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(Onze heures vingt-neuf minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! La commission du budget
et de l'administration... S'il vous plaît! La commission du budget et de
l'administration débute ses travaux. Le mandat de cette commission est
une consultation des intéressés et une étude
détaillée des projets de loi d'intérêt privé
289, 263, 292, 279, 231, 280 et 256.
Mme la secrétaire, est-ce que j'ai l'obligation de lire
textuellement chacun de ces bills ou, le fait que je les aie appelés par
numéro, ça va? Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire: Oui, il y a des remplacements. M. Bertrand
(Portneuf) est remplacé par M. Parizeau (L'Assomption); M.
Després (Limoilou) est remplacé par M. Doyon
(Louis-Hébert); M. Lazure (La Prairie) est remplacé par M. Garon
(Lévis). (11 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
secrétaire. Permettez-moi de vous rappeler brièvement les
règles de procédure qui régissent les bills privés.
Le député proposeur prendra d'abord la parole afin de
présenter le projet de loi, de même que les personnes qui
requièrent l'adoption de ce projet de loi. Le requérant ou les
requérants exposera ou exposeront ensuite les grandes lignes du projet
de loi en vue d'en faire ressortir le bien-fondé. La commission entendra
ensuite les autres intervenants, le cas échéant, et les membres
de cette commission parlementaire pourront échanger avec les
invités. Par la suite, nous procéderons à l'étude
de ce bill privé ou de ces bills privés article par article.
Projet de loi 289
Alors, nous allons appeler immédiatement le projet de loi
d'intérêt privé 289, Loi concernant le Groupe La
Laurentienne et le Mouvement des caisses Desjardins et modifiant la Loi
concernant le Mouvement des caisses Desjardins. Et, à ce que je sache,
je crois que le député proposeur est M. le député
de Saint-Louis, qui aura comme responsabilité de présenter ce
projet de loi puis, par la suite, le requérant devra en faire ressortir
le bien-fondé. Et s'il est nécessaire, le procureur nous donnera
des explications d'ordre juridique.
M. le député de Saint-Louis, la parole est à
vous.
Remarques préliminaires
M. Jacques Chagnon M. Chagnon: Je vous remercie, M. le
Président.
Je vais faire une présentation brève, parce que je sais
que plusieurs d'entre nous avons quelques questions à poser. M. le
Président, il me fait plaisir de présenter le projet de loi 289,
qui concerne évidemment, comme vous le savez, la fusion et
l'acquisition, plutôt, du Groupe La Laurentienne par le Mouvement
Desjardins.
Dans ce projet de loi, M. le Président, nous allons
étudier quatre chapitres, mais particulièrement les trois
premiers ont une importance qui est particulière. L'ancienne
Laurentienne vie et La Laurentienne Vie, pour ceux qui ont suivi les
débats journalistiques récents, la grand-mère et la
mère; cessions de contrôle et dispositions accessoires dans le
chapitre II; et, finalement, M. le Président, vous vous souviendrez que
nous avons ici adopté, en 1989, la Loi concernant le Mouvement des
caisses Desjardins qu'il nous faudra modifier pour faire en sorte que cette
société puisse faire l'acquisition qu'elle convoite.
M. le Président, j'ajoute que j'ai reçu le nom d'un
intervenant, M. Denis Moffet, professeur en sciences de l'administration
à l'Université Laval, qui nous fait savoir qu'il serait
intéressé à être entendu à la commission mais
qui ne peut pas venir avant 16 heures. C'est peut-être un problème
pour M. Moffet, mais, en tout cas, je vous le signale, puisque c'est là
un des intervenants qui a demandé à être entendu.
Je voudrais, pour le bénéfice de chacun des membres de
cette commission, faire valoir que le projet de loi a été
déposé dans les temps requis. Il a aussi été
étudié par l'Inspecteur général et le bureau de la
ministre déléguée aux Finances. Les avis publics ont
été publiés dans Le Soleil les 10, 17 et 24
septembre et le 1er octobre 1993.
Je voudrais finalement, M. le Président, vous présenter
les gens qui viennent représenter et viennent défendre le projet
de loi 289, soit, à ma droite, M. Humberto Santos, qui est
président et chef des opérations de la Caisse centrale; M. Claude
Béland, président du Mouvement Desjardins, M. Jacques Drouin,
président et chef des opérations de la compagnie La Laurentienne
et, finalement, M. Robert Normand les avis ont été
publiés dans le journal qu'il dirigeait à l'époque, si je
me souviens bien qui est aussi président du conseil
d'administration de La Laurentienne.
Alors, M. le Président, je demanderai peut-être à M.
Béland de nous faire la présentation du sujet qui nous
préoccupe ce matin.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis. Effectivement, Mme la secrétaire
m'avait informé qu'il y avait une personne intéressée, M.
Moffet, et que celui-ci avait présenté un
mémoire à la commission. Je ne sais pas si M. Moffet est
présent parmi nous, mais il devra comprendre que, dans un premier temps,
j'ai l'obligation réglementaire de faire entendre les requérants
et, par la suite, eu égard aux questions qui pourraient être
posées par les députés mmistériels et de
l'Opposition, on pourra entendre la personne intéressée qui est
M. Moffet. Alors, M. Béland, s'il vous plaît, nous vous
écoutons.
Exposé des requérants
M. Béland (Claude): M. le Président, je voudrais
d'abord vous remercier au nom du Mouvement Desjardins pour le temps que les
membres de la commission, ici, vont consacrer à l'étude du projet
de loi, un projet de loi qui, vous le devinez, représente pour nous un
moment important dans l'histoire de notre mouvement. Ce projet de loi va
permettre, après son adoption, de regrouper les actifs de La Corporation
du Groupe La Laurentienne et de La société financière des
caisses Desjardins dans le cadre d'une nouvelle société qui est
déjà créée, qui portera le nom de La
société financière Desjardins Laurentienne inc.
Dans cette dernière société, on va retrouver toutes
les filiales actuelles de La société financière des
caisses Desjardins, le secteur de l'assurance-vie du Groupe La Laurentienne et
la Banque La Laurentienne. De plus, une fois adopté, ce projet de loi
permettra également au Mouvement des caisses Desjardins de se porter
acquéreur de la totalité des actions de l'ancienne Laurentienne
vie. Donc, comme vous le voyez, il y a deux transactions qui nous occupent
actuellement, l'ancienne Laurentienne vie étant, comme vous le savez,
l'actionnaire principal de La Corporation du Groupe La Laurentienne. Par ce
regroupement, La société financière Desjardins
Laurentienne sera la plus importante institution financière au
Québec, la cinquième institution financière au Canada et
le plus important assureur sur la vie au Québec. D'ailleurs, par
l'organigramme illustré à la documentation de présentation
qui vous a été remise, vous êtes à même de
constater, je pense, l'importance de ce conglomérat qui sera
contrôlé directement et indirectement par le Mouvement des caisses
Desjardins dans une proportion d'environ 78,4 %.
À la SFDL, donc La société financière
Desjardins Laurentienne, les actifs représenteront environ 20 000 000
000 $, les actifs sous administration, plus de 40 000 000 000 $, avec des
revenus de plus de 4 000 000 000 $ et un avoir des actionnaires de près
de 800 000 000 $, et la nouvelle société regroupera plus de 13
000 employés. Donc, vous voyez que c'est quand même une entreprise
importante.
Donc, l'Assemblée nationale, en adoptant ce projet de loi,
permettra la création d'une société financière qui
desservira les populations du Québec et du Canada dans les secteurs
suivants: l'assurance-vie, l'assurance générale, les services de
fiducie, de courtage en valeurs mobilières et les services bancaires. De
plus, La société financière Desjardins Laurentienne aura
égale- ment une présence aux États-Unis et au Royaume-Uni
dans le secteur de l'assurance-vie.
Donc, l'adoption de ce projet de loi entre dans le cadre d'une offre
publique d'échange d'actions qui a été lancée par
La société financière Desjardins Laurentienne le 5
novembre dernier. Et, dans le contexte de l'offre et de la note d'information
qui l'accompagnait, il est prévu que cette offre-là est faite
conditionnellement à la réalisation de plusieurs
événements, dont l'adoption et l'entrée en vigueur d'une
loi d'intérêt privé permettant certains
élargissements quant à l'acquisition et à la
détention de placements par ces sociétés, d'où
notre présence devant vous aujourd'hui. En fait, on s'adresse à
l'Assemblée nationale pour que cette condition-là puisse se
réaliser parce que, si elle n'était pas acceptée par
l'Assemblée nationale, évidemment, ça forcerait le
Mouvement à se désister de son offre, ça va de soi,
puisqu'on n'aurait pas le pouvoir de faire la transaction. Notre demande vise
donc essentiellement plusieurs objectifs.
Elle veut d'abord libérer les principales composantes du Groupe
La Laurentienne des contraintes qui lui ont été imposées
déjà par la Loi concernant La Laurentienne, corporation mutuelle
de gestion, en ce qui concerne ce qui doit rester aux mains de La Laurentienne
en vertu de la loi. En outre, cette loi donne l'autorisation de cession de
contrôle que suppose le regroupement et permet les ajustements et les
élargissements statutaires appropriés de manière à
permettre la détention des placements ainsi acquis. Enfin, elle apporte
des modifications d'appoint à la Loi concernant le Mouvement des caisses
Desjardins, principalement afin de permettre à la
Confédération et à la Caisse centrale de donner le support
requis aux filiales nouvellement acquises, notamment par voie de souscription
à leur capital ou par voie de cautionnement. (11 h 40)
C'est une loi, évidemment, qui est très technique. En
fait, on la comprend mieux quand on regarde les deux organigrammes. Il s'agit
de regrouper deux financières, deux financières qui oeuvraient
dans des domaines similaires. Mais, pour le faire, comme je le disais, il y a
toute une série d'articles qu'il faut modifier dans nos lois
respectives. En particulier, je pourrais référer aux articles 6
à 12 du projet de loi. L'article 6 permet l'acquisition par La
société financière des caisses Desjardins des actions
détenues actuellement par le Mouvement dans le capital-actions de La
société financière Desjardins Laurentienne, puisqu'il
fallait qu'on les détienne avant de procéder au lancement de
l'offre. Par la suite, les articles 7 et 8 donnent à La
société financière des caisses Desjardins la
possibilité de transférer les actions qu'elle détient dans
ses filiales, soit le groupe Desjardins, assurances générales,
Trustco, Assurance-vie Desjardins et valeurs mobilières Desjardins, de
transférer ces actions-là à La société
financière Desjardins Laurentienne. Les articles 9, 10 et 11 permettent
l'acquisition par La société financière Desjardins
Laurentienne du contrôle de La Corporation du Groupe La Laurentienne
et de celui des personnes morales contrôlées par celle-ci
et le remplacement conséquent du placement de l'ancienne Laurentienne
vie qu'elle détenait dans La Corporation du Groupe La Laurentienne. Et
enfin, l'article 12 autorise l'acquisition des actions de l'ancienne
Laurentienne vie par La société financière des caisses
Desjardins.
Une fois ces acquisitions et ces placements permis par la loi, le
législateur, par les articles 15, 17 et 18, accorde certains
élargissements pour permettre à la Caisse centrale Desjardins
d'acquérir des actions privilégiées ou des titres
d'emprunt de l'ancienne Laurentienne vie pour assurer un appariement
ordonné de l'actif et du passif actuariels de cette dernière qui
n'aura comme objet que l'écoulement ordonné de son portefeuille
existant. Et l'article 15 permet de relever le Mouvement des caisses Desjardins
de la limite globale des cautionnements qu'il pourrait donner à
l'égard des engagements que La société financière
des caisses Desjardins sera appelée à prendre à
l'égard de l'ancienne Laurentienne vie.
En conclusion, nous croyons que le regroupement visé permet aux
deux groupes intéressés de créer une institution
financière d'importance, ayant une masse critique concurrentielle pour
faire face à la concurrence mondiale de plus en plus vive, de
créer un réseau de distribution de services financiers
pancanadien avec une base solide au Québec, et enfin d'obtenir des
synergies importantes, rendues nécessaires et impérieuses dans le
contexte économique actuel difficile, en permettant un meilleur
développement des affaires tout en réduisant les coûts des
activités.
Par l'adoption de cette loi, l'Assemblée nationale donnera aussi
au Mouvement des caisses Desjardins l'opportunité historique
d'élargir son champ d'action coopérative dans des réseaux
et des milieux qui auraient été autrement beaucoup plus longs et
plus difficiles à rejoindre, une autre occasion d'atteindre l'objectif
cher à tous du développement économique et social du
Québec et enfin un défi qu'il est en mesure de relever. Nous vous
en remercions à l'avance, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Béland. Est-ce
qu'il y a d'autres requérants qui désirent intervenir?
M. Drouin (Jacques A.): J'aimerais bien le faire.
Le Président (M. Lemieux): M. Drouin, s'il vous
plaît.
M. Drouin (Jacques A.): M. le Président, madame, MM. les
membres de la commission, je vous remercie également de nous recevoir ce
matin pour prendre connaissance de notre projet et entendre les motifs qui
justifient les transactions qui viennent de vous être exposées.
Vous venez d'entendre M. Béland vous expliquer la teneur de l'offre
faite par Desjardins, et j'aimerais maintenant vous expliquer pourquoi et
comment les entités du Groupe La Laurentienne seront favorisées
par ce projet.
Je demanderai également à M. Robert Normand, ici, à
mes côtés, de faire quelques commentaires sur la transaction. M.
Normand a agi à titre de président de deux comités
indépendants, l'un agissant au niveau de la corporation mutuelle de
gestion, l'autre au niveau de l'ancienne Laurentienne vie, pour évaluer
les propositions qui ont été faites et statuer sur leur
bien-fondé pour la compagnie et les mutualistes. Les experts que le
comité présidé par M. Normand a utilisés sont
également ici, derrière nous, et seront en mesure de
répondre à vos questions au besoin.
Nous avons également remis dans une pochette d'information des
documents assez complexes qui font état à la fois de l'offre de
Desjardins et des recommandations des conseils d'administration des
entités du Groupe La Laurentienne, tant aux mutualistes qu'aux
actionnaires, pour leur expliquer leur projet et leur faire des
recommandations. À l'intérieur de la pochette, nous avons
tenté de résumer succinctement l'abondante documentation qui vous
a été remise.
Permettez-moi maintenant de revenir à l'essentiel du sujet en
vous résumant les implications et les transactions proposées pour
le Groupe La Laurentienne. Comme l'a expliqué M. Béland,
Desjardins a fait au Groupe La Laurentienne deux propositions. La
première, d'une part, Desjardins offre à l'ensemble des
actionnaires de corporations du Groupe La Laurentienne, dont l'ancienne
Laurentienne vie est l'actionnaire principal, d'acquérir toutes les
actions en circulation de cette corporation en vue de la regrouper avec ses
propres entités financières pour former La société
financière Desjardins Laurentienne. L'ancienne Laurentienne vie a
accepté l'offre de Desjardins et est disposée à
échanger les actions qu'elle détient dans La Corporation du
Groupe La Laurentienne, conformément à l'option b offerte par
Desjardins.
La deuxième offre de Desjardins consiste à acquérir
la totalité des actions que la corporation mutuelle de gestion
détient dans l'ancienne Laurentienne vie. En termes clairs, ceci veut
dire céder le contrôle de notre groupe à Desjardins. En
contrepartie, Desjardins s'engage à maintenir un capital minimum de 30
000 000 $ dans la compagnie en y injectant au besoin jusqu'à 60 000 000
$. Desjardins s'est engagé à ne pas distribuer ou réduire
les bénéfices de la société et à maintenir
toutes les politiques commerciales envers ses assurés. En raison du
niveau de solvabilité élevé de l'ensemble du Groupe
Desjardins, ces contreparties ont énormément de valeur pour
garantir la sécurité financière des assurés et des
porteurs de contrats de l'ancienne Laurentienne vie. Comme vous le voyez, les
deux propositions sont relativement simples même si, sur le plan
technique, elles apparaissent fort compliquées.
Maintenant, pourquoi le Groupe La Laurentienne en est-il rendu à
prendre l'initiative de se regrouper avec Desjardins? Il y a pour cela deux
grands ordres de
raisons. D'abord, comme l'explique la circulaire que nous avons
envoyée aux mutualistes, de l'ancienne Lau-rentienne vie, cette
société, à titre de propriétaire principal de La
Corporation du Groupe La Laurentienne, se retrouve dans une situation où
son placement dans sa filiale a pris des proportions trop importantes et,
compte tenu de la conjoncture économique, la valeur et le rendement sur
ce placement auraient nécessité des injections de capitaux
substantielles dans l'ancienne Laurentienne vie. En raison de son
caractère mutuel, notre actionnaire principal n'est pas en mesure de
lever les capitaux nécessaires et devait trouver les moyens de monnayer
son placement à une valeur voisine de sa valeur aux livres. Il importait
que cette opération soit complétée avant la fin de
l'année courante.
La deuxième raison revêt un caractère plus
stratégique, comme en a fait état M. Béland. En effet, on
assiste présentement à un mouvement national et international de
consolidation des institutions financières en de larges unités
jouissant d'avantages concurrentiels considérables. Que l'on pense, au
Canada, au regroupement récent de la Banque Royale et du Trust Royal, de
la Banque TD et de Central Guaranty, pour ne mentionner que ces deux seuls cas.
Les grands ensembles financiers jouissent d'avantages de deux ordres
principaux: le coût de leur capital est plus bas et leurs frais unitaires
sont moins élevés. Dans un marché hautement concurrentiel,
ces avantages deviennent déterminants. De plus, les grandes
sociétés fortement capitalisées sont beaucoup mieux en
mesure de passer à travers les cycles économiques beaucoup plus
volatils que nous traversons ces années-ci.
Face à cette conjoncture, le Groupe La Laurentienne, comme il l'a
souvent fait dans le passé, a été pionnier et a pris les
devants. C'est nous qui avons pris l'initiative de rechercher un partenaire et
investisseur qui nous permettrait à la fois de constituer un grand
ensemble financier basé ici, au Québec, tout en solutionnant le
problème de bilan de notre propriétaire principal.
Avant d'entreprendre nos négociations avec Desjardins en avril
dernier, nous avons rencontré 11 groupes financiers différents
qui rencontraient nos critères. Parmi ces 11 groupes financiers, nous en
avons retenu cinq avec lesquels nous avons négocié de
façon sérieuse. À la fin d'avril dernier, j'entrais en
communication avec la direction de Desjardins pour en arriver à la
conclusion, au début de juillet, que cette alliance avec Desjardins
était celle qui offrait les meilleures perspectives, tant pour les
assurés de Laurentienne Vie que pour les actionnaires de La Corporation
du Groupe La Laurentienne. (11 h 50)
Comme l'a dit M. Béland, cette association nous permet de
créer le cinquième groupe financier en importance au Canada, le
cinquième assureur vie sur la scène canadienne, une entreprise de
taille internationale ayant son siège au Québec, une
présence partout au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Cette association nous permet de plus de protéger nos acquis, de
protéger nos assurés, de protéger la très grande
majorité des emplois et de poursuivre de façon dynamique le
développement du Groupe La Laurentienne à l'intérieur de
la grande famille Desjardins. Tout cela se situe donc dans la perspective d'une
continuité et permet de créer au Québec une institution
financière très solide.
Pour les membres de la corporation mutuelle de gestion, à savoir
les quelque 190 000 mutualistes, assurés et porteurs de contrat de La
Laurentienne Vie, quel est l'avantage d'une telle opération? Il y en a
plusieurs, et j'aimerais vous les énumérer. d'abord, l'ancienne
laurentienne vie détient un placement d'un peu plus de 300 000 000 $
dans la corporation du groupe la laurentienne. ce placement représente
environ 30 % des actifs de la compagnie et est un placement de bonne
qualité. cependant, le marché boursier l'avait
évalué avec une décote importante au cours des
dernières années, comme c'est d'ailleurs le cas de la plupart des
holdings financiers au canada. de plus, le rendement sur ce placement n'a pas
atteint le niveau escompté, et ce, pour toutes sortes de raisons, y
compris le climat économique difficile des trois dernières
années en particulier. cette réalité économique
aurait amené les actuaires à prendre des provisions actuarielles
qui auraient pu être supérieures au capital de l'ancienne
laurentienne vie. de là l'importance de remplacer ce placement dans la
corporation par des titres représentant une valeur voisine de la valeur
aux livres du placement et constitués d'instruments permettant
d'apparier les passifs de l'ancienne laurentienne vie pour les années
futures. la transaction desjardins permet d'arriver à ce but, et c'est
le premier bénéfice qu'en retirent les propriétaires de
l'ancienne laurentienne vie. deuxièmement, toutes les filiales de la
corporation du groupe la laurentienne sont en bonne santé
financière et leur rendement s'améliore d'année en
année, résultat des efforts de redressement et
d'amélioration graduelle de la conjoncture. l'une de nos filiales
faisait exception à la règle, et c'est notre filiale en assurance
de dommages. en effet, notre filiale en assurance de dommages oeuvrait dans le
domaine de la réassurance internationale. ce secteur d'activité a
connu une détérioration dramatique à l'échelle
mondiale depuis 1989. en effet, les catastrophes naturelles ont
coûté dans le monde, depuis les 20 dernières années,
entre 4000000000$et5000000000$par année. depuis 1989, les catastrophes
naturelles à l'échelle de la planète ont
coûté au-delà de 22 000 000 000 $ par année, une
multiplication par un facteur de cinq au niveau de la
«sinistralité». notre filiale, laurentienne
générale, n'a pas échappé à ce contexte
désastreux. dans le cadre de la transaction desjardins, nous avons
dû disposer du second bloc de 50 % que nous détenions dans
laurentienne générale en compensant l'acquéreur, le groupe
victoire, qui détenait déjà les premiers 50 %, d'une somme
d'environ 60 000 000 $. cette transaction a entraîné une perte
pour la corporation d'environ 50 000 000 $, qui a affecté directement la
situation de capital de l'ancienne laurentienne vie. il importe de
mentionner, toutefois, qu'en dehors de la réassurance
internationale les opérations canadiennes de Laurentienne
Générale vont très bien.
L'ensemble des facteurs qui sont expliqués dans la circulaire
d'information que vous avez en main ajoutés à l'effet de cette
dernière transaction et à l'impact des titres offerts par
Desjardins sur le bilan de l'ALV font que cette dernière va se retrouver
avec un capital minimal à la fin de l'année 1993. Ainsi donc, les
mutualistes retirent de l'opération les avantages suivants:
premièrement, des contreparties ayant une valeur voisine de la valeur
aux livres de leurs placements dans La Corporation du Groupe La Laurentienne;
deuxièmement, un engagement de Desjardins de souscrire 30 000 000 $ dans
le capital de l'ALV, ce montant pouvant aller jusqu'à 60 000 000 $ si
nécessaire; et, troisièmement, un engagement de la part de
Desjardins de respecter tous les contrats, tous les engagements, toutes les
politiques commerciales envers les assurés. étant donné la
situation financière difficile de l'alv en ce moment, ces propositions
sont éminemment avantageuses pour les mutualistes puisqu'elles leur
garantissent la pleine sécurité financière de tous les
engagements de la compagnie à leur endroit. ces propositions ont
été soumises à l'ensemble des mutualistes, dont
près de 30 000 se sont exprimés par voie de procuration
écrite et qui ont accepté les propositions qui leur ont
été faites à près de 94 % des voix
exprimées. je dois mentionner qu'à l'intérieur du
délai légal, par contre, qui se terminait le 19 novembre, nous
avons enregistré quelque 22 500 procurations qui comptaient sur le plan
légal, sur les 30 000 reçues jusqu'à la date de
l'assemblée, mardi dernier.
Bien sûr, nous avons examiné toutes sortes d'autres options
avant de conclure que la formule de regroupement proposée aujourd'hui
est la meilleure. Toute option de nature différente impliquait une
injection de capital importante dans l'ancienne Laurentienne vie. Or, il est
difficile de trouver preneur pour des injections de capitaux dans une mutuelle
puisqu'il s'agit de sociétés fermées dont la
liquidité des titres n'est pas assurée.
Nous en sommes venus ainsi à la conclusion que, même si
nous avions pu réussir à trouver une solution temporaire,
inévitablement, un jour ou l'autre, il nous aurait fallu faire face au
regroupement de notre mutuelle avec une autre institution financière
pour assurer sa permanence et réduire le poids de son placement dans sa
filiale.
La transaction que nous avons devant nous aujourd'hui nous permet de
prendre les devants, de réaliser la transaction à des valeurs
commerciales intéressantes et de constituer un pôle de
développement économique solide qui permet à La
Laurentienne et à ses propriétaires de protéger leurs
acquis et de protéger les intérêts de toutes les personnes
intéressées à son avenir.
Vous me permettrez maintenant d'inviter M. Robert Normand à vous
faire quelques commentaires sur l'étude que le comité
indépendant a faite des propositions de Desjardins et des avis d'experts
que nous avons obtenus.
Le Président (M. Lemieux): M. Normand, s'il vous
plaît.
M. Normand (Robert): M. le Président, mesdames, messieurs,
je suis associé au monde de La Laurentienne depuis environ cinq ans.
J'étais membre du conseil d'administration jusqu'en mai dernier de la
Laurentienne financière. Je présidais même le comité
de vérification. En mai dernier, étant donné les
discussions qui s'amorçaient à l'horizon, j'ai
démissionné de la Laurentienne financière pour me
consacrer exclusivement, dans le monde de La Laurentienne, aux travaux et aux
intérêts de l'ancienne Laurentienne vie et de la corporation
mutuelle de gestion.
En mai dernier, ces deux institutions, ces deux compagnies ont
formé deux comités constitués d'administrateurs
indépendants dont le mandat visait à s'assurer que les
transactions envisagées seraient conclues dans le meilleur
intérêt des entités corporatives impliquées, des
assurés de l'ancienne Laurentienne vie et des membres de la corporation
mutuelle de gestion. Ces deux comités que je présidais
comprenaient également comme membres Me Marcel Aubut, qui n'a pas besoin
de présentation, je pense, et M. Guy Desmarais, l'ancien
président de la firme de courtage Geoffrion, Leclerc.
Comme cela était permis par notre mandat, nous avons aussi retenu
les services d'experts externes afin de nous assister dans nos travaux. Ces
experts étaient, et ils sont présents ici, M. Robert Dowsett,
actuaire de la firme Mercer et également ancien président d'une
compagnie d'assurances, Me Pierre Legrand, avocat de chez Ogilvy, Renault, qui
n'est pas avec nous ce matin, et M. Charles Pelletier, comptable
agréé.
Nous avons déterminé le mandat de ces experts. Nous avons
ensuite eu des rencontres avec l'Inspecteur général des
institutions financières ainsi qu'avec le surintendant des assurances.
Nous avons discuté les mandats dont il s'agissait, nous les avons
modifiés pour accommoder les besoins du surintendant et de l'Inspecteur
et nous avons également transmis les rapports de ces experts à
l'Inspecteur général et au surintendant des assurances une fois
nos travaux terminés. Les sommaires des rapports de l'actuaire et du
comptable ont été présentés dans la circulaire
transmise aux mutualistes et des copies de ces rapports sont disponibles. Je
pense qu'elles vous ont été également transmises hier. Me
Pierre Legrand a joué un rôle de conseiller juridique
auprès des comités et n'a pas été requis de
produire un rapport écrit.
Les comités spéciaux ont donc analysé l'offre
publique d'échange de Desjardins et se sont penchés sur
l'opportunité pour l'ancienne Laurentienne vie de déposer, dans
le cadre de cette offre publique d'échange, la totalité des
actions qu'elle détient dans le capital-actions de La Corporation du
Groupe La Laurentienne. Cette transaction a été examinée
dans le contexte particulier où l'ancienne Laurentienne vie doit, au
plus tard le 31 décembre prochain, rendre plus liquide son placement
dans La Corporation du Groupe La Laurentienne.
Comme il est bien expliqué dans la circulaire
d'information, si aucune mesure n'avait été entreprise
avant le 31 décembre prochain, de nouvelles sources de capitaux devaient
être recherchées sans délai. Des discussions auraient
également dû, de plus, être entamées avec
l'Inspecteur général des institutions financières quant
aux solutions alternatives permettant de protéger les
intérêts des porteurs de contrats d'assurance et de rente de
l'ancienne Laurentienne vie. (12 heures)
Au terme des travaux qui ont été réalisés
par le comité indépendant assisté des experts, nous avons
recommandé au conseil de l'ancienne Laurentienne vie de déposer
ses actions dans le cadre de l'offre publique d'échange et d'opter pour
l'option b. Les titres offerts dans le cadre de cette option b permettront
à l'ancienne Laurentienne vie de remplacer son placement dans la
Corporation par des actions et des instruments de créance mieux
appariés à son passif. La conséquence du
dépôt par l'ancienne Laurentienne vie des actions qu'elle
détient dans la Corporation est de lui faire perdre le contrôle
qu'elle exerce sur La Corporation du Groupe La Laurentienne. En raison de la
loi d'intérêt privé qui régit la corporation
mutuelle de gestion, cette perte de contrôle ne peut s'opérer sans
le consentement des membres de la corporation mutuelle de gestion. Et, comme le
dit M. Drouin, ce consentement a été obtenu au niveau d'environ
94 %.
Le comité spécial de la mutuelle de gestion,
assisté également de ses experts, a effectivement aussi
analysé l'offre qui a été faite à l'actionnaire de
l'ancienne Laurentienne vie d'acquérir ces actions. Le premier souci des
membres du comité et des experts externes était de s'assurer que
la transaction était équitable pour les porteurs de contrats
d'assurance et de rente de l'ancienne Laurentienne vie. Il était
essentiel que cette transaction soit de nature à assurer le respect des
engagements pris par l'ancienne Laurentienne vie envers ses quelque 190 000
porteurs de contrats d'assurance et de rente.
Notre priorité était donc de nous convaincre que les
droits contractuels de l'ancienne Laurentienne vie envers ses assurés
seraient préservés. Au fur et à mesure de
l'évolution de nos travaux, nous avons dû par ailleurs
réaliser que les prérogatives des assurés comme membres de
la corporation mutuelle de gestion, c'est-à-dire le droit d'élire
les administrateurs de la CMG ainsi que la majorité des administrateurs
de l'ancienne Laurentienne vie et de La Laurentienne Vie inc. de même que
le droit de participer aux surplus en cas de liquidation ne pouvaient
être maintenues dans la situation particulière de l'ancienne
Laurentienne vie car son surplus n'était pas suffisant pour permettre
quelque distribution ou paiement de compensation aux membres.
Nos experts nous ont exprimé l'opinion, compte tenu des
engagements pris par La société financière des caisses
Desjardins, que les droits contractuels des propriétaires de contrats
d'assurance et de rente de l'ancienne Laurentienne vie étaient
protégés par la transaction. L'actuaire externe était
d'ailleurs d'avis, compte tenu de la situation financière future de
l'ancienne Laurentienne vie, que les membres de la corporation mutuelle de
gestion avaient tout intérêt à accepter les propositions
soumises à leur approbation.
À l'issue de ces travaux, au nom des membres des comités
spéciaux, j'ai recommandé au conseil d'administration de la CMG
et de Laurco d'accepter la proposition faite par La société
financière des caisses Desjardins relativement à l'acquisition
des actions de l'ancienne Laurentienne vie. Puisque le placement indirect, via
Laurco, de la mutuelle de gestion dans l'ancienne Laurentienne vie constitue le
seul élément d'actif de la mutuelle de gestion et qu'il n'y a
aucun surplus disponible pour distribution dans l'ancienne Laurentienne vie,
cette transaction entraîne donc la dissolution de Laurco et de la
mutuelle de gestion. Ces dispositions sont prévues dans le projet de loi
d'intérêt privé qui est devant vous aujourd'hui. le
transfert des actions et, par voie de conséquence, la dissolution de
laurco et de la mutuelle de gestion ne peuvent s'opérer sans le
consentement de la corporation mutuelle de gestion. ce consentement a
également fait l'objet d'un vote de la part des mutualistes, qui, comme
l'a mentionné m. drouin, a touché là aussi le niveau de 94
% d'approbation.
Voilà donc, M. le Président, mesdames, messieurs, le
résultat des études des comités indépendants qui se
sont penchés sur les deux propositions de Desjardins. Il ne fait pas
l'ombre d'un doute aux membres du comité et à ses experts qu'il
est dans le meilleur intérêt des mutualistes d'accepter les
propositions de Desjardins dans le contexte actuel. Il nous fera plaisir
d'élaborer plus en détail au besoin, si vous le souhaitez.
Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Normand. Mme la
ministre, vous avez quelques commentaires?
Discussion générale
Mme Robic: Oui. Merci, M. le Président. Tout d'abord, M.
le Président, pour souhaiter la bienvenue aux dirigeants et aux
administrateurs de La Laurentienne et du Mouvement Desjardins et à tous
ceux qui vous accompagnent ou qui veulent participer à ces discussions.
Et je comprends que les gens soient intéressés à ce genre
de transaction, puisque c'est une transaction de très grande envergure
et, bien sûr, une transaction fort complexe. M. le Président,
c'est la plus importante transaction de ce genre au Québec. Nous
créons ici un conglomérat financier, le plus important au
Québec et le cinquième en importance au Canada. Alors, que
ça suscite un intérêt, c'est tout à fait
compréhensible, M. le Président.
À l'heure de la globalisation des marchés et des alliances
stratégiques, cette transaction permettra à une institution
financière québécoise de pouvoir concurrencer, tant au
niveau national qu'international. Et, donc, à ce titre, M. le
Président, j'accueille favorablement cette transaction.
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame. Vous avez
terminé?
Mme Robic: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Westmount.
M. Holden: Merci, M. le Président. Je me joins à
Mme la ministre pour souhaiter la bienvenue, au nom de l'Opposition officielle.
Je crois que je parle pour l'Opposition officielle et le chef de l'Opposition
quand je dis que nous sommes très conscients de l'importance de ce
projet de loi et de la transaction que vous êtes en train de
compléter.
Vous parlez d'un comité indépendant d'experts. Vous
êtes devant une commission indépendante, peut-être moins
experte, mais quand même très intéressée au
résultat de nos délibérations. Nous sommes là pour
vous écouter et pour vous questionner, et c'est à vous de nous
convaincre de la validité de votre projet. Maintenant, jusqu'à il
y a deux jours, j'étais convaincu que toute cette transaction avait
été planifiée et étudiée dans la
lumière et dans la transparence. Mais depuis que j'ai appris, et nous
avons appris, par la voix des journaux, qu'il y avait une option ou une
commission payée ou à être payée... Je ne suis pas
tout à fait clair mais... Puisqu'on a compris qu'il y avait cette
commission de plus de 1 000 000 $ payée à M. Drouin,
malgré que, peut-être, juridiquement parlant, ça n'affecte
pas la transaction, ce que ça fait, ça crée un nuage
au-dessus de cette transaction, et nous allons vouloir entrer plus en
profondeur dans cet aspect de cette question.
Dans ce genre de transaction, une tierce partie ou un agent ou quelqu'un
qui amène deux parties à conclure une entente, c'est tout
à fait valable; je comprends qu'on paie une commission à
quelqu'un pour le faire. Mais un président de compagnie qui a le mandat
de faire exactement ce qu'il a fait, faire ce qui est le mieux pour ses
actionnaires, ses mutualistes et ses employés, de faire ça,
ça fait partie de son travail. Ce n'est pas une transaction qui
mérite une commission ou un paiement quelconque. Alors, on a de la
difficulté à comprendre, et peut-être que vous allez nous
expliquer un peu comment les mutualistes ont pu donner un mandat ou une
procuration aux administrateurs en toute connaissance de cause, sans qu'ils
sachent que cette commission existe. Vous allez peut-être expliquer
comment il n'y a aucune mention dans votre prospectus de cette commission. Vous
allez peut-être me convaincre que tout a été fait dans la
transparence et dans la lumière.
Et alors, c'est sûr que, si vous nous convainquez de tous ces
éléments, on prend pour acquis que c'est une transaction de
première importance. Et vous savez que notre responsabilité c'est
aussi d'essayer de protéger les mutualistes le plus possible. Vous nous
avez donné des éléments de protection à cet
égard, et on veut approfondir cette discussion.
Alors, pour conclure, M. le Président, je me suis demandé
hier soir ce que Mme Dorimène Desjardins aurait pensé de cette
énorme transaction que ses successeurs sont en train de formuler
aujourd'hui. Je suppose...
M. Garon: C'est elle qui ramassait les 0,10 $.
M. Holden: Oui, c'est elle qui ramassait des 0,10 $. Mais,
là, vous avez fait des pas un peu en avant, alors vous allez aussi nous
expliquer l'envergure. Parce qu'il y a aussi la question de
compétitivité et toutes les questions de l'envergure de cette
institution que vous créez, qui, d'après moi, vous parlez de
cinquième au Canada mais, après la Caisse de dépôt,
ça doit être la deuxième institution financière
québécoise. Alors...
Une voix: Non. C'est peut-être la première. (12 h
10)
M. Holden: Alors, pour le moment, M. le Président,
peut-être que M. Parizeau veut ajouter quelque chose?
M. Garon: II y en a qui disaient que la caisse était trop
grosse, il fallait la couper en deux.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Westmount. Écoutez, j'ai peut-être
quelques petits commentaires à faire. Évidemment, le jugement sur
cette transaction nous semble unanime. Mme la ministre a fait état
qu'elle l'accueillait favorablement. On nous dit souvent en politique que le
diable s'occupe des détails et que, trop souvent, on oublie de regarder
les détails. M. le député de Westmount a souligné
un détail qui est quand même très intéressant.
Évidemment, pour Desjardins, les experts nous disent: Bon, elle
est bien faite, ce n'est pas une transaction qui est mauvaise. Peut-être
que Desjardins aura à faire un exercice de contrôle, de
rationalisation, mais ce n'est pas le problème de cette commission,
ici.
Compensation financière devant être
versée à M. Jacques A. Drouin
Le problème de cette commission, ici, c'est qu'on a à
adopter un projet de loi. Et en adoptant le projet de loi 289, on
entérine une commission, qui est versée à M. Jacques
Drouin, de 1 100 000 $. Et, à nos yeux, les parlementaires ici
présents ont l'impression qu'on interpelle même la
légitimité du processus parlementaire. Je ne veux pas discuter
et on verra tout à l'heure ce qu'on aura à dire du
bien-fondé de cette commission, des tenants et aboutissants,
peut-être des vrais motifs, mais j'ai peut-être trois questions
à poser.
Une première question s'adresse à l'Inspecteur
général des institutions financières: M. l'Inspecteur,
est-ce que vous avez été informé qu'effectivement une
commission de cette nature serait versée au président de La
Laurentienne?
M. Bouchard (Jean-Marie): Telle qu'elle a été
annoncée publiquement, non. Je l'ai déclaré publiquement
dans les journaux. On était au courant de l'option qui existait au mois
d'août 1992, qui prévoyait des conditions bien spécifiques
qui étaient exerçables à compter de 1997, dépendant
du cours des actions. Mais les modifications qui sont survenues ont
été apportées au mois de juin 1993 et on y a donné
suite le 9 novembre 1993.
Le Président (M. Lemieux): Deuxième question:
Est-ce que, dans le prospectus ou la circulaire, on en fait état aux
actionnaires?
M. Bouchard (Jean-Marie): Pas du tout.
Le Président (M. Lemieux): D'aucune façon et
d'aucune manière. Mme la ministre.
Mme Robic: Moi, je veux rajouter à ça et corriger
quelque chose que vous avez dit, M. le Président, si vous me le
permettez.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
Mme Robic: Aujourd'hui, on étudie un projet de loi, on
n'entérine en rien une entente entre le conseil d'administration et un
de ses dirigeants. Ça, je veux que ce soit très clair.
Le Président (M. Lemieux): C'est-à-dire, Mme la
ministre, qu'en adoptant le projet de loi 289, le projet de loi 289 aura
nécessairement des conséquences qui sont, d'une manière
très directe, le versement par Desjardins de cette commission-ci. Je
vous comprends, je comprends l'essence et...
Mme Robic: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...votre mot d'ordre. Et
peut-être une question à M. Drouin: Est-ce que, M. Drouin, vous
avez l'intention de renoncer à cette commission?
M. Drouin (Jacques A.): J'ai évidemment pris connaissance
des journaux, comme tout le monde. J'entends le mot «commission» et
tout ça, et, comme je suis directement impliqué, je pense que
ça met en cause, évidemment, ma personne, mais ça met
aussi en cause l'intégrité de tout ce processus-là et de
l'entreprise, et je pense que c'est encore beaucoup plus important que les
dollars dont on parle. Et, comme je suis directement impliqué, au lieu
d'y répondre moi-même, j'aimerais demander à M. Normand de
faire une intervention sur ce sujet-là puisqu'il est président du
conseil de l'ancienne Laurentienne vie, et c'est le conseil d'administration de
l'ancienne Laurentienne vie qui a pris des décisions en 1992 qui
auraient un effet potentiel aujourd'hui. Mais je pense qu'il est important de
corriger les faits, du moins avant que la commission puisse se faire une
opinion, et je pense que M. Normand serait en mesure de clarifier les
faits.
Le Président (M. Lemieux): M. Normand, je suis prêt
à vous entendre, de même que M. Béland, qui a
demandé la parole aussi. M. Normand, oui.
M. Normand (Robert): Vous souhaitez que j'intervienne tout de
suite, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, s'il vous plaît.
M. Normand (Robert): Bien sûr. J'ai moi aussi pris
connaissance des articles de journaux qui ont amené vos interrogations.
J'ai appris, au cours des dernières années, que les journaux sont
des instruments utiles et essentiels mais que, compte tenu de la
rapidité avec laquelle les journalistes doivent travailler, on ne doit
pas toujours les utiliser comme une base exacte ayant des effets juridiques
certains. Je comprends donc vos interrogations facilement ce matin si elles se
fondent exclusivement sur ces sources d'information là.
Je voudrais attirer votre attention, avant de vous faire mon
exposé, sur un communiqué que nous avons publié hier soir,
vers 17 h 30, sur Telbec. Des copies vous ont été remises...
Le Président (M. Lemieux): Qui ont été
déposées.
M. Normand (Robert): ...et je souhaiterais que tous les membres
de la commission puissent en avoir le texte devant eux...
Le Président (M. Lemieux): C'est fait, M. Normand.
M. Normand (Robert): ...parce que, techniquement, nous avons
vraiment indiqué la séquence des événements tels
qu'ils s'étaient produits. Et vous pourrez, si vous me permettez tout de
suite d'entrer dans le vif du sujet, déterminer qu'il n'y a pas eu de
catimini, de commission secrète de payée et, au contraire, qu'il
y a eu tout au long du processus les divulgations requises qui ont
été faites. Du moins, c'est là mon opinion.
Arrivant dans le vif du sujet, je dois vous dire qu'en août 1992
l'économie était ce que vous connaissez. La situation de la
compagnie est très saine, la compagnie est très bonne, mais ses
liquidités commençaient à pouvoir faire défaut
à terme. Nous étions sûrs de passer les années 1992
et 1993 sans difficulté, mais nous n'étions pas sûrs que,
à la fin de 1993, les actuaires pourraient nous donner les certificats
qui seraient requis. Il ne faut pas oublier que l'ancienne Laurentienne vie
détient dans La Corporation du Groupe La Laurentienne un placement
d'environ 300 000 000 $, ce qui est environ 30 % de son actif, et que ce
placement-là a une valeur au marché inférieure à sa
valeur aux livres.
Devant cette situation financière délicate mais non
insurmontable, le conseil d'administration a décidé de mettre au
point un programme de stimulation, un «incentive», si vous voulez,
pour son premier officier, M. Drouin. Le programme qui a été
adopté prévoyait que M. Drouin pourrait acheter, au prix du
marché des actions d'alors, qui était d'environ 5 $, je pense,
jusqu'à concurrence de 200 000 actions en 1997, si le prix de l'action
au marché atteignait alors 15 $. Le but était de faire en sorte
que M. Drouin puisse travailler d'arrache-pied avec son équipe pour
monter la valeur au marché des titres que nous détenions.
Nous avions également prévu, en 1992 je
n'étais pas président du conseil à ce moment-là,
j'étais membre, cependant, du conseil que si un nouvel
acquéreur arrivait en cours de route, avant l'année 1997, en cas
de changement de contrôle, le seuil de 15 $ prévu pour 1997 serait
réduit de 1 $ pour chaque année complète entre le 12
août 1992 et la date du changement de contrôle. Et c'est facilement
compréhensible, parce que n'oubliez pas que le prix des actions au
marché était de l'ordre de 5 $ ou 6 $ à ce
moment-là; on concevait que ça prendrait un certain temps
à M. Drouin et à son équipe, compte tenu des
difficultés de la conjoncture, pour pouvoir amener le prix au
marché des actions jusqu'à 15 $. On s'est dit: S'il y a
changement de contrôle dans l'intervalle, à ce moment-là,
on réduira ces 15 $ de 1 $ par année. De sorte que, si vous
faites le petit calcul simple, les dispositions alors adoptées à
ce moment-là se trouvaient à prévoir que s'il y avait
changement de contrôle en 1993, ce que nous ne prévoyions pas
à ce moment-là, mais quand même, s'il y avait changement de
contrôle en 1993, le prix dont il s'agit serait un prix de 11 $. Or, la
transaction se fait présentement avec le Mouvement Desjardins à
un prix supérieur à 11 $. Ce n'était donc pas un
«fïnder's fee» ou une commission pour liquider La Laurentienne
qui était accordée, c'était un programme
d'«incentive» de façon à pouvoir monter la valeur des
actions en Bourse de la compagnie.
En outre, nous avions et nous avons encore une très grande
confiance et un très grand respect pour M. Drouin. Je l'ai entendu de la
bouche des mutualistes il y a deux jours également, en assemblée
générale, et nous souhaitions pouvoir le conserver à la
barre de La Laurentienne. C'est ce qui nous a également amenés
à adopter les dispositions dont il s'agit afin de pouvoir le conserver
le plus longtemps possible avec nous. (12 h 20)
Les dispositions accordées et adoptées en 1992
comportaient également, dans le contrat intervenu avec M. Drouin
à ce moment-là, une disposition que j'aimerais vous lire et qui
est pertinente. On disait, et je cite: «Dans le cas où les actions
ordinaires cessent d'être transigées à la Bourse, la
présente convention prendra fin et le comité comprenez le
conseil d'administration devra alors définir les modalités
de terminaison de la convention qui devront garantir au cadre comprenez
M. Drouin le maintien des droits acquis et permettre de le compenser
équitablement pour toute valeur perdue ou non réalisable»
comprenez en vertu des changements.
C'était donc ce qui était prévu en 1992. En 1993,
nous avons fait face à une situation où il nous est apparu urgent
de faire en sorte que l'on puisse trouver d'autres partenaires, d'autres
sources de capitaux.
Je vous rappelle que La Laurentienne est une compagnie privée
dont les actionnaires sont les mutualistes. Ce n'est pas une compagnie qui
dépend de l'État nécessairement; c'est une compagnie qui
est en mesure de prendre ses propres dispositions, ses propres décisions
pour la bonne gouverne de ses affaires. C'est une compagnie qui est
administrée par un conseil d'administration qui est responsable de ses
décisions. Et le conseil d'administration a adopté en 1992 les
dispositions dont j'ai fait état. Ne pas oublier que les actifs dans
l'ensemble de La Laurentienne sont de l'ordre de 1 000 000 000 $, ce qui n'est
pas peu dire, et que les détenteurs de contrats sont au nombre d'environ
190 000. Il a donc semblé au conseil d'administration que de risquer
0,01 % de l'actif pour faire en sorte que l'on puisse faire monter au
bénéfice des détenteurs de polices et de contrats les
valeurs en cause nous semblait une opération valable. Tel a
été le jugement du conseil d'administration à
l'époque. Vous pouvez avoir une opinion différente, je n'en
disconviens pas, bien sûr, mais le conseil d'administration a pris ses
responsabilités à ce moment-là et a adopté les
dispositions dont il s'agit.
Au mois de juin dernier, il est apparu évident que nous nous
dirigions vers une entente avec le Mouvement Desjardins, qui n'était pas
encore consommée, loin de là, mais qui commençait à
prendre forme de façon intéressante. Le conseil d'administration,
en application de la décision prise en 1992, a donc indiqué
à M. Drouin que, s'il réussissait une transaction qui maintenait
le prix de nos actions à un niveau supérieur à 11 $, nous
considérerions à ce moment-là que son rôle, au sens
de la convention de 1992, aurait été accompli. Et nous lui avons
indiqué que nous concrétiserions les droits qui lui avaient
déjà été accordés. Comme il ne pourrait plus
échanger ces actions contre des valeurs en Bourse, étant
donné que la transaction avec le Mouvement Desjardins ferait en sorte
que les actions passeraient entre les mains de Desjardins, il a donc
été décidé que nous donnerions une valeur liquide
à ces options qui avaient été accordées à M.
Drouin en 1992. Et, au dernier conseil d'administration, je crois que c'est le
9 novembre dernier, nous avons concrétisé le tout. Il ne s'agit
donc pas d'une commission pour avoir réussi à effectuer une
transaction, il s'agit d'un programme d'intéressement qui
prévoyait lui-même divers scénarios, diverses
éventualités. Et, lorsqu'une de ces
éventualités-là s'est produite, à ce
moment-là, nous avons donné tout simplement suite aux droits
acquis qui y étaient prévus. Voilà ce dont il s'agit.
On a mentionné, bien sûr, le chiffre de 1 000 000 $; il est
vrai, il est exact. Je répète qu'il constitue 0,01 % de l'actif
de l'ensemble de la
compagnie, et la situation actuellement des mutualistes, des
détenteurs de contrats d'assurance ou de rente fait en sorte qu'ils sont
pleinement protégés par une institution d'une solidité
très forte, le Mouvement Desjardins, et que l'échange des actions
des titres s'est fait sur une base supérieure à 11 $, donc
supérieure à la valeur prévue au contrat de 1992.
Je m'excuse d'avoir été un peu long, M. le
Président. Je m'excuse également un peu pour les
technicités dont j'ai dû faire état, mais tel, je pense,
devait être l'ensemble de la réalité qui devait vous
être communiquée.
En cours de route, nous avons indiqué aux états financiers
les montants dont il s'agissait et qui ont été, comme l'a dit
l'Inspecteur général, portés à son attention. Une
déclaration d'initié a également été
déposée auprès de la Commission des valeurs
mobilières par M. Drouin. Dans les états financiers pro forma qui
ont été transmis au Mouvement Desjardins et à l'Inspecteur
général des institutions financières, nous avons
prévu une provision de 3 300 000 $ pour diverses fins, dont 1 100 000 $
en faveur de M. Drouin.
Ce n'est donc pas un jeu de cache-cache qui s'est fait, mais pas du
tout. Les décisions du conseil, qui sont des décisions
administratives, ont été répercutées publiquement
aux endroits que la loi prévoyait, où nous devions les
répercuter. Ça n'a pas fait partie de la dernière
circulaire qui a été distribuée aux mutualistes. Ça
aurait dû en faire partie? Je ne crois pas que, légalement, nous y
étions tenus. Je ne disconviens pas avec vous qu'il eût
été peut-être préférable d'en faire
état, mais je dois vous avouer que, même si ça n'a pas fait
partie de cette circulaire-là, le sujet a été
discuté à peu près en des termes aussi explicites que ce
matin il n'y a pas plus de deux jours, lors d'une assemblée
générale des mutualistes. Ils étaient environ 300 dans la
salle. Avant de passer au vote, nous avons tenu à peu près le
type d'échange que nous avons présentement, un peu moins
explicite mais substantiellement identique. Et après avoir pris
connaissance explicitement du sujet dont il s'agit, les mutualistes
présents ont voté à 94 %, même 95 % en faveur des
propositions, c'est-à-dire dans la même proportion, à peu
près, à quelques dixièmes de pourcentage près, que
l'ensemble des mutualistes qui nous ont déposé leur procuration
après avoir pris connaissance de la circulaire dont il s'agit.
Il me semble donc que, si nous avions donné l'information dans la
circulaire, je ne crois pas que ça aurait changé le vote des
gens, si je me fie à ce qui s'est fait de facto mardi dernier par plus
de 300 mutualistes. Habituellement, à ces assemblées de
mutualistes, qui visent à approuver des transactions de la nature de
celle que nous connaissons, on retrouve les mutualistes les plus aguerris, les
plus agressifs. Et, effectivement, la salle, au début, était une
salle qui n'était pas très facile; mais, compte tenu des
explications qui ont été données, le vote s'est pris
à 94 %.
C'était ce que je voulais vous dire, M. le Président. Je
pourrais, si vous le permettez, demander à un de nos juristes, Me Hubert
Lacroix, de chez McCarthy, Tétrault, qui connaît mieux que moi, en
détail, sur un plan technique, les contrats et les dispositions dont il
s'agit; il pourrait peut-être vous fournir d'autres
éléments susceptibles de compléter votre information sur
le sujet. Me Lacroix n'agit pas pour l'ancienne Laurentienne vie comme telle,
il est avocat pour le Groupe La Laurentienne. Mais, dans le cadre de ses
fonctions pour le groupe, il a été amené à prendre
connaissance des documents dont il s'agit. Si vous n'en avez pas besoin, c'est
libre à vous.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. Normand,
pour votre exposé. Ce n'est pas strictement le point de vue juridique ni
la légalité comme telle de la transaction. J'ai eu l'occasion
d'en discuter avec vous ce matin, et je vous ai dit que non seulement faut-il
que justice soit rendue mais qu'il y ait apparence de justice. Vous devez bien
comprendre que nous sommes des parlementaires, que nous avons une
responsabilité aussi et que l'ensemble de cette commission parlementaire
a l'intention, justement, de bien comprendre ce qui s'est passé avant de
procéder à l'adoption de ce bill-là. Je sais que, M.
Béland, vous avez demandé la parole, mais, comme M. l'Inspecteur
général des institutions financières a été
interpellé, ce que j'aimerais savoir, peut-être, de M.
l'Inspecteur général: Est-ce que ça correspond exactement
à l'information que vous possédiez, les propos de M. Normand?
M. Bouchard (Jean-Marie): C'est peut-être une question
d'interprétation, remarquez, là, parce que les documents, je les
ai obtenus après la transaction. Essentiellement, c'est qu'il
était prévu, bien sûr, que, dans l'option de base qui avait
été accordée en 1992 et dont les notes apparaissaient dans
les états financiers, il y avait des conditions. Et il était
prévu que, si les actions cessaient d'être transigées
à la Bourse, il y avait des modalités à intervenir pour
qu'il y ait une compensation. (12 h 30)
Par ailleurs, il y avait une erreur qui s'était glissée
dans cette convention-là et qui a été corrigée
subséquemment, et je pense que ça a peut-être
échappé à M. Normand. C'est qu'advenant changement de
contrôle... Il y avait une erreur dans la convention, il y avait la date
de 1992 qui était demeurée; mais, l'idée, c'est que la
réduction de 1 % par année s'appliquait entre la date du
changement de contrôle et 1997, et non pas de 1992, et le changement ne
compte pas. Alors, ça, c'était l'amendement qui avait
été apporté.
Deuxième point, c'est qu'il faut bien se rendre compte que, dans
le cas précis, un changement de contrôle impliquait qu'il y avait
modification radicale de la loi. Parce que, dans la loi qui régit La
Laurentienne, il y a interdiction, pour l'ancienne, de perdre le
contrôle. Donc, qu'on prévoie une convention advenant le
changement de contrôle... Ce n'est pas une compagnie ordinaire,
là. L'ancienne Laurentienne ne pouvait pas perdre le contrôle,
parce qu'il était prévu que dans
le chaînon elle devait conserver le contrôle de
l'ancienne.
Subséquemment, évidemment, comme je vous l'ai
expliqué tout à l'heure, on a invoqué et puis, bon,
c'est une question technique, je ne rentre pas dans la question
d'opportunité, vous me demandez des faits, je vous donne les faits tels
que je les connais on a fait état, au mois de juin, au cours de
la réunion du conseil d'administration, à cause de l'entente
imminente, qu'il n'y avait pas possibilité, probablement, de donner
suite au plan. On l'appelle le plan d'option, mais il faut faire attention,
peut-être, là. Il faudrait peut-être préciser les
termes. Il ne s'agit pas, d'après ce que je comprends du texte... On
pourrait faire du droit, mais là il ne s'agit pas d'un plan d'achat
d'actions au sens courant du terme, dans le sens que ce n'est pas une
émission d'actions qui est octroyée par une corporation à
un de ses membres. C'est l'ancienne Laurentienne qui possède dans son
actif des actions de sa filiale, et ce sont ces actions-là qu'on a
décidé de vendre à M. Drouin pour un prix donné.
Donc, ce seraient des biens qui faisaient partie de l'actif de l'ancienne,
c'étaient toutes les actions de la filiale. Alors, ce n'est pas une
option d'achat d'acquérir des actions de la corporation, par exemple,
des actions émises, nouvellement émises. Et c'est la raison pour
laquelle, techniquement parlant, ils l'ont fait. D'après ce que j'ai
appris cette semaine, techniquement parlant, même s'ils n'étaient
pas obligés de se soumettre à la loi des valeurs
mobilières, ils ont transmis quand même aux Valeurs
mobilières, au moment où ils ont fait la transaction en 1992,
l'entente qu'ils avaient conclue en 1992.
