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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
relativement à la poursuite du débat sur le discours du budget,
et la parole était... Il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Oui.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Audet
(Beauce-Nord) sera remplacé par M. Lafre-nière (Gatineau); M.
Lazure (La Prairie) par M. Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue) et Mme
Marois (Taillon) par M. Garon (Lévis).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Et la parole était à M. le député de Labelle.
Discussion générale (suite)
M. Léonard: Oui, je pense qu'elle me revient
maintenant.
Le Président (M. Lemieux): Oui, elle vous revenait,
effectivement. (10 h 10)
M. Léonard: II y avait eu effectivement une séance
de congratulations réciproques entre le ministre des Finances et le
député de Richelieu, je pense, hier soir...
Le Président (M. Lemieux): Le député de
Richelieu avait terminé, M. le député de Labelle.
M. Léonard: ...pour panser les plaies du ministre des
Finances.
Le Président (M. Lemieux): C'est-à-dire qu'il y
avait une information plus grande.
M. Léonard: Alors, M. le Président...
M. Gautrin: Là, vous allez pouvoir les rouvrir. C'est
ça?
Emprunts du secteur public
M. Léonard: M. le Président, je voudrais savoir si
le ministre des Finances est prêt à nous déposer des
renseignements ou des réponses aux questions que nous avions
posées hier soir, un peu avant la fin, quant à la politique de
financement du gouvernement. J'avais souligné, à ce
moment-là, que les emprunts du gouvernement avaient évolué
de façon opposée à la politique qu'il avait émise
auparavant, parce que les em- prunts du gouvernement lui-même, en
particulier, étaient passés de 2 266 000 000 $ en 1990 à 5
949 000 000 $ en 1991, et on voit très bien que, pour l'ensemble du
secteur public, pour résumer la question, les emprunts du secteur public
sont passés de 9 252 000 000 $ à 16 697 000 000 $. Je fais
référence au tableau de l'annexe C-18.
J'avais posé un certain nombre de questions, en particulier:
Quels sont les objectifs du gouvernement en matière de financement?
Comment explique-t-on la détérioration au chapitre de la part de
la dette libellée en dollars canadiens et la réduction de
l'échéance moyenne si la politique 1989-1990 et 1990-1991, telle
qu'elle avait été exprimée, a changé? Quels sont
les avantages de la réorientation ou ses inconvénients - le
ministre avait l'air de prendre connaissance qu'il y avait un changement - et
comment explique-t-on le volume accru des emprunts de 1991? Enfin, quel est le
taux d'intérêt moyen payé sur la dette directe en 1991 et
en 1990 et, ensuite, quelles sont les prévisions pour 1992 quant au
volume d'emprunt, les emprunts libellés en dollars canadiens, le taux
d'intérêt et l'échéance? C'étaient mes
questions. Et pourquoi, fondamentalement, y a-t-il une telle
réorientation dans la politique d'emprunt et de financement du
gouvernement?
M. Levesque: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: ...le député de Labelle nous a
posé toute une série de questions au terme de nos travaux hier.
Nous avons fait une compilation à son intention, à l'intention de
la commission. Je ne pense pas pouvoir le faire en 10 minutes, ça va
prendre un petit peu plus, mais si j'ai la permission de la commission, je vais
le faire. Oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui? Consentement. Oui,
ça va, M. le ministre.
M. Léonard: Bien, c'est-à-dire qu'il ne faut pas
que ça prenne deux heures.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, mais on s'entend pour
que M. le ministre vous donne l'information.
M. Léonard: On s'entend. Bon!
Le Président (M. Lemieux): Si vous jugez qu'il y a un
certain abus, vous avisez la présidence.
M. Levesque: Quand vous vous sentirez complètement
satisfait, vous me le direz.
M. Léonard: C'est parce que, des fois, le ministre prend
beaucoup de temps à exposer ses théories. Alors, je pense que,
dans la mesure où ce sera raisonnable, nous consentons à
dépasser légèrement les 10 minutes.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: Alors, parions d'abord de l'augmentation du montant
des emprunts du gouvernement du Québec, 1991-1992 par rapport à
1990-1991. Les emprunts effectués en 1991-1992 pour combler les besoins
du fonds consolidé du revenu ont atteint 5 788 000 000 $, soit 2 771 000
000 $ de plus que l'année précédente. Je n'ai pas de
tableau, dans ce cas-ci, alors si on veut prendre des notes. Alors, je
répète que ces emprunts ont atteint 5 788 000 000 $, soit 2 771
000 000 $ de plus que l'année précédente. Cette
augmentation est essentiellement attribuable aux éléments
suivants: Premièrement, les besoins financiers nets se sont accrus de 1
193 000 000 $; deuxièmement, l'évolution favorable des taux
d'intérêt a permis au gouvernement de rappeler, par anticipation,
environ 1 000 000 000 $, plus exactement 998 000 000 $, de dette et de
refinancer cette dernière à des conditions plus avantageuses. Des
économies de 137 points de base, en moyenne, ont aussi été
réalisées, équivalant à 5 000 000 $, en 1991-1992.
Donc, 137 points de base ainsi réalisés, soit 5 000 000 $ en
1991-1992 et 12 000 000 $ en 1992-1993. Et, troisièmement, un
environnement favorable des marchés financiers a incité le
gouvernement à emprunter, en 1991-1992, un montant de 466 000 000 $, qui
n'aurait pu être financé qu'en 1992-1993. On aurait pu attendre,
autrement dit, 1992-1993.
Quant à l'augmentation du montant des emprunts à long
terme du secteur public, les emprunts bruts à long terme du secteur
public ont augmenté au cours de l'année civile 1991, en
comparaison avec l'année 1990, de 7 445 000 000 $, plus
précisément 16 700 000 000 $ versus 9 300 000 000 $. Ça
va? Hydro-Québec, les autres entreprises du gouvernement et le
gouvernement lui-même sont responsables, dans une proportion de 90 %, de
l'augmentation de ces financements.
Les raisons qui ont produit cette augmentation, dans le cas du
gouvernement, ont déjà été décrites. En ce
qui concerne les autres emprunteurs, les raisons derrière les
augmentations peuvent être résumées comme suit:
Premièrement, pour les mêmes raisons de marché favorable et
d'opportunité que le gouvernement, Hydro-Québec a
effectué, en 1991, des emprunts supérieurs de 1 922 000 000 $
à ses besoins de l'année. Encore là, c'est du
préfinancement. Deuxièmement, un certain nombre d'emprunts, qui
auraient dû être effectués antérieurement, en 1991,
pour le bénéfice des émetteurs des réseaux de
l'éducation, mais, qui, pris individuellement, représentaient des
montants insuffisants pour être financés sur les marchés
obligataires publics, ont pu, grâce à l'entrée en vigueur
du Fonds de financement, être effectués en 1991. Ces emprunts ont
totalisé 338 000 000 $. Troisièmement, une partie importante des
besoins d'emprunts de l'année financière 1990-1991 du
gouvernement et des autres entreprises du gouvernement a été
effectuée au cours du premier trimestre de 1991 - 1 651 000 000 $ -
alors que la grande majorité des financements de 1991-1992 de ces
emprunteurs, sort 6 143 000 000 $, a plutôt été
réalisée au cours des trois premiers trimestres de l'année
financière 1991-1992, ce qui amène certaines distorsions lorsque
les données sont présentées sur une base d'année
civile.
Maintenant, quant au taux d'intérêt moyen sur la dette, en
raison de la très grande diversité des instruments de financement
et des marchés utilisés par le gouvernement pour se financer
à long terme, il n'est pas approprié de retenir la notion de taux
d'intérêt moyen pour comparer, d'une année à
l'autre, le coût des emprunts du gouvernement. À titre d'exemple,
en 1991-1992, le gouvernement a eu recours à six marchés
obligataires différents, en plus de se financer par l'émission de
bons du Trésor, de billets de trésorerie et de billets à
moyen terme sur le marché américain. De plus, certains emprunts
comportent des taux flottants, d'autres ont été effectués
à fort escompte et d'autres sont payables en monnaie
étrangère. Enfin, dans certains cas, les emprunts n'ont pas
été conservés dans leur forme initiale mais ont
plutôt été transformés au moyen de contrats
d'échange de taux d'intérêt et de devises: les swaps.
Une façon de comparer en pourcentage l'évolution du
coût d'un service de la dette d'une année à l'autre
consiste à utiliser le taux implicite du coût du service de la
dette directe. Ce taux est obtenu en divisant le coût du service de la
dette d'une année donnée par le montant de la dette en
circulation au cours de cette même année. Ce taux implicite se
situe comme ceci, pour les 10 dernières années, environ: partons,
disons, de 1981-1982, c'était 11,9 %; 1982-1983, 11,7 %; 1983-1984, 10,9
%; 1984-1985, 11,4 %; 1985-1986, 11,3 %; 1986-1987, 10,8 %; 1987-1988, 10,3 %;
1988-1989, 10 %; 1989-1990, 10,3 %; 1990-1991, 10,2 %; 1991-1992, 9,8 % et,
pour 1992-1993, c'est une prévision de 9,4 %. (10 h 20)
Maintenant, le député de Labelle a parlé de la
stratégie de financement et de gestion de la dette. Prenons 1991-1992.
Quels étaient nos objectifs? Diversifier de façon optimale;
minimiser conjointement coûts et risques de la dette, selon une
répartition à taux variable et par devise, en tenant compte de
l'évolution de la conjoncture; minimiser le coût du service de
la
dette à court et à long terme; s'assurer de ne pas
compromettre la stabilité des équilibres financiers et tenir
compte de la dette directe et des opérations du Fonds de financement qui
affectent les résultats financiers du gouvernement.
Alors, quel était le contexte financier? Taux
d'intérêt élevé au Canada, vous vous en rappelez,
particulièrement dans un contexte de baisse marquée du taux
d'inflation; différentiel de taux d'intérêt
élevé entre le Canada et les États-Unis - plus de 500
points de base dans le court terme et 225 points de base dans le long terme -
et l'affaiblissement du dollar canadien et du dollar américain en cours
d'année par rapport aux devises européennes et au yen.
Quelles furent les opérations de financement et de gestion de la
dette? D'abord, l'utilisation diversifiée des marchés:
européen, 39 %; canadien, 38 %; américain, 21 %; Japon, 2 %.
Avant les contrats d'échange, 44 % du financement était
réalisé en dollars canadiens, 34 % en dollars américains
et 22 % dans les autres monnaies. En tenant compte des contrats
d'échange de devises sur ces emprunts, les proportions changent. Elles
passent de 48 %, monnaie canadienne, à 42 %, monnaie américaine
et à 10 %, autres monnaies. On retrouve ces chiffres à l'annexe
C, dans les pages 13 et 14.
Par des contrats d'échange de devises, le gouvernement a
réduit la proportion de sa dette en dollars canadiens et en dollars
américains et a accru la proportion de sa dette en yens et en francs
suisses pour profiter de l'appréciation du dollar vis-à-vis de
ces devises. Le gouvernement a également accru la part de sa dette
à taux variable en dollars canadiens, en francs suisses, en marks
allemands et en yens dans une optique de diversification des risques et de
minimisation des coûts à court et à long terme.
Quel est l'impact des opérations de financement et de gestion de
la dette? D'abord, la réduction de la part de la dette en dollars
canadiens et l'accroissement de l'importance du dollar américain et des
autres devises. Deuxièmement, une augmentation de la dette à taux
variable. Troisièmement, on a déjà observé par le
passé des fluctuations importantes dans la structure de la dette et,
dans tous les cas, les proportions actuelles sont comparables à des
situations qu'on a déjà observées au milieu des
années quatre-vingt.
Les réductions prévues. Réduction du service de la
dette de 86 000 000 $ en 1991-1992, 151 000 000 $ en 1992-1993 et 132 000 000
$, en moyenne, au cours des deux années suivantes. Alors, ce sont des
prévisions de la réduction par rapport à ce que ça
aurait été si on n'avait pas utilisé cette
stratégie.
La structure de la dette directe du gouvernement, 1992, fonds
consolidé, dollars canadiens, 66,3 % - mais vous l'avez, je pense, dans
vos choses - dollars américains, 20,9 %; autres devises, 12,8 %;
à taux fixe, 72,1 % et à taux variable, 27,9 %. Maintenant,
lorsqu'on inclut le Fonds de financement - vous n'avez peut-être pas ces
chiffres-là - ça se partage comme suit: 67,3 % en dollars
canadiens; 20,3 % en dollars américains; 12,4 % avec les autres devises.
À taux fixe, 72,9 % et, à taux variable, 27,1 %.
Maintenant, la réduction de l'échéance moyenne des
emprunts, ça laisse les longues échéances à
Hydro-Québec en raison du type de ses actifs. Deuxièmement, la
conjoncture: la courbe de taux d'intérêt inversée
annonçait la baisse des taux d'intérêt. Politique de la
Banque du Canada: courbe très positive. Niveau de l'inflation: ne
justifie pas d'allonger l'échéance.
Ensuite, à la diversification des sources de fonds, en faisant du
cinq ans: rareté des produits du Québec dans ces
échéances; la création du programme de billets à
moyen terme aux États-Unis; l'augmentation du montant d'argent
disponible dans ces échéances.
Maintenant, pour 1992-1993, c'est-à-dire à partir de
maintenant, on demande quels sont les objectifs de financement et de gestion de
la dette pour 1992-1993. M. le Président, puisque le gouvernement a une
position de négociation à protéger face aux
prêteurs, le ministère des Finances ne peut pas déposer ses
plans détaillés de financement et de gestion de dette, vous
l'admettrez. On peut toutefois en énoncer les objectifs
généraux. Pour assurer son accès aux divers
marchés, le gouvernement continue à entretenir des relations avec
les investisseurs du Canada et ceux des marchés internationaux de
capitaux, de façon à pouvoir saisir les opportunités les
plus intéressantes, et une coordination est maintenue avec
Hydro-Québec à cet égard. Les besoins de financement pour
1992-1993, tant pour le gouvernement que pour l'ensemble du secteur public,
seront nettement inférieurs à ceux de l'année
écoulée, ce qui permettra plus de flexibilité dans les
opérations de financement et de gestion de dette. Le Fonds de
financement a permis de diminuer le coût des emprunts des organismes
subventionnés et des sociétés d'État, tout en leur
donnant accès à des nouveaux marchés. Par ricochet, ceci a
aussi permis de réduire les coûts des emprunts municipaux. Cet
outil de regroupement donne plus de flexibilité pour diminuer les
coûts et permettre l'accès aux marchés.
L'objectif général de financement et de gestion de la
dette est la minimisation des coûts du service de la dette et des risques
d'évolution de ce service face aux fluctuations des taux
d'intérêt et des taux de change. Ayant en vue ces objectifs, dans
une perspective de portefeuille de divers instruments d'emprunt, ceci
amène à privilégier une structure de dette qui diversifie
les instruments en termes de monnaie d'emprunt, de taux d'intérêt
fixe versus flottant et d'échéances.
Une voix:...
M. Levesque: Pardon? Excusez. La minimisa-tion des risques
requiert un minimum de diversification puisqu'un portefeuille à risque
minimum contient une portion d'emprunts en monnaies étrangères
et/ou à taux flottant. Pour mieux saisir les opportunités et
diminuer davantage le coût du service de la dette, il est
approprié d'adapter les opérations de financement et fa structure
de la dette à l'évolution de la conjoncture financière
domestique et internationale. Le service de la dette est l'un des
éléments des opérations financières du
gouvernement.
Plusieurs entreprises gèrent leurs emprunts ou placements en
appariant la structure de leurs revenus et de leurs dépenses de
façon à minimiser les risques. Le gouvernement a une structure de
revenus relativement sensible à l'évolution de l'inflation. C'est
pourquoi l'élément de dépenses qu'est le service de la
dette doit comporter une portion non négligeable d'instruments à
taux flottant pour contribuer à minimiser les fluctuations du
déficit budgétaire. Pour cette raison et pour des raisons
conjoncturelles, la dette à taux flottant a été
augmentée et devrait être maintenue à un niveau un peu plus
élevé que ceux enregistrés en moyenne dans le
passé.
Notons toutefois qu'il existe maintenant des instruments comme les
contrats à terme, les options qui permettent de réduire le risque
de fluctuations à court terme du service de la dette, tout en adoptant
une structure de dette qui minimise les coûts et les risques à
moyen et à long terme. Je pense que ceci complète les
réponses aux questions que le député de Labelle nous
posait hier, en fin d'après-midi. (10 h 30)
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui. Quelques précisions, si on peut me
les donner. En général, est-ce que les emprunts qui ont
été réalisés l'ont été dans la
même monnaie que les emprunts remplacés? Parce que vous avez
dit...
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: ...que vous vouliez profiter des fluctuations
des taux de change, en tout cas de certains avantages. Est-ce que la politique,
c'a été qu'on gardait à peu près les mêmes
emprunts? Il reste qu'il y a quand même beaucoup de fonds nouveaux qui
sont arrivés dans les coffres du gouvernement par les emprunts.
Deuxièmement, la loi 2, qui avait été
adoptée ici, a permis la création du Fonds de financement. Est-ce
qu'on peut savoir quelle est la somme ou quel est le volume des fonds qui ont
transité ou de l'argent qui a transité par ce Fonds, globalement?
Je pense que c'est les deux questions...
M. Levesque: Pour le moment, on peut dire que, lorsqu'il y a des
emprunts qui sont rappelés par anticipation, ce n'est pas automatique,
mais, généralement, ça se renouvelle dans les mêmes
devises. Pas nécessairement, mais, en majorité, oui.
Quant à la question relativement au volume, pour 1991-1992, vous
retrouvez la réponse à l'annexe C, page 14. Vous avez, au Fonds
de financement, 1 016 300 000 $.
M. Léonard:1 000 000 000 $?
M. Levesque: Oui. On avait prévu pas mal ça.
M. Léonard: C'est ce qu'on avait subodoré en
commission parlementaire, lorsqu'on a discuté de la loi 2. Le ministre
était très peu loquace là-dessus, mais nous avions
pensé que c'était de l'ordre d'au moins 1 000 000 000 $.
Alors...
M. Levesque: Nous pensions, à ce moment-là, que ce
serait...
M. Léonard: ...là, ça va être plus
que...
M. Levesque: ...913 000 000 $... 935 000 000 $? Ah! excusez-moi!
C'était 935 000 000 $ qui était notre chiffre.
M. Léonard: Mais vous ne l'aviez pas dit, à ce
moment-là.
M. Levesque: Est-ce qu'on l'avait dit?
M. Léonard: Non, non. Vous ne l'avez jamais dit en
commission parlementaire.
M. Levesque: Non.
M. Léonard: C'est nous...
M. Levesque: Je ne me rappelais pas.
M. Léonard: ...qui avions avancé le chiffre d'au
moins 1 000 000 000 $, donc...
M. Levesque: Alors, vous avez eu une bonne prédiction.
M. Léonard: Bon!
M. Levesque: Une bonne prédiction.
M. Léonard: Merci, M. le ministre! La question
suivante porte sur les projets de loi qui sont dans le décor
actuellement et qui ne sont pas encore adoptés, dont la loi 7 qui permet
au gouvernement et aux municipalités de se con-
former au jugement ou, en tout cas, à un arrêt de la cour
des lords, en Angleterre, à l'effet qu'ils doivent avoir un pouvoir
particulier d'opérer des swaps, ou des choses comme ça, ou des
modalités de garantie à terme dans les emprunts financiers.
Est-ce qu'il y a aussi beaucoup de fonds qui sont affectés par ces lois,
actuellement? Parce qu'il y a la loi 7, et il y a des dispositions qui touchent
d'autres... On affecte aussi la loi de constitution de la Caisse de
dépôt et placement de la même façon. Oui?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. M. Levesque:
M. Alain Rhéaume.
M. Rhéaume (Alain): Alain Rhéaume, pour le ministre
des Finances. Le projet de loi 7, ça va venir faire deux choses:
Premièrement, permettre l'utilisation des instruments financiers de
toute nature par un ensemble d'organismes dont, actuellement, l'habilitation
législative à procéder n'est pas évidente à
ce moment-ci, n'est pas explicite et, deuxièmement, venir confirmer les
opérations du passé. Quand on parle de l'ensemble des
sociétés d'État, c'est un portefeuille de dettes,
évidemment, important. Chacune d'entre elles gère sa dette. La
dette est gérée par des opérations de swaps, de contrats,
disons, accessoires qui ont des volumes assez importants. On parle d'une dette,
dans l'ensemble, qui est plus importante que la dette du gouvernement au total.
Mais il faut comprendre que ce que la loi 7 vient faire, c'est confirmer une
habilitation législative pour des opérations qui se faisaient
déjà. Donc, ce n'est pas un nouveau type d'opération dans
lequel les sociétés d'État ou les organismes
gouvernementaux vont se lancer; c'est juste confirmer des choses qu'ils
faisaient déjà.
Quant aux modifications à la Loi sur la Caisse de
dépôt et placement du Québec, là, c'est
complètement en dehors des opérations financières du
gouvernement ou des organismes eux-mêmes. Ce que ça va faire, au
regard des organismes du secteur public, c'est permettre à certains
organismes du secteur public de déposer à la Caisse de
dépôt des sommes qu'ils peuvent avoir.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Une autre question: Est-ce que la Loi sur
Hydro-Québec sera amendée de façon à lui permettre
d'opérer à peu près de la même façon que la
Caisse de dépôt et placement, de façon à lui donner
une bonne autonomie, une grande autonomie sur les marchés financiers
internationaux?
M. Levesque: Je pense que la loi générale le
permet. On pourrait bien l'inclure dans la loi d'Hydro-Québec,
mais...
M. Léonard: Donc, on va en rester simplement à la
loi 7, dans ce cas-là?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: II n'y aura pas d'autre loi qui va
affecter...
M. Levesque: Bien, écoutez...
M. Léonard: ...la loi d'Hydro-Québec?
M. Levesque: ...je ne peux pas vous parler pour
l'éternité, là. Il n'y a rien de prévu.
M. Léonard: II n'y a rien de prévu actuellement?
Mais je me méfie un peu, M. le Président, parce que le ministre
des Finances, des fois, il n'a rien de prévu aujourd'hui, mais, demain,
il pourrait changer d'idée. Alors, c'est pour ça que vous
comprendrez ma prudence.
M. Levesque: Dans le fond, si on me permet, comme je vous l'ai
mentionné, c'est une disposition générale qu'on retrouve
dans la loi 7, pas seulement pour... C'est ça, hein? On n'a pas besoin
de changer toutes les lois constitutives.
M. Léonard: Quand même, j'ai une question
là-dessus. Pourquoi on modifie directement la loi de la Caisse de
dépôt et placement, alors qu'elle aurait très bien pu
être couverte par la loi générale?
M. Levesque: Oui, c'est entendu que c'est une loi qui modernise
la loi elle-même, mais, en même temps, la Caisse fait affaire
à travers le monde avec des volumes assez importants de transactions et
c'est commode, évidemment, de l'avoir dans la loi même de la
Caisse. Elle fait des placements aussi; pas surtout des emprunts mais surtout
des placements.
M. Léonard: Oui, ils ont plus de placements que de dettes.
Plus que le gouvernement. M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
Labelle.
M. Léonard: ...juste une autre question. Peut-être
que le ministre y a répondu, soit explicitement, soit implicitement.
Est-ce qu'on peut savoir - s'il l'a déjà dit, peut-être
qu'il peut le rappeler - combien d'emprunts en monnaies
étrangères sont garantis par des opérations à
terme, de sorte qu'on soit garanti contre les risques de fluctuation du change?
Est-ce qu'on sait ça ou est-ce que... Les swaps garantissent ça,
mais est-ce que vous avez des chiffres là-dessus?
Le Président (M. Lemieux): M. Rhéaume,
sous l'autorité du ministre.
M. Rhéaume: Très bien. La façon...
M. Léonard: Le ministre est un peu embrouillé dans
tous ces chiffres. Très bien, on va permettre au sous-ministre...
M. Levesque: Ça, c'est mesquin un peu, ça, parce
que, dans le fond, je voulais vous donner la réponse directe et ne pas
prendre la chance de ne pas être fidèle à
l'interprétation...
M. Léonard: Bien.
M. Levesque:... que l'on veut donner à cette...
M. Léonard: Ça confirme ce que je dis, sans vous
offenser.
M. Rhéaume: La façon évidente de le voir,
c'est de tenir compte de ce qu'est la structure de la dette elle-même,
c'est-à-dire qu'en tenant compte de toutes les opérations de
swaps on a une dette qui est à 67 %, si on inclut les opérations
du Fonds de financement dont le gouvernement assume ultimement le service de
dette dans ses opérations. Il y a 67, 3 % de la dette dont les
engagements sont payables en dollars canadiens. Ça veut dire que la
différence, soit 33 %, représente l'«exposure» du
gouvernement sur sa dette aux autres monnaies. Il est évident que, quand
les opérations sont faites, les différentiels de taux
d'intérêt entre les taux d'intérêt qui
prévalent sur les emprunts en dollars canadiens et sur ceux qui spnt
effectués en d'autres monnaies offrent, disons, la marge de couverture
ou de sécurité avec laquelle on est confortable. Donc, pour
répondre précisément à votre question, c'est 67 %
de la dette qui sont totalement payables en dollars canadiens, donc pour
lesquels il n'y a pas de risque de change.
M. Levesque: II faut dire aussi que, lorsqu'il y a des risques de
change, il y a, par contre, d'autres éléments dont il faut tenir
compte, entre autres, par exemple, le taux d'intérêt qui est
payé sur les emprunts en devises étrangères est souvent
très bas, ce qui, par le fait même, constitue une protection. (10
h 40)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous voulez
compléter, M. le ministre? Oui.
M. Levesque: Par exemple, pour les emprunts faits aux
États-Unis, en dollars américains, l'an dernier, il faudrait
aujourd'hui, pour que notre risque commence à exister, que le dollar
canadien baisse en bas de 0, 69 $. Alors, voyez-vous, le fait que le taux
d'intérêt... Vous vous rappelez, je vous ai mentionné que,
dans le court terme, il y avait 500 points de base d'écart, que, dans le
long terme, il y en avait 225. Alors, ça se traduit par ceci: Si vous
empruntez sur le marché américain à des taux de beaucoup
inférieurs, H y a là implicitement une protection qui fait,
justement, que, pour avoir un risque, il faudrait que le dollar canadien
descende en bas de 0, 69 $.
M. Léonard: quand vous dites qu'il y a 66 % de la dette
québécoise libellés en dollars canadiens, cela inclut les
emprunts étrangers garantis par des swaps?
M. Rhéaume: C'est ça.
M. Léonard: Quelle est la proportion de la dette
libellée en dollars canadiens et garantie par des swaps ou des contrats
à terme? C'est ça, ma question. Le reste, on est
complètement «exposés», pour employer un
anglicisme...
M. Levesque: Mais, lorsqu'on fait des swaps, c'est entendu qu'on
les fait avec des gens qui ont une cote de crédit supérieure,
généralement, à la nôtre. Alors, la protection, elle
est là. Maintenant, la proportion est assez faible.
M. Léonard: Sur les 66 %, 67 %.
M. Levesque:.... des swaps. On pourra revenir. On pourra regarder
ça.
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Labelle? M. le député de...
M. Trudel: De Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, voulez-vous intervenir?
M. Gautrin: Comment on fonctionne? M. Léonard: En
alternance. M. Gautrin: En alternance.
Le Président (M. Lemieux): Oui, c'est ça, mais je
n'avais pas vu si vous aviez levé la main.
M. Gautrin: À moins que tu ne sois pressé, si tu
veux parler...
M. Trudel: Non, je ne suis pas pressé, mais je peux le
faire tout de suite.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, vous avez 10 minutes.
M. Gautrin: O. K. M. le Président, alors je vais
poursuivre...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: La réponse que j'ai présentement,
c'est à peu près 1 %, mais on pourra...
M. Léonard: 1 % seulement?
M. Levesque: Oui. Ce serait 66 et 1, quelque chose comme
ça. En tout cas, on peut revenir et être plus précis.
M. Léonard: Non, je comprends, mais je suis un peu
étonné que ce soit 1 % seulement.
M. Levesque: II faut comprendre là, qu'il y a tout le
vieux stock qui est là depuis bien des années. Alors,
celui-là, il n'est pas touché.
M. Gautrin: Alors, je peux y aller, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Hier, j'avais
commencé à aborder avec le ministre des Finances l'ensemble des
mesures qui étaient prévues à l'intérieur du budget
pour soutenir le développement régional. J'avais dû quitter
parce que j'étais appelé dans une autre commission, un vote
devant avoir lieu, alors je vais poursuivre, si vous me permettez, cet ensemble
de mesures pour tâcher de voir où est-ce qu'on en est et quels
sont aussi leurs coûts sur le budget.
La deuxième mesure que vous avez prévue, c'est le Fonds
d'aide aux entreprises, pour faciliter l'accès au capital de risque, et
vous faites une modification au Fonds d'aide aux entreprises, remplaçant
l'ancien programme PRECEP par un nouveau programme. Est-ce que vous pouvez nous
expliquer pourquoi vous faites ça et qu'est-ce que ça va donner?
Je suis à la page 65 de l'annexe A, qui modifie actuellement le
programme PRECEP en créant un nouveau fonds d'aide aux entreprises pour
faciliter leur accès au capital de risque.
M. Levesque: On pourrait commencer par une vue
générale sur la stratégie vis-à-vis des
régions. Nous voulons, évidemment, renforcer le dynamisme
observé en région. Le budget contient des mesures pour appuyer ce
dynamisme. Deux mesures pour favoriser l'accès des PME en région
au capital de risque dont elles ont besoin: un réseau de
sociétés régionales d'investissement dont les frais de
fonctionnement seront en partie subventionnés par le gouvernement et
dont nous avons parlé hier, justement, et il y a la mise en place de ce
Fonds d'aide aux entreprises, sous la direction des conseils régionaux
de développement, en remplacement de PRECEP. J'y reviendrai.
Il y a aussi 47 000 000 $ sur trois ans pour aider les PME à se
moderniser en ayant recours à des consultants et à du personnel
spécialisé. Il y a Innovation PME, le programme Soutien à
l'emploi stratégique dans les PME et la modernisation de
l'équipement des centres spécialisés et des
collèges. Ensuite, il y a 8 000 000 $ sur trois ans pour le
développement de l'«entrepre-neurship» régional et il
ne faut pas oublier l'appui accru au secteur minier - vous allez y revenir -
par le biais des actions accréditives et de la reconduction du programme
spécial avec SOQUEM. Il y a un ajout aussi, du côté des
forêts, à leurs emplois saisonniers, 7 000 000 $, et, finalement,
il ne faut jamais l'oublier, les crédits de 6 000 000 $ pour la
reconduction du programme spécial d'emplois en Gaspésie et aux
Iles-de-la-Madeleine.
Maintenant, pour parler un instant du PRECEP - c'est la question du
député de Verdun - ces fonds d'aide aux entreprises remplaceront
le programme PRECEP qui était administré par l'OPDQ depuis le
mois d'août 1989. La mesure vise à répondre aux besoins de
capital de risque pour les projets de démarrage d'entreprises,
particulièrement pour les besoins de moins de 200 000 $.
Ces fonds d'aide seront mis sur pied par les conseils régionaux
et auront pour mandat de faire des prêts, généralement non
garantis, aux entreprises en démarrage. On veut dire par
«entreprises en démarrage» des entreprises qui ont moins de
trois ans d'existence. Ces fonds d'aide seront constitués en
corporations. Des liens fonctionnels seront établis entre les fonds
d'aide aux entreprises et les sociétés régionales
d'investissement afin de permettre des échanges d'informations et
d'expertise. Ainsi, le président de la Société
régionale d'investissement va siéger au conseil d'administration
du Fonds d'aide.
Le conseil d'administration sera formé d'un représentant
du Conseil régional, du délégué au
développement régional, du président de la
Société régionale d'investissement et, le cas
échéant, d'organismes socio-économiques et d'investisseurs
privés associés aux fonds. Les fonds d'aide accorderont des
prêts généralement non garantis, comme je l'ai
mentionné; le prêt maximal sera le moindre de 200 000 $ ou d'un
pourcentage des dépenses admissibles. Le pourcentage sera modulé
pour tenir compte des caractéristiques particulières des
régions. Il pourra atteindre 35 % des dépenses admissibles dans
le cas des MRC démunies, 30 % dans les régions
périphériques et 20 % dans les régions centrales et
métropolitaine. Enfin, une exemption d'intérêt pouvant
atteindre 30 % de la valeur du prêt sera accordée, alors que le
prêt devra être remboursé sur une période maximale de
cinq ans à compter de la fin de la période d'exemption
d'intérêt.
Dans ie but de minimiser les coûts de gestion des fonds d'aide,
les prêts consentis seront effectués par une institution
financière
choisie par l'emprunteur. le gouvernement garantira à
l'institution financière le prêt accordé et ce prêt
respectera les caractéristiques convenues entre le fonds d'aide et le
promoteur. le montant annuel d'engagement de garantie que pourront octroyer les
fonds d'aide sera de 15 000 000 $. ce montant est supérieur aux
disponibilités budgétaires de 10 500 000 $ allouées par la
réforme, du fait que ces crédits servent à couvrir une
provision pour perte sur les prêts consentis, 40 % de la valeur du
prêt, et les frais reliés au congé d'intérêt
accordé, soit 30 % de la valeur du prêt. une partie des
dépenses de fonctionnement sera assumée, dans un premier temps,
par le gouvernement, ce qui se traduit par une hausse de 2 000 000 $ par
année de l'enveloppe de 45 000 000 $ dévolue par la
réforme aux conseils régionaux. sur la base des résultats
observés dans le passé, le montant annuel d'engagements de 15 000
000 $ octroyés par les fonds d'aide devrait permettre de
générer des investissements de l'ordre de 60 000 000 $, et nous
espérons la création d'environ 150 nouvelles entreprises par
année. voilà!
M. Gautrin: Merci, M. le ministre. Je vais revenir maintenant sur
un point que vous avez abordé et qui est important, évidemment,
dans le développement économique en région, celui du
soutien à l'emploi stratégique. C'est-à-dire que le budget
prévoit - et vous l'avez abordé - un certain montant pour
soutenir, dans les centres spécialisés des collèges,
l'emploi stratégique et prévoit aussi de développer et
d'accroître le réseau des centres spécialisés. (10 h
50)
M. le ministre, j'aimerais vous poser la question: Comment voyez-vous le
développement, actuellement, du soutien à l'emploi
stratégique, et quelle importance ça va avoir pour les
régions du Québec? Et, particulièrement pour les individus
qui vont avoir à profiter de ce budget, quelle partie de leur salaire va
leur être remboursée, ou comment ça va fonctionner,
pratiquement, pour les citoyens?
M. Levesque: Je trouve que vous avez touché là un
autre point important dans notre politique de développement
économique des régions. L'absence de personnel disposant des
connaissances spécialisées dans les postes stratégiques,
particulièrement dans les domaines scientifiques, constitue l'un des
obstacles qui freinent le rythme d'introduction de nouvelles technologies dans
les PME. Le Programme de soutien à l'emploi stratégique a pour
but de pallier à cette carence.
Le Programme de soutien à l'emploi stratégique, le PSES,
sera doté de 12 000 000 $ sur trois ans pour subventionner l'embauche
par les PME de diplômés des collèges et des
universités. Pour répondre aux besoins plus marqués de
main-d'oeuvre qualifiée en région, les taux d'aide en pourcentage
du salaire de base d'un administrateur, d'un ingénieur ou d'un
technicien seront dorénavant modulés régionalement. Comme
je l'ai mentionné tout à l'heure, il y a toute une modulation qui
se fera. Vous avez, je pense, le tableau dans...
M. Gautrin: Pages 60, 70 et 80.
M. Levesque: C'est ça. Ensuite, vous avez mentionné
les stages dans les centres spécialisés des collèges,
bien, dans le but d'accroître la qualification de la main-d'oeuvre en
région, un nouveau volet est ajouté pour permettre à des
travailleurs à l'emploi d'entreprises manufacturières d'effectuer
des stages de perfectionnement d'une durée maximale de six mois dans des
centres de recherche ou des centres spécialisés des
collèges. L'aide, encore là, sera modulée
régionalement et couvrira un pourcentage du salaire de base de
l'employé et de ses frais de séjour et de déplacement. Des
crédits de 3 000 000 $ sur trois ans sont alloués à cette
fin et, encore là, il y a la modulation entre les régions
centrales, périphériques et les MRC démunies. Et
voilà! M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Gautrin: Est-ce qu'il me reste du temps, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Verdun.
Programme de soutien à l'exploration
minière
M. Gautrin: Bon. Alors, je voudrais aborder maintenant un
quatrième volet du développement...
Le Président (M. Lemieux): II ne resterait que 2 minutes
sur vos 10 minutes, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Ah! C'est parce que je comprends, là...
M. Levesque: C'est moi qui prends le temps.
M. Gautrin: ...c'est lui qui prend le temps. Bon, je voudrais
aborder un quatrième volet, maintenant...
Une voix: C'est la faute du député de Labelle.
M. Gautrin: Merci. ...du développement régional,
qui est plus limité à l'Abitibi. Je vois ici le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue qui voudrait
embarquer sur la question. Je vais embarquer le premier; j'imagine qu'il va
suivre.
C'est sur la question du développement minier en Abitibi. Si j'ai
compris le texte que vous avez, vous proposez une amélioration ou une
bonification du Programme de soutien à l'exploration minière en
majorant les déductions pour les actions accréditives, d'une
part, et, d'autre part, dans un deuxième volet, parce qu'il faut bien
distinguer entre les compagnies majeures et les compagnies dites
«juniors», vous voulez aussi soutenir ou continuer le soutien
à l'exploration minière dans l'Abitibi.
