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(Seize heures huit minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration est réunie
afin d'entendre le Vérificateur général dans le cadre de
l'examen de son rapport annuel pour l'année financière
terminée le 31 mars 1992. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui. Mme Dupuis (Verchères) est
remplacée par M. Boulerice (Sainte-MarieSaint-Jacques) et M.
Lazure (La Prairie) est remplacé par M. Garon (Lévis).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Permettez-moi de vous rappeler brièvement les règles de
l'audition. Les règles de procédure pour l'exécution de ce
mandat sont les suivantes, telles qu'établies le 18 août 1987: M.
le Vérificateur général disposera d'une période de
15 minutes pour des remarques de nature générale. Il en sera de
même du porte-parole de l'Opposition officielle, M. le
député de Labelle, et du porte-parole des députés
ministériels. La période des déclarations d'ouverture ne
sera pas suivie de répliques ou de commentaires de la part des membres
ou du Vérificateur général. Suivra une période
d'échanges avec le Vérificateur général et qui se
poursuivra jusqu'à la fin de la séance, soit à 22 heures.
Les groupes parlementaires disposeront de temps de parole égaux, en
respectant l'alternance dans les interventions, et le temps de parole
inutilisé par un groupe parlementaire sera disponible pour l'autre
groupe, en vertu d'une décision de la commission de l'Assemblée
nationale du 3 décembre 1986. La période d'échanges avec
le Vérificateur débutera par l'intervention du porte-parole de
l'Opposition officielle, M. le député de Labelle. Les membres de
la commission disposeront d'un temps de parole de 20 minutes en une ou
plusieurs interventions qui peuvent prendre la forme de questions ou de
commentaires. Le temps de parole du Vérificateur général
sera imputé au temps de parole du député qui pose la
question. (16 h 10)
Alors, voilà en ce qui concerne les règles de l'audition.
J'inviterais maintenant M. le Vérificateur général
à prendre la parole et à nous présenter les gens qui
l'accompagnent.
Déclarations d'ouverture M. Guy Breton,
Vérificateur général
M. Breton (Guy): M. le Président, distingués
membres de la commission, le rapport annuel que j'ai eu l'honneur de
présenter à l'Assemblée nationale en décembre
dernier et dont nous entreprenons l'étude ensemble cet après-midi
rapporte une panoplie d'erreurs, voire de négligences, dont certaines
frôlent l'irrespect de la volonté même du
législateur.
Qu'il s'agisse du cas isolé de la Commission d'appel en
matière de lésions professionnelles où un administrateur
public s'est permis certaines manoeuvres douteuses pour avantager un candidat,
cadre supérieur de son choix, qu'il s'agisse du dossier à
caractère plus général portant sur la gestion des
ressources humaines dans l'ensemble de la fonction publique dans lequel nous
notons des gestes administratifs allant à rencontre même des
principes qui sous-tendent la Loi sur la fonction publique, ou encore qu'il
s'agisse des lacunes relevées dans les nombreux autres dossiers que nous
avons traités dans notre rapport annuel, notre devoir et notre pouvoir
se limitent à bien rapporter à l'Assemblée nationale les
faits relevés, de façon à permettre aux parlementaires
d'exercer leur rôle fondamental de surveillants de la gestion et de
l'utilisation des fonds publics.
Pour bien exercer ce rôle, fondamentalement, dans tout État
démocratique, les parlementaires doivent être bien
renseignés. C'est, entre autres, au Vérificateur
général qu'est confiée la tâche de leur fournir
certaines informations dont ils ont besoin. Mais il leur appartient ensuite de
prendre action pour que les changements souhaités soient apportés
au sein de l'administration par le gouvernement. Ce rôle est l'apanage
exclusif des parlementaires. Le Vérificateur général ne
dispose d'aucun pouvoir réel en ce sens. Bien sûr, lorsque les
médias d'information rapportent ses propos sur la place publique, le
Vérificateur général exerce une certaine influence. Il
peut ainsi être source d'une certaine pression sur le gouvernement, mais
ce n'est là qu'un effet indirect de son action.
Le rapport annuel déposé en décembre diffère
beaucoup, dans sa forme, des rapports annuels des années
antérieures. Les modifications que nous y avons apportées,
notamment l'introduction de faits saillants au début des chapitres et
une présentation graphique plus dynamique avaient pour but principal de
vous en faciliter la consultation, à vous, MM. les parlementaires.
Mais la nouvelle présentation du rapport annuel a
également contribué à lui donner une visibilité
accrue dans le grand public, lequel nous a fait part de ses commentaires de
façon plus marquée que par les années passées. L'un
des commentaires qui revient fréquemment est le suivant: Bravo pour
votre travail, mais qu'est-ce que ça donne? Vous n'avez pas de dents
pour faire appliquer vos recommandations.
Je souhaite sincèrement que vous et vos collègues
parlementaires n'hésitiez pas à vous servir abondamment
de notre rapport annuel pour vous aider à faire bouger les
choses. Nous sommes vos yeux et vos oreilles, si vous me permettez cette
allégorie, et nous sommes fiers de l'être. Il faut vous en servir
pour demander davantage d'information relativement aux finances publiques,
comme le recommande le Vérificateur général depuis
plusieurs années.
Il ne faut pas vous satisfaire d'un minimum qui ne vous permet pas de
cerner l'ensemble de la situation sans recourir à une pléthore de
spécialistes. Vous avez le droit de savoir ce qui se passe, de savoir
quels sont les grands enjeux. Le Vérificateur général
considère comme un privilège de vous assister dans votre
démarche.
J'apprécie énormément l'occasion qui nous est
fournie de dialoguer, une fois par année, sur le contenu du rapport
annuel à l'Assemblée nationale. Mais, à mon humble avis et
avec toute déférence, ce n'est pas assez. Si le
Vérificateur général du Canada rencontre le comité
des comptes publics une cinquantaine de fois par année pour y traiter de
sujets prédéterminés issus de son rapport annuel,
peut-être pourrions-nous commencer à songer à une structure
d'accueil du rapport annuel du Vérificateur général du
Québec qui s'inspirerait de celle en place à Ottawa. Ceci
pourrait peut-être constituer une autre étape importante dans la
recherche d'une gestion optimale des fonds publics.
Le Vérificateur général est essentiellement votre
serviteur. Il n'existe qu'en fonction de vous qui êtes les
représentants élus des citoyens du Québec. Il me semble
d'intérêt primordial que vous trouviez le moyen d'utiliser
davantage les informations que le Vérificateur général met
à votre disposition.
Lors d'un colloque tenu récemment avec notre personnel
d'encadrement, des invités de marque, réputés pour leur
connaissance approfondie de l'administration publique, ont été
invités à nous dire quelles devraient être, selon eux, les
principales préoccupations du Vérificateur général.
Ils nous ont dit que le Vérificateur général faisait
partie intégrante du processus démocratique et que, de ce fait,
il devait continuer d'accroître sa visibilité. Pour ce faire,
plusieurs nous ont suggéré de publier plusieurs rapports en cours
d'année. Je vous avoue que c'est une suggestion qui n'est pas
tombée dans l'oreille d'un sourd. Mais, qu'en pensez-vous? Croyez-vous
que le système qui encadre présentement vos activités soit
suffisamment souple pour accueillir une telle initiative? Bien sûr, le
fait de rendre publiques les constatations du Vérificateur
général comporte en soi un élément disua-sif. Par
ailleurs, je ne voudrais pas donner l'impression que tous les gestionnaires
publics sont de mauvaise foi et qu'ils n'agiront que sous la contrainte. Loin
de là!
Vous n'êtes pas sans savoir que le rapport annuel du
Vérificateur général, bien que considérable, ne
contient qu'une portion des rapports de vérification de l'année,
ceux qui ne sont pas publiés étant tout de même
acheminés aux dirigeants concernés. Les recommandations du
Vérificateur général sont suivies par les gestionnaires
dans de fortes proportions, surtout si l'on tient compte, qu'en plus de ce qui
est rapporté dans le rap- port annuel, le Vérificateur
général a transmis, en cours d'année, près de 1 000
pages de rapports aux dirigeants de plus de 75 entités administratives
distinctes.
Dans le rapport annuel que nous examinons aujourd'hui ensemble, un
chapitre est consacré aux résultats d'un exercice de suivi, des
recommandations formulées par le Vérificateur
général dans le cadre des vérifications d'optimisation des
ressources et d'utilisation des subventions exécutées en 1986 et
1989, toutes rapportées dans les rapports annuels des années
pertinentes. Les résultats de cette opération sont encourageants.
Ils indiquent que 75 % de nos remarques et suggestions ont été
prises en compte.
Le Vérificateur général n'a peut-être pas de
dents, comme le titrait un journal mensuel distribué dans le
Québec métropolitain, il y a quelques semaines, mais ses
recommandations sont généralement reçues avec respect,
sinon avec enthousiasme. Mais les citoyens du Québec sont de plus en
plus sensibles à l'utilisation qui est faite de l'argent de leurs taxes
et impôts. Ils sont aussi de plus en plus informés de leurs droits
et ils entendent bien les faire respecter.
L'un des moyens d'assurer encore davantage la saine gestion des fonds et
des autres biens publics serait d'accroître Fimputabilité externe
des hauts fonctionnaires de l'État, en les invitant à
comparaître publiquement pour fournir des explications sur leurs faits et
gestes à caractère administratif. Cette thèse a
été défendue à maintes reprises par le
Vérificateur général, et je suis convaincu qu'elle
constitue une voie valable pour améliorer encore davantage la
qualité de la gestion au sein de l'appareil administratif du
gouvernement du Québec.
Je me réjouis de constater les efforts que vous avez consentis
pour qu'un véritable débat ait lieu à ce sujet. Mais je
dois constater que la structure d'accueil présentement en place ne
favorise pas l'évolution rapide de ce dossier. C'est ainsi que je
déplore, dans le rapport annuel que nous allons analyser aujourd'hui,
que la commission ne s'était pas encore réunie, au moment de la
publication, pour étudier le contenu des explications que certains
ministères, organismes et entreprises lui ont formulées pour
justifier le fait qu'ils aient été l'objet de commentaires
répétitifs de la part du Vérificateur
général. À ma connaissance, cette étude n'a pas
encore eu lieu au moment où nous nous parlons. Mais j'ai
été fort agréablement surpris d'apprendre, dans les
minutes précédant notre rencontre d'aujourd'hui, que le
gouvernement s'apprêtait à proposer, prochainement, un
réalignement de ses priorités administratives qui me
paraît, du moins à partir des quelques bribes d'informations qui
me sont parvenues, porteur d'espoir, à plusieurs égards,
notamment en matière d'imputabilité des gestionnaires. (16 h
20)
Je suis aussi très attentif au déroulement des travaux que
vous menez présentement, en deuxième lecture du projet de loi
198, lequel traite notamment de l'impu-tabilité des fonctionnaires. Par
ailleurs, le même projet de loi traite également de la
réduction des ressources humaines au sein de l'appareil gouvernemental
et le débat qui a eu lieu sur ce sujet m'a permis d'apprécier
les interventions mettant l'Assemblée en garde contre une
réduction des moyens d'action du Vérificateur
général. Si certains d'entre vous désirez aborder ce
sujet, il me fera plaisir de mettre à votre disposition le texte que
j'ai présenté au Bureau de l'Assemblée nationale pour la
défense des crédits du Vérificateur général
pour l'année financière 1993-1994 et, bien sûr, il me fera
plaisir de répondre à toute question portant sur ce sujet.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos
questions. Vu la quantité de sujets contenus dans mon rapport annuel et
sur lesquels vous êtes susceptibles de m'interroger, c'est par souci de
précision que j'ai demandé à tous les cadres
impliqués dans les travaux de vérification qui ont conduit
à la production de ce rapport de m'accompagner ici, aujourd'hui. Avec
votre permission, je ferai appel à eux, à l'occasion. Je
voudrais, par ailleurs, vous présenter mes deux collaborateurs de
première ligne, assis à mes côtés, les
vérificateurs généraux adjoints, messieurs Gilles
Bédard et Jacques Henri-chon. Merci de votre attention.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général. M. le député de
Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci beaucoup, M. le Président. Je
voudrais souhaiter, d'abord, la bienvenue à M. le Vérificateur
général, qui vient défendre son rapport pour la
première fois de son mandat, ainsi qu'aux deux personnes qui
l'accompagnent à la table, mais aussi souligner la présence de
nombreux collaborateurs, vérificateurs du gouvernement si je
comprends bien qui sont ici pour l'étude de ce rapport. Je
reviendrai sur cette question de l'implication du Vérificateur
général au cours de mon intervention, mais avant de
débuter, M. le Président, vous me permettrez de vous saluer, puis
de me réjouir de votre présence parmi nous, aujourd'hui. Je suis
sûr que, hier encore, nous aurions apprécié grandement
votre présence, si cela avait été possible, pour
débattre de sujets comme celui de la loi 198 qui comportait des
amendements fort intéressants et je sais que vous aviez
déclaré que vous y étiez particulièrement
très, très sensible. Alors, je me réjouis de votre
présence, aujourd'hui, mais j'aurais souhaité que vous soyez
là hier, j'aurais eu, sûrement, un appui de taille en votre
présence.
Je tiens donc à saluer le Vérificateur
général avec qui nous aurons l'occasion, dans ces quatre
prochaines heures, malheureusement, il en reste trois heures et demie, de
discuter du contenu de votre rapport. J'aimerais d'abord rappeler, en premier
lieu, que le Vérificateur général occupe une position
stratégique de toute première importance. Il est, en quelque
sorte, dans notre régime parlementaire d'origine britannique,
l'incarnation de la suprématie de l'appareil législatif sur
l'appareil exécutif. Et ce n'est donc pas le fruit du hasard s'il
relève directement de l'Assemblée nationale et non pas du
gouvernement. Il occupe, par conséquent, un poste de toute
première importance dans la vie démocratique du peuple
québécois. Pour nous, parlementaires, vous l'avez souligné
vous-même, le Vérificateur général est, en quelque
sorte, nos yeux vous avez ajouté nos oreilles. C'est lui qui, par
le moyen d'un rapport annuel, nous informe sur les activités du
gouvernement, lequel, rappelons-le, est imputable devant l'Assemblée
nationale. Je n'emploie pas le mot imputable ici, au hasard puis j'aurai
l'occasion d'y revenir, un peu plus loin mais, on me permettra
d'indiquer que, à mon avis, nous, les législateurs, n'accordons
pas assez au Vérificateur général, pas plus, d'ailleurs
qu'au Protecteur du citoyen, l'attention que nous devrions. Les quelques heures
que nous allons passer en sa compagnie sont presque, je dirais, une insulte
à l'importance qu'il a et sont le signe de notre propre faiblesse face
à l'Exécutif. Je ne fais ici aucun reproche à qui que ce
soit autour de cette table. Je ne fais que constater une réalité
qui est que, depuis l'arrivée au pouvoir du parti politique qui forme
encore si on me le permet la majorité, nous sommes faibles
par rapport à l'Exécutif.
Plus tôt, j'ai indiqué que l'Exécutif était
imputable devant le législatif, ou si on préfère, devant
l'Assemblée nationale. En clair, cela signifie qu'il y a une ligne
d'autorité: en haut, l'Assemblée nationale, en bas,
l'Exécutif. Que l'on perçoive parfois, et je dirais même
très souvent, l'inverse constitue un malaise certain pour la
démocratie. En effet, jusqu'à un certain point, notre faiblesse
est sans doute la cause d'une utilisation peu adéquate des fonds
confiés au gouvernement par les Québécois. Et si nous
assumions mieux notre rôle, tel que nous le permettent à l'heure
actuelle les règles de l'Assemblée nationale, je suis certain que
le gouvernement serait beaucoup plus vigilant. Je n'arrive toujours pas
à comprendre comment nous pouvons accepter de recevoir si peu
d'information du gouvernement et une information de si piètre
qualité, en particulier au chapitre des finances publiques. Vous avez
mentionné que, au gouvernement fédéral, le
Vérificateur général venait une cinquantaine de fois par
année devant la commission du budget et de l'administration. Ici, c'est
quelque quatre heures que vous venez. Et c'est ça la différence!
Je pense que l'imputabilité commence par là!
Cet après-midi, d'ailleurs, à l'Assemblée
nationale, pour parler de la qualité de l'information que nous recevons
comme parlementaires, il y a 18 questions de privilège qui sont
soulevées à l'endroit de 18 ministères et organismes
publics qui ont déposé leur rapport annuel en retard, et
largement en retard dans certains cas. C'est vous dire l'information dont
dispose à l'heure actuelle le législatif pour accomplir son
travail. Des rapports annuels, d'ailleurs, dont l'année
financière s'est terminée en 1992, le 31 mars 1992, c'est loin,
loin!
Cela étant dit, j'aimerais témoigner au
Vérificateur général une appréciation très
grande de ma part pour son dernier rapport annuel. Je suis tout
particulièrement fier du chapitre 2 de son rapport annuel qui porte sur
la gestion des ressources humaines; très heureux aussi de sa
présentation qui améliore l'information et qui nous dirige tout
de suite sur les contenus essen-
tiels dès le départ. Je rappelle par rapport
à la gestion des ressources humaines je rappelle que, même
si l'analyse ne porte pas sur l'ensemble des ressources humaines qui forment le
secteur public et parapublic, qu'il s'agit d'un domaine qui accapare plus de la
moitié du budget du gouvernement du Québec. Et, dès le
départ, vous avez visé gros et important. Il est grand temps,
urgent qu'on se penche sur cette question. J'espère que cela nous
permettra de dépasser le niveau des préjugés, de certaines
idées préconçues, des lieux communs et va être mis
en lumière dans le contexte où l'on parle de gel de salaires, de
gel de dépenses. Mais, en même temps, je pense qu'il faut aussi
beaucoup s'interroger sur la qualité de la gestion des ressources
humaines et c'est ce que votre rapport nous permet de faire à ce
moment-ci.
L'Opposition officielle compte, pendant le temps que nous avons,
insister beaucoup sur le chapitre 2 du dernier rapport annuel du
Vérificateur général et j'oserais espérer que,
compte tenu du fait qu'au fédéral on peut entendre le
Vérificateur général souvent, on puisse l'inviter à
revenir ici sur ces questions. Notre décision de l'Opposition officielle
n'est pas motivée que par le fait que ce chapitre est très
critique à l'égard de la gestion du gouvernement et, en
particulier, de celle du Conseil du trésor. C'est que, à une
époque où l'endettement de nos gouvernements atteint le seuil de
l'intolérable, où l'absence de marge de manoeuvre qui en
résulte réduit de façon considérable le rôle
qu'il aurait à jouer au moment où, sur tous les plans, le
Québec est à la croisée des chemins, où chacun
cherche des recettes miracles, ne pas aborder cette question de la gestion des
ressources humaines relèverait de l'irresponsabilité la plus
grande. (16 h 30)
Je voudrais aussi souligner la présence du chapitre 9 sur le
suivi des mandats d'optimisation des ressources. Il y a longtemps que nous
demandons au Vérificateur général de faire un tel suivi;
nous ne pouvons que nous réjouir de son initiative, encore qu'à
quelque part, je pense que les députés devraient s'assurer
eux-mêmes qu'un suivi des commentaires et recommandations du
Vérificateur général soit donné par le
gouvernement.
Nous aborderons également le chapitre 3, où le
Vérificateur général dresse un portrait de ce qui se passe
au ministère des Affaires internationales. Là encore, de nombreux
éléments de conjoncture nous poussent à discuter de ce
chapitre en particulier. Pour n'en nommer qu'un seul, je rappelle que l'Accord
de libre-échange nord-américain entrera en vigueur le 1er janvier
prochain, normalement. Ce ministère a un rôle important à
jouer dans un tel contexte, et encore, surtout et surtout, dans le contexte
d'une relance économique, particulièrement si nous devons compter
davantage sur nos exportations. Il est donc normal que nous nous
intéressions à l'efficacité de ce ministère, et
j'en profite pour féliciter le Vérificateur général
d'avoir fait le choix d'examiner ce ministère en particulier.
Un autre sujet que je voudrais aborder, c'est celui de
l'imputabilité. Je sais qu'en m'adressant au Vérifica- teur
général sur cette question, je parle à un converti. Je
dirais même que c'est lui et là, je fais
référence non pas à l'homme, mais au poste qu'il occupe
qui a en quelque sorte imposé ce concept, devenu un discours, que
l'on pourrait qualifier de «politically correct». Cela a
donné lieu à un projet de loi présenté par un
député, à de nombreux discours, en particulier chez ceux
qui occupent les banquettes d'en face, et à des déclarations choc
du président du Conseil du trésor. Il n'est personne autour de
cette table qui ne connaisse déjà les réserves, pour ne
pas dire les immenses réserves, que j'ai à l'égard de ce
que l'on appelle l'imputabilité, dans le sens où on la colporte
à l'heure actuelle. À titre d'exemple, je rappellerai, et cela ne
fera peut-être pas plaisir aux députés de la
majorité ministérielle et au député de Verdun en
particulier, que l'administration fédérale pratique depuis
longtemps déjà l'imputabilité.
Mais avec un déficit accumulé de l'ordre de 500 000 000
000 $, avec une qualité de gestion qui est devenue une honte nationale,
même pour les fédéralistes, on me permettra de ne pas voir
dans l'imputabilité un remède universel. À mon avis,
l'imputabilité, c'est d'abord l'exercice, pour le législatif, de
son pouvoir de contrôle sur l'exécutif. Cela passe d'abord et
avant tout par l'exercice et l'usage par les députés de tous les
pouvoirs dont ils disposent déjà en vertu de la loi, des
règles de procédure de l'Assemblée nationale; et, à
titre d'exemple, je rappellerai que, depuis le début de l'année
financière, la commission du budget et de l'administration n'a
consacré aucune séance à l'étude de la politique
budgétaire, et ça, malgré l'obligation que lui fait
l'article 292 de nos règles de procédure, et j'entends en
particulier l'étude de la synthèse des opérations
financières du gouvernement. Et, dans ces circonstances, qu'un projet de
loi présenté par un député veuille nous donner de
nouveaux pouvoirs, et qu'on nous fasse de beaux discours sur le rôle des
députés et sur l'importance de l'imputabilité, ne
m'impressionne pas outre mesure.
En terminant, je voudrais souligner que le Vérificateur
général occupe aussi une fonction, à certains
égards, ingrate. On le voit souvent comme l'empêcheur de tourner
en rond, celui qui ne voit ou qui ne broie que du noir. Parfois, j'ai
l'impression, aussi, que cela lui pèse, mais j'ai l'impression qu'il se
sent obligé d'avoir un bon mot, parfois, pour celui-ci ou
celui-là, histoire de montrer qu'il n'est pas que critique, ou trop
critique. Je crois que cela est une erreur, que c'est à partir de la
critique que l'on peut mieux identifier les lacunes, y apporter des solutions,
et ainsi, mieux gérer les sommes qui nous sont confiées par le
public.
Si j'avais un souhait à formuler, c'est que j'aimerais voir le
Vérificateur général encore plus vigilant, encore plus
cinglant, encore plus critique, presque méchant. J'aimerais ici
souligner que, dans toute démocratie qui se respecte, on reconnaît
le rôle fondamental de l'Opposition. Ce n'est pas pour rien que, dans
l'ordre hiérarchique et protocolaire, le chef de l'Opposition officielle
vient devant les ministres et juste derrière le premier ministre. Il y a
donc un certain parallèle à dresser entre le rôle du
Vérificateur général et celui de
l'Opposition officielle; et si la tâche de l'un et de l'autre peut
paraître ingrate, elle est de la plus haute importance, car elle est le
rempart de la démocratie.
M. Jean-Guy Lemieux, président
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. Est-ce qu'il y a une intervention de la part
du député ministériel? Alors, il n'y a pas d'intervention
de la part du député ministériel. Je vais me permettre
peut-être de passer simplement quelques commentaires, essayant
d'être le moins partisan possible.
Dans un premier temps, M. le Vérificateur, il me fait plaisir de
vous saluer et de vous recevoir à cette commission parlementaire, vous,
vos adjoints et votre personnel. Vous savez, ce qui me semble important
aujourd'hui dans cet exercice, c'est de respecter le mandat aussi qui est
donné à des parlementaires en vertu de l'article 4 de la Loi sur
l'Assemblée nationale d'exercer un contrôle sur les
dépenses publiques.
Vous savez, c'est peut-être très facile de dire: Vous
n'avez pas fait ci, vous n'avez pas fait cela, vous auriez dû faire ceci.
Mais il y a tellement de différences entre la politique et la science
politique, il y a tellement de nuances à apporter entre les deux. Et,
sans méchanceté, je pourrais dire ceci à M. le
député de Labelle et je ne le vise pas
particulièrement que sous son gouvernement, jamais le
Vérificateur général n'a été entendu. Mais
il y a peut-être eu, je dirais, des occasions qui ont fait en sorte que,
peut-être, on a décidé de ne pas l'entendre. Mais cette
commission-ci s'est toujours fait un devoir et une responsabilité
d'entendre le Vérificateur général parce qu'elle
considère que, son rôle, il est primordial, il est essentiel et
nécessaire et il est un complément au rôle que cette
commission-là a à jouer.
C'est évident que cette commission du budget et de
l'administration n'est pas tout à fait une commission des comptes
publics, mais elle ne demande pas mieux que d'avoir, à plusieurs
occasions, à entendre le Vérificateur général, pas
simplement sur son rapport annuel mais elle pourrait le faire aussi sur des
rapports sectoriels, souvent, qui ne sont pas rendus publics, ce qui pourrait
être excessivement intéressant pour la commission du budget et de
l'administration. Je pense, entre autres, au rapport sectoriel que vous avez
fait sur la commission des chevaux de courses. Peut-être que la
commission aurait été intéressée aussi à
prendre connaissance de ce rapport.
En ce qui a trait au grand principe de l'imputabilité externe que
nous défendons tous, je pense que ça... le seul objectif de
l'imputabilité externe, c'est effectivement et là-dessus,
je rejoins M. le député de Labelle c'est que nous, comme
parlementaires, on puisse exercer notre rôle de contrôleurs des
dépenses publiques. Et, à cet effet, le député de
Verdun a quand même parrainé un projet de loi important, le projet
de loi 198, qui est débattu ici, en cette commission parlementaire, et
qui fait même je vais le dire de la part de l'Opposition,
je dirais... L'Opposition fait en sorte qu'elle suggère des amendements
qui sont, non pas simplement intéressants, mais qui sont pratiques et
qui bonifient ce projet de loi 198. Vous savez, Rome ne s'est pas bâtie
en un jour. Nous sommes en train de faire les choses, nous sommes en train de
vouloir les changer, les choses, nous sommes en train de vouloir faire
évoluer l'administration publique, d'une certaine façon, la
réenligner, la moderniser, la réorienter. Mais ce n'est pas
facile parce que vous, qui êtes des fonctionnaires, savez fort bien que,
dans une administration comme la nôtre, existe le syndrome du «pas
dans ma cour». Et, nous aussi, nous avons à vivre avec l'appareil
étatique et il n'est pas facile aussi de faire comprendre que lui aussi,
il doit, je dirais, se réenligner et revoir certaines de ses composantes
et certaines de ses façons de voir les choses.
