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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Camden): Nous allons débuter nos
travaux. La commission du budget et de l'administration poursuit ses travaux
afin de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 37, Loi concernant la prolongation des conventions collectives et
la rémunération dans le secteur public.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire de la
commission, à nous annoncer.
Le Secrétaire: oui, m. le président. mme loiselle
(saint-henri) remplacera m. forget (prévost), m. williams (nelligan)
remplacera m. le-mieux (vanter).
Le Président (M. Camden): Je vous remercie, M. le
secrétaire. M. le ministre, désirez-vous faire des remarques
préliminaires?
Remarques préliminaires M. Daniel
Johnson
M. Johnson: Non, M. le Président, sinon, pour indiquer que
nous ne faisons ici qu'effectuer le suivi des ententes que nous avons conclues
avec l'ensemble de nos syndiqués des secteurs public et parapublic et
que nous avons l'occasion de voir, dans cette salle, des représentants
de l'Union des municipalités du Québec qui témoignent d'un
Intérêt absolument extraordinaire, pour ne pas dire inattendu,
à l'égard de nos travaux dans ces matières.
J'ai été saisi, il y a quelque temps, d'une demande de
l'UMQ qui désirait s'exprimer à l'occasion de l'étude du
projet de loi 37. J'ai cru que c'était prématuré, M. le
Président, à ce moment-là, quant au fond, notamment parce
que ce n'est pas le forum où on doit discuter d'une loi d'application
municipale comme telle. Je répète que nous sommes en train
d'assurer ici, de façon législative, le suivi d'ententes
négociées avec 400 000 travailleurs du secteur public.
Je ne suis pas le ministre responsable des relations de travail dans le
milieu municipal, parce que je présume que c'est de ça qu'on
voudrait nous parler et non pas du contenu de la loi, mais bien plutôt de
ce qui en serait absent. Je veux bien comprendre - et je le connais -
l'intérêt de l'Union des municipalités du Québec
pour les problèmes de relation de travail, les niveaux des
rémunérations qui sont payées dans les
municipalités du Québec, des pouvoirs additionnels que souhaitent
les municipalités, afin de pouvoir, à la limite,
déterminer elles-mêmes les niveaux des rémunérations
de leurs syndiqués \ sans avoir à négocier avec eux ou, en
l'absence d'entente avec eux. Et je répète qu'il ne
m'appa-raissait pas que c'était le forum, à cette commission
parlementaire ce matin, pour discuter de ces choses-là. À la
limite, on pourrait comprendre si le Parlement était saisi d'une loi
amenée par le ministre des Affaires municipales, qu'on était
à la commission de l'aménagement et des équipements et
qu'on serait, évidemment, en train de traiter des sujets qui
intéressent, au premier chef, les municipalités. Là je
pourrais comprendre leur présence ici ce matin. Je le comprends un peu
moins, mais pour l'instant j'en prends acte, évidemment, de même
que du fait qu'ils ont même cru bon de convoquer les médias.
Le Président (M. Camden): Merci, M. le ministre, de vos
commentaires. Est-ce que la porte-parole, Mme la députée de
Taillon, vous avez des remarques préliminaires à formuler aux
membres de la commission?
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Oui, M. le Président, si vous le permettez. Je
vais d'abord revenir un petit peu sur l'objet du projet de loi qui est devant
nous et dont nous commençons l'étude article par article ce matin
et j'aborderai aussi cette demande qui a été
présentée, si je ne m'abuse, au Secrétariat des
commissions parlementaires par l'Union des municipalités du
Québec afin qu'elle soit, que cette Union soit entendue. Alors, je
terminerai mon intervention sur cette question-là, M. le
Président. bon, alors, on va revenir d'abord au projet de loi 37 dont
l'objet, évidemment, est de permettre aux organismes publics et aux
associations de salariés de convenir de la prolongation des conventions
collectives qui sont actuellement en vigueur. et, dans le cas où il n'y
aurait pas entente, le projet de loi, on le sait, impose la prolongation d'une
année des conventions collectives. alors, le projet de loi
prévoit qu'à compter du 1er juillet prochain et ce, jusqu'au 31
mars 1993, les salaires ne pourront être augmentés de plus de 3 %
et d'un autre 1 % pour la période du 1er avril 1993 au 30 juin 1993. (10
h 20)
Alors, je rappelais, au moment de mon intervention à
l'Assemblée nationale, le fait que le président du Conseil du
trésor et responsable des négociations dans les secteurs public
et parapublic au nom du gouvernement, avait eu la bonne idée d'annoncer,
un 14 février, jour de la Saint-Valentin, aux syndiqués qu'il
remettait en question la parole donnée et, plus que la parole
donnée, la signature apposée au bas d'un docu-
ment.
Et malgré qu'il ait manifesté un désaccord avec mon
point de vue, je le répète ici aux fins des travaux de notre
commission, lorsqu'il a déposé le livre des crédits, enfin
lorsque le ministre des Finances - parce que je crois que c'est le ministre des
Finances qui dépose le livre des crédits - a déposé
le livre des crédits, on y a retrouvé les économies que
prévoyait... On me dit que non, c'est le président du Conseil du
trésor qui le dépose. D'accord. Alors, on prévoyait
à ce moment-là faire une économie importante par la
révision, justement, de cette entente signée avec les
travailleuses et les travailleurs des secteurs public et parapublic, et on
anticipait cène économie-là au livre des crédits.
Et je ne peux accepter que l'on procède ainsi. Je peux comprendre que le
ministre nous dise: Oui, mais j'étais en train de renégocier, de
rediscuter. Cependant, quand une entreprise, quand une société,
quand une organisation présente son bilan, présente son projet de
dépenses, et prenons un exemple dans le monde communautaire où on
demande souvent à des petits organismes qui ont peu de moyens de nous
présenter, et c'est normal parce qu'ils utilisent des fonds publics sous
une forme subventionnais, on demande à ces petits organismes de nous
présenter leur budget. Et là, tout d'un coup, ils feraient
apparaître leur budget de dépenses et de revenus, tout d'un coup
ils feraient apparaître dans leur budget: Nous avons signé une
entente avec un fournisseur, nous avons signé une entente avec nos
travailleurs, mais nous remettons en question cette entente et nous
présumons que nous arriverons avec un budget équilibré.
J'imagine que n'Importe quel ministère, n'importe quel analyste dans un
ministère dirait: Bien voyons, renégociez ça,
réglez ça et après ça présentez-nous votre
budget, sinon tenez compte dans votre budget des engagements que vous avez
pris, parce qu'on devient incapable de procéder à une analyse
juste en tenant compte de la véritable situation du gouvernement.
Or, c'est exactement ce que le président du Conseil du
trésor a fait, M. le Président, en présumant que la
demande de réouverture pouvait être acceptée, et en en
tenant compte préalablement dans son dépôt de
crédits, ce qui, à mon point de vue est carrément
inacceptable selon les bonnes règles comptables pour lesquelles on
devrait s'attendre à un certain respect de la part du gouvernement. Et
d'ailleurs la preuve en est qu'il n'a pas pu arriver à l'objectif qu'il
s'était fixé d'aller récupérer ces 300 000 000 $
à ce moment-là dont on parlait, ce qui fait qu'au discours sur le
budget le ministre des Finances, lui, est venu recorriger pour faire en sorte
qu'on tienne compte de l'entente qui était intervenue, mais qui
était d'un ordre différent de celle qu'avait
présumé atteindre le président du Conseil du
trésor. Et malgré ses remarques au moment de l'étude du
principe du projet de loi à l'Assemblée nationale, malgré
sa réplique, je continue d'être en désaccord, M. le
Président, avec une telle attitude et avec une telle approche et je veux
le marquer ici, le faire valoir ici devant cette commission.
Deuxièmement, j'avais soulevé au moment de mon
intervention à l'Assemblée nationale le fait que le ministre
avait pris un engagement. Dans le cadre du renouvellement, de la rediscussion
de cette entente, le ministre s'est engagé, j'imagine au nom de son
gouvernement bien sûr, à accepter une commission d'enquête -
n'utilisons pas commission d'enquête parce que c'est justement sur
ça que je veux faire porter ma question -s'est engagé à ce
qu'on étudie les questions fiscales au Québec. On sait que c'est
une demande qui est présentée par les représentants du
monde syndical, mais aussi par les représentants du monde patronal, avec
probablement des attentes et des perceptions, des questionnements un peu
différents, mais il reste que cette demande fait à peu
près l'unanimité actuellement chez l'ensemble de nos partenaires
socio-économiques. Et le ministre nous a dit, ou a dit à ses
partenaires, qu'effectivement, il acceptait de recevoir positivement cette
demande. Cependant il ne m'a pas donné de réponse sur la
façon dont il avait l'intention de tenir cet engagement,
d'opératio-naliser cet engagement. Alors, je pense que comme ça
faisait partie de l'entente globale, si vous me passez l'expression, entre
guillemets, du «deal», j'aimerais bien pouvoir comprendre comment
le ministre veut aborder ces questions-là, quel est le véhicule
qu'il choisira pour le faire, quand le fera-t-il, quand son gouvernement le
fera-t-il, pendant combien de temps a-t-il l'intention d'avoir des
échanges, des débats ou des discussions avec, j'imagine,
l'ensemble de la population québécoise parce qu'à ce
moment-là ce serait un débat très largement public? Alors,
j'aimerais entendre le ministre sur ces questions-là parce qu'il n'est
pas revenu, dans son droit de réplique, pour me préciser ce qu'il
avait l'intention de faire à cet égard.
Troisième élément. Le ministre a mentionné,
dans sa réplique, toujours dans le cadre de l'étude du principe
du projet de loi 37, le ministre a mentionné dans sa réplique que
l'entente ne serait pas imposée parce qu'on sait que la loi
prévoit que, s'il n'y a pas entente avec toutes les personnes
concernées, on impose les conditions de travail. Et le ministre a
mentionné le fait qu'il y avait à peine une vingtaine de
personnes qui étaient concernées. Évidemment en me
précisant bien, selon l'information qu'il avait à ce
moment-là... J'aimerais juste me faire reconfirmer que c'est bien cela
dont il s'agissait, je pourrais retrouver sûrement, dans la
réplique du ministre de la semaine dernière où il
mentionnait, je pense, que c'étaient des perfusionnistes qui
étaient exclus du projet d'entente, mais que les autres travail-
leuses et travailleurs avaient, eux, par contre été
d'accord avec le projet qui avait été déposé.
Alors, je pourrai retrouver la référence tout à l'heure.
Je voudrais juste me le faire confirmer. Je n'ai pas d'information à
l'effet qu'il en serait autrement, que les informations seraient
différentes. Mais comme le ministre a certainement eu le temps de
consulter ses collaborateurs, II pourra sûrement compléter cette
réponse ce matin, si elle devait être différente,
évidemment, de ce qu'il m'avait apporté.
Le quatrième élément. L'entente avec la CEQ.
L'entente avec la CEQ est peut-être du même ordre un peu que toute
cette discussion autour de la fiscalité. L'entente avec la CEQ
prévoit des éléments différents ou des
éléments qu'on ne retrouve pas pour ce qui concerne les autres
salariés. Si on pense aux questions d'équité en emploi, si
on pense aux droits de regard sur une somme qui serait affectée à
l'amélioration de la réussite scolaire et l'obligation qui est
faite de tenir une liste de rappel pour les employeurs. Je ne parle pas des
conditions salariales, on s'entend, qui sont les mêmes, à ce que
je sache et si j'ai bien compris, que ce qui va concerner les autres
travailleuses et travailleurs.
Alors, j'aimerais ça que le ministre soit un petit peu plus
précis sur ce que ça signifie ces ententes particulières
avec la CEQ. Est-ce qu'il y a des possibilités de contrôler ces
ententes et quels sont les mécanismes pour voir si ça
s'appliquera? Parce qu'on sort, évidemment, du champ strict de la
relation de travail. Je suis bien consciente de ça. De la même
façon, pour ce qui est de la fiscalité. Mais il reste que
ça fait partie de la discussion qu'a eue le ministre avec les
représentants du monde syndical. À cet égard-là, je
pense que ce serait pertinent, pour les fins de nos travaux, qu'on sache
à quoi s'est engagé le gouvernement au-delà de la question
salariale très stricte. (10 h 30)
Enfin, M. le Président, j'aimerais terminer mon intervention avec
une motion que je voudrais préalablement expliquer. Nous avons devant
nous une loi qui concerne la prolongation des conventions collectives et la
rémunération dans le secteur public. On sait que, depuis un bon
moment, les municipalités du Québec, par l'intermédiaire
de leur Union, présentent certaines demandes au gouvernement pour voir
à être Inclus, ou à avoir, je dirais, des outils ou des
moyens comparables à ceux qu'a le gouvernement pour se permettre, s'il y
a blocage, s'il y a difficulté, s'il y a mauvaise conjoncture, comme l'a
évoqué le ministre, pour se permettre de pouvoir intervenir d'une
façon, je dirais, un petit peu plus systématique et avec des
clauses qu'il viendrait, j'imagine, à imposer. J'aimerais bien poser la
question, justement, à l'Union des municipalités du Québec
pour qu'on nous dise exactement de quoi il retourne et ce qui est
souhaité réellement.