Donc, au mois de juin, lorsqu'on a fait état de la transaction
qui était en cours et qui laissait entendre qu'effectivement il serait
peut-être... bien, pas peut-être, certainement impossible de donner
suite à l'entente de 1992 telle que prévue, parce que, advenant
un changement de contrôle, il était prévu que le droit
d'option ne cessait pas mais qu'il était «exerçable»
dans les 12 mois suivant le changement de contrôle ce n'est pas la
même chose, alors ils conservaient le droit, mais il était
«exerçable» dans les 12 mois au mois de juin, on a
donc convenu, puis c'est la décision du conseil d'administration, comme
c'est la décision du conseil d'administration d'accorder les
rémunérations à ses dirigeants et puis on n'a pas
à s'immiscer dans l'administration de la régie interne à
ce plan strictement technique là on a prévu de modifier,
justement, l'entente. Parce que j'appelle ça une entente. Au fond, c'est
une entente qui est intervenue entre une compagnie et son cadre pour lui
accorder le droit d'acheter des actifs qu'elle possède. C'est comme
ça que ça se résume la discussion.
M. Holden: Des trésors.
M. Bouchard (Jean-Marie): Non. Des actions qu'elle possède
dans son patrimoine, dans son actif.
M. Holden: Ah! O.K.
M. Bouchard (Jean-Marie): Et, là, on l'a changée.
On l'a changée, comme on vous l'a expliqué tout à l'heure,
pour prévoir que, comme ce n'était pas
«exerçable» et comme il n'existait pas de marché ou
qu'il y avait une possibilité qu'il ait mis fin au régime
d'intéressement, parce que, en effet, dans les discussions en cours,
c'est une hypothèse qui apparaissait plausible au mois de juin...
Le Président (M. Lemieux): Parce qu'il n'y avait pas de
marché secondaire. C'est dans ce sens-là?
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui, aussi en raison du fait que...
Le Président (M. Lemieux): Pour l'achat.
M. Bouchard (Jean-Marie): ...peut-être qu'on mettra fin au
régime. C'était une hypothèse qui était
considérée comme plausible, et c'est là qu'on a
décidé de dire: Oui, très bien, alors il y aura
compensation, compensation dans le sens de compensation monétaire
égale au produit du npmbre d'actions par le prix d'exercer des options,
qui était de 200 000 $ à 5,95 $. Et ça a été
concrétisé ultérieurement par une lettre qui a
été transmise par le président du Mouvement Desjardins, le
9 novembre, disant qu'il n'avait pas l'intention de maintenir le plan. Donc, ce
qui était prévu dans la résolution du mois de juin se
concrétisait par cette lettre-là. Et le même jour, le 9
novembre, le conseil d'administration a donné suite à sa
décision du mois de juin de donner la compensation.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
Est-ce que vous avez des commentaires, M. Normand? Oui?
M. Normand (Robert): Un tout petit, si vous me permettez.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Normand (Robert): Comme l'a bien dit l'Inspecteur, au mois de
novembre, tout ce que nous avons fait, c'est reconnaître une
décision prise au mois de juin dernier, ou y donner suite. Et, au mois
de juin, ce que nous avons fait, c'est simplement de donner suite à un
contrat déjà prévu en 1992.
Il y avait également une autre dimension qui nous a
habités fortement et à laquelle j'aimerais vous sensibiliser, au
mois de juin dernier. Nous étions à l'aube de discussions
intenses avec le Mouvement Desjardins. Tous les cadres supérieurs de La
Laurentienne, y compris M. Drouin, se trouvaient à amorcer un processus
d'autodestruction personnelle par lequel ils feraient en sorte que leur propre
situation se trouverait possiblement amenée à néant. Nous
avions... M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît. Oui, allez-y, M. Normand.
M. Normand (Robert): Voilà. Il peut avoir une opinion sur
mes propos, je peux avoir la même à l'égard des siens.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je vais lui permettre de s'exprimer tout à l'heure aussi.
Il est...
M. Normand (Robert): Voilà. Tout ce que je voulais vous
dire, c'est que, quand on est dans un tel processus, ce n'est pas le temps
d'adopter des dispositions pour décourager le général de
quitter l'armée. Au contraire, il faut faire en sorte qu'on maintienne
autour de nous toutes les dispositions que nous pouvons avoir, positives.
Ça a été une raison additionnelle, mais pas la seule, qui
a fait en sorte qu'en juin dernier nous avons concrétisé des
dispositions qui existaient déjà dans l'entente de 1992.
Le Président (M. Lemieux): M. Béland, vous aviez
demandé de parler, tout à l'heure.
M. Béland (Claude): Oui. Bien, je pense que le fait qu'il
y ait beaucoup d'interventions, ça va peut-être aider à
comprendre ce que je veux dire. Ce que je voulais dire, c'est que Desjardins,
dans cette histoire de...
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez rien à
voir.
M. Béland (Claude): Je n'ai rien à voir.
Le Président (M. Lemieux): J'ai compris ça, M.
Béland.
M. Béland (Claude): Bon. Ce que je voudrais qu'on
comprenne très bien, c'est que, nous, on a fait une proposition le 7
juillet, une proposition qui était évidemment très
conditionnelle en particulier à une vérification diligente. On a
constaté, au cours de notre vérification diligente qui devait se
terminer le 15 septembre et qui, effectivement, s'est terminée le 15
septembre, on a découvert ou trouvé dans les
procès-verbaux toutes les séries d'options dont M. Normand parle.
Les contrats qui sont faits avec les hauts dirigeants ou les cadres
supérieurs de La Laurentienne, tout cela était connu. Les
contrats sont là. Un acheteur ne peut tout de même pas les
changer. Et on les a, je dirais, comptabilisés, on a pris les provisions
nécessaires, prenant pour acquis que tous les contrats pouvaient
être exécutés. Dans le cas précis dont on parle, le
plan du mois de juin 1992, évidemment, c'était sujet à des
conditions devant se réaliser en 1997. Comme on avait l'intention de
faire la transaction le 2 janvier 1994, pour nous, on s'est dit: Ce n'est pas
applicable. Et comme, dans le Mouvement Desjardins, on n'a pas de régime
de ce genre-là, comme ce n'est pas dans notre culture...
Le Président (M. Lemieux): Ça règle ma
question: Est-ce que vous bénéficiez de bénéfices
semblables?
M. Béland (Claude): ...bon, comme, évidemment, il
faut reconduire les contrats qui existent, de là ma lettre,
évidemment, à M. Drouin en lui disant: On ne voudrait pas
reconduire des contrats de ce genre-là, étant donné que,
dans les engagements qu'on a avec M. Drouin, il fera partie de notre
équipe. On a dit: Mais par contre, on ne peut pas, nous, maintenir un
contrat de ce genre-là. De là ma lettre du mois de novembre.
Bon.
Que le conseil d'ALV ait décidé de le monnayer, ça
le regarde. Ce qui nous regarde, nous, maintenant, c'est de voir si ça a
des impacts significatifs. Mais, évidemment, quand c'est une
transaction, là, qui touche 20 000 000 000 $... Bon. On verra si,
après la vérification diligente, il y a eu des choses qui ont
changé sensiblement la situation financière, ce que je ne crois
pas, là je pense que les provisions sont là mais,
en fait, c'est des questions tout à fait internes.
Mais ce que je veux spécifier M. Holden me regardait tout
le temps dé son plaidoyer relativement à la commission
c'est que je n'ai rien à faire là-dedans. D'ailleurs...
M. Holden: C'était parce que vous êtes le plus beau,
M. Béland.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Oh!
M. Béland (Claude): Heureusement que je dois quitter
tôt!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Mais, M. Béland,
vous-même, moi qui suis sociétaire d'une caisse populaire, alors,
indirectement, je le dis avec modestie, je suis peut-être un de vos
patrons.
M. Béland (Claude): Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous
bénéficiez de tels avantages?
M. Béland (Claude): Chez Desjardins, on n'a pas de
régime...
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez pas de
ça.
M. Béland (Claude): Non.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va.
M. le député de Verdun, vous aviez demandé la
parole? (12 h 40)
M. Gautrin: M. le Président... Il y a un certain nombre de
points que vous avez soulevés, M. Normand, et je voudrais quand
même bien préciser que, là, on est dans une situation un
peu délicate, pour nous, d'intervention. Vous avez une corporation qui
est une corporation privée, vous avez fait une entente avec vos cadres,
mais ça devient à la lumière du public, parce qu'on est
amenés à devoir se prononcer sur une transaction qui est une
vente de La Laurentienne à Desjardins et, je dois le dire au point de
départ, à première vue, tout ce que j'ai pu regarder va
créer quelque chose d'extrêmement important pour l'économie
du Québec, et je crois que nous devons ici, dans cette commission,
l'appuyer. Donc, je voudrais, M. le président, au départ, bien
préciser que les questions que nous vous posons ne sont pas sur la
transaction.
Mais vous me permettrez d'avoir un peu... Parce qu'on est amenés
un peu à devoir aborder cette question, et c'est un peu délicat.
Si j'ai bien compris, l'entente que vous aviez avec M. Drouin, c'est
évidemment tout à fait normal pour augmenter le prix des actions.
Au moment où la transaction s'est faite, enfin, au moment où on a
parlé d'une transaction, où les actions ne se sont plus
négociées sur la Bourse, la valeur de l'action a
été, d'après les journaux, à 7,95 $. C'est
ça?
Une voix: ...
M. Gautrin: Non? C'était à combien?
M. Drouin (Jacques A.): 5,75 $, je pense.
M. Gautrin: C'est-à-dire, au moment où vous parliez
de la transaction...
M. Drouin (Jacques A.): 5,94 $.
M. Gautrin: Donc, elle a monté entre... Entre le moment
où vous avez passé l'entente avec M. Drouin et le moment
où on a parlé de la vente, elle avait monté de 0,92 $.
C'est ça?
M. Normand (Robert): Peut-être.
M. Gautrin: Et, sur un plan, avec l'objectif quand même
d'arriver, si je fais une espèce de projection, à 15 $, il y a
quand même une différence. Vous comprenez notre questionnement
ici. Si on avait laissé le processus normal se faire, on aurait un peu
de questionnement quant aux chances de pouvoir réellement atteindre
l'objectif de 15 $, compte tenu du début de la progression qu'on avait
vu. Je me demande, M. le Président, et simplement et volontairement, si
c'était possible. Parce que je pense qu'il faut que cette transaction,
qui est historique aujourd'hui... Je voudrais d'abord insister sur l'importance
d'une transaction historique qui va créer un consortium financier
très important. Est-ce qu'il est possible de parler aux gens du conseil
d'administration de La Laurentienne pour éviter qu'on laisse
entacher...
Et, de départ, M. Normand et M. Drouin, je voudrais vraiment bien
préciser: mon but, ici, c'est de démontrer aux yeux du public,
aux yeux de la population qu'il n'y a eu aucune irrégularité,
parce que je pense qu'il n'y en a pas eu. Mais il me semble important, et je
voudrais le suggérer, M. le Président, qu'on puisse parler aux
gens du conseil d'administration de La Laurentienne pour qu'il ne reste pas
dans cette transaction qui, j'insiste, va être historique, une
espèce de tache qui peut rester excusez-moi, M. Drouin
qu'il pourrait être dit que vous avez bradé la compagnie en
fonction de ça, ce que je ne crois pas que vous ayez fait, et je suis
sûr que vous ne l'avez pas fait du tout, mais il reste quand
même... Et je suggérerais, M. le Président, qu'on puisse
entendre...
Le Président (M. Lemieux): Si je comprends bien, M. le
député de Verdun, votre intervention est de faire une motion
à l'effet d'entendre les membres du conseil d'administration qui
auraient siégé lorsque la décision concernant...
M. Gautrin: J'en fais une telle motion.
Le Président (M. Lemieux): ...le montant d'argent à
être versé à M. Drouin a été prise. Est-ce
que c'est le sens de votre observation?
M. Gautrin: C'est le sens de la motion, et j'en fais fermement
une motion, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, préalablement
à cette motion, voulez-vous me l'écrire, s'il vous plaît?
Voulez-vous la retenir? M. le député de Lévis a
demandé la parole et, après, M. le député de
Saint-Louis.
M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, moi, à mon avis, quand
on étudie un projet comme celui-là, on l'étudié
uniquement dans une perspective de l'intérêt public. Que ce soit
gros ou petit... Olympia & York, c'était gros, puis c'est
tombé. Et puis il y a des gens qui ont voulu grossir trop vite et qui se
sont enfargés dans leur pantalon. Il y a des gens qui sont gros et qui
voudraient l'être moins, puis il y a des gens qui sont gros puis qui
devraient l'être moins. Alors, il faut se poser des questions.
Moi, je me rappelle qu'ici, devant cette commission, en 1988, quand je
posais des questions sur le projet de loi privé 206, je me rappelle
très bien qu'on voulait procéder très rapidement dans la
nuit. C'était en vue de faire une émission d'actions urgente, qui
était quasiment faite, qui n'a jamais eu lieu. Moi, je calcule
que j'ai été abusé comme parlementaire, en 1988,
parce qu'on est venu changer un projet de loi privé pour un but: faire
une émission d'actions qui n'a jamais eu lieu. Sauf qu'après
ça on a continué.
Aujourd'hui, à mon avis, ce qu'on a à analyser, comme
parlementaires, c'est quelque chose en deux phases. Un, quand M. Normand dit
que les gens allaient dans un processus d'autodestruction volontaire, j'ai
l'impression qu'on avait rien qu'à laisser faire, hein? Alors, ce n'est
pas ça qui est la réalité. La réalité, c'est
qu'aujourd'hui La Laurentienne est en difficulté et qu'elle est
obligée de trouver un partenaire, quelle que soit la formule. Elle est
en difficulté pour des raisons contrôlables ou
incontrôlables. Est-ce qu'elle est en difficulté pour des raisons
de cadavres dans les placards? On ne le sait pas. La Presse...
Heureusement, il y a un journal qui nous renseigne, qui donne des
renseignements. Je voudrais le féliciter, en passant, le journaliste, M.
Tremblay, c'est un des rares qui en donne, des renseignements. Parfois, quand
je regarde les institutions financières, j'aimerais ça vivre au
États-Unis. Les journaux américains renseignent beaucoup plus sur
les institutions financières. Ici, on n'a pas beaucoup de
systèmes de divulgation, de sorte qu'il faut essayer de savoir ce qu'on
peut savoir par nous-mêmes.
Alors, c'est quoi, la pratique? Ce qu'on entend dire à travers
les branches, c'est qu'à La Laurentienne on vivait somptueusement. On
dépensait beaucoup d'argent. On achetait les entreprises, on ne les
rationalisait pas en intégration par après. On opérait
avec des avions privés, les gens étaient payés plus cher
qu'ailleurs pour des fonctions identiques. M. Bel and a dit tantôt que ce
n'est pas dans la pratique coopérative de Desjardins. Ce n'est
habituellement pas dans la pratique mutualiste tout court, pas rien que
Desjardins tout court, de donner des bonus comme ça. Alors, ce que je
comprends, c'est que La Laurentienne était une mutuelle.
Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on dit? Est-ce qu'on payait les dirigeants
plus cher que des gens devaient être payés normalement? Combien
ils ont eu de bonis au cours de ces années-là, comme incitatifs,
je suppose, à bien faire, alors qu'on voit que la compagnie est
allée dans le trou? J'aimerais ça, savoir combien ils ont
été payés, quels salaires, hein? J'aimerais ça,
savoir combien ils ont eu de bonis au cours de ces années-là. Au
contraire, la situation s'est dégradée, puis ce sont les
avantages dont ont bénéficié les dirigeants au cours de
ces années pour arriver à la situation où ils n'avaient
pas le choix de s'autodétruire, hein?
Pourquoi? Essentiellement parce que, après ça, là,
Desjardins achète. Desjardins, c'est 4 000 000 de
Québécois là-dedans, hein? Nous, on a un rôle
à jouer. Si la transaction est souhaitable, je suis persuadé que
les gens vont dire oui en courant. Mais, en même temps, il faut d'abord
qu'ils sachent pourquoi La Laurentienne est obligée de se vendre, parce
qu'elle a été obligée contons-nous pas d'histoire,
c'est ça, la réalité et, à ce
moment-là, si la fusion des deux, qui va faire un gros ensemble, va
vraiment avoir des chances de succès, ou tout simplement ça va
avoir pour effet de rendre la capitalisation de Desjardins plus difficile.
C'est ça qu'il faut se demander, parce qu'il ne faut pas se
retrouver...
En 1988, j'ai posé ces questions-là, je n'ai pas eu de
réponse. Les rapports que j'ai aujourd'hui, je ne les ai pas eus. Je
n'ai jamais pu les voir, hein, parce que ça marchait comme ça.
Sauf qu'aujourd'hui on se retrouve... Puis j'avais dit remarquez bien ce
que j'avais dit, puis c'est enregistré, ce que j'ai dit en 1988
j'avais dit: Quand la fusion se fera, la démutua-lisation,
l'année d'après, les dividendes baisseront de moitié pour
les mutualistes. C'est exactement ce qui est arrivé. Je ne suis pas un
prophète, mais j'étais capable de voir ce que ça ferait,
hein?
On regarde ce qui s'est produit, il s'est produit beaucoup des
appréhensions que j'avais en 1988. C'est pour ça que je dis... Je
parle comme quelqu'un qui aime les coopératives, qui aime les mutuelles
puis qui veut qu'elles réussissent. Mais, en même temps, comme les
gens qui sont ici, notre seul rôle, c'est dans l'intérêt
public. C'est un bill privé, hein, qu'on doit analyser, nous, dans
l'intérêt public. Et c'est pour ça, c'est pour
évaluer l'intérêt public de tous les
Québécois qui sont touchés. Moi, je suis persuadé
qu'à peu près tous les Québécois sont dans l'un ou
dans l'autre ou dans les deux. Il faut avoir le portrait exact de ce qui s'est
passé pour en être rendu là, pour que demain ce soit une
bonne transaction qui ait des succès, qu'on ne se retrouve pas dans six
mois, un an et qu'on dise: Bien, on n'a pas analysé les placards, puis
en ouvrant les portes on a trouvé des cadavres un peu partout. On est en
droit de le savoir, autrement, si on ne le sait pas, on ne pourra pas faire un
bon travail aujourd'hui, et c'est pourquoi c'est notre travail, je pense, de
demander ces renseignements-là.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Lévis.
M. Drouin, vous avez demandé la parole, M. Béland. Alors,
M. le député de Saint-Louis, vous voulez intervenir
immédiatement? Alors, est-ce que vous pouvez retenir vos...
M. Chagnon: On peut entendre M. Drouin.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous pouvez, M.
Drouin et M. Béland, retenir vos propos pour permettre l'intervention de
M. le député de Saint-Louis?
M. Chagnon: On peut entendre MM. Drouin et Béland, je
parlerai après.
Le Président (M. Lemieux): Après? Alors, merci, M.
le député de Saint-Louis. M. Drouin.
M. Drouin (Jacques A.): Bien, j'aimerais avoir quelques
réactions aux propos qui font écho à ce qui a
été écrit dans les journaux, dans mon journal
favori, effectivement, qui reflète, à mon avis, une perception
très incorrecte de la réalité du Groupe La Laurentienne.
Je dois mentionner aussi que j'ai été nommé chef de la
direction en 1990. J'ai relu les transcriptions de la comparution en 1988,
quand même, mais j'ai pris la responsabilité de la direction de
l'entreprise en 1990. C'est un fait qu'une entreprise comme le Groupe La
Laurentienne est loin de faire exception. C'est une entreprise qui a connu une
très forte croissance, très rapide, par des gens qui avaient une
vision très «entrepreneur ielle», et je pense qu'on ne doit
pas faire le procès du passé. Si le Groupe La Laurentienne a
réussi à faire ce qu'il a fait, c'est dû à des gens
qui ont pris des risques, qui ont pris des initiatives et qu'on doit louer. (12
h 50)
Maintenant, depuis 1990, depuis que j'ai pris la direction de la
société et, encore là, je ne veux pas me donner des
crédits et je ne veux pas nécessairement critiquer mes
prédécesseurs il y a eu un changement de rythme, il y a eu
un changement d'orientation. Et nous avons, depuis, pris des mesures
draconiennes pour rationaliser, réduire les coûts, vendre les
sociétés qui ne faisaient pas partie de ce qu'on appelle le
«core business», les entreprises de base, pour nous concentrer dans
deux secteurs que sont la banque et l'assurance.
Vous vous rappellerez que nous étions dans le secteur immobilier.
Nous avons vendu avant que les valeurs diminuent. Nous étions dans
l'industrie de la fiducie, nous avons vendu nos intérêts. Nous
étions dans l'industrie des valeurs mobilières et nous en sommes
sortis. Quand vous parlez d'avions, il y en avait, ça a tout
été vendu. Quand vous parlez de coûts unitaires, nous nous
sommes donné des balises quant aux coûts unitaires de toutes nos
entités pour faire en sorte qu'au plus tard en 1994 nos coûts
unitaires se comparent favorablement aux coûts unitaires des industries
dans lesquelles nous sommes présents. Si vous regardez les
résultats, si vous les analysez depuis les trois dernières
années, si vous regardez, par exemple, la Banque Laurentienne, la Banque
Laurentienne, même si ce n'est pas la plus grande banque, c'est une
banque de très bonne qualité, une banque de très bonne
rentabilité et dont les coûts unitaires sont maintenant,
malgré sa plus faible taille, égaux ou inférieurs à
la moyenne de l'industrie canadienne.
Dans notre secteur d'assurance-vie, quand vous dites qu'il n'y a pas eu
de rationalisation, au contraire, on a regroupé sous un chapeau commun,
La Laurentienne Vie, L'Impériale, nos fonds de placements dans le but de
rationaliser ces sociétés sous direction commune et d'amener
leurs coûts unitaires à la moyenne de l'industrie canadienne. Nous
allons atteindre ce chiffre-là en 1994.
J'ai fait mention de Laurentienne générale et de ses
problèmes. Lés problèmes de Laurentienne
générale sont reliés à la réassurance
internationale, et vous regarderez tous les réassureurs internationaux
à travers le monde, ils ont connu, au cours des trois dernières
années, les années les plus catastrophiques à cause des
catastrophes naturelles. Disons que nous n'avons pas échappé
à cette réalité-là dans le cas de Laurentienne
générale. Mais, si vous regardez les opérations
canadiennes de Laurentienne générale, maintenant que nous avons
distingué, que nous avons vendu de la réassurance internationale
en 1991, il est très facile de voir qu'en assurance de dommages notre
rentabilité et nos coûts unitaires se comparent très
favorablement à la moyenne de l'industrie.
Aux États-Unis, où il y a eu des abus considérables
au niveau de la gestion des entreprises financières, nous avons une
filiale, aux États-Unis, qui donne à l'heure actuelle le double
du rendement de l'industrie, au moment où on se parle, qui a un
portefeuille de première qualité qui a été
entièrement rationalisé et qui est extrêmement bien
géré. Nous avons une filiale, finalement, au Royaume-Uni qui nous
a donné des problèmes. L'économie, là-bas, nous a
donné des problèmes. Nous nous sommes attaqués
résolument à son redressement et, en 1993, nous allons
réaliser un bénéfice qui est le triple du
bénéfice réalisé l'année
dernière.
Donc, de faire des commentaires comme je les ai lus dans le journal
à l'effet que la gestion a été relâchée et
que nous ne nous sommes pas attaqués à la rationalisation de nos
entités... D'ailleurs, Desjardins a eu l'occasion de nous examiner au
peigne fin, et je laisserai M. Béland commenter.
Quant à dire que le Groupe La Laurentienne est dans le trou,
j'aimerais attirer votre attention sur le fait que nous avons comme
actionnaires deux actionnaires externes fort importants: Le groupe Eaton et le
Groupe Victoire. Dans le cas de Victoire, ça fait 25 ans qu'ils sont
là, dans le cas d'Eaton, ça fait depuis 1987. Ces deux
actionnaires-là ont 250 000 000 $ de capital dans le Groupe La
Laurentienne sur près de 1 000 000 000 $ de capital qui nous viennent de
sources externes. Si la transaction avec Desjardins ne s'était pas
produite, l'entente que j'avais avec nos actionnaires institutionnels, c'est
qu'ils monteraient leur capital dans l'ancienne Laurentienne vie pour passer ce
creux difficile que nous avons à traverser, mais nous avions les sources
de capital nécessaires s'il fallait adopter cette solution.
Alors, il a été dit que le Groupe La Laurentienne n'avait
pas le choix, que le Groupe La Laurentienne n'avait qu'une seule option,
qu'effectivement on était dans un cul-de-sac. Ça n'est pas vrai.
Le Groupe La Laurentienne avait des options devant lui, en raison
principalement de la présence d'actionnaires institutionnels puissants
à son capital-actions, mais nous pensions que, si nous pouvions
réaliser et ça, c'est dans le cadre d'une
problématique plus large de l'évolution des institutions
financières si nous pouvions à la fois régler le
problème de bilan de l'ancienne Laurentienne vie et à la fois
réussir à créer une entité financière de
plus grande taille pour les raisons que j'ai mentionnées, on faisait
d'une pierre deux coups. Et nous n'étions pas limités à
Desjardins dans notre recherche, ce qui a été mentionné
également, et nous avions plusieurs candidats,
et même aujourd'hui il y aurait plusieurs candidats qui seraient
intéressés à faire l'opération, qui est une
opération qui est gagnants-gagnants. Je pense que les actionnaires, les
mutualistes sont gagnants, je pense que Desjardins fait une excellente
transaction, et je n'accepte absolument pas les commentaires à l'effet
que le Groupe La Laurentienne était dans un état lamentable, mal
géré ou d'une rentabilité inacceptable.
Le Président (M. Lemieux): M. Béland... M.
le député de Saint-Louis, s'il vous plaît. M.
Béland et, après, ce sera vous, M. le député de
Saint-Louis.
M. Béland (Claude): Merci. Ce ne sera pas long, M.
Chagnon. Non, simplement aussi pour rassurer les membres de la commission ici,
en particulier M. Garon. Quand on dit: Bien, la commission veut s'assurer que
c'est une opération rentable, que ça va être solide, que
ça n'affecte pas Desjardins, écoutez, c'est comme le dit M.
Drouin, ça fait sept mois qu'on travaille sur cette
transaction-là avec une équipe de 175 personnes qui ont
été partout, dans toutes les entreprises, qui l'ont vraiment
fouillée au peigne fin, et je n'aurais jamais été capable
de convaincre mes administrateurs, 33 personnes c'est une commission
parlementaire, aussi, qui est difficile à traverser je n'aurais
jamais été capable de les convaincre si vraiment les chances de
succès de ce regroupement-là n'avaient pas été,
quand même, un risque très bien calculé.
Et d'ailleurs, concernant la capitalisation, M. Garon, on est à 6
% actuellement. Je regardais dans toute la liste des banques à travers
le monde, c'est sur le plan de la capitalisation qu'on se classifie le mieux;
on est la 105e parmi des milliers de banques. Bon. Je regarde les cotes, ici,
les cotes d'évaluation qui sont faites par Moody's, DBRS, Standard &
Poor's, pas les moindres, des grandes firmes d'évaluation des
institutions financières. Desjardins se classe parmi les plus hauts. On
est en bonne compagnie avec la Banque Royale. Je pense que ce n'est pas
ça, la question ici. Je pense qu'on a pris une décision...
Le Président (M. Lemieux): O.K. Je pense...
M. Béland (Claude): M. Garon disait: Qu'est-ce qui va
arriver sur la capitalisation? Je pense qu'on a tout regardé ça,
M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'était pas le sens,
je pense, de la question du député de Lévis, à
moins que je me trompe. Mais, M. le député de Lévis, je
dois céder la parole à M. le député de
Saint-Louis.
M. Garon: Non, juste une précision.
Le Président (M. Lemieux): Bien vite. Oui. Allez-y.
M. Garon: Bien vite, c'est: quand vous regardez le bilan au 31
décembre 1992, vous voyez: bénéfices non répartis,
non affectés, à la fin, vous voyez 26 000 000 $ dans le rouge
à La Laurentienne corporation, puis La Laurentienne Vie, 41 750 754 $.
Et, quand vous allez au total des bénéfices non répartis,
vous voyez: 20 000 000 $ dans un, c'est dans le rouge, puis l'autre, 20 900 000
000 $, puis l'autre, 10 500 000 $. Alors, au fond, c'est dans le rouge.
Moi, j'ai posé mon intervention en deux temps. Un, premier temps:
pourquoi La Laurentienne est dans la situation où elle n'a pas le choix
de trouver un partenaire? La cause de ça. Est-ce que c'est quelque chose
qui peut être changé? Parce qu'on voit que ça s'est accru.
Ça n'a pas diminué au cours des dernières années,
ça a augmenté. Alors, il faut regarder ce que ça donnait
comme résultat, La Laurentienne, puis après ça dire: Bien,
maintenant, après ça, dans un deuxième temps, comment avec
Desjardins ça va s'améliorer? Je ne mets pas en cause Desjardins.
Je ne veux pas que vous pensiez... La capitalisation de Desjardins, ce n'est
pas ça. Sauf qu'il y a problème à La Laurentienne Vie, on
le voit dans les chiffres.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Je pense que tous les
membres de cette commission en sont conscients, M. le député de
Lévis. Ça a été à la fois soulevé par
vous, à la fois par la majorité ministérielle.
M. le député de Saint-Louis, s'il vous plaît.
M. Chagnon: M. le Président, l'expérience des
commissions parlementaires pour l'étude des projets de loi privés
nous indique que, généralement, nous avons toujours
procédé par voie consensuelle pour l'adoption des projets de loi
privés. Depuis huit ans, dans cette commission, nous procédons de
cette façon-ci. Il y en a un, consensus, qui me semble être des
deux côtés de cette commission, des deux côtés,
ministériel et de l'Opposition, de cette commission, à savoir
l'importance et le bien-fondé de la transaction. La transaction, on la
retrouve dans le projet de loi 289.
Il y a un deuxième point qui, s'il n'est pas consensuel,
crée pour nous une obligation, M. le Président. Il a
été mentionné par M. Normand quand il nous disait, comme
il est bien expliqué dans la circulaire d'information, que, si aucune
mesure n'avait été entreprise avant le 31 décembre 1993,
de nouvelles sources de capitaux auraient dû être
recherchées sans délai. Au moment où on se parle, je pense
qu'il nous faut conclure que ce projet de loi doit être adopté
avant le 31 décembre 1993 pour qu'il puisse faire en sorte que la
transaction que nous trouvons tous intéressante puisse se
dérouler.
Le Président (M. Lemieux): Nous en sommes conscients. (13
heures)
M. Chagnon: Mais je remarque et je constate que les questions les
plus directes qui ont été posées à cette commission
ne touchent ni le préavis ni l'un ou
l'autre des articles du projet de loi mais un questionnement sur une
question qui prend davantage un caractère éthique, si je
comprends bien la question du président. Est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu, M. le Président, de revenir avec le Groupe La Laurentienne, de
regarder les autres projets que nous avons devant nous et de revenir, de faire
le point et de vider cette question-là une fois pour toutes, de
façon à éviter d'entacher non seulement l'adoption, mais
aussi la transaction comme telle? S'il n'y a rien là, comme on l'a d'une
part présumé, nous allons en convenir...
Le Président (M. Lemieux): Écoutez. C'est le
sens...
M. Chagnon: ...sinon nous allons finalement adopter le
projet.
Le Président (M. Lemieux): C'est le sens de la motion, je
crois, du député de Verdun qui a été retenue et qui
n'a pas été encore présentée. Mais, comme il est
exactement 13 heures et que la commission doit suspendre ses travaux
jusqu'à 15 heures, on aura l'occasion de discuter de ce point de vue
là. Alors, pour le moment, je suspends les travaux de cette commission.
Cette commission reprendra à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 10)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
relativement à l'étude du projet de loi 289, Loi concernant le
Groupe La Laurentienne et le Mouvement des caisses Desjardins et modifiant la
Loi concernant le Mouvement des caisses Desjardins.
Préalablement, M. le député de Lévis,
j'aurais peut-être une question à poser à M. Drouin, s'il
lui est possible, pour lui, de nous répondre par un oui ou par un non.
Evidemment, j'ai parlé ce matin que, relativement à ce
déboursé qui a été effectué, d'un montant
assez substantiel, vous concernant, la commission avait beaucoup
d'inquiétudes, d'interrogations sur le contexte, aussi, de cette
transaction, le caractère d'une telle entente. Et ma question est assez
simple. Est-ce que vous avez envisagé, M. Drouin, de renoncer à
cet avantage ou à ce bénéfice? Et est-ce possible pour
vous de nous répondre par un oui ou par un non avant que je cède
la parole à M. le député de Verdun?
M. Drouin (Jacques A.): Ma réponse est, M. le
Président, que je ne vois aucune raison de renoncer à cet
avantage.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M. le
député de Verdun, vous avez la parole.
M. Gautrin: M. le Président, formellement et comme je l'ai
indiqué ce matin, je ne remets pas du tout en... Je voudrais bien situer
mon intervention. Un, il s'agit ici d'une transaction qui est extrêmement
importante et que nous voulons qu'elle se fasse, premièrement;
deuxièmement, je ne remets pas en cause, en aucune manière, le
bien-fondé de ce qu'il y a. Mais il reste une image, une espèce
de tache, une certaine inquiétude qu'il peut y avoir au niveau d'une
image là-dessus. Moi, j'aurais souhaité qu'on puisse entendre,
comme commission, M. le Président, un ou des membres du conseil
d'administration de La Laurentienne qui ont participé aux
décisions du conseil d'administration concernant ces avantages qui vous
ont été donnés, non pas pour faire le procès
comprenez-moi bien ici non pas, M. le Président, pour faire le
procès, mais pour qu'on puisse voir que cette entente qui est
très importante, parce que c'est quand même une entente majeure,
actuellement, n'est pas entachée par ce qu'on pourrait avoir d'un
côté ou d'un autre. Et, moi, M. le Président, j'en ferais
la proposition formelle. Je vais finir de l'écrire et je vous la
dépose.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous me la
déposer?
M. Gautrin: Je vous la dépose tout de suite.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous me la lire?
Voulez-vous me la lire et me la déposer?
Motion proposant d'entendre un ou des
membres du conseil d'administration
de La Laurentienne concernant les
clauses du contrat de M. Drouin
M. Gautrin: Alors, «que la commission entende un ou des
membres du conseil d'administration de La Laurentienne qui ont participé
aux décisions du conseil d'administration concernant les clauses du
contrat de M. Drouin».
Le Président (M. Lemieux): Alors, si je comprends bien,
deux personnes étaient présentes à ce conseil
d'administration. Il s'agissait de M. Desmarais et de M. Marcel Aubut. Est-ce
qu'il y avait d'autres noms?
M. Drouin (Jacques A.): Non.
Le Président (M. Lemieux): Lorsque la décision
s'est prise au niveau du conseil d'administration, qui était
présent?
M. Drouin (Jacques A.): Bon. Nous avons passé tout
ça en revue pendant le déjeuner, étant donné que la
question...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Drouin (Jacques A.): ...avait été posée,
et nous avons relevé les dates, les présences, etc., et il y a
effectivement trois instances qui ont été impliquées. Il y
a le comité des ressources humaines il y a un comité des
ressources humaines dans les sociétés, ce qui est une pratique
normale il y a le conseil d'administration lui-même et il y a un
comité de déontologie. Toutes les fois qu'on a affaire à
des transactions entre parties liées, on soumet toujours ces
transactions-là à un comité de déontologie. Dans le
cas qui nous intéresse, ces trois instances-là de La Laurentienne
ont été impliquées.
Pendant le déjeuner, nous avons essayé de voir qui serait
disponible pour venir rencontrer la commission aujourd'hui, qui est
résident de Québec, parce que plusieurs de nos administrateurs
sont résidents ou bien de Montréal...
Le Président (M. Lemieux): Nous en sommes conscients.
M. Drouin (Jacques A.): ...ou bien de Rimouski, ou de
différentes... et la seule personne qui a été vraiment
impliquée dans les décisions, qui est résidente de
Québec et qui serait disponible pour venir rencontrer la commission
serait Me Marcel Aubut, qui est disposé à venir rencontrer la
commission...
Le Président (M. Lemieux): Nous sommes prêts
à...
M. Drouin (Jacques A.): ...si elle le souhaite.
Le Président (M. Lemieux): Nous sommes prêts
à l'entendre, et la commission va suspendre ses travaux, après
que j'aurai déclaré cette motion recevable pour entendre Marcel
Aubut, avant de procéder de nouveau à l'étude du projet de
loi 289, effectivement. M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Entre-temps, M. le Président, je
présume que nous pourrons entendre les projets de loi 263, 292, 279.
Le Président (M. Lemieux): La commission va continuer son
ordre du jour, effectivement.
M. Chagnon: O.K.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la motion du
député de Verdun est recevable. La commission la déclare
recevable. Est-ce que vous avez des commentaires à faire sur votre
motion, M. le député de Verdun?
M. Gautrin: M. le Président, très clairement, il
s'agit de clarifier une chose, et je ne voudrais vraiment pas qu'on prenne
cette motion-là comme une suspicion ou une manière de vouloir
remettre en cause une entente qui était bien une entente privée.
Il faut bien en être conscient. Il s'agit d'une entente purement
privée dans une corporation privée. Ce n'est pas au gouvernement
courant de se remettre là-dedans. Mais, compte tenu de l'importance de
la transaction et du fait que cette entente a été
déclarée, est arrivée aux yeux du public et peut remettre
en doute, disons, un certain côté de l'entente, j'aimerais que la
lumière soit faite dans ce sens-là, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Et vous devez comprendre, M. le
député de Verdun, que, préalablement à la
procédure parlementaire, comme il y a un autre intervenant au dossier,
avant de suspendre nos travaux, je vais entendre le député de
Lévis, mais nous avons l'obligation d'entendre cet autre intervenant,
qui est un monsieur... monsieur?
M. Gautrin: Moffet.
Le Président (M. Lemieux): Moffet. M. le
député Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: On parle d'une transaction privée. Ce matin, M.
Béland a dit qu'on ne faisait jamais ça dans le Mouvement
Desjardins. Je ne le sais pas, moi, j'ai travaillé pas mal dans des
mouvements coopératifs, dans des choses coopératives. J'aimerais
qu'on nous informe aussi si c'est souvent la pratique, dans les mouvements
coopératifs ou de type mutuel, parce qu'on est dans le mutuel,
là, alors on n'est pas dans une compagnie privée. Moi, si je suis
dans une compagnie privée, je peux donner mon argent à qui je
veux. On est de nature privée. Puis, quand on est dans des institutions
coopératives, bien, M. Béland a employé un bon terme, ce
matin, quand il a parlé de la culture Desjardins ou de la culture
coopérative; on ne fonctionne pas comme dans une compagnie
privée. Moi, mon argent, je peux le brûler si je veux. Je peux
faire n'importe quoi avec. Mais, quand on est dans une société de
nature mutualiste, essentiellement, on ne parle pas de profits, on parle de
trop-perçus, on parle de dividendes aux membres. On ne parle pas de la
même façon. Et là j'ai le sentiment que, quand on parle
qu'on est dans une transaction de nature privée, je regrette, on n'est
pas dans du privé ordinaire. On est dans une corporation mutualiste. Au
fond, c'est une mutuelle d'assurance. La Laurentienne était une mutuelle
d'assurance depuis 1938, quand elle a été fondée à
Lévis. C'étaient les gens qui provenaient de la même
culture que Desjardins. Dans ce genre de...
Je serais bien curieux de voir si, à la Coopérative
fédérée, quand son directeur général fait
des bonnes affaires, il a un pourcentage sur les profits ou sur les revenus
additionnels. Ça ne marche pas comme ça dans le mouvement
coopératif. C'est pour ça que, moi, je voudrais qu'on sache bien
de quoi on parle actuellement quand on parle d'un secteur privé. C'est
une entreprise mutuelle qui a eu un statut particulier, très particulier
en 1988, mais où c'était une corporation mutuelle de
gestion qui détenait La Laurentienne vie. On est dans une
institution particulière, là. On n'est pas dans une entreprise,
on n'est pas dans Les Nordiques, par exemple, hein?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Ce n'est pas le même genre. On n'est pas dans Les
Canadiens, non plus. C'est un autre genre d'entreprise. On est dans une
entreprise d'assurance mutuelle. Et je voudrais qu'on soit bien clair
là-dessus, il y a une culture particulière, et j'aimerais qu'on
se demande aussi si les entreprises mutuelles, habituellement, marchent de
cette façon-là.
M. Chagnon: C'est des questions, M. le Président, qui
pourront être posées, comme le fait savoir la proposition du
député de Verdun. À ce moment-là, on pourra
étudier les questions soulevées par le député de
Lévis. Mais je pense que, pour l'instant, il faut procéder.
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: Bien, M. le Président, je voulais rappeler au
député de Lévis...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Gautrin: ...et je pense qu'il va être d'accord avec moi,
que, lorsque j'ai parlé...
Le Président (M. Lemieux): Aïe! S'il vous
plaît, s'il vous plaît! Un instant!
M. Gautrin: Ma proposition est, je pense...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous, s'il vous
plaît... Un instant. Est-ce qu'il y a quelqu'un, ici, qui... Parce que
ça sort puis ça rentre. Pouvez-vous, une fois, fermer la porte,
s'il vous plaît?
M. Garon: C'est pour ça, une porte, là.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, je veux bien
comprendre, là, mais...
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Il est clair que les
questions que soulève le député de Lévis pourront
être posées si vous votez en faveur de la proposition que je viens
de faire, et qu'on va pouvoir poser des questions aux membres du conseil
d'administration. L'interprétation était purement mon
interprétation et n'engageait que mon interprétation à moi
quant au caractère privé de la transaction. Lé
libellé de la proposition que j'ai faite est le suivant. C'est:
«Que cette commission entende un ou des membres du conseil
d'administration qui ont si vous pouviez me donner mon libellé;
merci, vous êtes bien gentille participé aux
décisions du conseil d'administration concernant le contrat de M.
Drouin.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que la motion est
adoptée ou appel nominal? M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aurais une question de précision... Le
Président (M. Lemieux): Oui.
M. Garon: ...parce qu'on dit: Qu'on entende des membres.
M. Gautrin: Un ou des.
Le Président (M. Lemieux): Un ou des membres. Un ou des
membres, M. le député de Lévis.
M. Gautrin: Un ou des membres. Compte tenu de l'information qui
nous a été donnée, M. le Président...
M. Garon: M. Normand est membre. On en a entendu un.
Le Président (M. Lemieux): Oui, on en a entendu un.
M. Gautrin: Oui, oui... Non, non. Mais je voudrais avoir un autre
membre ou des membres, ceux qui sont disponibles. Il est clair que notre but,
en présentant cette motion, n'est pas, à l'heure actuelle, de
vouloir retarder le processus d'adoption du projet de loi et n'est pas du tout,
non plus, de faire dire: On va retarder les travaux de la commission, parce
qu'il faut faire venir tous les administrateurs, ce qui serait
complètement idiot. Le but est réellement de pouvoir
éclairer, avec les membres qui sont disponibles, dans un délai
raisonnable.
Le Président (M. Lemieux): En faveur de la motion? Appel
nominal? (15 h 20)
M. Gautrin: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Appel nominal, Mme la
secrétaire.
M. le député de Westmount, oui.
M. Holden: Un instant.
Le Président (M. Lemieux): Oui. S'il vous plaît! M.
Drouin, vous avez quelques commentaires, préalablement? Oui?
M. Drouin (Jacques A.): Juste un point. J'ai contacté M.
Aubut pendant le déjeuner, et il a un
horaire assez chargé aujourd'hui. Il est pris par surprise.
Est-ce qu'il serait possible de lui fixer une heure?
Le Président (M. Lemieux): La commission va s'ajuster. Il
est 15 h 20; 16 heures.
M. Drouin (Jacques A.): 16 heures? Le Président (M.
Lemieux): Oui. M. Drouin (Jacques A.): Très bien.
Mise aux voix
Le Président (M. Lemieux): Alors, appel nominal, madame?
Monsieur...
M. Gautrin: Appel nominal.
Le Président (M. Lemieux): Appel nominal, s'il vous
plaît.
La Secrétaire: O.K. Alors...
Des voix: Pas besoin.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Holderi: Pas besoin d'un appel nominal.
Le Président (M. Lemieux): Pas besoin? Alors, O.K., la
motion est donc acceptée à l'unanimité.
Organisation des travaux
Nous suspendons nos travaux relativement à l'étude du
projet 289 pour les reprendre à 16 heures, et nous allons entendre
immédiatement...
M. Garon: Pourquoi n'entendrions-nous pas M. Moffet en
attendant?
Le Président (M. Lemieux): Parce que, si la motion n'avait
pas été adoptée, j'aurais entendu immédiatement
l'intervenant. La motion ayant été adoptée, nous allons
entendre le membre du conseil d'administration. Par après, on pourra
entendre l'intervenant. Nous n'avons pas l'obligation, eu égard au fait
que la motion a été adoptée, d'entendre
immédiatement l'intervenant.
M. Gautrin: II n'est pas là avant 16 heures. M. Garon:
II est là! Bien, il n'est pas là?
Le Président (M. Lemieux): Oui, il est ici, mais monsieur
le...
M. Gautrin: II n'est pas là avant 16 heures.
M. Garon: Non, mais il est là!
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Verdun... M. le député de Verdun, s'il
vous plaît!
M. Garon: II est là!
Le Président (M. Lemieux): Oui. C'est que nous n'avons pas
l'obligation légale d'entendre immédiatement l'intervenant,
dû au fait que la motion a été adoptée. Et
après, après que nous aurons entendu l'administrateur, nous
allons effectivement entendre l'intervenant, pour procéder
immédiatement, M. le député de Lévis, à
l'étude du projet de loi 263 et pour que... Oui.
M. Holden: Excusez, mais...
Le Président (M. Lemieux): ...pour que le membre du
conseil d'administration qui aura à témoigner puisse aussi, s'il
le désire, entendre le témoignage de M. Moffet.
M. Holden: Bien, M. le Président, je trouve que, puisque
M. Moffet est ici, et qu'on est tous ici, je crois que ce qui nous
intéresse, c'est le projet de loi sur La Laurentienne. Les autres, on
peut les adopter assez vite. Mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: ...assez vite. C'est toujours ça.
M. Holden: Bien, c'est ça.
Des voix: ...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Holden: Ah, il y en a plusieurs autres. Est-ce qu'on passe
à un autre? On ne peut pas interrompre l'autre pour faire venir...
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, comme je l'ai
dit tout à l'heure, M. le député de Westmount, j'ai quand
même rendu une décision à l'effet que je suspendais les
travaux. Les droits des intervenants ne seront, je dirais, atteints d'aucune
manière, et nous pourrons entendre M. Moffet après que... Et M.
Moffet aura peut-être intérêt aussi à entendre
lui-même le témoignage d'un autre membre du conseil
d'administration, et je trouverais que ce serait créer une espèce
de préjudice que de lui permettre d'intervenir immédiatement et
directement, par rapport à d'autres individus.
Alors, en ce sens-là, ma décision est irréfutable,
elle est rendue. Je demanderais aux gens qui ont à
présenter le bill privé 263 de bien vouloir prendre place
à la table des témoins.
(Suspension de la séance à 15 h 24)
(Reprise à 15 h 26)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! Auriez-vous l'amabilité de bien vouloir
prendre place et de fermer les portes, s'il vous plaît? À l'ordre,
s'il vous plaît!
Projet de loi 263
J'ai appelé le projet de loi 263, Loi modifiant la charte des
Directeur et syndics de l'asile... S'il vous plaît! S'il vous
plaît, voulez-vous fermer la porte arrière?
J'ai appelé le projet de loi 263, Loi modifiant la charte des
Directeur et syndics de l'asile des orphelins de Saint-Patrice de
Montréal, et j'ai une remarque à faire. J'ai fait état,
tout à l'heure, du fait que nous entendrons Me Aubut à 16 heures.
Je veux que vous compreniez que j'ai ici un ordre du jour, et qu'à
l'ordre du jour le projet de loi 289 avait priorité. Et nous entendrons
Me Aubut dans le cadre du projet de loi 289. Alors, je suis bien conscient
qu'il y a d'autres personnes, ici présentes, qui ont un bill
privé à présenter, qui ont aussi des horaires
chargés. Mais je dois m'en tenir à l'ordre du jour tel qu'il a
été adopté par la commission. Alors, on ne fait pas...
N'ayez aucune inquiétude, M. Aubut ne jouit ici d'aucun privilège
de quelque nature que ce soit. C'est dû au fait qu'à l'ordre du
jour que j'ai devant moi le bill 289 devait passer en premier à
l'étude devant cette commission parlementaire aujourd'hui.
Alors, maintenant, sur ces remarques, M. le député de
Saint-Louis, qui êtes le parrain du bill, auriez-vous l'amabilité
de bien vouloir nous le présenter et de nous présenter les gens
qui vous accompagnent?
M. Chagnon: Merci, M. le Président. J'espère que
j'aurai plus de chance et plus de facilité avec ce filleul.
M. le Président, il s'agit de modifications à la
corporation et à la charte de la corporation, qui date de 1855 et qui a
été modifiée quatre fois depuis, la dernière fois
en 1963. Il s'agit presque essentiellement d'une corporation qui avait un
orphelinat, qui s'est départie de son orphelinat et qui veut maintenant
bâtir une fondation pour distribuer le fructus de la vente de
l'orphelinat et de ses fonds qui étaient déjà en
fiducie.
Alors, M. le Président, pour accélérer le processus
et permettre au député de Westmount de pouvoir procéder
dans le plus grand nombre de projets de loi possible avant de revenir à
289, il me fait plaisir de vous présenter M. Sean Finn, à
l'extrême gauche, à votre extrême gauche, conseiller
juridique chez Lavery, de Billy; le juge, l'honorable John A. Nolan, qui est
directeur du groupe...
M. Holden: Retiré.
M. Chagnon: Ha, ha, ha! Retiré, oui.
Le Président (M. Lemieux): Retiré?
M. Chagnon: Retiré.
Le Président (M. Lemieux): Mais pas au bâton.
Une voix: Non.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chagnon: M. Edward Tinmouth, syndic; et, finalement, Me Louis
Juneau, conseiller juridique de Lavery, de Billy.
M. le Président, le présent projet de loi a vu sa
parution, comme il est prescrit dans notre règlement, quatre fois dans
La Presse, les 9, 16, 23 et 30 mars dernier.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie,
monsieur...
M. Chagnon: J'inviterais peut-être M. Sean Finn à
nous donner quelques explications.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis. Alors, auriez-vous l'amabilité de
nous donner quelques explications relativement à ce bill
privé?
Exposé des requérants
M. Finn (Sean): Si vous permettez, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Finn (Sean): ...juste vous remercier pour nous avoir
reçus cet après-midi, et les membres de la commission,
également l'Assemblée nationale pour nous recevoir cet
après-midi pour entendre les motifs et bien-fondé des changements
proposés dans le projet de loi privé 263. Cette loi vient
modifier la charte d'une corporation qui est connue sous le nom de Directeur et
syndics de l'asile des orphelins de Saint-Patrice de Montréal, qui a
été constituée en 1855. Essentiellement, avant de
céder la parole à l'honorable John Nolan, vous donner les grandes
lignes. Étant donné un changement dans les activités de la
corporation, soit de ne plus diriger un orphelinat depuis bientôt 30
ans... Également, cette corporation-là, maintenant, n'agit plus
comme organisme de charité, donc elle n'exploite plus elle-même
des activités charitables. Elle voit, entre autres, à aider
financièrement les plus démunis de notre société,
également à financer des choses comme l'avancement de
l'éducation au Québec et à donner un coup
de main à certaines fondations, institutions de santé au
Québec.
Dans ce contexte-là, les pouvoirs de la corporation, qui existe
depuis 1865, ne sont plus conformes à la réalité
aujourd'hui, en 1993. Donc, on cherche à faire trois modifications. Si
vous permettez, très rapidement: redéfinir les objets et les
pouvoirs de la corporation; changer son nom malheureusement, pour qu'on
n'ait plus d'orphelinat, on doit changer notre nom; et, dernièrement,
lui fournir certains pouvoirs de nature purement de cuisine, si vous permettez,
pour une corporation en 1993.
Essentiellement, sur les grandes lignes, je voudrais peut-être
céder la parole, rapidement, à M. Nolan, le directeur de la
Corporation, pour vous dire quelques mots sur le fonctionnement de cette
corporation aujourd'hui. (15 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Nous vous écoutons.
M. Nolan (John A.): M. le Président, je suis un syndic
depuis 1963. J'ai été nommé directeur par
l'archevêque de Montréal, en 1985. Depuis que je suis devenu un
membre, tous mes collègues de ce temps-là sont
décédés. Aujourd'hui, moi-même, j'ai 82 ans. Mais
nous avons choisi... Les personnes sont remplacées par invitation des
membres qu'il reste. J'ai ici une copie des procès-verbaux pour 10 ans,
entre les années 1887 et 1908, pour vous donner une idée du soin
qui a été pris par les personnes qui étaient membres ou
syndics de cette corporation.
Depuis, il est nécessaire qu'il y ait un changement de charte
parce que nous avons quitté le besoin d'opérer un orphelinat.
Maintenant, nous avons vendu les terrains pour un beau montant: 7 $ le pied
carré. Depuis ce temps-là, nous avons agi comme une fondation
charitable. Depuis le moment où nous sommes devenus millionnaires, nous
avons dépensé à peu près 400 000 $ par année
pour tous les organismes catholiques, pour la plupart anglais, dans la ville de
Montréal et les environs.
Par exemple, l'année passée, nous avons reçu une
demande de l'hôpital St. Mary. Ils avaient besoin d'une machine de
dialyse. Ils nous ont demandé de donner le montant nécessaire
pour acheter deux machines. Nous avons donné un montant d'à peu
près 90 000 $.
Pour la restauration de la basilique de Saint-Patrice, nous avons offert
un montant assez généreux.
Tous les syndics et le directeur ne reçoivent pas de salaire, ne
reçoivent rien. Nous sommes ici à nos propres dépens.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas de
problème. Nous vous remercions pour vos commentaires.
Étude détaillée
Comme il n'y a pas d'autres interventions, j'appelle
immédiatement le préambule du projet de loi 263. Est-ce que le
préambule est adopté? M. le député de Westmount?
Adopté? Oui.
M. Holden: Adopté. I just wanted to say, Mr. Chairman,
that Judge Nolan and I are old and good friends and we go way back so, any
organizations that Judge Nolan is connected with, I am in favour of them.
Une voix: I just started...
M. Nolan (John A.): Thank you very much, Mr. Holden.
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le préambule est
adopté.
J'appelle l'article 1 du projet de loi privé 263. Est-ce qu'il
est adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 2 du projet de loi privé 263. Est-il adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons maintenant
l'article 3 du projet de loi 263. Est-il adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons l'article 4 du
projet de loi d'intérêt privé 263. Est-il
adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons l'article 5 du
projet de loi privé 263. Est-il adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons l'article 6 du
projet de loi privé 263. Est-il adopté?
M. Holden: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous appelons
maintenant l'article 7 du projet de loi privé 263. Est-il
adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons maintenant
l'article 8 du projet de loi d'intérêt privé 263. Est-il
adopté?
M. Holden: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 9 du
projet de loi 263 est-il adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons maintenant
l'article 10 du projet de loi d'intérêt privé 263, Loi
modifiant la charte des Directeur et syndics de l'asile des orphelins de
Saint-Patrice de Montréal. Est-il adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
M. Chagnon: M. le Président, avant d'adopter le projet de
loi, je voudrais spécifier qu'il y aurait une modification à
faire sur la version anglaise du projet de loi.
M. Holden: Ah!
M. Chagnon: À l'article 1.
Le Président (M. Lemieux): Oui?
M. Chagnon: La «Fondation St-Patrick de
Montréal» devrait se lire par «Montréal St. Patrick's
Foundation».
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous en faites un
amendement?
M. Chagnon: Si vous voulez, oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'amendement est
adopté?
M. Holden: Adopté. Le Président (M. Lemieux):
Adopté. Dépôt des amendements
Alors, voulez-vous déposer cet amendement, tout de même, M.
le député de Saint-Louis, pour qu'il soit enregistré aux
procès-verbaux?
M. Chagnon: Oui, voilà! J'aurais un autre papillon.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chagnon: Toujours sur la version anglaise.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chagnon: Supprimer, à l'article 6, les mots «a
notice of» qui précèdent immédiatement les mots
«any irregularity» dans la dernière phrase de l'article VIc
de la charte.
Le Président (M. Lemieux): Alors, voulez-vous nous
déposer ces amendements-là écrits, les amendements
étant adoptés dans les deux cas?
M. Chagnon: Je vous les dépose. M. Holden:
Adopté.
M. Chagnon: Et dernièrement, encore à l'article 6,
remplacer les mots «their number» par les mots «the
Trustees» à l'article VId de la charte.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 1 est
adopté tel qu'amendé?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 6 est
adopté aussi tel qu'amendé?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que le
projet de loi d'intérêt privé 263 est adopté dans
son ensemble, tel qu'amendé?
M. Holden: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Adopté dans son
ensemble, tel qu'amendé. Alors, je vous remercie.
Mme la ministre, vous avez une petite intervention.
Mme Robic: M. le Président, vous avez oublié de
demander à la ministre si elle était d'accord avec le projet de
loi.
Le Président (M. Lemieux): Ah! C'est parce que j'ai
entendu «adopté» par le député de Saint-Louis,
madame.