L'État, avec un budget de plus de 40 000 000 000$, 400 000
employés, c'est la plus grande organisation au Québec par sa
taille, et il est évident que ce n'est pas une petite entreprise
où le contrôle peut s'effectuer du jour au lendemain, où
les mentalités peuvent évoluer comme s'il s'agissait d'une PME
où on ne retrouve qu'une dizaine d'employés. Mais on est
conscients que la conjoncture actuelle... Et on est conscients de ce qui se
passe au niveau des finances publiques, actuellement, au Québec. Je
pourrais simplement vous donner, à titre d'exemple, que le paiement des
frais d'intérêts et le paiement de sécurité du
revenu représentent, à eux seuls, près de 25 % des
crédits, soit 9 700 000 000 $ par année. Les frais
d'opération des réseaux d'éducation et de la santé
représentent à eux seuls plus de 50 % du budget des
crédits, soit 21 900 000 000 $. La majorité des crédits
sert à payer des salaires. Ainsi, pour l'ensemble du secteur public, sur
41 300 000 000 $, 18 900 000 000 $ sont consacrés au paiement de la
masse salariale. Si on exclut les frais d'intérêt, 61 % des
dépenses du gouvernement sont des dépenses salariales. Ajoutez
à ça le service de la dette. Où voulez-vous que nous nous
trouvions une marge de manoeuvre, si ce n'est pas que de faire en sorte que,
collectivement, nous devenions plus responsables et plus solidaires? Et
ça, ce n'est pas seulement le rôle des parlementaires, je
m'excuse; ce n'est pas seulement le rôle des membres de cette commission;
ce n'est pas simplement le rôle de cette Assemblée nationale, mais
c'est aussi le rôle de chacun et chacune de ceux qui composent
l'administration publique, et je ne suis pas certain, je ne suis pas certain
qu'actuellement ceux qui composent l'ensemble de l'administration publique
je dirais souhaitent d'une manière aussi radicale que les
changements puissent s'effectuer. (16 h 40)
Les mentalités changent, les comportements changent; parfois, ils
ne changent pas aussi vite qu'on le voudrait. Mais moi, je me dis une chose,
c'est que ce qui me semble une des choses les plus importantes, c'est qu'il y a
peut-être quelque chose de pire que de ne pas avoir réussi, c'est
de ne pas avoir essayé. Cette commission, l'ensemble, je dirais,
à la fois l'Opposition et à la fois le parti ministériel,
les membres ont très bien fait leurs devoirs. Ils sentent aussi, et ils
veulent, que les choses puissent prendre une autre direction et une autre
tangente. Mais on veut le faire d'une manière je dirais
non pas politique, mais on voudrait bien le faire d'une manière
apolitique. Il ne s'agit pas de savoir qui a cassé la vitre, hein: Ce
n'est pas moi, c'est ma soeur. Ce n'est pas ça. Je pense que nos
responsabilités collectives, c'est de donner une vision à
l'État, et c'est ce que nous essayons de faire à cette
commission-ci. La première responsabilité que nous avons, certes,
c'est un contrôle des dépenses publiques, c'est un rôle de
législateurs, de représentants; mais c'est avant tout
puisque nous sommes la commission du budget et de l'administration de
faire en sorte que l'administration publique devienne davantage efficace et
efficiente, parce que sa marge de manoeuvre diminue constamment, et la marge de
manoeuvre de ceux qui nous paient, des payeurs de taxes, de nos petites gens,
qui vous envient, vous envient, chacun et chacune d'entre vous qui êtes
en face de moi, comme fonctionnaires, de pouvoir travailler, de pouvoir avoir
un emploi qui est stable, parce que eux, leur marge de manoeuvre est d'autant
plus réduite que la vôtre, actuellement, parce qu'ils ont à
subir, pas simplement les effets de l'inflation, mais aussi les effets de la
récession.
Vous savez, M. le Vérificateur général, pour moi,
comme président et, j'en suis certain, pour chacun des membres de cette
commission, ce n'est pas un fardeau d'avoir à étudier votre
rapport. Vous devez aussi comprendre que l'ensemble des responsabilités
qu'ont les parlementaires font en sorte, parfois, qu'ils ne peuvent pas vous
entendre aussi souvent qu'ils pourraient le désirer. Je souhaite que
ça puisse changer; je souhaite qu'il puisse aussi y avoir des
amendements à notre règlement, qui feraient en sorte que les
députés, aussi, aient plus de soutien technique, matériel,
et au niveau aussi des ressources, pour mieux jouer le rôle qu'ils
jouent. À titre d'exemple, regardez le nombre de fonctionnaires que vous
avez derrière vous, et regardez le nombre de fonctionnaires que j'ai
derrière moi, pour avoir à étudier votre rapport, et vous
me comprendrez. Alors, comme parlementaires, il n'est pas facile, pour nous
aussi, d'avoir à jouer ce rôle. Ce n'est pas un reproche que je
vous fais. Nous en sommes conscients, et c'est à nous-mêmes, comme
parlementaires, d'avoir à changer les choses; et, en ce sens-là,
j'en suis certain, chacun des membres de cette commission a cette
volonté de faire en sorte que nous puissions prendre, tous ensemble, un
nouveau départ.
Et je vais terminer tout simplement là-dessus mes remarques
préliminaires. J'ai confiance en notre administration publique et je
fais confiance au rôle que vous jouez. Il est primordial, il est
essentiel. Mais je pense qu'on ne doit pas s'arrêter aux fonctions de
chacun et chacune d'entre nous; je pense qu'on doit faire l'effort
supplémentaire, actuellement, parce que le problème que nous
avons, ce n'est pas un problème de parti politique, c'est un
problème de société.
M. le député de Labelle, la parole est à vous.
M. Léonard: M. le Président, alors, nous allons
commencer nos échanges, mais je fais quelques remar- ques. En vous
entendant, ça m'est venu à l'esprit, d'abord, que j'assume mon
rôle de représentant de l'Opposition officielle, membre d'un parti
politique qui est l'Opposition officielle. Cela fait partie de la
démocratie. Je le dis devant tous: Les dictatures fonctionnent avec un
seul parti politique ou sans parti politique; mais la démocratie,
particulièrement britannique, fonctionne, au moins, avec deux partis
politiques, et cela nous préserve de bien des choses. Alors, sur ce
plan-là, je n'ai pas de complexe à dire que je suis membre d'un
parti politique et fier de l'être.
Discussion générale
Alors, M. le Président, je voudrais aborder l'étude de ce
rapport par la question des ressources humaines. Vous en avez fait le principal
chapitre, vous avez visé la moitié du budget du gouvernement, et
vous mentionnez à un endroit, il me semble, qu'il s'agit de la
première partie de vos travaux. Donc, nous nous attendons à ce
que vous y reveniez un peu plus tard, l'an prochain, je suppose bien. Et je
voudrais reprendre vos travaux chapitre par chapitre. Pour nous, il ne s'agit
pas de refaire votre travail. Je prends pour acquis qu'il est bien fait. Donc,
vous voulons des éclaircissements, des explications.
Planification des ressources humaines
Dans le premier chapitre, dans la partie Planification des ressources
humaines, vous dites que cette planification vise à établir le
meilleur équilibre possible entre les besoins de personnel d'une
organisation et les ressources dont elle dispose. Cette planification doit
alors indiquer les moyens de réduire l'écart entre les besoins et
les ressources. Les besoins étant comme tout le monde l'a
étudié infinis. Et, à cette fin, on doit
établir des programmes de dotation ou de développement des
ressources en place. Vous indiquez, vous, au paragraphe 2.24, que ces
commentaires ne reposent pas sur une analyse détaillée des
organisations, mais sur des commentaires faits par d'autres intervenants
centraux, de même que sur une analyse que vous avez effectuée sur
la dotation du personnel occasionnel et sur le développement des
ressources humaines.
Le paragraphe 2.24 soulève certaines questions quant à la
valeur des commentaires et vos recommandations. Est-ce que vos conclusions
reposent sur du ouï-dire? Peut-on être certains qu'elles ne sont pas
fondées sur des préjugés? Afin d'établir la
crédibilité de vos recommandations, est-ce que vous ne devriez
pas nous indiquer quels sont ces organismes centraux que vous avez
consultés et que vous ne mentionnez pas?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur.
M. Breton: Effectivement, ce paragraphe 2.24 attire l'attention
sur le fait qu'on a évité de reprendre les travaux de la
commission parlementaire, votre commission parlementaire, lors du rapport
Lemieux-Lazure.
Nous sommes partis des documents qui ont été
déposés lors des sessions de cette commission et nous avons
littéralement conclu ou mis en évidence les conclusions de votre
commission. Mais, là s'arrête, si vous voulez, la valeur de cette
affirmation dans ces trois premiers paragraphes par rapport au reste. Le reste,
nous sommes allés le documenter. Et il ne faut pas faire un
parallèle entre le fait qu'on a simplement rappelé qu'il y avait
déjà eu un premier travail et ce que nous faisons par
après.
M. Léonard: Bon. Alors, nous arrivons à la
situation au gouvernement, ultérieurement. Je dois dire qu'il y a des
choses assez sensationnelles que vous avez révélées
là-dedans. Vous rappelez que la gestion des ressources humaines est
influencée par le système de classification des emplois et des
conventions collectives. Vous déplorez que les organismes centraux,
comme le Conseil du trésor, sans doute, je suppose, ne proposent pas de
modèles, ni d'outils pour faciliter l'intégration
coordonnée de ces éléments. Et c'est d'ailleurs
donné dans les faits saillants, au tout début de vos travaux:
«II n'y a pas de planification structurée de la main-d'oeuvre dans
les ministères et organismes.» Vous rappelez une des constatations
que notre commission avait établies, par exemple, qu'il y avait un seul
des 59 ministères et organismes qui avait été en mesure,
en 1990, de déposer une planification jugée valable par la
commission. Et vous indiquez, de plus, dans un tel contexte, l'absence de cadre
de référence, l'objectif de réduction des effectifs que
s'est fixé le gouvernement pouvant difficilement être atteint dans
ces circonstances. Et je lis le paragraphe 2.28, qui est, à mon sens,
déterminant, fulgurant: «L'absence d'un cadre de
référence central qui inciterait les ministères et
organismes à prendre en charge la planification de leurs ressources
humaines est un obstacle à l'atteinte, de façon durable, des
objectifs fixés. La conversion récente de 4300 «postes
occasionnels» en postes de nature permanente illustre bien l'échec
des mesures prévues pour réduire le nombre d'employés dans
la fonction publique; la taille de celle-ci n'a cessé de croître
au fil des ans.» On peut être amenés à établir
un parallèle entre la loi 198, qui fixe des objectifs sans même
être en mesure de déterminer quels sont les besoins et les
ressources disponibles à tous les organismes gouvernementaux tels que
définis dans la loi. (16 h 50)
Est-ce que vous ne trouvez pas que le projet de loi 198 vient introduire
ou ajouter une nouvelle contrainte à l'élaboration d'une
politique de gestion alors qu'en fait, ce que nous avons actuellement est
très, très nettement déficient?
M. Breton: Dans ma réponse, je ne voudrais pas manquer de
respect envers l'Assemblée nationale et donner l'impression que je veux
lui dicter la façon dont elle devrait voter ou faire ses lois. Donc, sur
une base purement théorique, si vous me permettez, je dirais que oui,
lorsqu'on ajoute une nouvelle contrainte à un ensemble qui existe
déjà, c'est une contrainte de plus, en soi. Est-ce que celle qui
est suggérée par la loi 198 est pire que les autres contraintes?
Je ne me prononcerai pas à ce sujet. Mais ça va de soi que c'est
une contrainte de plus dans l'administration.
M. Léonard: Mais, par rapport au cadre de
référence central vous dites: II n'y en a pas. Est-ce que vous
trouvez que ce serait compliqué à installer? Et est-ce que vous
trouvez que ça devrait être fait de toute urgence au
gouvernement?
M. Breton: je pense que, si on veut atteindre les objectifs, il
faut toujours se donner une façon d'y arriver et pas seulement
espérer y arriver. et, dans ce sens-là, oui, il y a un cadre de
référence, une méthodologie... des règles devraient
éventuellement être proposées aux gens et c'est à
souhaiter qu'il y en ait. vu qu'on a déjà annoncé
publiquement des intentions de couper, par exemple, la fonction publique de 12
%, il est essentiel de savoir éventuellement comment couper, en
pratique. j'ai cru comprendre que c'est une décision qui sera formelle
prochainement et que des directives l'accompagneront également. c'est
tout ce que j'ai su, également, tout juste avant d'entrer dans cette
salle, cet après-midi.
M. Léonard: Mais là, c'est presque du
ouï-dire, ça?
M. Breton: Exactement. M. Jean-Noël Thériault, qui
est le responsable de l'équipe qui a fait cette vérification et
qui est justement dans une troisième année d'étude du
sujet, est sans doute beaucoup plus au courant que moi sur ce qui se dit et ce
qui est déjà sur la table. Donc, je vais l'inviter à vous
expliquer, ou donner une réponse à vos questions.
M. Thériault (Jean-Noël): Bonjour. Juste pour vous
dire, peut-être réactualiser...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
pour les fins de l'enregistrement du Journal des débats?
M. Thériault: Jean-Noël Thériault, directeur
de la vérification.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Thériault: Pour actualiser, peut-être, les
informations, depuis le temps où la commission du budget a fait ses
recherches en 1990, à l'été ou à l'automne 1990, si
je ne m'abuse. Suite à ça, l'Office des ressources humaines a
fait une démarche auprès de plusieurs organismes du gouvernement,
c'est-à-dire 76 organisations du gouvernement. Il a repris un peu le
travail. Il a refait, si vous voulez, l'exercice, à savoir où
c'en était rendu, si c'avait évolué et de quelle
façon. D'ailleurs, c'est un peu pour ça que nous autres, on n'est
pas retournés en arrière pour refaire et refaire une
troisième fois cet exercice-là. Et ce à quoi en est
arrivé l'Office des ressources humaines, eh bien, il y avait eu
évolution depuis 1990 jusqu'en septembre 1992. Je pense que les
ministères avaient commencé à enclencher un processus de
planification. Sur les 76 organisations, il y en a 35 qui avaient quelque chose
d'intéressant qui était engagé au niveau de la
planification des ressources humaines. Ce n'était pas complet. Je sais
que, dans le temps de la commission, il y en avait un où c'avait de
l'allure. Il y avait quand même plusieurs éléments. Il y en
avait quelques autres. Il y en avait huit autres où il y avait des
éléments. Et on voit que, deux ans plus tard, il y a eu nette
évolution au niveau de la planification des ressources humaines. On en
était conscients et on s'enclenchait là-dedans.
Également, pour réactualiser tout ça, je sais que
là, on parle de rationalisation des effectifs, on parle de coupures, si
vous voulez, de 20 % du personnel cadre, de 12 %, sur un certain nombre
d'années, des autres personnels. Je sais et là j'ai ouï-dire
mais du ouï-dire de source généralement très
bien informée le Conseil du trésor a quelque chose au four
concernant cette rationalisation-là. Ça devrait, selon mes
informations, être livré au mois d'avril ou au début du
mois de mai. Quand on fait des coupures, on met des gens de côté.
Donc, il faut penser comment recycler ces gens-là. Ça fait que je
pense que le Conseil du trésor va être prêt à livrer
la marchandise je ne sais pas de quelle qualité, ça reste
à voir mais ça s'en vient au mois d'avril.
Ce sont toutes des démarches de ces deux organismes
centraux-là, au niveau de la planification stratégique, suite
à l'intervention de la commission 90 et la nôtre; je pense que
ça bouge assez rapidement et du bon côté.
M. Léonard: Moi, j'ai le goût de vous poser une
question pratique, je vais l'appeler «pratique», parce que, quand
on est dans une grande entreprise, on examine les rapports mensuels. On a,
évidemment, des rapports financiers le 10 de chaque mois, c'est à
peu près prêt; le 15 du mois, c'est prêt. Mais, on a aussi
un rapport sur les ressources humaines qui accompagne les états
financiers. On a un état des postes définis, acceptés et
ceux qui sont comblés et ceux qui sont vacants.
Généralement, sauf si ça arrive en même temps que
les états financiers, le 10 du mois, c'est disponible pour les conseils
d'administration au milieu du mois. Est-ce que vous pensez que, si on posait
cette condition à chacun des ministères, il serait en mesure de
nous donner, là, on ne parlera pas des états financiers, mais de
nous donner un état des ressources humaines, de nous donner le taux
d'encadrement et le reste du personnel, de nous donner les postes
comblés, les postes vacants, est-ce que on pourrait compter
là-dessus actuellement?
Une voix: Oui.
M. Breton: À ma connaissance, le système SYGBEC qui
comptabilise les postes qui sont comblés et qui sont à combler
aurait la capacité physique de publier de telles analyses
régulièrement.
M. Léonard: Est-ce qu'ils le font?
M. Breton: Je pense que le document n'a pas été
nécessairement demandé de la façon que vous le
prévoyez, à savoir, mensuellement, mais la capacité
électronique est là pour le faire.
M. Thériault: Si je peux me permettre, ce que vous
demandez-là, ce sont des informations de base.
M. Léonard: Oui.
M. Thériault: Si ce n'est pas le système central
qui le donne, chaque organisation ou la grande majorité des
organisations ont des systèmes maison, si vous voulez, qui donnent toute
cette information-là. Souvent, c'est transmis à l'interne, si
vous voulez, soit aux organismes centraux qui le demandent mais ce n'est pas
publicise nécessairement, mais l'information est disponible.
M. Léonard: Ce n'est pas publicise. Mais, quand vous dites
qu'il n'y a pas de planification, bon, la première chose pour faire de
la planification, il faut d'abord avoir des données de base. Si on ne
les a pas, si on ne les requiert pas, ça veut dire, c'est un indice
évident que la volonté de planifier laisse à
désirer, c'est le moins qu'on peut dire, juste en étant poli. Au
fond, la planification, elle n'est pas faite, parce que, dès le
départ, on ne requiert pas les renseignements de base qu'il faudrait.
C'est pour ça que je vous pose la question. Est-ce que ces
renseignements-là existent de façon systématique dans
chacun des organismes publics?
M. Thériault: Ces renseignements-là, d'ordre
quantitatif, oui, ça existe.
M. Léonard: Ça existe?
ML Thériault: Quantitatifs.
M. Léonard: Quantitatifs uniquement?
M. Thériault: Oui, parce qu'on n'apprécie pas
nécessairement...
M. Léonard: Unité par unité, et c'est
utilisé par les gestionnaires?
M. Thériault: Utilisé, vous savez que lorsque l'on,
enfin, si on trace un portrait des unités administratives au
gouvernement, dans un ministère, il y a x personnes, souvent on
reconduit. C'est une reconduction, enfin. On ne se repose pas la question sur,
je ne sais pas, la satisfaction du public, les moyens qu'on prend pour y
arriver, si ce sont les moyens les plus efficients, etc. Ça fait que
c'est tout un contexte. On y va, on a 10 personnes qui font tel travail, et on
reconduit de façon
générale d'année en année.
M. Léonard: Est-ce que ces rapports sont faits sous forme
standard?
M. Thériault: Statistiquement parlant, vous avez un
certain standard qui existe. Les bilans de gestion, ce qu'on appelle les bilans
de gestion produits au Conseil du trésor...
M. Léonard: Oui.
M. Thériault: ...c'est standardisé, oui.
M. Léonard: Bon. O.K. Donc, il y a au moins certains
renseignements qui existent. Là, ce que vous signalez, c'est que la
planification, elle, n'est pas faite et puis que les éléments de
base servant à la planification sont mal établis ou pas du tout
établis?
M. Thériault: Exact. C'est ça.
M. Léonard: Mais, ils auraient la capacité de
produire assez facilement de tels rapports de base et de les utiliser par la
suite, même sous forme standard, d'organisme à organisme.
M. Breton: Le concept de planification c'est l'adéquation
entre le besoin et la ressource.
Une voix: Oui.
M. Breton: Pour connaître la ressource disponible, les
mécanismes existent et peuvent être utilisés. Ces rapports
qui sont, soit remis... C'est du côté de l'identification du
besoin que le travail ne se fait pas d'une façon systématique et
suffisante.
M. Léonard: Alors là, vous êtes en train de
me dire qu'il y a des ressources, mais on ne sait pas nécessairement, ou
de façon précise, à quoi ça sert.
M. Breton: Mais, comme nous disions tantôt, on reconduit
plus facilement le même nombre de personnes pour faire approximativement
le même volume que l'année antérieure...
M. Léonard: Sans se poser de questions, si c'est
nécessaire, utile, absolument indispensable?
M. Breton: C'est le genre de questions qu'on aimerait voir d'une
façon plus systématique.
(Consultation)
M. Léonard: O.K. Bien, je vais continuer. On utilise 20
minutes.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
(17 heures)
M. Léonard: De part et d'autre, juste en termes de
fonctionnement?
Le Président (M. Lemieux): Habituellement c'est 20 minutes
en une seule...
M. Léonard: Une seule.
Le Président (M. Lemieux): Mais, M. le
député de Labelle, on peut fonctionner d'une manière qui
puisse faire en sorte que le débat soit le plus positif possible.
M. Léonard: Et on comptabilisera les 20 minutes dans
l'ensemble? L'égalité du temps? O.K.
Le Président (M. Lemieux): Ce que vous voulez...
J'aimerais peut-être continuer dans le sens de votre intervention sur la
gestion...
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...des ressources humaines, et
peut-être, passer la parole, après, au député de
Lotbinière, si ça ne vous fait rien...
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Simplement pour...
Effectivement, on avait abordé ce sujet-là dans notre rapport de
décembre 1990 aux pages 88, 89 et les suivantes mais, est-ce que c'est
faux de dire que la gestion, comme telle, des ressources humaines, on en a peu
fait, au gouvernement, de la planification des gestions des ressources
humaines, M. le Vérificateur? Est-ce que ça serait exact de dire
qu'il s'en est très peu fait sinon presque jamais fait?
M. Breton: Lorsqu'on accepte le principe que faire de la
planification c'est chercher l'adéquation entre le besoin et la
ressource, la connaissance du besoin n'a jamais été
étudiée d'une façon systématique à chaque
année. Donc, par la force des choses, la planification est relativement
faible, oui.
Le Président (M. Lemieux): Inexistante. Puis, on s'en rend
compte, vous savez, dans différents documents ou autres. Regardez dans
un rapport annuel, on ne vous fait jamais état, au niveau des
ministères, de la gestion, comme telle, des ressources humaines du
ministère, c'est très, très rare. Je regarde aussi au
niveau des engagements financiers: C'est très marginalement, vraiment
marginalement abordé, sauf exception. En un mot, ce qu'on constate
et c'est la question que je voudrais vous poser: Est-ce que nos
administrateurs, justement, ont été formés pour en faire,
de la gestion des ressources humaines ou s'ils font strictement de la gestion
financière? Ils semblent très peu préoccupés par la
gestion, par la ressource humaine comme telle. J'aimerais peut-être vous
entendre là-dessus.
M. Breton: Bien, votre question est très vaste et comme je
le disais dans mon mot d'introduction, s'il est possible d'identifier ici et
là quelques gestionnaires qui ne rencontrent pas la norme, je ne
pourrais pas étendre ce...
Le Président (M. Lemieux): Vous ne pourriez pas poser un
jugement global?
M. Breton: ...commentaire à tous les jours. Absolument
pas.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va. M. le
député de Lotbinière.
Pratiques d'embauché de personnel
occasionnel
M. Camden: Oui. Merci, M. le Président. J'aimerais
particulièrement, peut-être, souligner le chapitre à
l'égard du... enfin, sous ce chapitre, particulièrement à
2.55: «Équité et transparence des pratiques de
dotation». Je voudrais savoir de la part du Vérificateur
général si évidemment, on a comparé versus
les pratiques qui existaient auparavant à l'égard de la dotation
des ministères, à l'égard du personnel occasionnel ou
contractuel à l'intérieur des banques de données. On
sait... Pour peut-être vous situer dans le contexte, je me rappelle fort
bien qu'à mon arrivée ici, en décembre 1985 et dans les
mois qui ont suivi... Je vous prie d'excuser ma voix là, mais je suis
pris avec une grippe un peu particulière...
Le Président (M. Lemieux): J'ai la même chose que
vous, M. le député de Lotbinière!
M. Camden: ...et ça avait entraîné, ça
avait fait en sorte que, évidemment, on avait un certain questionnement
sur le mode de fonctionnement, particulièrement des centres
Travail-Québec, qui avaient la responsabilité de compiler les
offres de services en provenance des gens qui souhaitaient, évidemment,
obtenir un travail au sein d'un ministère ou d'un organisme public
excusez et ça faisait en sorte, ça,
évidemment, qu'on puisait dans cette banque et ça laissait,
ça semblait... Non seulement... ça ne semblait pas partout mais,
il y avait des endroits où c'était effectivement le cas
ça laissait libre cours à, appelons le par le mot, là, du
patronage. Ça permettait aussi à des gens d'avoir des pratiques
plutôt douteuses et, évidemment, on s'était insurgés
à cet effet-là, particulièrement au caucus, contre le fait
que des gens qu'on observait, évidemment, un peu partout dans le
système, faisaient appel à des gens dans la banque de
données. Et bien souvent, évidemment, il y avait des gens qui
prenaient connaissance du fait, par la bande, qu'il y avait des postes qui
devenaient disponibles dans certains ministères, parce qu'ils avaient
des connaissances ou des liens, et s'empressaient, évidemment, d'aller
s'inscrire au centre Travail-Québec et évidemment, probablement
en informaient-ils d'autres gens aussi. Et tout à fait par un heureux
hasard, c'étaient ces gens-là qui se retrouvaient à
occuper la fonction et la responsabilité. Et d'ailleurs,
là-dessus, il y a des cas assez probants, particulièrement dans
certains centres Travail-Québec et j'en avais un dans mon
comté, soit le centre Travail-Québec de Sainte-Croix. On pourrait
relater, évidemment, de hauts faits là, de certains personnages
et des relations avec le système.
Maintenant, nous, évidemment, on avait remis ça
très sérieusement en question et ça apparaissait que les
gens n'avaient pas autant... Il n'y avait pas de chances qui nous
apparaissaient égales à tout le monde puisque ça laissait
libre cours à un jeu. Et comment on puisait dans la banque les noms des
gens pour des postes en particulier. Et ça faisait en sorte, comme je
l'indiquais il y a un instant, que les gens s'inscrivaient à la
dernière minute et obtenaient la fonction. Or, le mode a
été modifié et a fait en sorte que, maintenant, c'est
chacun des ministères, chacune des directions du personnel du
ministère ou de l'organisme qui a la responsabilité de conserver,
d'une part, le fichier, et les gens s'inscrivent en fonction de choix de postes
qu'ils souhaitent occuper et on dit, en moyenne, au moins cinq postes et c'est
la date d'ancienneté qui prévaut dans la sélection. Enfin,
c'est ce qui est dans les règles du C.T. 161000 du Conseil du
trésor. Or, ce système avait au moins le mérite... En tout
cas, le système qu'on a actuellement, c'est en vertu du C.T. 161000,
c'est que la date d'ancienneté de l'offre de services prévaut et
les gens doivent renouveler occasionnellement leur offre suite,
évidemment, à une invitation du ministère. Et ce qui avait
évidemment comme fonction, si on compare à auparavant...
ça laissait libre cours à deux ou trois personnes de recommander,
de suggérer, de déposer une liste à un ministère,
de noms de gens qui pourraient effectivement occuper les fonctions. C'est eux
qui faisaient, semblerait-il, entre guillemets, la sélection ou la
présélection de ces gens-là. Et c'a eu, à certaines
occasions, un goût plutôt douteux et avec aussi des
résultats plutôt douteux.
On trouvait au moins... Le mérite de celle-ci, c'est que c'est la
date d'ancienneté et, à ce moment-là, s'il y avait un
poste à combler, on envoyait trois noms en vertu de la liste
d'ancienneté et en fonction du choix que les individus avaient fait pour
combler un type de poste. Prenons, par exemple, au ministère des
Transports, quelqu'un qui s'était inscrit comme ouvrier de voirie. Eh
bien, évidemment, si on avait besoin d'un racleur de béton
bitumineux, on ne faisait sûrement pas appel à lui, on se
référait à la liste. Eh bien, là, il y avait des
catégories qui permettaient une ventilation.
