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(Neuf heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration est réunie afin d'entendre le Vérificateur
général dans le cadre de l'examen de son rapport annuel pour
l'année financière terminée le 31 mars 1991. Est-ce qu'il
y a des remplacements, M. le secrétaire?
M. Léonard: M. Chevrette (Joliette) remplacera M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles) et M. Garon (Lévis), M. Boisclair (Gouin).
Le Président (M. Lemieux): M. Bourdon n'est pas membre. M.
le secrétaire, voulez-vous nous faire état des remplacements,
s'il vous plaît?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Garon
(Lévis) remplacera M. Boisclair (Gouin), M. Kelfa (Richelieu) remplacera
M. Després (Limoilou), M. Chevrette (Joliette) remplacera Mme Marois
(Taillon). (9 h 40)
Organisation des travaux
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
La séance débute. Les règles de procédure pour
l'exécution de ce mandat ont été établies le 18
août 1987 et sont les suivantes.
La séance débutera par une période de
déclarations d'ouverture réparties selon l'ordre suivant: pour le
Vérificateur général du Québec, une période
de 15 minutes; pour M. le porte-parole de l'Opposition, une période de
15 minutes et un porte-parole des députés ministériels,
pour une période de 15 minutes.
La période des déclarations d'ouverture ne sera pas suivie
de répliques ou de commentaires de la part des membres ou du
Vérificateur général. Une période d'échanges
avec le Vérificateur général suivra celle des
déclarations d'ouverture et se poursuivra jusqu'à la fin de la
séance, soit 18 heures.
Les groupes parlementaires disposeront de temps de parole égaux
en respectant l'alternance dans les interventions, et le temps de parole
inutilisé par un groupe parlementaire sera disponible pour l'autre
groupe parlementaire en vertu d'une décision de la commission de
l'Assemblée nationale, la CAN du 3 décembre 1986.
La période d'échanges avec le Vérificateur
débutera par l'intervention du porte-parole de l'Opposition. Les membres
de la commission disposeront d'un temps de parole de 20 minutes en une ou
plusieurs interventions qui peuvent pren- dre la forme de questions ou de
commentaires. Le temps de réponse du Vérificateur
général sera imputé au temps de parole du
député qui pose la question.
Déclarations d'ouverture
J'invite maintenant M. le Vérificateur général du
Québec à prendre la parole, dans un premier temps, et
préalablement à nous présenter les gens qui l'accompagnent
pour, par la suite, prendre la parole pour une période de 15 minutes.
Suivront le porte-parole de l'Opposition et un porte-parole de la
majorité ministérielle. M. le Vérificateur
général du Québec.
M. Guy Breton
M. Breton (Guy): M. le Président, messieurs, je vous
remercie de recevoir le Vérificateur général dans le cadre
des travaux de la commission parlementaire du budget et de l'administration,
afin de lui permettre de vous expliquer le contenu de son rapport annuel pour
l'année terminée le 31 mars 1991.
Cette rencontre est un geste essentiel dans notre processus
démocratique. Il vous permet d'exercer de cette façon, entre
autres, votre devoir de surveillance sur la bonne gestion des biens publics. Le
Vérificateur général apprécie donc que
l'Assemblée nationale prenne note chaque année de ses
commentaires consignés dans son rapport annuel et de ses observations
sur les états financiers publiés dans le volume 1 des comptes
publics. Mais, cette année, le Vérificateur général
est encore plus heureux de la situation devant l'ouverture que manifeste la
commission à recevoir le témoignage de gestionnaires de certaines
entités qui ont fait l'objet d'une vérification.
Pour paraphraser M. Châtelain, mon prédécesseur, je
dirais que cette résolution de la commission nous permet de croire que
nous avons enfin traversé le désert, que nous avons atteint des
terres fertiles où les concepts de l'obligation de rendre compte auront
plus de chances de fleurir.
Le Vérificateur général se permet donc de
féliciter les membres de la commission d'avoir privilégié
cette rencontre avec les représentants des entités, ce qui est la
touche finale au processus, au cycle de reddition de comptes, tel que cela se
pratique dans un grand nombre d'administrations publiques. Le
Vérificateur général vous offre sa collaboration pour
assurer te succès de cette rencontre avec les gestionnaires car, comme
vous, il souhaite démontrer que c'est un
moyen essentiel pour exercer le contrôle parlementaire sur les
fonds et les autres biens publics.
Je m'en voudrais de poursuivre cette présentation sans prendre le
temps de vous exprimer des remerciements personnels. Le 17 décembre
dernier, l'Assemblée nationale m'a confié le mandat de
Vérificateur général. Je me propose d'être toujours
à la hauteur de cette marque de confiance que vous avez
démontrée envers moi. Mes antécédents comme
vérificateur général adjoint et comme vérificateur
général par intérim m'ont permis d'apprécier toute
l'ampleur de ce mandat, toute la difficulté de cette fonction. C'est
donc en toute connaissance de cause que je relève ce défi. Et je
vous dirai que je le relève avec enthousiasme et confiance, parce que je
sais que je suis secondé dans ce travail par une équipe de
cadres, de professionnels et de fonctionnaires qui font preuve d'un
professionnalisme exemplaire dans la réalisation de notre mandat. Vous
avez, d'ailleurs, dans cette salle, avec moi, la majorité de ces cadres
qui se tiennent à votre disposition pour répondre aux questions
que vous voudrez bien leur poser lorsque vous étudierez les dossiers
dont ils avaient la responsabilité. Et j'ai, à ma gauche, M.
Bédard, vérificateur général adjoint. M. Fortin est
absent, en mission pour le gouvernement du Québec au Bénin afin
de répondre à une demande de ce pays pour concevoir
l'équivalent d'un bureau de vérificateur général,
à la suite d'une entente conclue lors du Sommet de la francophonie
l'automne dernier.
Prendre charge de l'organisation mise en place par M. Châtelain
est un plaisir car elle est bien gérée. Par ailleurs, notre
environnement change. Nous sommes confrontés à de nouveaux
concepts et les attentes des contribuables ou des citoyens et des citoyennes
envers l'administration publique portent de plus en plus sur le rendement de
leurs taxes, sur l'assurance qu'ils en ont pour leur argent. Il s'ensuit que
même si nous privilégions la transparence dans l'administration
publique, même si nous nous proposons d'être droits et fermes,
comme nous le dicte notre mandat, nous nous devons de nous assurer que nous
serons prêts pour affronter les modifications de la prochaine
décennie.
Nous avons donc enclenché un processus de consultation pour polir
nos outils, pour affûter nos instruments, pour revoir notre
stratégie d'intervention, pour reformuler les termes de notre mission.
Tout ce travail de réflexion débouchera sur des orientations que
nous apprécierions vous présenter si vous jugez à propos
de nous convoquer en séance spéciale pour en prendre
connaissance.
Je ferme cette parenthèse en soulignant que j'apprécie
d'avoir l'occasion de contribuer avec vous à l'amélioration du
contrôle parlementaire. Dans le cours de nos vérifications, nous
avons été à même de constater que les
administrateurs évoluent dans un environnement où les ressour-
ces sont moins abondantes. Nous avons observé qu'ils sont assujettis
à des pressions afin, d'une part, d'abaisser la charge publique et,
d'autre part, d'accroître en qualité et en quantité les
services qu'ils offrent à leur clientèle. Nous dégageons
de cette situation une impression d'ensemble positive à l'égard
des efforts consentis par les administrateurs publics pour accroître
toujours davantage leur efficacité dans un contexte qui n'est pas
toujours favorable.
Toutefois, malgré des améliorations marquées, nous
déplorons des lacunes, d'importance variable, dans des secteurs comme la
planification, la gestion des ressources informatiques et la reddition des
comptes. Nous avons remarqué des déficiences dans le processus de
planification de certaines entités. Ainsi, elles n'apportent pas le soin
suffisant à étudier et à définir leur mission
véritable, à établir des objectifs mesurables, à
élaborer des critères permettant de vérifier l'atteinte de
leurs objectifs. Cela signifie qu'elles ne sont pas en mesure d'évaluer
leur performance et, encore moins, d'en rendre compte de façon valable.
Et, pourtant, la planification est une importante fonction du processus de
gestion.
Dans le cadre de nos travaux de vérification
réalisés en vue d'évaluer la qualité du
contrôle interne, nous avons noté que l'utilisation optimale des
logiciels de contrôle d'accès aux ressources informatiques laisse
à désirer. Trop de personnes y ont accès pour des motifs
non justifiés. Des responsables gèrent les règles
d'accès sans fermeté. Ces lacunes pourraient nuire gravement
à l'intégrité même des données. Et ces
données, cette information, constituent un actif gouvernemental d'une
importance majeure. À notre avis, un système de contrôle
d'accès, ça doit être aussi étanche que la toile
d'un canot...
Encore cette année, nous avons observé que les
gestionnaires publics ne portent pas toujours une attention suffisante à
la reddition de comptes. Il est donc difficile de s'assurer que les
succès ou les insuccès sont imputés aux bonnes personnes,
encore moins que les résultats obtenus sont sanctionnés
correctement. Un exemple notable de cette lacune peut être
illustré en se référant aux rapports annuels
d'activité des ministères et des organismes du gouvernement. Ou
bien ils sont déposés à des dates tardives, ce qui rend
leur contenu peu utile, ou bien leur contenu s'éloigne parfois de ce que
l'on est en droit d'attendre d'une véritable reddition de comptes. (9 h
50)
Un autre sujet qui nous intéresse depuis plusieurs années
est celui de la nécessité d'une loi-cadre sur les organismes et
les entreprises du gouvernement ou, à des fins d'être plus
précis en terme juridique, une loi d'encadrement. Alors que, par les
années antérieures, nous avions débattu de ce sujet pour
en prouver la pertinence, cette année nous avons effectué un
examen ap-
profondi du processus d'imputabilité applicable à certains
organismes et entreprises. Force nous est de constater que les mesures
législatives se révèlent insuffisantes pour obliger ces
entités à fournir au gouvernement et à l'Assemblée
nationale les informations requises pour leur permettre de jouer leur
rôle respectif en matière de contrôle.
Concernant les comptes publics et les états financiers du
gouvernement, nous regrettons que celui-ci n'applique pas intégralement
les recommandations du Comité sur la comptabilité et la
vérification des organismes du secteur public de l'Institut canadien des
comptables agréés comme, par exemple: le passif ne comprend pas
l'ensemble des dettes puisqu'une partie seulement des obligations envers les
régimes de retraite est comptabilisée; certaines dépenses
sont inscrites directement en diminution des revenus. Quoique cela soit
prévu aux lois régissant le paiement de ces dépenses, cela
affecte à la baisse le montant des revenus et des dépenses et ne
permet pas la présentation aux états financiers de leurs montants
réels; l'état des revenus et dépenses présente une
comparaison des résultats réels d'une année
financière à une autre, mais ne fait aucune comparaison avec les
résultats prévus paraissant au livre des crédits et au
discours sur le budget; les comptes publics, comprenant entre autres les
états financiers du gouvernement, sont publiés habituellement
plus de huit mois après la fin de l'année financière.
Par contre, le gouvernement a fait des progrès dans la
présentation de son entité comptable en la définissant
dans ses conventions comptables et en indiquant en annexe les entités
qui sont incluses aux états financiers et celles qui en sont exclues. Le
gouvernement comptabilise aussi dans ses états financiers sa
participation au résultat annuel des entreprises dans lesquelles il
détient des placements en actions. Enfin, le gouvernement poursuit ses
efforts en vue de présenter des états financiers
consolidés.
Voilà, messieurs, la synthèse de nos constatations,
résultat d'une année de travaux de vérification. Quant aux
efforts que nous avons consacrés à réaliser ces travaux,
vous les trouverez à la lecture du chapitre 13, lequel est le compte
rendu des activités de l'organisation du Vérificateur
général. Nous vous remercions de nous avoir écoutés
et nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général. M. le député de
Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. M. le
Vérificateur général, son adjoint, M. Bédard, et
tous ceux qui vous accompagnent, tous les cadres et tous ceux qui viennent du
bureau du Vérificateur général, je voudrais d'abord vous
souhaiter la bienvenue, et une cordiale bienvenue pour l'exercice que nous
entreprenons aujourd'hui puisque nous allons examiner le rapport que vous avez
fait dans le contexte de cette reddition de comptes.
Je voudrais, en tout premier lieu, souligner la nomination de M. Guy
Breton au poste de Vérificateur général. Nous l'avions
connu ici auparavant. Il a eu l'occasion de travailler avec M. Châtelain.
Il a été désigné, nommé avant Noël par
l'Assemblée nationale, et nous le félicitons. En même
temps, nous savons qu'il est compétent et capable d'agir, de remplir la
fonction pour laquelle il a été nommé. Comme il
était auparavant vérificateur adjoint, je pense bien qu'il a
appris, déjà, ce qu'est son travail. Il a été
d'ailleurs à quelques moments, quelques mois, vérificateur
général par intérim. Alors, à titre de
Vérificateur général en titre, maintenant, je vous
souhaite bonne chance ainsi qu'à toute votre équipe. J'irais
même jusqu'à vous souhaiter bon courage.
À ce stade, je voudrais indiquer qu'à mes yeux le poste de
Vérificateur général est non seulement un poste important,
mais un poste stratégique pour l'Assemblée nationale. C'est
pourquoi j'endosse entièrement ce que vous écrivez au paragraphe
1.12, où l'on peut lire ce qui suit: «Les méthodes de
travail du Vérificateur général s'intègrent fort
bien dans le courant plus récent de recherche de la qualité
totale. D'abord détecteur de non-qualité, le Vérificateur
général peut aussi, par le regard neuf qu'il porte sur
l'administration et les recommandations qu'il formule, contribuer à
l'atteinte d'objectifs élevés en matière de
qualité.»
Étant donné le discours qui est tenu à l'heure
actuelle par le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, un
discours qui est d'ailleurs très applaudi par l'équipe
ministérielle par les temps qui courent, il m'apparaît que le
Vérificateur général a bien raison de se
référer à la qualité, et plus que jamais
devons-nous placer à un niveau très élevé nos
attentes quant aux suites que donnera le gouvernement aux remarques et
conclusions du Vérificateur général et de son
équipe.
À ce propos, je ne puis que constater que le rapport du
Vérificateur général est particulièrement virulent,
et je dirais même accablant, à l'égard de la
Société de développement industriel du Québec.
Compte tenu du discours du ministre responsable, le Vérificateur
général lance un défi de taille à ce ministre;
j'aurai l'occasion, au cours de la journée, de revenir à ce
dernier cas - au cas de la SDI - plus tard dans nos travaux. Pour l'instant, je
vais rappeler que les constatations générales du
Vérificateur général, que l'on peut lire aux paragraphes
1.29 à 1.60, ressemblent fort à celles des années
précédentes, et la lecture du rapport de l'an prochain,
sûrement, va nous en dire long sur ce qu'entend le gouvernement
libéral par qualité totale: un discours ou
une action.
Par ailleurs, j'aimerais aussi revenir sur ce vieux débat qui
concerne l'imputabilité. Ceux qui sont assis autour de cette table
connaissent les réserves que j'ai, que je nourris à
l'égard de l'imputabilité externe. La commission du budget et de
l'administration s'est récemment donné un mandat qu'elle se
plaît à qualifier d'imputabilité externe. J'ai alors,
encore une fois, exprimé ma réserve, mais, puisque c'est cela la
volonté de la commission, je vais jouer le jeu. Pour moi, la
véritable imputabilité passe d'abord et avant tout par
l'information. Ce n'est pas en faisant parader certains hauts fonctionnaires en
commission parlementaire qu'on en apprendra nécessairement plus. En
effet, comment pourrait-on poser des questions pertinentes ici si nous n'avons
pas, au départ, toute l'information nécessaire? Je crois que la
commission reconnaît implicitement un tel principe puisqu'elle limite son
exercice aux organismes qui font l'objet de remarques et de recommandations du
Vérificateur général dans son dernier rapport annuel. Cela
traduit aussi la piètre qualité de l'information dont nous
disposons, et j'entends m'expliquer. l'information doit non seulement
être complète mais elle doit, de plus, être
présentée de façon intelligible et en temps opportun. or,
à ce chapitre, les critiques répétées du
vérificateur général sont accablantes. si la commission du
budget et de l'administration retient, dans le mandat qu'elle s'est
confié, les organismes et les ministères ayant fait l'objet d'une
étude du vérificateur général, c'est que le rapport
de ce dernier est, à toutes fins pratiques, la seule source
d'information intelligible dont nous disposions.
Des exemples: Premièrement, le dernier rapport annuel de la SDI.
Il faut une patience d'ange, pour ne pas dire plus, pour bien comprendre ce
qu'est véritablement la SDI. Je puis affirmer que les informations
contenues dans les états financiers de la SDI, si elles sont conformes
aux pratiques comptables généralement reconnues, ne
présentent pas un portrait exact de l'activité de la SDI. Et j'en
prends à témoin le Vérificateur général qui,
dans la présentation qu'il fait de l'organisme, s'est livré a
quelques manipulations comptables afin de rendre intelligible l'information
contenue dans le rapport annuel de la SDI. Je me réfère en
particulier à la page 185, où vous avez fait un diagramme de ce
qu'était le portefeuille de la SDI, qui comprend beaucoup plus que ce
qu'il y avait dans ses états financiers. (10 heures)
deuxièmement, le discours sur le budget 1990-1991, qui tenait compte de
l'entrée en vigueur de la réforme de la tvq, mais qui n'en disait
mot, pratiquement. cela fait deux ans, et il manque encore des pièces
d'information importantes, dont le rendement de la taxe appliquée aux
services, le coût du remboursement aux entreprises de la taxe sur les
intrants, pour ne nommer que deux éléments fort importants que
nous ne connaissons toujours pas, comme parlementaires. tout ce que nous avons,
c'est l'impact net de la mesure, et c'est trop peu. je m'étonne que les
députés d'en face, qui me parlent constamment
d'imputabilité, aient voté pour l'adoption de la réforme
des taxes de vente avec aussi peu de renseignements. on voit qu'ils le
regrettent maintenant, parce qu'ils commencent à réclamer du
gouvernement le report de la tvq sur les services en essayant d'en prendre le
crédit, alors qu'avant noël ils l'ont votée ici, la loi 407,
et ils ont imposé le bâillon à l'assemblée nationale
pour la voter. alors, ils le regrettent aujourd'hui, mais au moment de voter
ils ont refusé de jouer le rôle que leur avait confié la
population.
Nous pourrions aussi parler de la façon de présenter des
dépenses payées par anticipation, que le Vérificateur
générai a dénoncée. Je n'ai pas entendu beaucoup de
députés libéraux en parler, même après avoir
pris connaissance des remarques du Vérificateur général.
Pourtant, aujourd'hui, dans le cahier des renseignements supplémentaires
aux crédits, le président du Conseil se sent l'obligation de
présenter l'évolution des dépenses sur une base
comparable. Ce n'est pas seulement par grandeur d'âme mais par
intérêt, on ne se le cachera pas.
Ceux qui ont siégé sur le conseil d'administration d'une
entreprise privée savent qu'au chapitre de l'information,
financière particulièrement, c'est le jour et la nuit en
comparaison de ce qui se fait dans le secteur public. Et pourtant, on pourrait
se demander pourquoi la population n'a pas le droit d'exiger la transparence de
la part de son gouvernement. Poser la question, c'est y répondre. M. le
Vérificateur général, vous ne serez jamais assez virulent
au chapitre de l'information financière. Les grandes décisions du
gouvernement se prennent au moment où il prononce son discours sur le
budget. Cela conditionne toute son action au cours des mois et des
années qui viennent. Pourtant, le Vérificateur
général n'y est pas associé, ni les commissions
parlementaires. Ce qu'on a pu voir au cours des dernières années,
c'est qu'on a essayé de camoufler les choses les plus importantes,
notamment en ce qui concerne la TVQ.
Aujourd'hui, M. le Vérificateur, je suis heureux que vous soyez
avec nous. Je suis convaincu que nous allons pouvoir assister, participer
à un échange fructueux, comme d'habitude, et, quant à moi,
je suis prêt à passer à l'étude de votre rapport
pour l'année financière qui se termine le 31 mars 1991.
M. Jean-Guy Lemieux
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. M. le député de Prévost
et M.
le député de Lotbinière, il n'y a pas de
commentaires? Alors, je vais intervenir au nom de la deputation
ministérielle.
Dans un premier temps, M. le Vérificateur général,
effectivement, j'aimerais bien vous féliciter pour votre nomination
à titre de Vérificateur général du Québec.
C'est d'autant plus réjouissant qu'il s'agit d'une promotion qui est
accordée à un fonctionnaire de carrière, ce qui donne
espoir à tout fonctionnaire et à toute personne qui décide
de faire carrière dans la fonction publique d'avoir accès aux
emplois supérieurs. Je ne ferai pas état de vos qualités
personnelles, si ce n'est en mentionnant que nous savons que vous êtes
une personne avec beaucoup d'ouverture d'esprit.
Maintenant, j'en viendrai à des éléments
peut-être un peu plus essentiels. Je voudrais éviter que cette
audition du Vérificateur général ne devienne politique, et
je souhaite que le débat soit élevé à un niveau
beaucoup plus élevé, c'est-à-dire que ce soit un
débat qui soit davantage administratif. Je vais éviter d'employer
des expressions comme «camouflage», et ainsi de suite. Je pense que
ce n'est pas l'exercice qu'on doit faire aujourd'hui.
Effectivement, un des éléments auquel je tiens, c'est le
principe de l'imputabilité externe. Pour moi, l'imputabilité
externe, c'est plus qu'un jeu de parlementaires. Il ne s'agit pas de faire
comparaître ici les sous-ministres en titre, devant une commission
parlementaire, pour pouvoir dire qu'on a créé le processus
d'imputabilité externe. Comme le disait si bien M. Louis Bernard, ancien
secrétaire général du Conseil exécutif,
l'imputabilité externe, on peut peut-être essayer de la retarder
par tous les moyens, mais je crois sincèrement, comme le disait si bien
M. Bernard, qu'on ne pourra pas l'éviter, les parlementaires de cette
commission et l'ensemble des parlementaires. Cette commission parlementaire a
des moyens et, par ses moyens et ses pouvoirs, elle peut et elle a le devoir de
faire en sorte d'obtenir toute l'information qui est disponible pour pouvoir
porter un jugement sur l'efficience et l'efficacité, je dirais, de notre
administration publique.
C'est le sens que je donne à l'imputabilité externe, et
c'est d'autant plus nécessaire que lorsque je me réfère
à votre rapport, aux pages 14 et 15, et lorsqu'on regarde les
considérations générales... Et elles sont importantes
à regarder, ces considérations générales, parce
que, lorsqu'on prend des notes et qu'on relit l'ensemble de votre rapport, on
constate qu'elles sont présentes partout, ces observations. Lorsque vous
faites état de la planification, à l'élément 1.32,
vous nous dites: «Des déficiences sont relevées dans le
processus de planification, stratégique ou opérationnelle, de
certaines entités. Il semble que, pressés d'atteindre des
résultats tangibles, certains administrateurs consacrent moins de temps
qu'il ne le faudrait à l'étude et à la définition
de leur mission véritable, - ça s'applique à l'ensemble,
à la fois ministères et organismes - à
l'établissement d'objectifs mesurables, à l'élaboration de
critères permettant d'en vérifier l'atteinte.» Vous
reprenez, à 1.33: «Ces notions peuvent paraître bien
théoriques, situées hors contexte, mais elles n'en demeurent pas
moins fort importantes, pour ne pas dire essentielles à qui veut
être en mesure d'évaluer sa performance et d'en rendre compte de
façon valable.»
Au niveau de la reddition de comptes, vous reprenez à la page 15,
à 1.43 et suivants: «Le Vérificateur général
l'a affirmé à maintes reprises dans ses rapports annuels des
années antérieures: le Parlement et le gouvernement pourraient
exiger davantage en matière de reddition de comptes de la part de ceux
à qui ils confient la gestion des fonds et des autres biens
publics.»
Vous reprenez, à 1.44: «Cette année encore, nous
avons l'obligation de souligner, à la lumière des
résultats des missions de vérification que nous avons conduites
dans diverses entités administratives, que cet aspect de la gestion ne
retient pas toujours suffisamment l'attention des gestionnaires
publics.»
Et vous nous dites: «Dans tout système administratif,
privé ou public, où des responsabilités de gestion sont
déléguées, il est considéré normal que les
délégataires rendent compte de l'usage qu'ils ont fait des
pouvoirs qui leur ont été confiés, de sorte que les
succès ou les insuccès soient imputés à qui de
droit et que les résultats obtenus soient sanctionnés
correctement. «De plus, il est reconnu de saine gestion d'imposer des
normes de reddition de comptes équivalentes aux personnes ou aux
entités administratives dont les fonctions et les responsabilités
sont similaires, ceci en vue de pouvoir porter un jugement à la fois
juste et équitable sur le rendement desdites personnes.»
Et à 1.47: «L'Assemblée nationale, regroupant tous
les élus, vote des lois dans l'intérêt
général des citoyens et en confie l'exécution, de
même que les moyens pour ce faire, au gouvernement qui, à son
tour, délègue les responsabilités de gestion pertinentes
à ses ministres et à certains hauts fonctionnaires.» Et
vous nous dites, à 1.48: «Voilà, décrite en termes
succincts, la chaîne de l'imputabilité.»
La seule chose que j'ai à ajouter, c'est qu'il me semble que,
comme parlementaires, certes, nous avons un rôle de législateur,
nous avons un rôle aussi de catalyseur, d'ombudsman versus nos citoyens
et nos citoyennes. Mais il ne faut pas oublier, à mon avis, que nous
avons aussi à exercer un rôle de contrôle. Et pour pouvoir
exercer cette fonction de contrôle de façon très
substantielle, d'une manière la plus professionnelle possible, il est
tout à fait normal que les élus, de quelque parti qu'ils soient,
puissent avoir toute l'information disponible. Et s'il y a
des correctifs d'ordre technique à apporter - je prends, à
titre d'exemple, les rapports annuels qui nous donnent très peu
d'information; ils sont succincts, ils sont même mineurs - nous aurons,
comme parlementaires, à faire les suggestions nécessaires afin
que des correctifs soient apportés.
Mais il n'en demeure pas moins qu'à mes yeux, dans le contexte
actuel, nos citoyens et nos citoyennes ont de plus en plus de
difficultés. Il est essentiel que notre administration publique rende
des comptes à ses parlementaires et que les parlementaires prennent tous
les moyens possibles et disponibles pour pouvoir obtenir cette information.
À mes yeux, l'imputabilité externe n'est simplement que le
prolongement de la responsabilité ministérielle qui s'exerce de
différentes façons en Chambre: lors des crédits, lors des
périodes de questions, lors de commissions parlementaires. Elle n'est
pas plus que ça et, à mes yeux, il est tout à fait normal,
avec la conjoncture que l'on vit, avec les administrations publiques qu'on
connaît, que les parlementaires, maintenant, aient un mot à dire
sur, non pas les objectifs, qui sont politiques, mais sur les moyens
d'atteindre ces objectifs-là.
En ce sens-là, je suis fier, effectivement, de vous faire
état que la commission du budget et de l'administration, dans un premier
temps, va faire un premier exercice d'imputabilité externe d'ici
à l'automne, à très court terme. Et j'ose espérer
que, dans l'avenir, la prochaine fois, puisque maintenant le
précédent sera créé, nous le ferons, puisque nous
avons le pouvoir de le faire, si la commission en prend la décision,
versus, maintenant, les ministères, au-delà d'avoir à
évaluer simplement les organismes d'État. (10 h 10)
Alors, voilà ma réflexion, M. le Vérificateur
général. Je suis fier de voir que non pas seulement vous mais vos
prédécesseurs, et le Vérificateur général du
Canada, et les Vérificateurs de l'ensemble des provinces ont
déjà - et sont en avance, je dirais, dans les autres provinces
-l'amorce d'un processus d'imputabilité externe.
Je vous remercie aujourd'hui d'être parmi nous. C'est toujours
agréable pour nous d'avoir à évaluer, à
étudier votre rapport. Et je veux féliciter aussi ceux qui vous
entourent, vos fonctionnaires, pour toute l'expertise qu'ils ont mise. Comme
parlementaires, maintenant, c'est à nous de faire le devoir; et
permettez-moi de vous dire que nous allons le faire.
Alors, M. le député de Labelle, la parole est à
vous.
M. Léonard: M. le Président, je pense que ce que
j'ai dit sur l'imputabilité externe reste dit. Je pense aussi, comme
remarque additionnelle que j'ai à faire, qu'il n'y a personne ici qui va
m'empêcher de faire un débat politique, et qu'on ne m'accusera pas
de faire de la politique parce que j'ai été élu justement
pour en faire. Si l'on est pour l'imputabilité externe, qui est une
façon de faire un contrôle, on va l'être d'autant plus qu'on
va prendre pour acquis et considérer que les parlementaires et le
système parlementaire sont un système de contrôle et
d'imputabilité.
Il y a des députés qui n'appartiennent pas tous au
même parti, et je ne m'excuserai pas de ne pas appartenir au Parti
libéral. La démocratie fonctionne avec deux partis. Ceux qui ne
veulent pas entendre des discours différents les uns des autres, alors
je me demande ce qu'ils font ici. Nous allons faire un débat; il sera
politique, pas partisan, mais c'est ce que je ferai ici.
Je sais qu'on a le discours facile là-dessus, de nous accuser de
faire de la politique; très facile parce qu'on mêle
intentionnellement la partisanerie et la politique, ce que vous faites, M. le
Président, ce que vous avez fait dans votre réplique. Mais les
systèmes qui fonctionnent avec un seul parti politique, ça
s'appelle des dictatures. Si c'est ça que vous cherchez, tirez-en les
conclusions.
Discussion générale
Comptabilité de caisse et comptabilité
d'exercice
M. le Vérificateur, je voudrais reprendre une chose que le
président a reprise, à titre de porte-parole du parti
ministériel, sur le camouflage. Il dit qu'on ne peut pas utiliser ce
terme. Vous avez relevé, au ministère du Revenu, que
l'année financière au gouvernement - mais en relation, en
particulier, avec des montants déclarés par le ministère
du Revenu - vous avez relevé que l'année financière
1990-1991 s'est soldée par un déficit des opérations
budgétaires de 2 824 800 000 $. Mais, n'eût été
l'action que je qualifierais de douteuse du ministère du Revenu, il
aurait fallu augmenter ce montant de 142 500 000 $, ce qui aurait porté
le déficit à 2 967 3Ù0 000 $. en effet, dans ses
observations sur les états financiers du gouvernement, le
vérificateur général - vous - a indiqué que, depuis
plusieurs années, la date indiquée sur les avis de cotisation et
les chèques de remboursement, la date qui est indiquée sur les
chèques de remboursement de l'impôt sur le revenu des particuliers
est de six jours ouvrables: il y a une différence de six jours ouvrables
après la date de leur traitement. et, dans le cas des remboursements
anticipés, ce délai est de trois jours.
Or, pour les déclarations traitées les 18 et 20 mars 1991,
ce délai a été de 10 jours afin que les chèques
soient datés des 3 et 4 avril 1991 et qu'ils soient imputables à
l'année 1991-1992. Et, dans le cas des remboursements anticipés
traités entre le 20 et le 25 mars 1991, les chèques ont tous
été datés du 2 avril 1991; dans
ce cas, le délai a été de 3 à 7 jours. Votre
conclusion a été la même que lorsque vous avez
traité les dépenses inscrites par anticipation, soit que cette
pratique nuisait à la comparability des états financiers.
Alors, je pense qu'il y a une question qui s'impose ici. Est-ce que,
selon vos renseignements, les renseignements dont vous disposez, ce fait
découle d'une décision du ministère du Revenu ou est-ce le
fruit d'un problème technique?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur.
M. Breton: M. le Président, c'est une décision
administrative de modifier les dates dans l'ordinateur pour reporter ces dates
après la fin de l'année. Ce n'est pas une difficulté
technique au niveau de l'informatique comme telle.
M. Léonard: Alors, si cette responsabilité est une
des responsabilités administratives, elle incombe donc au ministre.
C'est lui qui est responsable de l'administration de son ministère.
Est-ce qu'on doit en conclure qu'en 1990-1991 le gouvernement a
décidé d'affecter son déficit en 1991-1992, à
partir de cette décision? Parce que ça a un effet sur le montant
du déficit, en quelque sorte. C'est la conséquence.
M. Breton: Oui. Il existe une norme comptable pour les revenus,
qui est basée sur l'approche de caisse alors que, majoritairement,
toutes les autres règles comptables ont trait à l'approche de
comptabilité d'exercice. Donc, en ayant une comptabilité de
caisse, vous avez toujours le loisir de décider de ne pas ouvrir vos
enveloppes à telle date plutôt qu'à telle autre, de sorte
que vous encaissez officiellement à la date voulue. C'est une
décision volontaire d'encaisser à la journée voulue quand
on a une comptabilité de caisse. C'est l'exemple que nous avons
actuellement de l'exercice de cette norme comptable.
M. Léonard: Alors, au fond, cette décision a eu
comme conséquence de pelleter 142 500 000 $ à l'année
1991-1992. Donc, le gouvernement se trouve à manipuler la hauteur de son
déficit ou la profondeur de son déficit en prenant de telles
décisions.
M. Breton: Le gouvernement décide de l'application de
cette règle comptable selon ses objectifs, selon sa politique, de la
même façon, j'imagine, qu'il peut prendre des décisions
d'investissement avant ou après telle et telle date pour ses
déboursés.
M. Léonard: Comme vous avez dit que ce n'était pas
technique, ça veut dire, à ce moment-là, que c'est
vraiment une décision prise par le ministre ou, en tout cas,
indiquée au ministre par un autre, mais qui a pour effet de jouer avec
le niveau du déficit. Et la décision a été prise en
connaissant les conséquences d'une telle décision. Parce que, au
fond, auparavant, c'était six ou trois jours, dépendant de la
nature, tandis que, là, on a décidé d'allonger les
délais.
M. Breton: Effectivement, c'est une décision volontaire
que de changer les dates.
M. Léonard: Alors, on a fait la même chose sur le
plan des revenus qu'on avait faite auparavant sur le plan des dépenses
qu'on avait payées d'avance pour jouer avec le niveau du
déficit.
M. Breton: L'effet de ces gestes se répercute sur le
déficit, effectivement.
M. Léonard: Comment estimeriez-vous maintenant la marge de
manoeuvre du gouvernement par rapport à l'année prochaine,
1992-1993? Est-ce que le gouvernement dispose, maintenant qu'il a élargi
cette période-là en créant une espèce de
précédent, une entorse à la comptabilité de caisse,
en arrivant, jusqu'à un certain point, avec des modalités ou des
mouvements comme ceux-là et des décisions qui touchent à
la ligne de démarcation, à manipuler son déficit... est-ce
que, cette année, il peut se passer la même chose pour l'exercice
1992-1993?
M. Breton: J'aimerais corriger «entorse à la
comptabilité de caisse». La comptabilité de caisse laisse
justement la possibilité de prendre des décisions de cette
nature, et c'est la raison pour laquelle cette norme comptable est une norme
comptable sur la base de caisse et non pas sur la base de l'exercice. Et c'est
voulu de cette façon que le revenu puisse, je ne dirai pas être
ajusté, mais puisse être considéré au moment
opportun. Mettons-le ainsi. (10 h 20)
M. Léonard: Oui, mais disons que vous avez raison, que le
gouvernement peut décider, sur le plan de la caisse, de déposer
quand il veut, sauf que, quand on parle d'entorse, indirectement - parce que
c'est indirect, je vais l'admettre avec vous - cela va nuire à la
comparabilité des états financiers. C'est l'essentiel de la
conclusion que vous en tirez, à la page 25: «Comme indiqué
précédemment pour les dépenses additionnelles, un tel
geste rend les données financières du gouvernement non
comparables d'une année financière à une autre et nuit
à la compréhension de l'évolution du déficit des
opérations budgétaires.» Donc, c'est là que
ça constitue une entorse à la comparabilité, au principe
de comparabilité des états.
M. Breton: Techniquement, ce n'est pas une entorse à la
norme comptable, mais c'est une entorse aux grands principes de
comparabilité où on espère que les choses se feront d'une
façon
semblable année après année, donc qu'il n'y aura
pas d'écart majeur.
M. Léonard: On pourrait faire une analogie avec un geste
qui a déjà été posé au Canada par un certain
ministre que vous reconnaîtrez bien, même un premier ministre, qui
a déclaré, à un moment donné: Ce n'est pas
illégal, donc je le fais, même si c'était illégitime
lorsqu'il a rapatrié la Constitution canadienne de Londres à
Ottawa. C'est exactement ce qui a été dit. Et, aujourd'hui, 10
ans, 12 ans après, on se retrouve avec le même problème que
nous avions - 10 ans après, c'est ça, de 1982 à 1992. On
l'a fait légalement, mais ça n'a rien réglé; au
contraire, ça a aggravé le problème. C'est un peu
ça?
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais qu'on s'en tienne
à des commentaires sur les états financiers.
M. Léonard: M. le Président, je pense que je
dispose de 20 minutes.
Le Président (M. Lemieux): Vous disposez de 20 minutes,
à la condition...
M. Léonard: Est-ce que vous trouvez que vos remarques sont
conformes à la liberté de parole des parlementaires, de faire des
comparaisons pour bien faire comprendre la réalité
financière...
Le Président (M. Lemieux): En autant qu'elles portent
sur...
M. Léonard: ...des états financiers?
Le Président (M. Lemieux): ...les états financiers.
J'ai pris la peine...
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): ...de vérifier avant, M.
le député de Labelle.
M. Léonard: ...vous qui parlez d'imputabilité
externe à fond, vous pourriez laisser un peu de latitude aux
parlementaires pour s'exprimer, justement pour faire valoir
l'imputabilité, ici, devant la commission.
Le Président (M. Lemieux): Je vous en ai laissé, M.
le député de Labelle, parce que j'aurais pu...
M. Léonard: Alors, pourquoi m'avez-vous interrompu?
Le Président (M. Lemieux): ...intervenir à deux
reprises sur des questions de règlement et je vous ai laissé
aller. Celle-là est peut-être trop exagérée. Je vais
vous laisser aller, je vais vous donner le plus de latitude possible, mais en
autant que vous puissiez - et vous êtes tellement habile - vous
raccrocher aux états financiers. À partir du moment où
vous allez faire ça, je vais vous laisser aller, ne soyez pas
inquiet.
M. Léonard: Je fais l'analogie avec le geste qui a
été posé à l'époque, qui n'était pas
illégal mais illégitime, et c'est la même chose dans le
domaine comptable. Vous n'avez pas de loi de la comptabilité. Donc, tout
ce que vous voulez faire en comptabilité, ce n'est pas illégal,
effectivement. Ça a déjà été une
réponse fournie par le ministre des Finances, en Chambre.
