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(Onze heures quatorze minutes)
La Présidente (Mme Bleau): La commission du budget et de
l'administration se réunit ce matin pour l'étude
détaillée du projet de loi 16, Loi modifiant la Loi sur la Caisse
de dépôt et placement du Québec.
Notre mandat. La commission du budget et de l'administration est
réunie afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 16, Loi modifiant la Loi sur la Caisse
de dépôt et placement du Québec. Est-ce qu'on a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M.
Lafrenière (Gatineau) remplacera M. Audet (Beauce-Nord); Mme Bleau
(Groulx) remplacera M. Chagnon (Saint-Louis); et M. Bradet (Charlevoix)
remplacera M. Lemieux (Vanier).
Projet de loi 16
La Présidente (Mme Bleau): M. le ministre, avez-vous des
remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: Mme la Présidente, je voudrais, tout d'abord,
vous faire part qu'au cours de l'étude de ce projet de loi j'ai voulu
faire en sorte qu'au stade de la commission parlementaire les membres de la
commission puissent obtenir des renseignements de première main, si
nécessaire, de la part des autorités de la Caisse de
dépôt et placement, et cela, directement. Alors, vous me
permettrez de vous présenter, d'abord, le président du conseil et
chef de la direction, M. Jean-Claude Delorme, à qui je demanderais de
présenter ceux qui l'accompagnent pour les fins, évidemment,
d'identification et pour faciliter les travaux de la commission.
M. Delorme (Jean-Claude): Merci, M. le ministre. M. le
Président, j'aimerais présenter M. Jean-Claude Scraire, qui est
le premier vice-président aux affaires juridiques et aux affaires
immobilières, qui est assis à la gauche du ministre et,
derrière nous, Mme Carmen Crépin, qui est secrétaire de la
Caisse, et M. Philippe Gabelier, qui est derrière moi également,
qui est vice-président aux affaires publiques. Merci, M. le
Président.
M. Levesque: Et, du ministère des Finances, vous avez le
sous-ministre, M. Séguin, Me Dubé, du contentieux, et M.
Gosselin. C'est tout?
Alors, M. le Président, ceci étant dit, nous avons eu un
débat à l'Assemblée nationale sur la question du principe
du projet de loi. À cette occasion, j'ai fait part à
l'Assemblée des motifs qui nous amenaient à présenter un
projet de loi qui était de nature à moderniser cette loi qui
datait initialement d'il y a plus d'un quart de siècle, et que ce projet
de loi était là pour, justement, répondre à des
besoins nouveaux, des besoins de modernisation, afin de tenir compte du
contexte de 1992 dans lequel la Caisse doit évoluer.
Le but de l'exercice est de permettre, évidemment, à la
Caisse de remplir encore mieux les deux volets de son mandat,
c'est-à-dire d'avoir le meilleur rendement possible quant aux
dépôts qui lui sont confiés et, deuxièmement, de
s'assurer de participer et de contribuer au développement
économique du Québec.
Certains points ont semblé inquiéter l'Opposition
officielle. Particulièrement chez le député de Labelle, il
y a des questions qui ont été posées, et ces
questions-là ont été reprises par le chef de l'Opposition
et par Mme la députée de Taillon, en particulier, oh! qui arrive.
Je suis heureux de voir que Mme la députée de Taillon est ici.
Elle a, comme le chef de l'Opposition, appuyé le député de
Labelle, le critique en cette matière. Mais Mme la députée
de Taillon a été très prudente dans ses remarques, dans le
sens qu'elle - comme le chef de l'Opposition, d'ailleurs - mentionnait qu'on
allait peut-être un peu loin, mais on voulait s'assurer qu'on
réponde à ces questions-là et, si les questions trouvaient
réponse, eh bien, mon Dieu, on laissait entendre qu'on pouvait se
rallier. (11 h 20)
Alors, je pense que c'est notre devoir, ce matin, à cette
commission, de répondre aux inquiétudes qui ont été
manifestées, particulièrement sur l'élargissement des
pouvoirs de la Caisse. Nous aurons l'occasion, peut-être, de souligner
qu'il y a un maintien et non un retrait des limites quantitatives quant
à la répartition de l'actif. Nous aurons aussi l'occasion de
soutenir qu'il y a le maintien des limites quantitatives de détention de
titres dans une même personne morale par rapport à l'actif total
de la Caisse. Encore là, il y a un maintien des limites quantitatives.
Nous aurons l'occasion également de souligner qu'il y a un maintien des
limites quantitatives relatives aux placements dans une même personne
morale. Et, quatrièmement, nous verrons que les critères
quantitatifs sont remplacés par le critère de gestion prudente et
raisonnable. Et ces critères quantitatifs ne couvrent que le choix des
titres individuels à l'intérieur des classes d'actifs
elles-mêmes soumises aux limites de la loi. On ira plus en détail,
si on
nous le permet, lorsqu'on arrivera à ces articles.
Un autre sujet qui avait fait l'objet de questions de la part de
l'Opposition officielle, c'était: Pourquoi une ouverture à de
nouveaux déposants? La création de la Caisse visait la gestion du
régime de rentes dont le Québec a voulu se doter et, au fil des
années, on y a ajouté d'autres déposants du secteur
public. Il ne s'agit pas pour la Caisse de rechercher activement de nouveaux
déposants, en compétition avec le secteur privé, mais de
répondre à des besoins qui sont exprimés par des
organismes du secteur public pour bénéficier de l'expertise de la
Caisse dans la gestion de leurs fonds. Et ces ajouts seront
nécessairement approuvés par le gouvernement.
Une autre question qui avait été soulevée touche
les filiales. Pourquoi la création de filiales? L'objectif
recherché n'est pas de détenir 100 % d'une compagnie
privée, mais de détenir dans une filiale des placements qui
présentent certains risques. Selon le projet de loi, ces filiales sont
soumises aux mêmes limites que la Caisse elle-même.
Un autre sujet qui avait été abordé, c'est ce qui
arrive d'un investissement hors Québec dans les immeubles, et pourquoi
cette disposition-là? Si la Caisse veut maintenir la qualité de
son portefeuille d'immeubles, elle doit le diversifier et, donc, pouvoir
rechercher des acquisitions à I'exteriei"- du Québec. Mais ce
n'est pas nouveau. La Caisse peut déjà le faire en vertu de la
clause omnibus. On verra, à mesure qu'on avancera dans le projet de loi,
qu'on veut libérer la clause omnibus pour qu'elle remplisse
réellement son rôle. Et ça ne change pas la
possibilité, pour la Caisse, aujourd'hui, de faire ce qu'elle demande
dans la loi.
On a aussi mentionné: Si vous voulez élargir la loi,
élargir les pouvoirs, vous ne devez pas, par contre - je pense que Mme
la députée de Taillon avait insisté là-dessus -
diminuer les contrôles ou encore faire en sorte que le rapport annuel
soit dilué de sorte que l'information ne parvienne pas... Elle devrait
parvenir encore plus, à cause de certains changements. C'était la
prétention de l'Opposition officielle. La modification relativement au
rapport annuei ne v;s? pas à réduire l'information
fournie par la Caisse, mais plutôt à la rendr?, à certains
égards, plus complète, notamment en ce qui concerne les
états financiers. Seule la liste des immeubles détenus est
retirée, et l'Opposition aura l'occasion d'en comprendre les motifs et
de les évaluer à l'occasion de nos travaux.
Et, finalement, un autre sujet qui avait été
abordé, ce sont les limites de 20 % à l'égard des
émissions des municipalités. On avait mentionné:
Peut-être que, là, on est limité à 20 %, mais,
à un moment donné, la Caisse va aller prendre 100 % d'une
émission. Et là, on se posait des questions là-dessus.
Pour jouer pleinement son rôle face au maintien d'un marche
ordonné des titres du secteur public québécois, la caisse
doit, à l'occasion, prendre plus de 20 % d'une émission afin d'en
assurer l'écoulement, ce qu'elle fait actuellement, et, encore
là, via sa clause omnibus. elle le fait présentement, mais
toujours en recourant à la clause omnibus.
Alors, ce sont là, M. le Président, des questions qui ont
été posées lors du débat de deuxième
lecture. Questions pertinentes, sans doute, mais auxquelles nous avons
l'intention de tenter de répondre au cours de ces travaux.
Le Président (m.
camden): m. le porte-parole de
l'opposition et député de labelle, vous avez des commentaires
à formuler, des remarques?
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. D'abord, je
voudrais vous dire que je suis très heureux de rencontrer les dirigeants
de la Caisse de dépôt et placement à l'occasion de
l'étude de ce projet de loi. C'est au ministre de leur souhaiter la
bienvenue, mais je peux m'associer à ces souhaits de bienvenue à
tous ces hauts dirigeants, en particulier à M. Scraire et Mme
Crépin, à M. Gabelier, ainsi qu'à vos sous-ministres et
hauts fonctionnaires du ministère des Finances qui vont nous assister au
cours de l'étude de ce projet de loi.
Je pense qu'il s'agit d'un projet de loi qui arrive après un
certain nombre d'années, qui modifie la Caisse de dépôt et
placement. Je comprends que, surtout avec l'arrivée d'une nouvelle
direction, on puisse estimer qu'il est nécessaire de modifier certains
articles de la loi qui régit la Caisse de dépôt et
placement. Donc, c'est ce que nous allons faire au cours de la journée.
C'est sûr que vous aurez toute ma collaboration, comme Opposition dont le
rôle est de soulever des objections et de critiquer. Alors, je le fais
avec une attitude positive, mais je voudrais, tout de go, donc en début,
rappeler des objections que j'ai soulevées en deuxième lecture,
parce que nous avons voté contre ce projet de loi en deuxième
lecture.
La Caisse de dépôt et placement est un organisme public
très important au Québec, créé autour des
années 1964-1965, qui gère aujourd'hui 40 000 000 000 $ d'actifs
- même un peu plus; c'est dépassé, maintenant - qui
gère des dépôts faits par une grande multitude de
Québécois et, je dirais aussi, qui touche tous les
Québécois via les dépôts de la Régie des
rentes. Finalement, c'est tous ceux qui travaillent qui ont des
économies dans ce qu'on appelle le grand bas de laine des
Québécois.
Jusqu'ici, nous pouvons féliciter la Caisse de
dépôt, et nous pouvons dire que la Caisse de dépôt et
placement a accompli son mandat avec de grands succès qui font la
fierté des Québécois. Vous voyez, encore cette
année, en 1991,
un taux de rendement de 17,1 %; ce n'est pas rien. Je
comprends que, l'an passé, il y a eu une baisse, mais tout le monde
comprend que c'est à cause de la fluctuation des taux
d'intérêt. Il reste que, bon an, mal an, les rendements de la
Caisse de dépôt et placement sont parmi les plus
élevés des grandes institutions d'Amérique du Nord. C'est
ce que j'en sais, en tout cas, et je pense que c'est un fait; il faut
l'admettre et il faut aussi s'en réjouir.
Maintenant, on nous arrive avec un projet de loi visant,
comme l'a dit le ministre, à moderniser la loi de la Caisse, donc
à moderniser aussi sa structure administrative et décisionnelle.
Dans le contexte de 1992, c'est un objectif louable en soi. Le ministre a dit
qu'on visait encore à avoir les meilleurs rendements possible et qu'on
visait aussi le développement économique du Québec. On
voit qu'il a insisté aussi particulièrement, dans son ton, sur le
meilleur rendement possible. Tout le monde est d'accord là-dessus, mais
je pense qu'il y a une certaine prudence qui est de rigueur en ce qui concerne
la Caisse de dépôt et placement.
Lors de sa création, les législateurs, M.
Lesage et d'autres, ont tenu à ce que la Caisse de dépôt
soit à l'abri le plus possible des risques, je dirais à l'abri de
tout risque majeur, des pertes, etc. Donc, on a voulu qu'il y ait une gestion
prudente. On l'a voulu tellement qu'on a inscrit dans la loi constitutive des
critères quantitatifs, numériques, pour éviter qu'il y ait
des risques sur ce plan-là. Ces critères,
généralement, sont adoptés par un conseil d'administration
dans les institutions privées.
(11 h 30)
Ce n'est pas dans les lois, sauf quelques grands
paramètres en ce qui concerne les banques dans la loi des banques, mais
disons que, règle générale, même les critères
qui sont inscrits dans la Loi sur la Caisse de dépôt et placement
sont plutôt des décisions du conseil d'administration lorsqu'on
adopte des politiques de placement et des politiques de ceci ou de cela. C'est
comme ça que les choses se passent. Mais, à la Caisse, on a voulu
mettre ça dans la loi pour être bien sûr qu'on soit à
l'abri de tout.
Le projet de loi qui est devant nous vise à
assouplir, moderniser, adapter. Le ministre, dans son discours en
deuxième lecture, en Chambre, a parié d'adapter. Je dirai qu'en
principe je n'ai rien contre - en principe - encore qu'il faut examiner chacun
des domaines que l'on veut affecter. L'adaptation, très bien, mais je
voudrais qu'on ne perde pas de vue les garanties de base qu'au départ on
voulait se donner dans la loi, les balises qu'on avait inscrites dans la loi.
Je dirais aussi que, jusqu'ici, ça n'a quand même pas tellement
nui à la Caisse de dépôt et placement, dont les rendements
sont parmi les meilleurs. Donc, moi, je veux vous informer d'avance, M. le
Président, que je voudrais qu'on étudie chacun des articles de
loi avec grande prudence, et je suis très heureux que les hauts
fonctionnaires soient ici, parce qu'ils vont nous renseigner
là-dessus.
J'ai soulevé un autre point. Le ministre n'en a pas
parlé, mais c'est un autre point qui m'inquiète. Aux Finances,
depuis un certain temps, en particulier dans les discours du budget, dans la
façon de divulguer les renseignements, on est très parcimonieux,
et le Vérificateur général lui-même a émis
des réserves très sérieuses dans son rapport de
vérification. J'ai soulevé le point que cela ne me rendait pas
très confiant, d'autant plus que, quand je pose des questions au
ministre en Chambre, il ne répond pas. Il dit: C'est de la gestion
interne. Si on s'en va à la Caisse, après ça, si on
élargit trop, on ne pourra plus rien avoir comme renseignements.
Alors, ce que je veux dire, finalement, c'est que, quand je
soulève la question du Vérificateur général, dans
l'industrie privée, le rapport de vérification de la firme de
comptables qui signe ou qui atteste de la valeur des états financiers
est un rapport très important. Il faut savoir que les conventions
comptables sont à la base des renseignements que l'on divulgue. M. le
Président, en Chambre, le ministre m'a déjà dit: Des
conventions comptables, ce n'est pas la loi. Donc, je ne suis pas obligé
de les respecter. C'est ça qu'il a dit. Il a dit ça. Je pourrais
relever le texte même de ses discours là-dessus. Ça, c'est
inquiétant, parce que, au fond, il n'y a à peu près rien
dans la comptabilité qui soit du domaine juridique, légal, sauf,
dans la loi des compagnies, certaines prescriptions qu'il y a. Mais, pour le
reste, pour l'organisation de la comptabilité, non, ce n'est pas du
domaine légal, c'est du domaine des conventions comptables. Ce sont des
conventions qui remontent jusqu'au Moyen Âge. Cependant, tout le monde
respectait ça. Tout le monde sait, en particulier dans le monde
anglo-saxon, à quel point c'est central pour l'organisation
économique d'un pays d'avoir un système de renseignements, des
principes de divulgation des renseignements des états financiers sur les
entreprises qui fondent les décisions de ce milieu
économique.
Donc, si on vient dire que les conventions ne sont pas du
domaine juridique, qu'on n'est pas obligé de s'y astreindre, ça
veut dire qu'on jette tout cela par-dessus bord. J'espère que le
ministre, aujourd'hui, va pouvoir nous dire que, non, finalement, il a bien
repensé à son affaire et que les conventions comptables, c'est
important. Je le dis parce que, en ce qui concerne une institution de placement
comme la Caisse de dépôt, c'est fondamental. Et, s'il y a de ces
balises qui sont dans la loi - chose que l'on trouve dans des politiques
décidées par un conseil d'administration alors qu'ici c'est dans
la loi - je pense qu'on ne peut pas trop s'en échapper, en prendre trop
large. Même si on veut moderniser, il y a des données
fondamen-
tales là-dedans qui sont des balises de contrôle
majeures.
Après ça, la divulgation des états financiers - qui
est l'autre point - doit tenir compe que les conventions ont été
respectées. Et je souligne, encore une fois, que l'expérience que
nous avons eue au cours des dernières années, ici, c'est que ce
n'est pas le cas. Le ministère des Finances en a pris large
là-dessus. Qu'on sache que, pour la réforme la plus importante de
la fiscalité à laquelle on ait eu à participer au cours
des dernières années, celle de la TPS et de la taxe de vente,
l'alignement, l'harmonisation de la taxe de vente, on n'a toujours pas les
impacts quantifiés par le ministère des Finances qui dise: Sien,
c'est ça qui s'est passé. Non, il n'y a rien de ça. Alors,
je pense que, ça, c'est important de le souligner.
Alors, M. le Président, globalement, j'ai voté contre en
deuxième lecture, parce que, d'une part, en prétendant adapter ou
moderniser, on élargissait, m'a-t-il semblé à
l'époque, de façon considérable les balises quantitatives
inscrites dans la loi antérieurement et, en contrepartie, lorsqu'on
arrivait à la divulgation des renseignements dans le rapport annuel,
c'était plutôt la tendance à restreindre. Le ministre a
dit, tout à l'heure: Non, non, on ne restreint pas trop. Mais on va
aller dans le détail parce que, à mon sens, c'est un
équilibre. Plus on décentralise, plus on confie des mandats, plus
on laisse la liberté à des gestionnaires, plus l'obligation de
rendre compte doit être précise, doit être large, et plus
celui qui délègue l'autorité dort pouvoir, lors de la
reddition de comptes, savoir ce qui s'est passé réellement.
Alors, là, dans le contexte, on réduit les balises, puis,
en tout cas, quand on regarde à la fin du projet de loi, on a
plutôt l'impression qu'on réduit aussi les obligations quant
à la divulgation des renseignements. Et c'est là où je
pense qu'il faut vraiment revoir cet équilibre-là, parce que, si
tel est le cas, on s'en va complètement en sens inverse.
C'est-à-dire que les gestionnaires, à l'interne - je ne remets
pas du tout en cause leur probité, leurs qualités de
gestionnaires; ce n'est pas ça du tout - si on leur donne toute la
liberté de faire ce qu'ils veulent à l'interne, il faut, en
contrepartie, que la reddition de comptes soft plus serrée, que les
renseignements soient plus serrés, qu'on élabore davantage dans
le rapport annuel.
On me dira que, sur le plan des pratiques de la concurrence, ce n'est
peut-être pas très sain de le faire ainsi, parce que, dans le
privé, on est assez jaloux des renseignements internes. On veut
être très discret sur sa gestion, puis je le comprends. Mais, par
ailleurs, la Caisse de dépôt et placement est un organisme public
qui gère des fonds publics, mais absolument publics, donc, qui doit
opérer au grand jour. Donc, il faut admettre qu'il y a un certain
équilibre qui doit être maintenu sur ce plan-là.
J'ai soulevé, M. le Président, d'autres points au cours de
l'étude de deuxième lecture - le ministre y a fait
référence tout à l'heure - d'autres points qui sont
inscrits dans la loi, ici et là, par exemple, la balise des 20 % en ce
qui concerne les emprunts faits par les commissions scolaires, les
municipalités et autres organismes publics et parapublics, les
hôpitaux aussi, je suppose. Auparavant, la loi disait que la Caisse de
dépôt et placement ne participait pas à plus de 20 % de ces
émissions d'obligations. Et, donc, pour nous, il y a comme une garantie
implicite dans un tel cas - on y reviendra un peu plus loin - mais cela veut
dire que, si la Caisse de dépôt et placement ne participe pas
à plus de 20 %, il y en a d'autres qui participent à 80 %, et,
donc, qui posent un jugement de valeur sur la qualité de
l'émission d'obligations. Et cela met, en quelque sorte, d'autres
partenaires au dossier. Et la Caisse de dépôt - on emploie souvent
les mots «partenaires silencieux» -voyant que d'autres
investisseurs très sérieux participent, y met elle-même de
ses fonds, jusqu'à 20 %. C'est une garantie. C'est comme des pari passu;
c'est des choses comme ça qui se passent dans le privé. Donc, il
y en a plusieurs qui participent, puis tout le monde porte son jugement.
Dans le cas qui nous occupe, si on fart sauter la balise de 20 %, par
exemple, ça veut dire que la Caisse de dépôt va aller
acquérir 100 % d'une émission d'obligations. C'est elle qui va
être amenée à prendre le risque au complet, mais c'est elle
aussi qui va étudier le dossier presque exclusivement. En tout cas, on
me rassurera là-dessus, mais, à lire la loi, il n'y en a plus, de
limite. Donc, elle peut acquérir une émission d'obligations
à 100 %. (11 h40)
Ça veut dire que c'est elle qui va porter le jugement de fond sur
le dossier. Ça veut dire qu'elle doit s'équiper pour le faire de
façon compétente, donc on commence à se doter de services
beaucoup plus lourds, qui doivent aller au fond des choses. Moi, je pose la
question: Est-ce que c'est sain de faire ça? C'est ça, 100 %. Il
n'y en a pas d'autres qui vont regarder le dossier; ça va être la
Caisse de dépôt et placement.
Deuxièmement, ça amène une municipalité
à aller voir la Caisse de dépôt et placement et à
dire: Écoutez, probablement que les frais d'émission vont
être moins élevés. C'est quand même gros, dans le
privé, les frais d'émission d'obligations. C'est plusieurs points
de pourcentage. Ça peut même aller à 6 %, 7 % ou 8 %,
peut-être même plus, des fois. Alors, la tendance d'une institution
comme une municipalité, ça va être d'aller à la
Caisse de dépôt et placement, parce que ça
m'étonnerait que, lorsque la Caisse de dépôt va placer, va
décider de prendre 100 %, elle charge des frais d'émission aussi
importants qu'un courtier ordinaire du marché. Donc, il y a
une espèce d'élément de concurrence qui va
s'insérer avec le privé. Je soulève la question;
peut-être qu'on aura des objections à me faire valoir. Très
bien.
Plus que ça, M. le Président. Vous avez la Caisse de
dépôt qui accepte de prendre l'émission d'une
municipalité, à un moment donné. Un mois après, la
municipalité voisine, en quelque sorte, entend parler de la chose, comme
ça a bien été, comme ça a été facile,
ça s'est bien passé, les relations sont cordiales, etc. Elle veut
aussi aller voir la Caisse de dépôt et placement. Là, la
Caisse de dépôt et placement a des réserves - c'est
possible et il faut le comprendre - par rapport à une autre
municipalité. Alors, qu'est-ce qui arrive? La Caisse de
dépôt est amenée à prendre position pour une
municipalité et contre une autre municipalité. Au nom de quoi?
Pourquoi va-t-elle être amenée à débattre du cas?
Probablement pas sur la grande place publique de tout le Québec, mais,
dans des régions, ça peut faire des soubresauts. Donc, vous voyez
que, petit à petit, il y a des éléments qui sont, en
quelque sorte, du sable dans l'engrenage. C'est la question que je pose. Si
vraiment on est capable de dire: Bien non, ça ne se passera pas... Mais
je pense que la question mérite d'être posée.
Alors, c'est vrai aussi pour les hôpitaux. Tout ce monde-là
se parle: le réseau des hôpitaux, le réseau des
universités, le réseau des municipalités, le réseau
des commissions scolaires. Mettez-les tous, ça va être partout
pareil. Québec, c'est un petit cosmos. Avec 7 000 000 d'habitants, les
choses se savent assez vite. Ça prend, des fois, quelques jours, mais
ça finit par se savoir. Alors, ce sont des éléments que je
voulais soulever.
Dans l'immobilier, peut-être que, par la clause omnibus, la Caisse
de dépôt et placement pouvait déjà intervenir, comme
dans d'autres domaines; mais la clause omnibus était déjà
elle-même balisée. Là, on ouvre: investissement dans
l'immobilier - et on va discuter de la garantie de 75 % qui m'a l'air, elle
aussi, élargie - et investissement dans l'immobilier à
l'extérieur. Je rappelle simplement - et je l'ai rappelé dans mon
discours de deuxième lecture - que nous assistons, à l'heure
actuelle, à la débâcle du plus grand empire immobilier qui
ait jamais été formé, les Reichmann. Là, ça
se passe sous nos yeux, par les temps qui courent; depuis deux mois, c'est de
ça qu'on parle. Pourtant, jusque-là, jusqu'à il y a cinq
mois, un an, personne n'avait jamais remis en cause le bon jugement des
Reichmann dans le domaine immobilier. Au contraire, tout le monde les admirait,
les adulait, on était en adoration devant les Reichmann, devant l'empire
qu'ils avaient monté, le plus grand du monde. On n'avait jamais vu
ça. Des gens de Toronto. Toutes nos banques, ici, ont été
mêlées dans la sauce, pratiquement, à coups de 100 000 000
$, à coups de 500 000 000 $. Une minute? Puis, le domaine immobilier,
c'est un domaine considéré comme à l'abri de tout
soupçon, de tout risque. Pourtant, c'est en déconfiture. Canary
Wharf, à Londres, est pratiquement aux enchères, actuellement. Ce
sont des projets... Donc, il y a quand même des risques un peu partout.
On s'en va à l'étranger... J'ai simplement souligné... Je
termine là-dessus. Le président me fait signe que c'est
terminé.
Je voulais que l'on concilie aussi les objectifs de la
sécurité du placement et le développement
économique. Disons qu'on n'a pas nécessairement quelque chose
contre un achat de terrain à New York. Est-ce que c'est ça qui
fait le plus grand développement économique pour les
Québécois? Ça peut, à l'occasion. Il faudrait juger
sur preuve. Mais, a priori, ce n'est pas évident. Je veux juste vous
dire que ce n'est pas évident, tout simplement.
Alors, voilà les interrogations qui m'ont amené à
être très prudent en deuxième lecture et à dire au
ministre: J'en ai trop. Et je lui rappelle, tout simplement, en conclusion,
que, pour moi, le point majeur qui m'a amené à voter contre, ce
n'est pas chacun des points individuels surtout, mais c'est le
déséquilibre entre l'augmentation de délégation que
l'on demande et l'obligation de rendre compte. Je trouve que le fossé
s'est agrandi, et l'attitude du ministre des Finances me rendait plutôt
insecure, celle qu'il a eue jusqu'ici, à tout le moins!
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques préliminaires à formuler? Oui, Mme la
députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: M. le Président, je voudrais, à mon
tour, saluer les dirigeants de la Caisse, qui sont avec nous ce matin. Je pense
que ce sera effectivement fort intéressant et que ça risque
d'être très pertinent qu'ils puissent nous donner les informations
qui sont nécessaires pour qu'on puisse faire notre travail de
législateurs, évidemment.
Je n'ai pas l'intention d'intervenir longuement. Simplement,
peut-être, pour quand même redire aux membres de cette commission
et, à travers vous, au ministre des Finances, que c'est vrai que j'ai
soulevé des points, que j'ai insisté sur un certain nombre de
points dans mon intervention, sans reprendre nécessairement tous les
éléments qu'avait abordés mon collègue responsable
du dossier, le député de Labelle. Mais je ne voudrais pas que mon
intervention soit interprétée dans le sens que je n'étais
pas d'accord avec le vote auquel nous avons participé,
c'est-à-dire que nous avons voté contre le projet de loi au
moment où il a été présenté, où nous
avons eu des échanges.
Cela étant dit, c'est évident que, si on
travaille ici, en commission, c'est pour essayer de bonifier le projet,
pour essayer d'avoir des informations plus complètes. Je pense que le
chef de l'Opposition a, d'ailleurs, à cet égard-là, fait
une intervention très précise pour mettre le «focus»
sur un certain nombre de craintes que l'on peut avoir. Il faut être
conscient - et on va se le répéter sûrement tout au long de
nos travaux - qu'on s'adresse aux petites économies de tous les
Québécois. Dans ce sens-là, je pense qu'il faut être
prudent, tout en étant conscient aussi qu'il faut permettre à la
Caisse de jouer son rôle. Et son rôle, évidemment, est de
s'assurer que cette épargne aille chercher un certain rendement, mais de
s'assurer aussi que "ëîte épargne puisse être investie
au niveau de l'économie du Québec, tout en respectant certaines
balises.
Or, comme on élargit certaines balises, il est normal qu'on
puisse soulever certaines questions et s'assurer que les contrôles
puissent continuer de s'effectuer, sans, cependant, que ça soit des
entraves tellement majeures à l'action de la Caisse que ça fasse
en sorte qu'elle n'atteigne plus l'un ou l'autre de ses objectifs. Et c'est
essentiellement ça qu'on va rechercher dans l'étude du projet de
loi qui est devant nous: faire en sorte qu'on respecte cet équilibre
entre les objectifs que poursuit la Caisse.
Moi, de mon côté, je souhaite contribuer -dans la mesure
où je pourrai être présente à nos travaux; ce ne
sera peut-être pas toujours le cas, parce que j'ai d'autres projets de
loi, quoique je pense que c'est ici qu'ils doivent revenir aussi; alors je
pourrai suivre, d'une façon assez attentive, les travaux - à
bonifier le projet de loi qui est devant nous, à ce qu'on apporte
l'éclairage qui est nécessaire pour répondre aux questions
qu'on a soulevées au moment de la discussion en Chambre.
Éventuellement, on verra si cela réussit à répondre
à nos inquiétudes, mais, pour l'instant, elles restent toujours
là et les réponses que nous obtiendrons nous permettront de voir
comment on peut aller plus loin, M. le Président. Alors,
c'étaient simplement les remarques que je voulais faire à ce
moment-ci de nos travaux. (11 h 50)
Le Président (M. Camdem): Je vou^ remercie, Mme la
députée de Taillon. M. le ministre, je crois que vous avez des
commentaires.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, j'aimerais remercier Mme la
députée de Taillon. J'ai eu l'impression, en l'écoutant et
en écoutant son collègue, le député de Labelle,
que, si on avait pu passer ce qu'on appelait autrefois la troisième
lecture avant la deuxième, ça aurait été
préférable, parce qu'on s'attache beaucoup a des questions
touchant divers articles dans le contenu du projet de loi, alors qu'on ne met
pas en cause le principe de modernisation et d'adaptation de la
législation relative au bon fonctionnement de la Caisse; on ne met pas
en cause non plus les objectifs qui ont présidé à la
création de la Caisse. Mais, que voulez-vous, le règlement est
fait comme ça. Il faut qu'on discute en général d'abord;
on doit discuter du principe, de l'adoption du principe, alors que je suis
convaincu que, si on avait eu la commission parlementaire avant la
deuxième lecture - ce qu'on appelle aujourd'hui l'étape de
l'adoption du principe - on aurait probablement eu un vote unanime. Ça
aurait été préférable pour l'institution telle
qu'elle a été décrite par nos amis d'en face, une
institution nationale extrêmement importante et à laquelle on doit
apporter notre concours le plus entier.
Ces remarques d'ordre général étant faites, je
tiendrais, avant que l'on procède article par article, à relever
une couple, peut-être, de sujets. On a parlé des conventions
comptables. Je sais que c'est cher au député de Labelle, mais il
aura l'occasion, lorsque nous arriverons à l'article 46, par exemple, du
projet de loi, de voir que ça a préoccupé ceux qui nous
ont conseillés, justement, dans la rédaction de ce projet de
loi.
M. Léonard: II y a 29 articles au projet de loi, M. le
Président.
M. Levesque: 46...
Mme Marois: L'article 46 de la loi elle-même,
j'imagine.
M. Levesque: ...du texte actuel... Mme Marois: Du texte
actuel, oui.
M. Levesque: ...qui est l'article 26 de la loi modifiant la loi
originale. Et on verra là, par exemple, que, dans le texte actuel, on
n'avait pas cette préoccupation relativement aux conventions comptables.
Et là on voit, dans le texte proposé, «des états
financiers vérifiés établis selon les principes comptables
généralement reconnus». Alors, vous voyez que cette
préoccupation-là, celle du député de Labelle,
ça avait déjà été pensé par les
rédacteurs du projet de loi.
Quant aux conventions comptables auxquelles se référait en
général, mais dans un autre dossier, le député de
Labelle - encore là, il revient souvent là-dessus - je tiendrais
simplement, amicalement, à lui faire part que c'est justement à
cause des revendications et des observations annuelles que faisait le
Vérificateur général depuis plusieurs années, alors
que nos amis étaient au gouvernement - et qui ne semblaient pas du tout
les émouvoir, à ce moment-là - que nous avons, nous,
décidé de répondre aux critiques du Vérificateur
général et de nous y conformer d'une façon
généralement,
je pense, assez complète. Le seul item où le
député de Labelle, si je me rappelle bien, a peut-être, en
voulant me citer... C'est lorsque nous avons fait des paiements
anticipés, des versements anticipés; à ce
moment-là, je lui ai dit que, légalement, on pouvait le faire. Je
ne le regrette pas, parce que ça veut dire qu'on a bien
administré, qu'on a des fonds assez pour payer des dépenses
d'avance. Mais, enfin, on ne s'entendra jamais là-dessus. Bon! On va
passer à l'étude, si vous voulez, de la loi actuelle.
Et un autre item que le député de Labelle a
soulevé, c'est son inquiétude. Il a insisté, il est
allé en avant des coups en parlant des 20 % que la Caisse pouvait
prendre dans le financement des organismes publics. Jusqu'à maintenant,
c'est 20 %. Et, en enlevant la limite, est-ce qu'on peut arriver à une
situation, par exemple, où la municipalité X serait très
satisfaite de ce qu'elle a obtenu de la Caisse comme financement, et l'autre,
à côté, viendrait après ça et dirait que la
Caisse a des hésitations? Mais, que ce soit à 100 % ou à
20 %, c'est le même cas. Aujourd'hui, la Caisse peut en financer une
jusqu'à 20 % et l'autre, 0. C'est la même situation, à mon
sens. Je pense que la Caisse n'a pas... d'ailleurs, vous savez, m. le
président, si on regarde ce qui arrive présentement avec ces 20
%, la caisse, à cet égard, dans son portefeuille d'obligations,
aujourd'hui, dans ce domaine-là, détient 926 000 000 $
d'obligations émises par les municipalités, alors que l'encours
total émis est de 11 400 000 000 $. c'est-à-dire que,
présentement, bien qu'elle pourrait avoir 20 % de l'ensemble, elle a
à peu près 8 %. alors, ce n'est pas une question, pour la caisse,
d'aller chercher jusqu'à la dernière limite, de tout prendre,
puis d'enlever toute concurrence. ce n'est pas l'intention. c'est pour avoir un
peu plus de flexibilité, encore une fois, et toujours en tenant compte
que la caisse doit agir comme une personne prudente et raisonnable. quel est le
mot? c'est ça. «comme une personne prudente et raisonnable»,
ça, on revoit ça continuellement, de nos jours. lorsqu'on a
à légiférer pour d'autres sociétés, on voit
toujours ce critère revenir, de plus en plus. c'est simplement une
adaptation.
Ceci étant dit, M. le Président, j'aurai l'occasion, au
cours de cet échange, d'essayer, du moins, de répondre aux
interrogations et, en même temps, la Caisse, par ses dirigeants, ici,
pourra ajouter s'il y a des éléments où on a besoin de
compléter l'information.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...avec la permission du ministre et la
vôtre, évidemment, est-ce qu'on pourrait entendre le
président de la Caisse faire un exposé sur les objectifs du
projet de loi? D'a- bord, j'ai l'impression qu'il va être très
clair là-dessus. Le ministre a un peu tendance à s'au-toencenser
quand il parle et ça gêne un peu la compréhension du sujet,
voyez-vous? Alors, le président de la Caisse...
M. Levesque: Je ne sais pas s'il veut avoir ma permission ou...
Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Non, brièvement, je n'ai pas d'objection.
M. Léonard: Je pense que, si vous n'avez pas d'objection,
j'aimerais l'entendre, parce qu'il vient d'arriver, ça fait un an et
demi, deux ans maintenant? Alors, ça fait deux ans qu'il est là.
Il a pris connaissance des meubles, maintenant, et je suppose que c'est un peu
après l'avoir fait qu'il nous arrive avec des propositions de
modifications, puis peut-être une autre orientation. Bref, j'aimerais
bien l'entendre là-dessus.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle, je constate donc qu'il y a consentement. Alors, M. Delorme.
M. Levesque: Mais à condition que ça ne parte pas
un autre débat, tu sais: réponses, contre-inter... Il faut
partir, il faut faire quelque chose.
M. Léonard: Est-ce que le ministre entend fixer une heure
limite aux travaux de la commission?
M. Levesque: Non. Je ne sais pas quel...
Le Président (M. Camden): Est-ce que je comprends...
M. Levesque: II faut comprendre ce qu'on fait, c'est tout.
Le Président (M. Camden): ...bien qu'avant qu'on ne
débute M. Delorme fera un exposé, dans un temps limité, et
que, par la suite, il n'y aura pas...
M. Léonard: Une mise en situation.
Le Président (M. Camden): ...d'autres échanges et
que nous nous engagerons immédiatement dans l'étude de l'article
1? Je comprends que c'est ça.
M. Léonard: Et peut-être que le ministre
lui-même va poser des questions au président. Ça ne
m'étonnerait pas.
M. Levesque: Je vais essayer de m'abste-nir.
M. Léonard: En tout cas, disons que l'intention, M. le
Président, ce n'est pas d'enclencher un vaste débat. Remarquez
qu'on n'a pas fait une série de propositions pour entendre toutes
espèces d'organismes, mais ça aurait pu être très
intéressant d'entendre d'autres banques du secteur privé pour
voir ce qu'elles pensaient de ce projet de loi. C'est vrai. Qu'est-ce qu'elles
en pensent?
M. Levesque: Ne vous encouragez pas. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Ne soulevez pas trop la question. Alors,
allons-y, M. le Président!
Exposé du président de la Caisse de
dépôt et placement
Le Président (M. Camden): Alors, M. Delorme.
M. Jean-Claude Delorme
M. Delorme: Merci, M. le Président. Étant
donné les interventions qui ont été faites de part et
d'autre, je ne sais plus exactement ce qu'on attend de moi comme intervention
générale...
Des voix: Ha, na, ha!
M. Delorme: ...mais j'ai noté, cependant, qu'on
-souhaiterait qu'elle soit à la fois pertinente et brève.
Alors, c'est exact que je suis en fonction depuis bientôt deux
ans. En fait, ce sera exactement le 1er juillet que je fêterai mon
deuxième anniversaire. J'ai eu l'occasion, comme M. Léonard l'a
dit, de prendre connaissance des meubles - je dirais même aussi des
immeubles - et de voir, en fait, comment les choses se passaient. (12
heures)
Sur les principes généraux, j'ai pris connaissance des
déclarations qui ont été faites en Chambre, la semaine
dernière. J'ai écouté également le ministre, de
même que les représentants de l'Opposition, et je crois que, sur
le plan des principes, il y a accord total non seulement sur l'importance de
maintenir des balises, étant donné que nous administrons les
fonds publics, mais aussi de divulguer toute l'information qui peut être
pertinente ou utile dans les circonstances. Donc, s'il y a des divergences ou
des ambiguïtés, c'est uniquement sur les modalités
d'application de ces principes.
Je crois que, lorsque nous arriverons à l'étude des
articles qui concernent plus spécifiquement les limites que M.
Léonard a appelées les limites numériques ou les limites
chiffrées, on pourra faire la démonstration qu'effectivement les
balises n'ont pas été élargies d'une manière
excessive. Au contraire, elles ont été, pour la plupart,
maintenues et maintenues, cependant, sous une autre forme et dans d'autres
articles pour éviter les ambiguïtés et les
répétitions.
