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(Onze heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend l'étude du projet de loi 90. Nous en
étions à l'article 17. La parole était à M. le
député de Montmorency.
Madame a des remplacements.
La Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord) est remplacé
par M. Houde (Berthier); M. Chagnon (Saint-Louis) par M. Gobé
(LaFontaine); M. Després (Limoilou) par M. Messier (Saint-Hyacinthe); M.
Lazure (La Prairie) par M. Chevrette (Joliette).
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame. La parole est
maintenant à M. le député de Montmorency.
Loi concernant l'impôt sur le tabac Infractions
et peines (suite)
M. Filion: Merci, M. le Président.
Nous étions à l'article 17 du projet de loi, où
nous discutions du quantum de la pénalité qui, comme on le
disait, va mettre plus de pression à des endroits où, à
toutes fins pratiques, on va créer plus de mal que de bien.
Quand on a terminé la commission, M. le Président, je
mentionnais que les dépanneurs ont, pour plusieurs, pour fins de survie
financière, accepté de vendre du tabac de contrebande pour
fins de survie financière, j'ai bien dit, M. le ministre parce
qu'ils n'avaient pas le choix, ils n'en vendaient plus. À ce moment-ci,
avec un projet de loi comme celui-là, ils vont se retrouver avec une
pression indue, où on va, quelque part, les obliger... Bien, les
obliger... c'est-à-dire qu'ils vont devoir se légaliser, s'ils ne
veulent pas s'attirer les foudres du ministre du Revenu, foudres qui
pourraient, à toutes fins pratiques, juste avec les
pénalités, de toute façon, leur faire fermer leur
commerce.
Alors, ils sont un peu dans un cul-de-sac avec ce projet de loi. Ils
sont dans un cul-de-sac, parce que, en revenant dans un marché
légal comme le projet de loi ne fermera pas la porte à la
contrebande ils vont se retrouver encore une fois en concurrence avec
les contrebandiers, en concurrence à un point tel qu'ils vont revenir au
statu quo, c'est-à-dire qu'ils ne vendront plus de tabac. Alors, on les
met dans une situation de difficultés financières
inévitables. Peu importe la carte qu'ils vont choisir, ils seront face
à une situation où, à toutes fins pratiques, leur
principale source de revenus, qu'était le monde de la cigarette, ne leur
est plus acquise. A ce moment-là, ils vont se retrouver dans une
situation où ils vont devoir penser à fermer leurs portes, pour
ceux qui ont essayé de survivre en utilisant ce moyen du bord qui leur
était offert. Je pense que ces gens-là, les dépanneurs,
seront probablement la cible parmi les commerçants, ceux qui vont
être les plus touchés par le projet de loi.
Si le projet de loi avait effectivement eu pour conséquence de
faire une pression telle qu'on aurait vraiment repris le marché et remis
la situation à la normale dans l'économie au niveau du tabac,
à ce moment-là, je pense qu'ils auraient pu tirer leur
épingle du jeu en continuant à vendre du tabac dans un
marché légal. Mais on sait pertinemment que ces gens-là ne
seront pas capables de vendre du tabac dans un marché légal,
compte tenu du fait que la contrebande ne sera pas enrayée.
C'est là, je pense, que nos lois fiscales sont rendues
complètement déplacées. C'est nous, les
législateurs, qui sommes en train de faire des lois pour créer
des concurrences complètement démentielles. Quand vous êtes
rendus à créer une loi fiscale où vous mettez un
commerçant, qui veut opérer légalement, dans une situation
de faillite, moi, je pense qu'on n'est plus du tout un législateur qui
mérite le respect de la population, parce que, quelque part, on n'a pas,
nous, comme législateurs, en matière fiscale, à imposer
des pénalités qui compromettent la survie de ces
dépanneurs.
M. le Président, j'insiste sur ça, parce que, moi, je
crois profondément, pour avoir été présent au
dossier depuis maintenant plusieurs mois... Plusieurs personnes m'ont
appelé, surtout des petites entreprises, et elles disaient: M. Filion,
écoutez, on ne veut pas prendre le marché de la contrebande, mais
on n'a plus le choix de le prendre, sinon c'est nous qui allons
disparaître. On va perdre nos emplois, on va perdre notre pain et on va
perdre notre beurre.
C'était clair, et pas uniquement dans le monde du tabac. Regardez
le monde du vidéopoker. Combien de commerces ont dit: Nous, ce qui nous
a sauvés, c'est d'opérer de façon illégale les
machines vidéopoker. Plusieurs commerces... Les députés,
ici, autour de la table, vous l'avez entendu, j'en suis sûr, dans chacun
de vos comtés respectifs.
Là, on veut redresser une situation, mais je pense qu'on
piège des gens. On les piège carrément. On les
piège de façon telle que ces gens-là vont se retrouver
quelque part pris entre la légalité et la faillite. De toute
façon, peu importe leur choix, ils vont se retrouver en faillite, M. le
Président. Je pense que ce genre de situation... Le projet de loi ne
prévoit pas une sortie et la possibilité que ces gens-là
puissent gagner dignement leur vie, puissent gagner dignement leur vie. On n'a
pas
le droit, nous, comme législateurs, de les mettre en culottes
courtes et de les mettre dans une situation où ils sont foutus, foutus
parce que, si, demain matin, un vendeur de cigarettes de contrebande
était pris, il pourrait se retrouver avec des pénalités
3 fois la taxe. Ce sont des petites entreprises très fragiles,
des entreprises qui n'ont pas beaucoup de cash-flow, pas beaucoup de fonds de
roulement. Ce sont des gens qui gagnent durement leur vie, à coups de
cents de profit, dans les dépanneurs. Ce ne sont pas des entreprises
très lucratives.
Là, on est en train de faire un projet de loi qui, à
toutes fins pratiques, va les coincer, mais carrément les coincer. Ces
gens-là, qui avaient réussi quelque part parce qu'on
considérait légitime, entre guillemets, la contrebande du tabac
à tirer leur épingle du jeu, parce qu'ils se disaient: On
n'a pas le choix, si on ne vend pas de cigarettes de contrebande, on ne pourra
pas survivre, bien, là, on vient simplement de les mettre dans un
étau et de leur dire: C'est terminé, mon cher ami, tu aurais
dû faire faillite il y a 3 mois, parce que, là, on va te faire
faire faillite. C'est ça qu'on leur dit avec le projet de loi.
Moi, M. le Président, comme député qui doit
légiférer et examiner un projet de loi comme ça, je ne
peux pas concevoir qu'autour de cette table on ne puisse pas trouver une
solution, une façon d'amener une législation qui permettrait,
dans des situations aussi spéciales que celle-là, de pouvoir
assurer à ces gens-là qu'ils vont pouvoir, quelque part, tirer un
profit d'une opération avant qu'ils ne fassent faillite.
C'est là, je pense, qu'on doit réfléchir
à... Je sais que le ministre est très pressé d'adopter son
projet de loi, mais on devrait réfléchir à une
modification, à une motion qui permettrait je ne sais pas
quelque part une ristourne, une ristourne auprès des dépanneurs,
qui, à toutes fins pratiques, pourraient recevoir de l'aide
financière. On leur fait perdre le marché, on leur fait perdre
leur marché. Ils ne pourront pas tirer un profit de la cigarette tant
qu'est maintenue la contrebande, comme on va la maintenir avec ce projet de loi
là. On ne l'éliminera pas, la contrebande. (11 h 50)
Comment voulez-vous qu'ils fassent un profit, ces gens-là? C'est
là, je pense, qu'on fait fausse route. On fait fausse route, et je
trouve ça dramatique qu'on soit rendu, au Québec, à faire
des lois aussi inéquitables que celle-là, qui vont provoquer une
concurrence, mais complètement déloyale, pour ces gens-là,
une concurrence déloyale créée par des
pénalités abusives. Ils ne sont pas responsables du fléau
social, et je trouve ça désarmant. Je vous avoue...
Quand on s'est laissés, hier, en commission, j'avais
commencé à aborder le sujet. Je pense que ça demeure, pour
moi, les principaux arguments que je veux défendre à cette
commission. Ce projet de loi doit tenir compte de particularités, de
particularités économiques, de particularités d'emploi. Il
y a des gens qui veulent gagner leur vie et il y a des gens qui gagnaient leur
vie auparavant, avant l'avènement de ce fléau social. Je pense
que ces gens-là ont le droit d'être traités
équitablement, comme tout citoyen.
On est tous d'accord avec le but recherché par le projet de loi.
On est tous d'accord avec ça, mais là on vient amener des mesures
qui vont effectivement coincer de façon inacceptable des gens, des gens
qui veulent gagner leur vie. Je ne sais pas quelle va être la
réaction, tout à l'heure, sur le terrain, de ces gens-là
qui vont se faire prendre, parce qu'ils n'ont pas le choix. Alors, s'ils se
font prendre parce qu'ils n'ont pas le choix, M. le Président, est-ce
qu'on aura, nous, comme législateurs, fait une loi correcte?
Moi, je pense qu'on aura vraiment manqué notre coup. Je pense que
cette situation particulière devrait être réfléchie.
Quand on sait qu'il y a des conséquences financières, la seule
personne, ici, autour de cette table, qui peut apporter une motion ou un
amendement à ce projet de loi, c'est le ministre. Inutile pour moi de
perdre mon temps à trouver une idée ou quoi que ce soit, parce
que le ministre doit être sensibilisé à ce problème,
à cette politique de cul-de-sac pour les dépanneurs. Il doit en
être conscient et il faut trouver des solutions, M. le Président,
parce qu'on sera, à juste titre, jugés par les citoyens comme des
gens qui n'ont aucune crédibilité, et ils auront raison. Ils ne
pourront pas comprendre qu'on ait fait un projet de loi pour pirater nos
règles économiques. Nos règles économiques veulent
que la concurrence soit loyale, et elle n'a pas le droit d'être
déloyale, la concurrence, surtout pas par des pénalités
fiscales. Je pense que c'est là qu'on fait fausse route, comme
législateurs.
Moi, je voulais faire ces commentaires-là comme introduction et,
en même temps, pour le suivi de ce projet de loi, parce que je
considère ça très important, très, très
important. J'aimerais aussi entendre le ministre sur ce genre de philosophie,
que je suis en train d'émettre à cette table pour sensibiliser
les députés. Qu'il me dise, lui, qu'il ne voit pas de
problème à ça... Si, sincèrement, il ne voit pas de
problème à ça, M. le Président, j'aimerais qu'il me
l'explique. Je ne vois pas comment les dépanneurs vont pouvoir
réussir à générer des profits avec le tabac, qui
était une partie importante de leur commerce.
Alors, M. le Président, j'aimerais entendre le ministre sur ce
genre de situation là, dans laquelle les dépanneurs vont se
retrouver. J'aimerais savoir de lui ce qu'il pense de ce cul-de-sac fiscal,
qu'il est en train de nous proposer, à nous, les députés
de l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Savoie: Oui, M. le Président. Alors, tout
d'abord, ce n'est pas un cul-de-sac. C'est une intervention dans un dossier
particulièrement difficile, pour lequel, vous-même, vous avez
reconnu qu'il n'y avait pas de solution. Ce qu'on cherche à faire, au
lieu de baisser les bras et de permettre à la situation de
dégénérer davantage, c'est à intervenir. Le tabac,
nous l'avons
dit et nous l'avons répété... Hier, vous
étiez d'accord sur le fait que la situation, au niveau des taxes,
était peut-être peu souhaitable, mais qu'on devait vivre avec la
situation telle qu'elle existait aujourd'hui. À partir de ce constat, on
est obligés également de poser des gestes, c'est-à-dire
qu'une personne qui a en sa possession un paquet de tabac commet un acte qui
est susceptible de lui donner une amende en vertu de la Loi concernant la taxe
sur le tabac.
Ensuite, un détaillant, un propriétaire de
dépanneur, qui vend du tabac en détail, au Québec, est
susceptible, lui aussi, de subir une amende. Il faut qu'il respecte la loi.
S'il ne respecte pas la loi, il s'expose à se faire prendre et il
s'expose également à subir les amendes et les frais qu'une telle
infraction présume ou impose. C'est ça. Que voulez-vous? On n'est
pas pour arriver et fermer les yeux parce que la situation est difficile. Quand
une situation est difficile, les choix sont difficiles. Alors, les choix, ici,
sont difficiles. Ce n'est pas du tout que je ne suis pas sensible; bien au
contraire, on est très sensibles à la situation.
M. Filion: M. le ministre.
M. Savoie: On est très, très sensibles à la
situation des dépanneurs et on sait qu'il y a des pertes de revenus
provenant de la vente de cigarettes.
Je ne sais pas pour qui vous vous prenez, dans le sens que vous arrivez
ici... Parce que vous avez eu 1 ou 2 téléphones sur le dossier,
là, tout à coup, vous êtes en mesure de porter des
commentaires, pareil comme si, nous, nous n'avions pas de
téléphones; pareil comme si, nous, nous n'avions pas de gens de
comté; pareil comme si, nous, nous n'avions pas des amis qui sont
propriétaires de dépanneurs. On est très au courant de la
situation. La situation est particulièrement difficile, vous l'avez
reconnu. Vous avez reconnu également qu'il n'y avait pas de solution, il
n'y en avait pas de solution, outre la baisse des taxes par le gouvernement
fédéral et par le gouvernement provincial.
Face à ça, on fait 2 choses: on s'en va se coucher et on
oublie tout ça, ou bien on intervient en disant: Non, c'est ça,
Québec paie la taxe sur le tabac tant que la loi ne sera pas
changée et ceux qui font fi de ça... Il ne faut pas penser qu'il
y a 90 % du monde qui fument de la cigarette de contrebande. C'est 1 paquet sur
3, me dit-on? Il y en a quand même 2, là. À ce
moment-là, on n'a pas le choix, on est obligés d'intervenir et de
dire: On installe les amendes, on installe le processus et on déclare
illégal, par exemple, le fait de fumer une cigarette de contrebande. On
va le voir, à l'article mon Dieu! suivant, qu'un individu
qui commet une infraction à l'article 9.2, qu'on a vu hier, est passible
d'une amende d'au moins 200 $ et d'au plus 1000 $ pour fumer une cigarette de
contrebande, se promener avec un paquet et se faire prendre.
Je comprends votre sortie, mais, tu sais, alléguer qu'on n'est
pas sensibles, prétendre que vous êtes le seul que les gens
appellent, ça n'a pas de bon sens, ça n'a pas de bon sens. On
sait très bien ce qui se passe et on sait très bien ce qu'on est
en train de faire. Ce n'est définitivement pas avec joie qu'on le fait.
Il n'y a personne ici qui pète ses bretelles avec ça. C'est une
situation difficile. On pose les gestes et on espère que ça va
permettre à ceux et celles qui doivent appliquer la loi d'avoir les
outils nécessaires pour le faire. D'ici ce temps-là, d'ici
à ce que les taxes baissent sur le paquet de cigarettes ou que les taxes
montent aux États-Unis, au moment où la situation changera,
à ce moment-là, au moins, ceux et celles qui respectent la loi,
on les aura encouragés à ce faire. Ceux et celles qui
contreviennent à la loi, évidemment, c'est à leurs risques
et périls. On donne les amendes nécessaires comme effet
dissuasif. Alors, c'est ça.
On est à l'article 17. On en a parlé hier pendant 1 heure,
une heure et demie, de 17. Ce n'est pas quelque chose de
particulièrement nouveau.
M. Filion: M. le ministre...
M. Savoie: Je n'ai pas terminé, je n'ai pas
terminé.
M. Filion: Vous n'avez pas terminé, M. le ministre? Alors,
je vous écoute.
M. Savoie: Non, je n'ai pas terminé. Je vais te le dire
quand je vais avoir terminé.
M. Filion: Écoutez, M. le ministre... D'abord, vous
pourriez vous adresser à la présidence.
M. Savoie: Oui, oui. Bien oui! C'est ça que je fais, je
m'adresse à la présidence.
M. Filion: Vous pourriez...
Le Président (M. Messier): Par ricochet. M. le
député de Montmorency, s'il vous plaît!
M. Savoie: Arrêtez de m'interrompre. Ha, ha, ha! Je vous ai
interrompu, pendant que vous avez fait votre laïus?
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Messier): Est-ce que c'est une question
de règlement ou une question de directive que vous voulez poser?
M. Filion: M. le Président, je pense que le ministre a
repris son ton paternaliste. Je pense qu'il n'est pas vraiment à sa
place.
Le Président (M. Messier): Non, je pense que vous
êtes hors d'ordre, M. le député de Montmorency.
M. le député et ministre, on vous laisse continuer.
M. Savoie: Oui, mais, quand on est avec des enfants, M. le
Président!
M. Filion: Attention!
M. Savoie: Alors, c'est ça. Évidemment, la
situation est très difficile. Hier, vous l'avez reconnu que
finalement, oui hausser les amendes, c'était valable. Vous avez
vous-même constaté qu'il s'agit là d'une amende, qu'en plus
de ça il faut payer les taxes, que c'est considérable. Je pense
que tout le monde était d'accord là-dessus. (12 heures)
Alors, on recommence l'article 17, pareil comme si on
recommençait l'article 17 d'hier soir, en nous demandant si on est
sensibles à telle situation, parce que, le député, je ne
sais pas, moi, il a un cousin qui l'a appelé, puis... Je veux bien,
là. Nous aussi, on reçoit des téléphones. On vit
dans un comté, puis on a à descendre la rue principale, puis on
échange avec le monde. Les gens le constatent. On a des organisateurs
qui sont propriétaires de dépanneurs, comme tout le monde qui
fait de la politique au Québec. C'est sûr qu'ils trouvent la
situation, au niveau du tabac, difficile. Maintenant, il y en a qui s'ajustent,
qui respectent la loi. Il y en a d'autres qui ne la respectent pas, la loi, qui
vendent du tabac en dessous du comptoir, qui se moquent de la loi et qui
disent: Bon, bien, la loi, c'est pour les autres.
Alors, on dit: Parfait, c'est votre choix, mais vous vous exposez,
à ce moment-là, à des amendes, vous vous exposez à
des interventions et vous vous exposez à... Dans une situation
où, aujourd'hui, c'est la Loi concernant l'impôt sur le tabac,
puis, l'année prochaine, ça va être d'autre chose. Dans
bien des cas, l'année passée, c'était d'autre chose. C'est
un autre élément que j'ai pu discerner. Il y a une constante
à ce niveau-là.
Alors, je comprends que le député de Montmorency est
inquiet du fait qu'on hausse les amendes, à la demande de ceux et celles
qui travaillent dans ce milieu-là. On l'a modifiée il y a 2 ans.
On est obligés de revenir aujourd'hui la modifier. C'est sûr que
ce n'est pas de gaieté de coeur. Ce n'est pas de gaieté de coeur,
c'est par obligation que nous le faisons. C'est une situation qui est
difficile, pour laquelle vous n'avez présenté aucune solution
intéressante, aucune solution. Vous avez même reconnu, hier... Je
pourrais faire sortir les galées, puis vous les lire, dans lesquelles
vous, M. le député de Labelle, reconnaissez qu'il n'y a pas de
solution. Il n'y a pas de solution compte tenu de l'intransigeance d'Ottawa sur
la taxe sur le tabac. Donc, la situation est là. En attendant que
ça change, cette situation-là, il faut gérer ça.
Mais on peut gérer ça en allant se coucher ou en disant: On va
s'organiser, pour ceux et celles qui respectent la loi, on va soutenir ces
gens-là. Ceux et celles qui se foutent de cette situation-là, qui
vendent et qui encouragent la contrebande, donc la criminalité, le
développement de la pègre, on va chercher à les
décourager. On va leur chauffer... on va les chauffer un petit peu. On
va leur donner du fil à retordre. C'est ça qu'on fait.
Alors, on veut s'assurer que la loi est respectée. On veut
s'assurer que les amendes sont en quelque sorte proportionnelles au niveau
d'activité de la contrebande. Si on se pose la question vis-à-vis
des dépanneurs, bien, moi, un dépanneur qui a des cigarettes avec
taxes en haut et des cigarettes sans taxes en dessous du comptoir, puis qui
fait ça dans son commerce, je me demande où il se place. Il se
situe comment vis-à-vis, par exemple, des permis, maintenant: permis de
chasse et pêche ou d'autres activités? Est-ce qu'il est
impliqué dans le recel? Les t-shirts qu'il vend, est-ce que c'est des
t-shirts volés ou des tee-shirts légaux? La question se pose. La
minute que tu commences, quelque part... On ne peut pas encourager
ça.
La loi c'est pour tout le monde. Dans les commerces... C'est Shakespeare
qui disait: «There is a tide in the affairs of men»; un
va-et-vient, une marée, des bonnes années, des moins bonnes
années. Au niveau du tabac, on est dans une année difficile.
Malgré qu'on soit dans des années difficiles, il faut respecter
la loi. C'est ça. Alors, là, j'ai terminé.
Le Président (M. Messier): Le député de
Vanier m'a demandé la parole. Je sais qu'il y a un principe
d'alternance. Est-ce que vous... comme le député de Vanier doit
quitter sous peu...
M. Filion: J'aimerais quand même répondre rapidement
au ministre...
Le Président (M. Messier): Je vous laisse... Compte tenu
de la...
M. Filion: ...parce qu'il a dit des choses, M. le
Président. On va rectifier rapidement.
Le Président (M. Messier): D'ailleurs, il vous reste 3
minutes.
M. Filion: Je ne sais pas comment vous calculez votre temps,
là?
Le Président (M. Messier): Excusez-moi?
M. Filion: Comment vous calculez votre temps? Vous avez 2
paragraphes dans ça.
Le Président (M. Messier): La secrétaire... On me
disait qu'il restait 3 minutes?
M. Savoie: On a commencé hier. Il ne faut pas oublier, on
a fait...
(Consultation)
Le Président (M. Messier): Parfait. Allez-y, M. le
député.
M. Filion: C'est beau. Merci.
D'abord, je veux simplement dire au ministre que j'agis comme simple
député, qui écoute la population. Je pense que, le
ministre, il prend un ton arrogant qui est complètement
déplacé, M. le Président. Je pense que c'est un sujet
très sérieux, et des petites sorties comme il vient de faire, je
pense que les gens peuvent vraiment s'en passer.
M. le Président, ce n'est pas 1, 2 ou 3 dépanneurs qui,
actuellement, trouvent très sérieux le problème, c'est
l'Association des détaillants en alimentation du Québec, M.
Gadbois. Ce n'est pas 1, 2 ou 3 dépanneurs, c'est une industrie majeure
au Québec. Ces gens-là ont même pensé mettre vos
taxes dans un compte en fiducie, M. le Président, parce qu'ils trouvent
que ça n'a pas de bon sens, votre affaire. Écoutez, ce n'est pas
2 personnes, ce n'est pas 3 personnes, ce n'est pas un ami dans un
comté, ce sont des gens... La majorité de la population trouve
ça complètement déplacé, M. le
Président.
Ce projet de loi, quant à moi, il ne sert à strictement
rien, si ce n'est à mettre de la pression sociale. Vous avez
toléré, votre gouvernement libéral,
l'illégalité dans le vidéopoker. Vous l'avez
tolérée. Vous avez attendu. Vous avez attendu de faire une
procédure, une législation qui soit correcte et efficace. Vous
n'avez pas lancé n'importe quoi en l'air pour mettre de la pression
sociale. Vous avez pris du recul, vous avez fait une espèce de
moratoire. Là, vous avez présenté le projet de loi 84, qui
semble avoir effectivement trouvé une orientation intéressante.
Mais vous n'avez pas simplement poussé les pénalités pour
pousser les pénalités, vous avez pris le temps de regarder, puis
de trouver une solution viable, raisonnable et acceptable.
Vous-même, hier soir, vous l'avez dit: La seule façon
efficace de réduire et de mettre fin à ce
problème-là, c'est la réduction des taxes. Vous l'avez
dit. Vous n'êtes pas prêt à le faire, vous croyez à
une fédération qui vous plante, vous avez le droit. On n'est pas
contre votre principe de gouvernement libéral. Vous vous faites planter
aller-retour par une fédération, puis vous aimez ça, sauf
que, nous, on n'aime pas ça. Ça, c'est votre choix politique,
sauf qu'il demeure un fait: vous seriez peut-être bien mieux d'attendre,
effectivement, que la fédération veuille bien régler le
problème et de maintenir en place des mesures qui ne créeront pas
davantage de tension sociale et qui ne mettront pas des gens dans des
situations complètement folles, M. le Président.
C'est la population en général qui va dénoncer
cette situation-là. C'est elle qui va rire de ce projet-là, parce
que les gens ne sont pas dupes. Les gens, ils comprennent qu'un projet qui n'a
pas de sens ne mérite pas d'être appliqué. Quand tout le
monde dit non, votre pouvoir de législateur, ça ne vaut rien.
Ça, vous devez le comprendre. Vous devez revenir et prendre le temps
d'écouter ce que les gens pensent de ce qui se passe actuellement avec
le tabac. Ce qu'on est en train de faire, actuellement, c'est de piéger
davantage les gens qui sont victimes d'une situation. Ce n'est pas comme
ça qu'on doit légiférer. Je m'excuse, ce n'est pas comme
ça qu'on doit légiférer. Je pense qu'actuellement on
devrait être plus sages et attendre 1, 2 ou 3 mois, s'il le faut, mais
faire vraiment des mesures qui vont corriger le problème. Pas faire des
mesures qui vont créer des tensions sociales, on n'en a pas besoin.
Alors, M. le Président, je revenais sur l'article 17 parce que
c'est majeur, c'est majeur, et je pense qu'on est en train de faire une
législation qui, à toutes fins pratiques, va faire peur aux gens.
Elle va faire peur aux gens quand, en réalité, ce n'est pas de
faire peur aux gens qui est le problème. Je comprends que vous
êtes démuni, mais vous êtes démuni parce que vous
vous placez dans une situation de démuni.
J'aimerais bien mieux vous voir crier sur la place publique que le
fédéral nous plante, au Québec, que de venir dire: On va
planter les dépanneurs. C'est ça, le vrai débat. Ils nous
ont plantés parce qu'ils ne nous aident pas à régler le
problème de la contrebande du tabac. C'est ça qu'on devrait
dénoncer, pas faire une législation pour planter nos
dépanneurs. Us n'ont pas demandé, eux autres, d'avoir une
contrebande du tabac, ils n'ont rien demandé de ça. Ils sont les
victimes d'une situation. Je pense que, quand le fédéral nous
laisse tomber dans une situation comme celle-là, c'est ça qu'il
faut dénoncer, puis c'est ça qu'il faut crier.
Je trouve décevant de voir que le ministre traite ça d'une
façon... J'y reviens, parce que je ne trouve pas ça correct, de
sa part, de penser que... Actuellement, on représente des citoyens qui
nous demandent justement que ce projet de loi, qui n'a pas de bons sens, puisse
être reporté pour une réflexion plus sérieuse, parce
que, la vraie solution, ce n'est pas ça, pour régler la
contrebande du tabac. C'est une espèce de «plaster» qu'on
met sur la plaie, qui ne règle rien et qui, au contraire, peut provoquer
davantage de microbes autour du problème, parce qu'on n'apporte
absolument pas une solution qui permette... (12 h 10)
Je comprends que, l'illégalité, il faut la
dénoncer, mais vous avez, vous autres mêmes, toléré
l'illégalité dans le vidéopoker. Puis, on vous le disait:
C'est illégal. Pourquoi vous tolérez les vidéopokers sur
le territoire? C'est illégal. Vous avez pris du recul et vous êtes
arrivés avec une solution durable. Pourquoi ne pas avoir la même
réflexion sur le plan de la contrebande du tabac? Pourquoi? Parce que,
pour la contrebande du tabac, Ottawa nous a laissés tomber et qu'il ne
faut pas en parler? Voyons donc! Je pense que, quant à
légiférer, il va falloir légiférer avec des bases
plus sérieuses, des bases où on va, tout le monde, s'entendre et
trouver une solution. Mais là on ne trouve pas de solution avec
ça.
J'aimerais poser une question additionnelle: Comment le ministre va
faire pour appliquer ces pénalités, ces pénalités
qui, à toutes fins pratiques, vont demander des ressources humaines plus
importantes, quand on sait que les crédits alloués au
ministère du Revenu, en mars dernier, prévoyaient qu'on aurait
une réduction des effectifs financiers de l'ordre de 1 400 000 $, sur
le
plan de la vérification fiscale? Alors, est-ce que c'est un
budget particulier? Est-ce que vous allez augmenter les vérificateurs
fiscaux? Vos policiers, qui étaient 60, allez-vous les augmenter d'une
façon importante? Comment vous prévoyez vraiment arriver à
appliquer de façon sérieuse ces
pénalités-là?
Le Président (M. Messier): La question étant
posée, M. le ministre... Vous avez un nouvel adjoint parlementaire! Ha,
ha, ha!
M. Blais: Voulez-vous que je parle? Qu'est-ce qui arrive?
Le Président (M. Messier): Non, non. M. le ministre
a un droit de parole de 5 minutes. On va...
M. Savoie: Oui. Il n'y aura pas de modification au niveau
des effectifs de la police sur le tabac. Il n'y aura pas, non plus, des mesures
spécifiques. Tout ce qu'on fait, ici, c'est qu'on modifie le montant des
amendes. On augmente le minimum, en le faisant passer à «2000 $ ou
du triple de l'impôt qui aurait été payable». On
augmente également le maximum, de 25 000 $ à 500 000 $. Alors,
c'est tout ce qu'on fait dans l'article 14.2, rien d'autre.
Le Président (M. Messier): Parfait, M. le ministre.
Est-ce que l'article 17 est adopté? Est-ce que l'article 17 est
adopté?
M. Filion: Non, non, M. le Président.
Le Président (M. Messier): Est-ce que vous avez des
amendements? Un papillon, quelque chose du genre?
M. Filion: à ce moment-là, comment vous allez
faire, si vous n'avez pas d'effectifs additionnels, pour réaliser
l'application de cette loi-là, puisqu'en 1992, avec les mêmes
effectifs, vous avez échoué, avec la police du tabac? comment
vous allez faire pour que ce projet de loi trouve application, si vous n'avez
pas des effectifs additionnels, des ressources humaines additionnelles,
puisqu'en 1992, avec la même police, la contrebande a explosé
à raison de 112 % d'augmentation par rapport à 1991? comment vous
allez faire pour mettre en application votre projet de loi?
M. Savoie: Ça, on...
Le Président (M. Messier): M. le ministre.
M. Savoie: ...vous l'a expliqué. Tout ce qu'on fait ici,
c'est qu'on hausse le montant minimal et le montant maximal. C'est tout.
M. Léonard: Vous grossissez.
M. Savoie: C'est ça. Bien, on grossit... On hausse, il y a
une hausse.
M. Léonard: Vous haussez de combien à combien?
Le Président (M. Messier): Pour les fins du débat,
c'était le député de Labelle qui posait une question.
M. Savoie: Elle passe de 25 000 $ à 500 000 $.
M. Léonard: Oui, c'est ça.
M. Savoie: Oui. Le...
M. Léonard: Puis, le minimum?
M. Savoie: ...montant minimal, c'est maintenant «le plus
élevé du montant de 2000 $ ou du triple de l'impôt qui
aurait été payable». Alors, c'est tout.
M. Filion: Ça, c'est comme le marché au noir. Si
vous gardez les mêmes efffectifs de vérification et que vous
n'avez pas plus de gens pour aller vraiment faire des vérifications
exhaustives, faire des pistes, ou quoi que ce soit, ou émettre des
pénalités, à toutes fins pratiques, la pression des
visites sur le terrain ne sera pas existante. Elle ne l'était pas en
1992, alors elle ne le sera pas plus, avec le même nombre de personnes,
en 1993. Comment vous allez faire pour vraiment mettre une pression? Juste
dire: On va jusqu'à 500 000 $ de pénalités, c'est
suffisant. On dit au monde d'arrêter de faire la contrebande, mais on ne
vérifiera pas. C'est ça que vous dites?
M. Savoie: Ce n'est pas ça que j'ai dit, puis je ne sais
pas ce que vous avez ce matin. L'application de ces lois ne relève pas
uniquement du ministère du Revenu. Il peut y avoir, par exemple, une
intervention de la Communauté urbaine de Montréal. Un policier de
la Communauté urbaine de Montréal entre dans un dépanneur
et il constate. À ce moment-là, il pourrait nous aviser, et on
pourrait envoyer quelqu'un. Il y a tous ces éléments-là.
On ne veut pas devenir un Etat policier avec cette histoire de tabac, mais on
ne veut pas, non plus, lorsqu'on arrête quelqu'un, que la personne parte
à rire, qu'elle nous donne 2000 $ et qu'elle continue à vendre du
tabac. C'est tout.
M. Léonard: Oui, mais, si je comprends, là...
Le Président (M. Messier): Oui, M. le député
de Labelle. Pour une intervention de 20 minutes, ou si c'est sous forme de
question qui va englober les 20 minutes? Vous êtes intervenu aussi? On a
des problèmes au niveau de la compilation du temps, mais ça
devrait...
M. Léonard: Non, mais, moi, c'est la première
fois que j'interviens sur cet article-là. On ne l'avait pas
commencé, hier. On le commençait, hier soir, quand j'ai
quitté.
Le Président (M. Messier): Parfait, M. le
député.
M. Léonard: La police municipale peut être
chargée de l'application de cette loi, les policiers municipaux.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'ils peuvent constater
l'infraction et nous aviser.
M. Léonard: Par exemple, à la ville de Val-d'Or,
ils constatent ces infractions-là et...
M. Savoie: Les policiers de la ville de Val-d'Or, par exemple,
constatent l'infraction et avisent le ministère du Revenu. On pourrait
envoyer un fonctionnaire ou un membre de la police du tabac.
M. Léonard: C'est le fonctionnaire qui constate
l'infraction ou bien si c'est la police? Comment...
M. Savoie: Le fonctionnaire peut la constater, mais on peut
également avoir de l'information qui nous amène à visiter,
à faire des vérifications.
M. Léonard: Oui, mais disons une chose, juste en termes de
mécanique. Vous avez un dépanneur, supposons à Val-d'Or ou
à Saint-Jovite, mettez-le où vous voudrez. Le policier municipal
circule et s'aperçoit qu'il y a des ventes de tabac, de cigarettes de
contrebande, par exemple. Ce sont des choses qui arrivent. Les
dépanneurs ne voulant pas faire faillite, certains sont obligés
de se ranger. Il y en a d'autres qui tiennent le fort, mais... Alors, la police
avise le fonctionnaire du ministère du Revenu. Ce n'est pas
elle-même qui émet, ce n'est pas le policier lui-même qui
émet la contravention, qui fait la constatation d'usage? Il faut que ce
soit le fonctionnaire? L'arrimage entre la police municipale et le
ministère du Revenu se fait comment, dans le cas où vous
intervenez, où il y a intervention?
Le Président (M. Messier): Est-ce que vous allez prendre
la parole?
M. Larivière (André): Oui.
Le Président (M. Messier): Juste à vous identifier,
s'il vous plaît. Vous êtes monsieur?
M. Lariviève: André Larivière.
Le Président (M. Messier): André
Larivière.
M. Larivière: C'est bien évident que le policier
qui constate la présence de tabac de contrebande peut, comme tout
citoyen, transmettre l'information au minis- tère du Revenu. À ce
moment-là, c'est soit la police du tabac qui peut en prendre charge ou
les enquêteurs en matière frauduleuse qui prennent le dossier.
Ça dépend de la preuve qui aura été amassée
à ce moment-là par les policiers. Ça peut être
suffisant. Il peut y avoir des compléments d'enquête qui peuvent
être effectués par la police du tabac. Ça dépend de
l'état du dossier.
M. Léonard: Je sais qu'il y a eu des discussions avant que
j'arrive, mais mon point, c'est sur le plan pratique. Vous avez, disons... on
n'appellera pas ça une dénonciation, mais une constatation par un
policier, qu'il y avait du tabac. La preuve est faite plus ou moins. Si la
constatation se rend au ministère du Revenu trop tard, ou si le
ministère du Revenu revient sur les lieux trop tard pour constituer une
preuve, dans quelle mesure vous êtes efficaces, même si vous avez
une loi qui augmente ces amendes? Je reviendrai sur un autre aspect de cette
affaire.
M. Larivière: C'est sûr. Ce que je disais, c'est que
ça dépend de l'état du dossier. Par exemple, un policier
municipal fait une perquisition chez un individu pour des
stupéfiants.
M. Léonard: Oui.
M. Larivière: Rendu sur les lieux, il constate qu'il y a 2
caisses de tabac de contrebande en même temps. Il est bien évident
qu'à ce moment-là, même s'il appelait au ministère
du Revenu, il peut être trop tard lorsque le fonctionnaire peut
intervenir. Ça dépend de l'état dans lequel les
éléments sont colligés par le policier. À ce
moment-là, en vertu de la théorie, ce qu'on disait hier, la
théorie du «plain view», le policier peut saisir.
M. Léonard: La théorie du?
M. Larivière: Du «plain view», de l'objet bien
en vue. Le policier peut saisir le tabac qu'il voit sur les lieux, lors de sa
perquisition en matière de stupéfiants. Il est bien
évident que le fonctionnaire, par la suite... Il est trop tard,
lorsqu'il va intervenir. Par contre, les éléments que le policier
aura colligés serviront devant les tribunaux.
M. Léonard: Ah bon!
M. Larivière: Ça dépend de l'état du
dossier.
M. Léonard: Oui.
M. Larivière: Ça dépend des circonstances de
faits.
M. Léonard: Oui, je comprends.
M. Larivière: Par contre, un policier peut avoir
de l'information et la transmettre aux fonctionnaires du
ministère du Revenu. À ce moment-là, ce sera le
fonctionnaire qui fera l'enquête. Le policier peut avoir eu des
dénonciations de citoyens, disant que telle personne fait de la
contrebande de tabac. À ce moment-là, ce seront les
fonctionnaires ou la police du tabac...
M. Léonard: Vous en avez eu beaucoup, de ces
dénonciations-là?
IiL Larivière: Je ne le sais pas. (12 h 20)
M. Léonard: Mais, comme question de fait, depuis 2 ans, il
y avait la loi qui était là, même si elle n'était
peut-être pas suffisante. Est-ce que vous avez eu beaucoup de cas
soulignés par les policiers, disons, les policiers eux-mêmes? Sur
quelle base opérez-vous?
M. Savoie: II y en a, il y en a de la...
M. Léonard: II y en a... mais c'est combien de causes,
combien de...
M. Savoie: Ah! je ne sais pas, puis je ne pense pas que c'est
bien pertinent de savoir combien, à ce moment-ci, lorsqu'on modifie
l'article en haussant les amendes. On a approuvé le principe,
exactement, mot par mot, en 1991, ensemble!
M. Léonard: Mot à mot... Un instant, là!
M. Savoie: Ah oui! Mot à mot.
M. Léonard: Mon point, là... Il me semble que c'est
une question d'efficacité. Je veux bien qu'on dise: Oui, il y a une
dénonciation, mais, si on ne sait pas combien on a eu de cas,
jusqu'à quel point ils ont été efficaces... Hier, le
ministre disait qu'il y avait eu des saisies pour une valeur d'à peu
près 10 000 000 $. Or, quand les fabricants de tabac viennent nous dire
qu'il y a pour 550 000 000 $, seulement, de taxes que le gouvernement perd, au
Québec, ça porte finalement sur une marchandise dont la valeur de
vente est probablement de 1 500 000 000 $. Bien, c'est 10 000 000 $ sur 1 500
000 000 $! Mettez-le à 1 000 000 000 $, si vous voulez, c'est au moins
cela. En termes d'efficacité, ça ne vous intéresse pas?
Ça n'intéresse pas le ministre de savoir combien il y a eu de cas
de saisies? Combien ont abouti...
M. Savoie: Ah oui! On a tout...
M. Léonard: ...ont été vraiment
efficaces?
M. Savoie: C'est parce que vous avez manqué, hier soir. On
a eu l'occasion de donner l'ensemble des statistiques concernant le travail de
la police du tabac. On les a lues. On a pris le temps souhaité ou
souhaitable.
M. Léonard: Bon, bien, vous n'êtes pas obligé
de tout reprendre le dossier, mais c'est combien?
M. Savoie: Non, non, sauf que... Combien résultent
d'informations qui ont été transmises...
M. Léonard: C'est ça, ma question. M. Savoie:
...on ne le sait pas. M. Léonard: Vous ne le savez pas?
M. Savoie: On ne le sait pas. On n'a pas cette information,
à ce moment-ci.
M. Léonard: Bien, vous avez parlé, hier, de 10 000
000 $ de valeur saisie.
M. Savoie: C'est ça. C'est exactement ça. M.
Léonard: II y a 37 cas?
M. Savoie: C'est ça. Hier, on disait que, des poursuites
finalisées pas débutées, là, donc qui ont
débuté au cours du printemps 1992 et qui se sont terminées
au printemps 1993 il y en avait 37. Alors, des saisies, on en avait pour
10 000 000 $ par 60 agents. Vous savez ce que ça veut dire, 60 agents:
30 qui travaillent, 30 qui travaillent par semaine. Donc, quoi, une douzaine de
voitures.
M. Léonard: Au fond, un citoyen ordinaire se fie quand
même à la police pour faire les constatations d'usage, dans des
cas comme cela.
Il me semble que, même personnellement, j'hésiterais, en
constatant qu'il y a du tabac de contrebande, à prendre moi-même
le téléphone, puis à m'agiter pour dénoncer tel
dépanneur ou telle personne que je connais, qui a du tabac de
contrebande. Je le dis comme cela, puis je me réfère aussi
à la conversation qu'on a eue avant 18 heures, hier. En
réalité, je le décris comme cela, parce que ça doit
être à peu près le comportement de tout citoyen de
déplorer mais de ne pas agir et de se fier aux policiers, à la
police locale ou à la Sûreté du Québec. S'il y a peu
de renseignements qui émanent, s'il y a peu de constatations qui
émanent, quand même qu'on augmenterait les amendes... Je dirais
que ça peut jouer, même, en sens inverse.
Je reviens à Val-d'Or ou bien à Saint-Jovite, par exemple.
Vous avez la police municipale et les dépanneurs du coin. Remarquez
qu'il y a comme une espèce de... Les gens circulent, vont chez le
dépanneur, donc ils se connaissent bien. Je ne dis pas qu'il y a de la
familiarité, pas dans ce sens-là, mais ce sont des gens qui sont
familiers entre eux, nécessairement, puisqu'ils vivent dans la
même ville. Là, vous mettez une amende qui peut atteindre 500 000
$, mais à 50 000 $. Est-ce que le ministre pense qu'en montant les
amendes il va vraiment accentuer l'efficacité? J'ai l'impression que
le
réflexe psychologique, ça va être de dire:
Aïe!, de faire un avertissement verbal, mais de ne pas faire une
constatation en bonne et due forme. Il sait très bien que, si
c'était le cas, il met, supposons, le dépanneur en question en
faillite, à toutes fins pratiques. Ce ne sont pas des gens riches, en
général, qui ont des centres de dépannage comme ça.
Donc, il n'agit pas. Est-ce que ce n'est pas ça qui se passe aussi,
déjà, avec la loi? Si vous renforcez les amendes encore plus ou
les haussez beaucoup, ça risque, encore une fois, de s'accentuer comme
phénomène, attitude, phénomène psychologique ou
attitude, là... C'est très humain, je pense, ce que je veux
expliquer là, mais c'est...
M. Savoie: D'abord, l'article 14.2 ne vise pas les
dépanneurs. On avait utilisé ça comme exemple, quand les
échanges ont commencé, tout à l'heure, là-dessus.
Il vise, finalement, à arrêter n'importe qui qui est
impliqué dans le commerce du tabac de contrebande. En
conséquence, en vertu de l'ancienne loi, lorsqu'on arrêtait
quelqu'un et que l'amende était de 2000 $ minimum, il se
présentait en cour, le juge, normalement première offense,
et tout ça n'accordait que l'amende minimale, 2000 $. Finalement,
le type, il partait à rire. C'est tellement payant de faire la
contrebande du tabac que l'amende n'était pas suffisamment
élevée. C'est pour ça qu'on a changé. On a maintenu
l'amende de 2000 $, comme un élément. Par contre, on a dit aussi
que le montant doit être le plus élevé des 2 montants: soit
2000 $, soit 3 fois la taxe...
M. Léonard: La taxe payable.
M. Savoie: ...payable, en vertu de la loi sur le tabac. Vous
comprenez que c'est rien que l'amende. Non seulement vous payez l'amende, mais,
également, vous nous devez de l'argent, en termes de taxe non
payée.
M. Léonard: Oui, ça...
M. Savoie: C'est sûr que, quelqu'un qui se fait prendre...
Le truc, quand on arrête quelqu'un, c'est de s'assurer que ça a du
mordant un peu et que la personne qui commet cette infraction-là ne peut
développer une réaction d'impunité, dans le sens que le
montant est tellement minime que: Tiens, je le paie, bonjour la visite! C'est
de démontrer le sérieux. On ne cherche pas à créer
une opération panquébécoise visant à augmenter le
nombre de polices du tabac ou à augmenter le nombre d'interventions. On
veut maintenir la pression actuelle. On veut s'assurer que, lorsqu'on prend
quelqu'un, par contre, ce soit pris au sérieux.
M. Léonard: Au fond, votre objectif, c'est d'en poigner
quelques-uns pour faire peur aux autres...
M. Savoie: C'est-à-dire que c'est...
M. Léonard: ...puis de leur faire très mal... M.
Savoie: ...d'être efficace, lorsque...
