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(Vingt heures dix minutes)
Le Président (M. Camden): La commission du budget et de
l'administration est réunie afin de poursuivre le débat sur le
discours du budget. Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Si vous
voulez prendre place. Est-ce que, Mme la secrétaire, il y a des
remplacements annoncés?
La Secrétaire: II n'y a aucun remplacement.
Le Président (M. Camden): II n'y a donc aucun
remplacement. Permettez-moi de rappeler les règles du débat. Le
mandat que nous entreprenons, aujourd'hui, pour une période de 10
heures, prend la forme d'une interrogation au ministre des Finances par les
membres de la commission sur la politique budgétaire
présentée lors du discours du budget. Les règles du
débat ont été fixées par la commission de
l'Assemblée nationale le 23 mai 1984. Nos travaux vont commencer par une
période de déclarations d'ouverture au cours de laquelle le
ministre des Finances puis le porte-parole de l'Opposition officielle en
matière de finances pourront prendre la parole pendant 20 minutes. Les
membres de la commission auront ensuite un temps de parole de 10 minutes
réparties en une ou plusieurs interventions qui peuvent prendre la forme
de questions au ministre ou de commentaires. Le ministre disposera d'un temps
de parole de 10 minutes après chacune des interventions. Est-ce que, M.
le ministre des Finances, vous êtes disposé...
M. Gautrin: Est-ce qu'on a droit à des remarques
préliminaires, nous aussi?
Le Président (M. Camden): Alors, si vous aviez bien
écouté, M. le député de Verdun, les règles
de fonctionnement que j'ai notées, vous n'avez pas droit à des
remarques préliminaires. Cependant, vous aurez droit, en vertu de
l'alternance, à des périodes de 10 minutes...
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Camden): ...pendant les 10 heures de
débat, d'interrogations que dureront nos travaux, ce qui est donc
considérable en temps.
M. Gautrin: La comptabilisation du temps, comment va-t-elle se
faire?
Le Président (M. Camden): La comptabilisation est
évidemment assurée par le secrétariat de la commission
avec, évidemment, beaucoup d'attention, et annotée,
comptabilisée, totalisée.
M. Léonard: Juste une question là-dessus, M. le
Président, si vous me permettez. Est-ce que le temps de réponse
du ministre compte dans le temps de l'Opposition ou bien si c'est le temps du
gouvernement?
Le Président (M. Camden): La règle est la
même. Le temps qui vous est dévolu est de 10 minutes et,
après ça, on passe, en vertu... Le temps du ministre n'est pas
comptabilisé dans votre temps.
M. Léonard: Bon. C'est correct. Mais quand il
répond à une question...
M. Gautrin: La règle de l'alternance, comment vous
l'appliquez?
Le Président (M. Camden): Alors, le temps... Vous avez une
période de 10 minutes. Vous formulez une question. Il est possible au
ministre, si vous cessez de formuler votre question ou votre position,
évidemment, le ministre peut, lui, répondre évidemment
à la question; sa période ne doit pas excéder 10 minutes,
en une ou plusieurs interventions.
M. Léonard: Mon 10 minutes, là...
M. Gautrin: La règle d'alternance, ça veut dire
quoi, M. le Président?
Le Président (M. Camden): La règle...
M. Gautrin: Une ou plusieurs interventions, ça veut dire
quoi?
Le Président (M. Camden): C'est-à-dire qu'ils font
un cumul de 10 minutes au total.
M. Gautrin: Autrement dit, une fois qu'il commence à
intervenir, il n'y a pas d'alternance avant qu'il ait fini son 10 minutes.
Le Président (M. Camden): Exactement. M. Gautrin:
C'est ce que vous décidez?
Le Président (M. Camden): Exactement. C'est le
règlement.
M. Gautrin: Mais, le constat des alternances, ça veut dire
quoi alors?
Le Président (M. Camden): Ça veut dire qu'une fois
qu'un député, qu'il soit ministériel ou de
l'Opposition, a formulé des commentaires ou des interrogations
pendant 10 minutes, par la suite, le président doit céder la
parole à un autre député d'une autre formation politique,
en vertu de...
M. Gautrin: Qui, à ce moment-là, a 10 minutes.
Le Président (M. Camden): Pardon?
M. Gautrin: Et, c'est qu'en fonction de la règle
d'alternance, c'est nous qui sommes les premiers à questionner, puisque
le député aura fait ses remarques préliminaires.
Le Président (M. Camden): Comme je l'ai indiqué au
début, le ministre des Finances fait, évidemment, sa
déclaration d'ouverture, qui sera suivie, oui, d'une période
également équivalente en temps de la part du porte-parole de
l'Opposition officielle. Et après, évidemment, il y aura,
à ce moment, une façon équitable de répartir: il y
aura une période de 10 minutes encore au ministre, après,
évidemment, les propos du porte-parole de l'Opposition, et nous
reviendrons, à ce moment-là, je présume que le
député souhaitera se faire entendre, et nous serons
disposés à vous reconnaître, M. le député de
Verdun.
M. Léonard: Est-ce que le député de Verdun
veut traverser de ce côté-ci?
M. Gautrin: Pas du tout, pas du tout, pas du tout. Vous
n'êtes pas encore au gouvernement, mon cher ami. Ne soyez pas trop
pressé!
M. Léonard: Ah! parce qu'il tient au gouvernement, pas au
Parti libéral.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): Si vous permettez, je pense
qu'on pourrait, de façon à être efficace, et ne pas perdre
de temps en débat, en échanges sur la procédure
laquelle m'apparaît, pour le moment, suffisamment claire entendre
le ministre des Finances pour une période de 20 minutes, et vous aurez
cette période de 20 minutes, suivie de celle de 20 minutes
également du porte-parole de l'Opposition, donc un total de 40 minutes.
Vous pourrez me reformuler des questions, au bout de tout ça, sur la
façon dont nous allons procéder.
M. Gautrin: Parfait, M. le Président. Alors, dans 40
minutes, vous pourrez me reconnaître.
Le Président (M. Camden): Sur la procédure, il faut
bien comprendre,. M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Oui, mais je questionnerai sur la procédure
dans 40 minutes.
Le Président (M. Camden): Excellent! M. le ministre des
Finances.
Déclarations d'ouverture M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: M. le Président, les membres de cette
commission ne sont pas sans savoir que la préparation du budget
1993-1994 a été réalisée dans un contexte
particulièrement difficile. En janvier dernier, notre gouvernement
publiait un document prébudgétaire intitulé: «Les
finances publiques du Québec: vivre selon nos moyens». Le mois
suivant, la commission parlementaire du budget et de l'administration a tenu
une consultation publique et nous avons examiné ensemble 79
mémoires de groupes et de personnes intéressés à la
question des finances publiques du Québec.
Au cours de cette consultation, nos concitoyens nous ont livré
des messages très clairs, à savoir que le gouvernement doit se
sortir au plus vite du piège de l'endettement, procéder au
redressement des finances publiques, prioritairement par la voie de la
réduction des dépenses en y incluant les dépenses
fiscales, accentuer l'équité et la progressivité du
régime fiscal et accorder la priorité à la création
d'emplois. Après des travaux qui auront duré plus de 73 heures,
il était normal que le budget 1993-1994 ait voulu répondre
à ces préoccupations exprimées par nos concitoyens.
Par ce budget, notre gouvernement indique d'abord sa volonté de
s'attaquer rapidement et résolument au redressement des finances
publiques. Ainsi, le déficit budgétaire sera ramené
à 4 145 000 000 $ en 1993-1994, ce qui va encore plus loin que le
scénario proposé dans «Vivre selon nos moyens», qui
suggérait plutôt 4 700 000 000 $. Il s'agit là d'une baisse
de 833 000 000 $ par rapport au déficit de 1992-1993 et d'une baisse de
3 300 000 000 $ par rapport à ce qui se serait produit si aucune mesure
n'avait été prise au chapitre des revenus et des
dépenses.
En poursuivant nos efforts et en réduisant le déficit de 1
000 000 000 $ par année à compter de l'an prochain, nous
prévoyons même, si l'objectif était réalisé,
enregistrer un surplus des opérations courantes en 1996-1997. Il nous
serait possible alors de ne plus emprunter pour ce qu'il est convenu d'appeler
les dépenses d'épicerie. Un an plus tard, soit en 1997-1998, nous
serions en mesure de dégager un surplus budgétaire, et ce, pour
la première fois depuis l'année 1958-1959. Le gouvernement
pourrait alors même commencer à rembourser sa dette directe.
Conformément au voeu exprimé par nos concitoyens, notre
premier choix a été d'utiliser la voie de la réduction des
dépenses pour procéder au redressement des finances publiques.
L'effort consenti par notre gouvernement à ce titre est
considérable. Au total, nous avons appliqué des réductions
de dépenses de 1 800 000 000 $ en 1993-1994. En conséquence, la
croissance des dépenses budgétaires sera de 1 % cette
année, alors que la croissance des dépenses de programmes
ne sera que de 0,3 %. ce pourcentage est bien inférieur au taux
d'inflation anticipé, soit 2,6 %. certains diront que nous aurions pu
aller encore plus loin. à cela je répondrai que notre
gouvernement est d'avis que nous avons fait beaucoup de chemin de ce
côté-là et, enfin, que pour préserver le consensus
social, il est préférable d'employer une approche graduelle de
réduction des dépenses. (20 h 20) pour les années à
venir, notre intention est de maintenir ce contrôle rigoureux des
dépenses en plafonnant la croissance des dépenses de programmes
à 1 % par année. notre objectif est donc ambitieux, mais il est
à la mesure de l'importance du défi que nous devons relever et
qui est de recommencer à vivre selon nos moyens. il est bien entendu que
les gestes à poser restent encore à préciser.
J'ai quand même tenu à identifier dans mon budget les
grandes avenues que nous entendons suivre. Tout d'abord, nous
procéderons à un examen de l'organisation gouvernementale de
façon à réduire le nombre de ministères et
d'organismes, ce qui permettra de diminuer les coûts de fonctionnement de
l'administration publique.
Une autre avenue concerne le financement des services publics par les
usagers. Dans le domaine de la santé, nous avons déjà
amorcé des discussions avec le gouvernement fédéral afin
d'obtenir les amendements nécessaires à la Loi canadienne sur la
santé, en vue d'une gestion plus adéquate de ce type de
dépenses. Dans le domaine de l'enseignement supérieur,
étant donné que les frais de scolarité sont les plus
faibles au Canada, il nous apparaît souhaitable d'établir
progressivement une parité par rapport à la moyenne du pays. La
présence du régime de prêts et bourses permet d'arriver
à ce résultat sans pénaliser les étudiants dont les
ressources seraient insuffisantes. Nous convierons aussi les
représentants des municipalités et ceux des commissions scolaires
à discuter d'un nouveau partage des ressources et responsabilités
entre le gouvernement provincial et les administrations locales.
Nous croyons qu'il était nécessaire d'appliquer le
même contrôle serré à un autre type de
dépenses, soit les dépenses fiscales. Au cours des
échanges que nous avons eus ici même dans cette commission, nos
concitoyens nous ont fait part de leurs interrogations au sujet des
dépenses fiscales, dont plusieurs bénéficient,
principalement aux contribuables à revenus plus élevés.
J'ai donc conduit avec mes collègues un exercice de
réévaluation exhaustive de l'opportunité des
dépenses fiscales. Nous avons tenu cependant au cours de cet exercice
à respecter les engagements et les orientations fondamentales de notre
gouvernement. Ainsi, nous avons gardé intact l'ensemble des mesures
d'aide aux familles. De plus, les dépenses fiscales destinées
à assurer aux retraités des revenus adéquats ont, elles
aussi, été maintenues, tout comme les dispositions fiscales
visant à appuyer le développement de la culture
québécoise.
Cet examen des dépenses fiscales nous a permis cependant de
réduire les dépenses fiscales de 1 100 000 000 $ et de rendre le
régime fiscal plus équitable. C'est ainsi que les
mécanismes favorisant la levée de capital de risque ont
été ramenés à leurs objectifs de base. Les
bénéfices accordés par le régime
d'épargne-actions seront à l'avenir réservés aux
entreprises qui en ont vraiment besoin pour assurer leur expansion,
c'est-à-dire aux corporations dont l'actif est inférieur à
250 000 000 $.
