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(Onze heures quarante et une minutes)
Le Président (M. Audet): S'il vous plaît! La
commission du budget et de l'administration est réunie afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 90, Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur le tabac, la Loi sur
le ministère du Revenu et d'autres dispositions législatives
d'ordre fiscal.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui. M. Després (Limoilou) est
remplacé par M. Philibert (Trois-Rivières); M. Holden (Westmount)
est remplacé par M. Chevrette (Joliette); M. Lazure (La Prairie) est
remplacé par M. Blais (Mas-son).
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, nous allons
débuter. Est-ce qu'il y a des remarques préliminaires? M. le
ministre?
Remarques préliminaires M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Oui, M. le Président. Permettez-moi tout
d'abord de saluer mes collègues de l'Assemblée nationale, de
même que les membres de l'Opposition.
J'aimerais vous présenter les gens qui vont nous accompagner pour
les travaux sur le projet de loi 90. Alors, je suis accompagné de Me
André Brochu, qui est le sous-ministre adjoint, Direction
générale de la législation, au ministère du Revenu.
De la Direction des taxes, il y a Me Serge Bouchard, qui en est le directeur,
et Me Louis Poulin. De la Direction des oppositions, des appels et des affaires
juridiques, il y a Me Jacques Pinsonnault, que vous connaissez sûrement,
Me Alain Hudon et Me Marie-Nicole Ragusich. De la Direction de la
rédaction des lois et des règlements, évidemment, il y a
Me Hubert Gaudry, qui nous accompagne d'une façon
régulière. Nous accompagnent également, de la Direction
générale de la perception, MM. Marcel Turgeon et Jean
Dussault.
M. le Président, je pense que, sur le projet de loi 90, on a eu
l'occasion de faire plusieurs commentaires. Je voudrais souligner, pour les
fins de la bonne conduite de ce projet de loi, qu'il y a effectivement une
série d'amendements qu'on traitera au fur et à mesure que nous
allons avancer. Bien sûr, je pense que les mécanismes qui sont
prévus, de même que la hausse des amendes et les
éléments qui sont traités dans le projet de loi
qui, finalement, ne contient, je crois, que 51 articles sont connus,
étant donné que nous avons eu l'occasion, à plusieurs
reprises, d'en discuter les éléments. Il s'agit essentiellement
de modifications à la Loi concernant l'impôt sur le tabac,
à la Loi sur le ministère du Revenu et d'autres dispositions
législatives accessoires.
Je constate que l'Opposition est venue en force, il faut croire qu'il se
«brew» quelque chose. J'ai hâte de voir la tournure des
événements. J'espère que les 3 membres de l'Opposition
sont ici dans un but construc-tif, et, si ce n'est pas le cas, on va
prendre...
Une voix: Faites votre job, on va faire la nôtre!
M. Savoie: Bien, écoutez, ça commence bien, en
maudit! Je suis en train de faire un discours, et il va m'interrompre
bêtement,, comme c'est son habitude. Tout ce que je suis en train de vous
dire, c'est que j'espère que vous allez utiliser le mécanisme de
la commission à bon escient, et si ce n'est pas le cas, à ce
moment-là, on pourrait s'y prendre autrement.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre. M. le
député de Montmorency.
M. Jean Filion
M. Filion: Merci, M. le Président.
J'aimerais également saluer les représentants du
ministère et rassurer le ministre du Revenu sur la bonne collaboration
de l'Opposition, M. le Président. Si, effectivement, il y a plusieurs
représentants, c'est très simple. C'est un projet que l'on
considère majeur, important, pour essayer d'étudier ensemble
comment on peut arriver à freiner et à contrecarrer tout le
phénomène de la contrebande du tabac. Si, vraiment, l'Opposition
est bien représentée, c'est qu'on considère de
façon très sérieuse toute cette
problématique-là. Je pense que les débats vont se faire de
façon très constructive. Je veux immédiatement rassurer le
ministre du Revenu que nous sommes ici pour étudier le projet de loi,
faire en sorte d'y apporter des corrections et un support pour qu'on puisse,
ensemble, trouver la solution, une solution ou tendre vers des solutions.
Alors, M. le Président, comme remarques préliminaires...
Vous savez, on se retrouve ici, en commission parlementaire, pour
étudier un projet de loi, le projet de loi 90, Loi modifiant la Loi
concernant l'impôt sur le tabac, la Loi sur le ministère du Revenu
et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal, qui vise
particulièrement, pour cette fois-ci... Jusqu'à maintenant, on
avait toujours des petites bribes à travers les projets de loi,
c'est-à-dire qu'on a étudié, à travers le
temps... Je me souviens, les projets de loi 58 et 70 en parlaient
très peu, mais apportaient des correctifs pour essayer de mettre fin
à la contrebande du tabac. Je pense que c'est la première fois
que le législateur nous apporte un projet de loi qui, à toutes
fins pratiques, ne vise qu'à mettre fin ou à créer des
mesures fiscales pour dés inciter la contrebande sur le territoire
québécois.
M. le Président, ce n'est pas un phénomène qui est
récent. C'est un phénomène qui remonte, du moins, au
début de 1988, janvier 1988, où on a commencé
effectivement à avoir des indices, des indices d'évasion fiscale
sur le territoire québécois. On avait formé, à
l'époque, un comité interministériel qui s'y était
penché pour, justement, commencer à étudier les
alternatives pour contrer la contrebande du tabac. Alors, ça remonte
à 1988. Je vous ferais remarquer, M. le Président, que, de 1988
à aujourd'hui, il s'est écoulé plus de 5 ans avant qu'on
ne voie, nous, les parlementaires, un projet de loi pour enfin commencer
à mettre des pressions pour arrêter ce
phénomène.
Alors, de 1988 à aujourd'hui, il s'est écoulé 5
ans. On a vu, à travers ces 5 années, non seulement le
phénomène grandir, mais on a assisté à une
politique de l'autruche, M. le Président, une politique de l'autruche,
dans le sens suivant: l'évasion fiscale, dès 1988, était
déjà en place, pour la simple raison qu'on avait commencé
à augmenter les taxes depuis 1985. Depuis 1985 que le gouvernement du
Québec et le fédéral, ensemble, augmentaient les taxes au
niveau du tabac. L'indice d'évasion fiscale est arrivé au
début de 1988. Là, nous sommes maintenant en 1993, et on a un
premier projet de loi.
M. le Président, ce qui est un peu ridicule, en même temps,
c'est que, depuis 1988, on a continué, même si on était
conscient de la contrebande du tabac, à augmenter les taxes au
fédéral et au Québec. Bien entendu, non seulement le
comité interministériel n'a rien résolu, mais on a
continué, en pensant, avec des oeillères, que ça se
résorberait seul, le phénomène. C'est impossible, M. le
Président.
Toute la problématique de la contrebande du tabac est une
question de taxe, uniquement de surtaxation du produit. Je pense que le projet
de loi qu'on a devant nous n'a pas vraiment regardé la
problématique du tabac sous l'angle de la surtaxation. On aura
l'occasion, sûrement, de voir plus tard comment ce projet de loi peut,
à toutes fins pratiques, n'être qu'un coup d'épée
dans l'eau.
M. le Président, on a augmenté les taxes à partir
de 1988. On a continué d'augmenter la taxe sur le tabac et on a cru, en
1992 début 1992, janvier 1992 que le
phénomène de la contrebande pouvait être stoppé,
arrêté, contrecarré par une police du tabac. On se
souviendra, en janvier 1992, le ministre annonçait sa police du tabac,
qu'il croyait la solution pour mettre une pression sur la contrebande et
peut-être les forcer à reculer au niveau de ce fléau
social. Qu'est-ce que ça a eu comme résultat, M. le
Président? Ça a eu comme résultat que la police du tabac
n'a absolument rien, rien, rien donné. au contraire, en 1992, au moment
où la police du tabac était en force, la contrebande, au
québec, a augmenté de 112 % par rapport à 1991. il y a eu
explosion de la contrebande du tabac pendant la durée et pendant le
temps où la police du tabac était effectivement en force et
opérait sur le territoire.
Cette police-là a coûté, bien sûr, des sommes,
des millions de dollars à l'État, mais n'a absolument rien
donné au niveau du résultat et de l'objectif recherchés.
Je pense qu'aujourd'hui on nous présente un nouveau projet de loi qui
continue dans la même optique d'une police du tabac, c'est-à-dire
qu'on vient augmenter les pénalités aux consommateurs, des
pénalités quand même importantes, et on vient augmenter
également les pénalités, jusqu'à 500 000 $, au
niveau des transporteurs et des vendeurs de cigarettes illégales.
Toute cette législation repose, à toutes fins pratiques,
sur une espèce d'augmentation de la présence policière sur
le territoire. Pour arriver à contrôler ce genre de mesure, il n'y
a qu'une seule façon, M. le Président, c'est d'arriver vraiment
à avoir une surveillance accrue du monde policier, pour mettre fin
à ce fléau social. (11 h 50)
M. le Président, si, au moins, la police du tabac de 1992 avait
eu des effets vraiment intéressants, on aurait pu, à toutes fins
pratiques, se questionner sur la pertinence de ce projet de loi et dire: Bon,
si, effectivement, la police a donné certains résultats,
peut-être que les pénalités qu'on veut augmenter ici
pourraient désin-citer la contrebande à s'exercer sur le
territoire. Mais ça n'a pas été le cas. La contrebande a
augmenté de 112 % par rapport à 1991. Inutile de vous dire que ce
genre d'approche, pour mettre fin au fléau de la contrebande du tabac,
est une approche qui, à mon sens, M. le Président, ne peut que
créer davantage d'agressivité chez les consommateurs. C'est une
approche où les gens vont se sentir agressés, où les gens
vont se sentir un peu les dindons de la farce, parce qu'ils savent pertinemment
que ce n'est pas à ce niveau-là que doivent s'exercer nos mesures
fiscales.
Je pense que notre fiscalité est en train de dévier d'une
façon magistrale. Nos règles fiscales n'ont pas besoin de
présence policière pour être appliquées. À
partir du moment où une loi fiscale mérite, dans un contexte
occidental, une police pour appliquer la mesure fiscale, c'est qu'elle n'est
pas bonne. M. le Président, la mesure fiscale doit être
corrigée. On n'est pas dans un système où, ici, en
Amérique, on a besoin de la présence policière pour faire
appliquer une mesure fiscale.
Alors, à partir du moment où cette mesure-là
demande l'intervention policière, c'est qu'elle doit être revue en
profondeur, elle doit être changée, elle doit être
modifiée. Sinon, M. le Président, nous allons non seulement
permettre que la contrebande du tabac prenne encore une explosion plus grande,
mais nous allons en même temps inciter d'autres secteurs de
l'économie à en faire autant. Les gens vont se sentir
traités de façon inéquitable, traités de
façon inacceptable. Il faut prendre
le temps d'écouter. Les députés, ici, autour de
cette table, je pense que, s'ils écoutent le moindrement ce qui se
passe, ce que les gens pensent de ces mesures-là, ils vont être
d'accord avec moi pour dire, M. le Président, que la police du tabac et
la présence policière accrue, qui vont découler de ce
projet de loi là, à toutes fins pratiques, ne peuvent pas
régler et ne régleront pas la contrebande du tabac.
Non seulement ça, M. le Président, mais le résultat
mathématique des données financières. Le budget
déposé le 20 mai, le mois dernier, confirmait que, l'an dernier,
on a perçu 410 000 000 $ de taxes au lieu de 628 000 000 $, tel que
prévu. Avec l'annonce du 23 avril, M. le Président, où,
vraiment, on s'en allait vers une... En augmentant les pénalités,
on pensait qu'on mettrait une pression sur la contrebande. Écoutez bien:
l'an prochain, on va percevoir encore moins d'argent. On a perçu 410 000
000 $, l'année dernière, avec la taxe spécifique sur le
tabac. L'an prochain, on va en percevoir 360 000 000 $.
Ça veut dire quoi, M. le Président? Ça veut dire
que le projet de loi qu'on va étudier ensemble ne donne aucun
résultat, pour ce qui est de freiner la contrebande du tabac. Au
contraire, la contrebande du tabac va être encore plus importante, parce
qu'on va perdre effectivement 50 000 000 $ de deniers additionnels, l'an
prochain, même avec le projet de loi 90, où on veut intensifier la
présence policière. Alors, M. le Président, ça veut
dire quoi? Ça veut dire que le projet de loi qu'on a devant nous ne peut
absolument pas atteindre l'objectif visé.
Tout ce que ça va faire, c'est que ça va créer une
tension beaucoup plus grande dans la population, et les gens vont se sentir
agressés. Quand une population se sent agressée, comme elle se
sent actuellement comme on dit, ils ont les nerfs à fleur de peau
les gens vont se retourner vers d'autres secteurs d'activité. Ils
vont chercher à se racheter dans d'autres secteurs d'activité.
Ils vont chercher à éviter à un autre niveau la taxe, peu
importent les taxes, pour se faire une espèce de justice fiscale, parce
qu'ils considèrent que le tabac a atteint une proportion
déraisonnable.
À New York, on taxe un paquet de 25 cigarettes, M. le
Président, 0,80 $. Sur un paquet de 25 cigarettes, tu paies une taxe de
0,80 $ sur le tabac. Ici, au Québec, sur le même paquet de
cigarettes, de 25 cigarettes, on atteint 4,60 $ de taxes. Vous avez un
écart de 3,80 $, M. le Président, entre les 2 États. C'est
ça qui crée l'incitatif de profit. Quand la mécanique de
la contrebande du tabac réussit à acheter le tabac au
Québec, hors taxes, parce qu'on se prévaut des mesures
d'exonération qui existent au niveau des réserves autochtones et
au niveau du marché ou des produits vendus aux États-Unis, on
vient éviter justement l'écart de taxes de 4,60 $, qu'on a ici,
au Québec. C'est ce qui permet aux contrebandiers de créer,
à toutes fins pratiques, leur profit, leur pain et leur beurre.
Dans ce sens-là, M. le Président, tout ce
phénomène-là a créé, chez nous, au
Québec, une perte de revenus importante au niveau des petits
dépanneurs. On sait, M. le Président, qu'ils ne vendent plus de
cigarettes. Ils ne vendent plus de cigarettes de façon légale.
Plusieurs m'ont appelé pour me dire: M. Filion, on est obligés de
songer à vendre des cigarettes en contrebande, parce que, de toute
façon, on n'en vend plus de façon légale. Si on ne vend
pas de cigarettes en contrebande, bien, c'est notre commerce qui va y passer.
C'est un profit important pour les petits dépanneurs, et ces
gens-là se trouvent un peu contraints à jouer le rôle de
contrebandier ou de conspirateur en présence d'un
phénomène social.
Ça, M. le Président, ce n'est pas leur faute à eux.
C'est la faute de notre système de taxation qui, à toutes fins
pratiques, est complètement déplacé quant à la
taxation du tabac. Tout ce qu'on nous a dit en cette Chambre, et pour reprendre
un peu les propos du ministre, c'est que, lui, étant donné qu'il
n'avait pas l'appui d'Ottawa, il ne pouvait pas, il ne pouvait pas faire autre
chose que d'intensifier ces pénalités.
M. le Président, moi, je pense que je me serais attendu à
autre chose du ministre du Revenu, du premier ministre ainsi que du ministre
des Finances. Ils auraient dû non seulement décrier cette
situation, mais... Le fédéral, qui laisse tomber le Québec
dans un dossier comme celui-là, je trouve ça indécent. Je
trouve ça indécent que le système fédéral,
qui est conscient qu'il y a 49,3 % de la contrebande qui se passe au
Québec, où les 2 paliers perdent, en 1992, 1 600 000 000 $ de
deniers publics, laisse tomber le Québec, carrément, et lui dise:
Écoute, arrange-toi avec tes problèmes. Nous, on ne participera
pas à une politique fiscale qui pourrait effectivement désinciter
les contrebandiers et, enfin, les sortir du circuit économique. Au
contraire, il n'a rien fait au dernier budget. Il a laissé le
Québec pour compte. Il a dit: Maintenant, toi, bien, vas-y. Fais ce que
tu peux. Tout ce qu'il lui restait à faire, le ministre du Revenu,
c'était d'intensifier la présence policière sur le
territoire. On n'en a vraiment pas besoin, M. le Président. Ce n'est pas
de ça qu'on avait besoin, dans ce dossier-là, pour mettre fin
à ce phénomène.
Ottawa, je pense que le système fédéral... Je pense
que les députés libéraux vont devoir, à un moment
donné, comprendre que le système fédéral, où
il est rendu actuellement, ne donne vraiment rien, mais vraiment rien
d'intéressant pour le Québec, que c'est une
fédération qui est complètement cassée sur le plan
économique et que c'est une fédération qui laisse les
dossiers pourrir, au lieu de venir aider les provinces qui, effectivement, sont
aux prises avec des problèmes aussi majeurs que celui de la contrebande
du tabac.
Je me serais attendu, de la part du gouvernement en place, M. le
Président, à ce qu'on décrie largement ce
phénomène-là sur la place publique et qu'on mette vraiment
surtout que ces gens-là vont être bientôt en
élection... On aurait pu profiter du momentum au Québec pour
faire une pression publique beaucoup plus grande sur Ottawa. Si on l'avait
vraiment fait, je pense que ça aurait aidé la participation
d'Ottawa dans ce
dossier-là. Effectivement, le ministre du Revenu, il a raison
quand il dit qu'il ne peut pas agir seul, c'est vrai, mais je pense qu'il
aurait pu agir quand même pour forcer la main de ce gouvernement central
qui, à toutes fins pratiques, dessert le Québec. Vous avez un cas
patent, et quand vous dites...
Moi, M. le Président, depuis que je suis membre de cette
Assemblée nationale, je me souviens, quand on en parlait, il disait
toujours: C'est des cas théoriques. La fédération,
ça fonctionne. Ça ne fonctionne pas, la fédération,
M. le Président. Vous avez un exemple aussi patent que celui de la
contrebande du tabac, où ils auraient dû intervenir sur le plan de
la fiscalité, pour faire vraiment une équipe conjointe, pour
mettre des mesures en place et pour désinciter le profit des
contrebandiers, M. le Président.
Un autre problème, aussi, que je vois dans ce dossier-là,
et qui ne fait pas partie non plus d'une approche pour mettre une pression et
arrêter la contrebande du tabac, c'est toute la question des
réserves autochtones, M. le Président. La question des
réserves autochtones, vous le savez, dans le scénario, elles
jouent un rôle important. Il y a beaucoup de produits du tabac qui
circulent sur le territoire autochtone. À certains endroits, ils sont
entreposés; à d'autres endroits, ils circulent, pour pouvoir
desservir le Québec ou y être distribués. Je pense, M. le
Président, que je me serais attendu, au moins, à une
espèce d'entente fédérale-provinciale, où ils
auraient vraiment mis une pression, mais une vraie pression de saisies en
réserves autochtones, où on aurait commencé,
effectivement, à faire comprendre que les réserves indiennes
doivent arrêter ce stratagème, doivent arrêter de participer
à ce stratagème de contrebande du tabac. (12 heures)
Alors, le projet de loi qu'on a devant nous, M. le Président, ne
nous donne absolument rien, concernant toute la problématique des
réserves autochtones, pour en arriver à faire des saisies
conjointes, à mettre une pression vraiment importante sur ceux qui
participent, à toutes fins pratiques, à ce fléau social
qui est devenu un fléau économique incroyable. Depuis les
années trente, M. le Président, moi, je suis quand même
relativement... je ne suis pas très... mais de ce que je comprends du
problème actuel, c'est que tout le monde est d'accord pour dire qu'il a
atteint des proportions aussi graves que celui qu'on vivait au niveau des
années trente avec le problème de la boisson, M. le
Président.
Une voix: La prohibition.
M. Filion: La prohibition. Je pense qu'il va falloir trouver des
solutions assez rapides, parce que ce phénomène, il est
exponentiel et, en même temps, il se retrouve comme effet multiplicateur
dans la société. Imaginez-vous nos jeunes, aujourd'hui, qui ont
accès comme jamais au tabac, parce qu'on paie la cartouche 25 $ sur le
marché de la contrebande, 22 $, 23 $, dé-pendamment de la
concurrence qui se fait entre les contrebandiers. Ces jeunes, M. le
Président, ont accès plus que jamais à la consommation du
tabac. Je pense qu'on doit arrêter ça, parce que non seulement on
leur donne accès à un prix ridicule, pour les habituer à
cette forme de drogue, mais aussi on leur donne un exemple que la contrebande,
c'est légitime dans notre société. Imaginez-vous
l'éducation qu'on donne à nos jeunes avec ce
phénomène qui, à toutes fins pratiques... Qu'est-ce qu'ils
vont finir par penser du système en général? C'est
très grave, parce que c'est l'effritement de la confiance
économique. C'est l'effritement du système économique, M.
le Président.
Ce dossier, actuellement, fait très mal au Québec. Je
pense que, si on ne trouve pas des solutions rapides, ou qu'on ne met pas des
pressions où elles doivent être mises, rapidement, M. le
Président, bien, on va assister, au Québec, à un
effritement économique encore plus grand et, l'an prochain, on aura
encore plus de difficultés à faire l'équilibre de nos
finances publiques. Je pense que ce sera un peu la responsabilité de
chacun des parlementaires d'avoir...
M. le Président, je sais que mon temps est écoulé.
Je pense qu'il appartient à chacun de nous, quelque part, de participer
à ce débat, qui est un débat de fond important, majeur
pour la société, au Québec. Moi, M. le Président,
je rassure encore une fois le ministre du Revenu qu'on est ici pour discuter
d'une façon très sérieuse et consciencieuse sur le projet
de loi 90 et des conséquences pour la société du
Québec.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Masson. Vous avez 20 minutes.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président.
Ah! je ne dis pas que je vais prendre mes 20 minutes, M. le
Président, nécessairement, mais j'aurais quelques remarques
préliminaires.
M. le Président, la période de récession est
toujours, pour la population, pour ses gouvernants, pour l'ensemble d'une
population en général et pour tous les agents économiques,
une période de ciel sombre. Dans ces périodes de ciel sombre
économique, nous avons normalement droit, comme le peuple du
Québec a normalement droit, à un arc-en-ciel, à un moment
donné, dans la vie fiscale. Nous n'avons, encore là, aucune
apparence d'arc-en-ciel, que la tempête achève. C'est encore un
projet noir, un projet qui se meurt de désespoir, à un point tel
que ce projet de loi est sur la table à cause de la
désobéissance fiscale qui fait loi sur le territoire
québécois. C'est incroyable, c'est l'anarchie fiscale sur le
territoire québécois.
Pourquoi il en est ainsi? Il en est ainsi pour 2 choses principales:
quand on matraque de taxes, de façon presque éhontée, la
population, et que, pour compenser, on n'a pas la force ni la
responsabilité de faire
appliquer les lois que l'on a nous-mêmes instituées comme
gouvernement, et qu'on arrive une autre fois avec un projet de loi qui vient
certifier, qui vient nous dire que le gouvernement ne prend pas ses
responsabilités de ce côté, plutôt que de les
prendre, il vient rematraquer encore plus fort ce qu'il a fait.
Nous avons chargé des taxes excessives, des taxes inacceptables
dans la société. Nous n'avons pas de volonté ni de plan de
faire respecter la loi de l'impôt sur le territoire
québécois, dans tous les domaines. Vu qu'on ne peut pas, ou
à peu près pas, on va dire que ceux qu'on va prendre, les
fraudeurs, on va leur charger des amendes excessives. Ça, c'est de
un.
De deux, on met toute la population en demeure de payer ses taxes, en
amenant un article, la création d'une nouvelle infraction lorsqu'une
personne a en sa possession... En sa possession, une personne! On n'a pas de
loi, comme ça, qui touche directement une personne. Si, moi, j'avais un
paquet de cigarettes, après le passage de cette loi-là, qui
venait... On ne parle pas «des» réserves autochtones, il y a
«une» réserve autochtone qui fait de la fraude de
cigarettes. Il y en a rien qu'une. Par respect pour les autres, il y en a une
seulement. Si j'avais un paquet qui venait de cette réserve, et bien,
moi, je suis passible d'une amende extrême. C'est la première fois
qu'on va chez l'individu, matraquer, matraquer une amende de cette
façon.
Le gouvernement est désespéré. Il est
désemparé. Il ne sait plus où aller. Cette loi-là,
elle brime beaucoup de libertés en soi, parce qu'elle est
inspirée d'un manque de responsabilité et d'initiative. Le
gouvernement est en désarroi à cause de la dette et à
cause de son déficit. Plutôt que de se servir de son imagination
et d'avoir des plans de relance productifs amenant des revenus au gouvernement,
de un, il n'a aucun esprit d'initiative pour avoir une relance
économique et avoir plus de revenus; de l'autre côté, avec
ces taxes excessives, il ne prend pas les moyens normaux pour aller chercher
son dû. Devant ça, il matraque davantage.
M. le Président, si on regarde les notes préliminaires, il
y a ce point-là, «la création d'une nouvelle infraction
lorsqu'une personne a en sa possession, à des fins de consommation, du
tabac acquis illégalement». Aller directement à la
personne... Il y a très peu de lois qui vont directement à la
personne, très peu. Ça, c'est quand on est rendu à
l'extrême, à l'extrême! C'est presque avouer son manque de
capacité, aller à l'extrême comme ça.
Il y a une autre chose. Dans notre justice, actuellement, les pellicules
photographiques, ça ne tient pas lieu de preuve. Dans cette
loi-là, on vient changer, on vient changer les preuves, en justice, en
parlant de «l'introduction de mesures relatives à la reproduction
de documents sur pellicules photographiques et aux règles de preuve
applicables aux documents ainsi reproduits». Je ne sais pas quel est
l'avis du contentieux, que vous avez eu, du ministre de la Justice sur
ça, mais c'est un précédent qu'on voit dans très,
très peu de lois, très, très peu de lois, et ça
vient changer le cours normal de notre justice, au Québec.
Aussi, pour qu'un gouvernement, qui charge des taxes excessives, puisse
percevoir ces taxes excessives, et quand il y a 2 paliers de gouvernement en
cause, il faut qu'il y ait absolument une collaboration entre les 2 paliers.
Sinon, la cueillette des taxes est impossible. On se rend compte, depuis un an
et demi, 2 ans, que, malgré tout ce que l'on dit en Chambre et tout ce
que soit le ministre de la Justice, le ministre du Revenu ou le ministre des
Finances, quand ils en parlent, nous disent, qu'ils sont en discussion avec
Ottawa, ça veut dire qu'il n'arrive rien et qu'il n'y a pas de
collaboration. Pourquoi il n'y a pas de collaboration?
C'est incroyable! Devant ça, on invente un article, ici, que je
n'aime pas du tout on en parlera quand le temps arrivera:
«L'introduction d'une disposition en vertu de laquelle un accord conclu
entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec pour la
perception de droits prévus par une loi fiscale peut prévoir la
possibilité pour le gouvernement du Canada de conclure toute entente
avec un tiers visant à faciliter l'application d'un tel accord».
Ça veut dire que le gouvernement du Québec, devant le
gouvernement d'Ottawa, ne serait pas considéré comme la personne
valable. On se servirait d'un tiers entre les deux parce que les deux ne
peuvent pas s'entendre. Voyons! Bien voyons! C'est avouer que les 2 paliers de
gouvernement ne peuvent pas se parler ou qu'il y a un manque flagrant de
volonté devant Ottawa de s'entendre avec Québec de façon
directe. Le tiers, ça va être qui? Qui va être à la
place du Québec, en fait, parce qu'on dit que c'est le gouvernement
d'Ottawa qui va trouver un tiers pour essayer de faire appliquer une entente
quelconque. Bien voyons! C'est beau d'avouer qu'on a de la difficulté
à s'entendre avec l'autre palier de gouvernement, mais y aller de
façon aussi draconienne! (12 h 10)
Souvent, on dit, nous, ici, plusieurs personnes et les consommateurs,
etc.: Baissez la taxe! Le gouvernement, s'il décide de ne pas la
baisser, il en a le droit. Il en a le droit. On peut dire que les fumeurs
je suis un fumeur coûtent au moins le double et même
le triple, ça coûte au moins le double ou le triple, pour soigner
ceux qui sont malades de la cigarette, du montant de la taxe perçue.
Ça, je suis d'accord avec ça. Le fumeur, lui, en
réalité, du côté social, ne paie pas encore assez.
Je le sais. Ça, je le sais. Je le sais, ça. Mais ça ne
veut pas dire, à cause du contexte... On a un voisin, mais quel voisin!
On n'a que 1 voisin. On n'en a que 1, comme pays, pour le moment. On en aura 2
bientôt. Nous n'en avons que 1, mais quel voisin, les États-Unis!
Eux ont moins de responsabilités sociales que ce qui existe sur le
territoire canadien et québécois, en général.
À cause de ce manque de partage de responsabilités devant leur
population, ils chargent moins de taxes aux États-Unis, parce que les
gens ont moins d'acquis sociaux, disons, pour ne pas en parler pendant des
heures. Ce n'est pas la place.
Si, nous, parce que nous avons un peu plus le
respect des personnes, nous chargeons des taxes supplémentaires
sur l'essence et le tabac... Si on prend des engagements sociaux, puis qu'on
veut que les acquis de la population soient protégés, il faut
qu'on ait aussi une façon directe de collecter notre dû. Ce n'est
pas avec une loi matraque, pour le peu que l'on prend. Moi, ils me font rire.
Cette loi me fait rire: «l'augmentation de l'amende maximale qui peut
être imposée à l'égard de certaines
infractions». On fait passer ça jusqu'à 500 000 $. Je suis
bien d'accord, mais quelqu'un qui fraude, ceux que vous poignez... Le
problème qui est en discussion, c'est que vous n'en poignez pas. Vous en
poignez 1 de temps en temps. On dit qu'ils opèrent jusqu'à 1 000
000 000 $ par année avec ça, les 2 gouvernements ensemble.
Le critique de cette loi disait une chose effrayante, en fait, quand on
y pense, tellement effrayante par sa véracité. Cette
année, le gouvernement a perdu beaucoup d'argent. Le ministre du Revenu
arrive avec une loi qui est censée permettre au ministre du Revenu de
percevoir plus cette année. C'est à ça que doit servir
cette loi-là. Il admet, dans son budget, qu'il va en avoir encore moins.
Mais c'est épouvantable! Ça veut dire que la loi, par le cabinet,
par le ministre des Finances, est perçue comme strictement inutile.
Ça fait frémir! Ça fait frémir! Ça veut dire
que, dans les notes explicatives, «l'augmentation de l'amende maximale
qui peut être imposée à l'égard de certaines
infractions», elle va être multipliée, oui, elle va
être multipliée, l'amende, elle-même monte jusqu'à
500 000 $, mais ça veut dire qu'on admet, par cette loi-là,
à cause du budget qui a été présenté, qu'on
ne mettra pas en place les personnes nécessaires pour qu'il y ait des
gens qui soient pris au piège. On admet qu'on fait une loi pour la
frime. Pour protéger qui, je ne le sais pas, mais pas pour
protéger les citoyens puis le ministre du Revenu, en tout cas. C'est
incroyable, par un discours sur le budget et par une loi qui est censée
être une loi qui va aller chercher davantage nos revenus et notre
dû, on admet de façon officielle, par le budget voté par
l'Assemblée nationale, en plus surtout par le parti
ministériel, bien sûr qu'on va être inefficace avant
que la loi ne soit adoptée!
M. le Président, il y a du désespoir dans la population,
il y a du désespoir, quand on s'en va vers la
désobéissance fiscale de façon aussi large. Si ce
n'était que le tabac, ce serait déjà énorme, mais
ce n'est pas que le tabac. C'est dans tous les domaines. C'est dans tous les
domaines. Il va falloir que le gouvernement soit fasse une diminution sensible
des redevances exigées ou, s'il tient, à cause de la situation
économique dans laquelle nous sommes et de son manque d'imagination
quant à une relance pour avoir des revenus puis la création
d'emplois... Il a choisi de ne pas en faire, ne pas s'immiscer dans rien du
côté relance économique, de laisser faire et de laisser
braire, et le gazon poussera. Je le sais, c'est ça qu'il a choisi. C'est
sûr que le gazon pousse le gazon pousse toujours mais il y
a de moins en moins d'animaux pour y brouter, parce qu'on ne peut plus s'en
payer d'animaux pour aller y brouter. Mais, si on a décidé de
faire ça, de garder la taxe haute et de ne pas avoir de moyens
économiques pour relancer l'économie, parce qu'on manque
d'idées et d'imagination du côté création d'emplois,
bien, au moins, au moins, qu'on prenne les responsabilités de ses
faiblesses, qu'on mette en place un système pour percevoir ce que l'on
dit qu'on doit percevoir. On ne peut pas être sur tous les champs en
même temps. On ne peut pas être sur tous les champs en même
temps. Là, dire que nous allons donner une loi matraque pour que les
fraudeurs... C'est jusqu'à 500 000$, je pense, ici. C'est rendu à
500 000 $. C'est bien beau, 500 000 $. Vous en prenez 4 l'année
prochaine, ça va faire 2 000 000 $, mais vous allez avoir perdu 400 000
000 $!
Ce n'est pas important bien, bien, de prendre ma tante Anna, qui a
acheté un paquet de Caughnawaga, et de lui charger 1000 $ d'amende. Ce
n'est pas bien, bien important, ça, dans la balance, quand on perd des
300 000 000 $, 400 000 000 $. C'est d'avoir un moyen efficace de perception. En
tout cas, c'est la mienne, ma perception. Je perçois que vous ne voulez
pas percevoir et que vous l'admettez par vos écrits officiels. Qu'on
n'aille pas dire que l'Opposition dit que les gens qui fument sont
surtaxés en soi. Ils coûtent cher encore à la
société, les gens qui fument. Ils coûtent cher à la
société, encore. Les fumeurs ne paient pas encore assez de taxes
pour les frais qu'ils engendrent, du côté santé, à
la population. Ça, c'est sûr. Ça coûte 1 500 000 000
$ pour soigner les gens qui ont des maladies causées par la cigarette,
et on ne perçoit que 750 000 000 $, quand on les perçoit. Alors,
c'est le double, du simple au double. Il y a beaucoup d'études qui
disent ça, mais il faut avoir lu les bonnes.
Mais ce que l'on veut percevoir, il faut en prendre les moyens. Alors,
ici, on vient matraquer l'individu, de façon directe. On va mettre des
amendes énormes. Je suis d'accord pour qu'il y ait des amendes
énormes pour les contrebandiers. Je suis complètement d'accord.
Ce n'est pas parce que je suis contre, mais le système fait qu'on n'en
prend pas. Qui protège-t-on quelque part? C'est rendu qu'on se pose la
question: Comment ça se fait que 2 gouvernements, qui perdent 1 000 000
000 $ ensemble, par année ou à peu près, ne veulent pas
collaborer pour avoir leur 1 000 000 000 $, quand on est dans une
récession qui perdure? Les nuages sont toujours gris, l'arc-en-ciel
n'arrive pas. Celui-là est un nuage de plus, parce que, en soi, cette
loi-là n'est que pour matraquer les quelques personnes qui vont
être prises par le système déjà en place, qui est
inefficace. Il n'y a pas de mesures.
M. le Président, je pourrais parler 1 heure là-dessus, 2
heures, 3 heures. Je sais que ça ne donnera rien. Ça ne donnera
rien. Je ne prendrai pas toutes mes 20 minutes. C'est très rare que
ça m'arrive. C'est parce que je suis désabusé, moi aussi,
comme législateur. On dit ici qu'on légifère. J'ai
l'impression qu'on «lucifère». C'est des plans de
démon qu'on a là. Il n'y a pas de volonté. Il n'y a pas de
volonté de perception par le
ministre du Revenu dans cette loi-là, parce que son ministre des
Finances dit: Malgré ta loi, on va percevoir moins l'an prochain.
Ça n'a aucun sens de se faire rabrouer comme ça par le ministre
des Finances en pleine Chambre et de façon officielle. Non. Devant un
manque de volonté marquant, marqué, flagrant, évident...
On ne peut pas être contre la loi non plus. Ça ne veut pas dire
qu'on va voter contre cette loi-là, mais un ministre qui se
présente et qui nous dit: Je vous présente une loi d'une telle
efficacité, qu'au lieu d'avoir 410 000 000 $ de perceptions
l'année prochaine vous en aurez 375 000 000 $, bien voyons, comment
voulez-vous qu'on soit enthousiastes?
Sur ça, M. le Président, je vais conclure en disant que je
vais aller fumer une bonne cigarette. J'ai payé mes taxes de
façon totale. Je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Masson.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Labelle. Vous avez 20 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président.
D'abord, je voudrais revenir sur ce qui s'est dit autour de la
commission parlementaire sur les finances publiques, qui a été
tenue au mois de février dernier, qui a été un
événement, en tout cas, que la population
québécoise attendait parce que cela revêtait une certaine
importance compte tenu de l'état des finances publiques. (12 h 20)
Le document qui a été présenté par le
gouvernement, «Vivre selon nos moyens», établissait
différents constats. Je pense qu'ils ont eu l'occasion d'être
débattus, en quelque sorte, entre ceux qui sont venus à la barre
de la commission et les membres de la commission, même s'il n'y a pas eu
de débat entre les membres de la commission eux-mêmes, sinon par
personne interposée.
Je relierai les problèmes des finances publiques, à la
base, à une baisse de la productivité de l'économie
québécoise, une baisse relative de la productivité, de sa
capacité concurrentielle sur les marchés internationaux, qui fait
qu'il y a des reculs importants, mais surtout que nous ne sortons pas de la
période de récession commencée en avril 1990 et qui se
perpétue. Même si, dans les derniers mois, il y a eu quelques
signes un peu plus encourageants, il reste que ces résultats sont
toujours apparents.
M. le Président, il y a eu un certain nombre de constats lors de
cette commission. En particulier, je voudrais viser 2 d'entre eux: c'est qu'il
ne fallait pas augmenter le niveau des taxes et des impôts au
Québec et que le gouvernement devait regarder du côté de la
diminution de ses dépenses. En ce qui concerne les dépenses, nous
avons eu la réponse lors du dépôt des crédits du
gouvernement, le 24 mars ou 26 mars dernier. De l'avis de tous les
commentateurs politiques, fiscaux et économiques, le président du
Conseil du trésor n'a pas livré la marchandise, se contentant de
quelques écritures comptables, de rogner ici et là, d'appliquer
d'anciennes décisions et, finalement, du gel des salaires des
fonctionnaires un gel uniforme et universel partout à travers la
fonction publique et parapubli-que.
Or, qu'est-ce qui en est résulté? C'est que, dans le
discours sur le budget, le gouvernement, pour compenser son absence d'action
dans le domaine des dépenses ou son insuffisance d'action dans le
domaine des dépenses, a augmenté la pression fiscale sur les
contribuables et sur l'économie québécoise. Il a
continué d'aller dans la même direction qu'il avait prise depuis
1990, lors du budget de 1990, c'est-à-dire augmenter les taxes et les
impôts. Il a augmenté les taxes. Cette année, il a
augmenté les impôts, de façon significative: 1 000 000 000
$ au moins, sans compter d'autres ponctions. C'est là, mais c'est 1 000
000 000 $ de taxes nouvelles sur le dos des Québécois, cette
année.
Alors, M. le Président, qu'est-ce qui arrive lorsqu'on augmente
la pression fiscale? Eh bien, la tendance, pour les contribuables, à
essayer d'esquiver les impôts s'accentue. Elle s'accentue! Ça me
rappelle, dans mon ancien volume de physique, lorsque vous avez un tonneau
bouché avec une colonne de 30 pi, la pression, en bas, est
considérable, de sorte que tout le système se fissure, simplement
parce qu'on en ajoute davantage un peu. C'est ce qui se passe sur le plan
fiscal. C'est une image. C'est ce qui se passe sur le plan fiscal. On augmente,
à l'heure actuelle, la pression, et tout le système est en train
de se déglinguer. C'est une catastrophe.
Je l'exprime parfois d'une autre façon en parlant de la
moralité fiscale. Les citoyens, en quelque sorte, trouvent le fardeau
tellement lourd que n'importe quel moyen d'évasion de ce fardeau fiscal
leur semble bon. On assiste alors à de la contrebande, d'une part,
à de l'évasion fiscale de toutes sortes de façons,
à du travail au noir, possiblement aussi à l'augmentation des
fraudes de façon générale. Puis, des fraudes, pour avoir
travaillé un peu dans le domaine, je sais que, parfois, la
démarcation entre quelqu'un qui est adroit, vigilant et la fraude
carrément, il y a une marge, là, qui est difficile à
saisir et que, finalement, les tribunaux tranchent.
Mais tout ça fait partie d'un phénomène. Ce n'est
pas un phénomène nouveau, auquel on assiste présentement,
que celui de la contrebande. C'est vieux comme le monde. Vieux comme le monde!
Les frontières entre les différents pays d'Europe ont connu tous
ces phénomènes de contrebande par le passé. Là,
maintenant, c'est notre tour, parce que nous avons augmenté, de
façon considérable, le fardeau fiscal, beaucoup plus que les pays
qui nous entourent, même s'il n'y en a pas beaucoup. Encore là,
les États-Unis comme l'Ontario, on assiste au fond aussi à une
autre manifestation, qui est celle des conséquences de la signature de
l'Accord de libre-échange où les gens considèrent normal
de transiter d'une frontière à l'autre, de payer les mêmes
prix ici et là. Je pense que c'est un phénomène qui va
s'accentuer
dans l'avenir et que, politiquement, nous supportons, parce que nous
acceptons le libre-échange. Donc, il faut concevoir notre système
fiscal, notre pression fiscale en fonction de ceux qui nous entourent. Quand on
sait aussi que, maintenant, on peut voyager par les airs depuis 40 ans, bien,
encore là, aussi, le tourisme est une occasion d'en faire.
Alors, M. le Président, je comprends le ministère du
Revenu, parce que c'est lui, finalement, qui porte le poids de cette pression
fiscale qui augmente. Entre le Conseil du trésor, qui n'a pas
livré la marchandise à la suite de la commission sur les finances
publiques, et le ministère des Finances, qui, lui, décide
d'augmenter les taxes pour compenser, parce que les dépenses n'ont pas
été rationalisées suffisamment, le ministère du
Revenu est obligé de boucher les trous et de porter le poids. Sa
question, c'est: Comment être efficace? Donc, c'est la réponse
qu'il nous apporte, d'après lui, avec le projet de loi 90. Je me
rappelle, il y a 3 ans à peu près, que le même ministre du
Revenu avait amené sur la table un autre projet de loi, qui devait
régler le problème de la contrebande du tabac, de l'alcool, du
pétrole. Si je comprends bien, ça n'a rien réglé,
d'autant plus que la pression fiscale venue du ministère des Finances a
encore augmenté.
Alors, son dilemme, c'est d'être efficace, de respecter un
principe de base qui est l'équité et de respecter aussi les
droits des citoyens, le citoyen honnête par rapport à celui qui
glisse sur la marge, glisse doucement et même, des fois, radicalement
vers l'illégalité. Alors, c'est lui qui est juge
là-dedans. Il veut se donner des moyens, je comprends. Maintenant,
encore faut-il savoir si c'est vraiment efficace, si on va vraiment dans la
bonne direction, si cela va tarir les sources de cette évasion
fiscale.
On a évoqué, tout à l'heure, la question de la
prohibition aux États-Unis, qui est un phénomène qui date
déjà de 70 ans. C'est déjà loin, mais c'est
à peu près le même aujourd'hui, qu'on revoit avec une
connotation plus moderne, mais qui est fondamentalement la même chose en
ce qui concerne le tabac. Fondamentalement, c'est la même chose. Alors,
jusqu'où, en augmentant les taxes, va-t-on arrêter la contrebande?
En baissant les taxes, va-t-on arrêter la contrebande? Ça, c'est
vraiment la question de l'heure. Ce qu'on sait, c'est que les structures
politiques empêchent vraiment que les 2 gouvernements travaillent en
coordination, parce que les intérêts de l'un et de l'autre sont
très différents. Alors, on en est là.
Moi, je veux examiner ce projet de loi dans cet esprit: Comment peut-on
être efficace en étant équitable, en respectant les droits
de la personne là, on entend les droits de la personne physique
et morale de tous les citoyens, finalement? Alors, je voudrais
simplement dire que je vais examiner ce projet de loi dans un esprit
constructif pour essayer de voir si les solutions sont appropriées aux
objectifs qu'on poursuit, tout en reconnaissant que le ministère du
Revenu est pris dans cette pression, dans cette spirale imposée par
l'absence de volonté politique de restreindre d'autres secteurs
d'activité du gouvernement.
Je voudrais aussi vérifier une chose, sur la contrebande du
tabac, en particulier, parce qu'à la commission parlementaire sur les
finances publiques les fabricants de tabac sont venus nous dire qu'ils avaient
calculé de 3 façons différentes l'évasion fiscale
par la contrebande, qu'ils estimaient, eux, à 550 000 000 $, pour le
Québec seulement, et à 603 000 000 $ pour le
fédéral. (12 h 30)
Le ministre des Finances a admis lui-même, à cette
commission, qu'il avait estimé, au 31 décembre 1992, que, durant
l'année qui s'écoulait, ces pertes étaient de 325 000 000
$, chiffre qui a encore augmenté lors du dépôt du budget,
alors que ça atteignait quelque 350 000 000 $... 375 000 000 $. Donc, on
est en train de se rapprocher des chiffres évoqués en commission
parlementaire par les fabricants de tabac. Mais, M. le Président, par
rapport à une telle évasion, quel est le moyen efficace pour
lutter? Il y en a, je suppose, de différentes natures. Est-ce que ceux
qui sont inscrits au projet de loi seront efficaces? Je pense que c'est la
question.
Jusqu'ici, il faut admettre que le ministre du Revenu n'a pas
été efficace, parce que, aujourd'hui, il revient avec un autre
projet de loi, le projet de loi 90. La question est de savoir s'il sera, cette
fois, plus efficace. Quoi qu'il en soit, je pense que, jusqu'à un
certain point, il ne faudrait pas déclarer forfait dans la lutte
à la contrebande.
Alors, M. le Président, c'étaient les notes que je voulais
dire sur ce plan-là, et nous reviendrons, dans l'étude article
par article, au projet de loi lui-même. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Labelle.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques? M. le député de
Verdun.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
J'ai écouté avec intérêt les interventions du
député de Labelle. Je vais partir des mêmes
prémisses, sans nécessairement arriver aux mêmes
conclusions, quoique, si sa conclusion est qu'on va regarder le projet de loi
avec intérêt, nous arriverons à la même
conclusion.
Je pense, M. le Président, que la commission parlementaire sur
les finances publiques a clairement indiqué à la fois les
difficultés financières dans lesquelles se trouve le
Québec actuellement et, deuxièmement, l'importance du travail au
noir et du commerce parallèle par voie de contrebande. L'effort
gouvernemental pour rétablir les finances publiques a été
important, c'est-à-dire pour faire en sorte que le taux de croissance
des dépenses soit inférieur au taux de croissance des revenus. Au
dernier budget, le livre des crédits qui a été
déposé limite considérablement le taux de croissance
des
dépenses et demande un effort fiscal important aux
Québécois. On ne reviendra pas ici dans ce débat, on l'a
fait en cette commission pendant assez longtemps.
Le problème qu'il y a, on va en convenir facilement, c'est qu'il
y a un commerce parallèle important. On l'évalue à
plusieurs... D'aucuns disent... Puisqu'il est parallèle, au noir, c'est
un peu difficile d'avoir des chiffres exacts, mais certaines personnes
l'évaluent à plus de 1 000 000 000 $. Face à ça, il
y a plusieurs manières de résoudre ce problème, et l'image
du député de Labelle m'avait l'air intéressante, du
tonneau avec une pression fiscale, c'est-à-dire avec un tube qui
était au-dessus du tonneau: si la pression fiscale vient trop grande, le
tonneau peut laisser sortir de l'eau.
Alors, en ce qui touche le commerce du tabac, il est clair que la
pression fiscale vient en partie du gouvernement provincial, mais
principalement du gouvernement fédéral. Une action seule du
gouvernement provincial, c'est-à-dire une action où le
gouvernement provincial baisserait les taxes sur le tabac, de toutes les
analyses qui ont été faites et démontrées en
commission, n'aurait pas l'effet suffisant pour agir sur la consommation
illicite du tabac et n'aurait certainement pour effet, à moyen terme,
que de diminuer les revenus du Québec. (12 h 40)
Le débat sur la taxation sur le tabac n'est pas un débat
simple. Je pense que la députée de Terrebonne, lorsqu'elle est
intervenue, est intervenue assez justement. D'un côté, il y a le
point de vue purement fiscal, c'est-à-dire regarder les recettes que
l'Etat reçoit de la taxation sur les produits du tabac, et, en
contrepartie, de l'autre côté de l'équation, il y a le
coût social ou le coût médical qu'on doit assumer suite aux
effets du tabagisme. C'est l'éternel conflit qu'il peut y avoir entre le
ministre de la Santé et des Services sociaux et le ministre du Revenu ou
le ministre des Finances, en ce qui a trait aux produits du tabac. Au
fédéral, la position qui est encore celle qui est mise de l'avant
a fait prévaloir la position du ministre de la Santé,
Benoît Bouchard, qui s'est opposé farouchement à toute
baisse de taxes sur le tabac, pour des raisons de santé publique et pour
des raisons de pression sur le coût de la santé publique.
Je ne pense pas qu'il y ait lieu, ici, de faire le débat
qui est un débat que nous faisons comme Canadiens, mais qui n'est pas
propre au gouvernement provincial à savoir si la position du
gouvernement fédéral, en ce qui touche le choix d'alléger
la pression sur le secteur de la santé tout en maintenant une pression
sur le commerce du tabac, est préférable à celle où
on diminuerait la taxation sur le tabac, avec des risques d'augmenter les
effets du tabagisme. C'est un débat qui nous dépasse, qui
dépasse cette commission, qui est un débat politique important,
qu'on est prêt à faire et qu'on devrait faire.
Le troisième élément de mon intervention, M. le
Président je pense qu'il a été relevé par le
député de Labelle c'est l'importance du commerce au noir
ou du commerce parallèle. J'ai souvenance, d'ailleurs, de sa
réplique au ministre des Finances après le dépôt du
budget. Il avait fait valoir qu'une des priorités que le gouvernement
devrait avoir pour mieux équilibrer son solde des opérations
courantes, ça serait de lutter efficacement contre le commerce au noir
et le commerce parallèle. Il est clair qu'il est en train de
s'instaurer, de manière extrêmement dangereuse, au Québec,
un réseau de distribution de produits de contrebande. Non seulement des
produits de contrebande du tabac, mais aussi un réseau de distribution
d'autres produits de contrebande, comme les produits électroniques. On
est en train d'aller aussi vers la distribution des vins et spiritueux. Le
réseau qui, initialement, s'était instauré pour le tabac
est en train de fonctionner le même pipeline pour le
réseau, qui entre aussi en contrebande, du matériel
électronique et du commerce de l'alcool.
Le choix qui est fait par le ministre du Revenu, aujourd'hui, c'est
et je reprends l'analogie du tonneau, du député de
Labelle, tout à l'heure de renforcer les parois du tonneau,
c'est-à-dire de maintenir la pression fiscale mais de faire en sorte que
la résistance du tonneau soit plus forte. C'est-à-dire
d'augmenter les pénalités pour les personnes qui seraient
à même de faire de la contrebande ou du commerce illicite, de
manière à briser le réseau qui s'instaure, de commerce
illicite, en utilisant le bâton et les pénalités pour
démanteler le réseau.
Je suis sûr, M. le Président, qu'on aura l'occasion, dans
le débat qui s'amorce, de discuter quant à l'efficacité de
la mesure qui est mise de l'avant. Mais il faut bien reconnaître qu'il y
a 2 manières de faire face au problème. Une des manières
aurait été celle, bien sûr, d'alléger la pression
fiscale, mais avec tous les effets que ça aurait pu avoir sur la
santé publique. La deuxième manière, si on veut
réellement faire face à la contrebande, au réseau de
contrebande, à cette économie parallèle qui est en train
de s'instaurer au Québec, c'est réellement, non pas d'avoir des
pénalités ridicules et une mesure de lutte qui font rire bien
souvent les gens qui agissent dans l'illégalité, mais de faire en
sorte que le risque pour agir dans l'illégalité soit
réellement un risque financier important.
Ce choix du ministère du Revenu et du ministre du Revenu
c'est la position gouvernementale, actuellement on aura à
débattre de son efficacité. Je pense, M. le Président, que
ce dont il faut être sûr, c'est que, de ce côté-ci de
la Chambre et des parlementaires, la volonté est très nette de
mettre un terme à la contrebande et au commerce illicite, parce que
c'est vraiment quelque chose qui est en train de grever complètement
l'économie du Québec. Alors, on aura à débattre
l'efficacité des mesures qui sont mises de l'avant. Moi, je suis
prêt à débattre l'efficacité des mesures qui sont
mises de l'avant, mais ne doutez pas de notre volonté de mettre
je ne prétends pas que vous aviez la volonté contraire un
terme à la contrebande et au commerce illicite du tabac et des autres
matières.
