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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Bradet): Bienvenue à la commission
du budget et de l'administration. La commission est réunie ce matin afin
de procéder à l'interpellation de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve au ministre délégué à
l'Administration et à la Fonction publique et président du
Conseil du trésor sur le sujet suivant: La situation de Montréal.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Boisclair
(Gouin) est remplacé par M. Bélanger (Anjou), M. Camden
(Lotbinière) est remplacé par Mme Loiselle (Saint-Henri), M.
Després (Limoilou) est remplacé par M. Gobé (LaFontaine),
M. Lazure (La Prairie) est remplacé par M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles), M. Léonard (Labelle) est remplacé par M.
Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques) et Mme Marois (Taillon) est
remplacée par Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve).
Le Président (M. Bradet): Je vous rappelle
brièvement les règles de l'interpellation. Le débat dure,
au plus, deux heures, soit jusqu'à midi. La discussion est
divisée en trois étapes. Un premier débat de 20 minutes
commence par l'intervention de la députée qui a donné
l'avis d'interpellation, soit la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Elle exercera un premier droit de parole de 10 minutes.
Le ministre interpellé, soit le ministre délégué
à l'Administration et à la Fonction publique et président
du Conseil du trésor, aura ensuite un droit de réplique de 10
minutes. Après ces deux interventions, nous procéderons à
l'interpellation proprement dite, au cours de laquelle chaque intervenant
pourra s'exprimer pendant cinq minutes. Il y aura alternance dans les
interventions selon la séquence suivante: un député de
l'Opposition, le ministre, un député ministériel et ainsi
de suite, selon la même séquence. Si un membre utilise moins de
cinq minutes, le temps non utilité est perdu et la parole sera
donnée à l'intervenant qui suit, soit selon la séquence
que j'ai indiquée. Vingt minutes avant la fin de la séance, le
ministre aura droit à un dernier temps de parole de 10 minutes, et la
députée de Hochelaga-Maisonneuve aura ensuite un droit de
réplique de 10 minutes, ce qui mettra fin au débat.
Alors, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, vous avez
la parole.
Exposé du sujet Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Au moment où
l'île de Montréal connaît un taux record de 189 418
prestataires de l'assurance-chômage et de la sécurité du
revenu, en 1991, au moment où la pauvreté gagne continuellement
du terrain à Montréal et que, pour la seule ville de
Montréal, la facture de l'aide sociale s'élève à
600 000 000 $ par année, sans compter les autres municipalités de
l'île de Montréal comme Verdun, comme ville Saint-Pierre, comme
bien d'autres qui connaissent, également, un taux de chômage qui
s'est aggravé depuis deux ans, au moment donc où la ville de
Montréal aussi maintient le douteux championnat du chômage au
Canada, après Saint-Jean, Terre-Neuve, et même après la
Nouvelle-Orléans, la grande ville américaine affichant, pourtant,
le plus haut taux de chômage, les prévisions du ministère
de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle concernant les taux de croissance annuelle moyens de l'emploi
d'ici 1995, à Montréal et Laval, la région la plus
populeuse du Québec, ne sont que de 0,3 %. Et, M. le Président,
aucune préoccupation pour la relance de l'emploi ne se manifeste et
n'émane du côté du ministre responsable de la région
de Montréal et du comité ministériel permanent de
développement du Grand Montréal. C'est tout de suite, pourtant,
qu'il faut agir, et, M. le Président, c'est tout de suite qu'il faut
relancer, par des mesures immédiates, l'emploi à Montréal.
Nous déplorons vivement, nous, les députés du Parti
québécois de l'île de Montréal, la passivité
dans laquelle se sont réfugiés le ministre responsable et son
comité, cette vision à long terme contenue dans un plan
stratégique qui lui permet d'éviter d'adopter, maintenant, les
mesures de redressement qui s'imposent, maintenant, et qui sont, maintenant,
unanimement demandées par tous les intervenants de l'île de
Montréal.
M. le Président, non seulement le plan stratégique n'aura
aucun effet immédiat sur la relance de l'emploi sur l'île de
Montréal, mais plus encore, et c'est encore plus inquiétant de le
constater, nous ne sommes pas les seuls à le faire. Aujourd'hui
même, le journal La Presse publie ce vibrant appel au secours de
la Corporation professionnelle des urbanistes, et j'y reviendrai. M. le
Président, non seulement, je le répète, le plan dit
stratégique publié en décembre dernier n'a aucun effet
immédiat sur la relance de l'emploi, mais, plus encore, en
déconcentrant l'intervention du gouvernement sur un territoire qui
comprend 12 MRC et 137 municipalités, Québec refuse de
reconnaître l'urgence de lever d'abord, en priorité, les obstacles
qui freinent le redressement de la ville de Montréal. Avec des zones
industrielles vétustés à revitaliser, la ville de
Montréal jouit d'une capacité d'attraction plus
faible et moins compétitive que les nouveaux territoires qui
seront maintenant largement subventionnés, tout autant que la ville qui
connaît, pourtant, beaucoup plus de difficultés. (10 h 10)
Rapidement, M. le Président, ai-je besoin de rappeler les
commentaires qui ont suivi la publication de ce plan dit stratégique en
décembre dernier? L'ex-présidente du conseil de la Chambre de
commerce, nommée, d'ailleurs, par le ministre des Affaires municipales,
Mme Nycol Pageau Goyette, dès janvier, commentait ce plan et disait, en
vérité, qu'il s'agit d'un plan de relance du gouvernement, d'un
plan de souris. Et combien d'autres commentaires, M. le Président? Ceux,
entre autres, de la Confédération des syndicats nationaux
engagée dans le plan de relance, à Montréal, et qui
considère que. pour l'instant, le plan Johnson ressemble plus à
une coquille qui risque de rester vide qu'à un plan articulé,
d'où se dégage une vision globale pour un développement
intégré et durable. Et combien, combien d'autres, M. le
Président! Qu'il me soit simplement permis de signaler ici
qu'aujourd'hui même la Corporation professionnelle des urbanis-mes du
Québec déplore vivement que le gouvernement du Québec
continue de favoriser, par ses diverses politiques d'aménagement,
l'étalement urbain vers les périphéries. Et la Corporation
professionnelle ajoute que cela peut produire, à courte
échéance, des désordres sociaux du type de ceux que vivent
les États-Unis. Nous y reviendrons d'ailleurs, M. le
Président.
D'autre part, la dernière version de la Société
Innovatech du Grand Montréal que l'on retrouve dans le projet de loi 28,
parrainé par le ministre responsable de la région de
Montréal, nous fait craindre qu'il puisse même résulter de
l'intervention de cette Société une diminution de l'emploi. En
effet, la ressemblance est fort lointaine entre la Société
Innovatech du projet de loi 28 et l'organisme du même nom décrit
dans le plan stratégique du Grand Montréal, à l'initiative
du ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Loin de provenir
des divers milieux concernés du Grand Montréal, le milieu
syndical est maintenant écarté du conseil d'administration. Le
développement et l'adaptation des ressources humaines ne font plus
partie nommément de la mission de la Société, et
l'expertise du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie est écartée au profit des mandataires du secteur
privé qui seront embauchés contre rémunération. Par
ailleurs, au moment même où le ministre
délégué au Développement régional
dépose dans cette Assemblée le projet de loi 19 qui
découpe cinq conseils régionaux chargés de définir
annuellement leurs priorités de développement, aucun
mécanisme de conciliation n'est prévu avec la
Société Innovatech, qui prétend aussi devenir un
instrument de restructuration économique sur le même
territoire.
M. le Président, on assiste présentement à un
fouillis inextricable, à une absence totale d'intégration de
toutes ces politiques ministérielles qui s'enchevêtrent; ce qui
souligne bien le manque flagrant de leadership du comité
ministériel permanent de développement du Grand Montréal.
Nous continuerons et nous continuerons inlassablement à réclamer
ce plan d'urgence qui s'impose et qui fait l'unanimité à
Montréal.
M. le Président, j'aimerais, pour les fins de notre
échange ce matin, vous rappeler rapidement ces mesures imm-kJiates,
déjà en gestation, qui pourraient, dès maintenant,
permettre de relancer l'emploi sur l'île de Montréal.
D'abord, parlons de la décontamination des terrains, des zones
industrielles vétustés et la mise en place d'incitatifs fiscaux
dans ces zones industrielles vétustés, contaminées.
Parions de la réfection des boulevards Henri-Bourassa et Ville-Marie,
dans l'est de Montréal, permettant de désenclaver des terrains
industriels inutilisés actuellement; des incitatifs fiscaux pour
l'implantation dans les zones industrielles vétustés,
d'industries du recyclage; de la dépollution et de la fabrication de
produits environnementaux; de l'implantation des recommandations contenues dans
le rapport de la Table de concertation sur l'industrie ferroviaire
publié l'automne dernier, en 1991, et qui ont l'air d'avoir
été complètement mises dans les filières.
De l'élargissement, maintenant, des critères
d'admissibilité au programme d'aide aux travailleurs âgés,
le programme PATA; pour les travailleurs et travailleuses mis à pied
dans des entreprises de 20 employés et plus, pensons que,
présentement, dans le secteur du textile et du vêtement à
Montréal, depuis deux ans, l'industrie manufacturière a connu un
déclin de 53 000 emplois, et que la presque totalité de ces
emplois se sont retrouvés dans des entreprises de moins de 100
employés et que les travailleurs mis à pied de 55 ans et plus,
pour la majorité d'entre eux, n'ont pu bénéficier, comme
leurs camarades des autres régions du Québec, du programme d'aide
aux travailleurs, puisqu'ils en ont été écartés par
une mesure discriminatoire qui exige une mise à pied de plus de 100
employés sur le territoire de la ville de Montréal.
Parions également, M. le Président, dans ce plan
d'urgence, de la réalisation de projets comme l'achèvement des
travaux d'aménagement du Vieux-Port, comme la création de la
Maison des sciences et de la technologie, comme de la construction du pont sur
le canal Lachine pour désenclaver le sud-ouest de Montréal.
Parions également, et nous le ferons ce matin, du réseau
intégré des trains de banlieue, en utilisant les lignes
ferroviaires du Canadien Pacifique, de l'agrandissement du Palais des
congrès. Et, M. le Président, nous disons que paralysé par
l'absence de mesures concrètes, immédiates, paralysé par
l'absence de priorités, le
comité ministériel de développement du Grand
Montréal assiste actuellement impuissant à une
multiplicité de décisions, de politiques gouvernementales
contraires souvent à la volonté d'une majorité de
Montréalais. Évidemment, je fais allusion au
déménagement sauvage de l'Hôtel-Dieu, M. le
Président.
Nous aurons l'occasion d'y revenir, puisqu'il y a deux ans maintenant,
le 15 mai 1990, le comité de développement, de concertation
économique du Grand Montréal, comité qui regroupe tous les
principaux partenaires socio-économiques, faisait parvenir en mai 1990
un document au ministre responsable de la région de Montréal,
dans lequel le comité considérait déjà la situation
comme très préoccupante, et je cite ce document, M. le
Président, daté du 15 mai 1990 et intitulé «L'emploi
dans l'agglomération de Montréal, urgence d'une stratégie
concertée». Ce document disait ceci, il y a deux ans:
«Ainsi, tous les intervenants considèrent que la situation est
très préoccupante et qu'il y a une urgence d'intervenir dans ce
domaine. C'est pourquoi les membres du comité ont été
amenés à élaborer une stratégie concertée de
développement de l'emploi.»
Et, M. le Président, notamment, ce comité disait ceci -
actuellement, il y a deux ans de ça, avant qu'on perde les 53 000
emplois dans le secteur manufacturier que nous avons perdus depuis deux ans -
actuellement, disait-on: «Dès 1990, tout se passe comme si les
gouvernements s'étaient résignés au déclin
manufacturier de Montréal, et un fort niveau de sous-emploi. Mais avec
une mobilisation concertée de tous les intervenants, il est possible de
renverser la tendance et de connaître une prospérité
durable.»
M. le Président, les Montréalais et les
Montréalaises possèdent toutes les qualifications,
l'énergie, les compétences, le talent pour gagner et la
même bataille qu'ont à livrer toutes les grandes
métropoles. Il leur manque seulement un gouvernement à
Québec pour les aider à relever le défi. Je vous
remercie.
Le Président (M. Bradet): Alors, merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Je reconnais maintenant le
ministre délégué à l'Administration et à la
Fonction publique et président du Conseil du trésor, pour 10
minutes.
Réponse du ministre M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. Mes collègues et
moi-même, de la région de Montréal, et ceux plus proprement
de la ville de Montréal ne cessent de s'étonner du genre
d'intervention que la députée de Hochelaga-Maisonneuve et
certains de ses collègues peuvent nous amener, s'étonner parce
qu'on a quand même retenu, comme moyen d'action, une série de
modalités d'éléments qui permettent d'atteindre les
objectifs qui vont redresser à long terme les difficultés de
croissance économique de Montréal et de sa région. (10 h
20)
Sans négliger - et j'y reviendrai, et mes collègues y
reviendront - l'instauration de programmes destinés immédiatement
à s'occuper des gens qui n'ont pas d'emploi, donc, de les
réintégrer dans l'emploi, des gens qui sont incapables de se
trouver un emploi, donc, la préparation à se trouver un emploi et
à en exercer un. On a tenté, M. le Président, et c'est la
première fois que ça arrive, c'est la première fois qu'un
gouvernement, dans l'histoire du Québec, soumet, présente
à l'ensemble du milieu montréalais un plan d'action qui vise
à redresser, de façon durable et à long terme, les
perspectives de croissance du Grand Montréal, compte tenu du nouvel
environnement économique. Ce qu'on a fait en décembre dernier, ce
que j'ai présenté avec mes collègues s'est appuyé
sur un diagnostic réaliste, sans complaisance, tout en étant
dénué du misérabilisme qui continue de caractériser
les interventions de la députée, c'est de prendre acte des faits
historiques qui ont mené Montréal et sa région là
où elles sont. Montréal et sa région ont besoin de se
réinscrire dans la trame de la concurrence internationale.
Nous avons besoin, pour assurer des emplois à long terme à
notre population, de faire en sorte que, dans les secteurs industriels
où nous pouvons percer toujours davantage, le gouvernement appuie
spécifiquement et concrètement ce qui permet à nos
entreprises et à nos secteurs industriels porteurs d'avenir de se
distinguer, de s'améliorer, de pouvoir, donc, conquérir de
nouveaux marchés et pouvoir exporter pour soutenir l'emploi que le
marché domestique du Québec ne permet pas de créer. C'est
une approche qui a demandé une longue préparation. Et la
qualité de la préparation, je me permets de le dire, avec mes
collègues, a mené à un plan d'une envergure sans
précédent: 500 000 000 $ pour 5 ans, pour la seule ville et
région de Montréal, dont 300 000 000 $ de nouveaux
investissements sur 5 ans, au seul titre de l'innovation technologique à
Montréal et dans la région. C'est autant que le Fonds de
développement technologique pour l'ensemble du Québec, qui avait
été créé en 1987. C'est le même ordre de
grandeur, pour la seule région de Montréal. Aller
prétendre qu'il ne s'est rien fait, c'est un peu gros. Dans les
circonstances budgétaires que l'on connaît, consacrer 300 000 000
$ à ce seul titre-là, sur 5 ans, ça m'apparaît une
contribution insigne au développement économique de
Montréal. Ça, c'est pour le long terme, et je pourrais y revenir,
avec plaisir, dans la description de certaines de ces actions.