Mme Robic: Oui. Alors, je voulais vous souhaiter, messieurs, la
bienvenue à cette table. It is a pleasure meeting you. I have heard of
ail your good deeds and I see that you want to keep on with them but in a
différent manner. Congratulations and our very best!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Westmount.
M. Nolan (John A.): M. le Président et les membres du
comité, je vous remercie beaucoup pour votre
générosité et la chaleur de votre réception.
Projet de loi 292
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions de votre
participation à cette commission parlementaire, et nous allons
immédiatement passer au projet de loi d'intérêt
privé 292, Loi concernant la corporation «Hôpital
Laval».
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
relativement au projet de loi d'intérêt privé 292, Loi
concernant la corporation «Hôpital Laval».
M. le député de Louis-Hébert est le parrain du
projet de loi. Alors, M. le député de Louis-Hébert,
voulez-vous nous présenter les gens qui vous accompagnent et nous donner
le bien-fondé de ce projet de loi.
Remarques préliminaires M. Réjean
Doyon
M. Doyon: Oui. Il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue aux
représentants de l'hôpital Laval. Tout d'abord, M. Henri Larouche,
qui est directeur général maintenant depuis de nombreuses
années; de même que son avocat, Me Pierre Rivard, qui
représente l'hôpital Laval. (15 h 40)
Le projet de loi qu'on a devant nous est bref et demande peu
d'explications. Je n'irai pas dans les détails, mais simplement pour
situer la raison, le pourquoi de ce changement. Il s'agit d'enlever la
particule, en tout cas, la parenthèse (1975) dans le nom actuel de
«Hôpital Laval». Ça, ça été mis
dans le temps, en 1975, pour permettre la transmission des biens qui
étaient propriété des soeurs, à l'époque,
à la corporation «Hôpital Laval (1975)». Une partie de
ces biens s'en allait à la communauté des religieuses et l'autre
partie restait à l'hôpital Laval, connue encore sous le nom de
«Hôpital Laval», sauf que cette entité légale,
«Hôpital Laval», n'a plus d'activité et
«Hôpital Laval (1975)», qui opère véritablement
le centre hospitalier, voudrait pouvoir utiliser comme le sien propre le nom
«Hôpital Laval» sans les parenthèses (1975) qui sont
devenues inutiles, compte tenu... Et on ne veut pas leur permettre de le faire
tant que l'autre corporation n'aura pas été abolie, parce qu'il y
aurait deux corporations, deux compagnies qui porteraient le même
nom.
De toute façon, les explications pourront vous être
données dans le détail par Me Rivard. Et, d'après ce que
j'ai compris, il n'y a d'objection nulle part. Il n'y a personne... Il n'y a
pas de préjudice causé à qui que ce soit. Tout le monde
est d'accord, c'est une belle unanimité. Alors, on ne devrait pas avoir
besoin de s'y attarder trop longtemps. En tout cas, on prendra le temps qu'il
faudra, d'un autre côté. Je suis content de voir que la commission
a accepté de les recevoir et que ça puisse se faire aujourd'hui.
Alors, M. le Président, c'est ce que je voulais vous dire.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Louis-Hébert.
Vous avez des commentaires, maître, à ajouter?
M. Rivard (Pierre): D'abord, M. le Président, on voudrait
vous remercier de nous recevoir aujourd'hui. Les commentaires vont être
brefs, à l'effet que la corporation «Hôpital Laval
(1975)» n'a plus aucun bien. Elle n'est d'ailleurs plus... Comme l'a
expliqué le député Doyon, elle n'est plus en fonction.
Donc, c'est pour ça qu'on est ici aujourd'hui, de façon à
dissoudre l'ancienne corporation «Hôpital Laval (1975)».
Le Président (M. Lemieux): Merci. Mme la ministre, vous
avez des commentaires?
Mme Robic: M. le Président, tout simplement pour vous dire
que je suis d'accord avec l'analyse de l'Inspecteur général et
que je n'émets aucune objection.
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame. M. le
député de Westmount.
M. Holden: Aucune.
Étude détaillée
Le Président (M. Lemieux): Aucune objection. Alors, nous
appelons immédiatement le préambule du projet de loi privé
292, Loi concernant la corporation «Hôpital Laval». Est-ce
que le préambule est adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons l'article 1 du
projet de loi d'intérêt privé 292. L'article 1 est-il
adopté?
M. Holden: Adopté. M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons l'article 2 de ce
même projet de loi d'intérêt privé 292. Est-il
adopté?
M. Holden: Adopté. M. Doyon: Adopté.
Le Président (m. lemieux): nous appelons l'article 3 du
projet de loi d'intérêt privé 292, loi concernant la
corporation «hôpital laval». est-il adopté?
M. Holden: Adopté. M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que le
projet de loi d'intérêt privé 292, Loi concernant la
corporation «Hôpital Laval», est adopté dans son
ensemble?
M. Holden: Adopté. M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le titre, Loi
concernant la corporation «Hôpital Laval», est
adopté?
M. Holden: Adopté. M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Alors, je vous
remercie de votre participation à cette commission parlementaire au nom
des deux formations politiques.
M. Larouche (Henri): Merci beaucoup.
Projet de loi 279
Le Président (M. Lemieux): Et nous demandons maintenant
à ceux qui ont la responsabilité du projet de loi 279, Loi
concernant la Compagnie d'assurance funéraire, Urgel Bourgie,
ltée et ses filiales, de bien vouloir prendre place à la table
des témoins.
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous vous
écoutons, M. le député de Saint-Louis. S'il vous
plaît! Nous vous écoutons relativement au projet de loi
d'intérêt privé 279, Loi concernant la Compagnie
d'assurance funéraire, Urgel Bourgie, ltée et ses filiales.
M., le député de Saint-Louis, auriez-vous
l'amabilité de nous présenter ce projet de loi, d'identifier les
requérants et leur demander d'en exprimer le bien-fondé, s'il
vous plaît, à cette commission. M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Oui, M. le Président. Le projet de loi 279, on
vient de me le remettre.
Une voix: On ne s'improvise pas parrain! Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Chagnon: On ne s'improvise pas parrain. M. le
Président, d'abord, on va me dire qui vous êtes. Vous êtes
qui, M. Carli et monsieur?
M. Dubeau (Réjean): Dubeau. M. Chagnon: M.
Dubeau.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît,
pourriez-vous parler un petit peu fort, M. le député de
Saint-Louis, pour que nous puissions vous entendre.
M. Chagnon: M. le Président, le projet de loi 279 concerne
évidemment la Compagnie d'assurance funéraire Urgel Bourgie
ltée et ses filiales et vient modifier les lois des assurances du
Québec concernant une assurance funéraire de 1916, 1918, et
finalement, aux termes de cette loi, le 2 août 1917.
Nous avons avec nous M. Carli, qui est procureur de la Compagnie
d'assurance funéraire, Urgel Bourgie, et M. Dubeau, qui est
vice-président de la compagnie, vice-président Finances. Alors,
ces messieurs pourront nous dire parce que je ne le sais pas
quand les avis ont été publiés conformément
à notre règlement et, en même temps, nous pourrons
peut-être entendre M. Carli tout de suite.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis.
Me Carli, relativement au projet de loi d'intérêt
privé 279.
Exposé des requérants
M. Carli (Gilles): M. le Président, Mme la ministre, MM.
de l'Opposition, je tiens à vous remercier de nous avoir accueillis
aujourd'hui, compte tenu de votre échéancier un peu
chargé. Je tiens à remercier aussi M. le député de
Saint-Louis. Je croyais qu'on avait un projet de loi orphelin aujourd'hui, M.
le député Joly, le député de Fabre, étant
retenu dans une autre commission parlementaire. Il m'avait dit qu'il serait ici
d'esprit, mais je ne savais qu'il y avait quand même quelqu'un pour le
remplacer à pied levé, puis je remercie M. le
député de Saint-Louis. Vous ne le saviez pas? Ha, ha, ha!
En bref, il s'agit de quatre compagnies d'assurance funéraire qui
ont été créées au début du siècle.
J'ai remis un cahier à certains membres. Je pense que ça vous a
été distribué. C'est des compagnies d'assurance qui sont
inactives et qui ne peuvent plus émettre aucun contrat d'assurance
depuis 1976, date où certains amendements au Code civil et à la
Loi sur les assurances sont entrés en vigueur. Le but du projet de loi,
c'est simplement pour permettre à ces quatre compagnies, qui sont
à toutes fins pratiques filiales à part entière de la
même corporation mère, de se regrouper au sein d'une seule
entité corporative dont le but est de continuer l'existence, finalement,
des compagnies qui sont remplacées.
Le Président (M. Lemieux): De toute façon, je tiens
à vous féliciter, c'est très bien fait. Je ne sais pas
si ça va coûter plus cher à votre client, mais c'est
très bien fait.
M. Carli (Gilles): Non, pas vraiment. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre, vous avez des
commentaires?
Mme Robic: Je vais dire comme vous, M. le Président, c'est
tellement bien présenté qu'on ne peut qu'appuyer la
requête.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Westmount, mêmes commentaires?
M. Holden: Oui.
Étude détaillée
Le Président (M. Lemieux): Nous allons passer
immédiatement... J'appelle immédiatement le préambule du
projet de loi d'intérêt privé 279, Loi concernant la
Compagnie d'assurance funéraire, Urgel Bourgie, ltée et ses
filiales. Est-ce que le préambule est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 1 de ce
projet de loi d'intérêt privé 279. est-il
adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 2 de ce
projet de loi d'intérêt privé 279. est-il
adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le titre du projet
de loi d'intérêt privé 279, Loi concernant la Compagnie
d'assurance funéraire, Urgel Bourgie, ltée et ses filiales est
adopté?
M. Holden: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'ensemble de ce
projet de loi d'intérêt privé 279 est adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous vous remercions de
votre disponibilité et des documents que vous nous avez fait parvenir.
Bonne journée!
Nous allons suspendre une fraction de seconde, environ une minute.
(Suspension de la séance à 15 h 49)
(Reprise à 15 h 50)
Projet de loi 231
Le Président (M. Lemieux): Nous allons
immédiatement appeler les requérants du projet de loi
d'intérêt privé 231, Loi concernant la cession des biens et
de l'entreprise de Trust général du Canada et de la compagnie
Sherbrooke Trust.
M. le député de Saint-Louis, comme vous êtes le
député parrain de ce projet de loi, auriez-vous
l'amabilité de nous le présenter et de nous présenter les
requérants afin qu'ils expriment le bien-fondé de ce projet de
loi d'intérêt privé? M. le député de
Saint-Louis, la parole est à vous.
M. Chagnon: Oui, M. le Président. Merci beaucoup. II
s'agit essentiellement, dans ce projet de loi concernant la cession des biens,
comme le projet de loi le stipule, de l'entreprise Trust général
et de la compagnie Sherbrooke Trust à la Banque Nationale du Canada, qui
va faire l'acquisition de ces deux compagnies de fiducie.
M. Léon Courville, président et chef de la direction de la
Banque Nationale du Canada, est parmi nous; M. Michel Petit, à sa
droite, président et chef de la direction de Trust général
du Canada; Mme France David, directrice principale de Gestion de produits, de
la Banque Nationale du Canada, et Me Gérard Coulombe, de la firme
Desjardins, Ducharme, qui vient prêter main forte à ses clients,
qui vont rapidement nous faire part de la volonté qu'exprime ce projet
de loi, projet de loi dont la parution a été émise dans
La Presse, dans The Gazette et La Tribune les 14, 21, 28 octobre
et 4 novembre de cette année. M. Coulombe, peut-être, pour
commencer, ou M. Courville. M. Courville.
Le Président (M. Lemieux): Si c'est possible d'indiquer
aux membres de cette commission parlementaire vraiment le bien-fondé de
ce projet de loi d'intérêt privé.
M. Courville (Léon): C'est ce que je comptais faire...
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous vous
écoutons.
Exposé des requérants
M. Courville (Léon): ...en étant très bref.
Il s'agit, pour poursuivre la transaction d'acquisition du Trust
général du Canada ainsi que le Sherbrooke Trust, il s'agit de
faire une réorganisation corporative qui permet, effectivement, au Trust
général de fonctionner comme une compagnie de fiducie et d'avoir,
au sein de ses opérations, une fiducie que je qualifiais, moi, dans mes
termes non légaux, de «propre», et d'isoler toute la partie
des prêts immobiliers et autres qui ont été acquis
dans le contexte de la transaction du Trust général, de
les isoler du fonctionnement d'une compagnie de fiducie.
Les aménagements corporatifs que ceci comporte impliquent
malheureusement des réorganisations législatives qui font l'objet
de la présentation aujourd'hui. Je pense que, essentiellement, c'est le
bien-fondé de la demande que nous faisons aujourd'hui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Oui, s'il vous plaît.
M. Coulombe (Gérard): M. le Président, un mot
seulement pour indiquer, comme le mentionnait M. Courville, que le
bien-fondé du projet de loi repose sur le fait qu'il ne met en
péril aucunement les droits de quelque intervenant que ce soit,
notamment...
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que j'allais vous
demander, d'ailleurs.
M. Coulombe (Gérard): ...les déposants, bien
sûr, qui sont complètement protégés, puisqu'ils se
retrouveront dans ce que M. Courville appelle «un trust propre»,
c'est-à-dire plus solide financièrement que celui dans lequel ils
sont maintenant. Toute personne qui pouvait avoir des réclamations ou
des recours est protégée il y a un article spécial
de la loi qui le prévoit, on le verra tout à l'heure et le
droit des clients du Trust de faire affaire avec le Trust ou d'aller ailleurs
s'ils le désirent est également spécifiquement reconnu par
le projet de loi. Même si on pourrait croire que la cession des biens
entraîne la cession automatique de leur clientèle à la
Banque, le projet de loi leur reconnaît le droit, bien sûr, de
choisir leur institution financière. Donc, encore une fois, un projet de
loi qui facilite une réorganisation tout en préservant les droits
de toutes les personnes intéressées.
Discussion générale
Le Président (M. Lemieux): Merci. Mme la ministre, vous
avez des commentaires?
Mme Robic: M. le Président, je pense que l'explication est
très claire et précise. C'est une très bonne transaction
et on ne peut qu'appuyer cette transaction.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Westmount.
M. Holden: M. le Président, peut-être que
l'Inspecteur général peut m'éclairer. Il me semble que
c'est la transaction où le SIAP prend en partie... ce n'est pas la
même transaction du tout?
M. Bouchard (Jean-Marie): Le SIAP n'a rien à voir avec
ça. Le SIAP, c'est pour les compagnies d'assurance de personnes.
Ça, c'est une compagnie de fiducie.
M. Holden: Je veux dire la Société...
M. Bouchard (Jean-Marie): La Régie de
l'assurance-dépôts.
M. Holden: C'est ça. La Régie est dans le contrat.
Est-ce que, dans le dossier, le contrat a été produit, le contrat
entre la Banque et la Société? Parce que j'aimerais bien le
voir.
M. Bouchard (Jean-Marie): Le contrat n'est pas encore conclu
entre la Régie et la Banque parce qu'on est encore en discussion pour
terminer cette transaction-là, parce que les discussions continuent
également avec la Caisse de dépôt pour finaliser le
financement, ce qu'on appelle le «softco». Alors, tout
dépendant de ces transactions-là...
M. Holden: Oui. Il y en a qui l'appellent
«badco».
M. Bouchard (Jean-Marie): Badco, softco, enfin...
M. Holden: Non, mais, M. le Président, c'est une
transaction considérable. Je veux bien être coopératif,
mais il me semble qu'on aurait dû avoir un peu plus de documentation.
Si je me souviens bien, il y a plusieurs milliards de dollars
d'impliqués dans cette transaction.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que, à votre
bureau, M. l'Inspecteur général des institutions
financières, il y a eu une analyse comme telle? Il y a eu une analyse de
ce projet de loi?
M. Bouchard (Jean-Marie): Ah! Mais c'est nous qui l'avons
faite.
Le Président (M. Lemieux): Au niveau des droits, est-ce
que l'ensemble des droits des individus sont effectivement
protégés?
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui.
Le Président (M. Lemieux): En ce sens-là, ça
ne crée pas de problèmes?
M. Bouchard (Jean-Marie): Vous avez des clauses un peu partout,
entre autres, tant en ce qui concerne, par exemple, l'article...
Une voix: Oui, 3 et 4.
M. Bouchard (Jean-Marie): Vous en avez plusieurs. Vous avez, par
exemple, la clause fondamentale
en ce qui concerne... Ce n'est pas celle-là. Le principal, c'est
la clause qui dit qu'à la suite du transfert...
L'idée, à la base, est très simple. Comme M.
Courville l'a expliqué, c'est que la Banque nationale a convenu
d'acheter le Trust général du Canada et Sherbrooke Trust. Mais
Sherbrooke Trust et le Trust général étaient dans
l'état que l'on connaît et qui nécessite,
évidemment, ce qui a été convenu, qu'il y aurait une aide
de la Régie pour permettre la transaction, parce qu'il y avait des
actifs qui n'étaient pas acceptables et qui faisaient en sorte qu'il n'y
a personne qui achetait le Trust général du Canada sans une aide
de la Régie. Alors, il y a eu une entente de principe au niveau de la
Banque nationale et de la Régie, et la transaction finale a eu lieu le
16 juillet entre Trustco et la Banque nationale, mais la Régie
s'était prononcée sur un principe d'entente suivant l'offre qui
avait été proposée à Trustco en date du 18
mars.
Suite à cette acquisition de la Banque nationale, la Banque
nationale, évidemment, suivant son plan stratégique, doit
s'assurer que les trusts qu'elle achète rencontrent les fins qu'elle se
donne dans ses fins de stratégie. Alors, comme il y a, dans ces deux
trusts, des actifs improductifs et des actifs pour lesquels il y a une aide de
la Régie, ce n'est pas dans son intérêt de remettre au
monde et de perpétuer des trusts qui ont des problèmes.
Autrement, elle ne les aurait pas acquis, je présume. D'où
l'idée, par ce projet de loi, de créer deux trusts. Elle va
créer deux trusts, ils sont en voie de création. Il va y avoir
cession d'actifs à la Banque nationale qui, subséquemment, va
céder aux deux nouveaux trusts, qui vont subséquemment reporter
les mêmes noms, des bons actifs qui viennent de la Banque. De telle sorte
que les deux nouveaux trusts qui vont résulter de ça seront des
trusts sains, bien capitalisés, et la Banque va ramasser les mauvais
actifs, si vous me permettez l'expression, sur lesquels il y a des
problèmes, au niveau de la Banque, pour laquelle il y a une aide qui
avait été sollicitée au niveau de la Régie pour
l'aider à supporter cette transaction.
Mais comme il y a des cessions à la fois à la Banque et
aux deux nouveaux trusts, le public, lui, ne saura pas à qui s'adresser
s'il a un recours à exercer. Alors, c'est pour ça que vous avez
l'article 5, par exemple, qui est fondamental. On dit: «Rien dans la
présente loi n'affecte les droits d'une personne qui a une
réclamation». Elle peut exercer son droit contre qui? Contre le
cessionnaire du bien ou encore, au cas où elle ne le sait pas et
on ne veut pas qu'elle cherche, qu'elle ait à chercher contre
l'une ou l'autre des nouvelles compagnies de fiducie.
Alors, comme les actifs peuvent être cédés aux
trois, ils n'auront pas à chercher longtemps, on dit aux gens: Frappez
quelque part, chez une des trois, ça n'a pas d'importance, vos recours
sont possibles. C'était ça, l'idée de base.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député de Westmount.
M. Holden: Ce qui m'intéressait dans le temps,
c'était le montant que la Régie allait investir. Si j'ai bien
compris, pour le moment, la Régie n'injecte pas de l'argent parce que...
Si j'ai compris. Ça fait quoi, ça fait six mois qu'on en parle,
de ça?
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui, oui, c'est ça.
M. Holden: Est-ce que la Régie va être
obligée de participer dans la nouvelle compagnie? Si oui, qu'estce qu'on
va avoir comme garantie pour la Régie? Est-ce qu'on va avoir des
actions? Qu'est-ce qu'on va avoir?
M. Bouchard (Jean-Marie): L'entente qui avait été
prévue... Vous avez raison de soulever la question, parce que c'est
complexe. Vous vous rappelez, dans le temps, ça avait été
présenté dans le journal comme étant une transaction
très sophistiquée et d'un mécanisme très complexe.
Essentiellement, c'est ceci: II y a des actifs improductifs, qu'on appelle des
«bad assets», comme le plan de transaction financière, que
ce soit dans le cas du Royal Trust ou d'autres, que les acquéreurs ne
veulent pas acquérir. Bon. Alors, il a été convenu que ces
actifs-là, on créait un badco ou un softco, le «co»
que vous voulez, et on les transfère dans cette compagnie, parce que
ça veut dire que l'acquéreur ne les veut pas. Bon. Mais il faut
financer quand même la sortie de ces actifs-là par d'autres biens.
(16 heures)
Alors, ce qui avait été prévu dans l'entente, c'est
qu'il y aurait un prêt de la Caisse de dépôt de 100 000 000
$, il y aurait un solde de prix de vente de 97 000 000 $ sous forme de billets
qui rentraient dans l'actif de Trust général du Canada, mais dont
la rentabilité dépendait de la valeur des actifs du softco, et la
balance des actifs demeurait dans le Trust avec une perte qui avait
été estimée, dans le temps, qui pouvait monter
jusqu'à 324 000 000 $, suivant l'estimation qui avait été
faite par la Banque Nationale.
L'entente qui avait été négociée pour faire
la transaction par la Banque était à l'effet que, jusqu'à
concurrence de 230 000 000 $, c'étaient tous les détenteurs, les
actionnaires, les billets en sous-ordre qui supportaient toutes les pertes. Le
principe de base de la Régie: la Régie ne peut pas avancer un sou
public pour financer des actionnaires ou des détenteurs de
créances de Trustco; on n'a pas le droit de le faire. Donc, il fallait
s'assurer que toutes les pertes quelconques de la transaction soient vraiment
portées par les propriétaires et les créanciers en
question de Trustco, d'où le montant de 230 000 000 $ qui lave
complètement tout ceux qui avaient un intérêt
quelconque.
Au-dessus des 230 000 000 $, il avait été prévu que
la Régie obtenait de la Banque 16 000 000 $ en valeur d'actions de la
Banque Nationale, à la valeur où ces actions-là
étaient émises, donc, possibilité de plus-value si, d'ici
quatre ans, parce que le solde final de la transaction va se déterminer
d'ici quatre ans...
M. Holden: Dépendamment de ce qu'on fait avecbadco...
M. Bouchard (Jean-Marie): Dépendamment de la variation du
marché. Plus, la banque prenait un autre 5 000 000 $ de
responsabilité de pertes, ce qui veut dire que la Régie
intervenait à un niveau de 251 000 000 $ de pertes.
M. Holden: Après ça...
M. Bouchard (Jean-Marie): Là, on prenait 73 000 000 $ de
pertes, et l'excédent des 324 000 000 $ était pris en charge par
la Banque.
M. Holden: Et si on...
M. Bouchard (Jean-Marie): Ça, c'était la
transaction du 18 mars.
M. Holden: Ah, ce n'est pas ce que vous allez faire maintenant,
ou quoi?
M. Bouchard (Jean-Marie): Bien, je ne le sais pas, on est encore
en discussion avec la Banque, parce que, maintenant, la Banque, elle, a le
«due diligence», les négociations. Elle a
évalué la situation, elle a fait l'évaluation de la
situation au moment où elle a acquis l'entreprise, le 16 juillet 1993.
Le 16 juillet 1993. Là on est en discussion. Est-ce que le montant
d'improductifs est encore de 297 000 000 $ moins 100 000 000 $? La Banque dit
que c'est plus; nous, on dit que ce n'est pas autant que la Banque dit. Alors,
on est en discussion là-dessus.
M. Holden: Mais c'est à peu près dans les
chiffres...
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui, il s'agit de discuter
ça.
M. Holden: Bon, mais nulle part ici on ne mentionne la
Régie et tout ça.
M. Bouchard (Jean-Marie): Ça, ça n'a aucun
rapport.
M. Holden: O.K. Excusez-moi de vous interrompre, mais je me
souviens de cette transaction.
Le Président (M. Lemieux): Non, non. Je crois que
c'était important que nous puissions avoir cette information-là,
c'est quand même une transaction excessivement importante.
Étude détaillée
Alors, j'appelle immédiatement le préambule du projet de
loi d'intérêt privé 231.
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous passons
à l'article 1 du projet de loi privé 231. Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 2 du projet de loi privé 231. Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous passons
à l'article 3 du projet de loi privé 231. Est-ce qu'il y a des
commentaires relativement à l'article 3?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous passons
à l'article 4 de ce bill?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous appelons
l'article 5. L'article 5, c'est relativement aux commentaires que vous nous
avez faits tout à l'heure. O.K. Ça va?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que l'article 5
est adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons maintenant
l'article 6 de ce projet de loi d'intérêt privé 231. Est-il
adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons l'article 7 de ce
projet de loi.
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous appelons
l'article 8 de ce projet de loi. Est-il adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous passons maintenant
à l'article 9 de ce projet de loi d'intérêt privé
231, Loi concernant la cession des biens et de l'entreprise de Trust
général du Canada et de la compagnie Sherbrooke Trust. Est-il
adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le titre du projet
de loi d'intérêt privé 231, Loi concernant la cession des
biens et de l'entreprise de Trust général du Canada et de la
compagnie Sherbrooke Trust, est adopté? Adopté. Mme la
ministre?
Mme Robic: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi d'intérêt privé 231 est adopté?
Adopté.
Alors, je vous remercie de votre participation. Mme la ministre, vous
avez un léger commentaire?
Mme Robic: Alors, messieurs, on vous souhaite le meilleur des
succès et on espère que ce qu'on appelle le «softco»
deviendra une entreprise intéressante.
M. Courville (Léon): Merci beaucoup, Mme la ministre.
Mme Robic: Et on retirera nos billes ha, ha, ha! du
jeu!
M. Courville (Léon): On l'espère nous aussi. Merci,
Mme la ministre. Merci, MM. les députés.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie de votre
participation à cette commission parlementaire.
Oui, M. le député de Saint-Louis, vous avez une
proposition à nous faire?
M. Chagnon: Oui, j'aurais une proposition à vous faire:
d'entendre les deux autres projets de loi privés que nous avons avant de
revenir avec le...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement
de cette commission pour modifier l'ordre du jour? Consentement,
consentement.
Nous suspendons environ une minute pour permettre aux requérants
du projet de loi privé 280 de bien vouloir prendre place à la
table des témoins.
(Suspension de la séance à 16 h 6)
(Reprise à 16 h 7)
Projet de loi 280
Le Président (M. Lemieux): Nous passons
immédiatement au projet de loi d'intérêt privé 280,
Loi concernant Compagnie Trust Royal.
M. le député de Saint-Louis, comme vous êtes le
proposeur de ce projet de loi, voulez-vous, s'il vous plaît, nous
présenter ce projet de loi et demander aux requérants de bien
vouloir se présenter pour en faire ressortir le bien-fondé? La
parole est à vous, M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci beaucoup, M. le Président. Le projet de
loi 280 concerne l'acquisition du Trust Royal par la Banque Royale. Il s'agit
essentiellement de faire les modifications de charte pour permettre la fusion
de Trust Royal dans les actifs déjà importants de la Banque
Royale.
Pour en parler peut-être un peu plus longuement, je voudrais vous
présenter, à votre gauche, M. le Président, M. Richard
Martin, président de la compagnie Trust Royal; au centre, M.
Émilien Bolduc, vice-président directeur et chef des finances,
Banque Royale du Canada; et Me Caroline Pillon, associée chez Ogilvy,
Renault.
Le Président (M. Lemieux): Me Caroline...
M. Chagnon: Pillon.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Chagnon: P-i-1-l-o-n. Alors, c'est peut-être Pillon.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, la compagnie... pas la
compagnie, mais le projet de loi a été, comme le
suggère... non seulement le suggère, mais le prévoit notre
règlement, publié dans Le Devoir et The Gazette, les 13,
20 et 27 septembre et 4 octobre de cette année. Merci, M. le
Président.
Peut-être pourrions-nous passer la parole...
Le Président (M. Lemieux): Je demanderais aux
requérants, à un des requérants de bien vouloir nous faire
ressortir le bien-fondé de ce projet de loi, ce pourquoi vous êtes
devant cette commission parlementaire aujourd'hui.
Exposé des requérants
M. Bolduc (J. Émilien): M. le Président, membres de
la commission, Mme la ministre, mesdames et messieurs, nous désirons
vous remercier aujourd'hui de nous donner l'occasion de nous présenter
devant votre commission afin d'expliquer en quoi consiste la demande que nous
avons soumise à l'Assemblée nationale.
Comme vous le savez, la Banque Royale a fait l'acquisition du Trust
Royal le 1er septembre de cette année. Cette transaction a permis
à la Banque d'acquérir des services fiduciaires et des services
de garde de titres bien établis au Canada et à l'échelle
mondiale qui, à
notre avis, cadrent bien dans les affaires commerciales et les
activités de la Banque Royale.
L'acquisition du Trust Royal a été
considérée comme un moyen de permettre à la Banque de
combler certains de ses besoins stratégiques à long terme, tout
en assurant en même temps la survie d'une vénérable
institution financière d'origine séculaire.
Les facteurs économiques justifiant cette acquisition
requièrent l'accomplissement de synergie, tant au niveau des structures
corporatives qu'au niveau des activités commerciales. En fait, la
demande que la Banque a présentée au ministre
délégué aux Finances en vue de faire approuver
l'acquisition du contrôle de la compagnie Trust Royal décrivait
les intentions de la Banque en ce qui concerne le réaménagement
des différentes activités entre la Banque et le Trust Royal,
à savoir que la plupart des activités qui se distinguent de
celles de la Banque continueraient d'être exercées par Trust Royal
tandis que les autres activités et fonctions communes aux deux
organisations seraient regroupées au sein de la Banque. En somme, on
prévoit regrouper les services de fiducie personnels, les services de
gestion privée et les services de haut de gamme sous l'enseigne du Trust
Royal. (16 h 10)
Les 25 succursales des services fiduciaires de la compagnie Trust Royal
et de la Société Trust Royal du Canada serviraient de
centres-vedettes qui s'adresseraient aux segments de 2 % supérieurs du
marché des services aux particuliers. Trois de ces succursales se
trouvent au Québec et, avec le temps, la Banque intégrera ces 30
centres de gestion privée à ce réseau de distribution,
dont sept seront au Québec.
Le chevauchement de la réglementation constitue un des obstacles
à l'obtention de synergie désirée au niveau des structures
corporatives. Comme vous le savez, les lois régissant les institutions
financières, dont le fonds est essentiellement le même, varient
considérablement dans leurs détails d'une province à
l'autre, de même qu'entre le gouvernement fédéral et les
provinces.
Jusqu'à l'acquisition du Trust Royal, la Banque Royale et les
sociétés de son groupe étaient principalement soumises
à la juridiction des autorités fédérales alors que,
comme vous le savez, les sociétés du groupe du Trust Royal sont
constituées et régies principalement en vertu des lois du
Québec et dés lois fédérales.
Le fait que les deux plus importantes sociétés de fiducie
du Trust Royal, c'est-à-dire la Société Trust Royal du
Canada et là Compagnie Trust Royal soient régies par deux
juridictions principales différentes, soit le gouvernement
fédéral, dans le premier cas et le gouvernement du Québec,
dans le deuxième cas, crée beaucoup de difficultés tant au
niveau administratif qu'au niveau réglementaire.
L'administration de ces deux compagnies peut devenir un cauchemar qui,
bien souvent, est source de confusion pour le public et parfois même pour
les entreprises elles-mêmes et pour les organismes qui les régle-
mentent. Afin de simplifier la structure du groupe du Trust Royal, nous nous
proposons de fusionner la compagnie Trust Royal avec la compagnie Trust RBC
immédiatement après la prorogation de la compagnie Trust Royal en
tant que société de fiducie du régime
fédéral.
La compagnie Trust RBC est une société de fiducie du
régime fédéral que la Banque a constituée l'an
dernier et qui est habilitée à exercer ses activités dans
toutes les provinces du Canada, y compris au Québec. Il est
éventuellement prévu de procéder à une
deuxième fusion entre la nouvelle entité issue de la
première fusion, laquelle sera appelée Compagnie Trust Royal et
Société Trust Royal du Canada, ce qui créera une grande
société de fiducie de régime fédéral
habilitée à exercer ses activités dans chacune des
provinces et chacun des territoires du Canada.
Cependant, pour ce faire, il faut surmonter certaines difficultés
légales que je vais vous exposer et qui expliquent le pourquoi de notre
présence devant vous aujourd'hui, M. le Président. Comme je l'ai
déjà dit, Compagnie Trust Royal est une société de
fiducie qui a été constituée en vertu des lois du
Québec. Pour la fusionner avec la compagnie Trust RBC ou toute autre
société de fiducie du régime fédéral, il
faut la transformer en une société de fiducie qui soit
également de régime fédéral ou, comme le disent les
avocats, la proroger sous le régime fédéral.
Bien que les lois fédérales relatives aux fiducies
permettent à une société de fiducie d'être
transformée en une entité fédérale, il faut, dans
le cas présent, que le Québec, qui est la juridiction de
constitution, autorise le changement du régime de constitution de la
Compagnie Trust Royal. Cette autorisation particulière est requise car
les lois du Québec, par ailleurs, applicables ne permettent pas un tel
changement de régime à l'heure actuelle. C'est pour cette raison
que nous demandons à l'Assemblée nationale d'adopter le projet de
loi privé 280, qui aurait pour effet d'autoriser Compagnie Trust Royal
à demander aux autorités fédérales
l'émission de lettres patentes de prorogation lui permettant
d'être prorogée comme société sous le régime
fédéral.
Une fois que la société aura été
prorogée sous le régime fédéral et que les fusions
auront été réalisées, nous disposerons d'une
société de fiducie solide ayant des activités dans tout le
Canada. Il est entendu que cette société fera rapport au
Québec, à l'Inspecteur général des institutions
financières, qui continuera d'exercer des pouvoirs de surveillance et de
contrôle sur ses activités.
Nous croyons que le public bénéficiera du regroupement de
ces trois sociétés de fiducie en une seule entité qui
conservera son identité propre sous la dénomination du Trust
Royal, une des plus anciennes et des plus prestigieuses institutions
financières du Canada et du Québec. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre, vous avez des
commentaires?
Mme Robic: Oui, M. le Président. Je voudrais souhaiter la
bienvenue à M. Bolduc, M. Martin et Mme Pillon et vous avouer, M. le
Président, que ce n'est pas de gaieté de coeur que j'acquiesce
à la demande du Trust Royal de changer de juridiction.
Vous savez, M. le Président, c'est ma compagnie, ça, le
Trust Royal! J'ai travaillé là pendant plusieurs...
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes en conflit
d'intérêts direct, madame.
Mme Robic: Oui, M. le Président, je suis en conflit
d'intérêts. Voyez-vous, je l'appelle encore «ma
compagnie». J'ai participé à de longues discussions afin de
faire en sorte qu'on ait une compagnie Trust Royal à charte du
Québec. J'aurais aimé mieux que ce soit quelqu'un d'autre que moi
qui appuie votre demande, mais je la comprends très bien, qu'au nom de
la simplification, de l'efficacité, le besoin est de vous regrouper.
Alors, M. le Président, je n'ai aucune objection à ce que cette
transaction se fasse.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la ministre.
M. le député de Westmount.
M. Holden: Si je comprends bien, il n'y aura plus «The
Royal Trust and Fidelity Company»; ça, ça fait longtemps
que ça n'existe plus.
Une voix: Ça fait longtemps que ça existe...
M. Holden: Vous allez changer toutes les désignations en
Trust RBC?
M. Bolduc (J. Émilien): Non, M. Holden. Il y a beaucoup
d'opérations qui vont continuer sous le régime du Trust Royal,
sous le nom du Trust Royal. Nous avons simplement déterminé que
le Trust Royal avait une clientèle importante, de haut de gamme, et que
le Trust Royal avait un service de très haute qualité. Nous
n'avons absolument aucune intention de détruire ces bonnes
qualités. On va continuer à opérer, à avoir
beaucoup d'opérations sous le couvert du Trust Royal.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui. Je voudrais juste savoir s'il y a des
poursuites en suspens en ce qui concerne le Trust Royal et les problèmes
financiers qui ont été à l'origine des transferts, s'il y
a des poursuites en cours, disons. Pas en suspens, en cours.
M. Bolduc (J. Émilien): Non. Les seules poursuites que
vous avez devant la cour, ce sont des poursuites dans le cours normal des
opérations. Parce que toute institution financière est sujette
à une foule de poursuites pour services à la clientèle ou
pour une foule de raisons. Mais en ce qui a trait à l'acquisition par la
Banque des entités du Trust Royal, il n'y a pas de poursuite en
cours.
M. Léonard: Aucune poursuite au moment où nous
parlons?
M. Bolduc (J. Émilien): Au moment où nous nous
parlons, aucune poursuite, en ce qui nous concerne.
M. Léonard: Dans les propositions de
réorganisation, les journaux ont fait état, il me semble,
à un moment donné, que certains anciens actionnaires voulaient
poursuivre.
M. Martin (Richard R.): Ce discours-là se fait à
l'égard de l'ancienne société mère de la Compagnie
Trust Royal, qui s'appelle maintenant la compagnie Gentra, mais ça,
ça ne touche pas directement Compagnie Trust Royal ou la Banque
Royale.
M. Bolduc (J. Émilien): Je vous remercie, Richard,
d'apporter ces précisions, parce que lorsque l'on a fait l'acquisition
du Trust Royal, on n'a pas fait l'acquisition de la compagnie mère. Il y
a certaines activités qu'on n'a pas acquises, et les poursuites sont
plutôt à ce niveau-là.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Labelle? Ça va. Alors, nous appelons maintenant
le préambule.
M. Léonard: Disons que l'Inspecteur général
fait signe que oui; ça me rassure aussi.
Le Président (M. Lemieux): Ça vous rassure,
ça va?
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Alors, c'est bien un oui, M.
l'Inspecteur général des institutions financières,
relativement aux poursuites?
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui. Étude
détaillée
Le Président (M. Lemieux): Oui, ça va. Alors, nous
appelons maintenant le préambule du projet de loi d'intérêt
privé 280, Loi concernant Compagnie Trust Royal. Est-ce que le
préambule est adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons
maintenant l'article 1 du projet de loi d'intérêt
privé 280. L'article 1, est-il adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons l'article 2;
l'article 2 est-il adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons l'article 3;
l'article 3 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous appelons
l'article 4 du projet de loi d'intérêt privé 280, Loi
concernant Compagnie Trust Royal. L'article est-il adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le titre du projet
de loi d'intérêt privé, Loi concernant Compagnie Trust
Royal, est adopté?
M. Holden: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi d'intérêt privé 280, Loi concernant Compagnie Trust
Royal, est adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
Nous vous remercions de votre participation à cette commission
parlementaire.
Je demanderais aux requérants du projet de loi 256, Loi modifiant
la Loi constituant en corporation the «Order Sons of Italy in
Canada» de bien vouloir prendre place à la table des
requérants.
M. Bolduc (J. Émilien): M. le Président, est-ce
que...
Le Président (M. Lemieux): Vous voulez faire un
commentaire.
M. Bolduc (J. Emilien): ...vous me permettez de vous
remercier...
Le Président (M. Lemieux): Oui, je vous le permets.
M. Bolduc (J. Émilien): ...de vous remercier et de
remercier la commission? Merci.
Le Président (M. Lemieux): Très bien. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 20)
(Reprise à 16 h 21)
Projet de loi 256
M. Chagnon: M. le Président, essentiellement, le projet de
loi 256, Loi modifiant la Loi constituant en corporation the «Order Sons
of Italy in Canada», dont la dénomination sociale deviendra
«l'Ordre des Fils d'Italie au Canada» qui a changé sa
dénomination sociale en 1979 cherche à démutualiser
sa société d'assurances.
Pour nous expliquer les modifications demandées, nous avons avec
nous M. Roberto Aspri, au centre; M. Francesco Pantaleo; et M. Nunzio Chilemi,
qui est secrétaire.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis. Nous sommes prêts à vous
écouter sur le bien-fondé de votre requête relativement au
projet de loi d'intérêt privé 256.
Exposé des requérants
M. Aspri (Roberto): Merci. Alors, M. le Président, Mme la
ministre et les membres de la commission, je voudrais tout d'abord vous
remercier de nous recevoir aujourd'hui devant la commission, et j'aimerais vous
donner un bref résumé du bill qu'on présente.
Nous sommes une association sans but lucratif, qui a été
fondée en 1919, mais dont le bill privé a été
demandé plus tard, et nous en avons eu un d'émis dans les
années 1924-1925. Par la suite, le véritable bill privé
qui a tout refait le point sur l'association, il date de 1937. Alors, tout
d'abord, à l'époque où l'association a été
créée, il s'agissait, de façon fondamentale, d'une
association pour aider les familles italiennes qui venaient s'installer
à Montréal et au Canada en général. On les aidait.
Par exemple, on faisait l'accueil; aussi, il y avait une aide financière
qui pouvait être accordée en cas de décès ou en cas
de maladie des membres de l'association.
Il faut aussi se rappeler qu'à cette époque, dans les
années 1919-1920, il n'y avait pas de programmes gouvernementaux qui
pouvaient parer aux problèmes auxquels une famille aurait pu se voir
confrontée, ce qui n'est plus maintenant le cas.
Au fil des années, les activités de l'association, de
même que ses objectifs, ont été modifiés pour
devenir beaucoup plus une association culturelle; au niveau social aussi,
très impliquée dans ce domaine-là. Depuis plusieurs
années, je dirais qu'il y a eu une grande baisse dans les membres qui
participaient comme membres assurés: ils s'en allaient plutôt
comme membres adhérents. Même que dans les dernières
années, il n'y en a pas eu du tout, de membres assurés, et c'est
la raison pour laquelle on demande à la commission et à
l'Assemblée nationale d'accepter ce changement dans notre bill
privé, pour démutualiser notre association et la rendre une
association sans but lucratif pour fins culturelles, sociales et sportives.
Discussion générale
Le Président (M. Lemieux): Merci. Est-ce qu'il y a des
commentaires, Mme la ministre?
Mme Robic: Ah bien, M. le Président, vous allez encore me
dire que je suis en conflit d'intérêts, c'est des amis qu'on a
là! M. Chilemi, M. Pantaleo, ça fait longtemps que je les
connais, et c'est une belle association, M. le Président, qui a
répondu, au début de l'immigration italienne, à des
besoins pour ces familles qui arrivaient au Canada et qui avaient besoin de
soutien, mais, en ce moment, une communauté importante du Québec,
qui est très bien intégrée et qui a ses propres
institutions financières, maintenant.
Vous voulez tout simplement ne faire de cette association qu'une
association et séparer ce qui est partie assurance, si j'ai bien
compris. Alors, M. le Président, c'est avec plaisir que j'appuie cette
requête.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Westmount.
M. Holden: Oui, je suis d'accord avec la ministre. Si je savais
dire quelque chose en italien, je le dirais, mais malheureusement... Ha, ha,
ha!
Mme Robic: On dit: Bonjourno. Como esta? Ha, ha, ha!
M. Holden: Ah!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui. Tout simplement une question d'information.
J'aimerais savoir. Je vois que c'est une association qui a été
formée en partie pour des assurances, mais c'est devenu une corporation
à but non lucratif constituée pour des fins culturelles, sociales
et sportives. Est-ce qu'il y a eu un capital d'accumulé? Est-ce que vous
disposez d'un capital actuellement?
M. Aspri (Roberto): Oui, effectivement nous avons un capital.
M. Doyon: Pouvez-vous nous dire le montant de ce capital qui est
accumulé actuellement?
M. Pantaleo (Francesco): II est de 350 000 $, à peu
près.
M. Doyon: De 350 000 $? M. Pantaleo (Francesco): Oui.
M. Doyon: Qui est placé de toutes sortes de façons,
dans des obligations, dans des...
M. Pantaleo (Francesco): Dans les banques. Oui.
M. Doyon: Dans les banques? M. Pantaleo (Francesco):
Oui.
M. Doyon: Sous forme de certificats de dépôts
garantis?
M. Pantaleo (Francesco): Oui, c'est ça.
M. Doyon: Et est-ce que ces 350 000 $ ont été
accumulés en partie suite à des activités
d'assurances?
M. Pantaleo (Francesco): Non. Ils ont été
accumulés en partie dans des activités sociales, culturelles,
etc.
M. Doyon: Oui.
M. Pantaleo (Francesco): Pour la partie assurances, nous avons
toujours remis de l'argent dedans, mais nous avons acheté, pour tous les
membres qui avaient l'assurance, une assurance collective. Tous les membres
sont couverts.
Maintenant, si vous acceptez notre demande, les membres ne paieront plus
les primes pour l'assurance. Il restera le même montant d'assurance, mais
ils ne paieront plus la prime pour l'assurance.
M. Doyon: Très bien.
M. Pantaleo (Francesco): C'est un bénéfice que nous
donnons à nos membres pour les années... Moi-même, je suis
membre.
M. Doyon: D'accord. Maintenant que vous deviendrez
démutualisé, les fonds dont vous disposez, les 350 000 $, seront
administrés par un conseil d'administration...
M. Pantaleo (Francesco): Toujours.
M. Doyon: ...nommé par les membres, d'après ce que
je comprends.
M. Pantaleo (Francesco): Oui, c'est ça.
M. Doyon: Oui. Combien avez-vous de membres?
M. Pantaleo (Francesco): Disons que les membres avec assurance,
ils sont 400. Mais tous les membres, nous sommes à peu près
3000.
M. Doyon: Oui, 3000 membres.
M. Pantaleo (Francesco): Oui.
M. Doyon: Vous avez des assemblées
régulières?
M. Pantaleo (Francesco): Chaque mois. M. Doyon: Tous les
mois. M. Pantaleo (Francesco): Oui.
M. Doyon: Et est-ce que vous avez une assemblée
générale par année pour élire le conseil
d'administration?
M. Pantaleo (Francesco): Oui.
M. Doyon: Et le conseil d'administration est composé de
combien de personnes?
M. Pantaleo (Francesco): De 11 personnes.
M. Doyon: De 11 personnes. Les 350 000 $ qui sont
accumulés en capital, comment avez-vous l'intention d'en disposer?
Est-ce que vous pouvez informer cette commission si vous êtes prêts
à en disposer de la même façon que c'était le cas
avant la démutualisation, selon les mêmes règles, pour les
mêmes objectifs?
M. Pantaleo (Francesco): Oui.
M. Doyon: Est-ce que je vous comprends bien en disant
ça?
M. Pantaleo (Francesco): Oui, ça servira toujours pour
tous les membres. Par exemple, nous autres, l'année prochaine, nous
aurons le 75e anniversaire de notre association; alors, on va faire des
activités. Certains membres devront mettre de l'argent dedans.
Peut-être qu'ils vont gagner dans une partie et ils vont le mettre dans
une autre pour l'administration de l'association. Ça ôte la partie
mutuelle, mais elle devra continuer peut-être encore pour 100 ans ou 150
ans, je ne sais pas combien. Alors, ça servira toujours pour les
membres, pour que nous organisions aussi des activités pour les membres:
par exemple, des activités à l'été, l'hiver,
l'automne. Nous avons un groupe de folklore; Mme Robic est au courant. Nous
avons demandé aussi de l'aide. Nous avons différentes
activités. L'argent servira pour ça aussi.
M. Doyon: Donc, si je résume un peu ce que vous me dites,
votre intention est que l'argent qui est accumulé, qui a
été accumulé au fil des ans ça a pris des
dizaines et des dizaines d'années cet argent sera
dépensé pour le bénéfice des membres, selon les
mêmes règles et de la même façon qu'il l'était
auparavant, avant la démutualisation.
M. Pantaleo (Francesco): Oui.
M. Doyon: Vous me répondez oui à ça?
M. Pantaleo (Francesco): Oui.
M. Doyon: Très bien. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Louis-Hébert.
Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, cette association, qui a un
double mandat en ce moment, une d'association et l'autre d'émettre des
polices d'assurance pour ses membres, cesse ses activités d'assurance,
prend les polices qui sont existantes et les place chez un assureur, les
transfère chez un assureur. Donc, tous ceux qui, présentement,
détiennent une police chez vous, à travers l'Ordre des Fils
d'Italie, vont continuer à être couverts par une police
d'assurance qui est transférée à une compagnie
d'assurances.
M. Pantaleo (Francesco): J'ai acheté une police
d'assurance pour tous les membres dans la compagnie Maritime. Alors, c'est
déjà tout couvert avec le même montant qu'avant.
Mme Robic: Et ce qui reste dans le compte, c'est ce qui reste
comme association...
M. Pantaleo (Francesco): Oui.
Mme Robic: ...dans l'association, et qui sert à des
activités qui sont bien définies par votre charte.
M. Pantaleo (Francesco): Oui. Mme Robic: C'est tout
simplement ça.
M. Aspri (Roberto): Mme la ministre, on a fait faire aussi une
étude actuarielle qui était jointe à la demande du projet
de loi, qui en explique la composition, si on veut.
Mme Robic: C'est ça. Je voulais tout simplement qu'on se
comprenne bien, qu'il n'y a personne là-dedans qui est
lésé.
M. Aspri (Roberto): Effectivement.
M. Pantaleo (Francesco): Personne n'a eu un million!
Mme Robic: Personne n'a eu un million non plus. Vous avez bien
raison.
M. Doyon: Je veux que ce soit clair aussi de mon
côté, M. le Président, que je n'ai pas voulu insinuer que
personne n'était lésé. J'ai posé des questions tout
simplement pour savoir combien... (16 h 30)
Mme Robic: Oui.
M. Doyon: ...il y avait de capital, une fois les assurances
payées, une fois tout ça réglé, et je voulais
savoir quelle était l'intention des gens de disposer de ce
capital-là. On m'a répondu à ma satisfaction. Je n'ai pas
insinué ou voulu insinuer quoi que ce soit. Je suis complètement
à l'aise avec ça et je vous remercie de vos réponses.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Louis-Hébert, vous êtes dans votre droit de poser toutes les
questions que vous voulez, de quelque nature qu'elles soient.
M. Doyon: Merci beaucoup. Je n'en ai pas d'autres,
d'ailleurs.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie.
Étude détaillée
Maintenant, j'appelle le préambule du projet de loi
d'intérêt privé 256. Est-ce que le préambule est
adopté?
M. Holden: Oui. Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 1 est-il
adopté?
M. Holden: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Holden: Oui, adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 2 du projet de loi d'intérêt...
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): ...privé 256.
Adopté. J'appelle l'article 3. L'article 3 est-il adopté?
M. Holden: Oui.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 4.
L'article 4 est-il adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que le
titre du projet de loi privé 256, Loi modifiant la Loi constituant en
corporation the «Order Sons of Italy in Canada», est
adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi d'intérêt privé 256, Loi modifiant la Loi
constituant en corporation the «Order Sons of Italy in Canada», est
adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
Je vous remercie de votre participation à cette commission
parlementaire. Nous suspendons nos travaux pendant cinq minutes pour reprendre
l'étude du projet de loi privé 289, Loi concernant le Groupe La
Laurentienne et le Mouvement des caisses Desjardins et modifiant la Loi
concernant le Mouvement des caisses Desjardins.
(Suspension de la séance à 16 h 32)
(Reprise à 16 h 37)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre! M. le
député de Verdun, à l'ordre, s'il vous plaît!
Projet de loi 289 (suite)
La commission du budget et de l'administration est réunie afin de
reprendre l'étude du projet de loi 289, Loi concernant le Groupe La
Laurentienne et le Mouvement des caisses Desjardins et modifiant la Loi
concernant le Mouvement des caisses Desjardins. M. le député de
Verdun, vous nous aviez présenté une motion à l'effet
d'entendre une autre personne du conseil d'administration relativement à
un déboursé qui aurait été effectué lors
d'une transaction possible entre La Laurentienne et les caisses populaires
d'assurance-vie Desjardins. M. le député de Verdun, la parole est
à vous.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. D'emblée, je
voudrais situer quand même, comme je l'ai fait mais vous savez que
Me Aubut va venir se joindre à nous la raison pourquoi on a voulu
se poser ces questions. Il n'est aucunement question de vouloir remettre en
question ce que, moi, je considère quand même comme une
transaction privée, dans une corporation, mais qui est dans un cadre
où se fait, disons, une transaction entre une mutuelle et une
coopérative et qui est quand même importante, parce que la vente
de La Laurentienne, ce n'est pas rien. Il nous a semblé important que
cette transaction ne soit pas entachée ou que toutes les choses soient
claires à ce niveau-là.
Je tiens à préciser qu'on a eu un échange, ce
matin, mais je ne remets aucunement en question votre intervention. Je pense
qu'on peut maintenant concentrer nos discussions sur ce point-là avec
les deux membres des conseils d'administration que vous êtes. Je pensais
qu'il était important de pouvoir avoir M. Normand et
Me Aubut, que vous soyez ici. Pendant l'heure ou le peu de temps
on a à peu près une heure, je pense qui nous est imparti,
je voudrais essayer de préciser ce qui s'est passé.
Auditions
Si j'ai bien compris, en août 1992, au moment où vous avez
engagé M. Drouin, vous avez eu une stratégie
d'intéressement pour pouvoir augmenter et faire augmenter les actions.
C'est bien cela? Et vous lui avez donc... Pardon?
M. Normand (Robert): M. Drouin était déjà
à l'emploi de La Laurentienne...
M. Gautrin: Excusez.
M. Normand (Robert): ...depuis plusieurs années et il
était devenu président et chef de la direction en 1990.
M. Gautrin: Ah, excusez! Donc, c'est en 1992 que vous avez pris
cette décision.
M. Normand (Robert): Exact.
M. Gautrin: Pourquoi avez-vous pris cette décision en
1992? C'est parce que vous sentiez que c'était nécessaire de
relancer la Corporation?
M. Aubut (Marcel): Premièrement, M. le Président,
ça me fait plaisir d'être ici pour clarifier cette situation, qui
en est une...
Le Président (M. Lemieux): Pour les fins de
l'enregistrement du Journal des débats, auriez-vous
l'amabilité de bien vouloir vous identifier, s'il vous plaît?
M. Aubut (Marcel): Mon nom est Marcel Aubut. Je suis avocat et
président des Nordiques de Québec.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous pouvez continuer,
Me Aubut.
M. Aubut (Marcel): Et j'habite à Québec.
Le Président (M. Lemieux): Et vous êtes membre du
conseil d'administration de La Laurentienne.
M. Aubut (Marcel): Exactement. Le Président (M.
Lemieux): Ça va.
M. Aubut (Marcel): M. le Président et M. le
député, ça me fait plaisir d'être ici pour clarifier
justement cette transaction à laquelle j'ai participé. En
août 1992, la date que vous mentionnez, j'étais membre du
comité des ressources humaines de l'ancienne Laurentienne vie. Nous
avons recommandéj'étais partie à ça au
conseil d'administration un programme d'intéressement pour notre
P.-D.G., M. Drouin.
Ce programme visait deux aspects bien particuliers. Premièrement,
on était un peu tannés de voir notre stock ou nos actions
à 5,94 $, transigées à la Bourse, alors que la valeur aux
livres était passablement plus élevée. On voulait vraiment
qu'il soit motivé au coton pour passer de 5,94 $ à la vraie
valeur, au maximum. Deuxièmement, ce qu'on voulait, c'était de
retenir notre leader, retenir notre chef, notre CEO pour longtemps. Il avait
notre confiance. Il avait pris les souliers de M. Castonguay déjà
depuis plus d'un an et il était à notre emploi depuis longtemps,
parce qu'il était le numéro deux de M. Castonguay auparavant.
Pour nous, c'était fondamental que l'on puisse compter sur lui pour
plusieurs années à venir. Donc, c'était le deuxième
but visé, c'est qu'il avait notre confiance. Vous savez que, dans des
entreprises comme ça, la qualité des dirigeants... Ce ne sont pas
des pee-wee, là, on parle de la Ligue nationale. Il faut des dirigeants
de qualité, une stabilité...
(16 h 40)
Le Président (M. Lemieux): C'est de la déformation,
ça, M. Aubut.
M. Aubut (Marcel): Oui, mais laissez-moi un peu de mon
jargon.
Le Président (M. Lemieux): Ha, ha, ha! Ça va.
Continuez.
M. Aubut (Marcel): M. le Président, merci de votre
compréhension. Tout ça pour vous dire qu'il était
fondamental, à ce moment-là, que nous attachions, comme on dit
dans le langage du métier, notre leader pour les années à
venir et qu'il se sente au maximum motivé pour la question des actions,
surtout ce dont j'ai parlé tantôt, que l'entreprise soit
extrêmement efficace et productive. Alors, à ce moment-là,
il y a des membres du comité des ressources humaines qui avaient
déjà un plan en tête. Ça nous a été
présenté au comité et, tous ensemble, on l'a
présenté au conseil d'administration en août 1992, et
ça a été adopté à une condition: à la
condition que ça passe aussi au comité de déontologie,
chose que je sais, même si je ne suis pas là-dessus, sur ce
comité-là, que ça a été fait par
après et que ça a été approuvé par ce
comité-là qui voit à s'assurer d'une transaction juste
intercompagnies.