Alors, M. le ministre, j'aimerais vous poser la question, si vous pouvez
nous expliquer un peu plus les deux effets: l'effet des actions
accréditives pour l'exploration minière en Abitibi - bien, pas
nécessairement en Abitibi mais principalement en Abitibi - et le cas de
la distinction entre les compagnies juniors et celles qui ne semblent pas
être juniors.
M. Levesque: Je pense que, là, le député de
Verdun vient encore de rappeler une autre mesure importante pour le
développement des régions. Je suis heureux que le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue se trouve ici, parce
que ça touche évidemment d'assez près la région que
vous avez mentionnée, la région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Ça touche un peu la région de la
Gaspésie, il ne faut pas l'oublier non plus, mais nous sommes beaucoup
plus du côté de l'exploration encore en Gaspésie, si on
exclut Murdoch-ville, et nous pensons cependant que l'exploration,
particulièrement l'exploration en surface, est extrêmement
importante.
Ma dernière visite en Abitibi, ça date, je pense... En
tout cas, je n'ai pas exactement la date, mais, déjà, au moins
une couple d'années. Je pense que j'étais à Val-d'Or. J'ai
donné une conférence dans cette ville. Non, je pense que
c'était il y a trois ans. Et on m'avait parlé justement de
certaines mesures qui pouvaient être prises pour améliorer les
actions accréditives. Et une des mesures qu'on avait mentionnée
là ou qu'on m'avait suggérée était relativement
difficile d'application, mais nous avons pris le temps de la regarder. Nous
avons apporté depuis d'autres mesures importantes dans l'aide à
l'exploration, dans les années antérieures. Mais, cette
année, je pense que nous avons attaqué directement ce
point-là. Et pour rendre l'écart entre les taux de
déduction plus représentatifs, d'abord, du différentiel de
risque caractérisant l'exploration souterraine et l'exploration de
surface, qui est le premier stade de l'exploration minière, la
déduction actuelle de 133,33 % sur l'exploration souterraine est
réduite, elle, à 125 %, afin de pouvoir augmenter la
déduction pour l'exploration de surface faite par des entreprises
juniors, qui passe de 166,66 % à 175 %.
Et, pour dynamiser davantage le secteur de l'exploration minière
en région, dont le volume financé par le biais d'actions
accréditives est en décroissance depuis quelques années,
une partie du gain en capital - et c'est ce point-là qui m'avait
été suggéré - réalisé lors de la
vente d'une action accréditive, soit la partie égale à la
différence entre le prix payé pour l'action et zéro, ne
sera plus imposable. Actuellement, toute disposition d'actions
accréditives entraîne généralement un gain en
capital, même si le prix de vente est inférieur au prix d'achat.
C'est technique, mais, au lieu de partir de zéro, on va partir du prix
réel. Et ceci fait en sorte qu'il n'y aura pas de profit factice, si
l'on veut, ou superficiel, ou théorique. Et ceci va sûrement
être une mesure qui va aider et, normalement, devrait aider assez
substantiellement à la disposition des actions accréditives.
Actuellement, le taux de disposition d'actions accréditives
entraîne généralement un gain en capital, même si le
prix de vente est inférieur aux prix d'achat. 75 % de ce gain en capital
est imposé si le contribuable n'est plus admissible à l'exemption
à vie sur les gains en capital. Si l'action est vendue plus cher que le
prix payé par le contribuable, la partie du gain en capital qui
excède son coût continue d'être imposable. Alors, c'est
ça, le changement qui est apporté et qui fait que, maintenant,
les modifications ont un impact sur le seuil de rentabilité. Disons que,
pour un investissement de 100 $ dans l'exploration, avant budget, l'exploration
souterraine non admissible à l'exonération était de
l'ordre, sur 100 $, de 66,42 $ et, maintenant, après budget, seulement
de 53,94 $. Pour l'exploration de surface, c'était 53,47 $ et,
maintenant, 38,90 $.
C'est donc dire que le seuil de rentabilité est substantiellement
modifié. Il y avait aussi un deuxième volet à tout cela.
C'était avec SOQUEM, et il y avait un programme mis en place l'an
dernier pour appuyer l'exploration minière des corporations juniors.
Alors, nous le prolongeons pour un an. Il y a eu beaucoup
d'intérêt pour cette mise de fonds là, avec une enveloppe
de 5 000 000 $. D'ailleurs, l'an dernier, nous avions mis une enveloppe de 5
000 000 $ et l'aide accordée a été de 4 400 000 $ pour 29
projets. Ce programme est administré conjointement par SOQUEM et le MER,
le ministère de l'Énergie et des Ressources. (11 heures)
Pour terminer, M. le député de Verdun, je dois vous dire
que cette mesure ou ces mesures du budget ont été accueillies
très favorablement et très positivement par le milieu. J'ai eu
des années où j'avais eu des commentaires mixtes, mais, dans ce
cas-ci, cette année, c'a été complètement positif.
Je lis ici un article dans lequel... J'avais vu le communiqué de M.
Gratien Gélinas, le directeur général de l'Association des
prospecteurs du Québec, et, ici, dans cet article, c'est encore
confirmé, dans le journal Les Affaires du samedi 23 mai 1992. Je
lis ceci: «Les mesures fiscales visant les actions accréditives
annoncées dans le budget du Québec
pourraient s'avérer assez attrayantes pour intéresser
à nouveau les plus fortunés. C'est ce qui se dégage des
premières réactions de quelques intervenants du milieu minier
à la suite de la présentation du budget du gouvernement du
Québec jeudi dernier. «Nous sommes satisfaits de la reconduction
du programme de SOQUEM. Nous pensons aussi que les autres mesures auront un
impact psychologique positif sur les investisseurs.» Et, là, M.
Gélinas ajoute: «II reste à convaincre le
fédéral de faire son bout de chemin. Cependant - un peu plus tard
- la mesure qui risque d'attirer le plus les gros portefeuilles vers les
actions accréditives touche les gains en capital.»
Alors, c'est cette mesure-là que j'ai essayé de
décrire le plus simplement possible au point de vue technique, qui va
sûrement amener plus d'investissements.
M. Gautrin: M. le Président, est-ce que le
député... Je veux poser une question implicitement, à
travers vous, au député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
S'il veut rester sur le même sujet... Moi, évidemment, je veux
quitter le sujet des actions accréditives pour aller vers une autre
mesure de développement régional. Peut-être pour
l'équilibre, la facilité du débat, il serait
préférable de lui passer la parole s'il a l'intention de
rester...
Le Président (M. Forget): Excusez... M. Gautrin:
Pardon?
Le Président (M. Forget): Excusez. On va faire le point.
M. Gautrin, il reste 6 minutes. À M. Levesque, il reste 1 minute. 2
minutes.
M. Gautrin: O.K. C'est clair. Moi, je pourrai encore parler
pendant 6 minutes. C'est ça? Mais je pense...
M. Léonard: Tout le monde comptabilise son temps. Moi
aussi, je n'ai pas parlé 10 minutes au début.
M. Gautrin: Moi non plus. Dans ces conditions-là, moi, je
pense... Non, non, mais écoute, pour faciliter le débat, moi, je
vais arrêter ici, quitte à revenir plus tard, et je vais passer la
parole au député de...
Le Président (M. Forget): Je pense que, si on regarde les
procédures, c'est 10 minutes d'un côté, 10 minutes de
l'autre, et M. le ministre a 10 minutes pour répondre. Alors, c'est
comme ça qu'on a convenu au début. Alors, je pense que...
M. Gautrin: Mais, moi, je vais arrêter ici, M. le
Président, parce que je pense que le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue veut rester sur le même sujet. C'est
pour éviter qu'on s'éparpille dans toutes sortes de sujets.
M. Léonard: II a 10 minutes, à son tour. Moi, quand
j'ai laissé mon droit de parole, ça me donnait 10 minutes.
M. Gautrin: Non, non, mais, écoute, on ne va pas faire un
débat inutile une fois qu'on est d'accord, si tu veux.
M. Léonard: C'est par alternance. Alors, c'est à
lui.
M. Gautrin: Alors, pour faciliter ça, je voulais... Je
pourrais continuer à parler sur les REA et d'autres choses, mais je
reviendrai.
M. Trudel: M. le Président...
Le Président (M. Forget): Oui, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Léonard: Pour 10 minutes.
M. Trudel: M. le ministre des Finances était à
signaler la vigilance de mon collègue de Labelle sur les questions de
procédure comme sur les questions budgétaires. Oui, quelques
questions supplémentaires au sujet du programme d'aide à
l'exploration minière. Est-ce que vous pourriez nous indiquer, quand
vous dites que la partie considérée pour fins de non-imposition
sera le prix réel d'acquisition, si c'est le prix payé par
l'investisseur ou si c'est le prix considéré par le
ministère du Revenu? À certains égards, il y a aussi la
déduction fédérale. Le 100 % qui est rendu à peu
près à 98 % pour la partie...
M. Levesque: C'est le prix qu'il a payé.
M. Trudel: C'est le prix qu'il a payé à
rémission de l'action.
M. Levesque: Oui.
M. Trudel: Bon. Plus généralement maintenant, au
niveau de la stimulation que cela devrait provoquer, j'imagine que vous avez,
j'espère en tout cas que vous avez fait une certaine projection. L'an
passé, il s'est fait, grâce aux actions accréditives,
à peu près une dizaine de millions de dollars d'exploration
à travers les entreprises juniors, d'investissements en exploration de
surface surtout. Quelle est la projection faite au ministère des
Finances sur le taux d'exploration minière de surface prévu ou
qui sera augmenté de par la mesure qui a été prise? On se
souvient que...
M. Levesque: C'est assez difficile parce que vous savez qu'il y a
eu des fluctuations énormes d'une année à l'autre et qu'il
y a eu des années où ça a explosé. Ce
n'était pas normal, autre-
ment dit. C'était en 1987. Il y avait eu là... M.
Trudel: 587 000 000 $.
M. Levesque: Oui. Je pense qu'il y avait eu un petit peu plus de
trous que nécessaire. Je ne veux pas exagérer, mais... Cependant,
voyez-vous, en 1984, il y avait 64 800 000 $ d'émission d'actions
accréditives. Ça a continuellement augmenté jusqu'en 1987
où on est arrivé à ce résultat absolument
renversant. Nous avons, évidemment, établi certaines balises
afin, justement, qu'il n'y ait pas d'exagération dans l'utilisation des
actions accréditives. Nous avons encore une responsabilité et
nous voulons l'assumer pleinement sur l'utilisation des fonds publics. Vous
comprenez pourquoi on suit ça de près. Par contre, avec la
récession et avec les conditions économiques, le marché,
etc., il est arrivé qu'il y a eu une diminution considérable du
côté des actions accréditives, comme il y en a eu dans
d'autres actions. Quand on regarde les REA, par exemple, ils ont
également subi une diminution.
Alors, nous avons décidé, pour stimuler, chose qu'on
n'aurait pas pu faire, probablement, en 1987, quand il y en avait pour 532 000
000 $ - ce n'était peut-être pas nécessaire de stimuler
davantage... J'avais retenu ce qu'on m'avait suggéré en Abitibi,
à Val-d'Or, en particulier, et j'ai pensé, cette année,
qu'il serait peut-être oppportun d'utiliser cette
suggestion-là.
Qu'est-ce que ça va donner? On ne peut pas vous répondre
d'une façon précise, ce serait réellement
téméraire et irresponsable, mais nous avons mis une
prévision du double de l'an dernier. Est-ce que ça va être
ça? Je ne le sais pas. Je ne le sais pas du tout. C'est d'autant plus
une précaution parce qu'il faut avoir une précaution assez
raisonnable, mais on verra. Je ne peux pas vous dire plus. Je pense que c'est
bien reçu dans le milieu. Maintenant...
M. Trudel: En partie, oui.
M. Levesque: ...qui achète ces actions
accréditives? Ce n'est pas nécessairement les prospecteurs.
M. Trudel: Non.
M. Levesque: C'est peut-être eux aussi, mais c'est surtout
les investisseurs que l'on retrouve partout, par exemple, à
Montréal ou à Québec.
M. Trudel: Le ministre des Finances prévoit, à la
page 118, sur la synthèse de l'impact financier, une dépense
d'impôt. Il y a l'impact, au niveau des recettes, des revenus et
déboursés, de 3 000 000 $, ce qui devrait, oui, probablement
amener à une espérance de doubler l'exploration par les
entreprises minières juniors. Là, je rappellerais au ministre des
Finances que c'était quelque chose comme 9 000 000 $, l'an passé,
qui ont été levés par les entreprises juniors aux fins
d'exploration de surface au Québec, mais à 98 % dans la
région de l'Abitibi-Témiscamingue. Or, l'Association des
prospecteurs du Québec estime qu'il faut maintenir un niveau
d'activité d'exploration entre 150 000 000 $ et 200 000 000 $ par
année pour en arriver à espérer le renouvellement des
réserves des ressources minérales. Par définition, une
mine qui rouvre, c'est une mine qui ferme, vous savez ça. Il y en a
aussi de l'exploration dans votre région. (11 h 10)
Alors, on va être assez loin du compte, même avec ce
mécanisme-là, puisqu'il faudra, pendant l'année, avec cet
ajout-là, regagner la confiance des investisseurs avec ce type de
placement à risque très haut sur le rendement, évidemment,
en plus de dire que, sur le plan financier, il faudra avoir
épuisé ces déductions, le montant total de
déduction en capital de 100 000 $ au niveau des grandes entreprises qui
transfèrent ça chez des particuliers et de 500 000 $ pour les
PME. Il faudra d'abord épuiser cela.
Alors, je trouve ça un peu timide de penser que même en
doublant, ça va nous amener à une activité minière
d'exploration qui va être très loin du compte pour assurer les
réserves minérales. Est-ce que le ministre des Finances, à
cet égard-là, a prévu des mesures de soutien ou a
financé des mesures de soutien pour ce que j'appellerais regagner la
confiance des marchés financiers? Comme on a dit tantôt, ce n'est
pas les prospecteurs qui achètent ça, ce sont les investisseurs,
moins institutionnels, d'ailleurs, évidemment, que des particuliers.
Est-ce qu'il y a des mesures qui sont également jointes pour supporter
le fait de regagner la confiance des investisseurs dans l'exploration
minière, en particulier de surface où c'est encore plus
risqué, plus élevé en termes de risque que l'exploration
en profondeur?
M. Levesque: Disons, tout d'abord, que, lorsqu'on avance des
chiffres relativement aux activités des juniors, il ne faut pas oublier
les sociétés plus importantes qui font de l'exploration, et
ça, d'une façon assez considérable aussi et qui,
quelquefois, utilisent les juniors pour compléter leurs projets.
Deuxièmement, lorsqu'on dit le double, c'est peut-être
beaucoup plus que cela. On veut être un peu conservateurs. On a le temps
de voir venir parce que, avant que ces déductions fiscales soient
accordées, nous serons dans une autre année financière.
Vous comprenez que ce n'est pas cette année que ça va
coûter de l'argent au gouvernement. Alors, on a le temps de regarder
l'activité qui sera générée par cette nouvelle
politique et tout dépendra, à ce moment-là, du
succès de la mesure.
D'abord, il faut dire que la réaction du
milieu, de ceux qui connaissent ça beaucoup plus que moi...
Peut-être que vous avez une connaissance personnelle du secteur, mais,
personnellement, je dois vous dire que je dois un peu tenir compte des
suggestions faites par le milieu et, en même temps, je dois tenir compte
aussi des réactions que cette politique amène. Les
réactions sont très positives. Autrement dit, ceux qui sont dans
cette profession-là disent: Nous sommes satisfaits de ces
mesures-là. Donc, je ne peux demander plus pour le moment. Je ne dis pas
qu'avec le temps, si les circonstances ne sont pas telles que celles que l'on
prévoit, ou que l'on projette, ou que l'on espère...
On n'est jamais fermés. La preuve c'est que cette
suggestion-là, qui m'est parvenue peut-être il y a deux, trois
ans, se trouve aujourd'hui dans la réalité du budget. Je ne ferme
pas la porte à d'autres suggestions qui pourraient être
également positives, mais attendons. Je pense que cet exercice-ci
mérite qu'on lui fasse confiance. Il y a cette mesure importante pour la
vente d'actions accréditives en plus du programme qui s'est
avéré un succès l'an dernier, de cette coopération
entre SOQUEM et les entreprises juniors.
C'est tout ce que je peux vous dire pour le moment, mais soyez
assuré que la moindre des suggestions que vous voulez nous apporter,
elle sera étudiée à son mérite. Il ne faut pas
oublier que nous avons le meilleur régime au Canada en matière
d'aide à l'exploration minière, dans les droits miniers.
M. Trudel: Je ferais remarquer au ministre des Finances que, si
les grandes entreprises font aussi, oui, ce qu'elles appellent de
l'exploration, qui n'est pas généralement de l'exploration de
surface, en réalité les gens du secteur qui connaissent bien
ça vont vous dire qu'on ne peut pas identifier ça à de
l'exploration en soi. Quand la mine est en exploitation, on va chercher
à agrandir le volume du tonnage identifié comme étant
possiblement rentable, mais ça s'avère beaucoup plus être
des travaux d'exploitation. En cours d'exploitation, sous la galerie, on va
procéder à une série de travaux de forage qui nous
amènent peut-être à identifier une augmentation du tonnage
des réserves. Mais c'est un peu étirer les choses que de compter
ces montants-là dans les montants d'exploration minière. Il n'y a
personne qui triche là-dedans, il y a seulement des gens qui
étirent la définition de l'exploration et de l'exploitation.
Je vais revenir aussi sur...
M. Levesque: On me permettra cependant d'ajouter que les mesures
que nous avons là ont été suggérées par Mme
la ministre de l'Énergie et des Ressources et par les fonctionnaires,
également, du ministère de l'Énergie et des Ressources qui
sont en contact, évidemment, plus directement que nous avec les gens du
milieu concerné. Ces mesures qu'on me suggérait correspondaient
également à ce que j'avais moi-même comme connaissance
personnelle. Je dois vous dire que je suis convaincu que, lorsque vous aurez
l'occasion de retourner en commission parlementaire, par exemple, avec Mme la
ministre de l'Énergie et des Ressources, vous aurez là sans doute
des renseignements de première main et de nature plus complète,
et c'est normal. Au ministère des Finances, nous touchons un peu
à tout, mais pas avec la même profondeur que chaque
ministère sectoriel peut le faire, vous en conviendrez avec moi.
M. Trudel: Le fonds à SOQUEM pour l'investissement dans
les entreprises minières juniors, il passe de 5 000 000 $à10 000
000 $...
M. Levesque: Non.
M. Trudel: ...ou si c'est les mêmes 5 000 000 $?
M. Levesque: Non, c'est les mêmes 5 000 000 $... Ce n'est
pas les mêmes parce que les autres ont été utilisés,
mais c'est un autre montant de 5 000 000 $. C'est un ajout qui fait 10 000 000
$, excepté qu'il y en a déjà près de 5 000 000 $
qui sont partis déjà. Alors, il reste un autre montant de 5 000
000 $ pour l'année. D'ailleurs, vous savez, si elle en avait eu besoin
de plus, on aurait pu regarder, mais c'est arrivé exactement à
peu près avec les 29 projets qui ont été acceptés
qu'elle a utilisé à peu près l'enveloppe en question. J'ai
répondu positivement à la demande d'une enveloppe similaire pour
1992-1993.
M. Trudel: Le ministre des Finances est assez habile sur
l'utilisation des termes, il faut le reconnaître, en parlant, pour une
année supplémentaire, d'une somme de 5 000 000 $
supplémentaire. Mais c'est...
M. Levesque: C'est pour l'année.
M. Trudel: ...la reconduction de la somme prévue ou du
niveau prévu?
M. Levesque: Non. On avait prévu zéro, pour
l'année 1992-1993. C'est une expérience que nous avions faite qui
devait durer un an. Il faut voir si ça fonctionne aussi, avant de mettre
des fonds quelque part. On s'est aperçus que ça avait bien
fonctionné et le ministère nous a recommandé d'ajouter un
autre montant de 5 000 000 $ pour l'an prochain, et nous l'avons fait. Si mes
termes ont été sibyllins ou ambigus, je m'en excuse.
M. Trudel: Je peux vous indiquer que la réaction de
l'Association des prospecteurs inclut, pour en avoir parlé avec M.
Gélinas, le fait que
bien des personnes ont pensé qu'on passait à 10 000 000 $
comme fonds d'investissement possible de SOQUEM dans les entreprises junior
parce qu'il y avait le mot «supplémentaire» qui
était...
M. Levesque: Ce n'est pas impossible que ça puisse se
produire dans l'avenir. Il s'agit de voir comment le programme fonctionne. Mais
il faut toujours être responsables devant l'utilisation des fonds
publics, je reviens toujours à la même chose. C'est une demande
que j'ai eue du ministère de l'Énergie et des Ressources et j'ai
répondu positivement.
M. Trudel: Qu'en est-il de la question de - toujours au niveau
des actions accréditives aussi - la répartition, de la
possibilité de réaliser les travaux avec l'argent levé par
des actions accréditives sur une période de 12 mois, suivant la
fin de l'émission... En général, les entreprises
minières juniors vont se financer sur le marché à
l'automne. L'un des problèmes - c'est indiqué encore ici - c'est
que les dépenses d'exploration pour l'année en cours doivent se
faire avant le 28 février ou quelque chose du genre. Le 28
février...
M. Levesque: II est possible d'imaginer justement que ces sommes
d'argent soient mises en fiducie pour la période que vous mentionnez,
mais, encore là, nous avons fait des démarches auprès du
gouvernement fédéral et mes fonctionnaires viennent de me dire
que ces démarches-là seront reprises incessamment. Nous croyons
que ça serait important d'avoir une telle mesure.
(11 h 20)
M. Trudel: Oui, parce qu'il semble, effectivement, que ce soit le
gouvernement fédéral qui refuse de s'harmoniser avec nous cette
fois-là pour une région minière comme
l'Abitibi-Témis-camingue. Pour les entrepreneurs miniers juniors, c'est
une mesure qui serait extrêmement importante parce que ça
permettrait, évidemment, d'étaler les travaux, de faire en sorte
que ce soit un attrait supplémentaire auprès des investisseurs,
et, évidemment, aussi d'obtenir des meilleurs prix au niveau des travaux
à réaliser. C'est ça la difficulté qui se
présente. Le ministre dit donc au niveau des finances qu'il y a des
échanges qui se poursuivent avec le gouvernement canadien
là-dessus.
M. Levesque: Le gouvernement du Québec appuie le milieu
pour que le fédéral donne suite à cette suggestion.
M. Trudel: Dans le temps qu'il reste, j'aimerais bien poser
quelques questions sur la santé et les services sociaux.
Évidemment, c'est un secteur de prédilection. Bon, il y a donc un
certain nombre de mesures qui ont été annoncées par la
petite fiche supplémentaire de 20 h 25 par le ministre des Finances au
niveau des soins optométriques, des coupures au niveau des soins
dentaires pour les enfants de plus de 10 ans et également le petit 2 $
à Marc-Yvan, on l'avait dit, sur chacun des médicaments pour les
personnes âgées.
Là où est ma question... C'est surtout une mesure qui a
été, en tout cas, peu publicisée. C'est également
une restriction de 50 000 000 $ de dépenses pour le paiement des actes
médicaux à la RAMQ, une compression de 50 000 000 $ à la
Régie de l'assurance-maladie du Québec du côté des
médecins. Je dis à la RAMQ parce que, bon, c'est l'agent-payeur
là. Il y a une mesure, dans les 135 000 000 $, annoncée à
l'Assemblée nationale le 8 mai qui prévoit des mesures de
compression chez les médecins pour les actes de 50 000 000 $. Est-ce
qu'il y a un programme qui a été prévu à cet effet?
Quelles sont les spécialités qui seraient touchées? Enfin,
ça vient d'où, ça part d'où et ça
atterrirait où en termes d'économie de 50 000 000 $, enfin de
compression de 50 000 000 $?
M. Levesque: Le montant de 50 000 000 $, je ne le retrouve pas.
Ce que nous avons comme mesure de réduction des dépenses au
ministère de la Santé et des Services sociaux pour 1992-1993
donne un total de 135 300 000 $. Il y a là, du côté des
médicaments, 35 800 000 $; du côté de la
désassurance du côté dentaire et du côté
optométrique, respectivement, 24 500 000 $ et 17 500 000 $, pour un
total de 77 800 000 $.
M. Trudel: C'est ça.
M. Levesque: On calcule que la réduction de consommation
devrait donner 17 500 000 $ - ce sont toutes des prévisions,
évidemment; c'est tout sujet ensuite à la réalisation de
ces choses-là - ce qui donne un total de 95 300 000 $. Ensuite, il y a
seulement deux autres items que nous avons, c'est les mesures de
rationalisation dans les établissements, 15 000 000 $, et la pratique
professionnelle, 25 000 000 $, pour que ça arrive à 135 000 000
$. Ce sont les chiffres que nous avons.
Dans les éléments, les possibilités dans la
pratique médicale, il s'agit non pas de 50 000 000 $ mais de 25 000 000
$, et ces 25 000 000 $ touchent la question de la radiographie pulmonaire, dans
certains cas; les tests et analyses pour fins de diagnostics - je ne suis pas
un expert là-dedans, je suis après vous donner ça un peu
comme ça vient - l'abandon du financement des coûts relatifs aux
examens de préemploi; pour les besoins plutôt esthétiques
dans les centres de conditionnement physique, la désassurance d'examens
et de tests; la restriction de l'utilisation des médicaments du groupe
de benzodiazépine, dont la consommation est élevée au
Québec.
M. Trudel: Valium.
M. Levesque: C'est ça que nous avons. Nous n'avons pas
d'autre chose que ça aux Finances, mais libre à vous de
rencontrer votre vis-à-vis. Comme je le disais tout à l'heure,
les ministères sectoriels vont plus en profondeur. Nous, nous avons ce
dont nous avions besoin pour faire le budget, comment ça va rapporter,
ces mesures-là, et quelles sont-elles.
M. Trudel: Au niveau des impacts - des impacts financiers, on
s'entend, là - sur le ministère, le gouvernement, de recettes ou
de coupures de dépenses, est-ce que le ministère des Finances
avait fait un certain nombre d'analyses sur l'impact chez les contribuables,
par exemple, d'une mesure comme la coupure des soins dentaires aux enfants de
10 à 13 ans? Dans le sens suivant. Actuellement - et ce n'est pas au
ministre des Finances de connaître ça par coeur, j'en conviens -
les ententes convenues avec la RAMQ et les spécialistes de l'Ordre des
dentistes, pour un examen, une réparation d'une dent de quelqu'un entre
10 ans, 13 ans et 15 ans généralement, l'entente, c'est qu'on
donne 32,50 $. Ça, c'est l'entente avec la RAMQ.
Si vous allez voir maintenant les taux recommandés par l'Ordre
des dentistes pour charger à la personne au moment où c'est non
assuré ou pour une personne qui n'est pas assurée en vertu du
régime - c'est la recommandation, c'est le tarif - le tarif va
être de 57 $. On ne charge pas le même prix à la RAMQ qu'un
acte privé. Est-ce qu'il y a des tableaux? Est-ce qu'il y a un impact
qui a été préparé sur le coût pour les
citoyens, pour les contribuables de ce déboursé
supplémentaire lorsqu'on sait qu'il y a 24 500 000 $ de
déboursés de moins par la RAMQ, par le gouvernement pour assurer
cette partie des services? Est-ce qu'on a, au ministère,
préparé ces évaluations sur l'impact?
Deuxièmement, est-ce que le ministre sait qu'avec cette charge de
57 $ par acte généralement réalisé chez les enfants
de 10 ans à 13 ans, on n'est pas à 24 500 000 $ de plus de
coût pour les contribuables, on est plutôt à 57 000 000 $ -
c'est entre 50 000 000 $ et 57 000 000 $? Est-ce que ça, c'a
été évalué au ministère des Finances,
l'impact sur le fardeau des contribuables, des familles, finalement? Il y a un
bon chapitre du ministre des Finances sur les superbes mesures natalistes comme
soutien aux familles et sur le seuil d'impôt aux familles, mais le
ministre est en train de leur refiler ça d'autre part. Est-ce qu'il y a
eu une évaluation faite par le ministère des Finances sur
l'impact de cette mesure des coupures des services dentaires?
M. Levesque: On ne peut pas, d'abord, mesurer l'impact du soutien
des familles avec cette mesure-ci. C'est tellement disproportionné au
point de vue de l'impact financier. On parle ici de quelques millions. L'impact
du soutien financier aux familles, qui était de 814 000 000 $ en 1985,
est passé maintenant à au-delà de 2 300 000 000 $. C'est
tout un autre aspect. Nous sommes très fiers de notre politique
familiale.
Quant à savoir, cependant, comment c'a été
décidé, avec quel impact, tout cela se fait au ministère
sectoriel, au ministère de la Santé et des Services sociaux, qui
fait le design de la mesure. Il ne le fait pas aveuglément, parce qu'on
nous a demandé du temps. On est allé, on est revenu, on a
rencontré les professionnels de la santé, et tout cela s'est
fait... On est arrivé avec la conclusion, et nous, nous prenons la
conclusion sur le plan technique, sur le plan scientifique, sur le plan
médical. Nous ne sommes pas entrés dans ce domaine-là, ce
n'est pas notre domaine, mais nous nous sommes entendus avec le
ministère de la Santé pour une réduction des coûts.
C'était important de le faire. Nous avons fait ça avec tous les
ministères. Avec le ministère de la Santé, il l'a fait,
lui aussi, parce qu'il a des coûts considérables et ça
affecte énormément le budget du Québec, vous l'admettrez
avec moi. (11 h 30)
Alors, nous avons demandé à ce ministère, comme
à tous les ministères, de faire une part vis-à-vis du
contrôle des dépenses et de la réduction des coûts et
nous nous sommes entendus sur une somme. La façon de nous apporter cette
somme au ministère des Finances est restée absolument dans les
mains de ceux qui sont responsables de la gestion des services de santé
et des services sociaux. Ça s'est fait, d'après ce que j'en sais,
en consultation avec les professionnels de la santé.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Prévost.
Impôt sur le revenu des corporations
M. Forget: Merci, M. le Président. Vous avez choisi
d'imposer une surtaxe de 2 % sur le revenu d'entreprises actives pour financer
une partie de l'allégement fiscal accordé à l'égard
de la TVQ. Est-ce que le Québec demeure compétitif avec les
autres provinces à l'impôt sur les profits des
sociétés malgré cette mesure, M. le ministre?
M. Levesque: Je pense que vous avez touché là un
autre point important parce que, lorsque l'on parle de l'augmentation de 2 %
sur l'impôt sur le revenu des corporations, il est important de noter
qu'en ce faisant nous n'avons pas du tout perdu notre
compétitivité avec les autres provinces canadiennes,
particulièrement avec l'Ontario et les autres provinces avec lesquelles
ont peut être en normale concurrence.
Par exemple, lorsque nous prenons le revenu
d'entreprises actives qui sont, disons, la grande entreprise, nous
avons, par exemple, au Québec, même avec l'augmentation de 2 %, un
taux de 8,9 %. Mais, si vous faites le tour en Ontario, par exemple, c'est
encore 13,5 % et 15,5 % pour les entreprises autres que celles de fabrication
et de transformation. En Colombie-Britannique, c'est 16 %. En Alberta, c'est
14,5 % et 15,5 % pour les entreprises autres que celles de fabrication et de
transformation. En Saskatchewan, c'est 17 %. Au Manitoba, c'est 17 %. Au
Nouveau-Brunswick, c'est 17 %, et ainsi de suite, de sorte que le
Québec, avec ses 8,9 %, même après augmentation, est de
beaucoup inférieur comme ^ taux à ce gue l'on retrouve ailleurs,
sauf à l'île-du-Prince-Edouard où il vient de baisser.
Mais, dans tous les autres, c'est à peu près le double du taux
ailleurs.
Alors, il est vrai que nous avons mis plus l'accent, dans la structure
qui a été adoptée au début des années
quatre-vingt, il y a eu une nouvelle structure au Québec où on a
mis plus l'accent sur le financement des services de santé, sur la masse
salariale et sur la taxe sur le capital. Mais, ici, on parle de l'impôt
sur le revenu des corporations, l'impôt proprement dit sur les profits.
Là-dessus, nous demeurons à peu près à
moitié chemin avec la plupart des provinces.
Maintenant, on peut regarder aussi ce qui arrive aux petites
entreprises. Là encore, même après les 2 % qui s'appliquent
également, nous sommes à 5,75 % pour les petites entreprises.
Lorsque l'on fait le tour ailleurs, on voit, en Ontario, 9,5 % avec une surtaxe
de 4 % du revenu imposable supérieur à 200 000 $, jusqu'à
concurrence du montant de la DPE qui s'ajoute à ces taux-là. En
Colombie-Britannique, c'est 10 %. Toujours pour la petite entreprise. En
Saskatchewan, c'est 9 %; au Nouveau-Brunswick, 9 %, etc. Alors, vous voyez
qu'on est compétitifs et dans la petite entreprise et dans la grande
entreprise, malgré l'addition des 2 %.
M. Forget: Merci, M. le ministre. Voici, le dernier budget
comportait des mesures visant à améliorer l'aide au logement pour
les ménages à faibles revenus. Pourriez-vous nous indiquer quels
sont les programmes en cause et pourquoi vous avez choisi de les bonifier?
M. Levesque: II y a l'aide au logement dans la
sécurité du revenu et l'extension du programme Logirente. Quant
à l'aide au logement pour les personnes qui sont
bénéficiaires des programmes de sécurité du revenu,
ces familles-là avaient droit à une allocation-logement
lorsqu'elles supportaient des coûts de logement élevés.
L'allocation comblait, dans une proportion de 75 %, les frais de logement qui
excédaient un loyer plancher jusqu'à concurrence d'un loyer
plafond. Alors, afin de compenser davantage les familles les moins nanties, qui
ont des coûts de logement élevés, et de les aider à
mieux se loger, le niveau de loyer plafond sera relevé à compter
du 1 er janvier prochain.
Par exemple, vous allez trouver, à la page 22 de l'annexe A du
discours sur le budget, les modifications à l'aide au logement dans la
sécurité du revenu qui augmentent le revenu disponible des
familles à faibles revenus de 6 000 000 $ pour une pleine année
d'application - là, vous allez trouver, par exemple, le loyer plafond
pour les familles monoparentales, pour les couples avec enfants - qui vont
faire en sorte qu'il y aura une aide d'à peu près une
cinquantaine de dollars pour aider à payer les loyers pour ces
familles-là.
En plus de ce qu'elles reçoivent présentement, elles
recevront une autre somme de 50 $, à peu près, en moyenne, pour
faire face au coût du logement lorsque leur logement dépasse le
plancher établi. Là, on paie 75 % de la différence avec un
plafond. Mais, si vous remontez le plafond, évidemment, à ce
moment-là, vous aidez davantage pour le remboursement d'une partie du
loyer. Là, on pense particulièrement aux familles qui sont plus
pauvres, qui sont moins nanties. C'est surtout dans les villes qu'il y a de ces
loyers-là, comme à Montréal, par exemple, c'est assez
utilisé comme logement, ce sont des loyers beaucoup plus que des maisons
individuelles. Alors, cette aide-là est sûrement importante,
particulièrement dans les milieux défavorisés.
Maintenant, pour l'extension du progamme Logirente, dans le premier cas,
c'était M. Bourbeau, le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, qui
m'avait fait cette demande-là pour aider des personnes qui avaient des
loyers où le coût devenait de plus en plus un fardeau. Il a voulu
ainsi aider les familles moins bien nanties et surtout celles qui vivaient dans
des conditions comme celles-là et qui avaient besoin d'aide. C'est pour
ça qu'on a ajouté une cinquantaine de dollars par mois pour aider
à ce logement-là.
M. Ryan, le ministre responsable de la Société
d'habitation, m'a fait part qu'il y avait des personnes à faibles
revenus, âgées de moins de 60 ans, qui avaient des
problèmes qui étaient à peu près comme ceux de 60
ans et plus dans ce programme Logirente, un programme qui fait en sorte que
l'on puisse... Ce programme d'allocation de logement, Logirente, s'adresse
présentement aux personnes à faibles revenus âgées
de 60 ans ou plus pour lesquelles le coût du logement représente
un montant relativement élevé par rapport à leurs revenus.
La personne actuellement admissible est celle qui a 60 ans ou plus entre le 1er
octobre de l'année de la demande de l'allocation Logirente et le 30
septembre de l'année suivante.
Alors, afin d'aider davantage de ménages à faibles revenus
à se loger dans de meilleures conditions et d'alléger leurs
coûts de logement, le gouvernement va abaisser graduellement, au
cours des cinq prochaines années, l'âge
d'admissibilité à Logirente à 55 ans. Cette mesure
s'appliquera à compter du 1er octobre prochain. Là, on arrivera
à 59 ans, un an après 58, et ainsi de suite, jusqu'à temps
qu'on arrive à 55 ans. Ainsi, pour la période s'étendant
du 1er octobre 1992 au 30 septembre 1993, une personne ou son conjoint, le cas
échéant, qui a 59 ans ou plus au cours de cette période
sera admissible à Logirente pour autant qu'elle respecte par ailleurs
les autres conditions d'admissibilité au programme. Ça,
évidemment, ça va augmenter les coûts pour nous de 8 000
000 $ environ par année, à terme. (11 h 40)
M. Forget: M. le Président, une autre question. Est-ce que
le budget est fait pour les plus démunis de notre
société?
