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(Seize heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Bradet): Alors, à l'ordre, s'il
vous plaît. La commission du budget et de l'administration est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du
projet de loi 198, Loi sur la limitation de l'embauche dans les organismes
publics et l'imputabilité des administrateurs d'État et des
dirigeants d'un organisme public. À l'ajournement des travaux, nous en
étions à l'étude du sous-amendement à l'amendement
proposé à l'article 7. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a
des remplacements?
Le Secrétaire: Oui. M. Audet (Beauce-Nord) est
remplacé par M. Cusano (Viau); M. Camden (Lotbiniè-re) est
remplacé par M. Charbonneau (Saint-Jean); M. Chagnon (Saint-Louis) est
remplacé par M. Messier (Saint-Hyacinthe); et M. Lemieux (Vanier) est
remplacé par M. Bradet (Charlevoix).
Règles concernant l'embauche dans un organisme
public
Exemption de certaines catégories d'organismes
publics (suite)
Le Président (M. Bradet): Merci beaucoup. Alors donc, je
n'ai pas besoin de lire ce sous-amendement. L'article 7 est modifié par
l'ajout, après le troisième alinéa, de l'alinéa
suivant: «La commission per-mamente du budget et de l'administration
consacre, dans les 15 jours suivant le dépôt d'un règlement
adopté par le Bureau de l'Assemblée nationale, en vertu du
troisième alinéa, une séance à l'examen de ce
règlement.»
M. le député de Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je pense que j'avais fait
valoir notre point de vue. On était un peu perplexe quant à ce
sous-amendement. Après étude du sous-amendement, il est clair
qu'il y a un peu une espèce de contradiction, à
l'intérieur du sous-amendement, entre, d'un côté, le Bureau
de l'Assemblée nationale, qui est formé de députés,
et la commission permanente du budget et de l'administration, qui viendrait
étudier une décision qui a déjà été
prise par des élus. Devant le côté un peu redondant de
l'amendement et parce que ça commencerait à remettre un peu le
Bureau de l'Assemblée nationale sous la juridiction ou, un peu, le
contrôle de la commission permanente du budget et de l'administration, je
vais me prononcer contre le sous-amendement, M. le Président.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
La- belle.
M. Gautrin: Je suis prêt à voter.
M. Léonard: M. le Président, c'est parce que, sur
ce plan-là... Écoutez, c'est quand même une nouvelle qu'on
nous apprend aujourd'hui. Je vois qu'il y a un certain nombre de
députés absents qui étaient là, à ce
moment-là, et qui avaient l'air d'être très
intéressés par l'amendement qui était
déposé. Je vais vous relire ce que le député de
Vanier, président de la commission, disait à ce moment. Je vais
vous lire ce qu'il disait. Le député de Vanier, à la
dernière séance, juste avant qu'on ajourne il a
été sauvé par la cloche en quelque sorte, mais
écoutez a dit: «Je ne peux passer sous silence, M. le
Président, que je suis très, très sensible à
l'amendement qui est proposé par le député de Labelle,
d'autant plus que, si on regarde la Loi sur l'Assemblée nationale, en
vertu de l'article 110, elle est soumise à toute loi qui est
votée par son Parlement et elle peut aussi s'en exempter. À la
limite, même si nous décidions de voter ce sous-amendement du
député de Labelle, l'Assemblée nationale pourrait s'en
exempter. Considérant que le Bureau n'est qu'une forme de conseil
d'administration ou de ministère de l'Assemblée nationale, il me
semblerait tout à fait normal qu'il puisse rendre des comptes à
ses actionnaires, et, à mes yeux, c'est ce qu'on appelle, et c'est ce
sur quoi on se bat depuis des années, l'imputabilité. Il ne
s'agit pas de juger de l'ensemble des décisions du Bureau, mais il me
semble que l'orientation qui est donnée par le député de
Labelle, c'est d'éviter que certains organismes soient au-dessus de
tout, entre autres le Directeur général des élections et,
effectivement, aussi, le Bureau de l'Assemblée nationale.» (16 h
30)
Mais, M. le Président, je viens d'entendre le
député de Verdun dire qu'il pourrait y avoir une espèce de
contradiction. Je regrette pour lui, mais il ne s'en sauvera pas avec un
semblant d'argumentation, parce qu'il se peut très bien que, pour
certaines décisions, le Bureau de l'Assemblée nationale vienne
devant la commission du budget et de l'administration, et c'est exactement la
portée de l'amendement que j'ai déposé. Sa réponse
en est une et n'en est pas une, parce qu'au fond, dans un cas, en ce qui
concernait les décisions prises par le Conseil du trésor, il
disait: II risque d'y en avoir trop. On ne peut pas l'enterrer. On ne veut pas
enterrer la commission du budget et de l'administration sous un amas de
paperasse. Au fond, il admettait qu'il pouvait y avoir beaucoup de contestation
de la part du Trésor sur les plans...
M. Gautrin: Les plans d'effectifs, les plans de réduction
d'effectifs.
M. Léonard: ...de réduction d'effectifs, que le
Conseil du trésor serait amené, dans beaucoup de cas, à
les contester et donc à venir devant la commission du budget et de
l'administration. Alors, il a plaidé qu'il pourrait y en avoir trop,
donc on ne pouvait pas s'engager dans cette voie. Là, ce n'était
pas le nombre de députés, ce n'était pas qu'il y avait des
députés qui participaient à deux types de commissions,
mais il y en avait trop.
Dans le cas ici, dans le cas qui touche l'Assemblée nationale,
là, les députés qui siègent au Bureau de
l'Assemblée nationale pourraient être amenés à venir
s'expliquer ici. Mais on est prêt à faire parader tous les hauts
fonctionnaires. Là, c'est ce qu'on veut dans le reste du projet de loi.
On veut faire parader tout le monde, mais un député et le Bureau
de l'Assemblée nationale venir expliquer, devant le public, sur le plan
de la loi 198, pourquoi ils ne s'y conformeraient pas? Ça, non. Et on ne
veut pas toucher non plus au Directeur général des
élections ni au Protecteur du citoyen parce qu'ils pourraient
très bien expliquer qu'ils ne pourraient pas s'astreindre à une
coupure de 20 %. Mais non, là, tout à coup, on ne veut pas
toucher à ça, pas plus qu'on ne voulait toucher d'ailleurs
à la réduction du nombre de députés. On veut couper
tout le monde, sauf le nombre de députés; tout le monde, sauf
l'Assemblée nationale. Tout le monde doit se justifier, sauf le Bureau
de l'Assemblée nationale. Et, là, on vient faire un bel accroc
à l'imputabilité.
Je comprends pourquoi il y a des députés qui ne se soient
pas présentés cet après-midi. Je vois très bien. Je
pense que, au-delà de toute la logique qui est derrière
ça... Je pense que ce n'est pas comme ça qu'il faut s'exprimer,
c'est que, justement, il n'y en a pas de logique, il n'y en a pas de logique.
Les membres du Bureau de l'Assemblée nationale pourraient très
bien venir expliquer pourquoi ils ne se soumettent pas à la loi 198.
Est-ce que c'est parce qu'ils n'y croient pas? Est-ce que le leader du
gouvernement, qui n'a pas accepté l'amendement que j'ai
déposé, alors que même le député de Verdun
disait que c'était très, très intéressant et qu'il
a été sauvé par la cloche en toute dernière minute
lors de la suspension... Même le député de Verdun s'est
rangé. Il s'est aplati. Il s'est aplati. Ce n'est pas la première
fois, là. Dans le cas du député de Vanier, on a vu
ça lors des accords de Charlottetown, par rapport à toutes ses
déclarations antérieures. Là, on en est rendu à
l'imputabilité.
M. Gautrin: Ça n'a pas été voté.
M. Léonard: On en est rendu à
l'imputabilité. Je vois que le whip du gouvernement est rendu ici et
qu'il surveille la partie. Très bien.
M. Cusano: On va rafraîchir votre mémoire, M. le
Président.
M. Léonard: Est-ce qu'il veut venir surveiller la partie?
On pourrait toujours se poser la question: Est-ce qu'il est membre du Bureau de
l'Assemblée nationale? Il pourrait peut-être expliquer pourquoi le
Bureau refuse de se conformer à l'amendement qui est
déposé et qui intéressait beaucoup le député
de Vanier et qui intéressait beaucoup le député de Verdun.
Si j'interprète la situation, M. le Président, le caucus du parti
ministériel, le caucus libéral, est très
profondément divisé sur la question. L'autre jour, ils ont
suspendu durant trois quarts d'heure avant de revenir, alors qu'il y avait eu
une suspension d'une dizaine de minutes pour fins de consultation, mais
ça a duré longtemps, ce qui est très indicatif de
l'ampleur des divisions par rapport à cette question.
Alors, au fond, M. le Président, il y a une question de principe
derrière tout cela. La loi 198 s'intitule: Loi sur la limitation de
l'embauche dans les organismes publics et l'imputabilité des
administrateurs d'État et des dirigeants d'un organisme public. Bon.
Limitation de l'embauche. L'Assemblée nationale doit se conformer dans
ses fonctionnaires, dans ses cadres, mais pas dans ses députés.
Alors, tout de suite, on vient de faire un accroc à la loi. On a
demandé, et c'est l'objet de l'amendement, que le Bureau de
l'Assemblée nationale vienne devant la commission du budget et de
l'administration pour expliquer pourquoi il ne peut pas se conformer à
la loi 198. Ça, c'est une question d'imputabilité qui est
basée sur un principe fondamental de transparence et sur le principe
aussi de responsabilité par rapport aux décisions que l'on
prend.
M. le Président, là, je pense qu'on peut faire de grands
discours sur l'imputabilité, mais quand arrive le temps de passer
à l'action, de faire preuve, de faire exemple, là, tout à
coup, non, on s'en extrait. On va vouloir faire parader, tout à l'heure,
tous les hauts fonctionnaires de l'État, mais les membres du Bureau de
l'Assemblée nationale ne viendront pas. M. le Président,
j'aimerais bien entendre le député de Verdun pour voir sa
réplique, quand même, parce que je suppose qu'il a d'autres
explications à nous donner que celles qu'il a données tout
à l'heure, qui ne sont même pas cousues de fil blanc. C'est des
fils d'araignée, pas plus que ça. Ça ne tient pas du tout,
du tout.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Je vais
répondre au député de Labelle sur trois points.