Alors, il y a aussi l'aspect que nous savions que la compétition
fait ça, dans le domaine ou dans n'importe quel autre domaine: attacher
son leader. Ce qu'on faisait là, c'est une chose absolument normale dans
toute entreprise qui voulait s'assurer d'une stabilité et d'un CEO
très motivé. Alors, comme je l'ai dit tantôt, le
comité de déontologie a approuvé cette entente qui se
détaillait comme suit: c'était une option, le prix du
marché d'alors était de 5,94 $, et l'intéressement
était à l'effet qu'il aurait une option sur 200 000 actions si le
titre était à 15 $ en 1997. Au cas où il y aurait un
changement de contrôle dans cette convention-là, il avait
été prévu, dans notre plan, si vous voulez, qu'on a
proposé au conseil d'administration, que, si jamais il y avait un
changement de contrôle avant 1997, ce fameux 15 $ pour 1997 baissait de 1
$ par année, ce qui nous donnait, en 1993, un prix cible de 11 $. Alors,
ça partait de 15 $, année par année, 1993, c'était
11 $. Aussi, il était prévu que, si jamais l'exercice de ce
mécanisme-là ne devenait pas possible, peu importe la raison, si
jamais il y avait un transfert de contrôle, bien entendu, ce
n'était pas un cadeau de Grec, c'était vraiment une vraie entente
qu'on faisait avec M. Drouin. Il fallait avoir une alternative ou une
équivalence pour être capable de compenser, sinon le contrat qu'on
faisait avec lui n'avait plus de valeur. Alors, si jamais le changement de
contrôle entraînait l'impossibilité d'exercer l'option dont
je vous parle, il était prévu une alternative de trouver une
solution équivalente.
Alors, c'est ça qu'on a passé au conseil d'administration
en août 1992, recommandé par le comité des ressources
humaines dont je faisais partie. Ça a été approuvé
par le conseil d'administration et ça a été
approuvé par le comité de déontologie par la suite.
M. Gautrin: Mais le changement... Excusez-moi, allez-y.
M. Aubut (Marcel): Je vais finir, ça va prendre deux
minutes, et je vais avoir terminé. Alors, il a été
prévu, justement, que le 1 $ en question, qui changeait chaque
année au cas où il y aurait un changement de contrôle pour
donner un prix cible en 1993 de 11 $... il était prévu aussi
que... Bien, ça devait partir de 1997 pour 1 $ par année. Alors,
il y a eu une erreur cléricale, absolument cléricale, qui
prévoyait que c'était en 1992 en montant. Alors, ça, ce
n'était pas applicable. Quand ils ont découvert l'erreur
cléricale, que c'était vraiment de 1997 à 1 $ par
année en descendant, à une réunion du mois de mai 1993,
l'erreur cléricale a été corrigée. J'étais
présent à cette réunion-là, et c'était pour
permettre la mise en force de l'entente de M. Drouin au niveau
praticabilité.
Alors, en juin 1993, il y a eu un conseil d'administration à
nouveau; je n'étais pas présent, mais j'étais sur le
téléphone. C'est à ce moment-là où on avait
déjà une lettre d'intention, je pense, signée avec le
futur partenaire avec qui on allait négocier, le groupe Desjardins, et
les négociations, donc, étaient envisagées avec le
partenaire en question. À ce moment-là, on envisageait de
remettre éventuellement nos actions, ce qui rendait l'entente avec M.
Drouin inopérable parce que, là, il ne pouvait plus
acquérir et transiger les actions en question, parce que, en
négociant avec ce partenaire-là, les actions ne devenaient plus
cotées à la Bourse, donc l'option mourait et le contrat
prévoyait alors de trouver une solution alternative équivalente.
C'est alors qu'on a rendu si vous voulez, liquide où on a
rendu à cette réunion-là, du mois de juin 1993, on a
racheté l'équivalent du droit de M. Drouin à l'effet
d'avoir une option pour 5,94 $, qui était le prix d'origine sur les 200
000 actions. Tout ce qu'on a fait là, c'est de respecter l'entente
acceptée par le conseil d'administration en août 1992 qui, tout de
suite après l'acceptation du comité de déontologie, a
été signée avec M. Drouin. Quelques jours après, le
conseil d'administration et le comité de déontologie;
après ça, ça a été M. Drouin. Donc, c'est un
contrat et un contrat entre la compagnie et M. Drouin prévoyant toutes
les modalités que je viens de vous expliquer, approuvées par le
conseil en août 1992.
À partir du moment où les négociations avec le
groupe Desjardins font que son option n'est plus applicable, on est vraiment
rendu dans une prise de contrôle, un changement de contrôle comme
la convention le prévoyait. À ce moment-là, notre
obligation comme conseil était de respecter la convention,
prévoir l'alternative, trouver l'équivalence et s'assurer qu'on
respecte la convention qu'on avait avec lui. Alors, ce n'était pas une
nouvelle chose. C'est la même chose qu'en 1992. Maintenant, il fallait la
rendre applicable, vu qu'il y avait un changement de contrôle et vu que
l'option n'était plus exerçable étant donné qu'on
remettait à Desjardins dans nos négociations, nos actions, et
elles n'étaient plus transigeables pour lui, ni d'option
exerçable pour lui. Alors, c'est ça qui s'est produit.
M. Gautrin: Au moment où les actions ont cessé
d'être transigeables, elles valaient combien en Bourse?
M. Drouin (Jacques A.): On n'est pas encore rendus à cette
situation-là. Les actions se transigent aujourd'hui à 8,50 $,
8,78 $, mais quand la décision a été prise, c'était
en vue d'une transaction éventuelle de cession qui est prévue
pour se faire en janvier à 11 $ et quelque chose.
M. Aubut (Marcel): Qui était le prix prévu dans la
convention originale. En enlevant le dollar à compter de 1997, pour
1993, ça donne 11 $. C'est ça, notre «deal». C'est
ça qu'on respecte vis-à-vis de M. Drouin, sinon, comme compagnie
et conseil, on a un problème. C'est une convention signée en
bonne et due forme, approuvée par tout le monde.
M. Gautrin: Maintenant, dans votre convention approuvée
par tout le monde, là, s'il y a changement de contrôle... Il n'y a
pas eu changement de contrôle, actuellement.
M. Drouin (Jacques A.): Dans le «deal»...
M. Gautrin: Actuellement... Non, non. Attention, là. Il y
aura changement de contrôle, si j'ai bien compris, si on passe la loi.
Pour l'instant, il n'y a pas eu changement de contrôle.
M. Aubut (Marcel): Je suis d'accord avec ce que vous dites
là.
M. Drouin (Jacques A.): D'ailleurs, il est prévu dans les
documents qu'il y aura paiement s'il y a changement de contrôle. S'il n'y
a pas changement de contrôle, il n'y a pas...
M. Aubut (Marcel): S'il n'y en a pas, il n'y a pas d'option.
M. Gautrin: Donc, à ce moment-là, il n'y a pas
paiement automatiquement.
M. Drouin (Jacques A.): Je garde les options. Une voix: 11
garde ses options...
M. Gautrin: Vous gardez vos options, à ce
moment-là, par rapport au prix du marché. Autrement dit, si le
«deal»... enfin, l'entente qu'on a ne se fait pas, vous rentrez sur
l'hypothèse initiale et, à ce moment-là... Si vous faites,
par exemple, ce que vous appelez le plan A, dans ce que vous nous avez
exposé ce matin, c'est-à-dire aller chercher une capitalisation
dans ce que vous appelez vos «actionnaires
institutionnalisés», à ce moment-là, votre contrat
reste tout à fait valable, et vous pouvez, à ce moment-là,
retransiger au prix du marché boursier pour revendre ou ne pas vendre,
si vous voulez, enfin, comme vous avez...
M. Drouin (Jacques A.): C'est ça. Retour à la case
départ si la transaction ne se fait pas.
M. Gautrin: Vous retournez tout à fait à la case
départ.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Verdun?
M. Gautrin: II y a M. Chagnon qui voulait intervenir.
Le Président (M. Lemieux): Préalablement, il y a M.
le député de Lévis. Avant, j'aurais peut-être une
brève question à Me Aubut.
M. Chagnon: Juste un petit... Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Chagnon: ...complément sur la question que M. le
député de Verdun avait. (16 h 50)
Le Président (M. Lemieux): Vous reviendrez, M. le
député de Saint-Louis. Écoutez, vous êtes un homme
transparent, Me Aubut. Comment se fait-il que, dans la circulaire
d'information, cette donnée-là, qui m'apparaît quand
même importante, n'ait pas été fournie aux mutualistes?
M. Aubut (Marcel): Premièrement, vous comprendrez que,
moi, je ne travaille pas à temps plein là-dedans. J'espère
que vous aviez saisi ça.
Le Président (M. Lemieux): Je suis bien conscient de
ça, que vous avez d'autres chats à fouetter.
M. Aubut (Marcel): Deuxièmement, je suis avocat, je peux
analyser, quand même, ce qui s'est passé assez bien pour vous dire
qu'il ne s'agit quand même pas d'un fait qui est nouveau, là. On
parle d'un «deal» qui s'est fait en août 1992.
Le Président (M. Lemieux): Qui a été
modifié en juin 1993.
M. Aubut (Marcel): Qui n'est pas modifié. Le
«deal» qui est fait en 1992 est une entente qui prévoit que,
s'il ne peut pas exercer ses options parce qu'il y a un changement de
contrôle...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Aubut (Marcel): ...on doit trouver une équivalence. Ce
«deal»-là n'a pas changé, n'a jamais
été changé, par la suite, vis-à-vis d'aucun
conseil. C'est toujours la même transaction, c'est toujours la même
convention, et il n'est pas question qu'on ne respecte pas, une entreprise
comme la nôtre...
Le Président (M. Lemieux): Mais alors...
M. Aubut (Marcel): ...nos contrats avec nos cadres.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur ne semble pas
partager votre point de vue, mais on y reviendra. Ma question est quand
même la suivante: Pourquoi...
M. Aubut (Marcel): Laissez-moi terminer... Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Je vous l'ai dit, vous
êtes un être transparent. Alors, pourquoi ne pas avoir...
M. Aubut (Marcel): J'ai compris.
Le Président (M. Lemieux): ...fourni cette
information...
M. Aubut (Marcel): Alors, O.K., je vais continuer...
Le Président (M. Lemieux): ...aux mutualistes?
M. Aubut (Marcel): ...mon explication. Si je me souviens bien,
comme je l'ai dit tantôt, c'est un geste administratif qui a
été posé en 1992, M. le Président, donc qui
n'était pas un fait nouveau; deuxièmement, qui a
été mentionné par la suite au bilan financier public de la
Corporation; aussi, il y a eu une déclaration d'initiés, à
ce que je sache, aussi, vis-à-vis de la Commission des valeurs
mobilières. Alors, où s'arrêtent les déclarations et
les déclarations? Aujourd'hui, quand je regarde ce qui se passe, je vous
donnerais raison. Mais je ne sais pas si, moi-même, si ça m'avait
concerné, je l'aurais mis automatiquement, ce renseignement-là,
pour les raisons que je viens de vous mentionner, à l'effet que c'est
déjà dans les bilans, que c'est arrivé en 1992 et qu'il
n'y a rien de nouveau qui est arrivé par après. Ce n'est que
l'application du geste de 1992, qui vient par la suite, et aussi du fait qu'il
y a une déclaration d'initiés, et puis la loi est
respectée. Alors, à ce moment-là, je ne sais pas ce que
j'aurais fait. Mais quand je regarde ce qui arrive maintenant, je pense qu'il
aurait été de bon aloi de le mettre dans la circulaire.
Le Président (M. Lemieux): Vous croyez que, effectivement,
ça aurait été beaucoup plus prudent et beaucoup plus
transparent, j'imagine.
M. Aubut (Marcel): Mais, attention! Ce n'est pas ça que je
dis.
Le Président (M. Lemieux): Non? Qu'est-ce que vous dites,
Me Aubut?
M. Aubut (Marcel): Avec toute la foire que je vois alentour de
ça aujourd'hui, je pense qu'il est clair que ça aurait
été mieux que ça soit là.
Le Président (M. Lemieux): Je le pense aussi, Me
Aubut.
M. Aubut (Marcel): O.K.? D'un autre côté, là,
on parle après les faits.
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. Aubut (Marcel): C'est
facile, ça. Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Aubut (Marcel): Alors, lorsqu'on m'aurait demandé, si
ça m'avait concerné, dans le temps: On fait une circulaire; voici
que la loi exige... est-ce qu'on met cette transaction-là, qui est
arrivée en 1992, qui n'a pas eu de modifications par la suite... Est-ce
qu'on met ça dans la circulaire? M. le Président, pour être
honnête avec vous, je ne sais pas si j'aurais répondu...
Le Président (M. Lemieux): O.K. Je vous remercie.
M. Aubut (Marcel): Mais avec les faits que je connais
aujourd'hui, c'est sûr que je l'aurais fait, mais je ne suis pas
sûr que je l'aurais mis.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Me Aubut. M.
le député de Verdun, la parole va être à M. le
député de Lévis après, et M. le
député de Saint-Louis. Je m'excuse. Mais M. le
Vérificateur, avant de donner la parole à M. le
député de Lévis, est-ce que vous avez des commentaires?
Vous m'avez semblé réagir aux propos de Me Aubut. Est-ce que vous
avez des commentaires? Non? M. l'Inspecteur général, pas de
commentaires?
M. Gautrin: Mais je n'avais pas terminé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Holden: L'alternance.
Le Président (M. Lemieux): Mais... Non...
M. Gautrin: Je n'avais pas terminé.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Verdun. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais lire la note 11,
qu'on trouve au rapport annuel de l'année 1992. Voici ce qu'elle dit
exactement. C'est marqué: 11. Éventualités. Le 12
août 1992, la compagnie a conféré à un cadre
supérieur le droit d'acquérir jusqu'à un maximum de 200
000 actions subalternes, catégorie B, de la Corporation du Groupe La
Laurentienne détenues par la compagnie au prix de 5.94 $ l'action. Ce
droit peut être exercé à compter de l'année 1997,
sous certaines conditions et au cours d'une période s'échelonnant
jusqu'en 1999. Le nombre final d'actions à être acquises sera
établi en fonction de la progression de la valeur boursière des
actions subalternes, catégorie B, de la Corporation du Groupe La
Laurentienne au cours de la période mentionnée ci-dessus, qui
devra être de 12 $ l'action, au minimum, avant que ce droit ne puisse
être exercé, pour un nombre maximal de 40 000 actions. Le droit
afférent au nombre maximal de 200 000 actions pourra être
entièrement exercé lorsque la valeur boursière atteindra
15 $ l'action. La valeur comptable de ces actions aux livres de la compagnie
est de 12,98 $ l'action, au 31 décembre 1992.
C'est ce qui apparaît à la note 11 du rapport annuel 1992
de La Laurentienne. J'aimerais savoir quand cette note a été
distribuée, ou si les mutualistes la reçoivent lorsqu'ils
reçoivent leur convocation à l'assemblée annuelle, ou si
c'est simplement ceux qui se rendent à l'assemblée annuelle qui
reçoivent le bilan financier, ou s'ils le reçoivent par la malle,
ou s'ils reçoivent
seulement ceux qui se présentent, demandant aux autres d'envoyer
des procurations alors qu'ils n'ont pas vu le rapport d'aucune
façon.
M. Drouin (Jacques A.): Ces rapports annuels sont
distribués aux personnes qui se présentent à
l'assemblée, aux médias qui se présentent à
l'assemblée. Il y a toujours eu des rencontres avec les médias
à l'occasion de ces réunions-là. Ils sont d'ordre public.
Ils sont distribués à qui veut en prendre connaissance.
J'aimerais aussi mentionner que la note, évidemment, comme vous le
dites, est brève. Évidemment, elle résume un contrat d'une
quinzaine de pages qui contient beaucoup de dispositions relatives au
changement de prise de contrôle, décès et invalidité
du président. Il y a toutes sortes de clauses, évidemment, qui
n'étaient pas reflétées dans la note qui résumait
en cinq ou six lignes l'essentiel de l'engagement.
M. Garon: Mais les gens qui sont allés à
l'assemblée... L'assemblée annuelle a eu lieu quand?
M. Drouin (Jacques A.): Le 2 juin 1993.
M. Garon: Puis la décision du comité a eu lieu
quand?
M. Drouin (Jacques A.): Le 12 août 1992.
M. Garon: Non, non. D'interpréter cette clause-là,
parce que ce que nous a dit Me Aubut, ce n'est pas ce qu'on lit dans la
clause.
M. Drouin (Jacques A.): Non. Le contrat...
M. Garon: Parce que, si on lit la clause, on parle de 12 $ pour
40 000. C'est 15 $, 200 000 actions. C'est ça qu'on lit dans la clause.
Quand Me Aubut nous a dit... Parce qu'il est avocat, il nous a dit qu'il savait
lire. Alors, ici, moi, si je lis bien, à 12 $, ça s'applique
à 40 000 actions, et que pour que ça s'applique à 200 000,
il faut que ce soit rendu à 15 $. Alors, ce n'est pas ce qui a
été fait.
Le Président (M. Lemieux): II y a une modification face
à ce que dit M. le député de Lévis.
M. Drouin (Jacques A.): Non. C'est que la note résumait un
contrat d'une quinzaine de pages et, évidemment, ne décrivait pas
toutes les conditions du contrat. Il y avait un contrat d'une quinzaine de
pages qui prévoyait, comme j'ai dit, comme M. Aubut a dit, le changement
de contrôle, le décès, l'invalidité, le
départ. Il y avait toutes sortes de clauses. Ce qui n'était pas
dans la note, effectivement, c'est ce qui se produit en cas de changement de
contrôle entre la date du 12 août 1992 et du 12 août 1997.
Mais, dans le contrat qui a été approuvé par le conseil
d'administration, ces choses-là étaient prévues au 12
août 1992.
M. Garon: Mais pensez-vous que quelqu'un qui a lu ça puis
qui a un cours classique fort, peut-être même d'autres
diplômes, quels qu'ils soient, ait pu comprendre ce qui s'est
passé, en lisant ça lors de l'assemblée annuelle, celui
qui a pris la peine de se rendre, il n'a pas envoyé de procuration pour
faire voter ça par la même personne, qui est allé sur les
lieux, qui a vu le rapport dans son ensemble, que je n'ai pas vu
personnellement, puis qui a vu la note 11, puis qu'à partir de là
il était parfaitement éclairé de ce qui arriverait du plan
d'intéressement qu'on donnait à M. Drouin?
M. Drouin (Jacques A.): Moi, je répondrai à
ça que tous les régimes d'options que je connais prévoient
des clauses relatives au changement de contrôle, des clauses relatives au
décès de l'individu, à son départ, à son
licenciement, etc. C'est assez normal dans des régimes d'options qu'une
série de clauses soient prévues et qui ne sont pas
nécessairement décrites dans les notes aux états
financiers.
M. Garon: Je posais la question un peu à Me Aubut.
M. Aubut (Marcel): Mais vous prenez un texte que, moi, je n'ai
pas devant moi puis que je n'ai pas lu non plus. Alors, tout ce que je peux
vous dire ici aujourd'hui, M. le député, c'est que la transaction
à laquelle j'ai participé au niveau du comité des
ressources humaines et qui a été approuvée, par la suite,
et par le conseil d'administration et par le comité de
déontologie, c'est celle que je vous ai décrite tantôt.
Alors, c'était ça, la transaction qu'on a faite avec M. Drouin,
puis c'est ça que prévoyait son contrat.
M. Garon: est-ce qu'on peut avoir une copie du contrat? Parce
que, là, on n'est plus sûr si le contrat reflète la clause
ou si la clause reflète le contrat, plutôt. !
M. Drouin (Jacques A.): écoutez, moi, je trouve i que
c'est une transaction vraiment privée, comme ça a :
été mentionné, mais étant donné l'incroyable
attention que ça suscite, moi, je suis bien prêt à ce que
des copies de l'entente de 1992 soient distribuées aux membres de la
commission.
Document déposé
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'accepte le
dépôt. Voulez-vous en prendre note, Mme la Secrétaire?
M. Drouin (Jacques A.): pendant que la note circule, m. le
président, me permettriez-vous...
Le Président (m. lemieux): oui.
M. Drouin (Jacques A.): ...un commentaire?
(17 heures)
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. Drouin.
M. Drouin (Jacques A.): Il a été mentionné
antérieurement que La Laurentienne était une mutuelle. C'est vrai
en partie, puisque La Laurentienne est devenue une entreprise que je
qualifierais d'hybride, avec les années. C'est vrai que l'actionnaire
principal est une mutuelle, une mutuelle de gestion. La filiale d'assurance est
une compagnie à capital-actions qui contrôle une compagnie
cotée en Bourse, publique, soumise aux lois des valeurs
mobilières, dans laquelle il y a au-delà de 1 000 000 000 $ de
capital d'investis par d'autres actionnaires que l'actionnaire principal. Donc,
les règles auxquelles nous sommes assujettis sont des règles de
marché. Tant au plan des régimes d'options que des régimes
de rémunération, que des contrats entre les parties, nous sommes
assujettis non pas aux règles particulières à certains
types d'entreprises, mais vraiment aux règles générales
d'application aux corporations d'intérêt public cotées en
Bourse, et nous avons des comptes à rendre non seulement à notre
actionnaire principal, qui détient 47 % du capital au moment où
on se parle, mais des comptes à rendre à l'ensemble des
actionnaires de la société.
Or, les contrats dont on parle sont des contrats qui ont
été passés selon les dispositions qui ont
été décrites par M. Aubut avec l'intervention de
comités de déontologie, etc., pour respecter ces règles
relatives aux corporations publiques que nous sommes. Donc, nous ne sommes pas
une coopérative ou une mutuelle classique; nous sommes devenus une
société hybride, sur ce plan-là.
M. Garon: Mais si on lit la note, on dit: Les actions
détenues par la compagnie... Les actions détenues par la
compagnie. Le fait que la compagnie ait décidé de payer ce
montant-là avant, donc, ça veut dire que le montant n'est plus
dans la transaction. Quand on va acquérir la compagnie, l'argent qu'on
vous a donné ne sera plus là.
M. Drouin (Jacques A.): Non, non. Je m'excuse, monsieur. Il n'y a
rien qui m'a été versé. Il n'y a rien qui me sera
versé avant qu'une transaction soit conclue. S'il n'y a pas de
transaction de conclue, il n'y a rien de «versable». Je reviens
à la case départ avec 200 000 actions...
M. Garon: Ce n'est pas ça que j'ai demandé.
Où l'argent va-t-il être pris pour le verser?
M. Drouin (Jacques A.): C'est la compagnie qui va me donner une
compensation financière, conformément aux dispositions qui ont
été décrites.
M. Garon: Quelle compagnie?
M. Drouin (Jacques A.): La propriétaire, l'ancienne
Laurentienne vie...
M. Garon: La mutuelle, la Corporation mutuelle.
M. Drouin (Jacques Â.): Non, ce n'est pas une mutuelle,
c'est une compagnie à capital-actions qui s'appelle La Corporation
d'assurance de personnes La Laurentienne. L'ancienne Laurentienne vie.
Le Président (M. Lemieux): La grand-mère.
M. Garon: Alors, à toutes fins pratiques, quand le
Mouvement Desjardins a-t-il appris cette disposition qui avait
été prise par le comité?
M. Drouin (Jacques A.): J'ai informé le président
du Mouvement Desjardins, dès les premiers jours de nos discussions, de
toutes ces ententes-là qui liaient nos sociétés à
des individus, dont la mienne.
M. Garon: Ça veut dire que si la transaction se fait,
qu'est-ce qui se passe par rapport à votre option,
concrètement?
M. Normand (Robert): Compte tenu des décisions prises en
juin et en novembre derniers, une fois que nous aurons la certitude que la
transaction sera réalisée, nous allons mettre en fiducie le
montant qui est dû par voie contractuelle à M. Drouin, de sorte
qu'il puisse le récupérer une fois la transaction
complétée. Et ce sera payé à même l'ancienne
Laurentienne vie.
M. Garon: Est-ce qu'on peut voir la résolution qui a
été adoptée pour modifier la note qui était au
rapport financier, la note 11? Parce que, là, votre décision, ce
n'est pas la même chose que la note 11 qu'ont vue les mutualistes qui
sont allés à l'assemblée générale.
M. Normand (Robert): Attention, M. le député. La
note 11 est un reflet, assez long, quand même dans les
états financiers, on trouve rarement des notes aussi longues et
explicites mais c'est quand même un résumé du
contrat ou des principales dispositions à incidences financières
du contrat dont copie vous est distribuée présentement. Ce
contrat prévoyait diverses possibilités, y compris un
«takeover» ou...
M. Garon: Ce n'était pas ça, ma question. M.
Normand (Robert): Oui.
M. Garon: C'était: La décision du conseil
d'administration...
M. Normand (Robert): ...qui a mis en oeuvre des dispositions du
contrat de façon à rendre liquide la créance de M. Drouin
en vertu du contrat, décision du mois de juin 1993,
complétée par une décision du mois de novembre 1993. C'est
là que porte votre question, monsieur...
M. Garon: Quelle date du mois de juin 1993? L'assemblée
annuelle, c'était quand?
M. Normand (Robert): Le 2 juin, me dit-on.
M. Garon: Pardon? C'est le 2 juin? Et le rapport financier
où on trouve la note 11 a été approuvé quelle date
par...
M. Normand (Robert): Le 2 juin. On me dit que le conseil
d'administration a eu lieu la même journée que l'assemblée
générale.
M. Garon: Avant ou après?
M. Normand (Robert): Les états financiers ont
été approuvés par le conseil en février 1993, et le
rapport financier a été remis à l'assemblée des
actionnaires le 2 juin, en même temps, la date du conseil
d'administration où les dispositions d'actualisation du contrat ont
été adoptées, s'est tenu la même journée, me
dit-on.
M. Garon: L'assemblée générale a eu lieu
quand, dans la journée? La réunion du conseil d'administration
où la décision s'est prise, à quel moment dans la
journée?
M. Normand (Robert): Si ma mémoire est bonne, je crois que
la réunion des mutualistes a eu lieu à 10 heures le matin et que
le conseil d'administration s'est tenu après, vers midi, de
mémoire.
M. Garon: Mais ça n'aurait pas pu être tenu avant,
pour en informer les gens?
M. Normand (Robert): Ils étaient déjà
informés des dispositions principales qu'il y avait dans les
états financiers.
M. Garon: De la note 11, vous parlez? M. Normand (Robert):
Exact.
M. Garon: Sauf que la décision que vous preniez dans
l'après-midi, alors que l'assemblée générale avait
lieu le matin, c'était pour rendre tout ça liquide, alors que,
eux, ils ont pris connaissance de quelque chose qui n'était pas liquide.
Dans le cas d'une transaction avec Desjardins, elle n'avait aucune chance
d'être liquide.
M. Normand (Robert): Attention, cependant. La décision a
été prise le 2 juin au conseil d'administration en raison de
tractations ou de discussions qui se tenaient avec le Mouvement Desjardins. Je
ne pense pas qu'alors il était d'intérêt public de faire
état sur la place publique des diverses discussions que nous avions avec
non seulement le Mouvement Desjardins, mais également avec d'autres
possibilités. Mais, si ma mémoire est bonne, rendu en juin, je
pense que le Mouvement Desjardins était un interlocuteur
privilégié. S'il nous avait fallu déclarer à
l'assemblée publique que nous étions en discussion comme
ça, ça aurait pu avoir un impact sérieux sur la valeur des
titres en Bourse.
M. Garon: Est-ce qu'il y a d'autres programmes
d'intéressement, de stimulation ou de motivation, selon les termes
employés par M. Aubut, pour d'autres dirigeants de La Laurentienne? M.
Castonguay ou d'autres? Est-ce qu'il y a, en plus du salaire, des bonis en
argent ou encore des options d'achat d'actions? Est-ce que, à part le
salaire, il y a d'autres plans d'intéressement, quels qu'ils soient, de
stimulation et de motivation pour les dirigeants de La Laurentienne?
M. Drouin (Jacques A.): Dans La Laurentienne Vie elle-même,
non. Je suis la seule personne qui ai fait l'objet d'un tel régime. Dans
la filiale, Corporation du Groupe La Laurentienne et ses filiales, il y a des
régimes d'intéressement, il y a des régimes d'options qui
remontent à 1985, qui sont d'ailleurs largement décrits dans la
circulaire d'information que Corporation du Groupe La Laurentienne a fait
parvenir à ses actionnaires en réponse à l'offre de
Desjardins.
M. Garon: Est-ce qu'il y en a eu des particulières qui ont
été mises en place, depuis 1988, en particulier? Est-ce qu'il y
eu, depuis que la loi est adoptée, des régimes de cette
nature-là qui ont été mis en place par la Corporation
mutuelle de gestion ou La Laurentienne Vie, après 1988?
M. Drouin (Jacques A.): À part ce dont on a parlé
après-midi, non.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Lévis? M. le député de
Saint-Louis. (17 h 10)
M. Chagnon: Deux questions, M. le Président. Une
première à l'Inspecteur général. On a noté
ici que le contrat en question faisait part d'un changement de prise de
contrôle. Si je me rappelle bien, l'Inspecteur général
semblait dire que ce n'était pas cohérent avec la charte
même de l'entreprise, qui ne voyait pas ou qui ne laissait pas entendre
qu'il pouvait être possible qu'une prise de contrôle soit faite.
Est-ce que vous pourriez...
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général.
M. Chagnon: .. .répéter ça, s'il vous
plaît?
M. Bouchard (Jean-Marie): oui. d'ailleurs, si vous vous
référez à l'entente... au fond, l'entente est relativement
simple, pour une entente de point de départ...
Une voix: Plus fort.
Le Président (M. Lemieux): Plus fort, M. l'Inspecteur, et
plus près du micro pour que nous puissions bien vous entendre.
M. Bouchard (Jean-Marie): Elle est relativement simple. C'est que
vous avez un régime qui était prévu en 1992 et,
ensuite, vous pourrez juger, là qui prévoyait justement
que c'est un droit d'option qui pouvait s'exercer à compter de
1997...
Une voix: Effectivement
M. Bouchard (Jean-Marie): ...et qui était gradué.
Le nombre d'actions attribuables était gradué suivant la valeur
de la Bourse. 40 000, si les actions sont 12 $, 80 000, si les actions sont 13
$, 120 000, si les actions sont 14 $ et 200 000, si les actions sont 15 $. Bon.
Ensuite, la convention prévoyait que, s'il y avait changement de
contrôle, le régime ne prenait pas fin, sauf qu'il y avait,
à ce moment-là, des dispositions qui prévoyaient que
excusez-moi, je vais vous trouver l'article en question en cas de
changement de contrôle c'est l'article 5 : le cadre aura
droit, pendant une période de 12 mois suivant la date effective du
contrôle, d'exercer ses options. Donc, on devançait, et on
prévoyait qu'à ce moment-là le droit d'options
s'exerçait dans les 12 mois du changement de contrôle.
Autre condition importante dans l'entente, c'était ce que vous
trouvez à l'article 8, au bas de la page: Dans le cas où les
actions ordinaires cessent d'être transigées à la Bourse,
la présente convention prendra fin et le comité devra alors
définir les modalités de terminaison de la convention qui devront
garantir au cadre le maintien des droits acquis et permettre de le compenser
équitablement pour toute valeur perdue ou non réalisable.
Subséquemment, un an après, on s'est rendu compte qu'il y avait
une erreur dans la rédaction de la convention, et que, dans le cas du
changement de contrôle, au lieu que ce soit entre la date du 12
août 1992 et la date du changement de contrôle, on l'a
modifiée pour dire: le 1 % de diminution de valeur s'applique entre la
date du changement de contrôle et le 12 août 1997. C'était
comme ça que ça s'appliquait. Autrement, ça n'avait pas de
sens de prévoir la date du changement de contrôle avant. Bon.
Ça, c'était la situation qui prévalait.
Il faut bien dire qu'au moment où cette option-là a
été accordée, «changement de contrôle»
signifiait qu'on mettait fin complètement au système qui
prévalait, parce que l'ancienne Laurentienne devait, en vertu de la loi
qui la régissait, être constamment contrôlée par la
Corporation mutuelle de gestion. Ça voulait dire un chambardement total
de tout le système. C'était clair. Ce n'était pas un
changement de contrôle normal, parce qu'ici on avait une loi
particulière qui régissait La Laurentienne. Ça,
c'était pour la notion de changement de contrôle. Ce qui est
arrivé subséquemment, c'est, comme on vous a expliqué,
fort de la convention qui existait, le conseil d'administration, le 2 juin,
donc subséquemment à la date de la parution des états
financiers c'était la question qui avait été
posée du 12 août 1992, ce qui avait été
approuvé par le conseil d'administration en février 1993, rendu
public à l'assemblée annuelle de juin 1993, a
décidé de modifier. Elle pouvait le faire, c'était
contractuel, c'était une entente entre la compagnie et son cadre. Elle a
modifié pour dire, à ce moment-là, que... Parce que,
actuellement, ils étaient engagés dans les négociations
avec Desjardins d'une façon exclusive, je pense, à ce
moment-là, il me semble, il y avait une lettre d'exclusivité qui
avait été accordée afin de lui permettre de toucher une
compensation monétaire, advenant qu'il n'existe pas de marché.
Cette hypothèse-là, à mon avis, n'était pas
dangereuse parce que, même si on maintenait le régime qui avait
été octroyé à M. Drouin, il existait encore un
marché, parce qu'il aurait pu exercer son option et se prévaloir
de l'option A qui est offerte dans l'OPA et puis recevoir des actions de
catégorie A pour pouvoir les transiger, mais il les aurait revendues 11
$ au lieu de 5,94 $. Ça aurait été la différence.
Mais, c'était une condition, ou encore qu'il soit mis fin au
régime d'intéressement. Encore faut-il que le régime... il
aurait fallu qu'il l'exerce bien tôt avant qu'il y ait une entente avec
le Mouvement Desjardins. C'était apparemment considéré
comme étant plausible que le régime ne soit pas maintenu.
C'était, du moins, l'opinion qui avait été, à ce
moment-là, élaborée par le conseil d'administration, puis
c'est sa responsabilité de dire: Écoutez, il est peut-être
plausible, alors on change un contrat qui est intervenu avec le P.-D.G. C'est
là qu'on a convenu de modifier la convention. On l'a vraiment
modifiée, parce que c'était indiqué de modifier les
régimes d'options. On n'a pas fait autre chose, là. On a
modifié les régimes d'options afin de permettre au cadre de
toucher une compensation monétaire advenant la terminaison du
régime, ce qui n'était pas prévu dans l'entente du mois
de... 1992. Très clairement. C'est cela qui était prévu.
La résolution qui était adoptée, c'était justement
d'accorder une compensation monétaire suivant ce qui était
convenu. Ça, c'était en juin 1993. La décision de principe
donc était retenue par le conseil à ce moment-là et,
dépendant du cours des événements, si effectivement avec
le Mouvement Desjardins ça se réalisait suivant ce qui
était prévu et que le régime prenait fin, à ce
moment-là le conseil d'administration se rabattait sur sa
résolution du 2 juin 1993 pour donner suite ou pas à sa
décision.
Le 9 novembre, ils ont reçu une lettre du Mouvement Desjardins
disant qu'ils n'étaient pas intéressés à maintenir
le régime. Le même jour, le conseil d'administration a donc
passé une résolution en conformité de son entente de
principe de mai, de juin 1993 pour dire qu'il accordait la compensation. C'est
comme ça que je comprends la transaction telle qu'elle s'est
passée.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Ma deuxième question... Le Président
(M. Lemieux): Oui.
M. Chagnon: ...s'adresse à Me Aubut. Est-ce que c'est
comme ça aussi qu'il comprend la transaction?
M. Aubut (Marcel): c'est à peu près comme
ça. une petite chose, c'est peut-être une erreur, vous avez
parlé de réduction de 1 %, c'est 1 $ par année.
Une voix: 1 $, oui.
M. Aubut (Marcel): 1 $ par année. Je ne suis pas enclin
à employer autant les mots «correction» ou
«changement. Ce qu'on faisait là, c'était mettre en oeuvre
la clause palliative que, s'il y avait un changement de contrôle, il
fallait trouver l'équivalence. Alors, appelez ça
«changement», appelez ça «bouleversement»,
appelons ça comme on voudra, ce qu'on faisait là, à ce
moment-là, nous, on remplissait l'obligation que l'on avait de la
transaction originale de juin 1992 qui disait que, si jamais il y avait un
changement de contrôle et que l'exercice de son option ne devient plus
praticable, on lui donne une solution, une compensation équivalente.
Alors, c'est juste là-dessus, peut-être, que mes mots
employés sont un peu différents de M. l'Inspecteur
général, mais, en général, c'est un bon
résumé de ce qui s'est passé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Deuxième question à l'Inspecteur
général. M. l'Inspecteur général, vous avez
affirmé, je pense, que vous n'étiez pas au courant de ce contrat.
Vous dites: Non. Alors, vous n'étiez pas au courant de ce contrat.
Était-il nécessaire que vous le soyez?
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur.
M. Bouchard (Jean-Marie): Ah! Ça, c'est une autre
question.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a une obligation
aussi, juridique, à l'effet que vous devriez l'être aussi?
M. Bouchard (Jean-Marie): Écoutez, l'Inspecteur
général, en ce qui concerne la Loi sur les assurances, n'a pas
à s'immiscer, à déterminer, au niveau du conseil
d'administration et de la régie interne, comment les officiers sont
indemnisés, le régime de compensation et leur salaire. Donc, des
régimes de participation, des régimes d'intéressement, des
régimes de bonis, ça existe, et je ne crois pas que ce soit notre
rôle de nous immiscer et de remplacer le rôle du conseil
d'administration. (17 h 20)
La seule question, je vous avoue, qui, dans les circonstances, je
dirais, m'embarrasse, ce n'est pas la transaction en elle-même ce
n'est pas mon rôle de juger la transaction, c'est la
responsabilité du conseil d'administration, qui doit en rendre compte
vis-à-vis le public, vis-à-vis les actionnaires et
vis-à-vis les mutualistes. Mais ce qui est peut-être un peu
délicat, dans les circonstances, en autant que je suis concerné,
ça n'implique que cet aspect de la question, c'est que, comme j'ai
expliqué tout à l'heure, s'il s'était agi d'une option
d'achat accordée par une corporation qui émettait des actions,
ça aurait été dévoilé, suivant les normes
habituelles de la Commission des valeurs mobilières, et ça aurait
apparu, normalement, dans l'offre publique qui a été
dévoilée et qui apparaît là-dedans. Tous les autres
prospectus OPA, les autres plans d'action, apparaissent dans cette... on en
fait mention. Il n'y a pas d'obligation légale de préparer une
circulaire d'information pour les fins de l'assemblée des mutualistes
qui a été tenue, sauf que' vous savez très bien que notre
responsabilité, que ce soit dans le cas d'une démutualisation ou
que ce soit dans le cas d'une transformation, on suit les principes qui, si ces
principes étaient dans la loi, donneraient aux mutualistes tous les
renseignements normaux requis pour pouvoir se prononcer sur une décision
aussi fondamentale qu'une transformation ou une mutualisation.
Dans ce cas-ci, c'est plus qu'une transformation. C'est une perte totale
de droit de propriété des mutualistes en faveur d'un autre
conglomérat. Pourquoi c'est délicat? C'est tout simplement pour
la raison suivante: c'est qu'il s'agit d'un patrimoine qui appartient à
l'ancienne Laurentienne, propriété des mutualistes; 200 000
actions, ce n'est pas une somme astronomique par rapport à la
transaction vous allez me dire, on parle de 73 000 000 000 $ mais
c'est 200 000 actions qui appartenaient au patrimoine de l'ancienne
Laurentienne, 200 000 actions qui étaient payées à un prix
de 5,95 $, donc l'équivalent de 1 188 000 $ qui étaient
soustraits de l'actif de l'ancienne et qui étaient donnés, en
vertu des contrats qui sont là et que je ne discute pas.
Pour les mutualistes, ça ne change strictement rien. Pourquoi?
Parce que, au bout de la ligne, l'actif de l'ancienne Laurentienne est
pénalisé. C'est que, si cette option-là n'avait pas
été accordée, il y aurait eu 200 000 actions qui auraient
pu être vendues à Desjardins à 11,57$. Là, au lieu
de l'être à 11,57$, il y en a 200 000 qui vont, à au moins
5,95 $, qui vont être payées à M. Drouin. C'est la balance
que l'ancienne va pouvoir vendre à Desjardins pour la différence.
C'est ça, la différence. En réalité, c'est
Desjardins qui paie la commission. Donc, ce n'est pas les mutualistes comme
tels qui sont pénalisés. Mais vous me posez la question
comme il s'agit des mutualistes qui portent un jugement sur leur
mutuelle, il me semble qu'il aurait été normal d'indiquer...
Ça n'aurait probablement rien changé dans le vote, parce que
c'est immatériel. Ce n'est pas 1 000 000 $ qui changent la valeur. Ce
n'est pas ça qui aurait fait baisser l'avoir de 56 000 000 $ qui
existait et qui est presque inexistant maintenant. Mais, c'est pour ça
que j'étais un petit peu mal à l'aise et que je leur en ai
parlé. J'ai dit: Écoutez, il me semble que, dans la circulaire
d'information, si j'avais été au courant, et comme l'Inspecteur
général approuvait la
circulaire d'information, si l'Inspecteur avait été au
courant de la transaction du 2 juin, il ne l'aurait pas condamnée, mais
il aurait dit: Mettez-la dans la circulaire. C'est ça qu'on aurait dit,
purement et simplement. C'est tout.
M. Chagnon: Est-ce qu'on pourrait dire, M. l'Inspecteur
général, que l'opération comme telle n'est pas
illégale, donc est légale, mais elle est absolument
inélégante? C'est comme ça que vous la qualifieriez?
M. Bouchard (Jean-Marie): Bien, inélégante... Le
qualificatif, vous savez, là, il peut varier, mais je me mets dans la
peau des mutualistes et dans la peau de tout le monde et on le voit par
les questions que vous avez et les discussions c'est que, bon, ça
n'a pas été fait de mauvaise foi, fort probablement. J'en suis
convaincu. Mais il me semble que c'est un fait qu'il est important que les
mutualistes, alors qu'on leur demande de céder leur droit de
propriété, complètement... On ne leur donne
complètement rien, en leur disant: Écoutez, là, on
cède le droit de propriété de votre mutuelle et on vous
donne la description. On a travaillé d'arrache-pied avec les
représentants de La Laurentienne pour que soient compris dans la
circulaire tous les renseignements pertinents, pour leur permettre de prendre
une décision en toute connaissance de cause. Ce n'est pas substantiel,
encore une fois, dans le sens que... Mais il me semble que ça aurait
dû être là.
M. Chagnon: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. Normand, s'il vous
plaît. Oui.
M. Normand (Robert): Si vous me permettez, tout simplement trois
notes pour compléter ce que M. Bouchard vient d'indiquer, et
peut-être mettre ses propos dans une perspective qui, je pense bien, va
nous réconcilier totalement.
Avant mon intervention, cependant, je peux vous dire que j'ai
été très sensible aux propos que M. Gautrin a tenus, tout
à l'heure, lors de la reprise. J'ai eu l'impression, à un moment
donné, que le fait qu'on voulait avoir d'autres membres du conseil
d'administration pouvait être une atteinte à mon
intégrité et à la véracité des propos que
j'avais tenus ce matin. Je peux vous dire que, à cet égard, je ne
compromets jamais, et je peux vous dire que je suis prêt à
répéter sous serment et être assermenté, je suis
prêt à répéter tout ce que je vous ai dit ce matin
et être assermenté pour tout ce que je vais vous dire à
compter de maintenant également. Pour moi, devant une commission
parlementaire, mon respect des députés, pour avoir
travaillé avec eux pendant de nombreuses années, ne souffre pas
de compromission à cet égard.
Le Président (M. Lemieux): Sans doute, M. Normand.
M. Normand (Robert): Je vous remercie. Les trois remarques que
j'avais à faire sont les suivantes. La première, c'est que, lors
du conseil d'administration du mois de juin où nous avons
actualisé, disons-nous, une décision prise dans un contrat
d'août 1992, je peux vous assurer qu'un conseil d'administration dans une
entreprise comme celle-là ne fait pas beaucoup d'exégèse
juridique et ne tente pas vraiment d'examiner tous les points de vue juridiques
sous-jacents ou qui pourraient être susceptibles d'être
considérés, mais qu'il se penche plutôt sur l'esprit des
choses et la conduite des affaires de la compagnie. Je peux vous assurer que ce
que M. Aubut a dit tout à l'heure, le même esprit m'a
habité, il s'est agi pour nous, vraiment, non pas d'une décision
de nature nouvelle impliquant un changement de direction, mais tout simplement
d'une actualisation de clause d'un contrat déjà conclu et
réglé. D'autant plus, et je l'ai indiqué ce matin, que
nous étions en pleine discussion, ne sachant pas si nous pourrions
arriver à une entente avec Desjardins, nous obligeant ainsi à
songer à des solutions alternatives, compte tenu des difficultés
que nous avons évoquées ce matin, et possiblement à
amorcer des discussions avec d'autres partenaires. Dans de telles
circonstances, nous avions un incitatif additionnel à faire en sorte que
cette actualisation puisse se faire rapidement pour maintenir le moral des
troupes. Je vous l'ai indiqué ce matin.
Ma deuxième remarque porte sur la circulaire. Bien sûr, ex
post, il est facile de dire et je n'en disconviens pas non plus, je l'ai
dit ce matin et je le répète qu'il eut été
probablement plus séant de faire en sorte qu'on puisse faire une mention
explicite de ces dispositions-là. Mais il faut savoir comment la
circulaire s'est élaborée. D'abord, c'était un document...
J'aimerais savoir si quelqu'un d'entre vous l'a lu d'une page à l'autre,
je n'en suis pas sûr. C'est d'une technicité et d'un volume
complet. Le plus complet possible. En outre, cette élaboration s'est
faite dans une course contre la montre, et je vais vous rappeler exactement
comment ça s'est produit. Nous sommes partis du fait que M.
Béland devait partir le 2 décembre pour d'autres fonctions
à l'extérieur. Donc, la commission parlementaire devait se tenir
le plus possible autour du 2 décembre, vu qu'il est question que les
travaux de la Chambre s'ajournent un peu plus tôt que d'habitude cette
année pour des raisons que je n'ai pas à évoquer. Partant
de là, à rebours, il nous fallait une assemblée des
mutualistes quelques jours au préalable. Nous avons indiqué le 29
novembre, pour nous laisser trois jours de délai. Comme
l'assemblée des mutualistes devait se faire le 29, la loi prévoit
que les procurations doivent être entrées 10 jours
antérieurement, ce qui nous amène au 19 novembre. Il nous fallait
envoyer la circulaire au minimum 15 jours avant, ce qui nous porte au tout
début du mois de novembre, et la circulaire, tenez-vous bien, c'est 190
000 envois. Ça veut donc dire que ça doit être
composé, imprimé, vu et relu au préalable. Les discussions
avec le Mouvement Desjardins se sont poursuivies jusqu'au milieu du mois
d'octobre, même jusqu'au début
du mois de novembre. Certains contrats ne sont pas encore totalement
finalisés au moment où je vous parle, de sorte que ça a
été un véritable casse-tête et une véritable
course contre la montre, que l'élaboration de cette
circulaire-là. (17 h 30)
Comme membre du conseil d'administration, j'ai reçu, avant
l'assemblée où nous l'avons approuvé, au début
novembre, un texte préliminaire, mais qui n'était qu'une
ébauche, la plus parfaite possible, mais une ébauche. Un texte
analogue, d'ailleurs, a été envoyé à l'Inspecteur
général des institutions financières qui, lui, je sais,
l'a examiné d'un couvert à l'autre et qui y a apporté des
changements nombreux qu'il nous a fallu refaire, retraduire. Ça a
été vraiment une course considérable. Ce que je veux que
vous retiriez de cela, c'est qu'on a voulu nous assurer que le maximum
d'information pertinente était contenu dans la circulaire. On a voulu
s'assurer que, légalement, nous étions corrects. On n'a pas
examiné toutes les opportunités qui auraient vraisemblablement
dû être considérées. Et je le comprends facilement,
compte tenu du climat et du contexte qui ont existé au moment où
ça s'est fait. En d'autres termes, si erreur il y a eue, et je plaide
qu'il n'y a pas eu erreur juridique, je ne peux que conclure, si erreur de
convenance il a pu y avoir, que c'est une erreur en totale bonne foi. C'est ce
que je voulais ajouter.
Ma troisième remarque, c'est que et je
répète ce que j'ai évoqué ce matin
même si ça avait été dans la circulaire,
l'expérience de l'assemblée des mutualistes d'il y a deux jours
nous a démontré que ça aurait peu changé de choses
puisque, le débat ayant été fait explicitement devant les
mutualistes il y a deux jours, avant le vote, le vote que nous avons eu
à main levée dans la salle, dans une salle normalement plus
difficile et plus rébarbative qu'il y a des personnes qui y signent des
procurations à la demande de leurs conseillers en assurances, s'est fait
à une proportion un peu plus favorable qu'il ne s'était fait dans
les procurations par écrit. J'arrête mon intervention, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. Normand.
Avant de céder la parole à M. le député de
Lévis, seulement une question à M. Drouin. Au moment où je
vous parle, est-ce que vous avez touché cette gratification? Est-ce que
vous l'avez reçue...
M. Drouin (Jacques A.): Non, monsieur.
Le Président (M. Lemieux): ...d'aucune façon, sous
aucune forme? Ça va. M. le député de Lévis, la
parole est à vous.
M. Garon: Au mois d'août 1992, est-ce que la recherche d'un
partenaire avait déjà été entreprise par La
Laurentienne?
M. Drouin (Jacques A.): Je vais répondre. Je vais essayer
de vous expliquer. Quand j'ai pris la direc- tion de la société
en 1990, j'ai réalisé que, à terme, il faudrait trouver un
partenaire financier et, d'ailleurs, je l'avais déclaré
publiquement. Et j'avais entrepris, à ce moment-là, des
démarches beaucoup moins, si vous voulez, déterminantes ou
assidues que celles nous avons faites au cours de la dernière
année. Mais j'avais entrepris des démarches avec le Groupe
Victoire, notre partenaire français, pour l'intéresser à
acquérir au moins une partie du placement de l'ancienne Laurentienne vie
dans La Corporation du Groupe La Laurentienne. Or, il y avait eu des
négociations de cette nature-là qui avaient été
entamées dès 1991 qui, finalement, ne se sont pas conclues
positivement pour des raisons qui appartiennent à Victoire beaucoup plus
qu'à nous, parce qu'ils ont eux-mêmes été vendus au
groupe Suez en France. Ces démarches, donc, ne se sont pas
concrétisées à peu près à ce moment-ci
l'année dernière, en novembre dernier. Et c'est à ce
moment-là que j'ai décidé avec mon équipe qu'il
était devenu important d'entreprendre une nouvelle série de
négociations qui ont débuté vraiment en décembre
1992, janvier 1993. Pour nous mener à la transaction d'aujourd'hui,
là, c'est vraiment un nouveau programme qui a été
lancé au début de l'année 1993.
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu un mandat formel du conseil
d'administration ou si vous faisiez ça de votre propre chef?
M. Drouin (Jacques A.): J'ai fait des démarches
préliminaires de mon propre chef à la fin de l'automne 1992,
début de l'année 1993, et j'ai présenté aux deux
conseils d'administration, conseil d'administration de Corporation du Groupe La
Laurentienne et conseil d'administration de la Laurentienne Vie, l'état
de la nation et le besoin de procéder à une transaction. Et,
à ce moment-là, on évoquait trois scénarios, en
fait: l'injection de capital par une institution financière, une
restructuration interne, à laquelle j'ai fait allusion tout à
l'heure, en vertu de laquelle nos partenaires institutionnels auraient
injecté du capital en haut, ou la recherche d'un partenaire qui aurait
des intérêts complémentaires aux nôtres. Et c'est
là que j'ai évoqué, plus tôt ce matin, que j'ai
lancé une opération qui m'a amené à rencontrer 11
institutions financières et à avoir des discussions
sérieuses avec cinq groupes financiers, avant de conclure, en avril, que
Desjardins était le candidat le plus intéressant.
M. Garon: Et pourquoi les options de la corporation sont
indiquées dans la circulaire de la corporation mais pas les options de
la grand-mère, c'est-à-dire de la mutuelle ou de la corporation
mutuelle de gestion dans la circulaire de la corporation mutuelle de gestion?
Pourquoi on trouve les options dans l'un mais on ne trouve pas les options dans
l'autre?
M. Drouin (Jacques A.): J'aimerais peut-être demander, si
vous le permettez, à un expert du droit des valeurs mobilières de
répondre à cette question-là, M. Hubert Lacroix.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous prendre place
à la table des témoins et vous identifier, s'il vous
plaît?
M. Lacroix (Hubert T.): Alors, ça va me faire plaisir de
répondre à votre question. La réponse, M. Bouchard,
tantôt, y a fait allusion. Dans la circulaire du conseil d'administration
de La Corporation du Groupe La Laurentienne, qui est le document qui a
été circulé suite à l'offre lancée par le
Mouvement Desjardins, par la société financière Desjardins
Laurentienne, on y décrit les options qui s'attachent aux actions de la
Corporation du Groupe La Laurentienne au trésor. Vous allez voir, les
programmes d'intéressement sont, je crois, en tout cas,
adéquatement et complètement décrits. Ce qui arrive en
haut, dans la mère, ça ne touche pas le conseil d'administration
de La Corporation du Groupe La Laurentienne. Et, comme l'a dit M. Bouchard,
dans le cadre d'une divulgation qui vise une offre lancée sur La
Corporation du Groupe La Laurentienne, les options qui sont données par
les actionnaires de La Corporation du Groupe La Laurentienne sur ses propres
actions ne font pas l'objet d'une divulgation dans la circulaire de La
Corporation du Groupe La Laurentienne.
Les mutualistes, M. Bouchard y a fait allusion également
tantôt, il n'y a pas de règles qui régissent la
préparation de la circulaire d'assemblée d'une compagnie
mutuelle. Et M. Bouchard avait également raison lorsqu'il disait qu'on
utilise normalement les règles du droit des compagnies pour
préparer un avis d'assemblée spéciale et
extraordinaire.
M. Garon: C'est-à-dire qu'on ne peut pas prendre le
meilleur des deux mondes. De temps en temps, on dit que ce n'est pas vraiment
une mutuelle, puis tout à coup, ça redevient une mutuelle. Alors,
si c'est une mutuelle qui n'est pas une mutuelle, on devrait peut-être
bien la traiter plus comme on traite la corporation. Mais quand c'est des
mutualistes, on dit: Là, on n'est pas obligés. Mais des
mutualistes, au fond, ce n'est pas des gens qui sont à plein temps. M.
Aubut, tantôt, disait: Moi, je n'ai pas tout lu ça par coeur.
Imaginez-vous un mutualiste, encore bien moins, il n'est pas sur le conseil
d'administration. Vous ne pensez pas que le mutualiste, on est en train de
liquider son affaire, à toutes fins pratiques. Même un
condamné à mort sait que... On va lui dire à quelle heure
il va mourir. Vous ne pensez pas qu'il a le droit d'être renseigné
un peu?
M. Lacroix (Hubert T.): Moi, je vais vous répondre
facilement, M. le député. Le mandat que nous, nous avons, c'est
de représenter La Corporation du Groupe La Laurentienne. La Corporation
du Groupe La Laurentienne est une compagnie publique qui doit satisfaire aux
exigences de divulgation de la Loi sur les valeurs mobilières du
Québec et de toutes les autres lois sur les valeurs mobilières de
toutes les autres juridictions au Canada. Et je vous suggère que toutes
ces obligations-là ont été dûment satisfaites.
Un actionnaire qui décide de donner une option sur son capital
à lui qui n'est pas du capital-actions qui vient du trésor de
l'entreprise, ça ne concerne pas l'émetteur lui-même,
ça ne concerne pas La Corporation du Groupe La Laurentienne.
M. Garon: Sauf que quand il s'agit de payer à même
ce fonds-là, bien, là, on a l'impression que c'est un petit peu
de l'argent de Monopoly. Regardez, quand on regarde... Je ne sais pas qui a
rédigé le prospectus «Offre publique
d'échange»...
M. Lacroix (Hubert T.): Attendez. Ça, c'est... l'offre est
lancée, ce sont les conseillers juridiques du Mouvement Desjardins, de
concert avec les dirigeants du Mouvement Desjardins. (17 h 40)
M. Garon: Bon. Ils le savaient ou ils ne le savaient pas. Mais
à la page 67, en haut, 8, il est très clair: Entente entre
l'initiateur et les administrateurs et les hauts dirigeants de la corporation.
C'est très clair: aucune entente ni aucune convention n'a
été conclue ni proposée entre l'initiateur et l'un des
administrateurs ou des hauts dirigeants de la corporation et aucun paiement ni
autre bénéfice n'a été proposé ou
versé à titre d'indemnité à de tels administrateurs
ou hauts dirigeants pour la perte ou le maintien d'un poste ou pour la
démission, si 1 'offre est réalisée, sauf à
l'égard de M. Jacques A. Drouin, président du conseil et
président et chef de la direction de la corporation, qui continuera de
servir au sein de SFDL comme officier supérieur du conseil
d'administration de SFDL et des entités de la corporation aux
mêmes conditions de rémunération qui prévalent
actuellement et ce, pour une période d'au moins 18 mois. Des
indemnités de départ pouvant varier entre 18 et 12 mois de sa
rémunération globale ont également été
prévues si FDL met fin à l'emploi de M. Drouin ou si son emploi
ne se prolonge pas au sein de SFDL. L'initiateur a également
connaissance de l'existence d'une politique d'indemnisation au sein de la
corporation dans le cas d'un changement fondamental. La clôture de
l'offre donnerait lieu à un changement fondamental selon le sens qu'en
donne cette politique, et ainsi, un dirigeant en bénéficiant
aurait droit à un programme d'indemnité de départ advenant
la cessation de son emploi. ...tout ce qui est marqué. Les avocats qui
ont rédigé ça, ils le savaient ou ils ne le savaient
pas?
