je vais donc me
concentrer sur les gestes qu'a posés l'actuelle ministre des Affaires
culturelles et députée de Chambly. Je veux parler des actions, M.
le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, des actions, actions,
actions!
En à peine six mois, en matière d'équipements
culturels, la liste est impressionnante. Voici quelques exemples, et voici
quelques actions. Dans le cadre des sommets socio-économiques, des
rencontres de concertation régionales - qu'on appelle sommets ou
biennales - la ministre a pris des engagements très intéressants,
des engagements fermes en matière d'équipements culturels. Dans
une région que vous connaissez, Lanaudière, la ministre a
accepté de contribuer financièrement à
l'acquisition des bâtiments propices au développement des
activités du camp musical de Lanaudière. On parle d'une aide qui
dépasse 400 000 $. Ce projet, on le sait, est cher à nos
collègues de Berthier et de Joliette, que vous connaissez.
Dans le cadre de la consolidation du réseau des
bibliothèques affiliées, la ministre a dit oui à 17
projets différents, pour une somme de plus de 1 000 000 $. La ministre
disait oui également à la restauration du vieux palais de justice
de l'Assomption, dans un comté où vous occupez le siège du
chef de l'Opposition, à l'heure actuelle. Elle a dit oui à la
restauration de l'île des Moulins, dans le comté de Terrebonne,
que vous connaissez. Je pourrais vous citer plusieurs réponses positives
de la ministre. Je pourrais vous dire qu'à la biennale de la
Montérégie, la ministre a annoncé, encore là,
plusieurs nouvelles intéressantes en matière d'équipements
cutlurels. La Bibliothèque centrale de prêts: le gouvernement
québécois a investi 1 100 000 $, soit 50 % des investissements
totaux. M. le Président, le Centre d'expression de Saint-Hyacinthe, dans
le comté que vous représentez d'une façon
éloquente, se voit recevoir un instrument nécessaire, un
véritable rayonnement suprarégional. La ville de Beloeil - et
j'aimerais vous féliciter pour votre victoire contre M. Denis - dans la
circonscription de Verchères, aura une bibliothèque qui fera
l'envie des villes avoisinantes. Construite au coût estimé de 1
500 000 $, la ministre a annoncé aux autorités municipales que le
ministère des Affaires culturelles a accepté de payer 70 % de la
note. Ce sont des actions, M. le député. Je pourrais
également mentionner la participation financière de 400 000 $ du
gouvernement du Québec au théâtre de la Dame de Coeur,
à Upton. J'ai gardé ça pour le dessert: dans le
comté de Richelieu, le centre d'interprétation dans lequel le
gouvernement du Québec a accepté d'investir 670 000 $; ça
devient une fenêtre vers l'est et une fenêtre d'entrée de
l'est pour la Montérégie, dans la région
Chaudiè-re-Appalaches. Là encore, la ministre des Affaires
culturelles a accepté le projet de culture, des projets culturels qui
permettront à nos régions de bonifier les équipements mis
à la disposition de nos concitoyens. Je pense notamment au centre
culturel de Saint-Georges, où la ministre des Affaires culturelles a
investi 1 100 000 $. Je fais également référence à
la maison de culture de Saint-Joseph, où le ministère, avec
l'OPDQ, s'est engagé à assurer plus de 80 % des
équipements.
Je pourrais vous donner une liste exhaustive, une liste longue, M. le
Président, mais j'aimerais terminer en vous disant ceci: Je ne veux pas
vous parler des dix dernières années; je vous ai parié des
six derniers mois et des implications et réalisations de la ministre
actuelle et députée de Chambly. J'aimerais vous dire que,
personnellement, je suis fier des réalisations de l'équipe
libérale. Je suis fier de l'action de la ministre des Affaires
culturelles, et je continue à me battre avec l'équipe pour
pouvoir atteindre l'objectif qu'on s'est fixé: donner au Québec,
aux Québécoises et aux Québécois...
Le Président (M. Messier): Merci, M le
député.
M. Khelfa: ...l'ensemble d'une vie culturelle à la mesure
de nos aspirations.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Richelieu. C'est élémentaire, en
physique: l'action demande la réaction. Je vous demande de
réagir, M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, lorsque j'écoute les
propos du dernier intervenant... Même avec un moratoire, il semble qu'il
y ait eu beaucoup d'investissements. Si c'est le cas, je me demande ce qu'on
fait ici, parce qu'il semblerait que le monde a commencé à
tourner avec la venue du gouvernement libéral. Moi, ça
m'inquiète quand j'entends des propos comme ça, qui s'approchent
de la démagogie, purement et simplement. C'est faux de prétendre
qu'il ne s'est rien fait dans la culture avant que vous soyez au pouvoir. C'est
faux. Parce que quand on commence à zéro... En tout cas, c'est
inexact. Je sais ce que vous voulez me faire dire, c'est inexact.
M. Khelfa: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Messier): Oui, M le député
de Richelieu, sur une question de règlement.
M. Khelfa: Je n'ai pas parlé du bilan du Parti
québécois. Tout ce que j'ai dit... S'il veut intervenir sur ce
que j'ai dit, qu'il parle des réalisations et des actions...
