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(Vingt heures dix minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration est réunie
afin de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 198, Loi sur la limitation de l'embauche dans les organismes
publics et l'imputabilité des administrateurs d'État et des
dirigeants d'un organisme public. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui. M. Filion (Montmorency) est
remplacé par Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière).
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
secrétaire. Dans un premier temps, M. le député proposeur
aura la parole pour ses remarques préliminaires, puis je passerai, du
côté de l'Opposition, à Mme la députée de
Taillon pour qu'elle puisse aussi nous faire des remarques
préliminaires.
M. le député de Verdun, désirez-vous faire des
remarques préliminaires?
M. Gautrin: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
Remarques préliminaires M.
Henri-François Gautrin
M. Gautrin: M. le Président, j'aimerais, dans ces
remarques préliminaires, situer ce projet de loi et repréciser
les objectifs qu'il essaie d'atteindre. Ce projet de loi - et c'est un fait
assez inusité - n'est pas présenté par un ministre. Il est
présenté suivant le nouveau règlement, c'est-à-dire
184. C'est un projet de loi d'intérêt public
présenté par un député ministériel et le
résultat d'un travail de réflexion d'un groupe de parlementaires
ministériels sur la gestion de l'État.
Il est clair que le budget du Québec a un problème
structurel de déficit. Et une des manières de régler ce
problème structurel de déficit, c'est de diminuer la fonction
publique, de diminuer l'ensemble, le nombre de salariés de
l'État. L'approche qui a été prise dans ce projet de loi -
et, certainement, on aura des amendements à amener, parce qu'il est un
peu rude, c'est le moins qu'on puisse dire - était premièrement
de limiter l'embauche, c'est-à-dire procéder par le
mécanisme d'attrition pour diminuer l'ensemble des salariés des
secteurs public, parapu-blic et péripublic; deuxièmement, une
volonté de diminuer l'encadrement de ces secteurs-là et,
troisièmement, de rendre imputables les administrateurs d'État
devant les commissions parlementaires concernées,
particulièrement pour vérifier l'atteinte des objectifs qu'on
leur donnait.
Si je reviens sur le premier élément, le premier
élément porte sur la portée du projet de loi,
c'est-à-dire ce qu'on veut toucher à l'intérieur de ce
projet de loi. Et c'est l'article 1 des définitions. On touche le
secteur de la fonction publique comme telle, mais on touche beaucoup plus que
la fonction publique. On englobe tout le secteur dit parapublic,
c'est-à-dire le secteur du réseau de l'enseignement, pour parler
en langage commun, et du réseau de la santé. Sont incluses aussi
dans cette version du projet de loi les sociétés d'État et
les filiales des sociétés d'État de même que les
universités. C'est ça qu'on appelle la fonction publique.
Autrement dit, ça couvre à peu près tout ce qui bouge et
ce qui existe dans les secteurs parapublic et péripublic. Et, si on
avait oublié quelque chose, on serait tout à fait heureux de
pouvoir l'amender pour l'inclure.
Deuxième élément. Une fois qu'on a établi
tout ce qui bouge, probablement qu'on aura à apporter des amendements
dans ce projet de loi. On a procédé de la manière
suivante. On s'est dit: On gèle l'embauche dans tout ce qui bouge,
laissant une clause dérogatoire au gouvernement pour pouvoir
éviter les situations qui sont des situations qui n'ont pas de sens et
que, j'en suis sûr, l'Opposition se fera plaisir de soulever et sur
lesquelles on peut facilement partager. Donc, la technique d'approche, c'est de
dire: On gèle l'embauche partout et, après, on peut
déroger, donner la possibilité de déroger au gouvernement.
Il est clair que cette approche peut être un peu trop brutale et qu'il y
aurait lieu de préciser, dans les amendements qu'on pourra amener, de
mieux préciser le champ d'application d'une telle loi. Mais je tiens
à rappeler que la limitation de l'embauche est un élément
d'importance des déséquilibres budgétaires pour le
gouvernement.
Si j'ajoute aussi un troisième point, il est clair que la
mécanique qu'on utilise ici pour diminuer le nombre de salariés
est une mécanique d'attrition. C'est-à-dire qu'il n'est pas
question de mettre personne à la porte. On utilise l'attri-tion
naturelle, une attrition naturelle qui est de l'ordre de 3 % par année.
On a, grosso modo, pensé qu'on pouvait en prendre 2,5 % et autoriser 15
%, sur l'ensemble, qui pourraient être remplacés. Il y aura lieu
peut-être de mieux préciser, dans l'étude article par
article, M. le Président, les champs d'application de cette
volonté d'attrition.
Le deuxième élément du projet de loi touche la
réduction de l'encadrement. Encore là, on prend tout ce qui bouge
et qui existe dans les
secteurs public et parapublic et on lui applique une norme de
réduction uniforme, de l'ordre de 20 %. Ce qui aura à être
amendé dans la discussion, c'est certainement les dates, parce que
l'horizon qui est fixé, qui est un horizon du 1er janvier 1993, est
virtuellement irréaliste, compte tenu des dates où nous sommes.
Il s'agit de mieux préciser l'horizon sur lequel on veut atteindre cet
objectif de réduction et de prendre aussi l'horizon de départ
pour fixer les 20 %, c'est-à-dire le point de départ. Ce qui
avait été oublié dans ce projet de loi: mieux
préciser aussi une clause dérogatoire pour éviter qu'on ne
s'empêtre dans des cas qui, au premier abord, créeraient
virtuellement des difficultés de gestion. Donc, le deuxième
élément a vraiment une volonté de diminuer comme tel
l'encadrement des secteurs public, parapublic, péripublic, etc., et
tutti quanti, c'est-à-dire de diminuer l'encadrement dans ces
secteurs-là.
Le troisième point qui est touché par ce projet de loi
veut rendre imputables les administrateurs d'État et les dirigeants
d'organismes, mais les rendre imputables devant les élus,
c'est-à-dire devant les commissions parlementaires de l'Assemblée
nationale. Je pourrais longtemps expliquer à quel point les
parlementaires ont une difficulté à vérifier ce qui se
passe dans la fonction publique. Les rapports successifs du Vérificateur
général, les rapports que cette commission a faits en 1990 - je
pense qu'ils portent les noms, dans le langage courant, du président de
la commission et du vice-président de la commission - amènent
à penser qu'il est important de pouvoir rendre les administrateurs
d'Etat et les dirigeants d'organismes publics imputables, devant les
commissions parlementaires, de leur gestion. Le ministre concerné ne
peut pas être toujours responsable de toute la gestion dans son propre
ministère et, bien souvent, on ne peut pas ou on n'arrive pas à
avoir un réel contrôle sur ce qui s'est passé si on ne peut
pas librement interroger les administrateurs d'État ou les dirigeants
d'organismes. D'ailleurs, ce n'est pas une mesure qui est très
originale; elle est, sous des formes diverses, déjà
appliquée et utilisée dans le Parlement fédéral ou
dans d'autres Parlements de tradition britannique. (20 h 20)
Alors voilà, M. le Président, ce qu'est ce projet de loi:
un projet de loi relativement simple, qui a comme objectif de pouvoir, disons,
atteindre des équilibres budgétaires, de se donner la voie
législative pour atteindre des équilibres budgétaires et
les atteindre par mécanismes, un, d'attrition, et, deux, de
réduction de l'encadrement. Et je crois, M. le Président, qu'on
devrait facilement tomber d'accord de part et d'autre pour adopter ce dit
projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le
député. Mme la députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Je vais
être d'accord avec les derniers propos du député de Verdun,
à savoir qu'on pourrait sûrement et on pourra sûrement se
mettre rapidement d'accord sur l'article qui concerne l'imputabilité, et
j'y reviendrai dans le cadre de nos débats. Mais je vais avoir un petit
peu de difficultés - et je pense que le député le sait et
le président de la commission le sait aussi - avec les autres articles
auxquels a fait référence le député de Verdun en
expliquant très bien, d'ailleurs, point après point, en quoi
consistait chacun de ces articles que l'on retrouvait dans le projet de loi.
Pour les fins, vraiment, d'une étude plus approfondie de la loi qui est
devant nous, j'aurai d'ailleurs un certain nombre de questions à
soulever et j'aurai une ou deux motions à faire pour nous amener
à ce que l'on ait les outils nécessaires à
l'éclairage utile pour une prise de décision dans le cadre du
projet de loi qui est devant nous.
Le député de Verdun disait: C'est un fait un petit peu
inusité que ce soit un projet présenté par un
député. Moi, je pense que c'est heureux qu'un
député puisse amener devant les membres de l'Assemblée un
projet de loi de sa propre initiative, et c'est heureux que nos
règlements le permettent. Mais, cela étant dit, je crois
cependant que de la façon dont sont organisées nos institutions,
les bases sur lesquelles s'appuient nos institutions, avec la
responsabilité ministérielle immanente, je dirais, dans
l'ensemble de notre système, à moins qu'on ne modifie
complètement l'institution, un peu comme le député
souhaite que les administrateurs d'État et les présidents des
organismes soient imputables, je pense qu'on ne doit pas non plus, par
l'intermédiaire d'une loi présentée par un
député, écarter les premiers responsables de la gestion
des fonds publics que sont les membres de l'Exécutif.
Dans ce sens-là, que l'initiative soit prise par un
député, je salue ça et je suis très heureuse de
pouvoir constater que ça se fait, que ça s'est fait et que nous
sommes à étudier un projet de loi qui a été
présenté par le député de Verdun. Il y a,
d'ailleurs, des projets de loi qui sont devant l'Assemblée et qui ont
été présentés par de mes collègues aussi,
mais ça n'enlève pas, cependant, la responsabilité de
l'Exécutif. Et, en ce sens-là, je pense qu'on peut
déplorer, entre autres, que le ministre ne soit pas avec nous à
discuter de ces travaux que l'on entreprend.
Deuxièmement, si on pense à l'économie
générale de la loi qui est devant nous - je reviendrai à
la fin sur l'imputabilité - je vais revenir sur les blocs auxquels
faisait référence le député de Verdun. Je suis
d'accord avec lui que nous avons un effort important à faire en termes
de rationalisation pour faire en sorte que la part imputée - la part,
c'est ça - à l'État dans
l'ensemble de notre système productif et de notre produit
national soit peut-être un peu moins importante et, surtout, que
l'État soit plus productif, s'il peut le faire, en faisant une analyse
un peu systématique et serrée de ses activités.
Je vous dirai qu'il y a, d'entrée de jeu, probablement, tout
l'angle des dédoublements avec le gouvernement fédéral
qui, s'il pouvait être envisagé et analysé d'une
façon systématique, nous amènerait à des
économies de taille, M. le Président. Et je suis persuadée
que le député de Verdun est d'accord avec moi et que les membres
de cette commission sont d'accord avec moi. Dans un bon nombre de secteurs, les
ministres mêmes de son gouvernement la font, la démonstration.
Celui qui est, évidemment, le plus évident actuellement, le
secteur d'activité qui est le plus évident, c'est celui de la
main-d'oeuvre, de la sécurité du revenu et de la formation
professionnelle, et sous les trois angles - la main-d'oeuvre, la
sécurité du revenu et la formation professionnelle - alors, pas
seulement l'un des trois volets. Dans ce sens-là, il y a probablement
pas mal plus de matière à économies de ce
côté-là que du côté, parfois, d'une
amélioration de la productivité, qui est sans doute possible; je
ne dis pas qu'il n'y en a pas à faire et je ne dis pas qu'il n'y a pas
des études plus poussées qui doivent se faire, mais je pense
qu'il y a d'autres sources d'économies que l'on met un peu facilement de
côté pour se tourner vers une approche plus mécanique. Et
je reprends les mots mêmes du député qui a dit à
quelques reprises: C'est peut-être un peu brutal, la façon dont on
procède, et c'est même mécanique. Mécanique dans le
sens où on fixe un objectif, on prend pour acquis qu'il y a une
attrition dans la fonction publique, alors, on dit: On n'embauchera pas plus
que 15 % des effectifs qui auront quitté la fonction publique. On prend
pour acquis que ces effectifs quitteront d'une façon volontaire, sur la
base de l'attrition. J'en conviens, et c'est tout à fait juste.
Je ne questionne même pas les chiffres, qui doivent être
corrects, à savoir qu'il y a naturellement des départs, que ce
soit dû à la retraite, dû à un changement d'emploi,
peu importe. Bon. Sauf que je reproche cependant à la loi qui est devant
nous cet aspect mécanique. On est dans une ère de gestion moderne
où on essaie de développer de nouvelles façons de
gérer les ressources - que ce soient les ressources humaines, les
ressources matérielles - sur la base d'un plus grand consensus, d'une
participation un peu plus significative, ordonnée. Je ne parle pas de
l'anarchie mais d'une participation un petit peu plus ordonnée des
différents gestionnaires dans la structure hiérarchique, de telle
sorte que chacun se sente concerné, puisse participer à la
fixation d'objectifs, puisse participer aussi à la réalisation de
ces objectifs-là et, justement, dans le cas de l'imputabilité
interne, puisse rendre des comptes en fonction de cela parce qu'il a
été associé à la planification, a été
associé à la réalisation et peut, après ça,
être évalué en fonction de ça. Alors, là, on
est devant une approche qui est moderne.
Mais quand je regarde le projet de loi qui est devant moi, je me dis que
ce n'est pas beaucoup porteur de modernisme en termes de nouvelle approche, en
fait, d'approche de gestion. Et, dans ce sens-là, ça
m'inquiète un peu qu'on soit mécanique. Et le
député l'a dit, et j'en conviens, je suis tout à fait
d'accord, c'est très brutal. On va réduire le taux d'encadrement
et on ne remplacera plus ceux qui auront quitté que dans une proportion
qui est toute petite. Dans le fond, on ne réembauchera que dans une
proportion de 15 %. Alors, je dis: II y a d'autres endroits où sauver
des sous.
Puis, d'autre part, quand je regarde justement le dossier du
Vérificateur général sur la gestion des ressources
humaines, il y aurait tellement à faire pour mieux planifier ces
ressources humaines, pour mieux les encadrer, pour leur donner des outils plus
pertinents, que je me dis: Est-ce qu'on ne pourrait pas s'entendre pour
retenir, dans le fond, les recommandations du Vérificateur
général, demander à la commission du budget et de
l'administration, M. le Président, d'ouvrir même - on pourrait
même aller jusque-là - des mandats d'initiative sur des blocs qui
concernent la dotation et les ressources humaines, qui pourraient être
aussi utiles, à mon point de vue, à la rationalisation à
l'intérieur de la fonction publique et qui auraient
l'intérêt de porter sur des concepts un petit peu plus nouveaux?
Je pourrai revenir en citant des choses très précises.
Je relisais encore, en préparant mon intervention de ce soir, des
commentaires que faisait le Vérificateur général. D'abord,
il en fait un qui, à mon point de vue, est majeur. Regardez si ça
va dans le sens de la loi qui est devant nous, dans le sens où ça
confirme le fait que ce n'est pas l'attitude à prendre. Il dit:
«Nous assistons, dans une certaine mesure, au jeu du chat et de la
souris. D'un côté, le Conseil du trésor brandit le couperet
et décrète des gels budgétaires, alors que les
ministères et organismes se gardent des marges de manoeuvre. A ce jeu,
il est difficile qu'une relation de confiance s'établisse entre le
Conseil du trésor et les organisations.» Ça, c'est à
la page 32 du rapport du Vérificateur général, au point
2.35.
Je relève deux choses dans son intervention. Il parle de la
relation de confiance et, pour moi, c'est la plus fondamentale parce que c'est
à partir de là qu'on bâtit des organisations qui sont
saines, qui peuvent vivre des conflits, qui peuvent avoir des problèmes,
qui ne réussissent pas toujours à atteindre les objectifs
qu'elles se fixent mais qui mettent en place les conditions et l'environnement
qui leur permettent de mieux réussir ou de le faire. Elles ne
réussissent pas
toujours, je le dis, mais, au moins, c'est la base. (20 h 30)
Tandis qu'ici, la loi qui est devant nous, elle procède d'une
philosophie complètement différente. Elle dit: Nous avons fait
confiance. Cette confiance n'a pas rendu les résultats auxquels on se
serait attendus. Donc, maintenant, allons-y d'une façon un peu aveugle
et mécanique. Dans ce sens-là, sans doute que les faits donnent
raison au député de Verdun et à ses collègues parce
que, quand je regarde le portrait statistique, par exemple, des effectifs
réguliers et occasionnels de la fonction publique, tel qu'il nous a
été présenté par l'Office des ressources humaines -
et ce sont les données de 1992 - ce qu'on constate, c'est que, de 1988
à 1992, non seulement on n'a pas réduit la fonction publique mais
on l'a augmentée. Là, je n'ai pas fait le calcul. Elle a
augmenté. Le nombre de personnes dans la fonction publique a
augmenté. Ça, je ne parie pas, évidemment, des
réseaux. Je ne parle absolument pas des universités dont on
parlait tout à l'heure, des institutions hospitalières, je parle
essentiellement de la fonction publique, je parle des réguliers et des
occasionnels. Par exemple, de 1988 à 1992, on est passé de 12 078
d'effectif à 13 368. J'aurais pu faire le calcul et le comparer à
la population. Je ne sais pas si... D'ailleurs, c'est peut-être dans le
document mais, évidemment, je n'ai pas procédé à
l'analyse de chacun des éléments dans le document. Je suis
allée, pour l'instant, à l'essentiel. Alors, si on le comparait
à la population, peut-être même que ça a
augmenté un petit peu plus rapidement que la population. Donc, c'est
inquiétant. Ça veut dire que les ratios pourraient même se
détériorer.
Donc, dans ce sens-là, ce que je dis, c'est qu'il y a eu une
orientation de donnée par le président du Conseil du
trésor - par le gouvernement d'abord - à titre de premier
responsable des ressources humaines. C'est de lui que relè vent les
organismes qui s'occupent des ressources humaines, et c'est au président
du Conseil du trésor que doivent faire rapport les ministères et
les directions concernés en matière de personnel. Alors, il n'a
pas réussi à atteindre l'objectif qu'il s'était
fixé. Ça s'est même détérioré. Mais il
y a des raisons à cela. Et, ce que je dis, c'est: Avant d'appliquer une
recette qui serait mécanique, essayons de voir les raisons et
attaquons-nous aux causes de cela.
Et là je reviens au rapport du Vérificateur
général, qui dit: Voilà comment a fonctionné le
Conseil du trésor. Moi, je vous dis maintenant: Voilà le
résultat que ça a donné. Il le dit aussi. Moi, j'ai les
chiffres à l'appui. Il continue plus loin, en fait, plus avant, et il
dit, au niveau de la planification des ressources... La planification, je pense
que je n'ai pas besoin de dire ça a des parlementaires, c'est la
fonction première dans une organisation, que ce soit en termes de
ressources humaines, de ressources matérielles, de perspectives à
dégager; dans le fond, une organisation doit d'abord planifier ses
activités et les ordonnancer en se fixant des objectifs, etc. Si, au
départ, l'opération n'a pas lieu? Et c'est ça que nous dit
le Vérificateur général. Il nous dit: II n'y en a pas, de
planification des ressources humaines. C'est évident qu'après
ça on ne peut pas s'attendre à ce que le résultat soit
qu'on atteigne des objectifs qu'on se serait fixés, avec des
échéances, puisqu'on ne les a pas fixés; ou on les a
fixés, mais si mal qu'on n'a pas prévu les outils pour les
opérationaliser ou pour les contrôler. Parce que, tu sais, il ne
faut pas être grand clerc, là. Il y a la planification, la
programmation et le contrôle dans une organisation.
