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(Seize heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Gobé): On attend M. le ministre?
C'est ça, je le vois arriver, là. M. le critique de l'Opposition,
Mme la députée, M. le secrétaire, il me fait plaisir
aujourd'hui d'ouvrir cette séance et je constate avec plaisir que nous
avons quorum. Je vous rappellerai rapidement le mandat aujourd'hui qui est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 418, Loi modifiant la Loi sur la Société immobilière
du Québec. M. le secrétaire, avez-vous des remplacements à
nous annoncer aujourd'hui?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Bon, alors, faites.
Le Secrétaire: M. Hamel (Sherbrooke) remplacera M. Camden
(Lotbinière), M. Gobé (LaFontaine) remplacera M. Després
(Limoilou) et Mme Dupuis (Verchères) remplacera Mme Marois
(Taillon).
Le Président (M. Gobé): Alors, ceci étant
fait, est-ce qu'il y a des déclarations d'ouverture? M. le ministre?
M. Dutil: Oui, monsieur.
Le Président (M. Gobé): Vous avez 20 minutes pour
ce faire.
M. Dutil: Oui, je croyais que...
Le Président (M. Gobé): Par la suite, nous
passerons à votre vis-à-vis.
M. Dutil: D'accord.
Le Président (M. Gobé): Pardon, Mme la
députée de Verchères. Je m'excuse. Nous passerons à
Mme la députée de Verchères et, après ça,
à vous, M. le député.
Déclarations d'ouverture M. Robert
Dutil
M. Dutil: Alors, évidemment, à l'adoption de
principe, j'ai pris une position de principe, ce qui fait que les discours sont
moins longs en général, quand on ne veut pas
répéter deux fois la même chose, que lorsqu'on veut donner
les détails...
Le Président (M. Gobé): C'est là votre
marque de commerce, M. le ministre.
M. Dutil: ...de la transaction. Je voudrais préciser
certaines données, qui peuvent être utiles, je pense, pour
l'Opposition à ce moment-ci de l'étude article par article, qui
n'ont pas directement rapport avec le projet de loi comme tel, mais qui vont
certainement convaincre les membres de la commission du bien-fondé de la
transaction.
D'abord, au niveau des superficies, il y a 4 269 000 pieds carrés
de superficie qui se répartissent d'une façon quelconque, mais je
vais...
Une voix: 260 000?
M. Dutil: Oui, 269 000 pieds. Mais je dois dire tout de suite -
et c'est ce qui est important - que la superficie louable est de 3 024 254
pieds carrés. Donc, on se basera, dans nos discussions, je pense bien,
sur la superficie louable, la superficie non louable étant moins
importante. Ça se divise comme suit: infrastructure, 716 000 pieds
carrés - ce sont les étages de stationnement, de services et
d'entrepôt - le basilaire, 705 000 pieds carrés et les tours du
nord, de l'est et du sud qui sont de 400 000, 509 000 et 691 000 pieds
carrés. Alors, vous voyez qu'on a exclu la partie hôtel qui, elle,
est de 386 000 pieds carrés. Il n'est pas dans le calcul des 3 024 000
pieds carrés, l'hôtel.
M. Léonard: Ah! non?
M. Dutil: Non. Attendez un petit peu, là. Non, il n'y est
pas.
M. Léonard: Non, effectivement, c'est en plus.
M. Dutil: Ça va? Quant à la répartition des
locataires, c'est une autre donnée, M. le Président, qui
m'apparaît importante pour nos discussions. Desjardins occupe 721 000
pieds carrés, la Société immobilière, 720 000 pieds
carrés - j'arrondis aux 1000 pieds près, là, c'est 719 871
pieds carrés - Hydro-Québec, 334 000 pieds carrés, la
CSST, 102 000 pieds carrés, et la CUM, 67 000 pieds carrés.
Alors, tout ça nous donne 1 945 000 pieds carrés,
évidemment, qui sont inférieurs aux 3 024 000 pieds carrés
parce qu'il y a des commerces. Les commerces ne sont pas inclus dans cette
répartition-là.
L'ensemble de l'immeuble est, à toutes fins pratiques,
loué. C'est un point qui a été soulevé par M. le
député de Labelle et je tiens à le préciser
également dans mes remarques préliminaires: quant à la
location privilégiée que nous avons à un prix très
intéressant qui est de 5 $
du pied carré, dans la transaction, nous ne cédons pas ce
privilège d'avoir des espaces loués à 5 $ le pied
carré de base jusqu'en l'an 2005. Et ça, c'est pour la
majorité des espaces que nous louons, c'est-à-dire 600 000 pieds
carrés. La majorité est louée à 5 $ le pied
carré jusqu'en l'an 2005, et c'est maintenu. C'est par rapport au prix
du marché habituel, là, effectivement. Bon, on peut parler de 12
$, 13 $ ou 14 $ du pied carré selon les circonstances, si on parle d'il
y a un an. Aujourd'hui, il peut y avoir des ententes en bas de ce
prix-là pour certaines périodes, mais, finalement, le prix du
marché tourne autour de ça sur un plus ou moins long terme.
M. Léonard: Entre 12 $et15 $.
M. Dutil: Oui. Quant au prix de la transaction, je pense que
c'est ce qui intéresse le plus la commission. Il y a eu une
évaluation qui a été faite à 355 000 000 $. La
valeur a été comptée de la façon suivante, parce
qu'on va constater qu'il y a une différence avec la valeur de la
municipalité qui, elle, est à 420 000 000 $ plutôt que 414
000 000 $, selon mes informations.
M. Léonard: 420 000 000 $, l'évaluation.
M. Outil: II me semble que c'est 420 000 000 $, la valeur
actuelle. Mais il faut se rappeler que Place Desjardins est la
propriété de locataires qui se sont donné des taux
privilégiés en 1976 et qui n'ont jamais fait suivre les taux en
fonction du prix du marché, et que, lorsque tu fais une transaction, tu
dois tenir compte de ce que ça rapporte cet édifice-là,
tandis que, lorsque la municipalité fait son évaluation, elle la
fait d'une façon différente. Elle la fait en tenant compte de la
valeur marchande. Je vous donne un exemple. Si quelqu'un est
propriétaire de sa bâtisse entièrement, donc qu'il est le
seul locataire, il ne se paie pas de loyer. Pourtant, il y a une
évaluation qui peut être importante sur sa bâtisse.
