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(Onze heures trente et une minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration est réunie
afin de poursuivre le débat sur le discours du budget. Est-ce qu'il y a
des remplacements, Mme la secrétaire?
La Secrétaire: Oui. M. Lazure (La Prairie) est
remplacé par M. Garon (Lévis).
Discussion générale (suite)
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame. Lorsque nous
avions suspendu nos travaux, hier, nous en étions, je crois, à M.
le député de Labelle: il lui restait un temps de 3 min 5 s.
Alors, M. le député de Labelle, la parole est à vous.
M. Léonard: Oui, est-ce que je peux poursuivre? Le
Président (M. Lemieux): Oui.
Augmentation du fardeau fiscal de certains
ménages types
M. Léonard: Peut-être poser des questions au
ministre des Finances sur un sujet que le chef de l'Opposition a abordé
ce matin à l'Assemblée nationale. Le ministre est revenu dans une
complémentaire déviée, disons, avec une réponse, et
j'aimerais qu'il nous donne des explications, parce que ses propres tableaux,
de la page annexe A-44, indiquent, par exemple, qu'un couple avec 2 enfants
paiera 268 $ de plus qu'une famille monoparentale avec un enfant, 239 $, un
couple sans enfants, 257$. Donc, il admet lui-même, sur ce plan, que,
entre le couple avec 2 enfants et le couple sans enfants, 268 $ et 257 $, on
voit tout de suite que le couple avec 2 enfants paie plus. À ce
moment-là, est-ce qu'il peut m'expliquer? Parce que, au fond,
lui-même l'admet dans ses propres tableaux.
M. Levesque: Ce que je n'ai pas admis, et que je n'admets pas,
c'est qu'on prenne un tableau dans un journal, si important soit-il, ce
journal, si crédible soit-il, et que, comme Opposition, on parte avec
des préjugés fondés là-dessus. C'est ainsi qu'en
Chambre, ce matin, il a été question d'une somme... Est-ce que
j'ai l'article? Je reviendrai sur la question...
M. Léonard: C'est parce que...
M. Levesque: Je reviendrai; j'ai le droit de répondre ce
que je veux.
M. Léonard: Oui, oui, c'est correct.
M. Levesque: C'est parce que je pense que c'est important
ça, ici, parce que ça touche une politique à laquelle je
suis fortement attaché, c'est-à-dire le soutien à la
famille. Et, lorsqu'on apporte un tableau comme ceci: «Augmentation de
l'impôt déduit à la source sur chaque paie aux 2 semaines.
Du 1er juillet au 31 décembre 1993.» Vous trouvez ça
à la page D3 du journal en question. Vous verrez: Marié, 2
enfants, 35 000 $; alors, sur chaque paie, on dit 21,22 $, tandis que pour le
célibataire, c'est 17,13 $. Normalement, les gens qui lisent ça,
disent: Ça n'a pas de bon sens, comment ça se fait, ça?
Bien, c'est justement parce que c'est faux. Dans le même budget, il y a:
Bonification de la réduction d'impôt pour les familles;
marié, 2 enfants, 35 000 $. Bonification de la réduction
d'impôt des familles: 14,58 $. Alors, du montant de 21 $ qu'on met de
l'avant ici...
M. Léonard: Vous pouvez déposer le tableau?
M. Levesque: C'est un tableau fait ici pour mes propres fins,
mais je peux regarder après si je peux le déposer, au moins
l'essentiel de ça. Je n'ai pas d'objection. Je veux le lire avant de le
déposer. Bonification de la réduction d'impôt des
familles... parce que je prends ça dans l'ensemble. Nous allons le
déposer immédiatement après que j'en aurai terminé
la lecture. Marié, 2 enfants, 35 000 $. Cette bonification de la
réduction d'impôt des familles: 14,58 $.
Alors, les 21 $ que l'on retrouve dans un journal ce matin 21,22
$ il faut déduire du montant qu'il y a dans ce tableau-là
la bonification de la réduction d'impôt des familles, ce qui n'a
pas été fait. Si on enlève, disons, 14,58 $ des 21,22 $,
on n'arrive pas du tout à la même situation. Au contraire, c'est
moins de la moitié payée par le couple avec 2 enfants, beaucoup
moins que la moitié. Et le chiffre que j'ai ici est à peu
près de 6,64 $. Et, à partir du 1er janvier 1994, 3,32 $. Il
faudrait peut-être tenir compte aussi de la partie assurance, mais elle
est à 1,19 $. Mais je vais vous remettre cette copie-là. Vous
pourrez en prendre connaissance. Mais, c'est ça que je n'aime pas. C'est
ce genre de publication là que l'on fait en disant: Mais, on a
demandé à quelqu'un, là, Claude Lockhead,
vice-président de MLH & A, une firme d'actuaires et conseillers. On
leur a demandé de préparer un tableau sur l'augmentation de
l'impôt déduit à la source que subiront les travailleurs
à partir du 1er juillet prochain. Il y a 2 choses là-dedans. Il y
a la première chose, qui est grave, c'est
qu'on donne des chiffres qui ne tiennent pas compte des autres parties
du budget qui font qu'il y a une déduction importante pour les familles,
et, deuxièmement, évidemment, on a le droit de le faire du 1er
juillet au 31 décembre sans dire, par exemple, que, le 1er janvier, la
somme en question va être réduite de moitié.
Ensuite, la question que posait le député de
Labelle...
M. Léonard: Est-ce qu'on peut finir sur ce sujet? Parce
que j'aurais d'autres questions à poser...
M. Levesque: Ah bien, écoutez...
M. Léonard: ...sur le tableau des familles avant d'arriver
sur la question des assurances.
M. Levesque: O.K.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je comprends ce qu'il dit. C'est que,
finalement, l'information est incomplète. Mais revenons, dans ce...
M. Levesque: Non, elle n'est pas incomplète. Elle est, au
moins, inexacte, au moins erronée, puis je ne veux pas employer le mot
«fausse».
M. Léonard: Non, mais dans le document sur le budget, dans
le discours sur le budget, annexe A, page 44, il y a un tableau donnant
l'impact sur certains ménages types. Il n'y a pas 35 000 $, mais il y a
le niveau 40 000 $. Alors, niveau 40 000 $. L'impact des mesures sur le fardeau
fiscal du ménage type 40 000 $: le couple avec 2 enfants paie 268 $ de
plus, et le couple sans enfants paie 257 $ de plus. Est-ce que cela inclut les
mesures dont vous venez de parler? Parce que, déjà, vous avez une
comparaison sur le ménage type. Est-ce que ça inclut toutes les
mesures du budget? On dit «Impact des mesures». Et ça
confirme ce que Michel Girard dit dans La Presse. On compare deux
choses, là. Couple avec 2 enfants et couple sans enfants. Le couple sans
enfants doit payer 257 $ de plus, et le couple avec enfants, 268 $ de plus. Il
paie plus, ça lui coûte plus cher. (11 h 40)
M. Levesque: Alors, l'explication...
M. Léonard: Ça inclut tout.
M. Levesque: ...est très simple. Prenez le 40 000 $,
là, c'est ça que vous avez pris, 268 $ pour le couple avec 2
enfants...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: ...et le couple sans enfants, 257 $. M.
Léonard: Oui.
M. Levesque: Bien, c'est-à-dire qu'il faut comprendre
qu'il y a l'effet de la diminution du RIF, du remboursement pour impôt
foncier, qui affecte le couple avec 2 enfants. Parce que eux reçoivent
du RIF et continuent d'en recevoir, mais un petit peu moins; tandis que le
couple sans enfants, n'ayant pas de RIF, n'a pas eu de diminution de ce
côté-là. Ils n'ont aucun avantage dans le RIF, dans le
remboursement pour impôt foncier. C'est exactement et seulement là
l'explication.
M. Léonard: Bien, au fond, quand même, ça
veut dire que vous admettez que l'impact des mesures sur le budget
pénalise davantage le couple avec 2 enfants que le couple sans enfants.
Parce que le couple avec 2 enfants se trouve à payer plus cher, dans ce
budget, est plus pénalisé que le couple sans enfants. C'est
ça que ça veut dire? Vous l'admettez, là?
M. Levesque: Oui, mais ce couple-là, il faut tenir
compte...
M. Léonard: Bien...
M. Levesque: ...que, par ailleurs...
M. Léonard: Bon.
M. Levesque: ...ce couple-là reçoit le
remboursement d'impôts fonciers...
M. Léonard: Mais c'est inclus dans...
M. Levesque: ...même s'il est diminué; il continue
d'en recevoir, tandis que le couple sans enfants n'en reçoit pas.
D'ailleurs, cette mesure-là a été recommandée dans
le livre blanc, même, de 1984, alors que vous étiez là, au
gouvernement, dans le livre que vous avez vous-mêmes publié.
M. Léonard: Oui. Mais, M. le Président, ça
ne change rien au fait que ce budget-là pénalise davantage le
couple avec 2 enfants que le couple sans enfants. Mais l'autre question que je
voudrais poser au ministre des Finances, c'est: Est-ce que ce tableau de la
page A-44 inclut l'impact de l'augmentation de l'impôt qui va être
déduit à la source à la suite de l'imposition des
avantages pour régime collectif? Oui ou non?
M. Levesque: Non, parce qu'on ne peut pas savoir...
M. Léonard: Vous ne le savez pas? M. Levesque:
...combien il y en a. Non.
M. Léonard: Mais, est-ce que le ministre des Finances
n'admet pas...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, malheureusement, on me fait signe...
M. Léonard: Juste une dernière
là-dessus...
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y, allez-y,
là.
M. Léonard: ...pour terminer cette question, je
pense...
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y, M. le
député de Labelle, ça va.
M. Levesque: Est-ce qu'on a déposé l'autre tableau? M.
Léonard: Non, pas encore.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, le tableau n'a pas
encore été déposé.
M. Léonard: Mais je voudrais...
M. Levesque: Parce que vous le trouverez...
M. Léonard: ...je voudrais quand même poursuivre
là-dessus, parce que...
M. Levesque: Non, c'est parce que vous le trouverez
là-dessus.
M. Léonard: Oui, mais... M. Levesque: C'est...
M. Léonard: ...regardez, M. le Président.
Là, vous dites que le tableau de la page annexe A-44 ne comprend pas
l'effet de l'impôt déduit, à cause de l'imposition des
régimes collectifs. Si, maintenant, on ajoute...
M. Levesque: Vous comprenez pourquoi?
M. Léonard: Oui, oui, parce que personne ne connaît
la situation...
M. Levesque: Bien, c'est ça.
M. Léonard: ...individuelle de chacun.
M. Levesque: C'est ça.
Impact des mesures budgétaires sur l'imposition
des régimes d'assurance
M. Léonard: Bon, O.K. Bon. Maintenant, lorsqu'un
travailleur qui a une famille cotise à un régime collectif, et
que l'employeur cotise, ça coûte plus cher pour cotiser, et, donc,
le coût au travailleur est plus élevé, et, donc, lui, va
être imposé davantage. Et, donc, le tableau de M. Girard,
finalement, il est assez clair là-dessus; par exemple, dans le cas du
marié sans enfants, son imposition de régime va lui coûter
7,95 $, alors que le célibataire, cela va lui coûter 3,86 $; ou
bien, le couple sans enfants, même chose. En d'autres termes, le couple
marié avec 2 enfants, parce que sa couverture est plus large, va
être pénalisé davantage que celui qui n'a pas d'enfants,
parce que ça lui coûte moins cher, et ça coûte moins
cher à l'employeur. C'est le point que je veux faire ressortir.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle.
M. Levesque: Évidemment, plus vous avez d'assurances, plus
vous avez d'avantages, n'est-ce pas? Plus vous avez d'assurances, plus il y a
d'avantages, n'est-ce pas? L'impact sur l'imposition des régimes
d'assurance, présenté dans l'article en question, que vous avez
évoqué, nous semble donc très élevé,
puisqu'il suppose que la prime annuelle est de 831 $ pour un célibataire
et de 1880 $ pour un couple avec 2 enfants. Alors, quant à nous,
à l'égard de l'imposition des régimes d'assurance
privés, l'impact moyen concernant la contribution de l'employeur
relative à l'assurance-maladie est, d'après nous, de 65 $ sur une
année complète d'imposition, en termes d'impôt.
M. Léonard: Mais, M. le ministre, l'impact moyen...
M. Levesque: Puisque cette mesure prenait effet uniquement au
discours sur le budget, ce n'est pas rétroactif.
M. Léonard: Ça va se déduire...
M. Levesque: L'impact additionnel n'est pas
rétroactif.
M. Léonard: ...ça va être déduit
à la source?
M. Levesque: L'impact additionnel sur les déductions
à la source sera de 2,50 $.
M. Léonard: C'est vraiment déduit à la
source, juste pour...
M. Levesque: Non, non. Normalement, ce serait au moment du
rapport...
M. Léonard: Du rapport d'impôt.
M. Levesque: ...mais il peut le faire, aussi, à la
déduction à la source, et ça, d'après nous,
ça vaudrait 2,50 $ au 1er juillet 1993.
M. Léonard: Bon! Vous me parlez de l'impact moyen, mais,
en fait, l'impact moyen, justement, c'est un bon point de
référence. Ça coûte plus cher à celui qui a
une famille; donc, l'impact va être plus élevé que celui
qui n'a pas d'enfants. C'est ça. Et, effectivement, je pense qu'on peut
arriver au tableau de M. Girard. En tout cas, on pourra peut-être
communiquer avec lui, mais je pense qu'il faut admettre... Et votre
réponse implique que, finalement, si vous avez juste
évalué l'impact moyen, effectivement, les écarts sont en
défaveur du couple avec des enfants plutôt qu'en faveur,
relativement...
M. Levesque: II paie beaucoup moins d'impôt. Son taux
d'impôt est beaucoup plus bas. Une famille, vous savez, même les
familles, ici, au Québec...
M. Léonard: Oui, mais ça augmente l'impôt,
là. On parle...
M. Levesque: Lorsque vous étiez là, vous pensiez
toujours à vos 10 000 $ où ils commençaient à payer
de l'impôt. Aujourd'hui, c'est 28 000 $ avant que les gens commencent
à payer de l'impôt, un couple avec 2 enfants.
M. Léonard: Oui, mais monsieur... Si le ministre me
permet, il reste que l'on parle de la différence d'impôt par
rapport à l'impôt déjà payé. La
différence va être plus grande pour le couple avec enfants que
pour le couple sans enfants. C'est ça le point et je pense que c'est le
sens, aussi, de l'article de M. Girard et du tableau de M. Girard. Quel est
l'impact complet, total? On peut en discuter, mais, au fond, c'est le point.
Ces mesures-là pénalisent davantage les familles avec enfants que
les familles sans enfants. Au moins, ce sont 2 situations assez nettement
comparables.
M. Levesque: C'est clair que si on tient compte seulement de la
mesure et qu'on la sort du contexte, on la sort du budget total, on la sort du
régime fiscal, on prend juste la mesure et on dit: Ah! Mais il faut
tenir compte, justement, de cette donnée-là, que les gens qui ont
un revenu imposable de 28 000 $, un couple avec 2 enfants n'en paiera pas
d'impôt, pas plus. Il n'en paiera pas plus. Il faut comprendre
ça.
M. Léonard: Mais on parle de l'impact du budget 1993-1994,
on ne parle pas de l'ensemble des mesures fiscales ou de la loi de
l'impôt. On parle de l'impact des mesures 1993-1994.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le document a
été donné au président de cette commission afin
qu'il soit déposé?
M. Levesque: Oui, j'avais demandé qu'il le soit. Le
Président (M. Lemieux): Alors, voulez-vous, s'il vous plaît,
me le remettre? Si vous décidez de... Une voix: II y en a 2.
Une voix: Ce n'est pas la même chose. M. Léonard:
Oh! Est-ce qu'on peut avoir les 2? Une voix: Oui, oui,
certainement.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, M. le ministre des
Finances, non.
M. Levesque: Remettez-moi un des 2, toujours, parce que ce sont 2
pareils.
Une voix: Ah! C'est 2 pareils. Une voix: Oui, oui,
oui.
M. Léonard: Ça va pour la question, là, je
pense. En tout cas, on verra s'il y a des...
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que j'autorise le
dépôt ou je n'autorise pas le dépôt?
Une voix: Oui.
Document déposé
Le Président (M. Lemieux): J'autorise le
dépôt.
Maintenant, M. le député de Saint-Louis, vous avez
demandé la parole. Voulez-vous compléter, M. le ministre des
Finances, ou... Ça va? M. le député de Saint-Louis.
M. Levesque: Ça va. On continuera d'échanger
après.
M. Chagnon: J'ai droit à combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Dix minutes, M. le
député de Saint-Louis, en une ou plusieurs interventions. C'est
donc dire que vos questions, vous pouvez...
M. Chagnon: Ça peut se faire en quelques interventions. Il
y a une tentative de suicide de l'autre côté de la table.
J'espère qu'on a réussi à éviter cette
tentative-là. (11 h 50)
M. le Président, évidemment, vous vous souviendrez que
notre commission parlementaire, il y a plusieurs mois, au mois de
février, avait entendu 73 groupes qui sont venus nous parler des
finances publiques au Québec, à partir d'un document qui
s'appelait: «Vivre selon nos moyens». Une des constantes des
groupes que nous avons entendus était la suivante: Plusieurs parties,
particulièrement des milieux syndicaux, nous avaient dit
et répété à satiété qu'il nous
fallait couper dans les dépenses fiscales. C'est bien beau de couper
dans les dépenses gouvernementales, les dépenses
d'opération, mais le ministre des Finances, on a l'impression que son
approche fiscale, son approche budgétaire, est un peu biscornue, et nous
avons l'impression que les dépenses fiscales qui ne servent qu'aux
riches, selon l'idéologie des gens que nous avions devant nous à
ce moment-là, faisaient en sorte de suggérer qu'il y ait des
modifications substantielles au niveau des dépenses fiscales. Eh bien,
on ne peut pas faire autrement, en regardant le budget, que de dénoter
que la volonté exprimée ou les demandes exprimées par les
parties syndicales ont été rencontrées. J'ai
été un peu surpris de voir la FTQ monter sur ses grands chevaux,
tout étonnée de voir que le Fonds de solidarité, qui est
un abri fiscal, a été diminué quant à son poids; sa
dépense fiscale a été ramenée à 75 000 000
$.
D'autres dépenses fiscales ont aussi été abolies,
mais je pense qu'il faut savoir gré et remercier, entre autres, le
ministre des Finances d'avoir maintenu les dépenses fiscales en faveur
de la culture. Le député de Bonaventure est sûrement un
homme cultivé, mais aussi un homme qui porte intérêt
à cette question qui nous préoccupe tous et qui nous rend
solidaires dans nos communautés respectives, et qui fait en sorte
d'avoir préservé cette dépense fiscale. Est-ce que,
peut-être que le député de Bonaventure, le ministre des
Finances, pourrait permettre, s'il le juge à propos, à son
sous-ministre de répondre à quelques-unes de mes questions, M. le
Président.
Dépenses fiscales en matière
culturelle
D'abord, j'aimerais savoir: Quel est le coût des dépenses
fiscales en matière de culture? Est-ce qu'on a une idée?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, les mesures fiscales en
faveur de la culture pour l'année d'imposition 1992: il y a le
crédit d'impôt à la production cinématographique, un
coût de 29 000 000 $; l'exemption de la taxe de vente sur les livres, 30
000 000 $; les sociétés de placement dans l'entreprise
québécoise, 5 000 000 $; l'abolition des droits sur les
divertissements, 4 000 000 $; la déduction à l'égard de
certains films canadiens portant visa, 7 000 000 $ ça, c'est une
donnée 1991 et les autres 4 000 000 $, pour un total de 79 000
000 $.
M. Chagnon: Quand vous parlez de cinéma, vous parlez de
cinéma et de télévision?
M. Levesque: En plus, évidemment, une partie significative
des dons de charité et des dons au gouvernement, des dons de biens
culturels autorisés, constitue une mesure d'aide à la culture. En
1991, le coût fiscal de ces déductions était d'environ 105
000 000 $, qu'on ajoute aux 79 000 000 $, pour la partie, évidemment, de
la culture. Il y en a peut-être pour d'autres fins, mais il y a une
partie des 105 000 000 $ qui s'en va directement pour la culture, et,
directement, 79 000 000 $.
M. Chagnon: Les raisons, j'imagine, pour lesquelles vous avez
tenu à conserver cette dépense fiscale en faveur de la culture,
c'est, je n'ai pas à en douter, évidemment, votre
préjugé favorable à tout ce qui regarde la culture au
départ.
M. Levesque: Comme c'est le cas pour la famille.
M. Chagnon: Mais, j'imagine que l'aspect de l'emploi en
matière de culture, parce qu'on sait que c'est probablement l'un des
secteurs d'activité économique où le coût de
l'emploi est le plus bas... Est-ce que, dans votre ministère, on a
déjà envisagé combien, par exemple, le coût de nos
dépenses fiscales pouvait créer, par exemple, d'emplois? On parle
de cinématographie, on parle de secteur télévisuel, on
parle du livre; il y a une répercussion dans le secteur de l'emploi qui
est importante. Est-ce qu'on a, par exemple, pu chiffrer jusqu'à quel
point on pouvait recouvrer une grande partie de la dépense fiscale par
des revenus fiscaux découlant de l'emploi créé à
cause de la dépense fiscale? Bonne question, hein?
M. Levesque: On n'a pas de données précises
là-dessus. C'est sûr qu'on sous-estime souvent l'importance de la
création d'emplois lorsqu'on parle d'affaires culturelles. Mais, de plus
en plus, les gens se rendent compte de l'importance de la contribution du monde
culturel à la création d'emplois.
M. Chagnon: Je peux vous affirmer, M. le ministre, que, dans mon
comté, cette activité est importante. Il en découle
directement des prises de décision comme celle que vous nous avez
annoncée, au budget, une sécurisation par un maintien de
l'emploi, tout particulièrement dans le secteur cinématographique
ou télévisuel. Et c'est par milliers d'emplois que cette
approche, cette préservation, cette conservation de la dépense
fiscale en matière de culture contribue directement au maintien de
milliers d'emplois dans le... bien, entre autres, dans Montréal et dans
le centre-ville de Montréal, tout particulièrement, parce que la
plupart de ces entreprises ont leur siège social dans le centre-ville.
Mais il y a un lien direct entre la décision que vous avez prise de
maintenir la dépense fiscale dans ce milieu-là, puis le maintien
des emplois qui sont liés directement à ces entreprises. Je
remarque aussi que ce sont des entreprises dont le coût unitaire de
l'emploi est un des plus bas, si on le compare, par exemple, avec le secteur
manufacturier. Tout le monde se souvient, à peu près, du
coût d'un emploi dans le secteur de l'aluminerie, par exemple;
au-delà de
1 000 000 $, 1 500 000 $ par emploi. Une voix: ...contrat
secret.
M. Chagnon: 1 500 000 $ par emploi dans le secteur de
l'aluminerie. Dans le secteur de la culture, on peut s'en tirer pour 30 000 $,
35 000 $. C'est énorme comme différence.
Abolition du financement de la
recherche-développement
Lorsqu'on parle d'abolir des mécanismes de financement externe
pour la recherche et le développement, est-ce que vous faites
référence à une abolition qui commencerait au 1er janvier
1995, si je ne m'abuse? On pense, entre autres, que la levée de capital
de risque auprès des investisseurs externes pourra se continuer, compte
tenu d'une clause crépusculaire qu'on retrouve dans tous les budgets, en
fait, mais on l'étend, si ma lecture a été bonne, jusqu'au
1er janvier 1995. N'est-ce pas exact?
M. Levesque: Les restrictions s'appliquent dès maintenant,
mais les crédits...
M. Chagnon: Une clause crépusculaire...
M. Levesque: ...se poursuivent jusqu'en 1995.
M. Chagnon: Au 1er janvier 1995. Évidemment, l'objectif,
c'est de permettre...
M. Levesque: II y a aussi une clause crépusculaire pour
ceux qui avaient des...
M. Chagnon: J'avais donc bien lu. C'est donc que la clause
crépusculaire sert à faire démarrer les entreprises qui
avaient déjà investi dans un programme de financement de
recherche-développement, qui sont en train de monter, faire le montage
financier de la recherche-développement .
M. Levesque: À condition qu'ils aient déposé
leur prospectus ou obtenu l'autorisation.
M. Chagnon: Quel était, l'an dernier, le montant des
émissions admissibles au crédit d'impôt pour le Fonds de
solidarité?
M. Levesque: L'an dernier... Présentement, on a mis un
maximum de 75 000 000 $. Si on regarde depuis 1984, il faut dire qu'on n'a pas
atteint ce maximum-là, sauf dans les 2 dernières années.
Mais, en 1984, on était à 600 000 $; en 1985, 3 500 000 $; en
1986, 16 400 000$; en 1987, 48 900 000$; en 1988, 67 500 000 $; en 1989, 73 200
000 $; en 1990, 70 000 000$; en 1991, 74 100 000$. Alors, jusqu'en 1991, vous
voyez, lorsqu'on parle d'un maximum permis de 75 000 000 $, on est encore
au-dessus de toutes ces années-là. Mais, dans les 2
dernières années, il y a eu une certaine ferveur...
M. Chagnon: II y a eu un déplafonnement.
M. Levesque: ii n'y avait pas de plafond. ...qui est passé
à 134 800 000 $ en 1992 et 193 000 000 $ en 1993, d'après les
dernières données disponibles. alors, ce que nous avons fait,
nous avons fait en sorte que le mouvement puisse continuer, que le fonds puisse
continuer à opérer efficacement et, en même temps, on se
donne ce moratoire de 2 ans pour examiner toute la situation. on sait fort bien
qu'il y a eu certaines critiques qui ont été faites à
l'effet que certains concurrents trouvaient qu'il y avait une certaine
iniquité dans le fait que les gouvernements du québec, et
le gouvernement fédéral accordent des déductions
fiscales aussi importantes 20 % au provincial, 20 % au
fédéral et que d'autres concurrents n'avaient pas les
mêmes avantages. et, deuxièmement, la loi prévoit que le
fonds doit utiliser 60 %, si je me rappelle bien, de son actif de
l'année précédente en placements prévus par la loi,
et je pense que les sommes recueillies par le fonds étaient devenues un
peu excédentaires par rapport aux besoins. alors, on va tout regarder
ça de nouveau, puis on arrivera à une solution, mais on a fait
bien attention de ne pas nuire aux activités du fonds. (12 heures)
maintenant, sur les coûts fiscaux de cela, pour le moment, incluant le
coût fiscal pour crédit de 20 %, pour nous, là je ne
parle pas du fédéral -- le coût fiscal de la partie
transférée à un reer parce que, là aussi, il
y a des avantages; les gens le mettaient dans un reer alors, le
coût fiscal total: 1987: 26 000 000 $; 1988: 27 000 000 $; 1989: 28 000
000 $; 1990: 30 000 000 $; 1991: 50 000 000 $; 1992: 77 000 000 $.
M. Chagnon: II est évalué à combien pour
1993-1994?
M. Levesque: Environ une trentaine de millions.
Mesures concernant la formation de la main-d'oeuvre
M. Chagnon: Merci. Évidemment, quand on parle du Fonds de
solidarité, compte tenu du fait que l'objectif du Fonds de
solidarité était le maintien de l'emploi, compte tenu du fait
qu'on sait aussi que, dans l'emploi, une caractéristique très
particulière de la main-d'oeuvre québécoise en est une
où le besoin de formation est absolument évident... On sait que
nos employés devraient avoir une formation professionnelle continue en
milieu de travail et, toutefois, dans des dépenses fiscales, vous avez
conservé, tout en les resserrant un peu, les mesures et les... Il y a
même certains assouplissements en ce qui concerne les mesures concernant
la formation de la main-d'oeuvre. La formation de la
main-d'oeuvre par l'entreprise bénéficie de crédits
d'impôt depuis maintenant 2 ans et cette dépense fiscale a au
moins le mérite de permettre une meilleure formation de notre
main-d'oeuvre et, donc, jusqu'à un certain point, d'accroître, non
seulement la capacité de compétition du Québec sur ses
produits manufacturés, parce que sa main-d'oeuvre sera désormais
mieux formée, mais aussi permet aux entreprises et aux employés
comme tels de se sécuriser en ayant une entreprise plus saine parce
qu'elle est plus compétitive.
Qu'est-ce que vous souhaitez faire à l'égard de votre
politique fiscale, en ce qui concerne la main-d'oeuvre et la formation de la
main-d'oeuvre?
M. Levesque: D'ailleurs, il faut se reporter aux 2 budgets
antérieurs et on verra que des mesures très dynamiques ont
été prises, justement, dans le domaine de la formation de la
main-d'oeuvre, soit au niveau de l'entreprise, ou même dans la promotion
de l'individu qui veut compléter sa formation. Mais dans le budget
actuel, on a apporté des assouplissements au crédit d'impôt
pour la formation. Par exemple, une entreprise pourra utiliser un de ses
employés comme formateur, à certaines conditions. La règle
de la durée maximale de formation est supprimée. La règle
des heures habituelles de travail est supprimée. Un propriétaire
d'entreprise sera admissible au crédit d'impôt pour la formation.
Et quant aux activités de formation exécutées par les
sociétés de formation privées, les commissions scolaires
et les collèges, il y a eu, dans les contrats de formation... Vous voyez
la progression ici: en 1990: 1439; 1991: 8779; 1992: 16 839. Et ça
continue à augmenter d'une façon assez spectaculaire. Les
participants, par exemple, en 1990: 15 000; en 1991: 70 000; en 1992: 120 000.
Les heures de formation. Parce qu'on dit: Ah, ça marche vos programmes!
Les heures de formation: en 1990, 82 000; en 1991, 487 000; en 1992, 2 165 000.
Voyez-vous la progression?
M. Chagnon: Progression géométrique.
M. Levesque: Et les crédits d'impôt pour la
formation... Le nombre d'entreprises qui se sont inscrites...
M. Chagnon: Depuis 2 ans?
M. Levesque: Depuis 1990, 209; en 1991, 1425, et ainsi de suite.
Alors, je pense qu'on a donné pas mal de...
M. Chagnon: Une répercussion sur votre dépense
fiscale. Votre dépense fiscale a dû augmenter d'une façon
importante depuis 1990? Le coût?
M. Levesque: Le coût de cela...
M. Chagnon: Remarquez que c'est un bon placement, mais...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député? Il reste du temps, M. le député...
M. Levesque: On laisse entrevoir une forte hausse, mais on n'a
pas encore les résultats pour 1992, on a juste les données
préliminaires. Mais vous n'avez qu'à voir les chiffres que j'ai
donnés, vous pouvez voir qu'il s'ensuit une augmentation importante des
déductions permises.
Le Président (M. Lemieux): ...plus ou moins 1 minute.
M. Chagnon: Avez-vous évalué le coût de la
dépense?
M. Levesque: On a engagé une centaine de millions de
dollars.
M. Chagnon: Une centaine de millions.
M. Levesque: Mais on n'arrivera pas aux 100 000 000 $
immédiatement. Je pense que la première année... Ça
a été combien, la première année? 13 000 000 $, en
1991. On n'a pas encore les données pour 1992, mais on sait que,
d'après les autres chiffres, ça a dû augmenter
sensiblement, et 1993 aussi, etc.
M. Chagnon: Qu'est-ce qu'il arrive de mon temps de parole, M. le
Président? J'ai terminé? Je continue. Je...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste 45 secondes, M.
le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Ah! J'en profiterai donc pour parler de certaines
mesures qui permettent le prolongement des mesures fiscales des années
antérieures. Concernant le développement technologique, non
seulement la formation de la main-d'oeuvre mais l'amélioration de
l'équipement technique dans nos entreprises sont les deux gages d'un
succès éventuel. Vous avez décidé de prolonger le
crédit d'impôt et de le bonifier, en quelque sorte, par le
plafonnement des frais généraux, et particulièrement
les frais généraux aux recherches admissibles. Pourquoi
vous avez pris cette décision-là?
M. Levesque: Parce qu'on peut éviter les abus, tout
simplement.
M. Chagnon: Et vous aviez évoqué, vous aviez pu
percevoir des abus importants dans ce programme-là?
M. Levesque: les frais généraux étaient
rendus, dans certains cas, à plus de 100 % de la valeur des salaires.
alors, c'est pour ça que nous l'avons réduit à 65 %.
M. Chagnon: Ça a de l'allure.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Saint-Louis?
M. Chagnon: Juste une demi-question. Le coût de la
dépense fiscale, dans ce domaine-là, est de combien?
M. Levesque: 221 000 000 $.
M. Chagnon: Merci. (12 h 10)
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
Bonification de la réduction d'impôt des
familles
M. Léonard: Oui. M. le Président, je voudrais
revenir au tableau: Bonification de la réduction d'impôt des
familles. Si nous prenons l'Annexe A, page 39, on s'aperçoit que cette
bonification s'arrête au seuil de 34 968 $ ou 34 992 $, donc en bas de 35
000 $.
M. Levesque: À la page 39?
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: L'Annexe A.
M. Léonard: La bonification de la réduction
d'impôt des familles, ça vaut pour les revenus en bas de 34 992 $.
Cela veut dire qu'à 35 000 $ les calculs de M. Girard sont bons parce
qu'il n'y a plus le régime de bonification de la réduction
d'impôt des familles. C'est ça. Votre limite, c'est 34 992 $.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Alain Rhéaume.
M. Rhéaume (Alain): Alain Rhéaume, pour le ministre
des Finances. La réduction d'impôt pour les familles est pleine
jusqu'au niveau que le député vient de mentionner. Par
après, elle est réductible, c'est-à-dire qu'elle continue
de s'appliquer. Il continue d'y avoir une réduction d'impôt pour
les familles, mais à un niveau qui est réductible jusqu'à
un niveau de revenu beaucoup plus élevé que ces
seuils-là.
M. Léonard: Plus élevé ou ça s'abolit
complètement?
M. Rhéaume: On va vous revenir avec dans quelques
minutes.
M. Léonard: Mais, M. le Président, et au ministre
aussi, le tableau de la page A-44, à 40 000 $, par exemple, doit en
tenir compte. C'est marqué, là: «Un niveau plus important
des besoins essentiels reconnus par le régime fiscal qui découle
de la présence des enfants et la réduction d'impôt des
familles qui vise à maintenir les seuils d'imposition plus
élevés que pour les autres contribuables, expliquent ces
écarts.» Donc, par exemple, au niveau de 40 000 $ que nous avons,
c'est 268 $ et 257 $, et cela inclut la bonification.
M. Levesque: Mais le député de Labelle... M.
Léonard: Ça coûte plus cher.
M. Levesque: ...pourrait regarder le tableau dans son ensemble
parce que, dans 40 000 $, c'est l'effet du RIF qui est en train de se bonifier,
à ce moment-là. Mais qu'on regarde 25 000 $, on arrive: Couple
avec 2 enfants, 142 $; couple sans enfants, 275 $.
M. Léonard: Oui, mais là, c'est affecté,
là.
M. Levesque: Si on prend 60 000 $: 276 $, couple avec 2 enfants;
529 $, couple sans enfants. Je vais reprendre: 25 000 $: 142 $ par rapport
à 275 $ sans enfants, et, à 60 000 $: 273 $ pour un couple avec 2
enfants, par rapport à 529 $ pour un couple sans enfants.
M. Léonard: Mais, on vous parle de 40 000 $.
M. Levesque: Lorsqu'il prend les 40 000 $, c'est là que
l'effet du RIF se fait sentir et c'est pour ça que j'ai
mentionné, tout à l'heure il me semble que c'était
clair que les gens qui étaient des couples avec 2 enfants
continuent à recevoir le RIF, alors que le couple sans enfants ne le
reçoit pas. Et c'est parce que le RIF a été affecté
que nous avons ces chiffres-là. Mais ça, c'est à la pointe
où ça prend effet. C'est la seule explication et c'est la seule
vraie explication.
M. Léonard: Est-ce qu'on pourrait avoir la
décomposition des montants que vous nous avez mentionnés? Le
14,58 $, comment il est composé? Comment vous l'établissez?
Là, vous parlez du RIF, et, selon les différentes
catégories de niveaux de revenus de familles...
M. Levesque: II faut comprendre qu'il y avait... Lorsqu'on a fait
ces mesures-là, lorsqu'on a apporté des réductions dans
les dépenses fiscales, je voulais savoir ce que c'était comme
effet sur les familles, par exemple, avec 2 enfants, etc.
(Consultation)
M. Levesque: M. le Président, je vais terminer ma phrase.
J'ai voulu faire bien attention avec ces mesures qui étaient prises
touchant la réduction des dépenses fiscales, qu'en ce faisant on
ne changeait pas notre politique familiale, mais qu'on continuait de
protéger ces acquis-là pour la famille du Québec. On sait
que la
famille québécoise avait un soutien de 800 000 000 $ en
1985 et elle a maintenant un soutien de 2 800 000 000 $. Alors, je voulais
m'assurer qu'on continue de soutenir la famille québécoise. C'est
une politique du gouvernement et c'est une politique à laquelle
j'attache beaucoup d'importance.
Je réfère le député de Labelle une
fois qu'il aura terminé ses discussions à l'Annexe A, page
45, et il verra qu'il y a la compensation, à l'avant-dernière
ligne, pour maintenir les seuils d'imposition nulle des familles, à 90
000 000 $ en 1993 et 102 000 000 $ en 1994. C'est cette somme-là qui est
attribuée afin de maintenir le seuil. Lorsque le député
dit: Bien, est-ce qu'on peut avoir une sorte de liste qui décomposerait
les items? C'est assez difficile de le faire parce que ça se
résume à ça: la compensation pour maintenir les seuils
d'imposition nulle des familles.
M. Léonard: Mais ça s'applique partout. Ça
s'applique jusqu'à 60 000 $, d'après le tableau que vous nous
avez distribué: Marié, 2 enfants, 60 000 $: moins 14,35 $.
Ça s'applique partout, là. Donc, à 40 000 $ aussi. Donc,
c'est pris en compte là-dedans, là.
M. Rhéaume: En répondant à cette
question-là, il va être possible de compléter la
réponse à celle de tout à l'heure. Si on revient au
tableau de la page A-39, qui donne les seuils d'imposition nulle,
c'est-à-dire les revenus à partir desquels des impôts sont
exigibles, si on prend l'exemple du couple avec 2 enfants de 6 à 11 ans,
les 3 montants qui sont là, à l'égard de 1994, sont 26 339
$, 28 429 $ et 34 992 $. À ces niveaux-là s'applique pleinement
la réduction d'impôt pour les familles, qui est d'une valeur de
1500 $. Cette réduction-là, après ça, devient
réductible à raison de 4 % de l'augmentation du revenu, de sorte
que la réduction d'impôt pour les familles continue de s'appliquer
dans le cas d'un couple avec 2 enfants de 6 à 11 ans et un revenu de
travail jusqu'à un niveau de revenu de 53 900 $, et, dans les 2 cas
suivants, jusqu'à des niveaux de revenus de 56 100 $ et 72 400 $. C'est
seulement à partir des niveaux que je viens de mentionner qu'elle ne
s'applique plus.
M. Léonard: Comment vous expliquez que, dans votre tableau
2D que vous avez distribué tout à l'heure, le couple
marié, 2 enfants, 60 000 $, a une bonification de réduction
d'impôt de 14,35 $?
M. Rhéaume: Les données qui sont dans le tableau
qui a été distribué tout à l'heure sont celles qui
se rapportent à la bonification apportée par le budget à
cette réduction d'impôt là. Donc, la bonification, elle,
s'applique à peu près d'une manière équivalente sur
l'ensemble des catégories de revenus, de sorte qu'à 35 000 $,
ça représente 14,58 $, si ma mémoire est bonne, par
période de paie, et c'est 14,35 $ pour un revenu de 60 000 $. (12 h
20)
M. Léonard: Mais, tout à l'heure, vous avez dit que
c'était réductible au fur et à mesure que l'impôt...
Le seuil augmentait, à 60 000 $; ça l'est réductible ou
pas?
M. Rhéaume: La bonification totale est réductible,
maintenant, c'est-à-dire, la réduction d'impôt pour les
familles est réductible de la manière dont je viens de le
décrire, mais la bonification, elle, s'applique à peu
près, étant déterminée à la marge, de
manière équivalente à toutes les classes de revenus,
jusqu'au maximum.
M. Levesque: C'est la base même, c'est le crédit
général.
M. Rhéaume: C'est que, l'ensemble de la courbe, qui peut
avoir une allure comme celle-là, a été
déplacée vers le haut, donc, d'une manière
équivalente à tous les niveaux de revenus.