Alors, regardez ce qu'il dit, d'ailleurs, le Vérificateur,
toujours. Il dit: «En dépit de leur rôle, les organismes
centraux ne proposent pas de modèle ni d'outil pour faciliter
l'intégration ordonnée de ces divers éléments dans
la planification des ministères et organismes. » Ça, il dit
ça au niveau des résultats de sa vérification:
planification des ressources gouvernementales, le cadre gouvernemental, le
cadre ministériel. Il dit: «Même si plusieurs organisations
ont entrepris des démarches dans ce domaine, la planification est
actuellement à un stade plutôt embryonnaire. En effet, les
quelques tentatives en cette matière visaient à régler des
problèmes urgents ou à encadrer de façon ponctuelle de
nouvelles activités. C'est ainsi que, d'une année à une
autre, les organisations demeurent généralement avec le
même effectif, sans trop de questionnements, selon les budgets
accordés. » Et je continue plus loin: «Plusieurs
ministères et organismes ne peuvent justifier rigoureusement leurs
besoins en main-d'oeuvre parce que, d'une part, ils ne planifient pas
suffisamment la charge de travail à accomplir et que, d'autre part, ils
n'ont pas établi des normes de productivité pour l'utilisation de
leur personnel- C'est comme le h a, ba. Et il continue même en faisant
référence à une étude du Conseil du trésor,
et dit: «Une étude du Conseil a fait ressortir une tendance
à une surqualification de l'effectif pour certaines catégories
d'emplois dans la fonction publique. » Surqualification d'effectif, on
sait ce que ça veut dire. Si les gens sont surqualifiés, ils vont
avoir un salaire en conséquence à cause de notre façon de
classer le personnel selon les emplois, et tout le reste. Alors,
évidemment, ça a un effet sur les coûts.
Alors, ce que je dis, dans le fond, M. le Président, au
député de Verdun, c'est que le rapport du Vérificateur
général nous donne à boire et à manger pour
atteindre le même objectif qu'il veut se fixer d'une façon
mécanique qui va, à mon point de vue, à l'encontre de tous
les principes de gestion moderne. Si la machine est débridée, si
elle n'obéit plus - les résultats étant assez probants
à cet égard-là - essayons de voir avec des outils un peu
plus
fins. On a cette chance d'avoir, entre autres, ce rapport qui porte
actuellement sur les ressources humaines, et ça va être comme
ça pour les trois prochaines années; le Vérificateur
général va vérifier d'autres fonctions. Et, moi, je me dis
que c'est un outil précieux. On serait au gouvernement que,
probablement, on se retrouverait avec un certain nombre de commentaires.
J'imagine qu'ils ne seraient jamais aussi pires que ceux qu'on lit maintenant,
mais on se retrouverait sans doute avec un certain nombre de commentaires
très utiles pour corriger le tir, s'il y a Heu. Bon. Alors, on a devant
nous l'outil qu'il faut pour travailler. Je me dis: Attardons-nous à la
tâche plutôt que d'adopter une loi qui va à l'encontre - je
le répète - de tout ce qui appelle à la nouvelle gestion,
qui est de responsabiliser les gens.
Et je reviens au discours que je faisais à l'Assemblée
nationale à cet égard-là. Je trouve que, dans une
même loi, on a une chose et son contraire. Quand on parle
d'imputabilité, c'est qu'on demande aux gestionnaires de rendre des
comptes. Si on leur demande de rendre des comptes aux administrateurs
d'État - on s'entend - si on demande de rendre des comptes, c'est parce
qu'on les sent responsables. Or, ici, ce qu'on leur dit, c'est: Nous ne vous
demandons pas d'assumer la responsabilité et d'appliquer les objectifs
que vous pourriez vous fixer à partir de vous, d'une proposition que
vous pourriez faire, mais on vous dit: Mécaniquement, nous vous fixons,
nous, une règle et elle sera uniforme.
Là, le député nous annonce qu'il va proposer des
amendements qui vont venir permettre d'exempter certaines organisations. Mais,
à ce moment-là, est-ce que ça ne risque pas d'être
une loi qui serait simplement une loi pour la frime, pour se faire plaisir et
se dire: Écoutez, on a adopté les principes, sauf qu'il y a des
articles qui remettent en question absolument et complètement tous les
principes qui sont là, parce que tout le monde finira par s'en exempter
d'une façon quelconque? Parce que je trouve que... Je vais revenir, de
toute façon, sur d'autres thèmes, parce que j'ai noté des
choses avec lesquelles je n'étais pas d'accord, et je vais y revenir
parce que, d'autre part, le champ est très large. Je vous dis que,
là, on n'y va pas de main morte, comme on dit dans le langage populaire.
D'une part, on touche la fonction publique, donc l'appareil gouvernemental
à strictement parler, mais on va dans tout le champ du parapublic et
même du péripublic, si je comprends bien le sens des articles de
loi qui sont là. On ratisse pas mal large, en plus. C'est évident
qu'on va se retrouver avec une série de dérogations, il y a
déjà de prévues des exemptions, de toute façon, et
le député nous annonce déjà qu'il pourrait y avoir
d'autres formules d'amendement.
M. le Président, vous m'indiquez que mon temps est
terminé, mais j'aimerais ça revenir en plus sur l'encadrement,
parce que je pense qu'on a des problèmes de données de ce
côté-là. (20 h 40)
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce qu'il y a
d'autres remarques préliminaires du côté
ministériel?
M. le député de Saint-Louis, j'aimerais seulement vous
faire remarquer qu'il n'y a pas de réplique au niveau des remarques
préliminaires.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Brièvement, M. le Président, depuis
plusieurs années, cette commission-ci se penche sur l'administration en
général du gouvernement, et depuis au moins six à sept ans
nous rencontrons le Vérificateur général à tous les
ans, ce qui n'avait pas été le cas pendant plusieurs
années, mais l'ancien Vérificateur général a
plaidé longuement devant nous à l'égard du principe de
l'imputabilité externe. Nous avons, comme Mme la députée
de Taillon l'a souligné, une fonction publique qui est fort bien
structurée, un organisme moderne, dans lequel on retrouve tous les
principes de l'imputabilité interne, c'est-à-dire que les
directeurs de services, par exemple, rendent des comptes à leurs
sous-ministres, qui rendent des comptes éventuellement à leur
ministre.
Et les ministres, que ce soit à l'époque des
crédits, à certaines époques lorsqu'il y a des mandats
spéciaux des commissions parlementaires, viennent rencontrer les membres
des commissions. Mais les parlementaires comme tels, nous l'avons
soulevé souvent, n'ont pas un contrôle direct et concret sur les
dépenses des ministères, sur les modes d'organisation des
ministères, sur non seulement l'organisation des ressources humaines
mais matérielles des ministères. Or, le Vérificateur
général, année après année, fournit aux
parlementaires plusieurs recommandations qui touchent, grosso modo, une partie
de l'administration, à tous les ans.
Si on reprenait, depuis les sept dernières années, les
recommandations du Vérificateur général, à peu
près tous les ministères seraient touchés. Il est
important pour nous, comme parlementaires qui sont conscients du rôle
qu'ils doivent jouer, du rôle de vérificateurs, aussi, des
dépenses du gouvernement, de faire en sorte d'avoir la chance de
pouvoir, à des occasions qui pourraient être
précisées plus tard dans le projet de loi, mais d'avoir la chance
de pouvoir vraiment rencontrer les administrateurs d'État, leur faire
savoir, leur demander quels sont leurs commentaires sur le rapport, par
exemple, du Vérificateur général, quelles sont aussi leurs
visions de l'organisation de leur ministère.
Nous sommes dans une période où l'État n'a pas des
crédits illimités, c'est le moins qu'on puisse dire. Nous vivons
une période où la fiscalité locale peut difficilement
s'extensionner, où les dépenses de l'État sont à
peu près étirées
à leur maximum, où nous vivons un niveau d'endettement qui
est, pour plusieurs, considéré comme dangereux. Il est donc
urgent pour les parlementaires de s'assurer d'avoir un contrôle encore
plus efficace des dépenses. L'objet de ce projet de loi cherche - et
c'est là, je pense, le coeur du projet de loi - par l'article 10,
à rendre imputables les administrateurs d'État et les dirigeants
d'entreprises qui appartiennent à notre société, les
sociétés d'État.
Or, malgré l'expérience de tous les autres Parlements au
Canada, malgré l'expérience du Parlement britannique, ici, au
Québec, nos moeurs, nos orientations comme parlementaires ne nous ont
pas amenés à passer le cap de demander une reddition de comptes
à nos hauts fonctionnaires, non pas pour chercher à faire des
batailles tantôt politiques ou, encore pire, partisanes, mais pour
chercher la vérité quant à l'organisation que ces hauts
fonctionnaires mettent de l'avant dans leurs propres ministères ou
sociétés d'État.
Il est donc, à mon avis, impérieux de la part des
parlementaires de se pencher sur cette question et de regarder, par le fait
même - j'en conviens avec la députée de Taillon - comment
l'exercice d'une rationalisation des effectifs, des niveaux d'encadrement
pourrait nous permettre non seulement de faire des économies mais aussi
de s'assurer d'avoir un véhicule efficace pour que les besoins des
contribuables et des citoyens et des citoyennes du Québec puissent
être rencontrés dans de meilleurs délais, avec une
qualité plus grande, possiblement, mais aussi avec une efficacité
redoublée.
C'est là l'objet et l'effort qui ont été
recherchés, depuis presque deux ans, par un groupe de parlementaires du
parti ministériel qui a travaillé a faire un peu ce que tous les
gouvernements font à tous les automnes, une revue de programmes, mais en
allant plus loin que la revue de programmes. Vous vous rappellerez sans doute
que ces parlementaires avaient déposé un projet de loi qui
cherchait à limiter le niveau du solde courant des dépenses
publiques. Et ce projet de loi qui est devant nous cherche non seulement
à limiter l'embauche dans les organismes publics, à redresser les
niveaux d'encadrement mais aussi, encore une fois, je le souligne, surtout
à rendre imputable d'une façon externe, comme on le souligne,
toute notre haute fonction publique, et cela devant les parlementaires.
C'est là l'exercice auquel ce projet de loi nous convie ce soir,
mais c'est un exercice qui est, dans ce sens-là, tout à fait
moderne et qui devrait faire en sorte, malgré des discussions qui seront
sûrement fructueuses, de le faire adopter et de modifier en cela nos
moeurs et notre organisation interne comme parlementaires. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Saint-Louis? M. Chagnon: Oui, j'ai
terminé.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis. Je suis conscient, M. le
député de Drummond, que vous m'avez demandé la parole et
que je dois faire respecter la règle de l'alternance, mais, comme il y a
eu deux interventions du côté ministériel et comme
l'Opposition officielle n'a eu qu'une seule intervention, je permettrais, afin
de rétablir l'équilibre, une intervention du côté de
l'Opposition officielle, ce qui ferait 2-2, pour revenir au
député de Drummond.
M. St-Roch: M. le Président, avec la collaboration
habituelle du député de Drummond...
Le Président (M. Lemieux): Ça va?
M. St-Roch: ...je vais acquiescer à votre suggestion.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je pense qu'il y aurait
beaucoup plus d'équité et d'équilibre dans ce
sens-là. M. le député de La Prairie.
Mme Marois: D'accord.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je pense que le
député de Verdun et ses collègues qui ont
préparé ce projet de loi doivent être
félicités pour leur souci d'obtenir que la fonction publique
performe au mieux. Je pense que, ça, c'est une bonne
préoccupation, tout à fait saine. Je reconnais là le
député de Verdun, dans ses anciennes amours, lorsqu'il
était membre du Nouveau Parti démocratique, alors qu'il
était, dans ce temps-là, plus orienté vers le public, la
chose publique, et qu'il avait quand même le souci de procéder non
pas seulement par des projets de loi ou par des décrets mais par la
concertation, par le dialogue avec la fonction publique.
Et, moi, la première critique que je ferais à ce projet de
loi là, c'est qu'il montre à l'ensemble de tous les serviteurs de
l'État, et même à tous les employés des
réseaux - éducation, santé, peu importe - il montre le
gros bâton: une loi. Et Dieu sait que c'est la dernière chose dont
ont besoin les fonctionnaires ou les employés d'hôpitaux, les
enseignants. Au contraire, je pense qu'il y a eu trop de lois, de quelque
gouvernement que ce soit, dans le passé, et je ne pense pas que le
véhicule, le médium que prend le député de Verdun,
à savoir son projet de loi, c'est la façon souhaitable
d'atteindre les buts. Les buts sont louables. Les buts qu'il a, c'est louable,
mais il s'est trompé de moyen. Il se trompe de moyen.
Deuxième remarque, M. le Président. Si on regarde, comme
le député l'a fait tantôt, si on énumère
rapidement les trois, quatre points qui rassortent de ce projet de loi, il
s'agit de limiter l'embauche, de limiter l'encadrement et de demander aux
fonctionnaires, aux administrateurs de l'État de rendre des comptes.
Mais tout ça peut être fait sans projet de loi. On est, à
l'Assemblée nationale du Québec, peut-être tombé
depuis un certain temps dans une drôle d'habitude de
légiférer à tort et à travers et de façon
excessive et, souvent aussi, trop rapidement. (20 h 50)
Moi, j'aimerais bien qu'on me démontre pourquoi un conseil des
ministres ne peut pas décréter un gel de l'embauche. C'est
l'enfance de l'art. C'est évident qu'un conseil des ministres peut faire
ça par décret. Un conseil des ministres peut
décréter aussi qu'il y a un gel sur l'embauche de cadres ou qu'il
y a un renouvellement seulement à 15 % ou à 20 %, comme vous le
dites dans votre projet de loi. Je pense que vous prenez un instrument qui est
disproportionné, démesuré par rapport aux moyens qui sont
à la portée de votre gouvernement. Dans le fond, c'est un peu
comme si, par votre projet de loi, vous permettiez à votre gouvernement
de se défiler devant ses responsabilités, ou encore c'est un peu
comme si vous disiez à votre gouvernement: Je ne vous fais pas
confiance. Vous le savez, je vous le dis depuis sept ans qu'il faut limiter,
qu'il faut diminuer l'augmentation du nombre de fonctionnaires. Vous ne l'avez
pas fait suffisamment, alors, nous, députés, nous allons vous
imposer ça, ministres et premier ministre. Alors, vous dictez une ligne
de conduite, par ce projet de loi, à votre gouvernement. C'est un vote
de non-confiance que vous faites à votre gouvernement. Je ne vous
blâme pas, je vous comprends, vous avez raison, parce que c'est un
gouvernement qui ne prend pas ses responsabilités.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Et, en même temps, ça vous donne bonne
conscience. C'est-à-dire que ça donne à votre gouvernement
bonne conscience, plutôt. Et là vos ministres et votre premier
ministre vous disent: Vous voyez, nous, le gouvernement libéral, nous
donnons beaucoup d'autonomie à nos députés. C'est
même possible pour nos députés de présenter un
projet de loi. Et même si le projet de loi nous fait mal un peu en tant
que gouvernement, nous avons l'esprit ouvert, nous avons l'esprit large, nous
l'acceptons. Remarquez que le Parti libéral ne nous a pas
habitués à cette largesse d'esprit depuis quelques mois, surtout
en regard des jeunes libéraux ou encore du président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie!
M. Lazure: Oui, mais c'est ça. La pertinence, M. le
Président, c'est de vous dire qu'en présentant un tel projet de
loi le gouvernement s'en lave les mains. Il a l'air d'être
tolérant mais, dans le fond, il n'est pas courageux. C'est le moins
qu'on puisse dire, il n'est pas courageux. Il va se cacher derrière les
députés qui sont obligés, vis-à-vis de la fonction
publique, d'avoir l'air des gros méchants, parce que c'est vous autres
qui aurez l'air des gros méchants, là; c'est vous, le
député de Verdun, par rapport à la fonction publique.
Donc, c'est, je pense, un exercice qui porte à faux, au
départ. C'est le mauvais instrument qui est utilisé, ou bien
ça dénote un fossé entre le gouvernement actuel et sa
deputation - ce qui existe probablement après sept ans de pouvoir et la
deuxième moitié d'un deuxième mandat; c'est normal qu'il y
aft des tiraillements entre les ministres, les vedettes du gouvernement et les
députés. C'est normal. Et je pense que, si votre gouvernement
était sérieux quand il vous dit: Allez-y, nous sommes
derrière vous pour ce projet de loi, il aurait pris des mesures. Le
président du Conseil du trésor aurait très bien pu
proposer au Conseil des ministres les mesures que vous introduisez dans votre
projet de loi. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait? Vous le lui avez sans doute
demandé, depuis un an surtout. Il a refusé de le faire, comme il
refusait, d'ailleurs - et ça m'amène au deuxième volet -
l'imputabilité externe des hauts fonctionnaires.
Là, je note une volte-face de la part du président du
Conseil du trésor. Une volte-face. Parce que, M. le Président, en
1990 - j'ai devant mol un extrait du journal Le Devoir du mercredi 31
octobre, un article de Gilles Lesage. Ça s'intitule «La tour
d'ivoire des mandarins», et c'est au sujet de l'imputabilité
externe, c'est-à-dire l'obligation pour les hauts fonctionnaires de
rendre des comptes aux élus, imputabilité à laquelle
s'objectait vigoureusement le président du Conseil du trésor il y
a deux ans. Maintenant, je vois, par un communiqué tout récent,
du 9 décembre, qu'il est favorable. Il se dit tout à fait
favorable. Mais, en octobre 1990, et je cite cet extrait de l'article du
Devoir: «Le président du Conseil du trésor et
responsable de la fonction publique, M. Daniel Johnson, en a profité
pour emboucher la même trompette, refusant d'envisager une reddition de
comptes externe des hauts fonctionnaires. "Je suis de l'école de Claude
Ryan", dit-il. Et le président de la commission, lui, déclare
sans ambages qu'il est de l'autre tendance. "L'imputabilité externe, on
peut la retarder, mais pas l'éviter", croit M. Jean-Guy
Lemieux.»
Qu'est-ce qui s'est passé pour que votre président du
Conseil du trésor fasse une telle volte-face dans l'espace de deux ans?
M. le Président, si le président du Conseil du trésor est
maintenant sérieux...
Une voix: II n'y a plus de président.
M. Lazure: Moi, je m'adresse au président, mais...
Une voix:...
M. Lazure: J'hallucine son absence ou bien est-ce qu'il est
véritablement absent?
Une voix: II est de retour.
M. Lazure: Oui. Il était avec nous en pensée.
Alors, je disais que devant cette conversion subite du président du
Conseil du trésor qui, maintenant, adhère au principe et au fait
de l'imputabilité externe, à la nécessité de faire
rendre des comptes aux hauts fonctionnaires, je m'interroge devant cette
conversion subite. Je dis: Est-ce que ça signifie, M. le
Président, qu'il sera prêt - parce que la question vous
intéresse éminemment, comme président de cette commission
et auteur, avec les autres membres de la commission, de ce rapport - à
mettre en application ce rapport? Ce rapport contient un chapitre sur
l'imputabilité externe et, encore là, je dis: Votre projet de
loi, M. le député de Verdun, objectif louable, mais un peu un
coup d'épée dans l'eau. Parce que si vos patrons du Conseil des
ministres sont vraiment favorables et solidaires de l'opinion maintenant
exprimée par le président du Conseil du trésor favorisant
l'imputabilité externe des gestionnaires de l'État, bien,
à ce moment-là, le Conseil des ministres devrait adopter et le
dire haut et fort qu'ils endossent les recommandations du rapport
Lemieux-Lazure. Le Conseil des ministres ne l'a jamais fait. Depuis deux
ans.