Et vous indiquez ici, à 2.58, que vous avez détecté
à l'intérieur de tout ça une inquiétante pratique
quant à la détermination des motifs d'embauché. Est-ce
qu'on pourrait connaître d'une façon plus précise ces
inquiétantes pratiques auxquelles vous référez et, en
comparaison, peut-être, au système précédent qui a
existé et qui a laissé cours aussi dans des régions
à des pratiques qu'on peut très sérieusement remettre en
question?
M. Breton: D'abord, à la première partie de votre
question, nous ne sommes pas retournés cinq ans en arrière pour
faire une comparaison entre la pratique antérieure et la pratique
courante. Nous avons tenté de juger de la qualité de la pratique
courante en fonction de critères d'efficacité, d'efficience,
d'économie. En ce qui concerne les motifs d'embauché qui viennent
affecter le processus, je demanderais à M. Thériault de vous
narrer, peut-être, quelques exemples de ce qu'on appelle ces pratiques
douteuses.
M. Thériault: En ce qui concerne les fameuses pratiques
douteuses, vous savez, au gouvernement du Québec, lorsqu'on embauche un
occasionnel, c'est quand même relativement bien réglementé
et c'est en fonction de la durée. Par exemple, lorsqu'on a un
surcroît temporaire de travail, ce sont des périodes de six mois.
Il y a des motifs d'embauché qui ont trait à ça: femmes
enceintes ou, tout simplement, surcroît de travail. Il y a
également ce qu'on appelle des projets spécifiques et là,
ça peut aller jusqu'à deux ans. Vous voyez tout de suite que, si
on veut engager quelqu'un dans une circonstance d'un surcroît de travail
et on veut le conserver longtemps, la nuance entre un surcroît de travail
et un projet spécifique est souvent faible et on peut facilement
étirer l'élastique, ce avec quoi on joue. Il est très
difficile de juger de la pertinence des motifs d'embauché
évoqués par les gestionnaires, parce qu'il faut vraiment
connaître la boîte sous toutes les coutures pour détecter
facilement ou avoir une grande expérience dans la fonction publique pour
détecter où on a pu jouer. Et effectivement on a vu que, avec la
durée d'emploi, avec des comparaisons de situations, qu'on joue avec les
motifs d'embauché.
La même chose au titre des exigences additionnelles.
Évidemment, si vous voulez avoir quelqu'un de précis, le racleur
de la voirie, vous pouvez demander un racleur de la voirie avec 6 pieds et 2 et
puis vous allez tout de suite cerner votre population et vous allez... si vous
demandez en plus aux yeux bleus, il y a des chances que vous ayez quelqu'un de
très précis. C'est un peu dans ce sens-là, quand on parle
des exigences additionnelles. Quand vous voulez engager quelqu'un pour une
bonne durée et quelqu'un d'assez précis, c'est relativement
facile de jouer avec ces éléments-là et c'est ce qu'on a
observé d'ailleurs dans la plupart des ministères. (17 h 10)
II n'y a qu'un seul endroit dans les ministères que nous avons
visités où ils jouaient la partie de façon
réglementaire, de façon correcte. Évidemment, la
volonté venait du sous-ministre qui, lui, en faisait une
priorité, le respect de cette réglementation-là, et dans
ce ministère-là, il avait imposé le tempo du respect de la
réglementation concernant les occasionnels. Dans les autres cas, sous le
couvert de l'efficacité ou de l'efficience, ou de toutes sortes de
choses, bien on manipulait un peu tout ça, et également les
inscriptions au fichier. Il n'y a rien qui ne s'est pas fait
là-dedans.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous êtes en
train de nous dire qu'on fait du patronage administratif lorsque la loi le
permet? La loi permet les exigences additionnelles.
M. Thériault: Oui, c'est du patronage administratif, mais
je pense que ce n'est pas de la mauvaise administration, dans le sens qu'il n'y
avait pas de mauvaises intentions qu'on a pu observer. Les gestionnaires visent
à avoir quelqu'un qui est opérationnel tout de suite demain
matin. On le connaît, ça fait six mois qu'il travaille chez nous
à titre d'occasionnel, il a donné un bon rendement, bien pourquoi
aller en chercher un autre et prendre un risque? Évidemment, c'est une
réaction normale, je pense, dans les circonstances, sauf que les
règles du jeu, ce n'est pas ça.
M. Breton: II y a incongruité entre ce qu'on attend d'un
bon gestionnaire, à savoir qu'il soit très efficace et qu'il
s'entoure de personnes efficaces, et, d'autre part, l'intérêt du
gouvernement ou la directive gouvernementale qui veut qu'on doit offrir des
emplois occasionnels au plus grand nombre de personnes différentes
possible, et de cette façon donc, les offrir à des gens qui n'ont
pas encore travaillé au gouvernement, de sorte qu'un plus grand nombre y
ait touché, et qu'on les offre également à ceux qui sont
tout juste capables de faire l'emploi et non pas les plus qualifiés, en
espérant qu'ils vont s'améliorer. Ça va à rencontre
de l'efficacité pure et simple qu'on rechercherait dans l'industrie. Et
on essaie de juger les cadres en fonction de critères de l'industrie sur
l'efficacité, mais on leur demande d'appliquer des directives qui vont
techniquement à l'encon-tre ou qui s'éloignent, qui demandent un
effort de formation, un effort de préparation des gens ou d'accueil.
Donc quelques-uns y vont pour l'efficacité, un, dans un cas particulier,
y est allé pour la réglementation.
M. Camden: Est-ce que vous avez un cas précis quand vous
parliez, tout à l'heure... quand on réfère au racleur de 6
pieds 2, est-ce que vous avez un cas bien précis à cet
égard-là?
M. Thériault: Oui, je peux vous donner un exemple,
là, simple, qui aurait pu se répéter dans bien des
endroits. Évidemment, ce n'est pas facile à détecter,
parce que les gestionnaires ne sont pas nés de la dernière pluie
et il faut essayer de suivre toutes les ramifications des jeux qui peuvent se
faire. Entre autres, nous avons un cas où un gestionnaire avait
été muté dans une autre organisation, et puis il avait
à son emploi une secrétaire qui était occasionnelle dans
le ministère A, si vous voulez. Ce qui fait que, le mois plus tard, la
secrétaire du ministère A a suivi au ministère B. Elle
n'était pas inscrite dans le fichier, sauf qu'on s'est organisés
pour l'inscrire. La secrétaire était sans doute excellente, il y
était habitué, il y a toutes sortes de bonnes raisons, mais c'est
un cas, c'est un exemple, là. Même à des endroits, on
mentionnait carrément le nom des personnes. C'est qu'on dit: Les yeux
bleus, 6 pieds 2, c'est
M. Untel ou Mme Unetelle. Ça a été aussi simple que
ça!
M. Camden: O.K. Tout à l'heure, quand vous avez
référé quand on réfère à du
patronage administratif vous avez eu comme commentaire: II n'y a pas de
mauvaise administration. Alors, s'il n'y a pas de mauvaise administration,
comment vous qualifiez ça dans votre esprit?
M. Thériault: C'est pas de mauvaises intentions. M.
Camden: Ah! O.K.
M. Thériault: Plus que de mauvaises administrations.
C'est-à-dire pas de mauvaises intentions, c'est dans but
d'efficacité, à ce qu'on a pu détecter en fait, comme la
secrétaire, finalement, on n'a pas fait une enquête à
savoir si elle était très efficace à son ancien emploi,
etc. Mais, à ce qu'on a pu constater, elle avait des qualifications,
elle avait tout ce qu'il fallait, et on a pas trouvé ça anormal,
si vous voulez, qu'en termes d'efficacité, que ça se produise
ainsi, sauf que la réglementation ce n'est pas ça. C'est
d'ailleurs ce qu'on reproche ici.
M. Camden: O.K. Mais vous recommandez quoi, en fait? Vous
suggérez quoi? Qu'il y ait un fichier central, global, en remplacement
des fichiers dans chacun des ministères et est-ce que ça ne
laisserait pas, là aussi, cours à des ingérences? Plus le
système est gros plus c'est possible, des fois, de brasser le
boulier.
M. Breton: Je pense que la première recommandation qu'on
fait c'est que ceux qui sont au feu ou au front fassent des
représentations, peut-être vis-à-vis les organismes
centraux pour que ces règles à être suivies quand on engage
des occasionnels soient ou bien confirmées ou bien infirmées
d'une part, et que, d'autre part, les règles pour juger de
l'efficacité d'un gestionnaire tiennent compte de ces
considérations, de sorte qu'on ne mette plus les gestionnaires dans une
position intenable, à savoir: d'une part, suivez les règles, et,
d'autre part, répondez à un supérieur qui veut que vous
soyez efficace. La première chose, il faudrait créer un
environnement dans lequel les gestionnaires puissent être totalement
responsables de ce qu'ils font.
Deuxièmement, l'idée d'un organisme central ou d'un ficher
central offre, à première vue, l'économie de
fonctionnement. Il faut savoir les montants énormes qui sont
consacrés à la fois à faire fonctionner en
parallèle, au-dessus d'une cinquantaine de fichiers...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous en avez une
idée? Ça serait intéressant ça.
M. Thériault: Au niveau des coûts, nous n'avons pas
une idée globale. Nous avons signalé, au niveau des coûts,
ce qui en était au nouveau paragraphe, je crois, 2.47, 2.48...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Thériault: ...sur les huit ministères que nous
avons vérifiés, pour les coûts directs, en ressources
humaines, principalement parce qu'on n'a pas calculé les frais
généraux, mais tout ce qui était rattachable directement
à la gestion de ces fichiers-là...
Le Président (M. Lemieux): 1 350 000 $.
M. Thériault: ...on en avait pour 1 350 000 $ pour huit
organisations. Ça, ce sont toujours des coûts récurrents.
Le personnel qui s'en occupe, le brassage de papier, les inscriptions, etc.
M. Breton: Dans le rapport annuel d'il y a deux ans
déjà, lorsqu'on avait terminé la vérification des
systèmes informatiques, on avait dénoncé le processus de
mise en place de tous ces fichiers. Quelques-uns qui avaient coûté
12 000 $ avec un micro-ordinateur, un autre qui en avait coûté
à peu près 240 000 $, et un autre qui en coûtait plus que
200 000 $ par année à faire fonctionner. Il faut savoir que dans
ces fichiers d'occasionnels, chaque année, il faut confirmer
auprès de ces gens s'ils veulent rester actifs dans le fichier ou
non.
Alors, quand la même personne se retrouve dans autant de fichiers,
elle reçoit autant de courrier et elle doit répondre à
autant de personnes. S'il y avait un seul fichier, il est facile, sur un
feuille, de dire: En fonction de deux, trois, ou quatre types d'emplois,
j'accepte de rester dans le fichier ou non. Il y a une économie de
mouvement extraordinaire de ce côté-là.
M. Camden: Mais là-dessus, je dois vous indiquer, M. le
Vérificateur, qu'il y a des gens qui ne souhaitent pas aller postuler
des emplois dans certains ministères ou organismes. Et, d'autre part, le
système a comme mauvaise habitude, bien souvent, qu'à partir du
moment où les gens refusent, on les soustrait du système. On les
retire tout simplement prétextant que les gens n'ont pas accepté
les conditions. Et, je vais vous dire, ça risque, à mon sens,
d'être assez discriminatoire et, également, il y a des gens qui
souhaitent évidemment travailler dans leur région ou à
proximité.
Et dans cette perspective-là, le système actuel,
malgré qu'il y ait des vices je ne souhaite pas
nécessairement qu'on le perpétue mais a au moins le
mérite suivant: C'est qu'il permet à des gens, bien souvent en
région, de postuler à l'égard de certains emplois, de
pouvoir sélectionner les ministères qui sont dans ces
régions-là, et, également, le genre de fonction qu'ils
souhaiteraient occuper. On cesse de perdre notre temps dans d'autres
ministères, peut-être, à faire des offres. Peut-être
qu'à compilation globale, aurions-nous, peut-être, 250 000
personnes qui souhaiteraient occuper des fonctions d'ouvrier ou de journalier,
pour fins de compréhension, au ministère de l'Énergie et
des Ressources.
Or, il arrive que ce n'est pas tout le monde qui souhaite occuper cette
fonction, peut-être, à Énergie et Ressources,
peut-être un bon nombre souhaiteraient-ils
l'occuper au ministère des Transports, pour diverses raisons, par
exemple, sa présence en région. Le système actuel avait au
moins le mérite que ces gens-là pouvaient s'inscrire, ils
n'avaient pas à partir de chez eux et ça c'est
probablement un des plus grands mérites à l'égard du
citoyen celui qui souhaitait s'inscrire: II y a les fiches, il peut les
compléter, les transmettre, soit au ministère, au niveau de la
direction régionale, ou soit au fichier central du ministère.
Ce qu'il faudrait peut-être redéfinir et c'est
peut-être notre responsabilité au premier chapitre c'est
qu'on regarde peut-être les modes d'opération que certains ont,
qui sont beaucoup moins coûteux. Évidemment, on sait fort bien que
notre système a une propension générale: Plus c'est
coûteux, meilleur c'est. Et il y a des gens qui, évidemment, ont
un art un peu particulier à faire en sorte que les situations, plus
elles sont complexes, plus ils se justifient, plus ils justifient leurs
responsabilités, et leurs fonctions dans le milieu, et plus ils sont
manifestement, aussi, importants.
Ça, évidemment, tout étant relatif, ça fait
en sorte que ces gens-là, évidemment, ont toujours une place,
dans le système, un peu particulière pour eux, et c'est bien
douillet. La crèche est bien dotée en paille. Et c'est duveteux.
Mais je pense qu'au moins il faut, nous, avoir au moins comme
responsabilité, comme perspective, qu'il y a des gens en région
qui souhaitent aussi des opportunités d'emploi, et c'était une
des façons, en tout cas, qui nous apparaissait être un peu plus
limpide. On comprend qu'il y a des gens qui sont toujours d'une habileté
un peu particulière, qui réussissent évidemment à
tirer les ficelles et à faire glisser leur monde à gauche et
à droite, à l'intérieur du système. (17 h 20)
On le voit et n'allez pas croire que parfois ça ne nous choque
pas aussi. Et les gens viennent nous le dire à nos bureaux. Ils sont
offusqués et nous autres aussi. C'est machiavélique un peu sur
les bords, mais, en tout cas, on doit reconnaître qu'il y en a qui, pour
contourner le système et identifier les trous, sont passés
maîtres dans l'art. Mais, en tout cas... Ce que j'en avais à vous
dire, c'était particulièrement à l'égard de ces
commentaires. Je conviens avec vous que si on parle d'un système qui est
à 12 000 $ d'opération avec un microordinateur, il faut
peut-être se donner aussi les moyens de contrôle qu'effectivement
la liste est respectée, les dates d'ancienneté sont
également respectées. Mais, il y a une couple d'étapes
à franchir parfois avec le bureau régional et, des fois, le
bureau local, le bureau régional et le fichier central. Ça
commence à faire du monde à arrimer, ça. Il y a au moins
le mérite qu'à un moment donné ça risque
peut-être d'être plus difficile à trafiquer.
Mais ce que je déplore, c'est peut-être qu'à un
moment donné c'est dans le système, c'est que, ces
gens-là, qu'on identifie comme étant ceux qui faussent les
règles du jeu, ne soient jamais identifiés, jamais punis, qu'on
ne leur tape jamais dessus. Mais quand c'est quelqu'un, à
l'extérieur, qu'on qualifie de patronage politique, on en mange des
supérieures à ce moment-là. Et généralement,
vous savez, on fait les frais des frasques dans les journaux. On a,
évidemment, à déplorer tout ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur,
est-ce que vous avez des commentaires?
M. Breton: Je dois me retenir pour vous faire une proposition de
consultation en fichier central, pour ne pas tomber dans mes
antécédents où j'étais conseiller en informatique.
Mais, laissez-moi vous dire qu'il m'appa-raît relativement simple d'avoir
un formulaire d'offre de services pour quelqu'un qui veut faire application,
dans lequel il pourrait déterminer dans quel type de ministère il
veut travailler, dans quelle région économique il veut
travailler, entre quelle heure et quelle heure il veut travailler, et le tout
pourrait être compilé de telle façon que, lorsqu'un chef de
service a besoin d'une personne et qu'il fait une demande à une banque
centrale, il reçoit systématiquement un certain nombre de
candidats qui ont le profil qu'il recherche et, si cette personne a
donné le même profil, elle apparaît dans la liste. Le
même fichier central peut garder un journal de ses chefs de service qui
demandent des candidats et qui semblent manipuler le fichier jusqu'à
temps de trouver le candidat essentiel. Voyez-vous, si on vous donne cinq noms
et vous dites: Les cinq premiers ne me conviennent pas mais ça va
être seulement le trente-cinquième qui va me convenir; on fait
ça une fois, deux fois et trois fois et la troisième fois, il y a
quelqu'un qui, dans l'administration du fichier central, dit: Voici un
gestionnaire qui essaie de vider ma banque avant de trouver la personne
essentielle.
En informatique, je pense qu'on peut, en centralisant, resserrer de
beaucoup les contrôles et détecter les gens qui avaient l'habitude
de fouiller dans les banques. Ça sortirait tel quel. Quant à
rentrer l'information pour respecter tout citoyen qui se trouve partout en
province et qui veut trouver du travail spécifiquement dans tel cadre
plutôt que tel autre, il peut le faire sur son formulaire et choisir
aussi toute la structure. C'est une question de conception de système
mais, pour moi, ce n'est absolument pas une impossibilité.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: M. le Vérificateur, je pense qu'une des
phrases essentielles que vous écrivez dans votre rapport, par rapport
à la gestion du personnel occasionnel, c'est la première ligne du
paragraphe 2.43: En 1986, le gouvernement a confié l'entière
administration de la dotation en matière d'emplois occasionnels aux
ministères et organismes. Vous en avez fait l'analyse maintenant et vous
en tirez les conclusions. C'est ça. Et si je comprends bien ce que vous
nous dites, c'est que vous vous retenez de faire une recommandation positive de
centraliser le fichier. Il faut revenir en arrière, en d'autres termes
c'est ça que vous dites ou, à tout le moins, il
faut constituer un fichier central.
J'ai examiné, j'ai lu ça attentivement, toute cette
analyse que vous avez faite dans les pages 34, 35, 36. Tout est
souligné, parce qu'il y a des choses dedans. Vous avez fait, d'abord, un
premier rapport le 31 mars 1989 sur le manque de coordination du
développement des systèmes propres au recrutement,
sélection d'employés occasionnels, etc., et puis, aujourd'hui,
dans votre rapport 1992, vous dites: La situation n'a pas bougé d'un
iota depuis. C'est ça?
Mais, moi, je voudrais vous interroger quand même sur les
coûts d'une telle opération. Tout à l'heure, vous parliez
des candidats qui posaient des candidatures partout. Je me mets dans la peau
d'un jeune, aujourd'hui, qui cherche du travail et qui doit faire face à
une machine considérable qui ne fait que remplir du papier et qui,
finalement, compte tenu des adaptations par ministère et
régionales, n'a pratiquement pas de chance d'aboutir et d'obtenir
quelque chose. Donc, je comprends que nos jeunes soient de plus en plus
frustrés par rapport aux politiques d'embauché du gouvernement.
Ça, je trouve ça majeur. Quand on regarde ça, je fais
juste lire vos «abstracts» dans la marge: Un système
coûteux qui demande de brasser beaucoup de papier. C'est ça, le
résultat. Deuxièmement, le nombre d'engagements par rapport au
nombre d'inscriptions: 2504 engagements, 219 000 inscriptions. C'est pas rien!
C'est là où on voit la multiplication géométrique
des demandes d'emplois un peu partout. Et vous le soulignez, huit organisations
et puis, c'est là où 219 000 inscriptions se sont produites
là-dessus. Et moi, c'est... Je pense que le tout a des
conséquences. Coûts d'opération élevés.
L'implantation, juste l'implantation, seulement, coûte 1 400 000 $ pour
huit ministères. Répétition des inscriptions les
paragraphes que vous avez soulignés le gaspillage
d'énergie, l'absence de transparence, le favoritisme et ça, pour
cinq qui vont être très corrects, il va s'en trouver un qui va
poser des pratiques comme celles que vous avez décrites; le non-respect
des orientations du gouvernement... Moi, je me demande, les recommandations que
vous feriez à ce stade-ci par rapport à la situation dans le
personnel occasionnel, vous en feriez ou vous ne voulez pas le faire ou vous
vous contentez simplement de décrire une situation qui est intenable, de
toute façon?
Le Président (M. Lemieux): M. Breton.
M. Breton: Je pense que, sans avoir formulé
spécifiquement une recommandation, nous avons démontré
suffisamment la difficulté du système actuel.
Tout à l'heure, vous disiez qu'il était frustrant pour un
jeune de remplir énormément de formulaires d'application sans
pour autant trouver d'emploi. Je dirais: Qu'il remplisse un formulaire ou
plusieurs formulaires, il n'aura pas plus d'emploi pour autant, mais la
frustration est peut-être un peu moins grande et, par ailleurs, si le
système est crédible aux yeux des gens, il y aura peut-être
moins de frustration, parce qu'on l'applique dans un mécanisme qui,
d'une façon absolue, va mettre votre nom sur la table d'un gestionnaire
qui veut engager, au moins, vous avez l'assurance qu'éventuelle- ment
votre nom va arriver sur la table, alors que si vous l'envoyez dans 80
entités différentes, vous n'aurez pas l'assurance que ça
va arriver parce que vous êtes obligé de vous fier à 80
chefs de service différents. Il est plus facile d'en avoir un seul qui
s'intéresse et d'avoir une chance que son tour vienne à cet
endroit-là. Et je pense qu'il est possible dans un tel fichier de ne pas
pénaliser les gens, là, qui refusent parce que, au fond, ils ne
refuseront pas, ayant déjà délimité à quel
endroit ils veulent travailler et dans quelles conditions. Ils recevront des
offres qui, déjà, au départ, conviennent à ce
qu'ils cherchent.
Donc, la crédibilité d'un système donnerait
meilleure bouche à ceux qui font application ou qui attendent que leur
tour vienne ou qui attendent que, lorsque leur tour est venu, ils avaient les
qualités ou ils n'avaient pas les qualités et ça ira
à la prochaine fois.
M. Léonard: je suis d'accord avec ce que vous disiez, que
ça ne créera pas plus d'emplois, qu'il y ait un fichier central,
mais il reste que les demandes, les exigences additionnelles, elles, vont
disparaître. or, l'étude que vous avez faite, c'est que, dans 40%
des cas, il y en avait, des exigences additionnelles et, si je comprends bien,
ce n'était pas justifié plus que ça. peut-être que
dans certains cas, ça pouvait l'être, mais dans la plupart des
cas, ça ne l'était pas. ce qui donne les constats, par la suite,
la gestion du fichier des candidats que vous faites, moi, je souligne cela,
paragraphes 2.65 et 2.67 à mettre en relief. c'est très
éclairant. le 2.65 pour les besoins de la commission, ça se lit
ainsi: à l'occasion, certaines demandes étudiées
comportaient des particularités laissant même présager une
candidature bien précise, allant même jusqu'à mentionner le
nom d'un candidat en particulier. je dois vous dire que, là, ça
commence à être précis, ça. si c'est ça, une
exigence particulière, là, additionnelle, le jeune qui n'est pas
connu de personne et qui sort de l'université, il n'a aucune chance.
cette fois-là, il n'en a aucune. (17 h 30)
M. Breton: Si vous permettez, je vais attirer votre attention sur
le paragraphe 2.81 qui énumère les recommandations que nous
faisons soit au ministère et soit au Conseil du trésor.
M. Léonard: O.K. Est-ce que, par rapport à ces
pratiques, les réponses du Conseil du trésor vous ont paru
satisfaisantes? Parce que, je vous dis ça... Je voudrais revenir sur un
plan plus général, sur ces questions ou cet aspect des choses,
parce que, à mon sens, vous soulignez des carences dans les pratiques,
mais est-ce qu'il y a volonté de ne plus recommencer?
M. Breton: Bien, si vous le permettez, plutôt que de
commenter la réponse qui est déjà dans notre rapport, je
vais demander à M. Thériault de vous donner l'heure juste en
fonction de cet après-midi.
M. Thériault: L'heure la plus juste possible. Notre
rapport, je pense, a soulevé beaucoup de pous-
sière et a donné beaucoup de travail aux gens du Conseil
du trésor. Je pense que, pour une fois, ça a bougé
relativement rapidement, de telle sorte que, avec la commande de M. Bourassa et
de M. Johnson, dès le début d'avril, dans les deux
premières semaines d'avril, toujours selon mes sources
généralement bien informées, bien sûr, on va arriver
avec je ne connais pas la nature, exactement, des changements
mais avec des changements importants au niveau de la dotation des emplois
occasionnels au gouvernement du Québec et avec un impact,
également, sur la dotation des emplois permanents. On a
étudié la situation, et on va proposer je ne sais pas de
quelle qualité ça va être et dans quelle direction
mais ce sont des changements suffisamment importants pour que l'implantation de
ces modifications prenne, possiblement, l'année pour se faire. Donc, on
peut peut-être penser à une centralisation partielle ou totale,
mais sûrement des changements majeurs.
M. Léonard: Donc là, on reviendrait sur la
décision de compartimenter par ministère et par
région.
M. Thériault: Peut-être. Je ne peux pas vous dire,
là, quelles sont les mesures exactes qui vont être prises, mais on
a des changements importants. Possiblement que ça pourrait être
ça.
M. Breton: Nous savons qu'il y a une réaction qui... Cette
fois-ci, il y a une réaction très évidente, sauf que nous
sommes peut-être à 15 jours ou à un mois d'en
connaître la nature.
M. Léonard: Disons qu'on change le système, au
moment où il n'y aura plus d'emplois à offrir, on veut
plutôt les couper, mais c'est... Bon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Ceci étant dit, on pourrait
peut-être vous ramener pour voir si les modifications vont vous
satisfaire, cette fois. Il faudrait vous inviter. Je le souligne au
président que, s'il y a un dialogue, ça pourrait être une
excellente occasion, étant donné que, à mon sens, vous
prenez le taureau par les cornes, à ce moment-ci ou la question par le
bon bout, disons pour ne pas faire d'image trop
désagréable.
En réalité, vous pensez que la solution, ça va
être vraiment de recentraliser l'emploi des occasionnels et que,
finalement, on ne devrait plus avoir à recourir à une mesure
massive, comme celle de consacrer permanents 4300 occasionnels sans autre forme
d'examen.
M. Breton: Ce n'est pas... On ne fait pas de
recommandation...
Une voix: Est-ce que c'est un vote?
M. Léonard: Un quorum. C'est parce que les
députés de la majorité ministérielle sont
déjà partis en fin de semaine.
Une voix: S'il vous plaît. Ce n'est pas un vote? Une
voix: Un quorum. Une voix: Ça va.
M. Léonard: C'est ce que je pensais. Bon, moi, j'en suis
perdu, là. Non, c'est vous qui parliez, là.
M. Thériault: Donc... On peut continuer? Nos
recommandations, évidemment, nous sommes les vérificateurs et,
comme vous l'avez si bien dit au début, on essaie, enfin, on essaie, ce
n'est pas un but premier, mais on est méchants, un petit peu, en
soulevant les problèmes, O.K.? On constate des choses qui ne vont pas et
puis notre rôle, c'est de faire ressortir les mauvais côtés.