M. Levesque: Alors, ce n'est pas le premier budget de cette
nature parce que j'ai toujours, je pense, dans chacun des budgets, tenu compte
de l'importance d'aider les démunis, d'aider les familles, d'aider les
régions. C'est un leitmotiv, c'est revenu dans chacun des budgets que
nous avons fait et que nous avons présenté. Le budget, encore
cette année, veut protéger le pouvoir d'achat des plus
démunis et leur vient en aide d'abord par la poursuite de
l'indexation.
L'indexation, il y a des gens qui ne comptent pas ça. Je me
rappelle, lorsqu'on regardait les années qui ont
précédé notre arrivée au pouvoir, pour un certain
nombre d'années, je pense que c'était sur huit ou neuf ans, il y
avait eu un taux d'inflation d'à peu près 80 % et l'indexation
accordée était d'à peu près 40 %. Quand on fait le
total, on s'aperçoit qu'au cours de ces années l'ensemble de
l'inflation, l'indice des prix à la consommation était de l'ordre
de 80 % et le gouvernement avait compensé pour à peu près
40 % en indexation. Il y a des années qu'on n'indexait pas du tout.
Tandis que, depuis que nous sommes là, depuis 1985, nous avons
indexé à 100 % tout le temps, selon l'indice des prix à la
consommation. Alors, nous allons poursuivre encore l'indexation des programmes
de sécurité du revenu en fonction du coût de la vie dans le
programme APTE, le programme APPORT, sans compter, évidemment, le
soutien financier, qui s'indexe automatiquement pour les plus démunis
qui sont inaptes au travail.
Il y a ensuite l'allocation-logement, dont on vient de parler, qui est
bonifiée d'environ 50 $ par mois pour les familles ayant des revenus en
deçà des seuils d'imposition nuls. Il y a également ce
dont on vient de parler, l'extension graduelle de Logirente de 60 à 55
ans. Ensuite, pour les personnes handicapées, il y a
l'élargissement des dépenses admissibles à une
déduction fiscale, les frais de déménagement pour recevoir
des soins médicaux non disponibles en région, désormais
admissibles au crédit pour frais médicaux. Il y a aussi cette
politique qui fait que, lorsqu'il y a eu les augmentations du côté
de la taxe de vente du Québec, que ce soit lorsque nous avons
passé de 7 % à 8 %... Lorsque nous avons passé de 9 %
à 8 %, il n'était pas nécessaire de compenser. Mais on
avait parlé de 7 %. Lorsqu'on a été à 8 %, on a
compensé, pour l'élargissement de la taxe de vente, et on
compense encore pour le 4 % du 1er juillet sur les services. Tout cela, on en
tient compte pour les plus démunis afin qu'ils n'aient pas a souffrir
d'aucune de ces mesures-là. Alors, il y a une pensée
particulière et concrète pour les personnes à bas
revenus.
Le Président (M. Lemieux): M. le député.
M. Forget: Merci, M. le ministre. M. le Président, voici,
vous avez souligné que la réforme de la TVQ améliorait la
situation concurrentielle des entreprises québécoises en leur
remboursant la TVQ sur leurs achats. Est-ce que les agriculteurs se trouveront
à bénéficier également des mêmes mesures? Il
y a des choses au niveau de l'agriculture qui relèvent, à un
moment donné...
M. Levesque: Certainement. Je pense que les cultivateurs vont,
normalement, être assez heureux du sort qui leur est
réservé à cet égard. C'est important, en effet, de
souligner que les bienfaits de la réforme de la TVQ s'étendront
particulièrement aux agriculteurs, malgré que les agriculteurs
bénéficient actuellement de certaines exemptions de taxe de
vente, par exemple sur leurs instruments aratoires. Il n'en demeure pas moins
qu'ils doivent défrayer la taxe sur une foule de biens utilisés
dans leur entreprise, par exemple les matériaux de construction compris
dans leurs bâtiments de ferme, les matériaux pour réparer
ces bâtiments, les outils qu'ils utilisent à cette fin, etc. Avec
le remboursement de la taxe sur les intrants, les agriculteurs pourront,
à compter du 1er juillet, se faire rembourser la taxe de vente du
Québec payée sur l'ensemble des biens utilisés dans
l'exploitation agricole.
Alors, je pense que les cultivateurs, comme les entreprises... C'est
devenu une entreprise, le monde de l'agriculture. Ce n'est pas artisanal comme
ça a déjà été, il y a là beaucoup
d'activité économique. Je pense que le remboursement de la taxe
sur les intrants va sûrement être une mesure favorable à
l'entreprise agricole.
M. Forget: M. le Président, est-ce qu'il me reste encore
du temps, moi?
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui... M. Forget:
Oui?
Le Président (M. Lemieux): ...il vous reste du temps, M.
le député de Prévost.
Déficit budgétaire prévu
M. Forget: Voici, M. le ministre, je pense que le gouvernement
avait toujours eu une volonté de ramener le déficit à
zéro. Malgré que, cette année, on ait tout simplement
atteint tout près de 4 000 000 000 $, on avait prévu 5 000 000
000 $; on a quand même eu un moindre de quasiment 1 000 000 000 $. Est-ce
qu'il y a une volonté de la part du gouvernement de s'en venir à
zéro comme déficit?
M. Levesque: C'est une bonne question et vous pouvez être
assuré que c'est ça qui me préoccupe. C'est de cesser de
reporter sur l'avenir, sur les jeunes, le fardeau du déficit. Un
déficit, c'est simplement remettre des taxes à plus tard. On le
sait, les gens en face de nous se plaignent des taxes sans se poser la question
à quoi c'est dû. C'est dû surtout à des
déficits antérieurs, c'est dû à des déficits
fédéraux, c'est dû à des déficits du
gouvernement du Québec. Quand le gouvernement fédéral a
commencé à couper ses subventions, à couper ses
transferts, c'est parce qu'il ne pouvait plus arriver à cause des
déficits qu'il avait accumulés. Pendant que le
fédéral accumulait des déficits, le gouvernement du
Québec répondait: II n'y a rien là, un déficit; ce
n'est pas grave, ça. Ce n'est pas grave pour peut-être une
année ou deux, en période de récession, que l'on laisse un
peu le déficit augmenter, mais ce n'est pas normal de laisser
s'accumuler des déficits année après année,
à un point tel que... Je me rappelle, en 1976, quand nous avons
quitté le pouvoir, après 109 ans, on n'était pas encore
rendu à 5 000 000 000 $ d'endettement. On revient, on est dans les 25
000 000 000 $. C'est là qu'est le problème. Le
fédéral faisait la même chose de son côté et,
en même temps, les deux, quand ça s'est rencontré, à
un moment donné, ça ne pouvait pas faire autrement.
Aujourd'hui, quand on parle de taxes, on paie pour ces
déficits-là. Si on n'avait pas fait ces
déficits-là, on n'aurait pas de problème au point de vue
de nos finances publiques. Alors, penser que, moi, je veux continuer dans la
ligne des déficits... Au contraire, je l'accepte simplement parce que
c'était une année difficile, une année de
récession, l'an dernier. Cette année, la reprise n'est pas encore
là, aussi forte qu'on aurait voulu. Donc, je l'accepte à
contrecoeur, mais nous avons hâte de revenir à l'équilibre
et de cesser de jeter sur nos enfants le poids, ce fardeau-là qui
devrait être le nôtre. Vous avez raison de dire que nous avons,
cependant, cette année, réussi, avec un déficit
annoncé de 3 790 000 000 $.
Quand on regarde nos voisins, on voit qu'il y a un effort
considérable fait ici, au Québec, pour contenir ce
déficit-là. Lorsque nous prenons des mesures, qui peuvent
être assez difficiles à comprendre, qui sont difficiles à
accepter, ce sont des mesures nécessaires pour protéger les
jeunes, pour protéger l'avenir et ramener le plus tôt possible
l'équilibre du compte courant. Que l'on emprunte pour des
investissements qui vont durer 25 ou 50 ans et que l'on prenne un certain
nombre d'années pour les payer, c'est normal; tout le monde en profite.
Mais, quand il y a des déficits pour des dépenses courantes,
comme c'est devenu presque la règle, moi, je dis qu'il est temps que
l'on sorte de ça, et on va tout faire pour essayer de ramener le plus
tôt possible à l'équilibre du compte courant. (11 h 50)
Si on ne le fait pas cette année, c'est simplement parce qu'il
faut avoir aussi le réalisme nécessaire pour tenir compte du fait
qu'on ne peut pas complètement arriver à ces objectifs aussi
rapidement qu'on l'aurait voulu sans, à ce moment-là, perdre un
peu de compassion pour les gens qui sont en difficulté. On n'est pas
pour couper l'aide sociale. Au contraire, elle coûte plus cher, l'aide
sociale, mais elle est nécessaire pour aider les gens en
difficulté. Nous allons continuer, évidemment, de donner les
services essentiels, mais il va falloir garder à l'esprit qu'il faut
prendre des mesures continuellement pour revenir à l'équilibre du
compte courant.
M. Forget: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez 1 min 45.
M. Forget: Voici, M. le ministre. Moi, là, je regarde
présentement les écrits et je regarde dans l'année 1982.
C'est qu'on a permis quand même de vouloir aider tout le monde et de
n'aider personne en réalité parce que... Je pense qu'il y a un
paquet d'entreprises à l'époque qui n'ont pas donné les
résultats auxquels on s'attendait malgré les aides
gouvernementales. Est-ce que vous avez une analyse de tout ça pour voir
exactement les conséquences et l'endettement qu'on a eu à subir
par rapport à ça? C'est une grosse question.
M. Levesque: Oui.
M. Forget: Par contre, je regarde ici l'éditorial, et il y
a un journaliste aussi qui s'inquiète des dépenses de 1982
M. Levesque: Oui. Lorsque l'on regarde les déficits qui
existaient, on s'aperçoit que le solde du compte courant,
c'est-à-dire entre les dépenses courantes et les revenus
courants, on avait pas mal l'équilibre jusqu'en 1976. Là,
ça a commencé. Vous savez, quand on regarde 1971-1972, 1973-1974,
1974-1975, 1975-1976, c'est toujours des surplus au compte courant, de sorte
que, disons - je regarde ça rapidement - entre 1970 et 1976, il y a
à peu près 1 000 000 000 $, 1 500 000 000 $ de surplus au compte
courant.
Excusez-moi. Je reprends ces chiffres-là. Le solde du compte
courant était... Non, c'est à peu près la même
chose. Ça donne la même chose: à peu près 1 500 000
000 $. À peu près ça.
Ensuite, vous commencez à avoir des déficits au solde du
compte courant: 1976-1977, moins 323 000 000 $; 1977-1978, c'est resté
un de plus, 180 000 000 $; ensuite 1978-1979, moins 551 000 000 $; 1979-1980,
moins 1 422 000 000 $ - cest là que ça a commencé -
1980-1981, juste avant le référendum, moins 2 529 000 000 $.
c'était dans les périodes... ce n'était pas dans la
récession, ça. la récession était en 1981-1982.
là, je parie d'avant la récession de 1981-1982. c'est là
que le mal a commencé. nous voulons revenir... en 1988-1989, on
était rendus à 300 000 000 $. c'était presque
l'équilibre. la récession nous a empêchés de
continuer, mais on a l'intention de retourner dans le même sens.
L'accumulation de la dette pour ce qu'on appelle l'épicerie -
c'est ça, l'épicerie - depuis 1975, si on calcule le service de
dette additionnel, qui nous coûte plus de 2 000 000 000 $ en 1992-1993,
c'est l'équivalent de notre déficit courant de cette
année. Alors, la réponse est là. On pourrait vous...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous
répéter, M. le ministre? Voulez-vous répéter ce que
vous venez de dire, s'il vous plaît?
M. Levesque: Je dis que l'accumulation de la dette...
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. Levesque:
...pour l'épicerie...
Le Président (M. Lemieux): Oui, les dépenses
d'épicerie ou dépenses courantes, oui.
M. Levesque: ...c'est-à-dire le solde
négatif...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Levesque: ...de l'équilibre du solde... Le solde
déficitaire du compte courant...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Levesque: ...on appelle ça, ici, la dette pour payer
l'épicerie.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Je comprends, oui,
ça va.
M. Levesque: Alors, depuis 1975, et si on tient compte du service
de la dette additionnelle de plus de 2 000 000 000 $...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Levesque: ...en 1992-1993, c'est l'équivalent de notre
déficit courant de cette année. Alors, vous voyez comment c'est
important de tenir compte des remarques du député de
Prévost pour qu'on ne répète pas les mêmes
expériences. Ça va prendre un peu de temps parce qu'on ne peut
pas réparer, dans les périodes de récession, des choses
qui ont été faites de travers dans les périodes de
prospérité, mais nous avons l'intention de continuer dans le sens
que j'ai indiqué.
Maintenant, peut-être que je pourrais répondre à une
question du député de Labelle.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Prévost? Vous avez une
autre question, je pense.
M. Levesque: Ah! Excusez.
Le Président (M. Lemieux): Je pense que M. le
député de Prévost a une autre question.
M. Levesque: Ah! Excusez-moi. M. Forget: On reviendra
après.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais c'est parce que vous
êtes sur votre temps de parole. Non? Ça va?
M. Forget: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Alors, M. le ministre.
M. Levesque: Le député de Labelle - je pense que
c'est le député de Labelle qui me demandait ça: Combien
les swaps protègent-ils de la dette en dollars canadiens? C'est
ça? C'est ça, ta question? Voulez-vous la... Combien les
swaps...
M. Léonard: Quelle est la proportion des emprunts
libellés en dollars canadiens qui sont garantis par des
opérations à terme, dont les swaps? C'est
généralement...
M. Levesque: Oui, c'est ça.
M. Léonard: II y a plus que les swaps, il y a les
opérations à terme, mais disons les swaps.
M. Levesque: Les swaps. Au 31 mars 1992, la dette directe du
gouvernement, 33 000 000 000 $; Fonds de financement, 1 000 000 000 $, ce qui
fait 34 000 000 000 $. L'effet net des swaps sur la dette directe passe...
Avant les swaps, en dollars canadiens, c'était de 63 % et, après
les swaps, 66 %, donc 1 000 000 000 $.
M. Léonard: 1 000 000 000 $ à peu près.
M. Levesque: Sur le Fonds de financement, c'est 300 000 000 $.
L'effet net total des swaps est de 1 300 000 000 $. C'est donc dire que les
chiffres que nous vous donnions tout à l'heure sont sensiblement ceux
que nous confirmons à ce moment-ci. C'est qu'il n'y a pas
réellement d'effets nocifs ou dangereux, généralement
parlant, qui affectent cette partie de notre dette. Je pense que ça,
ça répond à la question du député de
Labelle.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Levesque: À quelle heure est-ce que nous terminons?
Le Président (M. Lemieux): Nous terminons, M. le ministre,
à 12 h 30.
M. Léonard: 12 h 30?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Nous reprenons...
M. Levesque: On avait dit midi. En tout cas, ça ne me
dérange pas.
Le Président (M. Lemieux): ...après la
période des questions, c'est l'ordre de la Chambre. L'ordre de la
Chambre est le suivant: À la salle...
M. Levesque: C'est M. le député de Labelle qui
m'avait dit midi.
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration... C'est ça, c'est bel et bien le cas. C'est de 10
heures à 12 h 30, après les affaires courantes jusqu'à 18
heures ainsi que demain, le jeudi 28 mai 1992, de 10 heures à 12 h 30.
C'est l'ordre de la Chambre que j'ai. Ça va, M. le ministre?
M. Levesque: Ça va, ça va...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Levesque: ...seulement, moi, je...
M. Léonard: M. le Président, je viens d'entendre
l'échange qu'il y a eu entre le député de Prévost
et le ministre des Finances sur les déficits antérieurs, et je
vois les discours complaisants et les réponses complaisantes. Je
voudrais simplement rappeler que, lorsque nous avons pris le pouvoir en 1976,
le taux d'augmentation des dépenses était de l'ordre de 18 % par
année, 18 % par année. C'était ça, l'augmentation
des dépenses, et c'étaient des dépenses courantes. Lorsque
nous l'avons laissé, il avait été ramené à 8
%. De même que le ministre des Finances dit qu'il ne peut pas tout faire
dans une seule année, l'orientation que nous avons prise, ça a
été un bien meilleur contrôle des dépenses
qu'auparavant. Alors, je tenais à dire ça parce que je voudrais
le ramener maintenant dans le présent. Je sais que le rétroviseur
est un instrument qu'on utilise facilement de l'autre côté de la
salle. On l'utilise régulièrement pour aller 15 ans en
arrière, mais on pourrait aller fouiller dans leurs affaires aussi. (12
heures)
Mais, revenons au présent. Je voudrais simplement rappeler qu'en
termes d'équilibre financier, cette année, c'est l'année
où le solde des opérations courantes est le plus négatif
qu'on n'ait jamais eu: 2 822 000 000 $. Je sais que, là, le
sous-ministre s'agite comme un zélote fébrile pour dire au
ministre: Faites d'autres comparaisons! Je comprends, mais je vais le ramener
à la réalité de ses prévisions.
En 1989-1990, le ministre des Finances avait fait, lui, des
prévisions de déficit. Pour 1989-1990, c'était de 1 600
000 000 $; 1990-1991, 1 500 000 000 $ et, 1991-1992, 1 475 000 000 $. prenons
ça sur une période de trois ans: ça fait 4 425 000 000 $
de déficit. la réalité, la réalité!
ça donne, pour 1989-1990, 1 659 000 000 $. pour une fois, il
était à peu près en ligne avec ses prévisions. 60
000 000 $ de plus, on ne se chicanera pas trop. mais, en 1990-1991, c'est 2 825
000 000 $, son déficit, par rapport à des prévisions de 1
500 000 000 $. et, en 1991-1992, le déficit le plus élevé
que le québec n'ait jamais connu: 4 195 000 000 $ par rapport à
des prévisions qu'il avait faites, à l'époque, de 1 475
000 000 $. si on prend le total de ces trois années, entre les
prévisions qu'il avait faites de 4 425 000 000 $, il a fait un
déficit de 8 679 000 000 $. si l'on veut aller un peu plus loin,
maintenant, dans son budget de 1992-1993, il fait des prévisions de
déficit pour 1992-1993, de 3 790 000 000 $. en passant, c'est le
déficit le plus élevé jamais prévu par un
gouvernement du québec, par un ministre des finances. puis, il
prévoit, pour l'an prochain, 3 260 000 000 $ et, l'année
suivante, 2 750 000 000 $. si l'on s'en tient à son taux de
réussite par rapport à ses prévisions, c'est-à-dire
qu'il double le déficit qu'il prévoit, on peut se retrouver
effectivement largement au-delà des 10 000 000 000 $.
déjà, il prévoit des déficits de 9 800 000 000 $,
total sur trois ans. je pense que sa modestie devrait apparaître. qu'il
fasse attention dans ses prévisions et dans ses jugements sur les gestes
posés par notre administration, alors que le redressement, nous l'avons
opéré dans le sens du contrôle des dépenses.
M. le Président, j'ai eu l'occasion de dire que les
prévisions du ministre des Finances - en l'occurrence, son sous-ministre
l'accompagne - n'ont pas été suivies de la réalité,
pas du tout. Alors, là-dessus, nous allons voir.
Il faut aussi dire que les 3 790 000 000 $, cette année, sont
arrivés justement après une
chance que le ministre a eue, qui s'appelle aussi une opération
politique de grande envergure de la part du gouvernement fédéral,
qui a mis quelques centaines de millions sur la table pour essayer de dorer la
pilule, à l'heure actuelle, dans le cadre des négociations
fédérales. Alors, ces corrections auraient dû être
faites bien avant, mais on en profite, à l'heure actuelle, pour le
faire. Nous ne sommes pas dupes, M. le Président. Effectivement, j'ai
affirmé que jamais le gouvernement fédéral n'était
aussi généreux que lorsqu'il se sentait menacé. Nous en
avons encore une preuve cette année. Le ministre des Finances a
été sauvé par la cloche et, justement, par la pression
qu'on fait sur le plan constitutionnel cette année dans ses
équilibres financiers parce qu'on se retrouverait bien au-delà
des 3 790 000 000 $.
Je ne sais pas si le ministre des Finances a quelques répliques
là-dessus. Je pense qu'il ne doit pas en avoir beaucoup. Je lui laisse
la parole, s'il veut répliquer.
Une voix:...
M. Léonard: Tout à l'heure. M. le ministre des
Finances est d'accord?
Le Président (M. Lemieux): Oui oui, c'est parce que M. le
ministre des Finances était en discussion là.
M. Léonard: Je comprends qu'il est d'accord. Alors,
revenons à la taxe de vente, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous voulez qu'il
réponde à votre question ou...
M. Levesque: Je suis prêt à répondre.
M. Léonard: Je lui laisse la chance. Il paraît qu'il
a l'occasion de le faire. Allons-y!
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Bien, le député de Labelle n'aime pas
que j'utilise le rétroviseur, mais il l'a utilisé lui-même
dans ses premières remarques.
M. Léonard: C'est rare que je le fais, mais, à
l'occasion, je le fais, justement quand vous le faites longuement comme ce que
vous venez de faire.
M. Levesque: Mais, quand vous le faites, ajustez-le comme il
faut. Il semblait y avoir de la buée dans le miroir parce que, lorsque
vous parlez du pourcentage des dépenses que vous aviez diminué
par rapport au gouvernement antérieur, je dois vous rappeler,
premièrement, que, lorsque le gouvernement antérieur faisait des
dépenses, il les payait, contrairement à vous qui ne les payiez
pas.
Deuxièmement, lorsque vous parlez des dépenses
budgétaires, il faut toujours le faire en tenant compte de la
proportion. Il faut tenir compte du contexte. On ne peut pas arriver, puis
dire: Vous avez, par exemple, le plus gros déficit de l'histoire,
lorsque vous ne regardez pas en fonction de quel total. Et, de la façon
dont vous avez parlé des dépenses budgétaires, que vous
aviez fait tellement de progrès, je tiens à vous rappeler que les
dépenses budgétaires par rapport au PIB, entre 1970 et 1975-1976,
variaient entre 17 % et 22 %. Quand vous avez commencé à les
baisser, c'est passé de 22 % à 25,3 %. Ça, c'est le temps
que vous les baissiez. Ça, c'est important aussi de noter ça,
n'est-ce pas?
Lorsque vous parliez des déficits budgétaires record, le
déficit budgétaire record que vous avez qualifié, celui de
1991-1992 - non pas celui de cette année, celui de l'an dernier - or il
était à 2,7 % du PIB. Mais, en 1980-1981, votre déficit
était de 4,8 % du PIB. Où est le record? Vous avez du front un
peu, de l'autre bord, là, en disant des choses comme celle-là.
Puis, vous, un comptable de profession, un doyen d'une faculté! Je ne
veux pas faire d'attaque personnelle, mais je dis que je suis surpris...
Une voix:...
M. Levesque: Bien non! Vous n'êtes pas capable d'en parler,
vous ne connaissez pas ça!
Une voix: S'il vous plaît!
M. Levesque: Ha, ha, ha! Mais je veux dire simplement que vous le
savez, lorsque vous le dites, que vous ne donnez pas l'information
complète. Vous le savez, ça. J'ai trop de respect pour vos
connaissances pour dire: II ne le sait pas. Non, il le sait, mais pourquoi ne
le dit-il pas? Ah! Ça, c'est autre chose. Lorsqu'on regarde ces
déficits-là qui sont le solde du compte courant... Vous ne payiez
pas vos dépenses courantes. En 1979, 1 400 000 000 $. Vous ne payiez pas
vos dépenses, vous envoyiez ça aux générations
futures.
Une voix:...
M. Levesque: Oui, 1 422 000 000 $. Lorsque, en 1980-1981, avant
la récession, là, puis en même temps que le
référendum, vous avez demandé aux jeunes de payer 2 529
000 000 $ - plus tard! plus tard! - vous dépensiez. Et vous avez
continué comme ça jusqu'à temps qu'on arrive... Il
était temps qu'on arrive là, vous étiez partis en peur.
Vous vous rappeliez, l'urgence d'un redressement? Vous étiez rendus,
là, à 4 000 000 000 $ ou 5 000 000 000 $, qui était le
déficit appréhendé pour l'année suivante. C'est
ça qui est arrivé.
Alors, là, je ferme la porte sur le rétroviseur et je
reviens à ce que vous avez mentionné pour nos prévisions
de 3 790 000 000 $. La prévision repose sur la réalisation de
crédits périmés de 753 000 000 $. C'est ça qui est
la base de nos prévisions. Est-ce que c'est trop, ces 753 000 000 $?
Lorsqu'on regarde les périmés depuis 1982 à aujourd'hui,
vous avez là 822 000 000 $, en 1982-1983, et je vous donne les
années suivantes: 645 000 000 $, 830 000 000 $, 680 000 000 $, 734 000
000 $, 771 000 000 $, 970 000 000 $, 1 048 000 000 $, 674 000 000 $ et 836 000
000 $. C'est ça qu'a été le résultat de
l'évolution des crédits périmés bruts au cours de
ces années-là. Si on se replie sur une somme de 753 000 000 $, on
est exactement dans la moyenne près de ce qui s'est fait depuis
1982-1983, comme crédits périmés. Je ne pense pas que l'on
puisse dire que ce n'est pas quelque chose qui est très réaliste.
(12 h 10)
Maintenant, par exemple - et j'attire l'attention de l'honorable
député de Labelle là-dessus - si on veut faire une
comparaison avec les écarts 1991-1992... Si on regarde les autres
provinces, les écarts sont considérables par rapport... Si on
veut simplement se comparer... On dit: Quand on se regarde, on se
désole, mais, quand on se compare, on se console, n'est-ce pas? On voit
que, dans les autres provinces, personne ne prévoyait une
récession comme celle-là. C'est peut-être seulement le
député de Labelle qui savait ça, lui. Il ne semblait pas
le savoir quand il était là, mais est-ce qu'il le savait plus que
tous les prévisionnistes au Canada, toutes les institutions
financières? Que ce soit le ministère fédéral ou
les autres ministère des Finances, le ministère des Finances du
Québec, tout le monde était d'accord pour les taux, les
indicateurs économiques.
Alors, dans ce cas-là, je pense que nous avons bien tiré
notre épingle du jeu. Lorsque l'on regarde, par exemple, les
déficits prévus pour 1991-1992, si l'on regarde les
déficits sur base comparable au Québec, c'est là que vous
avez parlé du record. Mais, regardons, en 1991-1992, ce qui se passe. Si
on prend la même base comparable au Québec, c'est-à-dire...
Terre-Neuve, évidemment, on ne peut pas comparer son déficit,
à moins de mettre ça sur une base comparable. Alors, si on prend
ça sur une base comparable, on va s'apercevoir que Terre-Neuve aurait,
sur une base comparable, un déficit de 4 200 000 000 $;
l'île-du-Prince-Édouard, 7 000 000 000 $; la Nouvelle-Ecosse, 5
200 000 000 $; le nouveau-brunswick, 6 000 000 000 $; l'ontario, 6 200 000 000
$ et la saskatchewan, 6 600 000 000 $, etc. juste le manitoba et l'alberta, et
c'est tout, seraient plus bas que le québec. le québec
était, lui, de 4 195 000 000 $.
Alors, lorsque l'on parle de déficit, on s'apercevra que, sur une
base comparable, le
Québec a l'un des déficits les plus bas à travers
le pays. Si on prend le déficit sur base comparable au Québec
dans les déficits annoncés, en tenant compte de l'importance
relative des PIB des provinces par rapport à celui du Québec, on
arriverait, pour le déficit sur base comparable, au lieu des 3 790 000
000 $ du Québec, à Terre-Neuve, à 3 800 000 000 $;
à l'île-du-Prince-Édouard, à 5 000 000 000 $; en
Nouvelle-Ecosse, à près de 4 000 000 000 $, etc; en Ontario,
à 5 600 000 000 $; en Saskatchewan, à 3 900 000 000 $ et, sur une
base comparable, l'Alberta, à 5 000 000 000 $. On voit là que
nous avons réussi, par un contrôle des dépenses, par une
administration serrée, à faire en sorte de maintenir le
déficit, non pas que nous l'aimions - on n'aime pas les déficits
- mais, au moins, on l'a gardé dans des proportions acceptables dans le
contexte actuel, mais pas acceptables pour une répétition
à long terme.
Le député de Labelle a eu une phrase qu'il a
peut-être... Je ne suis pas sûr si c'était sérieux ou
à la blague, c'est pour ça que je ne sais pas si je dois la
relever, mais que les transferts fédéraux avaient
été concoctés pour sucrer le bec - quelque chose comme
ça, je ne me rappelle pas de son expression - pour l'année
référendaire. J'ai cru comprendre quelque chose comme ça.
Alors, j'imagine qu'il l'a fait à la blague, parce que ce n'est pas
basé du tout sur les faits. La croissance prévue en 1992-1993,
c'est vrai qu'elle est de 17,1 %, mais ça s'explique par les facteurs
suivants. Je le fais parce que je sais que, lui, le comprend. Puis,
probablement qu'il a dit ça à la blague parce que je ne peux pas
croire qu'il ait imaginé ça.
Premièrement, le Québec recevra des montants importants en
1992-1993, à l'égard d'années antérieures, en
raison d'ajustements aux données servant au calcul des transferts
fédéraux, alors qu'il avait subi des ajustements négatifs
importants l'année précédente. Sur une base d'exercice,
c'est-à-dire lorsqu'on impute les montants encaissés à
l'année à laquelle ils se rapportent, la hausse prévue des
transferts fédéraux en 1992-1993 est de 8 %. Toutefois, pour
évaluer la croissance des transferts fédéraux sur une base
comparable, il faut exclure l'impact des mesures annoncées en janvier
dernier dans le cadre du renouvellement des arrangements fiscaux pour la
période de 1992 à 1994.
Deuxièmement, le résultat du renouvellement des
arrangements fiscaux pour la période 1992 à 1994 entraînera
le versement au Québec d'une somme de 198 000 000 $ en 1992-1993:
d'abord, les modifications techniques à la péréquation, 70
000 000 $, et l'interaction du plafond à la péréquation,
FPE, 128 000 000 $. Ça, c'est à l'égard des années
1988-1989, 1991-1992, et c'est un des points que j'avais soulevés
à maintes et maintes reprises, que c'était absolument injuste,
inéquitable. On a admis, finalement, qu'il fallait
corriger ça, et pas seulement pour nous, également pour
les provinces bénéficiaires de péréquation ailleurs
au pays.
Il n'y aura pas de plafond à la péréquation non
plus en 1992-1993. C'est un troisième point, ça. Le plafond qu'on
a demandé d'enlever l'a finalement été. Ça
coûtera au Québec 188 000 000 $ à l'égard de
1991-1992, c'est-à-dire que 1991-1992 serait plus bas de 188 000 000 $
s'il n'y avait pas eu ce plafond-là. Alors, le plafond enlevé,
ça nous aide encore. Lorsque l'on exclut l'impact de ces facteurs, la
croissance réelle des transferts est de 4,5 % en 1992-1993. Mais je l'ai
dit, ou je le répète, que nous avons été heureux
qu'il y ait cette coïncidence à un moment où on en avait
besoin. Vous savez, lorsqu'on regarde les transferts dans les années de
récession que vous avez connues, ça vous a sauvé. Les
transferts fédéraux en 1982-1983... La croissance, à ce
moment-là, semble... Pour terminer mes remarques, il faut mettre le
rétroviseur...
Juste un instant, je vous prie de m'excuser, mais, lorsque l'on sait
que, pendant que le gouvernement du temps faisait des discours pleins
d'émotion contre le gouvernement fédéral et sur la
façon que le gouvernement fédéral traitait le
Québec, etc., pendant ce temps-là, malgré les
prévisions qui ne pariaient pas de ça, à là fin de
l'année, il y avait toujours quelque chose qui arrivait... Je me
rappelle, j'étais dans l'Opposition dans le temps. Il y avait toujours
des sommes considérables. Est-ce que c'était pour vous sucrer le
bec, ça, pendant l'après-référen-dum? Je vois que
les transferts fédéraux, par exemple, en 1981-1982, 1982-1983 et
1983-1984 - c'était des années où vous aviez besoin
d'argent ça aussi, vous rappelez-vous - ont augmenté: en
1981-1982, de 15 %; en 1982-1983, de 15,3 % et, en 1983-1984, de 20,3 %. Alors,
pendant que nos amis d'en face faisaient des beaux discours contre le
fédéral, ils empochaient 15 % d'augmentation, l'année
suivante, 15,3 %, l'année suivante 20,3 %, justement au moment où
ils en avaient besoin. Est-ce une coïncidence, ça, ou est-ce que
c'est parce qu'il s'est passé quelque chose? Moi aussi, je peux faire
une blague là-dessus, vous me permettez. Je n'en ferai pas. Et
voilà.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Encore une fois, pour le rétroviseur!
Alors, je pense que, là-dessus, le ministre vient... Il ne veut pas dire
qu'il a un cadeau. Il reste que c'est un plus grand quêteux encore que
lui-même qui essaie de le sauver, mais fiscal par le fait même. De
toute façon, c'est un autre débat et, moi, je ne m'en laisserai
pas distraire. (12 h 20)
Par ailleurs, quant à la proportion des dépenses
budgétaires par rapport au PIB, il dit que c'est une grande mesure.
Très bien, prenons-la. Le plus loin qu'on soit allé, c'est 25,7
%. Où est rendu fe gouvernement à l'heure actuelle, ses
dépenses budgétaires par rapport au PIB? C'est 25,2 %, et
l'année n'est pas finie. On verra bien parce que ses 753 000 000 $ de
crédits périmés, comme il les prend avant que
l'année ne soit terminée, il n'a plus aucune marge de manoeuvre
si jamais les dépenses augmentaient pour quelque raison que ce soit.
Aucune marge de manoeuvre. L'année commence, elle n'est pas
terminée. Quand il parle des crédits périmés des
autres années, effectivement, il y a des crédits
périmés, mate c'est à la fin qu'on les comptabilise. Lui,
il les comptabilise au début. Bon, on verra. Je ne souhaite vraiment pas
que le déficit augmente, mais on verra sur ce plan-là.
Impact de certaines mesures fiscales sur les
entreprises
Autre élément, sur la compétitivité de nos
entreprises. Je relève le tableau qui a été
distribué hier et dont le député de Prévost a
parlé tout à l'heure. Je mentionne en passant qu'on nous avait
promis pour ce matin le tableau pour 1991. Je ne sais pas si on l'a ici. On m'a
dit qu'on nous le donnerait ce matin. Mais, je relève, en particulier,
dans le tableau... Si l'on parle de compétitivité par rapport
à l'Ontario, le fardeau de l'impôt des sociétés
d'après le tableau, c'est 310 000 000 $, fardeau additionnel. Alors, en
termes de compétitivité, je voudrais savoir comment on le
calcule? On parle dés taux d'impôt, c'est une chose. Mais les
taxes à la masse salariale, c'en est une autre et il faut prendre les
deux, je suppose bien, pour comparer les situations. Je suppose que, dans le
calcul de l'écart Ontario-Québec sur le fardeau fiscal du secteur
privé, on en a tenu compte.
Donc, c'est de 310 000 000 $ qu'on parle présentement en termes
de charges additionnelles. Quoi qu'il en soit, je défie les membres de
la députation ministérielle d'aller devant les entreprises et de
leur dire qu'elles sont mieux placées que les entreprises de l'Ontario.
Qu'ils y aillent, je sais comment ils vont se faire recevoir. Je sais.
Ça, là-dessus, il n'y a aucun doute. Alors, que M. le
député de Prévost, peut-être, se fasse faire des
beaux discours par son ministre, c'est une chose, mais je l'incite à la
prudence avant d'aller devant les entreprises.
M. le Président, je voudrais essayer...
M. Levesque: Est-ce que je peux répondre, juste une
seconde, à cette intervention-là? Ça me prendrait une
minute.
M. Léonard: Oui...
M. Levesque: Simplement, je veux faire remarquer...
M. Léonard: Sur les cas...
M. Levesque: ...à l'honorable député que
l'impôt des sociétés, 310 000 000 $, n'inclut pas l'effet
ou l'impact de la taxe de vente à 4 % et le remboursement des intrants.
Ceci, au lieu d'être négatif, va être positif.
M. Léonard: Bien, écoutez. Là, vous remettez
en cause votre propre tableau qui a été établi pour
l'année d'imposition 1992, donc prenant acte du dernier budget.
Là, c'est quoi vos chiffres?
M. Levesque: C'est de l'impôt des sociétés
qu'on parle dans ce... Alors, il y a trois items dans l'impôt des
sociétés, n'est-ce pas? Les taxes de vente ne rentrent pas
là-dedans, c'est l'impôt sur le revenu des corporations, le
financement des services de santé et la taxe sur le capital. Ce sont les
trois éléments qui rentrent là, pas du tout la question du
remboursement des taxes sur les intrants.
M. Léonard: Je repose la question, alors. Est-ce que le
modèle qui calcule le fardeau fiscal prend en compte les
différents éléments? Parce que ce que vous donnez d'une
main, vous le reprenez de l'autre là-dedans. Si vous me dites
qu'à cause du budget l'impôt des sociétés devrait
diminuer, il y a les taxes... Les revenus de taxes vont augmenter par ailleurs,
parce que c'est donnant, donnant. Quand on va faire le bilan, tout à
l'heure, parce que je veux y revenir, sur le tableau des taxes a la
consommation, il me semble qu'il y a des clarifications à apporter par
rapport à l'ensemble de la réforme. Donc...
M. Levesque: Pas d'objection. Sauf que vous allez trouver les
taxes à la consommation...