M. Lacroix (Hubert T.): Est-ce que je peux répondre
à votre question, M. Garon?
M. Garon: Oui.
M. Lacroix (Hubert T.): Je vais répondre, et je
présume que vous reposerez la question aux avocats tantôt, si vous
voulez, du Mouvement Desjardins. Les mots qui sont là, que vous avez
correctement lus, parlent de transaction ou d'entente entre l'initiateur, qui
est SFDL, et le dirigeant de La Corporation du Groupe La
Laurentienne. Vous conviendrez avec moi que les choses qu'on discute
dans le moment ça n'a rien à voir avec l'entente entre le
Mouvement Desjardins ou un administrateur ou un dirigeant de la corpo.
De la même façon, si vous regardez les pages 12 et 13 de la
circulaire que vous avez également dans les mains, je suis convaincu,
qui répond à l'offre et qui a été dûment
préparée dans les 10 jours, vous allez revoir le texte que vous
venez de me lire au bas de la page 12 parce que, de la même façon,
le conseil d'administration de La Corporation du Groupe La Laurentienne, la
compagnie publique répond à la divulgation qui est faite par les
gens du Mouvement Desjardins, à la page 67. Aucune entente ni aucune
convention n'a été convenue, rien d'autre, sauf à
l'égard de M. Drouin. Et vous allez retrouver à peu près
les mêmes mots que l'entente sur le contrat d'emploi pour la
période de transition plus l'indemnité de départ.
Vous avez également, en haut de la page 13, la fameuse politique
d'indemnisation à laquelle la page 67 fait allusion lorsqu'on dit que
l'initiateur est au courant d'une politique d'indemnisation. Vous en avez les
détails en haut à la page 13. Il y a deux régimes: il y a
une politique d'indemnisation, sous la rubrique: ententes entre la corporation
et certains de ses dirigeants, et ça vise, si ma mémoire est
bonne, 24 ou 25 personnes, et il y a un régime de motivation pour six
personnes. Et, encore une fois, vous retrouverez toute la divulgation qui est
nécessaire dans la circulaire dûment adoptée par le conseil
d'administration de la compagnie qui est visée par l'offre publique du
Mouvement Desjardins.
Ce que l'actionnaire lui-même fait, M. le député,
avec ses actions, ça ne concerne pas la corpo et, en fait, à
l'ultime, le conseil d'administration de La Corporation du Groupe La
Laurentienne pourrait ne jamais savoir ce que la LV fait avec ses actions, de
la même façon que si Eaton ou Victoire, qui sont les deux autres
partenaires, avaient, eux, choisi, parce que eux autres aussi ont de l'argent
qui valait pas mal plus que S $ l'action à un moment donné dans
leur vie, de vouloir donner un régime d'incitation à M. Drouin
sur leurs propres actions. Ça ne concerne d'aucune façon La
Corporation du Groupe La Laurentienne. Ils auraient très bien pu le
faire s'ils avaient choisi ce...
M. Garon: Vous travaillez à quel endroit?
M. Lacroix (Hubert T.): Chez McCarthy, Tétrault.
M. Garon: Comme avocat?
M. Lacroix (Hubert T.): Oui, monsieur.
M. Garon: Travaillez-vous souvent dans les mutuelles et les
coopératives?
M. Lacroix (Hubert T.): Les mutuelles, il y en a beaucoup moins
qu'il y en avait, M. le député.
M. Garon: Je le sais, et pour cause. Je vais vous dire,
après ce que j'entends aujourd'hui, je ne suis pas prêt de
«rembarquer» dans une mutuelle, pour vous dire bien franchement. Si
on n'a le droit de rien, on n'a le droit de rien savoir, puis on a droit
à rien... Je vais vous dire que tant que les lois ne sont pas
changées au Québec, je considère qu'un mutualiste, ce
n'est pas très protégé, d'après ce que
j'entends.
M. Chagnon: Est-ce que c'est l'opinion de l'Inspecteur
général?
M. Garon: Bien, il y a deux droits. Le mutualiste a le droit de
vote puis il a le droit de quoi? de participer au surplus.
M. Lacroix (Hubert T.): C'est exact.
M. Garon: C'est deux droits qu'il a essentiellement.
M. Lacroix (Hubert T.): Exact.
M. Garon: Excepté qu'on partage son surplus, là. Le
pot des mutualistes, c'est ça, au fond qu'on... C'est à partir du
pot des mutualistes qu'on paie un million et quelque chose à M. Drouin.
Vrai ou faux?
Une voix: Vrai.
M. Lacroix (Hubert T.): Je ne ferais cette distinction-là
de cette façon-là.
M. Garon: C'est vrai ou ce n'est pas vrai?
M. Lacroix (Hubert T.): M. Drouin, est-ce que vous voulez
répondre à cette question-là?
Le Président (M. Lemieux): M. Drouin.
M. Drouin (Jacques A.): Moi, de la façon dont je
perçois les choses, et évidemment, je suis directement
impliqué, c'est assez délicat pour moi de m'exprimer, mais les
mutualistes avaient un actif de 1 000 000 000 $, et l'obligation de la
compagnie envers eux est de l'ordre de 1 000 000 000 $. Je pense que ce qui
était en cause pour les mutualistes, c'était la
possibilité que la compagnie ne soit pas en mesure d'honorer ses
obligations à leur endroit. C'était vraiment la situation qui se
présentait devant eux. C'était le risque le plus sérieux
qui se présentait devant les mutualistes, et la motivation qui m'a
été octroyée visait, à mon point de vue, à
faire en sorte que ce risque-là soit éliminé pour les
mutualistes, parce qu'ils faisaient face à un risque très
sérieux. Leurs placements valaient beaucoup moins que leur valeur au
marché, et si on ne réglait pas cette situation-là pour le
31 décembre 1993, il y avait un risque très important pour
eux.
Et mon rôle à moi, c'a été de régler
le problème
de risque et d'amener la valeur de leur avoir au moins à sa
valeur aux livres pour éliminer ce risque-là. et la compensation
que j'en retire, c'est 0,1 %, comme c'a été mentionné, de
l'actif en cause. le conseil d'administration a jugé que c'était
raisonnable. moi, je suis difficilement placé pour exprimer une opinion
là-dessus, mais les faits sont ceux-là.
M. Garon: Sauf qu'il me semble qu'il n'y a pas grand monde qui
protégeait l'avoir des mutualistes dans cette affaire-là. Depuis
la démutualisation, on a vu qu'on évaluait le pot à 56 000
000 $ ou 58 000 000 $. Il vaut combien aujourd'hui? Il ne vaut plus
grand-chose.
M. Drouin (Jacques A.): Je puis vous assurer, M. Garon, que j'ai
tout fait et c'était ma responsabilité pour
protéger l'intérêt des mutualistes et éviter une
situation financière extrêmement difficile pour leur
compagnie.
M. Garon: Oui. Mais vous, là si j'étais aux
États-Unis, je saurais ça sans être obligé de vous
le demander c'est quoi votre salaire à La Laurentienne?
Le Président (M. Lemieux): Vous n'êtes pas
obligé de répondre à la question.
M. Drouin (Jacques A.): M. Garon, je pense que, là... Non,
je n'ai aucune intention de répondre à la question, et pas parce
que j'ai peur ou que j'ai honte, ou quoi que ce soit. Mais les règles de
divulgation de la rémunération des dirigeants d'entreprises font
présentement l'objet d'un examen et d'une législation
éventuelle. Je pense qu'il serait équitable que, quand les
salaires de tous les dirigeants seront révélés sur la
place publique, y compris le mien, qu'il soit aligné contre tous les
autres et que les gens puissent porter un jugement. Mais de prendre un individu
en particulier, je ne pense pas que ce soit équitable.
M. Garon: Non, mais ce que je vois dans l'affaire là, moi,
on m'a dit, en tout cas, que votre salaire était de l'ordre de 500 000 $
à 600 000 $. Bon. Plus des bonis, plus des options d'achat, plus, on
dit, 30 à 36 mois d'emploi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis. Oui, M. le député de Verdun. Question de
règlement.
M. Garon: II me semble qu'il y avait de la motivation.
M. Gautrin: Question de règlement, M. le
Président.
M. Garon: Un instant! C'est qu'on est en Amérique du Nord,
on est dans le libre-échange. Aux États-Unis...
M. Gautrin: M. le Président...
M. Garon: ...vous lisez la revue Fortune, vous avez tous
les avantages des dirigeants d'entreprises publiés automatiquement. Vous
lisez le Business Week, vous avez ça pour tous les dirigeants
d'entreprises sous différents titres de chapitres, tous les avantages
possibles.
M. Gautrin: M. le Président...
M. Garon: Au Québec, c'a l'air d'être un secret.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, je suis conscient que vous
voulez...
M. Gautrin: L'intervention du député de
Lévis n'est pas dans le cadre des lois actuelles. Si je comprends bien,
c'est quelque chose qui est débattu en Ontario, actuellement, qui pourra
peut-être être débattu au Québec. Mais il n'y a pas
lieu, actuellement, de vouloir appliquer des lois américaines sur le
territoire, à moins que vous vouliez vous associer aux
États-Unis, ce qui serait peut-être...
Le Président (M. Lemieux): C'est que cette commission a un
mandat d'une nature législative, et ce n'est pas une commission
d'enquête, M. le député de Lévis.
M. Garon: Mais dans une...
Le Président (M. Lemieux): Nous avons, M. le
député de Lévis, un mandat qui est clair de
l'Assemblée nationale. C'est le 289. Si nous permettons ici d'avoir
à poser des questions à M. Drouin sur cet aspect de sa
gratification, c'est qu'il y avait un impact qui pouvait être
rattaché au bill 289. Maintenant, en ce qui a trait au salaire de M.
Drouin, M. le député Lévis, à mon avis, ce n'est
pas pertinent que M. Drouin ait à répondre à la nature de
cette question. J'ai dit que ce n'était pas une commission
d'enquête. On a un mandat de l'Assemblée. C'est une commission
législative ici.
M. le député de Lévis.
M. Garon: C'est-à-dire qu'on protège les droits des
mutualistes. Les mutualistes, actuellement, avec un système où on
dit, dans un livre blanc qui a été publié il y a
déjà plusieurs années, qu'on devrait avoir un chapitre
additionnel dans nos lois sur la démutualisation. Il n'y a rien. Le
livre blanc de votre prédécesseur, Mme la ministre.
Mme Robic: Qu'est-ce que ça changerait?
M. Garon: Bien, là, actuellement, ce qu'on vient de nous
dire, il n'y en a pas de règle. Tout ce qu'on
nous dit, essentiellement: II n'y a pas de règle de divulgation.
Il n'y a pas de règle de publication. Il n'y a pas de règle
d'indication des avantages qu'il peut y avoir. C'est ça qu'on nous dit.
C'est ça que Me Leblanc vient de nous dire. Il n'y en a pas de
règle.
Alors, nous, au moins, quand on demande des questions ici en commission
parlementaire ça serait peut-être bien un peu responsable
s'il n'y avait pas de règle plus que ça au moins, c'est de
poser des questions pour protéger les droits des mutualistes, qui sont
en train de signer leur arrêt de mort.
Mme Robic: Bien, là, là.
M. Garon: Alors, voir, au fond, si tout se fait normalement. Ce
n'est pas une commission d'enquête, mais c'est normal de faire ce qu'on
fait là.
Le Président (M. Lemieux): Je ne vous reproche pas de
faire ce que vous faites. Je vous dis de vous en tenir à la règle
de la pertinence. (17 h 50)
M. Gautrin: C'est ça.
M. Chagnon: ... l'arrêt de mort, M. le Président,
les mutualistes ne seraient pas rendus publics le 1er janvier si on n'adoptait
pas le projet de loi qu'on a devant nous.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le
député de Saint-Louis. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Alors, est-ce que ça prenait de grosses
motivations? Est-ce qu'il fallait payer 1 000 000 $ de motivation?
M. Chagnon: Ça, c'est le jugement du conseil
d'administration.
Le Président (M. Lemieux): Ça, c'est un jugement de
valeur, M. le député.
M. Gautrin: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: Je voudrais quand même rappeler ce qu'on fait
actuellement. On a un projet de loi privé qui fait une transaction entre
La Laurentienne et le Mouvement Desjardins. Dans ce qui a entouré cette
transaction, il a pu penser qu'au moment de la transaction il y avait eu un
versement de 1 000 000 $ autour de la transaction. Ce qu'on a voulu faire
aujourd'hui, en demandant aux membres du conseil d'administration de venir,
c'était de voir si c'était lié à la transaction ou
non lié à la transaction. Parce que, de la manière dont
fonctionnait La Laurentienne, je pense qu'il y a d'autres cadres dans lesquels
on aurait pu l'aborder. Ce n'est pas notre but ici. On est liés, en
termes de pertinence, entre le débat entre la transaction, et, est-ce
que, pour éviter qu'il n'y ait aucun entachement autour de ça,
c'est pour ça qu'on a d'ailleurs demandé aux membres du conseil
d'administration de venir, à savoir: est-ce qu'il y avait un lien entre
la transaction et le versement? Est-ce que c'était une gratification ou
non? Et c'est ça qu'on voulait avoir comme information, M. le
Président.
Là, si on commence à faire, excusez-moi, mais, le
procès ou une commission d'enquête pour voir comment on
rétribuait...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun...
M. Gautrin: ...moi, je trouve que c'est totalement non pertinent,
M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, si les mutualistes ont des droits, M. Drouin a aussi des droits...
M. Gautrin: C'est exactement ce que je voudrais protéger,
M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): ...et cette présidence
va les faire respecter. Ça, soyez certain de cette chose.
M. Gautrin: Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Westmount, vous aviez demandé la parole.
M. Gautrin: J'avais demandé la parole aussi, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, écoutez, vous
n'aviez pas terminé? Alors, M. le député de Verdun...
M. Gautrin: Attendez un instant, M. le Président,
moi...
Le Président (M. Lemieux): ...après, M. le
député de Westmount.
M. Gautrin: ...j'avais demandé la parole, si vous me
permettez, un moment, parce que je n'avais pas terminé mon
intervention...
Le Président (M. Lemieux): Allez-y.
M. Gautrin: Ce que, moi, je voulais bien préciser... Donc,
je reviens dans mon intervention précédente, si vous me
permettez, Me Aubut. Si j'ai bien compris, là, il y avait donc une
entente qui était faite, et ça, je ne me pose pas de question sur
l'entente, c'était dans
le fonctionnement de la corporation, il y avait une entente pour,
disons, stimuler, entre guillemets, le directeur général et le
président, de manière à atteindre des objectifs.
Cette entente, à un moment ou l'autre, ce que je voudrais
comprendre, moi, c'est que la décision du 9 novembre, dans ce que vous
nous avez dit ce matin, moi, il y a une chose que je ne comprends pas, et je
vous le dis honnêtement. Le 9 novembre, vous dites: Suite à la
lettre d'intention du Mouvement des caisses Desjardins, vous décidez de
transférer l'entente que vous avez en un versement de 1 100 000 $, alors
que, si j'ai bien compris les autres interventions de Me Aubut et de M. Drouin,
ce sera que, si jamais la transaction a lieu, à ce moment-là,
bien sûr, l'entente que vous avez avec votre gestionnaire devient
automatiquement caduque, parce qu'il n'y a plus de gestionnaire, etc., que vous
considérez de transformer l'entente que vous aviez en un versement
forfaitaire. Est-ce que c'est bien ça? Donc, la décision, quand
vous me dites, dans le texte, comme vous l'avez dit ce matin, elle n'est pas
prise. Elle serait prise conditionnellement au fait qu'il y ait une entente.
Est-ce que c'est ça? Ou, parce que... Je m'excuse, dans le texte que
vous avez dit, ce n'est pas exactement ce que vous avez dit ce matin.
Le Président (M. Lemieux): M. Normand, voulez-vous
compléter?
M. Normand (Robert): La décision de principe d'actualiser
l'entente de 1992 et de transformer les droits de M. Drouin en un paiement
monétaire a été prise au mois de juin 1993. Au mois de
novembre dernier, nous avons constaté que nous avions une entente avec
Desjardins, et, à ce moment-là, le conseil a été
d'accord pour qu'on puisse concrétiser le tout dans une entente avec M.
Drouin, étant bien entendu qu'aucun versement ne serait fait tant que la
transaction ne serait pas terminée.
M. Gautrin: Le point qu'il est important d'établir, c'est
qu'il ne s'agit pas de donner un versement, c'est qu'une fois, si l'entente est
faite ou, autrement dit, le principe d'intéressement tombant ipso facto
parce qu'il n'y a plus de... Vous êtes en train de réaliser
l'entente que vous avez faite, mais c'est conditionnel au passage, disons, de
la loi, etc., et ce n'est pas quelque chose que vous lui donniez pour...
Ça, je pense que... Je m'excuse, mais c'est un point très
important à établir ici, entre nous. Autrement dit, ce que vous
faites, vous suivez l'entente de 1992. Autrement dit, en fonction du contrat
que vous avez passé en 1992, sur lequel nous n'avons rien à dire,
vous réalisez le contrat de 1992 et vous suivez les engagements du
contrat de 1992, dans le cadre de la situation où vous êtes et
compte tenu des engagements que vous avez en passation de prise de
contrôle par un autre organisme.
M. Normand (Robert): Et l'argent sera mis en fiducie, et le
fiduciaire ne pourra libérer l'argent qu'une fois la transaction
complétée.
M. Gautrin: Bon.
M. Aubut (Marcel): Comme l'a dit M. Drouin tantôt, s'il n'y
a pas de loi, de «closing» final, c'est le retour à la case
départ de la convention.
M. Gautrin: De la convention avec les paiements de...
M. Aubut (Marcel): Exactement.
M. Gautrin: Je pense que c'était important de
clarifier...
M. Aubut (Marcel): Et vous avez très bien fait
ça.
M. Gautrin: ...ce point là, si vous me permettez. Parce
que c'était... Alors, moi, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Verdun?
M. Gautrin: ...j'ai terminé, mais je pense que c'est
important de l'avoir clarifié.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Westmount.
M. Holden: Oui. M. le Président. Me Aubut avait
parlé de la compétition, et je me demandais si vous aviez une
connaissance personnelle des cas spécifiques où on peut dire que
1 000 000 $, ça serait normal, comme option.
Le Président (M. Lemieux): ... que vous demandez à
Me Aubut...
M. Holden: Non, non, mais il parlait de la... C'est une des
raisons pour lesquelles le conseil d'administration a octroyé les 200
000...
M. Aubut (Marcel): M. le député, je ne vous
dévoilerai pas de cas spécifiques, même si j'en avais
connaissance, parce que ça serait parce que je suis sur d'autres
conseils où je suis sous la confidentialité, mais ce que je vais
vous dévoiler ici, c'est que je connais assez les affaires pour savoir
que lorsqu'il faut attacher un CEO en qui on a confiance et qu'on veut garder
pour plusieurs années, il faut faire ce genre de transaction et d'un
système de motivation. Et j'étais sûr, moi, qu'avec les
membres du comité où on était, et tout le conseil
d'administration, on était dans la normalité des choses de la loi
d'un marché. Et je suis sûr qu'on n'a pas dépassé
ça.
M. Holden: Vous avez dit ou M. Normand a dit
que le conseil d'administration avait beaucoup d'affaires à
brasser, puis il n'a pas pensé dans l'optique de révéler
ce contrat. Mais, entre vous, «informellement» ou même
à une réunion, est-ce qu'il en a été question?
Parce que vous saviez tous que ça existait, cette transaction de 200 000
actions. Est-ce que quelqu'un n'a jamais dit: Bon, peut-être qu'on
devrait «publiciser» cette transaction d'envergure assez
considérable?
M. Normand (Robert): Si vous me permettez de parler pour ma
connaissance des choses, au mois de juin, compte tenu des discussions qui
étaient amorcées avec le Mouvement Desjardins, de la
difficulté de ces discussions-là et de la possibilité de
devoir discuter avec d'autres partenaires et d'envisager d'autres
scénarios, je peux vous assurer que ce n'était pas notre
principale préoccupation. Et en ce qui concerne le mois de novembre
dernier, ça a été la même chose. Ce sont des items
qui sont arrivés rapidement au conseil d'administration, et ça a
fait l'objet d'une unanimité évidente rapidement, et on est
passés à autre chose, sans qu'on s'interroge sur toutes les
nuances, toutes les ramifications.
Si vous me permettez une parenthèse, après avoir entendu
M. Aubut, sachant qu'il est fort bien attaché aux Nordiques, je
souhaiterais qu'il y ait des journalistes sportifs dans cette salle. Ça
aurait peut-être été intéressant, cet
après-midi.
Des voix: ...
M. Aubut (Marcel): Ce qu'il veut dire par là, c'est rare
que je suis dans les petits «deals» comme ça, avec les
contrats que je signe.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Holden: Les options que vous payez sont plus
élevées? C'est ça?
M. Aubut (Marcel): Même les salaires de base, ou les bonus
et les incitations à la performance sont pas mal plus forts que
ça.
M. Holden: Mais...
M. Garon: Ils seraient mieux d'avoir ça quand la
performance est réalisée.
M. Aubut (Marcel): On n'aurait aucun joueur à
Québec.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Holden: Alors, M. Normand... M. le Président, ce qui me
fascine, c'est que c'est sorti pendant la réunion des mutualistes,
n'est-ce pas? ou c'est sorti après? Je n'étais pas là,
mais comment ça se fait que, lors de la réunion, c'est sorti,
tandis qu'on ne l'a pas dit avant et que vous avez transigé quelque
chose juste après la réunion? Expliquez-moi un peu ça. (18
heures)
M. Normand (Robert): À la réunion des mutualistes,
il y a deux jours, M. Drouin a fait un exposé analogue à celui
qu'il vous a fait ce matin. J'ai fait de même par la suite. Avant de
passer au vote sur deux résolutions qu'il nous fallait adopter pour les
deux principaux sujets qui étaient devant nous, nous avons eu une
période de questions afin de savoir s'il y a des gens qui voulaient
poser des questions sur les transactions qu'on demandait d'approuver. Il y a
quelqu'un qui est venu au micro et qui a posé la question sur les
options de M. Drouin. Je suis intervenu en réponse à cette
question, pour donner, avec peut-être un peu moins de détails
techniques que je ne l'ai fait avec vous ce matin, mais pour donner
substantiellement le même contenu. Il y a eu également un
échange entre la personne qui a posé de telles questions et M.
Drouin, deux ou trois fois, et tous les mutualistes étaient
explicitement mis au courant. Nous sommes ensuite passés au vote et le
vote a eu le résultat que je vous ai indiqué.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Westmount.
Alors, j'aimerais savoir... Je résumerai ça d'une
manière très rapide, évidemment. Cette gratification, elle
est légale, elle est connue des mutualistes, elle est connue aussi de
Desjardins, qui en a accepté, j'imagine, son principe. Je ne crois pas
qu'il soit de la compétence de cette commission d'intervenir sur la
substance comme telle de cette gratification. Et j'aimerais savoir si le
témoignage... Un instant, s'il vous plaît! J'aimerais savoir si le
témoignage de M. Aubut est requis pour ce soir. Est-ce que le
témoignage de M. Aubut est requis pour ce soir?
M. Garon: Un instant!
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: Moi, j'ai l'intention de demander justement à
Desjardins, s'ils étaient au courant, à quel moment?
Le Président (M. Lemieux): Mais vous pourrez le faire.
M. Garon: C'est parce que vous assumez que...
Le Président (M. Lemieux): Ça, c'est une question
qui est pertinente. Je ne m'y objecterai pas.
M. Garon: Je ne veux pas assumer.
Le Président (M. Lemieux): Je vous ai dit tout à
l'heure que M. Béland, ce matin, nous a bel et bien dit, lorsqu'il a
témoigné, que lorsqu'ils ont entrevu ou
conclu cette entente, il était au courant. Et je pense que je
l'ai bien entendu. Je peux même faire ressortir les galées. Mais
je ne vous empêcherai pas de poser cette question, M. le
député de Lévis. Elle est très pertinente. Mais
j'aimerais savoir si le témoignage de M. Aubut est requis par les
membres de cette commission, ce soir, considérant qu'il est venu ici
pour une fin bien spécifique. M. le député de Verdun, vous
qui l'aviez demandé.
M. Gautrin: M. le Président, je voudrais, moi,
personnellement vous dire que j'ai été satisfait et je trouve
qu'on a éclairci un certain nombre de points. Je voudrais remercier Me
Aubut et M. Normand des clarifications qui, à mon sens, sont utiles pour
éviter que cette chose, qui était quand même
présente, entache une transaction importante. Et, pour moi, je ne pense
pas que ce soit utile de les avoir avec nous dans l'étude article par
article. Et j'espère qu'on va commencer bientôt.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Verdun.
Alors, Me Aubut, votre témoignage n'est pas requis pour ce soir.
Nous suspendons nos travaux jusqu'à 20 heures. Merci de votre
collaboration.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 13)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! Auriez-vous l'amabilité de fermer la porte arrière,
s'il vous plaît? Alors, comme me le fait remarquer M. le
député de Westmount, nous allons maintenant entendre
l'intervenant, M. Moffet.
M. Garon: II n'y a aucun député libéral.
Le Président (M. Lemieux): Nous avons le quorum, M. le
député de Lévis, qui est de cinq personnes, et les
députés ministériels devraient arriver dans les minutes
qui vont suivre, puisque le whip a demandé à ce qu'ils soient
présents le plus rapidement possible. Mais comme je ne veux pas retarder
l'ouverture de la séance et que nous avons quorum, alors nous sommes
prêts à entendre, comme vient de me le souligner M. le
député de Westmount, M. Moffet, qui est un intervenant.
M. Moffet, nous sommes prêts à vous entendre.
Exposé de l'opposant M. Denis Moffet
M. Moffet (Denis): Merci, M. le Président. Je suis
très heureux de l'occasion qui m'est donnée de venir me prononcer
sur le projet de fusion entre Desjardins et La Laurentienne. Alors, en donnant
son accord à la fusion Desjardins-Laurentienne, le gouvernement du
Québec cautionnerait la duplicité et, je le crains,
contribuerait à l'affaiblissement du Mouvement Desjardins. C'est
pourquoi je m'oppose à cette fusion et j'encourage les élus du
peuple à mettre fin courageusement à cette solution aux
problèmes de La Laurentienne, qui tient surtout de la fuite en
avant.
Lors de son annonce en juillet dernier, la fusion
Desjardins-Laurentienne fut présentée comme l'union de deux
forces. C'était de la poudre aux yeux, et les gens s'en rendent bien
compte maintenant. Même les plus crédules sont forcés
d'admettre le fiasco de La Laurentienne puisque, dans la circulaire
d'information préparée à l'intention des membres de la
corporation mutuelle de gestion La Laurentienne pour le 9 novembre 1993, on y
admet, à la page 34, que le statu quo laissait prévoir
l'insolvabilité de l'ancienne mutuelle à la fin de l'année
1993.
Il n'est guère étonnant que l'annonce de cette fusion ait
pu sonner faux, puisque le culte de la duplicité a été
savamment entretenu depuis la création du holding de La Corporation du
Groupe La Laurentienne en 1984. En effet, depuis cette date, des transactions
entre compagnies apparentées ont systématiquement
été utilisées pour montrer des bénéfices
là où les opérations s'avéraient
déficitaires. J'ai eu l'occasion d'en donner des exemples dans d'autres
textes par le passé.
Certains prétendent que le mutualisme se meurt parce que les
mutualistes ne prennent pas leurs responsabilités. Je prétends
qu'il est difficile qu'il en soit autrement lorsque l'information
financière qui leur est présentée donne souvent une image
déformée de leur assureur. Il s'avère, et je le constate
avec regret, que les tractations ayant mené au projet de fusion
Desjardins-Laurentienne sont marquées du sceau de la duplicité
aussi. Depuis quelques semaines, on apprend petit à petit l'existence de
certains avantages consentis aux dirigeants de La Laurentienne, qu'on appelle,
dans le jargon de la finance, des parachutes dorés. Alors même que
les détenteurs de polices participantes auraient de bonnes raisons de
poursuivre ces dirigeants pour avoir manqué à leur devoir de
fiduciaires, voilà que, par la porte d'en arrière, le Mouvement
Desjardins semble disposé à distribuer des primes à
l'incompétence, pour ne pas dire plus.
En cette matière, le comble a été atteint lors de
l'assemblée des mutualistes tenue le 30 novembre dernier, lorsque l'on y
apprit que le grand patron de La Laurentienne, M. Jacques Drouin, allait se
mériter une commission pouvant atteindre plus de 1 000 000 $ pour avoir
finalisé la transaction avec Desjardins. Rappelons que lorsqu'il devint
évident, il y a quelques mois, que sous la direction de Jacques Attali,
ex-conseiller du président de la France, M. François Mitterrand,
la Banque de développement des pays de l'Est allouait autant de fonds en
dépenses somptuaires qu'en prêts pour des fins de
développement, son conseil d'administration le congédia sans
aucune compensation, en lui signifiant qu'il pouvait se compter chanceux de
s'en tirer sans poursuite légale.
Je soumets aux élus du peuple du Québec qu'ils sont eux
aussi capables de fermeté et de courage. Si on laisse le culte de la
duplicité se perpétuer, nous récolterons le cynisme et la
méfiance. Le caractère spéculatif de la fusion
Desjardins-Laurentienne est manifeste. Quatre façons de disposer des
actions de La Laurentienne sont proposées au porteur. Chacune de ces
façons fait intervenir à divers degrés des actions de
trois types différents d'une hypothétique société
financière Desjardins Laurentienne. Alors qu'on aurait souhaité
de la transparence, on a imaginé une brillante façon, je dis bien
«brillante façon», de diluer les problèmes de La
Laurentienne et de remettre à plus tard les échéances
qu'il faudra un jour rencontrer. Et pour qu'un porteur puisse faire ses choix,
il doit, soit faire un acte de foi ou consulter un analyste financier tellement
cette opération est complexe. Est-ce comme ça qu'on entend
reconstruire la confiance dans nos institutions financières? En
réalité, c'est la mentalité du casino qu'on est en train
de bien implanter au Québec, et Desjardins y contribue à sa
façon.
Je crains, au travers ce projet de fusion, non seulement
l'affaiblissement moral du Mouvement Desjardins mais aussi son affaiblissement
financier. Le Mouvement Desjardins est tout juste suffisamment
capitalisé, ne l'oublions pas. Il y a quelques années, le
gouvernement du Québec a consenti des avantages fiscaux aux acheteurs de
parts permanentes afin, justement, de permettre à Desjardins une
capitalisation adéquate. Comme de nombreux Québécois, j'ai
participé à ce financement, et j'ajouterai qu'en ce qui me
concerne, ce n'est pas pour permettre à Desjardins de faire office de
pompier national. Le souvenir de Laval in est trop frais à ma
mémoire. Pour comprendre les rapports annuels de La Laurentienne, il
faut la patience d'un bénédictin. J'ai essayé d'y voir
clair et je suis convaincu que le marché faisait une très bonne
lecture de la situation du groupe en établissant la valeur de ses
actions à moins de la moitié de leur valeur comptable au cours
des derniers mois qui ont précédé l'annonce de la fusion.
Mais Desjardins voit de grandes possibilités de synergie. Encore une
fois, c'est un jugement de nature spéculative justifiant la valeur
comptable de La Laurentienne. Synergie: voilà le mot magique à la
base de la diversification qui devait mettre au monde des mammouths financiers
«made in Québec», dont la charge impétueuse devait
faire trembler le monde. Ils ont plutôt fait se rompre la glace sur
laquelle ils marchaient. Ce que cette fusion propose, c'est un mammouth jouant
à la roulette. (20 h 20)
Conclusion: pour des raisons que je ne comprends pas très bien,
Desjardins semble reléguer au second plan son rôle de fiduciaire.
Ce rôle ne s'accommode pas de la spéculation. Or, le projet de
fusion Desjardins-Laurentienne relève vraiment de la spéculation.
Toute opération de liquidation ou de sauvetage de La Laurentienne
devrait se faire en donnant l'heure juste aux contribuables. En effet, tous les
contribuables du Québec sont partie prenante, car, dans le passé,
le Groupe La Laurentienne a fait des émissions d'actions dans le cadre
du régime d'épargne-actions, donc subventionnées par tous
les contribuables, contribuables qui ont aussi subventionné Desjardins
lors de l'émission des parts permanentes.
Je m'oppose à ce projet de fusion Desjardins-Laurentienne et
j'encourage les élus du peuple à bien y repenser avant de
l'entériner. Même s'il est douloureux de constater la
déconfiture de La Laurentienne et de ses conséquences et
même si notre ego collectif doit en sortir meurtri, ayons le courage de
mettre de l'ordre dans notre maison, quitte à reconstruire sur des bases
plus solides. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Moffet. Est-ce que
vous avez des commentaires? Est-ce qu'il y a des commentaires, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Oui. Je voudrais poser quelques questions
à M. Moffet. Vous dites que c'est spéculatif. Si je reprends un
tableau, le tableau de la page 94 du document, de la circulaire «Offre
publique d'échange»...
M. Moffet (Denis): Oui.
M. Léonard: Est-ce que vous l'avez? Quels sont les ratios
de capitalisation que vous trouvez là-dedans?
M. Moffet (Denis): J'ai le texte anglais «Exchange
bid». Est-ce que c'est ça que...
M. Léonard: Oui. Moi, j'ai le texte français,
mais... C'est ça, à la page 94. C'est les bilans
consolidés pro forma.
M. Moffet (Denis): Moi, à la page 94, malheureusement, ce
n'est pas ça que j'ai.
M. Léonard: Si vous allez au bilan consolidé pro
forma, 30 juin 1993; donc, qui donne effet à la proposition, en quelque
sorte.
M. Moffet (Denis): Oui.
M. Léonard: C'est donc les états consolidés
au 30 juin avec, je suppose, les transactions ultérieures, parce que
vous avez toute une série de corrections, en troisième colonne.
Quand vous dites que c'est de caractère spéculatif, c'est que
vous vous basez sur les ratios de capitalisation pour le faire.
M. Moffet (Denis): Non, non. Quand je parle d'une transaction
à caractère spéculatif, c'est que Desjardins propose,
finalement, au porteur d'actions des paiements sous forme... de quatre
façons, vous le savez. Soit de l'argent comptant...
M. Léonard: Sous forme de...
M. Moffet (Denis): Quatre possibilités.
M. Léonard: Quatre options, oui, oui.
M. Moffet (Denis): Alors, donc, soit de l'argent comptant, des
actions privilégiées, des actions avec 10 droits de vote et des
actions avec un droit de vote sur une hypothétique société
qui n'existe pas encore. Alors, donc...
M. Léonard: Oui, mais ça, c'est une chose qui se
fait régulièrement dans le monde des affaires.
M. Moffet (Denis): Oui, ça peut fort bien se faire. Sauf
que, justement, on n'a aucune idée, lorsque cette
émission-là va se faire, comment ça va être
reçu par le marché. Alors, c'est le caractère
spéculatif de cette transaction-là. Et ce que je dis, donc, c'est
qu'on part d'une entreprise qui avait un paquet de problèmes, puis
qu'est-ce qu'on propose comme rechange? C'est de l'amener dans une solution
où tout est aléatoire. C'est pour ça, c'est exactement la
définition du caractère spéculatif. Quand on fait une
transaction puis qu'on dit: Voici, on vous donne tant d'argent comptant, il n'y
a pas de spéculation, c'est connu, c'est clair, net et
précis.
M. Léonard: Oui, je vous suis. Il reste que... Moi, je
reviens à la page 94, parce que, pour moi, un bilan, ça veut dire
quelque chose.
M. Moffet (Denis): Oui.
M. Léonard: II y a le bilan de la société
financière Desjardins. Celui-là, il existe; à l'heure
actuelle, il n'est pas affecté par la transaction. Mais si on prend, par
la suite, La Corporation du Groupe La Laurentienne, bon, ça, c'est son
bilan, 15 722 000 000 $. Vous avez une série de régularisations
qui doivent, je suppose, donner effet aux transactions postérieures au
30 juin jusqu'à la date de la transaction ou, je suppose... Par exemple,
le 15 novembre ou le 30 novembre. On pourra me dire exactement quelle date.
Mais supposons que c'est jusqu'au 31 décembre, date de la transaction.
Vous avez, par la suite, des corrections de 655 000 000 $. Et 655 000 000 $ de
corrections impliquent des transactions, comme le bilan de 15 000 000 000 $,
les 15 000 000 000 $ impliquent des actifs tangibles. À moins qu'on me
dise que, dans les 871 000 000 $, il y a un certain nombre d'actifs intangibles
qui ont peu de valeur ou pas de valeur, mais dont la valeur est discutable.
Bon. Je calcule très grossièrement, parce que je sais que
l'Inspecteur général va avoir des calculs plus raffinés,
mais très grossièrement, le ratio de capitalisation de
Desjardins, 286 000 000 $ sur 5 969 000 000 $, 4.8 % l'Inspecteur me
suit ou pas? Il me suit? Bon. Et puis, je trouve que pour La Laurentienne,
avant correction, c'est 4.75 %.
Mais là où ça se dégrade, c'est
qu'après les événements, redressements relatifs à
des événements postérieurs, le ratio passe à 4.17 %
pour La Laurentienne et que, par suite des régularisations dues à
l'opération, le ratio passe, lui, à ce moment-là, à
3.8 %. c'est-à-dire, là, c'est vrai que je commence à me
poser des questions sur le ratio. mais l'inspecteur peut corriger et peut me
dire: c'est plus ou moins 3.5 %, ou plus ou moins 4 %. je sais que je suis
à peu près dans les ordres de grandeur du marché. est-ce
que vous remettez en cause les chiffres qui sont là? est-ce que vous
remettez en cause les postes du bilan? si vous me dites que vous avez de fortes
réserves sur les provisions qui ont été prises sur les
mauvaises créances, là, o.k., on peut discuter.
Alors, c'est ça, parce que le caractère spéculatif,
le marché va aussi jouer; il y a évidemment la valeur aux livres
de l'action, et il y a l'évaluation des gains ultérieurs, mais le
marché, nécessairement, est spéculatif. Mais sur les
bilans, les livres que nous avons devant nous, il reste quand même qu'il
y a une certaine valeur aux livres qui est «borderline», c'est
à peu près ce que je pourrais dire, mais j'aimerais qu'on en
discute à partir delà, et...
M. Moffet (Denis): Oui. Moi, j'ai regardé surtout les
rapports annuels originaux de ces entreprises-là. D'ailleurs, ce que je
regrette, on a parlé beaucoup de rapports d'experts; mais quand on
regarde le rapport de l'expert-comptable, d'ailleurs, qui a été
préparé pour la transaction, on a demandé au comptable
d'examiner seulement les bilans pro forma, justement, de 1993. Ça aurait
été beaucoup plus intéressant de lui demander de regarder,
par exemple, les rapports annuels de cinq, six années
précédentes. Ça, ça n'a pas été fait.
Moi, je l'ai fait; moi, je les ai regardés: J'ai une collection, je ne
les ai pas tous apportés ici, mais je les ai regardés, les
rapports annuels. Et ça ne m'étonne pas, moi, de voir ce qui
s'est produit avec La Laurentienne Générale dans le cas de Groupe
Victoire, parce qu'il y a toutes sortes de transactions qui, un moment
donné, pour les comprendre, il faut prendre trois ou quatre rapports de
la constellation de La Laurentienne. C'est ça que je regarde.
Par exemple, un moment donné, M. Drouin, cet après-midi,
nous parlait que ses filiales sont rentables. La Laurentienne Vie inc. n'est
pas rentable; deux années d'existence, deux années de
déficit, et, en plus de ça, il y a une transaction de compagnies
affiliées qui pourrait augmenter le déficit, en 1991, de 6 000
000 $. Bon. Alors, quand on parle, par exemple, que 1 000 000 $, ce n'est rien,
ce qu'on donne à M. Drouin, qu'il commence donc à faire 1 000 000
$ de bénéfices dans La Laurentienne financière, et on en
reparlera, que c'est immatériel de donner 1 000 000 $ à M.
Drouin.
Et je vais vous dire une autre chose. Regardez bien, quand les
évaluations de «tracts» vont sortir sur l'Impérial
Life. l'Impérial Life, c'est une compagnie très faible qui
représente un gros morceau de cette transaction-là. Je les ai
examinés pendant six années, ces rapports-là. On a juste,
même, à prendre ce que notre Inspecteur général nous
donne et on regarde, par exemple, dans la capitalisation, et ça, les
rapports de l'Inspecteur sont bien faits à cet égard-là.
Ils divisent entre
avoirs propres affectés et non affectés. Vous regardez ce
qu'il reste comme avoirs propres non affectés, et vous détectez
à peu près tous les canards boîteux de l'industrie de
l'assurance. Je l'ai ici; on pourrait le sortir et le faire, l'exercice. Vous
allez accrocher là-dedans les compagnies La Laurentienne,
L'Impériale, Confédération Life, Crown Life, par exemple.
Vous les voyez très bien. Quand une compagnie est bien
capitalisée, elle a des surplus libres, des surplus non affectés.
Et ça, je vous dis, déjà, le rapport annuel de
l'Inspecteur nous donne de très bonnes indications là-dessus.
Vous regardez l'Impérial Life. Vous voyez, un moment donné, que
son surplus affecté, c'est quelque chose comme 80 % de son avoir
propre.
De plus, vous allez voir dans les rapports annuels pas dans le
rapport de l'Inspecteur; ça, ce n'est pas ventilé vous
regardez, par exemple, «Bonds and Debentures» je le dis en
anglais parce que j'ai les rapports anglais là-dessus il y a un
220 000 000 $, qui est des «bonds and debentures» qui ne sont
même pas cotés. Alors, ce n'est pas long que vous regardez cet
avoir propre là, et ça ne vaut pas grand-chose. Je ne sais pas
comment ils ont procédé ici pour faire leur truc, là, mais
moi, quand je fais le tour de la constellation, c'est d'une faiblesse
extrême. C'est ça que je dis. (20 h 30)
Et on l'a vu, ce qui s'est produit avec La Laurentienne
Générale. Ils ont payé un premier montant et, trois ans
après, quand est venu le temps de compléter la transaction,
là, ils ont dû regarder attentivement et ils ont vu ce qui se
passait. C'est comme que ça fonctionne, La Laurentienne, depuis des
années.
Alors, ça, j'y attache une certaine importance, mais pas plus
qu'il en faut. J'aurais aimé qu'on fasse bien plus l'exercice pour
l'assemblée des mutualistes, de demander au comptable. Et le comptable
s'excuse quasiment à la fin et il nous dit: Vous savez, ce n'est pas un
exercice de vérification que j'ai fait. C'est vrai. Ce n'est pas
ça qu'on lui a demandé. Ça signifie à peu
près rien, ce qu'on lui a demandé quand on est allés
à l'assemblée des mutualistes cette semaine.
Alors, moi, au lieu de regarder ça, ce que je fais, je les
prends, les rapports annuels. J'ai ceux de l'Impérial Life sur cinq, six
ans. J'ai ceux du Groupe, j'ai ceux de La Laurentienne, Laurentienne, mutuelle
d'Assurance, qui est devenue Laurentienne ex-mutuelle. J'ai regardé
aussi La Laurentienne Générale, ce que j'ai pu trouver de
rapports annuels. Moi, c'est là-dessus que je fais mes analyses et,
quand je vous dis le caractère spéculatif, c'est qu'on nous dit
qu'on va créer une nouvelle société financière,
puis on va payer les gens avec ça. Ça, c'est spéculatif.
Et je dis qu'on en a assez vu, toutes sortes de choses spéculatives dans
le domaine des mutuelles, qu'on a ruinées au Québec. Bien, si
c'est ça qu'on propose, c'est pour ça que je m'oppose à
ça. Je dis en plus: Si on m'amène ces rapports-là, moi...
Je les ai examinés aussi, les rapports, et pas juste sur pro forma pour
la fin de l'année. Il y a toutes sortes d'en-tourloupettes
là-dedans, de transactions entre compagnies affiliées, où,
comme je vous dis, à un moment donné, j'en ai
décortiqué une dans une publication que j'ai faite
récemment, on a été obligés de prendre quatre
rapports annuels pour la comprendre, et les chiffres changent en cours de
route, à part de ça.
Alors, si on m'embarque là-dedans, je dis non à ça.
Je trouve ça bien dommage que Desjardins, dans lequel je suis
sociétaire depuis plus de 30 ans, dans deux caisses populaires, veuille
m'embarquer là-dedans.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Je ne sais pas s'il y en a d'autres qui
veulent en poser. Il reste que, moi, je veux bien vous croire, là, et
puis suivre l'historique pour arriver à un résultat. Mais disons
que vous avez devant vous un bilan, 30 juin 1993, il est là. Desjardins
vaut, à ce bilan, 5 969 000 000 $; l'autre vaut 15 722 000 000 $. On met
les deux ensemble. Moi, j'additionne les actifs et... est-ce qu'on se pose des
questions sur les actifs?
Si on s'en pose, dites-moi où? Dans la provision pour
créances douteuses, c'est-à-dire dans la valeur des comptes
à recevoir, dans les hypothèques à recevoir ou autrement?
Alors, moi, je pense que c'est une des questions fondamentales qu'on se pose
dans des entreprises à caractère financier. Quelle est la valeur
des actifs à recevoir, notamment les hypothèques, toute
espèce de créance, c'est le lot de ses affaires.
Est-ce que, ça, vous remettez en cause cette affaire-là?
Parce qu'à ce moment-là on arrive à un actif... Si on ne
remet pas ça en cause, on dirait: On a 15 067 000 000 $ d'actif,
après les transactions, donc, ça vaut 15 000 000 000 $ ou
ça en vaut 14 500 000 000 $, disons que ça ne devrait pas
dépasser, mais disons. Alors, ça, remettez-vous ça en
cause? Je trouve ça important de statuer là-dessus parce
que...
M. Moffet (Denis): Moi, je remets en cause tout ce qu'on nous a
dit de valeur comptable à La Laurentienne. Écoutez une minute, on
a parlé aujourd'hui beaucoup que les actions, de ce temps-ci, elles
valent 8 $ et 8,5 $. Depuis le 7 juillet, depuis le moment de la transaction,
n'importe quel spécialiste de théorie financière vous dit
maintenant que le prix ne signifie rien, parce que ça a
été de la spéculation tout le temps depuis ce
temps-là, parce qu'on a fait une offre où tout était
ouvert.
Les actions du Groupe La Laurentienne, c'est parti de 16 $, puis c'a
descendu systématiquement jusqu'à l'été
passé, avant la transaction. Ça valait moins de 5 $. Il y a eu
des chiffres qui ont été avancés, de 5,94 $. Au
début du mois de juillet, c'était en bas de 5 $, et ça
faisait quelque temps que c'était en bas de 5 $, et ça faisait
longtemps que c'était en bas de 6 $.
Le marché, à mon avis, a fait une excellente lecture de la
soi-disant valeur comptable de La Laurentienne. Le marché n'a pas
été dupe. Il l'a dépréciée de moitié,
et encore, à la moitié, il était généreux.
Alors,
qu'on m'amène ici des valeurs comptables. On arrive et on regarde
là-dedans, on a, par exemple, dans L'Impériale, 45 000 000 $
d'achalandage. Comment ça se produisait, l'achalandage, avec les
filiales qu'on avait dans les compagnies d'assurance? Vous n'êtes pas
regardant sur le prix, vous payez cher une filiale, alors, vous avez d'autant
plus d'achalandage, qui est comptabilisé comme actif. Plus vous payez,
plus vous êtes généreux, plus vous avez de l'achalandage.
Il y en a 45 000 000 $ dans l'Impériale, «and so on». Alors,
vous venez me parler de la valeur comptable. Le marché l'a rendu, son
verdict, jusqu'au 7 juin. Il a été très clair
là-dessus.
M. Léonard: C'est correct. Est-ce que je peux continuer?
Alors, quand vous parlez d'achalandage, très bien, ça, ça
se trouve dans «autres éléments d'actif». Il y en a
pour 660 000 000 $; dans des redressements relatifs à des
événements postérieurs, on en a rayé 210 000 000 $
et, dans les corrections, les régularisations dues à
l'opération, 40 000 000 $. On reste, à la fin, avec 1 176 000 000
$.
Combien d'achalandage là-dedans? Est-ce que quelqu'un peut
répondre à cette question-là?
M. Moffet (Denis): Ça, je n'ai pas fait le total de
ça.
M. Léonard: Oui, mais je pense que c'est ça.
M. Moffet (Denis): Si, à un moment donné, vous me
donniez un mandat de travailler là-dessus avec un budget qui serait
assez raisonnable... Parce que tu es obligé de décortiquer ces
rapports annuels, là, ce n'est pas un cadeau. Puis il faudrait avoir
accès aux rapports.
M. Léonard: Oui, bien, O.K. C'est, disons, une question
que je vais poser à Desjardins.
M. Moffet (Denis): Oui. Ah, vous pouvez bien la poser.
M. Léonard: À Desjardins ou à ceux qui
reviendront après, lorsqu'on étudiera le projet de loi...
M. Moffet (Denis): Oui, oui, oui, d'accord. D'accord.
M. Léonard: Mais c'est parce que, ça, c'est un
point important. On peut statuer là-dessus. L'achalandage vaut ou ne
vaut rien. On pourra voir.
M. Moffet (Denis): D'ailleurs, l'achalandage, vous avez un
très bon point. Quand on fait une transaction, pourquoi on paie de
l'achalandage? L'achalandage, on permet, à un moment donné, de
l'amortir, par exemple, sur 40 ans. Il y a des choses là-dedans qui
s'amortissent très rapidement puis d'autres qui ne s'amortissent pas, et
puis, ça, il faudrait à un moment donné, pour avoir des
rapports qui ont de l'allure, avoir des cédules d'amortissement qui
tiennent compte de ce pourquoi on dit qu'on a payé de l'achalandage.
C'est une grande déficience à l'heure actuelle, ça.
M. Léonard: À votre avis, je ne sais pas si vous
voulez me répondre, est-ce que Desjardins achète des actifs ou
achète une capacité de faire des profits? À votre
avis?
M. Moffet (Denis): Je vais même vous dire... Sans nommer la
personne, mais quand même, quelqu'un assez élevé chez
Desjardins, qui me dit: On va faire de la synergie avec ça. Parce que je
lui ai tenu exactement le même...
M. Léonard: Vous voulez dire 50 000 000$, 56 000 000
$.
M. Moffet (Denis): Je lui ai tenu exactement le même
raisonnement que je viens de vous tenir. Là, on me dit: On va faire des
synergies avec ça. Ça fait que je dis: Moi, des synergies,
là, j'entendais ça il y a 10 ans. On va faire des mammouths au
Québec parce qu'on va faire de la synergie. On va faire de la synergie
parce qu'on pense qu'on va prendre la banque, par exemple, puis qu'on va aller
rentrer à tour de bras dans le marché de l'Ontario. L'Ontario,
c'est un marché mature. Il y a les «big five» qui sont
installés là, puis on s'imagine qu'on va aller faire une
entrée dans le marché de l'Ontario. C'est complètement
fou! C'est ça que j'ai à dire là-dessus. C'est clair,
ça, ce soir?
M. Léonard: Oui, mais il reste qu'effectivement il y a une
partie de cette littérature ou cette part de rêve dans le dossier.
Mais si on prend...
M. Moffet (Denis): Mais c'est sérieux ce que vous dites
là...
M. Léonard: ...les actifs sur le Québec...
M. Moffet (Denis): ...vous êtes en train de me dire que du
rêve, en plus, c'est de la spéculation, moi, ce que je
prétends.
M. Léonard: Non, écoutez, je n'ai pas dit si
j'étais pour ou contre la transaction. J'essaie de déterminer
quels sont les pour et les contre d'un tel projet de loi et quelles sont les
faiblesses.
Je vais essayer de discuter du taux de capitalisation. Il me semble que
c'est un élément très important dans une entreprise
financière. Si c'est plus ou moins quatre ou si on approche cinq, et la
Banque de Montréal, c'est 4,8, ce qu'on considère très
solide, maintenant, Desjardins... Dans l'opération, on nous
présente Desjardins avec 4,8 puis, après régularisation et
fusion et tout ça, ça tombe à 3,7. Je commence à me
poser des questions, évidemment. Mais, quand je pose des questions
précises: Quels sont les actifs que vous
remettez en doute? alors, celui que vous remettez en doute, finalement,
c'est beaucoup «autres actifs» et probablement, à
l'intérieur de ça, le poste «achalandage».
M. Moffet (Denis): Et la qualité.
M. Léonard: Je suis d'accord. Ça, ça se
discute.
M. Moffet (Denis): Et la qualité.
M. Léonard: Maintenant, si vous permettez...
M. Moffet (Denis): Comme les «bonds and debentures»,
j'ai dit tantôt.
M. Léonard: O.K. Bien, «bonds and debentures»,
à moins qu'ils en aient là-dedans de Lavalin, là, qui sont
encore nominalement inscrites au bilan, ça peut être une chose.
Mais, disons que l'autre question qui se pose, c'est: Quelle est la valeur
exacte de la provision pour mauvaises créances? Ça, c'est
important dans une entreprise financière. Est-ce que, là-dessus,
il y a des indices qu'on aurait été trop optimistes ou trop
généreux? Il me semble que ce sont là les questions qu'on
se pose dans un bilan comme ça. Ce n'est quand même pas
compliqué, mais c'est des questions fondamentales.
M. Moffet (Denis): Bien sûr. Alors, on regarde à un
moment donné qu'est-ce qu'on a, par exemple, d'investi dans des filiales
pour voir la qualité des actifs. Moi, quand je fais une
évaluation de compagnie d'assurancesje vais vous en donner, des
indications je regarde d'abord qu'est-ce qui est surplus non
affecté et surplus affecté. Et, déjà, on a une
information très précieuse qui nous est donnée dans le
rapport du surintendant. Ensuite, on regarde à un moment donné,
en ce qui me concerne: Est-ce qu'il y a des investissements dans des filiales?
Quelle est leur proportion? Évidemment, dans le Groupe La Laurentienne,
il y a beaucoup d'investissements dans des filiales. Ensuite, on regarde
qu'est-ce qui est, par exemple, des titres cotés ou non cotés
je vous en donne, des indications et ensuite qu'est-ce que je
regarde, moi, pour voir si c'est fiable ou si ce n'est pas fiable ce qu'on me
donne? C'est la fréquence des transactions entre compagnies
affiliées. Alors, on arrive à un moment donné à
pouvoir difficilement... à part, à moins d'avoir peut-être
aussi accès à d'autres sources d'information. (20 h 40)
L'État du Michigan, par exemple, permet d'aller au surintendant
et d'avoir exactement les rapports que les compagnies d'assurances soumettent
au surintendant des assurances. Ici, on ne peut pas faire ça, on ne peut
pas aller voir, nous, ce que des compagnies d'assurances soumettent à
l'Inspecteur.
Mais, moi aussi, comme quelqu'un qui est spécialiste en finances,
je crois beaucoup dans le marché. Le marché nous a rendu un
message qui a été très clair, pendant longtemps, sur La
Laurentienne. Ce qui me fait dire, et je le répète ici, quand je
regarde ce que le marché rendait comme verdict, avoir eu à faire
une offre pour faire une OPA là-dessus, je l'aurais faite à 6,50
$ au mois de juillet, et je pense que j'aurais été
généreux. La norme de prise de contrôle, c'est,
d'après ce qu'on a comme littérature en finance, quelque chose
comme 30 %. C'était à moins de 5 $. À 6,50 $, on
était déjà généreux. Et, là, la
valeur au marché, elles sont rendues à 8,50 $ parce qu'on a
ouvert la porte à la spéculation, là-dessus.
M. Léonard: Oui, vous me répondez... Quand je vous
pose la question sur les actifs, finalement, vous me répondez sur la
composition du capital-actions et des surplus qu'il y a là-dedans.
Maintenant, d'un côté ou de l'autre, on peut quand même
vérifier des choses. Ce n'est pas... De part et d'autre. Au fond,
j'avais l'impression que Desjardins achetait pour 15 000 000 000 $ d'actifs,
là-dedans, et qu'elle fusionnait avec un autre 5 000 000 000 $. Donc,
est-ce que sa synergie, qui est de fermer les succursales de La Laurentienne et
d'envoyer le volume des affaires dans les siennes propres, va conduire à
des économies de 56 000 000 $? Ce n'est pas impossible.
M. Moffet (Denis): II faudra regarder, quand on parle de la
Banque La Laurentienne qui est supposée être un joyau,
là-dessus la Banque La Laurentienne a fait l'acquisition de
sociétés de fiducie. Puis, dans quatre sociétés de
fiducie, d'après ce que je peux voir, il y en a trois sur quatre
où ils ont acheté la totalité des actions. Qu'est-ce que
ça veut dire, ça? Ils ont pris le contrôle de la
totalité des actions. Ils sont responsables de tout ce qu'il y a
là-dedans, incluant les baux quand ils vont vouloir fermer les
succursales. Une quatrième, ils ont acheté actif-passif.
C'était beaucoup plus sage que ce qu'ils avaient fait pour les autres.