Il faut bien être conscient que le réseau qui a
été bâti initialement sur le tabac est en train de
s'étendre à toutes sortes d'autres produits. Il va falloir qu'on
soit
extrêmement vigilant et qu'on brise et on verra comment on
peut le briser, oui, bien sûr, je l'ai dit tout à l'heure
le commerce des vins et spiritueux et le commerce du matériel
électronique. Les mesures qui sont mises de l'avant, d'après
nous, sont des mesures efficaces pour lutter et pour démanteler ce
réseau. On aura à échanger, bien sûr, dans le cours
du débat article par article, quant à l'évaluation de
l'efficacité des mesures mises de l'avant. Mais je terminerai
là-dessus, M. le Président ne doutez pas de la
volonté, en aucune manière, de ce gouvernement de mettre un terme
dans les délais les plus brefs au commerce illicite et à la
contrebande.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Verdun.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques préliminaires? Ça va?
Est-ce qu'il y a d'autres remarques préliminaires? Il n'y en a pas?
M. Savoie: J'aimerais juste faire le point, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Oui, vous pouvez
répliquer, M. le ministre. Vous avez 5 minutes.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci. Alors, ce n'est pas vraiment une
réplique, c'est tout simplement pour vous dire qu'on a
procédé de la façon que nous sommes habitués depuis
les dernières années. Alors, nous avons mis à la
disposition des membres de la commission un document intitulé
«Regroupement d'articles par sujets et résumés». Je
pense que l'ensemble des membres de la commission ont eu copie du document, je
pense que ça a été transmis tout à l'heure. Je
pense également que vous avez copie du projet de loi avec des notes, le
recueil des textes législatifs. C'est ça? Vous avez ce
document-ci. Vous avez finalement 2 documents le document
intitulé, il a un numéro, L-07, oui, c'est ça pour
faciliter, justement, le travail de la commission, M. le Président.
M. le Président, je ne pense pas que j'aie à aborder
certains des éléments concernant la contrebande du tabac. Je
pense qu'on aura l'occasion de le faire au fur et à mesure que nous
avancerons dans le projet de loi. Nous aurons l'occasion de corriger certains
des chiffres, certaines des propositions qui ont été faites, ou
de les nuancer, dans la mesure du possible. Si vous êtes d'accord, M. le
Président, à ce moment-là, ce qu'on pourrait faire, c'est
peut-être de commencer avec le tabac. Le tabac qui commence au
dixième sujet, si vous voulez...
Le Président (M. Audet): Avant, M. le ministre, je dois
m'assurer... Est-ce qu'il y a des motions préliminaires, avant de
débuter l'étude du projet de loi?
M. Filion: Oui, M. le Président, on aurait une motion
préliminaire, effectivement.
Le Président (M. Audet): Alors, M. le député
de Montmorency, allez-y.
Motion proposant d'entendre la Surêté du
Québec
M. Filion: C'est une consultation particulière, et elle se
lit comme suit, la motion, M. le Président...
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'on peut en avoir une
copie?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Audet): Si vous voulez m'en donner une
copie, s'il vous plaît.
M. Filion: II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de
nos règles de procédure la commission permanente du budget et de
l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 90, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur le tabac, la Loi sur le ministère du Revenu et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende la Sûreté du Québec, M.
le Président.
La motion se lit ainsi.
Le Président (M. Audet): La motion est receva-ble. Alors,
vous pouvez y aller, M. le député.
M. Filion: Alors, M. le Président... Le
Président (M. Audet): 20 minutes.
M. Filion: ...c'est une motion des plus pertinentes, compte tenu
de l'importance que prend le projet de loi au niveau des
pénalités. On assiste, aux articles 17, 18 et 19 du projet de
loi, M. le Président...
Le Président (M. Audet): Vous avez 30 minutes, M. le
député je m'excuse au lieu de 20. Je me suis
trompé, c'est 30 minutes que vous avez.
M. Filion: Très bien, M. le Président. Merci.
M. Camden: Le document en question, est-ce que vous entendez
distribuer la copie de cette résolution, de cette proposition?
Le Président (M. Audet): La copie de cette motion?
M. Camden: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Audet): Si vous le souhaitez, je peux
vous donner la mienne, simplement. J'ai jugé de sa
recevabilité.
Allez-y, M. le député de Montmorency.
M. Camden: Vous comprendrez bien notre intérêt.
M. Savoie: On ne serait pas mieux d'avoir une copie avant
que...
Le Président (M. Audet): Non, non, c'est le
président qui décide de la recevabilité. Ce n'est pas aux
membres de la commission.
M. Savoie: Oui, oui, je comprends, mais on voudrait l'examiner
avant.
Le Président (M. Audet): Non, non!
M. Camden: On peut faire des représentations sur le
texte.
Le Président (M. Audet): Ouf!
M. Savoie: On peut suspendre. Je suis d'accord pour suspendre, M.
le Président, en attendant qu'on reçoive la copie. Je pense qu'il
y a une demande dans ce sens-là, et c'est accordé par
l'Opposition.
Le Président (M. Audet): Non, non, non! Il n'y a pas de
suspension à ce stade-ci. Je m'excuse! Je m'excuse! Un instant, s'il
vous plaît! Un instant, s'il vous plaît!
M. Blais: Je demande le vote! Je demande le vote!
Le Président (M. Audet): Le député de
Montmorency a fait lecture de sa motion. Vous l'avez écoutée.
J'en ai pris connaissance. Je l'ai jugée receva-ble. J'ai reconnu le
député de Montmorency. Il a 30 minutes. M. le
député de Montmorency, poursuivez votre intervention.
M. Blais: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Masson.
M. Blais: M. le Président, le ministre, par respect pour
lui, a demandé une suspension de quelques minutes. Nous sommes d'accord
pour lui accorder quelques minutes de suspension. Je ne vois pas pourquoi, ex
cathedra, vous dites qu'il n'y a pas de suspension. Si c'en est ainsi, je
demande le vote.
Le Président (M. Audet): Ha, ha, ha! C'est que, M. le
député de Masson... Non, non, un instant! C'est que je...
M. Blais: C'est débattable, en plus. Non, non, mais...
Le Président (M. Audet): Non, non! Un instant! C'est que
je ne jugeais pas opportun de suspendre les travaux à ce stade-ci, dans
la mesure où j'ai jugé que la motion du député de
Montmorency était recevable et que j'étais prêt à
l'écouter sur sa motion, en lui reconnaissant un temps de parole de 30
minutes. Dans la mesure où les membres de la commission, qu'ils aient ou
qu'ils n'aient point la copie de la motion, ont pu l'entendre, j'ai jugé
de sa recevabilité.
Si j'avais demandé aux députés de statuer sur la
recevabilité et d'inviter les membres à discuter de la
recevabilité, à ce moment-là, il aurait été
souhaitable, possiblement, que chacun ait une copie, mais ce n'est pas le cas
présentement.
Alors, M. le député va discuter, va nous faire part de sa
motion, nous la présenter, et on en discute pendant 30 minutes. J'ai
jugé de la recevabilité, là. Je ne vous demande pas
d'intervenir dessus. J'ai jugé de la recevabilité. Alors, j'ai
invité le député de Montmorency à poursuivre et je
pense que ça serait intéressant de l'entendre. On est là
pour ça.
M. Blais: M. le Président, je ne mets pas en doute du tout
votre décision de dire que cette motion est recevable.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Blais: Cependant, dans la jurisprudence, dans les convenances
parlementaires, depuis une douzaine d'années que je suis là,
lorsque le ministre et l'Opposition demandent quelques minutes de suspension,
de façon générale, de bon gré et au premier abord,
le président l'accorde. Pourquoi, cette fois-ci virgule ne
l'avez-vous pas accordée point d'interrogation?
Le Président (M. Audet): C'est parce que ha, ha,
ha! je viens de vous le dire, M. le député de Masson. Dans
l'intérêt de la commission, je ne jugeais pas opportun de
suspendre les travaux, mais, si vous souhaitez qu'on suspende les travaux le
temps... Bon, la copie arrive. Alors, allez, poursuivez, M. le
député de Montmorency.
M. Blais: On n'a pas réglé le problème, M.
le Président. Comment se fait-il que vous n'acceptiez pas, lorsqu'il y a
unanimité des 2 côtés de la table, qu'on demande une courte
suspension, que vous ne l'accordassiez pas?
Le Président (M. Audet): C'est dans les privilèges
du président, ça, à ce moment-là, de
décider. C'est lui qui coordonne les travaux. J'ai jugé que ce
n'était pas opportun de suspendre les travaux, M. le
député de Masson, parce que j'avais disposé de la
recevabilité de la motion. J'ai invité le député de
Montmorency à poursuivre. Alors, j'ai dit: Poursuivez. Chaque membre a
eu sa copie. Alors, la suspension devient inutile. Alors, ça va. Ma
décision est rendue. C'est assez, là!
M. Blais: Écoutez! J'accepte votre motion de ne pas
vouloir le faire. Je trouve ça très indélicat envers le
ministre.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Masson.
M. le député de Montmorency.
M. Camden: Simplement, brièvement...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: ...c'est qu'on souhaitait, bien sûr, avoir la
copie, de façon à s'assurer de la pertinence des propos du
député avec sa motion. Vous comprenez bien que c'est un
intérêt aux travaux de la commission, surtout des... On
connaît la pertinence des propos du député de Montmorency
et on a un intérêt, évidemment, aux travaux de la
commission, absolument.
Le Président (M. Audet): Merci.
Alors, M. le député de Montmorency, poursuivez.
M. Jean Filion
M. Filion: Merci, M. le Président.
Alors, la motion vise une consultation particulière avant que
nous procédions à l'étude article par article du projet de
loi. Le groupe que nous aimerions entendre, bien osûr, ce sont les
représentants de la Sûreté du Québec. Nous avons les
articles 17, 18 et 19 du projet de loi qui nous amènent quand même
à des pénalités plus qu'importantes, ce qui va donner
naissance à des procédures, à une présence
policière accrue sur le territoire du Québec pour mettre en
application de telles dispositions. (12 h 50)
Compte tenu, M. le Président, que la Sûreté du
Québec est quand même le corps policier qui, à toutes fins
pratiques, administre le territoire au Québec et assure la
présence policière pour la protection du public, nous aurions
aimé les entendre pour voir avec eux et questionner vraiment la
faisabilité de ce genre de supervision et d'application de
pénalités.
Vous savez, nous, on a entendu, des différents intervenants du
milieu et des gens qui, actuellement, s'adonnent à la contrebande du
tabac, des commentaires où on s'interroge beaucoup. Par exemple, M. le
Président, comment va intervenir le corps policier à ce
niveau-là? Jusqu'où va aller l'intervention chez les
consommateurs? Le consommateur qui refuse d'obtempérer, jusqu'où
va aller le corps policier? La personne qui se retrouverait, par exemple, en
possession de cigarettes de contrebande et qui refuserait d'obtempérer,
jusqu'où va aller l'intervention policière, M. le
Président? Ce sont des questions que l'on se pose, parce que, tout
à l'heure, M. le Président... Des fumeurs, il n'y en a pas que 1,
il y en a beaucoup de fumeurs de contre- bande, actuellement. On veut voir avec
la Sûreté du Québec la faisabilité de l'application
juste et raisonnable de ce genre de mesures, M. le Président, et le
corps policier qui représente effectivement, au Québec,
l'assurance et la protection du public, c'est la Sûreté du
Québec.
Nous avons entendu la Sûreté du Québec, M. le
Président, au niveau des vidéopokers, au niveau des loteries.
À ce niveau-là, également, on assiste à un
marché au noir, à un marché, entre guillemets,
illégal. On sait que les vidéopokers, depuis le 31 octobre 1992,
opèrent de façon illégale au Québec. On vient
d'assister, en commission parlementaire avec le ministre Ryan, justement,
à un questionnement de la Sûreté du Québec. Us sont
venus en commission parlementaire nous expliquer comment ils voyaient, eux,
l'application et l'organisation du projet de loi 84 face aux loteries, face aux
vidéopokers.
Là, nous sommes dans le même esprit législatif,
c'est-à-dire que l'on cherche une façon de contrôler le
marché au noir, une façon de mettre fin à la contrebande
du tabac. Je pense que le projet de loi que nous avons devant nous est un
projet de loi axé sur une présence policière accrue. Je
pense que, pour les fins d'étude de ce projet de loi, ce serait de base
et essentiel que l'on puisse recevoir les commentaires de l'organisation qu'est
la Sûreté du Québec, M. le Président.
Vous savez, M. le Président, quand on vous dit, par exemple, que
les chauffeurs de camion, qui vont être passibles de 500 000 $ d'amende,
vont être des mineurs... Parce que vous savez qu'un mineur peut conduire
un camion. Alors, vous arrêtez un mineur sur le territoire du
Québec, qui conduit un camion dont le profit dans le camion
représente 1 400 000 $. Comment ça va se produire, cette
histoire-là, une fois qu'on a arrêté un mineur, M. le
Président? Comment va intervenir la justice dans le débat sur
l'arrêt d'un mineur qui conduit un camion avec du tabac de contrebande?
Dieu seul sait qu'actuellement, M. le Président, la mécanique et
toute l'organisation de la contrebande est axée pour mettre en place des
mineurs qui vont conduire des camions chargés de tabac de contrebande.
Je pense qu'avant d'avancer dans ce genre de projet de loi qui, à toutes
fins pratiques, va demander une intervention policière accrue, on
aimerait bien savoir, nous, parlementaires, comment ça va se
dérouler, toute cette manoeuvre pour arrêter les gens et leur
donner des pénalités.
Également, M. le Président, il ne faut pas oublier que le
jeune, il n'a pas de fortune à lui. Tout ce qu'il a, c'est le camion
rempli de tabac de contrebande. Alors, la pénalité de 500 000 $
qu'on veut lui appliquer, à toutes fins pratiques, va se retrouver
stérile. On va aller chercher quoi? Le camion chargé de tabac? Le
projet de loi prévoit qu'on va brûler le tabac par la suite.
Alors, M. le Président, comment voulez-vous mettre fin au
stratagème de la contrebande du tabac avec une mesure qui va se
retrouver, à toutes fins pratiques,
difficile d'application, parce qu'il faut mettre la main au collet du
jeune, qui est mineur, mais, une fois qu'on a mis la main au collet du jeune,
qui est mineur, qu'est-ce qui se passe avec le jeune, qui est mineur, sur le
plan législatif et sur le plan, en même temps, de la justice?
C'est ça qu'on est en train de faire, M. le Président; on est en
train de légiférer un projet de loi qui, à toutes fins
pratiques, va mettre en place des «dummies», qu'on appelle dans le
jargon, des jeunes. On est en train, M. le Président, de provoquer un
stratagème qui va se déplacer vers notre jeunesse. C'est
dangereux et c'est dans ce sens-là qu'on doit, M. le Président,
vraiment, vraiment s'asseoir et entendre la Sûreté du
Québec, pour voir ce qu'ils pensent de ce genre de situation
là.
Également, M. le Président, on nous dit qu'à part
les jeunes on prévoit engager des démunis, des gens non
fortunés, des gens qui, à toutes fins pratiques, s'ils se
faisaient prendre, n'auraient à peu près rien à livrer en
pénalités à la justice, si ce n'est les quelques biens ou
très peu de choses qu'ils possèdent. Alors, M. le
Président, ça va nous avoir donné quoi d'arrêter des
démunis et de les traduire devant nos tribunaux, pour se rendre compte
qu'à toutes fins pratiques on n'a rien saisi de plus, comme valeur, et
qu'on a simplement recueilli du tabac, qui était dans le camion, et
qu'on va brûler? On aura simplement créé une tension
sociale additionnelle qui, sur le plan de la productivité
monétaire, va être stérile et qui, sur un autre plan, va
provoquer des débats devant nos tribunaux. On va impliquer la jeunesse
qui, à mon avis, est déjà assez malmenée comme
ça, M. le Président. On n'a pas besoin d'inciter à des
stratagèmes additionnels, pour que ces jeunes-là soient pris dans
des situations comme celle de la contrebande du tabac. On n'aura, à
toutes fins pratiques, rien amené de positif et de constructif pour
mettre fin à la contrebande du tabac. C'est un peu dans cette
optique-là, M. le Président, qu'on aimerait entendre, qu'on
aimerait vraiment entendre la Sûreté du Québec.
Également, un autre phénomène auquel on va assister
ça, il ne faut pas se le cacher c'est une loi, entre
guillemets, qui est matraque auprès du consommateur. Alors,
auprès du consommateur, à quoi on va assister, M. le
Président? À de la dénonciation abusive? Imaginez-vous un
consommateur de contrebande qui se fait prendre. Il consomme une cigarette de
contrebande, il est arrêté. On lui dit: Mon cher ami, ça va
te coûter 1000 $, parce que tu avais une cigarette de contrebande. Vous
ne pensez pas qu'on va assister à une espèce de
phénomène de dénonciation accrue? Écoutez, si lui,
il décide de dire: Moi, j'ai acheté des cigarettes de contrebande
de tel, tel, tel policier, jusqu'où on va aller, M. le Président?
Jusqu'où on va aller dans le scénario d'application de ce genre
de projet de loi là? Les gens qui vont se faire prendre, ils ne se
laisseront pas prendre tout seuls. Les gens, ils vont réagir de
façon tout à fait humaine. Ils vont dire: Moi, M. le policier,
vous m'arrêtez. C'est très bien, mais c'est un de vos
collègues qui m'a vendu le paquet de cigarettes, à tel moment,
à telle époque.
C'est ça qu'on est en train de créer? Est-ce que c'est
ça qu'on veut créer comme phénomène de comportement
social? Il faut se poser la question. Il ne faut pas attendre de
légiférer un projet de loi comme ça et de se poser la
question après. M. le Président, il ne faut pas donner l'occasion
à des gens de dénoncer davantage le phénomène
qu'est la contrebande.
Alors, M. le Président, moi, je pense que d'entendre la
Sûreté du Québec, ça devient essentiel, essentiel
parce que c'est un projet de loi qui n'est plus un projet de loi d'ordre
fiscal. C'est un projet de loi de l'ordre de la sécurité
publique, et c'est ça qu'on est en train de légiférer ici,
M. le Président, parce qu'on met des mesures fiscales qui vont faire
intervenir davantage la présence policière.
Je pense qu'on se doit, comme législateurs, de regarder de
très près, mais de très près, ce qu'en pense la
Sûreté du Québec. M. le Président, on serait
peut-être surpris de voir que, la Sûreté du Québec,
ils seraient peut-être les premiers à nous dire qu'avec ce genre
de projet de loi là on n'ira nulle part et qu'on va simplement provoquer
des situations pour mettre des gens, que je dirais démunis, des jeunes
ou des gens démunis financièrement dans des situations
délicates. Je pense que nos jeunes n'ont pas besoin de ça, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Montmorency.
Je dois vous interrompre...
M. Filion: Ah...
Le Président (M. Audet): ...parce que nous allons...
M. Filion: ...très bien.
Le Président (M. Audet): ...suspendre nos travaux
jusqu'à 15 h 30. N'oubliez pas, parce que l'ordre de la Chambre est
à l'effet que nous reprenions à 15 heures, mais nous allons
reprendre à 15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 58)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses
travaux. Je vous rappelle le mandat de la commission. Nous sommes réunis
afin de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 90, Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur le tabac,
la Loi sur le ministère du Revenu et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal.
Alors, nous en étions à débattre une motion
déposée par le député de Montmorency, qui proposait
qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de procédure la
commission permanente du budget et de l'administration tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 90, Loi
modifiant la Loi concernant l'impôt sur le tabac, la Loi sur le
ministère du Revenu et d'autres dispositions législatives d'ordre
fiscal, des consultations particulières quant à tous les articles
dudit projet de loi de la loi et qu'à cette fin elle entende la
Sûreté du Québec.
M. le député, il vous reste 19 minutes dans votre
intervention.
M. Filion: Merci, M. le Président.
Alors, comme quand on s'est quitté ce matin, l'esprit de cette
motion rejoint l'objectif qui est visé actuellement par
différentes commissions où, pour contrer le marché au noir
on pense au vidéopoker, on pense à différentes
lois, actuellement, à la loi 84, qui va réglementer tout le jeu
de hasard et ramener, taxables et taxés, les revenus au noir dans
cet esprit-là, M. le Président, on est face à de la
contrebande et on demande, bien sûr, l'intervention et une
présence policière de plus en plus importante au niveau de
l'économie. Je pense qu'on aurait aimé, avant d'adopter un tel
projet, mieux comprendre la façon dont ça va être
administré, cette loi-là. Comment l'intervention policière
va se faire? À quel niveau? Qui va intervenir? Est-ce que ça va
être des agents? Des agents, style... Par exemple, moi, je pense aux
souris vertes qui mettent des contraventions. Qui va vraiment régir
l'application de cette loi-là? Jusqu'où va aller l'intervention
policière pour assurer l'application de ces pénalités
quand même très importantes, qui vont rejoindre, bien sûr,
le consommateur, les transporteurs et les vendeurs de tabac.
Alors c'était, bien sûr, une demande pour bien comprendre
ce que pensait la sécurité publique de ce projet de loi là
et, en même temps, évaluer, pour nous, la pertinence d'adopter de
tels articles pour enfin contrer la contrebande du tabac. Alors,
c'étaient les principaux arguments que je voulais soulever, M. le
Président. J'espère que cette commission va reconnaître la
pertinence d'entendre ceux qui représentent, au fond, la
sécurité publique et la protection du public au Québec: la
Sûreté du Québec.
Merci, M. le Président. (16 heures)
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur la motion? M. le
député de Masson.
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, j'aimerais beaucoup que la
Sûreté du Québec vienne ici, parce que nous aurions des
questions d'une importance capitale à lui demander. D'abord, pourquoi
ils ne saisissent pas les gens qui font le matériel et ne s'emparent pas
des gens qui font la contrebande? Est-ce qu'ils manquent de personnel? Est-ce
qu'ils manquent d'équipement? C'est possible que ce soit ça.
Est-ce qu'ils ont vraiment le mandat du gouvernement de le faire ou bien si
c'est une tolérance que le gouvernement a décidé
d'appliquer? C'est une question que j'aimerais beaucoup demander aux gens de la
Sûreté du Québec.
C'est bien sûr qu'on va me dire qu'il y a déjà
à peu près 3500 policiers provinciaux, M. le ministre? Je pense
que c'est ça, à peu près 3500 policiers. Un policier,
ça coûte environ 100 000 $ par année, à peu
près, mais les pertes de revenus du gouvernement... Cette année,
pour 1993-1994, est prévu, en raison de la contrebande, un manque
à gagner de 439 000 000 $ pour le gouvernement. Si une police
coûte 100 000 $ par année, on pourrait engager 4390 polices pour
arriver à zéro. On n'en demande pas tant, mais on pourrait au
moins en engager un peu. Si c'est du personnel qui nous manque, ne fût-ce
que de façon provisoire je ne dirais pas temporaire, parce que ce
n'est pas le bon terme engager des policiers de façon provisoire.
Même si on avait à en engager 1000, s'il le faut, ça
coûterait 100 000 000 $ et le gouvernement aurait dans ses coffres, net,
339 000 000 $ supplémentaires. C'est à peu près le double
de ce qui est prévu en redevances pour le tabac cette année.
c'est bien sûr qu'on porte aussi, au québec, un handicap,
étant une province pas comme les autres. l'ontario et le québec
ont un statut différent du côté de la police. québec
paie 100 % de sa police et paie 25 % des autres polices à travers le
canada, parce que c'est la rcmp qui est ailleurs. c'est le gouvernement
fédéral qui paie 100 % des policiers dans les autres provinces,
excluons québec et ontario. je me souviens, moi, qu'en 1972 m.
jérôme choquette avait envoyé un compte à ottawa de
755 000 000 $ pour la police, parce que québec payait 100 % de sa police
et payait, en plus, 25 % des polices des autres provinces.
C'est bien sûr qu'on a une faiblesse proverbiale, le Parti
libéral, le gouvernement actuel, devant les revendications, devant
Ottawa. Et même si Ottawa ne venait pas soutenir monétairement le
gouvernement actuel, pourquoi le gouvernement ne met pas au moins quelques
dizaines de millions pour donner aux policiers un personnel provisoire, afin de
répondre aux besoins que la contrebande fait sentir? C'est une des
seules raisons pour lesquelles j'aurais voulu que la Sûreté du
Québec vienne nous voir. C'est d'une importance capitale. Parfois, on
dit qu'on est en période de récession, qu'on est en
période où le déficit est puissant. Je ne peux nier ni
l'un ni l'autre, mais, quand on voit qu'un investissement rapporte... Regardez
le casino. On met 105 000 000 $ dans le casino et on est en période de
récession. Pourquoi? Parce que le casino va rapporter 1 000 000 $ par
semaine, selon des études qu'on n'a pas vues, nous autres; selon des
études que le ministère du Revenu a probablement fournies au
ministre du Tourisme, qui les a données au ministre des Finances, qui
les a transmises au ministre de la Sécurité publique. Mais, on
n'a jamais pu voir une étude. D'un à l'autre, on dit: Ça
va rapporter 50 000 000 $. Nous autres, on est obligés de prendre
ça les yeux fermés, mais disons que
le gouvernement a raison, pour une fois. On n'a pas hésité
à investir de façon ponctuelle 100 000 000 $ pour construire un
casino, parce qu'il va rapporter i 000 000 $ par semaine ad vitam aeteraam.
Pourquoi le gouvernement, avec une perte de 439 000 000$ qu'il fait
à cause de lacunes du côté surveillance, n'investirait pas
même jusqu'à 100 000 000 $, même jusqu'à 200 000 000
$ pour faire une razzia? Il y gagnerait 439 000 000 $, et le chiffre de 439 000
000 $ est conservateur. Les manufacturiers de tabac disent que c'est 550 000
000 $ que le gouvernement perd. C'est des sommes importantes, en
période... Dans la loi 198, on n'a pas vu ça. Si on obligeait le
cabinet à prendre ses responsabilités quand ça rapporte de
l'argent au...
En tout cas, c'est ce que je voulais dire, M. le Président.
J'aurais bien aimé que la Sûreté du Québec vienne
nous voir pour lui poser quelques questions à ce sujet-là, mais
la question du côté budgétaire reste pendante devant le
ministre.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur la motion? Il n'y a pas de
députés qui m'ont fait part de leur intention d'intervenir.
M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, je pense que la motion
du député de Montmorency se justifie par elle-même,
étant donné le choix que le gouvernement a fait. ii a
augmenté ses taxes, et le fédéral les a augmentées
en même temps, de sorte que c'est devenu intolérable pour le
consommateur de payer des taxes à un niveau aussi élevé.
mais ce choix-là, au fond, il a été fait, et le
gouvernement, maintenant, ne peut plus reculer, parce qu'il vient de
céder le terrain au gouvernement fédéral qui, lui, l'a
envahi de façon forte, lorsque m. wilson, dans son budget d'il y a 2
ans, je pense, avait augmenté le paquet de cigarettes de 0,75 $
l'unité. donc, il y est allé d'un choc considérable chez
les consommateurs.
Une sortie, en quelque sorte, du gouvernement du Québec de ce
champ de taxation équivaudrait à le laisser pratiquement
entièrement au gouvernement fédéral. Donc, il ne peut pas
s'en sortir. C'est d'ailleurs ce que le ministre des Finances m'a
confirmé, qu'il ne pouvait pas, de lui-même, ou seulement lui,
baisser les taxes, parce que cela équivaudrait à une perte
sèche sans aucune récupération. Non seulement il perdrait
financièrement, mais, en plus, il évacuerait en quelque sorte le
champ de la taxation sur le tabac au-delà de la taxe de vente du
Québec. C'est un élément à considérer, et on
voit très bien qu'on rejoint encore, par là, la question
nationale par le biais de la taxation. Mais le choix a été fait,
de garder les taxes à un niveau élevé et de taxer aussi de
façon importante la cigarette.
Ce choix étant fait, le gouvernement n'a plus d'autre alternative
que de faire respecter la loi. Je crois qu'il faut qu'il fasse respecter la
loi, sinon on nage en pleine anarchie. L'anarchie fiscale, ça peut se
développer vite. Alors, il doit la faire appliquer et il doit tout
mettre en oeuvre pour que, finalement, il aille chercher les revenus qui lui
sont dus. S'il ne le fait pas... On voit ce qui s'est passé dans le
dernier discours sur le budget. Les taxes ont augmenté de 1 000 000 000
$, les impôts ont augmenté de 1 000 000 000 $. Le gouvernement a
dû le faire parce que, justement, ici, au ministère du Revenu, on
était incapable d'aller percevoir les sommes qui étaient dues
550 000 000 $, estiment les fabricants de tabac; 325 000 000 $, admet le
ministre des Finances, lui-même. Plus, je pense que c'est rendu à
350 000 000 $ ou 400 000 000 $ de pertes, cette année.
Au fond, en faisant cela, le gouvernement s'est aligné dans une
voie qui est celle de la répression de la contrebande. Où cela le
mènera-t-il? Jusqu'à quel point il peut être efficace dans
la lutte contre la contrebande? Cela reste à voir dans l'étude
article par article. (16 h 10)
II y a des problèmes qui sont impliqués dans la perception
des taxes sur le tabac. Je pense que ceux qui sont au coeur de cette
opération sont les policiers. Mon collègue demande à la
Sûreté du Québec de venir. Je comprends qu'il y a des
dossiers sur lesquels nous ne pourrions pas interroger la Sûreté
du Québec, c'est évident. Mais il reste qu'il y a quand
même des conclusions qui peuvent être tirées des
problèmes qu'ils rencontrent dans la perception de la taxe, et ils
pourraient nous dire jusqu'à quel point ils pourraient être
efficaces. En d'autres termes, je crois que c'est la police ou la
Sûreté du Québec qui pourrait' le mieux nous renseigner sur
les problèmes pratiques qu'il y a à contrer la contrebande et si
ça peut être efficace, à terme.
Je souligne aussi un autre aspect que mon collègue de Montmorency
a peut-être abordé, mais... Je sais qu'il en a abordé
plusieurs, mais un, en particulier, me revient, parce que, de par le niveau des
amendes qui sont imposées, par exemple celle de 500 000 $, les
policiers, ou certains policiers, peuvent être amenés à
fermer les yeux beaucoup plus facilement, parce qu'ils savent très bien
que, s'ils l'appliquent, ils viennent de, disons, mettre quelqu'un en faillite.
On sait très bien que, lorsque la pénalité a l'air
d'être exorbitante, les corps policiers ont tendance à être
moins sévères dans l'application des lois. Ça, c'en est un
que je tenais à ramener ici, parce que c'est fatigant que, finalement,
les corps policiers, compte tenu de cette sévérité des
amendes et de la répression, sont amenés eux-mêmes à
ramollir dans leur travail. Je le dis, pas parce que j'ai des exemples
concrets... Je ne fais pas de procès, quoi que ce soit. Je sais que
c'est dans la nature humaine que de procéder ainsi, parce que, lorsque
vous prenez quelqu'un, même que vous ne connaissez pas, et que vous savez
que vous le rayez de la carte, vous le mettez en faillite, parce qu'il est
pris, il y a des attitudes qui peuvent changer et s'atténuer.
Autre élément. Je pense que, là-dessus on
parle des policiers je crois aussi qu'il aurait été
important d'entendre des gens comme l'Association des manufacturiers du
Québec et les fabricants de tabac, donc tout l'aspect fabrication.
Comment pourrait-on mieux contrôler? Est-ce qu'il est possible de mieux
contrôler la fabrication et de savoir si, sur ce plan-là, la taxe
pourrait être perçue de façon différente? C'est une
question qui se pose, que les citoyens se posent. Dans quelle mesure c'est
pratique, réalisable? Encore là, une question à
débattre et à creuser. Quoi qu'il en soit, les fabricants de
tabac, il y a au moins une question qu'on pourrait leur poser. C'est celle de
savoir ou de justifier les 550 000 000 $ qu'ils estiment que le Québec
perd réellement en ce qui concerne la contrebande des cigarettes.
Ça, c'est un élément, c'est l'élément
fabrication.
Mais l'autre élément, c'est celui de la distribution. Ceux
qui écopent le plus, au bout de la course, ce sont les
détaillants, les dépanneurs. C'est eux qui font les frais. Il y
en a un certain nombre qui m'ont dit que, pour eux, c'était le tiers de
leur volume de ventes, en termes de tabac, qu'ils ont perdu au cours de la
dernière année. C'est considérable. On sait, finalement,
que, quelqu'un qui va chez le dépanneur, il y va, souvent, justement
pour s'acheter un paquet de cigarettes, pour s'acheter, avec le paquet de
cigarettes, d'autres marchandises. Souvent, pour les fumeurs en particulier, le
paquet de cigarettes constitue la raison d'aller chez le dépanneur. Cela
a fait perdre beaucoup de clientèle aux dépanneurs, et a
amené des problèmes financiers considérables chez les
dépanneurs.
Si on regarde le périple du paquet de cigarettes, finalement, de
la fabrication à la distribution, il y a Faction des policiers qui se
situe quelque part, qui intervient. Mon collègue a été
très éloquent sur l'extension, aussi, de la contrebande, à
partir de la cigarette. Moi, on m'a dit que, finalement, il y a des vendeurs de
drogue qui s'étaient recyclés en contrebandiers de cigarettes,
que c'était plus payant et qu'il y avait un bon volume. Je commence
à trouver ça grave, finalement, que, du point de vue social, on
s'enligne de ce côté-là. C'est terrible, terrible. C'est
une gangrène qui ne s'arrêtera pas. C'est ça, le
problème.
Je me demande par quel système de perception de revenus, quel
système de taxation sur les biens et sur les services ou d'impôt
sur le revenu il va falloir se relayer pour aller chercher les revenus du
gouvernement? Quoi qu'il en soit, nous sommes devant un sérieux
problème, qui a des répercussions aussi dans d'autres
domaines.
Alors, M. le Président, je trouve que ça aurait
été particulièrement intéressant d'entendre la
Sûreté du Québec à ce sujet. Je vous remercie et
j'ai hâte d'entendre le ministre là-dessus, s'il a quelque chose
à nous dire.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Labelle.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions là-dessus? M. le
ministre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Alors, très rapidement, M. le Président.
Je n'ai pas du tout l'intention de m'étendre sur le sujet.
Évidemment, donner suite à votre demande impliquerait d'entendre
la Sûreté du Québec sur des amendes qui sont
administrées par le ministère du Revenu. À ce moment-ci,
ce qui est recherché, c'est une meilleure collaboration entre les
intervenants, au niveau du ministère du Revenu, et les forces de l'ordre
sur le territoire. Il faut bien comprendre que, lorsque la Sûreté
du Québec intervient, elle n'impose pas les amendes. Elle fait tout
simplement constater. Nous, au ministère du Revenu, c'est à ce
moment-là que nous intervenons, et nous imposons les amendes.
On sait que ça a été demandé. On trouvait
que les amendes n'étaient pas assez élevées en vertu de
l'ancienne loi. La Loi concernant l'impôt sur le tabac prévoyait
une amende minimale. À la première offense, souvent, les
tribunaux avaient tendance à appliquer l'amende minimale. Alors,
étant donné que c'est un montant fixe, bon, la première
fois, l'amende était vraiment dérisoire. Alors, ce qu'on fait,
c'est qu'on ajoute: 3 fois le montant des taxes constitue l'amende
à ce moment-là, ça a un petit peu plus d'ampleur
jusqu'à concurrence de 500 000 $. Ça pourrait être
laissé, finalement, au tribunal de décider du montant qui
pourrait s'appliquer dans ces cas-là, mais ça donne, en tout cas,
certainement le sérieux. Ce qu'on cherche à faire, c'est
d'empêcher que les gens qui se font arrêter partent à rire
lorsqu'on arrive avec le montant de l'amende, un petit peu plus tard. Cela
dénote un petit peu plus de sérieux.
Je comprends bien vos commentaires et je pense que tout le monde va
être d'accord pour dire avec vous que, la contrebande, c'est un
problème important. La contrebande, c'est quelque chose qui est
très sérieux au point de vue social, l'impact que ça peut
avoir, mais il faut bien comprendre aussi qu'on est limité dans nos
interventions, si on ne peut pas réduire le montant de la taxe. Il y a
des arguments qui militent en faveur du maintien de la taxe, au point de vue
santé, au Québec. Il y a également l'argumentation du
côté d'Ottawa. Faire une intervention unique de notre
côté serait également dérisoire, à ce
moment-ci.
Alors, bien que vous demandiez une consultation particulière avec
la Sûreté du Québec, vous comprendrez que, dans le contexte
de ce projet de loi spécifique, je pense qu'il est assez évident
que la Sûreté du Québec va dire: Bien oui, on est d'accord
pour qu'il y ait une hausse, au niveau des amendes. Par contre, est-ce que
ça va réussir à réduire d'une façon
significative la contrebande? Je ne le crois pas, sauf qu'on ne peut pas, non
plus, ne rien faire. Il faut donc poser une série de gestes qui, de
façon commune, vont avoir un effet important sur la réduction du
volume de contrebande, empêcher au moins sa croissance additionnelle.
Peut-être que, sans en diminuer le volume de façon significative,
ça va maintenir l'ordre dans le dossier au lieu que tout
le monde parte à rire. C'est un peu l'orientation qui est
donnée.
À ce moment-ci, votre demande de consultation
particulière... On pense qu'au niveau du projet de loi en tant que tel,
où l'intervention constitue à hausser les amendes, à poser
quelques gestes administratifs, c'est vraiment un «filibuster»,
pour des raisons que j'ignore. Je cherche à comprendre exactement la
nature de votre intervention et, s'il y avait des discussions à avoir au
niveau du tabac, je suis bien prêt à discuter avec vous, en
comprenant fort bien qu'on a des limites quant à notre zone
d'intervention. Je ne crois pas que quiconque pouvait, à ce moment-ci,
faire mieux, si ce n'est de réduire les taxes. (16 h 20)
Vous comprendrez que, pour le Québec, il n'est pas souhaitable
qu'on réduise les taxes, chez nous, de façon unilatérale.
À ce moment-là, les revenus de taxes vont augmenter du
côté du fédéral. En conséquence, on n'est pas
pour prendre cette orientation-là. Peut-être qu'avec le nouveau
gouvernement il va y avoir une plus grande ouverture d'esprit. Peut-être,
également, que le gouvernement américain, avec sa volonté
de se joindre, au niveau des programmes de santé, va aller chercher des
taxes sur la cigarette. Ça va certainement nous aider ici.
C'est un moment difficile pour le tabac, on le reconnaît. Il
s'agit qu'on pose les gestes, qu'on pose tous les gestes qu'on est capable de
poser. Ce petit projet de loi constitue un élément de plus. On se
rappellera, M. le député de Labelle, qu'on a eu l'occasion, il y
a 2 ans, d'échanger ensemble sur une modification à la Loi
concernant l'impôt sur le tabac, qui impliquait l'instauration d'un
système de permis, l'emprisonnement. On se rappellera aussi qu'à
ce moment-là il y avait une opposition au projet de loi. Finalement,
l'orientation était valable. Le temps nous l'a
démontré.
La contrebande n'a pas pris naissance, en tant que telle,
véritablement, avant 1991. C'est là qu'on sent vraiment un
développement. Les statistiques le démontrent assez clairement.
D'ailleurs, un document qu'a émis le député de Montmorency
le démontre clairement. Il utilise les statistiques... Lorsqu'on parle
des chiffres, en 1989-1990, c'est une légère hausse
vis-à-vis de 1985, 1986, 1987. C'est minime. Il y a toujours eu 5 %
à 8 % de contrebande au Québec, d'une façon constante
à travers notre histoire. C'est vraiment en 1991-1992 que ça
décolle, et ça décolle pour les raisons que le
député de Labelle a mentionnées, c'est-à-dire une
prolifération des taxes au gouvernement fédéral, suivi du
gouvernement du Québec.
Je voudrais terminer, peut-être, en soulignant quelques
commentaires à votre collègue, en lui disant que le tabagisme a
effectivement un coût direct au niveau de la santé, qu'on
évalue à 900 000 000 $. Il y en a qui font des calculs beaucoup
plus savants, qui arrivent avec des jours de travail manques, avec l'impact sur
l'économie, avec toutes sortes de considérations. Ils arrivent
à un chiffre de plusieurs milliards de dollars, 2 300 000 000 $ ou 3 200
000 000 $, le chiffre m'échappe. Je n'aime pas jouer dans ces
chiffres-là. Je préfère m'en tenir aux coûts directs
pour le système de santé au Québec, c'est-à-dire
les maladies reliées directement au tabagisme. Donc, les visites chez le
médecin, les rayons X, l'hospitalisation. On évalue ces
coûts-là à 900 000 000 $. Or, le tabac rapporte, pour le
gouvernement du Québec, à peine 500 000 000 $. Dire qu'on va
réduire encore, il me semble qu'il y a une espèce de manque de
cohésion, d'orientation, de planification là-dedans. On regarde
beaucoup ce qui s'est fait en Angleterre. En Angleterre, dans les années
soixante-dix, en 1973, le plus qu'il y avait de goudron et de nicotine dans une
cigarette, plus la cigarette était chère. Alors, un paquet de
cigarettes pouvait se vendre 4 $, 4,50 $, et ça pouvait aller
jusqu'à 9 $, 10 $, par exemple pour des Camels que je fumais dans le
temps. Ha, ha, ha! C'est ça.
C'est surtout la proximité que nous avons avec la
frontière américaine qui rend la situation difficile. Je pense
qu'arriver et poser un geste unilatéral de notre côté pour
réduire la taxe sur le tabac... Ça a été un
débat qui a fait rage surtout l'année passée. Bien que je
favorisais une réduction des taxes, je me disais: Jamais seul. Il
fallait y aller conjointement avec Ottawa. On a entendu la réponse de M.
Bouchard là-dessus. M. Bouchard a dit: Pour aucune considération,
nous allons réduire...
Les dernières statistiques vont peut-être vous
intéresser. Il y a une croissance tout partout au Canada. Il y a des
provinces où c'est plus élevé qu'au Québec
actuellement. Par exemple, à Terre-Neuve, ça a pris l'avance il y
a déjà fort longtemps, et ça maintient l'avance sur le
Québec. Au Québec, c'est très fort, probablement à
cause d'Akwesasne, qui est assise sur 5 frontières: l'Ontario, le
Québec, l'État de New York et les gouvernements
fédéraux canadien et américain. Évidemment, c'est
propice à ces activités. Ils sont quand même 10 000, avec
une philosophie, une orientation qui, comme vous l'avez souligné, est
difficilement acceptable, mais ça se développe. En Ontario, on me
dit que ça approche le tiers. Évidemment, dans l'Ouest, ça
fait ses ravages là aussi. Il y a une croissance. Il n'y a pas de doute
qu'avec l'ensemble des pressions le gouvernement fédéral va
être obligé de revoir sa politique. Je pense qu'à ce
moment-là on va être prêt à réduire les taxes
sur le tabac, s'ils en viennent à cette conclusion-là.
Évidemment, il y a un débat chez eux aussi quant à
l'impact de réduire... Il faudrait voir les Américains aussi. On
sera obligé de suivre. C'est un peu ça.
Tout ce qu'on peut faire, pour le moment, c'est gérer le mieux
possible cette situation difficile. Personne ne va nier qu'intervenir avec une
hausse au niveau des amendes, compte tenu de la prolifération de la
contrebande et, finalement, de la récompense considérable que
ça apporte en termes pécuniers... Ça nécessite,
bien sûr, une hausse des amendes. Tout le monde, je pense, accepte cette
orientation. Alors, c'est ce qu'on fait, finalement, avec les moyens que nous
avons à notre
disposition. On veut renforcer tous les instruments que nous avons
à notre disposition, assurer une meilleure coordination, aller chercher
le plus de retour possible lorsqu'on prend quelqu'un en défaut.
Je ne crois pas que la Sûreté du Québec dise que
l'orientation n'est pas valable. Au contraire, je pense qu'ils vont dire: Oui,
effectivement, une hausse des amendes, c'est souhaitable, évidemment
avec d'autres gestes. À ce moment-ci, c'est ce qu'on fait. Je pense que,
finalement, faire une intervention avec la Sûreté du
Québec, à ce moment-ci, constitue une mesure dilatoire, donc ce
n'est pas recevable.
Le Président (M. Audet): Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion? Pas d'autres
intervenants?
Je vais maintenant mettre la motion aux voix. Est-ce que la motion est
adoptée?
Des voix: Adopté. Adopté.
M. Savoie: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Vote nominal?
M. Savoie: Ah! si vous voulez voter, on peut voter.
Une voix: Bien oui!
Le Président (M. Audet): Si on me dit qu'elle est
adoptée, moi, puis qu'il n'y a pas de réponse, je vais dire
qu'elle est adoptée.
M. Savoie: Non, non. J'ai dit «contre», M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Contre? M. Savoie:
Oui.
Le Président (M. Audet): Alors, si vous voulez appeler les
députés, s'il vous plaît.
La Secrétaire: M. Fil ion?
M. Filion: Pour.
La Secrétaire: M. Blais?
M. Blais: Pour.
La Secrétaire: M. Léonard?
M. Léonard: Pour.
La Secrétaire: M. Savoie?
M. Savoie: Contre.
La Secrétaire: M. Forget? M. Forget: Contre. La
Secrétaire: M. Camden? M. Camden: Contre. La
Secrétaire: M. Audet?
Le Président (M. Audet): Alors, étant donné
que c'est 3 d'un côté, 3 de l'autre, je vais devoir voter.
Après avoir entendu les 2 côtés, je vais voter contre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Pour faire durer le suspense. M.
le député de Masson, vous voulez intervenir. Alors, la motion est
rejetée.
M. le député de Masson.
M. Blais: Alors, M. le Président, j'aurais une motion
à présenter. Ma motion consisterait à demander de passer
à l'article 1, s'il vous plaît.
M. Léonard: II faudrait éviter de parler de
«filibuster» à propos de tout et de rien.
Le Président (M. Audet): Alors, on va débuter
l'étude du projet de loi.
M. Savoie: M. le Président, si vous me le permettez, avec
le consentement...
M. Filion: M. le Président, juste un petit peu avant... On
sait que vous avez rencontré la Commission d'accès à
l'information, est-ce que vous avez préparé les amendements?
M. Savoie: Oui, on a des amendements, oui, à
présenter.
M. Filion: Est-ce qu'il serait possible de les avoir
immédiatement, pour qu'on puisse procéder à un examen de
ça rapidement?
Le Président (M. Audet): C'est à M. le ministre
à répondre à cette question-là, ce n'est pas
à moi de le faire. Si le ministre y consent, moi, je n'ai pas de
problème.
M. Savoie: À ce moment-ci, il faut bien voir qu'on a des
projets d'amendement à présenter. Non, j'aimerais autant
attendre, puis, lorsqu'on sera rendu à l'article approprié, on
les déposera.
M. Blais: Ça aiderait à accélérer. M.
Savoie: Oui. Beaucoup, oui.
Le Président (M. Audet): Alors, je vais appeler l'article
1 du projet de loi.
M. Savoie: M. le Président, comme vous le savez, au
niveau...
M. Blais: Question de règlement, M. le Président.
En fait, c'est une question que j'ai demandée au ministre. Pourquoi ne
nous laisseriez-vous pas les amendements immédiatement ça
accélérerait les travaux plutôt que de les donner un
par un comme ça? On a...
M. Savoie: Oui, je sais, oui.
M. Blais: ...un recherchiste extraordinaire à notre
commission. Quand on lui donne les amendements d'avance, il les étudie
pendant qu'on étudie un article et il vient nous dire, au responsable du
dossier: Tel amendement est acceptable; tel ne l'est pas. Le travail est fait
et ça accélère les travaux.
M. Savoie: Oui, effectivement, oui.
M. Blais: C'est pour ça que M. le député de
Montmorency a demandé que vous les déposiez en vrac. Il n'y a pas
de secret là-dedans. On va tous les voir, de toute façon. (16 h
30)
M. Savoie: Non, non, ça c'est vrai. Je vais les
déposer dès que... Je pense qu'à compter de 20 heures je
pourrais les déposer en bloc.
M. Blais: En Chambre. M. Savoie: Non, non, ici. M.
Blais: Une loi spéciale.
M. Savoie: Bien, on va reprendre nos travaux à 20 heures,
n'est-ce pas?
M. Léonard: C'est parce que vous ne pensiez pas qu'on
passerait tout de suite à l'article 1? Vous n'étiez pas
prêt?
M. Savoie: Non, non, ce n'est pas pour ça. D'ailleurs,
dès que je vais être capable, je vais vous les transmettre.
M. Léonard: Non, mais c'est parce que, tout à
l'heure, pendant... De 15 heures à 16 heures, on a dû suspendre,
on a dû retarder la reprise de la commission. Ce n'est pas une
idée qui vous était venue à l'esprit?
M. Savoie: C'est-à-dire que... Oui, j'ai beaucoup
d'idées qui me viennent à l'esprit, mais toutefois, à ce
moment-ci, compte tenu du fait qu'il y a encore des éléments, des
virgules que nous sommes en train de vérifier...
M. Blais: Ah! vous n'êtes pas prêt? Ah! là,
ça va. M. Savoie: On est prêt, mais...
M. Blais: Si vous n'êtes pas prêt, on ne les veut
pas.
M. Savoie: Bon, O.K. Parfait.
M. Blais: Si vous n'êtes pas prêt, on ne les veut
pas.
M. Savoie: Si vous ne les voulez pas, M. le député,
on ne les remettra pas.
M. Blais: Non, non, on les veut. Vous nous dites que vos
amendements ne sont pas prêts. Alors, si c'est la raison, qu'ils ne sont
pas prêts, nous comprenons.
M. Savoie: C'est ça.
M. Blais: On comprend que vous ne pouvez pas nous les donner,
mais on ne comprend pas comment il se fait qu'ils ne sont pas prêts, par
exemple.
M. Savoie: Ah! ils sont prêts. C'est prêt.
M. Blais: Parce que vous auriez eu le temps, depuis que la loi a
été déposée...
M. Savoie: On a une couple de petites vérifications
à faire sur l'heure du souper, puis...
M. Blais: Vous n'êtes donc pas prêt?
Le Président (M. Audet): O.K. Alors, on a eu 2 documents,
ici, qui ont été présentés. Est-ce que vous voulez
fonctionner par sujet, étant donné que...
M. Savoie: Vous m'envelez les paroles de la bouche, M. le
député.
Le Président (M. Audet): C'est ça, parce que j'ai
besoin du consentement. Est-ce que vous voulez fonctionner par sujet? Les
sujets, on a regroupé ça par sujet. Par article, ça semble
peut-être plus facile?
M. Filion: M. le Président, étant donné que
le projet de loi n'est pas très volumineux, moi, je
préférerais y aller article par article. Normalement, on y va par
sujet, parce qu'on a quand même des briques à étudier,
comme amendements techniques.
Le Président (M. Audet): Oui.
M. Filion: Compte tenu que le projet n'est pas très,
très volumineux, j'aimerais ça passer article par article. Quand
même, certains articles vont aller plus rapidement que d'autres. On
pourrait voir où on a
vraiment modifié la loi et questionner en même temps.
Étude détaillée
Le Président (M. Audet): O.K. D'accord. Ça va?
Article par article.
Loi concernant l'impôt sur le tabac
Interprétation
J'appelle l'article 1.
M. Blais: Est-ce qu'il y a des amendements? M. Filion:
Est-ce qu'il y a des amendements? M. Blais: Y a-t-il des amendements
à l'article 1?
Le Président (M. Audet): Bien, on va lire l'article avant
de présenter les amendements.
M. Blais: Non, non, mais... On a le droit de demander avant s'il
y a des amendements.
Le Président (M. Audet): Un instant! Non, non, on va faire
la lecture de l'article. S'il y a des amendements à apporter, le
ministre va les déposer. Alors, l'article 2 de la Loi concernant
l'impôt sur le tabac, remplacé par l'article 1 du chapitre 16 des
lois de 1991, est modifié: 1° par le remplacement de la
définition du mot «paquet» par la suivante: «"paquet":
un paquet, une cartouche et tout autre contenant de tabac ainsi qu'une
manoque;»; 2° par le remplacement de la définition du mot
«tabac» par la suivante: «"tabac": le tabac sous quelque
forme qu'il soit consommé, y compris le tabac à priser mais ne
comprend pas le tabac en feuilles dont le traitement ne dépasse pas
l'étape du séchage, ni les parties brisées de ces feuilles
de tabac, ni les cigares vendus à un prix de vente en détail de
0,05 $ ou moins chacun;»; 3° par la suppression de la
définition de l'expression «tabac brut en feuilles»; 4°
par le remplacement de la définition de l'expression «tabac en
vrac» par la suivante: «"tabac en vrac": le tabac en feuilles, les
parties brisées de feuilles de tabac ainsi que le tabac coupé,
haché ou granulaire vendu en paquet mais ne comprend pas les cigarettes,
les cigares et les rouleaux de tabac ou autres produits de tabac
préformés destinés à être
fumés;»; 5e par le remplacement de la définition
de l'expression «vendeur en gros» par la suivante: «"vendeur
en gros": toute personne qui, au Québec, vend du tabac pour fins de
revente;»; 6e par le remplacement de la définition de
l'expression «vente en détail» par la suivante:
«"vente en détail": une vente faite à une personne pour
fins de consommation par elle-même ou par toute autre personne à
ses frais mais ne comprend pas une vente à des fins de revente ni une
vente de tabac en feuilles ou de parties brisées de feuilles de tabac
devant être composant de tabac destiné à la vente.».
2. Le présent article a effet depuis le 23 avril 1993.
M. Savoie: II y a un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Alors, il y a un amendement
là-dessus.