M. Léonard: Augmentées.
M. Levesque: ...le «bottom Une», si vous voulez, les
557 000 000 $, vous l'avez dans l'item suivant...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: ...ça comprend l'impact pour tout le secteur
privé, oui, pour les entreprises et les ménages. Tout est
là, à 557 000 000 $.
M. Léonard: Bien. M. le Président, alors, ma
question, je la repose. Est-ce que ce tableau tient compte du dernier budget ou
n'en tient pas compte?
M. Levesque: II en tient compte.
M. Léonard: Bon! Il en tient compte.
M. Levesque: C'est ça que je dis. Sauf que, lorsque vous
touchez aux 310 000 000 $, vous ne devez pas rester là. Il faut que vous
teniez compte aussi que, dans les taxes à la consommation, vous avez un
plus pour les entreprises.
M. Léonard: Mais, M. le Président, il y a
déjà un plus: taxes à la consommation au Québec,
557 000 000 $, plus 310 000 000 $. Il faut prendre l'ensemble, alors prenons
l'ensemble si on veut, ça fait 867 000 000 $ pour les deux. Alors, que
ce soit d'un côté ou de l'autre, ça fera 867 000 000 $ pour
les deux, plus...
M. Levesque: Mais ce n'est pas seulement les entreprises dans les
taxes à la consommation...
M. Léonard: Je le sais.
Le Président (M. Lemieux): Si vous pouvez compléter
votre réponse, M. le ministre. Après, la parole est au
député de Lotbinière. Vous pouvez compléter votre
réponse, M. le député...
M. Levesque: Qu'est-ce qui arrive?
M. Léonard: Comment, de Lotbinière? C'est mon 10
minutes?
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez répondre, si
vous voulez, à M. le député...
M. Léonard: Vous pouvez répondre.
M. Levesque: J'essaie de répondre depuis tout à
l'heure, mais vous n'êtes pas d'accord avec moi.
M. Léonard: C'est le président qui vous donne la
parole.
M. Levesque: Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Je vous
indique seulement que mes informations sont à l'effet que le tableau qui
a été préparé ici l'a été tenant
compte de l'après-budget, par rapport à l'après-budget de
l'Ontario et l'après-budget du Québec. Dans les items que vous
voyez là, il y a l'item Impôt des sociétés
Québec-Ontario. Donc, il y a 310 000 000 $ de plus pour le Québec
par rapport à l'Ontario et ça, ça n'affecte que les trois
items qui font partie de la structure d'impôt des sociétés,
c'est-à-dire l'impôt sur le revenu, sur les profits des
sociétés, le financement des services de santé et la taxe
sur le capital.
Quand vous passez à l'item suivant, la taxe à la
consommation, l'ensemble du secteur privé, incluant les entreprises, le
secteur public, les ménages, tout le monde, ça fait que nous
avons 557 000 000 $ de plus que l'Ontario.
Quant à la question que vous avez posée relativement au
tableau...
M. Léonard: 1991...
M. Levesque: ...que vous avez demandé, on devrait
pouvoir... Alors, voici: fardeau fiscal du secteur privé, vous avez...
Ah! ça c'est pour 1991. Ah! vous l'avez ici. C'est ça. On
s'aperçoit que l'impôt des sociétés, c'était
plus favorable au Québec, de moins 79 000 000 $, au lieu de plus 310 000
000 $. Taxes à la consommation, c'est pas mal... il n'y a pas tellement
de changement. Ça a diminué un petit peu, l'écart. Alors,
je suggérerais peut-être de vous le faire parvenir...
M. Léonard: De le déposer à la commission,
s'il vous plaît.
M. Levesque: ...de le déposer à la commission. Vous
avez raison, nous allons faire ça immédiatement. Je suis en train
de regarder cependant si c'est... On me permettra... 14... C'est ça.
Alors, vous avez les 7,5% et, lorsqu'on les compare avec l'ajustement pour le
déficit, vous enlevez 5,3%, vous arrivez à vos 2,2 % dont on
parlait hier. Ici, avec les 9,3 % moins les 4,6 %, on arrive aux 4,7 %. Vous ne
l'aviez pas, ce tableau-là, ici? Non, c'est parce que, l'an
dernier...
M. Léonard: Non, 1991, je ne l'ai pas.
M. Levesque: ...c'est vrai, on avait donné le chiffre de
7,5 %, mais on n'avait pas donné le tableau. alors, il me fait plaisir
de répondre à cette invitation, m. le président.
M. Camden: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Un instant, M. le
député...
M. Camden: J'ai une demande d'information de façon
à ce que, cet après-midi, en débutant...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Camden: ...je puisse formuler des questions et avoir
l'information entre les mains. Est-ce que ce serait possible, M. le
Président, qu'on nous fournisse, à partir de 1976,
peut-être même 1970, par souci de transparence, des copies - parce
qu'on n'a pas, évidemment, tous ces résumés - des emprunts
réalisés par le gouvernement du Québec pour chacune de ces
années-là, sur quel marché et à quel taux?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Est-ce qu'on peut se revoir un petit peu plus tard
que cet après-midi, la?
M. Léonard: Ça, c'est un rétroviseur.
M. Camden: C'est un rétroviseur, mais c'est
peut-être pour mieux regarder à l'avant, M. le
député de Labelle.
M. Levesque: On n'a pas d'objection, sauf que donnez-nous un
petit peu de temps pour compiler ça.
M. Camden: Bien, c'est la raison pour laquelle je vous le demande
évidemment à ce moment-ci. Ça va peut-être
être difficile, j'en conviens, mais je préférais le
demander immédiatement plutôt que d'attendre à 16
heures.
M. Levesque: On va essayer de l'avoir parce qu'il faudrait
prendre les budgets depuis 15 ans ou 20 ans, je ne sais pas. Ils sont dans les
budgets, par exemple. Chaque année, ça se retrouve dans l'annexe
en question, mais on va essayer de vous faire ça.
M. Camden: Vous comprenez bien que je n'étais pas sur la
liste des envois à l'époque.
Le Président (m. lemieux): alors, je dois suspendre nos
travaux. nous reprendrons cet après-midi, après les affaires
courantes. la parole sera à m. le député de
lotbinière.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 15 h 18)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement au discours sur le budget. La
parole est maintenant à M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: Je vous remercie, M. le Président. J'aimerais
peut-être, dans une première étape... On a eu l'occasion en
avant-midi d'entendre le ministre à l'égard des déficits,
également le critique de l'Opposition et mes collègues soulever
cette question. Je trouverais particulièrement intéressant, pour
le bénéfice de nos travaux et, évidemment, de ceux qui
nous lisent ou qui pourraient peut-être nous lire dans le cadre d'un
communiqué de presse aussi, éventuellement, peut-être pour
servir lorsqu'on a des discussions, si vous avez procédé à
certaines actualisations, si le ministre des Finances a procédé
à certaines actualisations du déficit... Si on prenait, par
exemple, le déficit de 1980 ou de 1981 - qui était, je pense,
autour de 3 000 000 000 $, 3 500 000 000 $ - si on l'actualisait aux
données d'aujourd'hui, combien ça pourrait représenter?
Ça nous donnerait peut-être un sens et un aperçu de la
proportion qu'on connaît aujourd'hui, qui est loin d'être celle que
certains veulent bien laisser croire, c'est-à-dire qu'elle est
démesurée, outrancière. (15 h 20)
Évidemment, lorsqu'on se compare avec les gens de l'Ontario, on
constate une chose: c'est la démesure dans les chiffres, quand on les
prend sur une base absolue, plus de 10 000 000 000 $ de déficit en
ontario, un contrôle à 3 700 000 000 $ au québec. il
m'ap-paraît évident qu'on a contrôlé relativement
bien nos dépenses, que l'attitude de l'état n'était pas
celle qu'on appelle communément, en langage commun, un «open
bar» et qu'on a dû... à ce moment-là, il y a eu des
pratiques de saine gestion et un resserrement très étroit qui a
été effectué par le gouvernement. il y a,
évidemment, le ministère des finances, le conseil du
trésor et les membres du cabinet des ministres. 11 serait
peut-être particulièrement intéressant d'avoir certains
éléments à cet égard, que vous pourriez, qui
pourraient nous être communiqués, m. le président, par le
ministre des finances.
M. Levesque: Est-ce que vous continuez ou...
M. Camden: Si vous n'avez pas la réponse...
M. Levesque: Non non, je peux répondre.
M. Camden: ...je peux peut-être vous en formuler une autre
immédiatement.
M. Levesque: Justement, j'ai souvent mentionné ça,
soit ici ou en Chambre, que, lorsque l'Opposition parle d'un déficit
record, parce que le déficit en chiffres absolus est plus
élevé de quelques centaines de millions par rapport à leur
déficit record, je pense qu'il est important de souligner que ces
déficits... le déficit record se trouve en 1980-1981. Ça,
c'est le déficit record. Ce qu'on appelle ici le déficit record
pour 1991-1992 représente 2,7 % du PIB; celui de 1980-1981
représentait 4,8 % du PIB. Si on veut l'actualiser, si on veut faire la
proportion des choses, si c'était dans les chiffres d'aujourd'hui, le
déficit de 1980-1981 ne serait pas de 3 400 000 000 $ mais serait
plutôt de 7 740 000 000 $. Ça vous donne une idée. Je pense
que ça répond à votre question, M. le député
de Lotbinière, qu'il faut toujours faire extrêmement attention
lorsqu'on avance des choses comme le mot «record». On peut employer
le mot «record», mais il faut regarder le record dans sa
véritable perspective. La meilleure façon d'évaluer la
profondeur d'un déficit, c'est, à mon sens, de le comparer au
produit intérieur brut, c'est-à-dire le PIB de l'époque,
pour chaque époque.
Alors, encore une fois, en 1980-1981, le déficit
budgétaire du gouvernement du temps représentait 4,8 % du PIB
tandis que notre déficit de 1991-1992 ne représente que 2,7 % du
PIB. C'est loin d'être un record et, de fait, ce qu'on appelle le record
de 1991-1992 a été, à cet effet, dépassé en
1985-1986, a été dépassé en 1984-1985, a
été dépassé en 1982-1983, a été
dépassé en 1981-1982, a été dépassé
en 1980-1981...
Une voix: C'est une histoire d'horreur, ça!
M. Levesque: ...a été dépassé en
1979-1980. Alors, si c'est un record, il a été battu bien des
fois par les déficits de l'administration précédente. Si
vous voulez avoir, sur une base comparative, les déficits
budgétaires de l'Ontario, par exemple, en pourcentage du PIB, alors que
nous sommes à 2,7 %, celui de 1991-1992 était à 4,0 %.
Celui qui est annoncé cette année, s'il se réalisait,
serait de 3,5 % du PIB. Alors, avec notre 2,7 %, le record prend beaucoup moins
d'acuité et, surtout, de vérité.
Est-ce qu'il y a d'autres éléments que vous avez
abordés?
M. Camden: J'ai, bien sûr, d'autres questions, M. le
Président...
Une voix: C'est des histoires d'horreur!
M. Camden: ....tout à fait. Évidemment, ce n'est
pas mauvais, vous savez, de regarder parfois dans le rétroviseur.
Ça nous donne une perspective, des fois, face à ce qu'on peut
croiser à l'avant pour voir aussi comment on peut composer avec la route
qui va se présenter devant nous. De voir celle qui a
défilé derrière nous, aussi, des fois, ça nous
donne une perspective à laquelle il n'est peut-être pas mauvais de
jeter un coup d'oeil à l'occasion. Il reste peut-être à
faire sa propre autocritique aussi.
Réduction de l'effectif de la fonction
publique
Ce que je voudrais également, c'est qu'on précise
peut-être certains éléments. J'ai constaté, à
la lecture, avec beaucoup d'intérêt, que vous avez retenu comme
mesure pour exercer, évidemment, réduire la taille de
l'État, les dépenses, également, de l'appareil
gouvernemental et que vous entendiez vous prévaloir, comme, d'ailleurs,
l'avait suggéré le comité des députés
ministériels sur la rationalisation des finances... Vous avez retenu la
proposition de ce comité à l'égard de l'attrition afin de
réduire le nombre d'employés de l'État et, par le fait
même, les charges financières de celui-ci et de le ramener,
probablement, à une proportion qui correspond davantage à la
réalité d'aujourd'hui où la place de
l'État-providence est en voie d'être reconsidérée et
replacée dans une perspective qui correspond davantage à celle
des années quatre-vingt-dix et, particulièrement, en
préparation a celle des années 2000.
M. Levesque: Alors, les compressions de 150 000 000 $, les
dépenses de fonctionnement
qui ont donné suite, justement, à ce voeu exprimé
par plusieurs intervenants et, particulièrement, par le comité en
question, évidemment, ça touche salaires et effectifs, les
compressions de 2 %. Tous sont touchés, sauf le réseau de la
santé et des services sociaux, et les effectifs enseignants des
réseaux de l'éducation, et les dépenses de fonctionnement
qui touchent les divers réseaux ainsi que les ministères et
organismes du gouvernement.
Depuis le début des années quatre-vingt, les efforts
annuels de rationalisation des dépenses du gouvernement ont presque
toujours inclus des mesures visant à diminuer l'effectif gouvernemental
de 1 % à 2 % par année. La productivité de l'effectif
gouvernemental a été améliorée depuis 1981-1982 et
encore de façon plus marquée depuis 1989-1990. Le ratio
équivalent à temps complet sur 1000 habitants n'atteint que 8,82
% en 1991-1992, comparativement à 9,40 % en 1981-1982 et à 9,64 %
en 1985-1986. Si le ratio observé en 1981-1982 avait été
maintenu constant, plus de 5100 emplois à temps complet
supplémentaires auraient été requis en 1992-1993, pour un
coût additionnel de l'ordre de 290 000 000 $. Alors, il s'agit là,
évidemment, d'un gain de productivité significatif. Les postes
retranchés, quand on revient aux effectifs, ont été
réalloués par la suite afin de permettre la réalisation de
nouvelles priorités gouvernementales, la poursuite des programmes en
développement ou dont les besoins d'effectifs devenaient accrus suite
à la conjoncture, comme, par exemple, à la Sécurité
du revenu.
(Consultation)
M. Levesque: Qu'est-ce que c'est ça? (15 h 30)
Le Président (M. Lemieux): C'est probablement pour le
quorum. Quorum, M. le ministre. Je n'ai rien vu au feuilleton qui demandait un
vote.
C'est le quorum, M. le ministre.
M. le député de Lotbinière, vous pouvez continuer
votre savant plaidoyer.
M. Camden: Oui, M. le Président. Je vous remercie. Je
voudrais également peut-être profiter de l'occasion, M. le
Président, pour demander que le ministre des Finances nous remette
certaines données dans une perspective qui correspond probablement
davantage à la réalité. On entend souventefois le
député de Lévis, en Chambre, dans ses discours-marathons,
omnibus, où on retrouve évidemment un ensemble de sujets, nous
faire part et aussi laisser entendre aux gens qui sont devant leur petit
écran, chez eux, qu'on connaît actuellement une baisse des taux
d'intérêt et que, évidemment, ça aurait un effet
très important - c'est une baisse rapide des besoins et des
dépenses du gouvernement du Québec - et tenter de laisser croire
que ces emprunts qui ont été faits au fil des années sont
réajustés presquement mensuellement. Ça laisse croire
ça, enfin, qu'ils sont presquement réajustés mensuellement
ou trimestriellement à la baisse, faisant en sorte que ça
réduit considérablement le fardeau de l'État
québécois et que, évidemment, ce lourd fardeau qui nous a
été légué, rappelons-le, en 1976... 5 000 000 000 $
de dettes accumulées au Québec.
D'ailleurs, on n'a pas à contester ça, on peut le lire ici
dans le discours du budget. Ce sont des données très
intéressantes qui nous sont rappelées que, à notre
arrivée, le leos était passé de 5 000 000 000 $ de
déficit accumulé à 25 000 000 000 $ de legs
accumulé. Alors, c'est loin d'être évidemment un bilan
très enviable. On constate une chose, c'est que nos voisins, en Ontario,
sont en train de s'inscrire dans la même foulée
également.
Je voudrais que le ministre, peut-être, nous précise
à cet égard-là comment fonctionne, en fait, ce processus,
parce que, évidemment, on laisse courir qu'on emprunte, bref, pour
quelques mois et que c'est renouvelé constamment, laissant croire que
ça suit la courbe descendante des taux d'intérêt. Je suis
plutôt enclin à croire, M. le Président, que les taux sont
peut-être davantage sur une base de moyen ou de long terme, là;
ça dépend dans quelle perspective on se place. Il y a
probablement des échéanciers qui sont variables, mais ce serait
peut-être bon, pour le bénéfice de nos lecteurs et
également des membres de la commission, de prendre connaissance de ces
éléments qui, sans doute, nous permettraient également de
rétablir les faits, lors de prochains échanges au salon bleu avec
le député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: Alors, je pense que le député de
Lotbinière a abordé une question fort pertinente et
intéressante. On se rappellera qu'il y a évidemment - c'est vrai
- une sorte de propos que nous entendons lorsque les taux
d'intérêt diminuent. On entend ça, les gens dire: Bon!
Bien, ça va faire disparaître le déficit, ça, c'est
formidable! C'est un peu vrai du côté fédéral, mais
beaucoup moins vrai du côté du gouvernement du Québec,
parce que, pour le gouvernement fédéral, la majorité de
ses emprunts sont à très court terme, alors ça veut dire
que l'ensemble de son endettement, en grande majorité, est
affecté assez rapidement par la diminution des taux
d'intérêt, tandis que, dans notre cas, nous sommes moins
affectés. Quand les taux montent, nous sommes moins affectés,
mais, quand les taux baissent, nous sommes également moins
affectés, étant donné que les emprunts sont à long
terme, en général au moins 11 ans, je pense, de moyenne.
Ensuite, nous sommes à 80 % à taux fixe. Nous n'avons que
20 % de notre endettement
environ qui est à taux flottant, de sorte que, avant de pouvoir
bénéficier de la réduction des taux, ça prend un
peu de temps et ça va lentement. Je vais vous donner un exemple de
ça. Si on prend le taux implicite du coût du service de la dette
directe depuis quelques années, on voit que ça part, en 1981, de
11,9 %, le taux, et là il baisse lentement, disons jusqu'en 1985-1986,
à 11,3 %. En 1989-1990, il est rendu à 10,3 %. En 1991-1992, il
est rendu à 9,8 %. En 1992-1993, notre prévision, c'est 9,4 %.
C'est parce qu'il faut prendre l'ensemble, hein, des emprunts
contractés, et qu'il y en a qu'on ne peut pas toucher, des emprunts qui
ont été contractés il y a un certain nombre
d'années. L'échéance n'est pas là, nous devons
vivre avec les conditions qui ont été fixées au moment de
l'emprunt.
Alors, pour répondre à votre question, oui, la baisse des
taux d'intérêt soulage, mais, pour notre gouvernement par rapport
au gouvernement fédéral, cette baisse-là est moins
significative sur le déficit. Ce qui a aidé beaucoup le
gouvernement fédéral, par exemple, dans l'annonce qu'il pouvait
réduire son déficit, c'était que la baisse des taux
d'intérêt affectait assez directement et rapidement son stock et,
donc, le service de la dette. Quant à nous, bien, ça nous affecte
surtout pour les emprunts nouveaux que nous allons effectuer au cours de
l'année. C'est sûr que nous avons des meilleures conditions que
celles que nous avons connues il y a deux ou trois ans.
(Consultation)
M. Levesque: c'est entendu, évidemment, que, lorsqu'on
regarde le budget dans son ensemble, le service de la dette,
c'est-à-dire les dépenses d'intérêt, n'est qu'une
partie, évidemment, de l'ensemble des dépenses du gouvernement.
c'est assez élevé, cependant, mais proportionnellement il y a
beaucoup plus de dépenses ailleurs que les dépenses
d'intérêt proprement dites. autrement dit, lorsqu'on regarde
l'ensemble des dépenses du gouvernement, on doit noter que la
santé et l'éducation, par exemple, prennent à peu
près entre 55 % et 60 % du budget, tandis que les dépenses
d'intérêt représentent à peu près 15 %.
alors, c'est pour ça que, ça non plus, ça ne peut pas
changer le déficit d'une façon concluante, mais ça va dans
le bon sens.
Transferts fédéraux
M. Camden: Merci, M. le Président. J'aurais
peut-être également une autre question eu égard aux
transferts fédéraux. Le ministre nous a parlé, ce matin,
de la croissance des transferts fédéraux de 17 % en 1992-1993.
Est-ce que cela change le diagnostic posé par le ministre au cours des
années précédentes à l'effet que le
Québec était pénalisé par la croissance des
transferts?
(Consultation)
M. Levesque: Alors, les transferts fédéraux ont
été assez importants à certaines époques. On se
rappellera l'époque de 1980-1981, 1981-1982 et 1982-1983. Le
gouvernement du Québec, qui faisait le procès quotidiennement du
gouvernement fédéral, était, par la porte d'en
arrière, très heureux de recevoir des augmentations successives
de 15 % et 20 %. Alors, ça a été, à ce
moment-là, quelque chose qui a aidé, évidemment, non pas
à combler les déficits, mais à les rendre un petit peu
moins pires qu'ils ne l'ont été. (15 h 40)
M. Chagnon: Tout en faisant en sorte d'augmenter le
déficit fédéral...
M. Levesque: En même temps.
M. Chagnon: ...directement relié au déficit
fédéral.
M. Levesque: Mais, cette année, à cause de certains
faits que j'ai rappelés à cette commission - je vais le faire
encore pour être bien sûr qu'on se comprenne - il y a une
croissance qui ne correspond pas du tout à la croissance que nous avons
connue dans les années antérieures, au moins dans les cinq, six,
sept, huit années antérieures, et qui ne correspond pas non plus
à nos prévisions pour les années futures. Pourquoi c'est
une augmentation? Nous avons connu une variation qui était
négative, positive, mais toujours à peu près de 4 % de
plus ou de moins par année, soit une décroissance ou croissance.
On prévoit une décroissance l'an prochain et l'année
suivante.
Pourquoi une augmentation soudaine de 17,1 % dans les transferts
fédéraux cette année? C'est que le Québec va
recevoir des montants importants, en 1992-1993, à l'égard
d'années antérieures, en raison d'ajustements aux données
servant au calcul des transferts fédéraux. Également, il y
a eu des modifications, à la suite des représentations que nous
faisons depuis plusieurs années, à l'effet qu'il y avait
là des transferts, particulièrement à la
péréquation, où la base des données, la base des
calculs devait, à notre sens, être révisée. Et le
gouvernement fédéral, particulièrement à la
conférence de Québec, récemment, la conférence des
ministres des Finances, a décidé de procéder à
certaines corrections. Cela nous fait retourner trois ou quatre ans en
arrière.
Donc, ces corrections-là nous arrivent toutes en 1992-1993. Et le
plafond à la péréquation que nous dénoncions comme
une distorsion inacceptable, ça aussi, c'a été
enlevé, de sorte qu'en 1992-1993 nous profitons de ces modifica-
tions et que cela arrive en même temps.
Les 17,1 % de croissance en 1992-1993 ne changent pas, cependant, le
diagnostic. Les transferts continuent de baisser à partir de 1993-1994.
Il est important de poursuivre les discussions au cours des prochains mois et
des prochaines années avec le gouvernement fédéral, parce
que notre discours n'a pas changé à cause de ces
augmentations-là. Parce que la difficulté que nous connaissons
est reliée à deux facteurs, comme je l'ai souvent
répété: l'endettement antérieur ici même, au
Québec, et ce qui peut être attribuable à la baisse des
transferts fédéraux.
Le gouvernement actuel est bien au courant des conséquences
engendrées par la dynamique des transferts fédéraux depuis
le début des années quatre-vingt. En fait, pratiquement à
chacun de mes discours du budget, j'ai fait part à la population de nos
préoccupations à l'égard des transferts
fédéraux. Nous avons même eu des annexes, à cet
effet-là, où nous avons démontré que les transferts
fédéraux, depuis 1982-1983, étaient pratiquement stagnants
jusqu'à cette année. Alors, on n'a pas changé et on va
continuer à réclamer, comme dirait M. Duplessis, notre butin.
L'an dernier, une de ces annexes-là, une annexe entière du
discours sur le budget a été consacrée aux transferts
fédéraux. À ce moment-là, on indiquait notre
désir de voir ces transferts réformés afin que
dorénavant - et je vous rappelle ce que nous disions - ces transferts,
premièrement, améliorent la redistribution de la richesse
effectuée au Canada, favorisent, deuxièmement, une plus grande
efficacité du secteur public et, troisièmement, comblent
l'écart qui s'est creusé au cours des dernières
années au détriment des provinces moins bien nanties. Et nous
avions des chiffres à l'appui. Je pense que le message s'est rendu.
Mais, évidemment, nous n'avons pas encore satisfaction.
Cependant, j'ai dit que la dernière correction donnait une
indication de la volonté du gouvernement fédéral de
procéder dans le sens de nos revendications. Mais nous avons encore
à attendre de voir ces choses-là se réaliser en
totalité. Il y a eu un pas dans la bonne direction, mais nous en
attendons d'autres. Le gouvernement fédéral, d'ailleurs, a
accepté de revoir les grands programmes de transfert aux provinces et
les fonctionnaires ont commencé à étudier le sujet. Ces
travaux devraient donner des résultats lors du renouvellement des
présents arrangements fiscaux, qui arrivent à
échéance le 31 mars 1994, et même avant possiblement.
Par ailleurs, les représentations du Québec ont
commencé à porter fruit. Comme je vous le rappelais, lors de la
réunion des ministres des Finances à Québec, le 30 janvier
dernier, le gouvernement fédéral a annoncé des
modifications techniques au programme de péréquation qui procure
un gain de 70 000 000 $ au Québec à compter de cette
année. De plus, une anomalie technique découlant de l'interaction
entre le plafond à la péréquation et le financement des
programmes établis entraînera le versement d'un montant
forfaitaire de 128 000 000 $ au Québec en 1992-1993.
Troisièmement, le gouvernement fédéral a
décidé de changer l'année de base utilisée pour
calculer le plafond de la péréquation: 1992-1993 au lieu de
1987-1988, ce qui indique que 1992-1993 pourra vivre sans plafond.
Finalement, il y a un autre facteur que je n'ai pas mentionné
pour expliquer un peu, aussi, cette augmentation de 17,1 % dans les transferts
fédéraux. C'est que les points d'impôt, au Québec,
sont plus nombreux, si vous voulez, qu'ailleurs, qu'ils sont là, ces
points d'impôt là, pour répondre aux besoins
particulièrement dans la santé et dans l'éducation
postsecondaire et que c'est complété par des transferts
fédéraux. Or, quand le rendement des points d'impôt est
plus bas, les transferts financiers sont plus élevés. Quand les
points d'impôt rapportent plus au Québec, dans les revenus
autonomes, les transferts financiers diminuent. Or, cette année, la
conjoncture économique étant ce qu'elle est, les points
d'impôt rapportant moins, les transferts financiers s'accroissent.
Alors, voilà, en un résumé, ce qui se produit dans
les transferts fédéraux et ce qui explique cette augmentation de
17,1 %.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Vous
avez terminé, M. le député de Lotbinière? M. le
député de Labelle.
M. Camden: Est-ce que je pourrais vérifier combien de
temps, déjà, j'avais d'accumulé, M. le
député?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Je vais...
(Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Oh! Pardon. Je m'excuse. Il
vous reste une minute cinq secondes. Il vous reste une minute cinq
secondes.
M. Camden: Une minute cinq secondes. Alors, dans un marathon
rapide, là, considérant que ce sont des dossiers
d'intérêt à l'égard de nos circonscriptions, et plus
particulièrement de la mienne, j'aimerais que vous nous parliez, d'une
part, de la rénovation des centres d'accueil et d'hébergement,
concrètement. Et quel effet ça a aussi sur l'économie, qui
est loin d'être à dédaigner, puisque évidemment chez
nous on a bénéficié de ces retombées et des budgets
également précédents et que nous souhaitons,
évidemment, profiter de celles-là? Je comprends que c'est une
question pour votre collègue de la Santé et des Services
sociaux.
Et j'aimerais que vous abordiez succincte-
ment, également, l'aspect du réseau routier, les 35 000
000 $ pour l'amélioration du réseau local dont je vous avais
formulé des représentations dans le cadre d'un caucus avec M.
Parisella. Je me rappelle fort bien de la présence de votre directrice
de cabinet, à ce moment-là, et je me rends compte qu'elle a fort
bien transmis les commentaires à M. le ministre. Alors, j'aimerais
peut-être que-Également, sur les 100 000 000 $ qui pourraient
aussi, au niveau de l'amélioration du réseau autoroutier,
être loin d'être à dédaigner dans les échanges
interprovinciaux et provinciaux au Québec, et l'aspect tout à
fait positif sur la relance de l'économie en région.
M. Levesque: Alors, je vois que le député de
Lotbinière est fidèle à ses engagements vis-à-vis
de ses électeurs et de ses électrices et continue de faire valoir
les représentations légitimes de ses électeurs et
électrices du magnifique comté de Lotbinière. (15 h
50)
Quant à la rénovation des centres d'accueil et
d'hébergement, il y a là une raison. La première raison,
évidemment, touche la question même de l'amélioration des
conditions de vie des bénéficiaires. Ça a aussi comme
effet, comme impact, évidemment, de répondre à des
impératifs de développement économique par les
retombées économiques qui s'ensuivent.
Le ministre de la Santé et des Services sociaux a abordé
cette question avec moi il y a quelque temps, me faisant part de la situation
de plusieurs centres d'accueil au Québec. Vous savez, et vous l'avez
évoqué tout à l'heure, que nous avions eu, dans
l'année précédente - le premier ministre avait
annoncé un programme à cet effet-là - des investissements
dans des projets. Nous avons anticipé l'exécution de plusieurs
travaux dans le domaine de la santé, dans le domaine de
l'éducation et dans le domaine des affaires culturelles. Mais ceci est
un autre programme et il répond au voeu du ministre de la Santé
et des Services sociaux qui me faisait part que plusieurs centres
d'hébergement et de soins de longue durée font face à des
problèmes de vétusté qui ne facilitent pas l'organisation
des services. Il y a là un rattrapage à faire pour la
conservation des immeubles et la rénovation fonctionnelle, un programme
qui est destiné en particulier aux établissements qui
hébergent des personnes âgées. M. Marc-Yvan
Côté m'a donné des exemples où on avait de ces
centres d'accueil où on ne pouvait même pas... Les corridors
étaient même trop étroits pour pouvoir avoir, par
exemple-Pardon?
M. Camden: Les portes de chambres.
M. Levesque: Et les portes de chambres également, oui,
étaient trop étroites, comme les corridors, pour pouvoir circuler
d'une façon normale soit avec des fauteuils roulants, soit avec des
marchettes, soit avec des lits, etc., de sorte que... Il m'a fait part aussi
qu'il y avait certains centres d'accueil où, par exemple, sur le plan
des soins sanitaires, hygiéniques, il y avait là des
améliorations à apporter.
Donc, on a regardé ça, et nous avons ensemble fait ce
programme que j'ai annoncé au budget et qui permet des investissements
sur trois ans de l'ordre de 240 000 000 $ dont 80 000 000 $ dès cette
année. Alors, nous allons procéder. J'espère que vous en
profiterez dans le comté de Lotbinière, si vous avez des cas
comme ça où on peut améliorer les choses.
Quant au réseau routier, là encore vous avez souvent
manifesté votre intérêt comme député du
comté de Lotbinière. Il reste encore, je m'imagine, des endroits
où vous pouvez consacrer certaines sommes d'argent dans votre
comté, sur le réseau routier, et nous avons ajouté,
justement cette année, une somme de 35 000 000 $ pour le réseau
routier local. Surtout, on se rappellera que le gouvernement a annoncé,
le 14 décembre 1990, qu'il entendait en transférer la
responsabilité, en partie du moins, aux municipalités à
compter du 1er avril 1993. Alors, il serait important d'améliorer
l'état du réseau avant le transfert des responsabilités.
Le gouvernement a déjà prévu consacrer plus de 100 000 000
$ par année, à compter de 1993-1994, à des programmes
d'aide au secteur municipal pour l'aider à assumer ce transfert de
responsabilités. Mais nous avons ajouté 35 000 000 $ dès
cette année pour préparer ces voies. Là encore, je
m'imagine que le comté de Lotbinière ne sera pas oublié
dans l'attribution de ces deniers publics.
Finalement, il y a le programme fédéral-provincial. Dans
son budget du 25 février 1992, le ministre des Finances du gouvernement
fédéral, M. Don Mazankowski, avait un paragraphe dans lequel il
mentionnait son désir de pouvoir participer à
l'amélioration, à la construction, pour compléter un peu
les infrastructures dans le réseau routier national, avec la
collaboration des provinces. Alors, me fiant sur cet engagement que je
retrouvais dans le budget de M. Mazankowski et après discussion avec ce
dernier, j'ai pensé qu'il serait approprié d'annoncer
immédiatement, pour chaque dollar que le gouvernement
fédéral avancerait à cette fin, que nous étions
prêts à consacrer un dollar également, et cela,
jusqu'à concurrence de 100 000 000 $ au cours de la présente
année. Je ne sais pas encore quel montant le gouvernement
fédéral va consacrer cette année ou l'an prochain, ou les
deux, mais ce que je sais, c'est que nous sommes prêts à faire ce
que nous nous sommes engagés à faire, c'est-à-dire, comme
je vous l'ai mentionné, à aller jusqu'à 100 000 000 $ si
le gouvernement fédéral va jusqu'à 100 000 000 $, ou
à aller jusqu'à 75 000 000 $ si le gouvernement
fédéral ne
va que jusqu'à 75 000 000 $. Mais, de toute façon, nous
attendons l'annonce de la décision fédérale quant au
quantum.
Sur le principe, nous nous sommes entendus, si vous voulez, mais sur la
question des quanta nous attendons et nous espérons pouvoir recevoir
dans les meilleurs délais la réponse fédérale, afin
de pouvoir procéder le plus rapidement possible. Cette somme-là
irait plutôt sur les grands travaux, étant donné que
l'intention du gouvernement fédéral telle qu'exprimée
touchait justement le réseau national. Mais ceci dégagera
évidemment des sommes pour le réseau local. C'est entendu que,
lorsqu'il y a moins de pression sur le réseau national, il peut y avoir
un peu plus de flexibilité dans l'ensemble du budget. Alors, je pense
qu'on peut être confiant que ce problème-là va se
régler et va sûrement avoir des effets bénéfiques
à travers les régions du Québec.
Le Président (M. Chagnon): Vous avez terminé, M. le
ministre des Finances?
M. Levesque: Pour le moment.
Le Président (M. Chagnon): Je vous remercie.
M. Camden: Je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Chagnon): Je vous remercie, M. le
député de Lotbinière. Je cède la parole,
maintenant, au député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je ne peux pas
m'empêcher de faire une remarque.
Le Président (M. Chagnon): Obligeante!
M. Léonard: À voir jusqu'à quel point on se
flatte, le ministre et ses députés ministériels, dans le
sens du poil, pour moi, il n'en restera plus, à la fin de la commission,
à personne sur son dos.
Le Président (M. Chagnon): De quoi?
M. Léonard: Franchement, c'est même
indécent.
Le Président (M. Chagnon): Du poil?
M. Léonard: Je vois, M. le Président, que, le
fédéral ayant dit dans un paragraphe que peut-être il
mettrait 100 000 000 $ si les provinces investissaient 100 000 000 $ dans le
réseau routier dit national, le gouvernement du Québec dit la
même chose, mais qu'il n'y a absolument rien dans le budget, absolument
rien, aucun crédit. C'est ça, la réalité. La
question, c'est: Si vraiment il y a des sommes là-dedans, est-ce qu'on
les ajoute au déficit? Alors, c'est ça, la réponse. C'est
de la foutaise. À chaque fois que j'entends de tels
énoncés de la part d'un ministre des Finances, ça veut
dire qu'il n'a pas mis une cent, mais qu'il voudrait faire croire qu'il en a
mis. C'est ça. (16 heures)
Alors, M. le Président, je voudrais simplement parler d'une
chose, par exemple du Conférence Board. Je dois constater que le
ministre, en Chambre, a dit qu'effectivement il s'était trompé
à plusieurs reprises. Je voudrais quand même mentionner
qu'effectivement les fonctionnaires ici aussi ont fait quelques erreurs, parce
que lui ne reconnaît pas que c'est la sienne, mais je pense que c'est
plutôt la sienne, parce que ça doit être ses directives que
les fonctionnaires ont appliquées. Il s'est trompé lourdement
dans ses déficits, lui aussi. Alors qu'il prévoyait des
déficits de 2 000 000 000 $ ou de 3 000 000 000 $, ils se sont
ramassés à 4 195 000 000 $, cette année. c'est ça,
la réalité: 715 000 000 $ d'erreur. l'année
précédente, plus de1 000 000 000 $ d'erreur dans ses
déficits.
Alors, à force de toujours avoir les yeux dans le
rétroviseur, il ne voit pas venir le poteau vers lequel il se dirige,
puis il se casse la gueule. C'est comme ça. C'est ça qui lui
arrive régulièrement. Vous trouvez le mot trop gros? La face,
alors. Mais c'est exactement ça. On est en train de ramasser, comme le
député de Lotbinière, des données jusqu'à
l'année 1970, puis là ce qui arrive pour l'année
prochaine, ça ne l'intéresse pas.