Donc, à cet égard, l'Union s'est adressée au
Secrétariat des commissions parlementaires, par une demande officielle
faite la semaine dernière, pour que des représentants de l'Union
puissent être entendus par notre commission, M. le Président,
relativement au projet de loi 37. Il est évident, je pense, que c'est
tout à fait le forum, pour le faire, et le projet de loi qui est devant
nous aborde essentiellement ces questions. Sauf qu'il l'aborde dans le cadre
des responsabilités du gouvernement à l'égard de ses
travailleuses et de ses travailleurs. Ce que l'Union dit c'est: Voilà
les mécanismes que vous utilisez, pouvons-nous émettre notre
point de vue sur le fait que nous souhaitons nous aussi avoir des
mécanismes et nous croyons que le projet de loi qui est devant nous est
un bon canal pour nous permettre de nous faire entendre. Et la demande, elle
est très brève, elle n'est pas compliquée...
Le Président (M. Camden): Excusez-moi, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Oui.
Le Président (M. Camden): Avant que vous ne fassiez...
Parce que je crois que vous allez faire une motion.
Mme Marois: Oui, je voudrais faire une motion, M. le
Président.
Le Président (M. Camden): Alors, peut-être avant
qu'il y ait motion de votre part, est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires de la part des membres de cette commission, avant qu'on ne
puisse, en vertu de nos règlements, prendre l'accueil de votre...
Une voix: Le ministre a le droit de réplique.
Le Président (M. Camden): Pas de réplique.
Une voix: Pas de réplique sur...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Est-ce que vous avez fini, Mme la
députée?
Le Président (M. Camden): Remarques
préliminaires.
Mme Marois: J'ai terminé pour ce qui est de mes remarques
préliminaires. J'ai une motion que je voudrais pouvoir
présenter.
Le Président (M. Camden): On nous a indiqué qu'il y
aurait motion.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Fort brièvement, M. le Président, je
voudrais tout simplement mentionner que le projet de loi 37 qu'on va
étudier marque une longue transformation dans la pensée, dans la
façon de comprendre et de faire les négociations dans les
secteurs public et parapublic. Il serait sain que les membres de cette
commission se rappellent que de 1967 à 1985 exclusivement, le
«pattern» des rondes de négociations a été le
suivant. Une fois soldé par un règlement, une fois soldé
par un décret: règlement décret, règlement
décret, jusqu'en 1985. On pourrait dire 1985 inclusivement. Dans le
fond, Je disais exclusivement tout à l'heure, mais ça devrait
être inclusivement, parce qu'en 1985, il y a eu une entente. Or,
ça allait dans le même rythme, le même sens, la même
cadence, le même rituel que ce qu'on avait connu depuis 1967. Ce qu'il a
de frappant, et je ne m'attendais évidemment pas que dans le monde
merveilleux de nos traditions parlementaires que l'Opposition fasse au
gouvernement la fleur de le féliciter d'avoir, pour une quatrième
fois de suite, rencontré ses syndicats et fait une entente avec la
majorité d'entre eux, la très grande majorité d'entre eux,
pour réaliser, non seulement la paix sociale que tous recherchent, mais
aussi s'assurer d'une organisation efficace au niveau de la fonction publique,
donc des services mieux adaptés, plus professionnels, sans perte de
jours pour des raisons du type de relations de travail, donc de grève,
de ralentissement, etc.
Sans ces problèmes-là, nous avons, pour la
quatrième fois de suite, nous sommes arrivés à une entente
et dans des circonstances, M. le Président, il faut le rappeler qui
étaient loin d'être faciles, probablement les plus difficiles
depuis, je dirais, l'an dernier. Lorsque l'an dernier le gouvernement et le
président du Conseil du trésor se sont entendus avec les
syndicats pour régler, par le biais d'un gel - ça ne
s'était jamais vu - un gel sur la masse salariale des employés de
l'État entre janvier et juillet, redemander à réouvrir
cette négociation-là dans l'objectif de la prolonger,
c'était assez hardi, admettons-le. Non seulement après il y a eu
des modifications aux offres dont parlait Mme la députée de
Taillon qui nous parlait des offres du 14 février. Mais que
l'évolution de ces offres ait fait en sorte qu'il y ait eu une entente,
démontre, à mon avis clairement, que de part et d'autre -
puisqu'il s'agit d'une entente - tant du côté gouvernemental que
du côté des employés, on a réalisé
différents problèmes, on a réalisé, entre autres,
qu'il y avait une situation financière difficile. Et comme l'avaient
promis les employés, l'an dernier, de participer à aider à
faire en sorte que le problème financier diminue, ils ont tenu parole en
reprenant les négociations cette année et en faisant en sorte de
faire une entente.
Étant du côté gouvernemental, on ne peut pas faire
autrement que de réaliser une volonté que je n'ai jamais vue
ailleurs, peu importe les partis qui ont été au pouvoir depuis
1967. Il y a une volonté de négocier pour arriver à un
règlement sans laisser ses culottes sur la table, c'est le moins qu'on
puisse dire. Puis sans non plus être partis au bout d'un mois, deux mois,
trois mois de négociation avec une idée fixe de
décréter. Au contraire, on a, je pense, du côté du
gouvernement, chassé l'idée qui vient rapidement, en temps de
négociation, celle d'organiser un «pattern» de décret
en se disant, un beau matin: II faut que ça finisse puis advienne que
pourra, on décrétera. Je pense qu'il faut réaliser que non
seulement ça n'a pas été l'objectif, mais ça a
été un objectif... ça a été combattu, comme
objectif, de la part du gouvernement et je pense qu'il faut l'en
féliciter. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui souhaitent faire des remarques
préliminaires?
M. Johnson: La députée de Taillon...
Le Président (M. Camden): S'il y a consentement, M. le
ministre, on pourra accueillir vos commentaires.
M. Johnson: La députée me demandait quelques
questions.
Mme Marois: Oui, c'est ça. J'étais un peu
étonnée que le ministre ne réponde pas. Alors, si...
M. Johnson: J'étais étonné que le
Président ne veuille pas me laisser répondre.
Le Président (M. Camden): Je comprends donc qu'il y a
consentement.
M. Johnson: C'est ça.
Le Président (M. Camden): Parce qu'en vertu de notre
règlement, ce n'est pas le cas.
M. Johnson: Effectivement, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Alors, moyennant consentement,
c'est... vous êtes autorisé tout à fait.
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson: Avec un consentement, on peut tout faire, y compris
écouter des gens qui veulent s'adresser à la commission. La
députée, en commission parlementaire, n'a pas pu éviter de
reprendre les discours qu'on a faits à l'Assemblée en adoption du
principe de la loi. Je croyais qu'on avancerait, je croyais bien que
j'avais répondu déjà à certaines de ces
questions-là. Lorsqu'on dépose les crédits, on
reflète dans les crédits ce que le gouvernement, pouvant
ultimement s'appuyer sur l'Assemblée souveraine où le
gouvernement détient une majorité ministérielle,
évidemment, par définition, on reflète l'état des
discussions avec nos partenaires. C'est toujours ça qui a
été fait. On ne peut pas faire autre chose, on ne peut pas offrir
un gel salarial à nos employés puis déposer, quelques
semaines après, des documents qui font comme si on n'avait pas
demandé un gel salarial. On doit refléter l'objectif poursuivi.
Et après ça, on est obligés de faire les ajustements,
évidemment, dans la législation, dans les budgets, dans les
crédits qui assurent le suivi - c'est comme ça que j'ai
commencé mon intervention, tout à l'heure - qui assurent te suivi
à l'égard des ententes telles qu'on les a conclues. Il n'y a rien
d'extraordinaire là-dedans. Je veux rassurer la députée,
ça fait deux, trois fois qu'elle le dit, elle ne manque pas une chance.
Elle va le dire en troisième lecture, je suis convaincu, en prise en
considération du rapport, que les crédits ne reflétaient
pas, lors du 14 février, c'est vrai. Puis c'est comme ça que les
crédits, dis-je, présumaient, pardon, présumaient que lors
du 14 février, ils seraient acceptés. Que le gouvernement, donc,
est en train de démontrer son intention de déchirer sa signature.
On est à un pas, là, à peine franchi, presque franchi,
c'est-à-dire, que la députée évoquait dans ses
commentaires. Si le 14 février, on a offert quelque chose,
immédiatement, comme gouvernement, on doit présumer qu'il y aura
une suite logique, financière à ça et on en tient compte.
Et on ajuste un peu plus tard nos relations financières avec nos
employés et les crédits sont ajustés en
conséquence. Si ça se termine d'une façon qu'on
connaît, ça se termine de la façon qu'on connaît et
le budget du gouvernement doit en tenir compte. Et on doit inscrire, à
ce moment-là, ce qu'on entend payer, évidemment, au titre des
salaires dans le secteur public. Une décision gouvernementale, ce n'est
pas un ministère, quelque part, en faisant ses crédits, qui est
en train de prétendre qu'il ne paiera pas les gens qui lui vendent des
crayons, qu'il va les payer moins cher. On ne parte pas de ça,
là. On parle du rôle fondamental du gouvernement de s'assurer
qu'on a les moyens de payer la rémunération à un niveau et
il est parfaitement légitime, pour un gouvernement, de faire des offres,
de tenter de convaincre ses partenaires que c'est ça qui est
intéressant et donc, de refléter ces offres-là dans tes
documents officiels. (10 h 40)
C'est ce qui arrive de tout temps, c'est ce qu'on voit dans les
différents rapports financiers trimestriels, les synthèses des
opérations financières à tous les trimestres
reflètent des décisions gouvernementales, reflètent par
exemple... Je le rappelle à la députée, il y a une couple
d'années, reflètent une décision du gouvernement de se
livrer à certaines compressions budgétaires avant le 31 mars pour
que les objectifs financiers soient atteints. Ça, c'est dans la
synthèse du 31 décembre. Alors, on dit à la fin de
l'année ça va finir comme ça parce qu'on a pris la
décision de comprimer davantage. Il ne faut pas faire semblant. On ne
peut pas publier des chiffres qui n'ont aucun rapport avec ce qu'on a dit qu'on
ferait. Ça m'apparaît, enfin, un drôle d'argument là
de la part de la députée. Ce n'est pas la première fois
qu'elle le fait valoir.
L'autre question importante visait le Forum sur la fiscalité. Je
voudrais juste rappeler là que je n'étais pas en demande
là-dessus. On se comprend.
Mme Marois: Sauf que ça aide à ce que la
demande...
M. Johnson: À savoir...
Mme Marois: ...à ce que votre demande passe.
M. Johnson: ...oui, oui, absolument. Alors, à savoir
comment j'envisage de mon côté, ou au nom du gouvernement, un tel
forum, une telle enquête, une telle commission, ça va demander des
discussions un peu plus avancées avec nos partenaires syndicaux, qui ne
nous en ont jamais reparlé depuis. Tout le monde à d'autres chats
à fouetter, de toute évidence. Mais, l'engagement gouvernemental
a été pris de façon très solennelle, devant toutes
les instances syndicales qu'on a rencontrées évidemment il y a
quelques semaines, lorsqu'on a réglé. Et, moi, ce que j'en disais
c'est que ça devait être un forum où, de façon
solennelle, publique, organisée, détaillée, on pourrait
parler de fiscalité et de dépenses publiques.
J'ai vu un président d'une centrale syndicale qui a annonce qu'en
conséquence il y avait une gigantesque commission itinérante,
à la Bélanger-Campeau, pour traiter de fiscalité. Disons
qu'on n'a pas parlé de ça. Ce que j'ai dit, l'engagement que j'ai
formulé là, je l'ai formulé dans les termes que je viens
d'employer, et c'est comme ça que ça été
accepté et c'est pour ça qu'on a convenu d'une prolongation de
convention collective.
Alors, disons pour les modalités on pourra voir plus
aisément, mais a contrario là, par opposition autrement dit
à ce que j'entendais d'un président de centrale déclarer,
ça ne m'apparaît pas devoir être une commission
Bélanger-Campeau itinérante qui aurait caractère de
commission royale d'enquête. Ça m'apparaît un peu lourd, un
peu coûteux tout ça. Il faut trouver un forum où les
parlementaires seront majoritaires, ça m'apparaît important,
où on pourra, de part et d'autre, s'inspirer de recherches, de
données qui pourraient alimenter notre
réflexion, où on pourrait faire comparaître des
gens, on pourrait inviter des gens à venir nous donner leur point de
vue.
Ça me fait penser un peu, M. le Président, au
modèle qu'on avait emprunté lorsqu'il y a eu des discussions
préalables à l'Accord de libre-échange. Je me souviens, au
salon rouge, de façon assez solennelle, les parlementaires
s'étaient réunis, on avait des adjoints qui n'étaient pas
des élus. Alors, on a fait comparaître des experts qui
étaient là de façon, pas permanente, mais, ma foi assez
durable dans certains cas. Et, ça avait permis d'apporter passablement
d'éclairage à tout ce débat-là. Ce qu'il n'y avait
pas, évidemment, à l'époque, de mémoire
c'était un rapport circonstancié sur tout ça. Ça
avait permis de débattre de ces choses-là de façon
très publique, il y avait même la télévision, autant
que je puisse me souvenir. Alors, moi, je songeais plutôt à
quelque chose de cette envergure-là, qui est très public,
très solennel et qui permet d'aller au fond des choses.