Parce que, avec trois sur quatre, ils sont collés avec toutes les
responsabilités d'avoir acheté la totalité des
actions.
M. Léonard: Ça, ça se discute. Je comprends
ça.
M. Moffet (Denis): Alors, quand on parle du joyau, ce que je veux
vous signaler à travers ça, c'est qu'en plus on la
présente souvent dans les journaux comme étant le joyau,
là, la Banque La Laurentienne. Je dis: Quand on va commencer, justement,
à rationaliser la Banque La Laurentienne et qu'on ferme des succursales
de trust dont on a fait l'acquisition, bien, ça va être
intéressant de voir comment on va supporter les coûts qui en
résultent.
M. Léonard: Vous avez fait une estimation de ces
coûts?
M. Moffet (Denis): Non, je n'ai pas fait d'estimation, parce que,
écoutez une minute, là, j'ai autre
chose à faire aussi; mais je regarde ça. Mais, ça,
c'est des choses que je détecte. Ça fait partie des indices, moi,
que j'ai. Et je mets ça bout à bout et je regarde ça et je
dis: Le marché n'était pas dupe.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Il n'y a pas d'autres interventions?
M. Gautrin: Un instant, M. le Président.
M. Léonard: Mais je voudrais juste, peut-être
demander à l'Inspecteur général, si vous me permettez, M.
le député de Verdun.
M. Gautrin: Bien sûr, mon cher collègue et ami.
M. Léonard: Néanmoins... Est-ce que le calcul du
taux de capitalisation, grossièrement, comme je l'ai fait, est quand
même satisfaisant? Est-ce que je peux poser la question à
l'Inspecteur?
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général.
M. Bouchard (Jean-Marie): Malheureusement, non.
M. Léonard: Pardon?
M. Bouchard (Jean-Marie): Parce que, ici, ce que vous avez,
là, c'est...
M. Léonard: C'est un bilan pro forma.
M. Bouchard (Jean-Marie): ...la société
financière. Mais il ne faut pas oublier une chose, c'est que, dans le
cas du Mouvement Desjardins, la capitalisation se fait au niveau du
réseau.
M. Léonard: Au niveau du réseau, oui.
M. Bouchard (Jean-Marie): Et, ça ici, c'est un holding qui
va devenir le holding qui va chapeauter l'ensemble de toutes les filiales du
Mouvement Desjardins. Le capital investi, ici, va être déduit de
la base de capitalisation au total du Mouvement.
M. Léonard: Au total de?
M. Bouchard (Jean-Marie): ...de la base du capital, de telle
sorte qu'on a calculé les chiffres... Compte tenu du fait de la
transaction, on a refait tous les chiffres du Mouvement Desjardins, avec des
projections beaucoup moins optimistes que Desjardins, pour prévoir ce
qu'il adviendrait du pire, en prévoyant des prévisions. Puis
Desjardins rencontre toutes les normes, tout à fait...
M. Léonard: Actuelles!
M. Bouchard (Jean-Marie): ...très bien, actuelles, et,
éventuellement, les normes internationales, en leur donnant un certain
temps pour les atteindre.
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Lemieux): Ça va? M. le
député de...
M. Garon: Pardon? Le dernier mot que vous avez dit...
M. Bouchard (Jean-Marie): Pardon? Les normes internationales,
là...
M. Garon: Oui.
M. Bouchard (Jean-Marie): Lorsqu'on fait le calcul, les normes
internationales, il y a deux normes internationales. Comme vous le savez, il y
en a une qui se calcule au niveau du 5 % de l'actif, et une autre qui se
calcule au niveau du 8 % de l'actif pondéré.
M. Garon: Oui.
M. Bouchard (Jean-Marie): Lorsqu'on projette d'une façon
très, très pessimiste, comme on l'a fait, non seulement avec les
hypothèses du Mouvement Desjardins, mais en prenant beaucoup plus de
provisions et en étant beaucoup moins optimiste quant à la
synergie... Parce que, synergie, il faut bien s'entendre sur le terme
«synergie». Il faut être un petit peu prudent, parce
que...
M. Léonard: Vous seriez d'accord avec M. Moffet,
là-dessus?
M. Bouchard (Jean-Marie): ...comme vous le savez. Non. Je suis
rarement d'accord avec M. Moffet, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: II a une sorte de pudeur...
M. Bouchard (Jean-Marie): Non, mais ce que je veux dire, c'est
que le marché américain et les études américaines
l'ont démontré, puis également les pays de l'OCDE nous
mettent en garde contre, supposément, le bénéfice de la
synergie dans l'acquisition d'entreprises. Pourquoi? Parce que c'est toujours
accompagné de coûts non prévus et que, dans le
supposé conglomérat, fusion, vous avez des problèmes
considérables à rencontrer, entre autres, un changement de
culture, mariage de culture. Alors, il y a des coûts qui s'ajoutent
à ça et qui font que, dans la synergie, il faut être
beaucoup plus prudent dans les effets réels de la synergie. Ça ne
veut pas dire qu'il n'y en a pas. Il y a des synergies faciles.
Quand vous avez, par exemple, quatre centres d'informatique, vous
êtes capables de centraliser un centre d'informatique et de sauver.
En termes de synergie, ce qui est important ici et qui et c'est
peut-être le sens de la question que vous aviez qui va être,
au fond, le gros défi du Mouvement Desjardins, c'est que, quand vous
avez une transaction de cette nature, qui va faire en sorte que Desjardins va
avoir la plus grosse compagnie d'assurances de personnes au Québec
avec celle qu'il a, plus l'AVD, plus les deux qu'a La Laurentienne, plus
L'Impériale, qui n'est pas à charte du Québec, qui est
à charte fédérale le problème qui va se
poser véritablement, qui est le défi, ce n'est pas la synergie,
c'est la rationalisation. Parce que, si on fait une coagulation
d'entités, ça ne donne strictement rien. Vous ne faites
qu'additionner des chiffres et vous n'atteignez pas l'effet, ce qu'on appelle
le résultat escompté.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général, face à une transaction de cette nature, vous avez
parlé de rationalisation, il y a une question de contrôle. Le
rôle de l'Inspecteur général, allez-vous avoir assez de
personnel pour ça?
M. Bouchard (Jean-Marie): Ça, c'est une question que vous
ne devriez peut-être pas soulever.
M. Gautrin: Loi 198.
Mme Robic: Certainement, monsieur.
M. Léonard: ...des représentations au ministre des
Finances là-dessus...
Mme Robic: Pas du tout.
M. Léonard: ...puis au Conseil du trésor. Ils n'ont
pas l'air ouverts.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
Mme Robic: M. le Président, j'allais justement...
M. Léonard: Défendez votre ami.
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, vous me donnez la
parole...
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la ministre.
Mme Robic: ...pour dire à M. Moffet que je peux
apprécier le travail qu'il a fait avec les instruments qu'il avait entre
les mains pour arriver à ses déductions.
Mais, ne croyez-vous pas, M. Moffet, qu'avant même de
considérer une offre, que Desjardins ait considéré
à faire une offre ferme sur La Laurentienne, Desjardins s'est servi
d'experts? Il y a eu des «due diligence» qui ont été
faits de part et d'autre, autant chez Desjardins que chez La Laurentienne, et
que c'est à partir de ces rapports-là et des rapports
également qu'ils ont pu établir la valeur des entreprises et
qu'ils ont pu arriver à une entente sur une offre.
Il y a également le bureau de l'Inspecteur général,
qui a tout repris et qui a fait son analyse en étant souvent moins
généreux que bien d'autres pour s'assurer que... Le ciel n'est
pas toujours bleu, il y a des nuages des fois; il faut en tenir compte. Mais,
à part de ça, M. le Président, quand on a des transactions
comme celle-là, l'Inspecteur général peut très bien
donner des contrats pour s'assurer, justement, d'une deuxième
vérification. Et, là, ce qu'on peut dire, c'est que, d'ores et
déjà, aujourd'hui, on peut dire que c'est une bonne transaction.
Vous pouvez avoir vos doutes, et on ne peut pas lire... on n'a pas de boule de
cristal, mais on sait que cette transaction peut se faire, puisque ce qu'on
nous apprend dans les rapports, c'est que le Mouvement Desjardins peut
très bien faire cette transaction en connaissance de cause, puisqu'il y
a eu un «due diligence» qui s'est fait, et je pense bien que
ça ne s'est pas fait seulement avec quelques documents. Ils sont
allés sur place, ils ont examiné chaque compagnie, ils ont
établi une valeur, et c'est à partir de ça que la
transaction a pu se faire.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la ministre. Vous
avez des commentaires?
M. Moffet (Denis): Certainement, que j'en ai. On en a vu
beaucoup, d'études d'experts puis, sans doute aussi, si on a fait la loi
75 en 1984, on avait sûrement beaucoup d'experts. Chaque fois qu'on a
fait aussi les bills privés dans le passé La Laurentienne
est une habituée des bills privés, c'est son troisième
il y avait certainement beaucoup d'experts aussi. Les experts, on a eu
des exemples extraordinaires. ITT Rayonier, au début des années
quatre-vingt, une des plus grandes compagnies mondiales, qui a fait un projet
extraordinaire à Port-Cartier. Tout le monde était là:
Ça, là, c'est le moulin du siècle! En l'espace de quelques
mois puis ça, ça a fait un article, je ne peux vous donner
la date de mémoire, dans le magazine Fortune, sur comment
«the best and the brightest» pouvaient se fourrer tous ensemble
parce qu'en l'espace de quelques mois ils se rendaient compte du
désastre qu'ils avaient à Port-Cartier. Ça, c'est
documenté dans Fortune. (20 h 50)
Ensuite, continuons. Quand on part, des fois, avec une même
direction... Et les «due diligence» réciproques, ça,
c'est une arme à deux tranchants, parce que, là, à un
moment donné, si, par hasard, les gens de La Laurentienne voient quelque
chose qui n'est pas trop,
trop joli, par exemple, du côté de Desjardins, ça
commence à leur faire un «bargaining power», ça.
D'autre part, je vais me permettre... Vous savez que, vu que je prends
certaines positions publiques, il y a des gens qui m'envoient des documents, je
ne sais pas toujours d'où ils viennent. Desjardins à
demandé à Raymond, Chabot, Martin, Paré & cie
d'examiner, dans le «due diligence», la consolidation qui avait
été faite par Coopers & Lybrand dans le Groupe La
Laurentienne. J'ai ici un document qui vient de Laliberté,
Lanctôt, Coopers & Lybrand, July 30, 1993. Il y a un paragraphe ici
où on nous dit: In 1993, we hâve nôt made any significant
changes in the service team other than to replace staff members who hâve
left Coopers & Lybrand. We continue to use staff of Raymond, Chabot,
Martin, Paré in the audit of Laurentian Life. Thèse staff are
fully integrated in our audit team under our direction and supervision. C'est
indépendant par rapport à Coopers & Lybrand, ça?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, connaissant votre générosité légendaire
envers vos collègues, me permettez-vous de faire respecter la
règle de l'alternance à laquelle le député de
Lévis tient beaucoup? Et la parole sera au député de
Lévis.
M. Gautrin: ...connaissant l'habileté du
député de Lévis, c'est avec plaisir que je le laisserai
parler, mais sans vouloir perdre mon droit de parole, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Verdun. M. le député de Lévis.
M. Garon: Bien, moi, c'est parce que... La question que je me
posais, c'est un peu la même que se pose M. Moffet. Quand je regarde les
rapports, ce qu'on appelle les bénéfices non répartis, non
affectés, à la fin, on voit, de 1990 à... Moi, j'ai
l'ensemble, je n'ai pas regardé chacune des entreprises. Sauf que le
négatif est considérable, et il augmente. Il ne va pas en
diminuant, il va en augmentant. Moi, j'ai eu à analyser des entreprises
à quelques reprises. À mon avis, il y a toujours deux choses qui
sont importantes à analyser je ne parlerai pas comme un
théoricien, là c'est deux choses: les gens qui la
dirigent, s'ils sont bons et, deuxièmement, la dynamique de
l'entreprise. Une entreprise qui va vers des profits ou qui va vers des pertes?
Quand elle va vers des pertes: Pourquoi? Moi, je remarque, dans les
bénéfices non répartis, on passe de 30 000 000 $
déficitaires en 1991 à 68 000 000 $ en 1992. Moi, c'est ça
qui me frappe.
J'en ai eu, des expériences dans ces affaires-là. Quand la
Caisse a vendu, par exemple, qu'elle voulait engager Lessard plutôt
que... pas Lessard, mais Lortie plutôt que Lessard, moi, j'avais des
doutes. Ça a pris deux ans et une perte de 60 000 000 $ pour montrer que
j'avais raison d'avoir des doutes.
Une voix: ... on parle de Provigo.
M. Garon: Provigo. Quand j'ai vu qu'on avait vendu à
Bertin Nadeau, j'ai dit: Pas de problème si ça va bien; mais, si
ça va mal, il va prendre l'argent où? J'ai dit: La seule place,
ça va être aux Américains. Il est arrivé exactement
ce que j'avais prévu dans le temps. Pourquoi? Parce qu'on parle
d'orientation et tout ça, et les experts, il y a toujours des experts...
Moi, je trouve que les experts, c'est un peu comme les psychiatres, ça.
Dans les procès au criminel, tu en as de chaque bord, habituellement.
C'est habituellement ce qu'on trouve.
Sauf que, moi, le problème qui est posé ce matin, il y a
deux choses là-dedans: vous avez mentionné un gros point quand
vous avez parlé de la culture. Moi, je pense que c'est fondamental. La
culture Desjardins est une culture spéciale. C'est une culture de caisse
populaire, qui a bâti des corporations avec une façon de penser et
une façon de faire. Mais, quand ils ont dit ce matin... M. Béland
a dit: Dans la culture Desjardins, il n'y a pas de boni. Tu es bien
payé, mais on calcule que tu fais ton ouvrage quand tu es bien
payé. C'est comme un député: nous autres, on n'a pas de
boni, les bons ne sont pas payés plus cher que les pas bons.
Le Président (M. Lemieux): C'est occasionnel, c'est
occasionnel, M. le député de Lévis.
M. Garon: Ce qui arrive là-dedans, moi, je me dis... Moi,
ma crainte, je vais vous dire c'est quoi. Je me dis, il y a un mouvement
coopératif avec des caisses, il y avait une mutuelle qui était
devenue une semi-mutuelle, qui fonctionnait bien plus comme une compagnie
privée que comme une mutuelle. Là, ça va arriver tout
ensemble, ça, et puis là, vous allez avoir des gens de caisses,
qui sont habitués à fonctionner d'une certaine façon, avec
des gens corporatifs, qui vont fonctionner d'une autre façon. Puis
là, vous allez regrouper ça ensemble, et les gens corporatifs
vont devenir plus nombreux ou aussi nombreux, ou, en tout cas, vont
représenter autant d'actif que les gens de caisses. Qui va prendre le
dessus là-dedans? Comment ça va fonctionner? Quand on va dire,
par exemple: Le gars de Toronto, il faut le payer tant, il faut lui donner des
bonus de tant, et tout ça, pour qu'il fonctionne, et le gars à
Québec, lui, il va dire: Moi, je n'en ai pas et le gars de Toronto en a.
Comment ça va marcher ça, dans la culture? Je ne suis pas
sûr de ça. La culture, moi, ça m'inquiète, parce que
je trouve que c'est l'aspect le plus fondamental. Il est intangible, cet
aspect-là.
Deuxièmement, pourquoi on perd de l'argent? Pourquoi, dans les
bénéfices non répartis, on part de 30 000 000$ non
affectés, en déficit, en 1991, à 68 000 000 $ dans le
rouge, globalement, dans le rapport de l'Inspecteur, en 1992? La Corporation La
Laurentienne, c'est 26 207 000 $, et La Laurentienne inc, 41 784 000 $ dans le
rouge. Pourquoi? Pourquoi on est dans le rouge? Puis, qu'est-ce qu'on pense que
la fusion va faire pour qu'on ne soit plus dans le rouge? Et ça, moi, je
n'ai pas de réponse. Je n'ai pas eu de réponse. C'est pour
ça que je disais tantôt, ce matin: À mon avis,
il y a deux choses là-dedans. Puis je ne pense pas que Desjardins
soit surcapitalisé. On a changé la loi il y a quelques
années pour augmenter la capitalisation. On observe aujourd'hui... Tous
nos experts, là, il n'y en a pas un qui a vu ce qui arrivait en Russie.
Pourtant, vous savez qu'il y avait des Américains qui étaient
là, partout. Ils n'ont pas vu que la Russie s'effoirerait. Tout à
coup, quasiment dans 24 heures, on a vu que la Russie s'effoirait. Personne ne
l'avait prévu.
Là, c'est de la même façon. Nos experts qui
regardent ça, là, ils regardent ça, cette
affaire-là... Comment ça se fait qu'ils ne voient pas venir les
choses? J'ai confiance en l'Inspecteur général, en l'institution.
Sauf que les caisses d'entraide ont pété; elles ont
été réorganisées, mais c'est disparu, c'est parti
du décor. Les Coopérants ont pété. Ils avaient des
gros projets, eux autres aussi. Ils ont pété. La Laurentienne,
à toutes fins pratiques, il faut qu'elle soit amalgamée. Ensuite,
on a vu la SSQ: un être j'aime autant pas trouver pour le
moins hybride.
Et, là, ça va nous prendre combien d'exemples? Parce que,
moi, je me dis: l'Inspecteur, il est là pour goaler. Bien, il entre des
pucks pas mal dans le goal. Alors, c'est pour ça que je me dis que,
quand on analyse ça, là... Je ne dis pas... C'est parce que ce
n'est peut-être pas si facile que ça.
Deuxièmement, on est dans des secteurs où il n'y a pas
beaucoup de divulgation financière. Moi, je sais ce qui va arriver
quand... On vote la loi. La loi, c'est bon ou ce n'est pas bon. Si c'est bon,
il faut savoir pourquoi; si ce n'est pas bon, il faut savoir pourquoi. Sauf
que, si on vote la loi, les gens vont dire: Le gouvernement, lui, il est
d'accord. Il y a une question que j'aimerais demander à la ministre.
Pour cette transaction-là qui est devant nous, là, est-ce qu'il y
a eu une commande du gouvernement à quelqu'un ou il n'y en a pas eu?
Est-ce que c'est uniquement une chose qui a été
négociée entre La Laurentienne et Desjardins tout seuls ou bien
si le gouvernement a dit: Nous autres, on aimerait bien que ça se fasse?
J'aimerais ça savoir ça.
Non, c'est parce que tout le monde sait que...
Mme Robic: C'est ma question, elle est adressée à
moi.
M. Gautrin: Non, mais c'est parce que je voulais savoir comment
ça se passait...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, s'il vous plaît!
M. Garon: Je me dis pourquoi? simplement parce que les gens l'ont
dit. M. Drouin a dit: À un moment donné, on a commencé
à prospecter, parce qu'ils avaient besoin de mises additionnelles de
cash. Quand ça a été démutualisé
à 50 %, si on veut en 1988, on disait que c'était pour
fins d'émission d'actions, qui n'a jamais eu lieu. Pourquoi? Moi,
j'assume qu'on ne nous a pas conté de menterie, qu'on voulait en faire
une, mais qu'on n'a pas été capable d'en faire. J'imagine que
c'est ça. Si on n'a pas été capable d'en faire, il y a des
raisons pour lesquelles on n'a pas été capable d'en faire. Alors,
on a dit: Maintenant, on a besoin d'argent, il faut se trouver un partenaire.
J'ai remarqué que la première transaction de Victoire
était pas mal plus... Elle n'était pas pareille comme la
deuxième, pour le moins. Et, je me dis, là: Quand on était
dans la prospection puis on voyait tout ça, le gouvernement je
veux le savoir parce que ça va être enregistré pour
l'avenir il a passé une commande ou il n'a pas passé de
commande? Et est-ce que c'est seulement La Laurentienne, comme un partenaire
libre, qui s'est trouvée, à un moment donné, à
négocier avec Desjardins, librement, sans qu'il y ait aucune commande du
gouvernement?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. Mme la ministre et, par après, si
vous autorisez M. l'Inspecteur à faire des commentaires. Mme la
ministre.
Mme Robic: M. le Président, contrairement au Parti
québécois, qu'on a souvent vu vouloir s'ingérer et
s'ingérer dans des domaines qui ne lui appartenaient pas, le
gouvernement du Québec, mon gouvernement, ne s'est jamais
ingéré dans cette transaction-là. Ça ne vient pas
de nous. Je pense qu'on a des gens assez sages dans cette salle pour savoir
quand c'est bon ou pas bon de faire une transaction. (21 heures)
C'est vrai que La Laurentienne a besoin de capitalisation. Ce n'est pas
nouveau: toutes les compagnies d'assurances, à peu près, à
travers le monde ont besoin de capitalisation. L'économie a
changé; l'économie a changé.
Une voix: Oui.
Mme Robic: Alors, on passe des années difficiles. Il y a
des récessions, là, puis on passe des années difficiles.
C'est bien sûr que les compagnies aimeraient peut-être ça,
être capables de montrer des profits, mais, malheureusement...
Une voix: Bien, moi, je...
Mme Robic: ...les profits sont pas mal diminués. Et,
là, il y a ici une compagnie qui s'appelle La Laurentienne, qui est une
belle compagnie, qui passe des moments plus difficiles, comme toutes les autres
compagnies, qui a besoin d'être capitalisée et qui se cherche des
partenaires. C'est ça que ça fait, des partenaires, et ça
ne fait pas toujours des enfants faibles; ça fait, des fois, des enfants
forts.
Je n'ai pas de boule de cristal, et vous non plus, vous n'avez pas de
boule de cristal. Vous avez cependant la réponse, quand vous avez dit:
la gestion. Parce que tout est là: la gestion. On ne peut pas
rêver de
retourner en arrière parce qu'on n'aime pas ce qui est
arrivé avec ce qu'on a fait. Puis je voudrais vous rappeler que le
décloisonnement, il a été fait de votre côté.
Alors, le début de tout ça, ça vient de votre
côté. Alors, vous avez des questions à vous poser, vous
autres aussi.
Le Président (M. Lemieux): ...Mme la ministre... M.
l'Inspecteur, vous vouliez compléter, suite aux propos du
député de Lévis? Vous aviez quelques commentaires à
ajouter?
M. Bouchard (Jean-Marie): Pas compléter, peut-être
répondre.
Le Président (M. Lemieux): Répondre. Alors, oui,
ça va.
M. Bouchard (Jean-Marie): Non, mais simplement pour donner
quelques renseignements, pour expliquer le débat.
M. le député a fait référence à
certains... ce que j'appellerais certains ratés. Il ne faut pas oublier
que, lorsque le début de la réforme a été fait au
Québec, en 1983, les actifs des institutions financières au
Québec étaient de 33 000 000 000 $. Nous avons actuellement des
actifs de 77 000 000 000 $, nous sommes la plus importante province au Canada
dans le domaine des institutions financières. Il y a deux partenaires au
Canada: il y a le fédéral puis il y a le Québec.
Deuxièmement, vous comprenez avec moi, vous le savez, vous avez
enseigné le droit à l'université, le droit corporatif, le
droit des institutions financières, vous savez qu'il n'y a aucun
système de supervision au monde qui peut se substituer à la
direction et à la gestion. Ce que l'on demande à une
autorité de contrôle, quelle qu'elle soit puis en changeant
les personnes, si vous voulez, plus compétentes ou plus sages
ça sera toujours des obligations de moyens et non pas de
résultats. Quand vous demandez à un chirurgien de vous
opérer, il ne vous garantit pas qu'il va réussir son
opération, mais il vous garantit qu'il fait son possible pour que
l'opération réussisse, par exemple.
Troisièmement, l'Inspecteur général, quel qu'il
soit, il a à sa disposition les outils que la loi lui donne pour
intervenir. Puis, l'Inspecteur général, il n'administre pas les
compagnies à la place des compagnies. Elles ne sont pas en tutelle.
Quand on a fait la réforme, en 1983, c'était justement une des
bases de la réforme de 1983: décloisonnement, oui; augmentation
des pouvoirs et responsabilités, oui, pour, justement, aérer le
milieu, parce que le milieu est en train d'étouffer dans le domaine des
institutions financières. Mais c'est en contrepartie. On a
augmenté la responsabilité du conseil d'administration puis on a
rendu personnellement responsables les membres du conseil d'administration, on
a rendu responsables les différents professionnels qui oeuvraient. On a
été les premiers au Canada à avoir des actuaires dans le
domaine d'assurance de dommages, les premiers à imposer une
responsabilité pour tous les professionnels qui oeuvraient dans le
secteur des institutions financières. Pourquoi? Parce que la
supervision, c'est un ensemble, ce n'est pas seulement une autorité
gouvernementale, ce n'est pas seulement une partie des fonctionnaires qui peut
faire ça.
Troisièmement, la supervision, elle peut se faire de deux
façons: comme c'était autrefois, en disant purement et simplement
dans la loi ce qui doit être fait aux dirigeants, puis en supervisant si
c'est fait, ou encore en donnant des balises et en responsabilisant les
gestionnaires. La loi, telle qu'elle est faite, permet à l'Inspecteur
général de demander des renseignements, oui, permet à
l'Inspecteur général d'intervenir, de faire des recommandations
et de demander que des mesures soient prises, oui, mais ne peut pas imposer des
plans de redressement. Et les pouvoirs que l'Inspecteur général a
dans sa loi, c'est pour intervenir, pour retirer le permis. C'est bien tard.
Et, quand on est rendus là, il est trop tard.
M. Holden: Avez-vous demandé à La Lauren-tienne
d'agir?
M. Bouchard (Jean-Marie): D'agir?
M. Holden: Bien, je veux dire, avez-vous fait des recommandations
à La Laurentienne, ou est-ce que c'était rendu à la...
M. Gautrin: C'est mon droit de parole que vous avez pris.
M. Holden: ...au stade... Oui, mais c'est une question... Parce
qu'il parle de...
M. Bouchard (Jean-Marie): Bien, disons que j'étais en
relation très étroite avec La Laurentienne depuis quelques
années.
Le Président (M. Lemieux): C'est terminé, M.
l'Inspecteur général?
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, vous avez des...
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Brièvement, M.
Moffet. D'abord, j'ai deux questions: J'ai compris que vous étiez contre
la transaction.
M. Moffet (Denis): Merci.
M. Gautrin: Merci. J'ai compris, mais... Je ne suis pas tellement
intelligent, mais, des fois, je comprends. Deuxièmement, vous êtes
contre la transaction. Pourquoi? Parce que vous me dites: Le prix payé,
si je comprends bien, par Desjardins est trop cher par rapport à ce
qu'il devrait payer.
M. Moffet (Denis): Et, compte tenu du caractère
spéculatif de cette transaction-là. C'est que, moi non plus, je
n'ai pas de boule de cristal...
M. Gautrin: Oui.
M. Moffet (Denis): ...mais, justement, dans le domaine de
l'assurance parce que, dans le Mouvement Desjardins, il y a une grande
partie qui est de l'assurance, aussi on ne peut pas se permettre
d'être spéculatif. C'est le rôle de fiduciaire. Quand je
parle d'assurances de personnes, ce sont des contrats à long terme, et
c'est aussi... L'assurance, ça, c'est un bien intangible où on
dit, en jargon des économistes, là, qu'il y a asymétrie
d'information, parce que ce n'est pas facile...
M. Gautrin: Je comprends.
M. Moffet (Denis): ...pour les gens de comprendre ça.
Donc, on ne peut pas se permettre d'aller jouer là-dedans. Ce n'est pas
un terrain de jeu, ça, pour les entrepreneurs en devenir. Et...
M. Gautrin: Mais...
M. Moffet (Denis): ...et moi, monsieur, je tiens à vous
dire que je suis très...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Moffet (Denis): ...attaché au mouvement mutualiste, je
suis très attaché au Mouvement Desjardins. Parce que je suis
très attaché au Mouvement Desjardins, je ne veux pas, un moment
donné, inutilement mettre sa survie en cause.
M. Gautrin: Mais... Je vous remercie, mais, vous comprenez, moi,
je ne fonctionne pas dans la même arène que vous; j'ai à
étudier un projet de loi, qui est 289. Je considère à la
fois que La Laurentienne, c'est un grand garçon, et le Mouvement
Desjardins, c'est un grand garçon aussi, qui nous demandent des
aménagements dans leur charte pour pouvoir faire cette transaction.
Je me sens très mal à l'aise. Je comprends que vous nous
disiez: Bon, ils n'ont peut-être pas payé assez cher ou c'est
spéculatif de la part de Desjardins. Chacun d'entre nous, comme citoyen
ou comme membre d'une caisse populaire ou comme... peut porter un jugement.
Mais, comme législateurs, nous, ils nous demandent: On est un peu
gênés dans nos chartes pour pouvoir faire la transaction, on
voudrait avoir un peu d'allégement. Et, est-ce que vous voyez
l'État commencer à faire ce que vous nous suggérez,
c'est-à-dire commencer à devenir le père patronnesse, ou
la mère patronnesse, et dire: Attention, on trouve que vous ne payez pas
assez cher, ou vous payez trop cher? Moi, j'ai l'impression que, ça,
c'est deux grands garçons qui ont fait leur débat ensemble. Tout
ce qu'on a à faire, c'est de savoir si on leur permet, en fonction de
leur charte respective, de pouvoir faire la transaction. Ils nous demandent un
allégement de leur charte. C'est ça que j'ai un peu de
difficulté... Je comprends que vous soyez contre comme citoyen. Mais,
nous, comme législateurs, est-ce qu'on a à se prononcer sur une
chose que le marché entre... Vous vous faites l'apôtre du
marché. Si j'ai compris ce que vous avez dit tout à l'heure, vous
avez dit: Si ça avait été fait au niveau de 6 $ quelque
chose l'action, ça aurait été juste. À 11 $ quelque
chose l'action, ça, Desjardins paie trop cher. Enfin, dans ma logique,
c'est ça que j'ai compris dans votre intervention. Bon. Peut-être
que Desjardins paie trop cher pour l'achat de La Laurentienne, je ne le sais
pas; j'imagine qu'ils sont capables de décider eux-mêmes. Mais le
fait que, nous, on permette... Comprenez bien, nous, ici, si je veux faire
avancer le travail de cette commission, c'est de se dire: Est-ce qu'on peut
alléger le cadre législatif dans lequel ces deux corporations
fonctionnent, pour leur permettre de faire une transaction? Et ils sont assez
grands, bon Dieu, pour décider quel est le prix qu'ils paient l'un pour
l'autre.
M. Moffet (Denis): Vous raisonnez en termes de libre
marché. Quand vous dites que ce sont des grands garçons tout
seuls, ce n'est pas exact, parce que, ce qui se produit, Desjardins, le
gouvernement du Québec lui donne sa propre loi, qui est très
spéciale, puis, ensuite de ça, comme je l'ai dit pendant mon
exposé, on a donné des avantages fiscaux, à la fois pour
capitaliser le Groupe La Laurentienne et ensuite pour capitaliser Desjardins.
(21 h 10)
Vous ne raisonnez pas, à mon avis, d'une façon qui est
conforme à la réalité, quand vous dites: On va les laisser
aller comme des grands garçons. Tous les citoyens, tous les
contribuables ont mis de l'argent là-dedans, au travers toutes sortes
d'avantages fiscaux, au travers, ensuite, donc, des conditions spéciales
qu'on donne. Si vous voulez, un moment donné, avoir véritablement
une économie de libre entreprise, je dirais à ce
moment-là: Si vous voulez que les gens soient des grands garçons,
transformons l'économie en compagnies à capital-actions.
Là, on est en train de jouer un drôle de jeu avec nos mutuelles et
avec nos systèmes coopératifs, parce que la coopération,
à Desjardins, c'est très beau pour aller chercher de
l'épargne, là. Ça, ça fait des beaux discours de
solidarité, de concertation, d'achat chez nous. Et ensuite, par contre,
pour de l'autre côté, on va jouer au capitaliste avec ça et
on va créer une structure remplie de conflits d'intérêts.
Ne venez pas me dire que c'est des grands garçons tout à fait
indépendants, ça, de la façon qu'on a permis au
Québec de développer son économie. Moi, comme
contribuable, je dis que ce n'est pas le cas. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas
ça qu'on a amené au Québec.
Mais, par contre, comme je vois aller nos mutuelles, qu'est-ce qui s'est
produit dans nos mutuelles?
Savez-vous que, à un moment donné, il y a peut-être
une dizaine d'années, un assuré d'une mutuelle pouvait aller
consulter la liste des assurés. On a retiré ça de la
loi.
M. Gautrin: J'ai écouté le député de
Lévis, qui m'a expliqué ça.
M. Moffet (Denis): Ah oui? Bon, en tout cas, moi, je n'ai pas
entendu ça aujourd'hui, là. Mais regardez bien, là. On a
perpétué des systèmes en ne les cultivant pas. Savez-vous
que la Standard Life, qui fait affaire au Québec, quand vous demandez le
rapport annuel de la Standard Life à Montréal, ils vont vous
envoyer le rapport annuel canadien et le rapport annuel de la
société mère. Dans la société mère,
on a la divulgation des plus hauts salariés de la Standard Life. La
Mutuelle du Canada, quand elle fait son assemblée annuelle, elle envoie
ses rapports annuels à tous ses détenteurs de polices avant
l'assemblée.
Qu'est-ce qu'on a fait au Québec pour développer le
mutualisme? Si on fait du mutualisme comme on en a fait à La
Laurentienne, arrêtons de nous gargariser de mots au Québec, parce
que c'est en train de coûter cher. On a flambé des millions dans
nos mutuelles d'assurances. Et quand on a vu récemment que les 15
dirigeants les plus payés, La Laurentienne avait 350 000 $ en moyenne,
quand, au Toronto Stock Exchange, dans l'indice TSE, la moyenne est de 220 000
$. Comme propriétaire, parce qu'on a déjà dit que
j'étais propriétaire des mutuelles et du Mouvement Desjardins, je
trouve ça indécent. Je le dis ici ce soir, que ce soit bien
enregistré dans les archives de l'Assemblée nationale.
Évidemment, quand on dit que 1 000 000 $, c'est immatériel
pour une mutuelle, bien oui, ce n'est pas grave. On prend la différence
entre 350 000 $ et 220 000 $ et on multiplie ça par 15. Combien
ça fait, c'est immatériel!
M. Gautrin: Je n'ai pas dit que c'était
immatériel.
M. Moffet (Denis): Non, vous, vous ne l'avez pas dit, mais c'a
été dit dans cette assemblée, cet après-midi.
M. Gautrin: Non, non. Je n'ai jamais dit que 1 000 000 $,
c'était immatériel.
M. Moffet (Denis): Non, pas vous. Mais c'a été dit,
ici, cet après-midi par l'Inspecteur général des
institutions financières.
M. Gautrin: Mais je vais essayer quand même... je veux
retrouver à l'endroit où je suis, là. Vous, vous nous
suggérez quoi? Moi, j'ai un projet de loi actuellement qui... Vous nous
dites: Ce n'est pas bon, ce projet de loi. Parce que je comprends les critiques
que vous faites au mutualisme. Je peux comprendre ce que vous faites au
Mouvement coopératif. Là, on a un projet de loi, actuellement.
Vous me dites quoi? Rejetez-le? Et faites en sorte... Regardez ce que je vais
faire. Est-ce que vous suggérez qu'on rejette le projet de loi
actuellement avec le risque qui peut arriver pour La Laurentienne? C'est
ça que vous nous suggérez?
M. Moffet (Denis): Vous, vous avez votre conscience à
vous. Moi, je suis un quatre millionnième propriétaire de
Desjardins. Et je viens de vous dire exactement ce que j'en pense. Vous, avec
votre conscience, agissez comme vous voulez. On nous a dit que c'était
vrai... La valeur comptable de La Laurentienne, c'était magnifique. On
avait 11 acquéreurs. C'est ce que M. Drouin nous a dit: On avait 11
acquéreurs.
Bien, moi, dans cette solution-là, je pense que c'est de la
«scrap», La Laurentienne. Si on avait 11 acquéreurs, et
qu'il y en avait un qui était prêt à payer justement la
valeur au marché, même s'il est en dehors du Québec, on
avait juste à lui vendre à ce prix-là, parce que le trou
dans l'ancienne mutuelle n'aurait pas été si gros que ça
et on aurait peut-être pu se cotiser et réparer ce
trou-là.
M. Gautrin: Vous suggérez quoi? De voter contre la loi? De
faire en sorte que l'entente ne marche pas? À ce moment-là, avec
les problèmes de capitalisation que M. Drouin peut-être que
vous ne partagez pas, mais enfin nous a expliqués quant au
problème de La Laurentienne vont le forcer soit à remonter
»ur ses actionnaires institutionnels pour avoir une surcapitalisation,
soit à liquider certains de ses joyaux; tout le monde pense à la
Banque La Laurentienne. C'est quoi que vous nous suggérez de faire?
M. Moffet (Denis): Moi, je vous l'ai dit. Si vraiment ces
gens-là son bons, nous disent qu'il y avait 11 acquéreurs
possibles et que, soi-disant, justement, la valeur au marché, la valeur
comptable, pardon, elle est bonne. Desjardins nous la reconnaît, et
ça nous permet de donner justement un beau cadeau à M. Drouin.
Alors, moi, je dis... oui, moi, je pense que c'est de la «scrap».
Je l'aurais vendue à quelqu'un de l'extérieur du Québec
pour ne pas ruiner le Québec avec ça.
M. Gautrin: Eh bien, écoutez là, bon.
J'arrête mes questions.
M. Moffet (Denis): Écoutez...
M. Gautrin: Je comprends, je comprends votre point de vue.
M. Moffet (Denis): Oui, mais, si on est cohérent et qu'on
dit qu'on était capable d'en avoir, des acheteurs pour ça...
M. Gautrin: Excusez-moi, M. Moffet. Je veux bien qu'on poursuive
un petit peu.
Une voix: On devrait vendre ça...
M. Gautrin: Non, non, mais, un instant là. Je pense qu'on
n'a jamais parlé d'avoir une multitude d'acheteurs pour La Laurentienne.
Ce n'est pas ça. C'est qu'il y avait deux types de solutions: il y avait
la solution de trouver un acheteur, et il y a eu des négociations
parce que, écoute, ce n'est pas comme quand on vend un kilo d'oranges,
c'est quand même un peu plus sérieux que ça ou bien
ils pouvaient resolutionner leur problème de capitalisation en faisant
appel à leurs actionnaires institutionnels, c'est-à-dire à
Eaton et à Victoire. C'étaient les deux possibilités
qu'ils avaient. Bon, on peut refuser la transaction comme telle et leur dire:
Bon, bien, refusons la transaction. Ça veut dire que M. Drouin n'aura
pas, comme vous dites, ce petit cadeau dont vous parlez, parce qu'il faudra
qu'il retourne... Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là? La
Laurentienne, actuellement, on est rendu au 31 décembre, les actuaires
ne signeront pas le rapport, à l'heure actuelle, parce que la compagnie
est sous-capitalisée en termes de capital. Et on crée un
problème financier majeur.
M. Moffet (Denis): Alors, acceptez, comme élu du peuple,
de l'approuver si vous voulez, mais c'est une opération de sauvetage,
sans plus. Mais je trouve, à ce moment-là, compte tenu où
ça vous conduit comme raisonnement, bien, je trouve qu'on ne devrait pas
faire de cadeau sous forme de prime à l'incompétence, parce que,
justement, on n'a pas le choix. Alors, qu'on ne vienne pas nous dire qu'on a
fait une si belle affaire, à ce moment-là.
M. Gautrin: Un instant.
M. Moffet (Denis): Soyons cohérents avec votre logique,
à tout le moins.
M. Gautrin: M. Moffet, lorsque vous parlez d'une prime à
l'incompétence, je voudrais quand même mettre les choses
très clairement. Vous faites référence à la
situation du contrat de M. Drouin, c'est ça que vous faites?
M. Moffet (Denis): Je fais référence au fait qu'on
a...
M. Gautrin: Moi, je ne prends pas ça comme une prime
à l'incompétence, c'a été... Pour stimuler
l'activité du gestionnaire principal, il y a un contrat en due forme: on
l'a, la copie du contrat. Ce n'était pas une prime à
l'incompétence, bien au contraire. Et, après, on a
respecté les clauses de ce contrat.
M. Moffet (Denis): Mais je dis que si c'était une
opération de sauvetage en bonne et due forme parce que vous
dites: On n'a pas le choix, c'est là qu'on est rendu alors, je
dis que, dans une opération...
M. Gautrin: J'ai dit: Quel choix avons-nous? Je vous ai
posé la question. Quel choix avons-nous à part
celui-là?
M. Moffet (Denis): Oui. Alors donc, au moins, si c'est le seul
choix qu'on a parce qu'on n'a pas eu assez de prévoyance... Parce que
les problèmes, on les voyait venir depuis un certain temps. J'ai
été parmi ceux qui en ont parlé, de ces problèmes,
puis pas hier, à part ça. Alors, si on est rendu et qu'on doit
faire une opération de sauvetage d'urgence, je dis: qu'on ne vienne pas,
au moins, ajouter à ça des bonus à gauche puis à
droite parce qu'on n'a pas le choix, justement. Réglons ça, et
que les élus du peuple utilisent leur pouvoir pour que le marché
soit «fair», tout simplement.
M. Gautrin: O.K. J'accepte que le marché soit
«fair». J'accepte tout ça. Ne dites pas qu'il n'y a pas de
choix, parce que, si j'ai bien compris, je ne l'ai pas vérifié
personnellement, mais si j'ai compris l'intervention de M. Drouin, il avait la
possibilité aussi de faire appel à ce qu'on appelle les
«actionnaires institutionnalisés» pour augmenter la
capitalisation de ALV, l'ancienne Laurentienne vie, qui pose le problème
actuellement. C'est-à-dire appel à Eaton et à... c'est
Victoire, je pense, c'est ça. Donc, il y avait un choix, quand
même.
M. Moffet (Denis): Oui, on nous a dit qu'on en avait, des choix,
cet après-midi.
M. Gautrin: Et là on fait un choix qui est probablement
pour l'intérêt global de nos institutions financières,
collectivement. Non, vous n'êtes pas d'accord?
M. Moffet (Denis): Moi, comme sociétaire de Desjardins, je
vous répète: je viens ici, je suis sociétaire de deux
caisses populaires Desjardins, je ne trouve pas qu'on rend service au Mouvement
Desjardins avec ça. Je ne trouve pas qu'on me rend service, comme
sociétaire de Desjardins. Je comprends que c'est comme un peu le dilemme
du prisonnier, en quelque sorte. On n'a pas le choix, et, vous, vous
êtes, à ce moment-là, les élus du peuple. Ici,
aujourd'hui, vous avez une décision à prendre. Mais sachez
très bien, coudon, à un moment donné, on va vivre avec
ça, probablement, là, parce qu'il serait difficile
d'empêcher ça, justement, étant donné où nous
en sommes rendus.
M. Gautrin: Oui, mais faites attention, M. Moffet. Je voudrais
quand même préciser avec vous. Les deux partenaires que
vous pouvez considérer comme étant incompétents, et je
vous donne ça, mais enfin les deux partenaires principaux disent:
Nous, on est capables, à l'heure actuelle, et on pense que c'est dans
l'intérêt commun de nos deux groupes. Vous pouvez les
considérer comme incompétents, ça, c'est
votre décision. Et ces deux partenaires-là disent,
à l'heure actuelle: Aménagez notre cadre corporatif pour pouvoir
permettre cette transaction. Puis c'est ça qu'ils nous demandent. Puis,
là, je voudrais dire, moi, j'ai peut-être tendance à croire
que peut-être ces gens-là ont une certaine compétence.
Peut-être que je me trompe. Mais enfin, vous me dites quoi? Je ne dois
pas leur permettre, je dois mettre des barrières à leur entente?
C'est ça que vous voulez me suggérer?
M. Moffet (Denis): Moi, si vous me dites qu'on n'a plus le choix.
Écoutez, si on n'a pas le choix, les discussions...
M. Gautrin: Bon Dieu! Je ne dis pas qu'on n'a plus le choix, je
dis: Ils sont des grands garçons au moins aussi compétents et ils
sont capables, eux, de dire... Ils y gagnent tous les deux.
M. Holden: ...
M. Bouchard (Jean-Marie): Excusez-moi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Westmount, M. le député de Verdun est sur son droit de parole. Il
lui reste encore huit minutes...
M. Gautrin: M. le député de Westmount, vous allez
parler après moi.
Le Président (M. Lemieux): ...il peut poser les questions
qu'il veut.
M. Holden: Non, non, je pense que...
Le Président (M. Lemieux): Et c'est dans le cadre du
mandat que nous avons.
M. Holden: ...c'est une discussion futile. Vous ne convainquez
pas, là...
M. Gautrin: Oui, mais écoutez, M. le député
de Westmount, j'ai l'habitude d'entendre vos discussions futiles à
longueur de journée, alors, laissez-moi en avoir une couple.
M. Garon: Non, non, ce n'est pas ça qu'il veut dire. Il
veut dire que vous ne convaincrez pas M. Moffet. C'est ça qu'il veut
dire.
M. Holden: C'est ça. (21 h 20)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Ah, bon! Merci, parce que... Ha, ha, ha! Alors, M.
Moffet, je pense qu'on s'est dit ce qu'on avait à se dire.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Verdun?
M. Gautrin: Après la remarque brillante du
député de Westmount...
Mme Robic: M. le Président, je pense qu'après cet
échange-là peut-être que les gens du Mouvement Desjardins
auraient des choses à nous dire, après avoir entendu ce qu'ils
ont entendu. La même chose pour le Groupe La Laurentienne.
Vous savez, il n'y a personne qui a forcé le Mouvement Desjardins
à faire cette offre. Us sont venus d'eux-mêmes. Quand ils ont su
qu'il y avait une possibilité, ils sont venus d'eux-mêmes, ils ont
étudié cette possibilité de faire cette transaction.
Après le «due diligence», après des examens
approfondis, ils ont décidé que c'était une bonne
transaction pour le Mouvement Desjardins.
Alors, moi, je ne voudrais pas qu'on parte d'ici en disant: Ils
n'avaient pas le choix. Le Mouvement Desjardins, le Groupe Desjardins a le
choix de faire ou de ne pas faire la transaction. Il n'y a personne qui leur a
tordu les bras. Ils ont décidé que c'était une bonne
transaction. Il faut tout de même faire confiance aux dirigeants de
l'entreprise, là. Il faut leur faire confiance.
C'est des gens qui travaillent pour vous, là. Vous dites que vous
avez des actions de Desjardins, que vous êtes un membre de Desjardins.
Alors, c'est les gens qui gèrent le Groupe qui vous disent: Nous autres,
pour nous autres, pour vous, c'est une bonne transaction.
M. Moffet (Denis): Oui, oui. Comme on avait dit, à un
moment donné, que la démutualisation, c'était bon pour La
Laurentienne, qu'on allait aller chercher du capital. Bien oui. C'est
sûr.
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame la...
M. Moffet (Denis): Ils nous avaient dit ça. Ils avaient
dit ça pour moi.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la ministre. Une
courte, M. le député de Lévis? Une courte longue?
M. Garon: Oui. J'aurais la même question que je voudrais
poser à M. Moffet puis à l'Inspecteur général des
institutions financières. Lors de la démutualisation ou la
démutualisation à 50 % de La Laurentienne, l'avoir propre
ce que vous appelez la «grand-mère», que, moi, j'ai toujours
appelée la «corporation mutuelle de gestion», en tout cas,
l'ancienne Laurentienne avait un surplus de combien dans ses... d'avoirs
propres je veux dire, qui lui appartenaient en propre?
M. Gautrin: Pas aux mutuelles.
M. Garon: Pas aux mutualistes. Et, aujourd'hui, le fonds est
déficitaire de combien?
M. Moffet (Denis): Avant la... Vous me permettez de
répondre, c'est ça?
M. Garon: Oui.
M. Moffet (Denis): J'ai le rapport annuel 1987, 31
décembre, ici. L'avoir des assurés était de 123 833 000$,
au 31 décembre 1987; 123 833 000$. Puis vous voulez savoir, maintenant,
à combien il est rendu, La Corporation d'assurance de personnes La
Laurentienne, 1992: alors, le total de l'avoir de l'actionnaire et des
titulaires de polices, 55 000 000 $. Mais, là-dessus, quand on lit
attentivement, il y en a dans une note ici, j'avais pris ça
quelque part il y en a 14 000 000 $ qui sont déjà à
être utilisés dans les trois prochaines années pour
corriger des transactions entre compagnies affiliées. Alors, en
réalité, il est de - 55 000 000 $ moins 14 000 000 $ - 41 000 000
$.
M. Garon: Donc, c'est passé de 123 000 000 $ à 41
000 000 $?
M. Moffet (Denis): Oui. C'est en plein ça.
M. Garon: De décembre 1987 à décembre
1992.
M. Moffet (Denis): Oui.
M. Garon: En cinq ans.
M. Moffet (Denis): C'est ça.
M. Garon: Puis, vous attribuez... Je vais demander la même
question à l'Inspecteur général: Vous attribuez les causes
à quoi?
M. Moffet (Denis): M. l'Inspecteur veut-il répondre avant
moi?
M. Bouchard (Jean-Marie): C'est à vous. Vous avez
posé la question à lui ou à moi?
M. Garon: Aux deux.
M. Bouchard (Jean-Marie): Bien, aux deux. Pas en même
temps. Qu'il réponde d'abord, lui.
Le Président (M. Lemieux): M. Moffet, est-ce que vous avez
une réponse à cette question-là?
M. Moffet (Denis): Bien, moi, je pense que c'est les
investissements dans les filiales qui ont coûté extrêmement
cher. Et effectivement aussi, des dépenses d'opération. Le
siège social du Groupe coûtait plusieurs millions,
annuellement.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez quelque
chose à ajouter, M. l'Inspecteur ou...
M. Garon: Je voudrais la même question...
Le Président (M. Lemieux): ...aux interrogations de M. le
député de Lévis? Oui?
M. Garon: la même question: l'avoir propre de l'ancienne
laurentienne, au 31 décembre 1987, avant la démutualisation
à 50 %, est rendu à combien maintenant? et vous attribuez les
changements à quoi?
M. Bouchard (Jean-Marie): Maintenant, aujourd'hui, là, ou
avant la transaction de Desjardins?
Une voix: Au 31 décembre 1992.
M. Bouchard (Jean-Marie): Au 31 décembre 1992, elle
était de 56 000 000 $. En 1992.
M. Garon: Au 31 décembre 1987? M. Bouchard
(Jean-Marie): En 1987? M. Garon: Oui.
M. Bouchard (Jean-Marie): En 1988, lorsqu'on l'a
démutualisée, elle était de 126 000 000 $, je crois. Il y
a eu 3 000 000 $ de plus que M. Moffet a parlé.
Elle était à 126 000 000 $ en 1988. Donc, ils ont fait 3
000 000 $, au moins, dans un an, au moins ça. Alors, 126 000 000$ en
1988, et 56 000 000$ en 1992, bon.
Là, on parle de l'avoir de l'ancienne Laurentienne. Il ne faut
pas oublier que l'ancienne Laurentienne, c'est une mère porteuse. C'est
elle qui porte toute la Corporation et toutes les filiales. C'était un
des problèmes, justement. C'est pour ça que les holdings en
aval... puis on a fait la transaction deux ans plus tard pour soulager,
justement, l'ancienne Laurentienne et transférer les nouvelles affaires
dans la nouvelle Laurentienne, qui était en bas du holding en aval, de
telle sorte que l'ancienne Laurentienne n'avait apporté dans son
portefeuille que le placement qu'elle avait dans sa corporation, qui
était de l'ordre de, de mémoire, je crois de 329 000 000 $.
Le problème que vous avez, qui s'est reflété au
cours de ces années-là... Tout ça est expliqué dans
la circulaire d'information qui a été donnée. On y a mis
beaucoup de temps justement pour que les assurés comprennent ce qui
s'est passé dans leur compagnie. Les renseignements ont
été donnés. Ce n'était pas obligé,
ça. On n'était pas obligé. On a exigé que La
Laurentienne le fasse, ce renseignement-là sur cette circulaire
d'information là. Et tous les renseignements qui sont là-dedans
ont été pesés.
D'une part, vous l'avez dit vous-même tout à l'heure,
c'était vrai, La Laurentienne, comme toutes les compagnies, avait besoin
de capitaux, comme toutes les compagnies ont besoin de capitaux. C'est
tellement vrai que, à l'heure actuelle, au Canada, les plus
importantes
compagnies mutuelles cherchent à se démutualiser. Puis il
y en a au moins deux qui sont sur le point de se démutualiser justement
parce que la génération des profits internes ne suffit plus
à assurer la croissance des compagnies mutuelles.
On a vécu, dans les années soixante, le
phénomène inverse: pour la protection des compagnies, conserver
la propriété des compagnies, à peu près toutes les
compagnies, au cours de cette période-là, se sont
mutualisées, parce que la plupart étaient à
capital-actions. On a conservé le capital, donc la
propriété dans le patrimoine canadien et québécois.
Ça a été une tendance canadienne, et ça a
été suivi au Québec. Au Québec, il y en a eu,
ça s'est fait en cascades... qui assuraient la permanence. On assurait
la permanence, mais, en même temps, on oubliait qu'on s'aliénait
une possibilité de s'alimenter sur le marché parce que,
justement, les compagnies mutuelles ne peuvent se développer que par
leurs surplus, la génération de surplus qu'elles ont.
Ce qui est arrivé, donc, lorsqu'on a permis les holdings en aval,
Québec n'a pas été imprévoyant. En permettant les
holdings en aval, en même temps, là encore, on a innové et
on a été les seuls au Canada, à ce moment-là,
à prévoir que les mutuelles puissent émettre
l'équivalent des actions privilégiées. On ne pouvait pas
les appeler les actions privilégiées parce qu'il n'y avait pas de
capital-actions. Donc, on a trouvé un titre quelconque, qui était
titre de participation privilégiée, qui comptait dans la base du
calcul du capital. Et en disant: Avec cette façon-là plus la
possibilité de se développer en aval par la diversification dans
différents secteurs, cet apport de capital va venir aider à
renflouer les surplus qui seraient insuffisants pour faire face à la
concurrence et au développement. Ça a fonctionné. La
Laurentienne en a émis. C'était la seule qui l'a fait. (21 h
30)
Pourquoi ça a tombé? Pour une raison très simple:
c'est que les règles de la fiscalité ont modifié les
règles du jeu, et les actions privilégiées, comme
c'étaient les équivalents des actions privilégiées,
ont tué le marché des actions privilégiées pour les
institutionnelles. Alors, c'est évident qu'à ce moment-là
ce n'était plus intéressant pour personne d'acheter des titres de
participation privilégiée. Donc, on venait de tarir la source de
capitalisation des compagnies mutuelles qui pouvait se faire par ce
biais-là.
Deuxième point, La Laurentienne, l'ancienne, la mère,
portait donc ses filiales. On est arrivé évidemment... Son
portefeuille, et ça avait un effet direct, ça, comme elle avait
un placement considérable, donc c'était un risque pour la
réserve actuarielle, un potentiel de risque dont on tient compte
à ce moment-là.
La rentabilité de ce placement dans une seule corporation, au
lieu de la diversification, si les 329 avaient été
répartis dans 50 compagnies, il y avait profit dans un et perte dans
l'autre, mais, là, c'était un placement dans une corporation qui
était sa compagnie, qui détenait toutes ses filiales. Son
placement était donc dépendant de la rentabilité de ses
filiales.
La rentabilité n'a pas répondu aux attentes. C'est dit
dans le texte, ça. Les taux de rendement n'ont pas été
ceux qui étaient escomptes au point de départ et n'ont pas
été ceux qui étaient prévus dans les
réserves actuarielles pour maintenir, justement... Puis la
réserve actuarielle, vous savez que c'est une soupape fort importante
pour les compagnies d'assurances de personnes. C'est d'abord la réserve
actuarielle puis, ensuite, c'est le capital qui vient éponger le
surplus.
Le rendement ne donnant pas ce qui était escompté, vous
aviez une diminution, évidemment, de la valeur... La valeur aux livres
était là. C'est bien sûr, la valeur aux livres ne changeait
pas. La valeur aux livres était là. Mais les actions de la
corporation, elles, qui étaient sur le marché ne
reflétaient pas, évidemment, la valeur. Donc, vous avez une
baisse de rentabilité, un contexte économique beaucoup plus
difficile pour tout le monde, pour La Laurentienne comme pour tout le monde.
Vous avez eu également en même temps un effort de rationalisation
considérable qu'ils ont fait; intégration au point de vue
administratif entre L'Impériale, l'ancienne Laurentienne, la nouvelle
Laurentienne. Vous avez eu, durant cette période-là, un
dégraissage qui a été fait de filiales. Ils avaient une
compagnie de fiducie dans l'Ouest qu'ils ont vendue. Ils avaient une compagnie
d'assurances à Boston qu'ils ont vendue. Ils ont fait leur
dégraissage quand ils ont vu que la rentabilité du groupe ne
répondait pas aux attentes. Donc, évidemment, ça se
résulte... Et également les taux. La rentabilité dans le
domaine des assurances a diminué pour à peu près toutes
les compagnies. Si vous prenez les chiffres de rentabilité des produits
comme, par exemple, les rentes, les rentes collectives, c'est
extrêmement... la marge de profit des rentes collectives est très
mince et les coûts sont prohibitifs, de telle sorte que c'est un
marché qui est volatil.