Pour ce qui est du court terme, on parle
d'une centaine de millions de dollars, au seul titre des interventions
qui visent, justement, les ressources humaines, la main-d'oeuvre. Qu'il
s'agisse d'aider sur le terrain, aux coins des rues, dans les organismes
communautaires où ça compte et où les gens vivent, qu'il
s'agisse de millions de dollars pour les seules corporations de
développement économique communautaire, là où les
besoins s'en font sentir, qu'il s'agisse de l'aide aux petites et moyennes
entreprises qui créent des emplois - on l'a assez dit, c'est une
évidence - qu'il s'agisse, donc, de l'aide particulière au titre
de l'intégration de la main-d'oeuvre dans ces entreprises pour la ville
de Montréal, de façon spécifique... D'ailleurs, on oublie
toujours ça, qu'il y a des programmes spécifiques pour la ville
de Montréal, que les entreprises de la région de Montréal
qui embauchent des Montréalais bénéficient de programmes
qui leur sont destinés de façon exclusive - exclusive! - au
risque de faire des jaloux ailleurs, dans le reste du Québec. Il n'en
reste pas moins que nous partageons le diagnostic que tout le monde a
porté: qu'il y a un problème de sous-emploi criant dans
Montréal et sa région, et qu'on doit donc intervenir de
façon spécifique à cet endroit.
Il me fait d'ailleurs plaisir d'annoncer aujourd'hui, à ce seul
titre, que le ministère de la Main-d'oeuvre a édicté et
mis sur pied des programmes exclusifs pour la région de Montréal;
trois programmes ' dont j'annonce, aujourd'hui, la mise en place. Les
autorisations gouvernementales ont eu lieu cette semaine. le programme aide
à l'embauche de spécialistes en gestion de ressources humaines, 1
640 000 $ pour cette seule même année, cette année
1992-1993, qui couvre 50 % des coûts d'élaboration des services de
développement de ressources humaines dans une petite entreprise ou un
groupe d'entreprises, et ça représente une aide de 15 000 $
à 45 000 $ pour la seule première année. il n'y a pas une
petite entreprise qui ne souhaitera pas bienvenue à un programme comme
celui-là, à montréal et dans la région.
Un Fonds d'aide à l'innovation pour l'intégration au
marché du travail des chômeurs de longue durée dans la
région de Montréal. C'est ce cercle vicieux, ce noyau dur qu'on
doit briser. C'est ce qu'on met en place, 1 000 000 $ par année, pendant
cinq ans, afin d'apporter une aide technique à des organismes dont les
activités sont reliées à l'aide et l'insertion en emploi
et encourager la réalisation d'expériences qui favorisent les
nouvelles méthodes et approches dans ces matières. Il me semble,
M. le Président, qu'une subvention de 75 % des dépenses
admissibles jusqu'à 100 000 $, pour de tels organismes, c'est exactement
l'ordonnance, la prescription que recherchent le milieu montréalais et
les gens qui nous interpellent, mais on l'a vu, ça, avant qu'ils nous en
parlent.
Troisièmement, le Programme de reclassement des salariés
licenciés collectivement. Si on parle, dans la région de
Montréal comme dans n'importe quelle métropole industrielle
dynamique, d'un redéploiement de nos talents et de nos énergies,
du fait que des entreprises devront fermer, que d'autres prennent de
l'expansion ou sont créées, on doit se préoccuper du sort
des gens qui sont ainsi déplacés. C'est un signe de
vitalité que de voir des entreprises qui ferment et d'autres qui
ouvrent, et on doit se préoccuper non pas seulement d'appuyer celles qui
ouvrent, les nouvelles créatrices d'emploi, mais également de
voir ce qu'on fait avec les travailleurs qui sont déplacés en
raison des fermetures. Il y a donc, depuis cette semaine, je l'annonce, le
démarrage d'un programme de reclassement de ces travailleurs; 5 000 000
$ pour cette seule année dans laquelle nous sommes, qui permet le
remboursement de la moitié des dépenses reliées à
la réalisation d'activités de formation et de recherche
d'emploi.
C'est exactement ce que les intervenants souhaitaient. C'est ce que nous
avions indiqué que nous ferions au titre de la main-d'oeuvre de
façon immédiate, et nous avons décidé, comme
comité, comme groupe de députés de la région de
Montréal et de la ville de Montréal, notamment, de
requérir du gouvernement un effort spécial, particulier,
additionnel, dans une conjoncture budgétaire que l'on connaît,
dans les circonstances financières et économiques que l'on
connaît, afin d'aider, de façon précise, l'ensemble du
milieu montréalais.
Il me semble, M. le Président, qu'on doit cesser de vouloir
insérer, ou ajouter, ou appliquer des cataplasmes sur toutes sortes de
problèmes spécifiques et concrets qui peuvent être
soulevés. Le salut, la prospérité des Montréalais
et de toute la région du Grand Montréal repose sur la
capacité de nos entreprises de se doter d'équipements,
d'infrastructures, de connaissances, de ressources humaines qui vont
réussir à les porter parmi les entreprises performantes sur les
marchés d'exportation. Je veux bien qu'on continue à
dénoncer qu'il y a des fermetures. Il est un peu regrettable, dans un
discours comme celui-là, qu'on oublie d'indiquer quels sont les
succès des entreprises montréalaises, qu'il y a, à leur
disposition, des sommes considérables de plus de 500 000 000 $
additionnels, d'ici à cinq ans, afin d'aller soutenir leurs
activités là où c'est porteur d'avenir, là
où ça règle des problèmes, au-delà de l'aide
que nous apportons dans tous les milieux, auprès des communautés
locales de Montréal, auprès des petites entreprises,
auprès des travailleurs eux-mêmes, comme je l'ai annoncé ce
matin.
Le Président (M. Bradet): Merci, M. le ministre. Alors,
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, je vous ferai remarquer
que vous avez cinq minutes.
Argumentation Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. M. le Président,
le ministre responsable de la région de Montréal a fait
état d'un plan d'envergure sans précédent, disait-il, d'un
ordre de grandeur sans précédent. Bien, je dois lui rappeler
qu'à la suite de la récession que le Québec a connue en
1982-1983, le gouvernement précédent avait mis en place, pour la
région de Montréal, un programme-choc de plus de 700 000 000 $
pour revitaliser la région métropolitaine. Il y a
déjà huit ans de cela, M. le Président, et,
évidemment, ces 700 000 000 $, c'est 1 000 000 000 $ maintenant. Alors,
un plan d'envergure sans précédent, je pense que le ministre
repassera, évidemment, M. le Président. (10 h 30)
Et ce plan-choc avait été conçu en collaboration
avec les autorités municipales, et je rappelle qu'il s'agissait d'un
plan d'action spécial, qui devait avoir un effet immédiat sur la
vie économique montréalaise. L'impact de ces mesures de relance
de 1983 a été tel, M. le Président, qu'elles ont non
seulement contribué à limiter les dégâts de la
récession de 1982, mais elles ont également servi à
renforcer et à développer de nombreux secteurs de
l'économie. Pensons, en particulier, au secteur de la mode, et nous
allons sans doute y revenir, M. le Président, simplement pour rappeler
que Montréal a été la grande ville canadienne qui s'est
sortie la première de la récession, trois mois avant toutes les
autres grandes villes et que, présentement, au milieu de la
récession, nous traînons, lamentablement, derrière
Saint-Jean, Terre-Neuve, M. le Président.
D'autre part, le ministre a fait état également, dans son
intervention, de ce qu'il a appelé des secteurs industriels porteurs
d'avenir, qui font l'objet de toute son attention. Un de ces secteurs
industriels, M. le Président, traîne lamentablement, malgré
toutes les promesses qui ont été faites, à grand renfort
de publicité, au moment de la campagne électorale, il y a
maintenant presque trois ans. Je veux évidemment parler du secteur de
Soligaz, de la pétrochimie, M. le Président, de cet
investissement de 150 000 000 $, annoncé par le premier ministre
lui-même, et le ministre responsable de la région de
Montréal, cet investissement qui n'aura jamais lieu. Je veux
évidemment parler de cette annonce d'un début de travaux qui
devaient commencer il y a deux ans maintenant. Nous aurons l'occasion... Et
nous voulons obtenir du ministre responsable de la région de
Montréal un état de la situation de ce secteur industriel,
porteur d'avenir, et pour lequel on promettait des dizaines de milliers
d'emplois aux Montréalais.
Concernant l'aide et l'intégration à l'emploi, M. le
Président, ce que le ministre nous annonce ce matin, ce sont là
des mesures qui, à ma connaissance, à moi, sont annoncées
pour la quatrième fois dans ce Parlement. Elles l'ont été,
évidemment, au moment, en décembre dernier, de la publication du
plan stratégique du Grand Montréal; elles l'ont été
dans les crédits que le président du Conseil du trésor
déposait; elles l'ont été à nouveau dans le budget,
tout simplement en étant rappelées, et elles le sont ce matin
comme s'il s'agissait de mesures nouvelles. Mais, moi, je veux vous rappeler
ceci, M. le Président, sur cinq ans, ce demi-milliard, qui a
été annoncé en décembre dernier, devrait
raisonnablement faire en sorte qu'on retrouve au moins 80 000 000 $ à
100 000 000 $ dans les crédits des dépenses prévues pour
la présente année. Et ce dont on nous parle, c'est, grosso modo,
de 57 000 000 $ pour l'année 1992-1993. Ce sont là les
crédits des dépenses affectées, dit-on, à la
région du Grand Montréal. Parmi ces crédits de
dépenses, on retrouve 22 000 000 $ qui sont au moins sur papier, dans
les crédits du ministère de la Main-d'oeuvre, chargé de
l'intégration à l'emploi.
Mais, encore là, M. le Président, ces projets dont
parlait, ce matin même, le ministre responsable de Montréal,
notamment celui du reclassement des travailleurs licenciés à
l'intérieur de ce fonds d'adaptation des travailleurs licenciés
pour lequel il est prévu 5 000 000 $ cette année, sur les 25 000
000 $ des cinq prochaines années, sait-il que ce projet ne se
réalisera que s'il y a participation fédérale? Sait-il
également qu'en ce qui concerne les travailleurs âgés,
licenciés, pour lesquels il est prévu 5 000 000 $
également dans ce plan, que ce plan ne se réalisera que s'il y a
une participation fédérale et que, finalement, sur les 22 000 000
$ annoncés aux crédits de la Main-d'oeuvre, il y a
malheureusement des risques très grands que ça reste sur papier,
étant donné que la moitié des mesures ont comme condition
de réalisation une participation fédérale
aléatoire, M. le Président, et hypothétique?
Le Président (M. Bradet): Je vous remercie, Mme la
députée. M. le ministre, vous avez cinq minutes.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. Ce qu'il faut encore
lever, évidemment, c'est un malentendu qui repose sur, je dirais, le
mélange des gens. On peut vouloir cibler, et on le fait, le diagnostic
est le même pour tout le monde. Les faits sont là pour tout le
monde. On peut vouloir cibler des interventions sur les travailleurs sans
emploi. On peut ne parler que de ça et déplorer que le
gouvernement ne fait pas suffisamment. Dans le même souffle, et on le
voit, la députée l'a évoqué aussi, on doit, en
même temps, être conscient qu'il y a des corrections de tir,
des
redressements majeurs qui doivent s'opérer dans des industries
qui emploient beaucoup de monde. Là, on parle de l'approche, je dirais,
industrielle ou sectorielle. Je me permets d'en ajouter une troisième,
qui est celle de faire en sorte qu'on met à la disposition de toutes les
entreprises du milieu montréalais un ensemble d'outils, qui font en
sorte que quel que soit le secteur dans lequel elles oeuvrent, elles peuvent
avoir du soutien financier, technique ou en ressources humaines de la part du
gouvernement du Québec.
Ce que nous avons proposé, c'est un ensemble de mesures qui
recouvrent ces trois ordres de préoccupations. La députée
peut choisir, et c'est son droit, de ne parler que des gens qui n'ont pas
d'emploi, et donc, implicitement, prétendre qu'on devrait tout mettre
les efforts de ce côté-là, quitte, je suis obligé de
l'ajouter, à négliger la remodernisation de la base industrielle
de Montréal, ou alors la modernisation ou la création de nouveaux
secteurs de production de biens et de services qui feront en sorte que
Montréal pourra élargir la base de sa pyramide
d'activités, et donc monter plus haut. C'est un vieux principe physique:
plus la base est large, plus on peut monter haut.
Avec les moyens qu'on a, avec les moyens qu'on a, on a
décidé de nous adresser aux problèmes criants de la
réinsertion dans des emplois des gens qui sont sans emploi. J'en ai
parlé. On peut bien dire qu'on l'a réannoncé, oui,
d'accord on l'a annoncé plus qu'une fois parce que, entre autres, il
faut au moins que les gens sachent que ça existe. Il faut que les gens
sachent que ça existe, le Programme d'aide à l'intégration
en emploi, avec une subvention salariale qui est de 66 % dans le cas de la
ville de Montréal, contrairement à 50 % ailleurs au
Québec, parce qu'il y avait un problème particulier. Il faut que
les gens le sachent. Et on l'a fait parce que ça ne se savait pas
suffisamment. Alors, si la députée me reproche de l'annoncer, je
la remercie, je ne prends pas ça comme un reproche, mais bien comme des
gens qui font leur travail et qui sensibilisent les entreprises à
l'existence de problèmes de cette nature-là.
Deuxièmement, il y a des tours guidés, M. le
Président, en même temps que nous sommes ici... Il y a, par
ailleurs, le souci de faire en sorte que la base industrielle
s'améliore. Et c'est important, les préoccupations à long
terme. La députée dit: De notre temps, il y a une dizaine
d'années, on a même appuyé, de façon
considérable, l'industrie du textile, de la mode - je m'excuse, oui, de
la mode. Enfin, on a parlé du textile et de la mode. C'est la même
industrie dont elle déplore la perte de 53 000 emplois, je veux juste
lui faire remarquer ça. Alors, de toute évidence, ils n'en ont
pas fait suffisamment. On en fait passablement plus lorsqu'on s'adresse aux
facteurs de succès des industries qui s'y trouvent. Et, lorsqu'on
regarde la mode, il faut considérer que ça fait partie, c'est un
des volets importants de tout ce qui s'appelle le design, et . il y a des
choses précises, spécifiques, des millions de dollars encore une
fois sur cinq ans, au titre du design sous toutes ses formes, y compris ce qui
se traduit dans l'industrie du textile ou du vêtement par ce qu'on
appelle la mode, de façon générale.
Il me semble, M. le Président, qu'il faut avoir cette
compréhension des problèmes qui fait qu'on ne fait pas que cibler
les problèmes criants et visibles. On le fait. Il ne faut pas
négliger le reste. Ce que je dis, c'est que les sommes que nous avons
mises à la disposition du milieu montréalais sont des leviers
considérables.