(Consultation)
M. Léonard: Est-ce que, M. le Président, le
ministre ou peut-être le sous-ministre, si je comprends parce
qu'on est rendu un peu dans des technicalités mais il reste que
c'est important pour les familles. Dans le tableau 2D que vous venez de
déposer, vous dites: Le couple marié, 2 enfants, 35 000 $, sur 6
mois va payer 17,03 $ de moins, alors que dans le tableau de la page annexe
A-44, on n'a pas 35 000 $, mais on a les 25 000 $, puis le couple avec 2
enfants, lui, paierait 142 $ de plus. À 40 000 $, il paie 268 $, puis,
etc. Comment peut-on réconcilier ça? Il y a comme...
M. Rhéaume: Le tableau de la page A-44 présente
l'impact de l'ensemble des mesures tel que décrit là, sauf les
assurances, sur une pleine année d'imposition. Alors, c'est ce à
quoi ça ressemblera dans l'année d'imposition, par exemple, pour
l'année d'imposition 1994. Le tableau qu'on a déposé ce
matin.
Ceux qui ont fait l'objet de l'article de Michel Girard, aujourd'hui, se
rapportent aux déductions à la source qui vont être
perçues pour la période du 1er juillet 1993 au 31 décembre
1993. Donc, ce n'est absolument pas comparable. Je veux dire, d'une part, on
présente l'impact des mesures n'incluant pas ce qui se rapporte aux
contributions d'assurance et n'incluant pas la contribution au Fonds des
services de santé sur une base annuelle, alors que, là, on a un
impact hebdomadaire ou bihebdomadaire, si on veut, des déductions
à la source d'ici à la fin de l'année pour les mesures qui
auraient été, disons, pour lesquelles le budget a indiqué
qu'elles s'appliqueraient à toute l'année 1993, alors que, dans
l'autre cas, il y en a qui ne sont pas applicables nécessairement
à toute l'année 1993.
M. Léonard: Oui, mais ça, ça veut dire que
l'impact de l'ensemble des mesures va vraiment porter son effet maximum en
1994, puis la mauvaise surprise
est reportée, en d autres termes.
M. Rhéaume: En fait, l'impact des mesures...
M. Léonard: C'est quand ils vont faire leur rapport
d'impôt qu'ils vont s'en rendre compte.
M. Rhéaume: L'ensemble des mesures va être
applicable en 1994. Ce qui devient un peu difficile à prendre en
considération, c'est d'essayer d'utiliser simplement la période
où les déductions à la source vont s'appliquer, dans
certains cas en double, pour la période de juillet à
décembre, pour essayer de calculer ou de démontrer l'impact des
mesures budgétaires.
Dans le fond, la vraie façon de la voir, c'est sur l'ensemble de
l'année d'imposition 1994, et on peut voir, à ce
moment-là, que les mesures qui touchent la réduction ou le
resserrement des dépenses fiscales, c'est dans cette
année-là qu'elles vont s'appliquer. Elles ne sont pas applicables
en déduction à la source, entre maintenant et la fin de
l'année 1993. C'est ce que montre le tableau de la page A-73 où
on peut voir, par exemple, que, sur l'année 1993-1994, le total des
mesures fiscales représente 885 000 000 $, alors qu'il
représentera, pour l'année 1994-1995, 1 300 000 000 $. Donc,
c'est sûr que ce qui est d'impact, pendant la période du 1er
juillet au 31 décembre 1993, est très «misleading»
quand on essaie de voir l'impact véritable des mesures du budget. C'est
pour ça, d'ailleurs, qu'on n'en a jamais parlé nous autres
mêmes, de l'impact des déductions à la source pour la
période du 1er juillet au 31 décembre 1993.
M. Léonard: Oui, mais le travailleur va la sentir passer,
surtout qu'elle est en double. Il va la voir là. Mais revenons à
ça. Finalement, en 1994, c'est là que vont se retrouver les
surprises. Et puis vous dites que le vrai tableau, en termes d'impact, c'est
celui de l'Annexe A-44. Et l'Annexe A-44 implique qu'à 40 000 $
ça coûte plus cher pour une famille avec 2 enfants qu'une famille
sans enfants.
M. Rhéaume: Dans le tableau de la page A-44, le niveau
spécifique de 40 000 $ comporte un effet spécifique qui provient
du fait que c'est là où la réduction qui a
été appliquée au régime d'impôts fonciers, au
remboursement d'impôts fonciers, trouve son maximum. Et, comme on
l'indiquait, au niveau immédiatement inférieur ou au niveau
immédiatement supérieur, il n'y a pas cette
incongruité-là. Il y a seulement un seul niveau où la
question s'applique.
M. Léonard: Quelle va être la différence pour
un travailleur, mettons-nous à 35 000 $, 2 enfants et sans enfants, dans
son rapport d'impôt 1993 et son rapport d'impôt 1994? C'est quoi,
la différence?
M. Rhéaume: La différence, là, telle que
j'expliquais tout à l'heure à l'égard du tableau de la
page A-73, la différence entre l'année 1993-1994 et 1994-1995 est
principalement due au resserrement à l'égard des dépenses
fiscales. Les avantages fiscaux qui étaient consentis à
l'égard du RE A ou ceux qui étaient consentis à
l'égard d'autres mesures, évidemment, on ne peut pas les
distribuer par catégories ou par classes de revenus de travailleurs. Je
ne peux pas vous dire que le contribuable, au niveau de 40 000 $, aurait
nécessairement des déductions au REA, alors qu'il n'en aura plus
après, et que celui de 60 000 $ en avait moins ou plus. Donc, il est
clair que le resserrement des dépenses fiscales s'adresse davantage aux
classes de revenus supérieurs qu'aux classes de revenus
inférieurs ou même moyennes.
M. Léonard: Mais, je voudrais quand même attirer
l'attention du sous-ministre, ici, sur le fait qu'il me répond un peu
sur l'impact financier pour le gouvernement, mais pour les familles, pour les
familles. En 1993, tous ces resserrements sur les dépenses fiscales vont
porter un effet de 942 000 000 $, en 1993, et 1 091 000 000 $ en 1994. En
quelque sorte, l'effet de ces mesures-là porte presque pleinement sur
l'année 1993. Il y a peu de différence près: c'est 150 000
000 $. Vous allez me dire que c'est important; oui, c'est important. Mais sur
l'ensemble, quand même, c'est 942 000 000 $ à 1 091 000 000 $. Les
familles vont ressentir le coût par les déductions à la
source, mais aussi quand elles vont faire leur rapport d'impôt.
M. Rhéaume: Exact. Mais, la seule façon de le voir
globalement, c'est sûr, ou bien on le paie dans les déductions
à la source, ou bien on le paie ou on reçoit un remboursement
moins élevé au moment du rapport d'impôt, mais on n'est pas
touchés aux 2 places. Il faut le voir en fonction de l'année
d'imposition. Ce qu'on a indiqué dans la page A-44, c'est vraiment
l'impact des mesures sur une pleine année d'imposition 1994. Donc, si on
veut dire ce que l'année d'imposition 1994 aurait comporté comme
charge fiscale, avant mesures, et ce qu'elle comportera après les
mesures annoncées au budget, c'est à la page A-44 qu'on le
retrouve. Et on voit les effets qui sont là pour chacune des
catégories de revenus, avec l'incongruité que vous avez
mentionnée à l'égard de la classe de 40 000 $, mais avec
les autres éléments qui sont, à 25 000 $, une
différence de 130 $ en faveur du couple avec enfants, et à 60 000
$, une différence de 260 $ en faveur du couple avec enfants.
M. Léonard: En fait, quand la personne, la famille va
faire son rapport d'impôt 1994, pour l'année 1993, c'est là
qu'elle va savoir ce que ça va lui coûter: il y a des parties
déductibles à la source et d'autres qui vont être ce qu'on
appelle les «ballounes» de fin d'année; alors, c'est
là qu'on voit.
M. Rhéaume: C'est ça. Mais on peut constater que
l'ensemble, ce qu'on a indiqué comme étant touché par les
déductions à la source pour la période du 1er juillet au
31 décembre 1993, couvre, je dirais, la très
grande majorité et la presque totalité des mesures. Il n'y
a que des éléments de resserrement de dépenses fiscales
qui ne sont jamais, disons, pris en compte dans les déductions à
la source, dont vous recevez le bénéfice au moment où vous
remplissez votre déclaration d'impôt pour laquelle l'écart
va apparaître au moment où le contribuable remplira sa
déclaration d'impôt 1993. (12 h 30)
M. Léonard: Donc, ce que cela infère, c'est que,
finalement, les déductions à la source qui vont porter l'impact
de la plupart des mesures, c'est elles qui vont être doublées, et
le travailleur va payer, disons, globalement, plutôt entre 1er juillet et
31 décembre.
M. Rhéaume: Dans certains cas, c'est doublé; dans
d'autres cas, ça ne Test pas.
M. Léonard: Est-ce que... J'aimerais... Est-ce que j'ai
utilisé mon 10 minutes?
Le Président (M. Lemieux): II vous reste encore 3
minutes.
Coût de l'ensemble des dépenses
fiscales
M. Léonard: Trois minutes. Ah! Avant de procéder
à une autre question, j'aimerais bien que le ministre des Finances
puisse... Est-ce que le ministre des Finances pourrait nous déposer le
coût de l'ensemble des dépenses fiscales? Puisque, là,
maintenant, on a un grand mot pudique, pudique, «dépenses
fiscales». Alors, puisque vous en parlez, puisque vous lancez des
chiffres, est-ce que vous pourriez nous déposer le tableau de l'impact
de l'ensemble des mesures fiscales, détaillé, là? C'est un
nouveau vocabulaire et ce serait bon de savoir le coût de chacune des
mesures. Vous en avez fait l'étude. Non, non, ça, c'est celle de
cette année.
M. Chagnon: L'impact financier pour 1995-1996...
M. Levesque: On va essayer de vous avoir ces
informations-là, mais il y en a beaucoup.
M. Léonard: Oui, oui, je sais.
M. Levesque: II y en a énormément, mais on va
essayer de vous avoir ça.
M. Léonard: C'est parce que j'ai coutume, aussi, de
considérer, quant à moi, que le budget du gouvernement est de 2
parties: il y a les revenus, il y a les dépenses et les crédits.
Alors, du côté des revenus... Quand les revenus diminuent comme on
les a vus diminuer cette année, c'est dû à certaines
causes. Il y a, en particulier, ce que l'on appelle maintenant les
dépenses fiscales. Bon, bien, là, ça, ça devrait
être quantifiable et je pense que vous avez des chiffres
là-dessus.
M. Levesque: Évidemment, vous avez, à la page 112
de «Vivre selon nos moyens», une série de dépenses
fiscales, mais c'est loin de comprendre l'ensemble des mesures de ce qu'on
appelle les dépenses fiscales. Mais on pourra essayer de vous compiler
une autre série de dépenses fiscales qui n'apparaissent pas dans
«Vivre selon nos moyens».
M. Léonard: Oui, par exemple, est-ce que cela pourrait
comprendre le coût de...
M. Levesque: Mais il y en a partout. Prenez les...
M. Léonard: ...la non-taxation, de la non-imposition des
profits de capitaux, des exemptions de 100 000 $ sur les profits de
capitaux?
M. Levesque: oui, ça y est là-dedans. mais, c'est
clair qu'il faudrait peut-être s'entendre sur la définition de ce
que sont les dépenses fiscales. parce que si vous avez, par exemple, un
crédit d'impôt général donné à une
personne mariée, c'est une déduction, c'est une dépense
fiscale, et ainsi de suite. vous en avez toute une série de ces
choses-là, qui font en sorte que les gens ne sont pas imposés
sans nuance sur certains taux d'imposition. et vous en avez beaucoup de cela.
parce que, quand on a fait la revue, quant à nous, pour préparer
le budget, étant donné qu'on voulait mettre l'accent sur les
dépenses fiscales après avoir mis l'accent sur les
dépenses budgétaires... mais, il faut comprendre une chose. on
aurait pu, par exemple, au lieu de tout ce budget-là, tout simplement
dire: bon, bien, on va baisser les salaires de 5%. vous connaissez ça,
vous avez déjà fait 20 %. alors, on aurait pu faire ça sur
une masse salariale de 20 000 000 000 $. on aurait eu notre milliard. mais on
trouvait que c'était injuste de demander toujours aux mêmes,
c'est-à-dire à la fonction publique, d'écoper et de faire
face, pour l'ensemble de la population, à la situation difficile que
nous connaissons. mais sur le plan, c'est évident, sur le plan, disons,
purement électoral, si vous voulez, la réaction de la population,
vous le savez, lorsqu'il y a, à peu près, quoi, 10 %, 12 % de la
main-d'oeuvre qui est du côté du secteur public à
peu près, 10 %, 12 %, à peu près; je ne sais pas
sur 3 000 000 et quelques cent mille travailleurs, vous avez quoi? près
de 400 000. alors, c'est à peu près ça. mais les autres
qui ne sont pas touchés, les 85 % ou 88 %, auraient été
sans doute plus heureux de voir que nous mettions l'accent et que nous les
exemptions de toute contribution et qu'on demandait tout aux mêmes,
c'est-à-dire à l'ensemble de la fonction publique. nous savons
que nous avons demandé à la fonction publique une contribution
voir leurs salaires gelés pour 2 ans et nous pensions
qu'il fallait que d'autres aussi dans la société apportent leur
contribution.
Et c'est ça qui fait qu'aujourd'hui vous avez des gens qui sont
affectés partout. Il n'y a personne, à part des inaptes, qui peut
dire: On n'a pas été touchés du tout par ce
budget-là, mais toujours en tenant compte de
la capacité de payer. Et il y en a qui ne paient pas grand-chose,
mais dont les moyens sont tels qu'on ne leur demande pas plus, mais à
d'autres qui, comme beaucoup, on retrouve dans cette salle, et je comprends que
ça fait mal. Ça ne fait pas mal pour déranger d'une
façon bien grave le standard de vie des gens, sauf que c'est quelque
chose qui est agaçant. Mais c'est agaçant pour tout le monde.
On n'a pas choisi la voie facile. Quand on dit qu'on aurait pu choisir
la voie facile, la voie facile, c'est d'aller uniquement sur une partie de la
population, comme la fonction publique, mais on a voulu que tout le monde y
participe. La fonction publique, oui, mais également le secteur
privé et tous les gens selon leur capacité de payer.
M. Léonard: Je comprends. Le ministre des Finances
comprendra une chose: nous discutons budget et j'aime les chiffres, et
j'aimerais bien qu'au-delà du discours il y ait aussi quelques chiffres
pour appuyer les dépenses fiscales.
M. Levesque: Oui, oui.
M. Léonard: ...puisque maintenant on est en train de
s'orienter de ce côté-là. Je lui demande de nous fournir le
plus d'information possible, et effectivement, je déplore moi-même
que la quantification des dépenses fiscales, on ne s'en soit pas assez
préoccupé dans le passé. Bon. Alors, nous attendrons et
nous espérons que les fonctionnaires qui nous écoutent pourront
produire ces tableaux le plus rapidement possible, et dans la mesure où
ils ont tous les renseignements, nous serons très heureux de les
regarder.
Comparaison des fardeaux fiscaux entre le
Québec et l'Ontario (suite)
Maintenant, je voudrais revenir à une chose. Hier, nous avions
commencé à discuter des tableaux sur l'écart de fardeau
fiscal. J'aimerais ça terminer cette question. L'an dernier, il y a un
tableau qui nous a été produit par le ministre des Finances, lors
de la commission parlementaire et je l'ai ici sur l'étude
du budget. Et puis, la question que je me pose, c'est: Comment ça se
fait que c'était possible l'an dernier, alors que ça ne l'est
plus cette année? Est-ce que la complexité...
M. Levesque: ...
M. Léonard: C'est l'année 1992, c'est les tableaux
de l'année 1992. Et puis le ministre, à l'époque, parlait
d'une amélioration de la «concurrentialité» du
système fiscal; vous l'avez produit pendant la commission parlementaire.
Mais hier, le sous-ministre est venu dire que ça prenait beaucoup de
calculs, qu'il fallait faire des corrections. Or, le tableau qui a
été déposé comportait une telle correction,
comportait déjà des corrections quant au déficit, et puis,
hier, on nous disait qu'il y avait de nombreuses différences dans la
comptabilité et qu'il n'était pas possible de comparer les 2
déficits sur une même base. Alors, ou bien le tableau de
l'année dernière risquait d'être erroné je ne
dis pas qu'il l'était, mais il risquait de l'être, si je suis le
raisonnement du sous-ministre d'hier soir ou bien, cette année,
on n'est pas capable de le donner ou on refuse de le donner. C'est l'un ou
l'autre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle. M. le sous-ministre des Finances, sous l'autorité de M. le
ministre.
M. Rhéaume: Quand on a discuté cette
question-là, hier, on a bien mentionné qu'on ne pouvait pas le
donner parce qu'on ne l'avait pas. Si on ne l'a pas, c'est parce qu'on ne l'a
pas calculé. Si on ne l'a pas calculé, c'est pour 2 raisons: la
première raison est que cette comparaison-là est une comparaison
qui se fait en établissant, sur les bases ou les assiettes fiscales du
Québec, quel serait le fardeau fiscal si on y appliquait la structure
d'imposition et de taxation de l'Ontario. Plus on avance dans le temps, plus
ça devient compliqué de faire ce genre de calculs là,
parce que plus il y a de différences ou de comment je dirais
plus il y a de caractéristiques particulières à la
structure fiscale de l'Ontario qui font en sorte que ça demande un
travail considérable pour pouvoir se remettre à jour. Donc, au
moment où on se parle, on n'est pas en mesure d'appliquer la structure
fiscale et la structure de taxation de l'Ontario aux données de
l'assiette fiscale du Québec pour pouvoir faire la comparaison entre les
2. (12 h 40)
Au-delà de ça, il est évident qu'on travaillait
bien plus fort à comparer, en termes d'effort fiscal, celui du
Québec avec celui de l'Ontario, pour la très longue
période de temps où l'Ontario était, si on peut dire,
l'élément de comparaison ou l'étalon de comparaison
à suivre. Dans un monde où, depuis quelques années en
particulier, la concurrence fiscale est beaucoup plus étendue
internationalement, c'est-à-dire que le standard de l'Ontario n'est plus
un standard, disons, qui demande une comparaison aussi proche, et qu'il faut de
plus en plus se comparer, non seulement à l'Ontario, mais à
plusieurs États américains limitrophes et à d'autres
juridictions, dans ce contexte-là, on pense que la meilleure
façon de comparer le fardeau fiscal c'est d'évaluer la ponction
fiscale et comment évolue la ponction fiscale dans le PIB. C'est pour
ça qu'on a utilisé récemment et c'est les
données que j'ai évoquées hier les revenus
autonomes en pourcentage du PIB comme étant le meilleur indicateur, qui
peut être comparé avec d'autres juridictions, de la ponction
fiscale. Et pour le Québec, si je peux le rappeler, ces revenus
autonomes en pourcentage du PIB, qui excluent, soit dit en passant, les revenus
de sociétés d'État qui seraient consolidés sans
être versés en dividendes, donc, sur une base qui, elle, peut
être comparable avec celle d'autres juridictions, montrent qu'au
Québec, pour l'année 1992-1993,
on se situait à 17 %; en 1993-1994, ce devrait être 17,3 %,
et se maintenir à peu près à ce niveau-là sur tout
l'horizon de prévision jusqu'à 1997-1998. depuis 1985-1986,
jusqu'à 1993-1994, ces revenus autonomes en pourcentage du pib ont
augmenté de 1 point de pourcentage au québec, alors qu'en
ontario, pendant la même période, ils ont augmenté de 1,5
point de pourcentage. on n'a pas de disponible la proportion des revenus
autonomes en pourcentage du pib de l'ontario pour l'horizon de prévision
jusqu'en 1997-1998, mais on peut mentionner qu'il se situe à 13 % en
1993-1994.
M. Léonard: Moi, je peux juste faire une remarque...
Le Président (M. Lemieux): Merci, monsieur. Je m'excuse,
M. le député de...
M. Léonard: ...M. le Président. Je trouve que le
sous-ministre fait un écran de fumée majeur par rapport à
ce qu'il dit et par rapport aux critiques qui sont implicites sur ce qui a
été fait les années antérieures. Là,
ça devient compliqué à travailler, là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci, M. le Président. J'aimerais... D'abord,
je veux féliciter le député de Labelle, qui a
commencé à s'intéresser aux dépenses fiscales. Il
commence à poser des questions sur le coût des dépenses
fiscales. Je l'invite à regarder les réponses que j'ai
déjà obtenues...
M. Léonard: ...M. le député de Saint-Louis.
Ha, ha, ha!
M. Chagnon: ...que j'ai déjà obtenues du ministre
des Finances à l'égard des dépenses fiscales, concernant
soit les crédits d'impôt en matière de bonification et
plafonnement des frais généraux de recherche admissible, et aussi
en formation de la main-d'oeuvre, comme j'en ai eu concernant les
dépenses fiscales en matière de culture. C'est en questionnant
directement le ministre qu'on réussit à avoir les réponses
les plus claires et les plus directes, comme vous avez pu vous en apercevoir au
moment où je l'ai questionné moi-même.
M. Léonard: Vous allez garder votre job d'adjoint
parlementaire; certain, là...
M. Chagnon: Vous pensez? Vous pensez? Mais je ne suis pas adjoint
parlementaire aux Finances...
M. Léonard: ...gratter le dos du ministre comme
ça.
M. Chagnon: Je ne suis pas adjoint parlementaire aux
Finances.
M. Léonard: Non, non, je sais, je sais, ça peut
venir.
M. Chagnon: Je pourrais peut-être cumuler plusieurs postes
d'adjoint parlementaire de plusieurs ministères.
M. Léonard: Et je vois que vous n'avez pas
abandonné vos espoirs.
M. Chagnon: Ah, mais non, mais non. Voilà, dans le
cumul.
M. le Président, plus sérieusement, la question des
dépenses fiscales est extrêmement importante. Le
député de Labelle vient de s'en rendre compte et a dû s'en
rendre compte avant, évidemment. Il est important de constater qu'on a
une réduction totale, dans le budget 1993-1994, de 1 100 000 000 $ des
dépenses fiscales des années passées. Ce resserrement
implique évidemment une diminution des abris fiscaux. 1 100 000 000 $ de
réduction des dépenses fiscales, qui s'ajoutent il faut le
dire, c'est vrai à 1 300 000 000 $ d'augmentation d'impôts
ou taxes. Ce qui nous fait 2 400 000 000 $ de revenus ou de baisse de ces
dépenses dans le cadre du fiscal, plus 1 600 000 000 $ de
véritable baisse des dépenses des opérations courantes du
gouvernement, d'une année à l'autre, des opérations
budgétaires, des crédits budgétaires. Ça
représente, M. le Président, 4 000 000 000 $-4 000 000 000 $ de
moins. Le ministre des Finances sait comment je suis, personnellement...
Le Président (M. Lemieux): ...C'est 150 000 000...
M. Chagnon: Oui, c'est ça, ajoutez 1 400 000 000 $, c'est
1 600 000 000 $; c'est ça que je vous ai dit, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, c'est ça.
M. Chagnon: Alors, ça fait 4 000 000 000 $ de moins.
C'est-à-dire qu'on réduit le coût de notre dette qui est
annoncée, malheureusement, au budget: 4 100 000 000 $ pour
l'année 1993-1994. N'eût été ces compressions
budgétaires, n'eût été cette coupure des
dépenses fiscales ou ces augmentations d'impôt ou taxes, c'est
à 8 100 000 000 $ qu'on serait rendus. Mettons 8 000 000 000 $. Un taux
d'endettement qui nous aurait placés très près de celui
qu'on retrouve en Ontario. Il m'apparaît absolument impossible qu'une
catastrophe de ce type-là puisse nous tomber dessus. Il m'apparaît
qu'il faille encore réduire dans nos dépenses budgétaires
et, comme l'ont souligné à peu près tous ceux qui sont
passés devant la commission parlementaire qui traitait du document
«Vivre selon nos moyens», il va nous falloir encore réduire,
non seulement la taille de l'Etat, mais son nombre de ministères, le
nombre de ses services, le nombre de ses sociétés d'État,
le nombre de
ses organisations. Nous n'avons plus les moyens de vivre comme nous
l'avons fait.
Le ministre des Finances, dans son budget, comme je le disais,
ramène le déficit à 4 100 000 000 $ et ses besoins
financiers nets à 3 100 000 000 $. J'avais trouvé un peu
surprenant qu'au cours de sa réplique sur le budget, le
député de Labelle parle de la hausse moyenne des budgets sous le
gouvernement auquel il a participé comme étant de 3,7 %, et
ensuite de 0,4 %. J'avais mal saisi que le député de Labelle
parlait d'augmentations réelles, c'est-à-dire d'augmentations
moins l'inflation, et je lui sais gré de m'avoir fait parvenir le
document qu'il m'a envoyé. C'est pour ça que je le dis
publiquement, d'ailleurs, que je tiens à faire des corrections que
j'aurais pu faire ou dû faire si j'avais su qu'on parlait d'augmentations
réelles. mais n'empêche, m. le député de labelle,
que si les augmentations réelles des programmes, dans les budgets de
1978 à 1981 et de 1982 à 1986, ont été de 3,7 % ou
de 0,3 %, il n'en demeure pas moins que les pourcentages d'augmentation du
déficit sur les budgets de ces années-là ont
été nettement supérieurs à celui qu'on a
retrouvé après 1986. moi, je suis encore inquiet du niveau
d'endettement du québec. le ministre des finances nous annonce qu'il va
le...
M. Léonard: ...
M. Chagnon: Je vais lui en parler avant, si ça ne vous
fait rien? Alors...
M. Léonard: Je lui en ai parlé hier. J'ai
commencé. Vous n'étiez pas là...
Réduction des dépenses
budgétaires
M. Chagnon: Bon, alors, je vais continuer. Alors, le ministre
nous annonce qu'il compte réduire, dans les années à
venir, son niveau de déficit et son niveau, évidemment, de
besoins financiers nets. Outre l'augmentation de la croissance du PIB sur
laquelle il doit s'appuyer, en grande partie, pour voir à ce que son
niveau de déficit baisse, et au maintien, évidemment, de cette
réduction budgétaire de l'ordre de 7 200 000 000 $,
annoncée cet hiver pour les 5 prochaines années, est-ce qu'il y a
d'autres moyens qu'il escompte ou qu'il voit dans sa boule de cristal, qu'il
compte prendre pour s'assurer que le déficit soit effectivement
réduit là où il nous l'annonce, particulièrement
dans l'Annexe B du budget, aux pages B-15, B-14, B-13, dans les besoins
financiers et dans le service de la dette? Est-ce que le ministre envisage de
légiférer sur cette question? Je l'ai déjà fait,
moi. Ha, ha, ha! Quelles sont les intentions, quels sont les moyens que le
ministre compte prendre pour s'assurer que son niveau d'endettement, dans les
années où il l'annonce, soit bien celui qu'il nous a
lui-même annoncé? (12 h 50)
M. Levesque: Je réfère le député de
Saint-Louis à l'Annexe B, page 10, et il verra dans l'évolution
des dépenses budgétaires des prévisions quant à de
nouvelles réductions des dépenses de programmes à
réaliser, année après année, 1994-1995, 1995-1996,
1996-1997 et 1997-1998, pour que le plan que nous avons annoncé puisse
se réaliser. Nous avons déjà, dans le discours du budget,
donné quelques exemples de pistes qui pourraient être suivies pour
s'occuper de réduire la taille des dépenses publiques. J'ai
parlé, par exemple, de ministères, d'organismes publics, j'ai
mentionné des questions relatives à la santé, à
l'éducation, où il y avait des pistes qu'on pourrait explorer, et
des discussions avec les municipalités, les commissions scolaires. Mais,
c'est sûr que le travail n'est pas terminé dans la
réduction des dépenses. Par exemple, en 1994-1995, on
prévoit qu'on devra réduire les dépenses de 1 600 000 000
$; en 1995-1996, 1 200 000 000 $; en 1996-1997, 1 200 000 000 $; 1997-1998, 1
500 000 000 $. Alors, je pense que ceux qui viendront après moi,
en tout cas, je ne pense pas être là encore en 1997-1998...
M. Chagnon: Non?
M. Levesque: Je ne pense pas, non.
M. Chagnon: Ce n'est pas une annonce, ça.
M. Levesque: Non, non. Ce n'est pas une annonce, mais je dis: Je
ne pense pas, là, d'être là dans ces
années-là. Ça fait déjà 37 ans que je suis
ici, je pense que je peux me permettre de penser que je ne me rendrai pas
au-delà de 40 ans.
Alors, ce que je veux dire, c'est que j'ai déposé un plan
d'action, des pistes à explorer, et il faut être sérieux
avec ça, parce que ce n'est pas par plaisir qu'on fait ça. Et on
pense, on dit: Bon, au lieu d'avoir des impôts, bravo, on va avoir des
réductions de dépenses. Mais, chaque fois qu'on touche une
dépense, on touche à quelque chose qui est un revenu pour
quelqu'un ou un avantage pour quelqu'un. Les gens semblent oublier ça.
Parce que, qu'on touche aux dépenses ou qu'on touche à
l'impôt, ça a un effet sur la croissance économique,
d'abord, l'une ou l'autre façon de le faire, parce que c'est moins
d'argent en circulation pour la consommation.
Deuxièmement, lorsqu'on parle de réduire les
dépenses, tout le monde est d'accord, parce qu'on pense que c'est pour
réduire les dépenses quelque part où cela ne touche pas la
personne qui porte le jugement.
M. Chagnon: Pas dans ma cour.
M. Levesque: Pas dans ma cour. Mais, du moment que vous touchez
une dépense, il y a quelqu'un, quelque part, qui va partir une croisade,
malgré que cette même personne-là était d'accord
pour la réduction des dépenses. Et il faut vivre ça pour
le savoir, et je le vis intensément.
M. Chagnon: Mon inquiétude, M. le ministre, est
d'abord portée sur les prévisions de revenus qui sont
faites. Je suis inquiet. Si nos prévisions de dépenses, comme
ça a été le cas les années passées,
s'avèrent, il est un peu plus difficile de faire une
prévision...
M. Léonard: Les dépenses ne vous inquiètent
pas.
M. Chagnon: Oui, oui, mais...
M. Léonard: Votre «boss», c'est le
président du Conseil du trésor. Vous ne voulez pas y toucher.
M. Chagnon: Ça va très bien, merci! Vous pouvez
féliciter le président du Conseil du trésor, comme le
ministre l'a fait dans son budget. Il a totalement raison. Les
prévisions de dépenses sont arrivées pile. Le
problème du gouvernement, sauf erreur, ça a été les
prévisions au niveau des revenus. La perpétuation de la
récession a contribué à amoindrir les niveaux de revenus
escomptés, ce qui a fait en sorte de débalancer, un peu, le
budget et les annonces budgétaires prévues depuis
déjà 2 ans. Pardon?
M. Léonard: II est débalancé, le budget?
M. Chagnon: Bien, il est débalancé. Il est
débalancé, certain, 4 100 000 000 $ de déficit! Alors, ce
n'est pas un budget balancé.
M. Léonard: Je ne vous le fais pas dire.
M. Chagnon: Et des budgets balancés, d'ailleurs, on n'en a
pas eu depuis 1974-1975. Mais vos prévisions, en termes de revenus,
comment pouvez-vous vous assurer, comment allez-vous faire, vous assurer
qu'elles soient plus fidèles qu'elles ne l'ont été? Parce
que vous êtes toujours bien soumis à la situation
économique, sur laquelle notre contrôle est relativement faible.
Que la croissance économique retombe, par exemple, aux
États-Unis... J'ai lu dans Forbes, et dans d'autres revues
américaines, certains économistes qui regardent la
possibilité vous me direz qu'ils sont peut-être
pessimistes, j'espère qu'ils se trompent on parle de «third
dip», troisième «dip» du niveau de
sécurité des Américains envers leur propre
économie. C'est évident que nous en aurions un
«backlash» ici, au Québec ou au Canada, rapidement. Alors,
ça aurait un effet sur nos revenus, entre autres.
M. Levesque: C'est clair que si je pouvais vous prédire
tous les événements mondiaux qui vont se produire d'ici à
1 an ou 2 ou 3...
Une voix: Ça serait plus facile.
M. Levesque: ...Ça serait beaucoup plus facile. Mais je
dois vous dire que nous avons été très conserva- teurs
lorsque nous avons établi ce que nous croyions être le taux de
croissance pour 1993. lorsque nous avons indiqué 2,6 % comme taux de
croissance, c'est là-dessus que se sont basées nos
prévisions de revenus. maintenant, est-ce que c'est modeste, est-ce que
c'est conservateur? sans doute, parce que le «conference board»,
après le budget, revient avec sa prévision pour le québec
d'une croissance de 3,2 %. et les autres prévisionnistes ont tous
été dans cette marge-là, dans cette brochette-là,
entre 3 % et 3,5 %. on a même touché, à un certain moment,
à 4 %. mais, ce que je veux dire, c'est qu'avec 2,6 % il faudrait
être très malchanceux pour avoir été au-dessus de la
réalité. il y a des signes d'accélération de la
croissance, aussi, qui sont là. la production, après avoir
progressé de 0,8 % au québec et de 0,9 % au canada en 1992, s'est
accélérée. au canada, 3,5 % au quatrième trimestre
de 1992 et 3,9 % au premier trimestre. et, en mars, l'activité
dépasse de 1,1 % le sommet d'avant la récession de mars 1990. et
la création d'emplois, même si elle n'est pas aussi forte que nous
aurions voulu, elle est en croissance.
Il y a d'autres indicateurs. En janvier et février 1993, les
exportations, les ventes au détail, les livraisons
manufacturières ont progressé rapidement par rapport à la
même période, 1992. La confiance des entreprises, d'après
le «Conference Board», est au niveau le plus haut depuis le
début de 1989. L'indice de confiance a pratiquement doublé de
77,5, à la fin de 1990, à 145,1 au premier trimestre de 1993.
Ensuite, il faut bien comprendre que nous sommes favorisés,
jusqu'à un certain point pas encore à mon goût
par une baisse des taux d'intérêt par rapport à l'an
dernier et l'année précédente. Et le taux de change,
également, pour nos exportations, je pense qu'il est à 0,78 $,
aujourd'hui. On peut dire que, là aussi, ça devrait favoriser les
exportations. Donc, les indicateurs sont tels qu'avec une prévision
comme celle-là je pense qu'on a une chance, peut-être, d'avoir des
surprises plus agréables que désagréables.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. La
commission du budget et de l'administration suspend ses travaux pour les
reprendre à 15 heures cet après-midi. Nos travaux se termineront
à 16 h 30.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 4)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement au débat sur le
discours du budget. Nos travaux vont commencer immédiatement pour se
terminer à 16 h 30, et la parole... Oui, M. le député de
Labelle. Ils se terminent à 16 h 30, et nous reprenons à 20
heures pour qu'ils se terminent à 23 heures. La parole est à
M.
le député de Labelle pour une période de 10
minutes.
M. Léonard: Si je comprends, le député de
Saint-Louis ne s'est pas pointé pour utiliser ses dernières 10
secondes.
Le Président (M. Lemieux): Je ne le vois pas à
l'horizon. Peut-être va-t-il arriver soudainement, M. le
député de Labelle.
Soutien financier à l'égard des
enfants
M. Léonard: Ha, ha, ha! Juste pour une question
d'information au ministre des Finances et à ses adjoints, là, qui
sont ici, s'il ne peut pas répondre. À l'Annexe A-41, il y a des
tableaux qui indiquent ou qui donnent le soutien financier du gouvernement
à l'égard des enfants, et ça donne, par exemple, sur une
base annuelle complète, 2 575 000 000 $ en 1994. Est-ce qu'on pourrait
avoir le détail, la désagrégation et, si possible, est-ce
qu'on peut remonter à 1985, étant donné que le
gouvernement fait souvent des références à partir de 1985?
Est-ce qu'on pourrait avoir le détail de cela? Je suis convaincu que le
ministre, étant donné qu'il s'est vanté longuement de ses
politiques de soutien à la famille, va se faire un plaisir de nous le
donner, pour chacune des mesures, avec l'évolution dans le temps, s'il y
a moyen.
M. Levesque: Alors, à l'Annexe A, page 41. C'est là
que vous...
M. Léonard: Oui, oui.
M. Levesque: Alors, on avait... à ce moment-là, on
avait 2 515 000 000$...
M. Léonard: Bien, pour 1993, oui.
M. Levesque: Oui. C'est ça que j'ai ici, là,
et...
M. Léonard: Oui, et pour 1994... Mais si vous l'avez, vous
devez l'avoir depuis 1985...
M. Levesque: En tout cas, on va prendre ce que...
M. Léonard: ...c'est un tableau, au fait?
M. Levesque: ...on va prendre ce que j'ai, là...
M. Léonard: Oui, O.K. Bon.
M. Levesque: ...parce que je ne peux pas dire ce que je n'ai pas.
J'ai le soutien financier du gouvernement à l'égard des enfants
en 1993, en millions de dollars; et voilà: Soutien financier aux
familles, 2 515 000 000 $, comme vous le trouvez à la page...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: ...41. Alors, vous voulez avoir un peu de
détails là-dessus. Voici ce que j'ai.
M. Léonard: Oui, et depuis 1985. Je suis convaincu que le
tableau que le sous-ministre a dans les mains, là, il doit être
complet.
M. Levesque: Alors, je vais vous donner les chiffres, si vous
voulez les prendre, parce que...
M. Léonard: Bien, est-ce qu'on pourrait déposer le
tableau?
M. Levesque: Bien, j'aimerais bien les donner, parce que les gens
qui nous écoutent n'ont pas de tableau, là.
M. Léonard: Ah oui, O.K. Mais O.K., c'est correct.
Là, vous allez distribuer le tableau après. O.K.
M. Levesque: Je vais vous donner tout ce que vous voulez.
M. Léonard: Ah, bien...
M. Levesque: Alors, ne vous en faites donc pas. Alors...
M. Léonard: ...le ministre est de bonne humeur, cet
après-midi. Ça va bien!
M. Levesque: Ha, ha, ha! M. Léonard: Ha, ha,
ha!
M. Levesque: Crédits d'impôt pour enfants à
charge: 595 000 000 $; réductions d'impôt à l'égard
des familles: 406 000 000 $. Autres soutiens spécifiques au
Québec: 680 000 000 $, et je détaille ceci de la façon
suivante: programme APPORT, 34 000 000 $; allocations familiales de base, 259
000 000 $; allocations pour jeunes enfants, 130 000 000 $; allocations à
la naissance, 183 000 000$; crédits d'impôt pour études
postsecondaires, 59 000 000 $; allocations de maternité, 15 000 000 $.
Total du soutien financier spécifique au Québec: 1 681 000 000 $.
C'est un sous-total, là, 1 681 000 000 $. Et soutien financier non
spécifique au Québec: crédits d'impôt pour premier
enfant d'une famille monoparentale: 67 000 000 $. Le total est de 834 000 000$,
le sous-total, donc, de 67 000 000$. Crédit d'impôt pour familles
monoparentales, 32 000 000 $; aide sociale à l'égard des enfants,
411 000 000 $; subventions des frais de garde, 149 000 000 $; accès
à la propriété, 28 000 000 $; allocation-logement, 60 000
000 $; déduction pour frais de garde, 87 000 000 $. Ce qui fait un
sous-total de 834 000 000 $, comme je l'ai mentionné. Les 2 sous-totaux
de 1 681 000 000 $ et de 834 000 000 $ font un total de 2 515 000 000 $.
Si vous voulez avoir ce qui se passait en 1985...
M. Léonard: Bien, vous devez l'avoir année
après année, je suppose.
M. Levesque: Je l'ai année après année.
Mais, si vous voulez avoir la comparaison.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: L'aide sociale à l'égard des enfants
était de 229 000 000 $, puis, là, c'est 411 000 000 $; les SUPRET
et APPORT SUPRET dans ce temps-là, APPORT maintenant
c'était 4 000 000 $, maintenant c'est 34 000 000 $; les allocations
familiales de base étaient de 185 000 000 $, c'est 259 000 000 $; les
allocations de disponibilité, allocations pour jeunes enfants
étaient de 137 000 000 $, c'est maintenant 130 000 000 $, mais on a
ajouté les allocations à la naissance, qui étaient de 0 et
qui sont de 183 000 000 $; les subventions de frais de garde étaient de
54 000 000 $; c'est rendu à 149 000 000 $; les allocations de
maternité étaient de 9 000 000 $; elles sont de 15 000 000 $; les
allocations à la propriété étaient de 0 et sont de
28 000 000 $; les allocations-logement APTE et APPORT étaient de 0,
c'est rendu à 60 000 000 $. Ce qui fait ce sous-total de 618 000 000 $
par rapport à l'autre sous-total de 1 269 000 000 $. (15 h 10)
Et il y a les baisses d'impôt: les besoins essentiels des enfants
à charge étaient de 65 000 000 $ et sont maintenant de 753 000
000 $; la déduction pour frais de garde de 31 000 000 $ est rendue
à 87 000 000 $; la réduction d'impôt à
l'égard des familles était de 0 et est rendue à 406 000
000 $. Donc, si vous prenez les 2 montants, sous-total: 196 000 000 $;
aujourd'hui: 1 246 000 000 $ vous arrivez à 814 000 000 $ en
1985, et, en 1993, 2 515 000 000 $.