Premièrement, chaque fois qu'il fait référence aux
députés en disant que la loi 198 devrait s'appliquer aux
députés, j'aimerais lui rappeler ce qu'on m'a déjà
rappelé moult fois dans cette commission, que les députés
ne sont pas des employés de l'Assemblée nationale mais
exercent
une charge et que, le cas échéant, s'il y avait mesure de
réduction du nombre de députés, ce serait par d'autres
lois qu'il faudrait aborder la question.
Vous avez abordé un deuxième point, M. le
député, qui touchait la question de l'imputabilité.
L'imputabi-lité on en débattra lorsqu'on abordera les
articles 10, 11 et 12 touche le principe où les gestionnaires,
c'est-à-dire ceux qui sont responsables de l'administration, viennent
rendre compte à des élus, c'est-à-dire à des
politiques, de la manière dont l'administration ou la gestion des fonds
publics se fait. On aura la chance de le débattre dans le cadre des
articles 10, 11 et 12 dudit projet de loi.
Là, ce que vous voulez, vous, c'est faire parader un groupe
d'élus devant un autre groupe d'élus. C'est ça qui est le
vice, à l'heure actuelle, de votre amendement. Vous voulez, à ce
moment-là, rendre les décisions, qui sont les décisions de
collègues, c'est-à-dire d'élus, actuellement, qui sont
prises par le Bureau de l'Assemblée nationale, devant un autre corps
d'élus, qui est ici, la commission parlementaire du budget et de
l'administration.
À l'heure actuelle, la situation, si vous voulez, en termes de
parfaite symétrie dans le projet de loi entre... Le Conseil du
trésor, qui doit pouvoir donner, le cas échéant, les
exemptions, en symétrie, on a donné ça au Bureau de
l'Assemblée nationale pour les corps que vous connaissez,
c'est-à-dire le Directeur général des élections, le
Vérificateur général et le Protecteur du citoyen de
même que les employés de l'Assemblée nationale. Il n'est
pas question de soumettre cette décision, qui est une décision
prise par des élus, à une analyse par un autre corps
d'élus. L'imputabilité ne veut pas soumettre des élus
à d'autres élus. Ce n'est pas le but réellement de
l'imputabilité. Vous êtes en train de glisser sur la notion
actuellement.
La notion même d'imputabilité, on va en débattre
ici, à l'intérieur de cette commission, lorsqu'on arrivera
là. C'est réellement un concept qui touche les gestionnaires, les
administrateurs d'État, c'est-à-dire, dans notre cas, les
sous-ministres ici ou les dirigeants d'un organisme, le cas
échéant, leur responsabilité face à leur pratique
administrative, la manière dont ils administrent devant les élus.
Il ne faut pas mélanger, à mon sens, l'imputabilité
ça n'aurait pas de sens d'une commission ou d'un groupe comme le
Bureau face à une autre commission parlementaire. On pourrait en appeler
à l'imputabilité de la commission du budget et de
l'administration devant la commission des institutions et on irait de l'un
à l'autre. Là, à l'heure actuelle, on ne peut pas
soumettre un groupe d'élus à un autre groupe d'élus, et
c'est ça qui, à mon sens, est la faiblesse de l'amendement que
vous présentez. (16 h 40)
Le Président (M. Bradet): Est-ce qu'il y a d'autres...
M. Gautrin: J'ai terminé.
Le Président (M. Bradet): Avez-vous fini, M. le
député de Verdun?
M. Gautrin: J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Viau.
M. Cusano: Merci, M. le Président. Je vais commencer en
disant que le député de Labelle m'étonne.
M. Léonard: Ha, ha, ha! M. Cusano: Beaucoup. M.
Léonard: Beaucoup?
M. Cusano: Oui, beaucoup. Si ma mémoire est bonne, lorsque
le Bureau de l'Assemblée nationale a été
créé, le député de Labelle, à ce
moment-là, était membre du Conseil des ministres, n'est-ce
pas?
M. Léonard: Oui.
M. Cusano: Oui. En effet, vous êtes député
ici, à l'Assemblée nationale, depuis 1976, si ma mémoire
est bonne.
M. Léonard: Quand la loi a été
adoptée, j'étais là, mais quand le Bureau a
été créé...
M. Cusano: Vous n'étiez pas là.
M. Léonard: ...je ne le sais pas. Ça n'a pas
d'importance.
M. Cusano: Alors, pour vous rafraîchir la mémoire,
je pense que ça a été... La création du Bureau de
l'Assemblée nationale, en ce qui me concerne, ça a
été un des beaux projets péquistes, qui était
dû. À ce moment-là, nous avons eu beaucoup de débats
à l'Assemblée nationale, et je présume aussi que, au
Conseil des ministres, le député de Labelle a eu certainement des
remarques à faire sur les pouvoirs du Bureau. Il s'est passé une
de deux choses: soit qu'il n'a rien dit à ce moment-là, ou, s'il
a dit quelque chose, il n'y a personne qui l'a écouté.
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Cusano: En effet, je pense que, si ma mémoire est
encore bonne, c'est que le projet final, le projet de loi tel qu'adopté,
et l'avant-projet de loi qui avait circulé à ce moment-là
étaient identiques. Alors, je dois dire que le député de
Labelle, s'il avait quelque chose à dire à ce moment-là,
ça n'a pas dû compter beaucoup dans le débat qu'il y a eu.
Il s'amusait tout à l'heure en affirmant qu'il y avait une division chez
nous
et ainsi de suite, et c'est pour ça qu'il présumait les
remplacements. Il sait fort bien il est ici depuis 1976 que les
remplacements se font en commission de façon régulière,
que ce n'est pas dans les stratégies de notre formation.
Je peux lui poser la question aussi... Je sais qu'il n'a pas besoin de
me répondre, mais est-ce que chez lui, avant d'arriver ici avec un tel
amendement, il a consulté les membres du Bureau? Est-ce que les membres
du Bureau partagent votre point de vue? Je pense que si l'on veut faire parader
ici des membres du Bureau de l'Assemblée nationale, M. le
Président, moi, je serais complètement d'accord qu'on les fasse
parader, à ce moment-ci, juste pour répondre à la question
du député de Labelle, parce que moi, je prétends, et avec
une certaine certitude, qu'il est un peu un «loner» dans cette
question-là qui est devant nous, qui est présentée devant
nous, et que les membres du Bureau de l'Assemblée nationale ainsi que
les personnes qui avaient adopté la Loi sur l'Assemblée nationale
à ce moment-là, justement pour la création du
Bureau...
C'est une institution qui a été érigée, qui
a été créée, qui a reçu les éloges de
l'ensemble des parlementaires canadiens et même d'autres pays de la
manière qu'elle fonctionne. C'est vrai qu'il y a le problème de
la question d'imputabilité, mais il faudrait demander au
député de Labelle parce que, lui, il était au
Conseil des ministres et, moi, je n'y étais pas à ce
moment-là pourquoi le législateur de l'époque, le
Conseil exécutif, avait décidé, justement, de prendre le
Protecteur du citoyen, le Directeur général des élections,
le Vérificateur, et que ces personnes-là, ces
institutions-là avaient à répondre au Bureau de
l'Assemblée nationale et non au Conseil du trésor, au ministre
des Finances ou au Conseil exécutif. Peut-être qu'il devrait nous
éclaircir de ce côté-là, à savoir pourquoi
ça a été fait à ce moment-là. Si
c'était valable à ce moment-là, qu'on me démontre
vraiment que ça a été une catastrophe d'avoir ces
gens-là là, et on sera prêt à les
reconsidérer. Alors, peut-être qu'il a besoin d'un petit
ajournement pour se rafraîchir la mémoire, sinon j'attends bien
ses réponses.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Pas besoin d'ajournement, M. le
Président, justement. Comme nous avons participé à la
rédaction et à la dicussion du projet de loi... Je peux dire que
le projet de loi commençait simplement à s'appliquer lorsque j'ai
démissionné du Conseil des ministres. Il n'était pas
encore dans toutes ses articulations. Il a été
adopté...
M. Cusano: Vous l'avez adopté. Je m'excuse, vous l'avez
adopté.
M. Léonard: Un instant. Ne vous inquiétez pas,
ça s'en vient. M. le Président, justement, comme j'ai
participé à l'élaboration de ce projet de loi, je pourrais
vous dire que ce n'est pas parce qu'on dit que le Bureau de l'Assemblée
nationale siège à huis clos qu'on est fermé à des
exceptions comme celle que je propose par l'amendement.
M. Cusano Est-ce que vous l'aviez fait, à ce
moment-là, M. le député?
M. Léonard: M. le Président, il n'y a personne qui
m'a dit, dans mon caucus, de retirer l'amendement que j'ai
déposé, ce que, vous, vous faites par rapport à votre
caucus. Il n'y a personne. Alors, là-dessus, mon amendement est
là.
M. Cusano: Quand vous dites «vous», vous vous
adressez à moi ou «vous» en général?
M. Léonard: II n'y a personne dans mon caucus qui m'a dit
de le retirer, alors que j'ai bien l'impression, à regarder l'attitude
des députés par rapport à celle qu'ils avaient
exprimée au moment de la suspension, que c'a changé de camp
beaucoup. Je dirais que je suis surpris qu'il y en ait qui ne soient pas
là, mais, enfin, bon, vous n'avez pas le droit d'en parler plus que
ça.
Un autre élément que le député vient de
mentionner, c'est que, le Bureau de l'Assemblée nationale, il en parle
pour protéger certains privilèges, si je comprends bien, alors
que je ne pense pas que le Vérificateur général refuserait
de venir ici, lui qui prêche l'imputabilité. J'aimerais bien
ça lui poser la question. Je ne pense pas, si jamais il ne pouvait pas
se rendre à la décision du Conseil du trésor et de
l'Assemblée nationale de couper, dans ses effectifs, 20 % dans les
cadres et 12 % dans les autres personnels, qu'il refuserait de venir ici. En
réalité, c'est un faux argument que le député vient
de développer parce qu'il vise très précisément
certaines prérogatives, certains privilèges du Bureau de
l'Assemblée nationale et pas du tout les organismes: le Directeur des
élections, le Vérificateur général, le Protecteur
du citoyen. Alors, j'aimerais bien les entendre, si le député
de...
