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(Quinze heures dix minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration est réunie
afin de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 45, Loi modifiant la Loi sur l'administration financière
et la Loi sur le ministère des Approvisionnements et Services.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: oui. m. chagnon (saint-louis) est
remplacé par m. richard (nicolet-yamaska) et m. léonard (labelle)
est remplacé par mme dupuis (verchères).
Le Président (M. Lemieux): Merci. Dans un premier temps,
je vais permettre à M. le ministre et au porte-parole de l'Opposition de
bien vouloir nous faire des remarques préliminaires relativement au
projet de loi 45, si c'est le cas. Il s'agit de Mme la députée de
Verchères, je crois, qui est le... M. le ministre, est-ce que vous avez
des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Robert Dutil
M. Dutil: Oui, M. le Président, rapidement. On sait que le
projet de loi a pour but d'exempter sans condition certains organismes publics
de la réglementation sur l'octroi de contrats. Le rapport Bernard,
ça a été mentionné à l'adoption de principe,
recommandait d'inclure tous les organismes et ministères gouvernementaux
dans la réglementation habituelle, sauf s'il y avait des organismes
dûment spécifiés qui devaient être exemptés
partiellement ou des organismes dûment spécifiés qui
devaient être exemptés totalement, mais avec condition, les
conditions étant d'avoir des règlements internes sur l'octroi de
contrats et de les rendre publics. Nous nous sommes rendu compte que, bien que
le rapport Bernard ne recommandait pas d'exempter certains organismes de
façon totale, c'est-à-dire sans condition, il y avait lieu de
procéder ainsi.
À l'adoption de principe, nous avons échangé. Vous
avez été un des intervenants, et Mme la députée de
Verchères et Mme la députée de Taillon ont
été des intervenantes. Je pense qu'on a convenu que la
définition des organismes et des corporations qui pouvaient être
exemptés était large, était trop large et que ce
n'était pas le but que nous visions.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez oublié le
député de Vanier, M. le ministre.
M. Dutil: Oui, j'ai parlé du président, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Pardon!
M. Dutil: Excusez-moi, j'aurais dû dire: M. le
Président et député de Vanier.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Dutil: Alors, donc, nous en arrivons, ici, à la
commission parlementaire, pour étudier ça. J'ai fait parvenir aux
membres de la commission et à Mme la députée de
Verchères l'amendement que nous avions l'intention de proposer.
Maintenant, il y avait deux autres amendements qui seraient sur la même
feuille et que je déposerais officiellement ici, à la commission,
qui sont juste afin de mettre un pluriel, dans un cas, et l'autre, nous
pourrons l'expliquer d'une façon relativement simple, et que l'on
pourrait distribuer aux membres de la commission, si vous le permettez...
Le Président (M. Lemieux): Ces amendements...
M. Dutil: ...après les remarques...
Le Président (M. Lemieux): ...pourraient être
déposés lorsque nous en serons à l'étude du projet
de loi article par article, M. le ministre.
M. Dutil: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): De rien. Ce n'est pas par
mauvaise volonté, c'est les règles de la procédure. Est-ce
que, Mme la députée de Verchères, vous avez des remarques
préliminaires avant que j'appelle l'article 1 du projet de loi 45?
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Oui, M. le Président. Lorsque le ministre a
soumis le projet de loi 45, à la lecture de ce projet de loi qui, de
toute évidence, ouvrait toutes grandes les portes au patronage ou,
disons, à la non-réglementation, ou au feu vert à quelque
organisme que ce soit, tel que rédigé, c'était exempter
sans condition un organisme public. J'ai été passablement
étonnée puisque, d'après les relations qu'on avait eues
avec le ministre et à le voir agir dans d'autres projets de loi, il
semblait de toute évidence vouloir appliquer le rapport Bernard le
plus
rapidement possible et s'en tenir le plus près possible au
rapport Bernard. On sait que le rapport Bernard allait dans le sens d'une
réglementation plus serrée et beaucoup plus de contrôle et
de clarification en ce qui concerne les attributions de contrats, entre autres.
On sait que, sur ce rapport qui avait été commandé, si
vous voulez, en 1989 par le Conseil des ministres, ils avaient travaillé
tout près de six mois et avaient émis leur rapport en 1990.
C'étaient les résultats d'une analyse. Elle reflète
trois objectifs majeurs qui étaient fixés par le groupe de
travail; premièrement, il jette un regard d'ensemble sur le processus
d'octroi de contrats du gouvernement; deuxièmement, c'était
d'identifier des améliorations à apporter au processus actuel;
et, le troisième, il propose des voies de solution.
Lors de la première lecture en Chambre, le ministre, d'ailleurs,
a lu et semblait d'accord avec le rapport Bernard. J'étais très
étonnée de voir que le projet de loi allait tout à fait
à rencontre. Cependant, le ministre, lors de la première lecture,
a dit qu'il apporterait des amendements. Cependant, ces amendements qui ont
été soumis - nous aurons l'occasion de les étudier article
par article tantôt - à première vue, ne me donnent pas
satisfaction. Je vais demander au ministre de bien vouloir répondre
à nos questions et nous apporter plus d'éclaircissements ou plus
de précisions, parce que là, même si nous avons des
amendements, ça ne nous justifie pas encore pourquoi - c'est une
question de principe - élargir autant. Qui a fait ces
demandes-là? Est-ce que c'est l'organisme, est-ce que ce sont des
filiales d'un autre organisme qui devraient être assujetties?
On connaît les règles du jeu. On sait très bien que
les organismes qui se soustraient à la réglementation ont, selon
le rapport Bernard, d'autres comptes à rendre dont celui... Un instant.
Pour être bien précise et le citer d'un façon correcte, le
rapport Bernard dit, concernant les organismes exempts de la
réglementation, qu'ils devaient être obligés d'adopter une
politique, donc une réglementation, et de la rendre publique. Dans
l'amendement même, on voit qu'il n'y a rien qui indique qu'on devrait la
rendre publique.
Je ne dis pas que je serai contre. Pour le moment, c'est trop tôt;
nous n'avons pas toutes les informations nécessaires pour porter un
jugement de valeur au moment où je vous parle. Je compte sur le ministre
pour justement clarifier tout ça et nous dire le but visé, de qui
ça vient et tout.
D'autant plus, M. le Président, que nous avions
déjà la loi 180 et la loi 181 qui, de toute évidence,
donnaient ces marges de manoeuvre au ministre. Si je prends l'article 49.1 du
projet de loi 181, il dit: «Le gouvernement peut soustraire l'ensemble
des contrats faits par un organisme public de l'application de certaines
dispositions d'un règlement pris en vertu de l'article 49; il peut
également soustraire certaines catégories de contrats faits par
un organisme public de l'application de toutes les dispositions d'un tel
règlement ou de certaines d'entre elles». Donc, la loi 181, par
l'article 49.1, lui donne cette marge de manoeuvre. Par l'article 7.5 de la loi
180, et je lis l'article: «Le gouvernement peut, aux conditions qu'il
détermine et sur la recommandation du Conseil du trésor, exempter
un organisme public, autre qu'une personne que l'Assemblée nationale
désigne pour exercer une fonction...»
Bon, à la lumière de ces deux lois et des articles dont je
viens de faire la lecture, selon moi, le ministre a toute la marge de manoeuvre
pour être capable de soustraire, mais pas sans condition, bien sûr,
des organismes d'une certaine forme de surveillance, si vous voulez. Avec le
projet de loi 45 tel que formulé, M. le Président, ça rend
caducs deux articles importants des lois 180 et 181. Ces deux
articles-là deviennent un peu caducs ou inutiles. Plus qu'inutiles,
ça les annule puisqu'on donne beaucoup de marge de manoeuvre, par le
49.3 et par la loi 45, qui se trouve un amendement, si vous voulez, pour
contredire les projets de loi qu'on donnait tantôt. Parce que ces projets
de loi là disaient qu'il avait la marge de manoeuvre pour le faire, mais
pas la porte ouverte complètement et pas exempter sans condition un
organisme public.
Alors, je ne veux pas retarder indûment les travaux de cette
Chambre. L'idée n'est pas là. Ce n'est pas de faire un blocage
systématique, mais c'est de s'assurer, M. le Président, qu'on va
toujours dans le même sens que le rapport Bernard, qui est celui
d'être plus efficace, d'avoir un meilleur contrôle. On sait
déjà que c'est le méli-mélo, qu'il y a certains...
