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(Vingt heures quinze minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration est réunie afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 134, Loi modifiant la
Loi sur l'administration financière. Mme la secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. Audet (Beauce-Nord) est
remplacé par M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Camden
(Lotbinière), remplacé par M. Richard (Nicolet-Yamaska).
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre, est-ce que
vous avez des remarques préliminaires à faire relativement au
projet de loi 134?
Remarques préliminaires Mme Monique
Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président, au
départ, je voudrais vous dire que je suis heureuse de siéger avec
le député de Labelle, c'est la première fois, j'ai
toujours eu l'occasion de siéger avec d'autres collègues...
M. Gautrin: Et nous?
Mme Gagnon-Tremblay: Bien, vous autres, c'est parce qu'on est
habitué à vous autres.
M. Gautrin: Ah bon! D'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: Mais je dois dire que je suis
persuadée que je pourrai compter sur sa collaboration. On s'est toujours
bien entendus finalement, que ce soit avec Mme Harel ou encore M. Godin ou
encore M. Bourdon, dans d'autres dossiers.
Alors, je vais juste, M. le Président, si vous le permettez, vous
faire part un peu du contenu, finalement, de l'article qu'on présente
dans ce projet de loi, et, avec la modification législative
proposée, le gouvernement vise à être en mesure de
déposer une partie des contributions gouvernementales à la Caisse
de dépôt et placement du Québec, accumulant ainsi un fonds
d'amortissement pour pourvoir au paiement des pensions. Les sommes ainsi
déposées seront empruntées sur les marchés
financiers. Mais sur le plan comptable, les montants des contributions qui
feraient l'objet de tels dépôts augmenteraient non plus le solde
du compte non budgétaire, mais plutôt la dette directe, de sorte
que la dette totale du gouvernement reste inchangée.
Étant donné que les nouveaux dépôts
rapporteraient au gouvernement un rendement au moins aussi élevé
que le taux d'intérêt actuellement imputé sur le solde du
compte non budgétaire des régimes de retraite, et par
conséquent supérieur aux coûts en intérêts des
nouveaux emprunts réalisés pour les effectuer, le gouvernement
profiterait d'économies d'intérêts que l'on estime de
façon conservatrice à 1,25 point de pourcentage sur une longue
période, et le taux d'intérêt sur nos nouveaux emprunts
représente le coût annuel de l'ensemble des nouveaux emprunts
recontractés dans l'année, que ce soit à taux fixe ou
flottant ou en monnaies étrangères.
Le taux d'intérêt appliqué au compte des
régimes de retraite représente ultimement le taux de rendement
gagné par les cotisations des employés déposées
à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Ce
nouveau mode de financement des régimes de retraire n'aura donc pour
impact budgétaire qu'une réduction de la dépense
associée au service de la dette.
En se finançant sur les marchés financiers plutôt
qu'au moyen du compte non budgétaire des régimes de retraite, on
prévoit que le gouvernement pourra réduire ses coûts de
financement de façon significative. Par exemple, les économies
seraient d'environ 400 000 000 $ sur la période 1993-1994 à
1998-1999 si les dépôts à la Caisse étaient de
l'ordre des montants des nouveaux engagements du gouvernement pour chacune de
ces années à l'égard des régimes de retraite; en
plus, il est bénéfique aux participants au régime de
retraite puisqu'il permet de raffermir davantage la capitalisation des
régimes.
Donc, en conclusion, M. le Président, le gouvernement se doit
d'être à l'affût de toutes les occasions de réaliser
des économies, et le projet de loi 134 offre un autre exemple
d'adaptation des façons de faire du secteur public mises de l'avant par
notre gouvernement et, sans affecter le niveau de service aux citoyens, assure
aux contribuables une meilleure utilisation des fonds publics.
Donc, en conséquence, j'espère que cette commission saura
recommander l'adoption du projet de loi 134, Loi modifiant la Loi sur
l'administration financière et je suis, bien sûr, à la
disposition des membres de la commission pour son étude article...
c'est-à-dire, il y en a seulement un, seulement un article, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Deux articles,
c'est-à-dire, madame.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire... sa mise en vigueur,
c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Merci Mme la ministre. Vous
avez des commentaires ou des remarques préliminaires, M. le
député de Labelle?
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Moi, M. le Président, c'est simplement
pour rappeler qu'en deuxième lecture nous avons indiqué que nous
étions d'accord sur le principe de ce projet de loi sans trop savoir,
cependant, à quoi ça nous engageait. C'est à cette
occasion que j'ai dit que nous aurions des questions à poser dans le
détail au cours de la commission parlementaire pour savoir ce que
signifiait exactement et quelle était la portée du projet de loi.
(20 h 20)
Disons que je réalise que le rendement de la Caisse de
dépôt et placement est de 1,25 point de pourcentage au-dessus du
coût des emprunts du gouvernement, j'aurai des questions à poser
sur les périodes de hausse de taux d'intérêt parce que...
on verra. Mais auparavant, M. le Président, d'aller article par article,
je voudrais avoir une réponse à une question que je me pose et
que sûrement beaucoup se sont posée. Cette mesure a
été annoncée dans le budget 1992-1993, il y a plus de 18
mois, 20 mois à peu près, à peu près il y a 20
mois, et on faisait état d'économies de 1 000 000 $ en 1992-1993,
de 6 000 000$ cette année et de 17 000 000 $ l'an prochain. Alors, c'est
quand même des économies substantielles, et je m'interroge sur le
pourquoi de cette longue période, parce qu'il me semble que si on avait
mis le fonctionnaire qui a rédigé l'article du projet de loi et
qu'il l'avait rédigé dans une journée ou deux, ce qui
n'est pas impossible non plus, on aurait commencé tout de suite à
bénéficier de ces économies, il y a un an. Or, c'est juste
cette année, on a perdu 18 mois. Je comprends qu'il y a le salaire du
fonctionnaire, mais il y a aussi les économies potentielles qu'on a
ratées, et tout a été décalé d'un an. Alors,
est-ce qu'on peut avoir vraiment une explication pour ce gaspillage
d'économies à réaliser?