La réalité, cependant, c'est que je dois quand même
mentionner des choses, étant donné la critique qu'a faite le
ministre des Finances des prévisions du Conférence Board, tout
à l'heure, en Chambre. Je dois lui rappeler un article du 12 octobre
1990 signé de Denis Lessard, de La Presse, qui disait ceci:
«On endosse généralement l'appréciation faite
mercredi par le Conférence Board.» Puis il parlait, à
l'époque, du ministère des Finances. « On ne voit - c'est
entre guillemets, donc c'est une citation qu'il rapporte - aucun signe
d'écrasement, on parle plutôt d'atterrissage en douceur",
insiste-t-on aux Finances, reprenant les mots des spécialistes du
Conférence Board.» Puis un peu plus loin: «Si, comme
prévu, l'économie reprend légèrement au second
trimestre de 1992, toute initiative que pourrait prendre Québec - c'est
en 1990 qu'on disait ça - dans les prochains mois arriverait trop tard,
explique-t-on. Durant une précédente récession, le
gouvernement du Québec y était allé d'un ambitieux plan de
relance, avec des investissements publics massifs. Le temps de le mettre en
branle, les premiers effets ne se sont fait sentir qu'en 1984, au moment
où la reprise était déjà amorcée,
rap-pelle-t-on.» Alors, au fond, au ministère des Finances, on ne
croit pas au plan de relance; c'est ça que ça veut dire. Mais il
s'aligne quand
même sur les prévisions du Conférence Board.
Quoi qu'il en soit, je souhaiterais que l'économie progresse de
1, 6 %, en termes réels, plutôt que de 0, 4 %, sauf que les
prévisions sont de 0, 4 %. Peut-être que ce sont tous des
incompétents. J'espère que le ministre des Finances n'ira pas
jusqu'à retirer sa cotisation au Conférence Board, comme l'a fait
M. Mazan-kowski, qui a décidé d'abolir le Conseil
économique du Canada parce qu'il ne pensait pas comme lui.
Alors, on en est là. Quoi qu'il en soit, je pense qu'on aurait
intérêt, ce ministère des Finances ou le ministre des
Finances et sa députation, à regarder un peu plus vers le futur.
Il ferait moins d'erreurs, puis je pense qu'il jugerait un peu mieux la
situation.
On fait état de déficits en faisant des comparaisons. Je
pense que la situation est ce qu'elle est. Le gouvernement qui est là,
à la barre, présentement, a augmenté le fardeau fiscal de
quelque 3 500 000 000 $ au moins; certains disent 4 000 000 000 $. On verra
à la fin de l'année ce qu'il en sera.
Je voudrais revenir sur les tableaux qui nous ont été
remis sur la taxe de vente, la TVQ.
M. Levesque: vous me permettrez de répondre tout de suite
sur le conférence board, pour finir ce dossier-là. ça ne
vous enlève pas de temps.
M. Léonard: Allez-y donc.
M. Levesque: Merci.
M. Léonard: Mais allez-y donc...
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. le
député de Labelle.
M. Levesque: Non, c'est parce que c'est assez important.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre des
Finances.
M. Léonard:... d'une autre ritournelle.
M. Levesque: Non, ce n'est pas des ritournelles. Je veux
simplement répondre à ce que le député de Labelle a
dit, qu'il n'y avait rien dans le budget, d'abord, pour les routes, pour le
réseau national.
M. Léonard: Quant aux 100 000 000 $!
M. Levesque: Non. Il y a des provisions dans le budget, sauf que
vous comprenez que nous sommes en discussion et qu'on ne donnera pas nos
chiffres à ce moment-ci. Mais soyez assuré que c'est
prévu, ça.
M. Léonard: Quelle est la part du Québec dans les
100 000 000 $?
M. Levesque: Bien, disons qu'on a dit jusqu'à 100 000 000
$. Il n'y a pas de montant... Mais on ne peut pas en parler, parce que nous
sommes en négociations. Mais tout ce que je veux dire au
député, c'est qu'il y a des sommes prévues dans le budget
à cette fin.
M. Léonard: Je dois conclure, donc, que le gouvernement
fédéral serait amené pratiquement à matcher ou
à apparier les dépenses du Québec. C'est
déjà dans les budgets. Donc, vous allez les faire.
M. Levesque: Nous allons voir ce que le gouvernement
fédéral va nous offrir comme sommes...
M. Léonard: Donc, il n'y aura pas de crédits
additionnels de la part du Québec. Nous avons compris!
M. Levesque: Bien oui, mais, si c'est déjà
prévu, on n'est pas pour le prévoir deux fois, hein! Vous
comprenez ce que je dis, là? Vous comprenez, il y a des endroits, dans
un budget, où on peut prévoir ces sommes-là, sans
nécessairement les déposer, quand nous sommes en
négociations avec un autre niveau de gouvernement. Mais soyez
assuré d'une chose, c'est que nous sommes prêts pour cette
négociation-là.
M. Léonard: Donc, ce n'est pas 100 000 000 $.
M. Levesque: Bien, je ne peux pas dire ce que le gouvernement
fera. C'est le gouvernement fédéral qui a l'initiative de la
somme, ce n'est pas moi. Deuxièmement, lorsque le député
de Labelle...
M. Léonard: C'est de la compétence du
Québec. Il me semble que ce n'est pas le gouvernement
fédéral qui a l'initiative dans les routes.
M. Levesque: Oui, mais c'est le gouvernement
fédéral qui a annoncé qu'il voulait, dans l'espoir de
pouvoir participer à la reprise économique, pouvoir faire comme
il fait dans d'autres domaines. Il ne faut pas penser qu'il ne le fait jamais.
On parle toujours du pouvoir de dépenser du gouvernement
fédéral, il le fait. Il l'a fait avec vous, il l'a fait avec
nous. Il l'a fait. Alors, nous attendons qu'il aboutisse.
Lorsque nous avons parlé du Conférence Board,
antérieurement, en lui attribuant une certaine
crédibilité, comme a voulu le démontrer le
député de Labelle, ça n'a rien changé à la
déclaration que j'ai faite en Chambre aujourd'hui. On se rappellera, si
on veut être encore fidèle à la vérité, que
j'ai dit - et j'ai bien pris la peine
de dire: Sans mettre de côté ou sans mettre en doute
l'objectivité de cette institution. J'ai pris la peine de mettre tout
ça, des mises en garde. Je n'ai pas fait ça pour rien. Je ne nie
pas la compétence du Conference Board, mais je dis que les
prévisions du Conference Board ne concordent pas avec celles qui sont
généralement acceptées dans les milieux financiers, dans
les gouvernements, etc. C'est ça que j'ai dit.
Et, face aux toutes dernières informations économiques,
notamment la baisse de l'emploi en avril, le Conference Board, en effet, vient
de réviser à la baisse les prévisions économiques
qu'il avait pourtant complétées il y a à peine un mois.
Alors, au Canada, la croissance pour l'ensemble du pays, en 1992, a
été coupée de moitié. Ça, ce n'est pas rien
que le Québec, là, c'est l'ensemble du pays. Ils ont
décidé de ramener les 2,1 % qu'ils avaient donnés il y a
un mois à 0,9 %.
Le Conference Board se retrouve ainsi à être l'organisme
prévoyant la plus faible croissance, cette année,
s'éloignant donc du consensus qui place cette dernière à
1,8 %. Cette prévision est également nettement inférieure
à celle de 1,7 % qui se dégage de la compilation des perspectives
provinciales apparaissant dans chacun des 10 budgets des provinces. Ça
veut dire qu'il y en a pas mal qui se seraient trompés, là,
hein!
Au Québec, la croissance prévue par le Conference Board,
pour 1992, a également été révisée à
0,4 %. Cette prévision est largement la plus pessimiste de tous les
autres organismes du secteur privé. Et qu'est-ce que les autres
organismes du secteur privé disent aujourd'hui, alors que, nous, nous
disons 1,6 %? La moyenne des autres, incluant celle du Conference Board, la
plus récente, là, à 0,4 %, est de 1,4 %. Alors, on n'est
pas loin de 1,6 % en ajoutant ce 0,4 % du Conference Board.
Cette dernière révision du Conference Board s'inscrit dans
une série de révisions, depuis l'automne 1991, qui laissent,
disons - soyons polis, là - songeur sur la qualité du diagnostic.
Pour 1991, à deux mois de la fin de l'année, en octobre dernier,
le Conference Board prévoyait que la production reculerait de 0,8 % au
Canada. On sait aujourd'hui que le PIB réel canadien a reculé de
1,5 % l'an dernier, deux fois plus que ce que cet organisme avait prévu
en octobre. En octobre! Et, pour 1992, depuis octobre, la croissance
prévue au Canada est passée de 3,8 % à 2 % en avril et, en
mai, à 0,9 %. Parallèlement, les prévisions pour l'Ontario
sont passées de - prenons octobre - 4,7 % à, en avril, 2,3 % et,
un mois après, à 1 %.
J'ai ici un tableau, là, si ça vous intéressait de
l'avoir - mais je ne sais pas s'il y en a des copies - où on voit les
prévisions du Conference Board pour l'année 1992. Pour
répéter rapidement, quand on a fait les prévisions pour
1992, on les a faites en octobre 1991; 3,8 % pour le
Canada. Rendus en avril, on était rendus à 2 %. Ça,
c'est pour le Canada. On est partis de 3,8 % en octobre 1991. En avril 1992, on
était rendus à 2 %, puis, en mai 1992, on est rendus à 0,9
%. (16 h 10) pour l'ontario, pour l'année 1992, on avait prévu,
en octobre 1991, 4,7 %. on a baissé à 2,3 % en avril 1992 et, un
mois plus tard, on est rendu à 1 %. pour le québec, on avait 2,8
% en octobre 1991. on a baissé à 1,1 % en avril 1992 et à
0,4 %en mai 1992.
Je crois que le Conference Board a certaines difficultés à
positionner la situation économique relative des différentes
provinces. On remarque notamment une tendance marquée à
surestimer la croissance de l'économie ontarien-ne. Ainsi, en Ontario,
le gouvernement de cette province estime que le recul de la production en 1991
a été deux fois plus marqué que dans l'ensemble du pays.
Ça, c'est le gouvernement de l'Ontario qui estime que le recul de la
production, en 1991... On n'a pas encore toutes les données pour 1991,
mais on est pas mal avancé, tout de même, rendu au mois de mai
1992. En Ontario, le gouvernement estime que le recul de la production en 1991
a été deux fois plus marqué que dans l'ensemble du pays,
c'est-à-dire moins 3,1 % versus 1,5 % au Canada, alors que le Conference
Board place plutôt cette province près de la moyenne nationale.
Pour l'Ontario, quand il parle de lui-même, c'est moins 3,1 %, puis,
quand le Conference Board parle pour l'Ontario, il met moins 1,3 % pour
1991.
Il en est également ainsi pour 1992, où le gouvernement de
l'Ontario prévoit 1,4 % de croissance, c'est-à-dire en dessous de
la moyenne nationale, alors que le Conference Board positionne cette province
au-dessus de la moyenne nationale.
Ces données font ressortir ceci, pour terminer. Les
dernières analyses du Conference Board ont été très
imprécises: révisions substantielles en quelques semaines,
écart important sur les estimations pour l'année dernière,
bien que réalisées deux mois avant la fin de l'année. Les
prévisions du Conference Board sont les plus pessimistes de toutes
celles qui ont été réalisées jusqu'ici par le
secteur privé. Le consensus des organismes privés de
prévisions établit plutôt la croissance à 1,4 % au
Québec. Nous, nous avons 1,6 % dans notre budget et, pour les
mêmes organismes, le consensus, c'est que ce sera 1,8 % au Canada, soit
sensiblement comme les prévisions de notre propre budget 1992-1993.
Maintenant, quoi, c'est la guerre des prévisions? Je ne suis pas
en mesure, au moment où je vous parle, de vous dire qui a raison, mais
je pense que, selon la balance des probabilités, si on tient compte de
l'ensemble consensus des prévisions, à moins qu'il y ait des
données qui soient absolument dans la boule de cristal du Conference
Board et qu'il soit le seul détenteur de ces données-là,
pour le moment, du moins,
nous nous en tenons aux prévisions qui sont celles du
ministère des Finances du Québec mais également qui sont
confirmées par la grande majorité des prévisionnistes. Et
voilà ce que je voulais simplement dire. On attendra et j'espère,
comme le député de Labelle disait, que nos prévisions sont
les vraies, dans l'intérêt du Québec.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je suppose que le ministre dispose d'un
certain nombre de chiffres, à voir les cahiers sophistiqués dont
les fonctionnaires disposent. Nous aurions bien aimé en avoir un, nous
aussi, de ces cahiers. Peut-être bien que, comme il est disposé
à lire toutes les parties les unes après les autres, au fond, il
pourrait les rendre publics aussi, ce serait plus simple.
M. Levesque: Mais c'est pour le bénéfice du
Journal des débats. On ne peut pas, évidemment... Si on
arrêtait de parler, ça irait bien; on s'échangerait des
documents, puis on se laisserait là-dessus. Mais je pense que le public
a droit à l'information aussi.
M. Léonard: Ah! Tout à fait! C'est ce que je dis
exactement. Il n'y a rien qui empêche le ministre de le déposer,
son cahier, puis il va être au Journal des débats. Il va
être en annexe.
M. Levesque: Bien, ce n'est pas un cahier, ce sont des tonnes de
documents que nous avons ici...
M. Léonard: Non, il n'y en a pas des tonnes ici. Je vois
des cahiers...
M. Levesque: ...disponibles, disponibles. Vous avez vu, vous avez
posé des questions, là, et vous avez eu les réponses que
vous aviez demandées.
M. Léonard: Bon. Revenons à la taxe de vente du
Québec.
M. Levesque: Est-ce que vous avez besoin de ce document-ci?
M. Léonard: Ah! S'il peut être disponible,
très bien, parce qu'on l'a lu, j'ai pris des notes, mais
effectivement...
M. Levesque: On va le donner. M. Léonard: Oui? O.K.
Merci.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que M. le
ministre...
M. Levesque: Ce n'est pas un document pour dépôt,
c'est simplement une information.
Le Président (M. Chagnon): Ah bon! D'accord.
M. Léonard: Merci.
M. Levesque: S'il y en a d'autres qui en veulent...
M. Léonard: Merci beaucoup.
M. Camden: M. le Président... Ah! Merci. Elles sont
déjà faites.
Le Président (M. Chagnon): Oui, M. le
député. Est-ce que je puis vous être utile, M. le
député de Lotbinière?
Je pense que vous avez été satisfait.
M. le député de Labelle.
Réforme des taxes à ia
consommation
M. Léonard: Oui. M. le Président, je voudrais
revenir aux tableaux qu'on nous a distribués, parce qu'il y a un certain
nombre de données que je voudrais concilier là-dedans. Ce que
nous remarquons, c'est que les tableaux qui nous ont été
donnés en ce qui concerne la TVQ, phase II, il s'agit bien de la phase
II. Nous n'avons pas les documents de la phase I par rapport aux
prévisions données. J'ai posé la question, hier, à
savoir comment on pouvait réconcilier tous ces chiffres et quel
était le portrait d'ensemble de cette réforme.
En fait, la phase I, peut-on nous indiquer où on peut la trouver
ou comment on peut la réconcilier en termes budgétaires? Parce
que même les chiffres que nous avons portent sur l'année 1992,
l'ensemble de l'année, donc ça veut dire des chiffres
annualisés, ce qui rend les choses... Mais, à ce
moment-là, nous n'avons pas les chiffres de la phase I de la
réforme, année 1992, ce que ça donne. Est-ce que ces
données peuvent être disponibles à un moment
donné?
Au fond, je reviens toujours à l'idée que cette
réforme a été faite sans débat, morceau par
morceau. On a grappillé l'information, mais là on a une partie
seulement.
M. Levesque: On a les prévisions. Si je me rappelle bien,
lorsque nous avons procédé, le 30 août 1990, nous avions
donné, à ce moment-là, les prévisions touchant la
phase I et la phase II, si ma mémoire est fidèle.
M. Léonard: Oui. Mais il y a eu des changements
considérables depuis. Il y a eu la décision de décembre
d'exempter le livre. Il y a eu le budget de 1991-1992 où, là,
vous avez maintenu le taux à 8 % plutôt qu'à 7 %, et
puis...
M. Levesque: Chaque fois, nous avons donné
les impacts.
M. Léonard:... vous avez aboli des exemptions qui devaient
avoir cours sur l'alcool, les carburants, les cigarettes, ces
affaires-là, et puis ensuite vous avez reporté la phase au mois
d'octobre dernier. Maintenant, il y a le discours du budget, puis il y a
l'application au 1er juillet prochain. Est-ce qu'il y a quelque part un tableau
d'ensemble résumant toute l'opération?
M. Levesque: Ici, on vient de me remettre un tableau qui parle de
l'impact financier de la phase transitoire de la réforme des taxes
à la consommation. Il y a une note que je lis avec vous: Baisse du taux
de la taxe de vente de 9 % à 8 %, premièrement, de la taxe sur
les repas et l'hôtellerie de 10 % à 8 %, de la taxe sur les
télécommunications de 9 % à 8 %; élargissement de
l'assiette de la taxe de vente applicable aux biens, vêtements de moins
de 500 $, chaussures de moins de 125 $, détergents, meubles de maison,
repas de moins de 3, 25 $, etc.; application de la taxe de vente aux carburants
et au tabac.
Tout ça, on en tient compte dans ce tableau sur l'impact de la
phase transitoire de la réforme des taxes à la consommation. Pour
1990-1991, vous avez, taxe de vente au détail, l'impact financier est
d'un plus 324 000 000 $, 1990-1991, et, 1991-1992, 1 362 000 000 $ dans le
plus. Les autres taxes, taxe sur les carburants, le tabac, les repas et
l'hôtellerie, les télécommunications, la publicité
électronique, ceci, c'est un moins 238 000 000 $ en 1990-1991 et un
moins 1 109 000 000 $ en 1991-1992, ce qui donne comme net, en 1990-1991, un
plus 86 000 000 $ et, en 1991-1992, un plus 253 000 000 $.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Pour l'ensemble de la réforme, ou de la
phase I, étant donné qu'on aura ici la phase II, on a l'impact
sur les ménages, sur les entreprises, sur le secteur public, puis le
total, là, sur les trois volets que vous nous avez donnés en ce
qui concerne la phase II. (16 h 20)
M. Levesque: Ça, c'est l'impact, que je viens de vous
donner, là, sur la phase transitoire.
M. Léonard: C'est total, ça.
M. Levesque: C'est total. Aller plus dans les détails, je
ne le sais pas. Je vais m'informer.
(Consultation)
M. Levesque: Le tableau que j'ai ici, évidemment, c'est
avant que les entreprises ne reçoivent des remboursements de taxes sur
les intrants. Il n'y en avait pas à ce moment-là. En
période transitoire, il n'y avait pas de...
M. Léonard: II n'y en avait pas.
M. Levesque: II n'y en avait pas. Alors, moi, je trouve que c'est
complet, là, à partir de ce qui existait à 9 %, la taxe de
9 % que vous avez connue, qu'on a connue autrefois, jusqu'à nos jours.
Vous avez ici l'impact de la période transitoire. Vous avez ensuite la
phase II. Et je ne sais pas si on peut aller plus loin que ça.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard:... les chiffres qu'a lus, tout à
l'heure, le ministre des Finances se retrouvent dans sa déclaration
ministérielle, par exemple que le rendement à la taxe de vente
augmentait de 1 362 000 000 $. Pour 1991-1992, c'était au moment
où la taxe devait descendre à 7 %. Or, elle est restée
à 8 % à son budget de 1991-1992, lorsqu'il l'a fait
réellement. Et il y a d'autres taxes qui n'ont pas été
affectées. Alors, où est-ce qu'on réconcilie tout
ça?
(Consultation)
M. Léonard: Je dois signaler aussi...
M. Levesque: II fallait le modifier pour les trois premiers mois
de 1991-1992.
M. Léonard: Oui, de 1991-1992, parce qu'il devait y avoir
une taxe sur les intrants, à ce moment-là, dans les
remboursements. Les trois derniers mois, plutôt, pas les trois
premiers.
M. Levesque: Non, non, les trois derniers.
M. Léonard: C'est ça.
Une voix: Les trois derniers de l'année financière,
les trois premiers de l'année civile.
Une voix: De janvier à mars. M. Levesque: C'est
ça. (Consultation)
M. Levesque: Qu'est-ce qui sonne?
Le Président (M. Chagnon): Ah! Habituellement, c'est le
quorum ou le feu.
Des voix: Ha, ha, ha! (Consultation)
M. Levesque: On pourrait faire les calculs, mais, apparemment,
à partir du 1er janvier jusqu'au 31 mars, vous avez raison de dire qu'il
y avait là un changement quant aux 8 % à 7 %. Mais, par contre,
on avait prévu aussi que les remboursements commenceraient. Ils n'ont
pas commencé. On me dit que c'est à peu près un effet nul.
Mais on va vous donner les chiffres dès qu'on pourra les
préciser, même si c'est après la commission.
M. Léonard: Bien, c'est...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Levesque: Mais, d'après mes gens... Dès que...
On reviendra.
M. Léonard: Bien, M. le Président...
M. Levesque: Avant la fin de la séance, on pourra
peut-être le trouver.
M. Léonard: Avoir un tel tableau? M. Levesque:
Peut-être.
M. Léonard: M. le Président, je dois dire que
ça laisse un peu perplexe.
M. Levesque: Le sous-ministre me dit qu'il ne peut pas le faire
comme on l'a fait pour 1992. Veux-tu l'expliquer, pourquoi?
Le Président (M. Chagnon): M. le sous-ministre,
pourriez-vous vous présenter, s'il vous plaît?
M. Séguin (Claude): Claude Séguin, sous-ministre
des Finances. Le tableau qui a été fait, dont on a
déposé les éléments hier, concernant l'effet de la
réforme sur une pleine année 1992, séparant secteur
public, entreprises, ménages et les différentes choses,
là, c'est la première fois qu'on fait ça aussi
détaillé. Dans le fond, là, il a fallu partir de toutes
les statistiques économiques pour bien répartir, au meilleur de
notre connaissance, les différents éléments. Mais,
à moins de travailler pendant plusieurs jours et semaines, de revenir en
arrière, puis d'essayer de voir l'ancienne taxe où elle
était postée, etc., et là, je veux dire, on en a pour
longtemps, ce qu'on peut faire, c'est de refaire le cheminement à partir
des chiffres du 30 août, les chiffres du budget de 1991-1992 qui
maintenaient le taux de la taxe à 8 %, ce qui était le premier
changement.
M. Léonard: Ce qui annulait un certain nombre de
détaxes, de baisses de taxes qui devaient avoir cours, par exemple, sur
les carburants, les alcools et les tabacs, qui étaient importantes.
M. Séguin: C'est-à-dire qu'il ne les annulait pas,
il les maintenait, là. O.K.?
M. Léonard: II les maintenait. Bon.
M. Séguin: Puis, troisièmement, le report de la
phase II, qu'on évaluait à peu près à 75 000 000 $
comme impact net sur la taxe de vente de moins en revenus, on devrait
être capables de faire ça.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je ne peux pas m'empêcher de faire une
remarque, M. le Président, étant donné que ça a
l'air très imprécis et que ça demanderait beaucoup de
calculs. Alors, ça nous amène à mettre en doute les
affirmations catégoriques du ministre à l'effet que l'effet est
nul, s'il n'est pas capable de le prouver. Je dois au moins dire ça.
C'est la conclusion à laquelle nous en sommes.
Le Président (M. Chagnon): M. le sous-ministre.
M. Séguin: Ce qui a été déposé
devant la commission, hier, au meilleur de notre connaissance, c'est
ça.
M. Léonard: Pour la phase II. M. Séguin:
Pour la phase II.
M. Léonard: Ah! pour la phase II. Mais il ne faut jamais
oublier que, pour la phase I, il y avait d'abord, en avril 1990, une
augmentation de taxes pour les entreprises de 128 000 000 $, impact 1992-1993,
une autre augmentation, lors de la déclaration ministérielle du
30 août 1990, de 436 000 000 $, dans le budget de 1991-1992 une autre
augmentation de taxes de 19 000 000 $ et puis, dans le récent budget,
là on fait état de différents chiffres. Il faut quand
même noter qu'il y a 422 000 000 $, plus 46 000 000 $, plus 175 000 000
$, sans compter une augmentation de la taxation sur la capital de 33 000 000 $.
Alors, les sommes sont considérables. Ça annule tout le
remboursement des taxes sur les intrants.
M. Levesque: Voici, on pourrait compléter ce que je vous
ai dit hier, si je me rappelle bien, là. D'abord, concernant l'impact de
la réforme des taxes à la consommation sur les entreprises en
1992, pour une année, gains provenants des modifications entre le 30
juin et le 1er juillet - prenons le 30 juin prochain et le 1er juillet, le
lendemain - l'impact de la détaxation des intrants va faire un gain,
pour les entreprises, de 867 000 000 $. Avez-vous ces chiffres-là? Il me
semble que je vous les ai donnés hier.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Et la surtaxe de deux points de pourcentage sur le
revenu d'entreprises actives...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: ...la surtaxe en question coûtait aux
entreprises 228 000 000 $, ce qui laissait un gain, pour les entreprises, de
639 000 000 $.
M. Léonard: C'est ça.
M. Levesque: Là vous dites: Par contre, il y a eu des
mesures de revenus, en force depuis septembre 1991, à peu près,
quand on l'a mis à partir du 1er janvier, mais on l'a avancé,
après ça, de sorte qu'on est arrivés à un chiffre
de 343 000 000 $. Ça, c'est un changement. C'est moins cher que ce qu'on
avait annoncé dans le budget, mais c'est ça que ça
rapporte, 343 000 000 $. Mais il y a l'impact du taux de taxe qui a
profité aux entreprises, lorsqu'on a réduit la taxe de 9 %
à 8 %, aussi, pour que ça rentre dans le calcul, durant la phase
transitoire, pour un gain pour les entreprises de 183 000 000 $, ce qui fait
que, si vous prenez tout ce qui a été chargé aux
entreprises, là, dans l'impôt ou dans fa surtaxe, mais que vous
leur donnez les intrants et que vous leur donnez la réduction de 9 %
à 8 %, quand vous faites l'ensemble de ces opérations-là,
vous arrivez à un gain de près de 500 000 000 $, exactement 479
000 000 $. Ce sont des chiffres que je n'avais pas donnés hier, je
pense, mais... (16 h 30)
M. Léonard: Est-ce qu'on peut les avoir?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: S'il vous plaît.
M. Levesque: C'est prêt. Vous voyez
l'efficacité.
Document déposé
Le Président (M. Després): Donc, c'est
déposé, M. le ministre? Le document est déposé. Si
les commentaires de M. le ministre...
M. Levesque: Non, je n'ai pas de commentaires à faire.
Le Président (M. Després): ...sont terminés,
le temps de parole du député de Labelle étant
terminé, je donnerais la parole au...
M. Léonard: Terminé?
Le Président (M. Després): Oui, M. le
député de Labelle. On reviendra. Le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Tempus fugit inexorabile. M. le Président, je
voudrais... je suis certain que le député de Labelle
s'associerait à moi pour féliciter le ministre des Finances,
compte tenu du fait qu'il a oublié de mentionner quelque chose qui me
tracassait et que j'ai retrouvé écrit par un journaliste... Il
n'y aura plus de poils, tout à l'heure. Ça, pas de
problème.
Alors, probablement que le ministre des Finances n'a pas eu le temps de
lire Claude Piché qui, dans La Presse de samedi, le 16 mai, se
demandait quels sont les contribuables les plus taxés au Canada.
Ça, c'est une bonne question, parce qu'il y a un paquet de monde,
particulièrement autour de nous, qui se disent être les gens les
plus taxés. On pense, nous autres mêmes, faire partie des gens les
plus taxés, non seulement au Québec, non seulement dans la
fiscalité comparative avec les États d'Amérique du Nord ou
particulièrement avec les autres provinces canadiennes. On a toujours
l'impression que c'est nous les plus taxés. On développe une
espèce de vision paranoïaque de notre niveau de taxation qui, assez
curieusement, est démontrée de façon on ne peut plus... on
ne peut mieux par M. Piché.
On s'aperçoit qu'en mai 1992, à partir du dernier budget
du ministre des Finances - et c'est là-dessus, je suis certain, que le
député, l'ancien ministre et député de Labelle
devrait féliciter le ministre des Finances - en impôts et en
taxes, dans les provinces, en mai 1992, quelqu'un qui est une famille
monoparentale, dont le revenu est de 25 000 $, qui a un enfant...
Évidemment, une famille monoparentale, ça prend un enfant. C'est
une excellente... s'il y a juste un parent. C'est un enfant minimum, mais un
parent. 25 000 $ de revenus... On s'aperçoit, tout compte fait, que
cette famille-là, au Québec, paiera 980 $ d'impôt. C'est,
dans toutes les provinces canadiennes, le Québec qui se retrouve, et
nous en sommes fiers, bon dernier. C'est rare qu'on est fiers d'être bon
derniers, mais c'est là une catégorie tout à fait
particulière. C'est à Terre-Neuve, c'est assez curieux, la
province la plus pauvre du Canada, où le taux d'imposition est le plus
élevé pour une famille monoparentale avec un enfant, dont le
revenu est de 25 000 $. Une famille de deux adultes, deux enfants, dont le
revenu est de 45 000 $... Ce n'est pas rare, ça. Ça, c'est un
prof d'école secondaire, primaire, 15 années d'ancienneté,
17 années de scolarité, 45 000 $. Eh bien, cette
famille-là, là, on perd notre championnat d'être les bons
derniers; on est les avant-derniers. Il va falloir se forcer, M. le ministre
des Finances, pour redevenir les derniers. On est les avant-derniers. L'Alberta
nous bat légèrement. Mais, encore une fois, toutes les autres
provinces canadiennes voient leurs citoyens, deux adultes, deux enfants, un
revenu de 45 000 $, plus taxés qu'au Québec.
Serait-ce à dire, M. le ministre, que, depuis 1985 - votre
premier budget, si je me souviens bien, était autour du 16 ou 17
décembre 1985 - depuis ce temps, le contribuable, ces contribuables dont
on vient de parler ou n'importe quel autre contribuable ont connu une baisse de
leur impôt au Québec? Est-ce que vous avez... Parce qu'on ne le
retrouve pas dans votre budget. J'avais une critique à vous faire, entre
autres, en passant. Ce serait de vous demander, dans un prochain budget, de
nous dire comment un citoyen, qui gagnait 25 000 $ en 1985, comment il
était imposé et comment il serait imposé, en 1992 ou en
1993, au prochain budget, d'être capable d'avoir la liste des taux
d'imposition pour chacune des grilles. Pour chacune des grilles, ce serait
peut-être un peu exagéré, mais pour plusieurs grilles, le
niveau de salaire, de façon à ce qu'on puisse voir
l'évolution de la fiscalité pour les citoyens. M. le
ministre.
M. Levesque: Alors, je trouve que le député de
Saint-Louis s'intéresse à des choses qui intéressent la
population, non pas que j'aie quelque chose contre ceux qui
s'intéressent au langage des spécialistes, mais peut-être
que c'est rafraîchissant de voir un député qui
s'intéresse à la population, à ceux qui nous envoient ici
pour travailler dans leur intérêt, et il parle justement de ce qui
est encore l'entité de base de notre société, la famille,
et il s'intéresse à la charge fiscale qui est faite à ces
familles-là, et le député de Saint-Louis vient, en citant
Claude Piché, de relever des données extrêmement
éloquentes sur la situation faite au Québec aux personnes
monoparentales, aux familles, et cela, dans divers revenus.
Le député me permettra de rappeler que la réforme
fiscale à l'égard des particuliers et les mesures d'aide aux
familles mises en place à compter de 1985 ont toujours été
inspirées par les mêmes objectifs, à savoir créer un
régime fiscal équitable et simple et le rendre concurrentiel de
façon à favoriser la croissance économique et l'emploi. Ce
faisant, la progressivité du régime a toujours été
maintenue. En effet, les mesures annoncées ont été
particulièrement bénéfiques pour les individus à
faibles et moyens revenus et aux familles. Les seuils d'imposition nuls ont
augmenté du fait qu'on reconnaît maintenant que la portion de
revenu qu'un individu consacre à la satisfaction de ses besoins
essentiels et de ceux des personnes qui sont à sa charge n'est pas
imposable, et les besoins essentiels reconnus sont pleinement indexés.
Je pense que c'est important de souligner ces deux
éléments-là.
En second lieu, les baisses d'impôt consenties, vous vous en
rappelez, en 1988 et 1989, étaient nécessaires pour
améliorer la compétitivité du régime et elles ont
bénéficié à l'ensemble des contribuables.
Après toutes ces réductions et les modifications apportées
dans celui des autres provinces, le régime d'imposition demeure plus
progressif que ceux de nos partenaires ou de nos voisins. La comparaison
Québec-Ontario que vous avez évoquée, nous pouvons
l'illustrer de diverses façons. Vous l'avez fait pour certaines
catégories, mais on peut le faire...
J'ai ici, par exemple, un tableau qui montre que le régime
québécois demeure plus progressif, bien que l'écart se
soit partiellement estompé avec le temps. Prenons l'écart
Québec-Ontario pour l'impôt sur le revenu des particuliers. Vous
vouliez avoir des exemples. Disons... Puis on va tout vous donner, là.
Que ça fasse notre affaire ou pas, on va vous le donner, puis je pense
que vous allez voir que ça fait notre affaire pas mal. Un couple avec
deux enfants, avec un revenu de travail, avec un revenu de 35 000 $, en
1985,1147 $ d'impôt; en 1992...
Une voix: Deux parents, deux enfants.
M. Levesque: Oui. Couple avec deux enfants. En 1985, ils
payaient, pour 35 000 $,1147 $.
Une voix: De plus que l'Ontario. (16 h 40)
M. Levesque: De plus que l'Ontario. 1147 $ de plus que l'Ontario.
En 1992, on s'aperçoit qu'ils paient 959 $ de moins que l'Ontario. En
1993, ils paieront 1147 $ - après le budget, nous pouvons faire le
calcul - exactement le même montant qu'ils payaient de plus en 1985, ils
le paieront en moins en 1993.
M. Chagnon: Situation complètement inversée.
M. Levesque: Complètement inversée. Prenez un
revenu de 50 000 $ pour le même couple avec deux enfants. Avec un revenu
de travail, il payait 2683 $ de plus que l'Ontario. En 1992, il paie 482 $ de
plus que l'Ontario; en 1993, on est presque au même niveau: 298 $ de plus
que l'Ontario. Vous voyez la progression, même dans les revenus de 50 000
$.
Prenez même un célibataire - on parle des
célibataires - où l'on pense que, dans ce cas-là, les
célibataires de moins de 65 ans paieraient plus qu'avant, même eux
paient moins. Pour un revenu de 35 000 $, ils payaient 1943 $ de plus, en 1985,
qu'en Ontario. Et ça, c'est baissé à 1514 $ en 1992 et
à 1491 $ en 1993. Il est important de maintenir un régime fiscal
concurrentiel par rapport à ceux de nos partenaires économiques
pour les individus hautement spécialisés. Ça, c'est un
autre facteur. En effet, l'apport de ces derniers à la croissance
économique est important, puisqu'il s'agit d'une main-d'oeuvre à
forte valeur ajoutée. Ils sont également très mobiles et
sensibles aux différences qui peuvent exister entre divers
régimes d'imposition.
Et, là encore, j'ai un tableau qui vous indique, par exemple, une
comparaison; ça, c'est pour les revenus les plus élevés.
On comprend que c'est dans l'espoir de garder nos décideurs ici, de
garder nos entrepreneurs, nos investisseurs, nos gens du management ici, au
Québec. Alors, en 1985, par exemple, avec l'Ontario, le
différentiel, l'écart était de 10,1. Au Québec,
c'était 62,1, puis, en Ontario, c'était 52, soit un
différentiel de 10,1.
Quelle est la situation maintenant? Au Québec, c'est 50,5 et, en
Ontario, 50,5. Vous voyez le chemin parcouru? Quand on parle de politiques
fiscales pour demeurer concurrentiels ou pour devenir concurrentiels,
voilà les effets concrets de politiques fiscales qui avaient comme but
de faire en sorte que nos niveaux d'impôt sur le revenu des
particuliers... et c'est surtout là que l'effort s'est fait, avec
l'indexation, avec l'aide aux familles, etc., de sorte que les mesures que nous
avons prises ont fait, d'une part, qu'au Québec, une famille avec deux
enfants, par exemple - jusqu'à 42 000 $ - va payer moins d'impôt
que l'Ontario. Les plus hauts revenus vont également avoir une
fiscalité concurrentielle afin de pouvoir garder ces gens-là chez
nous, dans le but de créer des emplois additionnels, dont nous avons un
réel besoin.
Alors, c'est un peu une réponse à votre question, M. le
député de Saint-Louis. Je suis heureux que vous ayez
attiré l'attention de la commission sur cet aspect de la
fiscalité. Même si nous connaissons un contexte fiscal difficile,
une conjoncture économique difficile, nous avons, pendant les bonnes
années, profité de cette force économique du Québec
pour améliorer la fiscalité, la rendre plus concurrentielle et
plus humaine.
