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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement à l'étude
détaillée du projet de loi 198, Loi sur la limitation de
l'embauche dans les organismes publics et l'imputabilité des
administrateurs d'État et des dirigeants d'un organisme public. Est-ce
qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui. M. Boisclair (Gouin) est remplacé par
M. Garon (Lévis); et M. Després (Limoi-lou) est remplacé
par M. Marcil (Salaberry-Soulanges).
Le Président (M. Lemieux): Merci. Nous en étions
à l'article 3, si je me souviens bien, au sous-amendement de l'article
3, et la parole était alors à... Nous avions suspendu, hier
soir...
M. Léonard: On était sur quoi, là?
Le Président (M. Lemieux): Le sous-amendement de l'article
3.
M. Gautrin: On est actuellement au sous-amendement, qui est de
recourir, de redonner aux personnes couvertes par l'article 2, actuellement, de
les traiter de la même manière.
M. Léonard: Je pense qu'en recommençant ce matin...
On vient de souligner l'absence du président du Conseil du
trésor, qui a d'ailleurs été soulignée par la
presse. Il faut bien indiquer que notre démarche se trouve
édulcorée, pour le moins, c'est le moins qu'on puisse dire, par
l'absence du président du Conseil du trésor, parce que c'est lui,
après, qui devrait dire si la loi que nous discutons est applicable ou
pas. Bon! Ceci étant dit, je pense que la presse a retenu effectivement
cette absence-là comme étant digne de mention, puisqu'elle en a
fait le titre de l'article.
Règles concernant l'embauche dans un organisme
public (suite)
Je reviens donc à ce sous-amendement à l'article 3, qui a
pour effet de viser le Protecteur du citoyen et le Vérificateur
général par les règles et modalités
déterminées par le Conseil du trésor...
M. Gautrin: C'est plus large que ça.
M. Léonard: ...et de réduire aussi leur personnel
d'encadrement de 20 %, et le personnel autre que le personnel d'encadrement, de
12 %. or, notre point, c'est que, lorsque l'on vise à améliorer
la qualité du service aux citoyens, ces deux institutions-là ou
ces deux personnes collectives, en quelque sorte, qui relèvent de
l'assemblée nationale, sont particulièrement importantes dans
l'amélioration de la qualité des services aux citoyens, et on ne
peut pas décider de leur appliquer une norme comme celle-là,
applicable partout. c'est là qu'on peut saisir le fait qu'on ne peut pas
appliquer de façon aveugle un taux uniforme à l'ensemble du
gouvernement. on veut faire appliquer par le conseil du trésor une
coupure de 20 %; on le décide, et le conseil du trésor va
l'appliquer de façon, j'allais dire bête et méchante, mais
bête plutôt que méchante. au fond, quand on s'embarque dans
un processus d'émondage, d'élaga-ge, comme celui que le
député de verdun veut faire à l'endroit des
ministères et orgasnismes du gouvernement, il faut faire bien attention
de préserver certains d'entre eux, qui représentent des objectifs
que nous poursuivons, et qui doivent être poursuivis, même dans
tout exercice de rationalisation.
Justement, ces deux organismes... Comme le Protecteur du citoyen, par
exemple, c'est vraiment un organisme qui vise à améliorer la
qualité, et à critiquer, en quelque sorte, l'administration
gouvernementale et le Conseil du trésor lui-même. Il est juge et
partie, et je pense que, plutôt que de passer par ce détour et,
après ça, dire que le Bureau de l'Assemblée nationale, qui
est responsable plutôt de la gestion interne de l'Assemblée
nationale que de l'administration de ces deux organismes-là... Et il y a
aussi le Directeur général des élections, qui est une
autre personne, collective, j'entends.
Le Conseil du trésor va être juge et partie, en
l'occurrence, mais surtout, c'est que, si vous vous engagez dans un processus
d'élagage comme cela, il faut préserver des points d'ancrage, qui
font que la fonction critique existe dans le gouvernement, la fonction critique
qui relève de l'Assemblée nationale, et là, ce n'est pas
l'Assemblée nationale comme telle, mais des personnes
désignées par celle-ci, pour qu'on améliore vraiment, et
qu'on puisse juger de la qualité. Et ça, je crois qu'il doit y
avoir un jugement particulier porté par l'Assemblée nationale
quant au Vérificateur général et quant au Protecteur du
citoyen. Je pense qu'il faut absolument maintenir ça. C'est pour
ça que je crois là-dessus que l'ensemble de l'article, dans leur
cas, est particulièrement inapplicable.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je voudrais répon-
dre encore à l'argumentation du député de labelle
de la manière suivante. l'économie de ce projet de loi essaie de
couvrir à peu près l'ensemble de la fonction publique ou
l'ensemble des gens qui travaillent dans la fonction publique, laissant une
clause et on en a beaucoup discuté hier d'exemption pour
certains secteurs ou certains organismes, sans nécessairement en faire
le débat ici, mais laissant et ce sera l'objet de l'article 7,
qu'on va discuter plus tard une possibilité à un corps, et
en général, le conseil du trésor, de pouvoir exempter
certains organismes de l'application de la loi. l'argumentation du
député de labelle est tout à fait pertinente, au moment
où il dit: ii y aurait un sens inique de laisser au conseil du
trésor le pouvoir d'exempter de l'application de la loi des organismes
de surveillance qui ont et je suis assez d'accord avec lui
extrêmement d'importance, comme le vérificateur
général et le protecteur du citoyen. c'est pour ça que,
dans les modifications qu'on aura à déposer, lorsqu'on arrivera
à l'article 7, on étendra ce pouvoir d'exemption,
spécifiquement pour ces personnes-là, non pas au conseil du
trésor et là, l'argumentation du député de
labelle n'est pas tout à fait justifiée mais au bureau de
l'assemblée nationale. (10 h 20)
Alors, la logique du projet de loi, M. le Président, est la
suivante: On est en train, dans l'article 3, de couvrir l'ensemble de la
fonction publique et on est cohérent avec les lois et la nouvelle
Loi sur l'administration financière ou des employés de
l'État, et de donner le pouvoir d'exemption de l'application de la loi,
dans ces cas tout à fait spécifiques, au Bureau de
l'Assemblée nationale, pour répondre au type d'argument qu'a
soulevé le député de Labelle. J'ai terminé, M. le
Président.
(Consultation)
M. Léonard: Actuellement, le budget prenons celui
du Vérificateur général est établi par...
Bon, les prévisions, lui-même les établit, il s'en va au
bureau du ministre des Finances, et ils adoptent le budget. Je suppose qu'il
est établi selon les règles aussi édictées par le
Conseil du trésor, mais c'est vraiment négocié avec le
ministre des Finances, et ça passe, là aussi, au Conseil des
ministres, en ce qui concerne les crédits. Ensuite, c'est le Bureau de
l'Assemblée nationale qui... 11 peut faire une espèce d'appel au
bureau de l'assemblée nationale, s'il n'en avait pas assez. en
l'occurrence, on lui fixe dans la loi, ici la façon dont tout est
bâti de réduire, lui aussi, son budget de 20 % et de 12 %
20 % et 12 %.
M. Gautrin: Notamment son personnel. M. Léonard:
Son personnel, si on veut. M. Gautrin: Oui, bien sûr.
M. Léonard: Son personnel. Mais il devrait... M.
Gautrin: Mais ça a des effets budgétaires... M.
Léonard: On reviendra sur autre chose.
M. Gautrin: Ça a des effets budgétaires directs,
bien sûr.
M. Léonard: Ça l'oblige à faire cela, alors
que la fonction... Ce qu'on veut faire, ce qu'on vise à faire, je
suppose, c'est de protéger le public. On veut réduire les
coûts pour le public, mais, en même temps, on veut protéger
le public. Or, les deux organismes qui font que le public peut être
protégé, ce sont deux organismes qui relèvent de
l'Assemblée nationale; ce sont ces deux-là. Si vous leur coupez
les vivres, vous allez à rencontre de votre objectif de protection du
public. Moi, je pense que, là-dessus, je vais être contre, parce
que je trouve que, si vous diminuez des contrôles ailleurs, si vous
rationalisez ailleurs, vous allez nécessairement faire sauter un certain
nombre d'opérations qui peuvent être bonnes à faire. Il
reste que l'Assemblée nationale doit garder un oeil très concret,
et doit, au nom du public, avoir ces deux organismes-là bien en forme et
avec toutes les ressources dont ils ont besoin pour opérer.
M. Gautrin: M. le Président, le danger, si on suivait
l'argumentation du député de Labelle, ce serait de commencer
à dire et à faire le travail que devraient faire, par exemple,
éventuellement, les groupes ou corps qui auront à exempter de
l'application de la loi certains organismes. Je comprends tout à fait
l'argumentation du député de Labelle, et j'imagine qu'une fois
cette loi passée, il est possible que pour certains articles de la loi,
en application de l'article 7 de la loi, le Bureau de l'Assemblée
nationale exempte, en tout ou en partie, le Vérificateur
général ou le Protecteur du citoyen de l'application de la
loi.
Il est même possible aussi que ce ne soit pas le seul organisme
qui soit exempté de la loi; on a eu ce débat hier entre nous.
J'aurais tendance à trouver dangereux qu'on commence à
singulariser certains organismes. L'économie de ce projet de loi, et je
vais le répéter encore, consiste à essayer de couvrir
l'ensemble des personnes qui sont du personnel de la fonction publique ou
parapublique, ensuite, de donner une obligation de réduction de 20 % des
cadres et de 12 % de personnel autre que le personnel d'encadrement, et de
donner une possibilité d'exemption à la loi dans les cas
particuliers que vous soulevez.
Hier, vous avez déjà, M. le député de
Labelle, soulevé des cas d'exemption dans ce qu'on a discuté de
l'article 3. Je veux dire, encore, que ça pourrait aussi être un
bon sujet d'exemption. Je me rappelle le débat sur la
Société Innovatech, ça m'a l'air très clair dans ce
cadre-là. L'objectif, c'est justement de donner... Je suis d'accord avec
vous, je suis parfaitement d'accord avec
vous. C'est un pouvoir qui ne peut pas être laissé au
Conseil du trésor, et qu'on ne veut pas laisser au Conseil du
trésor. C'est un pouvoir qui doit appartenir à un corps issu de
l'Assemblée nationale, et on le donnera au Bureau de l'Assemblée
nationale. C'est ça, et je crois qu'on répond à votre
argumentation, lorsque vous plaidez qu'on ne peut pas laisser ça, qu'il
y aurait un problème de juge et partie, si le pouvoir d'exemption
était donné au Conseil du trésor. Mais ce n'est pas
ça qu'on fait.
M. Léonard: pourquoi fixez-vous à 20 %, dans le cas
du vérificateur général et du protecteur du citoyen,
l'objectif de coupure à 20 % et à 12 %? vous ne touchez pas
d'ailleurs les autres dépenses, les dépenses autres que les
salaires, qui représentent la moitié du budget. mais là,
ça prendrait un autre projet de loi de coupures générales
de 20 %.
M. Gautrin: M. le Président.
M. Léonard: mais pourquoi laissez-vous un objectif aussi
élevé, alors que, justement, le protecteur du citoyen se plaint
depuis des années d'être sous-équi-pé, en termes de
ressources humaines, de n'avoir pas assez de personnel pour exercer la fonction
critique qu'il a, puis, quand on va arriver à un certain article de ce
projet de loi-là, on va se parler du vérificateur
général et de son rôle? alors là, vous lui coupez
les vivres en partant. pourquoi c'est aussi élevé, dans ce
cas-là? pourquoi 20 %, dans leur cas?
M. Gautrin: L'argument...
M. Léonard: vous avez refusé, remarquez bien, de
couper le nombre de députés de 20 %. alors, là, le
vérificateur général...
M. Gautrin: Soyez sérieux, c'était... Je comprends
qu'on peut reprendre cette boutade. Non, non, mais, écoutez...
M. Léonard: Comment ça, sérieux?
Êtes-vous sérieux quand vous coupez tout le monde de 20 %?
M. Gautrin: M. le député de Labelle, je vais
répondre à votre question. On ne peut pas s'amuser à
continuer à faire la boutade, vous savez bien qu'un projet de loi de
cette nature-là ne pouvait pas porter sur le nombre de
députés. Je crois que ça pourrait être
intéressant d'en débattre dans un autre forum.
La question que vous posez: Pourquoi 20 % au Vérificateur
général? Ma réponse, c'est: Parce qu'on veut traiter le
Vérificateur général comme on a traité le reste de
la fonction publique, c'est-à-dire qu'on les traite exactement sur la
même base. On veut traiter les personnes couvertes, la liste qu'on a
énumérée à l'article 2, c'est-à-dire le
personnel de l'Assemblée nationale, le
Vérificateur général, le Protecteur du citoyen et
le DGE, le Curateur public la Curatrice publique sur la
même base. Donc, on les prend, on ne fait pas exclusion des personnes
rémunérées à même le budget de l'État,
à même la fonction publique. Par contre, ce qu'on fait, à
ce moment-là, on va se retrouver avec une distinction quant aux
mécanismes d'exclusion ou aux mécanismes par lesquels on
prendrait des exclusions.
M. Léonard: Bon.
M. Gautrin: Vous voulez suspendre pendant deux minutes?
M. Léonard: Non, on est prêt à voter. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Voulez-vous suspendre pendant deux minutes, ou on
peut continuer? Continuons.
Une voix: Es-tu prêt à voter?
M. Léonard: II reste que, là, on a un cas où
l'organisme qui évalue la qualité dans une institution
c'est ça, un Protecteur du citoyen, on peut l'assimiler à
ça on le sous-équipe, alors qu'un des objectifs, c'est
d'améliorer la qualité et, lui aussi, on le coupe de façon
uniforme le rouleau compresseur de 20%.
M. Gautrin: On veut... Je réponds de la même...
M. Léonard: II y a quelque chose qui ne va pas,
là.
M. Gautrin: Non, non, M. le député de Labelle. Je
reprends la même argumentation que je...
M. Léonard: Est-ce que... Disons que vous faites... Est-ce
que... Si le député de Verdun me permet.
M. Gautrin: Oui. Bien sûr.
M. Léonard: Vous faites une opération de
rationalisation dans une boîte pour relancer. Vous êtes dans une
entreprise qui glisse lentement là vers la faillite et puis vous la
relancez. Est-ce que vous allez couper dans la recherche, le
développement et la promotion? Ce n'est pas ça que vous
faites.
M. Gautrin: En général, non.
M. Léonard: Vous coupez partout ailleurs et vous mettez
des fonds là-dedans. Ce que vous allez économiser, une partie de
ce que vous allez économiser, vous le mettez là-dedans, pour bien
relancer l'entreprise ou l'organisme. Ça, c'est classique. C'est comme
ça que ça
se fait une relance.
M. Gautrin: En général... Disons, en partie,
oui.
M. Léonard: donc, ici, on veut faire ça. puis, vous
appliquez, là aussi, 20 %, le rouleau compresseur. et c'est là
où, moi, il me semble qu'on doit se poser la question sur une coupure
uniforme, générale de 20 %, sur le bien-fondé d'une telle
coupure. c'est ça, mon point. (10 h 30)
M. Gautrin: m. le président, je comprends tout à
fait le point du député de labelle, et je vais répondre au
député de labelle, encore une fois, parce que je pense qu'on a
toujours le même discours. je vais reprendre le même exemple qu'il
prend. imaginons qu'un secteur, et vous dites, au départ, le secteur,
par exemple, d'une compagnie qui est en difficulté, qui prend le secteur
de recherche et de développement, qui est en difficulté. il faut
ne pas lui appliquer la coupure. c'est une chose qui, à première
vue, semble tout à fait justifiée. la mécanique qui est
prévue dans ce projet de loi, c'est justement laquelle? c'est qu'une
fois qu'on détermine que, globalement, il faut réduire le
personnel de 20 % et de 12 % j'imagine que vous touchez les deux points
une fois qu'on détermine qu'on doit réduire le personnel
de 12 % et de 20 %, certains secteurs et, là, en particulier, si
on prend votre même image, l'image de recherche et de
développement sont exempts de l'application de la loi. on est
exactement dans le type d'application que vous soulevez, mais je ne pense pas
que ce soit ici, en commission parlementaire, qu'on doive le faire. mais on
prévoit, à l'intérieur de la loi, le mécanisme qui
permettra éventuellement au bureau, si le bureau partage votre point de
vue, de pouvoir exempter le vérificateur général, ou
éventuellement le protecteur du citoyen, de l'application de la loi.
M. Léonard: Bon. Je fais une dernière intervention
pour permettre au député de Verdun d'améliorer son projet
de loi, contre lequel je vais voter.
M. Gautrin: Je comprends.
M. Léonard: Mais je vais lui permettre, parce que, au
fond, rien n'aurait été plus stimulant quand même, au moins
pour une partie, de dire publiquement, comme législateurs: Nous allons
investir dans l'amélioration de la qualité via le Protecteur du
citoyen, plutôt que de laisser ça au Bureau de l'Assemblée
nationale et au Conseil du trésor, parce que...
M. Gautrin: Le Vérificateur général, vous
dites? Vous avez dit le Protecteur du citoyen. Je pense que...
M. Léonard: Un ou l'autre, mais disons... Un et l'autre.
Mais, dans le cas du Protecteur du citoyen, ça vise plus directement le
citoyen. Il est plus sensible, et c'est les cas qui ne se règlent pas,
les cas marginaux, les cas problématiques, dramatiques même. Bon.
Le Vérificateur, c'est autre chose, et ça a aussi son importance,
mais, dans le cas du Protecteur du citoyen, vous voulez améliorer la
qualité. Alors là, vous dites quand même... Même,
dans ce cas-là, ça va être 20 %, ça va passer selon
les règles, les normes du Conseil du trésor. Là, il y a un
bureau national qui va être capable de les exempter de la chose, mais
remarquez que vous les mettez sur la défensive, au lieu d'avoir,
nous-mêmes, comme législateurs, une attitude ouverte
vis-à-vis de cela, en disant: II y a un groupe qui est chargé de
signaler qu'on doit améliorer la qualité à certains
endroits, et puis, lui, on l'exempte de ça, parce qu'on reconnaît
sa fonction. C'est juste ça que je veux dire. Si vous l'exemptez, vous
faites part, par l'Assemblée nationale, d'une intention très
claire. Elle est politiquement très motivante. Je vous offre
d'améliorer votre projet de loi, mais, ça, c'est à vous.
Dernière intervention sur ce sujet.
M. Gautrin: M. le Président, je remercie le
député de Labelle de l'offre qu'il fait. Je réitère
le danger qu'il y aurait, à ce moment-là, de singulariser le
Protecteur du citoyen ou le Vérificateur général. Il y a
aussi d'autres organismes, éventuellement, qui auraient les mêmes
éléments de recherche, et pour éviter de singulariser un
organisme par rapport à un autre, je pense que le choix qui a
été fait dans la rédaction de ce projet de loi, c'est de
fonctionner en donnant au Bureau le pouvoir d'exemption.
M. Léonard: Ah bon! là, c'est votre dernier
argument, le syndrome du «moi itou».
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost, vous aviez quelque chose à ajouter?
M. Forget: Merci, M. le Président. J'aurais quand
même quelques questions à poser au député de Verdun,
concernant l'agriculture. Je regarde là-dedans et je ne vois rien dans
la liste au niveau de l'agriculture. Est-ce que, au niveau de la fonction
publique agricole, les gens seraient touchés de la même
façon que les autres, au niveau des coupures?
M. Gautrin: Bien, je pense, M. le Président, que oui. Les
ministères sont touchés de la même manière. Vous
avez aussi la liste des sociétés qui vont être
touchées dans ce cadre-là. Donc, les ministères et
sociétés vont être touchés. Exactement,
l'agriculture n'est pas singularisée comme une activité à
part.
M. Forget: Mais qui pourraient être touchés
également, comme le ministère de l'Énergie et des
Ressources, et les Forêts, également. Us seraient touchés
là-dedans.
M. Gautrin: Oui, absolument.
M. Forget: Par contre, dans le projet de loi, je ne vois rien
où ils pourraient tout simplement mentionner... Faire des rusions, par
exemple, au niveau des bureaux. C'est qu'il y a un malaise présentement,
par exemple, au niveau du Québec. Dans les Laurentides, par exemple, on
se ramasse avec quatre, cinq bureaux d'agriculture, et s'il y avait une fusion,
cela représenterait quand même beaucoup, beaucoup
d'économies, un peu comme Hydro-Québec fait
présentement.
M. Gautrin: Oui. Alors...
Une voix: Ils veulent tout amener à
Saint-Jérôme, Hydro.
M. Gautrin: Non, non. M. Forget: Non, à
Mirabel.
M. Gautrin: Je comprends ce que vous dites, et
l'intérêt qu'il y aurait de poursuivre une rationalisation dans la
gestion de l'État. Il est clair que ce projet de loi est un
élément dans la rationalisation de la gestion de l'État,
mais il ne veut pas se substituer au pouvoir de l'Exécutif dans la
gestion de l'État. C'est un moyen pour les parlementaires de
contrôler et de s'assurer que l'État ou le gouvernement poursuit
les objectifs de réduction de personnel que nous avons.
M. Léonard: je vais dire une dernière chose au
député de verdun. il faut qu'il reconnaisse que, si on laisse la
loi, s'il laisse la loi comme cela, le conseil du trésor va être
tenté très fortement, a priori même pas
tenté, il va le faire a priori de couper les effectifs de 20 %
chez le protecteur du citoyen et chez le vérificateur
général, lesquels vont en appeler au bureau de l'assemblée
nationale, et le bureau de l'assemblée nationale... d'abord, je ne suis
pas sûr qu'il va avoir vraiment les capacités pour évaluer
le dossier comme tel, mais il va être soumis en plus à une
pression politique, parce que, dans le public, il va y avoir un courant
d'opinion pour dire: ah! bien, regardez, les gens de l'assemblée
nationale ou les institutions de l'assemblée nationale s'exemptent de
l'application de la loi. là, le bureau va laisser aller. donc,
là, vous allez perdre... parce qu'au fond, quand je vous écoute,
vous vous rendez à mon argumentation, qu'il ne faut pas affecter ces
deux groupes-là, qu'il ne faut pas, mais vous dites: ça va
être le bureau qui va les exempter. mais vous les laissez quand
même passer par le feu...
M. Gautrin: C'est-à-dire...
M. Léonard: C'est juste ça que je vous dis. Il y a
une pression politique qui va se faire sentir au Bureau de l'Assemblée
nationale. J'arrête là, il me semble que je vous ai assez
aidé.
M. Gautrin: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que le
sous-amendement à l'article 3 est adopté?
M. Gautrin: Adopté... sur division. M. Léonard:
Ah! Sur division, oui. Le Président (M. Lemieux):
Adopté sur division.
M. Léonard: Un vote nominal. On peut faire un vote nominal
là-dessus?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Vote nominal.
M. Gautrin: Pour l'histoire.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y.
Le Secrétaire: Sur le sous-amendement. M. Gautrin
(Verdun)?
M. Gautrin: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Pour.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Contre. Mais j'aurais été pour
couper les députés de 20 %.
M. Gautrin: Je trouve que...
Le Président (M. Lemieux): Le résultat est le
suivant: pour: 3; contre: 1; abstentions: 0. Le sous-amendement est donc
adopté.
Est-ce que l'article 3, maintenant, est adopté, tel
qu'amendé?
M. Léonard: On va voter contre.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement à l'article
3?
M. Léonard: Oui, on est contre.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes contre.
M. Gautrin: Pour. Adopté. Pour. M. Léonard:
Contre.
Le Président (M. Lemieux): Alors, adopté sur
division. Alors, l'article 3, tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Gautrin: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): C'est la même chose,
j'imagine, l'article 3, tel qu'amendé.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur division.
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Nous passons maintenant
à l'article 4.
Plans de réduction du personnel
M. Gautrin: m. le président, nous proposons, à
l'heure actuelle, de remplacer l'article a...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gautrin: ...par l'article suivant, et j'aurai à en
faire le dépôt, si vous me permettez.
M. Léonard: Un autre!
Une voix: C'est le même qu'hier?
M. Gautrin: II y a une petite modification.
M. Léonard: Encore!
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Gautrin: C'est simplement... La modification, d'ailleurs,
c'est suite aux remarques pertinentes du député de Labelle. Si
vous voulez savoir où c'est, c'est le mot «personnel» par
rapport à «effectifs», pour être cohérent. M.
le Président...
M. Léonard: Les effectifs? Ah! là, c'est «du
personnel».
M. Gautrin: C'est une question de terminologie. Peut-être
qu'on pourra demander...
M. Léonard: Ah! Bon!
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous...
M. Gautrin: On pourra... Si vous voulez... S'il y a un
problème entre «personnel» et «effectifs», vous
pourrez demander au juriste s'il peut vous aider.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
pour les fins de l'enregistrement du Journal des débats?
M. Gautrin: M. Pierre Jacques. (10 h 40)
M. Jacques (Pierre): Pierre Jacques. Je suis avocat à la
direction de la législation, à l'Assemblée nationale.
Alors, dans les projets d'amendement à l'article 4, qui vous avaient
été remis hier, on parlait des effectifs, d'«un plan de
réduction des effectifs des organismes publics». Mais, suite
à la remarque du député de Labelle, au deuxième
paragraphe du premier alinéa de l'article 3, on avait une erreur de
concordance, alors on a ajusté l'article 4 en conséquence.
M. Gautrin: M. le Président... Mais, là, je ne peux
pas intervenir sur le fond de l'article 4?
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous pouvez
intervenir...
M. Gautrin: L'article 4 touche essentiellement, voyez-vous, des
organismes publics visés aux paragraphes 2 et S; donc, on parle du
secteur de la santé, du secteur de l'éducation et du secteur
aussi... L'article 5, c'était le secteur des universités. Il faut
expliquer, maintenant, parce que je pense que ça mérite
explication, comment on est arrivé à cet article-là, et je
dois dire que... Je me rappelle les arguments de la part de je pense que
c'était la députée de Taillon peut-être le
député de Labelle, mais certainement la députée de
Taillon, dans ses interventions, lorsqu'on avait fait le débat sur ce
projet de loi 198. Sans vouloir trahir sa pensée, je crois qu'elle
défendait le point de vue suivant: Nous partageons, bien sûr, les
objectifs de réduction de la fonction publique et du secteur parapublic,
mais la manière mécanique que vous prévoyez initialement
à l'intérieur du projet de loi est à la fois inapplicable
et pernicieuse, dans la mesure où elle entraînera une
réaction négative de la part des personnes qui seront
amenées à devoir gérer ces plans de réduction de
personnel.
Le nouvel article 4 ne fixe pas d'objectifs, à l'heure actuelle,
pour étirer des quantums mécaniques qui étaient là.
Si vous vous rappelez l'argumentation que je faisais à l'époque
où on défendait l'approche mécanique, on utilisait, d'une
manière générale, l'article 7, qui était l'article
d'exemption, en disant: Quand ça ne marchera pas, on ira par voie
d'exemption. Le problème que ça peut créer, c'est qu'il y
aurait eu beaucoup trop d'exemptions, le cas échéant, et des
catégories de per-
sonnes qu'on ne voulait pas toucher par, disons, l'ampleur de la
loi.
Alors, l'article 4, ça fait qu'on demande, à l'heure
actuelle, aux ministres de la Santé et des Services sociaux, de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur et de la Science de
soumettre au Conseil du trésor, pour approbation, un plan de
réduction. Une fois que ce plan de réduction va être soumis
et approuvé par le Conseil du trésor, la mécanique va
être la suivante: ce plan va devoir être déposé aussi
à l'Assemblée nationale pour fins d'information et,
ultérieurement, on débattra de l'article sur
l'imputabilité, où les parlementaires auront la
possibilité de vérifier ou de s'assurer que les plans de
réduction sont bien établis et sont bien suivis.
Alors, ce qu'on fait par ce projet de loi, par cet article, on demande
un plan de réduction sans imposer, au préalable, les quantums
nécessaires dans chacun des secteurs. Une fois que le plan de
réduction va être déposé dans chacun des secteurs
concernés pour les organismes, pour le personnel des organismes publics
visé aux paragraphes 2 et S, ce plan va être un document public,
dans la mesure où il doit être déposé à
l'Assemblée nationale dans les 15 jours qui suivront son approbation par
le Conseil du trésor. Ce plan doit être aussi on n'a pas
laissé les dates au hasard soumis et déposé avant
le 30 septembre 1993. Il y aura un mécanisme, M. le Président, de
vérification de la réalisation de ce plan.
Il y a, par ce biais-là, une plus grande souplesse et, par
contre, aussi, une reprise en main par les parlementaires de certains
contrôles sur la réduction et la réalisation des objectifs
de réduction dans les secteurs parapublic et péripublic. C'est
l'objectif, M. le Président, de cet amendement à l'article 4 que
nous déposons, un objectif de souplesse tout en poursuivant nos
volontés de réduction de la taille de l'État.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, est-ce que vous avez des commentaires?
M. Léonard: M. le Président, il est
mentionné, dans cet article: le ministre de la Santé et des
Services sociaux, le ministre de l'Éducation, le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science et le Conseil du
trésor. Aucun de ces ministres n'est ici autour de la table, aucun.
Aucun, non. On a un problème, là. Est-ce qu'ils vont le faire,
est-ce que c'est possible de faire ça? Est-ce que c'est possible de
demander ça à chacune des commissions scolaires, à chaque
hôpital, à chaque CLSC, etc., à chaque université,
à chaque institut de recherche? Il y en a, là. J'ai presque envie
de demander la liste de tous ces organismes-là au député
de Verdun. J'imagine qu'il y aurait quelques recherches à faire.
Mais c'est là où on voit la question qui est posée.
Il ne fixe pas de taux comme il le fixe aux ministères: moins 20 %,
moins 12 %. Non. En réalité, on aurait pu discuter d'une chose,
fort importante à mon sens: Quel est le modèle administratif qui
conviendrait au Québec pour des organismes, pour des réseaux
d'institutions décentralisés comme ça? On serait
peut-être arrivé à la conclusion, M. le Président,
qu'au ministère de l'Éducation il faudrait réduire le
personnel de 2700 je crois, c'est ça, le personnel du
ministère de l'Éducation à 50 fonctionnaires, ce
qui est le cas, je crois, du Danemark. Puis, en Suède, ils sont 300.
Voilà un modèle d'administration décentralisée!
Là, les 20 % que le député s'est votés, tout
à l'heure, de réduction dans le personnel de l'éducation,
viennent de sauter, parce que c'est peut-être 95 % qu'il aurait fallu
mettre. alors, ça, c'est une question qu'on aurait pu débattre
avec le ministre, qu'on aurait pu débattre avec les ministres
concernés. quel est votre modèle d'administration
centralisée ou décentralisée quand vous avez 2500,
3000 fonctionnaires du ministère de l'éducation, à
québec, qui se cherchent du travail? là, il en impose au
réseau, le réseau répond aux commandes, et c'est là
que ça fait une bureaucratie pléthorique. c'est la vraie
question. ce n'est pas une coupure générale de 20 %, «at
large», dans les organismes gouvernementaux puis qu'on n'applique pas aux
organismes décentralisés, et pour cause, parce qu'on voit
très bien que, là-dedans, c'est inapplicable ou, en tout cas...
qu'est-ce qui arrive? quelle va être la réaction de la ministre
par rapport à l'article 3 que le député de verdun s'est
voté tout à l'heure, et à l'article 4? sa tentation, c'est
de dire: j'ai sauvé mon personnel moins 20 %. mais, alors,
là, qu'est-ce qui arrive? si elle veut répondre...
M. Gautrin: Par son personnel.
M. Léonard: ...à une commande, qu'est-ce qui arrive
dans le réseau? Le personnel du ministère, le personnel
d'encadrement du ministère? Bien, au fond, on ne l'amène pas
à poser une question d'orientation fondamentale quant à
l'administration de son ministère. Sera-t-il décentralisé
ou centralisé? La réponse, actuellement, c'est exactement la
réponse d'Yvon Deschamps: les deux! On veut les deux: un
ministère pléthorique avec des organismes
décentralisés. Alors, je pense qu'il y a des choix d'orientation
et, là, il y a des économies substantielles à faire. C'est
ça, la vraie question. Là, maintenant, on demande de
déposer des plans de réduction d'effectifs. (10 h 50)
D'abord, je veux juste dire une chose aux députés. Quand
on dépose un plan de réduction des effectifs, qu'on demande
ça aux universités, par exemple, aux commissions scolaires,
puis-je simplement lui souligner que c'est une ingérence dans
l'administration et dans la gestion interne de ces organismes, que l'on
déclare, urbi et orbi, décentralisés. C'est
contradictoire. C'est une question que j'aurais voulu poser à la
ministre. J'espère que le député de Verdun va admettre que
la réflexion que je fais a quand même une certaine logique, je
pense. C'est quoi les réponses là-dedans? On vient de faire une
brèche importante dans la gestion de ces organismes, ou
bien, à ce moment-là, c'est par le ministère des
Finances, lorsque les crédits sont alloués le
ministère des Finances et le Conseil du trésor on coupe
les crédits, égal à 20 % du personnel d'encadrement. Norme
strictement financière, budgétaire, mais basée sur une
analyse de ce qui se fait dans les universités. Donc, encore une fois,
même par la bande, on intervient dans la gérance ou la gestion
interne de ces organismes décentralisés. Je voudrais attirer
l'attention du député sur le fait qu'il est un jacobin pure
laine, ce matin, quand il nous amène cet article. Un centralisateur
effréné, c'est ça qu'il fait. Il est en train de jouer
dans toutes les pratiques administratives du Québec. Moi, je dis qu'il
faut se reposer ces questions-là, mais qu'on amène, au moins, la
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, et de
l'Éducation, puis le ministre de la Santé et des Services
sociaux, parce que, ça, c'est un autre volet aussi on le prend de
front c'est un autre volet important. Quelle est la limite de la gestion
ou de l'autonomie de gestion de ces organismes-là, un coup qu'on leur a
attribué le budget? Là, on est en train de faire une distinction,
on intervient dans le personnel. Puis, plus que ça, on distingue le
personnel d'encadrement et les autres pour établir des taux
différents. Là, il va falloir passer la ligne quelque part.
Qu'est-ce qui est de l'encadrement et qu'est-ce qui est l'autre personnel, dans
chacun de ces organismes-là? Je vous dis qu'il y a comme une petite
montagne, là-dedans, de travail. Ça va vous prendre des
fonctionnaires, en plus!
M. le Président, il y a des problèmes majeurs au fond de
la question. Les ministres ne sont pas là, ça pose des questions
d'orientation fondamentales. On bat en brèche l'autonomie de gestion
d'organismes décentralisés, chose qu'on n'a jamais faite
jusqu'ici. Au contraire, on essaie de renvoyer ces questions-là à
la base, pour ne pas avoir à en traiter ici.
Puis, maintenant, sur le plan de la mécanique, on fait tout
remonter au Conseil du trésor, lequel vient devant l'Assemblée
nationale. Est-ce que le député de Verdun imagine, un instant,
que, lui, il va se mettre à fouiller dans l'organigramme de la
commission scolaire Pierre-Neveu, ou de l'école Henri-Bourassa?
Mettez-les toutes, toutes les commissions scolaires du Québec, parce
que, quand il veut que ça vienne devant l'Assemblée nationale, il
y a quelqu'un qui va regarder ça. Si, nous, on demande du papier,
là, et qu'on demande des plans d'effectifs, c'est parce qu'on veut
regarder ce que ça a l'air. Si on regarde ce que ça a l'air, on a
du temps à mettre là-dedans. On est en train de s'attribuer un
rôle d'exécutif que même l'Exécutif, au moment
où nous nous parlons, n'assume pas, parce qu'il dit: Ça doit
être décentralisé, on ne veut pas se mêler de
ça.
Est-ce qu'il se rend compte de ce qu'il est en train de faire, d'aspirer
la gestion de tous ces organismes décentralisés sur la table de
l'Assemblée nationale? On n'aura pas assez de temps, M. le
Président, simplement pour en prendre connaissance. Puis, on va
être amenés à juger de la valeur du plan de
réduction de chacun de ces organismes-là, ici, comme
députés à l'Assemblée nationale. C'est ça
qu'on veut. On veut exercer des pouvoirs de l'Exécutif que même
l'Exécutif ne veut pas exercer lui-même, parce qu'il dit que
ça n'a pas de bon sens, qu'on laisse ça aux organismes
décentralisés. Je veux juste souligner qu'il manque de travail,
le député de Verdun? Il en veut, c'est ça? Mais je ne suis
pas sûr qu'il va être efficace. Même si je me rendais
à son voeu, je pense qu'il va être complètement inefficace
quand il va voir arriver le plan de réduction des effectifs des
commissions scolaires, des universités, des hôpitaux, des CLSC,
mettez-les tous. La table, ici, là, elle va être remplie,
ça va être effrayant. Ils déposent ça devant
l'Assemblée nationale, on va se mettre à fouiller ça.