Les actions du Fonds de solidarité des travailleurs du
Québec se verront imposer une limite de 75 000 000 $ par année
pendant deux ans. Malgré cette limite, le Fonds pourra encore
bénéficier de mises de fonds supérieures à celles
qu'il a prélevées à chaque année depuis sa
formation, à l'exception des deux dernières années. Or, au
cours de ces deux années, l'ampleur des capitaux recueillis a
suscité des critiques de la part de ses concurrents, qui ont
réclamé des avantages semblables, tandis que le Fonds
lui-même se retrouvait avec des liquidités excédant les
normes qui lui étaient imposées.
Une réforme des droits miniers sera mise en place pour janvier
prochain de manière à ce que ce régime cesse tout au moins
d'être déficitaire. Finalement, nous avons aboli le
mécanisme de financement externe des projets de recherche et
développement en raison des problèmes d'intégrité
fiscale auxquels il a donné lieu.
Plusieurs autres dépenses fiscales reliées à
l'acquisition d'un revenu ont aussi fait l'objet de resserrements majeurs. Les
contributions de l'employeur à certains régimes d'assurance
seront à l'avenir imposables entre les mains des employés comme
normalement toute autre forme de rémunération. Et, étant
donné que les frais de représentation comportent une part de
dépenses personnelles importante, nous avons décidé, comme
le gouvernement de l'Ontario l'a fait, de les rendre déductibles dans
une proportion de seulement 50 %. Par ailleurs, la contribution au Fonds des
services de santé sera étendue à l'ensemble des revenus.
C'est l'ensemble des citoyens qui bénéficie des services de
santé au Québec, et le régime fiscal sera d'autant plus
équitable que nous exigerons de tous une contribution sur la base de
toutes les catégories de revenus.
Deux resserrements permettent, de leur côté, d'harmoniser
le régime fiscal québécois au régime en vigueur
dans le reste du Canada. Il s'agit de l'abolition de la déduction pour
emploi et de la transformation en crédits d'impôt des
déductions accordées à l'égard des dons et des
cotisations au Régime de rentes du Québec et à
l'assurance-chômage.
Enfin, le mécanisme de calcul du remboursement d'impôts
fonciers a été corrigé pour éliminer certains
problèmes de double compensation pour certains
bénéficiaires. En même temps, le taux de
récupération du remboursement d'impôts fonciers et du
crédit de taxe de vente a été porté de 2 % à
3 % de manière à restreindre aux contribuables à plus
faibles revenus les bénéfices accordés par ces deux
crédits.
Nous avons voulu également, dans ce budget,
accentuer la progressivité du régime fiscal
québécois. Encore là, nous l'avons fait en sachant
à quel point nos concitoyens désirent un régime qui
protège les plus démunis, qui exige davantage de ceux qui ont une
capacité de payer plus élevée. Compte tenu que d'autres
provinces ont mis en place une surtaxe pour les contribuables à revenus
élevés et même augmenté les taux
généraux d'imposition, il nous est maintenant possible de
répondre à cette préoccupation sans compromettre la
compétitivité du régime fiscal. C'est pourquoi une surtaxe
à l'impôt sur le revenu pour les contribuables à revenus
supérieurs sera appliquée. Cette surtaxe est égale
à 5 % de l'impôt à payer excédant 5000 $ et à
5 % de plus pour l'impôt à payer excédant 10 000 $. Je
tiens à souligner que cette surtaxe ne s'attaque nullement à la
classe moyenne puisqu'elle épargnera 82 % des 4 600 000 de contribuables
du Québec. Le régime fiscal du Québec deviendra donc plus
progressif, mais il deviendra en même temps plus compétitif. En
effet, pour la première fois à ma connaissance, le taux marginal
maximum d'imposition du Québec deviendra inférieur à celui
de l'Ontario, alors qu'au moment de notre arrivée au pouvoir en 1985,
l'écart atteignait plus de 10 points de pourcentage en faveur de
l'Ontario. on sait, par ailleurs, que la société de l'assurance
automobile du québec avait accumulé une réserve
excédentaire de 1 500 000 000 $ en plus de sa réserve actuarielle
de 2 800 000 000 $. ces réserves importantes masquent un problème
de déséquilibre entre ses revenus et ses dépenses.
déjà, cette année, elle enregistrera un déficit
d'opération. de plus, ce problème ira en s'accroissant si rien
n'est fait. il aurait été possible de retarder la solution de ce
problème en utilisant les excédents accumulés, mais il
aurait quand même fallu augmenter les contributions d'assurance de
quelque 40 % ou 60 %, quelque part autour de l'an 2000. nous avons
préféré prendre dès maintenant les dispositions
pour assurer l'équilibre financier du régime. c'est ainsi que ce
budget propose de procéder à un nouveau partage des revenus
d'immatriculation au bénéfice de la société, le
tout sans affecter la facture des automobilistes. nous réduirons de plus
de 120 000 000 $ annuellement les droits d'immatriculation revenant au
gouvernement et nous augmenterons d'autant les contributions d'assurance
destinées à la saaq. ce redressement financier rend non
nécessaire une bonne partie des excédents accumulés par la
société de l'assurance automobile du québec, qui pourront
être remis au gouvernement. cette remise permet au gouvernement de
réduire davantage le déficit en 1993-1994 et 1994-1995, tout en
limitant la hausse du fardeau fiscal et l'impact sur l'économie. elle
permet également de réaliser plus graduellement le
réalignement nécessaire des dépenses de l'état et
ainsi de préserver le consensus social. les automobilistes auront ainsi
apporté, à court terme, une contribution non négligeable
au redressement des finances publiques. et, à plus long terme,
cependant, l'opération est rentable pour eux puisque le total des
revenus transférés à chaque année par le
gouvernement à la société finira par dépasser les
montants versés au gouvernement par cette Société, cette
année et l'an prochain.
La priorité accordée par notre gouvernement à la
santé des finances publiques reflète notre conviction à
l'effet qu'il s'agit d'une des conditions fondamentales pour la santé de
l'économie québécoise et pour son expansion future. Tous
savent, cependant, que notre engagement à cet égard est beaucoup
plus global, puisque, depuis notre arrivée au pouvoir, nous n'avons pas
ménagé nos efforts pour mettre en place une politique
économique ambitieuse et orientée vers le développement de
la compétitivité. Notre objectif est que chaque entreprise du
Québec dispose de tous les facteurs de compétitivité
nécessaires à son expansion: main-d'oeuvre formée à
l'excellence, connaissances scientifiques et technologiques de pointe,
préoccupation à tous les niveaux pour la satisfaction de la
clientèle, relations de travail intéressantes, structures
financières adéquates, souci de protéger l'environnement,
et ainsi de suite. C'est ainsi que nous avons mis au point de nombreux moyens
d'action. Au plan fiscal qui intéresse sans doute plus les
membres de cette commission mentionnons seulement l'appui à la
capitalisation par le biais des REA ou des SPEQ, le crédit d'impôt
à la formation, les crédits d'impôt pour les
dépenses de recherche et développement, l'amortissement
accéléré pour favoriser l'acquisition de technologies, les
incitations fiscales pour les régimes d'intéressement des
travailleurs dans le cadre d'une démarche de qualité totale.
Conscient de l'ampleur des défis qui se posent aujourd'hui, notre
gouvernement intensifiera l'effort déjà entrepris, et nous
étendrons la portée de cette politique en termes de
création d'emplois et de développement des ressources humaines.
Notre défi est d'élaborer, au cours des prochains mois, de
concert avec nos partenaires socio-économiques, un plan d'action pour
aller plus vite et plus loin dans la lutte contre les problèmes du
chômage et de la pauvreté.
Et, en conclusion, M. le Président, je dirais que c'était
là, en résumé, le plan d'action que s'est donné le
gouvernement pour réaliser le plus rapidement possible le redressement
des finances publiques, pour assurer une création maximale d'emplois
dans le futur. C'est un plan qui repose principalement sur un
réalignement majeur des dépenses du gouvernement et qui
reflète le consensus qui s'est dégagé lors de la
commission parlementaire sur le financement des services publics tenue en
février dernier. Je vous remercie, M. le Président. (20 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le porte-parole de l'Opposition officielle, M. le
député de Labelle, vous disposez d'un temps de parole de 20
minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Le dernier
budget qui nous a été présenté a été
une immense surprise pour les Québécois parce que, à notre
avis, il se
résume à une seule chose: des augmentations d'impôt
qui touchent tout le monde: les plus démunis, la classe moyenne, qui en
a marre, et les riches aussi, faut-il le dire.
Le ministre des Finances et son gouvernement n'ont plus de
crédibilité. On avait promis, au mois de janvier ou
février, de ne plus hausser le fardeau fiscal; on a fait exactement le
contraire. On a promis de réorganiser l'État; on attend la
prochaine élection. On dit, dans ce discours du budget, qu'on ne fait
rien pour l'économie; 48 heures plus tard, on dit qu'on va
présenter un plan de relance. On a pelleté dans le passé,
puis après ça, dans l'avenir, et voilà maintenant qu'on va
chercher des revenus dans le passé pour les ramener dans le
présent. Je fais évidemment référence à la
rétroactivité qu'il y a dans ce budget, je pense, pour une
première fois dans le Québec. Il n'y a plus grand-chose à
comprendre là-dedans. On promet de rembourser des assurés de la
Société de l'assurance automobile du Québec. Je pense
qu'on ne le fera pas, parce qu'on est allé chercher la réserve
qu'ils avaient de côté, justement pour assurer l'avenir.
L'image prévaut .sur les vraies décisions aussi. Dans le
premier mandat, on en a pris large avec les conventions comptables, on a
inscrit très facilement des dépenses par anticipation. Puis, tout
à coup, dans le deuxième mandat, maintenant, c'est de la faute de
la récession et des illégaux. Ce n'est pas nécessairement
faux, mais c'est ce qu'on dit. Alors, la politique proposée, c'est de
taxer les gens honnêtes et de faire des promesses pour l'avenir, mais
sans aucune date, aucune indication. Alors, les libéraux parlent d'un
budget courageux; j'ai eu l'occasion, en Chambre, de dire que, quant à
moi, il s'agissait plutôt d'un budget paresseux.
M. le Président, je voudrais revenir, pour élaborer
davantage, à quelques mois en arrière. Après le
référendum, tout le monde avait convenu que l'on parlerait
d'économie, et je pense, aussi, que la population nous suivait
là-dedans, parce que, même si la question nationale n'est pas
réglée, tout le monde en avait assez de parler de virgules, de
Constitution. Je pense que l'Opposition aussi, mais cela ne règle pas
pour autant la question nationale. Elle n'est toujours pas réglée
quant à ses différentes facettes, même économiques,
constitutionnelles, culturelles, sociales, financières,
budgétaires, quelles qu'elles soient, il n'y a rien de
réglé. Mais encore faut-il qu'on aborde les questions. Le
gouvernement, avant Noël, pris de court après cette campagne
référendaire, a annoncé et réannoncé des
programmes qui avaient déjà été annoncés,
pour une certaine part, et puis, par ailleurs, a déclaré qu'il
convoquerait une commission parlementaire en disant qu'il déposerait un
document vers la fin de décembre, mi-janvier. Toujours est-il, M. le
Président, que le document «Vivre selon nos moyens» a
été déposé le jour de la date limite de remise des
mémoires, le 19 janvier, même jour. Alors, vous comprendrez que
ceux qui rédigeaient des mémoires les ont rédigés
à la lumière des renseignements qu'ils avaient à ce
moment-là. Mais, dans le document «Vivre selon nos moyens»,
il y avait quand même un ajustement considérable des
données que nous avions, notamment en ce qui concerne le comportement
des finances publiques au Québec.
Nous avons parlé d'une mise en scène, nous avons
parlé d'une vaste opération de conditionnement politique.
Effectivement, je le disais, je le pressentais, mais je pense que la suite des
choses nous a donné raison encore plus que je ne le pensais. Mais le
débat, pour en parler, a tourné autour d'un certain nombre
d'idées qui ont été énoncées dans ce
document. Par exemple, qu'il ne fallait pas augmenter les impôts;
ça, je crois que ça a été une espèce de
consensus, évidemment, vous allez me dire, naturel, mais il reste qu'il
y a des éléments économiques qui justifient une telle
position après les 3 000 000 000 $ de taxes, valeur annuelle, qui
avaient déjà été assenées sur la tête
des contribuables. Et je comprends que personne ne veuille augmenter les taxes
et les impôts, mais d'un point de vue économique, le faire
était contre-productif, cela consistait finalement à se tirer
dans le pied, parce que, par rapport aux maigres lueurs de reprise
économique, augmenter le fardeau fiscal à ce moment
équivalait à la tuer dans l'oeuf.