Le Président (M. Lemieux): Vous avez des commentaires, Mme
la ministre?
Discussion générale
Délai dans l'application de la mesure
budgétaire
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président, outre la raison
que j'ai donnée au député de Labelle avant la commission
parlementaire, qui n'est pas tout à fait sérieuse, il y en aurait
deux autres raisons qui sont plus sérieuses, qui expliquent le
délai des quelques années qui se sont écoulées
depuis la première formulation de cette mesure jusqu'à sa
réalisation. Premièrement, avant la baisse récente des
taux d'intérêt, on a connu quelques années où les
taux auxquels se finançait le gouvernement étaient
supérieurs aux taux calculés pour le compte des régimes de
retraite et, par le fait même, la réalisation rapide de cette
mesure aurait impliqué des dépenses supplémentaires
d'intérêts pour le gouvernement. Et, la deuxième raison est
que le ministère a voulu consulter les responsables syndicaux avant de
finaliser la structure du programme, de ce programme, et donc, c'est un peu...
ces consultations ont été menées depuis le discours sur le
budget 1992-1993 et ont été un peu plus longues que prévu
étant donné l'agenda chargé relatif à la
période de négociation des conventions collectives des
employés de la fonction publique.
(Consultation)
Mme Gagnon-Tremblay: Et pour ajouter peut-être un
complément de réponse. Comme il y avait deux mesures qui
étaient indiquées au discours du budget de 1992-1993 et qu'on a
décidé de mettre de côté la deuxième mesure
à cause des conventions collectives, c'est pour ça finalement que
le retard... qu'on connait actuellement le retard de cette mesure.
M. Léonard: Bon. Vous me donnez deux ou trois raisons.
Moi, j'aimerais bien ça... Est-ce qu'on peut en débattre et
décortiquer? Parce que, à mon avis...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Écoutez, moi, de toute
façon, comme vous savez, M. le député de Labelle, je suis
au ministère des Finances depuis très peu de temps, alors, si mon
sous-ministre peut vous donner de meilleures raisons, je pense qu'il est la
personne la plus apte à vous donner toutes les raisons. À ce
moment-là, je pourrais lui demander de compléter ma
réponse, si M. le Président le permet. Si vous permettez que mon
sous-ministre, M. Rhéaume, puisse compléter ma
réponse.
M. Léonard: C'est une très mauvaise habitude, mais
peut-être qu'en l'occurrence nous allons le permettre, par exception.
Le Président (M. Lemieux): Sur le temps de parole de Mme
la ministre? M. le sous-ministre.
M. Gautrin: Et avec l'accord du parti ministériel.
M. Rhéaume (Alain): Alors, Alain Rhéaume, pour la
Mme la ministre des Finances. Le budget 1992-1993 à l'égard du
financement des régimes de retraite comportait deux mesures. Une
première mesure qui visait à permettre au gouvernement de
déposer à la Caisse de dépôt et placement des sommes
qu'il emprunterait sur les marchés financiers en vue de constituer une
réserve ou un fonds d'amortissement pour voir éventuellement au
paiement des prestations, à la partie du paiement des prestations qui
sont à la charge du
gouvernement. C'est l'objet du projet de loi 134 qui est
étudié aujourd'hui. Et une deuxième mesure qui visait
à faire assumer les trais d'administration des régimes de
retraite, donc les dépenses budgétaires reliées au
fonctionnement, par exemple, de la Commission administrative des régimes
de retraite et d'assurances, à faire assumer, donc, ces frais
administratifs là par les régimes. Donc, en partie par
l'employeur et en partie par l'employé. Comme les négociations de
conventions collectives n'ont pas permis jusqu'à maintenant d'en arriver
à un accord sur le deuxième point, comme il était
prévu que ça ferait l'objet d'un seul et même projet de
loi, en tout cas, c'était l'intention initiale au moment du budget, en
1992-1993, il a été décidé de scinder les deux
mesures, c'est-à-dire de les présenter
séparément.
Dans un premier temps, de permettre, effectivement, au ministre des
Finances de déposer des sommes à la Caisse de dépôt
pour réaliser les économies d'intérêts qui y sont
associées, lesquelles n'ont pas besoin d'être
négociées avec quiconque puisqu'il s'agit simplement d'un
dépôt pour créer un fonds d'amortissement qui permettra de
rencontrer le compte à payer, qui est le compte non budgétaire
des régimes de retraite, au moment où les déboursés
devront être faits et de ne pas toucher, pour le moment, à cette
deuxième mesure qui aurait impliqué une participation des
employés via les sommes qui leur appartiennent, au financement des frais
administratifs des régimes de retraite. Donc, on a décidé
de laisser cette question de côté et de la laisser être
réglée par négociation et de la ramener,
éventuellement, quand le résultat des négociations,
à cet égard-là, aura pu être concluant.
M. Léonard: Combien de temps les taux de placement du
gouvernement à la Caisse de dépôt sont inférieurs au
taux d'intérêt chargé...non, c'est l'inverse, plutôt,
le taux d'intérêt chargé sur les comptes de retraite
était supérieur au taux de rendement à la Caisse de
dépôt et de placement? C'est l'inverse, plutôt.