Oui, M. le Président. Ça fait sourire le ministre, mais, quand on
pense que certains ministères ne savaient même pas,
l'été dernier, que le rapport Bernard existait, c'est
étonnant, non? J'ai eu la même réaction que vous, M. le
Président, en apprenant ça, que certains ministères ne
savaient même pas l'existence... Je ne dis pas que c'est le
ministère des Approvisionnements et Services, bien sûr, mais
certains fonctionnaires de certains ministères ne connaissaient
même pas l'existence du rapport Bernard. Inutile de vous dire que je me
serais attendue, M. le ministre, à un projet de loi qui allait dans ce
sens-là, de clarifier, de simplifier, afin de donner plus de
transparence. (15 h 20)
Vous savez que, lorsque les règles sont trop confuses, qu'il y en
a trop, c'est très difficile pour le commun des mortels de s'y
retrouver. Et, lorsqu'on ne s'y retrouve pas, c'est beaucoup plus facile de
passer des choses qui, peut-être, n'iraient pas dans le sens que le
ministre voudrait. Et c'est beaucoup plus difficile pour un ministre d'exercer
un parfait contrôle sur
l'appareil gouvernemental.
Alors, dans ce sens-là, j'attends les commentaires du ministre
qui se fera sûrement un plaisir de nous clarifier tout ça et de
nous dire exactement le pourquoi de cette loi, qui l'a commandée, quels
en sont les buts. Est-ce que ce serait le Conseil du trésor qui aurait
essayé d'en passer une petite vite, comme on dit des fois, au ministre
des Approvisionnements et Services? Parce que le ministre des
Approvisionnements et Services, lui-même, lors de la première
lecture, a tout de suite dit qu'il apporterait des amendements, ce qui a
retardé d'ailleurs la commission à cet effet.
À première vue, ce projet de loi a été un
petit peu bâclé, de toute évidence. Écoutez,
lorsqu'on arrive avec un projet de loi comme celui-là, qui va tout
à fait a rencontre de ce qu'on attend, alors qu'il aurait
été important qu'on ait l'inverse, je pense qu'il y a lieu de se
dire: Ou ça a été bâclé ou c'est un autre
ministère qui a fait des pressions sur le ministre. Comment ce projet de
loi a-t-il bien pu passer à travers le Comité de
législation, aussi? Comment c'est arrivé, ça, au Conseil
des ministres? Parce qu'il a fallu qu'il soit approuvé à quelque
part. Ça serait intéressant, pour éclairer cette
commission, de savoir comment ce projet de loi a bien pu traverser le
Comité de législation, puisque, lorsqu'il a été
présenté, c'était exempté sans condition.
C'était tellement gros, M. le Président, puis tellement
banalisé: un petit article du ministère des Approvisionnements et
Services, mais, lorsqu'on le lit, c'est énorme et c'est là que je
me demande comment ce seul article du projet de loi 45, comment ce projet de
loi 45 a bien pu faire pour traverser le Comité de législation et
comment le Conseil des ministres a-t-il pu faire pour donner son approbation
à un tel projet de loi.
Alors, je terminerai, M. le Président, mon intervention sur ces
deux questions que je pose au ministre en espérant, bien sûr, et
j'en suis assurée, que le ministre nous donnera l'éclairage
nécessaire. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Verchères. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? Non. Comme il n'y a pas d'autres remarques
préliminaires...
Mme Marois: J'aimerais entendre le ministre pour voir,
éventuellement, s'il y a lieu.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais il faut le
consentement, parce qu'il n'y a pas de réplique lors de remarques
préliminaires. Alors, lorsque j'appellerai l'article 1 du projet de loi,
M. le ministre pourra faire ses remarques, madame.
Mme Marois: Mais on pourra, nous, reprendre...
Le Président (M. Lemieux): À moins que vous me
donniez le consentement...
Mme Marois: ...parce qu'il y a...
Le Président (M. Lemieux): À moins que j'aie le
consentement...
Mme Marois: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): ...avant l'appel du projet de
loi pour que M. le ministre réplique.
Mme Marois: Parce que, écoutez, là, on s'entend,
hein. Il y a trois articles dont deux sont une répétition l'un de
l'autre. Alors, il y a un article au projet de loi; donc, on s'arrêtera
plutôt sur le fond de l'article qui est là...
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'appelle les articles,
Mme la députée de Taillon?
Mme Marois: ...en tout cas, pour ce qui est de mon
intervention.
Étude détaillée
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Ça va. Alors,
j'appelle maintenant l'article 1 du projet de loi 45. M. le ministre, est-ce
que vous avez des commentaires?
Dépôt des amendements
M. Dutil: Alors, je pourrais, M. le Président,
déposer les amendements immédiatement, à ce
moment-ci...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre, oui, c'est
possible.
M. Dutil: ...et les faire distribuer aux membres de la
commission.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez déposer les
amendements et si vous avez la gentillesse de bien vouloir les commenter.
M. Dutil: Si vous voulez les donner au président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
secrétaire.
Loi sur l'administration financière
M. Dutil: Alors, je vais d'abord commenter les remarques
préliminaires de Mme la députée Verchères, si vous
permettez. Il est important de constater, là, qu'il ne s'agit pas,
à ce moment-ci, d'exempter des organismes. Il s'agit d'habiliter le
gouvernement à exempter des organismes, là. Il faut bien voir
cette distinction-là. Il serait faux
de laisser l'impression que le gouvernement, par ce projet de loi,
exempte tous les organismes et ministères qui seraient prévus
dans l'article de la loi. Évidemment, nous avons davantage confiance au
gouvernement, j'imagine, que certains autres membres de l'Assemblée
nationale, c'est bien certain. Je comprends également l'argumentation de
membres de l'Assemblée nationale et je pense que, M. le
Président, vous êtes allé également dans ce
sens-là, à savoir que c'est bien beau d'habiliter le gouvernement
à exempter sans condition certaines corporations, mais il y a certains
moyens de baliser davantage celles qui sont visées par ça.
Et l'amendement que nous sommes en train de distribuer a exactement cet
objectif-là de baliser les organismes, les corporations que le
gouvernement voudrait pouvoir exempter, le cas échéant. Ça
ne veut pas dire que ces corporations-là seront toutes exemptées,
mais le gouvernement veut avoir le pouvoir de le faire. Pourquoi? Parce qu'il'
y a des corporations - et je le mentionnais dans les remarques de la
deuxième lecture en Chambre sur l'adoption de principe - et des
organismes où c'est inapproprié de l'avoir, qui sont des
filiales, en général, de certaines de nos sociétés
d'État.
Alors, si vous le permettez, on pourrait en arriver à
l'amendement qui est déposé, et je vais aller
immédiatement dans le deuxième paragraphe de l'article 1, puisque
l'autre, c'est d'ajouter «des» au lieu de «du suivant»
là. Alors, au deuxième paragraphe, c'est de remplacer, dans les
deuxième, troisième et quatrième lignes de l'article
49.3.1, les mots «, autre qu'une personne que l'Assemblée
nationale désigne pour exercer une fonction qui en relève et
autre que la Commission de la représentation,»... Alors,
ça, on enlèverait ça - c'était l'aspect qui
était extrêmement large et qui a soulevé les commentaires
de tous ceux qui sont intervenus à l'adoption de principe - et on le
remplacerait par les mots «visé par le paragraphe 2° de
l'article 5 de la Loi sur le vérificateur
général».
Et, ça, M. le Président, ça nous amène
à parler de ce paragraphe 2° de l'article 5 de la Loi sur le
vérificateur général, que je vais vous lire pour ceux qui
ne l'auraient pas.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous l'avez monsieur
le... En avez-vous des copies? Ça serait intéressant pour les
membres de la commission...
M. Dutil: Oui, on en a des copies.
Le Président (M. Lemieux): ...tout au moins d'avoir une
copie de l'article 5.
M. Dutil: Alors, l'article 5, c'est la définition de ce
qu'est une entreprise du gouvernement. Alors, je vais en faire la lecture, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, s'il vous plaît.
M. Dutil: «Est une entreprise du gouvernement, aux fins de
la présente loi: «1° - ce paragraphe ne nous concerne pas,
mais je vais le lire quand même - tout organisme, autre que ceux
mentionnés aux articles 3 et 4, institué par une loi, ou en vertu
d'une loi, ou par une décision du gouvernement, du Conseil du
trésor, ou d'un ministre et dont au moins la moitié des membres
ou administrateurs sont nommés par le gouvernement ou un
ministre.»
Alors, vous voyez que ceux-là, on ne les touche pas dans les
possibilités d'exemption. On touche ceux du paragraphe 2°. Ceux du
paragraphe 2°, c'est: «toute société à fonds
social, autre qu'un organisme du gouvernement, dont plus de 50 % des actions
comportant le droit de vote font partie du domaine public, ou sont
détenues en propriété par un organisme public, par un
organisme du gouvernement ou par une entreprise du gouvernement».