M. Chagnon: C'est conventionnel.
M. Léonard: Ce n'était pas illégal,
c'étaient des conventions. Mais, si on ne respecte pas les conventions,
il arrive ce que le Vérificateur général constate à
la page 25, que la comparabi-lité des états en souffre grandement
et, donc, les conclusions qu'on en tire sont inexactes. C'est exactement
ça; on assiste exactement au même cas. est-ce que vous trouvez, m.
le vérificateur général, qu'en ayant élargi cette
marge de manoeuvre qu'on avait auparavant on peut se retrouver, dans les
années qui viennent, avec une possibilité beaucoup plus grande de
déterminer, simplement par une décision de type administratif, le
niveau du déficit du gouvernement?
M. Breton: Si vous me permettez, j'aimerais signaler, lorsque
vous dites que nous avons élargi, que la pratique - tout au moins quand
on regarde les résultats des années antérieures pour les
montants qui ont été remboursés avant la fin de
l'année, et qui varient avec une certaine amplitude - est
déjà en place depuis plusieurs années. Donc, ce n'est pas
nouveau comme tel, sauf que la technique pour le faire était nouvelle
cette année, d'utiliser l'ordinateur plutôt que de demander aux
gens d'arrêter de travailler une semaine avant la fin de l'année,
de sorte qu'on arrive aux mêmes fins. C'est en ce sens qu'on a
dénoncé que, lorsqu'on manipule le mécanisme comptable,
à ce moment-là, on exagère sur cette liberté que la
norme comptable permet. Lorsqu'on y arrive par des moyens de gestion qui sont
également à la disposition du gouvernement, il faudrait se poser
la question si les résultats, qui varient beaucoup ou qui ont
déjà varié, donnent une légitimité, comme
vous dites, mais on n'a pas fait cette étude l'an dernier. Il faudrait
voir, à l'avenir, comment ça se place.
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, vous avez
terminé?
M. Léonard: Bien, mes 20 minutes.
Amélioration de l'information
financière
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
Vérificateur général, peut-être la question
suivante. Est-ce que le gouvernement a amélioré la
présentation de son information financière dans ses états
financiers? Est-ce que le gouvernement demeure transparent? Est-ce que vous
êtes en mesure de me répondre à ça?
M. Breton: Oui. Il y a eu plusieurs améliorations,
déjà, depuis les dernières années. Effectivement,
les autres années, on se permettait des énoncés dans le
rapport annuel et, cette année, on ne l'a pas fait. Mais, si vous me
permettez de faire un rappel, d'abord, il y a eu des réformes qui ont
été apportées. Par exemple, les placements en actions du
gouvernement sont comptabilisés selon la méthode modifiée
de comptabilisation à la valeur de consolidation, ce qu'il n'y avait pas
il y a plusieurs années; les dépenses et les comptes à
payer peuvent être inscrits même si les crédits ne sont pas
disponibles - à un moment donné, on ne pouvait pas se permettre
ça - les emprunts en devises étrangères sont maintenant
présentés au taux de change en vigueur; la variation de la
provision des créances douteuses est inscrite aux dépenses et non
pas à la dette nette, ce qui est encore plus de précision; la
méthode actuarielle pour établir les coûts et les
obligations permet d'arriver à une comptabilisation plus exacte.
On a également apporté des améliorations au point
de vue de la description: il y a un nouvel état, qui avait
été suggéré par l'ICCA, à savoir un
état de crédits, qui est joint aux états financiers; il y
a aussi les réclamations en cours qui sont maintenant notées
à la fin des états financiers et, évidemment, sur les
régimes de retraite, vous le constaterez dans les comptes publics cette
année, il y a vraiment trois pages d'explications pour se faire une
idée des régimes de retraite. Évidemment, il reste encore
un peu d'amélioration comme, par exemple, le passif actuariel des
régimes de retraite qui n'est pas inscrit et le fait que les comptes
publics sont quand même déposés assez tardivement, presque
huit mois et un peu plus après la fin de l'année.
Loi-cadre sur les organismes et entreprises du
gouvernement
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Merci. J'aimerais
peut-être revenir sur un des éléments importants de votre
rapport, et dont vous faites état depuis plusieurs années.
À la page 220, il s'agit de la loi-cadre - j'aurais peut-être une
dizaine de questions à vous poser - sur les organismes et les
entreprises du gouvernement. Je constate que, depuis plusieurs années,
vous faites justement état - page 233 - «de principes et de
concepts devant servir d'assises à une meilleure reddition de comptes
des organismes et des entreprises». Et l'étude de cette
année, vous nous dites, «démontre, par des exemples
concrets, la pauvreté de cette reddition de comptes et la
nécessité d'adopter une loi-cadre qui privilégierait ces
principes et ces concepts proposés par le Vérificateur
général».
Déjà, dans votre rapport de l'année
financière se terminant le 31 mars 1987, vous nous faisiez état
aussi, à la page 15, de ceci: Les contrôles qui s'appliquent
à ces entités sont de deux ordres. Les contrôles a priori
touchent la régie interne, comme les nominations, la
réglementation, les budgets, le plan de développement, les
emprunts, les contrats. D'autres contrôles interviennent a posteriori,
comme celui qui exige la production de rapports ou de tout autre renseignement.
L'imposition de ces contrôles rehausse la notion
d'imputabilité.
Et vous nous disiez, en 1987: II convient à des organismes ou
entreprises du domaine public d'être assujettis, d'une part, au droit de
regard de l'État-propriétaire par l'intermédiaire du
ministre désigné. Il est normal, d'autre part, de les voir rendre
des comptes à celui-ci et à l'Assemblée nationale.
Une des premières questions - et je vais revenir tout à
l'heure sur cette loi-cadre - c'est: Pourquoi une loi-cadre sur les organismes
et les entreprises du gouvernement, M. le Vérificateur?
M. Breton: Comme nous le disions au tout début, si on veut
être capable de rendre les dirigeants des organismes et des entreprises
imputables et être équitables envers chacun d'entre eux, on
devrait s'assurer qu'ils sont dans un encadrement similaire, similaire tout au
moins dans la mesure où ils ont des activités similaires. Une des
craintes du terme «loi d'encadrement», c'est d'imaginer un cadre
universel pour tous les organismes et un deuxième cadre universel pour
toutes les entreprises. Évidemment, je pense que ça ne peut pas
fonctionner de cette façon. Il faut avoir un cadre, une loi-cadre par
classe d'organismes et par classe d'entreprises. (10 h 30)
Une fois qu'on a établi un cadre qui détermine d'une
façon suivie les bonnes règles de gestion ou les bonnes
règles de contrôle, on peut les adapter aux particularités
de cette classe, mais on a une base comparable pour tout le monde. Ensuite,
quand il y a reddition de comptes, on peut être équitable envers
chacun, parce que celui-ci s'appuie sur une base qui est comparable.
Présentement, la difficulté, quand on compare les lois
constitutives, c'est que quelques-unes semblent oublier certains aspects de la
grille de contrôle de base, d'autres en oublient d'autres aspects. Donc,
on se retrouve avec des situations non comparables.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Si je regarde,
dans le rapport de cette année, à la page 221, on comprend toute
l'importance. Lors-
qu'on regarde particulièrement le tableau, on constate que les
organismes et les entreprises d'État et leurs filiales possèdent,
à elles seules, un passif de 94 904 000 000 $ et un actif de 49 919 000
000 $ et qu'elles génèrent des revenus de l'ordre de 24 825 000
000 $ et des dépenses de 21 293 000 000 $ pour l'année, si j'ai
bien ça à l'esprit, se terminant le 31 mars 1991.
D'ailleurs, le 31 mars 1988, vous nous disiez aussi qu'au 31 mars 1985
on dénombrait 152 organismes et entreprises du gouvernement oeuvrant
dans des domaines aussi variés que la production de fibres d'amiante et
la transformation des produits de la pêche commerciale. Ce nombre
incluait les filiales des sociétés, mais ne comprenait pas les
filiales des filiales, ni les entreprises détenues par
l'intermédiaire de deux entreprises ou plus du gouvernement, ni les
filiales de ces filiales. Les actifs, les passifs et les dépenses
gérés par ces entités, à cette même date,
formaient respectivement un total de 40 000 000 000 $ et de 13 000 000 000 $,
comparativement à 20 000 000 000 $, 30 000 000 000 $ et 25 000 000 000 $
pour les postes correspondants du gouvernement. Même si, depuis,
quelques-unes de ces entités ont été privatisées,
il n'en demeure pas moins que les organismes et entreprises du gouvernement
occupent encore aujourd'hui une place très importante dans la conduite
des affaires de l'État. vous nous faites aussi état, dans ce
rapport, aux paragraphes 11.33 et 11.34, des règles de conduite en
matière de conflits d'intérêts. vous nous faites aussi
état, au paragraphe 11.40, des plans de développement, au
paragraphe 11.45, de restrictions sur certains pouvoirs, où vous nous
dites que 50 % des entités peuvent acquérir des immeubles et
acquérir ou constituer des filiales sans l'autorisation du gouvernement,
que 25 % des entités peuvent négocier leurs emprunts sans obtenir
l'autorisation du gouvernement, que la majorité d'entre elles peuvent
conclure des contrats à long terme, encore une fois, sans cette
autorisation. vous parlez aussi de l'octroi des contrats, au paragraphe 11.47,
où vous nous dites: seules les entités ayant l'obligation de
faire approuver leur politique d'octroi de contrats l'ont fait.
Vous avez fait, je crois, une expertise sur 22 sociétés
que vous avez examinées. Vous nous faites aussi état des
filiales, au paragraphe 11.49, en nous disant que, dans la plupart des cas, les
seuls contrôles sont ceux découlant des droits des actionnaires
reconnus par la Loi sur les compagnies. Au plan strictement légal, ni le
gouvernement, ni l'Assemblée nationale n'ont de contrôle direct
sur une filiale.
À cet effet, je voudrais vous poser quelques questions. Est-ce
qu'une loi-cadre sur les organismes et entreprises du gouvernement pourrait
générer des économies et assurer, selon vous, une
meilleure gestion? Première question. Ce qui m'inquiète, si on
agissait avec une loi-cadre sur les entreprises et les organismes du
gouvernement, et ce qu'on entend, parfois, au ministère des Finances,
est-ce que le gouvernement ne serait pas taxé de centralisateur et de
dominateur? Quelle marge de manoeuvre resterait-il à ces entreprises et
aux organismes de l'État? C'est mes premières questions. J'en ai
cinq ou six autres relativement à cette loi-cadre. M. le
Vérificateur.
M. Breton: pour réutiliser l'expression de m. le
député de labelle, pour être imputable, quelqu'un doit
avoir de l'information. présentement, je pense que les entreprises, les
organismes ne nous fournissent pas une information suffisante pour qu'ils
puissent être imputables d'une façon satisfaisante. pour
être capables de fournir une information qui réponde à un
concept d'imputabilité, ii faut se doter d'outils de cueillette
d'informations. il faut se donner des outils de gestion qui
génèrent cette information qui permet d'être imputable.
à partir de cet instant, si on a les bons outils de gestion, parce que,
d'une part, on est obligés d'être imputables de ce qu'on fait, il
est à présumer que ces outils de gestion vont être
utilisés dans le cours normal des choses et que les gestionnaires,
étant mieux informés de leur gestion, de ce qu'ils font, vont
prendre des décisions plus éclairées. une de ces
décisions qu'ils ont à prendre, normalement, c'est d'être
économes ou d'avoir un souci d'économie. alors, l'économie
découlerait du principe qu'étant mieux informés pour mieux
gérer ils vont couvrir l'économie automatiquement. et
c'est...
Le Président (M. Lemieux): Et là il faut... Oui,
allez-y. Continuez, M. le Vérificateur.
M. Breton: Si vous me permettez, je vais dire que c'est le
concept qui nous incite à promouvoir les déclarations de la
direction sur l'efficacité proposée par la Fondation canadienne
pour la vérification intégrée et, encore une fois, ce
concept, ce n'est pas de faire une déclaration de la direction sur
l'efficacité en soi, c'est d'inciter les gens à se donner des
outils pour avoir l'information sur leur gestion, en se disant que, s'ils se
sont donné les outils pour avoir l'information, ils vont s'en servir
pour gérer également. Alors, c'est le principal facteur.
Quand vous dites que le gouvernement pourrait être perçu
comme étant...
Le Président (M. Lemieux): Centralisateur, dominateur.
M. Breton: Centralisateur ou dominateur...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, ce qui
m'intéresse aussi, ce sera la marge de manoeuvre, parce que je constate,
à 11.8, que 10 de ces entités détiennent 63 filiales.
Ça, j'aime-
rais bien voir... Si vous regardez au paragraphe 11.8, c'est la raison
pour laquelle je vous ai demandé: Quelle marge de manoeuvre restera-t-il
aux entreprises et organismes?
M. Breton: Oui, d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Puisque vous nous faites
état qu'il y a 63 filiales de créées, il semblerait que
les filiales ont beaucoup plus de marges de manoeuvre que ceux qui les
constituent.
M. Breton: Oui. Si on revient au gouvernement, à votre
question en ce sens que le gouvernement serait dominateur ou centralisateur, je
pense que le gouvernement se doit de s'assurer que tout ce qui est à
l'intérieur de son périmètre comptable et qu'on retrouve
normalement dans les états financiers consolidés devrait marcher
littéralement au même pas que lui pour améliorer, si on
veut, le sort du Québec. Dans ce sens, ce n'est pas aller trop loin pour
le gouvernement que de régulièrement faire savoir à ses
entités quelles sont ses intentions et s'assurer que les entités
en ont pris conscience et font un effort louable dans le même sens.
Je ne crois pas que l'intervention du gouvernement ou du Parlement
devrait aller beaucoup plus loin que faire connaître la pente de sa
pensée, si vous me permettez l'expression, pour s'assurer que les gens
qui gèrent les organismes et les entreprises respectent ces
idées. Évidemment, le texte de loi s'assurerait que, d'une part,
les gens sont appelés à venir écouter cette idée ou
à prendre conseil et, d'autre part, le processus prévoirait qu'il
y a reddition de comptes également. Mais je ne crois pas qu'il faille
venir à rencontre de la loi qui crée principalement les
entreprises à titre d'entreprises pour être loin des
mécanismes administratifs du gouvernement, de sorte qu'elles aient plus
de chance d'être compétitives.
Pour revenir à la marge de manoeuvre, je pense que, à
l'intérieur de ces bornes où on a donné les grandes
orientations gouvernementales à ces entreprises, on leur a donné
des normes pour, d'une part, venir écouter ces orientations, des normes
pour leur dire qu'elles doivent rendre compte. Entre les deux, il faut leur
laisser tout le loisir qu'elles ont eu, jusqu'à maintenant, pour
être commerciales lorsque c'est commercial ou pour être plus libres
de leurs mouvements quand elles ont été créées
à cette fin, et non pas venir, par la loi-cadre, défaire la
raison d'être de leur création.
Donc, je ne crois pas que ça devrait changer leur marge de
manoeuvre. Il est évident qu'on constate, via les filiales, qu'il y a
peut-être détournement des objectifs, parce que, justement, il n'y
a pas de loi qui a prévu comment traiter les filiales ou comment
assujettir les filiales. Il y a une question de fond, à ce
moment-là: est-ce que la liberté qu'on veut donner aux
entreprises, elle va aussi loin que de leur laisser toute la liberté
pour créer des filiales, ou les filiales devraient-elles elles aussi
être assujetties au même concept d'orientation
générale du gouvernement et au même concept
d'imputabilité?
Le Président (M. Lemieux): Parce que, lorsqu'on regarde le
paragraphe 11.50, on se rend compte que seulement 13 % des filiales doivent
requérir l'approbation du gouvernement pour effectuer les emprunts et
seulement 19 % pour acquérir une participation dans une autre
entreprise. On a l'impression qu'on essaie de faire indirectement ce qu'une
compagnie mère ne pourrait pas faire directement. C'est la perception -
est-ce que je me trompe? - que j'en ai, M. le Vérificateur. (10 h
40)
M. Breton: Bien, elles profitent du vacuum qu'il y a dans les
textes de loi.
Le Président (M. Lemieux): Relativement aux paragraphes
11.33, 11.34, «Règles de conduite en matière de conflits
d'intérêts». «Des 22 lois constitutives
examinées, 8 ne contiennent pas de dispositions interdisant au premier
dirigeant de posséder des intérêts susceptibles de lui
procurer des avantages particuliers en raison des fonctions qu'il exerce [...]
Il n'est pas fait d'obligation légale à la majorité des
filiales de se doter de règles en matière de conflits
d'intérêts. Nous devons noter, toutefois, que 65 % de ces filiales
se sont donné de telles règles» de conduite. Vous ne
trouvez pas ça inquiétant, M. le Vérificateur?
M. Breton: Considérant que l'État est, finalement,
le fiduciaire de toutes ces entreprises, si ça allait mal, on
préférerait que les gestionnaires de ces entreprises
reconnaissent leur lien avec l'État et se donnent des critères
comme les gestionnaires d'État se donnent; ce serait de bonne foi.
Le Président (M. Lemieux): Si on agit avec une telle
loi-cadre, vous ne croyez pas qu'une trop grande uniformisation va inhiber les
particularités de chacune de ces entités-là?
M. Breton: Je crois qu'encore une fois il faut concevoir que la
loi-cadre devra au départ identifier les classes d'organismes et les
classes d'entreprises pour regrouper ensemble celles qui ont le plus de
similitude. Je pense que, comme entreprise, la Société de
l'assurance automobile du Québec, qui est plus dans l'assurance, si vous
voulez, que la Société des alcools, qui est vraiment purement
dans le commerce de détail, ne se retrouverait peut-être pas
nécessairement dans la même classe d'entreprises parce qu'elle n'a
pas le même genre de clientèle, la même fonction. Il y a des
entreprises qui sont quasi
des ministères, de par la fonction qu'elles ont à
appliquer, et d'autres qui sont presque uniquement commerciales.
On ne peut pas toutes les mettre dans le même moule et imposer
à chacune. Donc, une fois qu'on aura identifié les classes, on
pourra, à l'intérieur de chaque classe, donner des règles
qui sont propres à cette classe-là. L'essentiel de la loi-cadre,
c'est qu'on s'assure, au départ, qu'on n'oublie aucun sujet qui est
d'ordre de contrôle, de supervision ou de suivi.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que, par une nouvelle
loi-cadre sur les entreprises, on va accorder, à votre avis, plus de
place à Fa planification des ressources humaines, et dans quelle mesure
cette loi-cadre pourrait être favorable à une optimisation,
justement, de ces ressources-là?
M. Breton: Bien, je reviens à la marge de manoeuvre. Je
pense que, lorsqu'on a donné des grandes orientations aux entreprises et
qu'on leur demande de rendre compte plus tard, pour être en mesure de
rendre compte d'une façon complète, il faudra, à ces
gestionnaires, démontrer qu'ils ont couvert tous les angles de leur
gestion et, parmi ces angles de leur gestion, il y a les ressources humaines
et, évidemment, l'optimisation des ressources.
S'ils viennent rendre compte de leur gestion et qu'ils sont incapables
de traiter de ces deux sujets d'une façon, je dirais, permettez,
intelligente, ils n'ont pas fait vraiment leur travail de gestionnaire. Donc,
la loi-cadre, en demandant une reddition de comptes structurée, oblige
ces gens à atteindre un minimum de rendement ou d'efficacité sur
une gamme de sujets de base que tout le monde s'attend à entendre dans
une vraie reddition de comptes.
Si vous permettez d'ouvrir une parenthèse, lorsqu'on parle
toujours de cette déclaration de la direction sur l'efficacité,
dans laquelle on recommande 12 items différents de la gestion d'une
entreprise, ça pourrait devenir un standard pour les entreprises
d'État et les organismes, en leur disant: Quand vous nous rendez compte,
assurez-vous que vous avez couvert ces 12 sujets. Si vous les couvrez, il reste
très peu de gestes administratifs qui vont être oubliés.
Mais la loi-cadre n'a pas besoin d'aller plus loin que ça.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que dans les autres
provinces une telle loi-cadre existe? Je sais qu'au gouvernement
fédéral une telle loi existe, mais au niveau d'autres
provinces?
M. Breton: Si vous permettez, je vais demander aux gens qui ont
travaillé sur le dossier, parce que là c'est un détail
technique. J'ai à ma droite M. Roberge, qui est le directeur principal,
et M. Daigle, qui est le directeur qui a travaillé sur le dossier.
Est-ce que, dans vos recherches, vous avez trouvé quelque chose?
M. Daigle (Camille): Oui, M. le Président. Une
telle loi, peut-être pas tout à fait bâtie comme celle qu'on
propose, existe au niveau du gouvernement fédéral. Elle existe
également, de mémoire, dans la province du Manitoba et, je crois,
également, en Colombie-Britannique.
Le Président (M. Lemieux): Merci. J'ai terminé mon
temps, M. le secrétaire? M. le député de Labelle.
Société de développement
industriel
M. Léonard: M. le Vérificateur, nous allons passer
à un cas pratique parce qu'on vient d'entendre des discours
angéliques sur les lois-cadres et les discussions. Un cas pratique, la
SDI. Un beau cas pratique: page 185 de votre rapport. La première chose
qui m'a frappé dans ce rapport, c'est que, à partir d'un bilan
qui démontrait que le portefeuille d'aide de la SDI ou que le bilan
total de la SDI était de 1 053 000 000 $, vous avez
éprouvé le besoin de présenter un diagramme, une tarte, en
quelque sorte, où le total des placements de la SDI, le total de l'aide
financière de la SDI est de t 682 000 000 $.
Je m'interroge sur la disparité entre les deux chiffres. Est-ce
que vous pensez que, effectivement, toutes les obligations de la SDI
n'apparaissent pas directement au bilan et qu'il faut aller lire beaucoup de
notes pour savoir exactement quel est l'engagement de la SDI et du gouvernement
envers les entreprises ou, en tout cas, qui transitent par la SDI vers les
entreprises? Je dois dire que j'ai regardé cette page avec
intérêt parce que le bilan dénote 1 053 000 000 $ et votre
diagramme, 1 682 000 000 $
Je comprends qu'on va parler encore une fois de comptabilité, de
caisse recettes, de caisse déboursés, de comptabilité
d'exercice, et c'est probablement un peu la différence entre les deux,
en quelque sorte, mais y a-t-il un exemple plus frappant de ce que nous
discutons que la différence entre ces deux pages? Le bilan financier de
la SDI, 1 053 000 000 $, et le diagramme que vous nous présentez, c'est
1 682 000 000 $. Alors, ce que vous nous dites, en fait, au paragraphe 9. 5, au
31 mars 1991, c'est que la SDI administrait un portefeuille d'aide
financière de 1 700 000 000 $ environ répartis sur près de
2300 dossiers, dont 81 correspondent à des mandats
exécutés en vertu de l'article 7 de la loi et qui
représentent, ces mandats, pratiquement 1 000 000 000 $.
NI. Breton: La différence entre les deux, c'est le
deuxième montant que vous avez dans la colonne sur le graphique, les 499
000 000 $, les garanties de prêts. Dans les notes aux états
financiers, à la note 17, vous avez les engage-
merits, aides financières autorisées non
déboursées au 31 mars et qui seront financées par la
Société, et il y en a pour 417 000 000 $. Dans les
éventualités, à la note 18, la Société
garantit le remboursement de prêts par les entreprises auprès
d'institutions prêteuses pour les 18 000 000 $ qui sont ici. Ça
monte jusqu'à 664 000 000 $.
M. Léonard: Au fond, c'est ça, il faut ajouter
pratiquement 664 000 000 $ au bilan pour savoir de quoi on parle.
M. Breton: Parce que, ici, on a voulu montrer l'importance de ce
qu'ils géraient et, évidemment, lorsque les engagements sont
déjà là ou quand les éventualités sont
presque concrètes...
Une voix: Au bilan.
M. Breton:... on ne peut pas le montrer tel quel au bilan; il
apparaît en note. Nous nous sommes permis de montrer quand même
l'image, la responsabilité de gestion, comme le rappelle monsieur.
M. Léonard: au fond, quand on parle de l'entité
«aide du gouvernement aux entreprises» qui transite par la sdi, on
doit plutôt parler de 1 700 000 000 $, en gros, plutôt que de 1 053
000 000 $.
M. Breton: Les gestionnaires doivent tenir compte de cette
masse.
M. Léonard: Bon. Moi, je pense qu'il s'agit là d'un
cas très clair où, au fond, il va falloir, à un moment
donné, qu'on rende compte de l'ensemble du portefeuille. Moi, je suis
très heureux de voir ce dossier, cette présentation, parce que,
au fond, c'est ça le véritable portefeuille de la SDI. C'est 1
700 000 000 $. Les garanties de prêts, qui sont en annexe de
l'état financier, à la fin, où il y a toutes sortes de
notes, il faut aller les chercher et les amalgamer au bilan comme tel. (10 h
50)
Finalement, on aura un certain nombre de questions à poser par la
suite là-dessus, sur ce portefeuille réel de la SDI. Est-ce qu'il
y aurait une façon de comptabiliser autrement? On parlait de la
loi-cadre, tout à l'heure. Est-ce que, dans une loi-cadre, on devrait
intégrer une telle information de façon différente de ce
qu'elle est maintenant?
M. Breton: Je dirais qu'une loi-cadre pourrait, à la
rigueur, prévoir une façon uniforme de comptabiliser, que ce soit
probablement par note, parce qu'il ne faut quand même pas
réécrire les principes comptables ou les principes de
présentation. Si on retrouve partout la même façon de
présenter l'information, elle va être comparable, donc
compréhensible, à l'avenir. Là, pour chaque état
financier, il faut trouver la particularité que le présentateur a
sélectionnée.
M. Léonard: Est-ce que vous avez pu remonter dans le temps
pour savoir quelle aurait été la tarte, il y a 10 ans? Vous ne
l'avez pas fait rétrospectivement?
M. Breton: Non.
M. Léonard: Mais là vous avez l'intention de le
faire de façon régulière.
M. Breton: Nous faisons toujours un suivi de nos travaux.
M. Léonard: Un suivi. Très bien. Dans votre
vérification, à la page 186, vous dites: «La
Société finance l'aide financière
accordée...», etc., et vous parlez des emprunts, des avances qui
étaient respectivement de 618 000 000 $ et 352 000 000 $, et des
contributions du gouvernement, pour 1990-1991, qui totalisaient 187 800 000 $,
du gouvernement à la SDI, 187 800 000 $, pour l'exercice financier
1990-1991. Je pense qu'il s'agit d'une somme importante.
Maintenant, vous dites, un peu plus loin: 9.7 Pour l'exercice
terminé le 31 mars 1991, la Société a encouru une perte
nette de 16 700 000 $, comparativement à un revenu net de 300 000 $.
Pour cet exercice, les revenus totaux étaient de 158 000 000 $. Il
reste, sur ce plan-là, à décortiquer un peu ces chiffres
parce que les revenus autonomes de la SDI sont plutôt de 70 000 000 $,
alors que le reste, il s'agit de contributions du gouvernement, soit des
avances, soit autrement, toutes espèces de contributions, ce qui fait
que la perte n'est que de 16 700 000 $.
À combien estimez-vous les contributions gouvernementales
totales? Pour cette année, vous avez dit 187 800 000 $. Si on soustrait
ce montant ou si on tient compte de ce montant, quelle est la perte
réelle, en termes d'affaires, de la SDI, indépendamment des
contributions gouvernementales? Il faut ajouter, si je comprends, à la
perte toute la contribution gouvernementale. Est-ce qu'on est rendu à
100 000 000 $ de pertes pour la SDI, durant l'année?
M. Breton: Là, je vais demander, si vous permettez...
M. Léonard: Quelques instants...
M. Breton: Ha, ha, ha! Quelques instants...
M. Léonard: ...de vérification?
M. Breton: ...entre comptables.
M. Bédard (Gilles): Alors, si vous me permettez, la
contribution du gouvernement, bien sûr, cette contribution-là fait
partie des dépenses de l'entité de l'appareil gouvernemental, et
du gouvernement, et de la SDI. Donc, la SDI a absorbé une partie, que
sont les pertes reflétées dans ses états financiers, et
l'autre partie est absorbée par le gouvernement. La partie qui est
absorbée par le gouvernement reflète des programmes particuliers
pour lesquels il s'est engagé, au préalable, à
subventionner la SDI pour ces programmes-là. Donc, ça
reflète les engagements du gouvernement à l'égard de
certains programmes - et en annexe on peut les revoir, en termes de notes; ils
apparaissent sous forme de notes aux états financiers - plus les
objectifs et la mission que la SDI s'est donnés en termes de collaborer
au développement des entreprises du Québec. Les deux ensemble
constituent - le terme «déficit» n'est peut-être pas
tout à fait exact - le coût réel des missions que le
gouvernement s'était données et qu'il a
déléguées à la SDI, plus le programme que la SDI
doit faire elle-même.
M. Léonard: Mais, dans son propre programme, la SDI n'a
pas fait d'opérations mirobolantes, si je comprends bien, dans ses
propres programmes. Maintenant, prenons une chose. Vous avez fait une
vérification particulière à la SDI, au cours de cette
année, et vous avez fait porter votre vérification sur les
opérations mêmes de la SDI, en excluant, si je comprends bien, les
décisions du Conseil des ministres lui-même. Vous avez
examiné 700 demandes autorisées depuis le 1er avril 1987. Si je
comprends, votre vérification a porté sur l'administration de la
SDI, quant à la loi qui a été adoptée et mise en
vigueur à partir du 1er avril 1987. La portée de la
vérification, c'est cela.
M. Bédard: M. le Président, la portée de
notre vérification, lorsque vous faites allusion au 1 700 000 000 $ que
vous avez à la page 185, c'est exact que nous avons
différencié le portefeuille qui devait être
géré en termes d'admissibilité par la SDI et le
portefeuille qu'on avait demandé à la SDI de gérer. Par
contre, ce qui veut dire que le fractionnement a été... On a
vérifié pour l'équivalent de 700 000 000 $ en ce qui
concerne l'admissibilité pour la SDI, qui en avait la
responsabilité, et 1 000 000 000 $ qui étaient en vertu de ce que
le gouvernement avait décidé. Par contre, à l'égard
des suivis et du financement, nous avons regardé l'ensemble...
M. Léonard: L'ensemble.
M. Bédard: ...de l'administration de la SDI, de quelle
façon elle s'est acquittée de ses responsabilités pour le
1 700 000 000 $, autant au niveau des suivis qu'au niveau du financement
à court et à long terme.
M. Léonard: Bon.
Le Président (M. Lemieux): ...Bédard, pour
l'enregistrement du Journal des débats, parce que vous ne vous
étiez pas identifié tout à l'heure. Alors, il s'agit de M.
Bédard, vérificateur général adjoint.
M. Breton: II y a également...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous
identifier?
M. Breton: ...M. DeBlois qui avait parlé auparavant.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va.
M. Léonard: Ah oui. O.K. Alors, ce que vous avez
déclaré au paragraphe 9.13, c'est ceci: «Par la nature de
ses interventions, la SDI se compare maintenant davantage aux institutions dans
le domaine du financement non garanti qu'aux institutions financières
traditionnelles.» Donc, la loi qui a été mise en vigueur
à partir du 1er avril 1987 en fait, en quelque sorte, une
société à capital de risques, finalement.
M. Breton: C'est exact.
M. Léonard: On s'entend là-dessus. Alors, cela
impose certaines obligations. Je vais relire le paragraphe 9.15. Vous dites:
«Au cours des dernières années, la Société
s'est constitué un portefeuille d'aide financière sans avoir
suffisamment évalué quels étaient les risques que les
entreprises bénéficiaires ne puissent respecter leurs
engagements. Par ailleurs, le suivi qu'elle a exercé n'a pas
favorisé une protection adéquate de son portefeuille d'aide.
Enfin, le mode de fonctionnement de la Société n'a pas
facilité une gestion économique en matière de
trésorerie et de financement de l'aide financière
accordée.»
Si je comprends, quand vous dites que la SDI s'est constitué un
portefeuille sans avoir suffisamment évalué quels étaient
les risques que les entreprises bénéficiaires ne puissent
respecter leurs engagements, à ce moment-là, ça portait
sur la nouvelle loi appliquée à partir du 1er avril 1987.
M. Breton: Exact.
M. Léonard: En ce qui concerne la deuxième partie,
«le suivi qu'elle a exercé n'a pas favorisé une protection
adéquate de son portefeuille d'aide», ça, c'est plus large.
C'est l'ensemble du portefeuille.
M. Breton: L'ensemble, oui.
M. Léonard: L'ensemble du portefeuille.
Troisièmement, là, il s'agit de la gestion interne de la SDI.
Ça, ça concerne toutes les opérations courantes et,
notamment, la gestion de la trésorerie de la SDI.
M. Breton: Également.
M. Léonard: Ça serait le troisième point.
Bon. Oui, M. le...
M. Bédard: D'ailleurs, pour chacun de ces
points-là, on y revient d'une façon beaucoup plus
détaillée dans le rapport lorsqu'on parle, dans un premier temps,
du traitement des demandes d'aide financière, au paragraphe 9.20, et,
par la suite, lorsqu'on parle d'une façon un peu plus
détaillée des procédures de suivi de l'aide
financière, au point 9.54, et, d'une façon encore plus
détaillée, à l'égard du financement, à
partir du point 9.86.
M. Léonard: J'y reviendrai parce que je voudrais reprendre
chacun des points par la suite en ce qui concerne le traitement des demandes et
le contrôle qui était exercé à la SDI, en
particulier l'évaluation des risques.
Qu'est-ce que vous pensez de la réaction ou du commentaire de la
SDI, à la page 187? Vous dites que ce n'est qu'en 1990, trois ans
après la mise en application de la loi, qu'on s'est posé des
questions sur la structuration même ou l'organigramme et l'organisation
même de la SDI.
M. Bédard: Écoutez, la SDI nous répond,
entre autres, au troisième paragraphe. Elle dit, à la fin du
troisième paragraphe, qu'elle ne pouvait pas apprendre à
gérer le prêt participatif, le faire connaître aux
entreprises québécoises et, en même temps, modifier sa
structure administrative et l'ensemble de ses méthodes de travail. Bon.
C'est une décision de gestion. La SDI, pour elle, reconnaît
qu'elle ne pouvait pas faire tout ça en même temps. (11
heures)
Évidemment, elle a modifié d'une façon importante
sa mission, sa raison d'être et, à cet égard, elle s'est
acquitté de ses responsabilités. Bien sûr, des
problèmes ont été remarqués lorsqu'on a fait notre
vérification. Donc, dans un premier temps, elle s'est donné comme
mission ou comme objectif de faire un virage important avec la structure
qu'elle avait. Elle a présentement mis en place un mécanisme qui
va faire en sorte que sa structure va ressembler beaucoup plus aux entreprises
de capital de risque. C'est ce qu'elle fait présentement. On n'a pas
fait cette vérification, mais on sait, d'une façon
évidente, qu'elle a mis en place des mécanismes pour être
en mesure de répondre à nos préoccupations et aux
objectifs d'une entreprise à capital de risque, ce qui fait en sorte
que, dans un court laps de temps, lorsqu'on y retournera pour faire une
vérification, compte tenu des renseignements que nous avons, on ose
espérer que des correctifs auront été mis en place.
D'ailleurs, lors de notre vérification, il y avait
déjà des choses qui étaient en place, et on en fait part
dans ce rapport. Lorsqu'on fait allusion, par exemple, à
l'évaluation du risque à l'égard de la direction, du
secteur d'activité, bien, au moment de notre vérification, la SDI
était à mettre en place ce mécanisme pour être en
mesure de rencontrer les objectifs de sa nouvelle mission et les
préoccupations du Vérificateur général.
M. Léonard: Oui, mais c'est admettre en même temps
qu'au moment où on a commencé à implanter la loi la SDI
n'était pas prête. Quand elle dit qu'elle a commencé
à apprendre en même temps qu'elle a commencé à
administrer, ça m'inquiète un peu. Je pense que la suite des
événements va nous démontrer qu'il y a eu quelques
ratés importants. Mais ce que vous dites, au paragraphe 9.16, c'est que
la Société devra instaurer des mécanismes additionnels
pour améliorer sa gestion. On est en 1992. Le rapport, vous le faites
sur l'état financier au 31 mars 1991. Ça commence à faire
du temps, ça. C'est quatre ans après. Aujourd'hui, on est cinq
ans après. Quels sont ces mécanismes additionnels que vous
aimeriez voir instaurer?
M. Bédard: Encore là, au paragraphe 9.16, c'est un
peu un constat d'ensemble sur les recommandations qu'on a faites pour chacun
des secteurs importants que je vous faisais tantôt. Lorsqu'on parle de
mécanismes à être améliorés, c'est autant au
niveau du traitement des demandes, au niveau de l'admissibilité qu'au
niveau de l'évaluation des risques, qu'au niveau des suivis et de
l'évaluation des pertes. Alors, si vous voulez, on pourrait prendre
chacun de ces points-là, selon vos préoccupations.
M. Léonard: O.K. On va y venir.
M. Bédard: C'est un constat d'ensemble et il fait
référence à chacune des recommandations, suite aux lacunes
que nous avons constatées.
M. Léonard: O.K. Très bien. Dans votre rapport,
vous mentionnez, surtout dans le capital de risque, les trois
éléments de risque dont il faut tenir compte: les risques
liés à la direction, liés au secteur d'activité et
le risque financier inhérent à l'entreprise.
Je pense que, sur ce plan, le premier qu'on évalue, c'est celui
du risque lié à la direction. Est-ce que vous êtes d'accord
que, dans le domaine du capital de risque, l'élément le plus
important, c'est la qualité de la direction? Parce que vous êtes
dans un domaine souvent inconnu, dans un secteur où on veut innover.
Est-ce que l'élément important, c'est l'évaluation et
le
contrôle du risque lié à la direction? Est-ce que
vous êtes d'accord avec ça?
M. Breton: Oui, je pense que les banquiers qui prêtent,
justement, à des gens et qui sentent le moindre risque obligent les
propriétaires de ces entreprises à se commettre personnellement,
comme garantie ou comme caution, à tout investissement qu'ils font. Ils
ne prennent pas de chances à ce niveau-là. C'est la
démonstration.
M. Léonard: Alors, je pense que vous avez parfaitement
raison. Dans le domaine du capital de risque, la première chose et la
première question à se poser, c'est la qualité de la
direction. Parce que, si vous n'avez pas cette garantie, j'ai l'impression
qu'on peut se ramasser très loin, parce que vous prêtez,
jusqu'à un certain point, les yeux fermés. Vous faites confiance
à celui qui va gérer le secteur, l'endroit où on est.
