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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Gautrin): Le quorum étant atteint,
la commission du budget et de l'administration va poursuivre ce matin ses
consultations sur «L'appui au secteur financier: des dividendes pour le
Québec. Propositions de politiques pour le secteur financier du
Québec».
Mme la secrétaire, est-ce que vous avez des remplacements?
La Secrétaire: II n'y a aucun remplacement.
Auditions
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, je pense que le
premier groupe... Vous étiez là depuis un certain temps, je vous
remercie. Alors, je n'ai pas à vous appeler pour vous... C'est la SSQ,
Mutuelle de gestion. Alors, je vous explique brièvement... Vous
êtes assez habitués, mais enfin vous avez 20 minutes pour faire
l'exposé de votre mémoire. La partie ministérielle aura 20
minutes et la partie de l'Opposition 20 minutes aussi pour vous questionner,
qui pourront se fractionner en suivant une certaine flexibilité. Vous
avez la parole.
SSQ, Mutuelle de gestion
M. Deniers (Yves): Merci, M. le Président. Mme la
ministre...
Le Président (M. Gautrin): Mme la secrétaire me
rappelle que vous devriez vous présenter, peut-être, et
présenter les administrateurs qui sont avec vous, non pas pour moi, mais
pour les fins de l'enregistrement du Journal des débats.
M. Deniers: J'y arrivais justement, M. le Président.
D'abord, je vous remercie de nous permettre de venir commenter les propositions
de politiques pour le secteur financier du Québec. La
délégation de la Mutuelle de gestion SSQ, je vous la
présente. À mon extrême gauche, M. Jean-Claude Tremblay,
administrateur; M. César Simon, secrétaire général;
M. Pierre Genest, président et chef de l'exploitation de la SSQ,
Société d'assurance-vie inc.; à mon extrême droite,
M. Marcel Poulin, trésorier des entreprises SSQ; M. François
Lebrun, administrateur; et moi-même, Yves Demers, président de la
Mutuelle.
Je voudrais dire un mot sur la société que nous
représentons ici ce matin. SSQ, d'abord, est une société
née comme étant une petite coopérative de santé
créée dans un quartier populaire de Québec en 1944. Cette
petite société a évolué constamment jusqu'à
devenir, aujourd'hui, une institution importante au Québec, et je pense
que c'est reconnu. Une société qui a fait peu de
développement en filiale, bien que les modifications apportées
à la loi l'aient permis. Nous n'avons qu'une petite filiale en
assurances générales et une petite société
d'assurances qui fait de l'assurance-vie individuelle. Donc, nous nous sommes
principalement concentrés dans la spécialité que nous
avons développée et que nous menons au sein de SSQ,
Société d'assurance-vie inc., une spécialité en
assurance collective, ce qui est reconnu dans le milieu, donc,
l'assurance-médicaments, Passurance-salaire, l'assurance-vie, les
rentes, d'où nous avons développé une expertise absolument
remarquable et un personnel hautement spécialisé.
Quelques chiffres rapides: 450 000 assurés, ce qui rejoint 1 250
000 personnes; 600 emplois, Québec, Montréal; 1 000 000 000 $
d'actifs; un chiffre d'affaires de 400 000 000 $. Nous appliquons et nous avons
toujours appliqué, depuis la naissance de la SSQ, les principes
coopératifs et mutualistes. Donc, nous procédons par des
assemblées régionales à chaque année pour
l'élection de délégués. Ces assemblées
régionales là sont tenues à l'automne dans toutes les
régions du Québec, et nous cherchons à atteindre le plus
grand nombre d'assurés possible qui, eux, élisent leurs
délégués.
Donc, 90 délégués qui se rencontrent à
l'assemblée annuelle et qui représentent directement les
assurés. Une personne, un vote, évidemment, les principes
coopératifs. Nous n'utilisons pas les formules de procuration.
Nous notons dans notre mémoire, et je pense qu'on n'apprend rien
à personne, une faiblesse évidente de capitalisation pour la
plupart des compagnies d'assurances à charte québécoise
dont la grande majorité sont des mutuelles ou résultant de
mutuelles transformées. Et SSQ ne fait pas exception à la
règle. Durement touchée en 1992, elle doit aujourd'hui
rétablir sa capitalisation, et les mutualistes y perdent le
contrôle de leurs compagnies d'assurances.
Notre mémoire fait état de l'importance économique
pour le Québec des entreprises d'assurance sur les personnes,
spécialement celles qui ont leur siège social au Québec.
Il faut observer que les décisions d'investissement et d'achat se font
normalement depuis le siège social et les retombées principales
se font généralement dans la province où se trouve ce
siège social. De plus, les emplois les plus spécialisés se
retrouvent au siège social. (10 h 20) or, nous savons que 64 % des
primes souscrites au québec le sont auprès de compagnies qui n'y
ont pas leur siège social. on peut donc penser que la
décision
d'investir toutes ces primes sera prise hors Québec. Il est
extrêmement important, à notre avis, que le gouvernement du
Québec appuie fermement ce secteur économique important en
favorisant sa capitalisation. Les compagnies d'assurances à charte
québécoise, mutuelles ou non, qui vont disparaître ne
seront pas remplacées par d'autres compagnies à
propriété québécoise. Les coûts de
constitution, principalement la capitalisation de base requise, rendent
pratiquement impossible la création de nouvelles compagnies à
propriété québécoise. Le vide sera comblé
par les grandes institutions nationales ou multinationales.
Pour nous, la formule mutualiste demeure la plus intéressante
parce que, normalement, elle laisse la propriété de l'entreprise
entre les mains des usagers. Au Québec, s'est développée
une formule originale qui permet de transformer une simple mutuelle
d'assurances en une mutuelle de gestion accompagnée d'une compagnie
d'assurances à capital-actions.
Dans la première se regroupent les mutualistes
propriétaires, donc, les assurés de la deuxième compagnie,
et, dans la deuxième, la compagnie d'assurance-vie, se déroulent
les opérations commerciales d'assurances. Cette transformation autorise
la venue de capitaux dans la compagnie à capital-actions, ce qui, on le
comprend bien, réduit d'autant la propriété par les
mutualistes eux-mêmes. À la limite, l'entreprise d'assurances
pourrait en venir à être détenue majoritairement à
l'extérieur même du Québec.
Idéalement les mutualistes devraient capitaliser eux-mêmes
leur mutuelle de gestion pour conserver leur droit de propriété
sur la compagnie d'assurances. Malheureusement, ce n'est pas encore le cas,
faute de moyens adéquats. C'est pourquoi, à notre avis, il
importe que se développe au Québec un mode, ou plusieurs modes de
capitalisation pour les entreprises mutualistes.
D'autres groupes ou comités ont déjà
étudié bien avant nous les moyens propres à faciliter la
capitalisation des compagnies d'assurances. Aux pages 6 et suivantes de son
mémoire, la SSQ relève quatre moyens qui auraient le
mérite de pouvoir être examinés rapidement. Sûrement
que d'autres suggestions seront faites. Ce qui importe, c'est que des solutions
soient trouvées si nous voulons conserver au Québec un fort
réseau de compagnies d'assurances à propriété
québécoise.
Notre mémoire fait aussi remarquer que certaines qualités,
que l'on veut aujourd'hui retrouver dans le capital, se retrouvent
déjà dans la formule mutualiste, et nous faisons
référence particulièrement à un article de la revue
Harvard Business School qui dit, par exemple, que la
propriété des entreprises devrait être partagée le
plus largement possible entre, d'une part, des actionnaires à vocation
financière, et, d'autre part, les administrateurs, qui seraient aussi
actionnaires de leur entreprise, les employés, les gestionnaires, les
clients, les fournisseurs, etc. Et on suggère de plus que les
investisseurs poursuivent des objectifs à long terme dans lesquels les
retombées sociales maximums auraient leur juste part, ce qui mettrait
à contribution le milieu social dans les grandes entreprises telles que
celles qu'on connaît ici.
Dans son mémoire, la SSQ propose quatre modes ou moyens pouvant
faciliter la capitalisation des compagnies mutuelles. Un premier qui semble
simple, mais qui reste lourd, c'est la contribution au capital de leur mutuelle
par les assurés eux-mêmes. J'y reviendrai dans un moment.
Deuxièmement, un autre moyen possible serait peut-être la
contribution au capital par les employés, et même des personnes
externes qui pourraient accepter de souscrire du capital dans des compagnies
d'assurances en utilisant un modèle du type SPEQ qui, actuellement,
n'est accessible ou réservé qu'aux employés de secteurs
industriels ou commerciaux.
L'élargissement du régime d'investissement
coopératif aux membres et employés des mutuelles d'assurances.
C'est un modèle qui se développe, je pense, tranquillement, mais
qui pourrait peut-être être étendu aux membres et
employés des mutuelles, de telle sorte que ce régime pourrait
servir à lever des capitaux.
Enfin, la constitution et là-dessus on rejoint les
propositions ou certaines suggestions que l'on retrouve dans les propositions
générales de la politique avec l'appui du gouvernement,
d'un fonds de capitalisation, tel que le recommandait ou le recommande encore
le groupe de travail sur la capitalisation des assureurs de personnes. Les
modalités, évidemment, sont à discuter, sont à
établir, mais je pense que c'est un véhicule qui pourrait
être rapidement mis en place et qui serait extrêmement utile aux
mutuelles du Québec.
Voilà, ce sont les grandes lignes de notre mémoire. Nous
savons, par expérience, une expérience douloureuse, chez SSQ,
l'urgence d'agir dans le domaine financier, dans ce domaine financier, dans ce
domaine de l'assurance. La mobilisation de toutes les ressources est absolument
nécessaire. Et vous pouvez certes compter sur SSQ chaque fois que vous
jugerez utile de faire appel à nos services. Nous sommes
déjà, mes collègues et moi, à votre disposition
pour vous fournir un complément d'information si vous le jugez à
propos.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M.
Demers.
Mme la ministre, est-ce que vous auriez des questions à
poser?
Mme Robic: Oui, merci, M. le Président. M. Demers,
messieurs, bienvenue. M. le Président, ce mémoire que l'on a
devant nous, bien sûr, élabore assez en profondeur les
possibilités de capitaliser nos institutions financières. Vous
faites également le voeu que nos institutions à caractère
mutualiste continuent à bien progresser ici, et voyez ça comme
une structure intéressante qui ne devrait pas disparaître.
Comment est-ce que vous verriez une aide possible dans une telle
structure? Comment on peut aider ces entreprises à se capitaliser? On
sait qu'il y a des véhicules de capitalisation possibles, certaines
émissions, mais on se rend compte que les compagnies qui ont
essayé d'aller sur le marché se sont rendu compte que
c'était coûteux, que le rendement n'était peut-être
pas assez
intéressant et, finalement, très peu de compagnies se sont
prévalues de ces possibilités. Dans vos suggestions, entre
autres, vous suggérez la capitalisation à travers la prime des
contrats collectifs. Est-ce que ce n'est pas une chose que vous pourriez faire
déjà, ça? Et pourquoi est-ce que ça n'a pas
été essayé jusqu'à présent? Vous avez,
là, déjà des moyens qui vous sont permis mais non
utilisés. Alors, j'aimerais savoir pourquoi vous n'avez pas tenté
ces exercices-là.
M. Deniers: Vous permettez, madame? Oui, c'est une suggestion,
d'abord, qui nous a été faite, au fil de l'année 1992 et
au début de 1993, par nos assurés eux-mêmes que nous avons
rencontrés en région. Ils voudraient, ils le disent, ils
souhaiteraient pouvoir capitaliser eux-mêmes leur société,
mais ce sont des individus isolés, finalement, ce n'est pas l'ensemble
de nos assurés qui parlent en même temps. Mais je pense qu'il y
aurait peut-être une certaine volonté à aller chercher. La
difficulté serait probablement de s'assurer et d'être bien certain
que cet ajout à la prime soit vraiment considéré comme du
capital, qu'il puisse d'abord ne pas être taxé au niveau taxe sur
les primes, etc., et non pas considéré comme un revenu de la
société d'assurances, mais vraiment une partie de capital qui
pourrait s'ajouter à cette prime-là et être versé
à la mutuelle de gestion qui, elle, retournerait à sa compagnie
d'assurances cette nouvelle capitalisation là.
La difficulté est probablement de distinguer, dans une prime
donnée, la partie qui est du capital et qui devra être
définie comme telle vis-à-vis des groupes, parce que la
négociation doit se faire auprès de milliers de groupes, bien
définir ce qu'est la partie capital de ce qu'est la partie prime et
qu'elle ne soit pas confondue par qui que ce soit dans cette
opération-là. Mais c'est une hypothèse, disons, qui
demande un travail absolument énorme de convaincre tous les groupes,
disons, dans une société comme la SSQ, d'adhérer à
cette proposition-là. J'imagine que les députés de
l'Assemblée nationale seraient enclins à accepter une proposition
comme celle-là parce qu'eux-mêmes sont assurés chez nous,
mais est-ce que tout le monde ferait de même partout au Québec?
(10 h 30)
C'est un peu la difficulté qu'on a. On le donne comme
étant une hypothèse, qui est lourde et longue à mettre en
marche mais qui serait importante parce qu'une société comme SSQ,
où on rejoint quand même 450 000 personnes à
l'intérieur d'à peu près 3000 ou 4000 groupes, ce n'est
pas une mission impossible. C'est une mission difficile, mais pas impossible.
Et, au départ, il faudrait partir avec certains groupes qui
accepteraient de jouer cette opération-là, en autant que ce soit
vraiment considéré comme étant du capital et que ce soit
considéré par les autorités comme étant vraiment du
capital aussi.
Mme Robic: Vous rendriez cette prime obligatoire. Au moment de
l'achat d'un contrat collectif, cette prime-là serait obligatoire pour
chaque membre qui participe à cette police collective.
M. Deniers: Oui. J'imagine qu'au départ... Oui, c'est
sûr que, disons, avec le groupe avec lequel on serait en
négociations, la prime serait obligatoire à l'intérieur de
ce groupe-là. Mais la rendre obligatoire à tout le monde,
à tous nos groupes, il faudra les négocier un par un et ce n'est
qu'à la longue qu'on arrivera à constituer cette capacité
de lever du capital un peu originale.
Il y a un autre aspect qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est la
partie... Disons qu'on est en concurrence avec d'autres compagnies qui,
évidemment, peuvent arriver à ce moment-là avec des primes
nettement moins élevées. Mais, si c'est une levée de fonds
qui s'avère moins coûteuse que pour d'autres, peut-être que
ça compenserait le...
Mme Robic: Cette prime se traduirait par une action? Un droit de
vote?
M. Deniers: Ça pourrait...
Mme Robic: Quels seraient les avantages pour la personne de
vouloir participer de cette façon-là?
M. Demers: C'est une capitalisation qui irait directement dans la
mutuelle de gestion. Donc, ce serait une contribution directe à la
capitalisation de la mutuelle de gestion qui, elle, utiliserait ce
capital-là pour capitaliser sa compagnie d'assurance-vie.
Pour le groupe lui-même, on n'a arrêté aucune
modalité, disons, d'opération. Ça peut être une
debenture à perpétuité. Ça peut être du
capital-actions privilégié ou une part sociale, plutôt une
part sociale qui serait émise par la mutuelle de gestion et elle serait
émise plus au groupe qu'à l'individu. Parce que, si on s'en va
avec des parts sociales émises aux individus, je pense qu'on arrive
à une comptabilité un peu impossible.
Mme Robic: Alors, c'est au moment où le groupe signe un
contrat collectif avec vous qu'il y aurait un ajout de prime qui se traduirait
par du capital dans la société de gestion.
M. Demers: C'est ça.
Mme Robic: Ça se ferait une seule fois, ça, ou
à tous les ans?
M. Demers: Ça pourrait se faire une seule fois. Ça
pourrait se répéter. Ça dépend un peu du montant
qui serait, disons, demandé, mais ça pourrait être
répétitif à chaque renouvellement du contrat, une fraction
de... Je n'ose pas dire une fraction de la prime, c'est une somme d'argent qui
s'ajoute à la prime et qui, elle, serait perçue de la même
manière.
Mme Robic: Oui, mais ça ajoute à votre prime. Il y
a un coût qui s'ajoute à cette prime-là.
M. Deniers: Oui, oui, absolument!
Mme Robic: Et vous êtes en compétition. Comment
est-ce que vous pourriez vendre cet ajout de prime? Quels seraient les
avantages pour un groupe de vouloir souscrire à ce genre de...
M. Demers: Disons d'abord qu'au départ la somme d'argent,
si elle était annuelle, ne serait certainement pas élevée.
Ça pourrait être, disons, 3 $, 2 $, 5 $ par année pour un
assuré. Ce serait un montant, disons, que l'on qualifie quand même
de modeste.
D'autre part, effectivement, ça dérange, ça nuit
à la concurrence, disons, que l'on veut garder ou maintenir dans nos
primes. Ça supposerait que les groupes, s'ils y vont sur une base
volontaire, soient vraiment conscients et adhèrent à
l'idée de capitaliser leur mutuelle.
Il y a des groupes, effectivement, qui sont sérieux sur ce
côté-là, et j'ai jasé... Évidemment, ce n'est
descendu à aucun niveau encore. Ça nous a été
demandé en région par les assurés eux-mêmes, donc,
la base. Mais, dans un groupe en particulier, on a parlé avec une
représentante, disons, quand même assez influente dans le groupe
et, elle, elle nous dit que ce serait une formule que le groupe, ce
groupe-là qui est hautement vendu à l'idée mutualiste,
disons, pourrait considérer probablement avec intérêt. Mais
c'est un groupe parmi d'autres. Par contre, nous avons beaucoup de groupes qui
sont très attachés à la SSQ comme entreprise et c'est un
peu leur religion dans l'assurance. Ils y sont très attachés et
ils se sentent capables d'appuyer une démarche comme
celle-là.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Westmount, vous avez quelques questions?
M. Holden: Merci, M. le Président. Moi, je suis un de vos
membres, je suppose, parce que vous avez parlé de 450 000 membres, mais
c'est plutôt le groupe qui est membre. Chaque individu dans le groupe,
est-ce que lui, individuellement, a un vote visant à nommer les
administrateurs ou...
M. Deniers: Oui. Chaque assuré de chaque groupe a un vote
lorsqu'il se présente à l'assemblée régionale qui
se tient dans sa région, à Montréal ou un peu partout dans
le Québec. C'est des assemblées qui se tiennent à
l'automne et chacun des assurés a droit de voter pour choisir le
délégué ou les délégués qui vont
représenter cette région-là et ce sont les
délégués qui, eux, ont droit de vote lors de
l'assemblée annuelle. Par ailleurs, tous les assurés,
évidemment, sont invités à l'assemblée annuelle,
peuvent participer, peuvent assister à l'assemblée annuelle,
peuvent poser des questions, peuvent discuter, mais le vote est pris par les
délégués qu'eux-mêmes, les assurés, ont
élus en région.
M. Holden: Je me demande qui est mon
délégué. Vous n'avez pas d'idée?
M. Deniers: Je pourrais vous donner l'information. Il y en a 20
à Montréal.
M. Holden: On en parlera une autre fois. Là, les
propositions de la ministre, du gouvernement, parlent de la possibilité
de créer un régime québécois d'indemnisation en
matière d'assurance des personnes et, à la page 26, on voit une
question: Si le régime doit être public, doit-il s'appliquer aux
engagements souscrits au Québec par toutes les compagnies faisant
affaire au Québec ou par les seules compagnies
québécoises, c'est-à-dire incorporées au
Québec? Avez-vous une opinion là-dessus?
M. Deniers: Je vais laisser M. Genest, le président et
chef de l'exploitation de la SSQ-vie vous donner l'information.
Le Président (M. Gautrin): M. Genest.
M. Genest (Pierre): Je pense que c'est une opinion qui va
être assez large, là. La question est large. Dans un plan
d'indemnisation je dois vous dire que j'ai une formation d'actuaire,
ça fait qu'en partant ma formation m'indique la direction ce
qu'il faut avoir le plus possible, c'est une grande répartition du
risque. Ce que l'on fait, en assurance, que ce soit l'assurance... Dans tous
nos groupes d'assurances, en fait, on demande une petite prime à chaque
assuré pour payer une grosse réclamation à un
assuré, surtout quand on parle de l'assurance-vie ou de
l'assurance-invalidité et, dans un plan d'indemnisation, ça
devrait être la même chose. C'est d'ailleurs pourquoi ces
plans-là, normalement, essaient d'être couverts par la plus grande
quantité de primes possible. Donc, la première position que l'on
a toujours tenue à la SSQ, c'est qu'un plan national, qui couvre
l'ensemble des assurés canadiens, est plus sécuritaire qu'un plan
qui couvrirait juste les employés du Québec ou de l'Alberta ou de
l'Ontario, parce que, lorsqu'il arrive un malheur et que le premier malheur est
arrivé au Québec et le deuxième dans l'Ouest, normalement,
s'il y a plus de payeurs pour le payer... En fait, c'est les assurés,
finalement, les autres assurés des autres compagnies qui paient pour la
compagnie qui est en difficulté; plus la quantité de payeurs est
importante, moins chaque payeur est obligé de verser un montant d'argent
important. Donc, on pense qu'on devrait avoir un système le plus large
possible. Maintenant, ce dont on s'aperçoit, c'est qu'on a eu un
système large avec une application restreinte. On a un système
où on dit: Ça couvre l'ensemble des assurés canadiens,
l'ensemble des compagnies d'assurances canadiennes, mais, lorsqu'on arrive
à l'application du premier problème, on dit: Oui, mais on avait
prévu que c'est pour tout le monde, mais c'est juste les gens de la
province dans laquelle ça arrive qui vont payer. On s'est objecté
à ça énormément, parce que... (10 h 40)
Ça fait qu'on se dit: Si c'est ça, si on a des plans
provinciaux, bien, là, je ne vois pas pourquoi on aurait
un plan provincial qui serait géré à Ottawa ou
à Toronto. Si on a un plan qui est couvert par les assurés
québécois et que, s'il arrive quelque chose au Québec,
c'est les assurés québécois qui vont payer, je pense qu'on
est capable de s'organiser nous autres mêmes et de le gérer, ce
plan-là. Par contre, si c'est un plan québécois, ça
devrait couvrir tous les assurés québécois et non pas
juste les assurés des compagnies québécoises, parce que,
là, ça devient un bassin qui est beaucoup trop petit. Et il va
falloir se questionner beaucoup sur la capacité parce qu'il ne faut pas,
non plus, construire un château de cartes. Il faut toujours imaginer...