Pour ce qui est des émissions d'obligations des organismes
publics et des municipalités, en particulier, je reconnais que c'est un
sujet délicat et qu'à première vue on peut avoir
l'impression que, si on enlève la limite de 20 %, la Caisse, donc, ayant
un nouveau droit, l'exercera, de toute façon, et, possiblement,
jusqu'à concurrence de 100 %. Je crois que, de ce point de vue
là, il faudrait, d'une part, rappeler les statistiques que M. Levesque a
citées, qui indiquent que, même avec une limite de 20 %, nous
sommes bien loin du maximum qui nous est permis. D'autre part, il faut aussi,
je crois, rappeler que la Caisse est un investisseur dont le portefeuille est
et doit être extrêmement diversifié et, donc, qu'on ne peut
pas, ne serait-ce que pour des fins de gestion, concentrer une trop grande
proportion des actifs dans tel ou tel secteur. Même en l'absence de
limites, à l'heure actuelle, je crois que la Caisse s'est imposé
certaines limites de prudence.
En troisième lieu, je crois que les amendements visent à
doter la Caisse non seulement des moyens, mais également des principes
de gestion qui, déjà, s'appliquent à d'autres institutions
et qui sont, dans le cas des institutions financières du secteur
privé, regroupés sous l'expression bien connue: la personne
prudente et raisonnable. Donc, je crois que, de ce point de vue là, il y
a des limites au-delà desquelles la Caisse ne pourra pas aller, dans
aucun domaine et même, en particulier, dans les domaines des
municipalités.
Dans le domaine des émissions d'obligations des
municipalités, il arrive assez peu fréquemment qu'il y ait ce
qu'on appelle des émissions privées, donc des émissions
qui pourraient se prêter à un achat total par un investisseur, y
compris la Caisse. Il y a, cependant, plus fréquemment maintenant des
émissions qu'on appelle semi-privées. Par définition,
elles regroupent ou elles tendent à regrouper... Elles sont offertes,
devrais-je dire, à plusieurs investisseurs. Cette émission est,
en général, organisée par un courtier qui, lui, ensuite,
se préoccupe d'aller chercher des investisseurs qui les achètent.
On constate également qu'il y a de plus en plus une tendance à
procéder par voie d'enchères, par voie d'encans.
Donc, si on reprend toutes ces pratiques, si on tient compte du principe
que la Caisse doit agir comme une personne prudente et raisonnable, qu'elle
doit, en vertu d'un autre article également, investir de manière
à aller chercher un rendement et une appréciation de son capital,
je crois que, comme investisseur, la Caisse, déjà, doit se doter
de principes d'investissement qui éviteront d'augmenter les risques
inutilement. Dans le cas des municipalités, en maintenant le
risque à l'intérieur de balises normales pour un
investisseur, ce pouvoir, qui serait conféré à la Caisse,
si l'amendement est adopté, aurait pour effet de donner à la
Caisse une possibilité ou des moyens d'intervention sur les
marchés qui lui permettraient d'optimiser l'efficacité des
marchés. Je crois que ce serait au bénéfice des
émetteurs eux-mêmes. Je ne crois pas que ça puisse
prêter à des excès lorsqu'on voit ces investissements dans
un ensemble global.
Alors, M. le Président, je limiterai mes remarques à ceci,
mais cependant je suis disposé à répondre aux autres
questions qu'on pourra me poser.
Le Président (M. Camden): Alors, on vous remercie, M. le
président. Est-ce qu'on est maintenant disposé à
procéder à l'article 1?
M. Léonard: Étant donné que le ministre
s'opposait à ce qu'on pose des questions, ça va, on posera des
questions lors de l'étude des articles. Sur le plan des principes, je
voudrais juste...
Le Président (M. Camden): Alors, je comprends donc qu'il y
aura quelques questions.
M. Léonard: ...faire une remarque. Je pense que,
sûrement, de ce côté-ci, et de l'autre côté, je
ne pense pas non plus, sauf certains qui ont évoqué
l'idée, à un moment donné, qu'il fallait scinder la Caisse
- c'était de l'autre côté de la Chambre ou des gens,
plutôt, affiliés à l'autre côté de la Chambre,
faut-il dire - il n'y a personne qui remet en cause la...
M. Levesque: Pas des députés.
M. Léonard: ...Caisse de dépôt et placement,
cette institution-là. Au contraire, tout le monde en est fier. On est
tellement fier qu'au fond on veut avoir une attitude très prudente quand
il s'agit de modifier des choses à l'intérieur, parce que les
grands risques se prennent souvent en faisant sauter des balises comme
ça. Il y a des fois où c'est un immense succès, mais il y
a des fois où c'est un immense flop. C'est ça. C'est de la nature
du risque. Alors, le point, et je pense que, ça, c'en est un principe,
c'est celui de la délégation par rapport à la divulgation
publique des renseignements, et dans des justes balises aussi, parce qu'on ne
peut pas tout dire, non plus, en public. Il faut comprendre ça. Cet
équilibre, moi, je pense que c'est important de l'assurer. En tout cas,
ça va guider ma réflexion tout le long de cette étude, je
peux vous le dire.
M. Levesque: Si je pouvais ajouter simplement...
M. Léonard: Ce n'est pas parce que j'ai des atavismes
comptables, que soulève assez souvent le ministre des Finances, que je
le fais. Je pourrais soulever les siens. Je ne sais pas si... Ce que je veux
dire, c'est que...
M. Levesque: Ce que je veux dire, moi, au député de
Labelle, c'est que je suis complètement de son avis quant au besoin de
prudence. S'il y a quelqu'un qui a peut-être mis la prudence en avant
d'autres qualités ou d'autres critères, c'est celui qui vous
parle, et je ne le fais pas par ostentation ou vantardise. Vous savez que ce
n'est pas mon habitude. Je dis que c'est ça qui m'a guidé,
justement, encore une fois, dans l'étude de ce projet de loi. Et
même, sans vouloir dévoiler quoi que ce soit, je vous dirais que
ce produit-là n'est pas venu directement de cette
façon-là. Il était autrement. Il y a eu des
éléments qui sont disparus dans le projet de loi, et c'a toujours
été dicté par cette prudence qui doit nous guider si on
est réellement attaché à l'institution. Je suis convaincu
de la bonne foi, autant d'un côté que de l'autre, des membres de
la commission.
Le Président (M. Camden): Merci, M. le ministre. Alors,
j'appelle l'article 1.
Étude détaillée
M. Léonard: Est-ce qu'il y a un cahier explicatif?
(Consultation)
M. Levesque: Vous avez votre propre version. On peut
échanger. Ha, ha, hal
M. Léonard: Nous, on a laissé en blanc la section
commentaires. Est-ce que le ministre veut divulguer ses propres
commentaires?
M. Levesque: À mesure. À mesure. M.
Léonard: On peut commencer par là.
M. Levesque: J'ai commencé tout à l'heure; dans mes
propos du début; j'ai fait pas mal de commentaires, mais on pourrait
être plus précis.
M. Léonard: C'est parce que je voudrais souligner au
ministre qu'il y a plusieurs de ses collègues qui, lorsqu'ils
s'amènent ici avec un projet de loi modifiant une autre loi, donnent le
texte actuel, le texte proposé avec tes modifications et des
explications pourquoi, etc. On n'a pas ça, là.
Le Président (M. Camden): Peut-être a-t-il voulu
vous laisser croire qu'il vous faisait confiance pour tous ces commentaires et
qu'il laissait pleine initiative à la formulation de commentaires.
M. Léonard: C'est ce que je soulignais. Le ministre est
toujours en train de dire que, oui, il est porte ouverte comme une grange.
Mais, au fond, il faut aller chercher les renseignements un par un. Alors,
entre ce qu'il dit et ce qu'il fait, il y a comme une certaine marge difficile
à combler, un fossé.
M. Levesque: Si c'était ma première année
ici, ça serait correct, mais non, j'en ai trop vu jusqu'à
maintenant. Je pense qu'on est aussi transparent qu'on peut l'être dans
les circonstances. (12 h 10)
Mme Marois: M. le Président, effectivement, ;3 vais
appuyer mon collègue dans ce sens-là. Je travaille souvent avec
le président du Conseil du trésor qui nous dépose toujours
un cahier avec les commentaires. En fait, on explique ce pourquoi on a fait ce
changement. On met les assises qui viennent justifier ce qu'on ajoute, ce qu'on
retranche ou peu importe. Alors, c'est juste dans ce sens-là. Le
ministre peut toujours, par la suite, procéder à tous les
commentaires qui lui apparaissent pertinents, il n'y a aucun
problème.
M. Levesque: Alors, je prends note de la suggestion. On peut
toujours s'améliorer.
Mme Marois: Oui, bien sûr. Ha, ha, ha! M.
Léonard: C'est une façon de dire non. M. Levesque: On
ne peut rien vous cacher! Le Président (M. Camden):
Élégamment!
M. Léonard: Je n'ai pas toute l'expérience du
ministre, mais je commence à le connaître assez pour savoir ce que
ça veut dire.
Exécution des obligations de la Caisse
M. Levesque: Bon. L'article 1 modifie l'article 4. Ça
précise les droits et obligations de la Caisse sur le patrimoine qui lui
est confié, ce qui peut avoir pour effet de rassurer les investisseurs
avec lesquels elle fait affaire quant à l'exécution des
obligations contractées par la Caisse.
On peut donner un exemple: le privilège d'insaisissabilité
associé au statut d'agent de la couronne peut rendre précaires
les droits de tout cocontractant. Le droit de la Caisse de consentir des
sûretés est également ainsi confirmé et la
responsabilité du gouvernement, qui pourrait être associé
à ce statut d'agent de la couronne, est écartée.
Alors, je pense que ce n'est pas du droit nouveau, mais que c'est une
précision qui aide la Caisse. M. Scraire, c'est vous qui avez
ajouté ça?
M. Scraire (Jean-Claude): Disons que la plupart des agents de la
couronne se heurtent, à un moment donné, à ces
difficultés d'interprétation. C'est-à-dire que leurs
actifs jouissent du privilège d'insaisissabilité comme agents de
la couronne, ce qui rend précaire le droit des contractants. Alors, plus
on fait affaire dans certains secteurs, plus les questions peuvent se poser par
rapport à la capacité de la Caisse d'engager son actif, autrement
dit d'honorer sa signature, purement et simplement. Alors, c'est une adaptation
qui est suggérée par nos conseillers juridiques depuis quelques
années, qui a été faite dans la plupart des autres
organismes comme Hydro-Québec ou la plupart des organismes
d'État. C'est à peu près le texte qu'on retrouve pour ces
organismes-là.
M. Léonard: La SDI?
M. Scraire: Spécifiquement, je l'ignore quant à la
SDI.
M. Léonard: C'est la même chose?
M. Levesque: On pense que oui, mais on peut le
vérifier.
M. Scraire: L'avantage, par ailleurs, en plus de préciser
la possibilité de saisissabilité, c'est aussi de scinder la
responsabilité par rapport au gouvernement. Ça précise
ça aussi. C'est que, quand la Caisse s'engage, elle n'engage pas le
gouvernement. Elle n'engage qu'elle-même. C'est un avantage additionnel
de l'article.
Mme Marois: Ça, le fait que ça n'engage
qu'elle-même et non pas le gouvernement, qu'est-ce que ça a comme
effet réel? Qu'est-ce que ça pourrait avoir comme effet
réel? Donnez-moi un exemple de ce que ça pourrait signifier dans
le cas d'une transaction par rapport à maintenant.
M. Scraire: C'est une précision qui est nettement d'ordre
juridique. Ce n'est pas le genre de problème qu'on rencontre à
tous les jours ou qui est soulevé très fréquemment. Dans
le cadre de transactions, comme il y a de plus en plus de transactions
internationales sur tous les marchés financiers, les lois applicables
sont souvent différentes. Ce n'est pas toujours le droit du
Québec qui est applicable, loin de là. C'est souvent les lois,
soit de l'Angleterre, soit des États-Unis ou d'autres pays, qui sont
applicables aux transactions financières qui sont faites. Quel est le
statut des agents de la couronne eu égard à ces lois-là?
Quel type d'interprétation on pourrait recevoir? C'est - comment dire? -
une volonté de clarifier et de protéger qui amène à
dire que, effectivement, quand vous contractez avec la Caisse, vous pouvez,
comme si c'était une institution qui est du domaine des
affaires, comme n'importe quelle autre...
Mme Marois: Une institution privée ou quasiment.
M. Scraire: ...et c'est ce qui est son cas, prendre des
procédures contre la Caisse et, à la limite, exécuter les
obligations qu'elle a contractées avec vous. Par ailleurs, sa loi
constitutive dit très bien - et vous devez le savoir - que, quand elle a
signé avec vous, elle n'a pas engagé le gouvernement. Qu'est-ce
que ça pourrait vouloir dire dans un cas spécifique? Je n'ai pas
un exemple immédiat qui me vient à l'esprit. C'est juste de
clarifier.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Jusqu'ici, vous avez fait des transactions sur
des biens meubles et immeubles. Je suppose que la question a été
soulevée, quand même, à de multiples reprises, dès
que vous entriez dans une entente quelconque, en termes de droit. Les
cocontractants ont posé la question. Comment vous avez solutionné
la question jusqu'ici? Ça vous embête, là, mais quand
même, depuis 30 ans ou presque, 25 ans, vous avez eu à faire face
à la situation. Qu'est-ce que vous faites actuellement?
M. Scraire: Eh bien, on s'appuie sur une théorie du droit
qui dit que, quand vous agissez dans le domaine commercial, vous devriez
être saisissable, vous devriez être sujet aux règles du
droit applicables aux commerçants. D'un autre côté, ce
n'est pas - comment je dirais ça -l'idéal que de revendiquer ce
statut-là. On préfère juste dire: Bien, oui,
techniquement, la Caisse, regardez, elle a le droit et vous pouvez la
poursuivre, plutôt que d'embarquer dans une théorie où on
dit: Écoutez, à tous égards, on n'est pas un agent de la
couronne. On ne veut pas être obligé de contredire le fait qu'on
est un agent de la couronne.
M. Levesque: mais je pense qu'il est important de dire que la loi
elle-même doit contenir, autant que possible, ce qui est exigé sur
le marché.
M. Léonard: Oui, je comprends, mais depuis...
M. Levesque: Alors, on ne demande pas aux gens: Allez donc voir
dans telle autre loi ou dans tel autre article et vous allez trouver la
confirmation. Ces gens-là, avec qui la Caisse fait affaire, je
m'imagine, vont prendre la loi de la Caisse comme base juridique des pouvoirs
et des limitations, etc., de la Caisse elle-même. Alors, on profite,
évidemment, de ces changements-là que l'on fait à la loi.
On n'en fait pas tous les ans, on n'en fait pas tous les jours. On dit: On va
préciser, comme c'est fait là, et on répond à une
demande des conseillers juridiques qui était là sur la table,
mais qui n'était pas d'une urgence telle que tout le processus
était bloqué au niveau de la Caisse. Pourquoi ne pas le dire
clairement et l'incorporer dans la loi originale?
M. Léonard: En fait, c'est vos cocontractants, à
l'heure actuelle, qui prenaient le risque par rapport à ça?
Mme Marois: C'est ça.
M. Léonard: Est-ce que cela augmentait les coûts
d'intérêt, à un moment donné, que vous étiez
appelés à supporter ou...
Une voix: Ça augmentait les frais d'avocat.
M. Léonard: Ça augmentait les frais d'avocat?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Ça, je n'en doute pas, là. Je
n'en doute pas.
M. Levesque: C'est probablement ça, dans le fond. S'il y
avait quelque chose comme incidence, c'était ça, parce que, en
réalité, on ne change pas. On confirme, on clarifie.
Mme Marois: Oui, c'est ça.
M. Léonard: Disons que vous faites cela. La contrepartie
qu'il faudrait voir, c'est que le cocontractant ne devrait pas pouvoir
poursuivre le gouvernement. C'est-à-dire que, si vous séparez les
deux...
M. Scraire: C'est ce qu'on précise dans l'expression:
«La Caisse n'engage qu'elle même lorsqu'elle agit en son propre
nom.»
Mme Marois: En son propre nom, c'est ça.
M. Scraire: C'est la contrepartie qu'on soulignait tantôt.
C'est que ça aide à clarifier ça aussi, qu'un engagement
de la Caisse, même si elle a le titre d'agent, n'est pas un engagement du
gouvernement. Ça devrait aider.
M. Léonard: À l'heure actuelle, quand on dit, dans
le deuxièmement: «Les personnes morales dont la Caisse
détient directement ou indirectement la totalité des
actions», là, ce sont des sociétés que la Caisse
crée, et je pense qu'on a demandé aussi que ce soit plus large,
ultérieurement, je ne sais pas où, là. Il peut y en avoir
une multitude, de ces personnes morales que la Caisse va susciter. Si vous
êtes dans l'immobilier, ce n'est pas juste Ivanhoé inc. qui
va être là. Vous pouvez scinder Ivanhoé en plusieurs
sociétés, dépendant des besoins, de toutes sortes de
transactions que vous allez avoir à faire. Alors, là, ça
devient des agents de la couronne du chef du Québec et les dispositions
du présent article leur sont applicables. (12 h 20)
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Delorme: M. le Président, je voudrais simplement tenter
de ramener cette question-là au niveau des principes. Je crois que,
d'une part, cet article, cet amendement confirme le droit de
propriété de la couronne dans les biens de la Caisse. Mais cet
amendement a pour effet, 2."! termes concrets, de préciser et de limiter
les droits des tiers avec lesquels la Caisse traite. Lorsqu'un investisseur,
que ce soit la Caisse ou une autre institution, prend des engagements envers un
tiers, ce tiers, naturellement, veut examiner la qualité, la
portée et l'étendue des pouvoirs de protection, de garantie
d'exécution de ses droits.
Donc, nous avons voulu, ici, préciser ce qui était
implicite dans l'interprétation qui était donnée
jusqu'ici, mais avec certaines ambiguïtés. Nous avons voulu
préciser que ces droits ne s'exerçaient que sur les biens qui
étaient effectivement les biens de la Caisse par opposition aux biens de
l'ensemble de la couronne. La logique, du moins d'après nous, nous a
amenés à conclure que, si on délimitait ainsi les droits
des tiers vis-à-vis de la Caisse, il était également
normal d'imposer une semblable limite pour les tiers qui contractent avec des
filiales de la Caisse, c'est-à-dire des personnes morales dont la Caisse
détient la totalité des actions.
Le Président (M. Camden): M. ie député de
Labelle.
M. Léonard: Vous maintenez, dans l'article 4 de la loi
actuelle, le paragraphe suivant: «Toute aliénation d'immeubles par
la Caisse doit être préalablement autorisée,
généralement ou spécialement, par le
gouvernement»?
M. Levesque: Non, on l'abroge.
M. Léonard: Vous l'abrogez.
M. Levesque: Ainsi que le suivant.
M. Léonard: Ah, vous le remplacez. Alors, il n'y a plus
d'autorisation du gouvernement pour transiger sur les immeubles.
M. Levesque: Ah, ils l'ont présentement par décret.
Ils ont l'autorisation d'une façon générale. Il y a un
décret qui le dit présentement. La loi le permet.
M. Léonard: C'est un décret qui remonte à
loin, ça? Au début de l'opération de la Caisse? M.
Levesque: En autant qu'on se rappelle.
M. Scraire: Au début des opérations
immobilières, quand la Caisse a commencé à investir dans
l'immobilier, que, évidemment, ça devenait du domaine du
placement. C'est qu'au départ il n'y avait pas tellement d'immobilier
à la Caisse et, l'immobilier, c'était plus pour les besoins
mêmes de la Caisse. Alors, quand la Caisse a commencé dans le
domaine du placement immobilier, là, c'est apparu évident que
ça ne pouvait pas fonctionner...
Mme Marois: C'est à quel moment, ça, à peu
près?
M. Scraire: Pardon?
Mme Marois: C'est à quel moment, ça?
M. Scraire: Je penserais que le règlement doit dater de
1977, 1978. L'immobilier, comme tel, en quantité, ça date des
années quatre-vingt.
Mme Marois: C'est ça.
M. Léonard: Est-ce qu'on l'a ici, ce décret?
M. Scraire: Non. Je ne pense pas qu'on l'ait. Ça dit en
substance que la Caisse peut acheter ou vendre des immeubles à son
gré.
M. Léonard: En gros, c'est ça. M. Scraire:
Oui.
M. Léonard: c'est très général.
ça ne faisait pas référence au pouvoir des tiers de
poursuivre ou d'exercer des droits contre la caisse. c'est ce qu'on demande
ici. pas du tout?
M. Scraire: C'est un sujet distinct. On me dit ici que le
règlement date de 1970.
M. Léonard: Ah, ça remonte au début. Mme
Marois: Vraiment au tout début.
M. Léonard: Avant le 29 avril ou après le 29
avril?
Mme Marois: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Qui est-ce qui l'a passé? C'est
ça, ma question.
M. Levesque: II connaît sa petite histoire politique.
Mme Marois: Son histoire politique.
M. Levesque: Avril 1962.
Mme Marois: Ha, ha, ha! Ça vous rappelle quelques
souvenirs?
M. Levesque: À quel parti apparteniez-vous, à ce
moment-là? Ha, ha, ha!
M. Léonard: De qui est-ce qu'il parle?
M. Levesque: II a déjà été
libéral, je pense.
M. Léonard: Oui, oui. J'ai déjà voté
libéral. Ce n'est un secret pour personne. Je n'ai jamais fait un secret
de mes opinions politiques.
M. Levesque: En 1970?
M. Léonard: Ça fait un petit bout de temps que je
ne le suis plus. En 1970, j'étais candidat du Parti
québécois, vous pourriez savoir.
Mme Marois: Ha, ha, ha! Donc, c'est un engagement qui a des
racines profondes dans le temps, aussi. Ha, ha, ha!
Le Président (m. camden): alors, ça va, pour
l'article? est-ce que l'article 1 est adopté? est-ce que c'est
satisfaisant et l'article 1 est adopté?
M. Léonard: Juste une autre question. Du point de vue des
lois internationales, là, ça va être valable à
l'étranger, cette clause-là.
M. Levesque: Autant que n'importe quelle autre loi du
Québec.
M. Léonard: Oui, c'est correct. C'est dans le contexte...
Est-ce que c'est surtout pour ça que vous la vouliez ou bien si... C'est
à l'interne, aussi, au Québec, ou pour l'externe que vous voulez
cette clause?
M. Scraire: C'est surtout pour l'externe, mais c'est valable pour
l'interne aussi.
M. Léonard: Ah, c'est surtout pour l'externe.
M. Scraire: Pour l'interne, la distinction, en droit interne, est
relativement claire entre la Caisse et le gouvernement. Disons, en droit
interne, c'est relativement clair.
Mme Marois: Oui.
M. Léonard: Oui, ici, là, ça va. Mais, pour
l'externe, ça veut dire que vos intentions... À quel moment
peut-on vous questionner sur vos intentions d'aller à l'externe,
à l'étranger, dans des opérations immobilières?
Mme Marois: Quand on reviendra sur les pouvoirs d'investissement
à l'étranger, pour les immeubles à l'étranger,
là.
M. Léonard: Oui, mais ce n'est pas sûr que ça
reviendra.
M. Levesque: Vous reviendrez quand vous voudrez.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Soyez bien à l'aise. On ne sera pas trop
techniques.
M. Léonard: Non, mais je me demandais s'il y avait autre
chose là-dessus.
Le Président (M. Camden): Adopté? M.
Léonard: Oui, adopté. Mme Marois:
Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 1 est donc
adopté. J'appelle l'article 2.
Non-application de la Loi sur le régime de
retraite des fonctionnaires
M. Levesque: L'article 2 modifie l'article 15.2 par l'addition,
après le premier alinéa, du suivant: «La Caisse peut
toutefois, dans les cas et conditions prévus par règlement,
autoriser toute exemption à l'application du premier
alinéa.»
Ça, ça permet à la Caisse de soustraire certains de
ses dirigeants et employés à l'application obligatoire de la loi
sur les régimes de retraite, selon des cas et conditions
approuvés par règlement du gouvernement. Ça peut faciliter
quelquefois l'embauche de certains personnels qui exigent de ne pas être
soumis à cela, et ça se fait même ici au gouvernement chez
certains sous-ministres, certains sous-ministres adjoints. C'est quelque chose
maintenant qui est passé dans... mais qui n'était pas
prévu en 1965.
Mme Marois: Mais, à ce moment-là...
M. Léonard: Pourquoi c'est la Caisse elle-même, par
règlement interne, qui autorise? «La Caisse peut toutefois, dans
les cas et conditions prévus par règlement»; donc, c'est
son propre règlement. Pourquoi, dans le cas de dirigeants - c'est
ça que vous soulevez comme hypothèse - ce n'est pas le
gouvernement lui-même? Lorsqu'on...
M. Levesque: Oui, mais les règlements - vous allez trouver
ça quelque part dans le projet de loi, à l'article 23 - sont
toujours approuvés par le gouvernement. À l'article 13 de
la loi, excusez-moi. C'est à l'article 13 de la loi. M.
Léonard: À l'article 13?
Mme Marais: C'est à l'article 13 du projet qui est devant
nous ou dans la loi elle-même?
M. Levesque: De la loi.
Mme Marais: De la loi elle-même.
M. Levesque: «Le conseil d'administration
édicté les règlements de la Caisse. «Ces
règlements sont soumis à l'approbation du gouvernement et
publiés dans la Gazette officielle du Québec. «Ils
sont déposés à l'Assemblée nationale dans les 15
jours si elle est alors en session; sinon ils le sont dans les 15 jours de
l'ouverture de la session suivante.»
Alors, le législateur est pleinement informé et
l'exécutif doit approuver. (12 h 30)
M. Léonard: À l'heure actuelle, c'est la loi qui
fait obligation aux dirigeants des sociétés d'État de se
conformer à la loi sur le régime de retraite. Ce sont des
règlements...
(Consultation)
M. Levesnue: Alors, si on peut continuer, là,
l'idée, c'est qu'il y a, évidemment, un roulement assez important
à la Caisse, particulièrement chez certaines personnes plus
spécialisées. On peut imaginer, par exemple, un recours à
du personnel contractuel, tels les gestionnaires étrangers, pour former
le personnel de la Caisse, donner une expertise sur certains marchés,
etc. Donc, ce n'est pas des gens qui restent très longtemps et ils ne
veulent pas, évidemment, ces gens-là, être soumis à
tout le régime de retraite, etc.
Mme Marais: Je comprenais que, effectivement, si quelqu'un
était contractuel, il n'était pas couvert par les articles qui
sont là. Il me semble qu'on fait référence à la Loi
sur la fonction publique. On dit en vertu de la Loi sur la fonction publique,
à 15.1, entre autres. À 15.1, l'article actuel, on dit:
«Les dirigeants et autres employés de la Caisse qui ont
été nommés fonctionnaires à titre permanent en
vertu de la Loi de la fonction publique [...] ne peuvent être
destitués», etc. À 15.2, on dit: «S'appliquent aux
dirigeants et autres employés de la Caisse». J'avais l'impression
que c'était en autant qu'on était un...
M. Levesque: Un contractuel. Si vous étiez un
contractuel...
Mme Marais: Si on était un contractuel,
c'est-à-dire que...
M. Levesque: ...vous pouviez le faire, sauf que...
Mme Marais: ...ne s'appliquait pas cet article-là.
M. Levesque: Si je comprends bien, on pouvait le faire, sauf
qu'on devait avoir recours trop souvent à ce statut de contractuel pour
pouvoir le faire.
Mme Marais: Alors que vous voulez vous permettre d'utiliser une
autre voie qui est le statut entre le contractuel et le salarié
complètement couvert par l'ensemble des conditions de travail
généralement prévues à la Caisse.
M. Levesque: M. Delorme va vous donner des explications.
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Delorme: Oui. Merci, M. le Président. Il s'agit d'un
régime de retraite qui est celui de la fonction publique et, donc, un
régime qui échappe à l'autorité de la Caisse. Ce
que nous souhaitons, c'est simplement de faire en sorte que la Caisse puisse
offrir, si les conditions l'exigent, à certaines personnes des
conditions d'emploi semblables à celles que le gouvernement comme
employeur, est en mesure d'offrir lui-même et suivant exactement les
mêmes modalités. De là la précision ou la
prescription que tout ça doit se faire par règlement qui, par la
suite, doit être approuvé par le gouvernement. Un cas
particulier... Premièrement, je devrais préciser qu'il y a
très peu de cas, à ma connaissance, qui existent à l'heure
actuelle.
Mme Marais: Quelle est ampleur...
M. Léonard: quelle est l'ampleur de l'application? c'est
quoi, l'application? ça touche combien de monde et potentiellement
aussi, combien?
M. Delorme: Je ne peux pas vous donner de précision
chiffrée là-dessus, mais à ma connaissance il y a eu un
cas qui a été considéré. Par la suite, il a
été décidé qu'il revenait à
l'intérieur du régime de retraite. S'il y a d'autres cas
exceptionnels comme ceux qui sont prévus par cet article-ci, ils sont
très peu nombreux. Cependant, pour enchaîner sur les remarques du
ministre, nous avons voulu rapatrier la gestion des portefeuilles
internationaux à Montréal, de manière à pouvoir
développer une expertise locale dans un secteur qui est quand même
assez spécialisé alors qu'auparavant ces portefeuilles
étaient confiés à des gestionnaires de Londres ou de
Paris, etc. Or, c'est évident que ces gestionnaires qui acceptent un
emploi avec la Caisse ne viendront que pour quelques années, du
moins,
on peut le prévoir, et c'est leur intention. Alors, on voudrait,
dans des cas comme ceux-là, pouvoir les soustraire à l'obligation
de devenir membres du régime de retraite. Donc, c'est dans des cas
très exceptionnels qu'on offrirait ces conditions, et,
évidemment, avec la réserve que tout ça doit être
approuvé par le gouvernement.
M. Léonard: II y a combien de personnes employées
à la Caisse de dépôt et placement? C'est 150, 125?
M. Delorme: 300.
M. Léonard: 300? Bon, les employés
réguliers, de bureau, ça, mais les professionnels, il me semble
qu'on m'avait dit 125.
M. Delorme: Oui, ça tourne autour de ça.
M. Léonard: Professionnels et cadres, 125, 150.
M. Delorme: Oui, à peu près
moitié-moitié, là. En fait, c'est un peu plus que 50 % du
côté du placement.
M. Léonard: M. le Président, la question que je me
pose, c'est: Est-ce que ça doit être un règlement interne
à la Caisse, parce que c'est ça qu'on propose, ou bien si
ça doit être un décret du Conseil des ministres
directement, au-dessus de la Caisse? Là, il y a la loi qui a
été votée pas l'Assemblée nationale, loi sur les
régimes de retraite, etc. Ça, c'est au-dessus de tout. Il y a une
autre étape qu'on peut envisager, c'est celle où il s'agit d'un
décret du Conseil des ministres qui peut autoriser par règlement,
etc., et ça met l'autorité du Conseil des ministres en cause.
L'autre étape, celle que vous proposez, c'est que ce soit à
l'interne de la Caisse. Il me semble que c'est trois niveaux très
différents.
M. Levesque: Sauf que le règlement doit être
approuvé par le gouvernement. Je m'excuse.
M. Léonard: Oui, mais ce n'est pas... Il n'est pas
approuvé, non, non, non.
M. Levesque: Oui, oui, dans un autre article, l'article 13 de la
loi originale, ce règlement-là doit être approuvé
par le gouvernement.
M. Delorme: Tous les règlements de la Caisse doivent
être approuvés par le gouvernement.
M. Levesque: Je ne vois pas que l'on donne ici plus de latitude
à la Caisse qu'on en donne dans le cas des sous-ministres et des
sous-ministres adjoints, etc. Le gouvernement doit approuver dans les deux
cas.
M. Léonard: Bien, dans le cas des sous-ministres et
sous-ministres adjoints, si on me permet, M. le Président, c'est le
gouvernement lui-même qui agit...
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard: ...et non pas une société, mais
dans d'autres cas de sociétés d'État, genre
Hydro-Québec, SDI, REXFOR, etc., est-ce que les fonds de retraite sont
gérés par règlements internes même s'ils sont
approuvés par la suite par le gouvernement? C'est ça, ma
question.
M. Levesque: Du moment qu'ils sont approuvés par le
gouvernement, je pense que vous atteignez votre but, là.
M. Delorme: Si vous me permettez...
M. Léonard: La seule question que je poserais, c'est:
Est-ce que toutes les sociétés d'État ne sont pas un peu
dans le même cas et un règlement - qui n'est pas une loi, c'est
autre chose - du Conseil des ministres ne pourrait-il pas s'appliquer à
tout le monde, à tous les cas soulevés dans les
sociétés d'État?
M. Delorme: Si vous me permettez, le régime de retraite
dont il s'agit est le régime...
M. Léonard: Des fonctionnaires.
M. Delorme: ...de la fonction publique, qui est administré
sous l'autorité du gouvernement. Ce que nous proposons, c'est que, dans
l'éventualité où les circonstances justifieraient une
dérogation, l'on s'adresse à l'autorité chargée
d'autoriser les dérogations, c'est-à-dire le gouvernement, pour
la faire autoriser. Si on parle de règlement, il faut bien comprendre
qu'il s'agit là uniquement de la procédure à suivre. Un
règlement de la Caisse qui n'a pas reçu la sanction du
gouvernement est un règlement qui n'a aucun effet, comme tous les autres
règlements, d'ailleurs. Par conséquent, le règlement
constitue le véhicule par lequel la demande de la Caisse sera
présentée à l'autorité qui administre le
régime de retraite, c'est-à-dire le gouvernement, et c'est
à l'administrateur du régime de retraite, c'est-à-dire le
gouvernement, qu'il reviendra de déterminer s'il s'agit d'un cas
où on peut effectivement exclure telle personne du régime de
retraite.
M. Léonard: Je pense que je vois là. Mais ça
veut dire que le gouvernement va être en face du règlement de la
Caisse de dépôt et placement, de celui d'Hydro-Québec, de
celui de la SDI, de celui de REXFOR, de celui de ta SGF, et nommez-les toutes.
À partir du moment où on dit: C'est ça, chaque
société va demander la
même chose, chacune au nom, effectivement, de sa situation
particulière. Est-ce que c'est ça que le gouvernement veut? (12 h
40)
M. Levesque: Vous concevez, oui, que le rôle de la Caisse
et sa façon d'opérer, sa présence sur les marchés
internationaux font que la Caisse a des besoins évidents quant aux
conditions d'emploi qu'elle peut accorder à certaines personnes. Comme
le président vient de nous le dire, c'est exceptionnel. Vous avez
parlé de l'ampleur, il vous a donné un cas. Alors, je ne crois
pas que, lorsqu'on a affaire ordinairement à des gens qui sont à
l'intérieur de la boîte, comme des employés
réguliers, ils vont se soustraire aux avantages du régime de
retraite. Je ne vois pas pourquoi. Sauf que, s'ils sont là seulement de
passage ou pour des fins spécifiques... Ça arrive, et ça
arrive ici au gouvernement aussi. On peut le faire au gouvernement, mais ce
n'est pas généralisé, je vous l'assure.
M. Léonard: Je le sais. Ce n'est même pas
généralisé dans les entreprises. Dans une entreprise dont
les actions se transigent en Bourse, dès que vous donnez un avantage
à un dirigeant, membre du conseil d'administration ou du bureau de
direction, ça doit apparaître dans les états financiers.
Est-ce que le ministre est d'accord pour qu'il y ait divulgation, dans ce
cas-là, pas des noms, mais ries personnes qui sont visées au plan
de la direction? Ma question... Si on veut se donner la flexibilité du
privé, il va falloir aussi se donner les obligations du
privé.
M. Delorme: Là-dessus, je crois que, sur la question de la
divulgation, on y arrive, et d'une façon beaucoup plus spéficique
et ponctuelle que par le biais du rapport annuel, étant donné que
cette dérogation doit être approuvée par règlement
et que ce règlement doit lui-même être publié dans la
Gazette officielle et déposé à l'Assemblée
nationale.
M. Levesque: Ah oui!
M. Léonard: Le règlement, je comprends, est
rédigé en termes de règlement, etc., mais ça ne
donne pas l'ampleur des sommes en cause. Dans un rapport de compagnie, vous
avez à la fin ou quelque part dans l'état financier que la
rémunération globale des dirigeants est de tant et qu'au cours de
l'année on a autorisé une retraite, etc., à des dirigeants
pour une somme x. C'est une divulgation obligatoire qu'il y a là-dessus.
C'est ça, là. Tout le long, je vais la poser, la question, parce
que dans le privé, même pour des entreprises qui ne sont pas
très grosses, dès que vous êtes entreprise publique, vous
devez sortir vos états financiers à tous les trois mois. On n'a
pas ça ici.
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Delorme: m. le président, sur ce point-là, c'est
exact que dans le secteur privé ces avantages soi-disant
préférentiels doivent être divulgués.
M. Léonard: Oui.
M. Delorme: Cependant, je crois qu'on parle de deux choses
différentes, parce que ici on parle de la possibilité de
soustraire un employé à l'obligation de faire partie d'un
régime de retraite, auquel cas l'avantage pécuniaire
correspondrait à la valeur de la contribution qu'il n'aura pas à
faire. Mais son traitement demeurera nominalement le même qu'il aurait
été dans d'autres circonstances. Ce que je crois que le secteur
privé doit dévoiler, c'est dans le cas d'un régime de
retraite supplémentaire qui s'ajoute au régime régulier et
dont les frais sont bien souvent absorbés par l'employeur, ce qui
constitue un avantage pécuniaire important qui doit être
dévoilé dans le cas des dirigeants dans le rapport annuel. Ce
n'est pas de cela qu'on parle ici. Il n'est pas question d'avoir un
régime supplémentaire dont la Caisse assumerait les frais.
M. Léonard: Ce n'est pas dit, ce n'est pas exclu.
M. Delorme: Si vous me permettez, M. le Président...
Le Président (M. Camden): Certainement, M. Delorme.
M. Delorme: Ce n'est pas exclu spécifiquement, mais je
crois que ce serait difficile de l'inclure, parce qu'on parle d'ajouter un
alinéa à l'article 15.2, qui permettrait au gouvernement
d'autoriser des exemptions à l'application du premier alinéa,
lequel premier alinéa fait état uniquement du régime de
retraite des fonctionnaires et non pas d'un régime supplémentaire
qui s'ajouterait à celui des fonctionnaires.
Le Président (M. Camden): Ça va?
M. Léonard: C'est «autoriser toute exemption».
Donc, on autorise la personne à sortir ou à ne pas participer au
régime. Ça ne l'autorise pas, vous me dites, à participer
à un autre régime pour autant.
M. Delorme: Bien, ça n'autorise pas la Caisse à
créer pour son bénéfice un régime
supplémentaire de retraite qui s'ajouterait à celui-ci.
M. Léonard: Ça, c'est une bonne règle.
O.K.
Le Président (M. Camden): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle
l'article 3.
Dépôts des organismes publics
M. Levesque: L'article 3 permet, justement, comme on l'a
mentionné tout à l'heure dans nos remarques préliminaires,
à la Caisse de recevoir, aux conditions prévues par
règlement - encore une fois, approuvé par le gouvernement - des
dépôts de sociétés d'État, d'organismes
gouvernementaux, municipaux, scolaires, des établissements de
santé et de services sociaux, ainsi que des caisses de retraite de tels
organismes. Alors, ça permet, autrement dit, à des organismes de
cette nature de pouvoir faire des dépôts à la Caisse.