M. Léonard: ...ou bien si, votre objectif, c'est d'enlever
ou d'empêcher la contrebande, vraiment? À ce moment-là,
vous pourriez engager, je ne sais pas, moi, 500 agents, qui feraient vraiment
une opération «at large», comme vous dites,
panquébécoise, et ça pourrait, en tout cas, cette
fois-là, être très efficace.
M. Savoie: On a dit, hier, que la contrebande était et
serait toujours avec nous. C'est ce qu'on a dit hier. Il n'y a pas moyen de
l'éliminer à 100 %, c'est quelque chose avec laquelle il faut
travailler.
M. Léonard: Mais si vous...
M. Savoie: normalement, c'est une situation de 5 %, 6 %.
aujourd'hui, elle est beaucoup plus élevée. ce qu'on cherche
à faire, c'est de contrôler, compte tenu que la solution n'est pas
administrable à ce moment-ci, la solution étant une
réduction des taxes, tant par le gouvernement fédéral que
par le gouvernement du québec. étant donné qu'on ne peut
pas livrer cette réduction-là, à ce moment-ci... la
situation peut changer, avec une nouvelle orientation politique. je n'ai pas
entendu la position de la nouvelle première ministre là-dessus,
là. je n'ai pas, non plus... je ne connais pas la position du plc
là-dessus. est-ce qu'ils vont être d'accord avec une
réduction des taxes sur le tabac, pour, justement, alléger le
niveau de la contrebande? je l'ignore. mais, d'ici ce temps-là, on
gère, le mieux qu'on peut, une situation difficile. une des
façons de la gérer, c'est lorsque les intervenants nous disent:
écoutez, l'amende n'est pas assez élevée. lorsqu'on prend
quelqu'un, il y a souvent une moquerie, qui se fait, des amendes, des montants
qui sont impliqués. ces amendes étant tellement minimes et la
contrebande étant tellement payante, il y a très peu de dommages
causés à l'élément de contrebande.
M. Léonard: Oui, mais... (12 h 30)
M. Savoie: On change les montants, c'est tout ce qu'on fait. On
augmente les montants, à l'article 17. Là, on ne conteste pas sur
le fond, si je comprends bien. On ne conteste pas en disant que le montant de
500 000 $ est trop élevé ou que 500 000 $ n'est pas assez
élevé. On ne dit pas, non plus, que, 2000 $ ou le triple de
l'impôt, ce n'est pas assez comme amende ou que c'est trop. Là, on
cherche à voir de quelle façon on va l'appliquer.
On vous a indiqué qu'on n'augmentera pas le nombre de policiers
du tabac sur le territoire, premièrement. Deuxièmement, il y a
quand même une grande partie de la population qui participe, d'une
façon positive, contre la contrebande. Il y a les corps policiers sur le
territoire. Il y a la GRC sur le territoire. Il y a les
douaniers sur le territoire. Il y a...
M. Léonard: Oui, mais si ça résulte en 37
causes, seulement, sur tout le territoire du Québec...
M. Savoie: Ce n'est pas ça qu'on a dit. On a dit...
M. Léonard: Bien, 37 qui se terminent avec jugement.
M. Savoie: ...37 finalisées. Pas le nombre
débutées. Il y a une différence. Ça, c'est 37
finalisées.
M. Léonard: Oui, mais...
M. Savoie: Ça, c'est seulement par mon petit groupe de 60
intervenants. On ne parle pas des... Je ne sais pas combien ils sont. Ils sont
8000, la Sûreté du Québec, 9000, 6000? Il n'y en a pas
plus.
M. Léonard: II y en a 3500, à peu près, je
pense. M. Savoie: Ils sont 3500? O.K.
M. Léonard: À peu près. C'est le corps
policier de la CUM, qui est le plus nombreux, au Québec. La
Sûreté du Québec, à mon avis, à moins que je
ne me trompe vraiment...
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: ...c'est entre 3000, 3500, quelque part par
là.
M. Savoie: Moi, je suis peut-être avec les effectifs du
ministère. Je ne m'en rappelle plus. En tout cas, disons que c'est 3500.
Disons que c'est acceptable, 3500. Ensuite, tu as les corps policiers
municipaux. Tu as la GRC, qui est présente, de façon convenable,
sur le territoire. Tu as les douaniers. Il y a eu une augmentation du nombre de
douaniers. Je pense qu'ils ont augmenté ça, le nombre d'agents,
du côté du Québec, de 40 ou 45 agents, si ma mémoire
est fidèle. Alors, il y a plusieurs intervenants sur le territoire. Ce
n'est pas une affaire que le ministère du Revenu ou le ministre du
Revenu peut décider de partir en croisade et régler. C'est
impossible. Il faut que le monde participe à ça.
Ensuite, tout ce qu'on se dit c'est à l'article 14.2 de la
Loi concernant l'impôt sur le tabac c'est que, lorsqu'on va
prendre quelqu'un, quand ça va être la troisième offense,
la quatrième offense, le juge va être tenté de dire: Bon,
bien, ton amende, chum, c'est 400 000 $ cette fois-ci. Ça commence
à faire mal, là. Ça commence à être moins
rentable de faire de la contrebande, quand tu te fais prendre.
Alors, c'est tout. On ne change pas notre approche, on ne change pas
notre tactique, dans l'article 14.2. Tout ce qu'on fait, c'est qu'on joue avec
les amendes.
M. Léonard: C'est parce que vous faites porter le poids de
votre inefficacité sur les amendes...
M. Savoie: Non.
M. Léonard: ...sur les montants d'amende qui ne sont pas
assez élevés, parce que, si c'est ça que vous modifiez et
que vous ne modifiez...
M. Savoie: Bien, ce n'est pas la seule chose.
M. Léonard: ...aucune des autres composantes de la
lutte...
M. Savoie: Ce n'est pas la seule chose qu'on modifie. Il faudrait
continuer à faire les articles...
M. Léonard: Oui, mais...
M. Savoie: ...au lieu de faire un «filibuster» sur
17. Il faudrait voir 17, on pourrait aller voir 18.
M. Léonard: M. le Président, là-dessus, je
voudrais juste demander au ministre de, quand même. ..Ha le droit
d'employer les mots qu'il veut, mais un «filibuster»
après... Ça fait une journée, sur un projet de loi que je
pense important, nous sommes rendus à l'article 17.
M. Savoie: Ah oui!
M. Léonard: Ce n'est pas ce qu'on appelle un
«filibuster». Toutes les remarques préliminaires... Il y a
eu une motion préliminaire; les motions particulières, il y en a
eu juste une. On ne peut quand même pas parler de
«filibuster», on est rendu à l'article 17.
M. Savoie: C'est ça. M. Léonard:
Jusque...
M. Savoie: Là, ça fait 1 heure qu'on est sur
l'article... C'est à dire qu'on a fait 1 heure hier soir, à peu
près...
M. Léonard: Oui, mais c'est...
M. Savoie: ...et on a fait 1 heure aujourd'hui. Il faut bien
s'entendre, hein je le qualifie dans le sens que l'article 17 a
pour but de modifier l'article 14.2. À l'article 14.2, on
détermine le montant des amendes. Tout ce qu'on fait, c'est qu'on change
le montant des amendes. Ce n'est pas la première fois qu'on intervient,
au niveau...
Là, à l'article 18, c'est nouveau. À l'article 18,
on dit: «14.3 Toute personne qui contrevient à l'article 9.2
commet une infraction et est passible d'une amende d'au moins 200 $ et d'au
plus 1000 $.»
Attention à vous, là! C'est ça, là.
Finalement, on n'a pas eu de discussion de fond sur les montants, hier. On n'a
pas eu, non plus...
M. Léonard: Bien, là, on est en train de l'avoir.
On a dit que, 500 000 $, ça va être contre-productif, dans le sens
où le policier municipal, qui va constater une infraction chez quelqu'un
qui vend du tabac de contrebande, n'agira pas parce que c'est quelqu'un qu'il
connaît. Il ne voudra pas le mettre dans le trouble à ce
point-là. C'est ce qui arrive lorsque l'amende a l'air
disproportionnée par rapport à l'offense.
M. Savoie: C'est vrai.
M. Léonard: Ça, c'est un réflexe très
humain qui se produit très régulièrement. Comme ça
se produit régulièrement, ça peut être admissible.
Je pense qu'il y a aussi des questions de jugement à exercer par un
policier. Quand vous atteignez des montants comme ça, là,
ça commence à être plus
généralisé.
M. Savoie: C'est vrai.
M. Léonard: C'est ça le problème.
M. Savoie: On reconnaît ça. Il y a le
phénomène psychologique en question.
M. Léonard: Vous dites que vous agissez sur ce
plan-là, mais vous n'augmenterez pas les effectifs policiers, compte
tenu que vous n'avez pas nécessairement le pouvoir de le faire. Si vous
êtes en territoire municipal de ville, où il y a une police
municipale, la Sûreté du Québec ne va pas là,
n'intervient pas. Ça m'étonne-rait beaucoup, aussi, que la GRC
intervienne de façon significative. La GRC s'intéresse à
des points plus particuliers, genre la drogue, la cocaïne. Ça, elle
va le faire occasionnellement je dirais, de façon ancillaire, si
on me passe le mot. Elle va peut-être saisir du tabac de contrebande,
mais c'est tellement épisodique que ça ne constitue absolument
pas une lutte à la contrebande. Là, c'est tout le...
M. Savoie: Je pense qu'ils ont une espèce de bureau de
contrebande pour le tabac actif sur leur territoire. Ils font des descentes,
ils font des interventions assez régulières sur le territoire.
Vous avez peut-être raison de dire que c'est épisodique, dans le
sens qu'il y a des descentes importantes. Je pense qu'il y a une pression
constante, au niveau de la contrebande du tabac. C'est sûr que la lutte
à la drogue est beaucoup plus importante. C'est une autre
activité. Mais, compte tenu du fait que la pègre
s'intéresse davantage à la contrebande du tabac, compte tenu que
les activités et des éléments criminels se ramassent de
plus en plus dans ce milieu-là...
M. Léonard: Est-ce que le gouvernement ou le
ministre des Finances en discutant avec son collègue du
fédéral, a convenu que la GRC s'en préoccuperait
davantage? Ça aussi, ça peut faire partie des discussions.
M. Savoie: Effectivement, c'est la Sûreté du
Québec. Donc, c'est le ministre, M. Ryan, qui a eu des échanges
avec son homologue fédéral. On a demandé des efforts
additionnels, pour nous aider à réduire...
M. Léonard: Oui, mais, au moment où le ministre des
Finances demande au ministre des Finances fédéral de baisser sa
taxe sur le tabac et qu'il dit non, est-ce qu'il y a eu une contrepartie
demandée, à l'effet que la GRC soit plus active dans ce
dossier-là?
M. Savoie: Oui, c'est ça. Il y a un effort concerté
dans le milieu.
M. Léonard: Est-ce que vous le savez? Vous l'affirmez
positivement?
M. Savoie: Je le sais, oui. Ah oui! Je suis bien au courant des
rencontres. On a un comité ministériel là-dessus. On a eu
des rencontres avec les gens d'Ottawa.
M. Léonard: Eux n'ont pas mis le ministre au courant du
nombre de plaintes qui ont été portées, du nombre de
causes qui ont été réglées au cours de
l'année 1992 ça fait 6 mois que c'est fini parce
que c'est là où la contrebande a particulièrement fleuri.
La constatation, c'est que c'est inefficace, c'est ça qu'il faut dire,
parce que ça explose actuellement. C'est ça.
M. Savoie: C'est ça. C'est pire, comme je vous l'ai
mentionné... à Terre-Neuve, par exemple. À
l'île-du-Prince-Édouard, c'est difficile. Chez nous, à
cause de la population importante 6 000 000 de personnes, 7 000 000 de
personnes la situation se développe. En Ontario, ça se
développe très fort aussi.
M. Léonard: Actuellement, l'Ontario, elle aussi,
connaît l'épidémie?
M. Savoie: Ils sont en train de nous rattraper.
M. Léonard: En termes de perception de taxes sur le tabac,
est-ce que vous avez des renseignements précis disant que, là
aussi, ça baisse comme au Québec?
M. Savoie: C'est-à-dire que, eux, étant
donné qu'ils ont un autre système au niveau de l'impôt,
c'est surtout le gouvernement fédéral qui détient
l'information, mais on a des suivis. On a des statistiques qui sortent à
tous les mois, qui nous donnent l'évolution de la situation.
M. Léonard: Bien, je trouve que ce n'est pas non plus
très précis. Moi, je trouve ça disproportionné:
37
contrebandiers attrapés, 37 poignes, pour employer
l'expression.
M. Savoie: C'est-à-dire que...
M. Léonard: Des cas réglés judiciairement,
c'est allé au bout.
M. Savoie: C'est ça. Ce n'est pas la même chose que
37 poignes, ça. Ce n'est pas 37 poignes, c'est 37 dossiers
terminés en cour; plus rien, le dossier est clos, fini.
M. Léonard: Est-ce que je peux savoir si le
ministère en a gagné plusieurs ou s'ils les a toutes perdues?
C'est quoi le taux de succès là-dedans, dans les causes devant le
tribunal?
M. Savoie: On nous dit qu'on en a perdu 1 sur 37.
M. Léonard: Vous en avez gagné 36?
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: C'est un bon taux.
M. Savoie: Ah oui! je comprends. C'est un bon taux.
M. Léonard: Ça veut dire que vous n'agissez que
lorsque vous êtes sûr. Donc, ça prend du temps à
être sûr!
M. Savoie: Oui, c'est le ministère du Revenu. On a
tendance à faire attention, compte tenu des responsabilités
énormes qu'a le ministère et pouvoirs. Il faut être modeste
quant à nos interventions.
M. Léonard: Dans les autres, vous vous êtes
désistés. Vous ne savez pas dans combien de causes vous vous
êtes désistés en cours de route?
M. Savoie: Aucun désistement.
M. Léonard: Aucun? Quand vous embarquez, vous êtes
sûr de gagner dans 36 cas sur 37. Des bouledogues, des pit bulls!
M. Savoie: Bien non, pas des pit bulls. M. Léonard:
Bien, c'est pas mal.
M. Savoie: Ce n'est pas enragé, dans le sens... C'est
modeste, hein...
M. Léonard: Non, je n'ai pas dit ça dans le sens
qu'ils étaient enragés.
(12 h 40)
M. Savoie: Non, non, je sais. C'est le ministère du
Revenu.
M. le Président, avec votre permission, M. le
député de Labelle, j'aimerais mettre fin au travail de la
commission, pour ce matin, quitte à reprendre à 15 heures
avec...
M. Léonard: À 15 heures?
M. Savoie: Oui, parce que j'ai un contretemps. J'ai le Conseil
des ministres qui a cours et je voudrais y assister, qui a débuté
il y a...
M. Léonard: Ah oui! Ah oui, c'est mercredi! Ça
va.
M. Savoie: Oui, et je sais que, vers...
M. Léonard: À quelle heure ça recommence cet
après-midi?
M. Savoie: À 15 heures.
M. Léonard: C'est à 15 heures?
Le Président (M. Messier): Nous allons suspendre pour
être de retour à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 42)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Gobé): Mesdames et messieurs,
bonjour. La commission du budget et de l'administration va maintenant reprendre
ses travaux. Je vous rappellerai rapidement le mandat. Notre mandat,
aujourd'hui, est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 90, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur le tabac, la Loi sur le ministère du Revenu et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal.
Tout d'abord, je m'excuserai, au nom des membres de cette commission,
pour mon léger retard, mais j'étais retenu en Chambre et il y
avait la cloche qui sonnait. Me voici, donc je vous rejoins avec quelque retard
et je m'en excuse.
Alors, nous étions donc à l'article 17. M. Filion, vous
aviez la parole. Alors, vous l'avez encore, je vous la redonne. Il vous reste
14 min 35 s.
M. Filion: II reste 14 min 35 s pour l'article 17?
Le Président (M. Gobé): C'est ça.
M. Filion: C'est beau.
Le Président (M. Gobé): Allez-y.
M. Filion: Merci, M. le Président.
Alors, ce matin, lorsque j'ai commenté l'article 17, qui est un
peu le noeud...
M. Savoie: Une seconde, s'il vous plaît!
Le Président (M. Gobé): M. le ministre. Oui,
avez-vous...
M. Savoie: Avec votre autorisation, on peut enlever notre
veste?
Le Président (M. Gobé): Certainement, M. le
ministre, j'y consens avec plaisir, à condition que ce soient seulement
les ministériels...
M. Savoie: Que ce soit seulement ma veste!
Le Président (M. Gobé): ...que les élus,
pour le décorum.
M. Savoie: Je m'excuse, c'est parce que... M. Filion: M.
le Président, on peut continuer.
Le Président (M. Gobé): C'est bon pour vous aussi,
M. le député.
M. Filion: Non, je n'en sens pas le besoin, moi, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Mais vous ne pouvez pas la
retourner tout de suite, par exemple.
M. Filion: Je n'en sens vraiment pas le besoin.
M. le Président, pour continuer l'étude de l'article 17...
C'est le noeud de ce projet de loi, puisque c'est à cet article que l'on
augmente la pénalité et qu'on la rend applicable jusqu'à
un montant de 500 000 $, pour ceux qui vont contrevenir, qui vont être
coupables d'infraction au niveau du transport et de la vente du tabac.
M. le Président, comme je l'ai expliqué ce matin, et
aussi, en même temps, ce qui vient justifier que ce projet de loi n'a pas
sa place, c'est qu'on est en train de forcer des gens ils vont
être obligés, à toutes fins pratiques à
abandonner ce secteur d'activité du tabac, puisque, dans un domaine
légal... C'est-à-dire que le dépanneur ne pourra plus
vendre, il ne pourra plus être compétitif dans le domaine
légal de la vente du tabac, puisque la contrebande ne sera absolument
pas réglée par ce projet de loi.
Le ministre a reconnu, effectivement, qu'il ne réglait rien avec
ce projet de loi. Il a reconnu également que ce projet de loi allait
entraîner encore des pertes importantes de deniers publics
jusqu'à 50 000 000 $ additionnels en taxes spécifiques sur le
tabac l'an prochain. On a perçu 410 000 000 $ en 1992-1993 et,
l'an prochain, on prévoit en percevoir 360 000 000 $. Là, on
augmente les pénalités, sans non plus augmenter... C'est un peu
là où j'en suis, et je trouve qu'on a atteint le seuil de
l'absurdité du projet. On n'augmente même pas les ressources
humaines au ministère. On augmente les pénalités, mais on
n'augmente pas les ressources humaines, c'est-à-dire les
vérificateurs ou les policiers qui vont être chargés de
l'application de ce projet de loi. Les 60 policiers de l'an dernier vont
demeurer le même nombre en place pour l'application du projet de loi. Ces
gens-là, M. le Président, ont eu un échec, l'an dernier,
c'est-à-dire que la police du tabac n'a pas été capable de
contrer le marché au noir, qui a augmenté, à toutes fins
pratiques.
Là, on se retrouve avec une pénalité et on
augmente... J'ai l'impression qu'on est ici pour augmenter une
pénalité, sans vraiment chercher à solutionner un
problème. Je pense qu'on légifère pour rien.
M. le Président, je pense que, le vrai problème, le
ministre en a parlé hier en commission. On sait pertinemment que le
projet de loi ne vise pas à régler non plus toute la
problématique de saisies en réserves autochtones. On sait
pertinemment que ce projet de loi n'augmentera pas les saisies en
réserves autochtones, et on a vu avec le ministre hier qu'Akwesasne est
un peu La Mecque, si on peut l'appeler ainsi, de la contrebande du tabac.
Akwesasne, je pense que c'est la réserve, actuellement, où il y a
environ 1000 autochtones sur 12 000 qui font le trafic actif de la contrebande
du tabac.
Le projet de loi qu'on a devant nous, ici, ne vise absolument pas et ne
touche pas le fond du problème. Il ne touche pas le fond du
problème. C'est à ce niveau, d'abord, qu'on devrait penser
à faire de l'intervention policière, qu'on devrait penser
à mettre une pression au niveau de la contrebande du tabac. Akwesasne
demeure toujours l'endroit où on doit axer nos énergies pour
mettre fin à ce problème, à ce fléau social.
Au contraire, on vient ici augmenter simplement les
pénalités pour venir encore rendre le système
économique déloyal envers les dépanneurs, qui vont
être obligés d'abandonner la vente de cigarettes et de perdre
leurs profits. S'ils maintenaient la vente de cigarettes, M. le
Président, ils seraient sujets à des pénalités
jusqu'à 500 000 $, s'ils le font en contrebande. S'ils le font de
façon légale, ils n'en vendront plus. Alors, de toute
façon, ils sont voués à perdre ces profits-là. Ils
sont voués à les perdre, les profits, et à se retrouver
dans une situation financière beaucoup plus précaire.
C'est dans ce sens-là, M. le Président, que l'article 17,
si je lui accorde une importance et que j'en parle abondamment, c'est que c'est
à ce niveau-ci que l'article 17... Je pense que le projet de loi a tout
son sens par rapport à l'objectif visé par le ministre, qui est
un objectif qui ne donne absolument rien sur le plan pratique, celui de freiner
la contrebande du tabac.
M. le Président, en début de commission, j'avais
déposé une motion pour entendre la Sûreté du
Québec. J'ai jugé important d'entendre ce corps policier qui,
à toutes fins pratiques, est très sensibilisé à la
contrebande du tabac sur notre territoire et de voir avec eux ce qu'ils pensent
des mesures fiscales qu'on est en train de mettre
sur pied, ce sur quoi on est en train de légiférer pour
régler le problème de la contrebande du tabac. Cette motion a
été déposée. Bien sûr, on en a
discuté. Les députés, en Assemblée, ont jugé
inopportun d'entendre la Sûreté du Québec.
Pourtant, M. le Président, la Sûreté du
Québec, elle a été convoquée au niveau du
marché au noir, au niveau du vidéopoker. On l'a entendue, M. le
Président. Si on assiste à un marché au noir, un
marché d'illégaux, encore plus imposant peut-être 3,
4 fois le marché du vidéopoker je pense que la
Sûreté du Québec, qui est le corps policier, au
Québec, qui représente la sécurité publique et la
protection des citoyens, on aurait aimé les entendre, mais la commission
a refusé cette motion, pour qu'on puisse avoir plus d'informations de la
part de nos corps policiers,
M. le Président, je sais qu'au moment où on se parle
l'étape préliminaire, c'est-à-dire avant le début
de l'étude du projet de loi... Si on avait d'autres motions, ça
aurait dû être à ce niveau qu'on aurait dû
présenter ces motions, sauf que, dans un but, simplement, d'exercice de
démocratie et, en même temps, je pense, comme tout bon
député doit le faire, lorsqu'on veut débattre des points,
on présente des motions, j'aimerais, à nouveau, M. le
Président, présenter une motion, qui pourrait se lire comme suit:
«Que la commission du budget et de l'administration souhaite, dans le
cadre de l'étude du projet de loi 90, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur le tabac, la Loi sur le ministère du Revenu et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal, pouvoir entendre, de
manière à faciliter l'exécution de ses travaux, le caporal
Denis Constant, de la Gendarmerie royale du Canada. » (15 h 20)
M. le Président, cette motion, je la dépose. J'aimerais
discuter et défendre la recevabilité d'une telle motion, et avoir
l'opportunité d'expliquer l'importance d'entendre le caporal Denis
Constant, qui pourrait apporter des informations additionnelles à la
commission, puisque le noeud du problème demeure. On pense, M. le
Président, qu'il s'agit toujours de tout ce qui se passe au niveau
d'Akwesasne, de la réserve autochtone d'Akwesasne. Le caporal Denis
Constant, qui est au service des renseignements, à la Gendarmerie
royale, pourrait certainement apporter d'autres indications et informations
à la commission, qui nous permettraient de penser à une action
efficace, à une action où on pourrait légiférer sur
une intervention sur le terrain, et penser véritablement à les
saisir là où on doit saisir. Ne pas saisir des paquets de
cigarettes qu'un consommateur se voit offrir dans une concurrence
déloyale, une concurrence économique déloyale, ne pas
saisir un dépanneur qui se voit couper ses vivres, son pain et son
beurre, parce qu'il doit perdre et renoncer à ses profits, mais bien
saisir le pain et le beurre des contrebandiers.
La commission pourrait peut-être, à ce moment-là, M.
le Président, être informée, par les gens du milieu,
vraiment, par les gens du milieu, de ce qu'ils pensent véritablement de
ce problème qu'est la contrebande du tabac, selon eux, qu'est-ce qu'on
devrait, nous, comme législateurs, entreprendre comme politique
fiscale.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député.
M. Forget: Voici, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Excusez-moi, M. le
député, j'ai... Vous avez un problème?
M. Forget: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): En vertu de quoi, M. le
député de Prévost? Une question de règlement? Une
question de privilège?
M. Forget: Voici, l'article 242. Une voix: L'article
244.
M. Forget: L'article 244, excusez. Voici, puisque la commission a
déjà étudié, à plusieurs reprises...
Le Président (M. Gobé): Donc, si je comprends bien,
vous me faites une question de règlement.
M. Forget: Une question de règlement.
Le Président (M. Gobé): Sinon, je ne peux pas vous
reconnaître, parce que la parole est actuellement au
député.
M. Forget: Je pense que... Question de règlement,
définitivement.
Le Président (M. Gobé): Bon. Alors, en vertu d'une
question de règlement. Pouvez-vous m'expliquer, maintenant, me faire
valoir la question que vous soulevez?
M. Forget: Oui, M. le Président. Puisque la commission a
déjà étudié plusieurs articles du projet de loi, il
n'est donc plus possible de proposer une motion visant à tenir une
consultation particulière.
Le Président (M. Gobé): Quel article est-ce, M. le
député?
M. Forget: L'article 244, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): L'article 244. Alors, j'en
prends donc connaissance. Je vais donc suspendre les travaux 1 minute, le temps
de vérifier l'article 244.
M. Forget: Merci, M. le Président. (Suspension de la
séance à 15 h 22)
(Reprise à 15 h 23)
Le Président (M. Gobé): La commission reprend ses
travaux.
Alors, lors de l'étude d'un projet de loi, il y a une
période qui est prévue pour faire des motions, pour demander des
consultations particulières ou entendre un certain nombre de personnes.
Alors, malheureusement, je vois que nous sommes je vais terminer et,
après, je vous passerai la parole à l'article 17, ce qui
démontre que cette période est déjà largement
passée, d'après ce que je peux voir. Je dois donc,
malheureusement, ne pas accepter cette motion, la jugeant non pertinente
à ce moment-ci de nos débats. Je suis désolé pour
vous, M. le député. Je dois malheureusement donner raison au
député de Prévost, qui a soulevé cette question de
règlement.
M. Filion: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député.
M. Filion: ...ce n'était pas une motion dans le cadre
d'une motion préliminaire, à l'article 244. Il s'agissait
simplement d'une motion dans l'exécution et le déroulement normal
de nos travaux, c'est-à-dire...
M. Savoie: ...
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le ministre.
M. Filion: M. le Président... Mais, écoutez, M. le
Président...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Prévost. Je pense que M. le député a
écouté ce que j'avais à dire. On vous a
écouté lorsque vous avez fait votre question de règlement,
et...
M. Filion: Alors...
Le Président (M. Gobé): ...qui est très
pertinente, d'ailleurs. J'ai statué dessus. Maintenant, il a
peut-être d'autres arguments à me faire valoir. Je pense que je me
dois de l'écouter avant d'aller plus loin.
M. Savoie: Rapidement... M. Filion: Monsieur...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, s'il vous
plaît!
M. Savoie: Rapidement...
Le Président (M. Gobé): Lorsqu'un membre a la
parole, c'est la présidence qui a à décider de la...
M. Savoie: Oui, mais il n'a pas 20 minutes, là.
Le Président (M. Gobé): Je vais écouter M.
le député et je verrai...
M. Filion: Bon.
Le Président (M. Gobé): ...par la suite, M. le
ministre.
M. Filion: M. le Président, merci.
Effectivement, à l'article 244, c'est dans le cadre d'une motion
préliminaire, où on demande d'entendre des gens. M. le
Président, on a étudié le projet de loi depuis... C'est
maintenant la deuxième journée. On se rend compte, au fur et
à mesure que les travaux avancent, qu'on reçoit des nouvelles
informations, qu'il y a une problématique, à Akwesasne, qui est
majeure. Nous, on veut simplement, en tant que députés voulant
travailler en fonction des outils qu'on a, c'est-à-dire présenter
des motions, au fur et à mesure qu'on le juge opportun, en fonction de
l'information que l'on reçoit également... Et je pense qu'au
moment où on se parle l'article 17, qui est le noeud du problème
de ce projet... bien, le noeud, c'est-à-dire où tout passe par
là, c'est-à-dire la pression sociale qu'on est en train de
développer et l'agressivité qu'on va développer chez les
gens passent par cet article de loi...
Nous, on veut simplement se prévaloir de l'article 158. L'article
158 de nos règlements, M. le Président la section 6
dit: «En commission, les motions ne requièrent pas de
préavis.» Alors, nous, on dépose une motion. Une motion qui
se veut une motion dans un cadre de travail d'un député qui veut
s'exprimer et qui croit à la pertinence de ce genre de motion.
Avec cet article, il faut lire, simultanément ou ensemble,
l'article 185, où on dit: «Le député qui
désire proposer que l'Assemblée se prononce sur une question le
fait par motion.» Alors, c'est ce que je fais. Je demande c'est un
souhait que l'Assemblée puisse se prononcer sur une question.
Cette question, M. le Président, elle est très simple. Je
l'exprimais dans ma motion. C'est que j'aimerais que l'Assemblée se
prononce sur la possibilité d'entendre un représentant de la
Gendarmerie royale du Canada, qui est au coeur de la problématique que
l'on vit à Akwesasne. Il pourrait fournir à cette commission des
informations très pertinentes et essentielles pour un débat
constructif, pour qu'on puisse légiférer d'une façon
efficace, et non pas simplement de façon à créer des
tensions sociales par des pénalités accrues. Ce genre de mesures
risquent de créer tout simplement un cul-de-sac pour les
dépanneurs qui vont abandonner carrément la vente du tabac, qui
était majeure dans leur entreprise.
Le Président (M. Gobé): M. le député,
je pense que votre argumentation, à ce stade-ci, apporte un
élément nouveau à ma connaissance. Je me dois, avant
d'aller plus profondément je vois que M. le
député
de Prévost me fait des signes de l'écouter.
M. Forget: Voici, M. le Président. Si vous regardez
l'article 158 il y a déjà une décision qui a
été rendue, dans un cas il ne veut pas dire, à
n'importe quel moment, de discuter du fond comme tel. Alors, je pense que le
député de Montmorency... Naturellement, il faut qu'il s'en
revienne au projet de loi, à l'article 17 qu'on étudie
présentement. Je pense qu'il ne faut pas aller dans le fond du projet de
loi comme tel. Alors, je pense que c'est irrecevable, de la façon qu'on
fonctionne.
M. Filion: M. le Président, je suis directement au fond de
l'article 17, puisque l'article 17, c'est à se demander la pertinence de
cet article-là, compte tenu de ce qu'il a comme résultat au
niveau de la contrebande du tabac à Akwesasne, qui est le coeur et La
Mecque de cette problématique. À la limite, M. le
Président, suite à l'intervention ou aux commentaires d'un agent
de la Gendarmerie, on pourrait se rendre compte que l'article 17 devrait
être tout simplement abrogé, qu'il n'a plus sa pertinence.
C'est dans cet esprit-là qu'on a besoin d'avoir de l'information
additionnelle de la part d'une personne qui est au coeur du débat et qui
représente, au fond, la Gendarmerie royale du Canada. Selon lui, il y a
1000 autochtones sur 12 000 qui participent actuellement à ce commerce
lucratif, excessivement lucratif, qu'est la contrebande du tabac.
C'est au niveau de l'article 17, M. le Président, parce que
recevoir une information pertinente de la part de la Gendarmerie royale
pourrait nous permettre de dire: Bien oui, effectivement, l'article 17 n'a plus
sa pertinence. Il devrait être abrogé, et non seulement
abrogé, mais donner naissance à une nouvelle mesure fiscale, qui
pourrait régler la problématique d'Akwesasne, qui est au coeur de
la contrebande du tabac, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Vous comprendrez, M. le
député, que, dans le souci de rendre une décision la plus
juste et la plus éclairée possible, je dois respecter les droits
des parlementaires. Ayant un doute raisonnable dans mon esprit, avant de rendre
une décision, je vais donc suspendre les travaux quelques
minutes, cette fois-ci afin de m'informer auprès de juristes ou
de gens capables de me donner un éclairage un peu plus large que celui
que je possède à ce stade-ci, et ceci, dans le but de respecter
les droits et privilèges des parlementaires. Donc, je suspens les
travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 29)
(Reprise à 15 h 33)
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, s'il vous
plaît! Je suis prêt à rendre une décision. Alors, la
décision restera la suivante:
Nonobstant l'article 158, je ne peux accéder à la
recevabilité de cette motion. Non pas parce qu'elle est
déposée sans préavis, mais parce qu'elle n'est pas
déposée à la bonne période de l'étude du
projet de loi. Vous auriez pu la déposer sans préavis lorsque le
projet de loi a été présenté et que, suite aux
remarques préliminaires, il y a eu la période de
dépôt des motions. Malheureusement, lorsque l'étude est
commencée, dans l'ordre de fonctionnement de l'étude d'un projet
de loi, qu'il y ait préavis ou pas n'y change rien. Ce n'est pas des
arguments.
Par contre, je peux vous faire lecture de l'article 244, si vous voulez,
qui confirme cette chose et qui dit, entre autres: «Avant d'entreprendre
l'étude détaillée, la commission peut décider de
tenir des consultations particulières dans le cadre de son
mandat.» Ce qui explique qu'il indique explicitement qu'il est
prévu, dans l'ordre de procédure d'une étude
détaillée, une période pour entendre et décider,
pour la commission, si elle entend, oui ou non, des personnes, des groupes ou
des organismes.
M. Filion: Mais, d'un consentement unanime, M. le
Président, est-ce qu'on pourrait déposer une telle motion?
Le Président (M. Gobé): Donc, elle est non
recevable. Maintenant, s'il y a consentement...
Des voix: II n'y a pas de consentement.
Le Président (M. Gobé): Si M. le ministre ou
les députés consentent, moi, personnellement, je n'aurai pas
à m'objecter. Alors, y a-t-il consentement à ce que nous
recevions le caporal Denis Constant de la Gendarmerie royale du Canada?
M. Savoie: II n'y a pas de consentement.
Le Président (M. Gobé): II n'y a pas de
consentement. Alors, le caporal ne sera donc pas invité à cette
commission par la commission.
Nous allons retourner à l'article 17. M. le député
de Montmorency, vous aviez la parole.
M. Savoie: M. le Président, tout simplement, si vous me
permettez un petit commentaire. Il faut bien comprendre que ce n'est pas
personnel au caporal en question, que je connais de nom, ni à la
Gendarmerie royale. Il faudrait que ce soit bien clair au dossier, comme tel.
Nous avons refusé, au début de nos procédures, la
Sûreté du Québec. Compte tenu du refus qu'on a eu pour la
Sûreté du Québec, intervenir ici, à ce moment-ci,
avec la Gendarmerie royale serait...
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
ministre.
M. Savoie: ...vraiment une injustice assez importante
vis-à-vis de la Sûreté du Québec.
Deuxièmement, je pense que la nature de la mesure, à ce
moment-ci, on peut la considérer comme une mesure dilatoire de la part
de l'Opposition. On constate que ça a été
garroché...
Le Président (M. Gobé): O.K., M. le ministre.
D'accord, merci. Je pense que, M. le député de Montmorency, vous
aviez la parole. Il vous reste 8 minutes, et votre temps tourne.
M. Filion: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre pourquoi, vraiment, se couper d'une information additionnelle, qui
pourrait être vraiment pertinente au débat de ce projet de loi
là?
M. Savoie: Elle est très pertinente. Je possède
cette information-là, M. le député. Alors, je n'en ai pas
besoin en commission parlementaire.
M. Filion: Oui, je comprends. Vous, vous avez la science infuse,
M. le ministre, mais on est ici, les parlementaires, pour adopter un projet de
loi. Il y a d'autres personnes, à la commission, qui n'ont
peut-être pas toute l'information que vous avez et qui seraient
peut-être intéressées à ce que vous nous disiez ce
que vous avez comme information, pour qu'on puisse, tout le monde, suivre le
raisonnement de ce projet de loi. On a l'impression qu'il n'est pas
fondé sur le plan de freiner tout simplement la contrebande et qu'on
vise les mauvaises personnes. On matraque le consommateur, on matraque le
vendeur, mais on ne matraque pas le contrebandier à sa source
même, en réserves autochtones, à Akwesasne.
On veut essayer de savoir, avoir de l'information des services
policiers, puisqu'on a tendance à vouloir légiférer la
fiscalité comme dans un État policier, maintenant. On voudrait
savoir, de leur part, ce qu'ils en pensent. Est-ce qu'on est sur la bonne
route? Est-ce qu'on a franchi le bon cap, qu'on a pris comme objectif de
législateurs, ou pas? Moi, je voudrais bien comprendre ça. Si le
ministre pouvait m'expliquer ça, je pense que ce serait à la
satisfaction des gens autour de cette table.
M. Savoie: D'abord, je pense qu'il faut que ce soit très
clair que votre commentaire, en ce qui concerne la science infuse, c'est
insultant. Ce que j'ai indiqué très clairement, c'est qu'en ce
qui concerne Akwesasne, en relation avec le projet de loi, on n'a pas besoin de
rencontres additionnelles ou de discussions additionnelles là-dessus.
Akwesasne n'est qu'une partie du problème. C'est un
élément du problème, mais ce n'est pas un
élément de la solution. Nous sommes à la recherche,
à ce moment-ci, de solutions. On comprend fort bien la
problématique d'Akwesasne, sa structure et son historique au niveau de
la contrebande du tabac au Québec depuis 2 ans. Je pense que ce ne sera
pas nécessaire.
Finalement, recevoir le caporal de la GRC, bien que ce serait
intéressant, bien que ce serait un avancement important pour la culture
de la commission, au niveau de la contrebande du tabac, il faut bien comprendre
qu'à ce moment-ci ça constitue une mesure dilatoire. Ça a
été refusé par le président, ça n'a pas
été accepté par les membres de la commission. Il faudrait
passer à d'autres choses.
M. Filion: Pourquoi c'est là que je veux bien
comprendre aussi c'est considéré comme une mesure
dilatoire, au niveau du marché au noir qu'est la contrebande du tabac,
et que ça n'a pas été considéré comme une
mesure dilatoire au niveau du marché au noir avec les
vidéopokers? Le ministre Ryan a accepté...
M. Savoie: Ça fait...
M. Filion: ...lui, d'entendre les policiers. Pourquoi, nous, on
se refuse cet accès-là?
M. Savoie: On me signale qu'on est toujours à l'article 17
et que ça entre sur le temps de l'article 17.
Le Président (M. Gobé): Absolument. M. le
député de Montmorency, vous avez la parole, et c'est sur
l'article 17, actuellement, que nous sommes pour le temps, la motion ayant
été déclarée non recevable.
M. Filion: Oui, mais si je pouvais comprendre ça, M. le
Président.
M. Savoie: Mais est-ce que vous êtes suffisamment mal
organisé que vous arrivez à mi-chemin dans le projet de loi,
après avoir voté sur la moitié des articles, où on
a quasiment fini le dossier du tabac, quasiment terminé l'ensemble des
mesures concernant... Il en reste 5 ou 6. Alors, arriver à ce moment-ci
et présenter une mesure sur le tabac...
Moi, je suis d'accord avec mon collègue que, finalement,
ça n'a pas l'air bien, bien structuré. Ça a l'air broche
à foin un peu, là. Vous arrivez, au début, avec la
Sûreté du Québec; à mi-chemin, avec... Au lieu de
présenter ça au début. Si on avait eu une
présentation globale au début, on aurait pu la prendre en
considération. Mais là, arriver comme ça, tirer sur tout
ce qui bouge comme ça vous tente, un mercredi après-midi, alors
que les travaux de l'Assemblée nationale pourraient se terminer
vendredi... On sait que le rapport doit être déposé
à l'Assemblée nationale demain.
M. Filion: Pourquoi vendredi?
M. Savoie: Parce qu'il y a de fortes chances que les travaux de
l'Assemblée nationale soient terminés pour vendredi, de fortes
chances.
M. Filion: Oui, mais, en principe...
M. Savoie: Alors, à ce moment-là, les articles
concernant la loi sur le tabac se terminent à l'article 23. On est
à l'article 17. Vous nous sortez ça du chapeau et vous voulez
nous faire croire je vois que la vérité transperce, parce
que je vois un petit coin de sourire que ce n'est pas une mesure
dilatoire. Je comprends que vous avez un rôle à jouer; je suis
prêt à le jouer, sauf que j'ai toujours pensé qu'on avait
une relation cordiale, où on se dit: Bon, écoute, on a un travail
à faire, chacun de notre côté. Vous, vous avez des mandats
des gens qui dirigent les travaux de l'Assemblée nationale, disant de
prendre du temps ici, de ne pas en prendre. Moi, j'ai également ces
orientations-là. Ça ne donne rien de dire non, on conte des
mensonges. (15 h 40)
M. Filion: Non, non.
M. Savoie: On pourrait tout simplement dire: On va le faire
agréablement. On va discuter des projets de loi. On a des experts avec
nous autres, qui peuvent nous entretenir amplement. On peut faire notre petit
bonhomme de chemin et y aller doucement sans s'embarquer dans des mesures ou
des procédures extraordinaires, qui démontrent, finalement, une
certaine incohésion. Vaut mieux y aller article par article.
M. Filion: Bien sûr.
M. Savoie: Je pense que vos adjoints sont d'accord avec
ça, y aller article par article, tranquillement. En les
épluchant, on ne sait jamais, on peut tomber sur quelque chose qui n'est
pas correct dans le projet de loi. Je suis d'accord avec vous. On va y aller de
l'avant. Ça a été refusé, on va aller de
l'avant.
M. Filion: M. le Président, c'est quoi l'urgence nationale
de légiférer le projet de loi 90? Il n'y a pas d'urgence
nationale. Pourquoi il faut que ce soit fini vendredi?
M. Savoie: Non, non. J'ai dit que les travaux de
l'Assemblée nationale se terminent vendredi.
M. Filion: C'est le 23, en principe. Ce n'est pas vendredi,
là.
M. Savoie: Oui. En principe, c'est le 23. Maintenant, vous allez
me dire, le sourire au coin des lèvres, que ce n'est pas prévu
que les travaux se terminent vendredi, que ça ne se discute pas,
là? Ce n'est pas dans les airs que ça se peut que, vendredi, on
cesse les travaux? C'est probable. Enfin, je sais que ça se travaille,
hein, ça se travaille. Ça se parle, ça se discute. Alors,
à ce moment-là, si on doit être ici lundi, ça ne me
dérange pas, moi. De toute façon...
M. Filion: Mais ce n'est pas une mesure dilatoire. Puis, M. le
Président...
M. Savoie: II n'a rien que ça à faire, dans la vie,
lui.
M. Filion: ...quand j'entends le ministre nous dire qu'on
n'était pas préparés... On a présenté la
motion en début de commission, avant même de débuter nos
travaux, pour entendre la Sûreté du Québec, sur une base
parallèle au marché au noir, où le ministre Ryan, lui,
avait accepté.
M. Savoie: II reste combien de temps sur...
M. Filion: Le ministre Ryan avait accepté, M. le
Président, d'entendre la Sûreté du Québec. Sur cette
motion, qui était recevable, M. le Président, on a voté
contre. Alors, qu'on ne vienne pas me faire accroire qu'on est dans des mesures
dilatoires. Au fur et à mesure qu'on avance dans le projet, on se rend
bien compte que c'est un projet qui ne va nulle part. C'est un projet qui ne
règle rien, sur le fond même de la contrebande. C'est un projet
qui va simplement créer des tensions sociales additionnelles. Les gens,
qui sont déjà traités injustement, vont se racheter
ailleurs, d'une façon quelconque, dans le système fiscal.
Écoutez, arrêtez d'être naïfs, ils le font
déjà. Vous aviez un manque à gagner, l'an dernier, de 1
436 000 000 $ dans votre budget. Ça ne tombe pas des nuages.
M. Savoie: Ce n'est pas vrai, ça.
M. Filion: M. le ministre, vous regarderez votre budget, puis on
en reparlera après. C'est parce que vous n'avez pas regardé. La
somme de 1 436 000 000 $ de manque à gagner de recettes fiscales, au
Québec, ce n'est pas des petits sous. Là, on est rendu à
légiférer sur un plan où on accentue les
pénalités, M. le Président, sans même augmenter les
effectifs de vérification ou de la police.
Moi, je pense qu'on est en train de légiférer sur un
projet de loi qui, à toutes fins pratiques, ne va pas au fond des
problèmes. Je pense que, si on veut faire un travail consciencieux,
vraiment faire le tour du dossier, pas parachuter un projet de loi ou le
soumettre à la guillotine... C'est ce qu'est en train de nous annoncer
le ministre. Il va mettre la guillotine sur un projet de loi qui, à
toutes fins pratiques... La contrebande du tabac existe depuis 1988. Là,
on a un projet de loi qu'on va être obligé d'étudier en 2
jours parce qu'il faut mettre la guillotine dessus si on ne passe pas au
travers.