Si c'est la plus grosse qui a un problème, bien, si on a un plan
québécois et que c'est la plus grosse compagnie d'assurances
québécoise qui a un problème, est-ce que les autres
compagnies ensemble sont capables de le supporter, le problème? Si elles
ne sont pas capables de le supporter, il faut donc qu'il y ait une protection
gouvernementale derrière tout ça pour les cas extrêmes. Ou
bien il faut avoir quelque chose de très large dans l'industrie ou, si
c'est moins large dans l'industrie, bien, là, il faudra quelque chose de
plus large, qui est l'État.
M. Holden: Vous avez mentionné d'étendre les
risques. Les investissements, maintenant, sont limités, si je comprends
bien, dans les fonds d'assurance, mais des pays comme le Japon ou l'Allemagne,
par exemple, permettent l'investissement dans les entreprises commerciales. Si
vous avez la permission d'augmenter vos investissements, est-ce que ça
augmente le risque? Quel est l'effet sur le risque quand on a des
intérêts en dehors de l'assurance?
M. Genest: Chaque investissement a un risque défini. C'est
bien sûr que, si on investit en obligations du gouvernement provincial
québécois ou du gouvernement fédéral canadien, le
risque est minime. Par contre, si on investit dans une... En principe, si on
investit dans une municipalité, on a un risque un petit peu plus
important. Et, lorsqu'on arrive pour investir dans une obligation de General
Motors, bien, on a un risque plus important. C'est sûr que, si on
achète des actions de General Motors, le risque est encore plus
important. Si on achète des actions d'une petite compagnie ou si on
devient propriétaire d'une petite compagnie, bien, là, on a
encore un risque qui devient de plus en plus important. Ce qu'il faut toujours
faire dans ça, c'est qu'il faut que le rendement soit compatible avec le
risque. Et on voit de plus en plus qu'avec nos nouvelles méthodes
d'évaluation des réserves actuarielles et tous les facteurs
d'influence du risque je pense que, même sans contrôle
gouvernemental, on va avoir une réaction. Tous les assureurs canadiens
vont avoir une réaction d'aller placer leur argent, maintenant, dans des
places où c'est plus secure parce que les rendements ne sont pas si
différents que ça et les nouvelles méthodes actuarielles
d'évaluation sont très sévères par rapport aux
placements un petit peu plus risqués.
M. Holden: Actuellement, le rendement pour un mutualiste,
à travers toutes les compagnies mutuelles, n'est pas énorme. Ce
n'est pas un rendement équivalent à des grandes corporations.
Est-ce que le rendement... Quel est, à peu près, le rendement
pour le mutualiste, chez vous, par année, depuis les cinq
dernières années, par exemple?
M. Genest: Pour les cinq dernières années, incluant
1992, je vais vous dire que c'était abominable, parce que, sur les cinq
dernières années, on a perdu de l'argent. Il faut quand
même comprendre qu'il y a, dans une entreprise mutualiste, une
volonté des mutualistes... Ils sont toujours pris entre deux choses. Si
vous avez un grand groupe d'employés... Prenons les employés du
gouvernement du Québec. Dans ce grand groupe, chacun des membres est
mutualiste chez SSQ, mais chacun des membres, aussi, est assuré chez
SSQ. Lorsqu'on renouvelle le contrat d'assurance des fonctionnaires provinciaux
ou des cadres du gouvernement ou des professionnels du gouvernement, les
représentants des membres assurés, ils ont une chose en vue,
c'est de payer le moins cher possible. C'est sûr, ils représentent
leurs membres qui sont, à ce moment-là, des assurés et ils
disent: On veut payer le moins cher possible. Par contre, ces mêmes
membres sont aussi des propriétaires. Ils sont propriétaires
collectivement avec les autres. Et on s'aperçoit très bien
qu'avec les nouvelles structures où on doit aller chercher... Vous
êtes au courant qu'on va chercher des capitaux à
l'extérieur, mais les capitaux à l'extérieur, il faut les
payer, il faut leur donner un rendement valable pour qu'ils viennent investir
chez SSQ. ça fait en sorte que là les mutualistes, comme membres,
ils vont être obligés de payer un petit peu plus comme
assuré, parce que, si on calcule que, pour donner un rendement valable
à nos nouveaux actionnaires, il faut faire passer notre cotisation...
dans chacun des groupes, il y a une cotisation dans le contrat, au surplus de
la société. on calcule qu'on était rendu à charger
0,5 % de la prime comme cotisation au surplus de la société, et
l'on voit, lorsqu'on fait un calcul mathématique de rendement correct
pour un nouvel actionnaire, il faut passer ça à 2 %. alors, c'est
l'assuré qui va devoir payer plus cher, c'est-à-dire 1,5 % de
plus de ses primes tous les assurés de la compagnie pour
faire faire un rendement à l'actionnaire. mais, avant, l'assuré
actionnaire propriétaire n'était pas nécessairement
obligé de payer ça parce que des générations
d'assurés ont bâti un surplus et les assurés actionnaires,
c'est le même monde. ils ne veulent pas nécessairement un
rendement de 20 % sur ce surplus-là. s'il y a un rendement de 5 % ou un
rendement de 10 %, ils sont quand même satisfaits. là, il y a
toute la balance entre... une coopérative, ça n'a pas besoin de
faire des profits aussi importants qu'un entreprise financière.
M. Holden: Justement...
Le Président (M. Gautrin): Vous entrez sur
votre deuxième bloc. C'est comme vous préférez. Si
vous préférez continuer...
M. Holden: On va attendre... La ministre va continuer un peu.
Le Président (M. Gautrin): Voulez-vous continuer? Il n'y a
pas de problème...
M. Holden: J'ai juste une question là-dessus.
Le Président (M. Gautrin): ...vous entrez sur votre
deuxième bloc.
M. Holden: Vous avez mentionné les coopératives. La
formule coopérative est mutualiste. Est-ce que c'est un peu
handicapé par les questions de capitalisation actuellement, en
général?
M. Deniers: Je pense que toutes les compagnies mutualistes,
disons, ont un handicap actuellement, c'est que la rentabilité, les
normes de capitalisation demandées aux compagnies d'assurances supposent
une augmentation des bénéfices annuels considérable.
Ça s'explique parce qu'on accepte l'idée, on accepte le principe
que les assurés doivent être couverts de façon très
forte par les réserves et par les surplus de la compagnie. Que ce soit
une mutuelle, une coopérative ou une compagnie à capital-actions,
je pense que le besoin de capitalisation est toujours le même, il faut
rencontrer toutes les normes disons des autorités de contrôle.
Et quand la compagnie est en forte progression au niveau de ses actifs,
au niveau de son développement, elle doit faire d'autant plus de
bénéfices pour supporter cette croissance-là.
Évidemment, il y a une difficulté pour la compagnie mutuelle, ou
la coopérative appelons-la de même de lever des
nouveaux capitaux, alors qu'une compagnie à capital-actions pourrait
toujours, disons, émettre du capital-actions, avec les
difficultés que ça suppose dans certains cas.
M. Holden: Je sais que ce n'est pas pour ça que vous
êtes ici aujourd'hui, mais bientôt si j'ai bien compris
notre réunion d'il y a quelques semaines il sera question de
capitaux dans la SSQ et aussi la question de contrôle des mutualistes.
Et, ça, ça pose un problème. Avez-vous des remarques
à faire en anticipant votre demande prochaine?
M. Deniers: C'est certain que ça pose des
problèmes, mais les mutualistes qui ont été
consultés en région ont eu à se prononcer lors de la
dernière assemblée de la société, et ils ont
compris très bien la situation, qu'à défaut pour eux
d'être capables rapidement de capitaliser suffisamment leur
société ils acceptent que ce capital vienne d'autres sources pour
capitaliser la société.
Il faut remarquer que dans le cas auquel on fait allusion, SSQ, le
groupe, les partenaires externes qui viennent capitaliser la
société, ce sont déjà eux-mêmes des
assurés de la société ou, tout ou moins, ils sont rejoints
via leur centrale. (10 h 50)
M. Holden: Est-ce qu'il y a une possibilité de conflit,
là, s'ils payent les primes et qu'en même temps ils sont les
intéressés?
M. Deniers: Bien, ce serait...
M. Holden: Pas plus que les autres mutualistes, je suppose?
M. Deniers: Poussé à la limite, tous les
mutualistes ont le même problème.
M. Holden: Merci. Peut-être que Mme la ministre veut...
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le
député. Mme la ministre déléguée aux
Finances, et députée de Bourassa.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Il est bien
évident que le système mutualiste a été un
système très dynamique, très recherché, à un
moment donné, qui protégeait d'ailleurs nos entreprises contre
des prises de contrôle possibles. Il y a de nouveaux moyens maintenant
qui existent pour empêcher ces prises de contrôle. Cependant, on se
rend compte qu'on est rendu à un stade où nos compagnies, si
elles veulent faire compétition avec des compagnies internationales,
doivent trouver de nouveaux moyens de se capitaliser. Et c'est là
où il y a un choix à faire entre demeurer une compagnie mutuelle,
et donc être restreinte dans son développement, ou aller vers des
capitaux externes. C'est là où on en est rendu, et il faut
trouver une façon de passer. Pour les compagnies qui choisissent de
grandir, il faut leur trouver une façon de pouvoir mieux se capitaliser,
de mieux s'adapter aux marchés publics et, également, pour
habituer le consommateur à ces produits qui sont assez nouveaux
maintenant. Donc, nous suggérons, pour faire cette transition, un
véhicule de capitalisation. Et j'aimerais vous entendre sur ce
véhicule. Je vois vous que vous êtes satisfaits, là, de ce
qu'il y a dans l'énoncé, mais est-ce que vous avez
réfléchi au genre de véhicule? Comment vous le voyez, ce
véhicule-là? Est-ce qu'il a besoin d'un appui gouvernemental ou
est-ce que ce que le véhicule pourrait offrir serait intéressant
parce que ce serait un produit nouveau? On sait que les gestionnaires de
caisses de retraite, par exemple, cherchent constamment de nouveaux produits
pour minimiser les risques, avoir un portefeuille mieux diversifié.
Alors, comment vous le voyez, ce véhicule-là?
M. Deniers: La première fois où il a
été question d'un véhicule comme celui-là,
ça date quand même de deux ans certainement, deux ou trois ans, et
la SSQ était partie au comité qui avait travaillé sur la
recherche d'une solution et avait élaboré l'idée d'un
véhicule, à ce moment-là, qui supposait l'intervention de
l'État pour
donner une garantie, de sorte que le taux d'intérêt qui
aurait accompagné l'émission des debentures par ce
véhicule, cette corporation, aurait été abordable, le taux
des émissions garanties par l'État. Évidemment,
c'était une suggestion d'un comité, qui avait son mérite.
Je sais qu'elle a été reprise de manière un peu
différente, et je sais que d'autres comités ou d'autres groupes
travaillent et font des suggestions pour améliorer la formule,
peut-être en substituant d'autres garanties qu'une garantie
immédiate de l'État. Je ne sais, disons, où ils en sont.
Chez nous, je vous avoue qu'on n'a pas réfléchi récemment
sur ce que devrait être un nouveau véhicule comme celui-là,
mais l'idée d'avoir un véhicule accessible aux compagnies,
à toutes les mutuelles et les compagnies du Québec, serait
certainement extrêmement intéressante et nous sommes prêts
à collaborer pour essayer de trouver une application pratique, disons,
pour tout le monde, c'est nécessaire. Je ne sais pas si M. Genest aurait
quelque chose d'autre à ajouter ou M. Poulin, qui était là
au début, je pense.
M. Poulin (Marcel): Si vous me permettez de mentionner que je
suis, moi, dans...
Le Président (M. Gautrin): Pour les fins d'enregistrement
des débats, si vous voulez rappeler votre nom, s'il vous
plaît.
M. Poulin (Marcel): Oui, Marcel Poulin, trésorier du
groupe SSQ.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Poulin (Marcel): Je suis dans le milieu de l'assurance depuis
35 ans; alors, vous le voyez un peu par la couleur de mes cheveux, j'ai
plusieurs années d'expérience. Disons que j'ai vécu le
développement des sociétés d'assurances
québécoises, dont certaines étaient à
capital-actions au début et qui se sont mutual isées comme il a
été mentionné il y a quelques instants. Je pense, moi, que
le milieu de l'assurance, le milieu mutuel des sociétés
d'assurances québécoises, dans le moment, est à un point
tournant de son avenir. Et les difficultés sont nombreuses. Le
marché devient beaucoup plus concurrentiel qu'il l'était il y a
un certain nombre d'années, je crois. Et on peut penser qu'il va falloir
absolument trouver des moyens nouveaux pour permettre au milieu mutualiste des
assurances québécoises de rester en vie et surtout de se
développer. Présentement, je crois que le défaut de
capitalisation rend impossible un développement majeur des
sociétés québécoises mutualistes. Et je pense que,
comme le président l'a mentionné tout à l'heure, il y a
des projets qui ont été mis de l'avant pour ça. Le premier
projet qui a été mentionné, il y a deux ans, parlait d'une
certaine garantie d'État qui aurait été donnée. Et
peut-être que la raison de ça, c'est que les
sociétés qui ont présenté ce rapport-là se
disaient que la force mutualiste des assurances au Québec,
c'était une valeur qu'il était important de conserver et que
ça pourrait peut-être mériter un certain appui
d'État. Il fallait mentionner également que, dans les entreprises
mutualistes, il y en a de tailles très différentes. Il y a des
grandes entreprises mutualistes et il y en a des petites. Et je pense que le
président l'a mentionné tout à l'heure, le défaut
d'une grande mutuelle pouvait entraîner des difficultés majeures
aux autres entreprises mutualistes.
Moi, je pense, personnellement, qu'il va falloir absolument trouver de
nouvelles formules de capitalisation, que ce soit par des capitalisations qui
pourraient être propres à chaque institution; comme le
président, M. Demers, l'a mentionné tout à l'heure,
peut-être une capitalisation par les membres. Ça, c'est quelque
chose qui va être difficile à réaliser, parce qu'il ne faut
pas oublier que nos membres n'ont pas davantage de fiscalité à
prendre des parts sociales, mettons dans la SSQ, alors que, dans d'autres
corporations, ils ont les avantages fiscaux. Alors, ils vont peut-être
être portés, dans certains cas, à privilégier les
endroits où ils peuvent investir avec des économies
d'impôt, ce qui n'est pas le cas dans nos institutions. Alors, il y a
juste un rendement possible, à ce moment-là. Et le rendement
qu'on peut donner, ils peuvent le trouver ailleurs également. C'est une
formule qui est peut-être applicable, mais qui va être très
difficile à réaliser, à mon point de vue, et qui va
demander des sommes très importantes.
Moi, je suis persuadé qu'il faut viser plutôt encore une
capitalisation globale des sociétés d'assurances, avec un fonds
commun. Et je pense qu'on n'en sortira pas. Il va falloir tourner toujours
autour de ce problème-là. Je vous remercie.
Mme Robic: Je voudrais revenir, pour être bien sûre
que je vous ai compris, quand vous avez parlé d'un fonds d'indemnisation
et que vous avez parlé d'un fonds qui devait être largement
réparti. Si je vous ai bien compris, vous êtes d'accord pour un
fonds national où toutes les compagnies d'assurances se rendraient
responsables de la faillite d'une autre compagnie d'assurances, où
qu'elle soit au Canada. Vous seriez prêts, vous, à payer pour une
compagnie, par exemple, qui ferait faillite en Colombie-Britannique. C'est
ça que vous êtes en train de me dire?
M. Genest: Oui, c'est exactement ça, à condition
qu'il y ait des normes de capitalisation connues, bien définies et bien
suivies par toutes les compagnies, partout au Canada.
Mme Robic: Vous me dites que vous êtes d'accord avec
ça s'il n'y a pas de faillites?
M. Genest: Pas s'il n'y a pas de... Mme Robic: Mais
s'il y a des faillites?
M. Genest: Pas s'il n'y a pas de faillites. Il peut toujours y
avoir des faillites, mais il faut qu'il y ait des normes de capitalisation.
C'est sûr que s'il y avait une province, en particulier, qui n'avait pas
de normes de
capitalisation, qui pourrait donner des permis à des assureurs...
Il faut qu'il y ait une norme de capitalisation. On le sait très bien,
il y en a une que les compagnies se sont donnée, qu'on est obligé
de suivre. Elle n'est pas encore acceptée partout et elle n'est pas
standard et elle est discutée. Mais je pense que s'il y a une norme
harmonisée pour utiliser le mot c'est mieux d'avoir une
protection complète pour les assurés. Et on sait bien que pour
nos assurés c'est la protection de toutes les compagnies canadiennes,
mais on sait que, de l'autre côté, ça nous engage à
donner la protection, et, s'il y a une compagnie en Colombie-Britannique qui ne
fait pas affaire au Québec qui a une faillite, on pourrait avoir
à payer.
Le Président (M. Gautrin): II vous reste une minute, Mme
la ministre.
Mme Robic: Ça va.
Le Président (M. Gautrin): Vous la conservez? Bon. Est-ce
qu'il y a consentement...
Mme Robic: Je m'excuse, M. le Président, si vous me...
Le Président (M. Gautrin): Allez-y! Je vous donne tout,
moi. (11 heures)
Mme Robic: On n'a pas touché à un aspect que je
trouve important, celui de la responsabilisation. Dans le chapitre de la
stabilité, on fait une révision des pouvoirs de l'industrie. On
vous accorde, aux dirigeants, plus de pouvoirs, entre autres au niveau des
pouvoirs de placement. On a élargi vos pouvoirs de placement en
établissant des normes qui tiennent compte de la qualité des
actifs et, au même moment, on donne plus de pouvoirs à
l'Inspecteur général des institutions financières. Est-ce
que vous avez regardé ce chapitre, et est-ce qu'on pourrait avoir vos
commentaires sur ce sujet?
M. Deniers: Oui. Nous avons effectivement regardé ce
chapitre. Nous n'avons pas fait de représentations directement dans
notre mémoire, mais, puisque vous le demandez, je... Quant à la
responsabilisation de la direction du conseil des dirigeants de la
société, nous sommes d'accord pour accepter toute cette
responsabilité-là de devoir maintenir des compagnies d'assurances
et prendre des moyens pour assumer toute cette responsabilité de faire
en sorte que la compagnie soit bien dirigée.
Quant à l'élargissement des pouvoirs de l'Inspecteur
général, je souhaiterais beaucoup plus un allégement des
contraintes administratives qui sont extrêmement coûteuses pour les
sociétés. Les sociétés se doivent d'être
responsables. Elles se doivent de prendre les moyens. À partir du moment
où les normes de capitalisation sont connues, ça devient le
devoir, la responsabilité du conseil d'administration de faire en sorte
que ces normes-là soient rencontrées. C'est sûr qu'il y
aura un inspecteur, il y aura un surintendant, il y aura toujours un
préfet de discipline, c'est inévitable, mais ne demandez pas aux
compagnies d'assurances d'ajouter aux pouvoirs de notre préfet de
discipline, ce n'est pas notre souhait. Personne ne pourrait souhaiter
ça.
Les frais sont déjà extrêmement
élevés. Nous en savons quelque chose. Nous chercherions beaucoup
plus une étroite collaboration dans un climat de grande confiance qui
devrait se développer entre les autorités de contrôle et le
conseil d'administration, en sommej'emploierai le mot à dessein
une espèce de complicité pour arriver à
développer nos compagnies d'assurances au Québec. Et je suis
certain, personnellement, que ce serait tout aussi efficace qu'une mesure
strictement disciplinaire ou une mesure autoritaire.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie. Est-ce qu'il
y a consensus parmi les deux parties pour permettre au député de
Jacques-Cartier, qui n'est pas membre de la commission, de poser une
question?
Mme Robic: Certainement.
M. Holden: S'il la pose en français.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Westmount, le député de Jacques-Cartier peut s'exprimer dans la
langue soit anglaise, soit française, à l'Assemblée
nationale.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Cameron: Je dois faire mes «apologies» mais je
crains qu'il me faille la demander en anglais.
Le Président (M. Gautrin): Mais vous avez parfaitement le
droit et je vous suggère de vous adresser en anglais.
M. Cameron: I just have a very brief question about the second of
the four suggestions for capitalization. Perhaps I should direct it to Mr.
Poulin. Is there not a problem with members-employees contributions as a means
of raising capital for companies that are popular at the moment when the
companies are making money and doing well, but they are not so popular when the
companies have difficult years and there is a great deal of pressure on
employees and firms, including financial firms, once you have such a method to
be contributors or to be, if you like, forced capitalizes of the company?
We had a case in Canada recently of a failed trust company, which I
think not only encouraged its members to be substantial contributors to its
capitalization but lent the money to do so. Now, the equity is worthless but
the loans are still alive. So, are there not problems with that particular
method of raising money?
M. Deniers: We understand that there will be great problems in
raising money through that mean. We
will look much closer to that proposal and will try to find out the
exact method that we should retain in raising money. But this was the first
proposal in the method to raise money. There are other methods that could be
looked at and I would like to mention the use of the SPEQ which is a very
popular method to raise money for companies, but actually it is not available
for services companies like an insurance company. We would like to ask the
government to look at the possibility to extend that method of raising capital
to such companies as SSQ-vie.
M. Cameron: Merci.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Westmount, vous avez encore un peu de temps.
M. Holden: II en reste...
Le Président (M. Gautrin): Quelques minutes.
M. Holden: Oui. Vous mentionnez dans votre mémoire le fait
qui est bien connu qu'une entreprise d'assurances est un réservoir de
capital. Est-ce qu'il y a un avantage d'être très prudent et de
confier vos capitaux à des grandes institutions, les actions «blue
chips»? Est-ce que c'est l'approche de votre groupe ou est-ce que vous
êtes plus ouverts à investir dans les investissements
peut-être un peu moins sûrs?
M. Genest: Je pense que si vous regardez nos états
financiers à la fin de 1992 vous allez voir qu'une grande proportion du
milliard d'investissements a été investie en obligations du
gouvernement du Québec, des municipalités, des commissions
scolaires, etc., et on a également un portefeuille d'à peu
près 300 000 000 $ en créances hypothécaires. Et, en
créances hypothécaires, là aussi on a été
prudents. On a fait des créances hypothécaires surtout sur des
immeubles résidentiels. On a très peu de commercial. Donc, on
aime mieux avoir un placement prudent qui rapporte un petit peu moins que de
prendre plus de risques.
On n'a, à la fin de 1992, à peu près pas d'actions
de compagnies canadiennes. Je pense que, sur 1 000 000 000 $ d'actifs, on a
à peu près 4 000 000 $ de placés dans des actifs de
compagnies, sauf notre filiale qui est une petite compagnie d'assurances
générales. C'est une autre branche d'affaires d'assurances que
l'on fait par une filiale parce que la loi ne nous permet pas de le faire
directement dans la même compagnie. Mais, pour les actions du
marché, on est très, très peu là.
On a une position, une philosophie de placements sécuritaires. Et
on pense que cette philosophie de placements va devenir de plus en plus
sécuritaire avec les années.