Aujourd'hui, si je ne m'abuse, on peut le faire, mais on doit le faire par
législation particulière dans chaque cas. Là, on veut
donner un pouvoir général a ces sociétés-là
de pouvoir, si ces sociétés le désirent, volontairement,
si elles veulent, déposer à la Caisse.
L'article lui-même - c'est les articles 20.1 à 20.5 -
c'est, évidemment, la description, une enumeration qui reprend en partie
les organismes qui sont visés par la Loi sur le vérificateur
général. Ils sont définis aux articles 20.2 à 20.5
et sont de même nature que les déposants actuels pour ne pas
affecter le statut de la Caisse, notamment les exemptions fiscales qui y sont
rattachées. Alors, le libellé a été adapté
pour cibler le plus grand nombre possible d'organismes publics
québécois susceptibles de devenir des déposants à
la Caisse. Une adaptation consiste à exiger que la majorité et
non simplement la moitié des membres ou administrateurs soient
nommés par le gouvernement ou un ministre. Alors, c'est la description
normale qui doit être faite de ces organismes-là.
Le Président (M. Camden): Vous pourriez peut-être me
donner des indications. Est-ce que vous souhaitez procéder à
chacun des articles qui sont introduits par l'article 3 pour qu'on
procède d'une façon plus systématique...
M. Levesque: On peut le faire globalement, parce que c'est...
Le Président (M. Camden): ...ou procéder d'une
façon globale?
M. Léonard: Je pense qu'on va d'abord discuter de 20.1,
ensuite de 20.2. Ce sont deux articles différents. On ajoute deux
articles à la loi de la Caisse de dépôt.
M. Levesque: C'est ça. On peut faire 20.1 tout de suite,
si vous voulez. Les autres sont des corollaires du premier, vous l'admettrez.
C'est une définition des termes.
M. Léonard: D'abord, il y a une chose que je voudrais
soulever. L'article 18 de la loi de la Caisse de dépôt dit
ceci...
M. Levesque: De la loi originale, vous voulez dire?
M. Léonard: ...oui, de la loi originale: «La Caisse
reçoit en dépôt toutes sommes dont une loi prévoit
tel dépôt».
M. Levesque: Quel article?
M. Léonard: C'est l'article 18 de la loi actuelle.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Au fond, il faut que la loi constitutive des
autres organismes prévoie qu'ils peuvent déposer à la
Caisse de dépôt et placement. Donc, il y a deux sources
légales ou juridiques pour que les transactions puissent se faire.
Est-ce que, quand vous les listez ici, à l'article 20: «Sont des
organismes publics: les organismes gouvernementaux, les organismes municipaux,
les organismes scolaires», ça n'affecte pas leur loi constitutive?
Donc, il va falloir modifier leur propre loi, ultérieurement. Cette
loi-ci touche la Loi sur la Caisse de dépôt et placement du
Québec, ça ne modifie pas le reste.
M. Levesque: M. Scraire.
Le Président (M. Camden): M. Scraire.
M. Scraire: Les déposants, à la Caisse, peuvent
agir soit en vertu de l'article 18, qui est celui auquel vous vous
référez, soit en vertu de l'article 20, qui dit que «la
Caisse peut recevoir en dépôt». Alors, ça, c'est une
autre catégorie de déposants.
M. Léonard: Régime complémentaire.
M. Scraire: La catégorie de l'article 20, ce sont les
régimes complémentaires et différents autres
régimes.
M. Léonard: Dans la loi elle-même des commissions
scolaires ou de la Commission de la construction du Québec, on
prévoit qu'elles peuvent déposer ou même qu'elles doivent
déposer à la Caisse de dépôt et placement. Est-ce
que, dans le cas ici, il ne faudrait pas modifier aussi le Code municipal, la
Loi sur les cités et villes? Bien, je pense que... (12 h 50)
M. Scraire: Disons que ce qui arriverait à ce
moment-là, c'est que, dans certains cas, si la façon dont
l'argent doit être employé dans ces organismes-là est
prévue par leur loi et que ça ne permet pas de faire ça,
ça devrait susciter
une adaptation.
M. Léonard: L'économie des lois municipales, c'est
qu'une municipalité ne peut rien faire à moins que ça soit
prévu dans les lois. Ça, c'est très strict, parce que
c'est quand même des institutions...
M. Levesque: Des créatures des provinces... M.
Léonard: Oui? Du Québec. M. Levesque: ...comme disait
M. Duplessis. M. Scraire: Ça pourrait...
M. Léonard: Je soulève le point. J'ai
été dans le Code municipal assez longtemps pour soulever ce
point-là. Je pense qu'il va falloir amender le Code municipal et la Loi
sur les cités et villes, et peut-être même toutes les lois
privées de Montréal, Québec, etc.
M. Levesque: Là, on fait la...
M. Léonard: Ça n'a pas été
soulevé?
M. Levesque: ...loi de la Caisse. C'est un pouvoir qu'on donne
à la Caisse...
M. Léonard: O.K.
M. Levesque: ...et ensuite, s'il y a lieu, s'il y a des lois
constitutives d'organismes qui ne permettent pas à l'organisme en
question de pouvoir profiter de cette disposition-là, libre à
lui, à ce moment-là, de demander au législateur de lui
donner la permission. Je ne pense pas que ce soit
généralisé.
M. Léonard: Tout organisme à législation
déléguée, il faut que ça soit prévu
explicitement dans ses lois pour faire des choses, pour agir.
M. Levesque: Ça l'est peut-être d'une façon
générale.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Je n'ai pas fait une étude exhaustive.
M. Léonard: En tout cas, je soulève le point, parce
que...
M. Levesque: S'ils ne peuvent pas le faire, ils ne le feront
pas.
M. Léonard: ...dans le cas des...
M. Levesque: Ce n'est pas pire qu'aujourd'hui. C'est la
même chose qu'aujourd'hui. On ne change rien. Tout ce qu'on fait, c'est
qu'on permet à la Caisse, elle, de pouvoir en recevoir...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: ...et ceux qui en versent doivent être
autorisés à le faire, soit par leur loi constitutive ou par les
amendements qui pourraient venir.
M. Léonard: En tout cas, je pense que ça pourrait
être soulevé...
M. Levesque: Mais c'est intéressant, cependant.
M. Léonard: ...au contentieux des affaires municipales,
à tout le moins - ça, c'est un des réseaux importants - et
à l'éducation. je ne sais pas si...
(Consultation)
M. Levesque: Bon. Alors, on pense que cette disposition-là
va permettre aux municipalités de le faire, mais on va tenir compte de
votre remarque, malgré que ça ne change pas le pouvoir qu'on
cherche pour la Caisse.
M. Léonard: Non, ça ne change pas la loi de la
Caisse.
M. Levesque: Non.
M. Léonard: Ça, je suis d'accord avec vous
là-dessus. Ce n'est pas, ça le problème. Le
problème, c'est que, dans les lois constitutives des autres organismes,
est-ce que c'est prévu?
M. Levesque: On pourra...
M. Léonard: J'aurais tendance à penser...
M. Levesque: ...prendre votre question en
délibéré.
M. Léonard: Le téléphone, ça existe.
M. Levesque: Oui, oui. M. Léonard: Les fax, ça va
vite. M. Levesque: C'est ça.
M. Scraire: On peut sans doute trouver les deux situations,
c'est-à-dire des organismes, qui, techniquement, peuvent être dans
cette liste-là, qui voudraient déposer et qui n'auraient pas
l'autorité de le faire, et on en trouverait qui auraient
l'autorité de le faire et qui pourraient le faire à compter de ce
moment-ci.
M. Léonard: Oui, oui.
M. Scraire: On en a déjà rencontré dans
l'histoire qui auraient apprécié pouvoir déposer et qui ne
le pouvaient pas, uniquement à cause de la loi de la Caisse, pas
à cause de leur propre loi.
M. Léonard: O.K.
M. Scraire: Alors, probablement qu'on trouverait des situations
qui appartiennent aux deux catégories.
M. Léonard: Bien, de toute façon, ils doivent avoir
déjà dans leur loi le pouvoir...
M. Scraire: Oui.
M. Léonard: ...de déposer quelque part.
M. Scraire: C'est ça.
M. Léonard: Mais, là, on parle de régimes de
retraite. Non, c'est des sommes en général. Bon, l'autre
question, c'est: Vous voulez élargir à tous ces organismes;
quelles sont vos prévisions de rentrées de fonds, de
succès? Je pose tout de suite une autre question: Est-ce que c'est pour
contrer aussi le vidage de la Caisse parce que l'équilibre, en ce qui
concerne la Régie des rentes, par exemple, dans quelques années
va être différent et les fonds commenceraient à baisser
compte tenu des prestations qu'on a à verser? Est-ce que c'est,
finalement, une grande opération de remplacement de sources de
fonds...
M. Levesque: M. Delorme va vous dire ça.
M. Léonard: ...qu'on soulève ici? Je suis sûr
que...
Le Président (M. Camden): M. Delorme. M. Delorme:
M. le Président, merci.
M. Léonard: ...il n'est pas indifférent à
cette question. Ha, ha, ha!
M. Delorme: M. le Président, je ne peux pas donner
même un chiffre approximatif des rentrées de fonds qui pourraient
résulter de l'adoption de ces articles, pour la bonne et simple raison
que nous n'avons même pas tenté de prévoir ce que ça
pourrait nous rapporter en termes d'actifs.
M. Léonard: M. le Président...
M. Delorme: Notre but n'est pas d'élargir l'assiette, si
vous voulez, de la Caisse, mais plutôt de faciliter l'accès aux
services de la Caisse à des organismes qui pourraient vouloir le
souhaiter. Donc, plutôt que d'avoir à faire adopter, à
chaque fois, une loi, comme c'a été le cas au cours des
dernières années, pour autoriser telle régie, tel
organisme, tel fonds à déposer ses fonds à la Caisse,
bien, à ce moment-ci, avec l'adoption de cette loi et dans la mesure
où les autres dispositions des lois organiques des organismes
concernés n'auraient pas pour effet d'invalider cet article-ci, comme
vous l'avez laissé entendre, ça pourrait se faire par un
règlement de la Caisse, encore une fois approuvé par le
gouvernement et publié dans la Gazette officielle.
M. Léonard: M. le Président, je comprends...
Le Président (M. Camden): Oui. On pourrait peut-être
rappeler...
M. Léonard: ...que les députés de la
majorité ministérielle sont là pour tenir le quorum, mais
il faudrait quand même que ce ne soit pas trop bruyant, leurs
conversations.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle, je vous rappellerai qu'ils sont là aussi pour participer aux
délibérations. Ils s'animent peut-être, vous savez, sur les
propos que vous tenez et échangent d'une façon intensive sur la
qualité de vos échanges avec le ministre. C'est peut-être
ce qui les anime actuellement. Enfin, on ne peut pas leur prêter
d'intention de quelque nature. Est-ce que je pourrais formuler une question
à cet égard concernant 20.1...
M. Léonard: Eh bien, je voudrais continuer, puis...
Le Président (M. Camden): ...sans qu'on brise votre
élan?
M. Léonard: Si vous le permettez, après. Il me
semble, M. le Président... Je vous donnerai l'occasion après.
Le Président (M. Camden): Je vous remercie, même
s'il vous arrive de vous substituer au président occasionnellement.
M. Léonard: Même si vous avez des intentions
vertueuses, généreuses, ce que vous faites là n'est pas
dénué d'intérêt nécessairement, et je
voudrais voir un peu plus. Ça m'étonnerait qu'il n'y ait quand
même pas certaines intentions d'aller chercher des fonds. Je comprends
que c'est très généreux. Vous voulez permettre à
tout le monde d'avoir accès aux bons services de la Caisse et c'est
effectivement ce qui devrait se passer, mais il y a quand même quelques
intentions. Sûrement qu'il y a quelques intérêts.
M. Delorme: Remarquez bien que je suis tout à fait
disposé à reconnaître que, si la Caisse avait l'occasion
d'accueillir de nouveaux
déposants, elle le ferait avec le plus grand plaisir.
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Delorme: Mais, d'un autre côté, je crois que
certaines autorités et certaines autres personnes se chargeraient de
nous rappeler à l'ordre si la Caisse manifestait une ardeur trop
débordante dans ce sens-là. Donc, c'est la raison pour laquelle
je vous dis, en toute sincérité, que ce que nous cherchons, c'est
à faciliter l'accès aux services de la Caisse à des
organismes qui pourraient bénéficier des services
d'investissement de la Caisse, parce que, fort probablement, il s'agit de fonds
de taille relativement modeste et qui n'ont pas les moyens d'autres organismes
qui sont plus importants.
Le Président (m. camden): m. le président, on est
à considérer, dans un projet, des amendements en provenance du
ministère des affaires municipales à l'égard du fait que
des municipalités pourraient, entre autres, acheter des obligations
d'autres municipalités. est-ce que ça s'inscrit dans cette
foulée ou cet esprit qui anime les modifications qui sont actuellement
à l'étude? par les modifications qui sont prévues ici et
proposées à 20. 1, dans cette perspective-là aussi, vous
prenez des fonds pour des périodes de quelle durée: un an, cinq
ans, six mois? quel est l'objectif dans le temps par rapport à ces
sommes qui sont peut-être moins importantes que celles provenant des
fonds, par exemple, de retraite des employés de l'état?
M. Delorme: Nos objectifs, en somme, sont des modalités de
gestion de différents fonds, qui varient d'un fonds à l'autre
suivant la nature de ces fonds. Mais il y a des dépôts qui sont
faits à la Caisse, en général à plus long terme
qu'à plus court terme, étant donné la nature des sommes
qui sont en jeu. Il y a aussi des dépôts qui sont faits à
plus court terme, c'est-à-dire les dépôts à terme,
les dépôts à vue, qui permettent de faire face aux besoins
de trésorerie des différents fonds. (13 heures)
Donc, si j'ai bien compris votre question, la Caisse reçoit de
ces déposants deux ou trois types de dépôts, suivant les
besoins de ces déposants. Donc, ils sont soit à court terme, soit
à plus long terme.
Le Président (M. Camden): Alors, sur ce,
considérant qu'il est 13 heures, nous allons suspendre nos travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1) (Reprise à 15 h
3)
Le Président (M. Camden): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux. Je vous rappelle que nous sommes à
l'étude de l'article 3 et, dans cet article 3, à l'ajout de
l'article 20. 1. Nous en étions...
M. Léonard: Attendez un peu.
Le Président (M. Camden):... à des échanges
de part et d'autre à cet égard.
M. Léonard: Ah oui! Mme Bleau: À 21?
M. Léonard: Non, non, non. Depuis le début, vous ne
suiviez pas les débats. Alors, je vois que c'était vrai
jusqu'à la fin.
Mme Bleau: Ce numéro-là. Seulement ce
numéro-là.
Une voix: Madeleine, ne sois pas impressionnée, s'il vous
plaît.
M. Léonard: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): Alors, vous comprenez bien que
la députée de Groulx échangeait avec ses collègues
sur l'application à l'égard des organismes publics.
Mme Bleau: C'est ça, exactement.
M. Léonard: Mais c'est une bonne question qu'on posait, M.
le Président, sur le siège social de la Caisse de
dépôt et placement qui est à Québec. La question,
c'est: Combien il y a d'employés à Québec? Est-ce qu'il y
a beaucoup de pieds carrés de loués et combien
d'employés?
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Delorme: Merci, M. le Président. À
Québec, dans la ville de Québec, nous avons cinq ou six
employés qui s'occupent principalement du portefeuille
hypothécaire et immobilier, dans une certaine mesure.
M. Léonard: Et l'achat des obligations du gouvernement du
Québec, ça se fait par Montréal?
M. Delorme: C'est fait à Montréal par la Direction
générale des revenus fixes.
(Consultation)
Le Président (M. Camden): Les réunions du conseil
d'administration se tiennent à Montréal ou à
Québec?
M. Delorme: Les réunions du conseil se tiennent
principalement à Montréal, mais je crois
que nous venons à Québec trois ou quatre fois par
année. Cette année, nous allons, en plus de cela, tenir, en
septembre, une réunion dans une région autre que la région
de Montréal et la région de Québec pour pouvoir,
justement, rencontrer les milieux financiers et industriels des
régions.
Mme Bleau: Est-ce que cette région est déjà
choisie?
M. Delorme: Cette région est déjà choisie.
C'est la région de l'Estrie.
Mme Bleau: Ah!
Le Président (M. Camden): On vous fera parvenir des
invitations...
Mme Bleau: Vous auriez été mieux dans les
Laurentides.
Le Président (M. Camden): ...pour chacune de nos
circonscriptions respectives avec les facilités d'accueil.
M. Delorme: Avec plaisir. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bleau: Les Laurentides se prêtent extraordinairement
bien à tout ce genre de réunions.
Le Président (M. Camden): Si on revient...
M. Delorme: On pourrait aller dans le comté de
Labelle.
Mme Marois: Évidemment, je vous dirai aussi que Hull sera
sûrement une région qui vous accueillera avec plaisir puisque...
Ha, ha, ha! Les députés ministériels ne vous ont pas
invités encore à Hull? C'est un peu dommage qu'ils n'y aient pas
pensé.
Le Président (M. Camden): Alors, après toute cette
promotion à caractère touristique, on va passer au contenu et
à la raison...
Mme Marois: C'était plus sérieux que ça, M.
le Président.
Le Président (M. Camden): ...qui nous amène
fondamentalement ici, soit l'étude du projet de loi que nous avons sous
les yeux. Vous êtes disposé à réentreprendre, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Oui, la promotion touristique! La Caisse a
quand même investi dans le Mont-Tremblant...
Mme Marois: Oui.
M. Léonard: ...et c'est un lieu tout
désigné. D'ailleurs, ils pourraient venir vérifier la
portée de leurs investissements.
Le Président (M. Camden): On vous invite donc à
transmettre, dans les meilleurs délais, toute documentation que vous
jugerez pertinente à la promotion de votre région.
M. Léonard: M. le Président, à l'article
20.1, la Caisse élargit les personnes morales, les organismes qui
peuvent déposer des sommes à la Caisse. La question que ça
m'amène à poser - j'en aurai d'autres parce que je trouve que
c'est un article fort important - c'est: Est-ce qu'il y a eu une consultation
envers des partenaires importants de la Caisse? Parce que le secteur
privé, inévitablement, va être touché. Le
président, avant qu'on arrête, avant la suspension de tout
à l'heure, a dit qu'il ne pouvait absolument pas prévoir quelle
serait l'ampleur des sommes en cause qui pourraient être
récoltées par la Caisse à la suite de
l'élargissement que représente cet article. Il reste quand
même que la Caisse n'est pas un petit acteur dans le milieu
québécois et que, s'il y a un élargissement de ses
pouvoirs ou des organismes qui peuvent y déposer, ça peut avoir
un impact assez significatif sur le secteur privé. Est-ce qu'il y a eu
des consultations? Est-ce que les partenaires sont au fait de la loi? Elle a
été déposée, effectivement, le 14 ou le 15 mai, un
peu avant ou quelques jours avant, ce n'est pas tellement loin. Je ne suis pas
sûr que tout le monde est bien au fait ou que le public est au fait que
la Caisse demande ça, et qu'ils ont réalisé ce que
ça pourrait représenter.
M. Levesque: Disons que ceux qui sont intéressés,
ordinairement, suivent de très près la législation, mais
je n'ai eu aucune réaction. Peut-être que le président peut
compléter. Moi, comme ministre responsable du projet de loi, je n'ai eu
aucune crainte d'exprimée par qui que ce soit, à ma connaissance,
à ce sujet-là. M. Delorme, êtes-vous du même
avis?
M. Delorme: Oui. Personnellement, je n'ai pas eu de commentaires,
depuis le dépôt de la loi, sur cette question-là de la part
de déposants potentiels.
M. Léonard: Pas des déposants, des institutions qui
reçoivent ces dépôts.
M. Delorme: Non plus. M. Levesque: Moi non plus.
M. Léonard: On n'a pas consulté, disons, le
Mouvement Desjardins, la Banque Nationale, la
Banque Laurentienne ou d'autres banques...
M. Levesque: Soyez assuré que ces gens-là... M.
Léonard: ...les compagnies d'assurances?
M. Levesque: ...que ces institutions-là, en
général, savent très rapidement ce qu'il y a dans le
dépôt de la législation. Ils ont des gens qui les
renseignent très rapidement. Et du côté patronal et du
côté syndical également, il y a là des gens qui sont
à l'affût de toute mesure administrative ou même de nature
réglementaire. On est très rapidement au courant et vous le savez
sans doute par votre propre expérience. Pardon?
Mme Bleau: Surtout, ils doivent le savoir. M. Levesque:
Bien oui, ils le savent.
M. Léonard: Non, pas nécessairement. Je pense que
c'est une question qui se pose, à mon sens, parce que...
M. Levesque: Je ne vous blâme pas de la poser, M. le
député de Labelle, au contraire. Mais je vous dis que, quant
à moi, je n'ai reçu aucune réaction de cette
nature-là, et je ne vois pas que ceci puisse entrer dans une concurrence
déloyale de quelque nature que ce soit dans ce domaine-là. Il
s'agit simplement de permettre à des gens, à des institutions,
à des organismes publics à part ça, parce qu'il y a une
relation entre les organismes publics et la Caisse de dépôt et
placement du Québec... Vous savez, aujourd'hui il y a de ces
institutions-là qui déposent en dehors du Québec. Si vous
voulez, on peut vous en donner des exemples, sans vouloir faire de
personnalités. Mais qu'elles déposent à la Caisse de
dépôt plutôt que de déposer en Ontario, moi, je n'ai
aucune objection à ça.
Mme Marais: Puisque vous mentionnez le fait, est-ce qu'il s'agit
d'un nombre important d'organisations qui procéderaient ainsi, qui
déposeraient à l'extérieur du Québec?
M. Levesque: On m'a donné des exemples, mais je ne sais
pas...
Mme Marais: Vous ne savez pas.
M. Levesque: ...l'ampleur. Je sais qu'une ville importante,
m'a-t-on dit, pouvait aller jusqu'à 25 % de dépôts à
l'extérieur du Québec. (15 h 10)
Mme Marais: Oui, parce que ça élargit beaucoup le
bassin potentiel de dépôt. Ça veut dire des sommes assez
astronomiques, j'imagine. Est-ce qu'on sait l'ampleur des sommes qui pourraient
être concernées, si tout ça se réalisait à
100 %?
M. Levesque: Je pense que M. Delorme a eu la même question
avant. Vous n'étiez pas ici?
Mme Marois: Non. J'ai dû quitter, malheureusement, un peu
avant la fin.
M. Levesque: Mais il n'a pas pu apporter de précisions au
député de Labelle. Je me demande si l'heure du lunch lui a
donné l'occasion...
M. Delorme: Non, mais si vous le permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Camden): Certainement, M. Delorme.
M. Delorme: ...j'aimerais quand même rappeler que la raison
pour laquelle je ne peux pas donner de précisions, c'est
précisément parce que nous n'avons pas fait de
démarches...
Mme Marois: D'accord.
M. Delorme: ...dans le but d'identifier les organismes dont nous
pourrions solliciter les dépôts.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...je voudrais d'abord reprendre une
expression qu'a ulitisée le ministre des Finances. Je n'ai pas
parlé de concurrence déloyale; ce n'est pas ça, le propos.
Le propos, c'est plutôt de dire: Voici un joueur important dans le milieu
financier, particulièrement vis-à-vis des organismes publics qui
sont portés à agir ensemble, peut-être que non, mais
disons, et, finalement, nous avons aussi à côté de cela un
secteur privé important qui s'est structuré, à mon sens
qui a pris de l'expansion aussi les dernières années, souvent
d'ailleurs grâce à la Caisse de dépôt. Ma question,
c'est de savoir les répercussions de l'arrivée ou de
l'augmentation du champ d'action de l'acteur public qu'il y a là-dedans,
qui est dans le champ.
Quand le président répond qu'ils n'ont pas fait de
projections sur les conséquences ou, en tout cas, les
répercussions de cet article de loi, ça ne me rassure pas
beaucoup parce que, au fond, ça pourrait en avoir beaucoup. Le ministre
me répond: Oui, vous savez, il y a des gens qui vont déposer
à l'étranger. Je pourrais lui poser la question: C'est quoi,
l'ampleur des sommes déposées à l'étranger? Il a
dit qu'il ne pouvait pas les estimer. Je suppose quand même que c'est
plutôt marginal ou occasionnel. J'imagine que ce n'est pas
particulièrement important. Je le suppose. Si c'était important,
effectivement il
faudrait se poser des questions. Mais il dévie fondamentalement
la question que je pose.
La question, c'est... Il y a, à l'heure actuelle, un certain
équilibre entre les joueurs; il peut être instable ou stable,
comme on voudra. Mais cet article va amener certaines conséquences.
Alors, j'ai posé la question: Est-ce qu'il y avait des consultations? On
a dit: Personne ne s'est manifesté, on n'a pas sollicité, non
plus, de consultations ou d'échanges là-dessus. Alors, je
reviens, à ce moment-là, et j'ai presque le goût de
redemander à la Caisse pourquoi on veut ça. On va dire: C'est
pour leur donner la liberté, pour ouvrir davantage, plus de
flexibilité. Oui, je comprends, mais ça a des conséquences
parce qu'on ne joue pas avec juste un joueur qui n'est pas important. C'est un
joueur important, là.
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Delorme: M. le Président, je comprends parfaitement
bien les préoccupations qui sous-tendent la question de M.
Léonard. Mais il faut bien reconnaître cependant que cet
amendement n'a pas pour but de donner à la Caisse les moyens de
réaliser un objectif qu'elle se serait fixé. Comme je l'ai dit ce
matin, cet amendement a simplement pour but de donner les moyens aux organismes
publics qui le souhaiteraient de confier leurs fonds à la Caisse de
dépôt.
Non seulement cet article-là, s'il est adopté, ne fera pas
obligation à ces organismes de déposer à la Caisse, mais,
au contraire, cette faculté sera assujettie à l'approbation du
gouvernement à l'intérieur d'un processus public,
c'est-à-dire par l'approbation d'un règlement qui devra par la
suite être publié dans la Gazette officielle. Donc, c'est
évident que, si certains organismes ou d'autres gestionnaires de fonds
jugeaient opportun de s'opposer à une pratique comme celle-là,
ils auraient tout à fait l'occasion de le faire.
M. Léonard: À ce moment-là, j'aurais le
goût, M. le président, de plaider presque a contrario. Si vous
l'ouvrez à des organismes publics, est-ce que la Caisse, pour rendre
service au monde entier, pourrait l'ouvrir à des capitaux
étrangers? Et pourquoi pas? Disons que je plaide en sens contraire,
maintenant.
M. Delorme: Oui. Si vous me permettez, M. le Président, je
crois que ce serait une extension démesurée qu'on donnerait
à cette disposition de la loi parce que je crois que l'esprit qui anime
cet article-là en est un qui vise simplement à permettre à
des organismes publics du Québec de faire appel, comme d'autres l'ont
fait jusqu'ici, avec la sanction du législateur, à la Caisse de
dépôt et placement du Québec. Mais la Caisse ne veut pas
devenir, par cet article, un gestionnaire de fonds qui ferait concurrence
à tous les gestionnaires de fonds à l'échelle
internationale.
M. Léonard: Bon! Si vous ne voulez pas faire concurrence
aux gestionnaires internationaux ou aux fonds internationaux, pourquoi le
faites-vous aux fonds internes, au Québec?
M. Delorme: Bien, écoutez. Ici, je ne peux que vous
exprimer une opinion personnelle quant à la philosophie qui a
présidé, à l'époque, à la création de
la Caisse de dépôt. On a voulu confier à un organisme
public, qui est ouvert à la supervision de l'Assemblée nationale
et du gouvernement, la gestion des fonds de retraite - des plus importants, du
moins - du Québec plutôt que - et on aurait pu le faire - de
confier ces fonds à des organismes privés. Alors, je me dis: Dans
la même logique, ne conviendrait-il pas que des fonds de la même
nature soient également confiés à l'organisme qui, au
départ, a été conçu pour administrer les fonds de
retraite publics? Encore une fois, ce n'est pas une ouverture sans limites,
c'est une ouverture à l'intérieur d'un cadre très
précis.
Mme Bleau: Ça me brûle, M. le Président,
est-ce que je peux poser une question?
Le Président (M. Camden): Oui, avant que,
évidemment, vous vous enflammiez, Mme la députée de
Groulx.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bleau: M. le Président, je vais vous poser la
question, mais c'est plutôt à l'Opposition. La Caisse de
dépôt, pour moi, depuis qu'elle a été
instituée par M. Lesage, je pense que ça m'a toujours apparu
comme l'instrument le plus important que nous ayons au Québec dans ces
matières. Plus on ouvrirait la Caisse de dépôt aux gens du
Québec, les organismes et tout ça, plus je trouve que - je ne
sais pas, moi - c'est quelque chose dont on devrait être fier,
plutôt que d'aller dans n'importe quelle institution bancaire, même
québécoise, mais privée. Alors...
M. Léonard: Vous pouvez changer de côté de
table, si vous voulez.
Mme Bleau: Non, non, non. Je me demande pourquoi on
s'inquiète de voir la Caisse de dépôt s'ouvrir à
d'autres organismes importants, comme nos municipalités, nos commissions
scolaires. Moi, je trouve ça extraordinaire et je ne vois pas pourquoi
on s'inquiète. Alors, j'aimerais ça avoir une réponse,
assez que je me demandais pourquoi je ne comprends pas. Est-ce que c'est parce
que je n'ai jamais été dans le monde de la finance? Est-ce que je
suis bornée quelque part? Mais, là, je suis allée
m'informer et je ne suis pas bornée parce que je ne comprends pas
ça, là. Alors, je me demande quelles sont les raisons qui peuvent
motiver l'Opposition à s'inquiéter de l'ouverture que la Caisse
de dépôt fait vis-à-vis des orga-
nismes publics.
M. Levesque: Je pourrais vous répondre, madame,
mais...
M. Léonard: Je voudrais y répondre. Je pense que la
question m'était posée. (15 h 20)
M. Levesque: Vous me permettrez de répondre à un
membre de la commission, soit d'un côté ou de l'autre. Je suis
très heureux de pouvoir au moins ajouter une remarque sans retarder,
cependant, la remarque très importante que veut formuler le
député de Labelle. Je pense qu'il ne faut pas penser que nos amis
de l'Opposition posent de telles questions toujours parce qu'ils ne croient pas
à la Caisse et à son rôle, etc. C'est plutôt le
rôle de l'Opposition qui prend le dessus, à ce moment-là.
Il faut comprendre ça.
M. Léonard: Le rôle de l'Opposition...
M. Levesque: C'est un jeu parlementaire qui fait...
Mme Bleau: Mais ça ne se peut pas!
M. Levesque: ...qu'on a passé l'avant-midi pour deux
articles, vous savez, qui ne faisaient pas problème.
Mme Bleau: Ils ont certainement des raisons.
M. Levesque: C'est probablement la raison, vous savez. Je ne
pense pas qu'il y ait des mauvaises intentions de l'autre côté,
sauf le jeu partisan, vous savez. Je ne sais pas quelle est la
stratégie, mais je pense que, si les gens du Québec nous voyaient
passer deux heures sur deux articles sur lesquels on s'entend, qu'est-ce qui va
arriver quand on ne s'entendra pas? Ceci étant dit, avec la meilleure
volonté du monde, je m'excuse d'avoir interrompu la réponse fort
pertinente, sans doute, du député de Labelle.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je crois que le
ministre des Finances trouve le temps long. C'est un sujet qui
m'intéresse énormément, beaucoup, la Caisse de
dépôt et placement, depuis longtemps, mais je me pose quand
même des questions sur son action. Ça ne veut pas dire que je vais
voter contre l'article, encore une fois, mais on verra. Je veux juste attirer
l'attention de la députée de Groulx, par exemple, sur une
situation que nous avons constatée encore tout récemment. La
Caisse de dépôt et placement était actionnaire important
dans Steinberg, est actionnaire important dans Provigo, Unigesco et
Métro-Richelieu. Je ne sais pas l'autre chaîne...
Mme Marois: IGA.
M. Léonard: IGA? Je ne sais pas, peut-être pas dans
ça. Même, plus que ça, elle est membre du conseil
d'administration de ces sociétés. Elle a quelqu'un sur le conseil
d'administration de chacune de ces sociétés. Alors, la Caisse de
dépôt a négocié avec Steinberg, et là je
pense que ce n'est pas une accusation, quel que soit le rôle, là.
Je ne porte pas de jugement moral. J'essaie juste de décrire la
situation. Elle négocie avec Steinberg et les autres chaînes
d'alimentation un transfert d'actifs pour éviter les liquidations, etc.,
et elle est aussi, de l'autre côté de la table, comme
négociateur. Le monde de l'alimentation est quand même
relativement restreint, au Québec. Alors, elle est de tous les
côtés de la table en même temps. Elle est, en quelque sorte,
en situation de monopole. En fait, le plus gros épicier du
Québec, c'est la Caisse de dépôt et placement. Oui, c'est
ça, la réalité. Là, on est amenés à
se dire: Bien, est-ce que c'est une bonne situation? Peut-être que oui.
Quels sont les avantages? Quels sont les inconvénients à une
telle situation?
Dans le monde de la finance, est-ce qu'on glisse graduellement vers la
même situation? J'imagine qu'à la Caisse de dépôt on
a quelques actions de la Banque de Montréal, de la Banque Nationale, de
la Banque Laurentienne, de la banque ici. Quand elle va en avoir un peu plus,
elle sera peut-être même sur le conseil d'administration.
Peut-être que, là, elle va être en conflit
d'intérêts, mais ça pose la question du rôle de la
Caisse dans le Québec. Il est gros. Je pense qu'on est fier que ce soit
une grosse société, mais on voit apparaître des situations
inédites qu'il faut quand même évaluer. Je ne suis pas
nécessairement contre ça, de sorte que, même dans l'affaire
Steinberg, apparemment, elle a perdu 100 000 000 $, mais elle avait quand
même fait une bonne affaire sur Ivanhoé inc. Finalement, supposons
qu'elle avait 100 000 000 $ en jeu, en fait, elle les récupère
parce que, après, les autres chaînes auxquelles elle participe
vont être en situation de monopole. Elle va les récupérer.
Alors, au fond, ce n'est pas mal comme situation. C'est assez bon. Alors,
ça m'amène à poser les questions que je pose, M. le
Président. Je voulais répondre à la question de la
députée de Groulx...
Mme Marois: Moi-même...
M. Léonard: ...mais je suis intéressé.
Mme Bleau: je comprends votre intérêt, mais
ça ne dit pas pourquoi vous voulez qu'elle se limite à la
clientèle qu'elle a déjà et qu'elle ne cherche pas
d'autres clientèles.
M. Léonard: J'ai essayé de voir les impacts de ce
qu'ils demandent. J'essaie de les cerner un après l'autre. Il y en a
peut-être d'autres que je ne vois pas.
Le Président (M. Camden): Mme la députée de
Taillon.
Mme Marais: En fait, ce que dit mon collègue, c'est qu'il
y a une concentration, à ce moment-là, de l'épargne, parce
que c'est de l'épargne, essentiellement, dont on parle. Il y a une
concentration de l'épargne dans une même institution,
évacuant ainsi, si on veut, d'autres concurrents ou d'autres partenaires
éventuels, permettant un peu, justement, de partager les
possibilités d'investissement dans des mêmes champs
d'activité et évitant des conflits possibles
d'intérêts, etc. Mais je pense que la question de base, c'est la
concentration de l'épargne.
Par contre, moi, ce que je voulais soulever ici pour un peu
éclairer aussi le débat, c'est que, quand on a implanté la
Caisse de dépôt et placement comme outil, comme instrument et
comme institution, en même temps on a implanté le Régime de
rentes du Québec. Le Régime de rentes n'existait pas
déjà. Donc, il n'y avait pas de véhicule collectif et
universel permettant d'aller chercher l'épargne. Ça a
été la base, finalement, du départ de la Caisse de
dépôt et placement, avec tous les autres partenaires qui se sont
ajoutés, évidemment, au fur et à mesure, par
l'intermédiaire, entre autres, surtout des fonds de pension des
employés du public et du parapublic.
Dans la circonstance actuelle, on est, je dirais, dans une autre
situation parce que, évidemment, il existe déjà des gens
qui reçoivent ces épargnes-là, il existe
déjà des institutions. Donc, évidemment, on dit à
ces institutions-là: La Caisse de dépôt ne pouvait pas
recevoir l'argent qui est épargné chez vous, maintenant, elle
peut le recevoir. Donc, ça crée une concurrence de plus. C'est
comme ça. Je pense que je n'erre pas en disant ça, ça
crée une concurrence de plus. Ce n'est pas nécessairement
malsain, sauf qu'il faut savoir qui ça concernera et c'est quoi, le
bassin possible des sommes qui sont concernées.
Et je pense que le ministre des Finances nous aurait mal compris. Ce
n'est pas dans le sens de faire de l'obstruction, mais dans le sens de bien
comprendre ce que ça a comme impacts quand on prend des décisions
comme celle-là et si les partenaires concernés... Parce que le
Québec, c'est 7 000 000. Alors, quand des choses comme Steinberg peuvent
arriver, c'est parce qu'on est peu nombreux, qu'on se connaît tous et
qu'on est tous dans les mêmes champs d'activité. Donc, dans ce
sens-là, il faut aussi être conscient de cette
réalité-là. Voilà.
M. Levesque: Peut-être que j'aimerais ajouter un mot. Sans
être en complet désaccord avec l'approche de Mme la
députée de Taillon, c'est qu'on pouvait le faire, avant, par
exemple. Les gens qui avaient des dépôts ont vu que les
dépôts avaient été transférés de telle
institution vis-à-vis de la Caisse. Ça se faisait avant. Mais
c'était un peu plus compliqué. Il fallait aller devant
l'Assemblée, comme dans le cas... Je vois ici le Régime
complémentaire de rentes des techniciens ambulanciers oeuvrant au
Québec. Ça, ça a été ajouté en 1991.
Le Fonds des cautionnements collectifs des agents de voyages devrait
l'être sous peu. Mais, chaque fois, ça prenait une
législation.
Mme Marais: La Caisse pouvait le faire, mais elle devait...
M. Levesque: Venir ici... Mme Marais: ...venir ici...
M. Levesque: ...à chaque fois. Mme Marais: D'accord.
M. Levesque: Alors, elle faisait le même, entre guillemets,
tort à quelqu'un d'autre.
Mme Marais: Non, ce n'est pas nécessairement un tort.
M. Levesque: Mais enfin...
Mme Marais: Je ne pense pas que c'est un tort, mais je trouve
qu'évidemment, si un partenaire était dans le portrait avec plus
de contraintes, là, on enlève une contrainte, c'est tout. Ce
n'était pas nécessairement un tort, mais...
M. Levesque: C'est tout. Mais ça ne change pas la
possibilité...
Mme Marais: ...on change un petit peu. M. Levesque:
...pour l'un ou l'autre des... Mme Marais: Je suis d'accord.
M. Levesque: ...organismes de changer d'endroit pour
déposer.