Et, au seul titre de l'innovation, je pourrai en reparler, le temps
passe passablement vite, M. le Président, à chaque intervention.
Au seul titre de l'innovation, les 300 000 000 $ qui sont en cause, ce ne sont
pas des piastres peinturées d'un programme existant; c'est
littéralement des ajouts de crédits d'ici cinq ans de 300 000 000
$, à un tel point que c'est inscrit - c'est très rare - c'est
inscrit en toutes lettres dans la loi que j'ai eu l'honneur de présenter
à l'Assemblée nationale il y a quelques jours.
Le Président (M. Bradet): Alors merci, M. le ministre. Je
reconnais maintenant le député de Verdun.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Alors, on va essayer
de se comprendre. Premièrement, je suis d'accord avec la
députée de Hochelaga-Maisonneuve sur un point: c'est que la
situation actuellement dans Montréal en termes de pauvreté, en
termes de chômage est dramatique et qu'elle nécessite une action,
et une action forte de la part du gouvernement. (10 h 40)
Maintenant, une fois qu'on a compris ça, il faut savoir pourquoi
on est rendu là et qu'est-ce qu'on doit faire. Pas uniquement mettre
quelques cataplasmes ou des projets locaux. Il faut comprendre d'où
vient le déclin, actuellement, de Montréal. Et le déclin
de Montréal vient, en grande partie, parce que, traditionnellement, les
gouvernements qui nous ont précédés se sont complu
à soutenir les secteurs industriels, qui étaient en perte de
vitesse, de soutenir une base industrielle qui n'était plus porteuse
d'avenir, qui n'était plus concurrentielle.
Alors, une fois qu'on a compris ça, on a compris que ce n'est pas
nécessairement dans le textile, même si ce n'était pas
nécessairement dans l'industrie sidérurgique qu'est l'avenir de
Montréal. C'est dans les secteurs de ce qu'on appelle, entre guillemets,
le tertiaire moteur, c'est-à-dire ceux qui sont porteurs d'innovation.
Ceux dans lesquels on pourra être concurrentiel demain. Et dans ce
cadre-là, le plan qui est
développé, déposé par le gouvernement, est
un plan global. Premièrement, il veut soutenir les secteurs porteurs
d'avenir. Essaie de soutenir ce qui est particulièrement important dans
ces secteurs porteurs d'avenir, c'est-à-dire soutenir l'innovation qui
rend les entreprises plus concurrentielles.
Et ça, M. le Président, c'est essentiellement tout le
volet Innovatech; 300 000 000 $ répartis sur cinq ans pour pas seulement
soutenir la recherche, mais soutenir un concept un peu plus grand, un peu plus
vaste, que va soutenir l'innovation, qui peut aller dans tous les secteurs
industriels, porteurs d'avenir. Premier élément du volet.
Deuxième élément. Il ne faut pas mésestimer le
problème de tous les travailleurs, tous les problèmes humains des
travailleurs des secteurs traditionnels qui perdent leur emploi, tout le
problème extrêmement grave des gens qui sont sans emploi et sans
avenir.
Dans ce cadre-là, le choix - et je pense que c'est un choix que
l'Opposition ne peut pas récuser - du gouvernement, c'est de se baser
sur l'initiative locale. Le choix du gouvernement, c'est de soutenir
actuellement, dans chacun des quartiers de Montréal, les volontés
qui partent du communautaire, qui partent dans toutes les directions pour faire
en sorte d'aider les travailleurs qui ont perdu leur emploi, ceux qui sont en
chômage prolongé, de pouvoir se réinsérer dans le
marché du travail. Ça c'est, dans notre langage, tout le
deuxième volet du plan global présenté par le
gouvernement. C'est le deuxième volet qui parle du soutien aux
organismes de développement économique et communautaire.
Il y en a un peu partout qui se sont développés dans
Montréal, un d'ailleurs dans le comté de la députée
de Hochelaga-Maisonneuve, un autre dans le comté du député
de Saint-Henri, qui pourra intervenir tout à l'heure. Ces corporations
qu'on appelle les CEDEC, qui essaient principalement, par des méthodes
tout à fait originales, souples et non structurées, de
réinsérer les travailleurs sur le marché du travail, de
réinsérer les personnes qui sont en perte d'emploi dans
l'habitude de travail.
Alors, là, le ministre a annoncé aujourd'hui un certain
nombre de programmes importants. Je voudrais brièvement les rappeler,
les fonds d'aide à l'intégration, le redressement des
travailleurs licenciés; il y a toutes sortes de mesures qui sont
là pour soutenir et aider. Mais le point important qu'il faut comprendre
de ce plan, c'est un plan, une vision globale du développement
économique de Montréal avec, d'un côté, une vision
qui va permettre de moderniser la structure économique et le tissu
industriel de Montréal pour le rendre compétitif dans les
années 2000 et, d'autre part, être en mesure d'aider à
reclasser et à restructurer, en soutenant les initiatives qui se passent
dans chacun des quartiers, à restructurer et à aider les
travailleurs montréalais à retrouver de l'emploi.
Merci.
Le Président (M. Bradet): alors, merci, m. le
député de verdun. je reconnais maintenant, pour cinq minutes, le
député de pointe-aux-trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, enfin quelqu'un du
côté ministériel qui parle pour Montréal. Je
remercie, je félicite le député de Verdun pour son
intervention. C'est bien mieux que le ministre responsable de Montréal,
dont Alain Dubuc disait que, dans le dossier de l'Hôtel-Dieu, il s'est
révélé une chiffe molle, et c'est pour ça qu'il
devrait être remplacé par un élu de 111e de
Montréal, parce que lui n'est même pas un élu de IHe de
Montréal.
Le ministre a parlé des secteurs industriels, porteurs d'avenir,
et Soligaz en est un, mais, jusqu'ici, ça a été un secteur
industriel porteur de promesses d'élection. Le ministre doit se rappeler
les flonflons de la fête, dans une tente, dans le parc Maisonneuve. Il
annonçait la construction du pipeline, avec son premier ministre, en
campagne électorale, pour le 1er juin 1990. Le 1er juin 1992 s'en vient,
M. le ministre, et le pipeline, lui, il ne s'en vient pas, et c'est
bloqué, a cet égard. Il y a aussi Petro-Canada qui parle de
vendre sa raffinerie de l'est de Montréal. Il faudrait que SOQUIP
s'engage là-dedans, parce que c'est porteur de danger, cette vente, si
on n'y prend garde.
Nous, on ne dit pas qu'il n'y a pas des desseins industriels dans une
société moderne, on dit qu'il n'y a pas de stratégie
industrielle pour l'est de Montréal. Et le premier ministre disait, il y
a quelques mois, au journal Le Flambeau: L'est de Montréal vit
une mutation industrielle. Ça fait sept ans qu'on l'entend. Est-ce qu'on
va régler la question en disant aux chômeurs: Vous n'êtes
pas chômeurs ou bénéficiaires de l'aide sociale, vous
êtes des mutants industriels? Il faudrait avoir une stratégie
industrielle et commencer par décontaminer les terrains. Les seules
bonnes nouvelles récentes qu'on a eues dans l'est de Montréal,
ces derniers mois, c'est: Esso, Exxon qui annoncent qu'elles vont
décontaminer 170 hectares de terrain parce que, pour avoir de
l'industrie, il faut avoir des terrains pas hypothéqués par de la
pollution. Et l'autre, c'est Marcel Masse, le ministre fédéral,
qui a annoncé 100 000 000 $ sur la base militaire, ce qui lui cause
quelques ennuis dans la région de Toronto, qui va perdre une base qui va
s'en venir dans l'est de Montréal.
À cet égard, le député de Lafontaine, lui,
nous dit: Si on veut quelque chose pour l'est, il faut ravager le centre-ville.
Et le député de Saint-Louis, ça va lui en cuire
d'être favorable à perdre l'Hôtel-Dieu, l'hôpital que
Jeanne Mance a fondé, et ses 3000 emplois, parce que, si
Rivière-
des-Prairies en gagne 3000, le comté de Saint-Louis en perd 3000.
Et les gens du quartier de Rivière-des-Prairies sont des
Montréalais, comme les gens de Pointe-aux-Trembles, et ils pensent que
ça prend un hôpital pour les besoins de la population de
Rivière-des-Prairies où il y a 1000 accouchements par
année. Et vous avez un projet insensé où il n'y aura
même pas d'obstétrique pour les femmes ou de pédiatrie pour
les enfants et où on dit qu'on va attirer les industries
pharmaceutiques, qu'on va voler, devinez où, dans l'ouest de
Montréal qui a bien le droit de les garder et où elles sont
déployées. Ce n'est pas le Gengis Khan de Charlesbourg qui prend
les décisions, en matière d'industrie pharmaceutique, ce sont des
gens sérieux qui sont déjà installés dans l'ouest.
Alors, pour développer l'est, ça prendrait, dans
Rivière-des-Prairies, un hôpital de 250 lits pour les besoins de
la population de Rivière-des-Prairies. C'est insensé de dire
qu'un quartier de Montréal a droit à un hôpital
universitaire; moi, ça me fait trembler.
Qu'est-ce qui va arriver de l'Hôtel-Dieu de Québec? Est-ce
qu'on va le déménager à Charlesbourg? Charlesbourg, c'est
le Rivière-des-Prairies de la ville de Québec? Et pendant que
vous refusez, ne serait-ce que 10 cents pour restaurer l'Hôtel-Dieu,
l'hôpital que Jeanne Mance a fondé, pendant que vous faites
ça, en novembre, le ministre Marc-Yvan Côté
annonçait, à Québec, 17 000 000 $ pour un parking
souterrain à l'Hôtel-Dieu de Québec, à 300
mètres du parking de l'hôtel de ville et du parking de la place
d'You-ville, parce que vous entretenez, à Québec, le
président du Conseil du trésor doit le savoir, 15 000 espaces de
stationnement. C'est la ville la plus «stationnée» au
Canada; 10 fois plus que le centre-ville de Montréal, 20 fois plus que
le centre-ville de Toronto. Et le président du Conseil du trésor
le sait, lui qui a eu la bonne idée de dire aux fonctionnaires qu'il
faudrait que le coût du parking corresponde un peu à quelque chose
de réaliste. Mais là, imaginez, on a dit, il y a cinq, six ans,
qu'avec 17 000 000 $ on restaurait l'Hôtel-Dieu. Là, les 17 000
000 $, on les met pour un parking souterrain à l'Hôtel-Dieu de
Québec, à 300 mètres de 1000 places souterraines de
stationnement. Je pense, M. le Président, que Montréal souffre du
maldéveloppement. On a eu le stade, on a eu Mirabel...
Le Président (M. Bradet): Merci...
M. Bourdon: ...on ne veut pas avoir votre autre projet.
Le Président (M. Bradet): ...M. le député.
Je reconnais maintenant...
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Tout de suite, en rappelant...
Le Président (M. Bradet): ...M. le ministre.
M. Johnson: ...au député de Pointe-aux-Trembles
qu'il y a également le Biodôme, qu'il y a également des...
Et je vois qu'il opine du bonnet, qu'il est entièrement d'accord avec
cet investissement de dizaines de millions de dollars...
Une voix: Oui, oui.
(10 h 50)
M. Johnson: ...du gouvernement du Québec: 40 000 000 $ en
dollars de l'époque, 1989, et c'est plus proche de 50 000 000 $, on le
sait maintenant. Je ne veux pas qu'on perde de vue, encore une fois, la trame
générale qu'il faut respecter. Lorsqu'on parle de
développement dans la région de Montréal, d'une part, et,
d'autre part, à Montréal, on doit avoir à l'esprit
toujours les deux volets dont je parlais tout à l'heure: intervenir au
niveau de la main-d'oeuvre, au niveau des gens, des individus qui sont
affectés. Personne ne croit que les employés qui sont
déplacés par des mutations industrielles sont des mutants
industriels. La formule est amusante au point de vue politique, de la part du
député de Pointe-aux-Trembles, mais ce que nous avons fait, c'est
plutôt de reconnaître cette réalité et d'apporter du
soutien financier au reclassement, à la réemployabilité,
à l'intégration au travail des gens qui sont ou
déplacés ou qui sont sans emploi depuis fort longtemps, tout en
ayant à l'esprit - j'y reviendrai - l'importance que peuvent
revêtir, pour l'ensemble de la population montréalaise, certaines
des interventions comme celle qui, évidemment, touche
l'Hôtel-Dieu, dont le député de Pointe-aux-Trembles a
parlé et dont je veux lui prédire, tout de suite, que le
député de LaFontaine va pouvoir évoquer dans sa
réponse, tout à l'heure, ce qui fait en sorte que plutôt
qu'on se répète, je vais laisser le député de
LaFontaine en parier, à ce moment-là. Mais ce que je dis, pour
raccrocher le deuxième volet de développement économique,
c'est, évidemment, celui de la capacité des entreprises
d'explorer les nouveaux marchés. Si on regarde à long terme par
où passe le salut économique de Montréal et de sa
région, on doit nécessairement trouver une façon de
permettre à nos entreprises d'envahir les nouveaux marchés.
J'évoquais tout à l'heure que les perspectives de
croissance du marché domestique, du marché local ne sont pas
là pour soutenir les entreprises qui peuvent devenir des gros joueurs
sur la scène internationale. Et c'est dans ce volet, un des volets que
nous avons retenus, au-delà de l'innovation, au-delà des
ressources humaines, celui du développement des nouveaux marchés,
qu'il faut savoir que le gouvernement a retenu des objectifs extrêmement
précis et à mis des moyens financiers à la disposition des
entreprises de Montréal; qu'il s'agisse, premier objectif, d'augmenter
les possibilités offertes par
les services en croissance, notamment les activités
internationales, le tourisme et la culture, qu'on n'a pas oubliée. Il ne
faut jamais oublier qu'il s'agit là, à l'intérieur,
à tout le moins, de notre diagnostic, du plan stratégique, de
voies que nous devons poursuivre avec des plans de relance de certaines
activités, d'améliorations des attraits que représentent
pour l'étranger les lieux, les occasions de voyage, de tourisme ou de
culture que représente, donc, le milieu montréalais. C'est de
l'exportation, ça, de faire connaître à l'étranger,
à l'extérieur nos attraits touristiques et culturels, pour amener
des gens à venir dépenser chez nous, à Montréal.
Ça, c'est de l'exportation, et c'est ce que nous entendons soutenir.
Deuxième objectif, accroître la capacité
d'adaptation de nos secteurs traditionnels, soit en créant des
associations industrielles sectorielles, notamment dans le groupe de
l'ameublement, des vêtements, des textiles, de la chaussure et des portes
et fenêtres, pour ne nommer que quelques industries traditionnelles qui
ont besoin d'être soutenues à ce titre-là, de façon
spécifique. Deuxièmement, appuyer l'Association Liaison Design
dans sa mission de promotion du design dans les entreprises du Grand
Montréal, y compris, pourrait-on ajouter, la mode. Troisièmement,
soutenir la création d'un institut du design de Montréal,
littéralement. C'est ce qui a été fait.