M. Léonard: On peut avoir la photocopie du tableau?
M. Levesque: Oui, oui, on va vous en faire. Vous n'avez pas
seulement ça, mais vous avez les années intermédiaires
aussi.
M. Léonard: Oui, oui. O.K. M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Labelle.
M. Léonard: Le ministre est d'accord pour déposer
les copies de cela; est-ce qu'on peut faire des photocopies?
Document déposé
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député de Labelle, immédiatement. Alors, j'en autorise le
dépôt d'une manière formelle. Mme la secrétaire va
nous en fournir des copies dans les minutes qui vont suivre.
M. Léonard: J'écoutais aussi le
député de Saint-Louis avant le lunch, je voyais qu'il
était très occupé à flatter son ministre, à
lui gratter le dos; alors, je comprends cela.
M. Levesque: Ça fait changement pour moi.
M. Léonard: Oui, parce que je pense qu'en particulier,
aujourd'hui, l'Association des manufacturiers du Québec n'est pas
très tendre envers le gouvernement. On pourrait appeler ça une
ronde envers le budget que vous avez déposé le 20 mai dernier.
Peut-être que vous ne l'avez pas lu.
M. Levesque: Qui a fait ça, là?
M. Léonard: L'Association des manufacturiers du
Québec. Je peux vous en faire une photocopie, M. le
Président.
M. Levesque: Oui, mais c'est qui, l'Association?
M. Léonard: Si vous voulez le déposer, puis je
voudrais en avoir une photocopie. Mais, c'est parce que là...
M. Levesque: Est-ce que ça ne serait pas M. Le Hir,
ça? Vous connaissez bien M. Le Hir, vous autres?
Une voix: Presque aussi bien que M. Dubuc. M. Levesque:
Non?
M. Léonard: Mais, c'est comme M. Michel Girard, là,
je suppose...
M. Levesque: Vous connaissez bien M. Le Hir, hein?
M. Léonard: Je le connais... M. Levesque: Oui.
M. Léonard: ...et je suppose, j'espère que vous le
connaissez, vous aussi.
M. Levesque: Oui, je le connais.
M. Léonard: ...c'est le président de l'Association
des manufacturiers du Québec.
M. Levesque: C'est parce que je le connais bien que je vous
demande si vous le connaissez.
M. Léonard: II connaît tout le monde, M. Le Hir. Ha,
ha, ha! Je connais aussi M. Dufour, Ghislain Dufour, avec qui...
M. Levesque: Oui. Je connais également M. Dufour.
M. Léonard: ...j'ai eu à siéger sur la
commission Bélanger-Campeau, voyez-vous. Alors, j'ai eu, à de
multiples occasions, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de discuter avec lui. Je
parle à tout le monde.
Le Président (M. Lemieux): On vous en fait faire des
photocopies immédiatement, M. le ministre.
Évolution de la dette du Québec
M. Léonard: Bon. Alors, M. le Président, je
voudrais poser quelques questions au ministre, en particulier sur la dette du
Québec et l'évolution de la dette du Québec. À
l'Annexe B-22 il me semble bien, oui, c'est ça, B-22 j'ai
eu l'occasion de poser une question en dehors de la Chambre au ministre,
là-dessus, et j'y suis revenu, hier, plutôt sur le mode allusif,
sur l'évolution de la dette totale du Québec, de la dette directe
et du régime de retraite. Ce qu'il y a de surprenant, c'est que la dette
totale du Québec augmente de 7 657 000 000 $. J'aimerais connaître
la décomposition de cette dette, l'analyse de cette dette.
M. Levesque: Je vous ai dit... J'ai dit au député
de...
M. Léonard: Oui, mais vous l'avez dit, en disant: Oui, 2
000 000 000 $ . Mais, moi, il me semble que les chiffres qui
dépassent... Quand il y a 100 000 000$, j'ai beaucoup de respect pour
100 000 000 $. Alors, j'aimerais ça les avoir de façon
précise. Comme vous avez beaucoup de tableaux et des fonctionnaires
autour de vous, peut-être pourraient-ils nous donner l'évolution
de cette dette. Parce que de 1990-1991, par exemple, à 1991-1992, la
dette a augmenté d'un peu plus de 5 000 000 000 $ 5 400 000 000
$, en gros mais, en 1992-1993, elle augmente de 7 657 000 000$. Je
comprends qu'il y a des emprunts temporaires, le ministre a fait allusion
à des emprunts temporaires. Il reste que cela doit se ressentir aussi au
plan de l'encaisse. J'aimerais voir si le ministre peut nous donner un peu plus
de détails.
Le Président (M. Lemieux): Vous faites bien
référence à l'Annexe B, page 22, c'est ça?
M. Léonard: Annexe B, page 22.
Le Président (M. Lemieux): Et 33 105 000 000 $, 39 235 000
000 $, à la fin, c'est ça, hein, lorsque vous parlez du 7 000 000
$?
M. Léonard: II y a 2 chiffres, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: II y a la dette directe... Le
Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: ...qui passe de 33 105 000 000 $ à 39
235 000 000$...
Le Président (M. Lemieux): O.K., ça va.
M. Léonard: ...et la dette totale, qui passe de 51 248 000
000$...
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va, monsieur.
O.K.
M. Léonard: ...à 58 906 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Et vous avez fait la
différence pour en arriver...
M. Léonard: Oui, c'est ça. Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): C'est parce que je cherchais
ça dans le tableau. Ça va. O.K.
M. Léonard: C'est la différence. Une augmentation,
de 1991-1992...
Le Président (M. Lemieux): O.K., ça va.
M.Léonard: ...à 1992-1993, de7657000000$. Le
Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Levesque: Alors, j'ai mentionné, hier, que nous avions
emprunté à l'avance, que nous avions profité de certains
avantages, que nous pouvions voir à faire certains emprunts en
l'année 1992-1993 pour les fins de l'exercice 1993-1994. J'avais
mentionné, à ce moment-là, que c'était de l'ordre
de 2 000 000 000 $. Le député de Labelle me demande d'être
plus précis. Alors, voici les chiffres que j'ai: le
préfinancement s'élève exactement à 1 959 000 000
$. Alors, ce n'était pas loin de l'ordre de 2 000 000 000 $, n'est-ce
pas?
(Consultation)
M. Levesque: Et, pour être plus précis encore,
l'augmentation au total de 6 130 000 000 $ de la dette directe est attribuable
à ce qui suit: d'abord 1 000 000 000 $ et quelque 900 000 000 $ dont je
viens de parler; il y a les besoins financiers nets qui sont de 3 900 000
000$.
M. Léonard: Pardon?
M. Levesque: 3 900 000 000 $.
M. Léonard: 3 900 000 000 $.
M. Levesque: 3 913 000 000 $, si vous voulez, mais je ne veux pas
non plus aller dans les...
M. Léonard: Oui, mais c'est parce que je fais la
réconciliation. Je me prends des tableaux, je me fais des tableaux quand
vous parlez. Vous voyez comme je suis assidu...
M. Levesque: Assidu, oui.
M. Léonard: ...suspendu à vos paroles.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Alors, je recommence. La dette directe, qui
était de 33 105 000 000 $, était passée à 39 235
000 000 $ pour une augmentation de 6 130 000 000 $. Je vous ai dit qu'il y
avait d'abord des emprunts d'avance de 1 959 000 000 $, des besoins financiers
nets de 3 913 000 000 $, ce qui fait 5 800 000 000 $, et il reste un 300 000
000 $ à ajouter à ça qui est la variation du taux de
change, ce qui fait 6 100 000 000 $, tels que...
M. Léonard: 300 000 000 $ pour variation du taux de change
en addition?
M. Rhéaume: En addition.
M. Léonard: Ah oui! Parce que le dollar a
baissé.
M. Rhéaume: C'est ça, il a perdu 0,10 $ depuis...
M. Léonard: O.K.
M. Levesque: La différence, évidemment, c'est pour
la dette. Allez à la dette totale, c'est le fonds des régimes de
retraite qui augmente à 1 528 000 000 $, pour une augmentation totale de
7 658 000 000 $. Vous pouvez trouver plusieurs de ces chiffres-là
à l'Annexe B, à la page 21.
M. Léonard: Oui. 1992-1993, oui.
M. Levesque: Vous trouvez les 1 528 000 000 $, vous trouvez les 3
913 000 000 $.
M. Léonard: Disons, pour prendre un cas, que vous avez
fait des emprunts temporaires de 1 959 000 000 $. (15 h 20)
M. Levesque: Ce ne sont pas des emprunts temporaires, c'est comme
les autres emprunts que nous faisons à 20 ans ou à 30 ans.
Même, on en a une globale, je pense, ou on n'a pas... On a fait, on a eu
l'opportunité de faire une émission mondiale en dollars canadiens
à 30 ans. il s'agit d'un montant de 1 400 000 000 $. il n'y a rien de
temporaire là-dedans, 30 ans. ce n'est pas parce qu'on a
effectué, simplement, des emprunts temporaires en attendant
l'année suivante. on a profité des conditions du marché
parce qu'on prévoyait qu'elles étaient favorables pour effectuer
des emprunts dont on n'avait pas besoin immédiatement, mais qui ont
servi pour quelques mois plus tard: 1 ou 2 mois plus tard. c'est pour ça
que le programme d'emprunt de l'année courante, 1993-1994, est de 30 %
ou 40 %...
M. Rhéaume: 46 %.
M. Levesque: ...46 % plus faible, inférieur à l'an
dernier.
M. Léonard: Ces avances, ou ces... Vous avez appelé
ça «avances», les 1 959 000 000 $ ?
M. Levesque: C'est des emprunts à long terme comme les
autres, sauf qu'au lieu d'être effectués dans l'année
1993-1994 pour nos besoins de cette année-là, ils ont
été effectués...
M. Léonard: Bon, en fait, ce sont des sommes que vous avez
empruntées pour couvrir les besoins financiers nets de 1993-1994. On
s'entend là-dessus.
M. Levesque: Oui, c'est ça.
M. Léonard: À la fin de l'année 1992-1993,
vous avez une variation de l'encaisse de 1 263 000 000 $, négative.
Comment peut-on faire la conciliation? Comment peut-on rejoindre ou comment
peut-on voir la conciliation qu'il y a entre les besoins financiers nets, le
devancement du programme d'emprunt et les variations de l'encaisse
négative? Est-ce qu'il y a un tableau qui réconcilie ces
différents aspects de l'encaisse?
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le sous-ministre, sous
l'autorité de M. le ministre.
M. Rhéaume: Oui. Alain Rhéaume pour le ministre des
Finances. Quand on regarde les tableaux des pages... Annexe B, pages 20 et 21,
la note en bas de tableau indique qu'un montant négatif indique un
besoin de financement, et, un montant positif, une source de financement mais
que, pour la variation de l'encaisse, un montant négatif indique une
augmentation de l'encaisse. Alors...
M. Léonard: Donc, il faut le prendre à
l'inverse.
M. Rhéaume: ...l'encaisse, au cours de 1992-1993, a
augmenté de 1 263 000 000 $. Elle avait augmenté de 466 000 000 $
l'année précédente et de 280 000 000 $ l'année
d'avant. Au total, pour l'année
1992-1993, quand on a commencé l'année, on avait donc un
surplus d'encaisse, par rapport au niveau normal, là, de près de
700 000 000 $. En fait, un peu plus de 700 000 000 $. Ces 700 000 000 $
là et l'augmentation de l'encaisse au cours de 1992-1993 constituent des
emprunts qui ont été constitués avec des emprunts à
long terme effectués au cours de ces périodes-là, mais des
emprunts à long terme dont le gouvernement n'avait pas besoin dans ces
années financières là. C'est pour ça que le
programme d'emprunt de l'année 1993-1994 va être
considérablement inférieur à ce qu'il serait normalement
puisqu'on va utiliser le surplus d'encaisse qui a été
créé jusqu'au 31 mars 1993 pour financer une partie des besoins
financiers de l'année 1993-1994, de sorte que, en 1992-1993, l'encaisse
a augmenté de 1 300 000 000 $, les besoins financiers nets ont
été de 3 900 000 000 $. Le compte des régimes de retraite,
lui, a produit un surplus de 1 500 000 000 $. Tout ça mis ensemble a
contribué à l'augmentation du niveau de la dette tel qu'il avait
été mentionné, la dette totale de 7 600 000 000 $ environ,
au cours de l'année. Mais, cependant, il y a, de cette somme-là,
2 000 000 000 $ qui vont être utilisés au cours de l'année
1993-1994 et qui, actuellement, si on peut dire, ont fait l'objet d'emprunts
à long terme. Mais le produit de ces emprunts à long terme
là est déposé à la banque, dans le moment, dans le
compte de banque du gouvernement. Alors, même si la dette, elle, a
augmenté de 7 600 000 000 $, on a 2 000 000 000 $ dans le compte de
banque pour compenser une partie de cette dette-là.
M. Léonard: Moi, j'aurais une question additionnelle
à poser en ce qui concerne la dette du gouvernement, et qui concerne
plus spécifiquement la SDI. La SDI est une société
assez particulière et elle peut effectuer des emprunts temporaires. En
particulier, au cours de l'hiver, il y a eu un renouvellement de l'autorisation
donnée à la SDI de faire des emprunts temporaires de 500 000 000
$, et nous avons l'impression que cette marge ou cette autorisation a
été exercée parce qu'il y a des besoins de caisse
importants à la SDI. Mais la question que je pose, c'est: Est-ce que ces
500 000 000 $ sont comptabilisés dans la dette totale du gouvernement ou
bien si c'est simplement flottant en dehors de la comptabilité
gouvernementale et elle est prise simplement en compte dans les états
financiers de la SDI?
M. Rhéaume: M. le Président, est-ce que vous
permettez?
Le Président (M. Lemieux): M. le sous-ministre, sous
l'autorité du ministre. M. le sous-ministre.
M. Rhéaume: Les emprunts de la SDI, comme les emprunts des
autres sociétés d'État, ceux d'Hydro-Québec, par
exemple, ou ceux que pourrait encourir n'importe quelle société
d'État, comme la RIO, REXFOR et les autres, ne sont pas des emprunts du
gouvernement. À ce titre-là, les emprunts de la SDI, pas plus que
ceux des autres sociétés d'État n'apparaissent aux
états financiers du gouvernement lui-même. La SDI a obtenu, au
cours de la dernière année, une autorisation d'emprunter
temporairement 500 000 000 $. Il faut comprendre que, dans le cas de la SDI, la
SDI n'emprunte pas à long terme sur les marchés financiers. Elle
l'a fait sous son propre nom, mais ce n'est pas la SDI elle-même qui
réalise les emprunts. Le ministère des Finances rend à la
SDI, comme aux autres sociétés d'État, à toutes les
autres sociétés d'État, excepté
Hydro-Québec, le service de réaliser en leur nom les em7prunts
dont ils ont besoin.
Dans le cas de la SDI, la situation des marchés financiers au
cours de l'année 1992-1993, notamment, ne permettait pas de lever un
financement qui soit parfaitement structuré, disons, avec une structure
qui soit parfaitement adaptée à ses besoins. C'est la raison pour
laquelle on a dû, disons, temporairement retarder la réalisation
des emprunts à long terme à effectuer auprès de la SDI, et
pour laquelle on a autorisé dans l'intervalle, en attendant de trouver,
disons, le «deal» correctement structuré pour financer ses
besoins à long terme. C'est la raison pour laquelle, dans l'intervalle,
on l'a autorisée à emprunter temporairement les sommes en
question, surtout compte tenu du fait que les taux d'intérêt
à court terme étaient à des niveaux relativement
avantageux par rapport à ce qu'on avait connu ces dernières
années. Il en devenait moins coûteux d'emprunter temporairement
pour l'instant que ce n'eût été de geler son financement
à long terme dans l'immédiat. Donc, en attendant d'avoir la
transaction qui serait parfaitement adaptée aux besoins de financement
à long terme de la SDI, on l'a autorisée à emprunter
temporairement.
Depuis ce temps-là, à ma connaissance, on n'a pas encore
réalisé le financement à long terme, mais c'est quelque
chose qui devrait se faire dans le cours de l'année 1993-1994. Et quand
on aura réalisé l'emprunt à long terme, le produit de cet
emprunt-là servira à rembourser ces emprunts temporaires. Mais,
en tout état de cause, ni les emprunts temporaires, ni les emprunts
à long terme n'apparaissent aux états financiers du gouvernement
puisque ce sont des emprunts de la SDI, comme ceux d'Hydro-Québec
n'apparaissent qu'aux états financiers d'Hydro-Québec et ceux des
autres sociétés aux états financiers de ces autres
sociétés.
M. Léonard: Mais, la garantie du gouvernement est quand
même donnée pour permettre à la SDI de faire des emprunts
temporaires. Et, qu'est-ce qui arriverait si la SDI subissait des pertes
d'affaires importantes, en particulier dans l'exécution de l'article 7,
et perdait ces sommes-là? En d'autres termes, les 500 000 000 $, un de
ces jours, pourraient devoir être déboursés par le
gouvernement. Nous avons bien noté que la provision pour mauvaise
créance est passée à 348 000 000 $, et il y a des
garanties de prêt à exécuter éventuellement, qui ne
sont pas comprises là-dedans, de sorte que les pertes réelles de
la SDI, pertes sur mauvaises créances, provisionnées, à
tout le moins, pourraient dépasser facilement
les 500 000 000 $. Nous verrons aux prochains états financiers.
Dans ce contexte, est-ce que cette dette de la SDI de 500 000 000 $, qui est
flottante, en quelque sorte, ne devrait pas de facto être comprise dans
la dette totale du gouvernement, alors que la garantie... (15 h 30)
M. Levesque: II s'agit d'un placement aussi.
M. Léonard: Le placement, il a l'air à s'effriter
pas mal, parce que... Si la SDI a besoin de 500 000 000 $ puis qu'elle va
l'emprunter, j'ai l'impression qu'il y a comme une certaine relation
puis on pourra y faire toutes les nuances qu'on voudra entre
l'augmentation de sa provision aux mauvaises créances...
M. Rhéaume: En fait, la SDI n'a pas... Quand la SDI fait
un placement, c'est clair qu'elle ne fait pas un placement à même
ses fonds propres, parce que personne n'a mis... Disons qu'il n'y a pas de
capital-actions dans la SDI. La SDI n'est pas une société
à capital-actions. Donc, elle doit lever du financement pour effectuer
ses propres placements. Les placements qui sont faits par la SDI en vertu de
l'article 7, les pertes éventuelles qui pourraient y être
associées sont garanties par le gouvernement. Le budget du ministre de
l'Industrie et du Commerce comprend d'ailleurs des crédits pour faire
face à ces éventualités et à ces pertes-là.
La règle veut et c'est comme ça que la garantie peut
s'exercer... C'est que, lorsque la SDI a effectivement encouru une perte sur un
placement qu'elle a fait en vertu de l'article 7, le gouvernement doit la
rembourser de la perte en cause. Donc, dans tous les cas où c'est
arrivé dans le passé, le gouvernement a, effectivement, à
même les crédits du ministre de l'Industrie et du Commerce,
compensé la SDI pour les pertes qu'elle pouvait avoir encourues, et
ça continue d'être le cas, maintenant. Ça n'a cependant
rien à voir avec le fait que la SDI doive emprunter maintenant, parce
que la SDI doit emprunter pour 2 raisons: premièrement, pour faire face
à ses nouveaux prêts, à ses nouveaux placements, si l'on
peut dire, et, deuxièmement, pour aussi rembourser des emprunts qui
viennent à échéance. Donc, quand la SDI doit emprunter,
ça n'a pas une relation, on ne peut pas faire de relation...
M. Léonard: Directe. Mais on peut en...
M. Rhéaume: ...ni directe, ni même indirecte avec la
valeur des placements qu'elle a faits, parce que ces emprunts sont faits pour
financer des placements, lesquels, s'ils s'avéraient mauvais, devront
être remboursés. Les pertes devraient être compensées
par le gouvernement.
M. Léonard: Mais...
M. Rhéaume: Donc, si on demandait à la SDI de ne
pas emprunter le montant de ses placements, c'est qu'on se trouverait à
lui payer d'avance en se disant qu'elle va nécessairement le perdre, ce
qui n'est pas le cas, comme on l'a vu dans le passé.
M. Léonard: Oui, mais prenons un cas. La SDI prête
à Donohue Matane 117 000 000 $. Donohue Matane ferme. Mais, dans
l'esprit du ministre de l'Industrie et du Commerce, c'est une excellente usine
encore. Je comprends qu'il ne veut pas mettre 0 en bas. Mais les banques
exécutent leurs garanties, et donc obligent la SDI à rembourser,
à payer, à débourser les 117 000 000$, lesquels deviennent
du capital-actions. Là, je pense bien qu'il y a comme une certaine
relation entre les besoins de financement des 500 000 000 $, emprunt
temporaire, et puis cette capitalisation, ce roulement de la dette en
capital-actions. Bon, si c'est une politique du ministre de l'Industrie et du
Commerce de faire ça, à terme, on va se retrouver avec une SDI
bourrée de capital-actions. Mais qu'est-ce qu'il vaudra exactement, son
capital-actions? Vous comprenez? Alors, ses besoins financiers temporaires
viennent de là.
Puis, la deuxième question que je vais vous poser: Les besoins
financiers temporaires de cette nature... Je me pose des questions sur
«cette nature», parce que le mot «temporaires», il est
discutable. Si vous roulez une garantie de prêt qu'on doit
exécuter et que ça devient du capital-actions, là, vous
entrez dans le capital à long terme. Mais ce qu'il y a, à l'heure
actuelle, c'est simplement une autorisation d'emprunt temporaire à la
SDI. Mais, là, c'est la deuxième année que c'est
renouvelé, les 500 000 000$, là. Ça va commencer à
faire du temps. Ça devient du capital permanent. Alors, quand est-ce que
le gouvernement va prendre la décision de dire: Ce n'est plus un emprunt
temporaire, c'est une injection de fonds dans la SDI pour soutenir son
capital-actions, et puis on pourra l'évaluer, son capital-actions,
ultérieurement?
M. Rhéaume: II y a 2 volets à la question,
d'abord.
M. Léonard: Oui, il y en a une couple.
M. Rhéaume: Quand la SDI fait un déboursé
comme celui auquel le député a fait référence dans
le cas de Donohue Matane, elle fait un déboursé et elle peut
effectivement transformer son placement d'un prêt, ou disons, en
capital-actions privilégié ou en d'autres formes de titres. Il
est clair que la SDI a comme mandat de prendre toutes les mesures requises pour
protéger son investissement dans quelque entreprise que ce soit. Dans
certains cas, il est préférable de modifier la structure
financière d'une entreprise dans laquelle la SDI a un placement et,
à ce titre-là, elle peut être appelée à
modifier la nature de son placement dans une telle entreprise. Dans tous les
cas, le même traitement et le même fondement s'appliquent à
la valeur de son placement, c'est-à-dire que dans la mesure où la
SDI devra radier son placement, il est clair que, dès ce
moment-là, ça déclenche l'exécution de la garantie
gouvernementale.
Tant qu'elle ne l'a pas radié, ça ne peut pas
déclencher l'exécution de cette garantie-là, et il y a des
règles très strictes. La SDI est un organisme qui doit se
rapporter à ses vérificateurs externes, et tu ne peux pas faire
n'importe quoi avec ce genre de choses là. C'est arrivé dans le
passé où elle a dû effectivement radier; elle a encouru des
pertes et elle a été compensée.
Quant au deuxième volet, que ce soit pour faire une transaction
comme celle-là ou pour n'importe quel autre besoin, les besoins de
financement de la SDI sont des besoins de financement qui peuvent être
d'un terme plus ou moins long. Dans le cas de l'année dernière,
on n'a pas réalisé un financement à long terme. Quand on
ne peut pas emprunter à long terme soit parce que le
marché ne veut pas te voir ou parce que tu décides de ne pas y
aller, compte tenu que les conditions du marché ne sont pas celles que
l'emprunteur peut rechercher, comme ça a été le cas en
1992-1993 pour la SDI; on ne trouvait pas, disons, le «deal» qui
était adéquat, la transaction qui aurait été
adéquate à ce moment-là, qu'est-ce qu'on fait? On
se retourne vers le banquier ou vers les sources de financement à court
terme pour emprunter temporairement. Mais, comme la SDI n'a pas le pouvoir
elle-même d'emprunter temporairement sans autorisation du gouvernement,
c'est pour ça qu'on a dû l'autoriser. Mais, au bout du compte, le
choix de la source de financement, entre du financement à long terme et
du financement à court terme, est strictement une décision de
financement et qui n'a rien à voir avec la valeur des placements
réalisés par la SDI qui ont pu amener ces besoins de fonds. Il
est certain que si elle devait encourir des pertes, il faut, à ce
moment-là, la compenser à même les crédits
budgétaires du ministre de l'Industrie et du Commerce.
Le Président (M. Lemieux): M. Léonard a
terminé? Vous auriez terminé, M. le...
M. Léonard: J'y reviendrai. C'est un sujet fort
intéressant, parce que je n'ai pas l'impression que le ministre de
l'Industrie et du Commerce est pressé d'évaluer ces prêts
à leur valeur exacte, et qu'avant de radier un prêt il peut se
passer beaucoup de temps.
M. Levesque: Est-ce que je dois comprendre, sans vouloir poser
des questions à l'Opposition...
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Levesque: ...que le député de Labelle met en
doute la valeur de l'usine de Matane, qui est la plus moderne au point de vue
technologie? Il s'agit simplement d'une question de pâte, du prix de la
pâte, mais sur la question de l'usine elle-même, il ne faudrait pas
non plus, je pense en tout cas, ce qu'il en pense il pourra le dire;
s'il ne veut pas le dire, c'est correct.
M. Léonard: Oh, je m'interroge sur la valeur d'affaires
d'une entreprise qui ne fonctionne pas depuis 2 ans, qui est huilée
très bien, mais qui ne fonctionne pas. Ceci étant dit,
indépendamment même de son fonctionnement, présentement,
s'il y a un placement de 117 000 000 $ en capital-actions, dans tout
état financier qui se respecte, on essaie, à un moment
donné, d'indiquer une certaine valeur au marché. Bon! Ceci
étant dit, je comprends les difficultés politiques de
l'opération, et donc... Voyez-vous, si j'étais un privé et
que j'avais 117 000 000 $ pour acheter le capital-actions de la SDI, ma
question, ce serait: Est-ce que, si j'ai 117 000 000 $, c'est là-dedans
que je le mets? Voyez-vous, à partir de là, on peut se poser des
questions.
M. Levesque: Malgré que vous semblez plus
sévère que le Vérificateur général, à
ce moment-là.
M. Léonard: J'ai eu à discuter, M. le
Président, avec des vérificateurs externes d'entreprises
d'État comme celle-là, qui m'ont dit: II y a la garantie de
l'État, donc, nous ne prendrons pas de provisions pour mauvaises
créances sur des dettes garanties par l'État. Ce serait remettre
en cause l'État du Québec lui-même, la capacité de
l'État à emprunter. Donc, nous ne prenons pas de provisions,
étant donné la garantie de l'État. Voyez-vous, c'est le
raisonnement des vérificateurs externes et, à un certain point,
je le comprends. Mais, vous, vous devez inscrire quelque part la valeur
réelle de votre placement. (15 h 40)
M. Levesque: Lorsque le député de Labelle mentionne
que les vérificateurs externes se fient uniquement sur la garantie du
gouvernement, je tiendrais à lui dire que je peux lui donner des cas
où ça n'a pas été la philosophie des
vérificateurs externes. L'an dernier, je pense, c'est dans REXFOR...
M. Léonard: Bon. REXFOR, dans le cas... Comment a-t-il
traité son placement, lui?
M. Levesque: On a dû radier, dans le cas de REXFOR,
à la demande des vérificateurs externes.
M. Léonard: Bon. Très bien. Mais, pourquoi un
traitement différent entre REXFOR et la SDI en ce qui concerne le
même placement?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez un
commentaire, M. le sous-ministre?
M. Rhéaume: Oui, juste préciser que le placement de
REXFOR était un placement dans la même usine de Donohue Matane,
mais que le placement dans REXFOR était du placement à
capital-actions ordinaire et que la créance de la SDI est
privilégiée. Donc, les vérificateurs ont
considéré que la valeur de l'usine elle-même et des
équipements, que sa valeur de réalisation était suffisante
pour couvrir celui qui passait en premier, à se repayer,
c'est-à-dire SDI, mais pas suffisante pour que les détenteurs
d'actions ordinaires puissent continuer
de maintenir leur placement aux livres. C'est la raison pour laquelle et
Donohue et REXFOR ont été contraintes ou ont consenti à
radier complètement leurs placements, celui de la SDI étant
privilégié, donc venant en premier à se payer sur la
valeur de réalisation de l'usine, si jamais elle devait être
réalisée.
M. Léonard: Donc, en fait, ils considèrent
déjà qu'il y a à peu près la moitié...
L'usine est à peu près évaluée à la
moitié du coût pour le gouvernement?
M. Rhéaume: Exactement. À la moitié. Le
Président (M. Lemieux): Ça va?
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Je vais y aller, moi, M. le
député de Labelle. On va vous faire reposer un peu, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Je peux y aller un coup. M. le député a
droit à 10 minutes et 10 secondes.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous allez
être ici ce soir, M. le député de Saint-Louis? O.K. Alors,
on va prendre le temps. Oui. Si vous voulez faire un 10 minutes tout de suite,
je ferai un 10 minutes par après. Il n'y a pas de problème.
M. Chagnon: J'ai droit à 10 secondes... Mon 10 minutes et
10 secondes. Parce que...
Le Président (M. Lemieux): Parce que je pense que ce
budget-là contient...
M. Léonard: Ces 10 secondes sont perdues, là.
M. Chagnon: Je ne vois pas pourquoi mes secondes ne seraient pas
comptabilisées.
Le Président (M. Lemieux): Alors, allez-y, M. le
député de Saint-Louis.
M. Léonard: Vous venez de les utiliser, M. le
député. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Je vais utiliser le reste.
Politique de financement du gouvernement
M. Chagnon: J'ai entendu dire qu'on m'avait agressé
verbalement parce que j'avais perdu mes 10 secondes. Je ne tiens pas à
perdre mes 10 secondes.
M. le Président, ce matin, anticipant sur les questions du
député de l'Opposition concernant les dépenses fiscales et
ayant trouvé, entre autres, le moyen de savoir les questions que, plus
tard, le député de l'Opposition a posées au ministre des
Finances concernant le coût de certaines dépenses fiscales, ayant
anticipé ensuite sur l'importance que représente, à tout
le moins, pour le gouvernement, et je présume aussi pour l'Opposition,
l'ampleur du déficit budgétaire, même s'il est
réduit par rapport au réel de l'an passé, je pense qu'il
est temps maintenant de parler du remboursement de ces emprunts. Nous avons
à la page 13, à l'Annexe C du budget, certaines informations qui
concernent le remboursement anticipé de certains emprunts qui ont
été faits dans le passé. Je pense qu'il est bon de le
savoir, et ça a été absolument passé sous silence.
En tout cas, je n'ai pas vu, je n'ai pas entendu parler, je n'ai pas saisi au
moment de la lecture du discours du budget que, par rapport, entre autres,
à l'année financière 1992-1993, on avait anticipé,
remboursé 1 500 000 000 $ d'emprunts. On en a effectivement
remboursé 1 804 000 000 $. Est-ce qu'on pourrait m'indiquer qu'elle a
été la raison de cette performance, dans le fond meilleure que ce
qu'on aurait pu C-13 présumer au début de
l'année financière, parce que, effectivement, avoir réussi
à rembourser presque 300 000 000 $ de plus que ce qui était
énoncé dans le discours du budget du mois de mai 1992, c'est une
performance qui mérite d'être soulignée, n'est-ce pas?
Alors, je me ferai un devoir de le faire, puisque le député de
l'Opposition ne veut pas le faire.
M. Léonard: II ne faut pas oublier les 3 913 000 000 $ de
besoins financiers nets.
M. Chagnon: On reviendra à ça.
M. Levesque: II ne s'agit pas nécessairement d'une
réduction de la dette. Il s'agit souvent de profiter de certaines
conditions pour faire des remboursements anticipés.
M. Chagnon: Ce qui se trouve à diminuer notre dette
d'autant.
M. Levesque: Non, parce que... M. Chagnon: Non? Ha, ha, ha!
M. Levesque: On ne peut pas rembourser sans emprunter le
même jour. On n'a pas de fonds, actuellement, pour rembourser les
emprunts qui viennent à échéance, pas plus que ceux que
nous acceptons de faire de manière anticipée, excepté
qu'on sait qu'en remboursant un emprunt...
M. Chagnon: Par anticipation. M. Levesque: ...par
anticipation...
M. Chagnon: On doit baisser le niveau du service de la dette.
M. Levesque: Exactement. Là, il y a une économie;
autrement on ne le ferait pas.
M. Chagnon: Vous avez emprunté davantage sur le
marché canadien. Est-ce qu'on a encore des emprunts en plusieurs autres
monnaies que le dollar américain ou le dollar canadien?
M. Levesque: Oui, nous empruntons non seulement sur le
marché canadien, mais également sur le marché
américain et dans les devises étrangères, que ce soit le
Japon, l'Allemagne, la Suisse.
M. Chagnon: On ne fait pas...
M. Levesque: si vous prenez, par exemple, l'annexe c, à la
page 18, vous voyez que dans la dette directe un plus grand effet des
transactions d'échange de devises, pour les résultats
préliminaires au 31 mars 1993, on avait... ce partage-là se fait
dans les monnaies, en dollars canadiens, à 64,4 %; en dollars
américains, 22 %; le yen japonais, 5,8 %; le franc suisse, 4,8 %; le
mark allemand, 1,6 %; le franc français, 1,2 %; et la livre sterling,
0,2 %. ça, c'est pour la dette directe du gouvernement, après,
évidemment, échange de devises.
M. Chagnon: N'avons-nous pas un intérêt d'emprunter
en monnaie canadienne, soit par l'intermédiaire d'un «swaps»
ou s'assurer que, sur les marchés financiers, on va emprunter en dollars
canadiens, même si on emprunte sur des marchés
étrangers?
M. Levesque: Pardon?
M. Chagnon: Est-ce qu'on n'a pas intérêt à
faire un «swaps» lorsqu'on emprunte sur les marchés
étrangers pour éviter d'avoir des surprises avec des
modifications de la valeur des devises?
M. Levesque: On le fait régulièrement.
M. Chagnon: Est-ce que des emprunts faits en marks, ou en francs
ou en yens, sont des emprunts qui datent ou ce sont des emprunts qui
sont...
M. Levesque: II y en a plusieurs qui datent, c'est sûr,
parce que...
M. Chagnon: C'était à la mode, ça, il y a de
ça une quinzaine d'années.
M. Levesque: Ça fait quoi? Une quinzaine d'années
environ que le Québec emprunte sur les marchés en devises
étrangères. Je ne parle pas des dollars américains, mais
je parle des autres.
M. Chagnon: C'était la mode ça, il y a une
quinzaine d'années, d'emprunter en devises étrangères sur
des marchés étrangers. Il y a eu plusieurs surprises,
particulièrement au niveau municipal, et je présume que le
gouvernement du Québec en a eu aussi, des surprises...
M. Levesque: Oui, mais, par contre...
M. Chagnon: ...de réévaluation de monnaies.
M. Levesque: Par contre, il faut tenir compte du taux
d'intérêt aussi, parce qu'on a eu certaines surprises, disons, sur
la valeur des devises. Mais, par contre, tout ça est prévu dans
le sens que, lorsqu'il y a un taux d'intérêt tellement plus bas,
ceci nous protège grandement. quant à la question des
financements, on verra à l'annexe c, à la page 15, pour
l'année 1992-1993, la façon qu'au fonds consolidé du
revenu c'a été distribué. sur les 6 981 800 000 $, vous
avez le dollar canadien, 4 157 000 000 $; le dollar américain, 1 441 000
000 $; et toutes les autres devises, les autres monnaies, 1 382 000 000 $.
donc, ça se partage comme suit: 62 %, à peu près, dollar
canadien, 17 %, dollar américain, et 21 %, autres devises. mais,
après ça, évidemment, il y a l'échange de devises
qui fait que, le dollar canadien, sa part augmente. (15 h 50) globalement, les
emprunts en monnaies étrangères et les opérations de
gestion de la dette auront généré des économies de
plus de 1 052 000 000 $ sur 5 ans, dont 70 000 000 $ en 1991-1992, 161 000 000
$ en 1992-1993 et 273 000 000 $, en moyenne, pour les 3 prochaines
années. il est intéressant d'évaluer quelle serait la
structure de la dette si ces diverses opérations n'avaient pas
été réalisées. en inversant ces opérations,
on trouve une structure de dette constituée de 84,3 % d'emprunts
à taux fixe et de 15 % à taux flottant, et, selon les devises,
82,3 % en dollars canadiens, et 8,8 % en dollars américains, et 8,9 % en
tierces monnaies.
Alors, on voit que pour ce qui est des économies, l'impact des
opérations de gestion de la dette sur le service de la dette, en
1991-1992, ça inclut l'échange de devises, l'échange
d'intérêts, les emprunts en monnaies étrangères,
l'exercice d'options. On a fait une économie, en 1991-1992, de 70 100
000 $; en 1992-1993, cette économie a été de 161 300 000
$; on prévoit, en 1993-1994, une économie de 281 800 000 $.
M. Chagnon: Contrairement à l'opinion assez courante, la
faiblesse des taux d'intérêt ou la diminution des taux
d'intérêt ne peut pas avoir un grand impact sur votre service
d'emprunt puisque vous avez 15 % de vos dettes qui sont à taux flottant.
Alors, vous n'avez pas une grande marge de manoeuvre. Même si les taux
d'intérêt baissent, ça ne vous permet pas de faire...
M. Levesque: 70 % à taux fixe et 30 % à taux
flottant.
M. Chagnon: Ah, c'est mieux que ce qu'on disait, 30 % à
taux flottant. Ça veut dire qu'une baisse des taux
d'intérêt, là, de 1 %, 2 %, qu'est-ce que ça peut
vous amener comme bénéfice ou, du moins, comme...
M. Levesque: Mais vous n'avez qu'à prendre le total de la
dette et puis vous allez le voir.
M. Chagnon: Alors, 40 000 000 000 $, 30 000 000 000 $, ça
fait 12 000 000 000 $. Si je perds un point dessus, ça fait 120 000 000
$. C'est ça. La différence dans le taux de la valeur... Quand le
taux d'intérêt baisse, quel est le gain qui procure une perte de 1
%, par exemple, du taux d'intérêt sur le coût de notre
dette? Puisqu'on a 30 % de notre dette qui est flottante, sur 40 000 000 000 $,
ça fait 4 fois 4, 16 donc, je présume que c'est
autour de 160 000 000 $, le gain réel que nous pouvons faire sur une
perte de 1 % de taux d'intérêt.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît vous
identifier pour les fins de l'enregistrement du Journal des
débats.
M. Gagnon (François): François Gagnon pour le
ministre des Finances.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur le temps du ministre
et l'autorité du ministre, vous pouvez commenter.
M. Gagnon: si on fait l'hypothèse d'une fluctuation de
taux d'intérêt de 1 %, qui viendrait en tout début
d'année et qui serait assumée pendant toute l'année, cette
fluctuation de 1 % sur le stock de dette à taux flottant constituerait,
évidemment, un coût d'opportunité par rapport à
avoir été à taux fixe. mais vous auriez...
M. Chagnon: Vous l'évaluez à combien, ce coût
d'opportunité là?
M. Gagnon: On pourrait faire... On n'a pas sous la main
d'étude de sensibilité, actuellement, à l'évolution
de 1 % des taux d'intérêt. On pourrait sans doute le figurer ou
vous le procurer.