Alors, c'est ceux-là qui sont touchés et seulement
ceux-là qui peuvent être exemptés. J'insiste sur le mot
«peuvent»; ça ne veut pas dire qu'elles le seront toutes,
mais elles peuvent l'être. On voit qu'on est passé d'une
définition extrêmement large dans le projet de loi initial,
où on n'exemptait pas tout le monde, mais on pouvait exempter tout le
monde, à une définition qui rejoint exactement les organismes que
l'on veut rejoindre, qui sont en général des organismes dans le
commerge général et on pense qu'il peut être
inapproprié de leur mettre les deux conditions de rendre publics leurs
règlements internes d'attribution des contrats. Voilà.
Mme Marois: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Taillon, sur l'amendement.
Mme Marois: Oui, c'est ça, sur l'amendement. Bon, je pense
que, déjà, là, on arrive avec quelque chose de plus
précis parce que les remarques qu'on a faites à
l'Assemblée, puis que ma collègue a reprises ici dans les
remarques préliminaires étaient à l'effet que l'article
était beaucoup trop large et permettait à peu près
d'exempter n'importe quelle organisation, finalement.
Bon, alors, ma question, moi, elle sera précise. Alors, donc, on
exclut autre qu'un organisme du gouvernement, ce qui veut dire, entre autres,
les ministères, un certain nombre de sociétés, etc. Mais
je voudrais savoir à quelles entreprises, par exemple, ça
pourrait s'appliquer, parce que là ça devient beaucoup plus
précis, c'est beaucoup plus resserré. Est-ce que c'est la SGF,
est-ce que c'est ses filiales, est-ce que c'est... Qui est concerné?
Parce que là on a l'article général qui nous donne
l'encadre-
ment, mais qui serait concerné par une possibilité de
suspension? Vous dites bien: Ça ne veut pas dire nécessairement
qu'on le ferait, mais, quand la possibilité est là, il faut quand
même se dire qu'on peut arriver à pouvoir le faire aussi. (15 h
30)
M. Dutil: Absolument. Oui, effectivement, je tiens à
insister sur le fait que, même si on peut, il existe un autre
contrôle qui est le gouvernement. Le gouvernement peut exempter, mais le
gouvernement, on le sait, c'est les ministres réunis.
Le Président (M. Lemieux): C'est par décret.
M. Dutil: C'est par décret, oui, c'est par
décret.
Le Président (M. Lemieux): Toujours. Donc, le
décret est de par sa nature public.
M. Dutil: C'est ça. Ce n'est une décision, ni du
ministre...
Le Président (M. Lemieux): O.K. C'est important,
ça. O.K.
M. Dutil: ...des Approvisionnements et Services, ni du
président du Conseil du trésor; c'est une décision du
gouvernement prise par décret. Alors, on se comprend bien
là-dessus. Donc, il y a un autre barrage qui est là pour
éviter qu'il y ait de l'abus. Donc, le gouvernement...
Mme Marois: C'est le gouvernement, oui.
M. Dutil: ...sera obligé, le cas échéant, de
justifier chacune de ces exemptions. Mais, pour répondre
précisément à votre question, effectivement, ce sont des
filiales de nos grandes sociétés d'État, les filiales de
la Caisse de dépôt.
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous nous donner
quelques exemples, les énumérer?
M. Dutil: Oui, je peux vous en donner quelques exemples; il y en
a plusieurs, je peux vous donner quelques exemples.
Le Président (M. Lemieux): Exemple, est-ce que ça
pourrait couvrir Les Jardins de Mérici, entre autres?
M. Dutil: Je pense qu'ils sont là-dedans, c'est une
filiale, si j'ai bonne mémoire...
Le Président (M. Lemieux): De la Caisse de
dépôt.
M. Dutil: ...de la Caisse de dépôt. Oui, Les Jardins
de Mérici, Place Dupuis.
Le Président (M. Lemieux): O.K.
M. Dutil: II y a des immeubles résidentiels, qui
s'appellent Cadim. Il y a des choses qui sont moins connues. Je vais essayer de
vous donner les choses qui sont plus évidentes. Centre d'achats Morgan
Rockland inc., un centre d'achats. On pense qu'un centre d'achats, ça
n'a pas à avoir les mêmes règles d'attribution de contrats
que d'autres organisations. Il y a des filiales d'Hydro-Québec
également: Éconertec, Nouveler, Société
d'énergie de la Baie James, Société de transmission
électrique de Cedars Rapids Itée, et ainsi de suite. Sidbec a
également des filiales qui pourraient être exclues. REXFOR a
également des filiales qui pourraient être exclues. La SGF a des
filiales et nos grands organismes, SOQUEM, SOQUIA, SOQUIP ont des filiales.
Alors, ce ne sont pas ces sociétés d'État, ce sont
leurs filiales qui correspondent à la définition,
c'est-à-dire «dont plus de 50 % des actions comportant le droit de
vote font partie du domaine public». Celles, évidemment, qui ont
moins de 50 % détenus par le domaine public, n'ont pas affaire
là. Là où on n'est pas majoritaire, c'est évident
qu'il n'y a pas de condition.
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la
députée de Verchères ou M. le député de La
Prairie? Mme la députée de Verchères.
Mme Dupuis: Oui. M. le Président, de toute
évidence, ça peut s'étendre, ce projet de loi, en disant
qu'une société, par exemple, où le gouvernement
détient plus de 50 % des parts serait susceptible de demander
d'être soustraite des règles.
M. Dutil: En fait, je préciserais que c'est une...
Mme Dupuis: Est exemptée sans condition.
M. Dutil: Oui, mais ce n'est pas le gouvernement, c'est des
filiales...
Mme Dupuis: Oui.
M. Dutil: ...de sociétés d'État...
Mme Dupuis: Mais...
M. Dutil: ...et non pas des organismes gouvernementaux, ni
des...
Mme Dupuis: Des filiales.
M. Dutil: Des filiales de sociétés
d'État.
Mme Dupuis: Est-ce que le ministre est en mesure de dire quelles
sont ces filiales? Quelles sociétés et combien de
sociétés seraient susceptibles, demain matin, de frapper à
la porte du
ministre et de dire: Nous, nous demandons d'être exemptées
sans condition, en tant qu'organismes publics, puisque le gouvernement y
détient 50 % des actions? Combien il y en aurait? La liste de ces
organismes qui seraient susceptibles de l'être.
Le ministre m'a dit, tantôt, M. le Président, que ça
ne vise que quelques filiales, pas toutes, que quelques filiales de nos grands
organismes. Bon. Pourquoi ces quelques filiales? Quels sont les noms? Mais
est-ce que l'on peut dire qu'on fait un projet de loi pour quelques filiales,
mais en sachant très bien, M. le Président, que toutes les
filiales de nos grands organismes, comme la Caisse de dépôt, qui a
plusieurs filiales, par exemple... Si on regarde la liste des filiales, c'est
assez long, je l'ai ici. Je les énumérerai peut-être
tantôt.
Si je prends ici, par exemple, la Caisse de dépôt, Cadim,
Carente, centre d'achats Morgan Rockland, il y en a au moins une dizaine. Puis,
d'autres investissements, si je prends les filiales d'Hydro-Québec, j'en
ai encore quelques-unes; la Société générale de
financement du Québec en a encore une dizaine. Ça veut dire qu'on
peut se retrouver avec, peut-être, une cinquantaine d'organismes qui
seraient susceptibles de demander d'être exemptés, alors qu'il
semblerait que le ministre ne vise que quelques organismes. Alors, il faut
qu'il nous précise, M. le Président, pourquoi ces
organismes-là en particulier. Est-ce que ce sont ces
organismes-là...
La Caisse de dépôt, par exemple; si nous avons le centre
d'achats Morgan Rockland, est-ce que la demande a été faite par
le centre d'achats ou par la Caisse de dépôt et placement du
Québec? Et, au niveau du principe, M. le Président, si, demain
matin, ils vont tous le demander, est-ce qu'on l'accorde à tous? Est-ce
qu'on peut décemment dire: Je fais une loi que deux ou trois vont
pouvoir utiliser, alors qu'on sait pertinemment qu'il y en a une cinquantaine
qui vont pouvoir l'utiliser? Ça veut dire que c'est une question de
temps. C'est comme un secret, hein. On sait très bien qu'un secret,
c'est une chose que l'on dit à une personne à la fois, mais que,
finalement, c'est une question de temps et tout le monde le sait. C'est la
même chose. On ne peut pas penser faire un projet de loi et que deux ou
trois ou quatre organismes seulement vont s'en prévaloir. Au moment
où on fait un projet de loi, ça devrait être public, chaque
filiale devrait être informée que ça existe, au niveau du
principe, j'entends.
