Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Camden): Alors, la commission du budget
et de l'administration est réunie afin de procéder à
l'étude détaillée des deux projets de loi suivants, et ce,
dans l'ordre indiqué: poursuivre l'étude du projet de loi 37, Loi
concernant la prolongation des conventions collectives et la
rémunération dans le secteur public, et entreprendre
l'étude du projet de loi 31, Loi concernant le Régime de retraite
pour certains employés du Centre hospitalier de l'Université
Laval et le Régime de retraite pour certains employés de la
Commission des écoles catholiques de Québec. Est-ce qu'il y a des
remplacements, M. le secrétaire, ce matin?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, M. Gobé
(LaFontaine) remplacera M. Chagnon (Saint-Louis).
Projet de loi 37 Étude
détaillée
Le Président (M. Camden): Alors, j'appelle donc
l'étude du projet de loi 37. Nous avions commencé le débat
sur l'article 32.5, sauf avis contraire. Alors, j'appelle l'article 32.5.
Dispositions diverses et finales (suite)
M. Johnson: Pas de commentaires de ce côté-ci.
Mme Marois: Attendez un peu qu'on se retrouve. Est-ce que
c'est... C'est un amendement, ça, qui s'ajoute, qui n'était
pas...
M. Johnson: Oui, c'est ça, c'est un ajout à la
loi...
Mme Marois: Alors, vous allez nous l'expliquer, M. le
Président.
M. Johnson: ...cette loi 37. L'article 32.5 est un ajout à
la loi 37, qui vise à remplacer l'article 177 de la Loi sur le
RREGOP.
(Consultation)
Mme Marois: Je pense qu'on l'avait... Pourquoi est-ce qu'on
doit... Rappelez-moi un petit peu parce qu'il était tard quand on a
terminé, l'autre soir.
M. Johnson: Oui. Mme Fortier, qui m'accompagne, pourrait
ajouter.
Mme Marois: Pourquoi doit-on nommément mettre cet
article-là ici?
Le Président (M. Camden): Alors, Mme Fortier.
Mme Fortier (Françoise): Oui, à l'article
précédent, on a spécifié qu'en ce qui avait trait
aux régimes de retraite des fonctionnaires et des enseignants...
Mme Marois: Oui.
Mme Fortier: ...le taux de cotisation serait maintenu et, ici, on
vient dire que le gouvernement n'aura pas à réviser, suite aux
résultats d'une évaluation actuarielle, le taux de cotisation du
Régime de retraite des enseignants, tel que le spécifiait
l'article 177, antérieurement.
Mme Marois: Ça, ça va. Et le premier paragraphe,
lui, qui concerne le RREGOP doit être répété ici,
doit être réintroduit ou il était déjà?
Mme Fortier: C'est qu'on reprend l'article au complet.
Mme Marois: Ah oui! C'était l'article original qui
prévoyait ce premier paragraphe...
Mme Fortier: C'est ça.
Mme Marois: ...et ce qu'on ajoute, c'est tout simplement...
Mme Fortier: En y incluant le RRE. Mme Marois: C'est
ça, le RRE. Mme Fortier: C'est ça.
Mme Marois: Bon. Alors, ça va, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Alors, l'amendement, tel que
proposé, est adopté, à 32.5?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. Alors, il y a eu
également un amendement qui a été déposé,
l'article 32.6.
Mme Marois: Je vous ferai remarquer, M. le Président,
qu'à l'origine le projet de loi que nous étudions avait, à
l'article 32, à peine quelques lignes et que, là, on en est au
sixième amendement. Je trouve que c'est important, comme mo-
dification, à tout le moins en volume, je dirais, à la
limite, si ce n'est sur le fond. Mais sur le fond aussi, évidemment.
Bon. Alors, qu'est-ce que signifie cet amendement, M. le Président?
Le Président (M. Camden): M. le ministre.
M. Johnson: Comme les notes l'indiquent, c'est tout simplement
par concordance avec l'article 32.4 qui modifiait 176. On change les mots
«considérées aux fins de l'établissement du taux de
cotisation suite aux» par les mots «prises en considération
pour les fins des». Alors, c'est dans le contexte, évidemment,
où il est question des valeurs actuarielles des prestations qui sont
visées à l'article pertinent dans le RREGOP... le RRE,
pardon.
(Consultation)
Mme Marois: Alors, ça va, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Adopté. L'article 32.6est
adopté. j'appelle maintenant...
M. Johnson: C'est terminé.
Mme Marois: Non, on a encore 32.7...
Le Président (M. Camden): J'appelle l'article 32.7qui est
également un amendement.
Mme Marois: ...32.8.
Le Président (M. Camden): M. le ministre, vous voulez en
faire la lecture ou j'en fais la lecture?
M. Johnson: 32.7?
Le Président (M. Camden): Oui.
M. Johnson: M. le Président, il se lit ainsi:
«L'article 31 de cette loi - on est toujours dans le RRE, le
Régime de retraite des enseignants - est modifié par l'addition,
à la fin, de ce qui suit: "ou, le cas échéant, tout
montant déterminé par le gouvernement en application des articles
174 et 176 de la Loi sur le régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics".»
On me rappelle que tout ça est de concordance avec le principe
qui veut maintenant qu'au lieu qu'il y ait partage 50-50 du coût du
régime la contribution des participants au RRE est, elle, fixe à
un niveau donné qui ne changera plus et donc que le gouvernement, quant
à lui, contribuera pour le solde du coût du régime.
Alors, on voit que l'en doit ajouter l'article 31 du RRE à la
disposition qui prétend que les employeurs versent un montant ogal
à la cotisation des employés. On doit ajouter que, le cas
échéant, il s'agit du montant déterminé par le
gouvernement en application du nouveau principe qui veut que le gouvernement
naie le solda du coût du régime.
Mme Marois: Mais on garde la possibilité de faire l'un ou
l'autre. On garde l'article tel qu'il est ridigé, c'est ça? Le
31, si je comprends bien, l'article original.
M. Johnson: C'est que «le cas échéant»
réfère évidemment aux modifications dont je viens de vous
entretenir, mais l'article 31 en cause ici suppose que ce n'est pas à
l'égard de tous les employeurs visés par le RRE.
Mme Marois: On dit: Les employeurs visés dans l'annexe 3.
Alors, donc, ce sont des employeurs spécifiques. Et ce sont lesquels,
ceux qui sont visés à l'annexe 3?
Mme Fortier: Très peu d'employeurs. Notamment, il peut y
avoir des... Les participants du RRE peuvent, s'ils s'en vont pour une
association de l'éducation, continuer leur participation au
Régime de retraite des enseignants. Cette association-là doit
payer sa part employeur, mais c'est très, très minime comme
nombre.
Mme Marois: C'est très minime.
M. Johnson: Dans ces cas-là, ça peut être
50-50. (11 h 30)
Mme Marois: Ah bon! C'est pour ça. C'était
ça le sens de ma question. C'est parce que...
M. Johnson: On verra comment ça va être
déterminé, mais ça pourrait être maintenu...
Mme Marois: C'est ça. Donc...
M. Johnson: ...comme cotisation de l'employeur. Comme disait
madame, il peut s'agir d'une association. On a déjà... Enfin, il
y a quelques jours, on a encore permis à une association d'anciens
employés du gouvernement, comme entreprise, d'adhérer au RREGOP.
Alors, là, il peut s'agir d'un cas comme ça où on
décidera, dans cette association, dans la mesure où c'est
à même ses fonds propres qu'elle paie ça... Sa cotisation
n'est pas nécessairement subventionnée par le gouvernement. C'est
subventionné par les cotisations de ses membres. Alors, là,
ça pourrait être 50-50 quand même.
Mme Marois: D'accord. Sauf que je comprends que ça
concerne le régime des enseignants, comme le RRE.
Mme Fortier: Oui.
Mme Marois: C'est bien ça. Bon. Et on dit: Les employeurs
visés doivent verser à la Corn-
mission, en même temps qu'ils font remise de la cotisation, un
montant égal... On se garde quand même la possibilité,
même lorsqu'il n'y a pas transfert. C'est ça que je comprends,
là.
M. Johnson: Oui, madame, vous avez raison, à la lecture.
Et la raison principale c'est qu'on doit garder cette capacité de verser
le montant égal, donc de partager 50-50 le coût à
l'égard des années précédentes. Pour le
passé... S'il y a des ajustements à l'égard d'une
année passée dans le RRE qui amènent des ajustements de
cotisation, c'est selon le régime qui existait avant le 15 mai. La date
du gel du taux, c'est le 15 mai 1992.
Mme Marois: Bon. D'accord. Alors, ça va parce que, sinon,
je ne comprenais pas l'explication que me donnait le ministre.
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 32.7 est-il
adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté.
M. Johnson: L'article 32.8, M. le Président...
Le Président (M. Camden): J'appelle l'article 32.8. Si
vous voulez nous le lire, M. le ministre.
M. Johnson: ...que vous appeliez à l'instant. Oui.
«Les articles 32.3 à 32.7 ont effet à compter du 15 mai
1992.»
C'est précisément ce que je venais d'évoquer.
Mme Marois: Le 15 mai... Rappelez-moi. M. Johnson: La
lettre d'entente... Mme Marois: C'est la lettre d'entente.
M. Johnson: ...avec la CEQ prévoit que c'est le moment
auquel on gèle...
Mme Marois: Ça va. Et, comme ça s'adresse
essentiellement au RRE, c'est la CEQ qui est concernée.
M. Johnson: C'est ça.
Mme Marois: mais est-ce qu'il pourrait y avoir d'autres
associations syndicales qui seraient concernées? parce que la ceq ne
représente pas nécessairement tous ceux qui sont membres du
rre.
Mme Fortier: C'est pour le «massif».
M. Johnson: Oui. C'est massivement la CEQ...
Mme Marois: D'accord. ~
M. Johnson: ...les enseignants. On peut y ajouter certaines
associations de professeurs de cégep, quelques groupes CSN, qui sont
à la CSN. Essentiellement, c'est ça.
Mme Marois: II n'y a pas eu de consultation à leur endroit
sur cet aspect-là. De toute façon, ça ne change rien
à ce qu'eux versaient. C'est ça, c'est... On vous dit quoi sur la
CEQ?
M. Johnson: Qu'en droit, il appartient à la CEQ de
décider. Les autres sont...
Mme Marois: Oui, un peu à la remorque, évidemment,
puisqu'ils sont très largement majoritaires dans le régime.
Alors...
M. Johnson: Et ça ne pénalise personne,
évidemment.
Mme Marois: C'est ça. Voilà. C'est là que...
M. Johnson: C'est ça qui est important.
Mme Marois: ...ça se pose moins. Je suis d'accord.
Parfait. Adopté.
Le Président (M. Camden): Alors, est-ce que l'article 32.8
est adopté?
Mme Marois: Oui. J'ai déjà dit
«adopté», M. le Président.
Le Président (M. Camden): Oui. Ah! Excellent, madame.
Excusez-moi.
Mme Marois: Je vous devance, cher ami.
Le Président (M. Camden): Tout à fait. C'est parce
qu'on n'est pas habitué, évidemment, à ce rythme.
Mme Marois: Nous prenons notre temps, à ce que je sache,
mais on progresse.
Le Président (M. Camden): J'appelle maintenant l'article
33.
Mme Marois: Est-ce qu'il y a des amendements à l'article
33?
Le Président (M. Camden): L'article 33, M. le
ministre.
M. Johnson: L'article 33 parle par lui-même, M. le
Président. Il se lit ainsi: «La présente loi entre en
vigueur le (indiquez ici la date de la sanction de la présente
loi).»
Mme Marois: On n'a pas eu de mauvaise surprise dans les derniers
jours. Tout continue à
se dérouler. J'ai l'impression que les votes se prennent un peu
partout dans les centrales syndicales et que les gens confirment les ententes
qu'il y a eu, même si le taux de participation est très bas. Si on
pense, entre autres, au syndicat des fonctionnaires, je pense que le taux de
participation a été très bas au vote. Mais enfin...
M. Johnson: Oui.
Mme Marois: ...ça continue de se confirmer. Il n'y a pas
eu d'autres...
M. Johnson: en général, moi, ce que j'ai
remarqué, c'est que les gens votent massivement lorsqu'ils sont contre.
alors, je vais me permettre...
Mme Marois: Oui, mais il y a parfois, aussi, des situations qui
font en sorte que le débat dure pendant tellement longtemps qu'on finit
par s'en désintéresser. Mais c'est vrai que, dans le cas des
conditions de travail, souvent, c'est une réaction que l'on peut
constater, à savoir que, lorsque les gens sont contre, ils se
manifestent davantage. Il reste que, quand on est pour, ce serait
intéressant aussi de pouvoir constater qu'ils se manifestent davantage
qu'ils ne le font.
M. Johnson: Oui, oui. Mme Marois: Bon.
Le Président (M. Camden): L'article 33 est
adopté.
M. Johnson: Adopté.
Mme Marois: Je pense qu'on a encore des amendements à
venir, sur des titres, sur...
Le Président (M. Camden): Est-ce que les intitulés
du projet de loi sont adoptés tels quels?
Mme Marois: Les intitulés, cela veut dire quoi, M. le
Président?
M. Johnson: Non, M. le Président. Mme Marois: Bon,
d'accord.
M. Johnson: J'introduirais ici un amendement à
l'égard de l'intitulé de la sous-section 1 de la section III - en
chiffres romains. L'intitulé de la sous-section 1 de la section III du
projet qui précède l'article 13 est remplacé par le
suivant: «1. Membres et personne! des organismes publics».
Ceci...
Mme Marois: Ça remplace...
M. Johnson: ...ça remplace les mots «personnes
à l'emploi de». L'Association des usagers de la langue
française se fait u.i devoir, chaque fois que nous déposons un
projet de loi, de nous faire parvenir ses commentaires, et je les ai toujours
pris en excellente part. J'en tiens compte, au point que nous avons
francisé, selon leur suggestion, la convention des professionnels du
gouvernement du Québec; que j'ai cru comprendre que la CEQ s'est
dotée d'un comité de francisation de la convention collective, ce
qui n'est pas négligeable de la part de nos professeurs, enfin. Mais je
fais juste remarquer que c'est l'Association des usagers de la langue
française qui nous l'a fait remarquer, au Trésor, et qu'on a
répercuté ça auprès de notre collègue de
l'Éducation qui a donné suite immédiatement avec la CEQ,
ce qui est intéressant. Dans ce cas-ci, M. Auclair, le président
de l'Association, m'a fait parvenir une courte lettre félicitant les
rédacteurs, pour cette fois-ci, n'ayant, dit-il, que deux commentaires
à faire: le premier, je viens d'en parler, il dénonçait
l'anglicisme «personnes à l'emploi de» et suggérait
donc le remplacement par «personnel», ce qui m'apparaît bien
correct; l'autre commentaire visait l'article 1 où on parlait des
organismes reconnus «pour fins de subventions». Et l'ex-juge
Auclair du Tribunal du travail, qui est président de l'Association,
trouvait qu'il fallait plutôt dire «aux fins de».
Vérification faite, on est...
Mme Marois: À l'Office, j'imagine?
M. Johnson: Non. On est au coeur d'un débat
considérable entre les légistes et non pas entre les linguistes.
Alors, ce serait peut-être téméraire, à ce
moment-ci, avant que le débat soit réglé, pour les fins de
jurisprudence, d'insérer cette suggestion. Je m'en entretiendrai
sûrement avec M. Auclair. Pour le moment, on va nettoyer ça le
plus possible. Il ne restera, selon lui, qu'une seule coquille dans tout notre
projet de loi, alors ce n'est pas négligeable.
Mme Marois: C'est heureux qu'il y ait l'exercice d'une telle
vigilance de la part de citoyens intéressés à... Non. Je
pense que c'est tout à fait intéressant de constater un tel
phénomène parce que ça oblige à plus de rigueur de
la part des organismes gouvernementaux et partout aussi, je dirais, dans
l'ensemble des fonctions publiques, des responsabilités publiques. Bon,
alors, ça va, M. le Président, évidemment. Est-ce qu'il y
a d'autres amendements qui sont proposés au titre et...
M. Johnson: Pas de ce côté-ci.
Le Président (M. Camden): Alors, les intitulés sont
adoptés?
Mme tviaruia: Nous n'en avons pas non plus.
Le Président (M. Camden): Est-ce que l'amendement à
l'intitulé est adopté?
M. Johnson: Oui. Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. Les
intitulés du projet de loi, tels qu'amendés, sont-ils
adoptés?
Mme Marois: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Le titre du projet de loi est-il
adopté tel quel?
Mme Marois: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Le projet de loi dans son
ensemble, tel qu'amendé, est-il adopté?
Mme Marois: J'aimerais juste savoir combien on a eu
d'amendements, M. le Président, au projet de loi?
Le Président (M. Camden): Vingt-sept, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Vingt-sept. Il doit... Vous êtes...
M. Johnson: Ce qui m'amène à faire une motion de
renumérotation, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Alors, le projet de loi a
été adopté dans son ensemble tel qu'amendé?
M. Johnson: C'est ça.
Mme Marois: Vingt-sept! Je vous ferai remarquer, M. le
Président, que 27 amendements sur 33 articles méritaient que nous
accordions tout le temps que nous avons accordé au projet de loi pour
nous permettre de faire en sorte qu'on le bonifie et qu'il soit plus conforme
à ce que l'on souhaitait y retrouver, M. le Président.
M. Johnson: La députée a raison, M. le
Président.
Le Président (M. Camden): Vos propos sont
justifiés, Mme la députée de Taillon. (11 h 40)
Mme Marois: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Alors, j'ai entendu tout
à l'heure que M. le ministre voulait nous faire une motion de
renumérotation.
M. Johnson: Une motion de renumérotation, oui.
Le Président (M. Camden): Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Johnson: Adopté.
Mme Marois: Adopté, M. le Président.
M. Johnson: Vote.
Mme Marois: Est-ce que c'est un vote?
M. Johnson: Un vote.
Mme Marois: Ah oui! C'est vrai, il y avait un vote.
Le Président (M. Camden): Alors, est-ce que vous
désirez faire quelques commentaires de remerciements, M. le ministre et
Mme la députée de Taillon, succintement?
Remarques finales
Mme Marois: Ah! c'est le quorum. J'imagine que le ministre
procédera par la suite de la même façon que je le ferai.
Non, moi, je veux remercier le ministre et les gens qui l'ont accompagné
et qui sont venus souvent éclairer sa lanterne. Je comprends que
ça ait pu être le cas, parce que, évidemment, on a convenu
ensemble que c'était un projet assez technique et qui a
mérité qu'on le questionne d'ailleurs pour se permettre ensuite
de mieux saisir la portée de chacun des articles que nous adoptions, et
même en modifier certains immédiatement à la commission,
alors que nous n'avions pas nécessairement d'objection mais qu'à
la discussion on s'est rendu compte que certains articles risquaient de
prêter à interprétation ou risquaient d'être mal
compris.
Alors, je remercie les gens qui accompagnent le ministre d'avoir
apporté leur éclairage toujours pertinent, et le ministre
lui-même évidemment, quoique j'aurais souhaité qu'il mit
plus de temps à préparer son projet de loi, évidemment, de
telle sorte que cela aurait sans doute raccourci le temps de discussion que
nous avons accordé au projet de loi.
M. Johnson: À cause des amendements. Je remercie
également mes collaborateurs, hommes et femmes qui m'accompagnent. C'est
une matière toujours très complexe. Je suis heureux de voir
qu'ils sont toujours disponibles, et ils doivent l'être, pour
éclairer la lanterne de ceux qui posent des questions. Je veux bien
qu'on sache qu'ils ont éclairé la mienne avant que j'arrive ici,
mais la question est de savoir qui peut le mieux expliquer ces choses complexes
là, et je m'en remets volontiers surtout à ces
spécialistes qui ont beaucoup d'expertise, beaucoup d'expérience.
On le verra encore dans un autre projet de loi sur les régimes de
retraite tout à l'heure.
C'est absolument essentiel de pouvoir compter sur ces gens.
Alors, sur ces brefs remerciements, M. le Président...
Le Président (M. Camden): Je vous remercie de vos
commentaires, M. le ministre et Mme la députée de Taillon. Et,
sur ce, nous allons suspendre nos travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 43)
(Reprise à 11 h 48)
Projet de loi 31
Le Président (M. Camden): La commission du budget et de
l'administration est réunie afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 31, Loi concernant le
Régime de retraite pour certains employés du Centre hospitalier
de l'Université Laval et le Régime de retraite pour certains
employés de la Commission des écoles catholiques de
Québec.
Alors, M. le ministre, est-ce que vous désirez faire des
remarques préliminaires?
Remarques préliminaires
M. Johnson: Comme je l'ai indiqué lors de l'adoption de
principe, M. le Président, il s'agit essentiellement de dispositions qui
touchent deux régimes de retraite sur lesquels on a un droit de regard,
qui visent à revaloriser certains éléments des
régimes de retraite, via la distribution du surplus qui y est
accumulé ou des surplus qui y sont accumulés. Alors,
évidemment, ça donne suite aux autorisations, aux études
habituelles au niveau du régime, au niveau de la Commission
administrative des régimes de retraite et d'assurances. Le Conseil du
trésor a été saisi de ce projet de loi.
Alors, évidemment, ça comportera des dispositions
passablement techniques qui, encore une fois, nous permettront de constater
l'expertise de ceux qui nous entourent.
Le Président (M. Camden): On vous remercie, M. le
ministre. Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Alors, ce que je voulais demander, d'entrée de
jeu, peut-être - je n'ai pas vraiment de commentaires a faire parce que
c'est hautement technique, dans les faits - c'est s'il y avait eu... Il y a eu,
évidemment... Ça se négocie tout ça ou ça se
discute. On ne peut pas dire «négociation», mais ça
se discute avec les principaux concernés par les régimes. Est-ce
qu'il y a obligation d'entente? Enfin, obligation d'entente, une obligation...
Est-ce qu'on peut dire ça, une obligation d'entente? Obligation qu'on
arrive à une entente, sinon on doit le faire constater autrement. (11 h
50)
M. Johnson: En général, ça fait partie des
conditions de travail des employés ce qui touche leur retraite, donc il
y a négociation. Deuxièmement, c'est soumis à la Loi sur
les régimes complémentaires de retraite qui, de toute
façon, oblige à des consultations lorsqu'on veut faire des choses
comme ça. Et, troisièmement, c'est une dérogation à
l'article 125 de la Loi sur le RREGOP qui est requise, parce que cet article
125 de la Loi sur le RREGOP interdit les modifications à des
régimes complémentaires de retraite qui feraient en sorte que les
améliorations aux régimes ne seraient qu'à la charge
exclusive des employés. Alors, ici, effectivement, on veut utiliser les
surplus pour bonifier le régime et non pas facturer les employés
pour ces bonifications. Alors, là aussi, on doit intervenir au point de
vue législatif.
Mme Marois: Juste pour les fins, peut-être, de nos travaux,
ici, en cette commission, on sait qu'il y a tout un débat actuellement
sur l'utilisation des surplus. Dans le cas présent, c'est une situation
qui est quand même différente de celle qui est devant
l'Assemblée, d'ailleurs, en ce qui concerne les régimes
complémentaires où il y a surplus. J'aimerais ça
peut-être, juste pour les fins de notre compréhension respective,
que vous nous expliquiez comment ici il s'agit d'un phénomène
différent, parce que les régimes sont sur des bases
différentes et que ce n'est pas du tout le même contexte que ce
qui est étudié par le projet de loi... Je ne me souviens pas si
c'est 31, je ne sais pas si le président peut me rappeler si c'est bien
de celui-là qu'il s'agit...
Le Président (M. Camden): Oui, effectivement. Tout
à fait.
Mme Marois: ...et qui concerne les surplus des fonds de retraite.
C'est 30, c'est ça.
M. Johnson: II y a une différence fondamentale,
évidemment. C'est que le projet de loi 30 vise la façon dont on
dispose du surplus lorsque le régime se termine. Ce qui est devant nous
ici, évidemment...
Mme Marois: C'est ça.
M. Johnson: ...c'est un régime qui est en cours et on
désire le bonifier. Les régimes complémentaires de rentes
peuvent toujours être bonifiés en cours d'exercice, y compris
à même les surplus existants.
Mme Marois: C'est ça. C'est parce que c'est
intéressant de marquer, justement, la différence pour voir que le
débat se porte sur une chose dans un cas, tandis que, ici, c'est
vraiment dans un autre contexte et ça s'adresse à une autre
réalité. Mais, juste aussi pour les fins de bien saisir ce
qu'on fait, ce sont des régimes à prestations
déterminées? C'est ça ici qu'on a? Est-ce que c'est le
cas? Ce sont des régimes à prestations déterminées
devant lesquels on est ici?
M. Johnson: C'est ça. (Consultation)
Mme Marois: Cotisations déterminées?
M. Johnson: C'est ça. Oui, il y a deux régimes - on
le rappelle aux collègues, là: le régime à
prestations déterminées qui permet de savoir combien on recevra
par mois sur la foi du nombre d'années de service et des niveaux de
rémunération qu'on peut avoir connus pendant sa carrière
ou pendant les trois ou cinq dernières années - ça
dépend des régimes - et les régimes à cotisations
déterminées où on met tant de pour cent de
côté et on regarde au bout ce que ça donne comme
possibilité de se procurer une rente. C'est une espèce de compte
d'épargne.
Mme Marois: Bon! Alors, ça va, je pense, pour ce qui est
des remarques préliminaires, M. le Président.
Étude détaillée Prestations
minimales
Le Président (M. Camden): Alors, j'appelle l'article 1.
J'ai appelé l'article 1, M. le ministre.
M. Johnson: Déjà? Eh bien, je suis pour, M. le
Président.
Mme Marois: Pourriez-vous nous expliquer en quoi il...
M. Johnson: C'est l'article principal qui permet de
déroger à l'article 125 de la Loi sur le RREGOP. Comme je le
soulignais en deuxième lecture, cet article 125 dit qu'aucun
régime complémentaire ne peut être modifié sans les
autorisations préalables de la CARRA et que toute modification
apportée est à la charge des employés si elle
entraîne des coûts additionnels. Alors, on veut utiliser les
surplus pour bonifier le régime et non pas faire supporter ces
bonifications par les employés, d'où la dérogation
nécessaire.
Mme Marois: Ça va. Je pense qu'il y a eu une loi, il y a
un an ou deux, qui était du même type.
M. Johnson: Oui, la CECM.
Mme Marois: C'est ça, c'était le projet de loi 196,
je crois, à ce moment-là. Est-ce que c'est bien ça?
C'était essentiellement le même... On procédait
essentiellement de la même façon, avec les mêmes articles et
les mêmes...
M. Johnson: Même style d'amendements, même objet.
Mme Marois: D'accord. Est-ce qu'il y a d'autres groupes qui ont
été concernés par un...
M. Johnson: On m'indique qu'il n'y a pas d'autres régimes.
Il y a CECM, CECQ et celui de certains employés du CHUL.
Mme Marois: D'accord.
M. Johnson: II n'y en a pas d'autres.
Mme Marois: II n'y a pas d'autres régimes. Bon, parfait!
Ça va, à ce moment-là, M. le Président. Alors, on
dit ici, évidemment, que...
Le Président (M. Camden): L'article 1 est
adopté?