M. le Président, moi, je n'accepte pas ça. Comme
parlementaire, on a beau parler de concept, on a beau dire qu'il faut que
ça passe, qu'il faut qu'on règle ça, il y a des limites,
M. le Président. Je pense qu'on est en train, justement, de traiter un
dossier comme des enfants qui ne sont pas sérieux et qui ne veulent pas
aller au fond des choses. Je pense que, si ce n'était pas un
problème aussi majeur que celui de la prohibition et même
pire, à mon avis qu'on a vécu dans les années
trente, M. le Président, on n'insisterait pas pour entendre des
gens de l'extérieur pour nous donner plus d'information. Je l'ai
demandé, en début de projet, en début de commission
on s'est conformé on nous l'a refusé.
On avance dans le projet et on se rend compte qu'une grosse partie de la
problématique du tabac transite par Akwesasne. M. le Président,
même le ministre, hier, le reconnaissait qu'Akwesasne c'était le
gros problème. Il l'a reconnu, hier, en commission. Il l'a reconnu.
Là, on dit: Bien, si on pouvait entendre nos corps policiers, on
pourrait se faire une meilleure idée et penser avec eux comment on
pourrait intervenir. Est-ce que l'intervention, ce sont des
pénalités fiscales? J'en doute. J'en doute fortement.
L'intervention qu'on devrait faire devrait être une intervention
sur la réserve, de concert, s'il le faut, avec les États-Unis et
le Canada. Si le Canada ne veut pas suivre une politique fiscale de
réduction de taxes, le Canada pourra au moins avoir la décence
d'intervenir de concert avec le Québec, sur un plan strictement de
saisie de produits, et faire en sorte, comme on dit, de faire du ménage
là où il faut faire le ménage. C'est ça qu'on veut
savoir du corps policier, ce qu'ils en pensent, eux? Est-ce que c'est faisable?
Comment on pourrait le faire? Jusqu'où on pourrait aller?
Pourquoi le ministre Ryan accepte, lui, d'entendre les policiers, puis
que, nous, on ne peut pas? Pourquoi le ministre du Revenu refuse de nous
fournir cette information-là, qu'un de ses collègues accepte de
fournir à une commission, qui ressemble à la nôtre,
d'ailleurs, qui travaille le marché au noir au niveau du
vidéopoker? Je ne comprends pas encore.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Montmorency, vous avez la parole.
M. Filion: Alors, il faut croire que le ministre ne veut plus
répondre à ce genre de questionnement. Pour lui, c'est clair.
M. Savoie: Non, non, mais il n'y avait pas de question.
M. Filion: Bien oui, il y avait une question!
M. Savoie: Non, non, il n'y avait pas de question.
M. Filion: Je lui demandais comment il se fait que, lui, il
répondait différemment de son collègue, le ministre Ryan,
lui qui accepte d'entendre les policiers pour traiter et trouver une solution
efficace au marché au noir. Comment se fait-il que cette
commission-là ne peut pas avoir accès à ce genre
d'information là? C'est quoi, la différence? Je voudrais le
comprendre.
M. Savoie: Bon. Bien... Il reste combien de temps?
Le Président (M. Gobé): À qui? Pour vous?
Vous avez vos 20 minutes, presque, M. le ministre.
M. Savoie: Non, non, sur la question de l'article 17. Est-ce
qu'on...
Le Président (M. Gobé): Ah! il reste une couple de
minutes à M. le député pour parler. Il a encore du
temps.
M. Savoie: Puis, ensuite, c'est terminé? On va faire
18.
Le Président (M. Gobé): Par la suite, s'il n'y a
pas d'autres intervenants, M. le député de Prévost, vous
ou moi-même, je pourrai donc procéder.
Alors, M. le député de Montmorency, avez-vous d'autres
questions à poser?
M. Filion: Mais j'ai posé une question. Je ne sais pas si
le ministre veut répondre.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, avez-vous
des réponses à...
M. Savoie: Oui. Ah oui! Bien, effectivement, il revient à
sa mesure dilatoire du début des travaux de la commission, à
savoir sa demande d'entendre la Sûreté du Québec, qui a
été rejetée hier. Il veut savoir pourquoi, nous, on ne
l'entend pas, puis que, dans une autre commission, ils l'entendent. Il y a
plusieurs raisons qui militent en faveur d'entendre. J'ai, à plusieurs
reprises, permis à une commission d'entendre des intervenants. Mais,
dans ce cas-ci, ce n'est pas nécessaire, puisque tout ce qu'on fait,
c'est qu'on apporte des modifications. On ne crée pas une nouvelle
structure.
Avec le ministre Ryan, il y avait la création d'une nouvelle
structure. On a fusionné la Régie avec les alcools et avec les
loteries, et on va inclure les courses là-dedans. On va créer la
structure qu'on a pondue l'année passée, dans cette
société-là, pour régir les vidéopokers.
Alors, ils ont décidé d'entendre la Sûreté du
Québec. C'est très louable, et je suis certain que M. Ryan avait
des motifs valables pour les entendre.
Toutefois, à ce moment-ci, étant donné qu'il n'y a
pas de création d'une nouvelle structure, étant donné que
tout ce qu'on fait, finalement, c'est qu'on aménage des amendes pour
tenir compte de la situation telle qu'elle existe... On étend, en
quelque sorte, certains pouvoirs, qui vont permettre de saisir des objets
à vue ou bien d'être plus efficaces au moment de saisir des biens.
Je ne pense pas que ce soit nécessaire d'entendre la Sûreté
du Québec là-dessus.
Même si on doit refaire l'ensemble du processus qu'on a fait hier,
je ne pense que ça avancerait véritablement le dossier, puisque
le député est fort au courant. Hier, il a admis très
clairement qu'il n'avait pas de solution. La seule solution, c'était la
baisse des taxes. C'est une situation très complexe. Savoir que c'est
en
partie des Indiens, des Mohawks; savoir que c'est en partie la
Confédération des six nations iroquoises qui peut être
impliquée au niveau du trafic le long de la frontière; savoir
qu'il y a beaucoup plus de Blancs que de Mohawks; savoir que le gros de
l'argent repose chez la majorité des Blancs et que l'organisation,
finalement, se fait par des Blancs, je pense que ça ne règle le
problème de personne. Le problème, c'est une baisse de taxes. En
conséquence, tout ce qu'on fait ici, c'est qu'on modifie les amendes.
C'est ce qu'on veut faire au niveau du ministère du Revenu. Le
problème beaucoup plus global, évidemment, doit être
traité dans une autre arène et pas ici.
M. Filion: M. le ministre, ça ne fait pas très
sérieux parce qu'on n'a jamais reçu... Vous aviez un
comité interministériel qui s'était penché sur le
problème. Ça date de 1988. On veut entendre des intervenants
extérieurs. Vous nous dites que c'est des Blancs qui sont pris dans le
dossier. On semble avoir des noms, des indices. Jamais aucune perquisition ne
se fait en réserves autochtones.
M. Savoie: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Excusez, M. le
député de Montmorency.
M. le ministre, oui.
M. Savoie: Oui. Tout simplement une question de règlement.
Je veux savoir si, une fois qu'on a statué sur quelque chose, on peut
revenir puis continuer à picosser là-dessus, ou si on doit... (15
h 50)
Le Président (M. Gobé): Ah! il a le droit de
parler, M. le député de Montmorency. Un député,
dans une commission, peut parler du sujet qu'il veut, du moment qu'il est
pertinent à l'article étudié. Il m'a fait une demande, une
motion...
M. Savoie: Ah!
Le Président (M. Gobé): ...pour entendre...
M. Savoie: Ça a été refusé.
Le Président (M. Gobé): La motion a
été rejetée, en disant que cette commission ne pouvait
entendre...
M. Savoie: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): Je ne puis empêcher,
par contre, à l'intérieur de son temps de parole, M. le
député de Montmorency de parler d'idées ou d'opinions
qu'il a relativement à l'étude du projet de loi.
M. Savoie: À la motion.
Le Président (M. Gobé): Non, non. À
l'étude du projet de loi.
M. Savoie: Non? Bien là, ce qu'il fait, c'est qu'il
questionne votre autorité, en tant que président, de refuser une
motion. Il revient constamment là-dessus.
Le Président (M. Gobé): Donc, c'est là,
votre question de règlement, M. le ministre?
M. Savoie: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Gobé): Très bien.
M. Savoie: Je me demande s'il a le droit de continuellement
insister pour qu'on revienne et qu'on entende quelqu'un, nonobstant le fait que
vous avez...
Le Président (M. Gobé): Alors...
M. Savoie: ...dans votre sagesse, décidé que, non,
ça n'était pas possible.
Le Président (M. Gobé): C'est une bonne question,
M. le ministre, en effet.
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Gobé): II y aurait lieu de voir
à se pencher là-dessus si, en effet, le fait de vouloir
insister...
M. Savoie: Picosser, picosser...
Le Président (M. Gobé): ...sur le fait d'entendre.
..
M. Savoie: ...picosser.
Le Président (M. Gobé): ...des agents de la force
constabulaire ou policière...
M. Filion: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): ...malgré que la
présidence ait statué qu'on ne pouvait les recevoir à
cette commission, si c'est manquer envers les privilèges de la
présidence. Je pense que M. le député de Montmorency fait
simplement allusion à la façon dont il aurait aimé
procéder, ce qui ne met pas en cause la décision de la
présidence. D'ailleurs, son temps se termine sur cet article. Il doit
rester moins de 1 minute. Nous serons peut-être prêts à
procéder.
M. Filion: M. le Président, écoutez, si j'avais eu
une réponse, j'aurais arrêté de le questionner. C'est parce
que le ministre n'a pas encore répondu.
M. Savoie: Bien oui! J'ai répondu tantôt. M. Filion:
Non, pas du tout. M. Savoie: Le fait que... Je n'ai pas
répondu? M. Filion: Non, pas du tout.
M. Savoie: Mon Dieu! on frise l'irrationnel. Ça me fait
penser à des rêves, des fois, qu'on a le soir. Je vous ai
expliqué que M. Ryan pouvait avoir ses décisions, que lui avait
un problème beaucoup plus global, de réorientation. Il me semble
que j'ai tout expliqué ça, M. le Président. Est-ce que
j'ai expliqué ça, M. le Président, que M. Ryan avait ses
propres orientations, qu'il avait une nouvelle structure, une nouvelle
approche, donc qu'il a décidé d'entendre la Sûreté
du Québec pour évaluer cette nouvelle orientation, la fusion de
tout sous un chapeau, faire table rase des structures existantes, au niveau des
vidéopokers, une nouvelle approche?
Dans notre cas, nous autres, ce n'est pas ça qu'on fait. Tout ce
qu'on fait, c'est qu'on augmente les amendes. On s'assure, par exemple, que
quelqu'un qui se promène avec un paquet de cigarettes de contrebande, il
ne pourra pas dire: Vous ne pouvez rien faire. C'est illégal, il va le
savoir. On pose des gestes sommaires, comme ça, justement dans le but de
mieux contrôler, d'aider les gens qui ont à faire respecter la Loi
concernant l'impôt sur le tabac, respecter un petit peu plus l'ordre
établi que la situation qui existe actuellement.
J'avais tout expliqué ça. Là, je le
répète pour la deuxième fois, à la grande
satisfaction du député de Montmorency, qui doit se cacher pour ne
pas sourire. Vous le voyez, M. le Président? Et l'entendre se moquer de
l'autorité de la présidence.
Le Président (M. Gobé): Non, j'ai bien... M.
Savoie: Oui, ouvertement, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): ...statué, M. le
ministre. Le président n'a pas eu cette impression, ni cette
perception.
M. Savoie: Ouvertement.
M. Filion: Pas du tout! Pas du tout, M. le Président.
M. Savoie: Le député est d'accord avec moi. M.
Filion: Si le ministre était sérieux... M. Savoie: II
est d'accord avec moi.
M. Filion: ...il ne me ferait pas rire, M. le
Président.
M. Savoie: Alors, c'est une démocratie: on a raison et tu
as tort.
Le Président (M. Gobé): Alors, voilà. M. le
député de Montmorency, avez-vous d'autres commentaires ou
arguments sur cet article 17?
M. Filion: M. le Président, écoutez, de toute
façon, nous allons passer à un article qui ressemble à
l'article 17, l'article 18. On pourra reprendre sur toute l'importance de la
police du tabac, etc. Au fond, la fiscalité, c'est devenu une question
de police. C'est pour ça qu'on veut entendre la Sûreté du
Québec...
M. Savoie: Ah! Ah!
M. Filion: ...M. le Président, pour l'article 17, qui est
quand même l'article où on prévoit la plus grosse
pénalité pour les contrevenants, c'est-à-dire
jusqu'à 500 000 $ de pénalité. Alors, M. le
Président, inutile de vous dire qu'on aura l'occasion de revoir ensemble
toute l'inefficacité de sa police, d'ailleurs qu'il a eue l'an dernier,
ce vers quoi il s'en va à nouveau avec ce projet de loi là, sans
toucher au coeur du problème, qui est Akwesasne. On aura l'occasion, M.
le Président, sûrement.
Le Président (M. Gobé): D'accord.
M. Filion: Vous pouvez appeler le vote sur l'article 17.
Le Président (M. Gobé): J'appelle donc le vote,
à la demande de M. le député de Montmorency, sur l'article
17.
M. Filion: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Le vote est donc pris. Sur
division. L'article 17 est maintenant adopté.
Nous allons passer à l'article 18. Désirez-vous que j'en
fasse lecture?
M. Savoie: S'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Oui?
M. Savoie: C'est tellement agréable.
Le Président (M. Gobé): Pourquoi pas? Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 14.2, du suivant:
«14.3 Toute personne qui contrevient à l'article 9.2 commet une
infraction et est passible d'une amende d'au moins 200 $ et d'au plus 1000
$.»
M. Savoie: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): L'article 14.3 est
donc...
M. Filion: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Montmorency, vous avez la parole.
M. Filion: Oui. Hier, le ministre du Revenu, en cette commission,
rerconnaissait... Ce n'est pas petit, ce que je vais dire, M. le
Président, c'est même grave...
M. Savoie: Oui, fais attention. Va chercher les galées
avant.
M. Filion: II reconnaissait M. le Président,
j'aimerais parler, s'il vous plaît qu'un consommateur... Ici,
c'est une amende de 200 $ pour le consommateur pris en infraction, celui qui
fume de la cigarette de contrebande. Le ministre reconnaissait que, si les gens
s'achetaient des porte-cigarettes, le fardeau de la preuve, à toutes
fins pratiques, serait tellement difficile que ce ne serait pratiquement plus
possible de pouvoir pénaliser et prendre un consommateur, au fond, en
infraction.
Alors, je me pose toujours une question sur la pertinence de cet
article-là, l'article 18, qui modifie 14.3 de la Loi concernant
l'impôt sur le tabac, la fameuse pénalité d'au moins 200 $
et d'au plus 1000 $ pour ceux qui vont se faire prendre à fumer de la
cigarette de contrebande. Le ministre reconnaissait hier, M. le
Président, hier soir, que, si on établit une politique d'achat,
par exemple, de porte-cigarettes, ça va devenir très difficile
pour le ministère du Revenu de faire la preuve, puisque l'article 9.2
prévoit justement que consommer du tabac illégal est un geste
jugé reprehensible par la société. Il faut avoir un paquet
étiqueté, M. le Président, comme quoi c'est vendu aux
États-Unis, mais, si le paquet étiqueté est
remplacé par un porte-cigarettes, qui, actuellement, fait partie du
marché normal de la contrebande ça existe; il ne faut pas
être déconnecté, il faut être sur le terrain pour
voir ce qui se passe alors, comment il va faire pour arriver à
travailler l'application de cet article-là? Est-ce qu'il a prévu
des scénarios? Comment il prévoit ça, lui, l'application
de cet article-là? Si tout le monde s'achète des
porte-cigarettes, il va se passer quoi? Expliquez-moi ça, M. le
ministre.
Le Président (M. Gobé): Avez-vous des commentaires
sur les porte-cigarettes, M. le ministre?
M. Savoie: Non, aucun commentaire sur les porte-cigarettes, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): J'irais peut-être
dans le même sens que le député de Montmorency. Une
question. On a le droit d'importer un certain nombre de paquets de cigarettes
lors d'un voyage à l'étranger, à titre d'exemple, je pense
que c'est 200 cigarettes ou quelque chose comme ça. Un individu
un citoyen, une citoyenne importe légalement, par
dérogation des douanes, une cartouche de cigarettes et en fait cadeau
à son beau-frère, sa belle-soeur, sa belle-mère, qui,
elle, se fait arrêter ou contrôler avec ce paquet de
cigarettes...
M. Savoie: II faut que ce soit de la contrebande.
Le Président (M. Gobé): ...la preuve, le fardeau de
la preuve appartient à qui?
M. Savoie: Évidemment, c'est à nous à
démontrer que ce n'est pas du tabac apporté légalement au
Québec, que c'est de la contrebande, parce qu'on dit «sauf
si».
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'il y a une
dérogation?
M. Savoie: À l'article 9.2, oui.
M. Brochu (André): À l'article 9.2, oui,
«sauf si ce tabac a été apporté légalement au
Québec». Donc, dans l'exemple que vous donnez, ce serait du tabac
qui aurait été apporté légalement au
Québec.
Le Président (M. Gobé): II est légalement
apporté.
M. Savoie: D'ailleurs, votre intervention a beaucoup plus de
profondeur que la simple allégation de dire que tout le monde va se
promener avec des porte-cigarettes.
Le Président (M. Gobé): Oui, parce que c'est...
M. Savoie: Effectivement, on a la situation où, par
exemple, un ami va aux États-Unis, revient avec des cigarettes et en
fait cadeau aux membres de sa famille. À ce moment-là, par
contre, il y a un étiquetage.
Le Président (M. Gobé): Non, ce n'est pas le
même étiquetage.
M. Savoie: Oui, oui. Non, mais il y a un étiquetage.
Le Président (M. Gobé): Ah! O.K. M. Savoie: Ce
n'est pas le même. M. Filion: Ce n'est pas le même.
Le Président (M. Gobé): II faut quand même
que nos projets de loi soient dans la réalité. Quand on parle de
porte-cigarettes, c'est évident qu'il ne se vendra pas des
porte-cigarettes à la tonne, à la frontière, pour changer
les paquets de cigarettes. Mais, quand même, on sait qu'il y a 600 000,
700 000 Québécois qui,
chaque année, vont en Floride. Il y en a 200 000, 300 000 qui
vont en France. Il y en a qui vont un peu partout. Nous sommes des grands
voyageurs. Donc, c'est important que le projet de loi s'applique à la
réalité de la population, qu'il ne pénalise pas non plus
d'honnêtes gens. C'est dans ce sens-là, ma question, M. le
ministre.
M. Savoie: Non, non, elle est valable, mais ça me fait
penser aux discussions qu'on a lorsqu'on commence à étudier le
droit, dans le sens que, par exemple, dans la majorité des villes, il y
a un règlement municipal qui empêche de cracher. Si vous crachez
par terre, sur une voie publique ou sur un trottoir, vous êtes sujet
à une amende de 200 $. Ça varie selon les municipalités,
mais, en gros, disons 200 $. Si vous crachez par terre, il y a une amende de
200 $. C'est sûr que les villes ne vont pas créer un corps
policier pour surveiller le monde qui crache par terre. Sauf que,
effectivement, quelqu'un qui en abuse, quelqu'un qui se montre défiant
ou qui utilise ce geste-là pour en importuner d'autres, on a un motif
pour intervenir, l'arrêter et lui imposer une amende de 200 $. (16
heures)
C'est un peu la même chose avec l'article 14.3,
c'est-à-dire que, quelqu'un qui fume, qui se promène avec de la
cigarette de contrebande impunément, dans les endroits publics, un
policier pourrait le souligner, le dénoncer. À ce
moment-là, en plus des autres infractions que cette personne pourrait
commettre, il y aurait une amende pour avoir fumé des cigarettes de
contrebande sur la place publique. C'est sûr qu'on ne commencera pas
à envoyer la police du tabac dans les bars le soir, faire le tour des
tables. On a autre chose à faire dans la vie, sauf que...
M. Filion: Vous n'en avez pas 60... vous en avez juste 60.
M. Savoie: Alors, comme je vous le mentionnais, lorsqu'on
étudie le droit, au début, il y a des mesures qui sont
coercitives et qui sont incitatives, dans certains cas. Ici, il s'agit tout
simplement de mesures pour s'assurer que, non seulement c'est illégal,
mais, en plus de ça, si vous vous faites prendre comment on dit
ça? si vous écoeurez le peuple, vous allez avoir, en plus
de ça, une amende de 200 $.
M. Gautrin: Alors, si je comprends bien, c'est un peu le
même principe que le recel. Quelqu'un qui est en possession d'une
marchandise volée et qu'il l'utilise peut être aussi reconnu comme
étant complice ou coupable, même si ce n'est pas lui qui l'a
volée. C'est de loin le même principe. Quelqu'un qui a une
marchandise illégalement importée...
M. Savoie: Excellente observation.
M. Gautrin: ...est lui aussi responsable, à un niveau
moindre que celui qui l'importe, bien entendu... M. Savoie: C'est
ça.
M. Gautrin: Donc, ce sont des choses qui se font
déjà dans d'autres domaines.
M. Savoie: C'est ça. Excellente observation.
Le Président (M. Gobé): C'est assez clair. Je suis
prêt à adopter ça. Je ne sais pas si le
député...
M. Filion: Ah bien, pas moi, M. le Président. M.
Savoie: Non?
M. Filion: Quand vous regardez là, il faut lire l'article
18 avec l'article 7 et l'article 8. L'article 7 vous dit, au fond, que la
façon de juger si le tabac est arrivé en contrebande, la seule
façon de le déterminer, c'est qu'il faut que votre paquet, le
paquet de cigarettes, soit étiqueté comme étant un produit
vendu à l'étranger.
Le Président (M. Gobé): Du moins pas vendu au
Canada.
M. Filion: Pas vendu au Canada. Alors, quand ça sort de
l'usine, vous avez un paquet qui est étiqueté, avec des marques
spécifiques, de la manière prescrite par règlement, comme
quoi ce produit-là est vendu pour consommation extérieure. Bien
sûr, il n'a pas été taxé lorsqu'il est sorti de
l'usine, etc. Alors, ce paquet-là, lorsqu'il revient, c'est ce
paquet-là qui fait preuve d'une consommation de cigarettes en provenance
du réseau de la contrebande, M. le Président. Alors, imaginez, si
le paquet extérieur, c'est ça qui fait indice de preuve...
Le Président (M. Gobé): L'emballage.
M. Filion: ...l'emballage, si vous le substituez par un
porte-cigarettes, M. le Président, comment vous allez faire pour
établir la preuve que la personne fume une cigarette de contrebande?
C'est là ma question. Est-il exact que, la seule façon de
l'identifier, c'est par l'étiquetage du paquet de cigarettes? Est-il
exact que, pour déterminer qu'un paquet ou que des cigarettes sont
consommées ou proviennent du réseau de la contrebande, c'est une
question de paquet de cigarettes? Est-ce que c'est exact? Oui, non,
peut-être? M. le ministre...
M. Savoie: Excusez-moi.
M. Filion: ...est-ce que c'est exact?
M. Savoie: Est-ce qu'il serait exact que...
M. Filion: ...le paquet de cigarettes...
M. Savoie: Oui.
M. Filion: ...ou la cigarette de contrebande, qui est
fumée...
M. Savoie: Oui.
M. Filion: ...la seule façon d'arriver à
déterminer qu'il s'agit d'une cigarette de contrebande, c'est d'examiner
le paquet de cigarettes qui est étiqueté?
M. Savoie: Là, vous tombez dans des considérations
qui dépendent des circonstances. J'imagine que, normalement, oui, le
paquet va être un élément important, mais il faut voir que
les circonstances vont nous dire s'il s'agit de contrebande ou pas.
M. Filion: Oui, mais, quand vous lisez l'article 8 de votre
projet de loi, M. le ministre, c'est très clair.
M. Savoie: Qu'est-ce qui est très clair?
M. Filion: «Tout paquet de tabac prescrit par
règlement destiné à la vente en détail au
Québec et qui s'y trouve doit être identifié par les
personnes, de la manière et aux conditions prescrites par
règlement.»
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: Alors, votre paquet de cigarettes, ça devient
le document, l'enveloppe, et c'est le document de preuve...
M. Savoie: Oui, mais ça c'est... On parle d'un paquet
«destiné à la vente en détail au
Québec», c'est-à-dire à la vente au détail.
On aurait dû corriger ça il y a longtemps...
Le Président (M. Gobé): Je pense, M. le
ministre...
M. Savoie: ...marquer «vente au détail». Ici,
on parle de contrebande. Un paquet de contrebande, ça peut être un
paquet fait en Angleterre, par exemple, qui est amené en contrebande ici
ou un paquet... Vous savez, ils ont commencé à fabriquer leur
propre marque de commerce avec leur propre emballage. C'est de la contrebande.
Alors, ça n'a pas besoin d'être marqué. Ça peut
être un paquet au sens de l'article 1, aussi.
M. Filion: Non, non. M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Oui, on va juste laisser M.
le ministre terminer.
M. Savoie: On a défini c'était quoi, un paquet,
à l'article 1. On dit qu'un paquet, ça équivaut à
«une cartouche et tout autre contenant de tabac ainsi qu'une
manoque».
Le Président (M. Gobé): C'est quoi «une
manoque»?
M. Filion: Oui, oui, je comprends.
M. Savoie: Alors, c'est une question de preuve. Je comprends que
ça peut sembler particulièrement difficile à comprendre,
que les choses peuvent varier...
M. Filion: Ce n'est pas difficile. Ce n'est pas difficile.
M. Savoie: ...selon les circonstances ou que la preuve peut
être faite à la pièce.
M. Filion: M. le Président, ce n'est pas difficile. Quand
vous lisez l'article 7, c'est-à-dire 9.2, on vous dit c'est
clair, c'est pourtant très clair «le paquet n'est pas
identifié conformément à l'article 13.1». Il s'agit
d'un paquet de contrebande, M. le Président.
M. Savoie: Non, non, non.
M. Filion: Bien oui! M. le ministre, vous avez un problème
de compréhension de votre projet de loi, certain.
M. Savoie: Non, non. Moi, je n'ai pas de difficultés de
compréhension. Vous faites des sauts. «Tout paquet de tabac
prescrit par règlement destiné à la vente en détail
au Québec», «destiné à la vente». Alors,
si, moi, je vais en Floride, par exemple, ou si je vais à une boutique
hors taxes et que, légalement, j'achète, ce n'est pas un paquet
destiné à la vente en détail au Québec. Ce n'est
pas de la contrebande non plus.
M. Filion: Bon! M. Savoie: Bon! M. Filion: C'est ce
que je dis. Si le paquet...
M. Savoie: Alors, ce qu'on est en train de vous dire, c'est que,
pour contrevenir à l'article 18, c'est une question de fait.
M. Filion: Non.
M. Savoie: C'est une question de preuve.
M. Filion: Non.
M. Savoie: Oui. Ne dites pas non, M. le député, ce
n'est pas gentil.
M. Filion: Écoutez, je comprends, mais, si...
M. Savoie: Cherchez à comprendre.
M. Filion: Je cherche à comprendre. C'est ce que
je dis. L'article 9.2 vous donne la situation de
l'illégalité. Si ce n'est pas un paquet de cigarettes vendu sur
le territoire ici...
M. Savoie: Ce n'est pas de la contrebande automatiquement, M. le
député. Ça peut être un paquet que j'ai
acheté en Ontario. Ça peut être un carton.
M. Filion: Je comprends, mais votre indice de vérification
demeure le paquet de cigarettes vendu ici.
M. Savoie: Non.
M. Filion: Bien, écoutez, c'est comme ça que c'est
écrit. On dit: «...dont le paquet n'est pas identifié
conformément à l'article 13.1 pour le tabac destiné
à la vente en détail au Québec». Alors, s'il n'est
pas identifié comme étant un paquet qui se vend normalement sur
le marché ici...
M. Savoie: C'est dit où, ça, que c'est de la
contrebande?
M. Filion: À l'article 9.2, c'est l'article 7.
M. Savoie: Ce n'est pas ça que ça dit.
M. Filion: Ah non? Mais lisez-le. Lisez-moi ça.
M. Savoie: Je ne vous lirai absolument rien. Je vous dis:
«...sauf si ce tabac a été apporté légalement
au Québec». C'est bien clair, ça?
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Bon, bien, si le tabac a été
apporté légalement au Québec et qu'il n'est pas
identifié pour vente au détail au Québec, ce n'est pas de
la contrebande. C'est bien clair, ça. Ça ne prend pas la
tête à Papineau.
M. Filion: Je comprends, mais votre seul indice de
vérification, c'est la paquet de cigarettes. C'est écrit comme
ça dans le projet de loi.
M. Savoie: Non, ce n'est pas ça. C'est ce que je vous
répète pour la dernière fois. C'est une question de
preuve. C'est une question d'appréciation et c'est une question
d'évaluation par du monde intelligent. C'est ça.
M. Filion: Alors, expliquez-moi. Une personne a un
porte-cigarettes. Pouvez-vous établir la preuve qu'elle fiime de la
cigarette de contrebande?
M. Savoie: Peut-être, peut-être, si la
personne...
M. Filion: Comment?
M. Savoie: La personne va peut-être nous l'avouer, qu'elle
a effectivement acheté de la contrebande. M. Filion: Si elle ne
l'avoue pas?
M. Savoie: Écoutez, M. le député, c'est
parce que vos connaissances sont vraiment très limitées. Vous
pensez toujours que, la cigarette de contrebande, c'est une Players Light,
là. Ça peut être aussi un «Tee Light* ou ça
peut être les autres marques, qui ne sont faites que pour fins de
contrebande. Comprenez-vous? Ils ont des usines et on fabrique des cigarettes
de contrebande. Ce n'est pas des Du Maurier, là. Alors, si quelqu'un,
dans son porte-cigarettes, a des cigarettes... J'essaie de penser au nom d'une
couple de paquets que j'ai vus il y a quelques semaines... Pardon?
Une voix: «Star Light».
M. Savoie: «Star Light», oui. Je pense à une
autre, reliée au golf. Je ne me rappelle plus du nom, mais ce sont des
cigarettes illégales, dans le sens qu'elles sont faites pour la
contrebande. Les taxes ne sont pas payées aux États-Unis, elles
ne sont pas payées chez nous. C'est de la contrebande, pure et simple.
Même si tu les as dans un porte-cigarettes, on sait que c'est
fabriqué uniquement par une compagnie, que c'est uniquement pour fins de
contrebande. Personne n'est coupable... Comme je vous dis, cherchez à
comprendre. Cherchez à voir plus large, un petit peu plus loin que vos
connaissances limitées du dossier.
M. Filion: Oui, mais le tabac qui est vendu du Canada aux
États-Unis et qui revient, c'est le même tabac, c'est la
même cigarette.
M. Savoie: Oui, mais ça, c'est un cas. C'est seulement un
cas parmi tant d'autres. C'est seulement...
M. Filion: Ça représente combien de pourcentage, la
contrebande du tabac? Combien? (16 h 10)
M. Savoie: C'est un pourcentage... Écoutez, là, je
commence à comprendre. Vous êtes comptable. Tout se mesure en
petits chiffres et tout doit faire un total qui équivaut à 100 %.
Ça varie énormément. Un mois, ça peut être
très fort, les cigarettes canadiennes qui reviennent; d'autres mois,
ça peut être des cigarettes de l'Angleterre, ça peut
être des cigarettes de l'Asie. Cherchez à faire un petit peu plus
honneur à votre profession, parce que, moi, les comptables, je les aime
beaucoup. Je travaille souvent avec des comptables. Ce sont des gens qui,
normalement, prennent un petit peu plus de... Mais, vous, on dirait que
ça se mélange mal. Vous avez de la difficulté. Vous
cherchez à faire des petits ajouts. Vous cherchez à avoir un
esprit comment je pourrais dire, donc? à faire des
opérations de synthèse à partir de l'information que vous
possédez, que vos adjoints vous donnent.
Il n'arrête pas de travailler, ce petit jeune là. Il
vous bourre d'informations, mais on dirait que ça passe à
côté. Il faut l'écouter. Il faut l'écouter. Il vous
donne de la bonne information, je l'entends. Je l'entends, il vous donne de la
bonne information. À ce moment-là, il faut comprendre que la
situation de la contrebande est beaucoup plus complexe que vous ne semblez le
laisser croire. Je vous inviterais à utiliser la formation qu'on vous a
donnée en comptabilité, la formation d'analyse critique, d'avoir
une attitude ouverte et critique vis-à-vis des faits, puis large,
comprendre que c'est une situation humaine. Puis, je suis certain qu'à
ce moment-là vous allez mieux saisir le dossier, et vous allez
comprendre que, dans la loi, en vertu de ce qu'on a actuellement, on peut
arrêter quelqu'un qui se promène avec un porte-cigarettes, parce
que les cigarettes sont des cigarettes de contrebande.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Prévost, vous avez demandé la parole?
M. Forget: Non, mais, voici...
Le Président (M. Gobé): Bien, oui ou non?
M. Forget: Je pense, M. le Président, que le
député de Montmorency a compris, puis on va adopter l'article
18.
M. Savoie: Oui? Ah bon!
Le Président (M. Gobé): Alors, vous demandez
l'adoption de l'article 18, M. le député de Prévost?
M. Forget: Oui.
M. Savoie: Ah! mais c'est intéressant, ça.
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Montmorency.
M. Filion: Je comprends mal, M. le Président. Le
député, il n'a pas encore dit un mot, il est prêt à
l'adopter, lui.
Le Président (M. Gobé): C'est ce que j'ai
compris.
M. Filion: On est ici pour analyser un projet de loi, M. le
Président. Alors, je pense qu'on va l'analyser.
M. le Président, pour revenir un peu sur... J'aimerais
préciser et dire au ministre qu'effectivement j'ai une formation
comptable. J'espère qu'il s'entend avec les comptables, parce qu'il va
avoir des problèmes avec son ministère, premièrement.
Deuxièmement, également, j'ai une formation, M. le
Président, de maîtrise en fiscalité. Je vous avoue que j'en
ai vu, des projets de loi, dans ma carrière, mais un projet de loi
fiscal...
M. Savoie: Des projets de loi, vous en avez vus beaucoup avant de
venir à l'Assemblée nationale, vous? Dites-nous ça!
Conte-nous ça!
M. Filion: M. le Président, quelques-uns.
M. Savoie: Combien vous en avez vu, de projets de loi, avant de
venir à l'Assemblée nationale, vous?
M. Filion: M. le Président, ce n'est pas important, c'est
non pertinent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Le ministre veut faire dévier le débat.
Mais, s'il avait fait la maîtrise en fiscalité, il aurait vu qu'on
en étudie. On en voit, article par article, de la jurisprudence et tout
ce que vous voulez. Ça manque à sa culture. C'est dommage, M. le
Président.
M. Savoie: Oui, oui. Bien ça, vous savez que, hein,
ça en impressionne certains, mais...
M. Filion: Mais, ceci étant dit, M. le Président,
moi, je pense que le projet de loi... On le sait, et hier on l'a avoué
en commission parlementaire. Le ministre ne veut pas l'avouer aujourd'hui, bon.
De toute façon, les galées sont là, elles seront toujours
transcrites. tout le monde est d'accord pour dire que, si tout le monde a des
porte-cigarettes, la cigarette qui part d'ici, du québec, pour aller aux
états-unis et pour revenir... peu importe le pourcentage, ça
existe et en gros pourcentage. on parle même de 95 % du produit de la
contrebande, je pense, qui revient sur le marché
québécois. alors, c'est la même cigarette qui va se
retrouver dans un porte-cigarettes. le seul indice qu'on a mis dans ce projet
de loi, aux articles 7 et 8, l'indice de preuve majeur, c'est le paquet comme
tel, qui est identifié d'une façon particulière lorsqu'il
est vendu sur le territoire québécois.
Là, on est en train de légiférer un projet de loi
pour mettre une amende au consommateur qui, lui, est victime d'un fléau
social. Je reviens, M. le Président, à ce que je disais tout
à l'heure sur la pertinence de cet article-là. C'est ça
qui est malheureux, et le ministre ne veut pas comprendre. Une loi fiscale, M.
le Président, ce n'est pas une loi policière. C'est là
qu'on est en train de dévier. C'est qu'on est en train de vouloir
utiliser notre loi fiscale comme une matraque. M. le Président,
lorsqu'une loi demande une matraque pour être appliquée, c'est que
la loi ne fonctionne pas. Je sais que le ministre va dire: Effectivement, on
est d'accord que, si on y va seuls, on peut se planter au niveau d'une
réduction fiscale. Je peux comprendre ça, mais il faut insister
auprès d'Ottawa. Il faut le dénoncer, sur la place publique,
qu'Ottawa nous laisse tomber. Il faut le dire si on ne veut pas rester seuls.
C'est là que le gouvernement
en place, à mon avis, M. le Président, s'en remet sur le
gagne-petit et fait une loi qui n'a pas sa place dans notre
législation.
Moi, je demeure persuadé qu'une loi fiscale qui demande des
pénalités aussi importantes et une pression sociale aussi
importante, c'est que la loi doit être changée, doit être
modifiée. Avec la taxation, on fait fausse route. L'écart de prix
est trop grand et on a créé une concurrence déloyale. Je
pense que c'est à ce niveau-là qu'on doit retravailler le projet
de loi, et non seulement chercher à saisir le gagne-petit, comme, tout
à l'heure, on va saisir le dépanneur qui veut gagner sa vie, on
va aller le saisir avec une grosse pénalité, on va lui couper les
vivres au niveau du fonctionnement de son commerce et on va lui faire perdre un
profit, parce qu'on manque de courage politique, premièrement, de
dénoncer Ottawa suffisamment sur la place publique ils vont
être en élection bientôt, d'ailleurs et
deuxièmement, M. le Président, parce qu'on ne veut pas non plus
s'attaquer au fond du problème, qui est toute la question des
réserves autochtones, particulièrement celle d'Akwesasne.
M. le Président, moi, je crois qu'on est en commission
parlementaire, encore une fois, pour mettre des règles fiscales pour
contrôler le marché au noir. À mon point de vue, on oublie
complètement le coeur du problème, qui est celui de la saisie en
réserves autochtones. Même si Ottawa ne voulait pas collaborer
je le répète, M. le Président n'a pas voulu
collaborer et s'est foutu du Québec au niveau de son budget, au niveau
de ses politiques fiscales, car il dit: Le Québec, ce n'est pas
important, c'est chez vous que ça se passe, nous, on n'est pas
intéressés aux problèmes du Québec, M. le
Président, moi, je pense qu'ils auraient pu, au moins, de concert,
annoncer une intervention policière massive, directement au coeur du
problème, et faire en sorte d'avoir l'aide américaine, si
nécessaire. C'est une réserve qui touche plusieurs
frontières: ça touche l'État de New York, ça touche
l'Ontario, ça touche le Québec, cette réserve-là.
On aurait pu faire une opération massive. Là, on aurait eu
vraiment une situation d'intervention, qui aurait mérité qu'on
s'y arrête et qu'on légifère.
Moi, je pense que c'est beaucoup plus de l'intervention
policière, le problème de la contrebande du tabac, que de
l'intervention fiscale. L'intervention fiscale n'a plus sa place. On a des
mauvaises politiques fiscales. On a réussi à créer, au
niveau de la consommation, une concurrence déloyale. Je m'excuse, M. le
Président, mais on fait fausse route. On fait fausse route et, le coeur
du problème, on ne veut pas le regarder. Le ministre nous empêche
de voir et d'entendre le corps policier qui, lui, nous aurait donné le
vrai score.
M. Savoie: II se moque de vous, M. le Président. Il se
moque de vous.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, s'il vous
plaît! M. le ministre, on va laisser terminer...
M. Savoie: II dit que c'est moi qui empêche, M. le
Président. Il faut que ce soit bien clair que c'est le président,
dans sa grande sagesse...
M. Filion: M. le Président, je voudrais... M. le
Président, non, non, non... M. le Président, d'abord, la
sécurité...
M. Savoie: Dans sa grande sagesse, le président a
décidé que ça ne marchait pas.
M. Filion: Non, non, non! M. le Président, s'il vous
plaît, j'avais la parole. M. le Président, j'avais la parole. Il
m'a empêché. J'avais une motion, en bonne et due forme, de la
Sûreté du Québec, ils l'ont refusée. Ça a
été présenté selon les règles de l'art.
Ça a été présenté correctement,
planifié, parce que, effectivement, pour nous, c'était de
vraiment faire le tour de cette problématique. Par la suite, on est
revenu, parce qu'on se rend bien compte, au fur et à mesure du projet de
loi, qu'il faut vraiment faire le tour de ce dossier-là et que le
ministre commence à informer la population pourquoi il va les
piéger, pourquoi le ministre manque de courage au niveau d'une
intervention policière massive avec le Canada.
La population, M. le Président, c'est sur elle qu'on va mettre
une pression indue. Le consommateur, ici, on va lui donner une infraction, s'il
est passible d'une amende de 200 $ et d'au plus 1000 $. Encore une fois, on met
cette pression morale. Ça devient une pression morale, parce que, le
ministre, je me demande s'il a l'intention de l'appliquer. On se pose des
questions. On a l'impression d'étudier un projet de loi... On se demande
même si le ministre a l'intention de faire un geste quelconque
additionnel pour mettre ses pénalités en application. On a
l'impression qu'il n'en fera pas. Même, il le disait tout à
l'heure, il ne pense pas commencer une opération sur le terrain pour
faire cette vérification-là. Alors, on fait quoi, ici? On
légifère avec un projet de loi bidon?
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît!
Aucun projet de loi, qui est déposé, n'est bidon. Il est soumis
à l'approbation ou à l'étude des parlementaires. Surtout
qu'il a déjà franchi l'étape de l'adoption en
première lecture, alors, je pense que, dire que c'est un projet de loi
bidon, c'est insulter l'ensemble des parlementaires et présumer qu'ils
votent sur des projets de loi farfelus, ridicules ou autres. Alors, je vous
demanderais de bien vouloir rectifier votre appellation de ce projet de loi.
Vous avez le droit de qualifier un projet de loi de la manière que vous
voulez, mais en respectant l'intégrité des gens qui les votent,
de ce Parlement aussi et de cette commission.
M. Filion: Je veux bien respecter les gens qui les votent, M. le
Président...
Le Président (M. Gobé): Alors, je vous demanderais
de retirer... Si vous voulez retirer le terme que
vous avez employé, qui est, d'après moi, non seulement
antiparlementaire, mais disgracieux envers l'ensemble des députés
de cette Chambre.
M. Filion: Je croyais, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Je vous demanderais de le
faire avec insistance.
M. Filion: M. le Président, écoutez... Je suis un
parlementaire qui ne demande pas mieux que de collaborer. Je vais retirer le
terme, M. le Président. (16 h 20)
Le Président (M. Gobé): Alors, je vous remercie.
Vous pouvez continuer.
M. Filion: J'aurais dû utiliser les termes... M. Savoie:
Merci, M. le Président.
M. Filion: ...«un projet de loi vide d'objectifs», M.
le Président, «vide d'objectifs»...
Le Président (M. Gobé): Ça, c'est votre
prérogative, de pouvoir le qualifier de cette
manière-là.
M. Filion: ...et sans vraiment toucher le fond du
problème.
M. Savoie: Ce n'est pas gentil non plus, M. le Président,
pour les gens qui ont préparé ce projet de loi, du
ministère du Revenu, qui nous accompagnent dans nos travaux. On est une
dizaine, M. le Président, ici.
M. Filion: M. le Président, les gens du ministère
du Revenu...
M. Savoie: C'est insultant pour eux autres.
M. Filion: ...vont sûrement comprendre qu'ils
étaient en service commandé.
M. Savoie: C'est terrible de dire ça à ce
monde-là, M. le Président.
M. Filion: Ils vont comprendre que c'était sans atteindre,
mais d'aucune façon, le...
M. Savoie: Ils ont travaillé fort, ce monde-là, sur
ce projet de loi. Se moquer des fonctionnaires...
Le Président (M. Gobé): Suite à ce que vous
disiez précédemment sur les paquets, moi, j'avais une question,
M. le ministre.
M. Savoie: Oui, allez-y, M. le Président, ça va
faire confiance.
Le Président (M. Gobé): Vous savez que, dans
certains pays je ne sais pas si ça ne se fait pas à
Montréal aussi, qui devient de plus en plus cosmopolite il y a
des traditions et des habitudes de vente de cigarettes au détail. Il
m'est arrivé de voir, à Tunis, à Paris ou à Alger,
lors de certains voyages que je faisais, des gens dans la rue, dans le souk ou
dans le bazar, qui vous vendent des cigarettes, 2, 3, 4 à la fois.
Là, ce n'est pas dans des paquets, c'est dans de grandes caisses.
Comment pourrait-on appliquer cet article de loi et lui dire: On te met 200 $
d'amende, parce que tu as acheté une cigarette illégale? Comment
prouver qu'elle est illégale? Le monsieur qui la consomme, il n'y a plus
rien qui indique. C'est un peu le porte-cigarettes de notre collègue.
Ça se fait à Montréal, ça aussi. Il y a certains
quartiers où les gens vont commencer, peut-être, à vendre
des cigarettes au détail.
M. Savoie: Ça se peut, oui.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que c'est
prévu dans ce projet de loi?
M. Savoie: Non, ce qu'on cherche à faire, c'est
d'établir que c'est illégal de fumer de la cigarette de
contrebande. La consommation d'une cigarette de contrebande est
illégale, et il y a une petite amende qui va avec ça.
Le Président (M. Gobé): Donc, on peut vendre au
détail?
M. Savoie: C'est une question de preuve. Si on est capable de...
Tu n'as pas le droit de vendre de la cigarette de contrebande, non plus. Si tu
vends de la cigarette, tu remontes à l'article 17 et ça va te
coûter plus cher. Alors, il faudrait s'abstenir de transiger au niveau de
la cigarette.