Mme Gagnon-Tremblay: Si je regarde les chiffres que j'ai ici,
entre 1957 et 1989, pour vous donner peut-être une...
M. Léonard: Ah, O.K.. Je voudrais examiner très
spécifiquement la période de 18 mois. Mais on peut...je veux bien
prendre les renseignements que vous nous donnez.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Entre 1957 et 1989, l'écart
était de moins un, 1,25.
M. Léonard: Ouais, O.K.
Mme Gagnon-Tremblay: Et, entre 1974 et 1988, l'écart
était de moins un, 0,78.
M. Léonard: 1,78.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Entre 1974 et 1988.
M. Léonard: C'est considérable. Mme Gagnon-Tremblay:
Oui.
M. Léonard: Sur quoi, ça? On est à 20 000
000 000 $, dans ce compte-là?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le sous-ministre.
Oui.
M. Rhéaume (Alain): Pour répondre
précisément à la question que vous avez posée,
suite à la correction boursière importante de la fin de
l'année 1987, le taux de rendement des sommes déposées
à la Caisse de dépôt a été, en 1987 et en
1988 notamment, inférieur, c'est-à-dire... c'est ça,
inférieur au taux de nos emprunts, O.K.? pour cette courte
période-là, cette courte période-là étant
incluse dans les données que la ministre vient de vous mentionner pour
la période 1974-1988. Par exemple, on note que, sur la période
1974-1988, les taux de rendement ont présenté un écart en
faveur du coût moyen des emprunts du gouvernement par rapport au
rendement des fonds déposés à la Caisse de
dépôt de 1,78 point de pourcentage. Sur une plus longue
période, qui a été la période dans laquelle on a
fait toute l'analyse, c'était 1,25 point de pourcentage de 1957 à
1989.
L'explication à ça est relativement simple. Dans le fond,
on a, à la Caisse de dépôt, un portefeuille très
diversifié.
M. Léonard: Très diversifié.
M. Rhéaume (Alain): Très diversifié...
M. Léonard: O.K.
M. Rhéaume (Alain): ...où, dans le fond, les
placements sont composés d'obligations, à peu près pour la
moitié, 47 %. les valeurs à court terme, pour à peu
près 3 %; les hypothèques, à peu près 3 %; les
immeubles, autour de 5 %. il y a 30 % d'actions canadiennes et 11 % d'actions
étrangères là-dedans. alors, il est clair qu'un
portefeuille diversifié comme celui-là va, en longue
période, rapporter plus qu'un portefeuille qui serait composé
uniquement de titres de dettes gouvernementaux comme ceux que le québec
émet sur les marchés. alors, la composition de la dette du
gouvernement, ça représente essentiellement un risque pour celui
qui achète les titres du gouvernement, ça représente un
risque gouvernemental, un risque obligataire qui est moindre et qui commande
donc des rendements moins élevés que des placements
effectués sur les marchés boursiers, par exemple, qui comptent
quand même pour une pondération importante dans les placements de
la caisse de dépôt. donc, c'est clair qu'à long terme
ça ne peut faire autrement que le rendement de la caisse de
dépôt soit supérieur au coût des emprunts du
gouvernement.
M. Léonard: Je reviendrai sur la dernière
affirmation. Mais juste, quand même, comme curiosité, vous avez
dit que vous avez examiné les rendements de la Caisse de
dépôt de 1957 à 1989. La Caisse de dépôt, en
1957, n'existait pas. (20 h 30)
M. Rhéaume (Alain): Non, je m'excuse. Ce n'est pas les
rendements de la Caisse de dépôt qu'on a examinés, c'est
les rendements des indices qui se rapportent à la distribution du
portefeuille de la Caisse de dépôt. Donc, si la Caisse de
dépôt avait investi dans ce temps-là...
M. Léonard: C'est correct. Vous corrigerez Mme la
ministre, là.
M. Rhéaume (Alain): ...avec la même composition de
portefeuille qu'elle applique maintenant, ce sont les rendements qu'elle aurait
obtenus à l'époque.
Le Président (M. Lemieux): Mais la Caisse de
dépôt a été créée en 1960?
M. Rhéaume (Alain): En 1966.
Le Président (M. Lemieux): En 1966, sous Lesage.
M. Léonard: 1966, la Caisse de dépôt et
placement...
Le Président (M. Lemieux): 1966, O.K. Sous Lesage, oui.
Ça va, M. le député de Labelle? Avez-vous d'autres...
M. Léonard: Oui, mais ça ne répond pas... Il
reste quand même que... Revenons à la période de 18 mois;
si vous aviez tout de suite décidé de scinder, vous auriez pu
procéder plus rapidement.
M. Rhéaume (Alain): Si on avait
décidé...
M. Léonard: Décidé tout de suite de scinder
les deux mesures. C'est parce que, en attendant, vous avez perdu une
économie potentielle que vous voulez réaliser par le projet de
loi. Au fond, là, on est devant un retard à procéder de 18
mois qui a fait que tout l'effet de la loi s'est trouvé
décalé. Si c'est une bonne loi, puis qu'elle a été
annoncée il y a 18 mois, pourquoi, dans le mois suivant, par exemple, on
n'a pas pris les dispositions pour procéder très rapidement?