Troisième objectif, diversification sur les marchés
d'exportation. Il y aura un programme. Il y a un Programme d'aide à la
promotion des exportations, administré par le ministère des
Affaires internationales, et il y a également le Programme d'aide
à l'exportation de la SDI, comme tel. Finalement, nous devons favoriser
la participation de l'ensemble du Québec au réseau international
dont le noyau, dont le centre se trouve à Montréal. Et c'est, par
exemple, à ce titre que nous avons appuyé, nous créons et
nous finançons une maison des régions au Centre de commerce
mondial afin d'assurer cette passerelle pour l'ensemble du Québec,
évidemment, vers les marchés extérieurs, et ça,
ça prend son appui sur la capacité de Montréal de
développer des marchés extérieurs et ça vient la
raffermir.
Le Président (M. Bradet): Merci, M. le ministre. Je
reconnais maintenant le député de Saint-Louis pour cinq
minutes.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Je suis toujours
étonné de comprendre et de constater qu'il y a des gens - et
ça semble être le cas de nos amis de l'Opposition - qui
résistent, comme l'ont fait, depuis au moins trois
générations, les élites montréalaises, à
regarder plus loin que le bout de leur nez pour voir à faire en sorte
que le développement de Montréal ne subisse pas la courbe
descendante qu'il a connue depuis la fin, non pas de 1981-1982 de la
dernière récession, depuis la grande récession, le krach
des années trente.
Quiconque s'intéresse au développement de Montréal
et en fait l'analyse, obligatoirement doit se référer à
cette courbe descendante que Montréal a connue, à tous
égards, dans tous les secteurs de son activité, depuis le
début des années trente. Or, on est obligés de constater
que les réponses qui ont été données aux
Montréalais et Montréalaises, depuis les années trente,
par ces élites et, entre autres, ces élites politiques, ont
été des réponses à court terme. On a tenté
de sauver le bateau en tentant de le renflouer, en bouchant les trous, en
essayant de mettre de la peinture à la place des trous pour faire en
sorte que ça flotte plus longtemps. C'est ce qui fait qu'on a connu,
pendant de nombreuses années, des tentatives de ramener le bateau
à ce qu'il pouvait avoir l'air: la moitié d'un rafiot et les
trois quarts d'un paquebot.
Pour la première fois, depuis toujours... Et, ça,
éditorialistes, chroniqueurs, les gens qui ont véritablement lu
ce document «Pour un redressement durable à Montréal»
ont été étonnés et surpris de voir le diagnostic
que posait ce document, un diagnostic qui était inculpant même
pour le parti qui l'a démontré, qui a été au
pouvoir huit ou neuf ans pendant ces années-là. Le parti de
l'Opposition a été aussi au pouvoir pendant neuf ans et a
facilité, a continué et persévéré dans
l'approche peinture pour raffermir les trous du bateau. Il y a eu des
équipes municipales, à Montréal, de Camilien Houde au
maire actuel, qui ont eu des tendances - et, particulièrement, un entre
les deux - à répondre à des problèmes
montréalais par des avenues qui étaient sûrement fort
intéressantes pour l'ego des Montréalais, mais qui n'ont
sûrement pas servi à relancer Montréal comme capitale
économique et comme porte d'entrée de l'Amérique par son
réseau portuaire, aéroportuaire et ferroviaire, ce qui a fait en
sorte que nous avons des problèmes de main-d'oeuvre graves. On a des
problèmes à soutenir la création d'emplois au niveau
local, à Montréal, et nous devons faire en sorte
d'améliorer la qualification professionnelle des ressourses humaines et
aussi de renforcer les mesures d'adaptation de la main-d'oeuvre.
Il nous faut faire en sorte, pour la première fois, de regarder
à long terme comment on va développer Montréal, sinon on
va tous crever. Ce n'est pas compliqué. Tant et aussi longtemps qu'on ne
demeurera pas compétitifs, tant et aussi longtemps qu'on n'assurera pas
un niveau de compétitivité internationale, on ne sera pas
capables de créer des emplois durables, permanents, bien payés
pour les Montréalais et Montréalaises. C'est ça, le
défi qui nous occupe et, pour répondre à ce
défi-là en matière de formation de main-d'oeuvre et pour
essayer, évidemment, d'éviter que les impacts de cette
réforme-là puissent se faire, il nous faut élargir
le champ d'intervention des groupes communautaires, ce que nous avons fait dans
la région de Montréal.
On a bonifié le Programme d'aide à l'intégration en
emploi, ce qu'on a appelé le programme PAIE. Donc, dans la ville de
Montréal, compte tenu du taux de chômage qui est
élevé, on a fait en sorte d'augmenter à 66 % la
contribution du gouvernement à l'entreprise, pour un maximum de 160 $
par semaine. On a créé un fonds d'aide à l'innovation pour
favoriser, évidemment, l'intégration des chômeurs sur le
marché du travail et le soutien au parrainage dont on vient de parler,
dont le président du Conseil du trésor vient de parler. Le
soutien au parrainage de petites et moyennes entreprises devra se faire par les
grandes entreprises, mais il va falloir montrer aux Montréalais et
Montréalaises comment pêcher plutôt que de leur donner du
poisson. (11 heures)
Le Président (M. Bradet): Alors, merci beaucoup, M. le
député de Saint-Louis. Je reconnais maintenant M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui. M. le Président, je ferai
remarquer à l'honorable député de Saint-Louis qu'on a tous
lu «L'Histoire de Montréal depuis la
Confédération», de Paul-André Linteau. Donc, ce
n'est pas nécessaire de nous le rappeler et, si on peinturait, je vais
vous avouer que la couleur qu'on employait était belle, puisque, comme
je vais vous parler d'habitation, je pourrais vous rappeler que quand on a
quitté, les Québécois étaient devenus
majoritairement propriétaires alors qu'ils ne l'étaient pas.
quand je parle de l'habitation, m. le président, je suis persuadé
que, dans le confort de leur humble chaumière, ils sont quand même
capables de se rendre compte qu'au niveau de montréal il existe
malheureusement des situations de logement qui sont catastrophiques. en 1992,
il y a 1960 unités de logement q-j, vont être construites au lieu
des 3000 prévues; en 1993, ce sera de 1200. ça veut dire qu'en
1988, on est passé de 5000 et on va tomber en 1993 - et
«tomber» est le mot juste - à 1200 unités. ça
peut vous intéresser, m. le président, je vais leur donner des
chiffres qui sont drôlement porteurs. dans un secteur comme le centre-sud
de montréal, que connaît bien l'honorable député de
saint-louis, 7000 ménages dépensent plus de 30 % de leurs revenus
pour le logement. c'est 400 000 au québec et à montréal,
comme tel, c'est 100 000 qui doivent dépenser plus de 30 % de leurs
revenus. et ces familles sont, en grande partie, des familles monoparentales.
c'est eux qu'on retrouve dans cette catégorie. et il y a une
augmentation depuis 1981 qu'on pourrait chiffrer d'environ 80 %, et 37 % des
familles qui ont des revenus de moins de 10 000 $, en 1986, la moyenne est de
19,5 %. Je vais regarder mon honorable collègue, le député
de Saint-Henri, 51,4 % des logements datent d'avant 1946, dans des quartiers
comme le sien, celui de Rosemont, celui de Hochelaga-Maisonneuve. À
Montréal, la moyenne est de 22,8 %. Ça veut dire qu'un logement
sur cinq commence à être un logement vétusté: 12,9
%, en 1986, de la population possédaient leur logement à
Montréal; 87 % étaient locataires. Alors, il va être
obligé de convenir que le logement social, ça constitue un filet
de sécurité social qui est important pour les personnes à
faibles revenus, les personnes âgées, les handicapés, les
familles monoparentales. Et le ministre va peut-être être
tenté de me dire oui, mais qu'il va y avoir un supplément.
J'aimerais lui rappeler quelque chose. Si on prend comme exemple concret
celui d'une famille monoparentale d'un enfant, vivant de l'aide sociale, ayant
une prestation de 712 $ par mois et payant le loyer moyen du marché sur
ffle de Montréal qui est 475 $ par mois, l'aide gouvernementale sera, en
1993, de 87 $ par mois, alors qu'elle est de 54 $. Bravo! il y a une
augmentation, mais toutefois la famille va être obligée de
continuer à consacrer 54 % de ses revenus uniquement pour se loger.
Est-ce qu'on peut considérer que c'est une aide suffisante et
complète au logement? Et le logement, ça fait partie de la
relance économique de Montréal. Ça s'appelle la
construction domiciliaire et ça s'appelle la rénovation
domiciliaire.
On n'a pas entendu son collègue, ministre responsable de
l'Habitation, parce qu'on est à six ans de ce gouvernement, il y a eu
quatre ministres successifs. On ne l'a pas entendu pousser de très hauts
cris à ce niveau-là. Il ne s'est pas insurgé contre les
coupures du gouvernement fédéral, à ce niveau-là,
reniant même, d'ailleurs, la résolution no 15 du Conseil
général du Parti libéral du 21 et 22 mars, à
l'hôtel Méridien, à Montréal et la résolution
no 24 qui parle d'un programme d'habitation sociale. Il n'y a absolument rien
qu'on retrouve. Qu'est-ce que le ministre responsable de IHe de Montréal
a fait face aux coupures du gouvernement fédéral dans
l'habitation sociale et dans, notamment, les coopératives d'habitation,
qui est la seule et probablement la meilleure forme d'accession à la
propriété et à un logement salubre à
Montréal pour la grande partie de la population? Qu'est-ce qu'il a fait,
le ministre, dans ce dossier? Si son collègue a été
silencieux, il l'a été encore beaucoup plus que lui. Qu'a-t-il
fait face au gouvernement fédéral et qu'a-t-il tenté
d'introduire dans un budget du ministère des Finances qui nous a
été présenté la semaine dernière, au niveau
de l'habitation? Absolument rien!
Le Président (M. Bradet): Je vous remercie, M. le
député. Je reconnais maintenant le minis-
tre. Vous avez la parole pour cinq minutes. M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. Le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques, je ne sais pas s'il s'est trompé de jour,
ou de semaine, ou d'interpellation, mais il a tout le loisir,
évidemment, de rencontrer le ministre responsable de l'Habitation pour
lui parler de toutes ces choses-là. On pourra éventuellement en
rediscuter, évidemment. Mais, je voudrais juste ajouter quelques
éléments à ceux qu'a soulevés le
député.
Quand on parle d'habitation, il ne faut pas oublier qu'il y a des
programmes dont les familles bénéficient qui vont bien
au-delà de ceux que le député peut avoir décrits.
Je lui rappelle, à titre d'exemple, et ce n'est pas négligeable,
que les allégements fiscaux dont les familles québécoises
bénéficient, de façon générale - ce n'est
pas juste pour une ville ou une autre, là - font en sorte qu'une famille
où on retrouve deux enfants, mais qui a seulement un revenu de travail,
ne paie aucun impôt jusqu'à 25 000 $, 26 400 $, alors que
c'était de l'ordre de 10 000 $, il y a cinq ans.
Alors, vous me permettrez de prétendre, là, qu'on en
laisse; on laisse, jusqu'à 26 000 $, chaque sou de revenu gagné
aux familles québécoises. Ce qui n'était pas le cas il y a
seulement cinq ans; c'était à partir de 10 000 $ qu'on
commençait à payer de l'impôt. Là, c'est à 26
000 $. C'est pas mal plus que l'inflation, tout ça. Que les programmes
que nous avons mis sur pied visent évidemment, à soutenir
davantage, notamment pour des personnes âgées, leur
accessibilité à des programmes d'aide financière. Si on
pense à Logirente, on a baissé l'âge auquel les gens sont
admissibles à ce programme-là.
Il ne faut pas négliger non plus, je le dis juste en terminant,
que la politique de faire de Montréal une ville de locataires, comme le
dénonce le député, tient, en partie, à une
décision des autorités municipales de ne pas lever le moratoire
sur la transformation de certains logements en logements qu'on peut acheter.
Ça, c'est une évidence; tous les urbanistes, tous les analystes
possibles et imaginables, tout ceux qu'on peut énumérer,
rencontrer et avec lesquels on peut discuter, nous disent ça comme
première raison. Il y a 1550 municipalités au Québec; il y
en a une qui a insisté qu'on laisse le moratoire sur la transformation
des logements locatifs en logements propriétés, il y a une
municipalité qui a insisté qu'on laisse le moratoire, c'est la
ville de Montréal. Toutes les autres préféraient faire le
contraire pour permettre l'accès à la
propriété.
C'est une façon aussi de regarder le problème qui nous
échappe, qui nous échappe et qui est du ressort des
autorités locales qui ont décidé qu'elles favorisaient le
logement social, et le logement loué. Alors, on est mal venu de
dénoncer le gouvernement, là, s'il y a un choix local qui a
été fait dans ce sens-là.
Mais, ce dont je voulais parler, et c'est en contexte, c'est, par
ailleurs, le développement de façon plus large de la
région de Montréal. On aura relevé plus récemment,
enfin depuis quelque temps, certains commentaires sur l'étalement
urbain, sur la multiplicité, et j'ai été un des
porte-parole de cette réalité, la multiplicité
d'Intervenants au niveau local, au niveau régional, et je dirais
suprarégional, dans la grande région de Montréal. Si on
veut avoir une vision commune, et c'est ça, l'exercice auquel on convie
l'ensemble des habitants de la grande région de Montréal, on doit
avoir une vision commune du développement de la région. Ça
ne peut pas être des visions morcelées, localisées,
problème par problème, dans un ensemble où on retrouve 135
municipalités différentes. Ça, la députée
l'a dit elle-même. C'est d'ailleurs pour ça que mon
collègue des Affaires municipales, et, là, ça devient
pertinent de parler de lui dans le cadre de l'interpellation, a mis sur pied un
groupe de travail sur Montréal et sur sa région. Toute
l'idée est de développer, avec les instances de la grande
région de Montréal, une vision commune de notre
développement, pour voir, dans les voies d'action qu'on doit absolument
explorer, où en est l'état des réflexions et des
décisions que veulent prendre les différents milieux municipaux
de la région, au titre de l'aménagement du territoire, au titre
de l'évolution des structures politiques, à l'égard des
politiques fiscales locales. On a beau dénoncer l'étalement
urbain, il faut voir qu'une des raisons, là aussi, c'est des choix
fiscaux: Est-ce qu'on taxe et surtaxe les petits commerces et les petites
entreprises ou est-ce qu'on étend la facture un petit peu à tout
le monde? Quel genre de choix fiscaux? Et, il faut voir, dans la région
de Montréal, la différence remarquable qu'il y a au titre des
réactions des municipalités au fardeau fiscal, évidemment,
qui est le leur, peu importe d'où ils viennent, qu'ils viennent de leurs
services, des salaires qu'elles paient à leurs employés, du
gabarit des services qu'elles veulent donner ou alors des
responsabilités que le gouvernement du Québec leur a
transférées récemment. Et ça, ce n'est pas une
cachette, on l'a dit à plus d'un titre. (11 h 10)
Mais les réactions ont été assez différentes
dans des endroits de la grande région de Montréal; il y a des
municipalités qui ont trouvé le moyen de baisser leurs budgets,
une diminution d'impôt, dans certains cas, et hausse
inconsidérée dans d'autres cas. Tout ça va fonder le
développement économique, le développement culturel
à l'intérieur d'une vision commune de la grande région de
Montréal.