Le Président (M. Messier): Ce n'est pas une question de
règlement, monsieur...
M. Khelfa: ...et qu'il prenne un terme parlementaire.
Le Président (M. Messier): M. le député de
Richelieu, je vous ramène à l'ordre: ce n'est pas une question de
règlement. M. le député de Jonquière. (11 h 30)
M. Dufour: Je n'attaquerai pas la ministre qui veut bien faire
son possible. Je dis que son gouvernement ne fait rien, ou si peu, et que
ça ne compte pas, par rapport à leurs promesses, par rapport
à leurs actions. Tout de même, j'ai apprécié tout
à l'heure que Mme la ministre n'ait
pas relevé mon propos lorsque j'affirmais, chiffres à
l'appui, que le gouvernement avait moins investi, dans les dernières
années, en ce qui a trait aux bibliothèques publiques, au point
de vue des livres comme tels, de l'accessibilité aux livres. Elle m'a
répondu: Oui, on en fait plus, on a des belles ententes, on
considère nos municipalités comme des partenaires.
J'espère qu'elle les considère comme des partenaires. Des
partenaires qui investissent quatre fois plus que l'autre, ça fait des
bons partenaires, et il faut les traiter correctement. Il ne faut pas essayer
de leur imposer des décisions venant d'en haut. Et il ne faut pas se
servir des 20 % qu'on fournit aux bibliothèques municipales pour leur
dire: Vous n'aurez pas le droit de faire ci. À l'avenir, vous n'aurez
pas le droit de faire ça. Moi, je pense qu'un partenaire, on traite
ça d'égal à égal. Quand c'est quatre pour un, on
doit se faire moins gros, prendre moins de place et leur demander, aux
municipalités, de quelle façon elles veulent être
traitées. Moi, j'aime ça entendre parler de partenariat et de
qualité de vie, et que les gens s'informent de ce qui se passe dans les
municipalités. Est-ce qu'il y a des bibliothèques? C'est quoi, le
monde scolaire? J'ai une petite nouvelle pour Mme la ministre. Je vais
l'informer qu'à partir d'hier, avec le dépôt du budget, le
"budget de Méphisto", on vient d'annoncer qu'à l'avenir il y aura
des commissions scolaires riches et des commissions scolaires pauvres. Donc,
c'est une façon d'aller s'établir dans un endroit plutôt
qu'un autre. Je viens d'apprendre, et je vais lui apprendre, qu'il va y avoir
des commissions scolaires pauvres, ce qui fait que la qualité de
l'éducation ne sera plus la même. Ce n'est plus vrai que les gens
vont avoir accès à la même qualité, dans
l'éducation. Moi, je pense qu'au niveau des bibliothèques
publiques, c'est la même chose. Si le gouvernement continue à y
aller à la petite cuillère... La meilleure façon de tenir
le monde en état de dépendance, c'est de les garder et de les
soigner à la petite cuillère. C'est ce qu'on fait dans la
culture. On y va à la petite cuillère et on ne voit pas les
effets. Quand on regarde ce que sont les investissements, je voudrais rappeler
que - à la page 6 de l'annexe A du budget qui a été
déposé hier - ce n'est pas dans le but d'augmenter ou
d'améliorer la culture qu'on investit dans le béton. C'est
vraiment une position mercantiliste. Si on examine les propos du
ministère des Finances, ce qu'il dit: "Afin de contrer les effets du
ralentissement économique, le gouvernement a décidé
d'approuver un programme d'accélération des investissements", le
chat sort du sac. Ce n'est pas une question d'améliorer la position
culturelle du Québec, celle des artistes et d'améliorer tous les
équipements. C'est vraiment une idée mercantiliste de vouloir
augmenter les investissements, parce qu'il y a des revenus. Quand on constate
que les municipalités investissent des quatre pour un, bien, on a le
droit de s'inter- roger. Le ministre a fait un beau discours. Comme le
gouvernement a eu un bon discours pendant quatre ans, quand il traitait les
municipalités comme d'excellents partenaires... En autant que l'on ne
s'essuie pas les pieds sur ses partenaires, comme un tapis qu'ensuite on met de
côté. Un partenaire à qui on ne parle pas. C'est beau de
parler de garder du patrimoine: ce ne sont pas des gros investissements de la
part du gouvernement. C'était 25 %, dans des améliorations. Mais
il y a aussi des conditions qu'on impose, en même temps. Je pense que les
municipalités ont compris qu'il faut garder le patrimoine; mais il faut
aussi que les gens s'instruisent. La meilleure façon de pouvoir se
débarrasser d'un gouvernement, c'est que les gens soient bien
informés. Je pense que c'est ça qu'il faut faire; et c'est
là-dessus que je basais mon argumentation, tout à l'heure,
à l'effet que c'était important que les gens aient accès
à des livres, des livres qui sont en même temps convenables.
J'avais aussi l'intention de soulever la question des musées. Il y a
quelques musées, au Québec. On peut bien parler d'avenues de
touristes qui vont venir regarder ce qu'on a. Dans les musées, on
conserve l'histoire, aussi. Les musées sont encore traités au
compte-gouttes parce que, encore là, les municipalités
investissent facilement des trois pour un par rapport à ce que fait le
gouvernement. Donc, il n'y a rien à se gargariser ou à se
congratuler par rapport à ce qui se passe au Québec concernant la
culture.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Jonquière. Mme la ministre des Affaires
culturelles en réplique, cinq minutes.