Le Président (M. Gobé): Même d'acheter au
détail.
M. Savoie: Je sais que vous ne fumez pas. Alors,
évidemment...
Le Président (M. Gobé): Non, non, c'est parce que
j'ai vu ça dernièrement, justement, dans un pays qui n'est pas
loin de nous, qui est la France. Je passais dans un quartier un peu
particulier, et je voyais des gens j'étais très surpris
qui achetaient des cigarettes, 20 centimes la cigarette.
M. Savoie: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): Là, il n'y a pas de
provenance, à ce moment-là...
M. Savoie: Non.
Le Président (M. Gobé): ...prouvable?
M. Savoie: Non. Quand c'est difficile, c'est difficile, mais,
quand ce sera faisable, évidemment, ce sera faisable.
Le Président (M. Gobé): Je ne sais pas, vos
fonctionnaires ont peut-être prévu ça, la vente de
cigarettes au détail, importées illégalement en grande
quantité?
M. Brochu: Cigarette par cigarette, là?
Le Président (M. Gobé): Oui, ou par 2 ou par 3?
M. Brochu: Je n'ai pas entendu la réponse du ministre.
M. Savoie: Tu as raison de m'avoir posé la question.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: On ne sait jamais. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Parce que c'est une
question de preuve.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Gobé): Mais comment prouver
qu'elle est illégale? Si j'ai un paquet de cigarettes légales
dans ma poche, qui est vide, et que j'en ai une dans le bec, que j'ai
achetée du député de Montmorency, qui, peut-être, se
serait recyclé dans la vente de cigarettes au détail, mais qui
serait illégale, comment pouvons-nous prouver que je l'ai acquise
illégalement? Sortir mon paquet ou... C'est vrai, c'est un vide
juridique.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Forget: II y a les polyvalentes, également, au niveau
des commissions scolaires.
M. Savoie: Ça, c'est une réponse qui ne
répond pas à la question.
Le Président (M. Gobé): Dans les polyvalentes
le député de Prévost a raison ils peuvent te
vendre des cigarettes au détail, en effet. Comment pouvons-nous...
M. Savoie: Oui, oui. On nous signale, pour notre culture
générale... Vous savez que c'est illégal, de vendre des
cigarettes à la pièce comme ça. C'est ce qu'on me dit,
oui.
Le Président (M. Gobé): Même les
cigarettes... M. Savoie: Une par une.
Le Président (M. Gobé): .. .c'est-à-dire un
paquet de cigarettes légal.
M. Savoie: II faut prendre un minimum de 5, me dit-on.
Le Président (M. Gobé): II faut qu'elles soient
empaquetées?
M. Savoie: Oui. C'est la loi actuelle.
Le Président (M. Gobé): Donc, quelqu'un qui
vendrait au détail pourrait se faire attraper en vertu de cette
loi-là et non pas en vertu de l'article 18?
M. Brochu: C'est une loi fédérale. Donc, il faut
que ce soit empaqueté.
Le Président (M. Gobé): II faut qu'elles soient
empaquetées. Eh bien, ça règle... Il n'y a plus de vide
juridique.
M. Brochu: Et là on retombe...
Le Président (M. Gobé): Ça règle
notre problème.
M. Brochu: Ça règle notre problème.
Le Président (M. Gobé): Vous avez raison, M. le
député de Montmorency. Les fonctionnaires travaillent bien, ils
connaissent bien les dossiers.
Je ne vois plus rien, je ne vois plus de détail là-dedans.
Est-ce qu'on passe à l'article 19?
M. Filion: Non, non. Moi, j'en vois encore, M, le
Président.
Le Président (M. Gobé): Ah! Vous en voyez
encore?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Gobé): Allons-y.
M. Filion: Oui, parce que, là, M. le Président,
c'est un article quand même très important. On s'en prend au
consommateur, à cet article-là il faut en être
conscient, M. le Président car c'est une pénalité
qui n'existait pas. Ça n'existait pas, ça, de prendre en otage le
consommateur dans notre système fiscal. On le prend en otage. C'est
nouveau, de prendre un consommateur en otage. Au fond, on dit au consommateur:
Tu vas te faire offrir des...
Le Président (M. Gobé): Du moins, il est
censé respecter la loi.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Filion: Oui, je le comprends.
Le Président (M. Gobé): Je ne comprends pas. Ce
n'est pas à titre de président mais de membre de la commission
que j'aimerais pouvoir répliquer, si je le pouvais.
M. Filion: Non, mais...
Le Président (M. Gobé): C'est qu'on ne prend pas...
La loi étant faite pour être respectée par tout le monde,
la loi interdisant la consommation de tabac importé frauduleusement, je
ne crois pas que, mettre une amende à quelqu'un qui ne respecte pas la
loi, c'est le prendre en otage. Ce serait un peu comme je ne sais pas,
moi dire: Tu es victime de quelque chose. Mais chaque personne
étant autonome et censée, réputée être
majeure, donc responsable de ses décisions, la décision d'acheter
une cigarette ou des cigarettes illégalement doit être, dans la
tête des gens, comme le signe qu'ils risquent une pénalité
parce qu'ils ne respectent pas une loi. C'est un peu comme griller un stop, un
feu rouge, ne pas payer son impôt ou faire une fausse
déclaration.
M. Filion: M. le Président, dans ce sens-là, vous
avez parfaitement raison.
Le Président (M. Gobé): Je pense, je ne sais pas.
Donc, le mot otage ne serait peut-être pas bon. On ne peut pas dire qu'on
prend le consommateur en otage.
M. Filion: Oui, dans le sens suivant: c'est qu'on lui demande,
à lui, de régler un problème par manque de courage
politique.
Le Président (M. Gobé): De respecter la loi.
M. Filion: Bien, écoutez, c'est que la loi... On sait que
la loi, actuellement, tient en place une concurrence déloyale, et le
peuple a dit que ça n'avait plus de sens. Vous savez, au fond, la vraie
souveraineté, c'est le peuple, hein? C'est le peuple qui donne un
pouvoir démocratique. C'est lui qui décide de tout. Je pense
qu'il y a un consensus général pour dire que, dans le tabac,
ça n'a pas de bon sens, M. le Président. On le dit, on le crie.
On a même entretenu une contrebande qu'on appelait légitime. Je
pense que, ces gens-là, c'est les consommateurs qui représentent,
à toutes fins pratiques, le peuple, M. le Président. C'est de ces
gens dont on parle, là.
Le Président (M. Gobé): Oui, mais peut-être
que, si le peuple consommateur réprouvait cela, devrait-il faire preuve
de civisme, parce que, le civisme, ça existe encore dans notre
société. On n'a pas fait une société juste... Les
gens ne sont pas présumés être encadrés par des lois
et obéir seulement aux lois. Il faut un certain sens civique. Il faut
comprendre que, si on ne respecte pas des règles par soi-même dans
une société, la loi doit s'y substituer. Si les gens sont
vraiment fatigués de cette contrebande, bien, il n'en tient qu'à
eux d'arrêter d'acheter des cigarettes en fraude.
M. Filion: M. le Président, les gens, ce qu'ils vous
demandent, c'est de l'arrêter.
Le Président (M. Gobé): À ce
moment-là, qu'ils les achètent chez le dépanneur et les
contrebandiers vont fermer leurs portes.
M. Filion: M. le Président, les gens, ce qu'ils vous
demandent, c'est d'arrêter la contrebande et de rétablir une
concurrence loyale. C'est tout ce qu'ils vous demandent.
Le Président (M. Gobé): Le meilleur moyen de
l'arrêter, c'est eux, je pense.
M. Filion: Mais non, vous la maintenez la concurrence
déloyale, vous maintenez une taxe démesurée. Vous
maintenez une taxe démesurée, tout le monde le reconnaît,
qui n'a plus sa place. Tout le monde le reconnaît, M. le
Président. C'est là qu'on se retrouve dans une drôle de
situation. Au fond, vous vous en prenez aux gens qui vous disent
d'arrêter de taxer. On est surtaxé, c'est démesuré,
ça n'a plus de sens. Vous créez une concurrence déloyale,
et votre propre loi fiscale plante le système. On vous le dit, mais vous
ne réglez pas le problème de la concurrence déloyale. Au
contraire, vous le laissez pleinement et entièrement en place. Vous
dites: Non, non, non, c'est correct; notre propre système fiscal vous
plante, et c'est bien comme ça. Vivez dans ça, puis, si vous ne
voulez pas vivre dans ça, on va vous pénaliser. Alors, c'est
là, un peu, que je dis qu'on se retrouve dans une drôle de
situation, parce que, ces gens-là, tout ce qu'ils souhaitent, c'est
qu'on le règle, le problème.
Le Président (M. Gobé): Oui, mais est-ce que les
gens qui se disent pénalisés puis qui fument, s'ils devaient
assumer, à titre de fumeurs, les coûts très importants que
l'action de fumer eux fument, étant une minorité de la
société fait supporter à la majorité qui,
elle, ne fume pas, qui est prise en otage par qui? Est-ce que ce ne sont pas
plutôt les fumeurs qui prennent, par le risque qu'ils font encourir
à cause de leur santé au système de santé
québécois, qui est public et gratuit, et au reste de la
population... Qui est pris en otage par qui? Moi, j'ai l'impression que c'est
plutôt ceux qui fument qui prennent en otage ceux qui paient les cancers
du poumon et toutes ces maladies qui viennent, alors qu'eux ne fument pas.
C'est peut-être à ce titre-là qu'il faut faire attention et
dire qu'on n'a pas toujours les otages qu'on pense. Le fait d'essayer de
décourager les gens à fumer, c'est peut-être quelque chose
de bon, dans le sens que, pour les autres qui ne fument pas, ils ne seront pas
obligés de supporter ces coûts.
alors, qu'on baisse la taxation, mais qu'on dise: si tu fumes
maintenant, tu paies 1000 $ de plus par année ou 2000 $ de plus par
année de prime d'assurance-maladie. un peu comme l'automobile, lorsqu'un
type a perdu ses points et qu'il est un risque plus important pour la compagnie
d'assurances, donc on augmente sa prime plus, parce qu'on roule plus vite.
ça m'est arrivé il y a quelque temps, donc je peux vous en parler
en connaissance de cause. on devrait faire la même chose. à ce
moment-là, baissons la taxation sur les cigarettes et chargeons le 1 500
000 000 $ ou les 2 000 000 000 $ que ça coûte de plus à
l'état, le fait que des gens fument, en termes de tarifs de
santé. à ces mêmes gens-là, dites: bon, bien
voilà, ce que vous payez sur votre paquet de cigarettes, ce n'est pas
une taxe pour faire des rues au québec, c'est une taxe pour payer...
c'est une assurance pour la maladie que vous allez avoir un jour, parce qu'il
est prouvé que 80 % d'entre vous avez un risque de cancer du poumon. (16
h 30)
Alors, c'est peut-être dans ce sens-là qu'il faudrait le
prendre. Mettons-le positif. Il n'y a pas de raison que des gens, qui font
encourir à la société une dépense
supplémentaire n'aient pas à en supporter le coût, ou du
moins une partie, .«lors, on peut renverser ça.
Maintenant, que ces gens-là essaient de s'en soustraire en
disant: On va le prendre en fraude, O.K., mais ce n'est pas là un sens
civique très important. Je pense qu'une loi, à ce
moment-là, mérite de protéger les gens qui ne fument pas
de l'abus de cette pratique par les autres. Je ne sais pas si je m'exprime
bien, là. Je ne veux pas non plus mélanger, mais vous voyez le
débat. Si vous voulez parler d'otages ou d'immoralité dans cette
taxation, il faut faire attention de la remettre dans sa juste perspective. Je
suis certain que, s'il n'y avait pas de fumeurs au Québec, on aurait
peut-être 2 500 000 000 $ ou 3 000 000 000 $ si je me trompe dans
les chiffres, j'aimerais qu'on me reprenne de frais de santé de
moins. On aurait peut-être des hôpitaux en moins et on aurait
peut-être des départements de cancer et de toutes sortes d'autres
maladies qui n'existeraient pas. Alors...
M. Forget: M. le Président, remarquez bien, je
m'éloigne peut-être du sujet, mais, quand même...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député de Prévost.
M. Forget: Si on a eu des spécialistes américains
pour traiter ceux qui étaient pris du coeur, ceux qui fumaient, et
qu'ils voulaient les envoyer un peu plus loin... Vous savez, on se pose des
questions, à un moment donné. Il faut quand même être
prudent.
M. Filion: Oui, écoutez...
M. Forget: Vous savez, tout ça, des fois, ça nous
permet de réfléchir.
Le Président (M. Gobé): C'est un bon questionnement
que vous nous amenez. Ça nous amène à
réfléchir sur notre société, puis je trouve
ça très intéressant.
M. Filion: Bien, c'est très important. M. Forget: II
faut faire attention.
Le Président (M. Gobé): C'est très moral,
l'argumentation, mais il faut la remettre dans sa perspective.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'on doit
encourager les gens à faire courir des risques à leur
santé et faire payer ça par l'ensemble de la population? Oui ou
non? Moi, je dis que non. Je dis que le monde doit prendre ses
responsabilités. Et, si on décide de courir un risque personnel
en fumant, on se doit aussi de penser que le coût qu'il va engendrer ne
doit pas être payé par tout le monde mais par soi-même.
Donc, que le paquet de cigarettes ait sa vraie valeur, non seulement le
coût du tabac, mais le coût qu'il va apporter plus tard en termes
de services de santé pour ces gens-là.
Maintenant, c'est peut-être une manière particulière
de le voir, mais...
M. Filion: M. le Président, écoutez, le
problème de la santé, il demeure entier, indépendamment de
la contrebande ou pas. On se comprend? Je veux dire, le problème de la
santé... Le consommateur du tabac est à peu près le
même, en contrebande ou hors contrebande.
Le Président (M. Gobé): C'est pour ça qu'il
faut arrêter la contrebande.
M. Filion: Bien oui! Il faut arrêter la contrebande. Mais
le peuple vous a dit que votre taxe était déraisonnable, et il la
contestait.
Le Président (M. Gobé): Oui, vous avez raison, mais
elle correspond aux coûts supplémentaires que ces gens-là
font supporter au système.
M. Filion: Non, M. le Président, vous avez perdu des
données...
Le Président (M. Gobé): Bien, un fumeur coûte
plus cher au système de santé qu'un non-fumeur.
M. Filion: ...financières importantes. Vous savez, en
1992-1993, on prévoyait percevoir 628 000 000 $ de taxes
spécifiques.
Le Président (M. Gobé): Oui.
M. Filion: On n'en a perçu que 410 000 000 $.
Le Président (M. Gobé): Arrêtons la
contrebande.
M. Filion: Oui, je suis bien d'accord avec vous.
Le Président (M. Gobé): C'est sur la manière
qu'on parle. Vous, vous pensez que...
M. Filion: Oui, c'est dans la façon d'aborder le
problème de fond.
Le Président (M. Gobé): On l'arrête, oui,
mais...
M. Filion: C'est ce que je vous dis. Le projet de loi qu'on a
devant nous, non seulement il ne règle rien, mais vous vous en prenez
même aux gens qui n'y sont pour rien.
Le Président (M. Gobé): Oui, mais on pourrait
ramener le même raisonnement... M. le député de
Prévost, allez-y. C'est intéressant, ça vaut la peine de
vous écouter.
M. Forget: L'association des antitabac, là,
présentement, j'en ai chez moi et je vais vous dire bien franchement,
eux, lorsqu'on parle d'enlever les taxes, ils sont loin d'être d'accord
avec vous. Je regrette, là! Au contraire, pour eux, les amendes ne sont
pas assez sévères. Il faut faire attention, vous savez. Il faut
quand même reconnaître ces gens-là aussi, puis il y en a
beaucoup plus qu'on peut penser, qui font partie de cette
association-là. Alors, c'est important.
M. Filion: D'enlever les taxes. Je ne comprends pas votre...
M. Forget: Non, mais l'association des antitabac,
là...
M. Filion: Oui.
M. Forget: Ces gens-là veulent à tout prix que les
taxes restent. Bien au contraire, ils voudraient qu'on les augmente encore. Je
pense que, pour eux, les amendes ne sont jamais assez élevées.
Alors, je suis pour ça, moi. Il faut être prudent.
M. Filion: Oui, mais...
M. Forget: Je vous assure qu'il faut être prudent.
M. Filion: Pardon?
M. Savoie: Clôture.
M. Filion: Pas tout de suite. Je veux terminer l'argumentation du
député, M. le Président.
M. Savoie: Pas tout de suite.
Le Président (M. Gobé): Alors, on termine...
Excusez-moi, M. le ministre. Vous avez parlé de...
M. Savoie: Clôture.
Le Président (M. Gobé): Nous allons passer une
clôture sur ce projet de loi?
M. Savoie: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Gobé): Bon. Est-ce qu'on termine
les argumentations de part et d'autre avant de...
M. Savoie: Oui. Ah oui!
Le Président (M. Gobé): ...suspendre nos
travaux?
M. Savoie: Je pense que le député de
Prévost... C'est important.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Prévost, vous aviez la parole, vous aussi, puis, moi, j'ai
peut-être un petit mot, une petite chose à vous dire avant. Je
trouve importante cette discussion...
M. Filion: Bien oui! C'est important, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): ...parce qu'elle est
fondamentale. C'est sur la manière que nous différons.
M. Filion: C'est majeur.
Le Président (M. Gobé): Mais vous êtes
d'accord avec nous que les fumeurs font supporter à la population un
fardeau supplémentaire en termes de santé?
M. Filion: Oui, je suis d'accord avec ça.
Le Président (M. Gobé): Bon, c'est correct. M. le
député de Prévost.
M. Filion: Je suis d'accord avec ça, sauf que ce n'est pas
une politique fiscale de surtaxation qui va régler votre
problème. Et ça, vous devez le comprendre. Puis, vous
n'arrêterez pas les gens de fumer par une politique fiscale. Les gens
vont arrêter de fumer par de la sensibilisation publique. Les gens vont
arrêter de fumer par une bonne campagne médiatique. Les gens vont
arrêter de fumer si vous les informez davantage. Les gens, plus ils vont
être sensibles aux conséquences néfastes de la cigarette,
qui est une drogue... Il ne faut pas se le cacher, c'est des drogués,
quelque part, à un degré différent, mais c'est une forme
de drogue, la nicotine. Alors, ça devient le problème d'une
maladie quelconque, qu'il faut traiter en fonction d'un programme bien
structuré. Mais ne pensez pas régler le problème d'un
drogué par une surtaxation. Ce n'est pas
vrai. C'est un faux débat. D'ailleurs, on en a la preuve.
Présentement, on assiste à de la contrebande. Pourquoi? Parce que
la personne qui veut fumer, qui a des moyens limités, elle va aller la
chercher, sa «drogue», entre guillemets, à l'endroit
où elle coûte le moins cher. C'est ce qu'elle fait, et c'est ce
qu'elle vous dit: Arrêtez de surtaxer, vous n'avez pas la bonne voie.
Combien le gouvernement du Québec a consacré, au niveau de la
santé, pour, justement, sensibiliser l'opinion publique à ce
fléau néfaste pour la santé, qu'est le tabac? On ne remet
pas ça en question. Mais, arrêtez de penser que le coût
social, actuellement, n'est pas aussi élevé qu'il ne le serait si
les taxes étaient plus élevées! La consommation, elle se
ressemble. Elle ne bouge pas.
M. Forget: Je ne suis pas tout à fait d'accord, M. le
Président, avec le député de Montmorency, parce que vous
avez, vous aussi, des amis, des gens que vous avez rencontrés, qui,
lorsque les taxes ont commencé à augmenter, sur le tabac, ont
cessé de fumer. Moi, j'en ai chez nous. Je suis convaincu que vous en
avez. Mais, moi, je vais vous dire bien franchement que, concernant la
pénalité, on n'a pas le choix. Il faut à tout prix.
Vous-même, à un moment donné, vous prenez une
contravention. Quand ce n'était pas élevé, on s'en
foutait. Mais, à mesure que la contravention augmentait, on disait: Wo!
On va faire attention. Vous êtes d'accord avec moi, là-dessus?
M. Filion: Vous faites face à une maladie qui est la
drogue.
M. Forget: Oui, d'accord, non, non, mais on va... Juste au niveau
de la pénalité, on va s'arrêter là-dessus.
M. Filion: Oui, oui, une question de pénalité.
M. Forget: Êtes-vous d'accord avec moi que, lorsqu'il y a
une pénalité plus sévère, on arrête plus
vite? Êtes-vous d'accord avec moi?
M. Filion: Mais ça ne résulte pas d'un besoin
organique, la pénalité, pour arrêter plus vite ou pas, la
vitesse. C'est un choix délibéré, ça. Mais, quand
vous êtes intoxiqué, quand vous êtes... Comprenez le
débat où il est.
M. Forget: Oui, oui.
M. Filion: Quand vous êtes intoxiqué...
Écoutez, vous avez eu connaissance de gens intoxiqués. Ils ne
sont pas capables d'arrêter de fumer, ou c'est très difficile pour
eux. Il y a une masse, dans la population, qui est stagnante. Cette
masse-là va se procurer le tabac où elle pense qu'elle se sent
justement traitée, sur le plan de la fiscalité. Votre
problème, votre problème de santé demeure entier parce que
vous ne le regardez pas sur le plan, strictement, d'une maladie, où les
gens, quelque part, se retrouvent dans une forme de drogue.
Le Président (M. Gobé): Mais, à partir de ce
principe-là, on devrait aussi, à ce moment-là,
légaliser la marihuana, la vente de marihuana.
Une voix: Voilà!
Le Président (M. Gobé): Parce qu'il y a des gens
intoxiqués. Il y a des gens qui ont des habitudes, et on les oblige
à l'acheter trop cher. En plus, on n'a pas de rentrées
fiscales.
M. Filion: Alors, si vous voulez être cohérent, M.
le Président, pourquoi vous ne considérez pas la vente du tabac
illégal sur le territoire, puis on n'en parle plus?
Le Président (M. Gobé): En partant de votre
principe, c'est ça.
M. Forget: Mais, elle serait taxée. On aurait des
revenus.
M. Filion: Écoutez, là, arrêtez de prendre le
tabac comme une source de revenus! Traitez-le comme une drogue, sur un
territoire donné. Si c'est illégal, arrêtons d'en vendre,
du tabac. On n'en parle plus. C'est fini. N'en parlons plus!
Le Président (M. Gobé): Mais, vous savez que...
M. Filion: Mais vous allez voir qu'il va s'en vendre encore, du
tabac, sur le territoire, puis vous le savez. Bon, bien, écoutez, c'est
un problème qui, à mon avis, est la source même d'une
maladie d'intoxication d'une personne.
Le Président (M. Gobé): Vous savez que les plus
grands fumeurs sont généralement les femmes, les jeunes.
M. Filion: Et les démunis.
Le Président (M. Gobé): Et les démunis, oui.
Des fois, ça va de pair, d'ailleurs, ces catégories-là. Je
crois que, baisser le prix du tabac, ce n'est pas régler leur
problème. Je pense que c'est plutôt le rendre moins accessible, et
par le prix, mais aussi par la disponibilité légale et
illégale. Les jeunes, ils n'ont pas d'habitude et, quand ils commencent
à fumer à 15, 16 ans, là, je veux dire, il me semble qu'on
n'est pas trop intoxiqué, on peut encore se faire rattraper.
M. Filion: M. le Président, quand vous augmentez les
taxes, il se met en place des réseaux pour qu'ils puissent l'avoir
à un prix moindre. Je n'y peux rien.
Le Président (M. Gobé): Oui, mais, à
nous,
donc, avec des réglementations et des lois de faire... M.
Filioit: M. le Président.
Le Président (M. Gobé): ...comme pour toutes les
choses qui sont interdites ou proscrites, de faire en sorte que ça ne se
fasse pas.
M. Filion: M. le Président, faites en sorte qu'il n'y ait
pas, sur le marché, une concurrence déloyale et vous n'aurez pas
de contrebande. Je n'y peux rien.
Le Président (M. Gobé): C'est 2 visions. (16 h
40)
M. Filion: Ce n'est pas 2 visions, M. le Président. En
1952, on a subi la même situation économique. On a eu une
augmentation de taxes, au niveau du tabac, et il n'existait qu'une solution:
ramener nos politiques fiscales pour enlever la concurrence déloyale. Il
n'y a pas d'autre solution. Arrêtez de mettre des
pénalités, justement, sur des gens qui vous disent que ce n'est
pas la bonne solution. Changez de cap. On est en train de
légiférer sur un fondement même où on s'en prend aux
consommateurs. M. le Président, la source n'est pas là. La source
du mal n'est pas là.
Le Président (M. Gobé): Alors, il faut s'en prendre
aussi aux importateurs.
M. Filion: Bien oui, mais...
Le Président (M. Gobé): Aux contrebandiers, en
d'autres termes.
M. Filion: Oui, oui, c'est là, Akwesasne. De là
l'importance d'avoir de l'information additionnelle, comment on peut travailler
dans ce secteur-là. C'est là l'importance d'avoir des gens qui
vont venir de la Sûreté du Québec pour informer la
commission, pour voir comment on peut travailler à ce niveau-là.
On n'a rien fait encore. Il me semble que c'est élémentaire de
regarder comment on peut cerner le problème à sa source.
Le Président (M. Gobé): Mais il faut commencer
à se donner des outils. Je pense que nous avons des bons outils
là-dedans, mais, avant de commencer à envoyer la Gendarmerie, la
douane ou la police du tabac, il faut au moins que nous ayons des projets de
loi ou des lois qui permettent, justement, de sanctionner les gens qui vont se
faire prendre aussi bien le contrebandier que celui qui consomme. Celui
qui consomme, ce n'est pas des grosses amendes, en plus. Quand on regarde, de
200 $ à 1000 $, ça va prendre quelques récidives devant un
juge pour être condamné à 1000 $. C'est plus important pour
les contrebandiers.
Maintenant, vous savez comme moi, un policier qui arrête des
contrebandiers, qui est certain qu'ils vont s'en tirer avec 1000$ ou 2000$
d'amende, la fois d'après, il ne les arrêtera pas, hein. Il se
dira: Moi, je n'irai pas me faire casser la tête, alors que la justice ou
que le gouvernement ne les sanctionne pas. Donc, ça prend des dents.
Ça en prend aussi, un peu plus loin, pour Ceux qui consomment, pour
qu'ils sachent, eux aussi, qu'ils font un acte illégal. On ne peut pas
laisser croire aux gens qu'après tout ça ne les concerne pas.
Alors...
M. Filion: M. le Président, ces gens-là
opèrent depuis maintenant plusieurs mois, entre guillemets, dans
l'illégalité de la contrebande. Ça n'a jamais
été légal. La contrebande, pour vous, c'était
légal, ça?
Le Président (M. Gobé): Non, mais il y en a
toujours eu, depuis le temps des temps. Les Grecs faisaient déjà
de la contrebande. Carthage en faisait.
M. Filion: Bon.
Le Président (M. Gobé): On remonte très
loin.
M. Filion: Bon.
Le Président (M. Gobé): Ça a toujours
existé, mais il y a toujours eu des garde-côtes, des gabelous, des
douaniers et des lois pour les arrêter. C'est depuis que le monde est
monde. Je ne vois pas en quoi le fait que nous le fassions maintenant a quelque
chose de si épouvantable, comme, à un moment donné, vous
sem-blez le décrire.
M. Filion: Mais ce ne serait pas épouvantable si on avait
vraiment...
Le Président (M. Gobé): Au contraire, je pense que
c'est prendre nos responsabilités.
M. Filion: M. le Président, moi, le principe de
pénaliser n'est pas en soi reprehensible c'est acccep-table
mais pas dans une politique fiscale où on ne règle pas la
source du problème.
Le Président (M. Gobé): Mais est-ce que c'est le
rôle de la politique fiscale de le régler?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Gobé): De lui mettre des armes, de
donner des...
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...instruments à
ceux qui vont décider, tout à l'heure, de le régler?
Peut-être que cette argumentation-là pourrait se faire avec le
ministre de la Sécurité publique, qui, lui, se dirait: Bien oui,
en effet, et, pour que mes policiers puissent opérer, j'ai là un
certain nombre d'armes, dans un projet de loi.
Sur le fond, je pense qu'on partage la même idée.
On ne peut pas supporter cette situation, on se doit de prendre des
mesures. Maintenant, est-ce que c'est en baissant la taxation ou pas? Il semble
que, pour l'instant, à court terme, ça ne soit pas faisable
ou pas facilement faisable trouvons donc des moyens qui vont nous
permettre d'agir très rapidement. Ce projet de loi, donc, il est
très important de le passer rapidement.
L'autre côté, maintenant. Quelle action on prend? Est-ce
qu'on va à Akwesasne ou je ne sais pas où, avec la police, faire
des opérations de commandos pour saisir les choses?
M. Filion: C'est ça que je voulais savoir.
Le Président (M. Gobé): Oui? Mais ça, c'est
au ministre de la Sécurité publique, je pense, à le
regarder. Aussi, il faut tenir compte d'une chose. Quand même qu'on entre
demain dans une réserve et qu'on saisit 10 camions ou 3 camions de
cigarettes, à moins d'y laisser un corps de police en permanence, qui
patrouillerait les rues un peu comme à Belfast dans certains quartiers,
il y a d'autres camions qui vont entrer le lendemain. Alors, à moins de
mettre des barbelés autour de la réserve...
Vous savez, M. le député... Vous le savez, vous. Vous
savez très bien que, partout où il y a possibilité de
gains, quels qu'ils soient, dans les jeux, dans la contrebande, dans la
falsification, il y a toujours des gens qui trouvent dans l'informatique
des moyens de contourner les lois pour s'enrichir rapidement. Il n'y a
pas d'étanchéité parfaite dans rien. Même dans les
corps de policiers, on voit qu'à l'occasion il y a des gens qui ont
été accusés d'avoir fait preuve d'un peu c'est le
moins qu'on puisse dire d'ouverture dans le trafic de la drogue, de
fermer les yeux ou d'avoir collaboré. Alors, imaginons que, dans la
société, en ce qui concerne le tabac, il doit y avoir,
probablement, des gens qui font les mêmes choses. Ça ne peut pas
être étanche complètement, mais il faut tendre à
essayer, le plus rapidement possible, d'intervenir.
Puis, ce projet de loi, c'est une continuation de réactions. On
s'est rendu compte que les premières actions que nous avons
amenées depuis 1 an n'ont pas toujours donné les résultats
nécessaires. Comme citoyens et comme députés je ne
parle pas du gouvernement vous comme moi, notre responsabilité,
c'est que nos lois soient respectées, qu'on soit de l'Opposition ou du
gouvernement. Quand on est dans l'Opposition, on les change, si elles ne font
pas notre affaire. Si on est le gouvernement, on décide de les passer et
de les faire respecter. Or, ça, ça en est une. Ce n'est
peut-être pas elle qui va régler à 100 % le problème
du tabac, mais, d'après moi, elle va peut-être permettre à
des gens de commencer ou de contribuer à le régler. J'aimerais
ça, moi, qu'on ait une solution miracle pour tout régler
ça, comme vous.
M. Filion: Non, ce n'est pas une solution miracle...
Le Président (M. Gobé): Mais, c'est...
M. Filion: ...c'est que j'ai l'impression qu'on ne veut pas,
comme parlementaires, faire l'étude approfondie de la
problématique, qu'on ne veut pas, ensemble, regarder le dossier, comme
il doit être regardé, et voir ensemble si, vraiment, ce genre de
gestes que l'on pose peut avoir un incitatif quelconque à
désamorcer la contrebande. Il n'y en a aucun, aucun incitatif, pour la
simple raison que, même le ministre des Finances, même le ministre
des Finances, dans ses prévisions budgétaires... Écoutez,
M. le Président, même le ministre des Finances, dans ses
prévisions budgétaires, reconnaît que ça ne vaut
rien ce projet-là. Il reconnaît que ça ne vaut rien, parce
que la contrebande du tabac va faire perdre 50 000 000 $ additionnels l'an
prochain par rapport à 1992-1993. M. le Président,
écoutez, je veux bien m'asseoir ici pour légiférer, je
veux bien qu'on commence à mettre des mesures d'oppression auprès
de la population...
Le Président (M. Gobé): Pas d'oppression. Attention
aux mots.
M. Filion: Mais en tout cas. Appelez-le...
Le Président (M. Gobé): De répression, ce
n'est pas pareil.
M. Filion: De répression, quelqu'un qui se sent
opprimé, de répression, en tout cas, mettons des pression indues.
Même le ministre des Finances le reconnaît que sa contrebande va
être encore sur le territoire de façon magistrale. On va perdre
plus d'argent l'an prochain. Alors, comment voulez-vous, comme parlementaires,
qu'on se sente à l'aise à étudier des
pénalités qui visent des gens, au fond, qui ne sont pas la source
du problème? Ils ne sont pas la source.
Le Président (M. Gobé): Vous savez, on voit ces
réseaux de trafic du tabac, actuellement, qui sont en place, mais il n'y
a pas seulement le tabac. On se rend compte que, si on n'a pas de mesures assez
répressives en ce qui concerne la contrebande, ça va
s'étendre. C'est déjà commencé dans d'autres
domaines. On peut acheter du whisky maintenant, on peut acheter des appareils
de télévision. Enfin, toutes sortes de choses...
M. Filion: Mais, de là l'urgence de désamorcer.
Le Président (M. Gobé): ...qui arrivent par
contrebande et des fois par... Bien, ces arguments fiscaux, ces armes, c'est
une partie de l'arsenal, probablement, qui va être mise en place au fur
et à mesure. Cette partie de l'arsenal, si on peut employer ce terme,
dans cette guerre contre la contrebande, va probablement contribuer à
affaiblir grandement cette pratique-là.
M. Filion: Elle ne l'affaiblit pas du tout. J'ai
50 000 000 $ de pertes additionnelles.
Le Président (M. Gobé): Oui, mais on ne l'a pas
votée encore. Votons-la, appliquons-la et, dans 6 mois, ou quand on fera
les crédits du ministère, l'année prochaine, on regardera
ça ensemble. Puis peut-être que vous serez vous-même, M. le
député...
M. Filion: Mais non, M. le Président. Il faut que vous
regardiez les dates où ça a été
déposé. Le 23 avril, M. le Président, le ministre des
Finances a déposé sa politique fiscale concernant le projet de
loi qu'on étudie. Le 20 mai, 1 mois plus tard, il fait ses
prévisions budgétaires après avoir déposé
cette politique fiscale, 1 mois plus tard. Il nous dit que, même avec sa
nouvelle politique, qu'il a déposée 1 mois avant, on va perdre 50
000 000 $ additionnels avec la contrebande du tabac, l'an prochain.
Le Président (M. Gobé): II n'a pas parlé de
contrebande. N'oublions pas non plus qu'il y a une baisse de la consommation,
et on peut en témoigner. Il y a un certain nombre de gens, depuis une
quinzaine d'années, qui, au Québec et au Canada, cessent de
fumer. Il suffit pour cela de voyager à l'étranger. J'ai
été, il n'y a pas longtemps, en Europe, et je dois vous dire
qu'on voit tout le monde...
M. Filion: Moi, je ne vous parle pas d'un comparable d'il y a 15
ans, M. le Président, je vous parle du comparable de l'année
passée.
Le Président (M. Gobé): Oui, l'année
passée. Mais, à chaque année, il y a des gens qui cessent.
Il suffit de voir la cigarette au bec de tout le monde, les jeunes, les femmes,
les vieux, les enfants, les hommes qu'on voit dans une ville comme Marseille ou
Lyon. Pour nous, c'est la même différence entre un hiver
québécois pour eux, on voit de la neige partout, et arriver
là-bas puis il n'y a pas de neige, tellement on voit du monde qui fume.
Je veux dire par là que ça en est ahurissant, dans les avions,
partout.
Alors, au Québec, on a réussi, au fur et à mesure
des années, à se désengager du tabac, du tabagisme. C'est
évident que ça amène, là aussi, une baisse des
revenus fiscaux. Alors, quand le ministre dit qu'il va perdre 50 000 000 $, je
ne suis pas sûr qu'il ait dit que c'est parce que la contrabande va
augmenter, mais peut-être a-t-il prévu que... Comme, à tous
les ans, ça a baissé. J'aimerais ça, si vous aviez
ça, M. le député, M. le ministre ou un fonctionnaire, la
baisse des revenus fiscaux sur les cigarettes, sur le tabac, depuis 10 ans. Je
suis certain qu'avant même qu'on ne parle de contrebande ça
commençait déjà à baisser, parce que les gens...
Moi, je fumais, il y a 15 ans et je ne fume plus. Mon frère, il y a 2
ans, il fumait et il ne fume plus. Mon amie, il y a 1 an, elle fumait et elle
ne fume plus. Elle ne paie plus de taxes. (16 h 50)
M. Filion: Ce n'est pas une question de taxes, vous auriez pu
vous en procurer à un prix moindre.
Le Président (M. Gobé): Elle ne fume plus. Donc, il
y a une baisse fiscale, une baisse de fiscalité. Si on multiplie
ça par le nombre de fumeurs, donc il va y avoir une baisse naturelle,
qui n'est pas forcément due...
M. Filion: Aux taxes.
Le Président (M. Gobé): ...seulement à la
contrebande. Une baisse naturelle.
M. Filion: Voilà!
Le Président (M. Gobé): Bon! Alors, disons que les
50 000 000 $, juste les 50 000 000 $, je ne suis pas prêt à dire
que c'est seulement à cause de l'augmentation de la contrebande, donc de
l'achat de cigarettes régulières...
M. Filion: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): ...que ça va se
faire. Il y a là aussi des gens qui cessent de fumer.
M. Filion: M. le Président, quand on est dans une
concurrence économique loyale... Vous regarderez les budgets à
travers les années. Vous allez vous rendre compte qu'il y a une
augmentation normale de consommation, en fonction d'un marché qui se
maintient.
Le Président (M. Gobé): II y a une baisse.
M. Filion: Non, toutes les études parlent d'une baisse
très sensible, très peu, très, très, très
minime. Je pense que c'est 3 % en 3 ans ou quelque chose du genre. C'est
très peu, la consommation en... Au moment où on se parle, on a
atteint une espèce de stagnation au niveau du marché, depuis 3 ou
4 ans. Tout ce qui se produit, c'est qu'on assiste à un
déplacement de consommation vers une économie parallèle.
L'économie parallèle est la contrebande du tabac, pour ce qui est
du tabac. L'an prochain, une fois qu'on aura déposé cette
politique fiscale, que l'on étudie actuellement, des
pénalités...
Même le ministre des Finances écoutez, là,
c'est la personne au coeur des données financières de
l'État dit qu'il va perdre encore 50 000 000 $ l'an prochain,
quand, normalement, si on avait réglé le problème, on
aurait été en progression. On aurait récolté
davantage de taxes spécifiques sur le tabac. Là, on va en
récolter 50 000 000 $ de moins, avec des mesures qui ne vont pas au fond
du problème, j'en parlais tout à l'heure, qui est la
réserve d'Akwesasne, où se transite, à toutes fins
pratiques, le produit du tabac. Alors, vous comprenez pourquoi j'arrive avec
des mots aussi majeurs.
Est-ce que vous voulez faire une petite clôture de 5 minutes, M.
le Président?
Le Président (M. Gobé): Comment? Excusez, M.
le...
M. Filion: Le ministre l'a demandée tout à
l'heure.
Le Président (M. Gobé): Oui?
M. Filion: Voulez-vous faire une petite clôture de 5
minutes? Le ministre l'a demandée tout à l'heure.
Le Président (M. Gobé): Une petite suspension de 5
minutes?
M. Savoie: C'est une bonne idée. Oui, parfait. Merci.
Le Président (M. Gobé): Oui, avec plaisir. Alors,
la commission... Bien, vous avez terminé votre argumentation sur
ça?
M. Filion: Pas vraiment, mais on peut suspendre quelques
minutes.
Le Président (M. Gobé): Oui, on suspend. J'aurais
préféré adopter et revenir sur l'autre article, non?
M. Filion: Non, non, non. On va revenir sur l'article, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): O.K. On suspend donc pour 5
minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 53)
(Reprise à 17 h 27)
Le Président (M. Gobé): Maintenant, tout ce que
nous allons dire va être enregistré, car nous reprenons nos
travaux. Ce ne l'était point auparavant.
Alors, nous étions à l'article 18 et la parole
était à M. le député de Montmorency. Nous en
étions à la baisse des niveaux de revenus taxables
envisagée par le ministre des Finances pour l'année prochaine.
C'était ça, la fin de notre discussion. Donc, vous avez la
parole.
M. Filion: Oui, M. le Président. Je vous ai
expliqué, effectivement, que le projet de loi était inutile,
puisque, dans le temps et l'an prochain, on va avoir un manque à gagner
de 50 000 000 $ de recettes additionnelles, ce qui fait que les
pénalités prévues ne réaliseront pas l'objectif
escompté, à savoir de mettre fin à la contrebande du
tabac. Au contraire, le fléau va être plus grand. Et l'article 18,
comme je le disais, M. le Président, c'est un article qui
pénalise le consommateur d'un produit vendu illégalement chez
nous. C'est sûr qu'on parlait de philosophie également. Est-ce que
ça appartient... Ça me fait penser à «la
recelle». Vous le disez vous-même, tout à l'heure. «La
recelle», hein?
Le Président (M. Gobé): Oui, le recel.
M. Filion: «La recelle» est quand même un geste
social, qui est réglementé et administré par le
ministère de la Justice.
Le Président (M. Gobé): Oui, oui.
M. Filion: Là, on se retrouve avec des mesures fiscales
qui ressemblent un peu à des mesures qui veulent attraper les gens qui
conspirent à une forme de, quelque part, gestes qui ressemblent à
«une recelle». Là, on l'administre au ministère du
Revenu. C'est là aussi qu'on fait fausse route, au niveau du
ministère du Revenu. C'est rendu une espèce de grosse machine qui
sert à tout. Le ministère du Revenu, actuellement, M. le
Président, c'est la machine où on épaissit la loi à
chaque année. On gère des fonds, des subventions via le
ministère de l'Industrie et du Commerce. On commence à l'utiliser
à toutes sortes de sauces et on est rendu qu'on l'utilise pour
pénaliser des comportements sociaux.
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas nouveau,
ça.
M. Filion: Non?
Le Président (M. Gobé): Vous vous souvenez, dans le
temps de la prohibition?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Gobé): C'était le fisc qui
courait après les contrebandiers. Je vous rapellerai que... Si je me
souviens bien, le caïd de la pègre, Al Capone...
M. Filion: Al Capone.
Le Président (M. Gobé): ...a été
arrêté pour raison fiscale.
M. Filion: Emprisonné, d'ailleurs.
Le Président (M. Gobé): Emprisonné,
d'ailleurs, ce qui a permis de mettre fin à tous les trafics qu'il
faisait la drogue, l'alcool, la prostitution et autres. Donc, ça
revient à ce que vous dites. Le fisc a le bras long. Il a à voir
à ce que tout ce qui doit être taxé et
déclaré au Revenu le soit. Donc, si un consommateur tire des
bénéfices indus en fumant une cigarette, sans acquitter les
droits qu'il devrait acquitter, il me semble normal que le fisc y voit.
M. Filion: Mais, à l'époque, M. le
Président...
Le Président (M. Gobé): Donc, on ne peut pas dire
que c'est un débordement de son rôle.
M. Filion: ...nous n'avions pas légiféré au
niveau du consommateur pour arrêter Al Capone.
Le Président (M. Gobé): Non, mais je pense que
quelqu'un qui utilise vous parlez du recel je ne sais pas, moi,
un avantage indu sans le déclarer au fisc, que ça soit une
automobile ou que ça soit des billets d'avion qu'une compagnie paierait
pour lui ou autre, s'il ne le déclare pas avec son revenu, il va
être poursuivi par le fisc.
M. Filion: À l'époque, on avait vraiment
touché la cible centrale, la source, qui était Al Capone, M. le
Président. Je veux faire le parallèle parce que c'est
intéressant. Ici, la source n'est pas le consommateur. Le Al Capone du
tabac, c'est probablement les réserves autochtones, en bonne partie.
C'est là, M. le Président. Et j'y reviens, parce que, si on
n'avait pas ce territoire qui, à toutes fins pratiques, devient
l'endroit où la plupart des transactions ou du commerce transite, via le
stratagème fiscal qu'on a mis en place, alors, M. le Président,
on ne serait pas en train de discuter d'une pénalité au
consommateur.
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas une... Le mot
«pénalité»... On ne peut pas mettre une
pénalité à quelqu'un qui, lui-même, ne respecte pas
la loi. Je veux dire, ce n'est pas parce qu'il est consommateur qu'on le taxe,
c'est parce qu'il omet d'acquitter les droits. C'est comme quelqu'un qui va
à la chasse, il me semble, ou à la pêche, sans permis de
pêche. Quand il se fait arrêter, ce n'est pas parce qu'il est
pêcheur. On ne pénalise pas...
M. Filion: M. le Président, dans les années...
Le Président (M. Gobé): ...le pêcheur. C'est
parce qu'on a considéré, la société dans son
ensemble, dans ses règles, que, pour pêcher dans les lacs du
Québec, il fallait avoir un permis de pêche ou de chasse, qui
permet, avec l'argent retiré, d'en assurer la gestion, pas le
reboisement, mais le réensemencement pour la pêche et le
«regiboyeusement» je ne sais pas comment vous dites
ça pour le gibier, en tout cas... le repeuplement pour le gibier.
Ça, c'est avec ces fonds-là. Bon.
C'est la même chose. On a considéré qu'on devait
payer des taxes sur les cigarettes pour pouvoir défrayer un certain
nombre de coûts. Tout à l'heure, on en a parlé. Vous
étiez partiellement d'accord avec moi, mais, au moins, vous aviez un
certain point d'accord, que les fumeurs...
