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(Dix heures quarante-sept minutes)
Le Président (M. Camden): La commission du budget et de
l'administration est réunie afin de poursuivre le débat sur le
discours du budget. Permettez-moi de rappeler les règles du
débat. Est-ce que, M. le secrétaire, peut-être
préalablement, on a des remplacements à annoncer ce matin?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Audet
(Beauce-Nord) sera remplacé par M. Khelfa (Richelieu), M. Lazure
(Laprairie) par M. Trudel (Rouyn-Noranda) et Mme Marois (Taillon) par M. Garon
(Lévis).
Organisation des travaux
Le Président (M. Camden): Je vous remercie, M. le
secrétaire. Alors, permettez-moi de rappeler les règles du
débat. Le mandat que nous entreprenons aujourd'hui pour une
période de 10 heures prend la forme d'une interrogation du ministre des
Finances par les membres de la commission sur la politique budgétaire
présentée lors du discours du budget. Les règles du
débat ont été fixées par la commission de
l'Assemblée nationale le 23 mai 1984. Nos travaux vont commencer par une
période de déclarations d'ouverture au cours de laquelle le
ministre des Finances et puis le critique financier de l'Opposition pourront
prendre la parole pendant 20 minutes chacun. Les membres de la commission
auront ensuite un temps de parole de 10 minutes réparti en une ou
plusieurs interventions, qui peut prendre la forme de questions au ministre ou
de commentaires. Le ministre disposera d'un temps de parole de 10 minutes
après chacune des interventions.
Est-ce que M. le ministre des Finances... Oui, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Est-ce qu'on peut poser des questions sur la
procédure, là, parce que... Est-ce que, dans le temps que
j'aurai... Par exemple, j'ai 10 minutes de parole; est-ce qu'à ce
moment-là la réponse du ministre compte dans mon temps
d'intervention?
Le Président (M. Camden): Non. M. Léonard:
Non.
Le Président (M. Camden): Nullement. Nullement, c'est
votre temps à vous, c'est votre 10 minutes seulement qui est
comptabilisé.
M. Léonard: Seulement le 10 minutes.
Le Président (M. Camden): En une ou plusieurs
interventions, oui.
M. Léonard: En une ou plusieurs, c'est 10 minutes.
Le Président (M. Camden): Oui.
M. Gautrin: Et la règle de l'alternance va jouer. C'est
bien ça?
Le Président (M. Camden): Absolument.
M. Léonard: C'est-à-dire, au bout de 10 minutes, la
règle d'alternance joue.
M. Gautrin: Au bout de 10 minutes, la règle... C'est
ça. C'est-à-dire, il faut qu'on soit clair, au départ,
comment on fonctionne.
M. Léonard: Oui, chacun 20 minutes, au début...
Le Président (M. Camden): Vous formulez des
questions...
M. Léonard: C'est-à-dire des remarques
préliminaires.
Le Président (M. Camden): ...ou des commentaires pendant
10 minutes...
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Camden): Vous pouvez, par exemple,
peut-être vous interposer pendant une minute ou deux minutes, et le
ministre y répond pendant une période équivalente ou plus,
à sa discrétion, puis vous reprenez par un autre commentaire, une
autre question; pendant un autre temps équivalent, le ministre reprend
par une réponse ou un commentaire de sa part, et lorsqu'on a un cumul de
10 minutes a votre égard, si un député ministériel
ou un autre membre de la commission sollicite le droit de parole, je lui
donnerai à ce moment-là le droit de parole pour le
même...
M. Gautrin: Et à ce moment-là...
Le Président (M. Camden): ...pour le même temps.
M. Gautrin: ...il refait la même chose 10 minutes...
Le Président (M. Camden): ...pour le même temps.
M. Gautrin: ...et après on recommence de l'autre
côté, séparé: chacun, chacun.
Le Président (M. Camden): Après ça, on
revient de l'autre côté, de votre côté. Ça
vous va?
M. Léonard: Chacun 20 minutes. (10 h 50)
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
Déclarations d'ouverture M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: M. le Président, comme lors de chacun des
exposés budgétaires que j'ai eu l'honneur de présenter,
j'ai voulu, dans le budget du 14 mai dernier, répondre aux
préoccupations de nos concitoyens du Québec. Celles-ci m'ont
semblé porter principalement sur les trois sujets suivants: le niveau
des impôts et des taxes, la situation de l'emploi et, enfin, l'avenir
économique du Québec.
Le premier objectif de ce budget a donc été de tout mettre
en oeuvre pour stabiliser le fardeau fiscal. C'est ainsi que nous avons
élaboré un plan d'action pour stabiliser le fardeau fiscal en
agissant à trois niveaux: 1. en comprimant les dépenses
gouvernementales dont le taux sera réduit de 5,9 %, dans les
crédits déposés en mars, à 5,1 % dans le dernier
budget; 2. par une augmentation des revenus non fiscaux, dont 89 000 000 $ en
tarification, 275 000 000 $ en provenance de la réserve de stabilisation
de la SAAQ, c'est-à-dire la Société de l'assurance
automobile du Québec, et 25 000 000 $ de versement de surplus des fonds
spéciaux du gouvernement; 3. par le resserrement de certaines
dispositions fiscales pour les rendre plus conformes à l'esprit de la
loi, ce qui permet de la récupération de 36 000 000 $
auprès des entreprises. Ce plan nous permet aujourd'hui de
répondre aux attentes des Québécois sur le plan de la
fiscalité.
Premièrement, tout comme les sept exposés
budgétaires qui l'ont précédé, le budget que je
viens de déposer ne comporte aucune hausse d'impôt sur les revenus
des particuliers du Québec. Deuxièmement, le taux de la taxe de
vente sur les services et l'habitation applicable le 1er juin 1992,
prévue dans la loi 170, est ramené de 8 % à 4 %.
Troisièmement, le plan adopté rend possible un budget qui ne
comporte aucune hausse des autres taxes à la consommation. Au contraire,
les contribuables du Québec bénéficieront
d'allégements totalisant 345 000 000 $ en 1993, dont 258 000 000 $
à l'égard des familles avec enfant. Ainsi, le Québec sera
le seul gouvernement au Canada à procéder, en 1993, selon nos
informations présentes, à l'indexation au taux de 2 % des
crédits d'impôt personnels.
De plus, le budget que je viens de déposer poursuit la tradition
que nous avons amorcée d'appuyer les familles dans le rôle
primordial qu'elles jouent dans le développement de la
société. Il comporte plusieurs mesures à cette fin.
D'abord, contrairement au gouvernement fédéral et aux autres
provinces, ce budget annonce le maintien du plein montant des crédits
d'impôt pour enfant, ce qui représente un bénéfice
de 457 000 000 $ pour les familles et qui n'aura plus d'équivalent dans
les autres provinces à compter de 1993. Le budget annonce aussi la
non-imposition des nouvelles prestations fédérales pour enfant,
alors que les allocations familiales fédérales qu'elles
remplacent étaient imposées, ce qui accorde une baisse
d'impôt de 70 000 000 $ aux familles du Québec.
Troisièmement, les allocations à la naissance pour les enfants de
troisième rang et les suivants sont de plus majorées de 7500 $
à 8000 $. Et puis la déduction pour frais de garde a
été augmentée. Ensuite, l'allocation-logement a
été bonifiée et l'âge d'admissibilité au
programme Logirente a été abaissée. Enfin, ce budget
apporte un appui novateur aux familles qui sont prêtes à
héberger leurs parents âgés. Le crédit d'impôt
qui leur est accordé équivaut à une exemption de 2200 $
par parent et correspond certainement aux aspirations de plusieurs
familles.
Plusieurs mesures contenues dans le budget permettront en outre au
gouvernement de poursuivre ses efforts en faveur des plus démunis de la
société. C'est ainsi que les programmes de sécurité
du revenu ont été indexés au taux de 2 %,
protégeant ainsi le pouvoir d'achat de leurs
bénéficiaires. Des mesures ont aussi été
annoncées pour venir en aide à plusieurs catégories de
personnes défavorisées. Je pense ici aux améliorations
apportées à la fiscalité des personnes handicapées.
Je pense aussi à l'extension du crédit pour frais médicaux
accordé aux personnes malades forcées de déménager
pour recevoir des soins de santé.
Nos politiques pour améliorer le régime fiscal et le
rendre plus compétitif commencent à porter fruit. J'en donnerai
ici trois exemples. 1. Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir en 1985,
l'écart entre les taux marginaux maximums d'imposition du Québec
et de l'Ontario était de 10,1 %. Depuis ce temps, le Québec a
réduit son taux maximum de 32 % à 24 %, ce qui a contribué
à réduire à presque rien l'écart en 1993. 2. Si
nous considérons maintenant les contribuables à revenus
plutôt modestes, par exemple une famille de deux adultes et de deux
enfants avec un revenu annuel de 35 000 $, cette dernière payait en 1985
1147 $ d'impôt de plus au Québec qu'en Ontario. En 1993, les
politiques que nous avons adoptées font que ce sera exactement
l'inverse. Cette famille paiera 1147 $ de moins au Québec qu'en Ontario.
3. Je me dois de souligner que nos efforts de réduction du fardeau
fiscal ont principalement porté sur le soutien à donner
aux familles par le gouvernement. Encore là, les résultats
sont tout à fait remarquables. Depuis 1985, les montants ont presque
triplé, passant de 800 000 000 $à2 300 000 000 $ en 1993.
Le deuxième objectif que nous avons poursuivi avec ce budget est
de favoriser la reprise économique et stimuler la création
d'emplois dans toutes les régions du Québec. Bien que la reprise
ait été hésitante depuis le début de 1991, toutes
les conditions sont actuellement réunies pour permettre à la
reprise de progresser sans embûches. D'abord, l'économie
américaine, stimulée par un regain de confiance des
consommateurs, s'est remise à progresser et elle va
inévitablement entraîner l'économie canadienne dans son
sillage. De plus, les taux d'intérêt ont atteint leur niveau le
plus faible depuis une vingtaine d'années, ce qui va inciter les
consommateurs à délier à nouveau les cordons de la
bourse.
En fait, la seule ombre au tableau qui demeurait lorsque nous avons
préparé le budget était la fragilité de la
confiance des consommateurs. Même s'il n'était pas
nécessaire que le gouvernement intervienne massivement pour relancer
l'économie ou tenter de la relancer, il était cependant
absolument nécessaire que notre politique fiscale et budgétaire
ne diminue pas la confiance des consommateurs. Pour s'assurer de contribuer
à renforcer cette confiance, nous avons donc orienté notre
politique fiscale et budgétaire dans trois directions. 1. D'abord, sur
le plan fiscal, il fallait éviter que l'application de la réforme
de la TVQ ne soit dommageable à l'économie. 2. D'autre part, sur
le plan budgétaire, il fallait accommoder la conjoncture en
différant un peu notre objectif d'équilibrer le solde des
opérations courantes. 3. Il fallait enfin prendre des mesures
ponctuelles pour stimuler certains secteurs, notamment celui de la construction
ainsi que l'investissement des entreprises.
Ainsi donc, c'est pour consolider cette confiance des ménages que
nous avons apporté des assouplissements majeurs à la seconde
phase de la réforme de la taxe de vente en abaissant le taux
prévu de 8 % à 4 % sur les services et les immeubles. Pour
être en mesure de le faire, cependant, nous avons dû augmenter de
deux points de pourcentage le taux d'imposition des revenus actifs des
entreprises et exclure certains éléments des remboursements de
taxe aux entreprises. Malgré cette hausse du taux d'imposition des
profits, à l'exception de île-du-Prince-Édouard, le
Québec demeure la province qui taxe le plus faiblement les profits. En
effet, le taux au Québec est maintenant de 8,9 % alors qu'il varie de
13,5 % à 17 % dans les autres provinces.
En fait, les entreprises québécoises vont pouvoir
bénéficier du remboursement de plus de 80 % de la TVQ
payée sur leurs intrants, ce qui va leur donner un avantage unique en
Amérique du Nord. Au net, en tenant compte de la surtaxe de deux points
de pourcentage sur les profits, les entreprises disposeront de 640 000 000 $ de
plus par rapport à la situation actuelle. En effet, la détaxation
de 80 % des intrants va diminuer les coûts de production et permettre aux
produits québécois d'être davantage compétitifs tant
sur les marchés d'exportation que sur notre marché
intérieur. Les investissements seront également stimulés
puisque leur coût diminuera de pas moins de 3 %. Tout cela contribuera
à augmenter la productivité des entreprises
québécoises. En fait, on estime qu'à moyen terme ce sont
environ 17 000 emplois qui seront créés grâce à
cette réforme. (11 heures)
Comme je le mentionnais précédemment, le gouvernement a
voulu apporter un soutien particulier au secteur de la construction et
favoriser l'investissement, particulièrement auprès des PME.
C'est ainsi que: 1. le gouvernement est prêt à mettre 1 $ pour
chaque dollar de contribution fédérale jusqu'à 100 000 000
$ pour l'amélioration du réseau routier; 2. un montant
supplémentaire de 35 000 000 $ est alloué pour
l'amélioration du réseau routier local; 3. un budget de 240 000
000 $, dont 80 000 000 $ dès cette année, est consacré
à la mise en place d'un programme de rénovation des
établissements hébergeant des personnes âgées; 4. 31
500 000 $ additionnels sont consacrés à la bonification du
Programme de rénovation d'immeubles locatifs, c'est-à-dire le
PRIL; enfin, un programme d'appui aux investissements des PME est mis en place
par la SDI: cet appui est nécessaire étant donné la
réticence possible des institutions financières à financer
certains investissements de PME dans la conjoncture économique
actuelle.
Notre gouvernement veut également s'assurer que toutes les
régions du Québec participent à la relance
économique. Or, nous pensons que ce sont les intervenants
régionaux qui sont les mieux placés pour définir et mettre
de l'avant la stratégie de développement de leur région.
La politique que nous sommes en train de mettre en place vise à
permettre aux régions de prendre en main leur propre
développement. Le gouvernement deviendra ainsi l'accompagnateur du
dynamisme des régions, et non le seul décideur. À cette
fin, chaque région disposera d'une enveloppe budgétaire.
Le budget que je viens de présenter appuie concrètement sa
stratégie de développement économique régional en
agissant plus particulièrement à quatre niveaux. 1. En premier
lieu, nous entendons apporter un soutien particulier à l'obtention de
capital de risque pour les PME. En effet, la disponibilité du capital de
risque est un élément essentiel au développement des
entreprises en région. Cependant, les PME en voie de
développement ont rarement accès au REA ou aux
sociétés de capital de risque. C'est pourquoi le gouvernement
a accueilli avec beaucoup de plaisir l'initiative de la Caisse de
dépôt et placement, du Mouvement Desjardins, de la Banque
Nationale et du Fonds de solidarité des travailleurs du Québec de
créer un réseau de fonds de capitalisation régionaux qui
va couvrir l'ensemble du Québec. Le gouvernement fournira une aide
à ces fonds de capitalisation pour couvrir une partie de leurs frais de
fonctionnement. De plus, la création des fonds d'aide aux entreprises va
permettre de venir en aide aux jeunes entreprises qui sont encore dans leur
phase de démarrage. 2. le gouvernement veut, en deuxième lieu,
apporter son soutien à la modernisation des entreprises. le programme
innovation pme va défrayer les coûts reliés à
l'élaboration par des consultants externes de plans d'automatisation, de
transfert de technologies, de design ou encore de gestion. le gouvernement
injectera 24 000 000 $ au cours des trois prochaines années à
cette fin. de même, le programme soutien à l'emploi
stratégique apportera un soutien financier aux entreprises qui
embauchent des diplômés d'université en gestion ou en
ingénierie. en effet, l'embauche de tels spécialistes permet aux
pme de renforcer leur capacité de gestion, de planification et
d'innovation. je souligne que dans le cas de ces deux programmes l'aide sera
modulée selon le degré d'éloignement et de richesse
relative de la région. toujours pour favoriser la modernisation des
entreprises de chacune des régions, le gouvernement apportera une
contribution aux centres spécialisés des collèges pour
leur permettre d'acquérir de nouveaux équipements. ces centres
jouent un rôle important de diffusion de la technologie dans les
régions. 3. le développement de l'«entrepreneurship»
constitue, au cours des trois prochaines années, une troisième
priorité de ce budget en matière régionale. à cette
fin, le ministre des affaires régionales mettra 800 000 000 $ à
la disposition des conseils régionaux. 4. enfin, le gouvernement a pris
plusieurs mesures pour venir en aide plus spécifiquement à
certains secteurs qui jouent un rôle très important dans certaines
régions. c'est particulièrement le cas ici du secteur minier.
tout d'abord, la déduction additionnelle pour l'exploration de surface a
été augmentée à 175 % des frais engagés.
ceci permet de mieux tenir compte du risque plus grand relié à
l'exploration de surface. nous avons également modifié les
règles de calcul du gain en capital réalisé lors de la
vente d'actions accréditives afin de mieux tenir compte des pertes
éventuellement encourues. enfin, une aide spéciale de 5 000 000 $
sera apportée à l'exploration minière effectuée par
une compagnie junior. de plus, la création d'emplois en forêt sera
stimulée par un ajout de 7 000 000 $. cela permettra de créer de
nombreux emplois dans plusieurs localités du québec qui
dépendent de la ressource forestière. enfin, les régions
de la
Gaspésie et des îles-de-la-Madeleine pourront à
nouveau bénéficier cette année d'un programme d'emplois
saisonniers qui s'avère nécessaire étant donné la
présence d'un taux de chômage trop élevé dans ces
régions.
Un troisième objectif de ce budget est de s'assurer que le
Québec dispose de ressources humaines capables d'assurer son avenir
économique. Dans les économies développées, les
ressources humaines sont devenues l'actif le plus précieux pour les
entreprises dynamiques qui assurent le développement de ces pays. Or,
malgré le taux de chômage élevé, on voit
régulièrement des entreprises qui ne réussissent pas
à trouver toute la main-d'oeuvre qualifiée dont elles ont besoin.
C'est pourquoi, il y a deux ans, nous avons introduit une mesure en vue
d'appuyer les entreprises qui investissent dans la formation de leur
main-d'oeuvre au moyen d'un crédit d'impôt remboursable sur les
dépenses de formation. Le taux avait été majoré
à 20 % dans le cas d'une grande entreprise et à 40 % dans le cas
d'une PME pour une période de deux ans, soit jusqu'au 31 décembre
1992. De plus en plus d'entreprises se prévalent de ce crédit
d'impôt, ce qui montre qu'il répond à un besoin
réel. Pour inciter encore plus d'entreprises à profiter de cette
mesure, le crédit d'impôt majoré le sera pour deux
années supplémentaires.
On peut, certes, se poser de sérieuses questions concernant le
taux élevé de décrochage scolaire au niveau secondaire et,
en effet, il est inacceptable que plus d'un jeune sur trois ne termine pas ses
études secondaires alors que les qualifications exigées sur le
marché du travail sont de plus en plus élevées. Notre
gouvernement est convaincu que le Québec peut réussir à
diminuer de façon très importante l'incidence du
décrochage scolaire chez les jeunes et il entend s'attaquer à ce
problème immédiatement. C'est pourquoi le budget accorde aux
commissions scolaires 42 000 000 $ dès la prochaine année
scolaire pour combattre le décrochage.
Les relations de travail ont beaucoup évolué au
Québec depuis une vingtaine d'années. Les travailleurs et les
entreprises ont de plus en plus tendance à se serrer les coudes face
à la concurrence. De plus, les travailleurs veulent qu'on ait davantage
recours à toute la compétence et l'expertise dont ils disposent.
D'ailleurs, les entreprises les plus performantes l'ont bien compris et
impliquent à fond leurs travailleurs dans l'organisation et la
planification du travail. Ces nouvelles méthodes de gestion leur
permettent d'ailleurs de livrer des produits de la plus haute qualité.
C'est afin de répandre davantage ces nouvelles façons d'organiser
le travail dans les entreprises que le budget introduit une mesure novatrice
visant à favoriser le partenariat travailleurs-entreprise. Les
travailleurs du secteur manufacturier qui sont impliqués dans une
démarche de qualité totale pourront bénéficier
d'une exemption sur les premiers
6000 $ reçus d'un régime d'intéressement aux
bénéfices au cours d'une période de cinq ans. Pour leur
part les PME manufacturières auront droit à un crédit
d'impôt remboursable de 15 % des montants versés aux
travailleurs.
Enfin, le budget que je viens de présenter ne perd pas de vue
l'objectif de notre gouvernement qui est de maintenir notre gestion responsable
des finances publiques. Malgré des objectifs ambitieux, ce budget ne
remet pas en cause la politique de redressement des finances publiques que nous
avons entreprise, même si la conjoncture difficile nous amène
à interrompre momentanément la poursuite de nos objectifs de
réduction du déficit. Le respect intégral des objectifs
fixés l'an dernier risquait en effet d'affaiblir la confiance des
consommateurs parce qu'elle aurait impliqué des hausses de fardeau
fiscal ou des compressions de dépenses exagérées.
Le gouvernement a plutôt opté pour la prudence en
choisissant de prendre un peu plus de temps pour atteindre ces objectifs, tout
en posant des gestes nécessaires pour quand même réduire le
déficit. Pour y parvenir...
Le Président (M. Lemieux): II ne reste qu'une minute, M.
le ministre des Finances, je m'excuse.
M. Levesque: Oui, M. le Président, je termine. Pour y
parvenir, nous avons mis en place un plan d'action du côté des
revenus non fiscaux et réduit la croissance des dépenses de 5,9
%à5,1 % cette année.
L'augmentation des transferts fédéraux qui découle
des gains obtenus à la suite de nos représentations et surtout de
paiements afférents aux années antérieures est aussi
survenue au bon moment. Le déficit 1992-1993 est plus
élevé que l'objectif fixé l'an dernier mais, à 3
790 000 000 $, il comporte une baisse de 405 000 000 $ par rapport au
déficit enregistré en 1991-1992. Pour les années
subséquentes, en maintenant la même gestion rigoureuse et avec la
reprise de l'économie, le déficit devrait être
réduit davantage.
Alors, voilà, M. le Président, ce que j'avais à
dire à cette commission au début de ces travaux, et je suis
à la disposition de la commission pour répondre à toute
question qu'on jugera à propos de me poser. (11 h 10)
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances.
M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. La situation
économique du Québec a été décrite et on a
décrit aussi les préoccupations et les attentes de la population
à l'égard de ce budget. D'abord, les Québécois ne
peuvent pas supporter une augmentation des impôts et des taxes; ils n'en
peuvent plus. C'est le constat que l'on fait lorsque l'on rencontre les
Québécois. Le deuxième élément, c'est que le
chômage demeure encore aujourd'hui très élevé,
à 12,5 %, et la situation de plusieurs entreprises est précaire.
Il y a eu des faillites très nombreuses et le taux d'augmentation de ces
faillites au cours des derniers mois a crû. Les Québécois
sont inquiets, soucieux de l'avenir économique du Québec à
plus long terme. Ils se demandent ce qui va arriver à la suite des
accords du GATT et de l'application de l'Accord de libre-échange dont
les effets se font sentir. Ils les voient et ils se posent des questions, ils
sont inquiets et finalement ils souhaitent comme Québécois que
leur gouvernement, à Québec, s'attaque à résoudre
ces problèmes, à répondre à cette situation,
à cette conjoncture. Un vote?
Le Président (M. Lemieux): Sur le projet de loi 404. Vous
allez vérifier? Je croyais que c'était dans une dizaine de
minutes, mais c'est possible que ce soit tout de suite. C'est tout de suite?
Alors, nous allons suspendre cette commission. Le projet de loi 404, c'est le
fonds de pension des élus, des parlementaires, le vôtre. Alors,
nous suspendons nos travaux et nous allons reprendre immédiatement
après le vote.
(Suspension de la séance à 11 h 12)
(Reprise à 11 h 29)
Le Président (M. Camden): Nous reprenons nos travaux.
M. le député de Labelle, si vous voulez poursuivre.
M. Léonard: J'avais combien de temps de fait, là,
deux minutes, à peu près?
Une voix: Une minute vingt-cinq.
Le Président (M. Camden): Une minute vingt-cinq, me
dit-on.