Mme Marois: Un instant! On dit vraiment que ça peut
être fait sans augmentation des cotisations salariales et que les
coûts additionnels qui en résultent sont défrayés...
Bon, ça va. Oui, adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2.
Mme Marois: Comme on finit tard le soir, M. le Président,
et qu'on commence tôt le matin, des fois on est un petit peu plus
lent.
Le Président (M. Camden): Tout à fait. Je me
réjouis de ces propos.
M. Johnson: À l'article 2, comme les notes l'indiquent, on
a là une disposition d'harmonisation avec la Loi sur les régimes
complémentaires, à l'effet que la participation financière
d'un employé ne peut excéder 50 % de la valeur des prestations
auxquelles lui-même ou un autre bénéficiaire acquiert
droit. Alors, c'est mot à mot ce qu'on retrouve à l'article 60 de
la Loi sur les régimes complémentaires de retraite.
Mme Marois: C'est ça, que vous reprenez ici.
M. Johnson: C'est ça.
Mme Marois: Pourquoi est-ce qu'il est nécessaire de le
reprendre dans cette loi-ci?
M. Johnson: M. Sanschagrin pourra préciser.
M. Sanschagrin (Michel): Ces trois régimes-là,
même si la Commission doit dire son mot,
lorsque vient le temps de les modifier, sont des régimes qui sont
soumis à la Loi sur les régimes complémentaires de
retraite. Et, donc, lorsque la nouvelle Loi sur les régimes
complémentaires de retraite a été adoptée, ils
devaient modifier leur règlement de régime pour y inclure les
droits minimums qu'on retrouve à l'intérieur de la Loi sur les
régimes complémentaires de retraite, chose qu'il fallait faire.
Les modifications que l'on retrouve dans l'actuel projet de loi sont des
modifications requises, mais qui génèrent des coûts
additionnels pour le régime, coûts additionnels qui seront
financés à même les surplus, au lieu d'être sous
forme de cotisations additionnelles.
Mme Marois: D'accord. Bon, maintenant, ce que l'article
lui-même, cependant, dit, là, évidemment, il dit que
ça ne peut servir à acquitter plus de 50 %, mais de quoi? On dit:
de la prestation à laquelle il acquiert droit, et si...
M. Johnson: 50 % de la valeur.
Mme Marois: De la valeur. C'est-à-dire qu'ici c'est dit:
«de toute prestation à laquelle il acquiert droit et des droits
qui en sont dérivés».
M. Johnson: Si on le regarde dans l'autre sens, ça
signifie que l'employeur doit contribuer pour au moins la moitié de la
valeur de la prestation à laquelle le participant employé
acquiert droit. Quand on le lit: les cotisations salariales versées par
un participant - donc l'employé - ne peuvent servir à acquitter
plus de 50 % de la valeur de la prestation à laquelle il acquiert droit.
Alors, on peut le lire à l'envers aussi, on peut le comprendre à
l'envers, c'est-à-dire que c'est l'employeur qui doit au moins
être au bâton pour la moitié...
Mme Marois: Pour la valeur de 50 %. M. Johnson: Au moins
pour la moitié. Mme Marois: C'est ça. (Consultation)
Mme Marois: Comme ce n'est pas nécessairement toujours
facile de comprendre tout ce qu'il y a dans ces régimes, la façon
dont ça fonctionne, là... Moi, je ne suis pas actuaire et je ne
suis pas une spécialiste de ça, même si je m'y
intéresse et que j'ai suivi ces dossiers pendant un bon moment, en
étant responsab'a de la Loi sur les régimes
complémentaires de retraite. Quand le participant verse sa cotisation,
évidemment, selon les rendements du régime, il y a un certain
nombre d'intérêts: ou c'est un intérêt fixe, ou c'est
un intérêt qui est... J'ai un peu de difficultés. Quelles
sont les règles qui vont permettre d'accumuler les intérêts
et, ensjite, de les utiliser pour considération, afin que, soit on
baisse les cotisations soit on bonifie le régime? Est-ce que c'est
ça qu'on fait habituellement ou on fait des choses différentes?
Je veux bien comprendre, là. (12 heures)
M. Sanschagrin: On utilise comme taux de rendement, pour calculer
les intérêts, le taux de rendement net de la caisse du
régime. Ça, c'est une disposition de la loi des régimes
complémentaires. Si l'employé a versé, sous forme de
cotisations, plus que la moitié du coût de ce qu'il va recevoir
comme prestations au moment où il quitte, par exemple, à ce
moment-là, la cotisation additionnelle qu'il a versée ou la
cotisation excédentaire sert à augmenter la prestation
proportionnellement à la prestation qu'il va recevoir.
Mme Marois: D'accord. Donc, ça ne sert pas
nécessairement à réduire... On garde toujours le principe
du 50 %. Ça ne sert pas à réduire la part que l'employeur
aurait à assumer.
M. Sanschagrin: C'était anciennement le cas. Ce n'est plus
le cas depuis la loi 116.
Mme Marois: Parfait. Ça va.
Le Président (M. Camden): L'article 2 est-il
adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Johnson: Là aussi, il y a conformité et
concordance avec la Loi sur les régimes complémentaires de
retraite. On précise que ce n'est pas rétroactif à
l'application de l'article 2. C'est mot à mot l'article... Toute
concordance étant observée, c'est mot à mot l'article 90
de la Loi sur les régimes supplémentaires de rentes qui lui,
évidemment, s'en réfère à l'article 60 qui
correspond à l'article 2 qu'on vient d'adopter.
Mme Marois: D'accord. Est-ce qu'avant le 1er janvier 1990
c'était les autres éléments contenus à la Loi sur
les régimes supplémentaires de rentes, à ce
moment-là, qui s'appliquaient? C'est ça?
M. Johnson: C'est ça.
Mme Marois: Ça a été modifié par la
Loi sur les régimes complémentaires.
M. Johnson: Voilà.
Mme Marois: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 3
est adopté. J'appelle l'article 4.
Prestations payables en cas de décès
avant ou après la retraite
M. Johnson: Là aussi, M. le Président, c'est une
disposition d'harmonisation avec la Loi sur les régimes
complémentaires de retraite. C'est l'article 86 de la Loi sur les RCR
qui, ici, est retranscrite pour nos fins. On traite des ayants droit du
conjoint...
Mme Marois: C'est ça, lorsqu'un participant
décède.
M. Johnson: ...lors du décès d'un participant. Il
s'agit ici d'un participant, évidemment, qui décède sans
avoir reçu aucun remboursement ni prestation. Il s'agit d'un participant
qui est actif. Il n'est donc pas retraité. On verra plus loin qu'on
prévoit le cas, évidemment, du décès du participant
retraité et de la disposition de ses bénéfices.
Mme Marois: On procède, à ce moment-là,
à un seul versement? On actualise, j'imagine, la valeur de la rente et
on la... Fiscalement, comment est-ce que c'est traité, ensuite?
Peut-être que le ministre ne le sait pas, mais...
M. Johnson: Oui. Le détail...
Mme Marois: C'est quand même des montants qui peuvent
être significatifs, là.
M. Johnson: lis peuvent être importants, oui,
effectivement. M. Sanschagrin.
M. Sanschagrin: S'il y a un conjoint, le conjoint peut le
transférer dans un compte de retraite immobilisé.
Mme Marois: D'accord.
M. Sanschagrin: S'il s'agit d'une succession, à ce
moment-là, c'est payable à la succession comme le serait un
montant de garantie, par exemple, à la retraite. Donc, ça devient
taxable, à ce moment-là, dans les mains du
décédé dans son rapport d'impôt post mortem, comme
s'il l'avait sorti pour le payer à la succession.
Mme Marois: Ah oui!
M. Sanschagrin: Dans le cas de l'épargne-retraite, c'est
possible de le transférer au conjoint. C'est transféré,
effectivement.
Mme Marois: quelqu'un qui voudrait procéder autrement se
verrait imposé sur l'ensemble du montant. donc, il n'y a aucun
intérêt à agir autrement. il ne pourrait pas
l'étaler dans le temps, comme on le fait pour certains revenus
extraordinaires?
M. Johnson: Ça n'existe plus. Mme Marois: Ça
n'existe plus.
M. Johnson: Aujourd'hui, c'est ce qu'ils appelaient... En
anglais, c'était «the income averaging» qui a
été intégré dans les dispositions fiscales
plutôt que la capacité de se procurer une rente qui étale
le revenu. Ça se fait mécaniquement et automatiquement selon
certaines normes fiscales. Peut-être que M. Sanschagrin veut apporter des
distinctions additionnelles.
M. Sanschagrin: Non, ça va.
Mme Marois: Ça va. Alors, ça, c'est le premier
article où c'est toute la valeur de la rente. Je veux dire, c'est le
premier alinéa. Le deuxième: «si le participant n'avait pas
droit à une rente...» O.K. Ça va.
Qu'est-ce que ça veut dire le dernier élément de
l'article qui dit: «Ces valeurs sont en outre établies sans tenir
compte des hypothèses de survie ou de mortalité pour la
période qui précède le début du service de la
rente»?
M. Johnson: Où en sommes nous? À la toute fin?
Mme Marois: À la toute fin de l'article, là.
Évidemment, on prévoit, là, qu'il y aura un seul
versement. Là, on identifie les valeurs de chacun des versements
possibles selon les circonstances, si le participant avait droit avant son
décès, si le participant n'avait pas droit à une rente
avant son décès, si le participant n'avait pas droit à une
rente ou, s'il n'avait pas eu droit à une rente, aux cotisations
salariales ou volontaires versées, etc. On dit: «Doivent
être ajoutées, le cas échéant, aux valeurs
visées aux paragraphes 1° et 2° du premier alinéa les
cotisations volontaires portées au compte du participant et les
cotisations salariales qui excèdent le plafond fixé par l'article
2, avec les intérêts accumulés. Ces valeurs sont en outre
établies sans tenir compte des hypothèses de survie ou de
mortalité pour la période qui précède le
début du service de la rente.»
M. Johnson: Mais il faut qu'un actuaire réponde à
ça, madame.
Mme Marois: Oui, sûrement parce que, là, je
vais...
M. Johnson: On en a un, ici, au moins. Mme Marois: Nous
nous y perdons.
M. Sanschagrin: La valeur que l'on établit, c'est la
valeur d'une rente payable normalement,
que l'individu aurait reçue normalement à la date normale
de la retraite. Lorsque vient le temps d'établir la valeur de cette
rente-là, on tient compte de l'hypothèse de mortalité ou
de survie à partir du moment où la rente aurait été
mise en paiement. Mais, entre la date où elle aurait été
mise en paiement et la date du décès, à ce
moment-là, on escompte cette valeur-là avec intérêts
seulement.
Mme Marois: Ah bon!
M. Sanschagrin: On ne tient pas compte que la personne qui vient
de décéder...
Mme Marois: Oui.
M. Sanschagrin: ...aurait pu décéder avant
d'atteindre l'âge normal de la retraite.
Mme Marois: Ah oui! O.K.
M. Sanschagrin: On fait simplement escompter le montant...
Mme Marois: D'accord.
M. Sanschagrin: ...avec intérêts.
Mme Marois: Ça va.
M. Johnson: Pour prendre... Il faut qu'elle ait
décédée.
Mme Marois: Oui, mais cela étant dit... Ce n'est pas le
temps de la spolier. Ha, ha, ha!
M. Johnson: On ne présume pas de son décès
à une date autre que son décès réel.
Mme Marois: Le moment où a eu lieu le décès.
Bon, ça va.
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 4 est
adopté. J'appelle l'article 5.
Mme Marois: Bon. Maintenant, c'est le conjoint.
M. Johnson: Là aussi, il y a harmonisation - article 5, M.
le Président...
Le Président (M. Camden): Effectivement, M. le
ministre.
M. Johnson: ...avec la Loi sur les RGh, c'est-à-dire
l'article 87 de ladite loi. Ça couvre le cas du décès du
retraité. Ça donne ouverture à une prestation au conjoir*
survivant égale à 60 % du montant de la rente.
Mme Marois: J'aimerais qu'on m'explique un peu ce que le premier
paragraphe peut avoir comme impact ou peut signifier? On dit: «Le
conjoint d'un participant a droit à une rente à compter du
décès de ce dernier... Il peut [...] renoncer à ce droit,
ou révoquer cette renonciation». Alors, dans un cas, il peut dire:
Non, je ne le veux pas, ou, dans un autre cas, il avait renoncé et il
revient sur cette décision-là pour dire: Je change d'avis. C'est
bien ça que je comprends. Bon. Mais quelles sont les circonstances qui
amèneraient de telles situations? J'essaie d'imaginer, là.
M. Johnson: On peut voir un conjoint qui renonce à
recevoir une rente de conjoint survivant - c'est ça qui est en cause ici
- pour quelque raison que ce soit.
Mme Marois: C'est assez étonnant quand même. (12 h
10)
M. Johnson: Bien, on pourrait envisager qu'en cas de
séparation ou... Pour quelque raison que ce soit. Par exemple, si, comme
on me le signale, les deux conjoints ont des rentes d'égale valeur,
qu'on renonce, de part et d'autre, à ce bénéfice et qu'en
conséquence on puisse jeter les bases d'une réévaluation
possible de la rente.
Mme Marois: Ça amènerait quoi?
M. Johnson: Étant donné que le payeur n'aura plus
à payer au-delà de la date du décès, il n'y a plus
de conjoint survivant qui aurait droit aux 60 % de la rente pour le reste de sa
vie. À tout le moins, ça fait en sorte que ce n'est pas
dévaloriser la rente autrement prévue, pour le conjoint, avant
qu'il ne décède.
Mme Marois: Je ne peux pas imaginer une situation, il me semble,
où...
M. Johnson: II faudrait peut-être voir s'il y en a
déjà eu.
Mme Marois: Ça serait possible.
M. Johnson: En connaissez-vous, des cas?
M. Sanschagrin: Oui, il y a des situations où, par
exemple, le régime de retraite prévoit actuellement - je ne peux
pas vous dire, mais il me semble que c'est le cas d'un des régimes -
que, en cas de décès, il n'y a pas de rente au conjoint. La rente
normale est une rente garantie pour une période de 5 ans ou 10 ans.
Donc, si la personne décède 5 ans après la date de la
retraite, même s'il y a conjoint, il n'y a plus de rente du tout.
Ça, c'est la forme normale de rente.
Ce que l'article 5 fait, et l'article 87 de la loi des régimes
complémentaires, il vient imposer au régime le devoir, si on
veut, d'offrir au conjoint une rente égale à 60 % de la rente
que
recevait le participant à son décès. Il y a un
coût associé à une telle option. Le régime, lui, ou
l'administrateur du régime peut choisir, et c'est l'objet du
troisième alinéa, de donner cette rente-là sur une base
d'équivalence, donc de réduire le montant de la rente pour payer
le coût de l'option à 60 %. Or, deux conjoints qui ont
travaillé et qui ont droit à chacun une rente pourraient fort
bien décider que la réduction de rente qui résulte d'une
telle option, il n'en ont pas besoin et qu'ils préfèrent avoir la
totalité de leur rente, disposant chacun de suffisamment de revenus, par
exemple, pour prendre soin de leur avenir, si jamais l'autre conjoint
décède. Donc, ils pourraient, à ce moment-là,
vouloir renoncer à une telle option.
Ils pourraient, pour une autre raison, vouloir y renoncer pour avoir,
par exemple, un pourcentage supérieur à 60 %, pourcentage qui
pourrait être offert par le régime, 75 %, par exemple, de rente au
conjoint. Donc, il faudrait d'abord qu'il renonce au 60 % pour pouvoir ensuite
faire option...
Mme Marois: Pour ensuite pouvoir bénéficier du 75
%, par exemple.
M. Sanschagrin: ...d'un pourcentage à 75 % et d'une
réduction encore plus substantielle de la rente de retraite. Mais c'est
un choix.
Mme Marois: Oui, c'est ça. Je pense que ça va. J'ai
compris un certain nombre de nuances.
M. Johnson: Je posais la question tout à l'heure,
justement, lorsqu'on parlait des droits éventuels des conjoints
survivants... On peut concevoir que le conjoint survivant a 22 ans de plus que
celui qui vient de décéder.
Mme Marois: Oui, c'est ça aussi.
M. Johnson: Disons qu'on le sait à l'avance, ça,
évidemment. On ne le sait pas le jour du décès. Alors,
ça pourrait être intéressant à ce moment-là
de renoncer à un droit qui est bien problématique, de toute
façon.
Mme Marois: Oui. Bon, je pense que ça va.
Le Président (M. Camden): L'article 5 est adopté.
J'appelle l'article 6.
M. Johnson: Harmonisation, là aussi, M. le
Président. Ça se retrouve à l'article 88 de la Loi sur les
régimes complémentaires de retraite. Là aussi, il s'agit
des options qui sont disponibles à un conjoint survivant.
M. Sanschagrin: Qui continue de travailler, après
être devenu admissible à la retraite.
M. Johnson: Dans le cas d'un participant qui, à son
décès était...'
M. Sanschagrin: Actif, mais avait déjà...
M. Johnson: ...actif, mais avait acquis le droit à la
retraite.
Mme Marois: Attendez un peu, je m'excuse. C'est parce que j'ai
été distraite par autre chose.
M. Johnson: II s'agit du cas où le participant qui est
visé a atteint l'âge de retraite, mais ne reçoit pas encore
de prestation de retraite parce qu'il est toujours actif, il est toujours au
travail. Alors, on ne peut pas, auprès du même employeur,
être un cotisant et un retraité, à la fois.
Mme Marois: Oui.
M. Johnson: Alors, ça couvre ces cas-là. Là
on voit que le choix est ouvert ici. On parle encore du 60 % de la rente du
retraité ou alors la valeur de la prestation à laquelle le
participant avait droit. Il y a aussi un choix que le conjoint peut
exercer.
Mme Marois: C'est ça. Ça peut être la rente,
parce que ça peut être intéressant de la recevoir d'une
façon...
M. Johnson: Ça peut être plus intéressant que
ce soit la rente. C'est ça.
Mme Marois: ...continue et régulière. À ce
moment-là, la prestation serait versée comme on le
prévoyait tout à l'heure, dans un montant global. C'est
ça. À ce moment-là, la valeur de la prestation serait
versée en un montant global.
M. Johnson: Pourrait.
Mme Marois: Pourrait, mais ce n'est pas...
M. Johnson: Oui, d'habitude, comme je le disais, mais ce n'est
pas obligatoire dans ce cas-ci à tout le moins. On pourrait voir le
régime calculé sur la base de cette valeur le niveau d'une rente
qui serait alors versée. Ça peut donc être versé
sous une forme ou sous une autre.
Mme Marois: C'est ça. Sous une forme de montant global ou
une...
M. Johnson: Une mensualité. Mme Marois:
...mensualité. C'est ça.
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 6 est-il
adopté?
Mme Marois: C'est intéressant parce que ce
que ça dit, c'est vraiment que le conjoint a droit à une
rente égale à la plus élevée des deux valeurs.
Est-ce qu'à ce moment-là - ce n'est vraiment pas
nécessairement relié à la loi - les régimes
prévoient de faire les calculs pour les personnes, et tout ça?
Tout ça se fait, j'imagine, pour que les gens fassent vraiment des choix
éclairés, si on veut, pour qu'ils aient la possibilité de
faire des choix éclairés. Là, c'est en dehors de la loi
qui est là, mais j'imagine que c'est comme ça que ça se
passe généralement. Chacun des régimes,
c'est-à-dire le régime fait une évaluation
systématique pour dire: Voilà, les choix qui s'offrent à
vous et la possibilité que vous avez de choisir dans un sens ou dans
l'autre.
M. Johnson: Précisément.
Mme Marois: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Camden): L'article 6 est adopté.
J'appelle l'article 7, et je vois que nous avons, oui, un amendement.
Indexation des rentes payables M. Johnson: Papillon, M. le
Président.
Mme Marois: Pour une fois, c'est la première fois qu'on a
un papillon aussi loin dans le projet de loi, au septième article, M. le
Président.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Camden): Alors, M. le ministre, est-ce
que vous voulez nous présenter cet amendement?
M. Johnson: Oui, M. le Président. Cet amendement se lit
ainsi. Remplacer l'article 7 du projet de loi par le suivant: «7. Le
montant de toute rente payable le 1er janvier 1991 en vertu du Régime de
retraite pour certains employés du Centre hospitalier de
l'Université Laval est, jusqu'à cette date et à
l'époque prescrite en vertu de l'article 119 de la Loi sur le
régime de rentes du Québec, indexé de l'excédent du
taux d'augmentation de l'indice des rentes déterminé par cette
loi sur 3 % pour chaque année suivant l'année au cours de
laquelle elle devient payable. «Le montant de toute rente payable le 1er
janvier 1992 et le 1er janvier 1993 est augmenté à
l'époque et selon le taux prévu au premier ali-néa.
«Ces rentes pourront, sur autorisation de la Commission, être
indexées annuellement pour une ou pour plusieurs autres années
selon le même taux si une évaluation actuarielle du régime
démontre qu'il existe un surplus actuariel suffisant pour en assumer la
totalité du coût. »
Mme Marois: Est-ce que...
M. Johnson: Ça prévoit... Est-ce que je peux
ajouter, là?
Le Président (M. Camden): Tout à fait, M. le
ministre. Nous sommes disposés à vous entendre.
M. Johnson: Ça prévoit une indexation
rétroactive dans le fonds des rentes qui sont versées, sachant
que ce régime ne comporte pas de rentes indexées. Alors, c'est
l'indexation IPC-3 depuis janvier 1991, qu'on prévoit ici.
Mme Marois: Depuis janvier 1991? Ah! c'est ça. O. K. Au
début: «Le montant de toute rente payable le 1 er janvier 1991
».
M. Johnson: Ou la date de paiement, si elle est plus tardive.
Mme Marois: bien sûr. alors, c'est bien ça. je
comprends bien ce que ça signifie, «indexé de
l'excédent du taux d'augmentation de l'indice des rentes
déterminé par cette loi sur 3 % pour chaque année suivant
l'année au cours de laquelle elle devient payable». ça veut
dire ipc-3. c'est bien ça.
M. Johnson: C'est ça. (12 h 20)
Mme Marois: Donc, si l'indice des prix à la consommation
est de 2 %, il n'y a aucune indexation. Il n'y a rien qui se passe au
régime à cet égard-là.
(Consultation)
M. Johnson: Alors, je corrige une impression que j'ai pu laisser,
là. Lorsqu'on lit attentivement l'article 7, on voit que ça se
réfère à des rentes qui sont payables le 1er janvier 1991.
Alors, on regarde l'univers le 1er janvier 1991 et on regarde les rentes qui
sont payables. On les indexe à IPC-3 % à partir du moment
où elles sont devenues payables. Alors, ça peut remon ter... Ici,
on a un tableau qui remonte à 1971.
Mme Marois: Ah oui?
M. Johnson: Là on réévalue tout ça,
ce qui fait que, par exemple, pour quelqu'un qui, depuis 20 ans, reçoit
une rente, là, de 1971 à 1991, disons, quelqu'un qui a pris sa
retraite en 1971, c'est 118, 8 % qui est le facteur d'indexation...
Mme Marois: Ah oui!
M. Johnson:... de revalorisation de sa rente au moment où
on se parle.
Mme Marois: Là on la revalorise à compter
du 1 er Janvier 1991, à ce moment-là. M. Johnson:
C'est ça. Mme Marois: C'est ce à quoi servent donc...
M. Johnson: II n'y a pas de rétroactivité.
Mme Marois: Non, ça, je le.. Oui, parce que...
M. Johnson: On se comprend là. Ça serait
astronomique, probablement.
Mme Marois:... le régime n'aurait pas pu le prendre, c'est
ça. Tout ça peut se faire à même les surplus qui ont
été accumulés...
M. Johnson: C'est ça.
Mme Marois:... au régime. Et il va en rester.
M. Johnson: il va en rester un peu. Il peut en rester un peu. 46
% du surplus est ainsi utilisé. Il en reste.
Mme Marois: Ce qui veut dire qu'il en reste encore une somme
assez importante.
Le Président (M. Camden): M. le ministre, là,
justement...
M. Johnson: Alors, il y a une modification dans le cas du CHUL
qui coûte 1 050 000 $ et un surplus accumulé de 2 271 400 $.
Le Président (M. Camden): On dit que l'ajustement est de
118 %...
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Camden):... qu'il représente 118
%. L'inflation a été de combien pendant ces
années-là?
M. Johnson: 284, 1 % depuis 1971. Mme Marois: 284...
Le Président (M. Camden): Depuis 1971. M. Johnson:
Depuis 1971.
Mme Marois: À ce moment-là, est-ce que vous avez
toujours utilisé la règle qu'on va appliquer, c'est-à-dire
l'IPC-3 %?
M. Johnson: C'est ça. On a regardé les taux
cumulatifs, les taux de l'IPC pour chaque année, moins 3, moins 3, moins
3.
(Consultation)
Mme Marois: C'est ça, c'est parce que, moi aussi, je
faisais les calculs et je me disais ça n'allait pas, là.
M. Johnson: Non, ça ne peut pas être moins 60.
Mme Marois: C'est ça, c'est cumulatif.
M. Johnson: bien, écoutez, en 1990, le taux était
presque de 5 %. c'était 4, 8 %, mais, évidemment, on indexe
à 1, 8 %.
Mme Marois: C'est ça.
M. Johnson: Alors, si on retourne à des années
antérieures où on indexait à 1 % ou 2 % au lieu de 4 % ou
5 %, on voit bien la progression. En bout de ligne, 20 ans après, il n'y
a pas 60 % de différence...
Mme Marois: Oui.
M. Johnson:... à cause de la composition de ce
taux-là.
Mme Marois: bon. alors, c'est intéressant de constater que
certains participants au régime vont avoir de belles surprises, si je
comprends bien.
M. Johnson: Ce n'est pas une surprise, parce qu'ils
l'attendent.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Bien là, ça ne l'est plus...
M. Johnson: Ils le savent.
Mme Marois:... mais j'imagine que ça l'a
été....
M. Johnson: II y a eu une assemblée
générale.
Mme Marois:... le jour où ils l'ont su. Ha, ha, ha!
M. Johnson: On parlait de consultation, tout à l'heure. Il
y a eu une assemblée générale au CHUL
Mme Marois: ah oui! sur ça? il y a combien de participants
à ces régimes-là? c'est juste pour qu'on sache de quel
univers on parle, là, parce que des fois...
M. Johnson: 15 employés sont actifs et 90 sont
retraités.
Mme Marois: Ah bon! Alors, ça fera beaucoup d'heureux,
quoi. Ça, c'est dans le cas du
CHUL Dans le cas du...
M. Johnson: Dans le cas de la CECQ? Mme Marois: Oui, la
CECQ aussi.
M. Johnson: Dans le cas de la CECQ, il y a 136 actifs, donc au
travail, et 94 retraités.
Mme Marois: Ah bon! D'accord. On sait à quel univers cela
s'adresse.
M. Johnson: Le surplus à la CECQ est de 1 666 000 $ et les
modifications coûtent 850 000 $.
Mme Marois: Donc, il reste encore un surplus significatif.
M. Johnson: À peu près la moitié, c'est
ça, encore une fois.
Mme Marois: Imaginons qu'on ne revalorise pas le régime,
qu'on n'y retouche pas. Les surplus seraient utilisés comment,
éventuellement?