Alors, le calcul a été fait de la façon suivante:
il y a 25 800 000 $ et 25 900 000 $ de revenus, pour cette année et
l'année prochaine, et le taux d'actualisation a été
fixé dans les discussions - et il nous apparaît, à nous,
correct - à 7,3 %.
M. Léonard: 7,3?
M. Dutil: De taux d'actualisation. Si vous divisez ce
montant-là par...
M. Léonard: 7,3.
M. Dutil: ...7,3, vous allez arriver au chiffre de 355 000 000 $.
Ça va? Qu'est-ce qu'on fait maintenant après les 355 000 000 $?
Parce que, quand on lit les articles de journaux, ils ont pris le chiffre, ils
l'ont divisé par deux et ils ont dit: C'est ce que va recevoir le
gouvernement. Ça ne se passe pas exactement comme ça, là.
Évidemment, il y a des choses à tenir compte.
M. Léonard: Ha, ha, ha! Quelques hypothèques.
M. Dutil: Entre autres, en particulier. M. Léonard:
Ha, ha, ha!
M. Dutil: Alors, on prend l'augmentation de la valeur de
l'immeuble, 355 000 000 $, moins ce qu'il y avait au passif, 186 800 000 $, il
reste 168 000 000 $, auxquels on ajoute et on soustrait certaines choses. On
ajoute la valeur aux livres, 16 000 000 $, les bénéfices non
répartis...
M. Léonard: La valeur aux livres? M. Dutil: Oui, au
31 décembre 1991. M. Léonard: De quoi?
M. Dutil: De l'ensemble du complexe, 16 000 000 $.
M. Léonard: 16 000 000 $?
M. Dutil: Oui.
M. Léonard: Un instant, là. On peut poser des
questions?
M. Dutil: Absolument.
M. Léonard: La valeur aux livres de l'immeuble, elle est
juste de 16 000 000 $?
M. Dutil: Oui.
M. Léonard: Mais la valeur aux livres de quoi?
M. Dutil: Augmentation de la valeur de l'immeuble, 168 000 000 $,
bénéfices... Est-ce que nos gens des Finances sont
arrivés? Les gens des Finances vont être ici dans quelques
minutes. Je vous donne le «breakdown», là, et puis vous
pourrez poser vos questions directement.
M. Léonard: Est-ce que je peux, quand même, vous
poser une question là? La valeur aux livres de Place Desjardins, 16 000
000 $, ce n'est pas ça, là. Ça ne se peut pas.
Écoutez, je m'excuse, là, mais...
M. Dutil: Valeur aux livres des actions PDI, c'est 16 000 000 $,
des actions PDI.
M. Léonard: Ah, des actions PDI! Ah, ah, ce n'est pas
pareil, ça!
M. Dutil: Non, non, en tout cas.
M. Léonard: Les actions de Place Desjardins.
M. Dutil: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): Alors, nous sommes à
l'étape des remarques préliminaires, malgré tout, des
déclarations d'ouverture, pardon, M. le ministre. Je pense que le
dialogue se nouera un peu plus tard; sinon, on ne finira plus.
M. Dutil: D'accord, mais on se comprend. Le Président
(M. Gobé): À ce stade-ci...
M. Dutil: Non, mais je pense que c'était important de se
comprendre, là. La valeur aux livres des actions de PDI est de 16 000
000 $, l'augmentation de la valeur de 168 000 000 $, les
bénéfices non répartis de 8,8. Alors, jusque-là, on
se comprend bien.
Là, il arrive une question d'impôt, impôt additionnel
pour un acheteur d'actions de PDI plutôt qu'un acheteur de l'immeuble qui
est un négatif de 24,7 avec un rajustement de l'impôt
reporté pour tenir compte de sa valeur réelle de 41,3. Ça,
je vous avoue que je ne suis pas familier avec ça. L'un se soustrait,
l'autre s'additionne.
M. Léonard: 25...
M. Dutil: 24,7 se soustrait.
M. Léonard: O.K.
M. Dutil: 41,3 s'additionne. Ce qui ramène la valeur des
actions à 209 000 000 $ et c'est de là qu'on fait le calcul de
notre valeur à nous, de la valeur de notre transaction, 49 % de 209 600
000 $, ce qui donne 102 700 000 $. Nous concédons un escompte de 4,3 %
pour position minoritaire, de 4 400 000 $, et nous arrivons à la
transaction de 98 300 000 $.
M. Léonard: Escompte pour un minoritaire. Il y a des bons
négociateurs de l'autre bord.
M. Dutil: Alors, je pense que ça met les cartes sur la
table, M. le Président. Ça dégonfle là certains
chiffres qu'on a vus apparaître dans les journaux. Ce n'est pas une
transaction de 200 000 000 $. C'est une transaction autour de 100 000 000 $.
C'est toutefois une somme importante, j'en conviens, et nous aurons, j'imagine,
à en discuter, à répondre aux questions de l'Opposition
là-dessus.
Quant au projet de loi, on l'a vu, il est relativement court. Il ne nous
oblige pas à faire partie du conseil d'administration, mais il nous le
permet. Il nous permet de vendre à la Con- fédération des
caisses populaires et d'économie Desjardins du Québec ou à
Place Desjardins. Mme la députée de Verchères demandait
pourquoi c'est si pressant. Je dois vous dire que cette idée de
transiger avec la Caisse de dépôt, ce qui était possible
sans que nous passions un projet de loi, ou avec les caisses populaires
Desjardins n'est pas d'hier. C'est une discussion qui a été
entreprise il y a plusieurs mois de ça. Il y avait déjà
des rapports cet automne à cet effet-là. Les discussions se sont
poursuivies au cours de l'hiver. Nous en sommes arrivés à une
entente et c'est la raison pour laquelle nous déposons un projet de
loi.
Quant à la raison pour laquelle on souhaite que ce soit fait
rapidement, c'est que 98 300 000 $, quand on calcule ce que ça rapporte
ou. ce que ça sauve en intérêts si on l'a plutôt que
de ne pas l'avoir, ça ne donne rien de laisser traîner les choses.