M. Léonard: Bien. M. le Président, je continue
donc, après cette interruption. Le premier point, c'est: les
Québécois ne peuvent pas supporter une augmentation des
impôts et des taxes. Et ça m'amène à parier,
évidemment, du fardeau fiscal des Québécois. Le ministre
des Finances commence toujours ses discours sur le budget en insistant sur le
fait qu'il n'annoncera aucune nouvelle hausse d'impôt des particuliers.
Il n'a pas raté l'occasion, encore ce matin, comme il l'avait fait jeudi
soir dernier, de dire une telle chose. Mais, depuis 1989, les bonnes nouvelles
s'arrêtent là, parce que la suite, pour les particuliers, c'est
des taxes et des taxes, toute une série, et des impôts et des
taxes pour
les sociétés. Alors, l';-npôt sur les
sociétés, cette année, a été
augmenté. J'y reviendrai.
Le discours de jeudi soir n'a pas fait exception à la
règle depuis ses discours du tout début. Premièrement, les
taxes, depuis l'élection de 1989 jusqu'à jeudi soir. J'en ai
déjà fait le bilan, l'an dernier, de ces nouvelles taxes
directes, indirectes et cachées; j'ai d'ailleurs distribué
à la presse un tableau qui résume ces taxes et qui
démontre que, pour l'exercice 1991-1992, l'impact de toutes les
nouvelles taxes annoncées depuis 1989 était de 2 400 000 000 $
environ. À quelques dizaines de millions près, ce tableau est
exact en ce qui nous concerne. (11 h 30)
II y a une autre façon aussi de mesurer la hausse du fardeau
fiscal. Parce que, quand on a dit que l'impôt sur le revenu n'avait pas
augmenté, il y a des taxes qui ont augmenté, et donc cela a eu un
impact sur le fardeau fiscal des Québécois. Cette autre
façon, c'est de faire le rapport entre les revenus autonomes du
gouvernement du Québec et le PIB du Québec, c'est-à-dire
la part que les Québécois versent en impôt à leur
gouvernement. Alors, qu'en est-il? Pour l'année financière
1989-1990, les revenus autonomes du gouvernement étaient de 24 316 000
000 $; le pib, de 149 662 000 000 $; le fardeau: 16,2. en 1990-1991, les
revenus autonomes du gouvernement sont à 25 991 000 000 $; le pib, 154
066 000 000 $; le fardeau est passé à 16,8; 0,6 % d'augmentation,
donc. et, en 1991-1992, les revenus autonomes sont de 27 190 000 000 $; le pib,
de 156 180 000 000 $; donc, le fardeau est passé à 17,8 %, une
augmentation d'un point de pourcentage sur l'an passé. à notre
connaissance, ce taux de 17,8 % enregistré en 1991-1922
représente le plus haut niveau depuis au moins 1979-1980. on peut dire
qu'en termes bruts le pib québécois a augmenté de 2 052
000 000 $ et que le gouvernement a accaparé, lui, 87 % de cette
augmentation du pib québécois, puisque les revenus autonomes ont
augmenté, eux, de 1 799 000 000 $ en 1991-1992. augmentation
considérable, il ne faut pas le nier, et ne prendre l'analyse que par le
bout de l'impôt sur le revenu des particuliers, je pense que c'est
fausser la route, et fausser l'image.
Le budget de jeudi dernier contient aussi son lot de taxes nouvelles,
dont, bien sûr, celle de 4 % sur les services. C'était
évidemment une chose à laquelle on pouvait s'attendre, que le
ministre présente une augmentation de taxe sous forme d'une diminution
de taxe. C'est une augmentation de taxe: les Québécois vont
payer, à compter du 1er juillet prochain, 4 % de plus sur les services,
une taxe de 4 % qui s'ajoute au coût des services, qui n'existait pas
auparavant.
Il y avait, évidemment, dans le budget de cette année, des
dispositions qui avaient été annoncées l'an dernier, et
dont l'effet va se faire sentir davantage cette année que l'an dernier,
alors qu'elles ont été annoncées l'an dernier. De deux de
ces mesures que j'ai rappelées dans le discours de deuxième
lecture, il y a celle de la taxe sur les carburants. Il faut rappeler que l'an
dernier le ministre des Finances avait annoncé une augmentation, une
hausse des taxes sur le carburant de 0,045 $ le litre en différentes
étapes: l'une le 3 mai, de 0,02 $; le 1er septembre, de 0,02 $, et, le
1er janvier, de 0,005 $, de sorte que son impact cette année va
être entier. L'an dernier, il était allé chercher 248 000
000 $, par la hausse de la taxe sur l'essence, et cette année
cet*0 taxe va lui rapporter 339 000 000 $. Dans l'ensemble, c'est 91
000 000 $ de plus cette année.
Autre taxe importante que les contribuables, les consommateurs ont
dû payer, c'est celle qui découle des frais de garantie sur les
emprunts d'Hydro-Québec. L'année dernière, le ministre
avait décidé qu'à compter de 1992 les
sociétés d'État - et on sait que c'est
particulièrement Hydro-Québec qui est visée - devaient
payer des frais de 0,5 % sur les emprunts qu'elles font et qui sont garantis
par le gouvernement. En 1992, cela coûtera 143 000 000 $ à
Hydro-Québec. Ce montant représente une augmentation des tarifs
de 4 % que les Québécois paient depuis le 1er mai dernier,
augmentation de taxe considérable. Tout le monde paie ces coûts
d'électricité. Ces deux mesures, à elles seules,
représentent pour les consommateurs une hausse de leur fardeau fiscal de
234 000 000 $ par rapport au fardeau qu'ils ont supporté en 1991-1992.
C'est considérable.
Maintenant, en ce qui concerne les taxes du budget 1992-1993,
évidemment, c'est la taxe sur les services, la TVQ. Cette taxe,
évidemment, soulève de très nombreuses interrogations,
d'abord sur la présentation de l'information financière relative
à cette réforme qui a été introduite au mois
d'août 1990. À la page A-47, le ministre présente cette
nouvelle taxe non pas comme un alourdissement du fardeau fiscal, mais comme un
allégement de celui-ci. Je pense que c'est le summum du camouflage.
C'est une augmentation de taxes, très nettement, pour les consommateurs
à partir du 1er juillet; je l'ai déjà dit. D'autre part,
ce qu'il faut dire et, malgré tout ce qui a été dit sur le
sujet, le ministre des Finances n'a jamais révélé l'impact
réel complet de cette réforme.
Avant le discours du budget, personne ne savait exactement ce que
rapporterait la taxe sur les services, celle sur l'habitation et la valeur du
remboursement de la taxe sur les intrants. Ce matin, il nous a lancé un
chiffre de 640 000 000 $; c'est un nouveau chiffre. Si je le comprends, il
s'agit de l'impact de la détaxe sur les intrants pour les entreprises
sur les neuf mois de l'année courante, alors que dans le budget on
parlait de 850 000 000 $ - je suppose que cela portait sur une année
complète - et cela équivaut à 80 %. Nous aurons
l'occasion, à
la période de questions, tout à l'heure, d'en
débattre, mais c'est la première fois que le chiffre nous est
lancé tel quel. Je pense qu'après deux ans où cette
réforme a été introduite, camouflée d'ailleurs dans
le budget de 1990-1991, nous commençons simplement à avoir les
chiffres de cette réforme. En termes de démocratie, d'exercice de
démocratie, M. le Président, vous me laisserez déplorer un
tel fait, de tels agissements de la part du ministre des Finances. Une des
réformes les plus importantes qui aient été introduites
dans notre système fiscal l'a été sous l'angle du
camouflage depuis le début. Deux ans après, nous
commençons à comprendre les impacts réels de cette
réforme et le ministre des Finances commence à donner les
chiffres exacts.
L'application de cette taxe de 4 % sur les services et l'habitation
représente, à elle seule, une charge fiscale pour les
consommateurs de 740 000 000 $ en 1992-1993, 1 035 000 000 $ en 1993-1994,
c'est-à-dire sur une année complète. Je voudrais rappeler,
M. le Président, que les députés libéraux, les
députés ministériels ont appuyé l'adoption de la
loi 170 en décembre dernier. Mieux encore, ces députés ont
suspendu les règles tellement ils étaient enthousiastes pour
appuyer l'imposition du bâillon.
Une voix: C'est vrai.
M. Léonard: C'est ce qu'ils ont fait. Alors, je les
rappelle à la modestie par rapport à la décision actuelle
d'augmenter la taxe de 4 % parce que, à l'époque, ils
étaient même d'accord pour aller jusqu'à 8 %. Ils ont donc
voté en faveur d'un projet de loi qui impose une taxe sur une
année de neuf mois, sur l'année actuelle, de 1 480 000 000 $,
parce que c'est l'impact qui apparaît d'après les chiffres, et de
2 070 000 000 $, si c'était resté à 8 % sur une pleine
année financière. J'ai hâte de voir comment ces
députés vont expliquer leur vote à leurs commettants.
On se souviendra, M. le Président, qu'au moment où le
ministre des Finances a annoncé la réforme des taxes à la
consommation il avait indiqué que cette réforme
bénéficierait principalement aux entreprises. Ainsi, le
remboursement de la taxe payée sur leurs intrants devait se traduire par
- nous avons entendu toutes sortes de chiffres - quelques centaines de
millions, plus de 1 000 000 000 $... La question que nous avons posée
n'avait pas reçu de réponse exacte, mais il restait que, dans
l'ensemble, les consommateurs perdaient mais récupéraient parce
qu'il y avait des gains aux entreprises et que le jeu de la concurrence devait
amener le prix des biens à diminuer, et donc les consommateurs à
récupérer. C'était le grand «deal» comme on
disait. (11 h 40)
La réalité aujourd'hui nous apparaît tout autre.
Dans le discours sur le budget, le ministre des Finances a d'abord
réduit la valeur du remboursement de la taxe sur les intrants. Il a
déclaré dans son discours que cette taxe ne vaudrait plus que 850
000 000 $ par rapport à plus de 1 000 000 000 $ auparavant. En retour de
cet avantage, les entreprises ont vu s'accroître leur autre charge
fiscale de la façon suivante: dans le budget 1990-1991, dont les
équilibres tenaient compte de l'harmonisation sans qu'il en soit
question, les impôts des sociétés étaient
augmentés de 128 000 000 $ pour l'année financière
1992-1993. C'était ce qui était déclaré à
l'époque. Dans la déclaration ministérielle du 30
août 1990, le ministre des Finances annonçait une nouvelle hausse
des impôts des sociétés. Pour 1992-1993, cette hausse
annoncée à l'époque équivalait à 436 000 000
$. Le budget 1991-1992 contenait aussi de mauvaises nouvelles pour les
sociétés. Les mesures de ce budget 1991-1992
représentaient une augmentation de leur fardeau fiscal de 19 000 000 $,
pour 1992-1993. Et, enfin, le budget de cette année hausse à
nouveau les charges fiscales des entreprises de 175 000 000 $ pour 1992-1993.
Le ministre y a fait référence, d'ailleurs, tout à
l'heure.
C'est donc dire que pendant la phase d'implantation de la réforme
les charges fiscales des sociétés ont été
augmentées de 758 000 000 $ et, d'un avantage de plus de 1 000 000 000
$, il n'en reste donc que 92 000 000 $, mais cet avantage n'est pas encore pour
cette année parce que le remboursement de la taxe sur les intrants ne
débutera que le 1er juillet prochain. Et, puisque ce remboursement a une
valeur de 850 000 000 $ par année, c'est donc dire qu'en 1992-1993, en
appliquant la règle de trois, nous étions parvenus à
déterminer que ce remboursement valait 638 000 000 $. Le chiffre de 640
000 000 $ qu'a mis sur la table ce matin le ministre des Finances est assez
proche du nôtre, merci. Nous ne nous étions pas trompés de
beaucoup, de 2 000 000 $ sur 640 000 000 $.
Le fardeau fiscal des sociétés sera, par
conséquent, plus grand en 1992-1993 qu'en 1989-1990, de 120 000 000 $
et, pour 1990-1991, 1991-1992, il s'agissait d'une perte pour les
sociétés. Avant que les sociétés ne puissent
profiter du remboursement de la taxe sur les intrants, les
sociétés ont dû supporter un fardeau fiscal
augmenté. Elles n'ont pas bénéficié du
remboursement de la taxe sur les intrants depuis le début de la
réforme. Elles ne commenceront à en bénéficier que
le 1er juillet prochain. Et donc, si l'on compare les charges fiscales des
entreprises par rapport à la situation de 1989-1990, on constate que
celles-ci ont augmenté de 104 000 000 $ en 1990-1992.
Le ministre des Finances prétend qu'à terme la
réforme permettra la création de 17 000 emplois. Ce gain, dit-il,
doit résulter du remboursement de la taxe sur les intrants qui doit se
traduire par une compétitivité accrue. Or, comme nous venons de
le voir pour les années
1990-1991, 1991-1992 et 1992-1993, les entreprises ont supporté
un fardeau fiscal plus élevé qu'en 1989-1990. Et cette situation,
pour suivre son raisonnement, s'est donc traduite par une perte de
compétitivité et des pertes d'emploi. L'hypothèse du
ministre selon laquelle la réforme créera 17 000 emplois nous
apparaît absolument sans fondement, parce qu'il faudrait déduire
tous les emplois que l'introduction de cette taxe a entraînés. Et
cette réduction d'emplois, le ministre ne l'a pas quantifiée,
malheureusement.
La réforme des taxes à la consommation, annoncée le
30 août 1990, est marquée, nous l'avons dit, du sceau de
l'improvisation, du maquillage, de l'insouciance. De l'improvisation parce que,
dans son essence, elle a été considérablement
modifiée, changée. Je rappelle les gestes qui ont
été posés par rapport à cette taxe, cette TVQ. En
décembre 1990, après son annonce, trois mois
antérieurement, le 30 août 1990, le ministre des finances revenait
sur sa décision de taxer les livres. dans le budget de l'année
dernière, le ministre des finances a annulé la baisse du taux de
8 % à 7 % qui était prévue pour l'année 1992, qui
faisait partie de la réforme. il a de plus annule les baisses de taxe
sur l'essence, l'alcool, le tabac qui faisaient partie de la réforme
originale. au mois d'octobre 1991, il décidait de reporter de six mois
la phase ii de la réforme, à savoir l'élargissement de
l'assiette de la taxation aux services et le remboursement de la taxe de vente
payée par les entreprises sur leurs intrants, ce qui a d'ailleurs
camouflé très bien l'impréparation du ministère du
revenu à introduire la réforme parce que ce ministère,
comme il est apparu, n'était pas prêt à l'appliquer. nous
l'avions dit à l'époque, le gouvernement n'était pas
prêt. d'ailleurs, le ministre du revenu de l'époque avait
démissionné en disant que c'était une réforme
extrêmement compliquée et que le ministère n'était
prêt. enfin, dans le budget de jeudi soir, il a fixé la taxe sur
les services à 4 % plutôt qu'à 8 %, et a
décidé de réduire la valeur de la taxe sur les intrants
d'au moins 20 %. nous l'établirons tout à l'heure.
Du maquillage aussi parce que la réforme était incluse
dans les équilibres budgétaires du budget 1990-1991 sans qu'on en
débatte. On a préféré en faire l'annonce, à
l'été, alors que les événements d'Oka retenaient
l'attention et que l'Assemblée nationale était convoquée
de façon exceptionnelle pour adopter la loi qui créait la
commission Campeau-Bélanger. Le ministre n'a pas indiqué
clairement, jusqu'à ces tout derniers jours, quels seraient les effets
de cette réforme, ni sur les consommateurs, ni sur les entreprises, ni
la valeur de cette taxe sur les services sur l'habitation. Maquillage encore
dans le budget alors que le ministre tente de faire croire à la
population qu'une taxe de 4 % représente un allégement du fardeau
fiscal, alors qu'elle n'était même pas encore en vigueur.
Le ministre a aussi calqué sa réforme sur le modèle
fédéral sans tenir compte des particularités de
l'économie québécoise. Il a appliqué cette
réforme en pleine récession, contribuant à créer du
chômage additionnel. C'est peut-être l'impact le plus
négatif qui ait été créé depuis
mémoire d'homme, alors qu'il était extrêmement grave de le
faire au moment où il l'a introduite. Alors, je reviendrai sur le sujet,
M. le Président. Il y a beaucoup à dire quant à ce budget.
Je vois que vous me faites signe que le temps est terminé.
Mais, effectivement, le ministre a permis l'intrusion du
fédéral - ce sera ma conclusion - dans le domaine des taxes
à la consommation de façon éhontée. Il a
cédé, en quelque sorte, un champ d'imposition qui appartenait aux
provinces depuis le début et, en quelque sorte, il a fait le contraire
de ce qu'avaient fait MM. Duplessis et Lesage, qui, eux, étaient
allés chercher le champ de l'impôt sur le revenu au
fédéral. Lui, par ses agissements, par la façon dont il
l'a fait, il a cédé au fédéral un champ
d'imposition qui lui appartenait auparavant.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. En réplique, M. te ministre des
Finances, vous avez 10 minutes, et je céderai de nouveau après la
parole à M. le député de Labelle, pour 10 minutes, pour
revenir avec le député de Verdun pour 10 minutes.
M. Levesque: Alors, je vais aller jusqu'à midi, M. le
Président, à peu près?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, oui.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: Alors, M. le Président, tout d'abord, sur le
dernier point qu'a soulevé le député de Labelle, il me
permettra de rappeler que c'est justement pour exercer plus d'autonomie par le
gouvernement du Québec dans le champ de la taxation à la
consommation que nous avons pris les mesures qu'il a évoquées. Au
contraire, nous avons fait en sorte justement de pouvoir administrer et la taxe
du Québec et la taxe du gouvernement fédéral. Et
ça, c'est unique, sans précédent. C'est une façon
pour nous d'être présents justement dans le champ de la taxation
à la consommation. (11 h 50)
C'est vrai que le gouvernement fédéral a pris l'initiative
de venir dans ce champ. Nous ne lavons pas invité à venir, il
avait le droit constitutionnel de le faire. Nous avons protesté, nous
avons dit au gouvernement fédéral: Ne venez pas dans ce champ
qui, traditionnellement, a été occupé par les provinces.
Mais le gouvernement fédéral - c'était son droit au point
de vue strictement constitutionnel - est venu dans ce champ-là. Et
lorsque nous avons vu que le
gouvernement fédéral voulait s'introduire dans ce
champ-là, nous avons dit: Un instant, nous allons prendre des mesures
pour avoir l'administration des deux taxes. Et je vous assure que ça n'a
pas été facile. Et c'est quelque chose d'inédit. Je pense
que nous avons fait preuve, là, de leadership, une initiative qui cadre
justement avec les politiques autonomistes du Québec.
Pour revenir à ce que disait notre ami, le député
de Labelle, sur la hausse du fardeau fiscal, il faut remettre dans leur
contexte les hausses de taxes depuis 1989 mentionnées par le
député de Labelle. Le gouvernement a choisi d'abord les taxes les
moins dommageables pour la compétitivité de l'économie,
c'est-à-dire les tabacs, les boissons alcooliques, l'essence. Cette
année, nous n'avons pas touché ces domaines-là. Mais comme
le député de Labelle a utilisé son rétroviseur,
comme il me reproche de le faire de temps à autre, les hausses ont
été progressives dans ce domaine-là, et ce afin de ne pas
nuire à la reprise économique. Même après les
hausses, les taux de taxation au Québec se comparent avantageusement
à ceux d'autres juridictions.
Prenons, par exemple, la taxation des produits du tabac. Malgré
les augmentations récentes, le taux de la taxation des cigarettes et du
tabac, au Québec, demeure plus faible par rapport à la moyenne
des provinces canadiennes. Il faut le dire, ça aussi. Les cigarettes,
par exemple: 0,088 $ au Québec; à Terre-Neuve, 0,109 $; au
Nouveau-Brunswick, 0,095 $. Même après la réduction du
Nouveau-Brunswick. Le Nouveau-Brunswick a diminué; on me dit ça
des fois. Oui, il a diminué, mais il est encore plus haut que nous
à 0,095 $. Au Manitoba, 0,098 $; en Saskatchewan, 0,101 $; en
Colombie-Britannique, 0,105 $; en Nouvelle-Ecosse, 0,092 $; à
l'île-du-Prince-Édouard, 0,09 $. La moyenne canadienne, 0,093 $,
et nous sommes à 0,088 $. Alors, je pense qu'il faut au moins dire ces
choses-là. Il y a deux provinces seulement qui sont plus basses que
nous: l'Ontario, 0,084 $ par rapport à 0,088 $, et l'Alberta, 0,07 $.
Alors, lorsque l'on fait ces comparaisons, on s'aperçoit que le
Québec est l'endroit, par rapport à la moyenne canadienne,
où nous taxons d'une façon inférieure.
Pour le tabac coupe fine, 0,04 $ au Québec contre 0,064 $ en
moyenne au Canada et 0,08 $ en Ontario. C'est la moitié, au
Québec. Alors, je pense que ces choses-là doivent être
dites pour avoir un tableau complet. C'est ça qui est merveilleux,
d'avoir le gouvernement et l'Opposition qui donnent les faits. Quand le public
entend les deux, il peut faire justement... la lumière peut se faire, un
éclairage... L'Opposition a pris l'habitude de dire juste une partie de
la chose; alors, je suis obligé de compléter, vous comprenez,
pour que la population ait l'information complète.
Taxe sur les boissons alcooliques. Prenons, par exemple, les taxes
perçues sur la bière.
Combien de taxe avons-nous pour 24 bouteilles de bière au
Québec? 4,85 $. Le taux de taxation, c'est 23,3 %. Qu'est-ce qui se
passe chez nos voisins en Ontario? 7,37 $ de taxe, alors que nous sommes
à 4,85 $. Et le taux de taxation là-bas est de 48,7 %. Dans les
autres provinces, écoutez ça, la moyenne: 11,19 $, soit 73,7 % de
taux de taxation. Nous sommes beaucoup beaucoup plus bas qu'ailleurs. Pour
compléter l'information, le fait que la bière se vend à
peu près le même prix partout, c'est qu'au Québec on a
beaucoup plus de points de vente, c'est notre façon de procéder
traditionnelle. Je ne sais pas qui avait inventé ça au tout
début, mais je pense bien que ça fait bien des années que
c'est comme ça, et je pense que ceci coûte un peu plus cher aux
brasseurs pour la distribution. Mais la taxe, c'est de ça qu'on parle
aujourd'hui, la taxe est de 4,85 $ au Québec, de 7,37 $ en Ontario, de
11,19 $ dans les autres provinces.
Pour les vins et spiritueux, au Québec, taux moyen de majoration:
114,8 %; Ontario: 94,7 % et les autres provinces: 123,1 %. Alors, vous avez les
chiffres exacts là. Vous ne pourrez pas dire que je ne les donne pas, je
vais vous en donner...
M. Léonard: De majoration.
M. Levesque: De majoration.
M. Léonard: Le taux moyen de majoration.
M. Levesque: Oui, incluant toutes les taxes. Ce n'est pas
tellement différent de quand vous étiez là, vous savez.
Vous avez l'air bien surpris. Ha, ha, ha! Sauf qu'il y a une chose, c'est que,
par rapport aux autres provinces du Canada, on est encore plus bas.
La taxe sur les carburants. Nous sommes plus élevés
qu'ailleurs, sauf que, quand on prend les mesures que nous avons mises de
l'avant pour les régions périphériques, nous sommes
inférieurs à ailleurs, à la moyenne canadienne.
La TVQ, j'y reviendrai. La baisse d'impôt aux familles et mesures
structurantes. L'Opposition officielle oublie de compter les baisses
d'impôt accordées aux familles et les mesures fiscales
structurantes favorisant la croissance de l'économie. La baisse
d'impôt aux familles. Vous parlez de 1989, est-ce que vous savez que,
lors de la réforme fiscale à l'impôt des particuliers
1988-1989, le présent gouvernement a réduit les impôts de
plus de 1 200 000 000 $? Les familles avec enfant ont profité de
près de 61 % des gains de la réforme, soit plus de 700 000 000
$.