M. Chagnon: Mais vous anticipez quoi, comme fluctuation des taux
d'intérêt, dans l'année qui vient? Je présume que
vous tenez compte des fluctuations possibles dans l'organisation de votre plan
de financement.
M. Gagnon: eh, bien sûr! cependant, on ne s'accorde pas de
fluctuations majeures dans la structure de la dette à l'intérieur
d'une période très restreinte. on a assumé, dans le fond,
une structure de dette que l'on estime optimale et qui comprend une portion
à taux fixe et une portion à taux flottant. et on ne fait pas
varier la portion à taux flottant parce que, comme vous l'ayez
mentionné, ça représente des montants importants: 30 % de
la dette, ce sont plusieurs milliards, et on ne peut pas changer la structure
de cette dette-là rapidement, de sorte qu'on vise un niveau qu'on juge
optimal entre du taux fixe et du taux flottant, et qu'on va faire varier
à la marge, évidemment, selon les vues qu'on peut avoir sur
l'évolution des taux d'intérêt. Mais on dit bien à
la marge. On vise une structure de dette relativement permanente.
M. Chagnon: Dans quelles intégrantes...
M. Gagnon: Et on a à assumer, évidemment, ces
fluctuations-là qui peuvent être, tantôt négatives,
tantôt positives, et qui représentent, au niveau du taux flottant,
au moment où on se parle, évidemment, une économie de
service de dette substantielle par rapport aux emprunts à taux fixe,
étant donné que la courbe des taux d'intérêt au
Canada est très positive à l'heure actuelle.
M. Chagnon: Vous n'auriez pas intérêt à
transformer une partie de votre dette fixe en dette flottante?
M. Gagnon: C'est ce qu'on a fait au cours des 3 dernières
années, où on est passé, de 1989, je crois, aux environs
de 15 % de dette à taux flottant, pour se situer maintenant aux
alentours de 30 %.
M. Chagnon: Avez-vous l'intention de continuer dans cette
voie-là pour 1993-1994, 1994-1995, dépendant, évidemment,
de la situation du marché?
M. Gagnon: C'est bien sûr, quoique, encore une fois, il n'y
a pas de...
M. Chagnon: ...parce que j'ai compris que vous anticipiez qu'il
n'y avait pas de fluctuations ou, du moins, que le marché serait encore
à la baisse.
M. Gagnon: encore une fois, on gère ce stock de dette
à taux flottant à la marge, de sorte qu'on ne s'accorde pas de
passer de 15 % à 30 %; on ne l'a pas fait dans la même
année. on l'a fait échelonner sur 4 années. au moment
où on se parle, il est dans les politiques de gestion de la dette de
conserver une proportion de dette à taux flottant d'environ cette
dimension, ou peut-être légèrement plus
élevée.
M. Chagnon: Ou légèrement plus
élevée. C'est donc que vous n'anticipez pas une augmentation des
taux d'intérêt à court terme.
M. Gagnon: On n'ose pas gérer activement une dette en
fonction des vues à très court terme sur l'évolution des
taux d'intérêt. Et on a évidemment une vue qui est une vue,
au ministère, sur des taux relativement stables, peut-être
légèrement à la hausse, mais avec des taux
d'intérêt à court terme qui demeureront substantiellement
plus bas que les taux d'intérêt à long terme.
M. Chagnon: Donc, éventuellement, même une
diminution du taux réel.
M. Gagnon: Au niveau des taux réels, évidemment,
qui sont actuellement très élevés, plusieurs
prétendent
et là, ce n'est pas des prévisions du
ministère que les taux réels risquent de demeurer assez
élevés pour quelque temps, essentiellement liés à
la situation d'endettement.
M. Chagnon: Est-ce que vous avez toujours l'intention d'utiliser
à peu près entre 10 % et 15 % de vos emprunts sur des
marchés, entre autres européens, avec des monnaies
européennes ou asiatiques?
M. Gagnon: On a, dans notre approche de financement, depuis
déjà plusieurs années, évidemment, recours à
des emprunts sur des marchés extérieurs, notamment en Europe et
en Asie, par souci de diversification des sources de fonds. Il va de soi, comme
vous l'avez d'ailleurs mentionné vous-même, que ces
emprunts-là peuvent être gérés pour en convertir le
produit dans la devise qu'on veut bien, incluant le dollar canadien,
évidemment, de sorte que le recours aux emprunts étrangers est
essentiellement par souci de diversification des sources de fonds, politique
adoptée par le Québec depuis déjà...
M. Chagnon: Plusieurs années. M. Gagnon:
...quelques décennies.
M. Chagnon: Alors, vous avez, dans vos contrats, une
possibilité de faire un transfert en monnaie locale.
M. Gagnon: On a toujours la flexibilité de le faire;
ça ne fait pas généralement partie du contrat d'origine
d'emprunt. On a toujours la flexibilité, étant donné que
les marchés financiers, à cet égard, sont très
développés. On a toujours la possibilité de changer la
composition de notre dette par voie de l'instrument que vous avez
mentionné, qui est le «swaps».
M. Chagnon: Est-ce que vous anticipez d'emprunter sur de nouveaux
marchés en 1993-1994? Avez-vous l'intention de créer de nouveaux
marchés?
M. Gagnon: En 1993-1994...
M. Chagnon: Parce que, là, on a un besoin financier de 3
100 000 000 $ qui va s'ajouter à celui des municipalités et
à celui d'Hydro. (16 heures)
M. Gagnon: On a un programme d'emprunt substantiellement
inférieur en 1993-1994 qu'en 1992-1993, et dans les plans qu'on peut
avoir à ce moment-ci, on songe à avoir recours, pas
nécessairement à de nouveaux marchés, mais à de
nouveaux instruments financiers. Vous avez possiblement remarqué
qu'à compter du mois d'avril on a commencé à
émettre des bons du Trésor à 1 an, comme les bons du
Trésor à 3 mois et à 6 mois, ce qui est un nouvel
instrument financier pour le Québec, pour aller chercher des fonds dans
son programme de financement. On a émis, donc, et on émettra au
rythme de 50 000 000 $ par mois des bons du Trésor à 1 an, ce qui
va procurer, dans le cadre du programme d'emprunts 1993-1994, une somme de 600
000 000 $. Donc, il s'agit d'un nouvel instrument dans le cadre du programme
1993-1994.
M. Chagnon: Ça, évidemment, c'est sur le
marché local.
M. Gagnon: C'est sur le marché canadien.
M. Chagnon: Est-ce qu'il y a d'autres instruments, là,
auxquels vous songez, que vous songez développer?
M. Gagnon: On a développé, au cours des
récentes années, plusieurs instruments et on a exploré de
nouveaux marchés, effectivement, notamment par voie de programmes
d'émission de billets à moyen terme, qui se sont
développés, au cours des dernières années, un peu
partout sur les divers marchés. On a donc établi, il y a 2 ans,
un programme de billets à moyen terme sur le marché
américain, et, il y a 1 an et demi environ, un programme de billets
à moyen terme sur le marché européen, qui est une
façon d'emprunter des sommes par voie de rencontre entre l'offre de
fonds de la part d'investisseurs et les besoins d'emprunts de la part de
l'émetteur. Il s'agit d'un programme qui a la flexibilité
d'émettre divers montants pour diverses échéances et en
diverses devises.
M. Chagnon: Quand on parle de moyen terme, on pense à
quoi, là; 3 ans, 5 ans?
M. Gagnon: Ces programmes-là donnent une grande
flexibilité et prévoient des emprunts de 1 an jusqu'à
l'infini. Il s'est fait, il y a plusieurs années, des emprunts qu'on
appelait perpétuels, qui n'avaient pas d'échéance finale.
Donc, ces programmes-là sont structurés pour offrir la
possibilité d'émettre, peu importe l'échéance. Il
va de soi cependant que ce sont des programmes où les investisseurs,
généralement, sont plutôt axés sur des
échéances allant entre 3 et 10 ans.
M. Chagnon: Les taux d'intérêt, à ce
moment-là, sont variables ou fixes?
M. Gagnon: Ils peuvent être variables, ils peuvent
être fixes. Le programme permet des emprunts en toutes sortes de formes
de taux d'intérêt, qu'ils soient fixes, qu'ils soient flottants,
qu'ils soient indexés à divers indices, qu'ils soient boursiers
ou autres.
M. Chagnon: Sur un taux flottant, votre marché
d'investisseurs doit être diminué, non?
M. Gagnon: Le marché d'investisseurs à taux
flottant est, effectivement, relativement limité. C'est plutôt des
marchés qui offrent du taux fixe. On peut
cependant, encore une fois, convertir le résultat de ces
emprunts-là à taux flottant, si désiré, toujours
par l'intermédiaire d'instruments financiers dont le principal est les
«swaps».
M. Chagnon: Vous envisagez structurer vos investissements. Est-ce
qu'il est trop tôt pour regarder, par exemple, comment vous allez
partager vos plans de financement 1993-1994 entre, par exemple, le dollar
canadien, l'eurodollar américain ou le dollar américain, et les
monnaies européennes ou asiatiques?
M. Gagnon: II est tôt, évidemment. Au niveau d'un
programme d'emprunt, généralement, la constante, année
après année, est que le programme ne se réalise jamais de
la façon dont il a été planifié, les marchés
évoluant tellement rapidement. Néanmoins, on a,
évidemment, des objectifs de gestion de la dette auxquels les nouveaux
emprunts viennent contribuer, les nouveaux emprunts étant plus ou moins
les nouveaux flux, dans l'année, qui viennent s'ajouter au stock de
dette. Et on a des objectifs de gestion de la dette, évidemment, qu'on
établit et qui, au moment où on se parle, probablement, visent,
comme je le mentionnais tout à l'heure, peut-être un petit peu
plus le taux flottant, légèrement, et possiblement un peu plus le
dollar canadien.
M. Chagnon: Plus en dollars canadiens, ce qui implique que, si
vous avez une diminution de votre niveau d'emprunt, cette année, par
rapport à 1992-1993, et si vous axez davantage votre demande ou votre
offre dans des instruments financiers qui sont à taux flottant, votre
risque, ou du moins vous risquez d'avoir une plus grande vous n'avez
jamais eu de difficultés énormes; vous n'avez jamais eu vraiment
de difficultés mais vous risquez d'avoir un coefficient de
difficulté un peu plus grand pour trouver vos investisseurs.
M. Gagnon: Encore une fois, il faut vraiment distinguer entre
l'investisseur ou la source de fonds, et le résultat de notre situation
de dette, et on peut tout à fait gérer ça de façon
indépendante. La source de fonds peut procurer du yen à taux fixe
et le résultat d'un emprunt comme celui-là peut être du
dollar canadien à taux flottant, de sorte que... Il s'agit de
répondre et c'est la flexibilité que le Québec s'est
donnée au cours des années en diversifiant ses sources de fonds
et en développant le maximum d'instruments financiers qu'il peut
utiliser. Ça donne la flexibilité d'aller emprunter là
où les fonds sont disponibles aux meilleures conditions et, par la
suite, de convertir ça en dette dans la composition en termes de devises
et de taux d'intérêt qui sont désirés.
M. Chagnon: II y a quelques mois, vous avez fait un emprunt, si
ma mémoire est fidèle, à l'échelle
planétaire, de 1 400 000 000 $. Comment était la réception
de cet emprunt-là?
M. Gagnon: La réception a été très
bonne.
Comme antérieurement, les émissions d'Hydro-Québec
de type mondial réalisées au cours des 2 années
antérieures...
M. Chagnon: C'est un nouveau, hein, c'est un nouveau...
M. Gagnon: Pour la province de Québec, il s'agissait d'une
première. Hydro-Québec avait effectué 3 émissions
de type mondial au cours des 18 mois précédents. Pour le
Québec, c'est une première et la réception a
été, comme dans le cas des émissions d'HydroQuébec,
effectivement très bonne. Cela a permis de lever une somme
considérable en faisant appel à l'intérêt des
investisseurs à l'échelle planétaire.
M. Chagnon: Est-ce que vous avez remarqué que, par
exemple, en Europe ou aux États-Unis, on avait... Est-ce qu'il y a eu
des endroits où il y avait de l'hésitation à acheter du
stock? Y a-t-il eu des moments où cela a été plus long
faire la vente?
M. Gagnon: Non, ce type d'émissions là, de la
façon dont elles sont mises en circulation...
M. Chagnon: Elles ont été achetées avant
qu'elles soient sorties?
M. Gagnon: ...c'est ça. Il y a déjà un
intérêt qui est manifesté de la part des investisseurs et
les émissions sont effectuées au moment opportun en fonction de
l'intérêt manifesté. L'intérêt est cependant
variable d'un endroit à l'autre à l'échelle du globe,
encore une fois. Il se peut que les Européens soient, à un moment
donné, friands de dollars canadiens et que les Japonais le soient moins,
de sorte que les degrés d'intérêt peuvent être
variés. Dans le cas de cette émission-là,
l'intérêt est surtout venu du marché américain. Les
investisseurs américains étaient très preneurs de dollars
canadiens, à ce moment-là, et ont représenté une
bonne proportion des acheteurs de cette émission-là.
M. Chagnon: Est-ce que ce n'était pas parce qu'ils
anticipaient une baisse de la valeur du dollar canadien, à ce
moment-là? Et, donc, un gain rapide non seulement sur le profit, non
seulement sur la valeur de l'obligation, mais aussi double gain, à cause
de la dévaluation de la monnaie canadienne?
M. Gagnon: II est extrêmement difficile d'évaluer
une chose comme celle-là. Les investisseurs ont quantité de
raisons, à un moment donné, selon leurs besoins et leurs vues,
bien sûr, ils ont différentes raisons pour participer et pour
acheter une émission de ce type-là. À l'échelle
internationale, évidemment, il y a eu, au cours des récentes
années, beaucoup d'acheteurs d'obligations en dollars canadiens, et on
le voit aisément dans les statistiques. Et cet
appétit-là... Après une baisse à l'automne 1992, il
y a eu un appétit important de la part des étrangers
dans les obligations en dollars canadiens dans le premier trimestre de
l'année de calendrier 1993, et, encore une fois, il y a sûrement
plusieurs raisons. Sûrement pas une anticipation de baisse trop
importante de la devise, étant donné que ça joue contre
eux, à ce moment-là.
M. Chagnon: Anticipez-vous faire un autre emprunt de type mondial
cette année? (16 h 10)
M. Gagnon: II est possible, mais il est extrêmement
difficile de prévoir d'avance ce type de transactions là, qui
sont des transactions importantes. Il faut que les conditions de succès
soient assez bien réunies pour envisager en faire. Parce que, encore une
fois, ce sont des émissions qui doivent correspondre à un
critère élevé de liquidité, et donc être d'un
montant substantiel. Et, pour ce faire, il faut que l'appétit des
investisseurs soit assez généralisé. Est-ce que
l'appétit des investisseurs internationaux pour le dollar canadien sera
fort ou moins fort dans le courant de l'année 1993? Il est difficile de
prévoir. C'est un instrument intéressant, encore une fois, pour
la quantité des fonds que ça peut procurer, mais également
la capacité de rejoindre toute une gamme d'investisseurs à
l'échelle internationale, investisseurs qui ne participent pas
nécessairement à d'autres types d'émission, de sorte que
ça représente un instrument intéressant pour la province.
À savoir si on pourra l'utiliser ou si on voudra l'utiliser, compte tenu
des besoins inférieurs qu'on a cette année, ça reste
à déterminer.
M. Chagnon: Ne craignez-vous pas que les marchés,
particulièrement européens, soient un peu pris de court compte
tenu de l'importance qu'ils connaissent chez eux actuellement avec une
récession, particulièrement en Allemagne où la
dévaluation du mark et les coûts engendrés par la
reconstruction de l'Europe, de l'Allemagne unifiée, vont certainement
venir à prendre une partie de la capacité de prêt que le
marché allemand peut subvenir? Même chose avec le marché
français?
Une voix: ...
M. Chagnon: Pardon?
Une voix: ...
M. Chagnon: On y reviendra plus tard.
M. Gagnon: C'est un sujet, évidemment, pas facile non
plus. On en parle depuis déjà un certain temps d'un «credit
crunch» à l'échelle internationale.
M. Léonard: ...le député de Saint-Louis
à poser des questions, pas nécessairement comprendre des
réponses, mais de poser des questions. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, c'est
son droit de parole, M. le député de Labelle. Allez, continuez,
M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: C'est un peu présomptueux, de la part du
député de Labelle, ce qu'il vient de dire là.
M. Léonard: Non, non, c'est...
M. Chagnon: Je m'imaginais que ça pouvait
l'intéresser aussi, mais ça a l'air que non. Mais, je m'excuse,
c'est très intéressant ce que vous nous dites.
M. Gagnon: Ce qu'on a pu constater au cours des récents
mois et des récentes années, c'est que les fonds disponibles pour
les bons crédits à l'échelle internationale sont là
en quantité.
M. Chagnon: Même en Europe, compte tenu du
phénomène récessionnel. Au Japon, on a des
problèmes particuliers, entre autres avec de mauvais financements, au
Japon, pour au moins 127 000 000 000 $. «Non performing loans»,
pour 1992-1993, ça doit avoir un effet sur le marché financier,
enfin, sur la capacité des marchés financiers d'aller chercher de
l'argent au Japon.
M. Gagnon: II s'agit, effectivement, le Japon, d'un endroit
où les fonds japonais disponibles pour des étrangers donc,
non Japonais sont probablement moindres maintenant qu'ils l'ont
déjà été, surtout au milieu des années
quatre-vingt où il y avait explosion de fonds disponibles. Donc,
relativement parlant, les fonds disponibles sont sans doute moins, étant
donné que les institutions financières locales au Japon, on
connaît assez bien leur situation. Il n'en demeure pas moins... Et encore
une fois l'année dernière, d'ailleurs, on a fait des
opérations assez importantes avec des investisseurs japonais, ce qui
dénote que, même si, relativement, les fonds disponibles sont
moindres ces années-ci qu'ils l'ont déjà été
pour les crédits de qualité, il y a des fonds de disponibles au
Japon.
M. Chagnon: Est-ce que vous avez déjà
prospecté en Asie, particulièrement? Comme le soulignait le
député de Labelle puis, il a raison l'endroit sur
la planète où les marchés financiers se développent
le plus rapidement, c'est effectivement en Asie, plus particulièrement
l'Asie du Sud-Est. Mais est-ce que vous avez prospecté des
marchés comme la Corée, Singapour, et autres?
M. Gagnon: Ce sont des marchés au début de leur
développement.
M. Léonard: Le ministre délégué aux
Transports, Singapour, il connaît ça.
M. Chagnon: II parle sur son temps, évidemment, là.
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): ...M. le député
de Saint-Louis.
M. Gagnon: Ce sont des marchés au tout début encore
de leur développement, marchés qu'on suit, évidemment. Et,
dans la lignée des orientations qui ont toujours été de
diversifier, encore une fois, les sources de fonds, un oeil attentif doit
être porté à l'évolution de ces
marchés-là qui n'en sont cependant qu'à leurs
débuts. On n'a vu que quelques émissions par des emprunteurs
supranationaux, de niveau triple A, qui ont emprunté sur ces quelques
marchés-là ou le «Marché du Dragon», comme on
l'appelle, mais il n'y a pas de doute qu'on suit avec intérêt le
développement d'un marché comme celui-là.
M. Chagnon: Mais vous ne l'avez pas utilisé au moment
où on se parle.
M. Gagnon: On ne l'a pas utilisé. On l'a utilisé en
1983 ou en 1982, dans une opération qui avait été faite;
ils appelaient ça «du dollar asiatique», «Asian
Dollar». On a fait une seule opération en 1983 et on n'en a pas
fait depuis la réémergence récente de ces
marchés.
M. Chagnon: Anticipez-vous avoir un niveau d'emprunt plus
élevé avec le monde municipal cette année?
M. Gagnon: On n'a pas de chiffres, à ce moment-ci.
Évidemment, les emprunts municipaux sont gérés par le
ministère des Affaires municipales et c'est essentiellement un processus
de soumissions publiques...
M. Chagnon: C'est vous qui l'organisez?
M. Gagnon: ...qui est organisé par le ministère des
Affaires municipales.
M. Chagnon: Ce n'est pas le ministère des Finances?
M. Gagnon: Non.
M. Chagnon: Ça ira, M. le Président. Est-ce qu'il
me reste encore du temps? Je ne veux pas, évidemment, ambitionner sur le
temps de la commission.
Le Président (M. Lemieux): Quarante secondes, là,
mais c'est parce que...
M. Chagnon: C'est extrêmement important.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous une question,
là?
M. Chagnon: Sûrement.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Ha, ha, ha!
M. Chagnon: Est-ce que, dans le budget, vous anticipez avoir le
même type de recours? Enfin, vous avez réussi, cette année,
à racheter des obligations pour 269 000 000 $, par rapport à ce
que vous aviez prévu au budget. Est-ce que vous présumez que vous
allez être capables de faire la même chose en 1993-1994?
M. Gagnon: Avec les conditions de marché actuelles, oui,
on a encore quelques émissions qui pourraient faire l'objet de rappel
par anticipation. Un autre type d'opération pourrait être
également...
Le Président (M. Lemieux): II reste 10 secondes.
M. Chagnon: Je les prends, j'en aurais 10 en banque.
Le Président (M. Lemieux): II reste 10 secondes,
là.
M. Chagnon: II me reste mes 10 secondes. Comme vous savez, mes 10
secondes, je les utilise toujours.
Le Président (M. Lemieux): Ha, ha, ha!
M. Chagnon: Je vais les utiliser pour remercier le sous-ministre
au financement, spécialiste en financement du ministère des
Finances, parce qu'il nous a bien éclairés tout au long de ce
questionnaire que je lui ai fait passer.
M. Léonard: Vous avez réussi à
écouler du temps.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
Situation financière de la SDI
M. Léonard: M. le Président, j'ai quand même
une question à poser au ministre des Finances. Je pense que c'est une
question d'orientation politique, en tout cas.
Dans les états financiers de la SDI de 1992, la dette à
long terme est maintenant de 789 065 000 $. Dernier rapport financier de la
SDI, rapport annuel 1991-1992. Et là on sait qu'il y a des emprunts
temporaires qui sont passés de 200 000 000 $ à 500 000 000 $.
Donc, la dette totale de la SDI est de 1 289 000 000 $. Ce n'est pas
nécessairement exact, mais c'est d'un ordre de grandeur de 1 300 000 000
$. Vous m'avez dit, tout à l'heure, que cette dette n'était pas
comprise dans la dette totale du gouvernement, et puis, d'autre part, la
provision pour mauvaises créances de la SDI est passée de 125 000
000 $ à 348 000 000 $ dans la même année; une augmentation
considérable.
ma question, finalement, étant donné la garantie du
gouvernement: quand est-ce que le gouvernement va être amené
à s'exécuter, à débourser, d'autant plus qu'il
s'agit surtout de l'article 7, qui implique des mauvaises créances?
parce que les mauvaises créances ne portent que sur 14 % des
créances pour la pme ou des programmes de la sdi, 86 % des provisions
s'attachant à l'article 7. bon, il y a une dette de 1 300 000 000 $, il
y a des mauvaises créances pour 348 000 000 $ et il y a des actifs
à évaluer on ne sait pas trop ce qu'ils valent. quelle est
la politique du gouvernement vis-à-vis cela? est-ce que, à un
moment donné, on va comptabiliser une augmentation de la dette du
gouvernement à la suite de ces opérations douteuses de la
sdi?
M. Levesque: Eh bien, voici, le député de Labelle
mentionne lui-même qu'il y a des réserves de l'ordre de 348 000
000 $ qui sont déjà prises. Deuxièmement, comme on vous le
mentionnait tout à l'heure, il ne s'agit pas là de dette, il
s'agit plutôt de placements, et, c'est lorsque les placements deviennent
clairement perdus que, à ce moment-là, le ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, à même son budget
annuel, assume ces pertes.
M. Léonard: Les éventualités, là, on
souligne, sont de 450 000 000 $. Donc, sur la dette à long terme
elle-même, qu'on prenne ça sur la dette à long terme ou sur
les emprunts temporaires, il reste quand même qu'il y a des risques
considérables qu'une partie substantielle de ces emprunts doive
être assumée par le gouvernement, à terme.
M. Levesque: II faut dire aussi que la SDI, lorsque l'on parle de
cette dette à long terme, c'est une dette accumulée, ce n'est pas
une transaction nécessairement récente. Il y en a qui...
M. Léonard: Non, non, c'est l'ensemble des dettes.
M. Levesque: ...remontent à bien des années.
Maintenant...
M. Léonard: Oui, mais...
M. Levesque: ...du moment qu'il est clair que l'un de ces
placements a perdu de sa valeur, soit parce qu'on donne une garantie de x et
qu'on doive y faire face... Et c'est ce que nous avons fait dans les
dernières années, aussi.
M. Léonard: Mais le ministre...
M. Levesque: On l'a fait, ça, dans les dernières
années...
M. Léonard: Oui. (16 h 20)
M. Levesque: ...et c'est au ministère de l'Industrie et du
Commerce, dans son budget, à assumer ses responsabilités.
M. Léonard: Oui. Mais le ministre se rendra compte que,
par exemple, la dette de la SDI croît de façon exponentielle,
à l'heure actuelle, qu'elle est passée de 460 000 000 $ en 1991
à 789 000 000 $ en 1992. C'est une augmentation, ça, de 329 000
000 $. Et puis, on sait que, cet hiver, le gouvernement et l'an dernier
a autorisé l'augmentation de ses emprunts temporaires de 200 000
000 $ à 500 000 000 $. Donc, là aussi, il y a eu une croissance
exponentielle des emprunts temporaires. Et la question qui se pose, c'est que,
tôt ou tard, il va y avoir un impact sur la dette totale du
gouvernement.
D'autre part, deuxième effet vous l'avez vous-même
évoqué c'est que l'ensemble du budget du ministère
de l'Industrie et du Commerce va passer à éponger les dettes de
la SDI. Et là on va avoir un sérieux problème: il n'y aura
plus un sou pour la PME, au Québec, parce qu'on sait que l'article 7,
ça porte surtout sur des grosses affaires, des grosses patentes
gouvernementales.
M. Levesque: II faut bien comprendre, encore une fois, qu'il
s'agit de placements. Et, lorsqu'on parle de l'augmentation récente,
là, particulièrement depuis 1 an ou 2, il s'agit aussi de plans
que nous avons mis de l'avant, au point de vue de l'économie en
général, qui étaient affectés,
particulièrement dans le cas de plusieurs PME. Et nous avons
décidé ensemble de donner un coup de pouce de ce
côté-là, et nous avons annoncé, en plus des
investissements accélérés, dans la liste des choses que
nous faisions pour aider l'économie, nous avons dit que nous allions
faire en sorte que la SDI puisse aussi entrer dans le jeu et aider ces
sociétés-là à passer à travers. Ça ne
veut pas dire que les prêts consentis à ce moment-là sont
des prêts à fonds perdus; et même, l'Opposition nous a
demandé d'aller plus loin dans ce sens-là, encore.
M. Léonard: Bien. Je comprends que, normalement, ce ne
sont pas des prêts à fonds perdus, mais je souligne au ministre,
encore une fois, que la provision pour mauvaises créances est
passée de 125 000 000 $ à 348 000 000 $ dans l'espace d'un an,
les dettes ont augmenté, et puis... Bon. Je dirais aussi que, pour
reprendre une de ses remarques, les dossiers, maintenant, ou le volume de
l'aide va surtout à la grande entreprise, des grandes affaires: 70 % des
dossiers vont à 5 % de l'aide financière. Donc, on voit tout de
suite la concentration financière qu'il y a, et, par ailleurs, à
la PME, c'est seulement 95 % des dossiers, mais juste 30 % du volume de
prêts. Alors, on voit tout de suite l'orientation et les risques qui sont
pris par la SDI. Et je crois que ma question est pertinente, parce que cela va
affecter, éventuellement, la dette totale du gouvernement, qui va devoir
payer un de ces jours.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous, s'il vous
plaît, peut-être reposer votre question, maintenant que M. le
sous-ministre des Finances...
M. Léonard: II l'a entendue là...
Le Président (M. Lemieux): ...en titre est arrivé?
Est-ce que vous l'avez bien saisie, M. le ministre des Finances? M. le
sous-ministre des Finances, pardon. Pardon, vous n'êtes pas...
M. Rhéaume: Je m'excuse, votre désignation m'a un
peu ébranlé. Ha, ha, ha! Je n'ai pas bien saisi, non.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Labelle, est-ce que vous auriez la gentillesse, s'il
vous plaît, de bien vouloir répéter, puisque M. le ministre
a autorisé M. le sous-ministre des Finances à bien
répondre à la question?
M. Léonard: Bien, c'est que je faisais suite à des
propos, aussi, du ministre qui disait: Bien, écoutez, on ne prête
pas à fonds perdus. En réalité, je lui soulignais que,
à la SDI, d'abord, la provision pour mauvaises créances
était passée de 125 000 000 $ à 348 000 000 $;
deuxièmement, que la dette à long terme explosait à
l'heure actuelle: elle est passée de 460 000 000$ en 1991 à 789
000 000$ en 1992, plus des emprunts temporaires qui sont montés... Une
permission d'aller sur le marché des emprunts temporaires, qui est
porté de 200 000 000 $ à 500 000 000$; ça fait d'ailleurs
2 ans que c'est à 500 000 000 $, ça a été
renouvelé ce printemps. Je voulais juste vous dire que, d'ailleurs,
ça commence à faire 1 300 000 000 $ à la SDI. Puis,
tôt ou tard, s'il n'y a pas des actifs qui supportent cela et si la
tendance de la provision pour mauvaises créances continue à
augmenter, vous allez devoir l'encaisser au plan de la dette gouvernementale.
J'ai répété, M. le Président, mais je pense qu'on
soustraira ça de mon temps parce que ce n'est pas de ma faute. Tant
qu'à comptabiliser!
M. Chagnon: Vous aviez mal posé votre question la
première fois, c'est pour cela qu'il a fallu la reposer.
M. Léonard: Non, M. le député de
Saint-Louis, le ministre s'est absenté. Vous devriez comprendre la
situation, elle est à votre avantage actuellement. Nous sommes
tolérants.
M. Rhéaume: Je vais répondre.
Le Président (M. Lemieux): M. le sous-ministre des
Finances, sous l'autorité de M. le ministre.
M. Rhéaume: Merci. La qualité des actifs de la SDI
dans le cas de prêts participatifs est une qualité
intéressante. Dans le cas des articles 7, il est évident que...
Dans le cas des programmes spéciaux qui sont mis en oeuvre en
période économique difficile pour soutenir soit la situation de
fonds de roulement des entreprises, ou pour soutenir les investissements qui
sont nécessaires en pareille période, ils peuvent être
d'une qualité différente.
Cependant, il est clair que la provision pour pertes de la SDI qui a
été établie, à la fin de 1992, à quelque 350
000 000 $, reflète pleinement la qualité des actifs à la
date du bilan. Elle est établie avec des procédures qui sont
très contraignantes et très rigoureuses et avec l'assentiment du
vérificateur externe de la Société de développement
industriel. Cette provision pour pertes représente, évidemment,
une éventualité de pertes pour le gouvernement, puisque, dans la
majorité des cas, il s'agit de placements de la SDI qui sont faits sous
bénéfice de garantie du gouvernement. Alors, il est clair que
cette provision pour pertes représente une éventualité de
pertes pour le gouvernement, que le gouvernement prend en compte à ses
livres, sur la base d'une procédure tout aussi rigoureuse et qui tient
compte de la nature de la garantie accordée, c'est-à-dire, dans
la mesure où la provision pour pertes devrait se traduire en pertes
véritables. À mesure que les pertes véritables seront
constatées, elles vont être passées aux livres du
gouvernement, dans les dépenses gouvernementales financées par
les crédits du ministre de l'Industrie et du Commerce.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Première remarque: je prends les propos
du sous-ministre avec beaucoup de précaution, parce que s'il y a une
chose qui a été claire dans le rapport du Vérificateur
général, c'est justement qu'à la SDI les dossiers
n'étaient pas à jour, pas du tout. Et quand il me dit qu'il y a
eu une analyse rigoureuse, que tous les prêts qui ont été
faits sont évalués très correctement, j'ai quelques doutes
là-dessus. Je lui conseillerais d'aller relire le rapport du
Vérificateur général du gouvernement du Québec, qui
relève d'ailleurs de l'Assemblée nationale, là-dessus;
donc, d'y aller avec un peu de prudence sur ce plan-là.
Mais je voudrais lui rappeler une chose: il y a eu une baisse de 60 %
dans l'aide de la SDI à l'entreprise entre 1991-1992 et 1992-1993. Et,
donc, on voit très bien qu'elle est en train de s'en sortir
jusqu'à un certain point, d'autant plus qu'à la SDI on concentre
l'aide à la grande entreprise, et qu'en limitant, par exemple,
l'accès aux REA pour les petites entreprises, on vient de
réorienter passablement l'action du gouvernement. Nous, on se pose des
questions de ce côté-ci de la table, à savoir ce qu'il va
arriver dans le temps. Parce que, au fur et à mesure qu'on a l'air
d'évaluer les prêts, les provisions pour créances douteuses
montent et, donc, tout le budget du MICT va passer, finalement, à
éponger les mauvaises créances de la SDI.
Le Président (M. Lemieux): Très brièvement,
M. le sous-ministre, parce que je dois suspendre les travaux dans 30
secondes.
M. Rhéaume: Très brièvement, je voudrais
simplement souligner qu'on avait porté beaucoup d'attention au rapport
du Vérificateur général au 31 mars 1992, qui avait
constaté, disons, des lacunes dans l'évaluation de la provision
pour pertes de la SDI, au 31 décembre 1991. C'est d'ailleurs la
principale raison pour laquelle la provision pour pertes au 31 décembre
1992 est augmentée d'autant, c'est qu'il y a eu là application
de... (16 h 30)
M. Léonard: II a fait le ménage.
M. Rhéaume: ...mesures d'évaluation encore plus
rigoureuses pour répondre, justement, aux commentaires du
Vérificateur général l'année d'avant. Donc, on peut
dire que le ménage a été fait, à ce
niveau-là, et que c'est plus en raison de ce ménage-là
qu'en raison d'une détérioration des placements de la SDI que la
provision pour pertes a pratiquement doublé au 31 décembre 1992
par rapport à l'année précédente.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous devons maintenant
merci, M. le sous-ministre suspendre nos travaux jusqu'à
20 heures ce soir, en cette même salle.
(Suspension de la séance à 16 h 31)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux, relativement à l'étude du
débat sur le discours du budget. La parole était à M. le
député de Labelle pour une durée maximale de 3 min 55
s.
Politique de financement du gouvernement
(suite)
M. Léonard: Mon Dieu, ça passe vite le temps; je
n'ai pas parlé longtemps.
Il y a une chose sur la dette, parce que je voudrais en terminer sur ce
chapitre: le Fonds de financement que le gouvernement opère, emprunte au
nom de municipalités, de tout ce que vous voulez, mais sous la garantie
gouvernementale, et c'est ça qui fait que vous... Bon, mais le
gouvernement emprunte sous son nom. Le gouvernement emprunte sous son nom. Je
ne sais pas jusqu'à quel point il garantit, mais ça ne se
retrouve pas dans la dette totale, si je comprends bien, à l'heure
actuelle.
M. Levesque: Non, c'est dans les...
M. Léonard: Où est-ce que c'est
comptabilisé, les emprunts faits par le Fonds de financement?
M. Levesque: C'est présenté, vous le trouvez
à l'Annexe C, page 15.
M. Léonard: L'Annexe C, page 15. Ah, ce n'est pas la bonne
page.
M. Levesque: Vous avez la première colonne, c'est le fonds
consolidé du revenu, et la deuxième colonne, en haut,
là...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: ...Fonds de financement. C'est inscrit.
M. Léonard: Bon, est-ce que c'est comptabilisé dans
la dette totale?
M. Levesque: Non, non.
M. Léonard: Ce n'est pas comptabilisé dans la dette
totale.
M. Levesque: Comme c'était avant, quand ils empruntaient
avant, ces organismes-là, commissions scolaires, hôpitaux,
ça ne l'était pas plus avant, sauf qu'on le fait pour eux.
Comprenez-vous? Il y avait une garantie gouvernementale pareil.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Présentement on le fait et on épargne
des fonds publics en le faisant de cette façon-là, parce que
ça leur coûte moins cher que ça leur coûtait avant.
C'est un service que nous rendons, mais l'ensemble de la communauté en
bénéficie.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: C'était ça, l'idée du Fonds de
financement.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Ce n'était pas pour augmenter la dette de la
province, parce que ces emprunts-là étaient effectués avec
notre aide aussi, autrefois, mais pas en notre nom, comprenez-vous?
M. Léonard: O.K. Mais cela veut dire, finalement,
qu'à B-22 ce ne sont que des emprunts du gouvernement du Québec,
la dette du gouvernement, pas du tout des réseaux.
M. Levesque: B-22? (Consultation)
M. Levesque: Alors, comme ça l'était, il n'y a pas
eu de changement là-dedans. Il y a toujours eu la dette directe du
gouvernement, la dette totale. Ce qu'on appelle la dette totale, c'est la dette
directe plus le
régime des comptes du régime de retraite. C'est ça
qui fait partie de la dette totale.
M. Léonard: Si on me permet... À ce
moment-là, comment conciliez-vous le 5 176 000 000 $ du Discours sur le
budget, à la page 6, et la variation de la dette je suppose que
c'est de la dette directe à B-22?
M. Levesque: À quelle page? M. Léonard: Page 6. M.
Levesque: Du budget?
M. Léonard: Entre page 6 du budget et l'Annexe B, page 22.
Parce que ça donne 6 129 000 000 $ d'une part, puis 5 176 000 000 $ de
l'autre.
M. Rhéaume: Alain Rhéaume, au nom du ministre des
Finances.
Le Président (M. Lemieux): Merci, monsieur.
M. Rhéaume: Pour la différence entre les 2
données, c'est la variation du taux de change sur la dette qu'on avait
au 31 mars précédent. La variation du taux de change, d'une
année à l'autre, est imputée à la dette par voie
d'amortissement. Donc, c'est ça qui fait la différence entre
l'augmentation de la dette directe qui, elle, est...
M. Léonard: Est-ce que vous pourriez me donner les
chiffres précis là-dessus, si ça ne vous posait pas
d'objections?
M. Rhéaume: Oui, on peut. On peut le reconstituer. La
dette directe évolue en tenant compte des transactions de financement
durant l'année et aussi de l'impact de l'évolution des taux de
change sur la dette en monnaies étrangères, alors que le chiffre
que l'on retrouve au tableau de la page 6 du Discours sur le budget se rapporte
aux opérations de l'année, donc, n'inclut dans la variation de la
dette à long terme que la partie amortie de la variation de change
étranger, laquelle est amortie sur la durée de vie des emprunts
qui sont affectés par la variation de change étranger. On va
pouvoir produire un tableau qui réconcilie les deux.
M. Léonard: Oui, mais j'aimerais bien faire le
raisonnement à l'aide de chiffres précis. Finalement, je suppose
que... Sur les politiques d'emprunt, les politiques de financement, dans une
critique précédente je ne sais pas si c'est l'an dernier
ou l'année précédente vous aviez émis, vous
nous aviez dit que vous aviez une politique qui touchait à 3 points:
d'abord, que vous vouliez qu'il y ait un taux fixe d'intérêt, de
façon à éviter qu'il y ait trop de variations dans les
coûts de la dette; ensuite, que vous recherchiez une
échéance plus longue et que vous cherchiez aussi à
augmenter la pro- portion de la dette en dollars canadiens de façon
à vous protéger. mais, lorsque l'on regarde les tableaux de la
page c-18 et qu'on examine un peu ce qui se passe, on s'aperçoit que
l'échéance moyenne a tendance à diminuer, ce qui est le
contraire de ce qui avait été énoncé, si je
comprends, et que la proportion en dollars canadiens a plutôt
baissé parce que ça passe de 66,3 % à 64,4 %; donc, une
baisse de 2 %, ce qui est quand même assez significatif. et, quant au
taux fixe d'intérêt, eh bien, la politique de la banque du canada
devrait vous avoir aidé un peu parce que les emprunts récents
sont à des taux plus bas.
M. Levesque: II faut bien comprendre que les temps ont
changé. C'est ça qui est la réponse
générale. C'est peut-être au sous-ministre de
compléter, mais les temps ont changé, les conditions ont
changé. On est mieux d'aller au taux flottant un peu plus qu'avant. Ce
n'était pas la situation d'il y a 3 ans. Si tu veux continuer...