Bon, pour donner un exemple, afin de bien faire comprendre le principe
que je défends, supposons qu'on donne aux allocations familiales une
augmentation de 100 $ sur le chèque et qu'on dise: On ne l'annoncera pas
à personne, nulle part, parce que, si on le donne à tout le monde
mais il faudra fnirn la demande et que tout le monde faisait la demande,
ça coûte rait des milliards. Alors, on dit: Passons la loi - je
donne ça comme exemple et ne donnons pas l'information. Donc, ce n'est
que quelques avertis qui pourront s'en prévaloir. Est-ce que c'est
ça? Mais, au moment où la loi existe, tous ceux qui entrent dans
le cadre de cette loi-là sont susceptibles de s'en prévaloir.
C'est une question de temps. J'espère bien me faire comprendre. Je ne
fais pas de procès d'intention; j'essaie de prévoir. On dit que
gouverner, c'est prévoir. Alors, j'essaie de prévoir quelles
seront les conséquences d'un projet de loi comme ça si, demain
matin, tout le monde le demandait, un; et, si tout le monde ne le demande pas,
je pense qu'il est... Si je veux garder l'esprit du rapport Bernard, de la
transparence, je pense même qu'il serait de notre devoir de dire:
Voilà, nous avons un nouveau projet de loi qui permet à toutes
ces filiales de demander au Conseil du trésor d'être
exemptées sans condition. C'est ça, en fait, la loi, telle que
formulée. Tous les organismes qui entrent dans le cadre de cette loi
sont au moins une cinquantaine, puisque ça touche plusieurs
filiales.
Alors, pour bien baliser tout ça et savoir exactement à
quoi on ouvre la porte, je pense qu'il serait opportun que le ministre
dépose la liste des organismes qui seraient susceptibles de se
prévaloir du projet de loi et, ensuite, les organismes précis que
le ministre a en tête ou qui ont fait des demandes dont, vraiment, tout
de suite, eux, on sait qu'ils vont demander au Conseil du trésor
d'être exemptés. Ça fait qu'il y a deux
éléments là.
M. Dutil: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Dutil: Oui. On se comprend sur une chose. La raison pour
laquelle, dans la loi, on met une définition de ceux qui peuvent
être exemptés, ce n'est pas qu'on se refuserait à
identifier - et je suis prêt à déposer la liste que j'ai
ici, là - ceux qui, à notre point de vue, sont susceptibles
d'être exemptés actuellement. Mais ils sont susceptibles
d'être exemptés actuellement et ça peut fluctuer de
diverses façons. Si, par exemple, la Caisse de dépôt fait
une nouvelle acquisition, c'est un nouvel organisme qui est susceptible...
C'est la même chose dans le sens contraire. Si la Caisse de
dépôt vend une partie de ses actions et, donc, tombe en bas du
seuil...
Le Président (M. Lemieux): Moins, en bas de 50 %...
M. Dutil:... de 50 %, elle n'a pas à demander d'exemption.
L'autre remarque que je veux faire...
Le Président (M. Lemieux): Elle se raccroche alors au
principe général ?
M. Dutil: Oui
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
(15 h 40)
M. Dutil: Non, c'est-à-dire que là elle ne fait pas
partie des organismes d'État...
Le Président (M. Lemieux): O.K. C'est final. Elle ne fait
pas partie des organismes. Ça va.
M. Dutil: ...du gouvernement...
Le Président (M. Lemieux): Donc, elle n'a aucune
règle, ça va.
M. Dutil: Je veux reprendre le texte exact. Ce n'est pas un
organisme du gouvernement et, à ce moment-là, il n'est pas
touché.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. Je comprends,
M. le ministre. Ça va.
M. Dutil: La deuxième remarque que je voulais faire
concerne la dynamique du rapport Bernard comme tel. Il faut bien se comprendre.
On est partis d'une situation où on assujettissait des organismes
à la réglementation et ceux qui n'étaient pas assujettis
faisaient ce qu'ils entendaient bon de faire. Et le rapport Bernard nous a
recommandé de changer la dynamique en disant: Vous allez assujettir tout
le monde. Ce qu'on a fait. Après ça, vous allez
désassujettir partiellement ceux que vous pensez devoir
désassujettir partiellement en le justifiant comme gouvernement. Vous
allez désassujettir totalement, mais avec conditions, celles que vous
pensez devoir désassujettir complètement avec conditions, les
conditions étant qu'il y ait des règlements et qu'ils soient
rendus publics.
Ce que nous estimons que le rapport Bernard a oublié, c'est qu'il
y a des organismes proprement commerciaux - et je pense qu'on le
reconnaît facilement - qui ne peuvent pas être assujettis du tout.
Toutefois, on veut se plier à la même dynamique.
C'est-à-dire qu'on aurait pu passer un projet de loi en disant: Nous
désassu-jettissons les organismes qui correspondent à la
définition du paragraphe 2° de l'article 5. On aurait pu demander
à l'Assemblée nationale de faire ça. On a voulu garder
l'esprit de la dynamique du rapport Bernard qui dit: On assujettit tout le
monde et on désassujettit par décret avec explication. On devra
rendre des comptes. On ne le fait pas par la loi, mais on devra rendre des
comptes chaque fois qu'on passera un décret pour désassujettir
quelqu'un. La loi nous permet de le faire. La dynamique nous dit: Ayez au moins
la transparence de donner des explications - c'est bien normal - et d'accepter
la critique, s'il y a lieu, de la part du Parlement ou de la presse. C'est ce
que je tiens à rappeler ici.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça veut dire,
M. le ministre, dans le cas d'une entreprise dont, effectivement, 50 % et plus
des parts appartiendraient au gouvernement qu'elle n'est pas assujettie, de
façon à ce que la libre concurrence puisse jouer aussi pleinement
son rôle...
M. Dutil: Absolument.
Le Président (M. Lemieux): ...d'une façon à
ne pas imposer davantage de charges à ces entreprises-là?
M. Dutil: Exactement. La raison principale, c'est qu'on estime
que la nature concurrentielle de ces activités-là ne nous permet
pas de mettre les choses sur la table. Alors, je vais donner un exemple
farfelu, j'en conviens. On ne pourrait certainement pas demander à un
centre d'achats, par exemple, de mettre sa liste de prix de loyers dans les
journaux. Évidemment, c'est caricaturer, mais on ne peut pas demander
ça, on le comprend bien. Ils sont en concurrence. Ils négocient
des baux, ils négocient toutes sortes de choses. Ce sont des entreprises
qui doivent être capables de s'ajuster en fonction du marché
immédiatement. Ce sont les deux remarques que je voulais faire.
Le Président (M. Lemieux): M le député de La
Prairie, vous avez demandé la parole.
M. Lazure: Oui. Je pense que le ministre a lu dans mes
pensées et il a déjà répondu à ma
question.
Le Président (M. Lemieux): C'est un visionnaire, M. le
ministre.
M. Lazure: Je le lui permets. Il aurait pu être psychiatre,
peut-être, avec sa faculté de lire dans les pensées des
autres. Il aurait fait un bon psychiatre.
Mme Marois: Si un jour vous avez des problèmes...
M. Lazure: C'est ça. J'allais lui demander de nous
déposer cette liste d'organismes qui sont susceptibles d'être
exemptés. Je pense que ça mettrait fin, quant à moi, en
tout cas, au premier volet de la discussion, si au moins on a la liste devant
nous. Et la deuxième question que je lui poserais: Est-ce qu'il serait
prêt à ajouter dans le texte de son projet de loi: à
certaines conditions déterminées par règlement...
Le Président (M. Lemieux): Attention, M. le
député de La Prairie. Est-ce que c'est un sous-amendement que
vous suggérez à l'amendement principal?
M. Lazure: Je m'en tiens à ma première question. Je
reviendrai pour une deuxième.
Le Président (M. Lemieux): O.K., ça va. Vous me
comprendrez, parce que... Alors, M. le ministre, avez-vous l'intention de
déposer cette liste-là?
M. Dutil: oui, m. le président, en étant bien
clair. ce n'est pas une liste de ceux qui seront exemptés. ce n'est pas
une liste, non plus...
M. Lazure: Susceptibles de...
Le Président (M. Lemieux): Non, susceptibles de
l'être.
M. Dutil: Même à ça, je ne veux pas qu'on me
revienne en disant: II y a une corporation qui a été
exemptée...