M. Scraire: Une note, peut-être, que j'ajouterais. C'est
que la plupart des organismes qui sont visés là étant des
organismes publics, alors on parle soit de la trésorerie de ces
fonds-là ou des fonds de retraite qui y sont reliés. Dans la
grande majorité des cas, on peut penser et on peut supposer, selon nos
informations, sans faire d'enquête, que la gestion est faite
essentiellement à l'interne. Dans certains cas, ça peut
être géré de l'externe, mais, pour répondre un
peu à la préoccupation sur la compétition au niveau
des gestionnaires de fonds, par exemple, je pense qu'on peut présumer
que, dans la plupart des cas, il s'agit de petits montants qui sont
gérés à l'interne. Et comme on parle d'organismes publics
- et ça rejoint une autre question du député de Labelle
à M. Delorme - on pense que la Caisse ne doit pas s'éloigner,
comme type de déposants, du type de déposants qu'elle a,
c'est-à-dire des organismes de nature publique ou des régimes de
retraite reliés à ces organismes-là, notamment pour en
protéger la nature et le statut fiscal, aussi bien au Québec et
au Canada qu'à l'extérieur. Il est important pour la Caisse de
demeurer dans la gestion de fonds qui appartiennent à la
communauté ou à la collectivité. (15 h 30)
Le Président (M. Camden): Est-ce que le sous-article 20.1
est adopté?
M. Léonard: Sur ce chapitre, ça va. J'aurais des
questions plus précises. Quand vous dites: Des dépôts de
«sommes provenant d'un organisme public déterminé par
règlement ou appartenant à une catégorie d'organismes
publics ainsi déterminée», on en fait deux
catégories différentes. Le règlement va prévoir
soit une catégorie d'organismes publics, soit les organismes publics,
nommément.
M. Levesque: Vous vous référez à 20.1? M.
Léonard: 20 1
M. Levesque: «La Caisse [...] à une catégorie
d'organismes publics ainsi déterminée» par
règlement. C'est ça?
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: «Ou provenant d'une caisse de retraite ainsi
déterminée d'un organisme public.»
M. Léonard: Mais la catégorie d'organismes...
Là, le paragraphe suivant: «Sont des organismes publics: les
organismes gouvernementaux».
M. Levesque: Oui, vous avez toute la définition.
M. Léonard: Les gouvernementaux sont définis dans
20.2, mais les organismes municipaux, les organismes scolaires et les
établissements de santé ou de services sociaux, ça peut
être des catégories, ça.
M. Levesque: Mais ils sont dans 20.3.
M. Léonard: Mais c'est ceux-là que vous listez.
M. Levesque: Dans 20.3, vous avez les organismes municipaux. Dans
20.4, vous avez les organismes scolaires; dans 20.5, vous avez les
établissements de santé ou de services sociaux, si je ne
m'abuse.
M. Léonard: Alors, qu'est-ce que va ajouter le
règlement? Parce que la loi les définit déjà.
Qu'est-ce que va ajouter le règlement?
M. Delorme: M. le Président, le règlement va, en
somme, être adopté dans la mesure, je présume, où le
gouvernement, tenant compte de considérations comme celles dont vous
avez fait état, en arrivera lui-même à la conclusion qu'il
est d'intérêt public que les fonds provenant des organismes
mentionnés dans la loi soient confiés à la Caisse. Donc,
ce ne sera pas automatique. Il y aura un jugement de valeur qui sera
porté par le gouvernement qui pourra aussi déterminer certaines
autres conditions auxquelles ces fonds pourraient être confiés
à la Caisse et être administrés par la Caisse. Je vous
donne un exemple. Il y a dans la loi actuelle une disposition qui habilite, en
fait, qui oblige la Commission de la construction du Québec à
confier ses fonds à la Caisse de dépôt depuis quelques
années. Or, dans ce cas précis, la loi a indiqué qu'on
devait, dans nos investissements, donner préférence au secteur de
l'habitation. Alors, donc - je le donne à titre d'exemple - ce ne serait
pas impossible que le gouvernement juge et détermine par
règlement que, dans le cas de tel organisme, la Caisse devrait
privilégier tel type d'investissement ou tel ou tel secteur.
M. Levesque: à ce propos, on se rappellera qu'il y avait
eu certaines interrogations sur le fait que le rendement dans ce cas-là
était inférieur au rendement de l'ensemble de la caisse. la
réponse était facile, c'était que c'était leur
propre volonté de mettre l'accent sur tel ou tel placement plutôt
que de faire comme l'ensemble des placements.
M. Léonard: Est-ce que c'était obligé par
cet organisme ou ces fonds de retraite? Le débat a eu lieu l'hiver
passé.
M. Levesque: L'Office le désirait, je pense.
M. Léonard: Oui, l'Office le désirait, mais
à la suite de ça il y a eu des échanges. Est-ce que
maintenant ils ont maintenu les mêmes conditions ou s'ils ont voulu, eux
aussi, diversifier leur portefeuille?
M. Delorme: Dans le cas de la Commission de la construction, qui
est déposant à la Caisse depuis une dizaine d'années, si
je ne m'abuse, au départ et toujours de mémoire, il avait
été convenu avec la Commission de la construction
que 40 % du portefeuille seraient investis sous forme
d'hypothèques. mais, depuis, on a réduit, toujours en
consultation avec la commission de la construction et avec son accord, la
proportion d'investissements dans le secteur d'hypothèques à 25 %
ou 26 %, si je ne m'abuse. comme le disait m. le ministre, il arrive des
moments où un véhicule en particulier, notamment les
hypothèques en l'occurrence, donne un rendement inférieur ou
supérieur, de telle sorte que, si le portefeuille est
surpondéré dans un type de véhicule, et ce,
obligatoirement, et que, dans ce domaine particulier, les rendements, une
année donnée, sont inférieurs, le portefeuille en souffre
davantage que s'il était plus diversifié. c'est peut-être
là un exemple où il est toujours dangereux d'établir
à l'avance, dans une loi, des limites qui contraignent les
investisseurs, parce que c'est un domaine qui peut varier
énormément, et il y a une souplesse et un jugement qu'il est
nécessaire d'exercer.
M. Léonard: Alors, disons que, quant à 20.1, c'est
un bar ouvert que la Caisse de dépôt et placement veut
élargir. On ne sait pas combien de clients s'y présenteront, si
je comprends.
M. Levesque: Je pense que le député a eu les
réponses qu'on pouvait donner, de façon bien objective. En
inventer ne serait pas beaucoup mieux, quand on ne les a pas.
Mme Marois: On est persuadés que vous n'oseriez jamais
faire ça, quand même!
M. Levesque: Non. Vous avez donc raison! Est-ce qu'on peut
adopter ça, M. le Président?
Le Président (M. Camden): Ah oui! L'ensemble de l'article
3?
M. Levesque: On l'a passé, là. M.
Léonard: L'article 20.1.
Le Président (M. Camden): L'article 20.1. Adopté,
l'article 20.1.
M. Levesque: L'article 20.2...
Le Président (M. Camden): L'article 20.2.
M. Levesque: ...on en a parlé tout à l'heure, ce
sont les organismes gouvernementaux qui sont listés. Les autres, les
articles 20.2, 20.3, 20.4 et 20.5, sont de la même nature. C'est les
listes qu'on a évoquées tout à l'heure.
M. Léonard: Est-ce que la Caisse de dépôt,
par rapport à l'article 20.2...
M. Levesque: L'article 20?
M. Léonard: ...l'article 20.2, a fait la liste des
organismes visés au titre des paragraphes a, b, c, d, e? La
définition vient de quelque part.
M. Levesque: l'énumération reprend, en partie, les
organismes qui sont visés par la loi sur le vérificateur
général, chapitre v-5.01, articles 4 et 5.
M. Léonard: Alors, c'est une nomenclature qui existe
déjà au gouvernement. C'est celle-là que vous avez
prise.
M. Levesque: Le libellé a été adapté
pour cibler le plus grand nombre possible d'organismes publics
québécois susceptibles de devenir des déposants à
la Caisse. Une adaptation consiste à exiger que la majorité et
non simplement la moitié des membres ou administrateurs soient
nommés par le gouvernement ou un ministre.
M. Léonard: Ce sont tous des organismes différents.
C'est «ou» à chacun des paragraphes. Le sens, c'est clair?
Oui.
Au paragraphe «c) les organismes dont les biens ou le fonds social
font partie du domaine public». Par exemple, SEPAQ, est-ce que ça
entre là-dedans?
Mme Marois: La Société des établissements de
plein air.
M. Levesque: C'est la société de plein air...
M. Léonard: La Société des
établissements de plein air du Québec, est-ce que vous la classez
là-dedans?
M. Scraire: Probablement, à ma connaissance,
probablement.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: C'est là, au paragraphe c?
M. Levesque: La majorité des sociétés
d'État sont dans ce cas-là, et la SDI aussi.
M. Léonard: Je ne sais pas si la Caisse de
dépôt va placer à la SDI. Le taux de mauvaises
créances est assez élevé, merci, plus que ce qu'en dit son
président-directeur général.
M. Levesque: Cependant, il n'y a pas tellement de fonds, dans les
exemples que vous donnez, qui se fait, de ce genre de fonds.
M. Léonard: Non. Mme Marois: Non.
M. Léonard: La SDI a quand même un portefeuille de 2
000 000 000 $ ou pas loin, au
total. Mais elle n'a pas ça en liquide.
Mme Marais: Oui, c'est ça. Ce n'est pas très
liquide.
M. Léonard: Dans cet article, c'est les
dépôts. Ça va pour 20.2.
Le Président (M. Camden): L'article 20.2 est
adopté.
M. Léonard: 20.3.
Le Président (M. Camden): L'article 20.3.
Mme Marois: Municipalités. (15 h 40)
M. Léonard: «Sont: une municipalité locale -
ça, ça va - un organisme mandataire d'une municipalité
locale au sens de l'article 18 de la Loi sur le régime de retraite des
élus municipaux - donc, c'est les fonds de retraite des élus
municipaux - et un organisme supramunicipal au sens des articles 18 et 19 de
cette loi.» On fait référence à quoi?
M. Levesque: On vise les municipalités locales, les
municipalités régionales de comté, les communautés
urbaines, les corporations intermunicipales et toutes les autres corporations
municipales.
M. Léonard: Ça comprend, par exemple, des
sociétés de transport en commun?
M. Levesque: Est-ce qu'elles ont des fonds, elles?
M. Léonard: Elles ont des fonds, certain, M. le ministre
des Finances!
M. Levesque: Ah, les fonds de retraite! Je pensais qu'il y avait
des surplus.
M. Léonard: Le ministre ne peut pas dire qu'ils les a
aidées dernièrement, je pense.
M. Levesque: On va rester là, à la pertinence du
débat!
M. Léonard: Oui! Changeons de sujet, oui! Ça, je le
comprends!
M. Levesque: C'est un vieux dossier.
M. Léonard: II est très actuel pour ceux qui se
débattent avec et avec votre décision.
Mme Marois: Le ministre nous disait que... M. Levesque: Un
instant, excusez-moi... Mme Marois: D'accord, allez!
M. Levesque: ...pour essayer de répondre à cette
question-là.
M. Léonard: Oui, je pense que ce serait important. Les
sociétés de transport en commun. Il y a les CIT et les
sociétés de transport en commun un peu partout.
Mme Marois: Les CIT aussi? M. Levesque: C'est couvert.
M. Léonard: C'est couvert? Est-ce qu'on a
vérifié, au cours de l'heure du lunch, s'il fallait aussi
transformer ou modifier, amender les lois constitutives de ces organismes?
Exemple: le Code municipal, la loi des cités et villes, etc.
M. Levesque: On en a discuté... Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Levesque: ...et on est arrivés à la conclusion
que ce n'était pas nécessaire pour ces organismes de le faire, de
légiférer. mais on pourra être plus affirmatifs...
M. Léonard: Plus affirmatifs à une autre
séance.
M. Levesque: Oui, s'il y a une autre séance. S'il n'y a
pas d'autre séance, on pourrait peut-être l'être dans un
autre forum. On verra.
M. Léonard: Ça m'amène à poser une
question que je n'ai pas posée tout à l'heure, à
l'occasion de l'article 20.1. Les dépôts sont sous quelle forme?
C'est des dépôts à court terme? C'est des
dépôts à moyen terme? Je pense que c'est important. Il
s'agit de fonds placés... C'est quoi, les conditions de placement?
M. Delorme: M. le Président, les dépôts, dans
des cas comme ceux-là, pourraient être de l'une de trois formes,
suivant qu'ils proviennent d'un fonds de retraite des organismes
mentionnés ici ou simplement des surplus de liquidités ou des
fonds propres de cet organisme-là. Ils pourraient donc être des
dépôts faits, comme pour les fonds de retraite, en vertu d'une
politique de placement, donc à plus long terme qu'à court terme.
Mais ça pourrait être aussi des dépôts à vue,
des dépôts à terme qui viseraient simplement les
opérations de trésorerie de ces organismes plutôt que les
fonds de retraite.
M. Léonard: De la part de ces organismes-là, c'est
presque un placement privé, au fond, parce que vous n'avez pas le
même statut qu'une banque?
M. Delorme: Non, nous n'avons pas le même statut qu'une
banque. Cependant, nous recevons
déjà, de nos déposants, certaines sommes qui nous
sont confiées sous forme de dépôts à vue ou de
dépôts à terme.
M. Léonard: Est-ce qu'il y a des périodes
minimales, trois mois, six mois ou un an?
M. Delorme: Non.
M. Léonard: Pas du tout. Au jour?
M. Delorme: Une journée.
M. Léonard: Une journée? Ça doit être
plutôt rare, mais...
M. Delorme: Oui. En fait, tout dépend des besoins de
trésorerie des fonds en question.
M. Léonard: Alors, les MRC, tout organisme intermunicipal
est couvert là-dedans. C'est la définition générale
de la municipalité. On dit qu'on n'est pas obligé d'amender les
lois municipales, mais ça peut dépendre.
M. Levesque: On a dit: Sous réserve d'une confirmation
plus solennelle.
M. Léonard: De la part du ministre. M. Levesque:
Oui.
M. Léonard: Mais ne l'oubliez pas, cette fois.
M. Levesque: Vous me la rappellerez, j'en suis convaincu.
Mme Marois: Comme on l'a mentionné à l'article
précédent, c'est-à-dire le 20.1, on disait que
c'était possible, déjà, pour la Caisse de recevoir en
dépôt des sommes provenant d'organismes publics, sauf qu'il
fallait passer, à ce moment-là, par la loi. C'est ça que
j'ai compris. Est-ce que c'était vrai aussi pour les organismes
municipaux ou si pour ceux-là c'était différent?
M. Delorme: Non. C'était la...
Mme Marois: C'était vrai aussi pour eux.
M. Delorme: ...même situation, du point de vue
juridique.
Mme Marois: ça va. d'accord. alors, ils pouvaient venir,
mais ça prenait une procédure un peu plus complexe que celle qui
prévaudra maintenant si nous acceptons cet article.
Le Président (M. Camden): Est-ce que l'article 20.3 est
adopté?
M. Léonard: Juste une chose. Quand on dit, dans l'article,
«et un organisme supramunicipal au sens des articles 18 et 19 de cette
loi», c'est laquelle, «cette loi»? «sont: une
municipalité locale», etc., on dit «au sens de l'article 18
de la loi sur le régime de retraite des élus
municipaux...»
M. Delorme: C'est ça.
M. Léonard: «...et un organisme supramunicipal au
sens des articles 18 et 19 de cette loi.»
M. Levesque: «Au sens des articles 18 et 19 de cette
loi.» C'est la loi...
Une voix: De la Loi sur le régime de retraite...
M. Léonard: C'est juste en ce qui concerne les fonds de
retraite.
M. Delorme: Dans ce cas-là, oui.
M. Léonard: Dans ce cas-là. Parce que c'est deux
choses différentes. L'organisme supramunicipal au sens des articles de
cette loi, Loi sur le régime de retraite des élus municipaux,
là, c'est très limité. C'est très limité. Si
on parle d'une commission de transport en commun, d'une société
de transport en commun, c'est juste son fonds de retraite qui va là.
M. Levesque: C'est ça que vous disiez tout à
l'heure, que c'est la seule chose qu'elles avaient à placer, si j'ai
compris la remarque rapide que vous avez eue. Ce n'est sûrement pas...
Vous m'avez laissé entendre qu'elles n'avalent pas grand fonds à
part ça.
(Consultation)
M. Léonard: Je vais faire sortir les deux articles de loi
pour voir ce que ça dit.
M. Scraire: En fait, il faut comprendre qu'à 20.1 on
établit le principe de dépôt possible, soit par
l'organisme, soit par le régime de retraite de l'organisme, à
20.1.
M. Léonard: Oui.
M. Scraire: Les autres articles ne sont que des articles de
définition des organismes. Ça ne sert qu'à définir
l'organisme. Le principe est à 20.1, le principe du
dépôt.
M. Léonard: Et, avec votre définition, à
20.3, «un organisme mandataire d'une municipalité locale»,
si on prend le territoire de la Communauté urbaine de Montréal,
il y a, par exemple, la CUM elle-même et il y a la
Société de transport, la STCUM. Ce serait couvert comme tel. La
STCUM serait couverte «organisme
mandataire», et le reste, c'est juste les deux autres points qui
sont soulevés... Bien non. C'est «au sens de l'article 18 de la
Loi sur le régime de retraite des élus municipaux».
(Consultation)
M. Léonard: O.K. C'est des définitions, aux
articles 18 et 19.
M. Levesque: C'est ce que Mme Crépin vient de me dire.
M. Léonard: Oui. On vient de me le sortir, l'article.
C'est une définition, mais qui se trouve dans la Loi sur le
régime de retraite des élus municipaux.
Mme Marois: C'est ça. Qui ne traite pas que du
régime de retraite, mais qui définit.
M. Léonard: Non.
Mme Marois: Parce que ce n'était pas évident quand
on le lit.
M. Scraire: C'est juste un article de définition.
Mme Marois: C'est ça. Voilà.
M. Léonard: Je suis un peu étonné parce que
les organismes municipaux et les municipalités elles-mêmes sont
normalement définis plutôt dans la loi des cités et villes
ou dans le Code municipal. Vous passez par une loi, disons,
«ancillaire» - si je peux employer ce mot-là - pour aller
trouver la définition générale. Ça ne se trouve pas
ailleurs?
M. Levesque: C'est parce que c'était pratique.
(Consultation)
M. Scraire: On nous dit que les trois ministères ont
été consultés, les Affaires municipales...
M. Léonard: C'est eux qui vous ont renvoyé
là.
M. Scraire: ...et c'est eux qui suggèrent cette
définition-là pour couvrir globalement leurs organismes.
Mme Marois: Ça ressemble à ce qu'ils ont dans leurs
lois...
M. Scraire: Oui. C'est ça.
Mme Marois: ...pour avoir fréquenté cette
commission pendant quelques mois.
M. Scraire: C'est ce que les gens de ces ministères
favorisent pour se décrire. (15 h 50)
M. Léonard: Bon. On leur enverra nos galées pour
marquer notre étonnement.
Le Président (M. Camden): L'article 20.3 est-il
adopté?
M. Léonard: Oui. Ça va.
Le Président (M. Camden): Adopté. Article 20.4.
M. Léonard: Bon. Les organismes scolaires. Avant d'aborder
l'article, je dois dire que j'ai été un peu étonné.
Je pensais que les commissions scolaires étaient déjà
couvertes, alors qu'elles ne le sont pas, mais les commissions scolaires ou les
employés des commissions scolaires, par exemple, ont accès au
RREGOP...
Mme Marois: C'est ça. Ils participent au RREGOP.
M. Levesque: Oui. Mais, vous savez, prenez, par exemple...
Ça ne répond peut-être pas à votre question
directement, mais les commissions scolaires passaient par le ministère
des Finances lorsqu'elles voulaient emprunter.
M. Léonard: Et déposer?
M. Levesque: Depuis que nous avons le fonds de financement, nous
avons... Pour déposer?
M. Léonard: Parce que, là, on parle des
dépôts.
M. Levesque: Oui, oui. Je voulais juste vous rappeler ça
pendant que j'y pensais.
M. Léonard: Oui, oui.
M. Levesque: C'est que nous avons créé un fonds de
financement. Vous avez posé la question, ce matin, si je me rappelle
bien, cet avant-midi...
M. Léonard: J'ai déjà soulevé la
question.
M. Levesque: Oui. Est-ce qu'une commission scolaire peut aller
entièrement vis-à-vis de la Caisse à 100 % de son
émission? J'avais peut-être omis de vous dire que, depuis le fonds
de financement... Avant ça, c'était nous qui faisions un certain
travail avec la commission scolaire pour assurer le meilleur financement
possible, dans son intérêt. Là, avec le fonds de
financement, ça va plus loin. C'est nous qui faisons le
nécessaire au point de vue du financement et, ensuite, le fonds
prête à la commission scolaire.
Mais on peut aller présentement à 100 % à la Caisse
de dépôt, comme gouvernement, comme ministère des
Finances.
M. Léonard: On en reparlera tout à l'heure, quand
on reviendra sur les pouvoirs d'emprunt.
M. Levesque: Oui, mais je ne voulais pas oublier de vous le
souligner.
M. Léonard: Non, non.
M. Levesque: Alors, revenons aux placements...
M. Léonard: Aux dépôts. M. Levesque:
Aux dépôts.
M. Léonard: Les commissions scolaires, en passant par le
ministère des Finances, prenaient de grands risques. Il me semble que
vous avez le bras long, surtout par les temps qui courent.
M. Levesque: Je pense qu'elles sont très heureuses. Elles
s'aperçoivent que nous avons fait un excellent travail.
M. Léonard: Oui, mais le ministère des Finances a
les poches creuses. Je pense que je ne prendrais pas ce risque-là.
M. Levesque: Alors, pour revenir à la question originale,
c'était quoi?
M. Léonard: Je me suis étonné que les
employés des commissions scolaires...
M. Levesque: Ah oui, oui.
M. Léonard: ...on soit obligé de les toucher ici,
alors que je croyais, moi, qu'ils participaient déjà au RREGOP:
les professeurs ou les employés de soutien, les cadres.
Mme Marois: Je comprends que c'est l'institution qui pourrait
placer ses fonds propres. Non?
M. Levesque: Mais est-ce que les enseignants ne passent pas
déjà par le RREGOP et le RREGOP...
M. Léonard: Oui, c'est ce que je dis.
M. Levesque: O.K.
M. Léonard: Je me demande...
M. Levesque: Alors, il reste qu'il y a d'autres employés
que les professeurs comme tels.
Mme Marois: Ou est-ce que c'est comme ce dont on discutait tout
à l'heure, à savoir qu'on a un surplus de liquidités ou...
C'est ça, dans le fond, qu'on veut viser...
M. Levesque: Ou certaines liquidités, vous avez raison.
Oui.
Mme Marois: ...temporairement, parce que,
généralement, ce n'est pas la règle.
M. Léonard: Prenez une commission scolaire dans le
comté de Bonaventure, elle reçoit son chèque à tous
les 15 jours du ministère des Finances ou à tous les mois sa
subvention; elle prend l'argent et elle va le déposer à la caisse
populaire du coin. C'est peut-être une autre banque, mais supposons la
caisse pop du coin. Là, au lieu de faire ça, elle va aller
à la Caisse de dépôt et placement du Québec, ou elle
pourra.
M. Levesque: L'exemple que vous donnez, c'est pour son
fonctionnement quotidien, régulier. Je ne vois pas ça, là.
Je ne pense pas que ce soit ça l'esprit de l'article. Enfin, je vous
laisse...
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Delorme: Je crois bien que, du point de vue pratique,
ça ne présenterait pas beaucoup d'avantages de déposer ces
sommes-là à la Caisse de dépôt. Je crois que c'est
mieux de les avoir localement, à un organisme auquel on peut avoir
accès localement. Il s'agira, vraisemblablement, de sommes dont on
n'aura pas besoin à courte échéance. En plus de ça,
je rappelle encore une fois que la Caisse ne pourrait recevoir ces
dépôts que dans la mesure où un règlement aura
été adopté à cette fin avec la sanction du
gouvernement.
M. Léonard: On fait référence à
beaucoup de règlements, presque à chaque article.
M. Delorme: Oui.
M. Léonard: Ils ne sont pas rédigés
encore?
M. Delorme: Non, du moins pas par nous. M. Léonard:
Pardon?
M. Delorme: Pas par nous. À ma connaissance, il n'existe
aucun texte de règlement parce que, comme je vous l'ai dit, nous n'avons
pas fait de démarches auprès de quelque organisme que ce
soit.
M. Léonard: dans votre esprit ou dans l'esprit de vos
juristes, ça aurait l'air de quoi, un règlement qui
opérationalise une tel article de loi?
M. Delorme: Ça aurait l'air, éventuellement, d'un
décret, je présume, qui préciserait, d'une part, l'accord
conclu entre l'organisme et la Caisse et, d'autre part, les modalités
générales qui devraient s'appliquer pour les investissements de
ces fonds.
Maintenant, peut-être que nos juristes, en effet, pourraient
donner plus de précisions.
M. Levesque: On ne pourrait pas imaginer que, comme dans le cas
des ambulanciers, par exemple, dans le cas de l'Office de la construction, dans
le cas d'autres, ça pourrait être apparenté à ce que
nous avons eu comme législation à cet effet?
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Delorme: Si vous me permettez, M. le ministre, oui, ça
pourrait être dans la même forme que la législation qui a
été adoptée, par exemple, pour la Commission de la
construction et inclure, en plus de ça, fort probablement, les
dispositions qui se retrouvent dans un accord qui a été conclu
entre la Caisse et la Commission de la construction, qui précise, comme
je le disais tout à l'heure, à titre d'exemple, que, par exemple,
on devra investir tel pourcentage du fonds dans des hypothèques pour
favoriser, comme le stipule la loi, la construction.
M. Léonard: En tout cas, l'article 20.4, ça vise
à peu près toute institution d'enseignement privée...
M. Delorme: C'est ça.
M. Léonard: ...publique, primaire, secondaire,
collégial, universitaire, institut de recherche ou n'importe quoi, tout
ce qui est public et avec une définition sur la moitié des
dépenses de fonctionnement payées par les crédits
gouvernementaux: «toute faculté, école ou institut de tels
établissements».
Le Président (M. Camden): L'article 20.4 est-il
adopté?
M. Léonard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Camden): L'article 20.5.
M. Léonard: Bon, l'autre morceau! Les
établissements de santé ou de services sociaux.
M. Levesque: Encore là: on couvre autant les
organismes publics que les organismes privés qui fonctionnent avec des
subventions gouvernementales.
M. Léonard: Est-ce que c'est aussi la règle des 50
%? Non? Bien que, dans le cas, c'était aussi ça.
Mme Marois: Ici, on ne le dit pas; ce qu'on dit, c'est «au
sens de cette loi qui fonctionnent en ayant recours à des sommes
d'argent provenant du fonds consolidé du revenu», alors que, dans
l'autre cas, on disait dont la moitié des dépenses proviennent de
fonds publics.
M. Léonard: Vous n'avez pas utilisé le
critère de 50 %?
M. Levesque: «les établissements privés au
sens de cette loi qui fonctionnent en ayant recours à des sommes
d'argent provenant du fonds consolidé du revenu.»
(Consultation)
M. Levesque: On n'a pas d'objection à faire la même
règle, à l'amender. (16 heures)
M. Léonard: Non, je vous pose la question. Peut-être
que vous voulez plus de flexibilité là-dessus. Il y a des
établissements privés, par exemple, pour les personnes
âgées, qui doivent fonctionner moitié-moitié avec
des fonds privés, des fonds du Québec. On parle de la
Corporation...
M. Levesque: Oui, c'est ça. Peut-être juste 1 % ou 2
% et on est pris...
M. Léonard: ...d'hébergement du Québec;
ça aussi, c'est financé par le gouvernement, en bonne partie.
Mme Marois: Essentiellement, c'est la Corporation qui gère
les actifs des centres d'accueil? C'est ça, je ne me trompe pas?
M. Léonard: Comment appelle-t-on ça? C'est
accrédité, les maisons pour personnes âgées
privées?
Mme Marois: Conventionné.
M. Léonard: Conventionné, ça va. Mais, des
maisons conventionnées de personnes âgées, est-ce que ce
serait admissible comme organismes privés ayant recours à des
sommes d'argent?
M. Levesque: II y a toujours les fonds publics qui sont
là, d'après ce que je peux voir.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Comme il n'y a pas de...
Mme Bleau: Au niveau du résident et non pas de
rétablissement.
Mme Marois: C'est le résident qui reçoit sa
pension, si on veut, et qui paie ensuite pour être...
M. Levesque: II ne doit pas y avoir beaucoup de fonds
à...
M. Léonard: C'est le résident qui reçoit les
fonds.
Mme Bleau: Exactement!
M. Léonard: Donc, des maisons conventionnées de
personnes âgées, c'est ça que ça veut dire.
Mme Bleau: Je pense qu'elles pourraient. M. Léonard:
Si c'est le résident....
Mme Bleau: C'est au nom du résident, mais je pense que ce
n'est pas le résident qui reçoit le chèque, c'est la
maison. Alors, supposons qu'il y ait 50 résidents...
Mme Marois: C'est comme la subrogation obligatoire.
Mme Bleau: ...qui n'ont pas les moyens de payer la pension
demandée...
M. Léonard: C'est ça.
Mme Bleau: ...le gouvernement...
M. Léonard: Le gouvernement, le ministère...
Mme Bleau: ...donne à l'établissement la
différence entre...
M. Léonard: C'est ça.
Mme Bleau: ...ce que le monsieur peut payer...
M. Léonard: Est-ce que c'est admissible?
Mme Marois: Non, je ne pense pas que ça le serait, selon
la...
M. Léonard: À votre esprit?
M. Levesque: Mais il n'y a pas de clause de 50 %, ici.
M. Léonard: Non.
M. Scraire: Sauf qu'il faut que l'établissement fonctionne
en ayant lui-même recours, directement...
M. Léonard: Directement?
Mme Marois: Indirectement.
Mme Bleau: Ce n'est pas comme ça du tout.
Mme Marois: C'est indirectement.
M. Levesque: II fonctionne en ayant recours à des sommes
d'argent provenant du fonds consolidé du revenu.
Mme Bleau: Non, ce n'est pas ça.
Mme Marois: Mais la Corporation d'hébergement, on
s'entend, c'est autre chose.
M. Scraire: Oui.
Mme Marois: La Corporation d'hébergement, ce sont les
centres d'accueil publics.
M. Scraire: C'est purement et simplement une corporation de
financement.
Mme Marois: Voilà, essentiellement.
M. Scraire: C'est un intermédiaire financier.
Mme Marois: C'est ça.
M. Léonard: Bon, si on prend tout ça, 1, 2, 3, 4,
ça en couvre large. Est-ce qu'il y a quelque chose qui grouille au
Québec que vous n'ayez pas touché?
M. Levesque: C'est simplement la définition des organismes
publics, soyons de bon compte. Si on en avait oublié un, vous auriez
dit: Pourquoi pas celui-là? Là, on les met tous.
M. Léonard: m. le ministre des finances devrait être
heureux que nous posions des questions sur son projet de loi. j'ai
l'impression...
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection.
M. Léonard: ...de m'y intéresser plus qu'il ne s'y
est intéressé lui-même.
M. Levesque: Peut-être, je n'ai pas d'objection, moi. Vous
dites que c'est votre passion. Moi, c'est simplement mon devoir, mon
travail.
M. Léonard: Un hobby?
Mme Marois: J'espère que c'est un peu passionnant,
à l'occasion, quand même.
M. Levesque: À certains moments, c'est même
exaltant.
M. Léonard: Oubliez le terrain de golf. Mme Marois:
D'accord.
M. Léonard: Même s'il fait beau, il ne faudrait pas
que le ministre pense juste au
terrain de golf. On légifère.
M. Levesque: Ah! Ce n'est pas beau, ça.
Le Président (M. Camden): Alors, si on revenait à
20. 5. Est-ce que l'article 20. 5 est adopté?
Mme Marois: Vous êtes terre à terre, M. le
Président.
M. Levesque: II me fait penser au golf, cependant. Vous savez, je
n'ai pas encore eu i'occasion d'essayer nos terrains de golf.
M. Léonard: Ça m'étonnerait, avec le teint
bronzé que vous avez. Ce n'est pas les échos que j'ai.
M. Levesque: Non, mais c'est sous le feu de l'Opposition que je
prends ces couleurs.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Est-ce que c'est adopté, l'article 20. 5,
Jacques?
M. Léonard: 20. 5? Oui.
Le Président (M. Camden): Adopté. Est-ce que, dans
l'ensemble...
M. Léonard: Je sais que le président veut nous
faire adopter tout de suite l'article 3, mais je vais poser la question: Est-ce
qu'il y a d'autres organismes de nature publique que vous avez exclus?
Mme Marois: Ou dont vous n'avez pas tenu compte. Ha, ha, ha!
M. Léonard: Alors, vos objectifs...
M. Levesque: II me semble que c'est curieux d'avoir cette
question-là maintenant. En tout cas! Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. Delorme: M. le Président, je ne crois pas, à ma
connaissance, qu'on en ait exclu aucun, mais, si M. Léonard en a un
à proposer, ça nous fera...
M. Léonard: Je fais juste poser la question. M.
Delorme:... plaisir de l'ajouter.
M. Léonard: Par exemple, la SGF, c'est compris
là-dedans?
M. Scraire: Oui, 20. 1.
M. Léonard: Et jusqu'à quel point ses succursales
sont-elles comprises là-dedans? C'est la définition de 50 % des
actions? Par exemple, est-ce que vous avez cherché... Vous pourriez
recevoir les fonds de pension, le régime de retraite des employés
de Domtar, exemple.
Mme Marois: Oui. «... ou provenant d'une caisse de retraite
ainsi déterminée d'un organisme public. » Et, après
ça: «Sont des organismes publics... »
M. Delorme: Oui, mais... Domtar n'est pas un organisme
public.
Mme Marois: Non, voilà! Ça n'entrerait pas, pas au
sens de la loi. Non. Vous avez raison.
M. Levesque: Non.
M. Léonard: mais si la sgf et, par exemple, la caisse de
dépôt aétenaient ensemble 50 % de domtar, elle serait
admissible?
M. Delorme: Je ne crois pas qu'on pourrait dire, dans ces
circonstances-là, que le gouvernement nomme la majorité des
membres ou administrateurs ou que ses fonds proviennent en majorité du
gouvernement.
M. Léonard: Oui, mais les conditions qui ont
été posées à 20. 1 ou 20. 2, ce ne sont pas des
conditions concurrentes, ce sont des conditions séparées: dans un
cas, dans l'autre, etc. Si la Caisse de dépôt et la SGF
détenaient plus de 50 %, elles seraient en mesure de nommer la
majorité des membres du conseil d'administration. Donc, ma question:
Est-ce que, à ce moment-là, des employés de Domtar
pourraient placer leur régime de retraite à la Caisse de
dépôt et placement? Bonne question! Il y a des fonds,
là.
M. Levesque: Article 20. 2: «... ou sont détenues
par un organisme public». Un, pas deux. C'est ce qu'on me dit. Ce sont
les légistes. Il faut respecter ça, les comptables.
M. Léonard: ils viennent d'y penser ou bien ils y avaient
pensé avant que je pose la question?
M. Levesque: Ha, ha, ha! C'est la même chose que dans le
projet de loi 7, me dit-on. On se rappellera que le député de
Labelle avait discuté de ça avec mon collègue, le
président du Conseil du trésor, et peut-être madame.
Mme Marois: Mon, malheureusement, j'étais absente. C'est
le député de Labelle qui avait fait le débat.
M. Léonard: Mais...
M. Levesque: Pour résumer, on a pas mal
fait le tour, je pense, en couvrant les secteurs publics. S'il y en a
d'oubliés et si, réellement, c'était important au point de
vue des dépôts qui pourraient être reçus, on viendra
vous demander la permission de les ajouter; on reviendra à cette
commission du budget et de l'administration.
M. Léonard: Alors, c'est sans remords quant à
l'ampleur de la chose, quant à l'impact sur les autres intervenants dans
le monde financier québécois qu'on fait cela?
M. Levesque: Non, pas de remords.
M. Léonard: J'espère que j'ai rendu conscient le
ministre de l'ampleur et de la portée de l'article qu'il veut nous
proposer d'adopter.
M. Levesque: Oui, on ne veut exclure personne. Il y a beaucoup de
sociétés ou d'institutions qui sont incluses ici, mais qui ne
feront pas affaire avec la Caisse davantage; il faut bien comprendre
ça.
M. Léonard: Oui, mais, dans 20 ans d'ici, on se
reverra.
M. Levesque: Boni Bien, vous m'en reparlerez dans 20 ans.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: On se reverra ici.
M. Levesque: Vous m'en reparlerez.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Parce que, quand on adopte une loi, il faut toujours
imaginer qu'on va aller au bout de ce qu'elle prévoit.
M. Levesque: C'est vrai.
Mme Marois: Parfois, il est arrivé qu'on
légifère, en disant: Nous donnons cette possibilité, mais
jamais nous n'appliquerons ce règlement ou cet article. Or, on sait
où ça peut nous mener. Alors, je pense qu'il faut être
conscient de ça.
M. Levesque: Et prudent. Il faut être prudent. (16 h
10)
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 3 dans son
ensemble est-il adopté?
M. Léonard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 3 étant
adopté dans son ensemble, sa totalité, j'appelle donc l'article
4.
Gestion des dépôts et placements
M. Levesque: Alors, l'article 4 modifie l'article 21 en
remplaçant, dans les première et deuxième lignes du
deuxième alinéa, les mots «tenir les placements de tout
régime visé à l'article 20 séparés de ses
propres placements et les gérer» par les mots «gérer
les placements de tout régime visé à l'article
20».
Cela confirme que la Caisse gère les placements des
régimes de retraite comme tous ses autres placements. On retire, par le
fait même, une disposition que l'on dit et qu'on m'a confirmée
être une disposition incompréhensible et inapplicable, puisque
c'est dans la gestion des fonds que la Caisse peut tenir compte des
caractéristiques de chacun des déposants. Alors, en pratique,
ça se fait comme dans le texte proposé. C'est comme ça que
ça se fait aujourd'hui. Mais le texte original causait des
problèmes; peut-être que M. Scraire pourrait nous en parler. C'est
vous qui étiez à l'origine de cet...
M. Scraire: Pas du problème.
M. Levesque: Ha, ha, ha! Non, vous n'étiez pas là.
Ça fait longtemps que ça dure, cette disposition-là,
n'est-ce pas?
Le Président (M. Camden): M. Scraire
M. Scraire: En fait, il s'agit d'une question technique
d'interprétation. Les juristes se posent beaucoup de questions pour
savoir ce que veut dire l'expression «séparés de ses
propres placements». En quoi la Caisse a-t-elle ses propres placements
par rapport aux autres placements? Il n'y a jamais de réponse
précise ou il n'y a pas de réponse possible, sauf de dire que
c'est mal rédigé et que ça n'a pas été, en
tout respect, adapté lorsqu'il y a eu des modifications à la loi,
à un moment donné. Alors, c'est une correction qui est
plutôt d'ordre technique. Tous nos fonds sont gérés de la
même façon. Ils sont tous au même niveau par rapport
à la Caisse, alors qu'ici ça laisse entendre qu'il y a deux types
de fonds. Il n'y a pas deux types de fonds. C'est vraiment technique et
uniquement une question d'interprétation. Ça n'a jamais
empêché le monde de dormir, sauf que, parfois, ça a fait
travailler, effectivement, des avocats pour essayer de répondre à
une question qui était insoluble.
M. Léonard: Bien, mettons le régime de retraite des
policiers de la CUM. Je ne sais pas s'ils en ont chez vous, des
dépôts? Ils n'en ont pas; donc, ce n'est pas un bon exemple. En
tout cas, c'est un exemple. J'essayais de le prendre, par hypothèse.
Vous avez le régime de retraite d'une institution, disons que c'est un
hôpital, quelque part. Il s'en va chez vous et dépose 5 000 000 $.