M. Léonard: La proportion, en dollars canadiens, qui
baisse, c'est dangereux par rapport à notre dépendance
vis-à-vis de l'étranger.
M. Levesque: Je comprends ce que vous voulez dire.
M. Rhéaume: Dans le fond, l'ensemble de la politique de
gestion de la dette est une politique qui cherche à minimiser
conjointement le risque associé à la dette, mais aussi son
coût. Quand les conditions changent, effectivement, comme les taux
d'intérêt plus bas qu'on a connus, ça nous incite, d'une
part, à avoir une plus grande proportion de taux flottants, les taux
à court terme étant de niveaux très bas, alors que les
taux à long terme vont continuer de se maintenir à des niveaux
plus élevés que ce qu'on avait connu en termes de taux
réels, historiquement. Et ça nous incite aussi à
raccourcir légèrement l'échéance moyenne en faisant
des emprunts qui sont, disons, des emprunts qui sont toujours des emprunts
à long terme, mais d'une échéance moyenne un peu plus
courte que ce qu'on aurait connu auparavant.
Sur un autre côté, en termes de devises, c'est la
même chose, c'est-à-dire qu'on cherche à avoir un
portefeuille de dette qui est balancé en fonction de la meilleure
atteinte, disons, de l'atteinte optimale des objectifs que je mentionnais:
minimiser conjointement le risque et le coût. Et comme les chiffres qu'on
a cités un peu plus tôt cet après-midi sont probants
à cet égard-là, à l'effet que nos politiques
d'avoir utilisé, par exemple, d'être allés un peu plus en
devises étrangères qu'en dollars canadiens, d'avoir recouru
à des taux d'intérêt flottants plutôt qu'à des
taux fixes et d'avoir exercé certaines options de remboursement
anticipé pour refaire des emprunts à des conditions qui
étaient plus avantageuses, ont permis, par rapport à la situation
qui prévalait avant qu'on fasse ces gestes-là, ou qui aurait
prévalu
si on ne les avait pas posés, de réduire le service de la
dette en 1991-1992 de 70 000 000 $, en 1992-1993 de 161 000 000 $, et il est
prévu que le service de la dette aura été réduit de
282 000 000 $ en 1993-1994. (20 h 20)
Donc, on peut voir que l'application de ces politi-ques-là,
comparativement à la situation qui aurait prévalu si on n'avait
pas fait ces mouvements-là d'aller un peu plus en devises
étrangères, un peu plus à taux flottant et d'avoir
renégocié des emprunts qui n'étaient pas encore
échus...
M. Levesque: J'ai eu l'occasion, d'ailleurs, de donner ces
chiffres-là, cet après-midi, lorsque nous nous sommes
rencontrés. Il s'agit d'une question de gestion de la dette. Et,
évidemment, au moment où on faisait les 3 points que le
député de Labelle a énumérés, les conditions
étaient différentes. Je sais que nos gens font des efforts
inouïs pour s'adapter à la situation, et on ne le fait pas d'une
façon, disons, absolument superficielle, discrétionnaire ou
simplement aléatoire. On le fait après consultation avec les
marchés. On a des syndicats financiers canadiens, américains,
étrangers; on a l'expertise au ministère et on a l'expertise
extérieure. Et, à un moment donné, si c'est vrai qu'on
parlait d'avoir la plus grande partie de nos emprunts à taux fixe, c'est
que ça nous protégeait aussi contre des situations où
on... D'ailleurs, le député de Labelle a connu des
périodes où c'était assez élevé et, avec le
taux fixe, on a cette protection-là. Par contre, on voulait prendre
l'avantage, la situation étant changée, on voulait prendre
l'avantage par le taux flottant.
Maintenant, pour les questions d'échéance, comme
l'expliquait le sous-ministre, c'est la même chose la plus longue,
moins longue maintenant. Et, pour la question du...
M. Léonard: oui, j'ai parlé du dollar canadien,
mais je peux reformuler une autre question, parce que la proportion de la dette
en dollars canadiens a baissé à 64,4 %. mais j'aurais une
question qui est corollaire en même temps: est-ce que vous pourriez nous
donner le pourcentage de la dette du québec détenu par des
canadiens des québécois, je suppose, c'est difficile
par rapport à ce qui est détenu par des
étrangers?
M. Levesque: Les gens achètent partout... M.
Léonard: Oui, oui.
M. Levesque: ...sur tous les marchés. Vous pouvez acheter
vous-même où vous le voulez, faire vos placements.
M. Léonard: Aucun indice là-dessus?
M. Rhéaume: Les marchés de capitaux sont
tellement...
M. Léonard: Je le sais.
M. Rhéaume: ...empreints de mobilité maintenant que
les capitaux se promènent d'un continent à l'autre, d'un pays
à l'autre, durant chaque nuit, de sorte qu'on ne peut pas savoir.
M. Levesque: Sur un marché secondaire, aussi.
M. Rhéaume: Ce qu'on peut donner avec, disons, certitude
à des moments donnés, c'est que l'en-cours, par exemple, des
obligations d'épargne est entièrement détenu au
Québec. Ce que détient la Caisse de dépôt est
entièrement détenu au Québec. Pour le reste, que ce soit
en dollars canadiens ou en monnaies étrangères, les titres se
promènent au gré des transactions sur les marchés
secondaires, d'un détenteur à l'autre, à
l'intérieur des frontières québécoises ou
canadiennes ou bien à travers le monde.
M. Levesque: II le sait.
M. Léonard: Aucun indice à l'effet, par exemple,
qu'il y aurait de plus en plus de Canadiens qui achèteraient des
obligations du Québec libellées en devises
étrangères?
M. Rhéaume: Aucun indice là-dessus. M.
Léonard: Aucun indice là-dessus? Bon!
M. Gautrin: ...commercialisées par qui? Est-ce qu'elles
sont sur le marché québécois en général?
M. Levesque: Les syndicats.
M. Rhéaume: L'ensemble, c'est-à-dire...
M. Gautrin: Les syndicats, c'est ça, hein!
M. Rhéaume: ...les placements primaires sont faits
à travers les syndicats financiers. Sur les marchés secondaires,
tout porteur ou toute institution financière est susceptible de
transiger les obligations qu'elle détient.
M. Léonard: Oui. Alors, il me reste 15 secondes?
Dernière question.
Le Président (M. Lemieux): Oui. C'est ça,
madame?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: L'explication, finalement, de la baisse de la
proportion de la dette en dollars canadiens, est-ce que c'est juste une
politique interne ou bien si,
vraiment, c'est plus difficile d'avoir accès à des
emprunts en dollars canadiens plutôt qu'en d'autres devises, à
l'heure actuelle?
M. Levesque: Non, présentement, jusqu'à maintenant
je ne sais pas ce qui va se passer dans l'avenir jusqu'à
maintenant, ce n'est pas une question d'accès à des fonds. Mais,
par contre, évidemment, nous avons voulu garder les portes ouvertes un
peu partout à travers le monde et, quand on emprunte à cause des
bonnes conditions qu'on peut avoir à l'étranger à certains
moments dans certaines devises, la plupart du temps, on fait des conversions de
devises...
M. Léonard: Est-ce que vous...
M. Levesque: ...qu'on appelle les «swaps».
M. Léonard: Oui, oui. Mais est-ce que vous
prévoyez, maintenant, que la proportion de la dette libellée en
dollars canadiens, au cours de 1993-1994, va augmenter, ou inversement, est-ce
que la tendance à l'effet que ce qui est libellé en dollars
canadiens baisse va se maintenir, ou bien si c'est juste une question de
tactique?
M. Levesque: Au moment où je vous parle, je ne pense pas
qu'il y ait des mouvements majeurs d'un côté ou de l'autre; au
moment où je vous parle. Mais les marchés, il faut suivre les
marchés presque à tous les jours, là, pas presque tous les
jours...
M. Léonard: Oui, mais vous, vous, vos intentions,
c'est...
M. Levesque: Nos intentions, c'est de demeurer au moins là
en dollars canadiens, quant à moi.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député...
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...de Labelle?
M. Levesque: Si j'avais une tendance, ce serait plutôt vers
l'augmentation de la part de dollars canadiens, quant à moi.
M. Léonard: Bien, c'est parce que vous prenez moins de
risques. On ne sait pas, si les fédéraux continuent de faire des
déficits comme ils font là, un moment donné, il va y avoir
quelques risques sur le plan international, là.
M. Levesque: Bien oui! C'est une question de gestion de la
dette.
M. Léonard: Et là je ne parle pas de Constitution,
je parle...
M. Levesque: Oui, oui.
M. Léonard: ...hein, j'espère que vous ne
m'accuserez pas de parler de constitutionnel parce que j'emploie le mot
«fédéral».
M. Levesque: Moi, j'y pense moins souvent que vous. Ha, ha,
ha!
M. Léonard: Bien, vous devriez y penser un peu plus
souvent, parce que...
M. Levesque: Non, mais je pense à la...
M. Léonard: ...ça a des impacts sur votre
coût de...
M. Levesque: Je pense à...
M. Léonard: ...service de la dette.
M. Levesque: Non, mais je pense à la question qui vous
préoccupe...
M. Léonard: Oui, oui.
M. Levesque: ...la question de la souveraineté, là,
j'y pense moins souvent que vous. Vous comprenez ça?
M. Léonard: Moi... Ça ne vous préoccupe pas
du tout, mais c'est ça, votre problème.
M. Levesque: Non, non, ce n'est pas que ça ne me
préoccupe pas...
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Levesque: ...c'est que je n'ai plus...
M. Gautrin: Disons que ça nous préoccupe de vous
regarder aller, mais enfin...
M. Levesque: Ha, ha, ha! M. Léonard: Ha, ha, ha! M.
Gautrin: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Ha, ha, ha! Vous avez des problèmes
à cause de ça? O.K., allez-y.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. Vous permettez, M. le député de
Verdun?
M. Gautrin: Bien sûr, M. le Président, oui...
Le Président (M. Lemieux): Vous pourrez revenir par la
suite. Ça va?
M. Gautrin: ...mais j'aurais quelques questions, mais
enfin...
Évolution de la dette du Québec
(suite)
Le Président (M. Lemieux): Oui. Vous me permettrez, M. le
ministre des Finances. Bon, bien, j'ai bien regardé votre budget. C'est
évident que plusieurs personnes ont employé certains
qualificatifs eu égard à votre budget. Bon, certains l'ont
peut-être qualifié d'amer, là, un budget qui n'était
peut-être pas facile. Mais quand on regarde ça globalement... Et
j'ai pris la peine de relever tout ce qui avait été dit par le
député de Labelle, moi-même, personnellement, de a à
z, un petit peu partout. Puis, je me souviens qu'à la lecture du budget,
moi aussi, j'ai eu certaines réactions, un petit peu, parfois, de
froideur; et je me suis mis à regarder plus objectivement, plus
globalement...
M. Léonard: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): ...et j'en suis arrivé
à la conclusion que c'était un budget qui était
équitable. Et je citerai une parole de Theodore Roosevelt, qui disait
que, en politique, ce ne sont pas les gens intelligents qui manquent, mais les
gens courageux. Je suis certain que, s'il avait connu le ministre des Finances,
il aurait dit qu'il y avait à la fois des gens intelligents et courageux
en politique.
M. Léonard: ...avec une cerise.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, non, mais je vous...
Et je ne veux pas faire, comme M. le député de Labelle nous dit
souvent, du grattage de dos. Parce que, quand on regarde le budget, si on le
regarde sur cinq aspects...
M. Léonard: Cinq aspects.
Le Président (M. Lemieux): ...premier
élément: au niveau de l'aspect de la réduction du
déficit, je vais y revenir; deuxième élément: au
niveau des abris fiscaux; troisième élément: au niveau de
la taxation; et cinquième élément: au niveau de la
recherche et du développement. Ce qu'on se rend compte...
M. Levesque: II y en a 5.
Le Président (M. Lemieux): II y en a 5. Alors, j'ai
parlé de réduction du déficit...
M. Levesque: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...j'ai parlé de
l'augmentation des dépenses, j'ai parlé des abris fiscaux, des
taxes, et recherche et développement.
M. Levesque: O.K.
Le Président (M. Lemieux): Lorsqu'on regarde au niveau de
la réduction du déficit, on se rend compte qu'effectivement un
des objectifs de ce budget, c'était d'interpeller et vous me
direz si je me trompe directement le déficit, en le contenant
à tout prix. Ça, je pense que c'est une des choses qui vous sont
apparues les plus essentielles. On peut dire que c'est pour éviter, ou
pour entraîner, ou faire en sorte qu'il n'y ait pas de baisse des cotes
de crédit. On ne peut pas, je pense, reprocher ça au ministre des
Finances d'avoir aussi cet objectif-là.
Mais une chose qui est beaucoup plus importante, je crois qu'un des
objectifs était d'éviter d'avoir à reporter sur le fardeau
d'une autre génération, une dette, un service de dette qui est de
plus en plus lourd et qui diminue grandement la marge de manoeuvre de
l'État. Et lorsqu'on nous parle de reporter sur nos enfants le fardeau
fiscal, pour certains, ça semble existentiel, et j'aimerais bien, M. le
ministre, j'aimerais bien... et je reviendrai tout à l'heure à
l'effort de réduction du déficit, à l'effet que le
Québec contrôle peut-être mieux ses affaires qu'Ottawa et
Toronto. Mais, eu égard au déficit comme tel, souvent, on parle
dans la population, dans les gens ordinaires, de cette réduction du
déficit et du fait qu'on doit éviter de reporter ça sur le
fardeau des générations futures. Pouvez-vous nous donner les
conséquences concrètes et pratiques: Ça coûte
combien, un service de la dette, là? Je vous dirais, au moment où
on se parle, à l'heure, ça peut nous coûter combien, notre
service de la dette pour que les gens... (20 h 30)
Parce que vous savez, M. le ministre des Finances, lorsqu'on parle aux
gens de milliards et de millions moi, je n'en aurai jamais dans les
poches, des milliards, et eux aussi et ça leur paraît
parfois quelque chose de vraiment arbitraire, et j'ai employé
l'expression «existentielle». Mais, pour que les gens soient bien
conscients de l'importance d'en arriver à réduire d'une
manière constante ce déficit-là, afin que, effectivement,
on puisse en arriver à se dégager une marge de manoeuvre pour
je ne dirais pas l'investir mais pour qu'elle puisse mieux faire
servir à l'État dans le futur.
Alors, ce qu'on constate, par ce budget-ci, on constate que le
déficit, il est contenu à 4 100 000 000 $ et que l'effort de
réduction du déficit démontre que le Québec dans
son ensemble et vous me direz si je me trompe là-dessus
contrôle mieux ses affaires que l'ont fait Ottawa ou Toronto, eu
égard aux décisions qui ont été prises. Ma
deuxième question: Est-ce qu'effectivement le Québec a fait en
sorte de prendre des mesures qui, peut-être, sont impopulaires d'une
façon globale, mais, lorsqu'on les prend d'une manière
sectorielle, on se rend compte que l'objectif premier, la prémisse
première qui est de freiner ce déficit-là, de ne pas faire
reporter ça sur le fardeau de nos enfants, ce sont des bonnes
décisions qui ont été prises? Et est-ce que,
effectivement, on peut en arriver à songer que, dans les années
1996-1997, on puisse enfin arriver à un solde du compte courant qui
puisse être positif et à un surplus
budgétaire, dans, je dirais, les 2 ou 3 ans qui vont venir? Alors
ça, c'est le premier élément, M. le ministre des Finances.
J'aimerais bien vous entendre là-dessus, sur l'impact concret, pratique
de l'importance de la réduction du déficit.
(Consultation)
M. Levesque: Le chiffre me surprend moi-même. C'est pour
ça que je vais demander à le revérifier. Cette...
Le Président (M. Lemieux): Puis, j'espère qu'il y a
des gens...
M. Levesque: ...le service de la dette...
Le Président (M. Lemieux): ...j'espère que les
médias écoutent. J'espère qu'ils écoutent, les
médias.
M. Levesque: Le service de la dette, c'est-à-dire les
intérêts, comprenez-vous, qu'on paie un peu partout à
travers le monde, pas seulement au Canada, mais on est obligés de payer
des intérêts, vous savez...
Le Président (M. Lemieux): Là, on parle du
Québec.
M. Levesque: Du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Du Québec, oui.
M. Levesque: À l'heure, ces
intérêts-là nous coûtent 576 000 $.
Une voix: À l'heure?
M. Levesque: À l'heure. À l'heure. 576 000 $
à l'heure.
M. Chagnon: Bien, on ne restera pas ici trop longtemps.
M. Levesque: Ça répond à votre question, M.
le Président?
Le Président (M. Lemieux): Ça répond
à...
M. Levesque: J'ai demandé de revérifier parce que
je trouvais que c'était...
Le Président (M. Lemieux): Alors, imaginez-vous ce qu'on
ferait, M. le ministre des Finances, dans mon comté!
M. Levesque: Quand on prend le service de la dette, là,
direct, 3 485 000 000 $; je prends 1992-1993, je ne prends même pas... On
devrait prendre 1993-1994?
Une voix: Oui, oui, c'est ça qu'on a dit.
M. Levesque: Alors, 3 524 000 000 $, plus les
intérêts sur le compte des régimes de retraite, 1 527 000
000 $, ce qui donne pour la dette totale: 5 052 000 000 .$. À ça,
il faut ajouter ce que nous payons en subventions pour les paiements
d'intérêts, par exemple pour les commissions scolaires, les
hôpitaux, etc. Nous payons encore ces intérêts-là qui
s'ajoutent aux autres pour 1 431 000 000 $, ce qui fait un total du service de
la dette de 6 483 000 000 $, et si vous divisez cette... Ah! Ça vient de
monter encore parce que si on ajoute justement les subventions pour paiements
d'intérêts, ce n'est plus 576 000$, mais 740 000 $ à
l'heure. Ne posez plus de questions parce que ça monte tout le temps!
Deuxièmement...
M. Chagnon: Ça, c'est la faute du précédent
gouvernement.
M. Levesque: Ah, il y a ses responsabilités.
J'espère qu'il ne s'en cache pas.
Le Président (M. Lemieux): D'ailleurs, sur cet aspect, si
vous regardez l'évolution...
M. Léonard: ...la dette cette année de 7 657 000
000 $. Ho! Ho!
Le Président (M. Lemieux): Attention, M. le...
M. Levesque: Vous l'avez quintuplée dans votre passage,
là.
M. Léonard: Vous, juste une seule année, 7 657 000
000 $. C'est quelque chose!
M. Levesque: Non, non, non. Vous savez qu'il y a 2 000 000 000 $
là-dessus qui sont des emprunts pour l'année suivante.
M. Léonard: Ça n'a pas été
démontré bien clairement.
M. Levesque: Ha, ha, ha! C'est effrayant de dire ça.
Le Président (M. Lemieux): On constate, de 1975 à
1976, de 927 000 000 $ à un passage, pour la dette, 3 795 700 000 $;
sous l'ancien régime, de 1976 à 1985, effectivement.
M. Levesque: Alors, vous me permettez, après avoir
répondu à cette première question, de vous dire que les
mesures que nous avons prises, en effet, le sont pour faire face,
évidemment, à la situation. Si on continue comme ça, c'est
clair qu'on va avoir un triste héritage à laisser à nos
enfants. Et il va falloir que... Vous savez, depuis le milieu des années
soixante-dix, le
citoyen a reçu plus de l'État qu'il n'a payé
à l'État. C'est pour ça qu'on a des déficits. Et
les déficits se sont accumulés, tant au fédéral
qu'au provincial, durant ces mêmes années. Un déficit ou
deux, ça se prend, mais lorsqu'on en fait pendant près d'une
vingtaine d'années de suite, qu'on emprunte à long terme pour
payer les dépenses courantes, il arrive un point où ça ne
fonctionne plus. Nous sommes arrivés à ce point-là
où nous ne pouvons plus nous permettre de continuer dans ce
sens-là. Autrement, ce serait l'irresponsabilité complète.
Alors, nous avons mis l'accent sur les réductions de dépenses
budgétaires, dès la fin de mars, lorsque nous avons
déposé nos crédits pour 1993-1994. Il y avait là 1
400 000 000$...
Le Président (M. Lemieux): ...vrai problème, M. le
ministre des Finances, le taux de croissance des dépenses et nos
crédits. Parce que je regarde que, dans ce budget-ci, l'augmentation des
dépenses est ramenée de 0,9 à 0,6 au niveau des
dépenses, et on regarde avec ce que le Conseil du trésor a fait
dans le cadre du budget 1993-1994, ce qui porterait à peu près
à 1 800 000 000 $ de réduction de dépenses pour 1993-1994,
lorsqu'on tient compte des restrictions annoncées. Et sur cet
aspect-là d'augmentation des dépenses, tout l'aspect
dédoublement, M. le ministre des Finances, est-ce que le gouvernement du
Québec va se pencher aussi sur cet aspect-là, à la fois
dédoublement interne au niveau de nos structures et dédoublement
externe versus l'autre ordre de gouvernement?
M. Levesque: En effet, sur le plan interne, nous sommes en train
de regarder ça de très près. D'ailleurs, les
députés ont fait un travail considérable de ce
côté-là et ils vont sûrement continuer. Du
côté externe...
M. Chagnon: Les députés libéraux.
M. Levesque: Libéraux. Et, du côté externe,
avec l'autre niveau de gouvernement, j'ai encore abordé cela, en fin de
semaine, c'est-à-dire au début de la semaine, avec mes homologues
fédéral et provinciaux. Nous avons décidé,
justement, de donner les instructions à nos fonctionnaires respectifs de
travailler dès maintenant sur cette question des dédoublements et
des chevauchements, afin, justement, de diminuer les coûts, encore. Donc,
il y a eu un effort considérable jusqu'à maintenant et ça
va se continuer vers la réduction des dépenses
budgétaires. Mais, en même temps, ce n'était pas encore
suffisant, il a fallu se retourner vers la réduction des dépenses
fiscales, ce que vous appelez les abris fiscaux. Alors, c'est là,
évidemment, que chaque fois que l'on réduit les dépenses,
qu'elles soient budgétaires ou fiscales, il y a quelqu'un,
évidemment, qui a moins qu'il n'avait avant. C'est clair: 2 et 2 font 4.
C'est comme les vases communicants: si vous en enlevez...
Le Président (M. Lemieux): Par contre, M. le ministre des
Finances, je constate que, malgré une baisse de 1 100 000 000 $ de
dépenses fiscales, il y a une conservation de tous les abris fiscaux en
matière de culture.
M. Levesque: Absolument! Mais il y a eu une analyse de faite sur
ces abris fiscaux, ces dépenses fiscales. Nous avons, par exemple,
protégé certains acquis auxquels on tient dans notre politique
gouvernementale comme, par exemple, l'aide à la famille, qui est
passée de 800 000 000 $ en 1985 à 2 800 000 000 $ en 1993-1994.
Alors, ça, nous n'y avons pas touché. Au contraire, non seulement
nous n'y avons pas touché, mais, lorsque nous avons pris certaines
mesures dans les dépenses fiscales dans le budget, ça affectait
normalement tout le monde, dont les familles. Afin, justement, de
préserver cette politique familiale et de faire en sorte que les seuils
où les gens sont appelés à payer de l'impôt ne
soient pas baissés, nous avons consacré 90 000 000 $, la
première année, et plus de 100 000 000 $, la deuxième
année, justement afin de faire en sorte que les familles n'aient pas
à souffrir de reculs dans le système fiscal. (20 h 40)
Autrement dit, avant les mesures qui ont été prises, on ne
payait pas d'impôt pour une famille, disons, de 2 enfants, on ne payait
pas d'impôt à partir... Autrefois, c'était 10 000 $, en
1985; là, on est rendu à 28 000 $, où les gens ne paient
pas d'impôt pour un couple avec 2 enfants. Mais les mesures que nous
avons prises dans le budget auraient fait réduire ce montant-là;
ils auraient commencé à payer de l'impôt avant. C'est pour
ça que nous avons consacré une somme de 90 000 000 $, la
première année, de 100 000 000 $ et plus, la deuxième
année, pour faire en sorte que ces seuils d'imposition ne soient pas
diminués.
Alors, ça, c'est dans le budget, et c'est pour ça que les
gens qui ont fait des tableaux et dont il a été question ce matin
à l'Assemblée nationale et on a cité dans un
journal qu'il y avait des tableaux... Ce n'est pas les tableaux du
gouvernement, ça, ce n'est pas les tableaux du budget, c'est des
tableaux fabriqués à l'extérieur et qui disent, par
exemple, qu'à un moment donné les couples avec 2 enfants vont
payer, par paie, sur 26 paies, je pense, là, 21 $. Mais ils ne tiennent
pas compte du 90 000 000 $ ou 100 000 000 $ qu'on a consacrés à
faire en sorte que ces gens-là, que ce 21 $ là devienne 6 $ et
quelque chose, plutôt que 21 $ et quelques sous.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, ce qui n'est
peut-être pas assez souvent... Je peux peut-être le rappeler,
là, bien cordialement, et je le dis bien amicalement à mon
collègue, le député de Labelle. Et ça, je le dis
vraiment, là, sans partisanerie...
M. Léonard: Ha, ha, ha! Ouf!
Le Président (M. Lemieux): ...ce que j'ai remarqué.
..
M. Léonard: La partisanerie, ça fait partie de
notre système parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): ...c'est que le régime
fiscal des particuliers... Non, mais, M. le député de Labelle,
c'est intéressant, parce que je suis remonté un petit peu dans
l'histoire...
M. Léonard: Ho!
Le Président (M. Lemieux): ...et j'ai constaté que
le régime fiscal des particuliers les taux marginaux non
seulement il est demeuré compétitif dans ce budget-là...
Quand on regarde et j'ai pris les échelles et les graphiques
de...
M. Léonard: Qu'il le sorte, qu'il le sorte, son
tableau!
Le Président (M. Lemieux): ...1985 à 1992, le taux
marginal, l'écart, quand on compare avec l'Ontario, était
à peu près aux environs de 10. Avant le budget, il était
égal, et on constate qu'après le budget il est à peu
près on me corrigera 0,3 en dessous...
M. Levesque: Exactement.
Le Président (M. Lemieux): ...de l'Ontario pour 1994. On
n'a jamais vu ça depuis sous Duplessis...
M. Levesque: C'est ça...
Le Président (M. Lemieux): On n'a jamais vu
ça...
M. Levesque: ...c'est exact...
Le Président (M. Lemieux): ...une pareille mesure.
M. Levesque: ...c'est exact.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que je me trompe, M. le
ministre des Finances?
M. Levesque: Au contraire, vous confirmez des choses que nos amis
d'en face tâchent d'oublier et de passer sous silence. On aimerait
ça, les entendre.
Le Président (M. Lemieux): Alors, comme mon temps est
terminé...
M. Léonard: Sortez votre tableau, sortez votre tableau, si
c'est vrai.
M. Levesque: Voici un tableau...
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, monsieur, oui.
M. Levesque: ...j'espère que... J'ai eu l'occasion de le
déposer hier...
M. Gautrin: Oui, oui.
M. Levesque: ...mais pour répondre à...
Une voix: Déposez-le!
M. Levesque: Je ne peux pas le redéposer.
M. Chagnon: Pour des fins pédagogiques.
M. Levesque: Pour que ce couple avec 2 enfants, quand il se
compare, là, son fardeau fiscal: taux moyen d'imposition, comparaison
Québec-Ontario, après budget, après budget Ontario,
après le budget du Québec, vous savez que, avant de se rendre
à près de 48 000 $, 47 701 $, les gens du Québec paient
moins qu'en Ontario. Mais c'est bon de le dire, parce qu'on dit: On est
surtaxés, on va s'en aller! Bien, s'ils s'en vont, il faut qu'ils
regardent où ils vont, parce que, s'ils traversent la frontière,
ils vont payer plus cher qu'ici. Mais ça, c'est après les 2
budgets, après le budget en Ontario, après le budget du
Québec. Il faut bien comprendre ces choses-là. Et quand vous
parlez des gens à plus hauts revenus, bien, vous venez de le dire encore
une fois, dans le taux marginal maximum, pour la première depuis qu'on
peut se rappeler, le taux du Québec est inférieur.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a eu, dans ce
budget, des hausses de taxes à la consommation?
M. Léonard: Votre temps, il «est-u» fini,
votre temps?
M. Levesque: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Non, mais c'est juste ma petite
question.
M. Léonard: II «a-tu» fini son temps? Il lui
reste combien de temps?
Le Président (M. Lemieux): II me reste combien? Il me
reste 2 minutes?
M. Léonard: Ah...
Le Président (M. Lemieux): II me reste 2 minutes. Alors,
ma question est la suivante...
M. Léonard: ...un autre coup de gratte. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): ...Est-ce qu'il y a eu des
hausses de taxes à la consommation, dans ce budget-ci?
M. Levesque: Aucune hausse de taxes à la consommation, M.
le Président, et...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a eu des hausses
d'impôt, est-ce qu'il y a eu une augmentation
généralisée de l'impôt sur le revenu?
M. Levesque: Aucune, contrairement à l'Ontario, qui a fait
une augmentation généralisée des taux d'impôt...
Le Président (M. Lemieux): C'est incroyable.
M. Léonard: Hé! quel bon faire-valoir! Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Lemieux): Mais non, mais...
M. Levesque: ...de 55 % du taux de base; ça a
été monté à 58 %, et, avec
rétroactivité, ça va coûter 61 % jusqu'à la
fin de l'année.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que notre taux
d'imposition des corporations est inférieur à celui de
l'Ontario?
M. Levesque: Sur le taux? Clairement inférieur à
toutes ou sinon presque toutes les provinces.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes certain de
ça, M. le ministre?
M. Léonard: Est-ce que les taxes à la masse
salariale sont inférieures à l'Ontario? Ha, ha, ha!
M. Levesque: Alors, voilà, c'est toutes des choses que le
député de Labelle aurait intérêt à retenir,
et même s'il manifestait un peu de transparence et de courage, il les
dirait, ces choses-là. Il dirait: Malgré ce que je vous dis, il
faut que je reconnaisse ceci, ceci, ceci. Mais j'aimerais ça qu'il fasse
la liste. Une chance qu'on a un président qui s'occupe de ça,
là...
Le Président (M. Lemieux): J'ai voulu... J'ai simplement
levé le voile.
M. Levesque: ...puis des députés libéraux
ministériels du côté... Autrement, ce serait très
triste d'entendre juste les mauvaises nouvelles. C'est bon d'avoir au moins ce
choc...
Le Président (M. Lemieux): Le choc des idées.
M. Levesque: ...un «entrechoc».
Le Président (M. Lemieux): Non, tout au moins la
vérité tout entière, pleine de sagesse. M. le
député de Labelle, la parole est à vous. Mon temps est
expiré.
M. Léonard: Bon! Alors, là, les taux de taxes sur
la masse salariale, ils en ont moins parlé.
Mais, M. le Président, je vois qu'on essaie de dire que le
ministre a été courageux. Je ne sais pas lequel a
été courageux entre le président du Conseil du
trésor ou le ministre des Finances, ou celui qui a été
paresseux, parce que, au fond, le déficit annoncé est quand
même supérieur à celui qui avait été
annoncé l'an dernier. Alors, il y a quelqu'un qui n'a pas livré
la marchandise quelque part. En tout cas, il y a ou 1 courageux, puis, à
ce moment-là, il y a 1 paresseux, ou bien c'est 2 paresseux moyens.
Enfin, bref, la moyenne fait que le déficit a augmenté, celui qui
a été annoncé.
Assujettissement de l'ensemble des revenus à la
contribution au Fonds des services de santé
Mais, M. le Président, je voudrais poser des questions sur ce qui
a été annoncé à la page 15 du Discours sur le
budget: L'assujettissement de l'ensemble des revenus à la contribution
au Fonds des services de santé. Que voilà un impôt! Que
voilà un impôt! Alors, là, les contribuables
québécois vont être heureux d'apprendre ce soir que, non,
les taxes n'ont pas été augmentées, que, non,
l'impôt n'a pas été augmenté, mais que finalement...
et que ça ne leur coûtera pas plus cher, mais ce n'est pas la
conviction qu'ils ont et ce n'est pas non plus la réalité. Alors,
on aura beau faire une séance de grattage de dos comme on vient...
Inouï, extraordinaire, inoubliable! Écoutez, la
réalité, on vient tout à coup d'imposer 1 % sur toute
autre forme de revenu présentement assujetti à l'impôt.
À l'exception des pensions alimentaires, bon, mais toute autre forme de
revenu. d'abord, il y a des questions techniques qui se posent parce qu'il y a
différents seuils, différents paliers: ça commence,
ça atteint 150 $, tout à coup ça se stabilise entre 20 000
$ et 40 000 $ et puis, après ça, au-delà de 40 000 $,
ça repart. c'est une première question que j'aurais à
poser sur cette affaire. pourquoi, puis qu'est-ce qui justifie tout cela? je
sais qu'il peut y avoir des ajustements. l'autre question, celle-là,
à mon sens, est plus sérieuse. finalement, quelqu'un qui aura,
par exemple, déposé son salaire dans les reer, quand il va
retirer son reer, est-ce qu'il paie juste de l'impôt sur le revenu plus 1
% plus 1 %, si je comprends? alors, est-ce qu'il n'y a pas là
double imposition? tiens, tiens! alors, je voudrais que, d'abord sur le plan
technique, on me dise, on m'explique les différents seuils parce que
c'est compliqué cette affaire-là: on lit ça et ça
fait référence aussi à l'annexe a, page 25. si le ministre
a lu, il doit avoir lu son discours du budget, je l'ai entendu le lire, mais
l'annexe, je ne suis pas sûr qu'il l'ait lue parce qu'on a vu qu'il avait
des difficultés à louvoyer là-dedans.
M. Levesque: Ah! On n'est pas tous des comptables
agréés...
M. Léonard: Alors, vous admettez que vous n'avez pas lu
l'Annexe.
M. Levesque: Je n'admets rien. Je dis que si vous voulez jouer au
comptable...
M. Léonard: Non, je ne joue pas au comptable.
M. Levesque: ...vous pouvez le faire, vous êtes bien
à l'aise. Mais je peux vous ramener, évidemment, sur des points
qui vous échappent souvent et une préparation juridique vous
aurait aidé à errer un peu moins. Ceci étant dit, mais
généreusement dit...
M. Léonard: Votre annexe A, est-ce que vous l'avez lue? En
tout cas, page 25, oui. (20 h 50)
M. Levesque: Ce que je veux dire, c'est ceci, c'est que cette
mesure-là, il faut regarder ce qui arrive dans cette mesure-là.
On s'est fait dire combien de fois, et probablement que le député
de Labelle a entendu ça, qu'il y avait des gens qui s'en tiraient fort
bien avec la contribution au financement des services de santé.
C'était dans le cas des salariés, employeurs-employés,
c'étaient eux qui subissaient le coût, tandis que d'autres s'en
tiraient à 0, comme les travailleurs autonomes. Il y avait même
des gens qui s'organisaient pour faire en sorte de passer dans le groupe
probablement qu'ils avaient de bons comptables qui voulaient passer dans
l'autre groupe. Alors, ça fait longtemps qu'on nous dit qu'il y a une
injustice, une iniquité à ce point-là.
Alors, nous avons décidé de la régler et de
demander, non pas seulement aux salariés, mais également aux
autonomes, professionnels et autres, d'apporter leur contribution, aussi, au
financement des services de santé, qui sont de plus en plus
coûteux. Mais, en ce faisant, si on s'était contenté
simplement des revenus de travail des travailleurs autonomes, on aurait
été un peu coupable au chapitre de l'équité, parce
qu'il y a des gens qui n'ont peut-être pas de revenu de travail, mais qui
ont des revenus très importants du côté des revenus de
placement. Et, en faisant toute l'analyse, on est arrivé à la
conclusion qu'il ne fallait pas faire d'exception et, par contre, si vous
voulez écouter, je vais vous l'expliquer parce que je ne peux pas le
faire 2 fois.
M. Léonard: C'est parce que je traduisais...
M. Levesque: Les... Laissez... Vous le direz tout à
l'heure. Vous le direz tout à l'heure.
M. Léonard: ...que c'était de la voracité
sous couleur d'équité.
M. Levesque: Bon, si vous voulez écouter, vous allez
comprendre la philosophie. Que vous soyez d'ac- cord ou pas avec, moi, je vous
dis que les gens paient 3,75 %. la masse salariale, elle est affectée de
3,75 %. si on avait fait simplement le premier pas, de mettre les travailleurs
autonomes sous le même régime, on leur aurait demandé 3,75
% à eux, également. mais quand on a fini l'exercice de dire: bon,
bien, en toute équité, il faudrait aussi que ceux qui n'ont
peut-être pas des revenus de travail, mais qui ont des revenus importants
aussi, du côté des placements, bien, ces gens-là devraient
aussi contribuer aux services de santé. et c'est ainsi qu'on a couvert
l'ensemble du «spectrum» et ceci nous permettait de réduire
la contribution de 3,75 % à 1 %, mais parce qu'on avait plus de gens qui
contribuaient. et on a également fait en sorte, pour protéger les
petits, ceux qui ont des revenus de placement mais pas d'énormes
revenus, on a enlevé les premiers 5000 $ des revenus de placement, qui
ne sont pas touchés par le 1 %. c'est ça, la
vérité, si vous voulez. c'est ça qui nous a amenés,
c'est le raisonnement qui nous a amenés à ces
conclusions-là. et, en même temps, bien, ça a donné
des revenus pour répondre à nos besoins financiers. et
voilà! c'est simple.
M. Léonard: C'est bien ce que je pensais. C'est de la
voracité sous couleur d'équité. Mais, sur le plan
technique, vous avez différents seuils. Est-ce que le ministre pourrait
m'expliquer pourquoi ces différents seuils parce que c'est en
saut-de-mouton, là pourquoi c'est aussi compliqué que
cela? C'est extrêmement compliqué.
M. Levesque: L'Annexe A, page 26... Vous avez l'illustration du
calcul de la contribution. Et vous voyez qu'il y a un maximum et vous voyez
qu'à mesure que les revenus augmentent vous avez les contributions qui
augmentent, mais jusqu'à...
M. Léonard: C'est quoi le net?
M. Levesque: De 5000 $ et moins, c'est 0; 10000 $ du
côté du net, parce qu'il y a le 20 % dont 11 faut tenir compte
40 $; 15 000 $ de revenus assujettis, 80 $. vous avez toute la
série et vous avez, rendu à 40 000 $, vous êtes rendu
seulement à 120 $. mais c'est dans les montants supérieurs que
ça commence à être plus important, mais il y a là un
plafond de 1000 $ qui vaut 800 $ une fois qu'on a pris le crédit
d'impôt de 20 %.
M. Léonard: Que le ministre écoute bien, là!
Je veux simplement lui poser la question suivante: À 20 000 $ de revenus
assujettis, la contribution brute est de 150 $, la contribution nette, de 120
$. À 40 000 $ de revenus assujettis, la contribution est toujours de 150
$, et la nette, de 120 $. Comprenez-vous? C'est quoi? Pourquoi?
M. Levesque: M. le sous-ministre va donner la réponse.
Le Président (M. Lemieux): M. le sous-ministre. M.
Léonard: Vous ne l'aviez pas vue, celle-là? M. Levesque:
Oui, oui, je l'ai vue.
M. Léonard: Non, mais vous venez de la voir,
là.
M. Levesque: Non, non. Il y a une question technique,
là.
Une voix: C'est ça.
M. Rhéaume: L'explication sur la structure de taux, si on
prend le tableau de la page...
M. Léonard: Précédente.
M. Rhéaume: ...a-25, qui explique la structure de taux, il
est clair que les premiers 5000 $ sont complètement exemptés de
façon à ne pas toucher les contribuables qui auraient des revenus
inférieurs. de 5000 $ à 20 000 $, la contribution s'applique au
taux de 1 % et, après ça, elle est plafonnée à 150
$, ce qui est le niveau de 20 000 $. elle est plafonnée à 150 $
jusqu'à 40 000 $. la raison pour laquelle on a ce plafond-là,
c'est que 150 $, ça correspond au coût, pour quelqu'un qui a le
taux d'imposition moyen, qui est de 20 %, au coût d'avoir perdu, dans le
cadre de l'autre mesure fiscale, la déduction pour emploi. donc, le
coût annuel pour un contribuable qui a un revenu, disons, moyen, de
l'élimination de la déduction pour emploi, est de 150 $.