Mme Lucienne Robillard
Mme Robillard: M. le Président, je suis fière que
le ministère des Affaires culturelles, depuis quelques années -
et contrairement à ce qu'il a fait lorsque l'Opposition était au
pouvoir - ait décidé de régionaliser ses activités
au Québec, de s'occuper du développement régional au
Québec et de s'occuper du développement culturel dans les
régions, au Québec. Ce que nos adversaires n'avaient point fait:
ils investissaient seulement dans les grands centres et dans les grandes
manifestations. Mais nous, nous avons décidé d'investir dans les
régions, au Québec. Je suis en train de terminer une
tournée régionale du Québec, M. le Président. Moi,
j'ai rencontré la clientèle du milieu culturel des régions
du Québec. Je suis allée personnellement, dans toutes les
régions du Québec, visiter les gens, parler aux
municipalités, rencontrer des maires, M. le député, des
maires qui étaient très contents de notre investissement dans le
domaine de la culture. J'ai rencontré le maire de Ter-rebonne, qui est
très fier de sa collaboration avec le ministère des Affaires
culturelles pour développer l'île des Moulins. C'est un coin
de
pays fantastique, et le maire de Terrebonne est très satisfait de
la collaboration du ministère des Affaires culturelles. Je suis
allée à Joliette, M. le Président, et j'ai
rencontré le maire.
Une voix: Avez-vous été à
Jonquière?
Mme Robillard: M. Martin, lui aussi, est très fier de tout
l'investissement du ministère des Affaires culturelles dans la
région de Joliette, dans la région de Lanaudière. Et vous
savez, M. le Président, combien nous aidons au développement de
la vie musicale dans cette région du Québec et comment nous
soutenons le Festival de Lanaudière. Nous nous engageons dans les
régions, au Québec.
Je suis aussi allée au Lac-Saint-Jean, au Saguenay, rencontrer
des maires. Qu'on ne vienne pas me dire que je n'ai jamais parlé aux
municipalités. Dans toutes mes tournées de régions du
Québec, je rencontre les maires pour qu'ensemble on planifie le
développement culturel de leur région. Alors je suis fière
de constater que nous, nous nous impliquons dans le développement des
régions. Je ne peux pas croire que mon collègue, le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, ne sera pas content des
investissements que je fais même dans la grande ville de Montréal,
M. le Président. Dernièrement, nous avons fait un investissement
majeur dans l'est de Montréal. Il me semble donc opportun de lui
rappeler cette annonce que nous venons de faire concernant la
bibliothèque de Montréal-Est. Je suis certaine que son
collègue de Pointe-aux-Trembles doit être très content de
cet investissement-là.
Vous voyez, M. le Président, nous allons, nous, au-delà de
la partisanerie. Nous répondons aux besoins de la vie culturelle. Je
viens d'investir dans Montréal-Est et, très bientôt, vous
allez voir d'autres investissements dans d'autres secteurs du Québec,
pour répondre aux besoins de la vie culturelle. Dans ce sens-là,
M. le Président, j'aimerais que mon collègue, le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, réalise qu'il faut
avoir une vision à long terme, qu'il réalise qu'on doit regarder
ensemble le financement des arts pour l'an 2000 et qu'on doit vraiment
planifier l'avenir. Dans ce sens, le mandat qui a été
donné à Samson Bélair va regarder ce qui va se passer dans
le financement des arts au Québec. Nous sommes tellement convaincus que
nous pouvons maximiser l'effort, que j'ai même demande à la firme
Samson Bélair de regarder la façon dont le ministère des
Affaires culturelles lui-même donnait son aide. Peut-être peut-elle
nous faire des recommandations pour l'améliorer.
Voilà jusqu'où va notre transparence, M. le
Président. Nous sommes prêts a remettre en question nos propres
modes de financement. Dans ce sens-là, je suis certaine que nous
participerons fièrement au développement culturel du
Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre. Sur ces
paroles-chocs, je vais passer la parole au député de
Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Vous allez comprendre
que, tout à l'heure, je ne pouvais passer sous silence la boutade de mon
collègue de Sainte-Marie-Saint-Jacques, à l'effet que nos
collègues ne se servaient que de textes.
Effectivement, M. le Président, ce matin, je ne me servirai que
d'un texte, tiré de la Bible. À la page 239, nous voyons un
paragraphe en particulier qui s'applique particulièrement à
l'Opposition, présentement: "Tu ne mentiras point".
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: M. le Président, depuis ce matin, nous
assistons...
Une voix: On a appris ça de vous autres.
M. Maltais: ...à ce qu'on pourrait appeler une apologie de
la synthèse des pensées futuristes du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. M. le Président, siégeant dans cette
auguste Assemblée depuis presque une décennie, je me rappelle que
le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques a la mémoire
très courte.
Une voix: II n'en a pas, de mémoire.