M. Johnson: On verra à la fin. Ça dépend de
la loi 30.
Mme Marois: Oui, c'est ça. La loi 30 va trancher ce
débat-là. C'est ça. C'est pour ça que j'essayais de
voir le lien. On ne l'a pas fait tantôt...
M. Johnson: C'est ça. On voit à la fin. Mme
Marois:... jusqu'au bout.
M. Johnson: Alors, il faudrait attendre que le dernier
retraité décède.
Mme Marois: C'est ça.
M. Johnson: Là, il n'y a plus de participants et il n'y a
plus de retraités, ni de bénéficiaires, alors... C'est
ça tout le débat.
Mme Marois: Oui, je sais que c'est ça tout le
débat.
M. Johnson: II n'y a plus personne pour recevoir le surplus dans
ces circonstances-là.
Mme Marois: II faudrait peut-être, donc, prendre les
décisions pour faire en sorte que ies bénéfices reviennent
au moins aux gens qui sont là maintenant, en vie.
M. Johnson: Alors, ça, évidemment, là, on se
comprend. On ne peut pas léser les gens qui sont
décédés, par définition. Il faut le distinguer du
cas qui nous préoccupe, tout le monde, de voir qu'une entreprise met fin
au régime de retraite et, là, dispose du surplus. C'est ça
que la loi 30 vise, tous ces cas-là...
Mme Marois: Oui, c'est ça. C'est pour ça que la loi
30...
M. Johnson:... et non pas le cas d'extinction naturelle.
Mme Marois: Non, c'est le cas de la fin d'un régime
lui-même.
M. Johnson: On ne peut pas distribuer ça à des
ayants droit qui n'ont jamais eu droit, de toute façon.
Le Président (M. Camden): Alors, l'amendement à
l'article 7 est-il adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. Est-ce que
l'article 7 est adopté?
M. Johnson: L'article 7 est adopté. Mme Marois:
Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 7, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 8. M. le ministre.
Baisse du taux de cotisation
M. Johnson: Cet article 8 baisse de 0, 25 % le taux de cotisation
dans le régime de la CECQ, de certains employés de la CECQ.
Mme Marois: Alors, le taux de cotisation est actuellement de 7, 5
% et on le fait passer à 7, 25 %.
M. Johnson: C'est l'objet de cette bonification, effectivement.
On voit que la grosse bonification, c'était l'indexation des rentes dans
le cas du CHUL. Là, à la CECQ, c'est un régime qui est
déjà indexé, alors on ne reverra pas la disposition IPC-3
% ou quoi que ce soit là-dedans. On va voir d'autres
éléments qui sont revalorisés: par exemple, baisse de la
cotisation. Ça, c'est un exemple. On verra d'autres dispositions
d'harmonisation un peu plus loin.
Mme Marois: Bon, alors, ça va pour moi.
Le Président (M. Camden): L'article 8 est adopté.
J'appelle l'article 9.
M. Johnson: à l'article 9, il s'agit ici, m. le
président, de remplacer l'équivalent actuariel, parce qu'on
calcule le montant d'une rente de retraite anticipée, par une
réduction de 0, 5 %
par mois pour chaque mois compris entre la date normale de la retraite
et la date de la retraite anticipée.
Mme Marois: Quelle est la règle générale en
ce qui a trait - rappelez-la-moi - à la Régie des rentes? Quelle
est la règle générale qui est appliquée dans ce
cas-là? C'est celle-là?
M. Johnson: Oui, c'est la même chose. Mme Marois:
C'est la même chose. M. Johnson: RREGOP également.
Mme Marois: C'est ça, RREGOP aussi. C'est la règle
qui s'applique généralement. Ça, ce n'est pas compris
à la Loi sur les régimes complémentaires? Ce n'est pas
compris, un type d'article comme celui-là, à la Loi sur les
régimes complémentaires. Chacun des régimes doit le
prévoir.
M. Johnson: Oui, pour tirer ces distinctions, M. Sanschagrin, si
vous voulez bien.
M. Sanschagrin: Dans la Loi sur les régimes
complémentaires, un des droits est qu'une personne puisse prendre, si
elle le désire, sa retraite anticipée 10 ans avant l'âge
normal. Ça, c'était déjà dans les deux
régimes en cause. Ce qui était dans le régime des
écoles catholiques de Québec, c'est qu'on disait que cette
anticipation de rente là, la rente est calculée sur une base
d'équivalence actuarielle, sans définir ce qu'était la
réduction actuarielle.
Mme Marois: D'accord.
M. Sanschagrin: Donc, dans le but de simplifier la formule, de la
rendre uniforme dans le temps et de la rendre uniforme pour tous les
gens...
Mme Marois: Pour tous les participants.
M. Sanschagrin: ...peu importe le nombre d'années
d'anticipation, parce que la formule variait dans le temps et en fonction du
nombre d'années d'anticipation, on établit une formule uniforme
qui est la plus généralement connue, si on veut, et qui va
être la plus facile à comprendre pour les gens. C'est la
même réduction que le Régime de rentes du Québec.
C'est la même réduction que l'ensemble des gens des secteurs
public et parapublic, à toutes fins pratiques. (12 h 30)
Mme Marois: C'est ça. C'est une réduction qu'on
doit prévoir chaque fois, comme dans le cas présent, parce
qu'elle n'est pas comprise dans la Loi sur les régimes
complémentaires.
M. Sanschagrin: Non, c'est vrai.
Mme Marois: Est-ce que ce serait souhaitable ou
intéressant que ça le soit? Remarquez, je n'ai pas revu, moi, la
Loi sur les régimes complémentaires. Je sais qu'elle a
été adoptée avant 1989. Donc, je n'ai pas eu l'occasion
d'avoir eu ce plaisir de discuter de cette loi. Est-ce que ce serait
souhaitable que ça puisse être prévu dans une loi
générale comme celle de la Loi sur les régimes
complémentaires?
M. Sanschagrin: dépendant des dispositions du
régime, une réduction actuarielle de 0,5 % par mois pourrait,
dans certains cas, être trop élevée...
Mme Marois: Oui.
M. Sanschagrin: ...par rapport à la juste
équivalence actuarielle. Par ailleurs, dans certains régimes,
l'entreprise est dans une situation telle qu'elle veut favoriser, par exemple,
la retraite anticipée et va vouloir...
Mme Marois: Donc, elle pourrait augmenter...
M. Sanschagrin: ...avoir des réductions moindres, par
exemple, pour inciter les personnes à partir plus tôt...
Mme Marois: C'est ça, c'est ça.
M. Sanschagrin: ...ou pour favoriser la mise en paiement des
rentes de retraite dans certaines situations. Donc, une règle minimale
de 0,5 %, même si elle constitue une moyenne dite raisonnable de
réduction actuarielle...
Mme Marois: C'est ça. Ça...
M. Sanschagrin: ...ne serait peut-être pas suffisamment
flexible.
Mme Marois: ...n'atteindrait pas les objectifs,
nécessairement, qu'on se fixe.
M. Sanschagrin: C'est ça.
Mme Marois: Je comprends bien. Ça va.
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 9 est-il
adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle
l'article 10.
Âge de la retraite
M. Johnson: Ici, c'est une mesure temporaire lorsqu'il s'agit de
droit à la retraite sans réduction dans certaines conditions, en
l'occur-
rence atteinte de l'âge de 62 ans ou après 32 années
de service si la prise de retraite a lieu sur une période de 3 ans et
demi, quelque part entre le 1er janvier 1990 et le 30 juin 1993.
Mme Marois: Ça, dans le fond, c'est une autre
bonification, évidemment, au régime. Alors, c'était quoi
la situation actuelle?
M. Johnson: 65-35.
Mme Marois: 65-35.
M. Johnson: C'est la situation normale.
Mme Marois: C'est ce qui s'applique.
M. Johnson: 65 ans ou 35 années de service.
Mme Marois: C'est ça, 65 ans ou 35 années de
service, oui. Ça va. On dit qu'on applique cet article «à
tout participant actif prenant sa retraite au cours de la période du 1er
janvier 1990 au 30 juin 1993». Je comprends bien, par le reste de
l'article, que c'est à cause des calculs actuariels que l'on a en main
pour l'instant...
M. Johnson: C'est ça.
Mme Marois: ...ce qui fait que, par exemple, au 30 juin 1993, on
pourrait réviser cet article-là, c'est-à-dire
réviser le contenu de ce qui est là pour se dire que la
bonification pourrait être plus significative ou être maintenue. On
comprend bien que ça s'arrêtera en juin 1993 s'il n'y a pas
d'autres interventions qui sont faites. C'est bien ça?
M. Johnson: C'est ça. Elle sera prolongée, donc
elle sera maintenue, elle ne sera pas modifiée. Elle sera maintenue ou
elle disparaîtra.
Mme Marois: c'est-à-dire que les gens qui auront
quitté entre le 1er janvier 1990 et le 30 juin 1993 pourront l'avoir
fait dans les circonstances qu'on a décrites plus haut.
M. Johnson: Oui. Mme Marois: 32 ans... M. Johnson:
62-32.
Mme Marois: 32 ans de service, 62 ans d'âge.
M. Johnson: 62 ans d'âge, oui. Un ou l'autre.
Mme Marois: C'est ça. Mais, à partir du 1er juillet
1993, c'est la règle...
M. Johnson: 65-35.
Mme Marois: ...qu'on connaissait avant qui s'appliquerait
à nouveau. 65 ans, 35 ans.
M. Johnson: C'est ça.
Mme Marois: C'est ça. Donc, pour prolonger ou pour
renouveler cet élément-là, cette bonification-là,
il faudrait revenir, éventuellement.
M. Johnson: À la Commission tout simplement, pas devant
nous ici. Évidemment, comme on voit...
Mme Marois: Oui, c'est ça.
M. Johnson: ...si l'évaluation démontre qu'il
existe un surplus suffisant pour assumer la totalité du coût de la
prolongation.
Mme Marois: On sait que le régime a déjà
quand même un surplus significatif.
M. Johnson: Oui, il en reste la moitié. C'est le tiers du
coût, à peu près.
Mme Marois: Ça risque de se reproduire. M. Johnson:
C'est 277 000 $, ce...
Mme Marois: Qui est relié à cette
disposition-là.
M. Johnson: À l'article 10, oui. C'est le tiers du
coût de 850 000 $, dont on parlait tout à l'heure, 850 000 $.
Mme Marois: Alors, ça va, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 10 est
adopté. J'appelle l'article 11.
(Consultation)
Mme Marois: Alors...
M. Johnson: Alors, évidemment, on voit que tous les
articles, sauf l'article 7...
Mme Marois: Oui, c'est ça.
M. Johnson: ...entreraient en vigueur en janvier 1990, soit la
date à laquelle les changements à la Loi sur les régimes
complémentaires de retraite sont entrés en vigueur. L'article 7,
qui portait sur l'indexation IPC-3 % des...
Mme Marois: Oui.
M. Johnson: ...rentes payables en 1991, entrerait en vigueur - on
présume, là - le jour de la sanction de la loi, pour qu'on ne
soit pas obligé de roayer des intérêts sur les rentes qui
sont versées depuis janvier 1991. Elles seront
revalorisées, mais sans intérêt. C'est normal,
ça, je pense.
Mme Marois: Oui. Oui, je pense que oui, effectivement.
(Consultation)
Mme Marois: Donc, il n'y aurait que cet article...
M. Johnson: Logiquement, là, on devrait payer de
l'intérêt si on devait une somme à l'époque...
Mme Marois: C'est ça.
M. Johnson: ...et qu'on ne l'avait pas payée, cette
somme.
Mme Marois: Oui.
M. Johnson: Or, cette somme...
Mme Marois: Mais c'est...
M. Johnson: ...nouvelle, on vient de créer...
Mme Marois: Oui, oui.
M. Johnson: ...le droit de la recevoir.
Mme Marois: C'est ça.
M. Johnson: Alors, on ne paie pas d'intérêt sur
cette somme-là rétroactivement, évidemment...
Mme Marois: Qui va se...
M. Johnson: ...au moment où ça devient payable.
Mme Marois: C'est ça. Elle sera payable le 1 er janvier
1992, de toute façon. C'est-à-dire...
M. Johnson: Non.
Mme Marois: ...elle entrait...
M. Johnson: Non.
Mme Marois: C'est-à-dire le montant de toute rente payable
le 1er janvier...
M. Johnson: 1991. Tout ce qu'on verse depuis 1991, on va tout
regarder ça, là. Au CHUL, ils vont regarder ça et ils vont
indexer...
Mme Marois: Ils vont les...
M. Johnson: ...tous ces paiements-là. Ils vont payer
rétroactivement. Ils vont les revaloriser rétroactivement. Ils
vont envoyer un chèque, en l'occurrence, si quelqu'un qui est
retraité depuis 20 ans, pour 118 %...
Mme Marois: Oui, O.K. Oui, c'est ça.
M. Johnson: ...de la rente payable depuis 1991, ou qui est
versée, mais sans l'intérêt sur ce montant-là. En
1991, ce n'était pas payable, ce nouveau niveau là. Alors, il n'y
a pas d'intérêt qui pouvait s'accroître sur...
Mme Marois: C'est une décision... Quand est-ce qu'on s'est
entendus sur la valorisation du régime?
M. Sanschagrin: Ouf! ça s'est fait à la fin...
M. Johnson: À la fin...
M. Sanschagrin: ...des années quatre-vingt-dix. Je l'ai
ici, là. Ça fait... C'est novembre ou décembre 1990.
M. Johnson: On pourrait penser que c'est quelque part à la
fin de 1990, parce que ça entrait en vigueur le 1er janvier 1991.
C'était une rente payable à cette date-là, alors ça
devait être à cette époque-là. Moi, je
présume que c'était...
Mme Marois: C'est parce que, voyez-vous, le sens de ma question,
c'est d'essayer de voir si on n'a pas lésé pendant un an des gens
qui auraient pu avoir droit à cette rente-là, parce qu'on n'a pas
fait diligence sur le projet de loi. C'est ça, ma question, en fait.
M. Johnson: Tout le monde et les successions, le cas
échéant, là, impliquées, qui recevaient des rentes
le 1er janvier 1991 et depuis, sont touchés par ça...
Mme Marois: Oui, c'est ça.
M. Johnson: ...y compris le 60 % au conjoint survivant.
Mme Marois: Oui.
M. Johnson: II va être ajusté en conséquence,
s'il y a un conjoint survivant. Il y en avait, hein? Quelqu'un
décédé en mars 1991 recevait une rente...
Mme Marois: Tout...
Une voix: II y en a sûrement, sur les 90 ou les...
Mme Marois: Tout... Sûrement, sûrement, oui.
M. Johnson: C'est ça. Il doit y avoir des
conjoints survivants qui reçoivent 60 %... Mme Marois:
Oui, c'est ça. M. Johnson: Alors, on va tout ajuster
ça.
Mme Marois: Non, mais ma question, c'est à l'effet que, si
on s'est entendus sur ces bonifications-là à la fin de 1990,
imaginons qu'on eût adopté la loi au printemps 1991...
M. Johnson: Oui.
Mme Marois:... les gens auraient pu avoir plus rapidement le
versement de leur montant.
M. Johnson: Oui.
(12 h 40)
Mme Marois: Donc, jusqu'à un certain point, ils perdent
cette... Quand on dit qu'on ne leur versera pas d'intérêt, ils
perdent quand même la jouissance qu'ils auraient pu avoir et,
effectivement, l'intérêt qu'ils auraient pu recueillir s'ils
l'avaient placé, parce que c'est toujours comme ça que ça
se prend, une décision.
(Consultation)
M. Johnson: On parle de deux ordres de modifications
différentes. Le premier est essentiellement de l'harmonisation. Il y a
un tas d'articles qui harmonisent ces régimes aux RCR, à la Loi
sur les régimes complémentaires de retraite, en date du 1er
janvier 1990. C'est une obligation que la loi 116 sur les RCR faisait pour tous
ces régimes-là. Tous les gens savaient que ce serait
revalorisé, corrigé, harmonisé à tout le moins.
Mme Marois: Réajusté, etc.
M. Johnson: C'est ça. Donc, ils acquéraient un
droit, à ce moment-là.
M. Sanschagrin: Le droit, là, ils l'acquièrent
parce qu'on vient de leur permettre de modifier leur règlement de
régime. Mais la loi 116 disait qu'il fallait que, dans leur
régime, ça soit un droit minimum depuis le 1er janvier 1990.
Donc, maintenant qu'on y donne effet, il faut rétroagir à 1990 et
retrouver les conjoints et leur verser leur rente avec effet
rétroactif.
Mme Marois: Ça va. Mais ma question n'était pas
nécessairement celle-là.
M. Johnson: C'est avec intérêts dans ces
cas-là. C'est ça la distinction.
Mme Marois: C'est avec intérêts dans ces
cas-là.
M. Johnson: Je viens de découvrir ça.
Mme Marois: Bon, ça va. Dans ces cas-là, c'est avec
intérêts. Dans les autres cas?
M. Johnson: IPC-3...
M. Sanschagrin: Dans le cas de l'IPC-3, comme l'amendement entre
en vigueur la journée de la sanction, il n'y a pas
d'intérêts.
Mme Marois: D'accord.
M. Johnson: C'est les RCR, c'est la loi 116 qui faisait
obligation au régime de se conformer à partir de telle date.
Alors, ça prend le temps que ça prend pour véhiculer tout
ça. C'est rétroactif. On me signale que ce sera avec
intérêts. Il y avait un droit acquis, dans le fond, à
partir de janvier 1990, ce qui n'est pas le cas pour l'IPC-3. C'est le
régime qui décide en consultation avec ses participants de faire
ça et d'utiliser le surplus à cette fin. Ça ne peut avoir
effet qu'à partir du moment où le droit existe, et il va exister.
Maintenant, ce que vous dites, c'est: Pourquoi la loi n'a pas été
adoptée le 2 janvier 1991?
Mme Marois: C'est ça. Pas nécessairement le 2
janvier, mais elle aurait pu venir devant nous au printemps 1991 de telle sorte
qu'on puisse immédiatement faire bénéficier les gens qui
étaient concernés, qu'ils puissent bénéficier des
modifications apportées au régime par la loi.
M. Johnson: On est en bout de piste. On n'est pas la seule
étape; on est la dernière étape, ici. Même à
la CARRA, la Régie des rentes, il y a un processus de consultation et de
mise sur pied du côté des régimes. Ils doivent aller
à la Régie des rentes qui regarde ça avec les centaines
d'autres régimes. La Régie des rentes nous a écrit le 5
février 1992.
Mme Marois: Ah bon! D'accord.
M. Johnson: Elle a écrit au CHUL, pardon, pour dire: Bon,
les changements rencontrent les exigences de la Régie. Ça, c'est
en février 1992.
Mme Marois: Alors, la Régie, avant qu'elle s'assure que
c'était conforme à la Loi sur les régimes
complémentaires et donc autorise que ces changements soient inscrits au
régime, elle ne l'a fait qu'en février 1992.
M. Johnson: Le 5 février 1992. Ça fait quatre
mois.
Mme Marois: Alors, on va se tourner vers la Régie, votre
collègue responsable de la Régie, et lui dire... Il faudrait leur
demander d'accélérer à l'avenir.
M. Johnson: Le cas échéant.
Mme Marois: Je comprends que ça reste quand même
complexe et exigeant.
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 11 est
adopté?
M. Johnson: Adopté.
Mme Marois: II sera... Oui, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Camden): Adopté. Je vous remercie.
J'appelle l'article 12.
M. Johnson: Entrée en vigueur le jour de la sanction, M.
le Président.
Mme Marois: Ça va, M. le Président. Le
Président (M. Camden): Adopté. Mme Marois: Comment
peut-on s'opposer?
Le Président (M. Camden): Alors, est-ce que le titre du
projet de loi est adopté?
M. Johnson: Adopté. Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. Est-ce que le
projet de loi dans son ensemble, tel qu'amendé...
Mme Marois: Juste un instant, M. le Président. Non, ce
n'est pas... C'est juste pour mon information à ce moment-ci. On a dit -
c'est maintenant que je m'en rends compte: «pour certains employés
de la Commission des écoles catholiques» et «pour certains
employés du Centre hospitalier». Est-ce que l'entente,
c'est-à-dire le régime est libellé comme ça, dans
les faits: «pour certains employés»?
M. Johnson: Oui. C'est comme le régime de retraite de
certains enseignants.
Mme Marois: D'accord. À ce moment-là, on sait
à quoi cela réfère.
M. Johnson: C'est un groupe à l'intérieur des
employés. Les autres sont dans le RREGOP, je présume.
M. Sanschagrin: Dans le RREGOP. M. Johnson:
Évidemment.
Mme Marois: On n'a pas jugé bon de le nommer autrement,
parce que c'était la façon la plus facile de l'identifier. C'est
parce que ça fait un peu drôle quand on lit ça, «pour
certains». Suis-je dans les certains ou ne le suis-je pas?
M. Johnson: Ça n'a pas dû commencer sous ce
nom-là.
Mme Marois: J'imagine que non, quand même.
M. Johnson: Ça devait être le régime de
retraite des employés du CHUL.
Mme Marois: Des employés du Centre hospitalier de
l'Université Laval.
M. Johnson: tout à coup, évidemment, le rregop
entre en vigueur et tout le monde va dans le rregop. alors, on change le nom de
l'ancien régime et ça devient un régime pour
«certains employés».
Mme Marois: Oui, parce que tous les autres étant
passés au RREGOP...
M. Johnson: La masse des employés étant au RREGOP,
évidemment.
Mme Marois: Ça va. Alors, le titre est adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté? Très bien.
Le projet de loi dans son ensemble, tel qu'amendé, est-il
adopté?
Mme Marois: II est adopté, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Adopté. Est-ce que vous
avez des commentaires?
Remarques finales Mme Marois: Très brièvement.
Le Président (M. Camden): Oui, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Je vais souligner, évidemment, l'excellent
travail de la CARRA et de ses représentants et leurs explications
toujours très claires. Je dois faire remarquer que, cette fois-ci,
contrairement à d'autres fois, les papillons furent exceptionnels, et
même il n'y a eu qu'un papillon, si je ne m'abuse, ce qui veut dire que,
parfois aussi, le temps que l'on met à préparer un projet de loi
donne de bons résultats, M. le Président. Alors, je remercie les
gens de la CARRA et les membres de la commission.
Le Président (M. Camden): M. le ministre?
M. Johnson: Je joins ma voix à celle de notre
collègue pour remercier les collègues qui nous ont
accompagnés aujourd'hui. Je vous
remercie, M. le Président, c'était parfait. Je veux
remercier nos collaborateurs, évidemment, et nos collaboratrices qui
nous assistent dans ces tâches, je le répète, en
matière de régimes de retraite, très complexes parce que
très techniques.
Le Président (M. Camden): Alors, je remercie tout le monde
de sa collaboration. Sur ce, nous suspendons nos travaux jusqu'à 15
heures alors que la commission débutera l'étude du projet de loi
32, loi concernant les valeurs mobilières.
(Suspension de la séance à 12 h 47)
(Reprise à 15 h 8)
Projet de loi 32
Le Président (M. Camden): Nous allons procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 32, Loi
modifiant la Loi sur les valeurs mobilières. M. le secrétaire,
avons-nous des remplacements annoncés?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Gobé
(LaFontaine) remplacera M. Chagnon (Saint-Louis).
Le Président (m. camden): merci, m. le secrétaire.
est-ce que, mme la ministre, vous avez des remarques préliminaires dont
vous voulez nous faire part ou à déposer?
Remarques préliminaires Mme Louise
Robic
Mme Robic: Oui, M. le Président, quelques petites
remarques préliminaires. Je pense que je vais vous faire part de ces
remarques.
M. le Président, ce projet de loi a pour objet de modifier la Loi
sur les valeurs mobilières afin de préciser l'application de
certaines dispositions, d'enchâsser une pratique courante et d'augmenter
les amendes. Nous proposons donc des mesures concrètes qui
répondent à des besoins immédiats. Ce projet fait partie
intégrante d'une démarche de réflexion, amorcée
lors de mon arrivée en poste à titre de ministre
déléguée aux Finances, qui vise principalement à
offrir une meilleure protection au public épargnant.
Nous proposons aux membres de cette assemblée qu'une hausse
significative des amendes soit adoptée. Sans être excessive, cette
hausse vise à augmenter leur force dissuasive tout en ajustant les
montants en fonction de l'inflation. Il est à noter qur les amendes
n'ont pas été révisées depuis 1982. Nous proposons
que les amendes générales soient doublées et que celles
touchant les infractions reliées à l'utilisation d'informations
fausses ou trompeuses passent dp 100 0C0 $ à 1 000 000 $. Cette
dernière modification vise à tenir compte de I'import2ncc des
opérations qui peuvent donner lieu à ces infractions. (15 h
10)
Le projet de loi 32 vient aussi préciser quelques dispositions de
la Loi sur les valeurs mobilières. En conséquence, nous proposons
un resserrement de certaines dispenses déjà en vigueur dans la
loi. Ces cas tiennent soit à la nature des titres placés, soit
à la nature du placement. Cependant, m'inspirant de la volonté de
resserrer les conditions des dispositions de prospectus afin de protéger
le plus possible le futur épargnant, je suggère aux membres de
cette commission de resserrer celle qui permet de faire un placement sans
prospectus, conditionnel-lement à un coût total de souscription de
150 000 $ et plus.
M. le Président, on a vu apparaître des montages où
on se servait de cette dispense pour proposer des titres à des
particuliers en mettant à leur disposition un financement
représentant la plus grande partie de cette somme exigée par la
loi. Ces gens croient que leur engagement est limité à leur mise
de fonds initiale, alors qu'ils engagent leur responsabilité pour la
totalité de la somme souscrite. La modification proposée
permettra de subordonner cette dispense à des conditions qui feront en
sorte que la dispense soit utilisée conformément à
l'esprit dans lequel elle a été établie, soit ne pas
alourdir le processus, considérant ledit montant souscrit.
L'autre modification touche la dispense qui permet de faire un placement
sans prospectus de titres comportant droit de vote, à la condition que
le nombre de porteurs de titres, après le placement, ne soit pas
supérieur à cinq. Ainsi, la Commission veut éviter des cas
où l'on pourrait modeler un projet immobilier de manière à
le scinder en de nombreuses unités dont chacune constituerait l'actif
d'une société, permettant ainsi de placer auprès du public
les titres de ces sociétés. Il s'agit d'un abus potentiel de
l'utilisation de cette dispense, puisqu'on pourrait l'invoquer afin de
réaliser un placement auprès de plus d'une centaine
d'épargnants, et le montage so«js forme de sociétés
distinctes serait artificiel dans la mesure où les titres de chacun
seraient liés à la réussite de l'ensemble du projet.
Nous proposons enfin, M. le Président, afin d'éviter cet
abus potentiel, de reprendre le mécanisme prévu à
l'article 47, c'est-à-dire de ne permettre cette dispense que dans la
mesure où le promoteur de l'opération ne s'en est pas
prévalu au cours des 12 derniers mois.