Évidemment, ce n'est pas un travail de consultant, qu'on fait. On n'est
pas là pour trouver tous les moyens. Le gestionnaire, c'est son travail
de «gestionner» et puis, on lui dit: Voici tes problèmes et
essaie de trouver des solutions, parce que c'est toi qui...
M. Léonard: C'est à lui à avoir de
l'imagination.
M. Thériault: C'est à lui à avoir de
l'imagination, puis c'est son travail de le faire. Ce n'est pas à nous
autres à lui apporter des solutions et si on parachutait des solutions,
ça fait comme tout parachutage, ça vaut ce que ça vaut. Je
pense que les meilleures solutions viennent de la base et ils sont capables, je
pense, il y a des gens suffisamment compétents, au gouvernement du
Québec, pour être capables de mettre des solutions qui ont du bon
sens de l'avant. Pour ce côté-là... Évidemment,
quand on lit notre rapport, ça peut vouloir dire centraliser beaucoup,
un peu, beaucoup, passionnément, là. Centraliser l'ensemble des
corps d'emplois, ce qui est peut-être une erreur. Il y a peut-être
une centralisation des corps d'emplois les plus utilisés qui peut
être une solution potable, mais c'est aux intervenants d'analyser tout
ça, puis à dire: Voici la meilleure solution et la plus
économique. Ça, c'est leur travail. Notre travail, nous autres,
on dit: Bien voici, ça va mal, chez vous, puis regardez ça.
M. Léonard: Sur un autre...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, O.K., est-ce que vous me permettez de compléter sur votre
sujet? Juste dire quelque chose. Ça veut dire changer les règles
que vous nous dites, que vous dites au député de Labelle.
M. Léonard: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous ne donnez pas
d'orientation, mais vous nous dites...
M. Léonard: Vous dites: Changez les règles.
C'est ça qu'il dit.
Le Président (M. Lemieux): ...changez les règles au
niveau des occasionnels, puis au niveau du personnel régulier. C'est
ça que vous nous dites.
M. Breton: Bon, on...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Breton: On demande, principalement, en haut de la page 42, au
Conseil du trésor, de revoir l'opportunité de maintenir...
Le Président (M. Lemieux): C'est ça.
M. Breton: ...les règles actuelles ou d'en faire des
nouvelles.
Le Président (M. Lemieux): Alors, c'est ça que vous
dites au Trésor: Faites votre job. O.K.
M. Léonard: Donc, c'est un bon gros mandat. M. Breton:
Oui.
Planification des ressources humaines (suite)
M. Léonard: II est large. Je voudrais revenir sur une
chose. À l'époque, la Commission de la fonction publique avait
dénoncé l'embauche d'ex-policiers dans plusieurs
ministères et organismes à une échelle salariale qui
était nettement supérieure à celle donnée aux
techniciens chargés normalement de faire des enquêtes. Vous avez
sûrement pris connaissance de ce reproche que la Commission faisait au
gouvernement qui attaquait ainsi la cohérence du système. Puis,
je pense que cela confirme un peu votre analyse, même beaucoup.
Vous indiquez que le Conseil du trésor travaille actuellement
à la conception et à la mise en oeuvre d'un programme de
planification de la main-d'oeuvre de façon générale. Et
là je ne parle pas juste des occasionnels mais de toute la fonction
publique, donc des permanents comme des occasionnels. Vous avez vu les
ébauches de cela. Est-ce qu'il y a un échéancier ou s'il
s'agit simplement d'un voeu pieux, là?
M. Thériault: Au niveau de la planification,
l'échéancier, on me dit que c'est la fin d'avril.
Évidemment, c'est lié à la rationalisation des effectifs
au gouvernement du Québec. On a commencé à faire des
coupures et il ne faut pas que ça se fasse à tort et à
travers de telle sorte qu'on puisse recycler, quand même, des gens qui
sont compétents. Il faut orchestrer tout ça. De telle sorte qu'on
ne peut pas retarder ces mesures-là indéfiniment et tout de
suite, à la fin d'avril, ça devrait être livré au
moins en principe, là. Évidemment, on n'a pas vu... Tout
ça est au four. C'est en consultation. Il y a eu déjà des
projets présentés au Conseil du trésor. C'a
été retourné sur les planches pour qu'on puisse finaliser
ça pour le mois d'avril. Je n'ai pas vu encore où ça va
finir. J'ai vu certains mémoires de consultation, comme le CCGP, les
conseillers en gestion des ressources humaines, les directeurs de personnel,
les différents intervenants. Mais je ne sais pas exactement comment
ça va aboutir. Mais on promet deux choses, là, importantes: une
révision complète de toute la perspective du gouvernement versus
sa dotation en personnel occasionnel et ce qui concerne la planification.
D'ailleurs, en ce qui concerne la planification, l'Office des ressources
humaines a déjà mis en place un cadre théorique et le
Conseil du trésor devrait se greffer à ça pour arriver
avec quelque chose de plus pratique et en fonction de la rationalisation des
effectifs.
Je sais aussi qu'il y a une autre étude qui devrait être
livrée un petit peu plus tard au printemps concernant tout le
système de classification au gouvernement. Ça fait qu'ils
brassent beaucoup de choses en même temps.
M. Léonard: Oui. C'est parce que j'ai juste le goût
de faire une petite réflexion, quand vous me parlez du mois d'avril
comme ça. J'espère que ce n'est pas un poisson d'avril
uniquement.
Des voix: Ha, ha, ha!.
M. Breton: M. le député de Labelle, M. le
Président, si vous permettez, j'aimerais ouvrir une parenthèse et
vous dire que les réponses que vous cherchez seraient beaucoup plus
faciles si le secrétaire du Conseil du trésor était
présent. En mode d'imputabilité, il pourrait y répondre
lui-même.
M. Léonard: M. le Vérificateur
général, je vous dirais que le premier à qui je vais poser
la question, c'est au président du Conseil du trésor, quand il va
venir défendre ses crédits. Qu'il soit avisé de ça.
Parce que nous discutons de ses propres affaires, à ce moment-ci. Mais
j'espère qu'il sera là. Parce que, dans la loi 198, qui touche,
finalement, ses responsabilités dans le mille, il ne s'est jamais
présenté à la commission. Moi, je ne m'oppose pas à
l'imputabilité, je ne suis pas contre l'imputabilité mais je dis
que ça commence par les élus qui doivent venir, eux, d'abord.
C'est ça que je dis. Et c'est là où je dis: On doit
d'abord avoir les moyens pratiques, on doit avoir des rapports financiers, on
doit avoir des rapports sur l'état des effectifs, comme il se fait dans
les grandes entreprises privées. Puis il y en a des plus grosses que le
gouvernement du Québec, des entreprises privées, où cela
se fait de façon systématique et régulière. Il n'y
a pas d'excuse au gouvernement, là-dessus. Et qu'on n'invoque pas le
passé. Il y a huit ans, c'était une chose. Aujourd'hui,
après huit ans, on doit rendre compte aussi au gouvernement.
Bon. Mais je veux aller aussi sur autre chose. On s'entend sur beaucoup
de points mais je pense qu'il faut savoir par où on commence. Et puis,
il faut savoir qu'on ne mine pas les principes fondamentaux qui
prési-
dent à notre démocratie selon lesquels les élus
sont responsables et l'exécutif est responsable devant les élus.
L'exécutif, ça commence par les chefs de ministères qui
sont les ministres. (17 h 40)
Je reviens aux paragraphes 2.31 à 2.35 parce que...
Évidemment, l'approche est plus théorique que celle que nous
venons d'aborder avec le personnel occasionnel, mais c'est fondamental. C'est
fondamental. Je trouve que, à bien vous lire, vous n'êtes pas
tendre à l'endroit des ministères, et vous avez raison. Vous les
accusez de ne pas trop se questionner sur le niveau d'effectifs, d'être
incapables de justifier leurs besoins, de n'établir aucune norme de
productivité. Vous soulignez, en passant aussi, que, dans beaucoup de
cas, il y a surqualification du personnel. Et ce qu'on avait vu à la
Commission de la fonction publique appuie cette conclusion. C'est un peu aussi
le jeu du chat et de la souris entre les ministères et le Conseil du
trésor.
Moi, je pense qu'il y a des coûts très importants
derrière ce que vous dites, très, très importants. Cela
soulève, au fond, des questions quant au rôle, au pouvoir
véritable, à la volonté du Conseil du trésor qui
tolère cette situation depuis des années, une situation qui
amène un gaspillage important de ressources. Est-ce que, à part
de dire qu'au mois d'avril il va se passer quelque chose, est-ce qu'il y a eu
des choses de faites, de corrigées? Est-ce que vous pensez que... Vous
nous parlez d'un modèle théorique bâti par l'Office des
ressources humaines. Mais là, il est encore théorique. Avant
qu'il devienne pratique et qu'il soit appliqué au Conseil du
trésor, est-ce que vous pensez que le Conseil du trésor devrait
en faire une priorité?
M. Thériault: C'est quand même... Je mentionnais
tout à l'heure que, depuis 1990, depuis que la Commission avait fait le
tour de la Loi sur la fonction publique, il y a quand même eu une
évolution au niveau des planifications. Les ministères et
organismes sont sensibilisés. On est passés de un à 35
qui, maintenant, s'en occupent. Il y a des gens qui... C'est peut-être
encore pas mal plus sur le plan théorique parce qu'on n'a pas
insisté davantage, on n'a pas obligé. Évidemment, avec la
rationalisation des effectifs, ça va obliger à prendre conscience
et à se poser, peut-être, les bonnes questions. Il y a
peut-être des ministères ou des organisations qui vont être
pénalisés parce qu'on vivait sur le maigre et d'autres vivaient
sur le gras, mais là, avec des rationalisations de ce genre, il va
falloir se poser des bonnes questions, faire peut-être
l'évaluation de programmes, peut-être aller la mesurer, la fameuse
efficience qu'on n'a jamais mesurée. Il va falloir qu'on se
débrouille. On va avoir moins de monde pour faire les mêmes choses
et même plus et il va falloir qu'on compense. Je pense que, dans la
prochaine année, même si les ministères et organisations ne
voulaient pas enclencher cette démarche-là, ils n'auront pas le
choix. Mais, à ce stade-ci, il n'y a rien de perceptible. On n'a pas
fait de suivi tout de suite mais il n'y a pas d'évolution tangible de
tout ça.
M. Léonard: Ça m'amène aussi à une
constatation. Si le gouvernement, le Conseil du trésor n'a pas
défini encore des cadres de référence pour ses propres
ministères c'est ça que vous me dites, vous parlez pour le
mois d'avril comment peut-on les exiger pour tous les organismes du
parapublic, commissions scolaires, hôpitaux, la santé, les
universités, qui vont devoir remettre des rapports des plans de
réduction des effectifs? Quels seront les critères du Conseil du
trésor pour en juger, pour en décider si, pour lui-même, il
n'est pas capable de les définir?
Est-ce que vous trouvez que c'est applicable? Je reviens
là-dessus parce qu'on débat la loi 198 et il va être
débattu beaucoup de l'imputabilité dans les articles qui
viennent, si le gouvernement les amène. On s'en va où avec
ça? C'est quoi les modèles de référence? Quels sont
les vrais pouvoirs ou les vraies décisions du Conseil du
trésor?
M. Breton: Évidemment, la tentation est forte, encore une
fois, pour nous de vous aider à préparer la loi 198 ou à
en débattre.
M. Léonard: Le Vérificateur général
et l'Opposition, en quelque sorte, ont des intérêts communs. Je ne
dirais pas liés, mais communs par rapport au gouvernement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Breton: Disons que n'ayant pas fait une...
M. Léonard: Ou peut-être avec l'Assemblée
nationale, si la majorité ministérielle concourrait. Mais vous
savez, quand leur caucus décide que ça ne va pas dans tel sens,
même si les amendements, s'ils sont très, très sensibles
pour reprendre une expression à certains amendements, ici
ils votent contre pareil.
Le Président (M. Lemieux): J'ai compris votre message, M.
le député de Labelle.
M. Léonard: Bien.
M. Breton: Je pense que je vais vous demander de décliner
de vous répondre aussi spécifiquement...
M. Léonard: Oui, oui, oui.
M. Breton: ...pour la base que nous n'avons pas
étudié...
M. Léonard: Mais sur les plans.
M. Breton: ...cette situation dans notre étude. D'autre
part, j'aimerais quand même insister sur le fait que, comparativement
à ce qu'on a pu constater dans le passé, lorsqu'on faisait des
remarques à certains ministères ou à des organismes
centraux, tant de réactions officielles ont été entendues
en Chambre le lendemain
du dépôt ou le surlendemain. Et les travaux qui ont
été accomplis depuis nous font espérer que, cette fois-ci,
il y aura une mise en place à peu près certaine, alors que,
autrefois, la seule réponse qu'on obtenait était celle qu'on
avait publiée dans notre rapport et qu'on connaissait déjà
depuis quelques mois avant la publication. Et le reste était selon le
bon vouloir. Mais il n'y avait pas de réactions plus fortes que
celle-là. Dans ce cas-ci, nous avons vu une réaction officielle
faite par le président du Conseil du trésor et nous savons que
des travaux sont en cours. Et nous savons qu'il y a un échéancier
relativement prochain, on espère. Mais on pense que... il y a beaucoup
d'éléments qui nous font espérer avec confiance.
M. Léonard: Eh bien, je pense que je vais prendre acte de
votre réponse et je la comptabilise ainsi: Au fond, c'est vrai que nous
avons des intérêts communs. Dans la mesure où l'Opposition
fait écho à ce que vous dites, cela va bien. Et dans la mesure
aussi où la presse fait écho à vos recommandations, aux
critiques que vous soulevez, je crois que cela contribue à une plus
grande transparence et à ce que le gouvernement prenne les actions
conséquentes. Je pense que c'est ça qu'il faut souligner. Donc,
je pense qu'il faut continuer, vous êtes dans la bonne voie. C'est
l'utilité d'être méchant! Il faut le constater. C'est
ça la conclusion que je tire.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. M. le député de Verdun, pour
terminer.
M. Gautrin: M. le Président. D'abord, je suis heureux de
vous accueillir et de joindre ma voix aux collègues qui m'ont
précédé pour dire à quel point j'ai pu
apprécier la qualité de votre rapport. Je vais essayer de me
limiter aux articles 2.33, 2.34, 2.35 dans un premier temps, et,
éventuellement, 2.40, s'il me reste du temps pour pouvoir aborder la
question avec vous. D'emblée, je voudrais quand même
répondre au député de Labelle sur la logique du projet de
loi 198 qui a quand même une certaine logique interne.
Alors que je partage votre point de vue sur l'absence de planification
en matière de ressources humaines, le projet de loi 198, soit par la
voie législative, en fixant des objectifs de coupures, de
réduction de personnel, soit en obligeant les organismes du secteur
parapu-blic ou péripublic à présenter des plans de
réduction d'effectifs au Conseil du trésor, va forcer
implicitement un débat entre ces deux organismes-là, pour pouvoir
arriver à avoir, du moins, une certaine planification des ressources
humaines. Surtout parce que, à l'intérieur de la loi, vous avez
une clause d'exclusion qui permet, lorsque la loi ne peut pas s'appliquer, de
pouvoir retirer un organisme ou un ministère de l'application de la loi,
ce qui amène automatiquement un débat et un élément
d'échange et de planification. Et de manière que les choses ne
soient pas strictement liées et cachées à
l'intérieur entre les structures, on a inclus des mécanismes
d'imputabilité qui ont évidemment une portée plus large
que strictement cette loi-là. C'était la logique même du
projet de loi 198. On est en train de le débattre et je comprends que
mon collègue n'est pas toujours d'accord. Mais enfin je pense que s'il
quittait son chapeau d'Opposition il serait probablement prêt à
accepter ces grands principes.
Je veux revenir, monsieur, sur... Ce que vous me soulevez
m'inquiète, moi. L'absence de planification, ça, ça
m'inquiète énormément, mais je comprends qu'on va essayer
de forcer pour qu'il y ait quand même un échange de planification
là-dessus. Vous dites aussi, en 2.34: Devant la faiblesse de
l'argumentation pour défendre la quantité et la qualité de
l'effectif nécessaire, nous sommes en droit de croire que certains
ministères et organismes amplifient les besoins, ou, tout au moins, ne
les restreignent pas. Et après, vous donnez des exemples. Enfin, vous
clarifiez d'une autre manière en 2.35, parce que 2.35 est une copie de
2.34. Est-ce que vous avez des exemples? Est-ce que vous pouvez être un
peu plus spécifique sur ce que vous essayez de... J'imagine que vous
devez en avoir un tas. Mais j'aimerais en avoir quelques-uns de votre part sur
des cas spécifiques que vous aviez en tête, lorsque vous avez
écrit ces questions-là.
M. Breton: Nous ne serions pas en mesure de vous citer un cas
spécifique. C'est plutôt une erre d'aller que nous avons
énoncée ici. Ce que nous pouvons dire c'est que nous n'avons pas
vu des analyses remettant en cause les volumes de travaux
réalisés dans un département ou dans un secteur. Nous
n'avons pas vu des analyses d'efficience, à savoir: Est-ce que ces gens,
s'ils étaient présents d'une façon plus complète au
travail, réussiraient à faire plus d'unités par jour ou
par heure? Et cette absence d'analyses de toutes sortes sur le rendement nous
fait penser que les gens présument que les mêmes ressources
humaines font toujours le même volume, même s'il y a eu,
peut-être, dégénérescence avec les années. Ce
n'est pas remis en cause. On n'a pas de document qui nous prouve que c'est
remis en cause, ni au niveau d'un ministère au complet, ni au niveau
d'une unité administrative.
Nous avons fait, depuis deux ans, des recherches expérimentales
pour mesurer l'efficience de certains départements et il a fallu tout
faire, de a à z, c'est-à-dire concevoir la façon de le
faire et, avec les gens du milieu, mesurer l'efficience de ces gens. Nous en
sommes, cette année, à un troisième essai au niveau
d'emplois qui ne sont pas comparables, par exemple, le secrétariat
où chacun fait un travail différent. On se propose d'essayer de
mesurer l'efficience de ces gens et, une fois qu'on aura fait la preuve que
c'est faisable, à ce niveau-là, recommander que, en
général, les gens devraient mesurer leur efficience et ensuite,
ils découvriront qu'il est possible de, soit restreindre les gens au
travail, soit d'accepter une augmentation de volume, mais de faire une
adéquation entre ce qu'il y a à faire et ce que ça prend
pour le faire. On n'a pas d'analyse semblable, pour l'instant. (17 h 50)
M. Gautrin: Mais l'objectif qui va être de réduire
ou de diminuer la taille, disons, des employés ou de la fonction
publique va forcément impliquer que les différents
ministères et les différents organismes sont obligés de
faire cette analyse d'efficience, à moins que vous pensiez et
c'est ça qui aurait peut-être pu m'inquié-ter qui
vont essayer de jouer au chat et à la souris et essayer de
démontrer que toutes les réductions de personnel
amèneraient automatiquement à l'impossibilité de remplir
leur mandat. Est-ce que c'est ça que vous vouliez nous dire?
M. Breton: ii y a, effectivement, cette façon de faire,
soit de mesurer l'efficience; il y a une technique qui est, peut-être, un
peu plus brutale, c'est de calculer le prix de revient de chaque
activité administrative et, à ce moment-là, si vous
demandez à un chef de service de couper le prix d'une action
administrative de 10 % ou de 0,05 $ pour l'année suivante et qu'il a
obtenu ce résultat, on va voir l'effet qui va se multiplier. je pense
que c'est une autre façon de resserrer la gestion. nous, on a fait
l'exercice directement en mesurant l'efficience. je dis: ii est possible,
aussi, de la faire en partant du prix de revient. les deux vont ensemble, au
fond, ce sont les deux mains d'un même outil.
M. Gautrin: Je vous remercie. Je pense que vous avez une question
que vous...
Le Président (M. Lemieux): Non. Ça va.
C'était sur le même sujet.
M. Gautrin: Sur le même sujet?
Le Président (M. Lemieux): Pas de problème.
M. Gautrin: O.K. Je voudrais rentrer, maintenant, un peu, sur la
question de l'imputabilité. Je pense qu'on partage assez bien les
mêmes questions. Je comprends que le député de Labelle,
encore une fois, veut rendre les élus imputables mais, dans votre
idée, c'est essentiellement les gestionnaires qui doivent être
imputables, c'est-à-dire imputables devant les élus. Et, pour
avoir le principe d'imputabilité, il faut évidemment, comme vous
dites, fixer des objectifs et voir jusqu'à quel point les objectifs sont
réalisés ou non. Mais les objectifs sont fixés par, non
pas par les élus, dans ce cas-là, mais par les personnes en
charge, c'est-à-dire l'appareil, l'exécutif. Est-ce que c'est
comme ça que vous voyez la chose?
M. Breton: Effectivement, l'imputabilité des gestionnaires
doit porter sur l'administration comme telle et non pas sur les
décisions de programmes ou la pertinence des programmes. Et, tout
à l'heure, quand j'ai, peut-être un peu, taquiné le
député de Labelle en lui parlant du secrétaire du Conseil
du trésor qui devait être ici, effectivement, je me suis
avancé un peu loin, parce que les questions dont on débattait
n'étaient pas nécessairement, purement, de l'administration. Il y
avait des décisions de programmes et il avait raison de me
répondre que c'est au président de défendre les programmes
et c'est au secrétaire de défendre que son personnel a
écrit les règles nécessaires, que son personnel fait le
suivi. Mais ce n'est pas à lui à défendre le programme
comme tel.
M. Gautrin: Compte tenu du temps, je vais... je reviendrai plus
tard, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Gautrin: Tu veux que je continue?
M. Léonard: Ah! Bien oui.
Le Président (M. Lemieux): Quatre minutes.
M. Léonard: Oui. Dans ce cas-là, j'ai quatre, cinq
minutes? Je vais soulever un cas qui a été soulevé et
dénoncé par la Commission de la fonction publique qui... C'est le
cas des ex-policiers. Est-ce que... Et puis la question que je me pose, c'est:
Est-ce que le Conseil du trésor a les moyens, a la volonté, a les
moyens d'agir dans ces cas-là? Je vous le souligne. D'abord, il y avait
des incohérences, c'était dénoncé par la Commission
de la fonction publique, incohérences du système de
classification à rencontre des objectifs de rajeunissement de la
fonction publique et qui constituaient aussi, une certaine injustice par
rapport à deux personnes qui faisaient le même emploi: les
ex-policiers gagnent 53 000 $ et les techniciens gagnent 40 000 $, et on a
engagé des ex-policiers. Et puis, il y avait, sauf erreur, au moins une
soixantaine de policiers, d'ex-policiers à la retraite qui ont ainsi
été engagés et qui comptabilisaient donc une pension et un
salaire. Il y a... Puis, cela s'est situé dans plusieurs
ministères et organismes où on a engagé des ex-policiers.
Tout cela, à rencontre de la directive du Conseil du trésor, et
je la renouvelle: à l'effet de rajeunir la fonction publique et puis,
d'y aller au moindre coût possible je suppose bien et puis
de faire appel à des techniciens qui pouvaient remplir la fonction. En
d'autres termes, on est encore, peut-être même, dans un cas de
surqualification.
Mais vous voyez ce que ça produit, finalement. C'est qu'il y a
des personnes qui ont une retraite et qui ont un salaire. Par ailleurs, il y a
des chômeurs et il y a des jeunes qui ne trouvent pas d'emploi. Moi, je
trouve que, là, on a un cas qui fait mal au coeur puis, je comprends
qu'on peut parler des droits de la personne et qu'une personne peut travailler
si elle se trouve du travail, on ne veut pas venir à rencontre de
ça, mais ça pose quand même une espèce de
problème de moralité publique au sens large, et je me demande
quels sont les moyens du Conseil du trésor? Est-ce qu'il y a vraiment
une volonté? C'est quoi? Est-ce que vous voyez un problème
d'abord, vous-même, là-dedans?
M. Breton: Bien, au départ, je pense qu'on doit
dire qu'il n'y a probablement pas eu d'adéquation entre le besoin
et la ressource qui a été engagée. Comme vous le dites
vous-même, techniquement, ils auraient dû avoir des techniciens et
non pas des policiers.
M. Léonard: Oui.
M. Breton: Donc, dans ce sens-là, il n'y a pas eu
planification en bonne et due forme.
M. Léonard: Oui, mais je peux vous souligner que,
même après l'évaluation du Conseil du trésor, les
ministères en cause ont quand même engagé des expoliciers.
Et c'est là où ça pose cette question: Est-ce que le
Conseil du trésor a les moyens de ses politiques?
M. Breton: C'est un sujet qu'on n'a pas encore
étudié, à savoir, le fonctionnement des organismes
centraux et leurs pouvoirs. Le Conseil du trésor a, comme pouvoir, si je
ne me trompe pas, de donner un certain nombre de règles de travail, mais
il n'a pas le pouvoir de sanctionner pour autant.
M. Léonard: Est-ce que ces pouvoirs devraient être
renforcés sur ce plan-là?
M. Breton: J'aimerais étudier la question, tant sur le
point légal ou parlementaire, c'est-à-dire l'administration
publique, avant d'être capable de vous donner une réponse
semblable. Parce qu'il faut que chacun ait son rôle à jouer et,
dans le cas des ressources humaines, on a l'Office pour le processus de
recrutement, on a la Commission pour s'assurer que les procédures sont
suivies, on a le Conseil du trésor qui donne les grandes règles
de travail.
M. Léonard: En tout cas, le résultat, c'est un
gaspillage de fonds publics. On peut le dire.
M. Breton: C'est-à-dire qu'il y a plusieurs intervenants
qui sont impliqués. Je pense que...
M. Léonard: Bon, bien là, vous me dites que vous ne
savez pas qui gaspille, mais il y en a.
M. Breton: Non. Je vous dis que plusieurs sont impliqués.
Jusqu'à quel point il y a chevauchement ou travaux inutiles, c'est une
étude que nous n'avons pas faite et, peut-être qu'un jour, on
fera. Mais je ne pourrais pas me prononcer.
M. Thériault: Je pourrais juste rajouter: C'est, sans se
prononcer sur si on devrait renforcer les pouvoirs du Conseil du trésor
ou ceux des gestionnaires, je pense que si les ministères et organismes
faisaient une réduction dé comptes sur les points importants
évidemment, si c'est seulement les cas où on a
engagé un policier, ça ne paraîtrait pas mais s'ils
faisaient une réduction de comptes qui a du bon sens et s'ils
étaient vraiment responsables des actes qu'ils posant, on
réglerait le problème.
M. Léonard: Alors là, je peux vous dire que, en me
promenant parce qu'un politicien se promène parfois dans la
population je peux vous dire qu'il y a beaucoup de plaintes et je
ne sais pas si elles sont fondées mais je vous les dis, je vous les
transmets à l'effet qu'il y a des gens qui quittent la fonction
publique et qui y reviennent sous forme de contractuels, beaucoup, ça se
ferait beaucoup. Et c'est un peu analogue au cas des ex-policiers. Sur ce
plan-là, quel est le renouvellement que l'on vise? Est-ce, si quelqu'un
prend sa retraite, il s'en va travailler dans le privé moi, je
n'en disconviens pas mais si c'est pour revenir sous forme de
contractuel au gouvernement, est-ce qu'on a vraiment obtenu ce qu'on visait?
Est-ce que, finalement, cela n'expliquerait pas aussi que les dépenses
autres que les salaires ont augmenté plus vite dans les dernières
années dans les crédits du Conseil du trésor, les
crédits du gouvernement? (18 heures)
M. Breton: Mais, quand vous posez la question, vous posez comme
principe qu'il y a sans doute une règle empêchant les gens qui
quittent la fonction publique pour recevoir un...
M. Léonard: Ça existe, dans certains cas, mais je
ne suis pas sûr que ça existe...