Je pense que ce n'est pas ça notre fonction, comme
législateurs. On a une vision plus générale des choses et
je crois qu'on a à attribuer les responsabilités à des
organismes décentralisés. Moi, je suis en faveur de la
décentralisation la plus poussée possible, je n'ai aucun
problème avec ça, mais on fait l'inverse, à l'heure
actuelle. On est en train de s'attribuer des fonctions executives; c'est
ça qu'on est en train de faire. C'est majeur, le virage, et on est en
train de faire ça en l'absence de la ministre, en l'absence du ministre
de la Santé et des Services sociaux, puis en l'absence du
président du Conseil du trésor. Est-ce que le
député de Verdun se rend compte de la portée de l'article
qu'il veut nous faire gober?
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je voudrais répondre
au député de Labelle, parce que je crois qu'il a très bien
compris que, ce que nous faisons, ce n'est pas ce qu'il dit. Alors, je voudrais
répéter, si vous me permettez, M. le Président, ce qui est
prévu à l'intérieur de cet article-là.
Cet article ne veut pas du tout substituer le législatif à
l'exécutif. Il ne veut pas non plus substituer le Conseil du
trésor aux gestionnaires locaux. Ce que fait cet article? Il demande,
par le biais des ministres responsables, c'est-à-dire le ministre de la
Santé et des Services sociaux, le ministre de l'Éducation et le
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, de soumettre au
Conseil du trésor, pour approbation, les plans d'effectifs que chacun
des organismes va avoir établis. Troisième ligne:
«soumettre au Conseil du trésor pour approbation, avant le 30
septembre 1993, un plan de réduction...». Il n'est pas question,
pour nous, comme Assemblée nationale, de se substituer, mais, ce qu'on
veut et je pense que c'est strictement dans l'intérêt public,
c'est que le débat sur les finances publiques se fasse au grand jour et
que les plans d'effectifs, qui vont être approuvés par le Conseil
du trésor et c'est l'amendement qui va être
déposé; je comprends qu'on en parle tout de suite, parce que
c'est important, c'est
relié l'un avec l'autre ne soient pas strictement quelque
chose entre le ministre et le Conseil du trésor, entre l'organisme et le
Conseil du trésor, mais que ça devienne quelque chose qui soit
public et connu. Et la manière de rendre une chose publique, c'est de
l'amener à un dépôt à l'Assemblée
nationale.
Je suis sûr, si vous me permettez, que, peut-être, on ne
lira pas tous les plans de réduction d'effectifs. Néanmoins,
à partir du moment où un document est déposé
à l'Assemblée nationale, c'est un document qui devient public.
C'est à ce moment-là, dans la connaissance générale
de la population, que celui qui peut être intéressé peut
pouvoir consulter le plan de réduction d'effectifs de la commission
scolaire Pierre-Neveu dont vous parliez. J'imagine qu'il y a peut-être
des gens administrés, de la commission scolaire Pierre-Neveu, qui
peuvent être intéressés par ce plan d'effectifs. Donc,
l'objectif, à l'heure actuelle, de ce projet de loi, c'est, d'une part,
de ne pas se substituer aux administrateurs locaux, de ne pas se substituer en
fixant les barèmes de réduction d'effectifs, de quand même
leur demander de faire la réduction d'effectifs, mais, en contrepartie,
d'obliger le dépôt à l'Assemblée nationale pour
rendre la chose publique. Vous allez me dire: Une fois que les choses sont
rendues publiques, comment on va s'assurer de la réalisation du plan?
C'est-à-dire que c'est un plan, ce n'est pas seulement une chose, il
faut voir jusqu'à quel point on le réalise. On va s'assurer de la
réalisation du plan par le biais des mécanismes
d'imputabilité dont on discutera à l'article 10, plus tard.
Et c'est ça, la logique, à l'intérieur de ce
document. Si vous prenez l'exemple d'une université, d'une commission
scolaire, d'un hôpital ou d'un CLSC, vous allez lui demander quel est le
plan de réduction d'effectifs qu'ils vont faire, dans une dynamique qui
va se faire entre le ministre ou son personnel et l'organisme autonome, et une
fois que ceci va se faire, ça va être encore une dynamique entre
le ministre et le Conseil du trésor, déposée au Conseil du
trésor, et rendue publique par un dépôt à
l'Assemblée nationale. Qu'est-ce qu'il y a de moins joli? C'est
extrêmement beau comme limpidité, comme transparence dans la
gestion des fonds publics. J'ai de la difficulté à comprendre
comment le député de Labelle peut avoir des réticences
à ça, à moins qu'il ne se voit déjà, non
plus dans l'Opposition, mais au gouvernement et, à ce moment-là,
il se dit: Moi, je vais devoir rendre publique ma gestion des fonds
publics.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle. (11 heures)
M. Léonard: M. le Président, je voulais juste dire
au député qu'il confirme sa vision jacobine des choses,
centralisatrice; centralisatrice, parce que c'est ça qu'il est en train
de faire. Il veut que ce soit publié à l'Assemblée
nationale. Puis-je simplement lui faire une petite suggestion? Étant
donné qu'il plaide pour l'implication des citoyens, que tout le monde
doit respecter la loi, que tout le monde doit être sensibilisé
à la réduction des dépenses publiques, pourquoi
n'oblige-t-il pas tout simplement la commission scolaire à publier,
elle, dans le journal local, son plan de réduction des effectifs, de
façon... M. le député de Verdun, j'aimerais que vous
écoutiez ça parce que...
M. Gautrin: J'écoute.
M. Léonard: Pourquoi la loi n'obligerait-elle pas la
commission scolaire à publier dans le journal local son plan de
réduction des effectifs, et les citoyens pourraient juger sur
pièce si vraiment il y a une réduction substantielle et qu'on est
en voie d'atteindre l'objectif qu'on se fixe de diminuer le personnel
d'encadrement de 20 % et les personnels autres de 12 %? Dans les
municipalités qui sont décentralisées, l'obligation est de
publier dans les journaux locaux ou régionaux. Il peut y avoir un
règlement qui fasse que ça soit efficace. De quoi le
député de l'Assemblée nationale se mêle-t-il quand
il veut, lui, être informé du plan de réduction des
effectifs et quand il veut que le Conseil du trésor approuve le plan de
réduction des effectifs? La seule chose que le gouvernement a à
faire, c'est d'établir les fonds et de leur envoyer le chèque,
étant donné qu'on finance l'éducation via les fonds
publics, ici. Mais, sur le plan de l'administration locale, vous allez admettre
que mon argumentation de publication locale et d'information du public sur la
base locale est beaucoup plus efficace, même sur le plan
démocratique, que de venir ici de façon centralisée
déposer une montagne de plans de réduction d'effectifs sur la
table qui ne serait pas assez grande, ici, pour les recevoir.
Et, vous voyez, toute votre démarche centralisatrice va amener
inévitablement à créer des postes de fonctionnaires pour
examiner tout ça, et à centraliser et à grossir la
tête, et vous allez déresponsabiliser les instances locales en
bout de ligne avec tout ça. C'est ça que vous allez faire. Et
nous, on va se mêler de choses qui regardent l'Exécutif, qui ne
regardent même pas l'Exécutif du gouvernement, mais qui regardent
la gestion interne de votre commission scolaire ou de votre université.
Est-ce que vous n'admettez pas, finalement, que c'est beaucoup plus par de
l'information fournie de façon correcte au public qu'on va atteindre cet
objectif-là que par une démarche bureaucratique que vous voulez
instaurer dans ce projet de loi?
Le Président (M. Camden): Oui. Alors, si vous permettez,
évidemment, étant membre de la commission, j'aimerais
peut-être apporter certains commentaires suite aux vôtres.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Camden): Et je suis
particulièrement étonné. Je suis enclin à croire
que votre proposition, bien qu'elle ait des aspects tout à fait
positifs
puisqu'elle permettrait, d'une part, au grand public d'être
peut-être davantage sensibilisé aux effectifs de l'organisme qu'il
retrouve sur le territoire, sauf que je ne suis pas convaincu que chacun
d'entre eux, dans leurs préoccupations quotidiennes, soit à
même d'en évaluer et d'en apprécier toute la portée.
Et ceux qui sont en mesure de mieux l'apprécier et de l'évaluer
sont probablement, au premier chapitre, les enseignants. Or, ce sont ces
mêmes enseignants qui, occasionnellement, font part aux membres de la
deputation de leur étonnement de voir autant de gens dans la
crèche de la commission scolaire et quand je réfère
à la crèche, c'est évidemment la centrale, le centre
administratif. Ils sont toujours étonnés de constater qu'un de
leurs collègues ou un directeur d'école, dont l'indice de
popularité est en chute libre, ou dont l'appréciation des parents
à son égard est douteuse, sur lequel le corps enseignant
émet des réserves quant à sa qualité
directionnelle, on lui trouve un magnifique bureau avec le classement moquette
qu'il faut, et voici, on vient de le loger au centre administratif.
Manifestement, ces gens-là ont peu de prise, et,
généralement, ils ont réussi bien souvent, ces gens qui
ont ce classement moquette, à convaincre les commissaires d'école
du bien-fondé de la décision. Sauf que, quand ça fait le
tour dans le champ, ça nous revient et, évidemment, on
émet un certain nombre de réserves. Et je pense que des mesures
telles que celles-ci, qui sont proposées, font en sorte que nous, comme
élus, avons la responsabilité de vérifier l'utilisation de
cet argent qui est remis, sous un couvert d'autonomie relative d'un pouvoir
dévolu aux régions, mais que, finalement, tout le monde se trouve
à avoir mainmise sur le budget, et l'Assemblée finit par ne plus
avoir aucun pouvoir. Et on constate un peu partout, incluant l'OPDQ qui se
décentralise à la faveur des régions via le
Secrétariat aux affaires régionales, que, bien sûr, des
groupes en région vont décider. Il y a des aspects tout à
fait positifs, mais il risque aussi d'y avoir des effets tout à fait
pervers sur la façon dont c'est géré. Et je pense qu'il
est important que nous, ici, qui votons les budgets, soyons à même
de nous assurer que l'argent pour lequel nous avons voté, dont nous
avons pris le crédit positif ou le discrédit en fonction des
choix qui ont été pris et de la popularité de ces
mêmes choix, nous devons les assumer.
Alors, moi je veux bien, vous savez, voter des crédits et me
faire dire après qu'il n'y en a pas assez, c'est une affaire. Me faire
dire qu'on a voté des crédits et qu'il y en a trop, c'est
rarement arrivé en tout cas, à ma connaissance, ça
n'est jamais arrivé. Je pense que ça prend fondamentalement une
modification profonde du système, et il va falloir que
l'Assemblée... Et ça implique probablement, dans un avenir
prochain, une mission et un mandat distincts de la part de l'Assemblée
nationale dans l'approche et la vérification de l'ensemble de ces
données.
Je dois vous indiquer également que, lorsque le
Vérificateur général va faire ses petites tournées
dans les commissions scolaires, c'est là un organisme de
l'Assemblée nationale qui procède à des
vérifications dans les commissions scolaires. Alors, voilà un
grand coup à l'autonomie. Pourtant, ça se fait sous le couvert et
la responsabilité d'un organisme qu'on appelle le Vérificateur
général, un organisme relevant directement des membres de
l'Assemblée nationale, ayant un mandat spécifique de
l'Assemblée et dont, évidemment, le président est
nommé aux deux tiers des membres de l'Assemblée. Et vlan pour
l'autonomie! On vient d'envoyer, ma foi, une tierce personne. Alors, ce qui est
valable pour le Vérificateur peut l'être, à mon
égard, à d'autres niveaux.
M. le député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, une vision
centralisatrice, ça se défend, mais c'est une vision
centralisatrice. Je pense que la ministre, si elle était ici par exemple
pour parler des commissions scolaires, pourrait défendre une avenue,
mais c'est ça, c'est exactement cela. Mais je veux apporter une
correction sur le rôle du Vérificateur général du
Québec par rapport au vérificateur des commissions scolaires;
c'est juste que le rôle du Vérificateur du Québec, de
l'Assemblée nationale, consiste à s'assurer que les normes ont
été respectées par le vérificateur de la commission
scolaire et ce n'est pas une vérification qu'il fait. C'est très
différent. C'est très, très différent. Il ne fait
pas de travail en double. Mais le point que...
Le Président (M. Camden): Ce serait peut-être
intéressant de lire des commentaires du Vérificateur à cet
égard. Ça déborde, à certains égards.
M. Léonard: Mais le point que je soulève, je pense
qu'il est important, ça consiste à soulever le fait que les
conséquences qui sont amenées par cet article du projet de loi,
qui sont nécessairement de centraliser davantage, de s'ingérer
dans la gérance interne des commissions scolaires ou des organismes
décentralisés... Et ça, vous ne pouvez pas dire le
contraire, les obliger à déposer devant le Conseil du
trésor un plan d'effectifs, lequel va être étudié,
analysé, à moins qu'on fasse du papier pour rien, ça va
créer une aspiration vers le centre et, ensuite, vers l'Assemblée
nationale. C'est tout un mécanisme très centralisateur qu'on met
en place en faisant ça. Il faut être simplement sensible aux
conséquences. C'est votre approche. Bon, c'est votre approche.
En début de discussion sur cet article, j'ai évoqué
le cas du Danemark où il y a 50 fonctionnaires au ministère de
l'éducation. C'est une population comme la nôtre, 7 000 000
d'habitants à peu près; 50 fonctionnaires au ministère de
l'éducation; tout le reste, organismes décentralisés dans
le champ et deux fois plus de professeurs, beaucoup moins d'administrateurs.
C'est une toute autre vision des choses. (11 h 10)
Ce que je pense, c'est que là, je vous le souligne, cet article
du projet de loi a des conséquences énormes, il faut s'en rendre
compte. Il faut s'en rendre compte, tout simplement. Je comprends
l'argumentation du président l'actuel président de la
commission en remplacement de l'autre qui est parti mais, effectivement,
nous votons des crédits parce que nous finançons
l'éducation, au Québec, par l'impôt sur le revenu, lequel
est une source de revenus du gouvernement du Québec, et nous les
attribuons ensuite, commission scolaire par commission scolaire sur la base, en
gros, du nombre d'étudiants. C'est ça, grosso modo, la base de
répartition des revenus, mais ça a été un
débat qui a été fait dans la société
québécoise. Si on revient là-dessus, il faut en
débattre. Il faut que la ministre soit là. Mais, aujourd'hui, on
fait en quelque sorte fonction de parlement-école: on s'exerce à
faire de la législation, mais si ça, ça a des effets, moi,
je trouve ça épouvantable. C'est considérable, les effets
de cet article-là. Il faut s'en rendre compte. C'est ça que je
dis. Je suis contre et je vais voter contre, mais il faut s'en rendre
compte.
Le Président (M. Camden): Je pense, M. le
député de Labelle, que nous savons fort bien que ça a un
effet considérable et c'est l'effet que nous recherchons.
M. Léonard: Non. Ce que vous recherchez... Le projet de
loi, si je le comprends, c'est une réduction d'effectifs. Une
réduction d'effectifs, vous n'êtes pas obligés de
centraliser toute la gestion d'organismes décentralisés à
l'heure actuelle vers le Conseil du trésor pour faire ça. Non.
Là, vous créez de la paperasse.
Je veux juste donner... Il y a eu une petite étude dans les
ministères du gouvernement du Québec. J'ai ça en main,
là. Le Contrôleur des finances a fait une petite étude dans
chacun des ministères. Il n'y en a pas gros, une trentaine de
ministères... Il y a 30 ministres, mais il y a une vingtaine de
ministères au gouvernement du Québec. Bon! Alors là, c'est
juste le contrôle des revenus. Je vais vous lire deux phrases, ça
ne sera pas long: «Ce document, le rapport synthèse final de
l'étude de l'exercice des contrôles financiers et de la
vérification interne au gouvernement du Québec, ne constitue en
réalité que la partie visible et émergée de
l'iceberg. En effet, cette étude a donné lieu à la
création d'une masse documentaire passablement volumineuse, 2156
pages.» Il y avait juste une vingtaine de ministères. Imaginez ce
que ça va donner si vous vous mettez à examiner les plans
d'effectifs de chacune des commissions scolaires, de chacun des hôpitaux,
de chacun des CLSC, de chacun des CSS, de chacune des universités, des
instituts de recherche, de tout organisme à caractère
décentralisé que nous avons. Pour une vingtaine de
ministères, 2156 pages, simplement sur l'aspect contrôle interne
des revenus, juste ça. Il faut se rendre compte.
Le Président (M. Camden): M. le député
de
Verdun.
M. Gautrin: Je comprends l'argumentation du député
de Labelle qui décrit quelque chose qui n'est pas dans notre projet de
loi et qui est une chose différente. Il essaie de faire penser que
l'Assemblée nationale va être le corps qui, en fin de compte, va
avoir à approuver et que le Conseil du trésor va être le
corps qui va faire tout ce travail. On ajustement voulu maintenir...
M. Léonard: Approbation.
M. Gautrin: Attendez un instant, là! On a voulu maintenir
les responsabilités de chacun des ministres responsables qui, eux, vont
avoir... L'interaction va se faire entre le Conseil du trésor et les
ministres responsables de la Santé et des Services sociaux, de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science. C'est
le ministre qui va présenter pour approbation un plan de
réduction du personnel sur la période du 1er avril 1993 au 1er
avril 1998. Ce n'est pas une question de vouloir faire la centralisation que
vous décrivez, qui est une chose qu'on pourrait parfaitement avoir.
Là, actuellement, ce qu'on veut, c'est rendre transparent. On veut
actuellement un effort de transparence dans la réduction et la gestion
des personnels. C'est ça qu'on veut. Bon! Mais vous, vous êtes en
train de faire un autre débat, qui est le débat centralisation
par rapport à décentralisation. Ce n'est pas ça. Ce n'est
pas ça.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...juste une question au député
de Verdun. Il est dit, dans l'article, qu'il doit soumettre au Conseil du
trésor pour approbation un plan de réduction, etc. Pour
approuver, il faut l'avoir lu, l'avoir compris, avoir accepté des
conclusions...
M. Gautrin: C'est préférable.
M. Léonard: Oui. Là, vous êtes en train de
dire que le Conseil du trésor va prendre le plan de réduction des
effectifs de chacun des organismes que j'ai énumé-rés tout
à l'heure il y en a des centaines et puis, le Conseil du
trésor va approuver c'est ça qui est dit dans l'article
chacun de ces plans d'effectifs. Ça n'a pas de bon sens.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. Gautrin: Bien, voyons donc! Je m'excuse, le plan de
réduction va être présenté par le ministre...
M. Léonard: Bien oui, mais il faut... Le Conseil du
trésor, pour l'approuver, il faut quand même qu'il l'ait lu.
M. Gautrin: Bien sûr.
M. Léonard: II faut qu'il l'ait compris, il faut qu'il
l'ait accepté.
M. Gautrin: Bien sûr.
M. Léonard: Donc, il fait l'analyse.
M. Gautrin: Bien sûr.
M. Léonard: Je vous dis simplement que vous êtes en
train de... Ça n'a pas de bon sens. Bien, après ça, disons
qu'il n'est pas d'accord avec telle articulation du plan, il va demander des
modifications. Donc, ça va retourner, ça va remonter. Vous
êtes dans un processus de centralisation inouï.
Le Président (M. Camden): II reste 30 secondes, M. le
député.
M. Léonard: II me reste 30 secondes. Je vais presque
supplier le député de Verdun de ne pas piéger son projet
de loi avec un article comme ça. Ça n'a pas de bon sens. Il va
doubler les effectifs du Conseil du trésor pour le moins.
Moi, j'aurais peut-être un amendement, si vous me le permettez, M.
le Président. C'est parce que dans le projet de loi, ici, c'est
particulièrement agaçant, on dit qu'il va y avoir une date, le 30
septembre 1993. Pourquoi ce n'est pas six mois après la promulgation de
la loi? Parce que c'est ça d'habitude qu'on utilise. Là, vous
dites «le 30 septembre 1993». Quand est-ce que la loi va être
promulguée? Si la loi était promulguée, disons, le 1er
octobre 1993, qu'est-ce qui arriverait à votre projet de loi? Juste en
termes de mécanique légale, là-dessus, je pense qu'il y a
une petite question de logistique législative qui se pose.
Le Président (M. Camden): D'abord, ça
m'appa-raît fondamentalement une question très
hypothétique. Vous référez au fait que peut-être le
projet de loi ne sera pas accepté, ne sera pas voté.
M. Léonard: C'est vous qui êtes hypothétique,
M. le Président.
Le Président (M. Camden): D'autre part, que le projet sera
accepté, mais tardivement, et, d'autre part, qu'il sera peut-être
en application au-delà de cette date et, en même temps, on fait
une hypothèse qu'il serait effectivement accepté.
M. Léonard: M. le Président, je dois dire que vous
ne pouvez pas présumer que le projet de loi va être adopté.
Et donc, généralement, dans les projets de loi, on dit qu'il va
s'appliquer, disons, un mois, 30 jours, ou 6 mois après sa promulgation
ou quelque chose comme ça. C'est parce que, quand vous dites cela, je
pense que je peux plaider complètement l'inverse. C'est très
hypothétique, ce que vous dites. Il va être approuvé ou
promulgué avant le 30 septembre. Il a été
déposé en 1991, ce projet de loi là. Ça fait
déjà un an et demi qu'il est là. Quand vous dites une
date, le 30 septembre 1993, c'est dans un peu plus de six mois. Vous prenez
pour acquis qu'il va être adopté, mais si jamais il était
d'ailleurs adopté, mais après le 30 septembre, ce qui peut fort
bien arriver, vous avez comme un problème.
Le Président (M. Camden): Est-ce que je peux vous poser
également une question, juste avant? Est-ce que vous en faites une
motion formelle là?
M. Léonard: Non. Bien, on peut... Oui, on est en train de
la rédiger.
Le Président (M. Camden): Parce que si ce n'est pas une
motion formelle...
M. Léonard: Non, mais je l'avais annoncée,
puis...
Le Président (M. Camden): ...vous comprendrez bien qu'on a
dépassé le temps. Je ne voudrais pas...
M. Gautrin: La question...
M. Léonard: Je vais en faire une. On est en train de la
rédiger.
Le Président (M. Camden): Non, mais je ne voudrais pas
qu'on...
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Camden): Comprenez bien, là.
M. Léonard: Oui, oui.
Le Président (M. Camden): Moi, je veux bien... À
moins que les membres ne manifestent une opposition...
M. Gautrin: Non, non, mais la question... Est-ce que...
Le Président (M. Camden): Excusez-moi. Juste avant, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: Excusez-moi.
Le Président (M. Camden): À moins que les gens ne
manifestent une opposition, là, parce que ça prend
nécessairement le consentement.
M. Léonard: On va l'écrire.
Le Président (M. Camden): On est au-delà du temps
que vous aviez, d'une part...
M. Léonard: Non, mais je l'avais annoncée avant que
mon temps finisse.
Le Président (M. Camden): Oui, oui, je veux bien, mais,
au-delà de l'annoncer, on peut annoncer des choses longuement d'avance,
mais il faut, en fait, la déposer à l'intérieur du temps
et...
M. Léonard: O.K. On est en train de l'écrire. Je
l'ai annoncée, je l'ai dite, mais là, on est en train de
l'écrire.
Le Président (M. Camden): Je veux bien, mais je vous dis
que, avant qu'on en débatte, nous aimerions en prendre connaissance. Il
faudra en connaître le libellé avant de la débattre pour
savoir ce sur quoi on débat.
M. Léonard: Oui, oui, mais... C'est parce que ça,
c'est un amendement qu'on a à l'article 4. En fait, on peut aussi, quand
on va arriver à l'adoption de l'article amendé, refaire un autre
amendement.
Le Président (M. Camden): Absolument. M.
Léonard: Là, j'ai encore une autre période. Le
Président (M. Camden): Absolument. M. Léonard: Alors
là, voyez-vous, c'est...
Le Président (M. Camden): Je sais fort pertinemment bien
que vous pouvez vous exprimer longuement.
M. Léonard: Le sous-amendement se lirait comme ceci. Le
sous-amendement à l'article 4 est modifié par le remplacement,
dans les troisième et quatrième lignes, des mots «avant le
30 septembre 1993» par les mots «six mois après la date de
sanction du présent projet de loi». Écoutez, c'est pour
améliorer votre projet de loi.
Le Président (M. Camden): Oui, bien sûr. C'est ce
que nous avions compris, vous savez, par le sens de vos propos.
M. Léonard: Mais c'est parce que... (Consultation)
M. Gautrin: C'est quoi, l'argument?
M. Léonard: C'est six mois après la sanction du
présent projet de loi. (11 h 20)
Le Président (M. Camden): Ah bon! On dit: L'article 4 est
modifié par le remplacement, dans les troisième et
quatrième lignes, des mots «avant le 30 septembre 1993» par
les mots, je cite: «six mois après la date de sanction du
présent projet de loi».
M. Gautrin: Est-ce qu'on peut suspendre une minute, M. le
Président?
Le Président (M. Camden): Oui, nous pouvons effectivement
suspendre nos travaux pendant quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 21)
(Reprise à 11 h 26)
Le Président (M. Camden): La commission reprend ses
travaux. M. le député de Labelle, je pense que vous avez une
proposition distincte à nous faire.
M. Léonard: Je viens de lire une proposition de
sous-amendement et, après consultation, nous convenons de le retirer
pour le remplacer par le suivant. Alors, sous-amendement à l'amendement
de l'article 4. L'article 4 est modifié par le remplacement, dans les
troisième et quatrième lignes, de ce qui suit: «30
septembre 1993» par ce qui suit: «(indiquer ici la date qui suit de
six mois la date de la sanction de la présente loi)». Je le
dépose au secrétaire?
Alors, je veux, dans un geste de bonne volonté, même si
j'ai des réserves très importantes quant au projet de loi, aider
à sa bonification parce que, si on laisse, dans l'actuel projet de loi,
«le 30 septembre 1993», étant donné que, depuis le
dépôt du projet de loi, il s'est déjà
écoulé plus d'un an... Il a été
déposé en 1991, le projet de loi 198, et il n'a jamais subi les
étapes... On voit qu'il y a des gens qui se traînent les pieds. Ce
n'est pas la volonté du député de Verdun qui a
manqué, mais son leader n'a pas été convaincu tout de
suite et c'a pris du temps.
D'ailleurs, on voit que la présence des ministres
impliqués dans ce projet de loi se fait rare. Ça avance à
pas de tortue, mais, au moins, ça avance. Par mesure de prudence, tout
à coup le projet de loi ne serait pas sanctionné
immédiatement après qu'il sera venu ici en commission, et que le
débat à l'Assemblée nationale retarde un peu, les six mois
qu'il accorde aux commissions scolaires et à tout autre organisme, pour
déposer leur plan de réduction des effectifs, pourraient
être écourtés passablement. Même, possiblement, on
pourrait se retrouver à discuter de la prise en considération du
rapport de notre commission l'automne prochain, après le 30 septembre
1993.
Je pense que c'est simplement dans un réflexe de prudence
législative et de bonification du projet de loi du député
de Verdun que je propose cet amendement.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun. (11 h 30)
M. Gautrin: ...je suis d'accord avec le député de
Labelle et je vais voter en faveur de l'amendement. Je pense que ça
améliore ledit projet de loi.
M. Léonard: Je suis prêt à voter
là-dessus. M. Gautrin: Prêt à voter.
Le Président (M. Camden): On est disposé à
voter. Est-ce que le sous-amendement de l'amendement 4 à l'article 4 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. Alors, nous
revenons donc à l'amendement de l'article 4.
M. Gautrin: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Le temps imputé, je
pense, selon le secrétaire, est terminé effectivement. Alors,
nous devons procéder à son adoption. Est-ce que l'amendement
à l'article 4 est adopté?
M. Léonard: Je suis contre. Vote enregistré
là-dessus.
Le Président (M. Camden): M. le secrétaire, si vous
voulez appeler les membres.
Le Secrétaire: M. Gautrin (Verdun)?
M. Gautrin: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
M. Lemieux: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Marcil (Salaberry-Soulanges)?
M. Marcil: Pour.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
Le Président (M. Camden): Pour.
M. Léonard: Je vois qu'il y en a qui ont eu quelques
hésitations, quelques serrements au coeur à voter ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: J'en suis convaincu.
Le Président (M. Camden): Alors, le résultat: 5
pour; 1 contre; aucune abstention. Adopté.
M. Léonard: Vous ne pourrez plus jamais faire de discours
sur la décentralisation après ça.
Le Président (M. Camden): Est-ce que l'article 4, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Camden): Contre.
M. Gautrin: Sur division.
Le Président (M. Camden): Sur division.
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Camden): J'appelle donc l'article 5. Je
pense qu'on a un papillon à déposer.
Une voix: Oui.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: ...l'article 5 va être modifié, mais,
compte tenu de ce que nous avons voté comme amendement à
l'article 4, on avait un texte de concordance à faire et, à ce
moment-là, on va voir immédiatement le nouvel amendement qui
arrivera.
M. Léonard: Qui va en tenir compte.
Une voix: Plus une modification de concordance par rapport au
programme 2, comme à l'article 4 tantôt.
M. Léonard: C'est-à-dire avant la date de six
mois.
M. Gautrin: C'est ça. C'est-à-dire que l'amendement
qu'on dépose, il est écrit ici un peu à la main. Il est
écrit par concordance, je dois le dire. C'est que l'article 5 du projet
de loi sera remplacé par le suivant: «Un organisme public
visé au paragraphe 3° de l'article
1 là, il s'agit, évidemment, de tous les
débats et de la liste qui a été déposée hier
doit soumettre au Conseil du trésor pour approbation, avant
et, ici, on indiquera la date qui suit de six mois la date de la
sanction de la présente loi un plan de réduction, pour la
période du 1er avril 1993 au 1er avril 1998, de son personnel sur la
base du personnel en place le 1er avril 1993.» On ajoutera aussi un
nouvel article S.l: «Le ministre dépose à
l'Assemblée nationale tout plan de réduction prévu aux
articles 4 et 5 dans les 15 jours de leur approbation par le Conseil du
trésor si l'Assemblée est en session, ou, si elle ne siège
pas, dans les 15 jours de la reprise de ses travaux.»
M. le Président, cet article est le pendant de l'article 4 pour
les organismes prévus au point 3 de l'article 1. Il a la même
logique, à savoir leur demander un plan de réduction sans
imposer, au départ, de quantum ou de quota et, aussi, rendre tout le
mécanisme transparent, dans la mesure où on va demander au
ministre... Et il est clair que le ministre, à ce moment-là,
c'est le ministre responsable pour l'application de cette loi, qui viendra
à être précisé dans un article subséquent...
Le ministre doit déposer à l'Assemblée nationale tout plan
de réduction prévu aux articles 4 et 5 dans les 15 jours de leur
approbation. Donc, une symétrie parfaite par rapport au secteur
parapublic quant à la réduction du personnel,
premièrement; et, deuxièmement, c'est le deuxième
élément, à l'article 5.1, la volonté de
transparence dont on a déjà parlé.
Le Président (M. Camden): Alors, M. le
député de Verdun, on voudrait aussi vous indiquer que cet
amendement était aussi jugé recevable et que, par le fait
même, nous avons engagé le débat sur le sujet.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Alors, on poursuit dans la mécanique,
mais qui est très indicatrice de cette volonté de centralisation
qui ne s'avoue pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Mais c'est évident là! C'est
évident. On vient déposer devant le Conseil du trésor des
plans de réduction des effectifs, lequel les lit d'abord, les analyse,
fait faire des corrections, s'il y a lieu. Je suppose que, dans l'ensemble du
Québec, il va y en avoir, et il va peut-être se fixer un objectif
qu'on ne connaît pas, parce que la loi ne fixe pas d'objectif aux
commissions scolaires. Elle n'en fixe pas.
M. Gautrin: On ne touche pas les commissions scolaires, M. le
Président. Ici, on est sur des secteurs visés par l'article
3.
M. Léonard: Ah oui!
M. Gautrin: Donc, il s'agit ici de sociétés...
M. Léonard: Excusez-moi. Est-ce qu'on débat juste
de 5? C'est parce que, sur le texte de l'amendement, il y a les deux articles,
5 et 5.1.
M. Gautrin: Ah oui, d'accord.
M. Léonard: Est-ce qu'on discute juste de 5?
M. Gautrin: C'est comme le président le
préfère. J'ai déposé les deux parce qu'il y avait
symétrie entre les deux, mais c'est comme vous voulez.
M. Léonard: Bien, c'est parce qu'il a débattu des
deux tout à l'heure en même temps.
M. Gautrin: Oui, vous avez raison.
M. Léonard: Mais, normalement, on adopte les articles un
par un?
M. Gautrin: C'est ça, oui.
Le Président (M. Camden): On peut effectivement les
scinder et puis étudier 5 et, par la suite, 5.1.
M. Gautrin: Oui, vous avez raison. Je pense que ce serait
préférable d'ailleurs...
M. Léonard: Ce sont deux articles nouveaux.
M. Gautrin: Deux articles nouveaux et deux idées
différentes.
M. Léonard: Bon, O.K.
Le Président (M. Camden): Alors, je dois donc en
comprendre que nous allons procéder à l'étude de 5, et
que, dans un deuxième temps, nous aborderons 5.1.
M. Léonard: Bon bien, si on s'en tient à 5... M.
Gautrin: Ça fait deux fois 20 minutes.
M. Léonard: Est-ce que vous refaites votre argumentation
sur 5? Parce qu'elle s'appliquait surtout à 5.1, parce que le
dépôt...
M. Gautrin: Non, je m'excuse. L'argumentation que j'avais faite
sur 5, c'était de traiter de la symétrie. L'argument sur 5,
c'était vraiment le symétrique par rapport à 4, en
demandant aux organismes visés à l'article 3 et on en a
déposé la liste hier de soumettre au Conseil du
trésor un plan de réduction de personnel, sans dire au
préalable quels sont les quantums ou les
objectifs à faire, parce qu'il y a des cas bien particuliers. Et
l'article 5 est absolument symétrique par rapport à l'article 4.
L'article 4 touchait le secteur parapu-blic. L'article 5 a touché
à un certain nombre de sociétés d'État.
M. Léonard: m. le président, j'ai une question
à poser. à partir du moment où vous avez adopté
l'article 3 de la loi, qui fait obligation, entre guillemets, de réduire
de 20 % et de 12 %...
M. Gautrin: Oui.
M. Léonard: ...et étant donné les fonctions
actuelles du Conseil du trésor qui, de toute façon, approuve les
plans d'effectifs, qu'est-ce qu'on ajoute ici? En d'autres termes, pourquoi cet
article-là est-il nécessaire parce que...
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président, je ne crois pas
que le Conseil du trésor ait jamais approuvé...
M. Léonard: Les plans d'effectifs? M. Gautrin:
...les plans d'effectifs. M. Léonard: Des ministères?
M. Gautrin: Je m'excuse. M. Léonard: Bien oui, il fait
ça.
M. Gautrin: Écoutez-moi un instant. Je m'excuse. Enfin, je
pense que j'aurais besoin de réexpliquer, là. Ce qui touchait les
ministères est couvert par l'article 3, et les ministères...
Parce que l'article 3 s'applique aux organismes visés par 1.1 et par
l'article 2. Ça va? Les organismes visés par 1.2 et 1.5,
c'est-à-dire le secteur...
M. Léonard: L'article 4.
M. Gautrin: ...de la santé et le secteur de
l'éducation, sont couverts par l'article 4. Les organismes visés
par 1.3 c'est ceux dont on avait débattu hier, dont vous nous
avez demandé de déposer une liste...
M. Léonard: Oui. O.K.
M. Gautrin: ...sont couverts par l'article 5. Donc,
essentiellement, on discute, ici, des organismes visés par l'article 5
et sur lesquels le Conseil du trésor n'a pas d'effet quant à
l'approbation de leur plan d'effectifs.
M. Léonard: Bon. Bien alors, on s'entend. Là, ce ne
sont pas les ministères, ces organismes-là. (11 h 40)
M. Gautrin: C'est ça. C'est ces affaires-là.
M. Léonard: Alors, ils ont l'autonomie de gestion ou ils
ne l'ont pas? Ils l'ont, actuellement. Si le Conseil du trésor
n'approuve pas les plans d'effectifs, bon, ils ont une autonomie de gestion
quant à leurs ressources humaines. Alors là, le geste que vous
posez, c'est que vous les amenez à venir devant le Conseil du
trésor faire approuver leur plan d'effectifs; donc, vous faites une
intrusion dans leur gérance interne. Plus que ça, vous
établissez au départ une ligne entre personnel d'encadrement et
autre, non-encadrement.