Dans un autre ordre d'idées, nous proposons également que
la CVMQ puisse être saisie directement par un initiateur qui conclut avec
d'autres personnes des conventions accessoires à l'occasion d'une offre
publique, afin qu'elle puisse ?e oror.cncer sur la légitimité
desdites conventions sans être obligée de traiter l'affaire
comme un cas de dérogation au principe de l'acte de traitement,
il va de soi que cette modification n'entrave pas le pouvoir que possède
la CVMQ d'accorder des dispenses au principe de l'égalité de
traitement dans les cas où elle estime qu'elle ne porte pas atteinte
à la protection des épargnants.
Dans la recherche de l'autofinancement de la Commission, nous sommes
venus à la conclusion que les utilisateurs devaient, en toute
équité pour le contribuable québécois, contribuer
à son financement. Le projet de loi 32 introduit un nouveau pouvoir
réglementaire qui confirme l'habilitation légale du gouvernement
à prescrire un droit sur les transactions sur les valeurs
mobilières. Les droits perçus devraient, dans toute la mesure du
possible, couvrir les dépenses qu'entraîne l'application de la loi
et ils devront être perçus auprès de tous ceux qui
bénéficient de ce système de réglementation des
valeurs mobilières.
M. le Président, au cours des derniers mois, la question s'est
posée aussi, à savoir si la justice disciplinaire rendue par les
organismes d'autoréglementation des valeurs mobilières ne devait
pas l'être de façon aussi publique et accessible que celle rendue
par les corporations professionnelles. Nous avons conclu par l'affirmative, et
c'est pourquoi nous nous proposons de rendre publiques toutes les
séances où des affaires disciplinaires seront entendues, sauf si
le huis clos, l'interdiction de publication ou de diffusion de renseignements
ou de documents sont requis dans l'intérêt de la morale ou de
l'ordre public.
M. le Président, voici un bref survol des modifications que nous
proposons par le biais du projet de loi 32. Venant répondre à des
besoins immédiats - et je dis bien «immédiats» - ce
projet de loi fait partie d'un processus amorcé il y a quelques
années. C'est une suite logique, une étape additionnelle dans la
modernisation de notre législation. C'est mon intention de faire en
sorte de continuer à agir d'une façon responsable, M. le
Président, afin d'atteindre les objectifs d'une protection maximale des
épargnants.
M. le Président, le Québec dispose d'un secteur financier
qui se distingue par son originalité et son dynamisme. Notre
législation et l'esprit novateur des divers intervenants ont fait en
sorte que le Québec a toujours un rôle de premier plan. Nous avons
d'ailleurs l'intention de conserver cet esprit innovateur, étant
cependant conscients des grands changements qui s'opèrent à
travers le monde et de l'importance pour nous de nous harmoniser le plus
possible pour pouvoir faire, justement, affaire partout à travers le
monde. On est à une étape, non pas de grandes réformes, M.
le Président, mais à une étape où on doit se
pencher de plus en plus sur la sécurité des épargnants et
la solidité de nos institutions financières. Ces deux constats
nous demandent d'être de plus en plus vigilants et de travailler de plus
en plus en étroite collaboration, non seulement avec le reste du Canada
mais avec les instances internationales, ce qui n'appelle pas
nécessairement des conférences de presse ou des
communiqués de presse, M. le Président, mais ce qui appelle
l'efficacité.
M. le Président, le projet de loi 32 que nous avons devant nous
contribue, à sa manière, à ne pas remettre en cause ces
acquis. Il vise à assumer une plus grande protection des
épargnants, tout en fournissant l'efficacité du marché des
valeurs mobilières et le développement économique du
Québec. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Candem): On vous remercie, Mme la
ministre. M. le député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Oui, M. le Président. Peut-être
qu'à ce moment-ci il serait intéressant de faire un certain
nombre de remarques préliminaires. Et, je l'annonce
immédiatement, je vais peut-être revenir sur un certain nombre
d'éléments sur lesquels j'ai eu l'occasion d'élaborer
à l'occasion du discours de deuxième lecture au salon bleu.
M. le Président, effectivement, la ministre nous présente,
d'une part, ce projet de loi 32 comme s'inscrivant dans une suite logique, une
démarche cohérente et complète qui l'a amenée
à réviser, depuis qu'elle exerce ses responsabilités de
ministre déléguée aux Finances et de responsable de
l'application de la loi... Elle nous indique qu'elle a amorcé un
processus de révision de la Loi sur les valeurs mobilières qui
l'a, entre autres, amenée à proposer, en 1990, si ma
mémoire est exacte, l'adoption du projet de loi 101 qui venait, dans un
premier temps, modifier la Loi sur les valeurs mobilières. Chose
intéressante, l'Opposition a souscrit à l'adoption de ce projet
de loi, quoiqu'en exprimant un certain nombre de réserves sur certaines
dispositions qu'il contenait.
Et voici qu'aujourd'hui, deux ans plus tard, à peu près,
nous nous retrouvons pour étudier un projet de loi qui vient, encore une
fois, modifier la Loi sur les valeurs mobilières. Et, derrière
tout ça et en filigrane, on remarque, bien sûr, l'arrivée
prochaine du rapport quinquennal sur la Loi sur les valeurs mobilières,
prévu, en vertu de la loi, si je ne m'abuse, pour 1993, mais que la
ministre a annoncé qu'elle devancerait, compte tenu des discussions et
aussi du débat qu'a suscité l'intervention du Protecteur du
citoyen dans ce qu'il est maintenant convenu d'appeler l'affaire
Paré.
Donc, je ne sais pas si cette démarche est cohérente. Je
ne sais pas si elle s'inscrit dans une démarche de révision
longuement mûrie et longuement pensée. Quant à moi, je
crois que ce
sont surtout des impératifs financiers qui amènent la
ministre à proposer des modifications à la Loi sur les valeurs
mobilières, particulièrement en ce qui a trait au dernier article
qui semble, lorsqu'on le lit, peut-être un peu insignifiant, mais qui
aura un certain nombre de conséquences importantes. Je fais
référence à l'article 16, où, à son
troisième alinéa, on vient «prescrire les droits exigibles
de l'épargnant à l'occasion d'une opération sur valeurs
ainsi que les modalités de perception et de remise à la
Commission de ces droits». Donc, on peut certainement concevoir les
intentions du gouvernement et de la Commission des valeurs mobilières du
Québec, dans une perspective qui l'amènera certainement à
augmenter son niveau d'autofinancement, à prescrire des droits qui
seront demandés, finalement, à ceux et celles qui transigent sur
le marché des valeurs mobilières.
Ceci étant dit, je dois, d'une part, préciser dès
le départ que nous demanderons un certain nombre de précisions
quant à la portée de cet article-là. Je pense qu'il ne
faudrait pas que cette disposition soit assimilée à une taxe
qu'on pourrait appeler régressive et que nos règlements qui
seraient adoptés en vertu de cette loi-là prescrivent, par
exemple, le même montant pour chacune des transactions ou pour chaque
type de transactions. Je pense qu'il serait intéressant, par exemple, de
distinguer si c'est un simple individu qui transige sur le marché. Il
faudrait distinguer aussi si ce sont des partenaires institutionnels qui
négocient sur le marché ou si, par exemple, ce sont des
transactions qui se font par blocs. Donc, je pense qu'il faudra, dès le
départ, camper cette préoccupation et s'assurer que ça ne
soit pas au petit investisseur, qui, lui, peut être appelé de
temps à autre à faire des transactions sur le marché,
à porter le fardeau de ces nouveaux droits. À cet égard,
il faudra prendre toutes les précautions nécessaires pour
s'assurer que cette disposition ne soit pas assimilée à une taxe
régressive, c'est-à-dire qu'on impose le même montant, peu
importe le volume, par exemple, ou peu importe le type de transaction qui est
effectué sur le marché. (15 h 20)
Donc, j'en étais à vous expliquer, M. le Président,
que, quant à nous, il est clair que, malgré les arguments que la
ministre invoque - c'est sa façon de voir les choses, on peut en
convenir, on peut aussi en disconvenir - je vais préciser
immédiatement que ce ne sont pas les soucis, qui animent la ministre, de
protection du public et d'harmonisation - ce grand discours
généreux sur l'harmonisation. Je pense que ce ne sont pas ces
préoccupations, pas plus que celle de la protection du public, qui sent
les véritables motifs qui amènent le gouvernement libérai
à proposer des modifications à la Loi sur les valeurs
mobilières. Ce sont, ci'abord et avant tout, des considérations
d'ordre économique.
Et, à cet égard, nous ne pouvons échapper, lorsque
nous discutons du financement de la Commission des valeurs mobilière^ du
Québec, à la réalité de l'autofinancement. Je peux
souscrire à cet objectif qui amène la Commission, dans un souci
d'efficacité et d'efficience, dans un souci, aussi, d'appliquer à
la lettre et correctement le mandat qui est le sien, qui est défini dans
la loi, à chercher à augmenter son financement. Je pense que le
rapport - ce qu'il est maintenant convenu d'appeler le rapport Mallette -
démontre bien jusqu'à quel point il y a des besoins importants.
Mais la question se pose, à savoir: Que va-t-il arriver de ces revenus
que la Commission va aller chercher dans le public? Il ne faudrait certainement
pas qu'il y ait un effet d'éviction et que le gouvernement baisse pour
autant sa contribution à la Commission des valeurs mobilières du
Québec. Et, plus particulièrement, si jamais, un jour, la
Commission en venait à obtenir un taux d'autofinancement
supérieur à 100 %, il faudrait bien s'assurer que cet argent
reste au bénéfice de la Commission des valeurs mobilières
et ne soit pas, comme c'est le cas pour l'Inspecteur général des
institutions financières, retourné au fonds consolidé.
Parce que la conclusion qu'un observateur serait tenté de tirer, c'est
qu'il s'agit, une fois de plus, d'une espèce de taxe indirecte qui sert
à financer... De façon bien contournée et pas toujours
très claire ni très transparente, ça pourrait devenir un
nouveau mécanisme qui servirait à financer le gouvernement et
à financer des activités qui n'ont rien à voir avec les
valeurs mobilières.
Donc, une autre préoccupation, je crois, qu'il est important de
camper immédiatement, et une préoccupation qui est d'autant plus
pertinente, je crois, qu'on a vu de quelle façon le gouvernement
procédait à cet égard... Malgré un taux
d'autofinancement de 170 %, l'Inspecteur général des institutions
financières a toujours des problèmes à obtenir le
personnel qu'il demande et est soumis aux mêmes règles
administratives que n'importe quel autre organisme. C'est un plaidoyer à
la fois pour le président de la Commission des valeurs mobilières
du Québec et l'Inspecteur. C'est des parallèles, un peu le
même genre d'organismes, qui oeuvrent, bien sûr, dans des secteurs
différents, mais je pense que nous savons tous que les présidents
de ces deux organismes revendiquent une plus grande autonomie au niveau de leur
administration. Ils pourraient être soumis à des règles
plus souples qui, entre autres, pourraient leur permettre d'augmenter
l'efficacité du système de dotation et aussi d'offrir des
salaires qui soient concurrentiels avec ceux de l'entreprise privée. Il
faut savoir qu'il y a un taux de roulement qui peut être parfois assez
élevé. Lorsqu'il y a des compétences qui se
développent au se'n de ia Commission, souvent, ce qui arrive, c'est que,
une foie "Qs compétences acquises, les individus, les
employés de la Commission - à juste titre,
parce que ce sont les règles du marché qui, finalement,
s'appliquent - se retournent vers le privé et se retrouvent dans des
situations d'emploi qui peuvent être plus intéressantes que celles
offertes par le réseau public. Donc, c'est un problème de fond.
Je pense qu'il faut en discuter. Et il faudra aussi, dans la mesure où
la Commission en viendrait à un taux d'autofinancement supérieur
à 100 %, se questionner sur cet argent-là, sur l'utilité
de cet argent-là. On pourrait peut-être penser à un fonds
qui pourrait servir à la discipline des courtiers. Je ne sais trop quel
mécanisme pourrait être retenu, mais nous tenons à plaider
pour que cet argent demeure au bénéfice de l'industrie dans son
ensemble. Donc, M. le Président, j'en étais à la
deuxième considération qu'il était important de camper
à ce moment-ci.
Je me permettrai aussi de souligner un certain nombre d'autres
interrogations qui ne sont pas contenues au projet de loi. Lorsqu'on discute du
projet de loi, je pense qu'il peut être intéressant de discuter
des propositions qu'on nous présente et qu'on nous soumet, mais qu'il y
a aussi lieu de faire un pas de plus et de regarder ce qui a justifié le
fait qu'on procède uniquement de cette façon, par étapes,
sans, à mon avis, grande planification. La ministre prétend le
contraire et dit que ça s'inscrit dans une longue démarche, dans
une réflexion, dans une suite logique, dans une intervention
cohérente qui l'amènera bientôt à déposer le
rapport quinquennal.
Je pense qu'il y a un certain nombre de problèmes de fond qui ont
été adressés par le Protecteur du citoyen, dans son
rapport concernant le groupe Paré, qui l'amènent à poser
un certain jugement sur la pertinence de certaines dispositions
législatives, sur la bonification de certaines dispositions
législatives qui devraient être retenues par la commission. Je
remarque qu'un certain nombre de ses recommandations se retrouvent dans le
projet de loi, particulièrement en ce qui a trait à la date pour
la fin d'un placement. C'est une modification à l'article 33 de la Loi
sur les valeurs mobilières qui, je pense, avait fait l'objet de
discussion par le Protecteur du citoyen. Mais vous conviendrez rapidement qu'il
y a d'autres éléments de réflexion qui ont
été amenés, présentés par le Protecteur du
citoyen et dont, d'aucune façon, le projet de loi 32 ne fait
écho. Donc, c'est un autre élément sur lequel je pense
qu'il était important d'intervenir à ce moment-ci.
Je dois, avec ces réserves, indiquer que l'Opposition souscrit -
puisque c'est la démarche qu'ont choisie le gouvernement et le ministre,
de procéder comme ça, un peu à la pièce - au
principe du projet de loi. On ne souscrit pas nécessairement à la
démarche. On aurait préféré, de beaucoup, que le
rapport quinquennal soit déposé d'ici la fin... Il aurait pu
être déposé, par exemple, d'ici la fin juin, et on aurait
pu, par exemple, à l'été, procéder à des
auditions, comme c'est le cas pour un rapport quinquennal. La ministre nous dit
qu'il sera déposé au mois de juillet, mais je trouve ça
quand même assez bizarre qu'on...
Mme Robic: Alors, vous auriez aimé ça qu'on en
discute le 15 juillet?
M. Boisclair: Ah bien! moi... À la convenance du leader du
gouvernement. Je pense qu'il est de pratique reconnue que, souvent, on puisse
déposer des éléments de politique à la fin de la
session. Mais je ne parle pas nécessairement du mois de juillet, je
parte du mois d'août ou du mois de septembre; la Chambre reprend
seulement à la mi-octobre. À cet égard, nous aurions pu
tenir des consultations particulières au mois de septembre, ou
même début octobre, pour nous permettre, finalement, d'atteindre
un des objectifs qui sont fixés dans la Loi sur les valeurs
mobilières, qui est d'étudier la pertinence des dispositions
législatives à tous les cinq ans. C'est une disposition qu'on
retrouve dans l'ensemble des lois qui traitent des institutions
financières.
Discussion générale
Donc, je m'arrêterai ici, M. le Président, à ce
moment-ci. J'aimerais poser un certain nombre de questions, si la ministre le
permet, des questions peut-être plus générales, entre
autres: Sur le rapport quinquennal, quelles sont ses intentions? Qu'est-ce qui
est à prévoir dans un avenir rapproché, et...
Mme Robic: M. le Président, je suis tout à fait
d'accord avec certaines des remarques du député de Gouin. C'est
bien sûr qu'on a un projet de loi devant nous, qui est là parce
qu'on tend à faire s'autofinancer la Commission. Je pense que tous les
organismes d'autoréglemen-tation - si vous regardez les organismes que
l'on a créés - s'autofinancent. La Commission, l'an dernier, a
dû recourir au fonds consolidé du gouvernement pour 2 000 000 $.
Alors, on croit que la Commission doit faire comme tout autre organisme et
s'autofinancer. Et ce projet de loi là nous permet d'atteindre cet
objectif.
Donc, pour nous, c'est un projet qui ne peut pas attendre, bien
sûr, si on veut pouvoir faire en sorte que la Commission puisse embaucher
le personnel qu'il lui a été permis d'embaucher. Et,
là-dessus, c'est vrai, je l'admets. Mais il faudra que, vous,
également, vous admettiez qu'on en profite pour monter certaines amendes
qui sont importantes. Oui, c'est au niveau de la protection du public que l'on
fait ça.
Quant au rapport quinquennal, vous savez, M. le député, un
ministre n'a que 24 heures par jour, comme tout le monde, sept jours par
semaine. Vous aurez à discuter du rapport quinquennal sur les
fiducies. Nous sommes en consultation, et il y aura un rapport quinquennal sur
les fiducies. Le rapport quinquennal sur la Commission des valeurs
mobilières n'est dû qu'en 1993. C'est peut-être un peu comme
les élections, ça ne donne rien d'aller trop vite
là-dedans. Mais ce que je veux faire, cependant - il faut prendre tout
le temps - c'est une plus large consultation sur le rapport quinquennal sur les
valeurs mobilières, pour permettre à des personnes de se
présenter devant nous et être sûrs que les amendements que
l'on fera à la loi, ou les changements que l'on fera à la loi
soient justement de nature à répondre à des besoins. Et
cette consultation nous permettra également d'élargir, si vous
voulez... pas d'élargir, mais de faire en sorte que l'on puisse discuter
de la loi d'une façon plus large, a ce moment-là. Eh oui! viendra
un autre projet de loi, bien sûr, mais on croit que ce que l'on
amène aujourd'hui est assez important. On sait que c'est un petit projet
de loi. Oui, j'aurais aimé mieux pouvoir l'amener avec un projet de loi
global et, ensuite, un rapport quinquennal, mais on pense que c'est important,
ce que l'on fait aujourd'hui. Je vous remercie de le reconnaître et de
nous appuyer dans le projet de loi. (15 h 30)
M. Boisclair: Est-ce que je peux, M. le Président, avec
votre autorisation, demander un certain nombre de choses? La ministre
s'était pourtant engagée à devancer le dépôt
du rapport quinquennal.
Mme Robic: Oui.
M. Boisclair: Je me souviens d'un discours en Chambre. Je crois
même que vous l'aviez promis pour le mois de juin.
Mme Robic: Non, non, l'automne. M. Boisclair: Pour
l'automne.
Mme Robic: Oui, l'automne. La consultation débutera
à l'automne. Là, nous sommes en consultation pour le rapport
quinquennal sur les fiducies.
M. Boisclair: Donc, à l'automne, on devrait avoir le
dépôt du rapport quinquennal.
Mme Robic: À l'automne, oui, le début des
consultations sur le rapport quinquennal.
M. Boisclair: Sur les valeurs mobilières, à
l'automne.
Mme Robic: Sur les valeurs mobilières.
M. Boisclair: À l'automne. Est-ce que ja peux demander
aussi si vous avez réfléchi sur rettfi problématique que
je soulève, qui, je crois est pertinente? Si la Commission atteint un
niveau d'autofinancement supérieur à 100 %, est-ce que la
ministre - et je suis convaincu qu'elle partage cette préoccupation - va
s'assurer, par des dispositions - soit législatives ou
réglementaires; c'est aux officiers du ministère de trouver la
réponse - que cet argent-là reste au bénéfice de la
Commission des valeurs mobilières?
Mme Robic: Alors, je pense que, ça, ça pourrait
faire partie d'une discussion plus large au moment de la consultation sur le
rapport quinquennal. Je pense que c'est quelque chose de fond, et on pourra en
discuter à ce moment-là.
M. Boisclair: En tout cas, vous connaissez mon point de vue
là-dessus. Je l'ai exprimé; je ne voudrais pas y revenir.
Mme Robic: D'accord.
M. Boisclair: Le niveau d'autofinancement, à l'heure
actuelle, est de combien? Parce que j'avais demandé, aux crédits,
un certain nombre de chiffres qui ne m'ont pas été fournis, des
projections financières de la Commission, entre autres, et son niveau
d'autofinancement à l'heure actuelle. Il y a un nouveau
règlement. Est-ce qu'il est en vigueur, ce nouveau règlement?
Mme Robic: Non, ça me prend ça... M. Boisclair: il
va être habilité par la loi? Mme Robic: C'est
ça.
M. Boisclair: Parce que le règlement qui a
été en consultation, que vous avez publié, sur lequel...
Vous prenez la loi? Ah oui! Bien, est-ce qu'on pourrait m'expliquer? Parce que
le règlement a été publié, on en a discuté,
il avait un pouvoir habilitant. Le pouvoir habilitant existait
déjà dans la loi.
Mme Robic: Oui. On nous dit, cependant, que ça pourrait
être contesté. C'est pour ça qu'on s'assure qu'il ne pourra
pas être contesté. C'est une police d'assurance. Nous, on croit
que oui, mais...
M. Boisclair: Je comprends très bien qu'une disposition
législative a encore plus de force qu'une disposition
réglementaire...
Mme Robic: C'est ce que l'on fait.
M. Boisclair: ...ça, j'en conviens très bien, sauf
que les règlements sont toujours pris en vertu d'une loi habilitante. La
loi habilitants, dans ce cas-ci, c'est la Loi sur les valeurs mobilières
qui, depuis toujours, à ce que je sache, permet à ia Commission
de prescrire un
certain nombre de droits aux membres de l'industrie, entre autres,
lorsqu'on émet un prospectus, lorsqu'il y a une inspection. La liste est
longue. Je ne vois pas ce qui viendrait soudainement modifier le portrait et
qui ferait que la Commission ne puisse pas... Est-ce que la Commission a perdu
son pouvoir d'imposer des tarifs?
Mme Robic: Vous avez raison sur les droits. Certains droits sont
déjà reconnus dans la loi, mais les droits perçus sur les
transactions, on nous disait que ça pourrait être remis en cause.
On nous disait que, oui, on pouvait le faire, mais en regardant la loi on nous
a dit que ça pourrait être contesté. Alors, on veut
s'assurer que ça ne puisse pas être contesté.
M. Boisclair: Uniquement si vous faites référence
aux transactions, particulièrement au dernier article du projet de loi,
celui que j'ai lu tout à l'heure, qui permettra à la Commission,
dorénavant, d'imposer...
Mme Robic: Est-ce qu'il y a d'autres transactions? Est-ce que je
peux passer la parole...
M. Boisclair: Au sens de transactions, vous parlez bien de...
M. Fortugno (Paul): C'est seulement les transactions portant sur
les opérations boursières.
Le Président (M. Camden): Pourriez-vous vous identifier,
s'il vous plaît?
M. Fortugno: Oui, Paul Fortugno de la Commission des valeurs
mobilières. Oui, c'est seulement la disposition portant sur les droits
de transaction sur le marché secondaire, l'article 27.1. Pour plus de
précisions, pour être certain que l'habilitation de passer le
règlement ne soit pas contestée, vous avez devant vous...
M. Boisclair: L'article qui habilite.
M. Fortugno: ...l'article 16 qui permet de le faire.
M. Boisclair: On me donne donc raison de dire que les principaux
motifs qui amènent la ministre à déposer ce projet de loi
sont surtout des impératifs d'ordre économique. À cet
égard, je peux concevoir qu'on en profite pour augmenter un certain
nombre d'amendes, mais les véritables raisons de la ministre, ce sont,
bien sûr, des considérations d'ordre économique.
Mme Robic: Et je n'ai pas honte de le dire.
M. Boisclair: Le taux d'autofinancement de la Commission,
à l'heure actuelle, est de com- bien?
Mme Robic: C'est un budget d'approximati-vement 10 000 000 $.
M. Boisclair: À peu près, là, je vous
demande...
Mme Robic: Alors, 72 %.
M. Boisclair: Avec le nouveau règlement qui a
été publié dans votre bulletin, et avec un certain nombre
d'autres dispositions législatives, pensez-vous l'amener à 100 %
dans une période assez rapide?
M. Fortugno: Oui, à 100 %. La perception des droits
prévus par règlement entrera en vigueur vers la mi-août -
le règlement portant sur les transactions. Les intrants pour
l'année d'exercice 1992-1993 seront suffisants pour majorer le budget de
la Commission afin qu'elle s'autofinance à 100 %.
M. Boisclair: Je m'excuse, M. le Président. D'ici cinq
ans, vous avez dit?
M. Fortugno: Non. Ce que j'ai dit, c'est que la disposition
portant sur les droits de transaction...
M. Boisclair: Oui.
M. Fortugno: ...est censée entrer en vigueur...
M. Boisclair: En août.
M. Fortugno: ...vers la mi-août...
M. Boisclair: Oui.
M. Fortugno: ...ce qui va permettre à la Commission, avec
les intrants que nous prévoyons et les délais que nous
prévoyons également, d'aller engager des ressources et, pour
l'année 1992-1993, la Commission pourra s'autofinancer à 100
%.
M. Boisclair: En 1992-1993, déjà à 100 %! Je
comprends que ce n'est pas un engagement de votre part, c'est un objectif vers
lequel vous tendez.
M. Fortugno: Oui.
M. Boisclair: Moi, à ce moment-ci, M. le Président,
je tiens à rappeler qu'il faut absolument prévoir - je suis
convaincu que la Commission, dans ce sens-là, a fait des
représentations à la ministre - la situation qui risque de se
produire, où la Commission va s'autofinancer à plus de 100 %.
Écoutez, si la Commission passe
d'un taux d'autofinancement, sur environ un an, de 72 % à 100 %,
il y aura, bien sûr, une progression rapide de ses budgets; on pourrait
peut-être parler d'accélération qui, certainement, au fil
des ans, va dépasser les 100 %. Qu'est-ce qu'on va faire de cet
argent-là? Est-ce qu'on va se servir, entre autres, des nouveaux droits
qu'on prescrit dans cette loi pour ceux qui transigent sur le marché
secondaire? Comment s'assurer que ça ne serve pas à financer le
gouvernement québécois? Il faudrait que ça reste soit dans
un fonds, soit dans... La question que je voudrais poser, finalement, c'est:
Est-ce que la Commission, à l'heure actuelle, a le pouvoir de
créer, par exemple, un fonds spécial dans lequel cet
argent-là pourra être verse? Si ma compréhension est juste,
le surplus des budgets doit automatiquement retourner au fonds
consolidé. C'est bien le cas?
Mme Robic: C'est juste, oui.
M. Boisclair: Et, ça, c'est le cas pour tous les
organismes, si je ne m'abuse.
Mme Robic: Tous les organismes. Bien, tous les organismes...
l'Inspecteur général et la Commission.
M. Boisclair: Je résume un peu nos discussions de tout
à l'heure. On convient qu'une des préoccupations importantes de
la ministre, c'était de permettre l'autofinancement. C'est une des
préoccupations qui l'amènent aujourd'hui à déposer
un projet de loi, alors qu'elle aurait bien pu attendre au rapport quinquennal.