M. Blais: II y a un amendement à l'article 1, qui
n'était pas prêt il y a 2 minutes.
M. Savoie: Oui, oui.
M. Blais: Bien, c'est oui ou c'est non.
M. Savoie: Oui, oui, l'amendement à l'article 1
était prêt.
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le ministre, avec
votre amendement.
M. Savoie: Alors, M. le Président, il y a un
amendement.
D'abord, 1°: 4° par l'insertion, avant la définition de
l'expression «tabac en vrac», de la définition suivante:
«"tabac en feuilles": le tabac en feuilles et les parties brisées
de feuilles de tabac vendus en paquet;».
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Savoie: 2° par le remplacement du sous-paragraphe 4°
du paragraphe 1 par le suivant: 5° par le remplacement de la
définition de l'expression «tabac en vrac» par la suivante:
«"tabac en vrac": tout tabac coupé, haché ou granulaire
vendu en paquet mais ne comprend pas les cigarettes, les cigares, le tabac en
feuilles et les rouleaux de tabac ou autres produits de tabac
préformés destinés à être
fumés;».
Pour la question de la part du député de Repentigny...
Hein? Ah oui! je m'excuse, et ça continue: 3° par le remplacement de
la partie du sous-paragraphe 5° du paragraphe 1 qui précède
la définition de l'expression «vendeur en gros»
prévue à l'article 2 de la Loi concernant l'impôt sur le
tabac, que ce sous-paragraphe 5° du paragraphe 1 édicté, par
ce qui suit: 6° par le remplacement de la définition de l'expression
«vendeur en gros» par la suivante... Alors, ça change le
chiffre de 5° à 6°. 4° le sous-paragraphe 6° est
remplacé par le sous-paragraphe 7°;
5° par le remplacement du paragraphe 2 par le suivant: 2. Le
présent article a effet depuis le 24 avril 1993. Toutefois, pour la
période qui commence le 24 avril 1993 et qui se termine le 20 mai 1993:
a) l'article 2 de la loi concernant l'impôt sur le tabac, que le
présent article modifie, doit se lire en y supprimant la
définition de l'expression «tabac en feuilles»; b) la
définition de l'expression «tabac en vrac» contenue à
cet article doit se lire comme suit: «"tabac en vrac": le tabac en
feuilles, les parties brisées de feuilles de tabac ainsi que le tabac
coupé, haché ou granulaire vendu en paquet mais ne comprend pas
les cigarettes, les cigares et les rouleaux de tabac ou autres produits de
tabac préformés destinés à être
fumés;»; c) la définition de l'expression «vente en
détail» contenue à cet article doit se lire comme suit:
«"vente en détail": une vente faite à une personne pour
fins de consommation par elle-même ou par toute autre personne à
ses frais mais ne comprend pas une vente à des fins de revente ni une
vente de tabac en feuilles ou de parties brisées de feuilles de tabac
devant être composant de tabac destiné à la
vente.»
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a des questions
sur les amendements ou si les amendements sont adoptés?
M. Blais: Un instant! C'est un amendement à l'article 1,
ça? Je vais vous demander une question, M. le...
M. Savoie: Par paragraphe.
M. Blais: II est 16 h 38. À 16 h 35, je vous ai
demandé les amendements. Vous m'avez répondu: Ils ne sont pas
prêts. Vous avez eu le temps d'écrire tout ça dans les
trois minutes qui viennent de passer?
M. Savoie: Ce n'est pas vrai ce que vous dites, M. le
député.
Le Président (M. Audet): Écoutez, là, ce
n'est pas...
M. Blais: C'est une question, et j'ai le...
M. Savoie: Oui, mais...
M. Blais: .. .droit de la poser.
M. Savoie: Et la réponse, c'est que ce que vous dites est
inexact. Ce n'est pas ce que je vous ai dit. Je vous ai dit qu'à ce
moment-ci j'aime autant ne pas vous transmettre l'ensemble des amendements, en
bloc, puisqu'il y a encore quelques vérifications à faire, pas au
sujet de tous les amendements. À 2 exceptions près, tous les
amendements sont prêts. On est en train de faire une petite
vérification, qui va avoir lieu entre 18 heures et 20 heures. Ce que
j'ai dit, c'est qu'à 20 heures, normalement, je devrais être en
mesure de vous remettre les amendements en bloc permettant l'étude.
M. Blais: O.K., mais c'est plus pour vous dire que, notre
volonté, c'était de finir pour 18 heures. Mais, vous, vous ne
voulez pas, on va retarder.
M. Savoie: Vous êtes bien gentil, M. le
député.
Le Président (M. Audet): D'accord. Est-ce qu'il y a des
questions sur les amendements et sur l'article?
M. Savoie: Très compréhensif.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Montmorency.
M. Filion: Je vais poser une première question, d'abord,
sur l'article...
M. Savoie: Est-ce que je vous remets l'amendement pour
distribution?
Le Président (M. Audet): Ca va, on l'a ici. Il a
été mis à la disposition des membres de la commission.
M. Savoie: II a été remis à tout le monde,
oui? M. Filion: Sur l'article, M. le Président...
M. Savoie: Je m'excuse, en passant, le mot
«manoque»...
M. Filion: Oui, oui. C'est là qu'était la
question.
M. Savoie: Ah! vous l'avez vérifié, oui. On avait
l'information.
M. Blais: Je l'ai cherché, oui, mais vous pouvez le dire
pareil.
M. Léonard: Ce serait bon pour le Journal des
débats, parce que, moi, je ne la connaissais pas, la
définition du mot «manoque».
M. Filion: Pourquoi vous l'avez ajouté?
M. Savoie: Ah bon! D'accord. Alors, «manoque», dans
le Petit Robert, signifie d'abord une petite boîte de feuilles de tabac.
Deuxièmement, une pelote de cordage, de fil de ligne. Alors, il faut
comprendre qu'on cherche...
M. Blais: Dans le cas ici, ça doit être le premier,
hein?
M. Savoie: Normalement. Alors, je pense que le
député démontre encore sa grande acuité
intellectuelle...
M. Blais: L'esprit discerne vite, hein?
M. Savoie: Formidable.
M. Blais: L'analyse. Je subodore vite, hein?
Le Président (M. Audet): O.K. Alors, M. le
député de Montmorency.
M. Filion: M. le Président, j'aimerais poser une question
par rapport aux amendements qui viennent d'être déposés. On
cherche à comprendre les moments d'application. À la
deuxième page, dans le bas, vous marquez: Le présent article a
effet depuis le 24 avril 1993. Toutefois, pour la période qui commence
le 24 avril 1993 et qui se termine le 20 mai 1993... C'est quoi l'idée,
là?
(16 h 40)
M. Savoie: Alors, il y a eu une annonce, de la part du ministre
des Finances, qui fait en sorte que l'article s'applique depuis le 24 avril
1993, pour une partie. Toutefois, pour la période qui commence le 24
avril 1993 et qui se termine le 20 mai 1993, date du dépôt du
budget, on spécifie avec les définitions a, b et c.
M. Filion: Je comprends, mais c'est quoi l'idée de faire
une définition des mêmes mots avant, pour une période de 3
semaines, et une définition des mêmes mots après, pour ce
qui s'applique après?
M. Léonard: Presque 4 semaines.
M. Filion: Pourquoi? C'est 4 semaines. C'est ça que je
cherche à comprendre.
M. Savoie: C'est ça. Alors, le 24 avril, dans le bulletin
qui a été remis par le ministre des Finances, dans sa
déclaration, il a annoncé 0,0292 $ par gramme...
M. Filion: Oui.
M. Savoie: ...et, le 20 mai 1993, il a réduit le montant
dans son budget.
M. Filion: Je suis d'accord, mais ça ne change pas la
définition, ça.
M. Savoie: Non, ça ne change pas la définition,
effectivement, sauf que ça change le traitement qu'on lui donne.
M. Filion: Oui, mais la définition, c'est la même
chose. On parlait du tabac brut en feuilles les 23 et 24 avril. On parle encore
du tabac brut en feuilles après le 20 mai.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: C'est quoi, l'idée d'avoir 2 définitions
à des dates différentes?
M. Brochu (André): C'est très technique. C'est
parce qu'à 0,0292 $ c'était le taux auquel était
taxé le tabac en vrac, lequel tabac en vrac était défini
comme incluant le tabac en feuilles, au moment de la déclaration.
Lorsque, dans le budget, ils ont changé le taux du tabac en feuilles,
à ce moment-là, en plus de modifier le taux, il a fallu extirper
de la définition de «tabac en vrac» le tabac en feuilles,
parce que les 2 taux n'étaient plus les mêmes. Aujoud'hui, le
tabac en vrac continue d'être taxé à 0,0292 $, alors que le
tabac en feuilles, lui uniquement, est à 0,0146 $. C'est la raison pour
laquelle il a fallu faire 2 séries d'articles pour la période
intérimaire, entre le 23 avril et le 20 mai.
M. Filion: Vous avez les amendements pour l'article 8?
M. Brochu: Oui, ils viennent plus tard. M. Savoie: Oui,
c'est ça.
M. Filion: Mais c'est parce qu'ils vont ensemble, si on veut
comprendre ce qui se passe.
M. Brochu: C'est après l'article 6. M. Savoie: C'est
ça, l'article 6.1.1.
M. Brochu: Après l'article 6, on a introduit 6.1.1,
où là vous avez vos...
M. Savoie: Vos modifications.
M. Filion: Et vous avez les taux en fonction des
définitions que vous avez faites.
M. Savoie: C'est ça.
M. Brochu: C'est ça. En d'autres termes, le tabac en
feuilles n'étant pas taxé et ayant décidé de le
taxer au mois d'avril au même taux que le tabac en vrac, à ce
moment-là, on avait inclus le tabac en feuilles dans la
définition de «tabac en vrac». Ayant décidé de
modifier son taux, il a fallu le sortir. Aujourd'hui, le tabac en vrac, il
continue comme il avait toujours été taxé, à 0,0292
$, mais le tabac en feuilles est à 0,0146 $. On en a fait une
définition par lui-même.
M. Savoie: II y en a un qui est haché et l'autre ne l'est
pas.
M. Blais: Les boîtes de tabac, M. le Président... M.
Savoie: C'est ça, hein, le tabac en vrac, c'est
du tabac haché?
M. Gautrin: Un instant! M. le Président, j'ai
demandé la parole avant.
Le Président (M. Audet): Bon, bien, M. le
député de Verdun a demandé la parole. Allez-y, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: C'est d'abord des petites questions que je voudrais
comprendre. Le tabac à chiquer, à quel endroit il se trouve?
M. Blais: Au bunker!
M. Gautrin: Non, mais le tabac à chiquer, il est à
quoi, le tabac à chiquer? À quel endroit il est?
M. Léonard: Je comprends que, l'intérêt du
député de Verdun, c'est...
Une voix: C'est pour ses commettants!
M. Savoie: Ce n'est pas du vrai tabac. De la chique, ce n'est
pas...
Une voix: C'est du tabac.
M. Gautrin: Hein? Est-ce qu'il est en vrac, en feuilles...
Une voix: Est-ce qu'on peut l'avoir en manoque? Le
Président (M. Audet): Ou granulaire. M. Gautrin: ...ou
granulaire?
M. Savoie: Le tabac à chiquer n'est pas affecté
parce...
M. Gautrin: Donc, il n'est pas taxé?
M. Savoie: Non... bien, c'est-à-dire qu'il est
taxé, probablement, mais il ne tombe pas sur le tabac à fumer,
lui.
M. Gautrin: Donc, à priser, il est couvert?
M. Savoie: Oui, oui.
M. Gautrin: Le tabac à priser est couvert.
M. Blais: Vous connaissez la phrase des «Précieuses
ridicules» sur le tabac à priser? Vous vous souvenez de
ça?
M. Gautrin: Euh...
M. Blais: Où il demandait pour priser: Permettez que
j'introduise l'extrémité de ma dextre dans vos concavités
tabagiques, afin d'extraire cette substance palpable destinée à
chasser les humeurs peccantes de mon cerveau marécageux.
M. Gautrin: Je pense que ce serait très... M. Blais:
Vous vous en souvenez?
M. Gautrin: Non, mais ça me dit quelque chose. Je vois que
vous avez meilleure mémoire que moi. Alors, le tabac à chiquer
n'est pas dedans?
M. Savoie: Bien, c'est ça, en parlant de cerveau
marécageux... Regardez, dans les définitions de tabac. Vous avez
la définition du tabac, M. le député, à l'article
1, 2°: «"tabac": le tabac sous quelque forme qu'il soit
consommé».
Maintenant, du tabac à chiquer, en réalité, c'est
du «chewing tobacco». C'est américain, à proprement
parler. Il ne s'agit pas de feuilles, si ma mémoire est fidèle.
Finalement, c'est une espèce de concentré résineux...
M. Blais: II est dans quoi?
M. Savoie: Pardon?
M. Blais: II est dans quoi? C'est ça la question.
M. Gautrin: II n'est pas dedans parce que ce n'est pas du tabac,
si j'ai bien compris.
Une voix: Feuilles de coca.
M. Gautrin: L'autre question. Je...
M. Blais: II est avec la gomme dans les... Bien, ça ne se
peut pas.
M. Gautrin: Non, non. Je suis sérieux dans ma
question...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Verdun, continuez.
M. Gautrin: ...que je pose. Le tabac en feuilles et les parties
brisées de... Le tabac à pipe, c'est les parties brisées
de la feuille de tabac, vendues en paquet. C'est ça?
M. Savoie: C'est ça.
M. Gautrin: Donc, il rentre dans tabac en feuilles.
M. Savoie: Bien, enfin... il peut, oui: «...ni les parties
brisées de ces feuilles de tabac». C'est n'importe quelle feuille
qui peut être utilisée, soit pour le tabac à
cigarette ou le tabac à pipe.
M. Gautrin: «Les rouleaux de tabac ou autres produits de
tabac préformés destinés à être
fumés». Là, je vous pose la question, parce qu'un cigare
c'est un rouleau de tabac ou un autre produit de tabac préformé
destiné à être fumé. Alors, vous dites que les
cigares sont dans le tabac en vrac, mais là vous les retrouvez dans le
tabac en feuilles, non?
M. Savoie: Vous êtes à...
M. Gautrin: Je suis à 5°, je suis dans le...
M. Savoie: Vous vous rappelez de l'expression...
M. Gautrin: De ne pas aller trop vite.
M. Savoie: ...«marécageux»?
M. Gautrin: Dernière question je reviendrai
peut-être là-dedans. Vous mettez, dans la définition:
«...ni les cigares vendus à un prix de vente en détail de
0,05 $ ou moins». Est-ce qu'ils ont encore des cigares à 0,05 $?
Moi, je n'ai jamais vu... Si c'était 5 $, je comprendrais...
M. Savoie: Oui.
M. Gautrin: ...mais des cigares à 0,05 $! Est-ce qu'il
existe encore des cigares à 0,05 $, à 0,05 $ le cigare?
M. Blais: Oui, mais en chocolat!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Mais c'est «0,05 $ ou moins», hein?
Une voix: En réglisse!
M. Blais: Ils appellent ça de la réglisse, ici, au
Québec.
Une voix: ...
M. Gautrin: Oui, c'est ce que j'ai appris. Le législateur
ne doit pas parler pour ne rien dire. Ce n'était pas toujours
évident.
M. Savoie: Ah! il y avait une exception. C'est ça, c'est
que, dans la loi actuelle, M. le député, il y avait une exception
pour les cigares de 0,05 $ et moins. Aujourd'hui, je peux vous dire qu'avec des
taxes de 95 % sur un cigare, il n'y en a plus à 0,05 $.
Une voix: Alors, on peut l'enlever. M. Filion: Pourquoi le
garder?
M. Savoie: C'est dans le projet de loi, puis c'est là.
M. Filion: Si ça n'a plus d'utilité, pourquoi ne
pas faire d'amendement?
M. Blais: Tout ce qui est rare est cher. Or, un cigare de 0,05 $,
c'est rare. Donc, un cigare de 0,05 $, c'est cher!
M. Savoie: Ce n'est pas moi qui vais enlever le cigare à
0,05 $, M. le député.
M. Filion: Non, mais pourquoi traîner ça?
M. Savoie: Ça ne présente pas de
difficultés, ça.
M. Gautrin: J'ai compris le tabac à pipe. O.K., ça
va. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. D'autres questions sur cet article, sur les
amendements?
M. le député de Montmorency.
M. Filion: Toujours dans la définition de «tabac en
feuilles», vous avez une définition de tabac en feuilles qui vient
entre la période souche on peut appeler ça la
période souche du 24 avril au 20 mai 1993, dans cette
période souche, vous avec une définition de «tabac en
feuilles», et j'essaie de comprendre. Quelle différence y a-t-il
par rapport à ce qu'on avait déjà dans le projet de loi?
Normalement, le projet de loi aurait dû être présenté
correctement.
M. Savoie: C'est-à-dire que...
M. Filion: Pourquoi on change à nouveau la
définition?
M. Savoie: On avait le tabac en vrac, mais on n'avait pas le
tabac en feuilles.
M. Brochu: Parce que, dans «tabac en vrac», si vous
lisez la définition, entre... Depuis la période souche,
«tabac en vrac» définit «le tabac en feuilles, les
parties brisées [...] de tabac...
M. Savoie: «De feuilles de tabac».
M. Brochu: ...de feuilles de tabac ainsi que le tabac
coupé...» À ce moment-là, ça allait bien,
parce que le tabac en vrac, qui comprenait le tabac en feuilles dans sa
définition, était au même taux.
M. Filion: Oui, ça va.
(16 h 50)
M. Brochu: Or, on change le taux uniquement du
tabac en feuilles. On dit que, pour le tabac en feuilles, ce n'est plus
0,0292 $, c'est 0,0146 $. Donc, ce que l'on fait, c'est qu'on définit
dorénavant «tabac en vrac». On enlève le tabac en
feuilles, on dit que ce n'est plus du tabac en vrac. On en fait une
définition in se, et on lui applique le nouveau taux, depuis le budget.
C'est une technique de législation.
M. Filion: Oui, mais j'ai l'impression...
M. Léonard: Comment ça se fait qu'on ne peut pas
distinguer taux et définition? Si on fait une définition pour que
ça marche avec un tel taux...
M. Brochu: Remarquez que mon collègue...
M. Léonard: ...ça va vous amener
ultérieurement à modifier la définition, si jamais il y
avait un autre taux différent.
M. Brochu: C'est parce que, évidemment, on essaie, dans la
mesure du possible, de respecter la loi telle qu'elle est construite. Toujours,
quand on a un objectif à atteindre, au lieu de modifier, de chambarder
toute la structure de la loi, on essaie d'y coller. Avec le désavantage,
évidemment, que ça donne souvent des techniques un peu difficiles
à comprendre, quand on les lit pour la première fois.
M. Léonard: S'il n'y a pas de répercussions
pratiques, je veux bien, mais, à terme, il va s'en trouver des
répercussions, là-dessus. Si la définition est
collée à des taux, il me semble que c'est mettre la charrue
devant les boeufs.
M. Brochu: Peut-être que mon collègue peut...
M. Bouchard (Serge): Oui. Il y a un seul produit,
présentement, qui est taxé au taux de 0,0146 $, qui est le tabac
en feuilles.
Le Président (M. Audet): Excusez, monsieur. Si vous voulez
vous identifier, s'il vous plaît.
M. Bouchard: Oui. Serge Bouchard. Alors, ce que je disais,
finalement, c'est qu'il y a un seul produit, présentement, qui est
taxé au montant de 0,0146 $ par gramme. Donc, on devait finalement
cerner ce produit pour lui donner le bon taux de taxation.
M. Léonard: Oui, c'est ça, mais vous faites des
définitions selon les taux et non pas des définitions in se,
auxquelles vous appliqueriez des taux. En tout cas...
M. Brochu: C'est parce que, si on avait continué avec
«tabac en vrac«, partout dans la loi, il aurait fallu dire: Le
tabac en vrac est taxé à 0,0292 $, sauf le tabac en feuilles qui
est défini comme du tabac en vrac à....
Remarquez qu'on aurait peut-être pu garder une définition
commune, mais ça nous aurait amenés, ailleurs dans la loi,
à faire des «sauf», ce qui aurait été
peut-être plus compliqué. On a préféré en
faire une définition in se, pour le cibler, vu que son taux était
différent.
Le Président (M. Audet): D'autres questions?
M. Filion: Pour moi, c'est complet, M. le Président. Je ne
sais pas si mon collègue...
Le Président (M. Audet): D'autres interventions? Ça
va?
Alors, est-ce que les amendements apportés à l'article 1
sont adoptés?
M. Gautrin: Adopté, M. le Président. M. Filion:
Adopté.
Le Président (M. Audet): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Audet): L'article 1 est adopté.
Certificats d'enregistrement et permis
L'article 2. L'article 4 de cette loi, remplacé par l'article 2
du chapitre 16 des lois de 1991, est modifié par le remplacement du
paragraphe c par le suivant: «c) fournir, le cas échéant,
le cautionnement prévu aux articles 17.2, 17.3 ou 17.4 de la Loi sur le
ministère du Revenu;».
Est-ce qu'il y a des amendements à cet article?
M. Savoie: L'article 2?
Le Président (M. Audet): C'est ça.
M. Savoie: Non, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Alors, est-ce que vous pouvez, M.
le ministre, nous présenter cet article...
M. Savoie: M. le Président, d'habitude...
Le Président (M. Audet): ...bien, nous l'expliquer,
expliquer aux membres de la commission la portée de l'article?
M. Savoie: Est-ce que vous en avez fait la lecture, M. le
député?
Le Président (M. Audet): C'est fait.
M. Savoie: C'est fait? On se rappellera qu'il y a 2 ans on avait
eu des discussions sur le cautionnement.
Vous vous en rappelez vaguement, j'imagine. On avait eu une discussion
sur le cautionnement, ce qui pouvait être demandé sur le
cautionnement et de quelle manière. Donc, finalement, l'ensemble des
mesures concernant le cautionnement ont été rapatriées au
sein de la Loi sur le ministère du Revenu, et non pas en vertu de la Loi
concernant l'impôt sur le tabac. Donc, ici, à l'article 2, qui
modifie l'article 4, on dit: «fournir, le cas échéant, le
cautionnement prévu aux articles 17.2, 17.3 ou 17.4 de la Loi sur le
ministère du Revenu».
M. Filion: Par rapport au cautionnement, est-ce que le
cautionnement a changé? On était aux articles 7.7 ou 7.8 pour le
cautionnement, auparavant. Comme vous dites, vous l'avez
transféré dans la Loi sur le ministère du Revenu, mais
est-ce que vous avez en même temps augmenté l'exigence des
cautionnements?
M. Savoie: II n'y a pas eu de modification sur les principes de
fond, en ce qui concerne le cautionnement.
M. Filion: C'est uniquement une question de reclassifier les
articles ailleurs, c'est tout?
M. Savoie: Vous pouvez allez voir, je pense qu'ils sont à
l'article... mon Dieu, à l'article... À l'article 34 du projet de
loi, vous pouvez les voir: 17.2, 17.3, 17.4 sont là. Alors, le
cautionnement, d'abord, à 17.2, c'est pour les non-résidents.
À l'article 17.3, c'est le fait qu'on peut exiger un cautionnement,
là on détermine en vertu de quelles normes. Finalement, on peut
refuser. À l'article 17.4, on peut exiger un cautionnement additionnel
et, à 17.5, on peut le suspendre, le révoquer ou le refuser.
M. Filion: En réserves autochtones, est-ce qu'ils sont
obligés d'obtenir un permis?
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Est-ce que vous exigez des cautionnements
particuliers? Non?
M. Savoie: On pourrait.
M. Filion: À l'article 17.3, vous ne pourriez pas
intensifier le cautionnement, quand on sait pertinemment qu'à Akwesasne
c'est une réserve qui détient peut-être plus de tabac
qu'à des fins personnelles. Ils détiennent du tabac pour fins
commerciales.
M. Savoie: Imaginez-vous donc que tout ce qu'il y a à
faire, c'est d'ouvrir une boutique du côté des États-Unis,
c'est-à-dire changer de côté de rue, et c'est fini, on est
rendu aux États-Unis.
M. Filion: Alors, au niveau de l'émission des permis, il
n'y a pas grand-chose à faire à ce niveau-là?
M. Savoie: À Akwesasne, il n'y a rien à faire avec
ça, sauf, évidemment, pour les commerçants de
Saint-Régis, où il y a quand même une population de 4000,
qui est située du côté du Québec. Mais, si on exige
un cautionnement de quelqu'un qui demeure, par exemple, à Akwesasne,
tout ce qu'il a à faire, c'est de changer de côté de rue.
À ce moment-là, il est aux États-Unis et plus au
Québec.
Il faut visiter Akwesasne. Il y a une borne vague, à un moment
donné, qui divise la réserve en deux. À un moment
donné, tu as une autre ligne qui dit si tu es du côté du
Québec ou de l'Ontario. Puis, il y a une ligne, à peu
près, une rue dont une partie se trouve, à un moment
donné, au Québec et une autre partie de la rue se trouve,
à un moment donné, du côté de l'Ontario. À un
autre moment donné, elle se trouve du côté des
États-Unis...
Le Président (M. Gautrin): Pour fins de régime de
santé, ils sont tous au Québec.
M. Savoie: On a été longtemps en discussion pour un
centre hospitalier. Je pense qu'on a eu des difficultés à y
donner suite, à cause du fait que, finalement, l'édifice devait
se construire du côté de l'Ontario. Ça a été
la même chose, par exemple, avec la radio. La radio, on l'a construite du
côté de l'Ontario, et ça a créé
d'énormes difficultés. Finalement, la situation, là-bas,
est assez loufoque au point de vue administratif. Par exemple, on parle d'un
palais de justice. Les gens de Saint-Régis ont un conseil municipal. Il
y a donc une bâtisse où ont lieu les procès. Elle est du
côté du Québec, mais dans la municipalité de
Saint-Régis, qui est dans la réserve de Akwesasne. Alors, les
Indiens de cette réserve-là, qui demeurent du côté
des États-Unis, sont des citoyens américains. Ceux qui demeurent
du côté de l'Ontario sont des citoyens canadiens, mais des
Ontariens.
Alors, par exemple, je me rappelle fort bien, une fois, avoir
visité la réserve et constaté qu'il y avait eu une
entrée par effraction dans une résidence, avec des coups, des
coups portés sur un individu. À ce moment-là, on a fait
appel à la police québécoise, parce que ça a eu
lieu du côté du Québec, et l'Indien, qui était connu
de tous, s'est tout simplement rendu de l'autre côté de la rue.
C'était fait. Là, il fallait faire appel à la police de
l'État de New York, qui n'entre pas dans les réserves. Alors, le
chat était mort.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Moi, c'est la première fois qu'on me
décrit la situation aussi en détail, mais comment expliquez-vous
qu'on n'arrive pas à s'entendre entre les États-Unis,
l'État de New York, le Canada et les 2 provinces, Ontario et
Québec sur une façon de gérer cette question?
Ça n'a aucun sens. À toutes fins pratiques, il n'y a aucune loi
qui s'applique.
M. Savoie: Effectivement, vous avez raison, et... M.
Léonard: De façon pratique.
M. Savoie: De façon pratique. Finalement, il y a eu la
création d'un corps policier, les Peacekeepers, qui a demandé des
culbutes intellectuelles incroyables. Ensuite, on a placé un agent. Les
3 gouvernements canadiens et les 2 gouvernements américains se sont
entendus pour nommer 1 personne, pour chercher à coordonner les
interventions chez eux. La personne a été en poste, je pense que
ça a été 6 ans. Moi, j'ai participé à ses 2
dernières années, et il n'y avait rien à faire.
C'est-à-dire qu'au fur et à mesure... Je prends...
M. Léonard: C'est parce que la solution excusez
ne réside pas chez les corps policiers. Il y a une espèce
de traité qui devrait exister...
M. Savoie: Oui, c'est ça. (17 heures)
M. Léonard: ...sur l'administration, qui donnerait une
assise juridique à l'action des corps policiers.
M. Savoie: Ça fonctionne bien pour les petites choses, les
choses, finalement, qui n'ont pas de répercussions.
M. Léonard: Les affaires sérieuses, ça ne
marche pas?
M. Savoie: Non, c'est ça. La minute qu'on arrive... Par
exemple, justement, un cas comme ça, où il y a entrée par
effraction avec voies de fait. À ce moment-là,
l'Américain, lui, il va dire: Moi, je suis un Américain, je ne
suis pas un Québécois. Le Québécois va dire la
même chose. Alors, on va utiliser, finalement, un système. La
seule solution possible, à Akwesasne, c'est que les 3 paliers de
gouvernement canadiens et les 2 paliers de gouvernement américains
signent une entente spécifique pour l'administration. Évidemment,
là, on renonce à une partie du territoire et à des droits
éventuels. Alors, il n'y a personne qui veut toucher à
ça.
On a déjà créé une rencontre, en 1986,
où il y avait 18 agents gouvernementaux haut placés, puis il n'y
a rien à faire. Il n'y a rien à faire. C'est à cause,
justement, qu'elle est assise, là... Akwesasne, finalement, c'est un
territoire avec des écoles, avec un palais de justice, avec une radio,
avec une vie communautaire assez intense, qui est gérée par... Je
pense que ça fait assez longtemps que le chef Mitchell cherche à
travailler ça le mieux possible, mais il est incapable d'exercer de
l'autorité d'une façon ferme, puisque la confusion dans les
règles applicables, dans les lois applicables fait en sorte que
ça joue toujour en faveur du dissident. Les casinos, par exemple, du
côté des Américains, c'est autorisé; du
côté canadien, ça ne l'est pas. Du côté de
l'Ontario, également, ils n'ont pas les mêmes approches que du
côté du Québec. Alors, les Indiens vont toujours chercher
à utiliser cette situation-là pour décrier la situation et
dire que la seule solution, finalement, c'est une gestion autonome, un
gouvernement autonome.
M. Léonard: Quelle est la superficie de cette
réserve?
M. Savoie: C'est assez grand, c'est assez grand. Je ne pourrais
pas vous dire ça de mémoire, là, mais c'est assez
grand.
M. Léonard: Oui, mais... entre assez...
Le Président (M. Gautrin): Ça se compare à
quoi, à une petite ville?
M. Savoie: L'île de Montréal.
Le Président (M. Gautrin): À l'île de
Montréal?
M. Savoie: Peut-être. Ça ressemble, en termes
géographiques, au point de vue structure géographique, à
l'île de Montréal, mais c'est beaucoup plus petit, là. La
même superficie. C'est assez grand.
Eux, évidemment, ont des revendications qui s'étendent
à plusieurs îles. Même, de ce côté-ci du
Québec, ils prétendent avoir des droits. Souvent, c'est des
concessions des religieux, d'abord. Ensuite, les régions ont vendu une
partie, mais sans avoir obtenu les droits de la réserve, comme à
Oka. Alors, ils prétendent avoir été lésés
parce que, finalement, ils disent qu'il y avait une espèce de tutelle.
Moi, je pense qu'ils ont raison sur une bonne partie de ces revendications.
Le Président (M. Gautrin): Vous retrouvez vos anciennes
fonctions de ministre délégué aux Affaires
autochtones.
M. Savoie: Oui, c'est un dossier que j'ai bien aimé.
C'était intéressant comme dossier.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Labelle, votre commentaire sur l'article 2.
M. Léonard: Les montants de cautionnement, c'est quoi,
déjà? C'est élevé? Je n'ai pas la
mémoire...
M. Savoie: On ne détermine pas le montant dans... M.
Léonard: Mais qui les fixe? C'est les juges? M. Savoie:
Pardon?
M. Léonard: C'est le juge qui fixe le cautionnement?
M. Savoie: C'est le ministère.
M. Léonard: Ah! c'est le ministère?
M. Savoie: Oui. Euh... Oui, c'est ça, oui. C'est le
ministère. «Le ministre peut exiger [...] un cautionnement dont il
fixe le montant en tenant compte, s'il y a lieu, des montants que cette
personne est susceptible de déduire, de retenir, de percevoir...»
Ça varie selon le commerce.
M. Léonard: Selon le commerce?
M. Savoie: Oui. Si vous avez un commerce qui vend pour 10 000 $
par année, il va y avoir un cautionnement. Si vous avez un commerce de 1
000 000 $, il va y avoir un autre cautionnement.
M. Léonard: Ah! c'est selon le chiffre d'affaires? C'est
quoi, l'ordre de grandeur? Le chiffre d'affaires d'une année? Ça
dépend de l'infraction elle-même?
M. Savoie: Oui. On parle de c'est ça 6 mois:
«...à l'égard des six mois précédant cette
date».
Le Président (M. Gautrin): Ça va?
M. Filion: Est-ce que c'est un cautionnement variable?
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Montmorency.
M. Filion: Est-ce qu'il peut être différent d'un
commerce à l'autre?
M. Brochu: C'est arbitraire.
M. Savoie: C'est basé sur le chiffre d'affaires des 6 mois
précédents.
M. Léonard: Vous ne l'écrivez pas dans la loi?
M. Savoie: Non.
M. Filion: Dans un règlement?
M. Savoie: Ça dépend des conditions. Il y a
tellement de difficultés pour fixer un montant. Il y a tellement de
baromètres. Le chiffre d'affaires, c'est une indication, oui. Ça
joue énormément. C'est à 17.3, que c'est fixé:
«...de percevoir, de verser, de remettre ou de payer en vertu d'une loi
fiscale dans les six mois suivant la date à laquelle le cautionnement
est exigé». Alors, tout ce qu'on cherche à faire, c'est de
garantir que les taxes sur 6 mois vont nous être remboursées.
Le Président (M. Gautrin): On est prêt à
adopter l'article 2? Oui?
M. Filion: Ça va pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, l'arti- cle 2 est
adopté? Je n'entends pas le mot adopté. L'article 2 est-il
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
J'appelle l'article 3, qui se lit:
L'article 6.1 de cette loi, édicté par l'article 2 du
chapitre 16 des lois de 1991, est modifié par le remplacement du
paragraphe e par le suivant: «e) fournir, le cas échéant,
le cautionnement prévu aux articles 17.2, 17.3 ou 17.4 de la Loi sur le
ministère du Revenu;».
Une voix: ...
Le Président (M. Gautrin): Oui. Ah oui! C'est les
mêmes questions que vous avez, comparé au paragraphe c. C'est la
même chose.
M. Léonard: Ce sont les mêmes questions... Mais
pourquoi on le fait 2 fois, là?
Le Président (M. Gautrin): Parce que l'un, c'est sur le
paragraphe c; l'autre, c'est pour le paragraphe e. C'est ce que j'ai
compris.
M. Savoie: C'est ça.
M. Gautrin: On modifie.
M. Léonard: C'est 2 articles différents.
Le Président (M. Gautrin): Ça va?
(Consultation)
M. Filion: L'article 6.1, il parle de quoi, lui?
Le Président (M. Gautrin): L'article 6.1 parle de
quoi?
M. Savoie: Un permis.
Le Président (M. Gautrin): Un permis.
M. Filion: Mais l'article 4 aussi parle d'un permis.
M. Savoie: Oui, c'est ça, oui. C'est une demande de
certificat d'enregistrement.
M. Filion: Mais c'est des demandes différentes.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Il y en a un qui est une demande
de permis, 6.1. L'autre est une demande de certificat d'enregistrement.
Ça, c'est l'ancienne Loi concernant l'impôt sur le tabac qu'on
avait travaillée il y a 2 ans.
Le Président (M. Gautrin): Bon. Ça va? Non?
Oui?
M. Filion: Ça va, M. le Président. Moi, ça
va. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Gautrin): Ça va. M. le
député de Labelle, ça va?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Adopté. Non?
M. Filion: M. le député de Labelle n'est pas
encore...
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Labelle.
M. Savoie: Qu'est-ce que vous voulez? On peut vous le fournir, M.
le député de Labelle.
M. Léonard: Non, non, c'est parce que je cherchais la loi
originale.
Le Président (M. Gautrin): Je comprends, je comprends.
Alors, ça va? C'est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, l'article 3 est
adopté.
L'article 4. L'article 6.3 de cette loi, édicté par
l'article 2 du chapitre 16 des lois de 1991, est remplacé par le
suivant: «6.3 La période de validité du permis est de deux
ans. À son échéance, le ministre ou toute autre personne
qu'il autorise le renouvelle pour la même période sous
réserve bien sûr des articles 17.5 et 17.6 de la Loi
sur le ministère du Revenu.»
Il s'agit de la durée du permis et du renouvellement du
permis.
M. Savoie: Alors, aux articles 2 et 3, on avait les articles
17.2, 17.3 et 17.4, qui portaient sur le cautionnement. Là, à
l'article 4, on a les articles 17.5 et 17.6. D'une part, à l'article
17.5, on peut «suspendre, révoquer ou refuser de délivrer
un certificat d'inscription, un certificat d'enregistrement». D'autre
part, à l'article 17.6, on peut «également suspendre,
révoquer ou refuser de délivrer un certificat d'enregistrement ou
un permis [...] en vertu de la Loi concernant l'impôt sur le tabac ou de
la Loi concernant la taxe sur les carburants.»
M. Filion: II n'y à pas d'amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Gautrin): Auriez-vous quelques
amendements en cachette, M. le ministre?
M. Savoie: Pas encore, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Pas encore, mais ce sera trop
tard, bientôt, lorsqu'ils seront adoptés.
M. Savoie: Ah! ça... Oui, ça chauffe, ça
chauffe.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, ça va?
M. Léonard: La période de validité de 2 ans,
pourquoi c'est 2 ans? Ça revient vite, 2 ans.
M. Savoie: Je ne crois pas qu'il y ait eu de changement:
«La période de validité [...] est de deux ans.»
L'article 4.
M. Léonard: II n'y a pas de changement. Il n'y a pas de
changement.
M. Savoie: Non, il n'y a pas de changement, mais...
M. Léonard: Mais, ça va? Ça ne pose pas de
problème? Il faut le renouveler souvent.
M. Savoie: Bien, ça fonctionne, 2 ans, oui. M.
Léonard: Ça coûte combien, ce permis-là?
M. Filion: Oui, c'est exactement ma question. C'est quoi, le
coût?
M. Savoie: Le permis sur... C'est gratuit.
M. Filion: Ah oui! Ça existe? Us vont sûrement
prendre des notes.
Le Président (M. Gautrin): Ah! Et on n'a pas pensé
à tarifer ça?
M. Léonard: Vous n'avez pas déclaré
ça au ministre des Finances?
M. Savoie: J'en prends bonne note, M. le Président.
M. Filion: Vous n'en avez pas parlé.
Le Président (M. Gautrin): C'est gratuit, ce
permis-là, et on n'a pas pensé à le tarifer?
M. Savoie: J'en prends bonne note.
M. Léonard: Remarquez que le Revenu se graisse
déjà la patte beaucoup... (17 h 10)
Le Président (M. Gautrin): Non, enfin, le terme «se
graisser»...
M. Léonard: ...mais pas en termes péjoratifs. Par
ailleurs, il...
M. Savoie: Oh!
Le Président (M. Gautrin): C'est ça, le terme
«graisser» est un peu... Je comprends dans quel sens vous
l'entendez, n'est-ce pas, bien sûr.
M. Léonard: Mais, ceci étant dit... C'est un peu
ça, c'est un peu ça aussi. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Vous l'avez compris dans le
même sens que moi. Alors, vous êtes prêt à adopter
l'article 4?
M. Filion: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Adopté.
J'appelle l'article 5:
Les articles 7.2 à 7.5, 7.7 et 7.8 de cette loi,
édictés par l'article 2 du chapitre 16 des lois de 1991, sont
abrogés.
M. Léonard: L'article 7.2...
Le Président (M. Gautrin): Les articles 7.2 à
7.5.
M. Savoie: Ils sont transférés dans la Loi sur le
ministère du Revenu.
M. Filion: À cause des transferts. Concordance.
Le Président (M. Gautrin): Oui, c'est par concordance.
C'est ce qu'on vient de faire.
M. Filion: À cause de la concordance, il faut qu'ils
éliminent les articles.
Le Président (M. Gautrin): Pour ne pas faire 2 fois la
même chose.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: C'est que les articles 17.1, 17.2, 17.3 et 17.4
remplacent les articles 7.2 à 7.5, 7.7 et 7.8.
(Consultation)
Le Président (M. Gautrin): Bon, ça va?
M. Léonard: Donc, c'est repris à l'article
17.2.
Le Président (M. Gautrin): C'est ça,
exactement.
(Consultation)
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Gautrin): Merci. L'article 5 est donc
adopté.
J'appelle l'article 6, qui se lit comme suit:
L'article 7.9 de cette loi, édicté par l'article 2 du
chapitre 16 des lois de 1991, est modifié par l'addition de
l'alinéa on a un ajout ici, il faut bien faire attention; l'ajout
dit quoi? suivant: «Le gouvernement peut, par règlement,
déterminer des catégories de personnes et déterminer des
exigences particulières pour le manifeste ou lettre de voiture à
l'égard d'une ou de plusieurs de ces catégories de personnes ou
soustraire l'une ou l'autre de ces catégories de personnes aux
obligations prévues au premier alinéa.»
Ça veut dire quoi, ça, M. le ministre?
M. Savoie: II y a un amendement à l'article 6, d'abord, M.
le Président.
Le Président (M. Gautrin): Ah!
M. Savoie: C'est-à-dire qu'on va ajouter 6.1 à
l'article 6. Alors, pour répondre à votre question, ce qu'on
fait, c'est que l'article 7.9 c'est ça de la loi, comme
vous l'avez mentionné, est modifié en ajoutant que le
gouvernement détermine des catégories et détermine des
exigences particulières.
Le Président (M. Gautrin): Alors, l'amendement, si j'ai
bien compris, c'est l'ajout d'un article. Donc, on va d'abord adopter l'article
6...
M. Savoie: L'ajout d'un alinéa.
Le Président (M. Gautrin): Je n'avais pas compris que
c'était... C'est un alinéa que vous ajoutez à l'article 6,
ou si c'est un nouvel article que vous insérez entre 6 et 7? Moi, j'ai
cru comprendre que, votre amendement, c'est un nouvel article que vous
insérez entre l'article 6 et l'article 7. En conséquence, je vais
faire d'abord adopter l'article 6. Ensuite, j'arriverai à votre
amendement. C'est bien cela? Pardon?
M. Léonard: J'essaie de comprendre la situation.
Le Président (M. Gautrin): C'est bien. On a la même
compréhension, cher ami. C'est bien cela. Alors, l'ancien article
6...
M. Léonard: Non, l'ancien article 7.9 est modifié
par l'article 6.
Le Président (M. Gautrin): C'est bien ça. C'est
bien ça. Alors, vous êtes prêt à l'adopter?
M. Filion: Bien là, il faudrait essayer d'aller en
dessous.
M. Léonard: Moi, je... Oui, j'ai des questions. C'est des
points essentiels.
M. Savoie: Alors, je vais peut-être fournir quelques...
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre va fournir
quelques explications. Je pense qu'après vous allez pouvoir voter.
M. Savoie: On se rappellera qu'on avait des... Pour transporter,
ça demandait un manifeste ou une lettre de voiture pour faire du
transport, au Québec, de tabac. Je ne sais pas si vous vous en rappelez,
là.
M. Léonard: Je m'en rappelle très bien. Il y avait
de la paperasse là-dedans.
M. Savoie: C'est ça. On a découvert qu'il y avait
des situations qui pouvaient exister, par exemple, où celui qui
fabriquait le tabac, pour l'amener...
(Consultation)
M. Savoie: O.K.?
M. Léonard: Je suis déménagé.
M. Savoie: Bon. Alors, je vais continuer, à ce
moment-là. Comme vous le savez, dans la Loi concernant l'impôt sur
le tabac, il y avait des dispositions qui disaient que, pour transporter le
tabac, au Québec, ça prenait un manifeste ou une lettre de
voiture. Bingo! Évidemment, les conditions sont particulièrement
sévères, parce qu'on voulait contrôler le
déplacement du tabac sur le territoire pour éviter la
contrebande.
Toutefois, il est apparu que, dans le processus, il y avait des gens qui
pouvaient, par exemple, être obligés, en vertu de leurs fonctions,
de transporter sur de courtes distances, par exemple de la ferme à
l'usine. À ce moment-là, eux ce qu'on dit dans le
deuxième alinéa peuvent tomber dans «ces
catégories de personnes ou soustraire l'une ou l'autre de ces
catégories de personnes aux obligations prévues».
Me Brochu m'indique qu'on va leur faire des conditions
particulières à ces gens-là, ces gens qui sont finalement
accessoires à la vente du tabac et à sa commercialisation. Ils
vont être sujets à un règlement spécifique, qui va
les autoriser à amener ça de la ferme à l'usine.
M. Filion: L'amendement que vous avez déposé,
ça ne s'applique pas à l'article 6 du projet...
M. Savoie: Ça n'a rien à faire.
M. Filion: Ah! il vient après. Donc, ce n'est pas un
amendement...
M. Savoie: Non, non.
M. Filion: ...qui touche ça. O.K. Vous me rassurez. Alors,
c'est uniquement dans le but de permettre au fabricant de tabac ou au
producteur de transporter, sans être obligé de se soumettre...
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: ...aux exigences...
M. Savoie: C'est ça. D'une lettre de voiture ou
d'un...
M. Filion: ...à l'usine. Auparavant, il était
obligé?
M. Savoie: ...manifeste. Bien, c'est-à-dire qu'on ne le
visait pas, on ne visait pas ces gens-là. On a constaté qu'eux
pouvaient se ramasser dans cette situation-là. Alors, on veut tout
simplement régulariser leur situation, ce qui a bien du bon sens.
M. Léonard: Comment ça marche, votre système
de manifeste? Nous disons que, depuis le temps qu'on a discuté de toute
cette affaire, la contrebande a augmenté. Est-ce que vous
déclarez forfait quant au système de manifeste?
M. Bouchard: Disons que le règlement d'application de la
Loi concernant l'impôt sur le tabac prévoit les renseignements qui
doivent être inclus dans le manifeste ou la lettre de voiture: le
numéro séquentiel du document, la date de sa
préparation...
M. Léonard: Oui.
M. Bouchard: ...la personne qui l'a préparé,
l'endroit du chargement, acheteur ou vendeur. Donc, ça permet finalement
de suivre le tabac dans sa distribution.
M. Léonard: Oui, je vous entends, je comprends.
C'était ça qui était en cause, mais comment ça se
fait qu'il y a autant de contrebande quand même? Ces gens-là n'ont
pas de manifeste, quand ils se promènent?
M. Bouchard: C'est ça.
M. Léonard: C'est qui? Il y a des fabricants qui
fabriquent, puis ils ont des manifestes. Ça s'en va quelque part, le
tabac.
M. Savoie: Aux États-Unis.
M. Léonard: Ça s'en va aux États-Unis.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Et ça revient via Akwesasne.
M. Savoie: Oui. C'est-à-dire que ça revient, et
c'est entreposé, par exemple, soit au Québec, soit en Ontario.
Là, ça passe dans les mains des distributeurs.
M. Léonard: Dans les mains de l'industrie... M. Savoie:
Des distributeurs. M. Léonard: ...des distributeurs, oui.
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: Mais, quand ça revient par les
distributeurs, c'est là où il n'y a pas de manifeste?
M. Savoie: Non, là, c'est illégal. C'est des
activités de contrebande.
M. Léonard: Puis, là, vous n'arrivez pas à
les poigner.
M. Savoie: C'est-à-dire que ça se fait souvent dans
des petites voitures. C'est ça qui est difficile. La distribution se
fait au niveau local. Il peut y avoir des entrepôts et on peut chercher
à les prendre, mais c'est difficile.
M. Léonard: C'est parce qu'il y a des voies terrestres,
mais il y a aussi le fleuve qui...
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Léonard: ...est le moyen de communication.
M. Savoie: Puis elles sont grandes, le territoire est
immense.
M. Filion: Mais avez-vous un idée, aux États-Unis,
où sont situés les entrepôts?
M. Savoie: La dernière fois que j'ai parlé avec les
gens, oui, ils avaient des idées pour certains.
M. Léonard: La Sûreté du Québec doit
le savoir?
M. Savoie: Bien, j'imagine que la Sûreté du
Québec a des informations. Je présume, mais je l'ignore.
M. Léonard: Pour 500 000 000 $, ça ne vaut pas la
peine de se renseigner un peu?
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire que ça peut entrer
par tellement d'endroits, et le marché se déplace d'une
façon constante. On sait que ça se développe, par exemple,
au sud de l'Ontario, tout près de la péninsule, du
côté américain. Ça peut entrer par là,
facilement. (17 h 20)
M. Filion: Vous ne pourriez pas, à partir du moment
où vous connaissez les endroits d'entreposage, avoir des pisteurs, qu'on
appelle, des gens qui pourraient surveiller les endroits 24 heures sur 24?
M. Savoie: C'est le rôle de la police du tabac,-avec les
douaniers, la GRC, la Sûreté du Québec.
M. Filion: Mais vous n'avez rien pris. À partir du moment
où...
M. Savoie: Ah! on en prend, on en prend. On en a pris pour 10 000
000 $. On en prend. Ça, c'est seulement la police du tabac, sans parler
de la Sûreté du Québec, de la Gendarmerie royale et des
douaniers. Les gens se font prendre, ce n'est pas une partie de plaisir.
M. Léonard: Comme c'est là, il y a 1 fumeur sur 3
qui fumerait de la cigarette de...
M. Filion: Contrebande.
M. Léonard: ...contrebande. Ça fait pas mal de
monde à prendre.
M. Savoie: C'est ça, c'est ça.
M. Léonard: II y a une solution ou il n'y en a pas?
M. Savoie: Bien, il y a une solution, c'est-à-dire de
rappeler les gens à l'ordre, en développant des dents autour de
la législation. Évidemment, en réduisant...
M. Léonard: Ça, c'est la voie répressive,
à l'heure actuelle...
M. Savoie: Oui, c'est tout ce qu'il y a.
M. Léonard: ...disons, appelons ça
répressif, essayer de faire respecter la loi.
M. Savoie: C'est ça. C'est ça, c'est tout ce qu'on
a.
M. Léonard: Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que ceux
qui fument, ils ne se sentent pas coupables. C'est ça qui est le
pire.
M. Filion: On regarde le phénomène de la drogue,
où il y a des pénalités criminelles. On n'arrive pas
à contrôler les produits, au niveau des marchés. Le produit
arrive chez nous et la drogue est consommée aussi. Vous ne pensez pas
que ce genre de mesures là, qui ne sont même pas des mesures
criminelles, vont, à
toutes fins pratiques, ralentir ce qui est devenu légitime dans
une population?
M. Savoie: II est certain que la situation de la contrebande a un
impact social important, il n'y a pas de doute là-dessus. Lorqu'une
situation d'illégalité existe chez un citoyen qui veut
respecter les lois, qui fume c'est sûr que c'est un
élément social négatif et qu'il faut chercher à
l'éliminer. Maintenant, on retourne à notre point de
départ. Qu'est-ce qu'on peut faire pour l'éliminer? Un, c'est de
réduire les taxes, par exemple, mais le Québec ne peut pas
réduire ses taxes unilatéralement.
M. Léonard: Oui, ça, c'est... Mais ça, c'est
la voie de baisser les taxes.
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: Ça apparaît bouché pour un
temps indéterminé. Du moins, tant que vous serez au gouvernement,
vous ne pouvez pas toucher à ça, vous autres. Ha, ha, ha! Donc,
vous ne pouvez pas. Il faut revenir aux moyens de répression.
Là, dans l'article 6 que vous proposez, vous voulez exempter
certaines catégories de personnes de l'obligation d'utiliser les
manifestes. Ça m'amène à poser la question du point de la
perception de la taxe. Mon collègue avait parlé de percevoir la
taxe à la fabrication. Je sais qu'en commission parlementaire sur les
finances publiques les fabricants ont dit que ça ne serait pas efficace.
Est-ce que vous avez vraiment pu le vérifier? Est-ce que vous êtes
convaincu que ça ne serait pas efficace de le faire et que, finalement,
ça ferait déplacer la fabrication ailleurs?
M. Savoie: Oui. On perçoit déjà la taxe chez
le fabricant, pour la consommation locale. Mais, lorsque c'est pour
l'exportation, c'est là que les difficultés se
développent. Lorsque c'est pour l'exportation, on ne peut pas arriver et
charger la taxe, puisque le fabricant va être obligé de la charger
à celui qui vend. À ce moment-là, celui qui vend
outre-frontières va être obligé de l'appliquer chez nous.
Il n'achètera plus chez nous. Il va tout simplement acheter de
l'Angleterre, et là ça va rentrer.
M. Léonard: Mais, dans la mesure où le coût
de fabrication, le coût du manufacturier serait 2 fois plus
élevé ici que... Par exemple, c'est de Porto Rico qu'on a
parlé? Porto Rico, je pense que c'est ça. Quel est
l'intérêt de continuer à acheter ici, au Québec,
plutôt que d'aller acheter ailleurs? Porto Rico, on parlait, je pense, de
3 $ le carton, plus 0,10 $ de transport.
M. Savoie: C'est la qualité du tabac et la marque
commerciale.
M. Léonard: Mais il paraît qu'on ne verrait pas la
différence. Les fumeurs ne verraient pas la différence.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Mais c'est la marque
commerciale, c'est comme la bière.