Je suis certain que le député de Labelle, à voir son
sourire, est d'accord avec moi. Ça met fin à mes remarques
préliminaires.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Nous
allons maintenant passer aux remarques, pardon, aux déclarations
d'ouverture de Mme la porte-parole de l'Opposition officielle. Madame.
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Le Président
(M. Gobé): 20 minutes. Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: M. le Président, là, je suis de plus en
plus déçue. On a pu voir le ministre des Approvisionnements et
Services, tantôt en Chambre, pratiquement bâcler dans l'espace de
quelques minutes le discours comme si c'était pour banaliser la
transaction que le gouvernement s'apprête à faire avec le
Mouvement Desjardins. En fait, il fait quoi? Il vend. Le gouvernement est
propriétaire de la moitié, si vous voulez... Si on veut parler,
prendre des termes, moi, je ne m'embarquerai pas dans des calculs savants et je
ne veux surtout pas prendre l'attitude du ministre et débouler une
série de chiffres, de calculs qu'on ne peut pas vérifier à
mesure et qui, pour le commun des mortels, deviennent incompréhensibles
avec la vitesse avec laquelle il a descendu tout ça. Nous y reviendrons
tantôt.
Cependant, une chose est certaine, si je me place dans les chaussures
des contribuables, le gouvernement du Québec fait quoi? Il vend, si vous
voulez, sa demi-propriété qui était la Place Desjardins
à Montréal, il la vend à rabais. J'étais sous
l'impression que c'était 200 000 000 $ et là on apprend que la
vente devrait se finaliser au prix de 98 300 000 $. C'est bien ça que le
ministre a dit tantôt?
M. Outil: Est-ce que c'est une question, M. le
Président?
Mme Dupuis: Là, ce qu'on sait...
Le Président (M. Gobé): Non, à ce stade-ci,
il ne peut y avoir de questions, M. le ministre.
M. Dutil: Non, c'est parce qu'elle me regarde en me posant une
question.
Mme Dupuis: Monsieur, il pourra me corriger tantôt.
Le Président (M. Gobé): Madame, je vous demanderais
de faire votre déclaration et de garder vos questions pour...
Mme Dupuis: Bon, le ministre...
Le Président (M. Gobé): ...le premier article du
projet de loi.
Mme Dupuis: ...a affirmé tantôt que la vente devrait
se finaliser pour la somme de 98 300 000 $, alors qu'on sait que
l'évaluation de la Communauté urbaine de Montréal est de
414 000 000 $. On sait très bien, pour avoir des
propriétés - chacun en a ou du moins a une maison - que ce soit
une municipalité ou que ce soit la Communauté urbaine de
Montréal, jamais ce n'est évalué au plein montant. Donc,
si on regarde la part des actions, 49 %, et la valeur de l'évaluation,
encore là, on devrait arriver au moins à 200 000 000 $ et
là on s'apprête à faire une vente pour 98 300 000 $.
La rapidité, maintenant, avec laquelle on veut faire cette
transaction qui, d'ailleurs, nous a été apprise par les journaux.
On voit que ça doit se finaliser rapidement avant le budget. C'est une
manière de faire à laquelle le gouvernement ne nous avait pas
habitués du tout. Ce que l'on vit depuis quelques sessions,
c'était qu'on reportait le plus tard possible les projets de loi et
là on les adoptait à la vapeur à la fin de session. La
session débute, la lecture du budget n'est même pas faite, mais
elle se fait demain.
C'est là que je peux voir un lien. Pourquoi cette rapidité
de passer ça aujourd'hui ou demain sans faute, mais même avant la
lecture du budget? C'est probablement qu'il est déjà
comptabilisé. C'est une hypothèse peut-être que vous me
dites, mais le ministre conviendra qu'il a tout mis en oeuvre pour qu'on en
vienne à ces conclusions. Il semble là qu'on veut boucher un trou
dans le budget, puis essayer de faire croire aux contribuables que, là,
on a bouclé le budget, puis que le déficit est un petit peu moins
gros. C'est pratiquement inacceptable parce qu'on sait très bien d'abord
qu'un projet de loi comme celui-là, passé à la vapeur,
c'est une infime partie des contribuables qui vont être au courant de
ça. Mais ce qui va l'être beaucoup plus, qui sera beaucoup
remarqué, c'est le budget, puis le déficit. Le gouvernement le
sait très bien.
Alors, vous serez en mesure, à ce moment-là, de dire: Bon,
nous avons bouclé. Mais ce que le contribuable ne saura pas pour
l'ensemble, ce sera, comme mon collègue le disait tantôt en
Chambre, finalement, qu'on vend la maison pour payer nos dettes. Ça,
c'est comme si n'importe lequel citoyen dit: Oui, mais j'ai bien
administré mon budget, puis je n'ai pas de trou. Par contre, pour
tâcher d'arriver à boucler le budget à la fin de
l'année, bien, il a vendu les meubles. C'est un peu ça. Si on
regarde la conjoncture économique, on sait très bien, là,
tous les agents d'immeubles sont d'accord, tout le monde sait ou presque que ce
n'est pas présentement un marché de vendeurs. C'est plutôt
le temps d'acheter.
Le gouvernement, lui, décide de vendre en vitesse à un
prix... C'est vraiment une vente, oui, qu'on pourrait quasiment qualifier de
vente de feu, au niveau de l'urgence, au niveau du prix et tout. Qu'est-ce qui
le motive? Tantôt, M. le Président, le ministre invoquait que le
gouvernement, lorsqu'il considère que sa mission a été
accomplie, transmet ça à l'entreprise privée. Ça,
je veux bien, pour une entreprise de production peut-être, où on
dit: Là, il faut donner un coup, il faut partir, il faut créer
des emplois et tout ça. Et on dit: Bon, bien, là, on va donner un
coup et, après, lorsqu'elle est rentable, là, le gouvernement se
retire et laisse l'entreprise privée continuer.