Nous, notre position continue d'être claire. Il n'y a pas de
virage. L'imputabilité externe des hauts fonctionnaires ne doit venir en
rien diminuer l'imputabilité de ces fonctionnaires à
l'égard de leur ministre, d'une part; elle ne vient diminuer en rien
l'imputabilité du ministre devant la population, devant
l'Assemblée nationale. Nous pensons qu'il s'agit de deux types
d'imputabilité, de deux types de reddition de comptes qui se
complètent l'un l'autre. Nous ne voyons pas d'incompatibilité, au
contraire. (21 heures)
Mais, pour obtenir qu'un tel système fonctionne bien, il y a un
climat à créer dans la fonction publique et ce n'est pas en
faisant des lois comme ça qu'on va créer un climat positif dans
la fonction publique, parce que les fonctionnaires accepteront de bonne
grâce l'imputabilité externe dans la mesure où ils
sentiront que ce n'est pas simplement pour des mobiles de méfiance que
les élus veulent les questionner. Quand ils sentiront que c'est vraiment
dans un souci de comprendre mieux les motifs qui les ont amenés à
prendre telle ou telle décision, et tout ça, ça s'appelle
un climat de confiance. Et, dans l'état actuel des choses, il n'existe
pas de climat de confiance entre les administrateurs de l'État et le
gouvernement.
Une des raisons, c'est que le ministre chargé de la fonction
publique est en même temps président du Conseil du trésor.
Et ce ministre président du Conseil du trésor, de par ses
fonctions, est porté, ou de par sa déformation, peu importe, mais
le résultat est là, le résultat, c'est que l'accent est
mis surtout sur la surveillance de la gestion. Et il en faut, une surveillance
de la gestion des deniers publics. Mais le rapport de notre commission,
publié déjà il y a deux ans, demandait - et
là-dessus aussi on n'a pas eu de réaction de votre gouvernement,
M. le Président - la recommandation à la page 49 disait:
«Que la Loi sur la fonction publique soit amendée afin de rendre
responsable de son application le ministre délégué
à la Fonction publique et aux services aux citoyens.» Nous
pensions, à la commission, puisque tous les membres ont signé ce
rapport des deux côtés de la table, nous pensions et nous pensons
toujours qu'il serait souhaitable qu'un ministre dans ce gouvernement, dans
tout gouvernement, soit spécifiquement désigné, comme
c'est le cas dans la plupart des pays d'Europe d'ailleurs, soit
spécifiquement désigne, comme ça a existé au
Québec pendant plusieurs années, pour s'occuper de la fonction
publique et du service aux citoyens. Mais là-dessus non plus le
président du Conseil du trésor n'a pas réagi. Est-ce qu'il
est pour, est-ce qu'il est contre? On ne le sait pas.
Il y a plusieurs recommandations qui touchaient l'imputabilité
externe. Je vous renvoie à la page 75 du rapport de la commission du
budget et de l'administration, toujours le même rapport du 17
décembre 1990, deux ans dans quelques jours, M. le Président. Et
c'est assez triste de voir que ce gouvernement a si peu réagi à
ce rapport, parce qu'il y a beaucoup d'efforts qui ont été
consacrés. Il ne s'agit pas seulement d'imputabilité. Il y a
plusieurs aspects qui ont été touchés, notamment la
qualité des services aux citoyens. Et, malgré la bonne
volonté du président, du vice-président, des membres de la
commission, il y a eu très, très peu d'actions prises de la part
du gouvernement. On a bien entendu parler de services aux plaintes qui allaient
être mis sur pied dans chacun des ministères. Bravo! Mais,
ça, c'est une goutte d'eau dans l'océan des actions qu'il reste
à prendre.
Et on pensait, dans ce rapport-là, et c'est dit - je ne veux pas
citer toutes les recommandations, il y en a un certain nombre qui touchent
l'imputabilité externe - qu'un double outil bien commode c'est, d'une
part, le rapport du Vérificateur général et celui du
Protecteur du citoyen. À la page 84, on disait: «La commission
considère qu'un véritable régime d'imputabilité
externe exige que les observations des deux principaux "chiens de garde" de
l'institution par-
lementaire, le Vérificateur général du
Québec et le Protecteur du citoyen, fassent l'objet d'un examen annuel
par les parlementaires. «Cet examen devrait non seulement permettre aux
députés d'interroger le Vérificateur général
et le Protecteur du citoyen, mais également d'entendre le point de vue
des ministères et des organismes qui font l'objet des observations
contenues dans leur rapport.» Et la recommandation précise,
à la page 85 - c'est la dernière d'ailleurs dans ce
chapitre-là - «Que le règlement de l'Assemblée
nationale soit modifié de façon à confier à la
commission du budget et de l'administration l'obligation - l'obligation - de
procéder à l'examen annuel du rapport du Vérificateur
général du Québec et à confier à la
commission des institutions la même obligation à l'égard du
rapport du Protecteur du citoyen.»
M. le Président, autant nous pouvons concourir à la mise
sur pied d'un système d'imputabilité externe, autant nous disons
que le député ne devrait pas lâcher le combat, et ses
collègues de l'autre côté de la table ne devraient pas
abandonner le combat, devraient retourner en caucus et essayer de convaincre
leur ministre d'abord de lire le rapport de cette commission, puisque plusieurs
n'en ont pas pris connaissance encore après deux ans, et,
deuxièmement, de donner suite aux recommandations, surtout celles qui
ont trait à l'imputabilité puisque c'est un des trois volets
importants de votre projet de loi.
Quant au reste, les effectifs, vous devriez aussi revenir à la
charge auprès de votre président du Conseil du trésor et
lui demander de prendre son courage à deux mains et de faire adopter par
le Conseil des ministres les décrets pertinents aux mesures que votre
gouvernement entend prendre. Sinon, on sera obligé de conclure que votre
gouvernement n'est pas sérieux. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de La Prairie. M. le député de Drummond.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Je participe ce soir
aux travaux de cette commission dans la foulée du travail que vous ainsi
que le vice-président et les collègues de la CBA ont accompli, il
y a deux ans passés.
Lors de l'adoption du principe de ce projet de loi 198, j'ai eu le
plaisir de féliciter le député de Vanier et le
député de La Prairie ainsi que les membres de la commission pour
le travail qu'ils ont accompli, parce que, lorsque je regarde en
arrière, dans les 200 ans de cette démocratie au Québec
qu'on fêtera en 1992, le 17 décembre, très peu souvent
a-t-on vu des parlementaires approfondir un document et des positions
gouvernementales dans le but d'améliorer leur efficacité et leur
excellence. Alors, toutes mes félicitations.
Je dois vous avouer, par exemple, M. le Président, étant,
maintenant, comme je le dis, peut-être le seul neutre ici dans cette
Assemblée, dans le sens que n'étant lié par aucune ligne
de parti, lorsque je regarde l'administration... Et je suis un peu
étonné des propos du député de La Prairie et,
à un moindre degré, de ceux de Mme la députée de
Taillon, parce que lorsque je regarde cette honorable institution, à
travers les années et si on remonte dans les 200 ans de l'histoire, on a
vu que, plus particulièrement depuis le début du siècle,
l'Exécutif a usurpé beaucoup de pouvoirs - je dois utiliser le
mot «usurper» - de l'Assemblée nationale au niveau de la
législation, au niveau du contrôle, par l'établissement
d'une ligne de parti qui est très critique, qui est très
serrée, qui fait en sorte que, finalement, c'est pratiquement des blocs
monolithiques qui votent avec cette fameuse ligne de parti et qui font...
Et ma petite expérience de sept ans de vie parlementaire, M. le
Président, et à regarder aussi pendant quelques années,
à travers cette grande machine de l'État, le fonctionnement et la
dynamique qui se sont créés, alors, souvent, à questionner
cette machine, on s'aperçoit qu'il y a un levier et qu'il y a des lignes
de pouvoir qui se sont établies au courant de ces 200 ans d'histoire.
Souvent on a vu des collègues ministres, de quelque formation politique
que ce soit, parce qu'on peut remonter dans les 20 dernières
années et en retrouver, autant du côté de l'Union
Nationale, du côté libéral que du côté du
Parti québécois, des ministres qui ont voulu avoir cette
excellence, qui ont voulu réduire leur encadrement, qui ont voulu
rapprocher les services près des citoyens et des citoyennes. Mais le
problème auquel on fait toujours face, bien, ce ministre-là se
voit isolé, et on a eu énormment de reportages qui ont
été faits dans les années passées.
Ceci étant dit, je pense qu'on a un rôle aussi, en tant que
parlementaires, de revaloriser notre fonction et notre tâche. Moi,
lorsque je vois une loi comme ce soir, la loi 198, avec toutes les
imperfections qu'elle peut contenir à ce moment-ci... D'entrée de
jeu, le député de Verdun nous a dit qu'il y aurait des
amendements et j'espère que le député de Verdun
déposera les amendements avant qu'on débute l'étude de ce
projet de loi afin de nous familiariser et de sauver du temps aussi, être
en mesure de voir les changements qui seront apportés à ce projet
de loi. J'espère aussi qu'on sera capable de tenir compte du rapport des
vérificateurs. (21 h 10)
Ma collègue, Mme la députée de Taillon, a
cité énormément, à juste titre, des chapitres
concernant toute la gestion, mais il y en a un autre sur lequel j'aimerais
aussi revenir à la base, celui qui est contenu à la page 13, qui
nous dit que nous, les parlementaires, nous avons très peu d'outils pour
être capables d'assumer
notre tâche, pas simplement de législateur, mais de
contrôleur. Je crois, moi, que ce projet de loi est perfectible pour
faire en sorte qu'en plus du coffre d'outils qu'on se donnera avec le projet de
loi 198... Je pense que ce sera simplement un début et qu'on sera
capable de mettre des outils dans notre coffre. À la page 13, on nous
dit, et je cite: «Les parlementaires doivent, pour assumer leur pouvoir
de surveillance et l'utilisation des fonds publics, avoir en temps opportun une
information complète et fiable. L'exercice de ce pouvoir est important
car il peut concourir à la diminution des déficits et, partant,
des sommes à financer à long terme. C'est mon rôle de
m'assurer que les parlementaires obtiennent - ici, c'est le Vérificateur
général - la bonne information pour les éclairer dans
l'exercice de ce pouvoir et leur permettre d'appuyer les actions
concrètes que pose le gouvernement en vue de réduire ou de
solutionner le problème...»
Or, je me suis aperçu dans les échanges jusqu'ici, M. le
Président, que nous faisons face, finalement, à deux philosophies
fondamentales. J'espère que du choc des idées jaillira la
lumière et qu'on sera capables de doter, finalement, les parlementaires
de 1992 des outils nécessaires afin d'être capables d'assurer non
pas une mainmise sur l'Exécutif, non pas une mainmise sur l'appareil de
l'État, mais simplement un rôle de contrôleur.
Vous savez, lorsque je regarde à travers les temps, il
était possible peut-être de centraliser autrefois. Lorsque je
regarde seulement 20 ans en arrière, vers les années
soixante-dix, le budget du gouvernement du Québec était de 3 500
000 000 $. Lorsqu'on regarde, aujourd'hui, les 41 000 000 000 $, on
s'aperçoit qu'avec 10 fois, 12 fois l'ampleur des budgets au cours des
20 dernières années on a moins les outils nécessaires pour
être capables de gérer adéquatement ce budget.
Alors, malgré toutes les lacunes qu'il peut contenir,
j'espère qu'on pourra faire une chose ce soir, ici, les parlementaires,
parce que je pense qu'il est très rare dans l'histoire de cette
mémorable Assemblée, dans les temps modernes, qu'on puisse dire
qu'on aura un projet de loi à mettre en place où il n'y a aucun
ministre ici. Ce seront des députés qui se seront penchés
sur un travail magnifique qui a été fait sous la
présidence des députés de La Prairie et de Vanier et aussi
à l'aide du rapport du Vérificateur général, qui
est une source d'outils.
M. le député de La Prairie a souligné, a dit: Bien,
est-ce que ça devrait être au gouvernement de mettre en place ces
mécanismes dont on a besoin? Il semble insinuer, et je ne veux pas lui
prêter de motifs, loin de là, à ce moment-ci, mais que
ça devrait être le gouvernement qui prenne l'initiative, qui y
aille par décret. Moi, j'aimerais suggérer aux membres de
l'Assemblée une approche tout autre. Pourquoi ce ne seraient pas des
parlementaires, en 1992? Et quel merveil- leux moyen de souligner le 200e
anniversaire de cette institution en prenant nous-mêmes les moyens et en
travaillant tous ensemble, des deux côtés, au-dessus des lignes de
parti pour être capables d'améliorer, de bonifier le projet de loi
198 pour faire en sorte qu'à la fin, en bout de course, nous ayons les
outils afin de gérer correctement les impôts de nos citoyens et de
nos citoyennes!
Mais j'ajouterai une autre dimension dans la foulée de ce que Mme
la députée de Taillon a donné. Oui, je serais très
mal à l'aise si on arrivait simplement avec un projet de loi où
on donnerait, comme le député de Verdun l'a souligné
aussi, des moyens secs, drastiques de coupures. Je suis, moi, de l'école
de pensée qu'on se doit d'implanter une nouvelle culture dans
l'organisation de l'appareil de l'État, mais je pense aussi que,
règle générale, dans une bonne organisation, ce sont ceux
qui représentent - dans notre cas, ici, nos élus - qui doivent
donner des guides, donner des balises ou des objectifs à rencontrer
à notre fonction publique. C'est à travers ces guides-là
que, j'espère, on pourra dégager aussi à ces gestionnaires
de l'État les outils nécessaires pour qu'ils puissent
répondre aux objectifs que nous leur aurons assignés ce soir.
C'est pour ça, je pense, et loin de moi de penser que je veux
faire des mesures dilatoires ce soir, qu'il serait peut-être
préférable, avant qu'on débute nos travaux, M. le
Président, qu'on entende quelques personnes-ressources qui pourraient
venir nous orienter dans ce projet de loi, non pas au niveau des objectifs,
mais des moyens à prendre et à inclure peut-être dans ce
projet de loi là pour qu'on fasse en sorte de donner un signal qui est
clair, que ce soit au niveau de l'Exécutif ou au niveau de la fonction
publique, pour être capable de dégager ces outils qui vont faire
en sorte qu'on va établir cette nouvelle culture et que la grande
préoccupation qui est contenue aussi dans le rapport de cette commission
qu'on appelle maintenant - et je m'excuse de l'accroc au règlement, M.
le Président - le rapport Lemieux-Lazure, qu'on retrouve aussi cette
préoccupation de qualité de services à nos citoyens et nos
citoyennes.
Alors, je ne prendrai pas mes 20 minutes et tout le temps qui m'est
alloué, M. le Président. J'espère qu'on abordera ce
projet-là avec ouverture d'esprit et je réitère la demande
de M. le député de Verdun qu'avant qu'on débute, s'il y a
des amendements à apporter à ce projet de loi là, ce
serait peut-être préférable que tous les membres de la
commission en prennent connaissance. Ça nous facilitera la tâche
dans un climat de bonification de ce projet de loi. Et je puis vous assurer, M.
le Président, que je garde toujours à l'esprit que mon rôle
de député de Drummond et représentant des citoyens et des
citoyennes va être ce que j'ai toujours essayé de faire au cours
des sept dernières années, appro-
cher le projet de loi 198 avec un souci en tête, c'est de savoir
comment avec le même dollar je peux donner plus de services,
améliorer la qualité des services, finalement, qui seront
à l'écoute de mes citoyens et de mes citoyennes. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Drummond. Est-ce qu'il y a d'autres interventions du
côté ministériel? Il n'y a pas d'autres interventions? M.
le député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: M. le Président, il me fait plaisir,
à mon tour, d'intervenir sur ce projet de loi, de souligner le fait
qu'il s'agit de l'initiative d'un député qui, fort d'une
réflexion qui a été initiée par les membres de
cette commission, fort aussi de la réflexion qui a été
initiée par un certain nombre de députés
ministériels alentour de ce qu'il est maintenant convenu d'appeler le
rapport Poulin, a décidé de ramasser sa pensée et de
présenter, dans le cadre d'un projet de loi, à sa propre
initiative, un certain nombre de dispositions qui, selon sa volonté et
selon ses dires, viennent resserrer la façon dont, d'une part, nous
gérons, le gouvernement gère des ressources humaines qui sont
à la disposition de l'appareil public, mais aussi de faire une
réflexion plus large sur la façon dont toute la gestion des
ressources humaines se fait au gouvernement du Québec.
Vous me permettrez, en soulignant cette attitude qu'on peut quand
même qualifier d'exceptionnelle, puisque c'est une des premières
fois, à ma connaissance, que nous nous retrouvons en commission
parlementaire à étudier un projet de loi public
présenté par un député ministériel, de
soulever le fait que cette initiative, quoique exceptionnelle, nous
amène quand même, dans la pratique et dans l'articulation de la
pensée gouvernementale, à soulever un certain nombre
d'interrogations qui sont, dès le départ, plus ou moins
plutôt évidentes.
Dans un contexte où un député prend une initiative
comme celle qu'il prend, un observateur averti ne peut s'empêcher.
d'essayer immédiatement de faire un parallèle avec la
volonté et les souhaits qui sont ceux de ses collègues du Conseil
des ministres. Je pense que tout le monde sait ici, alentour de cette table,
que l'Opposition officielle a toujours offert sa collaboration pour permettre
une adoption rapide de la disposition du projet de loi 198 concernant
l'imputabilité. Je pense que ce projet, cet article du projet de loi
fait consensus. Il a été largement débattu dans le cadre
des travaux de la commission du budget et de l'administration, auxquels j'ai
fait référence tout à l'heure. Mais, comme je l'exprimais
tout à l'heure, l'observateur averti se posera rapidement la question
suivante qui est de savoir ce que ce principe d'imputabi-lité
représente pour le gouvernement et représente pour les
collègues du cabinet du député de Verdun. Et, le moins
qu'on puisse dire à ce stade-ci, c'est que l'adhésion de tous les
parlementaires ne semble pas nécessairement acquise au principe que
défend aujourd'hui le député de Verdun, et que je peux
défendre aussi et que ma collègue, la députée de
Taillon, particulièrement lorsqu'il s'agit de discuter du contenu de
l'article 10, de l'imputabilité... Je pense que la démonstration
est rapidement faite que ce ne sont pas tous nos collègues de
l'Assemblée nationale qui sont convaincus de la pertinence du principe.
(21 h 20)
Je pense qu'il faut rappeler les propos du leader du gouvernement qui,
lorsque questionné par mon collègue député de
Joliette et leader de l'Opposition officielle sur les intentions du leader pour
procéder aux différentes étapes de l'adoption du projet de
loi 198, nous rappelait - sans doute se livrait-il à ses
premières impressions -mais nous rappelait qu'il fallait prendre son
temps et que le projet de loi 198 faisait l'objet d'une analyse au
Comité de législation. Bref, M. le Président,
l'observateur averti aura rapidement conclu que ce projet de loi ne traduisait
certainement pas une réelle volonté palpable de
l'administration.
Je pense qu'il y a lieu de souligner cette dichotomie dans le discours
des libéraux. C'est d'autant plus vrai que le président du
Conseil du trésor, en Chambre, le 11 décembre dernier, disait, et
je le cite: Alors, compte tenu de l'expérience véhiculée
par le projet de loi 198... pas dans tous les détails parce qu'à
la lecture du projet de loi 198 il y a des choses qui sont mécaniquement
et administrativement pas faisables. Et ça, on en a discuté avec
les députés et on ne peut pas présumer des amendements qui
vont permettre de recentrer tout ça, pour que ce soit faisable et
atteignable, les différents objectifs qu'on y retrouve. Donc,
déjà, est-ce que le président du Conseil du trésor
annonçait, le 11 décembre dernier, l'intention du
député de Verdun de proposer un certain nombre d'amendements au
projet de loi 198? Mais à tout le moins, encore la, le consensus
était certainement loin d'être évident.