M. Breton: À certains niveaux, oui. Quand un cadre quitte
la fonction publique avec une prime de départ, normalement, le Conseil
du trésor a une règle demandant qu'il ne revienne pas dans la
fonction publique, d'aucune façon, en dedans de deux ans. D'ailleurs,
c'est le sujet qu'on a traité avec la CALP.
M. Léonard: Mais, est-ce que cette règle existe
pour les professionnels ou pour les autres personnes?
M. Breton: Dans ce cas-là, c'est pour le personnel
cadre.
M. Léonard: Seulement les cadres?
M. Breton: Par ailleurs, quand quelqu'un revient comme
contractuel, il y a quand même un tarif horaire maximum qui est
déterminé selon les antécédents professionnels.
M. Léonard: Je ne dis pas qu'ils exagèrent. Je
constate simplement qu'ils ont deux sources de revenus.
Le Président (M. Lemieux): Merci M. le
député de Labelle. Malheureusement, nous devons suspendre nos
travaux pour les reprendre ce soir à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux afin d'entendre le Vérificateur
général dans le cadre de l'examen de son rapport annuel pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1992 et...
M. Gaiïtrin: ...rapport du Vérificateur
général...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, s'il vous plaît, et la parole est à M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Oui, bon, écoutez, M. le
Président, j'avais convenu avec mon collègue qu'il venait
à 20 heures. Je sais qu'il a un engagement après, et, si la
commission y consent, je lui laisserais la parole immédiatement.
Le Président (M. Lemieux): Aucun problème. M.
Léonard: Aucun problème?
Le Président (M. Lemieux): Aucun problème. M. le
député de Sainte-MarieSaint-Jacques.
M. Boulerice: Merci, M. le Président.
M. Gautrin: Je le vois déjà sombrer dans son vice.
Son vice sur lequel nous ne pourrons pas être au courant parce que...
M. Boulerice: II faut bien que je vous donne des objets de
critique, M. le député, il y en a si peu à mon
égard que vous pourriez avoir.
Une voix: Pas supposé quitter.
M. Gautrin: Au moins, ce sont des cigarettes qui ne sont pas de
contrebande?
M. Boulerice: Elles sont fabriquées à 500
mètres de mon bureau, à l'usine même.
M. Gautrin: ...un voyage.
Ministère des Affaires internationales
Réactions aux recommandations
M. Boulerice: Ceci étant dit, M. le Président, je
ne vous cacherai pas le plaisir que j'ai d'être à cette commission
et je m'en voudrais de ne pas saluer M. le Vérificateur
général qui, dans un autre dossier, nous a été d'un
grand secours et surtout une ressource extraordinaire. Je fais allusion au
séminaire que nous avions organisé pour des amis,
collègues parlementaires africains. J'aimerais vous en remercier de
nouveau, M. Breton, saluer vos collègues. Il y a, mon Dieu, une
véritable cohorte à l'arrière de vous. J'aimerais bien, un
jour, si vous me permettez l'expression latine, être aussi
«staffé» que vous. Ha, ha, ha! Ma productivité serait
assez grande.
M. le Vérificateur général, vous avez porté
des commentaires, à mon point de vue, passablement musclés
c'est l'expression que je trouve quant au ministère des Affaires
internationales. Et, suite à votre rapport, lequel d'ailleurs j'ai lu
avec attention, vous n'êtes pas déçu des commentaires qui
ont été formulés par le ministre des Affaires
internationales, suite, justement à cette vérification que vous
avez faite de ses activités? Puisque le ministère, si je me fie
aux déclarations qu'on avait faites, sans vouloir prétendre que
tout va bien au ministère et on ne semble pas, de toute évidence,
vouloir donner suite aux recommandations et aux correctifs que vous formulez
dans votre rapport. J'ai trouvé le propos, je vous le dirai, un peu
brusque. (20 h 10)
M. Breton: Je crois que, dans la réponse du ministre
Ciaccia au rapport que nous avons publié, il y a une certaine dichotomie
dans le sens que, il aurait apprécié que nous consacrions un
certain pourcentage de notre rapport à citer les résultats
intéressants qu'il a obtenus dans ses démarches ou dans ses
travaux. Mais, en exprimant ce désir, il ignorait l'article de notre loi
qui spécifie que nous devons attirer l'attention sur les faiblesses
administratives, sur les défauts, et non pas insister sur la partie
positive des choses. Donc, en ce sens, ses attentes n'ont pas été
comblées, mais ses attentes ne correspondaient pas au rôle que
doit remplir le Vérificateur général. Alors, en ce sens,
je ne peux pas dire que j'étais déçu par sa
réponse. Il y a certains points qu'il a signalés qui n'avaient
pas fait l'objet de notre vérification, donc, on n'a pas
nécessairement dit l'inverse de ce qui était là, mais on
ne s'était pas arrêtés à cette partie. Il y a
certains énoncés qu'il serait intéressant de
débattre, si vous voulez, en présence du sous-ministre
lui-même, avec qui nous étions en communication pour les fins de
valider tout notre dossier, communications qui ont été
réalisées par l'entremise d'une personne qu'il avait
désignée. Quand M. le ministre signale que la communication
n'avait pas été tellement forte entre lui et nous, elle avait
lieu entre nous et un représentant de son sous-ministre.
Coordination interministérielle
M. Boulerice: M. Breton et c'est notamment à la
page 81 de votre rapport vous parlez beaucoup de la coordination
interministérielle. Et vous êtes très critique quant
à l'intégration des activités internationales du
gouvernement et vous recommandez d'améliorer la collaboration entre le
ministère des Affaires internationales et les autres ministères
et vous déplorez que le Comité de coordination des affaires
internationales ne soit pas pleinement efficace. Donc, la question que je vais
vous poser est: Comment expliquez-vous que la programmation d'activités
du ministère ou d'organismes échappe à l'approbation du
Comité de coordination des
affaires internationales, alors que celui-ci a justement pour mandat
d'assurer la cohérence des interventions du gouvernement en
matière d'affaires internationales? Et j'irai sans doute dans une
sous-question: Et par quels moyens concrets pensez-vous qu'on pourrait
accroître l'efficacité du Comité de coordination
au-delà de réunions plus fréquentes, ce qui serait une
solution un peu courte?
M. Breton: M. Roger DeBlois, qui est le directeur responsable de
la vérification à ce ministère, va vous présenter
une réponse à cette question.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
personnellement?
M. DeBlois (Roger): Roger DeBlois, directeur de la
vérification.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. DeBlois: Le Comité de coordination des affaires
internationales a été créé, comme on l'a dit dans
le rapport, spécifiquement pour favoriser la collaboration entre le
ministère et les organismes, bien entendu, lorsqu'ils font la
programmation des activités annuelles. Et, comme on le dit, ce
comité-là ne se réunit qu'à quelques reprises. Il a
étudié la programmation annuelle de 1990-1991 et de 1992-1993. Il
n'a pas pas fait 1991-1992. Et on a eu deux comptes rendus de ce
comité-là. Il y a certains ministères qui ne rencontrent
pas le calendrier du ministère des Affaires internationales pour
produire leur programmation d'activités. Ou encore, les listes
d'activités qu'ils font se collent plus ou moins à la politique
des Affaires internationales. Et le Comité de coordination n'a pas
donné... C'est resté quand même en plan, cette
affaire-là, parce qu'il y a certains ministères qui n'ont pas
répondu à la production de programmation d'activités. Et
on parle ici d'activités commerciales en ce qui touche le
développement industriel, investissements et commerce international. On
ne touchait pas, dans notre rapport, comme on l'avait dit, en ce qui concerne
toute la politique internationale, ce qui touche l'ALENA, l'ALE, etc., et le
GATT.
M. Boulerice: M. DeBlois, vous dites que certains
ministères ne rencontraient pas le calendrier des Affaires
internationales. Est-ce que votre évaluation est que le calendrier du
ministère des Affaires internationales manquait de souplesse comme tel
ou si c'étaient les autres ministères qui étaient, eux,
dans l'incapacité de s'ajuster à un calendrier qui, par contre,
là, était ferme?
M. DeBlois: Oui. Je crois que, par des directives
gouvernementales, tous les ministères ont à répondre de
leur budget et à préparer leur budget pour l'année qui
vient, l'année financière qui vient. Alors, le ministère
des Affaires internationales, lui également, doit répondre de son
propre budget et pour ça, bien, il a besoin de la programmation
d'activités des autres ministères. Alors, s'il veut
répondre, lui, et respecter des délais des directives du
gouvernement, il se doit d'avoir, bien entendu, la programmation des
activités des autres ministères afin qu'il puisse faire la
sienne, avant de préparer la sienne.
M. Boulerice: Donc, vous faites le postulat que les autres
ministères, pour employer l'expression là, commune,
traînent de la patte, ne fournissent pas au ministère des Affaires
internationales... Mais, par contre, le ministère des Affaires
internationales qui, dans l'ordre hiérarchique, quand même, est au
premier niveau, n'exerce pas un rôle, entre guillemets, d'autorité
pour les presser.
M. DeBlois: Non. Je crois que le ministère des Affaires
internationales... Nous croyons qu'entre les ministères, il n'y a pas de
ministère qui a d'autorité sur d'autres ministères. Alors,
ils doivent fonctionner par la concertation, autant que faire se peut, et c'est
le comité de coordination, à notre avis, qui est l'organisme un
peu au-dessus des ministères, qui doit assurer cette
coordination-là.
M. Boulerice: Bon. Je conviens avec vous qu'il n'y a pas de
ministère plus haut, peut-être, qu'un autre ministère dans
notre système. Mais, par contre, dans d'autres, et si on prend l'exemple
de la France, le ministre des Relations internationales est ministre
d'État, donc, un ministre avec une autorité supérieure,
qui peut exiger de ses collègues, même si... Enfin, c'est un
commentaire là, que je vous dresse. Quand on regarde l'ordre
hiérarchique, celui de préséance des ministres, le
ministre des Affaires internationales arrive bien avant le ministre des
Communications. Donc, sans exercer une autorité formelle, il pourrait y
avoir une autorité morale, probablement un peu plus forte, de
façon à inciter les autres ministères à fournir les
pièces qui lui permettent, justement, de lui, dresser son puzzle, si
vous me permettez l'expression, d'interventions du Québec à
l'étranger.
M. DeBlois: Oui. Mais je crois que... Nous croyons que le
gouvernement, lorsqu'il a formé ce qu'on appelle le CCAI, Comité
de coordination des affaires internationales, on a traité cela comme
étant... C'est eux autres qui servaient de chapeau, un peu, à
toutes les activités internationales du gouvernement.
M. Boulerice: Mais le chapeau ne fonctionne pas.
M. Breton: II n'a pas l'intensité qu'on pourrait
espérer tout au moins: II ne se réunit pas fréquemment et
il ne semble faire aucune coercition auprès de ceux qui ne respectent
pas les calendriers.
M. Boulerice: Donc, il devrait y avoir, tout en
relativisant le mot qu'on emploie là, mutuellement, il faudrait qu'il y
ait une certaine forme de coercition.
M. Breton: Bien, en l'absence, peut-être, de
bonne volonté, il faut trouver un moyen plus efficace.
Outils de gestion et d'évaluation
M. Boulerice: Plus efficace. Tout de suite, à la page
suivante, donc, forcément à la page 82, dans le processus de
gestion du ministère, vous parlez de la capacité d'analyse
stratégique. Bon, c'est un sujet, forcément, qui est
abordé très souvent, ça fait partie de l'analyse de
toute... enfin, du vocabulaire de toute programmation et dans votre rapport
vous dites bien, et là j'aimerais vous citer: II donc le
ministère ne dispose pas des outils de gestion nécessaires
à un suivi adéquat et à l'évaluation de ses
activités. Et vous poursuivez: Nous avons incité le
ministère à renforcer sa capacité d'analyse
stratégique de façon à ce que celle-ci puisse contribuer
à l'élaboration de politiques sectorielles et guider son action
et celle du gouvernement à l'étranger. (20 h 20)
Alors, comment peut-on évaluer l'impact de la politique
d'affaires internationales au sein du ministère s'il ne dispose pas des
outils de gestion, ne dispose pas d'outils d'évaluation
nécessaires à un suivi qui est adéquat des
activités du ministère et de leurs résultats? Et comment
peut-on élaborer des programmes subséquents sans de tels outils
de gestion et d'évaluation? Le constat que vous faites, à cet
égard, est pour le moins étonnant, si ce n'est pas
inquiétant, dans une autre mesure. Je pense qu'il est difficile de
concevoir que le ministère ait mis sur pied le programme, exemple, le
Service d'agents manufacturiers sans prévoir de quelle façon il
serait évalué. Ça, vous en parlez à la page 83, je
crois. Alors, quelles sont les principales lacunes que vous avez
constatées au chapitre de la gestion et de l'évaluation des
activités du ministère et est-ce qu'il y a des correctifs que
vous suggérez?
M. Breton: Règle générale, dans la plupart
de nos dossiers, comme vous avez sans doute pu le constater, nous faisons des
constats. Nous décrivons des situations qui nous apparaissent
incomplètes, aberrantes, de mauvaise gestion. Il ne nous appartient pas
d'arriver à des conseils si précis que, l'année suivante,
on aurait à nouveau à se pencher sur la bonne réalisation
ou la mise en place du conseil comme tel. Ces correctifs sont l'apanage de la
gestion du ministère et c'est eux qui pourraient, à la rigueur,
vous dire: Face à ce constat d'administration assez faible, nous nous
proposons de faire a, b ou c. Mais, de notre part, je dirais que nous
n'oserions pas lier le ministère à des recommandations plus
spécifiques que celles de dire: Ce qui existe présentement est
insuffisant, à nos yeux. On me signale que, par ailleurs, le
ministère accepte l'état de la situation et le fait que, en
principe, il devrait s'améliorer, s'amender, dans le sens de ce qu'on
signale à 3.32, définir ses politiques sectorielles, traduire ses
plans d'action internationaux, etc. Il reconnaît qu'il doit se mettre au
travail pour faire ces choses.
M. Boulerice: Vous avez fait allusion, tantôt, à un
marché commun, ALENA, etc, donc justement, dans le contexte de l'ALENA,
qui est quand même une ouverture très grande, il faut être
capables de bien se préparer pour y entrer, du marché commun,
dis-je, européen, de la conversion de l'Europe de l'Est à une
économie de marché. Est-ce que le ministère est capable de
renforcer sa capacité d'analyse stratégique et l'action du
ministère à l'étranger, dans l'optique de ces trois
situations mondiales qui ont une importance énorme lorsque l'on traite
d'affaires internationales?
M. Breton: On a constaté que, au niveau de la
capacité d'analyse stratégique, le ministère n'avait pas
développé sa capacité. Par ailleurs, on n'est pas
allés voir le champ d'application de ces choses, comme on disait tout
à l'heure, on n'a pas revu tout le processus de la politique ayant trait
à l'ALENA ou au GATT ou au marché commun. Donc, on constate que
la capacité n'est pas là. Si elle y était, jusqu'à
quel point elle aurait un effet pour les fins de définition des
politiques. Il faut présumer que cette définition de politique
serait peut-être de meilleure qualité. Mais ce n'est pas un
exercice d'analyse que nous ayons fait.
M. Boulerice: Bien, les éléments que vous avez vous
permettent de postuler avec, bon, la prudence qu'on doit avoir, que, dans le
contexte que je vous ai expliqué, celui de l'ALENA, d'un marché
unique européen et d'une partie de l'Europe qui va à
l'économie de marché, si le Québec veut s'engager dans des
actions, actuellement, on n'a pas la capacité stratégique de le
faire, actuellement, dans le ministère.
M. DeBlois: Notre vérification, comme je vous le disais
tout à l'heure, elle a porté sur les activités
internationales, en ce qui concerne le développement économique
et les investissements et le commerce international. On l'a fait à
partir des activités internationales, d'activités commerciales
à partir de la programmation annuelle du ministère et des autres
ministères. On ne l'a pas fait en relation avec les politiques de
libre-échange, par exemple. Ça a été fait
uniquement en fonction des priorités qu'on s'est données dans la
politique des Affaires internationales et du développement, un peu, de
la capacité d'analyse stratégique que le ministère a
commencé à faire à partir de la politique des Affaires
internationales. Et, suite à ça, devraient découler, bien
entendu, des plans d'action: Dans tel domaine d'intervention, qu'est-ce qu'on
va faire et sur quels marchés on va les faire. Et ça, ces plans
d'action là, actuellement, c'est ce que le ministère
reconnaît, il n'a pas donné suite à ça, il n'a pas
établi de plan d'action encore. Il a seulement analysé les
marchés, il a commencé à analyser les marchés et
les principaux domaines d'intervention ici au Québec, mais ça n'a
pas versé sur des plans d'action à quoi faire à
l'international pour chacun des domaines d'intervention et, en particulier,
l'économie qu'on a regardé ici.
Préparation des missions commerciales
M. Bouierice: Plus loin, à la page 88 et je pense
qu'il faut citer cet extrait parce qu'il est pour le moins troublant
c'est celui de la préparation des missions commerciales. Et Dieu seul
sait que l'on glose sur ces missions commerciales qui vont à
l'étranger. Vous écrivez: Nous avons aussi constaté que le
déroulement des activités à l'étranger
n'était pas suffisamment préparé. D'une part, dans
certains cas, au moment de recruter des partenaires étrangers, les
représentations à l'étranger ne disposaient pas
d'informations sur les entreprises québécoises
sélectionnées..., je vous avoue que, déjà, au
départ, ces quatre phrases-là sont on ne peut plus
inquiétantes. Et vous allez plus loin: D'autre part, dans la
majorité des dossiers examinés, nous n'avons pas trouvé de
profils des partenaires étrangers et, dans plusieurs cas, nous n'avons
relevé aucun programme de rencontres. Enfin, parce que vous
poursuivez l'examen de dossiers effectué dans les
délégations révèle que ces dernières ne font
vraiment pas de suivi auprès des partenaires étrangers
après le déroulement des activités. À ce
moment-là, c'est fort inquiétant. Je le disais tantôt:
C'est fort troublant! Ça contribue à alimenter une opinion que
l'on entend très souvent, qui est: C'est voyager pour voyager, c'est
d'aller faire du tourisme. Je pense qu'on ne peut pas s'empêcher de
recevoir, comme gouvernement ou comme parlementaires, une remarque comme
celle-ci, quand on lit le rapport du Vérificateur général
qui, clairement, indique: On ne sait pas où on s'en va, on ne sait pas
avec qui on va parler. Ceux qui nous reçoivent ne savent pas qui on
amène avec nous et, une fois qu'on a quitté, eh bien, ferment la
porte, tirent le rideau et disent: Bon voyage de retour. C'est, je le
répète, troublant au niveau des missions commerciales.
Alors, si je prends ces critiques sévères que vous portez
sur la préparation des missions commerciales et des préparatifs
vraiment inadéquats, comment expliquer de telles carences au chapitre du
recrutement des entreprises? Et comment peut-on justifier que les
délégations n'effectuent pas de suivi auprès des
partenaires étrangers après que les missions, étant
donné le mandat même des délégations en
matière commerciale... Parce que je ne veux pas vous rappeler, M. le
Vérificateur général, que ce ministère s'appelait
le ministère des Relations internationales et qu'on l'a
transformé en ministère dit des Affaires internationales. J'avais
dit qu'on voulait lui donner une vision purement et simplement
économiciste, qui ne servait peut-être pas nécessairement
la philosophie que j'ai développée au niveau des relations
internationales, mais on voulait, par ce changement de titre, mettre l'accent
sur l'international versus une adéquation économie. Et là,
vous faites un constat pour employer l'expression américaine
«happy go lucky way», à la bonne franquette, un
peu.
M. Breton: Je dois vous avouer que nous n'avons pas eu l'occasion
de relever la cause exacte de cette façon de faire. Nous l'avons
constatée surtout, je pense, lorsque nous sommes allés
effectivement faire des vérifications dans quelques
délégations à l'étranger où on a eu la
chance de constater comment les choses se passaient. Mais qui en est la cause?
Est-ce qu'il faut jeter le blâme sur une personne, une direction ou
est-ce une absence de philosophie? Je ne crois pas qu'on puisse mettre le doigt
très précisément. (20 h 30)
M. Deblois: on pourrait ajouter peut-être à ce que
disait m. breton, c'est que peut-être la cause de ça ou une des
causes un peu, c'est qu'on ne mesure pas le temps, dans les
délégations par exemple, que peut prendre une activité. on
le dit dans le rapport, à un moment donné, et on dit
également que, dépendamment des délégations et des
directions géographiques ici au québec, il y a des demandes ad
hoc qui peuvent varier entre 20 % et 70 %. il y a beaucoup de demandes ad hoc
qui arrivent dans les délégations et, n'ayant pas de ligne
directrice au niveau des délégations, alors, certaines prennent
plus d'activités que d'autres et c'est peut-être un
élément de cause là à ça, peut-être
les autres éléments qu'on donne.
M. Breton: À 3.35, la dernière phrase de 3.35 dit
bien que, c'est ça, il y a de 20 % à 70 % du temps des
conseillers et des attachés qui n'est pas programmé, des
résultats de situations ad hoc. Alors, en situation ad hoc, le
«sponsor» n'est pas nécessairement le ministère,
à la suite d'un plan prévu.
M. Boulerice: Et les correctifs... Je vous écoute. Bon
j'ai lu. Notre Assemblée nationale, comme parlementaires, appartient
à un organisme qui est assez bien structuré qui s'appelle
l'AIPLF, l'Assemblée internationale des parlementaires de langue
française. Bon, vous le savez, M. Breton, puisque vous nous avez
prêté assistance, vous avez vu le cahier de charges, pour employer
cette expression, que nous avions préparé à l'intention
des délégués. Vous avez reçu également le
cahier de charges. Vous saviez à qui vous aviez affaire, d'où ils
venaient, quels étaient leurs antécédents, quels
étaient les points forts au niveau de leur intérêt.
Lorsqu'il s'agit pour moi d'aller les voir, je pars à partir de
l'Assemblée nationale qui, malheureusement n'a pas nécessairement
les mêmes ressources que ce ministère, si on compare en budget la
Direction des relations parlementaires internationales, l'Assemblée n'a
pas les mêmes ressources. Mais, je pars avec un cahier qui a pratiquement
le même volume que votre rapport. Je sais qui je vais voir, l'heure
où je vais le voir, quels sont également les points forts de
discussion, quelle est même une prospective de sujets qui pourraient
être amenés au point varia si nous devions épuiser l'ordre
du jour au cours de la réunion et qu'on se fait dire: Oui, mais il nous
reste trois heures, on ne va quand même pas gaspiller trois heures, parce
qu'on a quand même fait un long trajet, on a demandé à des
gens de se déplacer de points géographiques très
éloignés les uns des autres. Est-ce qu'il faudrait que le
ministère s'équipe, je vais employer l'expression
«bêtement», puisque ça sem-
ble être le b a ba d'un minimum, c'est-à-dire, d'un cahier
de charges et qu'on sache qui est là? vous avez bien raison, quelle
horreur de constater des choses comme celle-là!
M. Breton: Encore une fois, vous donner la solution miracle ou
l'action exacte qu'il devrait prendre, aurait présupposé, de
notre part, qu'on fasse, peut-être au minimum, une comparaison avec un
autre ministère du même type, ailleurs, pour en connaître
les critères de succès et voir s'il était possible de les
transposer. On a constaté un manque de succès dans plusieurs
actions, on les signale, mais de là à dire la solution
idéale qu'il devrait suivre, nous laissons au ministère l'onus de
le développer, mais ils sont devant un fait que, ils ne peuvent pas le
laisser là, c'est bien certain.
Coordination interministérielle (suite)
M. Boulerice: Avec la remarque précise qu'il y a des
devoirs élémentaires à faire qui ne semblent pas
être faits. C'est bien ça que je comprends. Vous parlez de la
confusion des interventions des ministères des Affaires internationales,
celui de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, à la page 85,
vous estimez que le partage non clairement établi des
responsabilités de ces deux ministères qui disposent chacun de
ressources en matière de prospection d'investissements, occasionne la
confusion auprès des entreprises. Bon, encore là, ça
semble être le b a ba; confusion, désordre, ça ne va plus.
Est-ce que les activités concurrentes du ministère des Affaires
internationales et de l'Industrie et du Commerce en matière de
prospection, justement, d'investissements, constituent pour vous un cas de
chevauchement qui est coûteux, qui est inefficace et qui nuit à
l'action gouvernementale dans cette matière?
M. Breton: C'est... Pardon.
M. Boulerice: Et forcément, comme je vous dis, je suis
aussi bien de vous annoncer la sous-question immédiatement. Est-ce que
la mise sur pied du bureau de prospection des investissements étrangers
serait susceptible de mettre fin à cette confusion ou plutôt de
l'amplifier comme tel?
M. Breton: On a constaté que la présence de la
Direction générale de la promotion des investissements à
l'Industrie et Commerce et du Bureau de prospection des investissements
étrangers faisaient, jusqu'à un certain point, duplication,
puisque les intervenants qui doivent faire affaire avec ces gens ne savent plus
à qui s'adresser vraiment. Il y a donc duplication. Il y a certaines
délégations qui semblent préférer transiger avec
un, d'autres délégations transiger avec l'autre. Vous dire
laquelle des deux devrait prendre le pas sur l'autre et devenir l'officielle,
c'est encore une fois trancher un débat qui, dans ce cas-ci, je pense,
est relié à la politique ou aux programmes de chacun des
ministères. Et je m'excuse encore une fois de vous dire que je ne peux
pas trancher dans ce qui regarde la pertinence des programmes de ces deux
ministères. Mais je peux certainement attirer votre attention sur le
fait qu'il y a duplication d'efforts ici et certainement perte de
ressources.
M. DeBlois: Ce que je pourrais ajouter c'est que, peu avant le
dépôt de ce rapport-là, il y a eu la création
officielle un peu du Bureau de prospection des investissements étrangers
au ministère des Affaires internationales. Et, à ce qu'on nous
dit, c'est que ça n'existerait plus au ministère de l'Industrie
et du Commerce. Tout serait concentré, en ce qui concerne la prospection
des investissements à l'étranger, au ministère des
Affaires internationales. Il n'y en aurait plus au ministère de
l'Industrie et du Commerce pour la prospection à l'étranger.
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques, c'est un honneur pour cette commission de vous
avoir parmi nous. Vous ne venez pas tellement souvent. Et c'est la raison pour
laquelle, comme le député de Labelle semble remarquer, le
président a été très tolérant, puisque votre
temps a largement dépassé la période accordée.
M. Boulerice: II me reste une très brève
question.
Le Président (M. Lemieux): Et que M. le
député de Verdun me demande de bien vouloir lui céder la
parole.
M. Boulerice: Une très brève question, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous le permettez,
M. le député de Verdun?
M. Gautrin: Bien sûr, bien sûr.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député Sainte-MarieSaint-Jacques.
Politique de mobilité du personnel
M. Boulerice: On reconnaît là votre gentilhomme-rie
coutumière, M. le député de Verdun. Ce que vous me dites
c'est que peut-être que le Bureau de prospection des investissements
pourrait réussir à resserrer les choses, sinon nous retournons
à la case départ, quand on parlait de mauvaise coordination
interministérielle au début. La dernière question que
j'aimerais vous poser, c'est celle des ressources humaines. Le rapport formule
diverses recommandations en matière de gestion des ressources humaines.
Vous dites: La mobilité des employés devrait être mieux
gérée et les nominations de délégués,
délégués généraux, faites plus promptement.