M. Cusano: De Viau.
M. Léonard: ...Viau voulait le proposer. On a
proposé d'entendre des gens ici au début. Tout a
été refusé par le gouvernement, pas le gouvernement, je
devrais dire les députés, parce qu'il n'y a pas un ministre qui
s'est présenté ici encore. Mais, vous voyez, entre l'esprit et la
lettre, je pense qu'il y a une marge. On veut me faire dire des choses. Non, je
ne dis pas que toutes les délibérations du Bureau de
l'Assemblée nationale doivent être publiques ici, devant un autre
groupe de députés, ce n'est pas ça que je dis. Je dis que,
pour une décision comme celle d'échapper à la loi 198, ils
devraient venir expliquer publiquement.
Et si on parle d'imputabilité dans le cas d'élus,
justement parce que le député de Verdun a dit que les
députés n'étaient pas des employés de
l'Assemblée nationale, justement, ils devraient venir le dire
publiquement pourquoi ils ne peuvent pas ou ne veulent pas se conformer
à la loi 198. Ça, c'est de l'imputabilité; ça c'est
de la transparence. L'imputabilité, c'est à base de transparence,
et, si on veut y échapper en arguant d'un titre, d'un statut qui ne soit
pas un statut de salarié, de syndiqué, de cadre ou de ce qu'on
veut, bien, à un moment donné, qu'on n'ait pas peur de
débattre de ses propres décisions ici. Qu'on n'ait pas peur de le
faire en toute transparence, publiquement. C'est simplement ce que veux dire
l'amendement. Et ce n'est pas pour contredire un groupe par rapport à
l'autre. (16 h 50)
D'ailleurs, autre point dans l'argumentation, le Bureau de
l'Assemblée nationale est une espèce d'organisme directeur qui
prend des décisions d'administration courante, alors qu'une commission
de l'Assemblée nationale ce n'est pas de même nature. Une
commission à l'Assemblée nationale est formée de
députés, examine des lois, examine des crédits, fait
oeuvre de législation et puis demande des comptes. Elle peut en
demander, dans le cas d'un bureau de l'Assemblée nationale qui exerce
des fonctions administratives comme le Bureau, au même titre que
n'importe quel autre organisme, et je dirais même plus, étant
donné qu'on argumente sur le statut particulier du député,
et ça devrait se faire publiquement. Voilà.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Viau.
M. Cusano: M. le Président, plus j'écoute le
député de Labelle, plus que je suis étonné.
M. Léonard: ...
M. Cusano: Oui, je suis très étonné. C'est
qu'il oublie une chose. Lorsqu'il parle de la question d'impu-tabilité,
lorsqu'il parle de questionnement de décisions des personnes qui
relèvent du Bureau ou des membres du Bureau, eh bien... Est-ce que je
peux rappeler au député de Labelle que les crédits de
l'Assemblée nationale qui sont votés par le Bureau sont par la
suite, par la suite, présentés et débattus à
l'Assemblée nationale dans une plénière, dans une
plénière, où le député de Labelle ou
n'importe lequel député... Ce n'est pas la commission de
l'Assemblée nationale, où il y aurait des membres
sélectionnés, c'est une plénière de
l'Assemblée nationale, où tout député de
l'Assemblée nationale peut poser toutes les questions, que ce soit au
président, aux membres du Bureau ou aux présidents des organismes
qui dépendent du Bureau. C'est ça, aussi, que j'ai de la
difficulté à comprendre. Est-ce que le député de
Labelle est en train de nous dire qu'il serait plus important qu'on
transfère ce mécanisme de l'Assemblée nationale
elle-même à la commission du budget et de l'administration? Est-ce
que c'est ça qu'il est en train de nous dire?
Parce que le mécanisme est là. Il n'y a personne qui est
en désaccord avec la question d'imputabilité. Personne n'est en
désaccord. Sauf que le mécanisme existe.
Vous savez le processus des crédits, M. le député
de Labelle? L'Opposition en fait la demande sur le nombre d'heures, et ainsi de
suite. Je n'ai pas besoin d'élaborer tout ça. Alors, il n'y a
rien qui vous empêche, vous, demain matin, ou n'importe quel membre de
l'Assemblée de dire que, lors des prochains crédits de
l'Assemblée nationale, vous allez prendre x nombre d'heures, M. le
Président. Vous allez avoir tout le loisir de tout questionner. Alors,
le mécanisme que vous recherchez, en partie il existe
déjà. Alors, c'est pour ça que, comme mon collègue
de Verdun disait, il y a une certaine redondance dans votre amendement. Alors,
je pense que, lorsqu'il y a de la redondance, bien, on n'a pas besoin d'en
faire. Merci.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, toute l'argumentation
du député de Viau tend à démontrer que la loi 198
est inutile, à toutes fins pratiques. Parce que, effectivement, on
étudie les crédits de tous les ministères...
M. Cusano: Non, ce n'est pas ça que j'ai dit.
M. Léonard: ...et c'est une décision
gouvernementale de couper les budgets. Donc, que le Conseil du trésor
prenne sa décision d'allouer telle enveloppe budgétaire à
des organismes publics et à des ministères comme c'est
décrit dans la loi puis, à ce moment-là, on va les
étudier, on va poser des questions aux crédits. Mais pourquoi
passer une loi 198? Parce qu'on veut poser un geste particulier, particulier
par rapport aux cadres et aux autres personnels. On veut que tout le monde s'y
conforme et on veut déposer ces documents ici, à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Labelle, voulez-vous conclure, s'il vous plaît?
M. Léonard: Alors, M. le Président, je pense que le
député de Viau vient de se tirer dans le pied, par rapport
à l'utilité de la loi 198, quand il a argumenté comme il
l'a fait.
M. Cusano: Pas du tout, pas du tout.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, j'ai déjà fait
assez d'arguments là-dessus. Je pense qu'on est prêt à
voter
sur cet amendement. Je pourrais redébattre encore sur la
portée de la loi 198. Je commence à me rendre compte que le
député de Labelle commence à comprendre la portée
de la loi. Au moins la séance de cette commission n'a pas
été complètement inutile. Alors, je suis prêt
à voter, M. le Président.
Le Président (M. Bradet): Alors, vous demandez le vote, M.
le député? Vote nominal?
M. Gautrin: C'est ça.
Le Président (M. Bradet): Vote nominal.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour l'amendement, évidemment. Le
sous-amendement, il faut dire.
M. Gautrin: Le sous-amendement, oui.
Le Secrétaire: M. Després (Limoilou)?
M. Després: Contre.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Saint-Jean)?
M. Charbonneau: Contre.
Le Secrétaire: M. Cusano (Viau)?
M. Cusano: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Contre.
Le Secrétaire: M. Gautrin (Verdun)?
M. Gautrin: Contre.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
Le Président (M. Bradet): Contre.
Pour, 1 voix, contre, 7 voix. Pas d'abstention.
Une voix: Est-ce qu'on pourrait avoir cinq minutes de
suspension?
Le Président (M. Bradet): Cinq minutes de suspension?
Alors, on va suspendre nos travaux pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 55)
(Reprise à 16 h 59)
Le Président (M. Bradet): La commission reprend ses
travaux. Donc, nous en étions à l'amendement à l'article
7, le sous-amendement ayant été rejeté. On me dit qu'on
serait prêt à l'adoption, puisque les paragraphes ont
été pris un par un.
M. Léonard: J'ai une question à poser auparavant.
..
Le Président (M. Bradet): Oui, M. le député
de Labelle.
M. Léonard: ...au député de Verdun, je
suppose. C'est à lui que ça s'adresse. Dans l'amendement que
j'avais déposé, en ce qui concernait les décisions prises
par le Conseil du trésor, le parti ministériel avait
argumenté beaucoup sur chacune des décisions. Si on ne s'en
tenait pas à chacune des décisions mais à l'ensemble des
décisions, est-ce qu'on serait d'accord pour qu'on présente un
amendement en ce sens, pour au moins que ça vienne devant la commission
ici? Ça, ça pourrait être au moins un geste posé par
la commission. Parce que si c'est déposé sur la table de
l'Assemblée nationale, tous ces plans de réduction des effectifs,
il me semble qu'il conviendrait, ne serait-ce que par déférence
pour ceux qui nous envoient ces plans de réduction, que la commission du
budget et de l'administration s'en saisisse et les examine. Je fais une
concession majeure par rapport à l'amendement que j'ai
déposé, où j'avais demandé chacune des
décisions. Mais là est-ce qu'on accepterait un amendement
à l'effet d'examiner les plans de réduction des effectifs dans
des séances de la commission du budget et de l'administration, et en
évitant le mot «chacune», qui est contraignant... (17
heures)
M. Gautrin: Non, je comprends.
M. Léonard: ...étant donné que vous pensez
qu'il va y avoir beaucoup de contestation?
M. Gautrin: Non, non, mais, M. le Président...
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: ...vous allez voir... Vous avez le projet de
l'article 10. Je pense que c'est l'article 10.1 ou 10.2, qui demande, de facto,
au sous-ministre, de venir au moins une fois par année rendre compte de
l'évolution du plan d'effectifs. Ça veut dire implicitement
qu'une commission ait pu au moins les regarder avant qu'on demande comment
ça évolue. Je ne vois pas que ce soit nécessaire de mettre
un amendement comme ça à l'intérieur.
M. Léonard: C'est parce que quand on va arriver
à l'article 10, M. le Président, il faut que ce soit
signalé dans un rapport du Vérificateur général. Si
ce n'est pas signalé, ça vient de s'éteindre. Il n'y a
plus de recours possible.
M. Gautrin: M. le Président, je... M. Léonard:
Je pose une question.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, si vous me permettez,
j'aurais pu faire déjà le débat sur l'article 10, si vous
voulez, mais ce n'est pas la lecture...
M. Léonard: Mais c'est vous qui avez évoqué
ça, l'article 10.