Deuxième point... Je pourrais vous en parler longtemps. Si c'est
trop long, vous m'arrêterez...
M. Gautrin: Oui, parce qu'on voudrait passer à l'article
1, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, non. S'il vous
plaît! Non, non. S'il vous plaît! Je m'excuse, M. le
député de Verdun, M. l'Inspecteur général des
institutions financières a son droit de parole. Continuez, M.
l'Inspecteur.
M. Bouchard (Jean-Marie): Donc, vous avez eu une
rentabilité beaucoup moindre pour l'industrie dans le secteur des
assurances. Quand vous regardez, par exemple, la vente d'assurances au Canada,
il ne se vend presque plus de nouvelles polices, ce sont des renouvellements de
polices. Donc, ça veut dire de la compétition constante,
féroce. Vous avez, au Canada, 120 compagnies d'assurances en assurance
de personnes. Il y en a 120 qui font affaires au Québec. Le Japon, il y
en a 10 pour 25 000 000 de population. On s'en va vers un règne de
concentration de l'industrie. La concurrence est
féroce, et c'est la taille pour, justement, réduire les
coûts de revient qui va permettre aux compagnies de passer à
travers la période dans laquelle on entre, qui est la période de
consolidation.
Donc, évidemment, ça se reflète sur la
rentabilité, ça se reflète sur le capital. Ils ont fait
des pertes, puis, bien, au moment où on se parle aujourd'hui, les pertes
sont assez élevées, parce que les résultats n'ont pas
donné les résultats escomptés en termes
d'opération.
Il y a un dernier point, pour répondre à l'interrogation
que vous aviez tout à l'heure, très rapidement, en ce qui
concerne la transaction. Bon. Vous êtes en présence, M. le
député, d'une transaction à distance. Vous avez un groupe
qui s'appelle La Laurentienne et vous avez un groupe qui s'appelle Desjardins,
qui ont négocié ensemble. Il n'y a personne qui avait
intérêt dans cette transaction-là à se faire de
cadeau en ce qui concerne l'évaluation des actifs,
premièrement.
Une chose que vous devez peut-être vous rappeler, qui est une
soupape encore beaucoup plus importante, en disant: Mais peut-être,
là, que, même si c'étaient des personnes qui étaient
à distance, il y a peut-être une espèce de concertation
pour faire un conglomérat... Non. Non. N'oubliez pas que vous aviez dans
La Laurentienne des tiers qui avaient investi leur argent personnel, Eaton et
Victoire. Puis Eaton et Victoire n'acceptaient pas n'importe quelle condition
de vente et n'acceptaient pas n'importe quelle condition de fusion. La preuve,
c'est que... Dans l'OPA qui a été présentée, c'est
que vous avez des catégories spécialement pour eux, parce qu'il a
fallu tailler pour eux ce qui était intéressant pour pouvoir
accepter la transaction. Puis ils les ont regardés, les chiffres. Puis
quand Desjardins est arrivé avec des dévaluations que M. le
député a évaluées tout à l'heure, pour dire:
Dans telle compagnie, on la dévalue à tant, on prend telle
provision, ces deux partenaires-là, qui avaient de leur argent investi,
ont trouvé indirectement à dévaluer leur avoir dans la
corporation. Ils ont dit un mot là-dedans. Ils ne se sont pas
laissé faire. Ils n'ont pas accepté nécessairement les
évaluations faites par Desjardins. Donc, ça s'est fait à
distance par des tiers qui ajoutent la sauvegarde et la protection. Donc, c'est
un élément, je pense, qui est important à
considérer.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, monsieur
le...
M. Garon: Seulement un mot...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, tout à l'heure vous m'avez demandé une toute petite
question qui est devenue très longue. Écoutez...
M. Garon: Oui, mais c'est pour continuer... Oui, mais on n'est
pas à l'école, là.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Non, non. Je suis conscient
qu'on n'est pas à l'école et j'ai été très
généreux, très généreux.
M. Garon: Bien, ce n'est pas une question de
générosité.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, mais sur votre temps
de parole, M. le député de Lévis...
M. Garon: Je suis encore sur mon temps de parole.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes très
critique sur votre temps de parole, très critique.
M. Garon: Je n'ai pas fini mon temps de parole.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y là, mais,
à un moment donné, il va falloir entreprendre l'étude du
bill.
M. Garon: C'est parce que ce que j'ai remarqué dans ce que
M. Moffet disait...
M. Gautrin: ...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Garon: ...et l'Inspecteur général disait, il y a
beaucoup de points convergents, malgré tout. Moi, ce qui me frappe,
c'est que sur beaucoup... Vous n'arrivez pas à la même conclusion.
Mais j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de points... Vous dites tous les
deux: C'est un marché à maturité, donc les
possibilités d'expansion M. Moffet à dit ça et,
vous aussi, vous avec dit ça donc la rationalisation va se faire
par les consolidations ou... Vous avez dit ça. Tantôt, vous avez
dit que vous ne croyiez pas beaucoup à la synergie.
M. Bouchard (Jean-Marie): Je n'ai pas dit ça. J'ai dit
qu'il fallait être prudent avec la synergie...
M. Garon: Oui.
M. Bouchard (Jean-Marie): ...puis ne pas lui accorder 100 % des
effets.
M. Garon: O.K. Oui, deuxièmement. Troisièmement,
vous avez dit également que le gros point, c'était un point de la
culture, la culture, et je pense que vous avez raison aussi. Le point que
j'aimerais savoir, parce que, moi, c'est le point fondamental, à mon
avis. Quand
on a fait le tour de toute la question, il reste un point, au fond,
hein. On dit: La Laurentienne, on voit que ses résultats
d'opération étaient déclinants. Maintenant, comment, dans
votre analyse, ces points déclinants, parce que, maintenant, c'est
intégré à Desjardins, par quel effet il n'arrivera pas le
même résultat dans Desjardins tout simplement? En quoi cette
dynamique déclinante qu'il y avait va être changée dans un
aspect positif parce qu'il y a une fusion, à toutes fins pratiques, en
tout cas, appelons ça comme on voudra, un regroupement, dans la
même institution?
M. Bouchard (Jean-Marie): Bon. Vous avez parfaitement raison,
c'est la question importante. Dans le domaine des assurances, prenez dans le
domaine de l'assurance de personnes, parce que la banque c'est
complètement distinct, et l'assurance générale c'est
à part, La Laurentienne en avait et elle l'a vendue, alors l'assurance
générale comme telle se suffit. Vous allez avoir affaire
à, comme je vous ai dit, la plus grosse compagnie d'assurances de
personnes au Québec. L'AVD, actuellement, est rentable. Vous avez
l'ancienne Laurentienne, évidemment, dans l'écoulement, mais
l'ancienne Laurentienne avec un portefeuille différent qui va rapporter
ce que va rapporter la nouvelle société financière. Parce
que la nouvelle société financière, le nouveau holding
Desjardins, il a déjà un taux de rentabilité qui est le
sien, puis vous lui ajoutez les secteurs rentables comme celui de la banque,
donc vous avez un conglomérat qui est différent en termes de
rentabilité au niveau du groupe. Je vous ai dit que le défi... le
facile était fait avec la loi qu'on adopte.
M. Garon: Le quoi?
M. Bouchard (Jean-Marie): Le facile est fait, en adoptant la loi,
en faisant l'entente. Mais le défi véritable pour le Mouvement
c'est ce que je vous ai dit tout à l'heure va faire en
sorte qu'avec les compagnies qu'il a en main maintenant, d'assurances de
personnes, il va falloir qu'il opère une rationalisation majeure:
étude de marketing, un plan de stratégie, puis comment utiliser
ses forces. Il a un levier financier puissant, qui n'était... Un levier
financier n'est pas le même que trois petits leviers côte à
côte. Au point de vue synergique, c'est complètement
différent. Alors, vous allez pouvoir développer des produits, des
niches, et pouvoir réduire vos coûts pour pouvoir permettre de
faire de la concurrence qu'ils ne peuvent pas faire à l'heure actuelle
parce qu'ils sont trop petits, ils n'ont pas la taille pour pouvoir le faire.
S'ils ne réussissent pas ça, ils vont avoir probablement un
problème, mais c'est le défi qu'ils ont à relever.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. l'Inspecteur
général des institutions financières. M. Moffet, nous vous
remercions de votre participation à cette commission parlementaire.
J'inviterais les requérants du bill privé, loi 289, Loi
concernant le Groupe La Lauren- tienne et le Mouvement des caisses Desjardins
et modifiant la Loi concernant le Mouvement des caisses Desjardins, à
bien vouloir prendre place à la table des témoins, et nous allons
immédiatement commencer l'étude du projet de loi.
M. Gautrin: C'est ce que j'allais vous suggérer, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Verdun.
M. Léonard: ...suspendre deux minutes.
Le Président (M. Lemieux): Vous voulez suspendre deux
minutes? Vous demandez une suspension de deux minutes, M. le
député de Labelle? Suspension de deux minutes à la demande
du député de Labelle.
(Suspension de la séance à 21 h 40)
(Reprise à 21 h 44)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux pour l'étude du projet de loi
privé 289, Loi concernant le Groupe La Laurentienne et le Mouvement des
caisses Desjardins et modifiant la Loi concernant le Mouvement des caisses
Desjardins. J'appelle le préambule du projet de loi
d'intérêt privé 289. Est-ce qu'il y a des amendements au
préambule?
Organisation des travaux M. Gautrin: M. le Président.
M. Holden: ...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Westmount.
M. Gautrin: M. le Président, j'annonce, le
député de Saint-Louis n'étant malheureusement pas
présent...
M. Léonard: Avant le préambule, est-ce que... M.
Gautrin: ...j'aurais un amendement... M. Léonard: ...il y
a des questions... Le Président (M. Lemieux): Un instant!
M. Gautrin: M. le Président, peut-être avant le
préambule... mais laissez-moi au moins finir mon intervention!
M. Léonard: C'est correct.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: J'annonce que j'ai, au nom du député de
Saint-Louis, à déposer un amendement au neuvième
attendu...
M. Holden: Attendez, attendez.
M. Gautrin: Laissez-moi annoncer ce que j'ai à attendre,
avant d'attendre, là. D'accord?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui.
M. Gautrin: J'ai un amendement au neuvième attendu. Je
vous demande indication pour me...
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Ça va,
M. le député de Verdun, j'ai compris.
M. Gautrin: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez un amendement au
préambule, au neuvième attendu. Mais, préalablement, vous
allez me... Vous ne déposez pas les amendements au nom du
député de Saint-Louis, mais en votre propre nom, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: J'ai hérité de la paternité...
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M. Gautrin: ..
.par transmission.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Nous comprenons.
M. le député de Westmount, une question, oui. Vous avez une
question.
M. Holden: Voici, M. le Président. On a
débuté ce matin avec des déclarations
générales, puis on est tout de suite rendu dans la discussion de
la question de boni, là. Alors, on est revenu ici... Si on est pour
faire les attendus, il va falloir que j'insiste pour les faire chacun
séparément, à moins qu'on ait une discussion un peu plus
générale...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Holden: Que, surtout, le député de Labelle
puisse échanger pour les questions de fond, globalement, pour, ensuite,
revenir au préambule dans son entier. Si c'était possible.
M. Gautrin: M. le Président, je ne comprends pas bien.
Qu'est-ce que demande le député de Westmount actuellement?
Le Président (M. Lemieux): Ce que demande M. le
député de Westmount, c'est que c'est une...
M. Gautrin: Un traitement privilégié pour le
député de Labelle?
Le Président (M. Lemieux): Non. Non, non, du tout. C'est
une discussion, si je comprends bien, vous me corrigerez si je vous
interprète mal...
M. Léonard: Ça le mériterait. M. Gautrin:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): C'est une interrogation globale
sur le projet de loi 289 au niveau de la substance, relativement à des
questions qu'aurait M. le député de Labelle, et, par
après, nous passerions d'une manière, disons, plus rapide
à l'étude du projet de loi d'intérêt privé
289, à la fois au préambule, article par article et ses
amendements. C'est ce que vous me demandez? Pas d'objection sur cette
façon de procéder.
M. Holden: Surtout le préambule.
M. Gautrin: M. le Président, excusez-moi.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gautrin: Vous parlez des questions que le député
de Labelle pourrait avoir.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gautrin: Moi, je pense qu'on pourrait procéder article
par article, quitte à ce qu'on les soumette au moment où
ça viendra.
Le Président (M. Lemieux): Je peux appeler le
préambule et, à partir du moment où j'ai appelé le
préambule, M. le député de Labelle pourra, effectivement,
poser les questions sur l'ensemble du bill, pour faire plaisir au
député de Verdun, 289...
M. Gautrin: Ce n'est pas seulement pour me faire plaisir, M. le
Président, c'est pour respecter la procédure.
Le Président (M. Lemieux): ...et tout en respectant la
procédure et tout en étant équitable, M. le
député de Labelle.
Étude détaillée
Alors, j'appelle le préambule et je cède
immédiatement la parole à M. le député de Labelle.
Le préambule est appelé, M. le député de Labelle.
Avez-vous des questions?
M. Léonard: Oui, j'aurais des questions
générales, je pense bien, encore, mais par rapport aux
discussions qu'il y a eu ici tout à l'heure, notamment un peu en
réponse aux allégués du professeur Moffet. Il a dit: Bon,
c'est du rêve sur lequel nous capitalisons. Jusqu'à un certain
point, ce matin, vous rêvez aussi, vous voulez bâtir la plus grande
entreprise au Québec. Mais, sur les questions de fond qui se posent, par
exemple, sur les ratios de capitalisation, l'Inspecteur général a
dit que ça va bien, etc., mais il reste que la question qui a
été abordée, qui vient finalement d'être
abordée, qui est la question de fond: Est-ce qu'on est train de
bâtir quelque chose de solide? On est peut-être en train de
construire quelque chose de gros, mais est-ce que c'est solide? Est-ce que
ça repose sur des bases correctes? On peut dire c'est un argument
que j'ai retenu de l'Inspecteur général, qui dit il y
avait des gens, des tierces parties dans le marché, qui font qu'on peut
avoir une certaine confiance dans l'évaluation des actifs. Mais il reste
que j'aimerais vous entendre un peu en réponse au professeur Moffet. Je
lui ai posé des questions, et je n'ai pas trouvé...
Le Président (M. Lemieux): Oui. Alors, M. Santos,
voulez-vous, dans un premier temps, bien vouloir vous identifier pour les fins
de l'enregistrement du Journal des débats?
M. Santos (Humberto): Merci, M. le Président. Je suis
Humberto Santos, je suis le président de la Caisse centrale Desjardins,
et j'ai eu le privilège de diriger le projet de regroupement avec le
Groupe La Laurentienne. (21 h 50)
J'aimerais, M. le Président, si vous me permettez, vous dire
quelques mots sur ce qui a été dit tout à l'heure.
Évidemment, je ne suis pas un expert. J'ai travaillé juste 25 ans
dans les institutions financières et, aujourd'hui, j'ai le
privilège d'oeuvrer au Mouvement Desjardins après avoir
travaillé dans un environnement capitaliste. Je voudrais assurer M. le
député Garon que, les différences de culture, ça
peut s'ajuster des fois et que, même pour un Portugais, ça arrive
qu'on s'ajuste.
Je voulais réellement vous assurer que le travail qui a
été fait a été un travail sérieux et en
profondeur. Nous avons impliqué, du Mouvement Desjardins, 168 personnes
qui ont travaillé sans relâche pendant quatre mois, trois mois et
demi. C'est un temps qui est quand même assez court pour la
complexité du travail qu'il y avait à faire. Nous avons
été assistés de personnes externes qui étaient des
experts. Nous avons travaillé avec les gens qui sont en
comptabilité, qui sont bons en fiscalité, qui sont bons en
valeurs mobilières, qui, évidemment, ont beaucoup de
connaissances du côté législatif et des affaires
juridiques. Nous avons non seulement analysé les aspects quantitatifs de
la transaction mais aussi les aspects qualitatifs de la transaction.
De plus, nous avons demandé au vérificateur interne du
Mouvement Desjardins de regarder tous les programmes que chacun de nos groupes
a mis de l'avant pour s'assurer que ce qui sortait était quelque chose
qui avait du bon sens. Maintenant, je dois vous dire que, lorsque vous faites
une vérification diligente, évidemment, vous n'allez pas tout
voir. Ça fait des années que le Groupe La Laurentienne est en
opération et qu'il y a une mémoire qui se crée, donc on ne
peut pas tout voir, mais on a certainement essayé, c'est pour ça
que ça s'appelle une vérification diligente.
Maintenant, quand on regarde le côté, que M. Moffet a
parlé, de duplicité, je dois certainement nier, qu'il n'y a
aucune duplicité entre les groupes... le Groupe La Laurentienne avec
celui du Mouvement Desjardins. Nous avons travaillé
séparément et nous nous sommes fait nos propres idées,
donc le côté «duplicitaire» n'est pas là.
Je voudrais réitérer ce que Mme la ministre a dit et ce
que M. Jean-Marie Bouchard a dit aussi, qu'il n'y a pas eu de tordage de bras,
d'aucune façon. Nous avons été approchés par le
Groupe La Laurentienne, nous avons révisé la situation entre nous
et, ensuite, nous avons procédé, d'un commun accord au groupe
Desjardins, pour regarder la vérification diligente et prendre une
décision.
Maintenant, pour rassurer sur le côté chiffres, nous avons
fait beaucoup de calculs. Nous avons présenté, comme vient de le
dire M. Bouchard, nos chiffres à l'Inspecteur général.
Nous avons travaillé avec nos propres gens à l'interne. Nous les
avons aussi présentés à l'OSFI, le bureau du
Vérificateur au fédéral. Nous en avons discuté avec
nos agences de cote. Vous savez très bien que le Mouvement Desjardins a
une des meilleures cotes au monde. Nous sommes fiers de ça et nous
voulons la garder intacte.
Vous êtes aussi au courant que la firme Standard & Poor's,
immédiatement après l'annonce, le 7 juillet, a mis la cote de la
caisse Desjardins, et donc du Mouvement Desjardins, sous surveillance, avec des
impacts négatifs. Nous n'étions pas d'accord. Évidemment,
nous leur avons fait savoir, parce que la décision avait
été prise sans connaissance de cause. Mais, évidemment, il
faut respecter les opinions des agences de cote, elles ont beaucoup de
puissance. Ce que nous avons fait, évidemment, c'est qu'une fois que
tous les chiffres avaient été mis ensemble et qu'ils avaient
été approuvés par notre conseil d'administration, nous
avons pris l'avion, comme nous faisons d'habitude, nous nous sommes rendus
à Toronto, nous nous sommes rendus à New York, nous avons fait
notre confession, nous avons ouvert notre kimono...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Santos (Humberto): ...et je suis heureux de vous dire,
même si ça n'a pas été rapporté
récemment, que Standard & Poor's a sorti, avant-hier, le
Mouvement Desjardins de sa liste de surveillance et que, même si
elle a laissé des impacts négatifs, elle a dit que nous ne sommes
plus dans la liste de surveillance. Nos cotes ont été
réaffirmées. Nous en sommes fiers, parce que ça
démontre que les chiffres que nous avons présentés font du
sens.
C'est évident que, pour nous, cette cote de crédit est
très importante, vous le savez aussi bien que moi, parce qu'on suit
ça de très près. Mais cette marque de confiance ne fait
pas seulement effet à ce que le Mouvement Desjardins va faire dans
l'avenir avec cette transaction. Elle reflète réellement une
puissance de 90 ans. Le Mouvement Desjardins s'est créé par une
gestion prudente, conservatrice. Ce que nous proposons de faire à
l'avenir, c'est de continuer dans cette veine-là.
On a parlé de capitalisation, M. Bouchard vous a parlé des
chiffres, 6 % de capitalisation à peu près, c'est toute de la
capitalisation de catégorie 1, la plus importante. Sur le
côté du BRI, 8,5 % à peu près. L'impact total de
cette transaction est d'à peu près 25 points centésimaux.
Donc, si nous avons 8,50, 8,69, en fait, ça descendra de 0,25 à
cause de cette transaction-là. M. Béland vous a mentionné
ce matin que, du côté de la capitalisation, avec 3 200 000 000 $,
le Mouvement Desjardins est placé 105e au monde, et ça s'est
reflété dans nos cotes de crédit.
On a fait allusion aux parts permanentes qui ont été
allouées au Mouvement pour un total d'environ 325 000 000. J'aimerais
vous faire remarquer que nos concurrents, les banques canadiennes, en ont
reçu pour environ 1 300 000 000, et ce, avant... tout l'ensemble des
parts permanentes québécoises. Nous sommes, évidemment,
aussi très dépendants de nos investisseurs étrangers. Nous
avons à peu près 3 000 000 000 $ que nous empruntons de nos
investisseurs dans les marchés japonais, à Londres et à
New York. Nous y faisons aussi une tournée annuelle, et je peux vous
assurer que nos investisseurs sont très heureux de la performance du
Mouvement Desjardins. Si vous regardez les chiffres du Mouvement, globalement,
pendant une période de récession qui a été des plus
dures pour tous nos concurrents qui ont essuyé des pertes majeures, le
Mouvement Desjardins a toujours été très, très
performant.
On a parlé de spéculation sur la valeur pour les petits
porteurs. M. Moffet a réellement indiqué la clé. Il a dit
que la valeur moyenne de l'action avant l'annonce de la transaction
était aux environs de 5 $. J'aimerais vous dire que ce que nous voyons
dans la transaction, ce n'est pas une liquidation, c'est évident. Ce que
nous voyons dans la transaction, c'est une situation de pouvoir faire mieux,
faire plus fort, pas seulement de grandir, mais d'être plus profitable.
Nous avons vu dans cette transaction-là une façon de marier nos
forces et d'essayer d'éliminer nos faiblesses.
J'aimerais ensuite vous dire que, pour ça, on a été
peut-être un petit peu généreux du côté des
6,22 $, mais, de notre jugement, 6,22 $, qui est la valeur, qu'on pourrait
faire l'équation avec le 5 $ moyen, est déjà très
bien. Donc, le petit porteur, quant à nous, n'est pas en train de jouer
une partie de poker, mais réellement de recevoir une bonne partie de son
argent et d'investir dans l'avenir. Nous voyons là, non seulement un bon
mariage stratégique pour Desjardins et pour La Lauren-tienne, mais
aussi, en fonction de ce que Mme Robic et M. Bouchard viennent de vous dire,
nous voyons un danger imminent qui s'en vient dans les trois, quatre, cinq
prochaines années dans la globalisation des marchés. C'est
évident que nos concurrents les plus proches vont être là,
et qu'une bonne force de vente, nos courtiers, nos agents, nos 1600 caisses
locales seront une très bonne ligne défensive et offensive pour
continuer à grandir. (22 heures)
On a parlé de synergie. J'aimerais vous dire, messieurs et
madame, que nous n'avons jamais calculé de synergie avec la Banque La
Laurentienne. Zéro. Pourquoi? On a parlé de culture. Bon. Je n'ai
pas à vous faire des dessins. La culture de la Banque La Laurentienne
n'est pas une caisse populaire. Tout d'abord, on ne peut pas les fusionner.
Demain matin, on ne peut pas prendre la Banque La Laurentienne et la mettre
dans la caisse populaire de Notre-Dame-du-Rosaire. Ça ne se fait pas. Ce
qu'on va faire, c'est évidemment de continuer à gérer
cette banque-là comme elle a été gérée
jusqu'à date, de continuer à la soutenir de façon
importante pour qu'elle continue à être un bon placement pour le
Mouvement Desjardins.
Donc, des synergies dans la Banque La Laurentienne, n'y pensez pas, il
n'y en aura pas. Peut-être si on fait des services communs comme la
compensation, le traitement de Visa, les guichets automatiques, et je pourrais
vous en donner d'autres, là, il y en aurait. Mais ce n'est pas là
que ça vient. Ça viendra certainement du groupe de la Vie, c'est
là qu'il y a les synergies, c'est là que nos gens ont
travaillé ensemble pour identifier les situations, et nous en savons
quelque chose parce que nous venons de faire une fusion avec nos deux
compagnies que nous avions auparavant. Les résultats nous
démontrent clairement, à long terme, que les synergies que nous
prévoyons sont atteignables. M. l'Inspecteur général a
fait allusion à une situation bien importante, celle de l'informatique.
Nous y voyons aussi de grandes possibilités de synergie. Cependant, dans
les chiffres que nous avons fournis à M. Bouchard et à ses
collègues, nous n'avons inclus aucune synergie dans ces
chiffres-là. Donc, les synergies que nous voyons, elles sont sans doute
atteignables, nos gens sont extrêmement confiants là-dessus.
Il y a beaucoup plus d'autres situations que je pourrais identifier. Il
y a l'utilisation de nos systèmes communs de
télécommunications. Il y a le système d'achat et
d'approvisionnement. Il y a une rationalisation de tous nos autres
procédés à l'intérieur. Alors, il y a beaucoup de
choses à faire. Je suis d'accord avec ce qui a été dit, il
y a du travail à faire, ce ne sera pas facile, ce sera du travail
à faire, mais on est prêts à le faire.
Donc, M. le Président, je voulais juste dire que nous avons fait
un travail sérieux, un travail à distance
et un travail que nous jugeons très approprié, et nous
sommes prêts à répondre aux questions de M. Bouchard
lorsqu'il aura fait toutes ses analyses avec ses experts. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Santos. M. le
député de Labelle, vous avez quelque chose à ajouter? Et
après, M. Drouin, si vous voulez compléter.
M. Léonard: Oui, deux questions de nature plus
précise. Vous êtes satisfait des valeurs inscrites au bilan quant
à l'achalandage et quant aux provisions pour les mauvaises
créances?
M. Santos (Humberto): Oui, on a évidemment
identifié des actifs mous, parce que, dans chaque vérification
intelligente, lorsque vous y regardez, vous allez toujours trouver des points
faibles. Je vous donne un exemple. Ça fait 25 ans que je suis dans les
banques, si je fais un prêt aujourd'hui et que, demain, vous rentrez dans
la même boîte et vous dites: Comment ça se fait que tu as
fait ce prêt-là? Donc, il y a des interprétations à
faire. Ce que j'aimerais vous dire, c'est que nous avons tenu compte, dans nos
calculs et dans notre résultat de propriété, de ces
possibilités-là.
M. Léonard: Bien, il y a possibilité que
l'achalandage se réduise de façon significative.
M. Santos (Humberto): L'achalandage, M. le député,
il est réellement...
M. Léonard: Bien, il y a 110 000 000$ au bilan...
M. Santos (Humberto): Oui.
M. Léonard: ...mais il y en a qui ont été
régularisés là, je ne sais pas jusqu'à quel point,
mais enfin...
M. Santos (Humberto): C'est ça, mais...
M. Léonard: Ça, c'est une question qui me chicote,
parce que...
M. Santos (Humberto): C'est sur 22 000 000 000$. C'est sur 22 000
000 000$. Donc, une «amortisation» à long terme qui n'est
pas réellement significative. Nous sommes réellement à
travailler avec des chiffres d'une amplitude... qui sont réellement
énormes. Je ne voudrais pas que vous me compreniez mal, mais 100 000 000
$, c'est réellement en comparaison avec 22 000 000 000 $.
M. Léonard: Je comprends, je comprends. C'est ça,
1992, au bilan de... c'est 110 000 000 $.
M. Santos (Humberto): C'est ça. Vous avez raison.
M. Léonard: Et les provisions pour mauvaises
créances aussi, 112 000 000 $, ça peut prendre plusieurs
années de profits pour racheter ça, si on fait des pertes
substantielles.
M. Santos (Humberto): C'est exact, mais nous croyons que les
actifs sont gérables et, dans un environnement qui commence à
être de plus en plus meilleur, je pense qu'on aura d'excellents
résultats, M. le député.
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous allons appeler le
préambule.
M. Léonard: M. Drouin voulait prendre la parole. Le
Président (M. Lemieux): Oui, M. Drouin.
M. Drouin (Jacques A.): Juste ajouter un très bref
commentaire à ce que M. Santos vient d'exposer avec beaucoup
d'éloquence. M. Santos, d'ailleurs, est l'inventeur de l'expression
«ouvrir son kimono», ce que nous avons fait réciproquement
pendant plusieurs mois, et nous avons également examiné
Desjardins de près. C'est sûr, parce que nos actionnaires Eaton et
Victoire gardent quand même 250 000 000 $ dans l'opération.
L'opération se finance parce que La Laurentienne Vie et nos actionnaires
institutionnels, évidemment, gardent leurs placements dans la nouvelle
société. Le Groupe Victoire est actionnaire chez nous depuis 25
ans, ils nous connaissent assez bien. Eaton, ils sont actionnaires chez nous
depuis 1987, ils nous connaissent très bien. La raison pour laquelle
vous avez deux options, C et D, dans les choix qui ont été
offerts aux actionnaires, c'est que le groupe Eaton, qui est un groupe canadien
qui nous connaît le mieux est celui qui a choisi d'investir en actions
ordinaires de la nouvelle société parce qu'il a confiance dans
l'avenir et dans les conclusions de l'analyse qui a été
effectuée. Je pense que, quand les gens ont leur... Eaton, c'est une
famille. Quand c'est leurs propres deniers qui sont en jeu dans une transaction
comme celle-là, non seulement souhaitaient-ils conserver leurs deniers
dans l'opération suite à l'analyse qui a été faite,
mais ils souhaitaient conserver leurs deniers sous forme d'actions ordinaires.
Et c'est un signe de confiance à distance de gens qui n'improvisent pas,
qui ne spéculent pas, comme ça a été
mentionné, mais qui connaissent très bien l'entreprise depuis
1987 pour l'avoir suivie trimestre par trimestre. Ils siègent à
notre conseil, deux représentants très compétents
siègent à notre conseil depuis toutes ces années.
Donc, je pense que ce sont là, évidemment, comme Mme la
ministre l'a dit... il n'y a pas de boule
de cristal, mais il y a certainement là des indices probants et
des gens qui mettent des deniers et des vrais dollars au risque pour l'avenir
et qui croient vraiment dans le projet que nous vous présentons ce
soir.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Alors, nous
appelons le préambule. Oui, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, j'aurais un papillon à
déposer au préambule, si vous me permettez.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Alors,
pouvez-vous faire la lecture de l'amendement?
M. Gautrin: M. le Président, simplement par mesure de
concordance, parce que nous sommes aujourd'hui le 2 décembre et que,
dans le préambule, on parle d'une assemblée qui aura lieu le 30
novembre et qui a eu lieu le 30 novembre, j'aimerais que le neuvième
attendu soit remplacé par le suivant: «Que le regroupement a
été approuvé par les administrateurs de la mutuelle de
gestion et ceux de l'ancienne Laurentienne vie lors de réunions tenues
le 9 novembre 1993, ainsi que par plus de quatre-vingt-dix pour cent des
membres de la mutuelle de gestion, présents ou représentés
par procuration, lors d'une assemblée extraordinaire dûment
convoquée et tenue le 30 novembre 1993;».
Je vous rappellerai qu'on a donc passé la date du 30 novembre, et
c'est pour être simplement en concordance avec ce qui s'est passé.
J'aimerais déposer formellement ce papillon, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Verdun. L'amendement est recevable. Est-ce que
l'amendement au neuvième alinéa est adopté, au
préambule? Adopté, M. le député de Westmount?
M. Holden: Adopté. M. Gautrin: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'ensemble du préambule est adopté tel qu'amendé?
M. Holden: Adopté. Le Président (M. Lemieux):
Adopté.
Ancienne Laurentienne vie et Laurentienne Vie
Nous passons maintenant à l'article 1. Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Une voix: Un instant.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez prendre le temps,
oui, pour le lire. Nous en sommes à l'article 1. Je sais, M. le
député de Verdun, que vous avez un amendement aux articles 2 et
4.
M. Gautrin: C'est ça.
M. Léonard: Je crois que c'est une question technique,
là. «Ancienne Laurentienne vie peut, par règlement qui ne
requiert que l'approbation des administrateurs...» C'est parce qu'il n'y
a plus de mutualistes là-dedans, c'est...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'on peut nous donner
une réponse?
M. Léonard: Comment c'est constitué?
Une voix: C'est parce que l'ancienne Laurentienne vie...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
pour les fins de l'enregistrement du Journal des débats?
M. Martineau (Yvon): Yvon Martineau, avocat, Martineau,
Walker.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Alors, nous vous
écoutons.
M. Martineau (Yvon): Alors, effectivement, l'approbation des
administrateurs sera nécessaire pour adopter un règlement qui
sera présenté au ministre pour fins de continuation en vertu du
régime qui est prévu dans la Loi sur les assurances. Les
mutualistes n'étant plus là, quand on fera l'acquisition de ces
actions, les administrateurs présenteront ce règlement au
ministre.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Est-ce que
ça vous va, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Bien, c'est parce que quand il dit «au
ministre»... C'est dans un article ultérieur où ça
requiert l'approbation...
M. Martineau (Yvon): Les articles 200.3 et 200.5, en vertu de
l'article 2 qui vient par la suite.
Le Président (M. Lemieux): Ça va? M.
Léonard: On le verra, là.
Le Président (M. Lemieux): L'article 1 est
adopté?
(Consultation)
Une voix: ...
Le Président (M. Lemieux): Un instant. Un instant, s'il
vous plaît. M. le député de Westmount, ça va?
L'article 1 est-il adopté? (22 h 10)
Une voix: ...
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous appelons
maintenant l'article 2. Je crois, M. le député de Verdun, que
vous avez un amendement.
M. Gautrin: M. le Président, j'aimerais déposer un
amendement à l'article 2, qui se lirait comme suit, parce qu'il y a
encore quelques petits avis qui doivent arriver. Donc, j'ajouterais,
après l'article 2, l'addition de l'alinéa suivant, qui se lirait:
«Toutefois, le règlement de continuation de l'ancienne
Laurentienne vie ne peut être confirmé qu'après avis de
l'Inspecteur général des institutions financières sur les
différents rapports reliés au regroupement proposé entre
les personnes morales contrôlées par la mutuelle de gestion et
certaines personnes morales contrôlées par la
Confédération».
M. Léonard: Ce n'est pas exactement le texte que vous avez
remis?
Une voix: Non, non...
M. Gautrin: ...
Le Président (M. Lemieux): Un instant.
Une voix: ...
Le Président (M. Lemieux): Un instant. Nous allons
suspendre...
M. Gautrin: Je me sers, M. le Président, c'est l'avis,
c'est...
Le Président (M. Lemieux): Un instant. Nous allons
suspendre deux minutes. Je pense qu'il y a un imbroglio juridique relativement
à l'amendement à l'article 2, ou bien je n'y comprends plus
rien.
M. Gautrin: Bien, moi non plus.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, nous
allons suspendre deux minutes afin que les juristes de M. l'Inspecteur se
consultent.
Une voix: Là, ça ne marche pas.
Le Président (M. Lemieux): Un instant. S'il vous
plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! Un instant. Nous
suspendons deux minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 12)
(Reprise à 22 h 43)
Le Président (M. Lemieux): Nous allons revenir tout
à l'heure à l'article 2. Alors, l'article 3. L'article 3 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Un instant. M. le
député de Westmount. Adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous appelons
l'article 4. Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous appelons
l'article 5.
M. Holden: M. le Président, est-ce que je dois comprendre
qu'on envisage d'autres compagnies d'assurance à l'avenir? On parle de
«Toute compagnie d'assurance qui, à la suite d'une ou de plusieurs
fusions, tire son existence de l'ancienne Laurentienne vie...» C'est
simplement une... Ce n'est pas une prédiction que je vois là,
c'est juste une possibilité qu'on veut... C'est-à-dire qu'on peut
incorporer d'autres compagnies sans revenir demander à
l'Assemblée nationale la permission? Ou...
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur, est-ce que
vous avez des commentaires relativement à l'article 5?
M. Bouchard (Jean-Marie): Non. C'est que les objets qui sont
prévus actuellement pour l'ancienne et la nouvelle compagnie d'assurance
sont prévus dans une loi privée. La loi privée va
être abrogée. Alors, comme l'ancienne Laurentienne vie, on a vu
tout à l'heure qu'elle était continuée, on lui rapatrie
ses pouvoirs dans sa loi, qui va être régie par la loi
générale. La nouvelle compagnie d'assurance La Laurentienne, qui
existe aussi par bill privé, par lettres patentes, on va lui redonner
les pouvoirs qu'elle avait, actuellement, dans la loi qui régit La
Laurentienne. Si, ultérieurement...
M. Holden: L'expression «tire son existence de»,
ça veut dire exactement quoi, ça?
M. Bouchard (Jean-Marie): Bon. Si, subsé-quemment,
l'ancienne ou la nouvelle compagnie se fusionne, on dit que les objets de la
compagnie qui fusionne se continuent dans la compagnie qui résulte de la
fusion. C'est ça que ça veut dire. C'est la continuation.
M. Holden: Mais on peut peut-être demander...
M. Martineau (Yvon): Voici, M. le Président, c'est parce
que les dispositions de l'article 5 de la loi qui concernent actuellement La
Laurentienne, corporation mutuelle de gestion et La Laurentienne Vie, compagnie
d'assurance prévoient des objets: «de pratiquer l'assurance et la
réassurance de personnes, conformément à la Loi sur les
assurances». On explique qu'«elles peuvent notamment faire des
contrats d'assurance sur la vie, contre les accidents». On explique
«d'indemnisation, de frais d'hospitalisation, médicaux,
chirurgicaux, de traitements dentaires» etc. À c, on parle
«de capitalisation ou de fonds d'amortissement» et à d,
«de rente». C'est pour permettre que ces deux
sociétés, quand elles se regroupent ici, puissent
bénéficier des mêmes objets.
M. Holden: Mais je pensais qu'on avait annulé l'existence
même de la mutuelle.
M. Martineau (Yvon): Oui, mais c'est parce que celle qui va
résulter, quand elle va être acquise par La société
financière Desjardins Laurentienne inc, on veut qu'elle
bénéficie des mêmes objets que l'ancienne Laurentienne vie
et Laurentienne Vie qui existe actuellement.
M. Holden: Alors, les objets dans la nouvelle compagnie vont
être les objets de l'ancienne vie, sauf que ça ne sera plus...
M. Martineau (Yvon): Que Laurentienne Vie. M. Holden:
...ce sera une action à capital...
M. Martineau (Yvon): Une compagnie d'assurance à
capital-actions, continuée sous le nouveau régime, sous la Loi
sur les assurances.
M. Holden: Et les objets sont les objets normaux d'une compagnie
d'assurance normale?
M. Martineau (Yvon): Qui sont prévus ici. Oui.
(Consultation)
M. Holden: C'est adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, adopté, l'article
5.
M. Holden: On peut revenir à l'article 2, si vous
voulez.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons revenir à
l'article 2.
(Consultation)
M. Gautrin: M. le Président, il me fait plaisir de vouloir
amender l'article 2, en ajoutant, après l'article 2, l'alinéa
suivant: «Toutefois, le règlement de continuation de l'ancienne
Laurentienne vie ne peut être confirmé par le ministre
qu'après avoir pris avis de l'Inspecteur général des
institutions financières sur les différents rapports
reliés au regroupement proposé entre les personnes morales
contrôlées par la mutuelle de gestion et certaines personnes
morales contrôlées par La Confédération.»
Je relis. Il s'agit d'ajouter un alinéa après l'article 2:
«Toutefois, le règlement de continuation de l'ancienne
Laurentienne vie ne peut être confirmé par le ministre le
ou la, le ministre, si vous voulez qu'après avoir pris avis de
l'Inspecteur général des institutions financières sur les
différents rapports reliés au regroupement proposé entre
les personnes morales contrôlées par la mutuelle de gestion et
certaines personnes morales contrôlées par La
Confédération».
M. le Président, je vous dépose cet amendement.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'amendement est
recevable.
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Holden: M. le Président, j'ai un sous-amendement.
..
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais avant d'en arriver
à votre... nous allons débattre de l'amendement qui nous est
présenté pour, par après, avoir... Ce n'est pas un
sous-amendement, vous ajoutez un alinéa, ce qui est un différent
d'un sous-amendement à l'amendement qui m'est présenté par
le député de Verdun. Alors, nous allons débattre de
l'amendement, et par après, nous allons revenir à l'alinéa
ou au nouvel amendement que vous voulez apporter. Alors, dans ce
sens-là, est-ce que l'amendement est adopté?
Une voix: Un instant.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Labelle.
M. Léonard: Alors, on change quand même les choses
de façon assez importante, parce que... Quel est le rôle de...
Ça remet en cause le rôle de l'Inspecteur général ou
pas?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, sur votre amendement.
M. Gautrin: M. le Président, dans la loi
générale...
M. Léonard: Bien, écoutez... M. Gautrin:
Pardon?
M. Léonard: Bien, disons que, pour m'expli-quer davantage,
l'Inspecteur général a un pouvoir d'examen, indépendamment
de la ministre. Il ne fait pas de... Il peut faire des recommandations à
la ministre dans certaines occasions, mais c'est ça qu'on veut vraiment
ici, alors que, dans son rôle ordinaire, ce n'est pas comme ça que
ça procède, il me semble. Il a une certaine autonomie
d'action.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, l'amendement qui est
déposé ne remet aucunement en question l'autonomie d'action de
l'Inspecteur général. L'amendement précise que, la
ministre, pour pouvoir passer le règlement de continuation de l'ancienne
Laurentienne vie, elle doit prendre avis de l'Inspecteur général.
(22 h 50)
M. Léonard: Ah. C'est juste dans ce cas
spécifique?
M. Garon: Non, ce n'est pas ça qui est dit. Le
Président (M. Lemieux): Et non. M. Gautrin: Je m'excuse,
c'est ça qui est dit. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Ce n'est pas ça qui est dit. Ce n'est pas
«avis», c'est «se soit déclaré
satisfait».
M. Gautrin: Je m'excuse...
M. Garon: Ce n'est pas la même chose. Prendre avis,
ça veut dire que la ministre peut faire ce qu'elle veut.
M. Gautrin: Je suis désolé...
M. Garon: Ce n'est pas ça qui est marqué ici.
M. Gautrin: M. le député de Lévis, vous
n'avez pas écouté. Avec tout le respect que je vous dois, je
répète...
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Verdun, voulez-vous reprendre.
M. Garon: Écoutez, vous avez dit: «prendre
avis».
M. Gautrin: Vous n'avez pas écouté. Si vous me
permettez, je relis. Vous pouvez faire vérifier dans les galées
ce qui a été dit et ce qui a été
déposé, à l'heure actuelle. Ce qui a été
déposé, c'est: «Toutefois, le règlement de
continuation de l'ancienne Laurentienne vie ne peut être confirmé
par le ministre qu'après» que...
M. Léonard: «...qu'après avoir pris avis de
l'Inspecteur général...»
M. Gautrin: «...qu'après avoir pris avis de
l'Inspecteur général des institutions financières
sur...»
M. Léonard: Ce n'est pas du tout la même chose.
M. Garon: Bien, ce n'est pas ça qu'on a, là. M.
Gautrin: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): «...sur les
différents rapports».
M. Gautrin: C'est ce qui vous a été donné,
après que j'aie déposé mon amendement, M. le
Président.
M. Garon: Bien, celui que j'ai à la dactylo, ce n'est pas
ça qu'il dit.
M. Gautrin: Bien oui, mais vous avez eu un texte qui
n'était pas conforme.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député de Lévis, sur l'amendement.
M. Garon: Moi, je vais vous dire bien franchement, là...
Je vois clair, là...
Le Président (M. Lemieux): Ça, je n'en doute
pas.
M. Garon: II y a des petites affaires, des petites marques, au
côté, que je ne suis pas capable de lire. Je vais vous le dire
bien franchement. Mais c'est marqué: «qu'après que
l'Inspecteur général des institutions financières se soit
déclaré satisfait des différentes...» Là, il
semble que c'est barré, mais je vais vous dire que, sur la mienne, il
faut le deviner que c'est barré. Ce n'est pas vraiment
barré...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous...
M. Garon: Puis, les autres mots, on ne les voit pas.
M. Gautrin: Est-ce qu'on peut ajuster vos lunettes...
M. Garon: Comment ça? Non, j'aimerais ça avoir
un...
M. Gautrin: ...ou avoir quelque chose pour vous permettre...
Le Président (M. Lemieux): Non, je pense que...
M. Garon: .. .texte correct.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis a entièrement raison. Voulez-vous lui donner un texte qui
est correct, s'il vous plaît. Effectivement, on a biffé «se
soit déclaré satisfait» pour être remplacé par
«avoir pris avis de la ministre sur les différents rapports
reliés». Alors, on a biffé une partie du texte que M. le
député de Lévis n'a pas. Il a raison de nous dire
qu'effectivement il ne comprend pas.
M. Gautrin: Je ne sais pas ce que M. le député de
Lévis a...
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais, son droit...
M. Gautrin: Je vous ai lu un texte, et je vous en ai
déposé copie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Une seule copie, que j'ai en ma
possession.
M. Gautrin: Alors, je vous le dépose formellement.
À vous de faire des photocopies, si vous voulez.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Verdun.
M. Garon: Ah, on serait mieux d'en avoir... (Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Sur l'amendement, M. le
député de Labelle. M. le député de Labelle, nous
sommes prêts à voiis écouter sur l'amendement du
député de Verdun.
M. Léonard: M. le Président, mes premières
observations demeurent. Par le sous-amendement ou, en tout cas, le
libellé qui nous a été transmis... Je ne sais pas si on
l'appelle un sous-amendement ou un amendement.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement. Nous sommes
à l'amendement et l'amendement du député de Verdun.
M. Léonard: Le rôle de l'Inspecteur
général, c'est de se satisfaire de certaines conditions...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: ...puis, lorsque c'est fait, le tout est
autorisé. Je pense que c'est dans le sens de l'économie de nos
lois, en ce qui concerne les affaires, où le gouvernement ne s'immisce
pas dans les relations entre les uns et les autres et les partenaires de
différentes transactions, à condition que certaines conditions
soient respectées. En le faisant ici, on donne une discrétion
à la ministre sur un avis de l'Inspecteur général.
Ça change complètement l'économie de nos lois sur les
institutions financières. Je maintiens ça. Alors, je serais
plutôt d'avis qu'on doive nous en tenir à la première
rédaction de l'amendement.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le... Mais la
première...
M. Léonard: Alors, la première
rédaction...
Le Président (M. Lemieux): ...il faudrait qu'elle soit
déposée. Elle n'a jamais été déposée.
Il faudrait qu'elle soit déposée.
M. Léonard: Je peux bien vous la déposer, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, si je comprends bien,
vous me déposez, dans un premier temps, un amendement à l'article
2, qui se lirait comme...
M. Léonard: «Toutefois, le règlement de
continuation de l'ancienne Laurentienne vie ne peut être confirmé
qu'après que l'Inspecteur général des institutions
financières se soit déclaré satisfait des
différents rapports reliés au regroupement proposé entre
les personnes morales contrôlées par la mutuelle de gestion et
certaines personnes morales contrôlées par la
Confédération.»
Le Président (M. Lemieux): Maintenant, l'amendement est
recevable. Est-ce que l'amendement est...
M. Léonard: Appuyé?
Le Président (M. Lemieux): ...adopté? L'amendement
est-il adopté? Vous voulez nous présenter...
M. Gautrin: M. le Président, écoutez un
instant.
Le Président (M. Lemieux): C'est parce que...
Écoutez bien, M. le député de Verdun, j'ai un amendement
qui est déposé par le député de Labelle. J'ai,
à l'intérieur de cet amendement, qui est déposé par
le député de Labelle, un amendement que vous m'aviez
déjà fait. Il faudrait que vous retiriez votre amendement pour
nous proposer le sous-amendement dont vous faites état.
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député...
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président, il y a une chose
que je ne comprends pas en termes de procédure.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gautrin: J'ai déposé un amendement, qui est
actuellement sur la table, et que vous avez jugé rece-vable.
Le Président (M. Lemieux): C'est vrai.
M. Gautrin: Maintenant, le député de Labelle n'est
pas d'accord avec la teneur de l'amendement. Il voudrait une autre
rédaction. Je lui laisse la liberté de vouloir sa nouvelle
rédaction, et nous allons plaider sur...
Le Président (M. Lemieux): Débattons de votre
amendement, qui a été déposé, et le
député de Labelle reviendra avec son amendement, si votre
amendement est vous n'avez pas le droit d'intervenir, s'il vous
plaît recevable. Alors, nous allons débattre
immédiatement de votre amendement. Je vous écoute, sur votre
amendement.
M. Gautrin: M. le Président, sur l'amendement. Il me
semble important, compte tenu des rapports qui peuvent survenir, que la
ministre puisse, avant de donner son accord définitif au projet de loi,
recevoir ou reçoive l'avis de l'Inspecteur général des
institutions financières. C'est le but, à l'heure actuelle, de
l'amendement qui est proposé.
Je ne vois pas réellement, à l'heure actuelle, si j'ai
besoin de plaider longtemps. Ceux qui voudraient battre cet amendement
interviendraient quant à l'effet qu'il n'y a pas de raison, à ce
moment-là, que l'avis soit reçu. Je pense qu'il est sain, avant
que la ministre puisse prendre une telle décision, qu'elle prenne avis
de l'Inspecteur général des institutions financières.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Verdun. Sur l'amendement du député de
Verdun, M. le député de Labelle. Votre amendement n'ayant jamais
été...
M. Léonard: M. le Président, je vais juste vous
poser une question.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: Disons que son amendement est reçu,
est-ce que je peux l'amender après?
M. Gautrin: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez effectivement
l'amender, en sous-amendement, oui.
M. Léonard: Proposer un autre amendement, un
sous-amendement?
M. Gautrin: Un sous-amendement.
Le Président (M. Lemieux): Un sous-amendement.
M. Garon: Pour corriger les erreurs qu'il y a dedans!
M. Léonard: Pour corriger les erreurs qu'il y a dans
l'amendement!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
Une voix: Mais il faut disposer du sous-amendement avant
l'amendement.
M. Gautrin: Et on va disposer du sous-amendement.
M. Léonard: Ah, bon! Alors, dans ce cas-là, je vais
proposer un sous-amendement à l'amendement du député de
Verdun.
M. Gautrin: C'est ça qu'il faut faire.
Le Président (M. Lemieux): Oui, alors, je vous
écoute.
M. Gautrin: Bien sûr, c'est ça qu'il doit faire.
M. Léonard: Nous sommes en train de le...
Le Président (M. Lemieux): Alors, rédigez-le. (23
heures)
M. Gautrin: Alors, est-ce qu'on...
M. Léonard: Bien, écoutez, le résultat sera
qu'on reviendra à la première rédaction. Mais, M. le
Président, il faudrait rayer, par exemple, à la fin de la
deuxième ligne, je vais vous... Quelqu'un est en train de le
rédiger formellement.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Vous allez me permettre
d'attendre la rédaction, M. le député de Labelle.
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Lemieux): O.K., s'il vous plaît,
parce que j'ai un amendement. Nous allons débattre, avant de
débattre de cet amendement, de votre sous-amendement.
M. Léonard: O.K. Correct. Alors, il faut le
rédiger.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Il faut absolument le
rédiger, parce que, sans ça... Pour avoir une meilleure
compréhension...
M. Gautrin: Alors, on doit suspendre actuellement?
M. Léonard: C'est ça que ça veut dire.
M. Gautrin: Ou est-ce qu'on peut faire les articles 6 et 7,
déjà?
Le Président (M. Lemieux): Nous pouvons passer...
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...à l'article 6.
Cessions de contrôle et dispositions
accessoires
Je vais appeler l'article 6.
M. Léonard: Oui. En attendant, O.K., on suspend.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
(Consultation)
M. Holden: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Holden: Non. L'article 471 de la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit dit quoi, exactement?
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général.
M. Bouchard (Jean-Marie): II dit que, lorsque le Mouvement
Desjardins détient déjà un holding... parce que, dans la
Loi sur les caisses d'épargne et de crédit, le Mouvement
Desjardins ne peut posséder que quatre holdings.
M. Holden: Quatre quoi?
M. Bouchard (Jean-Marie): Quatre holdings, quatre corporations de
gestion.
M. Holden: Ah, oui!
M. Bouchard (Jean-Marie): C'est ça, et chacun dans leur
spécialité: un financier, commercial et ainsi de suite. Il est
prévu que, dans ces corporations de gestion, il y a seulement des
activités qui sont permises, pour éviter de mélanger les
genres dans les corporations de gestion. Dans le cas des paragraphes sur les
corporations de gestion financière, on prévoit qu'une des
corporations de gestion peut avoir une autre corporation de gestion, parce
que... Par exemple, dans le cas de Desjardins, ils avaient la
Société financière des caisses Desjardins inc, qui
détenait Trustco Desjardins inc. qui, lui, détenait un trust et
une autre compagnie. Alors, c'est pour permettre deux niveaux de holding.
M. Holden: Mais l'autorisation, ça se fait chez vous?
M. Bouchard (Jean-Marie): Non, non. Là, ici,
l'autorisation, elle se donne par la loi, directement.
M. Garon: Ça serait par l'article 6.
M. Bouchard (Jean-Marie): C'est l'article 6 qui la donne, c'est
l'Assemblée nationale qui la donne.
M. Garon: Premier paragraphe.
M. Bouchard (Jean-Marie): C'est ça.
M. Holden: Non, non, mais je veux dire... Normalement,
l'autorisation prévue dans l'article, ça vient de vous?
Mme Robic: Elle n'a pas le droit.
M. Holden: Oui, mais on parle d'une...
M. Bouchard (Jean-Marie): Non, non.
Mme Robic: Elle n'a pas l'autorisation. On lui donne,
là.
M. Holden: ...autorisation prévue. Alors, qu'est-ce qu'il
y a de prévu dans l'article?
M. Bouchard (Jean-Marie): Elle le serait par la ministre, mais le
deuxième alinéa dit que ce n est pas requis. Ce n'est pas requis.
Normalement, la ministre devrait l'approuver.
M. Holden: Ce n'est pas requis, mais je voudrais savoir.
M. Bouchard (Jean-Marie): Ce serait la ministre.
M. Holden: Dans la loi, c'est qui?
M. Bouchard (Jean-Marie): La ministre.
Mme Robic: La loi, c'est la ministre.
M. Holden: La ministre. Bon! C'est ça, la question.
Le Président (M. Lemieux): Alors, adopté, l'article
6?
M. Gautrin: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
M. Holden: Non, non, c'est une autre protection qui est
bafouée.
Le Président (M. Lemieux): Alors, adopté. M.
Garon: N'allons pas trop vite, là.
Le Président (M. Lemieux): Non, non.
M. Garon: On parle qu'on est dans une affaire de 75 000 000 000
$.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais, j'ai...
M. Garon: Bien, allons donc au rythme de 75 000 000 000 $.
Là, on va à peu près au rythme des
«popsicles». Hein?
Le Président (M. Lemieux): Non. Je m'excuse, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Oui, oui. Bien, il faut prendre le temps qu'il
faut.
Le Président (M. Lemieux): J'ai demandé à M.
le député de Westmount s'il était d'accord. J'ai
regardé M. le député de Labelle. Vous discutiez avec M. le
député de Westmount.
M. Garon: Bien oui, mais...
Le Président (M. Lemieux): J'ai demandé si
c'était adopté. On m'a dit oui.
M. Garon: Attendez un peu! On n'est pas...
Le Président (M. Lemieux): Non, pas vous, mais M. le
député de Westmount.
M. Léonard: C'est Monsieur... C'est le
député de Westmount qui est le porteur du dossier.
Le Président (M. Lemieux): Alors, c'est le critique. C'est
lui, le porteur du dossier. Ce n'est pas le député de
Lévis.
M. Holden: M. le député de Lévis a
peut-être une question.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je n'ai pas d'objection,
si M. le député de Lévis a une question.
(Consultation)
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Bon! Adopté. Alors, nous
passons maintenant à l'article 7.
Mme Robic: À 7... 8, M. le Président. M.
Gautrin: À l'article 7, M. le...
Le Président (M. Lemieux): Oui. Nous sommes à
l'article 7. C'est bien ce que j'ai dit. Nous sommes à l'article 7. M.
l'Inspecteur, est-ce qu'il y a des explications à donner relativement
à l'article 7? Avez-vous des commentaires, des explications d'ordre
général? Ce serait peut-être intéressant.
M. Bouchard (Jean-Marie): Évidemment, c'est technique. Je
vous comprends, c'est un projet de loi qui est très technique, qui n'est
pas facile à comprendre. Alors...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Bouchard (Jean-Marie): À l'article 6, on vient de voir
que La société financière des caisses Desjardins inc, qui
existe déjà et si vous vous référez au
tableau, vous allez pouvoir me suivre on a vu à l'article 6
qu'elle pouvait acquérir La société financière
Desjardins Laurentienne inc. Donc, l'article 471 prévoyait que, pour
faire ça, ça requérait l'autorisation de la ministre.
Là, la loi le dit, c'est la loi qui l'autorise directement, cette
première transaction-là. L'article 7 continue dans la même
veine, parce que La société financière Desjardins, qui est
la nouvelle corporation créée, et qui va faire l'offre publique,
qui a fait l'offre publique pour acquérir, on lui dit: elle peut
acquérir les filiales qui étaient détenues par sa
mère.