J'ai cru comprendre, des remarques du député de Verdun,
que lui-même avait l'intention peut-être, au fil des articles que
nous étudierons tout à l'heure, de déposer un certain
nombre d'amendements, mais, encore là, je pense qu'il faut souligner ce
double langage que nous tien-nent les différents représentants du
gouvernement.
Ces remarques sur la forme étant faites, permettez-moi d'aborder
dans un second temps le fond des choses. Je pense qu'avant de proposer un
certain nombre de solutions il faut bien identifier le problème. Je
pense qu'il s'agit d'une règle élémentaire, mais, souvent,
lorsque pris par
toutes les contraintes administratives, les contraintes de technique de
rédaction des lois, pris par d'autres types de contraintes, ce genre de
préoccupation essentielle de base nous échappe parfois.
Ma collègue, la députée de Taillon, exprimait tout
à l'heure avec beaucoup de pertinence le fait que ce n'est pas
simplement de façon un peu bête, en limitant l'embauche dans la
fonction publique, en proposant, par l'attrition et par d'autres
méthodes, la diminution du nombre d'employés dans la fonction
publique que, pour autant, on trouve ou on répond aux objectifs qui sont
ceux qui, d'abord, nous animent, qui sont ceux d'une fonction publique plus
efficace, plus efficiente. Et, à cet égard, il peut
paraître un peu simpliste de dire tout simplement: C'est en
réglant le nombre et en discutant sur le niveau d'embauché dans
la fonction publique que l'on règle pour autant l'ensemble des
problèmes qui sont ceux que nous connaissons.
Donc, bien avant toute chose, il faut être familier un peu avec
les travaux qu'a initiés le groupe Innovation, cette réflexion
qui se fait dans l'appareil d'État, une réflexion certainement
des plus stimulantes. Il s'agit d'avoir pris connaissance du vidéo que
ces gens ont produit à l'occasion d'une conférence sur le
leadership pour bien comprendre que l'objectif premier dans l'administration
des ressources humaines dans la gestion publique doit d'abord être celui
de la définition de la mission de chacun des ministères,
organismes ou conseils quelconques.
Redéfinir la mission et réfléchir et centrer notre
action sur la mission des Institutions, c'est, bien sûr, et d'abord et
avant tout faire une réflexion nécessaire sur la planification de
nos travaux. On le rappelait, c'est une règle qu'on apprend à
chaque universitaire. Dès ses premiers cours en administration, on le
familiarise avec ce qu'on appelle le PODC, planifier, organiser, diriger,
contrôler, où la planification revient toujours comme le premier
élément de base sur lequel reposent tous les autres
éléments de l'organisation.
Mon intention n'est pas de reprendre l'ensemble des affirmations qui
sont celles du Vérificateur général, mais, à cet
égard, sachant que la planification est une véritable
stratégie opérationnelle, je pense qu'il faut rappeler
qu'à l'égard de la situation au gouvernement, lorsqu'on
étudie le cadre gouvernemental, on peut soulever un certain nombre de
critiques et un certain nombre de faits auxquels le projet de loi est loin de
répondre. Une recommandation et un constat assez choquant est celui qui
est fait à la page 30, où on nous dit: «En dépit de
leur rôle, les organismes centraux ne proposent pas de modèle ni
d'outil - ni d'outil - pour faciliter l'intégration ordonnée de
ces divers éléments dans la planification des ministères
et organismes. D'ailleurs, le constat de la commission du budget et de
l'administration...» Et on rappelait, on s'appuyait sur les propos, les
constats, les analyses et les recommandations de la commission du budget et de
l'administration. Alors, le Vérificateur dit: «D'ailleurs, le
constat de la commission du budget et de l'administration, en décembre
1990, à la suite d'une étude sur l'application de la Loi sur la
fonction publique - le fameux rapport Lemieux-Lazure - confirme les carences
dans ce domaine. En effet, un seul des 59 ministères et organismes
interrogés a pu déposer une planification jugée valable
par la commission.»
Alors, revenons aux choses de base, revenons aux choses essentielles.
À quels problèmes voulons-nous apporter des solutions? Et est-ce
que c'est en faisant une réflexion sur le nombre d'employés,
est-ce que c'est en faisant une réflexion sur la façon dont se
fait l'embauche dans la fonction publique que l'on va répondre à
ces solutions? Bien sûr, on pourra nous parler de la contrainte
financière. Le député de Verdun a dit, dans ses remarques
préliminaires, d'entrée de jeu, que le gouvernement du
Québec est aux prises avec un problème structurel important quant
à la composition de son déficit et la gestion de son
déficit. Un des éléments importants des causes
identifiées à ce déficit est l'importance, la lourdeur, la
bureaucratie excessive qui est celle de l'administration publique. Et il
concluait en disant: Bien, il faut limiter l'embauche, il faut procéder
par attrition, il faut alléger cet appareil qui est celui de
l'administration publique. Comme si la seule composante, lorsqu'on analyse
l'ensemble des coûts qui peuvent être ceux reliés à
la fonction publique, était la simple donnée du salaire. Comme si
nous pouvions, par une gestion plus efficace, plus serrée, plus suivie,
diminuer de façon considérable les coûts qui sont ceux que
nous avons à supporter. Comme si, par un processus de dotation
peut-être plus efficace, nous ne pourrions pas en arriver à
diminuer les coûts qui sont ceux de la fonction publique.
J'ai l'impression qu'on a voulu, par le projet de loi,
véritablement apporter une solution, là, hors de proportion,
compte tenu des enjeux qui avaient été identifiés. Le
problème de la surqualification est certainement un exemple qui illustre
bien mon propos. Ayant des employés plus qualifiés, compte tenu
des différentes échelles qui sont celles de l'administration
publique, compte tenu du fait que plus les employés sont
qualifiés avec leurs années de scolarité plus leur salaire
est élevé, on peut comprendre rapidement le genre
d'équilibre qu'on pourrait refaire si le processus de dotation, le
processus d'administration, le processus de gestion se faisait de façon
plus serrée. (21 h 30)
Donc, je pense avoir fait la démonstration que, même si
nous pouvons souligner le mérite de certaines dispositions de ce projet
de loi, si on peut souligner l'initiative qui est celle du
député
de Verdun, je pense que nous devons conclure qu'à bien des
égards, et je pourrais revenir et on aura l'occasion de le faire sur les
dispositions plus précises du projet de loi, on peut faire le constat
que ce projet de loi répond mal aux problèmes qui ont
été identifiés. C'est sûr que certains pourront nous
dire qu'il s'agit là d'un premier pas, qu'il s'agit d'une partie de la
solution, que, bien sûr, d'autres gestes restent à poser et qu'il
s'agit peut-être, finalement, de questions de priorité. Le
débat peut se faire et il est certainement admissible, sur le plan de la
pensée, qu'on puisse débattre de ces choses-là. Cependant,
je pense que le débat présenté sous la forme actuelle dans
le projet de loi 198 répond de façon un peu simpliste aux
préoccupations qui ont été abordées.
Un dernier commentaire, M. le Président, sur le contenu
finalement, pour illustrer aussi la complexité du problème. Je
suis loin d'affirmer qu'il s'agit d'un problème simple et que, par
quelques coups de baguette magique, nous pouvons le régler. Les
problèmes sont complexes et, finalement, c'est en revenant à ces
choses de base qu'on peut régler ce genre de problèmes, puis en
regardant les choses froidement. Plusieurs recommandations qui ont
été faites par la commission du budget et de l'administration
devraient certainement retrouver une certaine forme d'écho chez le
député de Verdun, lui qui se fait le véritable
défenseur, comme un croisé prêt à partir en guerre
ou en terre sainte pour défendre la pertinence de son projet de loi.
Pour autant, il ne faudrait pas oublier l'ensemble, les autres recommandations
qui étaient contenues au rapport de la commission du budget et de
l'administration.
Donc, M. le Président, je m'arrêterai ici, je me limiterai
ici dans mes remarques, pour revenir peut-être plus à fond sur des
commentaires particuliers. Mais je tenais quand même à mettre
à mon tour les choses en perspective, en refusant de fermer le
débat, en constatant qu'il est ouvert. Et ce sera à nous,
à l'occasion des travaux de cette commission, de le faire cheminer.
C'est un peu l'objectif que je me donne, en rappelant toujours que c'est en
revenant à des choses simples et à des choses de base que, je
pense, on pourra le faire progresser. Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Jean Audet
M. Audet: Merci, M. le Président. Je suis
particulièrement heureux d'intervenir sur ce projet de loi là,
d'abord parce que, comme l'a souligné la députée de
Taillon, et M. le député de La Prairie, je crois aussi, c'est un
projet de loi qui est présenté par un député. C'est
la première fois que j'ai l'occasion, à titre de parlementaire,
de discuter ou d'échanger avec les collègues de l'Opposition sur
un projet de loi qui est présenté par un
député.
On a aussi mentionné que ce qu'on trouve dans le projet de loi,
en ce qui touche plus particulièrement l'imputabilité, c'est une
chose qui a fait l'objet d'un rapport dont vous étiez un des auteurs
avec le député de La Prairie et les membres de la commission du
budget et de l'administration. Maintenant, c'est aussi une suite d'un rapport
qui a été conçu, qui a été rendu public par
des députés ministériels qui étaient
intéressés ou soucieux de s'impliquer dans la gestion des
finances publiques.
On se rappellera qu'il y avait eu un paquet de recommandations de
publiées à cet égard-là, non pas dans un but de
désavouer, comme on l'a dit tantôt, nos ministres, nos
collègues ministres, mais faire un constat sur ce que nous voyons dans
l'exercice de la gestion des finances publiques en tant que
députés, les problèmes avec lesquels nous sommes
confrontés tous les lundis, dépendamment si on fait du bureau de
comté le lundi ou un autre jour de la semaine, mais dans nos bureaux de
comté, par nos travaux aussi ici à l'Assemblée
nationale.
Comme je vous le mentionnais, dans ce rapport-là, il y avait un
paquet de recommandations, mais il y avait aussi deux éléments
importants qu'on retrouvait dans sa conclusion. C'est qu'on recommandait
l'adoption de deux projets de loi: un qui touche particulièrement
l'imputabilité et une réduction du taux d'encadrement de
l'appareil d'État, des différents organismes, des
ministères, et, d'autre part, un autre qui n'a pas pu passer en Chambre,
suite à une décision du président à l'effet que
seul un ministre peut présenter un projet de loi qui engage les fonds
publics.
Ceci étant dit, je disais tantôt que le rapport Poulin,
c'est un groupe de députés qui voulaient s'impliquer davantage
dans la gestion des fonds publics. Parce qu'on a une responsabilité, je
crois, en tant qu'élus, en tant que législateurs, on en a aussi
une en tant qu'administrateurs de par l'expérience qu'on a, comme je
l'ai mentionné tantôt aussi. Je veux en venir là-dessus, on
sait qu'on n'a pas besoin d'une loi pour rendre imputables les hauts
fonctionnaires, ceux qui auraient normalement à rendre des comptes. Mais
c'est une chose, de plus en plus, qu'on discute au Québec. On se
rappelle... D'abord, je vous l'ai dit tantôt, le rapport Lemieux-Lazure
qui a été publié, le rapport Poulin. Il y a de nombreux
éditorialistes aussi qui en font mention. Parce que l'État est
tellement rendu grand et gros qu'on ne peut plus, je pense, avec les besoins de
la société qui changent considérablement, qui
évoluent beaucoup... Il y a quelques années, dans les
années soixante-dix, par exemple, on parlait de l'environnement, mais,
si on avait parlé, à cette époque-là, par exemple,
de taxer pour assainir les eaux, possiblement qu'il y aurait eu de gros
problèmes.
Alors, les gens et la société ont évolué. Il
y a de nouveaux problèmes qui arrivent. On parle d'environnement
aujourd'hui et, dans quelques années, peut-être qu'on parlera de
l'espace interplanétaire, je ne le sais pas; probablement qu'on ne sera
plus là, mais enfin! C'est que les choses avancent et changent de par
les technologies, de par les besoins de la société et tout
ça, des individus.
Alors, la taille de l'État est tellement rendue importante que je
pense qu'il faut se donner des moyens. L'heure est rendue où il faut se
donner des moyens et des objectifs aussi pour mieux peut-être l'encadrer,
pour que les parlementaires puissent intervenir, d'une certaine façon,
afin d'éviter qu'on perde le contrôle de cet
État-là. Parce qu'on est rendu, aujourd'hui, avec un budget de
quelque 30 000 000 000 $. On compare souvent, on dit souvent que, dans le
privé, ça ne se passe pas comme ça, mais, si une compagnie
avait un tel budget, je pense qu'il y a des vice-présidents qui auraient
des comptes à rendre en quelque part; en tout cas, il y a quelque chose
en quelque part qu'il faudrait qu'il se passe, parce qu'on ne peut pas, on ne
peut plus laisser seul, je pense, au ministre, même si, par tradition,
dans notre système à nous, ici, c'est les ministres qui sont
imputables de ce qui se passe dans leur ministère, je pense que les
députés... Ce que je voulais dire là-dessus, c'est que les
députés ont un désir de s'impliquer, ont aussi le devoir
de le faire.
La loi, pour moi, me semble être un outil puisque dans notre
système, par tradition, c'est les ministres qui sont imputables
actuellement, mais la loi, je pense, nous donne une mécanique, un outil
qui nous permet d'intervenir ou, enfin, de rencontrer des gens pour qu'ils nous
rendent des comptes, qu'ils rendent des comptes aux parlementaires qui, eux,
sont imputables devant leurs électeurs. D'ailleurs, à cet
égard-là, le Vérificateur général en fait
mention à plusieurs égards au niveau de l'imputabilité, au
niveau de la reddition de comptes. Beaucoup de points sont soulevés et
je pense qu'au niveau des commissions parlementaires une loi comme ça
nous permettrait... C'est sûr qu'on ne peut pas tous les faire dans la
première année, mais une loi comme celle-là nous
permettrait... Si on sent, par exemple, le besoin de rencontrer tel organisme
ou tel ministère pour lui poser des questions ou pour le questionner sur
son administration, faire des recommandations, je pense que cette loi-là
nous donne les outils pour le faire.
Ce n'est pas non plus l'histoire d'un bonbon aux députés,
parce que je dois dire, à cet égard-là, que, lorsqu'on a
fait notre rapport, on a rencontré des collègues ministres; on a
rencontré des dirigeants d'organismes, et tout ça. On les a
questionnés sur des questions bien anodines comme sur des choses bien
importantes. Je dois dire, à cet égard-là, qu'on a eu une
bonne collaboration. Que ce soient des hauts fonction- naires ou des
collègues ministres, on a eu une très bonne collaboration, une
très bonne participation d'eux à cet égard-là. (21
h 40)
Maintenant, je pense qu'une mécanique celle-là,
aujourd'hui, nous - enfin, c'est ce que je souhaite, moi - peut-être,
à moyen terme, lorsqu'on aura pu faire l'exercice au niveau de
l'imputabilité ou au niveau du taux d'encadrement, d'établir des
choix ensemble, comme députés avec nos collègues
ministres, des choix, des priorités, des objectifs. Quand on parle du
taux d'encadrement, c'est que, à un moment donné, on en est
arrivés, nous, avec le comité des finances publiques,
après avoir fait le tour des finances publiques, la masse salariale, on
a constaté que la masse salariale représente une partie
importante des dépenses publiques. Une partie importante. Puis, on
sentait le besoin de faire quelque chose là-dessus.
On regarde présentement ce qui se passe dans le secteur
privé. Beaucoup d'entreprises présentement sont en train de
réduire la taille, le taux d'encadrement de leur entreprise. Baisser la
pyramide, pour la rapprocher de la base et tout ça. On enlève des
échelons. On fait un peu de ménage. Moins d'intervenants, moins
d'étapes et tout ça. Quand on regarde, au gouvernement, tout le
système, je crois, sans trop me tromper, qu'on parle d'une quarantaine
de milliers de cadres. C'est beaucoup de monde, avec les cadres
intermédiaires. C'est beaucoup de monde. Est-ce qu'il n'y a pas lieu
là-dedans de se fixer un objectif, comme on le définit dans la
loi, dans le temps, avec attrition, pour en venir à atteindre un
objectif de 20 %? Selon moi, c'est réalisable. Selon les échanges
qu'on a eus, selon moi, c'est réalisable. Mais, s'il y a un engagement
légal, s'il y a une loi, par exemple, qui fixe cet objectif-là,
avec l'imputabilité des dirigeants de ces organismes-là, je pense
qu'à ce moment-là on aura... On dit souvent ça, on n'a pas
de poignées pour s'accrocher.
Quand on arrive dans des organismes de plus bas niveau, qui
interviennent à des plus bas niveaux dans des ministères, on nous
dit: ça se perd, l'information se perd, les grandes politiques se
perdent. Alors, ce projet de loi là, selon moi, nous donnera des
poignées pour s'accrocher, un peu plus de pouvoir aux parlementaires,
comme gestionnaires, pour s'impliquer dans la gestion des finances
publiques.
Alors, à cet égard, M. le Président, comme je vous
l'ai mentionné, je suis particulièrement heureux de ce projet de
loi là. Il n'est peut-être pas tout parfait. On est ici pour en
discuter, pour échanger, pour compter sur le support de l'Opposition et
tout ça, parce que, dans les collègues de l'Opposition,
plusieurs, ce qui n'est pas le cas ici, ont été ministres. Je
pense au député de Labelle, je pense à Mme la
députée de Taillon, au député de La Prairie. Ils
ont été ministres dans l'ancien gouvernement,
l'ancienne administration. Alors, ils ont une expérience à
cet égard-là que je n'ai pas, que nous n'avons pas de ce
côté-ci.
On a vu, dans le passé, et je ne veux pas porter de jugement
là-dessus, quel qu'il soit, que le gouvernement précédent
a pris des mesures drastiques pour, à un moment donné, intervenir
dans les finances publiques. Comme disait le député de La Prairie
tantôt, le Conseil exécutif peut fixer ces choix-là. Pour
nous, il nous semblait que la loi, tel qu'on l'Inscrit dans le projet de loi,
par étapes, nous permet d'atteindre un autre objectif qui va dans le
même sens que ce qui a été fait dans le passé, mais
d'une autre façon.
Alors, à cet égard-là, M. le Président,
c'est ce que j'avais à dire sur le projet de loi. Ça terminera
mon intervention. Alors, j'ai hâte qu'on échange sur le projet de
loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Beauce-Nord. M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Le projet de
loi 198 a été déposé, au printemps dernier, par le
député de Verdun qui s'est intéressé à ces
questions d'administration publique ou parapublique depuis un certain temps.
J'ai eu l'occasion de le fréquenter en d'autres lieux, sur d'autres
tribunes, et je sais que ces questions d'administration le préoccupent
au plus haut point et qu'il a, je pense, depuis qu'il est député,
sûrement nourri le rêve d'occuper un poste d'exécutif
même si, à l'heure actuelle, il se cantonne dans le
législatif, ceci étant dit en tout respect pour le
législatif.
M. le Président, la question que je me pose à ce stade-ci,
c'est: pourquoi le gouvernement, tout à coup, ou le leader du
gouvernement, le laisse amener en commission parlementaire? Je constate qu'il
n'y a aucun ministre. Mais j'ai aussi entendu, il y a quelques semaines, que le
gouvernement voulait faire siéger un certain nombre de
députés dans une commission parlementaire sur la fiscalité
et les finances publiques. Et j'imagine bien qu'il y a quelque rapport entre
les deux. J'imagine bien.
Ceci étant dit, je ne pouvais pas laisser passer l'occasion de le
mentionner, de le souligner parce que, comme ici il y a peu de ministres et que
je n'ai pas l'impression qu'il y en aura beaucoup, je me demande s'il y a des
intentions très sérieuses derrière cela. Nous aurons
l'occasion d'y revenir.