M. Holden: II y a quelque chose dans votre mémoire qui
m'intrigue. C'est à la page 4: «Sans vouloir ériger des
barrières autour de notre marché, il est nettement dans
l'intérêt de la province d'avoir une "balance" favorable dans les
entrées et les sorties de primes d'assurance». Je me demandais si
vous possédiez de l'information à ce sujet, de l'information qui
n'est peut-être pas connue par le public. Ça veut dire quoi au
juste, cette... Est-ce que vous voyez un flux d'argent de la province?
M. Deniers: Non, ce n'était pas l'idée. D'abord, on
fait référence au rapport annuel sur les assurances qui
démontre qu'une grande proportion des affaires d'assurance-vie qui sont
traitées au Québec le sont par des sociétés qui
n'ont pas leur siège social au Québec. Ça ne veut pas dire
que ce sont des mauvaises compagnies, mais ce ne sont pas des compagnies,
disons, avec siège social à Québec. Or, nous insistons
dans notre mémoire et j'ai insisté ce matin en disant que dans
l'utilisation des primes qui sont perçues dans une province ou une
région, la décision de replacer ces sommes-là appartient
au siège social et elle est exécutée depuis le
siège social, de telle sorte que les obligations de commissions
scolaires et de petites municipalités locales ont plus de chance
d'être acquises par des sociétés où le siège
social est près de ces municipalités-là, ces commissions
scolaires là.
Le Président (M. Gautrin): Le temps est terminé.
Est-ce que vous pourriez brièvement remercier, l'un et l'autre, nos
invités?
M. Holden: Oui. Je vous remercie beaucoup de votre apport
à notre commission. La ministre va faire la même chose, je
suppose?
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre.
Mme Robic: Vous nous faites plusieurs suggestions au niveau de
capitalisation. Je peux vous assurer que nous allons vérifier toutes ces
suggestions, tenter de les évaluer pour faire un choix judicieux
à la fin du processus. On vous remercie de votre appui au niveau de
notre document et de notre véhicule de capitalisation. (11 h 10)
Le Président (M. Gautrin): Alors, M. Demers, au nom de la
commission, je tiens à vous remercier pour cette excellente
présentation tout en admettant qu'on est un peu intéressé
parce qu'on est membre aussi de votre mutuelle.
M. Demers: Merci.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, je vais suspendre
deux minutes pour permettre au Mouvement des caisses Desjardins de bien vouloir
s'approcher.
(Suspension de la séance à 11 h 11)
(Reprise à 11 h 13)
Le Président (M. Gautrin): Vous êtes un
professionnel de commission pour savoir comment manipuler ces fauteuils!
Alors, M. Béland, on vous souhaite la bienvenue dans cette salle que
vous connaissez bien. Est-ce que vous pourriez peut-être présenter
les gens qui vous accompagnent. Vous connaissez les règles de notre
Assemblée. Vous avez 20 minutes pour présenter votre
mémoire. Le parti ministériel aura 20 minutes pour vous
questionner. Le parti de l'Opposition aura 20 minutes pour vous questionner et
ces 20 minutes pourront être fractionnées en différents
petits blocs. Alors, M. Béland, vous avez la parole.
Mouvement des caisses Desjardins
M. Béland (Claude): Je vous remercie, M. le
Président. J'aimerais vous présenter ceux qui m'accompagnent ce
matin. À ma gauche, M. John Harbour, qui est président et chef de
la direction de la société de portefeuille du Groupe Desjardins,
Assurances générales inc.; à la gauche de M. Harbour, M.
Claude Gravel, qui est président et chef de la direction de
l'Assurance-vie Desjardins; à ma droite, M. Alban D'Amours, qui est
premier vice-président et chef du développement et de la
vérification à la Confédération des caisses
populaires et d'économie Desjardins; à sa droite, M. Yves
Morency, qui est directeur associé aux stratégies
institutionnelles de la Confédération, et, à sa droite
également, Mme Lise Nadeau, conseillère juridique principale de
la Confédération.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Béland: Je voudrais également remercier les
membres de cette commission de nous accueillir ici cet avant-midi et de nous
permettre de faire connaître les vues du Mouvement des caisses Desjardins
sur l'avenir du secteur financier québécois. D'entrée de
jeu, je vous signalerai que notre organisation partage les objectifs
proposés dans l'énoncé de politique présenté
par Mme Robic, ministre déléguée aux Finances, à
savoir une plus grande efficacité, une meilleure stabilité et une
croissance soutenue du secteur financier québécois.
Là-dessus, je pense qu'on s'entend très bien.
Mais, dans la même lancée, le Mouvement des caisses estime
que l'efficacité, la stabilité et la croissance du secteur
financier incombent, d'abord et avant tout, aux institutions financières
elles-mêmes. La responsabilité de maintenir l'équilibre
entre la rentabilité, la capitalisation et le développement
appartient, au tout premier chef, à l'institution elle-même. Je
pense que cette règle est essentielle. D'ailleurs, dans notre propre
récente planification stratégique, nous accordons une place
prépondérante au maintien de cet équilibre. Et c'est,
à notre avis, principalement dans ce contexte que l'appui du
gouvernement et des organismes de surveillance devient souhaitable et
essentiel.
L'objectif partagé par tous les intervenants, notamment
Desjardins, d'assurer une protection adéquate aux épargnants ne
doit pas étouffer le dynamisme et la capacité concurrentielle
dont les institutions financières ont tant besoin pour affronter la
mondialisation des marchés et la concurrence accrue qui en
découle.
Le gouvernement devra donc, à son tour, doser ses interventions
en fonction du respect d'un sain équilibre entre la
sécurité des épargnants et l'efficacité du secteur,
afin de ne pas risquer de handicaper la croissance des institutions
financières et, par conséquent, le développement
économique du Québec.
Et je pense qu'il est bon de rappeler, à l'instar de
l'énoncé de Mme Robic, que le processus d'allocation des
ressources financières disponibles dans une économie repose sur
le fonctionnement efficace de son secteur financier. De fait, lorsque cette
allocation s'effectue de façon efficace, le financement des projets peut
être réalisé aux meilleures conditions du marché,
contribuant ainsi à la compétitivité des entreprises. Je
pense que tout ça se tient.
Mais ce rôle capital de producteur et de distributeur de services
financiers et de collaborateur au développement de l'économie
s'exercera dans le cadre d'une concurrence il faut en être
conscient qui va être de plus en plus vive. Au Québec, nous
devons composer avec la présence d'un nombre croissant d'institutions
financières étrangères. La mondialisation des
marchés interpelle le Mouvement des caisses Desjardins, tout comme ses
concurrents. Elle touche nos membres dans leur quotidien et enlève
pratiquement toute influence aux frontières géographiques.
Or, on le sait, le Mouvement des caisses Desjardins s'est taillé,
au fil des ans, une part de marché enviable parmi les fournisseurs de
services financiers au Québec. Je pense que les Québécois
et les Québécoises veulent conserver ça. Les caisses
Desjardins devancent tous leurs concurrents sur chacun des principaux
marchés de l'épargne et du crédit au Québec. Et nos
sociétés filiales, l'assurance-vie des personnes,
l'assurance-dommages, les services fiduciaires, le financement industriel
occupent une position de tête dans leur créneau respectif, ce qui
fait que l'ensemble des composantes du Mouvement affiche un actif
québécois consolidé qui dépasse 54 000 000 000 $ et
procure de l'emploi à plus de 36 000 personnes. De plus, si on tient
compte des salaires versés, de l'achat des biens et de services
auprès des fournisseurs, du paiement des taxes et des impôts, des
études nous indiquent qu'un emploi direct dans le Mouvement des caisses
Desjardins génère près de deux emplois indirects dans
l'économie québécoise. La force de travail reliée
à une activité relevant directement ou indirectement d'une
composante de Desjardins représente plus de 3 % de l'emploi total au
Québec.
Or, si les services offerts par le Mouvement des caisses Desjardins
comportent de grandes similitudes avec ceux des entreprises concurrentes, il ne
faut pas oublier que sa performance tient pour beaucoup à sa nature
coopérative. Il y a là des valeurs, je pense, dont on parle de
plus en plus, même dans notre société d'aujourd'hui. Le
Mouvement se distingue de ses concurrents quant à son mode du partage de
la propriété, une propriété très largement
répartie, qui découle de la notion du propriétaire usager,
du partage démocratique
du pouvoir ce n'est pas le capital qui vote chez nous; un membre,
une voix et du partage des résultats: les ristournes, les
services sociaux et communautaires, etc. C'est une réalité, je
pense, qui a contribué largement au développement du Mouvement.
Ce qui fait que le Mouvement veut continuer à grandir et à se
développer dans le respect de sa spécificité
coopérative au profit de ses membres et de l'ensemble du Québec.
La poursuite de cette croissance, loin d'être un désir
égoïste ou une aspiration purement commerciale, résulte d'un
contexte mondial qui oblige chacune des communautés, désormais
mises en interaction continue, à se donner les instruments les plus
aptes à rendre ces ressources et leurs compétences pleinement
productives.
D'ailleurs, au Canada, la taille de nos institutions financières,
vous le savez, est plutôt modeste à l'échelle
internationale. On sait que la première banque canadienne se classe
à peine 56e au rang mondial, même si elle a un actif de plus de
140 000 000 000 $. Or, pour continuer de s'adapter à un tel contexte,
Desjardins a besoin, avant tout, d'un cadre réglementaire qui lui assure
souplesse d'adaptation, puisqu'il a des vertus et des valeurs
différentes, un pouvoir d'innovation et une capacité de
répondre aux forces du marché tant québécois,
canadien qu'international. (11 h 20)
En effet, dans un environnement où les activités des
institutions financières québécoises, en
général, et celles de Desjardins, en particulier,
débordent les frontières géographiques du Québec et
même du pays, il faut s'efforcer de rendre la réglementation
facilitante et souple. Dans ces conditions-là, l'enjeu de
l'harmonisation, qui est un objectif proposé par l'énoncé
de politique gouvernemental, devrait surtout, à notre avis, consister
à éliminer le plus possible, de part et d'autre, les entraves au
libre accès à ces marchés où toutes les
institutions financières devraient bénéficier des
mêmes avantages. Le gouvernement du Québec doit promouvoir un
concept d'harmonisation, mais qui s'inspire des courants internationaux, de
façon à bien couvrir l'ensemble des juridictions et des secteurs.
Cette harmonisation de la réglementation ne signifie pas pour autant une
parfaite homogénéité des législations quant aux
pouvoirs, à la structure de propriété et aux
opérations. C'est évident qu'un mouvement comme Desjardins, quand
on parle de structure de propriété, on ne se compare pas à
beaucoup d'institutions financières.
Au cours des 15 dernières années, d'ailleurs, le
gouvernement du Québec a fait preuve d'innovation, d'adaptation au
changement, d'ingéniosité en matière de
réglementation des institutions financières au Canada, sans pour
autant compromettre la stabilité du secteur financier
québécois, loin de là. Le Québec se doit donc de
maintenir son leadership et sa volonté d'ouverture en ajustant sa
réglementation sur les consensus internationaux qui se dessinent et sur
les courants novateurs qui émergent à travers le monde, plus
particulièrement en Europe. Ni le Québec ni même les
institutions qu'il réglemente n'ont intérêt, à moyen
et à long terme, à se contenter de standards et de pratiques
pancanadiens en deçà de ceux déjà en vigueur sur
son territoire ou acceptés à l'échelle internationale.
L'efficacité du système financier québécois tout
entier, je pense, en sortirait amoindrie.
Par contre, devant l'objectif d'efficacité, la
nécessité de réduire les coûts de la
réglementation s'impose. Dans cette perspective, les organismes de
réglementation doivent identifier correctement ce qui doit faire l'objet
de contrôle et de surveillance et comment le faire, tout en tenant compte
de la place grandissante qu'occupe Pautoréglementation au sein des
institutions financières.
Il est à souligner qu'une surveillance indûment
étroite ne fait qu'alourdir les dépenses administratives des
institutions financières. De tels coûts sont, soit imposés
aux utilisateurs de services financiers, soit absorbés par les
institutions elles-mêmes au détriment de leur degré de
compétitivité. D'ailleurs, au seul chapitre des caisses
Desjardins, par exemple, les coûts de surveillance de l'Inspecteur
général des institutions financières ont
dépassé les 10 000 000 $ entre 1990 et 1992, auxquels il faut
évidemment ajouter l'équivalent d'au moins deux
personnes-année consacrées uniquement à fournir à
ce dernier l'information qu'il requiert.
Par ailleurs, la stabilité du secteur financier est largement
tributaire de la santé financière des institutions. La suffisance
et la structure du capital représentent les éléments
clés de l'évaluation de la santé financière de
toute institution. La capitalisation adéquate des institutions
financières et non leur surveillance devrait donc être au centre
des préoccupations des gouvernements, car c'est davantage elle qui
assure une protection adéquate du public. D'ailleurs, la mondialisation
des marchés, l'étendue des transactions financières et la
crédibilité du système financier international ont rendu
nécessaire l'établissement de standards mondialement reconnus,
notamment à l'égard de la suffisance du capital.
Déjà, Desjardins, on s'arrime aux normes internationales. Et ce
sont des normes qui reposent non seulement sur des critères quantitatifs
mais également qualitatifs. Il ne s'agit plus uniquement d'un
critère global mais il s'agit d'une pondération variable en
fonction des risques de chaque élément d'actif
considéré individuellement.
L'approche des normes de capitalisation discipline les entreprises en
soi. C'est évident, quand on s'adresse aux marchés
internationaux, il faut bien suivre leurs règles. Et ça nous
incite à adopter des mesures pour se conformer aux exigences de la
suffisance de capital. Dans ce contexte, l'intervention des autorités de
surveillance peut se tenir à distance des opérations des
institutions financières et être préventive et mieux
ciblée.
Le Mouvement des caisses Desjardins se montre favorable aussi à
l'idée de revoir la répartition des responsabilités entre
les autorités réglementaires et souhaite l'établissement
d'une nette distinction entre la fonction réglementation, la fonction
surveillance et la fonction indemnisation. Il importe que chacun connaisse et
respecte les limites de sa mission et jouisse d'une grande autonomie. Il faut,
par ailleurs, limiter le plus possible tout ce qui pourrait donner lieu
à une apparence
de situation de conflit d'intérêts.
La fonction de réglementation devrait être
entièrement assumée par le ministère des Finances sous la
responsabilité du ministre délégué aux Finances. En
effet, il est essentiel que les personnes chargées de travailler aux
politiques économiques du Québec aient aussi à analyser,
discuter et concevoir des règles de jeu compatibles avec ces politiques
et leur impact pour les institutions financières du Québec.
La fonction contrôle et surveillance devrait être
assumée par l'Inspecteur général. Il est important que la
fonction de contrôle et de surveillance ainsi que des pouvoirs
d'intervention soient confiés à un organisme extérieur au
ministère des Finances.
En outre, il nous apparaît fondamental que la
responsabilité d'établir les règles du jeu soit distincte
de la responsabilité d'en surveiller l'application. Et, de son
côté, la fonction indemnisation devrait être assumée
par la Régie de l'assurance-dépôts du Québec. La
direction de la Régie devrait être indépendante de celle
des fonctions de réglementation ou de contrôle.
De plus, un ou des sièges additionnels devraient être
prévus pour y accueillir des représentants des institutions de
dépôts à charte québécoise, comme
c'était d'ailleurs à l'origine.
Tout mécanisme d'indemnisation dans le domaine de l'assurance de
personnes et de l'assurance de dommages devrait être distinct de celui de
l'assurance applicable aux institutions de dépôts. À ce
chapitre, il est pertinent de rappeler que les régimes d'indemnisation
ne doivent pas servir de caution de base pour assurer la stabilité et la
crédibilité du secteur financier québécois. La
solidité des institutions financières elles-mêmes
s'avère la meilleure garantie, la garantie gouvernementale ne venant que
compléter cette dernière. De fait, le Mouvement des caisses
Desjardins considère que la responsabilité en matière de
protection des épargnants doit être partagée entre les
institutions financières, les épargnants eux-mêmes et
l'ensemble des institutions conjointement avec le gouvernement.
Enfin, compte tenu de l'interrelation existante et de la
nécessité d'une bonne cohérence entre les trois fonctions
que je viens de décrire, le gouvernement du Québec aurait
avantage, à notre point de vue, à créer un comité
des autorités réglementaires composé du ministre
délégué aux Finances, de l'IGIF et du responsable de la
Régie de l'assurance-dépôts pour leur permettre
d'échanger, de se concerter et de coordonner leurs actions et ce,
évidemment, sur une base régulière.
De plus, nous suggérons la mise sur pied d'une table permanente
des institutions financières où siégeraient des
représentants de tous les secteurs de l'industrie sous juridiction
québécoise et qui auraient des échanges réguliers
avec le comité des autorités réglementaires. D'ailleurs,
c'est une façon de refléter l'énoncé de politique
qui soutient que la recherche d'efficacité, de stabilité et de
croissance commande un véritable partenariat entre les intervenants.
Par ailleurs, une capitalisation adéquate constitue la
véritable base à partir de laquelle une institution
financière peut envisager de façon sécuritaire de prendre
de l'expansion. On parle de croissance maintenant. C'est pourquoi toutes les
institutions financières doivent avoir accès à des formes
ou à des sources de capital, indépendamment de leur structure
d'organisation. L'accès à des capitaux externes, c'est
évident, on l'a mentionné tout à l'heure, constitue un
défi important même pour un réseau comme le
nôtre.
Lorsqu'on s'adresse au marché financier, on se
réfère essentiellement à un monde capitaliste,
c'est-à-dire à des entreprises et des institutions qui veulent
investir dans des titres liquides, qui proposent un bon rendement et une
plus-value éventuelle. Il en résulte que, pour le moment, de
grands investisseurs institutionnels ça, c'est la
réalité et de grands fonds de pension
québécois ou étrangers investissent massivement chez nos
concurrents, mais pas chez Desjardins qui est, pourtant, le plus grand
réseau financier au Québec. Dans ces conditions, nous sommes
d'avis qu'il faudra créer, avec l'appui du gouvernement du
Québec, une passerelle qui permettra au Mouvement d'intéresser
les détenteurs de capital, évidemment, sans dénaturer le
regroupement coopératif.
A ce chapitre, le Mouvement des caisses Desjardins tient à
rappeler qu'il lui a fallu près de 10 ans pour avoir accès
à un régime comparable au régime d'épargne-actions
et, si cette mesure lui a permis d'augmenter sa capitalisation de 325 000 000 $
par le véhicule des parts permanentes nous sommes d'ailleurs
reconnaissants au gouvernement du Québec à cet effet trois
banques concurrentes ayant leur siège social au Québec ont pu,
pendant les 10 années précédentes, accumuler, elles, un
capital de 1 300 000 000 $ grâce aux REA. Et, au-delà de sa
capitalisation actuelle, constituée dans une proportion de 90 % de nos
réserves générales auxquelles, maintenant, s'ajoutent les
parts permanentes, il est nécessaire et urgent pour le Mouvement de
créer de nouveaux moyens pour attirer du capital externe si on veut
assurer sa croissance et son développement. (11 h 30)
En résumé je termine là-dessus, M. le
Président le Mouvement des caisses Desjardins est
profondément convaincu que le développement efficace et
sécuritaire des institutions financières à charte
québécoise doit reposer sur les principes directeurs suivants:
1° la confiance des consommateurs qui doit être fondée sur la
stabilité des institutions financières elles-mêmes et leur
capacité de rencontrer leurs obligations et non pas en fonction des
garanties offertes par l'assurance-dépôts ou d'autres
régimes d'indemnisation; 2° la protection des déposants doit
être assurée par une réglementation souple et rigoureuse et
un système de contrôle et de surveillance à distance bien
ciblé et préventif; 3° une répartition claire des
fonctions entre les autorités gouvernementales: réglementation
sous la responsabilité du ministère des Finances; contrôle
et surveillance sous la responsabilité de l'IGIF; indemnisation sous la
responsabilité de la Régie de l'assurance-dépôts.
Des règles applicables aux transactions intéres-
sees tenant compte de la nature et de la finalité des
transactions au sein d'une organisation comme Desjardins. Il faut tenir compte
de la structure de Desjardins; 4° une capitalisation adéquate, dont
l'accès doit être indépendant de la structure
d'organisation des institutions financières, pour tous les segments de
l'industrie; 5° un concept d'harmonisation inspiré des courants
internationaux; 6° la poursuite du décloisonnement de la
distribution des produits et des services financiers; 7° finalement, le
dernier principe et non le moindre à l'effet que l'efficacité des
institutions financières passe d'abord et avant tout par une gestion
compétente et prudente, pierre d'assise d'une autoréglementation
efficace.
Voilà, M. le Président, ce que je voulais vous
présenter.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie. Mme la
ministre déléguée aux Finances et députée de
Bourassa, vous avez peut-être quelques questions.
Mme Robic: Oui. Je vous remercie, M. le Président. Tout
d'abord, j'aimerais féliciter M. Béland et son groupe pour la
qualité de votre mémoire qui a très bien couvert tous les
éléments de l'énoncé de politique. Donc, c'est
très intéressant à lire et facile à suivre,
d'ailleurs. Je suis heureuse de vous entendre dire et ça ne me
surprend pas non plus que vous le disiez qu'il incombe à
l'industrie elle-même, en premier lieu, de remplir les conditions
d'efficacité, de stabilité et de croissance que l'on
énonce dans cet énoncé de politique. Et je pense bien que
c'est très clair; dans l'énoncé de politique, d'ailleurs,
on affirme que le rôle premier vous appartient.
Vous parlez également de concurrence plus vive, du besoin de bien
positionner nos institutions financières pour faire face à cette
concurrence qui est inévitable. L'internationalisation et la
globalisation, c'est quelque chose que l'on va vivre, qu'on le veuille ou non.
C'est à nos portes, c'est chez nous déjà, d'ailleurs.
Je vois d'ailleurs dans vos commentaires que vous semblez être
assez favorable à notre énoncé de politique. Vous avez
certaines réserves, cependant, et on pourrait peut-être
élaborer sur ces réserves-là. Au niveau de
l'harmonisation, par exemple, vous êtes favorable avec le concept
d'harmonisation qui n'est pas un concept d'uniformisation. D'ailleurs, au
niveau d'une harmonisation au niveau national, on a suggéré un
modèle qu'on aimerait faire adopter par nos confrères des autres
provinces. Je me demandais si vous aviez eu le temps de jeter un coup d'oeil
sur ce modèle-là. Comment est-ce que vous le voyez, ce
modèle-là? Nous avons voulu, à la page 8, créer cet
espace financier canadien en proposant des tâches qui pourraient
être applicables aux sociétés extraprovinciales, une
série de règles qui pourraient être communes, d'autres tout
simplement harmonisées et des règles tout à fait
distinctes qui n'affectent pas le bon fonctionnement au niveau interprovincial,
mais bien le fonctionnement interne.