5 000 000 $, c'est supposé être une boule de neige qui
s'épaissit d'année en année
pour faire face aux éventualités ultérieures. Bon.
Comment comptabilisez-vous la valeur de ce placement au nom des autres, au nom
du régime, pour arriver à déterminer ce qu'il vaut
à la fin de chacune des années?
Quand je lisais ça, moi, je voyais que chaque fonds avait une
valeur séparée et que vous le comptabilisiez. C'est comme
ça que je l'entendais. Je suppose que je viens de me tromper, mais...
Alors, il y a sûrement une façon. Quand vous allez chez un
courtier, bien, si vous avez, je ne sais pas, moi, 3000 actions de la Banque de
Montréal, bien, c'est 3000 actions et vous savez que c'est dans votre
fonds, dans votre compte, et le courtier le gère à votre rJftce.
J'imaginais que la Caisse de dépôt et placement détenait
des fonds de régimes de retraite séparés les uns des
autres, mais, par ailleurs, qu'elle ramassait les fonds dans l'ensemble et les
plaçait en obligations.
M. Levesque: il y a différents sacs de réception,
mais il y a un panier de placements, si je peux m'exprimer ainsi. Allez-y
donc!
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Delorme: Merci, M. le Président. Je crois que, lorsque
nous aborderons l'article suivant, l'article 22, nous aurons l'occasion de
déterminer les types de fonds et de portefeuilles...
M. Léonard: En termes de placements, cette fois.
M. Delorme: ...qu'administre la Caisse. En somme, ce sont les
réservoirs dans lesquels les fonds qui nous sont confiés sont
déposés et à partir desquels nous faisons des placements
dans divers véhicules et dans divers portefeuilles. Alors, pour
répondre, cependant, dans le cadre de l'article 21, à votre
question, comme le disait M. Scraire, il n'y a pas telle chose que des
placements propres à la Caisse. J'emploie le mot «propres»
au sens comptable et non pas au sens littéraire. Donc, c'est une
expression de la loi à laquelle il était difficile de donner un
sens, parce que tous les placements que nous avons sont des placements de fonds
qui appartiennent à des déposants et que nous administrons pour
eux. Nous n'avons pas de fonds qui nous appartiennent, à nous, pour
faire des placements. Donc, il n'y a pas de nécessité de tirer
une ligne de démarcation ou d'ériger une cloison entre les fonds
de nos déposants et les fonds de la Caisse.
M. Léonard: Vos dépenses d'opération
proviennent d'où?
M. Delorme: Les dépenses d'opération sont prises
à même les rendements de nos investissements et sont
réparties au prorata entre tous les déposants, entre tous les
fonds, parce qu'il y a le fonds général et il y a aussi des fonds
spécialisés. c'est précisément ce que l'article 22,
l'article suivant, permet de définir.
M. Levesque: Est-ce qu'on pourrait y aller, à l'article
22, parce que, à ce moment-là...
M. Léonard: On va le lire, là. Ça va
peut-être... On va les regarder, les deux à la fois.
(Consultation)
M. Levesque: On a repris la rédaction de cet article 22
pour pouvoir correspondre plus adéquatement aux structures de la Caisse
et mieux en préciser les principaux éléments. La nouvelle
rédaction vise à intégrer la création des
portefeuilles spécialisés et à préciser que les
revenus nets sont calculés après déduction des
réserves, frais et charges. Ça correspond à la
réponse que le président donnait, il y a un instant. La nouvelle
rédaction est établie à partir du processus de
fonctionnement actuel de la Caisse. Alors, il n'y a rien de nouveau dans le
processus de fonctionnement. C'est comme ça que ça fonctionne,
mais le texte, lui, qui datait de plusieurs années, sinon du
début de la Caisse, devait normalement être plus conforme aux
pratiques actuelles, et c'est pourquoi il y a un texte nouveau qui a
été rédigé.
Le fonds général comprend principalement la Régie
des rentes et les fonds particuliers ne s'adressent qu'à des
déposants uniques. Par la suite, les fonds investissent dans des
catégories de placements, obligations, actions ou dans des portefeuilles
spécialisés pour certains types de placements à
caractère indivisible, comme les immeubles. Les dépôts
à vue et à terme permettent de répondre aux besoins de
trésorerie et les dépôts à participation sont
à plus long terme. Les dépôts sont les sommes remises
annuellement par les déposants dans leur fonds.
Alors, vous avez, dans le texte proposé à l'article 22,
une description de la façon dont on procède aujourd'hui. Donc, on
ne demande pas de nouveaux pouvoirs avec l'article 5 qui amende l'article 22,
qui l'amende au point de le remplacer complètement, si je ne m'abuse.
Est-ce qu'on le remplace complètement?
Une voix: Oui.
M. Levesque: Alors, c'est une nouvelle description plus conforme
à la réalité.
M. Léonard: Un régime de retraite vous envoie des
fonds ou un administrateur vous envoie 10 000 000 $, et il y a un contrat qui
est passé entre la Caisse et ce déposant. Les 10 000 000 $, vous
les envoyez dans un fonds général. Et, vous-mêmes, vous
créez, après, des fonds et portefeuilles
spécialisés?
M. Delorme: Oui. M. le Président, je crois que le principe
est dans ce sens-là, précisément. Les fonds sont
alimentés par des dépôts qui nous viennent des
déposants et qui prennent la forme soit d'un dépôt à
vue, d'un dépôt à terme ou d'un dépôt à
participation à plus long terme.
M. Léonard: Ça, c'était l'ancienne loi,
ici?
M. Delorme: non, c'est toujours le même principe. et les
dépôts ayant alimenté les fonds, les fonds deviennent des
réservoirs de capitaux...
M. Léonard: Pour placement.
M. Delorme: ...dont nous extrayons des fonds pour les placer soit
dans des véhicules comme les obligations et les actions, soit dans des
portefeuilles spécialisés, par exemple les immeubles, les actions
internationales. Alors, ça, c'est le principe général. (16
h 20)
M. Léonard: Le principe général. O.K.
M. Delorme: Alors, comme le disait le ministre, ce n'est qu'une
nouvelle nomenclature qui correspondra davantage à la pratique que nous
avons suivie, mais qui ne change pas le principe général.
M. Léonard: Le calcul des rendements se fait à la
fin de l'année selon quels principes? Parce qu'il faut que vous
retrouviez chacun des petits, chacun des régimes de retraite, puis que
vous calculiez le rendement sur chacun.
M. Delorme: Oui.
M. Léonard: Alors, là, vous devez tirer
l'accroissement des fonds, l'accroissement net de l'année, et le
répartir. Est-ce que la répartition se fait en fonction d'un
contrat, d'une entente signée avec chacun des régimes ou bien si
vous n'avez pas de contraintes plus que ça en termes de gestion des
fonds avec les régimes?
M. Delorme: Je voudrais tout simplement qu'on reconnaisse que la
question que vous posez est excellente, mais éminemment complexe et
relève du domaine des spécialistes. Mais, cependant, le calcul du
rendement se fait par des méthodes préétablies qui visent
à établir, d'une part, le rendement courant et, d'autre part,
l'appréciation qu'a connue le capital investi pendant l'année, le
rendement courant étant dividendes et intérêts, par
exemple...
M. Léonard: Oui.
M. Delorme: ...et l'appréciation étant
l'augmentation de valeur d'un titre à la Bourse, par exemple, ou une
obligation.
M. Léonard: Donc, ça, c'est la valeur au
marché, supposons, au 31 décembre.
M. Delorme: C'est ça. Alors, en 1991, l'ensemble du
rendement sur la totalité de nos investissements a été de
17,2 %. Maintenant, par la suite, les fonds qui appartiennent à chacun
des déposants font l'objet d'un calcul semblable, de telle sorte que la
Caisse peut ensuite informer le déposant que les sommes qui sont les
siennes ont, au cours de l'année, connu un rendement de x. Et, tout
ça, ça se fait régulièrement, parce que nous
donnons des rapports trimestriels aux déposants; nous avons des
réunions fréquentes.
Je ne peux pas l'affirmer, mais je présume que les principes
généraux, à tout le moins, du calcul de performance, font
l'objet d'un accord entre les fonds et la Caisse, mais, comme c'est un domaine
éminemment complexe, j'hésite à m'aventurer. Je dirai
simplement que, pour le calcul, il y a des principes fondamentaux qui doivent
être suivis. Mais je crois que votre question visait surtout à
savoir si nous calculions, en plus du rendement global, le rendement
particulier des fonds qui appartiennent à chacun des
déposants...
M. Léonard: Oui.
M. Delorme: ...et la réponse, c'est oui.
M. Levesque: Le plus bel exemple, c'est l'Office de la
construction - on en pariait tout à l'heure - qui avait des ententes
particulières pour ça et qui n'a pas eu tout à fait le
même rendement que l'ensemble des déposants.
M. Delorme: En fait, ce que je peux me permettre d'ajouter, c'est
que c'est là qu'intervient, justement, la politique de placement qui est
négociée avec chacun des déposants.
M. Léonard: Bon. C'est ça. Il y a une entente avec
chacun des déposants...
M. Delorme: Oui, oui.
M. Léonard: ...à l'effet de placer...
M. Delorme: Tel...
M. Léonard: ...avec des balises: entre 25 % et 35 % en
obligations, etc. C'est ça?
M. Delorme: Exactement.
M. Léonard: Ça, c'est votre entente.
M. Delorme: Et, donc, le portefeuille peut être
pondéré de différentes façons, suivant qu'il s'agit
du déposant A ou du déposant B. Mais, par voie de
conséquence, le rendement...
M. Léonard: Le rendement est différent.
M. Delorme: ...du fonds a pourrait être différent du
rendement du fonds b à la fin de l'année.
M. Léonard: Je ne sais pas si quelqu'un peut me
répondre, en tout cas, sur la question: Dans le domaine des
immobilisations - parce que vous demandez à y aller - tout le monde sait
que le rendement, c'est un rendement qui provient d'un accroissement de la
valeur du capital. Quelle est la base de l'évaluation du rendement?
C'est parce que ce n'est pas facile. Si vous prenez vos actifs d'Ivanhoé
inc., vous avez payé 825 000 000 $; leur valeur serait montée
à 1 300 000 000 $; ça serait redescendu, je ne sais pas, on a vu
toutes sortes de chiffres dans les journaux. Mais je pose la question de
principe: Est-ce que, à la fin de chaque année, vous êtes
en mesure d'établir la valeur d'actifs immobilisés de cette
nature? Ça me paraît difficile, parce qu'il y a
l'évaluation municipale, mais, si vous ne faites pas de transaction, le
marché ne peut pas rendre compte de ça.
M. Delorme: Le portefeuille d'Ivanhoé, puisque vous en
parlez, est un portefeuille, justement, qui a été acheté,
je crois, acquis à une somme dp 1 300 000 000 $, parce qu'il y avait
aussi des obligations, des dettes qui étaient assumées, à
ce moment-là. Le portefeuille d'Ivanhoé, comme le reste du
portefeuille immobilier, fait l'objet annuellement d'une évaluation
faite par des professionnels. On tient compte de tous les facteurs qui
génèrent soit un revenu courant, soit une appréciation des
valeurs ou, comme dans le cas actuel, dans certains cas, des
dépréciations de valeur. Donc, ce portefeuille est
évalué mutatis mutandis en vertu des mêmes principes que
ceux qui s'appliquent aux autres types d'investissements. Si, par ailleurs,
ça vous intéressait d'avoir plus de détails sur ce
portefeuille immobilier en particulier, nous avons ici M. Scraire, qui est le
premier vice-président aux affaires immobilières, qui, donc,
pourrait ajouter des détails.
M. Léonard: Nous l'avons sous la main, pourquoi ne pas en
profiter?
Le Président (M. Camden): M. Scraire.
M. Scraire: Tout le processus d'évaluation du portefeuille
immobilier est regroupé sous un chapeau. On a un groupe de travail qui
regroupe nos partenaires immobiliers, tous les gens qui sont associés
avec nous dans des immeubles, les autres propriétaires qui sont dans les
mêmes immeubles, avec des économistes et des spécialistes
de l'évaluation. Il y a une équipe, qui s'appelle un bureau
d'évaluation, qui coiffe tout le processus d'évaluation annuelle
du portefeuille. Un tiers du portefeuille est évalué
annuellement, très spécifiquement, propriété par
propriété, avec visites des lieux, vérification
complète des engagements, des baux, de la gestion spécifique de
l'immeuble. Donc, sur une période de trois ans, tout le portefeuille est
vu, immeuble par immeuble, de cette façon-là. Sur une
période d'un an, donc, on a un tiers du portefeuille qui est vu, plus
toute propriété qui présenterait un signe quelconque de
changement majeur par rapport à la date du 31 décembre
précédent.
Quant au reste du portefeuille, lui, il fait l'objet d'hypothèses
d'évaluation ou d'ajustements d'évaluation par rapport aux
paramètres qui ont été retenus pour évaluer la
première partie du portefeuille. Alors, si les taux de capitalisation
ont bougé, si le marché a bougé, si les attentes de
rendement ont bougé, l'ensemble du portefeuille, donc, est
réévalué suivant les mêmes paramètres que le
tiers du portefeuille, de sorte que c'est censé donner l'image assez
précise de l'état de la situation.
M. Léonard: Donc, les actions en Bourse, ça, c'est
la Bourse qui le détermine. Il n'y a pas de problème. Les
obligations aussi, généralement, c'est transigé, bien
qu'il y en ait sur le plan privé; ça peut être difficile
à évaluer. Les actions de sociétés privées
dans lesquelles la Caisse a des participations, ça aussi, ça fait
l'objet d'une évaluation, selon les règles de l'art? Ça
devient beaucoup plus difficile. Par exemple, dans toutes les transactions
auxquelles la Caisse a participé avant que le REA ne s'effrondre ou
avant le krach de 1987, j'imagine qu'il y a eu des fluctuations assez
importantes.
M. Delorme: Oui, dans le cas des sociétés
privées qui, dans la plupart des cas, ont des actions en Bourse, comme
vous l'avez dit, c'est facile d'évaluer la valeur marchande, à
quelque moment que ce soit. Pour ce qui est de celles qui n'ont pas d'actions
en Bourse, on peut également, par des méthodes comptables,
évaluer la valeur aux livres, la valeur marchande
appréciée de ces actions à la fin d'une année
donnée.
M. Léonard: Qui peut certifier cela? Est-ce que vous
pourriez faire varier votre taux de rendement selon que vous êtes plus ou
moins optimiste dans l'évaluation d'un portefeuille privé de ce
type?
M. Delorme: Oui, mais, remarquez bien que je ne participe pas
personnellement, et c'est heureux, d'ailleurs...
M. Léonard: Oui, j'imagine.
M. Delorme: ...à l'évaluation des valeurs de la
Caisse dans les sociétés privées, mais toutes ces
évaluations sont quand même faites par des
spécialistes, d'une part, surveillées, d'autre part, par
le Vérificateur général, et aussi par les déposants
qui n'accepteraient pas qu'on place n'importe quelle valeur sur des
actions.
M. Léonard: Je ne sais pas si cela vous touche, mais le
Vérificateur général se plaint qu'il a peu accès
aux sociétés d'État; c'est d'un accès
limité. Il a écrit ça, d'ailleurs. Il l'a dit. Je ne sais
pas si ça touche la Caisse de dépôt et placement. (16 h
30)
M. Delorme: Ça m'étonnerait. Je ne voudrais pas lui
mettre des mots dans la bouche, mais ça m'étonnerait, puisque je
rencontre assez régulièrement le Vérificateur
général et il ne perd jamais l'occasion de dire qu'il se
réjouit de la collaboration qu'il reçoit de la part de la
Caisse.
M. Léonard: Ça, c'est le nouveau.
M. Delorme: L'ancien et le nouveau.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): M. Scraire.
M. Scraire: Peut-être un élément que l'on
peut ajouter sur la question de l'évaluation des titres qui ne sont pas
au marché, c'est que, dans l'ensemble du portefeuille de la Caisse, on
parle de sommes qui ne sont pas très élevées. Donc, on
peut faire une évaluation.
M. Léonard: Un petit milliard?
M. Scraire: Non, pas autant que ça. On parle de sommes qui
sont beaucoup moindres. Dans le cas des investissements dans des entreprises
qui ne sont par reflétés par le marché, on parle de sommes
beaucoup moindres que ça. C'est plutôt de l'ordre de 150 000 000 $
à 200 000 000 $. C'est fait scientifiquement, le plus possible, par les
gestionnaires. Par ailleurs, même s'il y avait un différentiel,
ça n'affecterait pas le rendement global de la Caisse.
M. Léonard: Pas de façon significative.
M. Scraire: Pas du tout. Ça n'affecterait probablement pas
ta deuxième décimale.
M. Léonard: Alors, ça, c'est les fonds qu'on risque
avant le petit déjeuner, le matin.
M. Scraire: Non, pas du tout, mais c'est juste quant à la
mesure que je vous réponds, pas quant à
l'intérêt.
Le Président (M. Camden): Ça va? Est-ce que
l'article 4 est adopté?
M. Levesque: Ça fait longtemps qu'on a passé
ça.
Le Président (M. Camden): Vous avez un rythme
effréné, M. le ministre.
M. Léonard: À l'article 4, ce que vous plaidez,
c'est que, finalement, dans la pratique, vous n'avez pas de fonds propres.
M. Delorme: C'est ça.
M. Léonard: Aucunement. Le ministre des Finances ne vous a
pas donné une dotation pour assurer vos coûts de
fonctionnement.
M. Delorme: Non. Mais c'est une excellente suggestion!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Le ministre n'a pas de réponse?
M. Levesque: On en a assez avec le projet de loi, il me
semble!
Le Président (M. Camden): Alors, est-ce que l'article 4
est adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Camden): L'article 4 est adopté.
L'article 5 suscite-t-il d'autres questions, d'autres interrogations ou
pouvons-nous procéder à son adoption?
M. Léonard: Les fonds particuliers et les portefeuilles
à gestion distincte, quelle distinction faites-vous entre les deux?
M. Levesque: Le fonds général comprend
principalement la Régie des rentes... C'est ça que vous voulez
savoir?
M. Léonard: Non. Je pense que c'est plus interne que
cela.
M. Scraire: Si vous me permettez...
M. Levesque: Allez-y donc!
Le Président (M. Camden): M. Scraire.
M. Scraire: ...le portefeuille à gestion distincte,
effectivement, c'est un concept qui existe dans la loi de la Caisse, qu'on ne
propose pas d'abroger, mais il n'y a pas de portefeuille à gestion
distincte, actuellement, à la Caisse.
M. Levesque: On a bien cherché.
M. Scraire: II a existé, il y a quelques années,
lorsqu'il y a eu le transfert des fonds de la CSST, qui ont été
confiés par mandat de
gestion à la Caisse, mais sans que la Caisse ne soit
propriétaire de ces fonds comme elle est propriétaire des autres
fonds. Alors, c'est pour ça que l'appellation qui avait
été employée était «portefeuille à
gestion distincte». C'était vraiment un statut très
spécial et temporaire. C'est un fonds qui était à
liquider, que la Caisse a liquidé dans le temps et, donc, c'est un
service accessoire qui a été rendu à ce moment-là,
au moment où la CSST a commencé à déposer à
la Caisse. Je ne sais pas si ça répond?
M. Léonard: Oui. Je vois que, au fond, c'étaient
des conditions particulières, tout simplement.
M. Scraire: C'est ça, et c'est pourquoi l'appellation
était «à gestion distincte». On n'a pas
proposé de modifier ça, bien qu'on n'ait pas cette
situation-là. Probablement que la perspective est celle que vous
évoquiez tantôt: on légifère pour longtemps; on ne
sait jamais. Alors, n'y touchons pas.
Quant aux fonds particuliers, c'est vraiment pour la majorité des
déposants. En général, un déposant a un fonds. En
général. Sauf le fonds général, qui regroupe un
certain nombre de déposants.
M. Léonard: Comme la Régie des rentes.
M. Scraire: la régie des rentes est avec la régie
de l'assurance automobile et certains autres petits fonds. la plupart des
autres... chaque régime de retraite a un fonds particulier.
M. Léonard: Alors, le ministre des Finances nous a
coûté 275 000 000 $ d'actifs au dernier budget.
Une voix: Avez-vous compris ce qu'il a dit?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Je n'ai pas compris.
Une voix: Je ne sais pas à quel article il
était.
M. Léonard: Le ministre, je pense que c'est ça
qu'il a fait. J'espère qu'il en était conscient. Vous avez
coûté 275 000 000 $ d'actifs à la Caisse de
dépôt et placement au dernier budget.
M. Levesque: Ah oui?
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: J'ai fait ça?
M. Léonard: C'est un bon coup, hein?
M. Levesque: Je les ai placés pour les contribuables,
à l'intention des contribuables. Vous devriez me remercier.
M. Léonard: Le fonds général, c'est les deux
grands déposants.
M. Scraire: C'est ça.
M. Léonard: La CSST n'est pas là-dedans?
M. Scraire: C'est un fonds particulier.
M. Léonard: C'est un fonds particulier. O.K. Ça,
c'est le fonds général.
(Consultation)
M. Léonard: Les fonds et portefeuilles
spécialisés. Ça va. Bon.
Le Président (M. Camden): L'article 5 est-il
adopté?
M. Léonard: Je le relis, parce que, là,
après les réponses qu'on a eues, ça devient encore plus
clair. Ça s'éclaircit. Le ministre des Finances sourit et
commence à comprendre. Bon. Oui, je vais avoir une autre question.
Quelle est la nature «des réserves, charges et frais que la Caisse
estime appropriés»? C'est très subjectif. Le coût de
l'administration à la Caisse, il est de combien par rapport au
rendement? C'est 2 %? C'est 1 %?
M. Delorme: Le coût d'administration des fonds de fa Caisse
se situe, si ma mémoire est fidèle, autour de 8 points
centésimaux par comparaison à une moyenne de l'ordre de 16
à 17 points centésimaux pour la gestion des caisses de retraite
nord-américaines dont l'actif est de 1 000 000 000 $ et plus.
M. Léonard: le président est tout fier de nous dire
cela. c'est bien. c'est-à-dire que c'est moins de 0,1 de 1 %.
M. Deiorme: Oui.
M. Léonard: Vous allez être très
concurrentiels sur le marché tout à l'heure, lorsque vous allez
étendre votre emprise...
Mme Bleau: C'est merveilleux!
M. Léonard: ...à tous les réseaux
parapu-blics.
Mme Bleau: Je comprends.
M. Levesque: Lorsqu'on arrivera à l'article suivant,
à l'article...
M. Léonard: Alors, c'est là où je
rejoins
mon interrogation d'avant le dîner, où je disais qu'il
avait des intentions généreuses envers tout le monde, mais qu'il
avait aussi des intérêts. J'imagine qu'en termes concurrentiels,
dans quelque temps, cela se saura et qu'on ira chez vous.
M. Delorme: Oui.
M. Léonard: Ouvrez grandes vos portes.
M. Delorme: Oui. Si vous me permettez, M. le Président,
tout en écoutant M. Léonard, je lisais l'article suivant
où on dit que c'est par règlement qu'on établit «le
mode de calcul des charges, frais et réserves».
M. Léonard: Ah! Ça, c'est moins sûr,
alors...
M. Delorme: Donc, ce n'est pas entièrement à la
discrétion de la Caisse, au contraire. C'est par règlement et par
un règlement, encore une fois, approuvé par le gouvernement,
comme tous les autres règlements, et publié dans la Gazette
officielle, et aussi examiné à la loupe par le
Vérificateur général et les déposants.
M. Léonard: Je comprends. Le ministre des Finances hoche
du bonnet facilement, alors, ça, ça va. Mais, les autres, le
Vérificateur général...
M. Levesque: Pas si facilement que ça. Nous avons, avec
les sociétés d'État, de bonnes relations, mais des
relations, je pense, qui sont de nature à faire en sorte que votre
remarque est, sinon déplacée, du moins assez
téméraire. Voilà!
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Ce n'est pas qualifié d'antiparlementaire,
n'est-ce pas?
M. Léonard: Non. Je ne vous ai pas fait de remarques
antiparlementaires non plus.
M. Levesque: Non.
M. Léonard: Bon. Les réserves, charges et frais,
donc, c'est des dépenses régulières, des dépenses
d'opération. Et le budget, lui, est approuvé par le
ministère des Finances? Il passe aux crédits? Non, il ne passe
pas aux crédits, chez nous.
M. Delorme: Non. Il y a simplement la composante
«effectifs»...
M. Léonard: Qui passe...
M. Delorme: ...qui est approuvée par le Conseil du
trésor. (16 h 40)
M. Léonard: Donc, c'est le plan d'organisation qui va au
Conseil du trésor, le plan des effectifs.
M. Levesque: Ça vient chez nous et, ensuite, c'est
acheminé au Conseil du trésor.
M. Léonard: Comme ministère de tutelle. M.
Levesque: Oui. C'est ça. M. Léonard: C'est
ça.
M. Delorme: Mais notre budget est aussi approuvé par notre
conseil d'administration, et je vous prie de croire qu'il est assez
articulé dans sa supervision.
(Consultation)
M. Léonard: J'ai une autre question. Dans l'article
antérieur, vous disiez: «Les fonds particuliers n'ont chacun qu'un
déposant». Où est-ce qu'on retrouve la correspondance dans
le nouvel article 22?
M. Levesque: Pardon?
M. Léonard: Dans l'ancien article...
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: ...on disait: «Les fonds particuliers
n'ont chacun qu'un déposant». Est-ce qu'il y a une correspondance
dans le nouvel article ou bien si on abandonne...
M. Levesque: Les fonds particuliers n'ont chacun qu'un seul
déposant et leurs placements sont diversifiés. Maintenant, c'est
par règlement.
M. Léonard: Ça, c'est une obligation que la loi
faisait. Est-ce qu'elle existe encore, cette obligation? Je n'en ai pas
l'impression.
M. Levesque: La question, c'est quoi?
M. Léonard: Prenez l'avant-dernier paragraphe de l'actuel
article 22.
M. Levesque: L'actuel article 33.
M. Léonard: II y est dit ceci: «Le fonds
général et les fonds spécialisés sont des caisses
communes; les fonds particuliers n'ont chacun qu'un déposant».
M. Levesque: Je n'ai pas ça ici, moi.
M. Léonard: L'ancien article 22.
M. Levesque: Ce n'est pas ça que j'ai ici, moi.
M. Léonard: Vous le faites sauter, en fait.
M. Levesque: On parle de l'article 22... M. Léonard:
Oui.
M. Levesque: ...qui est remplacé par le nouvel article
22.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: C'est ça?
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Alors, je ne l'ai plus, c'est pour ça. Ah! Je
l'ai ici. Là, vous vous référez à quel
paragraphe?
M. Léonard: L'avant-dernier alinéa de l'actuel
article 22.
M. Levesque: «Le fonds général et les fonds
spécialisés sont des caisses communes.»
M. Léonard: «Les fonds particuliers n'ont chacun
qu'un déposant.»
M. Levesque: Ils n'ont chacun qu'un déposant.
M. Léonard: Le nouvel article, si je comprends bien, ne
fait pas la même obligation. Non, ça vient de sauter.
M. Levesque: Alors, M. Scraire, expliquez donc ça, dans ce
cas-là, parce que...
M. Scraire: Alors, deux éléments de réponse,
pour dire qu'on n'avait pas besoin de reprendre la même terminologie. Le
premier paragraphe du nouvel article 22 se réfère au fait que la
Caisse - à la deuxième ligne - «établit des caisses
communes comprenant un fonds général et des fonds et
portefeuilles spécialisés et des caisses distinctes comprenant
des fonds particuliers». Premier élément de la
réponse. L'autre élément, c'est que les règlements
prévoient déjà la nature des fonds. L'article 33 de nos
règlements actuels, que vous n'avez pas devant vous, dit que les fonds
particuliers n'ont chacun qu'un seul déposant et leurs placements sont
diversifiés en fonction des besoins particuliers. Or, le nouvel article
23 va préciser que, par règlement, on établit, justement,
les modalités des différents fonds et portefeuilles. Alors, c'est
déjà couvert par le règlement existant.
M. Léonard: Disons que, là, c'est un
règlement interne que vous avez, que vous avez déposé au
gouvernement, je comprends...
M. Levesque: Mais approuvé par le gouvernement.
M. Léonard: ...mais, avant, l'obligation était
faite par la loi.
M. Scraire: II est déjà approuvé. C'est
celui qui est en vigueur, ça.
M. Léonard: Je comprends, mais on le sort de la loi pour
le mettre dans un règlement. Disons que l'adage général,
c'est que le règlement se change plus facilement que la loi. C'est ce
que je comprends. Est-ce que ça a été voulu comme cela?
Est-ce que vous avez l'intention de modifier une telle disposition ou pas?
M. Scraire: non. je pense que non. il est évident pour les
déposants que ceux qui ont un fonds particulier actuellement ne sont pas
ouverts à la discussion d'un fonds commun.
M. Léonard: J'imagine. Mais, c'est parce que, avant, la
loi...
M. Scraire: Oui, oui.
M. Léonard: ...les protégeait. Tandis que,
là, un règlement, c'est...
M. Delorme: Oui. Mais est-ce qu'il ne s'infère pas des
mots qui ont été employés, «caisse commune» et
«caisse distincte», que, si l'une est commune et que l'autre est
distincte, les fonds qui constituent ces caisses seront des fonds qui
regrouperont plusieurs déposants dans le cas des caisses communes et un
seul déposant dans le cas des caisses distinctes?
M. Léonard: Oui, mais...
M. Scraire: C'est le sens qui est donné à...
M. Léonard: ...vous pourriez avoir une caisse distincte
où vous mettriez deux déposants.
M. Scraire: Ça deviendrait une caisse commune.
M. Léonard: Oui, c'est ça. Je ne sais pas... Je
trouvais que l'autre formulation était très claire.
Le Président (M. Camden): L'article 5 est-il
adopté?
M. Léonard: Oui. Je trouve que ce n'est pas une grande
amélioration.
Le Président (M. Camden): Est-ce que l'amélioration
nous permet de l'adopter?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle
l'article 6.
Règlement
M. Levesque: L'article 6 remplace l'article 23 de la loi
actuelle. L'article actuel dit que la Caisse établit par
règlement: a, b et c, conditions et modalités, mode de calcul et
réserves. Je n'ai pas l'intention de tout lire, mais le texte
proposé reprend, aux paragraphes d et f - parce que le nouveau texte, au
lieu d'avoir a, b, c, a a jusqu'à i - les anciens pouvoirs
réglementaires prévus aux paragraphes a et c et en ajoute de
nouveaux découlant des modifications ou des ajouts apportés par
le présent projet de loi. D'abord, à a, les règles de
régie interne pour confirmer ce qui existe déjà,
c'est-à-dire relatives à sa régie interne et à ses
affaires commerciales. Ensuite, les cas et conditions selon lesquels les
employés peuvent être exemptés de participer au
régime de retraite de la Caisse. On en a déjà parié
à 15.2.
M. Léonard: Oui, l'article 2 de la loi actuelle.
M. Levesque: Oui, mais où on touchait à 15.2.
Ensuite, des organismes dont elle peut recevoir des dépôts,
à c; c'est en vertu de l'article 20.1 qu'on vient d'adopter. Ensuite,
les conditions et modalités des différents fonds et
portefeuilles; ça, c'est e. Et les différents types de
dépôts, c'est d. Le mode de calcul non seulement des
réserves, comme dans le texte actuel, mais aussi des charges et frais
qui existent déjà; ça, c'est f. On vient d'en parier il y
a quelques minutes. Le cadre d'utilisation de certains instruments financiers
et les nouveaux instruments permis; ça, c'est g, h, i. Je pense qu'il va
falloir attendre d'arriver à ces articles-là pour... Les articles
précédents, de a à f, ont tous été couverts
par des articles précédents, mais, si je ne m'abuse, g, h et i
vont couvrir des articles que nous n'avons pas encore abordés. (16 h
50)
M. Léonard: L'ancien b de l'article 23, «le mode de
calcul du taux des intérêts payables sur les dépôts
à vue ou à terme», où est-ce qu'on retrouve
ça, dans la nouvelle formulation? Ce n'est pas là.
M. Levesque: À b, c'est «le mode de calcul du taux
des intérêts payables sur les dépôts à vue ou
à terme». Où sont-ils?
(Consultation)
M. Levesque: C'est d et e pour les différents fonds et les
différents types de dépôts. C'est couvert par
ça.
M. Léonard: Conditions et modalités, c'est plus
vague que le calcul du taux des intérêts payables.
M. Levesque: Avez-vous besoin de l'ancien b, dans la nouvelle
rédaction de 23? Si vous en avez besoin ou si vous avez des doutes, vous
pouvez l'ajouter. Vous n'en avez pas besoin.
M. Léonard: C'est quoi, à part le taux
d'intérêt, les conditions et modalités?
M. Levesque: M. Scraire, pourquoi n'en avez-vous pas besoin?
C'est parce que vous pensez que, dans d et e...
M. Scraire: C'est parce que c'est déjà couvert.
M. Levesque: C'est une redondance, d'après vous?
(Consultation)
M. Léonard: À part le taux d'intérêt,
c'est quoi, les conditions et modalités, là?
M. Delorme: Par exemple, il s'agit de dépôts
à vue ou à terme; donc, les modalités qui
préciseraient les circonstances dans lesquelles les dépôts
pourraient être retirés, le délai à donner et aussi
les intérêts à payer. Je crois que, lorqu'on parie des
conditions et modalités d'un dépôt, on doit
nécessairement inclure, entre autres, le mode de calcul des
intérêts, comme, par exemple, les banques le font en
précisant que tel type de dépôt va porter
intérêt à tel taux et va être calculé
quotidiennement ou mensuellement, sur le solde mensuel ou annuel.
M. Léonard: Par rapport au point a, régie interne
et affaires commerciales, ça, j'imagine que ça va de soi. Les cas
et conditions des exemptions visées à l'article 15.2, on les a
déjà vus. La définition des organismes, on l'a
déjà vue. Alors, ici, donc, on a «les conditions et
modalités des différents types de dépôts qu'elle
offre». Oui, ça va.
M. Levesque: À d et e, ça répond à la
question; ça comprend l'ancien b aussi.
M. Léonard: Mais, il reste quand même qu'avant on
avait, en a, les conditions et «les modalités de chaque
catégorie de dépôts», puis on avait, en b, «le
mode de calcul du taux des intérêts payables».
C'est-à-dire qu'il y a un règlement qui établit la
façon de calculer les intérêts. Ici, on l'a sauté
complètement. Avant, il était là, en a, conditions et
modalités. Ici, le mode de calcul, en b, lui, n'est plus là.
M. Levesque: Oui, mais le d et le f?
M. Léonard: C'est les conditions et modalités.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: ah! «le mode de calcul des charges,
frais et réserves»? mais, charges, frais et réserves, ce
n'est pas le calcul du taux des intérêts. c'est
complètement autre chose.
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Delorme: La seule observation que je puisse faire sur cette
question, c'est que, si l'expression «conditions et
modalités» n'incluait pas «le mode de calcul du taux des
intérêts payables sur les dépôts à vue ou
à terme», je crois que ce serait exclure les conditions et les
mcxialités les plus importantes. Je dirais même les conditions et
les modalités inhérentes à un dépôt.
M. Léonard: La loi initiale prévoyait les deux. On
disait: Les conditions et les modalités et le mode de calcul des
intérêts. Quand vous regardez à l'article 23 actuel, on
spécifie bien les deux. Dans le temps, on avait trop dit de choses?
M. Delorme: C'est possible.
Mme Bleau: M. le Président...
M. Léonard: Le mode de calcul, c'est...
Le Président (M. Camden): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: ...si on n'avait qu'à ajouter ça, est-ce
que ce serait difficile à faire?
M. Levesque: Non...
Mme Bleau: On pourrait proposer un petit amendement.
M. Levesque: ...ce n'est pas difficile à faire, mais
ça devient peut-être limitatif quand vous êtes plus
précis, quelquefois. L'autre englobe tout, il englobe ça
également. On peut dire «notamment», si vous voulez.
M. Léonard: Notamment le mode de calcul...
M. Levesque: Oui.
Mme Bleau: Oui.
M. Levesque: Pas d'objection.
M. Léonard: ...des taux d'intérêt.
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection.
Mme Bleau: Pourquoi pas?
M. Léonard: Pas d'objection? M. Levesque:
Notamment.
M. Léonard: Alors, il faut faire un amendement,
formellement.
Mme Bleau: Déposez-le, si ça peut faire avancer les
choses.
M. Léonard: Les conditions et modalités des
différents types de dépôts, notamment le taux
d'intérêt. Alors, il s'agirait d'ajouter, après «les
conditions et modalités»...
M. Levesque: Est-ce que vous voulez l'avoir dans les deux?
M. Léonard: Les deux. C'est parce que ça touche les
deux. Non, il y a des fonds que ça ne touchera pas.
M. Scraire: Non. À l'article 23 d. M. Levesque:
À d seulement, hein?
M. Delorme: Oui. On pourrait l'ajouter après le
point-virgule ou enlever le point-virgule et ajouter, après le mot
«offre», «notamment» et reprendre le texte du
paragraphe b de l'article 23 actuel.
M. Levesque: Alors, vous avez votre b qui revient.
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Camden): Est-ce que le proposeur de la
motion va nous en déposer copie?
M. Léonard: Oui. On l'écrit. On suspend
temporairement. Alors, «le mode de calcul des charges, frais et
réserves», ça va. Au g, est-ce qu'on doit aller tout de
suite à 33.1 ou bien si on...
M. Levesque: Je pense que ce serait peut-être mieux.
M. Léonard: ...le tient en suspens? M. Levesque:
Oui.
M. Léonard: Puis on reviendra pour adopter...
M. Levesque: Pour les adopter... M. Léonard: ...23
par la suite.
M. Levesque: ...parce que c'est de la concordance,
après.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Si les autres sont adoptés, ça devient
de la concordance, n'est-ce pas?
M. Léonard: O.K. Alors, pour f, ça va; pour e,
ça va et, à b, il y a un amendement à venir.
M. Levesque: C'est ça. Puis, g, h, i, on attend
d'être rendu là.
M. Léonard: Oui, g, h, i sont suspendus.
Le Président (M. Camden): Alors, nous allons suspendre
l'article 6 au complet; nous y reviendrons avec les modalités.
M. Léonard: Oui. C'est correct.
Le Président (M. Camden): Le débat et les
échanges ayant été faits, c'est presque pure
formalité.
M. Levesque: Oui, c'est simplement de la concordance,
là.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: On peut difficilement l'accepter à ce
moment-ci, ce ne serait pas logique...
M. Léonard: Non.
M. Levesque: ...sans avoir vu l'essentiel. O.K.
Le Président (M. Camden): Techniquement, M. le ministre,
on doit suspendre l'ensemble de l'article.
M. Levesque: Oui, faites ce que vous voulez.
Le Président (M. Camden): Je vous remercie de votre
autorisation.
M. Levesque: C'est vous qui menez, ce n'est pas moi. C'est vous
qui êtes le patron.
Le Président (M. Camden): Nous, on fonctionne,
évidemment, par consentement et dans le respect, autant que possible, du
règlement.
M. Levesque: Alors, on passerait où? À l'article
26?
Une voix: Non, à 24. Article 7 du...
M. Levesque: Excusez-moi, à l'article 7 plutôt.
M. Léonard: Juste un instant. L'article 6, on peut
peut-être le régler maintenant, si le secrétaire est
d'accord avec la rédaction. Formellement, ça va? Vous pouvez
mettre le point-virgule, peut-être, au bout. Ce n'est pas
nécessaire? Bon.