Le Président (M. Bradet): Je vous remercie, M. le
ministre. Je reconnais maintenant le député
de Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Puisqu'on vient
d'amorcer une partie de notre interpellation sur un dossier
économico-social comme l'habitation, c'a une valeur économique
certaine, à mon humble avis. Je pense que le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques oublie rapidement un peu que le gouvernement du
Québec, lui, ne s'est pas désengagé de l'ancien programme
PARQ, qui était un programme de rénovation domiciliaire, et on
sait, quand on est dans le centre-sud, aussi présent que le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, comme c'est mon cas, on sait
jusqu'à quel point le parc immobilier est relativement
vétusté. C'est vrai.
C'est pour ça que cette année et l'an dernier et l'autre
année avant le gouvernement du Québec a investi, et qu'il le fera
cette année. On l'a indiqué dans le budget, il y a 15 jours: 34
000 000 $ dans le programme PRIL, pour aider à la rénovation
domiciliaire. C'est Montréal, c'est nos régions, dans
Montréal, qui vont en profiter plus, et ça créera de
l'emploi riche dans nos quartiers. Et c'est grâce, évidemment,
à cette vision en accord avec ce que vous avez soulevé comme
problème, c'est à cause de cette vision qui constate qu'il y a
effectivement un problème de logement à Montréal, qui fait
en sorte que le gouvernement du Québec, de concert avec les
autorités de Montréal, participera et sera pleinement actif dans
les investissements à faire pour améliorer la question du parc
urbain, du parc immobilier de Montréal.
Ceci étant dit, le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques a tout à fait raison de mentionner que c'est
incroyable que Montréal ait 87 % de locataires. Je comprends que dans
les 87 %, il y en a quelques-uns qui ont choisi d'être locataires et qui
comprennent que c'est un choix personnel, planifié et organisé.
Je dirais qu'ils ont les moyens d'être locataires. Mais ce n'est pas le
cas d'une autre partie importante des gens qui sont à Montréal et
ryj; auraient les moyens d'être propriétaires, mais n'en sont pas
capables.
Nous assistons à des réunions ensemble de gens qui
travaillent dans des GRT sur le Plateau-Mont-Royal et qui habitent en dehors de
Montréal, parce qu'ils ne sont pas capables de se trouver à
Montréal un logement à s'acheter, puis on travaille avec les gens
les plus sensibilisés, les plus impliqués dans le domaine de
l'habitation. Ils tirent la conclusion que nous tirons nous-mêmes, c'est
qu'il faudra un beau matin, quelque part, et ce quelque part-là,
ça s'appelle à la ville de Montréal, qu'on prenne
l'initiative de faire une véritable politique d'accès à la
propriété. À ce moment-là, je pense que le
gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral aussi
devront concourir dans un objectif aussi louable que celui-là.
En attendant, nous, il nous faut favoriser le développement des
secteurs à haute valeur ajoutée pour créer de l'emploi,
permettre aux gens de devenir éventuellement propriétaires, comme
je le disais. Et l'adaptation... Et adapter les industries traditionnelles,
puis comment? De trois façons, au moins plusieurs façons, mais
les premières, celles qu'on a, en plein milieu du visage, au moment
où on se parle, c'est d'aider et de soutenir le développement
industriel. On a parlé de la réalisation du projet Soligaz. Au
moment où on se parte, à Varennes, ils vont creuser les fameuses
cavernes pour se rendre, justement, chez le député de
Pointe-aux-Trembles et faire en sorte que les milliers d'emplois promis
puissent arriver enfin, avant les prochaines élections sûrement,
parce qu'il va falloir que le projet se développe.
Mais il y a aussi les problèmes - et ça, tous en
conviendront - de marchés dans le dossier Soligaz, qui ne peuvent pas se
régler du jour au lendemain et dont le gouvernement est absolument
indépendant. Mais il faut aussi faire la promotion des investissements
étrangers pour Montréal, à deux niveaux: attirer des gens
qui vont venir construire une entreprise ici, particulièrement dans le
dossier du secteur tertiaire moteur, le développement de la recherche,
développement de ce type d'emploi que nous recherchons dans les
investissements étrangers, mais aussi la recherche de contrats
étrangers. Et, dans le programme que nous avons fourni, nous allons
aider, entre autres, des entreprises montréalaises, et
particulièrement le génie - pensons à ça - à
trouver des contrats à l'étranger et pouvoir faire travailler des
Montréalais et Montréalaises, à cause de leur expertise,
sur des dossiers étrangers. Mais il nous faut aussi renforcer la
position concurrentielle de Montréal et son rôle de porte
d'entrée.
Le Président (M. Bradet): Alors, je vous remercie, M. le
député.
M. Chagnon: Ah! bien, je m'excuse. Je continuerai plus tard.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chagnon: J'aurais pu continuer longtemps, M. le
Président.
Le Président (M. Bradet): Je reconnais maintenant le
député d'Anjou, pour cinq minutes.
M. Pierre Bélanger
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président.
Ça me fait un peu sourire quand, depuis le début de cette
interpellation, on parie constamment du plan global ou de la vision globale
qu'on doit
avoir de Montréal et, finalement, du plan du Grand
Montréal, qui est une approche globale de la problématique, parce
que, dans l'est de Montréal, il y a certains dossiers qu'on a depuis
longtemps identifiés et qui demandent une action immédiate et
urgente. On n'a plus le luxe d'attendre, justement, les retombées
à moyen terme ou à long terme d'un projet ou d'un programme comme
celui du Grand Montréal.
Un des dossiers, en particulier, qui me tient à coeur, c'est
celui qui touche plus particulièrement l'est de Montréal et le
comté d'Anjou, c'est le problème de l'infrastructure
routière déficiente. Ce dossier a été un des enjeux
importants de la campagne électorale d'Anjou, et pour cause. L'est de
Montréal, à cause de sa géographie et à cause de
l'infrastructure routière déficiente, se retrouve comme
enclavé ou cloisonné dans son bout de l'île et a peine
à avoir accès au marché de Montréal. Dans l'est de
Montréal, ça fait plus de 10 ans qu'on réclame un
prolongement de l'autoroute 25.
Récemment, en mai 1992 - justement ce mois-ci - c'est un
véritable cri d'alarme que le président de
Métro-Richelieu, M. Paul Gobeil, lançait dans un bulletin de
PRO-EST de la Société de promotion et de concertation
socio-économique de l'est de Montréal. On y parle de
colère et d'impatience des industriels de l'est de Montréal. Je
cite deux extraits de ce bulletin: Les principales infrastructures
routières de l'est demeurent dans un état de délabrement
coûteux pour les industries et, à l'exception de
l'aménagement de la bretelle des futailles Tellie, aucun travail n'a
encore été amorcé. Dans une première phase, les
travaux les plus urgents concernent très certainement le
réaménagement du boulevard Henri-Bourassa et le prolongement de
l'autoroute 25, entre la 40 et Rivière-des-Prairies. C'est une urgence,
M. le Président.
Ce n'est pas uniquement contre l'inaction du gouvernement libéral
qu'on en a, dans l'est de Montréal, mais c'est aussi pour les promesses
non respectées; parce qu'on l'avait promis en 1989, lors de la campagne
électorale. Même le ministre responsable de Montréal
s'était engagé publiquement à le faire, devant une chambre
de commerce locale de l'est de Montréal. On l'attend toujours. Ce qui
était nécessaire, il y a 10 ans, est maintenant urgent, en 1991
et 1992. On ne comprend pas pourquoi le ministre responsable de Montréal
n'a pas présenté un plan d'urgence contenant des mesures
immédiates pour entreprendre immédiatement le prolongement de
l'autoroute 25. Ce qu'on sent, dans ce dossier de l'est de Montréal,
c'est une absence totale de leadership, et ce n'est pas uniquement dans ce
dossier mais dans tous les dossiers qui touchent Montréal.
Un exemple. On nous annonçait pour avril 1992 la
présentation du rapport d'étude d'impact sur l'environnement,
concernant le prolongement de l'autoroute 25. Au moment où on se parle,
on l'attend toujours. Est-ce que le ministre peut nous dire quand est-ce qu'on
va le voir, ce fameux rapport d'étude d'impact sur l'environnement?
Un autre dossier, aussi, qui touche le transport dans Montréal.
J'aimerais bien connaître les commentaires du ministre relativement au
projet BMI, qui est le projet d'un réseau de train de banlieue pour la
grande région de Montréal. Divers, même de nombreux
intervenants de Montréal ont donné leur opinion sur ce projet,
mais on attend toujours la réaction du ministre responsable de
Montréal. Qu'est-ce qu'il en pense? Est-ce qu'il est prêt à
le défendre devant son caucus ministériel? Est-ce que, vraiment,
ce projet va se développer?
Alors, c'est toutes ces questions qu'on se pose, dans Montréal.
Et on ne comprend pas l'inaction du ministre responsable de Montréal
dans ces dossiers qui sont urgents. On ne peut pas attendre encore, comme je
l'ai dit tout à l'heure, les retombées à moyen terme ou
à long terme du projet Grand Montréal; ça prend des
actions concrètes! (11 h 20)
Le Président (M. Bradet): Merci, M. le
député. M. le ministre, pour cinq minutes.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. L'incompréhension
persiste. Le malentendu n'est toujours pas levé. J'ai cru, un temps, que
la députée de Hochelaga-Maisonneuve et moi-même serions sur
la même longueur d'onde. En effet, en novembre dernier, lorsque le
journal La Presse avait laissé croire ou penser qu'elle savait
exactement, qu'ils savaient exactement ce qui s'en venait au titre du plan de
relance du Grand Montréal, lorsque le journal, donc, avait sorti cette
nouvelle sur le plan de relance, une des premières personnes
interviewées avait été la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, et ce dont je me souviens de son intervention à
la radio - une entrevue, je pense que c'était à CKAC -
c'était... Le message que la députée faisait porter,
c'était: J'espère que ce n'est pas pour des infrastructures.
Allons voir ce qu'il y a là-dedans véritablement, là, et,
de mémoire, ils parlaient de la route 25 ou d'un pont dans le
prolongement de l'autoroute 25. Alors, je peux vous confirmer qu'il n'y a pas
beaucoup de choses, ici, pour des infrastructures parce que ce n'était
justement pas ça l'idée.
L'idée, ce n'est pas de prendre 500 000 000 $ pour revitaliser
à long terme la capacité du milieu montréalais à
affronter la concurrence internationale. Ce n'est pas de prendre cet
argent-là et de faire des routes avec. Ce que je veux dire et ce que je
rappelle ici, c'est qu'on a, par ailleurs, dans nos carnets, dans les
engagements qu'on a contractés, dans les discussions constantes, je
dirais permanentes avec le milieu montréalais, notamment avec la
ville de Montréal et le comité de la concertation de la
CUM, nous avons déjà formulé des engagements à
l'endroit du boulevard Henri-Bourassa, par exemple. Ça, je veux qu'on se
comprenne bien. Ça, c'est fait. C'est dans le dossier. Ceux de la ville
de Montréal qui voudront en parler en parleront. Peut-être qu'ils
trouvent que notre contribution financière n'est pas suffisante.
Bon. Là, on est en train de parler de quantum, on n'est pas en
train de parier du principe, là, mais ce n'est pas dans un plan de
relance durable de la grande région de Montréal et de la ville de
Montréal, de la remise en emploi des Montréalais, qu'on va
traiter du dossier de Henri-Bourassa. Ça, j'ai résisté
à cette tentation-là. Ce n'est pas non plus là-dedans
qu'on va parler de l'autoroute 25 parce qu'il y a d'autres
considérations, sauf de dire qu'il faut que ça aille un peu plus
loin, que ça permette incidemment, pas simplement de désenclaver
l'est, mais de permettre une revitalisation, un nouveau centre, un nouveau
noyau autour, évidemment, du comté et dans la région du
comté du député d'Anjou, qui ferait en sorte que le
développement de Montréal et sur l'île serait mieux
équilibré. Je présume que les députés de la
ville de Montréal qui accompagnent le député d'Anjou ne
sont pas en train de lui reprocher qu'il ne représente pas
Montréal. Il représente le comté qui est à Anjou,
c'est une autre municipalité.
Bon. Alors, je crois qu'on se rejoint tous ici. Tout le monde a la
même préoccupation pour ce qui fait de la grande région de
Montréal un lieu privilégié où on retrouve une
métropole, avec tout ce que ça prend sur la scène
internationale, des municipalités environnantes et, évidemment,
une périphérie où on ne peut pas empêcher, comme
nulle part au monde, des gens d'aller librement s'installer, s'ils
décident de voyager; mais c'est des décisions, là, que les
familles prennent, évidemment, chacune pour elles.
Je rappelle au député deux problèmes sur
l'autoroute 25. Une autoroute... Parce qu'il faut savoir que ses
collègues sont contre un pont qui la prolongerait, si on veut être
logique. Une autoroute qui arrive sur...
Une voix:...
M. Johnson: Vous aussi, bon.
Alors, une autoroute qui arrive dans une rivière, ça
n'existe pas, et, au ministère des Transports, ils n'en veulent pas, de
ça. Des autoroutes qui arrivent nulle part, c'est un petit peu ennuyeux.
Ce qu'on sait qu'il faut faire, c'est, à tout le moins, en faire un
boulevard urbain. Mais un boulevard urbain qui est la prolongation d'une
autoroute, on en a un comme ça - Ville-Marie et la rue Notre-Dame - on
sait ce que ça donne aussi. Ça n'améliore pas le
transport. On cherche des façons de mieux desservir l'est de
Montréal, à partir de là. Ce que nous avons à
l'esprit, je le répète, je ne pensais pas traiter de ce
volet-là à l'occasion de cette intervention-ci, mais ce qu'on a
eu, là, c'est une illustration dans l'approche pour le
développement de Montréal et de sa région. Est-ce qu'un
plan de développement doit contenir une liste interminable
d'épicerie et des crédits qui se rattachent à chacun de
ces volets-là? Ou est-ce qu'on ne doit pas dégager une
perspective beaucoup plus à long terme, tenter d'inscrire le milieu
montréalais dans un effort collectif, d'une vision commune, dire: Le
développement économique à long te. me et la
création d'emplois, ça passe par l'innovation technologique, la
modernisation, aider les ressources humaines, à tout point de vue, et
développer des nouveaux marchés?
C'est le choix qu'on a fait. Ça n'empêche pas qu'il y a
encore des crédits au ministère des Transports, au MIC et un peu
partout, et que les dossiers continuent à cheminer, notamment pour
Henri-Bourassa.