Avec quels groupes, troisième question, avons-nous encore failli
de nous entendre? J'évoquais en discours d'adoption du principe, je
parlais des perfusionnistes, une vingtaine de personnes, là je vais
corriger, on va aller dans le détail-là. Je dirais que de
l'ensemble du secteur public, seuls les perfusionnistes ont été
très négatifs lorsqu'on a mis de l'avant l'entente conclue avec
les cinq centrales syndicales et ensuite avec la CEQ. Alors, ce sont des gens
avec qui on n'était pas en direct aux tables, évidemment,
là. Il y a différents groupes qui sont comme ça, par
exemple, les ingénieurs. Les ingénieurs ne sont pas, ne font pas
partie des six grandes centrales. Alors, on doit en traiter
séparément avec eux. Alors, les ingénieurs, je suis
très, très positif sur nos chances de nous entendre. Alors, tout
ce qui restait, en bout de ligne, si on gradue ça là du plus
positif au plus négatif, le plus négatif c'était les
perfusionnistes. Mais, je n'ai pas abandonné aucunement toutes nos
chances de nous entendre, de conclure une entente donc avec ce groupe, comme
avec pratiquement tous les autres.
Alors, ça continue, ça continue. Je ne prétends pas
que tout le monde a tout paraphé, à l'heure où on se
parle, mais, pour reprendre mon expression de tout à l'heure, ça
regarde bien.
Une dernière question. CEQ. La CEQ a conclu une entente
séparée à l'égard de certaines dimensions, pas sur
le salarial pour un an, chose certaine, alors, ça, c'est la même
chose, mais la convention est prolongée de deux ans plutôt que
d'une année, avec réouverture, évidemment, au titre
salarial au bout d'un an. Ça, c'est le point important. Ça,
ça visait, du côté de la CEQ, à s'assurer qu'on
pourrait discuter de choses qui la préoccupait particulièrement
et qui n'avaient pas d'influence sur les autres.
La députée évoque des espèces de listes de
rappel pour les emplois précaires chez les enseignants, ça ne
dérange personne d'autre. Ça, ça ne s'applique vraiment
à personne d'autre. Régler le problème de la
classification des professionnels non-enseignants, au titre de
l'équité salariale et des relativités salariales, surtout,
certains allégements de tâches, au titre des groupes qu'on
constitue avec des enfants en difficulté de comportement et qui ont des
handicaps, difficulté d'apprentissage, etc., ça ne s'applique pas
nulle part, non plus.
Alors, à ce titre-là, je suis bien heureux d'avoir pu
conclure une entente qui prolongeait de deux ans cette convention avec la CEQ
et ses membres parce que ça nous amenait à discuter de choses qui
les concernent spécifiquement, par ailleurs, pour une longue
période.
Je ne sais pas, j'essaie de vérifier si on peut distribuer ce
document. Il y a un projet de document, un projet d'entente, dans le fond, qui
correspond, à l'égard de la CEQ, à ce qu'on a
paraphé, par ailleurs, avec tous les autres, une entente sur la
prolongation, etc. On voit que c'est paraphé par toutes les instances
syndicales. Ça ne l'est pas encore avec la CEQ. Ça, c'est le
texte sur lequel nos collaborateurs, de part et d'autre, se penchent. Je peux
passer à travers les têtes de chapitre, si ça
intéresse les membres de la commission, évidemment. Alors, il
s'agit de...
Alors, en feuilletant, évidemment, et on me le souligne, je
m'aperçois que c'est incomplet à l'égard des questions que
la députée me posait, dans la mesure où, ici, on dispose
essentiellement du salarial, des régimes de retraite, des
restructurations d'échelons et d'échelles, etc., les dispositions
dites normatives, celles que j'évoquais, faisant l'échange au
niveau des partenaires de l'Éducation, en commission scolaire, par
exemple, son partenaire des travailleurs à ce niveau-là et qu'il
faudrait probablement retourner vers...
Alors, il faudrait prévoir, pour une réponse pleine et
entière, avoir en main des textes qui sont échangés
actuellement entre le comité patronal, du côté de
l'Éducation et, évidemment, leurs partenaires syndicaux, ce qu'on
n'a pas. Évidemment, ce que j'ai en main, avec raison, c'est ce qui
concerne le Conseil du trésor. Alors, ça, on pourrait...
Mme Marois: M. le Président, est-ce que ce serait
possible, j'imagine, d'avoir, cependant, ces documents, de la part du
gouvernement, qui concerneraient ces ententes qui sont autres que
salariales?
M. Johnson: Oui, d'accord.
Mme Marois: Ça va?
(10 h 50)
M. Johnson: Dès que ce sera paraphé, on pourra en
faire état.
Mme Marois: Parfait. Ça va. M. le Prési-
dent, je pense que ça répond.
Le Président (M. Camden): Nous sommes prêts à
accueillir votre motion.
Mme Marois: Oui, ça répond aux questions que
j'avais soulevées généralement. Évidemment, je
dirais, ça nuance un petit peu pour ce qui est de dire: On s'est entendu
ou non. Parce que, moi, j'avais compris quand on a eu le débat...
M. Johnson: Qu'on avait paraphé avec tout le monde, sauf
les perfusionnlstes.
Mme Marois: C'est ça, mais je pense que c'est
différent. Dans le fond, il y a encore...
M. Johnson: On a des accords de principe avec pratiquement tout
le monde. C'était, à l'origine, comme je vous le dis, sur le
spectre...
Mme Marois: Un continuum, oui.
M. Johnson: ...oui, plus négatif chez les perfusionnistes
que ça ne l'est aujourd'hui. Comme je le disais, là, je
n'abandonne pas l'espoir de m'entendre avec le groupe qui est toujours le plus
négatif.
Mme Marois: D'accord, parce que, évidemment, ma
préoccupation étant qu'on impose au moins de monde possible.
M. Johnson: C'est ça. Moi aussi.
Motion proposant d'entendre l'Union des
municipalités du Québec
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Alors, M. le Président, je vais revenir
maintenant avec la motion que j'avais déjà annoncée. Je me
rends compte que le temps file et que si on peut recevoir cette motion,
j'aimerais qu'on l'applique rapidement. Alors, je vais l'expliquer après
l'avoir présentée. «Que conformément aux
dispositions de l'article 244 de nos règles de procédure, la
commission du budget et de l'administration tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 37, Loi concernant la
prolongation des conventions collectives et la rémunération dans
le secteur public, des consultations particulières et qu'à cette
fin, elle entende l'Union des municipalités du Québec».
Voilà!
Le Président (M. Camden): Au premier coup d'oeil, votre
motion paraît recevable dans sa forme.
M. Chagnon: Est-ce qu'elle répond à l'article 170
de notre règlement, M. le Président?
Le Président (M. Camden): C'est ça.
Mme Marois: Est-ce que je peux la motiver auparavant?
M. Chagnon: On va voir si elle est recevable.
Le Président (M. Camden): L'article 170 nous indique:
«Toute commission peut aussi, par invitation spéciale, solliciter
l'opinion de personnes ou d'organismes qui ont une connaissance ou une
expérience particulière du domaine qu'elle examine.»
M. Chagnon: Est-ce que c'est le cas, M. le Président?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: On ne le saura jamais, d'ailleurs, si on ne les
entend pas, mais je pense que c'est, en plus, le cas.
Le Président (M. Camden): Je considère qu'il y a
une certaine pertinence à l'égard du mandat qu'on a actuellement
sous les yeux. Il s'agit, effectivement, de gens qui peuvent peut-être
nous faire part d'une certaine expérience à cet égard,
à savoir s'ils ont un lien direct et étroit. Direct, enfin, j'en
doute, mais il y a, effectivement, une espèce de lien qu'on peut
considérer à certains égards.
Mme Marois: Alors, si vous le permettez, M. le Président,
je vais prendre quelques minutes, et ce ne sera vraiment que quelques minutes,
parce que, comme je souhaite qu'on entende l'Union des municipalités
dont les représentants, d'ailleurs, sont ici ce matin, je vais
plutôt essayer de me restreindre dans mon intervention pour qu'on leur
donne plus de temps.
Je pense que le député de Saint-Louis a fait un discours
tout à fait intéressant pour saluer et féliciter
l'approche de son gouvernement en matière de négociations. Vous
me permettrez, évidemment, d'avoir quelques réserves à cet
égard, mais je vais revenir au fond du discours du député
de Saint-Louis qui a peut-être convaincu l'Union des municipalités
sans le savoir. En fait, l'Union désire, elle aussi, pouvoir convaincre
le gouvernement que cette approche est peut-être intéressante et
pourrait la concerner. Alors, c'est de ça dont l'Union, je crois,
souhaiterait nous parler. Je pense que le président du Conseil du
trésor aurait sûrement intérêt à ce qu'il y
ait une discussion et un échange qui aient lieu, ce matin, avec les
représentants de l'Union des municipalités.
M. Audet: M. le Président, je ne veux pas empêcher
la députée de parler...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Audet: ...mais il y a consentement Ici pour entendre l'Union.
Alors, ça pourrait...
Mme Marois: Alors, on est d'accord pour les recevoir à la
commission.
M. Audet: Exactement.
M. Chagnon: Ce serait pas mal plus simple.
Mme Marois: Ce serait beaucoup plus simple et je serais tout
à fait...
Le Président (M. Camden): On considère donc que la
motion est adoptée.
M. Chagnon: Ce serait pas mal plus simple.
M. Johnson: À moins qu'on puisse s'exprimer aussi, avant
d'exprimer le vote comme tel.
Le Président (M. Camden): Je comprends que vous
n'êtes pas prêt à donner votre consentement
immédiatement.
M. Johnson: Je vous avais expliqué pourquoi on le donne,
M. le Président.
Le Président (M. Camden): Après avoir
expliqué.
M. Johnson: Ah je m'excuse, absolument. Je ne mets pas ça
en doute, là.
Le Président (m. camden): est-ce que mme la
députée de taillon, vous avez terminé ou vous avez
d'autres commentaires? on se veut respectueux...
Mme Marois: Non. Juste un commentaire bref encore, M. le
Président. C'est un débat qui a cours depuis un long moment, Ici,
au Québec et l'Union des municipalités, déjà,
à quelques reprises, a fait valoir qu'elle souhaitait pouvoir avoir
accès à des mécanismes semblables a ceux qu'utilisent le
gouvernement lorsque le gouvernement vit une période conjoncturelle
très difficile et qu'il évalue qu'il ne peut pas aller au bout
des conditions qu'il a négociées avec ses travailleuses et
travailleurs, mais plus que ça, si j'ai bien compris, dans certains cas,
l'Union des municipalités est prise avec des mécanismes
d'arbitrage dont elle n'a le choix que de respecter, évidemment, les
conclusions. Et elle voudrait pouvoir nous... Je m'excuse, on a de la
difficulté à s'entendre, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Oui, vous avez raison, Mme la
députée. Il y avait un peu de bourdonnement.
Mme Marois: Merci. C'est... Oui, effectivement.
M. Johnson: Je retire notre consentement, en même
temps.
Mme Marois: Bien, je vais demander le vote, à ce
moment-là.
Le Président (M. Camden): Ah, peut-être inviter les
membres de la commission à un petit peu plus de sérieux, de
façon à ce que nos débats puissent cheminer...
Une voix: On est très sérieux, M. le
Président.
Le Président (M. Camden): Vous semblez tout à fait,
oui. On vous remercie de votre collaboration.
Mme Marois: Bon alors, je vais terminer, M. le Président,
parce que je pense que la parole sera... Ce qui sera intéressant, c'est
qu'on donne la parole aux représentants de l'Union des
municipalités qui sauront très bien nous faire valoir leur point
de vue, faire valoir ce qui les inquiète à ce moment-ci. Je
demande donc à ce qu'ils soient entendus selon la motion.
Le Président (M. Camden): Alors, M. le président du
Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui. À ce sujet-là, M. le
Président, j'ai indiqué dans mes remarques préliminaires,
tout à l'heure, que je contestais néanmoins que c'est le meilleur
endroit, le meilleur moment pour entendre les propos que l'on sait, sinon que
l'on devine de la part de l'Union des municipalités du
Québec.
Nous ne sommes pas à la commission de l'aménagement et des
équipements. Ce n'est pas un projet de loi du ministre des Affaires
municipales. Les représentants de l'UMQ, à la rigueur, n'ont pas
d'expertise dans la négociation dans le secteur public qui nous concerne
à l'égard des prolongations ou autrement, à l'égard
de la définition des paramètres financiers que le gouvernement du
Québec tente de respecter, compte tenu de sa capacité de taxer.