M. Gautrin: Bien sûr, justement, mais la lecture que vous
en faites n'est pas tout à fait exacte. C'est-à-dire, il y a un
«et», si vous regardez: «...sont imputables devant
l'Assemblée nationale de la gestion des ressources humaines et des
ressources financières de son ministère ou de son organisme et de
toute autre matière administrative de son ressort signalée dans
un rapport du Vérificateur général». C'est
«et» «ou» et «et». Donc, ce n'est pas
limitatif par ce qui a été mis dans le rapport du...
M. Léonard: II faut que ce soit signalé.
M. Gautrin: Pardon?
M. Léonard: II faut que ce soit signalé.
M. Gautrin: Non.
M. Léonard: II n'y a pas de «ou» là.
C'est «et».
M. Gautrin: On va pouvoir en débattre quand on
débattra sur l'article 10, si vous voulez.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: II reste quand même que, M. le
Président, lorsque les organismes publics déposent leur rapport
devant l'Assemblée nationale, il me semble que ça ne
s'arrête pas là. Il y a une disposition qui doit en être
faite, habituellement, dans une commission. C'est ce que refusent d'envisager
les députés du Parti libéral à l'heure actuelle.
Mais, si c'est déposé devant l'Assemblée nationale, il se
fait quelque chose avec. Et comme c'est une matière qui comporte bon
nombre de détails, par exemple, comme un projet de loi, une commission
les examine. Au moins qu'il y ait une référence à une
commission compétente, mais j'imagine que c'est la commission du budget
et de l'administration qui pourrait en être saisie. Est-ce que la
rédaction de l'article 7, tel qu'amendé jusqu'ici, nous permet de
déférer tel plan à une commission de l'Assemblée
nationale, la commission du budget et de l'administration? Ce n'est pas dit. Je
pense qu'on pourrait le dire, au moins. C'est un amendement que j'offre au
député de Verdun pour améliorer son projet de loi, et s'il
veut nous parler d'imputabilité après et de transparence...
M. Gautrin: On parlera d'imputabilité après.
M. Léonard: ...on pourra en reparler, mais au moins il
faut qu'on ait les instruments.
M. Gautrin: Mais vous les avez, les instruments.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Léonard: On ne peut pas les invoquer devant une
commission.
M. Gautrin: M. le député de Labelle, vous les avez,
les instruments, premièrement. D'autre part, une commission peut se
saisir de tout sujet si elle désire s'en saisir, le cas
échéant. Faites attention, là. Ce que vous êtes en
train de faire, c'est, d'un mécanisme qui est un mécanisme
souple, vous êtes en train d'en faire un mécanisme
extrêmement compliqué à loisir. Je m'excuse, mais c'est
ça que vous êtes en train de faire. Parce que ce que vous voulez,
c'est que, après que ces plans de réduction ont été
faits et présentés, là, vous voulez qu'on reconvoque la
commission du budget et de l'administration et les commissions
compétentes. Parce que, dans le fond, dans l'article 10, on a
parlé des commissions compétentes parce qu'il y a aussi une
dimension qui va toucher à la dimension de l'éducation dans le
secteur du parapublic et la dimension de la santé je n'arrive pas
à lire votre écriture pour ce qui touche les questions de
l'autre secteur du parapublic. Ça, c'était dans l'article 3 et
dans l'article 4. Mettre une obligation d'étude dans les commissions,
c'est, il me semble, alourdir inutilement le processus. Je comprends l'approche
que vous avez. Depuis le début vous avez toujours essayé de
plaider pour démontrer que ça ne marchait pas.
M. Léonard: Non. On voulait améliorer votre
projet.
M. Gautrin: Bien, voyons donc! C'est exactement ce que vous
faites depuis le début. Alors, vous avez essayé de vouloir
alourdir le processus pour être sûr qu'à la fin ce soit
tellement lourd que ça ne marche pas. Mais là, la situation, ce
n'est pas ça, c'est que le Conseil du trésor va pouvoir exempter
de l'application de la loi un certain nombre d'organismes, ou un certain
nombre de secteurs, ou un certain nombre de catégories de
personnel. Ceci va être rendu public. Là, vous voudriez, à
ce moment-là, qu'on recommence à refaire le débat dans une
commission de l'Assemblée nationale. Si la commission sent qu'il est
absolument nécessaire de se saisir de la question... Une commission
peut, le cas échéant, se saisir d'une question si elle le veut,
si c'est nécessaire, si elle le pense. Là, vous voulez lui donner
l'obligation de se saisir de la question. Et l'approche que vous avez je
comprends a toujours été la même depuis le
début. Après avoir plaidé contre la centralisation
excessive, vous essayez de démontrer que ça ne va pas marcher et
que ça ne marchera pas, et vous êtes en train d'alourdir le
processus. Très honnêtement, à l'heure actuelle, on ne voit
pas la nécessité d'obliger de référer à une
commission parlementaire ou à la commission parlementaire du budget et
de l'administration. Ce qui ne veut pas dire que la commission du budget et de
l'administration ne pourra pas, le cas échéant, se charger de
l'étude d'un document qui sera déposé en Chambre.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, c'est amusant de
constater l'évolution du langage du député de Verdun,
parce qu'au tout début il refuse de déférer à une
commission. Tout à coup, il dit: Je ne veux pas l'obliger. Parce qu'il
faut quand même admettre que ça va aller devant une commission, je
l'espère bien. À un moment donné, si vous avez des plans
de réduction d'effectifs et que cela concerne l'Assemblée
nationale, l'Opposition peut questionner là-dessus.
M. Gautrin: C'est sûr.
M. Léonard: Si le député de Verdun se met
à ma place, comme il pourrait l'être dans quelques mois, je pense
qu'il voudrait...
M. Gautrin: Ne rêvez pas trop en couleur. Ne rêvez
pas en couleur.
M. Léonard: ...exercer son droit de critique à
l'endroit des gestes posés par le gouvernement. Donc, l'amendement que
je propose, c'est un amendement tout à fait ordinaire, correct, qui
n'alourdit pas le projet de loi. Je l'ai écouté très
attentivement au début de son argumentation. Il était en train de
dire que, non, ça n'irait pas devant les commissions. Bien, oui, il
faudrait que ça aille devant les commissions. Moi, je dis qu'il faudrait
que ça aille devant les commissions. Pas juste laisser ça
à la discrétion du leader du gouvernement, qui pourrait dire:
Non, ces plans de réduction d'effectifs n'iront pas en commission, puis
que ça s'arrête là. Je pense que l'Opposition a le devoir
de questionner le gouvernement là-dessus, sur ces décisions, puis
de voir si, effectivement, il y a eu une décision judicieuse prise par
le Conseil du trésor. Alors, je vois l'évolution du langage,
l'évolution de la pensée du député de Verdun. Il y
a eu des petits papiers et il y a des gens qui lui ont dit: Attention!
Ça peut être déféré quasi automatiquement,
mais on ne veut pas en faire une obligation.
M. le Président, je pense que le député de Verdun,
effectivement, souffre un peu d'inexpérience des mécanismes
parlementaires, même si ça fait trois ans et demi qu'il est
là. Je crois quand même qu'on devrait faire une obligation.
Ça n'alourdirait pas du tout. Une séance, ça alourdit un
projet de loi? Écoutez, je pense que, dans ses effets, le projet de loi
pourrait très bien revenir sous forme de plan de réduction
d'effectifs devant la commission du budget et de l'administration ou toute
autre commission concernée. Mais il me semble qu'il faut en faire une
obligation devant la commission du budget et de l'administration parce qu'il
s'agit d'effectifs, de ressources humaines qui sont très nettement de la
compétence du Conseil du trésor et de la commission du budget et
de l'administration, très nettement.
Moi, M. le Président, je vois que le député de
Verdun refuse un amendement tout simple par lequel les parlementaires
pourraient, effectivement, être efficaces. On le refuse dans le cas du
Bureau de l'Assemblée nationale, on le refuse pour les décisions
prises par le Conseil du trésor. Je me demande à quoi ça
sert, finalement, le projet de loi 198, comme contrôle des parlementaires
si ces plans de réduction d'effectifs ne sont pas examinés par
les parlementaires. Il est en train d'admettre que, finalement, sa
centralisation, les effets de la centralisation qu'il occasionne par l'adoption
de ce projet de loi 198 font en sorte que c'est un travail impossible. Il en a
peur, et, d'ailleurs, il refuse les amendements que j'ai proposés.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je dis clairement qu'il n'y a
pas de... Ha, ha, ha! Refuser l'amendement... Je ne sais sur quoi je parle
actuellement. Il y avait un projet d'amendement éventuel...
M. Léonard: Là, j'ai posé la question
sur...
M. Gautrin: ...et on a répondu non.
M. Léonard: Vous avez répondu non, c'est
ça.
M. Gautrin: On est prêt à voter, je pense, sur
l'article 7.
Le Président (M. Bradet): Sur l'amendement à
l'article 7.
M. Gautrin: Sur l'amendement à l'article 7.
Le Président (M. Bradet): Alors, est-ce que l'amendement
à l'article 7 est adopté?
M. Gautrin: Adopté. (17 h 10)
M. Léonard: Vote nominal.
Le Président (M. Bradet): Nominal? Vote nominal, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. Gautrin (Verdun)?
M. Gautrin: Pour.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Cusano (Viau)?
M. Cusano: Pour.
Le Secrétaire: M. Després (Limoilou)?
M. Després: Pour.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Contre.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
Le Président (M. Bradet): Pour.
Le Secrétaire: Pour, 6, contre, 1. L'amendement est donc
adopté. Est-ce que l'article 7, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Gautrin: Adopté.
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Sur division. J'appelle donc
l'article 8.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...je voudrais souligner que, à
l'avant-dernière séance, nous avions suspendu l'étude de
l'article 6.
M. Gautrin: C'est exact.
M. Léonard: Est-ce qu'on pourrait y revenir?
M. Gautrin: Oui, si vous voulez.
M. Léonard: Autant régler ça.
M. Gautrin: Tout à fait d'accord.
Le Président (M. Bradet): D'accord. Alors, nous revenons
à l'article 6.