M. Béland: Je vais demander à M. D'Amours de
compléter.
M. D'Amours (Alban): Oui. Comme vous le dites, Mme la ministre,
notre analyse de la proposition d'espace financier canadien, à plusieurs
égards, rejoint les commentaires que nous faisons. Nous mettons de
l'avant, cependant, une notion qui est plus large, celle qui rejoint nos
préoccupations à l'égard de l'application de normes
internationales de capitalisation et qui tient compte de cette mondialisation.
On suggère avant tout une harmonisation inspirée du modèle
européen et qui s'appuie sur la reconnaissance mutuelle des
juridictions. C'est l'élément majeur, finalement, que nous
mettons dans le mémoire, de sorte qu'une institution financière
qui vient s'implanter au Québec et obtient sa charte du Québec
puisse relever, finalement, de la compétence de nos organismes de
surveillance, ici, même si elle opère ailleurs. C'est la
même chose pour une institution d'ici qui va s'implanter ailleurs, avec
une charte d'une autre province, qu'elle puisse avoir la même
reconnaissance et soit sous la surveillance des organismes
réglementaires et de surveillance d'ailleurs. Et, lorsque les normes
auront été harmonisées et c'est principalement
notre point nous réduirons les coûts et nous nous ferons
confiance, d'une certaine façon.
Mme Robic: Alors, on parle d'un modèle similaire en se
souvenant que nous ne sommes pas des pays souverains, mais une
fédération, mais on voudrait bien que la province d'incorporation
soit reconnue comme un peu sur le modèle européen et que la
province où il se passe des activités ait un droit de regard
seulement si, au niveau de la province d'incorporation, il y aurait une
faiblesse au niveau de la surveillance. Et on pourrait, à ce
moment-là, agir.
M. D'Amours: C'est le traitement national, aussi.
Mme Robic: Le traitement national, Oui. D'accord. Vous parlez de
la création de tables de concertation, si on veut. Bien, je vais vous
dire que déjà cette première table existe avec
l'Inspecteur général et la Régie de
l'assurance-dépôts. C'est la même personne. Ça ne
fait pas beaucoup de... Ha, ha, ha!
M. Béland: La table ne doit pas être très
grande.
Mme Robic: On ne fait pas quorum, mais c'est assez
intéressant... Donc, je veux vous dire que c'est presque quotidiennement
qu'on échange et j'apprécie d'ailleurs beaucoup ces
échanges. Ici, au Québec, on a la même personne qui occupe
ces deux chaises, et comme Inspecteur et à la Régie de
l'assurance-dépôts. Au niveau fédéral, c'est le
contraire; il y a deux personnes distinctes et le fédéral est
à suggérer que ça devrait être la même
personne qui occupe les deux sièges. Alors, c'est assez
intéressant de voir que l'Inspecteur
général n'a pas à aviser son confrère
à la Régie s'il y a un problème. Le confrère
à la Régie le sait automatiquement. Ils couchent ensemble. Donc,
ça évite un manque de communication, si vous voulez. Alors, il y
a certainement des avantages à cela.
Où je vous rejoins, cependant, c'est d'élargir,
peut-être, le conseil d'administration de la Régie pour aller
chercher une expertise externe. Que cette expertise vienne du milieu, de gens
actifs dans le milieu, là, je mets un bémol: danger,
peut-être, de conflits, puisque les personnes déjà
impliquées dans le milieu auraient de l'information
privilégiée. Ça causerait certainement des
problèmes, dans ma tête à moi. Peut-être qu'ils ne
sont pas là, peut-être que je les vois et qu'ils n'existent pas,
mais j'aimerais vous entendre là-dessus. Et, quant à une table de
concertation de l'industrie avec l'Inspecteur, le ministre, nous, on est
toujours à votre disposition. Je pense que vous vous en êtes rendu
compte depuis les années que je suis ici. Il n'y a rien qu'on
apprécie mieux, nous, que de pouvoir avoir un échange le plus
ouvert possible. Ça facilite nos prises de décision, c'est bien
sûr. (11 h 40)
M. Béland: Quant à la question de la cloison qu'il
faudrait établir entre le responsable de la réglementation, de la
surveillance et de l'indemnisation, on s'inspire un peu de ce qu'on nous impose
ou de ce qu'on nous suggère fortement dans l'entreprise privée.
Je pense que, si, chez nous, les caisses géreraient en même temps
la corporation de fonds de sécurité, on plaiderait et on
invoquerait le conflit d'intérêts. Alors, je me dis: Celui qui est
responsable de faire le contrôle des caisses chez nous, on essaie de
faire en sorte que ce ne soit pas lui qui décide ensuite s'il y a lieu
d'indemniser ou pas, et dans quelle mesure on va indemniser, et à
quelles conditions.
Je pense que cette cloison-là, cette démarcation-là
qui se fait est toujours bénéfique parce que c'est toujours des
yeux nouveaux, différents, avec des perspectives différentes,
connaissant tout l'environnement du réseau, qui prennent des
décisions. C'est simplement ça, puis il nous apparaît que
lorsqu'on établit des missions claires de chacune des
responsabilités, sans empêcher puisqu'on suggère
quand même un comité permanent l'interaction, finalement,
ça donne des résultats qui causent moins de turbulence comme
ça peut arriver à l'occasion.
Quant à la question de la représentation, ça
découle uniquement... Nous, on a vu ça pas tellement sur la base
du conflit d'intérêts ou des avantages que des institutions
financières pourraient obtenir sur le plan des informations, mais sur le
principe de «no taxation without representation». C'est un principe
bien connu. Et, lorsqu'on contribue pour 50 %, 53 % de primes à une
entreprise qui est publique ce n'est pas une entreprise privée
il m'apparaît tout à fait normal qu'on ait le droit d'aller
dire notre point de vue sur la façon de partager les primes.
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre, vous avez fini
votre temps pour le premier bloc. Mme Robic: Oh! C'est dommage!
Le Président (M. Gautrin): Mais vous pouvez continuer, si
vous voulez. Vous pouvez revenir.
M. Holden: j'avais fait la même remarque à la
ministre, en privé. on a eu une discussion. je crois qu'elle est
toujours peut-être ouverte à l'argumentation que vous autres
surtout... à un moment donné, on avait une discussion sur le
pourcentage, mais c'est certainement plus de 50 % que vous payez à la
régie, alors...
M. Béland: Je me suis fié au rapport de la
Régie: quelque 53 %.
M. Holden: On a eu une discussion la ministre et moi, et je crois
qu'elle est toujours ouverte malgré que des fois, quand elle se
décide, c'est difficile de changer...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Holden: M. le Président, la dernière fois qu'on
est allé en commission, M. Béland et moi, et que lui a
été intervenant, je ne me suis pas fait des amis chez Desjardins
parce que j'ai critiqué le président. Mais, cette fois-ci, M.
Béland, on est pas mal...
M. Béland: Vous êtes déjà
pardonné.
M. Holden: ...sur la même longueur d'onde.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Holden: On se souvient qu'on est allé à la
Commission Bélanger-Campeau. On avait 5 minutes pour les questions et,
si on trouvait que l'intervenant n'était pas tellement favorable
à notre point de vue, on faisait durer la question 4 minutes et 50
secondes et la réponse était très brève. Mais ce
n'est pas le cas aujourd'hui.
M. Béland: J'espère. Ha, ha, ha!
M. Holden: On veut entendre vos idées, pas les
miennes.
Le Président (M. Gautrin): Bon, alors, posez votre
question.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Holden: II est autoritaire notre président. Oui, dans
votre mémoire, vous semblez être assez tiède à
l'égard de ce qu'on parle de centres financiers internationaux, et je me
demandais pourquoi ça c'est aux pages 15 et 16 cette
tiédeur?
M. Béland: Ce n'est pas une tiédeur comme le
désir de faire en sorte que ça soit revu, que ce soit
précisé. Je pense que l'existence de centres financiers
internationaux, on n'est pas contre ça. On le souhaite, sauf qu'on
suggérait dans le mémoire que ce soit revu. Peut-être M.
D'Amours, vous pourriez...
M. D'Amours: Oui, ça n'a pas entraîné,
finalement, les retombées que l'on anticipait.
Une voix: C'est ça.
M. Holden: Avez-vous des données des retombées
actuelles?
M. Béland: Pas ce matin, non.
M. Morency (Yves): II faut se reporter à l'origine, quand
même, de ces centres internationaux...
Le Président (M. Gautrin): Pour les fins d'enregistrement,
voulez-vous rappeler votre nom, simplement?
M. Morency: Yves Morency. À l'origine, quand même,
il y avait eu un débat. Les pouvoirs, les activités qu'on devait
accorder à ces centres-là étaient beaucoup plus
étendus. Et on se souvient du lobbying du milieu financier ontarien,
entre autres, qui a fait en sorte, quand même, de ramener à des
dimensions beaucoup plus modestes ces centres financiers internationaux, de
sorte que ça n'a pas apporté les avantages escomptés en
termes d'emplois, entre autres, à Montréal.
Donc, tout ce qu'on dit, c'est qu'avant d'exten-sionner il y aurait
peut-être lieu quand même d'approfondir pour voir quelles sont les
raisons qui ont fait en sorte que ces centres-là n'ont pas
apporté tous les éléments souhaités. Alors, ce
n'est pas une opposition, au contraire. S'il y a lieu d'ajouter des
éléments, on les souhaite.
M. Holden: Une citation que j'ai ici, de la page 4 de votre
mémoire, et je cite: «L'an dernier, la Caisse centrale a
été active notamment sur les marchés européens,
américains et japonais avec des émissions voisinant 2 000 000 000
$.» Quelle sorte de titres est-ce que vous émettez pour...
M. Béland: Sur le marché financier, ce sont des
emprunts que nous effectuons selon des termes différents, selon les
disponibilités qu'il y a sur le marché. Ce sont des fonds que
nous allons chercher sur les marchés internationaux pour approvisionner
nos caisses. On sait qu'actuellement les dépôts ou les
épargnes domestiques ne répondent pas toujours à la
demande totale des crédits. Donc, il faut évidemment nous aussi
être emprunteurs. Nous le sommes sur les marchés qui sont
mentionnés dans le mémoire. De là l'importance
d'harmoniser les législations pour faire en sorte que, pour Desjardins,
ce soit facilitant d'atteindre les normes internationales de capitalisation qui
sont maintenant reconnues.
Desjardins s'y approche, mais nous allons avoir à faire des
efforts additionnels pour y parvenir. Parce que, comme l'intervenant
précédent, les gens de la SSQ, nos réserves
générales sont alimentées uniquement par nos
excédents, par nos bénéfices. Et faire beaucoup de
rentabilité, prendre nos profits, les verser dans nos réserves,
c'est faisable, c'est comme ça qu'on s'est bâti depuis 90 ans.
Mais la croissance est telle aujourd'hui que, pour atteindre les normes et les
maintenir, nous avons besoin de types de capitalisation, évidemment,
différents, parce qu'on ne réussira pas uniquement par le
réinvestissement de nos excédents.
M. Holden: Et je vois que Desjardins est allé en
Floride.
M. Béland: Oui, mais là ce n'est pas pour aller
chercher des capitaux, c'est pour aller rendre service à nos gens qui
passent des vacances dans le Sud.
M. Holden: Est-ce que c'est à Hollywood, votre...
M. Béland: C'est à Hallandale. Je vous donnerai
l'adresse, M. Holden.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Holden: Maintenant, le document de Mme la ministre veut mettre
en place un régime commun concernant les transactions entre
apparentés ou transactions intéressées, et vous semblez
être peu favorables à l'idée à cause de la
spécialité de votre Mouvement.
M. Béland: Bien, je pense qu'il faut réglementer
les transactions intéressées, ça m'apparaît
évident. Sauf qu'il faut être conscient de la structure
très particulière du Mouvement Desjardins. Plusieurs de nos
fonctions spécialisées, la Caisse centrale, vous l'avez
mentionné tout à l'heure, et ces fonctions-là se font dans
une entreprise qui est autonome, autonome mais qui appartient au réseau
des caisses. Si on établit des règles relativement aux
transactions intéressées en disant: C'est deux entreprises
différentes, qui ne sont pas à distance, évidemment, on
est désavantagé parce que pour nos concurrents, pour les banques
qui ont une vice-présidence approvisionnement de fonds, qui ont une
vice-présidence transport de numéraire, etc., tout ça est
dans la même entreprise et là on ne parle jamais de transactions
intéressées, parce qu'on dit: C'est la même entreprise.
Chez nous, parce que c'est dans des entités juridiquement
séparées, il faut quand même nous considérer comme
un groupe. D'ailleurs la législation le fait. La Loi des caisses
d'épargne et de crédit, relativement à la capitalisation
du réseau, nous reconnaît comme groupe par
fédération. C'est dans ce sens-là que je pense que,
lorsqu'on applique ou qu'on édicté des règles relativement
aux transactions intéressées, il faut être très
attentifs à la structure particulière du Mouvement
Desjardins.
M. Holden: Vous avez déjà parlé de vos
soucis quant aux pouvoirs accrus de l'Inspecteur général.
À la page 20 de votre mémoire, vous affirmez que la place
grandissante qu'occupe l'autoréglementation doit éloigner les
organismes de contrôle et de surveillance le plus possible des
opérations. Je sais que vous avez déjà donné pas
mal de renseignements là-dessus, mais est-ce que vous êtes en
désaccord avec l'idée d'accroître les pouvoirs de l'IGIF?
(11 h 50)
M. Béland: C'est-à-dire qu'en autant que les
cloisons dont je parlais tout à l'heure entre la réglementation,
la surveillance et l'indemnisation sont claires, que les missions sont claires,
moi, je pense qu'il faudrait à ce moment-là donner à
l'Inspecteur des pouvoirs accrus. Mais en autant que ce sont des pouvoirs
vraiment de surveillance, pas d'intervention, pas d'avoir des moyens
d'intervenir non plus par des interventions de la Régie de
Fassurance-dépôts. En autant que ces pouvoirs de surveillance et
de contrôle sont clairs, je pense que c'est souhaitable que l'Inspecteur
ait plus de dents, ait des moyens d'intervenir d'une façon plus coriace.
En autant, comme je dis, qu'on s'attaque aux normes, aux règles qui
doivent s'appliquer et que, lorsqu'elles ne sont pas respectées,
l'Inspecteur menace même de suspendre des permis ou des choses du genre,
moi, je suis parfaitement d'accord. Mais de là à intervenir,
d'avoir des pouvoirs qui sont flous, ce qui fait que, à l'occasion, on
ne sait plus si on est dans les opérations ou pas, on intervient dans
des pratiques commerciales, là, je ne suis plus d'accord. C'est sous
cette réserve-là. Mais, une fois qu'on aura mis ça clair,
je pense qu'il faut donner à l'Inspecteur des pouvoirs accrus.
Le Président (M. Gautrin): Votre première enveloppe
de temps de 10 minutes étant épuisée, est-ce que vous
voulez continuer ou...
M. Holden: Une question de plus, parce que...
Le Président (M. Gautrin): Une question sur votre
deuxième enveloppe de temps.
M. Holden: C'est sur un autre sujet. Je vois qu'à la page
18 vous semblez entrevoir un rôle pour la Caisse de dépôt.
Par ailleurs, vous dites qu'il y a lieu de se demander si une institution
gouvernementale, telle que la Caisse de dépôt et placement, ne
pourrait pas jouer un rôle plus actif dans la consolidation et le
développement du secteur financier québécois.
M. Béland: Oui. C'est ce que je disais dans ma
présentation tout à l'heure. C'est assez étonnant: le
Mouvement Desjardins, évidemment, regroupe pas loin de 5 000 000 de
Québécois, et, à côté de ça, la Caisse
de dépôt et placement du Québec est une institution
québécoise dont on est tous très fiers, mais les deux
institutions ne puissent faire des affaires ensemble. On peut le faire sous
forme de prêts, on peut le faire sous forme d'avances de fonds, mais sous
forme de capi- tal puisque c'est dans le chapitre de la capitalisation
qu'on a fait cette remarque-là la Caisse de dépôt
peut investir, si elle veut, 1 000 000 000 $ dans les banques canadiennes, mais
elle ne peut rien faire dans le Mouvement Desjardins. C'est assez
étonnant. Parce que, dans son chapitre des placements boursiers, la
Caisse de dépôt a tout avantage à acheter des actions de
CIBC, Toronto-Dominion, Banque Royale, etc., mais acheter des actions de
Desjardins, zéro, parce que des parts permanentes, ça ne
l'intéresse pas. Dans ce sens-là, apparaît le besoin tout
à fait évident, à mon point de vue, et c'est la demande
que nous faisons... En tenant compte de la spécificité
Desjardins, nous aurons des propositions à faire pour inventer cette
passerelle qui nous permettrait d'intéresser des investisseurs
institutionnels tels que la Caisse de dépôt, et d'autres fonds de
pension, qui viennent cogner à nos portes, en disant: Comment se fait-il
que je ne peux pas investir dans ce grand réseau qui est fort
intéressant, qui a été très rentable en 1992? Et on
lui dit: On n'a pas de titre qui répond à vos exigences. On ne
peut en faire des coopéra-teurs, ça ne les intéresse pas.
Donc, il faut faire la passerelle. On est dans une économie capitaliste,
il faut établir cette passerelle-là.
M. Holden: II est un bon vendeur, n'est-ce pas, M. le
Président?
Le Président (M. Gautrin): Excellent. Je vous remercie, M.
le député de Westmount.
Mme la ministre déléguée aux Finances et
députée de Bourassa.
Mme Robic: Oui, M. le Président. J'aimerais qu'on
continue, parce que j'aimerais que vous puissiez élaborer sur
l'établissement de cette passerelle. Vous voulez conserver la structure
telle qu'elle existe chez vous. Elle a certainement des avantages et on ne la
remet pas en cause. Mais, oui, comme les compagnies d'assurances mutuelles,
ça cause des problèmes quand il s'agit d'aller sur les
marchés de capitaux. Et vous nous parlez de la création d'une
passerelle. Où en êtes-vous rendus et quel genre prendrait cette
passerelle?
M. Béland: Dans nos études, on est rendu quand
même passablement loin. Nous serons en mesure de vous faire des
propositions ou des suggestions bientôt. Il est évident que
l'intervention du législateur va être requise. Mais ce à
quoi on songe, finalement, c'est d'avoir un seul titre Desjardins. Et quand je
parle de Desjardins, je parle du réseau coopératif et du
réseau corporatif. Et, au public et aux institutions, on offrirait un
titre Desjardins, par une de nos filiales ou par une filiale à
créer ça n'a pas tellement d'importance où
les gens investiraient dans Desjardins, dans du titre, évidemment
à rendement boursier, qui s'inscrirait à la Bourse, qui
acquerrait, grâce à nos filiales à capital-actions, une
certaine plus-value, avec le temps, et qui serait vraiment un titre à
capital-actions, sauf qu'il y a, évidemment, toute la question du vote
qu'on est en train
d'examiner. Est-ce qu'on renonce à donner un droit de vote
à ces actions-là? Est-ce que c'est suffisamment alléchant,
ce titre-là, pour intéresser les marchés? Les
premières vérifications que nous faisons, la réponse est
oui. Sauf que quand vous...
Vous donnez l'exemple des mutuelles. Évidemment, on profite d'une
taille qui est importante, on profite d'un historique de rentabilité qui
est bien établi, on profite d'une sécurité qui ne fait
aucun doute; 2 400 000 000 $ de réserve générale, je pense
que ce n'est pas négligeable. Donc, on peut immédiatement, je
pense, offrir à l'investisseur un titre qui pourrait être
intéressant sur tous les plans. C'est à ça que nous
songeons. Je sais que ça ne répond pas, un titre comme ça,
peut-être aux besoins du réseau des mutuelles, mais, quant
à Desjardins, je pense qu'on aurait là un outil. Les
vérifications que nous faisons avec des grandes maisons de courtage
actuellement nous donnent des réactions favorables. Ce qui ferait que
c'est le réseau coopératif, puisqu'il est propriétaire de
tout ça, qui déciderait où il investit: dans
ï'assurance-vie Desjardins, dans les caisses, etc.
Ce qui est important, c'est d'avoir la vision que les
Québécois et les Québécoises, ensemble, constituent
un seul actionnaire qui est le réseau coopératif, mais un gros,
un pesant. Alors, c'est comme si les coopérateurs aujourd'hui, pour
faire face à l'international, se disaient: Nous, le mouvement
coopératif, on n'a pas été capables comme individus
d'être des milliardaires, mais on est capables de l'être ensemble.
Alors, on fait un bloc, les coopérateurs, qui s'unit avec les
investisseurs capitalistes, et je pense qu'on peut faire un mariage sans se
dénaturer.
Une voix: Merci.
Mme Robic: Mais là, en faisant ça, vous diluez la
part des coopérateurs.
M. Béland: Bien, c'est là que j'insistais sur la
question du vote. Si les investisseurs exigent d'avoir un droit de vote,
évidemment, là, on va commencer à parler de dilution ou on
parlera évidemment d'investissements additionnels du bloc
coopératif dans la capitalisation du réseau.
Mme Robic: Vous vous prononcez contre notre véhicule de
capitalisation. Je comprends que pour vous, dans votre milieu
coopératif, c'est peut-être un instrument dont vous ne pourriez
pas profiter, mais vous avez, au niveau corporatif, des compagnies
d'assurances, vous avez une fiducie qui pourraient bénéficier
d'un fonds ou d'un véhicule comme suggéré dans notre
énoncé de politique. Vous ne voyez pas davantage à ce
véhicule-là pour faire... Dans le fond, ce qu'on veut faire avec
ce genre de véhicule, c'est de faire passer nos entreprises qui n'ont
pas l'habitude d'aller sur les marchés et les investisseurs qui n'ont
pas l'habitude d'investir dans ce genre de produit, les amener ensemble,
grâce à ce véhicule-là, pour qu'ils
s'approvisionnent les uns des autres. Et, éventuellement, bien
sûr, il faudrait... Et surtout faire agir les forces du marché,
aussi, là. Ça, c'est important. Quand on parle d'un
véhicule, on parle d'un véhicule non gouvernemental mais
privé, où agiraient les forces du marché et,
éventuellement, amènerait les compagnies à pouvoir aller
elles-mêmes sur les marchés.
M. Béland: Que les mutuelles se regroupent, comme le
Mouvement Desjardins l'a fait dans son histoire, pour se donner des moyens de
se capitaliser, évidemment, nous ne sommes pas contre. Ce que nous
soulignions, et nous l'avons fait même avant cette commission-ci, c'est
qu'on ne pense pas que c'est le rôle du gouvernement de lever des
épargnes et d'investir dans les mutuelles. Qu'il donne les moyens de le
faire, ça, je suis d'accord. Parce que la Caisse de dépôt
est là et elle le fait très bien. En autant qu'on donnera aux
mutuelles et au mouvement coopératif les titres qui intéressent
la Caisse de dépôt et placement...