M. Maltais: Comme préambule, ce matin, il a dit: C'est le
pire budget que j'ai jamais vu. Où étiez-vous, en 1982 et en
1983, alors que, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, sous
votre propre gouvernement, vous étiez président régional
du Parti québécois de l'est de Montréal? Votre gouverne,
avait coupé, sans vergogne, tout le monde au Québec de 20 %.
M. Boulerice: Lavez-vous remis?
Le Président (M. Messier): M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, s'il vous plaît.
Une voix: S'il vous plaît, question de
règlement.
M. Maltais: Nous avons redonné à César ce
qui appartenait à César.
Vous avez aussi la mémoire courte au niveau du monde culturel. Je
me souviens, M. le Président, étant député d'une
région, d'avoir usé trois pancartes annonçant un centre
culturel dans la région de Baie-Comeau. Je me souviens, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, que votre gouvernement,
votre ministre des Affaires culturelles, à cinq reprises, est venu
annoncer - et changer de pancarte, et changer
régulièrement le montant de la subvention - un centre
culturel dans notre région. Notre propre ministre n'est pas encore venue
dans la région, mais elle viendra très prochainement. Non pas
pour l'annoncer, mais pour remettre le chèque, M. le
député, de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Il n'y a pas un gouvernement - et surtout pas le vôtre, lorsqu'il
était au pouvoir - qui ne se soit servi du monde culturel à ses
propres fins, voulant l'imprégner de sa propre culture. Les artistes se
sont tout d'abord, bien sûr, approchés de votre gouvernement et
ont servi votre cause, en un certain temps. Vous avez été les
pires.
Je me souviens d'une parole du président de l'Union des artistes,
lorsque nous avons voté le statut de l'artiste en cette Chambre: Nous
devrons nous souvenir de ce gouvernement comme celui qui en a fait le plus pour
le monde artistique. Je pourrais vous citer d'autres paroles. Je suis surpris
que le critique en matière culturelle n'ait pas eu l'occasion, hier, de
venir rencontrer la relève artistique au complexe G, où se
trouvaient pourtant nombre de ses collègues, et de nombreux
collègues ici. Des jeunes de 15, 16 ans, qui ne viennent pas de
Montréal ou de Québec, mais qui viennent d'une petite ville du
Québec, ont donné un spectacle "StoPollution". Ça
s'applique également aux gens de l'Opposition. Il faut non seulement
arrêter de polluer les airs, mais, aussi, arrêter de polluer la
pensée culturelle que vous êtes en train de développer.
Il est important que les gens du Québec se rappellent d'une
chose: lors de son premier mandat, le gouvernement actuel s'est engagé,
et le gouvernement actuel a la réputation de respecter ses engagements.
Nous ne pouvons, dans le contexte actuel, favoriser davantage une classe de la
société au détriment des autres. Nous voulons cependant
faire la progression ensemble, comme l'a indiqué la ministre, augmenter
le budget graduellement, d'année en année, mais non au
détriment du logement social, des personnes âgées... On ne
peut le faire. Cependant, la classe culturelle au Québec, depuis
l'avènement du gouvernement libéral, a toujours été
et demeurera une priorité pour le gouvernement, d'autant plus que nous
avons la chance et l'opportunité d'avoir présentement une
ministre à qui tient à coeur le développement culturel au
Québec.
Voilà, M. le Président, et merci.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Saguenay. Je laisse maintenant la parole au
député de l'Opposition.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Bon, je ne reprendrai pas, je n'ai pas de temps
à perdre, M. le Président. La ministre, tantôt, durant
plusieurs minutes, a fait son propre éloge. C'est bien son droit.
Écoutez, quand on ne trouve pas ailleurs, hein, on se sert
soi-même. La ministre a fait son propre éloge en disant qu'elle
avait été tellement félicitée par les maires. Mais
est-ce que la ministre se rappelle, tenez, Le Soleil, le samedi 21 avril
1990: Le président de la Société des musées
québécois, M. Michel Côté a reçu l'appui du
président de l'Union des municipalités du Québec, M.
Camille Rouillard - avec qui j'étais hier pour répondre à
une question d'un député, je ne sais de quelle circonscription,
qui est intervenu tantôt - qui a mis les autorités
gouvernementales en garde contre la tentation de refiler la facture des
musées aux municipalités.
Ça, c'était dans le cadre d'un colloque organisé
à l'Université Laval, sous le thème: Les musées et
la ville. Et le président de la société, M.
Côté, a indiqué que de la somme totale de 4 000 000 $ - les
chiches 4 000 000 $ qui sont consentis - il ne restait
généralement qu'environ 1000 $ par institution pour
l'organisation d'expositions, une fois acquittés tous les frais
d'entretien et d'administration et il demande donc au gouvernement
libéral de doubler la subvention de 4 000 000 $ que ce gouvernement
verse aux institutions muséologiques de la province.