Depuis 1990, l'actuel gouvernement a continué de venir en aide
aux familles avec des mesures qui permettront d'abaisser le fardeau fiscal de
ces familles de plus de 1 400 000 000 $, en 1993. Au total, les baisses
d'impôt aux familles entre 1990 et 1993, décrétées
par le présent gouvernement, se chiffrent à plus de
2 600 000 000 $. Vous pouvez l'écrire, c'est encore plus
important que les petits chiffres de tout à l'heure. Ça, c'est
des chiffres substantiels.
Baisse d'impôt aux familles. Je peux vous donner les
détails, si vous voulez. Réforme fiscale 1988-1989,
réduction d'impôt: 919 000 000 $; mesures à l'égard
des familles: 314 000 000 $, pour un sous-total de 1 233 000 000 $.
L'indexation du régime fiscal et des allocations familiales... Sans
vouloir vous faire de reproche, vous aviez oublié la moitié de
l'indexation durant votre régime; nous l'avons toujours indexé
à 100 %. En 1990, ça vaut 154 000 000 $; en 1991, ça vaut
312 000 000 $; en 1992, ça vaut 304 000 000 $; en 1993, ça vaut
158 000 000 $.
L'indexation du régime de sécurité du revenu, en
1990, ça vaut 62 000 000 $; en 1991, ça vaut 63 000 000 $; en
1992, ça vaut 87 000 000 $; en 1993, ça vaut 47 000 000 $. Et la
bonification des allocations à la naissance, en 1989-1990, ça
vaut 34 000 000 $; en 1990-1991, ça vaut 19 000 000 $; en 1991-1992,
ça vaut 20 000 000 $; en 1992-1993, 7 000 000 $, et les autres
améliorations pour un total de 157 000 000 $. On parle seulement de
bonification là. Ça veut dire un sous-total de 1 424 000 000 $
qui s'ajoute à l'autre sous-total mentionné au début de 1
233 000 000 $; vous avez là un grand total de 2 657 000 000 $ de baisse
d'impôt aux familles.
Les mesures structurantes favorisant l'économie, j'y reviendrai
sans doute, parce que vous me dites que ça achève.
En résumé, une bonne façon d'évaluer les
actions du gouvernement au plan fiscal, c'est d'examiner les comparaisons
interprovinciales présentées par la Saskatchewan dans son dernier
budget. Et là, lorsqu'on compare, par exemple, l'impôt provincial,
l'impôt sur le revenu, les taxes sur la santé, les taxes sur la
gazoline, la taxe de vente et qu'on fait une comparaison à travers le
Canada...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
ministre.
M. Levesque: ...on arrive à ce que le québec soit
l'une des provinces les moins taxées. et ça, ce n'est pas
préparé par nous, c'est préparé par le gouvernement
de la saskatchewan.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Labelle.
M. Levesque: J'en aurais beaucoup à dire encore.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais, malheureusement, je
dois... (12 heures)
M. Léonard: Là, on entreprend la période de
10 minutes...
Le Président (M. Lemieux): Oui, du débat de 10
minutes, et la tradition veut que nous commencions par l'Opposition.
M. Levesque: Si je comprends bien, le député peut
poser des questions moins longues que 10 minutes, puis...
M. Léonard: Oui, puis revenir.
M. Levesque: ...avoir plus de réponses, de cette
façon-là.
M. Léonard: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): En une ou plusieurs
interventions, effectivement.
Discussion générale
M. Léonard: Je comprends le système. Alors,
d'abord, pour utiliser mon premier 10 minutes, avant de parler du remboursement
de la taxe de vente, je voudrais demander au ministre si c'est possible qu'il
nous dépose les tableaux qu'il vient de citer. Il y a certaines
données qui sont déjà dans le discours sur le budget, mais
il en a donné de nouvelles. Est-ce qu'il peut déposer ces
tableaux?
Deuxièmement, est-ce qu'il peut, en particulier, déposer
le tableau comparatif, le tableau de la fiscalité entre le Québec
et l'Ontario qui était inclus, généralement, dans les
discours sur le budget? Est-ce qu'il peut le faire? Il se réfère
à un tableau de la Saskatchewan. Ce n'est pas ça qu'on avait
auparavant. On avait un tableau qui était fait ici, selon les
barèmes que nous avions, les critères que nous avions
développés, et on l'a abandonné. Nous pensons que c'est
pour cause. Il ne le produit pas. Il se réfère à un
tableau qui est apparu dans le budget de la Saskatchewan. Bon, je voudrais
savoir s'il peut, s'il veut bien nous le déposer.
Dernier élément là-dessus, en ce qui concerne les
revenus autonomes, le ministre parle de toutes les mesures qui auraient
abaissé le fardeau fiscal. À ce moment-là, il faudrait
prendre toute l'augmentation des revenus autonomes et pas simplement les
augmentations de nouvelles taxes, ce que nous faisons quand nous faisons nos
comparaisons. Est-ce qu'il y a une première réponse
là-dessus?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: On pourrait les avoir avant la fin de la
journée, ces tableaux-là.
M. Léonard: Avant la fin de la journée?
M. Levesque: Oui. À la reprise
Le Président (M. Lemieux): À la reprise cet
après-midi, M. le député de Labelle. M.
Léonard: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le secrétaire,
vous avez pris note de la question du député de Labelle?
Ça va.
M. le député de Labelle.
Remboursement de la taxe sur les intrants
M. Léonard: En ce qui concerne maintenant le remboursement
de la taxe de vente payée aux entreprises sur leurs intrants, jusqu'au
discours du budget du 14 mai, tous étaient sous l'impression que cela
constituait un avantage général, pour les entreprises, d'au moins
1 000 000 000 $. Dans son budget, le ministre des Finances indique que les
entreprises vont bénéficier d'une réduction de leurs
coûts de production de l'ordre de 850 000 000 $ - c'est dans le budget
à la page 15 - et on dit ailleurs qu'on a réduit la valeur de ce
remboursement de 20 %.
La façon de le calculer, je voudrais que ce soit précis,
pour une fois. Le non-remboursement de la taxe sur les intrants
représenterait 422 000 000 $ en 1992-1993 pour 9 mois et 650 000 000 $
en 1993-1994 sur 12 mois. Si c'est 20 %, on arrive à un calcul total de
1 688 000 000 $. Si je comprends, les 20 % ne s'appliquent pas à 422 000
000 $; ils s'appliquent plutôt à 850 000 000 $, et pour
l'année, donc, ce serait un avantage de 640 000 000 $. Alors, ma
question serait la suivante, si on veut bien m'écouter, là:
Quelle est la valeur de remboursement de la taxe sur les intrants en 1992-1993,
1993-1994 et 1994-1995, c'est-à-dire les trois ans que donne
généralement le budget? Deuxièmement, quelle est la valeur
du non-remboursement effectué aux entreprises en 1990-1991 et
1991-1992?
M. Levesque: Disons que, sur une pleine année d'imposition
- prenons l'année 1992 comme base - mais sur une pleine année
d'imposition...
M. Léonard: 1992.
M. Levesque: le projet de loi 170, si on prend le projet de loi
tel qu'il était en décembre dernier, aurait donné des
remboursements aux entreprises de 1 340 000 000 $. les mesures du budget
1992-1993 ont fait que le non-remboursement de certains intrants, si vous
voulez, parce que ça a été mentionné qu'au lieu de
100 % ce serait un peu plus que 80 % de remboursement des intrants, ça
voulait dire qu'il y aurait un moins de 473 000 000 $ pour les entreprises au
point de vue du remboursement des intrants.
Il y avait aussi cette surtaxe de 2 % aux entreprises qui faisait en
sorte qu'elles avaient un manque à gagner de 228 000 000 $. En d'autres
mots, 473 000 000 $ et 228 000 000 $, ça vous donne 701 000 000 $.
(Consultation)
M. Levesque: Donc, l'impact serait de 639 000 000 $ qui restent
aux entreprises, au lieu de...
Si vous voulez, pour qu'on se comprenne très bien, pour ne pas
qu'il y ait de malentendu, on recommence. Le projet de loi 170, tel que
formulé, donnait aux entreprises comme telles un retour de 1 340 000 000
$. Le budget fait en sorte que ce 1 340 000 000 $, à cause des deux
éléments que j'ai mentionnés, se retrouve à 639 000
000 $. Ça va?
M. Léonard: Ça veut dire que c'est une surcharge
aux entreprises, cette année, de 701 000 000 $, sur une base annuelle,
parce qu'on dit 1992. Est-ce qu'on pourrait avoir, d'abord, les chiffres du
non-remboursement des intrants? Est-ce qu'on pourrait avoir le chiffre tel que
prévu au départ, pour 1990-1991, du remboursement des intrants,
ce que ça aurait voulu dire si on avait commencé dès le
départ? Ces chiffres-là, dans le budget... Moi je pense qu'il
faudrait prendre les cinq années, 1990-1991 à...
M. Levesque: On n'a jamais pensé de partir avant 1992.
M. Léonard: Bon. Mais partons de 1992. Donc,
1992-1993...
M. Levesque: Si vous voulez, je vais vous donner les chiffres
pour compléter votre information, là. Je vais essayer de vous
donner tous les chiffres que je peux.
M. Léonard: Est-ce que vous pouvez déposer le
tableau?
M. Levesque: Pas tout de suite. Après-midi je vous
donnerai les tableaux, puis vous les aurez, mais excepté que, pour
répondre à votre question tout de suite...
M. Léonard: O.K.
M. Levesque: ...la taxe de vente du Québec actuelle, avant
le 1er juillet, pour 1992, une pleine année d'imposition -
«right»? - comme taxe de vente actuelle payée par les
entreprises, qu'est-ce qu'elles paient présentement? 2 071 000 000 $.
Correct?
M. Léonard: L'année 1992?
M. Levesque: Non mais, si on ne changeait rien...
M. Léonard: Oui, oui.
M. Levesque: ...elles paieraient 8 % sur leurs achats de biens.
On ne parle pas des services, là, on parle de ce qu'elles
dépensent présentement en taxe de vente: 2 071 000 000 $. Le
rendement brut de la TVQ: 3 617 000 000 $. Ça, c'est pour les
entreprises, là, le rendement brut de la TVQ, biens et services...
M. Léonard: Biens et services.
M. Levesque: ...biens et services, telle qu'elle va s'appliquer
à partir du 1er juillet. Mais ça, c'est comme si c'était
l'année complète, toujours sur l'année 1992.
M. Léonard: Base annuelle 1992?
M. Levesque: oui. ce ne sera pas, évidemment, pour les six
premiers mois, mais on prend les chiffres comme si elle l'était pour la
pleine année.
M. Léonard: À partir du 1er juillet, base annuelle
1992?
M. Levesque: Oui. Alors, vous avez le premier chiffre que je vous
ai donné, 2 071 000 000 $. le deuxième chiffre, c'est 3 617 000
000 $, pour le rendement brut. le remboursement des taxes sur intrants avant
budget, c'aurait été de 2 886 000 000 $. mesures du budget,
c'est-à-dire ce que ça fait, ça, aux entreprises, des
mesures du budget, bien, il y a un manque à gagner là de 473 000
000 $ pour elles. ensuite, le remboursement de la taxe sur les intrants,
après budget, donc les 2 886 000 000 $ moins 473 000 000 $, ça
donne 2 413 000 000 $. vous avez ça?
(12 h 10)
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: La TVQ payée par les entreprises après
budget, au lieu des 2 071 000 000 $ en haut... Le premier chiffre que je vous
ai donné - vous l'avez? - va faire en sorte que la TVQ payée par
les entreprises après budget sera de 1 204 000 000 $. Autrement dit,
c'est la différence entre 3 617 000 000 $ et 2 413 000 000 $ qui vous
donne cette différence de 1 204 000 000 $ que vous comparez avec le
premier chiffre que je vous ai donné, 2 071 000 000 $, ce qui fait que
la détaxation des intrants sur les coûts de production des
entreprises demeure à 867 000 000 $.
Évidemment, il y a la surtaxe, maintenant, que l'on doit enlever,
pour un net de 639 000 000 $.
M. Léonard: La surtaxe étant quoi, 639 000 000
$?
M. Levesque: C'est toujours sur une base annuelle, hein?
M. Léonard: O.K.
M. Levesque: La surtaxe des entreprises...
M. Léonard:228 000 000 $.
M. Levesque: ...228 000 000 $.
Alors, si vous voulez que je récapitule, je reprends mes
chiffres. La taxe de vente du Québec actuelle, payée par les
entreprises, 2 071 000 000 $. Quand je tiens compte du rendement brut de la
TVQ, du remboursement des taxes sur intrants avant budget, des mesures du
budget touchant les entreprises et du remboursement de taxes sur les intrants
après le budget, j'arrive plutôt à 1 204 000 000 $ que
paieront les entreprises sur une année - 1992 - complète, ce qui
ferait que l'impact de la détaxation des intrants sur les coûts de
production des entreprises serait un gain, pour elles, de 867 000 000 $. Mais,
comme il y a une surtaxe de 2 % qui représente 228 000 000 $, le gain
net serait de 639 000 000 $ pour les entreprises.
M. Léonard: Bon.
M. Levesque: Correct?
M. Léonard: Oui. Disons, pour l'année 1992, que
c'est une base annuelle. Maintenant, si on veut réconcilier avec les
chiffres du budget, les chiffres du budget portent sur des années
budgétaires, 1992-1993, 1993-1994 et 1994-1995. Vous avez probablement
fait le même tableau pour ces chiffres. Je suppose que cet
après-midi vous allez déposer ce tableau. Est-ce qu'on peut avoir
aussi la réconciliation avec le budget lui-même? Parce que ce que
vous nous donnez des chiffres pour 1992 - fort bien - sur une année
complète, même si ça ne s'applique qu'à partir du
1er juillet, mais, en termes d'impact réel sur le budget, est-ce qu'on
peut nous renseigner là-dessus, sur les trois années
mentionnées?
M. Levesque: On pourrait peut-être le faire en même
temps après-midi, pour être sûrs qu'on a les bons
chiffres.
M. Léonard: Oui. Ça me paraît important,
parce que, ici, ce que nous avons comme chiffres, nous, c'est, par exemple,
non-remboursement de la taxe sur les intrants, 422 000 000 $; base annuelle,
mais 1993-1994, 650 000 000 $. Alors, c'est entre les deux. Puis il y a
probablement d'autres éléments qui interviennent là-dedans
qui font que ce chiffre-là ne peut pas être concilié
facilement.
M. Levesque: En attendant de vous remettre ça, je vous
réfère à l'annexe A des mesures fiscales et
budgétaires, à la page 47.
M. Léonard: 47. Je suis là!
M. Levesque: Bon. Alors, il va falloir faire la
réconciliation.
M. Léonard: C'est parce que ce sont les chiffres que vous
avez publiés, là.
M. Levesque: Oui, oui.
M. Léonard: Ceux que vous me donnez ce matin, merci bien,
là, mais je voudrais juste...
M. Levesque: non, mais c'est parce que vous vous demandez,
là, comment rentrer ça pour que ça corresponde, parce que
les chiffres sont la aussi. vous les avez les chiffres.
M. Léonard: On en a, effectivement. (Consultation)
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
pour les...
M. Séguin (Claude): Fins du Journal?
Le Président (M. Lemieux): ...fins de la
postérité?
M. Séguin: Claude Séguin, sous-ministre des
Finances. Les chiffres que le ministre vient de donner, là, sur une base
annuelle, c'est parce que tantôt, quand on va reprendre, cet
après-midi, on devrait être capables de prendre tous les chiffres
qui viennent d'être donnés, puis de mettre ça dans les
ménages, les entreprises, puis le secteur public, etc. Donc, pour
être capables de faire ça de façon assez simple puis
réconcilia-ble, c'est pour ça qu'on procède sur la base de
dollars de 1992, sur une base de 12 mois, une base annuelle, ce que le
ministre...
Pour les fins de réconcilier avec les équilibres
financiers, disons avec le tableau qu'il y a à la page 47, là, on
va vous faire le passage. Mais on ne pourra pas, après ça,
revenir et dire les ménages pour 9 mois, puis les comptes à
recevoir, les comptes à payer, des choses comme ça, là.
Ça va être plus compliqué, mais on va être capables,
pour les entreprises, par rapport au tableau de la page A-47, de faire le
passage entre ce que le ministre vient de vous donner puis les chiffres de la
page A-47.
M. Léonard: Bon. Alors, si je comprends, dès le
début, cet après-midi, on va avoir ces tableaux-là...
M. Séguin: Oui.
M. Léonard: ...d'ici la fin de nos travaux
aujourd'hui...
M. Séguin: Oui.
M. Léonard: ...et puis on va pouvoir en discuter, parce
que ça me paraît fondamental que de pouvoir maîtriser ces
chiffres-là pour comprendre l'impact de la réforme. Comme je le
souligne, après deux ans pratiquement, ça serait important qu'on
sache ce qui en est.
Par rapport à la page A-47, qui me paraît un des tableaux
importants de ce budget, il y a aussi les autres mesures, 46 000 000 $, qui
affectent, si je comprends, les entreprises, en tout cas les taxes à la
consommation, sur une base de 1993-1994: 80 000 000 $. Il s'agit d'autres taxes
de différentes natures qu'on retrouve où présentement?
Qu'est-ce qui fait les 46 000 000 $? Qu'est-ce qui fait les 80 000 000 $?
(Consultation)
M. Levesque: Alors, évidemment, à la suite des
changements qui ont été apportés en révisant le
taux de 8 % à 4 %, il y a les ajustements qui ont été
faits, par exemple, dans ce qu'on appelle le MUSH, les municipalités,
les commissions scolaires, les hôpitaux, les universités. Il y a
aussi les changements qui ont été faits en laissant le statu quo
pour la fameuse question des ventes d'automobiles usagées, etc. On en a
parlé déjà. Autrement dit, il y a des plus et des moins
qui ont été à ce moment-là...
Comme la ristourne sur l'habitation était différente quand
c'était 8 %, quand on a baissé à 4 %, il n'y avait plus
d'impact à peu près. Alors, on a dû faire des ajustements,
comme ça, des plus et des moins, pour arriver à 46 000 000 $ et
80 000 000 $ l'an prochain.
M. Léonard: Ça nous amène à poser une
question. Quelle est la composition des 46 000 000 $ et des 80 000 000 $?
Est-ce qu'on peut avoir la...
M. Levesque: Oui, oui.
M. Léonard: Est-ce qu'on peut nous décortiquer...?
D'autre part, l'impact des 4 % sur l'habitation, ou les habitations nouvelles
ou la construction, est-ce que ça, on peut en avoir une idée?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Est-ce qu'on peut avoir ces
chiffres-là...
M. Levesque: Bien, les chiffres sont...
M. Léonard: ...de la même façon que sur
l'entreprise...
M. Levesque: Oui. Mais les chiffres, évidemment,
étaient plus grands, avaient un impact plus grand si ça avait
été 8 %, et c'est pour ça qu'on avait prévu une
ristourne pour diminuer l'impact.
On était rendu à peu près à 1, 9 %
d'augmentation du coût de l'habitation. Mais, quand on est arrivé
à 4 %, c'était autour de 0, 5 %. Alors, c'est pour ça que,
l'impact étant à peu près nul, on n'a pas à faire
les mêmes ristournes que si on était resté avec l'impact
des 8 %.
D'ailleurs, vous avez vu que la réaction n'a pas
été négative dans de domaine-là, parce que,
justement, ça a été une amélioration
considérable. Même, c'était mieux qu'avec la ristourne qui
avait été prévue, beaucoup mieux, comme impact positif
pour la construction d'habitations.
Effet de la TVQ sur l'habitation
M. Léonard: Mais est-ce qu'on pourrait avoir l'impact de
la TVQ sur l'habitation séparément?
M. Levesque: Bien oui! Mais je vous le dis, là, c'est 0, 5
%. Je ne peux pas vous dire plus. (12 h 20)
M. Léonard: Alors, je repose ma question. Le rendement de
la TVQ sur l'habitation, le rendement général, pas juste l'impact
net...
(Consultation)
M. Levesque: Bon, on va regarder ça ici. Concernant la
hausse directe de 577 000 000 $, on a parlé de...
M. Séguin: Non, on n'en a pas parlé encore. M.
Levesque: Non? M. Séguin: Non. (Consultation)
M. Levesque: ah! c'est l'impact sur les ménages,
ça. c'est parce qu'il y les chiffres sur les entreprises, puis ensuite
il y a l'impact sur les ménages. mais la hausse directe de 557 000 000
$, c'est 394 000 000 $ sur les services, 88 000 000 $ sur les habitations et 95
000 000 $ sur les commissions des agents immobiliers. vous les avez?
M. Léonard: J'avais entendu dire ça, mais je
m'aperçois que c'est vrai, 95 000 000 $ que vous allez chercher,
là.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: M. le Président, je vois qu'il y a de
savants tableaux qui nous circulent sous le nez. Je dois dire que la salive
monte. Est-ce que le ministre...
M. Levesque: La curiosité.
M. Léonard: Bien, vous allez comprendre qu'il s'agit... Je
pense que la réaction qu'on a ce matin, là, on vient tout
à coup de nous parler des entreprises pour vrai, cette fois-là.
On dit: Le rendement brut de la TVQ, c'est 3 617 000 000 $. On ne parle pas de
peu de chose, là. C'est de gros montants dont il s'agit. On l'a
réduit à 2 886 000 000 $. On joue avec des chiffres de l'ordre de
2 000 000 000 $ à 3 000 000 000 $ à 4 000 000 000 $ avec des
moins, des plus.
Je ne sais pas si le ministre comprend que ce sont des chiffres
importants. Ça, il me semble que vous pourriez comprendre ça. Le
public québécois qui, lui, est affecté depuis deux ans, il
me semble qu'il aurait le droit d'avoir ces tableaux, et pas juste des moins et
des plus comme nous avons depuis deux ans, avec des impacts moins 15, moins 86,
moins 500, moins 388 ou plus ceci, cela, de sorte qu'on n'a pas idée de
l'ampleur des sommes en cause, en ce qui concerne la réforme de la taxe
de vente du Québec.
Est-ce que le ministère des Finances, dont vous êtes le
titulaire, pourrait nous déposer, à un moment donné, un
document qui le donne, le portrait? L'impact sur la réforme de la taxe
de vente pour les entreprises, pour le consommateur, etc. Quels sont les
impacts? Il me semble que c'est un débat majeur qu'on devrait avoir eu
dans la société québécoise, puis on t'a
échappé. Est-ce que vous envisagez de déposer quelque
chose d'un peu global là-dessus?
M. Levesque: L'impact final, on vous l'a dit, ça...
M. Léonard: II était neutre. Il devait être
neutre.
M. Levesque: Presque neutre. M. Léonard: Le mot
«presque»...
M. Levesque: D'ailleurs, l'expérience qui a
été faite avec la TPS, justement, fait en sorte que l'impact
final pour le consommateur a été faible dans son ensemble, et les
études qui ont été publiées par la suite l'ont
confirmé. C'est parce que, lorsque vous prenez une somme globale et que
vous ne tenez pas compte des impacts, que vous ne tenez pas compte de la
réduction des sommes qui sont versées aux entreprises... Parce
qu'il faut bien comprendre que tout cet exercice-là peut vous donner des
chiffres... Si vous voulez sortir hors contexte un seul chiffre, vous allez
pouvoir faire état de...
Puis les tableaux, vous allez les avoir, je vous l'ai dit. Je vous en
donne, là, à mesura Si vous ne m'interrompiez pas, on vous en
donnerait encore. Mais l'idée, c'est ceci. C'est qu'il ne faut pas,
à mon sens, pour bien informer le public, sortir un chiffre de son
contexte véritable.
J'entendais, ce matin, par exemple, un de vos collègues qui
parlait de l'augmentation des maisons de 4 % sans dire, par exemple, que les
mêmes constructeurs d'habitation allaient avoir des remboursements sur
tous les intrants de la maison en question, que les 4 % qui seraient
payés ne coûteraient au contribuable que 0,5 %. Mais on oublie
ça. On sort du contexte, et c'est ça que je reproche justement
à l'Opposition.
Vous voulez des chiffres? Nous allons vous les donner. Mais vous devez
les utiliser d'une façon responsable. Ce que vous venez de dire,
là, «Ah! Ce sont des chiffres considérables!» bien
oui! Mais prenez-les, les plus et les moins, et vous arriverez à la
conclusion que le gouvernement ne retire que très peu de
bénéfices, de rendement fiscal de ces mesures-là. Ces
mesures-là sont faites pour aider l'économie, créer des
emplois; faire en sorte, justement, qu'on taxe la consommation plutôt que
la production. Et, quand on libère la production...