Une voix: «Brand names».
M. Filion: Par contre, on sait que, si on y va avec un
impôt en main remboursable, on revient à la même valeur
économique que si on ne chargeait pas la taxe. C'est juste une dynamique
fiscale qui change.
M. Savoie: Oui. C'est-à-dire que tout ce qu'on va faire,
à ce moment-là, c'est qu'on va déplacer les usines. Les
usines vont se déplacer vers les États-Unis. Actuellement, en
Angleterre, on est capable de fabriquer exactement la même chose qui se
vend sur le marché canadien. Par exemple, un paquet de Rothmans. Je
pourrais vous montrer des paquets de contrebande Rothmans, fabriqués en
Angleterre, comme fabriqués au Canada, et vous ne verriez pas la
différence.
M. Léonard: Mais, à terme, d'après les
explications que vous donnez, ça a l'air insoluble.
M. Savoie: C'est ça. C'est insoluble. C'est pour ça
qu'on est obligé d'arriver avec ces affaires-là.
M. Léonard: Bien oui, mais, même si on arrive avec
des choses comme ça, si, moi... Disons que je ferais confiance à
l'imagination des contrebandiers, ils vont trouver toutes sortes de
méthodes pour passer à côté.
M. Savoie: Tant que les taxes vont être
élevées, l'incitatif est là. Mais, enlevez la taxe, il n'y
a plus d'incitatif. Le marché va disparaître.
M. Léonard: Ah oui! Ça, je comprends ça. M.
Savoie: Ce qui crée l'incitatif, c'est la taxe.
M. Léonard: En d'autres termes, c'est ça, votre
solution à vous. Vous dites que, pour être efficace, il faudrait
baisser la taxe.
M. Savoie: Oui, c'est ça. C'est bien sûr que, si
j'avais le pouvoir, je baisserais la taxe. Maintenant, il faut bien comprendre
que je ne peux pas baisser la taxe du côté du gouvernement
fédéral.
M. Léonard: Non.
M. Savoie: Si on prend 100 % des taxes qui sont sur un paquet de
cigarettes, actuellement, il y en a 55 % qui vont à Ottawa, 45 % au
Québec. Si on baisse les taxes, seulement au Québec, disons de 1
$ le paquet...
M. Léonard: Non, ça, je suis convaincu. M.
Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Je n'ai pas de problème avec ça.
M. Chagnon: Une petite question.
Le Président (M. Âudet): M. le député
de Saint-Louis.
M. Chagnon: Je me demandais si ce serait juste, M. le
Président, que comme l'a souligné le député
de Labelle, un peu plus tôt, puis ça s'est avéré,
semble-t-il s'il n'y avait pas, au Québec, au Canada, des paquets
de cigarettes de contrebande «no name», c'est-à-dire qui ne
sont pas de marques connues, usuelles, mais qui se vendent à un prix
insignifiant par rapport au prix, même détaxé, de la
cigarette, ici, par exemple un paquet de cigarettes à 1,25$ ou à
1,50$... Quand même qu'on enlèverait toute espèce de taxe
fédérale ou provinciale, les produits qui rentrent sur le
marché maintenant sont encore en deçà du prix
coûtant de nos manufacturiers d'ici. Alors, même l'hypothèse
de la détaxation complète fédérale et provinciale
est encore problématique.
M. Léonard: Oui. Quand on nous a parlé des produits
manufacturés à Porto Rico, c'est ça.
M. Chagnon: C'est ça? Est-ce que c'est exact? M.
Savoie: C'est exact. M. Chagnon: Insoluble. M. Savoie: C'est
ça.
M. Léonard: Je pense que, le danger, à part de
ça, c'est de perdre la fabrication même de ce qu'il y a ici.
M. Chagnon: En plus.
M. Savoie: C'est ce qui est dangereux. Effectivement, les emplois
que nous avons nous en avons plusieurs; je pense qu'il y en a 3 au
Canada, dont 2 au Québec, à Québec et à
Montréal, et 1 du côté de l'Ontario si on perd...
Évidemment, c'est une perte pour notre économie et qui est
causée, tout simplement, par une aberration au niveau des
systèmes de santé entre le Canada et les États-Unis. C'est
tout.
M. Léonard: Les systèmes de santé?
M. Savoie: Oui, ce qui fait la différence, c'est le
système de santé.
M. Chagnon: Les lobbies?
M. Savoie: C'est le système de santé, parce que
notre système de santé croît à 3 % au-dessus du
PIB.
M. Léonard: Là, vous parlez de toute la structure
fiscale et des obligations du gouvernement. Ça, c'est autre chose.
M. Savoie: Oui, c'est ça. On est obligé de taxer
plus sur le tabac, parce que, au Québec, on n'a pas les taxes les plus
élevées au Canada. Même, on est dans le peloton qui tire la
patte, un peu.
M. Léonard: Non, ce n'est pas les plus
élevées au Canada. Je le sais.
M. Savoie: Oui, oui, ce n'est pas les plus élevées
au Canada, du tout. En plus de ça, le problème, c'est qu'aux
États-Unis, étant donné que les soins de santé sont
privés, que les soins de santé, là-bas, c'est un
système privé, à ce moment-là, il y a encore de la
marge pour les taxes au niveau du tabac. Puis, d'ailleurs...
M. Chagnon: Je ne comprends pas la relation entre les deux.
M. Léonard: Ça ne serait pas la première
fois qu'on change...
M. Savoie: C'est que, si c'est l'État qui paie pour les
soins de santé, compte tenu que le tabagisme a un coût
extraordinaire...
M. Chagnon: Oui.
M. Savoie: ...et augmente les coûts de ton système
de santé...
M. Chagnon: Oui.
M. Savoie: ...à ce moment-là, tu vois le tabac
comme une source de revenu additionnel. Tu vas le chercher.
M. Chagnon: C'est un raisonnement qui est fallacieux au moment
où on se parle, parce que, comme on le souligne, on perd la
moitié des revenus à cause du détournement du tabac et de
la vente par voie d'un marché noir qui s'est installé sur le
marché local. Alors, ces revenus ne peuvent pas permettre de contribuer
à financer un système de santé public.
M. Savoie: Oui, ils contribuent à financer, effectivement.
Les Américains, par exemple, sont en voie d'examiner ces
différentes procédures. J'ai eu des informations verbales de
quelqu'un digne de foi qui me dit que, lorsqu'on va hausser les taxes sur le
tabac aux États-Unis, ce qui est déjà un problème
aux États-Unis, la même situation qu'on vit actuellement au Canada
va se produire, parce que le marché du tabac, c'est un marché
global. C'est un marché mondial.
M. Chagnon: Oui.
M. Savoie: On peut fabriquer du tabac canadien comme du tabac
américain. Finalement, c'est rien qu'une soupe, ça. La
différence, c'est rien que la fabrication qui change. En Angleterre, ils
vont fabriquer des Marlboro avec exactement le même goût, avec la
même présentation. (17 h 30)
M. Léonard: En réalité, on s'en va vers le
fait de le considérer comme illégal, ou pratiquement
illégal sauf que ce n'est pas dit tel quel, mais par la
fiscalité et ça revient au même que la drogue.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: C'est une espèce de drogue avec des
effets aussi nocifs.
M. Savoie: C'est ça, sur la santé.
M. Léonard: Mais, à partir du moment où la
contrebande est internationale, on ne peut pas régler cette
question-là, même si les États-Unis augmentaient leurs
taxes. Ça aiderait?
M. Savoie: Ça nous aiderait, oui. Ça
réduirait probablement, parce que ce serait plus difficile.
M. Léonard: Là, on aurait de la contrebande, comme
il y a du trafic de drogue, dans la mesure...
M. Savoie: C'est ça. Par bateau, surtout par bateau. Par
avion, mais ce serait surtout par bateau.
M. Léonard: C'est un petit peu plus onéreux
à transporter.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Ça serait plus
compliqué. Ça nous aiderait, c'est sûr.
M. Léonard: Mais disons que ce n'est pas la
première fois qu'il y a une assiette fiscale qui s'évanouit.
M. Savoie: C'est ça, c'est exact.
M. Léonard: Par exemple, au Moyen Âge, quand ils
taxaient, ils imposaient selon les fenêtres.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: À un moment donné, c'est
tombé. Le sel, on imposait le sel. La gabelle, c'est bien connu. Qui
stimule l'imagination du ministre des Finances dans ses budgets actuels? Au
fond, ses assiettes fiscales actuelles ont l'air de s'amenuiser. C'est le
ministère du Revenu ou si ce sont les fonctionnaires du ministère
des Finances? Ha, ha, ha! Je peux savoir?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: C'est ça. J'imagine que c'est la conjoncture
économique mondiale. Il y a des éléments qui jouent...
M. Léonard: Ah non! mais j'étais plus précis
que ça dans ma question, un peu plus pointu.
M. Savoie: Bien, c'est difficile. Je ne pense pas que
c'est...
M. Léonard: Vous vous parlez ou vous ne vous parlez pas
quand il s'agit de...
M. Savoie: On se parle. Regardez, il y a 7 ans, le paquet de
cigarettes était à 4 $. Un paquet de cigarettes à 4 $,
à peu près, à 3,60 $. Sur 3,60 $, il y avait des
coûts de fabrication je ne sais pas, moi de 0,60 $ et il y
avait 3 $ de taxes, disons, grosso modo. C'est quand même énorme 3
$ de taxes.
En 1952, on a vécu la même chose. En 1952-1953, le paquet
de cigarettes est parti de 0,25 $ et est monté à 0,55 $ à
cause des taxes. Il y a eu flambée de contrebande. Le gouvernement a
réduit les taxes et ça a arrêté.
M. Léonard: C'est ça. Si je peux poser une question
d'opinion au ministre: Est-ce que vous pensez que Philip Morris va gagner sa
bataille aux États-Unis sur la concurrence, en termes de prix du
tabac?
M. Chagnon: C'est 0,40 $, ça?
M. Léonard: II y a 0,20 $... 0,40 $... 20 % en tout
cas.
M. Chagnon: Ça amène une perte anticipée sur
ses revenus de 2 000 000 000 $ pour l'an prochain et une perte de la valeur de
ses actions aux bourses nord-américaines de 13 000 000 000 $, en dedans
d'une semaine. Il n'y a plus de bénéfices.
Le Président (M. Audet): O.K. Est-ce que ça va pour
l'article 6? D'autres questions?
M. Filion: Une dernière, justement, M. le
Président. Je pense que la solution qui nous apparaît la plus
efficace et qui permettrait d'arrêter la contrebande, c'est une
réduction de taxes. Mais je pense aussi qu'en quelque part il va falloir
penser à changer la dynamique fiscale. Je pense qu'on est rendu à
une espèce de société où on donne des cadeaux, des
cadeaux d'impôt, et on ne met pas des mécanismes en place pour
contrôler ces cadeaux. Je pense que, d'y aller avec une réduction
de taxes, suivie d'un impôt en main remboursable, on pourrait, à
ce moment-là, changer cette dynamique. Là, vous n'auriez plus
d'entreprises qui chercheraient à partir, parce qu'elles seraient de
toute façon compétitives avec une réduction de taxes,
alors elles demeureraient chez nous. Sauf qu'il faut arrêter d'accorder
des
exemptions sans pouvoir procéder à des
vérifications. C'est dans ce sens-là que l'impôt en main
remboursable a un rôle important dans une dynamique fiscale parce que,
dorénavant, l'autochtone devra déterminer que, sa consommation
personnelle, c'est x. On lui donne un remboursement de taxes sur sa
consommation personnelle.
M. Savoie: Ça existe déjà pour les
autochtones. C'est fait. C'est en marche depuis plusieurs années,
d'ailleurs.
M. Filion: Ils font des demandes de remboursement de taxe?
M. Savoie: Oui, c'est ça. C'est tant de cigarettes par
population.
M. Filion: Pour le tabac? M. Savoie: Oui, absolument.
M. Filion: Et sur leur consommation en général
ou...
M. Savoie: Je pense que c'est 10, 11 ou 12 cigarettes par
tête de pipe.
M. Filion: Ils ne paient pas la TPS ni la TVQ?
M. Savoie: Non. Je ne suis pas sûr de ça. Ils ne
paient pas de taxes eux autres. Il n'y a pas de taxes sur une réserve.
Il n'y a pas de saisie.
M. Filion: Mais comment vous faites pour contrôler une
consommation personnelle si, à la base, ils ne paient pas la taxe?
M. Savoie: Bien, on leur dit... C'est avec les fabriquants qu'on
s'est entendus. Les fabricants vont livrer tant de paquets qui sont
alloués pour livraison sur la réserve.
M. Léonard: Est-ce que ça a été
modifié selon les statistiques de Santé?
M. Savoie: Non.
M. Léonard: En d'autres termes, disons que les gens qui
fumaient, fumaient beaucoup plus il y a, supposons, 20 ans, en moyenne, alors
que, maintenant, avec la publicité qui est faite autour des effets
nocifs, la consommation moyenne doit avoir baissé. Est-ce que vous avez
réduit, en quelque sorte, les quotas que vous avez là?
M. Savoie: II faut comprendre qu'il y a 55 000 autochtones sur
les réserves, à peu près; 52 000 sur des réserves
au Québec. On parle seulement de quelques réserves, qui sont bien
affectées par la taxe sur le tabac. On n'a pas ce
problème-là, par exemple, avec les communautés au Nord,
les communautés isolées. On a ça surtout autour des grands
centres: Québec, Montréal, Val-d'Or, Maniwaki.
M. Léonard: Ce dispositif-là est
complètement distinct de la contrebande?
M. Savoie: Oui, complètement distinct. Ça n'a rien
à faire... ça existait avant la contrebande. C'est des notions
historiques.
M. Léonard: Je suis content de l'entendre dire, parce que,
ce qu'on entend, c'est que tout le monde mêle tous les autochtones
à la contrebande sur le tabac. Ça, c'est...
M. Savoie: Une chose est certaine, c'est que ce n'est pas
seulement les autochtones. C'est probablement. ..
M. Léonard: Plus maintenant. Ça, je le sais.
M. Savoie: Ah non! même avant. C'étaient souvent des
Blancs qui «drivaient» ça.
Le Président (M. Audet): Ça va? Est-ce que
l'article 6 est adopté?
M. Filion: Mais, en tout cas...
M. Léonard: Non, c'est parce que je pense qu'on discute du
fond de la question à l'heure actuelle. Ça m'inquiète
qu'on n'ait pas plus de lueur au bout du tunnel. Je me demande si, vraiment, il
y a des pistes, il y a des orientations qui peuvent être
envisagées pour régler cette question, à terme. Je ne dis
pas que, peut-être, dans 6 mois ça se fait, mais si, en dehors de
baisser les taxes, en dehors, parce que, baisser les taxes... Moi, je suis
d'accord que, si on baissait les taxes, évidemment, ça viendrait
de couper l'intérêt pour la contrebande, c'est évident.
Étant donné qu'on ne peut pas le faire je comprends
la situation il n'y a pas d'autre moyen de régler ça.
Parce que, moi, je trouve que c'est une gan-graine. À partir du moment
où vous l'admettez pour le tabac, vous l'admettez ensuite pour l'alcool,
pour l'essence, pour toute espèce de biens, puis il n'y en a plus... Je
parle d'une gangraine vis-à-vis de ce que j'appelle la moralité
fiscale. Les gens, ils ne sont pas coupables de ne pas respecter les lois.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Ça, je trouve ça
extrêmement dangereux. Quand je parle de l'«argentinisation»
du Canada ou du Québec, ce sont les phénomènes comme
ça qui sont les plus graves pour démolir une
société.
M. Savoie: C'est ça. C'est exactement ça. Vous
pouvez même parler de cancer.
M. Léonard: Écoutez, moi, je ne suis pas au
gouvernement, mais je trouve ça terrible qu'on glisse comme
ça.
M. Savoie: On surveille de très près la situation,
au niveau de l'alcool, par exemple. J'en parle souvent avec M. Tremblay. On
surveille les statistiques de très près. Évidemment, au
niveau de l'alcool, il y a un autre phénomène. C'est pour
consommation, c'est liquide. Quand on parle de trafic, on parle
évidemment du trafic, non seulement de la bouteille, mais de
l'intérieur de la bouteille aussi. Les gens sont moins confortables avec
un 5 gallons de Vodka Smirnoff. Ils vont se demander, là... C'est plus
difficile. Évidemment, c'est plus difficile à transporter, et
c'est pesant. Ça se gâte, à des températures
excessives, ce n'est pas comme le tabac.
Alors, oui, il y en a. Oui, on surveille ça, mais il y en a
moins. On surveille les appareils électroniques. L'électronique,
c'est des amplificateurs, des radios, des télévisions. C'est un
problème, ça aussi. Maintenant, il y a moins de taxes
là-dessus, ça fait qu'il y a moins de volume. Finalement, le vrai
problème, c'est le tabac. On surveille beaucoup l'alcool et on
espère qu'en continuant de donner des coups, au niveau de la
contrebande, comme modifier les amendes, comme imposer, garder notre prix sur
le tabac, sensibiliser davantage le public, la GRC, les douaniers ont
augmenté le nombre de personnes qui travaillent aux douanes, tout
ça va être un effort soutenu, à la longue, si on est
chanceux, on va les avoir. L'idée, c'est de ne pas baisser les bras.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Saint-Louis voudrait intervenir à ce stade-ci.
M. Chagnon: Ce ne sera pas long, Jacques. Ça va un peu
dans la suite des propos du député de Labelle. Je suis d'accord
avec le raisonnement du député de Labelle, qui amène
à tout le moins un questionnement sur l'éthique collective d'une
société qui accepte finalement de banaliser tout ce qui pourrait
être considéré comme un début de criminal isation
«criminal isation» dans son terme... Ce n'est pas un terme
qui t'amène directement...
M. Léonard: Disons que c'est de
l'illégalité, à tout le moins, sans la qualifier
moralement.
M. Chagnon: Voilà! Alors, il y a une banalisation de cela.
Moi, personnellement, je pense que l'idée de diminuer le niveau de
taxation sur un objet comme un paquet de cigarettes pourrait, à la
rigueur j'ai cru ça pendant longtemps permettre
d'éviter le marché noir. Mais, à partir du moment
où on arrive avec des objets de consommation, qui sont des paquets de
cigarettes en deçà du prix de notre fabrication locale,
là, on tombe dans le problème économique qui nous
amène aussi à l'«argentinisation». Nous sommes des
producteurs de biens qui sont en tout cas, dans ce cas-là
précis, sûrement moins compétitifs que ce qu'on peut
retrouver sur les marchés extérieurs. (17 h 40)
Alors, inévitablement, un beau matin, on va se retrouver avec des
produits, que se soient des radios, des télévisions, des
cigarettes, de la boisson, qui vont entrer ici en tout cas, oublions la
boisson, parce qu'on n'en produit pas tellement parce qu'on n'est tout
simplement pas compétitif avec les marchés extérieurs.
Ce n'est pas nouveau, ça. D'ailleurs, vous, M. le
Président, du temps de votre grand-père, probablement, il y avait
des alambics un peu partout disait-on! en Beauce, dans la
région de Saint-Hyacinthe, dans le Nord, dans les Laurentides.
M. Léonard: Disons qu'il n'y en avait pas juste
là.
M. Chagnon: II y en avait un peu partout, des alambics, puis tout
le monde protégeait son troisième voisin qui avait un alambic
dans sa cabane à sucre, parce qu'il y avait un dix-onces ou un
quarante-onces d'alcool qui lui arrivait à un moment donné ou
à un autre. Sauf qu'à partir du moment où il y a eu des
accidents parce que les alcools frelatés, à ce moment-là,
étaient de qualité douteuse, à partir du moment où
il y a eu des accidents, où les gens ont perdu la vue, ont fait ci, ont
fait ça, les gens se sont mis à se méfier.
On n'a pas de dynamique comme celle-là. Je ne pense pas, en tout
cas, M. le ministre, qu'en augmentant, en criminalisant
l'événement de la cigarette aujourd'hui, en augmentant le nombre
de polices, en essayant d'augmenter ce qu'on appelle, entre guillemets, la
répression ce n'est pas le Hie Reich je ne suis pas
sûr, moi, que c'est un modèle qui nous avance. Je ne suis pas
sûr que c'est un modèle qui nous permet d'avancer. J'ai des doutes
là-dessus, à tout le moins.
Par contre, je suis obligé d'avouer que je n'en ai pas, de
solution. J'ai beau réfléchir à ce
problème-là de tout bord, tout côté, ça ne
m'apparaît pas facilement soluble, le cas de la cigarette, en
particulier, à cause du coût je le répète
des nouveaux produits qui entrent sur le marché, sans marque
connue, mais qui sont tellement bas sur le prix du marché qu'ils sont
hors compétition avec n'importe quoi. Je m'excuse.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je sais que la publicité, dans un
domaine comme celui-là, ce n'est pas très efficace, sauf que j'ai
toujours trouvé que la publicité, par exemple celle du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, qui disait que
«Braconner, c'est voler», était une publicité qui,
peut-être, n'empêchait pas tous les braconniers
d'opérer...
M. Chagnon: Sensibilisait...
M. Léonard: ...mais sensibilisait beaucoup les gens et,
indirectement, touchait toute la population à l'effet
général nocif de ne pas respecter les lois. Donc, c'était
une certaine conscientisation. Est-ce que, du point de vue du ministère
du Revenu...
M. Filion: Ou de la Santé.
M. Léonard: ...ou de la Santé mais pas juste
de la Santé, je pense aussi au ministère du Revenu, parce que,
là, il s'agit de discuter des bases mêmes des systèmes de
perception de revenus pour les gouvernements il y a quelque chose qu'on
peut penser sur ce plan-là pour améliorer la situation? Moi, je
suis convaincu que, quand on regarde les chiffres du ministère des
Finances sur la perception des revenus c'est vrai pour le travail au
noir, ce que je dis, c'est vrai pour la perception des taxes sur le tabac,
etc., et toute espèce de revenus au gouvernement... Ça me
préoccupe beaucoup, je dois dire, parce qu'il y a une
préoccupation collective que les citoyens doivent avoir. S'ils ne l'ont
plus, c'est très grave.
M. Savoie: Vous avez absolument raison, et je suis donc heureux
de constater que vous vous ralliez à notre projet de loi, puisqu'il y a,
pour la première fois, une disposition spécifique, qui dit que
d'avoir en sa possession un paquet de cigarettes de contrebande, pour fins de
consommation, est illégal. En plus de ça, vous êtes sujet
à une amende: un minimum de 200 $, je pense, et un maximum de 1000 $, si
ma mémoire est fidèle. C'est là-dedans.
M. Léonard: Je comprends, mais ce n'est pas ça que
je veux dire, M. le Président, au ministre. C'est que c'est une attitude
beaucoup plus préventive. Là, vous punissez...
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: ...et je comprends que vous devez le faire,
jusqu'à un certain point. On pourra discuter, je pense, de la nature
même du projet de loi. Je donne raison quand même à mon
collègue, mais ce n'est pas de ça que je veux discuter; c'est
d'une attitude beaucoup plus préventive. C'est la même chose que
le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, qui dit que
«Braconner, c'est voler» à tout le monde. De temps en temps,
il prend un braconnier, puis, là, il lui impose des amendes
féroces, tout ce qu'on veut. Mais c'est son attitude sociétale de
prévenir, puis de dire: Écoutez, si vous faites ça, vous
volez, finalement, la collectivité, et vous volez vos enfants, vous
volez la faune, vous détruisez en quelque sorte. C'est un peu la
même chose.
M. Savoie: C'est ce qu'on avait fait en 1991. À plusieurs
reprises, on avait fait des conférences de pres- se. On avait
indiqué à la population que, lorsqu'on encourage la contrebande,
on donne de l'argent, soit à des Warriors, au niveau de certains
communautés autochtones, ou bien à la pègre, aux gens
«pégreux», qui sont près de la prègre.
M. Léonard: Mais une publicité plus... M.
Savoie: ...et qu'il fallait se désister.
M. Léonard: Une conférence de presse, c'est une
chose, mais une publicité plus présente.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Léonard: Exemple, la Société de
l'assurance automobile du Québec. Il reste quand même que, depuis
les 15 ans qu'elle opère, il y a des succès là-dedans.
Indépendamment des gouvernements, si on veut, il y a des succès.
Les comportements ont été modifiés.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chagnon: Pour renchérir sur l'idée de Jacques,
je pense que l'analogie je m'excuse, sur l'idée du
député de Labelle est bonne. Les gens qui achetaient des
prenons le domaine de la faune truites ou des dorés dans
le Nord, chez vous, puis qui les faisaient cuire dans leur restaurant ou
qui...
M. Savoie: Puis de l'orignal.
M. Chagnon: De l'orignal. À un moment donné, ils se
sont aperçus, parce qu'il y a une amende... Évidemment, Tu as une
amende si tu te fais prendre avec un animal, du gibier que tu n'as pas le droit
d'avoir en ta possession parce que tu n'as pas de permis, etc, ou que tu as
acheté. Et, comme le député de Labelle le disait, la
publicité qui a été faite autour de «Braconner,
c'est voler» a permis de sensibiliser un paquet de monde afin
d'arrêter d'acheter des truites, du doré, de l'orignal ou
n'importe quoi, parce qu'ils étaient partie à la machine, qui
permettait justement l'abattage illégal, qui permettait de braconner. Il
y aurait peut-être intérêt pour le ministère du
Revenu, effectivement, d'avoir une campagne de publicité qui soit fine,
et qui soit intelligente, et qui permette, en même temps, de
créer...
M. Savoie: Oui, ça nous prend les outils d'abord, donc
l'amende, donc le projet de loi.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions là-dessus? On est prêts à passer à
l'adoption de l'article 6?
M. Léonard: Je trouve que ce n'est pas très
avancé.
M. Filion: Non.
M. Savoie: Alors, c'est un bon projet de loi. C'est un bon
point.
M. Léonard: Ce n'est pas très avancé... qui
n'est pas très avancé quand même.
Une voix: On peut accepter.
Le Président (M. Audet): L'article 6 est-il
adopté?
M. Léonard: Bien, il faudrait calculer la
rentabilité d'une bonne campagne de publicité. Peut-être
que, cela, ce serait rentable. Celle-là serait rentable.
M. Chagnon: Mais il faut, au moins, qu'il y ait une amende pour
le fait d'avoir en sa possession un paquet de cigarettes de contrebande, ce qui
est nouveau dans ce projet de loi. S'il n'y a pas d'amende...
M. Filion: Je ne sais pas. Moi, je pense que ce n'est pas...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Montmorency.
M. Filion: Où on fait erreur, c'est qu'une loi fiscale qui
est raisonnable n'a pas besoin d'amende. On fait fausse route en
développant une société où on va réussir
à faire des lois fiscales avec des amendes tellement importantes que les
gens vont avoir peur. C'est là, je pense, que le système est
faussé. On n'a pas besoin de développer un État policier
pour percevoir ses taxes et on n'a pas besoin de commencer à vouloir
pénaliser les gens parce qu'ils ont un dû fiscal à payer.
Si les règles fiscales ou les lois fiscales ne sont pas correctes, il
faut retourner à la source et les ajuster pour que ça
fonctionne.
M. Chagnon: Ce n'est pas là le problème.
M. Filion: Bien, le problème, il est là. C'est que
là on développe une pénalité parce que...
M. Chagnon: Mais il en existe une dans l'exemple de votre
collègue, le député de Labelle, quand il parlait du gibier
qui est vendu illégalement. Il y a une amende pour celui qui en
achète, pour celui qui en a, pour celui qui en... (17 h 50)
M. Filion: Attention, là! Le gibier, c'est autre chose
pour moi. Le produit du tabac est un produit légal. Le tabac, c'est
courant, c'est légal. C'est un produit acceptable qui peut se vendre
partout, en tout temps. Le consommateur est piégé dans un
réseau où, lui, se retrouve face à un produit qui est
légal. Là, on est rendu à vouloir lui faire peur face
à un fléau qui existe dans une société, mais qui
n'est pas son problème à lui, qui est un problème
créé de toutes pièces, parce que nos lois sont mal faites,
mal structurées et déraisonnables. Il faut faire attention. Moi,
je pense qu'actuellement on est en train de dévier nos concepts de
taxation, qui veulent que, normalement... On est dans un système fiscal
d'autocotisation, où les gens font leur déclaration
d'impôt, une déclaration volontaire. On les cotise en fonction
d'un minimum de confiance. Mais là ce n'est pas ça qu'on est en
train de faire. On dit au consommateur: On n'a tellement plus confiance en vous
autres que notre système fiscal d'autocotisation qui demande un minimum
de confiance... On va s'assurer que vous allez l'avoir encore notre confiance.
On va vous poursuivre avec des pénalités odieuses, parce que,
nous, au fond, on ne veut pas régler le problème de notre
taxation. Je pense qu'on prend une déviation qui est contrairement
à l'opposé de ce qu'on avait toujours fait dans le passé.
C'est dangereux.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle, là-dessus.
M. Léonard: Oui. Moi, je vais aller dans le même
sens que mon collègue de Montmorency. Le problème des
pénalités, ça peut s'appliquer à des cas
plutôt extrêmes, et ce sont des pénalités... Vous ne
pouvez pas prendre tout le monde. Donc, visez des pénalités pour
les cas extrêmes. Pour la moyenne des gens ou la normalité,
au fond on devrait être capable de leur dire ou de leur inculquer
l'idée qu'il faut respecter la loi. Vous ne pourrez pas prendre 1 fumeur
sur 3 qui fume de la contrebande, à l'heure actuelle, il y en a trop.
Quelle que soit la sévérité des lois, vous ne contrerez
pas ça par la pénalisation. Donc, il faut trouver autre
chose.
En plus, si vous faites des pénalités très
sévères, qui visent à peu près tout le monde, quand
vous allez prendre un pauvre fumeur tout seul et que, là, vous
l'assommerez d'une taxe, d'une amende de milliers et de milliers de dollars,
ça revêt presque immédiatement un caractère
d'iniquité, d'injustice et l'ensemble de la population va avoir tendance
à le justifier, à le protéger contre un appareil
répressif. Donc, c'est là où il faut vraiment agir sur les
2 plans. C'est pour ça que je trouve qu'il faut vraiment trouver autre
chose, parce que la pénalité, ça doit s'appliquer à
des cas de trafiquants isolés, disons, une petite partie seulement,
là où c'est le plus grave. Mais, si on vise tout le monde,
d'abord, on n'attrappera à peu près personne, parce que ça
va être 1 sur je ne sais pas combien et ça va avoir un
caractère d'injustice.
M. Filion: D'ailleurs, M. le Président, à cet
effet-là, vous avez des articles de loi... Moi, je pense à
l'article 163.2 parce que j'ai le paragraphe de la Loi de
l'impôt sur le revenu fédérale, qui prévoit des
pénalités pour fraude qui sont beaucoup moins imposantes comme
conséquences que celles que vous voulez vraiment appliquer à des
citoyens qui se retrouvent dans une situation de fléau social. Ils
achètent un produit qui est légal.
C'est là qu'on fait fausse route. Vous prenez la population en
otage comme s'ils étaient pratiquement des fraudeurs sur le plan fiscal
quand, en réalité, ils ne sont pas la cause de la fraude et ils
ne sont pas non plus dans le système de la fraude.
M. Léonard: C'est parce que, agir ou procéder avec
des réflexes, en créant des réflexes de peur, il me semble
que, d'un point de vue réflexe collectif, ce n'est pas très
sain.
M. Savoie: Ce n'est pas ce qu'on veut faire, et on ne fait pas
ça non plus. Une amende de 200 $, dans un contexte où, sur un
paquet de cigarettes, il y a quasiment 4,50 $, 5 $ de taxes donc,
finalement, 20 fois le montant ce...
M. Léonard: Oui, mais...
M. Savoie: ...n'est pas extraordinaire. Ce n'est pas suffisant
pour vraiment faire basculer quelqu'un vers la faillite, sauf que l'amende est
importante, substantielle. 200 $, c'est de l'argent.
M. Léonard: Je vais...
M. Savoie: Ce qu'on cherche à faire, avec l'amende de 200
$ à 1000 $, on va être capable de dire: Attention! Avoir en sa
possession un paquet de cigarettes de contrebande, c'est illégal...
M. Léonard: Ouais...
M. Savoie: ...et peut faire l'objet d'une amende substantielle.
C'est un peu comme «Braconner, c'est voler». Aujourd'hui, les
amendes pour braconnage sont énormes. Elles sont énormes,
énormes.
M. Léonard: Mais, prenons un exemple. Il est
défendu de fumer dans les ascenseurs. Si vous êtes pris à
fumer dans un ascenseur, ça coûte 100 $ ou je ne sais pas trop
combien. Je pense que c'est quelque chose comme ça.
M. Savoie: Je pense qu'au niveau des aéroports c'est 50
$.
M. Léonard: Disons que c'est 50 $ ou 100 $. M. Savoie:
Ouais.
M. Léonard: La réalité, ce n'est pas
l'amende, qui est dissuasive, c'est le fait que le voisin, qui est dans
l'ascenseur, lui, ne fume pas. Celui qui fume se sent un peu mal à
l'aise et graduellement... Au début, c'était défendu et
tout le monde fumait pareil, mais, au bout de 5 ans je ne sais pas
combien; ça fait à peu près ça, 5 ans, que c'est
entré en force le consensus général, c'est une
pression sociale qui fait qu'on ne fume plus dans les ascenseurs. Donc, la loi
a atteint son objectif, mais parce qu'il y avait d'autres mesures qui faisaient
que l'ensemble des citoyens considéraient que c'était correct de
ne pas fumer dans les ascenseurs ou dans les lieux publics.
Moi, je trouve que la lutte contre la contrebande, ça devrait
être à peu près de la même nature. Si on veut mettre
une pénalisation quelque part, bien, il faut, à côté
de ça, qu'il y ait une motivation beaucoup plus positive. Ce n'est pas
la peur qui a empêché les gens de ne pas fumer dans les
ascenseurs, c'est plutôt que c'était la gêne et ce que je
viens d'expliquer, le processus psychologique qui les a amenés à
ne plus fumer dans les ascenseurs. Ça, je pense que, tant qu'on n'aura
pas atteint cela, il n'y a pas de justification qui va tenir.
M. Savoie: C'est que les non-fumeurs, évidemment... C'est
une mode de fumer. Là, la mode est en train de disparaître, les
non-fumeurs ont des droits. Dans cette situation-ci, c'est vrai que, l'amende,
ce n'est qu'un élément. Il va falloir encourager les gens
à dire non à la contrebande parce qu'à ce moment-là
ils n'assument pas leurs responsabilités et créer une
mentalité de participer à l'ordre social en achetant les
cigarettes en payant les taxes. Ce ne sera pas facile, je veux dire, ça
ne donne rien de se leurrer là-dessus, parce que le tabac est une
condition qui est attachée de plus en plus à ta condition
sociale.
M. Léonard: À la condition sociale? M. Savoie:
De plus en plus, là.
M. Léonard: Bien, je ne trouve pas ça tant que
ça.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Aujourd'hui, la variation
dépend énormément de la couche sociale, que ce soit au
Québec...
M. Léonard: C'est-à-dire que plus vous êtes
pauvre, plus vous fumez.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Vous restez pauvre parce que vous fumez aussi.
Là, c'est de plus en plus vrai.
M. Savoie: Bien, en tout cas, non, non. Le plus que vous
êtes pauvre, le plus que vous fumez. C'est un luxe de pauvre, c'est
ça.
M. Filion: Alors, raison de plus pour dire que la
pénalité ne changera rien. Raison de plus pour dire que la
pénalité, pour eux, ne changera rien. C'est des gens qui
recherchent le produit le moins coûteux possible, selon les moyens qu'ils
ont de se le procurer. Alors...
M. Savoie: Ça crée une pression additionnelle.
Ça crée une pression additionnelle, ça bouche un trou. Les
gens ne pourront pas dire: Ouais, bien, tu sais... On ne peut pas se promener
ouvertement, et montrer ça à une police, sur le coin de la rue,
et dire blablabla. On avertit le ministère du Revenu. Bang! 200 $
d'amende! Minimum, minimum. C'est illégal. Avant, ça ne
l'était pas. Avant, on n'avait rien.
Le Président (M. Audet): Alors, avant de suspendre nos
travaux, est-ce que nous pouvons dire que l'article 6 est adopté?
M. Léonard: Moi, j'aurais eu une question à poser
sur les petites bandes rouges, ou je ne sais pas trop quoi, sur les paquets de
cigarettes. Il y a 2 ans, quand on avait discuté du projet de loi,
c'était supposé régler toute la question. Ha, ha, ha!
M. Savoie: C'est vrai, c'est vrai, je m'en rappelle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Aujourd'hui, vous entrez...
M. Léonard: Peut-on en rire?
M. Savoie: Bien, vous entrez dans une tabagie et vous le voyez,
là.
Le Président (M. Audet): D'accord. Alors, si je comprends
bien, l'article est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Léonard: Sauf qu'on ne sait pas si c'est de la
contrebande.
Le Président (M. Audet): Alors, nous allons suspendre nos
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 10)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
pour l'étude du projet de loi 90, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur le tabac, la Loi sur le ministère du Revenu et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal.
M. le député de Montmorency, Mme la secrétaire m'a
avisé que la parole était à vous, relativement à
l'étude de l'article 6.
M. Filion: Je pense, M. le Président, qu'on avait quand
même passé l'article 6. On parlait de la philoso- phie de
l'ensemble du projet de loi. On aura sûrement l'occasion de revenir sur
cette philosophie-là à travers les autres articles, au fur et
à mesure qu'on avancera dans le projet de loi. Je pense que l'article 6,
nous, on pourrait l'adopter.
M. Savoie: Je pense que c'était terminé, les
articles 6 et 6.1?
Le Président (M. Lemieux): L'article 6 est donc
adopté?
M. Filion: L'article 6 est adopté.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, je pense qu'il
y a un nouvel article proposé?
M. Savoie: L'article 6.1, c'était fait. M. Filion:
C'est l'article 7. Là, on est rendu à 7. M. Savoie:
C'est fait, ça aussi, là. (Consultation)
M. Filion: Non, on n'a pas l'amendement. Il n'y a pas
d'amendement à l'article 6.
M. Savoie: Oui. On avait l'article 6.1, qu'on avait
déposé, qu'on avait lu.
M. Filion: L'article 6.1, on ne l'a pas fait.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, là. Je
suis rendu à l'article 6.1. Est-ce qu'on a fait l'article 6.1?
M. Filion: L'article 6.1, non.
Le Président (M. Lemieux): Nous ne l'avons pas fait...
M. Filion: Non.
Le Président (M. Lemieux): ...mais il a été
déposé par M. le ministre. C'est ça?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'appelle maintenant
l'article 6.1.
(Consultation)
M. Filion: Est-ce que vous êtes disposé à
nous livrer tous les amendements, ou bien si...
M. Savoie: J'attends un appel, là. On a fait des appels.
Au fur et à mesure, on va être obligé de les
déposer.
M. Filion: Oui? M. Savoie: Oui. M. Filion: Bon.
(Consultation)
M. Filion: Une petite question sur l'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député de Montmorency.
M. Filion: Concernant le paragraphe 1°, on peut très
bien comprendre que ça va avec la mesure budgétaire du 20 mai,
où on réduit la taxe sur le tabac brut en feuilles. Dans le
paragraphe 2°, où on ajoute d, qu'est-ce que vient faire cette
tarification-là ou ce taux de taxation, «0,735 $ par gramme de
tout tabac autre que des cigarettes, du tabac en vrac, du tabac en feuilles et
des cigares»?
M. Savoie: Je vous rappellerai que b, c'est le tabac en feuilles,
et que d, c'est le tabac en vrac.
M. Filion: Le paragraphe d, c'est... Non. Le tabac en vrac?
M. Savoie: Oui, d, c'est le tabac en vrac.
M. Filion: Le paragraphe b, c'est le tabac en vrac.
M. Savoie: Le paragraphe d, et b, c'est le tabac en feuilles.
M. Filion: Là, on parle de d; b, c'est le tabac en
vrac.
M. Savoie: Le paragraphe b, c'est le tabac en feuilles; b, c'est
«0,0146 $ par gramme de tout tabac en feuilles».
M. Filion: Le paragraphe b.l.
M. Savoie: Le paragraphe b.l.
M. Filion: Mais b, c'est le tabac en vrac.
M. Savoie: Le paragraphe b, c'est...
M. Filion: En vrac.
M. Savoie: à l'article 6.1.1, b.l, c'est le tabac en
feuilles. Est-ce que vous avez...
M. Filion: Le paragraphe b.l.
M. Savoie: Non. Là, vous êtes à l'article
2.1?
C'est ça? Nous autres, on est à l'article 6.1. M.
Filion: L'article 6.1? M. Savoie: Oui.
M. Filion: Le paragraphe b.l. qui se trouve à être
l'article 8, au fond. C'est 8. Le paragraphe b, vous avez l'article 8, b,
où on parle du tabac en vrac.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: À l'article 8, b.l, on parle du tabac brut en
feuilles.
M. Savoie: Ça, c'est l'article 8, b.l, c'est le tabac en
feuilles. Et, à l'article 8, 2°, d, c'est le tabac en vrac.
M. Filion: 2°, d.
(Consultation)
M. Filion: C'est qu'on dit «du tabac en feuilles et des
cigares». Quand on lit avec l'article, dans le projet de loi, on parle du
tabac en vrac.
M. Savoie: Tu as raison, tu as raison pour d. À b, c'est
le tabac en feuilles. Puis, d, c'est: «0,0735 $ par gramme de tout tabac
autre que des cigarettes, du tabac en vrac, du tabac en feuilles et des
cigares.»
Le Président (M. Lemieux): Vous avez raison, M. le
député de Montmorency.
M. Savoie: Tu avais raison. C'est ça. Ça marche. M.
Filion: Un exemple de d, c'est quoi, déjà? M. Brochu:
Du tabac préformé, qu'on me dit. M. Gautrin: Du tabac
à priser? M. Savoie: Non. Ça, c'est «chewing
tobacco».
M. Filion: C'est peut-être là qu'est la chique du
tabac, le tabac à chiquer.
M. Gautrin: Si le tabac à priser est un tabac autre que
les cigarettes, c'est du tabac en vrac.
M. Brochu: Oui, ça, c'est correct.
M. Gautrin: Donc, le tabac à priser... Si vous voulez
mettre du tabac dans votre nez, à ce moment-là, vous payez 0,0735
$ par gramme.
M. Savoie: Ça marche. Vous avez raison, M. le
député de Verdun.
M. Chagnon: Vous savez qu'anciennement il y avait des crachoirs
à côté de chacun pour que les gens puissent cracher leur
chique.
M. Gautrin: ...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est une suggestion
que vous voulez faire, ici, M. le député de Verdun, vous?
M. Gautrin: Au lieu d'avoir des cendriers, ce qui est
illégal.
Le Président (M. Lemieux): C'est défendu de fumer
ici.
M. Chagnon: Le prochaki projet de loi...
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que l'article
6.1.1 est adopté?
M. Filion: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous passons
maintenant à l'article 7. Est-ce qu'il y a des commentaires relativement
à l'article 7?
M. Filion: Est-ce qu'il y a des amendements à l'article 7,
M. le Président?
M. Savoie: Non. Alors, ça risque de nous faciliter la
tâche grandement.
Une voix: ...
M. Savoie: Non, je ne vous planterais pas, là.
M. Filion: Alors, est-ce qu'on peut commenter l'article 7, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, j'ai appelé
l'article 7, M. le député de Montmorency. Est-ce qu'il y a des
commentaires?
Oui, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Je voudrais poser des questions avant, M. le
Président. Là, vous dites: «Nul [...] qui y fait
affaires...» Autrement dit, si on prend l'exemple d'un voyageur, d'un
homme d'affaires qui arrive de Houston, il ne peut pas avoir en sa possession
du tabac à être consommé c'est ça?
même s'il reste 2 jours ici? Qu'est-ce que ça veut dire «qui
y fait affaires»?
M. Filion: Est-ce qu'on peut nous donner l'explication de
l'objectif visé par l'article 9.2?
M. Savoie: C'est justement l'histoire de la personne qui a un
paquet de contrebande.
M. Filion: «Nul ne peut, étant une personne qui
réside ordinairement au Québec ou qui y fait affaires, avoir en
sa possession du tabac destiné à être consommé par
cette personne ou par toute autre personne à ses frais et dont le paquet
n'est pas identifié conformément à l'article 13.1 pour le
tabac destiné à la vente en détail au Québec, sauf
si ce tabac a été apporté légalement au
Québec.»
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez quelque
chose à dire? Ça va.
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça va pour
l'explication ou... Est-ce que ça vous satisfait, M. le
député de Verdun?
M. Gautrin: Je m'excuse, est-ce que je peux... Le
Président (M. Lemieux): Allez-y.
M. Gautrin: Je ne veux pas retarder la commission
incessamment.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez pas à vous
excuser pour intervenir, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Je lis «sauf si ce tabac a été
apporté légalement». Je prends la contradiction logique:
s'il n'a pas été apporté légalement, il a donc
été apporté illégalement. Vous dites que personne
ne peut avoir en sa possession du tabac qui a été importé
illégalement. C'est ça?
M. Savoie: C'est ça.
M. Gautrin: Donc, vous dites que personne ne peut avoir des
choses qui ont été importées d'une manière
illégale.
M. Savoie: C'est ça. Tu ne peux pas avoir de la
contrebande sur toi.
M. Gautrin: Tu n'as pas le droit d'avoir de la contrebande. O.K.
Je comprends.
Le Président (M. Lemieux): Ça va? Alors, est-ce
que...
M. Gautrin: Ça veut dire que...
Le Président (M. Lemieux): Ça va. C'est
adopté.
M. Filion: Non, non, ce n'est pas... J'ai des questions, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Non? M. le député
de Montmorency.
M. Filion: C'est quand même un nouvel article qui apporte
un questionnement sur l'aspect pratique des choses.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Comment on va faire pour... D'abord, on dit:
«...conformément à l'article 13.1». À
l'article 13.1, on dit: «Tout paquet de tabac prescrit par
règlement destiné à la vente en détail au
Québec et qui s'y trouve doit être identifié par les
personnes, de la manière et aux conditions prescrites par
règlement.» Est-ce qu'on a ces détails-là? Quelles
vont être ces spécificités-là? Est-ce qu'on a une
copie du règlement?
M. Savoie: C'est un règlement déjà
publié, ça, déjà en vigueur?
(Consultation)
M. Savoie: Alors, la question était de savoir si on peut
voir si le règlement existant, qui va être modifié pour
tenir compte, par exemple, du tabac en feuilles et des choses comme
ça... Ce que vous avez, donc, c'est le règlement 170-369, qui est
publié et qu'on retrouve dans les publications usuelles.
M. Filion: C'est parce que vous faites référence
à la possession d'un paquet de cigarettes.
M. Savoie: Oui. «Tout paquet de tabac... M. Filion:
«Tout paquet de tabac...
M. Savoie: ...prescrit par règlement destiné
à la vente en détail au Québec et qui s'y trouve doit
être identifié par les personnes par les fabricants
de la manière et aux conditions prescrites par règlement.»
(20 h 20)
On trouve ça à l'article 2 du règlement 170-369.
Alors, «sur chaque paquet de cigarettes, un ruban d'une largeur d'au
moins 4,5 mm servant à déchirer l'enveloppe et qui doit porter,
outre les mots "CANADA DUTY PAID DROIT ACQUITTÉ" requis en vertu de la
Loi sur l'accise [...] un symbole un astérisqueplacé
avant le mot "CANADA" [...] du mot "QUÉBEC", placé
immédiatement après ce deuxième trait», etc.
M. Filion: Alors, le contrôle est un contrôle au
niveau du paquet?
M. Savoie: Oui, c'est ça, pour identifier le paquet,
oui.
M. Filion: Comment vous allez faire si les gens se mettent
à acheter des porte-cigarettes? Comment vous allez faire pour faire un
suivi de ce genre d'application?
M. Savoie: Ici, on parle de paquet. M. Filion: Oui, c'est
ça, paquet.
M. Savoie: Oui. Alors, l'infraction, c'est 9.2: «Nul ne
peut, étant une personne qui réside ordinairement au
Québec ou qui y fait affaires, avoir en sa possession du tabac
destiné à être consommé...»
M. Filion: C'est ça, mais vous vous référez,
quand vous parlez du tabac, «ou par toute autre personne à ses
frais et dont le paquet n'est pas identifié conformément à
l'article 13.1».
M. Savoie: Non, non, non. Oui, O.K. Ça, c'est le
paquet en tant que tel?
M. Filion: Oui.
M. Savoie: «Et dont le paquet n'est pas identifié
conformément...»
M. Filion: Alors, vous allez appliquer une pénalité
à un paquet de cigarettes.
M. Savoie: C'est-à-dire à un paquet de
contrebande.
M. Filion: Non, à un paquet de cigarettes. M. Savoie:
Oui, c'est ça.
M. Filion: Un paquet qui serait en possession d'une personne.
M. Savoie: Oui, c'est ça, oui. Un «paquet», au
sens de la définition à l'article 1. C'est ça.
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Si on va à l'article 1, on voit:
«"paquet": un paquet, une cartouche et tout autre contenant de tabac
ainsi qu'une manoque».
M. Filion: C'est ça. M. Savoie: C'est
ça.
M. Filion: Alors, la pénalité va s'appliquer
à un paquet de cigarettes.
M. Savoie: Oui. «Et dont le paquet n'est pas
identifié conformément à l'article 13.1».
M. Filion: C'est ça. Alors, avec votre règlement,
vous me parliez des petites barres rouges...
M. Savoie: C'est ça, «duty paid». C'est
ça, oui.
M. Filion: ...et toute l'histoire. Si la personne se retrouve
avec une espèce de porte-cigarettes, vous ne pourrez jamais appliquer
votre pénalité.
M. Savoie: Oui, parce que c'est le paquet.
M. Filion: Bien non, mais c'est dans un porte-cigarettes. Vous
n'aurez plus de paquet. Non?
(Consultation)
M. Gautrin: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: Est-ce que je peux répondre au
député de Montmorency? Il me semble qu'il s'agit de paquets
destinés à la vente au détail. Donc, ce n'est pas un
paquet qu'on transporte après, c'est bien destiné à...
M. Filion: C'est que la preuve de la pénalité...
C'est pour ça que je demandais qu'on m'explique le règlement
cité à l'article 13.1.
M. Savoie: Alors, supposons qu'on arrête quelqu'un,
justement, avec un porte-cigarettes. On ouvre son porte-cigarettes, et c'est
des Craven A, par exemple. Comment est-ce que tu fais pour prouver que c'est de
la contrebande? Tu ne peux pas. Alors, c'est une question de circonstances.
M. Filion: Mais c'est là que j'arrive. Ça vous
donne quoi de légiférer s'il s'établit une habitude
où les gens vont avoir des porte-cigarettes pour mettre leurs cigarettes
de contrebande?
M. Savoie: On ne peut pas faire la preuve que des cigarettes dans
un porte-cigarettes sont de la contrebande.
M. Filion: Alors, vous ne pourrez jamais appliquer la
pénalité?
M. Savoie: Bien, on pourra appliquer la pénalité,
parce que la majorité des gens utilisent des paquets de cigarettes
ordinaires. Ils n'utilisent pas des porte-cigarettes.
M. Filion: On présuppose que vous êtes dans un
marché normal et que tous les gens ne prennent pas de porte-cigarettes.
Là, on est dans un marché illégal, de contrebande. On peut
s'attendre à ce que les porte-cigarettes soient même fournis par
les contrebandiers. Alors, à partir du moment où on fournit les
porte-cigarettes en vendant les cigarettes en contrebande, comment vous allez
faire pour appliquer une pénalité aux consommateurs?
M. Savoie: Écoutez, on ne veut pas ouvrir des camps de
concentration. Ha, ha, ha!
M. Filion: D'ailleurs, c'est ce que je veux qu'on évite
aussi.
M. Savoie: C'est ça, là. Alors, ce qu'on veut
faire, c'est dire: Tu ne peux pas avoir en ta possession du tabac
destiné à être consommé et dont le paquet n'est pas
identifié conformément à la loi. Alors, quelqu'un qui met
ça dans un porte-cigarettes, commencer à faire la preuve que
c'est venu d'un paquet de contrebande, ce n'est pas...
M. Filion: Ce n'est pas possible, au fond. C'est ça que
vous me dites.
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire qu'il y a des
éléments là-dedans qu'il n'est pas possible de
contrôler, c'est sûr, mais il pourrait toujours y avoir, j'imagine,
des circonstances où on pourrait dire: Oui, mais... Qu'est-ce que tu
veux, on n'est pas pour entrer chez quelqu'un et défoncer la porte pour
aller voir s'il y a un paquet de cigarettes par terre, dans son panier...
M. Filion: Non, non, non. Je comprends très bien, mais on
veut mettre une pression. Vraiment, vous voulez mettre une pression.
M. Savoie: C'est ça. On veut mettre une pression, et
ça constitue une pression, ça.
M. Filion: Mais une pression... À partir du moment
où les gens disent: Bien, la façon de l'éviter, c'est
d'avoir un porte-cigarettes...
M. Savoie: Ah oui? Bien, arrivez-nous avec une proposition.
M. Filion: M. le ministre, moi, je ne veux pas rien qu'une
proposition. Je crois que c'est un projet de loi qui est difficilement
applicable.