L'objectif qu'on avait, en assujettissant les autres revenus que des
revenus de salaire à une contribution aux services de santé,
était d'abord de faire contribuer au coût des services de
santé ceux qu'on appelle normalement les employeurs autonomes, ceux qui,
dans le fond, n'ont pas de revenu d'emploi, mais plutôt un revenu
d'entreprise ou un revenu de placement. N'ayant pas de revenu d'emploi, ayant
plutôt un revenu d'entreprise ou de placement, ces gens-là ne se
trouvent pas affectés par la mesure d'abolition de la déduction
pour emploi. Donc, ce qu'on voulait, c'est qu'à un revenu moyen qui soit
à peu près équivalent, donc, entre 20 000$ et 40 000$, ces
personnes-là ne soient pas plus touchées par la mesure qu'on
mettait en place que quelqu'un qui gagne un salaire pouvait être
touché par l'abolition de la déduction pour emploi. On a donc
limité, dans cette tranche de revenu là, moyen, entre 20 000 $ et
40 000 $, l'impact de la contribution au Fonds des services de santé au
même montant que ça leur aurait coûté s'ils avaient
été plutôt des salariés que des employeurs
autonomes. On ne voulait pas les pénaliser en leur faisant payer plus
cher parce qu'ils avaient des revenus de placement ou des revenus d'entreprise
plutôt que d'avoir des revenus d'emploi. Et, à partir de 40 000 $,
la question ne se pose plus parce que la capacité de contribuer est
nettement plus importante quand on a des revenus de placement de 40 000 $ et
plus, ou des revenus d'entreprise de 40 000 $ et plus, et le taux de 1 %
recommence à s'appliquer jusqu'au maximum de 1000 $.
M. Léonard: M. le Président, je vais avoir
l'honnêteté de confesser que je vais relire très
attentivement les explications du sous-ministre parce que je ne suis pas
sûr d'avoir compris. Si le ministre a compris, j'aimerais ça qu'il
me l'explique.
M. Levesque: C'est-à-dire que c'est un budget
intégré...
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Levesque: On ne prend pas simplement une disposition sans
tenir compte des autres mesures qui sont prises dans le budget. Autrement, on
serait absolument irresponsables. C'est parce qu'il y a cette autre mesure qui
touche les 750 $ du revenu d'emploi qui fait en sorte qu'on a voulu
protéger cette partie-là des gens qui ont des revenus entre 20
000 $ et 40 000 $. Ça aurait même été plus payant si
on n'avait pas tenu compte de ça, mais il faut faire autant que possible
ce qu'on recherche: c'est l'équité fiscale. (21 heures)
M. Léonard: En tout cas, bonne chance, là!
Ça va prendre des comptables pour faire le rapport d'impôt, pour
calculer les seuils d'admissibilité.
Sur un autre plan puis là, je n'ai pas marqué ma
page vous avez augmenté l'impôt sur le capital des petites
entreprises de 125 $ à 250 $. Vous l'avez doublé! Est-ce qu'il y
a une justification, puis est-ce que vous avez prévu les
conséquences à une telle modification parce que, au fond,
ça n'a pas l'air d'une grosse taxe, passer de 125 $ à 250 $, mais
il y a de petites entreprises qui vont être touchées, et donc,
c'est pour elles... Moi, je pense que ça peut freiner la formation
d'entreprises au début, au moins, d'opérations, et j'ai
l'impression que... On vient de doubler. C'est une taxe qu'on a doublée.
On a dit qu'on n'a pas augmenté les taxes; au moins, celle-là,
vous allez admettre que vous avez doublé la taxe. C'est une taxe: taxe
minimale sur le capital.
M. Levesque: Vous savez, d'abord, il s'agit de corporations.
Hum?
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Bon. Deuxièmement...
M. Léonard: Ce n'est pas une raison pour les
égorger.
M. Levesque: Non, non, non, mais il s'agit... Il ne faut pas
parler des individus, faut parler des corporations. Ce taux-là
était le même depuis 1979. Rendu en 1993, il est normal de faire
un ajustement
tenant compte de l'inflation. Troisièmement, il ne faut pas
oublier qu'il ne faut pas que ces gens-là s'en tirent parce qu'il y en a
qui opèrent de telle façon qu'ils peuvent, à cause de la
structure, du fait qu'ils n'ont pas de capital important, ils peuvent s'en
tirer assez facilement, même s'ils ont des activités
rémunératrices, sans trop payer de taxes sur le capital. Alors,
pour que, au moins, ces gens-là apportent leur contribution, c'est pour
ça que ça avait été placé là.
À combien? À 170 $?
M. Léonard: 125 $.
M. Levesque: 125 $ et c'est monté à 250 $...
M. Léonard: Ça, c'est en plus de...
M. Levesque: ...et même si on l'avait complètement
indexé, on me dit que, depuis 1979, ça aurait pu être
plutôt 400 $ que 250 $...
M. Léonard: On vérifiera.
M. Levesque: Un peu moins... Vite, vite, là, un peu moins
de voracité.
M. Léonard: On vérifiera. Oui, ah oui, de la
voracité dans ce budget-là, il y en a...
M. Levesque: Non, mais un peu moins, là.
M. Léonard: II n'y a que le député de Vanier
qui n'est pas convaincu de ça, puis qui...
M. Levesque: C'est de l'équité fiscale.
M. Léonard: Voracité sous couleur
d'équité.
M. Levesque: C'est de l'équité fiscale.
M. Léonard: Par ailleurs, je voudrais poser des questions
sur la CSST. Vous faites des modifications fort importantes dans la taxation
aux pensionnés de la CSST...
M. Levesque: Non, non, non. On évoque...
M. Léonard: ...et les pensionnés de la CSST
recevaient, disons, 90 % de leur revenu net...
M. Levesque: Oui, mais je vous arrête là, là.
On ne l'a pas fait. On a évoqué...
M. Léonard: Ah, vous avez évoqué. C'est une
intention.
M. Levesque: ...la possibilité de regarder ça parce
qu'il y a beaucoup de plaintes qui arrivent à l'effet qu'on n'a aucune
incitation aux gens pour retourner au travail, étant donné le
fait que, dans certains cas, je ne dis pas que c'est
généralisé, mais dans certains cas il y a plus d'avantages
de rester sur ce qu'on appelle la compensation que de retourner au travail, et
les gens qui travaillent vont finalement être dans une situation
inférieure à ceux qui sont considérés comme
accidentés. Mais je n'ai pas voulu le faire dans le budget parce que
j'aime mieux qu'on examine cela et trouver la façon la plus juste, la
plus équitable pour le faire, et cela, avec consultation des milieux
intéressés.
M. Léonard: Oui, mais, M. le Président, je dois
mentionner au...
M. Levesque: Je vais vous donner un exemple, M. le
Président, si on me permet. Un travailleur célibataire dont le
salaire correspond au maximum assurable par la CSST, à savoir 46 500 $,
disposera...
M. Léonard: Brut, ça? Brut? Salaire brut?
M. Levesque: 46 500 $, oui, brut disposera d'un revenu
disponible de 29 542 $ une fois défrayés ses impôts,
fédéral et provincial, en 1993. Donc, brut, 46 500 $; et
après, une fois défrayés les impôts, 29 542 $. S'il
est victime d'un accident de travail, sa prestation annuelle est
calculée pour être égale à 90 % de ce revenu net et
elle est effectivement de 26 672 $. Correct? Par contre, s'il se retrouve 6
mois prestataire et 6 mois au travail, ce travailleur se retrouvera avec un
revenu disponible de 32 788 $, ce qui représente 11 % de plus que s'il
avait travaillé toute l'année.
Alors, un tel résultat ne correspond certainement pas à
l'intention du législateur. C'est pour ça que j'ai dit qu'il
fallait regarder ça, pour éviter ce genre de situation. Mais nous
n'avons pas pris de mesures, dans le budget, à cet effet, mais nous
avons indiqué notre intention de nous préoccuper de ces
cas-là, parce que ces cas-là nous avaient été
soumis comme une situation qui ne correspondait sûrement pas à
l'intention du législateur.
M. Léonard: Bon. M. le Président, c'est ce qu'on
appelle rester une patte en l'air dans un discours du budget. Les
décails quant à la façon de le faire restent cependant
à être précisés, et ils seront annoncés le
plus tôt possible.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Quand avez-vous l'intention de les annoncer,
et pourquoi vous n'étiez pas prêt? Pourquoi en avez-vous
parlé si vous n'étiez pas prêt?
M. Levesque: Bien, je pense qu'il est important...
M. Léonard: Parce que, là, vous mettez des gens
dans l'inquiétude, là.
M. Levesque: Bien, dans l'inquiétude... M.
Léonard: Bien...
M. Levesque: ...ils ne sont pas inquiets... M. Léonard:
...mettez-vous à leur place.
M. Levesque: ...ils ne sont pas inquiets: ceux qui le
reçoivent ne sont pas inquiets, ils le reçoivent; ceux qui ne le
reçoivent pas, ils ne sont pas inquiets, ils ne sont pas
accidentés, ils sont bien. Alors, il n'y a pas grand monde qui
s'inquiète; sauf vous.
M. Léonard: Hou!
M. Levesque: Maintenant, deuxièmement, j'aime bien
consulter le ministre du Travail, j'aime bien consulter certaines personnes
pour être sûr de ne pas commettre de situation, ou d'apporter une
mesure qui serait imparfaite. Alors, ça va se faire aussitôt que
possible.
M. Léonard: Mais, M. le Président...
M. Levesque: II s'agit là d'un organisme, vous savez, qui
a une certaine autonomie, qui est dirigé d'une façon paritaire
par le patronat et le syndicat, et dans les circonstances, il vaut mieux
consulter.
M. Léonard: Oui, oui, comme vous avez fait à la
SAAQ, là, vous craigniez une démission en bloc du conseil
d'administration. On y reviendra, on en parlera.
Mais il reste que ces mesures, est-ce qu'elles doivent être mises
au point au cours du mois de juin, avant l'ajournement, ou bien si vous allez
faire ça durant le mois de juillet, dans les vacances de la
construction, alors qu'il n'y a personne qui va voir passer la chose, par un
petit communiqué des Finances, directive émise par les Finances?
Est-ce que ça se pourrait, ça?
M. Chagnon: C'est une suggestion que vous faites.
M. Levesque: Je ne vois pas pourquoi...
M. Léonard: Hein? On a déjà vu des choses
comme ça, là.
M. Levesque: Non. Je ne vois pas pourquoi il faudrait choisir
immédiatement la date pour le faire. Nous allons le faire le plus
tôt possible, après que nous aurons terminé nos
consultations. Mais j'avais à l'esprit, quand j'ai écrit
ça, j'avais à l'esprit l'automne. Ça prend une
législation, et j'avais à l'esprit... Je ne vous dis pas qu'on va
le faire à l'automne, je ne dis pas qu'on va le faire au printemps, mais
je dis que lorsque j'ai écrit ça, je pensais à
l'automne.
M. Léonard: Bon. Est-ce que là, je voudrais
quand même être sûr, là est-ce que l'objectif,
c'est juste seulement d'empêcher certains pensionnés d'avoir des
bénéfices, ou bien si, un moment donné, la faim vous
tentant, vous auriez le goût d'aller en chercher un peu plus large chez
les pensionnés?
M. Levesque: Les pensionnés? Vous voulez dire les
accidentés?
M. Léonard: Les accidentés, bien oui, les
accidentés.
M. Levesque: Parce qu'il ne faut pas mêler les choses. Dans
ce cas-là, ce n'était pas du tout le but d'avoir des revenus
additionnels, mais c'était dans le but d'avoir une meilleure
équité fiscale.
M. Léonard: Mais ça va donner un peu de revenus
additionnels au gouvernement.
M. Levesque: Bien, ça, ce n'est pas majeur.
M. Léonard: Est-ce que, par la même occasion, vous
allez répondre à ceux qui critiquent très fortement la
CSST et qui s'inquiètent de ses déficits accumulés? Est-ce
que le législateur va amener d'autres mesures sur ce plan?
M. Chagnon: Encore une loi que vous avez faite qu'on va
être obligés de corriger.
M. Levesque: II ne s'agit pas, dans le budget, de réforme
de la CSST. Il faut bien comprendre ça. Le gouvernement lui-même
peut modifier sa législation, et cette législation, normalement,
serait sous la paternité du ministre responsable, le ministre du
Travail.
M. Léonard: Mais je pense que le gouvernement fait montre
de beaucoup de sollicitude pour restructurer financièrement la SAAQ,
alors qu'il y a vraiment des problèmes financiers à la CSST et
que ça n'a pas l'air à le préoccuper plus qu'il ne faut.
Pourquoi, là, tout à coup, il n'y a pas de sollicitude pour la
CSST autant qu'il y en a pour la SAAQ? Vous n'êtes pas
intéressés à partager le déficit, là, cette
fois, juste les réserves?
M. Levesque: Nous sommes préoccupés par ces
déficits-là qui ne sont pas d'hier non plus. Lorsque le
député de Labelle était au gouvernement...
M. Léonard: Depuis 7 ans que vous êtes là, au
gouvernement, là, 7 ans et demi, presque 8.
M. Levesque: ...il y avait des situations très difficiles.
et il ne faut pas oublier que ce n'est pas le gouvernement qui administre la
csst. comme je l'ai mentionné tout à l'heure, c'est...
M. Léonard: Je sais tout ça. (21 h 10)
M. Levesque: Je le sais, certainement. Mais c'est bon de le
rappeler que la CSST est administrée d'une façon paritaire par
les syndicats et par le patronat, et ceux qui paient là-dedans, ce n'est
pas les contribuables eux-mêmes, ce sont les employeurs. Il ne faut pas
l'oublier non plus. Évidemment, c'est traduit dans les prix, finalement,
ça affecte les consommateurs, ça affecte la
société, mais ce n'est pas comme dans d'autres organismes une
responsabilité directe du gouvernement.
M. Léonard: Je sais. C'est quand même
étonnant, parce que dans le cas de la SAAQ, ce n'est pas le gouvernement
qui administre la SAAQ. Pourtant, vous avez les doigts pas mal crochus
vis-à-vis la SAAQ. Tandis que la CSST, vous ne l'administrez pas, puis
là vous dites: Oh, ce n'est pas nous qui administrons la CSST, mais la
SAAQ, hum! ça a l'air intéressant.
M. Levesque: Mais on partage avec la SAAQ la même assiette
de revenus parce qu'une partie va à l'immatriculation et l'autre
partie... L'immatriculation va au gouvernement et l'autre partie...
M. Léonard: Vous avez vu comme ça a ri, au Cercle
canadien, quand vous avez parlé de ça, là, vous?
M. Levesque: Bien oui, les gens comprenaient et...
M. Léonard: Ha, ha, ha! Alors, M. le Président,
disons, sur la CSST, nous allons attendre les mesures du ministre. J'ai
vraiment hâte de voir, mais je voudrais quand même avoir
l'assurance qu'on ne touche pas aux assurés puis à ceux qui
bénéficient non pas d'une pension, mais d'une compensation.
M. Levesque: Je suis perdu, excusez. Vous avez dit?
M. Léonard: Oui, mais c'est parce que je voudrais avoir
l'assurance que ça touche simplement à des problèmes
d'équité et que le gouvernement, par la bande, ne va pas
pénaliser davantage.
M. Levesque: Dans le cas dont on parle dans le budget, oui, oui,
il n'y a pas... Je l'ai dit tout à l'heure.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste 2 min 30 s, M. le
député de Labelle. C'est ça, 2 min 30 s, madame? Oui, 2
min 30 s et quelques secondes.
M. Rhéaume: Peut-être juste indiquer au
député que j'ai le tableau de réconciliation qu'il avait
demandé tout à l'heure, qu'on peut lui fournir si...
Document déposé sur la variation de
là dette directe
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'en autorise le
dépôt, M. le sous-ministre, oui.
M. Levesque: II n'est pas dactylographié. M.
Rhéaume: ...comme d'habitude, là.
M. Levesque: Alors, vous me permettez de le lire, là, pour
les fins...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: La dette directe au 31 mars 1993, page B-22: 39 235
000 000 $. La dette directe au 31 mars 1992, page B-22, également: 33
105 600 000 $. La différence est de 6 129 400 000 $. La variation du
taux de change restant à amortir sur 8,3 ans: 953 400 000 $. Donc, pour
une variation de la dette directe, page 6 du budget: 5 176 000 000 $. Le
détail du 5 176 000 000 $, c'est qu'il y a des nouveaux emprunts: 6 981
500 000 $ moins les remboursements pour 1 805 500 000 $, ce qui donne 5 176 000
000 $. On va essayer de l'écrire un peu plus clairement.
M. Léonard: Mais ce que cela implique, finalement, c'est
que ça a coûté 953 000 000 $ par suite des variations du
taux de change. C'est considérable cette année; c'est presque 1
000 000 000 $. Oui, mais est-ce que cela a finalement été
compris...
M. Levesque: Mais ça a coûté
finalement...
M. Léonard: ...dans le service de la dette, dans le
coût du service de la dette?
M. Rhéaume: C'est la partie amortie, effectivement. C'est
amorti sur 8,3 ans. Donc, la partie amortie est comprise aux dépenses
annuelles et au service de la dette. Malgré ces écarts de taux de
change au cours de l'année on sait que le dollar a perdu
l'équivalent de 0,10 $ depuis un 1 an et demi environ
malgré cela, comme on l'a illustré à une couple
d'occasions, au cours de 1992-1993, le résulat des opérations de
gestion de dette qui ont contribué à augmenter la part de dette
libellée en devises étrangères et qui ont subi ce
contrecoup-là au cours de l'année 1992-1993, malgré cela,
l'ensemble de ces opérations-là a généré des
économies de 161 000 000 $ par rapport à si on ne l'avait pas
fait.
Une voix: ...
M. Léonard: Juste un instant, là, un instant. Les
953 000000$, c'est pour les 9 ans. Donc, l'amortissement qui paraît au
service de la dette, cette année, ce n'est pas un huitième, mais
on pourrait dire environ un huitième.
M. Rhéaume: À peu près, c'est ça,
exact.
M. Léonard: C'est ça que ça veut dire.
M. Rhéaume: Oui. Et, à chaque année,
pendant
les 8 prochaines années, on va avoir le même montant...
M. Léonard: Un huitième.
M. Rhéaume: ...auquel s'ajoutera ou se soustraira
l'amortissement des nouvelles variations...
M. Léonard: Une autre tranche.
M. Rhéaume: ...de taux de change. C'est ça. Des
années, c'est positif; des années, c'est négatif.
M. Léonard: Est-ce que le fait que le taux de change
baisse pour le dollar, cette année, a entraîné
effectivement une augmentation de la proportion de la dette libellée en
monnaies étrangères dans le tableau que vous nous donnez à
la page C-18? Elle devrait, hein?
M. Rhéaume: La réponse, c'est oui. Si on
reconstitue, au cours des dernières années; par exemple,
là, vous avez le chiffre pour 1992-1993 qui est de 953 000 000 $:
défavorable, si on peut dire. Cependant, si on le prend depuis les 5
dernières années, en 1988-1989, ça a été de
762 000 000 $: favorable; en 1989-1990, 200 000 000 $: favorable; puis 283 000
000 $: défavorable, et 953 000 000 $: défavorable, la
dernière année.
Mais, quand on monte la dette, c'est la dette qui est calculée
avec les taux de change en date du 31 mars 1993, donc, qui comprend
l'évolution des taux de change depuis le moment où on a
réalisé chacun des emprunts. La détérioration, si
on veut, la diminution de la valeur du dollar canadien, au cours de
l'année 1992-1993, a pour effet de faire augmenter la dette au 31 mars
1993 par rapport à ce qu'elle aurait été au 31 mars 1992
si on avait exactement la même dette. Il faut comprendre, on a de
nouveaux emprunts, des remboursements en cours d'année, mais l'effet
d'une détérioration du taux de change est de faire augmenter la
dette, et l'effet d'une amélioration du taux de change, quand ça
se produit, est de faire diminuer la dette en monnaies
étrangères.
M. Léonard: En fait, si, au moment où le dollar
canadien avait été élevé, vous aviez racheté
des dettes libellées en monnaies étrangères, vous auriez
réalisé des gains assez substantiels, à ce
moment-là. C'est 953 000 000 $ que vous n'auriez pas perdus.
M. Rhéaume: Que l'on n'aurait pas... 953 000 000 $ que
l'on n'aurait pas, disons, pour l'instant... Parce que ce n'est qu'au moment de
l'échéance des emprunts qu'on aura effectivement perdu cette
somme-là; c'est pour ça qu'on le prend sur une base amortie.
Mais, dans l'intervalle, en étant en monnaies étrangères,
on a bénéficié des taux d'intérêt qui sont
les taux d'intérêt des marchés de devises
étrangères, lesquels sont considérablement plus bas que
ceux qu'on a en dollars canadiens.
M. Léonard: M. le sous-ministre, si le président me
permet.
Le Président (M. Lemïeux): Allez-y, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: M. le sous-ministre, finalement, vous vous
éloignez de la base caisse quand vous faites ça. Vous amortissez
votre dette sur 8 ans.
M. Rhéaume: C'est, comme vous savez, depuis qu'on a
modifié les conventions comptables en 1986-1987, on est très loin
d'une base caisse, on est même presque parfaitement sur une base
d'exercice au Québec. C'est pour ça qu'on indiquait que nous
avons, parmi les gouvernements au Canada, les conventions...
M. Léonard: Sauf pour les dépenses payées
d'avance, de temps en temps, dans les discours du budget.
M. Rhéaume: En fonction des conventions comptables du
gouvernement et en fonction de la législation qui prévoit comment
comptabiliser les revenus et les dépenses, le Vérificateur
général a toujours été contraint d'indiquer
que...
M. Léonard: Contraint d'indiquer, hum!
M. Rhéaume: ...ça avait été fait tout
à fait juridiquement, tout à fait correctement du point de vue
juridique, aussi.
M. Léonard: Du point de vue juridique, mais du point de
vue de la base caisse, vraiment, on voit tout de suite la différence.
Tout à coup, vous perdez 953 000 000 $ et, là, vous l'amortissez,
cette fois-là, vous l'amortissez sur 8 ans, vous ne les comptabilisez
pas dans une année, alors que... Oui! (21 h 20)
M. Rhéaume: Si on a...
M. Léonard: Voilà que... Oui... M.
Rhéaume: Si on l'avait...
M. Léonard: ...je pense que, là, vous avez un peu
la main dans le sac, là, il faut quand même l'admettre.
M. Rhéaume: Si on avait comptabilisé dans une seule
année, ça aurait eu pour effet d'augmenter les
dépenses...
M. Léonard: Oui.
M. Rhéaume: ...et quand on a fait les dépenses
payées d'avance, ça a eu pour effet d'augmenter les
dépenses. On peut voir, donc, là, que ce n'est pas une
question de chercher à diminuer les dépenses en utilisant
une convention comptable plutôt que l'autre, c'est d'utiliser les
conventions comptables qui sont les plus à jour et qui tiennent compte
de la Loi sur l'administration financière.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Comme le
député de Vanier l'a rappelé tout à l'heure, le
problème de la dette est un problème majeur, actuellement. Vous
avez rappelé très justement que c'est à peu près 17
000 000 $ par jour.
Le Président (M. Lemieux): Combien?
M. Gautrin: 17 000 000 $ par jour. Je pense que c'est ce que vous
avez dit tout à l'heure.
Le Président (M. Lemieux): ...et 760 000 $.
M. Gautrin: Oui.
Une voix: À l'heure?
M. Gautrin: À l'heure. Bien, enfin, on peut diviser
à la minute ou à la seconde, si vous voulez. Le point qui
m'inquiète, et vous l'avez signalé aussi...
Le Président (M. Lemieux): Non. Je m'excuse. Pour M. le
ministre, c'est 13 000 $ à la minute, 740 000 $ à l'heure et 17
760 000 $ par jour.
M. Levesque: Merci.
M. Chagnon: II y a des années qui sont bissextiles,
à part de ça.
M. Gautrin: oui. mais ce qui était inquiétant,
c'était, depuis les 3, 4 dernières années, c'était
le taux de croissance des dépenses, qui a été beaucoup
plus élevé que le taux de croissance des revenus. et je dois dire
qu'un des éléments importants de ce budget, c'est qu'on inverse
la tendance, c'est qu'on est en train de commencer à avoir un taux de
croissance des dépenses qui va être inférieur au taux de
croissance des revenus, et je pense que ça, c'est le signe le plus
significatif de ce budget. il est clair que, pour avoir un taux de croissance
de 1 % et je le rappelle, à l'annexe b-12, vous avez
demandé des coupures importantes et si on remarque, pour avoir un
taux de croissance des dépenses de 1 %, compte tenu qu'il y a des
dépenses non compressibles de 6,9 % et de 6 % dans le service de la
dette, et de 6,9 % dans le service sécurité du revenu,
c'est-à-dire les gens qui sont sur le bien-être social, ça
veut dire que et ceci, c'est en dollars courants, c'est-à-dire,
il faut ajouter à ça l'inflation de 2,6 % vous
prévoyez une croissance de 0,4 % seulement des services de santé,
une diminution des dépenses d'éducation de 1,2 %, et une
diminution de l'ensemble des autres pouvoirs de 0,9 %, ce qui demande un
effort. il faut bien, si bien comprendre que, lorsque les gens disent: pourquoi
vous n'avez pas coupé, vous allez chercher dans la poche des
contribuables, il y a un effort important, aussi, de réduction des
dépenses qui est prévu à l'intérieur de ce budget,
réduction importante des dépenses qui, d'après moi
et je ne sais pas va être difficile à tenir, et je me
demande si... est-ce réaliste de pouvoir atteindre ces réductions
de dépenses dans le...?
M. Levesque: Oui, et d'autant plus que, dans ce même
tableau, on s'aperçoit qu'il y a 2 éléments, cependant,
où nous ne pouvons pas...
M. Gautrin: Bien sûr.
M. Levesque: ...le faire: c'est dans la sécurité du
revenu, où il y a là des gens qui ont besoin de l'aide de
l'État pour passer à travers la période actuelle, et
ça, évidemment, c'est une mesure qui est très
nécessaire, socialement juste; et il y a le service de la dette, que
voulez-vous. Mais, en dehors de ça, les efforts considérables qui
sont faits dans le budget actuel pour avoir une croissance, par exemple, dans
le domaine de la santé et des services sociaux, de seulement 0,4
%...
M. Gautrin: C'est-à-dire inférieur au taux
d'inflation que vous...
M. Levesque: Le taux d'inflation... M. Gautrin:
...prévoyez à 2,6 %.
M. Levesque: ...de 2,6 %. Et vous avez également, dans
l'éducation...
M. Gautrin: ...une chute de 1,2 %.
M. Levesque: ...et dans les autres. Alors, vous voyez que
l'ensemble des dépenses de programmes n'augmente que de 0,3 %, lorsqu'on
tient compte de la sécurité du revenu.
M. Gautrin: ...de la sécurité du revenu, c'est
ça. M. le Président...
M. Levesque: Et il faut dire que... M. Gautrin:
Excusez-moi.
M. Levesque: ...on était, en 1988-1989, dans les
dépenses budgétaires vous verrez ça à b-13
il y avait les dépenses budgétaires, en pourcentage du
pib, c'était 22,1 %, et vous avez vu que ça a monté
à 25,5 %...
M. Gautrin: Eh oui, c'est là...
M. Levesque: ...et que là, la tendance, si notre plan est
suivi, et nous espérons le suivre, nous pourrons revenir plus bas,
même, que nous n'étions avant dans ces dépenses, par
rapport au PIB. Mais il faut suivre, évidemment, ce plan d'action que
l'on retrouve dans le budget.
M. Gautrin: C'est pour ça qu'il faut bien comprendre
qu'à l'intérieur du budget il n'y a pas seulement une
augmentation des dépenses, mais il y a une volonté importante de
réduire, réduire les...
M. Levesque: C'est ça. M. Gautrin:
...dépenses.
Effets du taux de croissance du PIB sur la
création d'emplois
Ma deuxième question. évidemment, le budget prévoit
un taux de croissance du PIB réel de 2,6 %, un taux de croissance du PIB
de 3,7 %, du PIB réel de 2,6 %. il est clair que les revenus que vous
allez recevoir, évidemment liés à ce taux de croissance du
pib, c'est-à-dire que c'est parce que vous prévoyez un taux de
croissance de 2,6 % que vous pouvez prévoir une augmentation des revenus
autonomes de l'ordre de 6 %. ma question est un peu la suivante. je ne sais pas
si vous avez estimé, advenant le cas où on ne l'atteigne pas
et je sais bien qu'il ne faut pas le penser, qu'on va réussir
à l'atteindre, mais simplement pour avoir une idée
qu'est-ce qui arriverait sur une variation, par exemple, de 1 % en plus ou en
moins du pib réel? quel effet ça aurait sur la variation des
revenus autonomes? vous comprenez ce que je veux dire? autrement dit, si votre
estimation de croissance du pib réel n'était pas de 2,6 %, mais
était, par exemple, de 1,6 % ou de 3,6 %, qu'est-ce que ça aurait
comme effet sur la variation des revenus autonomes? parce que
l'équilibre qu'on recherche est évidemment lié au fait
qu'on va avoir un taux de croissance des revenus autonomes de 5,6 %, une
diminution et ça va faire plaisir à mon ami, le
député de labelle des transferts de 5,6 %, parce que le
québec est mieux nanti maintenant que les autres provinces, ce qui
diminue ses paiements de péréquation.
Une voix: Ou que les autres provinces sont plus pauvres.
M. Levesque: II y a, évidemment, un facteur qu'il ne faut
pas oublier quand on veut chercher les résultats sur les revenus: il y a
le facteur péréquation.
Une voix: C'a déjà été dit...
M. Gautrin: oui, ça, ce sont les 5,6 % dans les revenus.
mais ils sont en chute, les 5,6 %. ma question...
M. Levesque: Ce que je veux dire, c'est que s'il y avait 1 % et
ça arrivait un peu sans changer les proportions entre les provinces,
parce que le Québec, sa péréquation est basée sur
la moyenne de 5 provinces, soit l'Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan, la
Colombie-Britannique. ..
Une voix: L'Alberta.
M. Levesque: Pas l'Alberta. Et le Québec. Ce sont 5
provinces qui font la moyenne. Si le Québec était seul à
diminuer, évidemment, on aurait une certaine compensation par la
péréquation.
M. Gautrin: Les revenus autonomes pourraient... Le taux de
croissance des revenus autonomes diminuerait, mais, à ce
moment-là, la chute des paiements de transfert serait infléchie
de moins, donc il pourrait y avoir équilibre. Si les autres
provinces...
M. Levesque: Pas équilibre, mais ça diminuerait,
ça diminuerait.
M. Gautrin: II pourrait y avoir compensation. Donc, c'est
difficile pour vous d'évaluer l'un par rapport à l'autre.
M. Levesque: Si tout était neutre, on serait
peut-être dans une somme de 275 000 000 $ ou quelque chose de ce
genre.
M. Gautrin: Est-ce que je pourrais, M. le Président,
changer de sujet et rentrer sur un problème qui me préoccupe et
qui, je pense, est présent à l'Annexe D-6? Ce sont les liens
entre les croissances du PIB réel et l'emploi. D-6. J'ai l'impression,
personnellement et je voudrais échanger, peut-être, avec
les économistes, ici, du ministère des Finances par le biais du
ministre, là-dessus est-ce que, à l'heure actuelle, vous
ne commencez pas à percevoir un problème, non pas seulement de
conjoncture, mais de structure à l'intérieur de notre
économie, où une croissance du PIB réel n'entraîne
pas nécessairement, à moyen terme, une croissance de l'emploi?
Ça semble être un peu indiqué dans ces courbes-là.
Mais, est-ce qu'il ne commence pas à y avoir un problème
structurel où les croissances du PIB réel n'entraînent pas
nécessairement, après, une croissance de l'emploi? Et on commence
à voir une distorsion, réellement, où on peut avoir une
augmentation, c'est-à-dire une augmentation du PIB réel, sans
nécessairement avoir aussi une croissance de l'emploi. Vous comprenez ma
question?
Une voix: Oui.
M. Gautrin: Bien sûr. Alors, ça
m'intéresserait beaucoup d'échanger avec vous.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sous l'autorité
de M. le ministre, voulez-vous vous identifier pour
les fins de l'enregistrement du Journal des débats?
(21 h 30)
M. Turcotte (Jean-Guy): Jean-Guy Turcotte.
Le Président (M. Lemieux): Pardon! M. Turcotte:
Jean-Guy Turcotte. Le Présient (M. Lemieux): Ça
va.
M. Turcotte: Pour répondre à votre question, je
pense que le graphique auquel vous faites référence à
l'Annexe D-6 illustre bien ce qui se passe. Dans le fond, c'est la relation
entre la hausse de la demande, la hausse de la production et la hausse de
l'emploi. La première chose qui arrive, évidemment, c'est une
reprise de la demande qui génère une reprise de la production,
et, là, on utilise de plus en plus les capacités productives, et,
finalement, on utilise plus d'emplois. Donc, il y a toujours un délai.
De la même manière, au début de la récession, par
exemple, il y avait réduction de la production, mais peu de l'emploi. De
la même manière, il y a eu une reprise de l'emploi, de la
production, depuis un certain temps, et ce n'est qu'au mois de novembre, par
exemple, qu'au Québec il y a eu une reprise de l'emploi. Donc, il y a
des délais entre la reprise de la demande, la reprise de la production.
D'abord, pourquoi? Parce que ce sont les variations d'inventaire, par la suite,
la production, puis ensuite, l'emploi. Ce qui ne veut pas dire que, tout au
long de la période, il n'y a pas des changements structurels qui
impliquent une réorganisation de la structure industrielle. Mais
ça, ce n'est pas nouveau, ça recule à 15 ou 20 ans et
ça se continue toujours, mais c'est plus visible au moment où il
y a un ralentissement économique.
M. Gautrin: Est-ce que vous avez le... Là, à cette
page D-6, vous décrivez la situation. Dans d'autres
éléments d'analyse, vous avez projeté des augmentations de
PIB réel et vous avez une idée de l'évolution, disons, du
PIB pas le PIB réel, mais le PIB parce que comme vous avez
aussi projeté des augmentations d'inflation, vous pouvez automatiquement
déduire une projection sur le PIB réel. Est-ce que vous pouvez
être en mesure de compléter la courbe D-6 en termes d'emplois,
d'après vous? Est-ce que vous avez fait cette courbe ou pas?
M. Turcotte: C'est-à-dire que vous avez la réponse
à l'Annexe D-25...
M. Gautrin: Oui.
M. Turcotte: ...et à l'Annexe à la page
précédente.
M. Gautrin: Attendez un instant. Je vais essayer de vous suivre,
là.
Le Président (M. Lemieux): L'Annexe D-25.
M. Gautrin: D-25.
M. Turcotte: À la page, d'abord, D-21, vous avez les
prévisions pour 1993.
M. Gautrin: Oui.
M. Turcotte: Donc, on prévoit un PIB réel de 2,6
«...
M. Gautrin: Oui.
M. Turcotte: ...une hausse de l'emploi de 0,8 %, ce qui veut donc
dire de forts gains de productivité comme c'est typique au début
d'une reprise. par la suite, si on regarde l'évolution de 1994 à
1998, on a une prévision de croissance économique...
Une voix: Quelle page?
M. Turcotte: à la page d-25 de 3,4 %, une
création d'emplois de 2 %, donc, des gains de productivité de 1,4
%, ce qui, à ce moment-là, entre plus dans une performance
moyenne en termes de productivité. et donc, l'emploi croît
beaucoup plus rapidement, étant donné la production, qu'au
début de la reprise.
M. Gautrin: Attendez un instant. Est-ce que vous pourriez
répéter, parce que je n'ai malheureusement pas suivi.
M. Turcotte: O.K.
M. Gautrin: Je reprends, donc. On est au tableau D.2, c'est bien
cela?
Une voix: D-25.
M. Turcotte: Oui. Nous retournons, à ce moment-ci...
M. Gautrin: On est au tableau D.2, dans la page D-25.
M. Turcotte: Oui... M. Gautrin: Bon.
M. Turcotte: ...mais allons plutôt, donc, à D-21,
pour reprendre le raisonnement.
M. Gautrin: Alors, recommençons à D-21 pour bien
comprendre votre raisonnement.
M. Turcotte: oui. donc, qu'est-ce qu'on voit ici, c'est qu'en
1992 il y a eu une hausse de la production de 0,8 %, dans la première
ligne.
M. Gautrin: Oui.
M. Turcotte: Plus bas, sur le marché du travail, on a vu
qu'en moyenne l'emploi a baissé...
M. Gautrin: Oui.
M. Turcotte: ...ce qui veut donc dire qu'il y a eu un gain de
productivité de près de 2 %, cette année.
M. Gautrin: D'accord.
M. Turcotte: L'année suivante, vous avez une
accélération de la production à 2,6 %, l'emploi commence
à s'accroître et le gain de productivité est maintenant de
1,8 %, encore très élevé. On est dans le début de
la reprise, en termes d'emploi.
M. Gautrin: Le 1,8 %, vous l'avez à quel endroit?
M. Turcotte: Bien, c'est la différence... M. Gautrin:
C'est la différence. Bien sûr.
M. Turcotte: ...entre la production et l'emploi. Par la suite, on
regarde plus loin, au moyen terme, donc. La reprise mature, on a donc une
croissance économique de 3,4 % par année, une croissance de
l'emploi de 2 %. Les gains de productivité diminuent pour arriver, en
moyenne, à 1,4 %, ce qui est soutena-ble, à moyen terme. Donc, on
voit le décalage qu'il y a entre production, emploi, demande.
M. Gautrin: mais, parce que... alors, attendez. vous maintenez
quand même un taux de chômage de 11,8 %, c'est bien cela?
M. Turcotte: C'est le taux moyen.
M. Gautrin: Le taux moyen de chômage, malgré que
vous ayez une croissance annuelle dans l'emploi.
M. Turcotte: C'est-à-dire que la population active...
M. Gautrin: C'est-à-dire que la population active s'en va
en croissant...
M. Turcotte: De 1,5 % par année, et c'est dû
à 2 choses: la population s'accroît, puis le taux
d'activité s'accroît. Donc, à ce moment-là,
ça prend plus d'emplois que 1,5 %...
M. Gautrin: Bien sûr.
M. Turcotte: ...pour baisser le chômage. il baisse
graduellement, mais en moyenne, sur les années 1994 à 1998, il
s'établit à 1,8 %. mais évidemment, en fin de
période, il est plus bas que ça.
M. Gautrin: II y a peut-être une chose que vous allez
m'expliquer, parce que je ne la comprends pas. Je m'excuse de ne pas la
comprendre. Vous avez une croissance de la population active de 1,5 %, vous
avez une croissance de l'emploi de 2 % et vous avez néanmoins une
croissance du taux de chômage. Ça, je le comprends... Non?
M. Turcotte: non. le taux de chômage, actuellement, est de
13 %.
M. Gautrin: Alors, c'est qu'il me manque ici une colonne entre
les deux. C'est ça?
M. Turcotte: C'est-à-dire qu'ici vous avez simplement la
moyenne des années...
M. Gautrin: J'ai la moyenne sur les années 1994-1998,
c'est ça.
M. Levesque: Mais vous n'avez rien de 1991 à 1993.
M. Gautrin: Je n'ai rien. Il me manque le trou 1991-1993.
M. Turcotte: Oui.
M. Gautrin: Et le taux de croissance est prévu par rapport
à 1991.
Le Président (M. Lemieux): On le trouve à l'Annexe
D de la page 21.
M. Gautrin: C'est-à-dire qu'il faut que je retrouve
à l'Annexe D de la page 21.
Le Président (M. Lemieux): Bien, je pense. M. Gautrin:
C'est ça. M. Levesque: Oui.
M. Gautrin: II aurait fallu que je les remette en perspective.
C'est ça?
M. Levesque: Oui.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça.
M. Turcotte: Et si vous voulez plus d'années, vous les
avez à la page D-26. Vous avez toutes les données annuelles,
également.
M. Gautrin: Attendez un instant. Est-ce qu'on peut les repasser
ensemble, s'il vous plaît? Ça ne serait intéressant, pour
voir les projections que vous faites. Donc, vous les avez jusqu'en 1992. C'est
bien cela? Les indicateurs économiques du Québec jusqu'en
1992.
C'est bien cela?
M. Turcotte: Oui. M. Gautrin: O.K. M. Turcotte: Donc, vous
voyez la...
M. Gautrin: II faut que je revienne, à ce
moment-là, au tableau D.l pour avoir l'année 1993, et c'est en
comparaison de l'année 1993 avec vos projections sur 1994, etc.
M. Turcotte: Oui.
M. Gautrin: Vos taux de croissance, évidemment,
comparés par rapport au tableau D.l. C'est bien ce que vous faites?