C'est vous-même qui l'aviez dans votre propre programme politique,
d'agir comme ça. Vous avez l'air tout surpris. Mais c'est ça que
vous avez vous-mêmes suggéré, de changer la taxe de vente
du Québec par une taxe sur la valeur ajoutée. Pourquoi? Parce que
vous aviez la même philosophie que celle que nous avons
présentement. Pas d'une façon complète, c'est vrai. Nous
avons progressivement avancé dans ce sens-là.
Mais, évidemment, ça change des sommes de place. C'est
vrai. Mais le «bottom line», comme dirait Shakespeare, fait en
sorte-
Une voix: Shakespeare?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Et associés.
M. Levesque: ...que le contribuable, le consommateur ne paie
évidemment, à la fin, pas tellement plus qu'avant, parce que
c'est simplement changer... Ça rentre dans les prix et ça rend
nos entreprises plus concurrentielles, quand tu arrives dans les exportations
des produits faits au Québec, et la même façon pour
être compétitif vis-à-vis des importations qui entrent au
Québec. Et c'est là, évidemment, tout le sens de
l'exercice.
Si vous voulez, cependant, que j'ajoute des chiffres, je vais vous
donner tout ce qui est disponible, et cet après-midi on aura ça
peut-être plus globalement pour que vous puissiez faire l'analyse plus
complète.
M. Léonard: Juste une petite.
Le Président (M. Lemieux): Une toute petite.
M. Léonard: Oui. M. le Président, je voudrais
simplement faire remarquer au ministre que nous n'avons pas ces tableaux, que
le monstre, il ne l'a pas mis sur la table, que tout ce que nous avons, c'est
une difformité par ci, une difformité par là, et que c'est
lui-même qui est responsable du mauvais débat qu'il y a eu dans la
société québécoise à ce sujet-là. Il
ne l'a pas fait, le tableau; il ne l'a pas faite, la synthèse. Donc, il
ne peut pas y avoir de débat intelligent. C'est lui-même qui est
responsable de ça!
M. Levesque: «C'est-u» fini?
Le Président (M. Lemieux): Non. Avez-vous une courte
réplique, M. le ministre?
M. Levesque: Bien, si vous voulez qu'elle soit courte, M. le
Président, je vais passer...
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. Levesque:
...à autre chose.
M. Léonard: J'ai pris mon temps. On reviendra.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Verdun.
Soutien à la
recherche-développement
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Ce budget me semble
être caractérisé par trois grandes lignes directrices: une
volonté d'aider et de soutenir les familles, et je n'interviendrai pas
là-dessus maintenant parce que je pense que certains de mes
collègues ici voudraient peut-être préciser des points sur
cette dimension-là, mais je pense qu'il ne faut pas la perdre de vue,
elle est très importante. Une volonté aussi
d'accélérer la reprise, c'est-à-dire
d'accélérer les investissements publics qu'on pourrait changer,
si c'est suffisant ou non à ce moment-ci. Et un troisième point -
c'est là-dessus que je voudrais concentrer mon intervention - sur une
volonté d'adapter notre système économique au XXIe
siècle, c'est-à-dire de moderniser la structure économique
du Québec.
Dans le cadre de volonté de moderniser la structure
économique du Québec, le budget prévoit trois ou quatre
types de mesures sur lesquelles je voudrais, M. le Président, pouvoir
intervenir et interroger le ministre. Il y a, premièrement, une
volonté de continuer à soutenir l'innovation, la recherche et le
développement, et je voudrais pouvoir intervenir sur ce point-là.
Une volonté aussi de mettre sur pied ou de soutenir des programmes de
qualité totale et de participation des travailleurs; une volonté
de développer et de voir au développement des régions.
Alors, M. le Président, dans le temps, je
comprends que, selon le mécanisme, on pourra intervenir plusieurs
fois. Moi, je voudrais limiter mes interventions sur la recherche et le
développement, dans un premier temps. Dans un deuxième temps,
c'est sur tout le programme de participation des travailleurs qu'il
m'intéresse de pouvoir explorer un peu plus. Peut-être, dans un
troisième temps, pouvoir parler du développement des
régions, mais je pense que, comme on a 10 heures, on aura le temps
d'intervenir plus d'une fois. Et, en fin de compte, j'aimerais aussi pouvoir
aborder avec le ministre toute la question de la prévision sur la
diminution du solde des opérations courantes.
M. Levesque:... M. Gautrin: Oui, oui.
M. Levesque: Ha, ha, ha! Pour 10 minutes. Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Non, non, mais ça... Non, non, ce n'est pas
pour 10 minutes. J'ai compris qu'on pouvait intervenir plus d'une fois. On a 10
heures de débat, donc on pourra échanger après.
Le Président (M. Lemieux): Vous posez les questions au
ministre, puis...
M. Gautrin: Alors, M. le ministre, dans la première partie
de l'intervention, je voudrais me limiter, donc, à la recherche et au
développement, ce que vous proposez actuellement pour soutenir et
améliorer l'innovation dans nos entreprises. C'est couvert dans les
pages 91 à 98 de l'annexe A qui a été
déposée au budget, la première mesure étant... (12
h 30)
Si vous me permettez, j'aimerais vous poser des questions sur chacune
des mesures. Il y en a qui sont des améliorations de mesures existantes,
d'autres qui sont des nouvelles mesures que vous proposez dans le cadre de la
recherche et du développement. Avec la première mesure, vous
incluez de nouvelles entités universitaires dans le budget, parce qu'il
s'agit des contrats entre les entités universitaires et les entreprises.
Vous incluez CERCA, qui est le Centre de recherche en calcul appliqué,
et vous incluez aussi le Consortium de recherche sur la forêt
boréale.
Ma première question c'est: Quel est le bilan qu'on peut faire
maintenant? Parce que ça fait un an à peu près que ces
mesures ont été prises. Quel bilan on peut faire de ces contrats
entre les universités ou les centres universitaires et l'industrie, en
termes de soutien de la recherche et du développement?
M. Levesque: peut-être devrais-je commencer par rappeler
l'orientation de base de la stratégie du gouvernement qui consiste
à stimuler la recherche effectuée par les entreprises, à
accroître la synergie entre les entreprises, les universités et
les centres de recherche, comme vous l'avez évoqué, et finalement
à faciliter la levée de capital de risque pour le financement de
ces activités. Je pense qu'il est bon de rappeler les principales
mesures qui ont été introduites: l'octroi d'un crédit
d'impôt remboursable de 20 % sur la dépense de salaire d'un projet
de R-D sur les grandes entreprises et 40 % lorsqu'il s'agit d'une PME; la
majoration du crédit d'impôt à 40 % sur l'ensemble des
dépenses de recherche et développement lorsque la recherche est
réalisée en milieu universitaire ou dans les centres de recheche
reconnus, ou encore par un regroupement d'entreprises dans le cadre de projets
de recherche précompétitive et des projets mobilisateurs; et
l'octroi de déductions aux investisseurs qui acceptent de financer un
projet de recherche et développement par le biais des SPEQ/R-D et des
REA/R-D, ou encore les sociétés de capital de risque,
recherche-développement.
Une des caractéristiques, et j'insiste là-dessus, des
crédits d'impôt québécois à la recherche et
développement, et on a parfois tendance à l'oublier, c'est qu'il
s'agit de crédits remboursables. Alors, je pense que ça, il faut
le souligner parce qu'il y a des gens qui pensent qu'on ne risque que sur les
profits éventuels alors que c'est un crédit remboursable.
Nous n'avons pas non plus négligé d'autres façons
que par la fiscalité. On a eu la création, en 1989, du Fonds de
développement technologique doté initialement de 300 000 000 $
sur cinq ans, un montant qui a été majoré de 50 000 000 $
l'année suivante. Il y a eu la fusion de l'AQVIR et des programmes de la
SDI, le renforcement de la capacité de recherche des infrastructures
publiques par notamment la majoration de budgets octroyés aux
universités, la prise en charge d'une partie des dépenses de
fonctionnement du Parc technologique du Québec métropolitain, de
même que celte de Technoparc Montréal métropolitain, et
plus récemment la mise sur pied de la Société Innovatech
dans te cadre du plan d'action du Grand Montréal.
La recherche universitaire subventionnée et commanditée
est passée de 227 000 000 $ en 1984-1985 à 380 000 000 $ en
1989-1990, soit une hausse annuelle moyenne de 11 %. Et, depuis l'introduction
de mesures fiscales d'aide à la recherche-développement en 1987,
la contribution du secteur privé au financement de la recherche
universitaire s'accroît en moyenne de 35 % par année pour
atteindre près de 80 000 000 $ en 1989-1990. Ça, c'est une chose
que je pense qu'il faut souligner.
Les frais indirects de la recherche. Des fonds supplémentaires
ont été octroyés par le gouvernement du Québec pour
les frais indirects de la recherche universitaire, soit 21 000 000 $ en
1989-1990, 24 500 000 $ en 1990-1991 et 29 400 000 $ en 1992-1993.
On pourrait... Il y a tellement de choses.
Récemment, le Centre de recherche en calcul appliqué s'est
vu octroyer une subvention de 12 400 000 $ au cours des six prochaines
années. Le gouvernement a aussi collaboré via l'entente
auxiliaire Canada-Québec sur le développement de la science et de
la technologie et la mise sur pied de l'Institut national d'optique, l'Institut
de la technologie du magnésium, le Laboratoire des technologies
électrochimiques et des électrotechnologies sous la
responsabilité d'Hydro-Québec.
Enfin, le gouvernement contribue en partie aux dépenses de
fonctionnement du Parc technologique, comme je l'ai mentionné tout
à l'heure. Alors, il y a là, évidemment, toute une
série, une panoplie de mesures qui ont été mises en place
depuis particulièrement les quatre, cinq dernières
années.
M. Gautrin: Je suis bien d'accord avec vous. Il y a un nouveau
concept. Je ne sais pas si c'est un nouveau concept.
M. le Président, je vais faire référence maintenant
au dernier paragraphe de la page 92 et au premier paragraphe de la page 93.
Vous introduisez le concept d'organisme charnière. Je ne sais pas si
c'est un nouveau concept ou pas, mais j'aimerais savoir ce que c'est que
l'organisme charnière. Et je vois avec plaisir, parce que je pense que
ce que vous faites, c'est une mesure qui est extrêmement
intéressante, vous précisez le mandat du Fonds FCAR en donnant au
Fonds FCAR maintenant le rôle d'organisme charnière. Alors,
j'imagine que c'est quelque chose que vous allez pouvoir développer ou
améliorer, etc. Ça y est, il y a un nouveau mandat qui est
donné au Fonds FCAR.
M. Levesque: C'est une sorte de guichet unique qui fait en sorte
que l'entreprise et l'université...
M. Gautrin: Puissent s'améliorer? M. Levesque:
C'est ça.
M. Gautrin: Puissent s'arrimer à l'intérieur du
Fonds FCAR, ce qui fait quand même que, à l'heure actuelle, le
gouvernement change implicitement la vocation traditionnelle du Fonds FCAR en
lui donnant une nouvelle responsabilité qui est celle d'organisme
charnière entre la recherche universitaire et le monde industriel.
M. Levesque: C'est exact.
M. Gautrin: C'est un point, je pense, qu'il est important, ici,
de signaler comme amélioration de la synergie entre le monde
universitaire et les entreprises.
Toujours sur le même sujet, M. le Président. Vous avez
introduit le concept de consortium en recherche et développement.
J'imagine que ceci, c'est relié au développement des grappes
industrielles et que c'est l'idée, à l'intérieur des
grappes industrielles, de pouvoir reconnaître - je suis en page 93 - de
nouveaux crédits d'impôt pour les consortiums en recherche et
développement. Donc, vous êtes en train de suivre la
stratégie du gouvernement pour les grappes industrielles, et non pas
simplement de financer la recherche faite par une entreprise, mais vraiment
faite par des regroupements d'entreprises dans un certain secteur. C'est
ça que vous voulez couvrir dans les crédits d'impôt pour
les consortiums de recherche et de développement, ce qui est dans la
stratégie actuellement du gouvernement?
M. Levesque: Alors, ce sont de grandes entreprises en recherche
précompétitive et, de façon générale, comme
c'est mentionné, pour être reconnu à cette fin, le centre
devra obtenir un visa à cet effet du ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie. Et le premier centre, justement, vous l'avez
ici, à l'annexe A...
M. Gautrin: C'est PAPRICAN...
M. Levesque: ...c'est PAPRICAN, c'est l'Institut canadien de
recherche sur les pâtes et papiers...
M. Gautrin: ...les pâtes et papiers.
M. Levesque: ...et possiblement Forintek. Ce n'est pas encore
fait, mais il est possible que ce soit dans un avenir prochain.
M. Gautrin: Un avenir prochain, et c'est vraiment dans les deux
secteurs traditionnels où le Québec a toujours été,
celui des pâtes et papiers et celui du bois pour Forintek.
M. Levesque: C'est ça.
M. Gautrin: Oui, c'est une très bonne question, M. le
Président. Ça, évidemment, c'est une innovation,
actuellement, qu'on ne trouve pas dans les autres provinces, hein?
Une voix: Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Non, mais c'est important de le dire, parce que c'est
un concept de développement des grappes industrielles, et là on
concrétise par des mesures concrètes... Le discours, il est
important, M. le Président, de bien le regarder, parce que le budget ici
concrétise le discours qui a été le discours du ministre
de l'Industrie, du Commerce, qui se concrétise à
l'intérieur du budget par des mesures extrêmement concrètes
et extrêmement précises. Là, justement, le fait de
reconnaître les consortiums de recherche et de développement et,
à l'inté-
rieur du consortium, de pouvoir financer dans deux secteurs où le
Québec a une tradition de première qualité, soit le
secteur du bois et le secteur des pâtes et papiers, de reconnaître
déjà les consortiums de recherche et de développement
là-dedans, c'est quelque chose de tout à fait nouveau et sur
lequel il faut insister.
M. le Président, une autre question. Moi, je repasse toujours
dans ce secteur-là, parce que - après, j'entrerai dans d'autres
secteurs plus tard - à la page 87, vous parlez de l'assouplissement des
règles de renonciation aux crédits d'impôt. Ça, il
s'agit, dans les cadres de recherche et de développement - l'Opposition
avait critiqué ça à un moment, je m'en rappelle - de la
possibilité de transférer aux investisseurs les crédits
d'impôt que les compagnies avaient eus...
M. Levesque: À la page 95? (12 h 40)
M. Gautrin: Page 95, dernier paragraphe du chapitre A. Alors,
vous assouplissez actuellement les règles de renonciation aux
crédits d'impôt pour transférer - je pense que j'ai
compris, mais je n'en suis pas sûr - aux actionnaires les crédits
d'impôt d'une corporation. Est-ce que c'est cela?
M. Levesque: Oui, c'est ça.
M. Gautrin: Et vous les faites passer de 50 %à100 %?
M. Levesque: C'était partiellement avant. Maintenant,
c'est totalement.
M. Gautrin: Maintenant, vous les transférez à 100
%. C'est bien ça?
M. Levesque: C'est ça.
M. Gautrin: donc, autrement dit, par cette mesure-là, vous
accélérez les investissements privés dans la recherche et
le développement. c'est bien cela?
M. Levesque: C'est ça.
M. Gautrin: C'est bien l'objectif que vous recherchez.
Il y a un point, maintenant, c'est une question que je ne comprends pas
bien. Page 97, l'amélioration des règles relatives aux
crédits pour impôt étranger en recherche et
développement. Ça, j'avoue que je n'ai pas compris de quoi il
s'agissait, mais c'est vraiment mon ignorance du sujet, parce que je l'ai relu
deux fois, mais je n'ai toujours pas compris. Alors, si vous pouviez me dire de
quoi il s'agit, parce que...
Le Président (M. Lemieux): L'objectif visé par
cette mesure-là?
M. Gautrin: Oui, bien sûr.
M. Levesque: C'est de permettre à ceux qui ont des
impôts à payer à l'étranger de pouvoir les
déduire entièrement ici.
M. Gautrin: Ah bon! C'est cette mesure. Donc, une mesure...
M. Levesque: Pour éviter une double imposition.
M. Gautrin: Une double imposition pour les corporations.
M. Levesque: Oui, c'est ça.
M. Gautrin: C'est essentiellement pour les impôts
corporatifs. C'est ça?
M. Levesque: C'est ça.
M. Gautrin: O.K. Donc, c'est pour faciliter...
Le Président (M. Lemjeux): II vous reste une minute, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: II ne me reste plus qu'une minute. Alors, M. le
Président, c'est un peu difficile, parce que je viens de terminer la
partie recherche et développement, j'ai la deuxième partie que je
voyais...
(Consultation)
M. Gautrin: Ça serait intéressant, ce que vous me
suggérez, M. le Président. Moi, j'ai l'impression que d'avoir un
élément comparatif, et peut-être que vous pourriez nous le
déposer, M. le ministre, nous donner une étude comparative de la
fiscalité des entreprises entre l'Ontario, le Québec et
peut-être d'autres provinces canadiennes... Parce que l'impression que
j'ai, c'est que réellement le budget du gouvernement du Québec
est en train de tout faire pour soutenir au maximum, actuellement, la mutation
de notre économie, et je pense qu'on doit réellement vous en
tirer notre chapeau pour ce que vous faites à ce sujet-là.
Le Président (M. Lemieux): On peut le prendre comparatif,
M. le ministre.
M. Levesque: Je pense, d'ailleurs, que vous avez parfaitement
raison de le souligner, parce que, en effet, les études que nous avons
fait faire le confirment, en particulier l'étude de Price Waterhouse qui
a couvert justement cette approche comparative non pas seulement des provinces
canadiennes, mais de certains États américains qui sont
normalement en concurrence
avec nous. À ce moment-là, la conclusion de cette
étude-là en particulier était très favorable au
Québec. Partout dans le monde des affaires, on sait que l'orientation
des politiques au Québec fait en sorte que les entreprises y trouvent
leur compte, et c'est toujours en vue de la création d'emplois. Que ce
soit du côté de la recherche et du développement, que ce
soit du côté de la formation de la main-d'oeuvre, que ce soit dans
les politiques fiscales elles-mêmes, que ce soit même sur la taxe
de vente, la nouvelle TVQ qui remplace l'ancienne taxe de vente du
Québec, toutes ces mesures-là sont faites justement dans le but
de créer des emplois, dans le but d'être plus compétitif
sur les marchés extérieurs et même sur le marché
domestique.
Donc, plusieurs de ces mesures-là ne se retrouvent nulle part,
d'ailleurs, dans plusieurs mesures qui sont réellement
«innovatives»... Comment est-ce qu'on dit ça?
Des voix: Novatrices.
M. Levesque: Novatrices, plutôt. Est-ce que c'est un
anglicisme? Je ne le sais pas. En tout cas. Ou c'est un néologisme ou je
ne sais pas quoi. Mais, de toute façon, disons que ce sont des mesures
novatrices qui sont reconnues comme telles. Évidemment, nous devons,
à ce moment-là, féliciter ceux qui nous nourrissent de ces
suggestions-là, parce que nous ne faisons pas ça en vase clos.
Nous avons des contributions du côté des universités, nous
en avons du côté des ministères du gouvernement, nous en
avons du côté de l'entreprise, nous en avons du côté
patronal, syndical. Chacun apporte sa contribution. Je pense que, pour nous,
l'important, c'est de pouvoir écouter et de traduire dans les mesures du
budget et dans les mesures gouvernementales en général,
législatives ou administratives, de faire en sorte que ces
idées-là puissent trouver leur application dans la
réalité. C'est pourquoi je pense que le gouvernement du
Québec est considéré comme à l'avant-garde dans ces
mesures-là.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Merci, M. le Président. J'espère
avoir l'occasion de revenir sur la recherche-développement. Je voudrais
simplement noter que les résultats laissent à désirer
malgré tout. Nous avions pris le Québec, en 1976, à 0,85 %
du PIB, en termes de recherche-développement. Lorsque nous l'avons
laissé, en 1985, c'était à 1,47 % et, aujourd'hui, nous en
sommes à 1,44 %. C'est une stabilisation et même un léger
recul, actuellement, sur la situation antérieure. Alors, je voudrais
simplement, sur ce sujet, demander au ministre des Finances si, suite à
son engagement lors d'une dernière rencontre que nous avons eue, il peut
déposer l'étude du ministère des
Finances sur l'efficacité des mesures fiscales en
recherche-développement. Ça nous avait été dit,
dans une précédente rencontre, que le ministère ferait
cette étude de l'efficacité des mesures fiscales en
recherche-développement. Nous espérons en avoir les
résultats parce qu'ils nous ont été promis.
Je voudrais, M. le Président, revenir sur... Peut-être que
le ministre peut me répondre tout de suite là-dessus...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, relativement
à cette étude fiscale...
M. Léonard: ...sur cette étude?
M. Levesque: Bien, d'abord, sur les chiffres qu'on a
donnés sur la question de l'évolution de la dépense
intérieure brute au titre de recherche et développement, les
chiffres que donne le député - vous m'écoutez, là?
- c'est pour 1989, alors que la plupart de nos mesures de recherche et de
développement sont en train... Il faudrait prendre les chiffres de 1990,
1991, 1992. Quand vous aurez ces chiffres-là, lorsqu'ils seront
disponibles, vous verrez que ces mesures-là ont sûrement eu leur
effet, j'en suis convaincu.
Deuxièmement, le MICT, le ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie, a commandé au Bureau de la statistique du
Québec la réalisation d'un sondage auprès des entreprises
afin de connaître leur opinion sur les mesures fiscales en faveur de la
recherche et développement. L'enquête a été
réalisée auprès de 3268 entreprises choisies au hasard
à partir de la liste des entreprises recensées par Statistique
Canada dans l'enquête annuelle de recherche et de développement,
ainsi que du fichier de la CSST, afin de connaître également
l'opinion des entreprises qui ne font pas nécessairement de recherche et
développement. Le taux de réponses aux questions de
l'enquête a été de 57,2 %, ce qui représente 1870
entreprises.
Les résultats complets de l'enquête seront rendus publics
par le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie dans
les prochaines semaines. Il ressort toutefois de cette enquête que la
perception des entreprises à l'égard des crédits
d'impôt à la recherche et développement est très
positive. Ainsi, près de 83 % des répondants ont indiqué
que, si le gouvernement devait intensifier son soutien à la recherche et
développement, ils préféreraient qu'il le fasse en
bonifiant les mesures fiscales. Par ailleurs, 51 % des répondants ont
indiqué qu'ils s'opposaient à ce que des nouveaux programmes
soient ajoutés.
Alors, si on prend les réponses, si le gouvernement devait
intensifier sa politique de soutien à la recherche et
développement, quel type d'interventions devrait-il envisager? Bonifier
les mesures fiscales, oui: 82,8 %; non: 17,2 %. Ajouter des programmes, 51,1 %
disent: Non, pas
ajouter de programma. Et privilégier les secteurs de pointe, oui:
54,3 %; non: 45,7 %. Alors, vous voyez que la réponse de l'industrie, de
l'entreprise, est très favorable aux mesures que nous prenons et
à la façon dont nous avons procédé. Je sais qu'il y
a d'autres opinions, là-dedans, qui ont été
exprimées par l'Opposition ou par d'autres intervenants, mais, lorsqu'on
va directement à l'entreprise elle-même, c'est 82,8 % qui sont en
faveur de cette orientation-là par des mesures fiscales. (12 h 50)
M. Léonard: M. le Président, je voudrais juste dire
que les statistiques que nous citons, 1,47 %, 1,44 $, sont tirées de
Statistique Canada, les dernières disponibles que nous avons.
M. Levesque: C'est ça que j'ai dit! J'ai dit que vous
prenez...
M. Léonard: Alors, nous n'inventons rien.
M. Levesque: Non! J'ai dit que votre statistique à 1,44 %
correspondait à ce que donnent les résultats pour 1989. J'ai dit
que, depuis 1989 - depuis 1987-1988, si vous voulez - nous avons mis l'accent
sur la recherche et développement, que, à chaque budget, nous
avons amené des mesures nouvelles et que ces mesures-là, on ne
pourra voir leur effet dans les statistiques que dans les mois ou années
à venir. Donc, on ne peut pas baser les effets d'une politique en
prenant des statistiques antérieures à leur mise en oeuvre. C'est
tout ce que j'ai dit. Je n'ai pas dit que votre citation était inexacte.