Ce n'est pas le cas pour ça, là. Ce n'est pas une
entreprise, par exemple, où il faut exploiter nos richesses naturelles,
où le gouvernement se doit de donner un coup d'épaule pour
partir. C'est une propriété qu'on vend à rabais, à
toute vitesse. Je conviens que c'est aux caisses populaires Desjardins, que
c'est une entreprise privée, mais coopérative, que l'ensemble des
actionnaires, ce sont des Québécois, mais, en tant que
gestionnaires des fonds publics, est-ce qu'on doit considérer ce
point-là au point de laisser aller complètement? Moi, je ne pense
pas. Je pense que les fonds publics, c'est les fonds publics et c'est la
propriété de tous les contribuables. Qu'on fasse une vente aussi
vite, aussi rapidement où, à première vue - on reviendra
sur les chiffres tantôt, M. le Président - il semble que les bons
négociateurs, ils étaient de l'autre bord de la clôture,
mais ils n'étaient pas du côté du gouvernement...
Il semble - je dis bien «il semble» - que les caisses
populaires Desjardins ont fait une drôle de belle transaction. Tant mieux
pour elles, mais est-ce que c'est le rôle du gouvernement de faire en
sorte que l'entreprise privée fasse des bonnes affaires de cette
manière-là? Je pense que c'est le rôle du gouvernement de
faire en sorte que l'entreprise privée se sorte bien de la
récession économique, mais de cette manière-là, en
donnant les biens publics pratiquement, là.
permettez-moi de m'interroger sur le bien-fondé de cette
manière de faire.
Il y a plusieurs interrogations, M. le Président, qui
apparaissent et auxquelles le ministre devra répondre tout au long de
cette commission parlementaire, même s'il n'y a que deux articles. On
sait très bien que, historiquement, ça appartenait à
SODEVIQ et, ensuite, il y a eu la création, comme M. le ministre disait
tantôt, de la Société immobilière du Québec.
Mais, lorsque la Société immobilière du Québec a
acheté de SODEVIQ, il y avait un contrat entre le Mouvement Desjardins
et le gouvernement québécois qui contenait à
l'époque - et qui contient toujours - un bail emphytéotique de 65
ans au terme duquel les parts du gouvernement doivent revenir à la ville
de Montréal.
Est-ce que la ville de Montréal a été
consultée à cet effet? Est-ce que la ville de Montréal
garde toujours ces droits-là? Ou si, là, finalement, on a vendu
ou on a cassé ce bail, est-ce qu'elle a été
consultée? Ce serait peut-être intéressant de le savoir
pour ne pas que la ville de Montréal, après, ait une mauvaise
surprise ou que ce soit à défaire. J'aimerais, moi, avoir
l'opinion de la ville de Montréal à cet effet ou, du moins,
savoir quelles ont été ses réactions, ce qu'elle en
pense.
Le montant, comme j'ai dit tantôt, de 98 300 000 $, du prix de la
vente, est-ce que ce montant représente bien la valeur du marché
immobilier actuellement au centre-ville de Montréal? M. le ministre nous
a dit tantôt qu'il louerait à 5 $ le pied carré, mais
ça, on y reviendra. Sur les immeubles à Montréal,
actuellement, est-ce qu'il y a eu une étude de faite à savoir sur
quoi ils se sont basés pour le vendre à 98 000 000 $? Le ministre
a énuméré une série de chiffres tantôt
à la manière de formules comptables. Vous me permettrez de vous
requestionner, M. le ministre, sur ça et de vous demander qu'on puisse,
à chaque chiffre que vous avancez, vous questionner et reprendre cette
discussion-là, mais d'une façon plus détaillée et
en prenant le temps, à chaque opération qui a été
faite, de la décortiquer un peu pour en savoir un petit peu plus long,
parce qu'il me semble qu'à ce prix-là, ou le gouvernement s'est
fait rouler, ou il s'est senti généreux. (16 h 45)
Au niveau des baux après, c'est sûr que le gouvernement
passe, comme disait mon collègue tantôt, de propriétaire
à locataire. Généralement, c'est l'inverse. J'irais
même jusqu'à dire que, pour être locataire aujourd'hui, il
faut pratiquement être riche. C'est beaucoup plus payant et
intéressant d'être propriétaire. Le gouvernement se
comporte comme s'il était très riche, il se permet d'être
locataire. Quelqu'un qui gère bien ses immeubles,
généralement, fait des gains. Là, le gouvernement s'en
débarrasse. Ou il les a mal gérés, ou il n'est vraiment
pas intéressé à conserver les immeubles ou les entreprises
susceptibles d'apporter un revenu dans les coffres de l'État. Cependant,
avec le niveau de taxation qu'ont dû subir les contribuables, le
gouvernement ne donne pas du tout les signes d'un gouvernement qui, au niveau
du budget, semble au-dessus de ses affaires.
Quels seront les effets? D'accord, le ministre a dit tantôt qu'ils
ont un bail jusqu'en l'an 2005 à 5 $ le pied carré. C'est une
dizaine d'années, ça. C'est très vite passé. Alors,
quels seront les prix après? Quels seront les effets de cette vente sur
les baux des espaces occupés par le gouvernement du Québec
à la Place Desjardins? Quand on sait que le gouvernement est le
deuxième plus important occupant du complexe après le Mouvement
Desjardins, est-ce qu'il déménagera ailleurs ou quoi? Donc, 10
ans, c'est court. Quels seront les prix? Ça veut dire qu'il devient
locataire. Donc, il devient à la merci du propriétaire et du prix
auquel le propriétaire voudra bien laisser aller ses locaux. Dans 10
ans, on peut supposer aussi, en espérant, que l'économie ira
mieux. Alors, il est possible que les prix soient beaucoup plus
élevés que ceux qu'il doit payer actuellement, 5 $. C'est un prix
intéressant pour le gouvernement d'avoir des espaces au complexe
Desjardins à 5 $ le pied carré.
Cet argent-là, maintenant, même si ce n'est que 98 300 000
$, où est-ce qu'il ira? Cette entrée d'argent - parce que,
normalement, ça devrait être une entrée d'argent - est-ce
qu'elle ira dans les coffres de la Société immobilière du
Québec ou dans le fonds consolidé pour payer la dette? Vous me
permettrez d'ironiser un peu: Peut-être que ça va servir à
payer les surplus du Stade olympique.