Le Président (M. Bradet): Alors, merci, M. le ministre. Je
reconnais maintenant M. le député de LaFontaine. Vous avez cinq
minutes, M. le député.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Alors, merci, M. le Président. Tout
d'abord, vous me permettrez de faire quelques précisions en ce qui
concerne le dossier de l'Hôtel-Dieu. Alors, non seulement le
déménagement de l'Hôtel-Dieu n'est pas un
déménagement sauvage - car qui dit sauvage dit rapide - mais
c'est un projet qui a été planifié, car le dossier a
commencé en 1987. Je me rappelle qu'à cette
époque-là, le député de Pointe-aux-Trembles
n'était même pas élu en cette Chambre. Pendant toutes les
années qui ont suivi, on n'a vu personne de l'Opposition, du Parti
québécois, s'occuper de ce dossier, si ce n'est de refuser
d'appuyer le député de LaFontaine, les maires de
Saint-Léonard, de Montréal-Nord, de la ville d'Anjou, de
Montréal-Est, ainsi que les intervenants, les chambres de commerce, les
groupes sociaux, les CLSC qui, eux, faisaient la promotion du site de
Rivière-des-Prairies pour attirer l'Hôtel-Dieu. Alors, bien
entendu, ils ont été absents et, aujourd'hui, ils se
réveillent avec ce projet. Ils en sont un peu mécontents, car
lorsqu'on n'est pas dans le train, bien, on critique le train qui passe.
Ceci étant dit, le député de Pointe-aux-Trembles a
aussi amené un certain nombre de choses qui ne correspondent
peut-être pas à la réalité, ou peut-être qu'il
ne connaît pas assez le dossier lorsqu'il nous dit qu'à
Rivière-des-Prairies on a besoin d'un hôpital de 350 lits pour la
pédiatrie. D'abord, je rappellerai aux gens que l'Hôtel-Dieu n'est
pas fait juste pour Rivière-des-Prairies. Il est fait pour
Saint-Léonard, An-
jou, Montréal-Nord, Pointe-aux-Trembles et aussi pour les
régions avoisinantes. Tout à l'heure, lorsque l'autoroute 25 sera
faite, avec le pont qui traversera, les gens de Laval pourront venir s'y faire
soigner. Les gens de Repentigny pourront aussi venir s'y faire soigner.
Lorsqu'il nous dit que ça prend un hôpital général,
autre chose, M. le Président, je vais peut-être rappeler, pour
l'interrogation des gens, pour leur connaissance, qu'à l'hôpital
de l'Hôtel-Dieu 11 % seulement des spécialités sont des
spécialités ultraspécialisées, qui
nécessitent et qui donnent un enseignement universitaire; les autres 70
% sont des spécialités normales, et 19 % sont des
spécialités d'ordre général.
J'ai une lettre, ici, du directeur général de
l'hôpital, M. Florian Brissette, qui m'annonce, depuis un mois et demi,
suite à des demandes que j'avais faites, qu'en effet l'Hôtel-Dieu
aura suffisamment de places dans son programme de développement
fonctionnel pour y inclure des nouvelles spécialités qui
correspondront mieux à la clientèle nouvelle du nord-est de
Montréal. Et, encore une fois, ce n'est pas seulement pour
Rivière-des-Prairies, car, à écouter le
député de Pointe-aux-Trembles, 1000 naissances par année
demanderaient un hôpital de 350 lits. 1000 naissances par année,
chez moi, c'est 3 naissances par jour. Alors, il faut être
sérieux, d'autant plus que le DSC centre-ville aura, en 1996, environ
1200 à 1300 lits de surplus alors que le DSC Maisonneuve-Rosemont, lui,
a un déficit de lits.
Alors, la construction d'un hôpital dans le nord-est de
Montréal entraînerait des déboursés
supplémentaires récurrents à chaque année de 70 000
000 $, tout en ayant un surplus dans le centre-ville, et, immanquablement, nous
devrions probablement fermer des lits ou des étages au centre-ville pour
pouvoir faire vivre les deux. Je ne vois pas un gouvernement responsable qui
continuerait à administrer un hôpital alors qu'il y a un surplus
de lits ailleurs.
Maintenant, on parle des emplois au centre-ville. Bien, écoutez,
seulement 12 % des employés de l'Hôtel-Dieu résident dans
le centre-ville. Le reste réside à Laval, et le président
du syndicat, de la CSN, un ami de M. Bourdon - c'est peut-être pour
ça qu'il défend ce dossier-là contre les gens de l'est de
Montréal - M. Demers, habite lui-même à Laval. Et on vient
nous parler d'étalement urbain.
Alors, quand même, soyons sérieux. Je pense qu'il est temps
maintenant de remettre les choses à leur place. Moi, je connais un grand
nombre de gens de l'est de Montréal et de Pointe-aux-Trembles, de
Rivière-des-Prairies qui, lorsqu'ils ont une attaque cardiaque, vont
à l'Hôtel-Dieu de Montréal. Vu que la clientèle de
l'Hôtel-Dieu, 18 % seulement résident dans le centre-ville, les 45
% résident dans le nord-est, dans l'est et dans le sud-est de
Montréal, il n'y a aucune raison qui justifie que cet
hôpital-là ne vienne pas s'établir dans le nord-est de
Montréal, d'autant plus que ça va permettre d'attirer un
équipement prestigieux qui, pour une fois, au lieu d'avoir des
incinérateurs, des dépotoirs, des usines de traitement des
déchets et de traitement de l'eau va permettre de donner une nouvelle
vocation au centre-ville, au sous-centre-ville du nord-est de
Montréal.
Je rappellerai que s'il est vrai que des entreprises
manufacturières ont fermé, depuis une dizaine d'années,
à cause de la mutation industrielle que le Québec et
Montréal connaissent, il est tout aussi vrai qu'un grand nombre
d'entreprises et d'organismes sont venus s'y établir. Je ne citerai,
pour l'information des électeurs et des auditeurs, que le siège
social de Esso, le siège social de Shell, Johnson & Johnson, le
groupe Seguin, un groupe d'ingénieurs important, BG Checo, une des plus
grosses multinationales dans l'ingénierie et le matériel
électronique, RECYC-QUÉBEC - le ministre Paradis annoncera
bientôt que RECYC-QUÉBEC, l'organisme qui va s'occuper du
recyclage à travers le Québec, va venir s'établir dans
l'est de Montréal. Je m'en excuse si je fais l'annonce avant lui - et
d'autres entreprises comme Métro-Richelieu, le siège social,
Arcon Canada, qui a été inauguré par le premier ministre
en compagnie du ministre du Travail, M. Cherry. Des milliers d'emplois ont
été créés, et l'Hôtel-Dieu va venir
consolider tout ça, car d'autres entreprises vont venir s'établir
aux alentours de l'Hôtel-Dieu. Ça va créer une nouvelle
synergie. Ça va permettre de développer l'infrastructure, et je
crois que c'est là un élément extrêmement positif.
(11 h 30)
Si on veut revaloriser, pour une fois, la région du nord-est de
Montréal, il ne faut pas avoir peur, il ne faut pas faire de
demi-mesure. Les gens de l'est ont droit eux aussi à un hôpital
universitaire et au développement autre que manufacturier.
Le Président (M. Bradet): Merci beaucoup, M. le
député de LaFontaine. Je reconnais maintenant le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, depuis 1986, on compte dans
l'est de Montréal 14 000 chômeurs de plus et, le jour de l'annonce
du déménagement sauvage de l'Hôtel-Dieu du centre-ville,
Télémétropole a consulté les Montréalais: 69
% sont contre le déménagement, et il y aura, d'ailleurs, une
manifestation sur le sujet le 31 mai à laquelle je participerai. Alors,
le député de LaFontaine a droit à ses opinions, mais elles
ne sont pas partagées par 69 % des Montréalais. Depuis que son
parti est au pouvoir, on a 14 000 chômeurs de plus dans l'est de
Montréal.
Maintenant, moi, je nous félicite du ton du débat. Je
pense que c'est porteur d'espoir pour
Montréal, parce qu'il y a des divergences importantes, mais je
pense qu'on cherche des moyens d'aider Montréal à se relever,
sauf qu'lnnova-tech, telle que conçue, va contribuer a
l'étalement urbain parce qu'il s'adresse, le programme, - et, en soi,
c'est bon de favoriser l'innovation technologique - à 137
municipalités, à 12 MRC, et j'ajoute, pour le ministre, cinq
conseils régionaux que son collègue du Développement
régional va créer. Et le problème est en partie la
multiplicité des municipalités. Mais le programme va aussi bien
favoriser le déménagement d'une entreprise de l'est de
Montréal vers Saint-Bruno ou Valleyfield, Sorel ou Rawdon, parce que le
programme vise presque 60 % de la population du Québec et il n'est pas
assez ciblé sur la ville de Montréal, qui vit les principaux
problèmes. D'ailleurs, il y a des gens au fédéral qui
pensent que, pour cette raison, il n'est pas acquis qu'Ottawa va contribuer au
programme et, pour une fois, je pense qu'Ottawa aurait raison de favoriser
d'abord la ville centrale, qui subit les plus importants problèmes.
Dans La Presse de ce matin, la Corporation professionnelle des
urbanistes du Québec lance un cri d'alarme, et je pense que le ministre
des Affaires municipales et de la Sécurité publique, en pariant
du 350e anniversaire de Montréal, il y a deux jours, le retenait comme
par anticipation; il a deviné que ça s'en venait, j'ai
l'impression, parce qu'il disait que l'étalement urbain, il faut faire
quelque chose. Et, à cet égard, M. le ministre, il manque 20 000
000 $ pour faire un accès plus pratique pour les industries le long de
la rue Notre-Dame, le bout est du boulevard Ville-Marie, pour accéder au
pont-tunnel Louis-Hippolyte-LaFontaine. Je sais que le ministre n'aime pas
entendre de liste d'épicerie, mais, avant de faire un nouveau pont pour
envoyer les industries dans la partie agricole de ville de Laval, dans le fief
d'une famille, il faudrait peut-être finir l'accès au pont-tunnel
Louis-Hippolyte-LaFontaine que Jean Lesage a complété en 1966,
puis là on parle de 20 000 000 $.
Par ailleurs, le prolongement de la 25, le député d'Anjou
a parfaitement raison, on pale pour mettre fin à une situation où
il y a un chemin de campagne qui dessert les 12 000 emplois contenus dans le
parc industriel d'Anjou qu'il faut désenclaver, puis on peut dire que
ça devrait arrêter à Henri-Bourassa, parce que le pont
n'est pas une priorité. Et ça, je le dirais au ministre. Le pont,
on n'est pas contre en principe, d'une façon théologale, mais II
reste de la place, dans la partie développée de Laval, pour 75
000 de population de plus.
Alors, je dirais, M. le Président, que ce qu'on nous propose dans
Innovatech vise trop large, et le ministre connaît l'adage «Qui
trop embrasse mal étreint»; je pense que ça étreint
la ville centrale. On devrait, puisqu'on l'aime tous, prouver notre amour par
des mesures spécifiques qui aident Montréal, comme la
dépollution des terrains, la revalorisation des zones industrielles du
sud-ouest, et je suis sûr que là-dessus on va entendre des choses
intéressantes de la députée de Saint-Henri. C'est plus
important un pont sur le canal Lachine qu'un pont vers Laval, et le pont sur le
canal Lachine, le ministre le sait sûrement, le canal est moins large que
la rivière. Et on traversera la rivière quand on sera rendu
à la rivière.
Le Président (M. Bradet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant le ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. Je vais cesser
d'alléguer qu'il y a un malentendu. Il y a un malentendu lorsque les
gens ne se comprennent pas. Mais, là, on s'est bien compris. L'autre
côté, on privilégie certains projets, ce que moi je
conviens d'appeler «une liste d'épicerie», qui requiert
quand même, dans de nombreux cas, certaines actions gouvernementales.
J'ai évoqué tout à l'heure, le député
d'Anjou avait un peu la même approche à cet
égard-là, de souhaiter que des choses qui concernent son
comté, ou enfin son coin de pays plus précisément, soient
tout de suite mises en marche et annoncées. Je réitère que
c'est à l'intérieur d'activités gouvernementales courantes
que nous sommes en voie de tenter de régler ces
problèmes-là, dans une perspective où on doit, encore une
fois, vivre selon nos moyens, que les fonds ne sont pas illimités, et
qu'on a fait un choix que je continue à défendre ici, au nom du
gouvernement.
On a fait un choix, avec plusieurs centaines de millions de dollars de
crédits additionnels, de les concentrer, ces efforts
financiers-là, dans des activités qui vont à long terme et
donc, pour longtemps, faciliter le redressement économique de la grande
région de Montréal. Ça n'oublie jamais Montréal. Je
ne veux pas qu'on s'imagine là, qu'il y ait une confusion dans les
esprits, parce que quand on dit Montréal, c'est la ville, c'est la
métropole, c'est le noyau. C'est là qu'on retrouve, quand
même, la majorité des établissements de recherche et de
développement, les laboratoires. C'est là qu'on retrouve toutes
les universités, et une concentration remarquable, évidemment,
d'enseignement supérieur sous toutes ses formes, des instituts
spécialisés. Et est-ce qu'on peut en déduire - moi, je me
permets de le faire - qu'une grande portion des sommes additionnelles que nous
consacrons au titre de l'innovation, évidemment, sera attirée
vers les endroits où ça se trouve.
Je sais qu'il y a 137 municipalités dans la région
métropolitaine de recensement. C'est une réalité
statistique, économique, sociologique, démographique, comme il en
existe ailleurs pour des régions de cette envergure-là. Mais il
faut réaliser que ce n'est pas sûr qu'à Rawdon ils
ont un cégep ou une université qui fait de la recherche
avancée en matériaux pour l'aéronautique. Je dis
ça, là, en badinant ou à peine. Mais il n'est pas exclus
qu'une PME, qui est dans ce secteur industriel-là et qui a besoin d'aide
financière, raccrochée qu'elle est au noyau qu'on retrouve dans
la Communauté urbaine de Montréal, notamment, pourrait
bénéficier de ce soutien. Et, ça, ça aide.
Ça vient aider là l'île de Montréal et ce qui se
trouve dans la ville de Montréal. Il ne faut pas perdre de vue
l'intégration économique des fournisseurs, des producteurs de
biens et de services, ce qui fait en sorte qu'on peut parler d'un secteur
industriel complet, qui nous permet de concurrencer sur la scène
internationale. Alors, on n'est pas obligé tous de vivre dans un code
postal H3R, H2V ou H1P pour pouvoir prétendre que c'est là que se
trouve le centre économique. C'est beaucoup plus large que ça, la
réalité de tous les jours.
Alors, c'est le genre de choses qu'on avait à l'esprit lorsque
nous avons soumis ce plan-là. Ce sont des choses précises, qui
sont à long terme, agissantes et opérantes pour améliorer
les perspectives de développement du Grand Montréal. Et ce n'est
pas tout ce qu'on a fait. C'est déjà tout un contrat, et on n'en
est pas peu fier d'avoir pu, comme groupe ministériel et caucus... Parce
qu'il faut savoir que nos collègues députés ont
été intimement impliqués dans l'approche que nous avons
utilisée. Ça ne les empêche pas de continuer à
plaider pour certains projets particuliers de leur comté, avec raison,
mais dans certains cas, c'est réglé à l'intérieur
lorsque ça rentre dans les ressources humaines, la modernisation,
l'innovation, ça rentre dans le programme de 500 000 000 $ qu'on a
annoncé. Dans les autres cas, les projets réguliers, et le
ministre responsable et les collègues responsables ont à se
pencher sur la solution des problèmes qu'on retrouve dans notre
milieu.