Je vous prie de me croire que j'ai trop de respect pour vous pour vous dire
ça.
M. Léonard: Est-ce que je dois comprendre de la
réponse du ministre que, finalement, c'est le sondage qui constitue
l'étude du ministère des Finances quant à
l'efficacité des mesures fiscales? Il n'y a pas d'autres choses?
M. Levesque: II y a certains éléments qu'on pourra
retrouver au cours de l'étude de la commission, mais je pense que
ça, c'est collé sur une réalité
véritable.
(Consultation)
M. Levesque: Même en 1989, en prenant ces
chiffres-là, on voit dans les tableaux que vous avez, parce que vous les
avez cités, que ce qui arrive au Québec, c'est la
stabilité, à peu près, tandis qu'en Ontario il y a une
réduction, et dans le Canada aussi, et assez substantielle. Il faut
regarder tout. Une chance qu'on a le gouvernement pour vous compléter
l'information!
M. Léonard: Bon. Alors, on a assisté tout à
l'heure à une petite séance de...
M. Levesque: Si vous voulez...
M. Léonard: ...grattage de dos. Ça va,
là.
M. Levesque: Si vous voyez entre 1986 et 1989, même si
c'était antérieur réellement aux politiques que nous
avions mises de l'avant quant à leurs effets les plus importants,
même de 1986 à 1989 - puis vous pouvez en prendre une petite
partie de gloriole si vous voulez, là, parce que, 1986, je m'imagine que
ce n'est pas... hein? - mais, tout de même, au Québec, en Ontario
et au Canada, pour voir un peu la progression de l'évolution des
dépenses, c'est plus 5,6 % en Ontario, entre 1986 et 1989, par
année, la variation annuelle: 5,6 %, Ontario, Canada, 6 %,
Québec, 9,8 %. Alors, ça aussi, il faut dire ça, parce que
c'est dans le même tableau que vous avez cité. Il fallait tout
dire.
M. Léonard: Sauf que le résultat
général, c'est que ça baisse.
M. Levesque: Bien non, ça augmente! Ha, ha, ha!
M. Léonard: M. le Président, je voudrais simplement
poser une question sur le sondage, parce que, au fond, le ministre a dit tout
à l'heure que 53 % des entreprises étaient pour que la
recherche-développement se fasse dans des entreprises de pointe. J'ai
bien noté. Est-ce que je dois induire que, finalement, 47 % seraient
pour que ce ne soit pas là?
M. Levesque: Ce ne soit pas... Oui, il y en a 54,3 % qui
privilégient les secteurs de pointe et 45,7 % qui disent non. Bien,
évidemment, c'est la réponse qu'on a. Qu'est-ce que vous voulez,
je ne suis pas pour vous faire...
M. Léonard: Je pense, M. le Président, que c'est un
sondage. Un sondage a ses limites, etc., mais ce n'est pas exactement ce
à quoi je m'attendais. Je m'attendais à ce qu'il y ait une bonne
analyse de chiffres, étoffée, du ministère des Finances
sur l'efficacité des mesures fiscales, parce que toute cette question
est à l'ordre du jour. Des organismes de recherche, en particulier le
Conseil de la science et de la technologie, se posent ces questions, puis ils
sont très réticents. Ils sont même plutôt contre. Ils
disent que ce n'est absolument pas efficace.
M. Levesque: Bien, ça ne paraît pas dans la
façon dont ils réagissent. Demandez-le au ministère du
Revenu, si vous en avez l'occasion, vous allez voir qu'il y a
énormément d'intérêt manifesté par ces
politiques-là, énormément; même beaucoup.
M. Léonard: Nous y reviendrons.
Réforme de la taxation
M. le Président, par rapport au tableau - je reviendrais au
tableau de la page A-47 - il y a là des chiffres importants dont nous
connaissons mal la composition. Est-ce que le ministre, cet après-midi,
quand il nous dit qu'il va donner ses tableaux, va nous donner le détail
de ces chiffres? J'ai vu avec envie...
M. Levesque: Bien, on vient de vous donner les 46 000 000 $ et 80
000 000 $. Vous l'avez eu. Je vous l'ai dit. Mais est-ce qu'il y a d'autres
chiffres qui vous manquent, là?
M. Léonard: 46 000 000 $, 80 000 000 $?
M. Levesque: C'est-à-dire, vous avez posé des
questions, tout à l'heure, sur 46 000 000 $ qui deviennent 80 000 000 $
l'an prochain. On vous a dit...
M. Léonard: Ah oui! O.K.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Mais, sur l'ensemble de la page, les
modifications à la mesure de revenus compensatoires des institutions
financières, ça a été donné comme un chiffre
global. Au fond, ce qui est important, c'est de récapituler, puis
d'aller chercher l'essentiel de ces chiffres, d'avoir le détail.
M. Levesque: À quel endroit, ça? Modifications
à la mesure des revenus compensatoires des institutions
financières?
M. Léonard: Des institutions financières, moins
23.
M. Levesque: Oui, je l'ai.
M. Léonard: Et moins 37, ce sont des mesures de
bonification pour contrer le fait que...
M. Levesque: C'est-à-dire que, pour les institutions
financières, vous savez, comme les autres provinces ne sont pas encore
arrivées à notre degré de progrès, si je peux
l'exprimer ainsi...
M. Léonard: Ou de turpitude.
M. Levesque: ...il faut faire attention à la concurrence
aussi, puis faire attention à ne pas avoir des situations où les
gens seraient portés à aller faire certains services, obtenir
certains services ailleurs.
M. Léonard: Quelle est la forme de ces compensations?
M. Levesque: Voici. Nous avons fait une étude et nous
avons pris des mesures pour que nous puissions enlever les possibilités
qui seraient ainsi des désavantages pour le Québec. Nous avons
pensé que nous pourrions faire en sorte de leur laisser le remboursement
des intrants, à ces sociétés-là, contrairement
à ce qui se fait dans la TPS.
(Consultation)
M. Levesque: Dans le régime de la TPS, les institutions
financières n'obtiennent aucun remboursement sur les taxes qu'elles
paient sur leurs achats, comme je viens de le mentionner. Les services
financiers qu'elles offrent ne sont toutefois pas assujettis à la TPS.
C'est 0-0.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Elles sont exclues. Cette approche est impraticable
au Québec, compte tenu des effets trop importants qu'aurait sur ce
secteur l'élargissement de la TVQ aux services et aux immeubles sans que
leurs taxes soient remboursées. En effet, il y aurait un risque
important de déplacement de ces services hors du Québec,
particulièrement pour les entreprises pancanadiennes. Pour cette raison,
dans le régime de la TVQ, les institutions financières peuvent
bénéficier des remboursements de la taxe sur les intrants,
contrairement à ce qui se passe au fédéral, et ce,
malgré que les services qu'elles offrent ne soient pas assujettis
à la TVQ.
Toutefois, pour pallier au manque à gagner que représente
pour le gouvernement cette double détaxation, une mesure de revenus
compensatoires, destinée à maintenir constant le fardeau fiscal
des institutions financières par rapport à la situation
prévalant avant la réforme des taxes à la consommation,
s'appliquera à compter du 1er juillet 1992. De cette façon, le
gouvernement s'assure que la situation relative des institutions
financières québécoises par rapport aux institutions
financières des autres régions du Canada demeure inchangée
avec la réforme des taxes à la consommation. Ce que nous avons
fait, vous comprenez le...
M. Léonard: Je comprends l'objectif. M. Levesque:
...l'objectif.
M. Léonard: La forme qu'une telle compensation prend, je
la comprends mal.
M. Levesque: C'est-à-dire que nous permettons à ces
institutions financières d'avoir un remboursement de la taxe sur les
intrants. Vous comprenez ça?
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Contrairement à ce qui se fait avec la TPS,
ils n'ont rien, ni d'un bord ni de l'autre. Comprenez-vous? Dans ce
cas-là, ils ont un remboursement sur la taxe sur leurs intrants. Par
contre, ça leur ferait un profit, à mon sens, qui ne serait pas
justifié. Alors, on leur demande d'avoir une mesure compensatoire. La
mesure compensatoire, nous l'avons évaluée, nous avons fait des
études sur chacun dans plusieurs cas, nous avons fait ce qu'on appelle
des «spot checks», si vous voulez, en bon français, et on
est arrivés à la conclusion, pour les banques à charte,
fédérations, confédérations, caisses sociales,
caisses locales, sociétés d'entraide économique, commerces
quasi bancaires, etc., que la détaxation des intrants serait d'à
peu près 68 000 000 $, ce que ça leur donnerait. Et nous avons
établi une mesure compensatoire, parce que les mesures compensatoires,
c'est soit sur la taxe sur le capital, soit sur le financement des services de
santé. Vous savez ce que je veux dire? Alors, pour toutes ces
institutions-là, 68 000 000 $ de détaxation; mesures de revenus
compensatoires, 62 000 000 $. On ne veut pas qu'il y ait des institutions qui
soient pénalisées. C'est pourquoi il y a un différentiel
favorable, en attendant qu'on ait des chiffres plus précis dans
l'exercice des choses. (13 heures)
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Levesque: Juste pour finir le tableau...
Le Président (M. Lemieux): Oui. O.K. Ça va.
Consentement? Consentement. O.K. Ça va.
M. Levesque: ...compagnies d'assurances et agents d'assurances,
29 000 000 $, détaxation; 23 000 000 $, mesures compensatoires; autres
institutions financières, détaxation, 23 000 000 $, mesures de
revenus compensatoires, 16 000 000 $. Total des institutions
financières: détaxation des intrants, 120 000 000 $; mesures de
revenus compensatoires, 101 000 000 $. Les 19 000 000 $ de différence
sont là pour s'assurer que personne ne soit pénalisé. Et
on pourra l'ajuster à mesure que l'expérience se fera.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vous remercie, M. le
ministre...
M. Léonard: C'était quoi, les premiers 68 000 000
$? C'était quoi?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, c'était
quoi...
M. Levesque: L'explication est à l'annexe A, page 44.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous suspendons nos
travaux jusqu'à un nouvel ordre de la Chambre cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 16 h 17)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement au discours sur le budget. La
parole est à M. le député de Labelle. Combien? Six
minutes, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Six minutes. Merci, M. le Président.
D'abord, je voudrais poser la question: Est-ce que les tableaux qu'on nous a
promis sont disponibles?
M. Levesque: Alors, M. le...
M. Léonard: Deuxièmement, il y avait aussi un autre
tableau sur la TVQ et le deuxième tableau, que je trouve important, pour
l'instant, c'est aussi la comparaison du fardeau fiscal Québec-Ontario.
On m'a dit qu'on rendrait ces renseignements disponibles. Est-ce qu'on y arrive
maintenant?
M. Levesque: Alors, je vais faire une petite présentation
des tableaux, si vous le permettez.
M. Léonard: Fort bien.
M. Levesque: Alors, les données que je présenterai
portent sur une pleine année d'imposition, 1992. Par exemple,
j'indiquerai que les modifications annoncées au discours sur le budget
représentent un manque à gagner de 118 000 000 $ pour 1992, ce
qui correspond au manque à gagner de 97 000 000 $ qui figure à
l'annexe A du discours sur le budget pour l'année financière
1992-1993. Autrement dit, l'année 1992, l'année de calendrier, un
manque à gagner de 118 000 000 $, ça correspond aux 97 000 000
$...
Une voix: De la A-47. Une voix: A-47.
M. Levesque: ...de la A-47; c'était la question que vous
posiez ce matin.
J'aurai aussi l'occasion d'indiquer que le passage du régime du
30 juin 1992 à celui du 1er juillet 1992 signifie une baisse de 72 000
000 $ des taxes à la consommation sur une pleine année et que,
lorsqu'on ajoute les revenus générés par la surtaxe
à l'impôt sur le revenu des entreprises, cela permet au
gouvernement d'obtenir, au total, un rendement fiscal de 156 000 000 $;
c'est-à-dire qu'il y a un moins 72 000 000 $, mais il y a un plus 228
000 000 $ de la surtaxe aux entreprises, ce qui fait un net
de 156 000 000 $. J'aurai également l'opportunité de
montrer que, pour les ménages, le passage du régime du 30 juin
1992 à celui du 1er juillet 1992 est minime, soit une hausse de l'indice
des prix à la consommation entre 0,1 % et 0,2 %.
Dans les impacts globaux à l'égard du projet de loi 170,
le passage du régime des taxes à la consommation du 30 juin 1992
à celui du 1er juillet 1992 devait permettre au gouvernement d'augmenter
ses revenus de 274 000 000 $ sur une pleine année. Cette augmentation
des revenus du gouvernement devait être le résultat, notamment,
d'une hausse directe de 1 203 000 000 $ provenant de l'élargissement des
taxes à la consommation et d'une diminution des coûts de
production des entreprises de 1 340 000 000 $. (16 h 20)
Au discours sur le budget, les modifications que j'ai annoncées
ont eu pour effet et pour impact de diminuer de 118 000 000 $ les revenus
anticipés du gouvernement, soit 97 000 000 $ pour l'année
financière 1992-1993, comme je viens de le mentionner il y a quelques
instants. Suite à la réduction du taux de taxation de 8 %
à 4 % sur les services et les immeubles, les ménages verront
leurs charges fiscales directes réduites de 626 000 000 $ par rapport au
projet de loi 170. Les entreprises verront leurs coûts de production
diminuer de 867 000 000 $ plutôt que de 1 340 000 000 $, suite au
non-remboursement de la TVQ sur certains de leurs intrants. Et les entreprises
subiront, comme je l'ai mentionné, une hausse du fardeau fiscal de 228
000 000 $, suite à rétablissement de la surtaxe de 2 points de
pourcentage sur leur revenu actif. Enfin, le secteur public verra son fardeau
fiscal direct diminuer de 113 000 000 $ par rapport au projet de loi 170. Au
total, le passage du régime de taxe de vente du 30 juin 1992 à
celui du 1er juillet 1992 diminuera les taxes à la consommation de 72
000 000 $; ces impacts, combinés au rendement fiscal de 228 000 000 $ de
la surtaxe de deux points de pourcentage sur le revenu actif des entreprises,
permettront au gouvernement d'obtenir un rendement financier additionnel de 156
000 000 $.
Maintenant, on pourrait passer ce tableau-là qui serait l'impact
de la deuxième phase de la réforme des taxes à la
consommation, en millions de dollars, de 1992, sur une pleine année
d'imposition, et là vous avez les ménages, les entreprises, le
secteur public et le total. Avez-vous le... On pourrait suivre.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons le
déposer.
M. Levesque: L'avez-vous pour les gens de la commission?
Le Président (M. Lemieux): J'autorise le
dépôt. M. le...
M. Levesque: Alors, lorsqu'on parlait du projet de loi 170, vous
aviez l'impact sur les ménages, les entreprises, le secteur public, ce
qui donnait un total de 274 000 000 $, incluant, comme vous le verrez dans la
note 1, un montant de 240 000 000 $ découlant de délais dans les
remboursements de la TVQ, c'est-à-dire qu'il y a un revenu pour le
gouvernement qui est prévu parce que les remboursements se font, mais
avec les délais normaux.
Les mesures du budget 1992-1993 et leurs effets sur
l'élargissement de l'assiette de la TVQ, les délais de
remboursement - évidemment un petit peu moindres - le sous-total, la
surtaxe des entreprises qui revient et le total. Et on voit les chiffres pour
les ménages, encore pour les entreprises, pour le secteur public, et le
total. Et, finalement, l'impact financier du passage du 30 juin au 1er juillet,
après le budget 1992-1993. Là encore, l'élargissement de
l'assiette de la taxe de vente du Québec et les délais de
remboursement. Vous avez finalement le total de l'impact financier qui indique,
pour les ménages, 577 000 000 $, c'est-à-dire un coût pour
les ménages de 577 000 000 $, un remboursement pour les entreprises de
639 000 000 $, tenant compte de la surtaxe; le secteur public, 58 000 000 $, ce
qui laisse au gouvernement un net, pour l'année entière, de 156
000 000 $.
La hausse directe de 577 000 000 $ pour les ménages; je l'avais
mentionné cet avant-midi et je voudrais reprendre ça comme il
faut. La hausse directe de 577 000 000 $, que l'on peut partager comme suit:
394 000 000 $ sur les services, 88 000 000 $ sur les habitations et 95 000 000
$ sur les commissions des agents immobiliers. Alors, la hausse directe de 577
000 000 $, le fardeau fiscal des ménages, doit être
dégonflée par les éléments suivants: la baisse des
coûts de production des entreprises de 867 000 000 $ sera transmise en
grande partie aux ménages québécois par une baisse des
prix. En conséquence, la hausse des prix à la consommation
découlant de la mise en place de la seconde phase de la TVQ sera entre
0,1 % et 0,2 %, soit un impact de l'ordre de 150 000 000 $ sur le revenu
disponible des ménages, une fois pris en compte tous les effets de la
deuxième phase de la réforme. Le crédit d'impôt
remboursable pour TVQ destiné aux ménages à faibles
revenus, incluant la compensation au bénéficiaire de la
sécurité du revenu, sera majoré de 30 000 000 $. En
définitive, l'impact total des modifications au 1er juillet 1992 pour
les ménages est évalué, donc, à 120 000 000 $,
mais, évidemment, il n'y aura aucun impact pour les ménages
à faibles revenus.
Maintenant, nous pouvons passer à l'impact sur les entreprises.
Actuellement, dans le système de taxe de vente qui existera jusqu'au 30
juin 1992, les entreprises supportent, à même leurs coûts de
production, 2 071 000 000 $ en taxe de vente. Dans le régime de la TVQ
d'après le 1er
juillet 1992, l'élargissement de la tvq aux services et aux
immeubles augmentera les montants de taxe payés par les entreprises,
lesquelles seront remboursées. en effet, les entreprises
débourseront 3 617 000 000 $ en taxe de vente du québec.
ça, c'est biens et services.
M. Léonard: Année 1992, totale?
M. Levesque: Sur 12 mois, oui.
M. Léonard: O. K., 12 mois, 1992. O. K.
M. Levesque: Alors, de ce montant, 2 413 000 000 $ leur seront
remboursés. au net, les entreprises supporteront donc la
différence, 3 617 000 000 $ moins 2 413 000 000 $, soit 1 204 000 000 $
en taxe de vente dans le nouveau régime versus 2 071 000 000 $ dans le
régime actuel. ainsi, le régime de la tvq, en vigueur le 1er
juillet prochain, conduira à une réduction des coûts de
production des entreprises de 867 000 000 $ sur une pleine année
d'imposition, soit 2 071 000 000 $ moins 1 204 000 000 $. et là nous
pourrions déposer, m. le président, un deuxième tableau.
cette fois-ci, c'est l'impact de la détaxation des intrants sur les
coûts de production des entreprises après le budget 1992-1993.
Le Président (M. Lemieux): Oui, ça va. Alors, une
copie pour M. le député de Labelle.
M. Levesque: Et pour d'autres membres de la commission?
M. Gautrin: Bien sûr, bien sûr.
Le Président {m. lemieux): ainsi que, effectivement, pour
m. le député de verdun et pour mon collègue de
limoilou.
M. Gautrin: et pour la députée de terre-bonne
aussi. (16 h 30)
M. Levesque: Ce tableau reproduit ce que je viens d'exprimer il y
a quelques instants. Enfin, il est important de noter que les remboursements de
taxe de 2 413 000 000 $ aux entreprises se seraient plutôt établis
à 2 886 000 000 $ si l'ensemble des taxes sur les intrants des
entreprises avaient donné droit à un remboursement tel que
prévu par le projet de loi 170. Dans ce contexte, le montant des
remboursements de la taxe sur les intrants des entreprises représente
donc 83, 6 % du montant initialement prévu. Je pourrais montrer, dans un
tableau que je ferai circuler également, pour la pleine année
d'imposition 1992, toujours la même base, TVQ totale sur les achats et
les entreprises avant remboursement et avec un taux de TVQ applicable aux
services et aux immeubles de 4 %, 3 617 000 000 $; remboursement de la taxe sur
les intrants, avant budget 1992-1993, 2 886 000 000 $; impact du budget
1992-1993 sur le fardeau de TVQ des entreprises, 473 000 000 $; après
budget 1992-1993, 2 413 000 000 $; en pourcentage d'avant budget 1992-1993, 83,
8 %.
Le Président (M. Lemieux): Ferez-vous le dépôt
aussi, M. le ministre?
M. Levesque: oui, si vous le permettez.
Le Président (M. Lemieux): Oui, d'accord.
M. Levesque: Et en faire parvenir des copies aux membres de la
commission.
Le Président (M. Lemieux): Oui, merci. Alors, nous
autorisons ie dépôt.
M. Levesque: Alors, si on prend les habitations pour voir
l'impact de la TVQ à 4 % sur l'habitation... J'entendais un honorable
membre de l'Assemblée nationale déclarer, cet avant-midi, sans
sourciller, que cette taxe de 4 % augmenterait !e coût des maisons de 4
%. C'est justement ça que je n'aime pas, ce genre de choses qui sont
absolument inexactes, qui sont transmises dans le public comme ça. Je
regrette, parce qu'à ce moment-là on ne tient pas compte du
remboursement des taxes sur intrants, c'est-à-dire que tous les
matériaux de construction sont détaxés. Je pense qu'il est
important de voir ce que ça donne comme chiffres.
L'impact de la TVQ à 4 % sur l'habitation, le remboursement de la
taxe sur les matériaux de construction et l'application de la TVQ
à 4 % sur le prix de vente des résidences neuves n'aura qu'un
effet de l'ordre de 0, 5 % sur le prix de celles-ci. Alors, j'espère
qu'on corrigera ça. Je pense que !e public a droit à une
information... Je comprends que les gens de la politique font de la politique,
mais il ne faut pas non plus laisser ça comme ça, dire que vous
allez payer vos maisons 4 % de plus, alors que... On pourrait le
déposer, oui.
Vous allez voir, dans la taxe de vente actuellement incluse dans le prix
de vente des maisons neuves, vous avez les fournitures taxables, en pourcentage
du prix de vente, 42, 63 %; pour les fournitures non taxables, 5, 37 %; les
salaires versés, 17, 47 %; profits 9, 53 %; terrains, 25 %. Alors,
lorsque l'on prend les 8 % sur les fournitures taxables, l'impact en
pourcentage de la TVQ sur le prix des maisons neuves est de 3, 4 %, ce qui
étaient payé jusqu'à maintenant. Quand ce n'est plus
payé, ce n'est plus payé. On ne peut pas... Alors, au lieu
d'être quelque 3, 4 %, ça devient 4 %, c'est à peu
près le 0, 5 %.
On pourrait aussi compléter l'information, l'impact de la TVQ
à 4 %, sur le prix moyen des maisons neuves selon la région.
Le Président (M. Lemieux): Vous me permettrez, M. le
ministre, d'autoriser le dépôt immédiatement pour les
membres de la commission.
M. Levesque: Mais oui.
Le Président (M. Lemieux): Ce tableau-ci. Les autres, on
va attendre de les avoir. Allez-y, M. le ministre.
M. Levesque: Alors, tout le monde, est-ce que vous avez
reçu les autres tableaux que j'ai mentionnés tout à
l'heure?
Le Président (M. Lemieux): Tout à l'heure, oui,
mais là il nous en manque un ou deux.
Une voix: C'est le même, monsieur.
Le Président (M. Lemieux): Ça, c'est le même.
Ça va? Vous avez bien trois tableaux devant vous?
M. Levesque: II me semble que j'ai demandé le
dépôt de trois.
Le Président (M. Lemieux): Oui, c'est ça. M.
Léonard: Sur l'habitation? M. Levesque: Non, depuis le...
Le Président (M. Lemieux): Non. Depuis le début,
vous devriez avoir trois tableaux. Sur les maisons neuves, il y en a trois.
M. Levesque: Deux, à date.
Le Président (M. Lemieux): Deux, deux.
M. Levesque: J'en ai d'autres que je suis en train de...
Le Président (M. Lemieux): Oui, j'ai trois pages sur les
maisons neuves. Regardez et vérifiez. C'est bien ça?