Alors, moi, je pense que c'est un élément très
important et, quand on constate, au paragraphe 9.26, que 35 % des
schémas d'analyse examinés ne précisaient pas
adéquatement les forces et les faiblesses de l'équipe de
direction, il s'agit là d'un élément majeur de risque. Je
pense que, sur ce plan, on est toujours dans une nouvelle loi adoptée et
appliquée à partir du 1er avril 1987, donc, maintenant, depuis
pratiquement cinq ans, et la SDI, il faut s'en rappeler, était, à
l'époque, dirigée, depuis le 12 mai 1986, par l'actuel ministre
de l'Industrie et du Commerce, Gérald Tremblay, et
l'élément important, celui de l'évaluation du risque
lié à la direction, n'était pas étoffé
suffisamment. C'est la constatation que vous faites.
Je reprends 9.27: «D'autres éléments
généralement reconnus, tels que la validation des
réalisations passées et la réceptivité des
dirigeants au partenariat économique, ne sont habituellement pas pris en
considération par la Société. De plus, elle n'exige pas
toujours des bilans personnels des dirigeants de l'entreprise
demanderesse.»
Qu'est-ce qu'il y avait dans le dossier d'évaluation de la
direction? Qu'est-ce qu'il y avait dans les dossiers si ça, ce
n'était pas fait?
M. Breton: Je vais demander à M. DeBlois de vous
répondre.
M. Deblois (Roger): oui, c'est à partir du schéma
d'analyse qu'ils ont. ils répondent aux questions, à savoir qui
sont les bureaux de direction des entreprises, mais il n'y a pas autre chose
d'accroché. c'est seulement des notes qu'on met sur le schéma
d'analyse.
M. Léonard: ce n'est pas documenté?
M. Deblois: ce n'est pas documenté.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci, M. le Président. M. Breton, j'imagine
que mes collègues, à l'ouverture de cette commission, ont
profité de l'occasion pour vous féliciter, d'une part. Nous avons
gagné nos élections; nous avons tous voté pour vous.
Aussi, puisque c'est la première fois que vous êtes de passage
devant cette commission, j'en profiterai aussi pour faire miens les propos qui
ont certainement préalablement été tenus. Vous êtes
dans la situation un peu... pas curieuse, parce que vous avez travaillé,
comme votre adjoint le fait aujourd'hui, à la préparation de ce
document qui a été signé et déposé par votre
prédécesseur et que vous avez à venir défendre,
sans problème à ce que je vois, devant la commission
parlementaire du budget et de l'administration.
Reddition de comptes externe
M. Breton, je pense, pour vous avoir entendu et questionné dans
les années passées, que vous étiez tout aussi un fervent
croyant en la cause de la reddition des comptes et, particulièrement,
dans la reddition des comptes externe. On a beaucoup parlé de cette
question au cours des trois ou quatre dernières années. Je serais
porté à penser que le travail que vous avez fait, les convictions
et l'appui public à cette idée que nous avons reprise, que
certains d'entre nous avaient aussi véhiculée même avant
d'être en politique... Le travail que vous avez fait et que le bureau de
la vérification générale, donc, tous vos adjoints, tous
vos collègues, a pu faire a sûrement contribué à
faire avancer le dossier ici à l'Assemblée nationale du
Québec.
Est-il suffisamment avancé? Je suis obligé de dire non. Je
suis probablement fait de la même matière qu'un
Vérificateur général. On est probablement
éternellement insatisfaits. Il n'en demeure pas moins que, dans cette
commission, nous avons discuté a plusieurs reprises de ce qu'on a
appelé l'imputabilité, la reddition des comptes externe. Si j'ai
manqué un peu... J'ai cru comprendre qu'il y avait une algarade entre
les collègues de Vanier et Labelle. Je ne sais pas quelle mouche a
piqué qui, mais, évidemment, si ce n'est pas une position qui est
unanime à notre table, je pense qu'elle est largement majoritaire, celle
de vouloir pousser sur le dossier pour faire en sorte qu'un haut fonctionnaire,
dans un cadre précis - entre autres, un des cadres les plus
précis qui nous permettent de le faire, c'est sûrement le rapport
du Vérificateur général - puisse rendre des comptes devant
les commissions parlementaires de l'Assemblée auxquelles les
ministères de ces gens sont attribués.
Les ministères sont divisés, comme vous le savez, en
commissions parlementaires permanen-
tes et ces derniers pourraient s'y retrouver pour rendre compte de leur
gestion. Évidemment, on soulève... et le député de
Labelle a soulevé parfois des questions concernant l'approche. Le
député de Labelle n'est pas d'accord avec cette formule. Il n'est
pas entièrement d'accord avec cette formule. C'est son droit le plus
strict. C'est un droit pour lequel... je pense que n'importe quel membre de
cette commission se battra pour qu'il le conserve, le droit de dissidence et le
droit de dire ce qu'il veut, comme il le veut. (11 h 10)
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, vos commentaires
sont gratuits, M. le député de Labelle. Vous pouvez continuer, M.
le député de Saint-Louis.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Vos commentaires sont gratuits.
La parole était... Je m'excuse. La parole était au
député de Saint-Louis. Quand vous aurez la parole, vous vous
exprimerez, et arrêtez votre grattage de dos, pour employer votre
expression. M. le député de Saint-Louis.
M. Léonard: ...vous, vous ne savez pas ce que c'est.
Le Président (M. Lemieux): Vous en êtes un exemple
frappant, M. le député de Labelle. M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Je soupçonnais qu'il y avait eu engueulade
pendant mon absence. Il n'en demeure pas moins que cette commission a
étudié, d'une part, soit en vous rencontrant, soit en mandat
d'initiative, a tenté de faire avancer le dossier de la reddition des
comptes et, particulièrement, de l'imputabilité externe, tant sur
ce rapport-ci que sur des rapports ou en mandat d'initiative, rencontrant les
dirigeants de l'Office des ressources humaines, rencontrant les dirigeants de
la haute fonction publique, a tenté de faire bouger des choses.
Dans ce sens-là, je suis demeuré un partisan de cette
formule de reddition des comptes ou de l'imputabilité externe. Cette
commission a aussi pris, adopté une résolution à
l'unanimité - oui, je pense que vous étiez absent - concernant
son ouverture vers l'imputabilité externe. Je ne sais pas si,
premièrement, vous avez reçu copie de ce mandat que la commission
s'est donné, comment vous avez réagi à la lecture de ce
mandat et aussi, deuxièmement, comment estimez-vous que ce mandat
pourrait être amélioré, compte tenu de ce que vous avez
vu?
M. Breton: j'ai été heureux de lire ce mandat
parce qu'il est l'aboutissement d'un discours que mon
prédécesseur a tenu pendant plusieurs années ici. parce
qu'il est également l'aboutissement logique de notre travail de
vérification. Nous pouvons toujours vérifier tant que nous
voudrons. Si personne n'écoute ce que nous disons, que personne ne
s'engage à corriger, nous sommes, comme disait M. Châtelain,
à prêcher dans le désert. Dans ce sens, j'étais
heureux de constater que nous franchissions cette étape.
Si vous me demandez en quel sens ce mandat pourrait être
amélioré, je dirais que l'essentiel, c'est de donner la chance au
coureur la première fois et de l'aborder de la façon la plus
sereine possible, de sorte que la preuve puisse être faite que les
craintes qui ont été soulevées fréquemment par les
gestionnaires ne se révèlent pas réelles.
L'expérience est vécue au gouvernement canadien, elle est
vécue dans les autres provinces. Bien sûr qu'on pourrait trouver,
dans chacune de ces enceintes, des situations déplaisantes pour les
hauts dirigeants, mais ce n'est pas la majorité des cas. Je pense que
c'est l'exception.
Règle générale, l'opération se fait dans le
contexte d'un comité de vérification, dans le même esprit
que ça peut se faire dans une entreprise. S'il y a amélioration
à suggérer ou suggestion à faire au souhait que je fais
devant ce mandat que vous vous êtes donné, c'est que notre
prochaine rencontre, lorsqu'elle aura lieu, se fasse dans cet esprit de donner
la chance au coureur, faire la preuve que c'est réalisable sans
difficulté.
M. Chagnon: Alors, si je vous comprends bien, M. Breton, vous
dites: Faites comme au football. Au premier essai, allez avoir vos trois verges
et, au deuxième essai, au troisième essai, on va être
capable de constater la validité, le caractère
d'efficacité, le niveau d'efficacité de l'outil que vous vous
êtes donné. Enfin...
M. Breton: Effectivement, faisons au moins une fois l'essai.
M. Chagnon: Parce que, fondamentalement, un des problèmes
que les parlementaires de quelque parti que ce soit peuvent vivre ici et vivent
sûrement depuis plusieurs années, c'est d'avoir, d'une part, a
adopter les crédits, adopter les engagements financiers, mais de ne pas
avoir les outils pour faire la vérification, à tout le moins pas
la vérification interne ou intégrée comme celle que vous
pouvez faire, mais à tout le moins une reddition de comptes, une
vérification sur les orientations administratives que les
ministères peuvent prendre. Je crois comme vous qu'il sera probablement
plus sage de faire un premier essai de l'outil que nous nous sommes
donné pour voir ensuite comment on pourra encore aller plus loin.
Inévitablement, il faudra, de façon commune, que chaque membre de
la commission parlementaire, évite de tomber dans des pièges qui
pourraient rapidement s'avérer
partisans, qui pourraient tenter de faire un crochet de gauche ou de
droite aux témoins que nous entendrons de façon à aller
chercher exactement les pourquoi, à tout le moins, aux questions que
vous posez dans le rapport du Vérificateur général.
Nous avons reçu un relevé par la commission. Le
secrétaire, M. le Président, a eu l'amabilité de nous
faire parvenir un relevé nous indiquant combien de fois vos commentaires
ont été répétés depuis les 4, 5, 6 ou
peut-être même les 10 dernières années. Il y a
sûrement des raisons pour lesquelles on ne vous entend pas dans des
ministères. Il nous serait intéressant, à tout le moins,
de pouvoir juger de ces raisons.
La fois d'ensuite, quand vous reviendriez, par exemple, pour venir nous
dire que les codes de sécurité de tel type d'ordinateur dans tel
ministère ne répondent pas, selon vous, aux critères
d'étanchéité que vous voudriez y voir, on pourra vous
dire: M. Breton, M. le Vérificateur général, nous, on a
questionné le ministère X, Y ou Z, et il nous dit: Pour faire ce
que vous demandez, ça prendrait trois ordinateurs, plus une
dépense de 7 500 000 $, et, franchement, trop c'est trop. Alors, on
pourra au moins se parler.
Mais c'est à ça qu'il faut en venir et c'est à
ça que je souhaite que nous puissions arriver, à ce moment.
Sinon, je souhaite que ceux qui vont nous suivre y arrivent parce qu'il
m'appa-raît fondamental que les gens qui sont élus par les
citoyennes et les citoyens au Québec aient des pouvoirs
particulièrement reconnus, les pouvoirs et la capacité, et
d'avoir les outils pour travailler pour répondre à des questions
comme celle-là, et d'être capable de se faire une idée, un
esprit sur les orientations que notre gouvernement prend, non pas seulement les
orientations de l'exécutif, mais aussi les orientations de
l'administration.
Dépenses en capital et conventions
comptables
Ceci étant dit, M. le Président, je profiterais de ce
moment-ci, si vous me le permettez, évidemment, pour poser une question
au Vérificateur général concernant les conventions
comptables touchant les dépenses d'opération, puisqu'on les
amène dans les dépenses d'opération, du coût de
construction, de rénovation, de réparation, dis-je, du
réseau routier.
Je regarde ça, moi, depuis bien des années, et je
présume que tous les députés de milieu rural, ce qui n'est
pas mon cas, mais je me place dans leur peau quelques instants en regardant
l'organisation budgétaire gouvernementale, et je suis toujours
étonné de voir qu'année après année, et j'ai
cru comprendre... On m'a parlé de conventions comptables. J'aimerais que
vous me le confirmiez. J'ai toujours été étonné de
voir qu'année après année les dépenses
inhérentes aux coûts de construction ou de réparation du
réseau routier étaient comptabilisées dans les
opérations courantes et non pas dans les immobilisations. Ça ne
fait pas beaucoup de sens pour le commun des mortels que je suis de penser
qu'on va immo-biliser-immobiliser, parce qu'une route ça ne sert pas
comme une feuille de papier - on va se servir du budget d'opération pour
financer une immobilisation qui va servir, elle, pendant 10, 15 ou 20 ans. Tant
qu'à avoir à mettre sur le service de la dette... (11 h 20)
Comparez et regardez, dans notre service de la dette, la part qui va aux
opérations courantes. Il m'apparaftrait plus logique de voir, à
tout le moins, la partie financement de la construction et de la
réparation du réseau routier, aller dans la part des
dépenses dites d'immobilisation.
M. le Président, si vous me le permettez, j'aimerais que le
Vérificateur général ou ses adjoints puissent
m'éclairer sur cette question-là et qu'on puisse avoir une courte
discussion sur ça. Je présume que ça doit
intéresser le député de Labelle parce qu'il y en a...
M. Léonard: ...20 minutes. Il ne vous reste pas grand
temps.
M. Chagnon: Oui, oui. Dans le cadre des 20 minutes.
M. Léonard: 20 minutes. Dans le cadre, il ne reste pas...
C'est le rôle du président. S'il faisait son travail, il vous le
dirait.
Une voix: Franchement, là...
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Saint-Louis, vous n'avez que 14 minutes de faites.
Alors, vous êtes sur votre temps de parole.
M. Breton: Je peux demander à M. Camille Daigle, qui est
responsable de la vérification des comptes publics, de nous diriger dans
cette discussion.
M. Daigle: M. le Président, si on va aux comptes publics,
à la note 4, d'abord, pour une question de chiffres, on retrouve
là les sommes qui ont été dépensées au cours
de l'année en dépenses en capital. On dit: Les dépenses en
capital comprises dans les dépenses de l'année 1991
s'élèvent à 1 289 000 000 $ - excusez, il y a une
parenthèse, au point de vue comparatif - pour les dépenses en
capital du gouvernement, et 692 000 000 $, incluses dans les dépenses de
transfert. Ces dépenses en capital ainsi que la liste des biens de
nature capital, pour un montant de l'ordre de 12 200 000 000 $, apparaissent au
volume 2 des comptes publics. Donc, il y a une liste qui est publiée,
aux comptes publics, des actifs capitalisables mais, vous avez
raison, en termes de conventions comptables, les dépenses de
capital sont passées aux dépenses de fonctionnement. Ce n'est pas
le propre du gouvernement du Québec. C'est...
M. Chagnon: Non, non, ça, je comprends ça.
Expliquez-moi le pourquoi de cette convention-là. C'est quoi la logique
en arrière de ça?
M. Daigle: C'est une décision qui a été
prise par les différents gouvernements, le Québec entre autres,
il y a plusieurs années.
M. Chagnon: Ça, ce n'est pas une réponse
évidente.
M. Daigle: O.K. Sur le principe de la dette nette à
l'effet que ce qui compte dans les états financiers, c'est les
ressources que le gouvernement peut utiliser, disons, aujourd'hui ou demain
matin, pour payer, retourner des sommes aux citoyens ou pour effectuer ses
opérations. Les immobilisations, dans ce sens-là, même si
elles servent dans les opérations courantes, dans les opérations
du gouvernement, ne peuvent pas servir à effectuer des
déboursés. Bon. C'est évidemment des questions qui sont
à l'étude actuellement au comité de recherche de
l'Institut canadien des comptables agréés, à l'effet de
savoir: Est-ce qu'une telle façon de penser est acceptable ou pas? C'est
des décisions qui ont été prises par l'ensemble des
gouvernements. Je ne voudrais pas me prononcer sur les décisions du
passé, mais c'est la situation actuelle.
M. Chagnon: Et c'est logique?
M. Daigle: Pardon?
M. Chagnon: Vous trouvez ça logique?
M. Daigle: Disons que, si on compare avec l'entreprise
privée, c'est évidemment fort différent. En termes de
logique, évidemment, pour le gouvernement, ça rend
peut-être beaucoup plus difficile d'évaluer le coût d'un
programme parce que, finalement, si on décide, à une année
donnée, de construire un gros immeuble, les dépenses de cette
année-là seront très importantes et peuvent être
moins importantes l'année précédente. Comme beaucoup de
programmes ne supporteront pas nécessairement le coût...
M. Breton: Si vous permettez... Les routes qu'on construit, dans
l'exemple que vous donnez, on les utilise présentement. Si on les
immobilisait, la période d'usure des routes étant tellement
courte, ça équivaudrait quasiment à les payer en dedans de
2 ou 3 ans, peut-être - j'exagère, évidemment - mais le
fait est qu'on cherche à passer à la dépense ce qu'on
utilise, au fur et à mesure qu'on l'utilise, et les routes sont
considérées de cette nature-là. La grande
difficulté, c'est de déterminer qu'est-ce qu'une immobilisation
qui devrait être capitalisée et quelle valeur doit-on lui
donner.
M. Chagnon: Parce qu'à partir du moment où on
immobilise dans quoi que ce soit, que ce soit un hôpital, une
école ou un édifice gouvernemental, quel qu'il soit, on l'utilise
à partir du moment où il est construit.
M. Breton: Oui. La différence, c'est qu'un édifice
va normalement demeurer très longtemps. Un édifice qui appartient
au gouvernement va demeurer presque indéfiniment, comparativement
à une entreprise qui est susceptible d'être vendue, qui est
susceptible d'arriver à une fin. Le gouvernement n'arrive jamais
à une fin. Alors, ce qu'il fait est permanent.
M. Chagnon: Mais si je la compare avec une route, à partir
du moment où on a fait le tracé d'une route, on a pavé une
route, on a fait une autoroute, par exemple... Je ne connais pas d'autoroute
qui a été...
M. Breton: Effacée de la carte. M. Chagnon:
...effacée de la carte. M. Breton: Non.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci. J'ai une conversation.
M. Breton: La difficulté est toute liée à la
définition des biens immobilisables, au départ. La statue de M.
Duplessis, c'est un bien. Est-ce qu'on l'immobilise, et qu'est-ce que ça
vaut dans les livres? C'est un extrême, si vous voulez, qui est bien
utile pour illustrer la chose. Je dois dire que, depuis plusieurs
années, les comptables agréés, dans leur comité de
recherche, se penchent sur le sujet et personne n'a encore osé trancher
dans le domaine. Évidemment, quand on tranchera, ça voudra dire
que les gouvernements seront appelés à inscrire aux livres toutes
leurs immobilisations. C'est une opération énorme.
M. Chagnon: Personnellement, M. le Président, après
avoir entendu, pendant plusieurs années, les différents
vérificateurs...
Le Président (M. Lemieux): 15 secondes, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Oui, oui. Vous venez de m'en prendre trois.
Le Président (M. Lemieux): Alors, il vous en reste 12.
M. Chagnon: Après avoir entendu pendant plusieurs
années les différents vérificateurs généraux
faire appel à l'imputation...
Le Président (M. Lemieux): Fini, M. le
député de Saint-Louis. M. le député de Labelle.
M. Chagnon: Est-ce que je pourrais terminer ma phrase, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Non, parce que ça pourrait durer cinq
minutes, là, facilement.
M. Chagnon: J'en ai pour...
M. Léonard: non, merci. non. je pense que le
président, ayant l'attitude qu'il a depuis ce matin... je pense qu'on va
s'en tenir aux règles très strictement. m. le président,
je voudrais...
M. Camden:...
M. Léonard: Si ça n'avait pas commencé de
l'autre bord, c'est ça qui serait arrivé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lotbinière!
Dossiers d'évaluation des risques à la
SDI
M. Léonard: M. le Président, je vais continuer
à la SDI. Je pense que c'est un sujet qui est important. Un cas
précis, au-delà des discours sur les principes. Là, je
pense qu'on a un cas; il est précis. Revenons aux risques liés
à la direction. Vous nous avez dit, M. DeBlois... C'est ça?
M. Breton: DeBlois.
M. Léonard: M. DeBlois, oui. Que, dans le dossier
d'évaluation des risques liés à la direction, il n'y avait
que quelques notes. Il n'y avait aucun état financier, aucune
description des fonctions des dirigeants. Est-ce qu'il y avait des curriculum
vitae des dirigeants dans des dossiers d'évaluation des risques
liés à la direction?
M. DeBlois: En ce qui concerne l'évaluation de la
compétence de la direction, c'est fait, comme on a dit dans le rapport,
à partir d'un schéma d'analyse, et il y a des questions
là-dedans où on demande la formation des gens,
l'expérience passée. C'est les questions qu'on pose dans le
schéma d'analyse. Maintenant, lorsqu'on arrive dans la validation des
réalisations passées, la réceptivité des
dirigeants, dans le schéma d'analyse, il n'y a pas de question à
cet effet-là.
M. Léonard: II n'y a même pas de question
là-dessus.
M. DeBlois: II n'y a pas de question là-dessus et,
à cet effet-là, dans le dossier, également, on n'a pas
validé. Habituellement, on n'a pas de validation de documentation
là-dessus. Ce qu'on a, c'est la formation et l'expérience
passée des gens. Dans la grande majorité des cas, c'est surtout
ça qu'on a comme information.
M. Léonard: Est-ce que...
M. DeBlois: Peut-être également que ça a
été discuté, mais que ça n'a pas été
consigné au dossier, là.
M. Léonard: Donc, c'est simplement des informations
verbales, s'il y en a eu.
M. DeBlois: S'il y en a eu, oui.
M. Léonard: Seulement des informations verbales. On dit:
Elle n'exige pas toujours des bilans personnels des dirigeants de l'entreprise.
Un bilan personnel, ça me paraît un élément capital
pour évaluer la compétence de quelqu'un, parce que... Il me
semble que c'est une exigence de toute société bancaire que
d'avoir, dans le dossier, lorsqu'elle fait un prêt à une
entreprise, et des curriculum, et les bilans personnels des
propriétaires ou des dirigeants.
M. DeBlois: Habituellement, comme on dit, il n'y a pas toujours
les bilans personnels au dossier de...
M. Léonard: Comment vous expliquez que, des fois, il y en
a et, des fois, il n'y en a pas?
M. DeBlois: La cause de ça, c'est difficile à dire,
pourquoi il y en a, pourquoi il n'y en a pas. Je ne pourrais pas vous...
M. Léonard: Bien, à un moment donné, il y a
un fonctionnaire, là, qui a une liste de documents à
vérifier. Il vérifie ou il ne vérifie pas?
M. Bédard: Étant donné que ça ne fait
pas partie du mécanisme qui fait partie du schéma d'analyse,
à ce moment-là, c'est laissé à la discrétion
de l'analyste qui, lui, décide s'il est important d'inclure au
dossier...
M. Léonard: Bien là, M. Bédard, vous
êtes en train de dire qu'à la SDI la direction n'a pas
établi de directives pour demander à ses fonctionnaires de
vérifier des points essentiels pour estimer le risque lié
à la direction. (11 h 30)
M. Bédard: Les schémas d'analyse, tels qu'ils
avaient été structurés par la SDI, n'incluaient pas ces
préoccupations qu'on juge essentielles pour être en mesure
d'évaluer la direction.
M. Léonard: On a bien établi, au départ, que
c'était le premier point à vérifier lorsqu'on s'embarquait
dans le capital de risque. Il me semble que c'est ça. Dans le capital de
risque, dans cette fonction économique, c'est la première chose
à vérifier. Qu'est-ce que vous pensez, à ce
moment-là, de la remarque que fait la Société qui dit: La
Société veut cependant souligner le caractère subjectif
d'une telle démarche si elle n'exige pas les états financiers,
lesquels sont le seul élément objectif qu'on peut trouver, ou
l'élément le plus objectif, ou un des éléments
objectifs qu'on peut trouver? Est-ce qu'il n'y a pas une espèce de non
sequitur, d'inconséquence flagrante?
M. Bédard: Écoutez, l'objectif du rapport du
Vérificateur général, c'est d'abord, dans un premier
temps, de faire part de nos préoccupations, de donner des
recommandations et de privilégier le lecteur en lui donnant la chance
d'apprécier les préoccupations des gestionnaires et leurs
réactions suite à nos constations pour, justement, assurer un
certain équilibre. La façon de la SDI de répondre à
cette préoccupation, je pense que la SDI est tout à fait en
accord avec le fait que le risque lié à la direction doit
être évalué, que c'est extrêmement important puisque,
elle-même, l'a déjà mis dans ses pratiques,
présentement. Lorsque nous avons effectué cette
vérification... On a indiqué à un paragraphe quelconque,
justement, que ça fait partie maintenant de ses préoccupations et
que ça fait partie de ses mécanismes.
M. Léonard: Oui. J'ai noté qu'à certaines
reprises, depuis le printemps 1990, maintenant, on remettait des choses en
route. Il faut bien constater que la SDI ayant changé de
président-directeur général, le suivant me donne
l'impression qu'il connaissait un peu plus son affaire, donc qu'il était
un peu plus en accord.
Je pense que les deux derniers paragraphes, en ce qui concerne les
risques liés à la direction... C'est qu'on dit qu'une des mesures
qu'envisage, actuellement, la SDI, est d'exiger la production d'un plan
d'affaires portant sur le développement global de l'entreprise pour
toute demande d'aide financière qui lui est présentée.
J'ai l'impression que le plan d'affaires, c'est plutôt un
élément qui est lié au troisième
élément de risque et non pas, surtout, une réponse
à l'évaluation du risque lié à la direction. Il me
semble que le plan d'affaires peut comprendre le risque lié à la
direction, mais il comprend beaucoup les données financières.
Quoi qu'il en soit, j'ai l'impression qu'on répond un peu à
côté de la question que vous posiez ou de la remarque que vous
faisiez.
M. Bédard: Effectivement, le plan d'affaires couvre tous
ces aspects-là. Jusqu'à quelle importance? Il s'agira de le
déterminer lorsqu'on analysera les plans d'affaires.
M. Léonard: Bien, ils ont l'air de dire qu'ils ne sont pas
capables. Ils disent que c'est un élément subjectif.
M. Bédard: Mais depuis le 1er avril 1991, comme on
l'indique au paragraphe 9.41, la Société s'est dotée d'une
procédure permettant maintenant de classifier le risque comme
étant faible, moyen ou élevé au moment de son
autorisation. Elle tient compte du risque lié à la direction et
au secteur d'activité et du risque financier. Donc, ça, c'est
depuis le 1er avril 1991. On n'a pas pu évaluer ça, étant
donné qu'on n'avait...
M. Léonard: Ce n'était pas encore
implanté.
M. Bédard: Bien, là, je ne pourrais pas dire si,
présentement, c'est implanté.
M. Léonard: Mais vous allez voir le suivi, s'il est faible
ou non, cette année. C'est ça.
M. Bédard: Vous avez raison. Nous allons voir le suivi.
Nous allons faire un suivi sur cette vérification. Nous ne faisons pas
un suivi cette année.
M. Léonard: je voudrais passer au deuxième
élément, soit le risque lié au secteur d'activité.
la grande surprise, lorsqu'on lit cette série de paragraphes, c'est que
vous nous dites: «au cours de l'exercice 1990-1991, 95 % des avis
sectoriels reçus ont été favorables à la
réalisation des projets.» vous dites vous-même: «nous
avons constaté que les avis sont considérés dans le
traitement des demandes. cependant, la société ne précise
pas suffisamment l'information qu'elle désire obtenir des
ministères concernés...» si je comprends, les
ministères ne savent pas au juste ce que désire la sdi et ils
disent toujours oui lorsqu'il y a des projets. parce que le taux des projets,
95 % d'avis sectoriels positifs, ça me paraît très
très fort. je pense qu'avec un peu d'expérience vous allez
admettre, je suppose - vous me répondrez si vous voulez - que ça
veut dire qu'ils ne portent pas trop de jugements sur cet aspect des choses.
ça veut dire qu'ils disent oui à tous les projets, bons ou
mauvais. en tout cas, quand on présente des projets et qu'il y en a
seulement 5 % de rejetés dans le monde de la finance, je peux vous dire
que c'est vraiment exceptionnel. c'est vraiment exceptionnel, pour dire le
moins. quels sont vos commentaires?
M. DeBlois: La demande qui est faite au ministère... On
demande un avis de recommandation sur l'admissibilité du projet et la
compatibilité avec les politiques du ministère. Dans la
précision, on ne retrouve pas ce qu'il y a en ce
qui concerne le marché, par exemple, la croissance ou la
concurrence du produit.
M. Léonard: II n'y a rien sur le marché?
M. DeBlois: Souvent, on ne retrouve pas ces
informations-là. La technologie, les retombées
économiques, c'est la même chose. Souvent, on n'a pas cette
information-là dans l'avis sectoriel lorsqu'on demande plus
d'informations. On visait un peu à ce qu'il y ait de l'information sur
ces secteurs-là, sur ces thèmes-là.
M. Léonard: Je suis étonné parce que la
deuxième question qu'on se pose, quand on part en affaires, surtout dans
le domaine du capital de risque, on essaie de voir le secteur dans lequel on
embarque. Ce que vous me dites, c'est que les analyses de marché sont
insuffisantes, pour ne pas dire inexistantes?
M. DeBlois: Oui. Une partie des avis sectoriels ne contient pas
ces informations-là. Il ne faudrait pas dire tous les avis sectoriels,
mais une partie des avis sectoriels ne porte pas ces
informations-là.
M. Léonard: Et c'est pareil d'un peu partout, de tous les
ministères? Sur quoi se basaient-ils, pour donner un avis favorable?
M. DeBlois: Comme je vous le disais tout à l'heure, est-ce
que c'est admissible au programme qu'on s'est donné, au programme de la
SDI? Est-ce que c'est compatible également aux politiques du
ministère? On répondait à ces deux
questions-là.
M. Léonard: Juste ces deux seules questions. En gros,
c'est les deux questions principales.
M. DeBlois: En gros, parce que certains avis sectoriels ne
contiennent pas les informations que je vous ai données tout à
l'heure.
M. Léonard: Ça, c'est le ministère
sectoriel, par exemple, les Forêts, dans ce cas-là, ou d'autres
ministères.
M. DeBlois: Le Tourisme, etc., oui.
M. Léonard: Le Tourisme, etc., étude de
marché très insuffisante.
M. DeBlois: Dans le secteur qu'il privilégie.
M. Léonard: Alors, c'était un oui, en autant que
c'était conforme aux demandes de la SDI, mais, comme ce n'était
pas précis, il me semble qu'on tourne en rond. C'est pour ça
qu'on dit toujours oui, en fait. On ne sait pas trop.
M. DeBlois: Je ne voudrais pas présumer de la
réponse.
M. Léonard: On ne veut faire de peine à personne,
on dit oui à tous les projets, à 95 % des projets.
M. Breton: Si je comprends bien, les gens confirmaient
auprès du ministère qu'ils étaient conformes aux objectifs
du ministère, aux pratiques du ministère, mais ils ne demandaient
pas au ministère de faire des études sur le projet comme tel,
à savoir est-ce qu'il est viable ou pas?
M. Léonard: L'autre élément...
M. Breton: II y aurait autre chose à ajouter?
M. Bédard: Si vous me le permettez. On veut être
bien certains qu'on se fait comprendre dans nos commentaires ici. Ce qu'on dit,
c'est que les analyses qui ont été faites par les
ministères répondaient aux questions et aux préoccupations
de la SDI. Ce que nous disons donc, c'est que les acceptations étaient
faites en fonction des questions qui avaient été posées
par la Société. Ce que nous disons, c'est que la
Société devrait poser des questions beaucoup plus pointues pour
être en mesure d'étudier beaucoup plus en profondeur les secteurs
d'activité, autant sur le point de la concurrence, autant sur le point
du développement économique, pour être en mesure, par la
suite, d'évaluer et de conclure, de sorte qu'autant au niveau de la
direction, qu'au niveau du secteur d'activité...
M. Léonard: En fait, ce que vous nous dites, M.
Bédard, c'est que, finalement, la SDI ne posait pas les bonnes
questions, elle ne pouvait pas avoir les bonnes réponses. Au fond, si
elle ne pose pas les questions sur le marché, les questions essentielles
pour estimer le risque lié au secteur, au fond, le ministère
sectoriel dit: c'est conforme, administrativement, aux demandes de la SDI,
point. Les études de marché, on ne les a pas fouillées
plus que ça, on ne les a pas fournies plus.
M. Breton: ii faut attirer l'attention sur le fait que la sdi
n'a pas le droit d'autoriser un déboursé ou d'accepter un risque
sans avoir consulté. la loi l'oblige à consulter le
ministère. alors, il y a peut-être une formalité plus
qu'autre chose.
M. Léonard: Oui, je comprends, c'est devenu une
formalité et non pas un geste positif pour évaluer le projet. Je
remarque aussi qu'au paragraphe 9.32 il n'y a pas d'entente sur le respect des
normes environnementales entre la SDI et le ministère de l'Environnement
en ce qui concerne les entreprises qui demandent de
l'aide, de sorte que la SDI peut être amenée à
financer un projet non conforme aux normes environnementales. C'est ça
que vous avez noté dans votre dossier. Ça explique les
problèmes qu'il y a, qui traînent, qui ne se solutionnent jamais,
si je comprends. (11 h 40)
M. Breton: C'est-à-dire que...
M. Léonard: là, c'est en train d'être
corrigé. est-ce qu'ils ont pris la décision de corriger depuis
que l'ancien président-directeur général n'est plus
là? maintenant, ça va être corrigé?
M. Breton: Nous avons constaté que c'était un fait
qu'il n'y avait pas d'entente et on a constaté qu'il y avait un projet
d'entente qui était à l'étude. C'est ce que nous avons
constaté.
M. Léonard: II est à l'étude.
M. Breton: II était à l'étude
déjà l'an dernier quand on a terminé le dossier.
M. Léonard: Ah bon!
M. Breton: Pour l'instant, on n'est pas allé
chercher...
M. Léonard: Dans le suivi que vous allez faire cette
année, vous allez vérifier si, finalement, on s'est finalement
entendu.
M. Breton: Ou peut-être qu'on le trouvera dans le rapport
annuel qu'ils nous feront aussi.
M. Léonard: Vous savez, les rapports annuels, ça
prend beaucoup de temps à arriver et c'est très incomplet. Mais,
effectivement, c'est peut-être là qu'on pourrait trouver
ça.
L'autre élément, en ce qui concerne les secteurs
d'activité, et c'est relatif, jusqu'à un certain point, c'est que
la loi, à l'article 4, fait obligation que l'on divulgue la
création d'emplois, ou les effets sur la création d'emplois. Et,
si on comprend bien, ces effets ne sont pas pris en compte. On y reviendra un
peu plus tard, si vous permettez. On pourra y revenir sur d'autres... Mais,
effectivement, le nombre de création d'emplois qui était
mentionné à l'article 4, je pense, de la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec - les
articles 4 et 11 -n'est pas tenu en compte.
M. DeBlois: On ne valide pas les...
M. Léonard: Ils ne valident pas les informations
là-dessus.
M. DeBlois: Non. On prend l'information qui nous vient comme
telle. D'ailleurs, dans le rapport annuel de cette année, on dit que le
nombre d'emplois où on a déterminé, ça vient des
demandes d'aide financière des entreprises. On a cumulé ce
chiffre-là.
M. Léonard: Aucune validation là-dessus. M.
DeBlois: Non.
M. Léonard: Alors, quelqu'un pourrait gonfler ça et
ça ne poserait pas de problème plus que ça pour essayer
d'avoir ces subventions. Pas de validation. Le risque financier inhérent
à l'entreprise. C'est le troisième; je vous fais bien remarquer
que c'est le troisième risque qu'on évalue, surtout dans le
capital de risque. Je pense que le secteur d'activité, il ne faut quand
même pas s'embarquer dans un secteur où il y a surproduction, je
suppose. Mais là, si je comprends les analyses de marché, elles
ne sont pas plus probantes qu'il faut.
Sur le plan du risque financier inhérent à l'entreprise,
vous avez constaté des lacunes que je trouve assez importantes. Je les
relis ici: «Dans 41 % des cas, nous n'avons pas trouvé de preuve
documentaire que certaines hypothèses ayant trait à la
réalisation du projet, tel le niveau de ventes, ont été
suffisamment validées; «Dans 23 % des cas, la comparaison des
résultats historiques ne renfermait pas d'explications suffisantes quant
aux variations importantes de certains postes des états financiers;
«Certains ratios, tels les pourcentages de bénéfices brut
et net, ne sont pas comparés avec ceux du secteur d'activité de
l'entreprise; pour les ratios faisant l'objet de comparaisons, les
écarts importants n'étaient pas suffisamment expliqués
dans 57 % des cas. De plus, la source d'information utilisée par la
Société sur les données comparatives du secteur
d'activité n'est pas celle privilégiée par les
institutions du domaine du financement d'entreprises, ces données
n'étant pas jugées suffisamment récentes par ces
dernières pour favoriser une comparaison adéquate; «Dans 53
% des cas, nous n'avons pu nous assurer que le détail des principaux
postes des états financiers, tels que les débiteurs, les stocks
et les fournisseurs, avait été obtenu et examiné.»
C'est quoi, votre jugement, par rapport à une telle situation?
M. Breton: Des lacunes importantes. Effectivement, ce sont des
outils essentiels pour juger du risque financier et on voit que, dans un grand
pourcentage de cas, les outils n'ont pas été utilisés
adéquatement, ou n'ont pas été utilisés du
tout.
M. Léonard: Est-ce que vous pensez que, si une entreprise
privée fonctionnait comme cela, elle resterait longtemps en
affaires?
M. Breton: II faudrait sans doute qu'elle ait
un bon banquier pour la supporter jusqu'à temps qu'elle apprenne
à faire des affaires.
M. Léonard: M. le Président, je pense qu'on a
là... Ça, c'est des données très pratiques. Dans ce
cas-là en particulier, l'analyse, l'examen des schémas d'analyse,
quel que soit le secteur d'activité, que ce soit un secteur traditionnel
ou un secteur de capital de risque, ce schéma d'analyse est passablement
le même. On peut donner une plus grande amplititude à l'analyse
dans certains facteurs, moins dans d'autres, dépendant. Mais ça,
en tout cas, il me semble que la SDI ne peut pas plaider qu'elle ne savait pas
faire cela parce que, auparavant, elle était dans le secteur plus
traditionnel et, donc, elle appliquait le schéma d'analyse. On arrive
dans le secteur du capital de risque. Dans le cas du capital de risque, le
premier facteur qu'on évalue, c'est celui de la direction. Mais, quand
on arrive au troisième, c'est des modalités de fonctionnement
assez traditionnelles. Comment expliquez-vous que même les
modalités traditionnelles ne soient pas appliquées à la
SDI?
M. Breton: C'est un état de fait que nous avons
constaté.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
député de Labelle.