Elle ne prend pas de chances. Elle veut, dans ce souci d'obtenir
l'autofinancement pour 1992-1993, déposer et adopter
immédiatement ce projet de loi. Mais je ne peux pas croire qu'on n'ait
pas profité de l'occasion pour réfléchir sur l'argent, que
je pourrais peut-être qualifier de supplémentaire, sur la
situation qui amènerait la Commission à se financer à plus
de 100 %. Il faudrait, à tout le moins, donner les pouvoirs
immédiats à la Commission de prendre cet argent-là et
qu'il serve soit à la discipline ou à des courtiers. C'est une
proposition que je fais. (15 h 40)
Mme Robic: M. le Président, comme je l'ai mentionné
tout à l'heure, je ne crois pas. En ce moment, la Commission est loin de
s'autofinancer. La Commission a obtenu des postes additionnels; pour qu'elle
puisse combler ces postes, elle doit s'autofinancer. C'est la condition que
j'ai mise et que, d'ailleurs, le Conseil du trésor a mise
également. Je crois que c'est ce que l'on fait avec le projet de loi, je
ne le cache pas. On en profite pour faire d'autres cnoses également,
pour protéger les épargnants. Mais, oui, et c'est tout a fait
normal qu'un organisme d'autorégle-mentation s'autofinance. Depuis des
années, le gouvernement paie une partie de la facture pour la Commission
des valeurs mobilières et, donc, c'est tout le monde qui paie cette
facture-là, même ceux qui ne se servent pas des services de la
Commission. Donc, on pense que c'est tout à fait normal, et je n'ai
aucun problème à défendre ça sur la place publique.
Mais il va y avoir une consultation qui va être faite à l'automne
sur le rapport quinquennal, et je pense que c'est là que doit se faire
ce débat-là, et non pas ici, aujourd'hui. Je ne suis pas
prête à le faire aujourd'hui, M. le Président.
M. Boisclair: En tout cas, on va...
Mme Robic: Alors, on pourrait peut-être...
M. Boisciair: ...procéder. L'article...
Mme Robic: 1?
M. Boisclair: ...1, M. le Président.
Mme Robic: Oui, d'accord. Merci.
Le Président (M. Camden): Avec plaisir, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: On reviendra sur ces discussions-là, parce
que vous conviendrez avec moi, M. le Président, que ce n'est pas
à l'occasion d'un rapport quinquennal qu'on va discuter de ces
questions-là; on va discuter des grandes orientations, de la structure,
de l'organisation logique qui sous-tend l'armature de la Loi sur les valeurs
mobilières, on va discuter d'un certain nombre de modifications qui ont
eu cours dans l'industrie, et aussi de ce qui se passe ailleurs, dans d'autres
gouvernements. La ministre ne me convainc pas en me disant qu'on discutera de
ça à l'occasion du rapport quinquennal. Ce ne sera pas la tribune
privilégiée pour discuter de ces choses-là. Et, au moment
de donner un pouvoir à la Commission d'aller percevoir un tarif ou des
droits auprès de ceux et celles qui transigent sur le marché
secondaire, il faudrait, à tout le moins, qu'on pousse le raisonnement:
il faut non seulement donner un pouvoir de taxation, mais i! faut aussi donner
des pouvoirs pour qu'elle puisse utiliser cet argent-là à des
fins qui ne seront pas celles de financer le déficit. Qu'est-ce que vous
voulez, on pourrait donner de nouvelles responsabilités à la
Commission des valeurs mobilières du Québec, à ce
moment-ci. Je parle de la discipline des courtiers; ça avait
été discuté, à l'époque. Je suis même
convaincu que les gens de la Bourse de Montréal seraient favorables
à une proposition semblable à celle-là.
Mme Robic: Alors, vous assumez bien des choses, M. le
député de Gouin. Peut-être qu'on peut passer à
l'article 1, M. le Président?
M. Boisclair: On va passer à l'article 1. On
reviendra sur cet article-là.
Étude détaillée Appel public
à l'épargne
Le Président (M. Camden): Maintenant, j'appelle l'article
1. Alors, vos commentaires à l'égard de l'article 1, Mme la
ministre.
Mme Robic: M. le Président, si vous me permettez, je
passerai la parole au président de la Commission des valeurs
mobilières.
M. Fortugno: Bon...
Le Président (M. Camden): Alors, M. Fortugno.
M. Fortugno: Merci, M. le Président. On ajoute à
l'article 33 un paragraphe qui permet de raccourcir la fin de la période
de placement. À l'heure actuelle, M. le Président, le placeur
peut enfreindre son obligation contractuelle dans le prospectus sans pour
autant enfreindre la loi. Et, à l'article 1, avec l'amendement que nous
apportons à l'article 33, maintenant, c'est clair dans la loi qu'il doit
respecter son obligation contractuelle. C'est le but de l'ajout que vous avez
à l'article 1, l'ajout apporté à l'article 33 de la
loi.
M. Boisclair: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: ...un premier commentaire. je ne referai pas le
débat que j'ai fait à l'occasion de l'étude des
crédits. je pense que je me suis fait comprendre clairement à ce
moment-ci, et là je suis très serein, aujourd'hui...
Le Président (M. Camden): Je l'ai remarqué,
d'ailleurs.
M. Boisclair: ...il fait beau dehors, et... Mais je trouve
ça déplorable. Ça n'a pas d'allure que ce soit le
président de la Commission des valeurs mobilières qui... Je
n'insisterai pas, là; je ne ferai pas une grande bataille et je n'en
discuterai pas pendant des heures, mais, moi, j'ai assisté, depuis deux
semaines, à environ cinq ou six commissions parlementaires. À
chacune des commissions, il y avait des ministres présents, leurs
officiers, les responsables des organismes. Chacun d'entre eux était
là, et accompagnait le ministre. À chacune des commissions, avec
le ministre... Je vous donne deux exemples: le député de
Vaudreuil, sur Innovatech, et le ministre Ryan, sur deux projets de loi.
À chaque occasion, c'est le ministre qui a défendu son projet de
loi et qui a expliqué les différentes dispositions.
Je comprends que, parfois, un ministre ne puisse pas être au
courant de toute la technique qui sous-tend l'organisation d'un projet de loi.
Je peux concevoir très bien que la présence des officiers est
requise, à ce moment-là, pour donner un certain nombre
d'informations supplémentaires, mais je veux tout simplement dire, M. le
Président, qu'il y a un principe fondamental, dans notre Parlement, qui
est celui de la responsabilité ministérielle. La proposition, la
pièce de législation que nous étudions, la proposition de
projet de loi, plutôt - pièce est un anglicisme - est
présentée par la ministre déléguée aux
Finances, et je crois qu'à ce titre, si on voulait être plus
respectueux et soucieux du processus parlementaire, il reviendrait à la
ministre d'expliquer et de motiver les articles qui sont dans le projet de loi
32. Je l'ai dit une fois, vous savez ce que j'en pense. Je ne voudrais pas
alourdir les travaux de cette commission, mais...
Le Président (M. Camden): Vos propos n'ont pas
été seulement entendus, mais notés.
M. Boisclair: ...surtout lorsqu'on pose des questions, lorsque
j'aurai à poser des questions - entre autres, j'en aurai quelques-unes
sur cet article - je pense que ce sont parfois des considérations
politiques qui amènent la présence d'un certain nombre d'articles
et je pense que c'est à la ministre de défendre les positions
politiques. Et c'est au président de la Commission des valeurs
mobilières de les appliquer; ce n'est pas à lui de les
définir. C'est a la ministre que revient cette
responsabilité-là.
Mme Robic: M. le Président, quand il y aura des
considérations politiques, vous pouvez être sûr que c'est
moi qui ferai valoir ces points-là, comme je l'ai toujours fait,
d'ailleurs. C'est un article qui est tout à fait technique, et je ne
vois aucun problème à ce que cet article-là soit
expliqué par le président de la Commission des valeurs
mobilières du Québec. On l'a déjà dit, quand il
s'agit de technique, on le passe aux techniciens, quand il s'agit de politique,
on le laisse aux politiciens. C'est la façon dont j'opère, puis
je ne vois aucun problème. L'important, c'est de comprendre le pourquoi
des articles du projet de loi.
M. Boisclair: Je comprends très bien, mais vous
conviendrez, M. le Président... Mais je ne veux pas entreprendre tout un
débat. Soyons sereins, aujourd'hui. Lorsqu'on discute de la taxe sur les
droits et divertissements, s'il y a quelque chose de plus technique qu'une loi
fiscale... Je pense qu'il n'y a pas d'autre législation qui peut
être plus technique qu'une loi qui traite de dispositions fiscales. Et
c'est le ministre qui, à chaque fois, à chacune des dispositions,
est venu les motiver, est venu les expliquer, est venu, même,
préciser parfois ce qui a justifié les
légistes d'utiliser tel mot plutôt qu'un autre. Je pense
que, si on veut être plus soucieux du processus parlementaire, c'est aux
ministériels de présenter des projets de loi et de les expliquer.
Ceci étant dit...
Mme Robic: M. le Président, chaque ministre a sa
façon de travailler, et vous pouvez être assuré que, quand
je signe un projet de loi, je sais ce qu'il y a dans mon projet de loi, je le
comprends et je suis d'accord avec, ou je ne signerais pas ce projet de loi
là.
M. Boisclair: II peut y avoir des pratiques différentes,
mais il n'y a qu'un seul règlement, M. le Président, il n'y a
qu'une seule tradition dans ce Parlement, et la tradition veut que ce soient
les ministres qui défendent les projets de loi. Alors, ceci étant
dit, M. le Président, procédons.
Le Président (M. Camden): Je voudrais peut-être
donner certaines indications et directives, et peut-être vous rappeler,
de part et d'autre, que, lorsque le député de Gouin s'exprime,
j'aimerais qu'on le laisse faire son temps aussi longtemps qu'il souhaitera le
faire. Et, en vertu du règlement, Mme la ministre, on vous donne
l'opportunité d'avoir votre réplique à ces commentaires
pendant les cinq minutes qui suivent. Pour le bon fonctionnement et le bon
déroulement des travaux de notre commission, il m'apparaît
souhaitable, et souhaité par celui qui assume la présidence
aujourd'hui, qu'on opère peut-être de cette façon.
Ça permettra probablement de connaître un cheminement. J'ai
très bien compris que le député de Gouin, aujourd'hui,
allait manifester une grande tolérance et également nous donner
son consentement à l'effet que le président de la Commission des
valeurs mobilières puisse formuler effectivement des commentaires
à l'égard des articles que nous aurons à étudier et
à considérer au cours des prochaines heures.
Alors, Mme la ministre, si vous avez des commentaires, nous sommes
disposés, maintenant, à les entendre.
Mme Robic: Alors, je m'excuse, M. le Président. J'ai
normalement beaucoup de respect pour le processus, mais je croyais qu'on
était dans un échange libre, à ce moment-ci. Alors, je
m'excuse si ce n'est pas ça Je me tais, et vous me donnerez la
parole.
M. Boisclair: Mais vous aviez mon consentement implicite, Mme la
ministre. Alors, le président l'avait sans doute compris. Donc, je
comprends très bien, à ce moment-ci, que, selon cette
disposition, le placement doit s'effectuer dans une période de 12 mois
après que le prospectus... C'est ce que la loi prescrit à l'heure
actuelle. C'est une période de 12 mois après que le prospectus
ait eu un visa ou une disposition semblable à celle-là. Ça
dépend aussi s'il y a eu un prospectus provisoire. L'article dit:
«Le placement d'une valeur doit prendre fin dans les 12 mois suivant la
date du visa du prospectus; toutefois, lorsqu'un prospectus provisoire a
été établi, le délai court à compter du visa
de celui-ci.» Donc, à partir du visa du prospectus provisoire.
Est-ce que je vous comprends bien en disant que des dispositions contractuelles
entre les parties, parfois, peuvent réduire ce délai-là,
et que vous voulez vous assurer que, à ce moment-ci, ce soit la
disposition contractuelle qui prime sur la disposition législative? Par
exemple, il pourrait y avoir... Le placement doit parfois s'effectuer dans une
période de six mois... (15 h 50)
Mme Robic: Je pense que le meilleur exemple de ça, c'est
un abri fiscal, où vous avez une période plus courte que 12 mois,
et ça doit se terminer avec la fin de cette période-là et
non pas s'extensionner au-delà.
M. Boisclair: Comment la Commission procède-t-elle
à cette vérification? On sait, par exemple, que cette question de
période dans laquelle on peut procéder à l'émission
et au placement des titres a été soulevée par le
Protecteur du citoyen, entre autres dans le cas des Marronniers, si je ne
m'abuse. La période de placement s'était étendue sur une
période supérieure à celle qui avait été
prévue aux lois et aux règlements. Donc, à cet
égard, je vais tout simplement poser la question suivante à la
ministre, qui pourra la passer au président: Quel mécanisme est
utilisé par la Commission pour s'assurer du respect de cet article de
loi?
Mme Robic: M. le président de la Commission.
M. Fortugno: Si je comprends bien la question, vous demandez si
la Commission...
Le Président (M. Camden): M. Fortugno.
M. Fortugno: Merci, M. le Président. Vous posez la
question suivante: Est-ce que la Commission va suivre le placement une fois que
le visa aura été accordé?
M. Boisclair: Non, ce n'est pas ça que je demande. Je
relis mes notes, pour me faire bien comprendre. Le Protecteur du citoyen, dans
l'affaire des Marronniers, reprochait à la Commission non pas d'avoir
permis, mais d'avoir certainement, en tout cas, pris acte du fait que le
promoteur avait continué de vendre des titres après la date de
clôture qui était prévue au prospectus. On avait
recommandé à la Commission des valeurs mobilières du
Québec qu'elle voie à l'application stricte de l'article 94 du
règlement qui stipule, entre autres, que le promoteur doit faire rapport
dans les 15 jours
suivant la clôture du placement. À l'époque, la
Commission invoquait le manque de ressources pour justifier le fait qu'elle
n'avait pas vu à une application stricte de l'article 94 du
règlement. Alors, vous comprendrez très bien, M. le
Président, qu'on puisse se réjouir de la modification
apportée à l'article 33. On sait aussi qu'en 1992-1993 la
Commission va bénéficier de ressources supplémentaires.
Mais on veut tout simplement avoir l'assurance que l'article 94 du
règlement va, à tout le moins, être appliqué avec
toute la rigueur nécessaire.
Le Président (M. Camden): Est-ce que vous avez des
commentaires à formuler, M. Fortugno?
M. Fortugno: L'article 94 décrit une obligation qui
incombe à l'émetteur. Il appartient à l'émetteur de
faire rapport à la Commission que le placement a effectivement
été fait dans les 12 mois qui suivent la date du visa du
prospectus. La Commission, à l'heure actuelle, examine les rapports qui
sont soumis et elle suit les dossiers pour s'assurer qu'un rapport a
effectivement été déposé.
M. Boisclair: Je comprends que le président nous dise que
c'est une obligation qui est faite au promoteur de déposer un rapport;
ça, je le conçois très bien. Cependant, il y a des
problèmes qui ont été soulevés sur l'application de
l'article 94 du règlement, qui est justement cette obligation pour le
promoteur de faire rapport. Je n'ai pas le règlement devant moi - j'ai
demandé qu'on aille me le chercher - mais, de mémoire, c'est
l'article 94. Le Protecteur du citoyen a souligné le fait que la
Commission ne s'assurait pas toujours de l'application stricte de cet article.
Alors, qu'on vienne modifier l'article 33, soit, mais est-ce que la ministre ou
le président de la Commission peut aujourd'hui nous assurer qu'il a les
ressources nécessaires à sa disposition pour voir à
l'application stricte de l'article 33 de la loi et de l'article 94 du
règlement?
Le Président (M. Camden): M. Fortugno.
M. Fortugno: Ce que le Protecteur du citoyen invoquait comme
solution, c'est la possibilité que la Commission intente des poursuites
contre des gens qui ne respectent pas l'article 94 à la lettre, en
voulant dire: Si la personne n'a pas envoyé son rapport à
l'intérieur des 15 jours qui suivent la clôture du placement,
à la fin de l'année, la Commission devrait appliquer sa loi de
façon stricte et intenter des poursuites dans tous les cas.
M. le député de Gouin, avec tout respect et avec tout
égard pour l'institution du Protecteur du citoyen, le président
de la Commission des valeurs mobilières ne partage pas le point de vue
du Protecteur du citoyen, qu'il incombe à la Commission, sans
discrétion... d'intenter une poursuite de façon quasi automatique
lorsque la lettre d'une disposition réglementaire a été
enfreinte par un émetteur quelconque.
Nous examinons les dossiers d'une façon détaillée
et, bien sûr, lorsqu'un avocat de la Commission a à recommander
des poursuites contre quelqu'un, contre un émetteur qui a enfreint la
loi, il faut examiner tous les faits, toutes les circonstances, à savoir
si le délai n'a pas été respecté par une semaine,
deux semaines, un an. Il y a des cas où, bien sûr, ça
mérite une action définitive de la Commission, et la Commission
n'hésitera pas à intenter des poursuites lorsque le cas le
mérite. Mais il faut que les cas soient examinés selon leur
mérite, dossier par dossier.
M. Boisclair: Mais, je comprends qu'utiliser les dispositions
pénales prévues à la loi n'est peut-être pas le plus
pertinent, le moindrement que la Commission doit faire preuve d'un certain
jugement. Ça, je n'en disconviens pas. Cependant, la date de
clôture permet, si le placement n'a pas été effectué
au complet avant la date de clôture, donc à quelqu'un qui aurait
souscrit à l'achat de titres de les retirer et d'obtenir un
remboursement si le placement n'a pas été complètement
écoulé auprès des investisseurs institutionnels ou
privés, et ainsi de suite. Je présume que la Commission doit
parfois être prise, doit être obligée de statuer non pas sur
le respect d'un article comme celui qu'on propose ou non pas sur celui qui
existe à l'heure actuelle - je parle de l'article 33 - mais la
Commission doit, je présume, être obligée de statuer sur la
véritable date de la fin du placement, sans quoi on pourra se
questionner sur la possibilité ou non pour un investisseur de se retirer
puis d'obtenir un remboursement.
M. Fortugno: Si vous me permettez.
Le Président (M. Camden): M. Fortugno.
M. Fortugno: Dans la plupart des cas - et je dis que, dans plus
de 90 % des cas, c'est ce qui arrive - avant l'échéance du
délai, si l'émetteur n'a pas placé tous les titres, n'a
pas accompli son placement, son «closing», comme on dit, il doit
faire une requête au sein de la Commission pour demander la levée
de l'obligation et l'extension du délai. C'est à ce
moment-là que la Commission doit examiner le genre de titres dont il
s'agit. Si le délai implique des bénéfices, si vous
voulez, pour l'épargnant, des bénéfices fiscaux, nous
considérons, comme Commission, que c'est un délai qui est
beaucoup plus de rigueur. Il s'agit, dans certains cas, d'obliger
l'émetteur à retourner l'argent à l'épargnant,
parce que son placement n'a pas été fructueux.
Et ça dépend aussi du montant. Si le montant qu'on a
visé est de, par exemple,
10 000 000 $ et que, toutefois, l'émetteur a réussi, au
sein de la période qui lui est accordée, soit la période
plus courte qui est dans le prospectus ou la période statutaire de 12
mois, à placer 1 500 000 $ ou 2 000 000 $, dans ces cas-là, la
Commission va probablement juger que c'est peu sérieux et qu'il doit
retourner l'argent aux épargnants à cause que son placement n'a
pas été réussi. Toutefois, si le placement s'approche
beaucoup plus du 100 % du but visé, dans des titres qui ne sont pas des
titres avec des avantages fiscaux, la Commission sera portée à
accorder la requête pour extension de délai et à lui donner
quelques mois de plus afin de parfaire le placement, sans recommencer un
nouveau prospectus et une nouvelle émission. (16 heures)
M. Boisclair: Alors, je comprends donc qu'effectivement c'est
prévu à la loi que quelqu'un qui veut prolonger sa période
de placement doit adresser une requête à la Commission et que la
Commission juge de la pertinence ou pas de la requête. Mais
qu'arrive-t-il, par exemple, entre le moment de la prise, du
«closing», finalement, entre le moment où on prévoit
la date de fermeture du placement, où le placement doit avoir
été écoulé et le moment où la Commission
procède à un certain nombre de rappels?
Ça a été le cas, je tiens à le rappeler
à la ministre. Je redonne l'exemple des Marronniers parce que c'est sans
doute le plus probant. La date de clôture était le 31
décembre 1986. Il y a eu un rappel au septième mois de 1987, au
dixième mois de 1987, au onzième mois de 1987 et au premier mois
de 1988, et le rapport n'a jamais été déposé. Les
Marronniers, le «closing» était prévu en juin 1987.
Il y a eu un rappel en juillet 1987 et en février 1988 et il n'y a
jamais eu de rapport de déposé.
Marronniers, phase 2, la date de clôture: 16 février 1988.
Rappel au mois de juin 1988 et au mois d'août 1988. Le rapport a
été soumis au mois de septembre 1988, sept mois après la
date de clôture. Marronniers, phase 3, date de clôture: 26 avril.
Il y a eu un rappel au mois de mai et au mois d'août. Le rapport a
été soumis au mois de septembre. Alors, je veux juste souligner
que les délais peuvent être parfois très longs.
Qu'arrive-t-il, par exemple, parce que, avant... Qu'arrive-t-il si
quelqu'un, malgré les rappels, décide de se retirer après
la date de clôture? Par exemple, s'il y a une date de clôture qui
est prévue pour le 1er janvier, la Commission va procéder
à un certain nombre de rappels, mais, au lieu de procéder
à un rappel, ne serait-elle pas mieux de demander à
l'émetteur de déposer une requête pour demander une
extension du placement?
Le Président (M. Camden): M. Fortugno.
M. Fortugno: C'est ce qui arrive dans la plupart des cas.
M. Boisclair: Ce n'est pas arrivé dans ce
cas-là.
M. Fortugno: Ce n'est pas arrivé dans ce cas-là,
certainement. Ce qu'on nous reproche dans ce cas-là, c'est de ne pas
avoir intenté des poursuites pour ne pas avoir répondu aux
demandes de la Commission de produire le rapport en question.
M. Boisclair: Mais ce que vous me dites, c'est que la pratique,
aujourd'hui, parce qu'on conviendra que c'est arrivé il y a longtemps -
je ne l'ai jamais nié et je peux paraphraser la ministre et dire que je
vis publiquement très bien avec ça... Qu'arrive-t-il... La
pratique, aujourd'hui, veut donc qu'au moment... Si, par exemple, le placement
n'a pas été complètement écoulé, si nous
sommes arrivés à la date de clôture et si le rapport n'a
pas été soumis dans les jours qui suivent, dans les 15 jours
ouvrables, tel que prévu à 94, vous demandez une requête,
ou vous demandez à l'émetteur de vous produire une requête
pour extensionner les délais, ou vous êtes très ferme et
vous annulez?
M. Fortugno: Habituellement...
M. Boisclair: Parce que, là, vous procédez plus
à des rappels sans fin, finalement. C'est un peu à ça que
je voulais en venir.
M. Fortugno: Écoutez, habituellement, ce qui arrive, c'est
qu'on demande, avant le «closing», que la personne présente
la requête. Il y a toujours possibilité de faire un «cease
trading»...
M. Boisclair: Oui, oui.
M. Fortugno: ...et, si le placement continue par la suite,
là, il y a une infraction à la loi qui est beaucoup plus
sérieuse qu'une infraction de ne pas avoir produit un rapport de ce
genre-là. dépendamment... écoutez, il y a quand même
une relation entre le professionnel de la commission et celui qui
représente l'émetteur. si on voit, avant la fin du
«closing», que l'émetteur, vraiment, il est très loin
du but recherché, c'est certain que le personnel de la commission va
l'aviser que c'est fort probable qu'il va falloir qu'il rembourse tous les
épargnants, que, même avec une requête, le personnel de la
commission ne recommandera pas aux membres de la commission d'extensionner le
délai. maintenant, si, par la suite, le rapport n'est pas produit, le
personnel de la commission peut demander à la commission, et le fait
dans certains cas, d'émettre un «cease trading» et de voir
si nous avons une preuve quelconque que l'émetteur continue à
placer, de voir à intenter une poursuite par la suite. c'est un
placement illégal dans ce cas-là, et c'est '? politique actuelle
de la commission.
M. Boisclair: M. le Président, je suis heureux d'entendre
ces propos-là du président de la Commision, mais ce n'est pas ce
qu'il nous disait dans une lettre qu'il adressait au mois d'août 1990 -
la date n'est pas exacte - dans une réplique qu'il adressait au
Protecteur du citoyen. Permettez-moi de le rappeler, ce que la Commission
disait, et je présume que le président parlait, était,
bien sûr, inclus dans la Commission.
Il disait, en parlant de l'avis visé à l'article 94: Cet
avis est fourni à la Commission sur une base volontaire, par les
courtiers ou les émetteurs. Compte tenu du grand nombre de placements,
la Commission, si elle désirait être plus coercitive relativement
à cette exigence réglementaire, serait obligée d'y
affecter du personnel qu'elle n'a pas ou alors d'en réaffecter au
détriment d'un autre secteur plus important. Qui plus est, le type
d'information nécessite un système informatique
sophistiqué que la Commission ne possède malheureusement pas.
Alors, je demandais tout à l'heure au président ou
à la ministre si elle pouvait nous assurer que l'article 94 était
respecté et qu'il était appliqué avec toute sa
portée, sans demander pour autant qu'on procède, le lendemain de
la date de 15 jours suivant la fin du placement, à prendre une mesure
devant nos tribunaux pour s'assurer du respect de l'article. Ce n'est pas
ça. Je ne plaide pas pour ça, là. Mais la Commission
allait quand même très loin. La Commission, elle disait même
que cet avis est fourni sur une base volontaire par les courtiers ou les
émetteurs.
Je lis l'article 94: «Dans les 15 jours ouvrables suivant la fin
d'un placement à titres réalisé au moyen d'un prospectus
sous le régime de la dispense prévu à l'article, un
rapport sur les titres placés au Québec est déposé
auprès de la Commission.» Je pense qu'il s'agit là d'une
obligation expresse qui est faite à l'émetteur ou au courtier.
Alors, il semble y avoir, dès le départ, une dichotomie entre ce
que je lis là et ce que le président nous dit, et ce que la
ministre aussi nous dit. Alors, je voudrais clarifier cette
situation-là.
Le Président (M. Camden): Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, je suis tout à fait
d'accord avec le député de Gouin dans ses remarques. C'est
évident que la Commission doit s'assurer que ses émetteurs sont
dans la légalité et qu'ils répondent à ces
articles-là, qui sont très clairs, d'ailleurs, dans les 15 jours.
On est également d'accord avec le président de la Commission qui
dit que ça ne peut pas être jugé aussi
sévèrement peut-être que certains le croient, mais que
chaque cas doit être examiné à sa valeur. Je pense que les
paroles du président, aujourd'hui, devraient nous rassurer. Notre projet
de loi nous permettra de mieux l'équiper pour qu'il puisse s'acquitter
de mieux en mieux de sa tâche.
M. Boisclair: m. le président, allons-y directement.
est-ce que le président maintient le fait que cet avis visé
à l'article 94 doit toujours être soumis sur une base
volontaire?
Le Président (M. Camden): M. Fortugno.
M. Fortugno: Non, M. le Président. C'est une obligation en
vertu de la loi et, aujourd'hui, si la personne dépasse les 12 mois en
question, ça devient un placement sans prospectus, sujet à une
amende, si notre projet de loi passe de i 000 000 $. ça devient une
infraction sérieuse. ii y a aussi une action en nullité de la
part des actionnaires possible au civil.