D'abord, sur la première partie du projet de loi qui concerne le
personnel, je vois qu'il y a des gros chiffres de lancés. On ne veut
remplacer personne jusqu'au mois de mars 1994, fin mars 1994, on gèle
l'embauche jusqu'au 31 mars 1994, et les personnes qui quittent ne sont pas
remplacées, excepté jusqu'à concurrence de 15 %. D'abord,
une première chose, M. le Président. Ceci, évidemment, est
fait ou proposé dans l'objectif de contrer l'augmentation des
dépenses publiques, objectif que tout le monde poursuit, mais je
voudrais cependant noter une chose. C'est que, depuis que je suis revenu, ici,
à l'Assemblée nationale, les dépenses autres que les
salaires ont augmenté beaucoup plus vite que les salaires. Le
député de Verdun vise le personnel, mais l'augmentation,
l'explosion des dépenses publiques se fait dans les dépenses
autres que les salaires. Et la question que je me suis posée en
examinant le projet de loi, je me suis dit: Est-ce que, finalement, on
s'attaque au reste des dépenses?
Or, à moins d'interpréter, M. le Président,
à l'article 3, le mot «personne» comme signifiant personne
au sens large ou juridique, c'est-à-dire qu'il y a les personnes
physiques et les personnes morales, j'imagine que, dans le contexte on parle
des personnes physiques et, donc, on a oublié toutes les autres
dépenses que les salaires. Fort important, parce que c'est là
qu'est l'explosion. Oui, M. le Président, j'ai eu l'occasion de le
vérifier quand j'avais ce dossier en main, les dépenses de
salaires et incidentes aux salaires augmentaient de 6 %, entre 6 % et .7 %, les
autres, 10 % et plus. Alors, je crois qu'il fallait mentionner ce fait parce
que, lorsque l'on parle de contrôle des dépenses salariales et
qu'on ne dit pas ce qu'on fera avec les autres dépenses, qu'on pourrait
remplacer quelqu'un qui quitte par l'engagement d'entreprises, des firmes,
écoutez, on n'a rien contrôlé du tout. Ceci étant
dit on aura l'occasion d'en débattre au cours du débat, parce
que, effectivement, ce gouvernement a tendance à remplacer le personnel
qui quitte, surtout les emplois permanents, par toute espèce d'autres
modalités, genre l'engagement de firmes à contrat, de services
professionnels. Bon, je tenais à souligner ce point.
En ce qui concerne les pourcentages qui sont mentionnés, on ne
remplace personne jusqu'au 31 mars 1994. Les personnes qui quittent, cependant,
peuvent être remplacées jusqu'à concurrence de 15 %. Et on
va parler tout à l'heure du personnel d'encadrement. J'ai l'impression
que ces pourcentages tiennent de la pensée magique.
Dans un autre dossier, ces dernières semaines, on a vu un
ministre qui disait: On ouvre le dimanche, les ventes vont augmenter de 1 %. Et
là il a fait des rêves et des rêves que le ministre du
Revenu percevrait 80 000 000 $ de plus en taxes. Et, même, il en
promettait 70 000 000 $ au fédéral. C'est comme Perrette et le
pot au lait. Il s'en va avec son rêve, tout à coup, arrive quelque
chose, le pot tombe. Adieu veau, vache, cochon. C'est ça. Et,
là-dedans, de dire qu'on ne remplace personne, c'est une grande
déclaration qui n'a aucun fondement dans la réalité. Vous
êtes dans un organisme public et il se trouve que
vous avez constitué une équipe de personnes, disons, du
même âge, et tout le monde prend sa retraite, ou il y a un
directeur qui s'en va et ses adjoints se trouvent aussi, pratiquement en
même temps, puisqu'on change d'équipe, des emplois ailleurs. Vous
perdez toute l'équipe de direction, exemple: une commission scolaire.
Ça arrive souvent, ces choses-là. Si le directeur
général s'en va, vous avez des personnes compétentes avec
lui, ce sont des choses qui se passent dans la vie, elles s'en vont ailleurs.
Vous allez remplacer jusqu'à concurrence de 15 %. Ah bien! Bravo! Il va
y avoir une bonne direction.
M. le Président, je pense que tout dépend de
l'unité, quelle est la nature de l'autonomie administrative
d'accordée à l'unité et à l'organisme. Je pense
qu'on met des contraintes inapplicables dans la vraie vie. Je comprends qu'il y
a une intention, oui, on ne remplace personne. Un gel, sauf jusqu'à
concurrence de 15 %, mais c'est là où je dis que ça
relève de la pensée magique - ça relève de la
pensée magique. (21 h 50)
Ceci étant dit, c'est une bonne intention. On est au
législatif, on peut émettre de bonnes intentions et voir ce que
ça donne. Je vois qu'à l'article 7 il y a une grande soupape pour
le gouvernement. Alors, bravo! «Le gouvernement peut adopter un
règlement exemptant, dans la mesure qu'il détermine, certains
organismes publics de l'application de tout ou partie de la présente
section.» Alors, là, on reconnaît les limites des objectifs
qu'on se donne. C'est assez limité, merci. J'imagine que n'importe quel
ministre, n'importe quel directeur d'organisme qui va être pris avec le
problème que je viens de souligner va se retourner de côté
et va engager tout le monde dont il a besoin. Là, les 15 % vont
être oubliés très vite dans le décor.
Deuxièmement, sur le personnel d'encadrement. Alors, on veut
réduire le personnel d'encadrement de 20 %. Puis-je dire que, dans
certaines circonstances, le réduire de 20 %, ce n'est pas assez, mais
que, dans d'autres, ce n'est pas applicable? C'est ça, la
réalité, vraiment. Si on donne un objectif comme cela à
l'ensemble de la fonction publique, c'est une intention. J'ai vu de multiples
discours du budget, des crédits qui sont déposés où
l'on dit que le personnel de la fonction publique n'augmentera pas. Ça a
été dit par tous les ministres depuis 1989. Je remonte à
ma dernière expérience parlementaire. Au début, tout le
monde dit ça. Et, en 1985, tout le monde disait ça. Alors,
qu'est-ce qui arrive, dans les faits? Le personnel de la fonction publique a
augmenté. Oui, oui. Vous allez couper de 20 % le personnel
d'encadrement. Alors, je sais qu'il est de pratique courante de dire qu'il y a
toujours trop de personnel d'encadrement. On est d'accord avec ça. Tout
le monde est d'accord avec ça, c'est comme de prêcher pour la
vertu. Mais de dire que, tout à coup, un organisme devra couper son
personnel d'encadrement de 20 %, est-ce que vous allez faire comme au Canadien
National, à l'heure actuelle, qui va dépenser 1 000 000 000 $ et
plus pour licencier quelque 100 000 personnes? J'ai calculé ce que
ça donnait, ça donnait 100 000 $ par personne de les licencier.
En tout cas, c'est ça, 1 000 000 000 $ qu'ils mettaient sur la table,
100 000 $ par personne pour les licencier. Est-ce que le gouvernement va mettre
cela en pratique? Je pense que c'est 10 000 personnes. J'en mets trop.
C'est parce que, en réalité, les coûts incidents
à une opération comme celle-là sont très
importants. Est-ce que les 20 % par année sont applicables? Ça me
paraît tellement gros, à moins d'une opération majeure.
Alors, là, les 20 % peuvent être indicateurs d'une volonté
gouvernementale. On verra. Je suppose qu'on veut conditionner le public aussi
aux conclusions ou aux travaux de la commission sur la fiscalité et
l'équilibre dans les finances publiques, mais je pense que le
député de Verdun n'accepterait pas qu'on se serve de lui pour une
autre opération gouvernementale qui va servir l'Exécutif,
voyez-vous.
M. le Président, 20 % comme ça, un grand chiffre, un
chiffre magique, une pensée magique. Perrette et le pot au lait.
Ça va bien. J'ai mes doutes sur la question. Puis, je dirais aussi, pour
conclure sur ce plan - sur ce plan uniquement -que, finalement, il y a tout
l'autre secteur des dépenses autres que les salaires qu'on n'a pas
visé là-dedans. Si on m'avait dit: On va couper les
dépenses autres que les salaires aussi de 15 %, je dirais qu'il y a une
certaine logique. On coupe là, on coupe ailleurs, etc., on coupe
partout. Là, si on remplace le personnel permanent par des contrats de
services professionnels, ce qu'on peut lire sans trop de
méchanceté à travers le projet de loi - peut-être
que le député de Verdun n'a pas pensé ça, mais
disons qu'on peut soulever la question en interprétant le mot
«personne» comme étant personne physique et non personne
morale - je dis: Là, les devoirs ne sont pas complétés.
Alors, voilà!
L'article 10 sur l'imputabilité. Je sais qu'il y en a qui veulent
m'écouter là-dessus. Je suis convaincu. Toute la question, c'est
de savoir ce que l'on veut dire par «imputabilité». Et
j'entends des grandes expressions, parce que j'ai posé cette question,
il y a deux, trois ans. J'ai travaillé pour cette commission à un
moment donné. On s'est mis à distinguer - étant
donné que je posais des questions - entre imputabilité interne et
externe. Oh, là! bon! Ça commençait à se
préciser. Je dirai d'abord qu'il y a aussi autre chose dans la vraie vie
qui s'appelle «la ligne d'autorité par rapport aux fonctions d'un
Exécutif». Au fond, ce dont nous parlons, c'est des rapports entre
le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, et j'oublie le
pouvoir judiciaire qui n'est pas notre propos ici. Le devoir du
légis-
lateur, c'est de faire des lois et d'exercer un contrôle par
rapport à l'application de ces lois sur l'Exécutif. Il y a
certaines modalités pour le faire. L'Exécutif doit appliquer ,
ces lois et souvent, dans notre système parlementaire, nous sommes en
régime britannique et l'Exécutif est issu directement du
législatif, pratiquement, mais il en est indépendant un coup
qu'il est nommé. Alors, le pouvoir exécutif doit avoir les moyens
d'appliquer les politiques découlant des lois et l'un des grands
facteurs, l'un des grands éléments de toute organisation, c'est
la ligne d'autorité. Alors, l'imputabilité interne, si j'ai
compris durant les travaux de la commission, on a défini pratiquement la
ligne d'autorité ou, en tout cas, par imputabilité interne,
ça m'avait l'air d'être assez proche parent. Je pense qu'on pourra
apporter des distinctions là-dessus, mais, fondamentalement, ligne
d'autorité.
Lorsqu'on arrive à l'imputabilité externe, elle doit se
définir par rapport à un pouvoir exécutif exprimé
par un ministre et sa structure qui, lui, applique la ligne d'autorité.
Alors, le législatif ne peut pas intervenir au troisième niveau
pour dire à un fonctionnaire quoi faire par rapport à une
opération donnée, par rapport à l'application d'une
politique donnée. Cependant, il y a toute une série
d'informations par lesquelles les députés vont, eux, faire des
lois, ajuster des lois et revenir à l'Assemblée nationale, en
commission parlementaire qui en est l'extension, mais à
l'Assemblée nationale pour faire d'autres lois remplaçant les
premières, etc. Donc, le pouvoir, quand on parle d'imputabilité
externe, si je comprends bien, parce que, encore une fois, il va falloir
définir ce que c'est, ça s'exprime aussi en fonction des devoirs
des parlementaires. Alors, on verra ce que ça veut dire, mais, en ce qui
concerne l'imputabilité, l'article, tel que rédigé:
«Tout administrateur d'État et tout dirigeant d'un organisme
public est imputable devant la commission parlementaire concernée de
l'Assemblée nationale des fonctions et mandats établis par le
ministre de qui il relève», je pense que là c'est une
grande déclaration qui n'est pas très précise, mais qui
dit, à mon sens, une chose, c'est qu'un sous-ministre, un dirigeant
d'organisme peut être amené devant une commission parlementaire
avec son ministre, pas nécessairement sur les lieux, mais toujours avec
la relation d'autorité qui s'exerce entre le ministre et le
fonctionnaire. Bon! (22 heures)
Moi, dans toute l'administration publique, je voudrais revenir quand
même sur quelques notions. Je pense que ce qui manque le plus aux
parlementaires, c'est une information adaptée à la
société que nous avons et que nous représentons. Or, la
grande surprise qu'un parlementaire peut avoir - il peut avoir exercé
des fonctions de l'Exécutif ailleurs - c'est de voir que l'information,
d'une part, peut être trop volumineuse et qu'il n'arrive pas à
connaître exactement ce dont il a besoin, ou bien il n'y en a pas ou il
n'y en a pas assez. Mais les deux, c'est la même chose; si vous en avez
trop, vous êtes mal informé. Si vous n'en avez pas, vous
n'êtes pas informé; vous êtes aussi mal informé. Et
le problème, c'est de définir des rapports, une information qui
peut être utile, qui peut être efficace pour les parlementaires,
qui va être nécessairement issue du pouvoir exécutif parce
que c'est lui qui va produire les rapports. C'est la sous-ministre qui va
produire les rapports. Ça, c'est majeur. Ça, c'est important.
Nous avons eu l'occasion d'en parler, en quelque sorte, au sujet du
rôle du rapport du Vérificateur général. Le
Vérificateur général fait un rapport annuel devant
l'Assemblée nationale. À l'heure actuelle, lorsqu'il a fait ce
rapport, que ça a fait quelques manchettes dans les journaux, il est sur
la table et il n'y a plus rien qui se passe. Très peu de chose se passe
concrètement, surtout en fonction des parlementaires. Je comprends que
j'ai eu l'occasion, au cours de l'année dernière, de soulever le
rapport du Vérificateur en ce qui concernait la SDI, mais c'était
plutôt épisodique par rapport à l'ensemble des informations
fournies par le Vérificateur général et les informations
dont il dispose. Je maintiens qu'il y a tout de suite là des gestes qui
peuvent être posés, qui rendraient l'exercice fait par le
Vérificateur général au nom de l'Assemblée
nationale beaucoup plus efficace, beaucoup plus fonctionnel. Nous pourrions le
voir beaucoup plus souvent. Sur beaucoup de sujets. Mais, si vous demandez,
à l'heure actuelle, une convocation du Vérificateur
général pour étudier son rapport, on va avoir ça au
mois de mars, durant trois ou quatre heures. La dernière année,
on l'a eu durant six heures, je pense. C'était déjà
beaucoup mieux que les années... On l'a eu... Non, non. Une
journée, maximum, l'an dernier.
Bon, M. le Président, deux minutes. Je dis aussi autre chose.
Dans une entreprise, une grande entreprise, vous avez des états
financiers mensuels, trimestriels, annuels, vous les avez à temps. Quand
vous avez les états financiers, vous les avez le 15 du mois suivant, non
pas à Noël pour l'année qui s'est terminée le 31 mars
précédent, alors que, dans l'administration publique, les vraies
décisions se prennent lorsqu'on fait le discours sur le budget, donc
avant ou au tout début de l'année qui commence. Nous avons les
états financiers pour 1991-1992, on va les avoir en décembre
1992, alors que les vraies décisions ont été prises en
1991, au début de 1991. Ça, c'est un problème. Je pense
qu'on devrait s'attaquer à cela comme parlementaires et, là,
l'imputabilité prendrait vraiment un sens parce qu'elle aurait un sens
et interne et externe. À mon sens, la distinction ne tiendrait
même plus parce qu'elle serait opérationnelle, fonctionnelle. M.
le Président... O.K., on reviendra sur le sujet.
Le Président (m. lemieux): merci, m. le
député de labelle. m. le député de prévost
ou de lotbinière? lotbinière? m. le député de
lotbi-nière.
M. Lewis Camden
M. Camden: Merci, M. le Président. D'abord, mes premiers
mots seront, évidemment, pour saluer et féliciter le
député de Verdun de l'excellent travail qu'il a pu faire à
l'égard de ce projet et du suivi qu'il y a accordé;
également, de sa préoccupation constante à faire en sorte
que le travail qui a été mené à bonne fin par 15
à 18 députés libéraux puisse se concrétiser
d'une façon tout à fait légale dans un cadre
législatif.
Évidemment, ce qu'il y a sur la table aujourd'hui, M. le
Président, est un peu beaucoup la conséquence des gestes, des
décisions et de la compilation qu'une dizaine de députés
ont couchés sur papier. C'est le résultat du travail de ce qu'on
appelle le rapport du comité sur la rationalisation des finances,
communément appelé aussi le rapport Poulin. Je dois vous indiquer
que c'est particulièrement novateur. Pas de présence de
ministres, des députés qui sont suffisamment sensibilisés,
conscients d'une situation et qui, évidemment, souhaitent mettre
à profit les connaissances, les expériences qu'ils ont
cumulées au fil des années et faire en sorte d'identifier des
pistes de solutions pour répondre au mandat qui leur a été
donné par leurs électeurs, à titre de représentant
de leur circonscription. Évidemment, ce comité, qui aujourd'hui
débouche sur le projet de loi que nous avons sur la table, est parti du
fait que la situation financière et budgétaire de l'État
était relativement limitée, difficile, que la stagnation des
revenus, liée à la situation financière, a fait en sorte
que les marges de manoeuvre étaient également très
limitées et du fait que les parlementaires souhaitaient répondre,
être respectueux des engagements qu'ils avaient pris à
l'égard de leurs électeurs dans leur circonscription
électorale respective.
Nous avions identifié un certain nombre d'objectifs, de
façons d'atteindre, de dégager ces marges de manoeuvre.
C'était, particulièrement, de réduire les dépenses
de l'État, d'exercer un contrôle encore plus étroit sur les
dépenses qui sont engagées un peu partout dans le système
et d'assurer le passage à l'après-État-providence. Nous
avions aussi comme objectif de faire des choix adéquats pour rencontrer
les obligations de l'avenir et faire en sorte qu'on puisse mieux les assumer.
Un des objectifs aussi, M. le Président, était de dégager
des marges de manoeuvre pour répondre, évidemment, aux nouvelles
demandes qui surgissent dans la population et pour répondre aux besoins
de clientèles bien précises. Pensons particulièrement au
vieillissement de la population qui, aujourd'hui, sollicite des besoins
financiers de plus en plus appréciables pour répondre à
ces nouveaux besoins. On sait fort bien que cette population vieillissante
vieillit et, également, vit, dont la longévité est
assurée de 10 à 15 ans supplémentaires de ce qu'elle
était auparavant, mais on sait fort bien dans quel état, souvent
alitée, ce qui entraîne davantage de frais de la part de
l'État.
Du rapport sur la rationalisation des finances, nous avions
également dégagé des buts, non seulement des objectifs;
c'était plus particulièrement d'exercer un contrôle encore
plus rigoureux sur les finances publiques et, particulièrement, à
l'égard de ces deniers qui sont tirés des taxes et des
impôts de la population. Donc, une sensibilité toute
évidente à l'égard des préoccupations de la
population sur la gestion des fonds qui nous sont confiés, tant comme
législateurs que comme membres, pour d'autres, du Conseil des ministres.
alors, m. le président, ça nous a donc conduits à ce
projet de loi que nous avons devant nous ce soir, soit le projet de loi 198,
loi sur la limitation de l'embauche dans les organismes publics et
l'imputabilité des administrateurs d'état et des dirigeants d'un
organisme public. ce projet de loi a évidemment comme objectif de
réduire le niveau d'encadrement de moins 20 %. il faut bien comprendre
que nous ne parlons pas là d'une réduction salariale de moins 20
% aux individus, mais bien du niveau d'encadrement. il y a une distinction
notoire qui est fondamentale et qu'il est important de souligner.