Mais je vais le dire comme je le pense, là et les représentants
de l'UMQ le savent. Ils sont là. Je les ai accueillis tout à
l'heure. Ce que je pense, c'est que je serais bien, bien mal venu, étant
donné que ces gens-là se sont déplacés, se sont
installés dans la même pièce, il serait bien mal venu qu'un
groupe parlementaire les empêche de s'exprimer.
On voit d'ailleurs que lorsque les médias ont senti qu'on donnait
notre consentement, ils ont quitté. Alors, ça aurait
été intéressant, ça aurait été une
belle nouvelle, ça aurait été
stratégiquement, donc, intéressant pour l'Union des
municipalités, de mettre le gouvernement dans l'embarras devant les
médias. Alors, je n'ai pas l'intention de donner prise à quoi que
ce soit. Mais le vrai déroulement nous aurait amenés dans nos
institutions, dans le respect de nos institutions. Ça m'apparaît
important, ça, de faire cheminer une demande par les instances qui ont
apporté ces demandes devant les forums qui ont à en être
saisis, devant les comités ministériels, ultimement, qui sont
soumis à ça, devant l'Assemblée nationale, toujours avec
le même ministre responsable, qui n'est pas moi et ultimement, devant la
commission de l'aménagement et des équipements. Alors,
évidemment, si on veut court-clrculter tout ça et profiter de
l'actualité pour faire valoir un point de vue, ça, c'est en
termes politiques, c'est valable mais pour ce qui est de notre institution, je
trouve ça juste, juste sur la ligne. Mais ça ne m'empêche
pas, avec mes collègues, de donner notre consentement,
évidemment, pour écouter les représentants de l'UMQ.
Le Président (M. Camden): Alors, je comprends donc qu'il y
a...
M. Johnson: Question de savoir combien de temps,
évidemment, et tout.
Le Président (M. Camden): Je comprends donc qu'il y a
consentement sur le principe d'entendre les membres de l'UMQ. Maintenant, la
motion est donc adoptée.
Une voix: Combien de temps?
Le Président (M. Camden): II faudrait peut-être
s'entendre dans ce consentement. Est-ce que vous les entendez pendant une
période de une heure ou de 30 minutes?
M. Chagnon: 30 minutes, M. le Président, semble-t-il.
Mme Marois: Mol, je n'ai pas... Une demi-heure, oui, je pense que
ça irait.
M. Chagnon: 30 minutes ou une demi-heure. 30 minutes pour un
amendement, une demi-heure.
Mme Marois: Non. Je pense que ça irait.
Le Président (M. Camden): Alors, je comprends donc qu'il y
a consentement pour...
Mme Marois: Une demi-heure bien utilisée sera utile. (11
heures)
Le Président (M. Camden): Tout à fait. Alors, si je
comprends bien, la motion ayant été adoptée, nous
entendrons l'UMQ, l'Union des municipalités du Québec pendant une
période de 30 minutes.
J'invite donc les membres, dont son président, à venir
prendre place à la table afin de se faire entendre. M. le
président de l'Union des municipalités du Québec, je vous
rappelle, ainsi qu'aux membres qui vous accompagnent qu'on a 30 minutes et que
vous avez 10 minutes pour présenter votre exposé et que le parti
ministériel aura 10 minutes pour formuler des questions et le parti de
l'Opposition aura également 10 minutes pour formuler des questions suite
à votre exposé.
M. Mercier, j'apprécierais, à titre de président de
l'Union des municipalités du Québec, que vous présentiez
les gens qui vous accompagnent à la table.
Auditions Union des municipalités du Québec
M. Mercier (Ralph): Messieurs les membres de la commission, je
voudrais tout d'abord vous remercier d'avoir accepté de nous entendre ce
matin. Je sais que c'est peut-être considéré, d'une
certaine façon, quelque peu inhabituel, dans les circonstances d'avoir
des intervenants à cette table ce matin. C'est ce que j'ai conclu
évidemment de ce que M. le ministre nous a Indiqué, sauf que je
vous remercie encore une fois de cette compréhension de faire en sorte
qu'on puisse exprimer notre point de vue en ce qui concerne la
rémunération dans le secteur public.
Je suis accompagné ce matin de membres du comité
exécutif de l'Union, dont M. Ulric Blackburn, qui est maire de
Chicoutimi, qui est à mon extrême gauche; M. Gilles Vaillancourt,
qui est maire de la ville de Laval; M. Jean-Paul L'Allier, bien sûr, qui
est maire de la ville de Québec, notre belle capitale, et
également aussi M. Jean-Claude Beaumier, qui est maire de la ville de
Cap-de-la-Madeleine.
M. le Président, je peux quand même peut-être
souligner ici que l'on trouve ou considère intéressant que les
parties, particulièrement peut-être les syndicats, ont pu
s'entendre avec le gouvernement sur une formule de rémunération
qui prenne, en quelque sorte, en considération le fait que le
système public vit comme le secteur privé des périodes
difficiles. Je pense que cet accord des syndicats, dans une formule qui a
été proposée par le gouvernement, est fort
intéressant et c'est à cet égard évidemment que
l'on voudra vous sensibiliser ce matin.
D'abord, avant d'amorcer nos propos sur l'objet de vos
délibérations d'aujourd'hui, il m'apparaît utile, et
peut-être voire même nécessaire, de rappeler que l'Union des
municipalités du Québec regroupe plus de 300
municipalités, communautés urbaines et MRC représentant 80
% de la population du Québec et gérant 85 % des budgets
municipaux, lesquels atteignent
8 500 000 000 $. Nous sommes bien sûr honorés au nom de nos
contribuables qui sont aussi les vôtres de l'opportunité qui nous
est offerte ce matin de tenter une autre fois, et espérons que ce sera
la bonne, de vous convaincre d'étendre, du moins les dispositions du
projet de loi 37 que vous examinez en ce moment, aux employés municipaux
du Québec.
Il y a une dizaine de jours, l'IRIR rendait public son rapport annuel
sur l'état de la rémunération du secteur public
québécois. Pour la première fois, le secteur municipal
était analysé indépendamment du reste de la fonction
publique. Des résultats ont été, on ne peut, plus clairs.
Les 74 000 employés du secteur municipal fortement syndiqués et
négociant avec un nombre impressionnant de municipalités,
petites, moyennes et grandes, bénéficient d'une avance de
près de 35 % sur leurs confrères et consoeurs du secteur
privé. J'attire votre attention sur le fait que ce sont ces mêmes
employés du secteur privé, de même que ceux du secteur
public gouvernemental, qui paient via leurs impôts municipaux les
salaires et les conditions de travail plus qu'acceptables de leurs
collègues municipaux.
Mais voilà que des clés du rétablissement d'une
équité municipale entre ces différentes catégories
de travailleurs échappent aux élus des municipalités qui
sont plutôt les victimes d'un engrenage de négociations où
le rapport de force est à l'avantage des syndicats. Seul le gouvernement
par ses pouvoirs généraux, et admettons-le, ses pouvoirs
d'exception détient la clé qui permettra de résoudre ce
qui est en train de devenir un problème majeur dans notre
société. Le monde municipal par voix de l'UMQ rappelle au
gouvernement qu'elle ne lui demande, par la présente, rien d'autre que
ce qu'il a lui-même jugé bon de s'accorder, et à travers
lui à l'ensemble des contribuables du Québec.
Si les dispositions de la loi 149 et de l'actuel projet de loi 37 ont
donné lieu à une entente préalable avec les
représentants syndicaux des employés de l'État, il faut en
attribuer la cause, selon l'UMQ, au pouvoir de négociation
impressionnant - je dis bien impressionnant -que donne au gouvernement son
droit ultime de suspendre le processus de négociation et de
décréter les conditions de travail de ses employés,
pouvoir que bien sûr vous le savez, les municipalités n'ont
pas.
Ainsi, si le gouvernement permet aux municipalités de se
prévaloir des dispositions de l'actuel projet de loi, les contribuables
pourraient économiser jusqu'à 140 000 000 $ de
rémunération destinée aux employés municipaux, pour
l'année 1992.
Je terminerai en établissant une analogie entre la situation que
vivent la plupart des municipalités et les PME
québécoises. Les municipalités se considèrent de
plus en plus comme de véritables PME de services publics locaux,
à la différence près qu'elles ne pourront jamais,
contrairement à toute entreprise évoluant dans le secteur
privé, faire planer sur leurs employés le spectre d'une
fermeture, en cas de demande déraisonnable de leur part.
C'est ce pouvoir de négociation qui échappe une fois de
plus aux municipalités. Dans ce dossier, aider les municipalités
à mieux gérer l'argent des contribuables, c'est en
définitive pour le gouvernement démontrer qu'il se
préoccupe de ces derniers. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Je vous remercie, M. le
président.
M. Mercier: J'ai des copies, bien sûr, M. le
Président, ici, mémoires qui sont résumés en bref
à l'Intérieur de l'exposé que je viens de vous faire.
Ça me fait plaisir, évidemment, de vous en remettre copie, si
vous me le permettez.
Le Président (M. Camden): Ces documents sont relatifs
à l'exposé que vous venez de nous faire.
M. Mercier: C'est exact.
Le Président (M. Camden): Nous allons en accepter le
dépôt. M. le ministre.
M. Johnson: Je remercie, M. Mercier, de sa brève
présentation, qui tendait peut-être à confirmer qu'on le
voyait venir. Évidemment, il n'y a pas beaucoup de faits nouveaux
là-dedans, sinon, et de façon fort pertinente, une
référence à ce que l'IRIR a démontré,
chiffré pour une première fois, de façon un peu plus
organisée, entre parenthèses, presque, dans son rapport d'il y a
quelques jours. Mais il n'en reste pas moins qu'à l'égard de ce
dossier-là, je réitère la position qui est la mienne pour
l'instant. Ce n'est pas celle nécessairement de l'ensemble du
gouvernement. On est tous des interlocuteurs là-dedans. On essaie de
voir comment est-ce qu'on peut s'arrimer les uns aux autres. C'est normal.
Je persiste à croire que le projet de loi qui est devant nous,
aujourd'hui, a un objet bien spécifique, qui regarde ce que le
gouvernement comme employeur a à faire à l'égard de ses
employés. Que notre système démocratique a logé
à l'Assemblée nationale ce pouvoir-là, ultimement et c'a
déjà été fait de décréter,
évidemment, les conventions collectives, les conditions de travail de
ses employés. (11 h 10)
Et qu'à mon sens, il ne s'ensuit pas qu'on doive donner, du moins
pour l'instant, on parle pour aujourd'hui, aux municipalités ce
même pouvoir, pas plus que dans les circonstances actuelles, on ne doive
le donner aux entreprises du secteur privé ou à d'autres
employeurs. Je dis, pour l'instant, parce que je ne suis pas ignorant du fait
que ça a déjà été fait dans le
passé, notamment au niveau fédéral. Ça avait
été repris au niveau du gouvernement du Québec, au milieu
des années 1970.
On sait que le contrôle des prix et des salaires avait
été décrété par le gouvernement
fédéral dans les circonstances économique,
financière, budgétaire qu'on croyait, à l'époque,
particulières, notamment au titre de l'inflation, mais alors que les
budgets du gouvernement fédéral, la santé
financière du gouvernement fédéral, notamment,
était très, très bonne, comparativement à celle
qu'on observe aujourd'hui.
Alors, on peut peut-être se demander, certainement à
l'égard du secteur public à l'époque, qu'est-ce qu'il a
pris au gouvernement de se comporter comme ça mais il fallait, c'est
devenu, à tout le moins, un symbole de la lutte à l'inflation.
Plutôt que d'utiliser, évidemment, les pouvoirs de la Banque du
Canada, on a décidé de faire autre chose, à
l'époque. On n'en est pas, évidemment, on n'en est pas là.
Il m'apparaît, dans l'environnement financier et la santé
financière relative que le degré de réalisme est de plus
en plus la marque de commerce de nos partenaires syndicaux.
Il ne m'apparaît pas que le gouvernement devrait se mêler,
entre guillemets, - je parle encore pour aujourd'hui - de donner aux
municipalités le pouvoir que réclame aujourd'hui l'UMQ. On est
conscient du problème particulier que vivent les municipalités,
à cause de l'effet d'entraînement qu'a sur l'ensemble de ses
employés le mode de règlement - si on peut appeler ça
comme ça - à l'endroit des policiers et des pompiers, qui
crée une situation où, de mémoire, 38 des 40 corps
policiers les mieux payés au Canada, c'est au Québec qu'on les
retrouve. On peut chercher toutes sortes de raisons, mais disons qu'il y en a
une qui est probablement le mécanisme d'arbitrage obligatoire,
exécutoire qui est en vigueur, ce qui a amené, d'ailleurs, le
ministre des Affaires municipales à mettre sur pied, avec son
collègue du Travail, un groupe de travail dont les recommandations
devraient nous être livrées d'ici quelques jours - si j'ai bien
compris - je crois même que mon collègue des Affaires municipales
en a saisi l'UMQ dans une lettre récente, la semaine dernière.