Le Président (M. Lemieux): Qui n'apparaît pas.
M. Dutil: ...qui n'était pas dans la liste que vous avez
déposée, M. le ministre, il y a quelques mois. Je vais devoir
expliquer, à ce moment-là, que j'avais dit et je le
répète... Je ne dis pas que c'est une liste exhaustive. Il peut
s'être glissé des erreurs. C'est sur la définition qu'on
doit se baser et non pas sur cette liste-là. Mais, par souci de
transparence et pour bien qu'on se comprenne aujourd'hui, je vais la
déposer.
Le Président (M. Lemieux): Cette liste-là, elle
apparaît, je pense, au rapport du Vérificateur
général.
M. Dutil: Absolument. Effectivement, on l'a tirée de
là. On ne l'a pas inventée.
Document déposé
Le Président (M. Lemieux): Elle est du domaine public et
elle apparaît au rapport du Vérificateur général
Alors, j'en autorise le dépôt sur la demande de M. le
député La Prairie.
M. Lazure: Merci.
Le Président (m. lemieux): tout en signifiant bien que m.
le ministre a fait état que cette liste-là n'est pas
nécessairement limitative. elle peut à la fois diminuer ou
augmenter.
Mme Dupuis: Oui, c'est une liste qui est mobile. Ça
dépend du nombre d'actions que le gouvernement a.
Le Président (M. Lemieux): Évidemment, c'est
ça.
Mme Dupuis: S'il est au-dessus de 50 % ou s'il est en bas de 50
%.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça.
Effectivement.
Une voix: Exactement.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement de M.
le ministre est adopté? Oui, Mme la députée de
Verchères, je peux vous donner le temps de consulter la liste
d'organismes.
Mme Dupuis: Je pense qu'il serait de mise qu'on ait quelques
minutes pour consulter la liste...
Le Président (M. Lemieux): Oui, je suis prêt. Pas de
problème, madame.
Mme Dupuis: ...M. le Président, afin de connaître
aussi, de la part du ministre, quel organisme, d'une façon
précise - parce que, lorsqu'on apporte un projet de loi, c'est pour
répondre à une demande ou c'est pour corriger une lacune quelque
part, c'est pour améliorer un système où il y aurait place
à amélioration - a demandé d'être soustrait,
justement. Parce que ce n'est pas tous les organismes, ce n'est pas toutes ces
filiales-là, ce n'est pas toutes les filiales de la Caisse de
dépôt et placement, par exemple, qui sont
énumérées ici, les filiales d'Hydro-Québec qui
apparaissent sur la liste, les filiales de Sidbec, les filiales de REXFOR, la
filiale de Loto-Québec, là il y en a une, et les filiales de la
SGF qui l'ont demandé, ce ne sont pas toutes ces filiales-là qui
ont demandé?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, pour rejoindre
la préoccupation de Mme la députée de Verchères,
est-ce qu'il y a des organismes, telle la Caisse de dépôt, eu
égard à la nature du marché, eu égard au fait que
leur entreprise exerce des activités commerciales, qui vous ont soumis
une demande, par écrit ou verbalement, à l'effet que c'est peu
applicable et que ça deviendrait non viable, non vivable si on allait
dans ce sens-là?
M. Dutil: Ce n'est pas les organismes comme tels, ce n'est pas
les sociétés à fonds social - ce n'est pas le centre
d'achats de Rockland qui nous a demandé ça, c'est bien clair -
c'est les filiales, les sociétés d'État du gouvernement
qui, elles, ont vu le problème, à savoir qu'à
l'application, au 1er avril 1993, elles devraient demander à ces
organismes-là de publier leurs règles d'octroi de contrats. .
Alors, elles nous ont dit: Ça n'a pas de bon sens et on voudrait que
vous nous soustrayiez de l'application de la loi par une modification
législative qui nous concerne, nous.
On n'a pas voulu procéder de cette façon-là.
D'ailleurs, en détectant le problème - c'est, je pense, la Caisse
de dépôt qui nous lavait
souligné - ça nous a permis d'analyser, par ailleurs, s'il
n'y avait pas d'autres sociétés qui étaient dans la
même situation.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que la Caisse de
dépôt vous a soumis un avis de nature verbale ou juridique ou
écrite?
M. Dutil: Monsieur, j'ai ici M. Grégoire, du Conseil du
trésor, qui pourrait vous dire comment ça a cheminé, ce
dossier-là.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui.
M. Grégoire (Bruno): En pratique, pour qu'on se comprenne
bien, je pense que c'est important de dire que la Caisse de dépôt,
par exemple, a soumis...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous pourriez vous
identifier pour les fins de l'enregistrement du Journal des
débats?
M. Grégoire: Oui. Bruno Grégoire, secrétaire
adjoint du Conseil du trésor.
La Caisse de dépôt, pour vous donner un exemple, voulait...
Étant donné que notre loi prévaut sur les lois
antérieures et postérieures, le seul moyen de se
dépêtrer de ça, c'était de se
«nonobstanter» et, dans la révision de sa propre loi, elle
voulait effectivement mettre une clause «nonobstant»; autrement
dit, exempter toutes ses filiales qui sont des sociétés
commerciales et qui constituent, pour la Caisse de dépôt, des
placements, mais s'exempter elle-même en même temps. On l'a
convaincue de ne pas faire ça, que c'était contraire à
l'esprit des changements législatifs qu'on avait apportés et
qu'on ferait nous-mêmes une modification qui viserait ses filiales
seulement et non pas les sociétés mères.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, madame. Moi aussi,
j'ai une question.
Mme Marois: Donc, dans ce sens-là, par exemple... Je vais
prendre un autre exemple. On a la Caisse de dépôt, mais regardons
ici - je ne sais pas, moi - la Société d'énergie de la
Baie James. On pourrait, par exemple, décider carrément que la
Société d'énergie de la Baie James ne sera absolument pas
exemptée, mais que certaines autres filiales d'Hydro-Québec le
seraient. Ce ne sera pas... Je comprends que la loi va permettre, à ce
moment-là, d'exempter nommément...
Une voix: Exact.
Mme Marois: ...un certain nombre de filiales et pas la
société mère, enfin, pas l'organisme, par exemple,
central, type la Caisse de dépôt ou Hydro ou REXFOR ou Sidbec.
Mais on pourrait le faire aussi, là?
Une voix: C'est exactement ça. (15 h 50)
M. Dutil: C'est pour ça qu'on vous dit que c'est
susceptible d'être exempté. Si on avait pu identifier ceux qui
seront exemptés, le cas échéant, d'une façon
très précise, et ce ne sera vraisemblablement pas tout le monde
dans cette liste-là, et trouver une façon de rédiger le
texte de loi pour être sûrs qu'on ne touche que ces organismes,
ça aurait été beaucoup plus simple, on le comprend
très bien. Mais le fardeau de la preuve appartiendra au gouvernement. Si
on va exempter dans la liste qui est là des organismes qui ne devraient
pas l'être selon l'Assemblée nationale, même si on a le
pouvoir de le faire, on va vivre la critique, comme le veut l'idée
générale du rapport Bernard.
Le Président (M. Lemieux): Si la Caisse de
dépôt avait opéré comme elle le dit, il aurait fallu
que la Société d'énergie de la Baie James fasse aussi la
même chose. Ça n'aurait pas touché à la
Société de la Baie James et à toute autre
société?
M. Dutil: Exact. Mme Marois: C'est ça.
M. Grégoire: Exact, sauf qu'à partir de l'exemple
type de la Caisse de dépôt on a communiqué avec SOQUIA et
SOQUIP qui auraient fait la même chose et, évidemment, ça
aurait eu comme conséquence d'exempter la société
mère en même temps. On a communiqué avec eux en disant:
Énervez-vous pas, on va y pourvoir, mais on va se garder la
discrétion quand même de les exempter plutôt que de les
faire disparaître complètement de notre champ d'application.
Je pense que c'est important, ce que M. Dutil a mentionne tantôt.
C'est que la première option, c'était vraiment... Étant
donné qu'au sens de 5.2° de la loi du Vérificateur
général il ne s'agit pas d'organismes du gouvernement, il s'agit
de sociétés commerciales, la première option,
c'était vraiment de changer notre champ d'application, puis de dire: Au
fond, aux fins de notre loi, ce sont les organismes au sens de l'article 4 et
de l'article 5.1° de la loi du Vérificateur. Là, on aurait
tout perdu ce monde automatiquement, mais on aurait perdu aussi la
discrétion de les conserver à l'intérieur.