M. Levesque: Trois sur les maisons neuves. Il y en a un que je
n'ai pas encore déposé. Je ne suis pas rendu là, je suis
en train de vous en parler.
Le Président (M. Lemieux): Alors, merci, c'est parce qu'on
nous l'avait remis, M. le ministre.
M. Levesque: O.K.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Levesque: Alors, il ne faudrait pas les remettre avant que je
les explique.
Le Président (M. Lemieux): Je suis entièrement
d'accord avec vous.
M. Levesque: Bon. Impact de la TVQ à 4 % sur le prix moyen
des maisons neuves selon la région. Et là vous avez les
différentes régions. Je pense que vous l'avez maintenant, les
différentes régions du Québec.
M. Léonard: Celui-là, je l'ai.
Le Président (M. Lemieux): Ça va?
M. Levesque: Vous avez le prix moyen des maisons dans la
première colonne, les taxes provinciales actuelles, la TVQ à 4 %,
qu'est-ce que ça représente sur une maison, disons, de...
M. Gautrin: Je n'ai pas reçu le document.
M. Levesque: Vous ne l'avez pas reçu encore?
M. Gautrin: Non.
M. Levesque: Non?
M. Gautrin: Ah, je l'ai, c'est vrai.
M. Levesque: Alors, vous l'avez?
Le Président (M. Lemieux): Ça va? Vous l'avez, M.
le député de Verdun? O.K. Ça va, on continue.
M. Levesque: Prenez, par exemple...
M. Gautrin: Oui, je l'ai grâce à la
générosité du sous-ministre.
M. Levesque: ...à Chicoutimi-Jonquière, une maison
de 80 664 $, le prix moyen des maisons, et les taxes provinciales actuelles
à 2931 $, la TVQ à 4 % représente plutôt 31,09, ce
qui représente 178 $. Donc, 0,2 %. Alors, vous avez là un exemple
d'une augmentation très, très minime et non pas les 4 % dont on
parlé sans se soucier de l'exactitude des faits. Alors, je compte que
l'information sera donnée correctement. J'avais aussi sur les
institutions financières...
M. Léonard: C'est le tableau de la page A-42 que vous nous
avez distribué là.
M. Levesque: Ah bon! O.K.
M. Léonard: II me semblait que je l'avais
déjà vu.
M. Levesque: Je ne pense pas que vous ayez celui-ci parce qu'on
avait parlé de «L'impact de la réforme des taxes à
la consommation sur le fardeau fiscal des institutions
financières».
M. Léonard: Or:. Des Québécois en
général, comme vous aviez fait, il y a celui-là, il y a
les institutions financières, mais l'impact en comparaison
Ontario-Québec, on y reviendra après? O.K.
M. Levesque: Ah oui, ah oui. Alors, ici, vous avez, comme je l'ai
mentionné ce matin, les institutions financières, banques
à charte, fédérations, confédérations,
caisses locales, sociétés d'entraide; ensuite, un autre groupe
qui s'appelle: compagnie d'assurances et agents d'assurances, et un autre
groupe: autres institutions financières, et le total. Nous allons
demander à la présidence de faire...
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Là, je vais le
lire pour plus de certitude. Alors, j'autorise le dépôt de
«L'impact de la réforme des taxes à la consommation sur le
fardeau fiscal des institutions financières». Alors, il s'agit de
ce document-ci, M. le secrétaire. Est-ce qu'on a des copies de ce
document-ci ou si c'est la seule copie? On en a des copies. Alors, H faudrait
des copies de celui-ci. Montrez-moi si c'est le même, parce que là
on ne se comprendra plus. O.K. C'est bel et bien le même, ça va.
J'aurais dû les numéroter dès le début,
d'ailleurs.
M. Levesque: Avant de passer à l'autre sujet dont le
député de Labelle m'a parlé, le fardeau fiscal
Québec-Ontario... C'est vous qui en avez parlé tantôt.
M. Léonard: Non, non. Vous avez mentionné ça
ce matin, en partant.
M. Levesque: C'est le député de Verdun. Alors, les
deux députés de Labelle et de Verdun. Bon! Alors, peut-être
qu'il serait intéressant de terminer par ceci. Les retombées de
la phase II de la réforme de la TVQ sur la production et l'emploi...
L'économie du Québec devrait bénéficier, au cours
des prochaines années, de la réforme de la TVQ. Ses
bénéfices qui se matérialiseront graduellement tiennent
principalement à trois facteurs. En premier lieu, une part importante
des achats des entreprises destinés à produire des biens et des
services ne seront plus taxés; c'est ce qu'on appelle la détaxe
des intrants. Le résultat: premièrement, réduction des
coûts de production des entreprises oeuvrant au Québec d'environ 1
%; deuxièmement, diminution de manière encore plus importante du
coût des biens d'investissement, moins 3 %. Les entreprises devraient
ainsi être encouragées à accroître leurs
investissements, ce qui leur permettra de réaliser des gains de
productivité et d'accroître leur compétitivité. (16
h 40)
De plus, les remboursements de la taxe perçue sur les intrants
entraîneront une réduction importante de la taxation en cascade.
En effet, le remboursement de la taxe sur les achats des entreprises, en
diminuant leurs coûts de production, viendra réduire le prix
d'acquisition des produits qui entrent dans la composition d'autres produits
lorsqu'ils sont achetés par les entreprises. Cet effet viendra s'ajouter
à l'impact direct du remboursement de la taxe sur les intrants.
En troisième lieu, la mise en oeuvre de fa seconde phase de la
réforme de la taxe de vente contribuera à réduire
considérablement les coûts que doivent encourir les entreprises
pour percevoir la taxe provinciale et la TPS fédérale. Ces
baisses dans les coûts d'opératirn et de fabrication des
entreprises se manifesteront par des réductions du prix des produits
fabriqués au Québec, favoriseront un raffermissement de la
croissance économique et la création de nouveaux emplois,
notamment par une augmentation des exportations dont dépend une large
partie de la production québécoise.
Les principaux effets bénéfiques, hausse des
investissements et des exportations, se traduiront par une augmentation
graduelle de la production. Lorsque l'ensemble des effets de la réforme
se seront manifestés à terme, on estime que la hausse durable de
la production québécoise sera de 0,8 %, ce qui représente
1 300 000 000 $ en termes de produit intérieur brut du Québec en
1992. Cette hausse de la production s'accompagnera de la création de 17
000 emplois.
Bien que la plupart des secteurs industriels bénéficieront
des retombées positives de la réforme, les secteurs les plus
soumis à la concurrence internationale, particulièrement la
fabrication, et les secteurs ayant un effet d'entraînement important sur
le reste de l'économie, tel le secteur de la construction,
bénéficieront particulièrement de cette réforme.
Dans ce dernier cas, le remboursement de la taxe sur les intrants
réduira à la fois les coûts de production tout en stimulant
les investissements non résidentiels.
Maintenant, si on me le permet, je vais passer à l'autre item,
à moins qu'il n'y ait des questions sur ces items-là.
M. Léonard: M. le Président... Le
Président (M. Després): Oui.
M. Léonard: ...ces tableaux-là, nous allons les
regarder et, possiblement, nous allons revenir demain, mais je voudrais avoir,
pour l'instant, le tableau sur la différence de fardeau fiscal entre
l'Ontario et le Québec.
M. Levesque: C'est à cela que je veux arriver.
M. Léonard: O.K. Ça va. Allons-y tout de suite.
M. Levesque: Parce que je voulais savoir si
l'autre item...
M. Léonard: Oui. Ça va.
Le Président (M. Després): Juste, M. le ministre...
Allez.
M. Levesque: Avant de laisser la taxe de vente... On peut revenir
demain, il n'y a pas de problème.
M. Léonard: Oui, là-dessus, sur la taxe de vente,
mais sur le tableau, l'écart fiscal Ontario-Québec.
M. Levesque: C'est là que j'arrive. M. Léonard:
Oui, oui.
M. Levesque: J'arrivais à ça, M. le
Président.
Le Président (M. Després): Juste avant de
continuer, M. le ministre des Finances...
M. Levesque: Oui, certainement.
Le Président (M. Després): ...dans les documents
qui ont circulé tout à l'heure, le document qui s'intitule
«Impact d'une TVQ à 8 % sur le prix moyen des maisons
neuves»...
M. Levesque: À 8 %?
Le Président (M. Després): À 8 % sur le prix
des maisons neuves selon la région.
M. Levesque: Oui, oui.
Le Président (M. Després): On me dit qu'il a
été distribué, mais qu'il n'a pas été
déposé. Donc, est-ce que vous déposez officiellement?
M. Levesque: à 8 % ou à 4 %? ça, je ne
l'avais pas vu. vous déposez des choses que je n'annonce pas, là,
vous. l'avez-vous eu, ça?
M. Gautrin: Moi, j'ai «Impact à 4 %».
M. Levesque: Bien oui, je comprends, mais ce n'est même
pas... C'est désuet. Non.
Le Président (M. Després): Non, ce n'est pas
déposé.
M. Levesque: Non, parce que ce n'est pas un cas. C'est
hypothétique. Nous avons déposé, et j'espère que
c'est ça que vous avez, «Impact de la TVQ à 4 %».
C'est ça que vous avez, monsieur...
M. Léonard: C'est à 4 % que j'ai.
M. Gautrin: Mais il existe un document qui était
déjà dans le...
M. Levesque: Oui d'accord. Mais on me parle d'un autre
document.
Le Président (M. Després): O.K. Ça va, M.
le ministre des Finances. Ce document est non déposé, et je
vous donne la parole.
M. Levesque: Merci.
Le Président (M. Després): Continuez.
M. Levesque: Le ministère des Finances publie à
chaque année un indicateur de la compétitivité fiscale
relative du Québec et de l'Ontario. Il s'agit d'un guide utile pour
juger de la compétitivité globale de notre régime fiscal
par rapport à notre principal partenaire économique. Le
gouvernement est toujours désireux de rendre cette information
disponible aux contribuables. La non-publication dans les documents
budgétaires actuels se justifie par le désir de rendre publique
une information complète et comparable en tenant compte des budgets
ontariens et québécois. En 1992, le fardeau fiscal du secteur
privé du Québec est 9,3 % plus élevé que celui
qu'il supporterait sous la structure fiscale de l'Ontario. L'évolution
de l'écart de fardeau fiscal entre 1991, la dernière fois,
c'était 7,5 %... Ça, vous l'aviez. L'an dernier, on vous l'avait
donné à 7,5 %, n'est-ce pas?
M. Léonard: On l'avait en 1990-1991, à la fin, ce
tableau-ci.
Une voix: L'année passée, il avait
été donné à la commission parlementaire.
M. Levesque: II avait été donné à la
commission parlementaire, l'an dernier, de la même façon.
Une voix: Le budget avait suivi. M. Léonard: II y
avait eu 7,5 %. M. Levesque: Oui.
M. Léonard: C'était le chiffre qu'on avait, 7,5
%...
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: ...on n'avait pas le tableau, je pense.
M. Levesque: Non, vous n'aviez pas... Bien, parce que...
M. Léonard: On a juste eu le chiffre, 7.5%
M. Levesque: Et les budgets étaient collés... Vous
vous rappelerez que les budgets du Québec et de l'Ontario avaient
été déposés la même semaine, l'an dernier. On
ne pouvait pas vous donner les chiffres. On vous les a donnés en
commission parlementaire. On ne pouvait pas les imprimer avant que le budget de
l'Ontario... On ne pouvait pas vous les... C'était impossible.
M. Léonard: 7,5 %.
M. Levesque: Alors, l'an dernier, c'était 7,5 %. Alors, je
répète, en 1992: 9,3 %. Et cela s'explique principalement par les
mesures suivantes: il y a 2,2 items en Ontario où le fardeau fiscal
augmente; il y a un item où notre fardeau fiscal augmente, c'est la
différence entre les deux qui arrive à 1,7 %. Je vais vous donner
l'explication. le budget de l'ontario 1992 a contribué à
réduire l'écart de fardeau fiscal de 0,9 % - ça, c'est un
moins ou un plus, dépendant de quel côté de la colonne il
va être placé - principalement par la hausse de l'impôt sur
le revenu des particuliers. alors, là, il y a 0,9 % qui augmente le
fardeau fiscal de l'ontario, 0,9 %. les mesures fiscales introduites en
ontario, en 1991, principalement la hausse des taxes à la consommation,
ont leur plein effet en 1992, ce qui a contribué à réduire
l'écart du fardeau fiscal de deux points de pourcentage. donc, vous avez
0,9 %, il y a un 2 %, qui fait, d'un côté de la colonne, si vous
voulez, d'un côté, une colonne de 2,9 %, qui diminue le fardeau
fiscal entre les deux provinces. par contre, nous renversons ce chiffre-la par
4,6 points.
Les mesures fiscales introduites au Québec en 1991,
principalement la hausse des taxes à la consommation... Ce n'est pas
cette année, ça, c'est l'an dernier, mais cela a des effets.
Comme l'Ontario a fait, comme je l'ai mentionné tout à l'heure,
les deux points de pourcentage de l'Ontario, ce sont les effets du budget de
1991. De la même façon, notre budget de 1991, pour la hausse des
taxes à la consommation et la poursuite du plan de tarification ont eu
leur plein effet en 1992, ce qui a contribué à augmenter
l'écart du fardeau fiscal de 4,6 points de pourcentage. Donc, prenez les
4,6, enlevez les 2,9 et vous arrivez à 1,7, si je ne me trompe pas.
C'est ça.
Une voix: De plus.
M. Levesque: De plus, 1,7...
M. Léonard: 1,8, de 7,5 à 9,3? Ou les
arrondissements...
M. Levesque: oui, ce qui fait que le 7,5 est devenu 9,3, oui,
1,8. maintenant, la hausse de l'écart de fardeau fiscal, en 1991-1992,
est principalement due au choix différent effectué au
Québec de présenter un niveau de déficit moins
élevé qu'en Ontario, en 1992-1993. Le déficit
québécois équivaut à 2,4 % du PIB alors que le
déficit ontarien équivaut à 3,5 % du PIB. Si on ajustait
l'écart de fardeau fiscal pour tenir compte des choix différents
des provinces quant au déficit, cet écart, si on veut reculer un
peu jusqu'en 1985, serait passé à ce moment-là de 18,5 %
à 2,2 % en 1991 et à 4,7 % en 1992. C'est évident que, si
on s'en va dans le déficit d'une façon absolument
inconsidérée, on pourrait avoir un fardeau fiscal même
moins lourd au Québec, mais il faudrait à ce moment-là
laisser aller le déficit. C'est un choix que nous n'avons pas fait, que
l'Ontario a fait. (16 h 50)
Alors, le tableau que j'aimerais maintenant... Pour répondre
à la question du député de Verdun et à la question
du député de Labelle et en vertu d'une promesse que j'avais faite
au député de Labelle lors de notre dernière réunion
en commission parlementaire, voici le fardeau fiscal du secteur privé,
écart Québec-Ontario, année d'imposition 1992. Alors, vous
avez les taxes provinciales, impôt sur le revenu des particuliers,
impôt des sociétés, taxes à la consommation,
tarification, avec un sous-total de 3 905 000 000 $, qui indique plus 2, 17,5
%. Quand vous ajoutez les taxes locales, municipales et scolaires, vous
êtes rendus à moins 12, et ceci fait un total de 9,3 %.
L'ajustement pour le déficit, 1 433 000 000 $, ce qui donne moins 4,6 %,
ce qui fait un total ajusté de 4,7 %. Alors, ce tableau-là, M. le
Président, avec les notes explicatives, je vais motion pour le
déposer.
Le Président (M. Lemieux): J'autorise le
dépôt du tableau eu égard au fardeau fiscal du secteur
privé, écart Québec-Ontario, année d'imposition
1992.
M. Levesque: II y a aussi le fardeau fiscal
supplémentaire, secteur privé, comparaison Québec-Ontario.
Oui, d'accord. Alors, les deux tableaux.
Le Président (M. Lemieux): Les deux tableaux?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Est-ce qu'on a ceux de 1991? Moi, je ne l'ai
pas. Je ne sais pas s'il ne s'est pas rendu.
Le Président (M. Lemieux): J'autorise aussi...
M. Léonard: Est-ce que quelqu'un pourrait me le
donner?
Le Président (M. Lemieux): ...le dépôt du
deuxième tableau...
Une voix: On a le chiffre global.
M. Léonard: On a juste 7,5 %. La décomposition, on
ne l'a pas.
Une voix:...
M. Léonard: Oui. O.K. Merci. (Consultation)
M. Levesque: Ces deux tableaux-là, est-ce que vous les
avez? On les a combinés. O.K. On les a séparés, mais vous
les avez combinés.
Une voix: Les miracles de la technologie. C'est moins
compliqué et ça sauve une page.
M. Levesque: Vous sauvez une page. (Consultation)
M. Levesque: Alors, comme on le voit, pour résumer, on a
décidé de ne pas laisser le déficit s'emballer. Lorsqu'on
regarde les différences de fardeau fiscal, je pense qu'il est important
de voir aussi les choix qui ont été faits. Vous avez dans le
tableau soit 9,3 ou 4,7, dépendant si vous incorporez ou non le
déficit que, normalement, vous ne pouvez pas non plus ignorer parce que
le déficit, c'est un fardeau fiscal à venir, additionnel. C'est
ça que ça veut dire.
Alors, M. le Président, je pense que j'ai répondu a toutes
les questions qui m'ont été posées. J'ai
déposé tous les tableaux...
M. Gautrin: M. le Président, je vous avais demandé,
à la fin de mon Intervention, si vous pouviez me faire une étude
comparative.
Le Président (M. Lemieux): Nous sommes sur le temps de
parole du député de Labelle.
M. Gautrin: Allez-y.
M. Léonard: II me reste quelques... M. le
Président, je voudrais poser au ministre la question suivante: Par
exemple, la première ligne, impôt sur le revenu des particuliers,
2 526 000 000 $ de différence dans l'impact fiscal. Ceci porte sur
l'année 1992 au complet, mais avec les mesures 1992, simplement. L'an
prochain, quand on pense, par exemple, à la taxe à la
consommation, les mesures qui portent sur toute une année vont comporter
un chiffre plus élevé que 557 000 000 $. En d'autres termes, la
taxe à 4 % va s'appliquer sur toute une année plutôt que
sur un an, ou bien si vous ramenez le tout à une année
complète?
M. Levesque: Quant aux taxes à la consommation, elles
n'auront pas un effet de...
Une voix:...
M. Levesque: C'est ça. C'est moins 72 000 000 $. Il n'y a
pas d'impact, d'après mes savants conseillers.
M. Léonard: Par exemple, vous avez ici 557 000 000 $ de
différence. Notre taxe à la consommation est de 4 % sur six mois,
pour 1992. En 1993, par exemple, cette taxe à la consommation va porter
sur 12 mois; 4 % sur 12 mois, donc cet impact doit être plus
élevé, normalement. Ça veut dire que les mesures de
taxation, en ce qui concerne, par exemple, l'impact sur les entreprises vont
porter elles aussi sur 12 mois.
M. Levesque: II faudrait que vous regardiez le tableau qu'on
vient de vous transmettre.
M. Léonard: Je n'ai pas 1991. Si j'avais 1991, je pourrais
faire des comparaisons sur l'évolution. Je n'ai que 1990, et 1992
maintenant.
M. Levesque: Voici. L'impact de la deuxième phase de la
réforme, les taxes à la consommation, en millions de 1992, sur
une pleine année d'imposition. Et vous avez l'impact financier du
passage du 30 juin au 1er juillet 1992, après le budget 1992-1993, dans
le premier tableau.
M. Léonard: Le tableau que j'ai, c'est «Année
d'imposition 1992». Je n'ai pas celui que vous lisez présentement.
Le premier tableau au complet?
M. Levesque: Oui, au complet.
Une voix: L'impact de la deuxième phase de la
réforme des taxes, en millions de dollars 1992.
M. Léonard: Ah! O.K. Celui-ci.
M. Levesque: Et vous avez, dans l'item 3, au paragraphe 3, le
sous-total. Au bout de la ligne, quand vous prenez les ménages, les
entreprises, le secteur public, ceci donne un net de moins 72.
M. Léonard: Oui. D'une année sur l'autre.
M. Séguin: C'est-à-dire d'un système
à l'autre.
M. Léonard: D'un système à l'autre.
M. Levesque: On ne devrait pas avoir d'impact significatif.
(Consultation)
M. Levesque: C'est marginal.
M. Léonard: Vous dites que 72 000 000 $, c'est...
M. Levesque: Ça ne ferait pas grand-chose sur le...
Même, on me dit que ce serait réduit plutôt
qu'augmenté.
M. Léonard: Est-ce que, dans le premier tableau que vous
nous avez donné, «Impact de la deuxième phase de la
réforme», quand on parie du projet de loi 170, la somme de 1 203
000 000 $, pour les ménages, c'est tes 4 % et ça ne porte que sur
les services? C'est la loi 170. Donc, c'est vraiment la deuxième phase.
Ça, c'est les 8 %, ça.
M. Levesque: Ça, c'est les 8 %. C'est ce que vous aviez
demandé...
M. Léonard: O.K. C'est les 8 %, la loi 47, on fait la
réconciliation. Alors, ça fait 463 000 000 $ d'augmentation de
taxes, les 4 %. Pour les particuliers, c'est 463 000 000 $, parce que vous avez
dit que la modification, de passer de 8 % à 4 %, c'est moins 740 000 000
$, mais on est sur une base annuelle.
M. Levesque: C'est parce qu'il ne faut pas prendre 1992-1993. Il
faut prendre 1992 comme année complète.
M. Léonard: O.K.
M. Levesque: Dans les 740 000 000 $, il y a les entreprises aussi
dedans, pas seulement les ménages. De toute façon, s'il y a des
députés qui veulent avoir plus de renseignements, on est
prêts à vous les donner, mais c'est tout ce que l'on a pour le
moment. Si, dans les jours qui viennent, vous voulez avoir plus de
précisions ou s'il y a quelque chose qui vous semble un peu moins clair,
nous serons heureux de compléter ça et M. le sous-ministre pourra
vous éclairer davantage si vous le désirez.
M. Léonard: Dans le tableau que vous nous donnez, vous
nous avez dit qu'il s'agissait d'une taxe à 8 %. C'est sur 6 mois ou
bien sur une base annuelle complète?
Une voix: Une base annuelle complète.
M. Léonard: C'est la base annuelle complète, le
rendement de la taxe... La loi 170, à l'époque, c'était 1
203 000 000 $...
M. Levesque: Pour les ménages. M. Léonard:
...pour les ménages.
M. Levesque: Et un remboursement de 1 340 000 000 $ pour les
entreprises. (17 heures)
M. Léonard: Pour les entreprises. On revient aux chiffres
qui avaient été donnés tout à l'heure. Pour le
secteur public...
M. Levesque: Le secteur public, 171 000 000 $.
M. Léonard: ...lui, ça lui coûte 171 000 000
$ moins les taxes qu'il y a par la suite. C'est 58 000 000 $ nets.
M. Levesque: Ce qui laissait 274 000 000 $, le total de
ça. Ça, ça inclut les intérêts que l'on
peut...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
député de Labelle. M. le député de Verdun a
demandé la parole.
M. Levesque: Le secteur public, ça n'augmente pas son
fardeau.
M. Léonard:58 000 000 $. M. Levesque: Oui, c'est
ça.
M. Léonard: 58 000 000 $ pour le secteur public.
M. Levesque: Ça correspond à la taxe indirecte.
M. Séguin: Si je peux...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre.
M. Séguin: Claude Séguin. Les 58 000 000 $
correspondent à la taxation indirecte qui était payée par
le secteur public. Ce n'est pas une augmentation de fardeau pour le secteur
public: écoles, commissions scolaires, hôpitaux,
municipalités. Quand les entreprises leur fournissaient un service, les
entreprises payaient la taxe sur toute leur production. C'était inclus
dans leurs prix et elles vendaient leurs biens plus cher à une
commission scolaire. Maintenant qu'elles ne paient plus la taxe, elles vont
vendre leurs biens moins cher. Même si, directement, le secteur public
paie 58 000 000 $ de plus au total, compte tenu qu'il va y avoir des prix,
comme le consommateur, moins élevés, l'impact est nul.