Alors, c'est un problème comme tel. De là à dire qu'on
doive avoir également un outil législatif à l'endroit des
négociations avec les cols bleus, les employés de bureau - on
peut le dénoncer tant qu'on veut comme contribuables fonciers mais on
est encore pris avec ça - qui ont fait des gains, ces catégories
de travailleurs, remarquables où, là, on est en train de parler
de la semaine de 32 heures pour être payés pour 36 quand c'est pas
37 heures et demie. Enfin, quand je me déplace au Québec et que
je rencontre certains de vos membres, c'est le genre d'histoires d'horreur
qu'on a à nous livrer à droite et à gauche. L'état
des demandes salariales dans les services municipaux semble s'abreuver à
une source financière qui n'existe pour personne d'autre ou à des
considérations qui échappent, en tout cas, à l'entendement
et qui, certainement, ça fait longtemps qu'elles n'ont pas
été reprises par nos interlocuteurs à nous, dans le
secteur public, ça fait plusieurs conventions collectives qu'ils ont
arrêté de se comporter de cette façon-là.
Alors, est-ce que ça prend un outil législatif identique
à celui que la souveraineté du Parlement permet pour, au niveau
municipal, régler de façon raisonnable, avec vos employés?
Je ne suis pas encore convaincu de ça. Je pense qu'il y a d'autres
efforts à faire, il y a également d'autres paris qu'on devrait
peut-être essayer de relever, comme celui, notamment, du Syndicat
canadien de la fonction publique. On sait que ce sont avec eux que 80 % des
employés municipaux sont affiliés et on sait pertinemment, on
connaît pertinemment les engagements publics - enfin, les
municipalités le savent - que du côté du SCFP, on va
essayer de répercuter, sur l'ensemble des conventions collectives, des
règlements raisonnables, raisonnables. Enfin, c'est ça qu'on
entend, c'est ça qu'on voit se dérouler avec plus ou moins de
succès. Mais on a affaire à des partenaires syndicaux qui sont de
plus en plus réalistes, qui savent que les citoyens ne sont plus
capables de payer, ne sont plus capables. Et ça m'apparaît
toujours préférable d'en arriver à une entente sans
brandir l'outil législatif comme solution ultime,
unilatérale.
Maintenant, je vais au devant des commentaires ou des répliques,
le président du Conseil du trésor a beau dire: C'est mieux de
négocier plutôt que d'avoir l'outil législatif, le fait est
que lui il l'a, le président du Conseil du trésor l'outil
législatif. Le fait est qu'on doit également, parce que conclure
une entente, là c'est une question de respect et de
crédibilité réciproque entre les parties, on doit
également tenir compte du fait que cette fois-ci à tout le moins,
jamais n'ai-je laissé croire à nos partenaires syndicaux qu'un
des choix c'était de recourir à l'outil législatif, dans
un contexte où on avait une entente de signée, là,
ça aurait été un peu gros de commencer à dire qu'on
déchirerait notre signature par la voie législative alors qu'il y
avait une entente qu'on avait conclue l'an dernier. C'était moins vrai
l'an dernier, il faut reconnaître ça, les circonstances
n'étaient pas les mêmes. Pourtant ça a été
assez facile, entre guillemets, assez rapide de conclure une entente l'an
dernier, même si, on s'en souviendra la députée va le
relever, on a eu un projet de loi de déposé à
l'Assemblée nationale qui assurait à l'avance le suivi d'une
entente qu'on aurait. Mais honnêtement et bien sincèrement, jamais
n'ai-je brandi l'outil que représente la loi que le Parlement souverain
peut édicter, peut adopter.
Ce qui me permet de démontrer à mon sens, et c'est
ça la démonstration que je veux faire,
qu'on a affaire à des partenaires de plus en plus
réalistes, qui savent également comme contribuables qu'on est
étiré au maximum, qui sont prêts à faire des bouts
de chemin, même deux de suite en 12 ou 13 mois. C'est à la
condition qu'on respecte minimalement les engagements solennels, ce qu'on a
fait. Alors, minimalement, c'est de respecter les 3 %, ce qu'on a fait en bout
de ligne, après avoir offert, non pas de déchirer notre
signature, comme se plaît à dire ma critique, mais après
avoir offert de réaménager cette signature compte tenu des
circonstances. Et on s'est fait dire non, les 3 % ne sont pas restés. On
a commencé avec 0 %, commencé avec 1 %, commencé avec IPC,
peut-être, c'est-à-dire non à chaque étape. On a dit
3 %, oui très bien 3 %, et le 1 % de forfait, ah bien ça on peut
en reparler, on va le reporter, d'accord, 125 000 000 $. Ça a
été une négociation. Avoir brandi l'outil
législatif, là. ça aurait été... ça
n'aurait pas conduit à une entente, j'en suis profondément
convaincu, et c'est dans le fond, ce qui me fait hésiter encore une fois
à octroyer au niveau municipal l'outil législatif. Si on peut
l'éviter ça vient de démontrer à mon sens encore de
façon plus vigoureuse, encore plus forte, ça vient de
démontrer que les parties veulent avoir recours à la
négociation que personne ne puisse imposer quoi que ce soit à
l'autre. Ils ne désirent même pas avoir l'outil qui leur
permettrait d'imposer une solution. C'est à ça que m'amène
comme conclusion le fait d'avoir transigé avec les employés du
secteur public depuis maintenant quatre ans.
Le Président (M. Camden): On vous remercie de vos
commentaires M. le président du Conseil du trésor. Mme la
députée de Taillon. (11 h 20)
Mme Marols: Merci, M. le Président. J'aimerais
peut-être entendre certains d'entre vous sur un certain nombre de
questions, mais je vais être assez d'accord avec le président du
Conseil du trésor sur le fait qu'on peut constater une maturité,
je dirais de plus en plus grande, chez nos partenaires syndicaux, et c'est vrai
dans le secteur public, mais c'est vrai aussi dans le secteur privé. Et
c'est vrai, bien sûr, je dirais dans l'ensemble des activités
économiques de notre société. La meilleure preuve est
sûrement, je pense que c'est le député de Saint-Louis qui
le mentionnait tout à l'heure, la meilleure preuve est sûrement le
nombre de jours-personnes perdus dû à des grèves ou
à des conflits de travail pendant la dernière année qui a
été le plus bas qu'on ait jamais connu.
Moi j'avoue que ça soulève quelques réserves chez
mol, votre proposition ou votre demande, dans le sens où, dans le fond,
on renonce à un pouvoir qui est quand même un pouvoir important
que peuvent exercer les municipalités et à un pouvoir qui
s'exerce sur une partie significative de leur budget. Alors, pour moi, j'avoue
qu'à cet égard-là, j'aimerais un peu vous entendre sur la
façon dont vous envisagez cela, parce que c'est vraiment de dire: Cette
partie-là de mes responsabilités, j'accepte qu'elle soit prise en
compte... prise en charge quelque part ailleurs par l'Assemblée
nationale, évidemment, selon certaines conditions, vous allez me dire,
puis j'aimerais peut-être vous entendre sur ça, sur la
façon dont vous envisageriez l'opéra-tionalisation d'un tel
projet ou d'une telle demande.
Parce que d'autre part, il reste que généralement, quand
il s'établit des grandes lignes, si on veut, que se dégagent des
grandes lignes, que ce soit à l'intérieur du parapublic ou du
public, des grands paramètres... Là, bon, c'est les 3 % avec 1 %
d'ajout un peu plus tard dans l'année... C'est sûr que ça
vient influencer les gens avec lesquels vous avez à négocier,
comme ça vient vous Influencer vous-même. Et ça vient vous
donner des armes, et ça vient recréer une espèce de
rapport de force où vous êtes un petit peu mieux
équipé, déjà, par les gestes qu'aurait posé
l'État, mais sans nécessairement que ce soit d'une façon
à ce que vous renonciez jusqu'à un certain point au pouvoir que
vous avez à l'égard d'une possibilité de négocier,
d'aller au bout de la négociation avec les représentants des
travailleuses et travailleurs. Alors moi, j'aimerais donc vous entendre sur
ça et c'est possible, j'imagine, M. le Président, selon nos
règles, que je puisse...
Le Président (M. Camden): Tout à fait. Il peut y
avoir un échange.
Mme Marois: ...questionner les gens qui sont devant nous. Quels
sont les mécanismes que vous imagineriez, quelles seraient les
façons dont vous verriez que tout ça puisse
s'opérationaliser? Est-ce qu'il y a une discussion qui se ferait chez
vous, est-ce qu'il y aurait des paramètres qui s'établiraient?
Comment faire en sorte que ça puisse s'appliquer sur l'ensemble du
territoire? Est-ce que c'est toutes les municipalités qui seraient
concernées? Pour moi, en tous cas, ça... J'ai un peu de
difficulté à le voir, mais j'imagine que vous avez dû y
réfléchir. Et une question beaucoup plus technique: Qu'est-ce que
c'est, le pourcentage, dans les budgets des municipalités, que
représente la masse salariale? En termes de pourcentage.
Le Président (M. Camden): M. le président Mercier
de l'UMQ.
M. Mercier: Bon. M. le Président, d'abord, j'ai entendu M.
le ministre, tantôt, s'exprimant, évidemment, sur les convictions
qu'il a et je n'en doute pas, vous les avez bien affirmées, M. le
ministre. Sauf que les règles du jeu en négociation ne sont pas
les mêmes au niveau du gouvernement. Je pense que vous avez
utilisé les moyens nécessaires pour contenir la masse
salariale dans le milieu du secteur public et je pense aussi
qu'également, à l'Intérieur d'une négociation, vous
avez pu convenir d'une formule qui ferait en sorte que cette masse-là
serait quand môme diminuée au cours de la prochaine
période, globalement à partir de 1992, de 18 %.
D'autre part, II faut savoir que les règles de
négociation, dans le milieu municipal, sont tout à fait
différentes et ça, je pense que vous êtes conscient
de ça. D'abord, à partir des tribunaux d'arbitrage qui existent
dans les secteurs policier et pompier. Vous avez indiqué que M. le
ministre avait mis un comité en place, M. le ministre des Affaires
municipales, pour tenter de trouver une formule pour modifier effectivement ce
qui existait comme règle. Sauf qu'on nous laisse savoir qu'on ne
dépose pas de projet de loi d'ici à la fin de la session. C'est
ce qu'on nous laisse savoir. À moins qu'on change d'idée. Je
trouverais ça pertinent qu'on change d'idée. Mais on se
retrouverait uniquement au cours de la période de l'automne prochain
avec quelque chose de différent à modifier et je ne connais rien,
ce matin, du contenu de cette modification.
D'autre part, II est bien évident que du moment que vous avez
subi, je dirais, les sentences arbitrales dans ce secteur, c'est bien
évident que vous avez un effet de domino dans l'ensemble de l'autre
secteur, qui est celui des cols blancs et des cols bleus. Et l'étude de
l'IRIR, sans relever toutes les statistiques, vous le fait voir très
clairement. Au cours des années, c'est ce que ça a donné
comme résultat. D'autant plus que les policiers se sont enrichis
annuellement sur les autres travailleurs de 9/10 de 1 % sur le plan de la masse
salariale. Donc, à l'intérieur de 10 ans, bien il manque à
peu près 10 %, 9 %, c'est-à-dire. Je pense que c'est une formule
qu'on ne peut plus continuer à vivre et nous-mêmes, aussi, on veut
tenter de contenir cette masse salariale qui a un effet direct sur les
obligations, bien sûr, du contribuable local qui est le même que le
vôtre, le même voteur que le vôtre, le même
contribuable que le vôtre. Et ça, pour nous, c'est notre
préoccupation. C'est la préoccupation également du
contribuable dans les communautés locales. C'est pour ça,
d'ailleurs, qu'on a demandé à avoir accès, bien sûr
tantôt, c'était la loi 149 et maintenant à la 37.
La raison, ce n'est pas de créer demain matin
nécessairement un gel sur les négociations, au contraire, pour
répondre, je pense, à Mme la députée
là-dessus. Règle générale, dans le milieu municipal
on a de bonnes relations avec nos syndicats, règle
générale. Sauf qu'il faut comprendre, tout le monde, que quand
vous avez vécu, bien sûr, une sentence du côté des
policiers qui accorde une augmentation de x %, pourquoi, dans le fond, est-ce
que en tant que travailleur col blanc ou col bleu, j'accepterais moins que le
policier? Pourquoi? Là-dessus, c'est là qu'on dit: II y a des
limites. Quand le gouver- nement, lui, se dote d'un outil, ou a l'outil
nécessaire pour arriver, quand même, à contenir cette
masse. On veut, nous, de notre côté, faire notre part pour le
citoyen et c'est la raison pour laquelle on voudrait avoir accès, bien
sûr, à cette législation qui est la loi 137, pour fixer,
dans le fond, des balises, uniquement une balise, dire que ça ne doit
pas dépasser, dans un cadre général, ce qui était
offert dans le secteur public.