M. Gautrin: Je m'excuse...
M. Léonard: Vous êtes obligé parce que vous
appliquez des taux différents.
M. Gautrin: M. le Président...
M. Léonard: Donc, ensuite, si vous permettez, je voudrais
juste finir l'argumentation.
M. Gautrin: Oui, c'est seulement pour expliquer que ce n'est pas
vrai, ce que vous dites, mais enfin, je répondrai quand vous aurez
terminé.
M. Léonard: Bien, si vous appliquez des taux
différents, il faut qu'il y ait une distinction dans le plan
d'effectifs. Au minimum, il y a ça, et après, il y a un plan de
réduction. Le plan de réduction des effectifs ou du personnel
c'est comme ça qu'on l'appelle, le plan de réduction du
personnel va dire ce que fait telle personne, ce que fait telle autre,
qui est cadre et qui ne l'est pas, etc. Donc, c'est tout le plan. Ça
amène le Conseil du trésor à se pencher sur tout le plan
du personnel, des affectations de tâche. On sait, il le fait pour les
ministères, mais là, vous amenez l'article 3 combien
a-t-on dit, 33 organismes? à le faire, en plus. Intrusion du
Conseil du trésor dans leur gestion et vous-même, après
ça, vous voulez... On reviendra à l'article 5.1 par la suite.
C'est un peu la même argumentation que je donnerais ici par rapport
à celle que j'ai donnée, par rapport à l'article 4. Vous
êtes dans un processus de centralisation inouï, présentement,
et ça va prendre du monde au Conseil du trésor.
Par ailleurs, quand vous parlez de transparence, pourquoi ces organismes
et pourquoi pas tous les autres dans lesquels le gouvernement est
impliqué? Parce que, pourquoi s'arrêter en chemin? La prochaine
étape, ça va être de dire: Ah! tel organisme, la part du
gouvernement dans son capital aura été modifiée ou
n'importe quoi, donc il devrait déposer. Donc, ça vous
amène à suivre toute une série d'organismes, d'entreprises
d'État: plans d'effectifs, réduction de 20 %.
Et je vais dire une chose qui me chicote depuis le début et que
je n'ai pas eu l'occasion de dire, parce que le titre du projet de loi, c'est
l'embauche... En réalité,
quand on sait qu'au gouvernement l'augmentation du budget, c'est fait
surtout sur les dépenses autres que le personnel, pourquoi vous
attaquez-vous surtout au personnel alors que l'explosion des dépenses
gouvernementales a eu lieu dans les dépenses autres que celles du
personnel? C'est une grosse question, mais ça, ça ne vous
intéresse pas. L'explosion a lieu là, l'explosion atomique a eu
lieu là dans les trois ou quatre dernières années en
particulier. Bon. Petite question.
Mais revenons aux ressources humaines. Vous vous enlignez dans un
processus de centralisation qui va amener le Conseil du trésor à
lire, analyser, étudier, négocier avec chacun des organismes de
tout le plan du personnel dans chacun. Ça va prendre du temps, beaucoup
de temps, beaucoup de temps, beaucoup d'efforts et la création de
beaucoup de postes au Conseil du trésor. Je suis convaincu que le
Conseil du trésor va être le premier à s'exempter
lui-même des 20 % et des 12%...
M. Chagnon: Pourquoi?
M. Léonard: Parce qu'il va y avoir du travail à
faire. Là, vous venez d'arriver, M. le député de
Saint-Louis, je vois que vous n'avez pas suivi la discussion.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle, je vous rappelle qu'on ne peut...
M. Léonard: C'est lui qui m'a interrompu, M. le
Président.
Le Président (M. Camden): Je conviens... Un instant,
là. On ne peut indiquer que quelqu'un quitte la salle, entre dans la
salle, est absent de quelque façon. Vous savez, j'ai remarqué que
le député de Verdun vous a interrompu de temps à autre,
mais...
M. Léonard: Non, non, mais c'est parce que là il
m'a interrompu, alors il s'est attiré une baffe rapidement, là,
comme vous avez vu.
Le Président (M. Camden): Alors, on va rappeler au
député de Saint-Louis, tout simplement, qu'il doit faire appel au
président.
M. Chagnon: Alors, M. le Président, pourquoi? Des voix:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): Vos excuses sont
accueillies.
M. Léonard: II n'a pas compris la discussion, le
député de Saint-Louis. Je pense que le député de
Verdun doit admettre les conséquences de son article 4 et de son article
5 actuellement. Ça va faire augmenter de façon
considérable le personnel du Conseil du trésor.
M. Gautrin: M. le Président, je pense que l'article 5,
puisqu'on débat de l'article 5, va permettre une meilleure gestion,
disons, des organismes parapublics couverts par l'article 1.3. Je comprends la
logique du député de Labelle. Je pense qu'il refait exactement le
même argument que pour l'article 4, et je pourrais lui répondre
les mêmes arguments que je lui ai répondus pour l'article 4, ils
s'appliquent... On pourrait exactement répéter notre même
argumentation dans le cas de l'article 4; ça s'applique ici,
évidemment, dans l'article S aussi.
M. Léonard: Non.
M. Gautrin: Regardez la logique, à l'heure actuelle. On ne
fixe pas... Et, dans votre argumentation, j'ai réagi lorsque vous
disiez: Bon, vous allez redemander des normes de réduction de 20 % et de
12 %. Au contraire, M. le Président, on n'a pas fixé de quantums
là-dedans; les quantums ne s'appliquent que dans les organismes dans
lesquels il y a des plans d'effectifs. Ça va? C'est donc ceux qui sont
couverts par l'article 3. On ne met pas de quantums de 20 % ou de 12 %. On
demande simplement à l'organisme de faire un plan de réduction de
son personnel et de le soumettre au Conseil du trésor. C'est bien
sûr qu'il y a un phénomène, à l'heure actuelle,
où chacun ne va pas continuer dans toutes les directions, etc. Mais
ça, c'est la réalité des finances publiques, à
l'heure actuelle. Si on veut réellement arriver à un meilleur
contrôle des finances publiques, il faut qu'on fasse quelque chose. Il
faut, et la majeure partie des dépenses sont des dépenses qui
sont des dépenses de personnel. Et là, il va falloir...
M. Léonard: de 50 %.
M. Gautrin: Oui, mais il faut qu'on arrive à avoir un
meilleur contrôle des dépenses de personnel. Il va falloir
être plus efficace, être en mesure de produire autant avec moins de
personnes, et c'est le but de ce projet de loi, pour essayer d'assainir les
finances publiques. Je comprends le débat du député de
Labelle. Je comprends qu'on pourrait redébattre à d'autres
endroits de centralisation, de décentralisation, c'est un thème
intéressant. Moi, j'aime aussi ce genre de débats, mais
là, à l'heure actuelle, le problème auquel nous faisons
face, c'est vraiment un problème d'explosion des dépenses, et ce
projet de loi veut essayer de contrôler et de réduire les
dépenses dans les secteurs public et parapu-blic, les
sociétés qui sont touchées. Bien sûr que, quand on
fait un geste comme ça, il y a une certaine forme de centralisation,
parce qu'on demande à chacun de devoir faire son effort de
réduction. Mais je pense qu'à l'heure actuelle c'est
nécessaire, compte tenu de la situation dans laquelle nous sommes, et on
peut, de part et d'autre, répéter la même argumentation
qu'on a faite pour l'article 4. J'imagine que vous allez répéter
la même chose, et que je peux répéter la même
chose.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Ce n'est pas nécessairement la
même chose, parce que ce sont des organismes différents, mais
l'allure, la tendance...
M. Gautrin: Ce sont des organismes différents, mais le
type d'analyse, j'ai l'impression, va être le même.
M. Léonard: Bien, oui! Bien, oui!
M. Gautrin: J'imagine que c'est le même type d'analyse qui
vous amène à conclure ce que vous concluez, et c'est le
même type d'analyse qui m'amène à devoir proposer ce que je
propose.
M. Léonard: Bon. M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Le député de Verdun nie, j'ai
l'impression, qu'il y a une tendance centralisatrice forcenée dans son
projet de loi. Moi, je le maintiens, il a une tendance centralisatrice
forcenée. Mais, hier, je lui ai posé une question: Pourquoi
n'a-t-il pas demandé au Conseil du trésor de faire, d'exercer une
coupure générale, quitte à ce que, après analyse,
il applique lui-même un certain nombre de choses, qu'il y ait des
débats, mais que ce soit un objectif général? Là,
après avoir fixé un objectif très précis à
chacune des unités, chacun des ministères du gouvernement
coupures de 20 % et de 12 % tout à coup, tout ça vient de
tomber. L'article dit une seule chose: réduire les effectifs,
réduire le personnel, point. Aucun objectif, et on ne dit pas comment
ça va fonctionner. Chacun doit tomber sous la coupe du Conseil du
trésor, l'analyse du Conseil du trésor, et les décisions
du Conseil du trésor, et puis, transmission par la suite. On le verra
à l'article 5.1. Mais il n'y a plus d'objectif, il n'y en a plus. C'est
le voeu pieux: il faut réduire le personnel. Première des choses
que je rappelle, l'explosion des dépenses publiques a eu lieu dans les
dépenses autres que le personnel, beaucoup plus grandes que dans le cas
du personnel. Je rappelle ça au député, mais c'a l'air
plus facile ou plus dans le vent ou plus dans le courant... (11 h 50)
M. Gautrin: On écoute. Je m'excuse, je ne sais pas ce qui
se passe.
M. Léonard: On vous dérange?
Une voix: Ça va.
Le Président (M. Camden): On s'excuse, M. le
député de Labelle. Les échanges vont se faire à
l'arrière de la salle.
M. Léonard: Bien.
Le Président (M. Camden): Probablement que vos propos
créent une certaine animation dans l'esprit de bien des gens.
M. Gautrin: Des tensions naturelles.
Le Président (M. Camden): Ils font en sorte,
évidemment, d'alimenter le débat et de préparer la
réplique.
M. Léonard: quand même, avant de passer à un
autre article, je vais de nouveau attirer l'attention du député
de verdun sur les effets centralisateurs de son article, par lequel il
intervient dans la gestion interne de chacun des organismes, comme dans
l'article 4, il intervenait dans la gestion de tout type d'organisme
décentralisé. le conseil du trésor va aller
décider, à toutes fins pratiques, de l'affectation des personnels
dans chacune de ces unités-là, parce qu'ils auront à se
justifier devant le conseil du trésor. et là, c'est une masse de
travail considérable qui va arriver au conseil du trésor. je suis
convaincu qu'eux autres ne feront pas leurs coupures de 20 %, au conseil du
trésor. je suis convaincu. ils vont demander une augmentation de leur
personnel d'encadrement de 20 %...
M. Gautrin: Ha, ha, ha!
M. Léonard: ...et leur personnel d'analyse de je ne sais
pas combien de pour cent pour répondre à ça, ou bien ils
ne les liront pas, les plans d'effectifs, les plans de personnel, et ils vont
approuver des choses qu'ils n'auront pas analysées. J'en suis convaincu.
Là, vous multipliez la tâche du Conseil du trésor.
Tout à l'heure, je parlais de l'étude qui a
été faite juste par le Contrôleur des finances: 2156 pages.
C'est quelque chose ça, juste pour une vingtaine de ministères,
2156 pages. Regardez dans la liste de vos organismes, il y a
Hydro-Québec. Ce n'est pas rien ça, HydroQuébec.
M. Gautrin: Ah non!
M. Léonard: Ce n'est pas rien. Il y a un conseil
d'administration qui décide des effectifs. La décision que le
gouvernement se réserve, c'est l'approbation du plan de
développement ils sont en commission parlementaire, à
l'heure actuelle et des tarifs. Point, à la ligne. Mais le
gouvernement ne va pas jusqu'à trifouiller dans les entrailles
d'Hydro-Québec pour savoir l'affectation de son personnel. C'est ce que
vous voulez que le Conseil du trésor fasse. Combien ça va prendre
de
personnes additionnelles au Conseil du trésor? Vous êtes en
train de centraliser, de façon éhontée, l'administration
des organismes gouvernementaux. C'est incroyable! Incroyable! Vous modifiez la
structure de l'administration gouvernementale. La Loi sur l'administration
financière, là, on va la réécrire à la suite
de votre projet de loi. C'est ça que ça veut dire.
Ici aussi, on constate que, dans cette liste, il y a le Protecteur du
citoyen. Dans cette liste, le point 3 de l'article 1. Est-ce que c'est bien
là que ça va? Ça ne relève pas de
l'Assemblée nationale, de l'article 2 de la loi, la liste que vous nous
avez déposée hier? Réfléchissez à la
question. M. le Président, le député de Verdun est en
train de chambouler complètement l'administration gouvernementale par
cela.
Juste sur cette liste parce qu'on parle du point 3 de l'article
1, les organismes couverts est-ce qu'elle est complète cette
liste-là? On voit qu'il y en a trop dedans, parce que le Protecteur au
citoyen est visé par l'article 2 de la loi. Est-ce qu'elle est
complète? Est-ce qu'elle est exhaustive? Est-ce qu'elle est parfaite?
Est-ce qu'on a l'assurance que c'est complet?
M. Gautrin: Je pense que oui.
M. Léonard: Mais, j'aimerais que vous me répondiez
aussi sur Hydro-Québec. Comment vous voyez les choses par rapport
à Hydro-Québec?
M. Gautrin: Attendez un instant! Vous me posez la question sur la
liste.
M. Léonard: O.K. C'est correct. Les deux questions.
M. Gautrin: Donc, on revient sur le 3, là. Je
réponds: Oui, la liste est complète. Le problème du
Protecteur...
M. Léonard: Trop complète.
M. Gautrin: Non, non. Un instant. Le problème du
Protecteur du citoyen, c'est d'entrer son personnel qui est soumis aux normes
et barèmes, donc couvert à l'article 3, et la personne, le
Protecteur du citoyen lui-même est nommé par l'Assemblée.
Et là...
M. Léonard: Est-ce que je peux faire remarquer au
député de Verdun que...
M. Gautrin: Oui.
M. Léonard: ...hier, c'est le contraire qui a
été dit...
M. Gautrin: Oui, oui. Non, non.
M. Léonard: ...parce qu'on a dit: L'Assemblée
nationale comprend le personnel de l'Assemblée nationale...
M. Gautrin: Oui, oui. Mais, est-ce que...
M. Léonard: ...le personnel du Protecteur du citoyen. Vous
voyez que le légiste, il vous a conseillé de dire que ce n'est
pas lui qui a sorti cette liste-là.
M. Gautrin: Attendez un instant, là.
M. Léonard: Alors, il prend ses distances et je le
comprends. Il est très prudent.
M. Gautrin: Maintenant, on revient sur Hydro-Québec.
M. Léonard: Oui.
M. Gautrin: Je pense que c'est la question que vous soulevez.
M. Léonard: Une bonne question.
M. Gautrin: Non. Ce n'est pas une bonne question. C'est
intéressant. Ce n'est pas une question ennuyante du tout, bien au
contraire. Je pense que c'est justement un des secteurs sur lesquels,
éventuellement, une réduction d'effectifs peut être
envisagée. Et vous avez été un des premiers à
signaler, ou je pense que c'était le député de
Lévis, le nombre important d'encadrements qu'on pouvait voir dans la
corporation Hydro-Québec. Ils ont annoncé une réduction et
ça ne correspondait pas à ce qu'on aurait pu...
M. Léonard: est-ce que les 20 % vont être en plus?
mais il n'y a pas de 20 %...
M. Gautrin: mais il n'y a pas... justement. je m'excuse, m. le
député de labelle, vous voulez toujours, chaque fois, nous
remettre dans un cadre qui n'est pas celui sous lequel on fonctionne.
c'est-à-dire qu'on n'a pas imposé de quantum de réduction
aux organismes autres que ceux visés par 1.1 et 2. donc, on n'a pas
à dire 20 % ou 12 %. chaque fois, dans vos interventions, vous
fonctionnez en disant: c'est ça qu'on demande, puis donc, c'est
ça qui ne marche pas. on demande, à l'heure actuelle, par ce
projet de loi à hydro-québec, de présenter un plan de
réduction de son personnel d'encadrement et de son personnel. quel est
ce plan de réduction? il sera soumis au conseil du trésor, mais,
de ce que je pourrais appeler les discours que vous avez tenus ou, du moins,
des personnes de votre côté de la chambre ont tenus,
étaient plutôt à l'effet qu'il y avait possibilité,
dans le personnel d'hydro-québec, de diminuer le personnel d'encadrement
et c'est ça qu'on va leur demander et on va le faire sur une base de
complète
transparence. Ça va être le cas de l'article 5.1 qu'on va
débattre dans un instant.
M. Léonard: alors, est-ce que je peux simplement relever
le fait qu'il y a, grosso modo, 60 000 ou 65 000 fonctionnaires. vous venez
d'ajouter hydroquébec, en termes de responsabilité du conseil du
trésor sur l'analyse du personnel: il y a 27 000 personnes qui
travaillent à hydro-québec, juste à hydro-québec,
ici, là. vous venez d'augmenter de 50 % la tâche du conseil du
trésor...
M. Gautrin: M. le Président...
M. Léonard: ...en ce qui concerne l'analyse du personnel.
Je veux juste attirer votre attention sur la charge considérable,
additionnelle attribuée au Conseil du trésor. Vous centralisez
l'administration gouvernementale, vous ramenez ça même à
l'Assemblée nationale, on le verra tout à l'heure. Bon. J'ai dit
ce que j'avais à dire là-dessus.
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: On ne ramène pas ça à
l'Assemblée nationale du tout. La fonction est une fonction
d'information à l'Assemblée nationale, qui est prévue,
d'ailleurs, à l'article 5.1. On va en débattre dans un instant,
j'en suis sûr.
M. Léonard: Tout à l'heure. Jean, interviens-tu
là-dessus?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, c'est parce que, quand je
regarde ça, je pense qu'on manque le vrai problème. Dans
l'éducation, à mon avis, le gros problème, c'est le
ministère de l'Éducation lui-même.
M. Gautrin: On n'est pas sur celui-là, on est sur
l'article 5, là.
M. Garon: Je sais. Mais là, quand on parle de 20 %, on
pourrait réduire de bien plus de 20 %, au ministère de
l'Éducation. À mon avis, sur 2300 fonctionnaires, il y en a 2000
de trop. À mon avis. Quand on regarde un pays comme la Suède, au
ministère de l'éducation, avec 9 000 000 de population, il y a
300, 350 fonctionnaires. On contrôle deux choses, essentiellement: les
programmes et les examens. Ici, avec 2300 fonctionnaires, on ne contrôle
même pas les examens.
On ne contrôle rien. Au fond, on fait de l'administration bidon,
comme un chien qui court après sa queue. Il n'y a plus moyen de rien
faire dans l'éducation, au Québec, sans demander la permission au
ministère, et on a le ministère, à part ça, le plus
centralisé, l'organisation la plus centralisée. (12 heures)
Imaginez, nous autres, là, à Montréal... Quelle est
la population de Montréal? Si on calcule Montréal et autour, 3
500 000 à peu près?
Une voix: À peu près.
M. Gautrin: À peu près, oui.
M. Garon: À peu près. En gros, mettons, si on prend
le tour grand un peu.
M. Gautrin: Grosso modo. Le Grand Montréal, 3 000 000.
M. Garon: La région de Boston, quelle est la population?
À peu près la même population.
M. Gautrin: Sensiblement la même, oui.
M. Garon: Cambridge, Boston. Savez-vous combien
d'universités il y a à Boston? J'ai appris l'été
passé, dans un congrès où j'étais, à
Boston...
M. Gautrin: Combien, à Boston, d'universités?
Alors, sept...
M. Garon: Sept? Mettez-en! Vous ne les avez pas regardées,
hein?
M. Gautrin: Allez-y.
M. Garon: Soixante-six.
M. Gautrin: Non, non, un instant.
M. Garon: Soixante-six universités, 260 et quelques
milliers d'étudiants.
M. Gautrin: Vous tournez autour de...
M. Garon: Sauf qu'il y a de la concurrence, et la plus grosse
vise à réduire à 14 000. Puis il y a de la
concurrence.
M. Gautrin: Non.
M. Garon: Ici, on a marché dans le domaine de la
vérité révélée, ça fait qu'on a
grossi les affaires...
M. Gautrin: Non, non. Je m'excuse, sur 66... Voyons donc! Voyons
donc!
M. Garon: Nous autres, on a 4 universités de 40 000
chacune. C'est ça, la réalité.
M. Marcil: Toutes publiques?
M. Garon: Hein?
M. Marcil: Est-ce qu'elles sont publiques?
M. Garon: Non, non. Le problème, ce n'est pas qu'elles
sont publiques ou pas publiques. C'est qu'il y ait de la concurrence. Nous
autres, on a fait des universités trop grosses. Hein?
M. Gautrin: Tu as MIT, Harvard, Boston University...
M. Garon: Ah! vous pouvez en nommer, il y a des toutes petites
universités à Boston. MIT, par exemple, tout le monde
connaît ça, MIT.
M. Gautrin: Oui.
M. Garon: II y a combien d'étudiants à MIT?
M. Gautrin: Vous me posez une question, combien
d'étudiants à MIT...
Une voix: Pour un mathématicien, vous devriez savoir
ça.
M. Gautrin: Je devrais le savoir.
Une voix: Voulez-vous qu'on vous les note par ordre
alphabétique?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: II y en a 7000, 8000. Notre-Dame, l'université,
aux États-Unis, c'est quoi? 8000. Les universités, nous autres,
on a l'impression qu'en bas de 40 000, on n'est pas dans la ligne.
Comprenez-vous? C'est le contraire.
M. Gautrin: Attendez un instant, je peux vérifier sur MIT,
mais je n'en suis pas sûr.
M. Garon: On a des universités qui sont des dinosaures: tu
piles sur la queue et la tête tourne un an après.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Oui, mais un instant... Ha, ha, ha! Sur le
débat des universités, je connais...
M. Garon: Oui, c'est ça. Alors, moi, je vais vous dire une
chose, le problème dans l'éducation au Qué- bec... On voit
le résultat des grosses polyvalentes. Même ceux qui ont fait le
rapport Parent nous disent aujourd'hui que les polyvalentes sont trop grosses.
Même ceux qui ont fait le rapport Parent, ils essaient de se
dédouaner aujourd'hui de ce rapport-là parce qu'ils voient
l'échec qu'ils ont produit. On a des grosses polyvalentes, 2000, 3000,
envoyé donc! Tout le monde est dépersonnalisé et tout le
monde est écoeuré dans ces boîtes-là.
L'étudiant dit: Si je peux en sortir au plus sacrant! Les cégeps,
ça prend trois ans et demi pour faire deux ans, et les
universités, quand les gens vont passer leur examen de comptable, deux
sur trois bloquent. Vous avez vu ça récemment? Deux sur trois ont
bloqué. Comprenez-vous? C'est ça qu'on a eu comme système.
Pourquoi? On a bâti un gros système où personne n'a plus de
contrôle là-dessus et tout le monde est
dépersonnalisé. Bien, on a bâti un système
centralisé à la planche, alors que ce qu'il faut remettre dans
notre système d'éducation, c'est de la concurrence.
Première révolution, première réforme
importante: abolir le conseil des recteurs. C'est la première chose. Le
Conseil des universités, moi, j'abolirais ça au plus vite pour
dire: Concurrencez-vous. Au lieu de dire: Gratte-moi le dos, je vais te gratter
le dos. C'est ça, au fond: Laisse passer mon programme, je vais voter
pour le tien. Puis on connaît ça: faire des deals. Ce n'est pas
des deals dont on a besoin dans le domaine de l'enseignement au Québec,
c'est de la concurrence. Il n'y a plus de concurrence. C'est un système
empoussiéré. Vous voulez avoir mon opinion? C'est ça, et
il faut changer ça. Mais on ne changera pas ça avec cette
loi-là. Ce n'est pas réduire, au fond. Là où il
faut réduire le plus, c'est au ministère lui-même. Aux deux
ministères, Éducation et Enseignement supérieur, il y a
2300 fonctionnaires. À mon avis, on devrait les laisser libres, mais
susciter la concurrence.
Une voix: ...pour des écoles privées.
M. Garon: Non, non. Ce n'est pas ça, non, non. La
concurrence peut être entre les écoles publiques autant...
Une voix: Oui?
M. Garon: ...sauf qu'aujourd'hui, quand vous voulez envoyer votre
enfant à une autre commission scolaire que celle où vous restez,
vous allez voir que vous allez avoir des problèmes en sacrifice.
Aujourd'hui, on est rendu à 407 000 000 $ de transport scolaire.
Pourquoi? On bâtit des grosses écoles, il faut aller chercher les
enfants de plus en plus loin, les enfants sont de familles qui sont de moins en
moins grosses. Aujourd'hui, le plus gros budget au gouvernement, je
parle c'est le transport scolaire, 407 000 000 $ de transport scolaire,
parce qu'on a centralisé à la planche. Il faut changer ça.
Puis quand on regarde les résultats que ça donne, ça donne
des résul-
tats qui ne sont pas bons.
J'ai dit, à un moment donné, à Mme Robillard, j'ai
posé la question: Quand vous donnez une bourse c'est 10 000 $
pour une maîtrise la donnez-vous seulement si quelqu'un fait sa
maîtrise? Elle m'a regardé avec des yeux ronds comme des billes,
comme si je lui avais demandé si elle était allée faire un
tour souper sur la planète Mars hier. J'ai dit: Bien, moi, si je donne
10 000 $ pour une automobile, je veux l'automobile, je ne veux pas qu'on me
dise: Ceux qui l'ont faite ont fait leur possible pour la faire, mais ils ne
l'ont pas faite... Tu as payé les 10 000 $ et tu n'as pas le
résultat. J'ai dit: Moi, si je donne 10 000 $ pour une maîtrise,
je veux avoir la maîtrise. Si je donne 20 000 $ pour un doctorat, je veux
avoir le doctorat. Quelle obligation de résultat y a-t-il dans notre
système? Aucune, aucune obligation de résultat. Tant qu'on va
aller de même... Moi, je pense qu'on peut, au contraire, sauver de
l'argent en mettant un système plus efficace. la seule
efficacité, à mon avis, c'est la concurrence et l'excellence. et,
les gens qui peuvent avoir un système de mesure de l'excellence... qu'il
y ait des concours nationaux, comme dans d'autres pays qui vérifient
l'état des connaissances. us ont des concours. si tu arrives dans une
école où les gens passent à 80 % et, dans l'autre, ils
passent à 60 %, toi, tu veux que ton enfant soit le meilleur, tu vas
l'envoyer dans l'école qui passe à... ce n'est pas une question
d'être publique ou privée, ça. hein! mais ce qu'on devrait
faire au fond, c'est que la subvention qui va avec l'étudiant,
peut-être bien devrait suivre l'étudiant plutôt que de
suivre le territoire. on devrait changer des formules actuellement pour
favoriser l'excellence, favoriser la concurrence. on n'a pas un système
de même. et moi, à mon avis, ça ne produira pas ça,
parce qu'on continue le même système, mais avec un peu
d'attrition, alors qu'il y a beaucoup d'argent à sauver. à mon
avis, au ministère de l'éducation central, on n'a pas besoin de
tout ce monde-là. qu'on définisse ce qu'on doit avoir dans une
année et, après ça, qu'on vérifie les
connaissances, ce qui va donner en même temps un système de mesure
pour que les gens puissent se demander quelle est la meilleure école.
là, ils ne le savent plus. on ne le sait plus parce qu'il n'y a pas de
concurrence.
Alors, moi, je pense que c'est pour ça, quand le
député de Labelle dit: Ça prend un changement. Moi, je
pense que, si on ne fait pas un changement décentralisé... La
centralisation, c'est plus efficace, mais c'est plus coûteux aussi, la
centralisation. C'est la centralisation qui coûte de l'argent. Les gens
nous parlent toujours du guichet unique; ça, c'est la pierre
philosophale, le guichet unique. Ce n'est pas ça qui est la solution.
À mon avis, c'est que ça doit être
décentralisé et basé sur la concurrence, de sorte que
l'excellence apparaisse. Dans le système actuel, l'excellence
n'apparaît pas. Même l'Université de Californie a
diminué le nombre... Le réseau de l'Université de
Californie a baissé le nom- bre dans toutes ses universités pour
en créer trois nouvelles, plus proches du monde. Oui, oui.
M. Chagnon: ...n'importe laquelle des universités.
M. Garon: Oui, mais regardez la population qu'il y a là
aussi. Mais ça ne fait rien. Le réseau de l'Université de
Californie a diminué. Stanford diminue son nombre à 12 500 qu'il
vise.
M. Chagnon: Par département.
M. Garon: Non, non, non. Au total. Les universités
américaines actuellement visent partout à réduire leur
nombre. Nous autres, regardez l'Université Laval, le sujet de notre
conversation, ce qu'on voit dans Le Soleil le plus souvent, c'est le
problème de stationnement et de circulation sur le campus. Si on
n'entendait pas parler de ça, on n'entendrait pas parler souvent qu'il y
a une université là. Alors, c'est ça, le principal
problème. Ou quand quelqu'un se fait attaquer sur le campus...
Le Président (M. Camden): Est-ce que, M. le
député de Lévis...
M. Garon: Moi, à mon avis, ça ne répond pas
au problème. On pourrait répondre des deux façons en
même temps en réduisant le nombre au central pour susciter la
concurrence, tandis que, là, on va continuer le même
phénomène, on va dire: Donnez-nous vos affaires d'attrition et,
comme d'habitude, celui qui est en haut ne se coupera pas, on va couper celui
qui est en bas, et ceux qui sont en année sabbatique bidon ne se
couperont pas, hein? Vous ne pensez pas que les années sabbatiques bidon
vont être coupées? Elles ne seront pas coupées.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Lévis, est-ce que je peux vous rappeler qu'on est à l'article 5
et on entend...
M. Garon: Bien, c'est ça.
Le Président (M. Camden): ...nous faire profiter de vos
excellents commentaires qui s'adressent davantage à l'article 5.1, mais
on aimerait bénéficier de vos enseignements plus
particulièrement sur le point 5.
M. Garon: Oh! Je pensais qu'on étudiait les deux en
même temps.
Le Président (M. Camden): Non, non, mais vous comprendrez
bien...
M. Garon: C'est parce que j'ai vu 5.
Le Président (M. Camden): ...que nous les avons
notés.
M. Garon: O.K.
Le Président (M. Camden): Ça vous évitera
peut-être de les reprendre. On verra selon ce que...
M. Garon: O.K. Je m'excuse. Je pensais qu'on voyait les deux. Je
suis arrivé en retard et je voyais qu'on étudiait les deux. Je
pensais qu'on étudiait 5 et 5.1, parce que c'est un amendement à
5. Alors, disons que mes propos...
Le Président (M. Camden): Remarquez que vos commentaires
ont été très profitables, mais on souhaiterait aussi vous
entendre sur 5.
M. Garon: Ils valent pour 5.1 parce que je suis rentré
sur...
M. Léonard: On va y revenir sur 5.1. M. Garon:
Oui.
Le Président (M. Camden): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Lévis?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Camden): Oui. Alors, M. le
député de Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: C'est parce que M. le député de
Lévis arrive de la commission de la culture et il est venu nous dire ce
qu'il avait dit à la commission de la culture, probablement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Marcil: Je vous donne raison en grande partie quand on parle
de concurrence.
Une voix: II a un discours et il l'amène partout.
M. Marcil: En Belgique, le système d'éducation en
Belgique est financé à 100 %, public et privé, par
l'État. Financé à 100 %, privé et public. Les
parents ont le choix de leur école d'une année à l'autre,
ce qui veut dire... Remarquez bien, question de densité de territoire
qui fait en sorte que le système de transport est beaucoup plus
adapté à la population. Moi, je suis allé là faire
une étude comparative du système d'éducation,
Québec par rapport, justement, à la Suisse et à la
Belgique, et ce qui m'avait frappé, c'était ça: voir des
enfants de 10 ans, 11 ans, 12 ans prendre l'autobus public de la ville, en
Belgique, se rendre à la gare, prendre le train, se rendre à
Namur le matin et revenir le soir. Puis je me posais la question: Comment
ça se fait... J'allais justement visiter un collège
là-bas. Le système de transport... Pour les enfants, faire 20 km
par le transport public, par le train, le matin et le soir, ça ne pose
pas problème, c'est une culture qui a été
développée de cette façon-là. Et les parents ont le
choix de leur école d'année en année, publique ou
privée. Mais les deux sont financées à 100 %. Voyez-vous
l'élimination qu'on peut faire à l'intérieur des
systèmes, dans le fond? C'est dans ce sens-là. (12 h 10)
On a toujours bâti, nous autres, au Québec, un
système... On a parlé de régions, à un moment
donné, de déconcentrer, dans le fond, les ministères, mais
on a créé des bureaux régionaux qui font quoi? Dans le
fond, ce sont des messagers, il n'y a aucune décision qui se prend
là. On a bâti des tours d'ivoire. Prenez en
Monté-régie, des bureaux régionaux, soit au niveau de
l'éducation, nommez-les tous, on a fait en sorte... C'est qu'avant,
nous, les commissions scolaires, on s'en allait directement au ministère
de l'Éducation à Québec; maintenant, il faut passer par le
bureau régional qui, lui, va prendre nos dossiers et s'en va au
ministère de l'Éducation à Québec.
M. Léonard: II nous accompagne pour aller à
Québec.
M. Marcil: C'est ça, dans le fond. Ça fait qu'on a
créé...
M. Léonard: Je suis d'accord avec vous. Très
d'accord avec vous.
M. Marcil: ...dans le fond, une fausse structure où on a
multiplié les intervenants qui... Des gestionnaires, non pas des
décideurs.
M. Léonard: Est-ce que je peux poser une question au
député de Vaudreuil-Soulanges? Est-ce que cela veut dire que
vous...
M. Marcil: Salaberry-Soulanges.
M. Léonard: Salaberry-Soulanges, oui.
M. Marcil: Salaberry-Soulanges.
Le Président (M. Camden): Salaberry-Soulanges. Alors, M.
le député de Labelle.
M. Léonard: Est-ce que cela veut dire que vous seriez
d'accord pour éliminer la plupart des bureaux régionaux des
ministères?
M. Marcil: Dans le fond, c'est que...
M. Léonard: Bien, c'est la question qui se pose.
M. Marcil: Oui, oui, oui. Ah oui!
M. Léonard: C'est-à-dîrë qu'eux autres,
on pourrait couper...
M. Chagnon: Réponse: oui.
M. Léonard: ...à 90 %.
M. Marcil: Oui.
M. Chagnon: Réponse: oui.
M. Léonard: Réponse: oui. O.K.
M. Marcil: Oui, oui. Moi, je suis entièrement d'accord
avec ça, sauf que...
M. Léonard: oui, mais c'est là où les 20
%...
M. Marcil: Juste une seconde. Non, non, non, la conception du
développement régional...
M. Léonard: Oui.
M. Marcil: Si on appliquait réellement, si on pouvait
appliquer la conception qu'on a du développement régional, comme
on est peut-être en train de le faire, sauf que le problème qu'on
vit présentement... On a régionalisé la santé par
les fameuses régies. On régionalise l'éducation. On
régionalise le développement régional. On
régionalise tout. Mais il me semble qu'au bout de la ligne il devrait y
avoir, je ne dirais pas un gouvernement de région, parce qu'il ne faut
pas créer la structure gouvernementale au Québec qui existe
déjà au Canada, il ne faut pas constituer une
fédération à l'intérieur de la province, sauf
que... Si on veut réellement donner le pouvoir aux régions, il va
falloir qu'on fasse en sorte qu'ici l'appareil baisse quasiment de
moitié et que tout soit transféré aux régions, que
les politiques soient peut-être vues d'ici, mais que toute l'application
et la décision se fassent dans les régions. La journée
où on va arriver à ça... Mais ce n'est pas facile, vous le
savez comme moi. Nous, on est en politique, il y a déjà... Comme
le système est déjà appliqué depuis des
années...
M. Gautrin: La pertinence...
M. Marcil: ...vers les années soixante, c'est difficile
à démantibuler et à réorganiser le monde...
M. Chagnon: C'est bon! C'est bon!
M. Marcil: ...parce que tout le monde pense qu'il est en danger
lorsqu'on lui parle de changer sa façon de faire.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Salaberry-Soulanges, je suis obligé de vous indiquer...
M. Marcil: Salaberry-Soulanges.
Le Président (M. Camden): Salaberry-Soulanges, oui.
M. Marcil: C'est difficile, hein?
Le Président (M. Camden): Définitivement. Alors,
vous devriez changer le nom de votre comté et l'appeler
«Soulanges-Salaberry».