M. Dutil: Oui. Ce à quoi, sans révéler de
secret, je m'objectais. Je ne croyais pas qu'on devait procéder comme la
première hypothèse. Je pensais qu'on devait se garder le barrage
du gouvernement pour prendre une décision ad hoc sur chacun des
organismes. C'est un peu plus lourd, mais c'est plus transparent. Et ça
nous oblige à nous justifier, puis ça va dans la dynamique du
rapport Bernard.
Mme Dupuis: Est-ce que vous permettez, M. le Président,
qu'on suspende quelques minutes?
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, Mme la
députée de Taillon.
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la
députée.
Mme Marois: En laissant...
Mme Dupuis: oui, suspendre quelques minutes et peut-être
que je pourrais avoir une conversation avec m. le ministre sur des
amendements.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, ça ne
vous offusque pas d'avoir une conversation avec Mme la
députée?
M. Dutil: M. le Président, c'est vous qui savez ce qu'on
peut faire comme précédent ici!
Le Président (M. Lemieux): Allez-y! Moi, je suspends.
Mme Marois: Le président n'est pas là! Ha, ha,
ha!
Mme Dupuis: Quelques minutes.
Le Président (M. Lemieux): À la demande de madame,
je suspends.
(Suspension de la séance à 15 h 54)
(Reprisée 15 h 59)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement à l'étude du
projet de loi 45. Oui, Mme la députée de Verchères.
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Lorsqu'on voit les
organismes qui apparaissent et qui sont susceptibles... - ça va dans le
sens de mon intervention de tantôt - on voit qu'il n'y a pas
d'homogénéité. Par exemple, dans les filiales de la Caisse
de dépôt et placement, on voit le centre d'achats Morgan Rockland
inc. dont on connaît la vocation. Et on voit dans un autre organisme
comme Hydro-Québec, par exemple, Hydro-Québec International ou
Société d'énergie de la Baie James. On voit très
bien qu'on ne peut pas, pour ces deux organismes qui sont tellement
différents, faire la même règle, la même loi.
Motion de sous-amendement
Alors, c'est à cause de ça, M. le Président, que je
dépose une proposition d'amendement, si vous voulez, qui se lirait comme
suit: Le gouvernement peut par règlement - mais là c'est soumis
au ministre - sur la recommandation du Conseil du trésor, exempter aux
conditions qu'il fixe un organisme public visé par le paragraphe 2°
de l'article 5 de la Loi sur le vérificateur général de
l'application de l'ensemble des règlements pris en vertu de l'article 49
de 181 ou de 7.6 de 180. C'est ça, en fait les quelques
éléments. Alors, j'aimerais déposer cette proposition, M.
le Président. (16 heures)
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Verchères. Dans un premier temps, nous avons
déjà un amendement qui a été déposé.
M. le ministre, est-ce que... Bon. L'amendement n'est pas retiré. Est-ce
que votre amendement est retiré?
M. Dutil: C'est un sous-amendement.
Le Président (M. Lemieux): II ne s'agit pas d'un
sous-amendement à l'amendement. C'est un sous-amendement à
l'amendement principal. Alors, est-ce que l'amendement principal, lui, est
accepté?
M. Dutil: On va débattre le sous-amendement.
Le Président (M. Lemieux): Alors, on va débattre le
sous-amendement. Allons-y pour le sous-amendement. Allons-y, M. le ministre.
Oui, c'est vrai, vous avez raison, le sous-amendement, je m'excuse. Allez-y. Je
m'excuse, c'est moi qui ai fait erreur.
Mme Marois: Je suis persuadée que le
président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, j'ai fait l'erreur.
Vous avez raison. Nous allons débattre le sous-amendement. L'erreur est
humaine, je vois que vous êtes tout feu, tout flamme, M. le ministre, de
profiter de mon ignorance.
M. Dutil: Non, M. le Président, vous faites une mauvaise
interprétation.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Je vous écoute,
M. le ministre, sur le sous-amendement.
M. Dutil: Est-ce que je peux le voir?
Le Président (M. Lemieux): Oui, je croyais que vous en
aviez une copie. Je m'excuse. Oui, elle était devant vous.
M. Dutil: Bon, j'ai déjà mentionné que par
règlement c'est, à mon avis, une contrainte qui est trop forte.
On sait que l'adoption d'un règlement est beaucoup plus longue que d'un
décret. Étant donné que ce sont des placements, il faut
que ça puisse se faire par décret. Je ne pense pas que ça
change quoi que ce soit sur le plan de la transparence. C'est donc rendu
public. C'est une décision du gouvernement, mais, à ce
moment-là, on n'a pas les délais que comporte un
règlement.
Quant à l'autre partie qui est «aux conditions qu'il
fixe», on ajoute «aux conditions qu'il fixe», je voudrais
consulter mes gens. M. le Président, peut-être que nous pourrions
resuspendre quelques minutes.
Le Président (M. Lemieux): À votre demande, M. le
ministre, nous allons suspendre.
(Suspension de la séance à 16 h 2)
(Reprise à 16 h 6)
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
pour les fins de l'enregistrement du Journal des débats?
M. Tremblay (Gilles): Je suis un avocat du service juridique du
ministère des . Approvisionne ments et Services, notamment.
Effectivement, donc, l'objectif de l'introduction de la mention «peut
[...] sans condition», essentiellement, c'est que, tel que les
dispositions actuellement écrites de la loi, donc des textes des lois
180 et 181, existent, toutes les dispositions d'exemption, de façon
globale, comportent un minimum pour les organismes qu'on voudra exempter, ce
minimum étant que des règles particulières aient
été adoptées par ces organismes et qu'ils les rendent
publiques. À partir, donc, du projet de loi 45, ce qu'on veut
éviter dès le départ, c'est l'introduction ou, du moins,
l'automatisation de la condition à l'effet que des règles soient
adoptées et qu'elles soient rendues publiques. Donc, en insérant,
en fait, dans le texte des deux lois concernées, une disposition
d'exemption sans condition, effectivement, au minimum, on obtient l'effacement
de cette condition standard qui s'applique à tout le monde. Alors,
même quand le gouvernement va adopter un décret d'exemption,
même s'il devait ne pas imposer de conditions à ces
organismes-là, il y aura toujours la condition qui, elle, était
dans la loi qui a été votée par l'Assemblée
nationale, dans la loi générale, disant que les règles
particulières de ces organismes auront donc dû être
adoptées par eux et que ces règles-là doivent être
rendues publiques.
Mme Marois: Ça s'appliquera à ces
entreprises-là aussi.
M. Tremblay (Gilles): Oui. C'est ça.
Mme Marois: Ah! O.K. Bien, je pense que ça fait une
balise, là.
Le Président (M. Lemieux): Ah! Bon. Là, ça
va. Là, ça vous convient?
Mme Dupuis: Mais, si je comprends bien, l'organisme, même
après qu'il aura été soustrait par le gouvernement avec
l'approbation du Conseil du trésor, devra, lui, se donner une
réglementation, par contre.
M. Tremblay (Gilles): Ça fait partie de la condition qui
découle de la loi et non pas d'une décision du gouvernement.
Mme Dupuis: Mais il faudrait que ce soit inscrit, par exemple.
C'est ça qu'il faudrait. Ce que vous me dites, là, ce n'est
pas...
M. Dutil: II y a un malentendu.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le...
M. Dutil: Les organismes que l'on soustrait sans condition ne
sont pas obligés de se donner des règles d'adjudication de
contrats. Il ne faut pas qu'il y ait de malentendu. Ils ne sont pas
obligés Ils ne sont pas obligés de les rendre publiques et ils ne
sont pas obligés de s'en donner.
M. Tremblay (Gilles): Ce que je vous expliquais, c'était
donc au niveau de la loi telle qu'elle existe présentement. Le projet de
loi 45 a justement pour but d'éviter à ces organismes d'adopter
des règles particulières et de les rendre publiques.
Le Président (M. Lemieux): Parce qu'ils ont des fins
strictement commerciales.
M. Dutil: Oui. Maintenant, quand on décide d'exempter un
organisme, on peut le faire sans condition pour cette liste-là. Les
autres, c'est avec conditions, mais, parmi cette liste-là, il y a des
gens qui peuvent être exemptés avec conditions.
Mme Dupuis: Mais il n'y a rien qui nous le dit dans la loi.
M. Dutil: Oui. Effectivement, ça, c'est une
décision du gouvernement de décider si c'est sans condition.
Mme Dupuis: Si, par exemple, la Société
d'énergie de la Baie James prend à la lettre, demande
l'application à la lettre de ce projet de loi, elle peut demander au
ministère, au gouvernement, sur approbation du Conseil du
trésor,
d'être soustraite, d'être exemptée sans
condition.