M. Savoie: Oui, c'est vrai.
M. Filion: À toutes fins pratiques, on va créer
plus une tension qu'autre chose.
M. Savoie: Bien, ce qu'on disait, tout à l'heure... Vers
17 h 30, 18 heures, on disait que, ce qu'il fallait faire, c'est de poser des
gestes, ne pas baisser les bras, continuer à intervenir, continuer
à mettre de la pression là-dessus. On en avait parlé. Je
pense que c'est le député de Labelle qui en avait parlé,
par exemple, tu sais, d'une campagne comme «Braconner, c'est
voler!». Alors, ici, c'est: En avoir en sa possession, c'est
illégal!
Actuellement, c'est légal. Techniquement, on arrête
quelqu'un et il se présente devant le juge en disant: Ce n'est pas pour
revendre, c'est pour ma consommation personnelle, donc ce n'est pas
illégal, consommer de la cigarette de contrebande. Là, c'est
devenu illégal, consommer de la cigarette de contrebande. Si la personne
trouve des subterfuges pour s'en sortir, bien...
M. Filion: Écoutez, moi, le but, c'était simplement
de faire... Parce qu'on étudie le projet de loi. Au fond, aux articles
17, 18 et 19 du projet de loi, on amène des pénalités, des
pénalités qui, à toutes fins pratiques, sont
reliées aux articles 7 et 8, qu'on est en train de regarder. On se rend
compte que ces 2 articles, il s'agirait d'avoir un porte-cigarettes et toutes
les pénalités que vous voulez appliquer viennent de tomber. C'est
ce que je constate.
M. Savoie: Bien là, il y a toujours une question de
preuve. Tu sais, je veux dire, il y a toujours... C'est illégal quand
même.
M. Filion: Ça, l'illégalité... Je pense
qu'on est tous d'accord sur le fait que la contrebande n'a pas sa place. C'est
la façon dont on va s'y prendre pour mettre une pression. Je pense que
la pression devient...
M. Gautrin: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: Seulement en termes de réflexion parce
qu'on réfléchit un peu, ici pourquoi vous avez
préféré utiliser le concept de paquet de tabac, y compris
paquet de cigarettes, plutôt que la cigarette elle-même,
c'est-à-dire l'objet? Enfin, la cigarette est la principale
consommation. Je comprends que, pour le tabac en vrac, c'est difficile de le
colorer d'une certaine manière, etc., mais obliger le producteur
à identifier la cigarette, ce qui réglerait peut-être les
problèmes du collègue de Montmorency.
M. Savoie: Ça, ça veut dire qu'on marquerait le
papier et...
M. Gautrin: Si on marquait le papier, si on marquait le
filtre...
M. Savoie: Oui, c'est ça. Ça veut dire que, tout ce
qu'on a à faire, c'est... C'est un obstacle qui est relativement facile
à surmonter, le marquage du papier, pour les industries. On va commencer
à contrôler le papier qui va servir à la fabrication de
cigarettes, les couleurs un ruban rouge, un ruban vert, un ruban jaune,
un ruban noir on n'en sortira plus, là. (20 h 30)
Alors, ça a été pensé. L'industrie, puis
nous, on pense qu'il n'y a pas vraiment de mécanisme sûr. Alors,
ce qui encourage, c'est les paquets qui circulent. Les gens, on les voit. On va
dans les restaurants, des fois, on voit des paquets de cigarettes de
contrebande. Alors, c'est pour dire que c'est illégal. Alors, quelqu'un
qui prend ça, qui sort ça et qui se met ça dans un
porte-cigarettes, ce serait une question de preuve.
M. Gautrin: Mais, c'est que... M. Filion: Oui. M.
Gautrin: M. le Président... Le Président (M. Lemieux):
Oui.
M. Gautrin: ...ce qui arrive fréquemment il faut le
voir, si on regarde ce qui se passe réellement dans les comtés
c'est que les gens vont prendre des paquets légaux, vont fumer
leurs 40 ou 25 cigarettes, je ne sais pas combien il y en a dans un paquet, et,
après, ils vont remplir leurs paquets légaux de cigarettes
illégales...
M. Savoie: De contrebande. M. Filion: C'est ça.
M. Gautrin: ...de contrebande. Donc, ils auront toujours sur eux
un paquet légal.
M. Savoie: On se rappellera que Players, je pense, quand la
contrebande a pris son envol, a commencé à sortir des paquets en
tôle, qui avaient plus de résistance. Donc, ils pouvaient durer,
être rechargés à plusieurs reprises. Maintenant, il y a
quand même des limites. Je veux dire, on n'est pas pour commencer
à faire du prosélytisme dans un dossier de cette nature. On dit:
Auparavant, il n'y avait rien. La consommation de cigarettes de contrebande
n'était pas illégale. Là, tout ce qu'on fait, c'est qu'on
arrive et on dit: C'est illégal. Tu sais, je veux dire, on n'est pas en
Allemagne, en 1939. Personne ne veut une gestapo.
M. Gautrin: Avec vous au pouvoir, j'en suis sûr! Avec vous
au pouvoir, je n'ai aucun doute sur cette question-là.
M. Filion: Vous allez être rendu, quand on va arriver au
pouvoir.
M. Gautrin: Moi, je le sais. Je me suis toujours posé la
question, à savoir dans quel camp de concentration vous allez m'envoyer.
Je ne l'ai pas encore su. En Abitibi? Oui, probablement.
M. Savoie: En 1939, c'est parce que ça a été
comme un summum. Les camps de concentration étaient ouverts, et c'est
arrivé en 1934.
M. Filion: Au fond, c'est des pénalités qui se
trouveront à être difficilement applicables. Je peux maintenant
comprendre le ministre des Finances, quand il prévoit des recettes
fiscales beaucoup moindres que l'an dernier. Il se rend bien compte, au fond,
qu'il ne se passera pas grand-chose aux habitudes des gens. Ils achètent
un paquet de cigarettes qui a été acheté de façon
légale, dans une économie contrôlée. Ils gardent
leurs paquets, puis le remplissent au fur et à mesure avec leurs autres
paquets de contrebande. Bingo! C'est réglé, on n'en parle plus.
Ils auront évité toute possibilité de se faire prendre par
un contrôle quelconque de la part des policiers ou des gens qui seront
chargés de faire ce contrôle pour appliquer des
pénalités. Je trouve que c'est trop facile.
M. Savoie: C'est ça. Il faut rattacher ça à
nos discussions de tout à l'heure, où on disait que la notion de
contrebande est une notion très difficile et qu'il n'y avait pas de
solution évidente, à moins d'une réduction de taxes de la
part d'Ottawa et de Québec. Ottawa a dit: Non. Alors, là, on est
pris dans cette situation-là. Ensuite, on avait la consommation de
cigarettes par un particulier, qui n'était pas illégale, qui,
finalement, tombait dans une espèce de zone grise. Là, on arrive
et on dit que c'est illégal. Alors, on demande le respect de la loi. Que
voulez-vous? On n'est pas pour commencer à faire des culbutes
astronomiques pour... C'est illégal. C'est dit, c'est clair: la
consommation est illégale.
M. Filion: Oui. M. le Président, sur division, à
l'article 7.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division,
l'article 7.
Nous passons à l'article 8. Est-ce qu'il y a des commentaires, M.
le ministre, relativement à l'article 8?
M. Savoie: Bien, on l'a fait tout à l'heure. M.
Gautrin: On vient...
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 8 est
adopté?
M. Gautrin: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Un instant.
M. Filion: J'aurais aimé avoir une copie des... Les
règlements qui sont actuellement en vigueur, ça va demeurer les
mêmes règlements, même après? Il n'y a pas d'autres
modifications ou esprit...
M. Savoie: Oui, mais, après, il va y avoir des
modifications pour le tabac en feuilles.
M. Brochu: On va ajouter les nouveaux produits, dont le tabac en
feuilles. Il va falloir trouver une façon de le marquer aussi.
M. Filion: Vous allez conserver les mêmes
règles...
M. Brochu: Oui.
M. Filion: ...de spécificité que vous avez
actuellement pour le paquet...
M. Brochu: Oui. M. Filion: ...de tabac.
Le Président (M. Lemieux): L'article 8 n'ayant pas
été appelé, mais discuté subsidiairement, j'appelle
l'article 8. Est-ce que l'article 8 est adopté?
M. Gautrin: Adopté. M. Filion: Sur division. Le
Président (M. Lemieux): Sur division.
Vérifications, inspections et saisies
Nous passons maintenant à l'article 9.
M. Savoie: Alors, l'article 9 prévoit ce qui suit:
«13.4 Avec l'autorisation écrite d'un juge de la Cour du
Québec, qui peut être accordée sur demande ex parte
à la suite d'une dénonciation faite souS serment par une personne
qui a des motifs raisonnables de croire qu'une infraction à la
présente loi est ou a été commise et qu'il y a en un
endroit au Québec une chose pouvant servir de preuve de cette infraction
ou qui est ou a été utilisée pour sa perpétration,
le ministre peut autoriser par écrit tout fonctionnaire du
ministère du Revenu ou toute autre personne qu'il désigne, ainsi
que tout agent de la paix que ce fonctionnaire ou cette personne appelle
à son aide, à rechercher en cet endroit, à y saisir et
à emporter cette chose et, à ces fins, à s'introduire dans
tout édifice, réceptacle ou lieu en cet endroit.»
M. Filion: Oui... C'est quelque chose, ça.
M. Savoie: Ça existe déjà pour tout un
ensemble d'autres mesures. C'est la même chose.
M. Filion: Oui, oui, mais...
M. Savoie: Ce n'est pas extraordinaire.
M. Filion: Bien oui, mais c'est un pouvoir de perquisition que
vous donnez comme ça?
M. Savoie: Oui. Oui, oui, c'est ça. C'est un pouvoir de
perquisition avec l'autorisation d'un juge de la Cour du Québec.
M. Filion: Mais, ça devient, pratiquement... On dit, ici:
«...peut être accordée sur demande ex parte à la
suite d'une dénonciation faite sous serment par une personne qui a des
motifs raisonnables de croire qu'une infraction à la présente loi
est ou a été commise et qu'il y a en un endroit au Québec
une chose pouvant servir de preuve de cette infraction». Ça veut
dire que les policiers peuvent entrer chez vous pour des motifs...
Écoutez, il va falloir qu'on explique davantage. Une personne
qui, par exemple, a une chicane avec son voisin. Elle dit: Lui, il fait de la
contrebande. Elle fait une déclaration, puis, le lendemain matin, vous
voyez arriver les gens de la Sûreté du Québec venir faire
une vérification, puis ils virent tout à l'envers. Je veux
essayer de comprendre. J'essaie de comprendre la portée de ce pouvoir de
perquisition.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: Je veux bien comprendre. Moi aussi, je suis le
député de Montmorency, à l'heure actuelle. Si je comprends
bien, l'autorisation est donnée au ministre. Est-ce que c'est ça?
«Avec l'autorisation écrite d'un juge de la Cour du Québec,
qui peut être accordée sur demande ex parte donc, sans la
partie adverse à la suite d'une dénonciation».
Alors, si on remarque le mécanisme, M. Filion,
député de Montmorency, dénonce et dit: J'ai de bonnes
raisons de croire que M. Gautrin a des cigarettes de contrebande.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes même
allé chez lui dans son sous-sol.
M. Filion: Oui, et il en fait le commerce.
M. Gautrin: II écrit, par exemple, une petite lettre: Mon
cher Raymond, je considère que Gautrin doit avoir des cigarettes de
contrebande. Là, à ce moment-là, le ministre peut
demander, avec l'autorisation d'un juge, donc il faut quand même qu'on
autorise la perquisition... C'est ça?
M. Savoie: Par la police du tabac, par exemple.
M. Gautrin: Mais le ministre et le juge... Il y a 2 personnes qui
vont quand même voir si la dénonciation est farfelue ou pas.
Le Président (M. Lemieux): Un juge de la Cour du
Québec.
M. Savoie: Le juge doit établir que c'est raisonnable.
Le Président (M. Lemieux): C'est le juge.
M. Gautrin: Vous savez, le juge va voir s'il y a quand même
semblant de preuve ou si, simplement, c'est parce que mon ami Filion veut me
faire un coup de cochon. Il veut...
M. Savoie: C'est comme la Loi sur les douanes.
M. Gautrin: ...visiter pour voir, enfin, ce que je cache dans mon
sous-sol.
M. Savoie: Alors, c'est pour... Par exemple, l'entreposage.
M. Gautrin: O.K.
M. Savoie: Avoir accès à un véhicule, me
dit-on oui où on sait qu'il y a du tabac
d'entreposé dans ce véhicule. Un camion, une grange, un
distributeur automatique où il y a de la contrebande, une distributrice
automatique qui... (20 h 40)
M. Filion: Mais ça, c'est le genre de pouvoir de
perquisition que vous accordez pour les enquêtes spéciales?
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: C'est similaire.
M. Savoie: C'est ça, c'est similaire. Moi, j'aime beaucoup
l'exempleje n'y avais pas pensé d'une distributrice. Une
machine où tu mets 3 $ ou 4 $, puis elle te donne un paquet de
cigarettes. Tu vends de la contrebande. Il faut la faire ouvrir. On ne peut pas
avoir accès à cette machine-là. Ça nous prend
l'autorisation pour la faire ouvrir et saisir les cigarettes qui sont dedans et
la machine.
Le Président (M. Lemieux): II ne faut pas oublier qu'il
faut qu'il y ait des motifs raisonnables, hein?
M. Filion: Oui, oui. C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): C'est le juge qui va avoir
à déterminer prima facie si, effectivement, eu égard
à la dénonciation qui a été faite sous serment, ce
sont des motifs raisonnables pouvant donner lieu à une enquête.
Ça ne pose pas de problème, ça.
M. Filion: «Faite sous serment par une personne qui a des
motifs raisonnables de croire», c'est la personne qui a des motifs
raisonnables de croire qu'une infraction est présente. C'est qu'il y a
une personne qui déclare: Écoutez, moi, j'ai vu mon voisin entrer
des caisses de tabac chez lui. Parce que je pense qu'il fait de la contrebande,
je le dénonce.
M. Savoie: Oui. Regardez l'article 13.4.1. M. Filion:
Oui.
Le Président (M. Lemieux): «Qu'il existe des
motifs», ça, c'est le juge. Il n'y a pas de problème avec
ça. Ça évite, d'une certaine façon, la
frivolité, M. le député de Montmorency.
M. Filion: Oui, mais, moi, de ce que je connais des
enquêtes spéciales, c'est que ça prend plus que la
dénonciation d'une personne pour perquisitionner. Ça prend plus
que ça. Ça prend un élément de preuve documentaire
généralement pour qu'un juge autorise des perquisitions et qu'il
viole un peu la vie privée des gens.
M. Savoie: C'est ça. Vous avez raison.
Le Président (M. Lemieux): C'est ca. Bien oui!
M. Filion: Quand je lis, au départ: «Avec
l'autorisation écrite d'un juge [...] qui peut être
accordée sur demande ex parte à la suite d'une
dénonciation faite sous serment». Là, on part d'une
dénonciation faite sous serment pour accorder un pouvoir de
perquisition. Non?
M. Savoie: C'est ça. Par un officier du tabac, la police
du tabac qui dit que, dans telle distributrice, cette machine-là vend
des cigarettes de contrebande. Il fait une déclaration sous serment.
C'est présenté au juge, et on demande d'ouvrir la machine, si
c'est de contrebande qu'il s'agit.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, à mes yeux, j'ai l'impression que la dénonciation
elle-même n'est pas suffisante. Il faut, en plus, que le juge se prononce
sur sa valeur. Est-ce que je me trompe? C'est ça, là.
Une voix: C'est ça. C'est un peu une
dénonciation
Le Président (M. Lemieux): De facto, prima facie, le fait
qu'il y ait une dénonciation n'équivaut pas nécessairement
à un réquisitoire de perquisition.
Une voix: Absolument pas.
M. Savoie: Une preuve raisonnable.
Le Président (M. Lemieux): Là, O.K. C'est
ça. Il y a une preuve raisonnable à faire en vertu de l'article
13.4.1. C'est pour ça que je dis que ce n'est pas du droit nouveau,
ça.
M. Filion: Non, mais le droit nouveau, pour moi, c'est que j'ai
l'impression qu'on a basé le pouvoir de la perquisition à partir
d'une dénonciation. À partir du moment où des gens
dénoncent une situation, jusqu'où... D'abord, est-ce qu'une
personne peut s'adresser à la cour directement pour dire qu'elle a une
dénonciation à faire dans telle, telle situation, ou bien s'il
faut que ce soit le ministère qui s'en enquière?
M. Savoie: Ça passe par le ministre, le ministre ou son
représentant dûment autorisé en vertu d'une
délégation de signature.
M. Filion: Est-ce qu'il y a des mesures de concordance dans le
projet de loi qu'on étudie, 90, avec la loi fédérale
C-102? Est-ce qu'il y a de la concordance, à ce niveau-là?
(Consultation)
M. Brochu: Ça existe déjà dans la Loi sur
l'accise, dans le Code criminel. Dans les lois fédérales, on les
retrouve dans ces lois-là.
M. Larivière (André): Si vous me le permettez.
À l'article 13.4, il y a 2 étapes, finalement. Il y a une
dénonciation ex parte qui est présentée au juge.
Ça, c'est la première étape. C'est le juge qui doit
l'accorder, qui l'accorde s'il juge qu'il y a des motifs raisonnables. C'est la
pemière étape.
La deuxième étape, un coup que l'autorisation du juge a
été accordée, c'est le ministre qui autorise des
fonctionnaires, ou toute personne qu'il désigne, à
exécuter la perquisition.
Le Président (M. Lemieux): Ça, à mes yeux,
ça va être pas mal plus automatique que le juge, lorsqu'il aura
à rendre son verdict sur les pièces justificatives.
M. Larivière: Par contre, c'est une deuxième
étape. C'est que la personne, par exemple, qui irait faire une
dénonciation à un juge doit nécessairement, lorsque
l'autorisation est accordée par le juge, revenir voir le ministre, pour
que le ministre...
Le Président (M. Lemieux): Vous savez que, dans les faits,
au point de vue pratique, administrative-menthe doute qu'on aille voir...
M. Larivière: Absolument, absolument.
Le Président (M. Lemieux): ...le ministre à chacune
des fois. Ça va devenir très automatique, très
administratif.
M. Larivière: C'est le ministre ou le sous-ministre.
M. Savoie: Le sous-ministre ou le sous-ministre responsable.
Le Président (M. Lemieux): Le ministre ou le sous-ministre
par délégation.
M. Savoie: Le sous-ministre adjoint.
M. Larivière: C'est le ministre ou le sous-ministre, en
vertu de l'article 4 de la Loi sur le ministère du Revenu.
Le Président (M. Lemieux): Je suis conscient de ce que
vous me dites, au niveau de la deuxième étape, mais ce qui me
rassure le plus, c'est que, de facto... Je pense que c'est ce qui
inquiétait le député de Montmorency, que, d'une simple
dénonciation, automatiquement, origine un mandat. Ça, ça
serait peut-être un peu exorbitant. Le juge a quand même un
jugement de valeur à porter sur la dénonciation. Pas de
problème.
M. Savoie: C'est le juge qui a de la valeur. Étant
politiciens, on sait que ça n'a pas de valeur; un ministre ou un
fonctionnaire, on sait que ça n'a pas de valeur, si on veut.
Le Président (M. Lemieux): Puis, c'est assez rare qu'il le
fait automatiquement. Pour ceux qui ont fait de la pratique privée, ils
vont se rendre compte que c'est très rare qu'un juge va le faire
automatiquement.
M. Larivière: J'ajouterai qu'une personne... Par exemple,
un contribuable dénonce une autre personne. Il est évident que,
cette dénonciation-là, c'est une dénonciation qui est
faite au ministère du Revenu, mais elle doit être soupesée
et étayée par des fonctionnaires du ministère du Revenu
entre autres, la police du tabac avant qu'un mandat ne soit
accordé par le juge.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez raison, en plus,
c'est vrai.
M. Larivière: II y a des pouvoirs de vérification
par les... C'est parce qu'on ne peut pas aller, sur une simple
dénonciation...
M. Savoie: Non, non, non.
M. Larivière: ...se présenter devant la cour et
obtenir un mandat, parce que n'importe qui peut dénoncer n'importe
qui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, est-ce que vous avez compris ce à quoi il vient de faire
allusion, en plus?
M. Filion: Oui, oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Ça, c'est
d'autant plus intéressant.
M. Larivière: L'amendement à l'article 13.4, je
crois, est très simple, dans le fond. C'est qu'on a prévu la
saisie de biens, qui peut être utilisée, la perpétration.
C'est la grosse, c'est la nouveauté dans cet article 13.4. C'est la
seule nouveauté. Un véhicule automobile, présentement, est
saisi à titre de preuve...
Le Président (M. Lemieux): Pour... Oui.
M. Larivière: ...alors que, dans le fond, c'est
plutôt utilisé pour la perpétration de l'infraction. Il
peut être un élément de preuve, en même temps, mais
ça vient clarifier une situation qui est vécue
présentement.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça vous va,
M. le député de Montmorency?
M. Filion: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, ça va.
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Filion: On a l'article 240 du projet de loi C-102. Eux, ils
semblent aller plus loin au niveau des pénalités. Ils vont
jusqu'à l'emprisonnement. Est-ce que nous...
M. Savoie: II y a 2 ans, on a introduit l'emprisonnement pour des
infractions à la Loi concernant l'impôt sur le tabac.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez pas pensé au
fouet, M. le ministre?
M. Savoie: Au?
Le Président (M. Lemieux): Au fouet.
M. Savoie: Au foie?
Le Président (M. Lemieux): Au fouet, f-o-u-e-t.
M. Savoie: Le «fouette», le «fouette».
Ah!
Le Président (M. Lemieux): Le «fouette».
M. Savoie: C'est possible, c'est possible. On pourrait
peut-être y revenir l'année prochaine: 100 coups, 200 coups, 300
coups, jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Le Président (M. Lemieux): On vient de modifier le Code
civil.
M. Filion: Avec ce genre d'infraction, ici, est-ce que vous
pourriez autoriser ou demander une perquisition pour des personnes qui
consommeraient, fumeraient, comme consommateurs? Est-ce que vous pourriez
aller, à la limite, demander une perquisition pour quelqu'un qui aurait
vu quelqu'un fumer de la cigarette de contrebande, demander qu'on aille
perquisitionner chez lui?
Le Président (M. Lemieux): À la limite, oui. Moi,
je pense que oui. À la limite, oui.
M. Savoie: On va revenir avec ton type, avec son
porte-cigarettes, qui...
M. Filion: Non, mais, s'il y a quelqu'un qui voit, par exemple...
Mettons que la société se sent, tout à coup, suite
à votre projet de loi, responsable de l'application de nos lois et que
quelqu'un dénonce justement quelqu'un qui fume du tabac de contrebande,
est-ce que l'article 13.4 peut effectivement donner ouverture à une
perquisition chez celui qui a fumé?
M. Savoie: Ce sera au juge à faire cette
évaluation-là, selon les circonstances.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, à titre d'exemple, je vais dans un restaurant de
Québec. Je suis assis à une table et c'est M. le ministre du
Revenu qui est assis à côté de moi. Il ne me connaît
pas et il me voit fumer de la cigarette de contrebande. À mon avis, en
vertu de cet article-là vous me corrigerez M. le ministre
pourrait effectivement faire une dénonciation à l'effet que
monsieur X, dont il a demandé le nom au serveur, qui habite à
telle adresse, fumait de la cigarette de contrebande. Il pourrait se
présenter chez le juge pour demander c'est peut-être
exagéré, vous me corrigerez un mandat de perquisition.
Mais là le juge aura à juger si, effectivement, de fait... Je ne
pense pas que le juge l'accorderait. Moi, à mes yeux, je pense que le
juge dirait: Écoutez, monsieur... Avant ça, il y aurait
peut-être la préenquête du ministère du Revenu, et
ainsi de suite. (20 h 50)
M. Larivière: C'est un cas pratique. Alors, si vous
êtes assis à côté d'une personne qui fume des
cigarettes de contrebande, qui a un paquet de cigarettes, le temps que vous
allez vous chercher un mandat de perquisition, il va être
fumé.
Le Président (M. Lemieux): Ça n'a pas d'allure,
c'est ça.
M. Larivière: Alors, je pense que ça prend un
dossier qui soit étayé.
Le Président (M. Lemieux): Un peu...
M. Larivière: II faut qu'il y ait des
éléments aditionnels, que c'est une personne qui fume sur une
grande échelle, ainsi de suite.
Le Président (M. Lemieux): On le sait fort bien que, sur
le plan pratique, il y aura une preuve qui aura été faite avant
d'arriver devant le juge, d'une manière ex parte.
M. Filion: Le but, ce n'est pas de saisir le paquet. Le but,
c'est d'autoriser qu'on aille saisir chez lui, pour voir s'il n'y en aurait pas
d'autres, des réserves quelconques.
M. Larivière: Oui, mais, à ce moment-là,
ça prend une preuve, qu'à partir de chez lui il fait...
Le Président (M. Lemieux): Des motifs qui imputent
ça, oui.
M. Larivière: Bien oui! Qu'il y en a à cet
endroit-là, du tabac de contrebande.
Le Président (M. Lemieux): Par contre, M. le
député de Montmorency, si M. le ministre est assis à
côté de moi, qu'il y a une dizaine de personnes qui passent
à ma table et que j'en donne à l'un et à l'autre,
là, ce n'est peut-être pas la même chose. Ce serait
peut-être différent. Ça va?
M. Filion: Je pense que ça répond aux questions, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 10, M.
le député de Montmorency, et c'est aux mêmes fins.
M. Filion: Je pense que c'est dans...
Le Président (M. Lemieux): C'est les mêmes
finalités. Les articles 10 et 11 ont la même finalité. Je
vais vous laisser en prendre connaissance.
(Consultation)
M. Filion: Je me pose un peu la question suivante, quand on
analyse ce genre d'articles: Le ministère du Revenu n'a-t-il pas comme
vocation de percevoir les impôts sur un revenu fiscal et de
procéder à des mesures, à des pénalités,
à des sanctions pour établir un revenu ou pour accorder une
dépense? À toutes fins pratiques, l'impôt sur le revenu ou
les taxes, c'est qu'on taxe une recette. On taxe une recette nette ou on taxe
un revenu net. Lorsque l'on élude ou que l'on fait de l'évasion
fiscale, parce qu'on ne déclare pas les revenus, on peut avoir,
auprès du ministère du Revenu, des sanctions qui sont relatives
à des revenus non déclarés ou à une dépense
fictive réclamée.
Là, j'ai l'impression qu'on est en train de changer la vocation
du ministère. On est en train de lui donner des pouvoirs de perquisition
sur un comportement de société. J'ai l'impression qu'on n'est
plus au niveau d'établir une assiette fiscale. On est rendu qu'on joue
un peu au ministère de la Justice, à savoir qu'il y a des gens
qui agissent illégalement dans un plan de comportement de
société. Comme des ventes, par exemple, de recel. Les gens
conspirent en vue du recel, etc., ou font des agissements illégaux. Vous
n'avez pas l'impression
qu'on est en train de changer la vocation du ministère quand on
lui demande d'appliquer des pénalités sur des comportements
illégaux de société et non pas sur des revenus? Ce n'est
pas un revenu, la cigarette de contrebande. Ce n'est pas un revenu ni une
dépense pour le ministère.
M. Savoie: II y a plusieurs secteurs où on intervient avec
des opérations spécifiques. Je pense, par exemple, au carburant,
où il y a eu des opérations importantes de la part du
ministère, pour contrer... Donc, la surveillance, les saisies, les
interventions, on le fait régulièrement, on fait des
descentes.
M. Filion: Mais le carburant, c'est pour aller chercher des taxes
éludées.
M. Savoie: C'est-à-dire que c'est pour chercher
l'information qui va nous permettre d'émettre une cotisation. Des fois,
c'est pour faire des saisies, aussi, effectuer les saisies.
M. Filion: Oui, pour émettre une cotisation. Mais
là ce n'est pas pour émettre une cotisation que vous faites un
geste.
M. Savoie: Ah oui, oui! c'est pour émettre une
cotisation.
M. Filion: Bien non! Ce n'est pas pour émettre une
cotisation, c'est pour simplement juger un comportement de
société qui est illégal.
M. Savoie: Non. On n'est pas la police, mais le Revenu.
M. Filion: Bien, je ne le sais pas, si vous n'êtes pas la
police, si vous êtes le Revenu. J'ai l'impression que vous jouez à
la police, au ministère du Revenu, parce que ça ressemble
drôlement à ça. On est en train de commencer à
perquisitionner chez des gens qui fument une cigarette émanant du milieu
de la contrebande.
M. Savoie: Non, on ne perquisitionne...
M. Filion: Ça n'a aucune notion fiscale de revenu ni de
dépense, ce genre...
M. Savoie: On ne perquisitionne pas chez quelqu'un qui fume une
cigarette. Ce n'est pas ça qu'on fait.
M. Filion: Non, mais vous perquisitionnez quand même chez
des gens qui...
M. Savoie: On peut perquisitionner lorsqu'il y a effectivement
des motifs à croire que...
M. Filion: Ce que je veux dire, au fond, le parallèle...
Prenez un voleur.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Un voleur, là, c'est poursuivi au criminel.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: C'est poursuivi par des lois spécifiques...
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: ...de la Justice et de la Sécurité
publique. Là, vous assimilez la contrebande du tabac un peu à un
voleur qui vole le système en agissant de façon illégale,
en faisant la contrebande du tabac.
M. Savoie: Là, ce qu'on fait, c'est qu'on modifie la Loi
concernant l'impôt sur le tabac. C'est ça qu'on fait. On modifie,
dans le projet de loi 90, la Loi concernant l'impôt sur le tabac.
M. Filion: Je comprends. Mais l'impôt sur le tabac,
ça se perçoit à un autre niveau, pas au niveau du
consommateur.
M. Savoie: La raison pour laquelle on fait une saisie, c'est
d'abord pour confisquer, mais également pour émettre une
cotisation. On arrête les opérations et on va émettre une
cotisation.
M. Filion: Vous n'émettrez jamais de cotisation à
un consommateur de tabac.
M. Savoie: Oui, on a une amende qui s'en vient: 200$.
M. Filion: Ce n'est pas une cotisation, ça. M. Savoie:
Bien...
M. Filion: Une cotisation fiscale, en principe, en fonction du
ministère du Revenu...
M. Savoie: Oui.
M. Filion: ...c'est d'établir une assiette fiscale
taxable.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Filion: Mais, quand vous commencez à faire
l'opération que vous êtes en train de mettre en place...
M. Savoie: C'est une amende, en réalité. La nuance
est là et elle est importante.
M. Filion: Mais je comprends qu'elle est importante, c'est ce que
j'essaie d'expliquer! Je suis en train
de vous expliquer qu'on n'est plus en train d'établir une
cotisation fiscale en fonction d'une assiette fiscale. On est en train
d'émettre, purement et simplement, une pénalité sur un
comportement de consommateur. Moi, je pense que ça n'appartient pas au
ministère du Revenu.
M. Savoie: Supposons que tu es chez toi et que tu émets,
par exemple, une fausse déclaration d'impôt.
M. Filion: Le consommateur de cigarettes n'a jamais à
produire une déclaration d'impôt sur sa consommation de
cigarettes.
M. Savoie: Non, mais supposons. Laisse-moi terminer. Je comprends
ça qu'il ne fait pas ça. Je comprends ça. Supposons que tu
es chez toi suis-moi un peu, tu vas voir tu nous fais des fausses
déclarations.
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Nous autres, pour aller chercher la preuve que tu fais
une fausse déclaration... Il pourrait y avoir, chez vous, une
opération visant à aller chercher des documents pour ensuite te
cotiser. Alors, il y a une saisie qui se fait.
M. Filion: Oui, dans le processus d'autocotisation du
contribuable...
M. Savoie: C'est beau, mais tu comprends...
M. Filion: ...qui doit se soumettre à la Loi sur les
impôts, mais le consommateur de tabac n'a pas à se soumettre
à la Loi sur les impôts, lui.
M. Savoie: Oui, oui, je comprends ça. Oui, je le sais,
mais c'est parce que suis-moi donc, vous comprenez que, pour
appliquer la Loi sur les impôts, on peut effectuer des saisies, on peut
poser des gestes d'ordre policier. D'accord?
Supposons que, par la suite, on intervient au niveau des entreprises,
lorsqu'on pense qu'il y a une situation de fraude, par exemple. Je pense, il y
a quelques semaines, que nous avons fait une descente considérable, une
grosse opération au niveau du ministère du Revenu qui a
été réussie, d'ailleurs justement dans le but de
contrer les gens qui ont établi un système dans le but de frauder
le gouvernement et le ministère du Revenu ou d'éluder des taxes
et des impôts, les deux.
M. Filion: Pour ces gens-là, je suis d'accord.
M. Savoie: Ici, on a un type qui se livre à des
activités de contrebande. Donc, il ne paie pas la taxe sur le tabac
qu'il consomme, ce qui va à rencontre de la loi.
M. Filion: Non, parce que ce contribuable, qui fume la cigarette,
n'est nullement visé par les lois fiscales sur le tabac.
M. Savoie: Ah oui, oui, oui!
M. Filion: Non, il n'est pas visé. Il n'est pas un
contribuable, payeur de taxes.
M. Savoie: Regardez, je vais vous lire un article, qui existe
actuellement, l'article 9.1 de la Loi concernant l'impôt sur le tabac:
«Toute personne qui consomme au Québec du tabac sur lequel
l'impôt prévu par les articles 8 ou 9 n'a pas été
payé ou qui fait en sorte que d'autres personnes consomment tel tabac
à ses frais, doit immédiatement en faire rapport au ministre avec
tout renseignement que celui-ci pourra exiger et, en même temps, payer
sur ce tabac le même impôt de consommation du tabac qui eût
été payable si ce tabac avait été acheté
à une vente en détail au Québec.» (21 heures)
M. Filion: Ça, je comprends ça, sauf que la
différence, c'est que, là, on est face à une situation de
contrebande sur le territoire.
M. Savoie: On fait face à une situation de... M. Filion:
De contrebande. M. Savoie: Oui.
M. Filion: Et la personne qui achète ces
cigarettes-là, à toutes fins pratiques, n'est pas redevable de
ces taxes-là. Ça, c'est beaucoup plus quand vous achetez, par
contre, à l'étranger, où vous amenez des biens au
Québec et les biens sont assujettis à la taxation au
Québec. Us viennent de l'étranger, ils n'étaient pas
taxables et vous devez faire une déclaration volontaire. C'est dans cet
esprit-là que ces articles-là existent. Mais, dans l'esprit d'une
consommation chez vous, sur notre territoire, moi, je pense que les personnes
qui reçoivent des biens, dans une situation de contrebande, ce n'est pas
des biens qui sont assujettis en tant que tels à la fiscalité
québécoise.
Là, on est en train de donner des infractions à des gens
qui consomment dans un circuit économique parallèle chez nous.
Comprenez-vous ce que je veux dire? C'est comme le marché de la
construction. Est-ce qu'on va commencer à mettre en place tout un
système pour ceux qui transigent en parallèle, dans le monde de
la construction, qui doivent faire des déclarations volontaires, etc.?
C'est qu'on est rendu, au ministère du Revenu, à taxer et
à pénaliser des comportements de société et, pour
moi, dans mon esprit c'est ce qui sort de la philosophie du
ministère du Revenu c'est qu'on taxe une assiette fiscale, un
revenu net, mais, si la personne est victime d'une contrebande ou d'un vol,
bon, c'est comme un voleur qui doit, effectivement, déclarer ses revenus
sur ses vols.
M. Savoie: On taxe un bien et la consommation de ce bien.
M. Filion: Je comprends, mais le voleur, là... Al Capone,
d'ailleurs, a été pris par un système qu'on appelle...
Déclaration de capital, là, Al Capone, c'est comme ça
qu'il l'a pris, le fisc américain.
Le Président (M. Lemieux): Sur la fiscalité,
oui.
M. Filion: Sur la fiscalité. C'est un voleur, entre
guillemets. Bon. Cette personne-là a été prise sur ses
revenus en tant que tels, et elle a été jugée et
condamnée au criminel, et avec les pénalités, etc.
Alors, il y a une procédure criminelle, au niveau de la
sécurité publique, qui doit suivre son cours, et, moi, je pense
que c'est là que la vocation du ministère est en train de prendre
une drôle de tangente. Que le ministère de la Justice ait
lui-même émis les infractions et poursuivi les gens qui faisaient
de la contrebande, ça fait partie d'un comportement de
société. Ce n'est pas le ministère du Revenu. Un voleur
doit être jugé, bon, comme un voleur, avec le ministère de
la Justice, tandis qu'une personne qui fonctionne avec un système
d'auto-cotisation fiscale doit s'en tenir, je pense, à de
l'autoco-tisation fiscale. Le ministère du Revenu, moi, je pense qu'il
change sa vocation. Il va embrasser des mesures de sécurité
publique, et je pense que ce n'est pas de la vocation du ministère du
Revenu que de faire ça. C'est dans cet esprit-là que je
soulève le débat.
Le Président (M. Lemieux): Moi, je suis...
M. Filion: Le vidéopoker est un autre exemple de
marché qu'ils ont transféré à la
Sécurité publique, parce que, à un moment donné,
ça devient...
M. Savoie: Oui, mais ça n'appartenait pas au
ministère du Revenu, ça.
M. Filion: Non, mais c'est la mécanique même,
là, des gestes, entre guillemets, criminels, illégaux.
M. Savoie: Là, tu vois, là, c'est parce que, au
niveau du tabac, au niveau de l'alcool...
Le Président (M. Lemieux): Moi, je suis...
M. Savoie: ...on est en mesure d'aller chercher, et on doit
être en mesure d'aller...
Le Président (M. Lemieux): Je comprends mal...
M. Savoie: ...chercher la preuve, là, sur les
éléments dont nous avons besoin pour appliquer la loi.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, c'est
ça. M. Savoie: Ça finit là.
Le Président (M. Lemieux): Je comprends ce que vous voulez
dire, M. le député de Montmorency, mais j'ai de la
difficulté à suivre, d'une certaine façon, votre logique,
parce que, quand vous me dites que nous condamnons des comportements de
société... On est dans un État de droit et, lorsqu'un
comportement est déviant... Lorsque M. le ministre faisait état
de l'alcool, c'est justement ce que j'avais indiqué ici, en comparaison
à ce que vous disiez. Je me disais: L'alcool au volant, c'est un peu la
même chose. Il y a une certaine forme de liberté, en autant que
cette liberté-là n'est pas, à un certain moment
donné, sanctionnée par une loi.
Ici, nous avons une loi qui sanctionne non pas le fait de ne pas fumer,
mais de fumer de la cigarette qui est illégale. En ce sens-là, je
me dis: Si c'est un comportement déviant, ça devient une
infraction à la loi et, comme on est dans une société de
droit, bien, je comprends que, à la limite, philosophiquement,
là, ce que vous me dites, c'est que, davantage, on...
M. Filion: C'est une question de justice, pas de
fiscalité.
Le Président (M. Lemieux): Non, c'est-à-dire qu'on
attendez, je vais trouver l'expression exacte élargit, je
disais, des infractions à des comportements de société.
O.K.? Ça, c'est un choix qu'on a à faire. On le fait en ce qui
concerne cette cigarette-là qu'on considère illégale parce
qu'elle constitue, à moins que M. le ministre me dise le contraire, une
perte de revenus pour l'État. Je pense que c'est flagrant.
C'est la même chose pour le travail au noir. Si on n'a pas
légiféré encore sur le travail au noir, c'est parce qu'on
n'a pas trouvé la façon de le faire. Mais vous savez comme moi
que c'est aussi odieux, parce que c'est les contribuables qui travaillent, ceux
qui gagnent qui paient pour ceux qui, actuellement, ont des comportements qui
sont déviants, et on est rendu à faire de l'exception à la
règle. Je n'irai pas plus loin que ça, mais c'est un petit peu ce
que je pense.
Alors, si on est dans un état de droit, on doit vivre avec. Mais
je suis sensible, moi, je suis sensible, aussi, à ce que vous dites.
C'est vrai que ça devient inquiétant de plus en plus.
M. Filion: Moi, je pense qu'on est en train de mélanger
les objectifs des ministères. Il y a un ministère de la Justice
et il y a un ministère de la Sécurité publique, puis il y
a le ministère du Revenu, que j'appelle le ministère de
l'impôt sur le revenu. L'impôt sur le revenu est chargé de
collecter les impôts et les taxes qui sont dus en fonction d'une assiette
fiscale. Et là on a décidé... Et ça me fait penser
un peu à ceux qui font du recel, qui achètent et qui vendent des
biens volés, hein? C'est illégal, en soi.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Filion: Alors, la personne qui est prise à
acheter et à vendre des biens volés, même si,
à quelque part, il y a une taxe à payer dans ça, ça
ne relève pas du ministère du Revenu, ça relève du
ministère de la Justice.
M. Savoie: Ça pourrait relever du ministère du
Revenu.
M. Filion: Bien, en tout cas...
M. Savoie: Ici, on a affaire avec quelqu'un qui ne paie pas la
taxe sur le tabac et qui est obligé, en vertu de l'article 9.1, de la
payer.
Le Président (M. Lemieux): Pourquoi je ne peux pas aller
à lâchasse...
M. Savoie: Ah! c'est de la fraude.
Le Président (M. Lemieux): ...pour tuer un bel orignal au
mois d'août, M. le député de Montmorency? Parce que c'est
une infraction statutaire. Alors, dans toutes nos lois, il y a des infractions
statutaires.
M. Filion: Je ne suis pas contre le principe qu'il y a une
infraction. Je dis que le ministère du Revenu n'est pas un
ministère où on doit implanter ce qu'on appelle remplacer des
vérificateurs d'impôt par une présence policière. Il
y a des ministères qui gèrent la police et il y a des
ministères qui gèrent de la vérification fiscale, et, dans
cette...
M. Savoie: Et il y en a qui gèrent les taxes.
M. Filion: Oui. Mais, dans cet esprit-là, à partir
du moment où on a besoin, où il y a des gens qui font des gestes
illégaux, qui contreviennent aux règles de notre
société, bien, il y a le ministère de la Justice, qui, en
principe, a des règles, déjà, de droit établies
pour juger de ces comportements. Parce que c'est uniquement une question de
pénalité, ici, ce n'est même pas une question de taxer les
individus.
Le Président (M. Lemieux): Alors, quelle est votre
façon de voir les choses face aux infractions à la Loi sur
l'environnement?
M. Filion: Bien, ce n'est pas le ministère du Revenu qui
va les chercher.
Le Président (M. Lemieux): Non, ce n'est pas le Revenu,
mais ce n'est pas aussi le ministère de la Justice, ce n'est pas le
Solliciteur général.
M. Filion: Bien non, mais ce que je suis en train d'expliquer,
c'est simplement une question d'agissement illégal. Point. Bon.
Le Président (M. Lemieux): Ça, je comprends.
Parce que je veux vraiment comprendre ce que vous dites. Je...
M. Filion: À ce moment-là, pourquoi le recel ne
serait pas géré par le ministère du Revenu?
Le Président (M. Lemieux): Parce que le Code criminel a
décidé que, dans le cas de recel, il y a une
pénalité, puis...
M. Filion: Ah!
Le Président (M. Lemieux): ...que le ministère du
Revenu n'a pas considéré que c'était une infraction, au
sens de ses lois, que d'avoir recelé des biens. C'est aussi simple que
ça.
M. Filion: Bon, alors, vous êtes en train de me dire que,
au fond, au ministère du Revenu, on devrait commencer à avoir une
section où on devrait développer des vérifications
policières, parce que, au fond, c'est rendu normal, dans une
société moderne, qu'au ministère du Revenu, qui est
basé sur de l'autocotisation, la confiance économique des gens,
la confiance des gens, on soit rendu à gérer avec une
façon telle où on a besoin des policiers pour gérer le
ministère du Revenu. Mais, moi, je me dis que c'est de faire fausse
route, parce que la base même du système de la fiscalité,
c'est basé sur la confiance des gens.
Le Président (M. Lemieux): Si on faisait l'exercice de
dire aux gens: Payez vos impôts selon votre conscience, je serais curieux
de voir les résultats.
M. Filion: Mais c'est basé sur ça, la
fiscalité, mon cher M. le Président. C'est de l'autocotisation.
Les gens déclarent selon leur bonne foi. Mais là vous êtes
en train de dire, à l'intérieur même de votre
ministère, que non seulement...
M. Savoie: Oui, oui, mais c'est une demi-vérité,
là. Tu sais, il y a des vérifications qui se fonj, là.
M. Filion: Attention. Oui, oui, oui.
M. Savoie: On ne reçoit pas ça, puis on ne s'en va
pas se coucher, là, hein?
M. Filion: La question n'est pas là. C'est que vos
concepts mêmes qui sont à la base du ministère du Revenu,
ils se contredisent. C'est que, dans un premier temps, vous dites: Nous, on
base notre fiscalité sur de l'autocotisation...
M. Savoie: C'est vrai.
M. Filion: ...mais, en même temps, c'est sur la confiance
des gens. En même temps, on n'a pas confiance en vous. On prépare
une structure...
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: ...pour vous forcer à avoir confiance en
nous.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: C'est là que je dis...
M. Savoie: On encourage le respect des lois.
M. Filion: C'est là que je dis que ce n'est pas...
M. Savoie: L'observance fiscale.
M. Filion: C'est là que je dis qu'on fait fausse route
dans l'orientation même de la fiscalité du ministère du
Revenu. Parce que, là, je pense que c'est... Je pense que c'est
ça, au fond.
M. Savoie: Oui. Oui. Me Brochu me faisait part que, même
dans l'arrêt McKinney, la Cour suprême était d'accord pour
dire que le ministère du Revenu doit avoir tous les pouvoirs
nécessaires pour s'assurer que le rapport d'impôt soit exact. (21
h 10)
M. Filion: Le ministère a déjà beaucoup de
pouvoirs. La question n'est pas...
M. Savoie: C'est énorme, les pouvoirs du ministère
du Revenu, c'est énorme.
M. Filion: Le ministère du Revenu a tous les pouvoirs
qu'il faut pour faire ses vérifications fiscales et
émettre...
M. Savoie: C'est énorme. On peut enregistrer un immeuble
sur ta maison, une hypothèque sur ta maison.
M. Filion: Ah oui! il peut tout faire. Il peut tout faire.
M. Savoie: Aïe! On peut saisir ton compte de banque parce
que tu es 30 jours en retard.
M. Filion: Le ministère du Revenu... C'est exact, mais
ça, sur un dû fiscal, vous avez raison, mais...
M. Savoie: Saisir ton compte de banque, c'est énorme. Des
amendes, des pénalités, puis l'anatocisme sur
l'intérêt, c'est énorme, c'est extraordinaire.
M. Filion: Mais c'est ce que je dis. Vous n'avez pas besoin... Et
c'est là que je dis que ça fait fausse route par rapport à
la vocation même du ministère du Revenu. C'est que des
pénalités au niveau d'une contrebande de tabac, qui est un geste
illégal en soi, ne relèvent pas comme telles du ministère
du Revenu comme vocation de base qu'il s'est donné.
M. Savoie: Ça apparaît comme ça à
première vue, sauf que c'est une erreur parce que, effectivement,
ça relève de nous autres. La Loi concernant l'impôt sur le
tabac relève du ministère du Revenu. Donc, son application et le
respect de cette loi-là relèvent de nous et non pas des autres.
La question de la contrebande, essentiellement, on avait bien dit que
c'était un problème de société, sauf que
l'observance de cette loi-là relève du ministère du
Revenu. On doit s'assurer que la loi... et personne d'autre... Ce n'est pas au
ministère de la Justice de s'assurer que les gens paient leurs taxes
lorsqu'ils achètent un paquet de cigarettes. Ça relève du
ministère du Revenu. Donc, on a l'obligation et on a donc des
privilèges.
M. Filion: Au niveau des détaillants, tout ça,
ça, je vous suis, mais pas au niveau du consommateur.
M. Savoie: Bien, c'est ce qu'on t'a dit. Ce qu'on t'a dit, c'est
que, effectivement, nous avons le droit, en vertu des modifications que nous
sommes en train d'apporter.
M. Filion: Parce que, en réalité, ceux qui vont
faire ce genre de vérifications, puis établir ces
preuves-là, ça va quand même être des policiers qui
vont faire ça.
M. Savoie: C'est-à-dire que c'est les officiers du
ministère du Revenu.
M. Filion: Oui, mais les officiers du ministère du Revenu,
c'est qui? C'est les gens des enquêtes spéciales?
M. Savoie: Ça peut. Ça peut être ça.
Ça peut être ceux qui sont impliqués au niveau de la police
du tabac. On a un corps policier avec des voitures qui circulent sur les routes
pour le carburant. Ils sont en uniforme, ils ont un uniforme. Ils ne sont pas
armés, mais ils ont un uniforme. Ils ont leur petite voiture avec leur
petite couleur distinctive. Je pense que c'est jaune et bleu.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il a les pouvoirs
d'un agent de la paix?
M. Savoie: Oui. Il a les pouvoirs d'un agent de la paix.
M. Filion: Est-ce qu'il a un pouvoir de perquisition à
vue?
M. Savoie: Je ne pense pas, non. Je pense que c'est
contrôlé, ça. Ça prend un mandat comme la police du
tabac.
M. Filîon: On sait, par exemple, que l'agent des
enquêtes spéciales...
M. Savoie: Ça prend un mandat.
M. Filion: Mais il n'y a pas des représentants des
enquêtes spéciales qui peuvent percevoir à vue un document
qu'ils voient?
M. Savoie: Bien, ça prend l'autorisation d'un juge pour
faire une saisie, puis une fois que tu es là-dedans, là, à
ce moment-là, tu pourrais. Vous allez le voir à 13.4.2. C'est
dans le cadre d'un mandat. C'est ça qu'on disait.
M. Filion: Mais, moi, j'ai toujours pensé que le
vérificateur des enquêtes spéciales qui faisait une
vérification normale pouvait saisir à vue le document
comptable.
M. Savoie: Oui. Regardez à 13.4.2. (Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça va pour
l'article 10?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Un instant.
M. Filion: Un instant, un instant! M. le Président, moi,
je vous avoue que je trouve ça très particulier, parce que, au
moment où on se parle, j'ai l'impression que les gens qui vont avoir
à faire ce travail-là vont avoir des pouvoirs équivalents
aux enquêteurs du ministère qui font des enquêtes
spéciales sur des dossiers de fraude où on doit établir
vraiment qu'une personne a évité ses impôts. Et là
où je pense que c'est... Moi, je reviens sur ça parce que
ça me dépasse. C'est que c'est le consommateur qui est
piégé, dans cette histoire-là, et c'est lui qui va avoir
l'odieux de se retrouver dans des situations de perquisition à vue par
un fonctionnaire qui ne serait même pas un policier, au fond. Le
fonctionnaire va voir quelqu'un fumer, puis il va pouvoir le saisir
sur-le-champ, saisir son document, saisir son paquet.
M. Savoie: J'ai l'article 38 sur la Loi sur le ministère
du Revenu, l'article 38 sur les enquêtes, qui dit: «Toute personne
qui y est autorisée par le ministre peut, pour toute fin ayant trait
à l'application ou à l'exécution d'une loi
fiscale...» Ce n'est pas dans ton projet de loi, c'est dans la Loi sur le
ministère du Revenu.
M. Filion: O.K., c'est beau.
M. Savoie: Alors: «Toute personne qui y est
autorisée par le ministre peut, pour toute fin ayant trait à
l'application ou à l'exécution d'une loi fiscale,
pénétrer en tout temps convenable dans tous les lieux ou endroits
dans lesquels une entreprise est exploitée ou des biens sont
gardés ou dans lesquels il est fait quelque chose se rapportant à
des affaires quelconques c'est assez général ou
dans lesquels sont ou devraient être tenus des livres ou registres en
conformité d'une loi fiscale.»
Là, une fois entrée: «La personne ainsi
autorisée par le ministre peut: «a) vérifier ou examiner
les livres et registres, et tout compte, pièce justificative, lettre,
télégramme lettre, télégramme ou
autre document pouvant se rapporter aux renseignements...; «b) examiner
les biens décrits...; «c) obliger le propriétaire ou le
gérant...»
M. Filion: Ça...
M. Savoie: Non, écoute, écoute, sois patient.
Écoute bien, j'arrive.
M. Filion: J'écoute.
M. Savoie: «Obliger le propriétaire ou le
gérant des biens ou de l'entreprise et toute autre personne
présente sur les lieux à lui prêter...». Et d,
écoute bien d: «d) si, au cours d'une vérification ou d'un
examen, elle a des motifs raisonnables de croire qu'une infraction à une
loi fiscale ou à un règlement adopté en vertu d'une telle
loi a été commise, cette personne autorisée peut saisir et
emporter tous documents, registres, livres, pièces ou choses ou
choses qui peuvent être requis comme preuve d'une infraction
à toute disposition d'une loi fiscale». C'est extraordinaire.
M. Filion: Oui, mais, dans le cadre d'une vérification
d'entreprise, de livres, de registres...
M. Savoie: Bien, attends une seconde. «Pour toute fin ayant
trait à l'application ou à l'exécution d'une loi
fiscale». «D'une loi fiscale».