M. Breton: Nous n'avons pas cherché à remonter aux
causes exactes. Est-ce que c'était le mauvais personnel qui était
en place? Est-ce que c'était le manque de personnel ou trop de demandes
par rapport aux ressources en place et les gens ont dû aller au plus
pressant? On n'a pas remonté à la cause comme telle. On a
constaté statistiquement les faits.
M. Léonard: Oui, mais, quand vous sortez des millions
comme ça, il me semble que la condition, à la base, c'est de
savoir si ce que vous allez débourser, ça s'en va dans une
entreprise qui fonctionne et qui a des chances de s'en sortir. Si vous ne
faites pas l'analyse financière, comment voulez-vous qu'on puisse
prendre des décisions correctes? C'est comme décider avec un
bandeau devant les yeux.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lotbinière.
Inspection des produits alimentaires et des
établissements
M. Camden: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
remercier les gens du bureau du Vérificateur de l'excellent travail
qu'ils accomplissent et leur formuler également un certain nombre de
questions et plus particulièrement à l'égard, d'une part,
du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
et peut-être également faire un aparté au niveau des
Transports, en terminant.
M. le Président, je regrette, j'entends des commentaires sur les
opérations de diversion. Ce sont des appréciations qui sont tout
à fait partisanes, politiques et d'une étroitesse d'esprit peu
commune que notre règlement ne tolère même pas.
M. Léonard: On a des gens ici, derrière...
M. Camden: Je regrette, je ne m'adressais pas à vous. Si
le chapeau vous a fait, tant mieux! Calez-vous le, hein! m. le
président, pour revenir au sujet ici, si ça n'intéresse
pas certains de nos collègues autour de la table, croyez bien que
ça peut intéresser le député de lotbinière
et que ça semble avoir intéressé aussi le
vérificateur général puisqu'il y consacre un certain
nombre de pages. comme quoi, il n'y a pas strictement que la sdi qui peut faire
l'objet de préoccupations. vous savez, notre collègue d'en face
peut avoir des divergences de vues, mais on a constaté que ses
collègues en ont également avec lui. alors, on s'est dit que le
fait que nous puissions sembler distincts parfois, il semblerait que,
même dans la formation de l'autre côté, c'est
également le cas. on en a eu un beau cas, pas plus tard qu'hier. alors,
on est en mesure d'apprécier et de mesurer.
Alors, M. le Président, le Vérificateur nous indique dans
son rapport, plus particulièrement au paragraphe 6.77, et je cite:
«Puisqu'il n'est raisonnablement pas possible de contrôler toutes
les denrées alimentaires, il est important de bien classifier les
dangers potentiels qui leur sont propres et d'organiser le contrôle de
l'innocuité des aliments en fonction des risques.» Vous
mentionnez, par la suite, que le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation considère comme prioritaires les
interventions relatives aux toxi-infections alimentaires, aux plaintes et au
suivi des établissements à problèmes, mais qu'il n'a pas
effectué d'études en bonne et due forme hiérarchisant les
risques propres aux divers types d'aliments. Alors, comment peut-on s'assurer
de la qualité des aliments si nous ne pouvons prouver que les
inspections se font aux endroits les plus risqués? À certaines
occasions, n'y a-t-il pas vraiment de lien entre les types d'aliments et les
institutions ou les entreprises et les organismes qui les préparent? (11
h 50)
M. Breton: On ignore si les inspections se font aux bons endroits
parce que, justement, il n'y a pas cette analyse du risque. On constate, d'une
part, que, dans les grandes régions urbaines, les établissements
tertiaires sont visités fréquemment, trois, quatre et
jusqu'à cinq fois par année; que, dans les régions
rurales, les visites peuvent s'étaler, dans le temps, jusqu'à
trois ans pour certains types d'établissements jugés non
dangereux. Pourtant, il existe une statistique des dossiers ou des cas de
toxi-infections par 100 000 habitants par région et le ratio est le
même, que ce soit dans les grandes municipalités ou dans le reste
de la province. Donc, on ne peut pas faire un lien direct entre la
fréquence des inspections et un risque réel qui aurait
été prouvé par des dossiers de toxi-infections.
Dans ce sens-là, ce que nous disons, c'est que le
ministère ne sait pas et n'est pas en mesure de savoir s'il travaille
d'une façon efficiente, s'il met ses ressources aux bons endroits pour
effectuer ses inspections parce qu'il n'a pas pris les moyens de cerner ce que
seraient vraiment les endroits les plus dangereux. Mais, dans les faits, les
résultats seront les mêmes à peu près partout.
M. Camden: Toujours concernant l'inspection des
établissements du secteur tertiaire, à l'article 6.87 de votre
rapport, vous mentionnez que le ministère est responsable de
l'inspection de plus de 46 000 établissements de vente au détail,
restaurants et institutions, dont 15 000 situés dans la
Communauté urbaine de Montréal et dans les villes de
Québec, Sherbrooke et Trois-Rivières. Dans ces quatre
arrondissements, l'inspection est effectuée par les villes aux frais du
ministère, selon une entente entre les parties.
Est-ce que vous avez fouillé pour voir sur quel ratio il se
fonde, à ce moment-là, dans le cadre de ces ententes entre
Montréal, la ville de Québec, plus particulièrement ces
grands centres urbains où on constate une chose, c'est que, même
dans le rapport des sommes d'argent qui y sont consacrées, il y a une
espèce de disproportion? Sur quoi le ministère se fonde-t-il? Ou
il ne se fonde sur rien ou peu de chose?
M. Breton: Si vous permettez, je vais demander à M.
Jocelyn Harvey, qui a été directeur de cette vérification,
de vous répondre.
M. Harvey (Jocelyn): Quant à dire sur quoi exactement
c'est fondé, je dirais que, selon le processus budgétaire actuel,
ça a été déterminé - les sommes - en
fonction des besoins qui ont été identifiés au moment
où on a donné la responsabilité de l'inspection à
ces quatre arrondissements-là. Je parle d'arrondissements plutôt
que de villes parce qu'il y a le cas de la Communauté urbaine de
Montréal. Par la suite, d'année en année, disons que les
budgets ont été alloués sur une base, je dirais presque
d'année en année, avec majoration annuelle concernant la partie
des villes. Le budget total de l'inspection étant, comme les budgets
d'à peu près tout le reste de l'ensemble gouvernemental, je
pense, plutôt à la baisse qu'à la hausse et la partie qui
est attribuée aux quatre arrondissements étant majorée
d'année en année, il en ressort donc qu'annuellement il se fait
de plus en plus d'inspections dans ces quatre arrondissements-là et de
moins en moins dans le reste de la province. C'est la constatation qu'on peut
tirer de l'analyse qu'on a faite.
M. Camden: À cet égard-là, sur quoi on se
fonde? Est-ce que vous avez identifié sur quoi le ministère se
fonde pour allouer davantage d'argent à ces centres
particulièrement très urbanisés en comparaison à
l'ensemble des autres régions au Québec? Est-ce que vous avez
identifié ce pourquoi le ministère est davantage animé
à l'égard de ces centres-là?
M. Harvey: Écoutez, un peu comme je l'ai dit, je pense que
c'est plus une question de difficulté d'ajustement budgétaire
face à des sommes qui sont versées à des villes. Je pense
qu'il y a eu certaines analyses qui ont été faites à
certaines époques, au ministère, pour essayer de voir si la
répartition était équitable. Il est ressorti de ces
analyses-là que les villes faisaient de l'inspection quand même
sous le contrôle du ministère, donc qu'elles doivent appliquer des
programmes qui sont montés par le ministère, et elles doivent
rendre compte du travail qu'elles font, donc faire rapport au ministère.
De là à dire, par contre, que chaque année on a fait ce
qu'en termes comptables, nous autres, on appelle du budget base zéro
réévalué à chacune des années... Est-ce
qu'on devrait en enlever à un pour le donner à l'autre? Ça
ne s'est pas fait. Je pense que c'est plus: Voici l'enveloppe qui était
versée aux quatre municipalités dans les années
antérieures. Soit qu'on la majore ou qu'on ne la majore pas une
année, selon entente, et je dirais presque que la balance, c'est ce qui
reste pour faire l'inspection dans le reste de la province, dans le secteur
tertiaire. On parle vraiment seulement dans le secteur tertiaire.
M. Breton: M. Bédard aimerait, si vous permettez,
ajouter.
M. Bédard: Les résultats de notre
vérification, c'est qu'on n'a pas pu conclure, et le ministère,
dans ses réponses, n'a pas pu nous convaincre non plus. Les
disproportions sont les suivantes: Vous avez, au niveau des
municipalités, 15 000 établissements tertiaires, 31 000 au niveau
du ministère, un budget, au niveau des municipalités, de 5 100
000 $, et 3 900 000 $ au niveau du ministère. Étant donné
qu'il n'y a pas d'évaluation des risques, on ne peut pas savoir si les
orientations ou les interventions sont justifiées, de sorte qu'on ne
sait pas si les municipalités en font trop ou si le ministère
n'en fait pas assez. Ce qu'on sait, c'est qu'il n'y a justement pas de bases
sur lesquelles on peut s'asseoir, avec des évaluations de risques, pour
justifier les interventions tant au niveau des municipalités qu'au
niveau du ministère, de sorte qu'avec des ana-
lyses de risques on pourrait, à tout le moins, justifier les
interventions et assurer une certaine uniformité au niveau de
l'approche.
M. Camden: Est-ce que vous avez vérifié comment
sont établies les ententes entre, d'une part, les grands centres urbains
et, d'autre part, ces régions rurales qui sont directement sous la
gestion du ministère, plus particulièrement le volet
alimentation? Est-ce que c'est en fonction de la rémunération des
gens qui se retrouvent dans les villes? Est-ce que vous vous êtes
penchés là-dessus à savoir si la
rémunération est comparable, plus élevée, plus
faible? Plus faible au ministère, plus élevée dans les
villes ou l'inverse?
M. Harvey: C'est une entente qui est quand même assez
globale, qui ne répartit pas directement: Voici une entente de 5 100 000
$, dont, par exemple, 4 000 000 $ pour la Communauté urbaine de
Montréal, qui se répartit en 3 200 000 $ pour le traitement, pour
les frais de déplacement, etc. Ce n'est pas de ce type-là.
L'entente est plutôt faite selon des demandes faites par les
municipalités en fonction - appelons ça - des critères qui
leur sont imposés par le ministère. Donc, comme je l'ai dit tout
à l'heure, le ministère pose un certain nombre de
critères, dit: Les établissements doivent être
inspectés tant de fois par année, par type d'établissement
parce que les établissements du secteur tertiaire, ça comprend
les restaurants, les épiceries, les dépanneurs, les institutions,
ça comprend toutes sortes de choses, et, par type
d'établissement, on a établi une fréquence minimale
d'inspections à respecter. En fonction du nombre de chacun de ces types
d'établissement, on dit donc à la Communauté urbaine de
Montréal: Tu auras tant d'inspections à faire cette année.
On a déterminé un coût moyen d'inspection, et c'est sur
ça qu'on se base pour faire l'allocation annuelle.
Ce qui ressort de l'étude qu'on a faite, nous, c'est que ces
normes-là, qui sont imposées aux municipalités, sont
respectées par les municipalités, on leur donne les budgets pour
le faire. Du côté du ministère, ils n'ont absolument pas
les budgets et ils ne les respectent absolument pas dans leur propre
juridiction, pour les 31 000 établissements qui sont sous leur
juridiction. Ils n'ont pas les budgets nécessaires pour le faire, eux.
Ce que M. Bédard a mentionné, je pense qu'il est bon de le
répéter, c'est que n'ayant pas d'étude de risques, on ne
peut pas dire si les villes en font trop ou si le ministère en fait
assez. La conclusion à laquelle on pourrait en venir, si on avait une
telle étude de risques, ce serait peut-être que le
ministère en fait assez et les villes en font trop, ou que les villes en
font assez et le ministère n'en fait pas assez, ou le juste milieu est
entre les deux. Mais, pour le moment, on n'a vraiment pas les
éléments qui nous permettent de conclure.
M. Camden: alors, on a donc... en tout cas, moi, personnellement,
j'en conclus donc qu'il y a une espèce de forme d'iniquité entre
les grands centres urbains, d'une part, quant au contrôle, et les autres
régions au québec. parce que, quand je regarde le nombre
d'établissements, on parle de 15 000 situés dans les grands
centres urbains. tout à l'heure, vous me disiez, quoi? 31 000 au niveau
des autres régions de québec. il y a donc une disproportion
marquée, qui est révélatrice, à mon sens, au niveau
de l'argent qui y est consacré: 5 100 000 $ dans ces grands centres
urbains, 3 900 000 $ dans les autres régions du québec. il y a
là, oui, véritablement matière a poser un certain
questionnement. on aura sûrement l'occasion de revenir, au moment des
crédits, à ce niveau. alors, est-ce qu'on peut en arriver ou on
n'en arrive pas, au niveau de l'analyse, à une signification que les
restaurants ou les établissements du secteur tertiaire sont plus
sécuritaires dans les centres urbains, dans les grands centres urbains
que dans les régions, au québec? est-ce que vous en arrivez
à une conclusion semblable ou nullement? (12 heures)
M. Breton: Bien, je pense que, si vous jetez un coup d'oeil sur
la deuxième phrase du paragraphe 6.88, l'effet, le résultat net
de tout ça, c'est que le ratio des cas de toxi-infections alimentaires
demeure le même, que nous soyons dans un endroit où il y a
peut-être trop d'inspections par rapport à un endroit où il
n'y a peut-être pas assez d'inspections. Comme le rôle du
ministère, c'est d'assurer la santé des gens via les aliments
appropriés, il rencontre quand même son objectif, pour l'instant,
mais il pourrait peut-être le faire d'une façon plus efficiente,
en allouant ses ressources d'une meilleure façon entre les villes et le
reste de la province.
M. Camden: Maintenant, je voudrais peut-être aborder avec
vous, plus particulièrement, un autre aspect qui ressort à
l'égard de vos appréciations au niveau des bureaux
régionaux. Il y a une préoccupation qui m'anime et j'ai
été en mesure de mesurer certains éléments. Par
exemple, on constate que dans les bureaux régionaux du ministère
de l'Agriculture, particulièrement le volet agriculture, il y a des
distinctions majeures entre les régions, plus particulièrement au
niveau de certains programmes dont, entre autres, ceux qui sont relatifs au
creusage des cours d'eau et au drainage. C'est une piste que je vous donne pour
peut-être revenir un jour là-dessus. On constate une chose, c'est
qu'il y a une propension, dans l'appareil administratif, à faire de
très gros projets de plusieurs centaines de milliers de dollars, ce qui
fait en sorte que, finalement, ils finissent par engorger la machine. Ils sont
probablement, à certains égards, peut-être plus faciles
à gérer, le nombre de rapports est pro-
bablement moins important à faire, puisqu'on fait un rapport sur
un projet global, lorsqu'il y a réalisation, plutôt que sur un
ensemble de petits projets, d'une importance financière moins grande,
mais très déterminants également sur la clientèle
et, plus particulièrement, les producteurs agricoles. Ça a une
incidence directe sur la productivité, l'efficience de ceux-ci et, bien
souvent, sur la qualité de la production qui en ressort.
Là-dessus, je vous indique, par exemple, qu'il y a des branches
de cours d'eau qui auraient intérêt à être
creusées et, bien souvent, parce qu'à un moment donné on a
tout ramassé ça à gauche et à droite, on a fait un
projet global avec 10, 12 ou 15 branches sur un axe principal. Il y a des
champs qui baignent dans l'eau alors que ça coûterait, parfois,
5000 $ ou 10 000 $ pour creuser ces branches-là, mais, sous le chapeau,
sous le prétexte qu'il faut creuser l'ensemble, on a fait un projet
global. Est-ce que vous avez vérifié ça? Avez-vous fait
des comparaisons entre les bureaux régionaux, de l'un à l'autre,
là, que ce soit à ce niveau du drainage ou à d'autres
chapitres de programmes?
M. Breton: Non, nous ne sommes pas allés voir
l'application des programmes, en particulier, ou l'uniformité des
programmes appliques d'une région à l'autre. Ce n'était
pas vraiment notre objectif. Notre objectif était de s'assurer qu'il y
avait en place les outils pour suivre les opérations des régions,
entre autres, vu que c'est une des pratiques du ministère d'avoir
décentralisé. On s'est assurés que le ministère
savait ce qui se passait.
Si vous me permettez une parenthèse rapide - je ne voudrais pas
empiéter sur votre temps - quand vous me parlez du drainage et du
creusage des cours d'eau, vous me rappelez le travail que je faisais
essentiellement quand j'ai travaillé pour l'aménagement des
ressources et le développement agricole en 1964-1965. C'était
ça que je subventionnais à titre d'analyste.
M. Camden: Est-ce que c'est fondé qu'il y avait une
propension à regrouper des projets?
M. Breton: Dans ce temps-là, on donnait des petits
montants à beaucoup de monde.
M. Chagnon: Est-ce que ça va mieux maintenant?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Camden: Remarquez qu'on pourrait faire ça. On semble
régler les problèmes.
M. Breton: On me dit que, maintenant, on centralise sur des gros
mandats.
M. Camden: Peut-être rapidement, en ter- minant. On regarde
le ministère de l'Agriculture, et on semble parfois observer le
même phénomène au niveau des Transports à
l'égard... Tout à l'heure, mon collègue a soulevé
l'aspect de la transparence versus aussi l'imputabilité interne et
externe. Je pense qu'on devrait, effectivement, faire le ménage
là-dedans au niveau des immobilisations et, évidemment, des frais
d'entretien sur les dépenses courantes. J'aimerais, à un moment
donné, qu'on revienne peut-être aussi sur l'aspect de la gestion
des approvisionnements au ministère des Transports. J'ai, comme
député, un certain questionnement lorsqu'il y a
réalisation de travaux au niveau des approvisionnements. On a une
tendance manifeste à se concentrer sur les achats, vous savez, sur les
grosses carrières, sur des bancs de gravier qui sont parfois
éloignés. Des bancs qui sont la propriété d'une
multiplicité de petits propriétaires et ça contribue
à augmenter considérablement les coûts des
réalisations de travaux parce que, bien souvent, les sommes d'argent
sont consacrées majoritairement au niveau du transfert alors qu'on
pourrait peut-être en consacrer davantage en matière
première et en agrégat
Le Président (M. Lemieux): Une minute, M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: Est-ce que vous avez fait des vérifications
dans ce sens-là, déjà?
M. Breton: Non, absolument pas.
M. Camden: Ce serait intéressant, vous savez, que vous
regardiez ça.
M. Breton: je connais ce fait pour avoir travaillé, fait
la vérification d'un constructeur routier dont les profits
étaient dans le transport du gravier le plus loin possible.
M. Camden: Ce serait intéressant de comparer les districts
et directions régionales entre elles quant à l'efficience et
ça nous mènerait peut-être à l'imputabilité
interne d'une façon intéressante, à savoir la
capacité et la gérance aussi de ces gens-là dans le
système à gauche et à droite, sur l'utilisation des fonds
publics.
M. Breton: Nous en prenons note.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lotbinière. M. le député de
Labelle.
Dossiers d'évaluation des risques à la
SDI (suite)
M. Léonard: Revenons à la SDI. Le risque lié
à l'analyse, le risque financier inhérent à l'entreprise.
Ça me paraît important. J'ai l'impression que la direction de la
SDI n'employait pas les schémas d'analyse de base dans ses
opé-
rations; c'est, je pense, un abc, même dans les secteurs
traditionnels. Je comprends que son ancien président directeur
général se préparait à être premier ministre
et qu'il était allé étudier à Harvard, mais il
avait raté son cours de base en analyse financière.
Je voudrais vous demander comment vous pensez que la
Société devrait, de toute urgence, s'équiper pour faire
l'analyse correctement. Est-ce qu'ils ont pris des mesures correctes pour
maintenant s'assurer que tout irait mieux? On nous dit... Il y a juste un mot
clé, à chaque fois qu'on pose une question, c'est: L'implantation
de sa nouvelle structure, ça va se faire, ça se fera, c'est le
futur. C'est du futur. Est-ce qu'au moment où vous avez fait la
vérification il y avait déjà un embryon de contrôle
qui était mis en place au plan financier?
Là, je ferais remarquer à la commission qu'on en est juste
à l'autorisation des demandes. On n'a pas encore parlé du suivi.
On est juste avant l'autorisation de l'appui financier. Donc, on a des dossiers
incomplets, qui vont tout croche, si je comprends bien, et puis on lance
l'argent. Je comprends que, quand le ministre va me répondre maintenant
qu'à la SDI ils ne donnent plus d'argent aux entreprises, je vais le
ramener à ce que vous avez dit ici. Sortir de l'argent sur ces
bases-là, ça me paraît un peu subjectif comme geste, pour
le moins.
Est-ce qu'il y a des mesures? Comment vous voyez l'avenir actuellement,
à la lumière du passé? S'il y a de la lumière dans
le passé.
M. Breton: Le paragraphe 9. 41 signale que, depuis le 1er avril,
ils se sont donné le moyen de classer les risques entre faibles, moyens
et élevés.
M. Léonard: C'est un peu gros ça, faibles, moyens,
élevés.
M. Breton: Mais ils le font. Ils ont...
M. Léonard: Ils ont au moins le mérite d'essayer.
O. K.
M. Breton: Et pour être capables d'évaluer le
risque, évidemment, on s'inspire des trois types de risques Donc, ce
qu'on dit, c'est que, depuis le 1er avril, ils ont en place des outils pour
mesurer le risque. On signale bien que ça tient compte du secteur
d'activité, du risque financier et de la capacité des
actionnaires.
J'aimerais revenir, si vous permettez, à la dernière
question que vous nous avez posée tout à l'heure, lors tie
l'étape précédente, concernant l'examen du schéma
d'analyse et les lacunes qu'on a trouvées Vous nous demandiez pourquoi
ou comment une entreprise a-t-elle pu arriver à cette chose-là?
Est-ce que tu es en mesure de... (12 h 10)
M. DeBlois: Oui. Pour répondre à cette
question-là, on le dit un peu dans le rapport peut-être de
façon différence, et la SDI le répète
également, c'est qu'avant 1987, les aides financières,
c'étaient des aides financières garanties et on donnait des
subventions, des prises en charge d'intérêts. En gros,
c'était ça, leur aide financière. En ce qui concerne
l'organisation, prenons les employés, ils n'avaient qu'à remplir
un questionnaire des critères: Est-ce que ça respectait ou pas?
Est-ce que je suis suffisamment garanti pour un prêt, par exemple, ou si
je ne le suis pas. En ce qui concerne les subver lions, est-ce qu'on respecte
des critères d'auto-risation?
Alors qu'à partir de 1987 on devenait une entreprise à
capital de risque, ça prenait, à mon avis, plus de jugement en ce
qui concerne, par exemple, la compétence de la direction et les avis
sectoriels et on est resté avec le même personnel à ce
moment-là. Alors, c'est peut-être une des causes qui est
mentionnée dans Ie rapport, mais c'est un fait que c'est resté
avec les mêmes employés.
M. Léonard: En d'autres termes, ce que vous nous dites,
c'est que la SDI, en changeant de modèle, ne s'est pas
préparée à le faire Avant, la banque était partie
aux risques et donc, s'appuyait... Elles-mêmes faisaient l'analyse, les
banques privées qui étaient, disons, au tiers, en terme de
garantie sur un prêt, s'assuraiert que le risque était
fondé et valable. Tandis qu'après ça c'était la SDI
qui était directement au bâton. À l'heure actuelle, la
banque bonifie ses garanties si la SDI embarque. C'est ça que ça
veut dire, en termes d'orientation.
M. DeBlois: Oui.
M. Breton: le recyclage des employés a sans doute
été plus long que prévu à cause du niveau de
spécialité qu'il faut avoir dans le capital de risque.
M. Léonard: Oui, je comprends. Le recyclage des
employés, à commencer par le président-directeur
général, c'a été un peu plus long.
Je voudrais juste attirer votre attention sur une rédaction qu'il
y a, à la page 191. Elle est ambiguë dans la réplique de la
SDI. On dit: «De plus, la mise en place de la nouvelle direction de
crédit permettra de constater, de façon précise, les
résultats des analyses ayant conduit à l'octroi d'aide dans
l'optique d'une recherche constante de l'amélioration de la
qualité de ces analyses. » Tel que rédigé, cela veut
dire que la nouvelle direction de crédit va justifier les prêts
qui ont déjà été faits. Je pense que ça doit
aussi vouloir dire ceux qui seront faits.
Le Président (M. Lemieux): M. Bédard.
M. Bédard: II y a deux points importants. Il
est important d'évaluer les risques au moment de
l'admissibilité, au moment de l'évaluation des demandes qui sont
faites. En même temps, à partir de ces évaluations, on
pourra s'en servir pour les suivis. Donc, je pense qu'au moment des suivis, si
cette évaluation complète a été faite au niveau des
risques, ça permettra, lorsqu'ils seront en place, de suivre d'une
façon beaucoup plus précise en fonction des risques qui avaient
été déterminés au départ et, surtout, si on
suit révolution de ces risques-là. Donc, je présume -je
n'aime pas présumer, mais la réponse qui est là vient
tenir compte, bien sûr, que, dans le futur, on va tenir compte de
l'évaluation de ces risques pour les demandes, et, en même temps
aussi, lorsqu'on aura fait ces avis-là, ils serviront pour les
suivis.
M. Léonard: Bon. Nous sommes toujours au moment de
l'autorisation de l'aide financière. Jusqu'au 31 mars 1991, la
Société ne classifiait pas l'aide financière en fonction
du risque encouru. Maintenant, ça va être une classification assez
grosse, mais, au moins, elle a le mérite d'exister. Faible, moyen,
élevé, il y a d'autres façons d'évaluer ça
aussi.
Je voudrais aller maintenant à 9.43, le délai de
traitement des demandes d'aide financière. «Le délai moyen
de traitement des demandes d'aide autorisées varie de 7 à 8 mois,
alors qu'il varierait de 1,5 à 3 mois dans les institutions
opérant dans le même domaine. «Selon une étude
externe visant à évaluer le degré de satisfaction de la
clientèle de la Société, les délais
représentent l'aspect le plus négatif. En effet, 51 % de la
clientèle est insatisfaite des délais de traitement.»
Dans les institutions bancaires ou financières habituelles, je
peux vous dire que quand ça atteint 1 mois, déjà, la
plupart des clients se mettent à rouspéter parce que, au fond,
ils mettent en concurrence 2 ou 3 institutions financières, et c'est
plutôt 15 jours. Dans le prêt ordinaire, c'est 15 jours. On est
dans le capital de risque, même 1,5 à 3 mois, ça veut dire
que c'est déjà un délai passablement long par rapport aux
activités traditionnelles. Mais là c'est de 7 à 8 mois que
la SDI se donne pour autoriser un prêt. Je pense que, là-dessus,
vous avez eu raison de souligner que c'est extrêmement long. Quelqu'un
qui veut faire un emprunt sur ce plan-là, je pense qu'il faut qu'il
veuille aller à la SDI.
Par ailleurs, je voudrais attirer votre attention, vous poser une
question là-dessus, ce que vous en pensez. La Société a
obtenu, à l'automne 1990, une délégation de la part du
gouvernement lui permettant d'autoriser à l'interne de l'aide
financière jusqu'à 1 000 000 $, dans le cadre de son programme
conjoncturel d'aide à la relance, d'aide au fonds de roulement, ce qui a
permis de réduire les délais au-delà de 50 %. Je vais vous
faire ma réaction par rapport à ça et vous me direz si je
suis dans la bonne voie.
L'aide au fonds de roulement, c'est l'aide aux entreprises qui sont
pratiquement en instance de faillite, règle générale.
Raccourcir les délais et obtenir une autorisation de 1 000 000 $ sur le
bras de la SDI, ça me paraît prendre un gros risque de la part du
gouvernement, compte tenu de ce que nous venons de voir, en termes
d'évaluation des risques. Je m'inquiète drôlement de cet
élargissement des autorisations du Conseil du trésor à
l'endroit de la SDI.
M. Breton: II faut se rappeler, je pense, dans le contexte de
cette délégation, de l'environnement économique, d'une
part, du rôle, également, que les vérificateurs de ces
entreprises étaient appelés à jouer d'une façon
spécifique pour à la fois identifier la situation, monter plus ou
moins un pro forma de réorganisation de l'entreprise, et cet ensemble
devait appuyer la demande. C'était un projet conjoint dans lequel - je
parle des vérificateurs - tous les consultants qui aident en gestion
étaient impliqués également. Donc, c'était
peut-être une opération de sauvetage qui a une approche
différente du financement standard.
En ce qui concerne le financement standard avec les délais assez
longs, on n'a pas cherché à dresser la statistique de celui qui
causait le délai. Il y a certainement délai à
l'intérieur de la SDI, mais il y a délai également quand
il faut aller obtenir cette approbation sectorielle, ce que les banquiers n'ont
pas à faire. Et des gens, faisant appel à la SDI, créent
peut-être des délais plus longs eux-mêmes que lorsqu'ils
traitent avec la banque, constatant les conditions dans lesquelles ils
fonctionnent. Alors, on n'a pas cherché a dresser la statistique qui
était la cause de ces délais, mais ça se cumule.
M. Léonard: Bon. Nous en sommes au plan de l'autorisation.
L'estimation des risques liés à la direction, on dit que c'est
une opération très subjective. On a même l'impression que
la SDI hésite à s'engager là-dedans parce qu'elle n'a pas
l'air d'y croire, qu'il faut évaluer vraiment les risques liés
à la direction. En tout cas, dans sa réponse, ça m'a
inquiété drôlement, j'ai eu l'impression que les gens ne
savaient pas ce que c'était, faire des prêts, et surtout a
fortiori dans le capital de risque.
Deuxièmement, l'estimation du risque lié au secteur
d'activité: pas documenté. Si je comprends, les analyses de
marché sont plutôt élémentaires, pour ne pas dire
inexistantes. Et puis les schémas d'analyse, j'en ai fait le constat
avec vous - c'est vous qui l'avez fait quand vous avez fait la
vérification - le constat qui est là est accablant, en termes
d'opérations. Même dans le secteur traditionnel, les
équipements n'étaient pas là. Je pense que la conclusion
s'impose, c'est: Étant donné que c'est aussi mou que cela, ou que
c'était aussi mou que cela, en termes d'opéra-
tions, est-ce que vous vous êtes posé la question s'il y
avait des conflits d'intérêts à l'intérieur de la
direction? Parce que la question qui vient immédiatement: Si
l'appareillage de contrôle à l'interne d'une société
n'est pas suffisant, il faut se poser la question s'il s'est
inséré, en cours, des conflits d'intérêts, à
différents niveaux - ou je pose la question de façon
générale, et ça revient à dire: Y a-t-il des
conflits d'intérêts avec le conseil d'administration et les
opérations internes? Cette question se pose dans toute entreprise,
lorsque le contrôle interne et les opérations sont mal faits.
Est-ce que vous vous êtes posé cette question-là?
M. Breton: Non. Comme telle, non.
M. Léonard: Vous n'avez fait aucune analyse sur les
possibilités de conflits d'intérêts, sur les autorisations,
sur la façon d'autoriser les prêts, qui autorisait, à
partir de quoi. Étant donné que l'appareil d'analyse objective
n'était pas là, est-ce qu'on ne doit pas s'interroger sur la
façon, après coup, dont les décisions sont prises, qui les
prend, en relation avec quoi, et quel est le niveau d'autorisation? En d'autres
termes, il y a un conseil d'administration qui donne des mandats et, si le
mandat n'est pas balisé et bien structuré à l'interne,
bien administré, on est en droit de se poser cette question. (12 h
20)
M. Breton: Je crois qu'on pourrait être enclin à
poser ce type de question dans un environnement où tous ces facteurs
sont extrêmement faibles et où la seule justification qu'on peut
en tirer cest que ça se fait par intérêt personnel ou etc.
Ici, dans l'ensemble, c'est faible. Mais il reste, par exemple, si on regarde
le schéma d'analyse, que 41 % des cas ne sont pas bons, mais il y en a
quand même 59 % qui étaient faits adéquatement; 23 % de
comparaisons de résultats historiques, mais il en reste 77 % qui
étaient faites. À ce moment-là, c'est moins évident
que... Pour la partie manquante, il y avait peut-être conflit
d'intérêts ou il aurait fallu se poser la question, mais il y
avait quand même une base structurée, une base raisonnable, pas
suffisamment élevée, pas suffisamment répandue pour juger
que ça soit de bonne gestion, mais pas assez basse pour dire: II faut
qu'il y ait d'autres outils ici que ceux-là.
M. Léonard: Mais est-ce que je peux simplement indiquer
que, surtout dans le domaine bancaire, là où il y a des dangers,
c'est justement lorsqu'il y a des possibilités de faille. Quand vous me
répondez: II y a seulement 41 % des cas où ce n'était pas
suffisamment étoffé, ça veut dire qu'il y a 41 % des
chances que des conflits d'intérêts pouvaient s'insérer
dans le système. Je renverse l'argumentation. Et dans les
systèmes de contrôle interne des banques, c'est justement le
facteur qui est analysé systémati- quement, les
possibilités de conflit d'intérêts ou les
possibilités que quelqu'un prenne une décision dans la confusion.
Mais si je comprends, ici, à la SDI, ce n'est peut-être pas la
moitié des cas. bien qu'à un moment donné, 57 %, on a
dépassé les marges; 53 %, 57 %, des marges comme ça ou
c'est défaillant, la question du conflit d'intérêts surgit
inévitablement, même si on ne sait s'il y en a eu, en fait, ou
pas.
M. Breton: Un autre facteur qui aurait pu nous inciter à
regarder le conflit d'intérêts et qui ne l'a pas fait, c'est la
division des tâches qu'il y a à l'intérieur de l'organisme.
À ce qu'on me dit, plusieurs personnes sont impliquées dans un
même dossier. À ce moment-là, ça devient plus
difficile d'avoir un conflit d'intérêts parce qu'il y a cette
confirmation des travaux de i'un sur l'autre. Il peut y avoir collusion, j'en
conviens, mais règle générale, au départ, plus le
dossier est divisé, plus ça rend difficile la situation.
M. Léonard: M. le Vérificateur, vous savez
très bien qu'un des dangers, lorsqu'il y a deux ou trois signatures sur
un chèque, c'est que l'un se fie sur l'autre et que dans ce domaine...
Je comprends votre réponse, c'est effectivement une réponse, sauf
que, dans les cas où justement où il y a conflit
d'intérêts, c'est par là que ça passe. Quand il y a
trois, quatre responsables d'un dossier, il n'y a plus personne de responsable.
Et là je pense que la question se pose, c'est inévitable.
Dès que les contrôles à l'intérieur d'une entreprise
sont ce que vous nous avez décrit, la question du conflit
d'intérêts se pose automatiquement.
M. Bédard: Vos constats à l'égard des
risques liés autant à la direction qu'au secteur
d'activité sont tout à fait fondés. Et, d'ailleurs, c'est
ce qu'on constate à l'intérieur de ce rapport. Vous avez
parlé aussi des délais. On a tenté de vous expliquer qu'il
y avait des possibilités à l'égard de ces
délais-là, mais il faut aussi comprendre que le processus...
Donc, pour approuver ces prêts-là, il y a des failles qui font en
sorte que, quelquefois - et on n'a pas été capable d'en faire la
démonstration - il est possible que des choses auraient pu être
approuvées qui n'auraient pas dû l'être, ou ne pas
être approuvées qui auraient pu l'être, si on avait eu plus
d'informations et si on avait évalué davantage ces risques.
Toutefois, le processus d'autorisation, d'approbation de chacun de ces
prêts-là est très lourd présentement à la
SDI. Et c'est ce qui pourrait expliquer, entre autres, ou justifier un des
points qui fait qu'il y a des délais à l'intérieur. Chacun
de ces prêts-là doit être approuvé et il va jusqu'au
conseil d'administration, de sorte qu'il y a tellement de personnes qui sont
impliquées à la SDI, présentement, au niveau de
l'approbation de chacun de ces dos-
siers... Pardon?
Une voix: Jusqu'au ministre?
M. Bédard: Oui. Il y a tellement de personnes qui sont
impliquées dans l'approbation de ces dossiers que les conflits
d'intérêts... Bien sûr, lorsqu'on fait mention de certaines
de ces lacunes, ça peut laisser place à conflits
d'intérêts, mais il y a tellement de personnes différentes
jusqu'au conseil d'administration que ça peut expliquer une partie des
raisons qui justifient les délais. Quand je dis «justifier»,
il va falloir trouver des solutions, parce que la Société ne peut
pas continuer dans ce contexte-là. Mais il n'en demeure pas moins que
ça minimise, par exemple, le risque de conflits d'intérêts
auquel vous faites allusion.
M. Léonard: je pense que ce que vous dites, vous me
répondez dans le même sens qu'on m'a répondu tout à
l'heure, qu'il y a plusieurs personnes au dossier, donc...
Le Président (M. Lemieux): Une minute, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: ...il y a moins de possibilités de
conflits d'intérêts qu'il y en avait. C'est une chose, en tout
cas, qu'il faut prendre de façon relative. Mais si la documentation
à la base n'est pas bonne, ce qui a été établi par
les trois risques que la SDI doit évaluer, je pense que là, de
haut jusqu'en bas, il peut s'insérer des conflits
d'intérêts. Ça, on pourrait en discuter longtemps, mais,
c'est ce que je retiens, vous n'avez pas vérifié les
possibilités de conflits d'intérêts et, même s'il y
en avait, en fait, des conflits d'intérêts, vous n'avez pas fait
porter votre vérification là-dessus.
M. DeBlois: Non, on n'a pas vérifié ça, sauf
qu'à chaque année, lors de la vérification des
états financiers, il y a un règlement à la SDI pour les
employés et la haute direction qui doivent faire la déclaration
de ce qu'ils possèdent et tout ça. Ça, c'est fait à
chaque année, et on vérifie à chaque année si cette
déclaration-là est faite selon la réglementation.
M. Léonard: Vous avez fait la vérification
là-dessus.
M. DeBlois: Ça, on le fait à tous les ans, à
savoir si la Société respecte cette
réglementation-là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Beauce.
M. Léonard: On y reviendra.
M. Audet: Merci, M. le Président. M.
Breton, mesdames, messieurs, bonjour. Je veux poursuivre un peu sur la
SDI parce que chez nous, en Beauce, la SDI est un partenaire important parce
qu'on a beaucoup de PME. Vous avez mentionné tantôt, et je me
rallie à ce que vous disiez, là, monsieur à
côté de vous, M. Breton, dont le nom m'échappe... M.