Si vous regardez dans le tableau, La société
financière des caisses, en haut; vous avez, en bas, La
société financière Desjardins. Vous allez de chaque
côté: au bas, à gauche, Trustco Desjardins, et vous avez La
société de portefeuille du Groupe Desjardins et Assurance-vie
Desjardins. Donc, les filiales de l'ancienne société
financière des caisses Desjardins sont ramenées à un
niveau au-dessous de La société financière Desjardins
Laurentienne. L'article 471, évidemment, ne permettait pas ça
sans l'autorisation de la ministre. On permet de créer plus de deux
niveaux, parce que vous allez voir que, là, on est à trois
niveaux; la loi prévoyait deux niveaux.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je fais
référence actuellement au document qui a été
déposé par... Je pense que c'était M. Béland ou M.
Drouin, ce matin. Dans le document, lorsqu'on parlait de Trustco Desjardins, en
page 2, il y avait une participation du public. La participation du public,
lorsque je vois le diagramme en page 3, qui a été
déposé, semble avoir disparu.
Alors, j'aimerais savoir ce qui arrive avec les participations du public
dans Trustco Desjardins. Je fais référence, monsieur, aux deux
documents que vous avez déposés ce matin: le diagramme actuel et
le diagramme de La société financière Desjardins
Laurentienne.
Le Président (M. Lemieux): M. Santos, oui.
M. Santos (Humberto): Merci, M. le Président. En effet, M.
le député, il y a à peu près un mois et demi, deux
mois, le Mouvement Desjardins a lancé une offre publique pour acheter le
public. Nous avons en effet privatisé. Il y a eu 90,4 % des actions qui
ont été déposées, et nous avons fait, selon les
lois sur les valeurs mobilières, une expropriation du restant. Donc,
à ce moment-ci, il n'y a plus de public du côté de
Trustco.
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Verdun. Est-ce que, maintenant, l'article 7 est
adopté?
M. Gautrin: Adopté, M. le Président.
M. Holden: Attendez, M. le Président. Dans votre
explication, M. l'Inspecteur général, vous avez traité de
la question de l'enregistrement d'un transfert d'actions. Pouvez-vous
expliquer...
M. Bouchard (Jean-Marie): Aux articles 43 et 69?
M. Holden: Normalement, l'exemption, c'est pour quelle raison?
L'exemption de...
M. Bouchard (Jean-Marie): L'exemption, ici, à 471, dans le
tableau, d'une part, ça prendrait l'autorisation de la ministre pour
deux niveaux. Or, il y a trois niveaux créés, dès le
moment que La société financière Desjardins acquiert.
Donc, première exemption: créer trois niveaux.
Deuxièmement, l'autorisation de la ministre est remplacée par
l'autorisation de la loi. Troisièmement, dans la loi, tant des fiducies
que des assurances, il est prévu que, lorsqu'il y a transfert d'actions,
de contrôle parce qu'il y a transfert de contrôle d'une
institution financière même à l'intérieur
d'un conglomérat, ça requiert l'approbation de la ministre.
Ça, c'est les articles 43 et 69 qui sont écartés, parce
qu'on dit que la loi autorise déjà l'approbation, le transfert de
ces actions-là à l'intérieur du holding. Comme les
transactions doivent se faire dans un seul temps, c'est pour éviter de
revenir avec des transactions alors qu'elles sont déjà
approuvées. Si on approuve la transaction, on le fait dans la loi
même.
M. Léonard: Ça ne pose pas de problème de
suivi administratif par la suite?
M. Bouchard (Jean-Marie): Pas du tout. M. Léonard:
O.K.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Westmount? Adopté?
M. Holden: Adopté.
(23 h 10)
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous passons
maintenant à l'article 8. Est-ce que vous avez des commentaires, M.
l'Inspecteur général, l'article 8?
M. Bouchard (Jean-Marie): C'est le même effet. Comme
l'Assurance-vie Desjardins, qui était détenue autrefois par La
société financière, change de contrôle, alors,
maintenant ça requiert normalement l'autorisation de la ministre. La loi
dit tout de suite que ça peut se faire.
M. Holden: En fait, si on avait fait toutes ces
transactions-là individuellement à d'autres dates, on aurait
requis des avis. O.K.
M. Bouchard (Jean-Marie): C'est ça.
Mme Robic: Une signature de la ministre.
Le Président (M. Lemieux): Adopté, M. le
député de Westmount?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous appelons
maintenant l'article 9. Vous avez des commentaires, M. l'Inspecteur,
relativement à l'article 9?
M. Bouchard (Jean-Marie): Bon. L'article 9, ça c'est
l'article qui donne effet... Il y a beaucoup de matière dans l'article
9. Ça, c'est l'article qui donne effet à l'OPA. Au premier
alinéa, vous avez: «La société financière
Desjardins Laurentienne inc. qui est la nouvelle peut
acquérir des actions de La Corpo...» C'est ici qu'on vient couper
le lien qui existait dans la loi, parce que les actions de la corpo
étaient détenues par l'ancienne Laurentienne. Il était
prévu, dans la loi, que l'ancienne Laurentienne, vous vous rappelez,
là, contrôlait. Ça a pour effet de lui conférer le
contrôle. En acquérant La Corporation du Groupe La Laurentienne...
Si vous vous référez encore une fois au diagramme, vous voyez que
471 doit être écarté, parce que La Corporation du Groupe La
Laurentienne est au troisième niveau. Comme la loi prévoit deux
niveaux seulement, ça prenait l'autorisation de la loi pour créer
un troisième niveau.
M. Holden: Quelle est la raison, en arrière, de ne pas
permettre le troisième niveau, à l'origine de la loi, je veux
dire?
M. Bouchard (Jean-Marie): L'origine, au tout début,
l'idée, c'était que... D'abord, dans l'économie
générale de la Loi sur les caisses d'épargne et de
crédit, les fédérations et les caisses ne peuvent pas
acquérir des actions qui sont déjà détenues par un
holding qui appartient à la Confédération,
premièrement. Deuxièmement, l'idée, c'était que,
seule la Confédération, au niveau de ses holdings, puisse
contrôler les placements au niveau des institutions qui étaient
les filiales du Mouvement. Mais, dans certains cas, il a été
démontré, surtout dans le cas des institutions
financières, qu'il pouvait être intéressant d'avoir un
sous-holding, comme dans le cas de Trustco Desjardins, par exemple, parce que
la capitalisation se faisait à ce niveau-là. Il y avait des
actions publiques, comme on vient de le voir, qui ont été
rachetées, et qui détenaient Fiducie Desjardins et Crédit
industriel Desjardins inc.
M. Holden: Puis, là, on permet ça uniquement dans
ces transactions-là?
M. Bouchard (Jean-Marie): Exactement.
M. Holden: Ou est-ce que ça va devenir chose commune,
à l'avenir?
M. Bouchard (Jean-Marie): Non. C'est un cas spécifique, et
vous allez voir que c'est uniquement... On dit qu'elle peut acquérir La
Corporation du Groupe. Maintenant, là, tout va dépendre de ce que
Desjardins va faire. Il n'est pas du tout certain que Desjardins va conserver
La Corporation du Groupe comme telle. Elle peut peut-être la fusionner
avec la Société financière Desjardins Laurentienne, puis
éviter un niveau. Elle peut très bien le faire, ça. On ne
le sait pas, ce qu'elle va faire dans l'avenir.
M. Garon: Ça serait de la synergie.
M. Bouchard (Jean-Marie): Bien, si c'était ça,
ça ne serait pas de la synergie. Ça serait, à mon avis,
simplement...
M. Garon: Nationalisation. Une voix: De la
réorganisation.
M. Bouchard (Jean-Marie): ...un nettoyage corporatif. Le
deuxième alinéa est important. Pourquoi? Parce que, toujours, en
vertu de l'article 471, toujours... Normalement, des participations
minoritaires doivent être autorisées par la ministre. Or, dans La
Corporation du Groupe La Laurentienne, il y en a des participations
minoritaires. Donc, en acceptant en bloc ce qu'il y a là, il faut les
confirmer. Puis, au lieu d'aller requérir l'approbation de la ministre,
bien la loi dit qu'ils peuvent conserver les placements.
Le troisième alinéa, c'est un alinéa très
important. C'est que, comme je viens de vous le dire, la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit ne permettait pas au Mouvement Desjardins
de faire n'importe quel placement. Les sociétés de portefeuille
étaient des sociétés de portefeuille
spécialisées, et dans chacune des catégories, il y avait
des activités qui étaient permises. Par exemple, la
catégorie 1, c'étaient seulement des actions d'une banque,
fiducie, fonds mutuels, courtiers, conseillers en valeurs. Un exemple. Dans La
Corporation du Groupe La Laurentienne, vous n'avez pas des dispositions
semblables, de telle sorte que, dans leur groupe, vous avez des
mélanges, dans des sociétés de portefeuille, de genres qui
ne sont pas permis dans la Loi sur les caisses d'épargne et de
crédit. Si cet alinéa-là n'était pas là,
Desjardins pourrait conserver ce mélange, qui irait à rencontre
de la loi, article 471. Alors, on lui dit: Non, vous allez faire le
ménage, et vous avez cinq ans pour vous départir des placements
qui, autrement, seraient illégaux en vertu de l'article 471.
M. Holden: II n'y a pas quelque chose dans la loi
fédérale qui s'applique à La Laurentienne avec un
délai...
Mme Robic: À La Laurentienne Vie? M. Holden: Non,
à la Banque. Mme Robic: À la Banque?
M. Bouchard (Jean-Marie): La Banque. Mais ça, c'est
l'autorisation du Surintendant fédéral. Ça, c'est une
autre chose.
M. Holden: Oui. Là, ils sont en train de régler
ça ailleurs. Et le dernier paragraphe?
M. Bouchard (Jean-Marie): C'est le même, parce que,
évidemment, en acquérant tout le groupe, La Corporation du Groupe
La Laurentienne, il y a aussi un changement de contrôle pour des
compagnies d'assurances et des compagnies de fiducie, et ça requiert
l'autorisation de la ministre. C'est la loi qui, d'avance, permet l'acquisition
de toutes ces compagnies.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui, sur le troisième paragraphe,
«des actions de personnes morales autres que...» Est-ce que vous
pouvez nous dire, nous donner un ordre de grandeur des valeurs qu'il y a
là-dedans?
M. Bouchard (Jean-Marie): Les valeurs?
M. Léonard: Oui. Il y a quoi, là? Combien de
millions là-dedans? C'est important ou ce n'est pas important?
M. Bouchard (Jean-Marie): Ce n'est pas
important. Il n'y en a pas beaucoup. C'est parce que, pour me
comprendre...
M. Léonard: Relativement, j'entends.
M. Bouchard (Jean-Marie): ...parce que, dans le diagramme que
vous avez, Desjardins va avoir 52 compagnies. Alors, ce n'est pas facile de se
comprendre. Le troisième alinéa viserait des compagnies que vous
avez... Comipar, où ils détiennent très peu. Vous avez
Corporation immobilière Margil Laurentienne et une compagnie qui
s'appelle Job Profit. Je n'ai jamais su ce que c'était. Il pourrait vous
le dire, expliquer ce que c'est, Job Profit.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous êtes en
mesure de nous donner l'information?
Une voix: Job Profit, c'est une compagnie britannique.
M. Drouin (Jacques A.): Ah! oui, il n'y a plus rien
là-dedans. C'est une ancienne société immobilière
qui n'a plus d'actif.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Merci. M. le
député de Labelle, oui.
M. Léonard: Bien, on n'a pas encore l'ordre de grandeur.
Donc, ce n'est pas important.
Le Président (M. Lemieux): Êtes-vous en mesure de
nous donner cet ordre de grandeur? Pour répondre à question du
député de Labelle.
M. Léonard: II y a 10 000 000$, il y a 100 000 000 $ ou il
y a 300 000 000 $?
M. Drouin (Jacques A.): Dans le total ou dans la petite filiale
dont on a parlé tout à l'heure?
M. Léonard: Non, non, dans le total. La Corporation du
Groupe La Laurentienne doit se départir, dans un délai...
M. Drouin (Jacques A.): 10 000 000 $.
M. Léonard: ...d'au plus cinq ans, des actions de
personnes morales autres que celles exerçant les activités...
M. Drouin (Jacques A.): On me dit que ça représente
environ 10 000 000 $ à 11 000 000 $.
M. Léonard: Ah! bon. O.K. Cinq ans, ça
n'entraînera pas de pertes importantes. Il n'y a pas
nécessité d'avoir une provision...
M. Bouchard (Jean-Marie): Non, mais vous remarquerez que...
Lorsqu'on dit qu'elle doit se départir des actions de personnes morales,
«départir» a un sens. C'est qu'ils peuvent très bien
régulariser la situation en les transférant dans des
sociétés de gestion permises par leurs lois.
M. Léonard: Ah! O.K.
M. Bouchard (Jean-Marie): Alors, on ne va pas leur faire faire
des pertes inutiles et vendre à perte, pertes de feu.
M. Léonard: C'est ça. Correct.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Labelle? M. le député de Westmount,
est-ce que vous avez...
M. Holden: Et le dernier paragraphe, c'est pour...
Le Président (M. Lemieux): Oui, le dernier
paragraphe...
M. Holden: ...l'accord du ministre.
Le Président (M. Lemieux): ...l'accord du ministre.
Mme Robic: L'accord.
Le Président (M. Lemieux): Oui, encore. L'article 9 est
donc adopté. Nous passons à l'article 10. Vous avez des
commentaires, M. l'Inspecteur, relativement à l'article 10?
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui, c'est une question technique.
C'est que, dans la Loi sur les assurances, on interdit à un assureur
d'investir dans une corporation qui est affiliée à un assureur.
Alors, évidemment, ici, il va y avoir une interdiction qui serait
autrement applicable. Pourquoi? Parce que l'ancienne Laurentienne, qui va
être détenue par la Société financière des
caisses Desjardins va remplacer son placement qu'elle avait dans la Corporation
du Groupe La Laurentienne par des titres de créance, des actions
ordinaires et des actions privilégiées dans le nouveau holding
Desjardins, ce qui serait interdit par l'article 285.21, parce qu'elle serait
affiliée au groupe.
M. Holden: Combien de fois on donne des exemptions pour finaliser
cette transaction? Combien d'exemptions à la loi, comme celle-là,
qu'on doit faire?
M. Bouchard (Jean-Marie): Elles sont toutes là. Il n'y en
a pas d'autres que celles dans la loi. (23 h 20)
Mme Robic: C'est ce que fait le projet de loi, dans le fond.
M. Holden: Je ne parle pas d'avis de la ministre, mais des
exemptions sérieuses. Normalement, ce serait une...
M. Bouchard (Jean-Marie): Interdiction.
M. Holden: ...prohibition. Est-ce que ça s'est fait
ailleurs ou...
M. Bouchard (Jean-Marie): Non, non, non. Non, c'est interdit par
la Loi sur les assurances. Ils ne peuvent pas le faire.
M. Holden: Vous n'avez jamais autorisé ça dans une
autre loi?
M. Bouchard (Jean-Marie): On ne peut pas l'interdire, parce que,
dans la Loi sur les assurances, lorsqu'un placement est fait en contravention
de la Loi sur les assurances, l'Inspecteur le déduit sur le capital.
M. Holden: Non, non, mais je parle d'autres lois spéciales
que...
M. Bouchard (Jean-Marie): Non, non.
M. Holden: C'est la première fois que vous
autorisez...
M. Bouchard (Jean-Marie): Une loi de cette nature-là, qui
met de côté des lois générales, c'est la plus
spécifique.
M. Holden: ...une telle transaction. M. Bouchard (Jean-Marie):
Oui.
M. Holden: Dans l'optique de votre ministère et de votre
organisation, est-ce que cette transaction est telle que vous étiez
obligé de faire beaucoup de compromis pour finaliser cette transaction,
pour rédiger cette loi spéciale?
M. Bouchard (Jean-Marie): Les compromis sont ceux qui sont
énumérés dans la loi et...
M. Holden: Je comprends, mais est-ce que cela vous a
été difficile? Est-ce que ça vous a pris beaucoup de
négociations ou...
M. Bouchard (Jean-Marie): Ah, bien, écoutez... Lorsqu'on
négocie... Vous savez, le Mouvement Desjardins était en demande,
et on n'a pas accordé au Mouvement Desjardins tout ce qu'il a
demandé. Alors, ce que vous avez devant vous, c'était ce qu'on
considérait comme étant uniquement requis avec des clauses
comme... Par exemple, la clause dont je vous ai fait mention, qu'elle doit se
départir dans les cinq ans. Ce n'est pas Desjardins qui a demandé
ça, là, c'est...
M. Holden: Vous avez imposé ça.
M. Bouchard (Jean-Marie): En plusieurs endroits, bien
sûr.
M. Garon: Et pourquoi?
M. Bouchard (Jean-Marie): Pour la protection du public.
Autrement, on va dire: On fait une transaction, puis acquérez... Puis,
ne respectez pas les lois, puis...
M. Garon: Mais, dans les cinq ans, vous avez dit qu'il a le droit
de vendre à une autre de ses filiales. Quelle différence
ça fait?
M. Gautrin: II a pris la parole.
Mme Robic: Ah bien non. Ce n'est pas ça qu'il a dit. Il va
le replacer où il appartient dans la structure de l'entreprise.
M. Léonard: II peut le replacer, il n'est pas
obligé de le vendre.
Mme Robic: Pas besoin de le vendre. M. Garon: Oui.
Mme Robic: Mais là, en ce moment, il n'est pas
placé de la façon... Dans la structure de l'entreprise, il est en
contravention avec la structure de l'entreprise, là. Alors, tout ce
qu'ils ont à faire, c'est de prendre ces boîtes-là, puis
d'aller les placer ailleurs dans leur structure. Là, ils vont être
conformes.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, vous avez un commentaire?
M. Gautrin: M. le Président, je m'étonne du
commentaire du directeur général des institutions
financières. Est-ce qu'on n'est pas en train d'étudier un bill
privé, actuellement, présenté par un député?
Donc, qui n'a pas été présenté par l'Inspecteur
général des institutions financières. On a parlé de
négociations et de choses comme ça. Il s'agit bien d'un bill
privé présenté par un député, c'est bien
ça, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Effectivement. M. Gautrin:
Merci M. le Président.
M. Holden: M. le Président, ce n'est pas le
député individuel qui a rédigé cette loi...
M. Gautrin: M. le Président, est-ce qu'on a, à
l'heure actuelle, un bill privé? Oui ou non?
Le Président (M. Lemieux): Nous avons un bill
privé, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Gautrin: Non, mais il est très important. Je n'aimerais
pas penser, à l'heure actuelle, que l'Inspecteur général
des institutions financières est partie à cette loi.
Le Président (M. Lemieux): Non, non. M. Gautrin: II
est conseil. Merci.
Le Président (M. Lemieux): C'est vrai qu'il est conseil.
Ça va, M. le député de Verdun?
M. Garon: Un instant...
Le Président (M. Lemieux): Eh, M. le député
de Lévis...
M. Garon: Non, non, non, mais un instant...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis, est-ce que...
M. Garon: ...c'est plus que ça. L'Inspecteur
général a dit plus que ça. Il n'a pas dit seulement
ça.
Le Président (M. Lemieux): Mais, M. le
député de Lévis, est-ce que vous demandez la parole?
M. Garon: Bien oui...
Le Président (M. Lemieux): Bon, alors...
M. Garon: C'est évident...
Le Président (M. Lemieux): ...vous avez la parole.
M. Garon: ...que si je parle, c'est parce que je veux la
parole.
Le Président (M. Lemieux): Non, souvent vous parlez...
Souvent, vous parlez, et vous ne l'avez pas. Tout à l'heure, vous venez
de parler, et vous n'aviez pas la parole. Vous ne l'aviez pas.
M. Garon: Ah, oui? C'est parce que vous pensiez que je ne l'avais
pas!
Le Président (M. Lemieux): C'était le
député de Westmount qui l'avait.
M. Garon: Quand?
Le Président (M. Lemieux): Tout à l'heure, il y a
un instant. Voulez-vous que j'arrête? On va suspendre, puis on va
regarder les galées...
M. Garon: Non, non...
Le Président (M. Lemieux): Vous ne l'aviez pas.
M. Garon: Je n'ai pas parlé.
Le Président (M. Lemieux): Alors, là, je vous la
donne. Allez-y.
M. Garon: Non, mais... Moi, je pense que c'est allé plus
loin que ça. Au fond, c'est un bill privé qui est
compliqué et qui a été discuté avant avec
l'Inspecteur général des institutions financières.
Autrement... Je comprends que ce n'est pas un bill privé comme on
voit... Vous en avez adopté ce matin, des bills privés,
rapidement. C'est une affaire ça, mais là, je pense que c'est le
résultat de plusieurs semaines, peut-être plusieurs mois de
travail.
M. Léonard: M. le Président, c'est...
M. Garon: Alors, il est privé dans le sens où il
déroge aux lois d'ordre public, au droit public.
Le Président (M. Lemieux): C'est un bill privé.
M. Garon: II est privé dans ce sens-là.
Le Président (M. Lemieux): C'est un bill privé.
M. Garon: Bien oui, il est privé... mais c'est quoi
«privé»? Il y a des lois publiques qui s'appliquent à
tout le monde, puis des lois privées qui s'appliquent à
quelques-uns, qui sont en dérogation du droit public ou que le droit
public ne permettrait pas.
Le Président (M. Lemieux): Alors, permettez-vous...
M. Garon: Vous êtes d'accord avez ça?
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous que je vous le
définisse, M. le...
M. Garon: Non, non...
Le Président (M. Lemieux): Non? Ça va?
M. Garon: J'ai vais demander à l'Inspecteur
général des institutions financières, si vous êtes
d'accord...
M. Bouchard (Jean-Marie): Écoutez, vous avez actuellement
la Loi sur les assurances, puis vous avez la
Loi sur les caisses d'épargne et de crédit. Si vous
laissez ces deux lois-là jouer telles quelles, il n'y en a pas de
transaction, puis vous n'êtes pas ici ce soir. C'est évident. Il
fallait écarter les dispositions qui empêchaient la
réalisation de la transaction. C'est aussi simple que ça. Donc,
c'est un bill privé. Autrement, on aurait fait une loi
générale qui aurait été permise à tout le
monde. Ce n'était pas le but.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Maintenant, M. le
député de Westmount. Est-ce que vous avez terminé, M. le
député de Lévis? Avez-vous terminé? Est-ce que vous
avez terminé votre intervention?
M. Garon: Bien, vous le voyez. Je ne parle plus.
Le Président (M. Lemieux): Ah! Ça va.
M. Garon: Pas besoin de... Vous êtes fatigué, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Je veux en être... Non,
M. le député de Lévis. Je connais votre
délinquance. M. le député de Westmount.
M. Holden: L'article 10... M. Garon: Je suis
cohérent.
Le Président (M. Lemieux): Ah! Pour être
cohérent, vous êtes cohérent.
M. Garon: Je ne commence pas à un bout, je finis à
l'autre.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui. Vous êtes la
cohérence même. Allez-y, M. le député de
Westmount.
M. Holden: L'article 10 est adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que vous
avez des commentaires, M. l'Inspecteur général, sur l'article
11?
M. Bouchard (Jean-Marie): oui. c'est un autre article très
technique. dans la loi sur les assurances, c'est la continuation à
l'explication que je viens de donner au député de lévis.
vous avez, par exemple, la loi sur les assurances, qui prévoit comment
les compagnies d'assurances vont faire leurs placements. par exemple, 4 % dans
les actions, 4 % dans ci, 4 % dans ça, et au total, pas plus que 15 %
dans une entreprise.
L'ancienne Laurentienne, comme elle se départit encore une fois
de son bloc de 329 000 000 d'actions dans La Corporation du Groupe, qui va
être détenu par le nouveau holding, va acquérir des
actions, des créances et des actions privilégiées qui
excèdent les 4 % de son actif prévu dans la Loi sur les
assurances. On n'est pas pour lui demander de vendre ça à perte
demain matin. Donc, ça déroge, et on lui permet de les conserver.
Comme l'article 273 prévoit que tout placement non conforme est
déduit du capital de l'institution en question, on dit: l'article 273 ne
s'applique pas. L'acquisition qui résulte de la transaction et les
titres qui sont détenus par l'ancienne Laurentienne vie sont des
placements conformes au sens de la Loi sur les assurances,
évidemment.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Labelle.
M. Léonard: Là, je comprends. C'est la structure
même des placements des sociétés d'assurances. Quelles sont
les relations, les dispositions de la SIAP qui peuvent intervenir
là-dedans? Est-ce qu'elles interviennent?
M. Bouchard (Jean-Marie): Dans la transaction? Non, la SIAP
intervient...
M. Léonard: Non, mais dans les placements. Au fond, quand
ils font l'analyse des placements des compagnies d'assurances vous allez
en avoir là-dedans est-ce que les règlements de la SIAP
ont quelque chose à voir dans cet article? Ou est-ce qu'il peut y avoir
des répercussions sur l'évaluation faite par la SIAP?
M. Bouchard (Jean-Marie): Les normes de la SIAP prévoient
une évaluation, ce qu'on appelle une évaluation... C'est une
norme de pondération de risques. Donc, évidemment, ils
évaluent les risques en fonction... mais ils ne se prononcent pas sur la
validité des placements. Ils se fient aux juridictions. Puis, les
institutions, qu'elles soient fédérales ou
québécoises, font les placements qui sont autorisés par
leurs lois respectives. Ce n'est pas la SIAP qui dit: Vous placez.
M. Léonard: Non. C'est correct.
M. Bouchard (Jean-Marie): Autrement, ils se substitueraient
à chacune des juridictions. Mais ils évaluent les
placements...
M. Léonard: C'est ça.
M. Bouchard (Jean-Marie): Ils font une pondération de
placements.
M. Léonard: Dans le cas, ça n'interviendra pas
négativement pour l'évaluation de la Société
financière Desjardins Laurentienne?
M. Bouchard (Jean-Marie): Non. Ils ont fait les projections. Ils
ont fait les projections. D'ailleurs, évidemment, les règles de
la SIAP, remarquez que... Il y a celles du Québec, aussi, qui existent.
Mais la SIAP, c'est simplement pour savoir si, un jour ou l'autre, il y a une
protection qui peut être requise au niveau de la SIAP. Il est bien
prévu, dans l'entente qui a été signée avec toutes
les juridictions, que la SIAP n'avait aucune juridiction sur les institutions
en question. Lorsqu'une institution ne rencontre pas les normes de la SIAP,
tout ce qu'elle a à faire c'est de communiquer avec les autorités
de surveillance de chaque province ou du fédéral pour demander ce
qui en est fait, où est rendue la situation.
M. Léonard: Je comprends, mécaniquement là,
mais si jamais ils avaient à évaluer la financière
Desjardins Laurentienne, le fait que vous ayez autorisé, même pour
d'excellentes raisons, 30 % de placements quelque part, ça ne jouerait
pas contre?
M. Bouchard (Jean-Marie): Non.
M. Léonard: O.K. C'est ma question. Ça va.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Westmount, est-ce que vous avez des commentaires? L'article 11 est
adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous passons
à l'article 12. M. l'Inspecter, avez-vous des remarques relativement
à l'article 12?
M. Bouchard (Jean-Marie): L'article 12. Évidemment,
là, on vient de voir que toutes les acquisitions... On a vu qu'on a
créé les différentes sociétés de
portefeuille, les transactions ont été faites, l'OPA a
été faite. Maintenant, on démembre. Alors, on dit:
«Dès qu'ancienne Laurentienne vie cesse de contrôler la
Corporation du Groupe, bien, Laurco, qui détient l'ancienne
Laurentienne, qu'est-ce qu'elle fait? Bien, elle cède à la
Société financière des caisses toutes les actions qu'elle
a dans l'ancienne. C'est là que l'ancienne Laurentienne vie tombe sous
la juridiction du premier holding des caisses, La société
financière des caisses Desjardins. Là, on commence le
démembrement ici, là, pour l'ancienne qu'on a cotée, vous
allez voir plus loin ce qui arrive de la corporation mutuelle de gestion et
ainsi de suite.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça va, M. le
député de Labelle? Oui? M. le député de Westmount,
vous avez des questions?
M. Holden: Ce que vous faites dans l'article 12, vous nous dites
comment ça va se produire au «closing». (23 h 30)
M. Bouchard (Jean-Marie): C'est le château de cartes qui se
défait.
M. Holden: Oui.
M. Bouchard (Jean-Marie): Ça va être tout un
«closing» chez Martineau Walker!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Adopté, M. le
député de Westmount?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que vous
avez des commentaires relativement à l'article 13, M. l'Inspecteur?
M. Bouchard (Jean-Marie): Là, on voit... C'est la
continuation. Donc, l'ancienne Laurentienne a contrôlé la corpo.
La société des caisses Desjardins a acquis l'ancienne. Le cordon
ombilical a été coupé. Alors, on dit: Très bien.
Alors, à ce moment-là, la cession par Laurco de l'ancienne
entraîne la dissolution de Laurco et de la corporation mutuelle de
gestion qui détenait Laurco. Parce que vous aviez la corporation
mutuelle de gestion, Laurco, et l'ancienne Laurentienne vie. Tout est
éliminé, tout est dissous.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous pourriez
l'indiquer sur votre organigramme?
M. Holden: Laurco, ça se trouve où?
M. Bouchard (Jean-Marie): Vous ne l'avez pas, parce que
ça, il est disparu, là. Avec l'article 13, on vient de le faire
éliminer.
M. Holden: Ah! O.K.
Mme Robic: Regarde l'organigramme de La Laurentienne.
M. Bouchard (Jean-Marie): Si vous allez dans l'offre publique,
par exemple, là...
M. Holden: Ah! O.K. Oui. M. Gautrin: Laurco est
où?
M. Bouchard (Jean-Marie): II est après la corporation
mutuelle de gestion.
M. Gautrin: Mais, dans le diagramme qu'on a, il est
où?
M. Bouchard (Jean-Marie): Bien, je ne le vois pas dans celui que
vous avez.
M. Drouin (Jacques A.): M. le Président, si je puis me
permettre, il est dans la circulaire aux mutualistes, en page 3.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Gautrin: Excusez-moi, on va chercher un peu, là.
M. Drouin (Jacques A.): La circulaire qui s'appelle «Avis
de convocation, assemblée générale extraordinaire des
membres».
M. Bouchard (Jean-Marie): Mutuelle de gestion, Laurco, l'ancienne
Laurentienne, la corpo.
M. Gautrin: Non, mais vous me dites en page 3.
M. Bouchard (Jean-Marie): Pas ça, pas ça.
C'est dans la circulaire.
M. Gautrin: Ah! La circulaire. Excusez-moi. Il commence à
être tard. Attendez un instant, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Westmount?
M. Holden: Pour moi, oui. Peut-être...
Le Président (M. Lemieux): L'article 13 est-il
adopté?
M. Holden: Le député de Verdun avait...
Le Président (M. Lemieux): Adopté, Mme la
ministre?
Mme Robic: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
M. Gautrin: Attendez un instant, là. O.K. Ça
marche. Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Ça va.
Loi concernant le Mouvement des caisses
Desjardins
Nous passons à l'article 14. Vous avez des commentaires, M.
l'Inspecteur, ou des remarques à l'article 14?
M. Holden: Est-ce qu'on peut...
Le Président (M. Lemieux): Oui?
M. Holden: ...revenir à l'article 2, parce que...
Le Président (M. Lemieux): Nous avons un amendement. Nous
allons passer à l'article 14, et à l'article 15, nous avons un
amendement.
M. Holden: ...ça concerne une autre loi. Le chapitre III
concerne la loi sur le Mouvement Desjardins.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, d'accord, ça
va.
Ancienne Laurentienne vie et Laurentienne Vie (suite)
Article en suspens
Nous pouvons revenir à l'article 2, effectivement. Je n'ai pas
d'objection à ce que nous revenions à l'article 2.
M. Léonard: M. le Président, je dépose mon
sous-amendement. Alors, l'amendement...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Labelle. Voulez-vous nous lire votre sous-amendement?
M. Léonard: Oui.
Mme Robic: Je m'excuse, mais on est rendu où là, M.
le Président?
Le Président (M. Lemieux): On revient à l'article
2.
Mme Robic: Ah! Merci, merci.
Le Président (M. Lemieux): À la demande du
député de Westmount, nous revenons à l'article 2,
où M. le député de Labelle va déposer son
sous-amendement à l'amendement déposé par le
député de Verdun. M. le député de Labelle, nous
vous écoutons.
M. Léonard: L'amendement proposé est
sous-amendé de la manière suivante: 1° en biffant, dans la
deuxième ligne, les mots «par le ministre»; 2° en
remplaçant, dans les deuxième et troisième lignes, les
mots «après avoir pris l'avis de» par le mot
«que»; 3° en remplaçant, dans la quatrième ligne,
les mots «sur les» par les mots «se soit
déclaré satisfait des».
Et l'amendement se lirait alors comme suit: «Toutefois, le
règlement de continuation de l'ancienne Laurentienne vie ne peut
être confirmé qu'après que l'Inspecteur
général des institutions financières se soit
déclaré satisfait des différents rapports reliés au
regroupement proposé entre les personnes morales contrôlées
par la mutuelle de gestion et certaines personnes morales
contrôlées par la Confédération.» Vous en avez
une copie?
Le Président (M. Lemieux): J'en ai une copie. L'amendement
est... Le sous-amendement, pardon, est donc recevable. Est-ce qu'il y a des
commentaires relativement au sous-amendement?
M. Gautrin: Est-ce que le proposeur a des commentaires?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, avez-vous des commentaires relativement à votre
sous-amendement?
M. Léonard: Oui, je vais en faire un maintenant, à
ce stade-ci. L'économie de nos dispositions quant à l'Inspecteur
général fait... L'économie de nos lois fait que
l'Inspecteur général se trouve à sanctionner, de
façon quasi automatique, les projets qui sont présentés
par des entreprises, si ces entreprises satisfont à certaines
conditions, et il n'y a pas d'autre processus à suivre. En d'autres
termes, cela ne laisse pas de place au ministre d'intervenir dans des
transactions de type privé mais laisse la liberté aux
entreprises, aux corporations de passer les contrats qu'elles veulent, à
condition que certaines dispositions soient respectées. Il n'y a
personne qui peut les bloquer, même pas l'Inspecteur
général. L'Inspecteur général ne fait que
contrôler si ces conditions sont vraiment dans les transactions. C'est la
simple chose. Et je pense que cela est conforme à la liberté
d'association dans le monde des affaires, en particulier.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je vais être contre
l'amendement, et je vais expliquer pourquoi. Premièrement, le
règlement de continuation de l'ancienne Lauren-tienne vie ne peut
être confirmé, on biffe «par la ministre» ou
«par le ministre». La loi, actuellement, quand on parle d'une
réglementation, précise clairement que ça va être
une réglementation qui vient du ministre. Donc, lorsqu'on rajoute
«par le ministre» ou qu'on le biffe, je suis d'accord que ça
revient au même, mais quand on précisait, pour bien être
clair, que le règlement de continuation de l'ancienne Laurentienne vie
ne peut être confirmé que par le ministre, c'était
précisé ce qu'il y a déjà dans la loi
générale.
Le point qui me semble important maintenant, et ce qui me semble
extrêmement grave dans l'intervention du député de Labelle,
c'est que, au lieu d'avoir les mots «après avoir pris avis»,
c'est-à-dire que la décision revienne toutefois à un
élu ou à une personne de l'Exécutif, on transmet cette
décision à un fonctionnaire. Et là, actuellement, on est
en train de remettre complètement en question... Si on vote l'amendement
tel qu'il est proposé par le député de Labelle, on est en
train de dire que «...le règlement de continuation de l'ancienne
Laurentienne vie ne peut être confirmé qu'après que
l'Inspecteur général des institutions financières se soit
déclaré satisfait...». Donc, essentiellement, au lieu de
donner à un corps de l'Exécutif, que ce soit un ministre ou au
Conseil exécutif, la responsabilité de passer un tel
règlement, on transmet ça à un fonctionnaire, bien que,
quel que soit le respect que je puisse avoir pour ce fonctionnaire, il peut
donner avis, mais il n'a pas un pouvoir décisionnel. Et lorsque je vois
que ça doit être confirmé que l'Inspecteur
général des institutions financières se soit
déclaré satisfait, qu'arrive-t-il si l'Inspecteur se soit
déclaré insatisfait? Si l'Inspecteur s'est déclaré
insatisfait, il a donné un avis, il doit pouvoir laisser la
possibilité à l'Exécutif, éventuellement, de
pouvoir passer outre à l'avis de l'Inspecteur général.
Parce que, à l'heure actuelle, qu'est-ce qu'on est en train de
faire si on vote l'amendement tel que proposé par le
député de Labelle? On est en train de dire que ça va
être l'Inspecteur général des institutions
financières, c'est-à-dire un fonctionnaire, qui aura le droit,
s'il n'est pas satisfait, de bloquer actuellement le règlement de
continuation. Alors, je pense, M. le Président, qu'il y a là un
danger extrêmement grave dans l'économie de notre fonctionnement
démocratique. Il y a un danger grave, parce que les membres de
l'Exécutif sont responsables de l'application des lois et sont
responsables de la manière dont les lois sont mises en vigueur. (23 h
40)
Je suis parfaitement conscient, M. le Président, que l'Inspecteur
général doit donner son avis. Et il est clair, dans l'amendement
que j'avais proposé, que l'Inspecteur général donnait son
avis. Mais je ne peux pas accepter l'amendement tel que proposé par le
député de Labelle en disant qu'il doit se déclarer
satisfait. Il donne avis, et s'il se déclare satisfait ou non satisfait,
la décision revient à un membre de l'Exécutif.
Je voterai donc contre la proposition.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Eh bien, si je peux revenir, étant
donné... Pour conclure sur mon amendement, M. le Président, je
crois que le député de Verdun confond deux choses. La
décision quant au fond de la transaction est déjà prise de
par la loi, de par l'effet de la loi, et tout ce que l'Inspecteur
général fait, c'est de s'assurer que les conditions sont
respectées. Il ne prend pas de décision. Son mandat est
très clair et restreint de vérifier simplement si les conditions
sont respectées. Autrement, si l'on donne le pouvoir au ministre
d'accepter ou non la transaction, là on fait intervenir le ministre dans
le fond des choses et donc on opère une opération de
centralisation extraordinaire vis-à-vis de l'Exécutif du
gouvernement, vis-à-vis du gouvernement. Ça n'a pas de sens, et
ce n'est absolument pas l'économie de nos lois en ce qui concerne les
transactions dans le monde des affaires. Alors, je pense qu'il faut adopter mon
sous-amendement, M. le Président. On peut passer au vote?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui veulent intervenir?
M. Garon: J'aimerais demander l'opinion de la ministre.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre. Mme Robic:
M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre, vous
n'êtes pas obligée de donner votre opinion, suite à la
question du député de Lévis, mais si vous voulez bien le
faire, allez-y, Mme la ministre.
Mme Robic: Écoutez, M. le Président, j'ai
étudié ce projet de loi là, j'ai reçu des avis, et
je dois vous dire que nous sommes revenus au premier amendement que nous avions
suggéré et avec lequel j'étais tout à fait
d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Je suis bien conscient du
débat que vous soulevez, M. le député de Verdun, entre le
pouvoir de l'Exécutif et ce que vous craignez, à savoir de
concentrer peut-être trop de pouvoirs entre les mains d'un fonctionnaire
qui, dans ce cas-ci, est l'Inspecteur général des institutions
financières, mais je veux bien que vous sachiez que, dans une
transaction de cette nature, une vérification, je dirais, comptable, une
expertise particulière est nécessaire. Et ce n'est pas un cas, je
dirais, d'une nature qui est générale. C'est un cas d'exception
ici, en ce moment, qu'on est en train de faire, strictement un cas d'exception
pour ce projet de loi d'intérêt privé.
Alors, ce n'est pas un principe qu'on va bafouer, à savoir
l'autorité, je dirais, de l'Exécutif par rapport à
l'autorité des fonctionnaires. On s'ajuste à une situation
d'exception. Et c'est simplement ça que je veux vous faire remarquer.
Parce que je comprends vos appréhensions, je les comprends très
bien, vos appréhensions. C'est que, dans votre esprit, il est
nécessaire que le ministre conserve une certaine discrétion
administrative. Mais, dans ce cas-ci, peut-être n'est-il pas justement
préférable qu'une expertise, davantage peut-être une
expertise sur le fond, sur la substance de neutralité, dans le cas
présent, soit faite et est peut-être nécessaire? Et c'est
simplement ce sur quoi je veux attirer votre attention, bien conscient du
principe que vous voulez débattre.
M. Gautrin: M. le Président, je ne conteste en aucune
manière le fait qu'il puisse y avoir une expertise donnée. Il
n'est pas question qu'une expertise puisse être donnée par
l'Inspecteur général des institutions financières. Par
contre, je dois vous rappeler que je ne peux pas accepter que le
règlement de continuation soit soumis au fait qu'il se déclare
satisfait. Qu'il puisse donner son avis et qu'il doive donner son avis me
semble une question tout à fait importante et très pertinente,
mais qu'actuellement on soumette le règlement de continuation de
l'ancienne Laurentienne vie au fait qu'il soit satisfait, alors que, à
l'heure actuelle, on soumet une telle déci- sion à une
décision d'un fonctionnaire, M. le Président, je ne peux pas
accepter ça.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que, M. le
député de Labelle, vous demandez le vote?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vote enregistré.
La Secrétaire: M. le député de Labelle?
M. Léonard: Pour.
La Secrétaire: M. le député de
Westmount?
M. Holden: Pour.
La Secrétaire: M. le député de
Lévis?
M. Garon: Pour.
La Secrétaire: Mme la ministre?
Mme Robic: Pour.
La Secrétaire: M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Alors, considérant que
c'est une règle d'exception, pour.
La Secrétaire: M. le député de Verdun?
M. Gautrin: Contre.
La Secrétaire: M. le député de
Trois-Rivières?
M. Philibert: Pour.
La Secrétaire: M. le député de
Prévost?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Lemieux): Alors, le sous-amendement,
madame, les résultats?
La Secrétaire: 7 pour, 1 contre.
Le Président (M. Lemieux): Alors, 7 pour, 1 contre. Le
sous-amendement est donc adopté. Nous allons maintenant
débattre...
La Secrétaire: Le nouvel amendement se lirait comme
suit...
Le Président (M. Lemieux): ...du nouvel amendement, qui se
lirait comme suit: «Toutefois, le règlement de continuation de
l'ancienne Laurentienne vie ne peut être confirmé qu'après
que l'Inspecteur général des
institutions financières se soit déclaré satisfait
des différents rapports reliés au groupement proposé entre
les personnes morales contrôlées par la mutuelle de gestion et
certaines personnes morales contrôlées par la
Confédération.»
M. le député de Verdun, est-ce que vous retirez votre
amendement?
M. Gautrin: Aucunement.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous vous
écoutons sur votre amendement principal.
M. Gautrin: Bien, M. le Président, je ne comprends pas
comment vous pouvez, à l'heure actuelle, demander que je retire mon
amendement. Il vient d'être sous-amendé, techniquement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, donc, l'amendement
n'existe plus.
M. Léonard: Bien oui.
M. Gautrin: Excusez, un instant, M. le Président. Je ne
comprends pas votre technique, là.
Le Président (M. Lemieux): Un instant! Un instant!
M. Garon: L'amendement existe...
Le Président (M. Lemieux): Le sous-amendement existe, mais
votre amendement n'existe plus.
Une voix: C'est ça.
M. Garon: L'amendement a été amendé par
sous-amendement.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, l'amendement a
été amendé par le sous-amendement. C'est ça. Oui,
oui.
M. Gautrin: Pas du tout, M. le Président. L'amendement
vient d'être sous-amendé.
Le Président (M. Lemieux): Mais le vôtre n'existe
plus.
M. Gautrin: Ce n'est pas vrai, M. le Président.
M. Garon: Bien, non, il a été sous-amendé.
Il existe encore, mais différemment...
M. Gautrin: II vient d'être sous-amendé. Le
Président (M. Lemieux): M. le député. M. Garon:
...corrigé par le sous-amendement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Ha, ha, ha! M. le
député de Verdun.
M. Garon: II a été amendé, l'amendement est
sous-amendé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, votre amendement a été sous-amendé, donc il est
d'une nature différente. L'amendement existe, mais d'une manière
différente.
M. Gautrin: M. le Président, si vous me permettez. En
termes de procédure, un amendement est fait...
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. M. Gautrin:
...il est donc modifié. Le Président (M. Lemieux):
Oui.
M. Gautrin: Excusez-moi, M. le Président. L'amendement a
été proposé.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gautrin: II a été modifié par le
député de Labelle.
Le Président (M. Lemieux): Par le sous-amendement du
député de Labelle.
M. Gautrin: Le sous-amendement du député de Labelle
ayant été malheureusement adopté, je dois le dire,
actuellement, pour une erreur flagrante...
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui.
M. Gautrin: ...à ce moment-là, il reste sur la
table l'amendement tel que sous-amendé.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça.
Exactement.
M. Gautrin: Et vous devez alors recommencer le débat sur
l'amendement tel que sous-amendé.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. M. Gautrin:
Merci.
M. Léonard: Je suis d'accord avec l'amendement
sous-amendé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous venez de comprendre pourquoi
notre règlement qui dit que les commissions parlementaires,
normalement, finissent à 10 heures est un bon règlement.
Mme Robic: Est-ce qu'on pourrait accélérer?
M. Gautrin: Absolument pas. Je vais vous dire franchement, ne
rentrez pas là-dedans, s'il vous plaît.
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement
sous-amendé est adopté?
M. Gautrin: II faut un vote enregistré, M. le
Président, j'imagine.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vote
enregistré.
La Secrétaire: Alors, là, je commence par M. le
député de Verdun.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Tel qu'il est amendé, je dois voter
contre.
La Secrétaire: Mme la ministre.
Mme Robic: Pour.
La Secrétaire: Pour. M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Pour.
La Secrétaire: M. le député de
Trois-Rivières?
M. Philibert: Pour.
La Secrétaire: M. le député de
Prévost?
M. Forget: Pour.
La Secrétaire: M. le député de
Westmount?
M. Holden: Pour.
La Secrétaire: M. le député de Labelle?
M. Léonard: Pour.
La Secrétaire: Et M. le député de
Lévis?
M. Garon: Pour.
La Secrétaire: L'amendement sous-amendé est
adopté.
Le Président (M. Lemieux): Donc, l'amendement
sous-amendé est adopté. Est-ce que l'article 2, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Holden: J'ai un autre amendement à proposer à
l'article 2, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous avez un autre
amendement à l'article 2.
M. Holden: Alors, je propose l'amendement suivant à
l'article 2 tel que déjà amendé. L'article 2 est
modifié par l'addition de l'alinéa suivant: «L'Inspecteur
général des institutions financières doit également
faire en sorte que les transactions intervenues entre la corporation
d'assurance de personnes La Laurentienne et certains de ses officiers
dirigeants, dans le but de leur permettre d'acquérir des actions
ordinaires de la corporation, soient conformes avec les renseignements contenus
dans l'offre publique d'échange du 5 novembre 1993 visant l'acquisition
de la totalité des actions de la corporation du groupe La Laurentienne
par La société financière Desjardins Laurentienne
inc.»
Le Président (M. Lemieux): Alors, c'est un nouvel
amendement. J'ai une copie. (23 h 50)
M. Holden: Est-ce que tout le monde a une copie?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Alors, c'est un nouvel
amendement à l'article 2. Alors, nous vous écoutons sur ce nouvel
amendement. Est-ce que vous avez des commentaires sur ce nouvel amendement
à l'article 2?
M. Holden: Voici, M. le Président. L'amendement est
très clair. On veut que l'Inspecteur général
vérifie la transaction très soigneusement et qu'il voie à
ce que la transaction reflète exactement ce qui est dans le prospectus,
justement, qu'il fasse en sorte que les transactions dont on a parlé
aujourd'hui soient clairement établies dans le prospectus de cette
transaction. Encore une fois, nous demandons à l'Inspecteur
général de faire un examen minutieux de la transaction, de faire
rapport et de décider si, oui ou non, il va l'accepter tel que
proposée.
Mme Robic: M. le Président, j'aimerais que l'Inspecteur
général fasse ses commentaires, s'il vous plaît, sur cet
amendement.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sous l'autorité
de Mme la ministre, M. l'Inspecteur général des institutions
financières.
M. Bouchard (Jean-Marie): Écoutez, je vais poser la
question, parce que j'ai beaucoup de difficulté à comprendre le
but... Tel que rédigé, on le sait, ça a
été
dit, ce n'est pas dans l'offre publique d'achat. On le sait que ce n'est
pas dans l'OPA, ça. Vous me demandez de vérifier, de faire en
sorte que... Je ne peux pas changer l'OPA qui a été faite. Elle
est déjà faite, et les actions se déposent.
Deuxièmement, à supposer que ça puisse se faire, vous me
demandez quoi? D'annuler une transaction? De faire en sorte...
M. Holden: Si c'est ça que vous...
M. Bouchard (Jean-Marie): C'est un pouvoir de juge. D'abord, je
ne peux pas... L'offre est faite, puis m'assurer que ça
reflète... Si ce n'est pas dedans, on le sait que ce n'est pas dedans.
Tout le monde l'a dit, on le dit depuis ce matin que ce n'est pas dedans.
Ça a été fait après, et ça ne paraît
pas non plus dans la circulaire d'information donnée aux mutualistes.
Donc, c'est clair qu'elle n'est pas dedans, nulle part. On l'a appris
après. Comment je dois faire en sorte que les transactions intervenues
soient conformes? Ça voudrait dire que j'annulerais?
M. Holden: Ça serait l'extrême.
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui, mais je peux faire quoi? Il y une
entente qui est intervenue; on l'a expliquée. Le conseil
d'administration...
M. Garon: II n'y a pas d'entente.
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui, il y a une entente qui est
établie.
M. Garon: Entre qui et qui?
M. Bouchard (Jean-Marie): Entre l'ancienne Laurentienne vie et M.
Drouin, pour son option. Mais, comment faire? «...dans le but de leur
permettre d'acquérir des actions [...] soient conformes avec les
renseignements contenus...» Les renseignements contenus, ils ne sont pas
dedans. Je ne peux pas... Comment ça peut se faire, ça?
M. Holden: C'est une question qu'on se posait, mais ça se
peut qu'on oblige qu'un autre prospectus soit préparé. Il y a
bien des conditions que vous pouvez imposer. Vous pouvez faire en sorte que ce
soit conforme.
M. Bouchard (Jean-Marie): L'OPA, c'est sérieux, là.
L'offre publique, c'est régi par la Commission des valeurs
mobilières. L'offre a été lancée...
M. Holden: Vous pouvez insister que les parties changent le
contrat entre les employés et la compagnie, ou vous pouvez exiger des
conditions. C'est à vous de décider. Si c'est dans la loi, vous
allez faire en sorte que ce soit conforme.
M. Bouchard (Jean-Marie): Mais, M. le député, en
vertu de quel pouvoir, en vertu de quelle directive je peux donner un ordre
à La Corporation du Groupe La Laurentienne?
M. Holden: Vous avez le droit de menacer de refuser la
transaction. Alors, vous amenez le monde à voir la raison, à voir
clair dans la situation.
M. Bouchard (Jean-Marie): À toutes fins pratiques, ce que
ça veut dire, c'est clair, ça veut dire annuler la transaction.
C'est ça que ça veut dire.
M. Holden: Ça veut dire que vous ferez votre travail.
M. Bouchard (Jean-Marie): Je ne comprends pas comment on peut
rendre ça exécutoire. Je ne comprends pas.
M. Holden: Le député de Lévis a...
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Westmount?
M. Holden: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Ça veut dire essentiellement, et c'est
très simple, que la transaction doit être conforme à
l'offre publique d'achat. C'est ça que ça veut dire.
M. Bouchard (Jean-Marie): II n'y en a pas.
M. Garon: Alors, vous avez dit vous-même que...
M. Bouchard (Jean-Marie): Elle n'est pas dedans.
M. Garon: Je comprends. Vous avez dit que c'était
sérieux, une offre publique d'échange. C'est justement parce que
c'est sérieux que ça doit être respecté.
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui, mais là, elle ne l'a pas
été. C'est fait, là.
M. Garon: Non, ce n'est pas fait.
M. Bouchard (Jean-Marie): Bien, oui, elle est lancée. Elle
est dans le public. Les gens déposent leurs actions, là.
M. Garon: Oui, mais tout ça est sujet à ce que
ça se réalise. On vote la loi. Si c'est dans la loi, bien, on
respecte ça, et ça finit là.
M. Bouchard (Jean-Marie): Écoutez, au point de vue
pratique, on fait quoi?
M. Garon: De temps en temps, il faut mettre ses culottes.
M. Bouchard (Jean-Marie): Comment, mettre ses culottes! Je veux
bien mettre les miennes, mais il faut savoir comment les mettre. Qu'est-ce que
vous dites, là?
M. Garon: II y a un prospectus. Autrement, ça veut dire
que, si on ne fait pas respecter ça, au Québec, les offres
publiques d'achat, ça ne veut rien dire. Une fois qu'on les a faites, on
peut les modifier. Les gens qui ont signé des procurations, ils les ont
signées sur une offre publique. Vrai ou faux?
M. Bouchard (Jean-Marie): Ça, c'est deux choses,
là.
M. Garon: Non, non. Il y avait une offre publique
d'échange.
M. Bouchard (Jean-Marie): Ça, c'est deux choses.
L'offre...
M. Garon: Après ça, ils ont signé.
M. Bouchard (Jean-Marie): ...publique d'achat, c'était
pour permettre, M. le député, à la société
Desjardins d'acquérir les actions dans la corpo.
M. Garon: Oui, selon certaines conditions.
M. Bouchard (Jean-Marie): Ça, c'est l'offre publique.
C'est ça que ça vise là-dedans. Là, ils ont
donné tous les renseignements pertinents à ça. Ce dont il
est question, c'est une option d'achat qui a été donnée
à M. Drouin, au niveau de l'ancienne Laurentienne, qui, comme on l'a dit
ce matin, cet après-midi, aurait dû normalement être
dévoilée dans la circulaire d'information transmise aux
mutualistes pour leur permettre de prendre une décision. C'est ça
qui a été dit. Là, vous dites que l'Inspecteur doit faire
en sorte que ce soit conforme aux renseignements contenus dans l'offre
publique. Ça ne peut pas être conforme. Donc, comme ce n'est pas
contenu dans l'offre publique, ça veut dire que je fais quoi? Je fais
annuler la transaction? Je prends des procédures et je fais annuler la
transaction? Ce n'est pas dedans.
M. Garon: Bien, vous...
M. Bouchard (Jean-Marie): Je ne peux pas la rendre conforme, elle
n'est pas dedans.
M. Garon: Ça veut dire qu'il ne peut pas y avoir de
signature tant que ce n'est pas conforme.
M. Bouchard (Jean-Marie): Mais je vais faire quoi?
M. Garon: C'est ça.
M. Bouchard (Jean-Marie): L'offre est déjà
lancée, puis elle expire le 22 décembre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Westmount.
M. Holden: S'il n'y a pas d'autres commentaires...
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas d'autres
commentaires.
M. Holden: ...on va voter le...
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas d'autres
commentaires. J'appelle le vote...
M. Holden: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): ...nominal.
La Secrétaire: M. le député de
Westmount?
M. Holden: Pour.
La Secrétaire: M. le député de Labelle?
M. Léonard: Pour.
La Secrétaire: M. le député de
Lévis?
M. Garon: Pour.
La Secrétaire: Mme la ministre?
Mme Robic: Contre.
La Secrétaire: M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Contre.
La Secrétaire: M. le député de Verdun?
M. Gautrin: Abstention.
La Secrétaire: M. le député de
Trois-Rivières?
M. Philibert: Contre.
La Secrétaire: M. le député de
Prévost?
M. Forget: Contre.
La Secrétaire: 3 pour, 4 contre, 1 abstention.
Le Président (M. Lemieux): Donc, l'amendement à
l'article 2 est rejeté. Est-ce que l'article 2, tel qu'amendé
tout à l'heure par l'amendement du député de Labelle
à l'amendement du député de Verdun, l'amendement
principal, est adopté?
M. Holden: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 2
écoutez bien, attention tel qu'amendé par le
sous-amendement du député de Labelle, est adopté.
M. Holden: Adopté.
M. Gautrin: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Vote enregistré. Est-ce
que l'article 2, tel qu'amendé, est adopté?
La Secrétaire: Mme la ministre?
Mme Robic: Oui, M. le Président. Pour.
La Secrétaire: M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Pour.
La Secrétaire: M. le député de Verdun?
M. Gautrin: Contre.
La Secrétaire: M. le député de
Trois-Rivières?
M. Philibert: Pour.
La Secrétaire: M. le député de
Prévost?
M. Forget: Pour.
La Secrétaire: M. le député de
Westmount?
M. Holden: Pour.
La Secrétaire: M. le député de Labelle?
M. Léonard: Pour.
La Secrétaire: M. le député de
Lévis?
M. Garon: Pour.
La Secrétaire: 7 pour, 1 contre.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 2, tel
qu'amendé, est donc adopté. Est-ce qu'il y a consentement pour
poursuivre après l'heure ou si vous préférez ajourner
à demain?
Mme Robic: M. le Président, j'aimerais qu'on donne
consentement. Il ne reste que quelques articles, et ces gens ont passé
la journée ici.
M. Gautrin: Consentement refusé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député.
M. Gautrin: Le consentement doit être unanime:
refusé, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): II me faut l'unanimité,
Mme la ministre.
M. Gautrin: Consentement refusé.
Le Président (M. Lemieux): C'est bien. Alors, nous
suspendons nos travaux jusqu'à un nouvel ordre de la Chambre.
(Fin de la séance à minuit)