Maintenant, comme on vous le dit, quand vous demandez de quelle
façon est-ce qu'on pourrait quand même opérationnaliser
tout ça? On vous dit: II doit y avoir négociation d'abord. Si
à la fin d'une négociation où il y a eu preuve
effectivement qu'il y avait bonne foi de part et d'autre, on ne peut pas
arriver à des ententes, qu'à ce moment-là, par
résolution ou par un autre mécanisme mis en place, mais
particulièrement par résolution du conseil municipal de la ville,
qu'à ce moment, qu'on demande effectivement au ministère du
Travail d'intervenir dans ce cas-là pour nous donner accès
à ce qui est limité dans le règlement avec la fonction
publique. En gros, c'est à peu près ça. Il y a
peut-être des petites technlcalités, des ajustements dans
l'application à faire, c'est bien sûr. Mais en gros, c'est
ça. On a l'intention de négocier de bonne foi, mais c'est
évident qu'on n'a pas l'intention de dépasser ce qui était
offert dans le secteur public. Alors que ce n'est pas le cas. Et quand on parie
de syndicats qui sont compréhenslfs, je les comprends bien, mais encore
une fois, c'est tout cet effet de domino d'une convention à l'autre qui
se transpose. Et on se rend à l'évidence que dans les conventions
collectives qui ont terminé en 1991 et qui vont jusqu'au mois de mars,
les nouvelles jusqu'au mois de mars 1992, la tendance d'augmentation est
d'environ 4, 2 %, alors que le taux d'inflation est de 2 %. Et vous avez vu une
convention qui a été réglée plus récemment
à Montréal, et qu'on a choisi effectivement de la régler
hors d'un tribunal d'arbitrage. Et on y voit également aussi, où
M. Hamelin déclare qu'il demande également au gouvernement de
modifier le mécanisme d'arbitrage de toute urgence. Et je le comprends
bien. Ils se sont retrouvés, bien sûr, pour ne pas vivre encore
une sentence inconnue, de régler quelque chose qui, à leur avis,
pouvait être acceptable. Je ne sais pas, M. le Président,
peut-être, si vous permettez, il y a peut-être de mes
collègues qui m'accompagnent ce matin qui...
Le Président (M. Camden): Je vous rappelle que vous
êtes actuellement sur le temps de Mme la députée de Taillon
et qu'il reste 60 secondes.
Mme Marois: II reste 60 secondes, mais on peut prendre quelques
minutes encore?
Le Président (M. Camden): S'il y a consentement.
M. Chagnon: Oui. Est-ce qu'il y a des problèmes sur le
fond du projet de loi?
Mme Marois: Pardon?
M. Chagnon: Est-ce qu'il y a des problèmes sur le fond
dans le projet de loi, parce qu'on va procéder rapidement?
Mme Marois: On va procéder par la suite, au rythme
où on va... Ça va bien aller. On va prendre le temps qu'il faut
pour bien légiférer.
Le Président (M. Camden): Nous convenons le consentement
de combien de temps supplémentaire.
M. Chagnon: Une fois qu'on a accepté, le minimal est
d'écouter ces messieurs, on va leur laisser le temps de s'exprimer comme
il le faut.
Mme Marois: C'est ça.
Le Président (M. Camden): Alors, par un consentement
mutuel, nous poursuivons.
Mme Marois: Juste sur l'information que je demandais tout
à l'heure: Qu'est-ce que c'est la masse salariale? Qu'est-ce qu'elle
représente comme proportion par rapport à l'ensemble des budgets
des municipalités en moyenne?
M. Mercier: C'est de plus ou moins 45 %. Ça dépend
évidemment des municipalités. Il y en a où ça peut
être moins.
Mme Marois: C'est juste un ordre de grandeur.
M. Mercier: mais c'est plus ou moins en moyenne environ 45 %.
c'est quand même énorme, mais c'est important dans le budget,
ça vous le comprenez bien.
Mme Marois: Oui, d'accord. Juste une autre question. Quand vous
demandez qu'on modifie... Evidemment, vous conviendrez que ce n'est pas... Je
ne suis pas une spécialiste des affaires municipales et ce n'est pas
particulièrement mon dossier ici à l'Assemblée. Mais quand
vous demandez d'avoir accès à des règles qui vous
donneraient une balise ferme, est-ce que vous songez surtout à ce fameux
mécanisme d'arbitrage à l'égard des policiers et des
pompiers, ou vous souhaitez...? Parce que là, vous avez mis un peu le
focus, dans votre intervention, à la fin, sur cet
élément-là, et j'en conviens, ça fait longtemps,
d'ailleurs, que ça se débat, qu'on en débat, au
Québec, pour voir comment on pourrait un peu modifier les règles
pour ne pas arriver à des aberrations qu'on a connues. Et ça, je
pense que c'est très clair. Mais est-ce que vous vous adressez surtout
à cette question-là, ou c'est vraiment l'ensemble des discussions
et des échanges avec tous vos travailleurs et toutes vos
travailleuses?
M. Mercier: II y a deux aspects. Mme Marois: D'accord.
M. Mercier: D'abord, il y a celui du régime d'arbitrage
qu'on vit actuellement dans les secteurs policier et pompier, ça c'est
très clair, où on voudrait avoir une modification
là-dedans. On s'attendait, bien sûr, qu'une législation
puisse être déposée ce printemps mais là, on se rend
à l'évidence que probablement, à moins bien sûr,
qu'on accepte ce qu'on espère, ce sott déposé à la
dernière minute, mais au moins que finalement, on puisse obtenir ces
modifications, que ce soit changé, le régime, qu'il y ait des
modifications apportées à ça et d'importantes. (11 h
30)
D'autre part, l'autre demande que nous avions - parce que nous vivons
pour le moment celui-là de l'arbitrage - c'était,
évidemment, d'avoir accès à la loi, tantôt,
c'était la loi 149, maintenant, c'est la loi 37, pour fixer une forme,
dans le fond, de maximum, ce qui pourrait être accordé dans le
milieu municipal. Parce qu'on se rend à l'évidence que
malgré toute la bonne volonté, c'est que les règlements de
convention collective, dans bien des cas, dépassent très,
très, très largement ce qui pourrait ressembler à ce qui
est offert dans le secteur public. Alors, je pense que ça devient
inacceptable pour le contribuable local, c'est le même contribuable, dans
le fond, c'est le même payeur de taxes sur le plan de ses impôts,
sur le plan des impôts fonciers municipaux. Alors, je pense qu'à
ce niveau-là, c'est là qu'on voudrait établir une forme de
balise, dire: Écoute, ça, c'est le max, on ne peut pas aller plus
loin que ça. Maintenant, tentons de trouver un règlement à
l'intérieur de ça. Ça ne veut pas dire que c'est un
règlement identique sur tous les points, mais quelque chose qui se tient
à l'intérieur de ce cadre-là. Et même si ça
débordait légèrement pour une raison quelconque, bien, au
moins, finalement, on a quelque chose qui y ressemble. Mais dans le moment, il
n'y en a pas, de règle sur ce plan-là. Ça fait que vous
pouvez déposer sur la table des demandes qui sont importantes. Il y a
des demandes, actuellement, qui ont été déposées
devant des villes, qui touchent les 9 %, 10 % et peut-être plus ailleurs.
Mais écoutez, je pense qu'on n'est pas dans une période où
on est capables, finalement, de vivre ça. Et si vous permettez, M. le
Président, j'ai mon collègue, bien sûr, le maire de la
capitale, M. L'Allier, je pense, qui aurait quelques mots à ajouter
là-dessus.
Le Président (M. Camden): Certainement, M. le
président, à titre complémentaire, M. L'Allier.
M. L'Ailler (Jean-Paul): M. le Président, très
brièvement, sans répéter ce qui a été dit.
Le président du Conseil du trésor, je pense, a pris une voie qui
est extrêmement positive dans la recherche de solutions
négociées avec les syndicats, ce qui n'empêche pas ces
derniers d'être, par rapport à l'employeur, dans une fonction,
à certains points de vue, d'opposition. C'est-à-dire qu'une des
règles traditionnelles et classiques de la négociation avec les
pouvoirs publics, c'est la création de points d'appui pour l'avenir.
Donc, on va aller se chercher des points hauts dans les principales
municipalités puis on va s'appuyer là-dessus. Mais à la
prochaine occasion, vous allez l'avoir sur la table, ici,
premièrement.
Deuxièmement, contrairement à ce qu'on peut laisser
entendre, les municipalités ne sont pas des entreprises assimilables aux
entreprises privées aux fins des relations de travail. La plupart des
conditions de travail qui se vivent dans les municipalités ont
effectivement été le résultat de négociations et
non pas de lois spéciales ou de décrets, sauf dans les
commissions de transport, à l'occasion.
Troisièmement, vous incluez, dans cette législation, les
commissions scolaires et à bon droit, parce qu'en définitive, les
commissions scolaires ont leurs conditions de travail gérées par
le gouvernement. Mais sur le terrain, les employés sont de même
nature. Balayer une école ou balayer un hôtel municipal ou un
centre de loisirs, c'est à peu près la même chose pour le
même monde.
En fait, vous vous posiez la question, tout à l'heure: Est-ce que
c'est l'endroit pour aborder les questions qu'on veut aborder? Est-ce que c'est
pertinent? On peut en débattre sur le plan technique en se disant: C'est
aux Affaires municipales. Mais quand on est avec les Affaires municipales,
à toutes les deux phrases, on nous dit toujours que les conditions de
travail, c'est réglé par le Conseil du trésor, que ce
n'est pas le rôle des Affaires municipales. Et il y a même des
rumeurs, dans les mois passés, qui nous disaient qu'un des
éléments positifs de votre règlement - mais jamais je n'ai
cru ça - , c'était que les centrales syndicales se soient fait
promettre que ce ne serait pas applicable au niveau des municipalités.
On ne peut pas croire à des choses comme ça, parce que l'objectif
premier que nous recherchons, ce n'est pas, comme l'a laissé entendre,
madame, tout à l'heure, de diminuer nos responsabilités, mais
c'est bien au contraire de nous associer dans la même démarche de
cohérence avec le gouvernement. On ne veut pas - excusez l'expression -
planter nos employés en nous servant d'une loi matraque qui nous serait
donnée. On veut au contraire que l'objectif fondamental que vous
recherchez et que nous recherchons, qui est celui de l'équité par
rapport aux citoyens qui paient des employés au service de ia
collectivité.
Qu'ils soient payés par une école, une municipalité
ou le gouvernement, c'est la même chose. C'est les menuisiers qui paient
le salaire de nos menuisiers à la ville, et pourquoi ces gens-là
gagneraient-ils 40 % de plus cher avec la sécurité d'emploi, que
ce qu'on leur donne dans le secteur privé. Donc, ce grand objectif
d'équité par rapport à ce qui est payé aux
employés publics, c'est notre objectif également.
L'objectif de cohérence - c'est pour ça que ça nous
amène ici, pour vous en parler ici - c'est que les outils que vous vous
donnez, tout en vous disant que vous ne vous en servirez jamais ou presque, ce
sont les mêmes que l'on voudrait pour pouvoir prétendre à
la même chose. Je veux dire, on ne s'en servira pas, ce n'est pas notre
objectif de nous en servir, mais en balisant les limites extrêmes des
conditions à ne pas dépasser en matière de salaire et de
relations de travail et en le faisant à l'intérieur d'une
politique salariale qui s'adresse aux employés publics, dont les
nôtres, à ce moment-là, on peut avoir un exercice
cohérent de la gestion des fonds publics pour ce qui est des masses
salariales.
Aux Affaires municipales il n'y a pas de réponses à ces
questions-là. Il peut y avoir des réponses sur le
mécanisme d'arbitrage. Le mécanisme d'arbitrage peut être
discutable dans sa fonction de fonctionner, etc., mais aujourd'hui, ce que nous
souhaitons - et quand vous dites que la loi ne le prévolt pas... La loi
ne le prévoit pas parce que le législateur a décidé
qu'elle ne le prévoyait pas, mais on pourrait très bien lire la
première phrase des notes explicatives comme ceci. Ce projet de loi
autorise les organismes publics qu'il définit et là «qu'il
définit», ça va plus loin. Quand on va à 1. Pour
l'application de la présente loi, sont des organismes publics: le
gouvernement, ses ministères et les organismes du gouvernement dont le
personnel est nommé ou rémunéré selon la Loi sur la
fonction publique et les employés municipaux. Ça vient de
s'éteindre, trois mots de plus et on est satisfaits.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Moi, personnellement,
puisque la discussion s'est engagée dans ce sens, et tout le monde a un
peu réfléchi à voix haute autour de la table, je suis
sensible à la demande que nous fait l'Union des municipalités. Je
la trouve en cohérence avec une volonté qui est normalement
perpétuelle chez un groupe de représentants du monde municipal.
C'est encore vrai aussi dans le monde scolaire et, semble-t-il, de plus en plus
vrai aussi dans le monde scolaire, une volonté de conserver ou de
reprendre un certain caractère d'autonomie,
donc de prise de décision au niveau local. Vous soulevez la
question d'un pouvoir de décréter.