M. Filion: Je comprends.
M. Savoie: «D'une loi fiscale». Il y en a plusieurs,
hein? Alors, la Loi concernant la taxe sur le tabac, c'est une loi fiscale.
M. Filion: Et a, b, c et d sont reliés quand même au
préambule du paragraphe ou de l'article 38...
M. Savoie: Oui, lis-le donc, le préambule.
M. Filion: ...où on dit: «...pénétrer
en tout temps convenable dans tous lieux ou endroits dans lesquels une
entreprise est exploitée ou des biens sont gardés».
M. Savoie: Non, non, ça, ce n'est pas le préambule.
Ça, c'est l'article a. Va lire le préambule.
M. Filion: «La personne ainsi autorisée par le
ministre peut».
M. Savoie: «Peut». C'est ça, toute personne
qui est autorisée par le ministre peut.
M. Filion: Dans l'esprit du préambule.
M. Savoie: Peut quoi, là? Peut quoi? Peut...
M. Filion: Elle peut tout faire, elle peut saisir, elle peut tout
emporter ce qu'elle veut.
M. Savoie: «Pour toute fin ayant trait [...] à une
loi fiscale». C'est extraordinaire.
M. Filion: Je comprends, mais, dans un cadre de
vérification d'entreprise pour établir un revenu additionnel ou
peu importe, une fraude quelconque au niveau de la déclaration du
revenu.
M. Savoie: Toute fin ayant trait à une loi fiscale.
Ça peut être le tabac, ça.
M. Filion: Ça me surprend.
M. Savoie: On peut entrer n'importe où, à des
heures convenables, évidemment, demander les pièces, et
là, si on voit, on peut saisir.
M. Filion: Ça, je comprends ça. M. Savoie:
C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): L'article 11 du projet de loi,
comme vous l'avez dit tout à l'heure, la personne ou le fonctionnaire,
c'est toujours... Cette perquisition-là, n'oubliez pas, elle peut
être faite toujours conformément à 13.4...
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...c'est-à-dire ex parte
par un juge de la cour.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, ce n'est pas de facto
encore comme ça, une personne qui voit quelqu'un qui effectuerait cette
perquisition-là, vous en êtes bien conscient. C'est toujours en
relation de 13.4.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux): O.K., ça va.
M. Filion: Mais, moi, où j'en arrive, c'est que ce sont
des gens qui vont avoir un pouvoir similaire à des vérificateurs
au niveau des enquêtes spéciales qui vont pouvoir...
Le Président (M. Lemieux): Bien, je comprends
ça.
M. Filion: Moi, c'est le consommateur qui me dérange,
c'est lui. C'est que j'ai l'impression que le consommateur du paquet de
cigarettes de contrebande, lui, il va être espionné par des
vérificateurs fiscaux.
Le Président (M. Lemieux): Êtes-vous en train de
nous dire, M. le député de Montmorency, que vous auriez
préféré que le ministère de la Justice, pour
l'ensemble des ministères du gouvernement, ait, à lui seul, des
enquêteurs qui seraient strictement sous sa juridiction dans un secteur
d'activité donné, à savoir pour le tabac, pour
l'environnement, pour la chasse et la pêche? Parce que vous retrouvez
ça dans différents ministères, des enquêteurs de
cette nature-là. Vous en avez à la Régie des permis
d'alcool du Québec aussi. Ce n'est pas le seul endroit, le
ministère du Revenu, où vous trouvez ce type... Je me souviens
d'avoir travaillé comme avocat à la CSST et d'avoir
travaillé avec les enquêteurs, à cette
époque-là, à la CSST. La CSST avait ses propres
enquêteurs avec des pouvoirs très exorbitants. Il fut un temps
où ça a été fusionné avec la Justice, mais
c'est fait conformément à la loi.
M. Filion: Je le comprends.
Le Président (M. Lemieux): Si vous voulez que ce soit
unifié, peut-être que ce serait peut-être l'idéal,
peut-être, mais ce n'est pas le cas.
M. Filion: C'est simplement qu'une personne qui fume une
cigarette de contrebande va devenir un délinquant fiscal.
Le Président (M. Lemieux): Que voulez-vous? C'est la
loi.
M. Filion: Elle va devenir un délinquant fiscal, et c'est
là que je me dis que le ministère du Revenu, en tout cas, moi, je
le pense, ce n'est pas à ce niveau-là qu'il doit travailler.
Le Président (M. Lemieux): Là, ce n'est plus le
même débat. Lui, il faut qu'il fasse respecter sa loi. Si vous
dites que ce n'est pas à ce niveau-là, ce n'est plus le
même débat.
M. Filion: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
(21 h 20)
M. Filion: Non, non, mais c'est le même débat. Ce
que j'ai dit tout à l'heure, c'est qu'on est en train de dévier
de l'objectif du ministère du Revenu. Le ministère du Revenu, ce
n'est pas d'aller vérifier le consommateur qui est le problème,
ce n'est pas de taxer le consommateur qui est le problème, c'est de
taxer les
entreprises et de taxer le scheme ou le scénario fiscal qui a mis
en place la contrebande du tabac. C'est là qu'est son vrai travail et
c'est là qu'il doit vraiment juger les fraudeurs et juger ceux qui ont
mis tout le stratagème en place. Là, on est en train
d'élargir une espèce d'intervention du ministère qui n'a
pas sa place.
M. Savoie: Oui, mais tout le monde... Je vous ai lu, tout
à l'heure, l'article 9.1 de la loi sur la taxe sur le tabac, qui dit
que, effectivement, toute personne... Alors, je comprends ce que vous dites.
Là, tout ce qu'on fait, c'est que, en termes de consommation, on dit que
c'est illégal. C'est tout. On ne vise pas le consommateur avec
ça, c'est bien sûr. On ne commencera pas... Ce n'est pas l'objet.
Ça pourrait se faire dans des circonstances exceptionnelles, mais ce
n'est pas ce qui est visé, là. Moi, je n'irai pas chez un juge de
paix pour faire une descente chez vous pour ramasser un paquet de cigarettes.
Le juge ne l'accordera pas non plus, là. Il faut bien s'entendre.
M. Filion: Mais vous l'avez mis dans votre projet de loi. Vous
l'avez mis dans votre projet de loi.
M. Savoie: En tant que ministre, je ne l'autoriserai pas non
plus, c'est bien clair. Sauf que ce qu'on dit, c'est que vous mélangez
9.2 avec 13.4. L'article 13.4, c'est une descente qu'on est en train de faire.
Alors, j'imagine que, si on fait une descente avec tout ce que ça
demande, on ne rentre pas chez vous pour repartir avec un paquet de cigarettes.
L'article 9.2 vise le particulier. On lui dit: Si vous fumez des cigarettes de
contrebande, c'est illégal. Avant, il n'y avait rien; maintenant, c'est
illégal.
L'article 13.4 dit, dans un autre contexte complètement
différent, que, si on pense qu'il y a une distributrice automatique qui
est dans un coin, ou une série de distributrices qui vendent de la
cigarette de contrebande, pour avoir le droit de les ouvrir pour
vérifier ce qu'il y a dedans, on dit: On va aller voir un juge de la
Cour du Québec, puis on va les faire ouvrir, puis on va regarder. S'il y
a de la contrebande, on va les saisir. S'il y a autre chose dedans, on va
saisir ça aussi.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que, M. le ministre, il
est...
M. Savoie: C'est bien raisonnable. Je ne pense pas qu'il y ait
des pouvoirs... Excusez. Après ça, on a eu l'article 38 où
on dit que, dans les livres, actuellement, un officier, un fonctionnaire du
gouvernement, tout simplement un agent vérificateur ordinaire peut, en
plus de ça, s'il est en train de faire une vérification pour
l'observance ayant trait à une loi fiscale c'est bien
général et qu'il voit quelque chose qui n'est pas correct,
le saisir, en vertu de la loi, sans mandat spécial.
M. Filion: Vous l'aviez déjà, ce pouvoir-là,
sans ajouter ça.
M. Savoie: C'est parce que, là, on voulait avoir
accès à une distributrice, par exemple. Je trouve ça
intéressant.
M. Filion: Non, mais je veux dire, de toute façon, la
distributrice appartient à un commerçant, puis vous avez ces
droits-là.
M. Savoie: Oui, mais, au lieu de procéder, par exemple,
avec la Sûreté du Québec, comme auparavant j'imagine,
là on pourrait procéder de notre propre chef.
M. Filion: Non, non. Auparavant vous pouviez procéder de
concert... Si vous faites une perquisition, c'est sûr, mais c'est
toujours de concert avec la Sûreté du Québec, si c'est une
perquisition.
M. Savoie: Bien là, ça ne le sera plus, là.
L'article 13.4 nous donne le pouvoir de le faire de nous-mêmes.
M. Filion: Sans être assistés d'un policier de la
Sûreté du Québec?
M. Savoie: C'est ça. On n'a pas besoin d'assistance
là-dedans. Ce n'est pas mentionné.
M. Brochu: Ni avant, ni après.
M. Filion: Des enquêtes spéciales pour faire des
perquisitions sans être assistés?
M. Savoie: Bien oui! On a fait des descentes, il y a quelques
semaines, sur les fraudes au niveau de la recherche et
développement.
M. Filion: Puis vous devez le faire au niveau des carburants.
Vous devez faire pareil.
M. Savoie: Des fois la police vient, mais c'est pour nous
protéger contre des gens armés, des choses comme ça.
Le Président (M. Lemieux): Moi, je vous comprends et je
suis d'accord avec vous là-dessus. Est-ce qu'un des objectifs de cette
loi-là, ce n'est pas d'avoir davantage un effet dissuasif au niveau du
consommateur de cigarettes?
M. Savoie: C'est ça. Bien, 9.2, c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): L'article 9.2, c'est ça.
Et, subsidiairement, certaines dispositions d'ordre législatif, à
l'effet où il y aurait une forme de contrebande ou de commerce,
justement, qui serait opérée, là, on y inclut les
dispositions d'ordre fiscal.
M. Savoie: C'est pour avoir le droit d'entrer,
d'aller quelque part et de saisir des cigarettes de contrebande.
M. Filion: Mais vous l'aviez déjà quand
même.
M. Savoie: Bien là, je ne sais pas. Il faudrait entendre
les experts.
M. Filion: Bien oui! On a eu l'article 38, tout à l'heure,
et il vous donnait ce pouvoir-là.
M. Savoie: Non, mais il ne donne pas, par exemple, le droit
d'entrer dans des conditions spéciales. Il ne donne pas le droit
d'entrer le soir.
M. Brochu: Effectivement, à 13.4, tel qu'on l'a lu, on
avait déjà ce pouvoir-là tel qu'il a été
expliqué en début. Ce qui est modifié par le nouvel
article 13.4, c'est les endroits. Ce n'est plus uniquement l'endroit où
est perpétré l'infraction, mais c'est tout endroit où on
croit qu'il peut y avoir des choses qui ont servi à perpétrer
cette infraction-là. C'est ça qui est l'élargissement de
13.4.
Le Président (M. Lemieux): En un mot, est-ce que ça
veut dire que, si, au lieu d'être dans la maison, ça avait
été dans la grange, vous n'auriez pas pu y aller?
M. Brochu: Exact.
M. Filion: Écoutez là, un vérificateur
fiscal pourrait cogner à une porte et dire: Moi, je pense que j'ai des
choses à voir chez vous, je pense qu'il se passe quelque chose
d'anormal.
M. Brochu: II faut qu'il soit allé devant le juge avant.
Parce que, ici, dans la loi sur le tabac, ici, c'est bien avec l'autorisation
écrite d'un juge, tant maintenant qu'autrefois. Autrefois, ça
commençait comme ça: «Avec l'autorisation écrite
d'un juge de la Cour du Québec, qui peut être accordée sur
demande ex parte à la suite d'une dénonciation faite sous serment
par une personne et pas n'importe quelle personne qui a des
motifs raisonnables de croire qu'une infraction à la présente loi
est ou a été commise en un endroit au Québec le ministre
peut autoriser». Donc, s'il se présente devant le juge et qu'il ne
le convainc pas qu'il y a des motifs raisonnables de croire...
M. Filion: Pour perquisitionner. M. Brochu: Pour
perquisitionner.
M. Filion: Mais ici, quand on lit 38, là, de la loi du
ministère du Revenu, là...
M. Brochu: Oui.
M. Filion: ...on dit: «Toute personne qui est
autorisée par le ministre peut, pour toute fin ayant trait à
l'application ou à l'exécution d'une loi fiscale,
pénétrer en tout temps convenable dans tous lieux ou endroits
dans lesquels une entreprise est exploitée ou des biens sont
gardés ou dans lesquels...» Mais, étant donné qu'on
élargit d'ailleurs, c'est là qu'est ma bibi-te
l'application de nos lois aux consommateurs, ça veut dire qu'un
vérificateur d'impôt, pour des raisons x, qui dit: Bien, moi, je
pense que je vais arrêter chez mon voisin, je vais aller voir ce qu'il y
a en dedans, est-ce qu'il pourrait entrer et dire: Écoutez, moi,
j'aimerais ça faire une vérification chez vous?
M. Savoie: Non. Il n'a pas de motif raisonnable.
M. Filion: Non, non, il n'a pas besoin d'avoir de motif
raisonnable ou l'autorisation d'un juge, là. On a juste à lire
l'article 38, par rapport à...
M. Savoie: «Ayant trait à l'application d'une loi
fiscale».
M. Filion: Bien oui! Mais le consommateur, c'est ça, mon
problème.
M. Savoie: Oui, oui, mais ça prend un motif raisonnable,
ça prend des raisons.
M. Filion: Bien non! Il n'a pas besoin de motif raisonnable.
M. Savoie: Attendez une seconde, on va le trouver, là. Tu
ne peux pas entrer chez ton voisin comme ça.
M. Filion: Bien, c'est ça que je suis en train de dire.
Moi, j'ai l'impression que, oui, il peut.
M. Savoie: Non, non, bien non. Là, on est en train de
jouer avec un article qui n'a rien à faire avec le projet de loi actuel.
Ça, c'est pour des lieux ou endroits dans lesquels une entreprise est
exploitée ou des biens sont gardés et dans lesquels il se fait
quelque chose se rapportant à des affaires quelconques. Ce n'est pas
dans ta maison, ça. Un gars ne peut pas entrer chez vous comme
ça. Enfin, si tu le laisses rentrer, ça marche, mais, si tu ne
veux pas qu'il entre... Moi, je sais que tu ne rentrerais pas chez nous, c'est
clair? Puis ne t'essaie pas. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Ha, ha, ha! Je n'en ai sûrement pas l'intention.
Ne sois pas inquiet. Ha, ha, ha!
M. Savoie: Si tu viens chez nous, il faut que tu entres avec un
mandat ou tu n'entres pas; à moins que je veuille vous voir, et
ça vous comprend, ça, M. Gautrin.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Ha, ha, ha! Ça prend un mandat. Tu n'entres pas
chez le monde comme ça.
M. Filion: Oui, je comprends, mais, moi, ce que je suis en train
d'essayer de comprendre aussi, également, dans ce projet de loi
là, c'est qu'on est en train de mettre les consommateurs dans le coup,
dans tout ce processus d'application de pénalité là, et le
consommateur qui est pris dans un débat d'infraction... Est-ce que ce
pouvoir de vérification là chez le consommateur existe
également pour le fonctionnaire fiscal? C'est ça que je pose
comme question.
M. Savoie: Le fonctionnaire a le droit d'entrer dans une
entreprise ou une place d'affaires c'est ça qu'on a lu, là
pas dans la résidence d'un particulier...
M. Filion: Oui, je sais, mais... M. Savoie: ...ni dans ta
voiture.
M. Filion: Je comprends, mais, si un particulier élude la
fiscalité parce qu'il consomme du tabac, le particulier ou le
consommateur qui a éludé la fiscalité se retrouve dans une
situation où un vérificateur fiscal peut faire des
vérifications sur lui. Non?
M. Savoie: C'est-à-dire que, par 13.4.2, ce qu'on vise...
On va retourner à l'exemple 4e la voiture. Actuellement, on
ne peut pas entrer dans ta voiture. Il faut immobiliser ta voiture, appeler la
police, faire venir la police et là leur dire qu'on a des raisons de
croire que... Et là la police pourrait ouvrir ou aller chercher un
mandat et faire ouvrir. Alors, ici, c'est que le ministère du Revenu, de
son propre chef, va aller chercher un mandat et il va faire ouvrir ta voiture,
il va faire ouvrir ta distributrice automatique, il va faire ouvrir les portes
de ta grange et il va aller voir.
M. Filion: Avec un mandat. M. Savoie: Oui, avec un
mandat.
Le Président (M. Lemieux): L'article 10 est-il
adopté, M. le député de Montmorency?
M. Filion: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
Nous passons maintenant à l'article 11, qui a été
un peu discuté, mais nous allons vous laisser le temps de le lire.
Même s'il a été discuté globalement avec l'article
10, je vais vous permettre de le lire.
M. Gautrin: M. le Président, excusez moi.
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous avez une question, M.
le député de Verdun. (21 h 30)
M. Gautrin: Oui, M. le Président. Dans la nouvelle
rédaction de 13.4.2, j'ai un peu de réticences sur les mots
«bien en vue». C'est quoi que vous voulez couvrir par ça?
Autrement dit, je répète: «...pour des motifs raisonnables,
constituer des éléments de preuve de la perpétration de
l'infraction décrite dans la dénonciation ou avoir
été utilisées pour sa perpétration, ainsi que toute
chose bien en vue...» Alors là, si j'ai bien compris, on donne
quand même un pouvoir de perquisition. Alors, le concept de «bien
en vue», ça veut dire quoi? Par exemple, si je cache lesdites
cigarettes dans un placard, elles ne sont pas bien en vue. Il faut que je les
ai bien mises sur une table, dans mon salon, quand vous entrez. Mais, si c'est
mis dans un placard, elles ne sont pas bien en vue. Ça veut dire quoi
«bien en vue» dans la loi?
M. Larivière: Alors, c'est la théorie du
«plain view». Il faut que ça soit bien en vue. Il ne faut
pas que ça soit une opération forcée, soit ouvrir un
placard ou ouvrir une armoire. Il faut que ça soit bien en vue, il faut
que ça soit à la vue. D'un premier coup d'oeil, c'est ça
l'expression «bien en vue». C'est la théorie du «plain
view», une théorie de «common law» qui permet à
l'officier saisissant de saisir les choses qui sont bien en vue. Mais, bien en
vue, c'est ce qui se voit, sans faire un geste comme ouvrir une porte, ou
fouiller, ou quoi que ce soit.
M. Gautrin: Donc, il n'y a pas possibilité de fouille.
Vous ne pouvez pas ouvrir un bien meuble, c'est ça?
M. Larivière: Absolument. Il faut que ce soit bien en
vue.
M. Savoie: Je comprends ce qu'il est en train de dire.
M. Gautrin: Je ne comprends pas moi, du tout, pourquoi vous
mettez cette réticence...
M. Savoie: Oui, mais... Je comprends. C'est parce que...
M. Gautrin: ...parce que vous êtes là pour chercher
des preuves.
M. Savoie: Non, non. Écoute bien, écoute bien.
C'est parce que tu mêles 2 affaires, là. C'est que non seulement
ils ont un mandat pour entrer puis inspecter, ce qu'ils ont le droit de faire,
mais, supposons qu'en plus du tabac tu as de la drogue, ils n'ont pas le droit
de fouiller en même temps pour la drogue. Ils n'ont pas le droit de faire
une partie de pêche, finalement. Oui.
M. Filion: Ce n'est pas ça que ça dit.
M. Savoie: Oui, c'est ça que ça dit. C'est
exactement ce que ça dit. Tu ne peux pas faire une partie de
pêche. C'est-à-dire que tu as un mandat pour aller chercher du
tabac. Tu entres, et là tu vas chercher ton tabac. Tu ne peux pas, en
même temps, fouiller pour des armes. Tu ne peux pas ouvrir son solage,
puis creuser pour voir s'il n'a pas caché quelqu'un en dessous du
solage.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, il faut lire,
M. le député... M. le député de Verdun, il faut
lire 13.4.2 dans son ensemble. Vous allez très bien comprendre ce
pourquoi on y a indiqué «toute chose bien en vue», lorsque
vous lirez l'article dans son ensemble. Lisez-le dans son ensemble là,
vous allez très bien comprendre...
M. Gautrin: Alors, je lis, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): ...que ce que vous croyiez qui
était exclu est inclus, mais, en outre, on y ajoute en sus tout ce qui
est en vue.
M. Gautrin: «Le fonctionnaire ou la personne
désignée qui perquisitionne...» Donc, c'est le gars qui
entre...
Le Président (M. Lemieux): Bien oui! M. Gautrin:
...conformément à 13.4.
M. Savoie: II entre en vertu d'un mandat pour aller chercher du
tabac.
M. Gautrin: O.K.
M. Savoie: O.K.
M. Gautrin: Du tabac en feuilles, par exemple.
M. Savoie: Oui, par exemple.
M. Gautrin: II ne peut pas prendre le prisé:
«...peut saisir et emporter, outre ce qui y est prévu, toutes
autres choses qu'il croit, pour des motifs raisonnables, constituer des
éléments de preuve de la perpétration de l'infraction
décrite dans la dénonciation ou avoir été
utilisées pour sa perpétration, ainsi que toute chose bien en vue
et qui est visée à l'article 13.4». Ça peut
être quoi les choses bien en vue visées à l'article
13.4?
Le Président (M. Lemieux): Ça peut être
n'importe quoi qui est un élément de l'infraction ou d'une chose
nécessaire à une preuve.
M. Gautrin: Je comprends, mais écoutez-moi un instant,
là.
M. Filion: Mais le bien en vue là, ça
n'empêche pas qu'il puisse ouvrir une garde-robe, puis...
Le Président (M. Lemieux): Non, ça n'empêche
pas ça. C'est en sus. Ce qu'il voit, il est là, il le prend.
M. Filion: C'est ça. C'est ça que le ministre
disait tout à l'heure. Il peut ouvrir une garde-robe, il peut sonder les
murs, il peut faire défoncer un mur, puis il peut, effectivement, aller
chercher ce qu'il croit nécessaire. ..
M. Gautrin: Tout ça, c'est bien en vue.
M. Filion: ...et raisonnable pour constituer sa preuve.
Le Président (M. Lemieux): II vous fait ranger vos
pantalons.
M. Gautrin: Tout ça, c'est bien en vue. M. Filion:
Bien, moi, je pense...
Le Président (M. Lemieux): Tout ce que vous ne cachez
pas.
M. Gautrin: On peut sonder un mur bien en vue...
Le Président (M. Lemieux): Tout ce que vous ne cachez pas.
Ha, ha, ha! Tout ce que vous ne cachez pas, M. le député de
Verdun. Ha, ha, ha!
M. Filion: II garde le mur. Ha, ha, ha! Il dit que le mur peut
servir de pièce à conviction. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): II peut aller dans vos poches
même. Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Non, non, mais, écoutez, je veux bien rire
avec vous, là, mais, moi...
Le Président (M. Lemieux): Bien oui, mais, vous savez, les
lois du ministre du Revenu... Vous savez, il a plus de pouvoirs que le
ministère de la Justice. Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Non, non. Je comprends ça, mais...
M. Savoie: Oui, oui, on a plus de pouvoirs que le
ministère de la Justice.
Le Président (M. Lemieux): C'est incroyable.
M. Filion: Effectivement. Vous pourriez douter, par contre, qu'il
y a un coffre-fort là, puis qu'il y a de quoi dans le coffre-fort. Vous
voyez le coffre-fort, mais vous pouvez faire ouvrir le coffre-fort.
M. Savoie: Non, ça prend un mandat, à ce
moment-là, pour le coffre-fort parce que ce n'est pas bien en vue. C'est
comme, on va faire une descente, le... Tout à l'heure, on m'expliquait
qu'on fait une descente pour du tabac. On entre dans l'endroit et, en plus du
tabac, il y a un hachoir, bien en vue. On ramasse le hachoir. On ne peut pas
fouiller pour le hachoir.
M. Gautrin: Mais, si en fouillant... Excusez-moi, M. le
ministre.
M. Savoie: Parce que, même si vous commettez une infraction
à la loi sur le tabac ou à n'importe quelle autre loi, vous avez
quand même des droits, là. Le principe, c'est que ça ne
peut pas être une partie de pêche.
M. Filion: Parce que, quand le ministre du Revenu, normalement,
perquisitionne et entre dans des résidences privées, il vide
tout. Il passe tout au peigne fin.
M. Savoie: C'est quoi, ça?
M. Filion: Le ministère du Revenu, quand il projette une
perquisition pour fraude fiscale.
M. Savoie: On saisit tout attends une seconde ce
qui est pertinent, tout ce qui est relatif à...
M. Filion: Non, non, non, mais ils vont quand même... Ils
vont prendre le tiroir, ils vont tout sortir pour voir s'il n'y a pas des
choses qu'ils pourraient prendre, puis, si, effectivement, il y a un doute sur
un coffre-fort, ils vont l'ouvrir ou ils vont l'amener, puis ils vont
faire...
M. Savoie: Si on a un mandat à cette fin, oui. M.
Filion: Non, mais généralement.
M. Gautrin: M. le Président, j'essaie de comprendre le
«bien en vue» et je ne comprends toujours pas. Mais imaginons qu'il
y a... Prenons le cas d'un coffre-fort. Moi, je suis votre agent. Je m'en vais
chercher du tabac.
M. Savoie: Oui.
M. Gautrin: Je vois le coffre-fort.
M. Savoie: Tu n'as pas le droit de l'ouvrir.
M. Gautrin: Attendez un instant. Je me dis: Moi, je pense qu'il
peut y avoir du tabac dans le coffre-fort. Donc, pour aller chercher le tabac
dans le coffre-fort, je demande d'ouvrir le coffre-fort. J'ouvre le coffre-fort
et je trouve un hachoir à quelque chose, etc. Alors qu'il n'était
pas bien en vue, il devient bien en vue. Vous comprenez mon affaire? Je vous ai
fait comprendre?
M. Savoie: Oui. Allez-y.
M. Gautrin: Moi, je ne comprends pas.
M. Larivière: C'est parce que, à 13.4.2, il y a 2
concepts. On dit: «...outre ce qui y est prévu». Alors,
c'est ce qui est prévu au mandat. Alors, vous arrivez chez un individu
et vous avez un mandat de perquisition.
M. Gautrin: Pour des cigarettes.
M. Larivière: Pour des cigarettes. Alors, il y a des
choses à saisir qui sont prévues sur le mandat.
M. Gautrin: O.K.
M. Larivière: Après ça, on voit:
«...toutes autres choses qu'il croit, pour des motifs raisonnables,
constituer des éléments de preuve de la perpétration de
l'infraction».
Des voix: ...
M. Gautrin: Continuons, s'il vous plaît.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Je continue. Donc, vous allez chercher vos
cigarettes.
M. Larivière: Oui. Alors, «outre ce qui est
prévu», donc les cigarettes qui sont prévues sur votre
mandat...
M. Gautrin: C'est prévu.
M. Larivière: ...et «toutes autres choses qu'il
croit, pour des motifs raisonnables». «Toutes autres
choses».
M. Gautrin: Oui.
M. Larivière: Alors, il y a un critère. Il faut que
vous ayez des motifs raisonnables qui constituent des éléments de
preuve. Et l'autre élément, et ça, c'est en additionnelle,
c'est «ainsi que toute chose bien en vue».
M. Gautrin: Oui. J'ai bien compris ça. Excusez-moi,
là, je vais terminer parce que je ne veux pas vous gêner trop
longtemps. Je comprends. Je vais prendre l'exemple suivant. Le coffre-fort est
fermé. Je suspecte que les cigarettes sont dans le coffre-fort. Il y a
le hachoir dans le coffre-fort à côté des cigarettes. Le
hachoir n'est pas bien en vue. Non, non, mais attention, le hachoir n'est pas
bien en vue.
M. Chevrette: II est dans le coffre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: II est dans le coffre. Je peux faire ouvrir le coffre
et, à ce moment-là, quand je vais ouvrir le coffre, le hachoir
devient bien en vue.
M. Larivière: Appelons Hercule Poirot.
M. Gautrin: Mais est-ce que je peux le saisir, à ce
moment-là?
M. Larivière: Bien oui! M. Chevrette: Bien
sûr.
M. Gautrin: Mais il n'était pas bien en vue
nécessairement, mais il le devient.
M. Larivière: C'est parce qu'il rentre dans l'autre
concept, précédemment. Il y a 2 concepts: «...toutes autres
choses qu'il croit, pour des motifs raisonnables», c'est le premier
concept, et le deuxième parce qu'on dit bien «ainsi
que», alors c'est le deuxième concept...
M. Chevrette: Tu es un homme de lettres, toi, tu n'es pas un
homme de droit.
M. Gautrin: Je ne suis pas un homme de lettres.
M. Chevrette: Non? Tu es un homme de quoi?
M. Gautrin: De science.
M. Chevrette: Ah! un critique de la science.
M. Savoie: Bon. Là, pour le moment, il est fonctionnaire
au ministère du Revenu et il est à la veille de perdre son
emploi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu, en 8
ans, c'est votre meilleure.
M. Chevrette: Est-ce qu'il est dans les 20 % à être
éliminés ou dans les 15 %, selon la loi Gautrin?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: dans les 12 %.
M. Chevrette: La loi Gautrin à l'article 3 prévoit
qu'il y a 15 % de trop.
M. Gautrin: 12 %, 12 %. M. Chevrette: c'était 12
%?
M. Gautrin: 12 %.
M. Chevrette: II me semble que je t'ai entendu dire 15 % toute la
veillée, toi.
M. Gautrin: Non, non, non, j'ai dit 12 % toute la veillée.
J'ai dit 12 %.
M. Chevrette: Ah! c'est parce que tu prononçais mal hier
soir.
M. Gautrin: Mais non, mais non. Je prononce bien. C'était
12 %.
M. Chevrette: bon bien, c'était 12 %. ha, ha, ha!
M. Gautrin: Alors, je comprends.
M. Savoie: Bon! Formidable, la démocratie.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que l'article 11
est adopté, M. le député de Montmorency?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, adopté.
Nous passons maintenant à l'article 12. Est-ce qu'il y a des
commentaires, M. le ministre, sur l'article 12?
M. Savoie: Alors, l'article 12, M. le Président... Eh, mon
Dieu, oui. Ça concerne le véhicule saisi, hein?
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Savoie: On va vous trouver les notes explicatives et on va
vous faire lecture.
Le Président (M. Lemieux): Ça va donner le temps
à M. le député de Montmorency d'en prendre
connaissance.
M. Savoie: L'article 13.4.3 précise les règles
relatives à la garde des choses saisies en vertu des articles 13.4 et
13.4.2. Une fois saisi, on prévoit les règles relatives à
la garde. Les modifications apportées au premier alinéa sont
corrélatives à l'introduction d'un nouvel article 13.7.1
concernant les conditions de remise d'une chose saisie. Elles viennent
également préciser l'application de l'article 13.8 au
présent article lorsque la rétention de la chose n'est plus
nécessaire dans l'intérêt de la justice. L'ajout du
deuxième alinéa a pour but de donner la possibilité au
ministre de remettre au saisi son véhicule, si ce dernier verse un
dépôt égal à la valeur du véhicule et des
frais de saisie et de conservation. (21 h 40)
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut appeler ça la clause des
minounes?
M. Savoie: La clause des minounes.
M. Chevrette: Qui va se promener...
M. Savoie: Une bonne idée.
M. Chevrette: C'est vrai!
M. Savoie: C'est ça, la clause des minounes.
M. Chevrette: II n'y a pas un fou qui fait du trafic qui ne
prendra pas une minoune. Voyons!
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: Pourquoi? Ça n'amène rien,
ça.
M. Savoie: Enfin, si le type veut payer, on lui remet, en autant
qu'on a la valeur de la minoune.
M. Chevrette: Je comprends, mais... M. Gautrin: M. le
Président...
M. Savoie: Mais on peut, on n'est pas obligé. On peut la
garder.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: Je reviens à la même question que le
député de Joliette. C'était: Qui fixe le montant de la
valeur en argent de ce véhicule?
M. Savoie: Le ministre.
M. Gautrin: Parce que, au lieu de faire des minounes qu'on... On
peut fixer au prix d'achat ou au prix de...
M. Chevrette: Au prix de liste.
M. Savoie: Le «blue book», le «red
book».
M. Gautrin: C'est ça.
M. Chevrette: Le prix de liste.
M. Savoie: Le prix de liste. Il faut être raisonnable. S'il
y a encore des portes et un moteur qui fonctionne...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Oui, mais, moi, je vous dis, par exemple, que j'ai
une vieille auto qui vaut 100 $...
M. Savoie: Elle vaut combien?
M. Chevrette: II dit ça avec beaucoup d'assurance.
M. Gautrin: Mettons 100 $.
M. Savoie: Oui.
M. Gautrin: Elle roule encore.
M. Savoie: Sais-tu, on est en train de faire notre propre
«filibuster». Tu le sais, hein?
M. Gautrin: Oui, je comprends.
M. Chevrette: Non, non, mais c'est intéressant ce que tu
dis.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: On a du temps. On a du temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je trouve que le député de Verdun
comprend exactement ce qu'on veut dire.
M. Savoie: Ah, la démocratie!
M. Chevrette: Ça a porté fruit, la leçon
d'hier soir.
Une voix: II est sage, le député de Verdun.
M. Chevrette: Je trouve que vous suivez bien le processus
législatif.
M. Gautrin: J'ai toujours bien suivi le processus
législatif.
M. Chevrette: Oui? Et vous n'avez pas besoin de personne pour
vous encenser.
M. Gautrin: Non.
M. Chevrette: Non, mais, blague à part, l'objectif de
ça, sous réserve de la mainlevée donnée par le
ministre, ça veut dire quoi, ça? Au cas où il y en aurait
un qui prendrait un char neuf, ça veut dire quoi, ça, dans le
projet de loi? Tous les contrebandiers se promènent avec des minounes,
vous le savez.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: S'ils se font arrêter, s'ils se font saisir
le char, il vaut 100 $, salut Luc! Pensez-vous qu'ils vont prendre leur auto
neuve, ou un quatre-par-quatre neuf, ou un petit camion neuf? Ils se passent
le
mot. On en rencontre. Ils vont même s'acheter des minounes
à la «scrap». Ils mettent la plaque dessus, puis...
Le Président (M. Lemieux): Mais est-ce que l'objectif, M.
le député Joliette, n'est pas de ne pas nécessairement
conserver la voiture usagée, la minoune comme vous l'appelez, mais
davantage de conserver ce qu'il pourrait y avoir à la fois à
l'intérieur de la minoune et la minoune elle-même...
M. Chevrette: Bien oui, mais, quand ils saisissent, c'est
parce...
Le Président (M. Lemieux): ...c'est-à-dire les
choses?
M. Chevrette: ...qu'il y a de quoi dedans.
M. Filion: Bien oui!
Le Président (M. Lemieux): Bien oui!
Ça...
M. Chevrette: Ils ne pourraient pas saisir s'il n'y a rien.
Le Président (M. Lemieux): ...c'est pour conserver la
chose, je pense.
M. Chevrette: Oui, mais ce que je veux dire... M. Filion:
Non, non, mais...
M. Chevrette: Le ministre se donne un pouvoir de
mainlevée. Quand on sait comment...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chevrette: ...marche le banditisme dans ça, le pouvoir
de mainlevée, c'est quasiment rire du monde.
M. Savoie: Bien non!
M. Chevrette: Tu leur rends service en leur enlevant la
minoune.
M. Savoie: Non, non, on ne peut pas rire de personne, là.
Alors, finalement, ce qu'on se dit, c'est que, «sous réserve d'une
mainlevée donnée par le ministre, toute chose saisie en vertu des
articles 13.4 et 13.4.2 demeure...
Le Président (M. Lemieux): C'est pour la conserver.
M. Savoie: ...sous la garde d'une personne qu'il
désigne».
Le Président (M. Lemieux): Pour qu'il puisse la conserver
pour la preuve, j'imagine.
M. Chevrette: Ça, c'est l'encan annuel, après?
M. Savoie: Bien là, une chose à la fois. On va
commencer par le saisir.
M. Filion: Où ça va être... M. Chevrette:
Non, mais...
M. Filion: Vous allez entreposer ça où? Est-ce des
endroits, des parcs ou...
M. Savoie: Les parcs du ministère du Revenu.
Le Président (M. Lemieux): Pourriez-vous nous en parler un
peu, de cet article-là?
M. Savoie: Les espaces loués, clôturés.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça va dans le
sens du député de Joliette? Est-ce qu'il y a une expertise?
Ailleurs, qu'est-ce qui se fait? Est-ce que, généralement
c'est ce que nous dit le député de Joliette c'est des
vieux bazous?
M. Larivière: Ce qui arrive... 13.4.3, vous avez une
disposition identique dans la Loi sur les douanes, dans la Loi sur
l'accise.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Larivière: Vous avez une disposition semblable. La
seule chose... Le but visé par 13.4.3, c'est les minounes qui sont
entreposées jusqu'à ce que le procès ait lieu et que le
jugement soit rendu par la cour. Ces minounes-là valent peut-être
200 $, et il en coûte peut-être 300 $ ou 400 $ pour l'entreposage.
Alors, vous avez un déficit. Alors, sous réserve d'une
mainlevée du ministre, le véhicule est remis, équivalant
à un dépôt, équivalant à la valeur du
véhicule.
M. Chevrette: Non, mais...
M. Larivière: Alors, l'avantage est que vous avez un
dépôt en argent qui est conservé jusqu'à ce que le
tribunal se soit prononcé et vous n'avez plus les frais d'entreposage
à assumer.
Le Président (M. Lemieux): O.K.
M. Larivière: On sait qu'une audition peut durer 6, 7, 8,
10 mois ou 1 an, et, si vous conservez une minoune de 200 $ pendant tout ce
temps-là, alors les frais d'entreposage, ce n'est pas long que ça
dépasse la valeur du véhicule. Le but de 13.4.3, c'est de
remettre le véhicule et de conserver un dépôt en
attendant.
M. Chevrette: Dans quel type de loi vous retrouvez la similitude
de ces articles-là?
M. Larivière: Vous avez une disposition semblable dans la
Loi sur les douanes et dans la Loi sur l'accise.
M. Chevrette: Au niveau de la chasse et de la pêche, quand
vous arrêtez des individus qui ont braconné, est-ce que vous avez
une disposition similiaire? Je ne me rappelle pas.
M. Brochu: D'ailleurs, si vous regardez 13.5, on va plus loin.
Là, évidemment, si l'individu il veut la reprendre, on va lui
demander un dépôt, et, à ce moment-là, les objectifs
vont être rencontrés, on n'aura pas besoin de la conserver et
d'encourir des frais pour la conserver. S'il ne nous demande pas de la
reprendre, on est obligés de la conserver. Vous allez voir, à
13.5, on s'est donné un autre pouvoir, c'est le pouvoir de le faire
vendre avant le procès, justement pour éviter ces frais inutiles
là à propos de minounes qui valent 100 $, 200 $, 250 $. C'est le
prochain article, ça.
M. Chevrette: On va se rendre à l'autre. Tout d'un coup
que...
M. Brochu: En d'autres termes...
M. Chevrette: On verra si votre article est une minoune, s'il
peut se rendre à l'autre.
M. Brochu: ...c'est pour éviter tous les frais
générés par l'entreposage de ces
véhicules-là ou distributrices automatiques. Donc, là, on
se dit: On les a saisis. Il y a un article qui nous dit: Ils sont sous la garde
de. Et, si la personne le veut, eh bien, on va lui dire: Prends-le, donne-nous
ce qu'il vaut, le «red book», et on conserve le dépôt,
ce qui est bien moins achalant à conserver que conserver une minoune
dans un parc de stationnement.
M. Chevrette: Quand vous saisissez un véhiculé de
même, est-ce que l'immatriculation, par exemple, est remise à
l'individu?
M. Savoie: Non, non, on n'est pas pour faire ça,
là.
M. Chevrette: Non, non, mais je vous demande une question. C'est
sérieux, ça.
M. Savoie: Ah oui! Mais ça n'aurait pas de bon sens.
M. Chevrette: Si vous saisissez son véhicule, pourquoi le
type n'aurait pas le droit au remboursement de la plaque d'immatriculation?
M. Savoie: Parce qu'il a commis un crime.
Le Président (M. Lemieux): Mais est-ce que, dans la
pratique la question du député de Joliette
ça lui est remboursé?
M. Larivière: C'est que tout véhicule au
Québec doit être immatriculé, il doit avoir une plaque
d'immatriculation.
M. Chevrette: Oui, mais tu lui enlèves.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais, lorsque vous lui
enlevez...
M. Savoie: Non, on enlève la voiture, y compris
l'accessoire.
M. Larivière: Mais, tant qu'il n'est pas jugé,
l'individu, le véhicule est toujours sa propriété.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Je comprends.
M. Chevrette: Ça veut dire qu'il n'a pas l'usufruit de sa
minoune.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. L'usufruc-tus
abusus. Il n'a pas les fruits.
M. Chevrette: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): L'usufructus abusus.
M. Chevrette: Vous avez fait du latin, vous, hein?
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. L'usufructus
abusus, user de la chose, les fruits de la chose, c'est ça, et abuser de
la chose. Vous avez raison.
M. Chevrette: Oui, je comprends. Moi aussi, j'en ai fait.
Le Président (M. Lemieux): J'en suis conscient. Ça
fait longtemps que vous m'avez appris ça, M. le député de
Joliette. Ha, ha, ha! Allez-y.
M. Chevrette: II m'a bloqué raide, là. C'est
correct, je comprends. Un gars qui a commis un acte criminel doit payer pour.
C'est ça que M. le député d'Abitibi-Est voulait nous dire
dans toute sa sagesse.
M. Savoie: Le principe de base.
Le Président (M. Lemieux): Puis la...
M. Chevrette: Je ne sais pas ce qu'en pense le
député de Verdun, par exemple.
M. Savoie: II est d'accord.
M. Gautrin: J'ai compris. J'attends le suivant,
déjà.
Le Président (M. Lemieux): En fin de compte,
là...
M. Filion: Moi aussi, je suis au suivant.
M. Gautrin: Je suis au suivant. Pour moi, le 13.4 est clair.
Le Président (M. Lemieux): C'est simplement pour revenir
à ce que disait le député de Joliette. En fin de compte,
c'est pour s'en débarrasser des minounes, dans le fond.
M. Gautrin: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. Vous
êtes bien contents. Ça va. Est-ce que l'article 12 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous passons
maintenant à l'article 13.
M. Savoie: Alors, la disposition permet au ministre de...
M. Filion: II n'y a pas d'amendement, M. le Président,
là-dessus?
Le Président (M. Lemieux): Non, il n'y a pas d'amendement
à l'article 13.
M. Savoie: Je les ai ici, et ça va à l'article 32
avant d'avoir un amendement.
M. Gautrin: Moi, j'ai une question sur l'article 13, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de...
M. Savoie: Je voudrais lire les notes explicatives avant, M. le
député.
M. Gautrin: Ah bon! Excusez. Allez-y, expliquez-moi ça.
Peut-être que je n'aurai pas de question après.
M. Savoie: Ça me surprendrait, là, mais... Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Ha, ha, ha! Ça me surprendrait
énormément. Alors, cette disposition permet au ministre de
demander à un juge de la Cour du Québec d'ordonner que des
paquets de tabac saisis soient vendus en justice avant jugement aux conditions
que ce dernier détermine. Le produit de la vente des paquets de tabac,
moins les frais, est conservé par la personne désignée par
le ministre. Les modifications apportées à l'article 13.5 ont
pour objet d'introduire la possibilité qu'une ordonnance de vente soit
émise à l'égard des minounes ou distributeurs automatiques
qui ont été saisis. Ces modifications ont aussi pour but de
confier à une personne autorisée le produit de la vente des
choses saisies qui doit être conservé selon la manière
prévue par règlement jusqu'à ce qu'il soit disposé
conformément à la loi.
Alors, finalement, il s'agit tout simplement d'un pouvoir de vente,
assurer le produit de la vente dans les intérêts de la
justice.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous toujours votre
question, M. le député de Verdun? Oui?
M. Gautrin: Oui, M. le Président. Les paquets de tabac en
question sont illégaux?
M. Filion: C'est ça.
M. Gautrin: Donc, vous allez vendre les paquets de tabac
rentrés illégalement dans le commerce. Si vous les avez saisis,
c'est qu'ils étaient illégaux, ils n'avaient pas la petite
étiquette que vous avez dit que vous mettez dessus. Et, maintenant, vous
allez vendre des paquets de tabac qui sont illégaux. Donc, les gens,
comme ils n'ont pas le droit de les détenir parce que vous avez dit
qu'ils n'avaient pas le droit de les détenir avant, ils ne pourront pas
les acheter. Us n'auront pas le droit de les acheter parce que les acheter,
c'est illégal.
M. Filion: Oui. Ils vont les vendre au prix de la contrebande, je
suppose. C'est ça? (21 h 50)
M. Gautrin: Je ne sais pas. Vous comprenez la question?
M. Savoie: Vous avez raison, M. le député, le point
est très valable, parce que, effectivement, on ne vend plus le tabac. Ce
qu'on fait, c'est qu'on le fait détruire.
M. Chevrette: Quoi?
M. Savoie: On le fait détruire. On le fait
brûler.
M. Filion: Oui, mais vous pouvez... Ce n'est pas ça que
vous dites, ici.
M. Chevrette: Oui, mais ce n'est pas ça que vous vous
donnez comme pouvoir. Je m'excuse, mais ce n'est pas ça que vous
dites.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Filion: Avez-vous un amendement? M. Savoie: Non, il n'y a pas
d'amendement. M. Chevrette: Bien, c'est quoi, d'abord? M. Savoie:
On va vous l'expliquer.
M. Brochu: Regardez, l'ancien article 13.5, je lis juste le
début: «Malgré les articles 13.4 et 13.4.2, lorsque des
paquets de tabac sont saisis, le ministre peut demander à un juge [...]
qu'il ordonne que ces paquets soient vendus». Donc, dans l'ancien
article, on pouvait demander que soient vendus uniquement les paquets de tabac,
et ça, c'était lorsqu'on était préoccupé par
de la contrebande non pas internationale mais interprovinciale. À ce
moment-là, le tabac pouvait être vendu ailleurs au Canada, ce
n'était pas du tabac illégal, alors que, présentement, on
fait face à de la contrebande sur laquelle aucune taxe, ni d'aucune
province, ni du fédéral, n'a été payée.
Donc, à ce moment-là, c'est du tabac illégal et,
effectivement, on ne peut pas le revendre. Mais la modification a
été pour permettre qu'on puisse vendre les véhicules et
les distributeurs automatiques.
M. Chevrette: Non, non, non.
M. Filion: Oui, mais, si vous pouvez vendre les véhicules
et les distributeurs, vous pouvez vendre les paquets aussi, c'est écrit
dans le texte.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse, là,
mais je suis convaincu, moi... Vous ne pouvez pas nous bourrer de même,
ça n'a pas d'allure. Je vais vous le lire tranquillement. Vous
êtes 2 avocats, vous autres?
M. Filion: Lentement.
M. Chevrette: «Lorsque des paquets de tabac
ça, ce n'est pas des véhicules, ça un
véhicule ou un distributeur automatique [...] ce véhicule ou ce
distributeur automatique soient vendus aux conditions que ce dernier
détermine.» Il peut.
Une voix: II peut.
M. Chevrette: Dès que vous mettez «peut», vous
donnez un pouvoir.
Une voix: Oui.
M. Chevrette: Si vous donnez un pouvoir...
M. Savoie: C'est-à-dire que ce n'est pas une
obligation.
M. Chevrette: ...ne venez pas dire qu'il ne peut pas.
M. Savoie: On peut.
M. Chevrette: Oui. Ce n'est pas marqué «doit
vendre». Je le sais, je connais la différence entre
«peut», dans un texte légal, et «doit». Vous
venez de me dire que vous ne faites pas ça, mais vous pourriez le
faire.
M. Filion: Bien oui! Il a le pouvoir.
M. Chevrette: La question du député de Verdun prend
toute, toute sa signification.
M. Filion: II a un pouvoir immoral.
M. Chevrette: Si vous ne voulez pas le vendre, vous enlevez le
tabac, c'est final. Vous laissez le véhicule.
M. Filion: C'est ça.
M. Chevrette: Dans un amendement, il faudrait proposer...
M. Filion: C'est ça.
M. Chevrette: ...d'enlever «paquets de tabac».
M. Filion: C'est ça.
M. Chevrette: Vous avez absolument raison.
M. Filion: Ça devient un pouvoir immoral.
M. Chevrette: On se comprend vite, nous autres.
M. Savoie: Oui, effectivement, vous avez raison, et le
député de Verdun aussi.
M. Chevrette: Donc,- j'ai un amendement qui propose d'enlever
«paquets de tabac».
M. Brochu: Non, non, il y a un cas, là. On va vous faire
la démonstration où on peut utiliser le «peut».
M. Larivière: Cet article-là, 13.5, avait
été introduit en 1986. Alors, il faut se replacer dans le temps.
Parce qu'on remarque qu'il n'y a pas de modification pour les paquets de tabac.
Ça, ça a été introduit en 1986, et, à ce
moment-là, il se faisait de la contrebande interprovinciale. À ce
moment-là, ce qui était saisi par le ministère,
c'était du tabac dont la taxe d'accise, les droits
fédéraux avaient été payés sur le tabac mais
qui n'était pas identifié pour la vente au Québec. Alors,
les droits provinciaux n'avaient pas été payés sur le
tabac saisi.
M. Chevrette: Ce n'est pas ça que vous dites. Vous ne
parlez pas d'interprovincial, ni d'international.
M. Larivière: Non, c'est qu'il peut arriver aujourd'hui
des situations où le tabac vient du Nouveau-Bruns wick.
M. Chevrette: Bien oui!
M. Larivière: II peut encore arriver des situations...
M. Filion: Je comprend, mais ça inclut également le
tabac saisi en contrebande.
M. Chevrette: O.K. On va faire un amendement plus
précis.
M. Larivière: Oui, sauf que ce tabac-là, qui n'est
pas identifié, dont les droits d'accise n'ont pas été
payés, si le ministre vendait ce tabac-là, on pourrait
peut-être émettre l'hypothèse qu'il pourrait contrevenir
présentement à la Loi sur l'accise. Revendre ce tabac-là
sans que les droits fédéraux n'aient été
payés pourrait y contrevenir. C'est pour ça qu'il y a une
distinction à faire entre le tabac d'un commerce interprovincial et le
commerce qui se fait avec les Américains.
M. Filion: On comprend très bien votre distinction, mais
l'article, lui, ne fait pas de distinction. L'article dit qu'on peut vendre des
paquets saisis en contrebande.
M. Larivière: Effectivement.
M. Filion: On peut les vendre.
M. Larivière: II peut.
M. Filion: Bon. Alors, c'est un pouvoir.
M. Larivière: II peut. C'est un pouvoir qui...
M. Filion: On accorde un pouvoir au ministre...
M. Chevrette: Quand on veut, on peut.
M. Filion: ...un pouvoir immoral. Il ne peut quand même pas
prêcher d'un côté de la bouche une chose et faire le
contraire de l'autre côté.
M. Larivière: Oui, sauf qu'il faut quand même
respecter les autres lois dans leur ensemble. Si une autre loi empêche la
vente du tabac parce que les droits fédéraux n'ont pas
été payés sur le tabac saisi, alors le ministre...
M. Filion: Ce n'est pas...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, s'il vous plaît. M. le député de Joliette, vous
vouliez intervenir.
M. Chevrette: M. le Président, moi, si je suivais la
logique de ces savants procureurs, vous devriez nous proposer l'amendement
suivant et dire: Dans le cas du commerce interprovincial, les paquets de tabac,
les véhicules et les distributeurs automatiques pourraient être
vendus. Parce que toute votre argumentation est un peu en fonction... Pour
mettre le tabac, c'est en fonction du commerce interprovincial. Donc, à
partir de là, vous vous donnez un pouvoir de portée
générale pour quelque chose qui est restrictif par rapport
à votre volonté de faire. Faire, f-a-i-r-e. Vous m'avez bien
compris? Parce que je n'aurais jamais utilisé le mot fer, f-e-r, dans
votre cas.
Ceci dit, l'argumentaire, vous ne démontrez pas, sur le plan
juridique, que le pouvoir que vous vous donnez n'est attribuable qu'en fonction
du commerce interprovincial. Et là je fais appel aux connaissances
juridiques du président, ça ne marche pas.
M. Brochu: Remarquez qu'on l'a donné à titre
d'exemple. Si c'était «doit faire vendre», on serait
peut-être obligé de faire les distinctions, mais, étant
donné que c'est «peut faire vendre», il utilise, le
ministre, son pouvoir discrétionnaire lorsque c'est légal.
M. Filion: Mais il ne peut pas avoir un pouvoir
discrétionnaire...
M. Brochu: S'il était en possession de tabac saisi qu'il
peut légalement faire vendre, il le ferait.
M. Filion: II le ferait.
M. Brochu: Mais, s'il ne peut pas légalement faire
vendre... Ça ne veut pas dire qu'il ne pourrait pas être demain en
possession de tabac saisi qu'il pourrait légalement faire vendre.
Ça ne veut pas dire ça. À ce moment-là, s'il est en
possession de tabac saisi qu'il peut légalement faire vendre, il a le
pouvoir. S'il est en possession de tabac illégal, il n'exerce pas sa
discrétion.