M. Marcil: Ah!
Le Président (M. Camden): Je vous rappelle les mêmes
commentaires que j'avais formulés au député de
Lévis, considérant que nous allons devoir les considérer
au point 5.1...
M. Chagnon: Un petit quinze secondes pour poursuivre?
Le Président (M. Camden): M. le député de
Saint-Louis, est-ce que c'est à l'égard du système
d'enseignement ou plutôt à l'égard du point 5?
M. Léonard: Non, mais, en alternance, juste 30
secondes.
Le Président (M. Camden): Oui. Alors, 30 secondes, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Ce que je déplore, c'est qu'il n'y ait
aucun ministre pour participer à cette discussion aussi
intéressante.
Le Président (M. Camden): Bien, si je me permets, M. le
député de Labelle, je dois vous dire que la même
qualité de discussion se passe aussi au sein de notre caucus. Alors,
inutile de vous dire que c'est manifestement des échanges très
positifs et intéressants.
M. Chagnon: Vous ne devez pas avoir de discussions souvent...
M. Léonard: Écoutez, M. le Président...
M. Chagnon: ...intéressantes dans votre caucus puisqu'il
n'y a pas de ministre.
M. Léonard: ...vous prenez part au débat, mais le
ministre pourrait...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: M. le Président, comme vous l'avez
très justement rappelé...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: ...on est actuellement en train de discuter d'un
article, l'article 5 qui se lit: «Un organisme public visé au
paragraphe 3° de l'article 1 doit soumettre au Conseil du trésor
pour approbation, (indiquer ici la date qui suit de six mois la date de la
sanction de la présente loi) un plan de réduction, pour la
période du 1er avril 1993 au 1er avril 1998, de son personnel sur la
base du personnel en place le 1er avril 1993.»
Le Président (M. Camden): Est-ce que je dois comprendre
que vous êtes disposés, que vous êtes prêts à
voter sur...
M. Léonard: Bien, je n'ai pas eu de commentaires sur les
dernières remarques que j'ai faites...
M. Gautrin: M. le député de Saint-Louis voulait
intervenir.
M. Léonard: Ah bon! Allez-y!
M. Gautrin: Seulement, je voulais rappeler...
M. Léonard: C'est à son tour.
M. Gautrin: Non, mais seulement pour rappeler de quoi on
débattait.
M. Léonard: Oui, oui. On avait ça très frais
à la mémoire.
M. Gautrin: Oui, j'en suis sûr.
Le Président (M. Camden): Alors, M. le
député de Saint-Louis, sur 5.
M. Chagnon: Brièvement. Le député de Labelle
mentionnait: Seriez-vous d'accord pour abolir les bureaux régionaux? Je
disais: La réponse, c'est oui. Particulièrement deux types de
bureaux régionaux qui concernent deux immenses ministères, les
ministères à réseaux où il y a des
établissements. Qu'est-ce que vous pensez que l'hôpital...
M. Léonard: Qu'est-ce que vous attendez pour le faire?
M. Chagnon: Vous l'avez tellement bien organisé, ce
système-là, quand vous étiez au gouvernement, qu'on a de
la misère, un peu, à le désorganiser au moment où
on se parle.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Saint-Louis, est-ce que je peux vous rappeler que nous allons aborder cet
élément à l'article 5.1, puisque nous avons scindé
les amendements qui ont été apportés à l'article 5
et à l'article 5.1?
M. Chagnon: Oui, c'est ça. Je reviendrai un peu plus
tard.
Le Président (M. Camden): Alors, évidemment, je
m'en voudrais de vous priver de l'opportunité de vous exprimer, mais ce
serait d'autant plus à propos au moment où nous aborderons
5.1.
M. Chagnon: D'accord.
Le Président (M. Camden): Ça va? Je vous remercie
de votre compréhension. Est-ce que nous sommes prêts à
voter sur le paragraphe 5 de l'article 5?
M. Gautrin: Oui.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle, excusez-moi. Est-ce que vous êtes disposé à voter
sur le paragraphe 5?
M. Léonard: J'attendais les commentaires du
député de Saint-Louis. C'est tout?
Le Président (M. Camden): Bien, j'ai rappelé au
député de Saint-Louis qu'il pourrait nous formuler ses
commentaires à 5.1.
M. Chagnon: II semble qu'à 5.1 je vais être plus
à l'ordre.
M. Léonard: Ah bon!
M. Chagnon: Dommage, hein?
M. Léonard: Vous étiez hors d'ordre. Ah bon!
O.K.
M. Chagnon: Dommage! Je suis le premier qu'on rappelle à
l'ordre...
M. Léonard: Avant de passer au vote, je n'ai qu'à
déplorer l'excès de centralisation qui sous-tend l'article 5,
encore une fois, qui est à rencontre de tout ce que j'ai entendu ici
autour de la table. Mais c'est comme si, tout à coup, là... On ne
se rend pas compte, mais c'est un article absolument centralisateur qu'il y a
là. Ça contribue à faire grossir le gouvernement, c'est
évident, parce que la ministre, les ministres tuteurs de ces
organismes-là vont d'abord analyser eux-mêmes et, ensuite, vont
aller défendre la chose au Conseil du trésor, lequel va exiger
des effectifs supplémentaires. À rencontre de toute politique de
décentralisation, ce qu'il
y a là-dedans.
Le Président (M. Camden): Est-ce que nous sommes
prêts à...
M. Gautrin: Je dis que je diverge d'opinion avec le
député de Labelle.
Le Président (M. Camden): Oui, bien sûr. Alors, M.
le député de Verdun, aviez-vous des brefs commentaires à
cet égard?
M. Gautrin: Bien, je diverge d'opinion... C'est-à-dire, je
comprends sa théorie qu'il vient de faire sur...
M. Léonard: II est symétrique, le
député de Verdun.
M. Gautrin: Je partage exactement le même... Moi, il n'y a
pas de problème.
Le Président (M. Camden): Est-ce que le premier
alinéa est adopté?
M. Gautrin: Adopté.
M. Léonard: Non. Contre.
Le Président (M. Camden): De l'article 5?
M. Léonard: Sur division.
M. Gautrin: Sur division.
M. Léonard: Sur division.
M. Gautrin: Le premier amendement, c'est-à-dire
l'alinéa 1 de l'amendement...
M. Léonard: Ah oui! c'est l'amendement.
Le Président (M. Camden): L'alinéa 1
l'alinéa portant le numéro 5 de l'amendement à
l'article 5.
M. Gautrin: O.K. Maintenant, on va débattre de 5.1. C'est
ça?
Le Président (M. Camden): C'est ça.
M. Léonard: Bien, là, on adopte l'amendement
à l'article 5 et, après, il faut adopter l'article 5
amendé.
Le Président (M. Camden): Exact. M. Léonard:
C'est ça, M. le Président? Une voix: Non, non.
Le Président (M. Camden): Non, non. M. Léonard:
Non?
Le Président (M. Camden): Non. Nous avons eu un amendement
à l'article 5.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Camden): Or, ce que nous avons, c'est un
amendement, nous avons procédé en scindant...
M. Léonard: On n'adopte pas l'article 5 tel
qu'amendé?
Une voix: ...
M. Léonard: Ah! O.K.
Le Président (M. Camden): Nous avons procédé
à l'étude de l'amendement en le scindant, et, à
l'alinéa 1 qui, en l'occurrence, est marqué de 5...
M. Léonard: On reviendra après. O.K. C'est
après. O.K. Correct.
Le Président (M. Camden): ...et c'est ce sur quoi nous
votons là, faisant en sorte que nous devrons débattre...
M. Léonard: Alors, nous sommes contre. Sur division,
donc.
Le Président (M. Camden): ...de l'alinéa 2, qu'on
reconnaît sur la feuille comme étant 5.1.
M. Léonard: Oui. O.K. Alors, on passe à 5.1?
O.K.
Le Président (M. Camden): Ça vous va? M.
Gautrin: ...c'est 5.1.
Le Président (M. Camden): Alors, l'alinéa 1 est
donc adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Camden): Sur division. Très bien.
Alors, nous allons procéder à l'étude de l'alinéa
2, qui commence par le chiffre «5.1».
M. Gautrin: Je vous remercie, M. le Président. Je vais
représenter l'alinéa 5.1. C'est, dans 5.1, la question de
transparence, et c'est une volonté que ces demandes de réduction,
qui ont été approuvées par le Conseil du trésor,
soient rendues accessibles au public;
c'est le mécanisme qui est choisi pour la transparence: «Le
ministre il s'agit donc là du ministre responsable de
l'application de la loi dépose à l'Assemblée
nationale tout plan de réduction prévu aux articles 4 et 5 dans
les 15 jours de leur approbation par le Conseil du trésor si
l'Assemblée est en session ou, si elle ne siège pas, dans les 15
jours de la reprise de ses travaux.» La fin est un article habituel.
La question qu'il touche, c'est une volonté, à l'heure
actuelle, que les décisions du président du Conseil du
trésor, qu'il considère très centralisatrices et on
ne reviendra pas sur le débat qu'on vient de faire que les
décisions aux articles 4 et 5 prises par le Conseil du trésor, en
termes d'approbation de plans de réduction, soient rendues publiques par
dépôt à l'Assemblée nationale.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle. (12 h 20)
M. Léonard: Je vois le plaidoyer de transparence du
député de Verdun. D'abord, une chose. La date de la sanction de
la loi, on ne la connaît pas. Mais disons qu'il avait prévu, lui,
que ce serait... Septembre, donc ce serait le 31 mars, à peu
près, parce que, 30 septembre, six mois après... Le Conseil du
trésor reçoit les plans du personnel de chaque organisme dont on
a parlé, de tout ce qui exerce quelque fonction subventionnée par
le gouvernement dans l'ensemble du territoire du Québec. Il va y en
avoir une montagne, le 30 septembre ou six mois après la date de
l'adoption de la loi. Mais, disons le 30 septembre, c'est à peu
près le plus tôt. Ça, c'est à supposer qu'on rentre
à l'Assemblée nationale le 9 mars prochain, qu'on fasse la prise
en considération, qu'on fasse le débat de troisième
lecture. Terminé. Puis on arrive, de toute façon, le 31 mars,
c'est à peu près le plus rapide qu'on peut avoir.
Je rappelle que ce projet de loi a été
déposé en 1991. Ça a pris beaucoup de temps à ce
qu'il vienne. Là, il vient. Le 30 septembre, le Conseil du
trésor...
Des voix: ...
M. Léonard: J'espère qu'on ne vous dérange
pas, le député de Saint-Louis et le député
de...
Le Président (M. Camden): La parole est actuellement
à M. le député de Labelle. Alors, je rappelle aux membres
de la commission qu'ils doivent écouter religieusement chacun des
membres qui s'expriment et, en l'occurrence, dans le moment, c'est le
député de Labelle. Alors, M. le député de Labelle,
toutes les oreilles sont tendues vers vos propos.
M. Léonard: Oui. Ha, ha, ha! Bien, ce que je veux
dire...
M. Gautrin: Soyez assuré que moi, je vais écouter
avec beaucoup d'attention.
M. Léonard: Oui, oui. Mais ce que je veux dire, c'est que
le Conseil du trésor, le 30 septembre au plus tôt, reçoit
une montagne de documents comportant les plans de réduction du personnel
dans toutes les unités administratives, les ministères, les
organismes qui sont sur cette liste, les organismes décentralisés
de l'article 2, de l'article 5, etc. Il y a du stock à lire, à
examiner, à étudier, à analyser. Il va tirer ses propres
conclusions et il va avoir des modifications à demander à chacun.
Puis-je simplement supposer que ça va prendre du temps avant qu'il
approuve chacun des plans? Ça va prendre du temps. Le 30 septembre.
L'Assemblée nationale commence le 1er octobre, ou le deuxième
mardi d'octobre. Donc, on est rendus au 10, 15, et il y a toute la
législation d'ici Noël, etc. Je peux juste penser que le Conseil du
trésor va prendre du temps avant d'approuver, et c'est là
où il y a une période qu'on ne connaît pas dans la loi, on
ne sait pas combien ça va prendre de temps. Quand il aura
approuvé, là il dépose, 15 jours après, à
l'Assemblée nationale, mais ça va prendre du temps avant qu'il
approuve, et plus ça va être contentieux, plus ça va
prendre du temps. On va se retrouver après les élections. Je
comprends que le gouvernement a laissé aller la loi à l'heure
actuelle; il sait qu'elle n'aura aucun effet pratique avant les
élections. C'est ça. C'est ça, la réalité
qu'il y a là-dedans. Ça va prendre beaucoup de temps.
Il y a, en plus, processus de centralisation inouï, comme je l'ai
dit, je l'ai expliqué, c'est évident, et ça va prendre du
monde. Moi, je suis convaincu qu'on s'embarque dans une affaire... Il n'y a pas
de fin à l'heure actuelle. On va se retrouver à appliquer les
effets de la loi sur une période réduite, donc avec des effets
dramatiques, si jamais elle s'applique, parce que la période de son
application va être réduite. Et là, vous allez très
facilement voir passer un an et vous n'aurez pas vos 3 % d'attrition du plan de
1993 parce que l'année va être passée. Donc, votre taux va
s'appliquer sur plus court que ça. Vous allez avoir des
problèmes, c'est juste ça que je veux dire.
L'autre chose, c'est qu'il n'y a pas d'effets pratiques avant les
élections, à ce projet de loi actuellement. Les effets pratiques,
là, ils ne se feront pas sentir avant les élections. Les plans de
réduction du personnel, ils n'aboutiront pas sur la table de
l'Assemblée nationale avant un an, un an et demi; dans certains cas, ce
sera beaucoup plus long que ça, beaucoup plus long que ça. Si le
Conseil du trésor juge qu'il n'y a pas d'objectifs et qu'il n'est pas
satisfait, ça va prendre du temps à retourner dans chacune des
commissions scolaires. Vous imaginez-vous, M. le Président, que
ça va se faire sans réticence, l'application de ce projet de loi
là? Ça veut dire quoi dans les cadres des commissions scolaires?
Même s'il faut les couper, à un moment donné, ce n'est pas
si facile que ça à faire. Le plan, il va falloir qu'il
soit défini dans chaque cas. Le Conseil du trésor, il va
falloir qu'il vérifie. S'il fait une contre-proposition, il faut qu'il
la fasse sur la base d'éléments concrets, précis, que
lui-même doit aller tirer, qu'il va opposer aux dirigeants de la
commission scolaire en cause.
On sait comment ça se passe dans les ministères. Le
Conseil du trésor conteste un plan d'effectifs d'un ministère;
ça débat durant six mois, durant un an, avant que le plan
d'affectation du personnel soit adopté au Conseil du trésor.
Imaginez-vous, si on fait ça dans les centaines d'organismes
décentralisés au Québec, ce que ça va donner. C'est
considérable. Je pense que le député de Verdun ne se rend
pas compte qu'il y a un processus de centralisation incroyable derrière
ça, incroyable.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je ne refais pas ici le
débat centralisation-décentralisation qu'on a fait au point 5 et
au point 4. Je voudrais, néanmoins, répondre au
député de Labelle sur ses préoccupations quant au
calendrier. Je pense que c'est des préoccupations qui ne sont pas hors
de la possibilité. Je pense qu'on ne peut pas actuellement
prévoir le temps que prendra le Conseil du trésor pour approuver
ces plans de réduction de personnel. Mais l'article 5.1 demande, dans le
délai raisonnable, c'est-à-dire dans les 15 jours après
approbation, le dépôt à l'Assemblée nationale. Je
suis à peu près assuré, connaissant la
célérité et la vivacité des députés
de l'Opposition lors de la période de questions, dans la période
qui va s'étendre du 30 septembre 1993 jusqu'à l'ajournement en
décembre 1993, que les députés de l'Opposition, dans la
période de questions et, je suis sûr, le
député de Labelle en premier lieu demanderont à
poser des questions au ministre responsable de l'application de la loi pour
savoir quand il va être en mesure de déposer les plans de
réduction d'effectifs, si les plans de réduction d'effectifs ne
sont pas déposés, et s'il y a, en quelque sorte, une
volonté de lambiner ou de traîner. Et je vais répondre.
C'est le jeu, justement, du mécanisme du parlementarisme, où les
parlementaires peuvent, par le biais de ces périodes de questions,
tâcher d'obtenir l'information et de faire accélérer le
travail de certains organismes gouvernementaux. Et l'article 5.1, M. le
Président, donne, justement, aux parlementaires, et en particulier aussi
aux parlementaires de l'Opposition, une énorme poignée sur la
surveillance du travail. Vous avez là une énorme
poignée.
M. Léonard: Est-ce que je peux poser une question?
M. Gautrin: Oui.
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Camden): M. le député
de
Labelle.
M. Léonard: Est-ce que vous admettez que la seule chose
qui est claire et précise dans cet article, c'est le plan
approuvé et déposé, dans les 15 jours après,
à l'Assemblée nationale? Ces 15 jours-là, je ne les
conteste pas, un coup que c'est approuvé, mais...
M. Gautrin: Bien, c'est la seule chose... Mais il y a quand
même dépôt.
M. Léonard: Oui, mais ce n'est pas ça, ce n'est pas
là où est le problème. Le problème, c'est avant
l'approbation, entre le dépôt au Conseil du trésor et
l'approbation au Conseil du trésor. Est-ce que le député
de Verdun va admettre que cela va donner lieu à une extension
considérable, que le Conseil du trésor ne peut pas approuver
chacun des plans dans la semaine qui suit le dépôt au Conseil du
trésor, que ça va prendre des jours et des semaines et des mois?
Et des mois! On connaît...
M. Gautrin: Mais n'exagérez pas, pas des années
puis des...
M. Léonard: M. le député de Verdun va
admettre que, dans les ministères, pour faire approuver son plan
d'affectation du personnel, ça prend des mois, juste pour un
ministère, et que, là, si vous le faites pour chacun des
organismes qu'il y a là, chacun des organismes de l'article 2 et des
paragraphes 1°, 2°, 3°, c'est considérable comme travail. Il
va y avoir des négociations dans les cas les plus litigieux, où
les organismes... Par exemple, mettez Hydro-Québec qui se met à
discuter avec le Conseil du trésor sur son plan d'effectifs.
Écoutez!
M. Gautrin: Sur le plan de réduction des personnels. (12 h
30)
M. Léonard: De réduction, mais de réduction.
Ce n'est pas rien, ça; et puis il faut faire l'analyse, la
comptabilisation de ça. C'est considérable. Bon. C'est ça,
ça prend beaucoup, beaucoup de temps.
L'autre chose, un coup que c'est approuvé par le Conseil du
trésor, c'est-à-dire un coup que c'est négocié, les
négociations ne se feront pas sur la place publique, elles vont se faire
entre le Conseil du trésor et l'organisme. Ça, ça prend du
temps. Mais, surtout, c'est que les parlementaires n'ont plus de prise
là-dessus. Mais, un coup que c'est déposé à
l'Assemblée nationale et que c'est approuvé, entre le Conseil du
trésor et l'organisme, qu'est-ce que vous voulez que les parlementaires
disent là-dessus? Qu'est-ce que nous avons à dire? Nous avons
peut-être à poser des questions. Pourquoi ça vient
là, finalement? On est dans un processus de gestion executive, qui est
l'apanage de l'exécutif et non pas du législatif. C'est ce que je
veux dire au dé-
puté de Verdun: ça vient pour rien. Son processus de
centralisation, finalement, vise à impliquer les députés
dans des fonctions qui relèvent de l'exécutif. C'est ça
qui arrive. Je veux juste attirer son attention là-dessus.
Ceci étant dit, que ce soit déposé à
l'Assemblée nationale, il va y avoir une montagne de paperasse, une
montagne, et une façon de ne pas être transparent, c'est de donner
trop d'information et de ne pas l'organiser de donner trop
d'information. Ça aussi, trop ou pas d'information, ça a le
même effet. Est-ce qu'il est d'accord avec moi, le député
de Verdun?
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, il y a deux idées dans
ce que dit le député de Labelle. Trop d'information, ça a
le même effet que pas d'information. Je dirais que ça n'a pas
nécessairement le même effet, mais ça peut avoir des effets
pernicieux quant à l'information. Écoutez, dans ce
cadre-là, on ne peut pas à la fois donner et ne pas donner. On va
donner le plan de réduction qui va être approuvé par le
Conseil du trésor.
Quant à l'analyse des délais, je comprends que le
député de Labelle a tendance à voir les délais
étirés. Il y aura certainement des délais. Écoutez,
je ne suis quand même pas stupide en disant que ce n'est pas après
le dépôt qu'automatiquement il y a approbation. Il ne faut pas
être stupide. Mais les choses peuvent se faire dans des délais
raisonnables. Et l'importance ici je pense que ça, c'est
important on vote ici sur un article qui dit qu'une fois que ces plans
sont approuvés et je comprends que vous n'êtes pas d'accord
qu'ils devraient être approuvés ils doivent être
déposés à l'Assemblée nationale, et je pense que
vous ne pouvez pas être contre ça.
Et je vais vous dire pourquoi, après, on les fait déposer.
Il y a une logique aussi à l'intérieur. Parce qu'il y a aussi une
vérification qui va se faire dans le mécanisme
d'imputabilité prévu à l'article 10. Il va y avoir une
vérification quant au fait que ces plans de réduction se
réalisent, c'est-à-dire la réalisation des plans de
réduction... Ils vont être suivis ou pourront être suivis
une fois l'an par les parlementaires. Donc, à l'heure actuelle, la
question: S'ils n'ont pas, au départ, de plan de réduction,
qu'est-ce que vous voulez, qu'ils puissent poser les questions dans le
mécanisme d'imputabilité au moment où les fonctionnaires
viendront témoigner éventuellement en commission? Si on veut
réellement avoir un mécanisme d'imputabilité des
sous-ministres ou des responsables d'organismes devant les commissions
parlementaires, il faut au minimum qu'on sache à quoi ils se sont
engagés. Alors, c'est ça qu'on se donne dans cet
article-là. On demande réellement que les plans de
réduction qui, actuellement, sont faits en négociation entre le
Conseil du trésor et les différents organismes, que ça, ce
soit rendu public.
Vous vous plaignez, vous êtes en train de dire: II va y avoir trop
de paperasse. Bon. C'est possible. C'est possible qu'il va y avoir de
l'information en masse. Probablement que vous avez raison, que oui il va y
avoir de l'information, mais ça va permettre aux parlementaires de
pouvoir suivre la réalisation de ce plan de réduction. Et, dans
ce cadre-là, je pense que vous ne pouvez pas voter contre un article
comme 5.1. Je comprends, votre logique est contre 4, contre 5, mais, une fois
qu'on a voté 4 et 5, vous ne pouvez pas être contre 5.1.
M. Léonard: Ça n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Lévis.
M. Gautrin: Vous ne pouvez pas être contre le fait que ceci
soit déposé.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Moi, je pense que le problème n'est pas ce
problème-là. Je pense que, dans des secteurs comme
l'éducation, j'ai le sentiment que ça va créer une
illusion. On règle un problème, alors que le problème
n'est pas là. Le problème est beaucoup plus dans les orientations
de l'éducation, les objectifs visés et les moyens pour les
réaliser. Aujourd'hui, on regarde ça, on voit que les
étudiants, ils n'aiment pas l'école. Moi, je me rappelle, dans
mon temps, on aimait l'école. Pourquoi? Parce que, quand j'ai fait mes
études en économique puis en sciences sociales, j'étais
convaincu que j'étais dans la meilleure école au Canada. Je
n'avais aucun doute dans mon esprit, puis c'était vrai, à part
ça. On n'était pas 5000. On entrait, en première
année... On était à peu près 50, quand je suis
entré en économique; après ça, en deuxième
année, on était 9 au début de l'année puis,
après ça, 2 mois après, 5; on a fait notre cours à
5. Et je suis convaincu que c'est une excellente école.
M. Forget: Ça a produit le député de
Lévis.
M. Garon: Oui, mais ça en a produit bien d'autres. Il y
avait des opinions. On avait toutes sortes... Pardon?
M. Forget: Est-ce qu'il y avait une sélection qui se
faisait?
M. Garon: II n'y avait pas de sélection.
M. Forget: Non, mais automatiquement?
M. Garon: On n'était pas nombreux à aller
là.
M. Forget: Bien oui! Vous commenciez, vous
étiez 9, après ça, vous étiez 5.
M. Garon: Non, c'est parce que les gens avaient changé
d'idée; il y avait trop de mathématiques. Les gens n'avaient pas
réalisé que, pour faire un cours d'économique, 50 % du
cours, c'étaient des mathématiques ou des statistiques. Alors,
quand ils ont vu ça, bien ils ont changé, puis ils sont
allés vers des matières où il y avait moins de
mathématiques. Parce que ce n'est pas tout le monde qui aime les
mathématiques.
M. Gautrin: C'était à tort, mais enfin. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: C'est pour ça. Alors, s'il y avait eu un cours
plus institutionnel, ils l'auraient aimé. Les mathématiques,
essentiellement, c'est un langage. Comme la langue, c'est un langage. Ce n'est
pas une fin en soi, les mathématiques, mais ça sert à
exprimer des choses. Mais pourquoi? On n'était pas des...
M. Gautrin: Un débat intéressant.
M. Garon: II y avait un esprit. Moi, je vais vous dire une
affaire. Non seulement ça, je vais vous dire que moi, je fais partie
d'un conventum, au collège, et on se réunit encore à
chaque année. Ceux qui étaient dans le conventum, en
rhétorique, on se réunit encore à chaque année. On
alterne, Montréal, Québec, parce qu'il y en a qui travaillent
à Montréal, d'autres à Québec. C'est depuis 1956,
à chaque année. Puis on est habituellement au moins la
moitié de la classe aux réunions. Pourquoi? Parce que...
M. Gautrin: Vous étiez cinq? Une voix: Deux et demi?
M. Garon: Non, non, je parle au collège classique, au
cours classique. On était une quarantaine dans la classe.
M. Gautrin: Excusez.
M. Garon: Quand on se réunit, on est au moins une
vingtaine, à chaque année, qui se réunissent. Et pourquoi,
dans le fond? Parce qu'on a aimé ça, on a aimé notre
groupe, on a travaillé ensemble, on a eu du plaisir ensemble.
Aujourd'hui, regardez un étudiant; il déteste son école
parce qu'il n'y a plus de groupes, il n'est plus organisé. Regardez le
cégep de Sainte-Foy. J'ai fait mon cours classique dans une
bâtisse où on était 500. On a fait 8 ans. Aujourd'hui, ils
veulent faire une école de secondaire I et secondaire II et ça
leur prend 1000 étudiants. Puis, vous regardez le cégep de
Sainte-Foy, c'est rendu à 7000, puis vous êtes encore en train de
le grossir, le cégep de Sainte-Foy, alors qu'il est déjà
au moins 7 fois trop gros. Alors, qu'est-ce qui arrive? Les gens ne se
connaissent pas. Ils circulent là-dedans, comprenez-vous, comme des
poulets... Un poulet, dans un poulailler, ne circule même pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Alors, ils circulent, comprenez-vous, là-dedans,
comme dans un centre d'achats. Quand je suis allé donner des
conférences, par exemple, dans ces endroits-là que ce soit
au cégep de Sainte-Foy ou à FUQAM j'ai eu l'impression
d'arriver dans un centre d'achats, j'ai eu l'impression de marcher dans un
centre d'achats. Ce n'est pas ça, une école. Une école,
c'est un endroit pour apprendre, un lieu de réflexion, un lieu de
discussion où des gens avec qui vous avez... Moi, je me rappelle, je
vois de mes confrères... Puis on a beaucoup d'estime les uns pour les
autres. Je vais vous dire une chose: il y a des gens là-dedans... On n'a
jamais partagé les mêmes idées. On a pensé
différemment tout notre cours, mais on a discuté en sacrifice de
différentes choses ensemble, puis ces discussions-là ont
contribué à nous former puis à nous apprendre des choses.
Parce que ça existait. Aujourd'hui, c'est quoi? Ce n'est pas ça,
c'est du magasinage. C'est un centre d'achats, ça fait que c'est du
magasinage. Tu changes de cours, tu changes de professeur. Pourquoi? Parce que
nos bâtisses sont trop grosses. Elles ont été bâties
d'une façon qui n'a pas de bon sens. Le problème, ce n'est pas le
nombre. (12 h 40)
Moi, je pense que c'est l'organisation, la structuration puis les
objectifs du système d'éducation. C'est quoi, les objectifs? Moi,
je pense que l'objectif du système d'éducation, c'est de former
des gens, leur apprendre des notions quand ils sont jeunes, au primaire;
après ça, d'autres objectifs au secondaire; d'autres au
collégial; et d'autres à l'université ou au professionnel,
selon qu'on prend l'un ou l'autre. Aujourd'hui, je pense que, alors que notre
système d'éducation va très mal... Ne nous comptons pas
d'histoire, il va très mal. Puis, moi, je pense que ce n'est pas parce
qu'il n'y a pas de professeurs compétents, et tout ça, c'est
parce que la structure, l'organisation de tout ça est mal
orientée et est mal organisée. Je pense que le problème,
ce n'est pas un problème de cet ordre-là. Dans
l'éducation, au fond, ce qui coûte cher, c'est ce qu'il
coûte par rapport à ce qu'il produit, notre système. Ce
n'est pas parce qu'il coûte cher. S'il donnait un bon résultat, il
ne coûterait pas cher. C'est parce qu'il coûte cher par rapport
à ce qu'il produit.
Vous formez des gens en comptabilité dans toutes nos
universités et, quand arrivent les examens de comptable, il y en a deux
sur trois qui bloquent. M. le député de Labelle est un comptable,
un C.A., il sait ce que ça veut dire. C'est deux sur trois qui bloquent,
comme moyenne au Québec. C'est beaucoup d'argent de
dépensé pour des gens qui ne seront pas comptables parce
qu'ils ne passent pas leurs examens. Qu'est-ce qu'il y a? Le cours n'est
pas bon ou bien les examens sont... Qu'est-ce qui arrive? Ou bien on n'a pas
été assez exigeant pendant le cours parce qu'ils ne sont pas
capables de passer leurs examens? Qu'est-ce qui se passe? Ce n'est pas de
rendre les examens plus faciles et, après ça, que ce soient des
mauvais comptables de sorte que, quand vous engagez un comptable, il ne vous
fasse pas une bonne comptabilité. Alors, il y a les
responsabilités par rapport au public qui va engager des gens qui
doivent être compétents.
Quand on dit vis-à-vis des maisons d'enseignement, je pense qu'on
met tout dans la même gibelotte actuellement... Actuellement, ça a
l'air d'une bouillabaisse, ce projet de loi. Moi, je pense qu'il y a des
problèmes à des endroits qui sont bien différents de
ça. Ce n'est pas seulement des problèmes d'encadrement ou de
personnel. Est-ce qu'il y a trop de monde dans le système
d'éducation? Je ne suis pas sûr de ça. Je ne suis pas
sûr qu'il y a trop de monde. Et je pense qu'il y en a trop qui s'occupent
des queues d'antennes après les... Vous savez, les queues de renard
après les antennes d'automobiles. Hein! Vous êtes mieux d'avoir un
bon char que d'avoir une bonne queue de renard après l'antenne.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Alors, qu'est-ce qui arrive dans nos cours? Moi, je
regarde ça. J'en ai des enfants. Je regarde le système
d'éducation comment il marche, ça n'a pas de bon sens, c'est fou
raide. Une de mes filles, l'an passé, a commencé à
étudier l'espagnol, c'était le cours disponible; cette
année, bien, le cours disponible, c'est un autre, il faut qu'elle
commence l'allemand. Je lui ai dit: Tu vas commencer combien de langues de
même? Ça va donner quoi, ça, au juste, au bout de la
course? Dire «tata» en allemand et en espagnol? «Comment
ça va?» Ça donne quoi, ça, au juste? Ça ne
donne rien, ça, alors qu'on devrait... Pourquoi? Parce que c'est mal
organisé. Les étudiants vont perdre leur temps
littéralement dans les écoles tellement c'est mal
organisé. Du gaspillage de temps, du gaspillage d'argent, parce qu'on
apprend toutes sortes d'options alors qu'on est là pour apprendre
beaucoup plus une formation de base. Il va falloir se poser ces bonnes
questions-là par rapport au système d'éducation à
la base. Là, actuellement, on se dit: Le problème, c'est qu'il y
a trop de monde. Moi, je pense que c'est parce que le monde n'est pas
affecté aux bonnes choses, et les écoles sont trop grosses. Il y
a toute une conception.
Deuxièmement, pensez-vous qu'il y a une atmosphère de
campus universitaire quand vous allez à l'UQAM? C'est le béton.
C'est le centre d'achats. Ce n'est pas de même que ça marche,
l'université. Regardez les campus américains. C'est comme des
beaux parcs avec des bancs. Les gens peuvent s'asseoir et penser à
quelque chose, réfléchir et discuter. Il y a un climat
universitaire. Pensez-vous qu'on a ça aujourd'hui? On fait des
certificats à la planche. On a des universités
spécialisées dans les certificats, nous autres. On en a
beaucoup.
M. Gautrin: Ne dites pas ça à mon ami, le
député de Labelle.
M. Garon: II y en a beaucoup de ça. C'est comme
l'éducation aux adultes.
M. Gautrin: Oui.
M. Garon: On n'est plus à l'enseignement universitaire, on
est dans l'éducation aux adultes. Moi, je pense que les objectifs ne
sont pas clairs et il va falloir, à un moment donné, par rapport
à nos systèmes d'enseignement, que ce soit clair.
Le système hospitalier aussi. Sur le système hospitalier,
je me pose bien des questions. On est en train d'avoir bien du monde qui va
tout comprendre si tu as un problème. Mais moi, si j'ai mal à un
bras, je ne veux pas me faire comprendre, mais me faire réparer le
bras.
M. Gautrin: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je n'ai pas un problème psychiatrique,
comprenez-vous. J'ai un problème, j'ai un bras à faire
réparer.
Je vais au garage avec mon automobile, je vais faire réparer mon
automobile. Je n'ai pas besoin d'un gars qui me dise: Assieds-toi, on va te
faire une petite séance de compréhension pour te dire que tu es
un pauvre propriétaire d'automobile dont le char est brisé. Non.
Je veux le faire réparer. Point. Je ne veux pas d'autre chose. Je n'ai
pas de problème si mon char est réparé, si mon automobile
est réparée. Moi, je vais vous dire, à un moment
donné...
Dans le domaine de la médecine, on a tassé bien des
médecins, mais, quand tu es rendu, à un moment donné, dans
un hôpital où il n'y a plus un médecin sur le conseil
d'administration, à toutes fins pratiques, je me demande si on n'est pas
allé dans l'excès contraire, tu sais. Je comprends que les
médecins occupaient toute la place, mais ils ne sont plus là. Il
y a quelque chose qui ne va pas dans notre système. Puis regardons tous
ceux qui gravitent autour.
Moi, je pense qu'il va falloir se poser les bonnes questions par rapport
à nos institutions, et je ne suis pas certain qu'on se pose les bonnes
questions et je ne suis pas certain qu'on fait les bonnes économies. Je
regarde, par exemple, l'affaire du CHUL. Le CHUL, à Québec, le
ministère de la Santé approuve ses budgets à chaque
année. On dit qu'ils ont 2 000 000 $ de dépenses au-dessus des
revenus depuis huit ans. Ils les ont vus. Il l'a vu, le ministère, puis
il a approuvé ces budgets-là. Pourquoi leur reprocher ça
au bout de huit ans quand,
en même temps, le directeur général est
envoyé par le ministère un peu partout au Québec comme un
expert en administration puis, depuis qu'il a démissionné parce
qu'on disait qu'il y avait un déficit de 2 000 000 $, maintenant, il est
professeur spécialisé en gestion hospitalière à
l'Université Laval? Il y a quelque chose qui ne va pas. Pourquoi? Parce
que, essentiellement... Il y a un bon centre d'ophtalmologie, puis on est en
train de démotiver les gens qui sont dedans en les mettant sur la place
publique comme si c'étaient des veaux à l'encan. Ça ne
marche pas de même. Essentiellement, il faut...
Moi, je pense qu'il va falloir se poser les bonnes questions par rapport
à l'éducation puis à la santé au Québec. Et
je ne suis pas sûr que là, actuellement, par ça, on pose
les bonnes questions. Est-ce que c'est un problème d'attrition? Moi, je
ne pense pas que c'est un problème d'attrition actuellement dans les
universités puis dans la santé. Au gouvernement, c'est une autre
affaire, dans l'administration. Au gouvernement, c'est une autre affaire. Mais
dans les institutions hospitalières puis dans les institutions
d'éducation, je ne suis pas convaincu qu'actuellement, c'est Fattrition
qui est la solution au problème. C'est la réaffectation, à
mon avis, des objectifs.