Bédard, c'est sûr qu'il peut y avoir, il y a possibilité
qu'il y ait conflits d'intérêts à certains égards,
mais gros comme le député de Labelle vient de le
présenter, là, je pense que c'est peut-être un peu trop. Si
je regarde chez nous, les dossiers auxquels j'ai été
associé pour des demandes d'argent à la SDI, par exemple, d'abord
la première personne, le premier intervenant, c'est le commisaire
industriel qui rencontre l'industriel. Ils préparent le dossier ensemble
et tout ça. Ensuite, qu'est-ce qu'ils font? Ils vont à la
direction régionale du ministère de l'Industrie et du Commerce,
où il y a des gens là, et habituellement, en région -
peut-être en milieu urbain est-ce plus difficile - c'est des gens qu'on a
l'occasion de côtoyer assez souvent dans des événements
d'affaires et des choses comme celles-là. Alors il y a une rencontre. Le
dossier étant transmis à la direction régionale, il est
acheminé à Québec, où il y a un groupe d'individus,
de gens qui sont censés avoir une formation adéquate pour donner
un avis, ce qu'on appelle les avis sectoriels et tout ça,
dépendam-ment des secteurs et tout ça. C'est juste un commentaire
que je voulais apporter, ce n'est pas une question comme telle, mais il me
semble que supposer ce qu'a supposé le député de Labelle
tantôt, ça suppose qu'il y aurait beaucoup d'aveugles assis autour
de la même table en même temps, parce que, que ça parte du
commissaire industriel, direction régionale, où il y a
déjà des gens, sur place, qui connaissent les gens, enfin qui ont
une certaine connaissance des gens du milieu, du marché, il y a
peut-être des notes à ce moment-là... C'est sûr, plus
on a de notes, plus on a accès à des documents importants. Quand
vient le temps d'évaluer une demande d'aide financière, la
viabilité de l'entreprise ou la viabilité du projet, c'est
préférable qu'il y en ait plus, évidemment.
Si je regarde dans une région comme chez nous, on se plaint
souvent de la lourdeur administrative du gouvernement à l'effet que
quand on veut faire une demande, ça n'en finit plus, ça n'en
finit plus. Je pense qu'il ne faut pas, non plus, être plus catholique
que le pape. C'est juste le commentaire que je voulais apporter
là-dessus, M. le Président, pour terminer nos travaux et j'ose
espérer que nos échanges de cet après-midi seront un petit
peu plus amicaux et moins tendancieux qu'ils ne l'ont été ce
matin.
M. Léonard: Je me sens parfaitement à l'aise.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur ce.
nous suspendons nos travaux jusqu'à la fin des affaires courantes
à l'Assemblée nationale, soit vers 15 h 30 cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 15 h 21)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux afin d'entendre le Vérificateur
général dans le cadre de l'examen de son rapport annuel pour
l'année financière terminée le 31 mars 1991. La parole est
maintenant à M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui, merci. Alors, nous en étions
à la possibilité de conflit d'intérêts lorsque nous
avons terminé à midi, où j'ai terminé mon
intervention. Je crois que c'est une question qui se pose inévitablement
lorsqu'on voit la façon dont les prêts sont accordés. J'ai
une dernière question à poser là-dessus. Est-ce que vous
avez examiné, cependant, la procédure d'autorisation des
prêts, au moins sur ce plan-là? Par la suite, comme
Vérificateur, est-ce que vous avez examiné comment cela se
faisait? Est-ce qu'il y avait des risques, finalement, de conflit
d'intérêts? Si j'ai compris, ce matin, vous avez dit que vous
n'aviez pas du tout analysé cet aspect de la question. Mais, au moins,
au plan de la procédure d'autorisation des prêts, est-ce que cela
était satisfaisant en termes de dernier processus? Il n'y a pas
d'intervention d'autres personnes qui se faisaient à l'émission
des prêts?
M. DeBlois: Non. M. Léonard: Non.
M. DeBlois: Ce qu'on examine, comme je vous le disais ce matin,
en ce qui concerne l'article de loi sur les conflits d'intérêts,
c'est la déclaration des intérêts des membres de la
Société et des fonctionnaires qui y travaillent, bien entendu.
Mais aux fins de vérification et d'autorisation, on n'a pas fart cette
relation-là.
M. Léonard: Bon.
M. Breton: Par ailleurs, si vous permettez, le processus
d'autorisation des prêts comme tel, c'est un processus administratif
qu'on a examiné, effectivement. S'il s'était
révélé que c'était un processus
court-circuité ou incomplet, on aurait senti le besoin de
démontrer qu'il était insuffisant à titre de
processus.
M. Léonard: Vous avez fait des tests? Vous n'avez pas fait
de tests de vérification là-dessus?
M. Breton: Bien, les tests qu'on a faits ont porté,
justement, sur la nature des travaux qui s'effectuaient dans ce processus.
C'est ainsi qu'on a pu identifier les pourcentages de...
M. Léonard: O.K. Donc, vous en êtes arrivé au
constat...
M. Breton: J'avoue qu'ils n'ont pas été faits.
M. Léonard: ...de fait que vous établissez en haut
de la page 191. Très bien.
Procédure de suivi de l'aide financière alors, m.
le vérificateur, je voudrais maintenant aborder l'aspect du suivi. ce
que nous avons examiné jusqu'ici, c'est la façon dont les
prêts étaient autorisés et le constat qui a
été fait, à mon sens, est important, très clair.
maintenant, en ce qui concerne le suivi de l'aide financière, vous dites
que la procédure en vigueur ne favorise pas une analyse complète
de l'évolution des risques rattachés à l'aide
financière. d'autre part, on ne prévoit pas la mise à jour
des risques liés à la direction ni au secteur d'activité.
ils ont été mal établis, au départ. alors, on n'est
plus capable de les suivre par la suite, si je comprends bien. c'est ça?
de plus, l'évolution de ces risques n'est généralement pas
consignée au rapport d'analyse et de suivi. donc, là, on perd la
trace. tout ce qu'il y a c'est, finalement, pratiquement, l'émission
d'un chèque à un moment donné. le dossier, par la suite,
n'est pas à jour.
Alors, vous dites, en ce qui a trait au risque financier inhérent
à l'entreprise - qui est un risque traditionnel, que la SDI aurait
dû normalement être capable d'analyser - que vous avez
identifié des éléments que la procédure ne prend
pas en considération, c'est-à-dire l'obtention
systématique d'états financiers récents avant de
procéder au déboursement des fonds. Vous dites que la
Société s'assure que ses déboursements correspondent
à des dépenses admissibles liées à la
réalisation du projet de l'entreprise. Cependant, elle ne dispose pas
toujours d'états financiers récents, lors de ses
déboursements pour évaluer la situation financière de
l'entreprise et, dans certains cas, les délais écoulés
entre la date de déboursement et celle des états financiers les
plus récents variaient de 7 à 13 mois. Vous parlez ensuite de
l'obtention fréquente d'états financiers - vous parlez
d'états semestriels. Par contre, vous soulignez que les institutions
spécialisées dans le domaine du financement d'entreprises
exigent, quant à elles, généralement, des états
mensuels afin d'être au fait de tout changement important ayant pu
survenir dans la situation financière de l'entreprise.
Finalement, le dernier constat: la comparaison de ratios financiers
importants de l'entreprise, qui sont des comparaisons des ratios de
base, tels que le ratio actif à court terme/passif à court
terme - donc le rapport des disponibilités, le rapport du fonds de
roulement - et celui de la dette à long terme et de l'avoir des
actionnaires aux exercices antérieurs, ça laisse à
désirer. Vous dites qu'elle ne les prend pas en considération.
Donc, l'analyse, à toutes fins pratiques, n'est pas là.
Le premier élément là-dedans: les états
financiers. Aujourd'hui, dans la plupart des entreprises, on a des états
financiers mensuels qui sont disponibles le 10 du mois suivant, le 15 du mois
suivant. Cela se fait par informatique, maintenant, et les systèmes sont
intégrés. Généralement, on est capable d'avoir
ça rapidement. Comment expliquez-vous que la SDI, ou comment la SDI
explique-t-elle qu'elle n'a pas pu obtenir, dans tous les cas, des états
financiers semestriels, donc à tous les six mois - ils ne sont pas
toujours dans les dossiers - et que, en fait, dans le cas du capital de risque,
elle n'exige pas des états financiers mensuels? S'il est un secteur
où on doit suivre l'évolution de la situation au jour le jour,
pas à pas, c'est bien celui du capital de risque. Il faut quand
même réaliser que, le risque étant important et plus grand
que dans d'autres secteurs, il faut se donner des mécanismes pour les
suivre. Qu'est-ce que la SDI a dit à cela et comment commentez-vous?
M. Breton: La réponse qu'elle nous a donnée, c'est
qu'elle renforcerait son suivi à l'avenir et que c'était un
état de fait présentement. Encore une fois, la cause exacte, on
ne l'a pas cernée, à savoir: Est-ce les instructions de travail
qui sont incomplètes ou les personnes en place qui ne font pas ce
qu'elles devraient faire? On me signale qu'en haut de la page 195 la SDI nous
propose une réponse à la recommandation qu'on a faite, qu'elle a
entrepris de resserrer le suivi, notamment en faisant des visites plus
fréquentes auprès de la clientèle, en systématisant
le suivi des résultats prévus et en améliorant le
contrôle de la réception des états financiers. Mais,
jusque-là, ça ne se faisait pas. Effectivement, c'est ce qu'on a
constaté.
M. Léonard: Bien là, ils vont avoir de la visite.
Mais, au-delà de ça, c'est plus que ça. Je pense qu'il y a
des gestes factuels qu'il faut poser, et ils ne sont pas posés.
M. Breton: Ils ne l'étaient pas au moment...
M. Léonard: Ils ne l'étaient pas.
M. Breton: ...où on a fait la vérification.
M. Léonard: Au fond, ils répondent, comme dans
toutes les critiques qu'ils ont, «a la ma-nana», comme au Mexique.
«A la mafiana»! À demain! Au fond...
M. Breton: Je pense qu'il faut leur en donner le crédit.
Depuis le 1er avril 1991, ces choses se mettent en place à la suite de
travaux faits par un consultant qui avait aidé à repenser les...
Oui.
M. Bédard: Au niveau des suivis, ça faisait
déjà partie des procédures. La SDI demandait, dans les
conventions d'aide, les états financiers. Il s'agit pour elle,
maintenant, d'appliquer, lors des suivis, ce respect de la convention d'aide
qui fait en sorte que les états financiers seront produits à des
intervalles beaucoup plus réguliers. Ce n'était pas fait au
moment où on a fait la vérification. À l'égard de
la SDI, tout ce qu'on peut dire, c'est qu'ils étaient d'accord avec
cette recommandation-là et qu'ils mettraient en place les processus pour
faire en sorte que les états financiers reviennent sur une base beaucoup
plus régulière et que les suivis à cet égard soient
faits.
M. Léonard: Oui, mais là... Dans ce cas-là,
l'analyse financière et le suivi des ratios financiers, ce n'est pas
nouveau pour la SDI. C'est quelque chose qu'elle devait faire normalement, dans
ses pratiques ordinaires, même dans les prêts antérieurs.
C'est courant, et c'est ce qu'on fait. Elle devait exiger des états
financiers récents, les plus récents possible. À tous les
six mois, c'est déjà loin. Au fond, les entreprises sont parties
d'états financiers annuels à semestriels, à trimestriels
et à mensuels. Aujourd'hui, une entreprise bien équipée,
c'est mensuel. Mais, là, on en est encore à semestriel. La SDI
avait des procédures établies pour des prêts ordinaires ou
des prêts dans le secteur qu'elle occupait auparavant. Donc, les
procédures sont les mêmes en ce qui concerne le capital de risque.
On peut donner plus d'importance à tel ou tel critère. On aurait
dû, d'ailleurs, demander des états financiers mensuels
immédiatement, en ce qui concerne le capital de risque. Mais ce qu'on
constate, finalement, c'est qu'il n'y avait même pas ça et que,
depuis 1991, ils ont dit: Oui, on va améliorer la situation. Bon! Alors,
c'est un constat, un autre constat, grave, à mon sens. (15 h 30)
Vous soulevez un autre point. La SDI doit rester en contact
étroit avec les entreprises clientes. Vous avez tout un paragraphe
là-dessus et vous avez souligné que, maintenant, ils feraient des
visites. Les entreprises recevraient la visite de la SDI.
Généralement, les bureaux de direction se réunissent une
fois par mois et les conseils d'administration, une fois tous les trois mois.
La SDI devait se donner une politique sur la nomination de représentants
parce qu'à partir du moment où elle est au bâton, comme on
dit - d'autant plus que c'est transformable en capital-actions - elle doit
suivre les délibérations et les décisions des conseils
d'administration. Alors, la SDI a accordé une aide financière
à
environ 650 entreprises. En janvier 1991, elle était
représentée sur le conseil d'administration ou le comité
de gestion de seulement 19 entreprises. Est-ce qu'il y a des correctifs? Est-ce
que vous jugez que c'est suffisant ou insuffisant?
M. Breton: Entre le premier paragraphe, dans lequel on dit que la
Société s'est donné dernièrement une politique, et
le 1er janvier 1991, c'est grosso modo dans les mêmes dates. Donc, elle a
pris la résolution, elle s'est donné cette politique, si on veut
dire, fin 1990, début 1991. Au début de janvier 1991, il y a
déjà 19 entreprises, ou seulement 19 entreprises - seulement si
on pense que la politique est en place, déjà s'il n'y avait pas
de politique avant et que ça commence. Mais on n'a pas fait de suivi
pour vous dire, aujourd'hui, combien il y a d'entreprises où il y a des
représentants de la SDI. Les 19 sont en fonction d'un processus.
Ça débutait seulement au moment de la fin de la
vérification, en avril, littéralement.
M. Léonard: En 1991.
M. Breton: En 1991. Alors, là, qu'est-ce qu'il en est
aujourd'hui? On n'a pas fait de vérification avant de venir ici, mais
elle a reconnu que c'était important parce qu'elle s'était
donné la politique. Au moment où on a quitté, la politique
était en place.
M. Léonarc: Disons que ça a pris du temps avant de
reconnaître la nécessité de faire ça. Sur la
procédure; de suivi de l'aide financière, ce que vous avez
vérifié et ce que vous avez constaté, c'est que 10 % des
déboursements examinés ont été effectués
alors que les conditions figurant à la convention d'aide n'avaient pas
été respectées et que, dans 60 % des dossiers
examinés, les rapports d'analyse et de suivi annuels n'avaient pas
été produits par la Société pour un ou plusieurs
exercices. De plus, aucun des dossiers de prêts participatifs
examinés ne renfermait un rapport d'analyse et de suivi semestriel. Je
lis bien, M. le Président, aucun des dossiers de prêts
participatifs examinés ne renfermait un rapport d'analyse et de suivi
semestriel. Est-ce que je peux vous demander bien simplement ce que faisait la
SDI en termes de suivi? Est-ce que je peux savoir ce que la SDI faisait en
termes de suivi?
M. Breton: M. DeBlois.
M. DeBlois: Compte tenu qu'on n'a pas de rapport, on n'a pas de
documentation sur le suivi qu'elle faisait. Si un suivi était fait, il
était fait verbalement ou par communication avec l'entreprise. Mais, en
ce qui concerne le prêt participatif, on exigeait un suivi semestriel
d'après leur programmation et il n'y avait pas de rapport d'analyse sur
ce suivi-là.
M. Léonard: Comment vous expliquez une telle situation?
Est-ce que vous avez pu discuter avec la direction de la SDI?
M. DeBlois: La cause de ça, comme disait M. Breton, tout
à l'heure, est difficilement identifiable. Le pourquoi... On n'a pas
travaillé énormément sur la façon d'établir
la cause de ça ou les causes.
M. Léonard: Des dirigeants d'entreprise comme cela, je
suppose, établissent des modèles, des procédures, des
processus. Qu'est-ce qu'ils faisaient, les dirigeants? Je suppose que ies
employés de la SDI étaient là depuis longtemps, ils
étaient compétents. À ce moment-là, ils n'ont pas
été réorientés avec les nouvelles orientations de
la SDI? Il n'y a pas d'explication actuellement. On ne sait pas ce qu'ils
faisaient comme suivi.
M. DeBlois: II y avait...
M. Léonard: Pas de dossier.
M. DeBlois: Comme on le dit un peu plus loin, il y a de
l'information, un système d'information et de gestion qui leur dit que,
bon, le suivi dans tel dossier n'a pas été fait, tel état
financier n'a pas été reçu. Mais, comme on pourrait dire,
il n'y a pas de suivi à ce suivi-là, du moins, en grande
partie.
M. Léonard: Est-ce que, dans ce cas-là, on pourrait
se poser des questions sur l'imputabilité interne de l'entreprise?
M. Breton: Je m'excuse, j'étais...
M. Léonard: M. le Vérificateur, est-ce que, dans ce
cas-là, on peut se poser des questions sur l'imputabilité interne
à la SDI?
M. Breton: Un bon système d'imputabilité interne
aurait supposé qu'il y avait des outils d'information et que
l'information était disponible pour bien gérer. Ce qu'on
constate, c'est quon ne s'est pas donné des structures pour pousser plus
loin les travaux d'analyse, de suivi, etc. Donc, il n'y a pas d'information
documentée. L'imputabilité aurait également
été difficile d'une façon parfaite. L'imputabilité
était sans doute verbale, encore une fois, avec des gens qui, j'imagine,
faisaient du mieux qu'ils pouvaient, mais sans être
structurés.
M. Léonard: Sans savoir où ils allaient. Vous
êtes poli, «sans être structurés».
M. Breton: Non, c'était «sans être
structurés» dans le sens qu'ils ne documentaient pas
nécessairement ce qu'ils faisaient, ce qui n'em pêche pas que les
décisions pouvaient quand
même être éclairées, mais pas
documentées. On n'a rien de concret.
M. Léonard: Oui, mais rien de concret, c'est-à-dire
que la documentation est inexistante.
M. Breton: Exact.
M. Léonard: Alors, peut-être que la justification
était verbale. C'est ça que ça veut dire. S'il y en a une,
c'est qu'elle était verbale. Elle n'est pas autre chose.
M. Breton: Oui. C'étaient des justifications verbales dans
le cadre d'une structure d'information qui était en place. Ce cadre
était relativement léger et pas nécessairement totalement
suivi, encore moins documenté. Donc, c'était sans doute beaucoup
de travail verbal.
M. DeBlois: II y avait un certain nombre de rapports annuels, par
exemple, sur les prêts participatifs. Il n'y avait pas de rapport
d'analyse sur le suivi semestriel comme cela était exigé. Mais il
y avait à peu près - quoi? - une quarantaine de pour cent de
dossiers où on avait un rapport d'analyse annuel, à ce
moment-là.
M. Léonard: Est-ce que vous avez pu vérifier
combien il y avait de personnes, à la SDI, qui étaient
affectées au suivi des dossiers?
M. DeBlois: Le suivi, c'est difficile, au moment de... Je n'ai
pas en tête le nombre d'employés - il y a à peu près
150 employés à la SDI. Ceux qui sont directement reliés
à l'autorisation des dossiers, le suivi... parce que l'analyste, le
directeur de projet à la SDI s'occupait en même temps du processus
d'autorisation, de l'analyse et du suivi du dossier. C'était la
même personne qui faisait ce suivi-là, qui faisait les deux
opérations.
M. Léonard: Bon. Continuons. Vous dites que, quant au
rapport complété, que vous avez examine - et ce n'est pas
beaucoup, finalement, sur l'échantillon, sur les 650 - il s'était
écoulé en moyenne six mois et demi entre la date de la fin de
l'exercice financier et le moment où le rapport avait été
complété. Généralement, dans les demandes, dans les
dossiers ou dans les conditions d'aide, les états financiers annuels
vérifiés devraient être remis dans un délai de trois
mois. C'est ce qu'on exige, même moins que ça, au point de vue de
l'impôt. C'est trois mois effectivement.
Alors, en avril 1991, 32 % des entreprises clientes accusaient un retard
de plus d'un mois quant à l'envoi des états financiers à
la Société. Les variations importantes découlant de la
comparaison des résultats financiers annuels ne sont pas toujours
expliquées. De plus, pour l'aide financière accordée
depuis le 1er avril 1987 - on est toujours au 1er avril 1987 - les
résultats prévisionnels pris en considération lors de
l'autorisation de l'aide ne paraissent généralement pas au
rapport d'analyse et de suivi. Lorsqu'ils y figurent, les écarts
importants, par rapport aux résulats réels, ne sont pas toujours
expliqués. Les formulaires des déboursements et des rapports
d'analyse et de suivi ne permettent pas toujours de s'assurer que les visites
ont été effectuées.
Là, si je comprends, ça continue. Au fond, il n'y avait
rien de structuré, comme vous avez dit. Rien, mais absolument rien de
structuré sur l'aide financière ou les décisions qu'il y a
là-dessus. Puis, la Société en est amenée à
ne pas respecter, à ne pas déceler en temps opportun les
entreprises qui ne peuvent pas respecter leurs engagements. C'est ça que
ça veut dire.
M. Breton: Si vous permettez? (15 h 40)
M. Léonard: Oui.
M. Breton: II y avait quand même un minimum de
procédures, mais elles n'étaient pas respectées. Rien
n'était trop fort dans votre affirmation, je pense. Il existait des
éléments de procédure, mais les gens ne les appliquaient
pas.
M. Léonard: Ouais! Une entreprise privée qui
fonctionnerait comme ça aurait des chances de s'en sortir comme une
boule de neige en enfer.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. M. le Vérificateur, sur le même
sujet, sur la SDI, j'aurais peut-être deux ou trois questions. Lorsque je
réfère, à la page 187, au point 9.15 - les questions
suivront. «Au cours des dernières années, la
Société s'est constitué un portefeuille d'aide
financière sans avoir suffisamment évalué quels
étaient les risques que les entreprises bénéficiaires ne
puissent respecter leurs engagements. Par ailleurs, le suivi qu'elle a
exercé n'a pas favorisé une protection adéquate de son
portefeuille d'aide. Enfin, le mode de fonctionnement de la
Société n'a pas facilité une gestion économique en
matière de trésorerie et de financement de l'aide
financière accordée.»
Si on réfère maintenant au point 9.26, on dit: «La
Société s'est dotée de critères pour évaluer
la compétence de la direction. Ainsi, à titre d'exemple, elle
doit évaluer les forces et les faiblesses des dirigeants. À cet
effet, elle s'enquiert de leur formation et de leurs expériences
passées. Cependant, 35 % des schémas d'analyse examinés ne
précisaient pas adéquatement les forces et les faiblesses de
l'équipe de direction.»
À 9.43, où on est dans une situation économique
où les décisions doivent se prendre rapidement avec l'information
la plus substan-
tielle possible, on se rend compte que 51 % de la clientèle est
insatisfaite des délais de traitement et que le délai moyen de
traitement des demandes d'aide autorisées varie de 7 à 8 mois
alors qu'il variait de 1,5 à 3 mois dans les institutions opérant
dans le même domaine.
Je pense qu'on a raison de se poser des questions relativement à
ce qui s'est passé à la SDI. Ma question est peut-être la
suivante: Pourquoi et en quoi le suivi des aides financières
accordées par la Société de développement
industriel du Québec - je dis bien pourquoi et en quoi - n'était
effectivement pas, à vos yeux - première question -
adéquat? Deuxièmement, si je comprends bien, est-ce exact de dire
qu'il n'y a jamais eu d'évaluation de la qualité des
administrateurs? Deuxième question. La SDI, eu égard au nombre
important de dossiers qu'elle avait entre les mains, pouvait-elle, dans ce
cas-là, suivre tous ces dossiers en même temps? Est-ce qu'elle
avait la capacité physique et la capacité, je dirais, d'analyse
de le faire? Est-ce qu'elle était en mesure d'évaluer les risques
pour chacun des dossiers qu'elle avait à «prioriser»?
Ça ne semble pas tout à fait clair. En vertu de l'article 7,
est-ce qu'elle a l'obligation de procéder à une analyse des
dossiers comme telle? Alors, c'est les quatre ou cinq questions. Est-ce que
ça va? Est-ce que je dois répéter mes questions?
M. Breton: Je pense qu'on a...
Le Président (M. Lemieux): Ça vous va?
M. Breton: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'aimerais vous entendre
là-dessus, M. le Vérificateur, sur chacune des questions. Je vais
revenir par après au Bureau de la statistique.
M. Breton: En quoi le suivi de l'aide financière n'est pas
adéquat? Les lacunes qu'on a relevées, par exemple: pas de mise
à jour des risques lies à la direction ni au secteur
d'activité. En ce qui concerne les risques financiers: l'absence
d'états financiers récents, des états financiers
semestriels plutôt que mensuels. Tout ça démontre,
évidemment, une faiblesse importante dans le système. Comme le
député de Labelle l'a signalé...
Le Président (M. Lemieux): est-ce que cette faiblesse
importante amenait a conclure, justement, à des décisions qui
soient vraiment dérisoires?
M. Breton: Je ne dirais pas que ça porte à le faire
dans la mesure où les gens, les individus qui prenaient les
décisions avaient la formation, la connaissance et la prudence
suffisantes pour prendre de bonnes décisions. Si, automatique- ment, les
décisions avaient été mauvaises, je pense qu'on se
retrouverait avec des pertes beaucoup plus élevées que celles qui
sont là. Le produit fini d'un manquement absolu serait évident,
sauterait aux yeux. Je n'ai pas fait de comparaisons, par ailleurs, à
savoir si le niveau de pertes de la SDI est pire ou meilleur que celui d'une
autre entreprise de risque.
Le Président (M. Lemieux): Une institution bancaire ou
autre.
M. Breton: Oui.
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
M. Breton: Mais on peut dire, au départ, que ça ne
semble pas nécessairement catastrophique de ce
côté-là. Donc, il y a quelque chose de relativement
raisonnable qui se faisait. Ce qu'on constate, c'est que très peu se
faisait en documentant, en gardant trace de ce qui s'est fait. Pour quelle
raison? On n'est pas allés tellement loin pour identifier cette
raison.
En ce qui concerne la deuxième question qui était sur la
qualité des administrateurs, de fait, on a vu encore une fois que, s'il
y a eu évaluation de la qualité des administrateurs qui
faisaient... Je présume que vous pariez des administrateurs, des gens
qui font application pour un prêt.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Breton: S'il y a eu évaluation, c'est sans doute,
encore une fois, une évaluation beaucoup plus sur une base personnelle
ou subjective que sur une base structurée. On a encore une fois
constaté que, même dans le schéma d'analyse, ii y avait un
certain nombre de sujets que, normalement, on aurait dû retrouver dans la
liste des points à couvrir et qu'on ne retrouve pas. Comme on
l'expliquait ce matin, il est probable que ce schéma soit un
décalque de celui en vigueur lorsqu'il s'agissait de faire des dons et
non pas des prêts, si vous voulez, donc, qu'il n'a pas été
adapté aux nouvelles circonstances. Donc, rien de systématique au
niveau de ce qu'on trouverait dans l'industrie.
De la capacité de tout suivre en même temps. C'est possible
de tout suivre en même temps dans la mesure où le niveau de risque
attaché à chaque prêt est bien identifié et qu'on
fait porter l'effort, évidemment, sur les dossiers à plus grands
risques. Est-ce qu'il reste du temps pour les dossiers qui ont très peu
de risques? Il faut espérer que oui. Mais, au moins, les efforts sont
mis là où ça compte. Dans ce sens-là, sans que ce
soit nécessaire de tout suivre, il y a certainement une
amélioration à suivre ce qui est important ou ce qui est
susceptible de demander une intervention.
En ce qui concerne la quatrième question,
vous aviez évalué... Là, j'ai oublié, j'ai
sauté le dernier... Pardon? Ah! Évaluer le risque de chaque
dossier.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Breton: Je pense que l'évaluation du risque de chaque
dossier doit se faire lors de l'ouverture du dossier et non pas,
évidemment, au moment du suivi. Si cette analyse du risque est bien
structurée, est bien documentée, il est relativement facile d'en
voir l'évolution, d'en mesurer l'évolution et, plus ou moins
automatiquement, de décider des actions à prendre. Mais,
évidemment, quand on débute avec un processus d'analyse de risque
très incomplet, il faut recommencer le travail au moment de faire le
suivi, ce qui n'est pas efficace, ce qui coûte plus cher en temps.
Enfin, en ce qui concerne l'article 7 de la loi, l'obligation de traiter
les dossiers qui sont soumis par le gouvernement, ce sont des décisions
qui ne relèvent pas de la SDI. On leur demande d'être agents pour
des décisions du gouvernement. Par ailleurs, il est normal que, une fois
que le dossier est entre les mains de la SDI, elle mette en place, encore une
fois, un processus de suivi pour éviter des pertes inutiles. Donc, elle
doit démontrer la même prudence administrative pour les dossiers
relevant de l'article 7 que pour les autres dossiers.
Bureau de la statistique du Québec
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Maintenant,
j'aimerais vous ramener à votre rapport, à la page 35, sur le
Bureau de la statistique du Québec. Vous n'êtes pas sans savoir
que le Bureau de la statistique du Québec relève du
ministère des Finances depuis 1983 et qu'il a comme fonctions de
recueillir, de compiler et de publier des renseignements de nature statistique
sur toute matière de juridiction provinciale. Vous êtes assez durs
pour le Bureau de la statistique du Québec. À 3.32, vous dites:
«À la suite de l'examen des documents de planification
opérationnelle, nous avons constaté que: certains objectifs
généraux et particuliers n'étaient pas précis et,
par conséquent, pouvaient difficilement être mesurés; les
étapes et le calendrier de réalisation des projets
n'étaient pas suffisamment détaillés pour permettre de
bien suivre leur réalisation; il n'y avait pas toujours de documentation
à l'appui des prévisions budgétaires.» (15 h 50)
Plus loin, relativement à la mesure du rendement, à 3.50,
vous nous dites: «Le Bureau n'a pas défini d'indicateurs ni
d'objectifs de rendement. L'information de gestion disponible ne permet pas de
rendre compte de l'utilisation des employés ni de mesurer leur
rendement, sauf dans une direction.» Vous nous dites, à 3.46:
«il n'existe pas de système de gestion du temps des
employés qui soit commun à l'ensemble des directions.» Vous
nous revenez, à 3.63: «Toutefois, dans le cas d'un projet
informatique mis au point par le Bureau et dont nous estimons les coûts
de développement et d'entretien à 1 000 000 $, nous avons
noté que, dû à une mauvaise évaluation des besoins
et à des changements de priorités pour maintenir ce
système, celui-ci a dû être abandonné trois ans
seulement après le début de son exploitation.»
M. le Vérificateur, est-ce que la qualité des
interventions était bien contrôlée au Bureau de la
statistique du Québec? C'est ma première question. Est-ce qu'on
contrôlait effectivement9 Est-ce qu'il y avait un
contrôle des coûts - deuxième question - au niveau de la
facturation? Comment se faisait, effectivement, ce partage des coûts au
niveau de... Êtes-vous au courant comment se fait le partage des
coûts au niveau du Bureau de la statistique du Québec? C'est les
trois questions que j'aurais à vous poser sur le Bureau de la
statistique du Québec.
M. Breton: En ce qui concerne...
Le Président (M. Lemieux): C'est un peu inquiétant
ce que vous dites relativement au Bureau, aussi inquiétant que ce que
vous dites sur la SDI. Troublant, du moins. Est-ce que je peux vous entendre
là-dessus?
M. Breton: Oui. À la SDI, les contrôles des
opérations, en tant qu'opérations statistiques, ont permis de
fabriquer, si vous voulez, des données statistiques valables, fiables,
parce que le personnel connaît son travail. Par contre, est-ce que
ça a été fait de la meilleure façon, en affectant
les ressources de la meilleure façon, en s'appuyant sur les meilleures
sources de données ou sur des données adéquates - je
retire, pas adéquates, mais des données disponibles - pour
éviter de la duplication d'efforts, donc être efficients
globalement? Il est certain que, sur ces points, le Bureau de la statistique ne
s'était pas donné les outils pour bien analyser cette situation,
bien contrôler, si vous voulez, la préparation de ces travaux.
C'est donc dans la façon de produire de la statistique qu'il y a
beaucoup d'améliorations à apporter, mais ça ne met pas en
cause la qualité des productions qui ont été faites
jusqu'à maintenant.
Vous parlez du contrôle des coûts et de la facturation. La
difficulté à ce niveau a trait au fait que, jusqu'à il y a
un certain temps, le Bureau de la Statistique absorbait les frais de
préparation de documents ou d'information statistique. Après que
se soit créé le Fonds du Bureau de la statistique qui permettait
justement, si vous voulez, de rentabiliser ou, tout au moins, de
connaître les coûts de ces opérations, il s'est
avéré que de nouveaux clients qui demandaient le même
produit qu'un autre client obtenait déjà du Bureau de la
statistique avant la création du
Fonds, ces nouveaux clients se sont vu facturer le service via le Fonds
alors que les clients antérieurs n'avaient pas le même genre de
facturation ou aucune facturation, d'où une iniquité entre les
deux types de clients.
Il y a eu également, dans ce partage des coûts, le fait
que, pour réaliser certains travaux, le personnel du Bureau était
plus qualifié pour réaliser les travaux alors que c'était
techniquement un client du Fonds. À ce moment-là, il y avait, si
vous voulez, revenus d'un côté et dépenses de l'autre.
Donc, il y avait passage ou compensation de dépenses entre le Fonds et
le Bureau pour essayer d'équilibrer les choses, ce qui va à
l'encontre, évidemment, des normes comptables. Ce dernier point a
d'ailleurs été réglé ce printemps par un C.T. C'est
la difficulté qu'il y avait sur le partage des coûts parce que,
lorsque le Fonds a été créé, on n'a pas
porté assez loin les spécifications pour prévoir cette
situation qui s'est développée avec le temps.
Sécurité publique
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Si on allait
à la page 50 de votre rapport, la police, la Sécurité
publique, particulièrement 3.104. Il semble y avoir peut-être des
petits problèmes. Lorsque vous parlez de la fiabilité des
données, on a l'impression, dans un premier temps, qu'il y a un manque
d'uniformité. Lorsqu'on touche aux données sur la
réinsertion sociale, on a l'impression que vous arrivez avec un
problème de confidentialité. Lorsque vous arrivez à la
gestion de la probation, à 3.124, il y aussi d'autres problèmes.
Vous faites état de ceci: «Aucune mesure prise par l'agent de
probation pour remédier à la situation lorsque l'ordonnance de
probation n'était pas conforme au procès-verbal. Dans quelques
dossiers de libération conditionnelle, retards variant de 2 à 24
mois de l'agent de probation à faire rapport à la Commission
québécoise des libérations conditionnelles.»
J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus, moi. Qu'est-ce qui
se passe à la Sécurité publique? Vous ne trouvez pas
ça inquiétant? Il n'y a pas plus de confidentialité que
ça?
M. Breton: Effectivement, on a constaté que, dans un
centre de détention, jusqu'à 110 personnes - si je me rappelle
bien, c'est ça, 110 agents de la paix - pouvaient avoir accès au
réseau, au système informatique pour entrer ou modifier des
données, ce qui est peut-être très efficace à leurs
yeux, mais qui devient assez difficile à justifier sur l'aspect de la
confidentialité ou du contrôle de l'information alors que, dans un
autre, c'est restreint à très peu de personnes.
On nous a signalé qu'il était prévu de restreindre,
évidemment, cette approche qui était beaucoup trop grande, il n'y
a aucun doute. Le principe de cette entrée, de ces données qui
sont, qui risquent de ne pas être fiables, c'est que, dans ces
systèmes, on n'a pas prévu, d'une façon absolue, des
contrôles de validation de l'information qui était entrée.
Alors, si une information erronée est inscrite, elle demeure
erronée dans le système sans que le système n'ait
détecté sa présence. Ça peut aller aussi loin que
de la double saisie. Ça peut, évidemment, influencer soit la
durée de l'incarcération de quelqu'un - j'imagine que c'est
à la baisse parce que la personne en question doit savoir le maximum
auquel elle a été condamnée - ou encore le classement du
détenu, ce qui peut ne pas être connu du détenu, contre
lequel il ne peut pas réagir. Donc, c'est un type d'erreur qui est moins
susceptible d'être détecté.
En ce qui concerne la réinsertion sociale j'aimerais que vous me
reposiez la question. J'ai noté «réinsertion», mais
dans quelle direction vous vouliez aller avec...
Le Président (M. Lemieux): Dans le sens que je voulais
entendre vos commentaires relativement à cet aspect.
M. Breton: D'accord. C'est le 3.124.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, oui.
M. Breton: Alors, «Aucune mesure prise par l'agent [...]
pour remédier...» Il s'agit, ici, de situations de probation qui
s'écartent de la norme, du standard ou de la règle
officielle.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, il n'y a pas
d'uniformité.
M. Breton: Bien, dans ce sens-là, encore une fois,
à partir de l'instant où plusieurs personnes peuvent avoir
accès, if est difficile d'avoir de l'uniformité dans ce
sens-là. Est-ce que vous... il y a quelque chose là?
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous vous
identifier?
M. Breton: M. Jean Gamache, qui est le directeur de la
vérification.
M. Gamache (Jean): En fait, ce qu'on a noté au niveau de
la gestion de la probation, c'est qu'il pouvait y avoir, à l'occasion,
des divergences entre le procès-verbal - lorsque la personne passe en
cour, on établit le jugement, il y a un procès-verbal - et
l'ordonnance de probation qui se trouve avec le document légal qui est
transmis à la Direction de la probation et qui doit voir à
l'application. On a constaté que, dans certains cas, il y avait une
divergence entre ce qui est inscrit au procès-verbal et l'ordonnance, et
qu'il n'y a eu aucune mesure de prise par l'agent de probation.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous en mémoire des
exemples concrets? (16 heures)
M. Gamache: Disons que le juge aurait pu ordonner de se
présenter une fois par semaine à son agent de probation alors que
l'ordonnance marquait une fois par mois, par exemple. C'est ce genre de chose.
Il y avait une divergence et on a interprété la décision
plutôt que de retourner au greffier audiencier pour savoir vraiment ce
que c'est. Est-ce que c'est une erreur au niveau de l'ordonnance ou au niveau
du procès-verbal? Vous l'avez également dans quelques dossiers,
comme on dit. Certaines dérogations n'avaient pas été
rapportées aux autorités, entre autres, des cas où la
personne devait se présenter à toutes les semaines. On sautait,
à l'occasion, quelques semaines et ce n'était pas rapporté
aux autorités compétentes.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Labelle.
Mauvaises créances à la SDI
M. Léonard: Alors, M. le Vérificateur, je vais
m'excuser, auprès de ceux qui ont travaillé à toute une
série de dossiers fort importants, de revenir à la SDI.
Justement, en ce qui concerne les mauvaises créances, je pense que c'est
un dossier assez important à la SDI, merci. Je vous entendais dire, tout
à l'heure, que, oui, ce n'était peut-être pas si mal que
ça. J'ai bien noté. Je relirai d'ailleurs ce que vous avez dit
exactement. Mais j'aimerais bien en venir aux faits, j'aimerais bien en venir
aux faits.