Sur le moment aussi de la vente, j'avoue que j'ai prêté des
intentions au ministre; ça sera confirmé demain. Je suppose, je
pense que le ministre a dû subir les pressions du ministre des Finances,
puisque le ministre des Finances devra dévoiler son budget demain.
Sinon, pourquoi - et les raisons qui ont été invoquées ne
sont pas, selon moi, très valables - à ce moment-ci, alors qu'on
sait que le marché est à son plus bas, si ce n'est pour renflouer
les coffres de l'État pour éponger le déficit?
M. le Président, je pense que ce n'est pas de la démagogie
de dire qu'à première vue il semble que ce soit pour renflouer le
déficit - c'est la lecture du budget demain - alors qu'il n'y avait rien
qui urgeait. Vous savez, ce n'est pas la bonne affaire. Ce n'est pas l'occasion
de dire: Là, on parvient à vendre le double du prix et on n'a
jamais eu une offre pareille. Si mes informations sont bonnes, M. le
Président, en plus, il semblerait que ce n'est pas le Mouvement
Desjardins qui a fait les premières démarches auprès du
gouvernement pour acheter; c'est plutôt l'inverse qui s'est produit.
Lorsque quelqu'un se presse... Si mes sources sont bien...
Le Président (M. Gobé): Vous avez mentionné,
tout à l'heure, le budget de demain. Mais il n'y a pas de budget demain.
Il y a un discours de nouvelle session. M. le ...député de...
Une voix: Ah, c'est demain, la synthèse?
Mme Dupuis: Ce n'est pas demain, le discours.
Le Président (M. Gobé): C'est après-demain,
jeudi.
Mme Oupuis: C'est le discours inaugural. C'est
après-demain.
Le Président (M. Gobé): C'est ça. Il n'y a
pas de budget demain, là. Il n'y a pas de discours du budget.
Mme Dupuis: Ce n'est pas le dépôt de la
synthèse?
Le Président (M. Gobé): C'est ça. Il n'y a
pas de discours demain.
Une voix: Le dépôt de la synthèse, demain. Ah
bien, c'est une nouvelle, ça?
Le Président (M. Gobé): Non, je ne sais pas. C'est
votre collègue qui a annoncé ça.
Mme Dupuis: Oui, bien, là, je viens de l'apprendre.
Le Président (M. Gobé): C'est votre collègue
qui disait: Dans le discours du budget de demain.
Mme Dupuis: On était convaincus que c'était demain,
le discours.
M. Dutil: Pas le budget. Le budget, vous allez attendre un peu,
là, que l'année finisse toujours bien.
M. Léonard: C'est le discours inaugural, demain.
Le Président (M. Gobé): C'est ça, le
discours inaugural de la nouvelle session.
Mme Dupuis: Puis le discours du budget? Le Président
(M. Gobé): Ça, c'est plus tard. Mme Dupuis:
Début mai.
Le Président (M. Gobé): II vous reste quelques
minutes. Allez-y. Je voulais juste éclaircir parce qu'il semble y avoir
confusion un peu.
Mme Dupuis: Eh bien, on avait un peu plus de temps. Raison de
plus, ça pressait un peu moins, peut-être, là.
M. Dutil: Bien, là-dessus...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, s'il vous
plaît!
Mme Dupuis: Bon, tout ça pour dire que, finalement, est-ce
le meilleur moment pour vendre et surtout pour vendre à ce prix? Si mes
informations sont bonnes, ce serait le gouvernement - et je
répète ce que je disais tantôt - qui aurait fait les
premières démarches afin de vendre ses actions aux caisses
Desjardins et non l'inverse. Généralement, ceux qui font les
premiers pas dans une transaction, c'est parce qu'il doit y avoir
intérêt. Ou, du moins, si ce n'est pas pécuniaire, il doit
y avoir d'autres intérêts. Mais là, le ministre, dans sa
brève allocution de tantôt, n'a pas du tout été
convaincant sur le pourquoi de cette vente à ce moment-ci et l'urgence
de la situation. Pourquoi avant le 31, avant la finition de l'année
fiscale?
Je pense que, dans une transaction comme celle-là, le
gouvernement doit faire la démonstration qu'il fait une bonne affaire -
on parle de sous - et non l'inverse. Parce qu'il ne faut pas oublier que tout
de même... C'est un projet de loi qui semble anodin: deux articles
où on ne fait que changer un mot, mais qui, tout de même, ont des
implications de plusieurs millions de dollars qui appartiennent aux
contribuables. Je pense, M. le Président, que mon temps est
terminé. Je vous remercie.
Le Président (M. Gobé): Eh oui. J'allais justement
vous en aviser, Mme la députée, mais, vous savez, on n'en est pas
à 30 secondes près pour faire...
Mme Dupuis: J'aurai l'occasion de continuer tantôt.
M. Léonard: Avec la permission du président, je
pourrais continuer.
Le Président (M. Gobé): Nous sommes là pour
travailler de manière constructive et vous avez encore quelques secondes
pour vous exprimer. C'est avec plaisir que je vais vous laisser le faire.
Mme Dupuis: Oui. En conclusion, je pense que nous reviendrons...
Comme je disais à M. le ministre tantôt, le ministre devra nous
faire la démonstration détaillée du pourquoi du prix de
vente, aussi du pourquoi du montant et du pourquoi de l'urgence de la
situation, ce qui n'est pas évident.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la
députée.
M. Dutil: En vertu de 212, j'aimerais rectifier un point...
Le Président (M. Gobé): Pourriez-vous nous dire
c'est quoi, le 212 que vous invoquez?
M. Dutil: Ah oui. On a cité de mes propos à tort et
de façon mal interprétée. Je pense que c'est un point
important.
Le Président (M. Gobé): En effet, en vertu de 212,
et je vais en faire la lecture pour les membres de cette commission:
«Tout député estimant que ses propos ont été
mal compris ou déformés peut donner de très brèves
explications sur le discours qu'il a prononcé. Il doit donner ces
explications immédiatement après l'intervention qui les suscite.
Elles ne doivent apporter aucun élément nouveau à la
discussion, ni susciter de débat.» Alors, M. le ministre,
très rapidement, je vous donne la parole.