Est-ce que la ministre est capable de répondre à cette
question puisqu'il semble que les maires ne débordent pas autant
d'enthousiasme envers elle qu'elle a voulu nous le laisser entendre dans son
propos tantôt? Est-ce que la ministre peut répondre à
ça? Est-ce que la ministre va se contenter de dire encore une fois,
parce que c'est toujours la fuite en avant dans les études et les
discours, etc... Je pense que quand on a un peu évolué dans le
milieu de la culture, on les a déjà identifiés, les
besoins, depuis fort longtemps. Est-ce que la ministre va se contenter de dire
qu'une politique globale sur les musées est en préparation,
qu'elle sera rendue publique en 1990 peut-être, et elle ne peut pas dire
exactement à quel moment? (11 h 45)
Je vais en profiter, d'ailleurs, pour lui poser une deuxième
question. Comment cette ministre peut-elle être crédible alors
qu'aux engagements financiers je lui demandais ce qui arrivait avec
l'accrédition d'un musée en particulier, et elle me
répondait: M. le député, il n'est pas question pour nous
d'accréditer quelque musée que ce soit, tant et aussi longtemps
que mon ministère n'aura pas adopté une politique
d'accréditation des musées, et que, le lendemain matin, faisant
de la géopolitique partisane, elle allait accréditer un
musée en Beauce? Comment la ministre peut-elle être
crédible quand elle dit blanc un jour, noir le lendemain, gris le
troisième jour et qu'après ça, elle finit par confier
à un comité d'étude en disant: Trouvez-nous la bonne
couleur et nous nous interrogeons d'ailleurs si dans l'avenir il devrait y
avoir de la couleur.
Je pense qu'il faut procéder par ces images pour montrer toute
l'incohérence du discours culturel du gouvernement libéral et,
spécialement, du ministère de la culture, parce que les maires ne
sont pas aussi débordants d'enthousiasme - le président de la
puissante et très respectée Union des municipalités,
respectée par tous, sauf par le gouvernement libéral, il va de
soi - la ministre n'est pas aussi célébrée. L'Union des
municipalités avec la Société des musées demande de
doubler le budget. La ministre peut-elle répondre? Et où est son
honnêteté intellectuelle après la discussion des
engagements financiers quant à l'accréditation des
musées?
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Je vais demander le
consentement tout de suite aux deux partis parce que nous allons
dépasser midi. Il reste deux interventions: 10 minutes de Mme la
ministre, et 10 minutes de M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. Est-ce qu'il y a consentement?
Une voix: Consentement.
Conclusions
Le Président (M. Messier): Merci. Mme la ministre, pour 10
minutes, votre dernière intervention.
Mme Lucienne Robillard
Mme Robillard: M. le Président, voilà près
de deux heures que nous discutons de l'action du gouvernement libéral
dans le domaine des affaires culturelles. Le passé est garant de
l'avenir, disons-nous. Je suis heureuse de constater tous les efforts des
différents gouvernements libéraux au cours des 30
dernières années pour soutenir le monde culturel et ses
composantes. C'est en effet un gouvernement libéral qui a
créé en 1961 le ministère des Affaires culturelles. C'est
aussi sous sa gouverne que le Québec a véritablement connu deux
énoncés de politique culturelle qui ont servi aux divers
écrits depuis. Dans ce même secteur, le bilan du Parti
libéral de 1970 à 1975 et de 1985 à aujourd'hui est
toujours fort louable, comme nous avons pu le constater un peu plus tôt
aujourd'hui. Inutile de revenir sur ce sujet.
La philosophie qui guide mon action et qui s'inscrit dans la même
lignée que les différents ministres libéraux qui se sont
vu confier le dossier culturel est simple. Cette philosophie inscrite dans les
différents programmes politiques du Parti libéral du
Québec, de la Révolution tranquille à nos jours, est
claire. Dans le domaine culturel, notre parti assigne à l'État,
d'abord et avant tout, un rôle de promotion et d'animation de notre
enrichissement collectif culturel. L'État québécois a
soutenu, soutient encore et soutiendra le développement culturel des
Québécois et des Québécoises tout en facilitant
l'accès à la culture pour l'ensemble de la population.
Je crois que mes collègues ont fait la preuve, à
même des exemples très concrets et très culturels, que
l'actuel gouvernement demeure convaincu qu'il est essentiel d'investir dans la
culture, au bénéfice de chacune des régions du
Québec. D'ailleurs, le ministère que je dirige est présent
en régions depuis une vingtaine d'années où il s'est
appliqué à promouvoir le développement culturel, en tenant
compte des particularités locales. En 1983, le ministère
procéda à une véritable déconcentration de ses
activités sur la base du découpement régional alors en
vigueur, créant 10 directions régionales, avec les effectifs en
place, auxquels s'ajoutèrent plusieurs postes transférés
du niveau central.
Les directions régionales, comme vous le savez, ont le mandat de
favoriser le développement dans leur territoire, des domaines qui sont
de la compétence du ministère des Affaires culturelles, soit plus
spécifiquement: les arts, les lettres et le patrimoine. Elles
gèrent également nos programmes régionalisés d'aide
financière à la formation, à la création, à
la production et à la diffusion pour les arts et les lettres et à
la conservation et à la mise en valeur pour le patrimoine. Ces
directions régionales, M. le Président, gèrent
également le programme d'aide financière aux équipements
culturels, visant à maintenir et à développer, à
l'échelle locale ou régionale, un réseau de lieux propices
à la pratique d'activités culturelles, et ce, pour respecter les
volontés gouvernementales et mon ministère entend desservir les
nouvelles régions créées, situées en
périphérie de l'île de Montréal.