Encore une fols, personnellement, j'inclinerais vers ça,
semble-t-il, parce qu'il m'apparaît que le dossier de l'arbitrage,
particulièrement chez les policiers et les pompiers ne fait pas beaucoup
de sens, non seulement à l'oeil et non seulement à l'esprit... Il
ne viendrait pas à la tête de personne au gouvernement de demander
à un tiers - et, si ça a déjà été
demandé, M. L'Allier se souviendra de 1972-1973, ces
discussions-là, on les faisait à ce moment-là aussi - donc
à un arbitre, de décréter, par exemple, la masse salariale
de l'État. Quand c'est 50 % de ton budget, tu dis non; quand c'est 30 %
de votre budget - c'est à peu près le cas chez vous - vous dites
non aussi, et ça m'apparaît cohérent. Je comprends
pourquoi, et je comprends pourquoi vous voulez sortir de cette façon de
faire vos relations de travail et, particulièrement, avec vos policiers
et vos pompiers. Mais je voudrais quand même mettre un bémol sur
l'importance du pouvoir de décréter. Je voudrais simplement vous
dire que le pouvoir de décréter ne changerait pas autant que vous
le pensez, je crois, à tout le moins, votre pouvoir de
négociation, dans une négociation. (11 h 40)
L'historique des négociations avec les secteurs public et
parapublic du gouvernement du Québec ne démontre pas que les
pouvoirs de décréter aient été source de
règlement à la baisse, mais le contraire. M. L'Allier se
souviendra de 1972, au moment où le gouvernement a utilisé ce
pouvoir de décréter, il y a eu des tensions sociales
énormes, il y a eu des coûts à ces tensions sociales
énormes, des coûts directs pour l'État et des coûts
indirects qui ne sont jamais quantifiables pour ce qu'on a
représenté comme image publique à travers non seulement le
Québec, le Canada, l'Amérique du Nord, mais la planète,
à ce moment-là. Et, quelques années plus tard, en 1976, le
gouvernement réglait - il n'y a rien de trop beau - 30 % d'augmentation
de masse salariale, puis 20 % de diminution de tâche, pas par
décret, par négociation.
En 1979, il y a eu un règlement qui n'a pas été
long, mais en 1980 c'est-à-dire, il y a eu un règlement qui n'a
pas été très long, règlement qui était
très généreux. En 1981, tout le monde se souviendra de
l'obligation que s'est faite le gouvernement de rapatrier, par voie de
décret, 20 % de la masse salariale de ses employés pendant trois
mois, et, pour ramener la masse salariale de ses employés au même
niveau, trois ans plus tard.
Alors, le pouvoir de décréter ce n'est pas la pierre
philosophale. Si j'ai bien lu la conclusion de votre mémoire, vous dites
que vous prévoyez des augmentations de salaire dont la moyenne
pondérée en 1992 sera de 5,7 %. Effectivement, c'est
au-delà de ce que les employés de l'État gagneront. Est-ce
que ça fait partie de vos prévisions de résultats
d'arbitrages ou c'est uniquement en dehors des arbitrages vos... incluant ou
excluant les arbitrages?
M. Mercier: Non, non, avec les arbitrages inclus.
M. Chagnon: O.K. Alors, évidemment vu du point de vue
gouvernemental, puis ce point de vue là a été encore une
fols confirmé par l'IRIR, il y a un écart qui se creuse, un
écart trop grand qui se creuse entre les différents salaires
versés par les municipalités à leurs employés ayant
et occupant des emplois de même niveau que celui qu'on retrouve par
exempte dans l'État du Québec, au gouvernement du
Québec.
Et, cet écart-là, je pense bien que vous devez vous faire
grogner un peu quand vous rencontrez des représentants gouvernementaux,
qui vous disent: Essayez donc de diminuer les écarts de façon
à ce qu'on conserve, comme disait M. L'Allier, un niveau de
cohérence salariale qui soit le plus près possible. Ce n'est pas
obligé d'être identique, mais le plus près possible. Et, je
présume que ce n'est pas un pouvoir de décréter,
même si vous l'aviez, qui ramènerait rapidement ces deux niveaux
de rémunération à l'échelle, ou au même
niveau. Parce que, au-delà de ça, il y a la volonté
politique de chercher le règlement, puis de le chercher au meilleur
compte.
Et, c'est vrai que le milieu municipal étant, de par
définition morcelé, certains conseils ont été
généreusement, y ont été
généreusement dans la caisse de leur municipalité pour
défrayer des ententes, pour avoir des ententes à tout prix qui
ont coûté cher et qui ont été exportées dans
les autres municipalités des alentours. Et, ça, c'est un
problème que vous vivez aussi.
M. Mercier: M. le Président, ce n'est pas
nécessairement la question, ce n'est pas nécessairement
évidemment la question de décréter qui ramènerait
le portrait à ce qu'il devrait être, probablement, du jour au
lendemain. C'est très vrai. Sauf que, si on est capable, c'est bien
sûr, de se greffer dans le fond à la loi 137, ça ne
s'appliquerait pas uniquement pour les cols blancs et les cols bleus,
également aussi les secteurs policier et pompier.
Donc, je pense que même si une législation, en ce qui a
trait au mode d'arbitrage qu'on retrouve actuellement dans les secteurs
policier et pompier, n'était pas accepté ce printemps, ça
nous donnerait déjà, en tout cas, au moins, un niveau de base sur
lequel tout le monde devra se tenir. Mais, ce n'est pas le cas
actuellement.
M. Chagnon: Est-ce que vous dites, M. Mercier, qu'on devrait dans
ce projet de loi là définir les mêmes critères
salariaux pour l'ensemble des employés du secteur municipal. C'est
ça que vous suggérez?
M. Mercier: Comme un maximum, un maximum, il n'y aura pas de
distinction, comme un maximum évidemment sur le plan de la
négociation. Qu'on retrouve, évidemment, des formules qui soient
différentes, mais qui finalement, dans l'ensemble, donnent a peu
près la même résultante. Il n'y a pas de problème
là-dessus. Mais, c'est ça. Parce que si on continue comme
ça, vous avez beau tenter de contenir la masse globalement, et dire,
écoutez, on va tenter de retenir tout ça, parce que les finances
publiques ne peuvent plus en assumer, le contribuable ne peut plus en assumer,
vous allez vous retrouver tantôt, dans peu de temps, avec le même
problème parce que vos employés du secteur public vont tout
simplement vouloir calquer ceux du secteur municipal.
M. Chagnon: Ça m'apparaît un peu inconciliable avec
cette volonté, cette détermination d'autonomie que de demander
à l'État de décréter le pourcentage d'augmentation
de la masse salariale chez soi.
M. Mercier: M. le Président, ce n'est pas ça. C'est
nous donner au moins, vous avez des pouvoirs législatifs que nous ne
détenons pas. Alors, puisque nous ne les détenons pas, que nous
sommes pris là dans une souricière avec tout ça, je pense
qu'il s'agit à ce moment-là que vous puissiez
décréter des balises. Qu'on se retrouve à
l'intérieur des mêmes balises de la loi 137, ce que vous acceptez
et ce que vous discutez ici aujourd'hui, et faire en sorte que la
négociation dans le milieu municipal puisse retrouver des formules qui
soient similaires à ça. Mais, les statistiques, elles disent,
dans le moment, vous le savez, c'est 5,7 % qui est prévu, à peu
près, pour 1992 et, si on regarde les règlements de conventions
collectives qu'on a eus jusqu'à maintenant, il n'y a rien,
évidemment, qui démontre, effectivement, cette volonté de
vouloir contenir globalement la masse. Et ce n'est pas parce que les
négociateurs ou les gens du milieu municipal ne veulent pas tenter de le
faire, mais ils sont pris dans des circonstances qui ne sont pas les
mêmes, finalement, que ce que vous vivez.
Le Président (M. Camden): M. le ministre, je crois que
vous avez quelques questions à formuler.
Une voix: Si vous permettez...
Le Président (M. Camden): M. L'Allier, ou M.
Vaillancourt?
M. Vaillancourt (Gilles): Si vous me permettez, je rajouterais
tout simplement que dire que nous voulons renoncer à notre pouvoir,
à notre autonomie municipale en disant: Permettez-nous de geler les
salaires, donnez-nous un pouvoir.
Vous verrez, de la façon que nous l'utilisons, si, nous avons
gardé notre autonomie. On ne vient pas dire: Réglez nos
conventions collectives. On ne vient pas vous demander de négocier
à notre place. On vient dire, tout simplement: Permettez, par un
amendement législatif, qu'il se crée un meilleur
équilibre.
C'est bien beau de nous répéter que 80 % des
employés municipaux sont représentés par le SCFP et
qu'effectivement, il y a une certaine volonté, récemment
annoncée, récemment observée, d'en arriver à des
conventions collectives plus respectueuses des réalités
économiques. Ce même syndicat fait face à 1500
municipalités différentes et il s'est bien chargé, au
cours des derniers mois, de poinçonner, à différents
endroits sur le territoire, un certain nombre de conventions collectives qui
vont lui permettre, évidemment, d'obtenir mieux dans d'autres
municipalités.
Alors, ça vient, en quelque sorte, fausser le jeu de la
négociation. Dans un objectif de cohérence, pourquoi auriez-vous
peur, comme gouvernement, que nous renoncions à la souveraineté
de nos décisions et à notre autonomie? Ce qu'on vous demande,
c'est un meilleur équilibre, ensuite, vous nous regarderez agir et vous
verrez si vous aviez raison de nous faire confiance.
Le Président (M. Camden): M. L'Allier.
M. L'Allier: En fait, M. le Président, ce que vient de
dire le maire de Laval est, non seulement exact, mais reflète un certain
caractère d'urgence. Ce n'est peut-être pas dans le projet de loi
actuel, reconnaissons-le, qu'on peut trouver cette solution, mais il est urgent
que les gouvernements, à Québec, se donnent une espèce de
règle générale qui, elle, va baliser ce qu'on appelle les
conditions de travail des employés qui sont au service du public.
La règle générale pourrait être la suivante,
la règle, c'est la négociation. On est dans un système
où la négociation doit primer. Cependant, quand l'État
juge opportun de baliser la négociation, soit pour des raisons
économiques, soit pour quelque raison que ce soit, à ce
moment-là, les exceptions devraient être accessibles à tous
ceux qui, nonobstant leur degré d'autonomie qui va de moins loin
à plus loin, ont à gérer une masse salariale qui est
destinée à des employés du secteur public.
Troisièmement, rappeler que l'objectif, c'est
l'équité par rapport aux contribuables et la cohérence,
dans un système qui se veut juste pour les employés. Si on avait
ça dans une loi - quelque part, y compris dans celle-là, et
pourquoi pas, moi, je pense que ce serait possible, mes collègues aussi
- on ne serait pas obligé, chaque fois que le gouvernement respire dans
un masque à oxygène pour régler tel et tel
problème, de revenir avec des situations parti-
culières, celle des policiers, celle des pompiers, celle des cols
bleus, celle du transport en commun, etc. C'est ça qu'on vit depuis 20
ans. C'est des situations d'exception, comme si on n'était pas des
employeurs publics. Or, on l'est.
Le Président (M. Camden): M. le ministre, je pense que
vous m'aviez indiqué que vous souhaitiez formuler quelques
questions.
M. Johnson: Peut-être une dernière série de
commentaires avant de saluer le départ éventuel de nos visiteurs.
Sur le thème de la cohérence. Sur le thème de la
cohérence, on va reconnaître que le problème de fond,
ça a été évoqué, c'est qu'il y a une dizaine
d'années, lorsqu'on a baissé le niveau de
rémunération dans le secteur public québécois,
gouvernemental, ça n'a pas été suivi ailleurs, dans le
municipal. Alors, on peut dénoncer une avance de 25 %, on peut avoir la
date précise à laquelle elle s'est dégagée, cette
avance-là, évidemment. Elle s'est compliquée en raison du
mécanisme de négociation, évidemment, avec les
policiers-pompiers, à certains égards, avec l'effet
d'entraînement que ça cause. (11 h 50)
Côté cohérence, j'y reviens. Ce qui
m'appa-raît être le facteur qui doit être le plus
cohérent, c'est qu'avec les employés, les employeurs doivent
négocier, d'abord et avant tout. La constitution loge, à
l'Assemblée nationale, le pouvoir qu'on connaît. Elle ne le loge
pas au niveau municipal, mais on voudrait l'y étendre. C'est une forme
de cohérence, je veux bien, mais l'autre forme de cohérence c'est
de dire: C'est d'abord et avant tout la négociation en tout temps, en
toutes saisons qui doit être la pierre de touche. C'est d'ailleurs - j'y
reviens, je le relève au passage - ce que j'ai toujours fait valoir et
qui explique, à tout le moins, que, l'an dernier, on n'a pas
bougé à l'endroit des demandes qui nous avaient été
formulées. Le maire de Québec faisait part de son
incrédulité devant les rumeurs qu'il aurait entendues, que
ça faisait partie de l'échange qu'on avait, par exemple, avec la
FTQ que de ne pas intervenir dans le dossier dans le sens que vous souhaitez.
La raison pour laquelle on n'est pas intervenus, c'est que je crois
profondément qu'il faut d'abord et avant tout en arriver à des
solutions négociées avant de signaler qu'on dote les
municipalités d'un outil qui est l'équivalent de la bombe
à neutron. Ça, on va bien se comprendre.
Ce qui nous amène dans le fond, dans ce cas-là,
deuxièmement, à chercher les éléments qui
permettent, à long terme, de régler le problème et,
à long terme, c'est par le biais de l'UMQ et de ses instances, à
mon sens, de doter les municipalités d'une politique salariale.