M. Dutil: Alors, c'est que Mme la députée a dit que
c'était une transaction à 98 300 000 $ sur une valeur de 414 000
000 $ et ce n'est pas exact. C'est une transaction à 355 000 000 $ de
laquelle, évidemment, on soustrait les hypothèques et autres
points que j'ai nommés tout à l'heure un peu rapidement, j'en
conviens; nous aurons l'occasion d'en discuter. Mais c'est une transaction qui
se fait à 355 000 000 $ et non pas à 98 000 000 $. Le
résidu est...
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Alors, cela rectifie peut-être la mauvaise interprétation qui
avait pu être faite de votre propos. J'avais cru comprendre ça,
moi aussi, tout à l'heure et j'étais un peu surpris de ce chiffre
de 98 000 000 $. Alors, ceci clarifie certainement, pour les membres de cette
commission, ce que vous aviez dit. Alors, je crois maintenant que M. le
député de Labelle... Non?
M. Léonard: Oui, mais...
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'il y a quelqu'un
du côté ministériel? Je pense que M. le
député de Verdun, vous avez demandé la parole?
Alors, je vous la passe. Vous avez 20 minutes pour vos...
M. Gautrin: Je vous remercie, M. le Président, mais je ne
pense pas avoir demandé la parole.
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Je réserve mon droit de parole pour plus tard,
mais je pense que je vais écouter avec beaucoup d'attention les
interventions du député de Labelle.
Le Président (M. Gobé): Alors, on vous remercie, M.
le député de Verdun. Je pensais que vous aviez fait un signe avec
vos lunettes et...
M. Gautrin: Ça viendra, ça viendra.
Le Président (M. Gobé): Nous en sommes sûrs.
M. le député de Labelle, vous avez donc maintenant la parole pour
20 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je vois que
vous cherchez désespérément du côté du parti
gouvernemental...
Le Président (M. Gobé): Absolument pas. S'il vous
plaît, M. le député.
M. Léonard: ...quelqu'un qui pourrait parier sur ce projet
de loi.
Le Président (M. Gobé): Non, non, non, absolument
pas. J'avais cru que le député de Verdun me faisait signe et
l'alternance étant là...
M. Léonard: M. le Président, j'ai bien
relevé les propos du ministre en ouverture, tout à l'heure, qui
dit qu'il n'a pas parlé longtemps sur la question de principe,
évidemment. Quand on n'a pas de principes, on ne peut pas en parler bien
longtemps parce que dans cette...
M. Dutil: Ils sont clairs. Excusez, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le ministre, on va laisser faire les déclarations d'ouverture.
M. Léonard: C'est ça. Quand on n'a pas de
principes, c'est vite réglé, la question. Il me semble qu'il y
avait quand même des choses à dire sur cette aventure du
gouvernement dans Place Desjardins. Il me semble que ça vaut la peine
d'en parler un peu parce qu'au début des années soixante-dix, en
1972, 1973, à peu près, au moment où ça a
été construit, ça a été une grande aventure,
moi, je pense, dans le centre-ville de Montréal. J'habitais
Montréal. J'habite toujours tout proche de la Place Desjardins, à
10 minutes même pas, et puis, quand on a vu monter cet édifice,
quand on a vu ériger cet édifice, les Montréalais en
étaient fiers. C'était d'ailleurs le début de
l'émergence des caisses populaires, puis une association
gouvernement-caisses populaires était très intéressante.
Et, moi, je pense que c'est une des grandes réalisations qu'on a
vues.
D'ailleurs, il y avait eu la place Ville-Marie au début des
années soixante ou même un peu avant 1960. Ça avait
commencé avant 1960. Et puis, la deuxième plus grande place
immobilière au Québec et à Montréal,
évidemment, c'est la
Place...
M. Chagnon: Bonaventure.
M. Léonard: Non, actuellement, la Place Desjardins est
plus grande que place Bonaventure.
M. Chagnon: Non, c'est la place Bonaventure.
M. Léonard: Bon, on rectifiera aussi le journal Les
Affaires. Alors, M. le Président, il pourra intervenir. Voilà
enfin quelqu'un du parti gouvernemental qui a quelque chose à dire sur
ce projet de loi. Bon, voilà!
M. Gautrin: Ça va venir.
M. Léonard: Oui, ça prend du temps à vous
aiguiser. C'est une des grandes places immobilières au Québec,
à Montréal, évidemment, et puis le journal Les Affaires
disait que c'était la deuxième, qui vient
immédiatement après place Ville-Marie. Mais, surtout,
c'était à l'époque la grande réalisation
francophone en termes immobiliers à Montréal. Cette place s'est
construite juste en avant de la Place des Arts, donc, à un endroit
stratégique sur la rue Sainte-Catherine, puis il y avait par la suite
l'autoroute qui est venue s'implanter et tout le monde connaît les
discussions qu'il y a eu autour de la construction de la place Guy-Favreau. Par
la suite, il y a eu le Palais des congrès, et vous voyez très
bien qu'il y a tout un ensemble d'immeubles publics, semi-publics, qui ont
été construits à cet endroit de façon à
refaire le tissu urbain de Montréal.
Moi, je pense que l'implication du gouvernement avait été
déterminante pour construire la Place Desjardins, bon, avec toutes les
implications parce que, au fond, depuis un bon bout de temps, je dirais, depuis
le début des années cinquante, l'ouest de Montréal
s'était développé autour, par exemple, de la gare. Il y
avait eu la gare Windsor et la gare du CN avec place Ville-Marie.
C'était le noeud de communication en termes de transport ferroviaire
à Montréal et il y avait eu peu de développement autour de
ce noyau considérable qui avait été bâti autour des
années 1955, 1960, 1965.