M. Boisclair: Est-ce que je peux, dans ce même esprit...
J'apprécie la franchise du président à cet égard.
Je peux cependant me questionner. La question suivante serait: Comment se
fait-il qu'on ait écrit ça, à ce moment-ci, en
réponse au Protecteur du citoyen? Mais on ne commencera pas à
faire une enquête. Mais, dans cette même lignée, est-ce que
le président maintient qu'elle pourrait faire appliquer l'article 94,
d'autant plus qu'il y a une pénalité, on vient de nous dire, de 1
000 000 $? Quand même, c'est substantiel, vous en conviendrez.
Est-ce que le président maintient qu'il n'a pas le personnel pour
faire appliquer l'article 94 et que, si jamais il devait y affecter du
personnel, pour voir au respect de l'article 94, il serait obligé, et je
le cite, de le réaffecter au détriment d'un autre secteur plus
important? Alors, est-ce que la Commission a le personnel pour faire appliquer
l'article 94 du règlement, ou si, plutôt, c'est la première
interprétation, donnée en réponse au Protecteur du
citoyen, qui est la bonne? (16 h 10)
Le Président (M. Camden): M. Fortugno.
M. Fortugno: M. le Président, la lettre a
été rédigée en 1990, en réponse à une
lettre qui m'a été envoyée au mois d'août 1990, qui
portait sur une situation de 1987 et en partie de 1988. À
l'époque, il est vrai que la Commission, en 1990, procédait, dans
tous ses dossiers, par ordre de priorité. Dans le cadre des commentaires
du Protecteur du citoyen, le commentaire qu'il a porté voulant que la
Commission agisse de façon quasi automatique en ce qui a trait à
tout délai ou à toute infraction à 94 de la loi, cette
approche que je n'ai pas épousée à l'époque
s'explique, et s'explique aussi dans le cadre de ma réponse. Bien
sûr qu'en 1990 il aurait fallu que la Commission ait plus de personnel
pour s'occuper de tous les genres d'avis envoyés a la Commission, pour
que ces avis soient traités d'une façon prioritaire et
immédiatement, bien sûr. Je ne le nie pas; je l'ai affirmé
dans ma lettre. Il fallait qu'on ait plus de personnel.
Mais, depuis ce temps-là, la Commission a
plus de personnel. La Commission a effectué une
réorganisation. La Commission a procédé à un plan
triennal. La Commission a procédé à un exercice, depuis un
an, sur l'efficacité et l'efficience de la Commission. Il y a eu une
réorganisation complète de cette Commission, et je crois
qu'aujourd'hui, avec le personnel, oui, modeste, que nous avons eu depuis deux
ans, bien sûr, la Commission est en mesure d'appliquer la loi telle
qu'elle est, mais, pour utiliser les mêmes mots que le
député de Gouin, avec un jugement sûr et raisonnable.
M. Boisclair: Quel service, M. le président,
déjà est responsable de l'application de l'article 94? Je
présume que c'est délégué à un service,
à un officier chez vous.
M. Fortugno: C'est la section de l'information continue de la
direction des opérations financières.
M. Boisclair: Combien de postes ont été
rajoutés au Service de l'information continue depuis 1990? Un ou deux
à peu près?
M. Fortugno: Oui.
M. Boisclair: Je me demande même si c'est plus un que
d'autre chose. Si ma mémoire est exacte... Il faudrait que je sorte
l'organigramme qu'on nous a remis, mais ça change souvent, les
organigrammes.
M. Fortugno: Je n'ai pas le chiffre exact. M. Boisclair:
Alors, vous me dites...
M. Fortugno: II y a eu l'ajout de personnel dans la direction de
l'information continue, mais je ne peux pas vous dire si c'est un ou deux.
M. Boisclair: Ce que je veux souligner, M le Président,
à ce moment-ci, sur l'article 1, on vient préciser la
portée de l'article 33 prévue, qui existe à l'heure
actuelle à la loi des valeurs mobilières, en lui apportant un
amendement, en précisant que, dans le cas où un prospectus
indique, pour la fin du placement, une date plus rapprochée, le
placement doit prendre fin à cette date, ce qui est tout à fait
correct. Mais je prends note de deux choses. la première, c'est que la
commission nous a déjà dit - parce que, lorsqu'on lit l'article,
il faut, bien sûr, faire référence à l'article 94 du
règlement - et a écrit qu'il n'y avait pas une obligation pour
les courtiers ou les émetteurs de fournir l'avis. la commission, son
interprétation du règlement et de la loi ezt a l'effet que ce
rapport était fourni sur une base volontaire. le président nous a
dit qu'il n'était plus d'accord avec cette opinion. il a changé
d'idée sur cette question. soit. je pense qu'il s'est rallié aux
rec-"nmandatiû.'.s, à l'avis et à l'analyse du Protecteur
du citoyen sur cette question.
Deuxième chose. La Commission expliquait ceci, et je la cite pour
que je me fasse comprendre clairement, M. le Président: Compte tenu du
grand nombre de placements, la Commission, si elle désirait être
plus coercitive relativement à cette exigence réglementaire,
serait obligée d'y affecter du personnel qu'elle n'a pas ou d'en
réaffecter au détriment d'un autre secteur plus important. Qui
plus est, le type d'information nécessite un système informatique
sophistiqué que la Commission ne possède malheureusement pas.
À la lumière du questionnement et des réponses que
m'a fournies le président de la Commission des valeurs mobilières
du Québec, je suis obligé de conclure, premièrement, que
la Commission n'a toujours pas les ressources supplémentaires dans ce
service pour voir à l'application de l'article 94 du règlement,
puis à l'article 33 de la loi. On a ajouté un seul poste, ce qui,
vous en conviendrez, compte tenu du volume, n'est certainement pas suffisant.
Deuxièmement, à ce que je sache, à moins qu'il y ait des
progrès qui aient été faits de ce
côté-là, la Commission ne dispose pas encore - je le
souhaite; si ce n'est pas le cas, on me corrigera - au niveau du support
informatique, de ce support qui pourrait lui permettre de voir à
l'application de l'article 94.
Alors, permettez-moi de noter cette dichotomie, et je veux tout
simplement plaider pour être sûr que, si on apporte des amendements
à la loi, ce ne soit pas tout simplement un exercice de style, qu'on le
fasse pour le plaisir. Il faut aussi s'assurer que la loi soit
appliquée, et c'est la responsabilité de la Commission de voir
à appliquer la loi. Là, ce n'est pas le député de
Gouin qui dit que la Commission ne peut pas le faire; elle-même le
disait. Puis on impose une amende de 1 000 000 $ si on ne respecte pas ces
dispositions-là. Ça commence à être sérieux,
M. le Président.
Et, à travers tout ça, bien, il y a une
préoccupation qui est celle que la ministre nous présente
toujours, qui est celle de la protection des épargnants, parce que c'est
bien sûr qu'un épargnant, s'il voit que le promoteur ou le
courtier traîne, tarde soit à fournir les rapports ou n'est pas
capable de placer l'ensemble de ses titres sur le marché, bien sûr
que ça va être de l'intérêt sans doute de
l'investisseur de retirer et de demander un remboursement. Il y a une
connotation.
Alors, je voulais souligner cette dichotomie-là. J'en prends
acte. Je ne suis cas en pouvoir pour corriger la situation. Elle revient
à la ministre ou au président de la Commission, je le souligne,
puis, à cet égard-là, l'avis du Protecteur du citoyen,
à tout le moins, cette recommandation-là était
pertinente.
Le Président (M. Camden): Je crois, M. le
député de Gouin, que votre temps est déjà,
terminé depuis plus d'une minute.
M. Boisclair: Sur l'article, c'est 20 minutes.
Le Président (M. Camden): Oui, c'est ça. Alors, Mme
la ministre.
Mme Robic: M. le Président, je voudrais rappeler au
député de Gouin que le président a bien dit que c'est une
lettre qui date déjà de deux ans, qu'il y a eu une
réorganisation qui s'est opérée depuis ce temps-là,
qu'il y a un niveau d'efficacité additionnel sur lequel on peut compter
quand ce genre de réorganisation, suite à un rapport comme le
rapport Mallette... Je veux également vous rappeler, M. le
Président, qu'on fait affaire ici - je ne voudrais pas donner un
pourcentage - en grande majorité avec des gens honnêtes, M. le
Président, qui remplissent leurs obligations.
C'est bien sûr que, malheureusement, on aimerait pouvoir dire que
100 % des gens avec qui la Commission traite sont toujours à
l'intérieur des lois. Non. Il y a, des fois, des gens qui
débordent. La Commission, à ce moment-là, doit faire son
travail de surveillance, doit rappeler les gens à l'ordre. Je crois que
ça arrive dans un certain nombre de cas, mais loin de là dans
tous les cas, M. le Président. Il faut se rappeler de ça.
Avec ce nouvel article qui vient baliser, qui vient déterminer
qu'un prospectus doit se terminer non pas dans les 12 mois qui suivent le visa,
mais dans le temps limité dans le visa lui-même, donc, je crois
que c'est un amendement important et que ces gens qui ne se soumettraient pas
à ce nouvel article seraient sujets à une amende de 1 000 000 $.
Alors, vous comprendrez, M. le Président, que les gens vont y penser
deux fois.
M. Boisclair: Je crois que mon temps est écoulé.
Juste si on me permet une dernière question à la ministre.
Le Président (M. Camden): Très
brièvement.
M. Boisclair: Est-ce que la ministre estime, puisqu'elle est
toujours très soucieuse du respect de la sécurité du
public, justement pour assurer cette sécurité du public
épargnant, que l'application de l'article 94 doit se faire, non pas
comme on le prétend, mais bien de façon certainement plus
stricte, sans que ce soit... Est-ce que la ministre estime que cette
application de l'article 94 du règlement est une disposition importante
pour la protection du public épargnant?
Mme Robic: Une disposition importante, et je me fie au
président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec qui nous a affirmé que lui aussi pensait que
c'était une disposition importante. '¦
(16 h 20)
M. Boisclair: Je voudrais juste, M. le Président, citer le
président de la Commission qui dit: Je dois également noter
qu'une irrégularité à l'égard de l'article 94 du
règlement ne saurait constituer un risque pour la protection des
épargnants. Ne saurait constituer un risque pour la protection des
épargnants. Je relis: Je dois également noter qu'une
irrégularité à l'égard de l'article 94 du
règlement ne saurait constituer un risque pour la protection des
épargnants. Qui dit vrai, M. le Président?
Mme Robic: Alors, M. le Président, je pense qu'il n'y a
qu'une seule personne qui peut répondre à ça. C'est le
président de la Commission.
Le Président (M. Camden): M. Fortugno.
M. Fortugno: M. le Président, je crois que le
député de Gouin est en train de confondre deux affaires. 94 du
règlement parle d'un avis de rapport qui doit être remis à
la Commission. L'article 33 de la loi traite de fin de placement, date suite
à laquelle le placement devient illégal. Une infraction à
94 du règlement ne va pas aller chercher 1 000 000 $. Une infraction de
33 de la loi, elle, va chercher 1 000 000 $.
Maintenant, bien sûr que le fait qu'un émetteur n'envoie
pas son rapport dans le délai prévu par la loi, en soi, n'affecte
pas, si vous voulez, la protection de l'épargnant. C'est une infraction
qu'on appelle de nature mineure. Toutefois, un placement illégal, qui
importe une condamnation qui peut aller à 1 000 000 $ après le
placement, lui, est considéré par la Commission comme
étant majeur. L'article 94 est un outil pour être capable de
déceler les infractions qui peuvent être commises suite à
la période prévue de l'article 33. C'est là qu'il n'y a
aucune contradiction entre ce que le président de la Commission des
valeurs mobilières a écrit en 1990 et les prescriptions de la loi
et des règlements, tels qu'ils existent aujourd'hui.
M. Boisclair: Adopté, en notant qu'il y a cependant une
contradiction avec ce que la ministre vient de nous dire.
Mme Robic: Oui, je m'excuse, oui, j'ai parlé de l'article
94, mais c'est l'article 33 qui est dissuasif au niveau des amendes.
M. Boisclair: Alors, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 1 est
adopté. J'appelle l'article 2. Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, oui, l'article 2. L'article 51
prévoit une dispense de prospectus pour les placements par blocs
importants, dans
l'idée que la protection du prospectus n'est pas
nécessaire pour les personnes ayant les moyens de faire des
investissements aussi importants. À l'heure actuelle, M. le
Président, ce montant minimum est de 150 000 $. La disposition a
été modifiée en 1990 pour faire en sorte que ce montant
minimum soit fixé par règlement.
La modification de 1990 n'est pas encore en vigueur parce que le
règlement correspondant n'a pas encore été
édicté. Alors, la modification vise à permettre d'ajouter
par règlement des conditions supplémentaires visant à
restreindre l'utilisation de cette dispense. Le but recherché est de
contrer les utilisations abusives de cette dispense consistant à ce que,
grâce au financement mis en place par les promoteurs ou par l'effet de
l'étalement des versements, on se prévalait de cette dispense
pour faire des financements n'exigeant des investisseurs qu'une mise de fonds
très limitée, sans commune mesure avec le chiffre de 150 000
$.
En ce qui concerne les projets faisant appel au financement, on a vu un
placement de parts d'immeuble où la mise de fonds exigée
n'était que de 2000 $ à 5000 $, l'investisseur s'enga-geant pour
le solde de l'ordre de 140 000 $ financés par un emprunt personnel ou un
emprunt hypothécaire. Comme exemple de l'étalement des
versements, on a vu des placements de parts de sociétés de
recherche et de développement dans lesquels les investisseurs devaient
faire un versement de 30 000 $ par année pendant une période de 6
ans. On trouve le pouvoir réglementaire correspondant au paragraphe
1° de l'article 16 de ce projet.
M. Boisclair: On va essayer de résumer tout ça. Ma
compréhension est juste de dire que l'article 51 prévoit 150 000
$ pour... «Le prospectus n'est pas exigé pour le placement sans
publicité d'une valeur lorsque le coût total de souscription ou
d'acquisition» est d'au moins 150 000 $. On l'a modifié en 1990.
C'est maintenant par règlement. Ce que vous proposez, c'est donc...
c'est ce qu'on indique ici, dans la modification: «par personne est
supérieur à la somme fixée par règlement, à
la condition que chaque personne agisse pour son propre compte». C'est
juste cette disposition que je ne saisis pas.
Mme Robic: Alors, vous êtes considéré comme
un investisseur avisé quand vous pouvez investir au-delà de 150
000 $. Donc, on permet la dispense de prospectus. Cependant, il y a eu des
montages où l'épargnant pouvait faire une mise de fonds minime,
emprunter la balance et l'émetteur... C'est l'émetteur qui
offrait également un financement? C'est l'émetteur qui offrait un
financement.
Donc, là, on contournait la loi, puisqu'on parlait de quelqu'un
qui faisait un placement substantiel mais, dans le fond, son placement
était minime et il allait emprunter la balance et se retrouvait bien
sûr à devoir rencontrer ces paiements-là. Alors, on
trouvait que c'était contourner la loi que de le faire dans ce
sens-là.
M. Boisclair: D'où l'ajout de «agisse pour son
propre compte».
Mme Robic: «Pour son propre compte». Oui, on rajoute
des conditions. C'est ça.
M. Boisclair: Les conditions qui seront prévues par...
Mme Robic: On rajoute des conditions. La dispense était
là, mais on ajoute des conditions à la dispense.
M. Boisclair: Quand est-ce que ce règlement va être
édicté? Parce que là, vous me dites que le
règlement, qui donnait suite à la loi de 1990, n'a toujours pas
été édicté. C'est ce que j'ai cru comprendre.
Peut-être que ma...
Mme Robic: À l'automne.
M. Boisclair: alors, à la fois pour la loi 101,
adoptée en 1990, et pour celle-ci? parce que ce que vous nous avez dit,
c'est que le règlement...
Mme Robic: N'est pas en vigueur, là. Ça serait
tellement plus facile si mon président répondait. Merci
beaucoup.
M. Fortugno: Le but que nous avions en 1990 était de
soumettre à la réglementation le montant que nous
considérons comme étant le bloc important de l'acquéreur
averti. Toutefois, ce que nous voulons, à l'heure actuelle, c'est
présenter une réglementation qui va ajouter à ça
des conditions, parce que, dépendamment du produit, il y a certains
produits qui militent, mettons, vers un 150 000 $ comme bloc, toutefois ayant
des conditions qui sont différentes d'autres genres de produits qui
méritent d'être fixés à 200 000 $ ou 250 000 $.
Ce qui fait que ce que nous voulons par l'amendement que nous
suggérons aujourd'hui, c'est que la dispense soit assortie de conditions
qui seront, elles aussi, déterminées par règlement. La
Commission a l'intention de présenter à la ministre
déléguée aux Finances cet automne une
réglementation en la matière.
M. Boisclair: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Després): L'article 2 est
adopté. L'article 3. Mme la ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président. L'article 3 amende
l'article 54 qui prévoit une dispense de prospectus pour les placements
de titres comportant droit de vote auprès d'au plus cinq person-
nés. La modification vise à restreindre les conditions
d'utilisation de cette dispense, dans l'intention d'éviter qu'un
même projet ne soit artificiellement scindé en plusieurs projets
distincts, dont chacun pourrait répondre aux conditions de l'article
54.
C'est ainsi que la Commission a eu connaissance d'un projet immobilier
comprenant des appartements en copropriété divise et des
installations en copropriété indivise. Le projet d'ensemble avait
été artificiellement scindé en 28 unités
correspondant à autant de sociétés en commandite, dont les
parts étaient placées à chaque fois auprès de cinq
porteurs, avec le résultat que le placement pouvait se faire
auprès de 140 porteurs.
La restriction introduite, qui consiste à ce que le promoteur ne
doit pas s'être prévalu de cette dispense au cours des 12 derniers
mois, est inspirée de celle qu'on trouve à l'article 47 de la
loi. C'est assez clair, hein? (16 h 30)
M. Boisclair: C'est ingénieux comme montage financier.
Mme Robic: Fantastique, hein?
M. Boisclair: Alors, le promoteur ne pourra donc plus utiliser
cette dispense s'il l'a utilisée dans les 12 derniers mois.
Mme Robic: C'est ça. Alors...
M. Boisclair: et je présume que ce délai courra
à partir du moment où la dispense aura été
accordée la dernière fois. si, par exemple, une dispense est
accordée le 1er janvier...
Mme Robic: Oui. Au mois d'août, ce sera...
M. Boisclair: ...il ne pourra pas utiliser cette
dispense-là avant le 1er janvier de l'année d'après.
alors, le délai court à partir du moment où la
première dispense aura été accordée.
M. Fortugno: Oui, mais... La réponse, c'est oui, mais il y
a une dispense automatique, selon la loi. Donc, toutefois, il ne faut pas
perdre de vue que la dispense s'applique à l'unité
économique en question. Si un promoteur a des projets, mettons, à
Laval et à Québec, il peut... Tu sais, il n'a pas besoin de...
Les deux identités économiques sont distinctes. Ça
concerne l'unité d'appartement...
M. Boisclair: Économique et pas le promoteur.
M. Fortugno: Oui.
M. Boisclair: Parce que le texte de loi... Je comprends la
distinction que fait le président. Effectivement, c'est l'unité
économique, ce n'est pas le promoteur. C'est bien ce que vous me dites?
Mais, dans le projet de loi, «où le promoteur de
l'opération ne s'en est pas prévalu au cours des 12 derniers
mois»...
M. Fortugno: Oui.
M. Boisclair: ...vous faites donc référence au
promoteur qui...
M. Fortugno: Le promoteur de l'opération. Mais
l'opération est très importante, parce que c'est son projet,
à un endroit quelconque, précis, qui compte.
M. Boisclair: Et ça, vos légistes vous assurent que
cette définition d'opération puis... est claire à cet
égard et... Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. L'article 3 est
adopté. J'appelle l'article 4.
Mme Robic: Oui, M. le Président. L'article 4 vient
modifier l'article 67. Les titres auxquels s'applique le régime
particulier établi par l'article 67 sont des options et contrats
à terme. Ils présentent la caractéristique d'être
mis en circulation par une chambre de compensation, une bourse ou un organisme
analogue. Cette caractéristique fait que le prospectus habituel, qui est
centré sur l'émetteur, ne leur convient pas. C'est pourquoi la
loi a prévu, pour ces titres, un régime particulier comprenant,
d'une part, un agrément, par la Commission, de la personne qui les met
en circulation, d'autre part, un document d'information centré sur le
fonctionnement du marché.
Récemment, on a vu apparaître de nouveaux titres
appelés bons d'option sur indice ou sur marchandise auxquels ne convient
pas ce régime particulier. En effet, pour ces nouveaux titres,
l'information sur la solvabilité de l'émetteur constitue une
partie essentielle de l'information à considérer en vue d'une
décision d'investissement, en sorte qu'ils doivent être soumis au
régime général du prospectus.
D'autre part, l'émetteur de ces titres jouant le rôle
habituel, il n'y a pas lieu de retenir la procédure de
l'agrément, laquelle se justifiait par le fait que la personne soumise
à l'agrément était responsable du fonctionnement du
marché sur lequel les titres pouvaient se négocier. La
modification a pour effet de rétablir le régime du prospectus
pour les options ou marchés à terme qui ne sont pas mis en
circulation par une chambre de compensation, une bourse ou un organisme
jugé de même nature par la Commission. La Commission a
publié un projet d'instruction générale qui adapte le
régime général du prospectus à la nature
particulière de ces titres.
M. Boisclair: Adopté.
Mme Robic: Les explications sont extraordinaires.
M. Boisclair: Non, j'avais pris connaissance...
Mme Robic: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle
l'article 5.
Mme Robic: Oui, M. le Président. L'article 5. Cette
modification vise à supprimer l'obligation de l'émetteur de
transmettre le circulaire de sollicitation de procuration et les états
financiers à ses porteurs de titres, dans le cas où ces documents
lui sont retournés. Elle s'inspire d'une disposition correspondante de
la loi d'Alberta. La modification ne prive pas les porteurs de titres,
puisqu'elle supprime simplement l'obligation de transmettre des documents
qu'ils ne reçoivent pas de toute façon. Les porteurs conservent
leur droit de recevoir l'information fournie par l'émetteur, mais ils
doivent, pour s'en prévaloir, aviser l'émetteur de leur nouvelle
adresse.
M. Boisclair: Je voulais juste, si vous me permettez, prendre...
Je voudrais juste bien relire l'article. Auparavant, quelle était la
pratique? Je présume que l'émetteur avait la
responsabilité de chercher les bonnes adresses. Comment...
M. Fort ug no: L'émetteur avait plutôt la tendance
de se satisfaire en répondant: Bon, bien, je n'ai plus d'obligation en
droit parce que j'ai essayé de rejoindre mon porteur. C'est revenu
sans... C'a été retourné par la poste. Donc, ce que vise
l'article, c'est de s'assurer que les porteurs conservent leur droit, toutefois
en leur donnant l'obligation d'aviser l'émetteur du changement
d'adresse. C'est pour clarifier la situation qui, en pratique, semble
ambiguë à l'heure actuelle.
M. Boisclair: Je comprends. La disposition est très
claire. Qu'est-ce qui arrive aux gens qui investissent, par exemple, dans des
régimes de retraite autogérés, qui ont des titres
gérés par le Trust Général, par exemple, ou qui
détiennent des actions, je ne sais pas, moi, dans leur REER
autogéré, des actions d'Alcan ou d'autres compagnies? Comment se
fait-il que ces gens-là ne reçoivent jamais l'information
financière périodique et qu'ils doivent s'adresser au Trust pour
obtenir ces informations-là? Comment se fait-il que les
détenteurs de titres, dans ces circonstances-là, ne
reçoivent pas les informations périodiques? Est-ce que oest
prévu à la loi?
M. Fortugno: C'est ça que nous venons de
répondre.
(Consultatif1)
Le Président (M. Carnden): On va suspendre quelques
instants.
M. Boisclair: Oui. (Suspension de 'a séance à 16 h
38)
(Reprise à 16 h 43)
Le Président (M. Camden): M. Fortugno.
M. Fortugno: M. le Président, dans l'instruction
générale canadienne, C-41, on définit
l'intermédiaire comme étant un fiduciaire ou un administrateur
d'un régime d'épargne-retraite, d'un fonds de revenus de retraite
ou d'un régime d'épargne-études autogéré.
Donc, dans C-41, vous avez l'obligation, de la part de l'émetteur,
d'informer l'intermédiaire et, de la part de l'intermédiaire,
d'informer le porteur de l'action. Pour déclencher l'obligation,
l'intermédiaire doit envoyer le formulaire qui est prévu,
formulaires C à C-41, dans lequel il autorise les instructions en vue
des communications avec les actionnaires. Il autorise l'intermédiaire
à lui envoyer les renseignements en question et, par la suite, il
incombe à l'intermédiaire, soit l'institution de fiducie ou celui
qui s'occupe de ce fonds autogéré, de lui faire parvenir les
documents d'information.
M. Boisclair: Donc...
M. Fortugno: Je ne l'avais pas dans mon code. J'ai un code
rouge.
M. Boisclair: Oui, oui. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Camden): L'article 5 est adopté.
J'appelle l'article 6.
Offres publiques
Mme Robic: M. le Président, à l'article 6, la
modification vise à rectifier la formulation de l'article. Selon le
texte actuel, seul l'initiateur semble dispensé de l'application de la
réglementation des offres publiques, de sorte que la
société visée continuerait à être soumise
à cette réglementation, alors que la logique veut que la
société visée bénéficie de la dispense
autant que l'initiateur.
Pratiquement, la modification a pour effet de dispenser le conseil
d'administration de la société visée de l'obligation de
faire parvenir à ses porteurs le circulaire prévu à
l'article 134 dans lequel il fait connaître sa réaction à
l'offre. L'obligation de !a société visée de faire
connaître sa réaction sera soumise à la loi
étrangère
tout comme l'offre. C'est tout simplement un changement de
libellé, M. le Président, quand il s'agit d'une offre qui vient
de l'étranger.
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. L'article 6 est
adopté. J'appelle l'article 7. Mme la ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président. L'article 7 vient
modifier l'article 145. L'article 145 interdit les conventions avec des
porteurs de titres de la société visée qui seraient
contraires aux principes de l'égalité de traitement. Cependant,
la pratique impose souvent à l'initiateur de conclure avec des porteurs
importants ou des dirigeants une convention particulière qui, par sa
nature même, ne peut être offerte à l'ensemble des porteurs
de la société visée.
Cependant, une telle convention pourrait servir à augmenter de
façon détournée la contrepartie proposée à
ces personnes. Pour l'initiateur qui conclut une telle convention, il existe
donc une incertitude consistant à ce que des porteurs pourront attaquer
la convention en prétendant qu'elle ne respecte pas le principe de
l'égalité de traitement. Le nouveau texte autorise la Commission
à se prononcer à l'avance sur la question de manière
à lever l'incertitude pour l'initiateur.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Un autre, dans le chapitre qui traite des OPEA, et
on dispense... Est-ce qu'on pourrait... C'est toujours un peu difficile de
suivre lorsqu'on a un texte comme celui que nous présente la ministre.
Est-ce qu'on pourrait peut-être revenir, là, sur la portée
de cet article, me donner peut-être quelques informations, expliciter
davantage?
Mme Robic: Alors, M. le Président, est-ce que je pourrais
passer la parole au président de la Commission?