D'ailleurs, M. le Président, j'entends poser à très
court terme des gestes pour confirmer cette volonté gouvernementale et
ministérielle de rapprocher encore plus le ministère de sa
clientèle. J'ose croire que ces gestes sauront convaincre même mon
collègue de Sainte-Marie-Saint-Jacques sur ma volonté ferme de
régionaliser davantage les activités et les services du
ministère des Affaires culturelles. Évidemment, tout est
perfectible. Et c'est dans cet esprit que s'amorce la réflexion que
j'entreprends actuellement. Le mandat confié à la firme Samson
Bélair est très clair et s'inscrit dans une cogitation globale
sur le milieu culturel.
On a beau se fixer des objectifs de société en
matière culturelle, il faut avoir les moyens de les atteindre. Tous
savent que l'important et le nerf de la guerre, c'est aussi l'argent. Nous ne
pouvons faire abstraction des différentes contraintes budgétaires
et financières du gouvernement du Québec. Mon collègue a
fait brièvement référence au lourd héritage que
nous a légué l'administration précédente en
1985.
Il faut ajouter qu'actuellement, les besoins de certains secteurs de
l'activité gouvernementale sont presque illimités. L'État
doit donc main-
tenant s'adapter à une situation économique qui n'est plus
celle des années soixante, des années soixante-dix et même
des années quatre-vingt. Dans un tel contexte, l'État doit donc
susciter et soutenir des initiatives nouvelles permettant d'assurer le
développement continu du domaine des arts.
Par le fait même, sans nécessairement réduire le
niveau de ses interventions, il pourrait en améliorer
l'efficacité en accentuant ses efforts dans les secteurs où le
mode de soutien traditionnel ne peut être remplacé. C'est, en
quelque sorte, l'ensemble du système du financement des activités
culturelles qu'il importe de revoir en tenant compte de leur situation
économique et de leur niveau de responsabilité. Il faut
redéfinir le rôle de chacun des intervenants, ainsi que les outils
mis à leur disposition. Il nous faut donc, M. le Président, au
chapitre culturel, être imaginais et élaborer de nouveaux modes de
financement qui bonifient l'aide gouvernementale.
Ces modes doivent accroître l'efficacité et l'efficience du
système et procurer aux organismes et aux créateurs du milieu des
sources de revenus suffisantes et stables. Et, à cet égard, la
firme retenue agira en conformité avec les quatre objectifs que nous
avons établis. Premièrement, actualiser les recommandations
faites antérieurement concernant le financement des arts, notamment dans
le rapport du financement des arts au Canada d'ici à l'an 2000;
deuxièmement, dresser un inventaire des formules de financement non
traditionnelles actuellement à l'essai; troisièmement, analyser
le fonctionnement général des secteurs culturels et
évaluer l'efficacité des mécanismes d'aide actuels et,
enfin, compte tenu de la situation économique des intervenants et des
développements à venir dans le domaine des arts, élaborer
la structure générale d'un système de financement optimal
qui puisse soutenir ce développement.
M. le Président, les quatre objectifs que je viens
d'énumérer font preuve du caractère hautement prioritaire
que j'accorde au financement et au soutien du développement des arts au
Québec. Le gouvernement a toujours une volonté ferme en
matière culturelle de maintenir le domaine de la culture comme une cible
significative de développement, de reconnaître l'appui de la
culture au développement et au maintien de notre langue, de renforcer
les industries culturelles et d'accroître le soutien au
développement de la relève et à l'intégration des
jeunes dans la communauté professionnelle.
Concrètement, les crédits du ministère, on l'a dit,
vont passer à 261 700 000 $ en 1990-1991. Cette augmentation a permis au
gouvernement d'établir dès maintenant à 0,73 % la
proportion des crédits de l'État. C'est ainsi qu'on poursuit
graduellement l'atteinte de l'objectif du 1 % et ce, malgré la politique
d'assainissement des finances publiques mise en place par notre
gouvernement, M. le Président. Par ailleurs, comme un de mes
collègues l'a indiqué, on se doit de mentionner aussi que dans
l'atteinte du 1 %, il y a l'apport des autres ministères et il ne faut
pas oublier que d'autres ministères contribuent aussi aux
activités culturelles au Québec.
En résumé, M. le Président, l'objectif de donner 1
% du budget de l'État aux Affaires culturelles est maintenu, et je tiens
à le dire très fort. Cependant, dans toute cette démarche,
il est essentiel de réaliser que ce 1 % est un moyen pour atteindre de
véritables objectifs de société dans le domaine culturel.
Ce n'est pas une fin en soi. Je comprends mal les hauts cris de l'Opposition
et, en particulier, ceux du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Quant à mes efforts pour maximiser notre appui au monde culturel,
l'étude commandée à Samson Bélair touche et
recommandera des actions précises pour améliorer les conditions
de financement des organismes. Dès que j'aurai pris connaissance de ce
rapport et que j'en aurai analysé le contenu, M. le Président, je
m'engage à le soumettre à la commission parlementaire de la
culture. C'était déjà planifié dans le processus.
D'abord, une étude d'experts et ensuite nous examinerons les
recommandations au niveau de la commission de la culture, en même temps,
d'ailleurs, que mes réflexions sur les objectifs culturels du
Québec.