Effectivement, assumant depuis quand même peu la
responsabilité des relations internationales, lorsque j'ai
reçu la liste, je me suis aperçu que bien des noms avaient comme
qualificatif a.i., ad interim. Et on sait fort bien que ça devient
gênant, à un moment donné, dans la prise de
décision. Et vous rajoutez - ça, c'est en page 90 - le
ministère ne possède pas de politique de mobilité du
personnel. Il n'exige aucun engagement de la part de ses employés
à occuper des postes dans son réseau de représentation
à l'étranger au cours de leur carrière. De plus, il ne
planifie pas le retour de l'étranger de ses employés, de
façon à profiter au maximum de l'expérience, des
connaissances acquises lors de leur affectation. Ça, je vous avoue que,
là aussi, c'est passablement dramatique de lire une telle chose.
Ça s'appelle en bon québécois du gaspillage. On peut
gaspiller du papier. On peut gaspiller certaines ressources naturelles, et ce
n'est pas plus acceptable. Mais, gaspiller de la matière grise, c'est
dramatique. Donc, la question que je vous poserai est: Par quels moyens le
ministère peut-il, selon vous, concrètement gérer cette
mobilité de son personnel de façon à assurer
l'émergence et c'est urgent d'une véritable
diplomatie québécoise, mais une qui est aguerrie et qui est bien
intégrée dans le ministère, et motiver, effectivement, le
cheminement de carrière au sein de celui-ci? Ce qui se fait sans doute
dans votre organisme, d'ailleurs. (20 h 40)
M. Breton: Je pense qu'il doit en démontrer la
volonté au départ. Parce que, sans doute, avec les règles
de dotation, etc., il y a peut-être certaines contraintes. Mais s'il en
montrait la volonté de réutiliser ses ressources humaines ou
cette matière grise de la façon la plus profitable possible, je
pense qu'un peu de planification lui permettrait de le réaliser. Mais,
pour l'instant, on constate que cette préoccupation n'était pas
la première sur leur table de travail.
M. Boulerice: M. le Vérificateur général,
mesdames, messieurs, vos collègues vous remercient d'avoir porté
à leur attention ces remarques et les réponses que vous avez
apportées à leurs questions. M. le Président, je vous
remercie et je remercie mon collègue de Verdun de sa courtoisie de
m'avoir permis de...
M. Gautrin: Coutumière.
M. Boulerice: ...coutumière, de boucler la boucle, puisque
j'avais cinq questions précises à adresser à M. Breton. Je
vous remercie...
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député.
M. Boulerice: Je garderai un excellent souvenir de ce passage
à cette commission.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Sainte-MarieSaint-Jacques.
M. Gautrin: Vous pourrez revenir souvent.
Le Président (M. Lemieux): Pas nécessairement avec
la même largesse d'esprit.
M. Gautrin: Vous devriez venir débattre...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: ...de 198, ça serait intéressant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, la parole est à vous.
M. Boulerice: Mes conseillers me le suggèrent. M.
Gautrin: Ha, ha, ha! Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal Métropolitain
M. Gautrin: M. le Président, alors, il y a tellement de
questions qu'on peut aborder, on est un peu pris avec une multitude de
questions. Je vais parce que ça m'inquièteje vais
rentrer sur le chapitre 8, donc, je fais un plongeon très loin, sur la
Corporation d'urgences-santé de la région de Montréal
Métropolitain. Vous êtes assez, disons, dur avec la Corporation
d'urgences-santé. Si je comprends bien le tableau que vous avez
publié à la page 193: Ratios pour l'année 1990. Vous
comparez la Corporation à ce qui se passe dans d'autres services
ambulanciers, c'est bien cela?
M. Breton: C'est bien ça, oui.
M. Gautrin: donc vous dites que le délai de facturation
est de 28 jours pour la corporation et de 4,5 jours dans les autres services.
mauvaises créances: 5,6 % alors qu'elle est de 3,5 % ailleurs. vous avez
31,4 postes pour la facturation et, bien qu'ils ont 5,6 % et un délai de
facturation de 28 jours, tandis que les autres fonctionnent avec 2,5 postes.
c'est bien ça?
M. Breton: C'est bien ça, oui.
M. Gautrin: Et est-ce que c'est bien ce que je dois lire aussi:
Le nombre moyen de transports par poste, c'est-à-dire c'est par
employé, c'est bien ça?
M. Breton: C'est bien ça. C'est les 157 000
divisés...
M. Gautrin: 5000 par poste pour la Corporation et c'est 11 440
pour les autres?
M. Breton: Oui. C'est ça.
M. Gautrin: C'est un jugement plutôt sévère,
et je comprends qu'après vous dites, en 8.18: La Corporation n'a pas
défini clairement les rôles, les indicateurs de rendement et les
responsabilités des personnes. Je comprends que c'est... Le tableau
à côté est assez clair dans ce qu'on a à voir.
J'avais vu une question, encore, qui m'avait inquiété.
J'avais regardé le 8.22. Vous dites... Vous parlez... Il y aurait
donc... On aurait payé 1 700 000 $ alors qu'une quittance en bonne et
due forme confirme l'état de...: «Le ministère de la
Santé et des Services sociaux a autorisé, le 12 juin 1992, la
Corporation à assumer ces dépenses.» On parle donc du 1 700
000 $ qui était avant. C'est bien ça?
M. Breton: Oui.
M. Gautrin: En 8.21.
M. Breton: Oui, oui.
M. Gautrin: «Cependant, cette autorisation a
été donnée sous le motif d'honorer des cautions... Or, il
est pourtant clair que ces cautions avaient été
libérées à la date de la transaction d'acquisition des
événements d'actif de la Coopérative...» Est-ce que,
donc, il y a 1 700 000 $ qui sont disparus dans la brume, c'est ça?
M. Breton: Non. C'est le... M. Gautrin: J'ai mal
compris.
M. Breton: Les 1 700 000 $ sont toujours là. C'est qu'on a
utilisé une excuse pour justifier son paiement alors que c'était
dû à une autre cause.
M. Gautrin: Et la réaction de la Corporation à vos
recommandations, ça a été... Vous avez... Ça a
été quoi?
(Consultation)
M. Gautrin: Je m'excuse de poser beaucoup... C'est
peut-être trop général, ma question?
Une voix: Non, non.
M. Breton: Votre question n'est pas trop générale.
Alors, il y a M. Alain Drouin qui...
M. Gautrin: Parce qu'à mon sens, ça fait partie
d'une... Enfin, quand je traverse ça assez rapidement, ça
été... enfin, il y en a d'autres dans votre rapport, mais
ça a été un élément qui m'a
particulièrement attiré l'attention en me disant, c'était
un peu, disons, bizarre.
M. Breton: C'est un montant ou c'est une situation que nous
rapportons depuis... C'est la deuxième année qu'on en parle, je
crois. Alors, M. Alain Drouin, qui est le directeur de vérification et
qui s'est occupé de ce dossier, pourrait vous donner une réponse
plus précise. Si tu veux te nommer en commençant.
M. Drouin (Alain): Oui. Alain Drouin, directeur de
vérification. Alors, ici, il est question, pour le montant du 1 700 000
$, ça fait partie de la transaction d'acquisition de tous les
véhicules ambulanciers de l'ex-Coopérative des services de
transport ambulancier de Montréal par la nouvelle corporation. Cette
transaction prévoyait, selon une décision ministérielle,
de racheter les ambulances, suite à la proposition concordataire
déposée par la coopérative, de racheter les
véhicules ambulanciers de la coopérative et le dénouement
de cette transaction, finalement, a fait en sorte que, à la toute fin de
la transaction, le 25 novembre 1991, il y avait pour 1 700 000 $ de
dépenses relatives à des salaires payés à des
employés de la coopérative qui restaient en suspens. Et, dans une
décision du ministère datée, elle, du 12 juin 1992
donc, plus de six mois plus tard elle entérinait le fait que la
Corporation, oui, prenne à sa charge ces dépenses, mais, sous le
motif, comme M. Breton le disait tout à l'heure, d'honorer les cautions
émises par la SDC en faveur de l'ex-coopérative des
travailleurs.
Au moment de cette transaction-là, les cautions qui avaient
été émises par la SDC étaient éteintes
depuis novembre 1991, donc, ce qu'on veut alléguer dans le paragraphe
8.22, c'est qu'on a, c'est que le ministère de la Santé et des
Services sociaux a finalement entériné la prise en charge des 1
700 000 $ sous un motif qui n'est pas exact, est inexact en soi. Mais, par
ailleurs, pour enchaîner sur la réponse de la Corporation, vous
sem-blez dire: Qu'est-ce que la Corporation répond à cela? Eh
bien, dans les faits, elle répond que, finalement, pour assurer les
prestations de services d'urgence de Montréal et Laval, elle a dû
procéder comme suit, étant donné l'état d'urgence
de la situation.
M. Gautrin: Bon. Si je continue là-dedans, on va remonter
un peu, je comprends ça, 8.15. Vous dites: Les mécanismes de
facturation et de recouvrement propres à chaque type de
clientèle... Elle ne dispose pas de mécanismes de facturation et
vous aviez précisé, dans la page précédente, les
trois types de clientèle à 8.7. Bon. Elle n'a pas de
mécanismes, non plus, d'évaluation de rendement. Moi, je me pose
encore la question. Là, vous leur faites un certain nombre de
recommandations, mais est-ce qu'elle a réagi, la Corporation? Est-ce
qu'elle a fait quelque chose? Est-ce qu'elle va changer ses pratiques
ou...?
M. Drouin: Bien là, présentement, elle a
réagi dans ses commentaires, dans un premier temps. Elle nous indique
que, effectivement, son système de facturation est désuet. Par
contre, elle nous mentionne également que, pour améliorer son
rendement à ce titre-là, il lui faut faire des investissements
dans ses systèmes informatisés.
M. Gautrin: Et les autres services, là, je reviens
toujours au tableau, à la page 193, eux, ils facturent d'une
manière informatisée?
Une voix: Oui.Les autres services aussi.
M. Breton: Pour les autres transports ambulanciers, on ignore si
c'est un système automatisé ou manuel.
M. Gautrin: Mais vous avez... Oui, mais la différence est
tellement frappante. Écoutez, ce n'est pas sorcier de voir ça. En
tout cas, moi, j'imagine que, l'an prochain, vous allez voir s'ils ont suivi
vos recommandations, c'est bien ça et on pourra avoir l'occasion de
resoulever la question.
M. Breton: II y a M. Bédard, il est Vérificateur
général adjoint, qui pourrait peut-être ajouter quelques
commentaires sur ce dossier.
M. Bédard (Gilles): Merci. Une voix: Veux-tu
t'identifier?
M. Bédard: gilles bédard, vérificateur
général adjoint. je pense que nous avons un cas complet, ici,
où nous dénotons, d'une façon assez évidente, des
lacunes à l'égard de la gestion, de la facturation et du
recouvrement et on vient donner des exemples de ces lacunes-là. vous
avez donné tantôt, justement, des exemples assez tangibles de
certaines lacunes. on dit que la documentation relative à ses pratiques
de gestion n'est pas facilement accessible au personnel, ses pratiques ne sont
pas mises à jour, elle ne dispose pas de mécanismes de
facturation et sa facturation n'est pas intégrale. les
conséquences qu'on a vues de ça, c'est que la corporation, dans
un court laps de temps, dans un laps de temps de trois mois, a dû
émettre 2700 corrections à la suite de l'émission
d'environ 52 000 factures; 5 % des factures acheminées par la poste
à la clientèle avaient été retournées
à la corporation, parce qu'elle ne connaissait même pas les
adresses de ses clients, dans plusieurs cas. et elle n'a pas pu prendre des
mesures pour en prévenir la répétition. la
conséquence de ça, c'est qu'on vient regarder des corporations
similaires ou des organismes similaires, de quelle façon ils
s'acquittent de leurs responsabilités. et on voit, à
l'égard des délais de facturation, des écarts
considérables dans le nombre moyen de transports ambulanciers par poste.
et on voit aussi, chose qu'il ne faut pas négliger, des pourcentages de
mauvaises créances qui sont quand même assez importants, et des
écarts assez importants. bien sûr, la corporation, si elle pouvait
s'expliquer, aurait sûrement des raisons pour justifier ça. mais,
à tout le moins, les lacunes qu'on a constatées, bien, les causes
sont évidentes, et en même temps on voit les conséquences
de ça. (20 h 50)
M. Gautrin: Je vous remercie. C'est au moins un cas que,
personnellement, moi je vais essayer de suivre, de me renseigner
là-dessus. Mais, M. le Président, est- ce qu'en terme de
travail... Moi, j'ai terminé maintenant sur urgences-santé, en
terme de temps. Est-ce qu'on passe à un autre ou on repasse...
Le Président (M. Lemieux): Je pourrais passer la parole
à M. le député de Labelle, mais il y a M. le
député de...
M. Gautrin: Parce que, c'est pour éviter la gestion...
Moi, j'ai d'autres secteurs dans lesquels je voudrais poser des questions.
Mais...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost qui aurait peut-être une couple de questions.
M. Gautrin: Mais, si on veut peut-être rester sur
urgences-santé et après on pourrait passer à un
autre...
M. Léonard: On coupera le temps, plus court que 20
minutes.
Le Président (M. Lemieux): Mais préalablement,
permettez-vous à M. le député de Prévost. Il a une
couple...
M. Gautrin: Oui, allez-y.
Office du crédit agricole
M. Forget: Voici, M. le Vérificateur et toute
l'équipe, c'est concernant l'Office du crédit agricole. Je
pense... O.K.? Je regarde, au niveau de l'Office, quand même, vous avez
fait une vérification du mieux que vous avez pu faire, mais vous avez
quand même beaucoup de critiques face au fonctionnement de l'Office du
crédit agricole. Alors vous avez une certaine inquiétude de la
façon que ça fonctionne. Est-ce que vous pouvez aller... Les
points les plus précis qui pourraient toucher, pour que ça soit
plus efficace. Parce qu'il semble qu'il y a beaucoup d'argent qui se gaspille
inutilement.
M. Breton: À l'Office du crédit agricole, il y a
toute la philosophie des prêts qui pourrait être remise en cause,
parce que, d'une part, les fermiers ont tendance à emprunter au maximum
de leur pouvoir avec l'aide de l'Office. Et on n'a pas la preuve que c'est la
façon la plus rentable de procéder. À titre d'exemple,
dans un certain nombre de cas, on a testé, on fait l'essai que si les
taux d'intérêt augmentaient brusquement, un certain pourcentage
des gens seraient obligés de faire faillite parce qu'ils sont à
la limite du potentiel.
Il y a toute la philosophie de l'aide à l'installation où
il nous semble étonnant de voir qu'il y a une aide qui est
donnée, mais sans demander aux nouveaux participants, aux nouveaux
associés de mettre une mise de fonds l'aide à
l'établissement sans s'assurer que ça donne du travail
à tout le monde, tout ce dont on s'assure, finalement, c'est que les
remboursements sont couverts. Il y a ainsi plusieurs autres facteurs dans la
gestion, par exemple, lorsqu'une entreprise est en difficul-
té, les banquiers ont tendance à ne pas être
très prompts à prévenir l'Office que les choses vont mal.
Les banquiers vont étirer assez longtemps le processus de liquidation.
Et, pendant tout ce temps-là, l'Office continuait à payer des
intérêts sur le montant garanti, alors que ça aurait pu
être liquidé, si vous voulez, ou, tout au moins, retiré des
banques, dès l'origine; on arrête les intérêts
à la banque et il revient à l'Office de liquider elle-même.
Dans certains cas, il aurait été plus simple d'effacer le
prêt que de payer les intérêts qu'on a payés à
la banque, en espérant récupérer la mise de fonds cinq ans
plus tard.
M. Forget: II y une autre question aussi. C'est au niveau des
prêts de l'Office du crédit agricole, vous avez...
Là-dedans vous n'en parlez pas, mais, quand même, la
Société du crédit agricole qui vient compléter
également. Mais vous n'en parlez... Naturellement, ça
relève du fédéral.
M. Breton: Oui, il y a celle-là qui effectivement. ..
M. Forget: Oui, mais par contre qui est garanti. Parce que vous
avez des agriculteurs, quand même, qui sont obligés d'emprunter
600 000 $, 700 000 $ pour pouvoir fonctionner. Et d'ailleurs, c'est un
investissement de, je dirais, des fois, 900 000 $, 1 000 000 $. Parce que, en
réalité, c'est rien que 250 000 $ qui... Le prêt est
garanti par le gouvernement du Québec, c'est-à-dire
subventionné de 2 % à peu près. Parce que l'autre, aller
jusqu'à 500 000 $, les 300 000 $, ils n'ont pas de subvention. C'est
exact?
Alors, c'est pour ça que je me posais des questions. Je n'avais
pas vu la différence au niveau que la société prête.
Eux autres, il n'y a pas de moins au niveau des intérêts, ils
paient le plein montant qui est garanti par le gouvernement
fédéral. Est-ce que vous me suivez?
Une voix: Oui.
M. Breton: M. Ghislain Cayer la soirée avance
M. Ghislain Cayer, directeur de la vérification à l'Office
du crédit agricole, pourrait vous répondre.
M. Cayer (Ghislain): Ghislain Cayer, directeur de
vérification. L'Office du crédit agricole fait des prêts
garantis jusqu'à l'ordre de 800 000 $. Et les subventions
d'intérêts sont payées jusqu'à des prêts de
200 000 $. Un agriculteur peut prendre un prêt jusqu'à l'ordre de
200 000 $ à l'Office et se rendre à la Société du
crédit agricole chercher les avantages là. Il n'est pas
obligé de rester seulement à l'Office.
Une voix: D'accord.
M. Cayer: II peut avoir des prêts aux deux endroits. Il n'y
a aucun problème là-dessus.
M. Forget: Mais les recommandations que vous faites montrent une
certaine inquiétude. Est-ce que c'est au niveau de ces
prêts-là ou c'est au niveau des prêts moins
élevés, par exemple?
M. Cayer: L'inquiétude est surtout au niveau du fait qu'on
fait des prêts très serrés, très risqués. La
méthodologie que prend l'Office du crédit agricole fait en sorte
que, si les revenus excèdent de peu les dépenses du producteur
agricole, le prêt va être effectué. On a fait plusieurs
sondages qui font en sorte que si, pour une raison ou une autre, l'agriculteur
doit emprunter pour des quotas ou il doit s'acheter de la machinerie, il doit
obligatoirement réemprunter à nouveau. Et, juste le fait de
réemprunter fait en sorte qu'il vient avec une marge déficitaire
immédiatement et ne peut pas rembourser son prêt. Il doit donc
alors retourner à l'Office, faire reconsolider ses prêts et c'est
une chaîne comme ça qui tourne constamment.
M. Forget: Est-ce que vous voyez des productions plus dangereuses
les unes que les autres, parce que vous avez quand même des productions
qui sont plus fragiles ou les prêts sont peut-être trop
élevés, non?
M. Cayer: On n'a pas travaillé...
M. Forget: Vous n'avez pas travaillé là-dessus.
M. Cayer: ...en fonction de la production. On a regardé
les prêts que l'Office faisait.
M. Forget: Dans l'ensemble. M. Cayer: Dans l'ensemble.
M. Forget: Mais lorsque vous parlez, dans votre rapport,
concernant les centres régionaux, par exemple, au niveau des services,
il semble qu'il n'y a pas tellement d'affinités au niveau de l'Office du
crédit agricole et les centres régionaux au niveau du
ministère de l'Agriculture.
M. Cayer: On ne parle pas du ministère de l'Agriculture,
on parle des bureaux régionaux de l'Office du crédit
agricole.
M. Forget: De l'Office?
M. Cayer: De l'Office. Un problème majeur qu'on retrouve
à l'Office, c'est qu'au niveau des systèmes d'information,
l'Office du crédit agricole est loin en arrière de d'autres
institutions financières du même genre, ce qui fait en sorte qu'au
niveau des bureaux régionaux, on n'accède pas aux systèmes
directement. On n'a pas d'information sur l'image des prêts, ce qui fait
en sorte que les gens dans les régions ne peuvent pas faire de suivi
adéquat sur leurs dossiers. C'est le problème au niveau surtout
des régions, le manque d'information qu'on donne à ces
gens-là. D'ailleurs,
l'Office donne, aux bureaux régionaux, il donne des listes de
prêts en arrérages mais pour seulement deux des lois qu'elle
administre, et elle en administre huit. L'information sur les six autres lois
n'est pas disponible dans les régions.
M. Forget: Est-ce que vous trouvez que les gens... Le temps est
fini? Dernière petite question, juste une petite question. Est-ce que
vous trouvez que l'Office est trop loin des agriculteurs, c'est-à-dire
au niveau régional? Ils devraient s'approcher davantage, le service?
M. Cayer: Trop loin, non. C'est simplement que, au niveau des
régions, étant donné l'information à leur
disposition, qu'ils ne peuvent pas donner autant de services qu'ils voudraient
le faire car l'information n'est pas disponible.
M. Breton: Les personnes qui sont dans les régions n'ont
pas l'information à la portée de la main. Six des huit lois sont
gérées à partir du bureau chef. Donc, ces gens-là
ne peuvent pas travailler. Deuxièmement, ils reçoivent de
l'information, habituellement avec six mois de retard. Donc, ils ne sont pas en
mesure, dès les premiers manquements de rencontrer les paiements, de se
mettre en contact avec l'agriculteur et l'aider à voir venir.
M. Forget: Est-ce que vous me permettez juste une petite question
très courte? Prenez par exemple...
M. Léonard: Pourquoi vous dites ça?
M. Forget: Ça va vous rendre service. M. le
député de Labelle, ça va vous rendre service.
M. Léonard: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Léonard: Non. Vous le savez. O.K.
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous redonner votre
temps, M. le député de Labelle. Allez-y!
M. Forget: Je reviendrai, je reviendrai.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Prévost.
M. Forget: C'est tout simplement... Prenez comme une
région, Laurentides, Lanaudière, Laval, il y a un bureau de
l'Office du crédit agricole, qui est à L'Assomption. Est-ce que
vous sentez, par exemple, que rien qu'un bureau comme ça, ce n'est pas
assez pour rendre service aux agriculteurs des trois régions, non?
M. Breton: On ne peut pas se prononcer de cette
façon-là.
M. Forget: C'est justement.
M. Breton: Ce qu'on sait, c'est qu'ils n'ont pas toute
l'information qu'ils devraient avoir.
M. Forget: O.K.
Le Président (M. Lemieux): C'est rare, rare. Je ne peux
pas dire qu'il abuse tellement, il n'abuse pas tellement. M. le
député de Prévost. M. le député de
Labelle.
Développement des ressources humaines
M. Léonard: M. le Président, je voudrais revenir
aux ressources humaines, rapidement, pour souligner encore quelques perles,
parce que c'est quand même le coeur, la partie la plus importante de
votre rapport, sur la dotation, juste à la page 46, une perle en
passant: 34 000 candidatures pour 133 postes disponibles. Ça vous donne
une idée de ce qu'il y a comme demandes d'emplois. Il y en a qui veulent
travailler, à tout le moins. C'est ça que ça veut dire.
(21 heures)
Et puis, autre chose, juste parce que je vais les prendre, pratiquement,
vos têtes de chapitre: le partage des listes de déclaration
d'aptitudes interministérielles, 150 listes de candidats
déclarés aptes, des nominations symboliques, des augmentations de
coûts de publication de près de 25 %, manque de transparence un
peu partout, six des huit ministères ont réussi à
s'organiser, lors de concours de recrutement s'adressant au public, pour ne
nommer que des employés occasionnels déjà en place, 53 cas
qui ont favorisé 30 employés occasionnels, etc.
Bon, j'arrête là, sur la dotation, pour venir à
autre chose: le développement de ressources humaines. Parce qu'on fait
beaucoup de discours sur la formation professionnelle, surtout au gouvernement,
et on se demande si, en faisant beaucoup de discours, si on pratiquait
l'exemple. Puis, on arrive sur quelques problèmes assez importants.
Je pense que, là-dessus, quand vous dites les
responsabilités des intervenants ne sont pas toujours
déterminées, j'arrive à un petit, encore, à une
perle sur ce plan: les colloques et conférences financés en marge
de la loi et des règles en vigueur. Je vais prendre ce cas-là
parce qu'il est indicateur d'un état d'esprit. Le paragraphe 2.140, vous
dites: Les ministères et organismes n'ont pas les ressources
nécessaires. Au paragraphe 2.141: Un examen sommaire nous a permis de
constater qu'au moins cinq groupes interministériels M. le
Président, écoutez bien ça travaillant dans quatre
sphères d'activité différentes: la gestion des ressources
humaines, l'informatique, l'évaluation de programmes et les
communications de même que l'Office des ressources humaines et je
rappelle en passant que ça relève
du Conseil du trésor ont choisi de contourner leurs
difficultés en fonctionnant en marge de la loi et des règles en
vigueur. En effet, l'Office gère au moins quatre comptes bancaires en
dehors de la structure budgétaire définie par la Loi sur
l'administration financière. De plus, chacun des groupes
interministériels examinés possède un compte bancaire
alors qu'aucun mode de financement n'est prévu pour ce type
d'organisation. Ces comptes bancaires ne sont pas enregistrés au nom du
gouvernement du Québec et, par conséquent, sont tout à
fait illégaux. Cette façon de procéder existe depuis au
moins 1987.
Alors, il y a comme quelques problèmes. Alors, il faut aller aux
explications ou justifications que donne l'Office des ressources humaines. Ils
doivent avoir quelques explications. Alors, financement des activités:
Nous considérons que cette recommandation du Vérificateur qui
portait sur la situation par rapport à l'encadrement déborde
largement la problématique soulevée. En d'autres termes, j'ai
l'impression qu'ils lui disent de se mêler de ses affaires. Je ne sais
pas comment vous l'interprétez. En effet, pourquoi vouloir encadrer la
création et les actions des groupes interministériels puisque le
problème soulevé ne réfère qu'au financement des
activités interministérielles de développement. Nous
souhaiterions l'ajout d'une mention montrant le bienfait d'efforts pour
assouplir les règles de financement afin de favoriser et de cultiver,
dans la fonction publique, un esprit d'entrepreneuship. Qu'est-ce que vous
pensez de la réaction? Vous l'avez consignée, à tout le
moins.
M. Breton: Encore une fois, on aimerait qu'eux-mêmes vous
donnent la réponse s'ils étaient présents dans un contexte
d'imputabilité.
M. Léonard: Ha, ha, ha! Oui, mais je pense que
c'est...
M. Gautrin: ...198, puis, on va en discuter.
M. Léonard: Oui, oui, oui, oui. C'est une réponse
facile quand même, mais je dois dire que c'est indicateur d'un
état d'esprit. Alors, c'est un peu le «free for ail», c'est
la liberté, l'entrepreneurship, donc, c'est des petites compagnies
à l'intérieur du gouvernement. J'exagère un peu en disant
ça, mais je ne pense pas que ce soit fait dans un mauvais esprit sauf
qu'il s'insère là-dedans une espèce d'absence de
formalisme. C'est du laisser-aller à toutes fins pratiques. On a
découvert que le gouvernement avait créé des fonds et puis
on se l'applique à soi-même en dehors du gouvernement. Les groupes
interministériels, c'est une activité du gouvernement qui
fonctionne comme activité du gouvernement. Je signale ça, parce
que je trouve que vous avez eu raison de mentionner ça. Vous avez eu
raison de le faire. Bon! C'est un point que je voulais soulever. Alors je
suppose que, là-dedans, on va y placer les revenus des activités
de formation. C'est ça qu'on met là-dedans. On trouve ça
trop compliqué, l'appareil de l'État et on s'organise sur le
bras.