M. Filion: Non, mais pas d'accord, parce que... (17 h 30)
Le Président (M. Gobé): ...devraient
défrayer un coût qui correspond aux risques qu'ils ont au niveau
de leur santé par rapport aux autres qui ne fument pas. Si le monsieur
se soustrait de cette obligation, pas de son obligation, de son devoir de
citoyen de payer des droits sur la cigarette qu'il fume, parce qu'il fait
courir à la société un risque supplémentaire, en
termes de coûts de santé, la société se doit,
à ce moment-là, de prendre des mesures pour
récupérer son dû, y mettre fin autant que possible et
récupérer aussi son dû, si possible. Alors, dans ce
cas-là, ce n'est pas de récupérer son dû, c'est d'y
mettre fin. Le meilleur moyen d'y mettre fin c'est comme toutes les
amendes, c'est comme pour la vitesse, c'est comme pour l'abus de toute chose
qui est prescrite par la loi c'est l'amende. Alors, c'est comme pour le
permis de pêche. Le type qui ne l'a pas, bien, il va avoir une
amende.
C'est pareil pour celui qui omet de se conformer à cette loi. On
ne pénalise pas le consommateur. On va faire en sorte de
pénaliser un contrevenant, pas le consommateur. Si vous me dites qu'on
pénalise le contrevenant, je vais être d'accord avec vous sur le
terme, mais ce n'est pas le consommateur. On laisserait entendre qu'on
pénalise les bonnes personnes, mais le fait d'acheter des cigarettes de
contrebande, c'est de se montrer mauvais citoyen, qui ne respecte pas les lois.
C'est interdit. Donc, ce n'est pas un consommateur qu'on pénalise. C'est
un contrevenant.
M. Filion: Je le comprends, M. le Président, mais,
à l'époque des années trente, on n'avait pas fait de
législation fiscale, et ça se passait aux États-Unis. On
n'avait pas fait de législation fiscale au niveau du consommateur.
Le Président (M. Gobé): Oh oui! La prohibition...
Je ne crois pas que quelqu'un qui se faisait prendre avec des bouteilles de
cognac ou de whisky pardon de contrebande recevait la
bénédiction des autorités fédérales. Je ne
penserais pas. On peut le vérifier. Je ne veux pas...
M. Filion: C'est qu'on détruisait...
Le Président (M. Gobé): ...parler pour parler, pour
ne rien dire, mais j'aimerais ça si quelqu'un pouvait faire une petite
recherche et vous la communiquer. On en a encore pour 2 jours à discuter
de ce projet de loi, peut-être. Demain peut-être, ou ce soir, on
pourrait avoir la réponse. Ce serait intéressant à
savoir.
Mais je crois que, bien que, non seulement ils cherchaient la tête
des réseaux, par des actions judiciaires, policières et en vertu
des lois fiscales parce que les gens n'acquittaient pas les droits
fiscaux mais le consommateur qui se faisait prendre avec une bouteille
de cognac, pas de cognac, mais de whisky, importée illégalement,
de fraude, non seulement il se faisait confisquer sa marchandise, mais il
devait avoir une amende, lui aussi, même la saisie de biens, s'il
n'avait
pas l'argent pour payer l'amende.
M. Filion: C'est une question de production et on est allé
directement au problème: Qui était le producteur et qui
provoquait toute cette problématique de contrebande? Au fond moi,
je reviens sur ça, parce qu'on s'éloigne toujours je
demeure foncièrement convaincu qu'on s'éloigne du problème
de fond et qu'on s'en prend aux fausses personnes. Un permis de pêche,
c'est quelque chose qui... on demande un droit pour pêcher. Mais
là on est en train de rendre illégale une situation qu'on a
nous-mêmes provoquée et mise en place, comme gouvernement.
Le Président (M. Gobé): Comme toutes les situations
qui sont réglementées. On a créé la situation, nous
aussi, de réglementer la pêche. Ce n'est pas arrivé tout
seul, dans le monde, un jour, que ça prenait un permis de pêche au
Québec.
M. Filion: Je le comprends.
Le Président (M. Gobé): Là, on a
augmenté le prix des permis de pêche. On sait qu'ils ont
doublé dernièrement. Esi-ce à dire, parce qu'ils ont
doublé, que les gens ne devraient plus les payer?
M. Filion: Si on ne se conforme pas, effectivement, à un
permis ou à un droit d'utiliser un bien, un service public, ça
va. Mais là c'est une problématique économique que,
nous-mêmes, on a créée, comme législateurs. Cette
problématique économique, qu'on a rendue complètement
intolérable, on la considère maintenant illégale. On est
les créateurs, de toutes pièces, de cette problématique.
On a mis en place des politiques fiscales qui ont créé ce qu'on
vit présentement. Là, on est en train de légiférer
pour pénaliser celui qui va utiliser ce qu'on a créé de
toutes pièces, avec notre concurrence déloyale, au niveau de la
fiscalité.
Le Président (M. Gobé): Mais, comment
m'expliquez-vous, à ce moment-là... pas vous, mais comment
peut-on s'expliquer qu'on retrouve plus de gens qui ne respectent pas cette
loi, en faisant de la contrebande, sur le territoire du Québec, qu'on
n'en retrouve dans le reste du Canada? Comment vous expliquez ça?
Comment pouvons-nous nous expliquer ça, d'après vous?
M. Filion: Que?
Le Président (M. Gobé): Qu'il y a une plus forte
concentration de cigarettes hors taxes, en particulier, donc de contrebande,
que le trafic est plus fort au Québec? Je pense que c'est le double. On
a la moitié du trafic, ici, par rapport au reste du Canada. J'ai vu
ça dans un document, il y a quelque temps.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Gobé): Est-ce à dire que
nous aurions l'esprit moins civique que nos autres compatriotes?
M. Filion: Non. C'est que, chez nous, on a ce qu'on appelle une
réserve, qui s'appelle Akwesasne, qui est située,
géographiquement, d'une façon stratégique pour bien
pénétrer, dans un premier temps, le marché
québécois et, par la suite, commencer à prendre son
expansion ailleurs. C'est ce qui se produit, présentement. D'ailleurs,
le ministre en parlait hier. Actuellement, on assiste à une augmentation
de la croissance de la contrebande ailleurs dans les autres provinces. Mais la
situation géographique de la réserve autochtone a
favorisé, d'abord et avant tout, une pénétration de toutes
pièces et massive du territoire québécois. De là
l'importance de penser à encadrer une réglementation
québécoise, une législation québécoise pour
ce problème spécifique qui est, à toutes fins pratiques,
la source. C'est pour ça, aujourd'hui, qu'on assiste ici à une
espèce de débat de moralité. On est en train de faire une
leçon de moralité, avec des pénalités, à une
population. Le législateur est responsable, au premier plan, de cette
créature de contrebande. Je trouve ça spécial, M. le
Président, très spécial.
Le Président (M. Gobé): Oui. Il n'en reste pas
moins que je pense que, lorsqu'on ne respecte pas un règlement ou une
loi, on ne peut pas le faire impunément, sous peine d'ouvrir la porte
à toutes sortes de comportements sociaux dans toutes sortes de domaines.
La cigarette, la consommation illégale de produits, que ce soit la
cigarette ou autres produits, se doit d'être réprimée ou
réprimandée, si ce n'est pas en accord avec les lois
régissant le pays.
À ce titre, on ne peut pas dire non plus que les
pénalités prévues à l'article 18 sont vraiment
à 14.3, en tout cas exorbitantes. Comme je le disais tout
à l'heure, avant d'être condamné à 1000 $ d'amende,
ça va prendre quelque temps de récidive, à moins que le
type ait un policier derrière lui, à chaque demi-heure ou
à chaque journée, pour voir s'il fume toujours les paquets de
cigarettes. Mais je pense que c'est nécessaire aussi dans l'arsenal de
l'administration pour pouvoir opérer. On ne peut pas seulement
opérer en haut, on les prend en sandwich entre les deux. Le consommateur
va être plus prudent. En étant plus prudent, il va obliger le
contrebandier ou le trafiquant, peut-être, lui aussi, à la rendre
plus compliquée, cette activité. Bon, ça commence
là, aussi.
Maintenant, on disait, tout à l'heure, qu'il faut aller à
la source. Je pense que le projet de loi a aussi des mesures assez
musclées en ce qui concerne les amendes fiscales. Est-ce qu'on doit
entrer, comme on me le disait précédemment, avant l'interruption,
dans Akwesasne ou autre endroit, réserve indienne, avec une force
constabulaire ou policière pour y mettre de l'ordre? Prenons pour acquis
que nous le ferions. Comme je le disais, il faudrait quasiment tenir une
force d'occupation à plein temps dans ces endroits-là,
parce que... (17 h 40)
M. Filion: À l'époque de la prohibition...
Le Président (M. Gobé): ...écoutez, quand le
chat n'est pas là, les souris dansent. Et...
M. Filion: À l'époque de la prohibition, on a
assisté à des forces policières particulières pour
y mettre fin. Il faut se souvenir des interventions policières qui se
faisaient à l'époque.
Le Président (M. Gobé): ...il y a beaucoup de
Blancs, aussi, qui font ça. Il n'y a pas juste des Indiens.
M. Filion: Non, non. Mais la question...
Le Président (M. Gobé): II ne faut pas mettre non
plus l'opprobre sur une catégorie de nos concitoyens et essayer de
croire ou de penser que c'est une gang de trafiquants.
M. Filion: Moi, quand je parle du territoire de la réserve
autochtone, je parle du territoire, je ne parle pas des contrebandiers. C'est
l'endroit où ça se passe, c'est l'endroit d'où ça
origine, c'est l'endroit où ça circule. Bon. Qui est
derrière tout ça? Ça, je ne peux pas le présumer.
Moi, ce que je crois, et ce qui nous apparaît hors de tout doute
raisonnable, c'est que ça se passe à partir de là.
Le Président (M. Gobé): Alors, à ce
moment-là, il y aurait peut-être une situation similaire à
ce qu'on a connu après la guerre, en Europe, avec des
principautés comme Andorre, par exemple, qui est située entre
l'Espagne et la France, et qui était devenue le paradis des
contrebandiers. Sauf qu'Andorre étant une principauté, il avait
été facile, à ce moment-là, de mettre des postes de
douane, qui existent encore, d'ailleurs. Si certains d'entre vous sont
allés se promener là-bas... C'est assez surprenant de voir des
postes de douane au milieu du territoire, entre 2 territoires, l'Espagne et la
France.
Alors, est-ce que vous seriez en train de nous dire que nous devrions
mettre des postes de douane à la sortie des réserves et donner,
à ce titre-là, une autonomie aux Indiens, aux réserves
indiennes, et en faire des territoires fiscalement étrangers, eux qui ne
respectent pas les règles fiscales, et que, par contre, lorsqu'ils
transitent sur le territoire canadien, québécois ou onta-rien,
ils soient sujets à une taxation? Donc, tout véhicule qui
passerait... Il y aurait nos gabelous, nos gars avec une casquette et
peut-être une feuille de tabac dessus, pour vous faire plaisir, au lieu
de marquer «douane» qui verraient à ouvrir les
coffres des voitures, des camions, puis à charger une taxe en disant:
Ça, c'est de la cigarette: une taxe. Là, tu peux entrer au
Québec, maintenant, ou en Ontario.
M. Filion: C'est ça. Moi, je pense...
Le Président (M. Gobé): Alors, il y a
peut-être là... Je ne sais pas, c'est peut-être
intéressant, dans une perspective à plus long terme...
M. Filion: À court terme, parce que le problème, M.
le Président, demeure toujours entier, même si on
légifère comme on légifère là. Moi, je pense
que c'est à ce niveau-là qu'on aurait dû mettre l'accent de
la législation et penser à une stratégie à la fois
avec la Sécurité publique, une stratégie d'intervention.
Pas une police du tabac qui court après des camions. Ça, M. le
Président, on ne s'en va nulle part avec ça.
Le Président (M. Gobé): Savez-vous, le
problème avec ça, c'est que... Moi, je me souviens très
bien, il y a à peu près 7, 8 mois, lors d'un
référendum, on avait un type qui s'est mis devant la
télévision, qui a montré une carte du Québec, puis
il a dit: Ça, les Indiens, ils vont avoir les deux tiers. C'est à
eux autres. Puis là tout le monde a dit: Non, non. Il faut voter contre
cette entente-là. Mais là, si on commence à parler de
politique fiscale différente, de douane ou de contrôle à la
sortie de ces régions-là, on va reconnaître un statut bien
différent de celui du reste du territoire québécois. On va
reconnaître que nos lois fiscales s'appliquent seulement à la
sortie de leur territoire. On reconnaît, dans le fait, quasiment leur...
je n'oserai pas dire le mot en cette commission, mais on reconnaît une
situation assez particulière en ce qui concerne
l'intégrité des lois sur tout le territoire
québécois. Moi, je dis que les lois doivent s'appliquer
partout.
M. Forget: Mais, M. le Président, est-ce qu'on est en
train de... Excusez-moi, M. le Président, mais je me pose une question:
Est-ce qu'on est en train de dire, présentement, que le commerce des
cigarettes illégales se fait dans les réserves? Je ne suis pas
sûr de ça, moi, je suis loin d'être sûr de
ça.
Le Président (M. Gobé): Expliquez-nous, M. le
député.
M. Filion: Qu'est-ce qui vous fait dire ça, M. le
député? Expliquez-nous ça.
Le Président (M. Gobé): Vous avez des arguments. On
aimerait ça vous entendre.
M. Forget: Non, non. Non, mais je suis loin d'être
sûr, parce que je vais vous dire bien franchement qu'il n'y a rien qui
prouve qu'il vient des réserves. Alors, c'est pour ça que
ça m'inquiète.
Le Président (M. Gobé): D'où viendrait-il?
Il y a une partie, peut-être, qui vient de ces réserves. Le
reste...
M. Filion: C'est parce qu'il y a certaines parutions.
D'ailleurs...
M. Forget: Depuis tout à l'heure qu'on parle, puis on dit
que ça semble venir des réserves. Moi, je suis loin de...
M. Filion: Vous savez, tout à l'heure, M. le
Président, lorsque je demandais d'entendre le caporal de la Gendarmerie
royale du Canada, c'est que, selon ce caporal, selon les informations et les
renseignements qu'il détient, il y aurait 80 % du marché de la
contrebande qui transite par ce territoire-là. Alors, ça commence
à être de l'information intéressante. Si vous aviez
accepté, M. le député, d'entendre le caporal,
peut-être que votre idée aurait changé et que vous auriez
une autre impression. C'est dans cet esprit-là, d'ailleurs, que j'avais
demandé, tout à l'heure, qu'on puisse entendre les gens de la
Sécurité publique, pour qu'on ait l'information, vraiment
où se situe le vrai problème et comment on peut arriver à
le régler, comme on a réglé l'histoire d'Al Capone, au
fond. On a eu une pression policière intense aux endroits où,
effectivement, on devait assurer une intervention. Mais là on se rend
bien compte qu'on ne fait rien, qu'on ne fait pas un geste concret pour
arriver... Je questionnais le ministre, hier, en cette commission, où je
lui demandais: Avez-vous déjà saisi en réserves
autochtones? Et le ministre, de me répondre: Non, à peu
près rien. Il ne s'est rien fait dans la réserve autochtone.
quand on regarde le genre d'information qu'on nous donne, de la part d'un
caporal de la gendarmerie royale du canada, pour qui c'est clair que tout
transite par là, 80 %, eh bien, écoutez, peut-être que
c'est plus difficile, sur le plan de l'intervention policière, de cerner
un problème en réserves autochtones que d'arrêter al
capone, peut-être, mais le problème est là. il ne faut
quand même pas l'oublier.
Alors, comment on peut résoudre un problème comme
celui-là? Moi, je ne pense pas que c'est une question de
législation fiscale sur le territoire québécois qui va
régler ça. Bien voyons donc! Vous n'arrêterez pas la
circulation, vous n'arrêterez pas la pénétration, vous
n'arrêterez pas l'organisation de ce réseau-là en disant:
Si les gens... D'ailleurs, le ministre confirmait une statistique
intéressante, également, il disait que ce sont les démunis
qui fument. Alors, les démunis, financièrement, ces
gens-là, qu'est-ce que vous pensez qu'ils pensent de vos 200 $ d'amende?
Ils s'en contrefoutent! Mais, vraiment, ils s'en contrefoutent de vos 200 $
d'amende, ils vont continuer d'acheter de la cigarette où il y en a.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Oui, allez-y, monsieur. La
discussion est assez libre. C'est assez intéressant.
M. Forget: C'est juste pour répondre au
député de Montmorency. Tout simplement, si vous regardez, au
niveau de l'alcool, par exemple, les conducteurs. Lorsque les amendes ont
été plus élevées, vous avez vu? Les bars, ils ne
vendaient plus de boisson. Les gars avaient peur de se faire arrêter, ils
n'en prenaient plus.
M. Filion: Non, non. Attention!
M. Forget: Regardez les résultats que ça a
donnés.
M. Filion: Bien oui! Je suis conscient de ça.
M. Forget: Alors, si on a des amendes, les policiers vont le
sentir, dans le champ, qu'ils ne travaillent pas pour rien.
M. Filion: Mais attention!
Le Président (M. Gobé): Ça revient à
ce qu'on disait dans ces discussions.
M. Filion: Attention! Si vous aviez quelque chose qui allait, par
exemple, jusqu'à l'arrestation et l'emprisonnement, ah bien là,
je dirais que vous auriez peut-être des chances. Si, vraiment, vous
mettiez en place une armée pour arrêter tout le monde et les
mettre en prison, ah bien là, je commencerais à trouver que votre
projet de loi a des dents. Là, je commencerais à penser que,
peut-être, quelque part, les gens vont avoir très peur et que,
peut-être, ça va avoir des résultats.
Le Président (M. Gobé): Oui, mais écoutez,
quand même, il faut mettre cet article-là dans son contexte. On
sait que l'article 18 est un des articles il y en a 23 à peu
près qui traitent de ce problème de la contrebande de
cigarettes. Ce n'est pas le seul article qui a la prétention, l'article
18, en mettant des amendes de 200 $ minimum et d'au plus 1000 $,
d'arrêter la contrebande de cigarettes. On sait que c'est une mesure
parmi un certain train de mesures qui sont à l'intérieur. On
arrête sur celui-là. Moi, je trouve qu'il y a peut-être des
articles qui nous permettraient de faire une discussion peut-être plus
diversifiée, si on passait sur celui-là et qu'on allait plus
loin.
Je pense que ce n'est pas l'article principal, c'est un
complément de mesures. C'est ce qui va permettre de ne pas laisser des
gens se promener avec une cartouche de cigarettes, une demi-cartouche,
peut-être, ou 3 paquets, pour en faire la vente et dire: Moi, je suis
consommateur, c'est juste pour moi, donc ne me donnez pas d'amende. Il faut
tenir compte de ça, aussi. Il y a le petit trafic, le jeune
élève à l'école, qui va avoir sa réserve
quelque part et qui va se promener avec son paquet dans la poche. Si on
l'arrête, il va dire: Ah bien non, c'est juste pour ma consommation.
Alors, cet article-là permet...
M. Filion: D'arrêter nos jeunes.
Le Président (M. Gobé): Non, non. Excusez-moi.
Pardon, excusez, M. le député. Non pas d'arrêter nos
jeunes, mais il permet... Qu'il soit jeune ou pas jeune, un trafiquant, c'est
un trafiquant, là.
M. Filion: Non, mais un mineur, c'est un mineur.
Le Président (M. Gobé): II va falloir que la loi
sur les jeunes se penche là-dessus aussi, parce qu'on ne peut pas
laisser faire par des jeunes ce qu'on reproche à des adultes. Mais il
n'en reste pas moins que cet article-là permet à quelqu'un qui
argumenterait, qui arguerait et qui dirait: Moi, j'ai un paquet pour ma
consommation seulement, donc je ne suis pas un trafiquant et tu ne peux pas me
mettre d'amende, bien, de dire: O.K., mais tu peux aller de 200 $ à 1000
$. Et, quand il se sera fait arrêter plusieurs fois et que la preuve aura
été faite devant le juge que c'est de la récidive
constante, peut-être que le monsieur fera plus attention avant de se
promener avec son paquet de cigarettes pour en faire le trafic.
Maintenant, je ne croirais pas qu'on va aller poursuivre
systématiquement le vrai fumeur comme tel. J'ai l'impression que c'est
pour éviter cette échappa-toire-là. Il y avait une
échappatoire dans la loi sur les trafiquants. On arrêtait les
trafiquants, mais le consommateur... C'est un peu comme pour la marihuana. Je
pense qu'il y a la distinction entre possession pour consommation et possession
pour trafic. D'accord? (17 h 50)
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Gobé): La marihuana ou la
cocaïne. Enfin, je ne sais pas, je ne suis pas trop familier avec les
drogues, mais je sais que j'ai déjà vu ça quelque part.
Alors, c'est probablement la même chose. Il y a moyen d'aller en
chercher, peut-être, une poignée pour éviter que le petit
trafiquant puisse s'en tirer impunément. C'est dans ce sens-là
que je vois cet article, plus que dans te but d'aller chez Mme Tout-le-Monde,
qui est sur l'aide sociale on parlait des plus démunis ou
un chauffeur de taxi, puis dire: Toi, tu fumes, montre-moi ton paquet de
cigarettes parce que tu fumes du tabac interdit. Je pense que c'est dans ce
sens-là. C'est dans le sens de dire: On le sait que, lui, c'est un
trafiquant, on le sait qu'il se promène avec des petites
quantités pour ne pas se faire accuser et là on a une poigne.
M. Filion: Oui, je comprends. Mais, ici, ce n'est pas le petit
trafiquant qu'on vise, c'est le consommateur.
Le Président (M. Gobé): Oui, celui qui est
trafiquant mais qui se déclare consommateur parce qu'il a une petite
quantité sur lui. Il se sert de ça pour ne pas être
accusé, en termes de trafic.
M. Filion: Mais les jeunes, là, par exemple, on sait que
les jeunes ont accès facilement à la contrebande, puis ils vont
continuer à avoir accès facilement à la contrebande. Nos
jeunes mineurs, qui vont continuer... Écoutez, là...
Le Président (M. Gobé): Est-ce que la loi
s'applique? C'est une bonne question, peut-être, qu'on pourrait poser. Je
vois les gens de la fonction publique, qui ont l'air de nous écouter
avec grande attention depuis qu'on parle des mineurs. Peut-être, M. le
député, qu'on pourrait poser la question. Si vous vouliez la
poser?
M. Filion: Moi, je suis d'accord.
Le Président (M. Gobé): Pourriez-vous nous dire,
dans le cas des mineurs, si les mêmes dispositions de ce projet de loi
s'appliquent?
M. Brochu: On a répondu, hier, en disant que ce serait
devant le tribunal de la jeunesse.
M. Larivière: Tous les mineurs de 14 ans et plus sont
sujets à la loi. En bas de 14 ans, évidemment, ils ne sont pas
sujets.
Le Président (M. Gobé): Alors, le petit cul qui se
promène avec son paquet de cigarettes dans l'école... Pardon! Le
jeune garçon de 10 ans, 12 ans puis on sait qu'à cet
âge-là, maintenant, ils sont pas mal avancés
qu'est-ce qu'on fait avec lui, là?
M. Larivière: Celui-là n'est pas visé. Le
Code de procédure pénale fait en sorte que ce sont les jeunes de
14 ans et plus qui sont susceptibles d'être poursuivis. Alors, celui qui
est en bas de 14 ans, évidemment...
M. Filion: Le jeune qui va recevoir une pénalité,
bien sûr, il n'a pas les moyens de la payer. Alors, il va se passer quoi?
Vous allez...
Le Président (M. Gobé): Les parents?
M. Filion: Ça va aller jusqu'où les
procédures fiscales?
Le Président (M. Gobé): Est-ce que ce sont les
parents qui sont responsables de l'amende de l'enfant?
M. Filion: Bien, j'essaie de voir, oui. Est-ce que le parent va
devoir payer l'amende de l'enfant?
M. Brocha: Non, absolument pas. Il y a des mesures compensatoires
pour ça.
Le Président (M. Gobé): Non? Ça devrait.
M. Brochu: Ça va être le Code de procédure
pénale qui va répondre à nos questions, là.
Le Président (M. Gobé): C'est parce qu'ils ne le
feraient pas 2 fois, moi.
M. Filion: Mais le Code de procédure pénale, est-ce
qu'il va jusqu'à l'emprisonnement du jeune?
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le parent ne
devrait pas être tenu responsable de l'amende de l'enfant? Il est le
tuteur légal de l'enfant.
M. Brochu: Je ne croirais pas. Non. Le Président (M.
Gobé): Non?
M. Larivière: Absolument pas. Il y a des travaux
compensatoires qui sont prévus, il y a des mesures compensatoires qui
sont prévues. L'amende peut être transformée en travaux
compensatoires, en mise sous garde, et ainsi de suite. Il y a des mesures qui
sont prévues dans la loi.
M. Filion: La mise sous garde du jeune?
M. Larivière: S'il n'y a pas paiement. Il y a des mesures
palliatives, il y a une escalade: il y a des mesures compensatoires, il y a des
travaux compensatoires, et ainsi de suite. Ce n'est pas la mise sous garde
automatique.
M. Filion: Mais, je veux dire, par principe, le jeune, dans les
écoles secondaires, qui fume des cigarettes de contrebande et qui serait
pris par inadvertance, on sait pertinemment que ce jeune-là n'aura pas
les moyens de la payer. Alors, c'est quoi les procédures qui vont
s'appliquer contre lui? C'est ça qu'on essaie de comprendre, pour au
moins pouvoir informer la population de ce que les jeunes sont appelés
à subir.
Le Président (M. Gobé): Surtout qu'on sait que...
Je pense que c'est un bon point qu'on n'a peut-être pas abordé au
moment de l'étude sur le... Malheureusement, je n'étais pas
là lorsqu'on a parlé des amendes aux trafiquants. Mais ça
rejoint le consommateur jeune, qui se dit consommateur mais qui peut être
un trafiquant déguisé, comme ça peut être le
trafiquant jeune. On sait qu'une grosse partie du trafic de cigarettes, selon
les reportages que l'on a pu voir de Radio-Canada, de
Télé-Métropole et d'articles de journaux, se fait par les
écoles. Ce n'est pas, les jeunes, forcément pour fumer
eux-mêmes. On pourrait croire que ce serait pour approvisionner les
familles, à l'occasion.
À ce moment-là, il faut se poser la question: Comment
réagit-on devant cette nouvelle déviation de la
criminalité fiscale en utilisant les jeunes, premièrement?
Deuxièmement, comment réagit-on devant la consommation par des
jeunes de produits interdits comme les cigarettes par la loi,
avec des lois fiscales, des lois d'amende? Parce que 200 $, un jeune gars de 14
ans et demi, là, ce n'est pas évident qu'il va les avoir.
Maintenant, la responsabilisation. Là, on va plus loin. Ça
fait un débat de société assez important. Est-ce qu'on
doit garder le jeune à vue ou responsabiliser le parent qui, lui,
devrait régler l'amende, donc régler son problème
d'éducation et de surveillance de son enfant? Est-ce qu'on
n'enlève pas au parent son rôle de tuteur en disant: Ne
t'inquiète pas, papa, je me suis fait prendre, mais ce n'est pas toi qui
es responsable, c'est l'État? Est-ce que ce n'est pas dévaloriser
le rôle d'autorité parentale de la famille?
M. Filion: C'est tout le concept de société. Quand
je vous dis...
Le Président (M. Gobé): Non, je vais
peut-être un peu loin, mais ça ouvre la porte à ce genre de
débat. C'est sûr que ce n'est pas le point principal de ce projet
de loi, mais on peut se le permettre, vu que M. le député va
vouloir prendre le temps d'en discuter longuement. M. le ministre, aussi, tient
à ce que les parlementaires fassent la lumière là-dessus.
C'est intéressant de voir qu'on peut aller, en poussant un peu loin,
dans des interprétations d'un projet de loi qui peuvent avoir des
impacts beaucoup plus larges. Puis, je pense que, pour les parlementaires,
c'est important. On vote souvent des projets de loi qui ont des effets
secondaires, dirons-nous, un peu comme certains médicaments qu'on prend
pour régler un problème: on règle un problème de
dos ou de mal de tête et, par la suite, on se réveille avec des
boutons sur le bout de nez. Est-ce que le bouton est moins grave que le mal de
tête? Peut-être, chacun juge le lendemain. Mais, c'est un peu le
cas. Il peut arriver que, dans des projets de loi, pour soigner un mal de
tête, on se réveille avec un lumbago ou une crise de foie. Alors,
ça ouvre la porte à ce genre de discussion, et je trouve
ça intéressant que vous l'ayez amenée, M. le
député.
M. Filion: M. le Président, moi, je crois vraiment que
c'est une réalité du fléau social. Ils font partie
intégrante de ce stratagème. Je pense que nos jeunes n'ont pas
besoin de ce genre d'exemple de législation fiscale pour les amener dans
une société. Que vont-ils penser, eux qui seraient pris au
piège dans un système comme celui-là, de notre
société à nous, qu'on est en train de développer et
de légiférer?
Le Président (M. Gobé): On leur apprend... On leur
envoie un message à ce niveau-là, à l'effet qu'il est
possible de dévier des lois, très jeune.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Gobé): Ça fait qu'on
amène des adultes à leur apprendre ça, pour
l'intérêt des adultes. Alors, c'est...
M. Filion: Payés par des adultes...
Le Président (M. Gobé): C'est assez épeurant
pareil.
M. Filion: ...stimulés par des adultes, et eux se font
prendre, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Mais ça n'a rien
à voir avec le projet de loi, par exemple. C'est le projet de loi...
M. Filion: Mais, la pénalité, M. le
Président, va toucher le jeune.
Le Président (M. Gobé): Oui, mais le projet de loi
est là pour corriger une situation qui existe et qui a des effets
secondaires et multiples, dont cet effet chez les jeunes. Maintenant...
M. Filion: Parce que, vous savez, les gens, entre autres les
fabricants de tabac et... D'ailleurs, ils ont fait une espèce de front
commun et ils posaient la question: Comment va réagir le projet de loi
s'ils mettent en place de l'embauche chez les jeunes? Alors, je pense que les
questions se posent et sont véritablement discutables, à ce
stade-ci, parce que cette pénalité-là va s'appliquer au
consommateur. Le consommateur inclut toutes les couches de la
société: le jeune, le moins jeune et, bien sûr, tous ceux
qui vont vouloir toucher à la cigarette de contrebande. On sait que
c'est une mesure difficilement applicable. C'est une mesure nouvelle, c'est
quelque chose de nouveau. Je pense que cette nouveauté-là, M. le
Président, n'a pas véritablement sa place dans nos lois fiscales,
compte tenu que la source même du problème, on l'évite et
qu'on ne légifère pas du tout dans ce sens-là. C'est, je
pense, quelque chose de fondamental qu'il faut dénoncer de ce
projet-là.
Le Président (M. Gobé): Malheureusement, le temps
est passé. Si vous voulez, on a l'article 19, qui est intéressant
aussi pour ce soir. Nous pourrions adopter l'article 18, maintenant, et refaire
la même discussion, la continuer sur 19, puisqu'on retouche, là
aussi, du fiscal.
M. Filion: M. le Président, j'aimerais savoir combien il
me reste de temps sur l'aride 18.
Le Président (M. Gobé): Bien, je pense que c'est
pas mal... 1 min 15 s, voyez-vous. Il est 18 heures, alors...
M. Filion: Alors, je serais d'accord pour qu'on adopte sur
division...
Le Président (M. Gobé): Oui? D'accord.
M. Filion: ...l'article 18 et qu'on suspende les travaux.
Le Président (M. Gobé): Ça fait qu'on adopte
donc l'article 18 sur division. On va suspendre et nous reprendrons à 19
heures. Il y a là le même genre de discussion qu'on peut continuer
avec latitude, la présidence étant ouverte à ça,
parce qu'on parle encore de mesures d'amendes fiscales pour contrer des
comportements.
Donc, la commission suspend ses travaux à 20 heures. Bon
appétit à tout le monde et rendez-vous à l'heure.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 16)
Le Président (M. Camden): Alors, la commission du budget
et de l'administration reprend ses travaux.
Je vous rappelle que nous sommes à l'étude du projet de
loi 90, Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur le tabac, la Loi sur
le ministère du Revenu et d'autres dispositions législatives
d'ordre fiscal. Nous en sommes au début de l'article 19.
Est-ce que, M. le ministre, à l'égard de l'article 19,
vous avez des commentaires ou des remarques à nous formuler?
M. Savoie: Adopé, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Comprenez bien que le sens de
mes propos était à l'effet de nous préciser la
portée de l'article 19, M. le ministre.
M. Savoie: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Je reconnais là votre
sens de la discipline, de l'ordre et de l'efficacité.
M. Savoie: Je pensais que c'était adopté. Ça
aurait été moins compliqué.
Le Président (M. Camden): Le temps que vous nous en
exprimerez la portée, le député de Montmorency
appréciera vos commentaires.
M. Savoie: II s'agit tout simplement d'une modification pour
inclure les articles 14.2 et 14.3. Donc, c'est tout simplement une modification
de concordance.
M. Filion: Une modification de... M. Savoie:
Concordance.
M. Filion: Quels sont les exemples de cas visés par
l'article 19? Quels sont les cas visés par cette
pénalité-là?
(Consultation)
Le Président (M. Camden): M. Larivière.
M. Larivière: Alors, le genre d'infractions qui pourraient
être prévues par l'article 15, c'est des infractions qui ne sont
pas déjà prévues par 14.1, 14.2, 14.3. Ça pourrait
être une infraction à un règlement, à un texte
réglementaire, où toute personne qui ne respecterait pas une des
obligations qui serait prévue dans un règlement pourrait
être poursuivie par cet article-là, finalement.
M. Filion: Vous avez sûrement pensé, parce que c'est
une espèce de clause fourre-tout, là... Mais, dans votre
fourre-tout, vous deviez penser à des scénarios particuliers, ou
bien si c'est vraiment au cas où vous n'auriez pas tout couvert?
M. Larivière: Par expérience, cet article
«clause omnibus», ça existe dans à peu près
toutes les lois du Québec. Alors, c'est un genre de clause qui existe
depuis fort longtemps et qui existe dans plusieurs lois du Québec, sinon
la majorité des lois qui prévoient des infractions. Alors,
ça existe depuis fort longtemps. Cet article-là existait
déjà dans l'ancien texte de loi. Vu les nouvelles dispositions
14.2, 14.3, ça ne fait que faire de la concordance avec les nouvelles
dispositions.
M. Filion: Alors, il n'y a pas d'exemple pour cet
article-là? C'est un article au cas où?
Le Président (M. Camden): M. Larivière.
M. Larivière: Écoutez, en 8 ans, on ne l'a pas
utilisé, parce qu'il y a des infractions qui étaient
constatées par les fonctionnaires du ministère du Revenu, elles
étaient déjà prévues par les dispositions de 14 et
14.1, et maintenant de 14.2 et 14.3. Mais il pourrait arriver des situations
où l'infraction ne serait pas déjà prévue dans ces
dispositions-là, par exemple une infraction au texte
réglementaire. À ce moment-là, elle pourrait être
sanctionnée par l'article 15. Mais, en 8 ans...
M. Filion: Ça ne s'est jamais appliqué? (20 h
20)
M. Larivière: II n'y a jamais eu de poursuites en vertu de
l'article 15, parce que les infractions constatées par les inspecteurs
du ministère du Revenu ou par d'autres étaient déjà
prévues. Mais cette disposition-là, qu'on appelle «clause
omnibus», existe à peu près dans toutes les lois du
Québec.
M. Filion: Quand on dit: «...contrevient aux dispositions
de la présente loi ou des règlements, autrement que de la
façon prévue», «contrevient», c'est quand
même très large. «Contrevient», on n'est pas
obligé de faire de la contrebande pour être
pénalisable.
M. Larivière: Mais la contrebande est déjà
prévue à l'article 14.2.
M. Filion: Je comprends, mais cet article-là, lui, quand
il dit: «...contrevient aux dispositions», c'est qu'on pourrait
être pénalisé de 200 $ à 5000 $ sans faire de la
contrebande, uniquement parce qu'on manque à un règlement
quelconque.
M. Larivière: Bien, il faut qu'il y ait une obligation
prévue dans une loi ou dans un règlement. C'est la condition
minimale. C'est: «Toute personne qui contrevient aux dispositions de la
présente loi ou des règlements». Alors, il faut qu'il y ait
une obligation dans la loi ou dans le règlement. La personne qui
contreviendrait à cette obligation prévue dans la loi ou dans le
règlement serait poursuivie, serait passible d'une condamnation d'au
moins 200 $ et d'au plus 5000 $.
M. Filion: Mais, ce que je veux dire...
M. Larivière: Mais, encore là, l'autre condition,
la deuxième condition, c'est qu'il ne faut pas que l'infraction soit
déjà prévue à 14, 14.1, 14.2, 14.3.
M. Filion: Ça, c'est spécifique à de la
contrebande, 14, 14.1, 14.2 et 14.3.
M. Larivière: Pas nécessairement. M. Filion: Ah
non?
M. Larivière: II y a toutes les obligations de
détenir des certificats, des permis qui sont déjà
prévues à 14.1. Vous avez l'obligation de faire des rapports de
remise, qui est déjà sanctionnée par l'article 14. Alors,
14, 14.1, 14.2, 14.3 visent pratiquement l'ensemble des dispositions mises en
application par les inspecteurs et les fonctionnaires du ministère du
Revenu. Mais il pourrait arriver une situation où ça ne pourrait
pas être prévu, où ça ne serait pas prévu.
À ce moment-là, c'est 15 qui s'applique.
M. Filion: Est-ce qu'on a augmenté le minimum de cet
article-là ou bien si c'était déjà comme ça,
avant?
M. Larivière: Ah! c'était déjà comme
ça avant. Ça n'a pas changé.
M. Filion: Vous avez simplement reproduit l'article?
M. Larivière: Absolument. Ça existe depuis fort
longtemps.
M. Filion: Alors, on n'a pas d'exemple mais on a une
pénalité. C'est bon. Alors, là, vous êtes sûr,
à tout coup, d'en appliquer au moins une!
M. Savoie: La disposition était déjà
là.
M. Filion: Jusqu'où ça pourrait aller, ça,
200 $ à
5000 $? Supposons que vous avez un manque de preuve à 14.3, par
exemple le gars a un porte-cigarettes, est-ce que vous ne pourriez pas aller le
chercher avec le 15, au niveau d'une pénalité?
M. Larivière: Mais, c'est la même preuve. J'imagine
que, si vous avez une faiblesse, au niveau de la preuve, pour une infraction
prévue à 14.3, la même faiblesse, au niveau de la preuve,
va se retrouver également en vertu d'une infraction prévue
à l'article 15, si la preuve n'est pas suffisante pour 14.3. Comme je
vous le disais tout à l'heure, il y a 2 conditions. Il faut que ce soit
«autrement que de la façon prévue» par 14.3. Si la
situation de la contrebande, que vous me faites valoir, était
déjà prévue par 14.3, alors il faut poursuivre en vertu de
14.3, et on vivra, à ce moment-là, avec le problème de
preuve. Si l'infraction est déjà sanctionnée par une de
ces dispositions-là, on n'aura pas le choix. Il faut poursuivre en vertu
d'une de ces dispositions-là.
M. Filion: Et non par défaut. Alors, M. le
Président, je pense qu'on est face, à nouveau, à une
nouvelle disposition où on fait simplement de la concordance. Je ne
pense pas qu'on puisse élaborer bien longtemps sur l'article 15 de la
loi et, par conséquent, du présent projet de loi et de l'article
19. Je ne sais pas si le ministre voulait ajouter quelque chose.
Le Président (M. Camden): M. le ministre. M. Savoie:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Je comprends que vous souhaitez
l'adoption de l'article.
M. Filion: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Est-ce que, M. le
député de Montmorency, vous êtes disposé à
concourir à...
M. Filion: Sur division.
Le Président (M. Camden): Sur division? L'article 19 est
donc adopté sur division.
J'appelle l'article 20. M. le ministre, si vous avez des commentaires
à nous formuler concernant l'article 20?
M. Savoie: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Camden): À moins que vous
souhaitiez nous en faire la lecture? Tout simplement, vous limiter à des
commentaires?
M. Savoie: Peut-être faire la lecture, M. le
Président.
M. Filion: Avant la lecture, M. le Président.
Est-ce que le ministre a l'intention de déposer bientôt ses
amendements qui restent à déposer, ou bien s'il a toujours
l'intention d'attendre, au fur et à mesure?
M. Savoie: Au fur et à mesure, M. le Président.
M. Filion: Au fur et à mesure? M. Savoie: Au fur et
à mesure.
M. Filion: Alors, nous allons suivre, au fur et à
mesure.
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire que je vais probablement les
déposer au complet ce soir, si je le juge opportun. Si vous êtes
gentil, M. le député de Montmorency.
Le Président (M. Camden): Ah! mais là je vais vous
dire que le député de Montmorency est toujours affable, gentil,
accommodant. Je n'ai pas de raison de croire, M. le ministre, qu'il ne le sera
pas ce soir.
M. Savoie: Venant de vous, M. le Président, c'est une
garantie.
Le Président (M. Camden): Alors, je me réjouis,
évidemment, de cette appréciation. Est-ce que vous avez des
commentaires, M. le ministre, concernant l'article 20?
M. Savoie: Alors, M. le Président, on attend de vous
entendre avec...
Le Président (M. Camden): Je dois vous indiquer que j'ai
pris connaissance du projet. Le projet n'était pas
présenté par moi-même.
M. Savoie: II est d'usage, M. le Président, pour les lois
fiscales comme vous le savez, il y a plusieurs exceptions dans les lois
fiscales que le président en fasse lecture, ou...
Le Président (M. Camden): Vous savez, la coutume, ici, au
Québec, est moins respectée qu'à Ottawa.
M. Savoie: Ah non! On parle de Québec.
Le Président (M. Camden): C'est ce que je vous
indiquais.
M. Savoie: Moi, je vais lire les notes explicatives, M. le
Président.
Le Président (M. Camden): Alors, on va répondre
à votre demande, considérant que nous aurons d'autres demandes
à vous formuler éventuellement.
M. Savoie: Excellent, M. le Président.
Le Président (M. Camden): L'article 15.1 de cette loi,
remplacé par l'article 15 du chapitre 16 des lois de 1991, est de
nouveau remplacé par le suivant: «15.1 Le juge qui déclare
le défendeur coupable d'une infraction à la présente loi
peut, sur demande du ministre, ordonner au défendeur de payer le montant
des frais fixés par règlement et reliés à la saisie
et la conservation de toute chose saisie en vertu des articles 13.4 ou 13.4.2.
«Toutefois, le juge peut réduire ce montant s'il est convaincu que
le ministre a indûment tardé à intenter la poursuite ou a
causé sans raison suffisante un délai pour qu'elle soit
instruite. «Sur demande du ministre présentée dans les
trente jours d'un jugement rendu sur la poursuite visant la sanction
pénale d'une infraction à la présente loi ou, dans le cas
où le défendeur est réputé avoir été
déclaré coupable de l'infraction, dans les quatre-vingt-dix jours
qui suivent la signification du constat d'infraction, un juge peut
également ordonner la confiscation des paquets de tabac saisis en vertu
des articles 13.4 ou 13.4.2 lorsque l'illégalité de la possession
de ces paquets de tabac en empêche la remise au saisi ou à une
personne qui prétend y avoir droit et, dans le cas d'un jugement par
lequel le défendeur est déclaré coupable d'une infraction
à la présente loi ou dans le cas où ce défendeur
est réputé avoir été déclaré coupable
d'une telle infraction, en outre de toute peine prévue par ailleurs pour
cette infraction, la confiscation de toute chose saisie en vertu des articles
13.4 ou 13.4.2, du dépôt visé à l'article 13.4.3 ou
du produit visé à l'article 13.5. «Un préavis d'au
moins un jour franc d'une demande prévue au présent article est
signifié au défendeur, au saisi et aux personnes qui
prétendent avoir droit à la chose saisie ou au produit
visé à l'article 13.5, à moins qu'ils ne soient
présents devant le juge. «Lorsque la confiscation de paquets de
tabac est ordonnée, le juge peut autoriser le ministre à
détruire ces paquets de tabac de la manière prescrite par
règlement.»
Alors, voici la fin de l'article, M. le ministre. Nous sommes
disposés à vous entendre d'une façon fort explicite sur
cet article de large portée.
M. Savoie: Alors, je vais vous lire les notes explicatives,
peut-être que ça va fournir quelques éclaircissements.
L'article 15.1 prévoit, à son premier alinéa, la
possibilité pour le ministre de demander à un juge de la Cour du
Québec la confiscation de toute chose saisie en vertu des articles 13.4,
13.4.2 ou du produit de la vente de paquets de tabac, lorsqu'une personne a
été déclarée coupable d'une infraction à la
présente loi.
Le deuxième alinéa précise que le juge peut
ordonner la confiscation demandée, sauf si la personne
déclarée coupable établit sa capacité de payer le
montant de l'amende, de la cotisation et des frais de conservation et de
saisie.
Le troisième alinéa prévoit la possibilité,
pour toute personne autre que le contrevenant, de revendiquer la chose saisie
et retenue et d'en obtenir la remise, en suivant la procédure
prévue à cette fin. (20 h 30)
Les modifications apportées à cet article ont pour but
d'ajouter à l'effet dissuasif des peines imposées en cas de
condamnation et de renforcer les pouvoirs du ministre du Revenu en
matière de confiscation des choses saisies. Ces modifications ont
également pour but de préciser les pouvoirs du tribunal en
matière de confiscation de choses saisies et en matière de frais
reliés à la saisie et à la conservation de ces choses dans
le cadre de poursuites pénales pour sanctionner des infractions à
la loi.