Parce que vous n'y avez pas pensé tout de suite, c'est ça?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est surtout parce que les mesures
étaient présentées, elles devaient faire l'objet d'une
seule loi, et que c'est par la suite, suite à des négociations
avec le syndicat qu'on s'est rendus compte qu'on aurait des difficultés,
donc on a préféré retarder par la suite. Je pense que
c'est ça qui est l'explication à donner.
M. Léonard: Oui, ça coûte cher, ça!
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous pouvez
compléter, M. le sous-ministre.
M. Rhéaume (Alain): Si je pouvais compléter avec
les données qu'on a à l'égard de l'année 1992-1993.
Si on l'avait fait l'année passée, en 1992-1993, c'était
une année où le coût de notre dette, le coût moyen
des emprunts du gouvernement s'est élevé à 7,8 %, et le
coût en intérêts qui a été imputé sur
le compte des régimes de retraite à partir des rendements de la
Caisse de dépôt a été de 7,06 %. Donc si on avait
déposé des sommes, ça nous aurait coûté de
l'argent l'année passée plutôt que d'en sauver.
M. Léonard: L'an passé. Puis c'a changé
quand cette année? À quel moment?
M. Rhéaume (Alain): C'est-à-dire que ce n'est pas
possible évidemment, là, de compter ça au mois, le
rendement de la Caisse de dépôt, avec le coût moyen des
emprunts du gouvernement, mais ce qu'on prévoit c'est que, sur
l'année 1993-1994, si on commence à déposer cette
année, on aura des économies de l'ordre de 3 000 000 $ pour
l'année 1993-1994.
M. Léonard: donc, on est train de rentrer dans le sujet du
projet de loi, en fait. ce que ça veut dire, c'est que dépendant
du taux d'escompte de la banque du canada et de l'évolution du taux
d'escompte, vous avez soit un avantage soit un désavantage. et, au fond,
vous ne trouvez pas ça dangereux de passer une loi qui vous contraint de
procéder en plaçant à la caisse de dépôt
alors que la flexibilité pourrait être très, très
différente et les résultats très différents s'il y
avait la flexibilité, parce que, là, le coût de ces
emprunts au gouvernement, à l'heure actuelle, ne doit plus être de
7,8 %, il doit être de l'ordre de il doit avoir baissé,
là à moyen terme, 6 %, puis peut-être même un
peu en bas de 6 %, à l'heure actuelle.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est pour ça justement que le projet
de loi prévoit suffisamment de flexibilité pour permettre au
gouvernement d'injecter les sommes qu'il veut, dépendamment des
marchés, puis aussi, si, une année, par exemple, ce n'est pas
rentable de le faire, on n'est pas obligés de le faire. Alors, c'est que
dans ce projet de loi, il y a suffisamment de flexibilité pour pouvoir
le faire quand c'est avantageux, mais ne pas le faire quand ce n'est pas
avantageux. Et c'est sur une longue période finalement qu'on pense que
les
1,25 point... même, on prétend que ça sera
probablement supérieur parce que, comme tout à l'heure, je vous
ai donné la moyenne d'une longue période, on pourra faire les
économies qu'on pense qu'on pourra faire.
M. Léonard: Si vous dites que vous avez utilisé
votre flexibilité, il y a des années où ça va
passer sur la dette directe du gouvernement puis d'autres années
où ça va être inscrit au compte de régimes de
retraite, ou vous voulez vraiment tout faire disparaître du compte de
régimes de retraite?
M. Rhéaume (Alain): Alain Rhéaume, pour la ministre
des Finances. Ce qu'il faut retenir, c'est que le compte des régimes de
retraite va toujours continuer d'accumuler les sommes à payer par le
gouvernement. Les dépôts en question, à la Caisse de
dépôt, vont former un fonds d'amortissement pour faire face aux
déboursés qu'on fera à même le compte des
régimes de retraite. Donc, le compte des régimes de retraite,
lui, il continue de s'accumuler au même rythme, sauf qu'il y a, en
dépôt à la Caisse de dépôt, des sommes qui
vont être destinées à pourvoir les paiements qu'on devra
faire à même le compte des régimes de retraite, exactement
comme dans le cas de la dette directe du gouvernement où, dans le cas de
certains emprunts, le gouvernement doit déposer des sommes dans un fonds
d'amortissement pour pourvoir au remboursement éventuel de ces
emprunts.
Ce que le projet de loi accorde comme flexibilité, c'est qu'il
donne le pouvoir au ministre des Finances de déposer des sommes dans un
fonds d'amortissement au rythme qu'il détermine, en tenant compte
évidemment des coûts relatifs des nouveaux emprunts, de la
capacité des marchés financiers à absorber des emprunts
additionnels, de la situation financière du gouvernement et de la gamme
des instruments financiers qui sont disponibles sur les marchés. Donc,
autorise le ministre des Finances à déposer des sommes qui
formeront un fonds d'amortissement afin de pourvoir au paiement des
déboursés qui seront faits à même le compte non
budgétaire.
M. Léonard: Prenons le budget 1993-1994. Vous avez: Compte
des régimes de retraite, contributions et cotisations: 2 774 000 000 $;
prestations et autres paiements, donc les déboursés: 1 180 000
000 $. Au net, le gouvernement...
Le Président (M. Lemieux): Quelle page, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Ah, excusez! Page 14. La page synthèse.