M. Filion: Mais, s'il l'exerçait, il pourrait le faire
vendre.
M. Brochu: S'il exerçait sa discrétion, il pourrait
faire vendre et commettre une illégalité?
Le Président (M. Lemieux): À condition que
ça soit légal de le faire.
M. Filion: Je ne sais pas moi. Il ne commettrait pas une
illégalité.
M. Brochu: Oui, oui.
M. Filion: Ah!
M. Savoie: Finalement, là...
M. Chevrette: Pour contrer une illégalité
potentielle, vous donnez un pouvoir discrétionnaire. Ça ne marche
pas.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais suspendre environ 3
minutes.
M. Savoie: Merci. Bien gentil.
M. Chevrette: Pour les besoins du ministre?
Le Président (M. Lemieux): Oui, pour les besoins du
ministre.
(Suspension de la séance à 21 h 57)
(Reprise à 22 h 6)
Le Président (M. Lemieux): La commission reprend ses
travaux. M. Filion.
M. Filion: La question qu'on posait, c'est: Est-ce
qu'effectivement le ministre peut revendre, en fonction de ce pouvoir, des
cigarettes saisies dans le réseau de la contrebande? Est-ce qu'il peut,
en fonction du pouvoir qu'on lui donne là?
M. Brochu: S'il voulait faire un acte illégal,
effectivement, il pourrait.
M. Filion: Alors, le ministre...
M. Brochu: Mais je ne pense pas qu'il exerce sa
discrétion...
M. Filion: ...pourrait faire un acte illégal, mais il
demande à la population de ne pas en faire. C'est ça?
M. Chevrette: Où est-ce marqué qu'il va exercer son
pouvoir légalement?
Le Président (M. Lemieux): Nulle part. C'est la
discrétion.
M. Chevrette: C'est un pouvoir à portée totale.
Le Président (M. Lemieux): Bien oui! C'est clair.
M. Filion: C'est là que j'ai un problème de... Il
ne prêche pas par l'exemple. Il peut, lui, vendre de façon
illégale le produit.
M. Gautrin: M. le Président, si j'ai bien compris, le fait
de vendre n'est pas illégal...
M. Chevrette: Bien non!
M. Gautrin: ...c'est le fait d'acheter qui est
illégal.
M. Filion: Pardon?
M. Chevrette: Les deux.
M. Filion: Les deux. Le vendeur, le vendeur...
Le Président (M. Lemieux): Si tu vends ce qui n'est pas
légal, c'est illégal.
M. Chevrette: Si tu vends ce qui est illégal... Le
Président (M. Lemieux): C'est illégal.
M. Chevrette: ...tu achètes ce qui est illégal,
c'est du «guilt by association».
M. Filion: En principe, quand il y a un vendeur, il y a un
acheteur.
M. Gautrin: Non, non, parce qu'il le possède
légalement.
M. Chevrette: Les avocats vont te dire que c'est du crime par
association. Non? Les deux sont en prison.
Le Président (M. Lemieux): Oui, c'est ça. Pour moi,
il a fait son cours de droit, lui.
M. Chevrette: C'est comme quand tu tiens le sac, même si tu
ne prends pas une cent dedans, tu es coupable.
M. Gautrin: Vous savez, on est tous coupables, dans la vie,
à mon avis.
M. Chevrette: Je n'ai pas compris. M. Filion:
L'imputabilité, hein?
M. Gautrin: Je disais qu'on est tous coupables dans la vie.
M. Chevrette: Oui, de choses qu'on devrait faire et qu'on ne fait
pas, hein?
M. Gautrin: Qu'on ne fait pas.
Une voix: Ha, ha, ha! À cette heure-ci.
M. Gautrin: À cette heure-ci, d'ailleurs.
M. Chevrette: Non, mais, très sérieusement,
là, c'est un pouvoir discrétionnaire qui ne fait pas la
différence entre la vente légale et la vente illégale.
Vrai ou faux?
M. Filion: Est-ce que c'est vrai ou faux? M. Chevrette: M.
le ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, vrai ou
faux?
M. Savoie: Excusez, je n'écoutais pas.
M. Chevrette: Je vais me reprendre.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Ça me fait plaisir, pour vous.
M. Savoie: D'accord.
M. Chevrette: Vous vous donnez un pouvoir discrétionnaire,
en vertu de 13.5...
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: ...un pouvoir discrétionnaire total, pour la
vente de paquets de tabac...
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: ...indépendamment qu'ils soient
légaux ou illégaux.
M. Savoie: Même le pouvoir discrétionnaire a ses
paramètres, et les paramètres, ça présume que le
ministre va agir de bonne foi et dans l'intérêt... Ça n'a
rien à faire.
M. Chevrette: Même si...
M. Savoie: Le fait que le ministre a un pouvoir
discrétionnaire...
M. Chevrette: Oui.
M. Savoie: ...implique nécessairement que le pouvoir
discrétionnaire est balisé. Il y a des paramètres à
l'exercice de son pouvoir.
M. Chevrette: En vertu de quelle théorie en droit,
ça?
M. Savoie: Non, ce n'est pas un principe de théorie, c'est
un principe de droit.
M. Filion: Non, mais il est balisé, oui et non. Le
ministre qui déciderait...
M. Savoie: Le ministre...
M. Filion: ...d'aller chercher des fonds avec ça...
M. Savoie: Lorsqu'on dit qu'un ministre... On n'est pas pour
refaire le droit administratif, au Québec, là, mais, lorsqu'un
ministre peut, ça présume qu'il doit agir, là, à
l'intérieur de son mandat et à l'intérieur de ses
autorités, donc à l'intérieur de certaines balises.
M. Filion: Je le comprends, mais, quand l'article est
libellé: «...que ces paquets, ce véhicule ou ce
distributeur automatique», c'est tous des biens pris dans le
réseau de la contrebande, et tous ces biens-là, ensemble, peuvent
être revendus par le ministre.
M. Savoie: C'est ça. M. Filion: Alors...
M. Savoie: On peut les revendre, comme il l'a expliqué.
Par contre, pour la contrebande dont on parle communément, là, il
va être de plus en plus brûlé. On n'a pas l'intention de
remettre ça en circulation.
M. Filion: Mais alors, pourquoi avoir mis le mot
«paquets»? Il faudrait l'enlever.
M. Savoie: Pourquoi «paquets»? M. Chevrette:
«Paquets de tabac».
M. Filion: «Paquets de tabac». C'est indiqué:
«...qu'il ordonne que ces paquets, ce véhicule ou ce distributeur
automatique soient vendus aux conditions que ce dernier
détermine».
M. Savoie: «Paquets», au sens de l'article 1...
M. Brochu: II faut bien comprendre, encore une fois, qu'il peut
être en possession de tabac qu'il pourrait légalement vendre.
À preuve, il y a quelque temps, lorsque le commerce se faisait surtout
intraprovincial, il était en possession de tabac qu'il pouvait vendre.
Là, il ne me vient pas de situation à l'esprit
présentement.
M. Chevrette: Si c'est légal, pourquoi qu'ils
l'arrêtent?
M. Brochu: On ne l'arrête pas. C'est pour ça qu'on
lui laisse le pouvoir. On lui dit: Tu peux faire vendre du tabac, mais
ça, maintenant, libre à toi d'exercer ta discrétion en
respectant les autres lois, en ne commettant pas d'illégalités.
S'il le faisait, je me demande même si l'exercice de sa discrétion
ne pourrait pas être revu.
M. Filion: Par qui? (22 h 10)
M. Brochu: Je ne sais pas, par les tribunaux.
M. Filion: C'est parce que le juge, automatiquement, va lui
accorder.
M. Brochu: Bien, c'est justement, c'est ce que j'allais dire. Il
doit obtenir l'autorisation du juge.
M. Filion: Bien oui! Mais le juge, lui...
M. Brochu: Est-ce que c'est pensable qu'un juge avaliserait un
geste illégal?
M. Filion: Le juge va lire l'article et va dire: Moi, selon
l'article, lorsque des paquets de tabac, un véhicule ou un distributeur
automatique sont saisis, le ministre peut demander... Alors, il va dire: Le
ministre les a saisis et il peut demander à un juge qu'il ordonne que
ces paquets, les mêmes paquets qu'il a saisis, ce véhicule et ce
distributeur automatique soient vendus. Alors, mon point, c'est que le juge n'a
pas le choix de l'accorder.
M. Brochu: Je ne pense pas. Si on va lui demander la permission,
c'est parce qu'il a une discrétion.
Le Président (M. Lemieux): J'ai une question. Est-ce qu'il
peut encore exister des situations où il peut vendre du tabac
légal? Est-ce que ça peut arriver? Puisque vous y allez d'une
manière facultative avec le «peut»?
M. Brochu: On me dit ici que ça pourrait arriver avec
l'Ontario.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Alors, voilà ce qui
est peut-être intéressant à savoir, M. le
député de Joliette. Si le «peut» est facultatif,
parce qu'il l'est le député de Joliette a raison lorsqu'il
dit qu'il est facultatif...
Une voix: Absolument.
Le Président (M. Lemieux): ...il donne un pouvoir
entièrement discrétionnaire au ministre, on est d'accord
là-dessus moi, ma question, c'est que, si vous l'avez
installé, si vous avez écrit ce «peut» à cet
endroit-là, c'est que, à vos yeux, il existerait encore des
situations vous me parlez de l'Ontario où il pourrait y
avoir du tabac légal qui pourrait être vendu.
M. Brochu: Effectivement, oui.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Et si ce
«peut» n'est pas là, là, il n'est plus capable, il ne
peut pas le vendre.
M. Brochu: II ne pourrait pas le vendre.
Le Président (M. Lemieux): II ne pourrait pas le
vendre.
M. Brochu: Ca prend une province où les taxes...
M. Chevrette: Je pense qu'il y a peut-être un
argument...
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: ...qui milite en faveur du ministre. Je cherche un
point pour lui montrer que je ne suis pas toujours contre lui.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est que, dans les faits, c'est lui qui a le
fardeau de la preuve devant un juge, sur la légalité.
M. Savoie: C'est ça, oui.
M. Chevrette: C'est ce qui me fait ranger sur l'appoint de la
question.
M. Brochu: C'est ça. Une voix: Alors,
adopté.
M. Chevrette: C'est à s'expliquer qu'on se comprend.
Le Président (M. Lemieux): Et je présume qu'un
ministre ne voudrait pas agir dans l'illégalité.
M. Chevrette: Sauf que le libellé est
«tough».
Le Président (M. Lemieux): Oui, je pense que ce n'est pas
clair.
M. Chevrette: Non, mais le fait qu'il demande au juge...
M. Filion: Ce n'est pas clair.
M. Chevrette: ...la possibilité de vendre, le juge, il
faut présumer que, lui aussi, il va poser les bonnes questions avant la
vente...
M. Brochu: II va savoir s'il peut le faire.
M. Chevrette: ...et, à ce moment-là, il va dire:
Vous l'avez saisi comment, ce tabac-là? C'est un tabac qui transite par
l'interprovincial ou par l'international? Est-ce que ça passe par
Kahnawake ou ça passe par l'Ontario? Directement au Québec, ou si
ça passe par Kahnawake, via les États-Unis, par exemple?
M. Savoie: Akwesasne.
M. Chevrette: Et là je présume que le ministre est
obligé de dire la vérité.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 13 est
adopté?
M. Filion: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): Non? M. le député
de Montmorency.
M. Filion: Ce n'est pas nécessairement illégal que
le ministre vende du tabac qu'il aurait saisi dans de la contrebande. Il n'y a
rien d'illégal dans ça. Où c'est écrit que c'est
illégal?
M. Savoie: On dit que le ministre peut.
M. Filion: Non, mais où, dans la loi, c'est écrit
que le ministre qui vend du tabac, du réseau de contrebande, saisi agit
illégalement?
M. Gautrin: C'est ce que vous venez de m'expli-quer par la loi de
l'associativité, puisque la personne qui va acheter le tabac clairement
va faire un geste illégal, parce que le fait de posséder un tabac
de contrebande est un geste illégal. Vous avez plaidé, si j'ai
bien compris, qu'inciter les gens à poser un geste illégal
était, en soi, illégal. C'est bien ce que j'ai compris?
M. Chevrette: Je ne pense pas. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Moi, non... Écoutez, l'exemple que je
vois...
M. Gautrin: Ce n'est pas ça que vous avez dit?
M. Filion: ...le ministre pourrait penser vendre son tabac...
M. Gautrin: Non. Je ne comprends pas.
M. Chevrette: II faudrait recommencer le raisonnement. Le
raisonnement, moi...
M. Filion: Oui.
M. Chevrette: ...en tout cas, que je fais, est le suivant. Le
ministre est en possession de tabac, d'un véhicule ou d'une
distributrice automatique. Pour le revendre, il est obligé d'aller
demander l'autorisation. Donc, il a le fardeau de la preuve face à la
demande d'autorisation.
Le Président (M. Lemieux): Qu'il soit légal ou
illégal.
M. Chevrette: Dans du tabac qui transite sur le plan
interprovincial, ça peut être du tabac légal, à
l'intérieur du pays et de la province...
M. Savoie: C'est exactement ça.
M. Chevrette: ...mais qui est illégal en fonction de nos
modes de perception de taxes ou autres. mais ce n'est pas un tabac
illégalement entré au québec.
M. Savoie: C'est exactement ça. Vis-à-vis du tabac
qui provient, par exemple, des États-Unis.
M. Chevrette: J'ai bien compris. M. Savoie: C'est
ça.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 13 est
adopté?
M. Filion: Est-ce que ce tabac-là pourrait être
vendu à l'étranger?
M. Savoie: Probablement que c'est vendu à des gens qui
veulent l'acheter localement, là.
M. Filion: Hors Québec?
M. Savoie: Les gens qui vont l'acheter chez nous. Je ne sais pas,
là.
M. Chevrette: Des acheteurs.
Le Président (M. Lemieux): Peu importe... C'est ça,
les acheteurs qui vont venir, qui sont intéressés au ballot.
M. Filion: Par exemple, ils pourraient le revendre au
fabricant.
Le Président (M. Lemieux): II pourrait être revendu
aux fabricants.
M. Chevrette: Ça serait plutôt aux distributeurs. Je
ne pense pas que ce soit au fabricant...
M. Filion: Non, parce que le paquet...
M. Chevrette: ...parce que le fabricant, lui, il l'a eu, son
coût de revient.
M. Savoie: II l'achète au Québec et donc...
M. Chevrette: II serait fou en maudit de racheter un tabac...
M. Savoie: ...pour le transporter, à ce moment-là,
ça serait illégal.
M. Chevrette: ...saisi qui nécessairement ne peut pas
être revendu au prix de vente d'un fabricant.
M. Savoie: Le sortir du Québec, par exemple l'amener aux
États-Unis, ça serait illégal.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député de...
M. Gautrin: J'ai une dernière question.
Le Président (M. Lemieux): M. le député...
Oui, mais c'est parce qu'il faut que je fasse un petit peu respecter...
M. Gautrin: Je voudrais m'inscrire sur la liste des orateurs.
M. Chevrette: Bon. Il ne vous écoute pas.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: O.K. C'est correct.
Le Président (M. Lemieux): On fait ça, vraiment,
là, de façon à...
M. Léonard: C'est parce que là...
Le Président (M. Lemieux): ...enrichir le débat.
Allez-y, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Disons que je viens de lire l'article, et
peut-être que vous en avez débattu avant que j'arrive, là,
mais à quel prix vous le vendez? Est-ce que vous comprenez, dans le prix
de vente, des taxes payables au fédéral? Et qu'est-ce que vous en
faites? Vous percevez, là, vous saisissez, ça ne vous coûte
rien, vous. Vous le vendez le plus proche possible du prix du marché,
donc vous le vendez à peu près au prix du marché. Qui paye
les taxes au fédéral? C'est du tabac de contrebande. Est-ce que
vous payez vos taxes au fédéral?
M. Savoie: Allez-y.
M. Larivière: C'est ça, la différence. Le
tabac qui vient, exemple, en contrebande de l'Ontario et qui est
estampillé, les taxes du fédéral ont été
perçues sur ce tabac-là. Et, s'il est revendu, à ce
moment-là, les taxes auront été payées au
fédéral. Par contre, le tabac qui est estampillé pour
vente à l'extérieur du Canada seulement, ce tabac-là ne
porte pas l'estampille de la Loi sur l'accise. Donc, les droits
fédéraux n'ont pas été payés. Alors, c'est
pour ça que le ministre ne peut pas, en vertu de la loi sur l'accise,
revendre ce tabac-là sans commettre...
M. Chevrette: À moins qu'il paie les taxes.
M. Larivière: Mais ce tabac... C'est parce que le paquet
de tabac...
M. Savoie: On va le faire brûler, à ce
moment-là. M. Léonard: II n'est pas...
M. Larivière: C'est parce que le paquet de tabac, quand
vous enlevez le cellophane, là, il y a encore l'inscription, sur le
côté, «Pour vente à l'extérieur du
Canada». Alors, il ne peut pas être revendu...
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que vous avez
donné comme explication tout à l'heure, d'ailleurs.
M. Savoie: C'est ça.
M. Larivière: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Je comprends.
M. Larivière: II est inscrit, sur le côté du
paquet: «Pour vente à l'extérieur du Canada
seulement».
M. Léonard: Mais vous le vendez à qui, à ce
moment-là? Vous ne pouvez pas le vendre sur le marché
interne.
M. Larivière: C'est comme la GRC. La GRC... M.
Léonard: Vous le brûlez? M. Larivière: .. .le
détruit.
M. Brochu: C'est parce que, plus tard, on va avoir un article
où on demande l'autorisation de détruire.
M. Chevrette: La GRC, ils brûlent tout. Les granges
avec.
M. Larivière: De détruire. Parce que la GRC saisit
du tabac qui n'est pas identifié pour la vente au Canada. Alors, ce
tabac-là est par la suite détruit, après que le jugement
ait été rendu.
Une voix: Le tabac s'envole en fumée.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 13 est-il
adopté?
M. Gautrin: M. le Président, j'avais une question, si vous
me permettez.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Oui, allez-y.
M. Gautrin: Vous utilisez le terme «paquets de
tabac». Vous utilisez le terme «paquets». Je suis en
train
de réfléchir, à savoir est-ce qu'il pourrait y
avoir du tabac qui circule sans être en paquet? Donc, il pourrait y avoir
du tabac en feuilles. C'est bien compris. Mais, si vous saisissez le tabac en
feuilles, lui, vous ne pouvez pas le revendre.
M. Chevrette: Le tabac en feuilles?
M. Gautrin: Si vous saisissez du tabac en feuilles, parce que
vous utilisez ici... Lorsque des paquets de tabac sont saisis, là, vous
pouvez les revendre, mais, quand vous saisissez du tabac en feuilles qui n'est
pas en paquet...
M. Chevrette: Ils le hachent, puis ils le vendent en paquet. Ha,
ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: On va s'ouvrir une usine.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Non, non, mais je m'excuse. Ce n'est pas risible,
là.
M. Savoie: Non, mais c'est parce qu'on va le brûler,
à ce moment-là.
M. Gautrin: Vous le brûlez. Autrement dit, quand c'est du
tabac en feuilles, vous le brûlez directement. C'est sûr?
M. Chevrette: Non. Il n'y a rien qui dit ça.
M. Gautrin: Bien non, mais c'est ce qu'il vient de me dire.
M. Chevrette: Ça peut être du tabac
complètement légal, du tabac en feuilles saisi. Il n'a pas besoin
de transiter par les États-Unis, lui là.
M. Gautrin: Non, non, mais attendez un instant. Dans ces
conditions-là, si je regarde le libellé de l'article, il dit
bien, il utilise le terme «paquets de tabac» et non pas
«tabac». Donc, on exclut automatiquement le tabac en feuilles.
M. Savoie: «Paquet» au sens de «paquet»
est défini à l'article 1.
M. Gautrin: Oui, oui. J'ai bien vu, mais c'est pour ça que
j'ai demandé s'il existait du tabac qui n'était pas en
paquet.
M. Savoie: En feuilles. Oui.
M. Gautrin: Alors, le tabac qui est saisi, qui n'est pas en
paquet, lui, ne peut pas être vendu.
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire que «paquet»
comprend du tabac en feuilles. C'est pour ça qu'on vous dit d'aller voir
à l'article 1...
M. Gautrin: Oui. Je comprends... M. Savoie: ...la
définition de «paquet».
M. Gautrin: J'ai bien compris, mais je reviens sur ma question:
Existe-t-il du tabac qui n'est pas en paquet?
Une voix: Oui.
(22 h 20)
M. Savoie: Bien, regardez, là, c'est: «...et tout
autre contenant de tabac ainsi qu'une manoque». Donc, ça pourrait
être une manoque.
M. Gautrin: Donc, tout ce qui est en... Quand on dit:
«paquets de tabac», on couvre tout ce qui peut être tabac en
feuilles, etc. C'est ça?
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: Dans les épiceries, maintenant, tu as un
tapon de feuilles qu'ils te vendent je ne sais pas combien.
M. Gautrin: Un instant. Parce que j'ai posé 2 fois la
question, on m'a répondu oui, on m'a répondu non.
M. Chevrette: Qui ça?
M. Gautrin: Je ne répond pas qui m'a répondu.
M. Chevrette: II faudrait que tu t'attaques à ton
ministre. Nous autres, on ne t'aurait jamais répondu ça.
M. Gautrin: Je posais des questions. Alors, si ce n'était
que de moi, je suis prêt à adopter l'article.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Labelle. Je m'excuse.
M. Léonard: Je voudrais revenir avec ma question. Vous
saisissez du tabac, des cigarettes qui sont estampillées pour
l'extérieur. Vous dites que, dans ces cas-là, vous les
détruisez. Pourquoi ne les revendez-vous pas à la compagnie qui
les fabrique, au fond, plutôt que de les détruire?
M. Brochu: C'était l'exemple que j'avais envie de fournir
tout à l'heure, mais mon collègue, ici, pose une bonne question.
Même si le manufacturier était intéressé à le
racheter, c'est quand même du tabac sur lequel les taxes
fédérales n'ont pas été payées. C'est du
tabac qui est non... Alors, à ce moment-là, est-ce que le
manufacturier... Est-ce qu'on pourrait le revendre? Je pense que
le débat est ouvert. Nous, on prêcherait la prudence, mais
peut-être que ça pourrait passer. On pourrait être devant un
cas où il pourrait effectivement le vendre, si c'est le manufacturier
qui le reprend purement et simplement à son prix coûtant pour le
remettre dans le marché.
M. Léonard: C'est parce que, si la loi est efficace, vous
allez avoir des montagnes de paquets de cigarettes, puis ça ne serait
pas indifférent d'aller les refiler là.
M. Savoie: II vaut mieux les détruire. Il vaut mieux les
détruire. C'est de la cigarette de contrebande. En conséquence,
il vaut mieux les détruire.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 13 est-il
adopté?
M. Gautrin: Adopté. M. Filion: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
Nous appelions l'article 14.
M. Savoie: On est rendus, je crois, à l'article 14, qui
dit que... Bon, c'est tout simplement une petite note qui dit que l'article
13.6 prévoit le délai pendant lequel la chose saisie ou le
produit de vente peut être retenu. Alors, on parle de 180 jours:
«...ne peut être retenu plus de cent quatre-vingts jours à
compter de la date de la saisie». La modification introduite à cet
article est corrélative aux modifications aux articles 13.4, 13.4.2,
13.4.3 et 13.5.
M. Léonard: La chose saisie?
M. Savoie: La chose saisie, oui, ne peut être retenue plus
de 180 jours.
M. Brochu: En d'autres termes, c'est pour nous inciter à
introduire les procédures dans un délai raisonnable, une
poursuite dans un délai raisonnable.
M. Filion: Est-ce que ça inclut les registres,
également, et les documents? Est-ce que ça inclut tout, la chose
saisie? Les voitures?
M. Brochu: C'est tout.
M. Savoie: Ça pourrait être le hachoir.
Le Président (M. Lemieux): L'article 14 est-il
adopté?
M. Filion: Cent quatre-vingts jours, c'est un délai qu'on
retrouve dans à peu près toutes les lois, ça? C'est 6
mois?
M. Chevrette: Vous ne dites pas «ouvrables». C'est
180 jours de calendrier?
M. Savoie: C'est 180 jours pas ouvrables, 180 jours.
M. Chevrette: C'est 6 mois, ou à peu près 6
mois.
Le Président (M. Lemieux): À compter de la date
saisie, effectivement.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: Et, entre-temps, vous conservez le bien? Est-ce que
vous allez le remettre dans la... Est-ce que vous aller assurer la protection
du bien? Comment est-ce que ça fonctionne, à ce
moment-là?
M. Brochu: Comme on vient de l'expliquer, on peut le conserver
et, évidemment, on en assure la protection. On peut l'avoir remis contre
un dépôt, comme on a vu la possibilité. On peut
s'être adressé au juge pour le faire vendre. S'il nous a
autorisé à le faire vendre, prenons la distributrice ou le
véhicule, on conserve le dépôt.
M. Chevrette: Mais, s'il n'y a pas eu d'ordonnance au bout de 6
mois, vous remettez l'argent si vous avez obtenu une autorisation de vente
à l'individu de qui vous avez saisi?
M. Brochu: C'est ça, oui.
M. Chevrette: Est-ce que c'est bien ça?
M. Brochu: Oui.
M. Chevrette: Puis, si vous avez vendu à un prix
dérisoire, il a l'air fou en maudit.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: II n'y a rien qui garantit... Non, mais c'est
sérieux, ça. Je ne veux pas faire de farce.
M. Savoie: Non, mais il n'y aura pas de vente à un prix
dérisoire parce que c'est marqué qu'on ne peut pas avoir une
vente dérisoire.
M. Chevrette: Non, mais vous saisissez un bien de l'individu. Je
vais expliquer ce que je veux dire, M. le Président.
M. Savoie: Oui, oui, je comprends.
M. Chevrette: L'enquête conduit au fait qu'on ne prend pas
d'ordonnance ni de poursuite contre l'individu. Son bien que vous lui avez
saisi, lui, il a une valeur
marchande. Vous dites une valeur de vente en justice. Il est
préjudicié en maudit, l'individu. Si, au bout de 6 mois, vous lui
avez vendu au prix d'une vente de justice qui est inférieur au prix de
la valeur marchande et vous n'avez pas de poursuite ni ordonnance contre lui,
qui compense cet individu-là?
M. Savoie: Alors, on dit que, finalement, la chose peut
être vendue aux conditions que ce dernier détermine.
M. Brochu: Ce dernier étant le juge.
M. Chevrette: Ce dernier étant le juge, mais un juge
pourrait être... Si vous arrivez au bout de 6 mois...
M. Savoie: Ça, c'est un autre procès. Ça,
ça ne nous concerne pas, nous autres. Le juge a autorisé la
vente.
M. Chevrette: Je comprends bien, mais, nous autres, on est
là pour défendre le consommateur quand on rédige une
loi.
M. Savoie: Oui, mais dans le sens que...
M. Chevrette: Ce n'est pas un bandit. Vous ne le poursuivez pas,
ce n'est pas un bandit, là.
M. Savoie: Nous autres aussi, on est là pour
protéger le consommateur et, en conséquence, être
sûrs que nos lois sont acceptables. Mais, une fois que le juge a
autorisé une vente, si le juge a outrepassé ses pouvoirs ou a agi
de mauvaise foi, à ce moment-là, c'est un autre dossier. C'est la
Loi sur les tribunaux, j'imagine, qui va s'appliquer.
M. Chevrette: II y a un abus de pouvoir qui peut être
intenté contre un individu, contre d'abord la Sûreté...
M. Savoie: Le juge.
M. Chevrette: ...contre le Procureur général et
puis contre le tribunal lui-même.
M. Savoie: C'est le juge qui a autorisé la vente.
Le Président (M. Lemieux): Moi, il y a une question qui
me... Est-ce que le ministère du Revenu a été poursuivi,
à quelques reprises, par des contribuables? Est-ce que c'est
arrivé à quelques reprises?
M. Chevrette: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Souvent?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais ça savoir
si...
M. Savoie: Si quoi?
Le Président (M. Lemieux): Pas pour des actes de cette
nature-là.
Une voix: Pas pour des actes de cette nature-là.
M. Filion: Les articles 13.4 et 13.6, par rapport aux
réserves autochtones, est-ce que ces pouvoirs-là sont suffisants
pour que vous puissiez vraiment agir en réserves autochtones et saisir
à vue?
M. Savoie: II n'y a pas de saisie sur une réserve
autochtone.
M. Chevrette: Pardon?
M. Savoie: II n'y a pas de saisie sur une réserve
autochtone pour une dette, mais pour une dette fiscale...
(Consultation)
M. Savoie: Alors, en vertu de l'article 13.4, oui, on pourrait
sur une réserve.
M. Fiiion: Vous pourriez saisir?
M. Chevrette: Quoi? Les meubles, les biens meubles?
M. Savoie: C'est-à-dire pas en vertu d'une action au
civil.
M. Chevrette: Ou bien exclusivement les objets reliés
à la contrebande?
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: Qui pourrait saisir? Le ministère, les
fonctionnaires du ministère?
M. Chevrette: Ça, il faudrait que vous envoyiez votre
police sur la réserve.
M. Filion: Pas nécessairement la police. Un fonctionnaire,
tout simplement.
M. Chevrette: Bien, écoute, il y a 3 bandits d'Oka qui
tiraient dans le parc. Ils ne les ont même pas arrêtés et
ils savent où ils sont.
M. Léonard: Vous avertirez Hydro-Québec quand vous
irez.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ils pourront aller en débrancher certains,
oui.
Le Président (M. Lemieux): L'article 14 est-il
adopté?
M. Gautrin: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 14 est-il
adopté?
M. Gautrin: C'est 16, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, ce n'est pas 16, M.
le député de Verdun. Nous sommes à 14.
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est adopté,
M. le député de Montmorency, l'article 14?
M. Filion: M. le Président, en tout cas, de toute
façon, je voulais vérifier, effectivement, si on avait le pouvoir
de saisir en réserves autochtones parce que j'ai l'impression qu'on ne
saisit jamais. Or, je me suis posé la question si on avait ces
pouvoirs-là de le faire, mais on me confirme que oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, adopté?
M. Filion: Alors, je suppose que ça demeure une question
de volonté maintenant.
M. Chevrette: Le ministre du Revenu répond sur son droit
théorique.
Le Président (M. Lemieux): Alors, adopté.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'on fait des saisies, par
exemple, à Restigouche, des choses comme ça. Il y a eu des
saisies d'effectuées. Kahnawake, c'est un problème
particulier.
M. Léonard: Chez les bons, vous saisissez, mais, chez les
plus durs, vous n'y allez pas.
M. Savoie: Je ne suis pas sûr que je qualifierais certains
intervenants à Restigouche comme des bons, mais, non, on intervient...
À Kahnawake, par contre, c'est un problème spécifique.
M. Filion: Comment vous pensez régler ça, le
problème de Kahnawake? Pensez-vous pouvoir réussir à faire
observer nos lois fiscales sur ce territoire-là?
M. Chevrette: Pouvez-vous nous assurer, d'abord, que vous ne
prêterez pas vos quais au transbordement? (22 h 30)
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, s'il
vous plaît! On va revenir à l'article 14.
M. Chevrette: Vous, vous n'en avez pas, mais vous pourriez
peut-être demander à vos collègues de ne pas le faire.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Joliette, l'article 14 est-il adopté?
M. Chevrette: Ou bien vous pourriez peut-être signer un
traité avec eux autres, avec quelqu'un qui est masqué et qui a 17
ans.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, la pertinence, s'il vous plaît, du débat.
M. Chevrette: Qu'est-ce qu'il y a? «What is the matter with
you, sir?»
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun?
M. Savoie: Alors, 15.
Le Président (M. Lemieux): Pas de commentaires. L'article
14, M. le député de Montmorency.
M. Filion: M. le Président, l'article 14 va être
adopté sur division.
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Filion: M. le Président, nous, on a adopté...
C'est à vous, maintenant, M. le Président.
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): L'article 14 est adopté?
O.K. Sur division? M. le député de Montmorency, sur division ou
autre?
M. Filion: Oui, sur division.
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons l'article 15.
M. Chevrette: «He is the boss.»
M. Savoie: L'article 15. On parle ici d'un juge qui peut
ordonner, aux conditions qu'il détermine, la remise à toute
personne autre que le contrevenant d'une chose saisie et retenue ou le produit
de la vente d'une telle chose, conformément au troisième
alinéa de l'article 15.1.
Alors, l'introduction du nouvel article 13.7.1 est
une modification de concordance aux modifications apportées
à l'article 15.1, qui ne contient plus de dispositions concernant la
revendication des choses saisies.
M. Chevrette: Ça, c'est correct, ça.
(Consultation)
M. Savoie: Alors, le juge peut ordonner la remise aux conditions
qu'il indique lorsque la rétention ou la confiscation de la chose saisie
n'est pas requise aux fins de l'application de la loi.
M. Chevrette: Mais donnez-nous un exemple d'une personne qui
prétend, par exemple, que son véhicule a été saisi.
C'est plutôt ça parce que, aller à la foire... Ça a
l'air fou d'aller en réclamer un à la foire qui n'est pas le
tien, là.
M. Savoie: Oui. On pourrait parler d'une distributrice, par
exemple, une compagnie de location.
M. Chevrette: Ah oui! je comprends. Mais, quand ils disent:
«...aux conditions qu'il indique», j'arrive là et je dis que
j'ai loué telle machinerie ou telle distributrice à tel bonhomme,
qui s'en est servi illégalement et non pour des fins personnelles pour
lesquelles il aurait le droit de l'utiliser. Quel type de conditions peut poser
un juge, «aux conditions qu'il indique»? Tu fais la preuve. Si
c'est à toi, c'est à toi et, si ce n'est pas à toi, ce
n'est pas à toi. C'est quoi, ça, les conditions qu'il
détermine?
M. Savoie: Les frais de saisie et de conservation de la chose,
les ajuster, dire qu'on a dû poser tel geste, l'entreposage.
M. Chevrette: Oui, mais le gars paierait pour un acte
illégal dont il n'est pas coupable.
M. Savoie: Oui, mais si la justice a eu des frais...
M. Chevrette: La justice va réclamer les frais à
celui qui illégalement a utilisé quelque chose...
M. Savoie: On pourrait, selon le juge...
M. Chevrette: ...et non pas à celui qui réclame.
C'est parce que, moi, je m'aperçois que vous pouvez charger des frais
à celui qui légalement a été berné. Les
frais ne sont pas transmis à celui qui a été pris en
délit? Ça, là-dessus, franchement, c'est à se
demander si on ne pénalise pas tout le monde dans cette
loi-là.
M. Filion: C'est ça.
M. Chevrette: Ça n'a pas d'allure, ça. Si, moi, je
vous fais la preuve hors de tout doute que j'ai prêté ça de
bonne foi ou j'ai loué ça de bonne foi, pourquoi je paierais
à un juge qui décide: La justice, ça lui a
coûté 200 $ pour entreposer ton affaire, je te charge 200 $?
Ça n'a pas de maudit bon sens, ça.
M. Savoie: II peut. Le juge pourrait... M. Chevrette:
Bien, c'est encore pire.
M. Savoie: ...exiger des frais de conservation que la justice a
dû faire pour protéger le bien. Alors, ça rentre dans ses
frais.
M. Chevrette: Pourquoi qu'on ne marquerait pas «sans
frais»? Celui qui est berné, il a la preuve...
M. Savoie: Bien oui, mais, à ce moment-là... M.
Chevrette: ...il faut qu'il fasse la preuve.
M. Savoie: ...c'est un coût pour l'État, là,
pour protéger le bien d'un autre.
M. Chevrette: Oui, mais l'État a-t-il l'intention de
pénaliser celui qui est berné ou celui qui a commis l'acte?
Ça n'a pas d'allure, ça, en principe de justice.
M. Savoie: C'est commun à toutes choses. Par exemple,
si...
M. Chevrette: Non, ce n'est pas commun.
M. Savoie: Oui. Supposons que, à un moment donné,
vous prêtez votre char à M. Filion et, M. Filion, je saisis sa
voiture, si je pose des frais de conservation sur le bien, lorsque je vais vous
le remettre, je vais dire: Vous, vous me devez de l'argent. Moi, je n'ai pas
à supporter des frais, là, à votre avantage à vous.
Vous, à ce moment-là, vous avez un enrichissement sans cause.
Le Président (M. Lemieux): Contre M. Filion. M.
Chevrette: Donc, l'honnête contribuable... Le Président (M.
Lemieux): II est obligé...
M. Chevrette: ...paie, puis il est obligé de
t'ac-tionner...
Le Président (M. Lemieux): ...de se retourner de
côté pour essayer de récupérer ses frais. C'est
ça.
M. Savoie: Ce n'est certainement pas l'honnête
contribuable. L'État, dans ce cas-là, a posé des gestes de
conservation. On ne parle pas des gestes de...
M. Chevrette: Non, mais un Indien qui passe... Un autochtone de
Kahnawake, là, un Mohawk, prête son char à son
frère. Son frère part et, au lieu d'aller faire un tour à
Saint-Régis, il s'en va dans le Vermont
et il ressort avec une cargaison de cigarettes. Il se fait
arrêter. Il a oublié de prendre le bateau et d'arrêter au
quai d'un certain gars qu'on connaît tous les deux. Donc, il ne passe pas
«free», cette fois-là. À ce moment-là, il est
arrêté. Son véhicule...
Une voix: Est-ce qu'il avait une minoune?
M. Chevrette: Non, non. Il ne pensait pas qu'il s'en allait
chercher des cigarettes, parce qu'il aurait pris une minoune. Il lui aurait
prêté sa minoune. Mais là il lui a prêté... Le
gars va payer pour les frais d'entreposage, de remorquage,
potentiellement...
M. Savoie: Non, non. Non, non, on ne parle pas des frais de
remorquage. On parle des frais de conservation, des frais de saisie et de
conservation, dans cette chose-là. Et c'est marqué que «le
juge [...] peut ordonner». Ça dépend des circonstances et
selon les critères qui sont établis.
M. Chevrette: Mais on ne peut pas, dans une loi je demande
ça à des juristes, moi, je ne suis pas, nécessairement,
très spécialisé, mais je vais le demander à des
juristes dire que les frais, dans un tel cas, lorsque l'individu a
réussi à faire une preuve qu'il n'y était pour rien,
soient non pas à celui qui a été berné mais
à celui qui a commis l'acte? La justice serait payée pareil.
M. Savoie: Bien, c'est justement. On ne dit pas...
M. Chevrette: Pourquoi vous le forcez, de par la
législation...
M. Savoie: On ne force pas.
M. Chevrette: ...un individu à poursuivre...
M. Savoie: On ne dit pas que le juge doit, on dit que le juge
pourra ordonner.
Une voix: On laisse l'application au juge et les avocats
décider ça.
M. Savoie: C'est ça, c'est ça. C'est au juge, qui
pourra ordonner. Il peut. Il peut décider d'en mettre. Il peut
décider d'en mettre moins, il peut décider de mettre ce qu'il
faut.
M. Chevrette: Oui, oui. J'en connais pas mal de juges de
même.
M. Savoie: Moi aussi.
M. Chevrette: Je trouve que c'est une loi faite pour...
M. Filion: Et «de la chose fixés par
règlement», est-ce que vous avez les règlements sur
ça? C'est quels règlements, ça, «de la chose
fixés par règlement»? M. Savoie: On n'est pas encore
rendu à...
M. Brochu: Les règlements ne sont pas prêts, ils
sont à faire.
M. Filion: Les règlements sont à faire? Ça
va ressembler à quoi, grosso modo?
M. Savoie: On n'est pas pour commencer à discuter
là-dessus, là.
M. Filion: Non, non, mais le but, là, c'est d'essayer de
comprendre. On utilise l'expression, là.
(Consultation)
M. Savoie: On m'explique qu'on n'a pas encore fait les
recherches, là, mais ça va certainement être dans la
lignée de ceux qu'on a déjà faits.
M. Brochu: On va probablement s'inspirer de la
réalité, parce qu'on le sait, présentement, les
coûts fixes d'entreposage, là. On sait que, quand on saisit, on va
sur tel stationnement, et c'est 15 $ par jour. Donc, probablement que le
règlement va... C'est la vraie vie qui va nous inspirer, puis on va
marquer 15 $.
M. Filion: Ça va être tarifé par
règlement. Bon, bien, ça va, moi.
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): L'article 15, est-ce que
ça va? Il n'y a pas de problème sur 15, M. le
député de Montmorency? Ça va, 15? Il ne devrait pas y
avoir de problème là^lessus.
M. Filion: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Sur division? Oui? O.K.
Allons-y pour 16. Alors, j'appelle l'article 16. Est-ce que vous avez
des commentaires, M. le ministre, relativement à l'article 16?
M. Savoie: L'article 16, effectivement, c'est comme de quoi que
le ministre doit remettre au saisi la chose saisie, le dépôt
visé à l'article 13.4.3 ou le produit de la vente dès que
la rétention n'en n'est plus nécessaire dans
l'intérêt de la justice.
M. Chevrette: Un exemple.
M. Savoie: Un exemple? Le hachoir en question, dès que la
chose n'est plus nécessaire, on le remet au saisi. (22 h 40)
M. Chevrette: Mais le dépôt puis le produit
visé? Tu n'y remets pas le hachoir si tu l'as vendu?
M. Savoie: Bon, c'est l'argent qu'on a fait. Suite à la
vente, on lui remet son argent pour la chose.
(Consultation)
M. Chevrette: Si tu n'as pas vendu la chose, tu lui donnes la
chose...
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: ...que tu as saisie.
M. Savoie: Sinon, on lui donne l'argent.
M. Chevrette: Si tu as vendu la chose, tu lui donnes
l'argent.
M. Savoie: On lui donne son cash pour sa minoune.
M. Chevrette: «Dès que sa rétention n'en est
plus nécessaire dans l'intérêt de la justice», est-ce
que ça entre dans...
M. Filion: Mais vous auriez pu vendre, entretemps, le
véhicule.
M. Chevrette: Oui.
M. Savoie: On l'a passé, ça, tantôt.
M. Filion: Mais ça n'a pas de bon sens. Si la personne est
reconnue non coupable.
M. Savoie: On l'a fait cet article-là.
M. Filion: Non, mais, ici, ça revient pareil. Même
si on a passé un article auparavant, il y a un article qui revient quand
même pour démontrer...
M. Savoie: Oui, mais on peut, à des conditions... Il faut
que les conditions soient là.
M. Brochu: Pour les non-coupables, on va le voir plus tard, c'est
15.1.
M. Chevrette: Qui dit quoi, en passant?
M. Brochu: C'est à l'article 20 de la page 10.
M. Chevrette: On va aller voir tout de suite. Article 20:
«Le juge qui déclare...»
M. Savoie: «Le juge qui déclare le défendeur
coupable d'une infraction à la présente loi peut, sur demande du
ministre, ordonner au défendeur de payer le montant des frais
fixés par règlement... «Toutefois, le juge peut
réduire ce montant s'il est convaincu que le ministre a indûment
tardé à intenter la poursuite ou a causé sans raison
suffisante un délai... «Sur demande du ministre
présentée dans les trente jours d'un jugement rendu sur la
poursuite visant la sanction pénale d'une infraction à la
présente loi ou, dans le cas où le défendeur est
réputé avoir été déclaré coupable de
l'infraction, dans les quatre-vingt-dix jours qui suivent la signification du
constat d'infraction, un juge peut également ordonner la confiscation
des paquets de tabac saisis en vertu des articles 13.4 ou 13.4.2 lorsque
l'illégalité de la possession de ces paquets de tabac en
empêche la remise au saisi ou à une personne qui prétend y
avoir droit et, dans le cas d'un jugement par lequel le défendeur est
déclaré coupable d'une infraction à la présente loi
ou dans le cas où ce défendeur est réputé avoir
été déclaré coupable d'une telle infraction, en
outre de toute peine prévue par ailleurs pour cette infraction, la
confiscation de toute chose saisie en vertu des articles 13.4 ou 13.4.2, du
dépôt visé à l'article 13.4.3 ou du produit
visé à l'article 13.5.»
(Consultation)
M. Filion: Mais ça n'élimine pas la situation un
peu bebête du gars qui s'est fait vendre sa voiture et qui, au fond,
n'est pas coupable.
M. Savoie: II n'est pas coupable. On lui remet son
dépôt.
M. Filion: Oui, mais ça va un peu contre les lois et
libertés des gens de se faire vendre des voitures comme ça,
là.
M. Savoie: Bien là, écoutez, on est en
matière pénale. La personne...
M. Filion: Oui, mais il n'est pas coupable.
M. Savoie: Oui, mais, si on l'a vendue, on ne la vend pas pour
passer le temps, parce qu'on n'a rien à faire. Il y a des motifs qui
nécessitent la vente.
M. Chevrette: Moi, j'aimerais, M. le Président...
M. Savoie: C'est le juge qui contrôle ça, ce n'est
pas le ministre.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: J'aimerais que vous me donniez d'autres exemples de
législation qui procèdent de même. Trouvez-m'en une couple
parce que je trouve ça inusité un peu.
M. Filion: C'est spécial. C'est beaucoup de pouvoir.
M. Savoie: Non, non. Ce n'est pas beaucoup de pouvoir, puis ce
n'est pas extraordinaire.
M. Chevrette: Quand on saisit un avion, un jeep, dans le temps de
la chasse, qu'est-ce qui arrive?
Le Président (M. Lemieux): C'est ça que je lui
demandais.
M. Savoie: Bien, un hélicoptère...
Évidemment, il peut y avoir des conditions spéciales où,
effectivement, la vente peut être autorisée. Si le procès
dure plusieurs années, un hélicoptère qui est sur la piste
à ne rien faire, ça ne vaut pas cher après plusieurs
années. Il faut que ça soit entreposé au chaud. Ça
demande de l'entretien, des vérifications, graissage, huilage. Si
ça se met à rouiller, on n'est pas plus avancé.
Peut-être que, effectivement, le juge pourra ordonner qu'il est dans
l'intérêt, justement, de celui qui est accusé que ça
soit vendu. Il peut y avoir des conditions spécifiques.
M. Chevrette: Oui, mais je vous demande de... Donnez-moi donc une
couple de lois dans lesquelles on retrouve des bebelles de même,
où le gars qui est déclaré non coupable, là, il
peut être pénalisé.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Donnez-m'en donc des exemples.
M. Savoie: Bien, on parle de la Loi sur les douanes, là,
où ça existe, effectivement.
M. Chevrette: II n'y a à peu près rien qu'elle que
vous me donnez depuis le début, là. Dans d'autres lois
québécoises, là, à part des douanes.
M. Savoie: Pardon? La Loi sur l'accise. C'est
fédéral aussi. Alors, ce sont des lois semblables.
M. Chevrette: Au Québec, il y a d'autres lois qui
permettent les saisies.
M. Savoie: Ah! j'imagine que, effectivement...
M. Chevrette: Chasse et Pêche, il y en a, des saisies.
M. Savoie: ...que la Sûreté du Québec a
à peu près les mêmes droits, aussi.
Le Président (M. Lemieux): Oui. La preuve, quand tu te
fais prendre avec ta canne à pêche... Bien oui! Chasse et
Pêche.
M. Chevrette: Ils t'enlèvent tes cannes à
pêche, tes carabines, ton jeep.
M. Savoie: Bien oui!
Le Président (M. Lemieux): Bien oui!
M. Chevrette: Qu'est-ce qui arrive? Pourquoi vous ne mettez pas
la même chose?
M. Savoie: Bien, c'est peut-être la même chose.
M. Chevrette: Non, non, ce n'est pas la même chose.
M. Savoie: Bien là, tu ne le sais pas, là. M.
Chevrette: Oui, je le sais. M. Savoie: Non, tu ne le sais pas. M.
Chevrette: Oui, je le sais. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ta carabine, ils n'ont pas le droit de la
vendre.
M. Savoie: II bluffe. Oui, oui. Il bluffe. Je le connais,
lui.
M. Chevrette: Us n'ont pas le droit de la vendre. Puis,
après jugement, si tu ne vas pas la réclamer pour payer
l'indemnité si tu es reconnu coupable, là, ils peuvent la vendre
après tant de temps.
M. Savoie: On parle d'un véhicule, dans ce cas-ci...
M. Chevrette: Ah non, non! Regardez.
M. Filion: II dit que tu bluffes.
M. Chevrette: Hein?
M. Filion: II dit que tu bluffes.
M. Chevrette: Qui a dit ça?
M. Filion: Le ministre.
M. Savoie: C'est moi. Tu bluffes. Tu ne le sais pas.
M. Chevrette: Bien tu vas au moins attendre de le voir.
M. Savoie: Bien oui, mais là c'est toi qui choisis ta loi,
puis tu dis que ce n'est pas dedans. Ça se peut, là.
M. Chevrette: On devient familier, hein? Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Savoie: Tout ce que je sais, c'est que, moi, si
j'étais...
M. Filion: II est très familier. Ha, ha, ha!
M. Savoie: On n'est pas familier, mais on se connaît, hein?
Ça fait 8 ans.
M. Chevrette: Non, mais on va vérifier. Êtes-vous
d'accord que, si ce n'est pas ça, vous allez changer votre loi?
M. Savoie: Non. Je ne change rien là-dedans.
M. Chevrette: Qu'est-ce que ça vous donne d'être
ici, d'abord?
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire que, si vous soulevez des
points valables, on va la changer.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît,
voulez-vous vous adresser au président?
M. Savoie: Mais là vous n'avez pas soulevé un point
valable. Ce n'est pas parce que ce n'est pas dans une autre loi qu'on change
quoi que ce soit, là. C'est que je comprends, moi, que ça peut
être dans mon intérêt que, si je me fais prendre avec une
minoune, puis que j'ai un procès qui va durer 1 an, un an et demi,
à ce moment-là, je vais être intéressé
à ce que la minoune soit vendue, puis qu'on me remette mon argent.
Ça peut être dans mon intérêt, ça. Une minoune
assise dans une cour un an et demi de temps, là, elle ne vaut pas cher
après un an et demi.
M. Chevrette: Assise? Elle serait mieux sur roues. Une minoune
assise, là... Ha, ha, ha!
M. Savoie: Oublie ça, là. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 16 du chapitre
C-61.1 de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune...
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...nous dit ceci, à son
deuxième paragraphe: «Un agent de conservation de la faune peut en
outre saisir tout véhicule, embarcation, chien ou objet, lorsqu'il a des
motifs raisonnables et probables de croire qu'il a servi à commettre une
infraction à la présente loi ou à ses règlements ou
à une autre loi ou règlement qu'il est chargé
d'appliquer.» Point là-dessus. Il en fait rapport au ministre, et
la garde des biens saisis... Un instant!
M. Chevrette: Ça va bien.
Le Président (M. Lemieux): O.K. On dit: «Un agent de
conservation de la faune est responsable de la garde des biens qu'il a saisis
et qui lui ont été remis par un auxiliaire de la conservation de
la faune jusqu'à ce qu'un juge en ait prononcé la confiscation ou
en ait ordonné la remise à son propriétaire.
«Toutefois, dans le cas d'un résident, l'agent de conservation de
la faune qui saisit un véhicule, un aéronef, une embarcation ou
un chien peut, après avoir effectué, s'il y a lieu, l'expertise
appropriée, en confier la garde au contrevenant. «Le contrevenant
est tenu d'accepter la garde du bien saisi jusqu'à ce qu'un juge en ait
prononcé la confiscation ou en ait ordonné la remise à son
propriétaire. Il ne peut l'enlever, le détériorer ou
l'aliéner sous peine d'une amende équivalent à la valeur
du bien saisi.»
M. Chevrette: Bon. Pourquoi mettre ça? Est-ce que j'avais
raison? Est-ce que je bluffais?
M. Savoie: On parle d'un chien, là.
M. Chevrette: Pardon? On parle de quoi?
M. Savoie: D'un chien.
M. Chevrette: Ce n'est pas un chien, ça.
M. Savoie: Oui, oui. On parle d'un chien là-dedans.
M. Filion: Un aéronef aussi.
M. Savoie: Oui, oui. Les aéronefs, je suis d'accord avec
ça.
M. Chevrette: II n'y a pas de chiens dans ça.
M. Savoie: Oui, oui. Oui, on parlait de chiens.
M. Chevrette: J'avais compris un aéronef, un jeep,
n'importe quoi.
Le Président (M. Lemieux): II y a une autre disposition
intéressante aussi: «L'agent de conservation de la faune doit, sur
demande de la personne qui y a droit, lui remettre un bien qu'il a saisi, ou
qui lui a été remis par un auxiliaire de la conservation de la
faune, si aucune accusation liée à ce bien n'a été
portée dans les 120 jours qui suivent la date de la saisie. «Le
juge de paix peut toutefois ordonner que la période de saisie soit
prolongée pour un maximum de quatre-vingt-dix jours.»
M. Chevrette: Reconnaissez...
M. Filion: Le délai est plus grand ici. C'est 180 jours.
On parle de 90 jours dans cette loi-là.
M. Savoie: On parle de 120 jours et on parle de 180 dans la
nôtre.