Bien sûr, les gens qui sont venus à la barre ont bien
souligné, cependant, les problèmes qui se situaient autour de la
contrebande, de l'économie souterraine, du travail au noir, notamment,
et je pense qu'ils avaient raison de le faire. Parce que, de l'avis du public
en général, et je crois, aussi, des gens qui sont ici aux
commandes, il est évident que cette économie souterraine, la
contrebande, le travail au noir ont pris une expansion considérable. Et
je crois que les témoignages que nous avons entendus consistaient,
justement, à leur donner raison, à dire: Réglez ça,
réglez ce point, ce point de l'économie, n'augmentez pas le
fardeau fiscal des gens honnêtes, mais au moins, allez chercher les
revenus que vous perdez par suite d'un contrôle plutôt lâche
de la perception. Je pense que je vous résume le consensus, c'est celui
que je perçois, on était d'accord là-dessus. (20 h 40) un
autre fait, au cours de cette commission, c'est que nous n'avons jamais eu
l'occasion de débattre des recettes fédérales. non, c'est
un dossier dont on ne veut pas parler, sous prétexte qu'il s'agirait
là de constitutionnel. je regrette, c'est faux, c'est dévier le
débat. il s'agit de recettes vraiment financières du gouvernement
du québec, et on ne peut pas traiter des revenus du gouvernement du
québec sans parler de ces recettes, de ces paiements de transfert du
gouvernement fédéral, des perspectives qu'on peut avoir dans
l'avenir de continuer à les percevoir au même niveau que
maintenant. je pense qu'il s'agit là d'une donnée majeure
puisque, au moment où nous nous parlons, il s'agit de plus ou moins 20 %
des recettes du gouvernement du québec qui pourraient diminuer; c'est
d'ailleurs ce qui s'annonce pour 1998, au moment où ça va tomber
de façon assez radicale. mais nous n'avons pas pu en parler sous
prétexte, parce qu'il s'agit là vraiment d'un prétexte,
que ça pourrait avoir des connotations constitutionnelles.
Non, je pense que ça, c'était un faux-fuyant,
c'était une échappatoire que le gouvernement s'était
donnée. Quoi qu'il en soit, donc, nous n'en avons pas parlé. Mais
cela aura néanmoins des effets considérables dans l'avenir. Il
faut le voir et il faut avoir le courage de le voir.
Autre chose qui était aussi un postulat de base: il ne faut pas
emprunter, il ne faut pas grever l'avenir, il ne faut pas augmenter les
déficits. Les déficits ont commencé à se
créer depuis le début des années soixante-dix de
façon significative; cela a été une tendance qui s'est
poursuivie et qui s'est poursuivie aussi au cours du mandat 1985-1989 du
gouvernement, qui se poursuit encore maintenant à un rythme
inacceptable. Tout le monde l'admet: il ne faut pas continuer à le
faire, justement. Au moment où, à un moment donné, nous
aurons une période de croissance économique, donc lorsque nous
serons vraiment sortis de la récession... Il faut penser à se
faire des réserves ou, à tout le moins, à diminuer le
déficit que nous avons accumulé jusqu'ici pour se faire des
réserves pour la prochaine récession. Je pense que les
récessions reviennent de façon périodique; c'est connu et
il faut se préparer en conséquence. Donc, je pense que là
aussi il y avait un consensus. Il faut restreindre les déficits, il faut
les diminuer, et l'Opposition est d'accord là-dessus.
Restait une avenue majeure aussi, ou deux avenues: l'une qui consiste
à limiter les dépenses, à contrôler les
dépenses, et l'autre aussi qui est une politique beaucoup plus
dynamique, qui consiste à stimuler la production économique,
à vraiment sortir de la récession. Donc, deux avenues. Cette
dernière avenue, de sortir de la récession avec une attitude
dynamique, nous n'en avons pas vraiment parlé. Non, ceci, je pense,
paraît-il, aurait pu faire l'objet d'un autre débat, mais
vraiment, on n'a pas abordé cette avenue, mais on a touché
beaucoup la question du contrôle des dépenses. Donc, on
s'attendait à un dépôt des crédits qui ferait date
dans l'histoire budgétaire du Québec. On s'attendait vraiment
à des décisions de la part du gouvernement, à une
réorientation majeure de son action. D'ailleurs, c'était presque
l'axiome du document «Vivre selon nos moyens» qu'il fallait
recentrer l'action de l'État. Nous marchons là-dedans. Nous
sommes d'accord. J'ai eu l'occasion d'en parler.
Quant à moi, recentrage de l'action de l'État qui implique
que nous agissions à trois niveaux. Bien sûr, on va dire:
Dès que vous prononcez le mot «fédéral», vous
parlez de constitutionnel. C'est faux. Je pense qu'on peut quand même
recentrer l'action de l'État aussi au fédéral. Ils
dépensent quelques sous, merci, au fédéral. Ça,
recentrer l'action de l'État, ça se situe à ce
niveau-là. Ça se situe aussi au niveau du gouvernement du
Québec. Il y en a, des dédoublements et des chevauchements
à l'intérieur même du gouvernement du Québec. Et il
y a aussi, troisièmement, des chevauchements entre le gouvernement du
Québec et ses réseaux de la santé, de l'éducation
et des municipalités. Il y en a considérables puis
on se marche sur les pieds beaucoup, beaucoup là-dedans. Donc, quelque
chose de majeur qu'on attendait.
Quand le président du Conseil du trésor a
déposé ses crédits, surprise générale:
finalement, ça se résumait à quelques écritures
comptables, encore une fois, mais surtout à un gel du salaire des
fonctionnaires de la fonction publique et parapublique. Ça s'est
limité à ça. C'est ça, les gros morceaux du
dépôt des crédits: un grignotage ici et là.
J'appelle ça un grignotage, pour le reste. Mais, essentiellement, les
grandes décisions, c'était ça: un gel uniforme et
universel. En plus, en déposant un projet de loi comme on l'a fait, on
se bloque l'avenue de la réorganisation de l'action de l'État,
parce que je n'ai pas l'impression qu'on va être très chaud, en
face, pour discuter du recentrage de l'action de l'État puis de la
réorganisation de l'État à partir du moment où,
dès le départ, on vous met une épée de
Damoclès au-dessus de la tête.
Alors, ça a été une surprise de voir que le
président du Conseil du trésor n'a pas livré la
marchandise, pas celle à laquelle on s'attendait. Il n'a pas fait
l'opération qu'on attendait de lui. Non. Et je dirai qu'on peut
soupçonner qu'il y a là une absence de leadership. Il y a eu
très probablement un arbitrage, qui s'est fait ou ne s'est pas fait au
Conseil des ministres, entre les revenus qu'on devait augmenter et les
crédits qu'on devait sérieusement toucher. Des décisions
qui ne sont pas prises puis qu'on a refusé de prendre avant les
élections, devant les réactions que cela pourrait susciter et
devant le brasse-camarades aussi que cela aurait pu engendrer. Je crois que,
là-dessus, nous payons le prix, dans ce budget, d'une absence de
leadership, d'une absence de décision. Nous en payons le prix. Et les
150 000 000 $ de commande de coupures additionnelles qu'il y a dans le budget,
ce sont 150 000 000 $, très probablement, qui vont être pris sur
le dos du budget des universités, du budget, peut-être, des
cégeps, mais je subodore que l'augmentation des frais de
scolarité, qu'on n'a pas quantifiée dans le budget, va se
retrouver dans les 150 000 000 $ qu'on va couper aux universités et
à qui on va demander d'aller chercher chez les étudiants des
sommes additionnelles. Est-ce que je fais des procès d'intention? Je
vous dis une hypothèse qui ne me semble peut-être pas si
éloignée que ça de la réalité. Quoi qu'il en
soit, l'avenir nous le dira, mais on nous a promis de ramener ou
d'élever les frais de scolarité au niveau de la moyenne
nationale, et cela veut dire que ça double, à peu près.
Donc, ces 150 000 000 $ là, je pense que c'est là que ça
va aller. Peut-être aussi un pelletage additionnel dans le réseau
des municipalités ou ailleurs. Nous verrons!
Alors, M. le Président, les transferts fédéraux,
nous n'en avons pas parlé. Dans le budget, il n'en est presque pas
question. D'ailleurs, je n'appelle pas ça des revenus, les transferts
fédéraux, j'appelle ça des recettes parce qu'il s'agit
pratiquement d'emprunts que le fédéral réalise à
notre place. Parce que, quand vous regardez le budget fédéral, il
met 25 000 000 000 $ dans ses transferts aux provinces, mais il emprunte 30 000
000 000 $, 35 000 000 000 $ par année. En d'autres termes, les
transferts qu'il nous fait, il les emprunte intégralement. Et il
n'y a rien de rassurant de voir, par exemple, la candidate favorite du Parti
conservateur dans la course au leadership, à l'heure actuelle,
déclarer que les transferts fédéraux seront
affectés lorsqu'elle sera en poste. Nous verrons! Mais ceci est un
élément majeur qui affecte notre budget et ses perspectives, qui
était effectivement dans le document «Vivre selon nos
moyens», et qui est une des données que nous devons avoir en
tête lorsque nous jugeons du budget.
Alors, M. le Président, j'arrive au budget. Je sais que le temps
passe. Nous aurons l'occasion d'y revenir. Mais le gouvernement a
présenté, contrairement à toute attente, un budget qui
augmente le fardeau fiscal de façon considérable. Sur une base
annuelle, si on va à 1994, on parle de 1 200 000 000 $; 1995, c'est 1
300 000 000 $, plus l'indexation qui n'est pas quantifiée puis qu'on
verra. Nous aurons des questions à poser aux fonctionnaires
là-dessus, mais c'est sûrement de l'ordre de 125 000 000 $, 200
000 000 $. Difficile à dire pour l'instant. Mais c'est une somme quand
même considérable, prise, en particulier, surtout, chez les gens
à revenus plus modestes. (20 h 50)
II y a une chose dans ce budget qui a frappé les gens, la
population, c'est l'aspect rétroactif des mesures. Bien sûr, on a
entendu ça le soir de la lecture du budget valable en 1993,
à partir du 1er janvier c'est passé comme cela, mais
personne ne s'est rendu compte, finalement... Au lieu de dire que le taux
serait le double du 1er juillet au 31 décembre, on a dit: Ça
s'applique à partir du 1er janvier, puis on a doublé le taux. Et
ça, ça devient une mesure rétroactive, avec tout l'odieux
que cela comporte que d'être taxé pour des revenus qu'on a
gagnés dans le passé, et à laquelle on ne s'attendait pas.
C'est odieux, proprement odieux! C'est vrai dans la législation que des
mesures à portée rétroactive sont odieuses; c'est pareil
sur le plan des mesures financières. J'espère que c'est la
dernière fois qu'un gouvernement du Québec présente des
mesures fiscales à caractère rétroactif, comme celles que
nous avons vues dans le budget.
Le Président (M. Lemieux): Quinze secondes. M.
Léonard: On a...
Le Président (M. Lemieux): Une minute, pardon. Je
m'excuse, M. le député de Labelle. Une minute.
M. Léonard: J'ai résumé aussi en quelque
sorte ce budget en disant qu'on avait taxé les honnêtes gens parce
qu'on n'avait pas eu le courage d'aller régler, de toucher à
cette question de l'économie souterraine, du travail au noir, de la
contrebande. On a surchargé, augmenté le fardeau des
honnêtes gens parce qu'on ne règle pas une gangrène, qui
s'étend de plus en plus dans notre économie, qui est celle de
l'économie souterraine et de la contrebande. Ça, c'est
épouvantable! On a touché tout le monde, et j'entendais tout
à l'heure dire que notre taux d'imposition serait, à ce
moment-là, inférieur à celui de l'Ontario. Pas en 1993. En
1994, si le gouvernement du Québec n'affecte pas les courbes de
l'impôt à l'heure actuelle. Alors, on n'en est pas là. On a
touché la SAAQ, aucun plan de relance, aucune mesure, et le ministre des
Finances admet implicitement qu'il a affecté la croissance
économique parce qu'il a diminué lui-même la
prévision du taux de croissance du PIB, qui a baissé
justement à cause des effets négatifs de son budget. Et je
reviendrai avec la crédibilité qu'il faut attendre de ces
prévisions de déficit. Alors, elles sont particulièrement
discutables.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. Nous allons suspendre nos travaux environ une
minute, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 20 h 53)
(Reprise à 20 h 54)
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
vous avez maintenant un droit de réplique d'une dizaine de minutes.