La Caisse de dépôt n'a pas de problème de capitaux.
Elle a des fonds disponibles. La Caisse de dépôt est capable
d'investir dans les institutions québécoises. Voyons donc! C'est
évident, c'est son premier rôle. Elle est là pour assurer
aussi le développement économique du Québec. Où le
blocage se fait? C'est que les titres disponibles ne conviennent pas aux
exigences de la Caisse de dépôt, et c'est là que le
gouvernement, je pense... Le rôle du gouvernement, c'est de faire en
sorte que nos mutuelles et le régime coopératif puissent avoir
ces titres-là pour faire la passerelle entre le monde capitaliste et le
monde coopératif. Mais de là à dire: C'est l'État
qui va le faire, c'est l'État ou une autre caisse quelconque qui va
lever des épargnes pour ensuite investir dans les mutuelles, là,
on ne peut pas être d'accord avec ça. Je pense qu'on pense
plutôt à un État qui est catalyseur, qui est orienteur,
qu'un État qui rentre dans les opérations.
Mme Robic: Je ne pense pas que, quand on parle de la
création d'un fonds, on parle d'obliger les institutions à se
regrouper ou à investir dans quelque projet que ce soit. C'est un moyen
additionnel, avec d'autres; c'est la passerelle dont vous parlez. Chez vous,
elle s'articule différemment, mais pour d'autres compagnies c'est
possiblement la passerelle dont elles ont besoin pour faire ce pas vers des
marchés de capitaux. Et on pense que, certainement... Si la Caisse de
dépôt est intéressée à investir dans ce
véhicule, pourquoi pas? Et ce véhicule ne doit pas être un
véhicule gouvernemental. Il doit être un véhicule
privé qui fera en sorte, justement, d'aider nos institutions à
faire le pont entre aller elles-mêmes sur ces marchés-là,
apprivoiser ces marchés-là qu'elles ne connaissent pas tellement
puisqu'elles n'ont jamais eu cette possibilité de les connaître...
Même chose pour les investisseurs. Est-ce qu'il n'y aurait pas, pour un
investisseur, une sécurité à investir dans un
véhicule et à étendre ses risques... Comment est-ce qu'on
dit ça, là? (12 heures)
Une voix: Diversifier.
Mme Robic: Diversifier, merci.
Le Président (M. Gautrin): Diversifier.
Mme Robic: ...diversifier ses risques dans un véhicule
plutôt que d'aller aux entreprises, directement dans les entreprises?
M. Béland: Mais c'est ce que je vous disais, Mme Robic. Je
pense que M. Demers vous le disait tout à l'heure: les mutuelles, il y
en a de toutes tailles. Bon. Dans ce sens-là, on peut bien leur inventer
un titre puis dire: Essayez d'intéresser les investisseurs pour qu'ils
investissent dans votre titre. La solution... Et d'ailleurs, le Conseil de la
coopération du Québec, où je suis, a déjà
fait cette proposition-là. Comme ces titres-là... Nous, on a
l'avantage d'être un grand regroupement et d'avoir un historique, comme
je le disais tantôt. Donc, on a des titres qui peuvent intéresser
l'investisseur. Mais la mutuelle plus petite, qui a moins d'historique, seule,
ne pourra jamais réussir à émettre un titre qui va
intéresser les investisseurs publics.
Dans ce sens-là, je disais que si elles se regroupaient et
disaient: On va avoir un titre commun, et ensuite, comme on fait dans
Desjardins, dire: Bon, bien, là, je vais en mettre un peu dans telle
mutuelle, un peu dans l'autre, et la somme de ça... Là, vous avez
votre diversification, vous avez la chance d'avoir une rentabilité.
C'est simplement dans ce sens-là que je disais: Oui, se regrouper. Si
vous me dites non, ils ne se regrouperont pas, c'est l'État qui va le
faire; là, je ne suis pas d'accord. Et s'il faut la garantie de
l'État, bien, mon Dieu! donnez-la leur. Mais je ne pense pas que ce soit
nécessaire si on réussit à se regrouper.
Le Président (M. Gautrin): Votre enveloppe de temps est
virtuellement finie.
Mme Robic: Non. C'est bien. C'est bien sûr que ce n'est pas
à l'État de dire aux compagnies de se regrouper.
M. Béland: Non, non. Mais on peut leur dire, nous.
Mme Robic: C'est votre suggestion à vous. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Votre enveloppe de temps
étant finie...
Mme Robic: On s'est bien compris.
Le Président (M. Gautrin): ...est-ce qu'il y a consensus
pour permettre au député de Jacques-Cartier de poser une
question?
M. Holden: J'ai juste une question encore...
Le Président (M. Gautrin): Alors, avant... Mais
certainement, M. le député de Westmount, avant que le
député de Jacques-Cartier ne...
M. Holden: Vous décrivez dans votre mémoire le
régime d'indemnisation qui existe chez vous et vous suggérez
peut-être qu'il y aurait une compensation au point de vue de vos...
M. Béland: On l'a déjà, M. Holden. On l'a
déjà. La Régie de l'assurance-dépôts nous
accorde une réduction de la prime justement parce que nous assumons une
partie du risque par notre corporation de fonds de sécurité.
M. Holden: Bon. Et, en parlant de la Régie, je veux savoir
si vous avez eu une réponse satisfaisante en ce qui concerne le
rôle de la Régie dans l'entente avec la Banque Nationale,
l'Alliance et le Trust Général?
M. Béland: Si on était devant le tribunal, M.
Holden, on dirait que vous êtes hors d'ordre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Béland: Mais j'ai eu une partie de la réponse,
oui.
Le Président (M. Gautrin): Bon. M. le député
de Jacques-Cartier.
M. Cameron: I woud like to ask a question of a slightly different
kind of the point that you raised about the possible meeting of interests
between the Caisse de dépôt and the caisses Desjardins. One can
see the attractions of this, but other not problems as well... It is true that
this three largest chartered banks represent an even larger concentration of
capital but they also, at a much more geographically distributed loan
portfolio, have restrictions on the concentration of ownership and they, for
that matter, still have some restrictions on the extent to which they can
invest directly in equities.
On the other hand, if the Caisse de dépôt and the caisses
Desjardins acted together in the Québec market place, would you not face
a certain problem from, certainly, I can imagine, Stephen Jarislowsky and a
great number of other people being very unhappy with the idea that there was
simply too large a concentration of capital and power acting on particular
companies, from the standpoint of minority investors and that, therefore, would
be difficult in raising capital for everything that was not in this great
combination?
M. Béland: Mais je dois vous dire que, actuellement, la
Caisse de dépôt et le Mouvement Desjardins investissent souvent
ensemble dans des entreprises. Dans ce sens-là, on peut travailler
ensemble.
Le seul point que j'ai soulevé, c'est qu'il ne m'ap-paraît
pas normal que les contributions que les Québécois et les
Québécoises, qui sont en grande partie aussi
membres de caisses, confient à la Caisse de dépôt ne
puissent pas, en partie, une petite partie... Parce que c'est 43 000 000 000 $,
la Caisse de dépôt. Si la Caisse de dépôt met 300 000
000 $, disons, en capital dans le Mouvement Desjardins, ce n'est pas beaucoup
dans son portefeuille, mais si elle en met plus... Elle en met 100 000 000 $,
200 000 000 $, 300 000 000 $ dans les grandes banques, pourquoi ne le
ferait-elle pas au Québec? Vous me dites, bien, c'est très
concentré au Québec. Bien, le Mouvement Desjardins a 5 000 000
d'actionnaires. Je pense que c'est pas mal plus largement réparti que
n'importe quelle grande banque canadienne. Oui, c'est nos actionnaires,
ça, c'est 5 000 000.
Dans ce sens-là, la concentration du contrôle n'est pas
inquiétante chez nous. Et, quant à la diversification de nos
placements, de nos prêts, la qualité de nos actifs ne fait pas de
doute puisque les cotes que nous accordent Moody's, Standard & Poor's sont
aussi élevées que celles qu'on accorde aux grandes banques. Donc,
je pense que les firmes d'évaluation doivent être en mesure de
bien évaluer la qualité de nos actifs.
Le Président (M. Gautrin): Je pense... Il vous reste
encore quatre minutes. Je pensais que vous aviez épuisé votre
enveloppe de temps.
M. Holden: Oui, je ne serai pas très long. Mais, hier, on
a eu la visite de Trust Prêt et Revenu, et ils ont plaidé en
faveur d'une plus modeste compagnie de fiducie faisant affaire localement. Et,
vous, dans votre mémoire, vous suggérez qu'on devrait
évaluer la possibilité d'instaurer un régime où
l'épargnant assumerait une couverture partielle de ses économies
en cas de faillite d'une institution financière. Eux, ils ne seraient
certainement pas d'accord avec vous. N'y a-t-il pas danger, M. Béland,
que la coassurance affaiblisse, justement, les petites institutions
financières?
M. Béland: Bien, c'est-à-dire que, nous, on plaide,
dans Desjardins, depuis fort longtemps, la responsabilisation aussi du
consommateur. Je pense qu'on ne peut pas simplement dire au consommateur: fais
ce que tu veux, place où tu veux, va dans n'importe quelle institution,
ne t'inquiète pas, le gouvernement est là pour payer les pertes,
et l'institution financière est responsable.
On pense que puis on l'a plaidé devant d'autres
commissions parlementaires la responsabilisation du citoyen doit aussi
apparaître. Le citoyen doit exercer un jugement quand même
adéquat, prendre une partie du risque, de là l'obligation de
transparence des institutions financières, de l'information. Et je pense
que, dans une bonne économie de libre marché, c'est une
règle qui est à encourager.
M. Holden: Peut-être que vous vous souvenez d'avoir
été déjà plus petit, dans le Mouvement Desjardins,
où, certainement, historiquement, vous savez ce que c'est être une
plus modeste compagnie de dépôt. De manière
générale, est-ce que vous avez des suggestions à faire
pour aider les compagnies plus modestes? Il n'y en a pas tellement, des
compagnies qui font affaire tout à fait localement.
M. Béland: Mais je vais simplement vous faire remarquer
que le Mouvement Desjardins s'est développé et a grandi alors
qu'il n'y avait aucune garantie gouvernementale, de qui que ce soit, et
même pas des fédérations ou des caisses.
M. Holden: C'est Mme Desjardins qui a...
M. Béland: Non, mais je veux dire que pendant 70 ans le
Mouvement s'est développé avec des gens qui disaient: Je sais que
je fais affaire avec une institution financière qui n'a pas toutes les
garanties, mais je veux la construire. Dans ce sens-là, je ne pense pas
que la responsabilisation du consommateur soit un danger. Je pense que c'est le
contraire. (12 h 10)
Les suggestions à faire pour que les petites fiducies progressent
mieux? J'en ai fait quelques-unes tantôt, pour les mutuelles. Mais je ne
pense pas que celle que vous citez ait de graves problèmes non plus,
sauf que toutes les entreprises, quelles qu'elles soient, les entreprises
financières, devront, si elles sont régionales, être
fortement capitalisées. Il y a de belles études qui
démontrent que ce n'est pas tellement la taille de l'entreprise qui est
importante. Ce qui est important et je prends Desjardins comme exemple
c'est d'être très présent dans son milieu. The
Economist disait l'autre jour, dans un article fort intéressant: Les
entreprises financières de l'avenir sont celles qui seront
régionales et qui seront très fortement capitalisées. Et
je crois beaucoup à ça.
Regardez ceux qui ont, depuis quelques années, pour bien
paraître, acheté des entreprises un peu partout aux
États-Unis. Ça fait bien, sur votre carte d'affaires:
Royaume-Uni, partout. Aujourd'hui, on revient tranquillement. On rapatrie tout
ça en disant: Si je veux être capable de conquérir les
marchés étrangers, il faut d'abord que je sois très fort
chez moi. Et, ça, c'est vraiment la ligne de conduite à
suivre.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie pour
cette...
M. Holden: Le temps est écoulé?
Le Président (M. Gautrin): Votre temps est
écoulé, M. le député de Westmount.
M. Holden: Ah! Merci d'être venus, M. Béland et
votre équipe. Ça a été très
intéressant.
M. Béland: Ça m'a fait plaisir.
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, il n'y a jamais assez de
temps...
Le Président (M. Gautrin): Ah!
Mme Robic: ...et je veux vous remercier, vous remercier,
d'ailleurs, de l'appui que vous donnez à mon énoncé de
politique. Avec les suggestions que vous nous faites, ça nous permettra
de le rendre encore plus fonctionnel. Et je suis certainement ouverte à
plusieurs de vos suggestions qu'on regardera de très près. Alors,
je vous remercie de votre présence et je vous remercie de participer
d'une façon aussi éloquente à nos
délibérations et à l'économie du Québec
également.
Le Président (M. Gautrin): Alors, M. Béland, au nom
de la commission, je tiens à vous remercier pour l'excellence de votre
présentation, et je suspends les travaux pour quelques minutes de
manière à permettre à l'Association d'hospitalisation du
Québec (Croix Bleue) de s'avancer.
(Suspension de la séance à 12 h 13)
(Reprise à 12 h 16)
Le Président (M. Gautrin): La commission peut reprendre
ses travaux. M. Ferron, vous représentez, je pense, l'Association
d'hospitalisation du Québec. Je vous rappellerai brièvement dans
quel cadre nous fonctionnons ici, comme commission. Vous avez une enveloppe de
temps de 20 minutes pour pouvoir présenter votre mémoire. Il y
aura une enveloppe de 20 minutes dévolue au parti ministériel et
20 minutes dévolues au parti de l'Opposition pour vous poser des
questions, vos réponses étant comptabilisées dans
l'enveloppe de temps de la personne qui pose la question.
Alors, M. Ferron, est-ce que vous pourriez commencer, peut-être,
par présenter les personnes qui vous accompagnent, aux fins de
l'enregistrement des débats?
Association d'hospitalisation du Québec (Croix
Bleue)
M. Ferron (Claude): Bien sûr, M. le Président.
À ma gauche, il y a M. Pierre Julien, qui est vice-président
exécutif de l'assurance individuelle; à ma droite, il y a Mme
Jacynthe Michaud, qui est secrétaire de la compagnie; et, à mon
extrême droite, il y a M. Claude Boivin, qui est vice-président
finance et administration.
M. le Président, Mme la ministre, mesdames et messieurs en
premier lieu, j'aimerais peut-être situer la Croix Bleue dans le
contexte, si vous voulez, des compagnies d'assurance de personnes au
Québec. La Croix Bleue est une société de secours mutuel
qui a une charte provinciale et qui oeuvre exclusivement dans le domaine de
l'assurance-santé. Notre organisme est membre de l'Association
canadienne des plans de la Croix Bleue et aussi de Blue Cross and Blue Shield
aux États-Unis. Cette appartenance nous permet d'avoir, disons, des
échanges assez fructueux dans le domaine de la santé.
C'est au nom, en fait, de son 1 000 000 de membres, dont un grand nombre
se retrouvent parmi les aînés, et à titre de principal
assureur en assurance-maladie individuelle ainsi qu'en assurance-voyage et en
assurance collective que nous désirons présenter aujourd'hui
notre point de vue à la commission sur le document intitulé
«L'appui au secteur financier: des dividendes pour le
Québec».
La Croix Bleue est présente au Québec depuis plus de 50
ans. Sa mission et son orientation sont en premier lieu axées sur la
santé et la protection financière plutôt que sur
l'accumulation de l'épargne. C'est pourquoi nous disons que nous sommes
assez différents, si vous voulez, des compagnies d'assurance-vie alors
que, à toutes fins pratiques, nos primes et nos cotisations sont plus
élevées que notre actif. Nous produisons exclusivement des
produits d'assurance-santé, d'assurance-hospitalisation, des soins
dentaires et d'assurance-voyage. Notre association avec le mouvement Croix
Bleue nous oblige à souscrire des garanties d'assurance-vie,
d'assurance-invalidité et d'épargne par le biais de nos
filiales.
La Croix Bleue comme telle, depuis cinq ou six ans, s'est
créé un holding, si vous voulez, ou une société en
aval, qui s'appelle la Corporation financière Canassurance qui,
elle-même, contrôle une compagnie d'assurance-vie qui est
Canassurance, compagnie d'assurance-vie, qui contrôle une compagnie
d'assurances générales, l'Union québécoise. Et nous
avons aussi une autre société d'assurances
générales qui s'appelle Canassurance, compagnie d'assurances
générales. En fait, comme je vous expliquais tout à
l'heure, pour appartenir au mouvement Croix Bleue, nous devons souscrire
exclusivement des produits d'assurance-santé et non des produits
d'assurance-vie. (12 h 20)
Lorsqu'on regarde un peu le document qui a été
présenté par Mme la ministre, nous avons quelques commentaires
à formuler sur l'énoncé, si vous voulez, de politique.
Nous souscrivons entièrement à l'idée de la composition du
capital et surplus fondés sur les principes nationaux et internationaux
reconnus. En raison de notre engagement à court terme de la Croix Bleue,
les principales réserves sont des provisions pour les
réclamations encourues et non produites, et le surplus vient
protéger les membres contre les éventualités
imprévisibles.
La Croix Bleue est soumise aux normes dictées par Blue Cross and
Blue Shield Association et les a toujours respectées. Nous souhaitons
que l'autorité de surveillance puisse en prendre connaissance et qu'elle
nous donne son accord plutôt que de nous assimiler aux entreprises
d'assurance-vie traditionnelles, reconnaissant ainsi le caractère
particulier de notre type d'institution. Et, d'ailleurs, nous sommes
classés comme la plus importante société de secours mutuel
par l'Inspecteur général des institutions financières du
Québec.
Nous sommes très heureux de l'orientation prise d'harmoniser la
réglementation du Québec avec les autres juridictions
canadiennes, principalement ce qui
touche le montant minimal requis en capital et surplus pour
opérer. Nous avons eu du mal à connaître les normes
financières actuellement utilisées par le comité de
surveillance de l'Inspecteur général des institutions
financières. Nous avons dû insister pour les connaître et
nous tentons de nous y conformer.
Nous utilisons présentement les normes de la
Société d'indemnisation pour les assurances de personnes et nous
souhaitons connaître le plus rapidement possible les nouvelles normes qui
tiendront compte de notre spécificité et non des normes
générales de l'industrie de l'assurance-vie. Nous espérons
qu'un laps de temps sera alloué entre cinq et sept ans
pour permettre à notre industrie, s'il y a lieu, de s'y conformer.
L'efficacité gouvernementale. Actuellement, nous sentons depuis
l'histoire des Coopérants une certaine bureaucratie qui s'est
installée, et nous avons tenté, dans notre document, de
dégager ce qu'il faudrait peut-être faire dans le futur
vis-à-vis, si vous voulez, du département des institutions
financières et de nos institutions. Nous croyons sans aucun doute que la
surveillance des institutions financières, telle que requise par la Loi
sur les assurances et ses règlements, serait du rôle de
l'Inspecteur général. Mais nous souhaitons aussi que la loi soit
revue et probablement aussi ses règlements.
La détermination des normes de capital et surplus devrait se
faire après consultation, aussi, avec les représentants de
l'industrie. On parle ici surtout pour la juridiction du Québec. La
duplication des coûts de vérification comptable et actuarielle que
nous vivons depuis quelques années devrait être
évitée. Le personnel de l'Inspecteur général des
institutions financières devrait apprendre à travailler
conjointement et étroitement avec nos vérificateurs internes et
externes et les actuaires responsables de l'évaluation actuarielle de
nos entreprises.
À cet égard, nous désapprouvons un peu le pouvoir
discrétionnaire conféré à l'Inspecteur
général des institutions financières dans l'article 298 de
la Loi sur les assurances. Cet article, comme de raison, donne certains
pouvoirs à l'Inspecteur général. Ce n'est pas tellement le
pouvoir discrétionnaire, mais nous croyons qu'avant d'arriver au pouvoir
discrétionnaire l'Inspecteur général devrait
épuiser les autres ressources, à savoir le conseil
d'administration, le président et les chefs de direction, le
comité de vérification, les vérificateurs externes et les
comptables et actuaires de façon à pouvoir peut-être user
de son pouvoir discrétionnaire. Alors que ce que nous vivons
actuellement, souvent, ça se passe avant plutôt qu'après
consultation.
Nous ne croyons pas nécessaire non plus, à cette
étape-ci, de donner de nouveaux pouvoirs à l'Inspecteur
général des institutions financières. Nous croyons, comme
nous le disions auparavant, qu'il serait peut-être opportun de
réviser la Loi sur les assurances. Nous souscrivons entièrement
à l'idée que l'Inspecteur général des institutions
financières procède en énonçant des lignes
directrices harmonisées avec les autres juridictions. Nous croyons aussi
qu'il serait important, tel que d'autres l'ont souligné, qu'on puisse
séparer la surveillance des institutions financières, la gestion
quotidienne et le fonds d'indemnisation.
Concernant le fonds d'indemnisation, nous devons vous dire que la Croix
Bleue souscrit seulement les contrats d'assurance-santé avec, si vous
voulez, des contrats qui sont d'un an et moins pour plusieurs de nos contrats
comme l'assurance-voyage, ça excède rarement six mois.
Nous avons de la difficulté, nous, à faire partie d'un organisme
comme la SIAP qui, comme telle, a, si vous voulez, sous sa juridiction surtout
des compagnies d'assurance-vie traditionnelles. C'est évident
qu'à ce moment-là, lorsque est arrivé le problème
des Coopérants, comme la cotisation a été fixée
à 0,5 %, sur les primes, nous avons été drôlement
frappés parce que, nous, nous avons beaucoup plus, si vous voulez...
Comme dans la Croix Bleue nous avons 50 000 000 $ d'actif, nous avons à
peu près 100 000 000 $ de revenus; alors, nous avons été
frappés durement par le 0,5 % qui, avant tout, comme on le disait
auparavant, est fondé sur les primes et non sur l'actif. alors, comme
tel, c'est évident aussi que les normes qui doivent être
utilisées pour la croix bleue... lorsqu'on regarde, nous, du
côté de blue cross and blue shield, où ils ont plusieurs
standards qui sont même très sévères, un des
standards, c'est que nous devons toujours détenir 15 %, si vous voulez,
des engagements sous forme de capital et surplus ou sous forme
d'excédents. lorsqu'on arrive avec les normes, si vous voulez, en
assurance-vie, ça peut être très différent.
d'ailleurs, on l'a vu très bien chez nous parce que, comme je vous le
disais tout à l'heure, on a une section canassurance-vie
où on est membre de l'accap pour cette section-là. du
côté croix bleue, nous ne sommes pas membres de l'accap, parce que
nous n'avons pas d'intérêt, disons, à échanger avec
les compagnies d'assurance-vie traditionnelles pour la partie, si vous voulez,
croix bleue. et nous nous trouvons drôlement pénalisés,
disons, par cette approche-là, et drôlement orphelins, parce que
nous sommes très petits par rapport à l'ensemble de tous les
autres intervenants.