M. Dutil: Ils peuvent le demander. Mais c'est au gouvernement de
décider s'il l'accepte.
Mme Dupuis: Je trouve ça large. Je vous donne mon opinion
comme ça, hors micro. Je trouve ça très large. Pour
d'autres, oui, aucun problème, mais pour Hydro-Québec
International, pour la Société d'énergie de la Baie
James...
M. Dutil: Remarquez bien, Mme la députée de
Verchères, que ce n'est pas hors micro comme c'est là.
Le Président (M. Lemieux): Nos micros ne fonctionnent pas.
Alors, voulez-vous qu'on recommence? Alors, on revient, monsieur, là,
vous pouvez mettre le son. Ça va. Mme la députée de
Verchères.
Mme Dupuis: Ce qui me gêne un peu, c'est que, là,
ils ne sont pas obligés d'avoir une réglementation et le
gouvernement et le Conseil du trésor peuvent accorder... Ils peuvent
demander et insister; peut-être que le lobbying peut être
très fort aussi. Je pense que le gouvernement se protège
lui-même, quel que soit le gouvernement...
M. Dutil: En adoptant votre... (16 h 10)
Mme Dupuis: ...en balisant un peu plus, là, en amenant des
modalités pour qu'on n'ait pas la même manière de faire,
par exemple, pour le centre d'achats Morgan et pour la Société
d'énergie de la Baie James.
M. Dutil: Oui, mais votre amendement ne règle pas ce
problème-là. Votre amendement nous empêche, à toutes
fins pratiques, selon l'avis que je comprends, d'y aller sans condition.
Ça nous empêche de faire ce qui est l'objectif de la loi parce
que, par une interprétation qu'on peut accepter ou non, mais en tout cas
j'ai l'impression qu'elle est véritable puisqu'on nous la donne...
Mme Dupuis: C'est ça.
M. Dutil: ...on ne pourrait pas, si on rajoute ça,
exempter sans condition certains de ces organismes-là. Ce que vous me
dites, c'est que votre objectif, c'est d'éviter qu'on exempte tous ces
organismes-là sans condition. Ça, on peut le faire. On n'est pas
obligés de tous les exempter sans condition. On peut en exempter
certains sans condition, d'autres avec conditions. Si ajoute votre texte, on ne
pourra plus exempter personne sans condition. On n'a pas besoin de ce projet de
loi là.
Mme Dupuis: Et, si on dit: Le gouvernement peut, sur la
recommandation du Conseil du trésor, exempter aux conditions qu'il
fixe... C'est là que Me Tremblay dit: On ne peut pas mettre ça,
«aux conditions qu'il fixe», parce que le gouvernement ne peut pas
dire: Les conditions que je fixe, c'est justement de ne pas en mettre.
Le Président (M. Lemieux): M. Tremblay, sous
l'autorité de M. le ministre, vous gagnez votre salaire, cette
semaine.
M. Tremblay (Gilles): Un peu. Ce qu'il faut penser... Oui.
Une voix: Non, allez-y.
M. Tremblay (Gilles): Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'il
faut peut-être distinguer... Je comprends que c'est peut-être
juridique, mais il faut bien distinguer les conditions émanant de la loi
et les conditions imposées par le gouvernement, toujours dans le
même contexte des conditions imposées pour les exemptions. Ce que
le projet de loi 45 essaie de faire, c est donc permettre au gouvernement,
uniquement dans ce contexte-là, donc, des organismes visés par le
paragraphe 2° de l'article 5 de la Loi sur le vérificateur
général, d'exempter ces entreprises-là strictement sans
condition, pour éviter, justement, qu'elles doivent s'assujettir
à des règles autres que des règles commerciales, celles
qu'elles ont d'habitude.
Mme Dupuis: Mais, pour laisser une marge de manoeuvre au
gouvernement pour qu'il puisse, s'il le décide, en mettre, des
conditions, on ne pourrait pas, par exemple - je ne sais pas, on en discute,
là - dire: Le gouvernement peut, sur la recommandation du Conseil du
trésor, exempter aux conditions qu'il fixe ou sans condition un
organisme public?
Mme Marois: C'est ça que j'allais dire: Peut avec ou
sans.
Mme Dupuis: Avec ou sans.
Le Président (M. Lemieux): Ça pourrait aller,
ça?
Mme Marois: Ce qui vous donne, dans le fond, un outil: peut avec
ou sans condition.
Mme Dupuis: Peut exempter aux conditions qu'il fixe ou sans
condition. Donc, vous avez la marge de manoeuvre nécessaire.
M. Dutil: Ça semble avoir de l'allure, à
première vue.
Mme Marois: Trouvez-nous la façon de l'écrire
et...
Le Président (M. Lemieux): Oui. Me Tremblay, nous allons
suspendre deux minutes, réfléchissez à ça.
(Suspension de la séance à 16 h 13)
(Reprise à 16 h 17)
Le Président (M. Lemieux): Nous reprenons nos travaux
relativement à l'étude du projet de loi 45.
M. Dutil: M. le Président, on est prêts à
accepter la dernière proposition d'amendement sans condition,
c'est-à-dire celle où c'est écrit «avec ou sans
condition». On accepte sans condition l'amendement qui dit «avec ou
sans condition».
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'on pourrait soumettre
à la présidence l'amendement, s'il vous plaît? Est-ce qu'on
pourrait nous l'écrire, parce que ça a des conséquences,
là?
Mme Marois: Oui.
M. Dutil: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Dutil: ...pour des fins de procédure, si on prenait
notre amendement et qu'on ajoutait «avec ou sans condition»?
Mme Marois: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça vous
conviendrait, Mme la députée de Verchères?
Mme Dupuis: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, votre suggestion, M. le
ministre.
Mme Marois: Ça serait parfait. Et, donc, ça serait
déjà intégré dans l'amendement.
Mme Dupuis: Oui.
Mme Marois: Et, comme le Journal des
débats fera état du fait que, bon, c'est une
suggestion que nous avons faite...
M. Dutil: Oui, d'accord.
Mme Marois: ...moi, je pense qu'il n'y a aucun
problème.
Mme Dupuis: II faudrait trouver le moyen de l'insérer.
Le Président (M. Lemieux): Avec l'appui des
ministériels.
M. Dutil: Regardez. Donc, vous retirez votre sous-amendement et
vous introduisez un nouveau sous-amendement à notre amendement.
Mme Marois: Qui, lui, prend en compte l'amendement.
Le Président (M. Lemieux): Et, Mme la
députée de Taillon, avec l'appui des ministériels, c'est
accepté.
M. Dutil: Et, moi, je suis prêt à reconnaître
que la suggestion, officiellement, nous est venue de l'Opposition. Mais, pour
être honnête, je dois dire que M. Grégoire venait de me la
souffler à l'oreille, là. Je ne voudrais pas que
l'idée...
Mme Marois: J'ai l'impression que ça avait l'air de lui
faire plaisir, d'ailleurs.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dutil: ...que M. Grégoire a eue soit
sous-estimée.
Mme Marois: C'est une impression que j'ai, comme ça.
M. Dutil: Alors, c'est arrivé en même temps. C'est
comme Newton puis...
Mme Dupuis: On s'est compris sans se parler, puis on est
arrivés avec la même...
M. Dutil: C'est comme l'invention du calcul différentiel
et intégral de Newton et...
Mme Dupuis: Non, je ne pense pas que personne va réclamer
un droit de patente sur ça. Alors, il n'y aura pas de problème.
Mais peut-être que ça serait bon qu'il soit réécrit
ou que là on l'insère...
M. Dutil: O.K.
Mme Dupuis: Comment on l'insère pour ne pas perdre
l'esprit de ce qu'on...
M. Dutil: Je suggère de le dire comme ceci, là:
Remplacer, dans les deuxième, troisième et quatrième
lignes de l'article 7.6, les mots «autre qu'une personne que
l'Assemblée nationale désigne pour exercer une fonction qui en
relève et autre que la Commission de la représentation» par
les mots... Excusez-moi. Il faut vraiment oublier ça.
Le Président (M. Lemieux): Prenez votre temps, là.
Nous allons suspendre deux minutes pour leur permettre vraiment d'écrire
le texte.
C'est trop important.
(Suspension de la séance à 16 h 19)
(Reprise à 16 h 20)
M. Dutii: Je voudrais vous signaler que dans l'amendement on
avait prévu également d'insérer «des suivants»
au lieu «du suivant», comme je l'ai mentionné...
Le Président (M. Lemieux): Oui, ça, ça va et
je pense que ça ne posait pas de problème.