M. Breton: Ces comités auraient pu être
formalisés sous forme... en prenant la même approche que tous les
fonds qui ont été créés pour essayer de cerner les
coûts de certaines activités qui sont quelquefois communes
à plusieurs ministères. Plutôt que de former, créer
des fonds officiels, ça s'est fait officieusement à la suite, je
pense, de réunions de coordination qui ont grossi jusqu'à temps
qu'il y ait nécessité d'entreprendre des opérations qui
demandaient des fonds, une mise en commun étant nécessaire pour
rencontrer les montants. Ça n'a donc pas été
créé volontairement à l'origine. Je pense que c'est un
résultat. Ce sont des comités interministériels pour la
plupart et on a un de ces comités qui n'existe plus comme tel dans le
gouvernement, mais qui s'est recréé à l'extérieur
du gouvernement avec... Les personnes qui le faisaient fonctionner ont
démissionné du gouvernement et ont recréé le
même processus. Ils ont même conservé le même nom; ils
s'appellent le Groupe Innovation qui aura une activité prochainement
à Montréal. C'est le même Groupe Innovation qui avait tenu
une séance assez surprenante, il y a un peu plus d'un an ici, à
Québec, qui avait eu un succès de foule, parce qu'ils avaient
été obligés de refuser les gens à l'entrée.
Alors, une nouvelle compagnie a été créée à
la suite de nos remarques.
M. Léonard: C'est de l'«intrapreneurship», en
quelque sorte!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Breton: Qu'ils ont vécu à l'extérieur du
gouvernement. Les autres comités n'ont pas la même...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ces gens-là
ont tous démissionné du gouvernement?
M. Breton: Je ne pourrais pas vous dire que tous ont
démissionné, mais quelques-uns des principaux, semble-t-il,
ont...
Le Président (M. Lemieux): Je ne suis pas certain,
moi.
M. Breton: ...quitté le gouvernement, à ce que je
sache.
Le Président (M. Lemieux): Ils ont quitté le
gouvernement de façon définitive? Ils ne sont pas en congé
sans solde, prêt de service ou autre forme de...
M. Breton: Je n'ai pas relevé le dossier de chacun.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais ça avoir la
réponse à ça.
M. Breton: À l'origine, avant qu'ils quittent les
lieux, je sais qu'il y a eu des discussions à cet effet, à
savoir, est-ce qu'on peut prendre notre chance tout en gardant un parachute? Je
ne sais pas ce qui en est advenu, mais au moment où j'en avais entendu
parler, l'été dernier, ce n'était pas une approche qui
semblait être favorisée par les autorités. Mais j'ignore
quelle a été la version finale.
Commission de la santé et de la
sécurité du travail
M. Léonard: Sur le dernier point que je voulais soulever
sur les ressources humaines, à ce stade-ci, sauf à souligner que
je pense que c'est un nouveau chapitre que vous avez inséré dans
votre rapport que celui sur le suivi. C'est un nouveau chapitre. C'est une
excellente innovation, excellente innovation. Moi, je pense que, effectivement,
après avoir fait des remarques, il est important de revenir
l'année d'après ou deux ans après pour dire: Est-ce que
ça a donné quelque chose? Et je suis allé voir, lire ce
chapitre. Ce que je remarque, finalement, de façon
générale, c'est que ce qui est déficient le plus, c'est
finalement les activités de contrôle qui sont mal
installées et activités aussi d'évaluation des ressources
humaines, de gestion des ressources humaines. J'ai lu chacune des
entités, le rapport sur chacune des entités. Très souvent
ça revient et on retrouve le problème que vous avez
identifié dans votre rapport cette année, à savoir, celui
de la gestion des ressources humaines. Mais, là aussi, il y a des perles
assez fantastiques, par exemple, quand vous dites sur vos remarques
générales: Contrôle de gestion sur le plan des ressources
humaines: Environ la moitié des entités concernées n'ont
pas donné suite de façon satisfaisante à nos
recommandations. Des améliorations sont donc souhaitables en ce domaine,
particulièrement au chapitre de l'encadrement, ce qui favoriserait une
utilisation plus efficiente de cette ressource. Donc, en termes de formation
professionnelle et d'encadrement, il y a un point, là.
L'évaluation par la suite: Plus de la moitié des entités
concernées n'ont pas encore déployé les efforts qui leur
permettraient de procéder à cette évaluation
constatation majeure! la conformité législative.
Malheureusement, quelques entités ne se conforment toujours pas à
toutes les dispositions législatives les concernant. Ça veut dire
que c'est de l'illégalité ou à peu près, mais il
reste que c'est quelque chose, c'est une remarque... (21 h 10)
Je renote aussi une chose, M. le Président, parce que je ne peux
pas, je n'ai pas pu m'empêcher de souligner la phrase au paragraphe 9.62,
en ce qui concerne la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. En plein milieu du paragraphe, il est dit:
Par exemple, la Commission ne demande pas encore dans les rapports
médicaux si un travailleur est apte à travailler. Je trouve la
constatation majeure pour la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Je sais que je ne peux pas vous demander ce
que vous en pensez. Est-ce que, après ce rapport sur le suivi, c'est
toujours le cas? Est-ce que vous avez pu revérifier à nouveau, et
surtout mainte- nant, après avoir émis votre rapport, si vous en
avez eu des échos? Il me semble que c'est une question fondamentale pour
la CSST que de se demander si quelqu'un est apte à travailler ou
pas.
M. Breton: Si vous permettez, je vais demander au directeur de la
vérification à la CSST de répondre à cette question
très pointue, M. Jean Gamache.
M. Gamache (Jean): Bonjour, Jean Gamache... M. Léonard:
Oui.
M. Gamache: ...directeur de vérification. Effectivement,
dans les rapports médicaux, ce n'est pas demandé si le
travailleur est apte à travailler, parce que la Commission
considère que, selon la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, selon l'interprétation, ce n'est pas au
médecin...
M. Léonard: À décider si... à savoir
si la personne est apte à travailler ou pas?
M. Gamache: C'est ça.
M. Léonard: Mais, quand ils évaluent le
degré de capacité, comment on dit ça, d'incapacité
à la CSST, comment ils font? C'est ça qu'ils disent, ils sont en
train déjuger de la capacité de travailler ou pas.
M. Gamache: En fait, c'est: si apte à travailler sur un
autre poste en attendant...
M. Léonard: Ah oui, ailleurs.
M. Gamache: C'est ça. On ne demande pas ça dans le
rapport du médecin. Le médecin doit dire la date où la
personne est consolidée, c'est-à-dire la date où,
médicalement, il n'y a plus rien à faire pour améliorer sa
condition...
M. Léonard: II n'y a plus rien qui bouge, oui.
M. Gamache: ...mais on ne demande pas, au niveau du rapport
médical, si elle pourrait occuper un autre travail, ce qui faciliterait
l'assignation temporaire, à ce moment-là, revenir, et on pourrait
diminuer les coûts des prestations à cet
accidenté-là.
M. Léonard: Est-ce que vous pouvez dire si c'est une
carence dans la loi, dans la réglementation?
M. Gamache: Selon la loi, c'est à l'employeur à
gérer l'assignation temporaire.
M. Léonard: Oui, mais à partir du moment où
quelqu'un est déclaré incapable d'accomplir son ancien travail et
qu'il émarge au budget de la CSST, il pourrait changer de travail et il
pourrait être capable de travailler.
M. Gamache: Même chez son employeur actuel, on pourrait lui
donner un travail allégé. Nous, on pense que, même si ce
n'est pas de la responsabilité du médecin de déterminer si
la personne peut occuper un emploi léger, si cette information-là
était demandée sur les rapports médicaux, ça
permettrait à l'agent d'indemnisation de travailler auprès de
l'employeur...
M. Léonard: Oui, O.K.
M. Gamache: ...pour dire: Est-ce que tu peux lui trouver quelque
chose d'allégé et, à ce moment-là, diminuer, bien
entendu?
M. Léonard: Mais la Commission, lorsque vous en avez
discuté avec elle, ou les gens qui étaient là, est-ce
qu'ils ont admis qu'il pourrait y avoir modification de la
réglementation ou de la loi même?
M. Gamache: Disons que, selon l'esprit de la loi originale, ils
voulaient laisser à l'employeur le soin de gérer l'assignation
temporaire.
M. Léonard: Oui.
M. Gamache: C'est ce qu'on nous répond. Ministère
du Revenu
M. Léonard: Je vais aller à un autre secteur parce
que je vois que le temps passe, mais je pense que ça vaut le coup.
Peut-être... page 235 au chapitre 10, Comptabilisation des impôts
sur les revenus et les biens. Ce que l'on constate dans le petit tableau qu'il
y a à la droite, point 235, c'est que les remboursements
anticipés ont varié de façon considérable. Cela, si
je comprends bien, a un impact direct sur le déficit du
gouvernement.
M. Breton: Exact.
M. Léonard: Est-ce que vous avez détecté ou
vous avez pu faire des recommandations sur moyens de ne pas faire varier
je sais que vous avez déjà fait des recommandations,
déjà, des remarques, je pense, à vos rapports
antérieurs est-ce qu'il y a eu des mécanismes qui ont
été mis en place pour diminuer les variations qu'il n'y aurait
pas lieu d'y avoir, d'une année à l'autre, normalement, en tout
cas, pas d'une telle ampleur?
M. Breton: Ce n'est pas une question de mécanismes pour
éviter la situation. Cette situation est plutôt de nature
volontaire. C'est, d'une certaine façon, la soupape dans la
comptabilité. C'est le seul poste, dans toute la comptabilité,
qui n'est pas sur la comptabilité d'exercice, qui est sur la base de
caisse. On comptabilise l'argent qu'on a en main ou l'argent qu'on redistribue.
Si on ne l'a pas en main, on ne le comptabilise pas. Et, le mécanisme
est: Est-ce qu'on a l'argent en main ou pas, pour les fins de
comptabiliser?
Alors, l'an dernier, le gouvernement avait l'argent en main, l'a
inscrit, si vous voulez, dans ses ordinateurs qui prévoyaient un
délai d'une dizaine de jours avant de comptabiliser. Et le gouvernement
avait changé la date de comptabilisation afin que les montants se
comptabilisent après la fin de l'année, donc, diminuent le
montant du remboursement, ce qui diminuait le déficit.
Cette année, l'argent n'a pas été
comptabilisé, d'aucune façon, parce qu'il a été
considéré comme n'étant pas en main. Au fond, sans avoir
été présent sur place, je pense que le courrier n'a pas
été ouvert, n'a pas été traité, n'a pas
été mis dans l'ordinateur, de sorte que la date est passée
et, le lendemain, on a regardé ce qu'il y avait dans le courrier pour
déterminer à quelle date on doit rembourser, évidemment,
la fin de l'année était passée.
M. Léonard: Vous avez utilisé l'expression: C'est
une situation de nature plutôt volontaire, si je comprends bien, c'est
une périphrase pour dire que c'était une décision
gouvernementale.
M. Breton: Le ministère du Revenu collecte et comptabilise
les données ou les biens qu'il a entre les mains et les résultats
donnent les chiffres qui sont là. La comptabilisation, l'an dernier,
avait été modifiée directement dans les ordinateurs. Cette
année, la comptabilisation n'a pas été entreprise.
M. Léonard: Oui. Ça donne, une année, 340
000 000$ et, l'autre année, 27 000 000$, ces techniques-là.
M. Breton: Oui. Cette pratique est permise dans le système
comptable du gouvernement.
M. Léonard: Permise.
M. Breton: La norme comptable dit que le gouvernement
comptabilise ses recettes selon ce qu'il a en main. Selon ce qu'il a en main et
susceptible d'être reconnu avant le 31 mars ou après le 31 mars,
dépendant des besoins.
M. Léonard: Oui, je comprends, mais, si vous n'ouvrez pas
les enveloppes...
M. Breton: Bien, oui.
M. Léonard: ...vous ne l'avez pas en main.
M. Breton: Évidemment, ce que nous reprochons à
cette approche, c'est le manque de constance, d'une année à
l'autre, dans la façon d'ouvrir le courrier, toujours d'une
façon, au fur et à mesure qu'on le reçoit et de le
comptabiliser au fur et à mesure qu'on le reçoit. J'énonce
le concept, je montre l'effet, je rappelle que, «comptablement», il
n'y a rien de faux, sauf qu'il semble y avoir un manque de constance dans la
façon d'utiliser le tout.
M. Léonard: On pourrait dire que... Il me semble que ce
n'est pas dans le manuel de base de la comptabilité, celui qu'on
étudie en première année, que de faire que les
procédures soient les mêmes d'une année à l'autre,
avec les mêmes principes, les mêmes techniques; s'il y a des
changements, on les indique.
M. Breton: Bien, c'est ce que nous avons fait ici, dans le
rapport annuel. Nous avons attiré l'attention sur cette pratique et nous
avons donné les dix dernières années pour montrer que
ça s'est déjà produit dans le passé aussi. (20 h
20)
M. Léonard: J'espère que ceux qui collectent la TPS
et la TVQ pour le gouvernement ne procéderont pas de cette façon
parce qu'ils pourraient être assoiffés à un moment
donné. Je ne veux pas donner d'idées à personne. Ceci
étant dit, M. le Président, je pense qu'il faut constater que ce
sont des recommandations qu'il faudra envoyer sous pli recommandé au
ministre des Finances lui-même, quand il dresse ses états
financiers. Ça le concerne directement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lotbinière.
Ministère de la Justice
M. Camden: Je vous remercie, M. le Président. Mes
questions auront davantage trait au chapitre 7, soit relatif au
ministère de la Justice, direction générale de
l'enregistrement. À la page 173, vous indiquez que les bureaux
d'enregistrement doivent conserver leurs documents dans les meilleures
conditions possibles. Pourtant, ces conditions ainsi que le manque de
sécurité de certains des lieux où les documents sont
entreposés contribuent à leur détérioration
prématurée. Et, également, vous traitez, non seulement de
la façon dont c'est entreposé, mais également de la
période où les documents sont traités, enregistrés
ou tout simplement traités sur une base d'opération à
l'intérieur du bureau. Et particulièrement à la page 178,
à 7.17 vous relatez que, dans un bureau, on ne vérifie que cinq
enregistrements par jour. Et ce, bien qu'on y procède, en moyenne,
à 90 enregistrements par jour. Dans un autre bureau, une certaine
catégorie d'enregistrements ne fait pas l'objet d'une
vérification systématique par une seconde personne. À
7.17, est-ce que vous imputez ça au fait qu'il y a une faible
productivité à cet égard-là? Ou on doit
considérer ça comme étant lié au fait qu'il y
aurait un manque de personnel, à cause de la charge de travail?
M. Breton: Non, on n'a pas analysé la cause de cette
situation. On attiré l'attention sur le fait que la directive interne
disait qu'il fallait tout vérifier à 100 % et que, dans cet
endroit en particulier, on se contentait d'en faire 5 sur 90, que dans un autre
endroit, c'étaient seulement certaines catégories
d'enregistrement. On a signalé principalement que les bureaux ne
respectaient pas les directives du ministère. Si ce bureau ne pouvait
pas respecter les directives par manque de personnel, on se serait attendus
à ce qu'on invoque ces excuses ou encore qu'on trouve peut-être
une autorisation de la part du ministère de faire autrement dans la
place, de sorte qu'on n'avait pas cherché à appliquer le
règlement tel que le ministère voulait qu'il soit
appliqué. On dénonce ici un non respect de règlement
à l'intérieur. On n'a pas d'excuses ou d'autorisations ou de
permissions qui ont été remises par le ministère pour
dire: On comprend que vous avez des difficultés, en conséquence,
faites-en donc moins.
M. Camden: Mais, est-ce qu'on vous a indiqué au
ministère ou à l'égard de ces bureaux-là qu'ils
étaient débordés ou il n'y a aucune indication à
cet effet-là par laquelle ils pourraient invoquer une raison, une
justification, est-ce que le ministère vous a fait valoir ça, ou
aucunement ou à partir des gens qui effectuaient le travail au niveau de
ce bureau?
M. Gamache : Disons que dans ce bureau-là en particulier,
ils avaient décidé que ce n'était pas nécessaire,
à leur avis, de vérifier en double, puisque ça se faisait
déjà et que faire une vérification par sondage dans le cas
dont on parle était de cinq. C'était suffisant. Nous, on pense
que, compte tenu de l'importance des enregistrements et des effets que
ça peut avoir, la directive du ministère de vérifier en
double était fort à propos et d'ailleurs appliquée dans
les autres bureaux qu'on avait visités.
M. Camden: Est-ce que, particulièrement à
l'égard de cet... On constate d'abord qu'il y a des gens qui sont
bourrés d'initiatives dans le système. Ça nous fait
remarquer ça! Ce n'était pas la première, ce n'est sans
doute pas la dernière! À 7.19, vous relatez le fait à
l'égard des radiations qui doivent être faites au jour le jour.
Évidemment, ça peut avoir comme conséquence que,
manifestement, ça pourrait être très coûteux, d'une
part, pour les usagers qui ont à se prévaloir de ce service. Et,
dans certains cas, vous indiquez à 7.21 que des bureaux visités
accusaient d'importants retards dans la radiation des documents. Comment ils
réagissent au ministère de la Justice à cet
effet-là, à des commentaires semblables?
M. Gamache: En ce qui concerne l'un des deux bureaux, par la
suite de notre vérification, la situation s'est résorbée
alors que dans l'autre bureau où les délais étaient les
plus importants, on a pris des mesures pour les ramener à des
délais... Disons qu'à la date où on a fait notre suivi au
mois de... où on a obtenu la réponse du ministère, avant
la publication de notre réponse, on avait déjà
réduit de beaucoup les délais, et on tendait à ramener au
jour le jour. Le ministère, dans sa réponse, considérait
qu'il était davantage important d'enregistrer les autres documents, les
actes hypothécaires ou les choses comme ça, que les radiations.
Il ne mettait pas une priorité. Disons, on évoque toujours la
raison du manque de personnel. Ça fait qu'on disait qu'on fait les
autres transactions pour procéder à l'enregistrement
quotidien, entre autres, des nouveaux droits immobiliers. Et en ce qui concerne
les radiations, on le faisait lorsqu'on avait le temps.
M. Camden: Est-ce que c'est conditionné par les modes de
gestion ou c'est davantage conditionné par les gens qui ont parfois des
initiatives ou parfois peu de sens du devoir à accomplir.
M. Gamache: Je ne croirais pas que c'est par le peu de sens du
devoir à accomplir. Ce qu'on a pu constater, c'est qu'il y avait, dans
le bureau en question, il y avait des volumes très importans et on avait
décidé que la priorité n'était pas accordée
aux radiations, bien que c'est la mission du ministère de rendre
ça public au jour le jour.
M. Camden: À 7.34, vous nous indiquez que... Il est
inscrit: Nous l'avons aussi incité à utiliser des méthodes
de conservation et de rangement des documents qui permettent la gestion
optimale des espaces, tout en assurant la disponibilité des informations
essentielles à la clientèle. Concernant, particulièrement,
les méthodes de conservation et de rangement des documents, je sais
pertinemment qu'il y a des bureaux d'enregistrement qui sont, disons,
désuets, dépassés par le temps lui-même et que
l'espace manque. Est-ce que, dans les modes de conservation, on sent... J'ai
cru entendre, récemment, qu'on n'allait pas se prévaloir,
utiliser, particulièrement, du mode de conservation à
l'intérieur de voûtes, mais d'un autre mode. Est-ce que vous avez
des commentaires à formuler à cet effet-là, en relation
avec ceux que vous formulez ici, à l'égard des méthodes de
conservation?
M. Gamache: Disons, je n'ai pas vraiment de commentaires sur
votre commentaire précis si on devait conserver dans les voûtes ou
pas. Le paragraphe 7.34, finalement, est un résumé de l'ensemble
des recommandations que l'on fait sur l'ensemble des lacunes qu'on a
constatées dans les paragraphes qui précèdent. Le
ministère n'avait pas déterminé, lors de notre passage,
les méthodes optimales de conservation, degré d'humidité,
température. Il conserve aussi des documents qui datent depuis 1841.
Est-ce que ces documents-là doivent être mis à la
disposition des... Ça prend un certain nombre d'espaces. Est-ce qu'ils
doivent être tous mis à la disposition de la clientèle
là, ou, s'il y a possibilité de trouver des espaces secondaires,
ailleurs? On pourrait dire: C'est quoi l'adéquation, finalement, entre
le service à la clientèle et la gestion des espaces? C'est des
choses qui n'avaient pas été déterminées
officiellement, bien qu'il y avait des devis qui étaient en cours et
lesquels devis vont être impliqués lors des renouvellements de
baux pour les bureaux d'enregistrement. Parce que, effectivement, notre
recommandation n'allait pas dans le sens, non plus, immédiatement
là, de casser tous les baux et d'installer dans des nouveaux locaux qui
répondraient à ces conditions.
M. Camden: Je vous demande ça parce que, d'une part, pour
être au fait dans le dossier, en particulier, on m'indique qu'il
semblerait que, en tout cas, entre guillemets, nous opterions pour des aires
dites, entre guillemets, je dis bien, ouvertes au sens où il n'y aurait
pas de voûte ni de filière qui ont le caractère qu'on
retrouve généralement dans les bureaux de notaires ou d'avocats,
à l'égard de documents importants et qu'on favoriserait
plutôt le maintien dans des aires relativement ouvertes. Ça
implique donc qu'on doive assurer un contrôle d'humidité et de
faire en sorte, aussi, qu'il y ait une circulation d'air, donc, ça
implique que le papier risque de sécher, de connaître une
détérioration et, évidemment, un va et vient
peut-être plus important. Est-ce que vous avez, là-dessus, des...
(21 h 30)
M. Breton: C'est probablement un développement de la
situation qui est subséquent à notre passage. Nous avons fait un
certain nombre de bureaux pour lesquels nous avons décrit la situation.
Depuis ce temps, le ministère a entrepris d'apporter des correctifs et
il faut dire que ce travail au ministère de la Justice remonte au
printemps 1992.
Une voix: Et à l'automne 1991.
M. Breton: Même l'automne 1991, plutôt. Il s'est
terminé quoi?
M. Gamache: C'est ça. À l'automne 1991 jusqu'en
janvier 1992.
M. Breton: On a quitté le ministère en janvier
1992. Alors on parle d'il y a 14 mois déjà.
M. Bédard: Est-ce que vous me permettez? M. Camden:
Oui.
M. Bédard: Ce qu'on avait remarqué, c'est que le
ministère, à l'égard de... On avait remarqué la
détérioration de certains documents, puis un des points qu'on
trouvait important à indiquer, c'est que le ministère ne
s'était pas doté de normes ou de critères quant aux
conditions de conservation. On sait toutefois que, en 1992, il y a un nouveau
devis qui, d'après eux, devrait être plus complet, qui sera
préparé et devrait être mis en application prochainement
à l'égard de la conservation. Bon. Est-ce que ça peut
répondre à ce que vous présentez? Nous ne l'avons pas
vérifié; ça s'est fait après notre
départ.
M. Camden: Est-ce que vous pensez que ce nouveau devis se situe
dans la perspective, évidemment, de la réforme du code,
là, qui est entré en vigueur et dans l'inscription de nouvelles
normes, là, à l'égard de la gestion des documents et aussi
d'opération des bureaux d'enregistrement et de l'accroissement de la
responsabilité?
M. Breton: C'est après... C'est après notre
passage. Comme je dis, nous avons quitté le ministère ou ce
dossier s'est fermé en janvier 1992. Depuis ce temps, nous avons su que
le ministère était passé à l'action pour apporter
des correctifs, mais on n'a pas fait de suivi là-dessus pour
l'instant.
M. Camden: Est-ce que, maintenant, concernant, à la page
182, à 7.45, vous indiquez, bon: Nous avons relevé plusieurs
faiblesses liées au système et, si on change de paragraphe, on
lit: Plusieurs procédures ont modifié les méthodes de
travail, de sorte que les temps de traitement de différents types de
transaction ont pu varier. Est-ce que, au ministère de la Justice,
à l'égard de recherches qu'on doit effectuer, de contrôle,
de demandes particulières, est-ce qu'on facture en fonction de
l'unité, des unités recherchées ou en fonction d'un temps
de recherche?
M. Gamache: II y a, disons... Il y a deux modes de facturation:
il y a une facturation horaire, pour le temps de recherche et on facture aussi
le nombre de photocopies ou de documents à la pièce, dans les
bureaux d'enregistrement.
M. Camden: Ah! Vous me dites qu'on facture en fonction d'un mode
horaire?
M. Gamache: Oui. Je crois, là, de mémoire,
là, que c'est 5 $ l'heure pour le temps de recherche et...
M. Camden: 5 $ l'heure?
M. Gamache: Oui. Et qu'également, on fait payer pour les
photocopies, là, 1 $, je crois, la photocopie, la page de
photocopie.
M. Camden: Impressionnant, ces 5 $ là! Faut
reconnaître ça! Alors, ça, ce 5 $ de l'heure plus,
évidemment, les coûts d'enregistrement qui sont de 7 $, 8 $,
peut-être plus, actuellement, une douzaine de dollars pour
enregistrer.
M. Gamache: Enregistrer une hypothèque, je crois que c'est
rendu à 42 $.
M. Camden: 42 $. Alors... Et ça, ça comptabilise,
évidemment, pour 29 000 000 $ de revenus.
M. Gamache: C'est ça. Disons, la majorité, c'est
plus les montants à 42 $ pour enregistrer l'acte. Les revenus, au niveau
de la recherche ou des photocopies sont marginaux par rapport aux 29 000 000
$.
M. Camden: Est-ce que vous avez ou... Ce n'est peut-être
pas dans votre mandat, mais est-ce que vous avez fait une espèce de...
Est-ce que vous avez des données comparatives entre les coûts
réels entraînés et les coûts... également,
versus les revenus?
M. Gamache: On mentionne, je crois, que... disons, je ne retrouve
pas le paragraphe exactement. Mais le ministère n'est pas... Compte
tenu...il y a des lacunes au niveau des systèmes d'information. On n'est
pas en mesure de faire ce genre de comparaison là.
M. Camden: Et est-ce que vous avez obtenu du ministère...
est-ce qu'on a également un ratio entre d'une part, le temps
consacré de la main-d'oeuvre sur place à l'égard de
recherches et celui de l'enregistrement proprement dit?
M. Breton: Je pense que ces analyses dont vous parlez auraient
normalement été disponibles à partir du système
d'information de gestion que le ministère s'était donné,
sauf qu'on a constaté que c'est un système qui a
été créé en 1983 et que la situation et
c'est ce qu'on décrit à 7.45 s'est
détériorée ou a changé par rapport à un
système créé en 1983, de sorte que, maintenant, le
ministère n'a plus en main des données comparatives d'un bureau
à l'autre ou des analyses qui reflètent une réalité
qui a évolué. Alors, toutes ces analyses, je ne crois pas
qu'elles soient disponibles d'aucune façon parce qu'il n'y a pas
adéquation entre le mécanique pour les cumuler et la situation
telle qu'elle existe.
M. Camden: Dans votre rapport, également, vous nous dites
que les bureaux, évidemment, ne fournissent pas tous la même
information. Est-ce qu'à cet égard, le ministère a une
politique d'uniformisation du service ou a fait des efforts ou tendait à
faire des efforts pour faire en sorte que le service soit l'équivalent,
peu importe le bureau? Et qu'on ne fasse pas d'une région ou des usagers
une catégorie mieux traitée que d'autres?
M. Breton: D'après un ouï-dire parce que,
encore une fois, on n'a pas fait un suivi sur ce travail je pense que le
ministère s'est adressé aux remarques qu'on a faites et a
cherché à mettre en place des correctifs. Règle
générale, ce qu'on m'a dit, c'est que cette division du
ministère a changé ses méthodes de travail d'une
façon appréciable depuis l'instant où on a
déposé ce premier rapport.