Suivra le débat. Le débat va commencer, selon la tradition, par
le député de Labelle. M. le ministre des Finances.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: m. le président, le député de
labelle a soulevé divers points. je n'ai pas l'intention, dans les 10
minutes qui me sont réservées, de relever tous les points qu'il a
soulevés, mais il y en a, en particulier, que j'aimerais toucher. il
parle de la rétroactivité, et il revient souvent
là-dessus. mais il faut bien comprendre que ce n'est pas une chose
absolument nouvelle. d'ailleurs, au budget de l'ontario, cette année,
1993-1994, la hausse de 55 % à 58 % du taux général de
base en pourcentage de l'impôt fédéral, c'est applicable
rétroactivement au 1er janvier 1993. ainsi, pour la période du
1er juillet au 31 décembre 1993, les retenues à la source,
là-bas, ne seront pas de 58 %, mais de 61 % de l'impôt
fédéral de base. donc, au lieu de 3 % 55 % à 58 %
c'est 58 % qui devient 61 %. le gouvernement de l'ontario a
augmenté la surtaxe applicable aux individus à hauts revenus.
cette surtaxe est rétroactive à l'ensemble de l'année
d'imposition.
Je sais que le député de Labelle... Je ne sais pas s'il
était là en 1977. Oui, il devait être là en 1977 oui
le revenu utilisé aux fins de la déduction pour
intérêts et dividendes était modifié. Alors, on
utilisera, à ce moment-là, le revenu net plutôt que le
revenu brut, annoncé le 12 avril 1977 et applicable
rétroactivement au 1er janvier 1977. La déduction pour
intérêts et dividendes a été d'un maximum de 1000 $.
Par ailleurs, les individus avaient droit à une déduction des
intérêts payés pour gagner un revenu. La modification a
fait en
sorte que seuls les intérêts excédant les frais
d'intérêts déduits pour gagner un revenu pourraient faire
l'objet de la déduction pour intérêts et dividendes d'un
maximum de 1000 $. Le gouvernement d'alors escomptait réduire les
coûts de la déduction de 30 000 000 $ par année.
En 1978, un autre exemple on n'a pas fait le tour au complet,
mais on a toujours quelques exemples la réforme fiscale à
l'impôt des particuliers a été annoncée le 18 avril
1978, mais elle était applicable rétroactivement à
l'année d'imposition 1978. En toute objectivité, elle
annonçait des baisses d'impôt pour la majorité des
contribuables, mais les individus à hauts revenus subissaient des
hausses d'impôt rétroactives. À la même occasion, les
restrictions à la déduction des frais afférents à
l'utilisation d'une automobile sont appliquées rétroactivement,
alors que le resserrement des frais de représentation, dans le budget
1993-1994, ne s'appliquent qu'à partir du jour du discours sur le
budget. Alors, quand on se regarde, on peut se désoler, mais quand on se
compare, on peut se consoler. Voilà!
Et ensuite, le député de Labelle a souligné une
autre chose que je tiens à relever, c'est les mesures sur
l'économie. Il ne faut pas oublier que nous en avions déjà
fait plusieurs. Nous avons déjà pris plusieurs mesures pour
stimuler l'économie depuis le début de la récession. En
1990-1991, au budget, il y avait: accélération des
investissements publics de 279 000 000 $, un plan quinquennal prévoyant
des investissements additionnels de 1 700 000 000 $ dans le réseau
routier, un nouveau programme de prêts administré par la SDI,
Relance PME. Il y a ensuite eu, en janvier 1991, le plan d'action du premier
ministre, l'accélération additionnelle des investissements
publics de 311000 000$, le nouveau programme d'aide à la construction
domiciliaire, Mon taux, mon toit près de 21 000 ménages
aidés, à ce moment-là hausse des sommes
consacrées à la rénovation domiciliaire, l'aide
additionnelle aux entreprises en difficulté temporaire par le biais des
programmes de la SDI. Depuis novembre 1992, 566 000 000 $, dont un programme
spécial d'accélération des investissements publics de 395
000 000 $, principalement dans le réseau routier, les secteurs de
l'éducation, de l'enseignement supérieur, de la santé et
des services sociaux, en plus, évidemment, des taxes qui ont
été réduites dans le carburant diesel et le programme
Reprise PME de la SDI. aujourd'hui, les conditions économiques sont,
actuellement, favorables à la croissance: un très faible taux
d'intérêt du court terme, le dollar à 0,79 $ contre 0,89 $
il y a 18 mois, l'économie américaine en
accélération. et l'économie du québec est en
reprise. on prévoit une croissance de 2,6 %, comme le
député de labelle l'a mentionné. les experts du secteur
privé voient plutôt 3 % et plus, mais nous avons voulu être
conservateurs. dans ce contexte, des mesures additionnelles sont moins
nécessaires, d'autant plus que nous avons mis en place toute une
série, dans les budgets antérieurs, de mesures fiscales pour
aider la recherche et le développement, la formation de la
main-d'oeuvre.
C'est sûr qu'une stratégie d'accroissement de l'endettement
ne favoriserait pas la croissance. On l'a vu ailleurs.
Il ne faudrait pas croire cependant qu'on ne s'attaquera pas au
problème du chômage qui est trop élevé: les
îlots de pauvreté, ici et là. Mais il faut bien, aussi, se
rendre compte et je sais que le député de Labelle s'en
rend compte autant que quiconque que le Québec n'est pas le seul
à connaître une reprise plus faible qu'à
l'accoutumée. C'est aussi le cas ailleurs au pays et même aux
États-Unis, en Europe, au Japon. La supposée absence de politique
efficace de relance du gouvernement n'explique certainement pas le fait que,
par exemple, la reprise actuelle, aux États-Unis, est de moitié
plus faible que celle observée au début des années
quatre-vingt, ou encore le fait que l'Allemagne et le Japon sont aujourd'hui en
récession. Au Québec, comme à l'échelle
internationale, c'est principalement l'endettement record l'endettement
record. Il y a une partie de ça, importante, qui est
héritée des années... 1976, pour être plus
précis, à 1985. Par hasard.
Enfin, autre élément que l'on a tendance à oublier,
c'est que la récession de 1990-1991 a été près de
trois fois moins prononcée que celle de 1981-1982 au chapitre de la
perte d'emplois. Il n'est donc pas surprenant que le rattrapage
effectué, de même que le rythme auquel ce rattrapage
s'opère ont été, eux aussi, moins accentués qu'il y
a 10 ans.
On a parlé aussi du travail au noir. Comme je l'ai
mentionné au discours sur le budget, le travail au noir, la fraude
fiscale et l'ensemble des autres moyens permettant à certaines personnes
d'éluder le paiement des impôts et taxes préoccupent,
à juste titre, la majorité de la population qui se conforme
à la législation fiscale. Je n'irai pas aussi loin que le
député de Labelle en parlant des vertueux, puis des
honnêtes et des malhonnêtes, parce que vous savez... (21
heures)
M. Léonard: Ces deux termes...
M. Levesque: ...lorsque vous traitez ces gens-là de
malhonnêtes, vous en accrochez plusieurs au passage. Notre gouvernement
est très sensible face à ce problème et entend continuer
à mettre en place les mesures pour empêcher que ces pratiques ne
se généralisent. Le gouvernement poursuivra notamment ses efforts
en cette matière de deux façons: d'abord, en assurant le
prélèvement des sommes dues au gouvernement; on effectuera un
suivi particulier des actions posées à l'égard de la
perception des taxes sur les tabacs...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion...
M. Levesque: On révisera, au cours de la présente
année, l'ensemble des activités de perception et de
vérification du ministère du Revenu pour nous assurer du maximum
d'efficacité de ces opérations, et, finalement, en donnant
à l'ensemble des actions gouvernementales un caractère plus
favorable au développement
de l'économie. En outre, on devra éliminer les
tracasseries administratives et revoir la réglementation imposée
aux entreprises afin d'accroître l'efficacité de
l'économie, de réduire le travail au noir et l'évasion
fiscale. Tout sera fait, M. le Président, afin de faire respecter les
lois.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Labelle, pour un temps de parole de 10
minutes.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de... Oui.
M. Gautrin: Une question de règlement. Est-ce que, en
question d'alternance... Pourquoi vous donnez la parole au député
de Labelle? Si j'ai bien compris et je fais référence
à la décision que vous avez rendue, trois fois, d'ailleurs, le 19
mai 1987, le 24 mai 1988 et le 25 mai 1989 vous distinguez clairement,
à l'heure actuelle, bien sûr, le ministre des Finances, le
porte-parole de l'Opposition, et vous terminez ensuite par le terme suivant, et
vous ne faites pas, justement, référence au porte-parole de
l'Opposition. Et vous savez, puisque vous êtes un avocat brillant, qu'en
général, le législateur, lorsqu'il s'exprime, ne s'exprime
pas pour rien. Vous avez dit après, vous dites les choses suivantes: Le
ministre des Finances et le porte-parole de l'Opposition interviennent les
premiers et chacun aura un temps de parole de 20 minutes. Par la suite, les
membres disposeront chacun d'une période de 10 minutes.
Il est clair que si vous aviez voulu préciser qu'à ce
moment-là le porte-parole de l'Opposition avait un droit de
préséance, vous auriez dans votre jugement, avec la sagesse qu'on
vous connaît, aussi spécifié que c'était le
porte-parole de l'Opposition qui devait, évidemment, reprendre le
débat. Or, ce n'est pas la décision que vous avez prise à
l'époque. Vous avez bien précisé: Les membres disposeront
chacun d'une période de 10 minutes. De surcroît, M. le
Président, à la fin, vous ajoutiez: De plus, le président
appliquera, dans la mesure du possible et je comprends la
règle de l'alternance. Il me semble, M. le Président, qu'en
fonction de la règle de l'alternance, compte tenu que le porte-parole de
l'Opposition a eu l'occasion de pouvoir s'exprimer pendant 20 minutes, la
règle de l'alternance devrait permettre au député
ministériel maintenant de pouvoir s'exprimer.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Verdun. C'est assez intéressant, ce que vous
avez dit, mais j'aimerais vous référer, peut-être, à
la décision du 23 mai 1984, dans sa totalité, de la commission de
l'Assemblée nationale. Et il faut être, aussi, il faut être
conscient, il faut lire, pas seulement les articles 274 et 275 du
règlement, mais faire référence aux articles 179, 180, et
tout particulièrement à l'article 209 du règlement, eu
égard à son premier paragraphe relativement au temps de parole.
Et il faut distinguer certaines étapes au niveau du débat du
discours sur le budget. La prémisse première du débat sur
le discours sur le budget, c'en est une de contrôle parlementaire. Or, je
me dois de ne pas pénaliser l'Opposition pour qu'elle puisse exercer
convenablement ce contrôle, mais en y allant, en y substituant une
règle qui fait en sorte que le temps global se comptabilise pour une
période de 50-50 et en respectant un des vieux principes
jurispru-dentiels, qui est la règle de l'alternance. Or, la
première étape ayant été une déclaration
d'ouverture de 20 minutes de la part de M. le ministre des Finances, la
règle de l'alternance a suivi avec une déclaration d'ouverture de
M. le député de Labelle, critique de l'Opposition officielle,
pour une période de 20 minutes. Et comme le ministre des Finances
dispose d'un droit d'intervention après chacune des interventions pour
une période de 10 minutes, il a utilisé convenablement son droit
d'intervention. Je retourne donc à ma gauche vers le
député de l'Opposition, M. le député de Labelle,
pour lui consacrer une période de 10 minutes en respect de la
règle de l'alternance, car si j'agissais contrairement, je donnerais 600
minutes au parti ministériel et que 100 minutes à l'Opposition,
si je faisais respecter restrictivement l'article 209 du règlement, et
ce n'est pas l'objectif du présent débat.
M. Gautrin: Mais, si vous me permettez, M. le Président,
j'ai l'impression que, au sein de l'article 275, le ministre a un rôle
tout à fait particulier et que le partage du temps,
indépendamment du temps du ministre, doit se faire équitablement
entre le temps de l'Opposition et le temps...
Le Président (M. Lemieux): Mais, 274 et 275 ne
répartissent pas de temps de parole. Prenez le temps de les lire, 274 et
275, et dites-moi où vous voyez qu'on répartit le temps de
parole. Nulle part.
M. Gautrin: Je pense que...
Le Président (M. Lemieux): On doit faire
référence à 209.
M. Gautrin: ...il y a simplement un principe
général que le temps de parole doit être réparti de
manière équitable.
Le Président (M. Lemieux): Équitablement, en
respect avec la règle de l'alternance l'enveloppe globabe
et c'est ce que nous faisons en cédant la parole à M. le
député de Labelle.