Ça aura comme objectif de contraindre les organisations que sont
les ministères et organismes gouvernementaux à concentrer leur
travail, à créer l'action et à cesser de consacrer temps
et énergie à s'autoanalyser et à faire constamment leur
propre introspection. Alors, dorénavant, au lieu de consacrer temps et
énergie à rédiger rapport sur rapport, on devra faire en
sorte de se concentrer plus particulièrement à l'égard du
service à la population, ce pourquoi les organismes ont
été mandatés, et de faire en sorte que ce service se
traduise par un niveau de satisfaction plus élevé de l'usager
lui-même qu'est le citoyen. (22 h 10)
L'objectif de ce projet de loi, comme je l'indiquais, M. le
Président, est de limiter l'embauche à l'intérieur des
organismes publics, particulièrement en se prévalant de la voie
de l'attrition, c'est-à-dire en ne remplaçant pas les personnes
qui quittent pour maladie, préretraite, retraite, mutation.
Je pense, M. le Président, que nous sommes à une
période charnière. On connaît évidemment la
dimension qu'a prise l'État québécois au début de
la décennie soixante avec la Révolution tranquille. Je vous
rappellerai que nous sommes aujourd'hui quelque 32 ans après cette
Révolution tranquille - le début - que des gens sont
entrés évidemment au service de l'État... Ils ne sont
pas
tous entrés dans la vingtaine. Ils sont entrés à
divers âges et certains, évidemment, sans doute comme mon
collègue, ont des grincements, depuis le temps.
Évidemment, c'est probablement que ça fait en sorte que
notre collègue de Terrebonne...
M. Blais: ...d'huile.
M. Camden: C'est un manquement d'huile.
M. Blais: On ne graisse pas nos chaises.
M. Camden: C'est ça. Vous pouvez toujours changer de
fauteuil, M. le député.
M. Blais:...
M. Camden: J'indiquais, M. le Président, que nous
étions à une période particulière où,
après trois décennies, un bon nombre de gens allaient quitter
leurs fonctions pour prendre, entre autres, des retraites et
préretraites. Nous sommes donc à un moment important pour assurer
un changement fondamental au sein de la gestion de l'appareil administratif
québécois. Ce même projet de loi a aussi comme objectif ce
qui nous apparaissait fondamental, comme groupe, au moment où on s'est
penchés à la rédaction du rapport et suite à nos
interrogations: celui de l'imputabilité.
Ça m'apparaît être une approche nouvelle pour
l'appareil gouvernemental québécois parce que, dorénavant,
des administrateurs d'État devront rendre des comptes aux membres des
commissions parlementaires, rendre compte de leurs décisions, de leurs
indécisions, de leurs erreurs et, également, de leurs
réussites. Et ça, c'est particulièrement novateur à
bien des égards puisque ça change le mode de fonctionnement qu'on
a connu depuis une trentaine d'années et, évidemment, suite aux
modifications que le Parlement s'est données comme mode
d'opération.
Cette approche est également annonciatrice de changements
profonds que connaîtront nos institutions qui doivent s'adapter aux
nouvelles réalités de notre société qui est
à amorcer une profonde mutation. Ces changements apporteront
également des modifications à la perception et à
l'application de la responsabilité ministérielle à
l'égard de gestes quotidiens dont ont à répondre les
membres du Conseil des ministres, particulièrement lors des
périodes de questions.
Il est devenu incongru, M. le Président, qu'un ministre doive
répondre de tous les faits, de toutes les actions, je le
répète, de tous les faits et de toutes les actions des
fonctionnaires du ministère dont il a la responsabilité. Ne
pensons qu'un instant, M. le Président, à l'enveloppe
budgétaire qu'a le ministère de l'Éducation: 7 000 000 000
$; 12 500 000 000 $ au ministère de la Santé et des Services
sociaux. Bref, près de 20 000 000 000 $ sous la respon- sabilité
de deux individus. C'est tout à fait incongru de demander à ces
gens-là de répondre de chacune des actions que tout le monde pose
dans le système. Il y a des gens qui ont été
mandatés comme administrateurs pour gérer des fonds. Comme
députés, il nous apparaît fondamental que ces gens
aujourd'hui viennent répondre des gestes et des directives qu'ils
donnent au personnel de leur ministère.
L'importance et la grosseur de l'appareil aujourd'hui et des fonds
publics qui sont à être gérés nécessitent ce
changement fondamental à nos institutions. Nous sommes donc à une
redéfinition des modes de fonctionnement de l'État et de
l'appareil administratif. Cette auguste institution qu'est le Parlement devrait
être également redéfinie, et dans un avenir très
prochain, afin qu'elle corresponde davantage aux nouveaux besoins et
défis de notre société. Au cours des sept derniers
siècles, le parlementarisme d'inspiration britannique a
évolué d'une façon constante. Il m'apparaît tout
à fait sain qu'on puisse, d'une part, comme parlementaires, contribuer
également à le faire cheminer pour qu'il puisse être
adapté aux nouvelles réalités de notre
société et à ses besoins.
Les plus grandes entreprises sont à soustraire des paliers
décisionnels afin de se rapprocher de leur clientèle, de faire en
sorte que la direction se rapproche de la première ligne de service qui
est, en l'occurrence, le client. L'appareil de l'État et plus
particulièrement sa structure opérationnelle ont
été imaginés et développés à partir
de modèles et de théories qui ont été, à peu
de chose près, les mêmes que ceux dont se sont inspirés les
dirigeants des grandes entreprises. Les administrateurs publics ont
fréquenté les mêmes institutions, pour la majorité,
que ceux du privé. Cependant, la mobilité des administrateurs
publics n'a pas de commune mesure avec celle du public. Et cette cure,
évidemment, s'impose pour faire en sorte que notre appareil
administratif québécois puisse correspondre aux nouvelles
conceptions de la gestion des affaires, qu'elles soient publiques ou
privées. Il nous apparaît donc capital que l'on puisse insuffler
une nouvelle approche à l'égard de la gestion de l'appareil
administratif avec, comme objectif, le rapprochement de la clientèle
entre le haut de la pyramide et le service à la base, soit celui du
citoyen, pour ce qui nous préoccupe, à l'égard du
système administratif public, tout en conservant aussi à l'esprit
l'objectif de réduire les dépenses publiques afin de faire en
sorte que le citoyen puisse en avoir davantage pour l'argent qu'il a
déboursé en taxes et impôts. Je vous remercie, M. le
Président. On aura l'occasion, évidemment, de revenir sur le
sujet.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lotbinière. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires?
M. Léonard: M. le député de Prévost
n'a pas parlé encore.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost, est-ce que vous avez des remarques préliminaires?
Non?
M. Gautrin: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander un ajournement de...
Le Président (M. Lemieux): Oui, je peux suspendre,
c'est-à-dire que je peux...
M. Gautrin: Suspension?
Le Président (M. Lemieux): Oui, c'est ça. Non pas
ajourner. Je peux suspendre les travaux cinq minutes, oui. Cinq minutes, oui.
Ça va.
Alors, nous suspendons nos travaux pour une période d'environ
cinq minutes, relativement à l'étude du projet de loi 198.
(Suspension de la séance à 22 h 18)
(Reprise à 22 h 30)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre! La commission
du budget et de l'administration reprend ses travaux relativement au projet de
loi 198. Alors, la parole était à Mme la députée de
Taillon, je crois. Un instant! Nous étions rendus à
l'étape, M. le député de Verdun, parrain du projet de loi,
des motions préliminaires puisque les remarques préliminaires
étaient terminées. La parole est maintenant...
Mme Marois: Effectivement.
Le Président (M. Lemieux): ...à Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Effectivement. J'ai un certain nombre de motions
préliminaires que je pourrais, à ce moment-ci, proposer aux
membres de la commission, à moins que l'on puisse procéder
à l'étude de certains articles en priorité, compte tenu de
ce que nous avons marqué très clairement, M. le Président,
depuis le début de nos interventions en ce qui a trait à
l'imputabilité. Alors, peut-être que je permettrais... Compte tenu
qu'on a terminé les remarques préliminaires, il serait
peut-être intéressant d'entendre les commentaires de notre
collègue, le député de Verdun, à ce moment-ci de
nos travaux.
Le Président (M. Lemieux): Oui, sous réserve du
droit de Mme la députée de Taillon de présenter...
Mme Marois: Voilà.
Le Président (M. Lemieux): ...des motions
préliminaires. Je n'appellerai pas l'article 1... Mme Marois:
Parfait!
Le Président (M. Lemieux): ...mais je vais permettre
à M. le député de Verdun de prendre la parole.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Étant
donné que dans ce projet de loi il y a des sections qui sont, disons, de
nature différente, tout en étant conscient qu'elles sont
interreliées les unes avec les autres, je me demande s'il ne serait pas
bon, pour le fonctionnement de cette commission, de lui permettre d'avancer, et
compte tenu de la réflexion et des remarques qui ont été
faites par nos collègues de l'Opposition et de la formation
ministérielle, peut-être de suspendre l'étude, dans le
processus de l'étude article par article, des sections II et III, quitte
à ce qu'on revienne dans une réunion ultérieure de la
commission.
Le Président (M. Lemieux): Alors, si je comprends bien,
avant que je n'appelle cet article-là... Parce que, pour . suspendre ces
articles, il faudra que je passe à l'appel des articles. Mais toujours
sous réserve du droit de Mme la députée de Taillon de
faire une motion préliminaire, vous aimeriez suspendre l'étude
des articles 3 à 9 inclusivement. C'est bien l'état de...
M. Gautrin: C'est l'état...
Le Président (M. Lemieux): ...votre...
M. Gautrin: L'état de la réflexion, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): ...réflexion.
M. Gautrin: ...c'est qu'on suspende, pour ce soir, l'étude
des articles 3...
Le Président (M. Lemieux): À 9. M. Gautrin:
à 9
Le Président (M. Lemieux): Alors, je reviens maintenant
à Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Voulez-vous m'attendre...
Le Président (M. Lemieux): Oui, ça va, madame. Je
peux attendre quelques instants.
Mme Marois: ...une minute ou deux, M. le Président?
(Consultation)
Mme Marois: M. le Président, si vous le
permettez, je pense que c'est une suggestion intéressante.
Puisque l'on pourrait procéder, si je comprends bien, par consentement,
je retiendrais la proposition du député de Verdun. Cela
étant dit, j'aimerais cependant proposer quand même ma motion,
quitte à ce qu'elle soit immédiatement déposée - et
je le dis pour bien éclairer les membres de la commission - parce que,
pour moi, il apparaît important que ce soit signifié, aux fins de
nos débats, du Journal des débats, que nous aurions bien
aimé entendre, entre autres, le président du Conseil du
trésor. Alors, si vous le permettez, je procéderais à la
motion.
Le Président (M. Lemieux): Je vous suis.
Mme Marois: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
Motion proposant d'entendre Le Président du
Conseil du trésor
Mme Marois: Je procéderais à la motion qui est la
suivante: «II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure la commission permanente du budget et de
l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 198, Loi sur la limitation de
l'embauche dans les organismes publics et l'imputabilité des
administrateurs d'État et des dirigeants d'un organisme public, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende le président du
Conseil du trésor, M. Daniel Johnson.»
Le Président (M. Lemieux): La motion est donc
déposée. Maintenant, est-ce que cette motion-là est
débattue?
M. Gautrin: M. le Président, est-ce qu'elle est
recevable?
Le Président (M. Lemieux): Elle est recevable en vertu de
l'article 244, deuxième paragraphe, sur un temps de parole de 209, et
selon les modalités d'application de 164.
M. Gautrin: Est-ce que vous me permettez... Est-ce que la
proposeure me permettrait de lui poser une question?
Le Président (M. Lemieux): Je peux peut-être
l'avoir, madame.
Mme Marois: Certainement que je...
M. Gautrin: Si je comprends bien, si nous adoptions une telle
motion, quoiqu'elle peut avoir certainement un intérêt d'un point
de vue pédagogique, ça aurait pour effet de retarder
évidemment l'adoption de ce projet de loi jusqu'à après
les fêtes, parce qu'il y a une limite de 15 jours, je crois, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): En vertu de l'article
164...
M. Gautrin: ...pour pouvoir convoquer un ministre.
Le Président (M. Lemieux): ...il faut que vous donniez
avis au ministre. Lorsqu'il s'agit de membres de l'Exécutif, vous avez
l'obligation dans les modalités d'application, lorsqu'on décide
d'y aller d'une consultation particulière, de convoquer un membre de
l'Exécutif, de lui donner un avis de 15 jours.
Mme Marois: Non. Simplement, je pense que j'ai bien
exprimé dès le départ, avant de présenter la
motion, que c'est vraiment pour signifier aux membres de la commission, et je
ne veux pas qu'on en débatte à ce moment-ci... C'est une motion
que nous déposons pour bien signifier à cette commission
qu'entendre M. Johnson nous permettrait d'éclairer le débat.
M. Audet: On n'en dispose pas. On n'a pas à voter
dessus?
Mme Marois: Non. Elle est déposée, dans ce
sens-là.
M. Lazure: Pour vous éclairer. M. Gautrin: Merci.
Mme Marois: D'accord?
Le Président (M. Lemieux): Tout ce que fait Mme la
députée de Taillon, c'est qu'elle dépose sa motion, et
elle est consignée au procès-verbal.
Mme Marois: Voilà! C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Alors, c'est un de ses
privilèges et c'est le privilège de la commission de la
débattre ou non. On choisit de ne pas la débattre; elle est tout
simplement proposée. La commission aurait aussi le privilège de
la rejeter ou de l'accepter.
Mme Marois: Voilà. Mais elle est
déposée.
Le Président (M. Lemieux): Maintenant, comme cette motion
est proposée, M. le député de Verdun, là maintenant
est-ce qu'il y a d'autres motions préliminaires? J'appelle
immédiatement l'article 1 du projet de loi 198. M. le
député de Verdun, la parole est à vous.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Il y a un certain
nombre de modifications que nous devrions apporter à l'article 1,
à l'heure actuelle,
et ce seraient les modifications suivantes: la suppression des
paragraphes 2° et 5°, c'est-à-dire ce qui touche essentiellement
le réseau de la santé et le réseau des universités,
et le remplacement des paragraphes 3° et 4° par les suivants:
«tout autre organisme dont le personnel est rémunéré
selon les normes et barèmes qui sont, en vertu de la loi,
déterminés ou approuvés par le gouvernement ou
stipulés dans une convention collective négociée et
agréée avec l'accord du gouvernement.» Ce qui reprend, de
fait, l'ancien paragraphe 4°.
Deuxièmement, remplacer le paragraphe 4° par celui-ci, qui
serait le nouveau paragraphe 3°: «toute société
à fonds social autre qu'un organisme du gouvernement dont plus de 50 %
des actions comportant le droit de vote sont détenues en
propriété par un organisme public...»
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Verdun. Vraiment, eu égard à la nature de
l'amendement, ce serait vraiment préférable qu'on l'ait entre les
mains, parce que...
M. Gautrin: Je l'ai ici entre les mains. Je le lisais...
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui. Alors, on va m'en
distribuer, je pense. O.K.
M. Gautrin: ...simplement. Ce serait heureux de le déposer
pour que vous puissiez...
Le Président (M. Lemieux): Oui, dans un premier temps,
qu'il soit déposé. Vous pouvez reprendre la lecture, afin que les
membres puissent suivre la teneur de l'amendement.
M. Gautrin: Ah bon! Écoutez, on peut parfaitement... On
est tout à fait d'accord avec vous. Je tiendrais à le
déposer ici.
M. Audet: M. le Président, je ne veux pas bloquer les
affaires, mais je veux juste savoir une information.
Le Président (M. Lemieux): Oui, avec plaisir, M. le
député.
M. Audet: Lorsqu'une motion est déposée comme
celle-là...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Audet: ...on peut refuser d'en débattre, ça j'en
conviens, mais est-ce qu'elle ne doit pas être mise aux voix d'une
façon ou d'une autre, ou sinon le proposeur décide de la retirer?
Est-ce qu'en vertu du règlement on ne doit pas disposer de la motion? Il
me semble que oui. On ne peut pas laisser une motion dans l'air comme
ça.
Le Président (M. Lemieux): Vous pariez bien de la motion
de Mme la députée de Taillon...
M. Audet: Que Mme la députée de Taillon vient
de...
Le Président (M. Lemieux): ...relativement, tout à
l'heure, à la convocation du président du Conseil du
trésor?
M. Audet: Oui.
Le Président (M. Lemieux): La commission, tout à
l'heure, a décidé de la suspendre, cette motion-là. Tout
ce que Mme la députée de Taillon est venue nous dire, c'est
qu'elle voulait que ce soit consigné au procès-verbal, le fait
que cette motion-là, qui n'a pas été débattue, a
été proposée, sous réserve des amendements
apportés par le député de Verdun.
Ce que vous voulez me demander, c'est: Est-ce qu'on a l'obligation de la
mettre aux voix? C'est ça que vous voulez savoir.
M. Audet: C'est que, selon moi, en vertu du règlement, on
doit en disposer parce que, dans le texte de la motion: Que la commission, en
vertu des articles, entende le... Il y a un souhait là qui écrit
et qui va être inscrit au Journal des débats. Alors, la
commission doit se prononcer dessus. Je ne pense pas qu'on puisse laisser
ça dans les airs comme ça et faire fi de tout ça.
Une voix: II faut en disposer.
M. Audet: Selon moi, il faut en disposer. Je ne sais pas,
là.
Une voix: Non, pas nécessairement. Mme Marois: La
notion de dépôt...
M. Audet: En tout cas, je ne veux pas retarder les travaux,
mais... (22 h 40)
Le Président (M. Lemieux): Non, non. C'est
intéressant, ce que vous dites.
M. Audet: II me semble que ça mériterait
d'être vérifié, je ne le sais pas.
M. Boisclair: M. le Président, sur cette...
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y, je vous
écoute.
M. Boisclair: Sur cette question, je pense que la
démonstration a été faite à plusieurs reprises que
l'on peut fort bien déposer une motion avant de procéder à
l'ajournement de nos travaux, et la rappeler lorsque vous nous
reconvoquerez.
Le Président (M. Lemieux): Sur la motion, oui?
M. Boisclair: À plusieurs reprises, nous avons suspendu
les travaux sans avoir complété notre mandat.
M. Marcil: Ça, je comprends ça.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député...
M. Marcil: Je voudrais, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Aliez-y, M. le
député de Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Pourriez-vous nous citer un précédent
dans ce sens-là, où on a déposé une motion et on la
tient comme ça? C'est comme si on avait une carte... on dépose un
as, mais on le garde dans notre poche, puis, si jamais j'en ai besoin, je vais
le sortir. Donc, je ne pense pas que ce soit régulier comme
procédure.
M. Boisclair: ...on n'a pas pris toutes nos décisions.
Le Président (M. Lemieux): Non. Pour moi, il ne s'agit pas
d'énumérer ou de vous indiquer s'il y a des
précédents ou non. Dans un premier temps, j'avais à juger
de la recevabilité de cette motion-là. Si je juge que cette
motion-là est recevable, et j'ai décidé qu'elle
était recevable en vertu de 244.2, que son temps de parole est à
209, à savoir 30 minutes et 10 minutes chacun des membres, et que, pour
convoquer un ministre, on doit suivre les modalités d'application de
164... Tout ce que m'a demandé la députée de Taillon,
c'est qu'elle soit enregistrée au procès-verbal. Elle renonce
donc, de facto, à l'utilisation de son droit de parole à partir
du moment où j'aurai appelé les articles concernés.
M. Audet: M. le Président, ce n'est pas... C'est ce que je
vous disais tantôt. C'est que le proposeur, s'il renonce, par le fait
même il la retire.
Le Président (M. Lemieux): II ne la retire pas.
M. Audet: Écoutez, là...
Le Président (M. Lemieux): II la consigne.
M. Audet: ...à l'instant où la motion est
déposée, c'est à la commission d'en disposer. Et,
si...
Le Président (M. Lemieux): Oui, la commission peut en
disposer, on peut faire voter pour ou contre.
M. Audet: ...le proposeur prend l'alternative autre, il doit la
retirer. On ne peut pas dire que... C'est ça, là. Selon moi,
c'est ça.