Voilà, M. le Président, une très belle preuve de
transparence et il n'est nullement question, et le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques le sait très bien depuis fort longtemps, que
j'élabore un document en secret. Ma façon de procéder est
beaucoup plus rigoureuse et transparente que cela. Les objectifs culturels que
nous nous donnerons dans la société québécoise
seront des choix de société et tout le monde aura
participé au processus de consultation.
En conclusion, M. le Président, notre gouvernement, et plus
particulièrement celle qui vous parie, mettent tout en oeuvre afin que
le ministère des Affaires culturelles assume son leadership, assume son
rôle d'animateur et joue pleinement son rôle comme partenaire
privilégié, sur le plan culturel, au Québec. Je
réaffirme par le fait même, M. le Président, la mission
même du ministère. Je vous remercie.
Une voix: Bravo!
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, Mme la
ministre. Je vais passer la parole au député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques et critique officiel en matière de
culture.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, après avoir
écouté durant deux heures la ministre et ses acolytes, j'ai
vraiment mal, mal à ma culture québécoise, j'ai vraiment
très mal à ma culture
québécoise. M. le Président, rien n'est plus
transparent que le vide. Rien n'est plus transparent que le vide. Durant deux
heures de temps, la ministre n'a rien dit. La ministre n'a fait que
répéter des cassettes de l'ancien gouvernement par ses
collègues, de vieux 78 tours. Alors qu'on en est rendu au laser, ils
devraient être un petit peu plus "up to date", comme on dit en anglais,
si on me permet cette expression. La ministre n'y est allée que de
fuites en avant à fuites en avant, alors que les artistes vont fort
probablement débrayer dans quelques jours parce qu'il n'y a absolument
rien pour eux dans ce budget. Et c'est tellement... J'ai employé le
terme "fallacieux".
M. le Président, à la page 4 du discours, entre autres,
une somme additionnelle de 72 000 000 $, ça, c'était M. le
député de Bona-venture qui disait ça hier. On va voir un
petit peu plus loin, annexe A, page 7: 32 000 000 $, équipements
culturels. Regarde donc ça! Mais là, on s'aperçoit que
c'est pour le service de la dette. Et quand on va voir les annexes, à
l'annexe A, page 81, on le voit, ce qui est accordé au domaine de la
culture, cette année: zéro. Rien n'est plus transparent que le
vide. Rien n'est plus "glasnot" que le vide. C'est le vide dans les chiffres,
c'est le vide dans les discours. La ministre a passé son temps à
nous dire: Oui, mais il faut savoir où on s'en va. Mais j'ai nettement
l'impression, M. le Président, qu'elle ne sait pas du tout d'où
elle vient, dans le domaine culturel. Elle a eu au moins une petite
honnêteté qui est celle d'admettre que l'élan de
régionalisation a été donné sous un gouvernement du
Parti québécois, avec Clément Richard, pour ce qui est des
directions régionales. Elle a oublié, par contre, de mentionner,
M. le Président, que les Conseils régionaux de la culture, dont
elle célèbre toujours le dynamisme dans ses légendaires
communiqués dont elle nous inonde, ont été gelés
continuellement et doivent venir presque quêter à genoux un
renouvellement de contrat avec le ministère. Elle a oublié de
mentionner que c'est son gouvernement qui a coupé l'opéra et,
après, qui est revenu là-dessus devant le tollé
populaire.
On nous présente un budget pour les bibliothèques, mais
c'est de la réparation. C'est ce gouvernement-là, M. le
Président, qui a coupé 8 000 000 $ dans les bibliothèques
dès son entrée au ministère. C'est ce
gouvernement-là qui a fait ça. Durant deux heures de temps, la
ministre s'est refusée à discuter de l'atteinte du 1 %, mais elle
l'a réitéré trois fois. Je vais reprendre mon expression
de tantôt, le chant du coq, chante mais renie. L'engagement était
pour 1990-1991, l'engagement n'est pas dans le budget. C'est toujours
zéro. La transparence du vide, zéro. La ministre n'a pas du tout
voulu en parler. Elle a parlé des équipements culturels, mais
quand je vous disais, madame, qu'il fallait avoir des débats sur la
culture au Parlement, relisez toutes les interventions. Je me suis battu contre
le moratoire. J'en voulais des équipements, mais votre
prédécesseur disait: Pas une cenne dans le béton. Il n'en
est pas question. Mais il y a eu des sous, oui. Ah oui! On nous pariait de
culture d'État. Ils sont bien fiers l'autre côté de se
péter les bretelles, comme le dit la vieille expression populaire, du
succès du musée de la Civilisation, mais c'est qui le
musée de la Civilisation? Sa prédécesseure avait
l'effronterie de dire que l'ancien ministre s'était érigé
un monument. Bien oui, mais il est drôlement bien
fréquenté, n'est-ce-pas? C'est eux autres qui se pètent
les bretelles du succès du musée de la Civilisation, alors que
c'est nous qui l'avons planifié, M. le Président.