M. Léonard: Juste une dernière remarque avant de
laisser, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je reviens au fardeau fiscal, à
l'écart Québec-Ontario. Ça, c'est une nouvelle ligne que
vous ajoutez, ce rajustement pour le déficit, parce qu'avant ça
n'existait pas. C'est un
élément très ponctuel.
M. Levesque: on l'a fait en commission parlementaire, l'an
dernier, mais on ne l'avait pas dans les annexes. on ne l'a pas plus, cette
année, dans les annexes.
M. Léonard: Non, non, je sais, mais on l'avait jusqu'en
1990, et en 1990 le tableau s'arrêtait au total. La comparaison, par
rapport au tableau de 1990, c'est 3,9 %, ce qui serait augmenté à
9,3 % maintenant.
M. Levesque: C'est 3,9 % qui a suivi... L'année
passée, c'est allé à 7,5 %.
M. Léonard: C'était 7,5 %, et maintenant c'est 9,3
%.
M. Levesque: Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, on ne
pouvait pas vous le donner. La même semaine avaient lieu les deux
budgets.
M. Léonard: On m'a dit que demain on nous le donnerait,
là, c'est ça, le détail du tableau de l'écart
fiscal.
M. Levesque: Le détail de 1991, pour les 7,5 %?
M. Léonard: Oui, pour les 7,5 % de 1991, parce que, dans
nos tableaux, il nous manque 1991. On n'a pas le tableau. Ça avait
été dit, effectivement, en commission parlementaire, 7,5 %, mais
sans explication à l'époque.
M. Levesque: Je n'ai aucune objection. Si ça peut se
faire, je n'ai aucune objection.
M. Léonard: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Je comprends que dans
les tableaux que vous allez déposer peut-être demain, ma
comparaison entre l'Ontario et le Québec par rapport à l'aide qui
est donnée à l'innovation et a la recherche et
développement, vous allez pouvoir les déposer
ultérieurement.
Le Président (M. Lemieux): Ça n'avait pas
été demandé, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Je pense que je l'avais demandé suite à
votre suggestion.
Le Président (M. Lemieux): C'est-à-dire que j'ai
demandé l'écart, mais les tableaux...
M. Gautrin: Ah! vous l'avez su.
M. Levesque: Ça va être plus long, me dit-on, dans
les faits.
Plan de participation des travailleurs à
l'entreprise
M. Gautrin: Très bien. Alors, je vais profiter du temps de
parole qui m'est alloué, M. le Président, pour aborder avec le
ministre une autre des mesures importantes qui sont prévues au budget
pour moderniser l'économie québécoise, et je vais
m'arrêter aux pages 75 et 76 de l'annexe A, c'est-à-dire au plan
de participation des travailleurs à l'amélioration des
résultats de l'entreprise. Si je comprends le document, vous proposez un
plan de manière à pouvoir développer un programme de
qualité totale et d'intéressement des travailleurs dans lequel,
pour les entreprises qui auront un programme de qualité totale tel
qu'accepté par le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie...
M. Levesque: En fait, ça prend un visa du ministère
de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie...
M. Gautrin: Un visa, c'est ça.
M. Levesque: ...et, ensuite, ça va...
M. Gautrin: Je vous laisse exposer.
M. Levesque: ...pour l'enregistrement au ministère du
Revenu.
M. Gautrin: C'est ça. Il y a un enregistrement au
ministère du Revenu. Donc, ça prend quand même deux
conditions, et ça permet, à ce moment-là, un certain
nombre de déductions des sommes qui seront retournées aux
employés, c'est-à-dire des montants... Enfin, évidemment,
les formules d'intéressement peuvent varier, c'est bien
précisé en bas de la page 77, pour retourner aux
travailleurs...
M. Levesque: Si on me permet, je vais simplement faire une
introduction à cette...
M. Gautrin: Allez-y, avec plaisir, justement.
M. Levesque: II y a, d'abord, la mesure elle-même qu'on
pourrait décrire d'une façon générale comme mesure
qui incite les travailleurs et les employeurs à mettre en place un
régime d'intéressement des travailleurs à
l'intérieur d'une démarche de qualité totale. On sait que
le ministre de l'Industrie et du Commerce a insisté d'une façon
évidente sur les besoins d'une telle démarche.
L'aide fiscale est dispensée en fonction des montants
reçus par les employés sous forme de participation aux
résultats de l'entreprise. Les employés admissibles sont ceux qui
sont à
l'emploi d'une corporation du secteur manufacturier, peu importe sa
taille. La corporation admissible est une PME du secteur manufacturier. Une
PME est définie comme une corporation dont l'actif est
inférieur à 25 000 000 $ ou dont l'avoir net des actionnaires est
d'au plus 10 000 000 $.
Quant à l'aide octroyée, les employés admissibles
pourront déduire dans le calcul de leur revenu imposable les montants
reçus dans le cadre d'un régime d'intéressement
jusqu'à concurrence de 3000 $ par année. Le montant maximum
déductible pour un employé, à l'intérieur d'une
période de cinq ans, est fixé à 6000 $. Les PME
admissibles bénéficieront d'un crédit d'impôt non
remboursable de 15 % qui peut être reporté sur cinq ans sur la
partie admissible des sommes versées en vertu d'un régime
d'intéressement. Donc, il y a deux bénéficiaires:
l'employé et l'employeur. Nous avons un tableau qui illustre l'impact de
la mesure pour les participants à un régime
d'intéressement d'une PME de 100 employés.
Alors, on pourrait, évidemment, entrer dans tous ces
détails-là, mais vous me permettrez de dire d'abord que
l'implantation d'une démarche de qualité totale est un processus
continu qui s'échelonne sur une période de trois à cinq
ans. Toutefois, pour attester qu'une démarche de qualité totale
est en cours, la seule obligation faite à l'entreprise est qu'elle ait
réalisé certaines étapes préliminaires. Il faut
baliser l'affaire parce qu'on n'est pas pour laisser cette... C'est une mesure,
évidemment, intéressante, mais il faut qu'elle soit
balisée pour qu'elle atteigne les fins pour lesquelles elle a
été instituée, et, en même temps, qu'on n'ait pas de
dépenses incontrôlées. Alors, il faut que ce soit
réellement dans le processus de la démarche de qualité
totale. (17 h 10)
Ces étapes font partie d'un plan d'amélioration de la
qualité totale que l'entreprise effectue elle-même ou avec l'aide
de spécialistes. La réalisation de ces étapes
préliminaires s'échelonne habituellement sur une période
de six mois. Pour toute entreprise engagée dans une démarche de
qualité, il sera facile de fournir ces informations.
En ce qui a trait à l'émission du visa, il s'agit d'une
procédure simple, car les entreprises ne s'adresseront qu'à un
seul endroit, soit au bureau régional du ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. De nombreuses PME entretiennent
déjà des contacts avec les agents industriels du
ministère. Aucun document contenant les informations confidentiels n'est
exigé. C'est important de le souligner. Les entreprises n'ont
qu'à démontrer lors de l'enregistrement qu'elles satisfont
à certaines conditions de base. Lorsque l'enregistrement est
accordé, aucune mesure de contrôle bureaucratique n'est
prévue par la suite. Une fois son visa obtenu, l'entreprise n'a
qu'à le faire parvenir au ministère du Revenu pour que le
régime soit enregistré, ce qui ne constitue d'ailleurs qu'une
formalité. Bref, la procédure d'émission de visa est
simple, bien que lorsqu'on le lit, comme mon honorable ami d'en face en faisait
la lecture de l'annexe A, évidemment, ça peut paraître un
peu lourd, mais en pratique, nous voulons que ce soit simple, facilement
accessible et efficace.
M. Gautrin: Merci, M. le ministre. Si je comprends bien,
ça veut dire que tous les travailleurs, quelle que soit la taille de
l'entreprise dans le secteur manufacturier, pour lesquels il y aura un
programme de qualité totale et d'intéressement pourront
bénéficier des mesures prévues. Par contre, pour que la
compagnie puisse bénéficier des mesures fiscales, il faut que ce
soit une petite ou moyenne entreprise, c'est-à-dire tel que
défini, une entreprise dont l'actif est inférieur à 25 000
000 $.
M. Levesque: C'est ça. Pour les employés, c'est
général; pour les entreprises, les PME ont droit au 15 % dont il
a été question tout à l'heure.
M. Gautrin: Est-ce que vous avez évalué le
coût budgétaire de cela? Je comprends que ce n'est pas en fonction
avant le 31 décembre 1992. Dans le budget 1992-1993, ça a un
effet virtuellement faible.
M. Léonard: Ha, ha, ha! Vous l'avez dit.
M. Levesque: Vous savez, c'est un peu comme les autres mesures
que nous avons mises en place dans la recherche et développement, dans
le Fonds de développement technologique. Il y a eu bien des questions de
posées, mais pourquoi ça ne coûte rien cette année?
Au moment où la mesure part, évidemment, elle ne coûte pas,
parce que souvent ces mesures-là sont des mesures d'ordre fiscal et
elles coûtent, finalement, dans un an ou deux ans. On ne peut
évaluer la mesure que dans... Pardon?
M. Léonard: Est-ce que les taxes, ce n'est pas le
même phénomène?
M. Levesque: Ahl bien, ce sont des mesures, évidemment,
qui sont reliées à la fiscalité proprement dite. Vous le
savez comment ça fonctionne. Vous, avec votre profession, vous le savez
encore mieux que quiconque comment ça fonctionne ces choses-là.
J'imagine. Bon! M. le député.
M. Gautrin: Alors, ça répond à ma question,
M. le Président. Je ne sais pas si... Pour l'équilibre du
débat, est-ce que je repasse la parole au député de
Labelle? C'est parce que moi...
Le Président (M. Lemieux): II y a M. le
député de Richelieu, s'il y a consentement, qui avait quelques
questions.
M. Gautrin: ...au député de Richelieu - je voudrais
intervenir ensuite sur la dimension des régions. Autrement dit, toute la
stratégie de développement des régions à
l'intérieur des budgets.
Le Président (M. Lemieux): Malheureusement, votre temps
n'est pas transférable. Si vous ne terminez pas vos 10 minutes, s'il n'y
a pas de consentement de la part du député de Labelle, je dois
céder la parole à M. le député de Labelle...
M. Gautrin: Je peux rentrer dans les régions, mais c'est
pour l'équilibre du débat simplement.
Le Président (M. Lemieux): ...vos 10 minutes
n'étant pas terminées.
M. Gautrin: Je peux bien aller dès maintenant... Bon.
Alors, M. le ministre, on va donc... Il me reste combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Ça dépend du
nombre de questions que vous posez.
M. Gautrin: Mais, actuellement, il me reste combien de temps sur
les 10 minutes?
Le Président (M. Lemieux): Vous avez fait trois minutes.
Il vous reste sept minutes.
M. Gautrin: Ah! Bien, c'est parfait.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez vous rendre
jusqu'à 18 heures.
Capital de risque en région
M. Gautrin: M. le Président, je voudrais revenir sur une
autre mesure à l'intérieur du budget qui est importante, qui
touche le développement des régions. Vous avez déjà
à l'intérieur... Vous augmentez le nombre de
sociétés régionalales d'investissement. Il y en a six
actuellement; vous en créez quatre de plus. Vous augmentez le capital.
Vous augmentez de 47 000 000 $ le capital des six existantes et vous en
créez quatre nouvelles avec un capital de 100 000 000 $. Ceci à
la page 64 de l'annexe A, actuellement.
Ma question est un peu générale. Strictement sur les
sociétés régionales d'investissement, quel est le bilan
que vous faites des sociétés régionales d'investissement?
J'imagine que c'est un bilan positif, puisque vous en créez d'autres,
quatre nouvelles, et que vous augmentez leur capital?
M. Levesque: Voici, il faut peut-être se reporter à
une mesure qui avait été initiée il y a quelque temps par
le gouvernement du Québec, et plus particulièrement celui qui
vous parle, avec le ministre du développement régional du temps.
Nous avions rencontré la Caisse de dépôt et placement du
Québec, M. Jean Campeau en l'occurrence, et nous avions parlé
justement de l'importance pour cette institution nationale de pouvoir
s'impliquer dans le développement régional. Ce n'était pas
tombé en terre stérile, au contraire, ça avait
été quelque chose qui avait été mis à
l'étude. En même temps, d'autres sociétés,
lorsqu'ils ont vu l'intérêt que portait la Caisse, ont voulu
participer également à cela.
Nous avons fait un projet-pilote dans une région que je connais
particulièrement bien, qui est celle de la Gaspésie, et où
la Caisse de dépôt, si je me rappelle bien là, le Mouvement
Desjardins et la Banque Nationale, le Fonds de solidarité des
travailleurs... La Banque n'était pas encore rendue, je pense. Non, je
pense que c'était le Fonds de solidarité des travailleurs, le
Mouvement Desjardins et la Caisse de dépôt et placement du
Québec, avec une implication aussi locale.
On avait, à ce moment-là, décidé d'appuyer
cela en participant financièrement au fonctionnement du
secrétariat parce qu'on comprend que ce n'est peut-être pas
rentable pour des sommes qui sont relativement petites par rapport à
l'ensemble de l'économie. Mais dans le projet pour la Gaspésie et
les îles-de-la-Madeleine, si je me rappelle bien, les institutions et le
public avaient mis 3 400 000 $. Nous, nous nous sommes engagés à
ce moment-là, comme gouvernement, à verser 200 000 $ par
année pour le fonctionnement du secrétariat. Ça, c'est en
marche.
Ça, ça fait boule de neige parce que les autres
régions ont vu cela et ont manifesté l'intérêt pour
avoir des sortes de fonds de développement régional de ce
genre-là. C'est là que vous trouvez la décision qui a
été prise il y a quelques mois seulement, parce que cette
décision-là était nécessaire pour que nous
puissions en parler dans le budget. Alors, nous avons finalement eu... C'est
là que nous avons eu, évidemment, l'accord, si vous voulez, de
ces institutions qui, cette fois-là, sont énumérées
ici: le Mouvement Desjardins, la Caisse de dépôt et placement, la
Banque Nationale du Canada et le Fonds de solidarité des
travailleurs.
La mise sur pied de ce réseau de sociétés
régionales d'investissement a pour but de répondre aux besoins de
capital de risque pour l'expansion des PME existantes, et permettre aux
entreprises de toutes les régions de bénéficier de
l'expertise d'investisseurs compétents qui s'impliquent dans
l'entreprise et qui offrent des opportunités d'affaire en raison de leur
intégration à un réseau d'investisseurs à la
grandeur du Québec.
L'aide gouvernementale, elle, se limite à une prise en charge
partielle des coûts de fonctionnement de ces sociétés.
L'aide octroyée se chiffre à environ 1 800 000 $ annuellement
pour une période de quatre ans. Elle permettra de ramener à 2 %
du capital souscrit par année les coûts d'opération
assumés par les actionnaires des sociétés. Grâce
à l'aide gouvernementale, les sociétés régionales
d'investissement pourront se doter de gestionnaires compétents et en
nombre suffisant pour effectuer la prospection des investissements et accorder
un support adéquat aux PME.
Les sociétés déjà en opération:
Saguenay-Lac-Saint-Jean, montant déjà souscrit, 16 000 000 $;
Gaspésie-îles-de-la-Madeleine, c'est bien ça, 5 400 000 $;
Bas-Saint-Laurent, 2 000 000 $; Québec-Beauce, 10 400 000 $;
Maurice-Bois-Francs, 9 200 000 $; Estrie, 10 000 000 $; pour un total de 53 000
000 $.
M. Gautrin: Est-ce que vous pourriez déposer... (17 h
20)
M. Levesque: On ajoute pour l'Outaouais;
l'Abitibi-Témiscamingue; le Bas-Saint-Laurent, avec une fusion avec la
société existante; le bureau Québec-Beauce - c'est un
bureau satellite; Mauricie-Bois-Francs; également un bureau satellite en
Estrie; un bureau satellite à Granby; Côte-Nord, bureau satellite.
Vous avez ça dans le document que vous avez devant vous?
M. Gautrin: Je l'ai devant moi ici? Non, je ne pense pas l'avoir
vu.
M. Levesque: Alors, île de Montréal, nouvelle
société; Rive-Nord, nouvelle société; Rive-Sud,
nouvelle société. Vous avez là des montants à
souscrire de 47 000 000 $ pour une aide gouvernementale de 1 820 000 $.
M. Gautrin: Est-ce que vous pourriez déposer ce...
M. Levesque: Ce sont des prévisions, évidemment,
mais il faudrait que chacune des sociétés fasse...
M. Gautrin: Bien sûr.
M. Levesque: ...leur annonce. Ça leur revient de le
faire.
M. Gautrin: M. le Président, c'est parce que je suis
appelé dans une autre commission pour voter, alors je reviendrai plus
tard sur d'autres questions sur le développement régional.
M. Levesque: Merci, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Je reviendrai.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Labelle.
Comparaison des fardeaux fiscaux entre le
Québec et l'Ontario
M. Léonard: M. le Président, je voudrais revenir au
fardeau sur l'écart Québec-Ontario. Est-ce que c'est possible de
connaître les masses financières qui servent à la
comparaison d'une année sur l'autre? Par exemple, en 1989, ce que vous
nous avez donné comme tableau, c'est qu'il y avait un écart de 2
529 000 000 $ en termes d'impôt sur le revenu des particuliers. En 1992,
on retrouve exactement le même écart, 2 526 000 000 $. Il y a
celui de 1991. Bon, pour établir l'écart, il y a des masses
financières dont vous vous êtes servis, dont le ministère
s'est servi. Est-ce qu'il y a moyen d'avoir, de connaître ces masses
financières, l'impôt sur le revenu des particuliers total pour le
Québec en 1990, année d'imposition 1990, année
d'imposition 1991, année d'imposition 1992? eh bien, c'est sur une base
annuelle et non pas... on n'a pas le chiffre total. on a le budget. on n'a pas
les masses qui ont servi à faire la comparaison annuelle.
Vous prenez l'écart Québec-Ontario, vous le
réduisez par pourcentage, etc., mais vous avez des masses
financières qui ont servi à établir l'écart. Les 2
526 000 000 $, c'est la différence entre l'Ontario, avec une population
proportionnelle, et le Québec. Vous connaissez la masse Québec.
Est-ce qu'il y a moyen d'avoir ça?
M. Levesque: M. le Président, M- Séguin.
M. Séguin: Claude Séguin. C'est la même
méthodologie qu'on a au ministère des Finances depuis le
début des années quatre-vingt, depuis 1980, 1981. La
méthodologie est la suivante. Par exemple, on va prendre l'impôt
sur le revenu des particuliers. On applique aux assiettes
québécoises, c'est-à-dire le salaire et traitement, les
revenus imposables d'intérêt - on a un modèle de
simulation, ces bases économiques - la structure ontarienne. Ils ont une
table d'impôt différente. Ils ont des déductions
différentes. Ils ont des crédits d'impôt
différents.
Donc, on prend la structure ontarienne et on l'applique à un
échantillonnage des assiettes québécoises: combien de
contribuables en bas de l'échelle, au milieu de l'échelle, en
haut de l'échelle; combien de revenus d'intérêt et comment
ça se répartit entre les contribuables à faibles revenus,
à moyens revenus ou à hauts revenus, pour avoir les taux
marginaux, les familles, etc. Lorsqu'on applique à notre modèle
de simulation québécois les structures ontarien-nes, on trouve,
pour l'année 1992, que les Québécois paient, au niveau de
l'impôt sur le revenu des particuliers, 2 500 000 000 $ de plus que si on
avait appliqué la structure ontarienne
aux Québécois.
Donc, on ne prend pas le montant dans le budget de l'Ontario, puis on
fait une règle de trois pour l'appliquer au Québec. C'est
vraiment... On va à la base même, c'est pour ça que
ça prend un certain temps à faire. C'est la même chose au
niveau de la consommation. On prend les ventes au détail au
Québec, la consommation des ménages, de services, etc. On
applique les taux ontariens, la structure ontarienne aux ventes au
Québec, dans le fond. Par exemple, les réparations dans les
garages ontariens sont taxées à 8 %. Au Québec, elles sont
juste taxées en 1992, à partir du 1er juillet, à 4 %.
Donc, on applique la structure ontarienne aux assiettes
québécoises et on découvre, on regarde le montant
excédentaire ou non excédentaire que ça donne. C'est comme
ça qu'on trouve les montants. Je ne peux pas vous donner des bases et
tout ça. C'est tout le modèle d'économie...
M. Léonard: je comprends, mais, à un moment
donné, compte tenu de la population, il y a moyen de retrouver la base
générale, la base globale, totale.
M. Séguin: C'est assiette par assiette, alors que si on
prend...
M. Léonard: Assiette par assiette.
M. Séguin: Oui. L'impôt des
sociétés... On applique au revenu des sociétés au
Québec...
M. Léonard: Oui, mais vous l'avez, l'assiette de
l'impôt sur les sociétés.
Une voix: ...des cigarettes.
M. Séguin: Par exemple, on me dit que pour la taxe sur le
tabac, sur les cigarettes, on prend le nombre de cigarettes vendues et on
applique la structure ontarienne, les taux ontariens sur le nombre de
cigarettes vendues. Donc, c'est un «computer» assez gros. Ça
ne se résume pas sur une page. Mais c'est la même
méthodologie depuis 10 ans.
M. Léonard: Bon.
M. Séguin: Si vous voulez avoir l'approximation...
M. Léonard: C'est parce que la question, à mon
sens, à laquelle il serait intéressant d'avoir une
réponse, c'est: Par rapport aux assiettes ou au fardeau fiscal des
Québécois 1991-1992, quelle est la charge additionnelle? Il y a
évidemment l'impact de l'inflation, mais on peut comparer aussi,
globalement, combien les Québécois ont payé en impôt
en 1991 et combien ils vont payer en 1992. C'est ça qu'on peut comparer
aussi. En d'autres termes, vous le faites sur une base de modèle
statistique, en quelque sorte, quand vous faites la comparaison avec l'Ontario.
Mais du point de vue économie du Québec - même on pourrait
presque le prendre en termes de PIB - les Québécois paient
combien en impôt sur le revenu, année 1991, année 1992?
Ça devrait se trouver aux Finances. Il me semble que c'est une
donnée assez basique.
M. Séguin: Vous voulez dire par année
financière.
M. Léonard: Oui. 1992-1993. M. Séguin:
1992-1993.
M. Léonard: C'est par année financière que
vous avez ça.
M. Séguin: Oui. Par exemple, si on prend la
prévision 1992-1993 de l'impôt sur le revenu du particulier,
à la page 28 du discours...
M. Léonard: Je pense que je vais revenir là-dessus,
M. le Président. On précisera les...
M. Séguin: On l'a tout sur une base d'année
financière. Donc, à part un quart, trois quarts, c'est pas mal la
même chose que sur une base annuelle de calendrier.
Politique de financement du gouvernement
M. Léonard: Oui, un quart, trois quarts. Je voudrais
revenir, M. le Président, sur...
Je voudrais aborder un autre sujet, si on me permet, avec le ministre
des Finances, ce soir, sur la politique de financement du gouvernement. Je
voudrais simplement livrer quelques réflexions là-dessus, et vous
pourrez commenter. Dans les budgets 1989-1990 et 1990-1991, le ministère
exprimait clairement poursuivre une politique de financement axée sur la
maximisation de la dette libellée en dollars canadiens. C'est ainsi que,
compte tenu de l'utilisation faite des véhicules financiers tels les
contrats d'échange et de devises, la part de la dette libellée en
dollars canadiens atteignait 76,7 % au 31 mars 1990, il y a deux ans. (17 h
30)
Nous constatons cette année qu'au 31 mars 1992 cette part n'est
plus que de 66,3 %, et ce pourcentage tient compte de l'effet des contrats
d'échange et de devises. Donc, c'est plus, la.... Soit dit en passant,
à peine 60 % des emprunts réalisés l'année
dernière étaient libellés en dollars canadiens. Par
ailleurs, dans les mêmes budgets, soit ceux de 1989-1990 et 1990-1991, on
indiquait aussi poursuivre une politique de financement favorisant des
échéances de plus de 10 ans. A titre d'exemple, les nouveaux
emprunts réalisés en 1990-1991 comportaient des
échéances de 12 ans en moyenne. Cet objectif semble aussi
avoir été abandonné. C'est ainsi qu'au 31 mars 1992
l'échéance moyenne de la dette directe s'établissait
à 8,4 ans alors qu'une année plus tôt cette
échéance était de 8,8 ans.