M. Gautrin: M. le Président, si vous me permettez une
dernière fois...
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: ...vous dites que c'est la règle de
l'alternance. Vous ne pouvez pas compter les interventions du ministre dans un
principe de l'alternance parce que, faites bien attention, le ministre peut
intervenir 10 minutes après chaque intervention, que ça soit une
intervention ministérielle ou que ça soit une intervention du
député de l'Opposition. Donc, après chaque intervention,
le ministre peut intervenir. Alors, au sens de la règle, ça
prouve bien qu'il ne rentre pas dans le principe de la règle de
l'alternance.
Le Président (M. Lemieux): Ce dont je vous ai fait
état tout à l'heure, je vous ai dit qu'il y avait deux
prémisses: il y avait effectivement l'étape des remarques
prélimaires et l'étape du débat. La raison en est simple,
c'est que nous commençons l'étape du débat avec M. le
député de Labelle...
M. Gautrin: Pourquoi, avec le député de
Labelle?
Le Président (M. Lemieux): ...et que nous terminons, nous
terminons, nous terminons la première phase qui est celle des remarques
préliminaires.
M. Gautrin: Mais, pourquoi avec le député de
Labelle?
Le Président (M. Lemieux): Pardon?
M. Gautrin: Pourquoi avec le député de Labelle?
Le Président (M. Lemieux): Parce que nous
commençons le débat, la deuxième phase...
M. Gautrin: Et pourquoi la deuxième phase?
Le Président (M. Lemieux): ...qui n'est pas celle des
remarques... Parce que après chacune des interventions, je fais
respecter le droit de parole du ministre d'avoir une intervention de 10
minutes, d'avoir une réplique de 10 minutes. Mais, le débat,
à ce stade-ci, n'était pas commencé.
M. Gautrin: O.K. Je comprends. Alors, j'accepte votre
décision, mais maintenant, si on rentre dans la deuxième phase,
qui est la phase du débat...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gautrin: ...sur quelle base le député de Labelle
doit-il commencer le débat? Pour quelle raison?
Le Président (M. Lemieux): Parce qu'il est de tradition
dans le débat du discours sur le budget, comme c'en est un, je vous l'ai
dit tout à l'heure, de contrôle parlementaire, que la tradition
veut et la jurisprudence veut que le débat, suite à une
décision qui a été rendue par la commission de
l'Assemblée nationale, en mai 1984, de même que par un
ex-président de la commission du budget et de l'administration le
député, à l'époque, de Bellechasse que ce
soit le critique de l'Opposition officielle qui entame et qui débute le
débat. C'est la principale raison. Mais ce qui est beaucoup plus
important, c'est que le temps de parole, lui, puisse être réparti
équitablement, et c'est le cas actuellement.
M. Gautrin: Alors, je vais remarquer cette décision que je
voudrais vous communiquer la décision, parce que je ne suis pas
sûr qu'on fait nommément référence au critique de
l'Opposition. Tout en respectant mon intervention future, je suis bien, avec
générosité, prêt à écouter mon ami, le
député de Labelle, mais je crois qu'il n'y a pas de raison de
donner préséance au député de l'Opposition dans ce
débat, M. le Président. (21 h 10)
Le Président (M. Lemieux): II ne s'agit pas de lui donner
préséance, mais de faire respecter ses droits. M. le
député de Labelle, en vertu du règlement, la parole est
à vous pour 10 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Mon 10 minutes commence. Bon, je vois que le
député de Verdun, sans le dire mais tout en le disant, m'a l'air
très jaloux des privilèges des députés de
l'Opposition. Mais le ministre est parmi eux, donc, il est de l'autre
côté, et à ce moment-là, ils pourraient s'expliquer
des choses.
Ceci étant dit, M. le Président, je voudrais, avant de
poser des questions, revenir à quelques remarques aussi. D'abord, la
seule réponse, en ce qui concerne la rétroactivité, que le
ministre a faite; il dit: En Ontario, ils ont fait ça. Pour moi,
l'Ontario, on peut les critiquer aussi, ce n'est pas parce que l'Ontario le
fait que c'est nécessairement le nec plus ultra. C'est le syndrome du
«moi itou», ça; il dit: L'Ontario le fait, «moi
itou» je le fais, là. C'est sa justification. Et puis, quand on
parle de rétroactivité, on s'entend bien qu'il s'agit de revenus
de travail, parce que, effectivement, ce qu'il a mentionné, ce ne sont
pas des revenus de travail, c'est revenus d'épargne, revenus
d'entreprise et, effectivement, les taux s'appliquent sur l'année, sur
ce plan-là. Mais sur le revenu de travail, non, c'est la première
fois qu'on trouve ça, les déductions à la source sont
affectées.
Autre chose sur laquelle je veux revenir rapidement. Le ministre dit
qu'ils ont adopté des tas de mesures dans le passé. Je lui dirai
tout de go: S'il y en a tant que cela, pourquoi tout à coup annoncer, 48
heures après le discours du budget, qu'il y en aura d'autres à
l'automne? Là, ça veut dire qu'on rectifie le tir. Mais dans la
salade qu'il a brassée, des supposées mesures qui sont
apportées, je relève, par exemple, le réseau routier qui a
fait l'objet de critiques très serrées de la part de mon
collègue de Lévis, qui a démontré que, finalement,
il y avait moins d'argent dans son plan qu'il y en avait auparavant et que
ça avait été simplement une autre présentation qui
était de la poudre aux yeux, en quelque sorte. Le député
de Lévis a fait une excellente
critique, dans la critique des crédits aux transports,
là-dessus, les années dernières.
Ensuite, la PME; on nous parle du programme Reprise PME. Faut-il
souligner que le programme Relance PME était arrivé à
terme, finissait le 31 mars 1992? On a annoncé: Reprise PME, pour le
remplacer au mois de septembre avec des crédits qui n'étaient pas
accessibles, parce que les règlements n'étaient pas accessibles,
et on a gelé les crédits qui étaient dans ce programme au
mois de décembre, de sorte que, à ma connaissance, il n'y a
personne qui en a bénéficié. Donc, c'est ça les
mesures de relance dont on parle; on parle toujours des mêmes millions
qu'on brasse avec beaucoup de broue, mais peu de fonds, peu de fonds. enfin, le
ministre dit qu'il a été très prudent de prévoir un
taux de croissance économique de 2,6 % alors que le privé
prévoyait 3 %. mais le privé ne s'attendait jamais au budget qui
a été déposé. alors, en déposant le budget
avec les mesures qu'il y avait dedans, il fallait réduire le taux de
croissance de l'économie à 2,6 %. c'est simplement une
conséquence des mesures qui ont été adoptées au
budget.
Et finalement, en, ce qui concerne l'endettement, on revient au milieu
des années soixante-dix. On pourrait revenir avant; on peut revenir
aussi aux années 1985-1990. Et, pourrais-je souligner que, cette
année, les emprunts totaux du Québec ont augmenté de 7 657
000 000 $, record de tous les temps, record jamais vu, et sur lesquels nous
aurons à interroger le ministre des Finances. 7 657 000 000 $. Les
chiffres sont là, les chiffres sont là, l'annexe B, page 22.
Discussion générale Déficit
budgétaire prévu
Bon, M. le Président, je voudrais interroger le ministre sur ses
prévisions de déficit. Commençons par là: le
déficit. Le problème auquel nous avons à faire face, c'est
l'incertitude en ce qui concerne le déficit, parce que, au cours des
années, le déficit a évolué, toujours à la
hausse, depuis 1989. Nous voyons que, en 1989-1990, le déficit
prévu avait été, au budget, de 1 500 000 000 $: il a
été de 1 659 000 000 $. L'écart a été assez
restreint sur ce plan-là. Mais en 1990-1991, le déficit
prévu, même s'il avait été plus bas l'année
précédente, à 1 475 000 000 $ au discours sur le budget,
est monté à 1 750 000 000 $. Déjà, on trouvait que
ça n'avait pas de bon sens que le déficit monte, mais il s'est
terminé à 2 825 000 000 $, considérablement
augmenté. J'ai tiré ces chiffres des différents discours
du budget. Ce sont les chiffres du ministère des Finances et du ministre
des Finances. Je vois les fonctionnaires qui ont les yeux brillants, ronds
d'interrogation. Alors, ce sont vos chiffres, ce sont leurs chiffres.
Au budget 1991-1992, tout à coup, on a prévu un
déficit qui était à l'origine de 1 450 000 000 $ et qui
avait été révisé à 1 600 000 000 $. Tout
à coup, en 1991-1992, on prévoit un déficit de 3 480 000
000$.
C'est ça, le discours du budget 1991-1992. Mais le
résultat a été de 4 191 000 000 $, 711 000 000 $
d'écart dans l'année même, en faisant, évidemment,
des prévisions à la baisse pour les deux années suivantes.
Par exemple, pour 1992-1993, à ce moment-là, le déficit,
qui était prévu en 1990-1991 à 1 400 000 000 $, passe,
dans les prévisions 1991-1992, à 2 480 000 000$. Et puis, au
budget, il monte à 3 790 000 000 $. Mais ce n'est pas tout, c'est encore
une prévision. La réalité, maintenant, oh! la la! 4 978
000 000 $. Remarquez le chemin parcouru: 1 400 000 000 $, 2 480 000 000 $, 3
790 000 000 $, 4 978 000 000 $, ça, c'est la réalité. Vous
voyez l'escalier.
Alors, cette année, 1993-1994, on nous annonce un déficit
de 4 145 000 000 $. Est-ce que je peux demander au ministre des Finances si,
cette fois, son déficit, à la fin de l'année, sera de 4
145 000 000 $? Et pour les années subséquentes? Parce que
là, il est comme M. Wilson, ça diminue dans les années
suivantes. En 1994-1995, 3 290 000 000 $. Si on s'en tient aux
prévisions des années antérieures, je ne sais pas
où on va se ramasser. À 6 000 000 000 $, 7 000 000 000 $?
J'espère que non. J'espère! En 1995-1996, 2 245 000 000$, et
puis, en 1996-1997, 1 245 000 000 $, puis là, le paradis en 1997-1998:
300 000 000 $ de surplus. Mais là, écoutez, M. le
Président, la science économique étant ce qu'elle est, on
pourrait prévoir qu'il y aurait une récession en 1997-1998. Ce
n'est pas tout à fait impossible, voyez-vous? Est-ce qu'on va avoir un
surplus, enfin, en 1997-1998? Je pose la question au ministre des Finances:
Quelle crédibilité, finalement, à la suite de ce que je
viens de dire, quelle crédibilité attacher à ces
prévisions de déficit de cette année et des années
qui viennent?
Le Président (M. Camden): M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président, seulement pour relever
quelques avancées de la part du député de Labelle. Tout
d'abord, le député de Labelle est revenu sur la question de la
rétroactivité en disant qu'il ne s'agissait pas de choses de
même nature, mais en 1978, là, je lui rappelle que c'était
l'impôt des particuliers. Alors, je veux juste faire cette mise au
point.
Lorsqu'il parle d'un plan que j'aurais déposé ou
annoncé après le budget, c'est le même que j'ai
annoncé dans le budget. Alors, il faut bien se comprendre.
Troisièmement, le député de Labelle parle des
emprunts, des records. Je tiendrais à lui rappeler pas lui
rappeler, mais l'informer, peut-être que les emprunts de 7 600 000
000 $ comprennent une somme d'environ 2 000 000 000 $ qui sont des emprunts que
nous avons effectués d'avance pour l'année 1993-1994. Nous les
avons effectués dans des moments propices en 1992-1993. Il faut tenir
compte de cela. (21 h 20)
Deuxièmement, lorsqu'on fait des comparaisons, on peut en faire
sur 1992-1993. C'était quoi, ça, les emprunts 1992-1993?