Après deux heures, tout ce qu'on sait, en essayant d'une
façon habile d'utiliser une phrase du président de l'Union des
artistes, c'est qu'il n'y a même pas une vieille cenne noire
consacrée à l'artiste même. On lui a donné un
statut. Il peut négocier ses contrats, oui, mais quel contrat? Quel
contrat? Les troupes de théâtre, rien de plus cette année.
Il n'y a rien dans votre budget. Il y a zéro cenne d'augmentation, Mme
la ministre. Il n'y a rien pour l'artiste. Et c'a toujours été le
discours qu'on a entendu: II faut donner à l'artiste, je veux donner
à l'artiste et nous allons donner à l'artiste. Mais l'artiste a
les poches aussi vides aujourd'hui qu'il les avait hier. Vous avez trahi votre
engagement du 1 % et vous avez l'effronterie de nous le rappeler trois fois
à l'intérieur de ceci.
Vous allez même jusqu'à dire: Avant que . l'Opposition ne
me le demande, le résultat de mon comité, clôture à
neige, Samson, Bélair, on va Ig déposer à la commission de
la culture. Ah oui! Madame, vous allez le déposer à la commission
de la culture, mais pas pour une étude uniquement par les membres de la
commission de la culture; il va y avoir des audiences publiques et les gens du
milieu de la culture et tous les autres qui sont intéressés vont
venir intervenir.
Vous voulez de la transparence? On va vous l'imposer, mais ça ne
sera pas la transparence du vide comme vous la pratiquez. Les milieux vont
venir intervenir, ça ne sera pas une commission bidon, madame, je vais
être là pour m'en assurer. Ça ne sera pas une commission
bidon. Le milieu de la culture va venir intervenir.
Les municipalités, que vous rejetez du revers de la main
d'ailleurs, vous les prenez malheureusement pour des perrons de porte, les
municipalités vont venir, madame, comme elles vont venir sur votre loi
sur les bibliothèques, si jamais vous la présentez. On va en
faire de la transparence, madame, et on va les mettre les chiffres. Et je vous
répète encore une fois, pour la troisième fois: Avez-vous
le courage d'accepter un débat public sur la culture, sur les sommes
d'argent qui y ont été consacrées, des origines à
nos jours? Je suis disponible, madame, à votre convenance, à
n'importe quel endroit, à n'importe
quel moment et n'importe quel temps, mais en présence du milieu
de la culture et des autres intervenants qui y sont intéressés.
Relevez donc le défi, madame, au lieu de faire de la dyscal-culie au
niveau des chiffres, comme vous, autant que vous prédécesseur, le
faites depuis 1985. Venez le faire le débat, madame, sur la culture. On
va le faire, ce débat-là.
La ministre, de plus, va plus loin. La ministre nous dit - je l'ai
répété tantôt: Ah oui! mais il nous faut une
étude pour voir si on a les moyens. Mais est-ce que vous vous rendez
compte à quel point - et ciel! que ça va être
intéressant de relire toute cette commission - il y a une
incohérence incroyable. Si vous n'êtes pas certains des moyens que
vous avez, pourquoi avez-vous pris cet engagement en 1985? Pour duper le milieu
de la culture? Prenez-vous ces gens-là pour des naïfs, madame? Je
les fréquente assez souvent pour me rendre compte que c'est faux. Ces
gens-là, M. le Président, la ministre devrait le savoir, sont
capables de discerner le vrai du faux. Et moi je vous dis: Depuis hier soir, ne
cherchez pas à être crédible auprès d'eux, votre
gouvernement ne l'est plus, il ne l'est plus. Et nous allons vivre en ce pays
un événement malheureusement unique, mais lourd de signification:
le milieu de la culture va débrayer. Il n'y a pas un pays au monde qui a
connu ça. Je me souviens qu'on avait dit que la rencontre du premier
ministre avec la coalition était historique. Et bien oui, c'est vrai,
c'était historique. Jamais le milieu de la culture ne s'est senti autant
menacé que sous un gouvernement libéral. Elle est allée
voir le premier ministre et le premier ministre lui confirme continuellement,
avec l'humble complicité de sa ministre, qu'effectivement elle a
été dupée. Ce que j'en retire de vos propos, madame - et
c'est dommage, je vous avais dis que j'étais prêt à
travailler pour la culture et non contre la ministre de la culture -
après vous avoir entendue durant deux heures de temps, je n'ai pas
d'autres conclusions à tirer à part celles que je viens de faire
précédemment que, malheureusement, vous êtes ministre
libérale d'abord et ministre des Affaires culturelles après! Le
milieu de la culture le sait et écoutez-les bien, vous allez les
entendre!
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. J'aimerais spécifier
que la commission a accompli son mandat. Comme c'était ma
première interpellation comme président, je vous remercie. C'a
vraiment bien été. Merci, Mme ta ministre.
M. Boulerice: M. le Président, je vous remercie,
d'ailleurs, pour l'excellente et surtout même l'élégante
façon dont vous avez conduit les travaux de la commission.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, M. le
député.
M. MacMillan: Pour notre part, on trouve aussi que vous avez bien
fait ça. Et aussi, pour la grosse victoire contre le candidat
péquiste.
C'est remarquable battre un homme de cette trempe-là.
Félicitations!
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Papineau. On ajourne sine die. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 10)