Il est à remarquer qu'actuellement, aux États-Unis
même, depuis, disons, le mois de décembre 1992, les Croix Bleue,
les Blue Cross and Blue Shield aux États-Unis se sont
intéressées à cette question de fonds d'indemnisation. Et,
contrairement à ce qu'on pourrait penser, aux États-Unis, les
Croix Bleue sont toutes indépendantes, par État, par juridiction,
comme au Canada, d'ailleurs. Et ce qui a été
suggéré, c'est que les Croix Bleue puissent adhérer,
à un moment donné, à un fonds d'indemnisation qui soit
sous leur juridiction si c'est un État en particulier,
l'État de New York ou l'État de Floride, etc. plus que par
un grand mécanisme qui pourrait être national. Nous, le
mécanisme national, actuellement, nous fait extrêmement peur,
parce que vous vous imaginez que, sur un plan national, il y a d'autres
endroits en dehors de notre juridiction où comme tel, chez nous,
au Canada, chaque Croix Bleue a sa juridiction; il y en a huit, d'ailleurs
on deviendrait responsables de quelque chose, ou ça ne
nous apparaît pas, disons, important pour nous d'être
responsables pour d'autres juridictions.
D'ailleurs nous favorisons grandement que le fonds d'indemnisation soit
plutôt québécois, qu'il soit public,
québécois. Moi, je me suis posé des drôles de
questions, à un moment donné, quand... Parce que j'ai
participé, il faut dire, pour Canassurance-vie, il y a quelques
années, à la création de la SIAP. Mais il faut dire
qu'à ce moment-là, ce qu'on pensait beaucoup plus, c'était
de protéger les grosses compagnies contre les petites compagnies qui
pourraient tomber en difficulté. Ce qu'on vit actuellement, c'est
l'inverse, alors, vous vous imaginez que c'est un rapport de force qui est
très différent.
Une deuxième chose: personne n'a pensé qu'on était
pour avoir surtout du côté de la SIAP une
déconfiture comme on a eue avec Les Coopérants ou La Souveraine.
Alors, vous vous imaginez qu'ils se posent aussi des questions. Et même,
dans son énoncé de principe, la SIAP, ou l'ACCAP, nous disait,
à un moment donné, que, rendu à un certain niveau,
peut-être qu'il faudrait demander au gouvernement de venir nous aider.
moi, je réfléchis à tout ça, et je
m'aperçois, d'ailleurs, que ce soient les banques ou les fiducies, que
tout ce qui existe actuellement, c'est public. parce que, dans le fond, on fait
affaire plus à une catastrophe, à un moment donné,
qu'à quelque chose qui est normal. et je trouve ça très
difficile de penser qu'on puisse continuer à risquer comme ça.
j'aime autant ne pas penser qu'une des grosses compagnies au canada pourrait
tomber. et ça pourrait arriver, imaginez-vous, parce que le lendemain
matin je serai obligé de mettre la clef dans la porte, je serai
obligé de dire: moi, je ne suis plus capable. parce que 0,5 %
continuellement, ça devient très, très onéreux.
alors, c'est un peu les réflexions, disons, que la croix bleue avait
vis-à-vis de l'énoncé politique. (12 h 30)
Maintenant, du côté capitalisation, nous, on
s'aperçoit, comme plusieurs mutuelles... Parce que, nous, enfin, on a
deux chapeaux; il y a une partie mutuelle et il y a une partie capital-actions,
avec Canassu-rance. Et on s'aperçoit aussi qu'aux États-Unis
ça évolue énormément. En Californie, la Blue Cross
and Blue Shield de Californie, actuellement, est une société de
secours mutuel et elle a créé aussi un holding, comme nous ici,
au Québec, pour éventuellement, peut-être, être
capable de capitaliser, si vous voulez, la partie société de
secours mutuel par des debentures, etc. Nous, on n'est pas encore rendus
là, parce qu'on n'est pas aussi gros, mais on s'aperçoit que nous
et d'autres mutuelles, si vous voulez, ou les compagnies à charte
provinciale, ont actuellement besoin de capitaux. Et il faut avoir accès
au marché des capitaux. Nous, on est trop petits. On a regardé
ça à un moment donné, et émettre une
émission de 25 000 000 $, ce serait peut-être possible dans
quelques années mais, au moment où on se parle, ce serait assez
difficile. Sauf que, si on est regroupés... Là, ce qu'on
suggère, nous, c'est comme un fonds mutuel d'assurance qui pourrait
être capitalisé on a parlé de la Caisse de
dépôt, ça pourrait être des caisses de retraite
et, au départ, peut-être une garantie gouvernementale.
Parce que c'est certain que les compagnies à charte provinciale, nous
inclus, il faut tomber dans une rentabilité qui va être assez
permanente et qui a existé, disons, avant les années quatre-vingt
et qui, depuis les années quatre-vingt, est un peu plus difficile.
Nous, il y a trois ans, on s'est adressés un peu à ce
problème-là. Et je peux vous dire que, nous, notre organisation,
depuis trois ans, on a retrouvé un certain niveau de rentabilité
qui va nous permettre, disons, d'affronter l'avenir. Parce qu'on est
très conscient que la Croix Bleue, qui a connu des armées
glorieuses, si on veut, avant les années soixante ou soixante-dix, on
s'aperçoit que dans les années qui s'en viennent il va
certainement y avoir un marché très important du
côté du domaine de la santé. Et il faut se préparer
à capitaliser, à être capable d'affronter, disons, ces
nouveaux défis.
C'est notre rapport, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Alors, je vous remercie, M.
Ferron. Mme la ministre et députée de Bourassa.
Mme Robic: Oui, merci, M. le Président. Bonjour,
messieurs, mesdames.
Vous mentionnez dans votre mémoire, M. Ferron, que la Croix Bleue
réclame un régime particulier. Vous réclamez un
régime particulier. Vous dites que vous êtes assimilé
à une compagnie d'assurance de personnes, mais que vous
considérez que la nature de vos protections s'apparente à une
compagnie d'assurance de dommages beaucoup plus qu'à une compagnie
d'assurance de personnes. Et vous nous dites qu'il y a des normes qui existent
aux États-Unis, je crois, à la Blue Cross and Blue Shield
Association, qui sont spécifiques à cet organisme-là. Et
j'aimerais que vous puissiez élaborer un peu plus là-dessus.
Comment est-ce qu'ils sont considérés aux États-Unis?
M. Ferron: Aux États-Unis, ils se sont
intéressés à ce problème-là. Actuellement,
non seulement ce qu'ils suggèrent mais les standards qui s'en viennent:
ils vont nous demander d'appartenir, si vous voulez, à un organisme de
fonds d'indemnisation. Mais le fonds d'indemnisation qu'ils suggèrent,
eux autres, il s'apparente beaucoup plus au plan de la juridiction qu'à
un plan qui pourrait être national. Et, nous, c'est un peu la même
chose que nous suggérons.
Lorsque nous disons que nous ressemblons beaucoup plus à une
compagnie d'assurance de dommages, c'est en raison, si vous voulez, des
contrats d'assurance que nous souscrivons, qui ne dépassent pas un an,
alors que, dans l'assurance-vie, on connaît très bien des
engagements qui peuvent durer 10 ans, 15 ans, etc., et même plus. Et,
comme tel, c'est ça.
Deuxième chose, nous, ce qui nous particularise du
côté Croix Bleue, c'est que, comme je l'indiquais au début,
on n'a pas de produit d'épargne. Nous, l'actif est de 50 000 000 $ et,
dans 10 ans, il va peut-être encore
être de 50 000 000 $. parce que, si vous voulez, à tous les
ans, un peu comme une compagnie d'assurance de dommages qui... en fait, ce
n'est pas l'actif qui la caractérise, c'est plus, si vous voulez, les
primes, la qualité des primes ou la rentabilité. alors, nous,
ça s'apparente beaucoup plus à une société
d'assurance de dommages, pour la croix bleue. comme de raison, je me dis ceci,
de ces propos-là, quand je parle, après ça, de
canassurance-vie, qui est membre de l'accap, etc., et qui a des contrats
d'assurance-vie collectifs surtout... il faut d'ailleurs que notre groupe...
dans l'ensemble, 75 % de tous nos engagements sont de moins d'un an, sont de un
an et moins, si vous voulez. alors, ça, c'est différent aussi, si
vous voulez, de l'industrie d'assurance-vie traditionnelle.
Maintenant, on ne souscrit quasiment pas de produits d'accumulation
comme les REER, ces choses-là, alors qu'on sait très bien que
l'assurance-vie, depuis 10 ans, s'est transformée de façon
importante. aujourd'hui, 60 %, 65 % de tous les revenus proviennent de ces
produits-là. et on sait très bien que ces produits-là ont
une marge de manoeuvre qui est très mince, qui est très
difficile, si vous voulez. alors, nous, on n'est pas, disons, dans ce
domaine-là; on est vraiment dans le domaine de la santé et de la
protection financière.
Mme Robic: Oui. Bien sûr, vous avez remis en cause les
pouvoirs de l'Inspecteur général, mais vous ne remettez pas en
cause... Notre suggestion, par exemple, de pouvoir permettre à
l'Inspecteur général de mettre de l'avant des lignes directrices,
vous êtes assez favorables à ça?
M. Ferron: Ah! oui. Très favorables. Mme Robic:
Oui.
M. Ferron: Je voudrais peut-être préciser que je ne
mets pas en doute, si vous voulez, le rôle de l'Inspecteur
général. Le comité de surveillance est extrêmement.
..
Mme Robic: Oui.
M. Ferron: ...important. Ce qu'on voudrait souligner, nous, c'est
que ce rôle-là se joue de façon encore plus précise
avec, si vous voulez, notre comité de vérification, nos
vérificateurs externes, et de plus en plus on va avoir aussi des
actuaires d'évaluation externes, et on voudrait qu'il y ait un
rapprochement peut-être plus étroit entre nos mécanismes.
Un exemple: chez moi, le comité de vérification, le
président du conseil et moi, comme président et chef de
direction, nous ne participons pas au comité de vérification.
Quand on est invités, c'est pour répondre à certaines
questions. Donc, 11 y a un souci, si vous voulez, d'indépendance
vis-à-vis de ça, et on voudrait retrouver, si vous voulez, cette
communication-là entre le vérificateur externe, le
vérificateur interne chez nous, etc., avec les autorités de
surveillance; et on ne sent pas ce mécanisme étroit
là.
Mme Robic: J'ai l'impression que l'Inspecteur
général aimerait beaucoup que ce mécanisme-là soit
en fonction et qu'il puisse en profiter avec...
M. Ferron: Oui.
Mme Robic: Donc, on va tenter de l'établir. Mais il faut
tout de même qu'il puisse agir, à un moment donné, et il ne
peut pas seulement agir à la fin du processus, quand il n'y a plus de
décision à prendre à part l'ultime décision de
retirer un permis. Hein, c'est...
M. Ferron: Non. Ça, je n'ai aucun problème avec
ça, et c'est vraiment le rôle de l'Inspecteur
général. Je parle plutôt dans le courant des affaires comme
la vérification triennale, et, à ce moment-là,
peut-être commencer par s'asseoir avec nous pour voir l'étendue de
sa vérification; ou, s'il veut aller plus en profondeur, nous, on n'a
aucun problème. On va dire: Écoutez, asseyez-vous avec nos
propres vérificateurs externes, si vous voulez, et vos
vérificateurs, et là ils pousseront un peu plus loin. C'est
contre le fait qu'à un moment donné on puisse nommer un bureau de
comptables qui viennent au-dessus de tout ça, comme ça nous est
arrivé, nous, au mois de septembre dernier. Ça, on a
trouvé ça absolument très difficile au niveau du conseil
d'administration, moi, comme président et chef de la direction, et aussi
au niveau du comité de vérification et au niveau de nos
vérificateurs externes qui étaient en place. Il y a eu quelque
chose, là, qui a manqué. C'est peut-être juste un accident
de parcours, mais on pense que c'est important qu'on puisse travailler.
Il y a quelqu'un, tantôt, qui a souligné quelque chose. Je
pense que c'est M. Demers, de la SSQ. Moi, ça fait 27 ans que je suis
dans le milieu. J'ai commencé avec La Laurentienne en 1966, après
ça avec la Mutuelle des fonctionnaires en 1973, et je suis avec la Croix
Bleue depuis 1982. Les compagnies à charte provinciale se sont
développées, si vous voulez, avec une certaine complicité
qui existait entre le surintendant des assurances du temps et les entreprises.
Je peux vous dire qu'au moment où on se parle et là je
vous parle franchement on a une difficulté. Il y a quelque chose,
là, qui est un petit peu brisé. Je comprends que, l'histoire des
Coopérants, ça a secoué bien du monde, nous inclus, c'est
bien évident, et l'Inspecteur général aussi, mais il y a
quand même quelque chose qu'il faut essayer de rapiécer pour
continuer, si vous voulez, que nos compagnies à charte provinciale se
développent de façon intéressante.
Mme Robic: II y a également des conditions
économiques qui font qu'on doit pouvoir, sans s'inquiéter outre
mesure, suivre nos institutions financières de plus près dans des
moments plus difficiles. Bien sûr, il faut reconnaître cela
aussi.
J'aimerais que vous me parliez du véhicule de capitalisation. Je
vois que vous êtes ouvert à ce genre de véhicule, que vous
le voyez nécessaire pour capitaliser nos petites compagnies qui
pourraient difficilement aller
sur les marchés. Nos grosses compagnies, on n'a pas besoin de
s'inquiéter pour elles, mais, pour les petites compagnies qui n'auraient
que des émissions minimes à faire, ça pourrait être
très coûteux pour elles, peut-être qu'il y aurait moins
d'intérêt, et c'est là que le véhicule
représente pour elles un attrait tout particulier.
M. Ferron: Oui. Si je regarde un peu l'historique des compagnies
à charte provinciale, moi, quand j'ai commencé avec La
Laurentienne, il y avait 40 000 000 $ d'actif en 1966. Quand j'ai joint la
Mutuelle des fonctionnaires en 1973, comme directeur général, il
y avait 25 000 000 $ d'actif, et je regarde aussi ce qui s'est passé
dans les années 1970-1971 où les compagnies du Québec ont
été les premières au Canada à se diversifier, soit
dans l'assurance générale ou dans certaines activités,
assurances collectives, etc. Et là on est probablement rendus aussi
à une croisée des chemins où, suite, disons, à la
loi, en 1984, qui a permis aux compagnies de se développer, on
s'aperçoit que le double comptage de capital, maintenant, n'est plus
permis, alors qu'il était permis auparavant. On s'était rendu,
à un moment donné, jusqu'à une possibilité de 50 %
de l'actif. Remarquez que c'est énorme. Je trouvais ça
énorme dans le temps, puis je le trouve encore énorme, sauf qu'il
faut quand même penser aujourd'hui de quelle façon, maintenant,
nous allons pouvoir être capables de continuer dans cette voie-là.
(12 h 40) nous, ce qu'on pense, c'est peut-être que si on pouvait avoir
accès à une forme de fonds d'investissement d'assurance
appelons-le comme ça ou soit la caisse de dépôt ou
soit les caisses de retraite, avec une certaine garantie gouvernementale au
point de départ... parce que, c'est évident, je pense qu'on l'a
souligné, pour les compagnies, de façon générale,
la rentabilité n'est pas là. on parle de 6 %, 7 % ou 8 % alors
qu'on sait que ça devrait être beaucoup plus que ça. alors,
c'est évident, mais, moi, j'ai bien confiance que les petites compagnies
parce que je représente les petites et les moyennes compagnies
vont retomber sur leurs pieds très rapidement, plus rapidement
même qu'on ne pense, parce que je peux vous dire que tout le monde s'est
adressé au problème depuis deux ou trois ans, et on commence
déjà à changer des choses. on parle beaucoup plus,
maintenant... quand vous parlez d'alliance stratégique, moi, j'y crois
beaucoup. on a commencé, nous, à travailler avec plusieurs autres
entreprises. dans le domaine de passistance-voyage, nous représentons
actuellement, je ne sais pas, six ou sept ou huit compagnies, et ça va
grossir tout le temps. c'est la même chose pour d'autres choses
où, nous, comme tel, on a appris à travailler avec la florida
blue cross dans le domaine de l'assurance-voyage. toutes nos
réclamations sont faites là-bas, en floride; elles sont
contrôlées par eux, et on a appris ces choses-là. alors, je
pense bien qu'il faut avoir un climat, si vous voulez, favorable pour continuer
cette chose-là.
Deuxième chose, il faut penser aussi qu'au Québec, dans le
domaine de l'assurance générale, on a encore seulement 35 % ou 36
% du marché et, en assurance-vie, je ne sais pas, c'est peut-être
45 %. On a encore beaucoup d'espace, et je crois beaucoup, moi aussi, au
développement régional. D'ailleurs, les Croix Bleue à
travers les États-Unis et au Canada fonctionnent sur un
développement régional. Nous travaillons beaucoup entre nous.
Moi, ici, à Montréal, je travaille avec toutes les autres Croix
Bleue au Canada. Nous avons un groupe comme le CN, pour vous donner un exemple;
c'est de Montréal que, nous, on a le contrôle, ou encore on fait
tous les travaux, mais on travaille en étroite collaboration avec toutes
les autres Croix Bleue au Canada, qui paient les réclamations. Donc, il
y a déjà des mécanismes qui sont là, qui sont en
place, et il s'agit tout simplement de savoir comment on va être capable
de capitaliser tout ça.
Alors, pour en revenir à l'histoire des fonds mutuels
d'assurance, c'est évident que très rapidement on va devoir
être rentable, parce que n'importe qui qui place, qui fait des
placements, tient à ce que les organisations soient rentables. Ça
va peut-être même être quelque chose qui va nous forcer
encore plus à être rentables parce que, là, on va
être obligés de rencontrer, si vous voulez, des critères
sur le plan capitalisation et aussi sur le plan rentabilité.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le
député de Westmount.
M. Holden: Merci, M. le Président. Je vois que
l'Association d'hospitalisation de la Croix Bleue est une société
à but non lucratif. Est-ce que le groupe Croix Bleue Canassurance est
aussi une société à but non lucratif?
M. Ferron: Non. Non. C'est seulement la partie Croix Bleue. La
partie du holding financier, la corporation financière Canassurance,
Canassurance-vie et Canassurance générale, ce sont des compagnies
à capital-actions et qui ne sont pas des sociétés à
but non lucratif.
M. Holden: Bon. Parce que ça fait une différence,
n'est-ce pas...
M. Ferron: Ah oui! ça fait une différence.
M. Holden: ...d'administrer... Les normes de solvabilité
de la Croix Bleue et de l'organisation aux États-Unis, vous en avez
parlé. Est-ce que vous préférez ces normes-là aux
normes de l'IGIF?
M. Ferron: Oui. Moi, je préférerais ces
normes-là, parce que j'ai de la misère à appliquer, si
vous voulez je parle seulement pour Croix Bleue, là j'ai
de la misère à appliquer des normes de compagnies
d'assurance-vie. À un moment donné, soit le surplus ou
vis-à-vis de l'actif, ces choses-là, ça ne fonctionne
plus.
D'ailleurs, la SIAP le reconnaît. On est en pourparlers avec eux,
parce qu'ils ont réalisé, dans le fond,
qu'ils ne pouvaient pas appliquer les mêmes critères que
pour une compagnie d'assurance-vie traditionnelle. Et, en passant, nous, on est
membres de la SIAP pour une seule raison. Les autres Croix Bleue ne sont pas
membres de la SIAP. La seule raison pour laquelle on est membres de la SIAP,
c'est parce qu'au Québec on paie une taxe de prime. Alors, c'est
ça...
M. Holden: Parce que quoi? M. Ferron: Pardon?
M. Holden: Vous êtes membres de la SIAP parce que, au
Québec, quoi?
M. Ferron: Parce que nous payons une taxe de prime. Si nous
avions eu le même avantage que les autres Croix Bleue à travers le
Canada, nous ne serions pas membres de la SIAP.
M. Holden: Et ça vous coûte cher?
M. Ferron: Ça coûte beaucoup de sous. Moi, je peux
vous dire que l'an passé, nos trois groupes Croix Bleue, ça nous
a coûté 1 000 000 $, l'histoire des Coopérants. Ça,
ça représente 5 % de notre surplus, et ce n'est pas fini. C'est
ça qu'on trouve difficile.
M. Holden: Avez-vous des discussions? Vous avez dit que ça
faisait longtemps que vous discutiez puis que vous n'arriviez pas à
résoudre le problème.
M. Ferron: Bien, écoutez, on fait part, si vous voulez, de
nos considérations. On comprend que, peut-être,
éventuellement, avec les différentes interventions, avec tout ce
qui se passe actuellement, probablement qu'on va avoir une écoute plus
intéressante qu'on a eue dans le passé parce que, nous, la loi
des assurances nous considère comme une mutuelle d'assurances, mais on
est listé par l'Inspecteur général comme une
société de secours mutuel. Et, dans le fond, la Croix Bleue comme
telle, n'ayant pas d'assurance-vie, ne peut pas être listée parmi
les compagnies d'assurance-vie. C'est bien normal!
M. Holden: Vous êtes pas mal différents. Vous parlez
de 1 000 000 de membres, mais, ça, c'est des polices d'un an, de
voyageurs ou...
M. Ferron: C'est ça.
M. Holden: Ça, c'est vos membres. Ce n'est pas comme une
mutuelle où les membres sont là pour des années et des
années, quoi!
M. Ferron: Non, c'est ça. Voyez-vous, comme
Passurance-voyage, nous assurons 500 000 personnes par année.
M. Holden: Combien?
M. Ferron: C'est 500 000; mais, chaque année, il faut
qu'ils renouvellent leur contrat. Et ça dépend aussi s'ils
voyagent ou s'ils ne voyagent pas, s'ils vont en Floride ou pas. Mais il y a
une certaine constance, et on s'aperçoit même d'une certaine
progression depuis quelques années.
M. Holden: Dans les propositions de la ministre, on parle de
plusieurs sujets en matière d'indemnisation et on parle de la SIAP, je
pense. À votre avis, vous, vous proposez un système
d'indemnisation plutôt québécois, n'est-ce pas?
M. Ferron: Oui, oui.
M. Holden: Et est-ce que c'est pour tous les assureurs traitant
au Québec ou seulement les compagnies incorporées au
Québec?