Nous devons également souligner le très fort volume
d'emprunts du secteur public québécois en 1991. Ainsi, les
emprunts du gouvernement sont passés de 2 266 000 000 $, en 1990,
à 5 949 000 000 $, en 1991. Du côté des institutions
d'enseignement, ils sont passés de 427 000 000 $ à 942 000 000 $
et, chez HydroQuébec, de 3 432 000 000 $ à 5 899 000 000 $. Bref,
au total, les emprunts du secteur public québécois, incluant le
gouvernement, les municipalités, les réseaux et les
sociétés d'État sont passés de 9 252 000 000 $
à 16 697 000 000 $. Cela explique peut-être les résultats
décrits plus haut, d'autant que le gouvernement antérieur a
augmenté de façon importante son volume d'emprunts. Par ailleurs,
nous constatons que le ministère des Finances ne décrit pas,
à l'annexe C, les objectifs qu'il poursuit dans sa politique de
financement comme il le faisait les années dernières,
particulièrement en 1989-1990 et 1990-1991.
Alors, mes questions, M. le Président, sont les suivantes: Quels
sont les objectifs du gouvernement en matière de financement? Je ne sais
pas si... J'ai un certain nombre de questions à poser par rapport
à la politique de financement du gouvernement, donc le premier... C'est
un vote?
M. Levesque: Voulez-vous vérifier si c'est un vote ou si
c'est le quorum?
M. Léonard: J'ai commis un lapsus, là. C'est
«ontarien» au lieu de «gouvernement antérieur».
Alors, les questions, c'est: Quels sont les objectifs du gouvernement en
matière de financement? Comment explique-t-on la
détérioration au chapitre de la part de la dette libellée
en dollars canadiens et la réduction de l'échéance
moyenne? Si la politique de 1989-1990 et 1990-1991, telle qu'elle était
exprimée, a changé, quels sont les avantages de la
réorientation? Quels sont ses inconvénients? Comment
explique-t-on le volume accru des emprunts de 1991? Je pense que ce serait
important d'avoir une ventilation. Le volume est considérablement
augmenté. Quel est le taux d'intérêt moyen payé sur
la dette directe en 1989 et en 1990? Quels sont les anticipations, pour 1992,
sur le volume d'emprunts, et ce, libellé en dollars canadiens, le taux
d'intérêt, d'échéance? Bref, je pense que ce sont
des questions importantes. Ça touche la politique de financement du
gouvernement et des réseaux.
M. Levesque: Nous allons prendre note de vos différentes
questions qu'on pourra reprendre à la prochaine séance. En deux
mots, cependant, il est important de bien comprendre qu'il y a des facteurs
dont on doit tenir compte. Nous avons comme objectif de minimiser les
coûts, de prendre avantage. Nous avons une gestion, dans le financement,
de plus en plus sophistiquée. Chaque occasion que nous avons eue, nous
avons payé d'avance lorsque les emprunts comportaient la
possibilité de le faire afin d'emprunter à des taux
inférieurs au taux des emprunts en cours. Nous avons, par exemple,
augmenté le nombre brut des emprunts au cours de ces
années-là, mais le net, cependant, doit être
envisagé. Le net, évidemment, c'est les besoins financiers nets
du Québec. Un autre facteur qui me vient aussi à l'esprit, c'est
que nous avons pris, dans certaines années, comme l'année
dernière, une avance sur l'année suivante, parce que les
conditions étaient et nous paraissaient favorables.
Alors, autrement dit, nous avons, je pense, une équipe qui a une
forte expertise dans le domaine du financement. Nous travaillons de très
près, évidemment, avec les gens d'Hydro-Québec pour leurs
emprunts. Nous avons les emprunts du gouvernement du Québec, et nous
avons maintenant, avec la loi la plus récente, le Fonds de financement.
Alors, le Fonds de financement aussi, ça implique que nous allions
nous-mêmes emprunter pour que le Fonds de financement puisse prêter
aux institutions qui passent par nous pour leurs besoins financiers.
Autrement dit, nous prenons avantage de toutes les conditions qui nous
paraissent favorables afin de faire en sorte de minimiser les coûts. J'ai
eu l'occasion de me faire dire, et j'étais très heureux de
l'entendre, par des experts financiers que l'équipe au ministère
des Finances était à peu près la meilleure qui
était connue dans le monde gouvernemental, qu'il soit au Canada ou
ailleurs. Nous avons développé cette expertise-là, et nous
sommes heureux de voir que nous puissions faire des économies assez
importantes en changeant peut-être non pas les objectifs, mais en
changeant la nature ou le pourcentage des devises jusqu'à une certaine
mesure. Nous ne voulons pas nous exposer, cependant... Tout est pris en
considération. Nous ne voulons pas nous exposer d'une façon
téméraire. Nous allons, par exemple... Depuis quelque temps, nous
faisons beaucoup d'emprunts qui, finalement, sont en devises
étrangères, mais qui sont immédiatement
échangés en devises canadiennes et américaines,
dépendant des conditions du marché.
Alors, je serai peut-être plus précis lorsque j'aurai la
série de vos questions pour y répondre d'une façon plus
spécifique. Si vous pouvez nous donner ces... Vous les avez? Alors, mes
gens ont reçu vos questions, et on tâchera d'être plus
précis et répondre à chacune des questions que vous avez
soulevées.
M. Léonard: Je voudrais quand même faire un
commentaire, M. le Président. Je n'ai pas remis en cause la
compétence de l'équipe du ministère à faire des
emprunts. Le problème qui
se pose, cependant, c'est que - en termes parlementaires et politiques
nous avons un travail à faire, nous avons été élus
- particulièrement quand on a une équipe compétente, si la
direction est mauvaise, ça peut aller dans la mauvaise direction et le
tort peut être plus grand, justement parce qu'ils sont très
compétents dans les directives qu'on leur donne à
réaliser. Alors, M. le ministre des Finances ne peut pas se disculper de
sa responsabilité vis-à-vis...
M. Levesque: Mais pas du tout, au contraire. Au contraire.
M. Léonard: ...d'une telle situation. Alors, revenons-en
quand même à la discussion parce que je n'ai pas remis en cause la
compétence des fonctionnaires du ministère des Finances. Il y a
quand même une réorientation politique. Ou bien le ministre est au
courant qu'il y a une réorientation politique ou il n'est pas au
courant. S'il est au courant, il est capable de nous l'expliquer: On est
allés vers des emprunts en devises étrangères, on a
raccourci l'échéance des emprunts, etc. S'il n'est pas au
courant, bien là, je veux dire tout simplement qu'il ne fait pas son
travail. Alors, je pense qu'en toute hypothèse il faut qu'il
répondre, parce que les changements d'orientation sont majeurs. Ils sont
détectables même sur une période d'un an, très
nettement.
M. Levesque: Est-ce que vous avez posé une question?
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Excusez-moi, je...
M. Léonard: Vous avez fait une réorientation
majeure en termes d'échéance moyenne des emprunts au
gouvernement, en termes de devises étrangères de proportion
d'emprunt en dollars canadiens ou en devises étrangères. Je pense
que ce sont deux réorientations très importantes. Ça
apparaît à la lecture même de vos données.
M. Levesque: Oui, mais ce que vous ne voyez pas dans cette
lecture-là, c'est qu'à certains moments il faut s'adapter
à la conjoncture. Il y a des taux qui sont plus avantageux, à un
moment donné, en devises non canadiennes, et nous en profitons.
Ça veut dire, par exemple, qu'on peut, à cause justement de ce
différentiel-là, être protégé d'une
façon assez claire. Pardon? (17 h 40)
M. Léonard: À ce moment-là, est-ce qu'il y a
moins de place sur le marché canadien et vous êtes obligé
d'aller à l'étranger? Par exemple, depuis que l'Ontario a
augmenté son déficit, est-ce que...
M. Levesque: II faudrait faire attention là, parce que
votre...
M. Léonard: J'émets une hypothèse parce
que...
M. Levesque: ...gouvernement a peut-être été
un précurseur jusqu'à un certain point sur les marchés
étrangers. Je me rappelle fort bien que vous êtes allés sur
le marché asiatique, vous êtes allés sur le marché
européen à certains moments, et que c'était
même...
M. Léonard: M. le Président, le ministre fait une
diversion. Il a exprimé des objectifs de financement du Québec
dans des documents antérieurs, 1989-1990 et 1990-1991, qu'il ne suit pas
maintenant.
M. Levesque: Oui, mais quand je... Non, non.
M. Léonard: Non, mais je ne conteste pas votre droit de le
faire...
M. Levesque: Oui, oui, mais...
M. Léonard: ...je vous demande des explications, ce que
nous devons faire en commission parlementaire.
M. Levesque: Ce que j'ai dit il y a quelques années,
disons, deux, trois ou quatre ans... Je me rappelle très bien avoir dit
que nous avions plutôt des résultats que des politiques, parce
qu'il faut être assez souple pour pouvoir réagir, et rapidement.
Ce que je disais dans ce temps-là, c'était que nous avions,
à ce moment-là, dans le partage des devises 70 % - je me rappelle
bien l'avoir dit aussi - en devises canadiennes, 15 % en devises
américaines et 15 % en autres devises. C'est ça que j'avais dit.
Là, vous êtes arrivé et vous avez dit: Vous êtes
à 66 %, avez-vous changé de politique? Ce n'est pas que nous
avons changé de politique, mais nous avons tenu compte de la
conjoncture. La conjoncture nous amène à procéder un peu
différemment, mais sans s'exposer davantage; au contraire, en effectuant
des économies importantes.
M. Léonard: M. le Président, je vais juste relire
un paragraphe de la politique émise, énoncée par le
ministre, annexe C-14, budget 1990-1991: La réalisation des emprunts du
gouvernement en 1989-1990 a été orientée vers les
objectifs suivants: augmentation de la part de la dette en dollars canadiens;
réduction de celle en tierce monnaie et maintien d'une
échéance moyenne supérieure à 10 ans pour les
nouveaux emprunts. On est allés dans une direction complètement
contraire. C'est ça que je dis.
M. Levesque: La conjoncture de ce moment-là nous amenait
à être exactement dans cette situation-là. La conjoncture a
évolué, a changé et nous n'avons pas attendu, nous ne
sommes pas
restés collés là-dessus. Nous avons pris, non pas
une orientation nouvelle, parce que l'orientation a toujours été
de minimiser les coûts et d'être le moins exposé
possible.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Richelieu.
M. Khelfa: Merci, M. le Président.
M. Levesque: Si vous me permettez, je vais juste compléter
ma réponse.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre,
complétez votre réponse.
M. Levesque: Voyez-vous, si on part de 1987, en dollars
canadiens, nous étions à 68,6 % en 1987; en 1988, 69,7 %; en
1989, 74,6 %; en 1990, 77 %; en 1991, 72 %; et, en 1992, 66 %. Alors, si on
regarde 1987, on était à 68 %. Là, on est à 66,3 %.
On n'est pas tellement loin, mais ça a évolué selon la
conjoncture. Si on regarde en dollars américains, c'est 16,4 %, 14,2 %,
11,6 %, 11,3 %, 17,2 %, 20,9 %. Et, finalement, si on regarde en devises
étrangères autres qu'américaines, c'est 15 %, 16 %, 13 %,
11 %, 10 %, 12 %. Il n'y a pas tellement de différence et ça
s'explique justement parce qu'on tient compte de la conjoncture et on
réagit immédiatement. C'est justement la qualité de
l'équipe que nous avons, je suis heureux de le souligner, qui fait que
nous ne sommes pas statiques là-dedans. Au contraire, nous sommes
imaginatifs, créatifs et nous avons... À certains moments depuis
un an ou deux, j'ai remarqué des économies importantes où
nous avons pu avoir des périmés dans le service de la dette.
C'est pour cette raison-là.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
ministre?
M. Levesque: Bien, oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Richelieu.
M. Khelfa: Merci, M. le Président. J'ai attendu depuis le
matin pour poser quelques questions au ministre et, finalement, j'y arrive.
Vous allez voir, M. le ministre, mes questions ne seront pas d'ordre partisan,
elles seront tout à fait objectives. De toute façon, je ne suis
pas dans l'Opposition.
M. Léonard: Vous allez voir que le grattage de dos,
ça va être beau!
M. Khelfa: Comme vous le savez, l'ancien gouvernement... M. le
député de Labelle se souvient d'une déclaration d'une de
ses collègues du Conseil des ministres à l'époque en
disant que leur politique économique a été un
échec, un fiasco. aujourd'hui, il n'y a pas de place pour nous faire de
la morale sur ça. j'espère que sa mémoire n'est pas
courte.
Soutien financier à la famille
Bref, je reviens sur la question, M. le Président, sur le
crédit d'impôt, M. le ministre, concernant les adultes qui
hébergent leurs parents. Vous mentionnez que c'est 440 $ qui peuvent
inciter les enfants à garder leurs parents âgés chez eux.
Pourriez-vous nous expliquer, m'expliquer un peu pourquoi vous êtes
arrivé à 440 $, pas à 450 $, pas à 400 $, dans un
premier temps? Dans un deuxième temps, d'après vous, est-ce que
ça va être un incitatif pour le maintien à domicile chez
les enfants?
M. Levesque: Alors, M. le Président, je suis très
heureux que le député de Richelieu souligne, soulève cette
question bien importante. D'ailleurs ça a été une mesure
très originale du budget, et très bien reçue par la
population. Ceci, évidemment, c'est dans le contexte de nos
préoccupations constantes pour la famille québécoise. Il
s'agit d'une nouvelle mesure qui vient appuyer cette politique annoncée
dans le cadre du présent discours sur le budget. Elle entrera en vigueur
dès l'année d'imposition actuelle, 1992.
L'aide annoncée, comme vous l'avez évoqué, prend la
forme d'un crédit d'impôt remboursable, remboursable - vous
n'êtes pas obligé de faire des profits ou de faire des revenus,
c'est remboursable - qui correspond à 20 % de la valeur d'un montant qui
serait une exemption. Vous savez que lorsqu'on procédait... Avant les
crédits d'impôt, on procédait par exemption. Alors, pour
une personne à charge il y avait une exemption. Alors, là, on
dit: On va vous donner une exemption de l'ordre de 2200 $. En crédit
d'impôt ça équivaut à 20 %, à 440 $. C'est
ça qui est l'explication des 440 $.
Ainsi un contribuable hébergeant un ascendant direct,
père, mère, grand-père, grand-mère, ou tout autre
ascendant en ligne directe, aura droit à un crédit pour chacune
de ces personnes de 440 $, non réductible en fonction du revenu d'un tel
parent, à part ça. Le crédit sera accordé pour
chaque parent hébergé. Le crédit sera versé
à l'égard d'un parent qui est âgé de 70 ans ou plus,
ou est âgé de 60 ans ou plus, mais est atteint d'une
déficience physique ou mentale grave ou prolongée.
On estime à 49 000 le nombre de personnes âgées qui
devraient se qualifier en fonction des critères que je viens
d'énoncer. Plus de 80 % d'entre elles sont des personnes
âgées de 70 ans et plus. Au total, la mesure représente un
accroissement du revenu disponible de 22 000 000 $, par an, pour les adultes
hébergeant leurs parents.
Alors, je suis heureux que le député de
Richelieu ait mentionné ces mesures-là parce que si je me
fiais à l'Opposition, vous savez, pour nous parler de ces
mesures-là, j'attendrais longtemps. J'attendrais longtemps pour entendre
parler l'Opposition de l'augmentation des allocations à la naissance.
J'attendrais longtemps de l'Opposition pour qu'on me parle des 42 000 000 $ qui
sont là, consacrés, 42 000 000 $ additionnels pour le
décrochage scolaire. J'attendrais longtemps pour entendre parler de
ça. J'attendrais longtemps pour parler du développement des
régions si j'attendais que le député de Labelle me parle
des sommes qui sont consacrées à la Gaspésie, au
Bas-Saint-Laurent, au secteur forestier, à tous les autres
investissements, les fonds de développement régionaux, etc.
J'attendrais longtemps. Je suis heureux que le député de
Richelieu au moins vienne le souligner, comme le député de Verdun
l'a fait tout à l'heure, parce que j'ai supplié le
député de Labelle, ce matin, d'essayer d'informer le public d'une
façon complète. Impossible, M. le Président, impossible
d'avoir une information complète. C'est une information
complètement biaisée. Je le regrette. (17 h 50)
Alors, nous, nous devons faire ce travail-là. Comme je ne peux
pas le faire seul, je remercie les députés de la commission de
pouvoir au moins donner une information plus complète à la
population, qui nous a élus pour bien la représenter, bien
l'informer. Alors, nous avons essayé, d'une façon, je pense,
assez remarquable de répondre aux questions de l'Opposition, questions
qui n'étaient pas nécessairement posées dans
l'intérêt de la population. Mais, tout de même,
c'étaient des informations qu'il était légitime de
fournir. Je remercie l'Opposition de m'avoir donné l'occasion de donner
tous ces détails-là, mais je voudrais ne pas oublier les autres
membres de la commission qui complètent cette information-là au
public, information à laquelle le public a droit.
M. Khelfa: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Richelieu.
M. Khelfa: ...j'aurais une autre question qui va permettre au
ministre de ne pas attendre longtemps après l'Opposition pour expliquer
une autre mesure, celle des familles. Vous parliez en termes
généraux.
M. Léonard: II ne peut pas s'empêcher de rire, M. le
Président.
M. Khelfa: En vous voyant, certain.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Richelieu, oui.
M. Khelfa: Vous parliez en termes généraux, mais
concrètement, qu'est-ce que le gouvernement a fait pour les familles
pour les aider à soutenir la situation versus la fiscalité? Vous
savez que la situation pour les familles, c'est une situation assez
spéciale. On essaie d'encourager la famille. La mesure, en termes
généraux, est claire, mais, en termes concrets, j'aimerais, si
vous pouviez, M. le ministre, nous expliquer plus précisément les
plus pointus.
M. Levesque: Alors, je remercie encore, et je ne remercierai
jamais assez le député de Richelieu de me permettre ainsi de
compléter l'information que ne veut absolument pas nous donner le
député de Labelle. En effet, ce soutien à la famille, qui
était de l'ordre de 814 000 000 $ en 1985, est maintenant, pour
l'année 1993, de 2 307 000 000 $. L'appui est encore augmenté
cette année par un maintien des crédits d'impôt pour
enfants à leur plein montant, la non-imposition des nouvelles
prestations fédérales pour enfants. On sait que les allocations
fédérales étaient imposables. Elles ont été
changées pour des crédits d'impôt. Nous avons
décidé de ne pas taxer ces crédits d'impôt. Donc, il
y a là 70 000 000 $ qui vont directement comme soutien à la
famille québécoise. Il y a une majoration de 7500 $ à 8000
$ de l'allocation accordée à la naissance du troisième
enfant, et de chacun des enfants suivants. Ça veut dire que les
mères de familles qui recevaient 375 $ à tous les trois mois,
vont maintenant recevoir 400 $. Le chèque est changé
déjà, incessamment. C'est ça qui va arriver. Les
déductions pour frais de garde sont augmentés de 4600 $ à
5000 $ pour les enfants de 0 à 6 ans, et de 2300 $ à 3000 $ pour
les enfants de 7 à 14 ans.
Nous avons un nouveau crédit d'impôt, comme vous l'avez
évoqué tout à l'heure, pour ceux qui hébergent
leurs parents âgés. J'aimerais même... Je ne sais pas si on
a ces tableaux-là. On ne les a pas, hein? On pourrait peut-être
les déposer en arrivant à la prochaine séance où on
verrait... Ah, ils sont peut-être en annexe. Je vous réfère
donc à l'annexe A. Je pense que les tableaux pour le soutien financier
sont là. Ah, ils sont là. Parfait. Quelle page? A-25. Alors, vous
avez là d'une façon bien claire les baisses d'impôt et les
transferts qui sont faits, justement, aux familles.
Quand on pense au soutien financier aux familles, il serait important de
détailler ces 2 307 000 000 $. On voit que, sur ces 2 307 000 000 $, il
y a 1 509 000 000 $ qui sont spécifiques au Québec, que vous ne
trouvez nulle part au Canada. C'est fantastique. Par exemple: crédit
d'impôt pour enfant à charge, 467 000 000 $; abolition des
allocations familiales fédérales, abolition de la taxation, 70
000 000 $; réduction d'impôt à l'égard des familles,
313 000 000 $. Le Québec est la seule province à avoir une
réduction d'impôt qui fait en sorte que
le seuil d'imposition est harmonisé avec le seuil de sortie des
programmes de transfert. Vous avez le programme APPORT, 34 000 000 $; les
allocations familiales de base, 259 000 000 $; allocation pour jeunes enfants,
128 000 000 $; allocation à la naissance, 176 000 000 $; crédit
d'impôt pour études postsecondaires, 47 000 000 $; allocation de
maternité, 15 000 000 $, ce qui fait un total de 1 509 000 000 $ que
vous ne retrouvez pas ailleurs.
En plus de cela, il y a - cela n'est pas spécifique au
Québec mais, tout de même, ça existe au Québec - le
crédit d'impôt pour le premier enfant d'une famille monoparentale,
58 000 000 $; crédit d'impôt pour famille monoparentale, 27 000
000 $; aide sociale à l'égard des enfants, 397 000 000 $;
subvention des frais de garde, 151 000 000 $; accès à la
propriété, 28 000 000 $; allocation-logement, 57 000 000 $;
déduction pour frais de garde, 80 000 000 $, pour un autre total de 798
000 000 $. Si vous additionnez les 1 509 000 000 $ qui sont spécifiques
au Québec, vous avez là le total de soutien, qui était,
lorsque nous avons pris le pouvoir, de 814 000 000 $, qui est maintenant de 2
307 000 000 $. Alors, je pense que, sans nous vanter, nous pouvons au moins
informer la population sur les efforts considérables que nous avons
faits pour tenir compte de l'importance que nous attachons à la famille
québécoise.
M. Khelfa: Oui. M. le Président, si vous me permettez,
rapidement. Concernant les familles monoparentales, vous avez mentionné,
M. le ministre, à plusieurs reprises, que c'est exclusif au
Québec, ce sont des situations exclusives au Québec. Est-ce qu'on
peut comparer les familles monoparentales avec l'Ontario, et de quelle
façon? Quelle comparaison on peut avoir? Pardon?
M. Léonard: J'ai lu le budget.
M. Khelfa: Vous l'avez lu et vous ne l'avez pas compris.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez les autres provinces
aussi, non? Vous avez seulement l'Ontario?
M. Khelfa: Les autres provinces...
M. Levesque: Ah! oui. Ici, je ne sais pas si ça peut vous
aider, mais il y a le budget de la Saskatchewan qui a justement répondu
à cette question-là pour l'ensemble du Canada. On a ici
«Single parent at 25 000 $».
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Richelieu.
M. Levesque: Alors, je traduis, tout simplement. Pour une famille
monoparentale à 25 000 $ de revenu, vous avez les impôts payables.
Vous m'avez demandé pour les différentes provinces:
Colombie-Britannique, 2225 $; Alberta, 1562 $; la Saskatchewan, 1620 $; le
Manitoba, 1284 $; l'Ontario, 1062 $; Nouveau-Brunswick, 1892 $;
Nou-velle-Écosse, 1866 $; l'île-du-Prince-Édouard, 1818 $;
Terre-Neuve, 2348 $; et, Québec, 980 $. Nous sommes, d'après ce
tableau, la province qui impose le moins la famille monoparentale.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez une autre question,
M. le député de Richelieu?
M. Khelfa: Oui, une dernière. Ces mesures profitent
à des familles de quel revenu annuel, M. le ministre?
M. Levesque: je pense qu'on peut dire que pour une famille avec
deux enfants, par exemple, nous sommes rendus plus bas que l'ontario, 47 101
$.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vous... M. Khelfa:
Ah bon! Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): ...remercie, M. le ministre. Il
est 18 heures. Je dois ajourner nos travaux à demain, à la
même salfe, 10 heures, pour poursuivre le débat sur le discours du
budget.
(Fin de la séance à 18 heures)