Ça équivalait à... Nos besoins
financiers nets, en 1992-1993, représentaient 2,5 % du pib.
pourtant, en 1980-1981, si le député de labelle se scandalise de
2,5 %, c'était 3,2 % du pib, les besoins financiers nets à cette
époque. ensuite, le député de labelle a mentionné
que j'avais, dans mon budget, prévu un taux de croissance de 2,6 % et
que j'avais dit, à ce moment-là, que c'était plus bas que
ce que d'autres prévisionnistes avaient annoncé, mais que ces
prévisionnistes n'avaient pas vu le budget encore, lorsqu'ils parlaient
de 3 %. alors, j'ai des petites nouvelles pour lui. c'est que le
«conference board» vient tout juste, c'est tout frais, après
le budget... encore est revenu, pour le québec, avec ses
prévisions de 3,2 %. ensuite, une autre chose que le
député de labelle a mentionnée: c'étaient les
erreurs de prévisions. évidemment, je suis en excellente
compagnie parce que, à travers le monde, on s'est trompé sur la
longueur de la récession, particulièrement en amérique et
particulièrement aux états-unis et au canada. et vous savez que
les prévisions de revenus sont faites sur la prévision du taux de
croissance. et lorsque je regarde ce qui s'est passé en 1992-1993... et
je prends, par exemple, le cas du québec, mais également celui de
l'ontario et celui du canada. en 1992-1993, au gouvernement
fédéral, par rapport au budget, l'écart a
été de moins 7 % sur les revenus. on n'en parle pas non plus.
l'ontario, moins 7 %. et notre écart à nous, nos
prévisions n'étaient pas justes, mais c'était seulement
moins 4,7 %. en 1993-1994, on avait prévu, avant les mesures, au canada,
moins 9 %, en ontario, moins 13,7 %, et au québec, moins 8,6 %. alors,
on voit que, même s'il y a des écarts dans les prévisions
de revenus, il y a là une explication bien simple, il me semble,
élémentaire. et d'autant plus que c'est assez frappant lorsqu'on
fait les comparaisons.
Il y a aussi cette question que me pose le député de
Labelle: Est-ce qu'on peut vous croire, là, lorsque vous annoncez un
déficit de 4 145 000 000 $? J'espère bien. Mais il faut bien
comprendre que lorsqu'on sort d'une récession, d'habitude, les
déficits diminuent et, quand on rentre en récession, ils
augmentent. Alors, je pense que si on regarde les tableaux, par exemple, depuis
la dernière récession antérieure, c'est ça qui est
arrivé, et on pense que c'est ça qui va arriver encore au cours
de la présente année. Et d'autant plus que nos prévisions,
encore une fois, sont très conservatrices. Il peut arriver n'importe
quoi. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Mais, avec la prudence qui nous
caractérise, on a sûrement des bonnes chances de réaliser
ce déficit, et même il y a des possibilités de faire mieux
si l'économie s'améliorait davantage. Et voilà, M. le
Président, ce que j'avais à dire là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, il vous reste environ... M. le ministre a terminé? M. le
ministre avait terminé.
Oui, M. le député de Labelle, parce qu'il faut que je
fasse respecter la règle de l'alternance, mais il vous reste 1 minute 50
sur votre 10 minutes, puis comme il peut être pris en une seule ou
plusieurs interventions... Combien de temps? 1 minute 50, je crois?
M. Léonard: O.K. Il me reste 2 minutes.
Le Président (M. Lemieux): Alors, on va vous permettre 1
minute 50, pour faire intervenir M. le député de Verdun par
après.
M. Léonard: Oui, et il a l'air pressé. Je
voudrais...
M. Levesque: ...
Le Président (M. Lemieux): Oui, après chacune des
interventions, vous avez toujours votre 10 minutes.
M. Léonard: Un autre 10 minutes. Vous m'avez l'air d'aimer
ça.
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous avez toujours votre
10 minutes, M. le ministre des Finances.
M. Léonard: Quand j'écoute le ministre des
Finances, j'ai l'impression qu'il ne croit plus lui-même à ses
propres prévisions parce qu'il dit: Là, je suis devenu prudent.
Je suis devenu prudent. C'est ça qu'il répond.
M. Levesque: J'ai dit: En vertu de ma prudence, notre prudence
traditionnelle. C'est ça que j'ai dit.
M. Léonard: Mais il va chercher des comparaisons. Il dit
qu'il est en excellente compagnie, mais en réalité,
j'écoute aussi ses comparaisons et il n'a pas l'air à croire
lui-même en ses propres prévisions. Donc, il dit: Je suis mauvais,
mais ils sont pires que moi. Regardez, ils sont pires que moi; et là, il
prend le fédéral.
Bien, alors là, effectivement, mais s'il y a quelque chose qui
n'est pas un modèle, un gouvernement qui n'est pas un modèle,
c'est vraiment le gouvernement fédéral. Il a réussi
à nous ramener, en l'espace de 15 ans, entre le Maroc et le Burundi.
Merci! Il faut le faire en termes d'endettement. Il faut le faire! C'est
ça qu'il a réussi. Alors, il dit: Je suis mauvais, mais ils sont
pires que moi. C'est tout simplement ça. La question reste là
quand même.
Maintenant, avant ça, le ministre des Finances prévoyait
pour les 2 années suivant le budget. Cette année, il s'est
hasardé à 5 ans. Je me suis demandé: Pourquoi 5 ans? Pour
démontrer que, un jour ou l'autre, il y aurait un surplus. Comment
croire à ce surplus quand lui-même dit qu'il est très
prudent sur l'année courante et que, dans 5 ans, en 1998, il y aurait un
surplus de 300 000 000 $? Je trouve que, là, c'est pour l'image; ce
n'est pas pour autre chose. Je pense qu'il faut dire ça parce que, s'il
veut justifier les prévisions qui sous-tendcnt ce surplus
budgétaire de 1998, je pense qu'il a de l'ouvrage.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé?
Voulez-vous répliquer, M. le ministre des Finances, ou céder la
parole à M. le député de Verdun? Oui... Vous n'êtes
pas un député, vous. Vous pouvez répliquer pour 10
minutes, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, le député de
Labelle a souligné le fait que, encore une fois, il y avait des
prévisions qui faisaient en sorte qu'on était moins sûrs.
Ce n'est pas ça, le cas.
J'ai bien expliqué, au contraire, que j'avais toutes les raisons
de croire que nous allions atteindre nos objectifs d'autant plus que notre
prévision est basée sur un taux de croissance très
conservateur par rapport aux autres prévisionnistes, de toute
manière. Mais il faut regarder toute une période et non pas
seulement les deux années de récession. Quand on regarde les
années antérieures et qu'on voit, par exemple, que toutes ces
années-là, depuis notre arrivée au pouvoir, en 1985, nous
sommes toujours tombés mieux que nos prévisions, chaque
année, année après année... Même, on se
permettait de payer d'avance des dépenses qui, au grand scandale du
député de Labelle... Alors que je lui disais: Je suis bien
content de pouvoir payer des dépenses d'avance, moi.
M. Léonard: Sur vos prévisions, vous avez dit la
même chose l'année dernière et ça n'a rien
réglé. 1 200 000 000 $ de plus de déficit, c'est quelque
chose.
M. Levesque: C'est arrivé dans tous les gouvernements. Je
ne suis pas le seul.
M. Léonard: 1 200 000 000 $...
M. Levesque: Plus que ça, plus que ça... Vous
savez, seulement notre voisin, notre riche voisin, s'il n'avait pas pris les
mesures qu'il a prises dans son dernier budget, se dirigeait vers un
déficit de 17 000 000 000 $. Il faut le faire, hein? On parle de
l'Ontario, 1992-1993, l'écart a été non pas de 1 000 000
000 $, mais de 2 500 000 000 $.
Alors, voilà ce que j'avais à dire, M. le
Président. (21 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Verdun.
Evolution des revenus et des dépenses
budgétaires
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Un
élément qui m'a particulièrement impressionné ou
fort intéressé à l'intérieur de ce budget, c'est
l'annexe B, les pages 5 et 10. Il est clair, ici... Évidemment, on
compare, dans ces pages, les années à partir de 1989
jusqu'à 1997, mais regardons strictement le passé. Je pense qu'il
y avait quelque chose qui était absolument significatif dans le
passé. C'était que le rythme de croissance des dépenses
était à peu près toujours de l'ordre de 2 % ou 3 % plus
élevé que le rythme de croissance des revenus. et là, il y
avait, à ce moment-là, une difficulté importante,
strictement en termes budgétaires, c'est-à-dire que le rythme de
croissance des dépenses était beaucoup plus important que le
rythme de croissance des revenus. et même si, même si, à
partir des années quatre-vingt-dix, on a diminué
considérablement le rythme de croissance des dépenses, qui sont
passées de 8,1 % à 7,2 % à 4,7 %, parallèlement,
les recettes aussi, le rythme de croissance des recettes allait en diminuant.
et tant qu'on n'agit pas pour faire en sorte que le rythme de croissance, le
taux de croissance des dépenses ne devienne pas inférieur au taux
de croissance des revenus, on augmente, automatiquement, l'endettement. et le
phénomène qui a été, à l'intérieur de
ce budget même si c'est assez difficile c'est de parier sur
trois choses, tel que je l'ai compris. c'est que, d'un côté, on
maintient les réductions des dépenses de manière à
atteindre un rythme de croissance des dépenses de l'ordre de 1 %, et,
parallèlement, en augmentant les ponctions fiscales, on va tâcher
d'augmenter, d'avoir un rythme de croissance des revenus qui soit
supérieur au rythme de croissance des dépenses. et c'est
seulement à partir de ces deux éléments-là qu'on
peut prévoir l'équilibre dont le député de labelle
parlait tout à l'heure, un surplus des opérations courantes dans
l'horizon 1997-1998. mais, de surcroît, ça prend une
troisième variable, et je suis d'accord, le député de
labelle l'a rappelé, ça prend aussi une croissance soutenue de
l'économie, c'est-à-dire une croissance soutenue du produit
intérieur brut. bon, là, à l'annexe b, je comprends que
vous utilisez le rythme de croissance du produit intérieur brut et,
à l'annexe d, vous utilisez le produit intérieur réel.
c'est bien ça? c'est-à-dire, vous dites: le 2,6 % du produit
intérieur réel, et vous utilisez le 3,7 % de croissance du
produit intérieur brut sur 1993-1994, et donc, ce que j'aurais besoin...
ma première question, m. le président, c'est: quel est, depuis
les dernières années, le taux de croissance du produit
intérieur réel, celui qui peut se comparer au 2,6 %? parce que
vous utilisez... si je regarde les tableaux que vous me donnez à
l'annexe b, pages 5 et 10, vous utilisez le pib, et ça, c'est le pib
réel?
M. Léonard: Les deux, le brut et le réel. La
dernière page de votre budget...
M. Gautrin: Me donne le brut et le réel.
M. Léonard: Oui. Taux de croissance sur le moyen
terme.
M. Gautrin: Attendez un instant. Il ne me donne pas année
par année, mon cher ami.
M. Léonard: Oui, oui.
M. Gautrin: Non. Je suis désolé.
M. Léonard: Oui, vous les avez. C'est parce que vous vous
êtes arrêté avant la fin de votre document.
M. Gautrin: Non, non. Je suis désolé de vous dire,
mon cher ami, qu'on part... Je cherche 1993-1994 et je le trouve où,
dans votre indicateur D.3? Les prévisions que vous faites, en termes de
taux de croissance...
M. Léonard: Ah oui! On les a quelque part. En D, la page
précédente, 1994-1998.
M. Gautrin: Bien.
M. Léonard: Le réel et le brut.
M. Gautrin: Le réel et le brut. Parfait!
M. Léonard: Les deux périodes.
M. Gautrin: Les deux périodes sont annuelles et...
Parfait! Bon. Alors, ça, c'est la première variable...
M. Léonard: Et puis...
M. Gautrin: Attendez un instant.
M. Léonard: ...je vous le dis tout de suite, en D, page
21, vous avez le court terme.
M. Gautrin: Non, non. Mais c'est pas ça. Maintenant, le
deuxième élément qui revient, une fois que j'ai le produit
intérieur réel, la variation du produit intérieur
réel, la deuxième question qui vient derrière celle-ci,
c'est: Lorsque vous êtes en train je reviens maintenant sur
l'effet des modifications des taux moyens d'imposition vous êtes
en train, par la ponction fiscale que vous faites, de modifier les taux moyens
d'imposition entre l'Ontario et le Québec. Dans le document que vous
aviez publié, qui était «Vivre selon nos moyens»,
vous précisez bien, ce qui est tout à fait exact, que
l'introduction de surtaxes aurait pour effet d'accroître les taux
marginaux maximums applicables au Québec. Les écarts qui se
creuseraient entre les taux applicables au Québec et dans d'autres
juridictions rendraient difficile d'attirer ou de garder au Québec les
travailleurs hautement spécialisés, ce qui ne serait pas sans
affaiblir le potentiel de croissance économique.
Donc, moi, ce que je vous pose comme question, c'est: Quelle est la
chute, la pénalité, sur le PIB réel ou non réel que
vous avez calculé, pour le fait que vous avez dit: Ça fait une
distorsion dans les courbes d'impôt entre l'Ontario et le Québec?
Vous comprenez ce que... Est-ce que vous comprenez ma question?