Les modifications contenues aux 2 premiers alinéas de cet article
prévoient que, lors d'une condamnation, le juge peut, en plus de
l'amende et des frais judiciaires imposés, condamner la personne
à payer l'ensemble des frais de saisie et de conservation des choses
saisies, à moins que ces frais ne soient réduits par le juge en
raison de délais indus attribuables au ministre du Revenu dans
l'introduction et le déroulement de la poursuite.
La suppression des dispositions actuelles du troisième
alinéa concernant la revendication de la chose saisie ou du produit de
la vente par une personne autre que le contrevenant est une modification de
concordance à l'introduction du nouvel article 13.7.1. La modification
apportée par le remplacement du troisème alinéa a pour
objet de prévoir la possibilité, pour le ministre, de demander
à un juge, selon les délais prévus à cet
alinéa, d'ordonner la confiscation des paquets de tabac saisis lorsque
l'illégalité de la possession en empêche la remise au
saisi, dans tous les cas de poursuite pénale, qu'une déclaration
de culpabilité ait été prononcée ou non. Cette
modification fait aussi en sorte que le juge peut ordonner, en outre de toute
autre peine prévue par la loi pour l'infraction commise, la confiscation
de toute autre chose saisie, du dépôt visé à
l'article 13.4.3 ou du produit de la vente d'une telle chose selon l'article
13.5, lorsque le défendeur est déclaré coupable ou
réputé avoir été déclaré coupable de
l'infraction.
L'ajout du quatrième alinéa de cet article a pour but de
prévoir l'obligation pour le ministre de signifier un préavis de
la demande de paiement des frais de saisie et de conservation ou de la demande
de confiscation au défendeur, au saisi ou à toute autre personne
qui prétend avoir droit à la chose saisie ou au produit
visé à l'article 13.5, à moins que ces personnes ne soient
présentes devant le juge.
L'ajout du dernier alinéa a pour effet de permettre au juge
d'autoriser la destruction des paquets de tabac saisis selon la manière
prévue au règlement.
Je vous rappellerai qu'hier soir ça a fait l'objet d'une assez
longue discussion. D'ailleurs, en commission, on a eu l'occasion
d'échanger là-dessus, particulièrement en ce qui concerne
la destruction des paquets de
cigarettes et des diverses restrictions qui pouvaient être
imposées au ministre en termes de délais. Le fait que le tout est
surveillé par la Cour du Québec assure une bonne exécution
de la loi.
Le Président (M. Camden): On vous remercie, M. le
ministre, de ces commentaires. M. le député de Montmorency.
M. Filion: Oui, M. le Président. Moi, j'aurais une couple
de petites questions simplement dans le but d'obtenir des informations
éclairantes. À la page 11 du projet de loi, premier paragraphe,
on parle d'une situation «où ce défendeur est
réputé avoir été déclaré
coupable». Qu'est-ce que ça veut dire «est
réputé avoir été déclaré
coupable»? Une culpabilité réputée, c'est
spécial, ça!
M. Larivière: C'est dans le cas...
Le Président (M. Camden): M. Larivière.
M. Larivière: Oui, André Larivière. Alors,
il y aura une nouvelle procédure qui sera mise en application,
probablement à l'automne 1993, qui s'appelle le constat d'infraction.
C'est toute une nouvelle procédure pénale qui sera mise en
vigueur au Québec.
M. Filion: Constat d'infraction?
M. Larivière: Constat d'infraction. C'est dans le but de
déjudiciariser le processus pénal au Québec. Dans ce
cas-là, il y aura l'émission d'un constat d'infraction, et
suivant le Code de procédure pénale... C'est comme un billet de
la route, finalement. Vous pouvez aller le payer dans une caisse populaire ou
autre. C'est un peu le même principe. Il y a émission d'un constat
d'infraction, il y a transmission de plaidoyer de culpabilité. Il faut
comprendre qu'à ce moment-là le dossier n'est pas ouvert à
la cour. Ça se fait dans un processus administratif. Le Code de
procédure pénale prévoit, à ce moment-là,
que la personne est réputée avoir été
déclarée coupable, dans des situations semblables. Alors,
ça, c'est pour prévoir la nouvelle procédure qui sera mise
en application dès l'automne 1993, pour les poursuites pénales au
Québec.
M. Filion: Mais cette nouvelle procédure là, face
à la contrebande du tabac, comment ça va jouer par rapport
à une culpabilité réputée?
M. Larivière: C'est pour toutes les infractions en
matière pénale au Québec. Ça ne vise pas simplement
les infractions en matière de tabac. Vous avez toutes les infractions
prévues par une loi provinciale et...
M. Filion: Mais c'est nouveau?
M. Larivière: Oui, c'est nouveau. C'est la mise en
application du Code de procédure pénale.
M. Filion: Mais j'essaie de comprendre ou de voir une situation
pratique. Comment est-ce qu'on peut être déclaré
réputé coupable dans le cas du tabac?
M. Larivière: C'est bien simple. L'individu qui est
trouvé en possession de tabac de contrebande, par exemple, reçoit
signification par le fonctionnaire du ministère du Revenu, qui doit
être une personne autorisée à délivrer les constats
d'infraction. Alors, cette personne aura le constat d'infraction entre les
mains, elle a un certain nombre de jours c'est prévu dans le Code
de procédure pour répondre, transmettre un plaidoyer de
culpabilité ou transmettre un plaidoyer de non-culpabilité. Si
elle transmet un plaidoyer de culpabilité, alors là la loi fait
en sorte qu'elle est réputée déclarée coupable,
lorsqu'elle aura transmis ce plaidoyer de culpabilité à celui qui
a signifié le constat d'infraction. C'est un peu comme un billet
d'infraction. Disons que vous avez un billet d'infraction pour stationnement et
que vous payez l'amende qui vous est réclamée, alors vous
êtes réputé coupable d'avoir commis l'infraction. C'est le
même principe qui va être mis en application dès l'automne
1993, probablement.
M. Filion: C'est un principe où c'est le fonctionnaire qui
juge.
M. Larivière: Absolument pas. M. Filion: Non?
M. Larivière: Absolument pas. La seule chose que le
fonctionnaire fait, il délivre le constat d'infraction. Il constate
l'infraction, délivre le constat d'infraction, comme un policier
délivre un billet d'infraction lorsqu'il constate qu'il y a un
stationnement...
M. Brochu: André Brochu. Une fois que vous avez votre
constat d'infraction dans les mains, à ce moment-là, vous avez le
choix entre fournir un plaidoyer de culpabilité avec l'amende, choix
d'envoyer uniquement l'amende à ce moment-là, vous
êtes réputé coupable et ça ferme votre dossier
ou plaider non coupable à ce moment-là, votre
dossier sera judiciarisé, on procédera devant les tribunaux.
Donc, le fonctionnaire qui remet ne juge pas. Il lui remet l'infraction.
Aujourd'hui, cette infraction, tout ce que l'on fait, on l'introduit
directement devant le système judiciaire via une sommation. Tout dossier
commence par une procédure judiciaire et est donc judiciarisé au
départ. Là, on met une étape préalable pour,
évidemment, essayer de déjudiciariser le système.
M. Filion: Le délai pour contester le constat
d'infraction... Est-ce qu'il y a un délai?
M. Larivière: C'est prévu dans le Code.
M. Brochu: Ça, c'est prévu dans le Code. Nous, ici,
on marque bien que, dans le cas d'un constat, on parle des 90 jours qui suivent
la signification du constat d'infraction, mais le délai pour le
contester, ça doit être dans les 30 jours.
M. Filion: S'il passe le délai, ce n'est plus
contestable.
M. Brochu: S'il passe le délai...
M. Larivière: C'est un délai de 30 jours.
M. Brochu: 30 jours?
M. Larivière: Oui, c'est ça.
M. Brochu: S'il passe le délai, il est
présumé...
M. Larivière: S'il passe le délai sans avoir
transmis de plaidoyer, il est présumé non coupable. Il est
présumé avoir transmis un plaidoyer de non-culpabilité.
Alors, le dossier, à ce moment-là, est judiciarisé et va
devant les tribunaux.
M. Filion: Si, dans le délai de 30 jours, il confirme sa
culpabilité, il est reconnu coupable?
M. Brochu: Si, dans les 30 jours, il confirme, soit en envoyant
son constat en disant: Je suis coupable, ou qu'il envoie l'amende si
l'amende est de 200 $, il envoie un chèque de 200 $ il est
présumé coupable. S'il garde le silence, puis qu'il ne fait rien,
à ce moment-là, il est présumé non coupable. C'est
là que le système...
M. Filion: S'enclenche. M. Brochu: ...s'enclenche. M.
Larivière: C'est ça.
M. Brochu: Là, il va recevoir un avis pour
comparaître devant la cour, pour être jugé.
M. Filion: Dans le dernier paragraphe de l'article, vous vous
référez à nouveau à des règlements,
«de la manière prescrite par règlement», concernant
la destruction des paquets de cigarettes ou des paquets de tabac. Est-ce que
ces règlements, vous en avez des copies ou si c'est à être
fait?
M. Brochu: C'est à être fait.
M. Filion: Mais comment se fait-il qu'on étudie des
projets de loi... Moi, ça, vraiment, pour moi, c'est quelque chose
d'inacceptable. On étudie un projet de loi en fonction de
règlements à être faits. Vous ne pensez pas que notre
législation est un petit peu défaillante? J'étudie un
projet de loi, et on me dit que les règlements ne sont pas faits encore,
on me parle de règlements à venir. Puis là il faut que je
vote, moi, si je suis d'accord sur ce paragraphe de l'article, sans avoir de
règlements à regarder et à étudier pour avoir, en
même temps, l'esprit du législateur. Là, moi, je ne le sais
pas comment le législateur a l'intention de prévoir l'application
de tel, tel article de loi. Comment se fait-il qu'on n'a pas ça, M. le
ministre? (20 h 40)
M. Savoie: D'abord, parce que le projet de loi n'est pas encore
adopté et pas encore déterminé. Il peut y avoir des
modifications à apporter, qui vont avoir une incidence sur la
réglementation, d'une part. D'autre part, la procédure
réglementaire, c'est un autre processus. Dans les projets de loi d'ordre
fiscal, il n'y a pas de prépublication, simplement une publication. Un
pouvoir réglementaire, aussi, a beaucoup plus de contraintes qu'un
pouvoir des lois...
(Consultation)
Le Président (M. Camden): M. le député de
LaFontaine, vous aviez une question à poser?
M. Gobé: Oui. Je peux?
M. Savoie: Tu peux continuer.
M. Gobé: Oui, merci. De toute façon, je voulais
aller... J'avais une question, mais le dernier paragraphe que notre
collègue a mentionné, je trouve ça très
intéressant. En effet, on peut prescrire par règlement la
destruction de ces paquets de tabac. Mais je me demande s'il ne serait pas bon
de prévoir, dans ce règlement, vu qu'ils ne sont pas
écrits, la possibilité que vu que le tabac n'est pas
interdit de consommation au Québec, c'est simplement interdit de le
vendre illégalement le ministère dispose de ces paquets de
tabac envers les compagnies de cigarettes ou autres pour les recycler. Il
pourrait faire en sorte qu'ils soient revendus avec profit et que le
ministère, le gouvernement engage, ramasse l'argent et s'en serve ou
pour des causes humanitaires, comme dernier recours, ou autre chose comme
ça, ou même pour financer ses services de recherche à la
fraude. Je trouve ça déplorable qu'on puisse détruire une
matière première comme le tabac, qui est une matière noble
que des agriculteurs québécois cultivent et qui, comme chacun le
sait, bien souvent, vient de chez nous et est exportée
illégalement. C'est juste une remarque au passage que je voulais
faire.
Mais ma question, moi, M. le ministre, était peut-être plus
pointue que cela.
M. Savoie: Ah bon!
M. Gobé: Oui. C'est très important, je pense,
qu'on aille plus loin. Là, vous avez un projet de loi qui est un
projet de loi de répression et d'amendes fiscales. Mais, il n'en reste
pas moins que, lorsqu'on découvre...
M. Savoie: Non, non, non. Ce n'est pas un projet de loi...
M. Gobé: ...un réseau... M. Savoie: ...de
répression.
M. Gobé: Bien, de répression de la contrebande,
là.
Le Président (M. Camden): M. le ministre, vous permettez
au député de LaFontaine de s'exprimer.
M. Savoie: Oui, allez-y, allez-y.
M. Chevrette: II a raison. Moi, je suis d'accord avec lui.
D'ailleurs, si vous avez besoin d'aide, je vais vous aider.
M. Gobé: L'imposition de l'amende...
Le Président (M. Camden): Je vous remercie de votre
appui.
M. Gobé: ...M. le ministre, n'est pas faite pour collecter
de l'argent, mais pour décourager la contrebande. Donc, c'est une
manière de réprimer qui dit réprimer, dit
répression cette contrebande.
Une voix: Exact. C'est ça.
M. Gobé: Ce n'est pas pour avoir des revenus
supplémentaires qu'on met ce projet de loi là, c'est pour
empêcher la contrebande.
Je ne le vois pas, dans le projet de loi, mais je pense que cet article
est très important, parce qu'on arrive vers la fin. Quand vous
découvrez un réseau de contrebande, on met des amendes. Mais
est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de chercher les montants d'argent
illégaux qui ont été faits grâce à cette
filière et à ce réseau depuis 1 mois, 2 ans, 3 ans ou 6
mois, et de saisir cet argent? Faire un peu comme aux États-Unis, dans
le trafic de la drogue, où on saisit l'argent, on le ramasse et le
ministère public ou l'État en prend possession pour aider
à financer ses opérations. Je ne vois pas ça du tout
là-dedans.
Je trouverais important d'y amener un amendement qui permettrait
à votre ministère de dire qu'il pourrait non seulement mettre des
amendes, mais saisir toute somme, revenu, bien, propriété qui
appartiendrait, qui découlerait de ce trafic de cigarettes. Ce serait
bien, parce qu'il y a des centaines de milliers, peut-être des millions
de dollars de profits qui se font. Le type, il se ramasse avec 10 000 $, 20 000
$ d'amende, mais il ramassait 1 000 000 $, 2 000 000 $. Il est mort de rire, il
se roule par terre! La semaine suivante, il...
M. Savoie: Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: M. le Président, moi, je suis ouvert!
M. Savoie: Tu es dans la business!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): M. le député de
Joliette...
M. Chevrette: On vous attendait, M. le député de
Verdun, pour aller en sous-amendement au député de
LaFontaine!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gobé: M. le ministre, je pense que nous pourrions faire
un amendement qui verrait à faire en sorte que le
ministère...
M. Savoie: Albert, attends-moi! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gobé: ...puisse avoir les mécanismes
nécessaires pour saisir et prendre possession de toute somme d'argent,
comptes en banque ou autres biens d'un réseau de trafic de cigarettes de
contrebande.
M. Savoie: Je regrette, mais... On a bien ricané,
mais...
Le Président (M. Camden): M. le ministre, d'une
façon brève, cette question pertinente du député de
LaFontaine.
M. Gobé: Non, mais c'est sérieux. Vous savez que
nous sourions...
M. Savoie: Oui, oui. Ça va, là. Je vais
répondre, là.
M. Gobé: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Camden): Ha, ha, ha! J'espère
bien.
M. Savoie: Non, non, c'est correct...
M. Gobé: L'illégalité est une chose... Non,
mais est-ce que vous permettez, M. le ministre, que je termine mon
argumentation?
M. Savoie: Oui, mais laissez-moi répondre un peu.
Après ça, ça va revenir... Oui.
Le Président (M. Camden): M. le ministre, est-ce que vous
souhaitez répondre immédiatement?
M. Savoie: Oui. Très rapidement. Nous avons...
Le Président (M. Camden): M. le ministre, à la
question du député de LaFontaine.
M. Savoie: Oui, je le sais. Je sais que tu es sérieux,
puis moi aussi. D'abord, pour la première partie de ton exposé.
Il y a un autre article, que nous avons étudié hier, qui
prévoit justement que le tabac peut être vendu au lieu
d'être...
M. Gobé: Pour que le tabac puisse être vendu au lieu
d'être détruit.
M. Savoie: Oui.
M. Gobé: Mais, à ce moment-là, pourquoi
est-il marqué détruit selon le règlement?
M. Savoie: Oui, bien, le règlement va
prévoir...
M. Gobé: Y aurait-il moyen d'amender pour qu'il en soit
disposé selon les...
M. Savoie: C'est-à-dire que le...
M. Gobé: On pourrait peut-être le changer, parce que
«détruire», ça impose une destruction.
M. Savoie: Oui.
M. Gobé: Vous pourriez avoir une contestation.
M. Savoie: Mais ça dépend du type de tabac. Il y a
un problème avec le tabac international et le tabac interprovincial. On
a examiné cette question, hier soir, en grand détail. Il faut
comprendre qu'il y a du tabac qu'on peut détruire, qu'on peut
brûler et qu'il y en a d'autre qui peut faire l'objet...
M. Gobé: Quelle est la différence entre les
deux?
M. Savoie: Ça dépend de sa provenance, dans le sens
que, si les taxes sont déjà...
M. Gobé: Le tabac qui vient du Québec, on le
garde?
M. Savoie: Si les taxes ont déjà été
payées dessus ou non. Alors, la taxe fédérale, par
exemple, a déjà été payée dessus. On ne peut
pas vendre du tabac sans se soumettre nous-mêmes à notre propre
loi, c'est-à-dire en allant chercher les taxes.
M. Gobé: Je ne comprends pas, M. le ministre. C'est parce
que, quand vous saisissez, dans le port de Montréal, un container de
tapis d'Iran illégaux...
M. Savoie: Oui.
M. Gobé: ...la douane le garde 1 an, 6 mois ou 3 mois.
Après, c'est un encan. Elle vend ces tapis-là et
récupère l'argent. Pourquoi détruire une marchandise, une
matière première? Je ne crois pas que, dans le cas de la drogue,
ça se fasse, c'est illégal de consommer, mais, dans le cas du
tabac, ce n'est pas illégal de le consommer. Ce qui est illégal,
c'est de le vendre sans payer la taxe québécoise. Alors, à
partir de ce moment-là, vu qu'on a une matière première
intéressante, pourquoi ne pas la vendre à l'encan, en tirer
profit et donner cet argent-là peut-être pas forcément au
fonds consolidé de la province, mais à Dernier Recours, à
Montréal, ou pour l'éducation des classes
défavorisées, ou même pour la recherche dans votre
ministère.
M. Savoie: Oui, oui, c'est ça, mais il faut bien compendre
que, lorsqu'il y a vente, il va falloir vendre avec la taxe.
M. Gobé: Oui. Ce n'est pas grave. Quitte à
acquitter le droit de...
M. Savoie: Oui. Alors, ça peut se faire lorsque... Il peut
y avoir vente dans certaines conditions. Mais, normalement, étant
donné qu'on serait obligé, en vendant, de payer des taxes
par exemple, au gouvernement fédéral de collecter la taxe
pour le Québec et que le contenant soit conforme... À ce
moment-là, il faut travailler avec un tabac qui circule... par exemple
du tabac provenant de l'Ontario, du tabac interprovincial. Lorsque c'est du
tabac provenant des États-Unis, les taxes n'ont pas été
payées. Il n'y a aucune taxe. Donc, c'est un produit illégal. En
conséquence, ce que nous faisons, étant donné qu'on ne
peut pas le revendre, c'est qu'il faut procéder à la destruction
du tabac.
M. Gobé: Est-ce qu'on ne pourrait pas le revendre,
déduire les droits de taxes qu'il y a à payer au
fédéral et garder la différence pour nous plutôt que
de le détruire? C'est plate de détruire ça.
M. Savoie: II faut comprendre qu'il n'y aura pas de
différence...
M. Gobé: II n'y aura pas de grande différence entre
le prix de vente et...
M. Savoie: Non, non.
M. Gobé: Ça, c'est le premier point.
J'apprécie beaucoup que vous ayez pensé à ça, puis
je vois... Est-ce que ça va être mentionné dans le projet
de loi ou...
M. Savoie: Oui, oui. Il y a un article spécifique
là-dessus, qu'on a discuté hier ensemble.
M. Filion: Lequel?
M. Savoie: Alors, 13.5. C'est ça, l'article 13 du projet
de loi. C'est marqué, à la fin: «Toutefois, le juge peut
dispenser...» Attends une seconde. «Le produit de la vente, moins
les frais, est conservé par une personne....» Non, ce n'est pas
ça. «...le ministre peut demander à un juge de la Cour du
Québec qu'il ordonne que ces paquets, ce véhicule ou ce
distributeur automatique soient vendus aux conditions que ce dernier
détermine.»
M. Gobé: O.K. Case...
M, Savoie: On a eu l'occasion, à ce moment-là,
d'échanger là-dessus.
M. Gobé: Je suis content de voir que c'est quand
même une préoccupation importante.
M. Savoie: Pour répondre à la deuxième
partie de ta question, lorsqu'il y a une intervention et que des gens sont
trouvés en possession, il y a une amende. L'amende, c'est une chose. Les
taxes sont toujours dues pour le bien, les taxes sont toujours dues. Alors, la
personne reçoit l'amende. Elle doit nous payer l'équivalent des
taxes. Là, bien sûr, on a affaire à un réseau, comme
vous l'avez mentionné c'était dans votre cas. On a
affaire, bien sûr, à beaucoup d'argent qui circule. Alors,
j'imagine, les gens de vérification vont se pencher... (20 h 50)
M. Gobé: Voyez-vous, M. le ministre, ce n'est pas
tellement... Quand je dis saisir l'argent, récupérer le fric, ce
n'est pas récupérer l'argent comme tel, c'est
l'exemplarité. Un contrebandier qui se fait prendre, tous les profits
qu'il a accumulés face à ce trafic-là, se les faisant
confisquer, je veux dire, ça va en décourager quelques-uns. Alors
que, s'il s'en tire avec, je ne sais pas, 100 000 $ ou 50 000 $, 200 000 $
d'amende, s'il a ramassé 1 000 000 $ en dessous de la table, qu'il l'a
nettoyé dans une banque ou je ne sais pas trop où
probablement qu'on assiste à un phénomène semblable
à celui de la drogue, qui est le blanchissage d'argent...
M. Savoie: Oui, oui, mais on a pensé à ça
aussi. M. Gobé: Cet argent sale...
M. Savoie: Normalement, quand on prend quelqu'un, j'imagine qu'il
ne doit pas rester grand-chose à la fin.
M. Gobé: Bien, je ne suis pas sûr de ça, moi,
M. le ministre.
M. Savoie: J'imagine que, quand on a fini avec, ça ne vaut
pas cher la livre.
M. Gobé: Voyez-vous, cet argent-là peut servir
aussi à financer d'autres trafics. On sait que l'argent de la drogue
sert à financer d'autres trafics ailleurs. Il n'est pas impensable que
l'argent du trafic de la contrebande serve à financer des
activités interlopes, au Québec et au Canada.
M. Savoie: Oui, oui. On a pensé à ça aussi.
Oui, oui, nous autres aussi.
M. Gobé: Disons que c'est le départ d'un
réseau de comment dirais-je? fraude, ou de banditisme, ou
de corruption, ou d'autre chose. C'est important que non seulement le fisc, en
tant qu'amendes ou droits à percevoir, mais que toute somme, tout gain
qui pourrait découler de ce trafic puisse être saisi.
M. Savoie: Mais vous comprendrez que c'est rien qu'un
mécanisme parmi d'autres et qu'il y a plusieurs interventions...
M. Gobé: Je ne le voyais pas dans le projet, c'est pour
ça que...
M. Savoie: Non, c'est ça, hein?
M. Gobé: Je me disais: Pourquoi, si, pour la drogue, c'est
bon? Mais le principe est le même.
M. Savoie: Mais là non seulement il y a les taxes, il y a
ensuite les revenus. On retourne sur son rapport d'impôt...
M. Gobé: Vous conviendrez avec nous que c'est
intéressant de regarder ça.
M. Savoie: Oui.
M. Gobé: II y a peut-être là des millions
à aller chercher.
M. Savoie: Ah bien, on va les chercher. M. Gobé: En plus
de décourager... Une voix: ...19 minutes.
M. Gobé: Moi, j'ai fini, M. le député. Si le
député de Joliette veut parler. M. le Président,
pardon.
Le Président (M. Camden): Je vous rappellerais, M. le
député de LaFontaine, que la présidence est au bout de la
table, ici.
M. Gobé: Je m'excuse, M. le...
Le Président (M. Camden): Je vous remercie pour...
M. Gobé: Je pensais que c'était M. le
député de Joliette.
Le Président (M. Camden): Alors, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le député de
Lotbinière. Je voudrais donner suite aux propos du député
de LaFontaine. Je pense que ce n'est pas si clair que ça dans le projet
de loi, même si le ministre l'a dit, parce qu'on l'a questionné
sur ça hier. Il se donne beaucoup de pouvoirs discrétionnaires,
mais ce n'est pas clair.
Moi, je trouve que l'idée est merveilleuse, celle du
député de LaFontaine. Donc, pour permettre de concrétiser
cette idée-là, la rendre claire, sans équivoque,
j'ajouterais au dernier alinéa de l'article 15.1, page 11:
«Lorsque la confiscation de paquets de tabac est ordonnée, le juge
peut autoriser le ministre à détruire ces paquets de
tabac...» Là, j'aurais un amendement, après «paquets
de tabac», le deuxième «paquets de tabac». Mon
amendement se lit comme suit: «ou les vendre et en distribuer le produit
de la vente à des organismes de santé ou de bienfaisance»,
et vous reprenez «de la manière prescrite par
règlement».
M. Gobé: De charité.
M. Chevrette: «De charité». On pourrait mettre
«charité», sans amendement. Je l'accepterais de même.
On pourrait mettre «de santé et de charité». Mettez
«charité» à la place de «bienfaisance»,
M. le Président. Il l'accepte. Corrigez-le: «charité»
au lieu de «bienfaisance». Il l'accepte.
(Consultation)
Le Président (M. Camden): Est-ce que les membres
souhaitent se faire entendre sur la recevabilité? Peut-être vous
faire entendre, M. le ministre?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Camden): On est disposé à
vous entendre.
M. Savoie: Alors, je pense qu'il faudrait avoir l'amendement par
écrit, M. le Président, pour qu'on puisse l'étudier.
M. Chevrette: On l'a.
Le Président (M. Camden): Nous l'avons. Nous pouvons le
faire photocopier, M. le ministre.
M. Savoie: D'accord.
Le Président (M. Camden): Nous allons suspendre quelques
instants, le temps de le faire photocopier. Même s'il est manuscrit, vous
comprenez bien qu'on le reçoit quand même.
(Suspension de la séance à 20 h 54)
(Reprise à 21 h 4)
Le Président (M. Camden): La commission reprend ses
travaux. Nous en sommes à la discussion sur la recevabilité d'un
amendement déposé par le député de Joliette.
Est-ce que vous êtes disposé à vous faire entendre
sur la recevabilité, M. le député de Joliette?
M. Chevrette: Oui, bien sûr.
Le Président (M. Camden): Je suis disposé à
accueillir vos commentaires.
M. Chevrette: M. le Président, moi, je trouve que c'est un
amendement qui cadre bien avec les desiderata exprimés même par le
député de LaFontaine dans son exposé. Je pense que la
saisie... Vu que ce n'est pas une loi répressive, qui ne vise pas
à remplir les coffres du gouvernement, aux dires mêmes du
ministre, je ne vois pas pourquoi, à ce moment-là, on ne ferait
pas profiter des organismes qui antitabac, par exemple luttent ou
bien encore des organismes de charité, effectivement, la
société du cancer, la société
québécoise du cancer, par exemple, qui n'est pas
subventionnée. On sait qu'il y a des gens de l'Abitibi, entre autres,
qui vont suivre, par exemple, des traitements de chimiothérapie ou de
radiothérapie, qui doivent payer de l'hébergement à
Montréal. Ça doit être quelque chose comme... Ce n'est pas
tellement dispendieux, mais ceux, par exemple, qui sont sur l'aide sociale, ils
ne peuvent pas suivre ces traitements-là si on ne paie pas leur
hébergement. Ce n'est que tout dernièrement qu'on a réussi
à aller chercher, je pense, quelques dollars de l'État, en
disant: le tiers de l'État, le tiers de la personne et le tiers
d'organismes quelconques, qui donnent des dons. À ce moment-là,
ça pourrait être une excellente occasion de venir en aide à
des gens, parce qu'il n'y a pas nécessairement de programme
spécifique pour venir en aide à ce genre de personnes.
Moi, j'ai trouvé l'idée très bonne. Je me suis dit:
Comment un ministre, qui est un tantinet humain, peut refuser un amendement qui
vise précisément à alléger la misère,
à faire en sorte qu'on puisse rendre service avec un fruit légal?
Ça, je n'en disconviens pas, parce que je sais qu'hier soir on a eu une
assez longue discussion, assez intéressante, d'ailleurs, puisque
ça nous a épuisés à 23 h 30, on était
très fatigués tout le monde mais une discussion
intéressante qui a fait en sorte qu'on a découvert... Même
moi, j'ai appris là-dessus, par exemple le tabac illégal, qui
vient d'outre-frontière,
par rapport au tabac légal, mais qui peut circuler de
façon un peu illégale, à l'intérieur du
Québec, mais qui n'est pas illégal en termes de vente par rapport
à d'autres provinces, que ce soit le Nouveau-Brunswick ou l'Ontario.
Je me suis dit: Pourquoi détruire quelque chose qui pourrait,
à ce moment-là, effectivement, créer un fonds, d'autant
plus que le ministre s'est donné un pouvoir de portée
générale là-dessus: le pouvoir de garder les biens. Suite
à une demande devant un juge, s'il fait la preuve qu'il peut le vendre
et que ça pourrait même être avantageux, disait-il, pour
celui... par exemple, certains biens pourraient être de nature à
aider même celui qu'on a saisi, de sorte que, quand c'est clair que
l'État doit garder ce fruit usurpé, moi, je pense que ça
va de soi, à ce moment-là, qu'on donne le pouvoir, au lieu de les
détruire. Ça ne dispose pas de la légalité ou de
l'illégalité, tout comme le pouvoir que s'est donné le
ministre antérieurement, si ma mémoire est fidèle, aux
articles 11 ou 10, là, ou 15, hier, dans ce bout-là. Je sais que
le ministre, hier, s'est donné le pouvoir de vendre, après
autorisation d'un juge. Donc, s'il en vend pour une certaine quantité,
ça peut être intéressant.
J'apprenais, en lisant le Globe and Mail de la semaine
dernière, le Globe and Mail, cahier B, page 1, où il y
avait des personnes identifiées; le lieutenant Robitaille, je pense, de
la GRC en territoire québécois, qui faisait les perquisitions au
niveau de la drogue, de la cigarette de contrebande, identifiait même des
personnes nommément à Kahnawake, par exemple qui
ont transigé pour 20 000 000 $ en cigarettes. Ce n'est pas des pinottes,
20 000 000 $! Si jamais il y en avait une couple de millions dans ça,
qui pouvaient être revendues au profit de la société,
ça pourrait payer une partie de votre police, d'abord. Mais là,
nous autres, on dit: Non, ce n'est pas ça. Il faut que ça serve
à payer des organismes de charité ou encore des organismes de
santé. À mon point de vue, on fait oeuvre utile tout en
légiférant. Avec l'ouverture d'esprit qu'on connaît du
ministre du Revenu, je serais très surpris qu'il s'objecte à un
tel amendement. Au contraire, je pense qu'il va essayer d'en finir rapidement
avec cet amendement. Il va nous demander le vote au plus vite, et on va pouvoir
passer à un autre article ou à un autre amendement.
M. Gobé: M. le Président, peut-être
ajouter...
Le Président (M. Camden): Oui, M. le député
de LaFontaine. Je vous rappelle que c'est sur la recevabilité.
M. Gobé: Oui. En effet, je pense que M. le ministre
devrait recevoir cet amendement-là de manière favorable, tout
d'abord parce qu'il est...
M. Savoie: Le président, c'est le président qui
reçoit.
M. Gobé: Oui. M. le Président, vous devriez
recevoir...
Le Président (M. Camden): Je vous remercie, M. le
député de LaFontaine.
M. Gobé: ...cet amendement, cette motion d'amendement
favorablement, d'abord parce qu'elle va dans le sens du projet de loi, qui est
de disposer du tabac saisi. Là, une fois qu'on a décidé
qu'il fallait en disposer on ne peut pas le garder ad vitam aeternam
dans un entrepôt une proposition avait été faite,
qui serait de le brûler, de le détruire; probablement de le
brûler, de l'enterrer ou des choses comme ça.
Une autre manière d'en disposer, toujours en suivant la
volonté du projet de loi, de l'article, qui est de ne pas le conserver,
serait, en effet, de le vendre et d'en mettre les profits pour des organismes
reliés au tabac, reliés aux maladies du tabac. On sait que notre
société est affligée par certaines maladies importantes,
certains maux, et le tabagisme en est un. Le cancer du poumon, très
important au Québec, nécessite chaque année des
déboursés extrêmement importants.
Le Président (M. Camden): Mais, M. le député
de LaFontaine, comme président, j'aimerais vous entendre sur la forme et
non sur le fond.
M. Gobé: Oui, oui. Mais nous allons...
Le Président (M. Camden): Sur les raisons qui devraient
motiver le président à l'accepter sur la forme.
M. Gobé: ...effleurer le fond, M. le Président,
sans jamais y aller complètement, si vous le permettez. Le fait de me
laisser y aller permettra peut-être de prendre le vote rapidement, sans
revenir plus tard, lorsque vous aurez jugé l'amendement recevable sur le
fond. Même, si vous désirez le juger recevable maintenant
là, nous allons sur le fond, M. le député de Joliette et
moi-même sur la forme, je pense qu'il est recevable parce qu'il
correspond au projet de loi. Il correspond à une volonté de
disposer de ce stock de tabac saisi.
Maintenant, sur le fond, vous pourrez m'entendre, par la suite, quand
vous aurez statué s'il est recevable ou pas, à ce
moment-là.
Le Président (M. Camden): Alors, M. le ministre, sur la
recevabilité, avez vous des commentaires à nous formuler? (21 h
10)
M. Savoie: Bien, M. le Président, j'aurais des
commentaires sur la recevabilité de même que sur le fond. Puisque
ça a été abordé, on peut, finalement, là,
compte tenu du fait...
Le Président (M. Camden): Moi, je
préférerais vous entendre sur la forme...
M. Savoie: Oui, je sais.
Le Président (M. Camden): ...considérant que
j'aurai à me prononcer sur la recevabilité...
M. Savoie: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Camden): ...et non sur
l'appréciation du fond.
M. Savoie: C'est pour ça, M. le Président, que je
vais me permettre quelques commentaires sur le fond, parce que je sais que, sur
la recevabilité, vous allez clore cette situation dret-là.
Le Président (M. Camden): Je vous rappelle, M. le
ministre, que vous ne pouvez présumer de la décision du
président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Jamais, M. le Président, je n'oserais
présumer de votre sagesse dans ces...
Le Président (M. Camden): Le président est un peu
comme les gens du ministère du Revenu. C'est sur la forme qu'il
apprécie, pour le moment; par la suite, sur le fond.
M. Chevrette: Si vous n'avez rien à dire sur la forme,
vous n'êtes pas obligé, M. le ministre.
M. Savoie: Alors, sur la question du fond, d'abord, parce qu'il
faut en parler rapidement, pour qu'on puisse savoir...
M. Chevrette: Pas le fond. Il faut plaider la
recevabilité.
M. Savoie: Oui, oui, je sais. Mais, avant, vous allez me
permettre quelques commentaires sur le fond, parce que je...
M. Chevrette: Non, vous n'avez pas le droit, vous
êtes...
M. Savoie: Bien, vous, vous avez parlé sur le fond,
là.
M. Chevrette: C'est parce qu'il ne m'a pas arrêté.
Ce n'est pas parce que...
M. Savoie: Alors, j'ai quelques commentaires, ici, à ce
moment-là, d'une façon générale.
M. Chevrette: M. le Président... M. Filion: M. le
Président.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: ...le ministre doit plaider sur la forme. Vous
l'avez bien dit?
Le Président (M. Camden): Absolument!
M. Chevrette: Bon. Voulez-vous faire respecter par le ministre
exactement ce que sont vos ordres.
Le Président (M. Camden): Je vous remercie de vos
commentaires, M. le député de Joliette, mais je pense que, si
j'ai été aussi tolérant à votre égard, je
veux bien...
M. Chevrette: Oui, mais vous avez arrêté le
député de LaFontaine.
Le Président (M. Camden): C'est parce que j'avais permis
au député de LaFontaine d'y aller de quelques phrases sur le
fond. Par la suite, évidemment, voulant bénéficier de son
expertise, puisqu'il assume occasionnellement la présidence de
séances...
M. Chevrette: Oui, mais on ne peut pas avoir deux, trois poids,
trois mesures, ici, là.
Le Président (M. Camden): ...je voulais profiter de ses
connaissances.
M. Gobé: Ah bien là, écoutez, il y a
manquement à mon privilège.
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Camden): Alors, M. le ministre, sur la
forme. Je sais que, pour plaider sur le fond, vous êtes en mesure de le
faire fort bien.
M. Savoie: Alors, quelques commentaires avant d'y aller sur la
recevabilité, M. le Président, pour être certain que tout
le monde a bien compris la problématique. C'est qu'un paquet doit
contenir des indications et l'affichage «Pour vente au
Québec». Il doit être conforme. Alors, étant
donné qu'on parle de cigarettes de contrebande, les paquets ne
contiennent pas les avis requis au Canada en vertu des lois canadiennes et
québécoises, donc ils ne peuvent pas être mis en
circulation.
Ces paquets-là ont donc besoin obligatoirement d'un repaquetage,
c'est-à-dire qu'ils doivent être de nouveau emballés et
présentés pour vente au Québec, ce qui est un coût
considérable. Lorsqu'on pense à ce coût-là, de
manutention additionnelle, plus les taxes, il s'agit d'un produit dont le
coût va être particulièrement élevé.
Troisièmement je pense que c'est aussi significatif
c'est que, compte tenu du fait qu'on parle de produits qui, souvent, peuvent
être avariés, compte tenu que c'est pour consommation personnelle,
ça risque de présenter un risque, et l'intérêt pour
ce genre de produit
là risque d'être peu élevé.
Toutefois, M. le Président, je pense que, l'idée,
étant donné qu'elle vient de l'intervention du
député de Verdun, présente un certain
intérêt. Ce que je me suis dit, c'est qu'on est...
M. Gautrin: Le député de Verdun n'est pas intervenu
là-dessus. Il parle déjà trop! C'est le
député de LaFontaine.
M. Savoie: LaFontaine. Excusez-moi. Le député de
LaFontaine. Je pense que l'idée était intéressante, et
nous allons examiner cette option-là au niveau du règlement que
nous allons préparer.
Quant à la recevabilité de la motion, M. le
Président, étant donné qu'on parle de biens qui sont
confisqués, qui sont donc la propriété de l'État,
étant donné que ce sont des biens qui appartiennent à
l'État, la motion d'amendement, sur le plan strictement technique, ne
peut pas être reçue en vertu de l'article 192, alinéa
4°, où on prévoit spécifiquement ce qui suit:
«192. Seul un ministre peut présenter une motion visant:
«4° l'aliénation de biens appartenant à
l'État.»
Alors, malgré le fait que la motion n'est pas recevable, je vais
quand même m'entretenir et procéder à l'examen de
l'intégration de ce processus-là, au niveau de notre
réglementation, prévu à l'article même que nous
avons actuellement sous étude.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Camden): Est-ce qu'il y a d'autres...
M. Chevrette: Oui, je vais revenir. J'ai droit à 20
minutes, si vous voulez.
M. Savoie: Non, attendez une seconde.
Le Président (M. Camden): M. le ministre, vous n'aviez pas
complété?
M. Chevrette: Ah! vous pouvez mettre 7 sur 10 pour vous. Oui,
mais, si Mme Whittom n'avait pas souligné ça, ça me fait
plaisir de revenir, je l'avais compris, imaginez-vous donc! J'ai une oreille
très fine. L'argument ne vaut pas sur le plan juridique: Seul un
ministre peut engager des finances publiques. Mais, M. le Président,
ici, il ne s'agit pas d'argent perçu des citoyens et dispensé
à même un budget, il s'agit du fruit d'une saisie, M. le
Président. À mon humble point de vue, M. le Président,
l'argent perçu, vous pourriez tout le brûler. Nous, on dit que,
plutôt que de tout le brûler. .. Ça ne vous donnera pas une
cent, ça. C'est juste ça que vous vous donnez comme article.
Ça ne vous donnerait pas une cent. Donc, ne venez pas me dire que
l'argument qu'on vient de donner enlève de l'argent au gouvernement, de
quelque nature que ce soit, puisque vous n'en avez pas, vous n'avez pas le
pouvoir en vertu de l'article 15.1, alinéa dernier: «Lorsque la
confiscation...»
Est-ce que je pourrais continuer, M. le Président? Oui, mais,
là, je m'excuse, mais, quand je parle, vous ne parlez pas, puis, quand
vous parlez, je ne parle pas.
M. Savoie: Non, non, c'est parce que je me parlais.
M. Chevrette: Oui, mais parlez-vous moins fort!
Le Président (M. Camden): Alors, M. le
député de Joliette, poursuivez vos propos.
M. Chevrette: II m'a fait perdre le fil, je vais me choquer.
Le Président (M. Camden): Ah! gardez votre état
d'âme, je le trouve excellent. C'est excellent pour votre
santé.
Une voix: Ce n'est pas une question de règlement?
M. Gautrin: Non, non, non, mais je laisse aller le
député de Joliette, ça m'intéresse.
M. Chevrette: Oui, oui, je ne suis pas avancé. Je vais
vous montrer ce qu'on fait, là. Le ministre, en vertu de la loi, on dit:
«Lorsque la confiscation de paquets de tabac est ordonnée
une confiscation ordonnée le juge peut autoriser le ministre
à détruire ces paquets de tabac». C'est tout ce qu'il y a
dans l'article. Plutôt que de faire oeuvre futile et de ne faire que de
la fumée, nous autres, on dit: On vous donne, de par la loi et de par
règlement, la façon d'aller faire de l'argent pour des
sociétés. Ne venez pas me dire que c'est irrecevable, puisque
vous n'aviez aucun pouvoir d'aller en chercher de l'argent. Vous les
brûliez, vous faisiez de la fumée, de la boucane, si vous
comprenez mieux ça chez vous. À partir de là, on ajoute,
nous: Plutôt que de le faire flamber, faites quelques cents, puis
donnez-les à des organismes. Voyons, ne venez pas me dire que ce n'est
pas recevable, ça. C'est tellement recevable qu'on vous donne de
l'imagination, alors que vous n'en aviez pas dans votre projet de loi, pour
l'utilisation.
M. Savoie: Oui, mais, lorsqu'on parle de la recevabilité
de la motion...
Le Président (M. Camden): M. le ministre, c'est sur la
forme.
M. Savoie: La recevabilité, là.
Le Président (M. Camden): ...sur la recevabilité
quant à la forme.
M. Savoie: La recevabilité. Alors, je suis d'accord avec
vous sur l'utilisation, sauf qu'ici on parle d'une motion. Je l'ai reçue
dans le sens qu'on est prêt à examiner ça au niveau de
notre réglementation, pour donner suite à la recommandation du
député de LaFontaine, sauf que, sur la recevabilité en
tant que telle: «Seul un ministre peut présenter une motion visant
l'aliénation de biens appartenant à l'État.»
M. Gautrin: M. le Président.
Le Président (M. Camden): Je reconnais le
député de Verdun, qui avait sollicité la parole.
M. Gautrin: M. le Président, je pense que vous avez
à trancher une question qui est relativement délicate, à
savoir: Est-ce qu'un bien saisi est un bien qui appartient au gouvernement? Je
pense que c'est la question que vous avez à trancher. Si vous
décidez qu'un bien saisi n'appartient pas au gouvernement, à ce
moment-là, il n'y a aucun problème. On peut l'aliéner, le
vendre, etc. Si le bien saisi appartient au gouvernement, à ce
moment-là, l'article 17, je pense... C'est lequel? 17.4?
M. Filion: ^'article 192, 4°.
M. Gautrin: L'article 192, 4°. Vous avez le règlement
avec vous. Merci, M. le député.
M. Filion: Bien non, j'avais des notes. J'avais pris des
notes.
M. Gautrin: Je savais, vous êtes toujours efficace. Alors,
la question qui reste, M. le Président, au coeur de votre
décision... M. le Président... M. le Président... M. le
Président, allô! Oui, merci.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun, nous vous écoutons avec intérêt.
M. Chevrette: Oui, nous écoutons avec beaucoup
d'intérêt.
M. Gautrin: Alors, la question qui est au coeur de votre
décision, et je pense qu'elle est importante: Est-ce qu'un bien saisi
est un bien qui appartient au gouvernement?
M. Chevrette: Voilà! (21 h 20)
M. Gautrin: Je pense que c'est une question intéressante
à trancher. D'aucuns peuvent plaider, bien sûr, que le bien saisi
appartient au gouvernement, mais on pourrait aussi considérer que le
bien saisi n'appartient pas en propre au gouvernement, que c'est un bien dont
il a... le terme, c'est «la garde». Merci!
M. Chevrette: D'ailleurs, ça a toujours été
le mot «garde» hier.