La SDI ou, disons, les montants non garantis par le gouvernement, donc,
qu'on pourrait indiquer ou considérer comme étant de la
responsabilité même de la SDI, c'est constitué des
prêts - 202 300 000 $ - des participations - 5 900 000 $ - des garanties
de remboursement - 18 600 000 $ - donc, 226 800 000 $. C'est exactement 13 %
des actifs totaux de la SDI en comprenant ce qu'il y a aux notes selon la tarte
que vous avez établie au début de votre rapport, page 185,13
%.
Or, lorsqu'on voit ce qui en advient, par la suite, et qu'on examine les
prêts, les provisions pour les pertes et mauvaises créances qui
sont prises sur les prêts de la SDI, sur les prêts: 55 900 000 $ de
provisions; sur les participations: 400 000 $ - ça commence - et les
garanties de remboursement, 9 500 000 $; total: 65 800 000 $, ce qui nous donne
un rapport assez important, assez important. 65 000 000 $ sur 226 000 000 $, on
est là, disons, dans le domaine le plus important, sur les prêts,
à 27,6 % de mauvaises créances sur les prêts
accordés. Ça, c'est en 1990-1991. Ça prend beaucoup de
profits pour rentabiliser une entreprise avec des taux de mauvaises
créances comme ça. Dans le privé, c'est 1 %, 0,59 %, 0,60
%, 0,70 %, on s'entend bien, même pas 1 %.
Ceci étant dit, on a un capital de risque, très bien. Je
sais un peu ce que vous allez répondre là-dessus. Maintenant,
passons aux prêts garantis par le gouvernement. Et, là, il y a une
distinction qu'il faut faire. Pour l'aide garantie par le gouvernement, nous
avons fait le calcul: 874 909 000 $. Mais pour arriver, pour comparer entre les
mauvaises créances et ce sur quoi les montants et les actifs sur
lesquels sont prises ces mauvaises créances, il faut soustraire les
prêts sans intérêt et les actions d'une classe
particulière selon la note 37 de l'état financier de la SDI
signé par le Vérificateur général, le 5 mai
1991.
Alors, ce que cela veut dire - la note 10 - c'est que l'aide garantie
par le gouvernement, pour laquelle une perte anticipée est
identifiée, c'est 428 162 000 $. Les provisions pour mauvaises
créances, les pertes sur mauvaises créances sont établies
à 125 300 000 $ selon la note 10, justement, des états
financiers. Le rapport, c'est 29,3 %. Je commence à trouver que c'est un
peu épais, merci! Si l'on continue, il y a aussi des provisions qui
s'appliquent aux garanties de remboursement, aux conventions et
exonérations: 37 700 000 $ de mauvaises créances ou de provisions
pour mauvaises créances. Total sur l'aide garantie par le gouvernement,
les mauvaises créances sont de 163 100 000 $. Le total des mauvaises
créances de la SDI identifiées: 228 800 000 $. Mais ça ne
s'arrête pas là parce que j'ai laissé en chemin, justement,
ce qui est dit à la note 10: sont exclues de ces pertes
anticipées celles se rapportant aux prêts sans
intérêt, vu que le remboursement ne devient
généralement exigible que 15 ans après leur
déboursement, et celles se rapportant aux actions d'une classe
particulière, lesquelles ne comportent aucune date de rachat. Donc, vous
ne prenez aucune provision pour mauvaises créances sur ces fonds.
Je veux simplement souligner que dans ce paquet de 401 000 000 $ de
prêts et de 45 000 000 $ d'actions d'une classe particulière se
trouve, par exemple, Donohue Matane: 116 000 000 $. C'est nulle part dans les
états financiers de la SDI, ça apparaît dans une note aux
comptes publics, aux comptes publics seulement, où c'est
identifié. La note est la suivante: Événements
subséquents aux états financiers. La Société de
développement industriel du Québec a également
déboursé 116 000 000 $ pour sa portion de garantie de prêt
et est maintenant subrogée aux droits des prêteurs, devenant
l'unique créancier de premier rang de l'entreprise. Je ne vous poserai
pas de questions sur la valeur de cette créance. Je pense qu'avant que
le gouvernement remette la main sur les 116 000 000 $ qu'il a
déboursés là il va neiger pas mal épais sur la
terre. Mais il n'y a pas de provisions là-dessus.
C'est pour cela que cela m'amène à dire
qu'il y a quand même un problème de mauvaises
créances à fa SDI, un très grave problème. Quand je
regarde l'évolution des pertes au cours des trois dernières
années, ça ne va pas bien, merci. Sur les prêts
assumés par la SDI, c'est passé de 18,8 % à 20 %, à
27,6 %. Sur les prêts garantis par le gouvernement, c'est passé de
18,3 % à 21,6 %, à 29,3 %. Vous voyez la progression:
année après année, le fardeau s'alourdit par rapport au
portefeuille total. j'ai quand même une question et une certaine
difficulté. vous nous dites: ce n'est pas très important, le
vérificateur signe son rapport avec la note 10. pourtant, il y a des
faits drôlement inquiétants en ce qui concerne la valeur des
créances de la sdi et, en particulier, en ce qui concerne les gestes du
gouvernement, tout ce qui touche l'article 7, à la sdi. il y en a pour 1
520 000 000 $. puis, la question qui nous vient automatiquement, c'est:
qu'est-ce que ça vaut? qu'est-ce que ça vaut? j'ai l'impression
que, lorsque vous avez fait l'étude, vous en êtes arrivé
à déterminer des montants de l'ordre d'au moins 25 %,
globalement. si vous appliquez ça aux garanties de prêts sans
intérêt ou aux prêts sans intérêt, si on prend
la même proportion, et on pourrait penser que ça a du bon sens
parce que, même dans ces prêts-là, les 116 000 000 $ sur les
400 000 000 $ de prêts simplement pour matane - vous venez d'y toucher:
116 000 000 $ sur 401 000 000 $ - ça commence à être
matériel. est-ce qu'il y a eu des travaux particuliers de faits pour
l'évaluation des créances de la sdi, compte tenu de l'importance
qu'elles prennent dans le bilan?
M. Bédard: Effectivement, l'évaluation des
créances, c'est une préoccupation de la Société et
c'est une préoccupation aussi du Vérificateur, lorsqu'il vient
pour émettre une opinion sur les états financiers. Le rapport
indique une chose, au point 9.64 - vous avez tout à fait raison -que les
prêts sans intérêt qui sont souvent exigibles au bout de la
quinzième année ou encore les actions d'une classe
particulière qui, souvent, n'ont même pas droit de vote ou encore
qui ne sont pas rachetables, dont les pertes sont assumées par le
gouvernement et qui s'élèvent à 401 000 000 $ et 46 000
000 $, ne font pas l'objet d'une évaluation de mauvaises
créances, pour ces dossiers particuliers, parce que c'est garanti par le
gouvernement, donc, l'impact dans les états financiers de la
Société ne sera pas reflété; c'est le gouvernement
qui va les absorber. Toutefois, on a recommandé à la
Société d'évaluer les pertes possibles à
l'égard de ces placements et, sur ce, vous avez tout à fait
raison, l'information n'est pas transparente. À cet égard, il y
pourrait y avoir des pertes qui devront toutefois être absorbées
par le gouvernement et non pas par la Société de
développement industriel, puisqu'elle est garantie par le gouvernement.
(16 h 10) en deuxième lieu, vous avez raison de die qu'il y a eu des
évolutions assez importantes. au point 9.65, on fait
référence au fait que a provision a grimpé, de 10 %
qu'elle était, à 14 % et à 18 %. donc, la
démonstration est évident 3, les pertes prennent plus
d'importance, même si l'évaluation de ces pertes se fait sur une
bate courante. de plus, chacun de ces prêts-là est
classrfié selon quatre catégories. il y a quatre critères
pour évaluer les prêts. s'ils tombent dans les critères 3
ou 4 - vous me permettrez l'expression - automatiquement, c'est de
l'évaluation cas par cas qui est faite par la sdi. l'évaluation
est faite par la sdi et validée par a suite par le vérificateur
général lorsqu'il fait a vérification de ses états
financiers. là aussi, il y a des lacunes ou des améliorations
à y apporter. les critères n'étant pas suffisamment
précis, les prêts qui sont dans la catégorie 2 et la
catégorie 3 auraient avantage - ces critères-là - à
être précisés pour s'assurer que chacun des dossiers qui
doit être évalué cas par cas l'est bien.
Donc, pour répondre à votre question, il y a des pertes
qui sont absorbées par le gouvernement et qui ne sont pas
reflétées dans les états financiers. Une recommandation a
été faite à cet égard par le Vérificateur
général. Une évaluation des pertes est faite pour les cas
qui doivent être absorbés par la SDI ou les autres qui vont
être garantis par le gouvernement. À chaque fois, au niveau de
l'état financier, il y a des améliorations qui devront être
faites pour s'assurer que c'est fait avec plus de précision. Des
recommandations aussi ont été rapportées dans le rapport
que nous vous présentons.
M. Léonard: Ça m'amène à poser quand
même d'autres questions parce que... Par rapport aux états
financiers du gouvernement, il y a des sommes importantes qui sont
déboursées pour refinancer la SDI pour les pertes qu'elle assume,
par exemple, sur les articles 7... Je voyais dans les derniers crédits
déposés qu'il y a un poste qui prend de plus en plus d'importance
au ministère de l'Industrie et du Commerce. Sur un budget de 437 000 000
$, en comprenant toute espèce de subventions, dont les 83 600 000 $
à Marine, il y a une autre perte sur les programmes garantis par le
gouvernement, 76 500 000 $. C'est quelque chose. Là, c'est sur un budget
total de 437 000 000 $, comprenant les 83 000 000 $ à Marine. Là,
on est, effectivement, dans l'ordre, pour le MIC, de 25 % de ses
activités qui touchent des mauvaises créances avec, encore une
fois, pas de suivi sur les dossiers. Je pense qu'il y a quand même un
problème là.
Moi, j'aimerais voir comment vous pensez que vous devriez traiter cette
information sur les mauvaises créances parce que ça a des
implications sur le déficit du gouvernement. Ça commence à
être une information matérielle, d'une importance
matérielle, dans le sens où les comptables l'emploient. Si vous
avez, aux états finan-
ciers de la SDI, une somme de 400 000 000 $ dont la valeur est plus ou
moins assurée - et on pourrait dire qu'entre 401 000 000 $ et 0 $ il y a
à peu près toutes les hypothèses possibles selon ce qu'on
peut penser - et si on prenait une attitude conservatrice à laquelle
sont tenus les comptables, quelle serait cette valeur? Là, on est en
train de jouer dans, possiblement, des centaines de millions en ce qui concerne
des provisions aux pertes de créances à la SDI, à cause de
tout ce dont on vient de parler. Comment allez-vous traiter cette information
dans votre rapport lorsque le Conseil du trésor va être
amené à refinancer, ou comment pouvez-vous la traiter en ce qui
concerne la véracité des états financiers?
M. Breton: D'une part, on me signale qu'il y a un certain nombre
de prêts qui sont exigibles dans 15 ans, de sorte que, pour le
refinancement immédiat, si vous voulez, ou pour le
déboursé, on peut en tenir compte de cet écart. D'autre
part, c'est un fait que nous ne nous sommes jamais vraiment penchés sur
cette évaluation des comptes à recevoir globalement ou des pertes
pour mauvaises créances d'une façon globale. On n'a jamais fait
une étude, une recherche ou une comptabilisation avec cette
préoccupation comme focus, de la façon que vous le soulevez
présentement. C'est bien sûr qu'on va le faire à l'avenir
pour voir, effectivement, cette information qui a besoin d'être
colligée de plusieurs endroits à la fois. Il est une chose, une
information qui est presque disponible: c'est celle qu'on retrouve dans les
états financiers consolidés, le périmètre comptable
qui est en voie d'être finalisé dans nos travaux pour
vérifier ce dossier, les états financiers consolidés. Nous
avons, à toutes fins pratiques, terminé et il reviendra ensuite
au gouvernement de publier les états financiers consolidés pour
le 31 mars 1991. À ce moment-là, on verra déjà un
regroupement un peu plus évident de ces choses, mais il peut
s'avérer que ce ne soit pas encore suffisant dans le sens où vous
le présentez. Certainement qu'on va examiner, dans l'année qui
vient, comment être plus transparent sur cette information.
M. Léonard: Oui, mais il faut quand même remarquer
que... Par exemple, pour prendre la part du MIC. Depuis deux ans, le MIC a
assumé pour 120 000 000 $ de pertes sur mauvaises créances, 44
000 000 $ en 1991-1992, l'année courante, et un autre 77 500 000 $ pour
1992-1993. Si je comprends, ce sont des sommes pratiquement acquises. Ça
m'étonnerait qu'on puisse en changer à l'heure actuelle. Donc,
c'est 120 000 000 $ que le gouvernement est appelé à assumer. Le
reste, on ne s'en occupe pas parce qu'on dit: On les débourse, mais on
n'a pas à reconnaître la perte avant 15 ans. D'un point de vue
états financiers, il me semble que c'est important, lorsque l'on
connaît des faits, même après les états financiers,
d'en tenir compte dans les états financiers, au moins en note, mais, par
la suite, aussi dans les états financiers.
Par exemple, les 116 000 000 $ à Marine, quand est-ce que vous
allez les reconnaître comme étant une perte? Quelles sont les
chances que le gouvernement récupère jamais ces 116 000 000 $? Il
n'y en a pas, pratiquement. Si jamais il y a un acheteur qui reprend ça,
il va exiger que le gouvernement transforme ça en actions ou qu'il
disparaisse purement et simplement pour ne pas alourdir le bilan de
l'entreprise. Or, d'un point de vue comptable, à un moment donné,
il va falloir qu'on n'attende pas 15 ans pour reconnaître qu'une
créance inscrite aux livres n'a pratiquement aucune valeur.
M. Breton: Je suis d'accord avec vous.
M. Léonard: Lorsque vous avez un portefeuille d'actions
inscrites à la Bourse, les entreprises mentionnent que la valeur au
marché est plus basse que la valeur inscrite aux livres, si c'est le
cas, et, dans le cas où il nous apparaît que ce n'est pas
récupérable, on doit inscrire et rayer la perte. Alors,
là, de dire simplement que, 15 ans après, peut-être qu'on
va l'inscrire, ça me paraît difficile qu'on signe un état
financier dans ces conditions.
M. Breton: C'est-à-dire que d'ici les 15 prochaines
années, et sur la foi des négociations que nous avons, lorsqu'on
aborde ces sujets avec le ministère, on est porté à croire
qu'il y a encore de l'espoir ou, tout au moins, on nous fait croire qu'il y a
de l'espoir à récupérer une certaine partie. Pour
l'instant, disons qu'on a tout au moins attendu un peu plus longtemps. Dans le
cas, par exemple, de Matane, on aurait pu dévaluer, mais je pense que
les circonstances n'étaient pas suffisamment terminées pour
arriver à cette conclusion. Il y a encore de l'espoir et, en ce sens,
plutôt que de faire une écriture dans un sens et dans l'autre, on
l'a mise aux notes, reportée à l'an prochain, mais pas
reportée à 15 ans, c'est bien sûr.
M. Léonard: Disons, M. le Vérificateur, que, par
rapport à votre recommandation où vous dites que la
Société devrait évaluer les pertes relatives aux
prêts sans intérêt et les actions d'une classe
particulière afin de procéder à l'évaluation de
l'ensemble de son portefeuille d'aide, je suis d'accord avec votre
recommandation parce que, à mon sens, la Commission des valeurs
mobilières se plaindrait grandement d'un Vérificateur qui ne
rétablirait pas la véracité de ses états financiers
pour des compagnies inscrites en Bourse alors que ces faits seraient connus.
Votre recommandation, je l'appuie, mais ça nous fait nous reposer une
question sur la signature du Vérificateur général sur les
états financiers de la SDI, le 5 juin 1991, cependant.
M. Breton: On me dit que, cette année, ça va
être réévalué, effectivement.
M. DeBlois: Mais ces états financiers pourraient
peut-être... Puisque M. Bédard l'a dit tout à l'heure,
ça ne change en rien le bénéfice ou la perte de la
Société, parce que c'est garanti par le gouvernement.
M. Léonard: Oui.
M. DeBlois: D'accord?
M. Léonard: C'est ça.
M. DeBlois: Je suis d'accord que l'information manque au niveau
des états financiers du gouvernement, mais, pour la SDI, c'est une
entrée et une sortie lorsqu'elle perd. Elle facture le gouvernement,
à ce moment-là. (16 h 20)
M. Léonard: Très bien. Le problème que
ça pose, c'est celui du périmètre comptable de
l'activité «aide aux entreprises». Il y en a dans le
ministère de l'Industrie et du Commerce, il y en a dans la SDI et il y
en a dans d'autres sociétés d'État comme REXFOR. Dans le
cas de Matane, par exemple, c'est juste un bout, les 116 000 000 $. Le total de
l'implication du gouvernement là-dedans, d'après nos calculs,
c'est 292 000 000 $. Alors, les 292 000 000 $, que valent-ils? Comment
rétablir le périmètre comptable dans ce secteur? À
mon sens, c'est drôlement important. Ça, je pense que,
là-dessus, il y a des questions fondamentales à se poser sur la
façon de présenter l'information. C'est loin d'être
transparent parce qu'on a dû travailler pas mal pour essayer de
découvrir ce dont on parle maintenant.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle.
M. Bédard: Vous permettez, monsieur...
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous pouvez
répondre, M. Bédard.
M. Bédard: Je regarde Donohue Matane, au 31 mars. Il y a
deux choses que je voudrais clarifier. Dans un premier temps, les états
financiers de la SDI. Lorsqu'elle a des prêts et qu'ils sont garantis par
le gouvernement, il n'y a pas de risque dans les états financiers de la
SDI. Lorsqu'on signe l'opinion sur les états financiers de la SDI, le
Vérificateur doit se préoccuper du risque qui est apparent sur
les états financiers. Maintenant, il y a le risque aussi dans les
états financiers du gouvernement et lui aussi doit être
évalué.
Je regarde Donohue Matane. Au 31 mars, il y avait une garantie de
prêt et cette garantie de prêt a été
exécutée plus tard par la SDI. On l'a convertie en prêt
pour un montant, je crois, de 116 000 000 $, mais après le 31 mars et
après le 5 juin, au moment où les états financiers ont
été signés par le Vérificateur
général. Évidemment, cette garantie de prêt qui a
été convertie en prêt pour la SDI devra être
évaluée à sa juste valeur au 31 mars 1992 lorsque la SDI
présentera ses états financiers. Mais, au 31 mars 1991,
c'était une garantie de prêt qui n'avait pas été
exécutoire.
M. Léonard: On se rend compte de l'évolution du
dossier.
M. Bédard: Très bien.
M. Léonard: Les 401 000 000 $ qu'il y a aux
états...
Le Président (M. Lemieux): Monsieur, s'il vous
plaît.
M. Léonard: ...c'est là-dessus que je pose des
questions. On doit s'en poser.
Déficit à la Commission de la
santé et de la sécurité du travail
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. M. le Vérificateur
générai j'aimerais vous... Ça va, M. le
député de Beauce? J'aimerais peut-être vous amener à
la page 78, c'est-à-dire la CSST, la Commission de la santé et de
la sécurité du travail. Je vais y aller d'un commentaire.
J'aurais peut-être une ou deux questions relativement à la CSST.
Vous n'êtes pas sans savoir que la Commission de la santé et de la
sécurité du travail a subi un déficit de l'ordre de 792
000 000 $ ou, si vous préférez, 791 875 000 $, comparativement
à 262 000 000 $ en 1990. elle avait obtenu des surplus respectifs de 213
000 000 $ et 103 000 000 $ en 1989 et 1988. on fait état que cette
détérioration des finances serait en grande partie due à
la situation économique puisque les revenus de cotisation ont
été inférieurs de 221 000 000 $ à ceux de
l'année précédente. par contre, ce qui est curieux, c'est
qu'on note que le nombre de victimes d'accidents ou de maladies a
diminué, passant de 202 000 en 1990 à 177 000 en 1991, ce qui
aurait dû se traduire tout au moins par une baisse - si on veut
être logique - des dépenses d'indemnisation. or, les
dépenses d'indemnisation ont augmenté de 401 000 000 $, soit une
hausse moyenne de 35 % par accidenté. en conclusion, c'est que
l'exercice financier de 1991 montre un excédent des dépenses,
comme je le disais tout à l'heure, d'environ 792 000 000 $ qui
s'explique par une baisse, sans doute, de 220 600 000 $ des cotisations des
employeurs. mais ce qui est plus inquiétant, c'est que les coûts
des programmes de réparation, eux, ont augmenté de 400 900 000
$.
Ma question est la suivante... Lorsque je regarde le bilan financier qui
a été présenté à la conférence de
presse du président de la CSST, je me rends compte que les frais
d'administration ne sont pas mis en cause puisqu'ils passent en 1991 à
10 556 000 $ après 12 115 000 $ en 1990. Ce que j'aimerais savoir de
vous: Est-ce que la prise de mesures administratives, à vos yeux,
pourrait être suffisante pour freiner l'explosion des dépenses
à la CSST, première question? Est-ce que c'est suffisant de
prendre des mesures de type administratif?
Ma deuxième question est la suivante: Est-il nécessaire,
vraiment, d'amender la loi? Ma troisième question: À
défaut d'amender la loi, ne risque-t-on pas d'y voir un déficit
l'an prochain qui sera tout aussi équivalent et du même ordre que
792 000 000 $? Alors, c'est les trois questions que j'aurais à poser, M.
le Vérificateur général.
M. Breton: Les prises de mesures administratives peuvent
améliorer quelque peu le processus, mais ce qu'on constate - et je me
réfère à la présentation du
président-directeur général, à sa conférence
de presse, dont j'ai reçu copie... Je me réfère au fait
que, principalement, c'est le coût de la réparation qui a
augmenté. Sans doute qu'une des raisons qui justifient cette
augmentation du coût, c'est le contexte économique qui transforme
la CSST en un organisme qui devient complémentaire ou qui se substitue,
dans certains cas ou pour certains, à la commission de
l'assurance-chômage. Des gens qui ont droit à de la
réparation peuvent être tentés de demeurer un peu plus
longtemps dans le programme compte tenu que leur ancien employeur, où
ils auraient le droit de retourner travailler, n'est peut-être plus en
affaires. Donc, avant de revenir à l'assurance-chômage, on
étire aussi longtemps que possible ce processus. Nous avons, sur une
base individuelle, des cas particuliers qui nous sont racontés, pas
nécessairement documentés, mais à l'effet que des gens,
sentant venir la chute d'une entreprise, se blessent soudainement au dos et
s'en vont à la CSST parce que c'est plus payant que
l'assurance-chômage. Donc, la conjoncture actuelle porte les gens
à préférer la CSST à l'assurance-chômage,
d'une part. Ce n'est pas généralisé, évidemment, et
je ne voudrais pas qu'on prenne ça comme étant une attitude
universelle, mais il y a des resquilleurs qui agissent de cette
façon.
Dans le même contexte de la structure économique, il est
plus difficile, certainement, pour un médecin de couper court à
une période de réparation lorsqu'il est au courant de l'effet
économique que cela aura sur son patient. On me dit, d'autres sources,
que les médecins n'apprécient pas nécessairement
d'être obligés de se plier à toute la gymnastique
d'analyser la situation des gens qui reçoivent de la réparation,
de remplir les formulaires et, surtout, de tran- cher sur cet aspect
économique de la situation. Ça ne leur plaît pas
nécessairement. Ils le font parce que c'est socialement obligatoire de
le faire, mais ça n'aide pas non plus à avoir, je ne dirais pas
une obligation, mais le goût d'être économe.
Donc, les coûts à l'unité sont plus
élevés, sans doute à cause de ces deux raisons, et toutes
les prises de mesures administratives vont permettre de cerner un peu plus ces
situations. Elles vont permettre d'élaguer des abus qu'il y a dans le
système. Vous me demandiez s'il faut amender la loi. Je pense que...
Le Président (M. Lemieux): À savoir, s'il n'y a pas
d'amendement à la loi, est-ce que, l'an prochain, on risque de se
retrouver avec le même problème: un déficit tout aussi
élevé, de l'ordre de 792 000 000 $? Je suis bien conscient que la
question est...
M. Breton: Les conditions, pour l'an prochain, semblent
identiques à celles de l'an dernier. Malgré, encore une fois, les
mesures administratives que la Commission pourra mettre en place, il est peu
probable qu'elle réussisse à contrôler ou à diminuer
l'ampleur du prochain déficit d'une façon très
appréciable. C'est peu probable.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, est-ce que vous avez une question relativement à ça ou
si vous voulez prendre vos 20 minutes?
M. Chevrette: Ce n'est même pas 20 minutes, mais je vais
prendre quelques minutes.
Le Président (M. Lemieux): Vous devez aller en
Chambre?
M. Chevrette: Sur un autre sujet.
Le Président (m. lemieux): sur un autre sujet. alors, je
peux vous céder la parole, à la condition de conserver mon temps
de parole. je n'ai pas encore terminé. si m. le député de
labelle le permet, si vous voulez faire vos deux ou trois minutes tout de
suite, si vous avez d'autres fonctions parlementaires, je vais vous
accommoder.
M. Chevrette: C'est parce que je suis en motion en censure.
Le Président (M. Lemieux): Ah bon!
M. Léonard: Juste une chose, à la condition que le
temps de parole du député de Vanier ne dépasse pas 20
minutes.
Le Président (M. Lemieux): Entièrement d'accord
avec ça. Ah oui! D'accord. C'est pour
accommoder M. le député de Joliette.
M. Léonard: Très bien. Je ne perds pas mon tour de
parole pour autant.
Le Président (M. Lemieux): Je suis entièrement
d'accord avec ça.
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: D'ailleurs, ce que j'ai entendu depuis quelques
heures au micro ou au perroquet, ça a l'air très
intéressant, vos discussions ici, en particulier, sur la SDI. Dommage
que vous ne soyez pas appelés à vérifier
Hydro-Québec. Vous pourriez fouiller dans les contrats secrets.
Ça pourrait être intéressant.
M. Breton: On aimerait bien ça. (16 h 30)
M. Chevrette: Nous autres aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Nous autres aussi. Je pense qu'on aurait 225 000
000 $ de pertes à la SDI, 240 000 000 $ et quelques avec les contrats
secrets. Vous pourriez peut-être fouiller dans les réparations de
ponts aussi. Ça serait intéressant.
Corporation d'urgences-santé
Moi, je suis venu surtout pour vous poser quelques questions sur
Urgences-santé. Un dossier que je suis de très près depuis
quelques années. Mes collègues ici, des deux côtés
de la Chambre, en savent quelque chose. L'an passé, vous aviez eu des
remarques très directes sur le mode de gestion, sur des
dépassements administratifs de l'ordre de 2 000 000 $ non
autorisés, etc.
M. Breton: Oui.
M. Chevrette: également sur des sommes assez importantes,
par exemple, qui étaient appliquées dans le cadre exclusivement
d'ententes verbales avec... naturellement, ça aurait dû être
la coopérative des techniciens ambulanciers. mais je suis resté
sur mon appétit à lire vos deux pages, cette année,
d'autant plus que j'ai en main un document qui émane non pas de vous...
c'est-à-dire que je l'ai reçu, mais non de vous. je l'ai
reçu du conseil d'administration de la corporation
d'urgences-santé. c'est un document qui a été
envoyé à m. pierre lamarche, le 10 janvier 1992, et qui est assez
élaboré, lui.
Tout d'abord, ma première question: Est-ce que vous êtes en
train de faire une vérification intégrée
d'Urgences-santé à partir du document qui émane de vous,
signé par M. Alain Drouin? Est-ce que c'est un projet de
vérification intégrée que vous voulez faire? C'est quoi?
Vous savez, ce document...
M. Breton: M. Drouin étant à côté de
moi, il pourrait vous répondre directement sur la nature du travail
qu'il a fait.
M. Drouin (Alain): Ce n'est pas réellement une
vérification intégrée.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous
identifier?
M. Breton: M. Alain Drouin.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va.
M. Drouin: Ce n'est pas réellement une vérification
intégrée dans le sens du terme qu'on y accorde habituellement.
C'est qu'on a déterminé deux projets de vérification a
priori qu'on a annoncés au conseil d'administration et nous sommes
présentement à l'étape de la validation de rapports. Comme
le rapport que vous avez entre les mains en fait mention, il y a seulement un
projet de vérification qui a pu être continué, étant
donné diverses circonstances hors de notre contrôle.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez été amené
à suivre de près l'évolution de la faillite technique
jusqu'à l'achat par le ministère de la Corporation
d'Urgences-santé... des techniciens en ambulance?
M. Drouin: Pas suivre de près réellement. Bien
entendu, c'est au niveau de la location des ambulances, qui était
auparavant assurée par la coopérative auprès de la
Corporation. Comme vous êtes bien informé, vous savez qu'en date
du 25 novembre 1991 la Corporation est devenue propriétaire des
véhicules ambulanciers, et c'est à ce titre-là...
M. Chevrette: Ce qu'on avait prévu, d'ailleurs, deux ans
avant.
M. Drouin: D'ailleurs. Oui, effectivement. Nous sommes
présentement en train d'étudier le nouveau contrat qui est
survenu en novembre 1991, mais dans le cadre de la vérification pour
l'exercice qui s'est terminé le 31 mars 1992.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez étudié la
proposition concordataire?
M. Drouin: Nous l'avons examinée, mais pas vraiment
étudiée à ce moment-ci.
M. Chevrette: Est-ce que ça ne fait pas partie de vos
préoccupations? C'est quand même
17 000 000 $, je crois, en tout, que le gouvernement a dû payer
comme gaffe, comme folie furieuse. Est-ce que ça fait partie de vos
préoccupations de regarder cela?
M. Breton: Je crois qu'il faut noter que nous sommes en plein
dans la vérification, en ayant débuté en janvier avec ce
rapport, pour annoncer ce que nous avions l'intention de faire. Ayant
constaté qu'on ne pouvait pas faire les deux projets qui étaient
annoncés, un seul, nous sommes dans la vérification et, pour
l'instant, il nous serait difficile de vous donner des résultats.
M. Chevrette: Mais c'est plus que ce que vous faites
habituellement comme étude?
M. Breton: Non. Une vérification intégrée
couvrirait plus de sujets que ce qui est prévu dans ce projet-là.
On est obligés, à toutes fins pratiques, de faire un focus pour
l'instant, pour aller à l'essentiel, tout en se rappelant que l'an
dernier vous aviez attiré notre attention sur le sujet. C'est de cette
façon que, dans une tentative de répondre à vos
préoccupations également, on a voulu faire un travail.
Maintenant, on sait dans quelles circonstances la situation évolue entre
Urgences-santé et... Donc, on fait l'essentiel, si vous voulez, ou, en
tout cas, un début pour avoir quelque chose à vous dire mais,
littéralement, dans le prochain rapport.
M. Chevrette: Je ne suis pas habitué tellement de venir au
rapport du Vérificateur mais...
Le Président (M. Lemieux): Vous devriez venir plus
souvent, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: C'est vrai. J'aimerais ça à part
ça parce que j'aurais des suggestions à vous faire. J'aimerais
ça que vous suggériez les coûts du nouveau système
qu'on veut implanter à Urgences-santé parce qu'il n'y a pas un
membre du conseil d'administration qui a encore l'information. Ce
système semble être, à toutes fins pratiques, acheté
- Clawson, le système Claw-son - et il n'y a moyen d'avoir, nous, aucune
information sur les coûts, sur le processus d'achat. Comment il se fait
qu'il n'y a pas eu de décision, jusqu'à maintenant, du conseil
d'administration, que ses membres n'en ont même pas été
informés, malgré les questions qui ont été
posées? On voudrait savoir ce qui se brasse là parce que c'est
quand même, encore là, des gros sous. C'est des modifications dans
le mode de gestion, c'est du personnel qui changera de fonctions. Il
m'apparaîtrait important que le Vérificateur général
puisse regarder cela. On me dit que c'est acheté même, ou sur le
point, et il n'y a même pas de décision du conseil
d'administration. Ça nous apparaît drôle d'agir de la sorte,
ça a l'air d'être des méthodes administratives pour le
moins non transparentes. On aimerait que ça soit fouillé,
cela.
Je peux vous dire que, nous autres, on est même devant la
Commission d'accès pour essayer d'avoir des informations
là-dessus et, puis, il n'y a moyen d'avoir rien. Ça
m'apparaît plutôt louche parce que les systèmes, ça
peut se commander, ça, par soumission publique, il me semble, et
j'aimerais ça... Sans que ce soit une personne fichée qui l'a
vendu - parce qu'on parle de fiche aujourd'hui - ça serait
peut-être intéressant de savoir de qui ça a
été acheté, comment les négociations sont faites,
comment il se fait que le conseil d'administration n'est pas dans le coup.
C'est quand même une société créée en vertu
d'une loi qui est soumise au système administratif, aux règles de
l'art en administration et j'aimerais ça qu'on puisse gratter ce
point-là.
La deuxième chose: Est-ce qu'on a attiré votre attention
sur le fait que beaucoup d'employés auraient reçu des formules
TP7, supposé-ment pour de l'argent qu'ils auraient versé à
leur coopérative et qu'ils n'ont jamais versé? D'autre part, ils
auraient reçu des TP7 comme quoi ils auraient versé 1100 $, 1200
$, 700 $. Ils n'ont jamais versé un cent et ils ont reçu des TP7.
Vous n'avez pas été avertis de cela?
M. Breton: C'est la première fois qu'on en entend parler.
On va...
M. Chevrette: On vous fournira même un TP7, M. le
Vérificateur, par la poste, avec un affidavit...
M. Breton: D'accord.
M. Chevrette: ...qui démontre qu'un individu a reçu
des TP7 sans qu'il n'ait eu à verser un sou parce que ceci c'est de
l'argent que le trésor public doit verser, quand tu peux déclarer
au niveau de ton rapport d'impôt...
M. Breton: La coopérative n'est pas sous notre juridiction
de sorte que...
M. Chevrette: Non, mais étant donné que les
salaires de l'ensemble des techniciens sont versés entièrement
par Urgences-santé...
M. Breton: Oui.
M. Chevrette: ...ça devient verifiable. Ce n'est pas une
coopérative au sens de... Ils sont propriétaires de la
tôle, ils ne sont pas propriétaires des travailleurs. Les
travailleurs sont devenus des employés parapublics en vertu de la loi
sur Urgences-santé, ils ont tous été
transférés à Urgences-santé. L'ensemble des
salaires et des bénéfices marginaux est versé par
Urgences-santé, donc par l'État.
M. Breton: Oui.
M. Chevrette: Si l'État verse l'ensemble des salaires et
des bénéfices marginaux et qu'en plus il voit une
coopérative qui, sur le plan du matériel, donne des TP7 à
ses employés qui n'ont jamais versé un cent, c'est toujours le
public qui, en plus de verser tous les salaires à ces individus, voit le
trésor public potentiellement participer à une fraude. Moi, je
vais jusque-là dans mon propos: Ça devient une fraude envers le
trésor public! Si jamais... en tout cas, nous autres, on va vous
l'envoyer.
M. Breton: Oui.
M. Chevrette: Je comprends que vous devez oeuvrer, vous autres
aussi, dans le cadre des juridictions précises qu'ils vous ont
transmises, je ne vous demande pas de déroger aux règles...
M. Breton: Oui, oui.
M. Chevrette: ...ce n'est pas ça. Mais je sentais le
besoin, aujourd'hui, de vous dire ceci parce que ça m'apparaît
être purement de la fraude si tel cas est vrai. Personnellement, je ne
parle pas à travers mon chapeau, je parle à partir d'un affidavit
que je vous ferai parvenir...
M. Breton: Oui.
M. Chevrette: ...d'un travailleur...
M. Breton: D'accord. (16 h 40)
M. Chevrette: ...et, également, d'un TP7 en bonne et due
forme qui démontre qu'il a reçu cela, qu'il a pu le
déduire de l'impôt et qu'il ne l'a jamais versé. À
mon point de vue, c'est de la fraude! Une société d'État
qui paie l'entièreté des salaires ou des bénéfices
marginaux à ce type de salarié, on ne peut quand même pas
aller jusqu'à pousser le ridicule pour se voler soi-même, se faire
voler soi-même sans réagir.
Ça fait quelques mois que j'ai attiré l'attention du
groupe ministériel là-dessus. J'ai demandé une
enquête, je n'en ai pas eu. J'ose espérer que, par votre biais, il
serait peut-être intéressant de voir jusqu'à quel point, en
tout cas, la loi vous permet de fouiller cet aspect-là,
également, du dossier.
M. Breton: Nous allons jeter un coup d'oeil, certainement...
M. Chevrette: Je vous remercie.
M. Breton: ...sur la situation.
M. Chevrette: À part de ça...
M. Breton: Et, si nécessaire, nous verrons de quelle
façon le ministère du Revenu doit, également,
réagir, parce que c'est l'utilisation frauduleuse de documents du
ministère du Revenu. Mais nous allons voir ce que, nous-mêmes,
nous pouvons faire...
M. Chevrette: C'est évident que, s'il y avait...
M. Breton: ...ou la façon dont on devrait intervenir.
M. Chevrette: ...une enquête globale dans ce
dossier-là, on en découvrirait bien d'autres, mais je veux rester
au niveau de l'administration des finances. S'il fallait que j'embarque dans
l'ensemble de la gestion d'Urgences-santé, je pense qu'il y en a
plusieurs autour de la table dont les yeux s'écarquilleraient, ils
comprendraient l'urgence d'agir dans ce dossier parce que les méthodes
de relations du travail sont terribles, la gestion du personnel,
épouvantable... Je n'ai jamais vu une directrice du personnel, par
exemple, dans aucune compagnie, faire des jobs dans une coopérative avec
qui tu as un contrat, obliger des gens à changer de camp... On a tout vu
dans ça.
Donc, moi, je m'en tiendrai... Je me permets de passer un petit message
quand même à d'autres, par votre intermédiaire, mais je
pense que le ministère du Revenu aurait avantage aussi à y mettre
le nez parce que c'est quand même des gros sous, en bout de liste. La
faillite seulement, c'est 17 000 000 $, donc... En plus de ça, c'est la
SDC - j'attire votre attention là-dessus - qui a subventionné
cette coopérative. C'est donc encore notre argent. C'est le Fonds de
développement coopératif qui a donné 2 000 000 $ ou 3 000
000 $ de subvention. Donc, là, on se vait voler sur tous les bords. On a
prêté sachant que ça échouerait; on rachète
sachant qu'on serait forcé de racheter; et, en plus, il y a des TP7
là. Écoutez, on a assez graissé de monde dans ça et
il y a assez d'incompétence étalée et de manque de rigueur
dans la gestion pour qu'on réagisse. En tout cas, c'est notre
rôle, nous, comme parlementaires, quand on sait ces choses, de les dire.