M. Levesque: Tout ce que je sais, c'est qu'on peut dire que
maintenant, pour la première fois depuis que je peux me rappeler,
peut-être depuis toujours, je ne le sais pas, c'est la première
fois que le taux marginal maximum est plus bas au québec qu'en ontario.
c'était 10 points de plus en 1985. si vous voulez l'évolution de
cela, taux fédéral-provincial, les deux gouvernements
réunis, alors, l'évolution des taux marginaux maximums, au
québec, était, en 1985, de 62,1 %, et ça a continué
à diminuer jusqu'à 51 % en 1992; avant le budget, 50,5 %;
après le budget, 52,9 %. alors, quand on était à 62,1 %,
on était à 10 points au-dessus de l'ontario; aujourd'hui, on est
à 52,9 %, alors que l'ontario est rendu à 53,2 %. je pense que
c'est ça qui est essentiel sur le plan de la
compétitivité.
M. Gautrin: Attendez un instant, là. Pouvez-vous
m'expliquer la courbe en A-47, qui compare, si je veux dire... Prenons un
célibataire moyen de moins de 65 ans.
M. Levesque: On a dû faire des corrections à ces
tableaux, parce que ça a été imprimé avant le
budget de l'Ontario.
M. Gautrin: Ah! Donc, ça, c'est avant le... Autrement dit,
les courbes, à la page 47, annexe A, ne sont pas correctes, alors.
M. Levesque: On a rendu publics, le jour de notre budget, les
nouveaux tableaux.
M. Gautrin: Ah bon, bien je...
M. Levesque: On a dû faire rapidement...
M. Gautrin: Ah bon!
M. Levesque: ...parce que le budget de l'Ontario avait lieu le 19
mai et...
M. Gautrin: Je comprends.
M. Levesque: ...dans la nuit du 19 au 20...
M. Gautrin: Ah bon, bon.
M. Levesque: ...on a fait les nouveaux tableaux, mais on ne
pouvait plus les incorporer dans...
M. Gautrin: Ah! Je comprends.
M. Levesque: ...le volume qui était déjà
imprimé.
M. Gautrin: Est-ce que vous pourriez, peut-être, le
faire... Vous l'avez déposé en Chambre. C'est parce que je n'ai
pas eu de photocopie.
M. Levesque: Oui, d'accord. M. Gautrin: Bon.
Document déposé
Le Président (M. Lemieux): Alors, le dépôt
est autorisé.
M. Léonard: Est-ce que... Juste une question. Le fardeau
fiscal comparatif Ontario-Québec, est-ce que vous pourriez le
déposer en même temps? Vous ne le faites plus? Ah, vous ne le
faites plus. C'est...
(Consultation)
M. Levesque: On me dit que ça a besoin d'une mise à
jour complète et ça devrait se faire dans l'année qui
vient.
M. Léonard: Oui. L'année qui vient, là,
ça va jusqu'au 31 mars 1994. C'est long.
M. Levesque: On me dit que c'est très long.
M. Léonard: Mais quand c'est à votre avantage,
c'est vite fait.
M. Levesque: Ha, ha, ha! C'est bon, c'est bon.
Le Président (M. Lemieux): La parole est toujours à
vous, M. le député de Verdun.
Dette directe du gouvernement
M. Gautrin: bon. merci, alors. je peux changer de sujet. j'en
viens à... j'avais remarqué aussi... là, la question des
emprunts. je suis sur la dette directe du gouvernement. bon. vous les avez
faits au 31 mars 1993. je passe à l'annexe c-18, donc, qui est,
évidemment... il y a la majeure partie de la dette directe du
gouvernement qui se fait en dollars canadiens, mais il y en a quand même
à peu près 35 % qui est en monnaie étrangère.
pardon? (21 h 40)
M. Camden: M. le Président, question de directive.
M. Gautrin: Oui, oui.
M. Camden: Je m'excuse auprès de mon collègue de
Verdun, de l'interrompre...
M. Gautrin: Mais, bien sûr!
M. Camden: Est-ce que vous pouvez m'indiquer à quel moment
on va pouvoir prendre connaissance du dépôt, là, du
document, là, pour qu'on puisse utiliser ce document, là...
Le Président (M. Lemieux): Immédiatement,
immédiatement, dans...
M. Camden: Si on pouvait le faire...
Le Président (M. Lemieux): ...quelques minutes, M. le
député.
M. Camden: Si on pouvait le faire photocopier...
Le Président (M. Lemieux): Dans quelques minutes, M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: ...on pourrait effectivement l'utiliser, s'en
prévaloir. Ce serait particulièrement intéressant,
considérant que l'information a été déposée.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Verdun, la parole est toujours à vous...
M. Gautrin: Oui. Merci.
Le Président (M. Lemieux): ...suite à la
question...
M. Gautrin: Non, non, c'est intéressant.
Le Président (M. Lemieux): ...de règlement du
député de Lotbinière.
M. Gautrin: Est-ce que, là... Les chiffres que vous nous
donnez sont au 31 mars 1993. Est-ce que, compte tenu des fluctuations de la
monnaie, il y a eu des variations importantes, en date d'aujourd'hui,
c'est-à-dire si on regarde le 1er juin, par rapport à... Je crois
que le yen a remonté considérablement. Je pose la question,
là.
M. Léonard: II a augmenté par rapport au dollar
américain.
M. Gautrin: Oui, et...
M. Léonard: II est descendu en bas de 108 yens; le dollar
américain est descendu en bas de 108 yens la semaine
dernière.
M. Gautrin: Oui. Donc, ça a un effet direct sur nos
emprunts.
M. Léonard: Bien, sur le dollar... Oui, ça a un
effet, ici, par rapport au yen.
M. Gautrin: Bien, oui, mais comme on a 22 %... Attends. On a 5 %
en yens et 22 % en dollars américains.
M. Léonard: Oui. La dette augmente.
M. Gautrin: La dette augmente? Hein? C'est-à-dire, quelle
est la dette réelle? Est-ce que les
taux de fluctuation des monnaies ont eu un effet sur la dette?
Le Président (M. Lemieux): M. le sous-ministre, sous
l'autorité de M. le ministre.
M. Gautrin: Oui. Oui.
M. Rhéaume (Alain): Oui. Alain Rhéaume, pour le
ministre des Finances. Il est clair que ce qu'on a présenté dans
le budget, c'est avec les taux de change en date du...
M. Gautrin: M. Rhéaume...
M. Rhéaume: ...31 mars dernier. Ces taux-là
évoluent, évidemment, quotidiennement, au rythme des
événements, sur les marchés financiers. C'est une
donnée qu'on calcule généralement, là, à la
fin de chaque trimestre. On pourrait en faire un calcul spécial à
n'importe quelle date, mais...
M. Gautrin: D'accord.
M. Rhéaume: ...elle n'est pas disponible, là, en
date d'aujourd'hui...
M. Gautrin: O.K.
M. Rhéaume: ...ce soir.
M. Gautrin: Mais vous pourriez nous le donner...
M. Rhéaume: Choisissez votre date, et on va vous
l'apporter.
M. Gautrin: Bien, c'est-à-dire, je ne sais pas, moi. Le
1er juin?
M. Rhéaume: En date du 1er juin? On va le faire.
M. Gautrin: Ah bien!
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous en prendre note,
Mme la secrétaire? Ça va, M. le député de Verdun,
vous pouvez continuer.
M. Gautrin: Bien, je vais passer la parole au...
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le ministre, est-ce
que vous avez des commentaires, relativement à l'intervention?
M. Levesque: Non. J'ai répondu à mesure.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Alors, M. le
député de Labelle, la parole est à vous.
M. Léonard: Oui, M. le Président. D'abord, je
voudrais souligner qu'on vient de nous dire que le tableau comparant le fardeau
fiscal de l'Ontario et du Québec n'est pas disponible, que ça
prend beaucoup de temps à calculer. Je rappellerai que, l'an dernier, je
crois, nous l'avions eu quelques jours après le discours sur le budget
de l'Ontario, et j'imagine qu'avec tout l'équipement informatique dont
les Finances disposent c'est quand même passablement facile de le
calculer.
M. Levesque: II y a deux ans, il y a deux ans.
M. Léonard: II y a deux ans, on l'avait remis, oui,
très rapidement. Et même que je me rappelle très bien que,
dans le discours du budget du mois d'avril 1990, c'était une des
dernières pages du tableau, le fardeau fiscal québécois et
le fardeau fiscal de l'Ontario. En tout cas, je pense qu'on a... J'ai cru
comprendre que ça prenait, là, des semaines, des mois. Vous avez
quand même quelques modèles où c'est facile à
faire.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous permettez,
M. le...
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous permettez? Alors, M. le
sous-ministre, sous l'autorité de M. le ministre.
M. Rhéaume: Ce qui se passe, avec le calcul des
écarts de fardeau fiscal, c'est que, plus ça évolue, plus
les structures fiscales sont appelées à changer. On a toujours
fait des corrections à la marge. 11 vient un moment donné
où on a besoin- de remettre à date, complètement, toutes
les structures, avant de refaire les comparaisons. On en est rendu à ce
point-là. Mais un indicateur qui est significatif de la manière
dont se comporte le fardeau fiscal, si on veut le regarder comparativement,
c'est de prendre la proportion des revenus autonomes du gouvernement dans le
PIB, qui donne l'indicateur de la ponction fiscale. On voit, là-dessus,
que, en 1991-1992, les revenus autonomes du gouvernement étaient de 17,3
% du PIB.
M. Léonard: on a même 1992-1993, 17,7 %, là,
dans «vivre selon nos moyens», là.
M. Rhéaume: À ce moment-là...
M. Léonard: On a une année de plus que vous,
là.
M. Rhéaume: c'est ça. à ce moment-là,
on indiquait 17,7 %; on a fini l'année 1992-1993 à... il faut que
je m'enligne, là. je pense que c'est 17,3 %, aussi, pour l'année
1992-1993.
M. Léonard: Elle a rebaissé?
M. Rhéaume: Ça a rebaissé un peu depuis
janvier, là. On a eu, disons... On a eu moins de revenus que ce qu'on
pensait avoir à ce moment-là. Vous vous souvenez, on a
déjà parlé que, entre le mois de janvier et le 31 mars, on
a eu moins de revenus, donc, ça fait effectivement une ponction qui est
moins grande pour un niveau de PIB semblable.
M. Léonard: Les autochtones ont été plus
actifs.
M. Rhéaume: Pour cette année, la façon de le
voir pour 1993-1994, normalement, sur la période qu'on prévoit,
actuellement, il devrait y avoir très peu de changements,
c'est-à-dire qu'on est toujours de l'ordre de 17,3 %, sur l'horizon
1993-1994 à 1997-1998, sauf qu'il y a un phénomène qui
vient un peu «distorsionner», pour l'année 1993-1994 et
l'année 1994-1995, qui est la récupération, auprès
de la Société de l'assurance automobile, du surplus qui n'est
plus nécessaire suite à la restructuration financière
à laquelle on a procédé dans le budget. De sorte que, si
on exclut ce phénomène-là en 1993-1994, on est à un
niveau de 16,9 % du PIB, comparativement à 17,3 % en 1992-1993. Donc,
c'est une légère amélioration ou réduction de la
ponction fiscale à l'égard du PIB. on arrive là, en
1989-1990, qui était avant récession; on arrive de 16,1 %
on était à 16,1 % on est monté à 17,3 %.
ça devrait se maintenir autour de 17,3 % ou un peu plus jusqu'en
1997-1998, et, comme je le disais, pour 1993-1994, si on exclut le montant
versé par la société de l'assurance automobile, on est
à 16,9 %.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
Comparaison des déficits entre le Québec
et l'Ontario
M. Léonard: Oui, M. le Président, j'aimerais quand
même poser un certain nombre de questions par rapport au déficit.
J'ai mis en doute l'ampleur du déficit, mais il reste quand même
que, étant donné qu'on parle abondamment de l'Ontario, j'aimerais
savoir, moi, par exemple, si l'Ontario a les mêmes, ou applique les
mêmes normes comptables que nous; si les revenus des
sociétés d'État sont inclus dans les revenus de l'Ontario
par exemple, et spécifiquement, Hydro Ontario de sorte que
nos budgets pourraient être comparables; si, dans le budget de l'Ontario,
il y a des éléments non récurrents comme celui, comme le
siphon-nage qu'on fait ici à la Société de l'assurance
automobile du Québec; et puis, s'ils ont aussi des écritures
comptables, comme les modifications à l'année scolaire ou au
fonds de retraite, comme il a été fait dans les crédits
ici. C'a quand même une certaine implication, et, M. le Président,
je pense que l'ampleur du déficit que nous avons vraiment pourrait
varier en fonction des éléments et des questions que je pose.