M. Gautrin: A la garde. Donc, le choix que vous avez à
dire, dans votre décision, c'est que, si le bien saisi, d'après
votre sagesse, appartient au gouvernement, vous devez décider que
l'amendement est non recevable. Si vous considérez qu'un bien saisi est
un bien qui est en garde par le gouvernement, à mon sens, l'amendement
est recevable.
La décision vous appartient, M. le Président, je vous
laisse, dans votre grande sagesse, trancher, mais c'est là qu'est le
noeud gordien de la question.
M. Filion: Voilà!
Le Président (M. Camden): M. le député de
Montmorency.
M. Filion: M. le Président, pour abonder dans le
même sens que le député...
M. Gautrin: De Verdun, Verdun.
Le Président (M. Camden): Sur la forme.
M. Filion: ...de Verdun, M. le Président... D'ailleurs, je
demanderais même au ministre de donner des articles de loi de ce propre
projet de loi, M. le Président, celui qu'on étudie actuellement.
On en discutait hier, la confiscation d'un bien ne donne pas automatiquement la
priopriété du bien au gouvernement. On peut confisquer un bien
qui appartient à un tiers et être reconnu par un tribunal
propriétaire d'un bien suite à un jugement quelconque, ça
va. Mais, dans le présent cas, un bien confisqué ne donne pas la
propriété automatique à l'État. Absolument pas! Au
contraire, la propriété du bien, M. le Président, est une
notion...
M. Savoie: Ça peut venir d'un article de loi aussi...
Le Président (M. Camden): M. le ministre, s'il vous
plaît!
M. Filion: ...est une notion. La propriété, c'est
quoi? Dans des moments de transaction, le Code civil est très clair, et
confisquer un bien ne veut pas dire en être propriétaire. Ce n'est
pas un automatisme. Non! Parce que vous avez même, dans le projet de loi,
des endroits, des articles où on saisit des biens, le ministère
saisit des biens, comme, par exemple, le véhicule dont on parlait hier;
on peut saisir un véhicule, M. le Président, mais, même si
on saisit le véhicule, on n'en est pas le propriétaire. Le
véhicule appartient toujours au propriétaire du
véhicule.
M. Savoie: On ne parle pas de saisie, on parle de confiscation,
première chose. Si vous lisez l'article: «Lorsque...»
M. Chevrette: C'est un dialogue ici, ou bien non
si on peut s'exprimer?
M. Savoie: Oui, c'est comme ça, là. M.
Chevrette: Oui? Parfait. M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Camden): M. le ministre, s'il vous
plaît! Pour...
M. Filion: M. le Président, le ministre veut parler.
M. Chevrette: Si c'est ça, c'est correct. Oui, on va le
faire des 2 bords. Je suis d'accord.
M. Savoie: «Lorsque la confiscation...»
Le Président (M. Camden): S'il vous plaît! M. le
ministre, là, je vous invite à attendre. Un instant!
M. Gautrin: Je pense qu'il y un minimum de décorum. Vous
devez instaurer le décorum.
Le Président (M. Camden): Je suis à entendre le
député de Montmorency, lequel, au moment où d'autres
membres se sont exprimés, a écouté avec
intérêt les propos des autres membres. Là, au moment
où on se parle, je suis à entendre le député de
Montmorency et je vous invite à écouter ses propos. D'ailleurs,
c'est pour mon information, de façon à ce que je puisse rendre
une décision.
M. Filion: Merci, M. le Président.
Je continue. Effectivement, vous allez lire l'article 6, où on
amène vraiment la notion de saisir un bien d'une personne, où le
ministère en a la garde, l'entretien. Qu'on confisque le bien, qu'on le
saisisse ne donne pas la propriété d'un bien automatiquement
à l'État.
C'est dans ce sens que le paragraphe 192, 4° du règlement
fait intervenir la notion de propriété du ministre, l'État
propriétaire d'un bien. L'État propriétaire d'un bien, M.
le Président, ce n'est pas l'État qui confisque un bien. C'est
une nuance très importante. À mon point de vue à moi, la
notion de propriété n'est absolument pas mise en cause dans une
confiscation. On doit tout simplement rejeter l'argumentation du ministre
à l'effet que le paragraphe 192, 4° ne s'applique pas, et la motion
de mon collègue...
M. Chevrette: De Joliette.
M. Filion: ...de Joliette est pleinement recevable, M. le
Président.
Le Président (M. Camden): M. le député de
LaFontaine, brièvement, sur la forme.
M. Gobé: Bien, brièvement, M. le
Président... Je pense que tous les députés ayant les
mêmes droits ici, je pourrais intervenir, à la limite, 20 minutes.
Alors, si, pour vous, 20 minutes, c'est bref, en effet, mais je n'irai pas
jusqu'à 20 minutes.
Probablement que vous allez devoir statuer, M. le Président, que
ces biens n'appartiennent pas à l'État, mais qu'ils sont en
dépôt, en consignation à l'État pour la somme qui
représente les droits non acquittés. S'ils ont été
saisis, c'est parce que les droits qui auraient dû être
acquittés au niveau fiscal ne l'ont pas été, car, s'ils
l'avaient été, l'État n'avait aucune raison de les saisir.
Donc, la partie qui appartient à l'État, c'est la partie taxable.
C'est les taxes. Le reste du tabac n'appartient pas à l'État.
Alors, on ne peut pas dire que la totalité du lot appartient à
l'État. Peut-être que la partie taxable lui appartient, tant que
la taxe n'a pas été payée.
M. Chevrette: M. le Président. Je peux vous aider?
Le Président (M. Camden): Est-ce que vous avez
terminé? Oui. Moi, écoutez, après le député
de LaFontaine, je suis disposé, je suis prêt à rendre une
décision.
M. Chevrette: On pourrait faire une affaire. On pourrait en
appeler à l'Assemblée: Quels sont ceux qui sont d'accord avec la
recevabilité? Et puis on va trancher.
Le Président (M. Camden): Écoutez, M. le
député, je pense que la présidence va rendre une
décision. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? C'est
terminé?
M. Chevrette: Bon, bien, dans ce cas-là, on va le laisser
plaider, d'abord.
M. Gobé: En terminant, M. le Président, je pense
que, dès le moment où l'État peut en disposer d'une
manière ou d'une autre, il n'y a rien qui interdit la
recevabilité d'une motion, qui dit: Brûle-le, enterre-le ou
vends-le. Il n'y a pas d'incidence financière négative, selon
moi, parce que brûler du tabac ou faire un trou, c'est dépenser de
l'argent pour le faire. Le vendre, c'est récupérer de l'argent.
Donc, à ce moment-là, il y a une incidence financière
positive.
Une voix: Les effets sur la santé...
M. Gobé: Oui, c'est sur le fond, ça. J'aimerais
ça, M. le Président, que vous le rendiez recevable, pour que nous
puissions débattre sur le fond et que nous le jugions, après
ça, sur le fond. N'oublions pas qu'un projet de loi avec des
amendements, c'est fait pour servir une population, correspondre à des
réalités et faire preuve d'imagination. Il ne faut pas seulement
s'en tenir tout le temps à une rigueur juridique. Alors, je fais appel
à votre grande ouverture d'esprit, qui est proverbialement
connue dans ce parlement, M. le Président. Je souhaiterais que
cet amendement soit déclaré recevable, quitte à ce que, si
les membres de la commission le jugent, après ça, sur le fond,
non admissible ou non intégrable au projet de loi, nous le rejetions. Je
pense qu'il serait intéressant que nous puissions en débattre,
sur le fond.
Le Président (M. Camden): Je vous remercie, M. le
député de LaFontaine. À la lumière des commentaires
que vous m'avez adressés, moi, je suis disposé à rendre ma
décision.
Alors, on doit formuler un certain nombre de questions, à savoir
si l'amendement est recevable. La jurisprudence qui est établie à
cet égard nous indique que, pour savoir si une motion implique des
engagements de fonds publics, 4 critères doivent être pris en
considération, toujours, évidemment, en relation avec
l'application de l'article 192 de notre règlement, qui a
été invoqué, entre autres, par le ministre, plus
particulièrement à l'égard de l'alinéa 4°
concernant l'aliénation des biens appartenant à l'État.
À cet égard, on doit se formuler les questions suivantes.
Est-ce exécutoire? À mon sens, ça ne l'est pas. La
raison qui me pousse à formuler ce commentaire est la suivante. C'est
que l'amendement est un ajout au dernier alinéa de l'article 20 du
projet et s'inscrit dans la poursuite. À cet égard, on indique
que «le juge peut autoriser le ministre à détruire ces
paquets de tabac», alors le pouvoir du ministre n'est pas
exécutoire et direct à cet égard, mais, plutôt,
s'inscrit dans la suite d'une décision du juge. Or, il se pourrait
très bien que le juge puisse en décider autrement, moyennant
qu'on lui donne la possibilité d'en décider autrement.
J'ai compris, des commentaires du ministre, que vos propos, par voie de
conséquence et d'association, joints à ceux du
député de Joliette, il y avait ouverture du ministre par voie
réglementaire aux propos du député de LaFontaine, a-t-il
dit, et à ceux du député de Joliette. À cet
égard, on doit se poser aussi la question: Y a-t-il implication directe
sur des dépenses d'argent? Il n'y a pas de dépense d'argent de la
part de l'État à cet égard, mais c'est plutôt le
fruit de dispositions.
Est-ce exprimé en termes généraux? Le
libellé m'apparaît à sa face même être
exprimé d'une façon générale. Il ne précise
pas les organismes visés d'une façon bien précise.
Est-ce que la motion comporte des chiffres? La motion du
député de Joliette ne comporte aucun chiffre mais remet
plutôt cette responsabilité d'autoriser la disposition de ces
biens au ministre ou au juge. Ça donne évidemment la
faculté au ministre d'appliquer d'une façon assez large sa
décision.
J'avais constaté que l'état d'esprit du ministre à
cet égard, à l'égard du fond de la motion, c'est qu'il y
avait une ouverture, par voie réglementaire, à tout le moins,
nous a-t-il indiqué. Alors la décision: Je considère donc
la motion comme étant recevable.
M. Chevrette: M. le Président, je ne sais pas si vout
êtes avocat, mais je trouve votre jugement d'une logique implacable. Je
tiens à vous le dire.
Le Président (M. Camden): Je vous remercie, M. le
député de Joliette, j'en suis heureux, puisqu'il s'agit de 2 fois
dans la même journée! Alors, nous allons suspendre nos travaux
pendant quelques instants, de façon qu'on puisse exercer nos
responsabilités.
(Suspension de la séance à 21 h 30)
(Reprise à 22 h 13)
Le Président (M. Camden): La commission reprend ses
travaux sur le projet de loi 90, Loi modifiant la Loi concernant l'impôt
sur le tabac, la Loi sur le ministère du Revenu et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que vous me
permettez de demander à nos collègues de la commission d'inclure
comme membre celui qui l'a été hier, une partie de la
journée, puis qu'on a omis ce matin d'ajouter à notre liste, mais
qui l'a été hier, c'est M. Blais, député de Masson?
Sur consentement unanime, on peut ajouter un nom.
Le Président (M. Camden): Ça nécessite, M.
le député de Joliette, le consentement des membres, unanime, de
la commission.
M. Blais: C'est ce qu'on vous demande.
Le Président (M. Camden): Est-ce qu'il y a consentement ou
non?
M. Filion: Oui, oui. Il y a consentement, M. le
Président.
Des voix: Non, pas consentement.
Le Président (M. Camden): Alors, je constate qu'il n'y a
pas consentement.
M. Chevrette: Tiens, P.-A. est venu faire les basses oeuvres ici.
Il n'était même pas ici tout à l'heure.
M. Blais: Je veux savoir qui a dit non. Je n'ai entendu aucun
non. Qui a dit non? C'est vous?
Une voix: ...
M. Chevrette: II n'était pas ici tout à l'heure, je
te dis.
M. Blais: O.K.
Une voix: Toi non plus?
M. Chevrette: Bien oui, j'étais ici!
Le Président (M. Camden): Alors, j'ai constaté...
S'il vous plaît, à l'ordre! J'ai constaté qu'il n'y a pas
consentement. Il n'y a donc pas consentement. Alors, application du
règlement.
M. Chevrette: Donc, M. le ministre et M. le député
de Prévost ont dit non.
M. Blais: Le député de Prévost, je vais lui
parler de sa subvention qui n'était pas méritée, à
Saint-Sauveur, pour 1 000 000 $, il va s'en rappeler.
Le Président (M. Camden): S'il vous plaît! On peut
se dispenser de ces commentaires désobligeants à l'égard
d'un membre de la commission et du Parlement.
M. Chevrette: Donc, M. le Président, vous avez reconnu la
recevabilité de la motion. Étant le parrain de cet amendement, M.
le Président, appuyé, sachant pertinemment, d'autre part, que
votre jugement fut contesté non officiellement en cette commission, ici,
mais dans les couloirs de ce parlement, et sachant qu'on a fait un mini-caucus
pour essayer d'obvier à la recevabilité, mais qu'on ne peut rien
faire au moment où on se parle, je vais, pour permettre à ceux
qui ont été ébranlés par les caucus de corridor...
plaider sur le fond de ma motion. Je commence donc. Ça va?
Une voix: Question.
Le Président (M. Camden): Question d'ordre ou de
directive?
M. Chevrette: Qu'est-ce qu'il y a?
M. Savoie: Est-ce que c'est nécessaire, M. le
Président?
M. Chevrette: J'ai le droit de plaider sur ma motion,
nécessaire ou pas.
Des voix: Oui.
Le Président (M. Camden): II peut effectivement exercer
son droit de parole...
M. Chevrette: De 20 minutes.
Le Président (M. Camden): ...sur l'amendement qui a
été jugé recevable en vertu de nos règlements, de
l'article 245.
M. Blais: Vous pouvez contester même...
Le Président (M. Camden): Est-ce que vous avez d'autres
commentaires à nous formuler, M. le ministre, avant, peut-être,
de...
M. Chevrette: Mais plus sur la recevabilité, certain?
Le Président (M. Camden): Non, pas sur la
recevabilité. Brièvement, est-ce que vous avez des commentaires
ou non?
M. Savoie: 20 minutes de temps, M. le Président? M.
Chevrette: Bien sûr.
Le Président (M. Camden): M. le député a
droit à, effectivement, 20 minutes.
M. Filion: Moi, j'ai également droit...
M. Chevrette: En quoi vous pouvez m'empêcher de parler sur
ma motion?
M. Filion: J'ai également droit à 20 minutes, M. le
Président.
M. Savoie: Pardon?
Le Président (M. Camden): Est-ce que je comprends que vous
souhaitez une suspension à nouveau?
M. Filion: Une suspension à nouveau. Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Bien, si vous voulez faire des caucus, pas de
problème. Nous autres, on peut vous permettre tout. Nous autres, on ne
s'objectera pas à rien.
M. Blais: On est très démocrates, ici. M.
Gautrin: Ici.
M. Blais: Oui, ici. Ailleurs, pas toujours. M. Gautrin:
Ailleurs, vous l'êtes moins.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Masson, je vous rappelle qu'il n'y a pas eu consentement, et je sais fort bien
que vous êtes respectueux de l'institution et de l'application de ses
règles, vous connaissant depuis déjà de nombreuses
années.
M. Blais: Mais, si je ne les respectais pas, vous ne pouvez pas
m'expulser, je ne suis pas membre.
Le Président (M. Camden): Je vous invite à
être respectueux à l'égard de la présidence, puisque
la présidence a respecté les règles. La présidence
a également permis à l'Opposition de s'exprimer sur la
recevabilité, et je pense qu'il n'y aucun commentaire à faire
à cet égard.
M. Chevrette: C'est vrai. (Consultation)
M. Filion: M. le Président. M. Chevrette: M. le
Président. M. Filion: Voulez-vous suspendre?
M. Chevrette: Non, non, mais il y a une affaire qui est
sûre, M. le Président, quand même on assurerait... Le
règlement est clair, la décision est rendue, il n'y a rien
d'illégal. Je «peux-tu» parler sur ma motion?
Le Président (M. Camden): Je vous écoute.
M. Chevrette: Oui, mais il va falloir que vous arrêtiez de
placoter avec lui.
Le Président (M. Camden): Non, non, je m'informais
simplement, vous savez, de la qualité des cigarettes.
M. Chevrette: Ah! Comme ça, vous aviez peut-être le
droit. Donc, je peux vous parler...
Le Président (M. Camden): Vous savez que je suis
respectueux des droits des parlementaires, alors j'ai pensé...
M. Chevrette: Je vais vous parler de la qualité de la
mienne.
Le Président (M. Camden): Très bien. Alors, sur la
recevabilité de votre amendement et la qualité de vos
cigarettes.
M. Chevrette: Non, la recevabilité, vous l'avez
tranchée, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Pas la recevabilité,
c'est-à-dire sur le fond.
M. Chevrette: Sur le fond. Bon. Merci, M. le
Président.
M. le Président, pour permettre à tous nos nouveaux
auditeurs ici de bien comprendre ce qui se passe à cette commission, je
vais d'abord décrire, dans un premier temps, ce qui s'est passé
pour bien situer le débat et permettre peut-être au whip du
gouvernement, entre autres, et au député de Prévost, ainsi
qu'à mes 3 collègues qui se sont ajoutés, le
député de Masson, le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques et la députée de
Marie-Victorin... Je voudrais expliquer que, après un exposé
intéressant de la part du député de LaFontaine, qui
trouvait tout à fait aberrant qu'on puisse donner un droit à un
juge de permettre à un ministre de brûler du tabac, alors que du
tabac légal pourrait être revendu légalement et servir au
bénéfice de différentes oeuvres, j'ai cru bon, comme
député respectueux des parlementaires, qui ont un rôle
à jouer dans ce Parlement, de convertir cette expression d'opinion, que
je trouvais juste, correcte, valable, en un amendement, amendement qui se lit
comme suit. C'est: ajouter, après les mots «paquets de
tabac», «ou de les vendre et en distribuer le produit de la vente
à des organismes de santé et de charité». Donc, on
en est là.
Le président de l'assemblée, le député de
Lotbinière, a savamment rendu un jugement, je crois, en 4 points,
démontrant hors de tout doute que c'était irréfutable
quant à la recevabilité de l'amendement. Alors, M. le
Président, on en est donc à plaider sur le fond. (22 h 20)
Pourquoi ai-je d'abord présenté cet amendement? M. le
Président, je trouvais aberrant que, dans un article de loi, on aille
devant un juge et qu'on demande de détruire un produit qui ne rapporte
rien et qui coûte des coûts. C'est des coûts, détruire
des choses, c'est des sous, et c'est des gros sous même, dans certains
cas, que de garder, d'entreposer et de détruire. Donc, si le juge, dans
une demande faite par le ministre lui-même à part ça,
donnait l'autorisation de les vendre, ces paquets de tabac, bien, ce
produit-là pourrait servir à la collectivité, servir soit
à des organismes qui font la promotion, par exemple, de la santé,
soit à des organismes en toxicomanie, par exemple, soit à des
organismes de charité. Je donnais comme exemple, au niveau de la
recevabilité tantôt, entre autres, je pensais...
Des voix: ...
M. Boulerice: M. le Président, question de
règlement. Même si je n'ai pas le droit, comme
député, je peux assister. Si je peux assister, je peux
écouter. Ça fait que faites taire ceux qui doivent écouter
celui qui parle.
Le Président (M. Camden): Très bien, M. le
député de Sainte-MarieSaint-Jacques, vous nous donnez
l'exemple en partant, et tout le monde va écouter religieusement le
député de Joliette.
M. Chevrette: Donc, je disais qu'au niveau de la
recevabilité j'avais parlé, entre autres, de la
société québécoise du cancer, parce que j'ai eu
à vivre un événement, mon épouse a
été hospitalisée, elle a dû être
hébergée précisément à la
société du cancer durant ses traitements en radiothérapie.
Il y avait là de nombreuses personnes, dont plusieurs de l'Abitibi. Il y
en avait de Val-d'Or, précisément. Il y en avait de la
Côte-Nord. C'est des gens qui, quotidiennement, avaient à
débourser une somme assez importante et dont les revenus étaient
très faibles. Je suis intervenu personnellement auprès du
ministre de la Santé pour dire au ministre de la Santé:
L'État ne subventionne pas la société
québécoise du cancer, et il y a des gens qui... Et on n'a pas
le
choix, la radiothérapie, ça ne se donne pas dans toutes
les régions du Québec; la chimiothérapie ne se donne pas
dans toutes les régions du Québec. Donc, je me disais: II serait
intéressant que le gouvernement subventionne une partie de
l'hébergement de ces personnes, parce que c'est relié à
leurs soins de santé.
Je vois le ministre qui vient du Témiscamingue,
Pontiac-Témiscamingue, Pontiac. Il y avait également des gens de
sa région, qui étaient à Montréal, à
l'hôpital Notre-Dame, entre autres, puis qui avaient à subir ou
bien 10 traitements, ou 15 traitements, ou 25 traitements en
radiothérapie à raison de 5 jours-semaine. Donc, c'était
sur 5 semaines. Mettez 5 semaines. Us ne peuvent pas nécessairement
retourner chez eux en fin de semaine, quand ils viennent de Pontiac, avec le
transport à payer, puis tout. Et c'était 15 $ par jour. Vous
allez me dire que ce n'était pas faramineux, mais, pour quelqu'un qui
est sur l'aide sociale, ou quelqu'un qui est au salaire minimum, ou quelqu'un
qui a peu ou pas de revenus, c'est très difficile à ce
moment-là de pouvoir payer cela. Bien souvent, c'était un parent,
c'était un ami, ou encore des organismes du milieu, il y avait quelques
ententes avec les CLSC, mais c'était un recours directement à la
personne. Donc, le ministre de la Santé était très
sensible à cela, et je sais qu'il est en train, si ce n'est
déjà fait, je pense que c'est fait, même... La
société québécoise du cancer sera
subventionnée pour l'individu, pour ce qui est de ses frais de
séjour durant les traitements.
C'est pour ça que, quand le député de LaFontaine
parlait, je me suis dit: Mais pourquoi ne pas faire bénéficier la
population ou des organismes spécifiques du genre d'un produit qui, de
toute façon, serait brûlé, sans aucun revenu; au contraire,
avec des charges: tu le brûles. Je me suis dit: C'est une excellente
idée, une excellente idée que j'ai transformée en
amendement, M. le Président. Je suis surpris qu'on cherche, même
actuellement, des moyens de s'y soustraire. Personnellement, je suis surpris,
parce que ça donnait quoi à l'État, ça? Ça
ne lui donnait rien. Ça lui en coûtait de faire brûler
ça, d'entreposer ça et de détruire ça, alors que
ces revenus-là ne sont pas des revenus automatiques à
l'État. L'État confisque des choses, les entrepôts se
paient souvent et, bien souvent, parmi ces individus, ils ne sont même
pas solvables pour payer la facture des frais d'entreposage. Donc, je me
disais: Pourquoi ne pas en faire bénéficier la communauté
ou les individus?
Et, M. le Président, ça n'enlève aucune
prérogative au ministre, ça. Au contraire, c'est lui qui
s'adresse au juge. Il se présente devant le juge et il dit: M. le juge,
me donnez-vous l'autorisation de détruire les paquets de tabac ou bien
de les vendre, pour ceux qui sont vendables légalement? Parce que j'ai
bien spécifié cela tantôt, pour être cohérent
avec le discours qu'on a tenu hier soir. Je me suis dit: Pourquoi le ministre
ne demanderait pas au juge l'autorisation de le vendre, quand c'est du tabac
qui, légalement, peut être revendu? Pourquoi? Purement et
simplement parce qu'il peut constituer un fonds en vertu du règlement,
parce que c'était «de la manière prescrite dans le
règlement». Donc, il peut même se créer dans son
règlement un petit comité chargé de distribuer ces
choses-là à des organismes qui appliquent, qui en font la
demande.
Moi, je me suis dit: Le ministre du Revenu, qui, bien sûr, est
habitué dans les lois techniques... Bien sûr qu'il n'y a pas des
lois plus inhumaines que les lois du ministère du Revenu. Au niveau de
l'application de la législation, on peut avoir des comportements
humains, il peut avoir certains pouvoirs discrétionnaires, mais des lois
techniques comme celles du Revenu, tu pitonnes, tu reçois un avis, puis
c'est standard, c'est automatique et ça ne tient pas compte du statut
des gens. Ça, le ministre en conviendra avec moi, toutes les lois
fiscales sont des lois à caractère plutôt inhumain, entre
guillemets. Et tout le jnonde s'entend pour dire ça. Donc, je me suis
dit: Pour une fois qu'on a l'occasion dans une loi dite répressive
parce que l'objectif de la loi, c'est bien d'empêcher la vente du
tabac de façon illégale, c'est de confisquer au besoin les
cargaisons d'un vendeur qui agit illégalement... Je me suis dit: Pour
une fois qu'on peut faire une loi fiscale avec une connotation humaine,
pourquoi ne pas le faire? J'ose espérer que le ministre va laisser de
côté ses ressentiments de technocrate appli-cateur de lois
techniques et qu'il va voir dans cela, dans cet amendement-là, une loi
à caractère humain, au moins un article, au moins un amendement
à une loi, au moins 2 lignes dans un projet de loi dont le souci ne sera
pas d'appliquer bebêtement une législation technocratique, mais
qui aura une dimension humaine. Et, ça, ça ne nuira pas au
Parlement d'avoir dans nos lois une dimension humaine de temps en temps, puis
il n'y a personne au Québec qui va s'offusquer. Je ne connais pas un
groupe de la société qui pourrait s'offusquer du fait qu'on donne
un mandat à un juge de nous autoriser à vendre quelque chose au
profit d'organismes.
Moi, je ne me verrais pas ministre du Revenu demain matin et avoir
à m'expliquer: J'avais une cargaison je ne sais pas, moi
de 400 boîtes de cartons de cigarettes, vendables légalement, et
je m'en vais devant le juge et je dis: J'ai 2 possibilités, M. le juge,
je peux les brûler et je peux les vendre au profit de la
société québécoise du cancer, ou des fumeurs
anonymes, ou des oeuvres de charité, ou des maladies du coeur... Le
juge, s'il est un tant soit peu brillant, il va dire: Bien, M. le ministre, si
vous avez la possibilité de les vendre au profit de notre
collectivité, vendez-les au lieu de les brûler, puisque, si vous
les brûlez, ça va vous coûter de l'argent; vous allez aller
à quelque part, vous allez payer un camion pour transporter ça,
vous allez faire ci, vous allez faire ça, alors que l'acheteur va
probablement venir les chercher où elles sont; ça ne vous
coûtera rien de transport, ça ne vous coûtera rien pour les
faire brûler, etc.
M. le Président, moi, je suis heureux qu'on puisse avoir
déposé cet amendement-là, parce que c'est un test de la
sensibilité du ministre en même temps. On va voir si le ministre a
une sensibilité à la compréhension
humaine, à la misère humaine à part de ça.
Et ça ne va pas à rencontre du principe de la loi, ça ne
va pas à Pencontre du tout de l'esprit de nos règlements. Parce
qu'on a essayé de se servir de l'article 192, 4° tantôt pour
essayer de nous faire croire que le ministre, là, c'était de
l'argent qu'il allait chercher, comme un impôt ou une taxe. Ce n'est pas
ça du tout. C'est un bien dont il a la garde en vertu de la loi parce
qu'il a été saisi par la Sûreté du Québec, et
c'est un bien qu'il peut mettre, comme il a le pouvoir d'en disposer, mais avec
autorisation d'un juge, comme vous l'avez si bien dit, M. le
Président...
Ce n'est même pas lui qui peut en disposer, c'est le juge qui va
lui dire: Brûle-les ou vends-les. On a juste ajouté une
possibilité pour le juge, c'est un mandat à un juge que l'on
donne en vertu d'une loi. Le juge va prendre l'article de loi, il va l'analyser
et il va dire au ministre: Bien, j'ai 2 pouvoirs, M. le ministre; j'ai le
pouvoir de vous les faire brûler, puis j'ai le pouvoir de vous les faire
vendre. Je suppose que le ministre un petit jugement politique, puis je
lui mettrais une note sur 10, comme il fait après chacune de nos
interventions un ministre, un tant soit peu humain, qui a la
possibilité ou de brûler un bien ou d'en faire
bénéficier un certain groupe de notre collectivité, le
ministre va faire preuve de jugement, puis il va dire: Écoutez, on a
tellement de demandes dans notre société, l'État n'est
plus capable de satisfaire aux besoins de la communauté dans plusieurs
secteurs, donc je vais procéder devant le juge à la demande de
procéder à une vente dont le produit de cette vente-là
sera distribué à des organismes qui en feront
bénéficier notre collectivité. (22 h 30)
C'est ça, le sens de l'amendement. Ce n'est pas plus, ce n'est
pas moins. Ça n'enlève rien aux législateurs. Tout ce que
ça fait, c'est que ça donne aux législateurs la
possibilité de transformer une dépense. Ça donne aux
législateurs, M. le Président, et au ministre en particulier
à qui je m'adresse parce que j'aimerais qu'il comprenne
cet amendement-là, la possibilité de faire de l'argent et non pas
d'en dépenser. Mais on dit: Au lieu de le mettre au fonds
consolidé du Québec, faites-en bénéficier des
organismes du milieu. Je ne peux pas croire, je ne comprends pas la lutte qu'il
aurait contre ça. J'aime bien ça, quand on discute, que ce soit
rationnel. Quand une chose est irrationnelle... Je me demande pourquoi on
enlèverait la possibilité à du monde de
bénéficier de quelques sous, alors que ça pourrait nous en
coûter, nous autres mêmes, comme collectivité, en
l'occurrence, parce que je vous avoue que c'est incompréhensible.
Et, moi, M. le Président, je suis prêt à tendre une
perche au ministre. Au lieu de chercher le moyen de se dérober à
cet amendement-là ou d'en arriver à prolonger le débat
indûment sur cet amendement, parce que j'ai l'intention de me battre pas
mal fort pour qu'il passe, s'il veut raccourcir le temps de discussion, s'il y
a un mot qu'il aimerait changer, ou des craintes, ça ne me
dérange pas, mais pas d'entourloupette de règlement, pas prendre
2 heures pour essayer d'obvier à ce principe. Parce que c'est un
principe qu'on défend et c'est des valeurs de société
qu'on défend. Et c'est ça, le rôle des parlementaires. De
quelque côté de la Chambre qu'on soit, c'est le rôle du
parlementaire, quand on a l'occasion, l'opportunité de faire un geste
qui a de l'allure, de le poser correctement, M. le Président, et de
faire en sorte qu'on puisse véritablement peut-être innover dans
nos législations. C'est le «fun», ça, innover dans
des législations.
M. Gautrin: ...
M. Chevrette: Ça dépendait, ça, monsieur...
C'est parce qu'on n'est pas toujours naïf, M. le député de
Verdun. Mais je dois vous dire que, moi, personnellement, j'ai trouvé
l'idée intéressante et, quand je trouve une idée
intéressante et qu'elle ne contrevient en rien à des principes
légaux, qu'elle est recevable en vertu de nos règlements, qu'elle
est débattable correctement, je ne peux qu'inciter mes collègues
des 2 côtés de la Chambre, des 2 côtés de cette
table, ici, à voter en faveur de ça, M. le Président.
Parce qu'on n'enlève rien aux prérogatives d'un ministre, on
n'enlève rien aux prérogatives d'un gouvernement. Au contraire,
on lui donne la possibilité de sauver des sous, de sauver des sous tout
en en faisant, pour aider d'autres gens... Et ceux qui seraient portés
à voter contre ça, j'aimerais qu'ils y pensent, M. le
Président, parce que ce serait peut-être démontrer une
très courte vue par rapport aux capacités de faire du
Parlement.
M. Gobé: ...
Le Président (M. Camden): Excusez. Je pense que le
ministre avait indiqué son intention...
M. Savoie: Non.
Le Président (M. Camden): Non? Vous ne souhaitez pas
parler.
Alors, M. le député de LaFontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président.
Je suis content d'avoir entendu la plaidoirie de notre collègue
de Joliette qui a su faire ressortir les préoccupations humaines et
pratiques des parlementaires. En effet, trop souvent, nos projets de loi sont
faits par des gens qui ont une commande de répondre à une
certaine problématique ou de créer un certain cadre à
l'intérieur duquel les activités de la société
doivent se dérouler, et il arrive que ces règlements, ou ces
projets de loi, ou ces articles de loi génèrent des effets
secondaires, un peu comme certains médicaments que l'on prescrit pour
soigner une maladie ou un mal de tête; on se retrouve avec certains
effets secondaires qu'on n'avait pas prévus ou qui, quelquefois
même, sont bénéfiques. On a vu à l'occasion que,
pour soigner certaines maladies, on faisait aussi avancer d'autres
déficiences qu'un
individu pouvait avoir où on lui permettait d'être en
meilleure santé, en meilleure forme physique pour d'autres
activités.
Or, c'est un peu le cas qui nous arrive. On voit là un article de
loi qui a pour but de confisquer des marchandises qui seraient entrées
illégalement sur notre territoire, des marchandises pour lesquelles le
droit fiscal n'aurait pas été payé. M. le
Président, je trouve important que vous puissiez tout entendre parce que
c'est là certainement l'un des moments où un parlementaire peut
faire valoir peut-être le côté représentatif de ses
citoyens. Et, M. le Président, ce tabac n'est pas interdit de vente...
il n'est pas interdit de consommation, pardon, sur notre territoire, il est
simplement interdit de vente parce que les personnes qui l'importent n'ont pas
acquitté les droits. Il arrive dans certains cas, et on le voit pour les
drogues en particulier, que, lorsqu'une marchandise est saisie et qu'elle n'a
pas le droit d'être vendue sur notre territoire, qu'elle est proscrite
à la consommation, elle soit détruite, et c'est normal. Le juge
ordonne, à ce moment-là, une destruction. On peut voir, à
l'occasion, devant les caméras, des juges qui font brûler des
ballots de marihuana, ou de cocaïne, ou autre chose. On voit aussi,
à l'occasion, des contrefaçons, des montres de copies...
Une voix: Des radars.
M. Gobé: ...des radars qui sont détruits parce
qu'ils n'ont pas le droit d'être distribués dans le public, et
c'est la raison pour laquelle ils ont été saisis et
détruits. Mais, là, ce n'est pas le cas. Là, le tabac est
saisi parce que les droits fiscaux ne sont pas payés. Si les droits
fiscaux étaient payés à la frontière, au passage,
il aurait le droit d'être vendu au Québec, il serait en
légalité, parce que ce n'est pas la fabrication qu'on interdit,
ce n'est pas la qualité du tabac qu'on interdit, c'est le non-paiement
d'une taxe fiscale.
Ceci, c'est pour vous démontrer, M. le Président, qu'il
n'est donc pas interdit ou impensable de penser que cette marchandise puisse
être, sous une forme ou une autre qui reste à prescrire et
à déterminer, remise sur le marché, qu'elle soit remise
sous forme de cigarettes réempaquetées, de tabac en vrac, qu'elle
soit vendue à des pays du tiers monde, à l'étranger, sous
une autre forme, à des acheteurs qui viendraient profiter d'une aubaine.
C'est une possibilité, ce n'est pas interdit. Donc, il est permis de
croire qu'au lieu de détruire cette marchandise, la voir partir en
fumée, pouf! dans l'atmosphère on sait la pollution que
ça fait d'ailleurs un juge puisse autoriser le ministre, dans des
conditions particulières qui restent à prescrire, à
disposer de cette marchandise.
Je pense que ce serait là certainement une possibilité
à donner au ministre, qui correspond à la bonne administration
des fonds publics. Car, n'oublions pas, ces cigarettes, pour être
saisies, pour être entreposées, comme le disait le
député de Joliette, coûtent de l'argent. Donc,
l'État dépense de l'argent, incidence financière
négative sur le budget gouvernemental du ministère, alors que, si
nous les vendions, si nous pouvions en disposer, il y aurait une incidence
positive; non seulement l'État pourrait récupérer les
sommes d'argent que lui a coûté l'entreposage et que lui
coûte toute la procédure engagée pour statuer sur ce
chargement ou sur ces stocks, mais, en plus de ça, les surplus
pourraient être distribués à des organismes humanitaires
reliés au tabagisme.
Alors, on parle de la société pour le cancer. On sait les
sommes importantes, exorbitantes qui sont, chaque année,
dépensées par les contribuables pour soigner, pour venir en aide
aux gens qui souffrent du cancer du poumon dû à la cigarette. On
sait que les maladies cardio-vasculaires sont un des fléaux de notre
société et que le tabagisme a une influence très forte sur
ces maladies cardio-vasculaires. On sait, M. le Président, que non
seulement le cardio-vasculaire a des problèmes sur l'incidence
financière du ministère de la Santé et des Services
sociaux, mais aussi sur les familles. Lorsque quelqu'un est victime d'une
maladie cardio-vasculaire, certainement il abandonne son travail, et la famille
s'en trouve affectée. On sait aussi qu'il y a de la recherche. La
recherche...
M. Boulerice: Sur la grossesse.
M. Gobé: Et je vais y venir, M. le député,
vous avez raison. M. le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques, à juste titre, fait valoir les dangers
du tabagisme sur la grossesse. Alors, on pourrait donc utiliser une partie de
ces sommes pour faire de la prévention, pour expliquer aux gens des
raisons de ne pas fumer, des raisons de ne pas consommer ces
cigarettes-là, ce qui serait un juste retour, malgré tout, de
l'argent de la fraude, car ça permettrait de l'utiliser pour des raisons
humanitaires.
Il y a aussi la recherche. Le cardio-vasculaire demande de la recherche.
Je vois le whip du gouvernement, qui est ici, qui en sait quelque chose, car il
a pu, dans les dernières semaines ou dans les derniers mois, être
partie d'un processus ou d'un procédé dans lequel il a
découvert qu'en effet on manquait d'argent et qu'on avait besoin de
toujours plus de fonds pour la recherche cardio-vasculaire. Et quand même
on vendrait un stock de cigarettes qui rapporterait 1 000 000 $ et que
ça sauverait 10 vies, M. le Président, c'est 10 vies de
sauvées, alors que, si on les brûle, c'est de la pollution et
c'est une mauvaise image, un mauvais message qu'on envoie à la
population. (22 h 40)
Alors, moi, M. le Président, je suis d'accord à ce que
nous puissions nous prononcer sur les dispositions autres que la destruction de
ces stocks de cigarettes dans le projet de loi. J'ai apprécié
l'ouverture de M. le député de Joliette. Il a dit: S'il y a des
mots, ou 1 mot, qui ne font pas votre affaire, mais qu'on ait au moins 1 phrase
ou 2 qui mentionne cette chose-là.
Moi, je suggérerais qu'à ce moment-ci nous
puissions peut-être suspendre, se réunir et regarder avec
le député de Joliette, parce que son amendement part d'un bon
principe et non pas... M. le ministre, vous en avez parlé cet
après-midi, et on a pu constater qu'à l'occasion il pouvait y
avoir un peu d'obstruction ou des mesures que vous appelez dilatoires, mais ce
n'est pas le cas maintenant. Maintenant, tout le monde part d'un bon principe,
et on a découvert en travaillant... et on a mentionné cet
après-midi, le député de Montmorency, que c'est dans ces
débats, peut-être, que la vérité sort ou que
l'étincelle fait qu'entre parlementaires on accomplit notre devoir de
parlementaires, notre job de parlementaires, de faire en sorte de maximiser au
positif les interventions de l'État dans la vie courante de tous les
citoyens. Et je pense que procéder à un amendement qui reste
peut-être à réécrire, qui reste peut-être
à préciser en tenant compte de la réglementation du
ministère... On sait qu'on a, dans la loi des finances... du
ministère du Revenu, l'article 16.3 qui, déjà, parle de
ça. On sait qu'on peut donc s'y référer. On peut donc
commencer à travailler avec ça.
Je souhaiterais qu'avec le consentement des autres membres de cette
commission nous suspendions quelques minutes afin de nous réunir en
petite séance de travail, avec le député de Joliette, le
député de Montmorency, le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques et M. le ministre...
Une voix: ...
M. Gobé: ...et que nous essayions de trouver un compromis
ou un consensus pour écrire un amendement qui conviendrait à tout
le monde.
Le Président (M. Camden); Je comprends très bien,
M. le député de LaFontaine, et je crois constater qu'il y a
consentement pour qu'il y ait suspension pendant quelques instants. Il y a donc
suspension de nos débats.
(Suspension de la séance à 22 h 42)
(Reprise à 22 h 51)
Le Président (M. Camden): La commission reprend ses
travaux. Est-ce qu'on pourrait peut-être inviter les gens à entrer
à l'intérieur et qu'on ferme la porte, s'il vous plaît?
Est-ce que, M. le député de LaFontaine, vous aviez mis un
point final à vos commentaires?
M. Gobé: Oui. Bien, j'avais suggéré
humblement, M. le Président, que nous puissions regarder, à la
demande du député de Joliette, le texte de l'amendement qu'il
avait présenté, ayant moi-même peut-être quelques
changements à y faire. Je souhaiterais que nous puissions nous entendre,
car ça permettrait à tout le monde de se mettre d'accord. Il y a
peut-être compromis quel- que part ou entente.
M. Chevrette: J'ai lu le texte...
Le Président (M. Camden): Seulement, avant, M. le
député de Joliette...
M. Gobé: Alors, à ce moment-là...
Le Président (M. Camden): C'est ce que vous nous aviez
indiqué au moment de la suspension.
M. Gobé: Oui.
Le Président (M. Camden): Est-ce que vous avez du nouveau
depuis la suspension?
M. Gobé: Non, parce que j'attends maintenant... J'ai fait
distribuer à votre... Vous avez fait distribuer, pardon, M. le
Président, par votre personnel, la copie de la proposition que j'avais,
et, là, M. le député de Joliette a dû en prendre
connaissance.
Le Président (M. Camden): Vous comprendrez bien, M. le
député...
M. Cusano: M. le Président, vous me permettez...
Le Président (M. Camden): Non, juste un instant. Vous
comprendrez bien, M. le député de LaFontaine, vous pouvez bien me
faire distribuer un dépliant touristique, n'importe quoi, ça n'a
pas égard, ça n'a aucun caractère officiel.
M. Gobé: C'est cela.
Le Président (M. Camden): Alors, si vous avez des choses,
faites-les d'une façon officielle et formelle. Mais, moi, je ne peux pas
en tenir compte si elles n'ont pas un caractère officiel et formel.
M. Cusano: M. le Président, il y a eu une suggestion de
suspension à ce moment-là...
M. Gobé: C'est cela. C'est ce que j'ai cru comprendre.
M. Cusano: ...pour permettre au député de
LaFontaine et au député de Joliette de s'entendre sur une
formulation pour l'amendement. Alors, en ce qui me concerne, il n'est pas
question, à ce moment-ci, qu'il y ait dépôt de quoi que ce
soit. J'aimerais entendre du député de Joliette s'il était
d'accord. Est-ce que lui et le député de LaFontaine sont
arrivés à un accord avec une formulation?
M. Chevrette: Non, c'est parce que, M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je trouve la question intéressante. C'est
parce que le ministre m'a fait lire l'article 16.3 de la Loi sur le
ministère du Revenu, et je l'en remercie grandement, parce que, tel que
libellé, l'article 16.3 de la Loi sur le ministère du Revenu
n'autorise aucune vente, c'est-à-dire pour en dispenser par la suite au
niveau de l'argent ou du produit. L'article 16.3 et j'aimerais que le
ministre nous le lise s'il veut bien, ou me le passer pour que je le lise
dit ceci: C'est que le ministre procède à la vente aux
enchères après qu'il ait obtenu l'autorisation de vendre, mais
c'est le produit non vendu qu'il peut donner à des organismes de
bienfaisance. Alors que, nous, le principe qu'on donne ici, dans la loi, avec
l'amendement que j'ai présenté, c'est de vendre et d'en utiliser
les produits de vente pour les fins d'organismes. C'est très
différent. Ce n'est pas le résidu des produits qui n'ont pas pris
acheteur, qui n'ont pas pris preneur. Ce serait une contre-proposition à
ma proposition. On n'aurait aucun besoin d'amendement à ce
moment-là. Ce serait, à toutes fins pratiques, de retirer le
mien, puisque, en vertu de l'article 16.3 de la Loi sur le ministère du
Revenu, il y a ce pouvoir de portée générale, dans
l'article 16.3, de vendre des produits confisqués. Mais, s'il n'y a pas
preneur... C'est-à-dire que, quand il les vend, le produit de ces ventes
s'en va au fonds consolidé. Quand il n'y a pas preneur, là, il a
le droit de donner ces biens-là à des organismes de
bienfaisance.
Ce n'est pas ça qu'on dit, nous. Nous, on dit: Ce
tabac-là, au lieu de le brûler parce que tu avais seulement
la notion de brûler, puis ça coûtait des sous à
l'État puis que ça t'en coûte pour le faire
brûler, vends-le puis donne-le à des organismes de charité
ou de santé, à des organismes de santé. C'est nettement
différent par rapport à l'article 16.3 de la Loi sur le
ministère du Revenu, vous en conviendrez. Donc, à mon point de
vue, je ne comprends pas que le ministre s'objecte à avoir un pouvoir.
Il va bâtir son règlement. Je ne comprends pas les
réticences, c'est lui qui va faire le règlement, c'est lui qui va
publier son règlement, c'est lui qui va définir les
modalités. C'est le gouvernement qui va définir toute la
procédure. C'est donc bien épeurant et c'est donc bien affolant
que de disposer de biens en fonction de la communauté! Je ne comprends
pas. À moins qu'on ait le désir caché de vouloir accepter
la notion de vente, mais en fonction de l'article 13, ça, ça veut
dire non pas en fonction des objectifs dont on parlait, mais en fonction du
fonds consolidé.