Mme Marois: Plus on en débat... Est-ce que je comprends,
dans le fond, que, ce que le député nous dit, ou on en
débat...
M. Audet: Je suis juste sur la recevabilité.
Mme Marois: ...et on la met aux voix ou on n'en débat pas
et on la met aux voix.
M. Audet: On la retire.
Le Président (M. Lemieux): Ou on la retire.
Mme Marois: Ou on la retire, troisième...
Le Président (M. Lemieux): Ce que me dit le
député de Beauce-Nord, c'est qu'elle serait toujours là
sous condition suspensive et que vous pourriez, à tout moment, avoir
à la débattre. Moi, ce que je disais, c'est qu'à partir du
moment où Mme la députée de Taillon... que je suis
passé à une autre étape du projet de loi, que je suis
passé à l'étape de l'étude article par article...
À partir du moment où elle m'a signifié que, tout ce
qu'elle voulait, c'est que ce soit enregistré au procès-verbal,
je prenais pour acquis qu'elle renonçait à ce droit qui lui
était accordé par 244, 164 et 209, d'utiliser son temps de parole
et d'en débattre. Elle l'a fait consigner tout simplement. Elle n'a
été ni adoptée ni rejetée, elle a été
consignée comme de quoi elle a fait cette motion préliminaire
là.
Mais écoutez, pour plus de sûreté, on peut prendre
le vote sur la motion. Oui, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Moi, je trouve que... Je connais toute votre
expérience, M. le Président, dans les règlements et tout
ça. J'ai eu à la souffrir de temps en temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Mais je considère que le
député de Beauce-Nord a raison, parce que...
Le Président (M. Lemieux): C'est en retard.
M. Léonard: ...on ne peut pas laisser une motion en
suspens comme ça, rattachée à un fil invisible.
Le Président (M. Lemieux): Non, non. Je suis conscient.
Non, c'est que...
M. Léonard: puis, là, ce que vous dites, la
députée de taillon a renoncé à son droit de parole,
fort bien, mais, le mien, qu'est-ce que vous en faites?
Mme Marois: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Oui, à partir du moment,
M. le député de Labelle, où Mme la députée
de Taillon m'a demandé de le signifier au procès-verbal, je
prenais pour acquis que l'ensemble des parlementaires avaient
décidé de ne pas exercer leur droit de parole sur cette
motion-là.
M. Léonard: Oh! Moi, ce n'est pas ce que j'ai compris,
là.
Le Président (M. Lemieux): Ah bon. Alors, moi,
c'était ça. Alors, pour plus de sûreté, on va mettre
la motion aux voix. Je pense que ce sera beaucoup plus sage.
M. Audet: Non. J'ai peut-être une autre solution.
Le Président (M. Lemieux): Oui?
M. Audet: Dans la mesure où la députée de
Taillon souhaite que...
Le Président (M. Lemieux): Ou la retirer.
M. Audet: ...la motion dise que j'aurais présenté
cette motion, M. le Président, que j'aurais souhaité la voir
inscrite au Journal des débats, qu'elle soit inscrite, et je la
retire, alors, à ce moment-là...
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. Audet: ...on n'a
pas à... Ça finit là.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez la retirer,
effectivement.
M. Audet: Ça active.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez raison, M. le
député de Beauce-Nord.
M. Audet: la motion est inscrite, mais elle est retirée
parce qu'il y a eu entente d'une part et d'autre sur le déroulement de
la commission.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: Elle est retirée, alors quand est-ce
que qu'on va pouvoir la présenter?
Le Président (M. Lemieux): Vous ne pourrez plus la
présenter. À partir du moment où je vais appeler l'article
1, vous ne pourrez plus la représenter.
M. Léonard: Bien nui, mais là, à ce moment
là, je pense que...
Le Président (M. Lemieux): C'est ça qu'il faut
saisir, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui, mais je ne suis pas nécessairement
d'accord avec ça, là.
Une voix: On peut suspendre les travaux.
M. Gautrin: Est-ce qu'on peut suspendre un instant?
Le Président (M. Lemieux): Oui, on suspend cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 45)
(Reprise à 22 h 47)
Le Président (M. Lemieux): La commission reprend ses
travaux. Alors, la motion de Mme la députée était
recevable. Nous écoutons Mme la députée de Taillon, sur la
motion.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Si vous êtes d'accord un peu comme...
Après ces explications que vous nous avez données et qui ont
permis d'éclairer la commission, de même que les explications
qu'ont données mes collègues, je pense que c'est plus pertinent
que je puisse intervenir et expliquer le sens de la motion, prendre 10 à
15 minutes pour ce faire; par la suite, on pourra la mettre aux voix,
après que d'autres collègues se seront exprimés sur cette
motion, s'ils le souhaitent, évidemment.
Bon! Dans la motion qui est présentée, M. le
Président, pourquoi demander d'entendre M. Daniel Johnson, qui est
président du Conseil du trésor? Il va de soi que, dans le projet
de loi qui est devant nous, un grand nombre des articles qui sont là
concernent la ressource essentielle dans une administration publique que sont
les ressources humaines. Or, au premier chef, le responsable des ressources
humaines au gouvernement est le président du Conseil du trésor.
Pour discuter d'une façon un tant soit peu pertinente avec tous les
outils nécessaires à la prise de décision, il est
évident que nous devons entendre le président du Conseil du
trésor, surtout que lui-même avait manifesté, lors d'une
intervention à l'Assemblée nationale, son opposition à
certains éléments du projet de loi que nous souhaitons
étudier, M. le Président. Il avait manifesté certaines
oppositions quant à l'applicabilité, et il le dit de la
façon suivante... D'abord, il dit qu'il se rallie
généralement à la vision des choses qui est
véhiculée par le projet de loi 198, et il ajoute
immédiatement: Pas dans tous les détails parce que, à la
lecture du projet de loi 198, il y a des choses qui ne sont pas
mécaniquement ot admlnlstrutivomont luistiblo:;
Ça, on en a discuté et il va y avoir - on ne peut pas
présumer, évidemment - des amendements. (22 h 50)
Donc, dans ce sens-là, si déjà le président
du Conseil du trésor trouvait qu'il y avait des aspects du projet qui
étaient inapplicables, juste cela, juste cette courte phrase
prononcée à l'occasion d'un autre débat à
l'Assemblée nationale nous justifie complètement de demander la
présence du président du Conseil du trésor pour qu'il
puisse s'expliquer sur ce qui l'agace dans le projet de loi qui est là,
sur ce avec quoi il a des désaccords, M. le Président. Dans ce
sens-là, nous croyons tout à fait pertinent que le ministre
puisse être entendu devant les membres de la commission, au-delà
de la loi et de ses tech-nicalités.
Comme certains articles du projet de loi nous parlent de limiter
l'embauche, de réduire le taux d'encadrement, mais pas de rien, pas de
0,1 %, de 20 %, c'est-à-dire que 1/5 de tous les postes de gestionnaires
qui assument des responsabilités d'encadrement seraient coupés -
utilisons cette expression-là, c'est la bonne - on remettrait en
question ces postes-là. Donc, ça mérite qu'on
étudie un petit peu plus en profondeur, avec des données un peu
pertinentes à la question. Mon collègue, le député
de Labelle, faisait remarquer tout à l'heure que peut-être que
dans certaines organisations, dans certains organismes, dans certains
ministères, dans certaines directions de ministères, 20 %, ce ne
serait pas assez. Ça devrait être davantage.
Par contre, ailleurs, les ratios cadre-employés ou
gestionnaire-employés peuvent être démesurément
insuffisants dans le sens où un gestionnaire a une trop lourde
tâche et ça l'empêche d'assumer une saine gestion de son
service. Alors, on ne peut pas y aller d'une façon aveugle,
premièrement. Deuxièmement, on vient de recevoir cette
étude à laquelle je faisais référence au
début de nos interventions, M. le Président, soit le portrait
statistique des effectifs réguliers et occasionnels de la fonction
publique. On fait une analyse chiffrée, très complète de
qui travaille dans la fonction publique. Où travaillent-ils? Qui
sont-ils? Quelle profession exercent-ils? Quelle tâche ont-ils à
assumer? Etc. Mais on ne dit pas grand-chose sur le niveau d'encadrement. On
nous donne des statistiques, ce n'est pas inintéressant, cependant on
constate qu'il y a eu, effectivement, entre autres, depuis 1988,
réduction au niveau des cadres supérieurs, une réduction
minime, vous allez me dire, de l'ordre de 4,6 % à 4,3 %. Par contre, ce
qu'on constate, c'est que tout cela a été compensé et
largement en nombre, si ce n'est statistiquement en pourcentage, par les cadres
intermédiaires qui sont passés de 4,2 % à 4,7 %. Mais
là, évidemment, quand on applique 4,2 % à 2206, bien,
ça fait des augmentations un peu plus élevées que si on
l'applique à 240 cadres dans la très haute direction. Donc, vous
me suivez, je pense, assez bien sur cet aspect-là.
Alors, quand ce ne serait que de pouvoir demander au président du
Conseil du trésor, à partir de l'expertise qu'il a
lui-même, de l'expertise qu'a accumulée l'Office des ressources
humaines, quand ce ne serait que de lui demander de venir nous faire un
état de situation qui, sans être élaboré, nous
donnerait quelques pistes de réflexion pour nous permettre de mieux
entreprendre l'étude du projet de loi, ça justifierait amplement
sa présence ici. D'autre part, ça nous permettrait aussi... Parce
que l'objectif que je peux comprendre de la part des députés
ministériels, c'est de s'assurer d'une meilleure efficacité,
d'une réduction de la taille de l'État et d'une réduction
des dépenses publiques. Or, je suis persuadée qu'il y a
matière à discussion avec le président du Conseil du
trésor en ce qui concerne certaines remarques du Vérificateur
général qui, sans toucher à aucun des postes de la
fonction publique, nous permettraient de faire des économies
importantes. Quand on pense au processus, entre autres, de dotation où
il explique qu'il y a l'existence de plusieurs banques, où le nom d'une
personne apparaît à plusieurs endroits différents, quand il
explique le processus de sélection qui doit passer - et là je
recherchais ma citation parce qu'à travers nos discussions,
évidemment, je ne l'ai pas retrouvée pour maintenant, mais
où on explique qu'on doit passer à travers un certain nombre de
comités, d'organismes, de directions, de recommandations avant de
prendre la décision... Et, à chaque fois, on mentionne qu'il y a
un coût attaché à de tels gestes qui sont posés dans
le cadre de la dotation du personnel, entre autres, du personnel
occasionnel.
Alors, quand ce ne serait que cela, M. le Président, que l'on
puisse regarder avec le ministre responsable du Conseil du trésor ce qui
sous-tend la prétention des députés ministériels ou
leur volonté, ça doit s'appuyer sur un certains nombre
d'analyses. Et je pense qu'au premier chef il est celui qui peut nous permettre
de faire ce travail un peu plus en profondeur que celui de passer très
rapidement à travers ce projet de loi sans avoir l'ensemble des
informations. Je vous donne justement un exemple que je retrouve à
l'instant dans... et, d'ailleurs, c'est: Économie, efficience du
système en vigueur. Et là on fait référence
à la dotation en personnel occasionnel. On dit ici que, depuis qu'il y a
eu des recommandations faites par le rapport de 1989, la situation n'a pas
changé, n'a pas bougé d'un iota. Ainsi, la multiplication des
fichiers de candidats continue à entraîner des coûts
d'opération dans chaque organisation, et ce, de façon
récurrente.
Ainsi, à titre d'exemple, «pour l'ensemble des huit
ministères et organismes examinés, nous avons estimé les
coûts directs d'opération à 1 350 000 $ pour l'exercice
1990-1991». Ça en
fait pas mal, ça, de personnel dans la fonction publique, ces
frais d'opération. Alors, dans ce sens-là, je pense que la
rencontre, l'échange, la discussion avec le président du Conseil
du trésor nous permettraient d'aller plus en profondeur dans un
état de situation éclairant les membres de la commission pour une
décision plus pertinente. Alors, je vous remercie, M. le
Président. C'étaient les remarques que je voulais faire sur la
motion que j'ai présentée aux membres de cette commission.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur... M. le député de La Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Oui, M. le Président. Merci. Il y a un certain
nombre de raisons pour lesquelles je voterai en faveur de cette motion. Il me
paraît capital d'entendre le président du Conseil du trésor
sur plusieurs aspects. L'imputabilité des administrateurs de
l'État... J'ai fait allusion tantôt, dans mes remarques
préliminaires, à la volte-face spectaculaire du président
du Conseil du trésor qui, il y a à peine deux ans, lorsqu'il est
venu à cette commission-ci, la commission du budget et de
l'administration, nous a dit clairement qu'il était contre, comme son
maître, le ministre de la Sécurité publique. Et, tout
à coup, aujourd'hui, il est pour. J'aimerais bien qu'il nous explique
pourquoi il a cheminé si rapidement. Peut-être que notre rapport
l'a influencé plus qu'on ne l'aurait cru, M. le Président.
Mais, deuxième raison: les effectifs de la fonction publique.
Vous vous souviendrez, chers collègues de la commission, que lors de nos
travaux j'avais soulevé la question du nombre de personnes
handicapées dans la fonction publique. J'avais rappelé au
président du Conseil du trésor qu'il était
négligent à cet égard, qu'il n'avait pas fait les efforts
voulus pour s'assurer que l'objectif de 2 % de l'ensemble de la fonction
publique devant être des personnes recrutées parmi les personnes
handicapées... Cet objectif était loin d'être atteint.
À ce moment-là, c'était de 0,7 %. Je pense que c'est
encore à peu près 0,7 %, 0,8 %. Le malheur, c'est que ce
pourcentage a diminué depuis 1985, depuis l'arrivée du
gouvernement libéral. De 1978 à 1985, le pourcentage avait
atteint 1,5 %, 1,6 % à certains moments. Il est redescendu,
baissé de moitié, et le président du Conseil du
trésor n'a pas pu expliquer cette baisse. (23 heures)
Alors, j'aimerais bien qu'on l'entende, ce soir ou dans les jours qui
viennent, pour qu'il nous explique si, dans les articles du début du
projet de loi qu'il semble endosser quand il parle de réduction
drastique du personnel par le non-remplacement, il inclut aussi les personnes
handicapées. Est-ce que ça veut dire qu'il serait prêt
à descendre même en bas de 0,8 %, alors qu'il est loin des 2 % qui
sont l'objectif du gouvernement même? Probablement que ma
collègue, aussi, aurait des questions à lui poser sur la
représentation féminine. Notre collègue de Westmount,
probablement, aurait des questions sur la représentation des
minorités dans la fonction publique.
Une dernière raison. Il y en aurait bien d'autres, M. le
Président, mais une dernière raison. On aimerait bien entendre le
président du Conseil du trésor nous expliquer pourquoi il n'a pas
pris ses responsabilités. Si, véritablement, lui et le Conseil
des ministres endossent, comme il semble le dire pour les besoins de la
galerie, le contenu de ce projet de loi, endossent les objectifs précis
qui sont présentés par le député de Verdun, alors,
pourquoi n'a-t-il pas procédé lui-même? Pourquoi est-ce
qu'il n'a pas réussi à convaincre ses collègues du Conseil
des ministres? Et moi, j'aimerais bien qu'on puisse démasquer le
président du Conseil du trésor. Ou bien il pense que ce sont des
chiffres valables, des objectifs valables quant au nombre, et à ce
moment-là il devrait conclure que, oui, dorénavant, ce sera la
politique du Conseil des ministres, ou bien il avouera que le Conseil des
ministres s'est contenté de laisser aller.
Après avoir laissé aller le comité Poulin un bout
de temps, cette fois-ci il laisse aller le député de Verdun qui
est en train de vivre une certaine heure de gloire, au salon rouge, comme
parrain de ce projet de loi. Mais il faudrait que le président du
Conseil du trésor en vienne à une minute de vérité
et nous dise véritablement où est-ce qu'il se situe, quelles sont
ses convictions et quelles sont les mesures que le Conseil du trésor est
prêt, finalement, à implanter pour donner suite au rapport qui
date maintenant de deux ans. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de La Prairie. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Chagnon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Je suis un peu
déçu d'avoir à étudier cette motion.
Une voix: Déçu?
M. Chagnon: Oui, parce qu'elle m'apparaft tout à fait
dilatoire. Dans un communiqué rendu public pas plus tôt... pas
plus tard, je devrais dire, que ce soir, le leader de l'Opposition officielle
stipule qu'il est prêt à adopter la
partie du projet de loi que nous voulions étudier avant
Noël.
M. Lazure: Tout de suite après.
M. Chagnon: Avant Noël. Alors, nous sommes non pas à
étudier les articles 1, 2 et 10, comme nous l'avions
suggéré, ce qui aurait permis, je présume, l'adoption plus
rapide de ce projet de loi là, mais à étudier une motion.
C'est pour cela que, sans vouloir imputer des motifs à la
députée de Taillon, c'est une motion qui a des effets dilatoires
parce que, on l'a souligné plus tôt, notre règlement
donnerait 15 jours au membre de l'Exécutif invité par cette
commission à venir nous rencontrer, ce qui nous amène, dans le
domaine strict de nos débats, évidemment, après Noël.
Quelque part au mois de mars, au mois d'avril, on aurait probablement le loisir
d'adopter ce projet de loi là.
Une voix: Au mois de janvier.
M. Chagnon: Au mois de janvier, l'Assemblée nationale ne
siège pas, comme vous le savez, M. le député de
Labelle.
Une voix: ...siège.
M. Chagnon: Mais je suis aussi inquiet. Je constate que nos amis
d'en face, nos trois amis d'en face sont des membres... Lorsque leur parti
était au gouvernement, ils étaient eux-mêmes au
gouvernement. Ces trois députés, qui ont été
ministres, n'ont jamais été députés
ministériels.
Je constate que nous allons, dans quelques jours, après demain,
célébrer le bicentenaire des institutions parlementaires. Or, au
cours du début de cet épisode démocratique, les
parlementaires dans cette Chambre se sont battus jusqu'au milieu du XIXe
siècle pour obtenir un gouvernement responsable, pour obtenir la
responsabilité ministérielle.
Maintenant, on est obligé de constater que, l'exécutif
ayant pris une place énorme par rapport au législatif, voir mes
trois collègues de l'Opposition faire front commun pour faire en sorte
de limiter l'affranchissement du législatif par rapport à
l'exécutif - c'est exactement ce que l'on voit, ce soir - je trouve
ça un peu dommage. Je pense que ça va à rencontre d'une
évolution saine des institutions législatives et je pense qu'il
nous faut nous démarquer de cette approche. Elle est dangereuse dans le
sens qu'elle ne fait que rendre le processus législatif esclave de
l'exécutif.
Quant au député de La Prairie, bien, il mélange les
genres. Il veut faire venir le député de Vaudreuil, le
président du Conseil du trésor, pour le questionner sur des
objets qui relèvent de l'étude des crédits. Or, on n'est
pas en train d'étudier les crédits. On est en train d'essayer de
produire un projet de loi qui va faire en sorte de permettre aux parlementaires
d'avoir un contrôle plus serré, plus grand des dépenses
publiques faites par le gouvernement, en ayant le droit de demander des
comptes, une reddition de comptes sur l'administration, des objets
administratifs, aux membres de la haute fonction publique, aux
présidents d'organismes d'État.
Encore une fois je regrette qu'on n'ait pas profité de ce que
nous avions suggéré, c'est-à-dire d'étudier les
articles 1, 2 et 10, ce qui nous aurait permis d'aller au coeur de ce projet de
loi là, comme je le soulignais plus tôt, et de faire en sorte
d'agréer et d'arriver le plus vite possible à étudier le
dossier de l'imputabilité. Merci. M. le Président.