Est-ce que, M. le ministre ou le sous-ministre, veut me répondre sur
cette question?
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre...
M. Léonard: En d'autres termes, si on veut, si je
reformule ma question: Est-ce qu'on a établi le déficit du
Québec et celui de l'Ontario sur les mêmes bases comptables?
M. Levesque: On n'a pas les mêmes bases comptables, en
effet. Il faut comprendre d'abord, pour les sociétés
d'État, que nous avons toute une panoplie de sociétés
d'État qui n'existent pas en Ontario, et je ne pense pas qu'on puisse
parler des... Même si c'était intégré, ça
n'augmenterait pas les profits, quand on parle de... Sans vouloir parler des
voisins, je ne pense pas que ça aiderait énormément si
c'était intégré. Quant aux conventions comptables, celles
suivies au Québec, elles sont considérées comme les plus
rigoureuses suivies par les gouvernements à travers le pays. Je ne sais
pas si ça répond à votre question.
M. Léonard: Oui, mais par rapport à l'Ontario, si
on compare le déficit de l'Ontario, l'Ontario n'a pas dans ses livres de
profits comptabilisés pour Hydro Ontario, alors que nous avons 825 000
000 $ ou 784 000 000 $ pour Hydro-Québec de comptabilisés.
M. Levesque: Par contre, l'Ontario... M. Léonard:
760 000 000 $.
M. Levesque: ...prévoit dans ses... pour arriver au
déficit prévu, prévoit des ventes d'actifs de près
de 1 000 000 000 $.
M. Léonard: 1 000 000 000 $ de ventes d'actifs inclus dans
les revenus de l'Ontario, à l'heure actuelle?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Est-ce qu'ils ont eu des écritures
comptables à l'intérieur de leur budget, des modifications comme
des modifications qu'on a incluses, nous, dans le dépôt des
crédits? Je ne pense pas qu'il y en ait eu sur le plan du discours du
budget, mais dans... (21 h 50)
M. Levesque: On dit que l'Ontario est très près
d'une comptabilité de caisse; plus proche, en tout cas.
M. Léonard: Donc, ils ne doivent pas avoir
d'écritures comptables d'ajustement.
M. Levesque: Ce qu'on me dit, c'est que ni dans un sens ni dans
l'autre.
Comparaison des fardeaux fiscaux entre le
Québec et l'Ontario
M. Léonard: Ni dans un sens ni dans l'autre. À ce
moment-là, est-ce que vous avez fait, établi les deux budgets sur
une base comparative aux finances entre l'Ontario et le Québec? Parce
que, si vous calculez le fardeau fiscal, ou vous comparez les deux fardeaux
fiscaux, une des bases, il me semble, qu'on utilise, ça devrait
être un budget établi sur base comparative.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
oui. M. le sous-ministre.
M. Levesque: M. Rhéaume.
M. Rhéaume: Alain Rhéaume, au nom du ministre des
Finances. Les différences sont tellement nombreuses entre les
façons de comptabiliser les choses que c'est un exercice qu'on n'a
jamais réussi à mener à terme; pas nous autres, puis pas
les autres provinces non plus. Il y a eu plusieurs efforts pour arriver
à essayer de présenter des données de déficit ou
des données de bilan, si on peut dire, sur des bases comparables, mais
il y a tellement de différences qu'on n'est jamais arrivé
à réconcilier parfaitement ces choses-là.
À titre d'exemple, la Colombie-Britannique, par exemple,
comptabilise pratiquement comme nous autres les résultats de ses
sociétés d'État, ce que l'Ontario ne fait pas. Si vous
prenez les états financiers de l'Ontario, le gouvernement de l'Ontario
ne montre pas, dans ses états financiers, quelque compte à payer
que ce soit. Donc, ses dépenses sont comptabilisées pratiquement
sur une base de caisse. Ils n'ont pas de comptes à payer de ce
côté-là.
Et enfin, les différences notables, par exemple, s'appliquent
dans la comptabilisation des régimes de retraite où certaines
provinces évaluent complètement les bénéfices
qu'elles accordent. D'autres provinces, et l'Ontario en est une,
n'évaluent pas jusqu'à maintenant le bénéfice
d'indexation qui est attaché à la pension, qui est accordé
dans le cadre des régimes de retraite, ce qui a pour effet de
sous-évaluer un peu les engagements parce qu'on sait que nous, dans les
engagements que le Québec présente, dans la dette qu'il
présente au titre de régimes de retraite et dans le passsif qui y
est lié, il y a 40 % de ce montant-là qui est relatif à
l'indexation des pensions, donc, au bénéfice d'indexation qui
fait partie des bénéfices accessibles pour les
pensionnés.
Alors, il y a tellement de différences qu'il n'a jamais
été possible de reconstituer, que ce soit avec l'Ontario ou avec
les autres provinces canadiennes, quelque chose qui soit parfaitement
comparable.
M. Léonard: M. le Président, c'est parce que
ça amène à poser la question sur la valeur du
modèle économétrique établissant l'écart
fiscal entre l'Ontario et le Québec, parce que, lorsque vous
établissez l'écart fiscal, vous êtes amené à
calculer les déficits et du Québec et de l'Ontario et à
les comparer. Si les bases fiscales ne sont pas les mêmes, ça me
paraît difficile d'ajouter beaucoup de crédibilité aux
calculs sur l'écart fiscal, à moins de le faire par des
techniques qui ne tiennent pas compte des revenus financiers des gouvernements
ou des budgets des gouvernements.
M. Rhéaume: Ce qui cause les difficultés quand on
veut mesurer l'écart fiscal sur une base comparable, c'est justement
cette nécessité-là de se ramener sur des bases
comparables. Alors, c'est pour ça que l'indicateur dont on parle
maintenant, qui est un indicateur de ponction fiscale dans l'économie,
le PIB, lui, il n'y a pas de convention comptable, là-dedans. Alors, que
le PIB de l'Ontario peut être comparé à ses revenus
autonomes qui sont pratiquement sur base de caisse, le PIB du Québec
peut être comparé à ses revenus autonomes pour, disons,
sortir, là, la proportion du PIB qui est retirée en revenus
autonomes par le Québec. Et je veux dire, ça, il y a peu, il ne
peut pas y avoir d'écart important au niveau des conventions comptables
dans la façon de comptabiliser nos revenus autonomes, alors que du
côté des dépenses, ça peut jouer de... Disons, les
écarts peuvent être très importants.
M. Léonard: Mais Statistique Canada, StatCan, a quand
même des normes pour calculer le PIB sur le plan des... C'est standard et
ils calculent le PIB de chaque province de la même façon. Donc,
sur la question du PIB, c'est uniforme pour tout le monde. Alors là,
ça devient des revenus autonomes.
M. Rhéaume: C'est ça.
Évolution des revenus autonomes
M. Léonard: Mais on revient quand même sur les
revenus autonomes; lorsqu'on parle des sociétés d'État,
ça fait partie des revenus autonomes. Donc, la façon de les
comptabiliser, je pense, intervient, et puis, ça ne peut pas... Il me
semble que ça peut se déterminer. Les grandes
sociétés d'État, au Québec, il n'y en a quand
même pas tant que ça. Il y a Hydro-Québec et vous avez tout
l'ensemble des autres. C'est 107 000 000 $. Je pourrais retrouver le chiffre,
mais je me rappelle, c'est 107 000 000 $, l'ensemble des autres
sociétés d'État qui sont comptabilisées, dont les
revenus nets sont comptabilisés.
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): M. le sous-ministre, sous
l'autorité du ministre.
M. Rhéaume: Deux éléments de
précision. D'abord, on s'est donné au Québec une structure
de sociétés d'État qui est très différente
et beaucoup plus importante que celle des autres provinces au Canada, et
notamment par rapport à l'Ontario. Les résultats,
disons, les bénéfices totaux ou les pertes de certaines
sociétés d'État sont des données qui sont beaucoup
plus importantes. Et, de ce côté-là, quand on prend, par
exemple, les bénéfices d'Hydro-Québec qui sont de 760 000
000 $ pour l'année 1993-1994, les années récentes ont
montré, là, qu'Hydro Ontario n'était pas
nécessairement une société qui générait des
bénéfices à tout casser.
D'autre part, quand on fait nos comparaisons, disons, pour calculer les
revenus autonomes en pourcentage du PIB, pour mesurer la ponction fiscale, on
prend la peine d'enlever les revenus qui sont consolidés dans les
bénéfices des sociétés d'État pour arriver
aux résultats. Donc, on voit que, pour calculer le déficit des
opérations budgétaires du gouvernement, même si on utilise,
disons, des conventions comptables qui font en sorte qu'on inclut les revenus
des sociétés d'Etat, ce qui a d'ailleurs été
modifié en 1987, pour donner suite à des recommandations
répétées du Vérificateur
général...
M. Léonard: Oui, mais...
M. Rhéaume: ...quand on arrive pour calculer
l'évolution des revenus autonomes en pourcentage du PIB, on prend la
peine d'exclure de ça les bénéfices des
sociétés d'État qui ne sont pas versés en
dividendes. Donc, quand je vous parle de 17,3 % du PIB pour maintenant, pour
l'année 1993-1994, qui serait 16,9 %, si on exclut la ponction
auprès de la Société de l'assurance automobile, ça
ne comprend pas les bénéfices d'Hydro-Québec qui ne sont
pas versés en dividendes.
M. Léonard: Mais, est-ce que, par exemple, cette
année, le siphonnage que vous faites à la SAAQ est compris dans
les revenus, pour comparer?
M. Rhéaume: ce que je vous indique, c'est qu'il est
compris dans les revenus autonomes quand on les établit au niveau 17,3
%. on les compte dans ça, parce qu'il s'agit de revenus en
«cash» qui rentrent dans le fonds consolidé du revenu. mais,
comme ce n'est pas un revenu qui vient du gouvernement, qui constitue une
ponction fiscale dans l'économie, puisqu'on ne va pas prélever
ça auprès des consommateurs ou des entreprises mais qu'on va
prélever ça auprès d'une société
d'état qui les a déjà accumulés, quand on veut
calculer le véritable effet de la ponction fiscale dans
l'économie, on prend la peine d'enlever le versement qui sera fait par
la société de l'assurance automobile en 1993-1994, qui a pour
effet de ramener le ratio dont je parlais tout à l'heure de 17,3 %
à 16,9 %.
M. Léonard: Vous excluez les ponctions conjoncturelles.
Alors, on revient à un déficit structurel. Mais, quand vous me
dites que c'est difficile de comparer, il me semble que des Hydro-Québec
et Hydro Ontario, ce sont les gros morceaux. Prenez la Société
des alcools de l'Ontario, c'est un gros morceau, et au Québec aussi. Si
vous les excluez, vous pouvez les exclure des deux côtés et la
comparaison des budgets entre le Québec et l'Ontario pourrait se faire
sur les mêmes bases comptables. Je ne vois pas... Je comprends que la
comptabilité est sur des bases différentes, mais il y a quand
même la notion de matérialité qui fait qu'on peut comparer
des choses à partir du moment où on exlut ce qui n'est pas
très important et qu'on décide ce qui l'est vraiment par rapport
aux résultats financiers. (22 heures)
Le Président (M. Lemieux): ...10 heures, suite à
une entente.
M. Rhéaume: Item par item, il est bien clair que,
effectivement, on peut apporter des corrections comme celles que le
député vient de mentionner. Cependant, quand on arrive pour le
faire à tous les niveaux, ça devient extrêmement
compliqué. On pourrait corriger pour les sociétés
d'État. On pourrait aussi corriger pour les régimes de retraite
quand on constate que les engagements du gouvernement à l'égard
des régimes de retraite totalisent, comptabilisés avec le
déficit actuariel, près de 30 000 000 000 $, et qu'il y a 40 % de
ça qui, mettons, une comptabilité différente dans un
gouvernement par rapport à l'autre; et que, du côté des
dépenses, par exemple, l'Ontario a une comptabilité qui est plus
proche de la comptabilité de caisse, donc excluant les comptes à
payer... Ça devient très compliqué.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
sous-ministre des Finances.
Alors, nous suspendons nos travaux, de consentement, pour les reprendre
demain matin à 11 h 30, jusqu'à 13 heures, et probablement de 15
heures à 16 h 30, pour poursuivre de 20 heures à 23 heures.
Alors, les travaux sont suspendus de consentement.
(Fin de la séance à 22 h 2)