La synthèse des opérations financières au 30 septembre,
que, sûrement, vous connaissez bien. Vous connaissez au moins les
chiffres de la dernière ligne, en bas. Alors, je reprends, si on veut me
suivre. Le compte des régimes de retraite, prévisions 1993-1994,
2 774 000 000 $, que ça devrait coûter dans l'ensemble, moins les
prestations et autres, c'est-à-dire les contribu- tions et cotisations
au total, moins les prestations et autres paiements: 1 180 000 000 $. Donc, ce
qui va s'additionner aux régimes de retraite, 1 594 000 000 $. Par
exemple, cette année, combien pensez-vous que vous allez déposer
en fonds d'amortissement à la Caisse de dépôt et placement
pour couvrir éventuellement ces 1 594 000 000 $? Le total? Plus ou
moins?
M. Rhéaume (Alain): Prenons un exemple. Il était
dans nos plans, si on se fie à la façon dont ont
été calculées les économies, le montant de
référence est un montant de 850 000 000 $, que l'on
prévoyait, à peu près la moitié, emprunter sur les
marchés pour les déposer. Ce qui se produit à ce
moment-là, c'est que, quand c'est déposé à la
Caisse de dépôt, ça crée un fonds d'amortissement
qui pourrait être utilisé sans rien changer aux chiffres, par
exemple, 2 774 000 000 $...
M. Léonard: O.K.
M. Rhéaume (Alain): ...et 1 180 000 000 $, qui pourraient
être utilisés par le gouvernement pour payer les 1 180 000 000 $.
Donc, on pourra faire, quand le fonds d'amortissement sera suffisamment pourvu,
on pourra faire un retrait à partir du fonds d'amortissement...
M. Léonard: Pour payer les 1 180 000 000 $.
M. Rhéaume (Alain): ...pour payer les 1 180 000 000 $ de
déboursés, tout simplement. Donc, ça ne change pas le
chiffre ni des contributions et cotisations ni des prestations et autres
paiements; ce n'est qu'un moyen pour...
M. Léonard: Dans ce cas-là, ça veut dire que
vous allez emprunter beaucoup plus sur le marché que maintenant.
M. Rhéaume (Alain): Dans l'exemple que je viens de donner,
on emprunterait 850 000 000 $...
M. Léonard: 50 000 000 $ de plus.
M. Rhéaume (Alain): ...de plus sur les marchés
financiers, aux fins de le déposer.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour le déposer.
M. Léonard: C'est correct. Mais comme, cette année,
j'ai vu qu'à plusieurs occasions vous étiez allés sur les
marchés étrangers pour vous financer, cela indique que vous avez
quelques difficultés sur les marchés intérieurs ou, en
tout cas, qu'au moment où vous faites l'emprunt les taux
d'intérêt sont moins élevés ailleurs qu'ici au
Québec. Est-ce que le gouvernement ne serait pas porté à
aller de plus en plus vers les marchés étrangers, compte tenu des
emprunts de plus en plus lourds du gouvernement fédéral sur le
marché interne?
Ce n'est pas une tendance qui risque de se produire à terme et
d'affaiblir notre position ou d'augmenter notre vulnérabilité par
rapport aux emprunts étrangers?
Mme Gagnon-Tremblay: Pas avec le mécanisme, finalement,
qu'on utilise maintenant, et je pense que M. Rhéaume pourrait
l'expliquer. Mais le fait maintenant qu'on transfère en devises
canadiennes...
M. Léonard: II va dire que c'est «edgy».
(20 h 40)
M. Rhéaume (Alain): II faut distinguer le processus de
lever des fonds sur les marchés d'avec la structure de la dette du
gouvernement. Effectivement, il peut arriver que l'on emprunte plus à
l'étranger ou moins à l'étranger, une année
donnée. Ce qui compte, c'est quelle est la structure des engagements du
gouvernement relatifs à sa dette? Autrement dit, en quelle monnaie
est-il exposé? À taux fixe ou à taux flottant?
Aujourd'hui, avec les techniques, les instruments qui sont disponibles, on peut
modifier la structure de la dette et aller lever les fonds dans les
marchés où les fonds sont disponibles à moins cher puis
transformer, avec les instruments dérivés, les produits
dérivés ou des instruments synthétiques, transformer cet
emprunt-là qui est fait dans des monnaies étrangères pour
le ramener dans une certaine proportion qui est celle qu'on désire, en
dollars canadiens, à taux fixe ou à taux flottant, de sorte qu'on
peut agir, indépendamment de la levée de fonds, sur la structure
de la dette. Finalement, ce qu'on recherche, c'est une structure de dette qui
soit optimale en termes de coûts, et on gère cette structure de
dette là, on l'atteint avec les instruments dérivés
après avoir levé les emprunts du gouvernement sur les
marchés où ils coûtent le moins cher.
Quant au montant total d'emprunts, là, qui devront être
faits pour permettre de faire les dépôts auxquels on pense
on parlait, là... Je parlais, dans l'exemple, de 800 000 000 $ ou 850
000 000 $ pour l'année 1993-1994, il faut se rappeler aussi que
le portefeuille de placements de la Caisse de dépôt comprend la
moitié, à toutes fins utiles...
M. Léonard: 47 %, vous avez dit.
M. Rhéaume (Alain): 47 % qui sont placés en
obligations du gouvernement. donc, il y a 47 % des emprunts qu'on utilisera
pour faire ces dépôts-là qui vont... 47 % des sommes qui
vont nous être «reprêtées» directement par la
caisse de dépôt, donc, ne rajouter aucune pression sur quelque
marché financier que ce soit. le reste des sommes devra être
levé et c'est là que l'élément
flexibilité devient important. c'est-à-dire qu'il faut tenir
compte de la capacité d'absorption des marchés et des conditions
financières qui prévalent à un moment donné
donc, sera levé sur les marchés financiers ordinaires,
domestiques ou étrangers, selon le meilleur coût qu'on peut
obtenir, puis, de ces engagements-là, transformer, à l'aide des
instruments de gestion de dette, dans la structure qu'on juge optimale.