M. Turcotte: C'est ça.
M. Gautrin: Je comprends. Donc, oui. À ma question...
Le Président (M. Lemieux): Une minute. M. Gautrin: II
ne me reste plus de temps?
Le Président (M. Lemieux): Une minute 30 secondes.
M. Gautrin: Ah bon! Alors, brièvement. Si j'avais voulu
réduire le taux de chômage d'une manière plus
substantielle, ça aurait nécessité un taux de croissance
du PIB réel de beaucoup plus important? De combien?
M. Turcotte: Plus important, oui.
M. Gautrin: Mais de... Je comprends, bien sûr. Mais, par
exemple, pour... Un point de pourcentage de réduction de chômage
correspond à peu près à quel point de pourcentage
d'augmentation du PIB réel?
M. Turcotte: Bien là, j'hésite, parce que, dans le
fond, il faudrait voir la réaction de la population active aux
perspectives d'emploi et de croissance qui seraient les meilleures. Tout
réagit. Ce n'est pas...
M. Gautrin: Je comprends ça.
M. Turcotte: Donc, à ce moment-là...
M. Gautrin: Vous n'avez pas construit un modèle
économétrique sur la question.
M. Turcotte: ...je ne peux pas vous donner la réponse
comme ça.
M. Gautrin: Mais vous l'avez, quand même.
M. Turcotte: C'est-à-dire que je pourrais le faire.
Une voix: II pourrait l'avoir.
M. Gautrin: Vous pourriez l'avoir dans vos modèles
économétriques que vous avez.
M. Turcotte: Oui.
M. Gautrin: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Verdun.
Alors, M. le député de Labelle, à moins que vous
vouliez céder votre temps de parole à M. le député
de Lotbinière. Non?
M. Léonard: Non. Bien...
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: ...il va avoir du temps pour intervenir.
..
Le Président (M. Lemieux): Ah! Ça va.
M. Léonard: ...je suis convaincu.
J'écoutais le député de Verdun parler de toutes
sortes de taux de croissance et ça me rappelait l'article de Claude
Picher, la semaine dernière, vendredi dernier, où il a
démontré que le Canada se situait entre le Maroc et le Burundi.
Ce que je voulais relever...
M. Gautrin: Par rapport à quoi? Au taux de croissance?
M. Léonard: ...ceux qui pensaient que j'étais
heureux d'une baisse du paiement de transfert du Canada vers le Québec:
Aucunement! Aucunement! Je ne me réjouirai jamais du malheur des autres,
surtout quand nous devons payer pour ces malheurs. Et c'est ce qui est notre
cas parce que les paiements de transfert que nous avons, c'est simplement des
emprunts que le Canada fait, que nous aurons à payer de toute
façon, et qu'il nous redistribue.
Alors, ceci étant dit, le pire, c'est qu'il emprunte maintenant
à l'étranger pour le faire. Et ça, ça me
paraît plus grave. On a vu que ça a coûté 1 000 000
000 $ au Québec d'avoir à emprunter à l'étranger
cette année. 953 000 000 $. Alors, on voit très bien que ce n'est
pas de tout repos. On espère que la valeur du dollar canadien va se
maintenir. C'est ça que ça veut dire, parce qu'à chaque
fois que ça nous coûte, ça nous coûte très
cher.
Reorganisation de la structure financière de la
SAAQ
Mais, moi, M. le Président, je voulais interroger le ministre sur
une opération bizarre qu'il a faite, douteuse pour le moins,
juridiquement même douteuse: le siphonnage de la Société de
l'assurance automobile du Québec. Je vois qu'il y a des termes
absolument, je dirais, savoureux, mais quand même cyniques en même
temps, et ça, c'est moins drôle. À la page 21 de son
discours, il dit qu'il veut «préserver l'équilibre entre
les revenus et les dépenses de la SAAQ». Ça, vraiment,
c'est de faire une analyse à très court terme des
opérations de la Société de l'assurance automobile du
Québec. Plus bas, il dit: «Excédent non requis remis au
gouvernement». J'avais plutôt le goût de modifier ce
libellé par «vol commis par le gouvernement». Vol commis par
le gouvernement, c'est ça.
Alors, M. le Président, j'aimerais que le ministre nous explique
comment il justifie de dire, de déclarer, tout à coup, qu'il va
aller chercher 1 000 000 000 $ à la Société de l'assurance
automobile du Québec, alors qu'il s'agit d'une corporation, d'une
société indépendante, qui a son propre conseil
d'administration, sa propre loi constitutive, et, à un moment
donné, il décide d'aller chercher 1000 000 000$. Alors, les
principes applicables à d'autres sociétés d'État
devraient aussi s'appliquer à la Société de l'assurance
automobile du Québec. Par exemple, l'autonomie juridique
d'Hydro-Québec, ça s'applique aussi; et puis, celle de la CSST
tout à l'heure, nous en avons parlé ça
s'applique aussi. Le ministre a invoqué l'indépendance du conseil
d'administration pour ne pas intervenir à l'intérieur même
de la gestion de la CSST, et je pense qu'il va faire la même chose de la
part d'Hydro-Québec. Alors, comment peut-il justifier le geste qu'il
pose? Je trouve que son raisonnement est tordu; je l'ai dit publiquement, je
suis prêt à le répéter. Je ne vois pas comment il
peut justifier un tel geste. (21 h 40)
M. Levesque: Bien, M. le Président, il est sûr que,
quelle que soit l'explication que je vais tenter avec le député
de Labelle, nous allons terminer la soirée, sans doute, en disant, bien,
qu'il n'a pas changé d'opinion. Et il peut s'attendre à ce que ce
soit la même chose de mon côté. Mais, pour le
bénéfice de ceux qui nous écoutent ou nous lisent,
éventuellement, j'aimerais au moins mettre sur micro, ou film, ou sur
microfiche, ou...
Une voix: Dans les archives.
M. Levesque: ...quelque part, la position du gouvernement.
Les efforts de prévention d'abord, de la Société de
l'assurance automobile du Québec et le resserrement des
pénalités ont permis de réduire les accidents et, par le
fait même, les indemnités à verser. Ça, il faut se
rappeler de ça. Dans ce contexte, les contributions d'assurance ont pu
être réduites, et la SAAQ a accumulé un important
surplus.
On parle d'abord de la réserve actuarielle. C'est une
réserve nécessaire de 2 800 000 000 $ de réserve
actuarielle. Elle est là, elle protège l'avenir, on n'y touche
pas, bon. Mais, en plus de cette réserve actuarielle, la
Société a constitué une autre réserve, une seconde
réserve qu'on appelle la réserve de stabilisation des
contributions d'assurance qui, à la fin de 1992, s'établissait
à 1 550 000 000 $. À la même date, les besoins normaux de
la réserve de stabilisation étaient évalués par la
société d'assurance elle-même à 486 000 000 $, de
sorte qu'il s'en dégage un surplus de plus de 1 000 000 000 $. La SAAQ
avait annoncé même son intention de le distribuer en
ristournes je ne sais pas de quelle façon aux
automobilistes.
Mais, ce qu'il faut voir dans tout ça, c'est que
l'excédent de la réserve de stabilisation masque un
problème d'équilibre courant entre les revenus et les
dépenses. En 1993, le déficit est de l'ordre de 80 000 000 $ et
irait en s'accroissant, étant donné que les dépenses
croissent plus rapidement que les revenus qui, eux, ne sont pas ajustés
par les hausses de coûts. Résorber le déficit à
l'aide des surplus ne ferait que reporter le problème à plus
tard, en l'aggravant. Lorsque le surplus serait épuisé, quelque
part autour de l'an 2000, les augmentations de contributions nécessaires
sont estimées entre 40 % et 60 %, et personne n'a contesté ces
chiffres-là. La SAAQ perçoit, auprès des assurés,
des montants qui sont destinés à 2 fins: des contributions
d'assurance, d'une part, et, d'autre part, des droits pour le gouvernement, des
droits d'immatriculation. La solution retenue consiste à modifier,
dès le 1er janvier prochain, le partage des contributions et des droits
en faveur de la SAAQ, de scrte que le gouvernement transfère à la
Société une proportion suffisante de ses droits pour que les
revenus et les dépenses de la SAAQ s'équilibrent. Par la suite,
le partage des droits gouvernementaux et des contributions d'assurance pourra,
si nécessaire, être modifié en faveur de la SAAQ, si, si la
réserve de stabilisation tombe en dessous de 300 000 000 $, de
façon à lui garantir l'équilibre de son budget en temps
normal.
La SAAQ poursuivra, toutefois, ses efforts pour réduire ses
coûts d'opération et améliorer la performance du
régime de façon à éviter de recourir à
l'indexation de la facture à supporter par les automobilistes. C'est
ainsi que les revenus de la SAAQ sont augmentés et ça, on
a souvent oublié, un peu partout, de le mentionner; on parle de ce qu'on
prend, mais on ne parle pas de ce qu'on redonne; j'insiste là-dessus
d'un montant de 120 000 000 $ sur une pleine année, et les
revenus du gouvernement sont réduits d'un même montant. L'impact
sur les revenus du gouvernement comprend une baisse des droits
d'immatriculation et de permis de conduire de 130 800 000 $, et une hausse de
10 800 000 $ de la taxe sur les primes d'assurance, suite à la hausse
des contributions d'assurance de la SAAQ. Pour l'assuré, pour
l'automobiliste, là, sa facture totale est inchangée. Par
exemple, un automobiliste sans points d'inaptitude verra, dans sa facture
totale inchangée de 233 $, un transfert de 30 $ des droits
gouvernementaux vers les contributions d'assurance, composé de 5
$ de droits pour les permis de conduire et 25 $ de droits d'immatriculation. Le
surplus identifié par la SAAQ n'est plus requis pour ses
opérations. C'est pourquoi la majeure partie sera versée au
gouvernement, soit 675 000 000 $ en 1994 et 325 000 000 $ en 1995.
La nouvelle structure financière permettra à la SAAQ
d'éliminer son déficit structurel en évitant une
augmentation de la facture totale des automobilistes, et au gouvernement de
réduire, aussi, le déficit budgétaire. En effet, la
restructuration financière de la SAAQ est à l'avantage de
celle-ci et des automobilistes pour 2 raisons: une augmentation substantielle
des contributions d'assurance, sans déboursés additionnels pour
l'automobiliste. Le montant de 120 000 000 $ que le gouvernement
transfère à la SAAQ, en 1994, en réduisant les droits
d'immatriculation et de permis de conduire, est intégré aux
contributions d'assurance et permet de les augmenter de 27 %, sans changer la
facture totale pour l'automobiliste. Ceci protège donc les
automobilistes contre des augmentations éventuelles importantes des
contributions d'assurance.
Et je termine en disant ceci: La valeur présente, au 1er janvier
1994, des versements de la SAAQ au gouvernement de 675 000 000$ au 31 mars
1994, et 325 000 000 $ au 31 mars 1995, est de 952 000 000 $. Par ailleurs, la
valeur présente, au 1er janvier 1994, du transfert annuel permanent
à la SAAQ de 120 000 000 $ en 1994, et qui croît selon
l'évolution du nombre d'immatriculations et de permis de conduire,
serait d'environ 1 650 000 000 $, selon les hypothèses
appropriées concernant l'évolution future des taux
d'intérêt et du parc automobile sur 50 ans. Donc, dans un proche
avenir soit après 11 ans, 11 ans ou 12 ans les versements
de la SAAQ se trouvent totalement remboursés. Mais, à plus long
terme, la SAAQ va recevoir, en transfert de droits, 1,7 fois ce qu'elle aura
versé au gouvernement à même son surplus accumulé.
(21 h 50)
Alors, il faut regarder l'important, c'est le côté
structurel un déficit qui devient un assainissement des finances
de la Société. Il y a une contribution au gouvernement, mais il y
a une contribution annuelle du gouvernement vers la Société. Et,
en bout de ligne, on arrive à une situation où la
Société a reçu plus qu'elle n'a remis au gouvernement. Et,
tout cela, sans augmenter la facture de l'automobiliste et en protégeant
l'avenir pour ne pas qu'il connaisse éventuellement des augmentations de
40 % à 60 % de ses primes.
Le Président (M. Gautrin): En conclusion. Est-ce que c'est
terminé, M...
M. Levesque: Oui. Moi, j'ai terminé.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, le ministre des
Finances vient de lire un texte autojustificatif pour sa
décision. C'est inouï de parler d'assainissement des finances de la
SAAQ, une société qui a accumulé un surplus de 1 069 000
000 $ au-delà de ses besoins par suite de sa gestion. Et, si le
gouvernement en avait fait autant, je pense que, là, il pourrait parler
d'assainissement des finances des autres. Il serait bien mieux de regarder ses
propres finances avant de parler d'assainissement de la structure
financière de la SAAQ.
Mais, M. le Président, je pense que, à la base, le
ministre confond les contribuables québécois et les
automobilistes québécois. Il a dit antérieurement qu'il
s'agissait du même bassin, en quelque sorte, et qu'il les confondait.
C'est ça que cela signifiait. Je pense qu'il n'a pas raison. Je pense
que c'est là où le bât blesse. Juridiquement, les
automobilistes sont assurés à la SAAQ; c'est une
société, c'est leur société, et le gouvernement n'a
pas le droit de s'approprier les surplus de la Société de
l'assurance automobile du Québec. Il n'a pas le droit, et il y a des
avis juridiques qui circulent.
Est-ce que le ministre des Finances, avant de procéder, a
demandé les avis juridiques? Est-ce que lui-même s'est
assuré, lui-même a entendu qu'il y avait des objections à
procéder ainsi, parce que cela a fait les journaux? Il y a une poursuite
en cours. Est-ce que le ministre des Finances s'est préoccupé de
cette situation juridique, lui qui dit qu'il est un «juridique».
Est-ce qu'il y a quelque chose qu'il a fait là-dedans?
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre.
M. Chagnon: S'il y a des poursuites en cours, on peut
difficilement les commenter en fonction de l'article 35 de notre
règlement.
Le Président (M. Gautrin): Je comprends, M. le
député de Saint-Louis. M. le ministre, avez-vous quelques petits
cemmentaires, tout en respectant, bien sûr, l'article 35, que vous
connaissez parfaitement?
M. Levesque: On en a déjà eu des avis juridiques
dans des cas antérieurs où il y a eu des contributions de la SAAQ
dans des budgets antérieurs. Selon une opinion juridique émise
à cet effet, avec l'adoption par l'Assemblée nationale des
articles de loi y afférents, ainsi, la mesure budgétaire
constitue l'exercice de la souveraineté du Parlement et, de plus, cette
mesure est constitution-nellement valide.
Maintenant, dans le cas...
M. Léonard: Vous avez des avis juridiques
là-dessus?
M. Levesque: Dans ce que nous avions fait antérieurement,
parce qu'il y avait eu certaines contributions de la SAAQ dans les
années passées, dans les budgets antérieurs, on avait eu
des avis juridiques.
M. Léonard: Aux Finances?
M. Levesque: Aux Finances.
M. Léonard: Pas au ministère des Transports. Aux
Finances.
M. Levesque: C'était le ministère de la Justice, de
toute façon.
M. Léonard: C'est le ministère de la Justice.
Est-ce que vous pouvez nous les déposer, s'il vous plaît?
M. Levesque: On n'a jamais déposé et vous n'avez
jamais déposé de ces avis.
M. Léonard: C'est contesté, et vous savez aussi que
dans l'État de New York la cause a été gagnée par
ceux qui ont poursuivi l'État de New York là-dessus. Donc, vous
dites: Qu'on poursuive.
M. Levesque: Bien voyons!
M. Léonard: L'insécurité juridique,
ça ne vous émeut pas plus que ça.
M. Levesque: Vous savez, il n'y a personne qui n'a pas le droit
d'utiliser les tribunaux, mais il y a danger d'en abuser aussi. Quant à
nous, nous sommes sur des terrains solides et nous attendrons toute
contestation de ce côté-là.
M. Léonard: Est-ce que le conseil d'administration qui a
exprimé ses réserves, le soir même de la lecture du
discours du budget, est du même avis que le ministre des Finances
à l'heure actuelle? Est-ce que le ministre des Finances comprend qu'un
membre d'un conseil d'administration comme celui de la SAAQ, qui aurait en main
un avis juridique lui disant qu'il peut être tenu personnellement
responsable d'une décision qui outrepasserait les dispositions
juridiques de sa loi constitutive, est-ce que vous réalisez que vous le
mettez dans une situation personnelle intenable?
M. Levesque: Vous savez, M. le Président...
M. Léonard: Comme ministre des Finances, vous ne pouvez
pas vous permettre n'importe quoi.
M. Levesque: ...que, lorsqu'il s'agit d'une loi de
l'Assemblée nationale, je pense que, dans ce cas-là, c'est un peu
comme l'avis auquel je vous référais tout à l'heure sans
pouvoir le déposer. Mais c'est clair que la souveraineté du
Parlement est là.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je vois mal comment le gouvernement, qui a
fait de la SAAQ une société autonome, avec son conseil
d'administration, tout à coup, décide d'aller chercher de
l'argent qui a été réalisé de par ses
assurés, les automobilistes, décide que cet argent, cette
réserve lui appartient. Ça me semble inouï comme geste. Qui
est à l'abri d'un geste du ministre des Finances, dans la
société? Bell Canada: vous décideriez, à un moment
donné, qu'il y a trop d'argent là-dedans, trop de
réserves, vous allez aller faire une ponction. Au fond, c'est
ça.
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre.
M. Levesque: C'est toujours le même défaut que l'on
a lorsque l'on aborde cette question-là, défaut que l'on retrouve
du côté de l'Opposition, systématiquement: on refuse
d'accepter qu'il y a une contribution du gouvernement, qui est 1,7 fois plus
importante que le montant en question.
M. Léonard: Avez-vous calculé les
intérêts composés sur 1 000 000 000 $, ce que ça
veut dire?
M. Levesque: Tout est compris, tout a été fait
d'une façon actuarielle. Il n'y a aucune... On ne peut pas contester
ça. On peut ne pas aimer la façon de procéder, on peut ne
pas aimer le fait que l'on veuille faire ça de telle façon
plutôt que de telle autre. Ça, libre à chacun d'avoir son
opinion là-dessus. Mais, sur le fait, quand vous parlez de: Mais vous
êtes venus chercher 1 000 000 000 $, parlez aussi des 1 700 000 000 $ que
l'on remet, des 120 000 000 $ par année que l'on remet à la
Société à même les sommes qui étaient
destinées au gouvernement du Québec jusqu'à maintenant.
Elles étaient perçues par la Société et
étaient remises, ces sommes, au gouvernement du Québec.
Maintenant, nous renonçons à ces 120 000 000 $ par année
à l'avantage de la Société. Ça, ça
protège et l'automobiliste et le contribuable. Dans le fond, vous savez,
contribuable et automobiliste, c'est souvent la même personne. Vous
êtes de cette catégorie...
M. Léonard: Tiens, tiens!
M. Levesque: ...et tous ceux qui sont autour de cette
table...
M. Léonard: II y en a 4 000 000 à peu près,
c'est ça? C'est pour ça que vous dites que c'est à peu
près le même bassin, 4 000 000? Il y a 4 000 000 de
sociétaires aux caisses populaires Desjardins. À un moment
donné, vous allez décider que, tout à coup, c'est le
même bassin de contribuables. Quelqu'un qui a un compte de banque
à la caisse pop Desjardins, c'est le même monde, finalement. Vous
allez piger là! C'est ça, en fait, que vous faites. Eux aussi,
à la société Desjardins, ils ont une autonomie de gestion.
Alors, le gouvernement, le ministre des Finances, un bon matin, se lève
et dit: On va aller chercher tant d'argent dans les comptes de banque des
sociétaires de Desjardins. Parce qu'à partir du moment où
vous assimilez «contribuable» à
«automobiliste», à «sociétaire
Desjardins», vous pouvez tout vous permettre. Il n'y a pas de limite.
Ça n'a pas de sens, ce que vous dites là!
M. Levesque: Ce que le député doit comprendre,
c'est que je n'ai pas dit que c'était la même personne juridique,
mais j'ai dit qu'en général on retrouve les mêmes gens
quand on parle sur le plan... On ne parle pas sur le plan juridique, à
ce moment-là, on parle sur le plan...
M. Léonard: Bon, bien, O.K. M. Levesque: ...d'une
justice...
M. Léonard: Est-ce que, sur le plan juridique, un
automobiliste est un contribuable?
M. Levesque: Non.
M. Léonard: Non, hein? Vous l'admettez?
M. Levesque: Pardon?
M. Léonard: Est-ce que, sur le plan juridique, un
automobiliste est un contribuable ou si c'est identique?
M. Levesque: C'est difficile de trouver un automobiliste qui
n'est pas un contribuable.
M. Léonard: Oui, en effet, l'inverse maintenant. Le
Président (M. Gautrin): C'est l'inverse. M. Levesque: C'est
l'inverse, vous voulez dire.
Le Président (M. Gautrin): Ça ne veut pas dire que
b implique a.
M. Levesque: Pas nécessairement que tous les contribuables
sont des automobilistes.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Mais il ne doit pas y en avoir beaucoup dans notre
société...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: ...qui n'ont pas d'automobile. Il n'y en a pas
beaucoup.
N'oubliez pas, non plus, que la Société de l'assurance
automobile du Québec est une créature du Parlement de
Québec; c'est une créature du gouvernement... Et,
deuxièmement, les sommes...
M. Léonard: Desjardins aussi. Le Mouvement Desjardins
aussi. (22 heures)
M. Levesque: ...versées par l'automobiliste vont, d'une
part, au gouvernement et, d'autre part, en primes d'assurance à la
Société.
M. Léonard: Maintenant, vous pourriez aussi bien faire
main basse sur la Caisse de dépôt. Il n'y a plus aucune
institution à l'abri de votre voracité. C'est bien clair:
aucune.
M. Levesque: Si on faisait une entente avec la Caisse de
dépôt, où on lui remettrait plus qu'on lui demande, je
pense que la Caisse serait heureuse.
M. Léonard: Non, ça, je conteste formellement ces 1
700 000 000 $ qui représentent des sommes à venir durant 50 ans.
Et Dieu sait...
M. Levesque: Un instant, là. Je n'aime pas le mot
«50 ans».
M. Léonard: C'est ça que vous avez dit, durant 50
ans, là.
M. Levesque: Onze ans. Onze ans, c'est égal et,
après ça, là...
M. Léonard: Quand vous vous trompez sur vos
déficits de la façon dont vous vous trompez, est-ce que vous ne
pensez pas que prévoir à 11 ans, c'est un peu casse-cou de votre
part? Téméraire, oui.
M. Levesque: Vous êtes capable de calculer vous-même,
vous allez arriver aux mêmes conclusions.
M. Léonard: Non, je pense que, effectivement, depuis que
vous avez commencé à siphonner la Société de
l'assurance automobile du Québec, vous avez déjà
dépassé les 1 700 000 000 $, vraiment. Alors...
M. Levesque: Ce n'était pas pour les mêmes fins; ne
mêlons pas les choses.
M. Léonard: Ah, mon Dieu! Alors, oui, pas pour les
mêmes fins: la fin justifie les moyens, à ce qu'on voit. Je
voudrais attirer l'attention sur un point, c'est que, finalement, les
automobilistes, le ministre l'a dit, l'a admis, ont amélioré leur
comportement. On est d'accord là-dessus?
M. Chagnon: Moins de morts sur les routes.
M. Léonard: M. le ministre des Finances admet que les
automobilistes ont amélioré leur comportement et que c'est
à l'origine de cette réserve accumulée, de cette
réserve de stabilisation en excédent de ce qu'on avait
prévu et de ce dont on avait besoin. Alors, M. le Président, la
décision, donc, du gouvernement, c'est d'augmenter la prime d'assurance.
Regardez à la page 54, Annexe A, la contribution d'assurance passe de 85
$ à
110$: c'est la récompense aux automobilistes. Finalement, c'est
là où je trouve que le raisonnement est particulièrement
tordu; on accumule une réserve parce que le comportement des
assurés s'améliore et puis on dit: On veut améliorer la
structure financière de la SAAQ, et on augmente la contribution
d'assurance de 85 $ à 110 $. Il y a comme un non sequitur dans la
chose.
Le Président (M. Gautrin): En conclusion, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président...
M. Levesque: Est-ce que le député ne peut pas lire
que le droit d'immatriculation au gouvernement était de 100 $?
M. Léonard: Les droits d'immatriculation, il s'agit
d'enregistrement de la voiture et des véhicules automobiles, mais la
contribution d'assurance, elle, de l'assuré lui-même...
M. Levesque: C'est sur la même facture. M.
Léonard: ...passe de 85 $ à 110 $.
M. Levesque: C'est sur la même facture. Vous avez une
diminution de 175 $ et, l'autre, une augmentation de 85 $ à 110 $. C'est
la même chose, regardez le total: 233 $ d'un côté, 233 $ de
l'autre.
M. Léonard: Les droits d'immatriculation, étant
donné votre politique de tarification, portent sur l'immatriculation et
les frais associés à la gestion des immatriculations au
Québec. Et, l'autre ligne, contributions d'assurance, ça porte
sur l'assurance des automobilistes, et la contribution qu'on leur demande,
alors qu'ils ont accumulé une réserve parce qu'ils ont
amélioré leur comportement, passe de 85$ à 110$. On admet
ça; c'est tout à fait correct, normal.
Le Président (M. Gautrin): Votre temps est
dépassé déjà de 1 minute, mais je vais laisser le
ministre répondre.
M. Léonard: On y reviendra.
Le Président (M. Gautrin): Vous y reviendrez.
M. Levesque: C'est bien simple, si on avait simplement
porté les contributions d'assurance pour régler la question
déficitaire, on aurait monté de 85 $ à 110 $, si on
n'avait rien fait à côté. Mais c'est justement parce qu'on
sacrifie le même montant du côté des droits
d'immatriculation que l'utilisateur d'un véhicule verra sa facture non
augmentée et demeurer au même montant.
M. Léonard: Les députés libéraux sont
d'accord avec ça, ces raisonnements tortueux?
Le Président (M. Gautrin): Je pense qu'on va le savoir
tout de suite en le demandant au député de Lotbinière, qui
a maintenant la parole.
M. Léonard: Ah, ça m'étonnerait qu'il ne
soit pas d'accord. Il va être «encensoir»...
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Lotbinière, avec votre sens aigu de la justice.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Camden: M. le Président, je vous remercie. Je constate
évidemment que les gens d'en face...
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Labelle, s'il vous plaît, écoutez avec respect.
M. Camden: ...présumant déjà de mon
attitude, alors que le règlement l'interdit.
M. Léonard: On va voir.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Lotbinière, vous avez la parole.
Évolution du taux d'épargne en
début de reprise
M. Camden: je vous remercie bien, m. le président.
j'aimerais particulièrement avoir certaines indications concernant
l'annexe d, page 14, à l'égard de l'évolution du taux
d'épargne en début de reprise. c'est mon privilège le plus
strict, vous comprendrez bien, de changer de sujet. je trouvais, m. le
député, que vous traitiez fort bien l'autre sujet; alors, je ne
vois pas pourquoi je devrais le traiter à mon tour. alors, à
l'égard de l'évolution du taux d'épargne en début
de reprise, est-ce que vous pouvez me donner des indications un petit peu plus
claires à l'égard, d'une part, de l'épargne contractuelle
et de l'épargne discrétionnaire des gens? on constate, entre
autres, qu'en 1992 le total est de 10,2 %, et on constate qu'il y aurait,
d'épargne discrétionnaire, 2 % de ces 10,2 %. et on dit, enfin,
en principe, pour que la reprise soit vraiment assurée, qu'il devrait y
avoir entre 13 % et 14 % de taux d'épargne, ce qui serait un indicatif
que les gens ont terminé de payer leurs dettes.
M. Rhéaume: Alain Rhéaume pour le ministre des
Finances. C'est une explication qui est relativement technique. Au cours des
années 1982 et 1983, on peut voir que le taux d'épargne, qui
était à 17 % en 1982 et à 13,2 % en 1983, avait une forte
composante discrétionnaire, c'est-à-dire que l'épargne qui
était sous forme de régime de pensions, de régime
enregistré d'épargne-retraite ou de police d'assurance-vie
était relativement moins importante dans l'épargne totale que
l'épargne
que les gens pouvaient faire de manière discrétionnaire,
donc, sans contrat, sans contribution déjà contractée.
Ceci faisait en sorte que, à même une réduction du taux
d'épargne, c'est-à-dire, dans le fond, en épargnant moins
en 1983 qu'en 1982, comme on peut voir, la partie de l'épargne
contractuelle demeure toujours identique d'une année à l'autre,
mais la partie de l'épargne discrétionnaire a fondu, ce qui
permet de soutenir la demande et, donc, ce qui contribue à
accélérer ou à amplifier la reprise économique en
permettant d'augmenter les dépenses de consommation. la situation dans
laquelle on se trouve maintenant, dans la reprise de 1992, c'est que, sur
l'épargne totale, la partie qui est composée d'une épargne
contractuelle, donc, pour laquelle les gens sont commis à
épargner, est beaucoup plus importante et représente, à
toutes fins utiles, 80 % de l'épargne totale. alors, il ne reste que 20
%, soit 2 points de pourcentage en termes du taux d'épargne, que les
consommateurs peuvent, disons, contracter ou diminuer en termes
d'épargne sur laquelle ils ont une décision
discrétionnaire à poser et qui peut, en augmentant les
dépenses de consommation au lieu d'aller du côté de
l'épargne, venir alimenter la reprise économique.
Donc, on peut voir que la composante épargne, la composante,
disons, diminution du taux d'épargne, dans la reprise de 1992, ne peut
être d'un aussi grand apport à la reprise économique que ce
fut le cas dans la reprise de 1983.
M. Camden: Est-ce que, dans vos données, vous avez un
niveau de ce qu'est l'endettement des particuliers, des individus, des familles
en 1982-1983 versus 1991-1992?
M. Rhéaume: C'est une donnée dont on ne dispose pas
à ce moment-ci, mais ce qu'on sait, c'est que, quand on regarde les taux
d'épargne de 1983 et qu'on les compare aux taux d'épargne de
1992, ça devient assez clair que l'endettement des ménages,
comme, d'ailleurs, l'endettement des gouvernements et l'endettement des
entreprises, au terme de la récession de 1992, étaient beaucoup
plus élevés que ce qui était le cas au terme de la
récession de 1981-1982. Donc, encore là, les premiers soucis des
consommateurs, au sortir de la récession, c'est de commencer par
assainir leur bilan, rembourser leurs dettes, avant de commencer à
consommer davantage.
M. Léonard: Payer leurs taxes.
M. Camden: M. le Président, est-ce qu'on peut
m'indiquer... Vous n'avez aucune donnée à cet
effet-là?
M. Rhéaume: On n'a pas les données ici. Il y a
certaines données qui existent, qu'on pourrait, éventuellement,
apporter à la commission, mais on ne les a pas ici. (22 h 10)
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le sous-ministre. M.
le député de Lotbinière.
M. Camden: Oui, je vous remercie, M. le Président. Est-ce
qu'on ne peut pas expliquer aussi qu'une bonne partie du taux qu'on retrouvait,
qui dégageait, par le fait même, aussi une marge peut-être
plus grande, était également conditionnée par les taux
d'intérêt qui étaient nettement plus élevés
et qui constituaient aussi un attrait particulier à l'économie,
à faire en sorte qu'on économise et qu'on épargne pour
favoriser des dépôts?
M. Rhéaume: C'est un fait que le niveau
élevé des taux d'intérêt, au début des
années quatre-vingt, constituait un incitatif à l'épargne
et un désincitatif à l'endettement. La situation qu'on
connaît depuis 1990-1991, où les taux d'intérêt sont
moins élevés relativement à la situation de 1981-1982,
apparaît plus comme, disons, un incitatif moindre à
épargner et un incitatif un peu plus fort à être
endetté. L'endettement coûte moins cher qu'il coûtait dans
ce temps-là, l'épargne rapporte moins qu'elle ne rapportait au
début des années quatre-vingt.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le sous-ministre. M.
le député de Lotbinière.
Écart entre les taux d'intérêt des
bons
du Trésor à 3 mois
(CanadaÉtats-Unis)
et cours du dollar canadien
M. Camden: Merci, M. le Président. À l'Annexe D,
page 10, à l'égard de l'écart entre les taux
d'intérêt des bons du Trésor à 3 mois
(CanadaÉtats-Unis) et le cours du dollar canadien, en fonction des
tableaux qu'il y a là, quel effet aurait une diminution de la valeur du
dollar canadien sur la dette québécoise, si, évidemment,
la chute était plus importante ou la baisse était plus importante
que celle qu'on connaît actuellement?
M. Léonard: C'est 953 000 000 $ que ça a
coûté cette année. Il l'a dit tout à l'heure. Vous
n'étiez pas là, mais on en a parlé.
Le Président (M. Gautrin): M. le sous-ministre.
M. Camden: Des fois que j'obtiendrais d'autres informations
complémentaires.
Le Président (M. Gautrin): Oui, M. le
sous-ministre.
M. Rhéaume: II est clair qu'une
détérioration additionnelle du taux de change, de la valeur du
dollar canadien viendrait augmenter la dette. Évidemment, on peut
difficilement considérer qu'une détérioration, par
exemple, par rapport au dollar américain, viendrait affecter
nécessairement toute la dette en monnaies étrangères
puisque le dollar canadien, à ce moment-là, évolue
de manière simultanée, d'une manière
différente par rapport à chacune des monnaies dans lesquelles on
a de la dette. Alors, on peut constater qu'au 31 mars 1993, par exemple, la
dette en dollars américains était de 8 620 000 000 $, à un
taux de change, à ce moment-là, du dollar canadien qui
était 1,25 $ canadien pour 1,00 $ américain. Alors, si on prend
0,01 $ par rapport à ça, on peut compter assez rapidement
que...
Le Président (M. Gautrin): Là s'arrêtent vos
commentaires?
M. Rhéaume: 0,01 $ sur l'ensemble du portefeuille,
c'est-à-dire si le dollar perd l'équivalent de 0,01 $ par rapport
au dollar américain, mais que ça se répercute dans les
mêmes proportions sur la valeur des autres monnaies, ça
représente 34 000 000 $ d'augmentation de la dette.
Le Président (M. Gautrin): Théoriquement, vous
allez nous donner ça au 1er juin, hein?
M. Rhéaume: Oui, oui. D'ailleurs, je l'ai ici, ne bougez
pas, là. Je vais m'empresser de le déposer.
Le Président (M. Gautrin): Ah, je l'attendais.
M. Rhéaume: Ça vient d'arriver. Je ne sais pas
où je l'ai mis, je vais le trouver. Il est ici.
M. Léonard: Là, vous vous parlez entre vous, mais
c'est pour tout le monde. On voudrait participer à la curée.
M. Rhéaume: Non, non. Oui, effectivement.
Le Président (M. Gautrin): Non, mais attendez...
M. Rhéaume: C'était une demande de la commission,
hier.
Le Président (M. Gautrin): C'était une demande
à la commission; je l'avais demandé et il a dit qu'il le
déposerait.
M. Rhéaume: II avait demandé que l'on puisse
présenter la valeur, au 1er juin 1993, de la dette au 31 mars 1993,
compte tenu de l'évolution des taux de change entre le 1er avril et le
1er juin. Alors, on va pouvoir déposer ce tableau-là. Ça
montre que...
Donc, on parle de la même dette. En dollars canadiens, elle
était à 25 254 000 000$ au 31 mars; évidemment, le taux de
change du dollar canadien par rapport à lui-même n'ayant pas
évolué, c'est toujours 25 254 000 000 $. La dette en devises
américaines était de 8 620 000 000 $ au 31 mars; compte tenu de
la détérioration du dollar canadien depuis ce temps-là,
elle est maintenant de 8 723 000 000 $. Celle en yens japonais était de
2 287 000 000$; elle est maintenant de 2 481000 000$. Celle en francs suisses
était de 1 900 000 000 $; elle est maintenant de 2 000 000 000 $. Celle
en marks allemands était de 625 000 000 $; elle est maintenant de 639
000 000 $. Celle en francs français était de 460 000 000 $; elle
est maintenant de 473 000 000 $. Et, celle en livres sterling était de
95 000 000 $; elle est maintenant de 99 000 000 $. Pour des totaux de 39 235
000 000 $ au 31 mars, qui sont devenus 39 675 000 000 $ au 1er juin.
Effectivement, toute variation du taux de change...
M. Léonard: C'est là où l'effet d'être
entre le Maroc et le Burundi se fait sentir.
M. Rhéaume: Effectivement, tout l'effet de la variation du
taux de change est, conformément aux pratiques comptables
généralement reconnues, amorti sur la durée restante de la
dette.
Document déposé
Le Président (M. Gautrin): Merci. Ce document est
déposé. Est-ce que vous pourriez nous en faire des copies, s'il
vous plaît, pour les membres de la commission?
Alors, M. le député de Lotbinière, est-ce que vous
pouvez poursuivre votre intéressant exposé?
Contribution du gouvernement au Fonds de
solidarité des travailleurs du Québec
M. Camden: Enfin, je vous remercie, M. le Président. Vous
avez un style tout à fait professoral, je dois vous l'indiquer. On a
indiqué à l'intérieur du budget qu'on entendait limiter,
évidemment, l'effort, la contribution indirecte du gouvernement du
Québec, bien sûr, par des voies fiscales au niveau du Fonds de
solidarité. Est-ce que vous pouvez m'indiquer quel a été
le coût en 1992 à l'égard du Fonds de solidarité?
Peut-être ne l'a-t-on pas, mais à l'égard des années
1989, 1990, 1991...
M. Levesque: J'ai eu l'occasion, hier, je pense, de faire
connaître ces chiffres. Vous voulez dire le coût à
l'État ou l'ensemble des...
M. Camden: Le coût à l'État, bien sûr,
puisque M. le Président, j'imagine que, lorsque le ministre des Finances
indique dans son budget qu'il entend le limiter à 75 000 000 $, c'est
évidemment le coût de l'État. Est-ce que c'est...
M. Levesque: Ah! peut-être qu'il serait bon, d'abord...
J'ai eu l'occasion, hier, d'en faire part, mais, pour ceux qui n'y
étaient pas hier, je rappellerai rapidement que, depuis 1984, les
montants recueillis par le
Fonds de solidarité ont varié considérablement. En
1984, ça a été 600 000 $; en 1985: 3 500 000 $; en 1986:
16 400 000 $; en 1987: 48 900 000 $; en 1988: 67 500 000$; en 1989: 73 200
000$; en 1990: 70 000 000$; en 1991: 74 100 000$. Je m'arrête là
parce que vous voyez que, depuis 1984 jusqu'en 1991, il y a eu une
augmentation, mais que, dans les 3 années 1989, 1990, 1991, on semblait
avoir plafonné à peu près entre 70 000 000 $ et 74 000 000
$. La mesure que nous avons mise de l'avant met un plafond à ça
de 75 000 000$. Donc, jusqu'en 1991, là, c'est encore mieux que ce
qu'ils avaient fait durant toutes ces années-là, année
après année. La seule chose, c'est qu'en 1992 et 1993 il y a eu
une nouvelle ferveur, là, pour ces titres-là, qui fait que c'est
passé directement en 1992 à 134 800 000 $ et, en 1993, à
193 000 000 $. Une progression assez considérable qui a affecté
les revenus, c'est-à-dire les coûts pour le gouvernement. Le
manque à gagner pour le gouvernement a été le suivant: le
coût fiscal de la mesure, prenons en 1987, c'était 26 000 000 $;
en 1988, c'était 27 000 000 $; en 1989, c'était 27 000 000 $; en
1990, c'était 30 000 000 $; en 1991, c'est là qu'on commence
à voir le coût fiscal... comment ça se fait que...
(22 h 20)
Le Président (M. Gautrin): Voulez-vous qu'on suspende 1
minute?
M. Levesque: Non, non. Ça va.
Le Président (M. Gautrin): Non, non?
M. Levesque: C'est parce que l'année...
M. Léonard: On n'est pas à l'étude de la loi
198, là.
M. Levesque: L'année...
Le Président (M. Gautrin): Ça vous a appris
beaucoup de choses.
M. Levesque: II n'y a pas une correspondance exacte entre les
années, étant donné que le coût fiscal est une
année antérieure à l'année où les montants
sont recueillis par le Fonds de solidarité. Mais, tout de même,
pour 1991, le coût a été de 50000000$ et, en 1992, 77 000
000 $. tout ce que je dis, c'est que nous revenons aux coûts que nous
avons connus dans les années antérieures de 1988, 1989, 1990. le
coût, pour le gouvernement, était de 30 000 000 $ et moins, et, en
1993, nous estimons qu'avec le plafond on sera à peu près au
même coût d'un petit peu plus de 30 000 000 $. tandis que, dans ces
2 années où il y a eu cette nouvelle ferveur, on était
partis à des sommes beaucoup plus considérables.