Je vous remercie.
M. Breton: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Joliette. Il me restait combien de temps, madame? Sept
ou huit! Alors, il me reste sept minutes, douze minutes, O.K.! Ça va, il
n'y a pas de problème!
Centre de recherche industrielle du
Québec
M. le Vérificateur général, relativement au Centre
de recherche industrielle du Québec, vous avez certains commentaires au
point 5.34. Alors, il s'agit de la page 74, le CRIQ, si je comprends
bien. C'est ça? Alors, on dit: «En vertu de la Loi sur le
Centre de recherche industrielle du Québec "le secrétaire ainsi
que les autres fonctionnaires et employés du Centre sont nommés
et rémunérés d'après les effectifs, normes et
barèmes établis par règlement du Centre. Ce
règlement n'entre en vigueur qu'après avoir été
approuvé par le gouvernement." Selon la Loi sur l'administration
financière, le Conseil du trésor exerce les pouvoirs du
gouvernement pour l'approbation du plan d'organisation - (POAS) - des
conditions de travail ainsi que de l'effectif requis pour la gestion des
organismes du gouvernement.»
Or, au point 5.35, vous dites: «Comme nous l'avions
mentionné à notre Rapport à l'Assemblée nationale
de l'an dernier (p. 75-76), le Centre rémunère une vingtaine de
ses employés comme appartenant à la catégorie d'emploi
"technologue en recherche et développement". Bien que cette
classification ne soit toujours pas incluse au Règlement sur les
effectifs, normes et barèmes du Centre, celui-ci a poursuivi cette
pratique au cours de l'exercice financier 1990-1991.»
Ma question est la suivante: Est-ce que... c'est à dire qu'on
fonctionne sans autorisation du Conseil du trésor? Comment on fait pour
fonctionner comme ça? On agit dans l'illégalité?
M. Breton: On a créé, temporairement, cette
classification pour... Ils se sont créé, temporairement, cette
classification sans que le Conseil du trésor ne l'ait encore
approuvée. Le Conseil du trésor en est toujours à
étudier, analyser la façon d'écrire ou de
reconnaître cette classification.
Le Président
(m. lemieux): si je comprends bien, on
paie sans même avoir été autorisé par le conseil du
trésor. vos commentaires à ce sujet-là.
M. Breton: C'est de la non-conformité aux
règlements et aux lois.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez avisé le
Centre de recherche industrielle du Québec?
M. Breton: Mais c'est la deuxième année qu'on le
répète.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Breton: Ils ont eu un rapport à la gestion l'an dernier
pour leur signaler. D'ailleurs, leur réponse nous dit bien clairement ce
qu'ils en pensent.
Le Président (M. Lemieux): Le Conseil du trésor a
accepté de d'analyser de façon définitive, mais ça
fait deux ans?
M. Breton: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Ils opèrent tout de
même de cette façon-là.
M. Breton: C'est ça. Ils ont commencé à
payer immédiatement sans attendre que le Conseil du trésor ne se
prononce.
Commission des normes du travail
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va, merci.
Commission des normes du travail - seulement une dernière petite
question - 5.82. Alors, mandat et portée de notre vérification.
Vous dites: «Nous nous sommes assurés que la Direction de la
vérification interne de la Commission avait effectué sa
vérification conformément aux normes et aux pratiques
généralement reconnues en vérification de l'optimisation
des ressources et, aussi, qu'elle avait respecté l'objectif qu'elle
s'était fixé. Notre examen avait aussi pour but de
déterminer dans quelle mesure la vérification faite par la
Commission pouvait influer sur la nature, la portée et le calendrier de
nos propres travaux de vérification, ainsi que de vérifier si la
Commission se conformait à la directive du Conseil du trésor
concernant la vérification interne.»
Est-ce que vous pourriez nous expliquer là, dans une
première phase, dans un premier temps, l'impact de cette
vérification sur vos propres travaux de vérification et, dans un
deuxième temps, dans quelle mesure vous favorisez ce genre de travaux
effectués par l'interne plutôt que par votre propre
organisation?
M. Breton: En principe, nous sommes heureux qu'un organisme, via
sa vérification interne, procède à ce type de
vérification. Quand nous procédons à une
vérification intégrée, nous nous substituons,
jusqu'à un certain point, au gestionnaire pour évaluer son
efficacité de gestion. Il serait plus naturel que le gestionnaire le
fasse lui-même et qu'il en fasse une déclaration en fin
d'année pour rapporter l'état ou l'efficacité de sa
gestion. Évidemment, pour que le gestionnaire le fasse, il faut que,
d'une part, il se donne des outils qui lui procurent l'information pour
être capable de faire cette déclaration. D'autre part, il est bon
que l'unité de vérification interne procède à des
études, peut-être un peu plus exhaustives, pour démontrer
d'une façon encore plus évidente l'état d'avancement de la
recherche de l'efficacité. Évidemment, l'impact que ça a
sur notre vérification c'est que, s'ils le font bien, on peut se fier
à leurs résultats. Partant de là, on peut se contenter,
dans la mesure où on est satisfaits de la qualité du travail, de
relayer les messages importants à l'Assemblée nationale, si on le
juge à propos. Ça a comme impact, évidemment, de diminuer
aussi notre implication.
Lorsque le travail n'est pas du niveau de qualité qu'on pourrait
espérer, l'impact, pour
nous, c'est - sans nécessairement reprendre toute
l'opération - quand même d'aller valider les tranches
d'opération pour lesquelles on juge qu'il y avait des matières
intéressantes à connaître, mais qui n'ont peut-être
pas été analysées d'une façon adéquate.
Donc, on pourrait faire un effort spécial de ce
côté-là. Ça pourrait, de cette
façon-là, aussi, avoir un impact pour nous.
Le Président (M. Lemieux): la commission des normes du
travail est un exemple à donner au niveau du concept de la
qualité totale, si je comprends bien?
M. Breton: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a beaucoup
d'organismes qui ont agi comme ça?
M. Breton: Pardon. La Commission des normes du travail est un
organisme exemplaire dans cette préoccupation de la recherche de la
qualité. Elle a d'ailleurs fait l'exercice proposé par les
théoriciens du contrôle de la qualité totale pour mettre en
place la qualité totale dans son organisation. La CNT, ensuite, a
réalisé une vérification d'optimisation via son personnel
interne, de vérification interne, et c'est en grande partie les
résultats de cette vérification que nous avons reproduits cette
fois-ci, à titre d'exemple pour les autres qui voudraient faire d'une
façon semblable. (16 h 50)
Présentement, la CNT procède à un projet-pilote
pour préparer des déclarations de la direction. Au moment
où je vous parle, ce projet est interne, en ce sens que les
déclarations seront faites à l'interne pour les fins internes.
Nous espérons de notre côté que, si le projet se
déroule bien, la CNT ira aussi loin que de faire des déclarations
à l'externe, de la même façon que le Musée de la
civilisation a fait des déclarations sur son efficacité dans son
rapport de l'année 1991, rapport qui est allé d'une façon
telle que nous nous sommes trouvés justifiés de donner une
opinion sur la fiabilité des faits notés dans ce rapport annuel.
Si vous le désirez, je pourrai vous laisser copie du rapport annuel qui
a déjà été déposé à
l'Assemblée nationale, dans lequel j'atteste que les données
citées par les gestionnaires dans leur rapport annuel sont
véridiques parce que nous sommes satisfaits qu'ils ont en place des
systèmes d'accumulation d'information, pour colliger l'information qui,
pour nous, sont satisfaisants et qui reflètent la réalité
des choses. Donc, lorsque les gestionnaires disent: Nous atteignons tel taux,
tel prix au pied carré pour présenter des expositions, c'est un
chiffre qui est valable. Lorsqu'ils disent: Ce prix se compare avec ceux
d'autres musées, c'est une comparaison valable parce que nous sommes
satisfaits que l'information a été bien préparée,
bien coiligée.
Évidemment, nous ne nous prononçons pas sur
l'interprétation que les gestionnaires tirent de ces données.
Mais, au départ, les données sont fiables. Quand on parle des
déclarations de la direction que les gestionnaires pourraient
présenter, le complément à ce concept, c'est
qu'éventuellement, sur une certaine base cyclique, le
Vérificateur général atteste de la fiabilité des
faits bruts qui sont présentés dans ces déclarations sans
jamais se prononcer sur l'interprétation qu'il faut leur donner. Je dis
bien «sur une base cyclique» parce que je ne peux pas m'engager,
avec les ressources actuelles, à attester de ces déclarations de
la direction sur une base annuelle. C'est une opération quand même
qui, sans être aussi pesante qu'une vérification
intégrée, nous demande de nous assurer que les systèmes de
cumulation d'information sont en place. Ce ne sont plus des systèmes
commerciaux, ce ne sont plus des systèmes financiers, ce ne sont plus
nécessairement des systèmes purement mathématiques. Si on
donne des systèmes qui accumulent l'information sur le degré de
satisfaction de la clientèle, ça présuppose que
l'entreprise s'est donné des outils pour mesurer la satisfaction de sa
clientèle - questionnaire à la porte quand les clients quittent,
sondages auprès du grand public, etc. Donc, ce sont des outils
très différents de la comptabilité et il faut, pour nous
aussi, s'assurer que ce ne sont pas des outils fictifs.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie,
monsieur...
M. Breton: Mais...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
Vérificateur?
M. Breton: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Alors, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Oui. M. le Président, M. le
Vérificateur, juste une remarque. En ce qui concerne le Centre de
recherche industrielle, en passant, parce que j'avais lu ces pages 74-75, mais
il y avait aussi une note assez savoureuse sur la facturation des comptes des
clients au CRIQ, où vous dites au Centre de recherche industrielle qu'il
devrait s'assurer que la facturation est bien documentée, que les
ententes convenues sont bien documentées et que la facturation est
conforme à ces ententes. Moi, ce que j'ai trouvé le plus
savoureux, c'est la réponse. Je vais la lire à la commission.
La réponse, c'est ceci: «Le Centre traite avec des
entreprises des secteurs privé et public. Pour satisfaire sa
clientèle, le Centre doit se plier à certaines exigences de ses
clients. C'est
dans ce contexte que la facturation ne respecte pas toujours les
ententes écrites; cependant, ces écarts sont
généralement appuyés par des demandes verbales des
clients. À l'avenir, nous ferons en sorte que les demandes verbales
soient bien consignées aux dossiers. Le Centre a déjà pris
les mesures nécessaires pour une meilleure perception des
créances à recevoir.»
Je ne sais pas ce que vous pensez de cette réponse, mais elle
fait sourire. - De dire que ça se fait verbalement et qu'il y a des
pressions des clients ou des exigences des clients, j'ai l'impression que
ça se passe un peu partout.
M. Breton: Si vous me permettez, on me signale que ce ne sera
plus seulement une consignation d'ententes verbales, que c'est maintenant
corrigé.
M. Léonard: C'est corrigé?
M. Breton: C'est corrigé, à ce qu'on me dit.
M. Léonard: J'ai juste deux questions rapides en ce qui
concerne le ministère de l'Industrie et du Commerce. L'an dernier, vous
aviez signalé qu'il y avait eu une somme de 25 000 000 $ qui avait
été reportée au dossier par une entente qui n'a pas
été consignée à l'Assemblée nationale. Il
s'agit bien du ministère de l'Industrie et du Commerce. Vous aviez
demandé, en 1990, que le ministère soumette à
l'approbation de l'Assemblée nationale les différentes formes
d'aide financière qu'il accorde aux entreprises. Est-ce que cela a
été fait? Est-ce que cela, aussi, est impliqué dans le
montant de 44 000 000 $ qui apparaît au MIC cette année, dans le
livre des crédits, à côté de 76 000 000 $ pour
l'année 1992-1993, ce qui est un nouveau poste au ministère de
l'Industrie et du Commerce? Ça vient d'apparaître dans les livres
et j'ai l'impression qu'il s'agit là d'une chose importante qui est
faite présentement. Est-ce qu'il y a une relation entre les 25 000 000
$, les 44 000 000 $, les 77 000 000 $ ou si ce sont deux questions très
nettement séparées? Quel traitement a été fait dans
l'un et l'autre cas?
M. Breton: On me dit qu'on n'a pas fait spécifiquement de
suivi là-dessus, mais, cette fois-ci...
M. Léonard: Sur les 25 000 000 $?
M. Breton: Oui.
M. Léonard: II n'y a pas eu de suivi? M. Breton:
Non.
M. Léonard: C'est resté sous la table. Une
prolongation de cinq ans pour 25 000 000 $, sans problème.
J'espère qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts
là.
M. Breton: on espère, nous aussi. de fait, on fait
toujours un suivi de nos travaux et, dans certains dossiers, le suivi se fait
18 mois ou 30 mois après la fin de l'année. dans le cas
présent, on n'a pas fait de suivi.
M. Léonard: II n'a pas encore été fait.
M. Breton: II n'est pas encore fait. M. Léonard: O.K. La
deuxième... Oui?
M. Bédard: À l'égard des suivis, je pense
que c'est important. On a une politique, au Vérificateur
général, à l'égard des suivis pour justement
rassurer les parlementaires au sujet des recommandations que nous avions faites
les années précédentes, sauf qu'on trouve que faire un
suivi immédiatement après qu'une vérification a
été complétée ça ne donne pas assez de temps
aux gestionnaires pour mettre en place les recommandations...
M. Léonard: O.K. Donc, un délai.
M. Bédard: ...de sorte qu'on le fait... Pardon?
M. Léonard: Le délai n'est pas terminé.
M. Bédard: Bien, on trouve qu'on donne des délais
raisonnables.
M. Léonard: Très bien. Est-ce que vous avez
examiné, dans le livre des crédits qui vient d'être
déposé au mois de mars, ce nouveau poste qui apparaît au
ministère de l'Industrie et du Commerce: 44 000 000 $ pour
l'année 1991-1992 et 77 000 000 $ pour 1992-1993?
M. Breton: Non.
M. Léonard: De sorte que le Vérificateur ne sait
pas non plus, comme nous, ce que ça veut dire. On étudiera
ça aux crédits.
M. Breton: De fait, quand nous analysons les comptes publics,
nous sommes portés à aller voir ces choses, mais, au moment
où se dépose le budget ou le livre des crédits, il n'y a
pas d'étude spécifique que nous faisons, en tout cas, pas encore
pour l'instant.
M. Léonard: Très bien. Je voudrais juste conclure
sur la SDI quand même parce que c'est un organisme qui a
été l'objet d'une demande... un mandat d'initiative. Nous
espérons que le gouvernement jugera important que la SDI vienne devant
la commission. Je suppose que, étant donné que
l'imputabilité interne n'a pas l'air trop trop solide, à un
moment donné, on pourrait
poser des questions sous l'angle imputabilité externe. Je suppose
bien qu'il n'y a personne qui va s'opposer et que les députés de
la majorité vont insister très lourdement pour qu'on entende ici
la SDI.
Je suppose que, pour l'apôtre de la qualité totale, ce
serait important qu'il vienne nous en parler ici parce que j'ai l'impression
qu'il y avait comme quelque chose qui n'était pas tout à fait de
cette nature dans la gestion de la SDI. Je pense que si on parle de
qualité totale, quand on fait des grands discours dans le public, on
devrait quand même se poser la question, à savoir si la gestion
qu'on fait soi-même est du ressort de la qualité totale. J'ai
l'impression qu'il y a quelques problèmes là et qu'ils durent
depuis longtemps. Si c'était juste un incident en passant,
peut-être que ça pourrait s'expliquer. Bien que, au gouvernement,
en termes de gestion publique, on doit répondre de tous ses actes,
là, je pense qu'il y a comme un défaut à plusieurs
égards. Sous plusieurs angles, la qualité totale fait
défaut. (17 heures)
Alors, j'ai hâte d'entendre l'apôtre de la qualité
totale. Et je suppose que ce mandat d'imputabilité externe va
s'étendre aussi à celui qui a précédé
l'actuel président de la SDI, parce que, au fond, l'actuel
président va juste dire une chose: Bien, c'était avant moi;
c'était avant moi, puis moi, j'ai pris d'autres dispositions pour que ce
soit bien administré. Je suppose qu'on devrait être en mesure
d'assister à un rétablissement considérable et
significatif à l'intérieur de la gestion de la SDI surtout que,
maintenant, il y a peut-être un président plus compétent.
Mais on pourra vérifier à l'occasion de l'imputabilité
externe. Maintenant, je pense que ce sont des remarques qui s'imposent
après l'examen que nous avons fait de la gestion de la SDI
aujourd'hui.
Maintenant, M. le Président, je peux continuer ou bien, si vous
permettez, est-ce que je peux donner la parole à M. Garon, le
député de Lévis?
Le Président (M. Lemieux): Je suis obligé de faire
respecter la règle de l'alternance. S'il y a consentement...
M. Léonard: Est-ce qu'il y a consentement de l'autre
côté?
M. Audet: M. le député pourrait terminer. On
reviendra...
M. Léonard: Non, mais je serais prêt à
laisser le reste de mon droit de parole au député de
Lévis.
Le Président (M. Lemieux): C'est-à-dire, je ne peux
pas transférer votre droit de parole au député de
Lévis. On ne peut pas faire ça, transférer votre droit de
parole. Alors, votre droit de parole vous appartient à vous, à
moins qu'il y ait consentement pour permettre au député de
Lévis d'intervenir et, ce faisant, vous perdez le temps... Comme je l'ai
mentionné dans les règles du début, le temps que vous
n'avez pas utilisé se transfère de l'autre côté.
M. Audet: Si je comprends bien, le consentement, c'est la
même chose que quand un député demande pour terminer sa
question même si son enveloppe de temps est terminée. C'est comme
ce matin.
Le Président (M. Lemieux): C'est de même nature, M.
le député de Beauce-Nord.
M. Audet: C'est de même nature. Étant donné
qu'on est bons joueurs, on va donner notre consentement.
Le Président (M. Lemieux): Consentement. M.
Léonard: II y a consentement?
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement.
M. Audet: Étant donné qu'on est bons joueurs, nous,
on va donner notre consentement.
M. Léonard: M. le député de
Lévis.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Léonard: Merci bien.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez 20 minutes, M. le
député de Lévis.
Surplus accumulés à la
Société de l'assurance automobile du Québec
M. Garon: M. le Président, je vous remercie. Je vois que
vous étiez en train de parler de vérification. Vous savez que,
s'il y a un domaine qui est sur la sellette ces temps-ci, c'est bien le domaine
de la comptabilité et de la vérification, avec les fraudes qu'ont
commises des gens comme M. Maxwell, où, apparemment, on détourne
jusqu'à 1 000 000 000 $ des fonds de pension puis que les comptables ne
s'en aperçoivent pas, s'ils ne sont pas complices à l'affaire.
Vous savez qu'un numéro récent de la revue Time montre
à quel point, s'il y a quelque chose, actuellement, sur le plan du
public, où on se demande si le public est vraiment protégé
par un ordre professionnel, c'est bien ce secteur-là, actuellement.
Mais, comme je suis un de ceux qui ont déjà fait
déclencher une enquête sur Madeli-pêche, qui ne concernait
pas la pêche - je pense que 95 % des recommandations touchaient le
do-
maine de la vérification et de la comptabilité, puis
l'éthique professionnelle des comptables... Alors, il y a un dossier sur
lequel je voudrais revenir concernant une fonction qui vous est dévolue
par rapport à la Société de l'assurance automobile du
Québec. Je le voudrais, sans qu'on se ferme les yeux, en tenant compte
de ce que vous avez dit en 1990 et en 1991.
En 1990, vous avez dit: «La Société a l'obligation
légale de ne percevoir des contributions auprès de sa
clientèle que pour ses besoins. En conséquence, elle doit se
pourvoir de normes précises en ce sens pour la guider lorsqu'elle
décide de constituer une réserve de stabilisation et de
l'alimenter au moyen des contributions d'assurances qu'elle est
autorisée à percevoir. La Société doit voir
à ce que ses contributions n'excèdent pas ses besoins
financiers.» Donc, les gens ne paient pas plus que les besoins de la
Société. Vous avez également, dans votre rapport de 1991,
dit: «La Société devrait effectuer une revue en profondeur
de l'ensemble des hypothèses et des méthodes utilisées
pour l'évaluation de sa réserve actuarielle afin de mieux
refléter son engagement envers les victimes d'accidents
d'automobile.»
Vous avez sans doute entendu parler également des opinions
juridiques qui ont été données à la demande du Club
automobile par un bureau d'avocats et un professeur de l'Université
Laval, Me Patrice Garant, sur le droit du gouvernement de faire des ponctions
de plus de 1 000 000 000 $ dans la caisse de l'assurance automobile pour des
fins autres que l'assurance, alors que la loi n'autorise la
Société de l'assurance automobile de collecter de l'argent que
pour des fins d'assurance.
Jusqu'à maintenant, j'ai remarqué que, dans
différents documents que le Vérificateur général a
fournis ou dans des réponses que les gens ont données, on se
cache. Par exemple, dans votre rapport de 1990, dans le rapport sur la
Société de l'assurance automobile, la Société n'a
pas à commenter les décisions de l'Assemblée nationale,
sauf qu'il y a des lois qui disent comment dépenser l'argent, mais il y
a des lois qui disent comment collecter l'argent. Et la loi dit bien clairement
que la Société n'a pas le droit de collecter de l'argent pour
d'autres fins que l'assurance. C'est basé là-dessus que ces deux
opinions juridiques disent que non seulement ce que fait la
Société de l'assurance automobile, verser des sommes d'argent au
ministre des Finances, est illégal, mais ça ne pourra pas
être corrigé rétroactivement, ça ne pourra pas
être corrigé, parce qu'à toutes fins pratiques, ce qu'on
perçoit maintenant, ce ne sera plus des primes, ce sont des taxes. La
Société de l'assurance automobile ne collecte plus des primes
pour des fins d'assurance, mais collecte des taxes pour verser au ministre des
Finances.
Si l'opinion de Me Garant est exacte, ça veut dire que c'est plus
de 1 000 000 000 $ qu'un jour, avec les intérêts, la
Société de l'assurance automobile devra verser à ses
assurés ou à ceux qui ont payé des primes en trop. Vous
savez, c'est arrivé dans l'État de New York, récemment,
où une compagnie a été condamnée à payer 30
000 000 $, mais, avec les intérêts accumulés, ça a
fait 100 000 000 $. Si l'opinion que Me Garant dit est exacte, elle est
publique maintenant, ça veut dire que c'est une dette qui, aujourd'hui,
est de combien? au plus 2 000 000 000 $, de la Société de
l'assurance automobile envers ses assurés. Il s'agit de sommes d'argent
considérables, parce que le ministre des Finances veut s'approprier des
fonds de la Société de l'assurance automobile qu'elle n'a pas le
droit de percevoir pour d'autres fins que l'assurance. Alors, c'est une
question très importante. La vérification générale,
à mon avis, la vérification d'une société fait
partie de vérifier si elle fait ce qu'elle a le droit de faire. Il ne
s'agit pas de voir si les lois du Parlement sont bonnes ou mauvaises, c'est
qu'en vertu des lois qui ont été adoptées par le Parlement
- parce qu'il y a deux affaires différentes: collecter de l'argent et
verser de l'argent... Les lois récentes qui ont été
adoptées, c'est pour dire à la Société: Verse-moi
de l'argent. Sauf que la Société n'a pas le droit de collecter de
l'argent pour d'autres fins que l'assurance. Alors, comment le pourrait-elle,
parce qu'à ce moment-là les primes deviennent des taxes et
ça devient illégal? Et si ce que Me Garant dit, que ça ne
pourra pas être corrigé rétroactivement, ça veut
dire que c'est une dette qui devrait apparaître dans les livres de la
Société de l'assurance automobile et ça devrait être
un point, à mon avis, de la vérification de la
Société pour voir si ce qu'elle fait est correct et légal
et s'il n'y a pas des dettes qui pèsent sur elle pour des actions
qu'elle fait et qu'elle n'a pas le droit de faire. C'est ça l'objet de
ma question.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Breton: Je vais demander à M. Bédard de vous
répondre sur cette question.
Le Président (M. Lemieux): M. Bédard.
M. Bédard: À la Société de
l'assurance automobile du Québec, si on regarde l'expertise des
dernières années, sa politique de tarification à chaque
année vient démontrer, par les passifs actuariels qui sont
évalués à chaque année, que la tarification qu'elle
a faite pour l'année courante est justifiée par les estimations
de coûts qui avaient été déterminées par les
actuaires. À cet égard, si on regarde l'historique de la
Société, pour chaque dépense dans l'année courante
versus les cotisations qui en ont résulté, c'est pratiquement le
point mort, c'est-
à-dire qu'il n'y a pratiquement pas de profits, il n'y a
pratiquement pas de pertes; les coûts sont minimes. Toutefois,
étant donné que c'était dans un domaine relativement
nouveau où l'expertise actuarielle n'était pas tellement connue,
il s'est dégagé, suite à l'expérience et suite
aussi à des actions concrètes qui ont été
engagées par la Société, des correctifs importants dus
à diverses causes, dus, par exemple, au contexte économique qui a
fait que la Société a reçu, parce que c'est une
société qui est pleinement capitalisée et ses actifs sont
déposés à la Caisse de dépôt et placement du
Québec... les actifs ont rapporté beaucoup plus que les montants
qui avaient été prévus originalement lorsqu'on avait
déterminé le passif actuariel. Même chose aussi à
l'égard de la durée d'incapacité qui a été
de beaucoup inférieure à ce qu'on avait estimé, de sorte
qu'à chaque année il se dégage des correctifs à
l'hypothèse du passif actuariel pour des montants relativement
importants.
À cet égard, la Société vient, dans la
présentation de ses états financiers, clarifier cette convention
comptable, puisque les excédents, les ajustements qu'elle apporte
à son passif actuariel et qui résultent des accidents qui sont
survenus antérieurement... Elle vient préciser dans sa convention
comptable l'excédent des revenus sur les dépenses de chaque
exercice, incluant le redressement de la réserve actuarielle, celle dont
je vous parle présentement, parce que c'est elle à laquelle on
attache beaucoup d'importance, des exercices antérieurs... Les
ajustements sont virés à la réserve de stabilisation. La
politique de la Société est de redistribuer aux assurés la
réserve de stabilisation sous différentes formes, entre autres
par des baisses ou des gels de contribution, ou par une majoration des
indemnisations. (17 h 10)
Sur cet aspect, on trouve que la Société n'est pas
suffisamment précise. C'est pour ça qu'au point 5.198 on vient
préciser, à l'égard de la réserve de stabilisation,
que la Société n'a pas défini de fins précises de
sa réserve de stabilisation ni le niveau de suffisance, de sorte qu'il
n'est pas possible d'évaluer à quel moment cette réserve
de stabilisation devrait être arrêtée, pas plus qu'il n'y a
des paramètres pour évaluer la pertinence de cette réserve
de stabilisation. Et c'est pour ça que nous recommandons que la
Société devrait se doter d'une politique précisant les
fins et les paramètres de sa réserve de stabilisation pour
qu'autant le Vérificateur que le contribuable et les parlementaires
puissent apprécier l'évaluation de cette réserve de
stabilisation. Présentement, cette convention comptable, qui est quand
même assez floue, j'en conviens, mériterait d'être
précisée, et c'est ce que nous recommandons dans le paragraphe
5.200 qu'on a présenté à l'Assemblée nationale.
De plus, la réserve de stabilisation telle qu'on l'indique aux
postes 5.191 jusqu'à 5.196. on dit qu'elle est conservatrice,
conservatrice sur plusieurs points, de sorte que, bien qu'elle soit à
l'intérieur d'une fourchette de l'acceptable - et si vous me permettez,
M. le Président, j'utilise ici les expressions des actuaires, autant les
actuaires de la commission que les actuaires du Vérificateur
général, «bien qu'elle soit à l'intérieur
d'une fourchette de l'acceptable», de sorte qu'on a la confirmation que
ça respecte les principes actuariels généralement reconnus
- bien qu'elfe soit à l'intérieur de cette fourchette, je dis, de
l'acceptable, il n'en demeure pas moins qu'elle est conservatrice sous
plusieurs égards, de sorte qu'il y a des points qui pourraient
être discutés et on pourrait, en en discutant avec les actuaires
de la commission, en libérer quelques éléments.
C'est la situation qui prévaut présentement à la
Société, nous sommes parfaitement conscients de ça, et
c'est pour ça que nous recommandons à la Société de
préciser les fins de sa réserve de stabilisation et qu'elle
devrait effectuer une revue en profondeur de l'ensemble de ses
hypothèses et méthodes utilisées pour l'évaluation
de sa réserve actuarielle.
M. Garon: Je comprends ce que vous me dites là, mais les
fins d'assurance... La Société de l'assurance automobile peut
seulement collecter de l'argent pour des fins d'assurance. Les ponctions que le
ministre des Finances fait dans la Régie de 1986 à 1995, selon ce
qui a été versé et ce qui va être versé,
c'est 1 700 000 000 $. Ça équivaut, en argent, à assurer
tout le monde gratuitement pendant quatre ans. C'est des sommes d'argent
considérables. Alors que son pouvoir de perception, c'est uniquement de
percevoir des primes pour des fins d'assurance, est-ce que le bureau du
Vérificateur, puisque c'est un débat qui a été
public, a vérifié si, actuellement, la Société de
l'assurance automobile - parce que c'est elle qui fixe ses primes, elle est
supposée les fixer en fonction de ses besoins d'assurance - si elle ne
fixe pas actuellement des primes qui ne sont plus des primes, mais des taxes
pour donner de l'argent au ministre des Finances, alors que son pouvoir de
collecter de l'argent est uniquement un pouvoir de collecter de l'argent pour
des fins d'assurance? Et est-ce que vous avez demandé des opinions
juridiques à cet effet-là, parce que c'est un débat qui
est public actuellement? Ou si elle collecte de l'argent indépendamment
des fins, parce que c'est des sommes d'argent considérables, 1 700 000
000 $, de 1986 à 1995, alors que son pouvoir de collecter de l'argent,
c'est uniquement pour des fins d'assurance?
M. Breton: La collecte des fonds ou la détermination des
primes est préparée à l'aide des calculs actuariels pour
faire une réserve ou de la réserve actuarielle. Comme on vient de
le dire, cette réserve actuarielle étant conservatrice, elle
encourage la Société à imposer des primes qui
permettent de rencontrer ses objectifs. Donc, les primes sont possiblement
conservatrices aussi; conservatrices dans le sens qu'elles sont peut-être
trop élevées. Dès l'instant qu'on rend la réserve
actuarielle moins conservatrice pour rencontrer les obligations de cette
réserve, les primes peuvent, en conséquence, diminuer. Alors,
ça, c'est la partie collecte, comme vous disiez tout à l'heure,
donc la collecte, elle est commandée par les calculs actuariels pour
assurer une réserve.
La partie du versement ou de l'utilisation des fonds, cette
partie-là, le gouvernement a passé une loi pour dire qu'il
utilisait une partie de la réserve de stabilisation. Nous, on dit: Cette
réserve de stabilisation devrait avoir des paramètres plus
précis de sorte que, s'il y a des excédents, on peut
peut-être débouler les excédents dans la réserve
actuarielle pour démontrer qu'elle est vraiment trop
élevée et elle-même commander des primes moins
élevées. Mais la décision de faire une prime est
très conditionnelle au respect des normes pour préparer une
réserve actuarielle, et on dit...
M. Garon: Mais, s'il y a des surplus dans cette réserve,
s'il y a des surplus considérables? Parce qu'on ne peut pas ignorer
que...
M. Breton: Mais c'est... Oui.
M. Garon: II faut qu'il y ait des surplus pour que le ministre
des Finances aille chercher de l'argent pour d'autres fins que l'assurance.
Alors, si on collecte des primes tellement élevées qu'il se
dégage des surplus et, après ça, que le ministre des
Finances les accapare, cet argent-là a été collecté
sans droit, parce que la Société a le droit de collecter
uniquement pour des besoins d'assurance. Et, d'ailleurs, vous le dites à
la page 184 de votre rapport de l'an dernier: «La Société
doit voir à ce que les contributions n'excèdent pas ses besoins
financiers.»
M. Breton: Oui.
M. Garon: Et vous dites: «La Société est dans
l'obligation légale de ne percevoir des contributions auprès de
sa clientèle que pour ses besoins.» Alors, le ministre des
Finances, qui a besoin de taxes, lui, il peut imposer les taxes qu'il voudra,
mais il ne peut pas se servir des primes d'assurance. Ce n'est pas une victime
d'accident d'automobile, le ministre des Finances.
M. Breton: La façon de mesurer les besoins de la
Société, c'est de se servir des calculs actuariels. Les calculs
actuariels sont la méthode standard dans une compagnie d'assurances pour
déterminer quels sont les besoins. Alors, ce calcul, on reconnaît
qu'il est très conservateur, donc qu'il est susceptible de
générer des réserves. Pourquoi ne reproche-t-on pas
à la réserve d'être trop conservatrice ou d'être
encore conservatrice? L'excuse, présentement, c'est le peu d'historique
qui existe et qui empêche jusqu'à un certain point, sans doute,
les actuaires de sabrer dans ce conservatisme pour l'instant. Mais il peut
arriver que l'histoire nous prouve que, vraiment, c'est tellement conservateur
qu'il va falloir faire des modifications importantes au niveau de la
réserve actuarielle, conséquemment dans les primes;
évidemment, à ce moment-là, les surplus dans la
réserve actuarielle vont fondre automatiquement, ils ne se verseront pas
dans la réserve de stabilisation, et il en restera moins pour le
gouvernement à l'autre bout. Mais la décision est au niveau du
processus de calcul de la réserve actuarielle. Actuellement, avec les
quelques années d'expérience qui sont là, les gens ont
tendance à être plus conservateurs que ce que les résultats
donnent.
Maintenant, encore, comme on le disait tout à l'heure, ces
résultats sont là parce qu'on a subi, au point de vue des
placements, une situation favorable, parce qu'on a subi, au point de vue des
accidents, des situations favorables; il y en avait moins ou les
accidentés étaient moins blessés que ce qu'on craignait
à l'origine. Est-ce que ça va rester? Les actuaires se posent la
question, et c'est pourquoi ils hésitent à...
M. Garon: Je vais vous poser la question suivante: Avez-vous
demandé une opinion juridique pour savoir si les ponctions que fait le
ministre des Finances dans la caisse d'assurance de la Société
sont légales étant donné qu'elle n'a pas le droit de
collecter de l'argent pour d'autres fins que l'assurance? Autrement, allez-vous
attendre que des gens prennent un recours collectif et que les tribunaux, selon
les opinions juridiques, et les seules qu'on a actuellement, c'est deux
opinions qui disent que c'est complètement illégal et que
ça ne pourra pas être corrigé rétroactivement...
Donc, ça veut dire que c'est une épée de Damoclès
au-dessus de la tête de la Régie jusqu'à temps que le Club
automobile ait le courage de prendre des poursuites, parce que c'est lui qui a
demandé les opinions juridiques et c'est lui qui les a, les opinions
juridiques qui disent qu'ils n'ont pas le droit de faire ça et que
ça ne peut pas se corriger, jusqu'à temps qu'il se prenne un
recours collectif et, à ce moment-là, c'est tout l'argent... Si
la condamnation se fait, comme ça a été fait dans
l'État de New York, ça veut dire que la Société de
l'assurance automobile devra rembourser l'argent, et non seulement la
rembourser, mais avec intérêts. Ce sont des sommes d'argent
considérables. Est-ce qu'à ce moment-là, dans votre
rôle de vérification générale, vous n'avez pas le
droit... vous devriez avoir non seulement le droit, mais l'obligation et le
devoir de vérifier quelque chose qui n'est pas gros comme un
cure-dents,
mais c'est gros comme un madrier, ça, au point de vue de ce qui
se passe actuellement. Je comprends que les gens sont sidérés par
l'ampleur des sommes, le Club automobile est sidéré par l'ampleur
des sommes, surtout quand il a vu les opinions juridiques. Est-ce que, face
à ça, le Vérificateur, lui, qui vérifie
l'État, peut ne pas vérifier cet aspect légal qui est
majeur alors que les deux opinions juridiques, qui sont publiques actuellement,
les deux seules que nous connaissions publiquement, disent que la
Société n'a pas le droit de faire ça et que c'est
illégal ce qu'elle fait, et que le gouvernement ne pourra pas corriger
légalement, rétroactivement, parce qu'il ne peut pas virer les
primes en taxes? Les primes ont été payées comme primes
et, maintenant, elles équivalent à des taxes parce qu'on a
collecté de l'argent au-delà des droits et des besoins qu'on
avait. Est-ce que vous avez demandé des opinions juridiques
là-dessus ou si vous n'avez pas demandé des opinions
juridiques?
M. Breton: On n'en a pas demandé.
M. Garon: Parce que vous aimez mieux ne pas en demander ou
bien...
M. Breton: Pour l'instant... (17 h 20)
M. Garon: C'est public actuellement, et moi, j'ai pris la peine
d'écrire une longue lettre au Vérificateur général.
Je comprends qu'il m'a dit que... une lettre d'explications pour me dire que
lui, sa responsabilité, c'était l'Assemblée nationale dans
son ensemble. Alors, comme je suis un simple député qui lui
écrivait pour l'aviser de ça, il n'avait pas de
responsabilité... Mais, quand même, c'est quelque chose qui est
gros, ça, actuellement. Ou est-ce que ça veut dire que la
vérification ne comporte pas cette fonction-là? Il faudra que les
gens prennent des poursuites pour que...
M. Bédard: Ce que nous vérifions... Tantôt,
vous avez dit: La Société ne peut pas exiger davantage...
Le Président (M. Lemieux): Une minute...
M. Bédard: ...que les coûts qui en résultent.
À chaque année, la Société doit justifier les
cotisations ou les contributions par sa politique de tarification et, à
cet égard, le Vérificateur général s'assure que la
politique de tarification de la Société va faire en sorte qu'il
ne devrait pas, pour l'année courante, y avoir des excédents ou
des déficits importants. De fait, M. Breton vous le disait tantôt,
cette politique de tarification, compte tenu des hypothèses qui sont
faites, au fil des ans, a fait en sorte que les excédents de revenus sur
les dépenses ont été relativement pas tellement importants
comparativement aux cotisations; par exemple, en 1986, 26 000 000 $
d'excédents de revenus sur les dépenses. L'importance des
montants, c'est à l'égard des accidentés des années
antérieures pour lesquels la Société a pu dégager
des montants importants, compte tenu de... Mais ce que je veux...