M. le Président, si on veut le lire.
Le Président (M. Camden): Est-ce que vous êtes
disposé... Je peux le relire.
L'article 6 est modifié par l'ajout, au paragraphe d,
après le mot...
Une voix: D?
M. Levesque: D, oui.
Le Président (M. Camden): ...«offre», des mots
«notamment le mode de calcul du taux des intérêts payables
sur les dépôts à vue ou à terme;».
Des voix: Point-virgule.
M. Levesque: Point-virgule. C'était une virgule avant, au
lieu d'un point-virgule.
M. Léonard: Non, c'était un point-virgule. Ah oui!
Une virgule avant, oui.
M. Levesque: Oui. Adopté.
M. Léonard: Adopté. Alors, g, h, i sont suspendus
jusqu'à nouvel ordre.
Le Président (M. Camden): L'amendement est adopté.
L'article 6 demeure suspendu.
M. Levesque: Aux fins de pouvoir adopter les trois derniers
paragraphes qui se réfèrent à des articles
ultérieurs.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Camden): Ça va. Alors, nous
passons maintenant à l'article 7.
Obligations de banques internationales
M. Levesque: L'article 7 modifie l'article 24, et là tout
simplement pour ajouter certaines banques internationales de même nature
que celles qui étaient déjà prévues à la
loi. (17 heures)
M. Léonard: Remplacer. O.K.
M. Levesque: Ça va?
M. Léonard: La Banque européenne pour la
reconstruction et le développement. Actuellement, c'est juste la Banque
internationale? Donc, la Banque européenne, la Banque
interaméricaine de développement et la Banque de
développement
asiatique.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: La Banque internationale - ce qu'on appelle la
BIRD, je ne sais pas trop - ça, c'est assez connu. Maintenant, les
autres. La Banque européenne pour la reconstruction et le
développement, c'est la banque qui vient d'être mise sur pied pour
la reconstruction de l'Europe de l'Est? Qu'est-ce que c'est?
M. Delorme: Excusez-moi, j'ai peut-être mal compris votre
question. Est-ce que vous faisiez référence à la Banque
internationale pour la reconstruction...
M. Léonard: La Banque internationale, ça, c'est
connu. Ça fait longtemps que ça existe.
M. Delorme: Ah bon! O.K., d'accord. Oui oui, donc...
M. Léonard: Bien, longtemps, relativement longtemps. Mais
les autres, la Banque européenne, c'est relativement neuf.
M. Delorme: C'est ça, oui. Je vous avais mal compris. La
réponse à votre question, c'est oui. C'est cette nouvelle banque
qui a été instituée pour le développement de
l'Europe centrale et de l'Europe de l'Est.
M. Léonard: Puis, la Banque interaméricaine de
développement. Est-ce que ce sont des banques qui... Est-ce que vous
avez l'intention, d'abord, d'y mettre beaucoup de fonds? Est-ce que ces banques
ont un capital élevé? Quelles sont les garanties qu'offrent ces
banques? La Banque internationale, c'est une institution plus connue. Les
autres, je suppose que ce ne sont pas des banques qui vont
nécessairement dilapider les fonds. Mais, jusqu'à quel point la
Caisse de dépôt veut s'impliquer là-dedans?
M. Delorme: ce sont des banques dont les obligations sont
garanties par les pays, par les gouvernements qui sont membres des
organisations de tutelle.
M. Léonard: La Banque européenne, c'est le
Marché commun ou c'est plus large que ça?
M. Delorme: Non, c'est plus large que ça. Même le
Canada, d'ailleurs, en fait partie.
M. Léonard: Quel est l'objectif de la Caisse de
dépôt et placement de diversifier autant sur le plan
international?
M. Delorme: En fait, l'objectif, dans ce cas précis, est
simplement de donner à la Caisse la possibilité d'acquérir
des obligations qui viennent sur le marché et qui donnent un bon
rendement.
M. Léonard: II est plus élevé que celui
qu'on a ici?
M. Delorme: Bien, il n'est pas plus élevé ou moins
élevé. Mais, dans certaines circonstances, ça peut
présenter des véhicules intéressants du point de vue du
rendement. En somme, comme dans d'autres cas, la Caisse souhaite avoir un
éventail aussi étendu que possible d'occasions d'investissement,
de manière à répartir son risque, de manière
à saisir les occasions qui peuvent être intéressantes de
manière à optimiser son rendement.
M. Léonard: Si on prend la Banque européenne pour
la reconstruction et le développement, disons que, moi, quand j'ai vu
passer ça, je me suis dit: C'est une bonne oeuvre, parce que les pays
européens qu'on veut développer par l'intermédiaire de ces
capitaux ne sont pas particulièrement solvables par les temps qui
courent. Alors, je comprends qu'on puisse avoir un bon rendement, mais le
risque n'est-il pas assez élevé, somme toute?
M. Delorme: Oui, je crois que - si vous me permettez M. le
Président - s'il s'agissait d'un risque lié à
l'économie de certains des pays dont il est question, il pourrait
être relativement élevé. Mais, là, il s'agit
d'obligations émises par la banque. Donc, c'est la banque qui est
garante, de même que les pays membres, de ces obligations. Alors, on ne
parle pas d'investissements dans les pays en question, mais plutôt de
l'achat d'une obligation émise par l'une de ces banques.
M. Léonard: Oui, je comprends ça. Mais, dans 20 ans
d'ici, est-ce que la valeur des fonds là-dedans... Est-ce qu'il n'y aura
pas des soubresauts majeurs qui vont devoir être supportés,
justement, par cette banque, puisque tout le monde va accepter une perte, une
radiation de ses actifs dans cette banque, pour éviter une faillite
générale? Ce n'est pas exclu. Quand les banques canadiennes, par
exemple, se sont mises à placer en Amérique latine... Vous allez
me dire qu'elles plaçaient, à ce moment-là, dans des pays
précis, sur des économies précises. Mais, globalement
parlant, l'Europe de l'Est, ça représente un défi
considérable et les fonds qu'on risque là, je pense que le
risque, il est grand.
M. Delorme: Oui, mais, encore une fois, le risque qui va affecter
ces obligations n'est pas un risque relié à l'économie du
pays dans lequel ces banques vont investir. C'est un risque...
M. Léonard: C'est la garantie des gouvernements qui compte
là-dedans.
M. Delorme: C'est ça.
M. Léonard: Donc, vous nous assurez que c'est à
l'abri de tout soupçon, ces fonds-là.
M. Delorme: bien, je vous dis que c'est un véhicule
d'investissement qui s'avérera particulièrement
intéressant et dont les risques seront à l'intérieur de
limites tout à fait raisonnables.
M. Léonard: À l'heure actuelle, est-ce qu'on peut
savoir combien vous avez d'investissements ou de valeurs dans la Banque
internationale pour la reconstruction et le développement?
M. Delorme: Je crois - corrigez-moi si je fais erreur, c'est
probablement le seul élément de réponse que je puisse vous
donner sans consultation - que c'est dans cette institution que la Caisse a
fait son premier placement. Est-ce que c'est exact?
M. Léonard: En 1964-1965.
M. Delorme: En 1964-1965. Maintenant, quelle est la taille de
l'investissement dans cette banque à l'heure actuelle? Je regrette, je
ne peux pas vous répondre.
M. Léonard: II faudrait consulter le rapport annuel?
M. Delorme: II faudrait probablement consulter le rapport annuel.
1 000 000 $.
M. Léonard: 1 000 000 $? Ça n'a pas grossi beaucoup
depuis 1964. Les risques sont trop grands?
M. Delorme: Ce n'est pas nécessairement que les risques
sont trop grands, mais les gestionnaires de portefeuilles ont devant eux,
à tout moment, des gammes extrêmement variées de
possibilités d'investissements, que ce soit des investissements du
gouvernement du Québec ou des investissements des gouvernements
étrangers. Suivant que le taux de rendement se situe à tel ou tel
niveau et qu'ils prévoient que la variation des taux
d'intérêt pourrait en faire augmenter ou en faire diminuer la
valeur, ils choisissent tel ou tel véhicule. Alors, encore une fois,
c'est simplement pour faire en sorte que la Caisse puisse, le cas
échéant, investir dans les obligations émises par ces
institutions.
M. Léonard: Remarquez, M. le Président, que je
pourrais dire, sans être méchant, que c'est probablement aussi
sûr que les obligations du gouvernement canadien par les temps qui
courent, avec son déficit de 425 000 000 $. Je suis sûr que le
ministre des Finances va être d'accord avec moi, à part
ça.
M. Levesque: Ne soyez sûr de rien, vous, là, surtout
lorsque vos arrière-pensées prennent le dessus, vos
arrière-pensées - vous savez ce que je veux dire - sur le plan
constitutionnel.
Une voix: On a tout compris.
M. Levesque: Vous avez bien compris.
M. Léonard: On ne peut rien vous cacher, vraiment.
M. Levesque: Est modifié par l'ajout au paragraphe...
M. Léonard: Mais 1 000 000 $ pour la Banque
internationale, depuis autant d'années, c'est comme pour moi un vieux
trente-sous, hein?
M. Delorme: Oui, mais remarquez bien que je ne suis pas en mesure
de vous affirmer que le 1 000 000 $ qui est investi en ce moment est le
même 1 000 000 $ que celui que nous avions investi en 1964.
M. Léonard: Ha, ha, ha! Mais, vos intentions, c'est quand
même d'essayer d'en mettre dans ces banques, d'en profiter, le cas
échéant, et de diversifier. Ce n'est pas mauvais.
M. Delorme: Ce n'est pas tellement l'intention, comme la
possibilité de le faire si ça s'avère intéressant.
Par exemple, dans l'article 24 actuel, le sous-alinéa c, qui n'est pas
amendé, déclare que nous pouvons acquérir et
détenir sans restriction «des obligations émises par un
autre gouvernement». Bon, il y a quoi? Il y a 250 gouvernements sur la
terre et nous n'investissons dans les obligations que d'une très faible
minorité. Mais nous avons la possibilité, éventuellement,
d'investir.
Mme Bleau: est-ce que je peux vous demander si vous en avez au
japon, puisque l'économie du japon est une des plus fortes dans le
moment?
M. Delorme: Oui. Nous en avons au Japon. Nous en avons en
Allemagne. Nous en avons en France. Nous en avons au Royaume-Uni. Nous en avons
aux États-Unis.
Mme Bleau: Ah bon! C'est vraiment diversifié.
Le Président (M. Camden): En complément de ce qu'a
dit Mme la députée de Groulx, est-ce que ces institutions sont
cotées en Bourse ou sont établies sur une base d'actions, ou si
c'est seulement un regroupement d'intérêts d'un ensemble de pays
avec des mises de fonds communes d'opération de ces gens-là? (17
h 10)
M. Delorme: Dans ce cas précis, il s'agit
d'obligations émises pas ces gouvernements, pour lesquelles il y
a un marché secondaire.
M. Léonard: Est-ce que c'est juste un marché
secondaire? Un particulier peut acquérir des obligations de ces
banques-là, non?
M. Delorme: Sur le marché primaire? M. Léonard:
Oui.
M. Delorme: Non, ça m'étonnerart qu'un particulier
puisse le faire, mais sûrement sur le marché secondaire.
M. Léonard: Mais je pense à des placements de
l'ordre de 50 000 $ minimum.
M. Delorme: Oui, mais sur le marché secondaire.
M. Léonard: Ah!
Le Président (M. Camden): Adopté?
M. Léonard: M. le Président, je vois que le
ministre des Finances, pour une fois, a fait preuve d'une certaine prudence, en
essayant de diversifier les placements de la Caisse de dépôt et
placement et de ne pas tout mettre dans les obligations du Canada, à
l'heure actuelle.
M. Levesque: C'est sa seule raison d'être, ici. Qu'est-ce
que tu veux, il faut le comprendre!
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Autrement, il ne serait pas ici.
M. Léonard: Vous saurez me dire ça.
M. Levesque: Non non, c'est sa seule raison d'être.
Le Président (M. Camden): L'article 7 est-il
adopté?
M. Léonard: Au moins j'en ai une.
M. Levesque: Ah oui! Je ne vous blâme pas, mais je dis
qu'il faut comprendre le député de Labelle, parce qu'il a une
raison d'être ici. Autrement, il ferait autre chose. Il est
déjà parti une fois, il peut partir une autre fois, je ne sais
pas, malgré que c'est très agréable de...
M. Léonard: M. le Président, ça peut
être un mérite d'être parti une fois. Le ministre actuel
n'est pas parti, lui.
M. Levesque: Ha, ha, ha! Je n'ai jamais eu...
M. Léonard: Je ne suis pas sûr qu'il ait toujours
rendu service à son pays en restant là.
M. Levesque: Je n'ai jamais eu d'année sabbatique.
Le Président (M. Camden): II n'a jamais été
en crise avec lui-même.
M. Léonard: Oui, il n'a jamais été en crise
avec lui-même. Il ne s'est jamais posé de... Il ne s'interroge
jamais sur le fond des choses.
Le Président (M. Camden): Ce qui a fait en sorte que cette
harmonie s'est étendue sur trois décennies, bientôt
quatre.
M. Léonard: Mais, sur ses années sabbatiques, je ne
suis pas sûr qu'il ait... En tout cas, je ne le vois pas souvent
siéger le soir, moi. Hum, hum! Je ne lui ferai pas de remarques plus que
ça.
Le Président (M. Camden): Ah mais...
M. Levesque: M. le Président, je n'aime pas cette remarque
particulièrement, parce qu'elle est tellement fausse. On prendra le
nombre de nuits, de soirs...
M. Léonard: Sauf pour le discours sur le budget.
M. Levesque: ...que j'ai passés dans ma vie parlementaire.
Il n'y en a pas beaucoup autour de cette table qui ont passe autant de soirs et
de nuits à faire le travail parlementaire que j'ai fait, surtout lorsque
j'étais leader du gouvernement ou leader de l'Opposition. Alors, soyez
prudent, jeune homme. Ha, ha, ha!
M. Léonard: Je le remercie pour le jeune homme.
M. Levesque: Ah, ah, ah! Bienvenue.
Le Président (m.
camden): évidemment,
probablement, le fait que le ministre soit là en journée et en
soirée lui permet de cogner des circuits quand même!
M. Levesque: Ah oui, hein! Pas pire, pas pire!
Le Président (M. Camden): Ce n'est pas pire.
M. Levesque: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Camden): L'article 7 est-il
adopté?
M. Léonard: Bien, c'est parce que, quand il
parle des années sabbatiques des autres, on va lui parler de ses
après-midi de golf!
M. Levesque: Jamais durant la session, M. le
Président.
M. Léonard: II y a d'autres choses à faire en
dehors de la session aussi.
M. Levesque: Ha, ha, ha! Demandez ça aux gens de mon
comté.
M. Léonard: Ah! Vous pouvez faire du ski aussi. Il parait
qu'il y a une pente de ski par chez vous...
M. Levesque: Ah oui, je fais du ski aussi.
M. Léonard: ...qui est neuve, qui n'est pas très
achalandée par les temps qui courent.
M. Levesque: Non.
M. Léonard: J'imagine que vous la réservez pour
vous tout seul, présentement.
M. Levesque: J'ai laissé le ski alpin, pour votre
information, et je me complais dans le ski de randonnée.
M. Léonard: II paraît que c'est plus dangereux que
le ski alpin. Alors, faites attention!
M. Levesque: Bon, bien, M. le Président, je pense que la
pertinence du débat en souffre.
M. Léonard: Ah, c'est parce qu'on n'a pas
arrêté depuis 15 heures. Le ministre ne peut pas se
plaindre...
M. Levesque: Oui, c'est vrai.
M. Léonard: ...si on avance, alors...
M. Levesque: Où est-ce qu'on est rendu?
Le Président (M. Camden): Oui, tout à fait,
à un rythme...
M. Léonard: Moi, ça va pour l'article 7.
Le Président (M. Camden): ...qui n'a rien
d'effréné, mais qui est soutenu, disons.
M. Léonard: M. le Président, ça va pour
l'article 7, oui.
Le Président (M. Camden): L'article 7 est
adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Camden): J'appelle donc l'article 8.
M. Levesque: Alors, ici, on revient au sujet...
M. Léonard: Oui.
Obligations des organismes publics
M. Levesque: ...qui nous avait retenus cet avant-midi, sur la
limite de 20 % qui disparaît dans la possiblité pour la Caisse de
participer à certaines émissions. L'article élargit
à tous les organismes publics qui sont maintenant décrits dans la
loi - on les a vus tout à l'heure, aux articles 20.2 à 20.5 - les
entités dont «la Caisse peut acquérir et détenir
sans restriction des obligations ou autres titres de créance»
plutôt que de le permettre seulement à l'égard de certains.
Cette limite de 20 % ne permet pas à la Caisse de participer à
des émissions privées, et ce, pour le bénéfice des
organismes émetteurs. La Caisse pourrait s'associer avec d'autres
investisseurs dans de telles émissions ou en prendre la totalité
selon les conditions du marché et améliorer ainsi son rôle
sur le marché ordonné.
Par ailleurs, la seconde limite de 20 % est inapplicable, notamment
parce que le financement des municipalités fait fluctuer le niveau de
leurs dettes obligataires et que la Caisse devrait ajuster constamment son
niveau de participation à ces fluctuations de la dette obligataire, ce
qui ne serait pas en acord avec les exigences du marché.
D'ailleurs, je posais la question récemment à M. le
président, pour lui demander: Comment est-ce que vous faites pour suivre
ça, là, pour arriver? À M. Scraire aussi, je posais la
question: Comment faites-vous pour arriver à suivre ça de
près? J'ai dit: Ça prend des effectifs ça pour... Alors,
c'est une question, je m'imagine, qu'on se pose à ce moment-là.
Mais, avec le nouveau texte qui est proposé, il semble bien que
ça corresponde davantage à ce qui se passe dans l'industrie en
général. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter quand on sait
que, même avec les 20 %, dans le portefeuille d'obligations, la Caisse en
avait à peu près pour 8 % de l'encours total. 8 %, c'est
ça?
Une voix: Oui.
M. Léonard: M. le Président, je pense que j'ai
émis des réserves en deuxième lecture sur ce
point-là en particulier. «La Caisse peut acquérir et
détenir sans restriction...» Ça, c'est vrai que ce n'est
pas difficile à gérer, il n'y en a pas de restrictions.
Donc...
M. Levesque: C'est dans le secteur public là, hein.
M. Léonard: Oui, mais ça ne fait rien. Ça ne
fait rien. Mais, le fait qu'il n'y ait pas de restrictions entraîne une
tout autre situation dans le secteur public. En particulier, les relations de
la Caisse par rapport au privé, c'est complètement
différent. Quand le ministre dit: Bien, on a 8 % de la dette des
municipalités - je comprends que c'est ça, 8 % - effectivement,
si vous avez 8 %, pourquoi 20 % c'est trop? Puis, l'autre point que je pourrais
soulever: il me semble qu'on peut discuter du pourcentage. 20 % peut-être
que c'est une limite trop basse, peut-être que ça pourrait
être 30 % ou 40 %, peut-être 50 %. Mais le fait qu'on dise
«sans restriction» amène la Caisse, finalement, à
faire ; évaluation elle-même des dossiers.
Supposons qu'on arrive à 100 %, parce que le «sans
restriction» permet d'aller à 100 %. Donc, l'hypothèse -
puis le ministre l'a soulevée lui-même - existe. Alors, raisonnons
comme si on était à 100 %. Donc, à 100 %, il arrive ce que
j'ai décrit ce matin. On finance une municipalité, une commission
scolaire, un hôpital ou une université, les frais
d'émission sont pratiquement nuls. Si je comprends, les frais de la
Caisse, c'est 0, moins de 0,1 de 1 %, peut-être que pour faire
l'étude du dossier ça va monter un peu plus, mais, en termes
concurrentiels avec le secteur privé, c'est vraiment une situation
complètement changée. Vous êtes très, très
concurrentiels normalement, et ça va vous amener à occuper le
marché presque exclusivement.
La démarche, par exemple, de la Caisse des dépôts et
consignations de France, c'est, finalement, qu'elle a pris tout le
marché des municipalités, en France, je pense, tous les fonds des
municipalités et des commissions scolaires. Je ne peux pas dire la
même chose, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne parce
que, là, c'est le ministère de l'Éducation nationale. Bien
que les écoles soient, au moins au primaire, gérées par
les municipalités, tout est déposé à la Caisse des
dépôts et consignations de France, transite et revient par la
même Caisse. Jusqu'à un certain point, on est en train de s'en
aller dans cette direction. Je pense que c'est un mouvement très
important.
Le «sans restriction», discuter de 50 %, c'est
peut-être en discuter, mais ça amène un autre investisseur
à être dans le dossier. Au moins, là... C'est un vote? (17
h 20)
Une voix: Non, quorum.
M. Léonard: Non, quorum. Moi, je maintiens encore mes
objections sur ce plan-là. M. le Président, je sais que M.
Delorme a demandé la parole.
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Delorme: Merci, M. le Président. Je ne sais pas
vraiment ce que je pourrais ajouter à ce qui a été dit par
M. le ministre ou par moi-même sur ce point-là, ce matin, mais je
me permettrai cependant de revenir sur certains arguments qui m'apparaissent
pertinents.
L'inquiétude, si j'ai bien compris, est à l'effet que la
Caisse occupe une part trop importante des émissions municipales, et ce,
au détriment du secteur privé et qu'au surplus, si la Caisse
prenait une émission à 100 %, il n'y aurait pas de tierce partie
pour vérifier, valider le jugement de la Caisse sur la
rentabilité ou le taux de rendement d'un investissement comme
celui-là.
Je crois que, ici, il faut rappeler que, comme investisseur, la Caisse
poursuit, premièrement, comme objectif celui d'optimiser son rendement,
c'est-à-dire d'avoir le rendement financier le plus élevé
possible. Donc, il ne s'agit pas uniquement de rechercher des investissements
rentables, que ce soient des obligations de municipalités ou autres,
mais de constituer son portefeuille, de répartir ses investissements, de
pondérer ses portefeuilles de manière telle que l'ensemble des
investissements donne le rendement le plus élevé et qu'aucune des
parties du portefeuille ne soit exposée outre mesure à un risque
en particulier.
Nous parlions tout à l'heure de certains portefeuilles, comme
celui de la Commission de la construction, par exemple, qui, en vertu des
caractéristiques de ce fonds, devait être surpondéré
en hypothèques par comparaison à ce que l'on fait normalement
dans d'autres fonds. Évidemment, lorsque les hypothèques se
trouvent à donner de bons rendements, ce fonds en
bénéficie. Mais, par ailleurs, dans des périodes où
l'économie de la construction va moins bien, si le portefeuille des
hypothèques a un rendement moins élevé, bien, ce
portefeuille-là est plus affecté.
Donc, nous cherchons à obtenir le rendement le plus
élevé et, parmi tous les moyens auxquels il faut faire appel, il
y en a un qui s'appelle la répartition d'actifs, la pondération
des portefeuilles. Nous n'aurions donc pas d'intérêt à
essayer de mettre le grappin sur des émissions d'obligations municipales
simplement pour pouvoir en détenir 100 %.
Deuxièmement, comme on l'a dit plus tôt, les pourcentages
ou les normes «percentuelles» qu'on trouve dans la loi actuelle
n'ont plus beaucoup leur raison d'être ou ne sont pas tellement
répandus en ce moment parce que les lois qui concernent les institutions
financières ont toutes été amendées au cours des
dernières années dans le but, précisément,
d'établir des principes d'ordre général, comme le principe
de la personne prudente et raisonnable. Donc, les régimes de retraite,
que ce soient ceux du Québec, que ce soient ceux de l'Ontario, les
institutions financières, comme les compagnies d'assurances, les
société de fiducie, etc., ont, sur
ce plan-là, une liberté et une souplesse plus grandes que
celles qui seraient celles de la Caisse si la loi actuelle était
maintenue, précisément parce qu'il est de plus en plus reconnu
qu'un investisseur professionnel doit pouvoir jouir de cette discrétion
pour pouvoir pondérer ses portefeuilles de manière à
réaliser le rendement le plus élevé possible et que des
restrictions inscrites dans une loi s'avèrent rapidement des
restrictions artificielles qui, bien souvent, peuvent jouer au détriment
du rendement.
En troisième lieu, je dirais, je devrais plutôt dire, je
répéterais ce que j'ai dit ce matin. C'est que les
municipalités, de plus en plus - du moins, les plus importantes et
celles qui constituent des communautés urbaines -adoptent la pratique de
mettre leurs obligations à l'encan. Donc, à ce moment-là,
il y a des courtiers qui se présentent et, suivant que l'offre est plus
ou moins élevée, l'accord est conclu avec un courtier.
En dernier lieu, je dirais que c'est un moyen d'administrer, de
gérer notre portefeuille et de rendre le marché plus efficace si
nous avons cette possibilité. Alors, étant donné que c'est
une liberté qui a été accordée à d'autres
fonds de retraite ou aux institutions financières en
général, je crois que ça pourrait être
accordé à la Caisse. Merci.
Le Président (M. Camden): Suite à ces commentaires,
est-ce que l'article 8 est adopté?
M. Léonard: C'est qu'on remplace... À partir de ce
moment-là, c'est retenir le principe que les balises quantitatives ne
sont pas celles qu'on utilise là-dedans. Chaque fois qu'il y en aura une
balise quantitative, ce sera gênant quelque part. Ça, c'est bien
sûr. On remplace le tout par le critère de personne prudente et
raisonnable. En réalité, c'est le coeur de la question. C'est le
coeur de la question. Est-ce que, dans le cas de la Caisse, c'est suffisant?
Dans le cas d'une institution privée qui doit bâtir sa
crédibilité sur son expérience passée, elle est
jugée sur ses taux de rendement, mais, dans le cas ici, je pense qu'il y
a des éléments qui avantagent la Caisse. Le taux de rendement, je
ne suis pas sûr qu'il va être au rendez-vous, de la même
façon, en tout cas.
Les 20 %, est-ce qu'ils ont tellement nui à la Caisse? Quels sont
les cas où, vraiment, ça a handicapé la Caisse?
Globalement, ce n'est même pas 10 % - on parlait du portefeuille des
municipalités - des emprunts à long terme. Moi, je maintiens
encore qu'il peut y avoir une aspiration considérable vers la Caisse de
tous les fonds des réseaux parapublics au Québec. Je ne dis pas
que vous avez des mauvaises intentions ou des intentions que ça arrive;
je dis que la réalité va faire que, d'ici 10 ans, d'ici 20 ans,
vous allez siphonner à peu près tout ce réseau, en termes
d'emprunts.
Là, vous me répondez: Oui, mais nous avons un
intérêt à maintenir des équilibres à
l'intérieur de notre portefeuille. Fort bien. Mais, à ce
moment-là, ça veut dire que les municipalités, les
hôpitaux vont se battre au portillon pour être financés par
la Caisse, si les conditions de prêts sont meilleures pour elles.
Où va s'établir le bon critère?
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Léonard: Pourquoi on refuse, finalement, d'être
associé ou de continuer à être associé au
réseau privé? En réalité, le réseau
privé s'est aussi constitué par le fait que la Caisse ne pouvait
pas dépasser 20 %. Donc, ils ont été obligés de
s'impliquer, eux autres aussi, et ils ont appris à faire des
émissions. Ils ont appris à évaluer les risques. Au fond,
la Caisse, je trouve qu'elle a joué un rôle fantastique. Elle a
fait émerger une classe économique francophone, au Québec,
ou une classe québécoise d'affaires, simplement à se
frotter avec la Caisse.
Je trouve que l'incitatif peut avoir tendance à
disparaître. Je ne veux pas jouer au prophète de malheur.
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Delorme: À ceci, M. le Président, je dirais,
encore une fois: Pourquoi les lois correspondantes dans le secteur
privé, qui s'appliquent à d'autres institutions
financières, les lois qui s'appliquent à d'autres fonds de
retraite ont-elles été amendées dans le même sens,
pour éliminer ou alléger considérablement les
restrictions? (17 h 30)
Deuxièmement, la Caisse, en vertu de la loi actuelle, peut
détenir des obligations du gouvernement du Québec, en fait, de
n'importe quel autre gouvernement, sans aucune restriction, sauf celles qui
s'appliquent à l'ensemble dans le secteur privé et, pour autant,
nous n'achetons pas 100 % des obligations émises par le gouvernement du
Québec.
Troisièmement, nous négocions aussi aux conditions
normales du marché, parce que nous voulons que ces actifs nous donnent
un rendement. Alors, il ne s'agit pas de négocier à rabais,
simplement pour le plaisir d'avoir des obligations de la municipalité X
ou de la municipalité Y. Cependant, ça peut, pour la
municipalité, présenter, dans certaines circonstances, un certain
avantage que de pouvoir faire acheter une émission complète par
la Caisse pour qu'ensuite la Caisse puisse s'en départir sur le
marché secondaire. Donc, compte tenu des précédents, de
l'incitatif qui anime un investisseur à s'assurer que son portefeuille
est bien raisonnablement pondéré pour donner le rendement le plus
élevé possible, je ne vois pas vraiment le risque que la Caisse
puisse faire des démarches proactives pour solliciter des
émissions, comme si elle était elle-
même un courtier, étant donné qu'un courtier,
évidemment, tire sa rémunération, en grande partie, de la
commission qu'il perçoit, ce qui ne serait pas le cas de la Caisse.
Encore une fois, à l'extérieur du Québec, les fonds
de retraite, comme OMERS en Ontario ou la caisse des professeurs de l'Ontario,
ne sont pas assujettis à ce type de restriction. C'est le seul type
d'émission auquel cette restriction s'applique, dans le cas de la
Caisse.
M. Levesque: Peut-être que je pourrais ajouter pour
concourir. Même si le ministre des Finances est responsable devant
l'Assemblée nationale de la Caisse de dépôt et placement du
Québec, les relations d'affaires... Lorsque, par exemple, nous
sollicitons le concours de la Caisse de dépôt pour une
émission, c'est toujours fait sur une base d'affaires. Je peux vous dire
que la Caisse défend justement ce point de vue de maximiser son
rendement, même avec nous. Alors, j'imagine qu'avec d'autres intervenants
ce seront les mêmes règles du jeu, au moins.
Mme Bleau: J'aurais une question à poser.
Le Président (M. Camden): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Je pense que vous avez donné la réponse
déjà, mais, pour nous rassurer... Vous nous avez dit qu'il n'y a
aucune autre caisse ou aucun autre organisme qui a ces 20 % dans ses
règles. C'est ça que vous nous avez dit?
M. Delorme: Si j'ai fait une déclaration aussi absolue que
celle-là, je dois dire que je ne peux pas affirmer qu'il n'y a aucun
autre régime de retraite...
Mme Bleau: Vous n'en connaissez pas.
M. Delorme: ...ou aucune autre institution financière qui
soient assujettis à des limites semblables. Mais, à ma
connaissance, il n'y en a pas et, surtout, je constate que, depuis quelques
années, la tendance des législations est vers une
libéralisation, même, je dirais, un remplacement des limites
«percentuelles» par un principe général de personne
prudente et raisonnable, étant donné que, comme investisseur, un
professionnel de l'investissement est bien conscient de la
nécessité d'équilibrer son portefeuille de manière
à ne pas s'exposer à de trop grands risques, en somme, le
principe de ne pas devoir mettre tous ses oeufs dans le même panier.
Mme Bleau: l'image de la caisse; avec cette restriction, est-ce
que ça ne pourrait pas en faire une image un peu plus racornie ou une
image un peu moins expansive?
M. Delorme: Je ne crois pas vraiment, non.
Ça pourrait lui enlever une certaine souplesse, mais, non, je ne
pourrais pas aller jusqu'à dire que ça affecterait son image.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...on prend le cas des municipalités -
on pourrait en prendre d'autres - mais peut-être que le cas des
municipalités est un peu plus complexe et qu'il recoupe les autres cas.
Disons, une municipalité X. Elle dépose ses fonds chez vous,
traite avec vous, au moins sur une base de placement temporaire, à court
terme. Elle va chez vous, première des choses. Deuxièmement, vous
achetez son émission d'obligations. L'hypothèse se
soulève, très bien, c'est ça que vous désirez
avoir. Troisièmement, vous êtes, comme Caisse de
dépôt et placement, actionnaire d'une entreprise qui se retrouve
dans une municipalité comme celle-là, qui fait du
développement et qui est prise, par exemple, dans des problèmes
d'environnement, de disposition de déchets, dans toutes espèces
de contraintes qui sont posées et qui doivent être posées
par une municipalité. Donc, vous êtes à trois endroits,
dans un petit cosmos. Est-ce que vous ne pensez pas qu'un jour ou l'autre vous
pouvez être amenés - et là, je le dis sans accusation,
vraiment pas - à une espèce de conflit, de situation
conflictuelle - je ne dirais pas conflit d'intérêts, mais on
pourrait même l'utiliser - de par les différents fils à la
patte que vous avez dans ce milieu particulier? Ça, c'est une chose qui
peut arriver. Votre intérêt, ça va être que votre
entreprise marche et l'émission d'obligations... Au fond, vous
êtes en situation conflictuelle.
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Delorme: M. le Président, dans une situation où
toutes les planètes convergeraient simultanément vers la
situation que vous avez décrite, oui, il y aurait peut-être,
potentiellement, une apparence, à tout le moins, de conflit
d'intérêts. Mais c'est quand même une situation assez
hypothétique, lorsqu'on tient compte du nombre de municipalités
qui existent au Québec et de ce que j'ai dit tout à l'heure,
c'est-à-dire de la nécessité de maintenir un
équilibre dans le portefeuille. Mais l'autre situation qui pourrait
également se produire, c'est que la Caisse, étant limitée
à 20 % d'une émission, pourrait voir un fonds de retraite de
l'Ontario ou d'une autre province prendre cette émission en
totalité parce qu'elle aurait vu là un investissement à un
rendement élevé et intéressant, alors que la Caisse, elle,
ne pourrait pas avoir cette possibilité-là. C'est
l'intérêt du rendement qui...
M. Léonard: Mais je vais aller plus loin. M. Delorme:
...détermine l'investissement.
M. Léonard: Je vais aller plus loin, si vous me permettez,
madame. Je vais aller plus loin. Vous avez dit: C'est une situation tout
à fait hypothétique. Je sais, il y a un ministre qui m'a
répondu ça en Chambre, il n'y a pas longtemps et hem!
C'était proche de lui, pourtant. Il y a un projet de
développement dans une municipalité. Tiens! À Windsor, que
je ne connais pas, il y a eu un développement avec la SGF, tout ce que
voulez, avec Domtar. Là, vous financez l'émission d'obligations
de la municipalité qui doit se doter d'équipements majeurs pour
faire face à cet investissement. Elle vient vous voir. Vous êtes
impliqués, vous aussi, dans Domtar, avec la SGF. Transportez ça
dans une autre municipalité, alors qu'il pourrait y avoir un projet
important. Faites le tour. Au fond, les gens vont aller trouver la Caisse de
dépôt et placement pour assurer un investissement majeur, et ils
vont chercher le plus possible à régler leurs problèmes
vite et bien, avec quelqu'un qui a les moyens, qui a l'épaule solide.
Donc, voilà la Caisse. Vous êtes aux deux bouts. Ce n'est pas si
hypothétique que ça. D'ici 20 ans, il va s'en produire, des
situations comme ça.
M. Delorme: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. Delorme.
M. Léonard: Là, vous risquez d'être
critiqués - peut-être complètement à tort - et de
vous faire épingler sur la place publique. Je soulève la
question. (17 h 40)
M. Delorme: Oui, je comprends. C'est une situation qui n'est pas
inconcevable, j'en conviens. Cependant, je trouve un peu difficile de contrer
vos arguments parce que, dans le fond, je suis largement d'accord avec ce que
vous dites, parce que votre raisonnement m'amène à conclure qu'il
est extrêmement important pour la Caisse - étant donné le
milieu assez restreint dans lequel elle évolue et l'importance des
sommes dont elle dispose - il est extrêmement important pour la Caisse,
dis-je, de diversifier ses placements. C'est la raison, c'est
précisément cette préoccupation-là qui nous
amène à enlever, en somme, les limitations concernant la
territorialité de certains de nos investissements, parce qu'il y a un
risque qu'il y ait trop de concentration.
Par ailleurs, c'est un peu la même philosophie qui nous anime et,
dans la gestion d'ensemble du portefeuille, nous voulons, effectivement,
éviter ces trop grandes concentrations. À mon point de vue, c'est
une motivation qui est suffisante - c'est mon opinion, cependant - qui devrait
être suffisante, à mes yeux, pour dissiper l'inquiétude que
vous exprimez, étant donné qu'avec ou sans restriction, ce que
nous recherchons, c'est un portefeuille équilibré,
diversifié, de manière à aller chercher les rendements les
plus élevés. Cependant, nous voulons aussi ne pas être
empêchés d'acheter, à l'occasion, des instruments qui
présentent des taux de rendement élevés, d'autant plus que
d'autres fonds de retraite pourraient, eux, le faire.
Le Président (M. Forget): Mme la députée de
Bleau...
Mme Bleau: De Groulx.
Le Président (M. Forget): ...de Groulx, voyons donc!
Mme Bleau: Par contre, dans un cas litigieux comme celui qui a
été soumis par le député de Labelle, où une
municipalité qui aurait des problèmes ici ou là,
l'environnement ou ailleurs, voudrait vous avoir pour l'émission
d'obligations, si votre société juge qu'il pourrait y avoir, soit
conflit d'intérêts ou, je ne sais pas, moi, peut-être un
danger, est-ce qu'il vous est toujours possible de refuser de prendre son
émission d'obligations?
M. Delorme: Non seulement, il nous est possible de refuser de la
prendre, mais il nous est aussi possible de nous en départir si nous en
sommes proriétaires.
Le Président (M. Forget): Merci. M. le
député de Labelle. Est-ce que l'article 8 est adopté?
Encore des informations?
M. Léonard: Un instant, on a un bon débat. Tout
dépend comment on se situe aussi. Vous avez une certaine obligation
d'équilibrer votre portefeuille, donc d'équilibrer vos risques
les uns par rapport aux autres. Mais, supposons qu'on prenne ça d'un
autre côté. Vous voulez créer un pôle de
développement. Effectivement, n'importe qui va vous vendre
l'idée, et je suppose que vous voulez consolider un investissement que
vous faites dans le privé en l'épaulant dans le public. C'est
ça. Ça peut très bien arriver. Si vous faites un
investissement privé important, que vous participez avec d'autres, que
vous prenez une participation dans le capital-actions d'une
société - on parlait des pâtes et papiers, bon, pâtes
et papiers - après, pour vous assurer que tout va bien aller, vous allez
aussi être amenés à investir en obligations dans la
municipalité pour assurer votre développement. Au fond, il y a
une certaine logique à cela. C'est d'ailleurs ce qui fonde la
théorie des grappes, oui, jusqu'à un certain point.
Effectivement, c'est celle que les Japonais ont utilisée après la
guerre, en bonne partie. Ce n'est pas la seule théorie qu'Us ont mise en
application, ils ont aussi mis celle de la
diffusion des connaissances encore plus largement. Mais, si on reprend
ça, par la création d'un pôle de développement
quelque part, vous allez avoir des pressions, je ne dirais pas des pressions,
mais vous allez être tentés aussi de consolider vos
investissements, donc de mettre pas mal d'oeufs dans le même panier, sur
le plan territorial. Puis, ça se comprend.