M. Jean Audet M. Audet: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Beauce-Nord.
M. Audet: ...sur la motion, merci.
Une voix: M. le député de... En règle
d'alternance, est-ce qu'il n'y a pas...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Audet: Oui, mais c'est ça, il y en a eu deux de cette
part-là, si je me fie à la décision qui a
été rendue tantôt, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui. Vous pouvez, oui.
M. Audet: ...deux, deux, et M. le député de
Drummond pourra revenir après.
M. le Président, sur la motion, la motion a été
jugée recevable en vertu de l'article 244, vous l'avez bien
mentionné. Le problème que j'ai, moi, c'est en vertu de l'article
164, lorsqu'on aura disposé de la motion. Ce n'est pas que je ne veux
pas qu'on entende le président du Conseil du trésor. Ce n'est pas
ça que... Ce que je veux vous dire, c'est que je devrai voter contre la
motion à cause de la modalité qui s'applique à 164. Il
faut convoquer le ministre, donner un préavis de 15 jours...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Audet: ...la commission doit fixer les dates, prendre
arrangement avec le ministre pour qu'il y ait audition et tout ça. Il y
a eu aussi une nouvelle, sur ce projet de loi là, du leader de
l'Opposition, M. le député de Joliette, à l'effet qu'il
était tout disposé à donner son consentement et que les
gens de l'Opposition étaient très disposes à ce que le
projet soit
adopté d'ici Noël.
Alors, en vertu de la modalité de 164, si on accepte la motion...
puis je vous dis que, sur le fond de la motion, je n'aurais pas
été contre. Probablement que j'aurais été pour,
parce qu'il aurait été intéressant, probablement,
d'entendre le président du Conseil du trésor, mais sur les
modalités, en vertu de 164, ça ne nous remet pas dans 15 jours,
ça nous remet presque dans un mois et demi, parce qu'on aura la
période des fêtes, on aura les vacances. Certains parlementaires
profitent de la période d'accalmie, après les fêtes, pour
prendre quelques jours de repos. Alors, on se retrouve, à ce
moment-là, presque au mois de février. Et, au mois de
février, la commission du budget et de l'administration sera
possiblement appelée à siéger sur la fiscalité.
Alors, on se retrouve en mars, en pleins travaux parlementaires. Ça veut
dire que l'adoptsion du projet de loi ne se fait pas avant presque le mois de
juin. On vient de perdre presque 6 mois. Bon.
Sur le dossier de l'imputabilité, je pense qu'il y a eu beaucoup
de choses d'écrites là-dessus. On n'a qu'à vérifier
le rapport du Vérificateur général, on n'a qu'à
regarder ce qui a été écrit dans le rapport Lemieux-Lazure
pour bien comprendre l'importance que la commission, que les membres de la
commission et que les membres du comité, soit le rapport Poulin,
accordaient au principe de l'imputabilité. (23 h 10)
Alors, c'est à cet égard-là, M. le
Président, que je devrai voter contre la motion, mais je veux bien que
ce soit inscrit que c'est à cause des dispositions du règlement,
en vertu de l'article 164, que je devrai le faire parce que le temps nous
manquera pour être en mesure d'adopter ce projet de loi avant la
période des fêtes. Ça termine mon intervention, M. le
Président. Merci.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: ...alors, juste un court commentaire. Je suis
d'accord avec la motion de ma collègue de Taillon. Mais je
relève, dans les propos du député de Beauce-Nord, qu'en se
retranchant derrière l'article 164 pour dire qu'il votera contre
à cause des modalités il prend pour acquis que le
président du Conseil du trésor ne se rendra pas disponible avant
15 jours. Donc, c'est ça qu'il prend pour acquis.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Et c'est ça son problème, parce
qu'au fond tout le monde sait qu'il était ici aujourd'hui, qu'il sera
là demain et qu'il sera là jusqu'à la fin de la semaine,
amplement, et puis que la session se termine lundi seulement. Donc, il a
amplement le temps de venir, s'il désire venir.
Alors, il prend pour acquis qu'il ne viendra pas. Je suppose qu'il a des
lumières sur ce que pense le président du Conseil du
trésor.
Une voix: C'est la loi.
M. Léonard: C'est ça que ça veut dire. M. le
Président. Comme je suis d'accord pour qu'on l'entende et que je suis
d'accord pour qu'on procède ce soir, j'arrêterai ici mon droit de
parole...
Une voix: C'est bien, ça.
M. Léonard: ...pour éviter ce que vient de dire le
député de Saint-Louis, à l'effet que nous faisons des
mesures dilatoires. Nous travaillons, nous sommes prêts.
Une voix: Au boulot.
M. Audet: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le
député...
M. Audet: ...en vertu du règlement...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Audet: ...un député estimant que ses propos ont
été mal cités ou rapportés peut faire des
corrections. Elles doivent être brèves.
M. Léonard: M. le Président...
M. Audet: Mais le député de Labelle m'impute le
motif que je suppose que le président du Conseil du trésor ne
pourra pas être ici. Mais ce que je dis, c'est que, si on ne respecte pas
le règlement dans la convocation du président du Conseil du
trésor, le président du Conseil du trésor, lui, pourra
imputer le fait qu'il n'a pas été avisé en temps opportun
pour venir comparaître devant la commission, et on risque de passer
à côté. C'est juste ce que j'ai dit.
Une voix: Par prudence.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous appelons... Est-ce
que d'autres interventions sur...
Une voix: Au boulot.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas d'autres
interventions sur le...
M. St-Roch: M. le Président, pas celle-ci, mais j'aurais
une autre motion à faire lorsqu'on aura disposé de celle-ci.
Mise aux voix
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous allons prendre le
vote sur cette motion-ci. Un appel nominal?
Le Secrétaire: Appel nominal. Mme Marois (Taillon)?
Mme Marois: Pour, M. le Président.
Une voix: C'est la guerre ouverte avec les ministres.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour.
Le Secrétaire: M. Lazure (La Prairie)?
M. Lazure: Pour.
Le Secrétaire: M. Gautrin (Verdun)?
M. Gautrin: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Malheureusement, je devrai être contre, M. le
Président.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)?
M. Chagnon: Contre.
Le Secrétaire: Et M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Abstention.
Alors, la motion est donc rejetée. Pour 3, contre 5, 1
abstention. Elle est donc rejetée. M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: oui, m. le président. en vertu de 244,
j'aimerais faire la motion suivante: que la commission du budget et de
l'administration entende le vérificateur général.
M. Audet: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Un instant, M. le
député de Drummond.
M. Audet: ...j'ai une question de règlement à cet
égard.
Le Président (M. Lemieux): Oui, 132,133.
M. Audet: Oui. Étant donné, je pense, que le
député de Drummond n'est pas membre de la commission,
étant donné qu'en vertu de l'article 133...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Audet: ...il peut participer sans droit de vote aux travaux de
notre commission - ça, je n'ai pas d'objection là-dessus, pas du
tout, bon - sauf qu'étant donné qu'il n'a pas de droit de vote,
dans quelle mesure peut-il être habilite-Le Président (M.
Lemieux): ...motion. M. Audet: ...à présenter une
motion?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Je vais essayer de vous
répondre à ça, M. le député de Beauce-Nord.
J'aimerais quand même attirer votre attention sur l'article 132. Je ne
sais pas si vous avez lu l'article 132 pour la participation d'un non-membre,
où on nous dit: «Le député qui n'est pas membre
d'une commission peut, avec la permission de cette dernière, participer
à ses délibérations, mais ne peut y voter ni y
présenter de motion.» Alors, le législateur prend la peine
d'ajouter ceci: «ni y présenter de motion», dans le cadre
d'une participation d'un non-membre.
Par contre, le législateur ne reprend pas là même
expression à l'article 133. Il n'y ajoute pas: «ni y
présenter de motion». Il dit ceci pour un député
indépendant: «Tout député indépendant peut
participer sans droit de vote aux travaux d'une commission qui étudie un
projet de loi.» Le législateur, dans ce cas-ci, n'ajoute pas:
«ni y présenter une motion».
Habituellement, il y a un vieux principe en droit que le
législateur ne parle pas pour ne rien dire et que, s'il a fait cette
omission-là, il l'a voulu. Est-ce que le législateur a voulu nous
dire qu'un député indépendant qui n'aurait pas de droit de
vote peut présenter une motion? Je dois vous avouer que je trouve
ça un petit peu aberrant et, dans une telle circonstance,
considérant que cette décision-là peut avoir des
conséquences pour l'avenir, je la prends en
délibéré. Et j'ai lu la décision du 8 octobre 1985
de M. Marcel Gagnon, à cet effet-là, et il n'y a jamais eu de
décision ou de jugement rendu là-dessus. Alors, je vais . la
prendre en délibéré, M. le député de
Beauce-Nord, parce qu'elle aura des conséquences, effectivement, pour un
député indépendant.
M. Léonard: En attendant, qu'est-ce qu'on fait?
Le Président (M. Lemieux): En attendant,
alors... En attendant, je la prends en délibéré.
Donc, je ne peux pas rendre de décision. Je ne prends pas de...
M. Léonard: Mais lui, là?
M. Marcil: Mais, en attendant, est-ce que le député
de Drummond peut déposer sa motion?
Une voix: Non, non, non.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez déposer
votre motion. Déposez votre motion...
M. St-Roch: Non, mais, M. le Président, si...
Le Président (M. Lemieux): ...mais vous n'avez pas de
droit de parole dessus. Moi, là... Vous avez déposé votre
motion. Je la prends sous réserve d'avoir à rendre un jugement
à savoir si vous pourrez la débattre ou pas. Alors...
M. St-Roch: Alors, M. le Président, peut-être pour
faciliter votre tâche, si j'ai le consentement des deux
côtés de cette table, je prendrai seulement une clarification.
Le Président (M. Lemieux): Non. Non, je la prends sous...
Je vous ai dit que je me devais... Je ne sais même pas si elle est
recevable ou pas. Alors, je ne peux pas vous permettre d'en débattre. Je
dois en disposer avant de pouvoir vous permettre d'en débattre. Lorsque
j'en viendrai à la conclusion qu'elle est recevable, alors... Remarquez
que la prendre sous réserve... Je peux vous entendre sur la
recevabilité, par contre, mais pas sur le fond. La nuance est là.
Je peux vous entendre strictement sur la recevabilité, pas sur le
fond.
M. St-Roch: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Alors, plaidez sur 133.
M. St-Roch: M. le Président, je ne veux pas faire de
procédurite ce soir, mais vous allez comprendre que, si vous prenez
cette motion-là en délibéré et que vous
étudiez le projet de loi, alors, où est-ce que sont mes droits de
parlementaire de faire entendre mes justifications?
Le Président (M. Lemieux): Vos droits de parlementaire
vous sont conférés en vertu des règlements de
l'Assemblée nationale, et moi, ce qu'il faut... j'ai comme fonction,
comme responsabilité, d'avoir à interpréter ces
règlements-là. Alors, ce que je vous dis... Je vous
écoute. Je ne vous brime pas dans vos droits. Je vous écoute sur
la recevabilité. Le législateur fait une distinction importante,
dans le cas d'une personne qui est non-membre et dans le cas d'un
député indépendant, et le libellé de ce
texte-là actuellement ne me permet pas de vous dire qu'effectivement
vous auriez droit... Puisque vous n'avez pas de droit de vote, est-ce que, de
facto, vous auriez droit de présenter une motion? Je ne la vois pas,
cette nuance-là. Alors, je dois prendre ça sous réserve
par rapport à l'article 132.
M. Marcil: M. le Président, est-ce que...
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur la
recevabilité, est-ce que vous avez terminé? Je peux vous
écouter là-dessus, sur 133.
M. St-Roch: Non, M. le Président. Si j'ai le consentement,
je suis prêt même à ne pas déposer de motion, si vous
me donnez un bref commentaire, et on pourra passer à l'article 1, de
consentement mutuel.
Une voix: ...oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. le député
de Beauce-Nord... Oui?
Une voix: Juste une seconde.
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous écouter
après, M. le député de Beauharnois.
M. Audet: Le règlement aurait permis... Si le
règlement avait permis, par consentement, au député de
Drummond de voter et tout ça, je pense qu'il n'y aurait pas eu
d'objection, de ce côté-ci et de l'autre côté non
plus, des membres de la commission, à ce qu'il participe, mais l'article
132, vous l'avez mentionné, dit que le député qui n'est
pas membre d'une commission peut participer avec le consentement, mais il ne
peut pas voter, puis il ne peut pas présenter une motion.
Le Président (M. Lemieux): On ne dit pas qu'il ne peut pas
présenter de motion.
M. Audet: Bien oui.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, non. Je...
M. Audet: L'article 132 dit ça.
Le Président (M. Lemieux): Ah oui! pardon! l'article 132,
oui. Je pensais que vous vouliez parler de l'article 133.
M. Audet: Parce qu'on dit qu'avec le consentement, un
député qui n'est pas membre de la commission peut participer aux
délibérations, mais il ne peut pas voter, il ne peut pas. Avec le
consentement, même avec le consentement, il ne peut pas voter, puis il ne
peut pas présenter de motion.
Et, à 133, comme vous dites, bien, en tout cas... Étant
donné... On va attendre votre décision, mais je pense que c'est
important de...
Le Président (m. lemieux): non, mais j'ai simplement
mentionné au député de salaberry- soulanges qu'il n'est
pas membre de cette commission.
M. Marcil: Oui, mais j'ai le droit de parler. Le
Président (M. Lemieux): Non.
M. Marcil: Je n'ai pas le droit de parler à la
commission?
Une voix: Consentement, M. le président. Une voix:
132
M. Marcil: Mais est-ce que vous me donnez le consentement?
Le Président (M. Lemieux): Regardez, la participation d'un
non-membre... Là, là, là, je me ramasse avec les deux
cas.
M. Marcil: Oui. Bien là, j'ai demandé le
consentement, monsieur...
Le Président (M. Lemieux): Le député qui
n'est pas membre d'une commission peut, avec la permission de cette
dernière... Il faut absolument que j'aie la permission.
Mme Marois: Vous avez notre permission.
Le Président (M. Lemieux): J'ai le consentement?
M. St-Roch: Consentement.
Le Président (M. Lemieux): Consentement, monsieur... Bon,
O.K., ça va. (23 h 20)
M. Marcil: Je n'interviendrai peut-être pas sur le fond,
mais j'ai une question que je me pose. Cela veut dire qu'un
député indépendant à l'Assemblée nationale
n'est membre d'aucune commission?
Mme Marois: Non, il a été membre...
Une voix: II est membre de la commission de l'économie et
du travail.
M. Lazure: Ça ne veut pas dire ça. Une voix:
Ah! O.K.
Le Président (M. Lemieux): II est membre de la commission
qui le... désigné par la commission de l'Assemblée
nationale.
Une voix: Ah, O.K., ça va. J'étais sous
l'impression qu'il était membre...
Le Président (M. Lemieux): De par la CAN.
M. St-Roch: Une dernière intervention, M. le
Président, pour éclairer. J'aimerais vous rappeler aussi que,
dans un autre article de notre règlement, et on a eu la chance de
l'appliquer hier à l'article 165, un député
indépendant peut même faire une motion d'ajournement, même
s'il n'a pas le droit de vote.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Elle doit être
débattue, par contre. Vous savez ça? 165: «Cette motion est
mise aux voix sans amendement [...] Elle ne peut être débattue,
sauf qu'un représentant de chaque groupe parlementaire peut prononcer un
discours de dix minutes chacun.» Elle est débattue si vous le
faites. Vous le savez?
M. St-Roch: Oui, un député indépendant peut
faire la motion, mais hier on s'est fait refuser le droit d'intervenir.
C'était un député du Parti québécois qui
était intervenu à ce moment-là.
De toute façon, M. le Président, je ne veux pas faire une
procédurite ce soir. Je ne veux pas retarder les travaux de cette
commission. J'aurai la chance de revenir sur le point que je veux faire
à l'article 1.
Le Président (M. Lemieux): Mais vous comprendrez, M. le
député de Drummond, que, eu égard à vos droits,
pour le futur, je ne peux pas me permettre de ne pas prendre cette
objection-là sous réserve, parce qu'elle va nécessiter de
ma part une bonne analyse pour savoir si, effectivement, vous avez le droit, en
vertu de 133, de présenter une motion.
M. St-Roch: C'est ce que j'en ai déduit, M. le
Président, que vous preniez en considération et que vous pourriez
rendre votre décision dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Oui, M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: Peut-être sur les propos, si vous me permettez,
M. le Président, du député de Drummond. Moi, je vous
indique, à titre, évidemment, de membre de cette Assemblée
et également d'une formation politique... Vous savez, il y a des limites
que le règlement nous impose comme membres d'une formation politique, et
je pense qu'il faut manifestement être prudent. Sans égard au fait
que c'est le député de Drummond, qu'on connaît bien, et on
a eu de nombreux échanges ensemble, je pense qu'il y a un risque
d'investir de privilèges et de droits un membre
de l'assemblée nationale qui ne serait pas membre d'une formation
politique reconnue au sein de l'assemblée, lui donner des
privilèges qu'aucun autre membre de ces mêmes formations n'aurait,
je pense que c'est...
Le Président (M. Lemieux): C'est la raison pour laquelle
je la prends sous réserve, M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: ...manifestement délicat. Sinon, je vais vous
dire, on va devoir revoir l'ensemble du règlement et tout le monde sera
investi. Sinon, on aura des gens qui... Il y aura deux types de
députés avec deux types de privilèges et de droits dans
cette Assemblée.
Le Président (M. Lemieux): Cette motion-là ayant
été prise sous réserve, est-ce qu'il y a d'autres motions
maintenant? Est-ce qu'il y a d'autres motions qui... Alors, il n'y a plus de
motions.
Est-ce que nous passons maintenant à l'étude du projet de
loi 198 article par article? Alors, j'appelle... Il n'y a pas d'autres motions?
Alors, j'appelle l'article 1. M. le député de Verdun.
Mme Marois: Est-ce que... M. le Président, sur la question
de directive...
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui.
Mme Marois: ...on s'était entendu, là, qu'on
abordait la question 1, 2, 10 et qu'on suspendrait les autres articles.
M. Gautrin: Oui. Ça, c'est ce qu'on s'était dit.
Compte tenu de l'heure... Est-ce qu'on peut suspendre cinq minutes?
Le Président (M. Lemieux): Oui, on va suspendre cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 24)
(Reprise à 23 h 30)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement au projet de loi 198.
Mme Marois: Je veux bien être claire devant les membres de
la commission que c'est un peu difficile, et je peux comprendre - on entendra
le député de Verdun sur ces questions - que ça reste quand
même complexe, surtout qu'on changerait peut-être l'économie
du projet. Je veux bien qu'on soit clair que nous serions prêts cependant
à procéder sur la question de l'imputabilité.
M. Gautrin: M. le Président. M. Lazure: Et à
l'adopter. Mme Marois: Et à l'adopter. M. Gautrin: M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: ...je prends note, à l'heure actuelle, de la
volonté des collègues de l'Opposition de vouloir procéder
tout de suite sur la question de l'imputabilité. Je comprends
qu'implicitement ils s'opposent et continueront à s'opposer sur les
articles 3 à 9 du projet de loi, avec les implications que ça
aurait sur le sens du projet de loi. Il est clair que vous comprenez aussi
qu'il y a une économie à l'intérieur de ce projet de loi
à repenser, si on allait dans le sens que vous suggérez. Dans ce
cadre-là, M. le Président, j'aimerais proposer que nous
ajournions les travaux de cette commission.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Oui, juste une question de clarification, M. le
Président. Est-ce que ceci signifie que, lorsque nous aurons la chance
de nous réunir pour poursuivre l'étude de ce projet de loi,
j'aurai votre décision concernant...
Le Président (M. Lemieux): Oui, effectivement.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous ajournons nos
travaux sine die. Je remercie les membres de cette commission.
(Fin de la séance à 23 h 31)