Place Desjardins voulait lier - c'était une des grandes
réalisations - Saint-Denis, Sainte-Catherine, De Montigny, ce
coin-là, avec le centre-ouest de Montréal, place Ville-Marie. Une
des grandes intentions des gouvernements, c'a toujours été de
remplir les vides qui se sont créés, parce qu'il y a eu de la
démobilisation urbaine, pour employer ce mot, il y a eu des terrains
vacants en grande quantité, des feux et tout ce qu'on veut. (17
heures)
Au fur et à mesure qu'il y avait des terrains vacants, le
gouvernement était intéressé à ce qu'il s'y fasse
des choses, à ce qu'il se construise des édifices majeurs pour
étoffer le centre-ville de Montréal en allant vers l'est, et
ça, c'était une des grandes politiques. Place Desjardins a
été une décision stratégique en ce sens-là,
complétée, à partir de la Place des Arts d'ailleurs, par
Guy-Favreau qui est un immeuble fédéral, à
propriété fédérale en bonne partie. Actuellement,
je ne connais pas les équilibres de propriété à
l'intérieur des corporations. Nous avions aussi, en 1978, construit le
Palais des congrès de façon maintenant à lier cette amorce
de centre vers le Vieux-Montréal. Implication majeure du gouvernement du
Québec.
Le ministre a dit tout à l'heure dans ses courtes cinq minutes -
c'est peut-être la seule chose qu'il ait dite, finalement, qui avait
quelque signification - que c'était terminé, c'était
mission accomplie. Il a rectifié en disant dans Place Desjardins, mais
en réalité, aujourd'hui, je lui pose la question... Il
récupère, dit-il, net 98 300 000 $ - c'est ça le chiffre
qu'il nous a donné: 98 300 000 $; oui, je l'ai noté: 98 300 000 $
- de la transaction. Je lui dis: Ces 98 000 000 $, il devrait les utiliser
à continuer cette politique de concentration urbaine au centre-ville de
Montréal. Il me semble que c'est un des problèmes majeurs de
Montréal de voir tous ces terrains vacants. On a l'impression de voir
une ville bombardée tellement il y en a. C'est 20 % de la superficie de
la ville. C'est catastrophique, cet élément-là.
Alors, je lui dis, au passage: II devrait mettre la main sur ces 98 000
000 $ avec son collègue du Trésor qui est responsable du
comité de relance de Montréal, puis poser des gestes structurants
dans le centre-ville pour continuer la politique de long terme qui avait
été amorcée au cours des années soixante. Mais j'ai
l'impression qu'il n'y a rien de ça. Quoi qu'il en soit, dans son
énoncé de principe qui n'a pas duré cinq minutes, il n'a
pas parlé de ça. J'ai l'impression que le ministre des
Approvisionnements et Services, qui contrôle, lui, les édifices
gouvernementaux, n'a pas de préoccupation dans ce sens. Le fait qu'il
n'ait même pas évoqué cet aspect des choses est très
inquiétant. Ça veut dire que le gouvernement a perdu le sens des
politiques, de son implantation dans le coeur de Montréal. C'est
ça que ça veut dire. Il s'en tire. Il s'en va. Moi, je pense
qu'il aurait eu une bonne occasion de faire des choses là-dessus avec
ses 100 000 000 $. Nous y reviendrons tout à l'heure.
Je vois qu'il y a des gens des Finances ici - le sous-ministre des
Finances, qui le surveillent attentivement pour ne pas qu'il fasse un
écart, qui surveillent nos délibérations pour avoir la
main immédiatement sur les 98 300 000 $. Je vois très bien qu'ils
ont l'oeil et c'est eux qui dictent en fait le projet de loi au ministre des
Approvisionnements et Services. Pour des considérations bassement
budgétaires à
court terme, on est en train de remettre en cause ou en question les
implications du gouvernement du Québec à l'intérieur
même du centre-ville de Montréal. Bref, un aspect important.
M. le Président, je sais qu'il y a encore beaucoup de choses
à dire là-dessus parce que, même si le ministre, lui, n'a
rien à dire sur son projet de loi, nous, nous avons des choses à
lui dire. Ça va peut-être le faire réfléchir un
peu.
Une deuxième question que je veux poser, c'est celle du
marché. L'évaluation qu'il a faite... Et il nous a donné
les principes de son évaluation, les calculs aux termes desquels il est
arrivé à 355 000 000 $, avec un facteur de 7,3. Si je comprends,
c'est 7,3. J'espère qu'il nous expliquera ce qu'est le marché
à l'heure actuelle, mais, par rapport cependant à certains
éléments de l'évaluation elle-même, je voudrais
quand même faire les remarques suivantes. Son évaluation, il l'a
dit, 355 000 000 $. L'évaluation foncière de la Communauté
urbaine de Montréal est de 414 000 000 $, selon nos renseignements. Le
ministre a dit 420 000 000 $ tout à l'heure. C'est 420 000 000 $ ou 414
000 000 $?
Une voix: 414 000 000 $.
M. Léonard: C'est 414 000 000 $. Bon, 414 000 000 $, on va
s'entendre là-dessus; 60 000 000 $ de moins, son évaluation, que
celle de la ville de Montréal. On s'entend sur 60 000 000 $ de moins, M.
le ministre? On s'entend sur 60 000 000 $ de moins, votre évaluation par
rapport à celle de la Communauté urbaine de Montréal,
à 1 000 000 $ près, là.
M. Dutil: Vous êtes un homme qui fait une soustraction de
façon rapide et admirable.
M. Léonard: Bon. Alors, M. le Président, ayant un
édifice qui vaut 60 000 000 $ de moins, je me pose la question de savoir
pourquoi le gouvernement n'a pas logé une plainte au Bureau de
révision de l'évaluation foncière, au BREF, comme on dit.
Pourquoi ne vous êtes-vous pas plaint de votre évaluation? Si vous
l'évaluez, vous, à 355 000 000 $ alors que la Communauté
urbaine de Montréal, elle, évalue l'édifice à 414
000 000 $, ça représente plusieurs millions de taxes.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît!
Une voix: Je vais répondre à cette
question-là.
Le Président (M. Gobé): Nous sommes aux
déclarations d'ouverture encore.