Qu'est-ce que c'est une politique salariale dont un des objectifs devrait
probablement être de trouver une façon, à terme, de
réduire cet écart qui s'est dégagé en 1982
autrement que par des décrets successifs ou par l'intimidation - le
terme est fort - mais par le recours toujours possible à une loi dite
spéciale, même au niveau municipal, pour régler ces
problèmes-là?
J'en voudrais, comme preuve, que ce n'est pas, à mon sens, une
préoccupation de longue date, mais on me corrigera avec des textes, des
références à des lettres ou quoi que ce soit, des discours
qui ont été faits du point de vue municipal, mais je n'ai pas
connaissance, moi, je n'ai pas souvenir que, dans le milieu municipal, avant
qu'on ne réforme la fiscalité municipale il n'y a pas si
longtemps, c'était une demande que de légiférer, que de
permettre aux municipalités d'avoir accès à un outil
législatif pour imposer des conditions de travail ultimement. Si je fais
erreur, j'aimerais qu'on le relève, là. Alors, on pourra donc
évacuer cet argument-là du discours, mais ce que je veux
souligner par là, ce que je tends à illustrer, c'est, à
mon sens, l'absence qu'il y a, au niveau municipal, pour l'instant, de la
concertation qui permettrait de dégager une politique salariale au
niveau municipal, parce qu'on détecte les mêmes bobos à peu
près partout. Là, la solution m'apparaît un peu
extrême et il y aurait intérêt à aller voir quelles
sont les données de l'évolution spécifique, comment c'est
affecté, cette évolution salariale, autrement que par les simples
paramètres qui sont dictés et présents dans le secteur
public.
De sorte, à la rigueur, on va même travailler à
armes égales, les municipalités et leurs employés, dans le
sens, à titre d'exemple, au niveau des policiers et pompiers, on sait
fort bien que l'Association des policiers a, sur pied, tout un système
qu'elle transporte d'un tribunal d'arbitrage à l'autre pour affronter,
à la pièce, des municipalités de 7000, 8000 personnes,
comme la ville de Montréal. Tout le monde fait son effort chaque fois
que c'est son tour alors que l'ensemble des policiers et pompiers font leur
effort constamment. Alors, chaque fois, c'est le tour de tout le monde, ce qui
crée un déséquilibre, à mon sens, dans les forces
en présence et que, probablement, les municipalités auraient
intérêt à renvoyer à leurs interlocuteurs la
même image que celle que ceux-ci dégagent, très uniforme,
très organisée. On l'a souligné à deux reprises,
ils prennent leur victime, entre guillemets, ou leur cible, une à la
fois et ils établissent, évidemment, un jeu de saute-mouton.
Alors, il y aurait peut-être intérêt à régler
ça à long terme de cette façon-là, d'où le
fait que je ne vois pas d'urgence. Je ne vois pas la même urgence,
d'autant plus que ce serait présumer, en dotant les municipalités
de cet outil, qu'elles ont épuisé tous les recours que la
négociation habituelle réserve.
Alors, la chance, évidemment, M. Valllan-court l'a
évoquée, peut-être le pari qu'on prend, c'est qu'il peut y
avoir des ratés et qu'il y ait des municipalités qui se
précipitent là-dessus, immédiatement. Il peut y en avoir.
Je ne pré-
tends pas que c'est aucune de celles qui sont devant nous, mais il peut
y en avoir chez lesquelles ça pourrait être tentant de recourir
à l'arme ultime un peu rapidement, avec ce que ça laisserait
comme goût un petit peu amer.
Je terminerai, M. le Président, sur une question de chiffres,
comme d'habitude. On évoque des économies de 140 000 000 $.
J'essaie de reconstituer ça, bien honnêtement, là. Si vous
avez une masse salariale de 2 450 000 000 $ ou à peu près, 2 500
000 000 $, 2 600 000 000 $ et qu'on parle de règlement possible autour
de 4 %, ça fait 100 000 000 $ par année, ça. Et si on
parle d'un gel de six mois, c'est 50 000 000 $. Et si on parle pour les six
mois suivants de 3 % au Heu de 4 % ou 4,1 %, ça fait un autre 12 000 000
$. Je mets 62 000 000 $, ça ne fait pas 140 000 000 $, selon les
chiffres que j'ai. Alors, J'aimerais... Je comprends qu'on peut parler
d'urgence, mais il faut peut-être parler quelques secondes de l'ampleur
du problème, tel que vous l'appréhendez.
M. Mercier: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. Mercier.
M. Mercier: D'abord, sur la question de chiffres, vous devez
partir de 5,7 %, là? 5,7 %. Puis si vous prenez le taux d'inflation 1992
qui est prévu à 2 %, vous prenez le différentiel,
ça va vous donner à peu près ce qu'on vient de vous donner
comme chiffre. De toute façon, sur le plan de la politique salariale, il
est vrai, je pense que ce serait intéressant que nous puissions en
trouver une. Mais je pense qu'on a tenté, autour des dernières
années, d'établir, au niveau de l'Union, une direction de
relations de travail pour faire en sorte qu'on puisse venir en aide rapidement
à nos municipalités, en ce qui a trait aux négociations
sur le plan local, apporter un peu de concordance, un peu, ce qui se fait d'un
endroit de la province à l'autre. Sauf que, encore une fois, comment
voulez-vous établir une politique quand les règles et le jeu ne
nous le permettent pas? Et les règles du jeu, c'est très clair.
C'est celui, par exemple, de l'arbitrage qui a, jusqu'à maintenant,
joué dans le jeu complet de la négociation, à faire que
vous retrouvez des distorsions d'un endroit à l'autre au Québec.
Et on ne me fera pas coller, on ne me fera pas croire, ici, aujourd'hui, que le
policier qui est à quelque part au nord du pays québécois
où il y en a 6 ou 7, qui a la même fonction, qui a la même
tâche qu'un policier qui est dans le centre-ville de Montréal,
centre-ville de Chicou-timi ou de Laval ou ailleurs, dans les grands centres
des villes et qui doit avoir le même salaire. On ne me fera pas coller
ça. Sauf que, devant un arbitre, bien, la règle du jeu veut que,
actuellement, les parties, évidemment, font valoir l'opposition et
voilà, c'est l'arbitre qui décide. Alors, tribunal d'arbitrage,
l'arbitre n'a pas l'obligation de prendre en considération l'ensemble de
l'argumentation qui est déposé par l'employeur. Le
problème est là au départ.
Alors, quand vous parlez de politique salariale, je dirais oui,
changeons toutes les règles du jeu en ce qui a trait au point de vue du
régime d'arbitrage existant et je pense qu'il y aura beaucoup de choses
qui changeront. Mais, pour le moment, il y a une urgence. Et l'urgence, c'est
très clair: c'est notre situation qu'on va continuer de vivre au cours
des prochains mois jusqu'en l'an 1993 et au-delà, s'il n'y a pas de
correctif d'apporté. Je pense, M. le Président, avec votre
permission, M. Vaillancourt aura peut-être à ajouter quelques
éléments là-dessus.
Le Président (M. Camden): Alors, M. Vaillancourt.
M. Vaillancourt: Alors, M. le ministre, actuellement, les
conventions, la situation sur le plan municipal, c'est le résultat de
conventions qui ont été négociées dans un contexte
où les sentences rendues dans certaines catégories de nos
employés, ont un effet d'entraînement, un effet charrue
énorme.
Vous dites que vous ne trouvez pas, dans ce que nous vous
présentons ce matin, des éléments, à long terme,
qui permettraient de dégager une politique salariale dans le domaine
municipal. Évidemment que le morcèlement et les règles qui
nous régissent ne nous permettront jamais d'en faire une actuellement.
Je pense que quand vous regardez, 10 ans plus tard, les résultats
négociés dans les municipalités, si vous n'arrivez pas
à cette constatation-là, c'est qu'on ne lit pas les mêmes
documents, vous et moi. Quand vous dites que vous avez une inquiétude
que les municipalités se précipiteraient rapidement sur ce
nouveau pouvoir-là, je vous rappelle bien amicalement que, dans les
conseils municipaux, il y a également des oppositions et que c'est une
décision qui serait l'objet d'une... C'est-à-dire, c'est une
résolution qui serait l'objet d'une décision démocratique
et qui ne manquerait pas, certainement, d'être mise en éclairage
par tous les intervenants et les syndicats, il va de soi. Alors, dans ce
sens-là, c'est une inquiétude que je ne partage pas, M. le
ministre.
Mme Marois: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Camden): Mme la députée de
Taillon. (12 heures)
Mme Marois: Comme le temps qui nous est imparti, malheureusement,
est terminé, je voudrais vous remercier et vous dire que, effectivement,
vous soulevez évidemment et on en est bien conscient de ce
côté-ci de la table, vous soulevez un problème qui est
réel, avec des enjeux qui sont majeurs et je pense que la
discussion mérite d'être approfondie, quitte à ce
qu'il y ait accélération, dans l'approfondissement de la
discussion. Et, dans ce sens-là, si j'ai bien compris, de la part du
ministre, au début de son intervention, à savoir qu'il y avait
déjà un groupe de travail qui avait été mis en
place entre le ministre des Affaires municipales et votre Association, et
j'imagine auquel devrait être associé, bien sûr, à
mon point de vue, le président du Conseil du trésor ou certains
de ses collaborateurs. Parce que je pense qu'on est tous conscients des enjeux
auxquels on est confronté, qu'il y a un problème réel
là, qu'il faut l'aborder de front. Maintenant, quelle ligne tirons-nous
quant à la façon de le résoudre? Je pense qu'on peut
mettre encore du temps à regarder comment on peut le faire. Alors, je
vous remercie de vous être présentés ce matin. Ça
m'a fait plaisir, moi, d'échanger avec vous et d'être mieux
informée de ce dont nous allons éventuellement discuter.
Le Président (M. Camden): M. le ministre.
M. Johnson: Oui. Moi aussi, ça m'a fait plaisir
d'échanger avec vous. Je ne vous ferai pas croire, lorsque vous
êtes arrivés, que j'ai trouvé que c'était une
excellente idée que vous soyez ici, ce matin. Ça serait hypocrite
et ce n'est pas mon genre, vous le savez, de vous faire croire que
c'était exactement dans l'horaire prévu, votre intervention. Il
n'en reste pas moins que vous témoignez, en vous déplaçant
et en insistant pour être écoutés, de l'urgence qui, selon
vous, est la marque de commerce de ce dossier. Ça nous a permis de nous
comprendre davantage. C'est toujours intéressant, évidemment. Je
présume que si vous acceptez que, de notre côté, on vous a
compris davantage, on peut penser que vous avez compris également le
genre de dynamique avec laquelle on est pris, le genre de cohérence,
telle que je l'ai décrite, qu'il m'apparaît Important de
respecter, c'est-à-dire la primauté, malgré toutes les
circonstances difficiles, doit être accordée à la
négociation, à la conclusion d'ententes librement consenties
entre les partenaires. Il m'apparaît aujourd'hui, et je vous le
répète, que d'insérer dans la législation, à
l'égard de vos pouvoirs, celui de recourir à l'arme que la
Constitution réserve à la seule Assemblée nationale pour
le moment, irait fausser, à court terme, les négociations que
vous pouvez avoir avec vos partenaires syndicaux parce qu'on doit encore faire
le pari, à mon sens, à long terme, de la responsabilisation de
nos partenaires et du réalisme de part et d'autre, qui sont les seuls
gages d'une crédibilité à long terme et du respect mutuel
que les parties ont l'une à l'égard de l'autre. Je vous
remercie.
Le Président (M. Camden): Merci, M. le ministre. M.
Mercier, brièvement.
M. Mercier: M. le Président, je voudrais, encore une fois,
remercier les membres de la commission et M. le ministre de nous avoir
reçus ce matin. Évidemment, peut-être de mieux comprendre
la problématique dans laquelle on se retrouve et également aussi,
peut-être, pour le gouvernement, de peut-être faire moins
référence au niveau des municipalités à
l'égard du différentiel qui existe, la rémunération
entre le secteur municipal et le secteur public. Peut-être qu'on
comprendra mieux aujourd'hui, je l'espère, que ce différentiel
est dû à des raisons, évidemment, historiques qui ont fait
en sorte qu'au cours des négociations que les municipalités n'ont
peut-être pas eu toujours le choix sur le plan des conventions qui se
sont finalisées, et de toute bonne foi, bien sûr.
Alors, M. le Président, j'ose espérer que seront prises en
considération nos demandes ici, aujourd'hui, au niveau de la commission,
et qu'éventuellement on pourra retrouver une solution qui soit à
la satisfaction de l'ensemble des contribuables au Québec, qui sont tes
vôtres et qui sont aussi les nôtres.
Le Président (m. camden): m. mercier, on vous remercie.
vos commentaires ont été entendus par les membres de la
commission. je remercie donc ies participants et les membres de la commission,
et sur ce, dans le respect de l'avis du leader du gouvernement, j'ajourne les
travaux de cette commission sine die.
(Fin de la séance à 12 h 4)