M. Camden: Alors, puisque vous êtes passés il y a un
peu plus de 14 mois, donc, le processus d'informatisation était loin
d'être établi. Il était en phase de conceptualisation, je
présume?
M. Gamache: II y avait certains bureaux qui étaient
informatisés. Mais, disons, la création, entre autres, du fonds
des registres du ministère de la Justice, en janvier 1992, a permis de
revoir l'ensemble ou, en tout cas, au moins les procédures comptables.
À ce niveau-là, on pourra voir, dans nos vérifications
financières en date du 31 mars qui s'en vient, dans quelle mesure
ça a permis d'améliorer les contrôles. Mais effectivement,
il y a eu une refonte importante au niveau des contrôles, je dirais,
financiers surtout.
M. Camden: Je me suis laissé dire, également, que
les gens, au ministère de la Justice, avaient une belle
indépendance d'esprit, semblerait-il, à l'égard du Conseil
du trésor quant aux normes de gestion et également, quant au
fonds d'opération ou enfin, à l'égard d'efforts de
rationalisation. Est-ce que c'est le même constat que vous faites lorsque
vous effectuez des vérifications ou des visites?
M. Breton: C'est un constat très général
auquel vous référez et on ne peut pas dire qu'on a fait un
travail suffisamment général dans ce ministère pour
entériner ce constat. Il faut remarquer, comme vous le démontre
l'organigramme en tout début de ce chapitre, qu'on est allés voir
une seule direction. Tout le reste du ministère, nous l'avons
ignoré en ce qui concerne l'évaluation de la gestion. C'est
seulement la Direction générale de l'enregistrement que nous
avons regardée. Donc, je pense qu'il serait impropre, pour nous, de
prétendre qu'on extrapole pour le reste du ministère.
C'était peut-être une direction qui était plus faible que
les autres, peut-être que c'était représentatif, mais on ne
pourrait pas dire pour l'instant. (21 h 40)
M. Camden; Peut-être que cette prétention tient au
fait que, évidemment, la justice ou enfin, les juges plus
particulièrement, sont ce troisième pouvoir entre
l'exécutif, le législatif et le judiciaire, peut-être que
ça tient d'une part à cela. Mais je voudrais peut-être vous
poser une question. Je voudrais savoir si vous pouvez aller jusque là,
parce qu'évidemment il y a une ligne de démarcation qui... il y a
une zone qui est plus que grise, là, qui est peut-être
délicate à aller à l'égard des cours de justice,
pas tellement à l'intérieur du mode d'opération proprement
dit d'une cour, mais mes concitoyens m'ont fait part qu'ils avaient un
questionnement un peu particulier à l'égard du mode, de la
façon dont on opère dans la convocation des témoins, dans
le mode d'opération où on convoque des dizaines, voire même
des centaines de gens pour une journée, sachant fort bien qu'on ne
pourra les entendre, pour choisir, d'une part, les jurés. C'est
particulièrement à cet égard-là qu'on a
porté ça à mon attention. Et que, évidemment, on
doive les faire revenir le lendemain, le surlendemain, et ça peut durer,
bref, une bonne partie de la semaine. Mais on fait courir un peu, beaucoup de
gens comme ça et ça fait évidemment bien des gens dans les
corridors et ça prend aussi peut-être plus d'espace. On doit le
reconnaître. Il y a autant de chaises pour garder tout ce monde au palais
en disponibilité, au cas où on en aurait besoin. Est-ce que,
là-dessus, votre mandat vous permet d'aller jusqu'à ce
niveau?
M. Breton: Ça nous permet d'aller voir d'assez près
jusqu'à ce niveau. Effectivement, nous sommes dans cette section du
ministère de la Justice, cette année, et nous serons en mesure de
passer des commentaires dans le rapport que nous publierons, l'automne
prochain. Maintenant, jusqu'où nous irons, il est bien sûr
qu'à un moment donné il faut être prudent pour ne pas
empiéter sur le pouvoir de la justice comme tel, mais il y a
certainement un certain nombre de pratiques administratives que nous examinons
pour l'instant.
M. Camden: Je conviens avec vous, M. Breton, que c'est une zone
qui est délicate, où vous marchez sur de la glace qui est mince.
Ce n'est pas facile à démarquer. Cependant, je dois vous indiquer
que vous avez là un souci, une préoccupation de la population et
de celui qui vous parle parce que je pense qu'il faut donner une certaine
latitude effective au système judiciaire pour opérer, mais
cependant, il y a une limite au-delà de laquelle je pense qu'il faut
être aussi, d'une part, respectueux des individus, et d'autre part, des
coûts que l'opération même du système engendre.
M. Breton: Nous essayons d'évaluer la qualité de la
gestion de cette fonction.
M. Camden: Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lotbinière. M. le député de
Labelle.
Centre de recherche industrielle du
Québec
M. Léonard: Merci, M. le Président. Il me reste
seulement quelques minutes. Je reviendrai en quelques remarques à la
fin. Je voudrais aller au Centre de recherche industrielle du Québec,
c'est-à-dire au royaume de l'apôtre de la qualité totale,
section recherche et développement. Je regarde un peu les lacunes qu'il
y a là. Le premier paragraphe: L'an dernier dans notre rapport à
l'Assemblée nationale nous avons signalé des faiblesses dans les
procédés relatifs à la facturation aux comptes clients.
Cette année, des lacunes persistent toujours. Et je rappelle que l'an
dernier, il y avait aussi le ministère de l'Industrie et du Commerce et
surtout la SDI qui étaient en cause. Je suppose que l'an prochain nous
aurons droit au suivi des mesures qui auront été mises en
place.
Je vois que M. le Vérificateur général, en tout
cas, réagit à mon affirmation. Il doit se dire: Si j'ai les
ressources nécessaires. C'est ça?
M. Breton: Non, c'est que je voulais vous dire que notre
planification pour l'an prochain se fera au mois de mai. On tient compte de
votre demande.
M. Léonard: Bon. C'est parce qu'il y avait des lacunes
particulièrement sucrées qui avaient été
décelées. Mais tenons-nous-en pour l'instant au Centre de
recherche industrielle du Québec. Le problème que je veux
soulever, c'est que les comptes clients, les travaux en cours, en fait c'est
les stocks en quelque sorte, souffraient d'un laxisme dans le contrôle
et je vous en donne juste quelques-unes des meilleures, M. le
Président les comptes clients et les travaux en cours
totalisaient 2 200 000 $, représentant 46 % du montant des factures de
travaux facturés en cours d'année. À
cette date, les comptes clients en souffrance s'élevaient
à quelque 2 000 000 $. Sur 2 200 000 $, ce n'est pas pire.
Près de la moitié de cette somme était
constituée de comptes datant de plus de 150 jours. Au 10.132: Aucun
état de compte n'a été transmis aux clients pendant plus
de cinq mois à la suite de problèmes résultant de
l'implantation d'un nouvel auxiliaire. Cinq mois sans compte, réduisant
ainsi l'efficacité de la perception. C'est une conclusion qui
m'apparaît facile à tirer dans les circonstances. Et de plus, il
était difficile de se fier à cet auxiliaire parce que le montant
global des comptes était exact, mais des encaissements totalisant
près de 1 000 000 $ n'avaient pas été appliqués
avec suffisamment de précision à chacun des comptes, ce qui
empêchait d'avoir une image exacte de l'ancienneté des comptes et
du solde réel de chacun. On a envie de rire, mais ce n'est pas
très drôle pour celui qui reçoit les mauvaises factures. Il
reste que... Je continue. Enfin, le Centre avait facturé un client pour
environ 500 000 $ pour des services non rendus alors que l'entente
contractuelle avec le client prévoyait une facturation mensuelle
basée sur les coûts des travaux effectués dans le mois. Je
relie au fait qu'il y avait eu 2 200 000 $ de comptes dans l'année. Il y
a un très gros client et, lui, il a des services non rendus et il
reçoit une facture de 500 000 $. Je me demande, M. le
Vérificateur général, qu'est-ce qu'il y a qui marche dans
la facturation des comptes du CRIQ? Y a-t-il quelque chose qui marche?
M. Breton: Je vais demander à M. Ouellet qui a eu la
chance de les feuilleter personnellement, qui est le directeur de la
vérification, de vous donner un aperçu.
Le Président (M. Lemieux): Si vous voulez vous identifier,
M. Ouellet, s'il vous plaît.
M. Ouellet (Marc): Bonjour, Marc Ouellet, directeur de la
vérification. Pour répondre à votre question, disons qu'on
essaie déjà depuis plusieurs années d'améliorer la
situation. L'an dernier, ce qui s'est passé, c'est qu'on a essayé
d'implanter un nouveau système informatique justement pour
améliorer le suivi de ces comptes-là et surtout la facturation
plus rapide. Ce qui s'est passé, c'est qu'on a eu des problèmes
d'implantation avec ce système informatique là qui a fait en
sorte qu'on a eu de la difficulté pendant cinq mois à envoyer les
états de compte à cet effet-là. Est-ce que la situation
s'est améliorée? Je ne peux pas vous dire jusqu'à
maintenant, la situation, parce qu'on va commencer la vérification
financière dans les prochaines semaines, mais c'était la
situation au 31 mars 1992, l'an dernier.
M. Léonard: Cette année, les lacunes persistent
toujours. Je me pose quand même des questions. Est-ce qu'avant
d'installer un logiciel comme ça il n'avait pas fonctionné en
parallèle un certain temps? C'est ce qu'on fait d'habitude quand on
installe un système informatique.
M. Ouellet: On n'a pas fonctionné, dans ce cas-là,
en parallèle parce que l'ancien système, à ce qu'on nous a
dit, était assez lourd à manipuler. Il n'y avait pas suffisamment
de mémoire dedans. Alors, on a été obligés de
l'abandonner pour continuer avec un nouveau système, ce qui a fait en
sorte qu'on a perdu un peu le suivi pendant quelques mois, le temps qu'on
rattrape toute l'information pour qu'on puisse remettre ça à
jour. C'est ce qui a fait que, pendant cinq mois, entre autres, on n'a pas
émis de facturation.
M. Léonard: Ils étaient mieux de ne pas être
dans les légumes, dans les fruits et légumes, eux autres, parce
que ça aurait pourri vite. Ouais! Pour des gens qui sont en recherche et
développement, ils n'ont pas une... Quelques problèmes.
Bon. Laissons ça. Disons qu'on va regarder le suivi de l'an
prochain dans ce secteur-là parce que, comme je dis, c'est sous la coupe
du ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie qui est
responsable du CRIQ et qui fait des grands discours sur la qualité
totale et... En tout cas.
M. Breton: Vous devriez trouver quelque chose dans le rapport de
cet automne parce que nous faisons présentement une étude...
M. Léonard: O.K.
M. Breton: ...sur les lieux.
M. Léonard: Bien là, je vais vous souhaiter bonne
chance.
Au ministère du Revenu maintenant.
Une voix: Ah!
M. Léonard: Je reviens là.
Ministère du Revenu (suite)
Une voix: Moi aussi, je reviens là.
M. Léonard: Ah bon! Bien, vous pourrez compléter,
cher collègue. Ministère du Revenu. J'hésite à
toucher à ça, mais, quand même, c'est un peu
inquiétant parce qu'il y a des failles là. Et là, je
comprends que ça a touché l'impôt sur le revenu des
particuliers. On ne parlera pas de la TPS et TVQ parce que je suppose que si
vous alliez dans ce secteur-là, j'ai ouï-dire qu'il y a quelques
problèmes majeurs. Je vais peut-être vous donner des suggestions
d'aller voir comment ça se passe, mais les commerçants, à
l'heure actuelle, en particulier les commerçants, se plaignent de
façon épouvantable de ce qui se passe. Ils n'y arrivent pas et
ils le disent que le ministère du Revenu les facture à temps et
à contretemps, leur charge des amendes, des pénalités
considérables, et alors que lui-même est en faute. Bref, je n'ose
pas. Je n'ai pas de mandat à vous donner, vous vous les donnez
vous-mêmes.
Mais, revenons à l'impôt sur le revenu des particuliers.
Premier point, vous traitez la cotisation régulière. On est dans
le domaine tout à fait standard, puis vous avez tout un chapitre sur les
pièces justificatives manquantes et les dépenses non admissibles.
Ce que je lis, c'est que des déductions et des crédits ont
été accordés par le ministère, même si les
documents exigés n'avaient pas été fournis; puis il y
avait aussi des reçus qui n'étaient pas conformes aux exigences
et des explications pour justifier certaines déductions. Puis, votre
analyse nous a démontré que les explications fournies auraient
démontré qu'il ne fallait pas admettre les déductions.
Là, maintenant, il y a eu des corrections à cela. Est-ce que la
situation est toujours la même? Est-ce que c'est vraiment très
grave ou si c'est une lacune de fonctionnement, un certain laisser-aller qui
fait que la situation est telle mais n'a pas de conséquence
financière majeure? (21 h 50)
Je vous signale le fait, parce que, autant au fédéral
qu'au Québec, cette année les rentrées de fonds ne se font
pas vite, elles sont même passablement plus basses que prévu. Je
ne dis pas que c'est ça qui est la cause ici, mais j'ai l'impression
qu'il ne faudrait pas qu'ils en laissent échapper trop, trop. Je ne
parle même pas des cigarettes là. Est-ce qu'il y a des montants en
cause importants là-dedans?
M. Breton: M. Marc-André Lepage, le directeur de
vérification au ministère du Revenu, pourrait nous donner une
réponse, parce que je ne dirais pas qu'il est là en permanence,
mais assez fréquemment, hein?
M. Léonard: II pourrait l'être; ça aiderait
encore davantage.
M. Lepage (Marc-André): Bonjour. Marc-André Lepage.
Vous avez mentionné tantôt concernant les pièces
manquantes. Je ne sais pas si vous voulez qu'on vous donne des exemples de
pièces manquantes ou...
M. Léonard: Peut-être une ou deux, mais surtout si
les montants impliqués ou les conséquences financières
peuvent être significatives.
M. Lepage: Des pièces manquantes, je peux vous citer des
exemples comme quelqu'un paie une cotisation professionnelle,
nécessairement, s'il demande la déduction, il faut qu'il fasse
parvenir la pièce justificative avec. Souvent, on accepte la
déduction sans avoir la pièce justificative. Il y a des frais de
scolarité où il manque des pièces justificatives puis il y
en a une série comme ça. Toutefois, on a quand même fait
une extrapolation des conséquences de tout ça. On est
arrivés à un chiffre, mais c'est difficile de pouvoir
interpréter vraiment ce chiffre-là pour les raisons suivantes:
C'est que si...
M. Léonard: II est quoi le chiffre avant d'y aller sur les
nuances?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lepage: Je vais revenir...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lepage: ...sur le chiffre. C'est que supposons qu'il y a une
pièce justificative qui manque, par exemple, cotisation professionnelle,
nous on prend le montant et on l'extrapole. Ça ne veut pas
nécessairement dire que l'individu, le particulier n'avait pas cette
pièce-là, qu'il ne l'a pas fait parvenir. Si on communique avec
lui, il peut la faire parvenir, mais on n'a pas communiqué avec, c'est
un peu le rôle du ministère. Donc, à ce moment-là
c'est pour ça que je vous dis que le montant de l'extrapolation qu'on a
faite pourrait être interprété.
M. Léonard: Oui, oui. Alors il est quoi votre montant?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Breton: ça ne donne rien en fait de vous le donner,
parce que est-ce que c'est 50 %...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Breton: ...100 %, on ne le sait pas. Vous ne le savez pas plus
que nous tout ce qu'on peut...
M. Léonard: Non, non, mais il me semble qu'on est capables
d'apporter les nuances que vous apportez vous-mêmes.
M. Lepage: Le ministère du Revenu a déjà un
service du contrôle de la qualité. Il examine à peu
près une vingtaine de mille déclarations par année, puis
il a fait des extrapolations sur des résultats des pièces
justificatives manquantes ou mauvaises déclarations, fausses
déclarations, puis lui arrive dans un ordre de grandeur, je pense,
d'à peu près une quarantaine de millions. Puis, notre chiffre se
situait autour de ça, mais ça demande toujours une
interprétation, comme je vous le disais.
M. Léonard: 40 000 000 $. Non, mais je comprends ce que
vous dites, c'est que finalement des ordres professionnels normalement
émettent des cotisations, puis il y a des copies: copies pour
l'impôt. Est-ce que c'est parce qu'ils en émettaient juste une
copie qui allait juste à Ottawa, puis que l'autre vous ne l'aviez pas,
puis des trucs comme ça? Je pense que... Mais allons à d'autres
considérations. Juste une chose, c'est parce qu'en termes de
fonctionnement ce que vous signalez «examen incomplet des
déclarations de revenus», par exemple, puis aussi les
renseignements qu'il possède, le ministère intègre dans
ces documents, il a des renseignements sous forme de rubans magnétiques
ou de support papier et il intègre seulement les rubans
magnétiques, ça veut dire qu'en termes de revenus de
placements... Là aussi, je suppose, vous avez fait des
extrapolations, vous ne me donnerez pas le chiffre pour apporter des
nuances. Je vois que c'est quand même délicat, ces
choses-là, parce qu'il peut y avoir des conséquences à
terme, il y en a qui échappent aux mailles, finalement.
Une voix: Nécessairement, nécessairement. M.
Léonard: C'est ça que ça veut dire. Une voix:
C'est ça.
M. Léonard: Et quelqu'un qui saurait ça pourrait
s'essayer. Il ne faudrait pas que vous publiiez cette partie de votre
rapport.
M. Breton: Mais c'est connu maintenant.
M. Léonard: Oui, oui!
Une voix: On n'a pas identifié...
M. Léonard: Ceci étant dit, l'information, c'est
quand même... Le problème, c'est qu'il doit être
corrigé à sa source. Je voudrais, sur le revenu, mais je voudrais
pouvoir revenir à la fin avant 22 heures. O.K., je vais poursuivre
jusqu'à la fin. O.K., on me donnera deux, trois minutes à la fin
parce que j'ai quelque chose à dire.
M. Gautrin: Moi, M. le Vérificateur, sur la question qui
touche l'accréditation des organismes de charité, là on
parle de 400 000 000 $ qui sont donnés dans les fonds. Alors, comme il y
avait à peu près 27 % de déductible, on parle d'un montant
de 100 000 000 $ à peu près, et là-dessus, il y a quand
même des vrais organismes de charité qui ne posent pas de
problèmes, j'imagine. Mais ce qui m'inquiète, c'est que vous
signalez qu'année après année, vous dites la même
chose, et puis que le ministère ne fait face à rien.
Et ça ça me perturbe. Ça me perturbe.
C'est-à-dire... Et on est dans une espèce de situation où
vous signalez un problème, c'est-à-dire que vous dites, on ne
vérifie pas si les organismes de charité satisfont bien les
critères fixés par la loi. Si les organismes de charité
donnent bien... Vous énoncez les critères, je ne reviens pas
là-dessus. Mais, les rapports entre le Vérificateur
général, une fois que vous avez signalé ça,
ça reste là. Et si le ministère n'a pas le goût de
changer, il ne change pas, et ça continue à être pareil.
C'est à peu près la situation ou quoi?
M. Léonard: Ça nous amène à poser des
questions en Chambre, nous de l'Opposition.
M. Breton: Je dirais que, concernant le ministère du
Revenu, il y a régulièrement améliorations qui sont
apportées à la suite de nos remarques, à un point tel
qu'il y a un comité spécial dont la seule fonction, je dirais,
est de faire un suivi sur les remarques du Vérifi- cateur. Et lorsque le
suivi a été appliqué, ils nous font parvenir copie de
toutes les actions qui ont été prises en fonction de nos
remarques.
Maintenant, dans le cas présent, on voit l'attitude du
ministère à la page 251, où, pour lui, il exerce un
contrôle adéquat sur les activités des organismes de
charité, et il ne sent pas le besoin d'aller vraiment plus loin. Il a
pris cette position. C'est suffisant. Si le fédéral l'accepte et
que je passe derrière, j'en ai assez.
M. Gautrin: Est-ce que le fédéral fait des
vérifications quant aux organismes de charité?
M. Breton: Plus loin. D'une façon plus systématique
que le Québec le fait.
M. Gautrin: Fédéralisme rentable.
M. Léonard: Je voudrais simplement relever...
Le Président (M. Lemieux): Vos deux minutes de
commentaire.
M. Léonard: ...en terminant, sur le ministère du
Revenu qu'il y a des problèmes, si je comprends bien, que vous avez
relevés sur la sécurité des bandes informatiques, des
mémoires informatiques, qui sont considérables. Et ça
ça mériterait un suivi, je pense bien. Un des points, à
1070, en ce qui concerne les copies de sécurité qui ne sont pas
conservées à l'extérieur du bâtiment principal. Si
un sinistre détruisait l'équipement et les copies de
sécurité, la reprise normale des opérations serait
difficile.
C'est comme une litote pour dire qu'il y aurait quelques
problèmes au ministère de l'impôt à
récupérer les dossiers de chacun. C'est ça que ça
veut dire. C'est très grave.
M. Breton: Si un avion tombait sur ce
ministère-là.
M. Léonard: II y a plein de citoyens qui feraient des
sous. C'est ça que ça veut dire.
Conclusions
M. le Président, je voudrais simplement, en guise de conclusion,
d'abord, remercier le personnel, le bureau du Vérificateur
général d'avoir été ici présents et les
remercier de leur travail. Je m'excuse envers ceux qui sont venus ici, qui ont
travaillé et qu'on n'a pas eu l'occasion de questionner et cela
m'amène à vous dire, M. le Président, que nous avons eu
quatre heures en tout. Nous avons commencé à 16 heures, de 16
à 18 et de 20 à 22, pour examiner un dossier où à
chaque page que vous lisez, vous découvrez des choses à vous
faire dresser les cheveux sur la tête. (22 heures)
Je pense qu'il faut absolument obtenir, comme commission, une reprise,
une reprise de séance. Je ne
dis pas que tout le monde doit y assister mais peut-être qu'on
peut, nous, d'abord, faire une séance de travail pour déterminer
des points précis qu'on voudrait fouiller avec le Vérificateur
général; l'aviser des questions ou, disons, pour être plus
efficaces, je ne veux pas déplacer tout le monde, mais il me semble
qu'il y a d'autres choses à faire et à voir là-dedans. Je
trouve que l'impu-tabilité commence par là. Ce serait même
un amendement qu'il faudrait apporter à la loi 198 pour dire qu'il
faudrait étudier jusqu'à pleine satisfaction le rapport du
Vérificateur général.
M. Gautrin: On savait que c'était inclus dans la loi 198,
à l'article 10.
Le Président (M. Lemieux): M. le... M. Léonard: Ce
que je veux dire...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, pour
conclure.
M. Léonard: ...M. le Président, c'est que, compte
tenu du travail qui est fait, et puis je dois dire que, depuis quelques
années, au fur et à mesure que le temps passe, le public
s'intéresse aux travaux du Vérificateur général. Je
me dois de le souligner, parce que, même si j'ai des critiques à
formuler, il reste que, lorsque vous sortez votre rapport, ça
paraît dans les journaux et les comptes rendus prennent du corps. Ils ne
s'attaquent pas juste à des épiphénomènes ou, comme
quelqu'un disait, à des articles d'Échos-Vedettes. Il
commence à y avoir des analyses de fond quant à vos travaux. Je
pense que ça, c'est heureux. On doit poursuivre et je pense que nous
aussi, comme commission, on devrait aller beaucoup plus loin.
M. le Président, je compte sur vous pour convoquer une
séance de travail et aussi pour qu'on obtienne une séance
additionnelle pour aller plus dans le détail. Alors, je remercie
beaucoup et je félicite le Vérificateur général et
son équipe, si je peux me permettre en toute modestie de le faire. Je
vous remercie encore une fois.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun et je vais prendre une minute moi-même.
M. Gautrin: M. le Président, je voudrais joindre ma voix
aussi au député de Labelle pour vous remercier des informations
que vous avez pu nous apporter aujourd'hui et l'efficacité du personnel
qui vous accompagne. Je serais assez d'accord avec le député de
Labelle. J'ai l'impression, M. le Président, qu'on a fait qu'effleurer,
actuellement, l'étude de ce document. Il serait peut-être sage
qu'on ait la chance en séance de travail de poursuivre l'étude du
document, quitte à ce qu'on vous rencontre à ce moment-là.
Et peut-être qu'il ne faudrait pas faire revenir tout votre personnel,
mais on pourrait préciser les questions ou les points qu'on voudrait
étudier. Vous pourriez seulement faire déplacer les personnes qui
seraient concernées par ces questions.
Donc, exceptionnellement, je partage sur ce point de vue-là.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous me faites la
même demande?
M. Léonard: M. le Président, si j'interprète
le député de Verdun, quand il est dit qu'il est assez d'accord,
c'est comme l'autre jour quand il disait qu'il était, ou vous
même, sensible ou très sensible...
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Verdun, oui.
M. Gautrin: ...je ne demande pas au député de
Labelle d'interpréter ma pensée, ni mes paroles, à cet
effet-là.
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y, M. le
député de Verdun, concluez.
M. Gautrin: Merci. Alors, M. le Président, je vous
suggérerais et vous demande éventuellement et je joins ma voix
à celle du député de Labelle pour qu'on puisse poursuivre
ce débat et l'étude de cette question.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Verdun. Moi, je conclurai de la façon suivante.
D'abord, je tiens à vous remercier, M. le Vérificateur et votre
équipe ainsi que vos adjoints. Vous avez fait un travail qui
était très professionnel, un travail très substantiel.
Vous avez fait preuve d'imagination et de créativité dans la
présentation de ce rapport-ci qui était très, très
accessible. Les problèmes des principaux éléments
étaient facilement identifiables et il va sans dire que, passer une
séance de quatre heures sur un tel rapport, c'est, à mes yeux, se
faire le complice, je dirais, d'une certaine irresponsabilité
administrative. Les termes sont peut-être profonds, mais je pense qu'ils
veulent bien dire ce qu'ils veulent dire. Et, dans ce sens-là, je pense
que j'ai vraiment le devoir d'ajourner cette commission strictement sine die et
non pas en mentionnant qu'elle a effectué son mandat.
En ce faisant, je conserve tout l'espace de manoeuvre voulu pour que le
souhait que vous exprimez dans votre rapport, si je me souviens bien, à
l'article 49, puisse se réaliser et que la commission aussi revoie son
mode de fonctionnement en ce sens que, comme l'ont dit le député
de Labelle et le député de Verdun, nous puissions convoquer des
personnes qui ont la responsabilité que de certains
éléments du rapport en présence des personnes
concernées. Je crois que dans la situation actuelle des finances
publiques, ça devient effectivement essentiel et c'est une condition
sine qua non, je pense, au mandat qu'on s'est donné nous, comme
gouvernement, d'une gestion plus serrée des fonds publics. Et, dans ce
sens-là, moi, je me joins à ce que le député de
Labelle a dit et au député de Verdun.
Je vais vous permettre de conclure en deux minutes en vous disant que,
tout à l'heure, je n'ajournerai les travaux que sine die. Ça veut
donc dire, dans mon esprit, qu'il y aura une séance de travail et que
vous allez revenir, vous et une partie de votre équipe, à une ou
plusieurs reprises, devant cette commission parlementaire.
Maintenant, nous vous écoutons, M. le Vérificateur.
M. Breton: Messieurs, je m'étais préparé un
mot de la fin et vous m'avez enlevé tous les mots de la bouche en les
prononçant vous-mêmes en proposant que nous revenions.
Je vous remercie de m'avoir deviné. Merci.
Le Président (M. Lemieux): ...compétente et vous
avez de quoi en être fier. Alors, nous ajournons nos travaux strictement
et seulement sine die.
(Fin de la séance à 22 h 6)