Moi, quand j'ai été nommé ministre, ce qui m'avait
frappé, à la première revue de programmes que j'ai faite,
c'est que la moitié des programmes qui étaient là, les
gens ne savaient pas trop pourquoi ils étaient là, sauf qu'ils
savaient que ça faisait longtemps qu'ils étaient là. Les
objectifs visés, c'était perdu dans la brume des temps,
comprenez-vous? Je disais: Pourquoi le programme est là? Ça fait
longtemps qu'il est là. Oui, mais il est là pour quoi? Les gens
me regardaient puis, dans certains cas, les gens ne savaient plus pourquoi le
programme était là, sauf qu'il était encore là.
J'avais fait une première réforme qui avait été
importante. On disait: Dans chacun des programmes, on va marquer les objectifs
visés. Pourquoi on a un programme? Il visait quoi, ce
programme-là?
M. Forget: II y avait des programmes, mais il n'y avait plus
d'argent.
M. Garon: Pardon? Non, j'avais de l'argent.
M. Forget: II y avait des programmes, mais il n'y avait plus
d'argent.
M. Garon: J'avais de l'argent. Je m'occupais d'avoir de
l'argent.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: C'est pour ça qu'on est en déficit.
M. Gautrin: Mais c'est pour ça qu'il faut passer une
loi.
M. Garon: Deuxièmement, les moyens pour le
réaliser, les moyens pour réaliser l'objectif. Là,
actuellement, les objectifs, les fonctions gouvernementales, dans bien des
domaines, n'ont pas été remises en question depuis des
années. La réforme Parent, ça fait 30 ans. Il y a bien des
affaires qu'on n'a pas remises en question depuis des années.
M. Gautrin: Oui, les cégeps sont remis en question cette
année.
M. Garon: Alors, je vais vous rappeler, moi, qu'une fois
j'étais à une manifestation devant... Pas une manif,
j'étais allé voir, comme un gars de l'Opposition, j'étais
allé voir à la cathédrale de Rimouski. La
cathédrale était pleine de gens qui étaient enragés
contre le gouvernement à cause de la centralisation. J'étais
assis là, puis j'écoutais. À la fin, sur le perron de
l'église, je parlais avec les gens. J'ai dit: Oui, mais dans
l'éducation, vous êtes un peu responsables de ce qui est en train
de... Pourquoi vous avez bâti des grosses écoles? Vous auriez pu
avoir des écoles plus petites au lieu d'avoir des grosses écoles
centralisées, des écoles plus petites. Bien, ils ont dit: On
n'est pas capables. J'ai dit: Comment, on n'est pas capables? Des règles
du ministère, on ne peut pas, on est obligés d'aller de telle
façon, ça donne tel résultat. On ne veut pas ça, on
est contre ça, mais l'organisation de décision et de structure
est de telle façon que ça nous mène directement à
ça. Alors, voyez-vous, le problème, au fond... Aujourd'hui, les
villages se vident. On centralise. Les chicanes, elles sont prises entre les
grosses municipalités. Pourquoi? Parce que ce n'est plus rendu
l'intérêt des citoyens, l'objectif; c'est l'intérêt
des bureaucrates.
J'ai lu un livre qui m'a influencé, à un moment
donné, que je vous conseille, si vous lisez ça.
«L'entreprise et son pouvoir de marché», par Alex Jacquemin,
thèse qu'il a faite à l'Université de Stanford dans les
années cinquante, qui montre que beaucoup de fusions d'entreprises sont
faites non pas pour l'intérêt des actionnaires, mais dans
l'intérêt des dirigeants. Des fois, même, des fusions
néfastes sont faites parce que ça permet un meilleur train de vie
au directeur général, à ses adjoints puis aux dirigeants
de l'entreprise, et qu'un grand nombre de motivations dans des fusions, c'est
pour le confort de ceux qui administrent l'organisme.
Aujourd'hui, je regarde des grandes... Quand on ferme des entreprises
dans le lait, on ferme des entreprises dans les régions, puis on monte
le lait à Québec. Tu sais, on monte le lait de la
Matapédia. Avant, il était là, dans la fromagerie qu'il y
a là. Sauf que le lait qu'on monte à Québec pour faire
travailler à Québec... Pour faire 1 livre de fromage, ça
prend 10 livres de lait. Pour faire 1 livre de beurre, ça prend 20
livres de lait. Quel est l'intérêt de prendre le lait de la
vallée de la Matapédia puis monter ça à
Québec, plutôt que de le faire localement? Moi, je ne le vois pas.
Ça prend 20 camions au lieu de 1, quand il s'agit de faire du
beurre.
Sauf qu'on a créé des jobs, on a vidé les usines
là-bas, puis il y a une plus grosse affaire, puis le dirigeant peut dire
qu'il est en charge d'une plus grosse «business» quand il est dans
le centre-ville. Pourquoi elle est faite, la centralisation? Souvent, c'est
pour le confort de ceux qui la font. Pas pour le bien-être des citoyens,
pas pour le bien-être de l'efficacité. Ce n'est pas vrai. On fait
des éléphants aux pieds d'argile. Et les dinosaures, quand on
leur pèse sur la queue, ça leur prend une éternité
avant de tourner la tête. C'est ça qu'on est en train de
bâtir comme système. (12 h 50)
À mon avis, dans le cas de la santé et de
l'éducation, le problème n'est pas le problème
d'attrition. Dans la santé, moi, je trouve qu'il faut que le
gouvernement fasse bien attention parce qu'on a réussi quand même
à faire un système, qui n'est pas parfait, mais qui est meilleur
que ce qu'il y a ailleurs. Aux États-Unis, par exemple, ça leur
coûte 50 % plus cher pour la santé que nous autres. C'est 12 % et
quelques points de leur produit national brut.
Une voix: C'est ça.
M. Garon: oui. et ici, c'est 8 %. en tout cas, ça fait
moitié, moitié. mettons 14 %.
M. Chagnon: C'est ça, 14 %.
M. Garon: 50 % à peu près. À toutes fins
pratiques, ça coûte plus cher aux États-Unis par rapport
à tout ce qu'ils dépensent pour la santé, et ils ont 30 %
des gens qui ne sont couverts par aucun régime d'assurance.
M. Chagnon: C'est 30%, 37 000 000 d'habitants 37 000 000
d'Américains ne sont pas couverts.
M. Garon: Bien oui.
M. Chagnon: c'est 15 %.
M. Garon: Ah! c'est plus que ça, il y a 260 000 000, 250
000 000...
M. Chagnon: Alors, c'est un peu moins. C'est 12%.
M. Garon: non, 37 %...
M. Chagnon: 37 000 000...
M. Garon: 15 %.
M. Chagnon: 37 000 000 d'Américains ne sont pas
couverts.
M. Garon: Bien moi, je suis allé au congrès il y a
deux ans, et celui qui faisait la conférence disait que c'était
près de 30 %...
M. Chagnon: II a mal compris. C'est 37 000 000
d'Américains.
M. Garon: ...qui n'étaient pas couverts par un
système. Peu importe.
M. Chagnon: En tout cas, c'est beaucoup trop. C'est une fois et
demie le Canada.
M. Garon: II y a beaucoup de gens qui ne sont pas couverts par un
système. Vous dites 37 000 000? Mettons 37 000 000, si vous voulez.
M. Chagnon: C'est une fois et demie le Canada, ça.
M. Garon: C'est considérable, les gens qui ne sont
couverts par aucun système, alors que nous, on est couverts
entièrement. Alors, quand on travaille par rapport à un
système de même, moi, je pense qu'on doit y aller prudemment,
parce qu'on a un système qui, à la base, est un bon
système. C'est un bon système à ia base. C'est un
succès. C'est pourquoi je pense qu'il faut faire attention. Le
problème là-dedans, ce n'est pas un problème d'attrition,
c'est un problème, possiblement, de réajustement, de
réorganisation. La société a évolué, et les
gens ne fonctionnent pas de la même façon qu'il y a quelques
années.
Par exemple, quand j'étais ministre de l'Agriculture, je
regardais ça, je trouvais qu'on avait bien plus de services pour nos
vaches que pour notre monde. Parce que, nous autres, le docteur pour les
vaches, on le promène. On ne promène pas la vache, parce que
c'est gros, emmener une vache à l'hôpital. Alors, on laisse la
vache dans la grange et on promène le vétérinaire. Alors,
le vétérinaire fait des visites à domicile.
Dans le domaine de la médecine animale, on a deux systèmes
à part de ça. Je vais vous dire, j'ai contribué
à... Moi, en fait, j'enviais quasiment nos animaux, quand j'étais
ministre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je trouve qu'on a mis en place un système bien
plus efficace que le système de santé qu'on a pour les humains.
On avait deux systèmes qu'on a mis en place. Je vois le
député de Prévost qui les connaît, un système
de prévention, préventif, et un système curatif. Pourquoi?
Des visites pour faire en sorte que les animaux soient le moins malades
possible et, quand ils sont malades, le système le plus efficace
possible avec visites à domicile, s'il vous plaît. C'est
simplement quand il y a des grosses opérations qu'on déplace
l'animal. C'est un mosus de bon système. Pourtant, le
vétérinaire, il est aussi médecin que le médecin.
Au-
jourd'hui, ça a changé par rapport à autrefois.
Autrefois, on déplaçait le médecin.
M. Forget: Par contre, on paie. C'est que les agriculteurs paient
une partie de la visite pour ça.
M. Garon: Oui, mais ça ne coûte pas plus cher que
notre système de santé humaine, sauf qu'on a un mosus de bon
système de santé animale au Québec, bien meilleur encore
que le système de santé humaine. Pourquoi? Parce qu'on a
regardé en fonction des besoins. Il a été basé
essentiellement sur les besoins des animaux, alors que, dans le système
de santé, il faudrait se poser la même question. Le
problème, ce n'est pas Fattrition pour l'attrition, c'est: Quels sont
les besoins des gens et comment peut-on remplir les besoins des gens en
fonction de ce que le système a évolué?
Autrefois, les médecins n'avaient pas besoin de se
protéger contre les patients, comme aujourd'hui, parce qu'il n'y avait
pas de poursuites. Ils venaient à domicile. Le principal instrument du
médecin dans ce temps-là, je me rappelle, c'était le
bâton de popsicle. Il avait une petite palette en bois. Les trois quarts
du temps... Moi, je me rappelle quand j'étais petit gars, je me disais:
Les maladies, ça doit tout venir par la langue, c'est rien que ça
qu'il regarde. Il nous tirait la langue, il mettait le bâton dessus et il
disait: Dis «a»; dis «i»; dors deux jours et tu vas
être correct.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Aujourd'hui, les tests sont beaucoup plus
sophistiqués, mais je ne suis pas certain qu'ils sont... En grande
partie, parce que le médecin peut être poursuivi. Excepté
qu'il y avait une médecine, au fond, qui, sur le plan préventif,
était excellente, parce que, s'il y avait quelque chose de grave, il
t'envoyait à l'hôpital rapidement.
Aujourd'hui, je pense qu'il faut regarder, par rapport à nos
objectifs, les soins qu'on vise à donner et la façon de le faire.
Je vais vous dire, par exemple, que...
Le Président (M. Camden): En conclusion, M. le
député de Lévis, sur ces intéressants propos
d'ordre médical.
M. Garon: Oui. Ce que je veux dire, essentiellement, c'est que je
ne pense pas que ce qu'on vise actuellement, quand on touche la santé et
l'éducation, qu'on vise les bons objectifs, dans l'administration,
possiblement, au point de vue du gouvernement. Mais, dans nos institutions,
parce qu'on vise les institutions également, moi, je ne suis pas
certain, je suis même convaincu que ce n'est pas ça, le
problème. C'est la réorganisation en fonction des besoins et des
objectifs qu'on veut viser aujourd'hui qu'il faut remettre en cause,
c'est-à-dire: Qu'est-ce qu'on vise aujourd'hui, en 1993, en regardant
vers l'avenir, alors que, souvent, ces objectifs-là étaient
tracés il y a plusieurs années?
Le Président (M. Camden): On vous remercie, M. le
député de Lévis.
Est-ce que nous sommes prêts à adopter l'alinéa 2 de
l'amendement de l'article 5?
M. Gautrin: Je pense que le député de Lévis
a soulevé des questions qui étaient intéressantes, mais
qui étaient plus larges que, évidemment, le cadre du projet de
loi, et qu'il y aura d'autres endroits où on pourra en
débattre.
Le Président (M. Camden): Est-ce que nous sommes
prêts à adopter...
M. Léonard: Moi, j'ai d'autres remarques sur l'article
5.1.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Pendant tout le temps de la discussion ou de
la négociation du plan proposé, la réduction d'effectifs,
le public va être tenu dans l'ignorance parce que cette
discussion-là va se faire avec le Conseil du trésor et la
direction de l'organisme en cause. Et ça, ça peut durer
très longtemps. Et ça a pour effet de sortir la discussion de la
région ou de la localité où se trouve l'organisme et de la
transporter au siège du gouvernement, ou entre le gouvernement et la
direction de l'organisme, de sorte qu'il y a une période où le
public ne suit plus rien. Je le souligne parce que c'est important. Et
ça peut durer six mois, ça peut durer un an, deux ans
peut-être dans certains cas. Parce que, au nombre d'organismes qu'il y
aura là, il ne faut pas exclure cette possibilité. Dans les
ministères, ça dure parfois longtemps, l'approbation des plans
d'effectifs. Alors, si vous en avez des centaines et qu'il y a des
négociations, vous ne pouvez pas exclure que c'est ça qui va se
passer aussi.
Et ça a un effet très important sur le plan de l'exercice
même de la démocratie et de la transparence. Le
député de Verdun ne voit que la transparence à son niveau.
La démocratie, elle touche tous les citoyens et, au plan des organismes
locaux, normalement autonomes, c'est là que le débat se fait et
c'est là que les objectifs doivent être promulgués,
attribués, qu'ils doivent se discuter, se négocier. Quand vous
les transportez entre l'organisme et le Conseil du trésor, le
mécanisme de centralisation que ça implique va faire que le
débat ne se fera plus dans le milieu. Il va être reporté
sur le dos du gouvernement. Premier point.
Deuxième point, le député dit: On n'a pas le choix,
il faut voter pour un tel organisme parce qu'on va déposer ces
plans-là à l'Assemblée nationale. J'ai déjà
fait la remarque, je la répète. Ce qui est important,
dans le cas d'un organisme décentralisé, c'est que ce soit
publié dans son milieu, dans sa localité, dans sa région,
là où le débat doit se faire. Donc, c'est là qu'on
devrait faire une obligation de publication et non pas faire l'obligation de
dépôt à l'Assemblée nationale où, là,
on va assister à des réactions de la part des
députés. Parce que M. le député de Verdun vise
l'Assemblée nationale là-dedans, il vise le député.
Le député va regarder sa commission scolaire, peut-être
bien, mais, en réalité, il n'a pas de prise sur la
décision qui devra se prendre à la commission scolaire, parce que
ce sont les commissaires scolaires qui prennent les décisions. Il y a un
décalage entre la publication que vous faites et l'exercice même
des décisions du pouvoir qu'il y a à la commission scolaire.
C'est dans le milieu que ça doit être publié. Et, à
mon sens, l'article devrait être complètement modifié pour
que ce soit publié sur les lieux. S'il y a un plan de réduction
des effectifs, il doit être fait dans la commission scolaire et il doit
être publié. Et la véritable sanction doit venir des
administrés et des citoyens qui ont le droit de vote dans la commission
scolaire. Je prends l'exemple de la commission scolaire, mais on peut prendre
celui de l'hôpital, on peut prendre celui de l'université. Il y a
le conseil d'administration, il y a une communauté universitaire dans
une université. (13 heures)
L'exigence de publication doit se faire sur les lieux et non pas ici,
à l'Assemblée nationale. Je comprends, l'Assemblée
nationale, c'est l'autorité suprême sur le plan législatif,
et c'est vrai que nous devons connaître des choses là-dessus parce
que, lorsque nous exerçons notre pouvoir de législateurs
après, il faut connaître un minimum de renseignements. Mais, quand
on en est à discuter du plan d'affectation du personnel, c'est quelque
chose de précis, de concret, de volumineux, et moi, je ne vois pas ce
que ça va donner de plus de le déposer à
l'Assemblée nationale. Si on le dépose, on va faire une montagne
de papiers, dont un des éléments va intéresser un
député, point, puis ça s'arrête là.
L'essentiel, c'est que la démocratie de ces organismes-là
s'exerce dans le milieu et c'est là qu'il doit y avoir une exigence de
dépôt et de publication. Je mets en cause, effectivement, le fait
que ce soit le Conseil du trésor qui approuve. Là, c'est une
exigence de centralisation extraordinaire.
Alors, M. le Président, je pense que le député de
Verdun devrait faire quelques réflexions durant la pause que nous aurons
jusqu'à 15 heures, et revenir et me faire part de ses commentaires.
M. Gautrin: Est-ce que, M. le Président, vous suspendez
maintenant?
M. Léonard: II est 13 heures. M. Gautrin: II est 13
heures. Le Président (M. Camden): Considérant qu'il
est...
M. Léonard: II est même passé, à ma
montre.
Le Président (M. Camden): À votre montre, mais
à l'horloge, ici, à l'arrière...
M. Léonard: II est 13 heures.
Le Président (M. Camden): ...il est presque, il manque
quelques secondes. Nous allons suspendre nos travaux jusqu'à 13 heures
cet après-midi.
Des voix: 15 heures.
Le Président (M. Camden): À 15 heures. Excusez.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 15 h 19)
Le Président (M. Camden): La commission reprend ses
travaux sur le projet de loi 198, Loi sur la limitation de l'embauche dans les
organismes publics et l'imputabilité des administrateurs d'État
et des dirigeants d'un organisme public. Nous en étions à
l'article 5, à l'alinéa 2.
M. Léonard: La réplique était au
député de Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, au moment où nous
avons ajourné nos travaux, le député de Labelle
suggérait qu'on soit en mesure d'obliger des organismes locaux de
publier dans les journaux locaux ou régionaux les plans de
réduction d'effectifs. Je pense qu'il y aurait là l'obligation...
C'est un élément de lourdeur un peu difficile. Le fait que ces
plans sont rendus publics par dépôt à la Chambre, tout
document public peut être pris par les journalistes pour le publier dans
les journaux locaux. Je suis sûr que les députés se
chargeront avec célérité de les transmettre à leurs
organes locaux, et je ne vois pas la nécessité de faire un tel
amendement.
M. Léonard: Oh, mon Dieu! Est-ce que je pourrais
simplement porter à son attention que, dans le cas des modifications au
plan d'urbanisme de chaque municipalité, par exemple, les
municipalités sont obligées de publier les modifications...
M. Gautrin: Oui.
M. Léonard: ...et qu'il y a un règlement
très simple au ministère des Affaires municipales, qui pourrait
très bien convenir à ces organismes-là, qui ferait que la
publication serait faite dans les mêmes formes que c'est fait au plan
municipal. Le député de Verdun devrait se rendre compte que c'est
pratiquement de
même nature, parce que le plan d'effectifs de la commission
scolaire Pierre-Neveu, par chez nous, n'intéresse pas l'ensemble des
parlementaires ici, mais intéresse les citoyens qui habitent là
et le débat se fait là-bas. Si le député de Verdun
s'imagine qu'on va, ici, débattre du plan de réduction du
personnel de chaque commission scolaire, je pense qu'il fait fausse route, bien
honnêtement, bien simplement. Ça ne portera à rien.
Je voudrais juste qu'il prenne conscience que, en ce qui concerne la
Gazette officielle du Québec, qui est un organisme tout ce qu'il
y a de plus officiel, destiné à publier les gestes,
règlements, édits du Conseil des ministres, c'est public. Tout le
monde peut l'avoir, mais dans beaucoup de cas, finalement, ça ne se rend
jamais aux intéressés, pour toutes sortes de raisons, dont la
lourdeur, la centralisation, tout ce que vous voulez, finalement. Les gens
apprennent que le règlement a été adopté longtemps
après; certains, immédiatement, mais d'autres, longtemps
après. Ça donne une idée du problème que ça
pose en termes de communications avec les citoyens. Fondamentalement, quand lui
veut s'approprier et il pense contrôler ça ici à la table
du conseil ou de l'Assemblée nationale, en quelque sorte, je subodore
qu'il y a une espèce d'absence de confiance dans le jugement des
citoyens, dans leur capacité de régler leurs problèmes, de
régler les questions chez eux et de le faire dans un environnement
qu'ils vont comprendre. Mais le député de Verdun veut tout
attirer à lui-même, comme un vaste seigneur qui pense pouvoir tout
régler.
Je lui offre, encore une fois, la possibilité de modifier son
projet de loi parce que, moi, je trouve que l'essentiel n'est pas là.
L'essentiel, c'est que les citoyens soient parties au processus de
réduction des effectifs du personnel d'encadrement et autres, mais qu'il
sache pourquoi il fait cela et qu'il sache qu'il va avoir moins de services
s'il réduit le personnel d'encadrement, mais que, en contrepartie,
ça va lui coûter moins cher de taxes. C'est ça. Alors,
qu'ils fassent le débat, eux, plutôt que d'essayer de faire le
débat ici. On le sait très bien qu'on ne le fera pas ici, le
débat. C'est un dispositif inapproprié qui va engendrer un tas de
fonctionnaires, un tas de paperasse, plutôt que ce qu'il vise: la
simplification, la qualité des services, la qualité du
débat démocratique.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, d'abord, pour répondre
au dernier argument du député de Labelle, ça ne va pas
engendrer un tas de fonctionnaires strictement pour transporter les plans de
réduction de personnel entre le Conseil du trésor et
l'Assemblée nationale et pour les déposer. Je comprends qu'il
peut y en avoir beaucoup, mais il n'y a quand même pas besoin d'un tas de
fonctionnaires pour faire cela.
M. Léonard: Vous avez une pensée réductrice,
M. le député de Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, le point de vue du
député de Labelle de penser qu'on veut tout contrôler ici,
au niveau de l'Assemblée nationale, correspond à une mauvaise
lecture de ce projet de loi. L'objectif, c'est bien sûr d'être
informés, comme parlementaires, des plans de réduction, et,
après, on verra les articles sur l'imputabilité pour être
en mesure de suivre la réalisation desdits plans de
réduction.
M. Léonard: Publiez-vous dans la Gazette officielle?
Non. Vous ne l'avez pas dit.
M. Gautrin: II n'est pas question... Actuellement, on ne publie
pas dans la Gazette officielle, on dépose à
l'Assemblée nationale. Je ne vois pas d'où...
M. Léonard: Bien oui, mais... Excusez. M. Gautrin:
L'objectif, à l'heure actuelle...
M. Léonard: Je peux vous poser une question? On peut
échanger?
M. Gautrin: Bien sûr. (15 h 20)
M. Léonard: Bien, à ce moment-là,
c'était destiné juste à vos yeux, pas aux yeux du public,
le dépôt à l'Assemblée nationale.
M. Gautrin: Ça devient un document qui est public, et,
à ce moment-là...
M. Léonard: Bien, alors, quels sont les moyens de
publication? La Gazette officielle?
M. Gautrin: Pas du tout. Le dépôt à
l'Assemblée nationale. Ça devient un document public après
que je l'ai déposé à l'Assemblée nationale.
M. Léonard: Oui, mais ça reste ici. Ce n'est pas
publié, ça.
M. Gautrin: Bien, ça reste ici. Vous êtes libres,
comme parlementaires, de pouvoir le prendre et le faire publier dans vos
comtés, parce que vous êtes certainement responsables et soucieux
d'animer la vie démocratique dans votre circonscription.
M. Léonard: M. le Président, que le
député de Verdun se rende compte que sa réponse est
très éclairante. Il dit «comme parlementaires», mais
qu'est-ce qui est important, là? Que le débat se fasse dans le
public, dans le public concerné, par une institution
décentralisée?
M. Gautrin: Ce qui est important, à l'heure actuelle, dans
ce débat-là, et on ne parle pas de la même chose, c'est que
les réductions de personnel se fassent. C'est ça, l'important.
L'objectif, à l'heure actuelle, de ce projet de loi, c'est de
réduire la taille du personnel, tant dans la fonction publique que dans
les secteurs para et péripublic. Vous soulevez bien sûr la
question du secteur parapublic, et l'objectif, c'est de réduire le
personnel, la taille du parapublic. Pour s'assurer que les plans de
réduction de personnel sont bien suivis, il est important, un, de les
connaître, et deux, de s'assurer qu'ils seront réalisés. Je
n'écarte pas du tout l'importance aussi que la population soit
informée, mais entre l'obligation d'informer et le fait que les gens
soient informés, il y a une différence.
M. Léonard: M. le Président, je reviens sur ce que
j'ai dit hier matin par rapport à la réponse du
député de Verdun. Je reviens à ce qu'il a dit, à ce
que nous avons dit. Il n'y a aucune sanction. Il n'y a rien que vous pouvez
faire si votre objectif de réduction n'est pas assuré. Il n'y a
rien que vous pouvez faire. Qu'est-ce que ça va vous donner de lire le
plan de réduction des effectifs de la commission scolaire Pierre-Neveu
si vous ne pouvez apporter aucun correctif et si les citoyens eux-mêmes
ne sont même pas au courant de la négociation qu'il y a eu entre
le Conseil du trésor et le directeur général de la
commission Pierre-Neveu?
M. Gautrin: Ça vous permettra deux choses, M. le
député. Premièrement, ça vous permettra
d'être en mesure, puisqu'on suit la commission scolaire Pierre-Neveu, de
pouvoir informer les gens de votre localité qui sont touchés par
la commission scolaire Pierre-Neveu de ce qui se passe comme plan de
réduction d'effectifs. Deuxièmement, ça vous permettra,
dans la suite du débat, de pouvoir assumer et vérifier
jusqu'à quel point ce plan de réduction d'effectifs est
réalisé.
M. Léonard: Mais le plan sera déjà
adopté par le Conseil du trésor, si ça arrive
jusque-là. Que le député soit au courant ou pas, il ne
pourra rien y changer.
M. Gautrin: Non. C'est exact.
M. Léonard: Alors, c'est une information qui va rester
ici. Ce que je vous propose, c'est de décentraliser le processus.
Déjà, ça va être plus acceptable, parce que les
gens, peut-être, vont l'accepter, la réduction du personnel.
Là, ça se fait complètement en dehors de leur...
M. Gautrin: Mais non, pas du tout. Dans le mécanisme
d'établissement des plans de réduction de personnel des
organismes locaux, commissions scolaires, hôpitaux ou CLSC, rien
n'empêche de pouvoir faire participer la population à ce travail
de réduction de personnel, mais il n'y a pas une obligation
légale de le faire.
M. Léonard: En tout cas, le Conseil du trésor
connaît mieux les besoins que les citoyens eux-mêmes et le
député. C'est ça que ça veut dire. M. le
Président, je vois que le député de Verdun agit comme un
ministre qui refuse d'entendre raison à ce que lui dit l'Opposition. Ha,
ha, ha!
M. Gautrin: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): Alors, je dois donc comprendre
qu'il ne s'agit pas nécessairement d'un compliment.
M. Léonard: Ce n'est pas nécessairement un
compliment. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Pour quelqu'un qui a été ministre
pendant huit ans, je comprends ce que vous voulez dire. Ha, ha, ha!
M. Léonard: Non, c'est parce que là ils ne sont
même pas là pour se défendre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): Est-ce que
l'alinéa...
M. Léonard: Je peux juste dire, comme commentaire, que ce
débat-là a été tenu justement au sujet de la loi
125. Les obligations de publication étaient très importantes pour
faire fonctionner le projet de loi. Ce n'était pas du tout publié
ici, c'était publié dans les journaux locaux. Quand je lui parle
de ce dossier-là...
M. Gautrin: Vous le connaissez très bien, je le sais.
M. Léonard: ...j'ai eu quelques expériences
là-dessus.
M. Gautrin: Je suis d'accord avec vous. Je ne conteste pas que
vous ayez de l'expérience.
M. Léonard: II ne faudrait pas baisser les bras tout de
suite comme ça, là, par rapport à une objection. Il faut
prendre le temps de les regarder.
M. Gautrin: Je ne baisse pas les bras du tout, au contraire.
Le Président (M. Camden): Alors, est-ce que
l'alinéa 2 est adopté?
M. Léonard: Ah non. Sur division.
M. Gautrin: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté sur division.
Est-ce que l'amendement apporté à l'article 5 est
adopté?
M. Gautrin: Adopté. M. Léonard: Sur
division.
Le Président (M. Camden): Sur division. Est-ce que
l'article 5 est adopté?
M. Gautrin: Adopté.
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Camden): Sur division toujours, bien
sûr. J'appelle donc l'article 6.
M. Gautrin: L'article 6, M. le Président.
Renseignements relatifs aux personnes mises en
disponibilité
Le Président (M. Camden): Je dois comprendre qu'il y a un
papillon de déposé? M. le député de Verdun, vous
avez...
M. Gautrin: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Camden): ...un amendement, je crois,
à soumettre.
M. Gautrin: II y a un amendement à déposer pour
clarifier le débat. Il s'agit d'un article, l'article 6, qui facilite la
circulation des informations et le reclassement. ..
Le Président (M. Camden): Est-ce que je peux vous faire
une suggestion?
M. Gautrin: Oui.
Le Président (M. Camden): Peut-être lire
l'amendement...
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Camden): ...au premier chapitre et,
après ça, nous formuler vos commentaires.
M. Gautrin: L'article 6 du projet de loi 198 est modifié
par le remplacement, dans les quatrième, cinquième et
sixième lignes, des mots «le nom des personnes mises en
disponibilité et tous les autres renseignements requis pour les fins de
l'application de l'article 5» par les mots «tout renseignement
relatif aux personnes mises en disponibilité suite à
l'application de la présente section».
Le Président (M. Camden): Alors, voici la teneur de
l'amendement. Il est, en fait, recevable.
M. Gautrin: Je l'ai envoyé à M. le
secrétaire, M. le Président.
Le Président (M. Camden): M. le secrétaire en prend
connaissance. Il est recevable. Est-ce que vous avez des commentaires à
formuler sur...
M. Gautrin: M. le Président, l'amendement vient modifier
l'article 6 initial dans la loi, et c'est un amendement de concordance,
évidemment, puisqu'on a changé, en substance,
considérablement l'article 5. On a donc eu un amendement de concordance
pour permettre la circulation des renseignements. On a
préféré dire «tout renseignement relatif»
plutôt que le nom et tout renseignement relatif, puis on a biffé
«de l'application de l'article 5», parce que ça s'applique
à tout l'ensemble de la section.
M. Léonard: Est-ce que l'exposé du ministre est
terminé?
M. Gautrin: Ha, ha, ha! L'humour du député de
l'Opposition est...
Le Président (M. Camden): Quelle flatterie, qui ferait
sûrement l'envie des membres du Conseil des ministres, et il y aurait de
quoi, évidemment, à semer de l'inquiétude.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Bon. Est-ce que je peux poser un certain
nombre de questions?
M. Gautrin: Oui, bien sûr.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: D'abord, j'ai écouté
attentivement, il me semble, le député de Verdun. Il a dit que
c'était un amendement de concordance, puis, après ça, il
s'est repris un peu en disant que c'était «le nom et tous les
autres renseignements relatifs pour les fins de l'application de l'article
5». Je vais simplement lui dire que son amendement... Son
sous-amendement... Non, son amendement, son amendement. Son amendement
étend de façon considérable le champ des renseignements
disponibles à tout organisme. Ce n'est pas du tout, du tout la
même rédaction. Je pense que, là, il faudrait quand
même être conscient de ça.
Et je lui pose la question: A-t-il consulté le Pro-
tecteur du citoyen? A-t-il consulté la Commission de la fonction
publique et la Commission d'accès à l'information? Parce que ce
qui est demandé, ici, c'est qu'un organisme communique à un autre
organisme tout renseignement relatif aux personnes mises en
disponibilité suite à l'application de la présente
section. Tel que rédigé, c'est les «personnes mises en
disponibilité suite à l'application de la présente
section». Alors, on transfère tout renseignement relatif à
cette personne, tandis que, dans le libellé antérieur, ce
n'était pas du tout la même chose: c'était le nom de la
personne et les renseignements requis pour les fins de l'application de
l'article S. Point. Ça s'arrêtait là. Là, on dit que
tous les renseignements que l'organisme détient sur une personne, on les
transfère à l'autre organisme qui en fait la demande. C'est
ça, là? C'est considérable. Ça ne se limite pas
simplement aux renseignements pertinents à l'application de l'article 5.
C'est très différent. (15 h 30)
Est-ce que le député se rend compte de la portée
considérablement élargie de l'amendement qu'il propose et qui a
maintenant des effets sur le secret des renseignements personnels? C'est
ça que vous êtes en train de proposer. C'est très
élargi. En fait, vous prenez le dossier au complet et vous le
transmettez à tout autre organisme public qui en fait la demande. La
personne n'est même pas transférée. Donc, dès que
quelqu'un est mis en disponibilité, son dossier devient public, en
quelque sorte. En fait, tous les organismes publics, et je suppose que
ça réfère aux articles 1 et 2, peuvent connaître le
dossier d'une personne mise en disponibilité. Est-ce que le
député de Verdun ne trouve pas qu'il y va un peu fort? Est-ce que
lui, s'il était mis en disponibilité, accepterait que son dossier
se promène dans tous les organismes publics? Non, mais soyons
responsables.
M. Gautrin: Personnellement, aucun problème, mais
enfin...
M. Léonard: Alors, je lui demande s'il a posé la
question à la Commission de la fonction publique, au Protecteur du
citoyen, à la Commission d'accès à l'information. Est-ce
qu'il admet que ma question a une certaine importance?
Une voix: L'Office des ressources humaines.
M. Léonard: L'Office des ressources humaines. Enfin, tous
ceux qui touchent au dossier.
M. Gautrin: Essentiellement, on a quand même
consulté la Commission d'accès à l'information, qui
était l'organisme le plus touché par ça.
M. Léonard: C'est le dossier complet. Il y a des
renseignements très personnels là-dedans qu'un employé
communique à son employeur. Est-ce que je fais hésiter le
député de Verdun? Je vois qu'il demeure muet.
M. Gautrin: II est muet pour l'instant. Ha, ha, ha! M. le
Président, est-ce que vous pourriez suspendre les travaux pendant cinq
minutes?
Le Président (M. Camden): À votre demande, nous
allons suspendre pendant quelques minutes nos travaux.
(Suspension de la séance à 15 h 33)
(Reprise à 15 h 46)
Le Président (M. Camden): Nous reprenons nos travaux. M.
le député de Verdun, je pense que vous avez de grandes annonces
à nous faire.
M. Gautrin: M. le Président, je crois que le
député de Labelle avait des remarques tout à fait
pertinentes quant à la portée de l'amendement que nous avions
déposé, et j'aimerais le retirer, M. le Président, et
déposer un autre amendement.
Le Président (M. Camden): Est-ce qu'il y a consentement
à la suggestion du député de Verdun de retirer son
amendement?
M. Léonard: Oui. M. le Président, nous voulons
éviter au député de Verdun de s'engager sur un terrain
ultraminé; on a même parlé d'un terrain bosniaque. Alors,
on va lui sauver la vie.
Le Président (M. Camden): Alors, votre magnanimité
vous honore.
M. Gautrin: Je remercie le député de Labelle.
Merci. Alors, le nouvel amendement à l'article 6 serait le suivant:
L'article 6 du projet de loi 198 est modifié par le remplacement, dans
la sixième ligne, de ce qui suit: «l'article 5» par ce qui
suit: «la présente section».
Le Président (M. Camden): Est-ce que vous en avez une
copie?
M. Gautrin: J'en ai une copie, nécessairement, pour le
secrétaire.
Le Président (M. Camden): Nous recevons votre
amendement.
M. Gautrin: Alors, suite à ce nouvel amendement, M. le
Président, disons, mon discours de présentation que j'ai fait
tout à l'heure, là, est parfaitement cohérent. Il s'agit
bien d'un amendement de pure forme et qui vient strictement ici se
réadapter par rapport à ce qui avait déjà
été. Compte tenu que l'article 5 a été
considérablement modifié, on essaie ici simplement de
préciser la portée de l'amendement.
Le President (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: O.K. Alors, M. le Président, revenons
donc pratiquement à l'article 6, amendé selon le nouvel
amendement. Alors, je repose les questions au député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, est-ce que c'est sur
l'amendement ou est-ce qu'on reprend le débat sur l'ensemble de
la...
Le Président (M. Camden): Sur l'amendement du
débat.
M. Léonard: Sur l'amendement de la présente
section, je pense que... Oui, à l'amendement. Moi, je n'ai pas de...