M. Léonard: Bien là, j'ai un peu le goût de
vous poser une question. Je devine un peu la réponse mais, quand
même. Vous mettez, supposons, 850 000 000 $ à la Caisse de
dépôt et placement, qui vous en «reprête» 400
000 000 $, en gros. Quelle est l'idée? Pourquoi ne pas aller uniquement
à 450 000 000 $? C'est juste parce que c'est elle. Elle va conserver le
même équilibre de ses placements?
M. Rhéaume (Alain): Essentiellement, une partie des
placements de la Caisse de dépôt, une partie importante, c'est
d'être placée en obligations du gouvernement. Donc, on ne peut pas
dire: On n'empruntera pas cette partie là, et on ne la déposera
pas parce que, pour que la Caisse de dépôt puisse avoir son
portefeuille de placements équilibré, elle doit avoir...
M. Léonard: 47...
M. Rhéaume (Alain): ...dans ses placements, 47 % de titres
du gouvernement. Pour le gouvernement, ça ne change rien,
finalement.
M. Léonard: Ça va vous coûter combien d'aller
là-bas puis de revenir, le 400 000 000 $?
M. Rhéaume (Alain): Ça va coûter, là,
dans le fond, une somme comme celle-là, là, ça se fait
dans une seule transaction, là, avec la Caisse de dépôt,
emprunter 400 000 000 $ par placement privé auprès de la Caisse
de dépôt. C'est pour... On emprunte, là, ces
sommes-là dans une seule transaction avec la Caisse de
dépôt. Donc, c'est une transaction d'emprunt ou un placement ou
bien, simplement, d'augmenter une des transactions actuelles d'emprunt qui est
faite entre le gouvernement et la Caisse de dépôt d'une somme
semblable, là. Donc, ça ne génère pas
nécessairement un volume de travail additionnel.
M. Léonard: Oui, mais la différence entre le prix,
le taux de rendement de votre placement puis le prix des obligations, le taux
d'intérêt de l'obligation chargé par la Caisse de
dépôt, est-ce qu'il va être significatif ou s'il va
être nul ou qu'il y aura juste des. frais d'administration pour la
transaction?
M. Rhéaume (Alain): C'est-à-dire que le taux des...
Quand la Caisse de dépôt place en titres du gouvernement, elle
achète nos obligations sur le marché.
M. Léonard: Oui.
M. Rhéaume (Alain): Donc, il n'y a pas de primes
associées à ça. Il n'y a pas de frais administratifs,
même, là. Je veux dire que ça se fait exactement au
taux qu'on emprunte sur les marchés. Les seuls frais qu'il peut y
avoir, là, c'est d'écrire le papier, là, pour faire un
contrat d'emprunt, à supposer qu'on en fasse un additionnel.
M. Léonard: Donc, ça va être exactement au
même taux d'intérêt?
M. Rhéaume (Alain): Exactement au même taux.
Exactement au même taux. D'ailleurs, la Caisse de dépôt
achète toujours les titres du gouvernement au même taux que les
titres de référence sur le marché.
M. Léonard: Mais cela implique cependant que le taux de
rendement, si vraiment il est 1,25 %, sur le reste des placements, c'est 2,5 %
ou à peu près, ce qui est le double du rendement net,
supérieur au coût des obligations?
M. Rhéaume (Alain): Effectivement. On se rend compte, par
exemple, là, que si on prend la période de
référence 1974-1988, les placements de la Caisse en immeubles,
par exemple, rapportent trois points de pourcentage de plus. Ses placements en
actions canadiennes rapportent trois points de pourcentage de plus que ses
placements en obligations. Et ses placements en actions
étrangères rapportent presque sept points de base de plus que ses
placements en obligations. Il est sûr que, pour ce rendement
supplémentaire là, la Caisse encourt, comme n'importe quel
investisseur, un risque additionnel. Mais le taux des placements en obligations
du gouvernement est le même taux que le coût des emprunts du
gouvernement. Et le «spread» se bâtit justement sur des
rendements supérieurs dans les titres autres que les emprunts, que les
titres de dettes du gouvernement.
M. Léonard: Mais ça, ça peut amener...
Est-ce que les 11 % en placements étrangers de la Caisse de
dépôt, c'est un pourcentage qui est assez fixe, qui est une
directive du ministre des Finances? Ou, si ce n'est pas une directive du
ministre des Finances, est-ce que la Caisse de dépôt pourrait
décider, pour augmenter son rendement net, d'augmenter ses placements
à l'étranger jusqu'à 25 % et de le faire au
détriment des placements canadiens ou québécois?
M. Rhéaume (Alain): La Caisse de dépôt suit
la politique de placement qui lui est dictée par ses déposants.
Parce que, dans le fond, les gens qui déposent des sommes à la
Caisse de dépôt donnent des indications à la Caisse de
dépôt à savoir comment ils veulent voir placées les
sommes qui sont déposées. Donc, dépendam-ment des fonds,
la Caisse de dépôt reçoit des indications de la part de ses
déposants sur comment faire l'allocation d'actifs. Les chiffres que j'ai
donnés...
M. Léonard: Oui, mais ça, ce sont certains fonds,
ce ne sont pas tous les fonds. Le gouvernement lui-même, c'est le
principal bailleur de fonds de la Caisse de dépôt, donc c'est lui
qui va donner des directives très précises sur le rendement.