M. Garon: Oui, mais...
M. Bédard: Vous me permettez, monsieur...
M. Garon: ...je vais vous dire seulement un point, parce que mon
temps est limité. La réserve de stabilisation, ce n'est pas
d'hier, ça. C'est qu'elle était déjà, en 1985, de
525 000 000 $. En 1989, elle était rendue à 1 222 000 000 $.
Là, elle doit être encore plus grosse que ça, actuellement.
Ce n'est pas un problème récent, là. Le
Vérificateur général, qu'est-ce qu'il fait dans tout
ça, si on a une réserve de stabilisation inutile, au fond,
actuellement...
Le Président (M. Lemieux): 15 secondes, M. le
député de Lévis.
M. Bédard: Monsieur, il y a une chose qui est certaine;
cette réserve de stabilisation, elle est clairement identifiée.
Vous avez des actifs correspondants qui sont à la Caisse de
dépôt. Si ces actifs correspondants n'étaient pas à
la Caisse de dépôt... La Société déclarait
dans son rapport annuel: De fait, si on devait maintenant faire
disparaître d'un seul trait cette réserve, il faudrait hausser les
contributions de plus de 25 %, puisque la Société serait
privée de revenus de placements provenant de cette réserve. Cette
réserve de stabilisation fait en sorte que, dans sa politique de
tarification, les revenus qui en découlent, parce que vous avez des
placements qui sont à la Caisse de dépôt et qui
résultent de cette réserve de stabilisation, vous avez des actifs
correspondants... Si vous n'aviez pas ces actifs correspondants, vous devriez
augmenter la tarification de la Société d'un montant de 25 %,
montant que je n'ai pas vérifié, mais qui est dans le rapport de
la Société.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
vérificateur adjoint. M. le député de
Lotbinière.
Vérifications relatives aux commissions
scolaires
M. Camden: Merci, M. le Président. Je voudrais aborder
l'aspect concernant les commissions scolaires, plus particulièrement
l'utilisation des subventions accordées par le ministère de
l'Éducation aux commissions scolaires. Il y a certains volets -
évidemment, vous avez abordé le sujet sur plusieurs pages - qui
me préoccupent plus particulièrement et peut-être, entre
autres, à titre indicatif, celui de la conservation des immeubles.
Également, je vais peut-être aborder,
avec la tâche des enseignants, les programmes de services
complémentaires et particuliers, page 245, à 12.54.
Vous dites, dans votre rapport: «En effet, la tâche d'un
enseignant comprend au moins 10 % d'activités complémentaires,
qui lui sont expressément confiées par la direction de
l'école.» Est-ce que vous avez vérifié, à
savoir si, effectivement, ces tâches qui sont confiées -
supplémentaires ou, enfin, complémentaires plutôt - aux
enseignants, elles le sont d'une façon équitable et si chacun des
enseignants assume cette part complémentaire? Est-ce que, dans vos
consultations et vos enquêtes auprès des commissions scolaires,
c'est ce qu'on vous a révélé? Vous savez, il est, enfin,
peut-être pas de notoriété publique, mais on se laisse, des
fois, dire aux oreilles qu'il semblerait que, là-dessus, ce ne soit pas
appliqué avec la plus grande des rigueurs.
M. Breton: si vous permettez, je vais demander à m.
laurent lapointe, qui était le directeur de ce dossier, de
répondre à cette question.
M. Lapointe (Laurent): Dans les commissions scolaires que nous
avons vérifiées, nous sommes allés dans quelques
écoles, parce qu'il fallait aller dans des écoles pour pouvoir
vérifier si ces pourcentages d'activités complémentaires
étaient effectivement effectués par les enseignants, et notre
compilation des résultats, dans les 20 commissions scolaires où
nous sommes allés, effectivement on s'est rendu compte qu'il y avait 10
% d'activités complémentaires qui étaient
consacrées à un enseignant.
M. Camden: peut-être en complémentaire, m. le
président. est-ce que vous avez vérifié si cette charge
complémentaire était répartie d'une façon
relativement...
M. Lapointe: Uniforme entre les enseignants?
M. Camden: ...uniforme, oui, entre les enseignants, ou s'il y en
avait, évidemment, quelques-uns qui étaient peut-être plus
dévoués, plus sensibles à leurs tâches, et,
finalement, s'il y en avait aussi un certain nombre qui finissaient par se
dérober et laisser davantage la tâche à d'autres
collègues?
M. Lapointe: Effectivement, c'est global. Le pourcentage de 10 %,
c'est sur l'ensemble des enseignants. Maintenant, je ne peux pas vous dire s'il
y en a qui en faisaient pour 5 % ou pas du tout, et d'autres pour 20 %. Je ne
suis pas capable de répondre.
M. Camden: En bref, vous n'avez pas constaté qu'il y avait
des normes et des règles qui étaient établies à
l'intérieur de ces commis- sions scolaires quant au partage. M.
Lapointe: Non.
M. Camden: Est-ce que vous vous êtes penché
également sur la présence ou l'absence de règles
d'encadrement à l'égard du pouvoir discrétionnaire des
directeurs quant aux politiques d'embauché d'enseignants ou de
remplaçants lors de l'absence de professeurs pour congé de
maladie ou congé sans solde?
M. Lapointe: Non. On ne s'est pas attaqué à
ça du tout.
M. Camden: C'est un volet intéressant, vous savez. Il y a
beaucoup de discrétion, hein? Il y a peu d'encadrement, bien souvent, et
de caractère réglementaire, et de normes sur lesquelles les gens
peuvent se fonder. On constate aussi souventefois qu'il y a des gens qui sont
embauchés pour remplacer périodiquement pour une journée
ou deux jours et périodiquement durant le mois, et, lorsque vient le
temps d'assumer des fonctions permanentes ou contractuelles sur des
périodes beaucoup plus longues, c'est drôle, ces gens que je
pourrais qualifier de BTO, des bouche-trous officiels, ne font subitement plus
l'affaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Camden: J'ai beaucoup de respect pour ces gens-là, je
vais vous dire, parce qu'ils sont obligés de répondre au pied
levé, de rester près de leur téléphone, le matin,
au cas où on les appellerait à 15, 20 minutes d'avis. Quand vient
le temps d'assumer des fonctions sur des périodes plus longues dans le
temps, on ne fait pas appel à ces gens-là. Finalement, on en fait
une espèce de catégorie de BTO, dans mon livre à moi.
Je voudrais également vous souligner le sujet du choix des
manuels scolaires de base. Je sais qu'il existe une politique au gouvernement
du Québec à l'effet qu'on doive s'approvisionner chez les
libraires. Il y a des prix fixes. Ça a, à mon avis, des effets de
distorsion très importants sur le marché, et c'est, à mon
égard, aussi une politique qui m'apparaît être une
subvention déguisée à ces libraires et ces fournisseurs de
manuels scolaires. Je pense que c'est un élément qui n'est pas
à négliger dans tout le système, qui contribue aussi
à maintenir des coûts relativement élevés; il
contraint parfois aussi les commissions scolaires à être soumises
à des conditions où la loi de l'offre et de la demande est loin
de s'exercer.
Il n'y a peut-être pas de commentaires là-dessus, mais moi,
ce sont des éléments que je voulais porter à votre
attention qui pourraient peut-être faire en sorte, je pense, d'inviter
à redéfinir des normes et des critères à
l'égard de la politique d'achat de volumes. Il y a, peut-être
pas des zones grises comme telles, mais je pense qu'il y a des
règles du marché qui sont loin de s'exercer, et on subventionne
comme ça, d'une façon qui m'apparaît loin d'être
discrétionnaire mais bien ciblée, des gens qui font l'objet
d'aide indirectement sous le couvert d'une politique d'achat.
Le temps avance vite. J'ai constaté, à la page 253,
à 12.113, et je lis: «Nous avons recommandé aux commissions
scolaires concernées de s'assurer que leurs politiques traitent de
l'embauche du personnel, de l'utilisation des services d'enseignants
suppléants, d'évaluation pour tout le personnel non enseignant et
de contrôle budgétaire.» Je reviens, au fond, à
l'égard de l'embauche du personnel, et quand je lis les commentaires,
à moins qu'un élément, tout à l'heure, m'ait
échappé, on ne semble pas beaucoup vous avoir adressé et
formulé de commentaires en provenance des commissions scolaires quant
à l'embauche de personnel, quant à la volonté qui pourrait
les animer ou, enfin, qui devrait les animer à l'égard des
critères établis qui pourraient faire en sorte d'être moins
discrétionnaires. (17 h 30)
M. Breton: II faut peut-être signaler que notre
façon de procéder n'était pas d'aller voir les
employés ou les gens qui faisaient application pour des emplois afin de
savoir quelles étaient leurs doléances face au processus
d'embauché des commissions scolaires. On est plutôt partis par
l'autre côté en disant: À titre d'administration,
qu'avez-vous mis en place comme système pour embaucher du personnel? Et
il se trouve qu'il y a des systèmes... Comme on le signale bien, la
majorité des commissions scolaires ont adopté des politiques sur
l'embauche du personnel. Maintenant, la façon que c'est
nécessairement réalisé à l'étape de
l'embauche individuelle, il y a beaucoup d'humanité, pour ne pas dire
d'hom-merie, dans ce processus. Mais on n'est pas allés à ce
niveau-là de constatation. M. Lapointe aimerait ajouter quelques autres
commentaires.
Le Président (M. Lemieux): M. Lapointe.
M. Lapointe: Je peux peut-être ajouter que ce dont on s'est
assuré, c'est l'existence de certaines politiques dans les commissions
scolaires que nous avons vérifiées, qui sont essentielles
à une bonne gestion. Mais nous n'avons pas examiné le contenu de
chacune de ces politiques.
M. Camden: Brièvement, M. le Président, je voudrais
aborder l'aspect de la conservation des immeubles, page 256. Vous notez,
à 12.131, que «plusieurs commissions scolaires n'inspectent pas
systématiquement les éléments structuraux de leurs
immeubles afin de connaître leur état», et que «la
moitié des commissions scolaires n'ont pas élaboré de
plans de conservation de leurs immeubles». Vous avez tout à fait
raison, je pense, de porter ça à l'attention et de le souligner
dans votre rapport. J'ai été à même de constater de
visu à quel point certains établissements avaient connu un
état de détérioration accélérée
conséquemment au fait qu'on n'avait pas toujours une évaluation
et, lorsqu'on sollicitait des détails pour essayer de venir en aide aux
commissions scolaires, l'évaluation n'était pas toujours
prête et n'était pas toujours, non plus, à jour.
On constate souvent dans des écoles des phénomènes
d'humidité, évidemment des toitures qui coulent, des
fenêtres qui sont loin d'être aussi étanches qu'on pourrait
le souhaiter. Il y a également, on doit le reconnaître, des
problèmes de sécurité-incendie importants dans plusieurs
de ces institutions-là où on ne parle pas nécessairement
de plan d'évacuation, mais plus particulièrement du
système électrique qui est peut-être exposé à
l'humidité et à l'eau, qui peut entraîner,
évidemment, une perte de ces bâtiments, qui sont dans votre
rapport, je le constate, au nombre de 4100 immeubles estimés â 15
000 000 000 $ - c'est un patrimoine important - et on connaît le
coût, évidemment, de remplacement de ces édifices ou des
réparations. Il y a des gens qui ont peut-être
intérêt à être un petit peu plus soucieux et je pense
que vous avez soulevé ça à juste titre.
Peut-être, en terminant, et vous me ferez peut-être vos
commentaires, vous avez également, à 12.39, une recommandation
à l'égard de planifier toutes leurs activités
récurrentes. Quand on est député, on se rend compte,
évidemment, au fil des ans à prendre connaissance des
données au budget, combien le caractère de récurrence des
engagements peut être important. Je ne suis pas convaincu que dans le
système, partout, il en est ainsi. Votre recommandation m'apparaît
tout à fait justifiée de sensibiliser les gens à cet
effet-là, puisque les conséquences des décisions prises
aujourd'hui peuvent entraîner des déboursés très
substantiels à l'égard de l'engagement des budgets futurs.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député?
M. Camden: Je vais me limiter à ça, M. le
Président. Je ne sais pas si on a quelques commentaires.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lotbinière. Comme il reste 25 minutes -
l'Opposition a pris 2 h 25 min 35 s; les ministériels, 1 h 40 min, et le
temps du député de 11 minutes, alors ce qui fait 1 h 51 min 5
s-alors, nous allons répartir le temps équitable-ment, pas
nécessairement l'alternance. L'alternance n'est pas une règle,
c'est un mode de distribution du temps. La règle du début, comme
je l'ai annoncé, c'était de distribuer équitablement le
temps, alors nous pouvons partager le temps
de part et d'autre. Ça fait 12 minutes de chaque bord.
Surplus accumulés à la
Société de l'assurance automobile du Québec
(suite)
M. Léonard: C'est parce qu'on n'a pas fini. Je voudrais
revenir sur la question de mon collègue de Lévis. Je viens de
prendre connaissance - je les avais ici - des états financiers de la
Société de l'assurance automobile du Québec, puis vous
avez dit: II y a des valeurs qui représentent la réserve de
stabilisation à la Caisse de dépôt et placement. Je regarde
la réserve de stabilisation qu'il y a. C'est à la page 432 des
Comptes publics, des États financiers des entreprises, plutôt, du
gouvernement du Québec 1990-1991. Alors, il y a le solde
déjà établi, au début de l'année, 1 222 000
000 $; redressement en cours d'année, modification de la convention
comptable portant sur la comptabilisation des dépôts à
participation, 252 000 000 $, il y a une note là-dessus. Mais, par la
suite, alors le solde redressé devient 1 475 000 000 $; il y a un
excédent des revenus sur les dépenses, donc on ajoute 221 000 000
$ pour l'année 1991. Puis, là, il y a 625 000 000 $ de moins,
redevance attribuée au gouvernement du Québec aux fins
d'immobilisation en matière de sécurité routière.
Alors, là, je pense que les fonds ne sont plus là. Le
gouvernement a siphonné, ou bien il va siphonner. Il y a un
échéancier qui est prévu à la note 11, de 1991
jusqu'à 1995, c'est un échelonnement pour 625 000 000 $. Bref, il
est déjà considéré comme parti, même de la
réserve de stabilisation.
La question qui se pose, à mon sens, elle est très
importante. Le gouvernement a-t-il adopté cette loi légalement
compte tenu de la Loi sur l'assurance automobile du Québec? Et, à
mon sens, dans les états financiers, s'il y a une poursuite qui peut
être faite, je pense qu'il devrait au moins y avoir une note quant aux
éventualités possibles, aux pertes éventuelles et à
la dette éventuelle que pourrait avoir la Société de
l'assurance automobile du Québec.
Je vous lis juste une partie d'un avis juridique, Patrice Garant, je
vous le lis, à la page 14: «En fixant des contributions
d'assurance qui, compte tenu des évaluations actuarielles, ne sont plus
justifiées par ses besoins statutaires, la Société
accumule des surplus qui n'ont plus leur raison d'être. Ainsi, ce
règlement par lequel la Société fixe ou augmente ou
diminue les contributions d'assurance, en sachant pertinemment qu'un tel
surplus en résultera, n'est-il pas affecté d'un vice grave? Ce
règlement est ultra vires parce qu'il poursuit une finalité autre
que celle voulue expressément par le législateur et c'est
sciemment que la Société commet un tel abus de pouvoir.» M.
Patrice Garant, ce n'est pas le dernier venu. Je pense que c'est quelqu'un de
sérieux ici, à Québec, à l'Université Laval,
c'est connu comme un expert, en droit administratif d'ailleurs. Comment le
Vérificateur général peut-il ou pourquoi n'a-t-il pas tenu
compte du débat qu'il y a à l'heure actuelle dans le public
là-dessus, au moins en termes de note aux états financiers de la
SAAQ, la Société de l'assurance automobile du Québec?
Le Président (M. Lemieux): M. Bédard.
M. Bédard: ce que nous avons reflété aux
états financiers, et vous l'avez démontré, de façon
évidente, et c'est la société qui l'a
reflété, ces 625 000 000 $. d'ailleurs, ils doivent être
imputés dans la société au fur et à mesure des
échéances de sorte que, encore une fois, les actifs qui en
résulteront...
M. Léonard: Ah! il est inscrit comme dette.
M. Bédard: ...pourront rapporter des intérêts
jusqu'au moment où le gouvernement aura pris en sa possession tous ces
actifs-là. Mais, justement, notre préoccupation, c'est la
réserve de stabilisation. Ces 625 000 000 $, il a été
décidé par l'Assemblée nationale que le gouvernement s'en
appropriait et, dans ce contexte, ça a été
reflété d'une façon très transparente dans les
états financiers de la Société. Ce qui nous
préoccupe, c'est cette réserve de stabilisation qui est à
pratiquement 1 100 000 000 $ dans les états financiers que vous avez
devant vous et où on dit à la Société: Vous devriez
définir les fins précises, justement, pour savoir si cette
réserve-là est justifiée, si elle doit être à
l'intérieur de la Société, pour faire en sorte que des
décisions, avant qu'elles soient prises, pour venir imputer des montants
qu'on vient de mentionner... pour savoir si cette réserve est
indispensable à la continuité de la Société.
M. Léonard: M. Bédard, moi, je dois dire là,
on peut en discuter, mais vous me donnez l'impression de quelqu'un qui gratte
le bobo au lieu d'y aller à fond. Ont-ils le droit ou s'ils n'ont pas le
droit? Si c'est contesté, il faut au moins le dire, donc il y a une
dette éventuelle qui pèse sur la Société. Je pense
que c'est un élément important quant aux états financiers.
On ne peut pas passer ça sous silence là. Le débat est
public depuis deux ans maintenant, puis même plus. Je trouve qu'elle
devrait définir mieux ses objectifs. Ce n'est pas ça, là.
Il y a une dette en cause, éventuelle, de 1 700 000 000 $. Je comprends
que c'est gros, là, mais... (17 h 40)
M. Garon: Plus les intérêts.
M. Léonard: Et les intérêts, mais, disons,
nominalement. Ce n'est pas parce que c'est gros qu'on ne doit pas se
prononcer.
M. Breton: L'attitude que nous avons prise
jusqu'à maintenant - d'ailleurs, on l'a reflétée en
ne demandant pas d'avis juridique - ça a été de ne pas
contester la légalité d'une loi comme telle. C'est la question
que vous m'avez posée tout à l'heure: La loi que le gouvernement
a passée est-elle légale compte tenu de la loi constitutive de la
SAAQ?
M. Léonard: Mais attention! Je pense que mon
collègue a très bien établi le point tout à
l'heure. C'est une loi pour percevoir des fonds de la SAAQ que le gouvernement
a passée. Sur ce plan-là, il est en dehors de l'autre loi qui est
la loi fondamentale constitutive de la Société de l'assurance
automobile du Québec qui, elle, ne donne pas à la
Société le droit de percevoir des fonds pour autre chose que de
l'assurance automobile du Québec. Alors, là...
M. Breton: Bon, alors, à ce chapitre, nous croyons
encore...
M. Léonard: Au fond, la seule façon de
régler la chose d'un point de vue comptable, c'est d'inscrire la dette
entre les deux. On est en train d'accumuler une dette dans le bilan de la
Société de l'assurance automobile du Québec. Il n'y a pas
d'autres solutions.
M. Breton: Dans la mesure où l'avis de Me Garant est
valable.
M. Garon: Ah! ça...
M. Breton: Dans cette mesure-là.
M. Garon: On pourrait prendre une bonne gageure
là-dessus.
M. Breton: L'avis inverse ne nous a pas été
donné. Par contre, la Société prend l'attitude que l'avis
de Me Garant ne s'applique pas puisqu'elle ne change pas son attitude pour
l'instant.
M. Léonard: Est-ce que vous ne pensez pas que ce serait
une question à se poser d'un point de vue vérification
générale sur un montant de 1 700 000 000 $, que, là, il se
pose des questions là-dessus? Je trouve que c'est la remarque que j'ai
à faire par rapport à ça, actuellement. Ce n'est pas une
loi qui corrige une autre loi...
M. Breton: Non, non.
M. Léonard: ...qui amende une autre loi, qu'il y a eu
là. Ce n'est pas ça, là. C'est ça, le point. Il y a
une loi constitutive, d'une part, puis il y a une autre loi qui va chercher des
fonds. Ça n'a pas du tout modifié la loi constitutive de la
Société de l'assurance automobile du Québec.
M. Breton: Mais nous croyons que l'inter- prétation que
fait la Société de sa loi est appropriée. Me Garant pense
que l'interprétation de sa loi n'est pas appropriée et...
M. Léonard: Je vais vous dire, M. le Vérificateur,
qu'il y a des gens qui sont disparus du conseil d'administration quand ils ont
pris connaissance de ce dossier-là, parce qu'ils ne l'aimaient pas du
tout. Est-ce que vous allez demander un avis juridique, maintenant?
M. Breton: Nous allons considérer la chose, certainement.
Je ne voudrais pas vous promettre que je vais en prendre un, mais je vais
consulter mon aviseur légal avant d'aller plus loin.
M. Léonard: Je veux me réserver du temps pour des
notes de fin de séance étant donné que vous
répartissez 12 min 30 s, 12 min 30 s.
Le Président (M. Lemieux): C'est fait. Il vous reste trois
minutes, M. le député.
Conclusions
M. Léonard: II me reste trois minutes. On en est à
la fin de notre séance, M. le Vérificateur général.
C'était votre première, en titre. Je pense que nous avons
débattu d'un certain nombre de dossiers. Je regrette parce qu'il y avait
des questions à poser à ceux qui ont fait la vérification
dans les Affaires municipales, et qui m'auraient intéressé
beaucoup...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: ...en particulier sur les médianes. Je
le dis parce que nous avons eu de la difficulté à obtenir cinq
heures et demie pour étudier votre rapport. J'ai dû me battre
à un point de vue procédure pour aller chercher plus que trois
heures. J'ai écrit des lettres pas gentilles à l'endroit de notre
président; ça peut expliquer son humeur du matin, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: J'ai eu cinq heures et demie, finalement, mais
vous voyez que ça passe vite et qu'on aurait pu passer à travers
un paquet d'autres choses là-dessus.
Je voudrais simplement dire que, même si certains
députés ont pu être agacés par tout le temps que
j'ai passé sur la SDI, ou qu'on m'a même accusé
d'être partisan, je pense que ce n'est pas pour rien que j'ai
concentré mes efforts sur la SDI. Je pense que vous avez fait une
vérification intégrée fort pertinente, fort
intéressante, complète et qui, je pense, nous a renseignés
beaucoup sur l'apôtre de la qualité totale. Si l'on dit qu'on fait
une priorité du développement économique, je pense que
ça commence ici, puis on doit s'intéresser a cette
question, puis on doit surtout bien l'administrer. Il y en a qui
prétendent parler affaires. Alors, je pense qu'on a changé
l'orientation de la SDI, mais c'est pour en faire un organisme d'affaires.
Alors, il faut en tirer les conséquences par la suite. C'est l'un des
principaux organismes de développement économique, la SDI. Ce que
nous avons vu aujourd'hui, du moins jusqu'au 31 mars 1991, c'est que c'est le
fouillis total plutôt que la qualité totale. Je pense que, l'an
dernier, vous aviez démontré qu'au ministère de
l'Environnement, là aussi, c'était le fouillis. Vous aviez fait
une bonne vérification et c'était clair; c'était aussi une
priorité du gouvernement, mais c'était un fouillis aussi.
Maintenant, la saine gestion financière aussi, c'est une
priorité, mais, là encore, ce n'est pas très probant de la
part du gouvernement libéral. Je vous demande d'être
généreux, de me concéder ces remarques, parce que, au
fond, je crois que je suis ici, comme Opposition, pour critiquer le
gouvernement et pour souligner ses points faibles, et c'est ce que je fais,
c'est mon devoir de le faire. Alors, dans le passé, il pelletait des
dépenses payées d'avance; là, il est en train de pelleter
des revenus reçus d'avance, ce qui fait en sorte qu'il manipule ses
états financiers, 142 500 000 $. Alors, trois priorités, trois
échecs.
Je voudrais vous remercier, remercier toute votre équipe, et
souhaiter que, l'an prochain, on aura encore plus de temps pour aller au fond
des dossiers. Je pense bien qu'avec toute la détermination que j'ai
sentie dans votre équipe aujourd'hui il va y en avoir des sucrés
encore l'an prochain. J'ai l'impression qu'ils ne sont pas près, eux,
à rectifier le tir, parce que je ne suis pas sûr qu'ils savent de
quoi ils parlent quand ils parlent de qualité totale.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Labelle.
M. le Vérificateur général, je ne reviendrai pas
sur des antécédents. Je veux simplement vous dire que le
président de cette commission, y compris l'équipe
ministérielle, et l'équipe ministérielle et le
président de cette commission se sont toujours fait un devoir, et je me
suis levé moi-même en Chambre, pour que vous soyez entendu. Je ne
reviendrai pas en arrière, mais je vous invite à calculer le
nombre de fois que vous avez été entendus de 1976 à
1985.
Motion proposant de faire rapport d'ici
90 jours des actions mises en oeuvre pour
donner suite aux recommandations
du Vérificateur général
Sur ce, j'aimerais présenter la motion suivante, et j'en fais
motion: «Que la commission du budget et de l'administration
requière, de chacune des entités qui ont fait l'objet de
commentaires contenus dans le rapport du
Vérificateur général du Québec pour
l'année financière 1990-1991 et qui avaient été
également formulés au cours des années antérieures,
un rapport des actions qui ont été mises en oeuvre pour donner
suite aux recommandations du Vérificateur général ou des
motifs qui justifient de ne pas y donner suite; que ce rapport soit transmis
à la commission du budget et de l'administration dans les 90 jours de
l'adoption de cette motion.»
J'aimerais en faire le dépôt aux membres de cette
commission.
Alors, eu égard à la recevabilité de cette motion,
je vais céder ma place à M. le député de
Beauce-Nord, qui est président de séance, pour juger de la
recevabilité de la motion.
Le Président (M. Audet): La motion m'appa-raît
recevable. Est-ce qu'il y a des interventions...
M. Léonard: Des commentaires.
Le Président (M. Audet): ...ou des commentaires sur cette
motion-là?
M. Léonard: Des interventions. On va en faire des
interventions. Je pourrais dire, M. le Président - le nouveau
président remplaçant celui qui vient de partir, parce, cette
fois-là, il n'intervient pas à titre de président - que je
pense que ça a été l'objet de ma première
intervention en Chambre en ce qui concerne les finances publiques, je crois, en
décembre 1989 - je pourrai vérifier - à l'effet que
j'étais étonné qu'il n'y ait pas de suivi à des
recommandations du Vérificateur général. Je suis revenu
à la charge ultérieurement, à plusieurs reprises, pour
dire que, lorsqu'il y avait des recommandations, il était important de
faire des suivis. Je pense qu'aujourd'hui il y a une motion, je vais être
d'accord avec ça; à mon sens, ça fait partie du
contrôle et il y a bien d'autres éléments qui font partie
du contrôle, je suis tout à fait d'accord. Je vois que le
député de Vanier s'est inspiré des suggestions que j'ai
déjà faites dans les interventions antérieures.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Vanier, vous avez la parole.
M. Lemieux: je me réjouis de voir m. le
député de labelle partager les idées très
libérales et apolitiques du député de vanier, et je
demande le vote. (17 h 50)
M. Léonard: elles sont politiques, mais je ne m'en excuse
pas, moi, à tout le moins.
Le Président (M. Audet): Est-ce que la motion est
adoptée?
M. Lemieux: Adopté.
M. Léonard: Oui, adopté. Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Audet): Alors, la motion est
adoptée.
M. le député, si vous voulez prendre votre place. Il vous
reste du temps de parole, M. le député.
Le Président (M. Lemieux): Sur ce, je remercie les membres
de la commission du budget et de l'administration, M. le Vérificateur
général et M. le vérificateur général
adjoint, ainsi que l'ensemble des fonctionnaires qui vous accompagnent.
M. Léonard: II reste 10 minutes. Vous n'avez pas pris vos
10 minutes; on peut les prendre?
Le Président (m. lemieux): je vous ai offert, tout
à l'heure, de clôturer. alors, il me semble que vous avez
clôturé. mais il reste m. breton aussi qui aura quelque chose
à dire.
M. Léonard: Ah bon!
Le Président (M. Lemieux): Et il y a M. le
Vérificateur général aussi...
M. Léonard: Bien là, je comprends que je
réveille le parti gouvernemental. Mais très bien, très
bien.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, mais il y a quand
même M. le Vérificateur...
M. Léonard: Moi, j'aime bien entendre M. Breton, au terme
de cette première journée.
M. Camden: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Camden: ...il n'y a pas de réveil du parti
gouvernemental, on est intervenus depuis ce matin. je vais vous dire une chose,
ça n'avait rien du sommeil.
M. Léonard: Ah oui! des belles mesures de diversion.
M. Camden: On peut vous le rappeler, d'ailleurs.
M. Léonard: Des belles mesures de diversion.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît!!
Une voix: Le règlement, c'est 18 heures.
M. Léonard: On a jusqu'à 18 heures.
Le Président (M. Lemieux): Je remercie les fonctionnaires
de votre équipe et, M. le Vérificateur général,
nous sommes prêts à vous écouter en guise de
conclusion.
M. Breton: Messieurs, un mot suffit pour vous exprimer notre
pensée à la fin de cette journée de travail, alors que
vous nous avez écoutés avec beaucoup de soin, et c'est le mot
«merci». Je pense que ça dit tout. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Maintenant, nous ajournons nos
travaux sine die... Ah! M. le député de Beauce-Nord, vous avez
quelque chose à ajouter? Oui, M. le député de
Beauce-Nord.
M. Audet: Oui, j'avais demandé la parole tantôt,
mais le...
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'ordre de la Chambre
est 18 heures. Vous avez sept minutes, M. le député de
Beauce-Nord.
M. Audet: Merci, M. le Président. J'avais demandé
la parole tantôt. Je suis toujours surpris de voir qu'il y a des
parlementaires d'expérience, comme le député de Labelle,
qui semblent encore ignorer les règlements qui régissent le
déroulement de nos travaux.
Le Président (M. Lemieux): Sauf qu'il n'y a pas d'ordre de
la Chambre, M. le député de Labelle. Il y a un mandat de la
commission, ce qui est différent. Mais allez-y, M. le
député de Beauce-Nord.
M. Audet: Puisque j'avais la parole, je vais continuer, M. le
Président. Je veux remercier, à mon tour, le Vérificateur
général. J'ai pris connaissance, avec attention, de la section 11
où vous parlez d'une loi-cadre, de l'imputablité, entre autres,
parce qu'il y a beaucoup de questions qui ont été posées
ici, aujourd'hui, qui auraient pu ou dû, selon moi, s'adresser
directement aux organismes qui ont été soulevés. Alors, je
pense que la loi-cadre que vous proposez, j'espère, en tout cas, moi,
ça me plaît beaucoup et j'ai hâte au jour où les
parlementaires vont pouvoir rencontrer, avec des outils, par exemple, avec des
outils et des moyens, des organismes, des ministères du gouvernement,
des sociétés, pour aller dans le sens des recommandations que
vous avez faites à l'effet d'analyser et de faire le suivi qui s'impose
dans les recommandations que vous soulevez, dans les points que vous soulevez.
D'ailleurs, un groupe de députés, comme vous le savez, a fait une
proposition à cet égard dans un rapport qui a été
appelé le rapport Poulin. Alors, j'espère que, dans les prochains
mois, on pourra... Ce sera probablement contre l'opinion du
député de Labelle, parce qu'il avait
beaucoup de réserve sur lïmputabilité. Mais, enfin,
peut-être se voit-il ministre un jour et peut-être cela pourrait-il
lui créer des problèmes? Mais, enfin! L'avenir nous le dira. Je
peux vous assurer, pour ma part, que vous pouvez compter sur moi pour que la
recommandation 11 soit mise en application dans les plus brefs délais
possible. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, vous aviez terminé vos remarques finales. Il y a M. le
député de Lévis. Je m'excuse. Les remarques finales,
ça implique, ça indique: Remarques finales. M. le
député de Lévis.
M. Léonard: Je sais que vous n'aimez pas que je parle
à la fin...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, il vous reste du temps pour vos remarques finales, ce n'est pas
fait.
M. Garon: M. le Président, puisque j'ai cinq minutes, je
voudrais revenir sur la question de la Société de l'assurance
automobile...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: ...et c'est une question... Moi, je vais être
franc avec vous, je ne lâcherai pas cette question-là, parce que
je trouve que c'est anormal que, dans la vérification
générale d'une entreprise, cette vérification ne soit pas
faite, parce que ce sont des sommes d'argent considérables, c'est 1 700
000 000 $, c'est l'argent des contribuables. Et, aujourd'hui, quand les gens ne
respectent pas les institutions... On dit que, si le Vérificateur
général ne regarde pas cette question-là, les gens sont en
droit d'avoir le mépris le plus profond pour toutes les institutions qui
relèvent du Parlement.
L'Assemblée nationale a donné un mandat au
Vérificateur général. Il ne relève pas du
gouvernement, il relève de l'Assemblée nationale, et
l'Assemblée nationale, ce qu'elle a voté, c'est une loi pour dire
dans quelles conditions la Société a le droit de percevoir des
primes d'assurance. Et jamais l'Assemblée nationale n'a voté une
loi permettant à la Société de l'assurance automobile de
lever des taxes. Ce que le ministre des Finances fait quand il demande de
l'argent à la Société de l'assurance automobile, c'est que
les primes d'assurance ne sont plus des primes d'assurance; ça devient
une partie primes et une partie taxes. Et c'est ce que dit Patrice Garant dans
son avis juridique. Là, vous me dites que vous n'avez pas d'opinion
juridique. La Société de l'assurance automobile aussi ne semble
pas avoir d'opinion juridique. Je pense que c'est vraiment se voiler la face et
refuser de regarder la réalité en face. Le ministre des Finances,
non plus, ne semble pas avoir d'opinion juridique. Je pense qu'actuellement les
gens se voilent la face et je pense que c'est de cette façon-là
que Maxwell a pu faire ce qu'il a fait en Angleterre, c'est-à-dire
prendre les fonds qui appartiennent au public et les divertir à d'autres
fins que celles pour lesquelles ils doivent aller. C'est exactement ce qui se
passe à la Société de l'assurance automobile actuellement,
avec la complicité de beaucoup de gens qui ont des salaires faramineux
pour veiller à surveiller les intérêts du public.
Je vais être très dur, parce que je suis en train de me
demander si la vérification générale de l'Ordre des
comptables ça vaut quelque chose, si on n'est pas en train de faire
gaspiller de l'argent au public pour rien. Trop souvent, on voit des
vérifications générales où on donne des rapports
qui refusent d'aller au fond des choses. Je me demande si, tantôt, il ne
faudra pas faire une enquête publique sur la comptabilité, parce
que les gens paient des sommes d'argent pour avoir des gens qui
vérifient ce qui se passe dans les entreprises, pour voir si les
intérêts des citoyens sont respectés et, finalement, ces
gens-là qui sont payés des sommes d'argent considérables
se déguisent en courants d'air quand vient le moment d'assumer leurs
reponsabilités. La comptabilité fait partie de ça et,
aujourd'hui, je pense que c'est une des professions qui va être le plus
questionnée dans les années qui viennent, parce que ces
fraudes-là - je pèse bien mes mots - où il y a des
détournements de fonds par centaines de millions et de milliards ne
peuvent pas être faites sans la complicité de gens qui sont
payés très cher pour surveiller les intérêts du
public, qu'ils doivent protéger et qu'ils ne protègent pas, mais
qui collectent les piastres, par exemple.
Je pense que le bureau du Vérificateur général, je
ne veux pas qu'il cherche d'entour-loupettes, il faut qu'il fasse son travail,
et la Société de l'assurance automobile, en vertu de sa loi
constitutive, n'a pas le droit de collecter de l'argent pour d'autres fins que
des primes d'assurance. Quand elle parle de sécurité
routière, c'est défini dans la loi également à
l'article 2, si ma mémoire est bonne, paragraphe d ou e. C'est deux
fins, la sécurité routière; c'est de vérifier
l'état des véhicules et de vérifier la capacité de
conduire des conducteurs d'automobile. Il n'y a rien d'autre, dont la
responsabilité et la sécurité, à la
Société de l'assurance automobile. Quand on dit qu'on veut payer
des montants d'argent, comme on l'a dit en Chambre - ça a
été dit par le ministre des Transports du temps - pour quelles
fins on voulait collecter et prendre de l'argent, avec le ministre des
Finances, dans la caisse de la Société de l'assurance automobile,
c'était rendu des clôtures à neige, comprenez-vous, puis
toutes sortes de dépenses qui sont des objets normaux du budget du
ministre des Transports.
Je pense que, dans ce cas-là, il y a une
responsabilité incroyable. C'est tellement grave, ça, que
si, un jour, il y a un recours collectif et si l'opinion de Me Patrice Garant
qui, lui, a donné son opinion en plein jour, il ne s'est pas
déguisé en courant d'air, et le bureau de Mes Jolin et Morisset
aussi a donné son opinion juridique dans le même sens, ils ne se
sont pas déguisés en courants d'air... Il n'y a aucune autre
opinion juridique actuellement et, quand on vous le demande, que vous dites que
vous n'en avez pas, que le ministre des Finances dit qu'if n'en a pas et que la
Société de l'assurance automobile n'en a pas, je regrette, il y a
quelque chose qui ne va pas. On est rendus dans des sommes d'argent
considérables. Les deux seules opinions juridiques que nous avons disent
que c'est illégal, que ça ne peut pas être corrigé
rétroactivement. Ça veut dire que c'est une dette
considérable à la Société de l'assurance automobile
envers ses assurés et, avec les intérêts accumulés,
ça fait déjà sans doute plus de 1 000 000 000 $, puisque
le total de 1986 à 1995 fera 1 700 000 000 $, sans compter les frais
d'intérêt. C'est une dette du gouvernement donc, à la
Société, puisque le gouvernement aura demandé à la
Société de payer de l'argent qu'elle n'avait pas le droit de lui
payer, parce qu'elle ne l'avait pas collecté pour ces fins-là.
C'est très important, c'est majeur et je pense qu'on ne peut pas se
voiler la face, et le Vérificateur général a des
conditions de travail spéciales qui font qu'il n'a pas besoin d'avoir
peur du gouvernement pour faire son travail. Je pense que, dans ce
cas-là, le bureau du Vérificateur n'a pas le droit de ne pas
analyser cette affaire-là pour la protection, pas de l'Assemblée
nationale, mais de ceux pour qui l'Assemblée nationale vote les lois et
qui, en l'occurrence, sont les assurés et les victimes d'accidents
d'automobile.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. Vous avez terminé. Alors, nous
ajournons nos travaux sine die, la commission ayant rempli son mandat.
(Fin de la séance à 17 h 59)