Le Président (M. Camden): Alors, M. Fortugno.
M. Fortugno: L'ajout du deuxième paragraphe du
deuxième alinéa a pour but de décrire clairement la
situation où la commission serait autorisée à permettre
à l'initiateur de signer des conventions avec un porteur en particulier,
si le but de la signature de la convention est pour un but autre que de donner
un bénéfice supplémen- taire au porteur, un but autre que
de traiter le porteur en question d'une façon privilégiée,
comparé aux autres porteurs.
Le meilleur exemple, ça serait... Par exemple, le Mouvement
Desjardins a voulu... Il a fait un «take over» de Deragon Langlois.
Lors de l'offre, on a signé un contrat avec un des dirigeants de
Deragon. Tout de suite, si on avait appliqué l'article 145 à la
lettre, il y a un porteur qui a eu un bénéfice à cause de
son expertise, l'achalandage, et tout ça; il y a eu, à la lettre
même, un bénéfice. Toutefois, si la Commission
considère - et il y a d'autres cas, il y a Enfield, il y a une foule de
causes...
Ça permet à la Commission de tenir compte des exceptions
qui peuvent exister, qui sont des exceptions qui ont comme fondement des
raisons d'affaires et non pas comme fondement le but précis de favoriser
un porteur à rencontre d'un autre. On veut conserver le principe
sacro-saint de 145, mais on veut aussi assurer le milieu des affaires que la
Commission a le pouvoir d'autoriser de telles clauses dans une convention, en
autant qu'on n'avantage pas indûment un porteur et en autant que
ça soit pour d'autres raisons que des raisons de valeur
mobilière, que ça soit des raisons vraiment d'affaires, soit que
la personne a une valeur quelconque pour l'initiateur de l'offre, soit que la
personne soit tout à fait importante, même pour la
continuité de l'entreprise qu'on vise ou pour tout autre raison
d'affaires, sauf pour les raisons de faire profiter uniquement le porteur qui
est visé.
M. Boisclair: Et cette décision-là... Je comprends
très bien la nuance que fait le président de la Commission.
L'exemple qu'il a utilisé est certainement un exemple probant aussi, de
Deragon Langlois. Est-ce que la Commission a le pouvoir... De quelle
façon cette décision-là sera prise par la Commission? Qui
va avoir le pouvoir d'autoriser l'initiateur? Parce que la Commission
délègue des pouvoirs... (16 h 50)
M. Fortugno: Non, non, c'est la Commission. 145 n'est pas
délégué.
M. Boisclair: II n'est pas délégué à
aucun officier ou à aucun... C'est la Commission. Donc, ce sont
les...
M. Fortugno: Et ça ne sera jamais
délégué.
M. Boisclair: Alors, ça sera une décision qui sera
publiée dans le bulletin, et ainsi de suite.
M. Fortugno: Oui, oui. À l'heure actuelle, il fallait
absolument que les avocats du Mouvement Desjardins s'adressent à la
Commission pour connaître leur interprétation de l'offre publique
qui a été faite, du «take over» qui a
été fait, pour s'assurer que 145 n'a pas été
enfreint. Sinon, la Commission aurait pu défaire toute là
transaction et les déclarer dans l'illégalité,
parce que, en principe, il y avait un porteur qui avait un
bénéfice supérieur aux autres. En principe, il y avait une
contravention à 145 et, en principe, il y avait une possibilité
de poursuite. Toutefois, ce que le deuxième paragraphe permet, c'est
que, pour des raisons qui sont des raisons d'affaires, le deuxième
paragraphe est explicite, elle a la permission, la Commission, d'autoriser
l'initiateur à conclure une telle convention.
M. Boisclair: est-ce que la ministre ne croit pas qu'il aurait
été pertinent de définir un certain nombre de motifs dans
la loi? parce que, là, c'est d'application très
générale.
Mme Robic: Au contraire, moi, je crois que c'est assez...
M. Boisclair: C'est très général.
Mme Robic: ...juste. C'est pour des motifs... On définit
là des motifs qui pourraient favoriser un porteur plutôt qu'un
autre et non pas pour des motifs... Quand c'est purement économique,
c'est recevable. Alors, moi, je pense que c'est très clair. Pour moi, je
ne vois pas de problème là dans le libellé.
M. Boisclair: Bien, je vais préciser ma pensée.
Mais c'est parce que, la façon dont l'article est libellé - et je
comprends très bien l'article - on dit tout simplement, on le
définit par la négative, finalement. On dit: II repose sur
d'autres motifs que. On aurait pu choisir une rédaction de l'article qui
aurait pu dire, par exemple: Lorsqu'elle juge que la convention repose sur les
motifs suivants, et en énumérer quelques-uns pour restreindre le
pouvoir qu'a la Commission de porter un jugement là-dessus.
Est-ce que la ministre ne croit pas qu'il aurait été
préférable de retenir une rédaction, sans modifier
l'effet, qu'il n'y aurait pas eu lieu de reprendre une rédaction non pas
sur la négative, si je peux m'exprimer ainsi, mais plutôt
définir un certain nombre de motifs sur lesquels la Commission peut
s'appuyer pour autoriser l'initiateur à conclure une convention quand il
est porteur de titres?
Mme Robic: Le problème, en restreignant, c'est toujours
celui d'être obligé de recourir à des dispenses, hein?
Alors, quand vous mettez un certain nombre de conditions, peut-être qu'on
ne peut pas prévoir chaque cas et on peut être obligés
constamment de recourir à des dispenses. Alors, je pense que les motifs
pour lesquels on accepterait ce genre de transactions sont très clairs.
Je vous avoue là que. pour moi, ça ne présentait pas de
problème.
M. Boisclair: C'est un pouvoir quand mênr^ important qu'on
délègue à la Commission. Je ne sais pas si !e
président a étudié cette possibilité-là, au
lieu de le définir par la négative, qu'on définisse un
certain nombre de motifs pour lesquels la Commission peut autoriser
l'initiateur, entre autres celui qu'il nous a explicité tout à
l'heure.
M. Fortusno: Le problème avec une telle approche, c'est
que, lorsqu'on énumère et qu'on tombe dans une situation qui
n'est pas...
M. Boisclair: Qui n'est pas dans
rénumération...
M. Fortugno: C'est limitatif.
M. Boisclair: C'est limitatif, je le conçois très
bien.
M. Fortugno: C'est limitatif. Dans les cas d'offres publiques
d'achat et surtout en matière d'égalité de traitement, il
est essentiel pour la Commission de conserver ses pouvoirs qui sont assez
larges. Vous savez, dans certaines causes comme Canadian Tire, on a
été au-delà de la loi et on a décidé dans
l'intérêt du public. C'était une jurisprudence vraiment
avant-gardiste. Ça concernait l'égalité de traitement.
C'est tellement important dans notre régime qu'il y a un certain danger,
surtout dans l'interprétation qu'on peut porter à notre loi
lorsqu'on aura à l'appliquer, de limiter, par des exemples ou par une
nomenclature, les situations dans lesquelles on pourrait appliquer la
disposition en question.
M. Boisclair: Mais il y aurait eu aussi... Non, je comprends
qu'effectivement, si on fait une liste, c'est limitatif, j'en conviens
très bien.
Mme Robic: La situation est telle que, si la Commission
n'était pas, ne suivait pas ses propres règles, n'était
pas restrictive elle-même dans ses approbations, je pense bien qu'elle
serait sujette à de graves critiques, là.
M. Fortugno: Nous l'avons appliqué dans plusieurs causes
devant la Commission: Noverco. . Desjardins, ça n'a pas
été une audience, mais il y a eu une foule de causes dans
lesquelles on était confrontés avec une convention: Canadian
Tire, il y avait Mérieux...
M. Boisclair: Et vous les avez accordées, estimant que la
règle du traitement équitable était respectée.
M. Fortugno: Dans plusieurs, oui, dans d'autres, non, parce que,
dans d'autres, le but principal n'était pas vraiment des raisons
d'affaires. La personne qui était visée n'avait aucune... Ce
n'était pas pour des actifs ou ce n'était pas pour l'achalandage,
mais c'était plutôt pour favoriser un des porteurs
carrément, pour que la personne
embarque dans la transaction et favorise le succès de la
transaction. Donc, à ce moment-là, ça tombe
carrément dans les quatre coins de notre loi, dans le cadre de notre
loi, et l'article 145 s'applique à la lettre. Toutefois, tel que
formulé, le deuxième paragraphe, ça nous permet d'avoir de
la souplesse et de définir clairement dans quelle situation la
Commission pourrait autoriser l'initiateur à conclure de telles
conventions.
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 7 est adopté.
J'appelle l'article 8.
Mme Robic: Oui, M. le Président. L'article 8 vient
modifier l'article 147 qui vise à assurer le sérieux des offres,
en exigeant que le financement nécessaire soit mis en place. On parle
toujours d'OPEA. La modification vise à établir clairement que
les arrangements concernant le financement doivent être mis avant le
lancement de l'offre, sans qu'on puisse les retarder jusqu'au moment du
règlement. Alors, on doit s'assurer que le financement est disponible
avant le lancement de l'offre et non pas après que l'offre est
lancée.
M. Boisclair: Ces sommes d'argent sont déposées
dans un fonds en fidéicommis, je présume. Est-ce que c'est
auprès de la Commission ou vous recevez une lettre de créance?
Non, mais je présume que vous recevez des lettres qui vous les
garantissent. De quelle façon le contrôle s'exerce? Qui est
responsable? Où est-ce que ces sommes d'argent sont
déposées?
M. Fortugno: On exige une preuve...
M. Boisclair: Vous exigez une preuve écrite d'une
institution financière, d'un avocat ou d'un...
M. Fortugno: Oui, avec le contrat qui provient de l'institution
financière.
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 8 est adopté.
J'appelle l'article 9.
Mme Robic: Oui, M. le Président. L'article 9 modifie
l'article 155.1 de la loi. L'offre publique d'échange comporte cette
particularité que l'initiateur, en plus d'acquérir les titres de
la société visée comme dans toute autre offre publique, se
trouve à placer des titres généralement émis par
lui-même, parfois par une filiale. Or, le placement entraîne deux
obligations: celle d'établir un prospectus et celle de s'inscrire
à titre de courtier. L'article 63 de la loi prévoit
déjà une dispense de prospectus pour les titres placés
dans le cadre d'une offre publique d'échange. La loi actuelle ne
comporte pas de dispense d'inscription. Or, la Commission accorde des dispenses
d'inscription aux initiateurs d'offres publiques d'échange qui en font
la demande, parce qu'elle estime que les épargnants sont suffisamment
protégés par l'application de la réglementation des offres
publiques.
La modification vise à introduire une dispense d'inscription
à titre de courtier pour l'émetteur qui fait une offre publique
d'échange. Cette modification viendra remplacer les dispenses qui
étaient accordées par la Commission dans cette situation.
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 9 est adopté.
J'appelle l'article 10. (17 heures)
Organismes d'autoréglementation
Mme Robic: L'article 10 vient modifier l'article 182 en
insérant 182.1. La modification vise à obliger les organismes
reconnus qui siègent en matière disciplinaire à respecter
la règle de la publicité, comme c'est maintenant le cas pour les
séances en matière disciplinaire régie par le Code des
professions. La disposition s'inspire de l'article 142 du Code des professions
et de l'article 23 de la Charte des droits et libertés de la
personne.
M. Boisclair: On peut se réjouir de voir qu'un tel article
apparaisse dans la Loi sur les valeurs mobilières. On pourra se rappeler
d'un certain nombre d'affaires qui avaient défrayé les manchettes
à l'époque, et plusieurs avaient soutenu que les audiences
devraient se faire au vu et au su de tout le monde, cette fameuse affaire
ScotiaMcLeod dont on a longuement discuté. Il y a finalement eu une
entente hors cour, si ma compréhension du dossier est exacte.
Je pense qu'effectivement il y a un principe élémentaire
de justice qui nous amène bien sûr à souhaiter que ce genre
d'audiences se fassent de façon publique. Non seulement il faut qu'il y
ait justice, mais il faut aussi qu'il y ait apparence de justice. À cet
égard, on peut s'en réjouir. L'article consacre cette obligation,
aux organismes reconnus par la Commission, de tenir leurs audiences
publiques.
Cependant, j'ai demandé qu'on fasse une comparaison avec le texte
du Code des professions. Je ne sais pas, à moins que vous l'ayez
à portée de la main. Vous comprendrez qu'on n'a pas de
problème avec le premier alinéa, la modification à
l'article 10, 182.1. C'est l'autre bout qui nous intéresse.
«Toutefois, il peut, d'office ou sur demande, ordonner le huis clos ou
interdire la publication ou la diffusion de renseignements ou de documents
qu'il indique, dans l'intérêt de la morale ou de l'ordre
public.»
Est-ce que ce libellé, qui peut, bien sûr, s'appliquer pour
certaines professions, qui peut comprendre, par exemple, les cas qui pourraient
amener certains médecins à se produire devant leur comité
de discipline de l'Ordre des médecins... On peut comprendre qu'il y a
des questions qui, parfois, peuvent être d'ordre moral, mais je ne vois
pas de quelle façon ça peut s'appliquer dans l'industrie des
valeurs mobilières.
Mme Robic: M. le Président...
M. Boisclair: Parce que, là, on donne d'une main et on
enlève de l'autre. Je trouve ça un peu étrange qu'on
vienne limiter le principe reconnu à l'article 10 dans l'ajout qu'on
fait à 182. 1. Je trouve ça un peu bizarre qu'on consacre le
principe là et qu'on vienne le limiter de façon substantielle par
la suite.
Le Président (M. Camden): Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, on reprend ici le
libellé que l'on retrouve dans la Charte des droits et libertés
de la personne, à l'article 23. C'est exactement le même
libellé que l'on a utilisé ici dans notre projet de loi.
M. Boisclair: Je serais curieux de le voir, ce libelle-la.
Mme Robic: Oui, certainement.
M. Boisclair: Parce que vous voyez, dans le Code des professions,
effectivement, on trouve le même libellé, et on dit,
«notamment pour assurer le respect du secret professionnel, la protection
de la vie privée d'une personne ou sa réputation». Je
comprends très bien que, dans ce cas-là, il peut être des
plus pertinent d'ordonner le huis clos. Et c'est pour ça d'ailleurs que
le Code des professions vient non pas nécessairement restreindre,
puisqu'on dit «notamment», ça peut être pour d'autres
motifs, mais on vient quand même définir un peu la nature des
motifs qui doivent être utilisés pour invoquer le huis clos. On
dit «pour assurer le secret professionnel, la protection de la vie
privée d'une personne ou sa réputation». Alors, je pense
qu'il serait intéressant de le préciser. Je prends connaissance
de la Charte des droits et libertés.
Mme Robic: II faut bien comprendre, M. le Président, qu'il
va falloir que le huis clos soit justifié par la Commission ou par les
organismes. On ne pourra pas décréter un huis clos sans
justification.
M. Boisclair: Je présume que c'est l'organisme
d'autoréglementation qui aura à se prononcer si jamais on lui
soumet une demande de huis clos. Par exemple, un cas à la Bourse...
Mme Robic: Oui.
M. Boisclair:... ce sera à la Bourse de décider,
d'ordonner le huis clos, de décider s'il y a lieu d'ordonner le huis
clos ou pas.
Mme Robic: Oui.
M. Boisclair: Et on pourra aussi contester cette
décision...
Mme Robic: Devant les tribunaux. M. Boisclair: Avant les
tribunaux... Mme Robic: Oui, à la Commission. M.
Boisclair:... à la Commission. Mme Robic: Oui.
M. Boisclair: Donc, si, par exemple, la Bourse décide
d'ordonner un huis clos, on pourra toujours, comme n'importe quelle
décision qui est rendue par la Bourse, présenter, demander un
appel à la Commission des valeurs mobilières. C'est bien
ça?
M. Fortugno: Ce n'est pas nécessaire qu'il y ait appel
après décision. La Commission peut, de son propre chef...
M. Boisclair: Ah! c'est vrai.
M. Fortugno:... si elle juge qu'il y a eu un abus, évoquer
le dossier et...
M. Boisclair: Oui.
M. Fortugno:... régler le cas.
M. Boisclair: Sauf que...
Mme Robic: Oui.
M. Boisclair:... elle ne le fait pas.
Mme Robic: Mais, dans le cas...
M. Boisclair: Elle ne l'a pas fait souvent dans le
passé.
Mme Robic: Mais, dans l'exemple que vous donnez, quelqu'un qui
pourrait s'objecter à une décision de la Bourse, par
exemple...
M. Boisclair: Oui.
Mme Robic:... de tenir des audiences à huis clos pourrait
s'en remettre à la Commission, dépossr, je suppose, une demande
à la Commission d'examiner les choses et même aller - je vais
à l'extrême - devant les tribunaux.
M. Boisclair: Alors, ça, je comprends très bien
qu'une décision d'un organisme d'autorégle-mentation est
appelable devant la Commission et, ensuite de ça, devant les tribunaux,
sur certains motifs, par exemple. La décision, si je ne m'abuse, est
appelable devant les tribunaux si on estime que la Commission a
outrepassé son pouvoir. Ce n'est pas pour n'importe quel motif qu'on
peut en appeler devant les tribunaux. Ah oui?
M. Fortugno: Oui, oui.
M. Boisclair: Ce n'est pas rien que si c'est ultra vires?
M. Fortugno: Je peux...
Mme Robic: Alors, M. le Président, on va laisser ça
à des avocats.
Le Président (M. Camden): M. Fortugno.
M. Fortugno: II peut y avoir un bref prorogatif devant la Cour
supérieure, si la Commission a outrepassé ses pouvoirs.
M. Boisclair: C'est ça, ultra vires.
M. Fortugno: Mais il y a un appel de toute décision de la
Commission...
M. Boisclair: D'accord.
M. Fortugno:... possible devant trois juges de la Cour du
Québec.
M. Boisclair: D'accord. Et je voulais tout simplement souligner
aussi l'exemple du président de la Commission, qui nous disait que la
Commission peut, de son propre chef, se saisir d'une affaire qui est devant un
organisme d'autorégle-mentation, et dire qu'on aurait souhaité
qu'elle le fasse dans le cas de l'affaire ScotiaMcLeod. Elle ne l'a pas fait.
Alors, on peut s'interroger sur... Je vois la ministre qui me pointe du doigt,
là.
Le Président (M. Camden): Mme la ministre, de votre doigt
inquisiteur.
Mme Robic: m. le président, si j'étais le
député de gouin, je ferais attention dans ce dossier-là.
il a été responsable de certains de nos problèmes, dans ce
dossier-là.
M. Boisclair: II paraît qu'on m'a même montré
en...
Mme Robic: II faut faire attention à ce que...
M. Boisclair: II paraît qu'on a même passé,
devant le juge, des extraits de la période de questions.
Mme Robic: Oui. J'espère que vous n'êtes pas trop
fier de ça, là...
M. Boisclair: Moi, je...
Mme Robic:... parce que, moi, je ne le serais pas si
j'étais vous. M. le Président, dans le cas de ScotiaMcLeod,
c'était déjà devant les tribunaux. Alors, il y a une
limite, là.
M. Boisclair: Est-ce que c'est la question ou la réponse
qu'ils ont présentée en preuve?
Mme Robic: Alors...
M. Fortugno: Madame, est-ce que je peux vous dire un mot à
ce sujet-là?
M. Boisclair: Mais je dois...
Mme Robic: Oui. Alors, M. le Président, si vous vouliez
donner la parole au président de la Commission qui se meurt de
s'exprimer là-dessus.
M. Fortugno: Écoutez, il y a...
Le Président (M. Camden): M. Fortugno.
M. Fortugno: Merci, M. le Président. Il y a juste une
précision, parce que, souvent, un président écoute d'un
endroit lointain les débats qui se passent dans le sanctuaire de
l'Assemblée nationale...
M. Boisclair: Le sanctuaire? Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: Vous savez ce que c'est qu'un sanctuaire, M.
Fortugno?
M. Fortugno: Je veux préciser que, lorsqu'une affaire est
portée devant les tribunaux de droit commun, la Commission ne peut pas
évoquer le dossier. Elle peut tout faire, sauf évoquer le dossier
ou prendre le dossier. C'est devant les tribunaux. On ne peut pas se saisir
d'un dossier qui est devant un tribunal qui, en principe, a beaucoup plus de
pouvoirs que la Commission des valeurs mobilières du Québec.
M. Boisclair: Oui, sauf qu'encore faut-il que ce soit rendu
devant le tribunal. Au moment où on posait les questions, à ma
connaissance, ça n'était toujours pas...
M. Fortugno: Mais c'était devant la Bourse.
M. Boisclair: C'était devant la Bourse, c'est
ça.
M. Fortugno: Bien, il n'y a pas eu encore même d'audience
devant la Bourse. Donc, laissons... Ce serait un vote de non-confiance envers
un organisme d'autoréglementation que de lui enlever automatiquement un
dossier sans trouver une raison quelconque.
M. Boisclair: Est-ce que c'est un vote de non-confiance que de
lui envoyer des inspecteurs?
M. Fortugno: Bien non! C'est prévu dans la loi.
M. Boisclair: Écoutez, on ne s'étendra pas trop
longtemps. Mais je comprends que vous ayez voulu retenir, au mot à mot,
le libellé qu'on retrouve dans la Charte des droits et libertés
de la personne. Je pense que nos tribunaux seront encore plus compétents
que nous pour interpréter cette disposition. Mais, en tout cas, je peux
me réjouir de la venue de cet article dans nos textes de loi. (17 h
10)
Mme Robic: M. le Président...
Le Président (M. Camden): Oui, Mme la ministre.
Mme Robic: ...vous me permettez? M. le Président, je veux
vous dire, ici, qu'on le met dans la loi, mais la Bourse le fait
déjà de son propre chef. La Bourse le fait déjà. Il
faut faire bien attention à nos institutions de réglementation et
de surveillance. Ces organismes s'acquittent de leur travail avec
efficacité. C'est bien sûr que c'est facile, de
l'extérieur, de les critiquer. Et, quand, souvent, les résultats
font qu'on n'est pas satisfait, c'est facile de dire que ces organismes n'ont
pas fait leur travail. Mais il faut faire attention, les gens responsables,
quand on critique ces organismes-là. C'est toute la base de notre
système qui repose sur les organismes d'autoréglementation et de
surveillance.
M. Boisclair: Je ferai suivre vos bons propos à tous ceux
et celles qui adressent des critiques à l'égard de la
Commission.
Le Président (M. Camden): Donc, l'article 10 est-il
adopté?
M. Boisclair: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle
l'article 11.
Interdictions et dispositions pénales
Mme Robic: L'article 11 modifie l'article 202 de cette loi qui
est modifié par l'article 897 du chapitre 4 des lois de 1990, qui est
à nouveau modifié. Alors, le paragraphe 1° subit une
modification de concordance pour tenir compte de la nouvelle formulation de
l'article 204. Les paragraphes 2° et 3° introduisent un doublement des
amendes, ce qui vise, d'une part, à augmenter leur force dissuasive,
d'autre part, à ajuster ces montants en fonction de l'inflation, ce qui
n'avait pas été fait depuis la loi de 1982. Le montant des
amendes imposées aux personnes physiques, qui était compris entre
500 $ et 10 000 $, sera désormais compris entre 1000 $ et 20 000 $. Le
montant des amendes imposées dans les autres cas, qui était
compris entre 500 $ et 25 000 $, sera désormais compris entre 1000 $ et
50 000 $. Il y a également, M. le Président... Ça va.
M. Boisclair: Ces dispositions particulières, quelles
seraient-elles? Est-ce qu'on fait référence à d'autres
textes de loi?
Mme Robic: On fait référence à 204, M. le
Président.
M. Boisclair: «Disposition particulière» sera
bien sûr interprété dans un sens très restrictif, en
ce sens qu'il faut comprendre que «disposition particulière»
fait référence uniquement a des amendes qui pourraient être
prescrites dans d'autres articles de la loi. Ce ne sont pas des circonstances,
mais ce sont bien des dispositions particulières. Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 11 est adopté.
J'appelle l'article 12.
Mme Robic: L'article 12 modifie l'article 204. L'article 204 de
cette loi est modifié par l'article 898 du chapitre 4 des lois de 1990
qui est à nouveau modifié par la suppression du premier
alinéa qui résulte de la modification proposée à la
rédaction du second alinéa. Le second alinéa apporte deux
modifications. D'abord, il porte les 100 000 $ à 1 000 000 $, l'amende
maximale qui peut être imposée pour certaines infractions graves
qui sont reliées à l'utilisation d'informations fausses et
trompeuses.
En second lieu, il vient ranger parmi ces infractions graves le
placement sans prospectus. Cette infraction qui serait autrement soumise aux
amendes générales prévues à l'article 202, soit un
maximum de 20 000 $ ou de 50 000 $ selon qu'il s'agisse d'une personne physique
ou non, devient ainsi soumise au maximum de 1 000 000 $.
M. Boisclair: Ma compréhension est juste que l'ancien
article 204 qui faisait référence aux infractions à 187,
190,196 et 197, dont...
Mme Robic: Oui.
M. Boisclrir: à 196, l'infraction de gens qui fournissent
des informations fausses ou
trompeuses, on l'avait carrément spécifié là
parce que les amendes étaient plus élevées qu'à
l'ancien article 202. Alors, on avait cru bon d'inclure des infractions
à ces articles. Je m'excuse, je me reprends. On avait prévu des
amendes plus élevées, celles qui étaient définies
à 204. Maintenant, puisque nous venons de modifier 202, il n'est plus
nécessaire de faire référence aux articles particuliers,
196 et 197...
Mme Robic: C'est ça.
M. Boisclair: ...parce que l'article de portée
générale, 202, s'applique, bien sûr. O.K. Et on a
créé une nouvelle catégorie d'amendes pour ceux qui ne
respectent pas l'article 11 de la présente loi, de 5000 $ à 1 000
000 $. Sinon, ça aurait été tout simplement...
Mme Robic: Sinon, on ajoute un «placement sans
prospectus».
M. Boisclair: Et les dispositions concernant les informations
privilégiées et interdictions diverses doivent continuer de
s'appliquer.
M. Fortugno: Elles demeurent pareilles.
M. Boisclair: Elles demeurent les mêmes jusqu'à 1
000 000 $.
M. Fortugno: C'est ça, ou quatre fois le
bénéfice.
M. Boisclair: Ou quatre fois le bénéfice.
Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 12 est adopté.
J'appelle l'article 13.
Mme Robic: L'article 13, M. le Président, modifie
l'article 202 qui vise à introduire un tarif pour les frais
d'enquête de manière à éviter les discussions devant
le juge sur le montant des frais à recouvrer.
M. Boisclair: Vous le ferez par règlement puis c'est
déjà dans le règlement que vous avez...
Mme Robic: M. le Président, je m'excuse. J'ai dit 202,
qu'on me dit. C'est de l'article 212 qu'on parle.
M. Boisclair: Oui, c'est ça.
Mme Robic: La modification à l'article 212.
M. Boisclair: est-ce qu'ils seront à établir par
règlement ou ils font déjà partie du règlement qui
a été publié, là, modifiant le règlement sur
les valeurs mobilières?
Mme Robic: Ce sera un nouveau règlement.
M. Boisclair: Ce sera un nouveau règlement? Mme Robic:
Oui. M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 13 est adopté.