Parce que le gouvernement va être intéressé lui-même
à ce que la Caisse de dépôt place à
l'étranger si le rendement net est de sept points supérieur
à celui des obligations.
M. Rhéaume (Alain): Comme tous les autres
déposants, le gouvernement pourra donner...
M. Léonard: On va devenir un gouvernement de rentiers!
M. Rhéaume (Alain): ...à la Caisse des indications
sur la politique de placement à suivre pour les sommes que le
gouvernement lui-même va déposer. Les autres, par exemple...
M. Léonard: O.K.
M. Rhéaume (Alain): ...les cotisations des employés
au régime de retraite qui sont déposées à la Caisse
de dépôt, le comité de retraite indique à la Caisse
de dépôt...
M. Léonard: Ça, c'est la CARRA.
M. Rhéaume (Alain): ...les balises à suivre. C'est
ça. C'est le comité de retraite, qui est présidé
par le président de la CARRA, qui donne des indications quant à
la politique de placement à suivre.
De la même manière, le gouvernement, pour les sommes qu'il
aura déposées pour créer son propre fonds d'amortissement,
pourra donner des indications. S'il s'avère que la politique de
placement...
M. Léonard: Est-ce que je peux rajouter, M. le
sous-ministre, que dans le cas de la SAAQ, comme vous avez déjà
la main dans le sac, vous allez aussi donner des directives à la Caisse
de dépôt pour les placements qu'elle aura.
M. Rhéaume (Alain): Effectivement, le gouvernement va
donner des directives pour toutes les sommes qui sont déposées
à son nom. En conséquence, si on a une politique de placement
différente de celle, par exemple, des fonds des employés, en
étant plus risquée, par exemple, en indiquant une politique de
placement qui serait à plus forte composition en actions ou à
plus forte composition en actions étrangères, c'est plus
risqué. Si on fait plus de rendement...
M. Léonard: Oui.
M. Rhéaume (Alain): ...ce sera au bénéfice
du gouvernement. S'il s'avérait que le gouvernement fasse moins de
rendement, il devra effectivement en subir les conséquences. (20 h
50)
M. Léonard: Vous, là, quand vous allez augmenter
vos emprunts de 850 000 000 $, par exemple...
M. Rhéaume (Alain): Par exemple.
M. Léonard: ...est-ce que ça n'imprimera pas une
pression sur les taux d'intérêt du Québec? En d'autres
termes, est-ce que ce n'est pas l'ensemble des emprunts du gouvernement qui
vont payer une partie de l'économie que vous allez réaliser, au
fond? Puis, là, ça s'équilibre?
M. Rhéaume (Alain): De là vient la
nécessité d'avoir de la flexibilité pour pouvoir s'adapter
aux conditions des marchés. On peut noter, par exemple...
M. Léonard: Donc, vous admettez mon point.
M. Rhéaume (Alain): C'est-à-dire qu'il y a une
possibilité que ça fasse ça. Si c'était pour avoir
cet effet-là, il faut évaluer combien d'argent additionnel on
peut placer sur les marchés. Par exemple, est-ce que 400 000 000 $
additionnels seraient susceptibles d'amener une pression à la hausse sur
les taux d'intérêt pour l'ensemble du programme d'emprunt? Ce
qu'il faut noter... L'année dernière, le gouvernement a
emprunté, vous vous souvenez, si on regarde les données de la fin
de l'année, au 31 mars passé, en avances, près de 2 000
000 000 $. Donc, le programme d'emprunt qui aurait été requis
seulement pour l'année passée, on a pu devancer des emprunts de
l'année 1993-1994 en 1992-1993 pour 1 900 000 000 $ sans ajouter de
pression additionnelle sur l'ensemble des taux d'intérêt.
Pour cette année, par exemple, au moment où on se parle,
l'ensemble du programme d'emprunt sur les marchés publics est
déjà complété à 99 % près. Donc, on
pourrait faire de nouveaux emprunts, soit pour emprunter d'avance pour combler
des besoins financiers de l'an prochain, soit pour déposer des sommes
à la Caisse de dépôt sans accroître la pression sur
les marchés à ce moment-ci, il nous reste trois mois et demi
à courir dans l'année financière et le programme d'emprunt
est complété.
M. Léonard: Oui, mais vous aviez fait un programme
d'emprunt de 2 000 000 000 $ juste à la fin de l'année 1992-1993,
à la fin de mars.
M. Rhéaume (Alain): On peut encore faire ça. M.
Léonard: Oui, c'est ça.
M. Rhéaume (Alain): On peut encore faire ça,
déposer à la Caisse de dépôt et repartir la nouvelle
année avec un programme d'emprunt qui aurait été
déjà pourvu par avance ou bien, si on le dépose à
la Caisse de dépôt, qui sera à faire pour l'année
prochaine.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Labelle?
Étude détaillée Placement de
partie du fonds consolidé
J'appelle l'article 1 du projet de loi 134. L'article 1 est-il
adopté?
M. Léonard: Wo! M. le Président, on va le lire.
Vous pourriez le lire, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Prenez tout votre temps, M. le
député de Labelle. Si vous voulez, M. le député de
Limoilou, vous pouvez la faire.
M. Léonard: Pardon?
M. Després: Je lui demandais de lire l'article.
M. Léonard: Une directive?
M. Després: Non, je lui demandais de lire l'article.
M. Léonard: Ah!
(Consultation)
M. Léonard: Jusqu'à concurrence des sommes qui sont
comptabilisées au compte non budgétaire des régimes de
retraite. Donc, la limite que vous mettez dans la loi c'est 2 774 000 000 $ ou
1 594 000 000 $?