Liste des noms des personnes mises en
disponibilité
M. Léonard: Parce que la deputation ministérielle,
libérale, était fort perplexe par rapport à la
rédaction de l'actuel article 6. Il y avait eu une multitude
d'amendements déposés, retirés, déposés,
retirés, et puis, finalement, on avait pris la décision de
suspendre parce que les chattes n'y retrouvaient pas leurs petits.
Le Président (M. Bradet): Alors, il y avait un amendement
à l'article 6?
M. Léonard: Bien, là, on ne sait pas au juste ce
qui en resterait.
Le Président (M. Bradet): Vous allez faire le
dépôt d'un autre amendement?
M. Gautrin: M. le Président, en termes techniques, je
voudrais que vous me rappeliez où on était rendu, simplement sur
le plan technique. Je sais exactement où on veut aller, mais,
techniquement, où étions-nous?
Le Président (M. Bradet): On était sur l'amendement
qui avait été proposé à l'article 6...
M. Gautrin: Qui se lisait comment, s'il vous plaît?
Le Président (M. Bradet): ...qui disait: L'article 6 du
projet de loi 198 est modifié par le remplacement, dans les
cinquième et sixième lignes, de ce qui suit...
M. Léonard: Quatrième, cinquième et
sixième lignes.
Le Président (M. Bradet): Quatrième?
M. Léonard: Un instant.
Le Président (M. Bradet): Alors, je reprends.
L'article 6 du projet de loi 198 est modifié par le remplacement,
dans les cinquième et sixième lignes, de ce qui suit: «pour
les fins de l'application de l'article 5», par ce qui suit: «en
regard de ces personnes pour les fins de l'application de la présente
section».
M. Gautrin: M. le Président, vous me permettez un instant
que je regarde...
Le Président (M. Bradet): Oui, M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: Cet amendement-là, on l'a déjà
voté, si je ne me trompe.
Le Président (M. Bradet): II était... M.
Léonard: En discussion.
Le Président (M. Bradet): ...en discussion, cet
amendement.
M. Léonard: C'est là qu'on a suspendu.
M. Gautrin: Est-ce qu'on peut suspendre un instant, s'il vous
plaît, M. le Président?
Le Président (M. Bradet): Oui, alors, on va suspendre les
travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 14 )
(Reprise à 17 h 17)
Le Président (M. Bradet): La commission reprend ses
travaux. M. le député de Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je suggérerais de
retirer l'amendement que nous avions déposé. Je vais vous en
donner une version modifiée, si vous me permettez.
Le Président (M. Bradet): D'accord.
M. Gautrin: Alors, je voudrais retirer l'amendement à
l'article 6 et déposer un nouvel amendement qui va remplacer en
totalité l'article 6, qui se lirait comme suit: L'article 6 du projet de
loi 198 est remplacé par le suivant: «Tout organisme public doit
communiquer à tout autre organisme public qui lui en fait la demande le
nom des personnes mises en disponibilité et tous les autres
renseignements requis en regard de ces personnes pour les fins d'application de
la présente section.»
Le nouveau texte que je dépose a deux effets.
Premièrement, il incorpore les remarques qu'avait faites, au moment du
débat, le collègue de l'Opposition quant à la
portée un peu générale qu'avait la rédaction
initiale et qui était donc comprise dans l'amendement que nous avons.
Deuxièmement, il biffe de l'article initialement déposé
l'exclusion qui était faite quant à la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels. Cette partie-là serait donc biffée de la loi, ce qui
maintiendrait que l'article 6 et les renseignements continueraient à
être soumis à la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels. Est-ce
que, M. le Président, vous saisissez quelle est la portée de
l'article comme tel?
Le Président (M. Bradet): Est-ce que ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: M. le Président, je relis l'article:
«Tout organisme public doit communiquer à tout autre organisme
public qui lui en fait la demande le nom des personnes mises en
disponibilité et tous les autres renseignements requis en regard de ces
personnes pour les fins de l'application de la présente section.»
Les fins d'application de la présente section, il s'agit de toucher du
personnel. Je rappelle que ça touche 20 % des cadres, 12 % du personnel
et ça veut dire des processus de reclassement, de réorganisation
dans la fonction publique. Ce qui me saute aux yeux en lisant cela, c'est qu'on
transige d'organisme public à organisme public des renseignements qui
vont nécessairement être de nature personnelle. À partir du
moment où un organisme public transmet ce qu'il sait... Puis quand on
dit: les renseignements requis pour l'application, ça peut être
large. Je vous prie de me croire que, pour certains administrateurs, ça
peut être étroit, pour d'autres, ça peut être
très large. Puis, à partir de ce moment-là, il y a une
grande discrétion qui va être utilisée par les uns et les
autres, et l'application de la loi va devenir très distendue,
inégale de part et d'autre. (17 h 20)
Mais je dirais aussi une autre chose, une autre argumentation, M. le
Président, par rapport à l'article 6. La loi 198 est une loi de
portée générale et c'est une loi qui vient après la
loi sur l'accès à l'information et la disposition de
renseignements personnels. Ça veut dire qu'elle s'applique après.
Ça veut dire que l'autre loi tombe et c'est celle-là qui
s'applique. Dans le cas de l'application de la loi 198, un organisme public
peut aller chercher tous les renseignements qu'il désire. Je pense, M.
le Président, qu'il y aurait lieu de nous donner des
éclaircissements là-dessus, parce que, à mon sens, j'en ai
une réticence à adopter cet article, même si la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels s'appliquait. À partir du moment où
cela se fait d'organisme à organisme, sans l'autorisation de la personne
concernée, là, la personne concernée, qui signe dans la
plupart des cas où il y a des renseignements personnels, vient de perdre
tout contrôle sur des informations qui la concernent, sur son
dossier.
Moi, j'ai des réserves majeures. Je pense que ça n'a pas
de bon sens de voter ça parce qu'il n'y en a plus, de protection des
renseignements personnels. Encore une fois, ça peut être
utilisé par des personnes qui vont vouloir respecter les renseignements
personnels, mais d'autres ne les respecteront pas, puis ça peut s'en
aller dans toutes les directions.
L'autre élément, tout organisme public à tout autre
organisme public, remarquez que c'est exponentiel, comme possibilité.
Ça veut dire que tout le monde peut l'envoyer à tout le monde.
Ça s'en va dans l'un, ça s'en va dans l'autre, et tout le monde
va être au courant du dossier de chacune des personnes qui peuvent
être visées par la loi, à l'heure actuelle. Moi, j'aimerais
ça entendre le député de Verdun là-dessus, parce
que, franchement, c'est un article de loi qui est rédigé de
façon très générale, qui vient après la loi
sur la protection des renseignements personnels, et on perd tout
contrôle.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je pense que le
député de Labelle refait le même type d'argumentation qu'il
avait déjà fait la première fois. On va revenir sur
l'objectif qu'on a, de mettre cet article-là, premièrement, et,
deuxièmement, sur l'importance qu'il y a de protéger les
individus. Il avait fait valoir, je pense, il y a deux ou trois séances,
à cette commission, au moment où nous avions étudié
déjà cet article 6, que, tel qu'il était
rédigé initialement, c'est-à-dire qu'il excluait la
portée de l'article 6 de la loi sur la protection des renseignements
personnels, il y avait là un abus évident. Je pense que vous
aviez fait valoir ce point de vue là, si je me rappelle. On est assez
sensible à ce type d'argumentation et c'est pour ça qu'on a
retiré de l'amendement les mots «malgré la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels». Ceci a été retiré, ce
qui veut dire, à l'heure actuelle, que les organismes publics sont
soumis à la loi d'accès aux informations et sur la protection des
renseignements personnels. Ça, c'est le premier
élément.
Deuxième élément, je voudrais...
M. Léonard: La loi arrive après?
M. Gautrin: Ça ne veut pas dire, mon cher ami, parce que
la loi arrive après, que les organismes ne sont pas soumis à la
loi. La Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels continue à s'appliquer et les
organismes publics couverts par la loi 198 continuent à être
soumis à la loi L.R.Q., chapitre A-2.1. Us continuent à
être soumis. Ça, c'est le premier élément.
Deuxième élément: Pourquoi il est utile d'avoir un
tel...
M. Léonard: Vous êtes sûr de ça?
Pourquoi vous ne mettez pas «sous réserve de»?
M. Gautrin: Je suis à peu près à 100 %
sûr. Si vous en doutez...
M. Léonard: À peu près?
M. Gautrin: Non, non, mais si vous en doutez, parce que vous
pouvez douter de mes qualités de juriste, on peut demander aux juristes
ici, si vous voulez leur laisser la chance de s'exprimer. Est-ce que c'est
votre voeu?
M. Léonard: Oui, moi, je veux bien parce que c'est un
point très important.
M. Gautrin: Bon. Alors, est-ce qu'on peut demander à Me
Rioux ou à Me Jacques? Je ne sais pas... Me Rioux, si vous voulez...
Le Président (M. Bradet): Me Rioux, on vous
écoute.
M. Rioux (Claude): Actuellement, à la loi de
l'accès, vous avez l'article 1, qui dit: «La présente loi
s'applique aux documents détenus par un organisme public dans l'exercice
de ses fonctions», et ça vise toutes sortes de documents, qu'ils
soient écrits, graphiques, sonores, etc. À l'article 3, on dit:
«Sont des organismes publics: le gouvernement, le Conseil
exécutif, le Conseil du trésor, les ministères, les
organismes gouvernementaux, les organismes municipaux, les organismes scolaires
et les établissements de santé ou de services sociaux.»
M. Léonard: C'est la même couverture que les
articles 1 et 2.
M. Rioux: Exactement. En outre, aussi, d'inclure
l'Assemblée nationale, le lieutenant-gouverneur et toutes les autres
personnes qui relèvent de l'Assemblée. Alors, ici, il ne peut y
avoir de doute à l'effet que la Loi sur l'accès s'applique aux
transactions et à la possession des renseignements nominatifs que
possède...