J'appelle l'article 14.
Mme Robic: Alors, l'article 14, M. le Président, modifie
l'article 308 de cette loi qui est modifié par l'addition, après
le premier alinéa, du suivant: «La Commission est aussi seule
habilitée à exercer les pouvoirs qui lui sont
conférés aux articles 269 et 269.1.»
Les pouvoirs qui sont touchés sont les pouvoirs d'intervenir,
même d'office, dans une instance civile touchant une disposition de la
Loi sur les valeurs mobilières et le pouvoir d'intenter une action par
suite d'une offre publique irrégulière. La modification vise
à préciser que ces pouvoirs ne peuvent être
délégués.
M. Boisclair: Donc, il n'y a personne, il n'y a pas un organisme
d'autoréglementation qui peut utiliser ce pouvoir-là pour
intervenir dans une affaire qui... Je voudrais juste saisir les motifs de cet
amendement.
M. Fortugno: Écoutez, il est déjà
prévu dans la loi... Si vous me permettez, M. le Président, je
m'excuse.
Le Président (M. Camden): M. Fortugno, avec plaisir! (17 h
20)
M. Fortugno: II est déjà prévu dans la loi
que seule la Commission... C'est-à-dire que le personnel de la
Commission ne peut pas exercer certains pouvoirs, des pouvoirs de poursuite,
sans la permission de la Commission. C'est la Commission elle-même qui
autorise son personnel à intenter des poursuites pénales,
à faire enquête, à recommander à la ministre
déléguée aux Finances l'administration provisoire,
à faire un blocage de fonds. C'est un ajustement. On voulait ajouter
à ces pouvoirs-là, bien sûr, le pouvoir d'intervenir dans
les poursuites civiles. Ce n'est pas quelque chose qu'un employé devrait
prendre proprio motu, sans l'autorisation de la Commission. Ça n'a
jamais été délégué, mais, compte tenu de la
rédaction de 308, nous avons découvert qu'il y avait la
possibilité, en tout cas ce n'est pas clair que seule la Commission peut
faire ça et non pas son personnel. Ça n'a rien à faire
avec les organismes d'autoréglementation.
M. Boisclair: Est-ce que la Commission intervient souvent dans
des matières d'ordre civil? Ce n'est pas fréquent?
M. Fortugno: Pas tellement souvent. Non, ça fait plusieurs
années...
M. Boisclair: La Commission n'est pas... Ça fait
longtemps. Vous n'avez pas prévu des...
M. Fortugno: Une fois depuis 1982. M. Boisclair:
Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 14 est adopté.
J'appelle l'article 15.
Mme Robic: L'article 15, M. le Président, est une
modification de concordance. L'article 323. 1 de cette loi,
édicté par l'article 54 du chapitre 77 des lois de 1990, est
modifié par l'insertion, dans la première ligne et après
le mot «articles», de «182. 1, ».
Ça vise à appliquer à ce comité la
règle de la publicité des audiences édictée
à l'article 10 du projet.
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 15 est adopté.
J'appelle l'article 16.
Règlements, dispositions transitoires et
finales
Mme Robic: L'article 16 modifie l'article 331. M. le
Président, les paragraphes 1° et 2° apportent au pouvoir
réglementaire les modifications nécessaires à la mise en
oeuvre de modifications contenues dans le projet. Le paragraphe 1° donne
suite à la modification introduite par l'article 2 du projet, selon
lequel il sera possible de subordonner, à certaines conditions
fixées par règlement, la dispense de l'article 51 de la loi.
Le paragraphe 2° donne suite à la modification introduite par
l'article 13 du projet qui prévoit que les frais d'enquête seront
calculés selon le tarif établi par règlement.
Le paragraphe 3° vise à préciser le fondement du droit
sur les opérations de marché secondaire que le gouvernement se
propose d'introduire.
M. Boisclair: Mais il a une portée rétroactive au
25 septembre 1991, qui est la date, je présume, où vous avez
publié...
Mme Robic: C'est juste.
M. Boisclair:... où la Commission a publié un
règlement.
Mme Robic: Oui. Alors, M. le Président, c'est bien
sûr que notre intention n'est pas d'exiger des frais
rétroactivement pour des transactions. Alors, c'est très clair,
notre intention, c'est de faire en sorte de ne pas avoir à
reprépublier ces règlements-là.
M. Boisclair: Parce que certains en sont venus à la
conclusion que la Commission n'avait pas le pouvoir de publier ces
règlements-là au moment où elle l'a fait.
mme robic: non. nous... oui, c'est bien sûr que nous
croyons qu'on n'a pas publié les règlements en pensant qu'on
n'aurait pas le pouvoir de le faire. c'est...
M. Boisclair: Alors, pourquoi venez-vous donner une portée
rétroactive, si vous avez le pouvoir de le faire?
Mme Robic: c'est parce qu'on veut bien s'assurer que, sur
certains droits que l'on ajoute... on nous a mis un doute et on vient bien
s'assurer qu'on est dans la légalité. c'est pour ça qu'on
rend cet article rétroactif.
M. Boisclair: Le président avait le goût
d'ajouter?
Le Président (M. Camden): M. Fortugno.
M. Fortugno: Je veux également ajouter que toute
réglementation en matière de droits est tellement sensible, et
est un sujet qui affecte le milieu d'une façon assez
particulière, qu'une Commission doit les consulter d'avance et de
façon préliminaire à toute réglementation. C'est
pour ça qu'il y a eu une prépublication en septembre 1991. Pour
éviter d'avoir une autre consultation et une autre prépublication
qui durerait un autre six mois, vous avez devant vous le pouvoir de prescrire
les droits par voie réglementaire et, bien sûr, l'article 17 qui
donne la date à laquelle on veut donner effet à l'article 16 qui
précède.
M. Boisclair: Est-ce que la ministre a reçu plusieurs
représentations sur ce règlement?
Mme Robic: Aucune. Bien, ce n'est pas...
M. Boisclair: Bien, au sens du règlement, parce qu'il y a
eu une publication dans la Gazette officielle du Québec.
Mme Robic: Oui, il y a eu une publication. Il y a eu des
représentations de... Je m'excuse, là. Oui.
M. Boisclair:je ne parle pas de représentations
informelles, mais est-ce qu'il y a des gens qui ont pris la peine de vous
écrire pour vous faire connaître leur avis sur ce
règlement?
Mme Robic: Pas à moi directement là, mais bien
sûr que la Commission a eu des représentations suite au
dépôt de la prépublication de ces règlements.
M. Boisclair: Sauf que l'avis de la Gazette officielle du
Québec disait que c'est à vous que
ces avis se faisaient. Toute personne intéressée ayant des
commentaires à formuler à ce sujet est priée de les faire
parvenir par écrit, avant l'expiration du délai, à votre
attention.
Mme Robic: Mais c'est soit l'un ou l'autre.
M. Boisclair: Avec copie à la Commission des valeurs
mobilières.
Mme Robic: Oui. Et puis ça a été
publié dans le bulletin de la Commission. Alors, les remarques sont
adressées à la Commission.
M. Boisclair: Les remarques vous sont adressées. Je
voudrais juste préciser...
Mme Robic: À l'un ou l'autre.
M. Boisclair: Les remarques vous sont adressées à
vous avec... Mais ce que vous me dites, c'est que, vous, vous n'en avez pas
reçues.
Mme Robic: Non, pas directement.
M. Boisclair: La Commission, elle, en a reçu.
Mme Robic: Oui.
M. Boisclair: Et je présume qu'il y a plusieurs
partenaires de l'industrie qui ont pris la peine de faire connaître leur
opinion. Est-ce que la Commission a apporté des modifications suite au
règlement qui a été prépublié ou s'il a
été adopté comme tel?
Mme Robic: Nous avons apporté des changements.
M. Boisclair: Est-ce que vous avez apporté des
changements...
Mme Robic: Nous avons apporté des changements, oui. On a
eu plusieurs changements sur les droits.
M. Boisclair: Mais écoutez, moi, je voudrais reprendre un
peu aussi et profiter de cette discussion... Vous comprenez que je suis
toujours réticent à adopter ce genre d'article,
particulièrement l'article 17 avec une portée rétroactive.
Je comprends que la ministre veut être bien sûre de blinder son
intervention et s'assurer qu'elle ne puisse être mise en question devant
les tribunaux, mais c'est quand même un peu étrange, là,
qu'on soit obligé d'apporter une modification à la loi, qu'on
n'ait pas songé, au moment de la publication des règlements,
à s'assurer que la loi nous permettait de publier ce genre de
règlements là. Je pense qu'il serait facile d'affirmer qu'on a
mis un peu la charrue devant les boeufs, à cet égard-là.
Mais, ceci étant dit, je voudrais préciser les droits qui seront
exigibles et la façon dont ils seront perçus.
Mme Robic: Alors, M. le Président, je voudrais vous dire
que, quand nous avons prépublié ce règlement, nous avons
cru et nous croyons encore, M. le Président, qu'on était à
l'intérieur de nos droits de le faire. Cependant, certains nous disent
qu'au niveau des droits perçus sur les transactions on pourrait
être contesté. Alors, cet article, c'est notre police d'assurance,
M. le Président. D'accord?
M. Boisclair: Qui vous a indiqué... Qui a l'intention de
contester? Qui avait...
Mme Robic: Personne n'a l'intention de contester. On nous met
seulement en garde. Donc, on veut bien s'assurer, là... Et c'est la
seule raison pour laquelle c'est rétroactif. Notre intention, c'est
très clair, M. le Président, ce n'est pas de changer
rétroactivement des droits.
M. Boisclair: Donc, ça va être perçu par un
courtier qui doit les verser annuellement...
Mme Robic: Et, là, je voudrais... Je m'excuse, M. le
Président. Je voudrais juste revenir pour dire que vous mentionnez un
montant en ce moment, là. Il n'y a pas de montant qui a
été arrêté, en ce moment, là.
M. Boisclair: Mais, dans le règlement, ici, à moins
que ma compréhension des textes ne soit pas juste, au règlement
270. 1: «Les droits suivants sont exigibles lors de toute
opération... »
Mme Robic: C'est un projet de règlement, M. le
Président. On parle de projet de règlement, là.
M. Boisclair: II a été prépublié. Le
délai de 45 jours est passé.
M. Fortugno: C'est ça. M. Boisclair: Le
délai de 45 jours est passé. M. Fortugno: Oui. Puis on
attend votre... M. Boisclair: Ah! puis vous attendez la... Mme Robic:
Bien oui! On ne l'a pas déposé.
M. Boisclair: Oui. Le règlement n'est pas en vigueur.
Mme Robic: C'est ça. (17 h 30)
M. Boisclair: Vous attendez la loi avant d'adopter le
décret.
Mme Robic: Oui.
M. Boisclair: Ça, je comprends ça. Mais, cependant,
on pourrait discuter du règlement qui a été
discuté. Je comprends très bien que le décret n'est pas
passé...
Mme Robic: Parlons d'une somme minime. D'accord?
M. Boisclair: ...mais ce que je comprends, à l'heure
actuelle, c'est qu'on nous disait... Je voudrais qu'on discute un peu de la
mécanique, aussi. On dit 0,50 $ - parce qu'on est quand même
allé assez loin, là - 1 $, 3 $, et ainsi de suite,
dépendant des situations. Ce que je voudrais savoir, au-delà de
discuter des montants, sur le fonctionnement, est-ce que vous avez l'intention
de demander que ce soient les courtiers qui perçoivent cet
argent-là?
Mme Robic: Oui, M. le Président, ce sera le courtier qui
percevra ces montants qui seront déposés dans un compte en
fidéicommis. Il y aura une remise à la Commission tous les trois
mois. Les intérêts sur ce fonds en fidéicommis seront
retenus par le courtier pour défrayer l'administration du fonds.
M. Boisclair: Est-ce que la ministre entend s'assurer qu'il y ait
un rapport quelconque qui lui soit remis, à elle ou à la
Commission des valeurs, qui lui serait remis ou qui pourrait faire l'objet
d'interventions dans le rapport annuel de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, pour qu'on puisse, à tout le moins,
avoir une idée des intérêts, par exemple, qui sont
générés par ces fonds-là? Je voudrais quand
même qu'on puisse s'assurer qu'il y a un certain contrôle de ce
côté-là. Parce que ma compréhension des choses,
c'est qu'entre autres, en Ontario, les courtiers remettent aussi les
intérêts.
Ce que je vois, dans un texte qu'on me remettait, on disait, en parlant
de l'Ontario: «The fee will be paid by investors, collected by brokers
and remitted annually with interest to the OSC».
Mme Robic: On me dit, M. le Président, que c'est la
moitié des intérêts qui sont retournés. Mais, si
vous voulez, s'il vous plaît, donner la parole au président de la
Commission, il pourra peut-être élaborer.
Le Président (M. Camden): M. Fortugno.
M. Fortugno: À moins qu'il y ait pu un changement de
dernière heure, c'est censé être la moitié des
intérêts qui sont retenus. N'oubliez pas que le marché
ontarien sur les valeurs, c'est des sommes considérables comparé
à celui du Québec.
M. Boisclair: Ah oui, oui.
M. Foilugno: Les intrants ne sont pas de la même nature.
Nous, on pense en fonction de certains chiffres et, eux, d'un chiffre qui peut
être 3, 4, 5 fois la somme.
M. Boisclair: Vous comprenez qu'à ce stade-ci nous aurions
de beaucoup préféré que - bien sûr, c'est un voeu
qui n'a pas été retenu - ça puisse être
défini dans la loi. On comprend que la ministre veut avoir une plus
grande souplesse et que ce soit adopté par règlement, ce qui est
un processus beaucoup plus simple de fonctionnement, mais je pense qu'il ne
s'agit pas d'un simple tarif ou d'un simple droit, il s'agit de frais que les
investisseurs ont à payer.
Je voudrais, moi, tout simplement plaider. Écoutez, est-ce qu'on
a évalué les conséquences de ce nouveau tarif, entre
autres, pour le marché institutionnel? Qu'est-ce que ça va
représenter pour la Caisse de dépôt et placement qui
transige des volumes considérables d'actions, tous les jours, sur le
marché boursier?
Mme Robic: On me dit que c'est par blocs d'actions et non pas par
transaction. Et c'est bien sûr... Excusez...
M. Boisclair: Mais une transaction, c'est un bloc.
M. Fortugno: Ce n'est pas par action, c'est plutôt par
blocs...
M. Boisclair: Non, j'espère.
M. Fortugno: ...et, pour les institutions financières qui
peuvent transiger, dans une journée, 500 000 actions pour des millions
de dollars, les 0,50 $ en question, je pense, pourraient être
très, très minimes.
M. Boisclair: Mais c'est la «trade». Chaque fois
qu'il y a une «trade» qui passe, il y a un frais. Peu importe le
volume d'actions, si je vends 500 actions de Bell ou si j'en vends 1 000
000...
Mme Robic: Oui. M. Fortugno: Oui.
M. Boisclair: ...j'aurai le même frais qui va s'appl'quer.
C'est le frais...
Mme Robic: Mais c'est...
M. Boisclair: ...qui passe sur la «trade». Chaque
fois qu'il y a une «trade» qui descend sur le parquet...
M. Fortugno: Oui, oui
M. Boisclair: ...il y a un frais qui est perçu.
Mme Robic: Oui. Mais c'est minime. C'est minime pour le petit
investisseur comme pour le gros. Vous comprendrez qu'on est très
conscient de ce qui nous entoure, de l'environnement et qu'on veut bien
s'assurer qu'on n'endommage pas nos marchés en créant des frais
qui rendraient notre Bourse non compétitive. C'est bien sûr, on
retient tout ça, c'est de toute importance.
M. Boisclair: Est-ce que l'OSC a adopté son
règlement? Est-ce qu'il est connu à ce jour? M. Fortugno semblait
dire qu'il y a peut-être eu des modifications.
Mme Robic: Oui.
M. Fortugno: Le cabinet, en Ontario, a accepté...
M. Boisclair: Le principe.
M. Fortugno: ...le règlement en question. La
réglementation est déjà soumise au cabinet. Je crois, M.
le député de Gouin, que vous avez une publication, dans notre
bulletin, qui suggère ou qui demande des réactions a trois
formules possibles.
M. Boisclair: C'est ça, 0,50 $,1 $,3 $.
M. Fortugno: L'Ontario n'a pas adopté cette position. Elle
a fixé le 0,50 $ comme étant le seul montant, et, à
l'heure actuelle, je crois que le Québec va adopter la même
formule, soit le 0,50 $, pour ne pas mettre notre marché dans un certain
désavantage. Je comprends qu'une institution financière
québécoise ne serait pas «préjugée»
pour payer 3 $, mais on voulait vraiment qu'il n'y ait aucun effet sur les
transactions qui sont imposées à la fois au Québec et en
Ontario, qu'il n'y ait vraiment aucun effet sur le marché.
M. Boisclair: Quelles sont les estimations des revenus qui sont
prévus?
Mme Robic: On me dit 600 000 $. M. Boisclair: 600 000 $
par année.
M. Fortugno: Oui, à moins que le marché
reprenne.
M. Boisclair: À moins qu'il y ait un volume. Mais toutes
choses étant égales par ailleurs, on prévoit à
l'heure actuelle 600 000 $.
M. Fortugno: Oui.
M. Boisclair: Et ces 600 000 $ seront traités comme
revenus de la Commission, gérés par la Commission et pourront un
jour retourner au fonds consolidé.
M. Fortugno: Non. Le revenu doit absolument être
envoyé au fonds consolidé. Nous ne pouvons que puiser dans les
crédits que vous nous votez annuellement. Je ne peux pas toucher
à ça, moi. La Commission ne peut pas puiser dans les droits qui
reviennent à la Commission. Les chèques sont envoyés
directement...
M. Boisclair: Ça va directement au fonds consolidé.
Et est-ce qu'il y a engagement au moins politique de la ministre de s'assurer
que ces montants d'argent qui seront perçus et retournés au fonds
consolidé, à tout le moins, reviennent à la Commission? Et
la meilleure façon de le vérifier, ça serait un certain
montant à rajouter qui pourrait très bien apparaître dans
les crédits, au-delà d'une augmentation prévue à
l'inflation, ou une somme supplémentaire qui pourrait être
versée à la Commission.
Mme Robic: M. le Président, j'aimerais rappeler au
député de Gouin qu'en ce moment le gouvernement finance la
Commission pour quelque 2 000 000 $. Alors vous comprendrez que ce ne sont pas
ces montants-là qui font que le fonds consolidé va faire des
gains énormes. Alors, vous savez, les intentions...
M. Boisclair:...
Mme Robic: Oui, c'est juste. Et je voudrais encore une fois vous
rappeler que nous sommes allés chercher... Dans des années de
restrictions, la Commission n'a pas subi de restrictions. Nous sommes
allés chercher des postes additionnels et la Commission va encore aller
chercher des postes additionnels avec cet autofinancement-là. Alors, il
n'y a pas beaucoup qui va rester au fonds consolidé; 600 000 $, ce n'est
pas avec ça qu'on va faire de l'argent au gouvernement.
M. Boisclair: Je comprends très bien, sauf que, si ma
compréhension du décret qui a été adopté par
le gouvernement est juste, dans le décret on faisait mention des
ministères qui ne seront pas soumis.
Mme Robic:...
M. Boisclair: C'étaient des ministères qui ne
seront pas soumis à ce décret. On donnait l'exemple du
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle, l'exemple de la Santé. Mais ma
compréhension est juste en rappelant que le ministère des
Finances n'était pas visé par ce décret et qu'à ce
jour la restriction votée par le Conseil des ministres s'applique
à la Commission, tout comme aux autres organismes? À moins qu'un
autre décret soit adopté, mais, à ce jour, le
décret s'applique à la Commission.
Mme Robic: M. le Président, il y a des
exceptions à toute règle et la Commission et l'Inspecteur
général des institutions financières ont eu des postes
octroyés. J'ai l'intention de voir à ce que ces postes soient
comblés. (17 h 40)
M. Boisclair: Est-ce que le processus de dotation est
entrepris?
Mme Robic: Je voudrais vous rappeler, M. le Président, que
la Commission a obtenu des postes à condition qu'elle s'autofinance. Et
c'est ce qu'on fait aujourd'hui; on s'assure que la Commission puisse
s'autofinancer aujourd'hui.
M. Boisclair: Ça veut dire qu'il n'y aura pas
d'embauché pour 1992-1993.
Mme Robic: Certainement qu'il y aura de l'embauche pour
1992-1993, M. le Président. Avec les entrées de fonds qu'il y
aura, il y aura de l'embauche, mais, encore là, remplir ces postes, ce
n'est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain.
M. Boisclair: Bien voyons! Le règlement va entrer en
vigueur au mois d'août. On dit que ces frais-là vont être
remis annuellement à ia Commission des valeurs mobilières du
Québec et tout le processus de dotation prend au moins trois ou quatre
mois. Ça ne serait pas raisonnable de croire que, pour 1992-1993, la
Commission puisse être capable d'embaucher les 30... Combien? 20?
J'oublie le chiffre exact. 21.
Mme Robic: Je pense que ça va être beaucoup plus
rapide que ça, M. le Président, et vous pourrez suivre ce qui se
passera.
M. Boisclair: Je vais le faire. Mme Robic: Je n'en doute
pas.
M. Boisclair: Écoutez, il y quand même un souci, et
je voudrais quand même... Je comprends qu'il y a un souci de concurrence
que vous ne pouvez pas...
Il n'est pas question, pour le gouvernement, d'introduire des
distorsions dans le marché qui pourraient favoriser l'un ou l'autre des
marchés. Je pense que c'est une préoccupation juste. Je pense
qu'on pourrait même pousser ce raisonnement en disant: Pouquoi ne pas en
profiter pour donner un certain avantage? S'il ne s'agit que de 600 000 $, on
pourrait donner un avantage au marché québécois. Je dis
ça comme ça, pour fins de discussion. Mais j'espère qu'on
va s'assurer que, dans l'analyse qui en est faite et au-delà des
questions de concurrence... Parce que ma compréhension est que c'est
queique peu régressif comme mesure, en ce sens que, peu importe si on
retient surtout la proposition qui est en Ontario qui est de 0,50 $ par
transaction qui va sur le parquet, peu importe le montant de la transaction,
c'est 0,50 $ qui s'applique. C'est, d'une certain façon,
régressif comme mesure.
Je comprends que vous aviez choisi un échelonnement dans le
règlement. Comme vous l'avez prépublié, il y aura sans
doute des modifications. Et j'ai bien hâte de voir celui qui va supporter
le groupe. Je pense qu'il pourrait être exact d'affirmer aussi à
ce moment-ci que les individus qui auront le plus à supporter ce nouveau
droit, ce ne sera pas le marché institutionnel, ça va être
les investisseurs qui, de temps en temps, font des transactions sur le
marché secondaire.
Mme Robic: M. le Président, je ne crois pas qu'on puisse
parler, quand on parle d'un coût aussi minime que ça, d'un
coût régressif. L'important également était de
simplifier le système. Il ne faut pas créer un système
d'abord qui rendrait la Bourse non compétitive, mais également il
ne faut pas créer un système qui va être assez
compliqué également et qui va nous coûter la moitié
des coûts pour l'administrer. On cherchait un système
simplifié.
M. Boisclair: Ma compréhension est juste, lorsque vous
aurez le règlement, il sera publié une seule fois pour
l'entrée ne vigueur?
Mme Robic: II ne sera pas prépublié. On va le
publier. Donc, il pourra entrer en vigueur dès le mois d'août, si
on calcule 45 jours... Qu'est-ce que c'est pour la publication? La
prépublication c'est 45 jours. La publication, c'est encore 45 jours?
C'est 15 jours.
M. Fort ug no: Je veux préciser que c'est seulement les
droits portant sur les transactions qui sont prévus entrer en vigueur au
mois d'août, parce qu'il faut donner la chance à l'industrie de
programmer les ordinateurs et de se préparer pour ça. C'est pour
ça que, à la même date... L'Ontario, c'est, je crois, la
première semaine d'août et, nous autres, on prévoit le
mettre en fonction vers la mi-août. Mais les autres droits entreront en
fonction 15 jours après. Les autres droits sont déjà en
vigueur depuis le 4 juin.
M. Boisclair: Votre estimation de 600 000 $ est basée sur
le fait que 0,50 $ par transaction... Ça veut dire qu'il y a environ 1
000 000 $ de «trades» qui passent sur le marché
secondaire?
M. Fortugno: Sur les deux côtés, l'acheteur et le
vendeur.
M. Boisclair: C'est sur les deux côtés, celui qui
achète et qui vend. Bon, bien, écoutez, sur division.
Le Président (M. Camden): L'article 16 est adopté
sur division. J'appelle l'article 17.
M. Boisclair: Sur division.
Le Président (M. Camden): L'article 17 est adopté
surdivision. J'appele l'article 18.
Mme Robic: Oui, M. le Président. Nous avons un amendement
à l'article 18, qui se lirait comme suit - j'ai des copies pour tout le
monde: La présente loi entre en vigueur le (indiquer ici la date de la
sanction de la présente loi), sauf les articles 2 et 13 qui entreront en
vigueur à la date fixée par le gouvernement.
Alors, l'article 2...
M. Boisclair: L'article 2, vous attendez le règlement?
Le Président (M. Camden): C'est l'inclusion de l'article 2
qui...
M. Fortugno: C'est parce que nous voulons, à l'article 2,
que les 150 000 $ s'appliquent, qu'il n'y ait pas un vide juridique si jamais
on met en vigueur l'article 2 du projet de loi.
Mme Robic: Ça va?
Le Président (M. Camden): Alors, l'amendement, tel que
proposé, est adopté?
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. Est-ce que
l'article 18, tel qu'amendé, est adopté?
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. Est-ce que le
titre du projet de loi est adopté?
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Camden): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi, tel qu'amendé, est adopté?
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Camden): Alors, le projet de loi
modifiant la Loi sur les valeurs mobilières est donc adopté tel
qu'amendé. Est-ce que nous avons des remarques finales, M. le
député de Gouin?
M. Boisclair: Pardon?
Le Président (M. Camden): Est-ce que vous avez des
remarques finales, des remerciements à formuler ou quelques
commentaires?
M. Boisclair: Non, si ce n'est de remercier les gens qui nous ont
accompagnés pour l'étude du projet de loi. Vous voyez, on peut
tout faire, en commission.
Le Président (M. Camden): Tout à fait. Tout est une
question de consentement et de collaboration mutuelle.
M. Boisclair: Toujours à l'image de nos bonnes relations
qu'on a toujours su entretenir avec la ministre déléguée
aux Finances.
Le Président (M. Camden): Si, évidemment, cette
journée présage d'une nouvelle relation qu'il y aura entre les
deux, ça va être, évidemment, dans le meilleur des
mondes.
M. Boisclair: Elle s'inscrit dans la continuation.
Le Président (M. Camden): Ah! C'est une continuation
bonifiée.
Mme Robic: M. le Président, je voudrais vous remercier,
vous, et je voudrais également remercier le député de
Gouin de son appui dans ce projet de loi ainsi que mes confrères qui ont
tenu le phare par un beau vendredi après-midi. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Camden): Je remercie tous les
participants, et la commission ajourne ses travaux sine die, ayant rempli sont
mandat.
(Fin de la séance à 17 h 50)