M. Camden: Est-ce que vous voulez me rappeler, peut-être,
brièvement... Quand vous avez donné des chiffres, finalement,
rapidement, en 1991, vous disiez que c'était 193 000 000 $ de
contribution?
Une voix: En 1992.
M. Levesque: En 1991, c'était encore des montants
recueillis. Ah! vous voulez dire pour le...
M. Camden: Le montant recueilli, oui, pas celui de l'année
passée.
M. Levesque: Ou bien le coût fiscal. Non? Le montant
recueilli.
M. Camden: C'est le montant recueilli.
M. Levesque: Le montant recueilli, en 1991, c'est 74 000 000
$.
M. Camden: Oui.
M. Levesque: En 1992, 134 000 000 $ et, en 1993, 193 000 000
$.
M. Camden: On doit reconnaître que c'est substantiel. Je
comprends très bien que ça a de quoi faire rêver,
évidemment, le président du Mouvement Desjardins et,
sûrement aussi, l'inquiéter. Et, également, j'imagine,
aussi, d'autres institutions financières qui sont sûrement...
M. Levesque: Et d'autres centrales syndicales qui...
M. Camden: Oui, oui. C'est ce qu'on a constaté,
évidemment, à la lecture des médias d'information.
M. Léonard: Vous êtes contre le Fonds de
solidarité?
M. Camden: Pardon?
M. Léonard: M. le député de
Lotbinière est contre le Fonds de solidarité des
travailleurs?
M. Camden: Ah non!
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Lotbinière, non, non, je ne pense pas que vous avez dit ça.
M. Camden: M. le Président, là...
Le Président (M. Gautrin): Je n'ai pas compris.
M. Camden: Encore une fois, on me prête des intentions.
M. Léonard: Non. Je lui pose la question.
M. Camden: Ce n'est nullement le cas. Ce que j'ai
constaté...
M. Léonard: Je pose la question.
M. Camden: ...comme la majorité de mes collègues,
à la lecture des médias d'information, c'est que ça a
évidemment suscité beaucoup d'intérêt. J'ai
constaté, chez le président du Mouvement Desjardins et à
l'intérieur du Mouvement Desjardins, qu'ils souhaitaient, si j'ai bien
compris, avoir les mêmes avantages et qu'ils s'inquiétaient
également, sans doute, de voir certains de ces capitaux leur
échapper au profit du Fonds de solidarité. Alors, vous
comprendrez bien que mes propos ne sont nullement négatifs à
l'égard du Fonds, au contraire. Tout à l'heure, j'entendais le
député de Labelle indiquer que le Mouvement Desjardins, ça
avait l'air même d'être, à toutes fins pratiques, une
filiale laissait-il entendre ou laissait-il croire du
gouvernement du Québec, et il indiquait que, peut-être, le
gouvernement serait tenté d'allonger le bras pour aller chercher
l'argent. C'est ce qu'on a entendu? C'est bien ça? Enfin, je voudrais
peut-être...
M. Léonard: On n'est pas en sécurité avec le
ministre des Finances actuel.
M. Camden: Moi, je dois considérer, M. le
Président, que le ministre des Finances actuel et l'actuel premier
ministre constituent, aux yeux de la population, des garanties beaucoup plus
grandes de sécurité à l'égard de la
stabilité financière du gouvernement du Québec et,
également, de la stabilité politique. J'avais, d'ailleurs,
l'occasion de le réentendre, pas plus tard que samedi soir, lors d'une
soirée sociale dans mon comté; les gens venaient m'indiquer
ça. Et, lorsqu'on discutait, évidemment, de la situation
budgétaire du gouvernement du Québec, et, également, des
impositions on doit reconnaître qu'elles sont
sévères les gens reconnaissaient une chose, c'est qu'il
était maintenant temps de vivre selon nos moyens, tel qu'on l'avait
indiqué en février dernier lors des consultations.
Emprunts réalisés pour le Fonds de
financement en 1992-1993
M. le Président, j'aimerais également regarder l'Annexe C,
page 32. Lorsqu'on regarde les emprunts réalisés pour le Fonds de
financement en 1992-1993, par l'entremise du gouvernement du Québec ou
de la province de Québec, comme il est intitulé ici, est-ce qu'on
peut m'indiquer pourquoi emprunte-t-on à taux variable lorsqu'il s'agit
du yen? Lorsqu'on regarde, évidemment, la colonne descriptive,
là, à l'égard du rendement à l'acheteur et du taux
d'intérêt également, on constate, à la lecture,
qu'on retrouve 2 fois «variable» et c'est directement lié
à y qui est, bien sûr, le yen, là, pour comprendre ce qui
est un petit peu plus bas.
M. Levesque: C'est une coïncidence que la meilleure
transaction disponible, à ce moment-là, elle était
à taux variable. C'est ça.
M. Camden: C'est ça? Sans doute, cela a-t-il
été mentionné, peut-être, lors d'allocutions en
Chambre ou d'échanges, est-ce que vous pouvez me rappeler le pourcentage
d'emprunts à l'extérieur du Québec, là? De
l'ensemble des emprunts qu'on a, quel est le pourcentage à
l'extérieur du Québec ou du Canada, Québec et Canada
ensemble?
M. Levesque: Des détenteurs d'obligations?
M. Camden: Oui.
M. Levesque: Non, on ne peut pas le dire.
M. Camden: Bien, alors...
M. Levesque: Parce que c'est trop mobile.
M. Camden: Mais...
M. Levesque: Sur le marché secondaire, ça se
promène continuellement. On ne peut pas dire qui est détenteur
d'une obligation, à un moment donné.
M. Camden: vous n'avez aucune espèce d'approximation, en
pourcentage, à plus ou moins 5 %, là?
M. Levesque: Mais on sait dans quelles devises c'est fait. On
sait dans quelles devises...
M. Camden: Oui.
M. Levesque: ...les obligations se retrouvent. On a un
pourcentage de 30 % en devises canadiennes. En C 18, vous avez la liste,
là, mais qui les détient, là...
M. Camden: On l'a fait...
M. Levesque: ...il y a tellement de mobilité sur le
marché qu'il est très difficile de pouvoir le dire d'une
façon absolue.
M. Camden: Bien sûr, il n'y a rien qui indique, qui assure
qu'à 64,4 % en dollars canadiens, effectivement, c'est
contrôlé dans la même proportion par les Canadiens ou les
Québécois.
M. Levesque: Pas nécessairement, non. M. Camden:
Pas nécessairement.
M. Levesque: Parce qu'il y a bien des Européens qui vont
acheter du dollar canadien, et il y a même des Canadiens qui
achètent en d'autres devises aussi, pour ceux qui ont un portefeuille
diversifié. Alors, c'est très
difficile, et les investisseurs décident, chaque jour... Les gros
investisseurs peuvent, chaque jour, changer leur portefeuille et disposer
dé certaines devises et en acquérir d'autres. Et tout cela se
fait continuellement et d'une façon planétaire. Alors, c'est
impossible de suivre ça.
M. Camden: Je vous demandais cette question parce que,
évidemment, on avait l'occasion de prendre connaissance,
làje ne sais pas d'où ils tirent leurs données
dans les médias d'information, que 45 %, je pense, de la dette,
là, canadienne dépendaient, évidemment, d'emprunts
extérieurs au pays. Alors, ma question, évidemment, s'inscrivait
un peu dans cette foulée.
M. Levesque: On peut faire des extrapolations avec les
résultats d'enquêtes, à un moment donné, pour une
période donnée.
M. Camden: Une petite dernière, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Allez-y, mais votre temps est
en train d'expirer. Une toute petite. Vous avez dépassé de 1 min
35 s le vôtre, cher ami.
M. Camden: Écoutez, je ne voudrais pas abuser, non plus,
là.
Le Président (M. Gautrin): Allez-y donc,
brièvement, M. le député de Lotbinière,
allez-y!
M. Camden: Je vais laisser le député de Labelle,
évidemment, je vais lui permettre de formuler des questions.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Lotbinière...
M. Camden: Sans doute reviendra-t-il à la
Société de l'assurance auto.
M. Léonard: Vous avez été très
flatteur pour votre gouvernement là-dessus. Vous n'en avez pas
parlé.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Lotbinière, votre petite question microscopique.
M. Camden: M. le Président, quelle est... D'abord, le taux
actuel je pense que c'est autour de...des obligations
d'épargne du Québec est de combien? Et pourquoi n'offre-t-on pas
l'équivalent, là, aux petits prêteurs, par rapport à
ce qu'on retrouve, ici, rendement à l'acheteur, à l'Annexe C,
page 32?
M. Levesque: Un instant, là. Annexe C, page 32.
M. Camden: Oui. Les taux ont l'air d'être entre 8,2% et
9,4%.
M. Levesque: Et vous voulez savoir pourquoi les obligations
d'épargne du gouvernement sont à 5 %? C'est ça que vous
voulez savoir?
M. Camden: Exact, exact. Parce que c'est, évidemment, une
question qui nous est formulée, adressée par nos commettants.
M. Levesque: Ceci, évidemment, reflète
l'état du marché. N'oubliez pas que ce sont les emprunts
réalisés pour le Fonds de financement, ce à quoi vous
m'avez référé, là, en 1992-1993. Aujourd'hui, rendu
au mois de mai c'est au mois de mai, ça, que les obligations ont
été émises, le 19 mai la situation était
bien changée depuis ce temps-là. (22 h 30)
Et, en plus, il faut bien comprendre qu'ici il s'agit d'obligations qui
n'ont pas la même liquidité que les obligations d'épargne.
Lorsque vous empruntez, lorsque vous faites des emprunts de cette nature, ici,
vous le faites sur des échéances de 10, 20, 30 ans, tandis que,
dans la question des obligations d'épargne, c'est échangeable sur
demande n'importe quand.
Le Président (M. Gautrin): Non, non. Mais, M. le ministre,
vous avez encore votre temps; après chaque intervention, vous avez 10
minutes. Alors, vous pouvez...
M. Levesque: Mais, il ne voulait pas.
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais non. On vous
laisse terminer.
M. Léonard: II lui reste une question...
Le Président (M. Gautrin): Mais vous arrivez, vous...
M. Léonard: Je ne veux pas bousculer...
Le Président (M. Gautrin): Non, non. Je comprends.
M. Léonard: II y a beaucoup de choses, mais il reste une
demi-heure.
Le Président (M. Gautrin): Mais c'est une question
d'équité.
M. Léonard: Oui, oui.
Le Président (M. Gautrin): Alors, c'est terminé, M.
le ministre?
M. Levesque: Ça dépend si mon interlocuteur est
satisfait.
Le Président (M. Gautrin): II a épuisé son
temps.
M. Camden: Je ne veux pas impatienter, non plus, le
député de Labelle, vous comprenez bien, M. le Président.
Je trouvais qu'il était de fort bonne humeur.
M. Léonard: Vous allez être intéressés
pas la série de questions suivantes.
Le Président (M. Gautrin): Nous sommes toujours
intéressés par vos questions, M. le député de
Labelle. Nous sommes tout ouïe pour vous écouter...
M. Léonard: Bien! Oui, M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): ...avec l'intérêt
qu'on vous porte tout le temps.
Pertes de revenus dues au commerce illégal du
tabac
M. Léonard: ...je vais aborder un sujet qui n'a pas
été touché jusqu'ici, mais qui, à mon sens,
requerrait d'avoir un certain nombre de réponses. Le ministre des
Finances, lors de la commission parlementaire de février, avait admis
qu'il avait perdu au moins 325 000 000 $ par suite de l'expansion de la
contrebande du tabac. Les fabricants de tabac eux-mêmes avaient dit en
commission parlementaire que, de 3 façons différentes, ils
avaient établi que cette perte pour le gouvernement du Québec
était plutôt de l'ordre de 550 000 000 $. Disons qu'on ne se
chicanera pas sur les chiffres. J'ai dit, à ce moment-là, que
j'avais tendance à les croire plutôt que le ministre des Finances,
compte tenu de son record quant aux prévisions.
Mais j'aimerais savoir, de la part du ministre des Finances, quelles
sont les mesures qu'il entend prendre, comment il voit la solution de ce
problème, de cette gangrène galopante, parce que c'est le mot
qu'il faut employer. Et, de la même façon, je l'informe tout de
suite que je voudrais à un moment donné aussi échanger,
pour le temps qu'il nous reste, sur le travail au noir, toutes ces questions
d'évasion fiscale, parce que cela mine la structure de nos revenus comme
gouvernement du Québec. C'est une bonne question, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Excellente! C'est une bonne
question. C'est une bonne question.
M. Léonard: Alors, concrètement.
M. Levesque: D'abord, on va dire qu'on partage cette
préoccupation non pas seulement du député de Labelle, mais
de plusieurs de nos concitoyens sur ce fléau qu'est le commerce
illégal du tabac. C'est clair. Il faut bien dire au début que,
s'il n'y avait pas de tabac, ce serait encore mieux et que, peut-être, si
on n'avait aucun revenu du tabac, ce serait encore mieux.
M. Léonard: Vous économiseriez sur les frais de
santé.
M. Levesque: Exactement. M. Léonard: On est
d'accord.
M. Levesque: Maintenant, le problème est d'autant plus
préoccupant qu'il en découle des pertes importantes de revenus
pour les provinces et pour le gouvernement fédéral. En 1992-1993:
362 500 000 $...
M. Léonard: Ça, c'est vos pertes ou le
fédéral? M. Levesque: Nous autres. M. Léonard:
362 000 000 $ en 1992-1993? M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Si vous avez des tableaux, est-ce qu'on
pourrait en avoir une copie après?
M. Levesque: Non, ce n'est pas un tableau. C'est un tableau, mais
contenu dans une note qui m'est personnelle pour le moment.
M. Léonard: On peut prendre la note, nous autres
aussi.
M. Levesque: Oui, oui. Je verrai. Il faudra que je la lise
avant.
M. Léonard: O.K.
M. Levesque: Et, en 1993-1994, ce qui est prévu, c'est 439
000 000 $ de pertes. Et le fédéral, pendant ce temps-là,
va perdre 472 800 000 $, d'après nos prévisions, ce qui fait une
perte pour l'ensemble de 912 000 000 $.
Le Président (M. Gautrin): Juste pour les cigarettes.
M. Levesque: Juste pour les cigarettes. Il faut bien comprendre
que...
M. Léonard: Mais le tabac à chiquer n'est pas
compris là-dedans, là?
M. Levesque: Ha, ha, ha! On le garde pour vous. Vous chiquez
assez la guenille. Ha, ha, ha!
(Consultation)
M. Levesque: On peut vous déposer la partie qui est un
tableau.
M. Léonard: Oui, oui. Moi, je trouve ça
important.
Le Président (M. Gautrin): Vous aimeriez voir ça
déposé?
M. Levesque: De l'autre côté de la feuille,
qu'est-ce qu'il y a?
M. Léonard: Les notes, aussi, ne sont sûrement pas
aussi...
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais les notes ne
sont pas déposables.
M. Léonard: Bof!
M. Levesque: On va faire photographier le tableau et on va vous
le donner.
Le Président (M. Gautrin): Voulez-vous que je le fasse
faire par les personnes?
M. Léonard: Comme vous avez lu le texte, de toute
façon, il est déjà dans les galées.
M. Levesque: Non, pas ce texte-là. Je n'ai pas eu le temps
de lire le texte. Autrement, je l'aurais passé aussi.
Document déposé
Le Président (M. Gautrin): Monsieur, voici! Est
déposée la partie du milieu de la feuille simplement. Alors, vous
allez photocopier seulement la partie du milieu de la feuille en excluant la
partie confidentielle, ici, en haut.
M. Léonard: La censure à l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Gautrin): La censure continue
à...
M. Léonard: C'est l'exemple le plus patent de censure,
couper les pages.
Le Président (M. Gautrin): C'est exact. C'est tout
à fait exact. Nous continuons.
M. Levesque: Je pense que le député de Labelle est
injuste parce qu'il sait que, chaque fois que j'ai une chance de lui faire
parvenir les copies de tout ce qu'il demande, je ne pense pas qu'on lui ait
refusé grand-chose à date.
Le Président (M. Gautrin): II en demande trop.
M. Léonard: Mais c'est parce que, là, ce sont des
textes qui contribuaient à faire paraître le ministre
intelligent.
Le Président (M. Gautrin): II n'a pas besoin de ça.
C'est limpide.
M. Levesque: J'essaie de tout donner au député de
Labelle, la réponse la plus complète possible. Il est possible
que, si on n'a pas de notes devant soi, on puisse oublier quelque chose
d'essentiel. Alors, c'est dans le but de bien remplir mon rôle que je le
fais.
Donc, je disais qu'il y avait des pertes importantes de revenus pour des
provinces et même pour le gouvernement fédéral. J'insiste,
«pour le gouvernement fédéral», parce que j'aurai
peut-être quelque chose à dire là-dessus dans quelques
instants.
M. Léonard: II ne faut pas parler de constitution,
là. Ha, ha, ha!
M. Levesque: Maintenant, au plan social aussi, il ne faut pas
oublier que c'est dangereux qu'une pratique qui évite le paiement de
taxes et d'impôts se prolonge aussi. Alors, ça, ça nous
préoccupe aussi. Et, ça se peut aussi et ça a
commencé déjà que ça s'étende
à d'autres produits. Alors, là aussi, il y a un danger.
Il y a aussi le fait que les jeunes, qu'on veut ne pas habituer au
tabac, au tabagisme, peuvent se procurer à très bas prix, sur le
marché noir...
M. Léonard: Quelles sont les mesures?
M. Levesque: ...les cigarettes en question. Donc, le
député de Labelle n'est pas tout seul à se
préoccuper de cette question-là et je viens
d'énumérer plusieurs facteurs.
M. Léonard: «Action, action».
M. Levesque: Maintenant, ce qui est curieux dans tout ça,
c'est qu'au Québec je ne sais pas si c'est parce qu'on est une
société distincte, là alors que les taxes sur le
tabac sont moins élevées qu'ailleurs, c'est ici que le commerce
illégal a progressé le plus rapidement.
M. Chagnon: À cause du programme Jeunes entrepreneurs.
M. Levesque: Peut-être que le député de
Labelle pourrait me donner une raison pour ça, une explication, parce
que la situation est moins problématique dans les autres provinces. Et
même, encore une fois, si le Québec est une des provinces qui
taxent le moins le tabac... On a ici un tableau qui indique le prix des
cigarettes partout, la taxe sur les cigarettes, et nous sommes, parmi les
provinces, la province où l'on taxe le moins le tabac.
M. Léonard: Vous avez un fonctionnaire très
serviable, mais qui vous distrait, là. Continuez.
Le Président (M. Gautrin): Avant que vous continuiez, je
voudrais intervenir brièvement. Entre le parti de l'Opposition et le
ministre, il nous reste 20 minutes. En principe, vous avez chacun 10 minutes
pour
faire des remarques de clôture. Si vous préférez
poursuivre votre échange...
M. Léonard: Moi, M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): ...ça va être
automatiquement retiré des remarques de clôture; alors, comment
vous voulez fonctionner?
M. Léonard: S'il reste du temps... Mais, moi, j'aimerais
que le ministre nous réponde. C'est une question fort importante qui
représente des centaines de millions. Est-ce qu'on pourrait
accélérer?
M. Levesque: Je suis en train de vous donner la
réponse.
Le Président (M. Gautrin): Donc, est-ce que vous acceptez
de diminuer...
M. Levesque: Ça dépend du...
Le Président (M. Gautrin): ...votre temps des remarques de
clôture?
M. Levesque: Moi, ça ne me fait rien, une chose ou
l'autre.
Le Président (M. Gautrin): Ça marche pour vous?
M. Léonard: Je tiens à cet aspect de l'étude
du budget parce que c'est important.
Le Président (M. Gautrin): Alors, de part et d'autre, vous
allez diminuer d'autant vos remarques de clôture.
M. Léonard: Oui, oui, oui. On verra à la fin.
M. Chagnon: J'ai une autre question à poser. (22 h 40)
Le Président (M. Gautrin): Oui, mais attendez. Je
comprends bien.
M. le ministre.
M. Levesque: Alors, on m'a interrompu. Je recommence.
Le Président (M. Gautrin): Je m'excuse.
M. Levesque: Non, non, ce n'est pas vous qui m'interrompiez, M.
le Président.
Le Président (M. Gautrin): Excusez.
M. Levesque: La situation est moins problématique dans les
autres provinces canadiennes. Nos fonctionnaires, ceux du gouvernement
fédéral et des provinces, ont eu l'occasion d'échanger sur
l'information disponible à ce sujet. Au Québec, par exemple,
l'assiette taxable des produits du tabac a chuté de plus de 50 % depuis
1989-1990. Pas parce que les gens ont diminué, ils ont diminué un
peu de fumer, il y en a plusieurs qui ont cessé, mais c'est surtout
à cause du commerce illégal. Le ministère du Revenu du
Québec a pris rapidement une série de mesures pour contrer la
contrebande. On se rappelle la mise sur pied d'un groupe d'agents pour
surveiller les abords de la frontière...
M. Léonard: Sans succès.
M. Levesque: ...et le développement des réseaux
organisés: pensez à la police du tabac. Le gouvernement
fédéral, quant à lui, a, pour sa part, annoncé une
série de mesures en 1992. Il est encore trop tôt pour
déterminer si ces mesures permettront de régler le
problème à long terme. Le Québec a également
annoncé, le 23 avril dernier, une série de mesures
supplémentaires on a déposé un projet de loi, il
est devant la Chambre visant à diminuer l'ampleur du
phénomène: l'augmentation de l'amende maximale pouvant être
imposée aux contrebandiers, qui passe de 25 000 $ à 500 000 $;
une amende de 200 $ qui passe à 1000 $ pour les consommateurs de tabac
de contrebande; des amendes de 200 $ à 1000 $; renforcement des pouvoirs
en matière de rétention; dispositions de confiscation des choses
saisies pour rendre les contrôles du commerce illégal plus
efficaces; remplacement de certaines exemptions par un droit au remboursement
pour certaines catégories de consommateurs, dont les diplomates; et
mesures additionnelles d'identification des produits du tabac. Donc, les
gouvernements useront de tous les efforts pour faire respecter les lois.
Maintenant, plusieurs intervenants ont évoqué que seule
une réduction de taxe substantielle pouvait enrayer le commerce
illégal. Cependant, à l'heure actuelle, la réduction de
taxe nécessaire pour contrer cette pratique serait de plus de 2 $ par
paquet de 25 cigarettes, ce qui signifie, à toutes fins pratiques,
l'élimination de la taxe sur les tabacs. Quant à nous, si nous
sommes seuls à le faire, le Québec ne peut pas à lui seul
absorber le manque à gagner qui découlerait d'une telle mesure.
On se comprend! Il y a aussi le fait que, même s'ils ont taxé
assez fortement le tabac, les gouvernements ne sont pas les seuls intervenants
dans ce dossier. Au Québec, entre 1988-1989 et 1992-1993, le prix moyen
du paquet de 25 cigarettes est passé de 3,35 $ à 6,42 $. Cette
augmentation a résulté pour 45,6 % des taxes
fédérales, 34,9 % des taxes provinciales et 19,5 % des
détaillants, grossistes et manufacturiers. Alors, dans ce contexte,
aucun gouvernement ne peut agir seul pour enrayer le problème du
commerce illégal; une solution concertée avec le gouvernement
fédéral, les provinces et l'industrie, devra être
établie avant d'agir.
Maintenant, à la dernière conférence
fédérale-provinciale des finances, au début de la semaine,
j'ai encore abordé le sujet. Je voyais autour de moi des
ministres des Finances qui ne semblaient pas avoir conscience de ce
problème-là, parce qu'il n'existe à peu près pas
chez eux. Par contre, je voyais mon vis-à-vis de l'Ontario qui, lui,
commence à sentir que ce commerce illégal entre plus
profondément dans sa province, et il commence à être
préoccupé, mais, avant ça, il l'était beaucoup
moins. Là, le Nouveau-Brunswick, également, a commencé
à voir... Nos 2 voisins, autrement dit, commencent à...
M. Léonard: Si je vous comprends, vous souhaitez presque
que la contrebande s'étale là aussi pour qu'ils puissent
agir?
M. Levesque: Non, c'est qu'il faudrait que le gouvernement
fédéral agisse, c'est ça que je veux dire, parce que le
gouvernement fédéral taxe plus que nous. Moi, j'avais
suggéré que le gouvernement fédéral j'en ai
parlé à plusieurs reprises à qui de droit accepte
de diminuer les taxes sur le tabac et que nous ferions de même pour faire
en sorte de faire échec à la contrebande. Et, plus tard,
progressivement, les taxes pourraient être augmentées alors que le
réseau sera démantelé. Mais, pour y arriver, il faut une
concertation.
Il faut bien comprendre que, jusqu'à maintenant, le gouvernement
fédéral a refusé d'aborder cette façon-là ou
d'utiliser ce moyen-là pour diminuer la consommation,
c'est-à-dire diminuer la contrebande. Et, évidemment, qu'est-ce
qui le préoccupe? C'est le lobby anti-tabac, qui est très fort
à travers le pays, et qui... Moi, je suis également favorable
à la lutte contre le tabagisme, mais je ne crois pas qu'on fait une
lutte contre le tabagisme quand on laisse la contrebande là parce que,
au contraire, la contrebande rend plus accessible encore, sur le plan
pécuniaire, le tabac et particulièrement chez les jeunes. Mais,
les lobbies anti-tabac et, moi, je reçois de la correspondance
là-dessus me disent: Ne touchez pas aux taxes, ne baissez pas
ça! Puis, même si j'essaie de leur expliquer que la consommation
continue de plus belle, on dirait que c'est une vache sacrée: Ne touchez
pas aux taxes, plutôt, augmentez-les encore! C'est ça, le message
qui est reçu. Alors, le fédéral reçoit ce
message-là aussi. Et même j'ai reçu des lettres de
félicitations après mon budget parce que je n'avais pas
diminué la taxe sur les cigarettes.
M. Léonard: Oh!
M. Chagnon: Parmi toutes celles qu'il a reçues sur...
M. Levesque: Ah oui! Je n'invente rien.
M. Léonard: II y en avait une montagne contre.
Le Président (M. Gaùtrin): En conclusion, M. le
ministre.
M. Levesque: Ce que je veux dire, c'est que...
J'essaie de comprendre pourquoi le fédéral ne peut pas les
diminuer. À mon sens, c'est, premièrement, le lobby anti-tabac.
Deuxièmement, c'est que ce n'est pas généralisé,
dans son cas, comme ça l'est pour nous au Québec. Pour le
fédéral, c'est un mal qui est assez localisé au
Québec, qui commence à être rendu en Ontario, mais d'une
façon moins forte et, lui, évidemment, recueille ses revenus
à travers les 10 provinces du Canada et les territoires. Donc, il ne
voit pas ses revenus fondre autant que les nôtres. Il faut bien
comprendre ça.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M...
M. Levesque: Et, troisièmement, sur la question des
résistances à l'intérieur du gouvernement, dans le domaine
de la santé, il y a là aussi, des autres ministères,
plusieurs réticences.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Levesque: Mais nous allons continuer cependant à
travailler pour faire en sorte de réduire le plus possible, même
de tuer dans l'oeuf la contrebande du tabac.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le
député, est-ce que vous voulez ne pas faire de remarques
«préliminaires» et continuer avec le questionnement?
M. Léonard: Des remarques finales, non. Le
Président (M. Gautrin): Oui, finales. M. Léonard: Je
pense que j'aurais une autre... Le Président (M. Gautrin): Une
autre question?
M. Léonard: À moins que le ministre veuille en
faire, des remarques finales, moi, j'aborderais une autre question.
Le Président (M. Gautrin): Alors, abordez donc la
dernière question, mais je vous rappellerai qu'il reste 10 minutes
à cette commission.
Travail au noir et autres cas d'évasion
fiscale
M. Léonard: O.K. Le travail au noir a pris aussi une
expansion, et, je dirais plus, l'évasion fiscale s'est accentuée
avec la venue de la TPS et de la TVQ. Est-ce que vous envisagez des mesures
particulières pour essayer de lutter contre cela? Et je vais en aborder
une, par exemple. On m'a dit qu'en Europe, à l'origine, on avait
laissé le prix de vente des marchandises, auquel on ajoutait le prix de
la TVA. Mais on a abandonné cette pratique parce que, effectivement,
cela causait beaucoup de pression chez les marchands pour qu'ils abandonnent la
taxe. Ils ont décidé, finalement, de demander aux
marchands de vendre toutes taxes incluses, TTI, le mot
«TTI». Est-ce que vous envisagez cette technique, à l'heure
actuelle. Est-ce que vous envisagez de demander aux marchands de mettre des
prix toutes taxes incluses, pour éviter, par exemple, l'évasion
fiscale? (22 h 50)
M. Levesque: Je voudrais comprendre, là...
M. Léonard: Mais c'est parce...
M. Levesque: ...bien comprendre le lien que fait le
député de Labelle entre le travail au noir et ce qu'il
suggère comme méthode européenne.
M. Léonard: oui. il n'y a pas nécessairement de
lien, bien qu'il puisse y en avoir, parce que, dans les travaux de
rénovation, par exemple, si vous faites venir un plombier, un
électricien, à l'heure actuelle, s'il le fait légalement,
il doit ajouter 15,56 % à la fin de sa facture; donc, c'est une
pression. il n'y a pas de lien nécessaire, mais les 2 se retrouvent,
finalement, en même temps, assez souvent.
M. Levesque: Parce que, dans ce cas-là, il y a 2 questions
qu'on pose...
M. Léonard: Oui, il y a 2 questions.
M. Levesque: II y a 2 questions dans ce que pose...
M. Léonard: Mais, comme il reste juste 5 minutes...
M. Levesque: C'est pour ça que je voulais bien comprendre
ce que disait le député. C'est clair que dans le domaine de la
rénovation domiciliaire, par exemple, l'illégalité a
été enlevée par la réglementation sur la
construction. Aujourd'hui...
Une voix: C'est sorti du décret, aussi.
M. Levesque: Hein?
Une voix: C'est sorti du décret.
M. Levesque: C'est sorti du décret. Alors, il y a
ça, comme point que je voudrais souligner. Mais ça ne veut pas
dire que, parce que c'est sorti du décret, les gens déclarent
plus qu'ils ne déclaraient avant les sommes qui constituent le travail
effectué à cet égard.
M. Léonard: Est-ce que vous avez... M. Levesque:
C'est...
M. Léonard: ...des estimations là-dessus, sur les
pertes du gouvernement? Parce qu'on a vu que les revenus ont chuté de
façon dramatique au cours de la dernière année. Ça
s'explique parce que le PIB n'a pas augmenté comme vous l'aviez
prévu, mais, quand même, on peut penser aussi qu'il y a de
l'évasion fiscale.
M. Levesque: Oui, mais il y a toujours eu de l'évasion
fiscale, il y a toujours eu...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: ...du travail au noir. Ça, ce n'est pas
nouveau, et ce n'est pas là que nos revenus ont été le
plus affectés par rapport aux prévisions que nous avions. Parce
qu'il faut regarder l'impôt sur le revenu des particuliers. À ce
moment-là, je pense bien que...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: ...c'est ça que vous voulez regarder. Mais ce
n'est pas là que nous avons souffert le plus par rapport à nos
prévisions. Mais, tout de même, ça nous préoccupe,
parce que tout le monde est d'accord qu'il y a là, peut-être, des
possibilités de revenus additionnels, si on pouvait contrôler tout
ce qui se fait, là, sous la table, si vous voulez. Mais c'est
très difficile, à moins de penser d'avoir une police presque
à chaque maison, à chaque coin de rue, pour voir ce qui se passe.
Autrement, c'est très difficile à contrôler.
Maintenant, pour l'autre question, à savoir s'il n'y aurait pas
avantage à avoir le prix final pour le consommateur, j'ai
déjà eu des suggestions de ce côté-là.
M. Léonard: Et c'est le genre de mesure à laquelle
vous songez?
M. Levesque: Bien, je n'exclus absolument rien dans tout ce que
vous dites, là. Si vous pouvez trouver des façons de travailler,
par exemple, contre le travail au noir, s'il y a des suggestions que vous me
faites, que d'autres me font, ne vous imaginez pas que je vais les mettre de
côté. Je vais sûrement... D'ailleurs, le ministère du
Revenu, c'est le ministère qui est le premier préoccupé
par ces questions-là. Vous savez, ce n'est pas le ministère des
Finances qui s'occupe de la perception; nous avons une équipe
très légère, au ministère des Finances. Le
ministère du Revenu a, quoi...
M. Léonard: Bien, c'est parce que le ministre est
très occupé par le déménagement de la
société de conservation des forêts à Val-d'Or,
là...
M. Levesque: Je ne sais pas, là; ne me mêlez pas,
vous, là.
Le Président (M. Gautrin): Dans l'ordre, dans l'ordre!
M. Levesque: Ils ont au moins 6000 fonctionnaires, je
crois...
Une voix: 6000 employés. M. Levesque: ...au
ministère du Revenu. Le Président (M. Gautrin): Plus que
ça. M. Levesque: Plus que ça?
Le Président (M. Gautrin): Ah, oui, oui. Je regarde.
M. Levesque: Le sous-ministre me dit: Elle est .
légère aux Finances, mais elle est pesante. Ha, ha, ha!
M. Léonard: Qu'est-ce qu'il dit? Qu'est-ce qu'il
disait?
Le Président (M. Gautrin): II vous reste 5 minutes. Est-ce
que vous voulez faire des remarques finales? M. le député de
Labelle, quelques...
M. Léonard: Non, mais là-dessus...
Le Président (M. Gautrin): Vous voulez continuer sur
le...
M. Léonard: Oui, parce que...
Le Président (M. Gautrin): Allez-y.
M. Léonard: Alors, on vient de parler du travail au noir.
Si je comprends le ministre, il n'y a pas beaucoup de choses concrètes,
là, qui se préparent. Ça m'a l'air d'être un peu
brumeux, ce qu'il nous dit.
M. Levesque: Non. J'ai dit que la responsabilité
première...
M. Léonard: Prenons un autre sujet.
M. Levesque: ...était au ministère du Revenu,
là...
M. Léonard: Oui, oui, oui. Je suis d'accord.
M. Levesque: ...et le ministre du Revenu a sans doute dans
ses...
M. Léonard: Mais sur un autre sujet, M. le ministre des
Finances, si on me permet, on me dit aussi qu'il y a beaucoup d'évasion
fiscale lors de transactions commerciales, que des marchands sont sous la
pression de régler presque sous la table, sans qu'ils fassent la remise
de la TPS, TVQ, et donc que cela implique beaucoup de transactions. Là,
ce n'est pas du travail au noir, mais des transactions. C'est de
l'évasion fiscale, finalement, parce que le 15,5 %, ça commence
à être un montant important. Est-ce que vous avez connaissance de
cela? Est-ce que le niveau de perception de la taxe est conforme à vos
prévisions? Est-ce que vous considérez que vous perdez beaucoup,
que vous avez perdu de façon significative au cours de l'année
1992-1993 à ces postes?
M. Levesque: Bien, disons, d'abord, que, lorsque vous parlez de
15...
M. Léonard: De 15,5 %.
M. Levesque: ...de 15,5 % comme étant...
M. Léonard: De 15,56 %.
M. Levesque: ...une somme, un taux élevé, oui.
Mais, si on le compare aux autres pays dans le monde, ce n'est pas le taux le
plus élevé, au contraire.
M. Léonard: Non.
M. Levesque: Maintenant, vous me posez une question qui
relève beaucoup plus du ministère du Revenu que du
ministère des Finances. Ce n'est pas du tout quelque chose qui est dans
notre responsabilité directe.
M. Léonard: Oui, mais, vous avez établi des
prévisions de revenus en provenance de la taxe de vente du Québec
qui ont été plus faibles. La réalisation a
été plus faible que ce que vous aviez prévu.
M. Levesque: Oui, mais, c'a été la même chose
dans tous les cas. La croissance n'était pas là. La
récession a fait ses ravages.
Le Président (M. Gautrin): II vous reste 1 minute et demie
chacun pour faire des remarques finales. M. le député de Labelle,
quelques remarques finales?
M. Léonard: Bien, monsieur... puisque vous insistez pour
qu'on fasse des remarques finales...
Le Président (M. Gautrin): Non, non. Je vous le rappelle,
je vous le suggère.
Déficit réel du Québec
M. Léonard: D'abord, je dois dire que j'aurais eu un autre
sujet que j'aurais voulu aborder, c'est le déficit réel du
Québec, le déficit structurel du Québec, que je
définis ainsi. Le déficit que vous nous avez annoncé,
c'est 4 145 000 000 $. Mais, la transaction de siphon-nage de la SAAQ de 675
000 000 $ fait que le déficit réel, le déficit structurel
est de 675 000 000 $ au titre des opérations courantes, plus un certain
nombre d'autres éléments, de sorte que, lorsqu'on ajoute les
éléments non récurrents dans le budget, ponctuels dans le
budget, on se retrouve à pas loin de 6 000 000 000 $ de déficit
structurel. C'est ça la base du déficit du Québec à
l'heure actuelle. J'aimerais ça que le ministre... Je sais
que, bon, on termine. Est-ce que...
Le Président (M. Gautrin): Très brièvement,
M. le ministre.
M. Léonard: ...il a quelques idées
là-dessus? M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Et je voudrais remercier les fonctionnaires
qui se sont montrés...
Le Président (M. Gautrin): Attendez, vous allez pouvoir le
faire après, là. Le ministre va vous répondre. Moi, je
vous donnerai, après, 30 secondes pour les remerciements d'usage.
M. Léonard: Je les remercierai 2 fois.
M. Levesque: Alors, je crois que, lorsque nous arrivons à
un déficit de 4 145 000 000 $, si aucune mesure n'avait
été prise, on aurait été pris avec un
déficit de plus de 7 500 000 000 $. Est-ce qu'on pouvait, simplement
ça là, imaginer de présenter au public, de
présenter à la population un résultat comme
celui-là? C'était simplement de dire: Voici, nous ne pouvons plus
faire face à la situation, on remet tout cela pour nos enfants plus tard
à payer. On ne prend pas les mesures. Ce que nous avons fait, nous avons
pris des mesures de dépenses de 1 800 000 000 $. Nous avons pris des
mesures de dépenses fiscales et de revenus de 1 100 000 000 $, et il est
vrai que nous avons ajouté cette question-là, de la
Société de l'assurance automobile, la SAAQ. Mais il faut
soustraire 120 000 000 $ à chaque année. D'abord, les 2
premières années, il faut soustraire des 600 et quelques millions
120 000 000 $, des 300 000 000 $ un autre 120 000 000 $, et pour les
années suivantes, nous ne recevons plus rien, mais c'est la
Société qui bénéficie de 120 000 000 $ additionnels
pour les années qui suivent.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, les remerciements
d'usage. M. le député de Labelle.
Remarques finales M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, je vais remercier,
bon, les fonctionnaires qui ont répondu à nos questions. Parfois,
ils ont été d'une grande tendresse envers le ministre, d'une
grande complaisance, et serviables au point parfois de le distraire. Mais, ceci
étant dit, je les remercie des services qu'ils nous ont rendus au cours
de cette commission et de la préparation de leur budget. Je continuerai
de critiquer ce budget-là pour toutes sortes de raisons que tout le
monde va comprendre. Je veux remercier aussi le ministre. Je sais que, dans les
circonstances, nous comprenons, de ses réponses que des fois, il aurait
pu aller plus loin, mais, coudon, je pense que ça a été
mieux, je dois dire, que d'autres années, malgré tout.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le ministre, les
remerciements d'usage.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: Alors, je voudrais vous remercier, M. le
Président, et tous ceux qui ont assumé la présidence
durant ces heures de discussions. Je remercie évidemment les membres...
Ah oui, il est là, on a un autre président.
Une voix: Toujours présent.
M. Levesque: Ha, ha, ha! ...ministériels et le
député de Labelle. Je ne peux pas en dire autant de ses
collègues parce qu'on n'a pas eu de visite, mais en tout cas. Ha, ha,
ha! Je les salue pareil.
M. Léonard: Ça en prend un seul. M. Levesque:
Formidable, formidable!
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Alors,
la commission...
M. Levesque: Et merci aux fonctionnaires aussi qui ont
été d'une grande collaboration.
Le Président (M. Gautrin): La commission remercie aussi
les fonctionnaires pour leur apport important aux travaux de cette commission
et, ayant rempli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 heures)