M. Rhéaume (Alain): Non, c'est ni l'un ni l'autre. Il y a
20 000 000 000 $ actuellement dans le compte donc...
M. Léonard: Ah! C'est le 20 000 000 000 $... c'est le
total. Ce n'est pas sur une base annuelle.
M. Rhéaume (Alain): Ce n'est pas sur une base annuelle,
c'est pour que le fonds d'amortissement ne soit jamais plus grand que le
montant qu'il est destiné à pourvoir là, simplement. Donc,
si les opportunités étaient là, comme on a
déjà mis 20 000 000 000 $ dans le compte des régimes de
retraite, il n'y a rien qui dit qu'on doit se limiter à l'accroissement
annuel. Je veux dire, si l'opportunité se présentait d'emprunter
davantage et de pouvoir placer davantage, on réaliserait non seulement
une économie en rapport avec le nouveau montant d'engagement qui s'en va
dans le compte non budgétaire mais aussi sur la portion qui y est
déjà.
M. Léonard: Mais si vous faites vraiment une
économie du type 1,25 point de pourcentage, vous allez le faire au
total...
M. Rhéaume (Alain): On va essayer de...
M. Léonard: ...vous allez transformer 20 000 000 000 $ de
dette sur les comptes de retraites en dette directe?
M. Rhéaume (Alain): Sur une période,
évidemment, qui permettrait l'absorption par les marchés
financiers, ça serait l'objectif. Parce que chaque dollar dans le compte
non budgétaire coûte plus cher que 1 $, à terme, là,
coûte plus cher que 1 $ emprunté sur les marchés, en termes
de financement.
M. Léonard: Ça n'a pas d'impact sur les cotes,
c'est la même dette.
Mme Gagnon-Tremblay: La même dette qui...
M. Rhéaume (Alain): Les agences de cotation de
crédit, pour juger l'endettement du gouvernement, considèrent
déjà la dette totale, c'est-à-dire la dette directe
empruntée sur les marchés plus le compte non budgétaire
des régimes de retraite. Et, les agences voient évidemment,
là, l'économie qui peut être réalisée comme
un point positif, c'est-à-dire que la même dette totale
coûterait moins cher. Donc, c'est un point positif.
(Consultation)
M. Léonard: Le gouvernement charge des frais
d'administration sur ces fonds, par exemple pour les emprunts qu'il fait au nom
des municipalités. Est-ce qu'il va donner des frais aussi à la
Caisse de dépôt et de placement pour administrer ses propres
emprunts?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est une bonne question.
M. Rhéaume (Alain): Les emprunts du gouvernement
effectués auprès de la Caisse de dépôt, comme je le
disais tout à l'heure, ne comportent pas de frais particuliers.
M. Léonard: Vous l'exigez des autres mais vous, vous ne
payez pas.
M. Rhéaume (Alain): Quand la Caisse de dépôt
achète des titres n'importe où, qu'ils soient du secteur public
ou du secteur privé, elle ne charge pas une prime, elle paie le prix du
marché.
M. Léonard: Oui, il faut savoir qui a la meilleure cote de
crédit, c'est peut-être la Caisse de dépôt.
M. Rhéaume (Alain): Mais la Caisse de dépôt
étant un organisme de placement...
M. Léonard: Parce qu'au fond vous profitez de son
rendement, elle pourrait vous charger des choses, enfin...
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Adopté, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est très technique.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
Mme Gagnon-Tremblay: Je dis que c'est très technique.
M. Léonard: Ce n'est pas technique, non, c'est parce
que...
Le Président (M. Lemieux): Non, je pense que...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire que tout le
fonctionnement, c'est quand même une bonne part de complexité. Ce
n'est pas quelque chose qui est... Pour M. et Mme Tout le monde, qui nous
écoute, je vous avoue que...
Le Président (M. Lemieux): Mais M. le député
de Labelle est familier avec tout ça. Je ne suis pas inquiet pour le
député de Labelle.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est ça. Ce n'est pas complexe
pour le député de Labelle, mais pour les gens qui nous
écoutent...
M. Léonard: C'est parce que les jeunes ont un terme
très, très précis quand quelqu'un nous envoie des fleurs
comme ça... Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Non, non, mais je pense
que...
M. Léonard: Que je ne mentionnerai pas. Ha, ha, ha!
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 2 du projet de loi 134.
M. Léonard: Là, M. le Président, c'est
sûr que je ne retarderai pas ça d'une journée, parce
que...
Mme Gagnon-Tremblay: Bon!
Le Président (M. Lemieux): J'ai compris.
M. Léonard: ...compte tenu des économies dont on
nous parle, qui font saliver, je pense qu'on devrait
regretter amèrement que le gouvernement, que le ministère
des Finances n'ait pas amené sa loi avant ça ici. Je pense que
vous allez concourir avec moi, M. le Président, que c'est un retard qui
a coûté cher.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Alors, il est
adopté, l'article 2?
M. Léonard: Adopté, oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 2 est
adopté. Est-ce que le titre du projet de loi 134, Loi modifiant la Loi
sur l'administration financière, est adopté?
M. Léonard: Adopté.
Mme Gagnon-Tremblay: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi 134, Loi modifiant la Loi sur l'administration financière, est
adopté?
M. Léonard: Adopté.
Mme Gagnon-Tremblay: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Merci. Je
remercie les membres de cette commission parlementaire de leur participation
à l'étude du projet de loi d'intérêt public 134. Et
nous ajournons sine die, la commission ayant accompli le mandat qui lui avait
été fixé. Merci.
(Fin de la séance à 20 h 57)