M. Dutil: ...et qu'on avait également prévu
insérer: «Les organismes publics visés par les articles
7.2, 7.4 et 7.5 ont - dans le cas de l'article 2, puis c'est différent
pour l'autre, mais c'est le même texte - pour l'application de ces
articles, le pouvoir d'adopter les règles particulières qui y
sont visées». Alors, vous l'avez sur les amendements que j'ai
déposés tout à l'heure.
Le Président (M. Lemieux): Oui, ça va.
Mme Dupuis: Alors, ça serait peut-être
intéressant aussi de l'avoir tel que formulé là, le
véritable, avec les amendements, avec l'amendement que vous
apportez.
M. Dutil: Oui, mais ça vous l'avez. Je vous l'ai
donné tout à l'heure.
Le Président (M. Lemieux): Vous l'avez ici, là.
Mme Dupuis: Oui.
M. Dutil: C'est le troisième tiret, ça. Je vais
vous expliquer pourquoi on introduit ça, là. Alors, ça
vise à confirmer le pouvoir d'un organisme d'adopter des règles
particulières portant sur les conditions de ses contrats aux fins
d'être exempté de l'application de certaines dispositions d'un
règlement pris en vertu de l'article 49, dans le cas de la Loi sur
l'administration financière, et de l'article 7.6 dans l'autre, ou de
toutes ses dispositions pour certains de ces contrats.
Le texte actuel de la loi est insuffisant pour habiliter certains
organismes qui n'ont pas dans leur loi constitutive de dispositions leur
permettant d'adopter des règlements en matière de contrats.
Alors, le fait d'introduire ce pouvoir dans une loi de portée
générale en matière de contrats évite de modifier
chacune des lois particulières des organismes.
Vous comprenez, là, il y en a qui n'ont même pas le pouvoir
de faire des règlements; alors, si on leur demande d'en faire,
évidemment il faut les habiliter à le faire.
Mme Marois: Ça, c'est l'article 49.3.2, c'est bien
ça?
M. Dutil: Dans la Loi sur l'administration financière,
oui. Dans le cas de la loi des approvisionnements et services, c'est un autre
article, on pourra y revenir.
Mme Marois: O.K. On habilite ces organismes-là à
adopter des règlements pour se conformer à la loi
générale.
M. Dutil: Puisqu'on les oblige à... (Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce qu'on peut nous
faire lecture de l'amendement, M. le ministre?
M. Dutil: Si vous permettez, je vais demander à M.
Tremblay d'en faire lecture et je vais déposer le manuscrit par la
suite.
Le Président (M. Lemieux): M. Tremblay, vous pouvez faire
lecture de l'amendement.
M. Tremblay (Gilles): Merci. L'amendement se lirait comme
suit:
Remplacer, dans les deuxième, troisième et
quatrième lignes de l'article 49.3.1, les mots «sans condition un
organisme public, autre qu'une personne que l'Assemblée nationale
désigne pour exercer une fonction qui en relève et autre que la
Commission de la représentation,» par les mots: «avec ou
sans condition un organisme public visé par le paragraphe 2° de
l'article 5 de la Loi sur le vérificateur
général».
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, oui.
Mme Dupuis: Vous, vous mettez «avec ou sans
condition»; nous, on avait «exempter aux conditions qu'il
fixe», en parlant du gouvernement.
Mme Marois: Ah bien, là, c'est la même chose.
Mme Dupuis: Avec ou sans condition.
M. Dutil: Oui, c'est ce que j'ai compris que vous nous
suggériez en deuxième lieu, là, qui...
Mme Dupuis: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Ça va?
M. Dutil: Là, on se rappelle l'argumentation. Au
début, je vous disais: «Aux conditions qu'il fixe»,
ça ne marche pas parce qu'on ne peut pas ne pas avoir de conditions.
C'est pour ça que vous nous êtes revenue avec «avec ou
sans
condition».
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 1 tel
qu'amendé est adopté?
Mme Dupuis: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui? L'article 1 tel
qu'amendé est donc adopté? Nous passons à l'article 2.
M. le ministre, préalablement, vous allez me remettre une
transcription de l'amendement de l'article 1. Est-ce qu'on me l'a remise? Non.
Manuscrite, ça serait important. Merci. M. le secrétaire.
Loi sur le ministère des Approvisionnements et
Services
M. Dutil: L'article 2 serait le même que l'article 1, avec
les modifications que nous venons d'apporter.
Le Président (M. Lemieux): Donc, l'article 2 serait aussi
amendé?
M. Dutil: L'article 2 serait aussi amendé exactement de la
même façon. Si vous voulez que je vous le lise, je peux le faire.
C'est: Remplacer, à la troisième ligne de l'article 2 du projet
de loi, les mots «du suivant» par les mots «des
suivants»; le deuxième paragraphe serait exactement celui que vous
avez entre les mains, le manuscrit, en changeant toutefois le numéro de
l'article par celui de 7.6 puisqu'on parle...
Le Président (M. Lemieux): Vous auriez l'amabilité
de me le fournir, cet amendement, puisqu'il s'agit d'un article
différent?
M. Dutil: II faudrait que je vous réécrive
l'article manuscrit.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vais vous
retransmettre l'amendement à l'article 1 et réécrivez-le,
M. le ministre, pour que tout soit dans les règles de l'art.
M. Dutil: Je suggère qu'on fasse une photocopie de
ça pour ne pas le recopier et qu'on change 49.3.1 par...
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas de
problème.
M. Dutil: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Je n'ai pas le choix, M. le
ministre.
M. Dutil: Non, non, ça va, je comprends bien. Je n'ai rien
dit, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez tout dit, M. le
ministre. Allez-y.
M. Dutil: On comprend bien que je vais redéposer une
deuxième copie du manuscrit avec le changement d'article.
Le Président (M. Lemieux): Oui, puisque c'est un nouvel
amendement à l'article 2.
M. Dutil: Alors, au lieu de 49.3.1, ça sera écrit
7.6.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. M. Dutil:
Ça va?
Le Président (M. Lemieux): Oui, avec ça, ça
va.
M. Dutil: Et le troisième paragraphe sera: Insérer,
après l'article 7.6, l'article suivant: «7.7 Les organismes
publics visés par les articles 7.2, 7.4 et 7.5 ont, pour l'application
de ces articles, le pouvoir d'adopter des règles particulières
qui y sont visées», pour les mêmes arguments que tout
à l'heure, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement
à l'article 2 sera adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté? Est-ce que
l'article 2 tel qu'amendé est adopté?
M. Dutil: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous passons
maintenant à l'article 3.
M. Dutil: «La présente loi entrera en vigueur
à la date fixée par le gouvernement.»
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'on peut avoir des
explications, M. le ministre?
Mme Marois: Laissez donc faire, M. le Président!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dutil: Non, c'est implicite.
Le Président (M. Lemieux): C'est implicite. Ça va,
M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je pense que vous
voyez ça souvent, ce genre d'article là.
Le Président (M. Lemieux): À l'occasion.
M. Dutil: Je pense que la commission est convaincue sans
argument.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que l'article 3
est adopté?
Mme Dupuis: Oui, M. le Président. Cependant,
j'apprécierais que le texte bien écrit, en bonne et due forme,
des deux articles me soit transmis.
Le Président (M. Lemieux): Oui, madame. Avant l'adoption
du projet de loi?
Mme Dupuis: Avant l'adoption.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, madame. Je vous
comprends très bien. Alors, je vais attendre, avant d'appeler le projet
de loi 45 tel qu'amendé pour l'adoption dans son ensemble, que ces
textes-là vous soient donnés immédiatement.
Mme Dupuis: Pour qu'on ait en main le texte, avec les
amendements.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons attendre quelques
instants.
M. Dutil: Je vous fais la même demande, M le
Président.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. (Suspension de la
séance à 16 h 28)
(Reprisée 16 h 40)
Le Président (M. Lemieux): On doit maintenant revenir
à l'étude du projet de loi 45. Est-ce que le titre du projet de
loi 45, Loi modifiant la Loi sur l'administration financière et la Loi
sur le ministère des Approvisionnements et Services, est
adopté?
M. Dutil: Adopté. Mme Dupuis: Adopté
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le projet de loi 45,
Loi modifiant la Loi sur l'administration financière et la Loi sur le
ministère des Approvisionnements et Services, est adopté dans son
ensemble tel qu'amendé?
M. Dutil: Adopté. Mme Dupuis: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je remercie Mme la
députée de Verchères et M. le ministre pour leur
collaboration pour l'adoption du projet de loi 45. Nous ajournons nos travaux
sine die.
(Fin de la séance à 16 h 41)