M. Chagnon: J'ai quelques amis comptables, comme le
député de Labelle - vous ferez l'exercice aussi - qui me sont
arrivés avec ça. Un couple, deux enfants, qui gagnait 30 000 $ en
1985... Ça, c'est quasiment le portrait type d'un prof qui, dans le
fond, gagnait la même chose en 1982 qu'en 1985, parce qu'il avait connu
la piscine, puis il ne s'était pas noyé, mais il était au
bout, en 1985, avec le même salaire qu'en 1982. Compte tenu du fait
qu'après sept ans, en 1991-1992, au dernier budget, il gagne maintenant
40 000 $ - de la fin de l'année 1985-1986 à 1992, il est
passé de 30 000 $ à 40 000 $, son salaire - sur les 10 000 $ de
plus de salaire qu'il fait, comparativement à ce qu'il faisait en
1985-1986, il n'est taxé que de 400 $, ce qui veut dire que sa marge de
récupération, comme famille, comme individu, est de 9600 $ sur 10
000 $. Ça, vous devriez peut-être le dire. Je suis certain que le
député de Labelle pourrait vous vanter pour ces...
M. Levesque: Non, mais le député de Labelle, il ne
le dira pas. Ne vous fiez pas sur lui pour faire connaître ça.
M. Chagnon: Alors, on essaiera de l'aider.
M. Levesque: On compte sur vous, M. le député de
Saint-Louis, et sur les autres membres de la commission, pour le faire. Si on
attend après le député de Labelle pour
répéter ce que vous venez de dire là, on va attendre un
petit peu.
M. Chagnon: Mais je le mets au défi, comme comptable, de
faire les mêmes calculs.
M. Léonard: ...tous en même temps.
Perfectionnement de la main-d'oeuvre
M. Chagnon: C'est un surhomme, ie député de
Labelle. Si on parlait des impacts que ce budget aura sur le
développement de la main-d'oeuvre. Vous savez combien c'est important,
la main-d'oeuvre. C'est sûrement le capital humain qui est la ressource
naturelle la plus importante pour une société comme la
nôtre, puis, dans le fond, pour toutes les sociétés au
monde. Du capital, de l'argent, on est capable d'en trouver. Des moyens
technologiques, on les trouve partout dans le monde; on peut les importer si on
ne les fabrique pas nous-mêmes, mais on peut les avoir. L'important,
c'est d'avoir une population dont la qualité à l'ouvrage, dont la
formation est de qualité et qui est aussi susceptible de pouvoir
être à la fine pointe des développements
technologiques.
Dans le budget, et je vous invite à regarder, qu'on regarde
ensemble l'annexe A, pages 75, 76 et plus loin, on s'aperçoit que vous
avez modifié substantiellement la participation des travailleurs
à l'amélioration des résultats de l'entreprise, mais pour
faire en sorte que l'entreprise améliore son niveau de
rentabilité, que ce soit par des modèles comme ceux qui sont un
peu à la mode ces temps-ci. On parle beaucoup de qualité totale,
on parle de régime d'intéressement. Vous avez opté pour
aider des employés et des entreprises qui pourraient se prévaloir
d'un régime d'intéressement à l'entreprise, eu
égard à sa rentabilité, évidemment. Vous allez
peut-être nous glisser un mot sur ce que vous envisagez et comment vous
envisagez aider les employés, d'abord, mais aussi les entreprises qui
deviendront plus rentables et, donc, éventuellement, plus
compétitives.
Le Président (M. Oesprés): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Alors, vous avez raison, M. le député
de Saint-Louis, d'aborder ce nouveau sujet. Vous savez avec quelle passion
notre collègue, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, a fait part au Québec de cette préoccupation qui est
la sienne de voir le Québec devenir plus compétitif,
particulièrement
dans le contexte de la globalisation des marchés. Il faut que
nous puissions produire et produire avec qualité pour faire face
justement à ce contexte nouveau dans lequel vont se dérouler les
échanges dans l'avenir. (16 h 50)
Nous ne pouvons pas ignorer le nouveau contexte, qu'il soit du
libre-échange, que ce soit les résultats des négociations
du GATT, l'Europe 92. On ne peut pas du tout imaginer un monde comme celui que
nous avons connu jusqu'à maintenant. Si nous devons prendre notre place
dans ce monde nouveau, avec les défis nouveaux, l'un des
éléments, l'un des facteurs les plus importants que nous devons
considérer, c'est le facteur de la qualité, qu'on appelle
qualité totale. Et ça, une des conditions d'arriver ou de se
diriger vers la qualité totale, c'est d'avoir une main-d'oeuvre
qualifiée, de plus en plus qualifiée.
On sait qu'il y a un haut taux de chômage aujourd'hui, nous le
regrettons, mais, à côté de ce haut taux de chômage,
vous savez comme moi qu'il y a là des emplois qui n'attendent que
preneur. Combien de chefs d'entreprises sont prêts aujourd'hui à
embaucher des gens, même dans un contexte comme celui du chômage,
mais avec la compétence. Donc, nous avons au Québec et nous avons
toujours dit que nous avions une main-d'oeuvre qualifiée, c'est vrai,
mais elle doit être encore plus qualifiée avec les défis
nouveaux qui viennent à nous.
Maintenant, l'implantation d'une démarche de qualité
totale est un processus continu qui s'échelonne sur une période
de trois à cinq ans. Si vous voulez, je peux vous donner une description
de la mesure. La mesure incite les travailleurs et les employeurs à
mettre en place un régime d'intéressement des travailleurs
à l'intérieur d'une démarche de qualité totale.
L'aide fiscale est dispensée en fonction des montants reçus par
les employés sous forme de participation aux résultats de
l'entreprise. Les employés admissibles sont ceux qui sont à
l'emploi d'une corporation du secteur manufacturier, peu importe sa taille. La
corporation admissible est une PME du secteur manufacturier. Une PME est
définie comme une corporation dont l'actif est inférieur à
25 000 000 $, dont l'avoir net des actionnaires est d'au plus 10 000 000 $. Les
employés admissibles pourront déduire, dans le calcul de leur
revenu imposable, les montants reçus, dans le cadre d'un régime
d'intéressement, jusqu'à concurrence de 3000 $ par année.
Le montant maximum déductible pour un employé, à
l'intérieur d'une période de cinq ans, est fixé à
6000 $. Les PME admissibles bénéficieront d'un crédit
d'impôt non remboursable de 15 % qui peut être reporté, sur
cinq ans, sur la partie admissible des sommes versées en vertu d'un
régime d'intéressement.
Nous pouvons... je pense que vous avez, dans l'annexe A, un tableau.
Avez-vous ça, là, annexe A?
M. Chagnon: Page 77.
M. Levesque: Page 77. Vous avez là, en effet,
l'illustration de l'impact de la mesure. Ce tableau-là illustre l'impact
de la mesure pour les participants à un régime
d'intéressement d'une PME de 100 employés. Lorsque le maximum de
6000 $ de déductions admissibles est atteint, l'aide fiscale
reçue par un employé, qui a un revenu imposable entre 23 000 $ et
50 000 $, se chiffre à 1380 $. Dans l'exemple illustré, la valeur
du crédit d'impôt pour l'entreprise se situe aux deux tiers
environ de l'avantage fiscal reçu par les employés.
Alors, cette mesure-là, justement, a pour but d'amener les
entreprises et les travailleurs à être de plus en plus dans un
véritable partenariat et que des mesures concrètes soient prises
par l'entreprise et par les employés pour en arriver à un
concept, à l'intérieur de l'entreprise, à un concept et
à un objectif de qualité totale. Avec ce signal que donne le
gouvernement, un signal, après tout, qui est un encouragement en dollars
et en sous, ceci devrait encourager, montrer que la société
québécoise est engagée dans ce concept et dans cet
objectif de qualité totale.
M. Chagnon: Je vous remercie beaucoup. Évidemment, je
partage votre conviction avec celle que vous avez mentionnée du ministre
de l'Industrie et du Commerce, M. Tremblay, qu'il faut absolument atteindre un
niveau de mobilisation très grand, non seulement chez les employeurs,
mais aussi chez les employés. Ensemble, nous pourrons trouver les moyens
susceptibles, non seulement technologiquement parlant, mais humainement
parlant, d'améliorer leur niveau de productivité et, à
partir de cela, évidemment, d'améliorer leur niveau de
compétitivité.
Mais la compétition passe aussi par la formation des travailleurs
et la formation de la main-d'oeuvre. La formation des travailleurs en
entreprise, vous l'avez signalé l'an dernier, est capitale. Vous avez
aussi, l'an dernier, débloqué ou apporté un nouveau
programme, non seulement de sensibilisation, mais d'aide, par le biais d'un
crédit d'impôt remboursable à la formation de la
main-d'oeuvre. Vous l'avez bonifié, cette année. D'ailleurs, si
je ne m'abuse, enfin c'est ce qu'on retrouve dans le budget, 9000 entreprises
et plus de 100 000 travailleurs en ont profité l'an dernier.
M. Levesque: C'est ça.
M. Chagnon: Cette année, le budget l'améliore, le
bonifie. Vous visez quoi encore et vous cherchez à le bonifier
comment?
M. Levesque: En effet, le crédit d'impôt à la
formation en entreprise a été introduit dans le discours sur le
budget d'avril 1990 et les entre-
prises ont commencé à s'en prévaloir au dernier
trimestre de 1990. Il a, jusqu'à maintenant, produit d'excellents
résultats, et ce, malgré la récession qui a durement
frappé les entreprises. Le recours des entreprises à cette mesure
croît de façon spectaculaire, quoi qu'on en dise, et son
utilisation dépasse largement tout ce qui aurait pu être atteint
par un programme gouvernemental régulier. Cette mesure a
été bien reçue, je le répète, tant par les
entreprises que par la plupart des syndicats.
Compte tenu de la faiblesse des investissements des entreprises
québécoises et de l'importance que la mesure ait un impact
significatif le plus tôt possible, les taux du crédit
d'impôt avaient initialement été bonifiés jusqu'en
décembre 1992. Compte tenu de la réponse, justement, des
entreprises et de la nécessité d'appuyer davantage leurs efforts
en formation de la main-d'oeuvre, le budget 1992-1993 prolonge la majoration
des taux d'aide de deux ans. La somme de 30 000 000 $, qui apparaît au
tableau de la page 118 de l'annexe A, représente le coût de la
seule majoration du taux d'aide et non le coût de la mesure.
Pour évaluer le succès de cette mesure, deux sources de
données sont disponibles. Premièrement, les
sociétés privées de formation, les commissions scolaires
et les collèges transmettent des informations sur leurs activités
au ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu
et de la Formation professionnelle, au ministère de l'Éducation
du Québec et au ministère de l'Enseignement supérieur et
de la Science. Deuxièmement, les commissions de formation
professionnelle, les CFP, émettent des autorisations pour un certain
nombre d'activités de formation et compilent ces données. Sur la
base des données transmises par les ministères, les
résultats ne laissent aucun doute. Le crédit d'impôt
à la formation s'impose de plus en plus comme un outil important pour
financer les activités de formation en entreprise.
Vous avez vous-même cité les chiffres. Je pense que
c'était ceux-ci. Ainsi, depuis sa mise en application, plus de 9600
entreprises ont signé au-delà de 14 400 contrats de formation et
près de 120 000 travailleurs ont bénéficié de plus
de 1 000 000 d'heures de formation.
M. Chagnon: Vous m'excuserez, mes chiffres étaient plus
modestes.
M. Levesque: Oui. Ha, ha, ha!. Alors, ce sont les derniers
chiffres qui me sont parvenus et ce qui est encore plus significatif pour
évaluer le succès de cette mesure est que le rythme d'utilisation
du crédit d'impôt ne cesse de croître. Vous le voyez,
d'après le graphique ou je ne sais pas...
Une voix: Le diagramme, la courbe. (17 heures)
M. Levesque: ...la courbe. C'est ce que je cherche. La courbe que
vous avez devant vous ici indique la progression presque spectaculaire.
M. Chagnon: C'est pas une courbe; c'est une escalade.
M. Levesque: C'est une escalade, en effet. Maintenant, les
données disponibles - je vais conclure avec ça - indiquent une
utilisation importante et sans cesse croissante du crédit d'impôt
à la formation, de la part des entreprises québécoises, et
aucun programme régulier n'aurait pu rejoindre autant d'entreprises et
de travailleurs en si peu de temps. Étant donné les besoins aigus
de formation et la perception, de la part des entreprises, de la
nécessité d'accroître leurs investissements à ce
niveau, l'utilisation du crédit d'impôt devrait continuer
d'augmenter encore beaucoup.
Le gouvernement du Québec a été le premier
gouvernement en Amérique du Nord à mettre en place une politique
pour favoriser la formation en entreprise. À cet égard, le
gouvernement de l'Ontario a annoncé récemment, à
l'occasion du discours sur le budget, une mesure qui poursuit notamment cet
objectif, de sorte que le Québec a donc, dans le domaine de la formation
en entreprise, une bonne avance.
M. Chagnon: ...sur le même sujet. Lorsqu'on parle de
l'assouplissement des critères d'admissibilité des
sociétés de formation, à la page 80, on dit à la
fin du paragraphe: «Une modification sera apportée afin
d'élargir la notion de société privée de formation
enregistrée à une société en nom collectif dont
tous les associés sont des corporations.» Est-ce qu'on pourrait
m'indiquer ce qu'on veut dire par ça?
M. Levesque: Ah oui! Une modification... C'est une mesure
technique qui fait en sorte qu'il y avait un critère qui exigeait qu'il
s'agisse de corporations et, apparemment, il y a des corporations qui se sont
groupées. C'est bien ça?
Une voix: Oui, en société.
M. Levesque: Oui, en société, et c'est pour
répondre à cette particularité-là qu'une
modification sera apportée. Il y aussi le fait, pour revenir à
votre premier sujet sur la formation de la main-d'oeuvre, le
député de Saint-Louis a parlé, évidemment, de ce
qui est fourni aux entreprises qui veulent ajouter ou s'intéresser
davantage à la formation de la main-d'oeuvre. Il y a aussi l'autre
programme qui s'adresse aux individus, pour la formation individuelle, pour
ceux ou celles qui, leur entreprise ne participant pas à un tel
programme, voudraient se perfectionner, ils peuvent le faire à l'aide
d'un autre programme qui s'adresse, cette fois-là, à
l'individu.
À ce propos, j'aimerais compléter l'information, si on me
le permet. La mise en marche du programme, ça avait été
annoncé l'an dernier, ça. Ça a été
retardé quelque peu, mais, tel que prévu l'an dernier, les
premiers déboursés, dans le cadre de ce programme, seront
effectués en 1992-1993. À cette fin, le montant de 16 000 000 $
qui avait été prévu devrait être utilisé. On
comprend pourquoi il y a eu ce délai. Il s'agit d'un programme qui
innove, autant au niveau de ses modalités qu'au niveau de son
administration. Il sera administré par le Mouvement Desjardins, qui a
été retenu suite à un appel d'offres auprès des
institutions financières.
Le processus est évidemment long. Il a fallu aussi que le
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle s'entende avec le gouvernement
fédéral afin que les chômeurs éligibles à
l'assurance-chômage puissent participer au programme et ne soient pas
privés de leur revenu à cause de leur participation au programme.
Or, sur ces deux plans, les dossiers sont maintenant complétés,
en particulier la convention de service entre le gouvernement et le Mouvement
Desjardins sera signée incessamment. Grâce à cette entente,
les travailleurs du Québec seront desservis par le réseau des
caisses populaires Desjardins, qui compte plus de 1600 points de service. Avec
la mise en marche de ce programme, les travailleurs québécois
auront à leur disposition un outil unique au Canada pour se recycler,
approfondir leurs connaissances et mettre à jour leur
compétence.
Cette mesure, je n'ai pas à vous rappeler les détails,
mais il s'agit là d'une contribution importante qui va permettre
à ces gens de pouvoir quitter momentanément leur emploi pour
aller en formation et être compensés, soit d'une façon ou
d'une autre. Il y a des prêts même qui sont prévus, etc.,
toute une série de formalités.
M. Chagnon: Combien de travailleurs pourra-t-on...
Le Président (m. després): m. le
député de saint-louis, excusez. m. le député de
saint-louis, votre temps étant terminé, la parole est au
député...
M. Chagnon: Oh! Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Després): ...de Labelle.
M. Chagnon: Alors, je remercie le ministre des Finances d'avoir
répondu à toutes les questions embarrassantes que j'ai pu lui
poser.
Le Président (M. Després): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le député de Labelle, la
parole est à vous.
M. Léonard: M. le Président, j'aimerais bien que le
ministre dépose les documents qu'il vient de lire, s'il y a moyen, au
député de Saint-Louis, pour le bénéfice de la
commission. Il y avait des grands soulignés en jaune. Il y a
peut-être de bons passages qu'il n'a pas lus qui pourraient être
intéressants. S'il n'a pas d'objection.
M. Levesque: On peut tout vous donner. Quand je ne lis pas...
M. Léonard: On peut... J'ai demandé le cahier au
complet, là, si vous n'avez pas d'objection.
M. Levesque: Non, ce serait trop demander, là.
M. Léonard: C'est trop demander. Mais vous êtes
prêt à les lire, alors, donc, vous êtes prêt à
les rendre publics.
M. Levesque: Je pense que je puis me garder des notes à
moi aussi, vous savez. Je ne vous ai pas demandé de déposer les
vôtres non plus, vous savez. Au moins, donnez-nous...
M. Léonard: Ha, ha! Comme ministre...
M. Levesque: ...le crédit de vous avoir donné plus
de renseignements que vous n'alliez bien me demander. On vous a donné
tous les renseignements depuis le début de cette
commission-là.
M. Léonard: On y reviendra. Juste pour faire quelques
remarques sur l'échange qu'il vient d'y avoir, par exemple sur la page
80, annexe A, précisions à l'égard du Programme d'aide
à la formation individuelle des travailleurs, il s'agissait d'un
programme annoncé l'an dernier, où il n'y a eu aucun
bénéficiaire. Radio-Canada en a d'ailleurs fait sa manchette
comme étant le summum des aberrations publiques de l'administration
publique, un programme où il n'y a eu aucun bénéficiaire.
Puis, là, on réannonce ce programme pour cette année: il
va être en opération dans quelques semaines. Ceci pour vous dire,
je pense, qu'entre les discours et la réalité, il y a quelques
différences et des lieues. Alors, même, le programme dont on a
parlé antérieurement...
M. Levesque: Si on l'avait pas annoncé l'an dernier, il ne
serait pas prêt cette année, voyons!
M. Léonard: ...la bonification du crédit
d'impôt à la formation des travailleurs en entreprise, même
chose...
M. Levesque: Ça prend plusieurs mois à
préparer une chose comme celle-là.
M. Léonard: ...le ministre en titre lui-même
déplore que ça n'avance pas.
Je voudrais revenir à la taxe de vente, M. le Président,
page 47, annexe A, par rapport au tableau qui vient de nous être
donné, antérieurement, parce que le ministre donne des
informations, mais il faut aller les chercher. C'est vraiment une
opération de pêcheur expérimenté pour être
capable d'avoir les renseignements. Oui.
Alors, dans le tableau qui vient de nous être donné, on dit
que l'impact de la baisse du taux de la taxe de vente de 9 % à 8 %, en
1991, phase transitoire, a valu aux entreprises moins 183 000 000 $ quant
à la phase transitoire. Est-ce que cela veut dire que l'impact de la
phase transitoire pour les ménages, qui était
évalué à 1 362 000 000 $ au 30 août 1990, pour les
ménages, c'est 1 362 000 000 $, plus ou moins 183 000 000 $? Est-ce que
le sous-ministre peut me répondre si le ministre ne peut pas? (17 h
10)
M. Levesque: Oui.
Le Président (M. Després): Oui, si vous pouvez vous
identifier, monsieur.
M. Séguin: C'est un pas que vous ne pouvez pas faire.
Le Président (M. Després): Excusez. Pouvez-vous
vous identifier, monsieur, s'il vous plaît?
M. Séguin: Claude Séguin, sous-ministre des
Finances. Donc, c'est un pas que vous ne pouvez pas faire. Vous ne pouvez pas
prendre le tableau qu'on a distribué tantôt, puis l'additionner
à... Il faudrait qu'on fasse plusieurs autres étapes pour
séparer le ménage d'autres intervenants, comme le secteur public,
etc. Ce n'est pas, comme on dit, avec le tableau, tantôt, qu'on disait
qu'en 1991-1992 l'impact financier de la phase transitoire, c'était que
la taxe de vente au détail montait de 1 362 000 000 $. Ça,
c'était au niveau de la taxe de vente comme telle. Mais, de l'autre
côté, vous avez d'autres taxes qui, elles, diminuaient de 1 109
000 000 $. Donc, la hausse de fardeau fiscal, au niveau des taxes de vente,
c'est 253...
M. Léonard:1 109 000 000 $.
M. Séguin: Oui.
M. Léonard: 253 000 000 $.
M. Séguin: C'est ça.
M. Léonard: Ça, c'est les autres taxes.
M. Séguin: Oui. Ce n'est pas la détaxe, les 1 109
000 000 $.
M. Léonard: Non, non. O.K. C'est toutes les autres taxes
qui devaient être annulées.
M. Séguin: Oui, c'est ça. Donc, par exemple, la
taxe spécifique sur les carburants était diminuée parce
qu'une partie de la taxe de vente s'y appliquait maintenant, que les 8 % qui
s'appliquaient sur les carburants étaient dans la taxe de vente, mais la
taxe spécifique sur les carburants, elle était diminuée.
Même chose pour les tabacs. Repas, hôtellerie, le taux passait de
10 % à 8 %. Télécommunications, publicité
électronique étaient éliminées et
intégrées à la taxe de vente. Donc, l'effet net de
l'opération sur les contribuables, c'était 253 000 000 $.
M. Léonard: Mais, si la baisse d'un point de la taxe de
vente de 9 % à 8 % vaut 183 000 000 $, on peut, de là,
reconstituer ce que valaient les rentrées de fonds sur la taxe de vente
pour les entreprises. vous avez un point. si vous faites une règle de
trois, avant et après, on le sait.
M. Séguin: Ce qu'on vous a dit, là, c'est qu'au
niveau... Quand la taxe de vente est passée de9 %à8 %...
M. Léonard: Oui.
M. Séguin: ...elle est passée de 9 % à 8 %,
puis l'assiette s'est élargie sur les biens.
M. Léonard: O.K.
M. Séguin: o.k.? ça faisait, au total, une
augmentation de fardeau de 253 000 000 $ pour l'année 1991-1992. les 9 %
deviennent 8 % avec toutes les modifications dont on a parlé. d'autre
part, l'assiette sur les biens a été élargie aux biens qui
n'étaient pas taxés. ça fait 253 000 000 $ au total. ce
«move»-là, disons, ce mouvement-là de 9 % à 8
%, avec élargissement de l'assiette pour les entreprises... les
entreprises n'étaient pas les bénéficiaires des biens qui
étaient détaxés...
Une voix: 180 000 000 $ pour les entreprises.
M. Séguin: ...donc passer, pour eux autres, de 9 %
à 8 %, ça signifiait une baisse de fardeau qu'on évalue
à 183 000 000 $...
Une voix: Une perte fiscale.
M. Séguin: ...en 1992, par rapport au fait qu'elles
auraient été taxées à 9 % dans l'ancien
système. C'est ça qu'on est capables d'évaluer à ce
moment-ci.
M. Levesque: On me dit que jamais des chiffres comme ça
n'ont été donnés dans un
autre niveau de gouvernement. Vous en avez eu beaucoup plus au moment
où on commence l'opération. On n'a pas commencé encore.
Là, on part du moment où il y avait 9 %, votre 9 % qui est devenu
8 % avec nous, avec un élargissement.
Une voix: et, éventuellement, 7 %.
Une voix: et, éventuellement, 7 %.
M. Léonard: autre question.
M. Levesque: On est dans du très, très technique,
comme vous l'avez vous-même remarqué, et je sais que vous aimez
jouer avec ça, mais il y a une limite à aller dans autant de
sous-détails, comme vous voulez faire présentement. Je ne vous
blâme pas de le faire, mais, chaque fois que vous nous avez
demandé quelque chose, on a essayé de vous le donner dans les
heures qui ont suivi. Nos gens ont travaillé même cette nuit pour
essayer de vous donner tous les détails que vous demandiez. Là,
vous êtes dans les sous-détails.
Je pense qu'une autre façon de voir les choses, quand on parle
d'impôt et de taxes, c'est de voir comment évoluent les revenus
autonomes. On oublie les transferts fédéraux et on... Parce que,
là, on s'en va dans des sous, sous-questions, en sous-détails. Il
s'agit de savoir comment est-ce que le gouvernement demande de contribution
à l'ensemble de la société. Quand on regarde ça, on
voit que la progression des revenus autonomes a été assez
importante dans le passé par rapport à la croissance,
aujourd'hui, sur les revenus autonomes.
On regarde, dans les années 1971-1972, là, c'était
16,4 %. Ça a monté à des chiffres... En 1981-1982,
c'était 25,3 %. Je comprends qu'il y avait beaucoup d'inflation dans le
temps, mais c'est l'augmentation, cependant, de la contribution qui
était demandée au contribuable. Depuis, disons, 1988-1989, 6,3 %,
4,2 %, 6,9 %, 6,9 %; 1992-1993, 4,5 %. Alors, s'il y avait tellement de
revenus, là, qui arrivaient de cette taxe-là, ce ne serait pas
une augmentation de 4,5 % dans les revenus que nous demanderions au
contribuable de verser. Je pense que ça, c'est important aussi.
Si vous aviez un 25 % ou un 30 %, comme on a déjà connu,
sur l'augmentation des revenus autonomes, vous diriez: Bien, il y a quelque
chose là. Mais, quand on regarde 1992-1993, les prévisions, c'est
que les revenus autonomes vont augmenter de 4,5 %. Je tenais à faire
cette... Tout le bloc de 1992-1993 des taxes à la consommation -
ça aussi, c'est un chiffre qu'on peut donner - l'augmentation est de 3,7
%. Alors, ça aussi, je pense, ce sont des chiffres qui sont beaucoup
plus éloquents qu'aller chercher des comparaisons avec ci, avec...
Est-ce qu'il y a plus de taxes spécifiques? Est-ce qu'il y a plus de
taxes de ce côté-là? Qu'est-ce que c'est que les gens
paient? Les gens vont payer 3,7 % d'augmentation des taxes à la
consommation en 1992-1993 par rapport à l'année passée.
C'est ça qui va arriver.
Pour les revenus autonomes complets, l'ensemble du portrait, pas
seulement les... l'impôt et tout, la société va
être... On va demander aux Québécois de quoi? Bien, de
payer une augmentation dans les revenus autonomes. Mais ils sont là,
estimés à 4,5 % dans tout l'ensemble, alors qu'on a connu des
années où l'augmentation a été de 11 %, 14 %, 16 %,
18 %, 13 %, 25 %. Alors, je tiens simplement à faire cette
remarque-là, tenant compte, évidemment, que l'inflation est
très réduite. Je ne veux pas faire de comparaisons boiteuses.
M. Léonard: Je ne sais pas si c'est un tableau qui
était disponible ici. Ce que je voudrais dire au ministre, c'est que je
ne veux pas aller inutilement dans les détails. J'essaie de reconstituer
le coût de la réforme par rapport à des données qui
ont été établies et de savoir qu'est-ce qui est
payé par les entreprises, qu'est-ce qui est payé par les
ménages, qu'est-ce qui est affecté au secteur public. Je pense
que c'est ça le point qu'on essaie d'établir depuis longtemps.
(17 h 20)
M. Levesque: Oui, et on essaie de vous donner le plus de
renseignements possible. Mais vous ne pouvez pas tenir deux discours à
la fois. C'est ça que vous faites. Malheureusement, je tiens à
vous le rappeler, vous ne pouvez pas pleurer sur le sort des entreprises qui
n'en ont pas assez et, en même temps, pleurer sur le sort des
ménages qui en paient trop aux entreprises. Alors, je ne sais pas sur
quoi vous voulez baser votre argumentation, mais, chose certaine, c'est que
l'ensemble, pour le gouvernement, ce qui reste, c'est ça. C'est, pour
les taxes à la consommation, une augmentation prévue de 3,7 %;
l'ensemble des revenus du gouvernement, 4,5 %. Je ne peux pas vous dire d'autre
chose. On pourrait gratter et fouiller, mais c'est ça le résultat
net pour le gouvernement.
M. Léonard: Alors, M. le Président, je continue
donc. Ce qui s'est passé, c'est que la part des dépenses
budgétaires dans le PIB est passée à 25,2 %,
comparativement à 1982-1983 où c'était 25,7 %. Donc, on a
rattrapé effectivement ce qui s'était passé à
l'autre récession économique. Par ailleurs, quand le ministre
dit: Nos revenus autonomes ont augmenté de 4,5 %, effectivement, il y a
eu un taux d'inflation de 2,2 % l'an dernier. Donc, ça veut dire, net,
en termes réels, 2,3 % d'augmentation des revenus, alors que le PIB,
lui, a reculé de 1,1 %. Donc, le différentiel, c'est 3,4 points
de pourcentage. Alors, je trouve ça important...
M. Levesque: Ce n'est pas le PIB; c'est en termes
réels.
M. Léonard: Ce que j'ai toujours souhaité, M. le
Président, c'est qu'on ait des données sur lesquelles on
discuterait de façon intelligente. C'est juste ça. Mais le
problème, c'est qu'on les a miette par miette. Je comprends que, si
c'est vrai qu'elles n'existent pas plus qu'elles n'existent à l'heure
actuelle, je me demande sur quoi le gouvernement s'est fondé pour
prendre une décision aussi importante que celle de cette réforme
des taxes à la consommation, qui a des conséquences très
importantes. Le ministre dit que je pose des questions techniques. Les gens qui
paient des taxes, eux, les paient et ce ne sont pas des questions techniques
pour eux, parce qu'ils les paient, ces taxes-là, partout.
J'ai juste une dernière question là-dessus. On me dit que
l'impact des mesures pour les entreprises vont valoir 473 000 000 $,
année 1992. Par ailleurs, lorsqu'on regarde le tableau A-47, l'impact
sur l'année budgétaire 1993-1994 est de 650 000 000 $, plus 80
000 000 $, donc 730 000 000 $, plus - on pourrait donner autre chose... Je me
suis posé la question, pourquoi il y avait une telle différence
entre l'année civile 1992 et l'année budgétaire 1992-1993.
Est-ce qu'on peut me répondre là-dessus? Ou 1993-1994
plutôt, excusez.
M. Levesque: Pendant qu'on regarde... Je voulais simplement
attirer l'attention. Là, j'ai parlé de la croissance des revenus
autonomes, mais, lorsque l'on regarde le pourcentage des revenus autonomes par
rapport au PIB, je pense que, là, c'est un indicateur important. Parce
que, si vous voulez tenir compte de l'inflation, si vous voulez tenir compte de
tous les autres facteurs, quel est, vis-à-vis le PIB, le pourcentage en
revenus autonomes? En 1991-1992, c'est 17,8 que j'ai ici comme chiffres et la
prévision pour 1992-1993 est 18. C'est pas mal dans le même ordre
de grandeur.
Alors, là encore, par rapport au PIB, il n'y a pratiquement pas
d'augmentation de cet effort-là qui est demandé. Ce que vous
pourriez raffiner, c'est les transferts entre les divers groupes qui sont
appelés à former le tout. On vous a donné pas mal de
renseignements à ce sujet-là sciemment. S'il y en d'autres qui
peuvent venir, moi, je n'ai pas d'objection. Mais je voudrais cependant que les
renseignements qui sont donnés soient non pas des approximations, mais
que ce soit le plus authentique possible. Je n'ai jamais donné
d'instructions, je vous assure, ou privé de renseignements.
Au contraire, moi, je sollicite toujours que l'on puisse déposer
ici, à cette commission, comme je me suis engagé à le
faire, tous les renseignements. Je n'ai aucun intérêt, moi,
à ce qu'il y ait un renseignement qui vous manque dans ces
données-là, d'autant plus que je com- prends que vous vous y
intéressiez. C'est que ça fait partie du programme de votre
parti, toute la question de changer la taxe de vente en une autre taxe sur la
valeur ajoutée. Alors, normalement, vous devriez vous intéresser
à ça. Lorsque vous avez fait ce programme-là, je ne sais
pas si vous avez été consulté, mais, normalement, vous
l'auriez été peut-être et, à ce moment-là,
vous avez dû regarder ça. Avant de faire de telles propositions
dans le programme de votre parti, vous avez dû avoir des gens, dans votre
parti, qui ont dû faire des estimés pour voir qu'est-ce que
ça faisait, ça, et comment ça. pouvait se traduire dans
une politique, avant d'en faire une partie du programme.
Nous, dans le fond, nous souscrivons à cette approche-là.
D'autres provinces n'y souscrivent pas, comme on voit, ou y souscriront de
force, mais elles ne sont pas d'avant-garde de ce côté-là.
Nous, nous avons cru au fait que taxer la consommation plutôt que la
production était dans le même sens des orientations. Mais, pour le
citoyen québécois, pour la société
québécoise, on voit qu'il y a une certaine stabilité dans
les revenus autonomes qui sont pris par le gouvernement. Lorsque l'on fait - on
l'a vu de nos collègues, tout à l'heure - des comparaisons
à travers le pays et qu'on enlève cette sorte, je ne sais pas,
moi, de morosité qui fait qu'on se dit bien taxé, alors l'on
voit, lorsqu'on fait la revue de l'ensemble des provinces, on s'aperçoit
qu'on est encore dans une situation assez favorable, relativement. Avez-vous
quelque chose à ajouter à la question? M. Séguin.
M. Séguin: Oui. O.K. Claude Séguin. C'est toujours
la difficulté, quand on discute entre année financière et
année sur une base annuelle. Dans le tableau de la page A-47, le
non-remboursement de la taxe sur certains intrants est évalué
à 422 000 000 $. Ça, c'est l'équivalent...
M. Léonard: Oui, mais 650 000 000 $, sur 1993-1994.
M. Séguin: Oui. Mais pourquoi ça devient 650 000
000 $, en 1993-1994? Premièrement, il y a 12 mois au lieu de 9.
M. Léonard: C'est ça.
M. Séguin:deuxièmement, disons, il y a des
phénomènes que, nous, on appelle de mandataires,
c'est-à-dire qu'il y a des gens qui doivent la taxe, quand arrive la fin
de l'année, elle tombe dans l'autre année, plus le fait qu'en
1993-1994 c'est une base économique qui est plus grande. donc, les 422
000 000 $ deviennent 650 000 000 $.
M. Léonard: Oui. Bien, c'est parce que, hier, on nous a
dit que les chiffres qu'on nous donnait, les tableaux qu'on nous donnait
por-
taient sur l'année 1992, en annualisant... M. Séguin:
En structure... C'est ça.
M. Léonard: ...le budget 1992. 1992-1993, sur une base
annuelle, donnait les chiffres qu'on nous a donnés dans les
tableaux.
M. Séguin: Oui.
M. Léonard: Alors, à ce moment-là, quand
Ça donne 473 000 000 $, l'impact du budget sur le fardeau de la TVQ et
des entreprises, et que, sur une base annuelle, 1993-1994, ça donne 730
000 000 $, alors... Par exemple, de 422 000 000 $ à 650 000 000 $, c'est
considérable. Ça veut dire que les 473 000 000 $ qui sont
composés de 422 000 000 $, de 46 000 000 $, de 175 000 000 $, d'un
ensemble de mesures là-dessus... Non, juste les 422 000 000 $.
M. Séguin: Si vous reprenez votre tableau d'hier, ce qui
donne 473 000 000 $ pour les mesures touchant les entreprises au budget... Vous
pouvez le prendre devant vous parce qu'il y a une note dedans.
M. Léonard: 473 000 000 $.
M. Séguin: C'est le tableau qui part à 2 071 000
000 $ et qui, après ça, arrive à...
M. Léonard: 2 071 000 000 $, oui.
M. Séguin: O.K.?
M. Léonard: Oui.
M. Séguin: Bon. Le chiffre 473 000 000 $, la note 1,
ça inclut le non-remboursement de la taxe sur certains intrants, 572 000
000 $, O.K...
M. Léonard: Oui.
M. Séguin: ...qui correspond aux 422 000 000 $ sur une
base...
M. Léonard: O.K. Annuelle.
M. Séguin: O.K., sur une base annuelle. Il correspond
aussi au fait que le taux est baissé, l'effet de la baisse du taux de la
TVQ sur les services et les immeubles achetés par les entreprises, moins
64, et, aux révisions apportées à la mesure de revenu
compensatoire des institutions financières, moins 35.
M. Léonard: O.K.
M. Séguin: Donc, le non-remboursement de la taxe sur les
intrants, sur une base annuelle, en dollars 1992, ça vaut 572 000 000 $.
Quand on l'amène à 1993, sur la base économique
prévue en 1993, il vaut quelque chose qui est proche de 650 000 000 $;
mais les 650 000 000 $, là, sont à cheval sur 1994. Donc, il y a
une série d'ajustements techniques pour donner le chiffre en
année financière. Donc, il n'y a pas d'attrape là. (17 h
30)
M. Léonard: Ça va. Bon, alors, M. le
Président, juste sur la taxe de vente, je voulais conclure sur ce
plan-là avant de passer à autre chose. Les questions que nous
posons, nous les posons au nom des Québécois. Il y a 70 % des
Québécois qui sont insatisfaits des mesures gouvernementales, et
nous pensons qu'il y en a beaucoup qui le sont justement à cause des
décisions qui ont été prises sur la fiscalité des
Québécois. Et je pense que ça les intéresse. Ce ne
sont pas des questions techniques, ce sont des questions qui les touchent dans
leur vie quotidienne. Je comprends que le gouvernement dit mettre des petites
«mesurettes» pour essayer de compenser, mais le fond de la question
dans le budget, l'envers de la médaille, c'est là d'où
viennent les fonds, ce sont les Québécois qui les paient, et ils
paient beaucoup de taxe de vente. Alors, c'est pour ça. Moi, je pense
que je remplis mon rôle comme représentant de l'Opposition en le
faisant.