M. Léonard: Mais est-ce qu'il y a une disposition à
la fin de la loi disant que cette loi a préséance ou s'applique
nonobstant les lois à venir? À partir du moment où vous
adoptez une autre loi qui dit que tout organisme doit fournir à tout
organisme, chacun est lié, mais je voudrais en avoir l'assurance, parce
que le contrôle n'est pas le même dans le cas où vous
êtes dans un organisme public. L'organisme public est tenu à la
confidentialité des renseignements qu'il détient par rapport
à son personnel. Il y a un lien d'autorité. Il y a un lien
d'autorité entre la direction de l'organisme, les cadres et le personnel
qui en relève. Et donc, c'est une
obligation de gérance, en quelque sorte, qui est faite par la loi
de l'accès à l'information et de la protection des renseignements
personnels. Est-ce qu'on a l'assurance que ça s'applique dans le cas
actuel? Parce qu'il n'y a plus de lien d'autorité. Il y a un lien
d'autorité de l'organisme dans lequel la personne travaille, mais,
à partir du moment où vous envoyez le renseignement à
l'extérieur, il n'y a plus du tout la même relation entre ces
personnes. Il faut faire attention à ça parce qu'on est dans une
situation complètement différente.
M. Gautrin: Moi, je comprends...
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: ...l'argumentation du député de
Labelle. Les juristes prétendent ou pensent que les organismes publics
continuent à être couverts une fois qu'on l'a
rédigée de cette manière-là, c'est-à-dire la
loi a sa portée générale sur tous les organismes. Me
Rioux, vous voulez peut-être repréciser la question. Parce qu'il
est clair que, de part et d'autre, l'objectif, c'est bien de ne pas soumettre
les... Ce n'est peut-être pas votre objectif, mais, enfin, le nôtre
n'est pas de soumettre les gens et d'aller à rencontre de la loi sur
l'accès aux renseignements personnels.
Le Président (M. Bradet): Me Rioux.
M. Rioux: Je continue en disant que la loi, malheureusement, des
faits pratiques, on n'en trouve pas pour le moment, mais il y a une disposition
de la loi de l'accès...
M. Gautrin: Est-ce qu'on peut avoir la loi d'accès
à...
M. Rioux: ...je l'ai actuellement devant moi qui vient
justement exclure la règle d'interprétation qui veut qu'une loi
postérieure a un effet sur une loi antérieure...
M. Léonard: Oui.
M. Rioux: II y a une disposition spécifique qui dit
qu'aucune loi ne peut déroger à la présente s'il n'y a pas
une disposition «malgré», comme celle qui devait être
introduite lors du dernier...
M. Léonard: Ah! C'est dit à quel article...
M. Rioux: Je peux prendre quelques instants et vous le
mentionner, mais je peux vous assurer de l'existence. ..
M. Léonard: O.K. Il faut avoir ça, parce que,
à ce moment-là, je vais vous suivre, mais en d'autres...
M. Rioux: C'est une disposition semblable à la
Charte...
M. Léonard: Oui, c'est ça.
M. Rioux: ...des droits et libertés de la personne. On ne
peut y déroger que par une clause «nonobstant». Alors, je
vous ferai état de cette clause-là tantôt.
M. Léonard: Mais à ce moment-là, pour plus
de sûreté et je m'adresse un peu, M. le Président,
au député de Verdun il pourrait dire: sous réserve
de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels. Là, ce serait clair. Est-ce
qu'il admettrait qu'avec un amendement comme celui-là il serait mur
à mur, en tout cas, théoriquement?
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Peut-être que Me Rioux pouvait dire votre
morceau... Disons qu'on touche le même objectif. Me Rioux pense que c'est
inutile d'avoir cet article-là, mais, enfin... Pouvez-vous nous... (17 h
30)
M. Rioux: Donc, les dispositions dont on parlait tantôt,
c'est d'abord l'article 168, qui se lit ainsi: «Les dispositions de la
présente loi prévalent sur celles d'une loi
générale ou spéciale postérieure ce qui est
le cas ici qui leur seraient contraires, à moins que cette
dernière loi n'énonce expressément s'appliquer
malgré la présente loi.» C'était l'objet d'un
amendement qui avait été déposé
antérieurement.
M. Léonard: O.K. M. Rioux: Ça vous va? M.
Léonard: O.K. Ça me va. M. Gautrin: Ça va?
M. Léonard: Ça me satisfait sur ce plan-là.
Par ailleurs, sur ce plan-là, on a éclairci un point qu'il
faudrait qu'il y ait une disposition particulière dans la loi pour
que...
M. Gautrin: Qu'on a retirée par l'amendement qu'on
dépose ici.
M. Léonard: Ça va. Pour la retirer. O.K. Ça
va. Bon. Maintenant, comme question de fait, l'amendement qui est
déposé, c'est que tout organisme public doit communiquer à
tout autre organisme public des renseignements de nature personnelle. Ce qu'il
n'y a pas dans cet amendement, c'est l'autorisation de la personne
elle-même qui est l'objet du renseignement personnel. Et,
ça, le député de Verdun va admettre avec moi que
c'est important. Parce qu'une personne dont le dossier se trouve dans un
organisme public peut avoir des objections à ce que son dossier s'en
aille dans tous les organismes publics qui en font la demande. Il y a une
autorisation de la personne en cause qui doit exister quelque part, puisqu'il
s'agit de renseignements personnels. Moi, je voudrais savoir pourquoi on ne
spécifie pas l'autorisation de la personne, parce que c'est une clause
très générale. Là, ce que vous me répondez,
ce qu'on vient d'éclaircir par l'article 168 de la loi sur
l'accès à l'information, c'est que tous les organismes sont
soumis à la loi sur l'accès à l'information et à la
protection des renseignements personnels. Fort bien. Ils sont soumis de
façon générale, mais ça n'empêche pas qu'il
n'y a pas de relation d'autorité et ça n'empêche pas aussi
que la personne en cause peut avoir des objections très
sérieuses, très valables à ce que son dossier s'en aille
à droite et à gauche.
Prenez chacun d'entre vous, ici. Si vous lisiez un article d'un projet
de loi qui autorisait je pense que c'est l'Assemblée nationale,
qui nous paie; on ne peut pas dire qui nous engage, mais qui nous paie
l'Assemblée nationale à donner, qui obligeait l'Assemblée
nationale à donner notre dossier personnel à tout autre organisme
public qui en ferait la demande, sans que vous ayez à intervenir
personnellement... Moi, je pense que vous pouvez l'accepter parce que vous
dites que vous l'accepteriez si vous aviez la possibilité d'accepter ou
de refuser comme personne la disposition de ce renseignement.
Mais si vous ne l'aviez pas et que l'Assemblée nationale était
obligée d'envoyer votre curriculum détaillé? Je ne parle
pas de celui que vous publiez, qui est doré, qui est plus doré
dans les publications ou la publicité, je comprends bien, mais...
M. Gautrin: Comment ça qu'il est plus doré?
M. Léonard: ...je parle du dossier qui contient des
renseignements très personnels, parfois, et qui peut aller partout. Moi,
j'ai vraiment des objections. C'est épouvantable de voter un truc comme
ça.
M. Gautrin: M. le Président.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: II faut revenir quand même sur terre et ne pas
commencer à caricaturer les choses. Je rappellerai au
député de Labelle l'article 57 de la loi sur l'accès et le
caractère public de certains renseignements. Alors, je vais lire
l'article 57: «Les renseignements suivants ont un caractère
public: 1° le nom, le titre, la fonction, la classification, le traitement,
l'adresse et le numéro de téléphone du lieu de travail
d'un membre d'un organisme public, de son conseil d'administration ou de son
personnel de direction et, dans le cas d'un ministère, d'un
sous-ministre, de ses adjoints et de son personnel d'encadrement.»
M. Léonard: Ce sont des renseignements à
caractère public?
M. Gautrin: À caractère public. Donc,
essentiellement, puisqu'on soumet ceci à la loi sur la protection,
c'est-à-dire la loi L.R.Q., chapitre A-2.1, ceci est à
caractère public. C'est le premier alinéa.
Deuxièmement, donc c'est toujours l'article 57: «Les
renseignements suivants ont un caractère public: 2° le nom, le
titre, la fonction, l'adresse et le numéro de téléphone du
lieu de travail et la classification, y compris l'échelle de traitement
rattachée à cette classification, d'un membre du personnel d'un
organisme public.» Donc, en premier lieu, ça touchait les cadres
et, deuxièmement, on touche l'ensemble du personnel.
Alors, il y a quand même une clause de restriction, parce qu'il
faut quand même qu'on sente qu'on est dans une situation où on
protège les gens: «Toutefois, les renseignements prévus au
premier alinéa n'ont pas un caractère public si leur divulgation
est de nature à nuire ou à entraver le travail d'une personne
qui, en vertu de la loi, est chargée de prévenir, détecter
ou réprimer le crime. «En outre, les renseignements prévus
au paragraphe 2° ne peuvent avoir pour effet de révéler le
traitement d'un membre du personnel d'un organisme public.» Autrement
dit, ce qui est public, ça peut être la classification, même
les échelles le 2° la position dans les
échelles, mais le traitement en lui-même n'est pas quelque chose
qui est du domaine du public, compte tenu de l'application de la loi...
M. Léonard: Je viens de suivre le député de
Verdun. Pourquoi, dans son amendement, ne fait-il pas référence
à cette distinction qui est faite dans les renseignements à
caractère public et à caractère personnel?
M. Gautrin: Parce que la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels
s'applique, à ce moment-là. Donc, on ne peut transmettre
d'organisme à organisme que des renseignements à caractère
public. Vous ne pouvez pas transmettre d'organisme à organisme des
renseignements à caractère privé.
M. Léonard: Vous pouvez le faire si c'est des
renseignements à caractère public?
M. Gautrin: Bien oui. Parce que la loi ici...
M. Léonard: Pourquoi vous écrivez l'article 6
alors, si c'est public de toute façon?
M. Gautrin: Pour permettre la transmission de renseignements,
c'est-à-dire tout...
M. Léonard: Si l'organisme public en cause peut le faire
déjà, peut déjà le demander, puis que ça ne
peut pas être refusé par la loi sur l'accès à
l'information, pourquoi rédige-t-on l'article 6, à l'heure
actuelle, dans ce projet de loi 198?
M. Gautrin: Parce que la communication des organismes à
caractère public, ceci vient préciser simplement une obligation
que l'organisme public a de transmettre des renseignements à
caractère public à un autre organisme.