M. Gautrin: II est purement de forme.
M. Léonard: Oui, il est de forme, mais... Il est de forme,
oui.
Le Président (M. Camden): Alors, l'amendement
apporté à l'article...
M. Léonard: Enfin... Attendez un peu. Qu'est-ce que
ça veut dire, ça, «la présente section telle
qu'amendée»?
M. Gautrin: «La présente section», à ce
moment-là, c'est la section II du projet de loi, à savoir les
articles 3, 4, 5, 6 et 7.
M. Léonard: Mais disons que... Ce que je comprends... Les
termes «de la présente section», plutôt que les mots
«de l'article 5» de l'actuel article 6, réfèrent
strictement aux personnes mises en disponibilité par un organisme
public. Tel que l'article 6 est rédigé, c'est toutes les
personnes visées par la présente section. Très large.
Ça veut dire que toute personne qui serait susceptible de bouger...
M. Gautrin: Non, par l'application... (15 h 50)
M. Léonard: non, écoutez, si vous voulez me laisser
finir, là... non, mais attention... «la présente
section» a touché des personnels, des coupures, 20 % et 12 %, mais
plus que ça. le député de verdun, par ses amendements, a
amené les organismes, par exemple une commission scolaire, à
déposer un plan de réduction du personnel. alors, quand il
introduit, dans son amendement, au lieu de l'article 5 qui ne visait que les
personnes mises en disponibilité, «des personnes [...] pour les
fins de l'application de la présente section», il touche tout le
personnel; tout le personnel. parce que, dans vos plans de réduction du
personnel de chacun des organis- mes d'État, des ministères et
des organismes décentralisés, tout le monde est inclus dans un
plan de réduction du personnel, pas juste les personnes mises en
disponibilité. Vous allez devoir réagencer les organigrammes,
nécessairement. Donc, quand vous dites «la présente
section», là vous passez le balai sur les 400 000 employés
du public, parapublic et péripublic. C'est ça que ça veut
dire. Ce n'est pas juste les personnes mises en disponibilité quand on
dit «pour les fins de l'application de la présente
section».
(Consultation)
M. Gautrin: Bien, écoutez, M. le Président,
là on dit je reviens quand même sur l'amendement: «le
nom des personnes mises en disponibilité et tous les autres
renseignements requis pour les fins de l'application de la présente
section». Donc là, si vous me permettez, là, je comprends
le raisonnement de...
M. Léonard: Je pose la question, mais je pense que j'ai
raison.
M. Gautrin: Je pense, si vous me permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Camden): On vous permet, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: ...que l'argumentation du député de
Labelle n'est pas correcte, car on réfère clairement ici au nom
des personnes mises en disponibilité et tous les renseignements requis
pour les fins de l'application... Autrement dit, est-ce que votre
argumentation, c'est que vous pensez que tous les renseignements requis, ce
n'est pas les renseignements requis sur les personnes mises en
disponibilité?
M. Léonard: Non, c'est plus large que ça. M.
Gautrin: C'est plus large que ça. M. Léonard: Ah, je
pense que oui. M. Gautrin: Je pose la question pour...
M. Léonard: Je pense que oui. En tout cas, c'est ambigu,
pour le moins.
M. Gautrin: Si c'est ça, très franchement, on va
essayer quand même de s'entendre sur la rédaction. L'objectif de
ceci et de la rédaction, c'était tous les renseignements requis
sur les personnes mises en disponibilité. Alors, là, ce que vous,
vous arguez, c'est que la rédaction vous amènerait
éventuellement à vous dire: l'ensemble de tous les renseignements
requis sur tous les fonctionnaires et toute la fonction publique. Je ne crois
pas que ce soit...
M. Léonard: Potentiellement, potentiellement, c'est
ça que ça veut dire.
M. Gautrin: Je ne crois pas que ce soit le sens de l'article
actuellement. S'il peut y avoir un doute, on va essayer de clarifier tout de
suite, parce que ce n'est pas du tout le sens qu'on veut couvrir, ni au
début ni maintenant, dans cet article. Alors, si ça prête
à confusion, posons donc tout de suite qu'on va essayer de clarifier
ça.
M. Léonard: Bien, M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...je pense qu'effectivement il y a une
ambiguïté dans la rédaction du nouvel amendement, telle que
proposée. Je vais juste le lire et vous allez voir: «Malgré
la Loi [...] tout organisme public doit communiquer à tout autre
organisme public qui lui en fait la demande le nom des personnes mises en
disponibilité et tous les autres renseignements requis pour les fins de
l'application de la présente section.» Pour les fins de
l'application de la présente section. Alors, «la présente
section» porte en particulier sur le plan de réduction du
personnel de chaque organisme, ministère. Alors là,
peut-être que vous le lisez dans un sens restrictif, mais une autre
personne peut le lire dans un sens très large. Il peut balayer toute la
présente section, tout ce qui est impliqué là-dedans.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: ...est-ce que vous me permettez de suspendre pendant
deux minutes, suite aux interventions du député de Labelle.
Le Président (M. Camden): Alors, nous allons suspendre nos
travaux pendant quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 55)
(Reprise à 16 h 1)
Le Président (M. Camden): Alors, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Camden): Avez-vous une déclaration
ministérielle à nous faire?
M. Gautrin: Merci. Compte tenu des remarques, toujours, du
député de Labelle, que je remercie de me servir de guide
je vais quasiment le prendre pour mon ange gardien est-ce qu'on pourrait
retirer le dernier amendement que nous avons déposé, si vous
êtes consentant?
M. Léonard: Oui, on va consentir, encore une fois, pour
éviter un terrain bosniaque, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Alors, l'amendement est
retiré?
M. Gautrin: Et nous redéposons, pour bien préciser
que nous ne voulons pas obtenir tout sur tout le monde, que l'article 6 du
projet de loi 198 est modifié par le remplacement, dans les
cinquième et sixième lignes, de ce qui suit: «pour les fins
de l'application de l'article 5» par ce qui suit: «en regard de ces
personnes pour les fins de l'application de la présente section».
Cela, de manière à bien préciser que tous les
renseignements que nous requérons soient simplement sur des personnes
qui sont mises en disponibilité, et non pas une lecture extensive, que
d'aucuns auraient pu faire de l'article tel qu'il était
rédigé et où, à ce moment-là, tout
renseignement sur tout le monde était en train de circuler des uns aux
autres.
M. le Président, je déposerais, à ce
moment-là, cet amendement. Je crois qu'il y a peut-être un
élément technique. On avait déjà adopté
l'ancien amendement, non? Pas encore? Bon. Alors, tenez.
Le Président (M. Camden): Nous avions gardé une
porte ouverte, considérant de multiples hypothèses.
M. Gautrin: Je vous remercie de la porte ouverte que nous avions.
Alors, cette nouvelle rédaction, d'abord, est à la fois de
concordance, d'une part; d'autre part, elle répond aux interrogations
que le député de Labelle avait quant à l'immensité
des documents, disons, une certaine lecture que nous aurions pu avoir de
l'article 6. Mais je comprends que tout le débat sur le fond de
l'article 6 reste à faire.
M. Léonard: M. le Président, je vois que la
rédaction s'est améliorée. Il y a quelques terrains
minés d'évités, mais je ne suis pas sûr qu'on n'est
pas, de toute façon, en terrain miné, parce que, M. le
Président, on est dans le domaine des renseignements personnels et,
quand le député propose de demander à tout organisme
public de communiquer, c'est un ordre: «doit communiquer à tout
autre organisme public» les renseignements sur des personnes. A qui lui
en fait la demande, quand même: «doit [...] qui lui en fait la
demande». Il y a une obligation qui est faite, sur des personnes mises en
disponibilité.
Je comprends qu'on a restreint le domaine des renseignements à
tous les autres renseignements requis à l'égard de cette personne
pour les fins de l'application de l'article 5. Il reste que, là, on est
en train de transférer d'un organisme à l'autre des
renseignements de nature personnelle, sans demander la permission de la
personne en question. Je repose la question au député de Verdun:
A-t-il fait sauter l'Office des ressources humaines? A-t-il consulté la
Commission d'accès à l'information? A-t-il consulté le
Protecteur du citoyen? A-t-il consulté la Commission de la fonction
publique? Et, autre chose, parce que, là, je comprends que lorsqu'on
vise toute la section V on est allé balayer toutes les commissions
scolaires. On va me dire qu'on réduit ça aux personnes mises en
disponibilité mais, sur ces personnes-là, pour tout ce qui
concerne la cinquième section, la présente section, une
commission scolaire est obligée de transmettre ces renseignements
à un autre organisme qui les demande. C'est que, là, on fait un
chassé-croisé immense dans le Québec au sujet de ces
personnes-là. Un CLSC qui voudrait engager un professeur mis en
disponibilité, par exemple, demande à la commission scolaire de
lui fournir la liste des noms des personnes mises en disponibilité et
tous les autres renseignements requis sur cette personne pour les fins de
l'application de la présente section. Moi, je trouve qu'on est large;
c'est très large. Je ne sais pas, mais je trouve ça
exorbitant.
Mais revenons au gouvernement. Au gouvernement, il y a un office des
ressources humaines. Vous n'en parlez pas là-dedans. Le ministère
des Forêts veut engager quelqu'un qui vient du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche, similaire, etc. Là, ça se fait par-dessus la
tête de l'Office des ressources humaines. Vous ne le mettez pas
là-dedans. Je disais: un CLSC veut engager quelqu'un qui vient d'une
commission scolaire; obligation de transmettre les renseignements. Et puis,
«pour les fins de l'application de la présente section», M.
le Président, c'est très large, parce que les fins d'application
de la présente section touchent les organigrammes, et là vous
êtes obligé d'aller chercher les compétences de la personne
mise en disponibilité. Donc, à toutes fins pratiques, c'est le
dossier complet qui vient de circuler. C'est ça que ça veut
dire.
Moi, je pense, M. le Président, que l'amendement qui est
proposé améliore, effectivement, l'article, mais il se greffe
à un article pourri. Là, qu'est-ce que vous voulez, vous ne
pouvez pas opérationaliser ça. C'est très gros. Ce que je
dis là: On ne peut pas faire ça. Je veux bien qu'on soit dans un
parlement-école, mais il y a quand même des limites. Je vais au
moins manifester mon opposition, M. le ministre.
M. Gautrin: Ha, ha, ha! Merci, M. le premier ministre.
M. Léonard: Ha, ha, ha! Je pense que le
député de Verdun doit admettre les interrogations que je me pose.
Il devrait consulter. Il devrait consulter le Protecteur du citoyen
là-dedans et la Commission d'accès à l'information;
j'aimerais ça, savoir ce qu'ils en pensent. Vous dites:
«Malgré la Loi sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements personnels»; ça,
le gouvernement a utilisé la clause «nonobstant» de la
Constitution canadienne dans la loi 178. Il y a eu quelques problèmes
à la suite de ça. Là, c'est la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels. Vous voyez que c'est une clause «nonobstant» assez
forte. Vous faites sauter ça.
Moi, je trouve qu'il y a des problèmes derrière cet
article et derrière, aussi, l'amendement que vous venez de proposer. Il
y a des problèmes majeurs, parce que l'amendement, «pour les fins
de l'application de la présente section», c'est large, ça.
Ça va toucher les organigrammes. Donc, vous allez chercher le dossier de
la compétence professionnelle, le dossier personnel, beaucoup de choses.
À mon sens, c'est tout le dossier de la personne en cause qui est
impliqué là-dedans. (16 h 10)
Je manifeste mes interrogations, M. le Président, à
l'endroit de l'article et de l'amendement déposé par le
député de Verdun. Je pense que je n'ai pas encore
manifesté formellement une objection, mais ça s'en vient dans ce
sens-là.
M. Gautrin: Alors, pour répondre d'abord...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, dans un élément
de gestion et de rationalisation du personnel, je crois qu'il est important que
le maximum d'information puisse circuler et puisse être rendu, pas public
mais puisse passer d'un organisme public à un autre organisme public.
Autrement dit, si un organisme public se doit d'engager quelqu'un, il est
souhaitable qu'un organisme public engage quelqu'un qui a été mis
en disponibilité ou qui a été impliqué dans un plan
de réduction. Il s'agit certainement d'un élément de saine
gestion.
Vous avez parlé de l'Office des ressources humaines. Il est clair
que cet office ne touche pas une partie des organismes publics qui sont
visés par ce projet de loi.
En dernier lieu, si on parle de la Commission d'accès à
l'information, là vous soulevez un point qui est un point important,
parce qu'on a une clause qui dit: «Malgré la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels, tout organisme public doit». Donc, on devrait
dire... L'opinion de la Commission, qui est l'opinion juridique de la
Commission, signale qu'on n'aurait pas besoin de faire référence
à la loi sur l'accès à l'information, parce que l'article
ne va pas en contradiction de la Loi sur l'accès aux documents des
organismes
publics et la protection des renseignements personnels. Mais, par mesure
de sécurité, pour éviter qu'on ait quoi que ce soit comme
problème, je pense qu'on va le laisser là, du moins pour
l'instant. Mais l'opinion... Après analyse, la Commission me prie de
vous informer que le texte de l'article aurait avantage à être
modifié afin de retirer toute référence à la loi
sur l'accès. En effet, l'objectif visé par l'article 6 pourrait
être atteint sans aucune dérogation à cette loi.
M. Léonard: Alors, pourquoi vous y dérogez? M.
Gautrin: Ah!
M. Léonard: C'est une consultation. Est-ce que vous pouvez
la déposer?
M. Gautrin: Ce n'est pas une consultation, c'est une lettre, et
je pense qu'on ne peut pas la déposer comme telle, mais je n'ai pas
de...
(Consultation)
M. Léonard: Je vais essayer de sensibiliser, si on me
permet, M. le Président.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle, oui.
M. Léonard: Je vais essayer de sensibiliser le
député de Verdun à un fait bien simple. Il a
déjà fait du syndicalisme, n'est-ce pas? S'il était
syndicaliste encore et qu'un tel article de loi était proposé,
est-ce qu'il aurait la même réaction que maintenant, alors que
les... Et vous avez été dans la direction de syndicat, et votre
objectif, votre mandat, c'était de protéger vos membres. Est-ce
que vous pourriez accepter un tel article de loi?
M. Gautrin: La réponse...
M. Léonard: Je penserais que, là-dessus...
M. Gautrin: ...c'est clairement oui. La réponse, c'est
clairement...
M. Léonard: Maintenant, là, vous êtes...
M. Gautrin: La réponse, c'est clairement oui, parce que,
regardez bien quel est l'objectif, à l'heure actuelle, et quel effet
ça a. C'est de faciliter...
M. Léonard: Seriez-vous sûr d'être
réélu comme président de syndicat?
M. Gautrin: Je pense qu'indubitablement, avec cet... Regardez
quel est l'objectif de l'article.
M. Léonard: Ha ha, ha!
M. Gautrin: Sérieusement, sans rire, sans faire de...
Regardez la question. La question, c'est de faciliter aux personnes qui vont
être mises en disponibilité la possibilité de retrouver un
emploi, et c'est ça, le but de cet article-là. Cet
article-là est un article pour replacer, pour réallouer d'une
manière optimale les ressources. Il s'agit, faites bien attention, de:
«tout organisme public doit communiquer à tout autre organisme
public qui lui en fait la demande le nom des personnes mises en
disponibilité». Donc, on est bien conscient, à l'heure
actuelle, qu'on est en train de parler des personnes qui sont mises en
disponibilité. Et, dans une stratégie optimale de
réallocation des ressources, plutôt que de devoir ou de pouvoir
réengager des personnes qui sont... Si jamais un organisme public a
à réengager des personnes, il est préférable qu'il
puisse réengager des gens qui sont mis en disponibilité. Et
l'information qui a circulé... On n'est pas en train de parler de choses
énormes et puis majeures ou quoi que ce soit, on est en train, tout
simplement, par cet article-là, de dire: Lorsque, dans l'application des
articles 3, 4 ou S, des gens vont être mis en disponibilité, il
est important aussi qu'on facilite, entre guillemets, le recasement des
personnes mises en disponibilité, le cas échéant. Et c'est
ça, l'objectif qui est dans cet article. On n'est pas en train de
dévoiler les informations sur tout le monde ou tous les gens; on essaie
simplement, par ce biais-là, de ne pas toucher simplement les gens de la
fonction publique, qui, bien sûr, sont couverts par les mécanismes
que vous connaissez à l'intérieur de l'Office des ressources
humaines, mais aussi ceux qui, dans les organismes publics visés aux
autres articles et qui ne sont pas nécessairement des employés de
la fonction publique, vont ou risquent d'être mis en disponibilité
par application de la présente loi.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je comprends l'objectif du
député de Verdun, mais il connaît aussi un dicton que tous
connaissent: L'enfer est pavé de bonnes intentions. Quelles sont les
conséquences de ce qu'il propose dans cet article-là?
M. Gautrin: Allons-y.
M. Léonard: Regardez bien. Regardez bien, tout le monde
sait comment les renseignements personnels peuvent être sensibles,
surtout dans le domaine de l'embauche et du «recasement» des
personnes. Vous dites ceci: «tout organisme public doit communiquer
à tout autre organisme public qui lui en fait la demande le nom des
personnes mises en disponibilité». Donc, vous, vous êtes
dans un hôpital quelque part, et puis, à 50 km de là, vous
avez un autre hôpital, et puis ils échangent leur
liste de mise en disponibilité. La liste, le nom des personnes,
c'est sur une liste. Vous connaissez tous ceux qui sont en difficulté
quelque part parce que, normalement, si vous faites une réorganisation
de vos effectifs, vous regardez ceux qui sont les plus aptes ou, entre
guillemets, je pourrais dire les meilleurs. L'autre aussi fait la même
chose, puis là il y a une liste qui circule de gens qui vont
disparaître. Là, vous mjnez la réputation. Est-ce que vous
pouvez garantir qu'une telle liste ne circulera pas? Elle va circuler,
nécessairement, surtout que vous avez dit, dans vos deux
premières lignes: «Malgré la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels». Donc, vous venez d'écarter cette loi-là. Donc,
là, ça circule. Il n'y a plus d'embûches, il n'y a plus
d'entraves. Il y a des problèmes majeurs.
Et c'est pour les fins de l'application de la présente section,
M. le Président, c'est pour les fins de l'application de la
présente section. L'application de la présente section,
là, ça touche toute la réorganisation et le plan de
réduction des personnels. C'est extrêmement large. Alors,
là, les listes circulent. J'emploie l'expression «50 km entre les
deux», mais ça peut être l'hôpital voisin. Mettez-vous
sur l'île de Montréal: tout le monde échange ses listes de
disponibilité. Je peux juste vous dire que ce n'est pas
intéressant pour quelqu'un d'apprendre tout à coup que son nom
est sur une liste qui circule dans un hôpital quelque part, et
lui-même va faire ses propres démarches pour essayer de se
recaser, mais c'est su de tout le monde. Tout est su de tout le monde. Parce
que si, vous, vous faites une réorganisation puis que vous avez à
embaucher, après, vous demandez la liste de tout le monde, de tous les
hôpitaux dans le coin. Disons que vous êtes dans le régime
hospitalier.
Voyez-vous que «les fins de l'application de la présente
section», là, ça en balaye large, ça aussi. Puis
vous êtes dans le domaine du renseignement personnel. Personnel,
ça comprend le nom, mais «tous les autres renseignements requis
pour les fins de l'application». Donc, quand vous dites
«l'application de la présente section», dans une
réorganisation, c'est le curriculum au complet qui y passe. Moi, j'ai
des problèmes avec ça, même avec l'amendement que vous
proposez. Et oui... Ah! Qui définit les renseignements requis? C'est
quoi, les renseignements requis? Ici, au gouvernement, on a l'Office des
ressources humaines qui est, en quelque sorte, le courtier entre les
ministères, si on peut dire, le courtier. (16 h 20)
Une voix:...
M. Léonard: Là, là, le problème qui
est soulevé... Je voudrais attirer l'attention du député
de Verdun; est-ce que le député de Verdun peut
m'écouter?
(Consultation)
M. Gautrin: Oui, continuez. Je m'excuse.
M. Léonard: Je veux juste dire que, par exemple, au
gouvernement, l'Office des ressources humaines a la liste; un organisme ou un
ministère va transmettre sa liste à l'Office des ressources
humaines et il va gérer cette liste. Mais ce n'est pas mentionné
ici. Enfin, je suppose qu'on n'a pas aboli l'Office des ressources humaines,
là. Mais mettons-nous ailleurs, entre deux commissions scolaires. C'est
un cas classique. II n'y en a pas, d'office des ressources humaines, entre les
deux. Done, ils se transfèrent directement leur liste de
disponibilité. Il n'y a personne qui définit les renseignements
requis et personne ne garantit la confidentialité de ces
renseignements-là. Vous êtes en terrain super-mi-né
super-miné. Ça n'a pas de bon sens. Tu sais, ça n'a pas de
bon sens.
M. Gautrin: Non, je ne pense pas qu'on soit en terrain
miné. Je suis en train de réfléchir, par contre... Je ne
pense pas qu'on soit en terrain miné. Il ne faut pas, quand
même... Il y a une question, là. C'est les renseignements requis
pour l'application de cette loi-là.
M. Léonard: C'est quoi? C'est quoi? Donnez-moi les...
C'est quoi, les renseignements requis? Un exemple, allez-y.
M. Gautrin: Oui, allons-y, tranquillement. Ça, c'est assez
facile, c'est des choses qui touchent les curriculum vitae, sur les gens...
M. Léonard: Le statut marital. Le curriculum vitae,
ça comprend ça.
M. Gautrin: Le curriculum vitae, oui.
M. Léonard: S'il y en a un, statut marital...
M. Gautrin: Les éléments pertinents quant à
l'embauche.
M. Léonard:... et le statut personnel.
M. Gautrin: Je ne pense pas, je ne pense pas, à l'heure
actuelle, que le statut marital, c'est quelque chose qui est pertinent à
l'embauche.
M. Léonard: Mais, à partir du moment où vous
avez...
M. Gautrin; Le salaire...
M. Léonard:... le curriculum vitae... Oui, mais...
M. Gautrin: Le niveau de salaire assurable.
M. Léonard:... à partir du moment où vous
avez le curriculum vitae, vous avez ça. Ça fait partie des
renseignements requis, finalement. Moi, je pense que vous ne pouvez pas enlever
trois lignes sur un curriculum, ou dix lignes et, après ça,
reprendre dix lignes plus loin. Après ça, le curriculum comprend
toutes les études suivies, comprend toutes les expériences de
travail. S'il y a eu des difficultés d'une job à l'autre,
ça comprend ça. En tout cas, il y a des explications qui vont
devoir être fournies. Et tout ça se fait d'organisme à
organisme...
M. Gautrin: Ça, ça ne me...
M. Léonard: ...pour les fins de l'application.
M. Gautrin: Ça, ça ne me pose pas de
problème.
M. Léonard: Non, ça ne vous en pose pas. Moi,
ça m'en pose, parce que vous allez quelque part et quelqu'un, par
exemple, vient vous voir pour prendre un emploi; vous lui posez la question,
systématiquement: Est-ce que vous avez objection à ce que je
communique avec votre ancien employeur, ou vos anciens employeurs? Vous le
demandez à la personne. Là, ce n'est pas ça que vous
dites. L'organisme doit communiquer. Donc, ce qu'il a, il doit le donner, et la
personne en question, mise en disponibilité, n'a rien à dire.
Elle, elle est l'objet, quelque part, mais il y a des gens qui se
transfèrent des informations à son insu, par le simple fait
qu'elle fait partie d'une liste de mise en disponibilité. Et «les
fins de l'application de la présente section», c'est large
aussi.
M. Gautrin: Bon. Je suis d'accord avec vous que c'est large
là-dedans, mais il faut voir quel est l'objectif recherché. Il
s'agit...
M. Léonard: La fin justifie les moyens.
M. Gautrin: Non, non, pas du tout. Il s'agit de faciliter le
reclassement des personnes. Votre objection, elle vient de la quantité
d'information ou des types d'information qu'il faut transmettre.
M. Léonard: C'est que vous n'avez pas de contrôle.
L'objection, là...
M. Gautrin: Pas du tout.
M. Léonard: Les renseignements requis pour les fins
d'application de la présente section, c'est large. C'est ça,
l'amendement dont on discute. C'est très large. Ça se fait
d'organisme à organisme, à l'insu de la personne. Ça peut
se faire à l'insu de la personne, tel que c'est rédigé
là, surtout que vous dites, dans les deux premières lignes,
«malgré la loi». Je dis que ce n'est pas comme ça que
ça se fait, les relations de personnel, la gestion des ressources
humaines. Ça n'a pas de bon sens. Même quand ça se fait de
gré à gré, vous demandez à la personne en cause si
elle consent à ce que vous communiquiez avec ses anciens employeurs.
Ça, c'est une question usuelle; même qu'on demande une signature
pour le faire, pour éviter d'être poursuivi par la suite. Mais, je
comprends qu'ici vous mettez les deux premières lignes pour vous
extraire ou ne pas appliquer la loi sur la protection des renseignements
personnels. Peut-être que, là, vous évitez d'être
poursuivi. C'est peut-être ça que ça veut dire, mais il
faut être conscient de l'aspect exorbitant de l'article et de
l'amendement que vous proposez. Vous pouvez le passer pareil, là, vous
êtes majoritaire, mais...
M. Gautrin: Je sais bien qu'on est majoritaire, mais j'essaie de
réfléchir en même temps au problème que cela pose.
C'est-à-dire qu'on transmettrait la liste des gens mis en
disponibilité à un autre organisme qui veut faire l'embauche.
M. Léonard: Qui en fait la demande.
M. Gautrin: Qui en fait la demande. Qu'est-ce qui vous gêne
réellement là-dedans? C'est que vous dites, à ce
moment-là: Ces renseignements ont quand même un caractère
confidentiel. Ils peuvent être utilisés strictement dans le but
pour lequel ils sont demandés. D'ailleurs, il ne s'agit pas de rendre
publique cette liste-là. Donc, ce que vous dites, ce n'est pas couvert
dans ce débat-là. J'essaie de voir le point où ça
ne marcherait pas. Là, on demande de remettre les choses et de les
transmettre. Autrement dit, un organisme public qui veut faire l'embauche se
doit d'avoir accès aux gens qui sont mis en disponibilité par un
autre organisme public. En soi, et pour les fins de l'application,
c'est-à-dire pour les fins de pouvoir réembaucher, le cas
échéant, des personnes, est-ce que je ne suis pas en train de
partir à tout vent et dans toutes les directions, à ce
moment-là? Je ne vois pas bien...
Je comprends que si c'était tel que vous le décriviez au
début, ça pourrait être assez dangereux. Maintenant, je
prends strictement les personnes mises en disponibilité. Il n'est pas
question de rendre publique la liste des personnes mises en
disponibilité. Il y a simplement qu'à partir du moment de faire
une embauche ou quelque chose à un moment où on doit
réembaucher quelqu'un, c'est-à-dire pour l'application de la
présente loi, on pourrait demander des renseignements pertinents
à d'autres organismes publics. Je ne vois pas le danger que vous voyez
là-dedans. Je comprends que, si on était rendu à mettre
tout sur la place publique, etc., mais je ne vois pas le danger
actuellement.
M. Léonard: On vient...
M. Gautrin: Mais, allons-y, parce qu'il faut faire très
attention. Lorsqu'on parle d'individus, je pense
qu'on a à faire attention. Et si jamais il y â quelque
chose qui touche les droits des individus, et si vous pouvez me
démontrer qu'il y â quelque chose qui est dangereux, je vais vous
suivre.
M. Léonard: Je veux bien reprendre, là. Les fins de
la présente section... Vous réduisez votre personnel.
M. Gautrin: Oui.
M. Léonard: Vous déposez un plan
d'affectation...
M. Gautrin: C'est exact. Ça Marche.
M. Léonard: ...un plan de réduction du
personnel.
M. Gautrin: C'est ça.
M. Léonard: Vous le déposez à
l'Assemblée nationale...
M. Gautrin: C'est ça.
M. Léonard: ...puis, en regard de cela, il se
dégage une liste d'individus correspondant à 20 % des cadres et
à 12 % d'autre personnel.
M. Gautrin: Dans certains cas, pas toujours mais, dans certains
cas, ça pourrait être touché comme ça. D'accord.
M. Léonard: Mettons, allant jusqu'à 20 %. M.
Gautrin: Ça peut aller, oui.
M. Léonard: ça peut aller jusqu'à 20 %.
c'est ça, l'objectif; vous voulez faire une réduction.
M. Gautrin: D'accord, on s'entend, oui. (16 h 30)
M. Léonard: Donc, là, il se dégage du monde.
Ça, chacun fait ça. Alors, dans chacun des organismes publics, il
y a une liste de personnes mises en disponibilité. Maintenant, un
organisme public veut engager. Alors, il demande à un autre organisme
public la liste des personnes mises en disponibilité chez lui. Puis,
pour en juger, il demande en même temps le nom de ces personnes et les
renseignements pertinents requis pour l'application. Donc, ça, ça
veut dire le curriculum vitae, si vous voulez faire des engagements, et
là...
M. Gautrin: C'est sûr. Jusqu'à maintenant, je vous
suis.
M. Léonard: L'organisme fait ça. Il demande.
L'autre est obligé de lui donner la liste des personnes et les
renseignements requis. M. Gautrin: C'est ça.
M. Léonard: Donc, le curriculum vitae. La personne en
cause, elle ne le sait pas. Et puis, un coup que vous avez fourni la liste,
quelle est l'obligation de l'organisme qui reçoit cette liste de la
traiter avec confidentialité? Heureusement que vous ne faites pas une
obligation de la fendre publique mais, en réalité, l'organisme
qui sort ces renseignements-là n'a plus aucun contrôle sur ce qui
va en être fait, aucun contrôle. Et puis, ça va loin, et
c'est pour ça que, dans la loi, les deux premières lignes
utilisent une clause «nonobstant» la loi de l'accès
à l'information et à la protection des renseignements personnels
parce que c'est l'admission, en lisant même l'article, que cela va
à rencontre de la protection des renseignements personnels. C'est
évident.
Pour les fins de l'application de la présente section, là,
ce que je dis et c'est ça, votre amendement c'est que
c'est très large, parce que vous faites une réorganisation.
Réduire le personnel d'encadrement de 20 %, vous venez de changer ce
qu'on appelle ici, au Conseil du trésor, le POAS. Puis, vous le faites
dans les commissions scolaires. Et, pour le faire, il y a des postes qui vont
se créer, à un moment donné, mais, pour aller combler un
poste, vous allez, comme organisme, faire appel à toute une liste de
mise en disponibilité et puis vous allez choisir le meilleur
là-dedans; vous allez choisir les 5 meilleurs ou les 10 meilleurs, puis
vous allez passer des entrevues. Mais vous avez accès au curriculum de
tout ce monde qui est mis en disponibilité. La mécanique que vous
mettez en branle, c'est gros. Ce n'est pas comme afficher qu'un poste est
ouvert. Les gens vous envoient leur curriculum parce qu'ils sont
intéressés, puis ils sont d'accord à ce que... Et
même là, ils vont envoyer la candidature en disant, grosso modo,
leur curriculum, puis ils vont le déposer seulement si, après une
première entrevue ou un premier contact, ils ont des chances
d'accéder ou d'être candidats sur un poste. Les gens traitent avec
beaucoup de parcimonie leur curriculum vitae. On n'est pas en politique,
là.
Le Président (M. Camden): 30 secondes. M. Gautrin:
Attendez un instant.
M. Léonard: C'est parce que c'est un débat
important, là.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Camden): Ah oui, je veux bien!
M. Gautrin: ...je pense que la question est importante. ..
Le Président (M. Camden): Oui.
M. Gautrin: ...et je vais... Si je comprends bien ce que vous me
dites, la crainte que vous avez, c'est que les renseignements obtenus par un
organisme perdent leur caractère confidentiel. Et vous dites, en
particulier, à cause de ce que... Autrement dit, la transmission...
M. Léonard: L'obligation de transmettre.
M. Gautrin: Non, ça, ça ne me gêne pas.
L'obligation de transmettre, ça, ce n'est pas tellement un
problème, mais c'est que le fait que le récepteur... Vous, vous
plaidez que le récepteur, autrement dit, l'organisme récepteur ne
sera plus tenu à la confidentialité. C'est ça, votre point
majeur. Vous me permettez, M. le Président, de suspendre pendant une ou
deux minutes, parce que je voudrais consulter.
Le Président (M. Camden): O.K. Une remarque avant, M. le
député de Verdun, simplement pour se rappeler que la Commission
d'accès à l'information ne vise pas à restreindre
l'accès à l'information, mais plutôt à permetre
l'accès à l'information. Et on doit également se rappeler
la chose suivante. Il se pourrait qu'un organisme, de bon ou de mauvais
prétexte, refuse de transmettre une liste aussi, refuse de transmettre
des candidatures potentielles à un autre organisme, avec l'objectif,
entre autres, de garder ce personnel sous sa houlette dans l'espoir de le
récupérer éventuellement ou même, en quelque
sorte... L'objectif pourrait être le contraire aussi: faire en sorte de
refuser de transmettre l'information pour créer un tort à
certains individus, pour qu'ils demeurent sur la tablette plus longtemps. Il y
a aussi ça. Ça peut aussi avoir cet aspect pervers, à
l'inverse.
M. Léonard: M. le Président, si vous permettez,
j'ai participé aux discussions qui ont mené à l'adoption
de la loi de l'accès à l'information à l'époque
où j'étais au Conseil des ministres. Je ne veux rien
révéler là-dessus, mais il reste qu'il y a deux volets. Il
y a l'accès à l'information, aux renseignements de
caractère public, mais il y a aussi la protection des renseignements
personnels. Et, ça, c'est le pendant obligé d'une loi
d'accès à l'information. Parce que l'objectif, c'était de
permettre de connaître des renseignements qui avaient un caractère
public et que personne ne pouvait cacher. Les dirigeants d'organisme, on
déplorait, dans le temps, qu'il y avait beaucoup de cachotteries
là-dedans. Mais, en même temps qu'on a ouvert, on a voulu
protéger les renseignements personnels. Et je pense qu'il faut toujours
garder ça dans la tête: il y a deux volets; plus vous êtes
ouvert sur le plan des renseignements publics, plus vous devez être
prudent sur l'accès aux renseignements personnels.
M. Gautrin: M. le Président, voici deux informations qui
viennent de m'être communiquées. Donc, je n'ai pas besoin de
suspendre, je peux répondre actuellement au député de
Labelle. Premièrement, la transmission de l'information ne perd pas, une
fois que l'information est transmise d'un organisme à un autre
organisme, son caractère confidentiel; donc, elle ne pourrait pas
être retransmise à un tiers. D'après l'avis des personnes
qu'on a consultées.
Deuxième élément, le nom des personnes
reçues par l'organisme récepteur, on ne pourrait pas le
transmettre à un troisième organisme parce que ce n'est pas une
personne qui est mise en disponibilité par l'organisme récepteur.
Alors, semble-t-il, l'article, tel qu'il est, se tient et n'a pas besoin,
à l'heure actuelle, en termes de protection... Si je reviens maintenant
sur l'élément de protection de la confidentialité des
renseignements, je pense qu'ils continuent à être
protégés.
L'autre argument, c'est sur la masse d'informations qui pourraient
être demandées, parce qu'il y a une obligation de transmission. Je
pense que, si on veut être efficace au niveau de recaser ou de replacer
des gens, il est important d'obliger les organismes à transmettre et
à faire circuler les noms des personnes mises en disponibilité de
manière à atteindre, le plus rapidement possible, une
réallocation optimale des ressources humaines. Alors, je pense que les
deux questions plaident en faveur du maintien de l'article tel qu'il est
actuellement. Ça ne répond pas à vos objections?
M. Léonard: M. le Président, disons qu'on prendrait
le réseau des hôpitaux.
M. Gautrin: Oui, j'ai compris votre argument.
M. Léonard: Chaque hôpital demande à chaque
hôpital la liste de ses personnes en disponibilité. Tout le monde
connaît tout le monde sur toutes les listes de mise en
disponibilité. C'est ça qui va se créer par le fait que
vous créez une obligation de communiquer la liste, de communiquer le nom
des personnes. C'est ça qui se passe. Aujourd'hui, il y a des contacts
entre les directeurs des ressources humaines des hôpitaux. Il y a des
renseignements qu'ils échangent sur une base très personnelle,
mais c'est limité. Là, c'est officialisé.
Si, dans la loi, il y avait une espèce d'organisme qui
recueillait les listes de mise en disponibilité et qui, ensuite,
transmettait à quelqu'un qui en fait la demande un certain nombre de
renseignements, je dirais qu'il joue, en quelque sorte, le rôle de
l'Office des ressources humaines qu'il y a ici, au Québec. Mais,
rendez-vous compte de l'immensité de la tâche, parce que vous
touchez les 400 000 ou 450 000 fonctionnaires, même plus. Et vous voyez
que l'économie même du... L'article 6, moi, je le remets en cause
pour toutes sortes de raisons.