M. Ferron: moi, je parle pour la croix bleue, là, parce
que les autres assureurs peuvent avoir des vues différentes, mais, moi,
mon sentiment personnel vis-à-vis de cette situation-là, c'est
que ça devrait appartenir à la juridiction
québécoise. et, en même temps, c'est que, voyez-vous, un
peu comme pour ma société, lorsqu'on a à payer 0,5 % des
primes, c'est beaucoup, ça, chaque année, puis on le paie depuis
quelques années, puis on est parti pour longtemps. nous, on dit: s'il y
avait un régime québécois, on pourrait peut-être
plus facilement étaler dans le temps, si vous voulez, cette
incidence-là à payer. alors, nous, on dit: en cas de catastrophe,
on pourrait, comme ça se fait dans plusieurs états
américains, avoir un crédit sur la taxe de prime, à un
moment donné, pour un certain nombre d'années, disons 0,5 %. au
moins, on paierait moins la taxe de prime, mais, dans le temps, on finirait par
tout payer, c'est bien évident. parce que c'est la
responsabilité, comme je le disais hier, vis-à-vis de l'accap;
finalement, c'est le consommateur qui paie tout ça. il ne faut pas se
faire d'illusions.
M. Holden: Merci beaucoup.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le
député de Westmount. Mme la ministre et députée de
Bourassa.
Mme Robic: Oui, M. le Président, je pense qu'on comprend
mieux maintenant les enjeux pour votre compagnie d'être placée
dans une catégorie qui ne fait pas tout à fait, là, qui ne
cadre pas tout à fait avec vos activités. C'est bien sûr.
Et je pense que c'est important de pouvoir en tenir compte quand on aura
à revoir la Loi sur les assurances. Donc, je vous suis
là-dedans.
J'avais... Excusez-moi, là, j'étais à vous
écouter, puis... Oui. Vous parlez de votre désappointement au
niveau de la diminution des coûts inhérents au respect de la
réglementation, mais je pense que c'est assez évident dans le
document, quand on parle du niveau de l'harmonisation, qu'un des
résultats de cette harmonisa-
tion ce sera la diminution des coûts et pour les compagnies et
pour le gouvernement qui assume, chez l'Inspecteur général, les
coûts de la surveillance. Alors, pour nous, ça fait partie de nos
priorités quand on tente de s'harmoniser, quand on tente de faire en
sorte de responsabiliser également les gestionnaires, les directeurs. On
essaie d'équilibrer, là. (12 h 50)
Peut-être que, pour certaines personnes, ce qui frappe dans le
document, ce sont les pouvoirs additionnels que l'on accorde à
l'Inspecteur général, mais on accorde également des
pouvoirs additionnels aux directeurs des entreprises. On vous donne une plus
grande marge de manoeuvre au niveau, par exemple, de vos placements, et on vous
dit: Vous aurez une plus grande marge de manoeuvre, mais vous serez jugé
par la qualité de vos actifs et vous aurez à agir comme de bons
pères de famille, avec beaucoup de prudence. Mais, d'un autre
côté, si on voit qu'il y a un relâchement de votre part,
bien, l'Inspecteur aura des moyens plus efficaces pour pouvoir agir. Il y aura
plus que tout simplement... Il faut que l'Inspecteur puisse non seulement avoir
des pouvoirs de suggestion, là, mais bien avoir un pouvoir qui oblige
les entreprises à suivre, par exemple, un plan de redressement. Et
alors, là-dessus, on a essayé d'équilibrer ça; et
en équilibrant ça, bien sûr, il devrait y avoir une
diminution des coûts à la surveillance.
Le Président (M. Gautrin): M. Ferron, des
commentaires?
M. Ferron: Oui, parce que nous aussi... Si vous regardez un petit
peu la Croix Bleue, nous, il n'y a pas beaucoup d'actif 50 000 000 $. On
n'a pas de prêts hypothécaires. On a seulement des obligations et
on a les actions du groupe, comme de raison. C'est évident qu'en raison
de la nature de nos opérations on ne peut pas se permettre de faire, si
vous voulez, certains investissements qui pouvaient être, à un
moment donné, un petit peu particuliers, soit dans le domaine
hypothécaire, ces choses-là, ce qui est moins vrai
peut-être pour notre compagnie d'assurance-vie. Alors, c'est
évident que, nous, on souscrit à ça. On n'a pas de
problème avec ça.
La seule chose que, nous, on souhaiterait, c'est qu'il y ait, si vous
voulez, je ne dirais pas une complicité mais qu'il y ait un
rapprochement entre l'Inspecteur général et nos actuaires, nos
vérificateurs externes et internes, de façon à ce qu'il
n'y ait pas de dédoublement, si vous voulez, de la vérification,
ces choses-là. C'est la seule chose qu'on souhaite, parce que le
restant, ça, on comprend très bien. Étant moi-même
comptable agréé, je comprends très bien la
vérification et la surveillance, mais c'est le dédoublement de
tout ça qu'on trouve peut-être difficile.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie. Est-ce que,
M. le député de Westmount, vous avez des questions? Alors,
écoutez, M. Ferron, je vais peut-être passer maintenant aux
remerciements. M. le député de Westmout.
M. Holden: Oui. C'est la deuxième fois qu'on a le plaisir
d'entendre M. Ferron, et j'espère qu'on va se revoir, peut-être
lors des projets de loi de Mme la ministre.
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre.
Mme Robic: Je vous remercie infiniment de votre
présentation. Ça a été intéressant.
Le Président (M. Gautrin): Alors, au nom de la commission,
M. Ferron, je tiens à vous remercier de votre présentation qui a
été très éclairante, et je suspends les travaux
jusqu'à 16 heures, à moins d'avis contraire de la Chambre.
(Suspension de la séance à 12 h 53)
(Reprise à 16 h 18)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration poursuit sa consultation générale sur
«L'appui au secteur financier: des dividendes pour le
Québec», et nous sommes prêts à entendre
l'Association des intermédiaires en assurance de personnes du
Québec.
Je demanderais, s'il vous plaît, aux représentants ou aux
représentantes de l'organisme de bien vouloir s'identifier. Et, dans un
premier temps, la procédure va se dérouler de la façon
suivante. Nous disposons globalement d'une heure, soit 20 minutes pour
l'exposé de votre mémoire; suivra un échange entre les
deux formations politiques: 20 minutes pour le parti ministériel et 20
minutes pour l'Opposition officielle. Alors, nous sommes prêts à
entendre la représentante de l'organisme, ou le représentant.
Qu'il nous présente les gens qui l'accompagnent et débute son
exposé du mémoire.
Association des intermédiaires en assurance de
personnes du Québec (AIAPQ)
Mme Tremblay (Jocelyne): Alors, mon nom est Jocelyne Tremblay, et
je suis présidente de l'Association des intermédiaires en
assurance de personnes du Québec. M. le Président, Mme la
ministre, mesdames et messieurs les députés, tout d'abord,
j'aimerais vous présenter les personnes qui m'accompagnent aujourd'hui:
à ma droite, j'ai M. John Gaudelli, qui est le président du
conseil d'administration de l'Association des intermédiaires en
assurance de personnes, et, à ma gauche, j'ai Mme Lucie Granger, qui en
est la directrice générale.
Alors, l'Association des intermédiaires en assurance de personnes
du Québec remercie cette commission de lui permettre de
présenter, par ce mémoire, son point de vue quant aux
propositions de la ministre déléguée aux Finances en
matière de réglementation et de développement des
institutions financières au Québec. (16 h 20)
Créée le 1er octobre 1989, notre association regroupe
aujourd'hui 13 000 membres actifs, courtiers ou agents, qui constituent,
à notre avis, le groupe d'intermédiaires le plus
évolué au Canada quant à la qualité de sa formation
et à l'encadrement de ses membres. Les membres de PAIAPQ, en vertu de la
loi exigeante et stimulante qui les régit, sont tous des professionnels
répondant à des normes d'éthique élevées et
disposant des instruments nécessaires à leur constant
perfectionnement.
Le souci principal de l'AIAPQ est d'assurer le dynamisme des services
d'intermédiation financière au Québec, dans le respect le
plus complet des droits et privilèges des consommateurs à qui
s'adressent ces services. Dans une perspective plus large, l'Association
favorise également la santé financière, l'essor et
l'épanouissement du milieu québécois des institutions
financières qui représente une composante stratégique
essentielle de notre vitalité économique. De façon plus
spécifique, elle souhaite que les institutions du domaine de l'assurance
de personnes soient dynamiques et dotées d'une capitalisation
solide.
Le document de réflexion déposé récemment
par la ministre, Mme Louise Robic, bien qu'il contienne peu
d'énoncés qui s'adressent directement aux intermédiaires
financiers du secteur de l'assurance de personnes, touche cependant des aspects
stratégiques qui sont au coeur même de nos préoccupations.
La ministre souhaite un secteur financier québécois plus
efficace, plus solide, plus stable et mieux outillé face à la
concurrence mondiale qui constitue son cadre d'activité quotidien. Elle
propose une harmonisation indispensable des lois régissant les
institutions financières québécoises et canadiennes et
propose des options susceptibles de consolider l'assise financière de
nos institutions.
Nous ne pouvons que souscrire globalement à ses
préoccupations et aux propositions qui en découlent. Nous avons,
dans le présent mémoire, énoncé nos commentaires
constructifs face aux propositions contenues dans le document intitulé
«L'appui au secteur financier: des dividendes pour le
Québec», en limitant notre intervention aux aspects qui influent
le plus directement sur le secteur de l'assurance de personnes, qui constitue
notre champ d'intervention privilégié. Cependant, notre
démarche tient compte de l'évolution inévitable des
services financiers vers un modèle décloisonné qui
accentue l'interdépendance, voire la convergence des quatre piliers du
secteur financier.
Maintenant, nous allons vous donner un bref résumé des
points qui ont retenu tout particulièrement notre attention.
L'Association des intermédiaires en assurance de personnes du
Québec est en accord avec les grandes orientations définies dans
les propositions de politiques pour le secteur financier au Québec et
elle suggère ou endosse plus spécifiquement les mesures
suivantes: quant à l'amélioration de l'efficacité des
institutions, des intervenants et des organismes qui les régissent, nous
privilégions l'harmonisation des lois régissant les institutions
financières au Canada et la création d'un véritable espace
financier canadien défini par l'absence de barrières ou de
divergences réglementaires entre les provinces et le respect
réciproque, par tous les gouvernements, des droits et compétences
des autres gouvernements en matière de réglementation et de
surveillance des institutions financières; le resserrement des normes de
capitalisation des institutions actives au Québec; la diminution des
coûts inhérents à la réglementation, notamment par
l'élimination de chevauchements et de dédoublements en
matière de surveillance, et une responsabilité accrue de
certaines instances.
Quant au renforcement de la stabilité du secteur financier
québécois, nous privilégions: le resserrement de la
réglementation quant aux pratiques financières des institutions;
l'octroi à l'Inspecteur général des institutions
financières de pouvoirs d'intervention accrus qui correspondent à
ses responsabilités en matière de surveillance, notamment au sein
d'institutions financières confrontées à des
problèmes graves; l'amélioration des régimes
d'indemnisation par la création d'un fonds d'indemnisation
québécois en matière d'assurance des personnes, la gestion
de ce fonds étant confiée à la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec afin d'éviter la
création d'une nouvelle structure administrative; la création de
mécanismes assurant une protection accrue de l'investisseur, et
notamment la création de mécanismes d'arbitrage touchant les
intermédiaires en assurance de personnes quant à la
responsabilité des parties dans les engagements contractuels des
consommateurs; la création d'un registre des avoirs abandonnés
afin de protéger davantage les épargnants, investisseurs et
assurés et leurs ayants droit.
Et quant au soutien, à la stabilité et à la
croissance des institutions financières, l'Association appuie, mais
à certaines conditions, la création d'un véhicule de
capitalisation destiné à soutenir financièrement la
stabilité et la croissance des institutions financières
québécoises.
Et, en conclusion, M. le Président, l'Association des
intermédiaires en assurance de personnes félicite et remercie la
ministre titulaire de poursuivre avec les intervenants du milieu un processus
de consultation et de concertation qui favorisera utilement le dynamisme du
milieu financier québécois et la protection des consommateurs de
services financiers. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme Tremblay. Mme la
ministre déléguée aux Finances.
Mme Robic: Mme Tremblay, M. Gaudelli, Mme Granger, bienvenue
à cette consultation. On vous remercie d'avoir accepté,
d'ailleurs, de participer, et je vous félicite pour le mémoire
que vous avez déposé. Je pense que vous avez bien ciblé un
certain nombre de nos problèmes, mais j'ai également perçu
qu'il y avait un appui pour l'énoncé de politique et que vous
étiez, en majeure partie, assez d'accord avec ce qu'on retrouvait dans
le document.
Au niveau de la capitalisation, vous nous faites certaines suggestions.
Entre autres, vous nous suggérez l'établissement de règles
de capitalisation par fonds distincts. J'aimerais peut-être que vous
élaboriez sur le
mode de fonctionnement d'une pareille approche.
Mme Tremblay: Si vous me le permettez, Mme Robic, M. Gaudelli
répondra à cette question.
M. Gaudelli (John): Pour la capitalisation des compagnies, nous
comprenons que, dans certaines situations, il y a des compagnies qui ont besoin
d'un certain fonds parce qu'elles ont peut-être des problèmes
à court terme, et c'est important que ce soit à court terme. Nous
pensons que c'est important que ces compagnies puissent avoir
l'opportunité d'avoir du capital. Cependant, nous voulons faire
attention qu'un fonds de capitalisation de ce genre-là soit assez vaste
et secure pour que les consommateurs qui décident d'y contribuer soient
à des risques minimes et que, s'il y a certains abris fiscaux avec ces
fonds-là, ça ne taxe pas trop le gouvernement dans une situation
où on reçoit l'argent, d'une part, pour aider les compagnies, et
il sort d'une autre façon.
Mme Robic: Vous mentionnez également les coûts trop
élevés de la réglementation et vous prétendez que
le maintien de multiples paliers administratifs et de nombreux organismes qui
se regroupent, se dédoublent, coûte cher. Je pense qu'on va
être d'accord avec ça, certainement, mais j'aimerais que vous
puissiez peut-être mieux préciser votre pensée
là-dessus.
M. Gaudelli: Disons que c'est plus une inquiétude qu'une
réalité comme telle. Nous savons que chaque fois qu'il y a des
nouvelles idées qui viennent à la table, des fois, les
idées sont excellentes et elles veulent atteindre certains objectifs,
et, des fois, on peut avoir tendance à ne pas regarder le
côté administratif. Peut-être qu'il y a des
mécanismes qui sont déjà en vigueur, qui pourraient faire
certains travaux administratifs. Donc, ce n'est pas une crainte que nous avons
présentement, que nous ayons peur, c'est une inquiétude. Nous
posons la question et disons juste de faire attention. Quand on veut atteindre
certains objectifs avec une nouvelle réglementation, que ça
n'encoure pas nécessairement des coûts qui peut-être peuvent
être déjà réalisés par des organismes qui
sont déjà présents. Donc, ce n'est pas quelque chose de
très grave que nous voyons, mais c'est juste de faire un peu attention.
Des fois, on est tellement excité avec une idée, une
réglementation, qu'on s'en va à 100 milles à l'heure et on
y arrive, et c'est seulement un peu après qu'on dit: Oh! Mais
peut-être qu'on aurait pu arriver au même objectif mais d'une
façon un peu différente, et on aurait sauvé des
coûts en même temps. (16 h 30)
Mme Robic: D'ailleurs, vous suggérez que certaines
fonctions de l'application de la réglementation devraient vous
être confiées. Alors, quelles sont ces fonctions que vous croiriez
être plus efficaces si elles étaient placées entre vos
mains?
M. Gaudelli: Présentement, dans le dossier des
intermédiaires, il y a les règlements qui existent, et
l'Association est là pour s'assurer d'exécuter les
règlements. Dans le dossier des Coopérants, nous avons vu que
c'est une nouvelle réglementation, donc c'est sûr que, des fois,
il y a des petites interprétations. Nous aimerions que nos
enquêteurs, en termes de surveillance, qui font ça de bonne foi,
soient immunisés de poursuites, parce qu'ils ne font que leur job. Et,
de plus, si nous avons le pouvoir d'enquêter, que nous ayons aussi le
pouvoir d'exiger de toute personne de qui on a besoin d'informations... que
cette personne-là ou ces organismes-là soient obligés de
nous les fournir. Nous avons eu le cas dans le dossier des Coopérants.
Nous avions besoin de certaine documentation, et cette documentation-là
était chez certaines compagnies d'assurances, et nous n'avons pas eu la
coopération que nous souhaitions dans ces dossiers-là. Donc, ce
n'est pas clair encore dans la réglementation que l'Association a le
pouvoir de demander ces informations-là et que les personnes sont
obligées de les donner. Donc, c'est des exemples de pouvoirs que nous
pensons avoir, mais ce n'est pas clair que nous les avons.
Mme Robic: Dans le fond, ce que vous nous dites
présentement dans votre énoncé, c'est de ne pas
récupérer certaines fonctions qui sont faites par une autre
association ou un autre groupe, mais bien renforcir votre propre...
M. Gaudelli: Absolument.
Mme Robic: ...réglementation, la rendre plus efficace,
plus fonctionnelle. Vous avez rencontré, comme bien de nous, certains
problèmes dans un premier épisode, là, et ce serait
intéressant qu'on puisse en discuter plus à fond, de ça,
et voir jusqu'où on peut aller à ce niveau-là.
M. Gaudelli: Oui.
Mme Robîc: C'est bien sûr que vous avez besoin des
outils nécessaires pour faire votre travail. Nous devons tenir compte,
cependant, d'autres considérations. Alors, jusqu'où on peut
aller? Ce serait matière à discussion, ça, certainement,
pour éviter les problèmes comme vous en avez vécu. Je ne
suis pas sûre qu'on peut le faire, mais enfin il faudrait certainement en
discuter.
Vous avez été très précis dans votre
recommandation de la mise en place d'un fonds d'indemnisation pour les
assureurs de personnes, un fonds public. Et j'aimerais peut-être que vous
me disiez quelles sont les raisons qui vous portent à recommander la
création d'un fonds public pour les assureurs de personnes.
M. Gaudelli: Présentement, le fonds qui ressemble à
ce fonds-là, c'est le fonds qui est géré par la SIAP. Nous
sommes contents que les assureurs, il y a quelques années, se soient dit
qu'ils étaient conscients qu'ils voulaient bien servir le consommateur
et se soient pris en main avant qu'il n'y ait une réglementation, en
disant: Au cas où il y aurait des problèmes, nous allons
être là pour les sauver.
Cependant, c'était un fonds qui réagissait plutôt
que prévenait. Nous avons vu, comme dans le dossier des
Coopérants, que c'est seulement avec la pratique et ce n'est pas
nécessairement une pratique positive qu'ils commencent à
voir les problèmes d'un fonds d'indemnisation comme tel. Il y a aussi
l'aspect de possibilité de conflit d'intérêts, puisque
c'est des assureurs mêmes qui décident pour leurs
compétiteurs de quelle façon ce fonds-là va être
capitalisé, qui va payer. Et nous voyons, dans le dossier des
Coopérants, qu'ils n'ont pas encore décidé quelles
compagnies, à quel niveau, vont devoir payer et, en plus, quels produits
sont protégés et lesquels ne le sont pas. et, donc, c'est pour
ces raisons-là que nous disons qu'avec un fonds public que le
gouvernement décidera il n'y aura plus, j'espère, de zone grise;
ça va être noir ou blanc. ces produits-là sont
protégés à x %, ces produits-là sont
protégés à y %; tout le monde est obligé de suivre
les mêmes règles. les règles ne changent pas après
le fait, disons, mais, là, on pensait que c'était comme ci, et
l'autre dit: mais, nous, on pensait que c'était comme ça. tout le
monde le sait à l'avance, c'est quoi, les règles, et que c'est
plus un côté préventif. donc, ils savent qu'ils doivent
cotiser à l'avance et non après le fait.
Et je pense que le consommateur va se sentir, dans cette situation,
beaucoup mieux protégé, dans le sens qu'il sait que les
compagnies sont régies par les lois du gouvernement et non par des lois
de compagnies, qu'elles se font entre elles. Et, comme nous l'avons
indiqué dans le mémoire, ça pourrait fonctionner de cette
façon: le temps que le fonds soit dans une position de pouvoir vraiment
payer des sommes s'il y a une faillite comme telle, dans le cas où le
fonds n'aurait pas eu assez de temps pour accumuler, le gouvernement pourrait
avancer l'argent en termes de prêt que les compagnies seraient
obligées de rembourser, et le consommateur pourrait se sentir vraiment
bien protégé, et il n'y aurait pas de conflit
d'intérêts.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Vous avez
terminé, Mme la ministre. M. le député de Westmount,
voulez-vous intervenir?
M. Holden: On revient...
Le Président (M. Lemieux): Ou bien si vous
préférez laisser continuer Mme le ministre? À votre
convenance.
M. Holden: Je vais parler pour deux ou trois questions, et on
pourra revenir.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la parole est à
vous, M. le député de Westmount.
Mme Robic: Si vous avez droit de parole, je ne vais pas vous
l'enlever.
Une voix: Si elle le veut, on l'en empêchera.
M. Holden: Heureusement qu'on a un président qui ne le
permettrait pas, comme dans...
Le Président (M. Lemieux): Soyez-en assuré. Une
voix: Si elle le veut, elle... M. Holden: Ah mon Dieu, merci!
Le Président (M. Lemieux): Alors, ça va, M. le
député de Westmount.
M. Holden: Merci, M. le Président. Merci d'être
venus, et vous avez le don de flatter la ministre avec votre conclusion.
M. Gaudelli: Nous avons le don d'être honnêtes.
M. Holden: Vous félicitez, vous remerciez la ministre et,
pourtant, je ne vois pas beaucoup de mentions de votre domaine dans les
propositions d'appui. Est-ce que vous avez trouvé des lacunes
là-dedans, qu'on aurait voulu voir plus spécifiquement sur votre
industrie?
M. Gaudelli: Nous avons regardé le document plus
strictement de la façon que ça affecte les intermédiaires
et pas nécessairement les compagnies comme telles. Je pense que l'ACCAP
est venue ce matin donner son opinion sur la façon dont les compagnies
voient les choses, et, nous, nous sommes ici pour donner la façon dont
les intermédiaires voient les choses, pas nécessairement les
compagnies; nous ne sommes pas là pour représenter les
compagnies. Donc, ça peut porter à confusion, des fois.
M. Holden: Mais les intermédiaires ne sont guère
mentionnés dans les propositions.
M. Gaudelli: Je ne veux pas vous corriger, mais ils sont
mentionnés à plusieurs instances, que ce soit dans le document de
la ministre ou dans le nôtre.