M. Léonard: M. le Président, je commence à
voir glisser le discours là-dessus. J'ai des doutes. Je dois dire que
j'ai des doutes. D'abord on a écrit «malgré la loi».
Là, tout à coup, on me fournit des éclaircissements, puis
je ne suis pas trop sûr, disons, de leur valeur juridique à
l'heure actuelle. Moi, j'ai des problèmes là-dessus. Ou bien c'a
une valeur ou ça n'en a pas. Si on ne change rien et puis que ce sont
des renseignements publics, tout le monde peut les avoir. On a juste à
écrire. Pourquoi écrire ça dans l'article 6? Mais, si on
change quelque chose, je veux savoir ce qu'on change. Alors, il faudrait que ce
soit très clair.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, l'article 6 vient
préciser un peu des modes de fonctionnement qui précisent
clairement, à l'heure actuelle, compte tenu de l'amendement qu'on
dépose actuellement, qu'il ne s'agit plus que de renseignements qui ont
déjà un caractère public. Si l'amendement n'avait pas
été déposé tel qu'il a été
écrit initialement, j'aurais pu comprendre facilement les craintes que
le député de Labelle eût pu avoir. Actuellement,
l'amendement ayant pour effet de soumettre l'article 6 à la loi
d'accès à la protection des renseignements personnels, il ne
s'agit plus tout simplement que de transmettre d'organisme public à
organisme public des renseignements à caractère public.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, moi, je trouve que
plus on avance, moins ça devient clair. Parce que quand je relis
l'article: «...tout organisme public doit communiquer à tout autre
organisme public qui lui en fait la demande le nom des personnes mises en
disponibilité et tous les...» Incidemment, il va falloir faire un
sous-amendement, M. le Président, et je le ferai tout à l'heure.
«Tout», ça prend un «s» et non pas un
«t». Ha, ha, ha! «...tous les autres renseignements requis en
regard de ces personnes pour les fins d'application de la présente
section.» Il va falloir le faire. Ha, ha, ha! (17 h 40)
M. le Président, lorsqu'on dit «tous les autres
renseignements requis», quels sont ces autres renseignements requis? Il
faudrait que ce soit très clair. «Tous les autres renseignements
requis [...] pour les fins de l'application de la présente
section». Est-ce que le député de Verdun prétendrait
que le salaire, qui est un renseignement de nature personnelle, n'a rien
à voir aux fins de l'application de la présente section? Si vous
engagez un cadre, ou si un cadre qui est transféré d'un organisme
public à un autre organisme public ne dévoile pas son salaire, je
me demande ce qui se fait là. Derrière ce projet de loi
là, il y a une volonté de couper les fonds publics en ce qui
concerne les dotations en personnel, en ce qui concerne les ressources
humaines, c'est évident. Et, donc, est-ce que vous prétendez,
est-ce que le député de Verdun prétendrait que le montant
du salaire ne sera pas une question qui va être évoquée
entre les responsables des deux organismes publics? Est-ce qu'on est
sérieux quand on me dit ça? C'est pourtant un renseignement de
nature personnelle, tel que spécifié à la loi sur la
protection des renseignements personnels.
M. Gautrin: M. le Président. Je comprends l'argumentation
du député de Labelle, mais il argumente sur le premier paragraphe
de l'article 57 de la loi sur l'accès aux renseignements personnels, qui
précise clairement que pour les cadres le traitement a un
caractère public. C'est pour les autres employés, et, à ce
moment-là, c'est la position dans l'échelle et la classification
qui a un caractère public. La fin de l'article précise que le
traitement n'est pas à caractère public. Donc, l'argumentation
que vous le portez sur les cadres, vous le portez à ce moment-là
sur cet article 57, paragraphe 1°, qui lui...
M. Léonard: Le traitement est public. Ça va.
M. Gautrin: Le traitement est public. Par contre, sur 57,
paragraphe 2°, c'est la classification de l'employé qui est
transmise, et là, à ce moment-là, le traitement n'est pas
à caractère public.
(Consultation)
M. Léonard: Donc, le traitement est à
caractère public dans les cadres. De toute façon, il y a des
échelles. Autre question: Pourquoi, dans le cas du dossier d'une
personne qui va être transférée, puisque c'est l'objet d'un
tel article du projet de loi...
M. Gautrin: L'objet, c'est de faciliter la reclassification, le
reclassement des gens.
M. Léonard: C'est de faciliter. Pourquoi vous n'acceptez
pas, dans l'article 6, que ce soit avec l'autorisation de la personne en cause.
Parce qu'il y aura, moi, à mon sens... Si on me disait: «tous les
autres renseignements publics requis pour», ça, c'est une
chose.
M. Gautrin: M. le Président. Là, on est en train de
vouloir mettre mur à mur et s'assurer que...
M. Léonard: Bien...
M. Gautrin: Écoutez-moi. Là, il est clair qu'il
s'agit de renseignements publics. Il est clair que...
M. Léonard: C'est clair là-dedans, dans l'article,
que c'est des renseignements publics?
M. Gautrin: Oui.
M. Léonard: On dit: «les autres renseignements
requis en regard de ces personnes pour les fins de l'application de la
présente section». C'est juste des renseignements publics?
M. Gautrin: Mais, bien sûr, puisqu'on ne peut transmettre
que des renseignements... Écoutez-moi. On ne peut pas transmettre, en
fonction de la loi qui s'appelle la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, sans
l'accord de l'individu, autre chose que des éléments à
caractère public. Donc, là, actuellement, on définit
ensemble et on a revu ensemble dans l'article 57 ce qui était un
renseignement à caractère public. Alors, vous voulez qu'on mette
que les renseignements à caractère public... C'est simplement une
cohérence de rédaction. On ne peut transmettre, bien sûr,
puisque la loi sur l'accès à la protection des
renseignements...
M. Léonard: Publics.
M. Gautrin: ...personnels va s'appliquer, on ne peut transmettre
que des renseignements à caractère public. On a vu ensemble, dans
la lecture de l'article 57 de cette loi, ce qu'était un renseignement
à caractère public, donc il n'est pas question de transmettre
autre chose que des renseignements personnels à caractère public.
Maintenant, si vous voulez qu'on remette... On serait complètement
redondant de remettre «tout organisme doit transmettre des renseignements
à caractère public», parce qu'il ne peut transmettre que
des renseignements à caractère public.
M. Léonard: Mais, est-ce que... M. le Président.
..
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...j'écoute le député de
Verdun et plus j'avance, plus je me demande pourquoi il met l'article 6 dans
ces conditions, si, vraiment, la loi sur l'accès à l'information
et sur la protection des renseignements personnels s'applique. Alors, pourquoi
met-il l'article 6? Je comprenais quand il mettait «malgré la
Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels». Là, il était
obligé de dire qu'elle ne s'appliquait pas. Mais, si elle s'applique,
pourquoi l'article 6 maintenant?
M. Gautrin: L'article 6 va donner une obligation aux
différents organismes publics de transmettre...
M. Léonard: Bon, on revient à cette affaire.
M. Gautrin: ...les informations à caractère public.
Il est clair, à l'heure actuelle, que... Alors, il y a deux choses entre
une obligation de la transmission d'un renseignement à caractère
public... C'est ça que fait, essentiellement, l'article 6.
M. Léonard: S'ils sont publics, pourquoi écrire
ça?
M. Gautrin: M. le député de Labelle, vous savez
très bien que, de ce qui est de caractère public, ce n'est
pas...
M. Léonard: Tout le monde peut les avoir. On en fait la
demande.
M. Gautrin: Alors, tout organisme doit...
M. Léonard: Pourquoi obligez-vous l'organisme qui les
détient? Il est obligé de les transmettre, c'est à
caractère public, d'après la loi. Alors, c'est vraiment l'article
6 qui est redondant, là. Ha, ha, ha! Qu'est-ce que ça change? Si
ça ne change rien à la réalité, pourquoi
l'article?
M. Gautrin: Oui, mais, attendez. Ce n'est pas parce que quelque
chose...
M. Léonard: Qu'est-ce que vous ajoutez de plus avec
l'article 6?
M. Gautrin: L'obligation de transmission. Un renseignement
à caractère public, tel que défini par la loi sur
l'accès à l'information, n'est pas nécessairement transmis
à tout individu qui en fait la demande.
M. Léonard: Mais, M. le Président, la loi
d'accès à l'information oblige les organismes publics à
rendre public si on en fait la demande. Alors, là, vous nous dites: Us
sont obligés de les rendre publics. Voyons donc! C'est
déjà obligé par la loi d'accès à
l'information. À partir du moment où vous ne vous exemptez plus
de la loi d'accès à l'information, pourquoi écrire
l'article 6? Parce qu'ils sont obligés de les fournir. Si vous demandez
des renseignements à caractère public dans une
municipalité, ils sont obligés de vous les fournir. C'est pour
ça qu'il y a la loi d'accès à l'information.
M. Gautrin: Parmi les renseignements à caractère
public, ils ne sont pas tous automatiquement transmissi-bles, si on n'est pas
légitimé pour en faire la demande. Là, à l'heure
actuelle, on signifie, à l'intérieur même du processus, que
les organismes qui en font la demande sont implicitement
légitimés d'en faire la demande et d'avoir accès à
ce type de renseignements.
M. Léonard: Est-ce que, à l'heure actuelle, le
député est en train d'admettre que, si on ne
légiférait pas, les organismes publics qui en feraient la demande
ne seraient pas légitimés à avoir ces
renseignements-là et, donc, que les autres organismes publics qui
doivent les céder pourraient refuser? Donc, là, on vient de
changer quelque chose. Alors, c'est quoi qu'on change?
M. Gautrin: Attendez un instant. Si je comprends la situation,
ils seraient légitimés, mais ils n'auraient pas l'obligation de
le faire, l'obligation de transmission.
M. Léonard: À l'heure actuelle, si les
législateurs en herbe écrivent cet article...
M. Gautrin: Je vous remercie.
M. Léonard: ...Ha, ha, ha! est-ce que c'est parce
qu'on pense que les organismes publics qui détiennent l'information vont
refuser de la donner?
M. Gautrin: C'est pour faciliter et clarifier les
mécanismes de transmission de ces informations, qui sont importantes
dans la question de gestion même de personnel, et faciliter la
rapidité de circulation de l'information.