C'est là où ça se pose. S'il n'y a aucune limite,
s'il n'y a rien, s'il n'y a aucune restriction dans la loi, il n'y a pas
d'autres intervenants qui vont être obligatoirement insérés
dans le dossier, insérés dans le problème. Ce qu'il y a
ici... Encore une fois, je ne discute pas du montant de la limite; les 20 %,
peut-être qu'ils sont trop contraignants. Si c'était 50 %,
peut-être qu'on pourrait en discuter. Mais là, il n'y en a pas.
Donc, la municipalité qui va crier à sa pauvreté va dire:
Vous nous avez avancé des fonds pour faire le réseau
d'égout et d'aqueduc, faire une installation de disposition de
déchets pour régler nos problèmes de rebuts. Alors, vous
allez être amenés à financer indirectement ici, là.
Garantie publique. Moi, c'est ça. Et on va éviter de faire appel
à d'autres. Donc, dans le temps, la balise peut être une
protection, même pour vos propres investissements. Dans certains cas, un
empêchement, mais, dans d'autres cas, une protection.
M. Levesque: Est-ce que le député me permettrait de
poser une question aussi? J'écoute le débat, c'est
intéressant. Mais, pourquoi est-ce que la Caisse de dépôt
et placement du Québec serait dans une position
d'infériorité par rapport aux autres fonds qui sont là
également dans le marché? Pourquoi est-ce qu'on imposerait cela?
Est-ce qu'on ne pourrait pas imaginer aussi que, dans un fonds donné, il
y ait d'autres intérêts qui pourraient également jouer?
Peut-être qu'on peut imaginer - moi, je peux m'ima-giner - qu'un fonds
donné ait également des intérêts dans le secteur
privé, au même endroit où cette même
société, ce même fonds est appelé à acheter
une émission. On pourrait arriver, finalement, avec peu d'efforts
d'imagination, à trouver des situations semblables. Dans ce cas-ci, je
ne remets pas en cause le fait qu'on pourrait imaginer aussi des situations qui
pourraient exister, même aujourd'hui, sans cette loi-là ou sans
les modifications. Dans bien des cas, il y a la clause «omnibus».
Il y a d'autres façons de procéder, mais on ne l'a pas fait d'une
façon, à mon sens, qui était reprehensible. Mais, chercher
à éviter toute situation où il y aurait un tel concours de
circonstances, si vous voulez, c'est difficile dans une législation.
Pourquoi rendre un peu plus invalide notre Caisse de dépôt
et placement? Pourquoi la rendre un peu incapable? C'est ça qu'on veut,
on veut la rendre un peu incapable par rapport à ses concurrents. C'est
ça la question que je pose, parce que, que l'on mette 50 %, 75 % ou 100
%, cela change peu le principe de la chose. Là, avec une béquille
de 20 %, vous trouvez que c'est trop, ça, c'est une chaise roulante. On
va lui donner des béquilles à 50 %, et elle devrait être
capable de manoeuvrer.
Mais pourquoi ne pas la laisser faire comme on laisse les autres?
évidemment, s'il y a un fonds qui a les yeux du public fixés sur
lui, c'est le fonds de la Caisse de dépôt et placement. S'il y a
un comportement ou une performance qui est examiné de près par le
grand public, c'est encore la Caisse de dépôt et placement par
rapport à d'autres fonds qui sont sur le marché ou dans le
marché. Alors, je ne vois pas pourquoi on affligerait d'une
incapacité notre Caisse de dépôt et placement du
Québec par rapport à ses concurrents. C'est la question que je
pose, moi aussi.
M. Léonard: En tout cas, si le ministre me permet,
être invalide ou incapable, j'aimerais être comme la Caisse de
dépôt et placement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: N'est-ce pas? Je ne me plaindrais pas de son
état d'infériorité. Ha, ha, ha! C'est plutôt...
M. Levesque: Évidemment, c'est une façon de
s'exprimer, à ce moment-là.
M. Léonard: Ouais! C'est parce que ça faisait un
peu misérabiliste, la façon dont vous l'exprimiez. Je dois dire
que ouais! Les mots «sans restriction», d'abord, ça fait
presque pléonasme. «La Caisse peut acquérir et
détenir [...] des obligations ou autres titres de créance
émis ou garantis par un organisme public.» Au moins, je ne le
mettrais pas «sans restriction». Il est là pour ne rien
dire. Ha, ha, ha!
M. Levesque: Est-ce qu'on peut l'enlever? Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Léonard: Je soulève un point de
rédaction.
(Consultation)
M. Levesque: C'est une logique, me dit-on, dans la
rédaction. C'est ce que les légistes nous disent. Mais si le
politique l'emporte sur... (17 h 50)
M. Léonard: La logique.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Nous pouvons vivre avec ça.
M. Léonard: «Sans restriction». Mais c'est
parce que, si on le lit dans 10 ans, vous allez
voir que ça... Pourquoi on écrit ça, «sans
restriction»?
M. Levesque: Parce que les articles, si vous les regardez, 24 et
25 ont ça déjà. Alors, c'est simplement une concordance,
si je peux employer le mot. Si on l'enlève, là, on commence
à... Moi, j'étais prêt à faire ça, mais je me
fais conseiller de ne pas...
M. Léonard: Je vois que je vous surprends! Je vois que je
vous surprends!
M. Levesque: On me demande de ne pas faire ça parce que
ça créerait des problèmes d'interprétation par la
suite. Alors, je dois m'en remettre aux légistes dans cette... «We
can agree to disagree. After all, that is about it!»
(Consultation)
M. Levesque: Peut-être, M. le Président... Je fais
une parenthèse à ce moment-ci parce que je vois qu'il ne nous
reste que quelques minutes avant l'ajournement.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Je voudrais informer cette commission que nous avons
l'intention d'apporter un amendement à l'article 20 et je voudrais avoir
la permission...
M. Léonard: De la loi présentée, la loi
16?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Oui. O.K. Oui.
M. Levesque: J'aimerais pouvoir le déposer pour que les
membres de la commission puissent en prendre connaissance, plutôt que
d'arriver, dans une prochaine séance, et que vous n'ayez pas eu
l'occasion de le regarder.
M. Léonard: Ah! Très bien. Je remercie le ministre
de sa prévenance.
M. Delorme: Est-ce qu'il va y avoir une autre séance?
M. Levesque: Est-ce qu'il va y avoir une autre séance? Je
ne le sais pas, M. Delorme, mais II me semble qu'on ne pourra pas finir
aujourd'hui.
M. Léonard: M. le Président, je vais proposer une
chose. J'ai fait le point là-dessus et je voudrais consulter davantage
mes collègues. Je pense qu'il y a des bons arguments, puis, en
même temps, j'ai encore des réticences. Est-ce qu'on pourrait le
suspendre, puis on le reprendra? Je verrai. J'envisage, par exemple,
peut-être 50 %. Mais, là, je pense que, rendu à 50 %,
effectivement, est-ce que ça vaut la peine d'en mettre? Je veux en
discuter avec mes collègues, puis je reviendrai là-dessus si on
me permet de le suspendre.
Mme Bleau: Est-ce que vous allez apporter les arguments qu'on
vous a soumis?
M. Léonard: Oui. Moi, je pense que... Je n'ai pas une
religion absolue, mais j'ai des réticences à enlever toutes les
balises quantitatives d'un projet de loi. La Caisse de dépôt et
placement n'est pas une institution privée. C'est une institution
publique qui agit dans un milieu assez restreint quand même. Nous sommes
7 000 000. Elle détient une part importante des capitaux des
Québécois. Je sais que l'intention, à l'origine,
c'était vraiment de garantir de façon quasi absolue que les
épargnes des Québécois qui iraient à la Caisse de
dépôt et placement seraient absolument protégées,
quitte à ce qu'il y ait une ceinture et des bretelles. Là, je
comprends qu'on veut avoir les bretelles, puis on laisse tomber la ceinture.
Bah! Si les bretelles sont solides! Mais encore faut-il savoir que ça
s'use, des bretelles, que ça se change, puis H y en a des meilleures que
d'autres. M. Delorme est quelqu'un de très compétent. Un autre
viendra et il y aura peut-être des accidents. C'est toutes sortes de
choses comme ça.
Mme Bleau: Les ceintures aussi...
M. Léonard: De sorte que, quand H y a des balises
quantitatives, il y a des gens qui vérifient ça très
nettement. Ça fait partie de rapports, puis, si on en prend large avec
la mesure, bien, ça devient public. C'est pour ça que j'ai
des...
M. Delorme: M. le Président, est-ce que vous me
permettriez d'ajouter simplement, brièvement...
Le Président (M. Camden): Certainement, M. Delorme.
M. Delorme: ...la remarque suivante? C'est évident que je
peux comprendre pourquoi on souhaite, dans le cas de la gestion de fonds
publics, établir certaines balises. Sans revenir sur ce cas
précis, je crois qu'on a dit ce matin, et je crois que c'est bien
fondé, que le projet d'amendement n'a pas pour effet, non plus que pour
but, d'enlever les balises. Au contraire, c'est de les maintenir d'une
façon rigoureuse et plus adaptée aux réalités
d'aujourd'hui.
Si vous voulez réfléchir davantage à cet
amendement-ci, j'aimerais que vous réfléchissiez
également, si je peux me permettre, à l'autre côté
de la médaille, parce qu'on peut sûrement se donner l'impression
qu'en établissant des
balises on protégera l'actif qui, autrement, serait exposé
à des risques trop élevés. Mais on peut aussi, dans ce
cas-ci, se priver d'occasions d'investissements éminemment rentables
parce que la Caisse n'aurait pas les moyens de faire ce que d'autres font et
ont les moyens de faire. Alors, il ne faut pas penser uniquement aux risques
auxquels on peut être exposés; il faut aussi penser aux occasions
de réaliser un rendement qui pourrait ne pas pouvoir se
représenter.
M. Levesque: Maintenant, M. le Président, si vous me
permettez - il reste deux minutes - on vient de me présenter un autre
projet d'amendement qui n'a rien à voir avec nous comme tel, mais il y a
un autre projet de loi - 15 - qui aurait été adopté en
deuxième lecture, touchant le domaine de la santé, et où
on aurait... C'est eux qui nous font parvenir ceci, parce que, dans la
description des établissements de santé, dans l'autre loi, il y a
une concordance qui devrait être respectée dans la nôtre.
Alors, je vais demander la même chose.
M. Léonard: Est-ce que l'Opposition était d'accord
avec la modification?
M. Levesque: Je ne le sais pas. Je viens de recevoir
ça.
Le Président (M. Camden): Alors, je comprends donc qu'on
le fait distribuer pour fins d'information.
Mme Bleau: C'est peut-être les établissements dont
on a parlé, les établissements...
Une voix: On va les regarder.
M. Léonard: Très bien. J'aime autant qu'on les ait
maintenant, parce que..
M. Levesque: Alors, dans ce cas-là, on serait
peut-être mieux d'ajourner.
Le Président (M. Camden): Alors, dans ces conditions... Il
y a consentement?
M. Léonard: Oui, mais je dois dire, M. le
Président, juste avant d'ajourner - je suis d'accord - que je suis
content de l'échange qu'on a eu cet après-midi parce qu'on a
touché plusieurs des points et, après, ça va
sûrement aller plus vite. On en était à la philosophie,
là.
Le Président (M. Camden): Vous avez trouvé la
journée, bref, agréable. Les discussions ont porté
fruit.
M. Léonard: Oui, fort civilisées, aussi.
Le Président (M. Camden): Tout à fait, tout
à fait, ce qui a été apprécié par le
président et les membres.
M. Levesque: Ça irait à la semaine prochaine, pas
cette semaine. Pour l'information de nos invités, ça irait
à la semaine prochaine. Il faudrait peut-être trouver un moment
parce que, moi, je vais être absent pour une conférence
fédérale-provinciale, mercredi et jeudi. Est-ce que ça
fait votre affaire lundi ou mardi?
M. Léonard: Là, ça va être le menu. Je
ne le sais pas. On va en parier aux leaders.
M. Levesque: Si c'était possible, les seuls deux jours que
j'ai, moi, c'est lundi ou mardi. Il faudrait choisir une des ces deux
journées là.
Le Président (M. Camden): Peut-être terminer vos
négociations. Nous allons...
M. Levesque: Oui, excusez-moi. Est-ce qu'on était
enregistrés pendant ce temps-là?
Le Président (M. Camden): Oui, vous étiez
enregistrés, tout à fait.
M. Levesque: Oh! Excusez-moi, je pensais que
c'était...
Le Président (M. Camden): C'est parce que ça
n'avait pas été...
M. Léonard: On va ajourner, hein!
Le Président (M. Camden): Nous allons suspendre nos
travaux jusqu'à 20 heures. Nous reprendrons nos travaux à la
salle du Conseil législatif, pour l'étude du projet de loi 26,
loi de nature fiscale. Sur ce, nous remercions, évidemment, les membres
de la commission, le président de la Caisse de dépôt et
placement, ses aides et ses conseillers qui l'accompagnaient aujourd'hui, et M.
le ministre aussi. Ça a été une journée fort
agréable; ça nous a permis d'apprendre beaucoup sur la Caisse de
dépôt et placement et sur les sports favoris du ministre des
Finances. Les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 24)
Projet de loi 26
Le Président (M. Camden): La commission du budget et de
l'administration est réunie afin de poursuivre l'étude
détaillée du projet de Joi 26, Loi modifiant diverses
dispositions législatives concernant l'administration des lois fiscales.
Nous débutons nos travaux à 20 heures 24 minutes, avec 24 minutes
de retard!
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Lafrenière (Gatineau) remplacera M. Audet (Beauce-Nord), Mme Bleau
(Groulx) remplacera M. Chagnon (Saint-Louis), M. Chevrette (Joliette)
remplacera M. Lazure (La Prairie) et M. Bradet (Charievoix) remplacera M.
Lemieux (Vanier).
Loi sur le ministère du Revenu
Le Président
(m. camden): nous en étions
à l'article 12. est-ce que, m. le ministre, vous avez des commentaires
à formuler concernant l'article 12?
Recouvrement (suite)
M. Savoie: J'aurais quelques commentaires d'ouverture très
rapides. Je voudrais tout simplement présenter aux gens de
l'Assemblée nationale les gens qui nous accompagnent. Alors, à ma
droite, il y a M. Jean-Paul Beaulieu, sous-ministre adjoint, planification et
budgétisation, au ministère du Revenu; à ma gauche, Me
Jacques Pinsonnault, de la législation. Derrière nous, il y a M.
Gilles-L Gosselin, du service de planification et budgétisation; M. Jean
Dussault, de la perception, et, évidemment, à côté
de Me Pinsonnault, mon attaché politique, M. Yves-Thomas Dorval.
Alors, lors d'une séance de travail de 2 heures, je crois, de 11
heures à 13 heures, nous avons fait les 12 premiers articles du projet
de loi. Nous abordons donc 12. 1. Si ma mémoire est fidèle, la
lecture de l'article avait été faite. C'est ça? Les notes
explicatives, évidemment, c'est la question de la hausse des frais de 20
$ à 90 $ et les explications rejoignent les articles 8, 9 et 10 du
projet de loi.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre a un cahier explicatif?
M. Savoie: Des notes explicatives? Oui. On pourrait... Je pensais
que...
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez, pour les besoins de la
cause, m'en faire parvenir?
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: D'accord. Merci beaucoup. Ça ne sera pas
long. Je veux juste prendre connaissance des premières...
L'article 12. 1 est adopté.
Le Président (m. camden): l'article 12. 1 est
adopté. considérant que l'article 12. 1 est inclus dans l'article
12, est-ce que l'article 12 est adopté dans sa totalité?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle donc
l'article 13. M. le ministre, avez-vous des commentaires à formuler
à l'égard de l'article 13?
M. Savoie: L'article 13, c'est une modification à
l'article 12. 2. Là, vous avez adopté l'article 12, je crois?
M. Chevrette: Oui.
M. Savoie: Du projet de loi. O. K., c'est beau. Alors, l'article
12. 2 de la loi prévoit le paiement de frais lorsqu'une personne remet
au ministre un effet de commerce qui est subsé-quemment refusé
par une institution financière en raison de provision insuffisante.
Avant, le montant des frais était de 25 $; maintenant, il est de 35
$.
M. Chevrette: C'est pour les chèques pas de fonds?
M. Savoie: C'est ça. Les chèques «NSF».
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 13 est adopté.
J'appelle l'article 14.
Intérêt sur remboursement
M. Savoie: Alors, l'article 30 de la loi prévoit la date
du début du calcul de la période durant laquelle le
ministère paie de l'intérêt sur un remboursement sur lequel
un intérêt est payable en vertu d'une loi fiscale ou lorsqu'il
affecte le montant d'un tel remboursement à un paiement exigible en
vertu d'une loi fiscale. La modification apportée au paragraphe a du
premier alinéa de l'article 30 - ce qui est devant nous - fait suite
à l'harmonisation avec la législation fédérale de
la période de calcul des intérêts sur les remboursements
afin de prolonger de 30 à 45 jours après la réception
d'une demande de remboursement le délai pendant lequel le
ministère du Revenu n'a pas à payer des intérêts.
Alors, on se rappellera qu'avant c'était 60 jours, que ça a
été réduit par la suite à 30 jours et là,
avec l'harmonisation avec le gouvernement fédéral, on le
ramène à 45 jours.
M. Chevrette: Quelles sont les sommes que ça peut
représenter?
M. Savoie: Je vais vous donner ça. Ça
représente 2 500 000 $. Un instant, Je vais vous dire ça
exactement. C'est ça, 2 500 000 $.
M. Chevrette: 2 500 000 $?
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Mais ont-ils donné les raisons pourquoi ils
passaient de 60 à 45?
M. Savoie: C'est parce qu'avant c'était 60 jours.
M. Chevrette: Oui. Ça, je me souviens.
M. Savoie: On l'a réduit à 30 jours, mais
là, à cause de l'harmonisation avec le gouvernement
fédéral et des articles 4 et 5 qu'on a déjà
adoptés, finalement, on s'enligne avec eux autres et la période
est de 45 jours, même chose qu'à Ottawa. Finalement, le citoyen,
on se trouve à dire: Bien, pendant deux ans, il a eu 15 jours, de 30
à 45. Mais il sauve quand même 15 jours sur l'ensemble de la
politique qui était de 60 jours.
M. Chevrette: Mais l'objectif, quand on est passé de 60
à 30, si ma mémoire est fidèle, c'était de dire au
gouvernement: Fais vite dans tes paiements.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: C'était d'avantager le consommateur.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: Et là, si je comprends bien, l'argumentation
de l'harmonisation permet d'aller chercher quelque chose dans la poche des
contribuables de l'ordre de 2 500 000 $. (20 h 30)
M. Savoie: Oui. Si vous voulez, oui. C'est-à-dire que
ça a...
M. Chevrette: C'est-à-dire que le raisonnement se tient.
Vous n'êtes pas d'accord avec ça, mais...
M. Savoie: On sauve, finalement, en déboursés
d'intérêts, 2 500 000 $ avec cette mesure-là.
M. Chevrette: Donc, le citoyen perd 2 500 000 $.
M. Savoie: C'est ça. L'ensemble des contribuables perd 2
500 000 $ avec cette mesure-là.
M. Chevrette: Et l'argumentaire de ça, c'est
l'harmonisation.
M. Savoie: C'est ça. Le «bottom line», c'est
ça.
M. Chevrette: Si on ne s'était pas harmonisé, les
citoyens auraient reçu 2 500 000 $ de plus.
M. Savoie: Oui. Par contre, ça aurait coûté
plus cher à administrer l'ensemble des mesures. On aurait eu deux
dates.
M. Chevrette: Expliquez-moi donc ça.
M. Beaulieu (Jean-Paul): Jean-Paul Beaulieu.
Le Président (M. Camden): M. Beaulieu.
M. Beaulieu: Un élément complémentaire pour
justifier la mesure...
M. Chevrette: Ah! C'est vous, ça!
M. Beaulieu: Si vous me permettez, M. le Président?
Le Président (M. Camden): Tout à fait. Allez-y, M.
Beaulieu. On vous écoute.
M. Beaulieu: Un élément additionnel qu'on avait
mentionné lors de l'adoption des articles 4 et 5, c'était que le
ministère a besoin d'un peu plus de temps pour faire des validations
correctes des déclarations des contribuables avant de faire les
remboursements. Il y a quelques années, nous n'avions pas de
système sophistiqué. On appelle ça faire de la
compensation pour d'autres dettes dues au gouvernement. Donc, on a
développé des fichiers d'ordinateur parallèles et on les
utilise pour valider certaines déclarations des contribuables, pour
certaines informations. Évidemment, quand on dit qu'on prive le
contribuable de 2 500 000 $, c'est à fa fois vrai, mais on pourrait
aussi dire que c'est un peu parce que le gouvernement, comme tel,
n'était peut-être pas en mesure de tout faire dans la
période des 30 jours. Donc, le délai de 45 jours, à la
fois il y a de l'harmonisation, mais il y a aussi de l'administration qui est
reliée à ça.
M. Chevrette: Un haut fonctionnaire peut tout justifier. Mais,
ceci dit, ça va à rencontre des objectifs que l'on s'est
fixés, je dirais, depuis peut-être 7, 8, 10 ans, au Québec,
la simplification des déclarations d'impôt. Plus on simplifie,
plus on augmente le délai de vérification des simplifications.
Ça ne vous apparaît pas contradictoire?
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire que... Là, je ne veux
pas...
M. Chevrette: Je ne suis pas fiscaliste, là. M. Savoie:
Non.
M. Chevrette: j'essaie de raisonner comme un citoyen normal,
ordinaire, qui constate les objectifs politiques et les résultats
concrets, législatifs.
M. Savoie: Oui, oui. C'est que ça a commencé,
ça, avec... C'est ça. Je ne voulais pas le dire. Tu me tords les
bras un petit peu. C'est que les 60 jours, ça a été
adopté en 1982-1983.
M. Chevrette: Oui, oui.
M. Savoie: On l'a ramené, en 1988...
M. Chevrette: À 30 jours.
M. Savoie: ...à 30 jours, justement dans le but de
simplifier la procédure et de mettre de la pression du côté
gouvernemental. Maintenant, le fait de garder, nous, un remboursement à
30 jours et le gouvernement fédéral à 45 jours, comme
c'est nous qui administrons l'ensemble, ça fait compliqué. Alors,
ça nécessite des coûts additionnels, le fait d'avoir deux
dates, parce que ça demande deux systèmes. Alors, on simplifie
les deux systèmes. C'est sûr, là, je ne le nie pas, je ne
fais pas de cachette avec ça, c'est vrai qu'on épargne 2 500 000
$. Maintenant, au ministère, ce qu'on cherche à faire avec
l'ensemble de ces mesures-là, c'est s'assurer qu'on soit le plus
rentable possible et que ça coûte le moins cher possible aux
contribuables. Les contribuables, finalement, ce qu'ils cherchent, c'est une
économie de mesures.
M. Chevrette: Mais, pour une Opposition, vous comprendrez que
c'est clair que c'est 2 500 000 $ de taxes de plus.
M. Savoie: Oui, c'est ça. On me souligne,
également, qu'il ne faut pas oublier qu'il y a 1 000 000 $
là-dedans qui va strictement aux corporations. Ce n'est pas 2 000 000 $
à l'ensemble des contribuables, c'est dans le sens que ce ne sont pas
des citoyens.
M. Chevrette: Sur division, M. le ministre.
Le Président (M. Camden): L'article 14 est donc
adopté sur division. J'appelle l'article 15.
infractions et pénalités
M. Savoie: L'article 15. Oui, c'est ça. Ici, l'article
59.2 prévoit qu'un mandataire du ministère qui omet, dans le
délai prévu par la loi, de déduire, retenir, percevoir,
payer ou remettre un montant alors qu'il devait le faire en vertu d'une loi
fiscale encourt une pénalité de 10 %. On hausse cette
pénalité de 10 % à 15 %. On l'augmente de 5 %.
Ce qui se produit, c'est que, supposons, vous êtes mandataire pour
le gouvernement. Vous avez, par exemple, un commerce et vous percevez la taxe
pour le ministère du Revenu. Vous devez nous la remettre. La
première fois que vous ne la remettez pas, on vous envoie un avis. La
deuxième fois, vous recevez une amende de 10 % du montant qui est
dû.
M. Chevrette: Dans le cas de récidive, c'est 15 %.
M. Savoie: C'est ça. Dans le cas de récidive, c'est
15 %, c'est-à-dire que, la première fois, II y a un avis et
l'avis est valable, je crois, pour une période de 36 mois. Alors, si
vous faites vos versements à temps pendant 36 mois, il n'y a pas de
problème. Si vous faites une erreur, il n'y a pas de problème. On
vous envoie un avis. On vous dit: La prochaine fois, vous allez payer 15 %.
M. Chevrette: Mais vous dites - c'est fort habile de votre part -
que l'amende passe de 10 % à 15 % et vous vous dites qu'elle augmente de
5 %.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: C'est 50 %.
M. Savoie: C'est ça, si vous voulez.
M. Chevrette: Ça fait un 0 de plus à votre 5.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: C'est bien compris.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: Ça rapporte combien, ça? C'est
estimé à combien?
M. Savoie: Ça rapporte 3 900 000 $ à peu
près.
M. Chevrette: L'amende de plus?
M. Savoie: C'est 5 %, oui. Il faut bien comprendre qu'il s'agit
de montants qui sont dus.
M. Chevrette: Qui sont dus. Ça, je le comprends.
M. Savoie: C'est des montants que vous percevez comme mandataire.
C'est des taxes que vous devez au gouvernement.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre me permettrait de lui poser
une question? Dans le cadre d'une récession comme celle qu'on
traverse...
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: ...est-ce que ça représente des
sommes importantes?
M. Savoie: Non. On prévoit que, pour l'année
1992-1993, l'impact est nul.
M. Chevrette: Nul?
M. Savoie: Nul. Aucun impact. Pour 1993-1994, l'impact va
être de 3 900 000 $.
M. Chevrette: Ah, par rapport à l'augmentation.
M. Savoie: Oui. C'est ça.
M. Chevrette: Mais, dans une année comme celle que nous
traversons ou l'année dernière, par rapport aux années
antérieures, dû à la récession, est-ce qu'il y a des
gens qui se sont traîné les pieds plus que d'habitude?
M. Savoie: Oui. Chaque fois qu'on a des faillites... Vous savez
comment ça marche. Il y a beaucoup de commerçants qui ont un
compte spécial pour les taxes ou qui ont, en tout cas, un compte
spécifique pour les fins de remboursement. Ça fonctionne souvent
avec les banques, les caisses populaires. On paie la banque à la fin de
chaque mois. Lorsque ça va mal, évidemment, la tentation est
énorme d'aller chercher cet argent-là et de payer ailleurs. Donc,
ce sont des taxes qu'on prend pour rembourser ses dettes personnelles ou des
dettes de commerce.
M. Chevrette: Les pertes sont évaluées à
combien?
M. Savoie: II faudrait que j'aie le budget, là, les
prévisions de l'année passée avec ce qui est effectivement
entré, mais...
M. Chevrette: Oui, mais un ordre de grandeur. Je ne vous demande
pas...
M. Savoie: À l'oeil, je ne pourrais pas vous le dire avec
certitude. M. Beaulieu m'expliquait qu'effectivement, en période de
récession, les comptes à percevoir peuvent augmenter d'environ
100 000 000 $, 200 000 000 $.
M. Chevrette: C'est des montants d argent à recevoir. Des
pertes aussi?
M. Beaulieu: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. Beaulieu.
M. Beaulieu: ...durant les périodes de récession,
les comptes à recevoir augmentent habituellement de quelque chose entre
200 000 000 $ et 400 000 000 $. C'est de l'argent à recevoir, sauf que,
compte tenu de la récession, il y a une provision pour mauvaises
créances au budget qui, elle, augmente aussi. Donc, c'est là la
perte. Donc, on peut perdre peut-être 40 000 000 $ ou 50 000 000 $, dans
ces périodes de récession là, dans ces comptes à
recevoir là, par des faillites ou ces choses-là.
M. Chevrette: Êtes-vous sur un pied d'égalité
avec les créanciers hypothécaires?
M. Savoie: Dans un cas de faillite, le ministère passe...
D'abord, vous avez les créanciers garantis et, ensuite, les
créanciers ordinaires, ce qu'on appelle les chirographaires. Nous, on se
trouve entre les deux. Alors, le plus souvent, dans une faillite, les
créanciers garantis ramassent tout et...
M. Chevrette: Ramassent tout.
M. Savoie: ...il n'en reste pas pour nous autres. C'est pour
ça qu'on...
M. Chevrette: Alors, c'est ça qui équivaut à
la perte nette de 40 000 000 $,50 000 000 $.
M. Savoie: C'est pour ça qu'on cherche à se
protéger parce que, finalement, ce n'est pas des impôts qui sont
dus. On parle de taxes qui sont perçues et qui sont payables,
alors...
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 15 est adopté.
J'appelle l'article 16.
M. Savoie: À l'article 60 de cette loi, évidemment,
on prévoit qu'un contribuable qui omet de faire une déclaration
ou un rapport prescrit par une loi fiscale ou un règlement ou omet de
fournir le registre mentionné au paragraphe 3 de l'article 34 commet une
infraction et est passible d'une amende minimum de 25 $.
Alors, ce qu'on fait, c'est qu'on fait passer l'amende de 25
$à100 $.
M. Chevrette: Ça, c'est une amende. (20 h 40)
M. Savoie: Oui, c'est une amende, lorsque quelqu'un est
obligé de nous fournir un rapport, de faire une déclaration
fiscale, de faire un rapport prescrit par une loi fiscale, comme à la
fin du mois, quelque chose comme ça, de fournir certains registres. En
vertu de la loi, lorsque vous êtes mandataire, on vous dit: Pas de
problème, vous avez le droit de vendre tel produit, puis de percevoir la
taxe pour nous, mais il faut que vous mainteniez vos registres. Alors,
quelqu'un qui ne maintient pas les registres, à ce moment-là
l'amende était de 25 $, et l'amende était en vigueur
déjà depuis fort longtemps. Alors, on l'augmente à 100
$.
M. Chevrette: Vous l'avez actualisée à la
hausse.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Chevrette: Depuis combien de temps elle était à
25 $?
M. Savoie: Je ne pourrais pas vous dire. Ça fait 20
ans.
Une voix: Depuis 1972. La plupart, c'est 20 ans.
M. Chevrette: Vous n'avez pas été vorace trop,
trop.
M. Savoie: C'est ça. Ce n'est pas une mesure draconienne,
dans le sens que...
M. Chevrette: Ça rapporte combien? M. Savoie: 300
000 $. M. Chevrette: Combien?
M. Savoie: 300 000 $. Mais il faut comprendre que faire ces
constatations-là...
M. Chevrette: C'est suite à des visites que vous constatez
ces faits-là?
M. Savoie: Pardon?
M. Chevrette: C'est suite à des visites ou à des
«spot checks»? Comment vous procédez?
M. Savoie: Non, non. Ça prend une autorisation du tribunal
pour envoyer l'amende. Ça ne se fait pas du simple fait du
ministère. On vous demande de garder le registre. On rentre chez vous,
puis là vous êtes parti sur une «go», on ne trouve pas
les taxes, vous n'avez pas gardé le registre...
M. Chevrette: Oui. Je comprends que, quand vous le constatez,
vous allez vers le tribunal; vous envoyez une sommation de tant. Mais le
contrôle se fait par «spot checks» ou bien...
M. Savoie: Oui, c'est ça. À un moment donné,
on constate...
M. Chevrette: ...si vous décidez que c'est tant cette
année que vous voyez, un peu au hasard, sans les aviser d'avance?
M. Pinsonnault (Jacques): Jacques Pinson-nault. C'est un
contrôle de la délinquance. Lorsqu'un mandataire doit produire ses
rapports mensuels, puis qu'il ne les produit pas, il y a un contrôle qui
se fait. Il y a des demandes ensuite qui sont transmises au mandataire, de
façon justement à l'obliger à remplir ses obligations. On
va jusqu'aux demandes péremptoires et... En tout cas, il y a
différentes mesures. Il y a des pénalités qui sont
Imposées directement par cotisations, à ce moment-là.
M. Chevrette: Vous y allez par le contentieux du
ministère?
M. Pinsonnault: Ça, c'est la dernière étape,
lorsqu'on s'en va au pénal, ce qu'on appelle le pénal. À
ce moment-là, on porte plainte contre le contribuable et on va
réclamer, à ce moment-là, devant le tribunal des
pénalités. Auparavant, c'étaient 25 $ par jour,
pénalité minimale. Alors, il est évident que quelqu'un qui
ne fait pas ses remises de taxes et qui ne produit pas ses rapports alors que
normalement les montants à remettre sont de l'ordre de, je ne sais pas,
50 000 $ par mois, ce n'est pas 25 $ par jour qui va l'arrêter bien, bien
fort.
M. Chevrette: Mais la sommation ou la poursuite pénale que
vous faites, c'est du pénal...
M. Pinsonnault: Oui.
M. Chevrette: ...est à la fois sur le quantum
réclamé et sur le registre?
M. Pinsonnault: Non, non. L'article 60 ne concerne que la
production du rapport. Là, je donnais un exemple, mettons un
contribuable qu'on va poursuivre au pénal, ça va être en
général des gens quand même... Ce n'est pas la personne qui
va nous remettre 15 $ par mois de taxes, ça va être quelqu'un qui
va remettre quand même des montants assez substantiels. Mais c'est loin
d'être tout le monde qu'on poursuit au pénal. En
général, ce sont des récidivistes. La première
étape, généralement, on y va tout simplement par
cotisation. On impose une pénalité. La loi nous donne la
possibilité d'Imposer des pénalités pour quelqu'un qui ne
produit pas ses rapports et, à ce moment-là...
M. Chevrette: Sur le quantum qu'il ne remet pas, il y a toujours
le processus normal de...
M. Pinsonnault: II y a la cotisation des droits, à ce
moment-là. Il nous doit toujours les droits et les intérêts
avec la pénalité, vu que - la pénalité de 59.2
qu'on vient de voir tout à l'heure - il ne les avait pas remis.
M. Chevrette: II peut interjeter appel.
M. Savoie: Oui.
M. Pinsonnault: C'est ça.
M. Savoie: II peut aller en opposition.
M. Chevrette: En opposition, c'est ce que je voulais dire.
M. Savoie: C'est ça. En déposant son 20 $. M.
Chevrette: Ça, c'est resté à 20 $?
M. Savoie: Ça, c'est resté à 20 $.
C'est-à-dire qu'on l'a introduit.
M. Chevrette: O.K.
M. Savoie: On a vu le communiqué de presse et on a senti
que le message n'avait pas passé comme il faut.
M. Chevrette: Le nôtre?
M. Savoie: Non, non, le nôtre.
M. Chevrette: II n'a pas passé?
M. Savoie: Non. On n'avait pas réussi à l'expliquer
suffisamment.
M. Chevrette: Donc, vous allez en émettre un autre?
M. Savoie: C'est-à-dire que les seuls qui ont émis
un communiqué, c'est vous autres.
M. Chevrette: Oui. Je pense que j'ai lu ça. C'est pour
ça que... C'est 100 $ par jour d'infraction.
M. Pinsonnault: Oui.
M. Chevrette: Quelle est la moyenne des délais
d'infraction? En avez-vous?
M. Pinsonnault: Pour une première infraction, ce qui est
demandé à l'heure actuelle, à 25 $ par jour, c'est quatre
jours d'infraction.
M. Chevrette: Quatre jours?
M. Pinsonnault: Oui. Donc, on réclame une amende, à
ce moment-là, de 100 $. Ça, c'est toujours pour une
première infraction. Dans les cas de récidive, c'est du cas par
cas. Ça dépend de la preuve que nous avons, ça
dépend également des procureurs. Si, à un moment
dcnné, au niveau des enquêtes spéciales, on sait que cette
personne-là a quelque chose de particulier, que c'est la
quatrième, cinquième ou sixième fois, puis que les autres
mesures n'ont pas donné de résultat, à ce
moment-là, la deuxième fois, on peut y aller à 10 jours;
la troisième fois, à 20 jours. Mais c'est très rare, je
pense, qu'on va à des délais comme ceux-là. À 20
jours, ça commence à faire pas mal de jours.
M. Chevrette: Par contre, ça tombe sur des personnes en
difficulté. Non?
M. Pinsonnault: Pas toujours.
M. Chevrette: Ou bien c'est de la délinquance pure et
simple.
M. Pinsonnault: Pas toujours. Écoutez, je ne peux pas...
Ce n'est pas moi qui dépose les plaintes ou les demandes, ou les choses,
là.
M. Chevrette: Non, mais, par rapport à l'article 15 ou 14,
tantôt, où on parlait d'individus, quand il y a une
récession, on a tendance à vouloir utiliser cet argent-là
pour ce qu'on appelle boucher un trou. Souvent, on creuse sa tombe chaque fois.
Mais ce n'est pas nécessairement ce type d'individus. C'est ceux qui
sont négligents par rapport aux rapports normaux, ça?
M. Pinsonnault: Disons qu'on peut avoir... M. Chevrette:
Les deux?
M. Pinsonnault: II arrive fréquemment des cas où
les gens font leur rapport, mais ils ne donnent pas de remise ou, encore, ils
donnent des chèques sans provision. Ils font leur rapport; à 60,
c'est des cas de production ou de déclaration de rapport. C'est
uniquement ça.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 16 est adopté.
J'appelle l'article 17.
M. Savoie: L'article 17 prévoit qu'à compter de la
date de la sanction de la loi... C'est ça? Oui, c'est ça.
L'article 61 de la loi prévoit qu'un contribuable qui contrevient
à l'article 20, aux paragraphes 1 ou 2 de l'article 34, aux articles 35
à 35.5, 38, 39 et 43 de cette loi, à l'article 1015 de la Loi sur
les impôts, aux articles 59 et 63 de la Loi sur le régime de
rentes, commet une infraction passible d'une amende minimale de 200 $.
Cet article a été modifié afin d'augmenter le
montant de l'amende minimale à 800 $.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez m'expliquer le fondement
ou me donner un exemple de l'application de cet article?
M. Savoie: Oui. C'est-à-dire que l'article 61, par
exemple, prévoit que «quiconque contrevient à l'article
20» et aux articles que je viens juste de vous énumérer
«commet une infraction et, en outre de toute pénalité
prévue par la présente loi, est passible d'une amende d'au moins
- auparavant, c'était ça - 200 $ et d'au plus 10 000 $ ou
à la fois de cette amende et d'un emprisonnement d'au plus six
mois». Donc, le minimum, c'était 200 $; on passe le minimum de 200
$ à 800 $; le maximum est toujours maintenu à 10 000 $ et le
maximum d'emprisonnement est toujours six mois.
M. Chevrette: Donnez-moi donc la nature de l'infraction.
M. Savoie: c'est la tenue des livres et des registres, encore, et
les retenues à la source, les déductions à la source pour
les employés, les 4 %.
M. Chevrette: Est-ce que c'est une fraude, à ce
moment-là?
M. Savoie: Oui. Ça, c'est de l'argent qui appartient
à tous les contribuables du Québec.
M. Chevrette: Ça, je le comprends. C'était la
nature de la fraude. C'est quelqu'un qui,
délibérément...
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: II faut donc que le ministère prouve que
c'est délibéré.
M. Savoie: C'est ça. Ça ne peut pas être un
accident.
M. Chevrette: Le fardeau de la preuve incombe au
ministère?
Une voix: Oui.