M. Holden: Ah! non, mais, je veux dire, dans les propositions. Il
y a très peu de recommandations ou de propositions au sujet des
intermédiaires.
M. Gaudelli: Je ne comprends pas la question.
(16 h 40)
Mme Granger (Lucie): Lucie Granger. Bien, je pense que, d'une
part, il y a un encadrement spécifique pour les intermédiaires,
et l'Association n'a pas saisi que c'était l'objet de la ministre
à ce point-ci de questionner l'encadrement des intermédiaires. Je
pense que ça se fera vraisemblablement à l'automne ou au
début de l'année 1994, et l'Association aura toute
l'opportunité, à ce moment-là, d'intervenir et de parler
largement de tout le secteur plus spécifique de l'intermédiaire
de
marché. Alors, à ce moment-là, ce sera vraiment
à propos. Par ailleurs...
M. Holden: Je suis d'accord avec vous, et je vous signale
simplement que, spécifiquement, il n'y a pas grand-chose sur votre
industrie. Mais, comme vous dites, c'est plus général. Et vous
avez une idée qui n'est pas... C'est une idée qui est nouvelle.
Votre mémoire, à la page 25, mentionne que peut-être les
problèmes de solvabilité des assureurs devraient être
publicises dans le bulletin de l'Inspecteur général. L'Inspecteur
général, l'autre jour, quand on a fait ses crédits, a
reconnu que chez lui on a un système où on fait le triage des
compagnies, ensuite on sort celles qui ont l'air pas tout à fait
conformes. On a une situation de préalerte et on a une situation
très aiguë, une situation d'alerte. Et là il va aller voir
les compagnies et... Tout un système de contrôle. Mais, vous, vous
dites: On devrait peut-être le mettre dans le bulletin. Si ça
devenait public dans le bulletin, est-ce que ça n'aurait pas,
peut-être, un effet contraire, dans le sens de faire paniquer le monde,
surtout vos agents? Est-ce que ça serait peut-être un
résultat contraire à ce que vous voulez, c'est-à-dire de
précipiter une faillite au lieu de peut-être la prévenir
avec l'Inspecteur général agissant plus tranquillement?
M. Gaudelli: Ce qui est important, idéalement, c'est
d'avoir une réglementation semblable à celle qui est
suggérée: que l'Inspecteur ait les pouvoirs, des vrais pouvoirs
selon les responsabilités qu'il a. On peut se dire que, si une compagnie
a un permis pour faire affaire au Québec, il n'y a pas de
problème. Présentement, ce n'est pas nécessairement le
cas. On vient d'en vivre, des situations. Aujourd'hui, un intermédiaire
est en train de recommander un produit à un consommateur de la compagnie
X, et la compagnie X, dans un mois, aura des problèmes.
L'intermédiaire, il faut qu'il explique ça à son
consommateur. C'est pas mal... Le mot «intermédiaire», c'est
ça, le problème. On a l'intermédiaire entre... Donc, c'est
un peu de tout. Il faut avoir une réglementation pour qu'on évite
les faillites, premièrement. O.K.? S'il y a des faillites, que ce soit
d'une façon un peu mieux organisée. On vient de le vivre avec le
dossier de La Souveraine, après qu'on a vécu le fiasco des
Coopérants; ce n'est pas idéal mais ça se règle
d'une façon beaucoup plus organisée. Il y a moins de panique des
consommateurs. Les intermédiaires ne sont pas placés dans une
situation de devoir décider: Qu'est-ce que je fais avec mon client,
là? Est-ce que je le change de compagnie ou est-ce que je ne le change
pas? Qu'est-ce que je fais avec? Donc, ça se fait d'une façon
beaucoup plus organisée.
Le consommateur, je pense, aurait le droit d'être mieux
informé, quand il choisit de faire affaire avec une compagnie X, Y, Z,
de savoir dans quoi il s'embarque. Alors, tant qu'une personne sait dans quoi
elle s'embarque, il n'y a pas de problème. C'est sûr que si, moi,
j'achète des actions d'une compagnie qui n'est pas cotée AAA, ou
quelque chose, je sais que je prends beaucoup plus de risques, mais avec
l'intention de peut-être faire un retour plus élevé. Et si
je prends des actions avec une compagnie AAA, j'ai beaucoup moins de risques,
mais peut-être que le potentiel est moins élevé.
M. Holden: Mais à quel stade vous demanderiez à
l'Inspecteur général de vous aviser, dans son bulletin, des
possibilités de faiblesses?
M. Gaudelli: Nous ne sommes pas rendus à exactement quel
stade. Nous posons la question. Nous voulons que les discussions se fassent sur
ce sujet-là pour que les intermédiaires et les consommateurs
sentent qu'il n'y aura pas de surprise deux mois plus tard, après qu'ils
auront acheté un produit d'une compagnie quelconque.
M. Holden: II y a quelque chose aussi dans votre mémoire,
à la page 19. Vous souhaitez maintenant vous voir reconnaître
certains pouvoirs spécifiques qui seraient de nature à vous aider
à exercer les responsabilités qui vous ont été
confiées par le législateur. C'est quoi, les pouvoirs?
M. Gaudelli: C'est exactement ce que nous venons de
répondre à la ministre Robic. Ce n'est pas nécessairement
des pouvoirs extra, additionnels, mais, selon la réglementation que nous
avons déjà, d'éclaircir. Est-ce qu'on les a vraiment, ces
pouvoirs? Et, si oui, que ce soit clair qu'on les a ou non. Donc, c'est
exactement la même...
M. Holden: Et l'indemnisation, le régime d'indemnisation,
vous en avez parlé un peu.
M. Gaudelli: Le fonds d'indemnisation, oui.
M. Holden: Oui. Expliquez-moi juste... Je sais que vous l'avez
expliqué à la ministre, mais vous voulez que ce soient
complètement des fonds gouvernementaux ou...
M. Gaudelli: Non. Pas du tout des fonds gouvernementaux.
M. Holden: Contrôlés par le gouvernement.
M. Gaudelli: Contrôlés par le gouvernement,
réglementés par le gouvernement. Que les compagnies cotisent
à ce fonds-là. Je vais juste mentionner que, quand c'est un fonds
nouveau, il se peut qu'avant que le fonds ne soit dans une situation qu'il ait
assez de réserve pour subvenir à des besoins le gouvernement
puisse garantir les avances en termes de prêts et que les compagnies
soient obligées de rembourser ces prêts. Donc, c'est toujours les
compagnies qui sont responsables de cotiser, et que ce ne soit pas l'argent de
nos consommateurs qui paient des impôts très élevés,
déjà.
M. Holden: Et votre suggestion, à la page 13: que le
Québec se rapproche des normes internationales;
pourriez-vous être un peu plus spécifique?
M. Gaudelli:oui. je ne vais pas être exact avec mes
chiffres, n'étant pas actuaire, mais prenons un exemple. ici, au canada,
présentement, une compagnie qui aurait 6 % ou 7 % de ses actifs en
surplus liquide serait considérée une compagnie, en termes de
capitalisation, assez bien. dans les règles internationales, ça
serait plus vers les 15 %. donc, il y a une grande marge. et il y a aussi, dans
les règlements internationaux, que, quand une compagnie décide
d'investir dans une filiale ou quelque chose qui n'est pas directement
relié aux produits qu'elles vend, elle doit augmenter ses
liquidités de 10 % du montant qu'elle a investi, à chaque fois.
c'est sûr que ce n'est pas quelque chose que, du jour au lendemain, on
peut faire; c'est impensable. mais commencer à regarder de ce
côté-là et se rapprocher avec les années, c'est
ça, l'intention de ce que nous avons amené. et si c'est bon pour
le restant du monde et on commence à être dans un
marché globalisé ça serait peut-être une
bonne idée de regarder ces normes-là et de commencer à se
rapprocher de ces normes-là, puisque nous sommes dans une
économie beaucoup plus internationale aujourd'hui qu'elle ne
l'était il y a peut-être 10 ou 15 ans.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Westmount.
M. Holden: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que, Mme la ministre,
vous voulez compléter?
Mme Robic: Oui. Est-ce que M. le député...
Le Président (M. Lemieux): II ne m'a pas demandé la
parole. (16 h 50)
Mme Robic: D'accord. Je voulais juste revenir sur le fonds
d'indemnisation, parce que j'ai trouvé intéressantes certaines de
vos remarques et je les mets peut-être en contradiction avec d'autres
remarques de ce matin. Mais je pense que c'est important parce que, vous, vous
parlez bien de sauvetage, hein, de prévention et de sauvetage, et c'est
assez intéressant. Ce matin, nous nous sommes fait dire que la SIAP, ce
n'était pas un fonds qui avait le rôle de faire des sauvetages
mais d'indemniser. Et je vois que, pour vous, le premier rôle d'un fonds
d'indemnisation, c'est un rôle de sauvetage et que, si on doit agir pour,
justement, faire en sorte qu'il n'y ait pas le mot «faillite»
attaché à une institution financière, bon, d'abord, il y a
une crédibilité, là, qui est en jeu, importante, pas
seulement pour cette institution-là mais pour toute l'industrie en
général. Il y a également le fait qu'il y a un coût
beaucoup moins élevé pour l'industrie à ce
moment-là. Alors, je trouvais ça intéressant, vos
remarques, parce que, ce matin, ça m'a un peu surprise de me faire dire
que le rôle de ces fonds-là, ce n'est pas de faire des sauvetages.
Alors, je comprenais mal l'industrie qui se dit: On va se saborder et on va en
payer les conséquences tout le monde ensemble au niveau de la
crédibilité et au niveau des coûts. Alors, je suis heureuse
de vous entendre dire que ce n'est tout à fait comme ça. Vous,
vous le voyez d'une façon différente.
Est-ce que vous voyez un rôle au consommateur, un rôle de
responsabilisation qu'il faudrait donner au consommateur de produits
financiers, puis quel est ce rôle-là, qu'on devrait lui faire
assumer, au consommateur?
M. Gaudelli: Le mot «assumer», c'est un dur mot,
là. Les consommateurs, on a tous une certaine responsabilité.
Moi, je peux vous dire personnellement que, dans mon métier, comme
intermédiaire, je les encourage, les consommateurs, à prendre
leurs propres responsabilités aussi, dans le sens qu'il y a toujours une
raison pour des choses et, des fois, un consommateur, en essayant de sauver de
l'argent, peut être en train de se causer une dépense beaucoup
plus élevée plus tard, parce que tout a une réaction. A
part le fait que le consommateur doit se dire qu'il est au courant de ce qu'il
est en train de décider, que peut-être il est en train d'investir
dans quelque chose qui est beaucoup plus risqué et qu'il reconnaît
que ça l'est, de l'obliger à s'informer sur toutes les choses
financières, c'est un peu difficile.
Mme Robic: Mais vous ne voyez pas une responsabilité du
consommateur au moment, justement, d'une faillite, par exemple, d'une
institution financière? Est-ce qu'il serait pensable que le consommateur
ait à assumer une certaine responsabilité, une perte quelconque,
ou vous ne voyez pas ça?
M. Gaudelli: Moi, je dirais plutôt au commencement,
c'est-à-dire si le consommateur comprend que peut-être le produit,
aujourd'hui, il coûte un peu plus cher qu'il ne coûtait il y a deux
ans, mais ce qui vient avec ce produit-là, c'est que maintenant il y a
un fonds d'indemnisation qui le garantit, etc., de cette façon-là
il prend ses responsabilités. Je pense que c'est bien. De demander
à un consommateur, après le fait, de contribuer, c'est presque
comme lui dire: Nous, peut-être... Lui, il va relancer le ballon. Il va
dire: Oui, mais c'était la job de qui de vérifier si la compagnie
était bel et bien fonctionnelle, et tout? Ce n'était pas ma job,
à moi. Vous autres, vous n'avez pas fait votre job, et tout ça.
Donc, plutôt, au commencement du processus, absolument tout le monde doit
contribuer un peu, mais une fois que... S'il y a, j'espère... Le mot
«faillite», ça me fait du mal quand je le dis.
Mme Robic: On hésite tous à le dire.
M. Gaudelli: J'espère qu'il n'y en aura pas d'autres et,
s'il y en a, que ça soit très minime. De le demander après
le fait, d'être responsable d'une façon monétaire de
quelque chose dont on ne lui avait pas dit
qu'il l'était avant, je ne pense pas que...
Mme Robic: C'est pour ça qu'il a besoin d'un bon
conseiller, hein? Un intermédiaire.
M. Gaudelli: Absolument! Exactement! Oui.
Mme Robic: Vous avez semblé apprécier les
propositions que l'on fait dans l'énoncé au niveau de l'arbitrage
en valeurs mobilières, et vous semblez l'ajuster à votre
industrie également. J'aimerais ça que vous m'explicitiez un peu
la nature des problèmes que vous rencontrez, qui justifieraient une
telle proposition. Et comment se ferait l'arbitrage dans votre domaine au
niveau des intermédiaires? Est-ce que ce serait fait par l'Association,
le conseil? Est-ce que vous avez réfléchi à ça, ou
vous avez repris une de nos idées, tout simplement, et vous sembliez
penser que ça pouvait également s'adapter chez vous?
Mme Granger: Alors, Lucie Granger. On a réalisé,
à l'Association, un sommet sur l'éthique. On sait qu'on a des
responsabilités qui sont importantes au niveau de l'encadrement des
intermédiaires, et on s'est posé toutes sortes de questions. Je
pense que, quand M. Gaudelli parlait tantôt de réflexion et de
questionnement, il est amorcé, il est amorcé dans des dossiers
qui sont les responsabilités propres de l'Association. Et on a
cherché des méthodes alternatives de règlement de
conflits, parce qu'on sait qu'en matière disciplinaire, bon, surtout
pour une nouvelle réglementation comme on en parlait, ça pose
certains questionnements, et il y a différents intervenants de
l'industrie qui contestent l'ensemble des pouvoirs réglementaires. C'est
un jeu qui est celui de la justice.
Alors, on voit, dans l'arbitrage, des éléments
extrêmement positifs, qui sont nouveaux, qui sont dynamiques et qui vont
avoir pour effet de diminuer le temps d'intervention, qui favorisent la
communication entre les parties et qui permettent de ne pas alourdir le
système judiciaire. Il est déjà suffisamment bien
occupé. Et, dans ce sens-là, bon, on rencontre, dans des
dossiers, actuellement, des évocations sur un ensemble de principes.
À chaque fois qu'on fait un pas, on évoque la décision du
président du comité de discipline.
Alors, je pense qu'à partir du moment où il y a cette
possibilité d'arbitrage et qu'il y aurait un consensus au sein de
l'industrie, vraisemblablement, le Conseil des assurances de personnes, qui est
l'organisme d'auto-réglementation en assurances de personnes, devrait se
positionner dans ce sens-là aussi, devrait être en faveur de
ça compte tenu du fait que la composition du Conseil des assurances est
un comité paritaire entre les assureurs et les
intermédiaires.
Alors, s'il y a un consensus que c'est un mécanisme de
résolution de conflits, ça pourra permettre aux différents
intervenants... ça responsabilisera aussi les différents
intervenants, parce qu'on sait qu'autant le Conseil a la responsabilité
d'édicter les règlements, autant il n'a pas cette
responsabilité-là pour édicter des normes de conduite aux
compagnies, par exemple, quoique des compagnies siègent au Conseil des
assurances.
Alors, s'il y a une participation... On parle souvent de droit, et il ne
faut pas oublier le volet responsabilité, obligation. L'Association est
d'avis qu'il est important d'utiliser ces nouvelles méthodes de
résolution de conflits. C'est tout à fait positif. Je pense que
ça va amener un questionnement au sein de l'industrie aussi, en
matière de remplacement, notamment. Alors, il y a déjà un
questionnement important, extrêmement positif, qui se fait, mais je pense
que cette avenue-là est une avenue que l'Association
privilégie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme Granger. M. le
député de Westmount?
M. Holden: Oui, M. le Président. Pour revenir à la
discussion que vous avez eue avec la ministre au sujet du partage de
responsabilités avec le consommateur, elle a parlé de la
suggestion qui a été faite par M. Béland et les caisses
Desjardins ce matin. Eux, ils voient le monde, je crois, comme un partage de
responsabilités, mais, comme vous avez dit, si c'est le gouvernement qui
s'occupe de l'indemnisation et si c'est l'Inspecteur général qui
contrôle les renseignements, il faudrait que le consommateur en sache
autant que l'Inspecteur général pour qu'il puisse faire un
jugement avant. Et quels renseignements on donnerait aux consommateurs? Je n'ai
jamais vu un bilan d'une compagnie, même une compagnie qui est sur le
bord d'une crise économique, je n'ai jamais vu un bilan qui
dénote que la compagnie est au bord de la faillite. (17 heures)
Alors, c'est une question de renseignements. C'est une question de se
fier au gouvernement pour protéger le consommateur. Et, si l'Inspecteur
général est prêt, comme vous l'avez suggéré,
à mettre ça dans le bulletin et à prévenir et
à donner des signaux pour que le consommateur puisse juger,
peut-être qu'on pourrait demander au consommateur de partager la
responsabilité. Mais je pense que votre réponse était
très juste là-dessus. Ils ne se préoccupent pas de la
question de solvabilité parce que, justement, c'est le gouvernement,
c'est l'Inspecteur général qui s'en occupe.
Alors, je crois que vous avez bien fait de rappeler à la ministre
que ce n'est pas la responsabilité du consommateur d'analyser les
états financiers et d'accepter la responsabilité d'une faillite
d'une entreprise quand le gouvernement ne lui dit même pas dans quel
état l'Inspecteur général trouve la compagnie.
Mme Robic: Là, vous me mettez des mots dans la bouche.
S'il vous plaît, là!
Le Président (M. Lemieux): Pardon, Mme la ministre, la
parole est à M. le député de Westmount.
M. Holden: Non, non, je ne disais pas que la ministre avait dit
ça...
Mme Robic: Non, non!
M. Holden: ...mais je dis que je ne veux pas que le consommateur
prenne toute la responsabilité, ou même une partie. Moi, je
n'étais pas d'accord avec M. Bel and, ce matin, qui voulait que le
consommateur... Il n'a pas suggéré ça, il a demandé
si on devait le faire. Je ne crois pas que ça soit une bonne
idée, Mme la ministre.
Maintenant, dans votre mémoire, vous parlez du Québec.
Vous dites, à la page 13: «Le Québec, sur ce plan, devrait
faire preuve d'une vigueur constante afin de protéger ses
prérogatives exclusives et ses compétences légales.»
Et, très peu après, vous parlez d'harmonisation. Et j'aimerais
avoir vos idées sur l'importance pour le Québec de garder ses
prérogatives et la difficulté d'harmoniser sur le plan
canadien.
M. Gaudelli: Nous devons prendre soin de nous-mêmes avant
de penser prendre soin des autres. Je pense que c'est dans cette
philosophie-là que nous avons dit ça. Et, dans l'harmonisation
des lois, ce n'est qu'une conséquence logique. L'Ontario, par exemple,
eux autres, ils veulent prendre les règlements qu'ils veulent faire et
obliger une compagnie qui fait affaire en Alberta, parce qu'elle a un
siège social en Ontario, à suivre les mêmes règles.
Ça, ce n'est pas harmoniser. Ça, c'est imposer.
Donc, nous, nous nous disons: prenons soin de nous et, si c'est des
idées assez intelligentes, nous pouvons nous attendre que ça
s'harmonise à travers le pays.
M. Holden: C'est ça que la ministre a dit l'autre soir.
Mais elle est très optimiste sur l'acceptation par les autres. Et je
vous demandais: Après avoir établi des belles règles ici,
quelle est votre attitude envers la question de l'harmonisation? Est-ce que
vous voyez des difficultés là-dedans?
M. Gaudelli: Des difficultés, ça dépend. Des
défis plutôt, oui. C'est normal. Si nous regardons la
réglementation des intermédiaires, nous sommes le seul groupe
d'intermédiaires qui a la réglementation comme telle au Canada.
Et qu'est-ce qui commence à se passer? Une certaine harmonisation
commence à se passer. Les autres provinces commencent à voir les
avantages, pour le consommateur et l'intermédiaire, d'avoir une telle
réglementation, et ça commence à avoir un impact
d'harmonisation à travers le pays. Il y a des difficultés, oui.
Ça, c'est normal de penser... Le fait qu'il y ait des difficultés
ne dicte pas que l'objectif ne peut pas être atteint.
M. Holden: Et comme dernière question, je voulais vous
demander en quoi vous craignez... Vous parlez, à la page 18, des
transactions intéressées, et j'aimerais que vous nous explicitiez
un peu plus vos craintes dans ce domaine.
M. Gaudelli: Ce que nous vivons aujourd'hui est une
conséquence des transactions comme telles, et des compagnies ont
pensé qu'avec la libéralisation de la réglementation,
là, tout était bien: on va investir ici, on va transiger
là. Et on commence à voir aujourd'hui que ce qui fonctionnait il
y a longtemps, des choses très simples, est vraiment la meilleure
façon de faire les choses. Et, donc, nous, ce que nous disons, c'est...
Et, ça, l'Inspecteur, s'il a les pouvoirs que nous voulons qu'il ait,
peut restreindre certaines transactions qui n'ont pour but, des fois, d'une
façon artificielle, que de montrer une façade différente
de la réalité de cette compagnie-là. Et c'est dans ce
sens-là que nous avons écrit ce paragraphe, ici.
M. Holden: Merci, M. Gaudelli.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Westmount. Nous vous remercions pour votre
participation à cette commission parlementaire, et nous suspendons nos
travaux jusqu'à demain, 10 heures, pour entendre le groupe La
Laurentienne. Merci.
Mme Robic: M. le Président, me permettez-vous de
remercier...
Le Président (M. Lemieux): Je vous le permets, Mme la
ministre.
Mme Robic: ...le groupe? On vous remercie, M. le
président. J'aimerais vous rappeler que ce n'est qu'en 1991 que la loi
134 est entrée en vigueur avec toute sa réglementation. Le
Conseil des assurances de personnes et les associations des assureurs de
personnes...
Le Président (M. Lemieux): Je vous permets de remercier
les intervenants...
Mme Robic: Oh! Vous ne voulez pas que je fasse un discours, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous permets de remercier
les intervenants, Mme la ministre.
Mme Robic: Vous savez ce que j'allais dire? Je vous
félicite des efforts que vous avez faits et, M. le Président, je
les remercie d'être venus à cette table.
Le Président (M. Lemieux): Et je permets la même
chose à M. le député de Westmount. M. le
député de Westmount.
M. Holden: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous permets de remercier
les intervenants.
M. Holden: Oui, et merci à vous autres aussi.
Le Président (M. Lemieux): Alors, maintenant, nous
suspendons nos travaux jusqu'à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 17 h 8)