On a eu d'autres activités de concertation; notamment, ça
m'apparaissait important lorsqu'on parlait tout à l'heure de
développer une vision commune du développement de Montréal
et de sa périphérie. On doit avoir des forums où on
discute de choses en commun. Qu'il s'agisse de nos rencontres avec la table de
concertation, le groupe de concertation de la CUM, qu'il s'agisse des tables de
concertation d'industries absolument essentielles au développement
à long terme de Montréal, le ferroviaire et le maritime, qu'il
s'agisse de rencontres avec les gens qui ont pris en main, grâce à
notre soutien financier, les plans de relance de l'est ou du sud-ouest, autant
d'exemples de concertation que nous avons ou bien favorisés et mis sur
pied, ou alors auxquels nous avons participé. (11 h 40)
Le Président (M. Bradet): Je vous remercie, M. le
ministre. Je reconnais maintenant Mme la députée de
Saint-Henri.
Mme Nicole Loiselle
Mme Loiselle: Merci, M. le Président. Premièrement,
je consacrerai les quelques minutes qui me sont accordées, ce matin,
à ma région sud-ouest de Montréal. Vous vous souviendrez
qu'en 1988 notre gouvernement a participé à la création
d'un comité pour la relance de l'économie, de l'emploi du
sud-ouest de Montréal, mieux connu sous l'appellation le CREESOM. Suite
au dépôt du rapport du CREESOM, le gouvernement libéral a
annoncé, en avril 1990, un investissement de 29 000 000 $ pour le
sud-ouest de Montréal pour mettre en place la stratégie de
développement, pour arriver à un redressement industriel ainsi
qu'à une revalorisation sociale pour la population que je
représente.
Le gouvernement du Québec, M. le Président, a
répondu en tout point aux recommandations du CREESOM, qu'il s'agisse de
l'organisation locale, de l'adaptation de la main-d'oeuvre, du soutien aux
entreprises et de la rénovation des espaces industriels. Vous savez,
malgré la conjoncture économique difficile, je peux vous assurer
que la motivation et la volonté des gens de ma région n'ont pas
diminué. Au contraire, cette motivation, cette volonté sont
aujourd'hui encore plus déterminantes. À titre d'exemple, le 16
avril dernier, j'assistais au RESO. Le RESO, c'est le regroupement pour la
relance économique de l'emploi du sud-ouest de Montréal, un
intervenant très important dans mon milieu. J'assistais à la
remise de diplômes dans le cadre du programme à
l'employabilité.
Une quarantaine de personnes qui étaient sans emploi, qui ont
décidé de se retrousser les manches et ont repris la formation,
ont repris les études, ont obtenu des diplômes dans
différents domaines, comme l'entretien général
d'immeubles, le domaine routier, l'assistance aux bénéficiaires.
Et ce matin, je suis certaine que mes collègues qui m'entourent se
joignent à moi pour leur dire bravo, pour leur courage, pour les efforts
et la détermination qu'ils ont dû investir afin d'améliorer
leur formation et pour réintégrer le marché du
travail.
Une autre bonne nouvelle, M. le Président, pour le sud-ouest de
Montréal: il y a quelques mois, M. Johnson, à titre de
président du comité ministériel du Grand Montréal
et dans le cadre de ses mesures pour le plan stratégique d'un
redressement durable du Grand Montréal, annonçait à la
population du sud-ouest l'implantation de l'école de formation
professionnelle des métiers du plastique à la polyvalente
Saint-Henri, dans le quartier de Saint-Henri. Un investissement de plus 5 000
000 $, et cette école ouvrira ses portes en septembre 1992, et j'en suis
très fière. Cet investissement, M. le Président, du
gouvernement du Québec, renforce les infrastructures de la formation
professionnelle dans notre région, répond, également, au
problème de la pénurie de la main-d'oeuvre dans l'industrie
du
plastique et, le plus important, apporte de l'espoir aux jeunes de mon
comté.
Au cours des cinq prochaines années, d'après des
évaluations qui ont été faites par l'industrie du
plastique, il manquera environ 2000 diplômés pour répondre
à la demande de cette industrie, dont 1500 provenant du secondaire.
Alors, l'implantation et la venue de cette école dans la région
du sud-ouest, c'est une annonce qui se révèle un avenir
prometteur pour nos jeunes. M. le Président, le sud-ouest de
Montréal est sur la voie du changement, un changement durable, un
changement bénéfique pour sa population.
Il faut savoir que dans le sud-ouest de Montréal, tous les
intervenants des milieux économiques et sociaux, tout
particulièrement le RESO, les gens d'affaires, les entreprises, les
grandes entreprises, les PME, les petits commerçants, les syndicats, les
groupes communautaires, même le comité des élus que je
coordonne, travaillent de concert vers le même objectif: un redressement
économique durable. Ainsi, au cours des derniers mois et même des
dernières semaines, plusieurs nouvelles implantations ont
été annoncées, créant de nouveaux emplois dans le
sud-ouest de Montréal. Je vous en nomme quelques-uns.
La venue du Club Price, qui va faire la création de plus de 300
emplois, dont les employés seront tous comblés par des gens du
sud-ouest de Montréal, qui sont présentement en formation. Un
centre de distribution de la SAQ, l'établissement de Tristan et Iseut
dans le parc d'entreprise et, la semaine dernière, un jeune groupe
d'entrepreneurs du sud-ouest, un groupe en domotique, le groupe Sécant,
à qui je souhaite la bienvenue.
Comme il me reste juste quelques secondes, M. le Président, soyez
assuré que le gouvernement du Québec fait partie
intégrante de ce partenariat dans le sud-ouest de Montréal et a
démontré sa volonté, son action et entend continuer sa
participation active au relèvement socio-économique de la
population du sud-ouest de Montréal. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bradet): Alors, merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques pour cinq minutes.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui, M. le Président, je vais aborder un
autre sujet, mais avant, si vous me permettez, quelques secondes, un certain
rappel au niveau de l'habitation. Comme disait Saint-Thomas, le message est
reçu par le recevable, et le ministre ne voulait pas avoir la
qualité de recevable. Je lui rappellerai que dans le cas du programme
PRIL, c'est 30 000 000 $. Oui, 30 000 000 $ pour l'ensemble du Québec;
ce n'est que 7 500 000 $ pour Montréal. Je vais quand même
convenir que les augmentations, c'est-à-dire l'aide directe au niveau de
Logirente, sont, à mon point de vue, acceptables. C'est quand même
un bon pas dans la bonne direction. Mais comme il n'y a aucune obligation de
rattachée, au niveau des propriétaires, ça ne va pas
changer quoi que ce soit au niveau de la qualité des logements. C'est
une subvention, en définitive, directe aux propriétaires parce
que ça va avoir une pression inflationniste sur les loyers. Ça ne
change pas les conditions de vie des personnes dans ces logements et ça
ne va surtout pas enlever les coquerelles des appartements, comme on les voit.
Et si le ministre ne veut pas le recevoir, ce discours, je vais prendre le
sherpa du premier ministre et lui demander ce que ça représente,
ces logements sur la rue Poupart, à Montréal. Et lui, je pense,
va comprendre effectivement ce que je veux dire là-dedans.
Maintenant, M. le Président, si on parle de déclin social,
à Montréal, avec ce taux de pauvreté, si on parle de
déclin économique de Montréal, il faut quand même
admettre qu'il y a un déclin politique au niveau de Montréal. Le
ministre, d'ailleurs, commençait presque à l'annoncer en se
déchargeant, en disant: Bien non, c'est mon collègue, c'est le
ministre des Affaires municipales. Mais qui va prendre une
responsabilité, dans ce gouvernement, au niveau de la coordination
interministérielle pour la métropole? Donc, il y a une absence
manifeste de volonté politique de la part de ce gouvernement face
à Montréal. Et quand on regarde, d'ailleurs, l'attitude de
certains autres ministres, pas nécessairement de Montréal, je
pense que les propos de mon collègue, le député de
Pointe-aux-Trem-bles, sont vrais: on ne connaît pas, on ne comprend pas,
on ne parie pas et on n'aime pas Montréal.
Mais là où le bât blesse, c'est que Montréal
va continuer, en plus d'avoir un déclin social et un déclin
économique, va subir un déclin politique. Montréal va se
voir amputée de trois circonscriptions électorales. Son poids
politique continue toujours à décliner, au sein de cette
Assemblée nationale. Qu'est-ce que le ministre responsable de
Montréal a fait dans ce dossier? Je vais convenir qu'il y a eu des
interventions énergiques de la part de notre collègue et
néanmoins ami, le député de Verdun, de mon collègue
voisin et néanmoins ami, également, le député de
Saint-Louis, et de moi-même. Et vous remarquez que, pour un
député de l'Opposition, en parier, ce n'est pas partisan, M. le
Président, puisque les circonscriptions qui disparaissent sont des
circonscriptions tenues par des députés du Parti libéral.
C'est nous qui venons à la rescousse. Qu'est-ce que le ministre
responsable de 111e de Montréal, qui doit s'assurer que Montréal
ait une progression sociale, ait une progression économique, qu'est-ce
qu'il fait pour empêcher un déclin du poids politique de
Montréal? Si
Montréal décline politiquement au sein de cette
Assemblée nationale, comme elle décline d'ailleurs au sein du
Conseil des ministres... Parce qu'il y a actuellement, dans ce Conseil des
ministres, cinq ministres de Montréal, alors que, dans le
précédent, il faut quand même avouer qu'il y en avait neuf;
Montréal avait passablement de voix pour exprimer ses besoins. Qu'est-ce
que le ministre, très clairement, a fait? Qu'est-ce qu'il a dit? Quelles
représentations a-t-il faites à ce niveau-là? Perdre trois
circonscriptions! Ses collègues, enfin, un de ses collègues, en
particulier, est intervenu pour défendre les circonscriptions du
Bas-du-Fleuve, et je ne vais pas le blâmer. Au contraire, on n'est pas
jaloux de préserver des entités électorales auprès
de populations qui, déjà, elles aussi, vivent des
difficultés et qui ont besoin de voix pour s'exprimer - je fais allusion
à Matane, à Bellechasse, etc. Mais qu'est-ce qu'il a fait dans le
cas de Montréal dont le déclin, maintenant, devient un
déclin politique, puisque nous perdrons trois circonscriptions pour
Montréal? J'aimerais bien...
Le Président (M. Bradet): Merci beaucoup, M. le
député.
M. Boulerice: ...que le ministre réponde. Le
Président (M. Bradet): Je vous remercie.
M. Boulerice: C'est son collègue de la réforme. (11
h 50)
Le Président (M. Bradet): Comme il nous reste la
conclusion, les deux 10 minutes, est-ce qu'il y a consentement - nous avions
commencé un petit peu en retard - à ce que nous puissions
dépasser 12 heures? Merci beaucoup. Alors, M. le ministre, vous avez 10
minutes, en conclusion.
Conclusions M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. D'abord, pour faire
écho aux derniers propos du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. Au titre de la carte électorale, je veux
juste lui rappeler qu'il y a une loi, un maître d'oeuvre. Les
députés peuvent faire des représentations, mais la loi et
les représentations qu'on peut faire doivent, évidemment,
s'alimenter à une seule source pour le Directeur général
des élections. Il l'a dit, et redit, et redit, et redit: Ce sont des
jugements de cours qui visent à faire en sorte que chaque
circonscription électorale ait le même poids relatif les unes par
rapport aux autres. Si on est en train de vouloir dire qu'on doit amender la
Loi électorale pour qu'indépendamment du nombre d'habitants de
l'île de Montréal elle maintienne, cette île, toujours
à un pourcentage constant des 125 sièges qu'on retrouve ici,
ça, c'est une autre approche considérable.
Moi, je veux juste rappeler au député que la
dernière fois qu'il y a eu un réaménagement de la carte
électorale, malgré les interventions de toute nature, de tous les
députés, d'à peu près partout, qu'à ma
connaissance il y a eu deux changements entre, je dirais, les
découvertes, les constats initiaux du Directeur général
des élections et de la Commission de la représentation
électorale et le dépôt final. La petite municipalité
de Sagard, quelque part au Saguenay, est demeurée partie de Charlevoix,
n'est-ce pas? Ça, ça a été un changement. Le
deuxième, c'est que le comté de Salaberry-Beauharnois est devenu
Salaberry-Soulanges, à la demande des deux députés, y
compris celui qui vous parle, pour qu'au moins on maintienne, dans l'histoire
politique du Québec, la réalité qu'il y avait un
comté qui s'est déjà appelé Soulanges et qu'on m'a
arraché, malgré toutes les récriminations et demandes
qu'on a faites, et, encore là, ceux qui sont férus d'anecdotes
retiendront qu'on veut, cette fois-ci, m'enlever les municipalités de
Sainte-Marthe et Sainte-Justine - on ne parle pas de l'île de
Montréal, là - et que ça m'apparaît un contrat
remarquable simplement pour changer un nom et faire en sorte que Sagard reste
dans Charlevoix au lieu d'aller dans Dubuc ou je ne sais trop quoi.
On veut juste mettre les choses en perspective pour que les gens qui
nous écoutent sachent que le Directeur général des
élections et le président de la Commission de la
représentation électorale sont liés, pieds et mains,
à des décisions de la Cour suprême dont ils peuvent
aménager certains termes et qu'on peut faire des interventions, mais
là, si ça devient du domaine politique, qu'on doive amender la
loi pour que le nombre de comtés sur l'île de Montréal
demeure proportionnellement toujours le même, indépendamment de la
population, bien là, on va avoir un problème à long terme.
Je veux juste qu'on sache que c'est ça qui est en cause.
M. le Président, en terminant, ici, de mon côté,
à l'occasion de cette interpellation, je veux juste rappeler quelques
réalités, certaines passablement récentes. Ce qui est
récent, c'est que Montréal et sa région, pour la
première fois, de façon substantielle, de façon soutenue
surtout, n'ont pas été traitées comme une région
comme les autres. Contrairement à tous les gestes qui ont
été posés dans le passé, qu'on peut
vérifier, les approches que nous avons utilisées, à
l'égard du redressement durable de la grande région de
Montréal, ont fait en sorte que mes collègues et moi-même -
et je n'en suis pas peu fier, je le répète - avons convaincu le
gouvernement de consacrer presque 500 000 000 $ nouveaux, dans les
circonstances financières qu'on connaît, pour relancer
l'économie de Montréal. Je sais et je souscris au fait qu'il y a
des projets spécifiques et des problèmes particuliers qu'on nous
a décrits qui ne font pas partie de ce plan de
redressement comme tel, mais le défi que nous avions à
relever était de faire en sorte que la réalité de la
concurrence internationale nous amène à doter Montréal et
sa région des outils qui sont à la disposition des autres
régions avec lesquelles nous sommes en concurrence.