M. Savoie: C'est au ministère. Finalement, on pourrait
croire que l'amende est importante, la hausse de 200 $ à 800 $, sauf
que, quand on constate que le maximum, c'est 10 000 $ et qu'il y a un maximum
d'emprisonnement de six mois, à ce moment-là, on constate que,
finalement, le minimum n'était pas rentable pour nous. Ça nous
coûtait de l'argent, on devait débourser collectivement de
l'argent pour amener quelqu'un en cour. On n'avait pas notre ristourne. Alors,
800 $, ça nous aide à couvrir nos frais. Ça ne les couvre
pas encore, mais ça nous aide à couvrir nos frais.
M. Chevrette: Ça représentait quelle somme,
annuellement, à peu près?
M. Savoie: Annuellement, je ne sais pas, mais les revenus
additionnels qu'on pense que ça pourra apporter, on parle d'un montant
maximum de 300 000 $, là encore. C'est une évaluation
maximum.
M. Chevrette: Ça, ça débouche
régulièrement en cour.
M. Savoie: Oui, ça va nécessairement en cour.
Alors, on parle de la Loi sur le régime de rentes du Québec, des
choses comme ça. C'est quelqu'un qui, là encore...
M. Chevrette: Les cotisations perçues, non
versées.
M. Savoie: C'est ça. C'est quelqu'un, par exemple, qui
garde les déductions à la source sur le salaire d'un
employé, alors qu'il est censé nous les verser. Finalement, il va
chercher dedans. Alors, lorsqu'on l'amène en cour, pour une
première offense, par exemple, le juge va peut-être le condamner
à 500 $, 400 $. On ne couvre pas nos frais là-dedans.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a une possibilité d'entente,
par exemple, dans le cas de maladie, quelqu'un pour qui ça allait mal,
qui a utilisé des sommes?
M. Savoie: Là, ce n'est pas la même chose. M.
Chevrette: Mais ce n'est pas prévu ici. M. Savoie: Non.
M. Chevrette: Mais cette possibilité, si vous
découvrez quelqu'un qui a utilisé les cotisations...
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: ...pour se dépanner ou bien pour ses fins
personnelles, il peut être condamné pour fraude.
M. Pinsonnault: II nous doit l'argent. Ça dépend.
Les questions de fraude, c'est des questions de fait, là.
M. Chevrette: Oui.
(20 h 50)
M. Pinsonnault: II faut regarder l'ensemble de la situation. SI
on nous parle, mettons, d'une personne pour qui c'était vital,
c'était une question de vie ou de mort, il fallait qu'elle paie, je ne
sais pas, moi, des traitements particuliers, puis elle se sert un petit peu,
elle pige dans la cagnotte, devant un tribunal, je vous avoue franchement
que...
M. Chevrette: Non, je sais. Devant le tribunal, j'ai très
bien compris qu'il n'y a rien à faire. J'ai compris ça.
M. Pinsonnault: Mais la personne, le contribuable nous devra
l'argent.
M. Chevrette: J'ai un cas en tête, dans mon comté,
qui est survenu où l'individu n'a aucune capacité, à part
la prison, de rembourser parce qu'il y a eu une question de maladie en cours de
route. Est-ce que, dans un cas spécifique, un cas type, il y a
possibilité de prendre entente devant une volonté
délibérée de payer, mais où, à cause de
circonstances très particulières, l'individu ne pourrait pas?
M. Savoie: Oui. On a fait des vérifications il y a deux
ans, lorsque nous sommes arrivés, pour les notions
d'équité. Par exemple, dans votre cas, si on parle d'une personne
qui a un dossier relativement acceptable, qu'il y a eu quelques retards ici et
là, mais qu'elle a toujours fait ses versements d'une façon
régulière, constante et s'est appliquée, si elle tombe
malade ou une affaire comme ça, automatiquement, il y a des mesures
d'équité qui s'appliquent.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 17 est adopté.
J'appelle l'article 18.
Procédure
M. Savoie: Les autres articles, évidemment, sont des
articles de concordance où on modifie des articles, en faisant
référence aux articles précédents. Alors, l'article
93.13 revient sur les 20 $ pour couvrir les frais. Bon, bien, on change de mot:
le formulaire prescrit. Donc le texte que vous avez, ce qui est foncé,
ce sont les mots que nous avons changés de l'article existant. Avant, on
n'avait pas «du formulaire prescrit»; on avait «de la formule
prescrite».
M. Chevrette: C'est par concordance avec l'article 13
précédemment adopté...
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: ...pour une partie, de 25 $ à 35 $, et
puis...
M. Savoie: Les articles 7, 8, 9 et 10 qu'on a vus.
M. Chevrette: 7, 8,9 et 10, c'est ça.
M. Filion: Les 35 $, c'était combien avant?
M. Chevrette: 20 $.
M. Filion: 20 $?
M. Savoie: 25 $.
M. Chevrette: Oui, 25 $.
M. Filion: 25 $. C'est le ministère de la Justice qui
empoche ça?
M. Savoie: Oui, effectivement.
M. Filion: Vous voyez à peu près, en valeur,
combien d'entrées d'argent additionnelles pour le ministère de la
Justice?
M. Savoie: C'était cette mesure-là...
M. Pinsonnautt: C'est assez difficile à dire, compte tenu
du fait que c'est un dépôt qui est remboursé au
contribuable à la discrétion du tribunal.
M. Filion: Attention! Attention là! Wo! Wo! Wo!
Attention!
M. Savoie: Non, on ne parle pas de ça.
M. Pinsonnautt: Même aux appels sommaires.
M. Savoie: Non. On parle des 25 $, 35 $, les chèques
«NSF».
M. Pinsonnautt: Ah, O.K.
M. Filion: Moi, je parie des 35 $ de frais d'inscription à
la Cour des petites créances. Ce n'est pas les 20 $, ça.
M. Savoie: Ah! Ça, c'est les frais d'inscription...
M. Filion: De quoi on parie, ici? Est-ce que c'est bien
ça, les 35 $, pour l'inscription à la Cour des petites
créances?
M. Savoie: Non, on pensait que vous pariiez des chèques
«NSF».
M. Filion: Je ne pariais pas de ça. Je pariais des 35 $
qui sont ici. Là, vous me pariez des 20 $ qui sont en sus ou qui sont
là-dedans, je ne sais pas là. C'est quoi... Les 20 $ que vous
avez amenés... C'est des nouveaux 20 $ qu'on parie, c'est ça?
Mais les 35 $, ici... Il existait déjà des frais, avant, pour
déposer aux petites créances. Ces frais-là étaient
de 20 $ aussi. C'est ça?
M. Pinsonnautt: Oui, c'était de 20 $.
M. Filion: Bon. Là, il y a eu une augmentation de 15 $ que
vous faites. Pratiquement du double.
M. Savoie: C'est ça. Mais on a également
doublé le montant qui était admissible. On a fait passer le
montant de...
M. Pinsonnautt: C'est rendu à au-delà de 4000 $
maintenant, en droits.
M. Savoie: On a augmenté les...
M. Filion: Oui, en droits. C'était ridicule, la limite que
vous aviez avant.
M. Savoie: Bien oui, c'est ça.
M. Filion: Ça n'avait pas de bon sens. Ça, je le
comprends. Moi, ce que je veux essayer de
voir avec vous autres... L'augmentation presque du double va rapporter
combien de plus à la Justice, en fonction du nombre de dossiers
traités à peu près?
M. Savoie: O.K. Je l'ai ici. Pour les trois mesures ensemble,
ça va rapporter 35 062 $.
M. Filion: Les trois mesures. C'est quoi, les autres?
M. Savoie: C'est les 20 $ à 90 $, les 15 $ à 35 $,
puis les 20 $ à 35 $ pour le dossier pour un appel sommaire en
matière fiscale. Alors, on parle d'une hausse sur une année.
M. Fiiion: Les 15 $ à 90 $, c'est quoi?
M. Savoie: De 20 $ à 90 $, ça, c'est l'augmentation
du tarif par dossier en appel auprès de la Cour du Québec.
M. Filion: O.K. La Cour du Québec est là-dedans.
Ça, c'est les 35 000 $. La Cour du Québec et la Cour des petites
créances...
M. Savoie: C'est ça.
M. Fiiion: ...tout ça mis ensemble, la majoration donne 35
000 $ par année à la Justice?
M. Savoie: C'est ça. C'est toute la province de
Québec. Ce n'est pas une grosse récolte.
M. Filion: Adopté. M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 18 est adopté.
J'appelle l'article 19.
Loi sur le régime de rentes du Québec
Opposition à la cotisation
M. Savoie: C'est encore, évidemment, de la concordance
pour les oppositions. Alors, c'est toujours la même chose, en double
exemplaire, au moyen du formulaire prescrit, au Heu de...
M. Chevrette: Pourquoi c'est 20 $ là et c'est...
M. Filion: Ça, c'est la nouvelle mesure originale du
ministère, la dernière trouvaille de ces gens-là qui vont
chercher un petit 20 $ lorsque tu veux faire réviser ton dossier. Mais
ils viennent de l'élargir à la Régie des rentes avec cet
article-là. Là, vous allez chercher la Régie des rentes.
Ce qu'on avait auparavant, c'était une cotisation au niveau de
l'impôt sur le revenu. Vous allez chercher 20 $ quand on veut s'opposer.
Là, vous allez chercher 20 $ quand c'est au niveau de la Régie
des rentes.
M. Pinsonnault: C'est ça. Là aussi, c'est une
question de cotisation des employeurs et/ou d'un gain des travailleurs
autonomes.
M. Filion: Je comprends.
M. Pinsonnault: Lorsqu'il vient en opposition, c'est
étudié comme n'importe quelle autre cotisation.
M. Filion: C'est ça qui fait au total 95 000 $ de revenus
additionnels que vous avez estimés pour les coffres du
ministère.
Le Président (M. Camden): Pourquoi, M. le ministre,
l'appllquez-vous rétroactivement au 1er mai 1992?
M. Savoie: Pardon?
Le Président (M. Camden): Pourquoi l'appliquez-vous
rétroactivement au 1er mai 1992 et que ce n'est pas au moment de
l'entrée en vigueur de la loi?
M. Savoie: Ah! C'a été annoncé dans le
budget, ça. C'a été annoncé dans le budget par le
ministre des Finances.
Une voix: Ce n'est pas dans le budget. C'est une
déclaration.
Le Président (M. Camden): Adopté?
M. Filion: Ça, c'est sur division, c'est bien certain.
C'est une mesure qui, quant à moi, n'a aucun sens. C'est sur
division.
M. Savoie: Oui, parce que vous n'avez pas compris...
M. Filion: J'ai tout compris.
M. Savoie: ...le mécanisme. Non, vous ne l'avez pas
compris.
M. Filion: O.K.
Une voix: J'aimerais ça que vous me l'expliquiez.
M. Savoie: J'avais hâte que quelqu'un me demande de
l'expliquer. Ce qui se produit, c'est que, chaque année, on a des gens
qui vont en opposition d'une façon automatique. Quand vous allez en
opposition d'une façon automatique, on est obligé, à ce
moment-là, d'ouvrir un dossier et ça reçoit un traitement
à part. Ce que nous voulons, pour bien des gens qui contestent,
finalement, l'avis qu'ils ont reçu, c'est qu'Ds
traitent avec la machine. On ne veut pas qu'ils utilisent les
oppositions. Cs n'est pas nécessaire. Ça nous coûte
très cher, à nous autres, les oppositions: c'est des avocats,
c'est des professionnels, c'est des services, c'est un dossier. Il y a une
approche qui est très particulière. Alors, on pense qu'il y a
à peu près 4500 personnes qui utilisent l'opposition qui n'en ont
pas besoin. On dit: En ouvrant...
M. Chevrette: C'est un ticket orienteur et non pas
modérateur.
M. Savoie: un ticket modérateur... bien, on pourrait
l'appeler orienteur. ce qu'on veut, c'est que, d'une part, ces gens-là
qui... on va avoir un formulaire type qui va faciliter l'accès du
citoyen à la machine, mais on ne veut pas que ce soit utilisé
«at large». ce n'est pas fait pour, par exemple, moi, qui, bon,
reçois un avis de cotisation de 75 $. ce que je dois faire, c'est aller
traiter directement avec l'administration et non pas aller en opposition, ce
qui est beaucoup plus structuré.
M. Filion: Mais les gens le font, de façon
générale. Ils vont traiter avec l'administration.
Le Président (M. Camden): Est-ce que les gens, chez vous,
M. le ministre, sont tous sensibilisés au même niveau? Les gens
sont prêts, bien souvent, à discuter avec eux, mais, parfois, on
se bute à un mur et nous, comme députés qui souhaitons,
qui avons des mandats à l'égard de gens pour discuter, pour
échanger sur de l'information que les gens ont, sur de l'information
qu'ils ont donnée au système, on reçoit des fins de
non-recevoir. Il y a des attitudes de zèle, des attitudes de gens qui
sont tout à fait étroits d'esprit. Ce n'est pas le cas de tout le
monde, chez vous, mais c'est le cas de trop de monde déjà.
Ça amène, évidemment, ces gens-là, qui sont
dépourvus, à se retourner de bord; ifs rédigent un avis
d'opposition et disent: Moi, M. le ministre, je ne suis pas d'accord. Et l'avis
d'opposition, ils signent ça, ils mettent ça dans l'enveloppe et
ils envoient ça. Ça engage des... On comprend très bien
que ce n'est pas un argument, ça, à mettre: Je m'oppose. Je r.e
suis pas d'accord avec la décision qui a été rendue. Mais,
bien souvent, il n'y a pas toujours un accueil, non plus, des plus positifs, de
la part de certaines personnes chez vous, au ministère.
M. Filion: M. le Président, pas bien souvent,
généralement. (21 heures)
M. Savoie: On fait des efforts. Il y a un effort constant
auprès des officiers, des agents du ministère pour justement
maintenir un niveau... Dans le ministère, vous allez constater qu'il y a
des cours de formation constante. On met beaucoup d'emphase sur le respect de
la clientèle, un traitement... Maintenant, il arrive des cas
problèmes et, des fois, effectivement, les esprits s'échauffent
de part et d'autre. Maintenant, au niveau du ministère, je pourrais vous
remettre un document qui a été préparé tout
dernièrement par le ministère qui, justement, dans la formation
des agents, démontre jusqu'à quel point on met de l'emphase sur
le respect de la clientèle, un traitement juste et équitable,
garder son sang-froid.
Le Président (M. Camden): Mais, M. le ministre, il y a,
bien sûr, des récidivistes. On en a, nous aussi, qui sont
portés à notre attention, puis ce sont les gens de chez vous qui,
à un moment donné, nous le disent. Évidemment, on
pondère un peu plus, à ce moment-là. Mais vous en avez,
des récidivistes, aussi dans votre boîte. Vous n'avez pas envie
d'établir, comme on le fait pour les camionneurs et les usagers de la
route, un système de pointage pour ces gens-là qui sont plus ou
moins parlables, les frustrés qui ont 15 ans d'échelon
d'atteints? Ils viennent d'atteindre le plafond, ils sont accotés dans
le plafond, puis là ils sont frustrés, bon, pour toutes sortes de
raisons. Ils pensaient avoir une promotion, ils n'en ont pas, ils sont rendus
à la limite de l'augmentation, de la progression d'échelons. Puis
là... On sent ça. Ce n'est pas propre à chez vous,
ça. Je me rappelle très bien avoir vu ça dans les centres
d'emploi du Canada, c'est fréquent, ça.
M. Savoie: Je pense que vous allez constater que ça se
produit moins souvent chez nous qu'ailleurs.
Le Président (M. Camden): Bien, l'idéal à
atteindre, c'est...
M. Savoie: oui. mais vous allez voir que-peut-être que me
beaulieu aurait quelque chose à souligner sur les efforts que nous
menons auprès de...
M. Beaulieu: M. le Président, ce n'est pas pour prendre en
défense la machine. Effectivement, on peut peut-être trouver des
cas, comme vous le dites, mais on a un processus interne. Il y a
différents niveaux hiérarchiques dans une direction
générale. Prenons à la vérification, si vous avez
à conseiller un individu mécontent, il faudrait qu'il monte
à un niveau plus haut. Ça, c'est la première étape.
Donc, il peut monter progressivement dans l'échelon de la direction
générale. S'il n'est pas satisfait, avant même de... S'il
se sent maltraité, si vous jugez le cas, pour ainsi dire, par rapport
à un comportement, on a aussi notre bureau des plaintes qui a
été développé dans les dernières
années et qui permet à un contribuable de se plaindre d'un
comportement d'un individu chez nous qui n'a pas utilisé les termes
corrects et qui a bardasse peut-être un
contribuable. En règle générale, on peut
régler des cas comme ça par ce véhicule-là.
Le dossier des oppositions, on veut se le garder. Dans le fond, personne
n'est pénalisé, personne n'est privé de ses droits. C'est
un processus qu'on voudrait un peu limiter. On ne veut pas rendre ça
trop facile. Ce n'est pas de rendre ça difficile. C'est juste qu'il y a
des gens, peut-être 5 % ou 10 %, qui font ça machinalement,
s'opposer, mettre un timbre sur une enveloppe, remplir le formulaire, tout
simplement pour prendre une chance comme à une loterie. Ça,
ça alourdit beaucoup les frais de l'administration. On pense qu'on
pourrait peut-être l'orienter vers la direction générale
ou, encore, s'il pense qu'il a été maltraité, vers le
bureau des plaintes, si, effectivement, il veut se plaindre d'un comportement.
Mais s'il a raison, on va lui rembourser ses 20 $. C'est le commentaire que je
voulais faire, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Merci.
M. Savoie: Je peux vous assurer qu'on surveille ça et on
met de la pression.
M. Chevrette: J'aurais peut-être un commentaire
là-dessus, parce que j'en ai eu, dans 16 ans, un joyeux paquet. C'est
vrai qu'il y a une minorité de fonctionnaires chez vous qui ont tendance
à être rakJes. Par contre, il y a une minorité d'individus
qui viennent à nos bureaux ici et qui ne nous donnent pas l'heure juste.
C'est ce qu'il y a de pire, parce que c'est tellement technique. Un
député n'a pas le temps ni l'expertise pour se pencher sur le
dossier fiscal de l'individu. Les premiers temps, tu écris au
présent et, après un certain nombre d'années, tu marques
au conditionnel et tu le fais parler.
M. Pinsonnault: Si vous me permettez, pour ajouter un petit
détail à cet effet-là. Effectivement, les lois fiscales
sont très complexes. Bien souvent, les contribuables vont trouver... Le
coordonnateur aux plaintes, d'ailleurs, trouve des fois qu'au niveau des
oppositions on est raides. Mais, d'un autre côté, on a une loi
à appliquer et on ne peut pas se permettre d'y aller un petit peu
à la va-comme-je-te-pousse, à l'arbitraire. Bon, la figure de M.
Untel ou de Mme Unetelle me revient, ce cas-ci, on va le régler en
douceur; l'autre, ça va être une application très stricte.
On ne peut pas se permettre ça. Il faut que les lois soient
appliquées de façon équitable et uniforme pour l'ensemble
des contribuables.
M. Filion: Vous n'avez pas besoin de 20 $ pour ça.
M. Pinsonnault: Pardon?
M. Filion: Vous n'avez pas besoin de 20 $ pour ça. C'est
à peu près comme mettre une police pour collecter
l'impôt.
M. Pinsonnault: non. excepté qu'il faut comprendre une
chose, c'est que ce sont des professionnels qui s'occupent de ces
dossiers-là. ils sont là pour...
M. Filion: Peu importe que ce soient des professionnels. La
question, ce n'est pas les professionnels. Quand tu as droit à une
révision, tu as droit à une révision.
M. Pinsonnault: Oui.
M. Filion: Que ce soit un professionnel ou un autre, ça,
c'est une question administrative interne.
M. Pinsonnault: Oui, mais...
M. Filion: On ne commencera pas à défaire les
ministères parce que ça coûte trop cher.
M. Pinsonnault: Non, ce n'est pas ça.
M. Filion: II y a un coût à une loi fiscale et il
faut l'assumer aussi, ce coût-là.
M. Pinsonnault: Je suis tout à fait d'accord avec vous.
Mais, d'un autre côté, lorsque ce que recherche le contribuable,
la modification, le changement, il peut l'obtenir plus rapidement et à
meilleur coût, je ne vois pas pourquoi, à ce moment-là, on
ferait exprès de l'embarquer dans une procédure qui est quand
même relativement lourde. Il faut comprendre une chose, c'est que les
oppositions sont là pour vous régler des litiges entre un
contribuable et le ministère.
M. Filion: Voilà.
M. Pinsonnault: C'est ce que j'appellerais, entre guillemets,
là, du précontentieux. Les dossiers sont montés en
conséquence. Les agents d'opposition sont formés en
conséquence, la majorité sont des juristes. Ils font de l'analyse
de preuves, ils écoutent les prétentions du ministère. Ils
écoutent les prétentions, également, du contribuable, ils
regardent la loi, la jurisprudence, la position du ministère et ils
rendent leur décision après.
M. Filion: Si c'est ça, votre philosophie, envoyez-les
carrément à la Justice, sortez-les du ministère.
M. Pinsonnault: Non, parce que là on va tomber avec...
M. Savoie: On ne sortira pas ça du ministère du
Revenu, certain)
M. Pinsonnault: On tombe dans les palais de
justice avec tous les délais que ça peut signifier.
M. Savoie: Le ministère de la Justice n'est pas capable de
faire...
M. Pinsonnault: C'est ça.
M. Filion: Alors, moi, je pense que vous venez tarifer un travail
normal d'exécution de notre système fiscal.
M. Savoie: Le ministère de la Justice n'est pas capable de
faire ce travail-là. C'est un travail du ministère du Revenu et
on le fait comme il se doit. Maintenant, c'est un service qui est gratuit et la
«gratitude» est maintenue pour le citoyen.
M. Filion: Mais pensez-y, là, la personne vient de vous
envoyer 10 000 $...
M. Chevrette: J'ai bien compris que vous vouliez dire
gratuité?
M. Savoie: Oui. Je cherchais le mot
désespérément.
M. Filion: Pensez-y, le citoyen fait sa déclaration
d'impôt, il vous envoie 10 000 $ d'impôt. Vous lui envoyez une
cotisation, la personne dit: Je ne suis pas d'accord avec toi. Alors, elle dit:
Oui, c'est très bien, je fais une opposition. Oui, si tu veux t'opposer,
amène 20 $ parce que c'est ce que ça coûte. Ça n'a
pas de bon sens. Vous aurez beau vouloir...
M. Pinsonnault: Non, mais s'il a raison...
M. Filion: ...me dire que ça a du bon sens, ça n'a
pas de bon sens.
M. Pinsonnault: S'il a raison en totalité, dès
qu'on va modifier la cotisation pour quelque raison que ce soit, les 20 $ lui
seront remboursés. Écoutez, il y a quand même ça, il
ne faut pas oublier ça non plus.
M. Filion: Je te donne 20 $, tu gardes mes 20 $, tu me redonnes
mes 20 $, on suit les 20 $ et enfin!
M. Pinsonnault: Pardon?
M. Filion: Ça demeure une mesure complexe pour l'objectif
que vous recherchez et, moi, je ne comprends pas ça.
M. Chevrette: C'est l'article 19, M. Beau-lieu?
M. Beaulieu: Si vous me permettez, M. le Président. On
remarque des mesures similaires au Bureau de révision de
l'évaluation foncière, à la
Régie du logement. Dans le fond, c'est une mesure qui vient... On
ne veut pas pénaliser les gens, on veut tout simplement ralentir un peu
ceux qui y vont par automatisme. Au plan administratif, ça permet
d'envoyer les gens au bon endroit. C'est uniquement ça, la mesure. Vous
vous apercevez qu'il n'y a pas d'argent là-dedans. C'est un principe
pour ralentir... C'est un processus, les oppositions. Nos délais sont
relativement longs et on veut baisser nos inventaires. On pense que 5 %, 10 %
ou 15 % de la clientèle font ça par automatisme. On veut tout
simplement les inviter à faire autrement, à procéder par
des rencontres avec les directions cotisantes. On fait notre possible.
Évidemment, ce n'est pas parfait, mais...
M. Filion: Sur division. M. Chevrette: Sur division.
Le Président (M. Camden): O.K. L'article 19 est
adopté sur division. Article 20. Combien ça coûte en
moyenne par dossier d'opposition?
Loi sur le remboursement d'impôts fonciers
M. Savoie: C'est énorme. C'est énorme!
Opposition et appel
M. Pinsonnault: Écoutez, on a eu 12 000 dossiers, je dis
bien dossiers d'opposition, l'année dernière. Comme il y a
à peu près deux oppositions par dossier, ça veut dire 24
000 oppositions reçues. Il y a un avis d'opposition par avis de
cotisation. En moyenne, un dossier... Sur l'ensemble des dossiers - il y a eu
12 000 dossiers, il y a à peu près 24 000 cotisations en litige -
il y en a près de 11 000 qui ont été réglés.
Il y a 110 professionnels qui travaillent là-dedans, sans compter le
budget, là.
M. Savoie: Ça coûte les yeux de la tête, on
perd beaucoup d'argent.
M. Pinsonnault: C'est près de 200 personnes,
là.
M. Savoie: Alors, chaque fois que...
M. Filion: Le ministère du Revenu, ce n'est pas une
machine à faire de l'argent, ça, là. Il faut bien se
comprendre. Ce n'est pas une entreprise où tu fabriques des chaussures
et où il faut que tu fasses de l'argent et que tu en vendes le plus
possible. Vous ne marchez pas à la commission, là.
M. Savoie: Non, non. C'est bien évident. C'est une
évidence.
M. Filion: Un instant! La vocation du
ministère du Revenu, ce n'est pas de le rendre d'une façon
telle que les employés vont être super-performants...
M. Savoie: Non. Mais, d'un autre côté, on ne peut
pas encourager, non plus...
M. Filion:... et vont ramener tant d'argent. Il y a une section
à la vérification qui est plus payante; les oppositions et
appels, c'est autre chose, une autre vocation.
M. Savoie: On ne peut pas encourager les gens à utiliser
un service qui ne vise pas, justement, ce dont ils ont besoin et qui nous
coûte les yeux de la tête collectivement. Alors, ici, ce n'est pas
une masse. Tout ce qu'on dit, c'est qu'il y a 20 $ maintenant. On a refait le
formulaire d'opposition, on l'a clarifié, on l'a mis à jour.
Maintenant, on dit: Ça, c'est la grosse machine et ça vise des
cas spécifiques où effectivement le ministère s'est
trompé sur un dossier de fond. Ce n'est pas sur le fait qu'on vous
envoie un avis de cotisation, puis là vous nous envoyez machinalement...
(21 h 10)
M. Filion: Vous savez très bien que vous pourriez vous
organiser à l'intérieur d'une façon différente.
Vous pourriez faire un «screening» à la réception de
l'avis de cotisation et voir rapidement celui qui est systématique et
l'autre...
M. Pinsonnault: M. Filion, ça, c'est impossible.
M. Filion: Bien, voyons!
M. Savoie: Je m'oppose à ça. Ça ne se fera
pas.
M. Filion: Bien, écoutez, ceux qui le font d'une
façon systématique, ils ne disent à peu près rien
dans leur avis d'opposition.
M. Pinsonnault: Non, mais ça, c'est... Beaucoup de
contribuables sont comme ça. On ne peut pas demander... Il faut
comprendre que, aussi bizarre que ça puisse paraître,
malgré la complexité des lois fiscales...
M. Filion: Bizarre, oui, aussi bizarre que ça puisse
paraître.
M. Pinsonnault:... beaucoup de gens remplissent eux-mêmes
les formulaires d'avis d'opposition et les produisent eux-mêmes. Alors,
c'est sûr qu'ils ne mettent pas énormément de
détails.
M. Filion: Dès le moment où c'est
complété d'une façon artisanale, entre guillemets,
ça devrait être examiné immédiatement par une
équipe que vous appelez de soutien.
M. Savoie: Absolument pas. Là-dessus, je vais
m'opposer.
M. Filion: Bien, voyons donc! II faut faire un
«screening», parce que vous êtes en train de diviser la
classe du soutien au ministère, puis celle du professionnalisme dans le
traitement des oppositions.
M. Savoie: Oui. Parce que tu es un citoyen et que tu remplis
toi-même ton formulaire, on va prendre ton formulaire et on va le jeter
dans une autre filière? Jamais de la vie!
M. Filion: Bien, c'est ça que vous êtes en train de
dire avec votre système, vous ne voulez pas l'avoir.
M. Savoie: Non, ce n'est pas ça qu'on a dit. On a dit
exactement le contraire.
M. Filion: Non, vous ne voulez pas l'avoir. Vous mettez 20 $ et
vous dites: Va-t'en ailleurs, on ne veut même pas te traiter, on ne
touchera pas à ça, tu es bien trop petit pour nous autres.
M. Savoie: Ce qu'on fait, c'est qu'on dit: Là, ça
va coûter 20 $ quand tu vas déposer ta demande. Puis, là,
je veux dire, il n'y a pas d'argent dans cette mesure-là. Il n'y a pas
d'argent là. Ça rapporte 93 000 $...
M. Filion: Je sais qu'il n'y a pas d'argent. Mais le
résultat est...
M. Savoie: Alors, tout ce qu'on dit à la personne,
écoutez...
M. Chevrette: Mais, s'il n'a pas d'argent pour le faire
«typer», il a droit quand même au recours.
M. Savoie: II a droit au recours.
M. Chevrette: Sur le principe même, moi,
personnellement...
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: Sur le principe même, II a droit au recours
de l'opposition, quelque citoyen...
M. Savoie: II a droit absolument au recours.
M. Filion: Mais ils lui chargent 20 $ parce qu'il n'a pas
voulu...
M. Chevrette: Non, non. Ça, je le comprends. On peut
être d'accord ou pas d'accord avecles 20 $.
M. Filion: Ça n'a pas de bon sens!
M. Chevrette: Ce n'est pas là-dessus. M. Savoie:
Non.
M. Chevrette: C'est sur le principe de l'opposition. Que ce soit
artisanal ou rempli par un fiscaliste...
M. Filion: II a le droit.
M. Savoie: Ça n'a pas d'importance.
M. Chevrette: ...ou par un comptable, l'individu a le
droit...
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: ...s'il se sent les capacités personnelles,
de rédiger une opposition.
M. Savoie: Absolument.
M. Chevrette: Là-dessus, le principe est sacré.
M. Filion: Voilà!
M. Chevrette: Ça ne doit pas être dans la
filière 13 parce que c'est manuel et que c'est mal écrit.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: C'est ce que je disais. Je disais que, pour corriger
leur problème, au Heu de mettre 20 $, c'était de mettre quelqu'un
à la réception, qui peut rapidement identifier...
M. Savoie: Non, jamais de la vie! M. Filion: Bien, voyons
donc!
M. Savoie: Voir si une personne à la réception peut
décider si toi tu vas en opposition ou pas.
M. Filion: On ferait un test ensemble et vous seriez surpris, M.
le ministre.
M. Savoie: Je ne veux pas de ça, parce que, à un
moment donné, tu peux avoir une personne qui a 15 000 $ de revenus et
qui reçoit un avis de cotisation, puis le ministère s'est
trompé. Cette personne-là qui arrive et qui dit: Là, les
110 $ que vous me chargez, ils sont de trop, je veux qu'elle reçoive le
même traitement que la personne qui arrive et qui a 15 000 000 $.
Même traitement. Par exemple, pour éviter que les gens fassent des
abus, on dit: En même temps, tu vas déposer 20 $.
M. Filion: Vous dites, M. le ministre, que les avis
d'opposition...
M. Savoie: Si tu as gain de cause, on te remet tes 20 $.
M. Filion: Vous dites, M. le ministre, qu'il y a des avis
d'opposition qui sont faits d'une façon systématique. Alors, vous
devez avoir certainement le genre de cotisations... Si c'est
systématique, c'est à peu près quelque chose qui doit se
ressembler d'une façon systématique. C'est quoi qu'ils disent,
les gens?
M. Pinsonnault: Si on commençait à...
M. Savoie: C'est un processus judiciaire, ça, quasi
judiciaire.
M. Filion: Non, non, la question n'est pas sur le
quasi-judiciaire.
M. Pinsonnault: ...sortir tous les sujets qui peuvent venir en
opposition, on en aurait pour un bon petit bout de temps, je peux vous dire
ça. Juste à titre d'exemple, le nombre de cas de sujets
identifiant globalement un sujet d'opposition, je pense qu'on en a près
de 300. Alors, on s'amuse avec ça.
L'idée de base là-dedans, c'est simplement de pouvoir
donner aux contribuables un service plus rapide. C'est-à-dire qu'une
personne est cotisée tel que déclaré, «as is»,
comme on dit souvent; elle s'aperçoit que, oups! elle a oublié
une déduction. Bien souvent, les gens, la première
réaction, c'est: Dépêchons-nous, vite, on n'a rien que 90
jours, sinon, avec le ministère, on ne pourra plus rien faire. Ils font
opposition.
M. Filion: Qu'est-ce qu'il marque?
M. Pinsonnault: Y a-t-il un litige là-dedans?
M. Filion: Qu'est-ce qu'il marque dans son opposition?
M. Pinsonnault: Ah! Il marque simplement: Je ne suis pas d'accord
avec la cotisation. Je voudrais une déduction additionnelle. Ou
même: Je ne suis pas d'accord avec la déduction.
M. Filion: Oui. Mais, dès le moment où on lit
ça... Entre nous deux, là, ça ne prend pas 20 heures pour
régler le dossier, pour le retourner à la
vérification.
M. Pinsonnault: On ne peut pas se permettre...
M. Filion: Tu prends la formule et tu dis: Écoutez,
là, la vérification, vous avez une formule pour vous autres
à traiter.
M. Pinsonnault: Oui, mais, M. Filion. on ne peut pas se
permettre d'écarter un dossier à la simple lecture de l'avis
d'opposition. L'avis
d'opposition, en majorité, dit: Je ne suis pas d'accord, la
cotisation est mal fondée en fait et en droit. Point final. C'est tout
ce qu'on a.
M. Filion: La question, ce n'est pas que vous le discartez, c'est
qu'avant que vous, les professionnels, y touchiez vous pourriez rapidement
faire faire une vérification par la vérification et dire:
Écoute, là, est-ce que tu penses que je peux y toucher sur un
plan juridique? Puis vous auriez éliminé votre problème
pareil.
M. Pinsonnault: C'est justement. À présent, sur les
avis de cotisation comme sur toute la documentation du ministère
concernant les recours des contribuables, les démarches à suivre
à l'égard des cotisations, on leur indique en tout premier lieu
que la première démarche à faire est de contacter la
direction générale qui a émis la cotisation ou encore la
Direction générale des services au public et à
l'entreprise. Si leur problème ne se règle pas à ce
niveau-là, dans ces directions générales, c'est bâti
de façon justement à assurer un traitement de masse rapide et
courtois aux contribuables. Alors, à ce moment-là, quand la
grande majorité des contribuables ont des problèmes, c'est
peut-être une erreur de saisie, à un moment donné.
Quelqu'un, au lieu de pitonner 1000 $, a saisi 100 $. Ça fait une
différence de 900 $ de déduction, ça m'est arrivé.
À ce moment-là, c'est sûr qu'à l'époque je
n'avais pas tellement le choix. J'étais obligé de faire
opposition. Mais je pense que c'est avec le fédéral, par exemple,
ce n'était pas au Québec.
M. Chevrette: C'était sûrement là.
M. Pinsonnault: Ce cas-là, ça se règle
très, très facilement. Au téléphone, à un
moment donné, le technicien qui travaille à la DGSPE ou à
la DGO pitonne à l'écran, il voit immédiatement le dossier
de l'individu. Il voit tout de suite, lui, s'il y a une correction à
faire et il peut la faire immédiatement. Aux oppositions, ce n'est pas
bâti comme ça. On ne peut pas se permettre d'être bâti
comme ça, d'ailleurs. Ce n'est pas notre rôle. Notre rôle,
c'est justement de trancher des litiges entre le contribuable et le
ministère, et des vrais litiges. De sorte que, pour ces cas-là,
si on veut donner aux contribuables un service qui soit rapide et qu'ils
n'aient pas besoin d'attendre des délais, quand même... Parce que
c'est relativement lourd. On essaie d'alléger au maximum, mais, veux
veux pas, il y a des démarches qu'il faut absolument qu'on suive pour
assurer l'équité aux individus.
M. Chevrette: Sur division. M. Filion: Sur division.
Le Président (M. Camden): L'article 20 est adopté
sur division.
M. Filion: Je vous le dis, ça ressemble à votre
police du tabac. C'est de très mauvais augure pour aller chercher ce que
vous voulez faire.
Le Président (M. Camden): J'appelle l'article 21.
M. Savoie: Alors, l'article 21...
M. Chevrette: Est-ce une des trois mesures qui entrent dans la
somme globale que vous aviez tantôt?
M. Savoie: Oui, c'est le même 15 $. Concordance encore.
Une voix: Concordance.
M. Filion: C'est 15 $ et 35 $ sur quoi? Celui-là
s'applique à quoi, 15 $ et 35 $?
M. Savoie: «Prévoit que le greffier de la Cour du
Québec doit, lors de la production d'une requête en appel et du
dépôt des frais, transmettre Immédiatement au ministre deux
exemplaires de la requête.» La modification de cet article est une
mesure de concordance avec la modification apportée à l'article
32 qu'on a vue auparavant.
M. Fiiion: O.K.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Camden): L'article 21 est adopté.
J'appelle l'article 22.
M. Savoie: C'est ça. C'est...
M. Chevrette: Concordance.
M. Savoie: ...de la concordance aussi.
M. Chevrette: O.K.
Le Président (M. Camden): L'article 22 est
adopté?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Camden): J'appelle l'article 23.
M. Savoie: L'article 38 de cette loi est modifié par le
remplacement, dans la première ligne du premier alinéa, du...
M. Filion: Adopté.
M. Chevrette: Concordance.
Le Président (M. Camden): L'article 23 est
adopté. J'appelle l'article 24.
M. Savoie: «La présente loi entre en vigueur le [...
] sauf les articles 14 et 15 qui entreront en vigueur le 1er juillet 1992.
»
M. Chevrette: C'est la date de la sanction. M. Savoie:
C'est ça. M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. Est-ce qu'on
adopte le titre du projet de loi?
M. Filion: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question d'ordre général? Parce que j'ai manqué une
mesure. Tout à l'heure, je n'étais pas là, et j'aurais
voulu la poser. On avait terminé sur l'article 12. 1.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Vous aviez commencé à m'expli-quer la
philosophie du vendeur à commission, et je n'avais pas encore...
J'aurais aimé pouvoir questionner. Une couple de questions sur
ça.
Mme Bleau: M. Filion, si on finissait le projet de loi, on
pourrait aller siéger, nous, puisqu'on l'a déjà vu, s'il
vous plaît?
M. Filion: Je n'ai pas d'objection... Mme Bleau: Bien.
M. Filion:... mais ça m'aurait donné plus
d'informations. Ce n'est pas grave. Je pourrai le demander...
Mme Bleau: Bien, non, vous pourriez le demander après.
M. Filion:... «off the record», de toute
façon. Il n'y a pas de problème. C'est simplement pour...
M. Savoie: On peut rester ici en autant que vous libériez
les autres.
M. Filion: Oui, oui. Allons-y.
Le Président (M. Camden): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. Est-ce que
l'ensemble du projet de loi est adopté?
M. Filion: Sur division.
Le Président (M. Camden): Sur division.
Alors, le projet de loi 26, Loi modifiant diverses dispositions
législatives concernant l'administration des lois fiscales, est donc
adopté.
Sur ce, nous ajournons nos travaux sine die. Je remercie tous les
participants qui ont permis à la commission de remplir son mandat. Je
vous remercie. Ceci met fin à nos travaux.
(Fin de la séance à 21 h 19)