M. Filion: De 90 jours, aussi, pour intenter. (22 h 50)
M. Chevrette: Ça, ça m'apparaît bien plus
correct. Je savais que c'était ça, M. le ministre. Je comprends,
c'est moi qui ai procédé à l'amendement en 1983, 1984. Il
y a eu des amendements à cette loi-là. Vous ne saviez pas
ça, vous.
Le Président (M. Lemieux): Vous étiez critique,
à l'époque.
M. Chevrette: Non, j'étais ministre.
Le Président (M. Lemieux): Non, vous étiez
ministre, à l'époque. C'est ça.
M. Chevrette: Là, je suis l'ex-futur.
Le Président (M. Lemieux): Et M. Marc-Yvan
Côté était critique.
M. Chevrette: Je pense que le critique, c'était... Le
Président (M. Lemieux): Marc-Yvan Côté.
M. Chevrette: Pour un bout, mais il y en a eu un autre aussi. Je
pense que c'est M. Picotte.
Le Président (M. Lemieux): Albert Houde. Une voix:
Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Non. Jamais de ta vie. Il accompagnait toujours un
autre. Je t'expliquerai ça tout à l'heure. Ha, ha, ha!
M. Filion: Alors, pour revenir sur un comparable, est-ce qu'on ne
pourrait pas effectivement envisager d'apporter un amendement?
M. Savoie: Je ne pense pas que c'est nécessaire ici. On
parle de minounes et on parle d'équipement comme ça. Le juge peut
ordonner, ce n'est quand même pas le ministre qui ordonne la vente. Ici,
c'est un processus légal. Le juge peut ordonner...
M. Chevrette: Pourquoi ne faites-vous pas la même chose? Il
est présumé innocent. Toute personne qui pose un acte criminel,
quel qu'il soit, soit face à la conservation de la faune ou face
à la vente du tabac, est présumée innocente. Là,
vous disposez de ses biens, puis...
M. Savoie: Vous parlez d'une loi spécifique, en vertu de
la loi où on parle d'aéronefs.
M. Chevrette: C'est justement des véhicules qui servent
à commettre...
M. Savoie: On parle d'un chien.
M. Chevrette: Vous êtes accroché sur le chien.
Prenez donc l'aéronef ou le jeep.
M. Savoie: Non, non. Chien, aéronef et
véhicule.
M. Chevrette: Avez-vous des chiens pour détecter vos
cigarettes, vous autres? Voyons! Mettez-les dedans, si vous voulez. Ce n'est
pas de ça qu'on parle nécessairement. Il y a un exemple.
Ça vous en prendrait peut-être quelques-uns pour renifler un peu,
vous en trouveriez peut-être dans le parlement.
Ceci dit, la loi que vous nous proposez...
M. Gautrin: Ça depend. M. Chevrette: Pardon?
M. Gautrin: Ça dépend si elles sont
illégales ou pas. Le chien pourrait faire la distinction?
M. Chevrette: Ça dépend s'il est bien
dompté.
M. Filion: Ça dépend s'il a une sixième
année ou une douzième année. Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Très sérieusement, pourquoi ne
prenez-vous pas l'orientation de ce qui existe comme précédent au
niveau des instruments qui servent à?
M. Savoie: Écoutez, on est rendus à l'article 16.
M. Chevrette: Pourquoi?
M. Savoie: On est rendus à l'article 16. On a
déjà adopté les articles en question. On est rendus
à l'article 16.
M. Chevrette: Ça ne dérange rien, par concordance,
sur le plan de...
M. Savoie: Oui, oui, je comprends ça, mais, à
l'article 16, on dit: «Le ministre doit remettre au saisi la chose
saisie, le dépôt visé à l'article 13.4.3 dans
le cas où il y a eu vente ou le produit visé à
l'article 13.5 dès que sa rétention n'en est plus
nécessaire dans l'intérêt de la justice.»
M. Chevrette: Mais vous, là... M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: ...comme individu, humain un tant soit peu...
M. Savoie: Oui. Bien, je peux facilement concevoir que, si je me
fais prendre avec une minoune et que la minoune est entreposée dans une
cour pendant plusieurs mois, 18 mois, 20 mois, 24 mois, le temps du
procès, le temps que toutes les procédures soient suivies, c'est
peut-être dans mon intérêt que le bien soit vendu et que je
reçoive l'argent.
(Consultation)
M. Chevrette: M. le Président, je vous ferai remarquer que
c'est une conversation entre le député de Saint-Louis et le
député de Verdun, pour les fins du Journal des
débats.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Mais ne croyez-vous pas, M. le ministre, que la
saisie d'un bien ne peut être vendue... Je vais vous donner un exemple.
Quelqu'un qui déciderait que son bien ne soit pas vendu, ça
devrait être automatique qu'il ne le soit pas. C'est lui qui en assume
les coûts de...
M. Savoie: Ce n'est pas le ministère du Revenu qui se fait
justice, ici. On parle toujours de l'intervention d'un juge.
Une voix: ...
M. Chevrette: As-tu le corps moins mou?
Le Président (M. Lemieux): Elle vous demande si vous en
voulez une molle, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, franchement! Le
Président (M. Lemieux): Du bon chocolat! M. Chevrette: Je
suis très sérieux.
M. Gautrin: Je vous signalerez que ce n'est pas le
député de Verdun, c'est le député de Joliette
qui...
M. Chevrette: La vengeance est douce...
Le Président (M. Lemieux): Au coeur de l'Indien.
M. Chevrette: Ce n'est pas ça que j'ai dit. Le
Président (M. Lemieux): Non? Ah bon! M. Chevrette: Au coeur
du député de Verdun.
M. Chagnon: Je pensait qu'il en avait encore sur les
vendanges.
M. Chevrette: Ça a été trop bon vendredi
passé.
Ne nous parlez pas des grappes ce soir, s'il vous plaît. Comme
ça, vous ne changez rien, vous?
M. Savoie: C'est-à-dire que...
M. Gautrin: Je n'ai aucune difficulté à en
parler.
M. Chevrette: Oui, mais vous devez vous inquiéter du fait
qu'il ne reste plus grand raisin dans certaines grappes.
M. Gautrin: Non, non. Si on veut en discuter, on va en
discuter.
M. Chevrette: Mais ce n'est pas là l'objet de mes propos.
Ne le laissez pas aller de même à tout moment. Je ne peux pas
finir une phrase avec le ministre, moi.
Le Président (M. Lemieux): Je vais m'en occuper. M. le
député de Verdun, s'il vous plaît. M. le
député de Joliette, allez-y.
M. Chevrette: Respectez votre président. Vous n'avez pas
le goût de changer d'idée?
M. Savoie: Au niveau de la vente du gain, non.
M. Chevrette: Au niveau de quoi vous auriez une certaine tendance
à vouloir changer?
M. Savoie: C'est-à-dire qu'on a présenté des
modifications. Lorsqu'il y a des présentations qui se font, on change.
Je pense que le député de Labelle peut en témoigner, et
également le député de Montmorency. Lorsqu'on travaille
les projets de loi et on constate des irrégularités, on change
des choses. Je me rappelle, on avait changé des choses en ce qui
concerne le cautionnement. On avait changé des choses
également... Lorsqu'on a quelque chose qui a du bon sens, on change.
M. Chevrette: La loi de la conservation de la faune n'a pas de
bon sens.
M. Savoie: C'est-à-dire que la recommandation en ce qui
concerne l'applicabilité de la loi de la conservation de la faune
vis-à-vis d'un bien ici...
M. Chevrette: Savez-vous qu'il y a des équipements de
beaucoup plus de valeur...
M. Savoie: Je n'ai pas terminé, M. le
Président.
M. Chevrette: Excusez, M. le ministre. Pour une fois que vous
alliez dire quelque chose, je vous écoute.
M. Savoie: J'allais dire que, effectivement, la Loi sur la
conservation de la faune et les dispositions ici ne sont sont guère
compatibles. On parle surtout d'aéronefs, on parle de chiens, on parle
également de
véhicules automobiles. Ici, on ne parle ni de chiens ni
d'aéronefs; on parle de véhicules. Et on était rendu
à l'article 16. L'article 16 dit que «le ministre doit remettre au
saisi la chose saisie».
M. Chevrette: Non, non, on n'est pas rendu à 16.
M. Savoie: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui, 16.
M. Chevrette: C'est vrai.
Le Président (M. Lemieux): L'article 16 est-il
adopté?
M. Savoie: Maintenant, à l'article 17...
M. Chevrette: Un instant, là. Je veux voir une autre
chose.
M. Savoie: À l'article 17, c'est beaucoup plus
intéressant.
M. Chevrette: Oui, mais...
M. Gautrin: J'arrive, moi. J'attends l'article 17. Ça fait
au moins 1 heure que j'attends.
M. Savoie: C'est passionnant l'article 17, vous allez voir.
Une voix: Adopté, 16.
M. Chevrette: Au lieu de nous parler 10 minutes de vos
attentes... Mais est-ce qu'on peut... Je voudrais poser une question.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chevrette: Le pouvoir, à l'article 20, auquel vous
faisiez référence tantôt...
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: ...sur le fardeau de la preuve qui incombe au
ministre de ne pas s'être traîné trop les pieds, si j'ai
bien compris, là... Il me semble que j'ai compris cela. Grouillez pas,
on va allez voir: «Toutefois, le juge peut réduire ce montant s'il
est convaincu que le ministre a indûment tardé...» Je m'en
rappelais. Le juge, en vertu de l'article 20, n'a pas de pouvoir d'abolir
complètement les frais dans le cas, par exemple, où il y a une
innocence totale. Je ne comprends pas l'esprit de la loi. L'honnête
citoyen qui se fait arrêter par erreur, pour qui vous n'êtes pas
capable de faire la preuve en tout cas, il est présumé
innocent, vous ne faites pas la preuve le juge n'a pas le pouvoir
d'absoudre, il a le pouvoir de réduire. Où vous trouvez le
pouvoir d'absoudre, quant aux coûts, y compris les frais?
M. Savoie: C'est facultatif. Le juge peut ordonner les
coûts de conservation. Il peut, et j'imagine qu'il va exister des
circonstances où le juge peut ne pas charger des frais de
conservation.
M. Chevrette: En vertu de quel article?
M. Savoie: En vertu de l'article que le juge peut...
M. Chevrette: Quel article?
M. Savoie: À ce moment-là, on va à
l'article... Mon Dieu! ça fait une secousse qu'on a vu ça. On
retourne en arrière.
M. Chevrette: Ça ne me dérange pas, je veux
comprendre.
M. Savoie: L'article où le juge pourra...
«Toutefois, le juge peut dispenser le ministre d'effectuer...» Non,
ce n'est pas ça. Chose saisie, dépôt visé, reprise
de vente visée... Ah! c'est l'article 13.7.1, deuxième
alinéa.
M. Chevrette: Ah! on retourne loin en arrière, c'est
l'article juste avant.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: C'est parce qu'il y a 2 références. Il y
a celle-là et il y en a une autre aussi.
M. Chevrette: Donc, c'est à l'article 20 qu'il peut
réduire les frais mais dans un cas précis...
M. Savoie: Alors, l'article 15, le juge peut également.
..
M. Chevrette: ...c'est dans le cas où un ministre se
serait traîné les pieds.
M. Savoie: Ça arrive, ça arrive.
M. Chevrette: Oui, ça arrive. Il y a des
traîne-savates, c'est vrai.
M. Savoie: Ça arrive. (Consultation)
M. Chevrette: Sur division.
M. Filion: Sur division. (23 heures)
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
L'article 16 est adopté sur division.
Infractions et peines
Nous passons à l'article 17.
M. Chevrette: On va laisser aller le député de
Verdun, il est en attente depuis une demi-heure. Il est en transe.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, sur l'article 17.
M. Gautrin: Je ferai remarquer au député de
Joliette que j'étais très calme quand vous aviez le rapport du
Protecteur du citoyen, qui ne m'a pas mis en transe du tout.
M. le Président, l'article 17, ça, c'est un peu ce que...
Si je reprends l'image qui avait été mise de l'avant par le
député de Labelle ce matin...
Le Président (M. Lemieux): Un instant. J'ai une question
peut-être à poser à M. le député de Joliette.
L'Assemblée nationale, elle ne siège pas, actuellement?
M. Chevrette: Non. M. Filion: Non.
Le Président (M. Lemieux): Les travaux sont
terminés?
M. Chevrette: À 17 h 45, il ne pouvait plus y avoir de
quoi à l'Assemblée.
Le Président (M. Lemieux): O.K. M. Savoie: Pourquoi
donc?
M. Chevrette: Parce qu'il reste je vous le donne de
mémoire, là 10 lois privées qui ne sont pas
passées en commission, il reste 2 lois, 101 et 103, 101 sur
l'environnement pour acheminer au BAPE tous les agrandissements de centres
d'enfouissement et 103 sur les fonds de retraite dans l'industrie de la
construction, qui, elles, ont été déposées et qui
demandent un délai de 8 jours. À moins de consentement, elles ne
peuvent pas être étudiées. Il reste 1 loi en
troisième lecture, mais qui ne pouvait pas être faite aujourd'hui
parce qu'on avait fait l'étude du rapport aujourd'hui. Donc, elle ne
pouvait pas être faite aujourd'hui. Il reste 3 lois en commission
parlementaire, à savoir la 84, la 90 et la 91. Il n'y avait donc plus de
menu.
M. Savoie: Ah! ça veut dire que les chances qu'on finisse
vendredi sont...
M. Chevrette: Ça dépend. Un gars comme vous, au
lieu de vous obstiner pour déposer, par exemple, les avis de
l'accès à l'information, vous avez plus de chances de le voir
adopter plus vite. Mais, si vous vous traînez les pieds, puis si vous ne
le déposez pas, vous risquez de vous ennuyer un petit peu plus
longtemps.
M. Savoie: C'est-à-dire que l'avis est
déposé.
M. Chevrette: Pourquoi vous ne les déposez pas ici?
M. Savoie: L'avis est déposé.
M. Chevrette: Non, mais les motions, les recommandations?
M. Savoie: Ah! vous parlez des amendements. M. Chevrette:
Oui.
M. Savoie: Les amendements, justement, font l'objet d'une analyse
continue.
M. Chevrette: Oui, mais on pourrait peut-être vous aider
à les analyser.
M. Savoie: Oui, je suis certain que vous pourriez m'aider. Je
suis convaincu que tu pourrais m'aider. Ha, ha, ha!
M. Chevrette: M. le Président, vous voyez comment la
confiance ne règne pas? Ça demande la collaboration, puis
ça n'a pas confiance.
M. Gautrin: Mais est-ce que j'avais le droit de parole?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous aviez le droit de
parole, M. le député de Verdun, à l'article 17.
C'était un obiter dictum.
M. Gautrin: Bon. Alors, je recommence. Merci, M. le
Président.
Je reviens sur l'image qui avait été amenée ce
matin par le député de Labelle sur le concept du tonneau.
M. Chevrette: Du tonneau?
M. Gautrin: Oui, le concept du tonneau et des colonnes sur le
tonneau qui augmentaient la pression. Donc, lui, il avait la théorie de
diminuer la pression, c'est-à-dire diminuer la hauteur de la colonne. Et
l'argument qu'on utilisait, de ce côté-ci, c'est-à-dire
qu'il faut renforcer les parois du tonneau pour éviter que l'eau fuie.
Alors, si on traduit ceci en termes larges, l'argumentation, si on cesse
l'image, du député de Labelle,
alors que tous les deux on était pour limiter les effets de la
contrebande, était de diminuer la pression fiscale sur le tabac pour
éviter la perte d'eau. Nous, on défendait, dans cette loi, qu'il
fallait... On prenait le choix d'augmenter la résistance du tonneau,
c'est-à-dire d'augmenter éventuellement les
pénalités. Donc, là, ce qu'on doit faire, et je pense que
c'est un des arguments importants, dans les pénalités, on doit
voir la portée comme telle des pénalités. C'est le premier
argument où vous augmentez considérablement les
pénalités.
Alors, moi, je voudrais bien comprendre, M. le ministre,
là-dedans, ces pénalités sont... Pour une infraction
«commet une infraction et est passible d'une amende»
c'est 2000 $ c'est bien ça? ou le triple de l'impôt.
Autrement dit, si vous saisissez les cigarettes, vous lui dites: Vous devez
payer soit 2000 $, soit 3 fois l'impôt que vous auriez payé avec
les cigarettes.
M. Savoie: C'est ça.
M. Gautrin: Et c'est le plus élevé des deux.
M. Savoie: C'est ça.
M. Gautrin: C'est toujours au moins 2000 $. Les 500 000 $, ils
entrent comment? Quand est-ce que le gars est passible de 500 000 $?
M. Savoie: Bien, c'est le maximum. Le minimum, c'est 2000 $ ou 3
fois l'amende, et le maximum, c'est 500 000 $.
M. Gautrin: Attendez, je comprends bien. Mais, si 3 fois
l'amende, les taxes... À un moment donné, s'il avait une grosse,
grosse vanne... Je n'ai pas calculé quelle était la taxe sur un
paquet de cigarettes, mais il faut une grosse...
M. Savoie: Ça ne peut pas dépasser 500 000 $.
M. Gautrin: C'est le maximum.
M. Savoie: C'est le maximum.
M. Gautrin: Même si 3 fois le coût de
l'impôt...
M. Savoie: C'est 1 000 000 $.
M. Gautrin: C'est 1 000 000 $. Pourquoi vous faites
ça?
M. Savoie: Mon Dieu, pourquoi on fait ça...
M. Gautrin: C'est-à-dire, je m'excuse, c'est
sérieux ce que je pose comme question. Un gars a été
suffisamment en moyens pour avoir un chargement dont la valeur fiscale est 3
fois la valeur fiscale...
M. Savoie: C'est parce que, également, on peut avoir le
maximum, 500 000 $, et aussi 2 ans d'emprisonnement.
M. Chevrette: «Et»?
M. Savoie: «Et».
M. Chevrette: «Et» ou «ou»?
M. Savoie: «Et».
M. Chevrette: «Et/ou» ou bien «et»?
M. Savoie: «Et».
M. Gautrin: «Et». Donc, vous pouvez devoir payer et
être mis en tôle. Ça, c'est clair ça, je pense que
vous le dites clairement. Mais ma question reste quand même: Pourquoi
limiter à 500 000 $? Pourquoi ne pas laisser à 3 fois, le triple
de l'impôt?
M. Savoie: Et dire que, le maximum, il n'y a pas de limites?
M. Gautrin: II n'y a pas de limites sur le maximum. Autrement
dit, si vous avez un immense chargement, une grosse vanne, j'avoue que je n'ai
pas idée, mais imaginons que vous avez une très grosse vanne,
pourquoi limiter la pénalité à 500 000 $, même si 3
fois le coût de l'impôt dépasserait les 500 000 $? C'est
ça le but de ma question.
M. Savoie: C'est-à-dire que, à ce moment-là,
il faudrait ramasser, par exemple, 1 000 000 de paquets de cigarettes,
là, par exemple, 1 000 000 de paquets de cigarettes, on a 3 $ à
peu près par paquet de cigarettes, taxes, 2,60 $, fois 1 000 000.
Ça veut dire qu'on pourrait avoir une amende de 2 000 000 $ et 2 ans
d'emprisonnement?
M. Gautrin: Pourquoi pas? M. Savoie: Mon Dieu!
M. Gautrin: Bien oui, mais écoutez, si on veut
réellement essayer de mettre une limite, moi, je vous soulève la
question, c'est...
M. Savoie: On va chercher les taxes en plus. Ça, c'est une
amende.
M. Gautrin: Attendez. C'est une amende, mais la taxe est en
plus.
M. Savoie: C'est ça. Elle est en sus.
M. Gautrin: Ah! un instant. Le bonhomme doit payer les taxes en
plus. Ah bon! O.K. Je comprends. Excusez-moi, j'avais cru comprendre que
ça incluait
le... Bon, O.K. D'après vous, c'est un désincitatif
suffisant pour faire un frein sur la contrebande.
M. Savoie: Une amende de 250 000 $ en plus des taxes, en plus de
1 année de prison, là, ça commence à être
sévère pour jouer dans les cigarettes.
Le Président (M. Lemieux): J'aurais une question, une
autre question là-dessus. Oui.
M. Gautrin: Oui, mais attendez, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y.
M. Gautrin: Je voudrais quand même revenir
là-dessus, parce qu'il semble venir... D'après la perception que
j'ai, mais je n'ai pas fait une étude là-dessus, la perception,
ce qui circule dans le milieu, c'est que maintenant, c'est beaucoup plus
payant, entre guillemets, d'être dans le trafic des cigarettes que
d'être dans le trafic de la drogue, parce que les risques sur le trafic
de la drogue étaient beaucoup plus élevés en termes de
risques de pénalités, tandis que les risques sur les cigarettes
sont virtuellement...
M. Savoie: Étaient.
M. Gautrin: ...étaient très faibles. Est-ce que le
fait qu'on les augmente, on les augmente suffisamment pour être
désincitatifs?
M. Savoie: Oui, oui, je pense que oui.
M. Gautrin: C'est-à-dire... Bon, O.K. Je vais vous faire
confiance, je n'ai pas d'idée exactement de ce que ça veut dire,
mais...
M. Savoie: J'imagine que les gens chez nous ont examiné la
question de très près et, s'ils nous disent que...
M. Gautrin: Donc, vous nous dites que, ça, c'est suffisant
comme désincitatif.
M. Savoie: Oui. Il faut bien comprendre qu'on est parti, je crois
que c'était 500 $ à 25 000 $. Est-ce que c'est ça?
Attendez une seconde, on va vous trouver ça, là.
M. Gautrin: Ah! c'est là que c'était ridicule. Je
suis d'accord avec vous.
M. Chevrette: Si vous leur aviez demandé quel était
le meilleur moyen d'éviter le marché noir, est-ce qu'ils vous
auraient répondu que c'étaient 500 000 $ d'amende et 1 an de
prison?
M. Savoie: Pardon?
M. Chevrette: Vous dites: Nos gens ont regardé ça
de près.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Vos gens ont répondu à une commande.
C'est à l'intérieur de votre mémoire au Conseil des
ministres que vous avez décidé la voie répressive.
M. Savoie: Non, non, non.
M. Chevrette: Donc, ils vous ont conçu un projet de loi
à la hauteur de ce que vous vouliez. Si vous leur aviez
demandé...
M. Savoie: II faut bien s'entendre... M. Chevrette: Je
n'ai pas fini. M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Si vous leur aviez demandé une étude,
de vous donner des recommandations pour éviter le marché noir de
la cigarette, est-ce qu'ils vous auraient donné nécessairement un
projet de loi de ce style-là? Je ne suis pas sûr de ça. Ne
vous rabriez pas derrière votre monde. (23 h 10)
M. Savoie: Non, non, mais...
M. Chevrette: C'est le ministre qui décide des
orientations d'un projet de loi.
M. Savoie: Non, non, on parlait de l'évaluation. Est-ce
que l'amende était suffisante pour réduire le... J'imagine que
les gens, chez nous, s'ils proposent cette orientation-là,
c'est-à-dire 3 fois le montant comme minimum, avec le 2000 $, et un
maximum de 500 000 $ d'amende, c'est parce qu'ils jugent que ça a du
piquant. Ça a du piquant.
M. Chevrette: Savez-vous qu'ils font faire ça par
des...
Une voix: ...
M. Chevrette: Juste une minute. Je vais finir le raisonnement.
Savez-vous qu'ils font faire ça par des gens qui ne sont même pas
solvables, bien souvent. C'est ça que je trouve... Moi, je trouve que
c'est de la bouillie pour les chats, votre affaire.
M. Filion: Mais, pire encore, qu'est-ce qui va arriver si vous
arrêtez un mineur qui conduit un camion? Comment ça va jouer, tout
ça, là, le fait d'arrêter un mineur? Comment les lois
vont-elles intervenir dans le processus?
M. Savoie: Au criminel. En bas de 18 ans, c'est
en bas de 18 ans.
M. Filion: Alors, la question de l'emprisonnement, et tout et
tout, est-ce que ça va suivre son cours? Qu'est-ce qui va se passer, sur
le plan du jeune?
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Verdun?
M. Gautrin: Ma réponse, c'est... Je pense que
c'était le député de Montmorency qui intervenait. Bon, je
vais faire confiance, il n'y a pas de problème. Je suis prêt
à suivre, là-dedans, si vous me dites que c'est un
désincitatif suffisant.
Le Président (M. Lemieux): Juste une question...
M. Gautrin: On se posait la question, si la personne n'est pas
solvable, mais j'imagine que, si elle a un gros camion, au moins, il y a le
camion que vous saisissez, déjà, c'est ça?
M. Filion: Non, moi, j'étais sur la jeunesse, là.
Je voulais savoir: Est-ce que le jeune qui se fait prendre en infraction est
passible de 1 an de prison?
M. Savoie: Ça me surprendrait bien gros qu'un mineur
puisse être susceptible de 1 an d'emprisonnement.
M. Filion: Parce que, en principe, le mineur n'a pas d'argent.
Par définition, un mineur, ce n'est pas une personne fortunée. Il
conduit une vanne, mais il a...
M. Savoie: Oui, mais on n'arrête pas au mineur et la loi
s'évapore, là. Il y a toutes sortes de responsabilités,
toutes sortes de...
M. Filion: Non, mais le scénario veut que, en principe,
les vannes vont être conduites par des enfants ou des jeunes.
M. Savoie: La loi, finalement, n'arrête pas. Elle continue,
elle s'étend, là. C'est vraiment une toile d'araignée,
là, qui est complète. On n'en a étudié qu'une
partie. Tout l'ensemble du processus est encore là. En ce qui concerne
les mineurs, le juge peut ordonner... On ne se fera pas jouer sur une
technicalité, là, nécessairement. Ça peut arriver,
là, mais...
M. Filion: Bien, ça peut arriver... Non seulement
ça peut arriver, mais le scénario qui va se produire, comme c'est
une organisation très bien organisée qui est la contrebande du
tabac.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: ...les gens ont déjà prévu
l'embauche déjeunes...
M. Savoie: Ce n'est pas l'article 17, là, qui ferme toutes
les portes, là.
M. Filion: Non, ce n'est pas...
M. Savoie: Ce qu'on fait, c'est qu'on ferme une porte.
M. Filion: Oui, mais...
M. Savoie: Alors, on ferme une porte, là. Avant, on avait
des amendes qui étaient vraiment minimes. On arrêtait quelqu'un et
la personne payait l'amende et s'en allait. Ça n'était pas
grave.
M. Filion: Mettez-les à 2 000 000 $, vos amendes,
ça ne change pas le débat de fond, ça. Le débat de
fond, c'est que, si, effectivement, on développe un scénario au
Québec, dorénavant, ils vont embaucher des mineurs pour conduire
les vannes, au cas où, effectivement, on pourrait se faire prendre.
Bien, même si vous avez une pénalité de 2 000 000 $,
ça change quoi au débat, avec une possibilité
d'emprisonnement de 10 ans, si, effectivement, vos lois, à toutes fins
pratiques, elles ne s'appliqueront pas aux mineurs?
M. Savoie: On ne peut pas avoir d'emprisonnement de 10 ans. On
peut avoir, au plus, 2 ans seulement.
M. Filion: Ce n'est pas le quantum qui fait la valeur de
l'article.
M. Savoie: Deuxièmement, c'est que le mineur qui conduit
une vanne, là, je pense qu'il y a un problème tout de suite en
partant, là. Je pense qu'un mineur n'a pas le droit de conduire une
vanne. Alors, quelqu'un qui se fait arrêter...
M. Chevrette: Hein?
M. Savoie: Un mineur n'a pas le droit de conduire une vanne.
M. Chevrette: Voyons! S'il a passé à 17 ans son
permis et...
M. Savoie: Je pense qu'il faut avoir 18 ans pour conduire une
vanne.
M. Chevrette: Non. J'en connais de 17 ans, moi, qui sont
d'excellents chauffeurs de vannes.
M. Savoie: Écoutez, qui disent qu'ils ont 18, là.
Je ne le sais pas, moi.
M. Chevrette: Non, non, non. M. Savoie: Non?
M. Chevrette: Ils peuvent avoir leur permis de conduire
même à 15 ans.
M. Filion: Bien oui! M. Chevrette: Ça dépend
du répondant. M. Savoie: Non. Il faut avoir 16 ans. M.
Chevrette: 16 ans?
M. Savoie: II faut avoir 16 ans, obligatoirement. Et ça,
c'est limité, là. Tu es limité à certains types de
véhicules.
M. Chevrette: Pardon?
M. Savoie: Tu es limité à certains types de
véhicules.
M. Filion: Mais, même à 16 ans, un jeune peut passer
son permis.
M. Savoie: Oui, oui. Oui, oui. Mais on parle d'une vanne,
là, une vanne. Écoute, on saisit la vanne. Une vanne, tu sais,
une remorque, plus... C'est un kit, ça. Ça vaut 150 000 $, 175
000 $. On saisit le tabac qui est dedans. Le jeune qui conduit la voiture,
évidemment, nous intéresse, mais ne nous intéresse pas
autant que celui qui gère l'opération.
M. Filion: Si c'est une vanne louée, qu'est-ce qui va
arriver?
M. Savoie: Bien, si c'est une vanne louée, à ce
moment-là, le type se présentera, puis le juge pourra
décider à ce moment-là. Le juge décidera pour voir
s'il y a des frais avec ça ou pas. Il prendra ses décisions.
M. Filion: Je comprends, mais, si une personne loue des
véhicules lourds comme ça, puis un jeune...
M. Savoie: Oui, c'est ça, oui. Puis j'imagine que c'est ce
que la majorité fait. Ils fonctionnent avec la voiture de location,
comme ça on peut la réclamer. J'imagine que les juges les voient
venir aussi.
M. Filion: Oui, mais la question, ce n'est pas si le juge le voit
venir. Qu'est-ce qui va se passer si le véhicule a été
loué, il n'appartient pas au conducteur, le conducteur, c'est un mineur,
puis vous l'arrêtez, vous lui imposez une pénalité de 500
000 $?
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: Qu'est-ce que vous pouvez reprendre de tout ça
sur le plan monétaire? Pas grand-chose.
M. Savoie: Le tabac qu'il y a dedans.
M. Filion: Oui, mais ça, le tabac, ça ne vaut
pas...
M. Savoie: Le véhicule, là, on l'a.
M. Filion: Mais le véhicule, est-ce qu'il est en
possession du ministère pour fins de revente ou bien si ça
appartient à...
M. Savoie: S'il est loué, il va être obligé
de faire la preuve, faire la démonstration, venir le chercher et
démontrer qu'il n'était pas partie à l'acte, je pense,
à la satisfaction du juge. Si on parle de Tilden Rent-A-Car, là,
ou, je ne sais pas, moi, Hertz Rent-A-Truck à qui il a loué un
camion, le juge va examiner ça. Un camion, ça ne se loue pas
comme ça, là, les camions, là. C'est des grosses affaires,
ça. Ça prend des assurances, puis les conditions d'assurance. Je
suis certain qu'un jeune qui a 16 ans a bien de la misère à
être assuré quand il est dans le système de location. Puis,
si tu loues à un jeune qui a 16 ans, puis tu n'as pas le droit de
conduire la remorque, tu es en difficulté, là.
Écoutez, ce n'est pas que, avec l'article 17, on va tout
régler le problème. Ce n'est pas ça qu'on dit, là.
Tout ce qu'on dit, c'est qu'on ferme toutes les portes, une après
l'autre. On a fermé celle-là, là, où l'amende
n'était pas suffisamment élevée, c'est-à-dire une
amende de 25 000 $, il y en a plusieurs qui ne trouvaient pas ça
très élevé, et l'amende minimale était de 2000 $.
Les juges, souvent, à la première infraction, ils allaient sur le
minimum. Ils allaient plus vers le bas que vers le haut. Alors, là,
l'amende, c'est le plus élevé de 2000 $ ou 3 fois l'impôt
qui aurait été payable. Bon, ça, c'est l'amende minimale,
un. Et le maximal est donc à 500 000 $. Donc, là, l'histoire que
la loi n'était pas sévère, on l'a fermée.
M. Filion: Je comprends, ça, là, que vous l'ayez
fermée, mais combien de...
M. Savoie: II faut faire quelque chose.
M. Filion: Avec la police du tabac, là, même quand
elle était à une valeur moindre, la pénalité,
combien avez-vous émis d'infractions en 1992 avec votre police du tabac?
Combien en avez-vous fait de ce genre d'infractions là?
M. Savoie: Bien, uniquement avec la police sur le tabac?
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Ah! on en a fait pas mal. Il y a
plusieurs... Écoutez, de mémoire, là,
c'était très élevé. On va aller vous chercher
ça, là. Je sais que du tabac saisi, là, il y en a eu pour
10 000 000 $.
M. Filion: De valeur, là...
M. Savoie: De valeur.
M. Filion: ...mais je veux dire en nombre.
M. Savoie: En nombre?
M. Filion: Parce que, dans une vanne, vous avez un profit de 1
400 000 $.
M. Savoie: Je ne le sais pas...
M. Filion: Avez-vous arrêté juste 10 vannes?
M. Savoie: ...mais, écoutez, là, je pourrais
trouver l'information puis vous la remettre demain, là. Je n'ai
pas...
M. Filion: L'équivalent de 5 vannes, ce n'est pas... Comme
on dit, vous n'en avez pas attrapé beaucoup, là.
M. Savoie: Bien là, c'est parce que la police du tabac
n'avait pas seulement ça comme rôle. La police du tabac avait
plusieurs rôles, dont principalement celui de la filature.
M. Chevrette: Us filaient à vive allure, oui.
M. Savoie: Non, non, mais ils ont fait un travail
intéressant, moi, je trouve, à date.
M. Chevrette: Ah! je comprends, ils coûtaient plus cher que
ce qu'ils ramassaient.
M. Savoie: Pardon?
M. Filion: Combien aviez-vous de policiers?
M. Savoie: On en avait 60. Alors, des immobilisations, il y en a
eu 345, des perquisitions, 88, et là où il a eu de l'assistance
physique, non pas tout simplement une filature, mais de l'assistance physique,
il y a eu 17 cas. Alors, ça, c'est du 1er février 1992 au 1er
mars 1993. Alors, il y a eu 450 interventions. Et, en tant que valeur, on
parle, en termes de cartouches de tabac de 200 g, là, et autres produits
de tabac, d'un total de 9 158 000 $ et on parle de 37 poursuites
finalisées.
M. Filion: Combien?
M. Savoie: Trente-sept poursuites finalisées.
M. Chevrette: Trente-sept poursuites.
M. Savoie: Finalisées.
M. Chevrette: Qui ont totalisé des amendes de combien?
M. Savoie: Bien, on marque ici une valeur de 116 000$.
M. Chevrette: 116 000 $, pour 1 an?
M. Savoie: Ça, c'est finalisé, ce n'est pas en
cour. (23 h 20)
M. Chevrette: Oui, mais 116 000$ pour 1 an. C'est ça?
M. Savoie: 116 000 $ de poursuites.
M. Chevrette: Combien il y a de poursuites en...
M. Savoie: On ne parle pas de la valeur des biens saisis,
là...
M. Chevrette: Non, non.
M. Savoie: ...on parle des amendes.
M. Chevrette: Bon, bien, mais faites-moi donc le bilan,
là, très rapidement. 116 000 $ à date, pour 37 causes,
c'est ça?
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: La valeur saisie, de 9 500 000 $, a-t-elle
été revendue?
M. Savoie: A-t-elle été... M. Chevrette:
Revendue.
M. Savoie: Ah! ça, ça va varier d'un cas à
l'autre. Je n'ai pas ces informations-là ici.
M. Chevrette: Non, mais c'est parce que c'est pour voir si, au
total... L'objectif de l'exercice, c'est de voir si, au total, le jeu en valait
la chandelle, ou si ça n'aurait pas été plus rentable
d'arriver avec la mesure... Quand une taxe devient non productive, au lieu d'y
aller par la coercition, comme vous faites, il aurait peut-être
été mieux d'y aller par la réduction de taxe, qui a pour
effet d'avoir plus d'entrées d'argent.
M. Savoie: Oui, on a discuté de ça, ce soir, au
souper. On avait fait le tour de cette question-là et on disait que le
Québec était tout à fait disposé à
réduire les taxes sur le tabac, mais pas seul, sans l'intervention,
également, du gouvernement fédéral.
M. Chevrette: Oui, mais l'Ontario dit pareil.
M. Savoie: L'Ontario n'a rien dit à date.
M. Chevrette: L'Ontario a dit non, pour tout de suite. C'est le
fédéral qui a dit qu'il attendait que l'Ontario et le
Québec soient d'accord.
M. Savoie: Non, non.
M. Chevrette: Bien, c'est quoi?
M. Savoie: Bouchard a dit qu'il était contre à
cause de raisons de l'ordre de la santé.
M. Chevrette: Bouchard? M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que Bouchard sait, par exemple... Entre vous
et moi, là moi, je veux répondre à ces
lobbies-là il...
M. Savoie: D'accord.
M. Chevrette: ...se consomme autant de cigarettes. C'est
prouvé que la consommation ne baisse pas.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: Et, eux autres, ils ne paient pas une maudite cent
de taxe...
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: ...pour notre service de santé et nos
services sociaux.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: Et, nous autres, les tatas, on paie pour
ça.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Bouchard, qu'il s'enlève les 2 doigts de
dans le nez et qu'il comprenne qu'il faut qu'il réponde à ces
lobbies-là. Quand ils invoquent le fait de la santé...
M. Savoie: Non, non, vous avez raison.
M. Chevrette: ...et on sait que la consommation ne baisse pas, on
est stupide, comme collectivité...
M. Savoie: Vous avez raison.
M. Chevrette: ...à ce moment-là, parce qu'on paie
pour les services, nous, la consommation ne baisse pas, on est moins à
payer pour les services de santé.
M. Savoie: C'est vrai.
M. Chevrette: Ça n'a pas de maudit bon sens,
ça.
M. Savoie: C'est vrai. Vous avez raison.
M. Chevrette: Les lobbies de la santé, j'aimerais
ça qu'ils viennent, à un moment donné, nous le dire, nous
faire réfléchir un peu. C'est bien beau d'avoir un badge et de
prendre la défense de quelque chose, mais il faut que tu fasses
l'analyse complète avant de te prononcer. Parce que, moi, je trouve que,
sur ce dossier-là en particulier, il manque le bateau
complètement, le lobby santé, parce qu'on se rend compte que les
fabricants prouvent, hors de tout doute, que la consommation ne baisse pas.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: S'il y a quelque chose, entre vous et moi, le fruit
défendu est encore plus attirant. Je pense que ça augmente.
Maudit, on se fait servir ça à tour de bras. On perd je ne sais
pas comment de millions, 450 000 000 $, peut-être, au global?
M. Savoie: Je ne sais pas si...
M. Chevrette: 450 000 000 $, là, si la consommation ne
baisse pas... Aux 2 paliers, c'est bien plus que ça, à part de
ça, si on prend le fédéral et le provincial ensemble.
M. Savoie: C'est le fédéral qui écope le
plus.
M. Chevrette: Oui, mais les paiements de transferts baissent en
santé en plus.
M. Savoie: Oui, mais...
M. Chevrette: En 1996, il n'y en aura plus.
M. Savoie: Parce qu'on a des baisses en termes de revenus de
taxes sur le tabac, la compensation est plus grande. C'est vraiment le
fédéral qui écope de ces politiques-là.
M. Chevrette: Au niveau de la péréquation? Moi, je
parlais plutôt au niveau des transferts en santé. Les transferts
en santé, il y a eu de l'argent l'an passé, mais, en 1996, si
j'ai bien compris, il n'y aura plus aucune maudite cent en transferts de
santé, et mon Benoît Bouchard s'excite les
«guéguettes».
M. Savoie: Non, non, non, non. Ils vont maintenir...
M. Gautrin: Ça n'ira pas à zéro.
M. Chevrette: En 1996? Bien, vous demanderez
à votre ministre.
M. Gautrin: On n'est pas à...
M. Chevrette: En 1996, il est prévu que les paiements de
transferts en santé seront nuls.
M. Savoie: Bien non, bien non, voyons donc.
M. Gautrin: Ça, on va regarder le débat, parce que
je ne suis pas sûr que vous avez raison là-dessus.
M. Chevrette: En tout cas, moi, je vous dis que c'est une
réponse qui a été donnée en Chambre.
M. Gautrin: Non, mais il faut regarder les papiers, les textes,
c'est ça, parce que les réponses en Chambre, ce n'est pas
toujours vrai.
M. Chevrette: Pardon? Ah! ça, tu demanderas à tes
ministres. Nous autres, on ne répond pas aux questions.
M. Gautrin: Bien oui!
M. Chevrette: Là, si t'es en train de dire que ce n'est
pas vrai, les menteurs, ce n'est pas nous autres, parce qu'on ne répond
jamais aux questions.
M. Gautrin: Non, mais la question que je veux savoir, là,
je voudrais avoir les textes, les écrits là-dessus. Ce n'est pas
ce que j'ai vu.
M. Chevrette: Non, mais, pour le vrai, je l'ai entendu
très sérieusement, et, à ce moment-là, si tel est
le cas, plus on y va c'est très sérieux, ça
par maintien du niveau de taxation qui est rendu...
M. Savoie: Prohibitif.
M. Chevrette: ...on sait ce qu'il a comme effet non
productif, qu'est-ce qui arrive? Il arrive que c'est ceux qui se conforment
à la loi qui deviennent les seuls payants pour une collectivité
qui, elle, ne paie pas. Ça n'a pas de maudit bon sens, ça.
M. Gautrin: Non, mais c'est à tous les niveaux, ce que
vous soulevez, c'est tout le travail au noir aussi.
M. Chevrette: Oui, mais on est ici pour quoi, M. Gautrin?
M. Gautrin: Non, mais je suis d'accord avec vous. C'est tout le
travail au noir que vous soulevez sur cette question, je suis bien
d'accord.
M. Filion: Moi, je pense, entre autres, aux dépanneurs
qui, pour survivre, ont dû vraiment vendre en contrebande le tabac. Et,
par cette loi-là, vous allez les piéger, parce que ces
gens-là, pour survivre, qui doivent vendre le tabac en contrebande, ils
vont se retrouver avec des pénalités complètement
démesurées. Et, s'ils arrêtent de vendre en contrebande
pour observer votre loi, ils vont faire faillite. Alors, vous mettez des
pénalités tellement fortes que la personne va se demander si elle
doit arrêter de vendre en contrebande pour survivre. Et, si elle
arrête de vendre en contrebande pour survivre, elle va, de toute
façon, faire faillite.
M. Gautrin: Non, mais attendez. Est-ce que je peux
répondre, si vous me permettez? Ce que je crois, en partie, c'est que
l'objectif, c'est de briser le réseau de distribution, M. le
député de Montmorency, et un élément important qui
s'installe actuellement, c'est les dépanneurs qui sont en contrebande,
qui est un élément important du réseau de distribution. Si
on veut briser le réseau de distribution, il faut aller directement
là-dessus.
M. Filion: Je comprends...
M. Chevrette: Le moyen de briser un réseau de distribution
quand une taxe est rendue non productive...
M. Filion: C'est ça.
M. Gautrin: C'est 2 choses différentes, ça. L'effet
de la taxe, c'est une chose.
M. Chevrette: Ah! je m'excuse. Je vous garantis que, quand... Au
lieu de te mettre en situation d'amende...
M. Gautrin: Non, non, on s'entend...
M. Chevrette: ...si tu paies 2 $ de moins du paquet...
M. Gautrin: On s'entend. C'est 2 choses... M. Chevrette:
Voyons!
M. Gautrin: Non, écoutez. On s'entend qu'il y a une
possibilité de 2...
M. Chevrette: La conscription, c'était quoi, monsieur?
M. Gautrin: ...choses différentes. À l'heure
actuelle, si on maintient...
M. Chevrette: Pas la conscription, la prohibition.
M. Gautrin: Si on maintient la taxation sur le tabac
imaginons que notre taxation reste telle quelle, on ne touche pas à la
taxation pour briser le réseau de distribution, il faut donc
briser le réseau de distribution qui actuellement se trouve dans les
dépanneurs, en principe.
M. Filion: Oui, mais...
M. Gautrin: Donc, il faut aller avec des pénalités
comme ça pour essayer de briser le réseau de distribution.
M. Filion: Mais, même si on ne passe pas par le
dépanneur, le réseau de distribution demeure toujours quand
même.
M. Gautrin: II est principalement dans les dépanneurs
actuellement.
M. Filion: Ah! il l'était bien avant... Maintenant, oui,
parce que beaucoup de dépanneurs ont dû, pour survivre, suivre le
courant.
M. Gautrin: Bien oui! C'est ça. Donc, le réseau est
principalement un réseau de dépanneurs.
M. Filion: Mais, même s'il n'existait plus chez les
dépanneurs, il va exister pareil dans le réseau de
distribution.
M. Gautrin: Vous croyez qu'il va resurgir rapidement ailleurs,
donc qu'il va y avoir une résurgence rapide.
M. Filion: Avant d'être dans les dépanneurs il
était ailleurs.
M. Gautrin: C'est vrai. M. Filion: Bon.
M. Gautrin: Mais il a pris de l'ampleur à partir du moment
où il était dans les dépanneurs. C'est là qu'il a
pris réellement toute son ampleur.
M. Filion: Non, pas vraiment, pas vraiment. Je pense que les gens
ont dû s'adapter à cette nouvelle réalité
économique s'ils voulaient vraiment continuer à avoir leur
commerce. Et là on ne leur donne pas vraiment de porte de sortie parce
qu'on leur dit: Maintenant, vous allez revenir dans le système, et on
vous demande de fermer vos portes d'entreprise. Parce que, au fond, le
problème demeure entier, et le dépanneur, demain matin, va se
retrouver en compétition avec le contrebandier. Le problème que
l'on voulait vraiment éliminer, on ne l'a pas éliminé. Et,
lui, on va lui demander de fermer ses portes carrément, parce qu'on lui
demande de revenir dans le système légal. Mais le système
légal, ça irait si tout le monde revenait dans le système
légal, mais on sait que ce projet de loi là ne corrige rien de
l'illégalité et de la contrebande. Au contraire, on
prévoit 360 000 000 $ l'an prochain. On prévoit moins de taxes
encore l'an prochain.
Alors, toute cette dynamique-là qu'on est en train de mettre en
place va aller carrément contre l'entreprise qui suit nos lois. Parce
que l'entreprise qui suit nos lois ne peut pas fonctionner dans le
réseau de la contrebande actuellement, c'est impossible. Elle ne peut
pas fonctionner. Et la partie de profits importante qui était son pain
et son beurre, elle ne peut pas la réaliser dans le réseau
légal, même si vous mettez un projet de loi comme ça.
Alors, automatiquement on les place dans une situation de faire un choix.
Est-ce qu'ils vont essayer de survivre financièrement ou vont-ils crever
financièrement? Et, pour survivre financièrement, ils vont devoir
continuer à contrevenir, sinon... Ils ne pourront pas faire
compétition. Ils ne peuvent pas faire compétition au
réseau de la contrebande, ce n'est pas possible.
M. Gautrin: Excusez-moi, mais... Est-ce que je peux intervenir,
M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun et, après, M. le député de Joliette.
M. Gautrin: Moi, je perçois actuellement le réseau
de contrebande de la manière suivante. C'est que le réseau de
contrebande alimente, justement, ces dépanneurs et le contact ultime
avec le client se fait par ces dépanneurs illégaux. Il n'y a
plus, actuellement, de contact de contrebandier à individu. Il y a donc
un réseau parallèle au commerçant qui s'est
créé. Là, ce que le projet de loi essaie de faire... Parce
qu'on ne peut pas toucher la taxation et on ne peut pas toucher d'une
manière efficace... Est-ce que vous êtes d'accord qu'on ne peut
pas toucher d'une manière efficace la taxation?
M. Filion: Moi, je pense qu'on peut.
M. Gautrin: Parce que tant qu'on ne touche pas à la
taxation fédérale... Je comprends qu'on vient de faire le
débat, mais, tant qu'on ne peut pas toucher à la taxation
fédérale, toute variation provinciale de taxation n'a pas
d'effet.
M. Chevrette: Mais qu'est-ce qui vous empêchait de passer
une loi et de démontrer une volonté politique en disant: Le jour
de la sanction...
M. Filion: Le fédéral...
M. Chevrette: Je sanctionne ma loi, mais elle entrera en vigueur
sous proclamation par décret le jour où le
fédéral... Mettre une pression. Vous savez très bien, pour
qu'il y ait un réseau, M. le député de Verdun, il faut
qu'il y ait preneurs. Le réseau va se maintenir plus que tu auras de
preneurs en bas. Ce n'est pas pour rien... Moi, je suis d'accord avec le
ministre du Revenu en disant que la seule façon très efficace et
immédiate, c'est de baisser la taxe. C'est clair. Il n'y en a pas
d'autres solutions, là. (23 h 30)
M. Savoie: II n'y en a pas d'autres.
M. Chevrette: Ne rêvons pas. Tu auras beau mettre des
amendes de 500 000 $, tant que le réseau va avoir des preneurs, ils vont
juste changer de nom, ils vont changer de camion et ils vont changer de
minoune, mais il va y avoir un réseau pareil. Tu vas prendre un
réseau, il va repartir l'autre bord. C'est parce que le système
fait en sorte que la taxe n'est plus productive. Qu'est-ce que vous voulez
qu'on fasse? Et on ne peut pas blâmer les gens. On ne peut pas
blâmer les gens.
Moi, c'est affreux de dire ça, quasiment, en 1993, mais quand
c'est rendu qu'une taxe est tellement forte qu'elle ne produit plus d'effet
au contraire, elle produit des effets négatifs bien, je
suis convaincu, demain matin, que, si vous baissiez de 2 $ du paquet de
cigarettes, il rentrerait autant d'impôts et les réseaux seraient
plus durs à maintenir, parce que tu rapprocherais ton coût d'une
marge de profits normale entre le fabricant et le détaillant. S'il y a
moins d'intermédiaires, il y a de la place, à ce
moment-là, entre les coûts. C'est un principe fort simple en
économique, ça.
M. Gautrin: Oui, mais, si vous me permettez... M. Chagnon:
M. le Président.
M. Gautrin: ...M. le député de Joliette. Tu veux
intervenir?
M. Chagnon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. le
député de Saint-Louis, vous avez demandé la parole.
M. Chagnon: Ce que dit le député de Joliette, on
n'en fera pas un théorème, parce que ce qui rentre de neuf
et c'est ce qu'on expliquait avant la période du dîner, avant la
période du souper ce qui rentre de nouveau sur le marché
des cigarettes de contrebande au moment où on se parle, c'est des
cigarettes qui se vendent 1,25 $, 1,50 $ le paquet, soit à un coût
inférieur au coût de production dans les usines de Montréal
entre autres. Inférieur au coût de production!
M. Filion: Non, non. C'est moins que ça le coût de
production.
M. Chagnon: Pardon?
M. Filion: Un paquet, c'est moins de 1 $, le coût de
production.
M. Chagnon: Pas à Montréal.
M. Filion: Ah oui, oui!
M. Chagnon: Pas à Montréal.
M. Filion: À Montréal aussi. 0,87 $, je pense.
M. Chagnon: Non, il est à 1 $, 1,10 $.
M. Filion: II est en bas de 1 $.
M. Chagnon: Les sociétés qui produisent à
Montréal estiment qu'elles ne sont pas capables de
compéti-tionner avec le prix de ces produits nouveaux qui sont sur le
marché, des marques... Il n'y a pas de marque sur les cigarettes. C'est
des cigarettes qui sont faites à Porto Rico, qui sont faites en
Amérique du Sud, qui sont faites même en Angleterre. Or,
même si on enlevait toutes les taxes provinciales, toutes les taxes
fédérales, le coût de ces cigarettes-là est encore
à un coût inférieur au prix de revient qu'on pourrait
avoir.
M. Chevrette: Non, mais je dois te dire que tu ne te convertis
pas facilement à...
M. Filion: Non, non.
M. Chevrette: ...un produit étranger, à moins
d'être excentrique un peu.
M. Chagnon: Mais quand il est à 1,25 $.
M. Chevrette: Tu regarderas les Gitanes. Elles ne sont pas
arrivées d'ici, au début. Elles rentraient par qui? Par les
excentriques, mais non pas par ceux qui étaient habitués
à...
M. Chagnon: Ah oui, mais...
M. Chevrette: Non, non. Écoutez bien, là.
M. Chagnon: Mais à 1,25 $, 1,50 $...
M. Chevrette: II y a du sociologique dans ça.
M. Chagnon: À 1,25 $, 1,50 $...
M. Chevrette: On n'embarquera pas là-dedans. Je propose
l'ajournement, M. le Président.
M. Chagnon: À 1,25$, 1,50$ le prix du paquet. ..
Le Président (M. Lemieux): Vous proposez l'ajournement, M.
le député?
M. Chevrette: Oui.
M. Lemieux: M. le ministre, êtes-vous d'accord avec un
ajournement?
Une voix: Adopté.
M. Savoie: Oui. Je pense qu'on pourrait peut-être
ajourner quitte à... On doit recommencer nos travaux demain,
alors...
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur proposition du
député de Joliette, avec consentement de M. le ministre, nous
ajournons nos travaux.
M. Gautrin: Nous refusons. On refuse. Non, non, non. Un
instant!
Le Président (M. Lemieux): C'est une décision du
président, M. le député de Verdun, qu'il prend ipso facto.
Nous ajournons nos travaux.
(Fin de la séance à 23 h 34)