M. Gautrin: Les renseignements nominatifs restent... Je comprends
votre point de vue, mais... (16 h 40)
M. Léonard: En tout cas, là, le débat est
fini. On peut voter, là, mais je...
(Consultation)
M. Léonard: Est-ce qu'il n'y a pas une commission
parlementaire qui siège actuellement sur la loi de l'accès
à l'information? Il faudrait leur poser la question.
M. Gautrin: Oui, c'est ce que je vais faire. C'est ce que je vais
faire. M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: ...je demanderais de suspendre l'étude de
l'article 6 et qu'on procède avec l'article 7, quitte à ce qu'on
revienne à l'étude de l'article 6 plus tard.
Le Président (M. Camden): II y a consentement?
M. Léonard: C'est mieux ça que de faire de graves
erreurs.
M. Gautrin: Je remarque...
Le Président (M. Camden): Je comprends donc qu'il y a
consentement. Alors, nous allons suspendre l'étude de l'article 6.
M. Gautrin: De l'article 6. On va pouvoir procéder avec
l'article 7.
M. Léonard: On a jusqu'à 18 heures? Peut-on
suspendre 5 minutes?
M. Gautrin: On peut prendre 5 minutes, oui.
Le Président (M. Camden): Nous allons suspendre 5
minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 42)
(Reprise à 16 h 53)
Le Président (M. Camden): La commission reprend ses
travaux. M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Alors, M. le Président, compte tenu des
remarques qui ont été faites, je vous avais demandé de
suspendre l'étude de l'article 6, parce qu'on reviendrait
ultérieurement sur l'article 6, et de commencer le débat sur
l'article 7.
Le Président (M. Camden): Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour la suspension de l'étude de l'article 6? M. le
député de Labelle, est-ce qu'il y a consentement pour la
suspension de l'article 6?
M. Léonard: Oui. Je pense qu'il y a des
améliorations considérables à apporter. Je me pose
même la question si on peut le maintenir, cet article-là. Je pense
que non mais, enfin, ça va permettre au député de Verdun
de réfléchir davantage à son projet et à toutes ses
implications. Jusqu'ici, remarquez qu'on n'a pas empêché le
débat de se faire, mais vous aurez remarqué qu'on n'a pas
été d'accord avec le député de Verdun et la
majorité gouvernementale sur ses articles.
M. Gautrin: Non, non, mais, M. le Président...
M. Léonard: Mais le débat se fait correctement. Le
débat se fait correctement.
M. Gautrin: Je pense, M. le Président, que le
député de Labelle a soulevé un certain nombre de questions
que j'aimerais pouvoir vérifier avant de faire adopter l'article 6 comme
tel.
M. Léonard: Oui, mais disons que, par rapport à
cette suspension, M. le Président, je voudrais attirer l'attention,
encore une fois, du député de Verdun sur l'avantage qu'il aurait
à consulter la Commission d'accès à l'information, le
Protecteur du citoyen, la Commission de la fonction publique, l'Office des
ressources humaines, les droits et libertés de la personne. Enfin, bref,
c'est parce que ça touche quelque chose de très gros. Et, moi, je
pense que, justement, sur cette question en particulier, le président du
Conseil du trésor devrait être là...
M. Gautrin: Je remercie le député de Labelle...
M. Léonard: ...c'est lui qui est responsable de la
fonction publique.
M. Gautrin: Je remercie le député de Labelle quant
à la présence du ministre, mais nous allons poursuivre. Est-ce
qu'on suspend l'étude de l'article 6 et on poursuit avec l'article 7, M.
le Président?
M. Léonard: Bon. C'est un nouveau 7, avec deux articles,
à part ça.
Exemption de certaines catégories d'organismes
publics
M. Gautrin: M. le Président, j'aimerais, simplement en
termes de rédaction, déposer actuellement une modification, un
amendement à l'article 7.
M. Garon: Un amendement ou un article? Un amendement?
M. Léonard: Non, c'est deux nouveaux articles qui sont
déposés.
M. Gautrin: M. le Président, j'aimerais déposer un
amendement qui va remplacer complètement l'article 7, et je tenais
à vous en donner copie. Je vais vous le lire. C'est un nouvel article 7.
Si vous me permettez, est-ce que je peux? Tenez, M. le secrétaire, M. le
Président, si vous pouvez le faire distribuer. Le nouvel article 7 se
lirait...
Le Président (M. Camden): Alors, si vous voulez nous faire
lecture de 7 amendé.
M. Gautrin: Le nouvel article 7 se lirait de la manière
suivante: «Le Conseil du trésor peut, dans la mesure qu'il
détermine, prendre une décision pour exempter de l'application de
tout ou partie de la présente section: «1° certains organismes
publics ou catégories d'organismes publics; «2° certaines
catégories de personnes à l'emploi d'un organisme public.
«Le ministre dépose à l'Assemblée nationale toute
décision prise par le Conseil du trésor dans les 15 jours de son
adoption si l'Assemblée est en session ou, si elle ne siège pas,
dans les 15 jours de la reprise de ses travaux. «Le Bureau de
l'Assemblée nationale exerce, le cas échéant, le pouvoir
du Conseil du trésor prévu au premier alinéa à
l'égard des personnes que l'Assemblée nationale désigne
pour exercer une fonction qui en relève.»
Alors, M. le Président, pour expliquer la portée de cet
article 7, on a eu l'occasion déjà d'y faire
référence maintes fois dans les discussions des articles 3, 4 et
5. L'article 7 est un article qui permet au Conseil du trésor d'exempter
certains organismes ou certaines catégories d'organismes de
l'application de la loi ou de partie de la loi. C'était la souplesse
qu'on recherchait, et c'est dans le débat à l'heure actuelle.
Alors qu'on a eu un élément aux articles 3, 4 et 5 où on
limitait et on demandait une réduction de personnel, cet article 7
vient, disons, régler en quelque sorte tous les cas d'exception qui
avaient été soulevés par le député de
Labelle.
L'article 7, au deuxième alinéa, fait obligation au
ministre de déposer à l'Assemblée nationale toute
décision prise par le Conseil du trésor dans les 15 jours de son
adoption si l'Assemblée est en session ou, si elle ne siège pas,
dans les 15 jours de la reprise de ses travaux. Donc, toutes les mesures
d'exemption qui risquent d'être prises et on a eu l'occasion d'en
débattre considérablement dans l'application des articles 4 et 5
doivent être déposées à l'Assemblée
nationale dans les 15 jours de leur adoption. Et, en fin de compte, on a
déjà eu l'occasion d'en débattre, sur ce qui touchait le
personnel relié à l'Assemblée nationale ou nommé
par celle-ci, le Bureau de l'Assemblée nationale va exercer, le cas
échéant, le pouvoir du Conseil du trésor prévu au
premier alinéa à l'égard des personnes que
l'Assemblée nationale désigne pour exercer une fonction qui en
relève. J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Camden): On vous remercie. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, d'abord je voudrais
qu'on fasse l'étude de cet article paragraphe par paragraphe.
M. Gautrin: Bien sûr.
M. Léonard: Je trouve qu'il a une certaine importance.
Alors, ça veut dire qu'il y a trois paragraphes là-dedans? Trois
alinéas?
M. Gautrin: Trois alinéas. M. Léonard: Trois
alinéas.
M. Gautrin: Je pense que c'est tout à fait pertinent, et
c'est tout à fait justifié qu'on l'étudié
alinéa par alinéa.
M. Léonard: Un, deux, trois, O.K.
M. Gautrin: Mais c'est quand même un élément
dont on a eu l'occasion de discuter à satiété
déjà, parce qu'on y a fait référence moult fois
dans l'étude des articles 3, 4 et 5.
M. Léonard: Mais, là, M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...quand on y faisait référence,
on nous disait: Ah, l'amendement n'est pas déposé, on ne peut pas
en parler, et on refusait d'en parler à l'époque. Alors...
M. Gautrin: Mais, maintenant, on peut en parler. M.
Léonard: ...là, on va en parler. M. Gautrin:
Allons-y!
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle, sur le premier alinéa. (17 heures)
M. Léonard: Alors, M. le Président, le premier
alinéa se lit comme suit: «Le Conseil du trésor peut, dans
la mesure qu'il détermine, prendre une décision pour exempter de
l'application de tout ou partie de la présente section: 1° certains
organismes publics ou catégories d'organismes publics; 2° certaines
catégories
de personnes à l'emploi d'un organisme public.»
Bon, ça pose la question de l'applicabilité de la loi,
à toutes fins pratiques. La loi dit: Nous voulons restreindre le
personnel d'encadrement de 20 % et les autres personnels de 12 %. Mais le
Conseil du trésor peut, lui, par en arrière, exempter tout le
monde, ou une partie, ou des catégories de personnes. En d'autres
termes, le Conseil du trésor est complètement en dehors de la loi
et il peut faire ce qu'il veut faire. Et ma question, finalement, c'est de
savoir ce que ça change, finalement, cette loi, si on n'affecte pas les
pouvoirs mêmes du Conseil du trésor, s'il n'y a pas d'obligation?
J'ai posé la question, hier matin. Il n'y a aucune sanction à la
loi. Il n'y a pas de caractère liant le gouvernement. C'a
été établi au cours de la discussion. Et puis, là,
maintenant, on vient dire de façon positive que le Conseil du
trésor peut, dans la mesure qu'il détermine, donc, selon la bonne
volonté...
M. Gautrin: Selon son bon vouloir. Une voix: Son bon
plaisir.
M. Léonard: ...son bon plaisir, son bon vouloir, son bon
plaisir, oui, non. Il n'y a pratiquement pas de restriction à ça.
Il n'y en a pas. Qu'est-ce que ça change? Actuellement, il peut faire
ça, le Conseil du trésor. Est-ce qu'on légifère
pour légiférer? C'est pour ça que j'ai parlé d'un
parlement-école, une commission parlementaire école.
M. Garon: II parle pour parler. Parle, parle, parle, jase, jase,
jase.
M. Léonard: Hein, c'est ça, finalement. Dans la
mesure qu'il détermine, il n'y a pas de balise à cela,
actuellement, aucune balise. Alors, qu'est-ce que ça change par rapport
à la situation actuelle? Le Conseil du trésor adopte. Bon.
Prendre une décision pour exempter de l'application certains organismes
publics ou catégories d'organismes publics, ça
réfère au point 3 de l'article 1, au point 2 de l'article 1, au
point 5 de l'article 1?
M. Gautrin: À tout l'article 1.
M. Léonard: À tout l'article 1. Pourquoi on ne dit
pas tout l'article 1, organismes publics? Et l'article 2...
M. Gautrin: M. le Président, est-ce que je peux
répondre...
M. Léonard: Bon, on peut... Oui, allez-y, là.
M. Gautrin: Je répondrai ultérieurement ou pas,
parce que là, c'est strictememnt une question de compréhension.
Donc, ça ne change pas l'argumentation du député de
Labelle. Si vous regardez l'article 1, l'article 1 est un article de
définition. Si vous vous rappelez la rédaction de l'article 1, on
commençait par les mots «Pour l'application de la présente
loi, sont des organismes publics:» et, donc, on avait les paragraphes
1.1°, 1.2°, 1.3°, et 1.5° qui définissent
«organismes publics». Donc, lorsqu'on discute de l'article 7, on
touche tous les organismes publics.
Pour ce qui a trait aux personnels, en particulier, qui sont
assimilés à des organismes publics, c'est l'Assemblée
nationale, une personne désignée par celle-ci en vertu d'une
loi... Le pouvoir d'exemption et ce sera le troisième
alinéa est accordé au Bureau de l'Assemblée
nationale et non pas au Conseil du trésor, pour respecter la discussion
que nous avions eue, d'ailleurs, hier, à ce sujet-là.
M. Léonard: Dans la mesure qu'il détermine. Le
Conseil du trésor n'est astreint à aucune restriction, aucune
obligation quand il décide de ne pas appliquer ou d'exempter. Alors,
ça, c'est déjà assez gros en soi. Qu'on se rappelle, le
Conseil du trésor, c'est formé de cinq ministres qui
siègent. Ce matin, j'ai eu l'occasion de convaincre le
député de Verdun, je pense que je l'ai convaincu, qu'il
s'agissait là d'un processus de centralisation extrême.
M. Gautrin: M. le Président, je pense que le
député de Labelle...
M. Léonard: Je l'ai convaincu.
M. Gautrin: ...a plaidé 1000 fois que c'était un
processus de centralisation extrême. Je ne pense pas avoir jamais
accepté en disant: Oui, c'est un processus de centralisation inouï.
Je pense que c'est le terme que vous utilisiez, ce matin. Alors, donc, vous
m'avez convaincu de certaines choses...
M. Léonard: Pas de la centralisation?
M. Gautrin: ...mais pas du fait que c'était un processus
de centralisation inouï.
M. Léonard: Bien, je pensais que... Quand je vous ai
rencontré, ce midi, c'est ce que vous m'avez dit, que vous étiez
d'accord avec...
M. Gautrin: Ce n'est pas ce que je vous ai dit, cher ami. Ha, ha,
ha!
M. Léonard: Ha, ha, ha! Mais...
M. Gautrin: Et vous le savez, d'ailleurs, en plus.
Le Président (M. Camden): Vous savez, c'est tout à
fait impressionnant pour nous, membres, de voir d'éminents professeurs
d'université chercher à se convaincre mutuellement et rechercher
mutuellement
l'appui de part et d'autre.
M. Garon: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Camden): Vous qui avez été
habitué à ça, évidemment, vous voudriez vous
joindre, vous aussi, comme ancien professeur d'université, je
présume.
M. Garon: Oui. Mais vous remarquez à quel point ces
débats entre ex-professeurs d'université sont empreints de
cordialité et que le monde politique aurait beaucoup à apprendre
des anciens professeurs d'université en leur...
M. Gautrin: Merci. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): Je vous ferai simplement
remarquer, M. le député de Lévis, que leur sortie est
relativement récente, eux, de l'université. Ils ont eu l'occasion
d'y retourner, tandis que vous, évidemment, on vous a parmi nous depuis
1976.
M. Gautrin: Ha, ha, ha!
M. Garon: Voulez-vous dire que j'aurais pris des mauvais
plis?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: C'est vrai que mon comté voisin, c'est le
comté de Lotbinière.
Le Président (M. Camden): Ah, mais c'était. Vous
avez voulu prendre vos distances de Lotbinière.
M. Garon: Vous avez raison. Il faudrait que je me
représente au Bloc pour devenir voisin.
Le Président (M. Camden): Absolument. Ha, ha, ha! Je pense
qu'on va revenir, oui, à nos débats.
M. Léonard: Revenir au sujet? Le Président (M.
Camden): Oui.
M. Gautrin: La campagne du Bloc, c'est une autre question.
M. Léonard: Je voudrais attirer l'attention du
député sur le fait que, dans la foulée de ce débat
de ce matin, que nous n'avions, finalement, qu'amorcé parce que, quand
on voit ce qui est permis de faire au Conseil du trésor, ça va
encore plus loin que ce que nous disions. J'ai dit, ce matin, que, par le fait
qu'on demandait de déposer un plan de réduction des personnels,
en spécifiant deux catégories personnel d'encadrement et
autres personnels que, déjà, ça amenait le Conseil
du trésor à s'ingérer dans la gestion interne. regardez ce
qui est écrit ici, de plus: «le conseil du trésor peut,
dans la mesure qu'il détermine, prendre une décision pour
exempter de l'application de tout ou partie de la présente section:
1° certains organismes publics ou catégories d'organismes publics;
2° certaines catégories de personnes à l'emploi d'un
organisme public...» là, on n'est même plus... parce que
catégories, je pense que ce n'est pas juste les deux catégories,
personnel d'encadrement et autres que le personnel d'encadrement. là, on
va demander d'établir des catégories de personnes à
l'emploi d'un organisme, puis le conseil du trésor va être
amené à statuer... j'exempte certaines catégories et je
n'en exempte pas certaines autres, et puis, probablement qu'entre les deux les
taux de réduction vont varier. ça ne sera pas 20 %, mais moins
que 20 % ; 17 % dans un cas, 13 % dans l'autre, 7 % dans l'autre. est-ce que le
député de verdun se rend compte que le conseil du trésor
va être amené à administrer les ressources humaines de
chacun des organismes qu'il astreint à la loi?
M. Gautrin: M. le Président, si je reviens maintenant
à certaines catégories, je vais essayer de donner un exemple.
Ça peut toucher les infirmières dans un hôpital, ça
peut toucher, donc...
Une voix: Les auxiliaires. (17 h 10)
M. Gautrin: ...la catégorie des auxiliaires. Donc, on peut
avoir certaines catégories qui, pour des raisons prima facie, ne
devraient pas ou ne doivent pas être réduites ou subir des
compressions parce qu'elles sont en première ligne. L'objectif de cette
loi et l'idée même de cette loi, c'est de donner au Conseil du
trésor ce pouvoir d'exemption, lorsqu'on est dans une situation ou
lorsqu'on est en mesure de lui faire la preuve ou de démontrer que la
loi n'est pas applicable soit dans un organisme donné, soit dans un
sous-secteur d'un organisme donné.
Le député de Labelle, ce matin, ou hier, plutôt,
avait établi nombre d'exemples où la loi semblait être
difficilement applicable. Je pense qu'il l'a encore fait ce matin en donnant un
exemple où la loi pourrait être difficilement applicable. On en
est conscients, et c'est pour ça qu'on donne ce pouvoir 328
général, au lieu de prévoir dans la loi, de dire: Alors,
tel groupe, tel groupe va être exempté.
Ce matin, on discutait ensemble du problème du
Vérificateur général, puis je trouvais qu'il y avait des
arguments intéressants quant au fait d'exempter, éventuellement,
le Vérificateur général. Je ne sais pas quelle sera la
décision, le cas échéant, du Bureau, mais il est clair,
strictement pour la bonne marche, le bon fonctionnement de l'appareil de
l'État, qu'on ne peut pas y aller comme ça à sabrer
à droite et à gauche les yeux fermés pour tuer à
peu près tout ce qui bouge, strictement sur une base nominale.
Il a donc fallu et il faut, alors qu'on établit ce
principe de réduction et cette nécessité de
réduction, quand même qu'il y ait une possibilité, pour un
corps, et ça ne doit pas être un corps législatif, c'est
réellement une action de l'Exécutif de faire ça, de
pouvoir exempter certains organismes de l'application de la loi strictement
pour pouvoir permettre le fonctionnement le plus optimal de l'appareil de
l'État. C'est ça qui est voulu par cet article, et c'est un
article charnière. Il est un article charnière, alors que les
articles 3, 4 et 5 ont une portée très générale.
Vous vous êtes permis, hier et ce matin, de soulever à quel point
la généralité de ces articles-là pouvait, le cas
échéant, poser problème. À chaque fois, je vous ai
répondu: Oui, c'est vrai, vous pouvez soulever, dans tel et tel cas, un
problème, mais par le mécanisme de la clause d'exception de
l'article 7, on a la possibilité, à ce moment-là, dans
tous les cas particuliers que vous soulevez, de pouvoir les exempter de
l'application de la loi. Donc, on établit un principe
général et, pour les cas particuliers, on les exemptera. Mais
c'est un principe... L'autre avenue... Est-ce que je peux compléter?
Vous permettez que je complète?
Une voix: Oui, oui.
M. Gautrin: L'autre avenue aurait été de commencer
de faire le travail à la place du Conseil du trésor et dire: Bon,
ici, telle coupure à tel endroit, telle autre coupure... Je pense qu'on
aurait eu une loi qui aurait été absolument monstrueuse et qui
aurait été totalement inapplicable. J'ai terminé.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je pense que le député de Verdun
n'a pas nié l'objection que j'apporte à l'effet qu'il
opère une extrême centralisation. Il n'a pas nié que,
finalement, le Conseil du trésor va avoir à s'ingérer dans
l'administration des ressources humaines, pour ne pas dire plus, de chacun des
organismes visés par la loi. Puis, quand on dit ça, c'est les 400
000 employés de l'État: public, parapublic, péripublic
aussi, une bonne partie; c'est très gros.
Puis, je vais ajouter un autre élément. Peut-être
que celui-là va le convaincre davantage de ne pas s'embarquer dans des
questions comme celles-là. Je ne suis pas sûr qu'il a une bonne
perception du rôle du Conseil du trésor, parce que le Conseil du
trésor, jusqu'ici, se fait donner, en quelque sorte, un cadre pour
établir le budget du Québec, les crédits du Québec,
et puis il est, en quelque sorte, au cours de l'administration annuelle, durant
l'année, il fait l'analyse du dossier de chacun des
ministères...
M. Gautrin: La revue de programmes.
M. Léonard: ...pour que le ministère soit de plus
en plus efficace à même les crédits qu'il a. Mais, il joue,
en quelque sorte, le rôle de conseil par rapport aux ministères,
en leur donnant des balises assez serrées de gestion. Un ministre qui se
fait, disons, passer à la loupe par le Conseil du trésor peut se
ranger à l'avis du Conseil du trésor, mais il peut aussi faire
appel au Conseil des ministres parce qu'il est un ministre, au même titre
que les autres, dans le Conseil des ministres.
Je reviens. Le rôle qu'il attribue, par son projet de loi, au
Conseil du trésor est différent. Un coup que les crédits
sont accordés dans des organismes à gestion
déléguée, donc avec une certaine autonomie de gestion, le
Conseil du trésor va revenir sur leur gestion et prendre des
décisions lui-même quant à leur gestion interne, sans
appel, parce que c'est ça, là, qui se passe. alors, il attribue
les fonds en début d'année fiscale et, ensuite, il y a une loi
qui dit: ii faut couper votre personnel de 20 %. mais ça, c'est une loi,
disons, universelle, qui se veut universelle, une grande loi, une charte des
coupures. l'organisme doit transmettre un plan de réduction de ses
effectifs. puis l'organisme qui va décider, de façon
définitive, c'est le conseil du trésor; pas d'autre appel,
dernière instance, le conseil du trésor. c'est lui qui a
attribué les crédits en début d'année et, en
quelque sorte, il va être encore une fois amené à
intervenir au début, parce que la balise générale qu'il
donne, c'est certain, c'est des fonds, certains principes de gestion. mais
ça s'arrête là, c'est des principes de gestion, l'autonomie
de l'organisme, genre commission scolaire, reste encore là.
Là, ce n'est pas ça, là. Il y a un plan de
réduction, puis le Conseil du trésor va avoir à
décider s'il l'exempte ou pas. J'imagine qu'il va en avoir un paquet qui
va revenir pour demander des exemptions au Conseil du trésor. Le Conseil
du trésor, en faisant cela, se départit de son rôle de
conseiller, d'analyste et conseiller, par rapport aux ministères ou par
rapport aux organismes décentralisés, pour prendre un rôle
décisionnel, ce qu'il fait. Est-ce que vous admettez ce
point-là?
M. Gautrin: Le Conseil du trésor va avoir, dans le cadre
de ce projet de loi, un rôle d'exemption, c'est-à-dire un
rôle...
M. Léonard: De décision.
M. Gautrin: Bien oui, il va avoir, bien sûr, une
décision qu'il va prendre je suis d'accord avec vous une
décision d'exempter certains organismes de l'application de la
présente loi. C'est un pouvoir non pas de... C'est une décision
du Conseil du trésor, et c'est une décision qui va être, en
fait...
M. Léonard: Exécutoire.
M. Gautrin: ...exécutoire, parce qu'elle exempte de
l'application. Ce n'est pas l'obligation de le faire, mais ça va
être la permission de ne pas le faire. Mais c'est une
décision...
M. Léonard: Si le Conseil du trésor refuse
d'exempter, est-ce qu'il y a un recours qui reste au ministre de tutelle de tel
organisme décentralisé de revenir au Conseil des ministres?
M. Gautrin: Très clairement, dans la loi, la
réponse est non. Dans le libellé de la loi, la réponse est
non.
M. Léonard: La réponse est non. Donc, ça,
c'est une intention implicite du projet de loi. Ce n'est pas très...
M. Gautrin: M. le Président...
M. Léonard: Ce n'est pas indiqué ouvertement, mais
c'est implicite dans le projet de loi.
M. Gautrin: Je m'excuse! Le projet de loi, tel qu'il est
libellé actuellement, précise bien que le Conseil du
trésor peut, dans la mesure qu'il détermine, prendre une
décision. Donc, on parle d'une décision du Conseil du
trésor, et ce qu'on lui donne, c'est un pouvoir d'exemption de
l'application de la présente loi.
M. Léonard: Donc, le ministre ne peut pas en appeler de
cette décision du Conseil du trésor au Conseil des ministres? Le
ministre de tutelle? Non?
M. Gautrin: C'est le sens de la présente loi.
M. Léonard: Vous modifiez les relations du Conseil du
trésor à l'intérieur de l'appareil gouvernemental?
M. Gautrin: C'est exact. Alors, je vous explique, et...
M. Léonard: Alors, vous pensez que le président du
Conseil du trésor ne devrait pas être là?
M. Gautrin: Attendez un instant! M. le Président, je sais
que vous aurez à plaider à chaque fois que vous doutez. Je sais
que vous avez encore de nombreux articles sur lesquels vous allez pouvoir
plaider ces choses-là. Néanmoins, si vous me permettez, par
rapport à l'article 7 initial, où on parlait du gouvernement,
ici, on parle du Conseil du trésor. Vous auriez pu me poser la question:
Pourquoi, dans cet article d'exemption, utiliser le terme
«gouvernement» par rapport aux termes «le Conseil du
trésor»? C'est pour un phénomène
d'efficacité. Le gouvernement, lorsqu'il doit prendre un
règlement, doit avoir un phénomène de... Dans la loi
actuelle...
M. Léonard: Oui.
M. Gautrin: ...on utilisait les termes «le gouver- nement
peut adopter un règlement exemptant». Là, on était
obligé de fonctionner par voie réglementaire, ce qui aurait
alourdi le phénomène de prépublication des publications,
alors qu'on se donnait un délai de 45 jours dans les mécanismes
d'exemption. À ce moment-là, j'imagine les interventions que vous
auriez pu faire, si on avait maintenu l'article tel qu'il était, en
disant: Regardez les délais que vous avez entre le gouvernement ou le
Conseil du trésor quand on fait une recommandation au gouvernement, et
ce que le gouvernement doit faire pour prendre un décret. Et vous
auriez, à ce moment-là, allongé tous les délais
pour démontrer à quel point cet article n'aurait pas pu
s'appliquer avant la prochaine élection. Ce qui n'était pas
l'objectif des proposeurs de la loi.
M. Léonard: Oui, mais, M. le Président, on discute
de l'amendement à l'article 7.
M. Gautrin: Absolument. (17 h 20)
M. Léonard: L'article 7, c'est le gouvernement qui se
réservait un pouvoir de règlement. C'est correct? Là, on
vient de faire sauter ça, puis on dit: C'est le Conseil du trésor
court-circuitant complètement les pouvoirs de chacun des ministres du
Conseil des ministres. C'est ça qu'on est en train de faire.
M. Gautrin: Non, M. le Président. M. Léonard:
Mais oui, oui, oui. oui. M. Gautrin: M. le Président...
M. Léonard: Vous m'avez bien dit... Un instant, là.
Le Conseil du trésor prend la décision d'exempter ou non, et le
ministre de tutelle, par exemple, le ministre de l'Éducation... Vous
seriez ministre de l'Éducation, puis là, il y aurait une demande
au Conseil du trésor d'exempter ou non... Le Conseil du trésor
décide de ne pas exempter et, comme ministre de l'Éducation, vous
êtes convaincu qu'il fait fausse route. Actuellement, vous allez en appel
au Conseil des ministres. Vous pouvez resoulever la question au Conseil des
ministres. Là, vous venez de priver chacun des ministres qui ne sont pas
membres, qui ne sont pas au Conseil du trésor, qui ne sont pas le
Conseil du trésor, de venir au Conseil des ministres. Un instant. Vous
venez de changer complètement la loi de l'Exécutif, M. le
député de Verdun. Complètement.
M. Gautrin: M. le Président, si vous me le permettez, on
n'est pas en train, à l'heure actuelle, de donner des pouvoirs à
l'Exécutif ou de retirer des pouvoirs à l'Exécutif. On a,
par cette loi, un caractère général de réduction et
de diminution du personnel de l'État. Ce caractère
général, un organisme peut l'exempter de l'application de la loi.
Vous souhaiteriez que ce
soit le gouvernement. M. Léonard: Oui.
M. Gautrin: Alors, merci. Mais, par mesure d'efficacité,
ce pouvoir peut être délégué, et
délégué par la loi, au Conseil du trésor. Il s'agit
d'un pouvoir d'exemption. Comprenons-nous bien. On parle du pouvoir d'exemption
de l'application de la loi. M. le député de Lévis voudrait
parler, je pense, pour répondre.
M. Léonard: Vas-y, je reviendrai; il me reste du temps. Je
le garde, mon temps. Je le garde. O.K. Vas- y-
(Consultation)
Le Président (M. Camden): Bref, M. le député
de Labelle, effectivement, il va vous rester du temps, mais c'est contraire un
peu au mode de fonctionnement qu'on a utilisé, lors des audiences,
où on avait presque une obligation morale de prendre le temps
jusqu'à la fin et de ne pas se garder deux ou trois minutes.
M. Léonard: Les audiences?
Le Président (M. Camden): Les audiences sur le document
«Vivre selon nos moyens»...
M. Léonard: Ah mon Dieu!
Le Président (M. Camden): ...dont vous vous rappelez sans
doute fort bien. Ha, ha, ha! M. le député de Lévis.
M. Garon: Au fond, que ça aille au Conseil des ministres,
comme le suggère le député de Labelle, ce n'est pas plus
long, en réalité, parce que... Je vais vous dire pourquoi.
M. Léonard: Ça veut dire qu'il reste au moins un
appel.
M. Garon: C'est ça, le Conseil du trésor, c'est une
vision des choses. Mais, au Conseil des ministres, c'est le lendemain. Alors,
le Conseil du trésor siège le mardi, puis le Conseil des
ministres, le mercredi. Alors, si c'est en avis, les gens vont savoir que les
décisions qui sont prises au Conseil du trésor le mardi,
ça va être inscrit au Conseil des ministres du lendemain. Le
débat, je veux dire l'analyse, tout ça va avoir été
fait. Les gens vont avoir ça. Puis les gens qui vont vouloir en discuter
au Conseil des ministres pourraient le faire. Ça serait le lendemain. Ce
serait, sans doute, une meilleure décision; c'est une décision
gouvernementale plutôt qu'une décision du Conseil du trésor
uniquement. Parce que le Conseil du trésor, d'abord, ne nous contons pas
d'histoires, il y a cinq ministres membres du Conseil du trésor.
Ils ne sont pas toujours présents, sur le groupe. Des fois, c'est
deux ministres qui sont là, trois ministres qui sont là et qui
prennent des décisions concernant l'un ou l'autre.
Une voix: Le quorum, c'est trois.
M. Garon: Le quorum, c'est trois. Alors, ça veut dire que
c'est trois ministres, dans le fond, qui prennent une décision.
Ça serait préférable, à ce moment-là, qu'il
y ait un avis du Conseil du trésor, mais que la décision finale
soit au Conseil des ministres, pour que le gouvernement... Tu sais, on imagine,
à un moment donné, qu'un président du Conseil du
trésor, par exemple, se présente à la chefferie d'un
parti. Alors, là...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Ça peut arriver.
M. Léonard: C'est probablement pour ça qu'il n'est
pas là. Ha, ha, ha!
M. Garon: II peut arriver, à ce moment-là,
là, s'il veut avoir l'appui de tel collègue, qu'il puisse devenir
moins dur contre un autre, par exemple, qui sera son adversaire. Alors, moi, je
pense qu'il serait mieux, mais préférable pour
l'équité... Je parle de choses en connaissance de cause, et c'est
toujours mieux d'aller faire les arbitrages au Conseil des ministres, quand il
s'agit d'arbitrage concernant les ministres, parce que les ministres ont des
intérêts aussi, et le Conseil du trésor, il a des analyses,
excepté qu'il n'y a pas beaucoup de ministres qui sont là-dessus,
qui siègent dessus. Et, à ce moment-là, quand on demande
une mesure d'exception comme on veut faire ici, exempter de l'application l'un
ou l'autre, il serait préférable, à mon avis, qu'on aille
au Conseil des ministres pour que le Conseil des ministres, lui, où se
retrouvent les autres ministres qui ont peut-être eux aussi
été coupés... Ils n'ont pas été
exemptés, qui ont été coupés, et qu'il y ait
peut-être des arguments pour que tout le monde soit coupé de la
même façon ou, encore, qu'on tienne compte, dans l'exemption,
d'arguments qui valent pour les uns et qui valent peut-être pour les
autres.
Moi, je pense que le député de Labelle a parlé avec
beaucoup de sagesse, comme quelqu'un qui a été neuf ans ministre.
Et, comme il sait que, partout où il y a des hommes, il y a de
l'hommerie, il est peut-être mieux de faire en sorte que les
décisions soient davantage collectives, davantage solidaires et que
ça se trouve au Conseil des ministres plutôt que de façon
finale au Conseil du trésor. Il y a beaucoup plus de... Il y a beaucoup
de sagesse là-dedans, dans la proposition qu'a faite le
député de Labelle. C'est la proposition d'un homme qui a beaucoup
d'expérience.
Le Président (M. Camden): Est-ce que, M. le
député de Lévis, en 1984-1985, vous étiez
membre du Conseil du trésor?
M. Garon: Non, je n'ai jamais été membre du Conseil
du trésor.
Le Président (M. Camden): Est-ce que vous avez
été victime de quelque façon, en 1984-1985, des
décisions du Conseil du trésor?
M. Garon: Je vais vous dire, quand vous défendez certains
ministères, vous êtes...
M. Léonard: Vous êtes toujours victime d'une
façon ou de l'autre.
Le Président (M. Camden): Ou vous avez été
une victime du Conseil du trésor...
M. Garon: Quand vous êtes ministre de l'Agriculture. ..
Le Président (M. Camden): ...de 1976 à 1985. (17 h
30)
M. Garon: ...vous êtes habituellement toujours victime du
Conseil du trésor. C'est comme les gens qui sont là, ceux qui
analysent, ceux qui sont là sont habituellement des gens urbains. Des
fois, vous êtes obligé de faire une distinction entre une vache et
une fraise. C'est certain que ce n'est pas évident.
Alors, je vais vous dire une chose. Tantôt, j'ai dit une chose,
là, une chose très importante. Hier, quand j'ai parlé
à un moment donné, quand quelqu'un... Je pense à un
ministre de l'Agriculture présentement. Il est pris avec des
problèmes il y en a moins aujourd'hui, puis on en a
réglé un certain nombre des problèmes
d'environnement. C'était l'ennemi public numéro un pour
l'environnement. C'était l'ennemi public numéro un pour les
affaires municipales. Ça a changé. Il y a beaucoup de choses qui
ont été améliorées, mais je vais vous dire,
à une époque... Puis, regardez le nombre de ministères
avec lesquels... Avec les Forêts, par exemple, qui voulait remettre des
terres sur les terres pas boisées qui pouvaient servir au
développement agricole et qu'il aurait bien aimé reboiser. Prenez
tous les ministères un par un. Le ministère de l'Agriculture,
à cause de son occupation spatiale, est à peu près en
conflit avec tous les ministères. Un ministre de l'Agriculture qui
défend les gens qu'il représente, parce que c'est sa job, il se
fait beaucoup d'ennemis, beaucoup d'ennemis, et un de ses principaux ennemis...
Moi, je me rappellerai toujours la première fois que je suis
entré au Conseil du trésor première fois,
première fois j'avais entendu la remarque des fonctionnaires qui
disaient: Tiens, voilà les maquignons qui arrivent. Parce qu'il faut
expliquer chaque affaire, l'importance de chaque chose, et les gens ne
comprennent pas nécessairement l'importance de ces
questions-là.
Je parle pour un ministère; il y a d'autres ministères
où ça peut être vrai, également. Alors, de laisser
quelqu'un en otage là, moi, je pense que, pour certains
ministères, ce serait pénaliser ces ministères-là,
que, souvent, des organismes comme le Conseil du trésor ne comprennent
pas. Exemple: au ministère de l'Agriculture, il n'y a pas trois, quatre
gros programmes; il y a des dizaines et des dizaines de petits programmes.
Bien, là, quand vous faites des coupures dans un ministère comme
l'Agriculture, vous pouvez toucher beaucoup plus lourdement un ministère
comme celui-là. Évidemment, pour les virements de fonds aussi,
vous avez des besoins de virement, vous n'avez pas les besoins d'un autre...