M. Léonard: M. le Président...
M. Gautrin: II y a un élément d'efficience à
l'intérieur de cet article que, je suis sûr, le
député de Labelle partage avec moi.
M. Léonard: M. le Président, s'il y a des choses
à corriger là-dessus, il faudrait le faire dans la loi
d'accès à l'information et de la protection des renseignements
personnels, pas dans cette loi-ci. Moi, je pense que le député
glisse sur un fait très important dans l'administration. C'est que,
quand vous avez le dossier d'une personne et que quelqu'un, une personne morale
ou physique, vous fait la demande du dossier d'un de vos subordonnés,
vous devez être très prudents sur les personnes à qui vous
l'envoyez. Et ça, si vous agissez en toute responsabilité, vous
savez très bien que vous ne pouvez pas envoyer un dossier n'importe
où. En quelque sorte, la loi, l'article 6 et l'amendement qu'il y a
là, ne décharge pas de la responsabilité, mais fait
obligation de livrer l'information. Et on vient de toucher un point très
important. Prenons un exemple concret. (17 h 50)
M. Gautrin: Allez-y.
M. Léonard: Je suis quelque part directeur d'un
hôpital. Un CLSC, que je ne connais pas du tout, ailleurs, me demande de
lui fournir le dossier d'un des subordonnés, d'un des travailleurs de
l'hôpital, et puis je suis obligé de lui envoyer le dossier.
Là, le député me répond: juste des renseignements
à caractère public. Mais je pense que, avant d'envoyer le
dossier, dans le domaine de l'administration des ressources humaines, vous
prenez le téléphone et vous dites: Pourquoi vous voulez
ça? Et, là, il s'échange de l'information de type
très personnel, très souvent, oralement, au
téléphone. Et si la loi fait obligation de transmettre le
dossier, même si on le transmet juste sur des renseignements à
caractère public, le téléphone va agir sur les
renseignements à caractère personnel. Si le député
pense autrement, il n'a pas d'expérience de l'administration.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Je ne sais pas comment fonctionnait le doyen de la
faculté d'éducation permanente, à l'époque, sur la
transmission à caractère personnel, mais je pense, si vous me
permettez, que, normalement, pour ce qui est des transmissions, ce qui est
prévu actuellement dans le cadre de la loi et ce qui est le sens de la
transmission des informations, il n'est pas question de transmettre un dossier
avec des éléments à caractère confidentiel. On
parle réellement pour faciliter réellement l'utilisation optimale
des ressources humaines, et, dans le fond, c'est ça qu'on a comme
objectif, de part et d'autre.
M. Léonard: On va vous en parler de ça.
M. Gautrin: Oui, oui, on va arriver, là. On a comme
objectif l'utilisation optimale des ressources humaines, de mettre en
communication les gens qui sont en disponibilité pour pouvoir faire en
sorte qu'ils puissent le plus facilement possible être resitués
à l'intérieur des organismes publics. Je pense que c'est un but
que vous devriez poursuivre, vous aussi.
M. Léonard: M. le Président, à l'article 9
de la loi d'accès à l'information, il est dit ceci: «Toute
personne qui en fait la demande a droit d'accès aux documents d'un
organisme public.» C'est ça, l'article qui vise la transmission
des renseignements qu'on a, et vous me dites que ce sont des renseignements
à caractère public. Pourquoi légifère-t-on à
l'article 6, ici? En réalité, parce qu'on craint très
probablement que l'administrateur responsable dans un organisme public n'envoie
pas la documentation, n'envoie pas le dossier. Et moi, je pense qu'il y a des
raisons à le faire. Ça ne doit pas circuler n'importe comment, le
dossier personnel de tout un chacun. Et même s'il y a des renseignements
à
caractère public, ce n'est pas envoyé à tout le
monde comme ça, gratuitement. Ici, «tout organisme public doit
communiquer à tout autre organisme public», vous ouvrez,
là, large. Ou bien ça ne veut rien dire parce que, à ce
moment-là, on s'en tient à la loi d'accès à
l'information, ou bien vous ouvrez quelque chose de neuf. Je voudrais le cerner
très attentivement, parce que, à mon sens, ça va aboutir
sur des aspects personnels des dossiers des personnes en cause. Je suis
convaincu de ça.
M. Gautrin: Alors, on va essayer de vous l'expliquer.
M. Léonard: Oui, essayez.
M. Gautrin: Parce que je pense que...
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Là, vous êtes en train de clarifier,
vous entrez sur le débat de ce que c'est, un renseignement à
caractère public pour un individu. Alors, ça, on a
précisé quels étaient les renseignements à
caractère public. Ça, c'est l'article 57 de la loi. Maintenant,
on est en train... Les mots qui sont importants, ce sont les mots «mises
en disponibilité». Vous êtes en train de communiquer
à tout organisme public l'ensemble des noms, des renseignements à
caractère public des personnes mises en disponibilité. On
pourrait débattre actuellement quelle est la portée,
l'utilité de l'article, c'est que sont rendus transférables non
pas les renseignements à caractère public sur quel est le nom,
etc., mais sur un groupe ou un sous-groupe des employés d'un organisme
public qui sont mis en disponibilité. Ce groupe-là et l'ensemble
de ces renseignements peuvent être transmis. C'est ça, le but de
l'article 6, de transmettre l'ensemble des personnes mises en
disponibilité.
M. Léonard: M. le Président, d'abord, comme on n'a
pas tout à fait terminé, je voudrais simplement déposer le
sous-amendement suivant: L'article 6 est modifié par le remplacement,
à la troisième ligne, du mot «tout» par le mot
«tous». Je pense que vous allez admettre cet amendement pour...
Une voix: Un amendement de forme.
M. Léonard: Oui, de forme, là-dessus. Oui, mais il
faut quand même le déposer en bonne et due forme. Ça va
nous permettre d'écouter encore plus l'argumentation du
député de Verdun.
Une voix: Sous le «s».
M. Léonard: Sous le «s». Mais on pourrait
l'interpréter de façon large. Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Alors, M. le Président...
M. Léonard: Parce que «tous» avec le...
Là, ça devient «s», ce n'est pas juste un
renseignement. C'est «tous». Alors, combien de renseignements?
Le Président (M. Bradet): II s'agit d'une faute
d'orthographe, quand même. On aurait pu le corriger de notre propre
chef.
M. Gautrin: Alors, vous faites quoi? Vous le déposez comme
amendement.
M. Léonard: Oui, je l'ai déposé.
M. Gautrin: Parfait.
M. Léonard: Continuez vos explications.
M. Gautrin: Donc, si j'ai bien compris, si on adopte votre
sous-amendement, vous êtes en faveur de l'article. C'est bien ça?
Alors, je vous écoute sur votre sous-amendement. Ha, ha, ha!
M. Léonard: Le sous-amendement? Écoutez, M. le
Président, d'abord, il y a une espèce d'inconséquence dans
la rédaction, parce que «tous les autres renseignements
requis», ça aurait dû prendre un «s», mais c'est
un «t» qu'il y avait là. Mais cela peut nous amener à
nous poser la question: Combien de renseignements faut-il? Quels sont les
renseignements requis pour l'application de la présente section? De
quels renseignements vous allez avoir besoin pour appliquer la présente
section? Vous allez en avoir besoin d'un certain nombre. Si vous avez besoin
juste du nom de la personne, on va mettre, «tout autre renseignement
requis».
M. Gautrin: Non. Ça ne pourrait pas être ça,
parce que le nom était déjà prévu...
M. Léonard: Mais j'imagine que vous en avez plusieurs, des
renseignements, donc ça doit être «tous».
M. Gautrin: Bien sûr. Merci. M. le Président...
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: ...le député de Labelle comprend
facilement que la question qui touche le nom était prévue dans la
première phrase. On lisait: «Tout organisme public doit
communiquer à tout autre organisme public qui lui en fait la demande le
nom des personnes mises en disponibilité.» Ça,
c'était le nom. On rajoutait: «et tous les autres renseignements
requis en regard de ces personnes pour les fins de l'application de la
présente section.» Les renseignements requis pour les fins de la
présente section sont limités par la portée de l'article
57
de la loi d'accès à l'information. Pour clarifier les
angoisses si angoisses il y a du député de Labelle,
je voudrais les énumérer tels qu'ils sont
énumérés à l'intérieur de l'article du
premier paragraphe et du deuxième paragraphe de l'article 57. On parle
du titre, de la fonction, de la classification et du traitement pour le cas des
cadres essentiellement. Pour le cas des employés, on utilise le nom, le
titre, la fonction, l'adresse, le numéro de téléphone du
lieu de travail, la classification, y compris l'échelle de traitement
rattachée à cette classification. (18 heures)
M. Léonard: C'est parce qu'on en est sur les
renseignements requis. Je vais vous demander juste une chose. Pour faire un
plan de réduction des effectifs, est-ce que le député de
Verdun pense que seuls les renseignements de nature publique sont suffisants
pour faire un plan de réduction du personnel...
M. Gautrin: M. le Président.
M. Léonard: ...en même temps qu'on va
réorganiser tout l'organigramme, toute la structure des
ministères, des commissions scolaires? Est-ce qu'on pense qu'on est
capable de faire un plan de réduction des effectifs avec seulement des
renseignements publics? Moi, j'aimerais bien qu'on réponde à
ça parce que ça va me renseigner sur la capacité de
gérer les ressources humaines.
M. Gautrin: M. le Président, il faut être
conscient... Je comprends que le député de Labelle veut glisser
et faire un glissement encore dans la portée de la loi. Il ne s'agit
pas, à l'heure actuelle, d'avoir les informations de ce qui se passe
ailleurs pour faire un plan de réduction d'effectifs. Ce n'est pas comme
ça que ça va se passer et il le sait parfaitement. À
l'heure actuelle, c'est que, advienne le moment où il y aura besoin de
procéder à une embauche ou à une réaffectation de
personnel, il soit possible de savoir quelles sont les personnes qui ont
été mises en disponibilité par un autre organisme
public.
Le Président (M. Bradet): Messieurs, il est 18 heures, et
la commission ajourne donc ses travaux sine die. Je vous remercie.
(Fin de la séance à 18 h 2)