Il ne faut pas nous prendre pour des matelots en goguette, hein. Moi,
à cette heure-là, même à cette heure-là, je
suis encore assez lucide pour être capable de comprendre un article de
loi.
M. Savoie: Ha, ha, ha! Ça ne paraît pas. Ha, ha,
ha!
M. Chevrette: Bien, ça ne paraît pas... Prouvez-moi
donc le contraire. Je vous mets au défi, moi.
M. Savoie: Est-ce qu'on...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je pense que, dans le
débat, à l'heure actuelle, on est arrivé de la
manière suivante. Initialement, on était en train de brûler
les cigarettes. Est arrivée une idée supplémentaire qui
était celle de la vente en profit et au profit des oeuvres de
bienséance...
Des voix: De bienfaisance. M. Gautrin: ...de
bienfaisance.
M. Boulerice: La bienséance, c'est ce qui manque au
ministre.
Le Président (M. Camden): S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
M. Gautrin: Non. Là, M. le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques, ça, je ne pense pas ça.
Le Président (M. Camden): Un instant! Là, M. le
député de Sainte-MarieSaint-Jacques, je pense que ça
outrepasse largement les règlements et l'application de l'article
35.
M. Boulerice: Appelez les constables!
Le Président (M. Camden): Ce sont des commentaires
qui...
M. Gautrin: Mais je voudrais quand même poursuivre, M. le
Président.
Le Président (M. Camden): L'article 35, et vous n'avez pas
à formuler de commentaires péjoratifs à l'égard de
quiconque est membre de la commission. D'ailleurs, vous n'avez pas la parole,
puisque vous n'êtes pas membre de la commission. Alors, je vous prie,
s'il vous plaît, de garder vos commentaires pour vous-même.
M. Gautrin: M. le Président, je pense que le
député de Joliette et le député de LaFontaine
avaient, dans leurs remarques, soulevé une autre manière de
disposer de ces biens saisis. On pourrait facilement imaginer le
troisième et le quatrième. Je me demande si on va prévoir
ici, dans la loi, toutes les possibilités par lesquelles le ministre
pourrait disposer des cigarettes saisies.
Si j'ai bien compris, le papier qui a été
déposé, mais pas vraiment déposé, parce qu'il ne
pouvait pas le
déposer, il ne l'a pas déposé encore, mais qui a
circulé parmi nous, venant du député de LaFontaine,
c'était de dire que le juge peut autoriser le ministre à disposer
de ces paquets de tabac de la manière prescrite par règlement.
Donc, à ce moment-là, les règlements qui vont être
édictés par le ministre pourront voir les différentes
manières dont on pourra disposer des paquets de tabac saisis. Je pense
qu'il y a là une extension potentielle de l'amendement qui a
été proposé par le député de Joliette, mais
correspondant aux remarques du député de LaFontaine.
Je comprends que le député de Joliette peut s'objecter, si
j'ai bien compris. Dans la période de suspension, est-ce que vous vous
êtes mis d'accord ou pas? Il n'y a pas eu accord. Bon. Alors, l'objection
du député de Joliette, c'est de dire: Attention, les
règlements, on peut mettre n'importe quoi dans les règlements et
on ne le sait pas ce qu'il y a dans les règlements. Je crois qu'ici, de
ce côté-ci, on a quand même un engagement, bien sûr,
verbal, devant la commission, mais qui est quand même important, de la
part du ministre; dans les règlements qu'il va édicter, la
possibilité, qui a été émise par le
député de Joliette, à savoir que la vente puisse se faire
au profit des oeuvres de bienfaisance, va être incluse dans les
règlements, mais d'autres possibilités pourraient être
incluses dans les règlements. M. le Président, je ne sais pas, je
voudrais avoir une directive.
Pour avoir cette vision plus large qui a été lue tout
à l'heure par le député de LaFontaine, qu'est-ce que nous
devons faire? S'il n'y a pas eu accord, il faudrait donc qu'on batte la
proposition du député de Joliette pour pouvoir ramener, à
ce moment-là, l'amendement que le député de LaFontaine
veut faire. C'est bien la directive que vous nous suggérez?
Le Président (M. Camden): C'est bien une des avenues que
vous pouvez emprunter, M. le député.
M. Gautrin: Bon. Alors, M. le Président, je comprends,
c'est une possibilité, puisqu'il n'y a pas eu accord entre les 2
parties. C'est bien ce que vous nous suggérez comme voie
actuellement?
Le Président (M. Camden): Moi, je ne vous suggère
rien, je vous indique seulement que c'est une des avenues que vous pouvez
emprunter.
M. Gautrin: Bon. Je vous remercie, M. le Président, de
cette réponse qui me guide quant au vote que je vais avoir à
exprimer tout à l'heure.
Une voix: ...
M. Gobé: On n'a pas entendu le député de
Joliette sur ça. Peut-être qu'il a des choses à nous dire.
Je pense qu'on devrait vider le point avant de passer à des
décisions. Je pense que tout le monde est de bonne foi autour de cette
table.
Une voix: On n'a pas entendu le ministre, non plus.
M. Gobé: Et le ministre aussi. Au niveau des
règlements...
M. Chevrette: II est contre tout ce qui bouge... (23 heures)
M. Gobé: ...qu'est-ce qui serait dedans et... En tout cas,
je pense qu'il y aurait peut-être moyen de dialoguer un peu. Une
commission parlementaire, c'est pour parlementer, alors, parlementons.
M. Gautrin: Dans les limites du règlement.
M. Gobé: Oui, oui, toujours en tenant compte du
règlement et de l'efficacité. Après ça, ça
permet d'aller peut-être plus vite dans le projet de loi, puis de
rattraper le temps perdu.
Le Président (M. Camden): M. le député de
LaFontaine, je comprends, là, que le ministre souhaite, je pense,
s'adresser aux membres de la commission. M. le ministre.
M. Savoie: Moi, je pense qu'il faudrait rattraper, un peu, le
temps qu'on a perdu.
Une voix: Comment, qu'on a perdu?
M. Savoie: On a beaucoup discuté sur ce point-là,
et il y a beaucoup d'interventions qui, finalement, là, n'étaient
pas nécessaires. Ce qu'on peut faire, c'est voter sur la proposition du
député de Joliette, et, si jamais l'amendement est battu, on
pourrait arriver avec la proposition que vous semblez présenter, M. le
député de LaFontaine, et voter là-dessus.
Le Président (M. Camden): Est-ce que ça met fin
à vos commentaires, M. le ministre?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Camden): Est-ce que je dois comprendre
que les membres sont prêts à voter sur cet amendement?
M. Chevrette: Non.
Le Président (M. Camden): Non? Alors...
M. Chevrette: II me reste 2 minutes, moi, puis, lui, il lui reste
20 minutes.
Le Président (M. Camden): Alors, très bien. Est-ce
que, M. le député de Joliette, vous souhaitez vous faire entendre
immédiatement ou...
M. Chevrette: Vas-y.
Le Président (M. Camden): Non? M. le député
de Montmorency.
M. Filion: Je vais y aller, M. le Président. D'abord, je
pense, M. le Président, que le débat actuellement est très
constructif, et tout ce débat-là amène une nouvelle vision
au projet de loi, qui est à la fois...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Oui, une nouvelle vision, c'est vrai, une nouvelle
vision rafraîchissante, d'ailleurs. Et l'idée est venue même
du député de LaFontaine, M. le Président, où il
mentionnait effectivement qu'on pourrait chercher à capitaliser des
fonds dans toutes ces mesures répressives que l'on va imposer à
une population pour l'application d'une loi pour mettre fin à la
contrebande et réutiliser ces fonds-là justement pour
sensibiliser et aider le domaine de la santé.
M. le Président, moi, je trouve ça très
rafraîchissant, rafraîchissant parce que tout le débat de la
contrebande actuellement a été dénoncé largement
par tous ceux qui font partie d'une association, M. le Président, de
non-fumeurs, qui demandent effectivement à ce qu'on sensibilise la
population, que l'on aide le monde de la santé qui est drôlement
perturbé par toute cette consommation, le tabagisme. Et on sait
pertinemment qu'actuellement on perçoit des taxes au Québec, on
en perçoit des taxes largement, on a perçu beaucoup, on a
surtaxé et on n'a jamais vraiment réutilisé ces
fonds-là d'aucune façon pour sensibiliser le monde aux
conséquences néfastes qu'occasionne le tabac.
Là, M. le Président, on cherche à amener une vision
nouvelle, une vision nouvelle à travers la législation qui nous
permet effectivement de laisser entrevoir une façon de voir et de
traiter le monde de la santé via une perception fiscale, via
effectivement même une confiscation de produits du tabac. Et je pense
que, comme législateur, il devient... Moi, quand j'écoute le
ministre du Revenu me dire qu'on perd notre temps, M. le Président,
là, je vous avoue que je me sens vraiment agressé, parce que,
s'il y a quelque chose d'intéressant qui a été
amené par le député de LaFontaine, c'est bien cette
vision-là où on cherche à récupérer des
deniers publics, M. le Président, pour justement enfin commencer
à aider le monde de la santé et à sensibiliser une
population aux conséquences néfastes qu'a le tabac au niveau de
la santé.
La santé a un coût astronomique. La santé
actuellement coûte une fortune, et tout le monde est d'accord pour dire
que la problématique du tabac occasionne un coût social
incroyable. Il ne s'agit pas là d'une mesure dilatoire. Au contraire, il
s'agit là justement de rajouter la possibilité de
récupérer au lieu de brûler un produit, de
récupérer un produit et de le monayer, ce produit-là,
à travers une transaction bona fide, une transaction de bonne foi, une
transaction qui va permettre de récupérer des deniers publics
enfin pour servir au monde de la santé.
Jusqu'à maintenant, on perçoit des taxes pour payer des
toits de stade, M. le Président, et j'ai l'impression qu'on taxe d'une
façon inéquitable le monde du tabac à des fins autres que
les coûts réellement encourus et reliés au tabagisme. Et je
pense qu'à ce moment-là...
Une voix: ...
M. Filion: Oui, mais il faut les faire les débats aussi.
Et c'est là que ça devient intéressant de discuter, et le
député de LaFontaine a toutes les raisons de soulever
actuellement un débat où on ouvre une porte. On ouvre une porte
à percevoir des deniers publics qui vont servir à d'autres fins
que celle d'aider le monde qui est touché par le tabagisme, qui est le
monde de la santé.
Moi, je pense qu'on est en train d'ouvrir, effectivement, une
philosophie à l'intérieur du projet de loi, ce qu'on avait
jusqu'à maintenant vraiment omis de faire. Et, moi, j'ai l'impression
que, actuellement, si on est d'accord... Et c'est là, d'ailleurs, que je
trouve, un peu, le discours du ministre incohérent, sur le fond. Il est
d'accord à l'intégrer au règlement, sur le fond, alors
pourquoi s'objecte-t-il à ce que, dans la loi...
Une voix: ...
M. Filion: Non, non, mais soyons honnêtes quelque peu sur
le plan intellectuel.
M. Gautrin: Ha, ha, ha!
M. Filion: Non, mais, écoutez, soyons transparents, soyons
clairs avec une vision aussi humaine que celle de la santé au niveau du
tabagisme. Alors, qu'est-ce qui peut, comme parlementaires, nous empêcher
d'être clairs, transparents et vraiment de donner une nouvelle vision?
Non, mais c'est vrai! C'est un amendement qui a l'air anodin, mais un
amendement qui est plein de sens, et surtout avec une visée humanitaire,
une visée humanitaire que, jusqu'à maintenant, la taxation du
monde du tabac n'a jamaie eue, M. le Président. Le tabac a toujours
été une taxe qui a servi à une multitude de fins autres
que de financer réellement les coûts sociaux
entraînés par le tabagisme.
M. le Président, je pense que l'amendement, qui a
été d'ailleurs amené par mon collègue de Joliette,
est un amendement qui a toute sa place dans le présent débat et
je ne pense surtout pas, comme le fait le ministre actuellement, je suis loin
de penser que ce débat n'a pas sa place. Au contraire, il a toute sa
place, et je suis un peu surpris de voir qu'on cherche encore une fois à
se camoufler derrière une espèce de réglementation que
l'on ne connaît même pas, des règlements qui ne sont
même pas prêts, des règlements qui sont à venir, des
règlements où, à toutes fins pratiques, on n'est
même pas capables de mettre le jalon de l'objectif visé.
Un règlement, généralement, est conçu en
fonction d'une idée de législateur, en fonction d'un objectif de
législateur, mais faut-il le mettre, l'obiectif du
législateur. Et l'objectif du législateur je pense
à l'ouverture faite par le député de LaFontaine
c'est vraiment de commencer à penser à capitaliser et à
monnayer ces produits-là pour servir au monde de la santé. Mais
il faut l'indiquer dans le projet de loi, si on veut qu'une
réglementation soit faite en fonction de l'objectif poursuivi par le
législateur. Si on ne l'indique pas, qu'on veut récupérer
des deniers publics pour le monde de la santé dans le texte de loi,
comment voulez-vous que les règlements puissent être faits en
fonction de l'objectif du législateur? Mais faut-il le mettre d'abord,
l'objectif du législateur, et, par la suite, les règlements
suivront dans la mécanique, dans la cuisine légale.
Moi, je pense que, actuellement, on fait une espèce de faux
débat. On veut dévier le débat. L'idée
lancée par... Et, d'ailleurs, on l'a immédiatement appuyée
sans réserve parce que l'idée est très
intéressante, et il y a une ouverture traditionnelle et une
collaboration toujours constructive de l'Opposition. On a immédiatement
abondé dans le sens du député de LaFontaine parce que je
crois, effectivement, qu'il y a une ouverture que l'on doit exploiter et qu'on
est justement en train de légiférer des mesures, des
pénalités répressives, dans le monde, la population. Mais
au moins donnons-y un angle humanitaire, donnons-y un angle où,
effectivement, ce que l'on recherche, au fond, c'est de récupérer
le maximum de ces opérations répressives, de les monnayer et de
réutiliser les fonds publics justement pour soulager et aider au
soulagement des problèmes sociaux que l'on retrouve dans le monde de la
santé. (23 h 10)
Je pense que, M. le Président, le temps que l'on passe
actuellement, ce sont des minutes intéressantes et précieuses et
que chaque parlementaire doit comprendre de l'opération qu'il faut
d'abord écrire l'objectif dans le texte de loi. Si c'est vrai qu'on veut
récupérer les deniers publics pour le monde de la santé,
il faut le dire dans le texte de loi. Les règlements ne sont jamais
faits autrement que par l'objectif visé dans un texte de loi. Et, si on
spécifie que les sommes doivent être
récupérées pour le monde de la santé, il faut
l'écrire dans le texte de loi. Si on ne l'écrit pas dans le texte
de loi, les règlements ne pourront jamais être faits en fonction
de ce qui n'est pas écrit, ils seront faits en fonction de ce qui est
écrit.
Alors, moi, je pense, M. le Président, que l'espèce de
consensus qui n'en était pas un de ramener le débat au niveau
uniquement d'une législation sous forme de règlement n'est
vraiment pas pertinent, parce qu'il faut d'abord mettre la base dans le texte
de loi, c'est-à-dire l'orientation que l'on veut donner
véritablement, un nouvel angle humanitaire, un nouvel angle où ce
qu'on cherche à faire, c'est de récupérer les deniers
publics, enfin. Je dis bien enfin, M. le Président, parce que,
jusqu'à maintenant, ça n'a jamais été le cas. On
n'a toujours récupéré les deniers publics avec le tabac
que pour servir à d'autres fins que de financer vraiment les coûts
de la santé. Et là, à travers le redressement de cette
cacophonie qu'est devenue la contrebande du tabac, enfin un
député se lève et dit: Oui, mais là il faudrait
peut-être commencer à mettre de l'ordre aussi au niveau des
concepts que l'on devrait rechercher avec ces taxes au niveau du tabac et
commencer à aider le monde de la santé, quelque chose qui... Au
fond, qui peut être contre la vertu? C'est quelque chose qui est
très louable et très défendable, M. le Président,
et, moi, je pense que le député de LaFontaine a tout notre appui
dans cette démarche.
Je trouve que le ministre devrait examiner de plus près... Tout
à l'heure, il a parlé d'abord très peu. On a vu que le
ministre du Revenu a parlé très peu. En tout cas, pour lui, le
monde de la santé, ce n'est pas important. Ce sont des mesures
répressives qui comptent. M. le Président, je pense qu'il va de
soi que les deux vont de pair. Quand on veut taxer et surtaxer le monde du
tabac, comme on le fait présentement, je pense qu'il faut en même
temps être conscient qu'il y a des dangers à la consommation du
tabac et que le monde de la santé est très touché.
Alors, que l'on me parle d'intégrer tout cela à des
règlements, M. le Président, c'est un peu une espèce de
forme de foutaise. Les règlements sont toujours faits en fonction d'un
article, et d'un objectif, et d'une pensée législative.
Une voix: Êtes-vous sûr de ça?
M. Filion: Ah! ils doivent être faits en fonction de
ça. Et, si vous ne mettez pas, à travers l'article de loi,
vraiment l'orientation que vous voulez donner aux fonds publics,
c'est-à-dire la récupération de deniers publics et non
pas, comme disait mon collègue de Joliette, qu'ils soient
utilisés à consolider ou être dans le fonds
consolidé des finances publiques, bien, il faut le dire. Mais, si vous
croyez qu'on doive fermer la porte à nouveau... Parce que je pense que
l'idée de commencer à penser à aider le monde de la
santé, il faudrait vraiment à quelque part qu'il y ait un premier
jalon de posé. Et on a la chance de le faire à travers les
règles répressives qui, je pense, seraient beaucoup plus
intéressantes sur le plan humanitaire. Parce que, de la
répression, en soi, ce n'est rien d'intéressant pour une
société, mais, à travers des règles
répressives, si on pouvait au moins montrer qu'il y a une espèce
d'humanisme au niveau d'aider le monde de la santé, je pense que
ça permettrait de mieux digérer toutes ces mesures difficilement
acceptables actuellement pour la population en général.
Alors, M. le Président, moi, je pense que la proposition,
d'ailleurs, qui a été acceptée et que l'on débat,
l'amendement sur le fond est recevable, et non seulement il est recevable, mais
il devrait également avoir l'assentiment, autour de cette table, des
députés, l'assentiment pour que l'on puisse enfin donner un
nouvel angle à notre législation fiscale qui, au moment où
on se parle, n'a qu'un angle répressif. Et, M. le Président, je
pense qu'on ne le dira jamais assez, si tous les parlementaires veulent
vraiment discuter de cette nouvelle philosophie, je pense qu'il faut les
entendre.
C'est le député de Prévost, je crois, qui n'a pas
encore donné sa version, mais je pense qu'il devrait, M. le
Président, parce qu'il va avoir à voter. Et, quand même, de
vouloir commencer à discuter d'une ouverture...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Montmorency, je vous indique que ça frise le dépassement. En
vertu de l'article 35, vous ne pouvez pas attaquer la conduite du
député s'il juge...
M. Filion: Non, M. le Président, surtout pas sa
conduite.
Le Président (M. Camden): II ne lui est pas
nécessaire de s'exprimer sur le sujet.
M. Filion: C'est que je souhaite qu'il participe au débat,
M. le Président. C'est un souhait parce que je pense que c'est un
débat important, un débat de fond, un débat qui donne une
nouvelle vision et un débat qui, je pense, plus on en discute, plus on
échange, plus on parlemente, comme disait le député de
LaFontaine, plus on est en mesure de se faire un jugement de valeur qui puisse
nous permettre enfin de donner une nouvelle vision à la taxation du
tabac.
M. le Président, vous savez, toutes les mesures qu'on a vues
jusqu'à maintenant, ce sont des mesures qui, à toutes fins
pratiques, vont donner des pénalités de 200 $ à 1000 $
pour le consommateur qui se fait prendre, qui vont donner des
pénalités de 2000 $ jusqu'à 500 000 $ pour le transporteur
et le vendeur de tabac. Et là on arrive à une mesure où on
dit oui, si le juge pouvait autoriser la vente du tabac confisqué, de
tabac qui, à toutes fins pratiques, n'est pas considéré
comme illégal sur le plan de la législation que l'on
étudie et que ça donnerait des deniers publics, M. le
Président, avec tous les déficits qu'on a actuellement, pourquoi
se prive-t-on de ces nouvelles recettes? C'est quoi qui justifie que l'on
brûle des recettes que l'on pourrait réaliser? M. le
Président, écoutez, il faut être sérieux, aussi,
quelque part. Il faut avoir un discours cohérent du côté...
Il n'y a pas juste le gel de la fonction publique qui peut procurer des
économies, hein? Il y a également la récupération
de tabac. Au lieu de le brûler, on pourrait effectivement transiger et
récupérer, et les deniers publics serviraient également
à équilibrer quelque part.
Une voix: II parle une fois par semaine du gel de la fonction
publique.
M. Filion: Non. J'étais au niveau de la politique, M. le
Président, de ce gouvernement, au niveau de leur cohérence des
équilibres budgétaires, tout simplement. Il y a plusieurs moyens
d'arriver à réduire des dépenses ou à augmenter des
revenus. On vient de trouver une façon d'augmenter des revenus, dans une
cause humanitaire. Est-ce que c'est parce que c'est la cause humanitaire qui
vous chicote? Voyons donc, M. le Président! La cause humanitaire a toute
sa place, mais pleinement sa place, M. le Président. Justement,
ça devient une nouvelle vision et une nouvelle orientation que l'on ne
doit pas rejeter de cette façon-là. Au contraire, on doit
l'appuyer. Et je pense qu'on a tous une responsabilité, quelque part,
d'appuyer ce genre d'orientation là. Il faut laisser aller les
conditions, M. le Président... Alors, je vais quand même... Est-ce
qu'il me reste plusieurs minutes, M. le Président? Je voudrais juste
m'en assurer parce que...
Le Président (M. Camden): Près de 4 minutes.
M. Filion: C'est qu'on trouve important le temps alloué
à chaque député pour discuter de cette
orientation-là. Et je pense qu'on n'en aura jamais assez de temps pour
vous convaincre. Tout ce qu'on souhaite, au fond, c'est que l'on puisse
procéder enfin, enfin parce qu'on est rendus au 20e article, et, pour
une fois qu'on peut adopter un amendement qui a une vision humanitaire dans ce
projet de loi là, je pense qu'on ne peut pas laisser passer la chance,
on ne peut pas la laisser passer, et on se doit, tous ensemble, de
reconnaître qu'une vision comme celle-là a sa place dans notre
société et que, enfin, on va pouvoir commencer à
bâtir autour de ce concept-là, si minime soit-il, parce que
ça devient une question de principe, tout cela. Ce n'est quand
même pas des milliards qu'on va récupérer, il ne faut pas
non plus se leurrer. La police du tabac, on en a seulement 60 polices. Je ne
pense pas que, demain matin, on va commencer à confisquer un tabac en
quantités industrielles, là n'est pas le débat. Ha, ha,
ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Mais quand même...
M. Gautrin: II faut croire que c'est la base de la relance
économique du Québec.
M. Filion: C'est une base de principe qui nous permet...
M. Chevrette: Quand il s'agit de l'ouverture des commerces, c'est
vous, ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
(23 h 20)
M. Filion: ...enfin d'espérer quelque chose de
meilleur.
Alors, je pense que, effectivement, M. le Président c'est
très sérieux à travers tout ça c'est un
principe de capitaliser et d'aller chercher des recettes additionnelles
à travers un processus dont on n'a pas le moyen de se priver pour mettre
en place un nouveau concept. Et peut-être que ce nouveau concept qu'on
est en train de discuter et que l'on peut adopter sera le départ de
quelque chose de nouveau. Et je souhaite que ce soit le départ de
quelque chose de nouveau à travers une nouvelle philosophie de gestion
des deniers publics
où, lorsque l'on a un fléau social comme le tabagisme, qui
nuit considérablement à la santé et qui coûte une
fortune, qui dépasse le milliard, on commence à penser à
allier santé et tabagisme ensemble quand on parle de taxation, et on a
une chance de le faire. Mais faut-il l'indiquer dans le projet de loi, si on
veut commencer quelque part à mettre des vrais principes puis des vrais
jalons intéressants qui vont provoquer une équité fiscale
et une dimension humaine enfin, M. le Président. C'étaient les
principaux commentaires que j'avais sur cet amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Camden): On vous remercie, M. le
député de Montmorency. M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Moi, je trouve
ça de valeur parce que les députés de bonne foi qui ont
amené la discussion sur ce thème-là vont s'en faire passer
une petite vite. Je vais le démontrer très longuement lorsque,
malheureusement, ils auront voté contre, parce que c'est ce qui se
dessine à la demande du ministre, à la demande du whip, à
la demande de M. Lemieux du cabinet du premier ministre, à la demande
d'à peu près tout le monde. J'ai bien senti qu'on
«s'effervesçait» autour de cette table pour tordre les bras
et inviter les députés à voter contre. Bien, vous allez
vous en faire passer une vite, puis je vais vous le démontrer, et je
vais vous donner l'occasion de prouver que c'est une vite que vous vous faites
passer, à part ça.
Parce que, quand le ministre a eu, je pense, l'honnêteté
intellectuelle de dire qu'il voulait en disposer conformément à
16.3 de la loi du ministère du Revenu, le ministre aurait pu vous
l'expliquer. L'article 16.3 du ministère du Revenu dit très
clairement que ce n'est pas une vente pour redistribuer. Ce n'est que le
produit non vendu ou pas pris aux enchères, justement, qui lui est
donné. Est-ce que vous allez donner des paquets de cigarettes aux
oeuvres de bienfaisance? Ce n'est pas ça qu'on dit, nous autres, depuis
le début de la soirée, puis c'est à ça qu'il veut
en arriver. L'amendement qu'on vous a fricoté, là, je vais vous
le prouvez et je vais donner l'occasion, à part ça, au ministre
de démontrer clairement que c'est ce qu'il veut, 16.3. Mais soyez sans
crainte, l'amendement est même prévu, le sous-amendement est
même prévu à votre amendement pour démasquer le
ministre dans ses volontés. Elle est «typée» à
part de ça.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Montmorency.
M. Filion: Rapidement, M. le Président, il me reste 1
minute. Je pense que, juste avant qu'on procède, effectivement, à
un vote sur cet amendement, je veux simplement, effectivement, souligner
à nouveau l'importance de ce vote-là qui va permettre,
effectivement, de commencer à entrevoir une nouvelle vision à
travers la fiscalité du tabac. Je pense que, même si ça
apparaît anodin ce qu'on est en train de discuter, M. le
Président, c'a toute son importance, et je souhaite que les
députés autour de cette table puissent adopter cet amendement,
qui va donner une nouvelle vision à notre société.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Est-ce que les
députés sont maintenant prêts...
M. Chevrette: Vote nominal.
Le Président (M. Camden): Vote nominal. Alors, Mme la
secrétaire, si vous voulez appeler les députés.
La Secrétaire: M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Vous savez toujours bien que je suis pour, c'est
moi qui l'ai proposé.
La Secrétaire: M. Filion (Montmorency)?
M. Filion: Pour.
La Secrétaire: M. Savoie (Abitibi-Est)?
M. Savoie: Contre.
La Secrétaire: M. Gautrin (Verdun)?
M. Gautrin: Contre.
La Secrétaire: M. Gobé (LaFontaine)?
M. Gobé: Abstention.
La Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
La Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
Le Président (M. Camden): Abstention, comme
président.
Alors, 2 pour, 3 contre, 2 abstentions. L'amendement est rejeté.
Alors, nous revenons donc à l'étude de l'article 20.
M. Gobé: M. le Président, est-ce que je pourrais
avoir la parole, s'il vous plaît?
Le Président (M. Camden): M. le député de
LaFontaine.
M. Gobé: Suite au débat qui vient d'avoir lieu et
partageant pour un certain point, au moins sur le fond, peut-être pas sur
la manière, la pensée du député de Joliette,
j'aimerais proposer à mon tour un amendement,
que j'aimerais vous soumettre, et j'aimerais que vous statuiez sur sa
recevabilité.
Alors, il se lirait de la façon suivante: Modifier le
sixième alinéa de l'article 15.1 édicté par
l'article 20 de la façon suivante: «Lorsque la confiscation de
paquets de tabac est ordonnée, le juge peut autoriser le ministre
à disposer de ces paquets de tabac de la manière prescrite par
règlement.» «Par le règlement», ou «par
règlement», ou «édictée par le
ministre»? Je ne sais pas quelle est la formule juridique exacte qui est
en cause, là.
M. Savoie: «Prescrite par règlement». M.
Gobé: «Prescrite par règlement», point. M.
Gautrin: Point.
M. Gobé: C'est, à ce stade-ci, l'amendement que je
présente. J'aimerais savoir maintenant s'il est receva-ble, M. le
Président.
Le Président (M. Camden): Je comprends bien, M. le
député de LaFontaine, ce que vous apportez de modification au
dernier alinéa de l'article 20. C'est que vous changez le mot
«détruire» par «disposer» et vous ajoutez
«de» après «disposer». C'est la seule
modification que vous apportez, c'est ça? Si je comprends, c'est la
nature de votre amendement? C'est bien cela?
M. Gobé: Oui.
Le Président (M. Camden): Très bien. Est-ce qu'il y
a quelques commentaires à faire, brièvement, sur la
recevabilité?
M. Gobé: Alors, je pense qu'il est recevable parce qu'il
est dans l'ordre logique de cet article. On parle, dans l'article original, de
«détruire». Le mot «disposer» permet non
seulement de confirmer cette possibilité, mais aussi élargit la
notion de disposition et permet une interprétation plus large, donc, par
la suite, correspond à la volonté qui est de se
débarrasser du stock, de la marchandise saisie. Donc, ça ne va
pas à rencontre de l'article, il n'y a pas d'incidence financière
négative. De toute façon, on dispose, alors, que l'on vende ou
que l'on fasse brûler... Il n'y a pas non plus de contre-indication qui
changerait le sens de l'article sur le fond pour dire que l'article serait
dénaturé. Alors, je ne vois pas de problème à ce
niveau-là pour le rendre irrecevable sur sa forme.
Le Président (M. Camden): M. le ministre, sur la
recevabilité.
M. Savoie: Oui, M. le Président. Alors, je veux que
ça soit très clair que la motion, officiellement, n'est pas
recevable à mes yeux, dans le sens qu'il y a une erreur, parce qu'il est
très clair que ça va à rencontre de l'article 192, 4°,
de façon formelle. On a des dispo- sitions très claires qui
disent qu'un bien confisqué est un bien qui appartient à
l'État, alors, en conséquence, c'est une motion qui doit
être présentée par le ministre. Compte tenu, M. le
Président, que ça provient du député de LaFontaine,
je la fais mienne, sa motion, et, en conséquence, je renonce à
l'opposition de recevabilité sur cette motion et je déclare que
je suis satisfait de l'orientation de recevoir cette motion.
Le Président (M. Camden): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
M. Chevrette: C'est quoi, ça? Qu'est-ce que ça veut
dire, ça? Vous dites qu'elle est irrecevable...
M. Filion: On n'a rien compris.
M. Chevrette: ...et vous dites que vous la faites
vôtre.
M. Savoie: C'est ça. Je dis que...
M. Chevrette: Ça mange quoi en hiver, ça, dire que
tu es contre après qu'une proposition est inscrite?
Une voix: Je peux l'expliquer.
M. Savoie: Non, c'est correct, je vais l'expliquer, là.
C'est beau, là, merci.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: C'est que 192, 4° dit qu'une motion portant sur la
vente des biens appartenant à l'État c'est une motion qui ne peut
être présentée que par un ministre.
M. Chevrette: Qu'est-ce que je t'avais dit? On en a une preuve,
là.
M. Savoie: Je vais terminer, là. On a des dispositions
très claires dans la loi, par exemple, l'article 308 dans le Code de
procédure pénal, qui dit qu'un bien confisqué est un bien
qui appartient à l'État. Mais, compte tenu du fait que c'est une
proposition du député de LaFontaine, et que je comprends bien le
sens de son intervention, et que, évidemment, on est
intéressé par son orientation, on va renoncer à la
non-recevabilité de la motion et...
M. Chevrette: En soi.
M. Savoie: Pardon?
M. Chevrette: Tu dis qu'elle est recevable.
M. Savoie: Oui, je dis qu'elle est recevable et, en
conséquence, je l'accepte, mais je ne voudrais pas laisser entendre que
je suis d'accord avec la motion. La
motion en tant que telle, per se, est recevable.
M. Chevrette: Écoutez, de deux choses l'une, M. le
Président. Je m'excuse là, mais, écoutez, vous ne me
passerez pas un petit Québec ni un petit sapin, j'ai vu neiger un petit
peu, là. Et, si tout ça est «gamiqué»,
là, il va se passer du poil dans la cabane, et tu vas mettre un
bâillon, et tu vas mettre tout ce que tu voudras, mais ce n'est pas vrai
que, à cette heure-ci, le ministre...
M. Savoie: Va faire quoi, là?
M. Chevrette: ...par un beau petit paquetage avant de cette
propre Assemblée, va venir décréter ici que c'est
irrecevable et qu'il la fasse sienne, et là il va renoncer à la
non-recevabilité, laissant l'entière responsabilité au
président de la rejeter.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: J'ai vu neiger avant ce soir.
M. Savoie: Non, non, non! On est d'accord à ce que ce soit
recevable, et je la laisse présenter. Là, vous sautez à
des conclusions qui sont totalement erronées.
M. Chevrette: Non, non, je ne tire pas des conclusions.
M. Gobé: Si je comprends bien, vous seriez d'accord avec
ce que je disais sur le fond.
M. Savoie: C'est ça.
M. Gobé: Donc, elle est recevable.
M. Savoie: Elle est recevable. Il n'y a pas de problème
avec ça. Vous sautez à des conclusions qui sont totalement
erronées.
M. Chevrette: Bien, c'est parce que tu commences ton argument en
disant qu'elle est irrecevable.
M. Savoie: Tout ce que je ne voulais pas, c'est que ce soit
enregistré comme disant que l'article 192, 4° a été
jugé recevable par le président, que j'étais d'accord et,
en conséquence, que j'acceptais de créer un
précédent dont je ne suis pas sûr. Alors, pour que
ça soit bien clair, c'est que, dans le but, justement, qu'il n'y ait pas
d'irrégularité, je dis que j'accepte la recevabilité de la
motion du député de LaFontaine sans renoncer au principe qu'il
pourrait y avoir un problème avec 192, 4°, parce que je la fais
mienne, sa motion, en même temps. Dans ce sens-là, je pense que le
président va être d'accord...
Le Président (M. Camden): Ne présumez pas. (23 h
30)
M. Savoie: ...que la motion est pleinement recevable et qu'on va
procéder avec un débat sur le fond, maintenant. C'est tout.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le député, tel que j'ai compris ce
qui se passe, le député de LaFontaine propose une motion à
l'heure actuelle. Le ministre dit, d'après lui, que la motion n'est pas
recevable en fonction de l'article 192, 4° parce qu'elle est
présentée par un député, c'est-à-dire parce
que, à ce moment-là, ça serait présumer qu'elle
puisse aliéner un bien qui est un bien du gouvernement. Mais, pour
pouvoir la récupérer, le ministre se fait lui-même aussi le
proposeur de la motion, et, à ce moment-là, comme l'article 192,
4° permet à un membre du gouvernement de pouvoir aliéner un
bien gouvernemental, l'objection qu'il pourrait y avoir sur la base de 192,
4e tombe automatiquement, et, à ce moment-là, toutes
les objections sur la recevabilité de la motion tombent
d'elles-mêmes. C'est bien ce que j'ai compris?
M. Savoie: C'est ça. C'est ça. M. Gautrin:
Merci.
Le Président (M. Camden): Alors, il n'y a pas d'autres
commentaires?
M. Savoie: C'est beau...
Le Président (M. Camden): Alors...
M. Savoie: ...sur le fond.
M. Gobé: Alors, merci...
Le Président (M. Camden): Un instant. Je n'ai pas rendu ma
décision encore, M. le député de LaFontaine.
M. Gobé: Excusez-moi, j'ai cru entendre... Le
Président (M. Camden): Des voix.
M. Gobé: C'est ça. Ce n'est pas le 8 mai, la
fête de Jeanne d'Arc, pourtant, mais...
Le Président (M. Camden): Alors, je vous indique que je
juge la motion recevable, et pour les mêmes motifs que la
précédente.
M. Savoie: Bon. C'est bien.
M. Chevrette: M. le Président, j'aimerais déposer
une proposition d'un sous-amendement, qui se lit comme suit: Ajouter,
après le mot «tabac», «au profit
d'organismes communautaires oeuvrant dans le secteur de la santé
et des services sociaux».
M. Gobé: Je pense que, avant de tenter un sous-amendement,
il faut peut-être débattre de l'amendement que...
M. Chevrette: Non.
M. Gobé: Ce n'est pas obligatoire? Je pensais qu'on devait
d'abord disposer...
M. Savoie: Non, c'est... On peut le débattre,
là.
M. Gobé: O.K., je comprends.
M. Filion: Alors, c'est recevable, M. le Président?
M. Savoie: Je vais demander au président. Excusez, c'est
le président qui...
M. Gautrin: Est-ce qu'on pourrait avoir le texte de l'amendement
pour qu'on puisse voir?
Le Président (M. Camden): En fait, je fais distribuer le
sous-amendement par ma secrétaire. Nous allons également vous
entendre sur le sous-amendement proposé par le député de
Joliette, afin que nous puissions juger et apprécier de la
recevabilité de ce sous-amendement.
M. Gautrin: M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir
une suspension de quelques minutes?
M. Filion: Non, non.
Le Président (M. Camden): Est-ce qu'il y a consentement
pour une suspension?
M. Filion: Non, M. le Président. Écoutez, la
recevabilité est là.
M. Savoie: Ça finit à minuit.
M. Gautrin: Non, attendez un instant. M. le Président,
est-ce qu'on peut suspendre pour qu'on regarde? On nous dépose un
sous-amendement...
M. Chevrette: Bien, écoute, on vient d'accepter la
tienne.
M. Gautrin: Un instant, là. Là, on va savoir si on
peut plaider sur la recevabilité du sous-amendement ou non.
M. Filion: Ça a été accepté, la
recevabilité.
M. Gautrin: Non, je m'excuse. Ce qui a été
accepté, c'est l'amendement.
M. Chevrette: Oui, mais, M. le Président, je peux plaider
tout de suite sur la recevabilité.
Le Président (M. Camden): Écoutez, si j'ai bien
compris, il n'y a pas de consentement pour suspendre.
M. Gautrin: Mais, d'habitude, le président peut,
d'autorité, suspendre.
Le Président (M. Camden): Bien là, écoutez,
moi, je suis disposé à entendre sur la recevabilité du
sous-amendement qui est sur la table et, si besoin est, je suspendrai pour
prendre ma décision.
M. Chevrette: Oui. M. le Président, je vais plaider sur la
recevabilité.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Joliette, sur votre motion.
M. Chevrette: Tout d'abord, M. le Président, vous avez
accepté tantôt comme motion recevable que le produit de la vente
aille à des organismes de santé et de charité. Vous allez,
là, exactement dans la continuité de ce qui a été
fait, où ça doit déboucher. Si c'était acceptable
dans la motion d'amendement tantôt, comme sous-amendement à la
motion présente, on ne peut pas être incohérent à ce
point de l'accepter dans un amendement préalable sur lequel vous avez
permis un débat de fond... Il ne fait que dire où ça va.
Ça ne change en rien la teneur du principe lui-même de
l'amendement qui en dispose selon des règlements, mais, nous, on dit:
Oui, par règlement, il n'y a pas de problème, mais au profit des
organismes communautaires oeuvrant dans le secteur de la santé et des
services sociaux. C'est tout à fait dans la même lignée que
l'amendement antérieur sur lequel on a eu une discussion.
Et plus que ça, M. le Président, l'intention du
député de LaFontaine et je voudrais bien qu'il
m'écoute dans son exposé et même dans sa plaidoirie
sur le fond de mon amendement, la finalité de son amendement, c'est que
ça aille aux organismes communautaires puis des services de santé
et des services sociaux. Donc, le ministre et je veux attirer
l'attention précisément du député de LaFontaine
ne voulant pas mettre la finalité de la disposition des biens,
s'en remet donc à son pouvoir en vertu de 16.3 de l'article de la loi du
ministère du Revenu, qui, lui, dit que ce ne sont que les produits non
réclamés aux enchères ou les biens non
réclamés aux enchères qui vont aux organismes. Il a
introduit la notion d'une disposition qui permet donc ou la vente ou de
brûler, mais, en mettant «au profit...», M. le
Président, là, je pense que le ministre qui devra en disposer
devra le faire en fonction des organismes communautaires et des services de
santé et services sociaux.
M. Gautrin: M. le Président.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Je vais plaider contre
la recevabilité.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Je vais vous expliquer pourquoi.
M. Chevrette: II n'en est pas à une contradiction
près, lui.
M. Gautrin: Non, non, mais c'est vous qui n'êtes pas
à une contradiction près. Alors, vous allez écouter 2
minutes. M. le Président, comment peut-on disposer par règlement
au profit d'organismes communautaires oeuvrant dans le secteur de la
santé et des services sociaux, alors qu'un des moyens de disposer
et je pense que vous ne l'avez jamais refusé est de brûler
ou de détruire? Donc, on ne peut pas détruire au profit
d'organismes communautaires oeuvrant dans le secteur de la santé et des
services sociaux. Ça ne voudrait rien dire, M. le Président, de
dire: Je détruis au profit...
M. Chevrette: Bien, tu le vendras.
M. Gautrin: Non, non, mais attendez un instant. On a bien dit que
la manière d'en disposer, c'était soit de détruire, soit
de vendre, soit de faire autre chose. Je vois mal comment, M. le
Président et je vous demande de réfléchir
réellement à la logique du texte on peut détruire
au profit d'organismes communautaires oeuvrant dans le secteur de la
santé et des services sociaux. Je pense que ça ne veut rien
dire.
M. Filion: C'est très bon.
M. Chevrette: C'est la première fois que tu le trouves
bon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Non, non, c'est très bon, très bon.
M. Gautrin: Donc, M. le Président, je pense que c'est non
recevable parce que ça ne tient pas debout.
M. Filion: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Montmorency.
M. Filion: ...je pense qu'il faut voir au sous-amendement quelque
chose de très simple. C'est de remettre dans le texte le sens que le
député de LaFontaine voulait donner...
M. Gautrin: Par le mot «détruire».
M. Filion: On ne l'a pas mis, le mot
«détruire». C'est vous qui avez changé
«détruire» pour «disposer». Ce n'est pas nous.
C'est vous qui l'avez changé le mot «détruire» pour
«disposer». Écoutez, là, ce n'est pas nous qui
l'avons fait, c'est vous. Nous, on fait un sous-amendement pour remettre
l'angle de réutilisation.
Le Président (M. Camden): Alors, s'il vous plaît,
veuillez vous adresser à la présidence.
M. Filion: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Je rappelle aux membres de la
commission que le député de Montmorency a actuellement la
parole.
M. Filion: Merci, M. le Président. M. le Président,
moi, je retiens des mots clés que vous avez donnés lorsque vous
avez accepté ce nouvel amendement. Vous avez dit: Je le juge recevable
sur les mêmes bases que le premier jugement que j'ai rendu de
recevabilité. Alors, à toutes fins pratiques, vous avez
accepté sur la même base la recevabilité de ce
deuxième amendement, comme vous l'avez fait au niveau du premier
amendement, M. le Président. Et le premier amendement avait un sens qui
était très simple, un sens de récupérer les sommes
au profit du monde de la santé. Et, là, tout ce qu'on fait, c'est
qu'on remet l'angle. On remet simplement l'angle. On a changé le mot
«détruire» pour «disposer». Nous, on veut
l'angle de récupérer les fonds pour le monde de la santé,
et c'est tout, M. le Président. C'est sur les mêmes bases, comme
vous l'avez dit tout à l'heure, de recevabilité. Alors, pour
nous, on replace le débat où il était.
M. Gautrin: Vous ne pouvez pas détruire au profit de
quelqu'un.
M. Chevrette: Bien, détruire, c'est ça. (23 h
40)
M. Filion: On peut disposer...
M. Chevrette: Tu dis: Disposer au profit de. Tu fais tout pour
qu'il y ait des profits en faveur de. C'est tout.
(Consultation)
Le Président (M. Camden): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires à formuler sur la recevabilité? Alors, je suspends
pour quelques instants nos travaux pour que je puisse prendre une
décision et rendre ma décision.
(Suspension de la séance à 23 h 41)
(Reprise à 23 h 48)
Le Président (M. Camden): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux. J'indique aux membres que, actuellement,
les députés sont appelés à un vote à
l'Assemblée, dans la salle de l'Assemblée. Alors, si le vote est
terminé avant minuit, nous reprendrons nos travaux et, s'il advenait que
le vote ne soit pas terminé à minuit, nos travaux, à moins
qu'il y ait un consentement pour dépasser l'heure, seront
ajournés sine die. Ça va?
M. Gobé: C'est bien.
Le Président (M. Camden): Là-dessus, je suspends
nos travaux en fonction des... Il y a consentement à cet effet?
Des voix: Consentement.
Le Président (M. Camden): Très bien, consentement.
La décision sera rendue ultérieurement.
Des voix: ...
Le Président (M. Camden): Alors, considérant qu'il
est 23 h 49, est-ce qu'il y a consentement pour que la commission du budget et
de l'administration ajourne ses travaux sine die?
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Camden): Consentement. Alors, les travaux
sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 23 h 49)