Pourquoi? Parce que le ministère de l'Agriculture, sa période est
très courte. Il n'a pas le choix d'être efficace. S'il n'est pas
efficace, là... Le printemps, bien, il a son budget à la fin de
mars, puis là, il faut que les décisions se prennent tout de
suite, parce que les gens vont être dans les semences, puis, après
ça, les travaux, rendu à l'automne, ça ne peut pas aller
très tard à l'automne. De sorte que, au fond, il y a une
période active très courte, et les programmes... Je me rappelle,
rien que les programmes, pour qu'ils soient en oeuvre, en temps utile,
c'était un gros travail. Pourquoi? Parce qu'à ce
moment-là, il y a avril, mai, juin, juillet, août, septembre,
octobre; c'est déjà tard, c'est déjà dans la
machine. Alors, c'est un ministère qui doit opérer. S'il s'en va
au Trésor, puis il envoie ses affaires au Trésor, là, puis
ça niaise, là, vous n'avez pas besoin de dire non, seulement vous
avez juste à dire que vous n'avez pas le temps, ou que l'analyse prend
du temps. Là, je vais vous dire que, fin juin ou au mois de juillet,
vous les courez, les analystes qui sont en vacances. Alors, le Trésor
n'a pas la même efficacité rendu à l'été.
Alors, moi, je dis que, quand le ministre, le député de
Labelle dit ça... Je vous donne un exemple dans un ministère,
mais c'est vrai pour tous les ministères qui sont
considérés comme des empêcheurs de tourner en rond. Le
ministère de l'Environnement est considéré comme un
empêcheur de tourner en rond pour le ministère de l'Industrie et
du Commerce, par exemple. Il y a des ministères qui, parce qu'ils sont
des ministères particuliers, ont des difficultés que d'autres
n'ont pas. Alors, je pense que, dans une mesure comme celle-là, il ne
faudrait pas que certains ministres soient en otage au Trésor. Il serait
mieux que la décision se prenne au Conseil des ministres.
M. Forget: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question au député de Lévis?
Le Président (M. Camden): Oui, M. le
député de Prévost.
M. Forget: Écoutez, moi, là, là-dessus, vous
avez peut-être raison, mais, par contre, il y a des choses qui
m'inquiètent un petit peu parce que, si vous arrivez au Conseil des
ministres, il y a beaucoup plus de monde
pour prendre la décision, tandis qu'au Conseil du trésor,
ce n'est pas long, ils sont quatre ou cinq. Je me souviens, moi, qu'en
1983...
M. Garon: Mais ils ne sont pas toujours là en même
temps.
M. Forget: Je ne me souviens plus si c'est en 1983, en 1981 ou en
1980, concernant l'agriculture à Berthier, lorsque vous aviez eu des
problèmes au niveau des subventions pour le drainage des cours d'eau, et
puis on avait discuté avec vous, parce que je faisais partie du conseil
d'administration de l'exposition de Berthier, et puis vous aviez dit: Oui, eux
autres, au Conseil des ministres, ils ne comprennent rien là-dedans. En
tout cas...
M. Garon: Au Trésor. Je n'ai pas dit «au Conseil des
ministres».
M. Forget: Oui, oui, c'est au Conseil des ministres. Vous disiez:
Ils ne comprennent rien là-dedans.
M. Garon: Non. Ce n'est pas le Conseil des ministres.
M. Forget: Je me souviens quand vous nous aviez dit ça.
Mais il me semble que, si ça avait été au Conseil du
trésor, ça aurait été plus facile, il y aurait eu
moins de monde, ils auraient compris plus vite.
M. Garon: Non. Je n'ai jamais...
M. Forget: Non, mais je vous pose une question.
M. Garon: Je ne me suis jamais plaint du Conseil des ministres.
Si vous avez compris le Conseil des ministres, vous êtes dans l'erreur.
Conseil du trésor...
M. Forget: C'était le Conseil du trésor?
M. Garon: Oui.
M. Forget: Vous êtes sûr de ça?
M. Garon: Ah oui! C'est parce que, des fois, vous avez des
analyses complètement déconnectées. À tel point
que, quand on avait un bon analyste au Conseil du trésor, des fois, le
ministère avait tendance à vouloir aller le chercher. Je disais:
Ne faites pas ça, sacrifice! Il va peut-être être
remplacé par un gars qui ne connaîtra rien là-dedans. Quand
on avait un bon analyste, là, qui était capable de faire de
bonnes analyses, on était content parce que, parfois, les analyses
peuvent montrer qu'il y a un aspect plus faible ou plus fort, à
condition que l'analyse soit dans la bonne rivière. Mais, parfois, vous
avez des analystes qui ne connaissent pas ça beaucoup.
À part de ça, ce n'est pas tous les gens au Conseil du
trésor qui considèrent l'agriculture comme un secteur de
développement économique. Il y en a beaucoup qui
considéraient ça comme un secteur folklorique. Alors, je parle
dans la machine; je ne parle pas des ministres qui sont là, mais je
parle dans la machine. Quand vous arrivez et que vous avez une analyse qui est
très défavorable, eh bien, vous partez avec deux prises: vous
êtes obligé d'expliquer votre affaire et de remonter la
côte.
Alors, c'est pour ça que l'analyse qui est faite au
Trésor, c'est une analyse, puis, après ça, moi, je pense
que c'est mieux que les décisions soient... Je donne un exemple. C'est
vrai pour d'autres ministères aussi. Alors, moi, je pense que c'est
mieux que les analyses d'opportunité... Quand on parle d'une exemption,
c'est sur l'opportunité, au fond. Il va y avoir une analyse, mais c'est
l'opportunité de prendre telle ou telle décision. Je pense que
ces décisions-là sont mieux au Conseil des ministres, comme dit
le député de Labelle, qu'au Conseil du trésor.
M. Forget: Ça m'amène à une autre question.
Par exemple, à l'époque, quand c'était assez difficile au
niveau du ministère de l'Environnement, où ça accrochait,
est-ce que c'était plus facile, à un moment donné, d'aller
défendre votre ministère au Conseil du trésor, sans passer
par le Conseil des ministres?
M. Garon: Non.
M. Forget: Par exemple, pour avoir de l'argent.
M. Garon: Le ministère de l'Environnement, moi, j'ai
trouvé que ce qui était difficile, c'était un
ministère qui était un jeune ministère, et il y avait
beaucoup d'imprécision et beaucoup de... C'est un domaine d'innovation
dans lequel le ministère de l'Environnement avançait avec plus ou
moins de certitude. Alors, ceux que le ministère veut
réglementer, bien, évidemment, à ce moment-là, au
lieu d'avoir des règles écrites... Souvent, c'était de
faire écrire les règles à suivre, justement, pour que les
gens sachent de quoi il s'agit. moi, quand je suis arrivé là,
à ce moment-là, les gens avaient des problèmes avec
l'environnement parce que c'étaient des directives non écrites.
alors, ils ne savaient pas sur quoi se baser. c'a été un gros
effort de faire mettre la réglementation par rapport à l'eau, la
faire écrire. on a passé des années à faire
ça et, après ça, au moins, les gens savaient sur quoi se
baser. je ne blâme pas l'environnement à 100 %. c'est qu'il
était dans un domaine neuf où il n'y a pas beaucoup
d'expérience. quand on parle, par exemple, des eaux, il n'y a pas
beaucoup d'expérience. alors, c'est des conceptions en train
d'évoluer; l'environnement, ça ne fait pas longtemps que les gens
sont préoccupés de ça. alors, ils ont des choses à
développer, des concepts à définir, puis tout ça,
et, parfois, les ministères qui ne sont pas sûrs d'eux ne veulent
pas le dire trop fort. alors, souvent,
c'est de garder les choses très secrètes; les gens ne
savent pas à quoi s'en tenir. Alors, il y a un travail à faire
qui est un travail de débroussaillage. Mais l'Environnement, c'est
évident qu'il avance avec l'état des connaissances, parce que
c'est un domaine qui est nouveau. Même s'il date peut-être d'une
vingtaine d'années, il est nouveau quand même. Ce n'est pas long,
20 ans, dans des domaines comme ceux-là.
Prenez encore aujourd'hui, regardez le débat, je vais vous donner
rien qu'un exemple très simple: l'énergie parasitaire,
l'électricité, là. Vous avez entendu parler de ça
dans votre comté, M. le Président, l'énergie parasitaire.
Ça affecte comment la santé animale? Je suis un de ceux qui
avaient demandé qu'on regarde aussi la santé humaine. Ça
affecte les animaux. Peut-être bien qu'il faudrait penser aux êtres
humains, également. Il y a beaucoup de questions qui se posent par
rapport à l'électricité.
Là, on vient de voir, je ne sais pas dans quel pays nordique, on
dit que la leucémie chez les enfants pourrait dépendre de
l'électricité ou des courants électriques trop près
des maisons. Est-ce que c'est vrai ou pas vrai? Je ne le sais pas, sauf que
ça veut dire qu'il y a des gens qui se posent des questions par rapport
à ces problèmes-là. Mais c'est parce qu'on est dans un
domaine neuf. Des champs magnétiques, comment ça nous influence,
les champs magnétiques? Dans le domaine de l'environnement, il y a des
questions, aujourd'hui, qui concernent l'environnement qu'on ne
soupçonnait même pas, il y a 10 ans, il y a 5 ans. Aujourd'hui, on
dit: Bien, il y a peut-être un effet.
Imaginez-vous, le tabac, moi, quand j'étais petit gars, personne
ne pensait que fumer, c'était dangereux. Il y en a qui pensaient que
c'était écologique parce que ça venait des autochtones,
fumer. On avait l'impression, à un moment donné, que les
autochtones étaient tous écologiques. Là, on vient de
s'apercevoir que la boucane, ça peut être dangereux. Mais moi, je
n'ai pas connu grand monde qui disait ça, il y a 40 ans. C'est pour
ça, on est dans des domaines...
M. Gautrin: Ha, ha, ha!
M. Garon: ...où la connaissance évolue. Alors, on
n'a pas les mêmes assurances. C'est pour ça que, souvent, les gens
qui prennent ces décisions-là, à mon avis, des
décisions... Remarquez bien qu'ici, à l'article 7, ce sont des
décisions d'opportunité. Exempter ou ne pas exempter, c'est une
décision d'opportunité, c'est une décision politique, au
fond, beaucoup plus qu'administrative. Et, à mon avis, une
décision politique devrait revenir au domaine politique. C'est pour
ça que moi, je partage à 100 % l'avis du député de
Labelle.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: ...la raison pourquoi on a mis «le Conseil du
trésor» plutôt que «le gouvernement», c'est en
raison de l'efficacité du processus. Il est clair que, dans la pratique,
si une décision du Conseil du trésor est tellement contraire au
bon sens, un ministre peut toujours, éventuellement, dans la
réalité des choses, retourner au Conseil des ministres, soulever
la question au Conseil des ministres et, éventuellement, convaincre les
gens du Conseil du trésor, ses collègues du Conseil du
trésor de changer leur décision.
M. Léonard: Vous «backtrackez» sur ce que vous
avez dit tout à l'heure.
M. Gautrin: Pas du tout, M. le Président... M.
Léonard: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: ...je dis que le Conseil du trésor... Je
maintiens ce que j'ai dit. Le Conseil du trésor a un jugement qui est un
jugement final. Mais je dis que, dans la pratique, les gens qui siègent
au Conseil du trésor, ce sont des êtres qui sont aussi membres du
Conseil des ministres et qu'il y a quand même une certaine interaction
entre les différentes personnes, et que le principe de laisser ici le
Conseil du trésor, c'est un objectif d'efficacité dans le
processus, et qu'on va le maintenir comme il est là.
M. Léonard: Ah, monsieur...
M. Gautrin: Vous avez un amendement, j'imagine, un
sous-amendement.
M. Léonard: Ça va venir, ça va venir. M.
Gautrin: Ha, ha, ha!
M. Léonard: J'aurai un amendement, oui, mais est-ce que le
député de Verdun revient sur ce qu'il a dit, tout à
l'heure...
M. Gautrin: Non.
M. Léonard: ...à l'effet que les décisions
du Conseil du trésor étaient finales en ces matières?
M. Gautrin: Je maintiens la décision, si je lis le texte,
le texte tel qu'il est présenté; les décisions du Conseil
du trésor sont finales.
M. Léonard: Appelables au Conseil des ministres.
M. Gautrin: Non.
M. Léonard: Elles le sont ou pas?
M. Gautrin: Elles le sont. M. Léonard: Elles le
sont. M. Gautrin: Oui.
M. Léonard: Bon, c'est le contraire de ce que vous avez
dit, tout à l'heure. O.K.
M. Gautrin: C'est faux.
M. Léonard: Ha, ha, ha! C'est exactement le contraire.
M. Gautrin: Vous me dites: Est-ce qu'elles sont? Mais non, vous
me posez la question...
M. Léonard: Vous avez dit que c'était final parce
que j'ai posé la question si le ministre...
M. Gautrin: ...est-ce que les décisions... Vous me posez
la question: Est-ce que les décisions du Conseil du trésor sont
finales? Je vous réponds: Elles le sont. Ça veut dire: elles sont
finales, elles ne sont pas appelables. Quand vous dites: elles le sont, elles
sont finales. (17 h 40)
M. Léonard: Elles sont finales.
M. Gautrin: Elles sont finales.
M. Léonard: C'est la même chose que tantôt.
O.K., c'est correct. On s'entend.
M. Gautrin: Ça va? Bon.
M. Léonard: Mais une décision du Conseil du
trésor peut être évoquée ou appelable au Conseil des
ministres, actuellement. Ça, c'est toute décision... Le Conseil
du trésor, c'est un comité du Conseil des ministres, et ses
décisions peuvent être évoquées au Conseil des
ministres. Les décisions du Conseil du trésor peuvent revenir au
Conseil des ministres, toute décision. Un ministre qui n'est pas
satisfait d'une décision du Conseil du trésor peut la ramener au
Conseil des ministres. Là, vous me dites que non.
M. Gautrin: Je pense que vous faites...
M. Léonard: Parce que je pense que, dans la
rédaction, ici...
M. Gautrin: Je voudrais qu'on fasse très... Ce que vous
affirmez, faites attention. Je ne suis pas sûr que ce que vous dites est
exact.
M. Léonard: Oui.
M. Gautrin: Attendez un instant. Est-ce que... M.
Léonard: Oil va regarder la loi de l'exécutif.
M. Gautrin: ...le Conseil des ministres peut renverser une
décision du Conseil du trésor?
M. Léonard: Oui.
M. Gautrin: Renverser une décision...
M. Léonard: Oui.
M. Gautrin: .. .par décision du Conseil des ministres?
M. Léonard: Oui.
M. Gautrin: Je ne dis pas que, dans le mécanisme de
fonctionnement du Conseil des ministres, il n'est pas possible que les gens en
discutent et qu'ils fassent en sorte que les membres du Conseil des ministres,
qui sont aussi membres du Conseil du trésor, finissent par être
persuadés de renverser leur décision. Ça, c'est une chose.
Mais ce que vous dites, c'est que formellement, le Conseil des ministres peut
renverser une décision du Conseil du trésor.
M. Léonard: O.K. M. le Président, je vous annonce
que j'aurai un amendement à déposer, avant que je termine,
là, sur ce sujet, sur l'article 7.
M. Gautrin: Je vous remercie. C'est...
M. Léonard: Mais, là-dessus, je le dis de toute
bonne foi.
M. Gautrin: Vous le dites de bonne foi.
M. Léonard: Oui, oui. Mais je pense que moi, j'ai toujours
compris ça. D'ailleurs, c'a été dit. J'ai participé
au Conseil du trésor...
M. Gautrin: Mais est-ce que... Oui, oui.
M. Léonard: ...et un ministre qui n'est pas satisfait
d'une décision du Conseil du trésor peut revenir au Conseil des
ministres parce que le Conseil du trésor est un comité.
M. Gautrin: Mais, attendez un instant. Ce que je veux bien
comprendre, c'est, bien sûr, il peut revenir parce qu'il y a quand
même une certaine solidarité ministérielle, etc. Mais
est-ce que la décision... Les membres du Conseil du trésor sont
convaincus par un collègue de changer leur décision, ce qui est
une chose; ou la décision du Conseil du trésor est
renversée par une décision du Conseil des ministres; c'est deux
choses,
c'est la distinction. Dans la pratique, probablement, ça ne pose
pas de différence parce que les choses se passent...
M. Léonard: Dans la pratique, ça arrive.
M. Gautrin: ...probablement par le premier élément.
Mais, formellement, actuellement, vous me dites qu'une décision du
Conseil du trésor peut être renversée par une
décision du Conseil des ministres.
M. Léonard: Oui. Oui. Parce que le Conseil du
trésor va faire une recommandation au Conseil des ministres d'adopter un
décret, et le Conseil des ministres les adopte comme ça, à
la volée. Le Conseil du trésor a des pouvoirs
délégués du Conseil des ministres; c'est un comité
du Conseil des ministres. Et, effectivement, le Conseil du trésor peut
rendre des décisions que le Conseil des ministres ne révise pas
parce que c'est automatique, dans un cadre de délégation, sans
problème, et le Conseil des ministres... Quand il s'agit de
décrets, par exemple, le Conseil du trésor a une
délégation de prendre des décisions pour moins de 1 000
000 $, mais au-delà de 1 000 000 $...
M. Gautrin: Différence, quand même.
M. Léonard: ...le décret passe au Conseil des
ministres. Tous les décrets visés par le Conseil du trésor
passent au Conseil des ministres, à ce moment-là. C'est vraiment
une délégation. Là, on peut le vérifier, mais moi,
je...
M. Gautrin: Non, non, mais je pense que... Écoutez, ce que
j'ai affirmé de toute bonne foi...
M. Léonard: Mais ce que vous dites...
M. Gautrin: ...de toute bonne foi, à l'heure actuelle,
à partir du moment où, moi, je vous ai dit la décision
telle qu'elle est écrite, c'est le Conseil du trésor qui peut...
Ce que vous dites, à l'heure actuelle, c'est que toute décision
du Conseil du trésor peut être renversée par le
gouvernement, ce que je ne pensais pas, mais que les gens confirment que vous
avez raison.
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: À l'heure actuelle, il est clair, à ce
moment-là, que même si on laisse «le Conseil du
trésor peut», le gouvernement pourrait changer une décision
du Conseil du trésor...
M. Léonard: Bon, bien, O.K., alors, vous vous
rendez...
M. Gautrin: ...par décision. Non, non, mais je me rends...
Je m'excuse sur la question. Ma perception à moi, c'était que,
par un mécanisme de fonctionnement interne, c'est-à-dire que les
gens pouvaient se convaincre mutuellement. Il semblerait que non, que,
formellement, même si ça se passe rarement...
M. Léonard: C'est rare, mais ça arrive.
M. Gautrin: ...et que le contraire se passe et que, bien souvent,
c'est qu'après discussion, les gens changent leur décision, il y
a pouvoir de changer la décision du Conseil du trésor. C'est un
pouvoir général qui n'a même pas besoin d'être
prévu dans la loi.
M. Léonard: Oui, bien, c'est ce que je pensais. C'est pour
ça que j'ai posé la question. Mais vous avez dit: Non, ce n'est
pas appelable.
M. Gautrin: C'est exactement ce que je... Non, mais je vous
explique...
M. Léonard: C'est ce que vous pensiez. C'est correct.
Bon.
M. Gautrin: C'était mon opinion qui est...
M. Léonard: Comme quoi on apprend des choses en faisant de
la législation.
M. Gautrin: Mais, bien sûr, mais, écoutez, cher ami,
je...
M. Léonard: M. le Président, pour...
M. Gautrin: Ce qui n'empêche pas de déposer votre
amendement, j'imagine.
M. Léonard: Oui. C'est que par rapport au premier
alinéa que nous discutons, j'aurais un amendement à vous
déposer qui se lirait comme ceci, et j'aimerais bien qu'on en discute:
L'article 7 est modifié par le remplacement du premier alinéa par
l'alinéa suivant: «Le Conseil du trésor peut, dans la
mesure qu'il détermine, prendre une décision pour exempter
certains organismes publics ou catégories d'organismes publics de
l'application de tout ou partie de la présente section.»
L'amendement que je dépose vise à rayer le paragraphe
2°, «certaines catégories de personnes à l'emploi d'un
organisme public». Je comprends que le député de Verdun ait
mis «certaines catégories de personnes à l'emploi d'un
organisme public». Ce que je lui souligne je l'ai souligné
tout à l'heure, mais là, je le fais plus formellement par le
dépôt d'un amendement c'est que cela amène le
Conseil du trésor à faire la gérance des ressources
humaines dans chacun des organismes publics dont il est question ici. Cela
amène une centralisation considérable, considérable, parce
qu'on va... Par exemple, dans un hôpital, est-ce que le
président... Oh! Un membre de l'Exécutif qui vient ici?
On va applaudir un membre de l'Exécutif, ici. Vous êtes
dans la fosse aux lions. Ha, ha, ha! On peut suspendre deux minutes pour vous
permettre de faire les consultations requises.
M. Gautrin: Non, ça n'a rien à voir; c'était
sur l'article 6.
M. Léonard: Bien, c'est parce que je veux que vous
écoutiez mon argumentation en ce...
M. Gautrin: Je suis en train d'écouter avec beaucoup
d'intérêt. Je vous écoute.
M. Léonard: Alors, écoutez. Par exemple... Vous
m'avez fait perdre un peu le fil de ma pensée, mais je ne l'ai pas
perdu. Certaines catégories...
M. Gautrin: Votre argumentation était la suivante. Vous
étiez en train de dire qu'on...
M. Léonard: Oui, oui. Ça va, je me rappelle.
Ça va.
M. Gautrin: ...rentrait dans la gestion de chacun des
organismes.
M. Léonard: de la gestion de chacun des organismes.
exemple, un hôpital, ça amène le conseil du trésor
à intervenir selon différentes catégories. dans un
hôpital, il y a des médecins. est-ce que vous indiquez
déjà par là que le conseil du trésor exempterait le
personnel «catégorie médecins» de l'application de
tout ou partie de la présente section? c'est une bonne question,
à mon sens. il exempterait. donc, les médecins ne seraient pas
coupés, eux, de 12 %. ils ne seraient pas coupés, par
exemple.
Est-ce que, dans le cas d'une autre catégorie de personnel, lui,
le Conseil du trésor serait amené à couper de 6 % le
personnel? Et là, je vais juste dire au député de Verdun
que cela fait en sorte que le Conseil du trésor intervient dans la
gérance, dans la gestion des ressources humaines. C'est ça qu'il
fait, actuellement. Je trouve qu'il va très, très loin en faisant
ça.
Maintenant, ça peut être son choix. Vous pouvez le faire,
étant donné que vous avez amorcé le mouvement de
centralisation en intervenant dans le plan d'effectifs et en approuvant le plan
d'effectifs. Mais là, vous allez encore plus loin en disant
«certaines catégories». Parce que, même dans certaines
catégories, vous pouvez avoir aussi du personnel d'encadrement et du
personnel autre que le personnel d'encadrement dans chacune de ces
catégories-là. Est-ce que le ministre en herbe admet qu'il
amène le Conseil du trésor à intervenir...
M. Gautrin: Du parlement-école?
M. Léonard: Est-ce que le ministre en herbe du
parlement-école, oui, amène le Conseil du trésor à
intervenir dans la gestion des ressources humaines de façon abusive? Et
puis, il centralise tout le processus.
M. Gautrin: M. le Président, je vais reprendre le
débat avec le député de Labelle. Il faut distinguer dans
ce projet de loi l'article 3 et les articles 4 et 5. Les articles 4 et 5, on
demande aux organismes de déposer un plan de réduction
d'effectifs. (17 h 50)
M. Léonard: Oui.
M. Gautrin: Ça, c'est un débat qu'il ne faut pas
commencer parce qu'il y a un peu, des fois, des glissements. Lorsqu'on parle de
ce projet de loi, on est quand même amené à penser à
des coupures de 20 % pour les médecins dans les hôpitaux. Il faut
être conscient que les hôpitaux sont couverts par l'article
1.2°, mais ils ne sont pas couverts par l'article 1.1°. Ça,
c'est le premier élément.
Deuxième élément, on veut donner une certaine
flexibilité, si, pour une catégorie de personnes et on
peut envisager n'importe quel type de catégorie de personnes pour
toutes sortes de raisons, le Conseil du trésor amène à
penser que ces gens-là, soit parce qu'ils sont en première ligne,
soit parce qu'ils sont distributeurs de services, ne devraient pas être
soumis, si je puis dire, à la loi, plutôt que de procéder
tel que vous le suggérez, à l'heure actuelle, qui serait, dans
chacun des organismes, de les prendre tous par une exemption en disant: Tous
les organismes vont... Vous prenez un article, à cause de la
présence de l'article 7, deuxièmement, qui permet de prendre une
décision générale et éviter de passer chacun des
organismes en exemption. C'est une question de souplesse, simplement. Vous le
voyez bien. Prenons l'exemple de la catégorie de la profession x.
M. Léonard: Médicale.
M. Gautrin: Non, non, prenons x, sans savoir ce que c'est. Puis
là, vous êtes en train d'imaginer que, pour toutes sortes de
raisons, le bon sens veut que les gens de la profession ou de la
catégorie x ne peuvent pas ou ne doivent pas être soumis à
une réduction de personnel pour des raisons y que je ne précise
pas actuellement, ici. À ce moment-là, au lieu de reprendre
organisme par organisme, de traiter une clause d'exemption sur l'application de
la loi sur la partie pour le personnel x dans les organismes a, b, c, d et e,
vous allez avoir un principe général dans lequel vous allez
pouvoir exempter de l'application de la loi la catégorie de personnes x.
Vous êtes actuellement en train d'obtenir un effet d'efficacité et
de simplifier le travail du Conseil du trésor.
Ce que vous faites, si on vote votre amendement, vous allez encore
multiplier considérablement le travail du Conseil du trésor.
Écoutez, vous vous êtes plaint,
tout à l'heure, et vous avez fait valoir à quel point le
travail du Conseil du trésor va être augmenté par cette
loi-là. Je ne partage pas nécessairement votre point de vue, mais
si on passe votre amendement, oui, le travail du Conseil du trésor va
être considérablement augmenté. Donc, je pense, M. le
Président, que cet amendement ne bonifie pas du tout l'amendement
à l'article 7, mais, au contraire, complique le fonctionnement et le
travail du Conseil du trésor.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: D'abord, une première remarque. Quand
le député de Verdun dit que ce n'est qu'un plan de
réduction du personnel...
M. Gautrin: Je n'ai pas dit «qu'un», mais
«c'est».
M. Léonard: ...et que ce n'est pas toute la gestion du
personnel qui est en cause, peut-il admettre avec moi que, lorsqu'on diminue,
qu'on coupe le personnel de 12 % ou de 20 %, ça ne se fait pas sans
reprendre toute l'affectation des tâches dans une unité
quelconque?
M. Gautrin: Dans les organismes prévus par la clause
1.1°, qui sont prévus dans l'article 3.
M. Léonard: Non, mais là, c'est...
M. Gautrin: Autrement dit, les organismes à qui vous
pensez ou semblez faire référence sont les organismes couverts
par l'article 4 et l'article 5, où on n'a pas ces mêmes clauses de
réduction.
M. Léonard: II faut exempter de l'application de tout ou
partie de la présente section. Ça touche tous les organismes des
articles 1...
M. Gautrin: Oui, oui, je suis d'accord. Bien sûr. M.
Léonard: ...et 2.
M. Gautrin: Oui, oui, mais l'article 1.1°, donc, l'article 3,
qui fait référence nommément à des quan-tums de
réduction.
M. Léonard: Oui, les 20 %.
M. Gautrin: Les 20 % et les 12 % ne touchent simplement que les
organismes prévus ou couverts par le 1.1°.
M. Léonard: Oui, mais ça ne change rien au fait
que, dans les autres organismes, même si la loi n'a pas mis de quantums,
le Conseil du trésor va être amené à émettre
des directives pour fixer au moins des objectifs et probablement
quantifier.
M. Gautrin: Ou recevoir des plans de réduction.
M. Léonard: Oui, mais il faut quand même qu'il dise
à ceux à qui il va s'adresser à quoi il s'attend, parce
que... Bon, bien...
M. Gautrin: Oui, mais ça, vous refaites le débat de
l'article 3 et des articles 4 et 5.
M. Léonard: Non, non! Un instant! Un instant, là!
On va aller plus loin.
M. Gautrin: Non, mais vous l'aviez déjà dit,
ça, ce point de vue là en 4 et 5.
M. Léonard: Bon. C'est parce que... Laissez-moi finir,
là. Vous m'interrompez sans arrêt.
M. Gautrin: Je suis d'accord. Excusez-moi. Excusez-moi.
M. Léonard: Il reste que, par rapport, supposons, aux
commissions scolaires, il va y avoir un quantum qui va être l'objectif
général à atteindre, souhaité par le conseil du
trésor, disons, de 15 % ou peut-être même de 20 % et de 12
%. on ne peut pas l'exclure. on l'applique aux ministères. donc, on peut
souhaiter que ça vienne aussi du gouvernement et des commissions
scolaires. alors, si vous faites un plan de réduction des effectifs de
12 %, ça veut dire que vous faites une réaffectation
considérable des tâches.
Que le député de Verdun s'imagine que, dans une
université, par exemple, on dise: Objectif, réduction de 12 % des
professeurs. C'est ça? C'est des balises qui pourraient être
données par le Conseil du trésor. Qu'est-ce que ça fait,
en bout de course, dans les universités? Je pense que lui, ayant
déjà été dans le secteur, responsable d'un syndicat
de professeurs, va savoir et va admettre que cela va...
M. Gautrin: Membre du comité des budgets de
l'université.
M. Léonard: Oui, mais il va admettre que cela ne passera
pas inaperçu. Et puis, là, le Conseil du trésor va
intervenir sur des catégories de personnes. Il y a des professeurs. On
dit: «catégories de personnes à l'emploi d'un organisme
public». Alors, les catégories, c'est quoi? Est-ce que ça
descend jusqu'à déterminer prof titulaire, prof
agrégé, prof adjoint, auxiliaire d'enseignement, personnel non
enseignant, cadre, personnel autre que cadre?
Faites toute l'analyse. Il y a 3000 personnes, par exemple, à
l'Université de Montréal, ou même plus que ça, je
pense 5000. C'est du monde, ça. Est-ce que le
Conseil du trésor émet une directive sur «certaines
catégories»? Là, ce que vous avez dit, tout à
l'heure, en réplique, en réponse à ce que moi,
j'avançais, c'est que le Conseil du trésor, pour plus de
flexibilité, dira: Nous coupons, par exemple, les professeurs
d'université de 12 % à la grandeur du Québec, dans toutes
les universités, ce qui fait que ça lui facilitera la
tâche. Il a juste à le dire pour que cela se fasse.
Je veux juste vous dire que, si le Conseil du trésor intervient
par rapport à des catégories de personnes dans des institutions,
il est obligé de les définir et de les appliquer «at
large». Et là, il vient de s'ingérer directement dans la
gestion des ressources humaines et il vient d'attenter à l'autonomie de
tous ces organismes qui en jouissent jusqu'ici. Je veux simplement attirer son
attention sur l'ampleur de la difficulté.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: ...personnellement, je ne vois pas de
difficulté. Je vais lui donner un exemple et je vais poursuivre
l'exemple qu'il soulevait, soit dans les universités, soit dans les
hôpitaux. Il est tout à fait concevable, par exemple, que le
Conseil du trésor décide que les infirmières, pour des
raisons de soins aux malades dans les hôpitaux... Autrement dit, on
définit que la «catégorie infirmières» dans
les hôpitaux ne devrait pas subir de réduction ou être
soumise au programme de réduction, parce qu'elles donnent, elles
dispensent des services de première ligne.
Il est concevable aussi que le Conseil du trésor, dans sa
gestion, dans son approche, exempte de l'application de la loi et je ne
dis pas que ce soit nécessaire ou non nécessaire par
exemple, les professeurs d'université: ça peut être un
élément sur lequel on pourrait débattre de la
portée de ça, sans humour. L'idée de pouvoir laisser cette
flexibilité au lieu de reprendre, à l'intérieur de chacun
des projets, des gens qui vont venir demander des exemptions... Parce qu'il
faut bien être conscient que, strictement, normalement, la loi a une
portée générale. Premièrement.
Deuxièmement, la portée particulière, c'est cet
article 7 et un article d'exemption, pour diminuer le nombre d'exemptions,
c'est-à-dire pour éviter que, par exemple, tous les CLSC viennent
demander une exemption parce qu'ils ne peuvent réduire le nombre de leur
personnel infirmier. On peut penser à une catégorie
générale dans laquelle on dirait que le personnel de la
catégorie x ou y n'est pas soumis à la réduction. C'est
pour faciliter le travail.
C'est le même objectif qui est prévu à 2: même
si vous supprimez 2, on peut obtenir exactement le même objectif avec 1,
sauf qu'à ce moment-là on est obligé de multiplier les
décisions du Conseil du trésor. (18 heures)
Le Président (M. Camden): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Mais, sauf que je pense qu'il y a une dynamique...
Juste une chose à la fois que je vais rajouter.
Une voix: O.K.
M. Garon: II y a une dynamique qu'on ne soupçonne pas qui
peut arriver aussi.
Une voix: Ah, il va en rester pour la semaine prochaine.
M. Garon: Exemple, c'est facile, à ce moment-là,
de... L'université, actuellement, a tant par tête de pipe. Le
résultat, on contingente en médecine, on contingente dans les
facultés qui coûtent de l'argent, mais, dans les facultés
comme le droit... Moi, je me rappelle, quand j'étais professeur à
la Faculté de droit, la Faculté de droit aurait voulu en prendre
bien moins. L'Université Laval disait: Prenez-en, ce n'est pas de
l'onguent, ça rapporte, un étudiant en droit à la
Faculté des lettres, ça rapporte la même subvention par
tête de pipe sauf que moi, j'ai déjà donné
des cours à 235 étudiants dans ma classe. J'étais payant
pour l'université, comprenez-vous? Alors, c'est bien facile aussi.
M. Gautrin: Si vous voulez qu'on rentre dans les payants,
demandez aux gens, à quel point la FEP, c'est la vache à lait des
universités.
M. Garon: Bien non. Le problème, à ce
moment-là, n'est pas là, au contraire, parce que
l'université, à ce moment-là, qui contingente les
étudiants qui coûtent cher et ouvre les portes aux
étudiants qui ne coûtent pas cher, parce qu'elle a le même
montant par tête de pipe, par étudiant, à ce
moment-là, les facultés de lettres, certaines facultés...
Prenez-en, il n'y a pas de problème. Ça nous coûte 2000 $
par étudiant, puis, plus vous en mettez dans la classe, plus ça
rapporte, tandis que, dans d'autres facultés, on n'en met pas beaucoup.
On contingente parce que, là, ils coûtent plus cher que le montant
qu'ils rapportent par étudiant. Au fond, il faudrait avoir une analyse
beaucoup plus profonde des finances universitaires pour avoir l'heure juste que
seulement parler en termes d'attrition du corps professoral.
Ensuite, on peut se retrouver aussi avec des facultés uniquement
avec des chargés de cours, exemple. Moi, j'appelle ça des
voyageurs de commerce de l'enseignement universitaire, genre ce qu'on a
à Lévis ou dans la Beauce, comprenez-vous. On a des
étudiants, les gens viennent donner leur cours, puis ils s'en vont par
après, tu sais, parce qu'on aime mieux les universités
centralisées. Alors, on a peur de les décentraliser, puis on a
peur de la concurrence.
Les grosses universités ne veulent pas avoir de la
concurrence. Alors, on a des commis-voyageurs de l'enseignement
universitaire qui arrivent avec leur valise, puis la connaissance est dans la
sacoche. La sacoche arrive, puis, après ça, la sacoche s'en va,
mais on n'a personne sur place, comprenez-vous. Alors, ça, on ne fera
pas des diplômés universitaires forts avec ça, parce qu'il
y a un suivi, il y a toutes sortes de choses à faire dans l'enseignement
universitaire pour que ça fasse une véritable formation
universitaire. Moi, j'aimerais ça qu'on fasse un véritable
débat de fond là-dessus.
M. Gautrin: Ah!
Le Président (M. Camden): Alors, sur...
M. Gautrin: Est-ce qu'on est prêt à prendre le vote
sur l'amendement?
Une voix: Non, non. Pas fini, pas fini.
M. Gautrin: II n'est pas Uni. Ils n'ont pas épuisé
leur temps.
Le Président (M. Camden): II n'est pas terminé, et
il est 18 h 3. Alors, sur ce, nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 3)