Fonds de développement technologique
Je voudrais aborder une question qui concerne la recherche et
développement. La recherche et développement est une
priorité dans la société québécoise, je
pense, majeure, et nous avons posé des questions au ministre de
l'Industrie et du Commerce à l'époque, au cours du printemps, qui
nous a d'ailleurs fourni des tableaux sur les dépenses en recherche et
développement. Jusqu'ici, depuis l'annonce de la création du
Fonds de développement technologique, il a été
dépensé, d'après les renseignements qu'il nous a
donnés le 9 avril 1992, 39 278 000 $...
M. Levesque: À quel moment?
M. Léonard: Le 9 avril 1992, donc après la
clôture de l'année financière. Je ne sais pas si...
M. Levesque: Dépensés, mais pas engagés
là.
M. Léonard: Le titre de la colonne, c'est «Montants
transférés». «Années
antérieures», c'est 39 000 000 $ au total; 1992-1993, 61 399 000
$. Alors, ça c'est l'année qui suit. Mais, au 31 mars cette
année - on peut considérer le 9 avril comme étant le 31
mars - c'est 39 278 000 $ sur un fonds de 350 000 000 $. Est-ce que le
ministère des Finances a des données plus à jour
là-dessus? Parce que nous avons des engagements et nous voudrions
réconcilier les chiffres. À l'intérieur de ce bloc de 650
000 000 $ au total, en comprenant le fonds
Innovatech sur lequel il n'y a aucune dépense dans l'année
qui vient de se terminer, les chiffres sur un fonds de 300 000 000 $, pour les
trois prochaines années, donnent exactement 50 000 000 $. Est-ce que
vous avez des tableaux globaux qui présentent toute la situation et les
investisssements du gouvernement là-dedans?
Je souligne au départ que, comme analyse, les
Québécois se posent beaucoup de questions parce que STATCAN,
Statistique Canada, donne comme investissements en recherche: 1989, 1,44 %.
C'est une baisse par rapport aux situations antérieures et puis par
rapport à 1985, et nous voudrions pouvoir réconcilier les
chiffres de tout le monde dans un secteur qui est absolument stratégique
pour le développement du Québec.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
député de Labelle.
M. Levesque: Alors, si on me permet. Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Levesque: Alors, il faut revenir au Fonds de
développement technologique là, à la situation qui
prévaut. Mais auparavant j'aimerais rappeler que le Fonds a
été mis en place pour renforcer la stratégie du
gouvernement du Québec en matière de recherche et
développement. Il est en opération depuis un peu moins de trois
ans. Doté d'une enveloppe de 300 000 000 $ d'abord, et ensuite de 350
000 000 $, le Fonds a maintenant engagé... Parce que, si vous ne prenez
que ce qui est versé, on ne le contestera pas, mais ce qui est
engagé, c'est payable. Le Fonds de développement technologique a
maintenant engagé plus de 180 000 000 $ dans le cadre de quatre
volets.
Il y a d'abord les projets mobilisateurs. C'est le premier volet du
Fonds qui constitue le principal instrument d'intervention et qui finance des
projets mobilisateurs. Le programme a maintenant atteint sa vitesse de
croisière, après des débuts plutôt lents en raison
essentiellement de la période nécessaire à la mise en
place préalable de consortiums regroupant plusieurs entreprises. Son
impact mobilisateur et ses effets structurants sont désormais
évidents. Des projets totalisant près de 450 000 000 $ ont
été approuvés grâce à un appui de 75 500 000
$ du Fonds de développement technologique. If s'agit là d'un
effet de levier considérable puisque l'industrie réalise 6 $ de
dépenses de recherche et développement pour chaque dollar mis par
le Fonds de développement technologique. Voilà pour les projets
mobilisateurs.
Le second volet du Fonds s'adresse aux priorités
gouvernementales. Ce volet est utilisé par le gouvernement pour
«prioriser» des interventions de recherche et de
développement qui ont des retombées importantes pour le
développement économique du Québec. Parmi les initia-
tives «priorisées» sous ce volet, nous avons souligné
la participation au programme Radarsat, à la création de
l'Institut de la technologie du magnésium, de l'Institut de recherche en
pharmacie industrielle et la participation des universités
québécoises au réseau des centres d'excellence du
gouvernement fédéral.
Par ailleurs, toujours sous ce volet, la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science a lancé le programme Synergie en
novembre dernier. Ce programme, doté d'une enveloppe de 32 000 000 $,
vise à financer les initiatives scientifiques et technolc-ic, ::s
à haut risque issues des milieux de la recherche et qui comportent une
participation financière significative de partenaires industriels.
Déjà, après le premier concours de mise en route, 18
projets, dont la valeur dépasse 86 000 000 $, sont en phase
d'évaluation finale. Au total, les engagements actuels du Fonds au titre
des priorités gouvernementales s'établissent à près
de 100 000 000 $.
Maintenant, le troisième volet du Fonds, qui a été
créé lors du discours sur le budget 1990-1991, soutient la
recherche et le développement dans les domaines reliés à
l'environnement. On se rappellera qu'on était passés de 300 000
000 $ à 350 000 000 $, pour ajouter les 50 000 000 $ à ce volet
de l'environnement. Jusqu'à maintenant, il a été
octroyé une aide de 7 700 000 $ à 30 projets dont la valeur
atteint plus de 15 000 000 $.
Enfin, le dernier volet, recherche et développement PME, mis sur
pied dans le cadre du discours sur le budget 1991-1992 et doté d'une
enveloppe de 20 000 000 $, a pour objectif d'appuyer financièrement les
PME dans leurs efforts de conception, de réalisation et de mise en
valeur de projets de recherche et de développement à risque et
à avancement technologique élevés. Depuis son annonce, 43
PME ont adressé des lettres d'intention et 7 d'entre elles ont fourni un
dossier complet pour des projets dont la valeur atteint 10 500 000 $.
Conclusion. Après trois ans d'existence, le Fonds de
développement technologique a engagé plus de la moitié des
fonds qui lui sont alloués. Compte tenu des dossiers actuellement
à l'étude, l'aide octroyée par le Fonds devrait
dépasser sous peu les 200 000 000 $. Dans le cadre des projets
mobilisateurs, la contribution du Fonds s'est avérée un
catalyseur important pour le regroupement des partenaires. Et je le
répète, ainsi, pour chaque dollar de subvention, c'est
près de 6 $ que les partenaires vont investir dans des projets de
près de 450 000 000 $.
Alors, en résumé, les montants engagés - non pas
les montants versés, mais les montants engagés qui seront
normalement versés quand les formalités seront terminées -
au Fonds de développement pour les projets mobilisateurs, le nombre est
de 10; le coût total du projet 439 172 000 $; la subvention du Fonds,
75 492 000 $. pour les priorités gouvernementales, le nombre de
projets est de 7 et la subvention est de 98 700 000 $. les projets
environnementaux sont au nombre de 33; coût total, 30 000 000 $;
subvention, 7 962 000 $, pour un total de 50 projets, avec un coût total
des projets de 469 556 000 $, et la subvention du fonds de développement
technologique, 182 154 000 $. ce sont les renseignements que nous pouvons vous
donner en date du 26 mai. il y a deux jours que ceci a été
compilé. (17 h 40)
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez 30 secondes encore.
Une question, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Non. Une minute, qu'on m'a dit tout à
l'heure.
Le Président (M. Lemieux): Oui, 40 secondes.
M. Léonard: II y a quelque temps, on avait produit un plan
de développement pour que le Québec atteigne la norme de 2 % en
termes de recherche et développement. Ma question est: Est-ce que ce
plan a été mis à jour? Et, deuxièmement, le
ministère nous avait dit qu'il effectuerait des analyses pour
évaluer la pertinence ou la rentabilité des mesures fiscales,
parce que, selon le professeur Schweitzer, un accroissement de 1 $ de
dépenses publiques directes en R-D génère entre 0,70 $ et
2,31 $ dans le privé, alors qu'un accroissement du même ordre,
mais dû à des pertes de recettes fiscales, donc à des
crédits d'impôt, n'entraîne qu'un investissement de 0,29 $.
Est-ce que le ministère a fait quelque chose en ce sens-là, a
fait une étude de rentabilité des différentes mesures pour
stimuler la recherche?
M. Levesque: Alors, lors du discours sur le budget 1989-1990, le
gouvernement, en effet, a fait part de son objectif de consacrer 3 000 000 000
$ au support à la recherche et développement, entre 1989-1990 et
1993-1994. Quelle est cette contribution du gouvernement? Dans les mesures
fiscales, initiatives fiscales existant avant le discours sur le budget
1989-1990, durant les années suivantes, les années qui sont de
1989-1990 à 1993-1994, 790 000 000 $; nouvelles initiatives fiscales du
discours sur le budget 1989-1990, 120 000 000 $; total des mesures fiscales,
910 000 000 $. Fonds de développement technologique, 300 000 000 $;
politique de faire-faire d'Hydro-Québec, 495 000 000 $; programme de
prêt participatif de l'AQVIR et de la SDI, 120 000 000 $. Sous-total, 1
825 000 000 $, les autres programmes de dépenses de recherche et
développement des ministères et organismes gouvernementaux, 1 150
000 000 $, pour un total de l'aide de 2 975 000 000 $, soit approximativement
les 3 000 000 000 $ dont il a été question.
Depuis la publication de ces objectifs, certains changements ont
été apportés à la programmation gouvernementale.
Ainsi, l'AQVIR a été intégrée à la SDI et
les programmes ont été modifiés. Pour sa part, le Fonds de
développement technologique a été bonifié de 50 000
000 $ pour accommoder les projets reliés à l'environnement et la
Société Innovatech du Grand Montréal a été
créée et dotée de 300 000 000 $ sur cinq ans. Compte tenu
des réalisations depuis 1989, il ne fait pas de doute que le
gouvernement va rencontrer son objectif de consacrer 3 000 000 000 $ à
la recherche et au développement sur une période de cinq ans.
Ainsi, en ce qui concerne les mesures fiscales, leur coût atteint 265 000
000 $ au cours des deux premières années de la période
quinquennale. Les dernières données disponibles montrent que ce
coût s'est accru fortement, de sorte que la contribution apportée
par ces mesures à la recherche et au développement est maintenant
révisée à la hausse pour s'établir à 960 000
000 $. Si je retourne aux mesures fiscales, c'était, pour le
quinquennal, 910 000 000 $ et là, ça a été
révisé à 960 000 000 $, donc 50 000 000 $ de plus que
l'objectif.
Pour ce qui est du Fonds de développement technologique, comme je
l'ai mentionné tout à l'heure, plus de 180 000 000 $ ont
été engagés jusqu'à maintenant. Et, enfin, au
niveau des programmes de dépenses de recherche et développement
des ministères et organismes gouvernementaux, ils ont atteint 215 000
000 $ en 1989-1990, 227 000 000 $ en 1990-1991, soit des montants
légèrement supérieurs à l'objectif fixé. Et,
au cours des prochaines années, ces dépenses risquent de
dépasser le niveau prévu en 1989 en raison, notamment, des sommes
qu'injectera dans la recherche et le développement la
Société Innovatech du Grand Montréal. Et voilà
pour...
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Brièvement, M.
le ministre, si le député de Labelle ne vous a pas encore
félicité, c'est que c'est un homme gêné;
foncièrement modeste et gêné. Son collègue et notre
collègue, le député de Prévost, qui est un homme
méthodique, a conservé un éditorial qui m'avait
échappé, M. le Président, l'éditorial de La
Presse, du vendredi 15 mai 1992. Peut-être que le
député de Bonaventure et ministre des Finances ne l'a pas vu:
«Le charme discret de la persistance».
M. Levesque: Ah non! Je l'ai vu.
M. Chagnon: Ah, vous l'avez vu!
M. Levesque: Je l'ai apprécié aussi.
M. Chagnon: Vous avez apprécié, parfait. Je vous
laisserai le soin de l'apprécier plus tard, mais il y a des points qui
ont été soulevés dans l'éditorial qui
méritent d'être repris en commission parlementaire. On dit ici que
«le déficit baisse et les taxes ne bougent pas».
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, j'ai vérifié les heures que j'ai ici, ce ne serait
pas 18 h 45, si on veut terminer notre mandat de 10 heures, ce serait 19
heures. Comme vous voulez, M. le député de Labelle.
Non, mais je suis dans l'obligation de vous en informer pour
compléter le mandat.
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président, vous me
rendez service.
M. Chagnon: Sur consentement, on peut finira 18 h 30.
M. Levesque: Alors, continuons, on verra.
M. Chagnon: Alors, on disait... Je ne fais que reprendre
l'éditorial que vient de me fournir le député de
Prévost. Le député de Prévost a conservé cet
éditorial-là sûrement pour s'en servir dans son
comté de Prévost. On dit du budget: «Voilà un budget
où le processus budgétaire québécois devient un
modèle de professionnalisme. Cette année, les
Québécois ne passent pas à la caisse, comme leurs voisins
ontariens. Et cela montre à quel point la voie que le Québec a
suivi l'an dernier et cette année est la bonne.»
On y dit aussi ceci: «...quand on la compare à
l'emballement des finances ontariennes, montre à quel point le
Québec, avec sa terne gestion - terne gestion qui agace notre
collègue de Labelle - s'est doté de finances publiques
foncièrement saines. Elle montre aussi que le gouvernement Bourassa, que
l'on accuse souvent de gouverner par sondages, peut aussi avoir des
principes.» Ouvrir la machine pour donner l'impression de faire quelque
chose, il nous faut résister à cette tentation et, pour
résister à cette tentation, évidemment, ça prend
une grande discipline, discipline - il faut l'admettre, n'est-ce pas, M. le
député de Labelle - que le gouvernement s'est imposée
depuis au moins sept ans.
La conclusion, c'est qu'il faut «résister à cette
tentation de résoudre les problèmes économiques des
années quatre-vingt-dix avec des techniques héritées des
années soixante». C'est un peu la problématique que l'on a
retrouvée en Ontario et c'est un peu la problématique qu'on a
vécue au Québec particulièrement dans le milieu des
années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. La
seule façon, je pense, de pouvoir faire en sorte d'apprécier la
rigueur budgétaire que nous avons actuellement sera au moment où
la reprise se fera sentir. À ce moment-là, le gouvernement du
Québec aura définitivement plus de marge de manoeuvre que ses
collègues des autres gouvernements, des autres provinces. Je pense
particuiièrement à l'Ontario qui accumule des déficits
d'au-delà de 10 000 000 000 $ depuis deux ans maintenant. Parce qu'il
faut bien comprendre que le déficit budgétaire annoncé ou
présumé de l'Ontario à 9 900 000 000 $, très peu
d'observateurs le prennent pour réaliste. Ce dernier budget de l'Ontario
ne fera qu'accentuer sa dépression sur le plan du niveau d'endettement
que les Ontariens auront à connaître dans les années
à verr
J'aurais peut-être quelques questions à poser sur, d'une
part... J'avais soulevé la question de la formation professionnelle et
le ministre des Finances a complété quelques-unes des questions
que j'avais posées sur le Programme d'aide à la formation
individuelle des travailleurs. J'ai posé la question et il n'a pas eu le
temps de répondre puisque mon temps était écoulé.
On estime à combien le nombre de travailleurs qui pourront profiter de
ce programme conjoint avec la société Desjardins? Est-ce qu'on a
des prévisions d'utilisation de clientèles dans ce
programme-là?
On sait, comme l'a souligné le député de Labelle,
qu'il a été un peu plus long à mettre sur pied que ce
qu'on avait pu souhaiter l'an dernier. Mais, une fois qu'il sera mis sur pied,
est-ce qu'on a des prévisions de clientèles qui pourront
l'utiliser? (17 h 50)
M. Levesque: C'est assez difficile d'être précis
là-dessus parce que c'est complètement nouveau, on est dans du
terrain complètement neuf. Nous innovons et nous ne connaissons pas de
programme semblable chez nos voisins. Bon. Alors, comme on dit en bon
québécois, c'est au pif que l'on peut peut-être arriver
à donner une estimation. Ce que nous croyons, c'est que la
première année, possiblement... Nous savons que ceci devrait
être signé au début du mois, c'est-à-dire dans
quelques jours, et nous savons qu'il y a 1600 points de vente, alors ça
peut fonctionner plus que l'on peut imaginer, puis ça peut prendre un
peu plus de temps avant que les gens... Parce qu'il faut qu'il y ait une
décision de prise par ces gens-là de quitter leur emploi, c'est
une chose assez... Ce n'est pas une décision comme on peut en prendre
quotidiennement, les gens vont y penser un peu.
Et ce n'est pas un cours de fin de semaine, comme le dit M.
Séguin. Mais nous pensons - et on pourra vérifier plus tard - que
peut-être, la première année, nous aurions 5000 personnes
qui pourraient se prévaloir de ce programme en s'en allant
peut-être vers 10 000. Mais, là encore, je n'ose pas affirmer
ça d'une façon catégorique. Tout dépendra de la
façon dont le programme va être reçu; ça
dépend aussi des discussions qui auront lieu dans les familles ou dans
les diverses localités. Ça va se parler. Ça va se parler
sur les
lieux de travail et, à un moment donné, il y a des gens
qui vont quitter pour profiter de ce programme-là et aller
acquérir une formation additionnelle.
Incorporation des professionnels
M. Chagnon: Je vous remercie. Peut-être une question plus
technique qui s'adresserait davantage peut-être au sous-ministre.
Lorsqu'on parle de l'exercice d'une profession par le biais d'une entreprise...
On pourrait exercer éventuellement une profession par le biais d'une
entreprise incorporée. Est-ce que ça veut dire que n'importe qui,
M. Jacques Labelle, par exemple, pourrait être psychologue, s'incorporer
comme psychologue et le devenir et utiliser, vaquer à sa profession
comme professionnel incorporé? Est-ce que c'est ce que vous voulez dire?
Je m'adresse particulièrement au sous-ministre, dans ce
cas-là.
M. Levesque: Alors, ça va dépendre du projet de loi
qui sera déposé par le ministre du Revenu en tant que ministre
responsable des corporations professionnelles. Et, à ce
moment-là, le ministre lui-même fera connaître les
modalités de la mesure.
M. Chagnon: À ce moment-là, qu'est-ce qu'on cherche
à faire avec la mesure? Qu'est-ce qu'on cherche à régler,
avec cette mesure-là? C'est assez nouveau d'incorporer des
professionnels. Me Gérard D. Levesque incorporé. On peut
incorporer son étude, on peut incorporer... Mais s'incorporer
personnellement pour les besoins de sa profession?
M. Levesque: Nous avons eu énormément de demandes
à cet effet. On sait que les ingénieurs, par exemple, ont
déjà la possibilité de s'incorporer et les autres
professions ont voulu avoir les mêmes avantages et nous avons dit ceci.
Nous n'avons pas décidé de l'incorporation des professionnels.
Ça dépendra de l'Assemblée nationale, ça
dépendra du ministre, s'il veut déposer ce projet de loi et le
défendre. Nous avons dit, s'il y avait une telle incorporation: Voici
les règles que nous avons, comme ministre des Finances, que nous
annonçons. Mais ça ne veut pas dire, ça, que nous avons la
responsabilité de la mise en oeuvre de cette incorporation. Ceci se
ferait par l'Assemblée nationale, avec le parrainage du ministre
responsable des corporations professionnelles. Et, évidemment, les
corporations professionnelles font valoir que les temps ont changé,
qu'on est rendus en 1992, qu'il y a là des avantages qui sont
indéniables dans la société qui devient de plus en plus
internationalisée, de sorte qu'on veut grossir, on veut prendre notre
place, on veut avoir, autrement dit, certaines facilités, un
accès au marché de capital ou quelque chose comme ça.
Alors, tout ça, ça fait partie des considérants, mais il
restera encore au ministre responsable de voir à donner suite à
cela s'il le juge à propos, et si l'Assemblée nationale juge
à propos d'adopter une telle loi.
M. Chagnon: Je vous remercie. J'avais oublié l'exemple des
ingénieurs, et c'est vrai que les ingénieurs ayant la
possibilité de s'incorporer, c'est assez normal que d'autres
professionnels aient pu demander la même chose.
Si on revient à la page 83 de l'annexe A, particulièrement
à l'appui au secteur culturel, on parle, dans le cas de la
télévision et du cinéma, de l'élargissement de la
notion de frais de production. Je comprends ce que vous voulez dire, mais
est-ce que ça s'étend à toutes les productions
cinématographiques ou télévisuelles? Je sais qu'il y a eu
des modifications de crédits d'impôt à un financement par
la SOGIC, par exemple, du secteur variétés et magazines. Est-ce
que c'est incorporé ou pas incorporé dans l'élargissement
de la notion des frais de production? Est-ce que tous les types de productions
télévisuelles sont incorporés là-dedans ou
seulement quelques-uns? Lesquels?
M. Levesque: Ce sont seulement les productions qui sont reconnues
par la SOGIC, et ça exclut un certain nombre de variétés,
etc.
M. Chagnon: Ça exclut les variétés? Parce
que les variétés sont aussi reprises par la SOGIC qui a un fonds
de 2 000 000 $ que vous avez mis sur pied. C'était pour ça.
M. Levesque: Elles sont là. Elles sont dans ce
fonds-là.
M. Chagnon: Elles sont incluses là-dedans, comme
ça. La notion...
M. Levesque: Sauf les variétés pour enfants.
M. Chagnon: L'élargissement de la notion de frais de
production inclus tout le monde, sauf les variétés pour
enfants.
M. Levesque: Les variétés pour enfants ont droit
à ces crédits d'impôt. Les autres variétés
doivent s'adresser au fonds de 2 000 000 $.
M. Chagnon: Mais est-ce que, pour le fonds de 2 000 000 $, elles
verront aussi l'élargissement de leurs frais de production?
M. Levesque: Non.
Le Président (M. Després): M. le
député de Saint-Louis, votre temps de parole est
terminé.
M. Chagnon: Je vous remercie, M. le Président. Je remercie
aussi M. le ministre.
Le Président (M. Després): Avant de
continuer, étant donné qu'il est près de 18 heures,
est-ce que la présidence a bien compris qu'il y aurait consentement pour
pouvoir continuer nos travaux jusqu'à 19 heures...
M. Chagnon: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Després): ...étant
donné qu'il reste une heure de travaux? Le consentement est
donné?
M. Chagnon: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Després): Donc, nous continuons
nos travaux. M. le député de Labelle, la parole est à
vous.
M. Léonard: Oui. M. le Président, je voudrais
revenir sur le dernier sujet qui a été traité avec le
ministre. Je voudrais savoir qu'est-ce qui entraîne un coût de 41
000 000 $ en 1993-1994? Bon, zéro en 1992-1993; 41 000 000 $ en
1993-1994 et 63 000 000 $ en 1994-1995, en ce qui concerne l'incorporation des
professionnels. Est-ce que cela veut dire que, finalement, les professionels
ont trouvé le moyen de payer un taux d'impôt de 8,75 % et d'avoir
très peu de taxes sur le capital? Tout cela va coûter au
Trésor public 41 000 000 $et63 000 000 $.
M. Levesque: Alors, on me pose la question sur l'incorporation
des professionnels et sur...
M. Léonard: Qu'est-ce qui va coûter 41 000 000 $ ou
63 000 000 $ au gouvernement, au Trésor public?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Cette mesure. (18 heures)
M. Levesque: Alors, il y a des plus et des moins, encore
là. Le gouvernement va perdre sur l'impôt des particuliers s'ils
s'incorporent, c'est normal, il va perdre 79 000 000 $. Prenons 1993-1994.
D'abord, une remarque préliminaire, là. Il serait
généralement avantageux, sur le plan fiscal, pour un
professionnel de s'incorporer - généralement. L'incorporation
permettra à un professionnel - un comptable, par exemple - de diminuer
son fardeau fiscal dans la mesure où des revenus de profession seront
conservés dans la corporation ou redistribués sous forme de
dividendes. Cela s'explique par l'écart positif entre les taux
d'imposition des particuliers et des corporations, et ce, même en tenant
compte du fait que la corporation sera assujettie à la taxe sur le
capital et à la contribution des employeurs au financement des services
de santé.
Alors, le contexte actuel de la mondialisation des échanges,
comme je le mentionnais tout à l'heure, requiert un véhicule
flexible de pratique professionnelle car de plus en plus d'alliances nationales
et internationales voient le jour. À cet égard, les
sociétés à responsabilité illimitée posent
certaines difficultés. De plus, le mode actuel d'exercice de la
profession constitue un frein à la mobilité des professionnels,
car la part d'une société est moins liquide que les actions d'une
corporation. Par ailleurs, l'entreprise individuelle ne permet pas au
professionnel d'avoir un accès facile au marché de capitaux,
comme je le mentionnais tout à l'heure, et ne le rend pas admissible
à des mesures fiscales spécifiques destinées à
promouvoir certains investissements stratégiques pour
l'économie.
Historiquement, les professionnels ne pouvaient s'incorporer, car on
voulait éviter qu'ils se soustraient à leurs
responsabilités professionnelles. L'assurance-responsabilité et
les règles régissant l'exercice des professionnels rendent
cependant les professionnels responsables de leurs actes professionnels et, de
ce fait, protègent le public. Finalement, le budget 1992-1993
lève une inéquité à laquelle font face les
professionnels, contrairement aux autres contribuables qui ont la
possibilité de s'incorporer. Alors, on laissera au ministre responsable
de l'Office des professions voir l'à-propos de donner suite à
ça et d'en fixer les modalités.
Pour répondre à la question sur l'impact financier pour le
gouvernement d'une telle incorporation, nos prévisions sont comme suit.
C'est que, pour 1993-1994 - parce que ça ne toucherait pas 1992-1993,
comme vous le savez - l'impact serait de moins 79 000 000 $ sur l'impôt
des particuliers et, l'année suivante, 1994-1995, de moins 151 000 000
$.
Par contre, il y a des plus, parce qu'il va y avoir l'impôt pour
ce qui deviendra des entreprises. Il y aura impôt sur le revenu en
1993-1994, plus 15 000 000 $, 1994-1995, plus 28 000 000 $; les contributions
au financement des servions de santé, 22 000 000 $ en 1993-1994 et 57
000 000 $ l'année suivante; taxe sur le capital, 1 000 000 $ la
première année et 3 000 000 $ l'année suivante, pour un
sous-total de plus, pour les entreprises, de 38 000 000 $ la première
année et de 88 000 000 $ l'année suivante, ce qui aurait un
impact total, en 1993-1994, de 41 000 000 $ de moins de revenus pour le
gouvernement et, en 1994-1995, de 63 000 000 $ de moins de revenus.
Mais, évidemment, il faut être très prudent
là-dedans parce qu'il s'agit simplement d'une prévision. Qui sait
jusqu'à quel point les professionnels vont s'incorporer? Il y a encore
l'hypothèse: Combien vont-ils laisser dans la corporation? Combien
vont-ils retirer dans chaque cas? De sorte que c'est très sensible aux
diverses hypothèses que l'on peut avancer. Mais il fallait faire des
chiffres, et nous l'avons fait en escomptant sur le comportement possible des
professionnels. Il faut se rappeler, je pense bien aussi, que les
ingénieurs ont déjà cette possibilité. C'est ce qui
fait qu'il y avait des Lavalin et des SNC, etc., puis des SNC-Lavalin.
II y aurait aussi un facteur positif du côté des transferts
fédéraux qui va nous aider à faire face à
ça.
M. Léonard: Mais, M. le Président, moi, je me
poserais la question à ce stade-ci, compte tenu des différences
de coûts d'impôt: Qui ne s'incorporera pas? Tout le monde va
s'incorporer, c'est évident. Donc, ça ouvre... Au fond,
même les estimations les plus - je ne sais pas de quel côté
on peut se placer - pessimistes ou optimistes font que finalement qui aurait
avantage à ne pas s'incorporer?
M. Levesque: Ce n'est pas l'expérience qu'on a ailleurs
où l'incorporation des professionnels est permise. Ce n'est pas du tout
ce qui arrive ailleurs. Alors, pourquoi? Voilà!
M. Léonard: Mais, entre payer 151 000 00-0 $
d'impôts ou payer 88 000 000 $, le choix normal est vite fait, vous
voulez payer 88 000 000 $ - je totalise en 1994-1995 - ça me
paraît évident. L'intérêt, c'est que tous les
professionnels vont s'incorporer.
M. Levesque: Ça, c'est si les gens laissent les revenus
dans la corporation, mais l'expérience est à l'effet que ce n'est
pas le cas. Et l'expérience ailleurs indique que ce n'est pas tout le
monde qui trouve avantageux de faire ça. Enfin, H faudra attendre encore
une fois que le ministre décide de donner suite à ça et
ensuite en évaluer les résultats.
M. Léonard: En tout cas, M. le Président, je veux
juste souligner une chose, ça va sûrement faire beaucoup de
clients pour les comptables parce qu'il va y avoir beaucoup d'analyses de
rentabilité à faire!
Autre question sur la formation de la main-d'oeuvre. Bien d'abord sur la
participation des travailleurs à l'amélioration des
résultats de l'entreprise. Je vois que le gouvernement change son fusil
d'épaule et qu'il veut aller dans ce sens-là. J'ai hâte de
voir quelle sera la réaction. J'ai cru comprendre qu'il y a des
réactions Syndicales plutôt négatives à l'heure
actuelle. Mais je souligne que le dispositif qu'il y avait
antérieurement, c'était des SPEQ-employés. Or, nous avons
mis la main sur un rapport interne du ministère de l'Industrie et du
Commerce à l'effet qu'il avait été créé,
depuis la création du programme, quatre SPEQ-employés. Quatre
exactement. Et tout le monde avait évalué que c'était un
échec. Donc, on se reprend d'une autre façon.
Formation de la main-d'oeuvre. Je voudrais revenir à cela parce
que tout à l'heure il y a eu des échanges là-dessus.
Pourquoi le ministre des Finances a-t-il annoncé le Programme d'aide
à la formation individuelle des travailleurs l'an dernier s'il
n'était pas prêt, si personne n'était prêt à
le mettre en oeuvre? Parce qu'à toutes fins pratiques il n'y a aucun
travailleur qui en a bénéficié à ce stade-ci, et le
ministre a réitéré une nouvelle annonce à l'effet
qu'il entrerait en fonction dans quelques semaines.
M. Levesque: Bien, il me semble que j'ai tout expliqué
ça tout à l'heure. Étiez-vous distrait? Il me semble que
j'ai tout expliqué pourquoi on ne peut pas procéder plus
rapidement. Je pense que, lorsqu'il y a un programme qui a ainsi
été annoncé en 1991, on savait que ça prendrait
quelque temps pour le mettre en marche et nous avions besoin aussi de nous
assurer de la collaboration du gouvernement fédéral, d'une part.
Également, nous avons voulu procéder par le truchement
d'institutions financières où nous avons été en
appel d'offres. Et tout cela a pris un certain temps. (18 h 10)
Le ministère sectoriel, évidemment, s'est impliqué
là-dedans et a pris toutes les mesures nécessaires afin de
préparer le programme et de s'assurer que le tout puisse se faire d'une
façon la plus ordonnée possible pour que ce soit un
succès. Et maintenant nous sommes prêts à procéder.
C'est ça que ça veut dire. Si ça avait pu se faire le
lendemain matin, d'accord, mais ça n'a pas pu se faire plus rapidement.
Ce n'est pas nous qui avons retardé volontairement la mise en oeuvre du
programme. Nous sommes fiers de ce programme-là, nous avons hâte
de le voir à l'épreuve. C'est quelque chose d'assez
inédit, encore là. Ce n'est pas du vieux. Lorsqu'on dit qu'il y a
1600 points de vente, points de service qui vont être disponibles
à la population qui veut se prévaloir de cela, avec les
explications qui seront fournies par les gens du Mouvement Desjardins qui vont
avoir tout le détail technique pour ça, j'imagine...
Une voix: Oui.
M. Levesque: ou est-ce que ça va être les... ils
font tout. c'est ça. c'est ce que je pensais. alors, on devrait avoir
des résultats assez intéressants.
M. Léonard: M. le Président, c'est que l'annonce
qui a été faite l'an passé, à l'effet que ça
toucherait 5000 ou 6000 travailleurs, je ne sais pas, c'était vraiment
prématuré. Ça sera un certain nombre cette
année.
Deuxièmement, sur la formation de la main-d'oeuvre, la
bonification du crédit d'impôt à la formation des
travailleurs en entreprise. Ce qu'il y a à la page 118, il y a de
prévus 30 000 000 $ sur le budget; zéro sur le budget 1992-1993,
parce que le programme de cette année se termine, et 30 000 000 $ en
1993-1994. Au fond, on a diminué beaucoup ce qu'il y a à faire
là-dessus. C'est ça qu'il faut comprendre. Est-ce qu'on peut
réconcilier ces chiffres? Le ministre a
dit tout à l'heure que c'était 30 000 000 $ au-dessus de
100 000 000 $. Le programme se termine cette année.
M. Levesque: Non, c'est 30 000 000 $ de plus que ce qui a
été fait. On pouvait parler de 100 000 000 $, mais il fallait
attendre de voir qu'est-ce que ça coûte, ce programme-là.
Et, lorsque nous sommes arrivés à la conclusion que
c'était 30 000 000 $, la majoration est d'un autre montant de 30 000 000
$, ce qui fait la somme de 60 000 000 $. Le coût de 30 000 000 $,
mentionné à la page 118 de l'annexe A, ne représente que
les coûts associés à la majoration temporaire des taux de
cette mesure. Les données fiscales permettant de réévaluer
d'une façon certaine le coût annuel de 100 000 000 $,
annoncées lors de la mise en place de cette mesure, ne sont pas
disponibles. Toutefois, une analyse des données plus
détaillée des dépenses de formation rapportée par
les enquêtes - parce qu'on ne peut avoir d'autres choses - ainsi que les
informations recueillies ont conduit à réévaluer le
coût estimatif de cette mesure à quelque 60 000 000 $. Ce n'est
toutefois que lorsque les données du ministère du Revenu seront
disponibles que la justesse de cette estimation pourra être
confirmée.
M. Léonard: Donc, vous ne savez pas combien exactement de
crédits vous consacrez là-dedans?
M. Levesque: Mais, quand on regarde la progression, dans le
premier trimestre de 1992, il y en a autant que dans toute l'année 1991.
Dans le premier trimestre de 1992. Alors, on s'attend à ce qu'il y ait
une sorte d'explosion là. Voyez-vous combien d'heures de formation on
avait en 1990, d'abord? 82 000. En 1991, 487 000. Et le premier trimestre, le
quart de l'année 1992, 482 000. Alors, dans le premier trimestre de
1992, vous avez autant d'heures de formation que vous en aviez dans toute
l'année 1991.
M. Léonard: Est-ce qu'on peut avoir ce document?
M. Levesque: On peut sortir le tableau de là-dedans, pas
de problème, on peut même sortir le graphique. Il n'est pas
donné dans l'annexe?
M. Léonard: Est-ce qu'il y a des secrets d'État
là-dedans? On ne peut pas avoir ça?
M. Levesque: Des secrets d'État! Il voudrait... Ha, ha,
ha! Vous pouvez aller demander ma place tout de suite! Ha, ha, ha!
M. Léonard: Non, non. Comme parlementaire, je pense que
c'est intéressant, parce qu'il y a beaucoup de critiques envers ce
programme, et, si vous démentissez les critiques ou si vous
répondez aux critiques, tant mieux pour le gouvernement.
M. Levesque: Les autorisations émises par les centres de
formation professionnelle, la formation sur les lieux de travail, il y a en eu
381 en 1990, 1840 en 1991 et le premier trimestre - écoutez ça -
le premier trimestre de 1992, c'est 1156.
M. Léonard: Est-ce qu'on peut avoir une copie du
document?
M. Levesque: oui. on va vous donner tout ça. je ne veux
vous priver de quoi que ce soit qui puisse améliorer votre connaissance
de ces choses.
M. Léonard: Je souligne tout simplement au ministre que,
en ce qui concerne les formules d'intéressement, simplement pour
conclure sur ce point, à la page A-78, lorsqu'on lit toutes les
conditions qui doivent être remplies pour y avoir accès, les
cheveux nous en dressent sur la tête. Il n'y a personne qui aura envie,
je pense, de s'embarquer dans une telle galère.
M. Levesque: est-ce que vous pourriez noter ce que vous dites
là et revenir - je ne serai peut-être pas ici - dans quelque
temps, quand on aura les résultats...
M. Léonard: Je te dis que ça ne donne pas envie.
Ça doit prendre beaucoup de courage pour s'embarquer dans la
galère.
M. Levesque: ...pour voir jusqu'à quel point vos
prédictions sont justes?
Programme spécial de travaux pour le
réseau routier local
M. Léonard: Bon! M. le Président, sur les mesures
de relance de l'économie. J'ai eu l'occasion de dire que c'était
vraiment pitoyable que de ne pas en avoir plus. Des mesures, des grenailles,
des «mesurettes», c'est vraiment le cas, parce que, quand on en
fait le tour, ça donne 71 000 000 $ de crédits pour relancer
l'économie et, là-dessus, 35 000 000 $ vont au Programme
spécial de travaux pour le réseau routier local. Je voudrais tout
simplement attirer l'attention du ministre des Finances sur une question qu'il
connaît sûrement beaucoup parce que, dans le comté de
Bonaventure, il doit sûrement y avoir des problèmes de cette
nature. Les routes du Québec qui doivent être remises aux
municipalités sont dans un état pitoyable; pitoyable, partout
dans le Québec. Depuis sept ans, le gouvernement n'a pratiquement rien
fait dans ce réseau-là et il veut le remettre aux
municipalités. À l'heure actuelle, il dit qu'il va consacrer 35
000 000 $. Quand on regarde cela,
ce n'est rien à côté de ce que cela coûtera.