Moi, je ne veux pas qu'on oublie - ça m'apparaît important,
et je le répète - que ce n'est pas simplement Montréal,
comme ville isolément prise, qui doit faire l'objet de notre attention,
dans un contexte comme celui-là, mais l'ensemble de la région,
parce que, sur la scène internationale, ce sont des régions qui
sont en concurrence les unes avec les autres. Les statistiques, la
démographie viennent confirmer que, effectivement, lorsqu'on se demande
quel est le territoire dont on devrait se préoccuper, où sont les
forces d'intégration, où sont les véritables leviers que
ces forces-là nous donnent, on doit considérer à partir du
centre-ville tout ce qui est bâti en continu et, lorsqu'on déborde
ce périmètre, on doit se demander une question qu'on se demande
à chaque fois - les statisticiens le font pour définir une
région: Est-ce qu'une majorité ou, à tout le moins, au
moins 40 % des gens de la périphérie dépendent du centre
pour leur gagne-pain? Chaque fois qu'on répond oui, on inclut ça,
ces secteurs-là, dans la région métropolitaine. C'est pour
ça que des régions aussi éloignées, aussi
inusitées ou inattendues que celles que le député de
Pointeaux-Trembles a mentionnées tout à l'heure sont incluses
dans la région de Montréal, parce qu'il y a cette
interdépendance économique. Plus de 40 % des investissements
industriels ont été effectués en dehors de la CUM, l'an
dernier. Ça, c'est une réalité. Ça, c'est de tout
temps. Ça fait longtemps que les gens se comportent de cette
façon-là. On doit tenir compte du fait que le
développement industriel en dehors de la ville de Montréal, c'est
une réalité, que le développement industriel en dehors des
villes centres, c'est une réalité à l'échelle
mondiale. Alors, on ne veut pas commencer à redéfinir l'histoire,
inventer des terrains là où il n'y en a pas, inventer des
activités là où elles ne peuvent pas, de façon
rentable, être menées afin dp relancer, dit-on, l'économie
et l'emploi dans la ville de Montréal.
Il faut véritablement regarder comment on peut cibler des
interventions. La députée de Saint-Henri l'a fait d'une
façon remarquablement détaillée, avec une perspective en
ce qui concerne le sud-ouest. J'ajouterai, pour l'est de Montréal, pour
compléter ce que mon collègue de LaFontaine disait tout à
l'heure, qu'il y a une véritable mutation, qu'il y a des fonctions et
des vocations qu'on est en train de revoir et de localiser dans l'est de
Montréal, y compris - on ne s'y attendait pas - dans des instituts
spécialisés dans l'enseignement professionnel et même
supérieur, qu'il s'agisse de l'école des métallur-gies, de
l'école de la pétrochimie, des métiers de
l'aérospatial, autant de choses qu'on a installées dans l'est de
Montréal, des décisions politiques, on le reconnaît tout de
suite, là. Les plastiques dans le sud-ouest, les gens de l'est ne sont
pas contents parce qu'ils disent que ça fait partie de la
pétrochimie, de la filière pétrochimique. Enfin, on m'a
souligné que c'était une source d'insatisfaction, mais on ne peut
pas faire plaisir à tout le monde. Le leadership et l'équilibre
qu'on doit toujours observer s'expriment par des décisions qui
respectent, le plus possible, les capacités de l'ensemble de la
région de Montréal à contribuer au développement de
l'ensemble de la région de Montréal.
C'est pour ces raisons-là que le plan que nous avons amené
- et c'est une première, là, c'est introuvable, les
précédents qui auraient pu avoir lieu - nous avons
consacré presque 500 000 000 $ à certaines fonctions
précises du développement économique, de la
personnalité de Montréal et de sa région, adapté au
stade de développement qu'ont atteint Montréal et sa
région et reflétant les véritables correctifs qu'on doit y
apporter. C'est ce que nous avons fait.
On n'a pas inventé des listes d'épicerie. On n'a pas
intégré des listes d'épicerie dans le plan de relance du
Grand Montréal. On a plutôt fait le pari de l'avenir, le pari de
la permanence, de la durabilité de nos interventions afin de mettre sur
pied une société d'aide financière à l'innovation
technologique. Je n'en connais pas ailleurs. Je n'en vois pas. Alors, on a
essayé - et avec succès, à mon sens - de fabriquer, sur
mesure des besoins de Montréal et de sa région, un instrument qui
vient appuyer le développement de certains secteurs industriels, qui
vient faciliter la création de nouvelles activités en
matière d'innovation technologique - c'est presque une tautologie de
l'exprimer de cette façon-là - qui vient appuyer autant le milieu
de l'entreprise que celui de l'enseignement supérieur, que des
laboratoires de recherche et de développement, qui vient appuyer les
activités de cette nature qui vont faire en sorte, véritablement,
que Montréal et sa région vont pouvoir se distinguer sur la
scène internationale.
On doit toujours, je le rappelle, travailler au niveau d'une masse
critique. C'est pour ça que le territoire est passablement grand, mais
à l'intérieur du territoire, on a suffisamment de
variétés - on a une quarantaine de mesures - pour aller, de
façon précise, régler les problèmes de
réinsertion en emploi. On a tellement dénoncé que
c'était ça, le problème... Le noyau dur, la dureté
du noyau du sous-emploi, on a travaillé là-dessus au niveau
local, au niveau de la réinsertion, sur le marché du travail, des
gens les plus affectés par les mutations Industrielles dont nous sommes
l'objet et à l'autre bout, évidemment, quelque chose qui gravite
autour d'un concept difficilement définissable, mais que tous ceux qui
le pratiquent connaissent, celui de l'innovation technologique, la meilleure
chance de porter nos industries créatrices d'em-
plois vers l'avenir, de façon permanente. (12 heures)
Le Président (M. Bradet): Alors, merci, M. le ministre. En
conclusion, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve. Vous avez 10
minutes.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Un mot d'abord, M. le
Président, rapidement, pour contredire le ministre responsable de la
région de Montréal à l'égard de la disparition des
trois comtés, à l'égard de ce problème qui nous
pend au bout du nez dans quelques jours, sinon quelques semaines.
Il n'y a aucune obligation mathématique qui justifierait,
d'aucune façon, la disparition de ces trois comtés, et je
voudrais simplement reprendre ce qu'en disait récemment le
président de la Communauté urbaine de Montréal, M. Michel
Hamelin, et je le cite, M. le Président: «II nous apparaît
inacceptable que le nombre moyen d'électeurs proposé soit plus
élevé sur le territoire de l'île qu'à
l'extérieur, alors que chaque circonscription aurait 39 140
électeurs sur IHe, comparativement à une moyenne de 36 805 pour
les autres circonscriptions du Québec. Cet écart totalise plus de
70 000 électeurs, soit presque l'équivalent du nombre requis pour
former deux circonscriptions électorales.» C'est parce que, M. le
Président, on ne traite pas les gens de IHe de Montréal de la
même façon que les électeurs du reste du Québec
qu'il est possible que nous perdions ces circonscriptions. Il est
extrêmement regrettable de constater ce matin que ni le comité
ministériel ni le ministre responsable n'aient fait des
représentations pour faire valoir les intérêts des
Montréalais à ce qu'il n'y ait pas des sous-représentation
politique de Montréal et de l'île de Montréal ici, à
l'Assemblée nationale.
D'autre part, M. le Président, en conclusion, je déplore,
finalement, que le plan de développement à long terme,
appelé le plan stratégique du gouvernement, serve de
prétexte pour justifier Québec de se dégager de toute
responsabilité à l'égard du court terme. Le long terme...
Mais le mieux ne peut pas être l'ennemi du bien, M. le Président.
Je déplore que ces mesures à court terme qui sont
réclamées, ce n'est pas que nous qui en parlons, M. le
Président; nous les retrouvons dans à peu près tout ce qui
s'est écrit par les divers intervenants socio-économiques de
Montréal. Eh bien, ces mesures, je déplore qu'elles soient
discréditées comme étant une liste d'épicerie. Le
député de Saint-Louis a, avec raison, parlé de la
nécessité d'éviter des cataplasmes et des cataclysmes, en
priorisant les interventions selon les mêmes orientations. C'est
d'ailleurs exactement ce que disait le comité regroupant les principaux
partenaires socio-économiques, la ville de Montréal, la
Conférence des maires de la banlieue de Montréal, la chambre de
commerce du Montréal métropolitain, qui est maintenant
affiliée avec le Bureau de commerce de Montréal, le Conseil des
travailleuses et des travailleurs du Montréal métropolitain FTQ,
le Conseil central de Montréal CSN, la Communauté urbaine de
Montréal. Ce qu'ils en disaient dans un document, qui porte jutement sur
l'urgence d'une stratégie concertée, mais qui porte sur un
document remis au ministre, il y a deux ans, ce qu'ils en disaient, M. le
Président, c'est exactement ceci: Tous les paliers de gouvernement, en
collaboration avec les associations du milieu, doivent prioriser leurs
interventions selon les mêmes orientations. À cette fin, une
stratégie d'action en six points est proposée. Et ce que le
ministre appelle de façon dérisoire la liste d'épicerie,
eh bien, M. le Président, ces mesures sont considérées
comme faisant partie de la stratégie d'action de l'ensemble des
intervenants économiques de Montréal. Et au premier chef,
l'investissement dans les infrastructures des zones industrielles
vétustés, et c'est donc dire, M. le Président, la
décontamination des terrains contaminés présentement; ce
qui est un poids, un obstacle extrêmement important qui joue contre la
relance de l'économie et de l'emploi sur l'île de Montréal
et, comme deuxième élément de cette stratégie,
l'accessibilité de la zone centrale et des zones industrielles de
l'île et comment, par des investissements routiers, notamment les
boulevards Ville-Marie et Henri-Bourassa, ce n'est pas que des listes
d'épicerie, c'est des conditions sine qua non. C'est ce qui permettrait
de lever les obstacles qui se dressent actuellement dans le projet de relance
de l'économie et de l'emploi à Montréal.
M. le Président, ce que je constate, c'est qu'il y a
déjà deux ans l'ensemble des intervenants avaient sonné
l'alarme en parlant d'une dégringolade dramatique du secteur
manufacturier. Et ce matin, M. le Président, je constate qu'on a
à peine parlé de la perte des 53 000 emplois dans le secteur
manufacturier qu'on a enregistrée depuis deux ans. Ce dont le ministre
nous a parlé, je note, par ailleurs, avec satisfaction, d'un
côté, c'est la distribution des charges fiscales de façon
plus équitable. Je considère qu'il y a là une
évolution en regard des interpellations antérieures. Maintenant,
on reconnaît que les charges fiscales briment Montréal en regard
des municipalités qui se retrouvent en périphérie.
Mais, M. le Président, un mot, définitivement, sur ce
qu'on ne retrouve pas dans le plan d'action stratégique sur l'ensemble
des mesures qui sont réclamées à Montréal, mais ce
qu'on ne retrouve pas également en matière de création
d'emplois. Les députés, le ministre lui-même, ne doivent
absolument pas s'illusionner. Ce qu'il y a dans le plan, ce qu'il y a dans les
crédits cette année, M. le Président, là, pensez
que, en ce qui concerne la main-d'oeuvre, les 22 000 000 $, c'est sur papier.
Je rappelle encore que là-dessus il y a 5 000 000 $ de Fonds d'aide a
l'innovation
pour favoriser l'intégration des chômeurs, qui ne sera
réalisée que s'il y a une participation du fédéral.
Et il n'y a personne ici qui s'illusionne sur le fait que le
fédéral, avant le règlement des questions
constitutionnelles, va mettre un sou dans quoi que ce soit.
D'ailleurs, M. le Président, j'ai un dossier ici concernant le
programme d'aide aux travailleurs âgés, licenciés de plus
de 55 ans, et ça fait un an que le ministre, collègue du
président du Conseil du trésor, le ministre de la Main-d'oeuvre
est en pourparlers avec son homologue du fédéral qui lui dit
qu'il ne va rien se passer avant qu'il y ait une grande finale
constitutionnelle. Vous vous imaginez, entre-temps, c'est ça les
mesures, là, les mesures dont on nous parle. Ce sont des mesures sur
papier.
Et la mesure de création d'emploi, Je reprends exactement le
communiqué publié à cet effet, et qui accompagnait le plan
stratégique alors, «Création d'emplois au niveau
local». On nous a parlé des corporations de développement
économique et communautaire. Tant mieux pour les autres secteurs qui
peuvent maintenant en bénéficier. Mais savez-vous, M. le
Président, qu'on a abandonné l'est de Montréal dans le
plan stratégique du gouvernement et que, cette année, nous allons
pouvoir compter sur 2 200 000 $ de moins pour financer les initiatives
communautaires du milieu en comparaison de l'an dernier?
Alors, il y a peut-être de l'argent ailleurs, mais on est venu en
prendre dans l'est de Montréal, et j'ai d'ailleurs les crédits du
ministère de la Main-d'oeuvre qui le confirment: 2 200 000 $ de moins
dans l'est de Montréal. Si c'est ça, l'intérêt que
le gouvernement porte à l'est de Montréal, M. le
Président, c'est évidemment extrêmement
inquiétant.
D'autre part, dans la création d'emplois, l'autre gros projet,
c'est essentiellement un programme de création temporaire d'emplois qui
durent six mois. C'est là-dedans que le gouvernement a
décidé de mettre son argent. C'est le programme qui n'est pas
payant, mais qui s'appelle PAIE, M. le Président, puis qui d'ailleurs
s'adresse à l'ensemble du Québec avec une certaine bonification,
parce que, à Montréal, le programme n'arrivait pas à
démarrer. Mais c'est un programme qui dure six mois, puis qui dure le
temps qu'on soustrait les bénéficiaires des listes et des
colonnes de l'aide sociale, le temps qu'ils puissent être
éligibles à l'assurance-chômage pour les passer de la
colonne de l'aide sociale a la colonne de l'assurance-chômage. C'est
à ça que se résume le programme dit de création de
l'emploi au niveau local.
Quant aux autres programmes, le ministre n'a pas à me faire grief
de parler des travailleurs licenciés. L'essentiel des budgets sont
consacrés soit à la création hypothétique d'un
fonds pour les travailleurs licenciés - qui ne sera
réalisé, encore une fois, qu'avec la participation du
fédéral qui n'est pas confir- mée - et, d'autre part,
à un programme d'adaptation, l'amélioration du programme
d'adaptation pour les travailleurs licenciés.
M. le Président, je veux certainement, en terminant, vous dire
à quel point nous trouvons décevant que le plan
stratégique ait servi de prétexte au gouvernement pour se
déresponsabiliser par rapport à la situation d'urgence. Je n'ai
pas voulu insister aujourd'hui, il y a tellement de rapports gouvernementaux
des différents ministères, des différents administrations
qui nous rappellent la situation des 189 000 hommes et femmes sans emploi sur
l'île de Montréal, et qui nous rappellent la situation dramatique,
l'aggravation de la pauvreté sur l'île de Montréal. Et, M.
le Président, je trouve ça extrêmement déplorable,
déplorable que le plan stratégique serve de prétexte au
gouvernement et que le projet de loi 28, qui va créer une
Société Innovatech, ne donne pas comme mission prioritaire
à cette Société tant l'investissement dans l'entreprise en
matière technologique que l'investissement dans la main-d'oeuvre, pour
l'adapter aux changements technologiques.
Le Président (M. Bradet): Je vous remercie, Mme la
députée. Ceci met donc fin à nos travaux. La commission
ayant accompli son mandat, j'ajourne donc les travaux sine die, en vous
souhaitant une bonne fin de semaine. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 12 h 10)