Et le ministre, qui est dans un comté où il y a des routes de ce
type-là, doit savoir qu'avec 35 000 000 $ c'est de la poudre aux yeux,
strictement de la poudre aux yeux, et qu'il va se décharger de
façon politique, sur le dos des municipalités, du coût d'un
réseau routier qui est en délabrement complet. Pourquoi n'a-t-il
pas mis plus d'argent là-dedans et est-ce qu'il entend lui-même
revenir sur la décision de remettre ces routes aux municipalités
dans l'état actuel des choses?
Le Président (M. Després): M. le ministre.
M. Levesque: Je voudrais d'abord rappeler quelque chose avec
lequel le député de Labelle est bien familier, c'est que les
décisions prises au ministère des Transports relèvent de
ce ministère, et le ministère des Transports est là pour
le renseigner sur la façon dont on pourra disposer des investissements
au cours de l'année et sur la façon qu'on va répondre aux
besoins, sûrement, de plusieurs municipalités qui devront assumer
de nouvelles responsabilités en 1993, je crois.
M. Léonard: Le 1er avril.
M. Levesque: Le 1er avril 1993. Alors, c'est sûr que le
ministère sectoriel ici, comme dans les autres cas, est mieux
préparé et mieux en mesure de répondre plus
précisément aux interrogations très légitimes du
député de Labelle. Je vais simplement rappeler que le 14
décembre 1990, dans le cadre de sa proposition quant à un nouveau
partage des responsabilités Québec-municipalités, le
gouvernement a annoncé son intention de transférer la
responsabilité du réseau routier local aux municipalités
à compter, justement, du 1er avril 1993. De façon à
assister les municipalités dans la prise en charge de leur réseau
routier, le ministère des Transports a indiqué qu'il pourrait
accorder une aide via trois programmes: d'abord l'aide à la prise en
charge pour limiter l'effort à 0,14 $ du 100 $ d'évaluation, soit
72 000 000 $; une aide à l'amélioration du réseau local de
26 000 000 $ à 50 000 000 $, soit 24 000 000 $, et l'aide à
l'amélioration des ponts et autres ouvrages d'art, 14 000 000 $ pour un
total de 110 000 000 $. (18 h 20)
Quant à l'aide à la prise en charge, l'effort requis de
chaque municipalité sera évalué, me dit-on, en
considération de la longueur et de l'état du réseau
routier local transféré par le ministère des Transports.
Le programme d'aide à l'amélioration du réseau routier
local sera maintenu et bonifié et le budget annuel du programme sera de
50 000 000 $. L'établissement d'un programme d'aide à
l'amélioration de ponts et autres ouvrages d'art situés sur le
réseau local, pour un montant de 14 000 000 $.
Alors, lorsque nous avons fait le budget, nous avons
décidé, dès cette année, d'augmenter les
crédits, parce que c'est encore sous notre responsabilité
jusqu'au 1er avril 1993. Nous avons décidé d'ajouter au budget du
ministère des Transports une somme de 35 000 000 $. C'est bien
ça? 35 000 000 $ pour le réseau local. Voilà!
M. Léonard: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quel
est le budget aux trois titres, le budget actuel, total, 1992-1993? Ponts et
autres, on a dit 14 000 000 $; dans l'autre cas, on a dit 50 000 000 $. Mais 14
000 000 $, ça c'est l'ajout, l'addition. Alors, on part de quel montant?
C'est 14 000 000 $ de plus?
M. Levesque: II faudrait le demander aux Transports, je ne l'ai
pas ici.
M. Léonard: Vous ne l'avez pas. C'est parce que la vraie
question, c'est que, rendu en 1993-1994, au budget du ministère
sectoriel, les Transports, ce sera zéro. On va partir de 200 000 000 $
à zéro, c'est ça que ça veut dire? Parce qu'il y a
des coûts, à l'heure actuelle, ce sont des routes du gouvernement
du Québec, présentement. Bon. On ajoute 35 000 000 $ pour les
bonifier avant de les remettre, mais le coût d'entretien de ces routes,
à l'heure actuelle, c'est de 100 000 000 $, 150 000 000 $, 200 000 000
$. Ça va être zéro. Le ministre ici, dans son tableau de la
page 119, il met moins 35 000 000 $ cette année, mais, l'an prochain,
1993-1994, il ne met pas plus 150 000 000 $, parce qu'elles ne seront plus
à sa charge. C'est ça, l'économie, vraiment.
M. Levesque: Je pense qu'il faudrait poser la question au
ministère des Transports. Je pense que vous...
M. Léonard: II n'y a personne de brillant ici, aux
Finances, qui sait ça?
M. Levesque: ...exagérez. Non, mais on n'entre pas dans
ces choses-là, ça relève d'un autre ministère. Je
n'ai pas l'intention, moi, de vous dire quelque chose qui ne serait pas
conforme à la réalité, et la réalité, c'est
le ministère des Transports qui peut vous en faire part.
M. Léonard: En tout respect pour le ministre, est-ce que
je peux contester le fait qu'il dise que l'impact, c'est zéro en
1993-1994? En réalité, si on s'en tient simplement à
«programme spécial», oui, parce qu'il ne sera plus
là. Mais il y a un autre programme régulier qui, lui, va tomber
à zéro et qui représente des économies
considérables pour le gouvernement et des coûts correspondants
considérables pour les municipalités.
M. Levesque: si on me permet, avant de l'oublier, je viens de
recevoir les tableaux que vous avez demandés tout à l'heure. je
serais prêt à les déposer.
Documents déposés
Le Président (M. Després): Merci, M. le ministre.
Les documents sont déposés.
M. Levesque: Pour la question du réseau routier, encore
une fois, je ne voudrais pas m'avancer dans un domaine qui relève d'un
de mes collègues. Cette information-là peut facilement être
obtenue par un de vos collègues qui s'occupent plus
particulièrement des transports. Je suis convaincu que cette
information-là sera donnée. Est-ce que les crédits sont
terminés? Ils ont dû en discuter aux crédits, sans vouloir
présumer, là.
Ce qu'on fait, c'est qu'on ajoute 35 000 000 $ aux crédits
déposés à la fin mars 1992; on ajoute 35 000 000 $
à ces crédits-là. C'est tout ce que, nous, nous faisons.
Comment tout le processus va se faire d'ici 1993? J'aime mieux laisser
ça au ministre des Transports.
M. Léonard: Si je comprends, le ministre ne nie pas la
justesse de mon raisonnement. Parce que, effectivement, si on remet les routes,
l'entretien de ces routes-là aux municipalités, c'est
autant...
M. Levesque: Mais ça, ça a été...
M. Léonard: ...de moins dans le budget du
ministère.
M. Levesque: ...prévu, ça, dans le tableau
général, lorsque nous avons fait des propositions à la
table québec-municipalités. vous avez tout le détail
là-dedans.
M. Léonard: Le coût, au gouvernement, de l'entretien
de ces routes apparaissait à ces tableaux-là?
M. Levesque: Oui, oui. Il y avait le net... l'estimation, en tout
cas, était là. Je me rappelle fort bien qu'on en avait
discuté à ce moment-là, mais je ne voudrais pas aller plus
en détail là-dedans.
M. Léonard: M. le Président, dans la relance de
l'économie, il me semble que, par rapport à toutes les mesures
qui sont là, celle dont on vient de parler, c'est 35 000 000 $, c'est la
moitié du programme. Dans la relance de l'économie, il reste donc
36 000 000 $ en termes d'impact 1992-1993. Mais il faudrait mettre en balance
l'annulation du programme Mon taux, mon toit. Alors, combien coûterait le
programme Mon taux, mon toit... Combien le programme Mon taux, mon toit a
coûté au gouvernement dans l'année budgétaire qui
vient de se terminer? Combien est-ce que ça a coûté?
M. Levesque: En attendant qu'on me donne le chiffre, je pense
qu'il est important de noter que le programme, malgré tout ce qu'on en a
dit, a été un succès véritable. Par contre, il est
important de noter qu'un programme peut avoir sa raison d'être et sa
valeur dans un contexte donné. Mais, lorsque le contexte change, il faut
tenir compte des changements, par exemple, dans le taux d'inoccupation des
logements. Est-ce que le programme... Est-ce qu'on doit continuer
d'accélérer un programme sans tenir compte de l'ensemble des
bénéfices qui peuvent en résulter? En d'autres mots, on
pourrait rappeier d'abord que, dans les principaux résultats, le
programme Mon taux, mon toit a contribué de façon importante
à soutenir la construction d'habitations neuves en 1991. en janvier
1991, avant l'annonce du programme, la société canadienne
d'hypothèques et de logement prévoyait que les mises en chantier
s'établiraient à 37 000 unités en 1991. les
résultats ont été largement supérieurs à
ceux prévus par les spécialistes, même après
l'annonce du programme. par exemple, dans le discours sur le budget de
1991-1992, on prévoyait 41 400 mises en chantier en 1991. pour la
même période, la société canadienne
d'hypothèques et de logement et l'apchq en prévoyaient 39 500 et
la ccq, 40 000, soit 3200 fondations de moins que celles effectivement
observées. au 27 avril 1992, quelque 20 777 demandes ont
été reçues à la société d'habitation
du québec en vertu de ce programme. compte tenu du taux
élevé d'admissibilité relevé jusqu'à
présent, on estime que le programme aura aidé environ 20 500
ménages à acquérir une maison neuve. en outre, près
de 75 % du total des mises en chantier érigées en 1991 sont
destinées à être occupées par le
propriétaire, soit quelque 33 600 unités de logement. la part des
mises en chantier québécoises dans le total canadien s'est accrue
à 28,6 % en 1991, la baisse des mises en chantier ayant
été plus marquée au canada, c'est-à-dire moins 14 %
au canada et moins 7,1 % au québec. mon taux, mon toit a ainsi
contribué à soutenir plus de 20 000 emplois dans la construction
en 1991 et, maintenant, il n'y a pas eu de pressions pour augmenter ça
cette année, reprendre... la conjoncture a changé, comme je l'ai
mentionné. (18 h 30)
Les taux hypothécaires, comme vous le savez, ont diminué
considérablement. C'était 8,5 %, je pense, le taux de Mon taux,
mon toit; c'était 8,5 %, si je me rappelle bien? C'était à
14 %, le taux des hypothèques, à ce moment-là. Donc, on
garantissait qu'on pouvait l'obtenir pour 8,5 %, on s'occupait de la
différence. Maintenant, on est en bas de 10 %, présentement, dans
les taux... Pardon? Entre 8 % et 9 %,
pour un an. Donc, ce n'est pas le même contexte du tout, et il y a
aussi une prévision de mises en chantier pour une année normale.
Et, finalement, je dois dire que le taux d'inoccupation est toujours une
préoccupation aussi.
Alors, en mettant toutes ces données-là ensemble, nous
n'avons pas cru opportun de continuer ce programme-là. Soyez
assuré, cependant, que, si on avait senti le moindrement que
c'était une nécessité, comme ce l'était
l'année précédente, nous n'aurions pas
hésité à y donner suite.
M. Léonard: Avez-vous le coût du programme Mon taux,
mon toit pour l'année qui vient de se terminer, 1991-1992? C'est
compilé?
M. Levesque: 25 000 000 $. Mais on n'a pas fini de payer.
M. Séguin: II y a des engagements sur plusieurs
années.
M. Léonard: C'est 25 000 000 $ cette année.
M. Levesque: Cette année, on me dit que c'est 25 000 000
$. Je n'ai pas les chiffres devant moi, là. Un instant, je l'ai! 25 102
700 $, dépensés a date pour l'aide à la construction
d'habitations. Et on va payer pendant trois ans, parce que les subventions sont
sur trois ans. Alors, qu'est-ce que c'est...
M. Léonard: Donc, ça coûte 75 000 000 $?
Est-ce que je dois comprendre que c'est ça? Non?
M. Séguin: Claude Séguin, du ministère des
Finances. Le coût de 25 000 000 $, c'est le coût qui a
été encouru et déboursé dans l'année
1991-1992. Il y a une queue à ce programme-là. Dans le fond, il y
a des sommes qui vont être déboursées en 1992-1993 et en
1993-1994. Mais ça va en diminuant parce que, compte tenu de la baisse
des taux d'intérêt au cours de l'année 1991-1992, beaucoup
plus de gens ont pris le paiement forfaitaire au lieu de prendre la garantie
sur trois ans de 8,5 %. Ils ont pris... C'était quoi, donc?
M. Levesque: 5000 $.
M. Séguin: C'était jusqu'à un maximum de
5000 $ qui pouvaient être pris en somme forfaitaire plutôt que
d'avoir le taux garanti. Donc, il y a plus de gens qui ont pris ça.
Donc, on a eu des déboursés, en 1991-1992... Là, on
cherche les crédits 1992-1993 qui ont été prévus
pour ça, qui vont être déboursés. Mais on peut dire
que, dans le fond, ça a touché plus de monde et ça a
coûté un peu moins cher qu'on ne le pensait.
Le Président (M. Després): M. le
député de
Labelle.
M. Léonard: Oui. Alors, cette année, malgré
la faiblesse de l'économie, le Conférence Board est remis en
question par le ministre. Il n'y croit plus parce qu'il diffère
d'opinion avec lui sur la relance de l'économie et le taux de
progression du PIB. Il reste que, dans les mesures qu'il a annoncées
malgré la faiblesse économique, il y a peu de chose. Les
programmes qui sont là n'impliquent pas d'argent, pratiquement.
Plusieurs, d'ailleurs, sont des redites, parce que le Programme de
création d'emplois en milieu forestier, il y avait la même chose
l'an dernier, pratiquement au même coût. C'est le même
programme qu'on réannonce. Il n'y a rien là. C'est ce que je veux
dire au ministre. Année après année, on dit qu'on
dépense 7 000 000 $ en milieu forestier, en création d'emplois en
milieu forestier. Au fond, combien y en a-t-il eu l'an passé? Et combien
y en aura-t-il cette année? C'est peut-être ça, la
meilleure mesure pour savoir s'il y a vraiment une mesure de relance ou s'il
n'y en a pas.
M. Levesque: On dépense cet argent-là chaque
année. Oui, parce que, ça, c'est de la création directe
d'emplois. Quand on parle des 6 000 000 $, par exemple, en
Gaspésie...
M. Léonard: Mais pourquoi n'en fait-on pas un programme
régulier, quant à le faire à chaque année, parce
que, au fond...
M. Levesque: Non, parce que c'est conjoncturel, et le
chômage n'a pas diminué présentement dans ces
régions-là. C'est pour ça qu'on le réitère,
si vous voulez. On le renouvelle, mais ce n'est pas un programme
régulier. C'est une création directe d'emplois en forêt,
comme ça l'est dans la région de
Gaspésie-îles-de-la-Madeleine. Ça, c'est un autre programme
qui se fait en partie avec le concours des municipalités, mais c'est
toujours visé. Même avec le concours des municipalités, la
moitié des 6 000 000 $ au moins s'en va pour des programmes avec les
municipalités qui présentent leurs projets, mais il faut qu'il y
ait au moins 70 % de la subvention qui s'en aille en salaires directs. Et on
favorise évidemment les gens qui sont les plus mal pris, qui ont besoin
de travail, à qui il manque des semaines d'assurance-chômage, qui
sont à l'aide sociale. Ce sont ces gens-là qui sont les premiers
invités à bénéficier de ce programme.
Le Président (M. Després): II vous reste 15
secondes, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Combien?
Le Président (M. Després): 15 secondes.
M. Léonard: Mais combien y a-t-il eu de
dépensé l'an dernier dans ce programme? M. Levesque:
Tout dépensé.
M. Léonard: Tout dépensé. Mais combien? 3
000 000 $?
M. Levesque: 6 000 000 $ pour la Gaspésie et les
îles-de-la-Madeleine.
M. Léonard: 6 000 000 $ pour la Gaspésie. M.
Levesque: Maintenant, pour...
M. Léonard: Donc, ce n'est pas une mesure de relance,
c'est une mesure de soutien, en quelque sorte. Ce n'est pas du tout de la
relance.
M. Levesque: Bien, ça fait partie, évidemment, des
mesures de relance, si vous voulez, sauf que, dans ces cas-là, c'est
surtout des mesures de soutien, c'est sûr.
M. Léonard: Bien, nous, on s'étonne du trop peu. On
se comprend, là?
M. Levesque: O.K.
Le Président (M. Després): M. le
député de Verdun.
M. Levesque: L'an dernier, cependant, pour l'emploi en
forêt, ce qui est aujourd'hui à 7 000 000 $, l'an dernier,
était à 3 000 000 $. Alors, nous avons augmenté ce
volet-là, qui affecte toute la province, cette fois-ci, dans les
régions périphériques.
M. Léonard: Votre collègue des Forêts est
très content des 7 000 000 $?
M. Levesque: Oui. C'est-à-dire que ce n'est pas pour lui,
vous savez, c'est pour les gens qui sont en forêt.
Le Président (M. Després): Merci, M. le
ministre.
M. Léonard: En tout cas, je vous signale juste une chose:
c'est en 1988-1989 qu'on a créé un programme spécial
d'emplois en milieu forestier, et on est rendu en 1992-1993; ça
commencerait à être le temps d'en faire un programme
régulier permanent.
M. Levesque: Non, il y a un autre programme, là, il ne
faut pas se tromper. Il y a un autre programme qui a été mis sur
pied à la suite des sommets économiques, et je sais que la
Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine en avaient pour 2 500 000 $
par année pendant quatre ans; et il y en avait, je pense, dans le
Bas-Saint-Laurent, peut-être pour 1 000 000 $ ou 2 000 000 $ par
année pendant quatre ans, et ainsi de suite. Mais, ça, c'est un
autre programme pour, encore une fois, faire un soutien à l'emploi.
Le Président (M. Després): Oui, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Je voudrais aborder
avec vous, M. le ministre, une partie des mesures budgétaires, celles
qui visent à accroître l'efficacité dans la gestion des
fonds publics, c'est-à-dire... M. le Président, si je comprends,
on s'en va jusqu'à 19 heures, c'est ça?
Le Président (m. després): tout dépend du
nombre d'intervenants d'ici à la fin. est-ce que le député
de labelle reviendra pour donner un commentaire?
M. Léonard: Vous avez 10 minutes. Nous, s'il ne l'utilise
pas, on l'utilisera.
M. Gautrin: C'est ça. Donc, on peut aller jusqu'à
19 heures, merci. Alors, je voulais entrer sur ce qu'on appelle...
Une voix: II est juste haïssable.
M. Léonard: Non, non. On a droit à une conclusion,
ou quoi?
Le Président (M. Després): Oui, c'est possible de
prendre du temps pour faire quelques commentaires, M. le député
de Labelle, il n'y a pas de problème; dans le cadre de l'enveloppe,
naturellement.
M. Gautrin: En dedans de l'enveloppe. Alors, vous permettez, M.
le Président, que je puisse continuer, s'il vous plaît?
M. Léonard: Dans l'enveloppe avant 19 heures, c'est
ça que ça veut dire.
Le Président (M. Després): Pardon? M.
Léonard: Avant 19 heures.
Le Président (m. després): oui, avant 19 heures,
parce que, effectivement, les 10 heures seront complétées
à partir de 19 heures, donc il faut que les commentaires ou les
conclusions se fassent avant la limite prévue.
M. Gautrin: Alors, est-ce que vous pourriez m'indiquer, M. le
Président, quelle est la gestion du temps? Si on doit en laisser au
député de Labelle, moi, j'aurais quand même quelques
questions à poser, qui me semblent importantes. Là, il nous reste
20 minutes jusqu'à 19 heures.
Le Président (M. Després): Le droit de
parole est à vous, M. le député de Verdun... M.
Gautrin: Merci, M. le Président...
Le Président (M. Després): ...et vous avez 10
minutes...
M. Gautrin: ...donc je vais rentrer sur les mesures...
Le Président (M. Oesprés): ...maximum.
M. Gautrin: ...visant à accroître
l'efficacité dans la gestion des fonds publics. Merci. D'emblée,
je voudrais rappeler à la commission que, sur ces questions de gestion
des fonds publics, la performance du gouvernement n'est pas mauvaise. C'est un
sondage Léger & Léger qui a été fait
auprès de l'Association des économistes québécois
qui a son congrès à Québec actuellement et, sur 443
personnes qui étaient interrogées, 68 % ont donné une cote
soit moyenne soit bonne au gouvernement du Québec, tandis que, si on
fait la comparaison, le gouvernement fédéral n'a obtenu qu'une
cote de 34 %. C'est-à-dire que, du point de vue des économistes,
les fonds publics sont actuellement bien gérés par le
gouvernement. (18 h 40)
M. le Président, j'aimerais poser une question sur les
réductions d'effectif, donc je vais m'adresser particulièrement
à la page 99 de l'annexe A et échanger avec le ministre sur ce
que vous projetez de faire. Si je comprends bien, les mesures qui sont
annoncées viennent s'ajouter aux mesures qui sont déjà
incluses dans le livre des crédits. Le livre des crédits
prévoyait déjà une diminution de 2 % des employés
d'encadrement dans les commissions scolaires. Je vois que vous ajoutez à
nouveau 2 % et qu'en plus vous voulez réduire les dépenses de
fonctionnement de 2 % dans le réseau de la santé et des services
sociaux et de 3,5 % dans les dépenses des ministères et
organismes.
Alors, ma question au ministre, M. le Président, c'est: Quel
effet ça a directement sur le livre des crédits, les mesures qui
sont annoncées actuellement dans le budget, c'est-à-dire si c'est
prévu comme une économie ou une réduction des
dépenses qu'on a votées dans le livre des crédits, et de
combien? Et quelles sont les mesures qui sont mises en place pour s'assurer que
les réductions vont être réellement effectuées?
M. Levesque: Vous savez, M. le député de Verdun,
que nous avions pris connaissance d'un désir de la population, de plus
en plus évident. La population voulait qu'on mette plus l'accent sur la
compression des dépenses plutôt que sur l'augmentation du
déficit ou du fardeau fiscal. Ça devenait un message assez clair.
Alors, nous nous sommes retournés du côté des
dépenses, et c'est là que nous avons fait porter nos
énergies. Je n'ai pas à vous rappeler qu'il y a eu un
comité des ministres qui a siégé pendant plusieurs mois
là-dessus, un comité de hauts fonctionnaires par la suite, et les
députés aussi, avec le comité Poulin qui s'est
penché là-dessus également. Alors, nous avons fait des
efforts aux divers niveaux, et peut-être que l'Opposition aurait pu
former un comité également pour nous aider. Mais nous avons fait
cet exercice-là, toujours dans le but de répondre à une
volonté assez évidente de la population. Et nous avons conclu que
les efforts demandés devaient être le plus possible
généralisés et étendus aux divers secteurs de notre
société, et particulièrement du côté que nous
pouvons contrôler jusqu'à un certain point, le secteur public.
Après avoir fait tous les efforts nécessaires au moment
des crédits et auparavant... Parce que, pendant que nos voisins, par
exemple, depuis quelques années, augmentaient les dépenses
à raison de 10 % par année, au Québec, nous avons
réussi pendant plusieurs années à maintenir le taux de
croissance des dépenses à environ 5 %. Et, malgré cela, il
fallait continuer à demander au secteur public de se serrer encore un
peu la ceinture. L'effort a été fait au moment du
dépôt des crédits mais a été accentué
au moment du budget. Et c'est ça que nous avons fait, c'est de baisser
le taux de croissance des dépenses de 5,9 % qu'il était au moment
des crédits à 5,1 % au moment du budget. Et, parmi les mesures
que nous avons annoncées au budget, il y avait ces
compressions-là des dépenses de fonctionnement. Il n'était
pas question de toucher aux salaires des employés des réseaux,
des enseignants, etc. Alors, il fallait aller du côté du
fonctionnement. Et là nous avons demandé, justement, une
compression de 150 000 000 $ qui touche des compressions de 2 % pour les
salaires et effectifs. Tous sont touchés, sauf le réseau de la
santé et des services sociaux et les effectifs enseignants des
réseaux de l'éducation. Les autres dépenses de
fonctionnement: 2 % dans le réseau de la santé et des services
sociaux, ainsi que les réseaux d'enseignement primaire, secondaire,
collégial et universitaire, et 3,5 % chez les ministères et
organismes.
Alors, c'est le contenu du budget. Je sais que ça constitue des
situations difficiles, mais c'est le message que nous avons de la population de
faire l'impossible pour que tout le monde fasse sa part afin de diminuer et de
comprimer les dépenses, et nous sommes allés plutôt du
côté des dépenses de fonctionnement. Alors, je pense que
ça répond à la question que vous avez posée.
M. Gautrin: Je vous remercie, M. le Président. Si je
comprends bien l'entente qui vient d'avoir lieu, j'aurais encore cinq minutes
et, après, à 18 h 50, vous donnerez cinq minutes au
côté de l'Opposition.
M. Levesque: Bien, vous avez plus que cinq minutes, parce que mon
temps ne compte pas dans le vôtre.
M. Gautrin: Ah bon! Je comprends. Et, à 18 h 50, on
s'entend qu'à ce moment-là on donnera cinq minutes à
l'Opposition et cinq minutes au ministre pour faire les remarques de
clôture.
Le Président (M. Després): Pour faire des
commentaires et les conclusions.
M. Gautrin: Donc, il nous resterait encore cinq minutes
d'échanges.
Le Président (M. Després): Oui. C'est
ça.
M. Gautrin: Évidemment, cinq minutes, c'est un effort. Ma
question va vous demander un effort de pédagogie extraordinaire. Vous
voulez modifier le financement des régimes de retraite du secteur public
pour améliorer l'efficacité. Bon. Évidemment, il y a une
partie des frais de fonctionnement qui va être attribuée de
manière différente. Est-ce que vous pourriez, brièvement,
nous expliquer ce que vous voulez faire dans le financement des régimes
de retraite du secteur public? Je suis à la deuxième mesure
d'efficacité, aux pages 99 et 100 de l'annexe.
M. Levesque: Évidemment, vous abordez un sujet important
et assez technique.
M. Gautrin: Justement, comme je vous le dis, il va falloir
quasiment des prodiges de pédagogie pour pouvoir répondre
à la question.
M. Levesque: Je vais essayer de le faire. J'ai ici quelques notes
pour m'inspirer dans ma réponse. Depuis les modifications
apportées en 1967, les méthodes utilisées par le
gouvernement au chapitre de la comptabilisation et de l'évaluation de
ses engagements envers les régimes de retraite du secteur public sont
très largement conformes aux recommandations des organismes normatifs en
comptabilité et en actuariat. Tous les engagements du gouvernement sont
maintenant comptabilisés de façon systématique dans ses
dépenses, environ 3 000 000 000 $ annuellement. Toutefois, ils ne sont
pas déboursés immédiatement mais versés à un
compte non budgétaire. Ce compte est pour le gouvernement une dette
portant intérêt. Le rendement payé par le gouvernement sur
cette dette est identique à long terme au rendement gagné par le
fonds des employés syndicables du RREGOP géré par la
Caisse de dépôt et placement du Québec. Ce taux de
rendement est généralement plus élevé que le
coût de la dette directe du gouvernement, de sorte que le compte des
régimes de retraite représente une source de financement plus
coûteuse, environ 125 points de base, à long terme.
L'intention du gouvernement est de remplacer le financement à
même ce compte non budgétaire par du financement sur les
marchés financiers et de faire en sorte que ces montants soient
déposés à la Caisse de dépôt et placement du
Québec, comme c'est le cas des cotisations des employés du
RREGOP. L'objectif est de verser ainsi un montant au moins égal au total
des contributions d'employeurs au titre du service courant et des cotisations
d'employés de tous les régimes inscrits au compte des
régimes de retraite. Ça va pour les députés
aussi.
Selon le scénario du budget, c'est une réduction des
dépenses budgétaires de 1 000 000 $ en 1992-1993, de 6 000 000 $
en 1993-1994 et de 17 000 000 $ en 1994-1995. Si les montants annuels
déposés à compter de 1993-1994 étaient de l'ordre
de 2 000 000 000 $, ce qui est une possibilité, les économies
atteindraient plutôt 15 000 000 $ en 1993-1994 et 42 000 000 $ en
1994-1995. Et ça constitue en même temps un raffermissement de
l'engagement du gouvernement à l'égard du paiement des
prestations.
Je pense que notre temps est terminé.
M. Gautrin: je vous remercie, compte tenu du temps. alors, je
vous remercie. j'aurais eu d'autres questions, mais, enfin, nous pourrons
échanger à un autre moment.
M. Levesque: Je remercie mes collègues pour leur
participation.
M. Gautrin: Merci.
Le Président (M. Després): M. le
député de Verdun, merci. M. le député de Labelle,
pour cinq minutes de commentaires.
Conclusions M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. D'abord, je
veux vous dire que je suis toujours un peu mal à l'aise avec les
règles de cette commission, parce qu'on a vu très bien que,
finalement... Quand on voit que, par exemple, l'adjoint parlementaire du
ministre des Finances, avec lequel il est supposé travailler de
façon régulière, prend une longue période de temps
pour tirer des explications et les vers du nez du ministre, on voit tout de
suite que ça cloche un peu comme technique, comme règle.
M. Levesque: Question de précision: je n'ai pas d'adjoint
parlementaire. (18 h 50)
M. Léonard: Alors, le ministre...
Le Président (M. Després): C'est l'adjoint
parlementaire du président du Conseil du trésor,
M. le député de Labelle.
M. Léonard: Le ministre des Finances...
Le Président (M. Després): C'est l'adjoint
parlementaire...
M. Léonard: Le ministre nous interrompt... M. Levesque:
Ce n'est pas moi...
Le Président (M. Després): Vous allez avoir votre
temps, M. le député de Labelle. C'était juste pour
préciser que c'était le député de Saint-Louis qui
était...
M. Léonard: Le ministre m'interrompt souvent quand je
parle. Il profite de son expérience.
M. Levesque: Oui, mais, quand c'est faux, un instant!
Le Président (M. Després): Et c'est moi qui ai
précisé, M. le député de Labelle...
M. Léonard: M. le Président, on pourrait relever
les faussetés données par le ministre.
Le Président (M. Després): Juste pour clore le
débat, M. le député de Saint-Louis est l'adjoint
parlementaire du président du Conseil du trésor à
l'administration. La parole est à vous, M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Très bien. Alors, un adjoint
parlementaire qui pose des questions au ministre des Finances! Le ministre des
Finances a commencé à lever le voile sur le mystère de la
réforme de la taxe de vente du Québec. Je dois le
féliciter là-dessus. C'est un début qui vient tard, 24
mois après qu'il ait camouflé les premiers effets de cette
réforme dans son budget de 1990-1991. Mais, comme il a
déjà lu lui aussi des articles et que certains de ses
collègues ont lu des articles, je vais lui en lire un, ici, tiré
de L'actualité, qui dit ceci: «Le doyen de
l'Assemblée nationale est aussi roué que charmant et n'a pas
raté l'occasion de marquer quelques points en nous faisant prendre une
mauvaise passe pour un cadeau, ce qui est le cas dans ce budget en particulier.
Pis encore, nos comités de bureaucrates, grands spécialistes de
la roue à deux essieux, de l'unicycle, de la ceinture de
sécurité et de la protection des mille-pattes unijambistes, ont
adopté des niveaux de déduction et des règles
d'application différentes du fédéral.» Toujours en
parlant de la TVQ: «Les intérêts pour paiement de la TVQ en
retard sont calculés après 31 jours au provincial et 60 jours au
fédéral. Les services financiers sont exonérés de
la TPS mais détaxés de la TVQ, ce qui, même si on n'y
comprend rien, implique une différence considérable.
Secrétaires et préposés aux écritures, grincez des
dents! On est forcé de se demander si tout cela n'est pas voulu, car
pourquoi des gens, sûrement instruits et brillants puisqu'on les recrute
par concours, se livreraient-ils à des chinoiseries pareilles? Est-ce
que la Loi sur la protection du consommateur ne devrait pas aussi s'appliquer
au pouvoir public? La révolte contre la classe politique et, par
ricochet, le dégoût de l'État sont bien davantage dus au
mépris qu'on y a pour le citoyen qu'à l'idéologie.»
Jean Paré, L'actualité.
Je tenais à lire cela, parce que, vraiment, ça rend compte
d'un état d'esprit dans la population envers ce que nous avons fait. Et
c'est pour cela que j'ai beaucoup insisté sur cette taxe de vente du
Québec. Alors, nous avons eu ces informations, effectivement, au
compte-gouttes, mais nous en avons eu. Nous allons les examiner. Et il reste,
évidemment, à établir certains chiffres pour la phase I de
cette réforme qui est considérable. Le résultat, au bout
de tout cela, c'est que le fardeau fiscal s'est accru. L'écart avec
l'Ontario s'est accru malgré que le dernier budget ontarien ait lui
aussi accru le fardeau fiscal: 2,9 % dans le sens inverse et 4,6 % ici.
Résultat, 1,8 % net en ce qui nous concerne.
Alors, dans tout cela, nous restons quand même sceptiques quant
aux conséquences qu'auront aussi les mesures de ce budget sur
l'économie. Elles sont très minces. Et les réponses,
même celles qui sont écrites, ne nous ont pas convaincus de la
qualité des choix du ministre là-dessus et surtout de leur effet
sur la relance de l'économie. Je relève aussi, au passage, que
son déficit à 3 790 000 000 $ est établi sur une
prévision de crédits périmés de 753 000 000 $ avant
que l'année ne commence, alors que, généralement, les
crédits périmés sont comptabilisés à la fin,
contre des dépenses imprévues au cours de l'année. Je ne
souhaite pas que le déficit dépasse le niveau prévu. Je ne
le souhaite pas, mais je pose des questions, quand même, quant à
la crédibilité des prévisions qui sont là.
Alors, tout compte fait, M. le Président, je vais maintenir ma
motion de blâme à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Després): M. le ministre des
Finances.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: Alors, M. le Président, je veux d'abord
remercier tous ceux qui ont participé à cette commission. Nous
avons passé...
M. Léonard: Je veux m'associer à vos remerciements,
M. le ministre.
M. Levesque: Nous avons passé 10 merveilleuses heures
ensemble.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Je remercie, évidemment, l'équipe du
ministère des Finances qui a été continuellement
présente à cet échange, en même temps qu'elle
essayait de fournir tous les renseignements techniques et autres qui pouvaient
être sollicités de la part de la commission.
Et j'aimerais tout simplement relever les derniers propos du
député de Labelle. Quant à la citation de la revue
L'actualité, pour laquelle j'ai le plus grand respect, je dois
noter, cependant, que ce qui a été écrit l'a
été avant le budget. Si on l'écrivait de nouveau,
peut-être qu'il y a certains passages qui seraient amendés.
Deuxièmement, on a parlé de nouveau de l'écart du
fardeau fiscal avec l'Ontario, qui était passé de 7,5 % à
9,3 %. Tout simplement, je veux encore rappeler que nous avons pris cette
orientation-là, qui tient compte de notre désir de réduire
le déficit autant que possible. Nous sommes antidéficit parce que
nous voulons assumer nos responsabilités et les faire assumer
également par la génération qui en profite plutôt
que de remettre à plus tard des taxes qu'on n'impose pas aujourd'hui. On
veut éviter à la génération montante d'avoir un
fardeau fiscal inacceptable et nous voulons travailler pour la
compétitivité du Québec.
Est-ce que vous savez, M. le Président, que, si on avait
simplement laissé monter le déficit, disons, de 2 500 000 000 $,
on n'aurait pas 9,3 % d'écart avec l'Ontario? Ce serait zéro, ce
serait la parité. Tout ce que j'avais à faire, c'était de
laisser monter ie déficit d'environ 2 500 000 000 $. il serait encore
loin du déficit de l'Ontario, et nous aurions pu baisser le fardeau
fiscal et le rendre paritaire avec l'Ontario. Nous ne voulons pas faire
ça. Trop de fois ça a été fait par les gens
vertueux que nous avons en face de nous. Ça a été trop
fait, et nous ne voulons pas retourner dans ces sentiers-là. C'est la
seule raison. Et quand on tient compte du déficit des deux provinces,
là, ce n'est pas le même tableau du tout. Et le tableau que nous
avons déposé indique bien que ce n'est plus partir de 10,5 % pour
arriver à 7,5 %, et 9 %, et 3 %. C'est à partir, en 1985, d'un
écart de 18,2 %, et, cette année, ce serait 4,7 %. Alors, quand
on tient compte et du déficit et du fardeau fiscal des deux et qu'on les
marie, si vous voulez, si on tient compte des deux, à ce
moment-là, nous avons fait des progrès de géant et nous en
sommes très heureux.
M. le Président, encore une fois, je vous remercie. Je remercie
ceux qui ont présidé cette commission, ceux qui y ont
participé, les équipes de soutien et, en même temps, le
Secrétariat, le secrétaire de la commission et le
Secrétariat dans son ensemble, et le Journal des débats -
pourquoi pas - et tous ceux et celles qui ont participé à cette
commission. Nous nous retrouverons la semaine prochaine, M. le Prési-
dent, à l'Assemblée nationale, pour faire un peu le tour de la
question. Nous entendrons le député de Labelle, critique officiel
de l'Opposition, pendant une demi-heure, mardi prochain, je crois, et nous
compléterons par notre heure afin de rétablir les faits...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: ...les perspectives d'avenir de la façon la
plus étroite et compréhensive et, disons, la plus juste possible.
Voilà!
Le Président (m.
després): merci, m. le
ministre. la commission ayant rempli son mandat, j'ajourne les travaux de cette
commission sine die.
(Fin de la séance à 18 h 59)