M. Léonard: Nous en sommes à la déclaration
d'ouverture. Le ministre a dit que son évaluation était de 355
000 000 $. Nous savons que l'évaluation foncière de la
Communauté urbaine de Montréal est de 414 000 000 $, donc, 60 000
000 $ de moins comme immeuble. Il a fait des comparaisons tout à
l'heure. Il reste quand même que nous en sommes à faire une
transaction et que, finalement, la transaction doit représenter la
valeur du marché. Normalement, je suppose que c'est ça l'objectif
qu'il poursuit, à moins qu'il nous dise tout de suite ici qu'il veut
faire un cadeau au Mouvement Desjardins. Ça, c'est une autre chose,
peut-être. Ce n'est pas l'impression qu'il m'a donnée,
effectivement. En tout cas, je suppose qu'on essaie de viser la valeur au
marché.
Alors, la valeur au marché, 355 000 000 $, qu'est-ce qui se
passe? D'abord, pourquoi le gouvernement n'a pas logé de plainte avec le
Mouvement Desjardins, avec Place Desjardins ou par l'intermédiaire de
Place Desjardins au Bureau de révision de l'évaluation
foncière de la Communauté urbaine de Montréal? Moi, je
pense qu'il y a une question qui se pose là parce que payer des taxes
sur 60 000 000 $ à - le taux de taxe à Montréal - 1,50 $,
2 $ du 100 $, à peu près, alors, ça veut dire quoi?
Ça vous coûte 12 000 000 $ de plus de taxes par année?
M. Chagnon: Non, 1 200 000 $.
M. Dutil: Oui, merci, Jacques.
M. Léonard: Ça ne fait rien. Excusez du peu. Je
pense qu'il administre comme un certain ministre...
Le Président (M. Gobé): S'il vous
plaît...
M. Léonard: ...du temps du gouvernement
fédéral.
Le Président (M. Gobé): ...M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Mais, à mon sens, la question se pose.
Il y a 60 000 000 $ d'évaluation de moins pour lui dans sa transaction
que celle de la Communauté urbaine de Montréal. Moi, je lui pose
la question: Pourquoi Place Desjardins n'a pas logé de plainte au Bureau
de révision de l'évaluation foncière. Bon.
Deuxièmement, sur cette question de l'évaluation, on
l'évalue à 355 000 000 $. À partir des revenus, c'est une
technique d'évaluation utilisée dans le métier, dans les
transactions immobilières, effectivement, c'est une des balises. On
regarde l'évaluation foncière. Généralement,
l'évaluation foncière est plus basse que le marché.
Là, elle est plus haute. Il pourra s'en justifier. Mais il y a aussi la
technique des revenus pour évaluer les immeubles. Les revenus, si je
comprends, le gouvernement et ceux qui sont propriétaires, surtout le
Mouvement Desjardins, bénéficient de taux bas par rapport au
marché.
On a dit 5 $ du pied comme location jusqu'en l'an 2005, si je comprends,
ou 2003.
Une voix: 2005.
M. Léonard: 2005. 5 $ du pied. Donc, pour encore 12 ou 13
ans, on bénéficie de taux de 5 $, mais, au bout de ce
temps-là, la location va retomber au coût du marché, au
marché. Alors, l'évaluation doit en tenir compte. Il me semble
que là, si on évalue le marché, si on fait
l'évaluation en termes de revenus par rapport au marché
ultérieurement, le gouvernement n'a absolument pas intérêt
à se départir de son immeuble à ce moment-ci. Il faudrait
qu'il attende l'an 2005 parce que, là, il va y avoir un saut quantitatif
considérable dans la valeur de l'immeuble. Si le ministre n'est pas
d'accord là-dessus, il m'en parlera. Mais, à mon sens, c'est un
élément sur lequel il doit répondre parce que, s'il est
vrai que, durant 12, 13 ans, les revenus sont perçus à raison de
5 $ du pied carré pour des parties importantes de l'immeuble, c'est
sûr que ça peut avoir une répercussion sur la valeur de
l'immeuble, mais après, comme propriétaire d'un immeuble, il
devrait attendre que le marché se rétablisse.
En tout état de cause, il va devoir nous expliquer son
évaluation, qui est plus basse que l'évaluation foncière
de Montréal, et puis il va devoir établir des revenus sur une
base de marché, le marché étant de 12 $, 13 $, 14 $, 15 $,
dépendant, puis en plein centre-ville, à cet endroit-là,
je pense que ça vaut ça. Oui, parce que vous trouvez des taux de
cette nature dans des petites villes au Québec, mais remarquez que,
là, il faut savoir si c'est triple net ou dépendant des charges
qu'il y a avec cela. Il reste quand même que les revenus, pour une
période plutôt courte, sont sous-estimés ou risquent
d'être sous-estimés, compte tenu des avantages que les
propriétaires s'étaient consentis.
Alors, je pense qu'il va falloir examiner très attentivement
l'évaluation qu'on en a fait; prendre simplement un rapport ou un
facteur 7,3 et l'appliquer bêtement au flux des revenus à court
terme, ça risque d'amener une sous-évaluation de l'immeuble dont
le gouvernement va être la victime. À voir tous ces
éléments, je comprends que les négociateurs du Mouvement
Desjardins, en face du ministre, avaient l'air un peu plus au fait de leur
dossier. En tout cas, si je comprends bien, il a eu affaire à forte
partie, mais on verra. On verra au cours de l'analyse du dossier.
M. Chagnon: Juste un point...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Saint-Louis, s'il vous plaît, vous n'avez point la parole.
M. Léonard: II a eu l'occasion de prendre la parole. Il
pourra revenir après et on échangera à ce
moment-là.
Le Président (M. Gobé): C'est ça, M. le
député. Je verrai à faire respecter son droit de
parole...
M. Léonard: Parce que le député de
Saint-Louis...
Le Président (M. Gobé): ...à moins que vous
ayez une question de privilège ou de règlement. M. le
député.
M. Léonard: Moi, je pense...
Le Président (M. Gobé): En avez-vous une? Alors,
s'il vous plaît, on va respecter le droit de parole de M. le
député de Labelle.
M. Chagnon: C'est une correction.
M. Léonard: Ce n'est pas une question de privilège.
Je pense que nous aurons l'occasion de creuser ces aspects.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Labelle, si vous voulez continuer votre intervention.
M. Léonard: Troisième point que je voulais
soulever, M. le Président, c'est le suivant: est-ce que le ministre est
en train de nous annoncer qu'il applique une politique de location maintenant
plutôt que d'achat? Je l'ai soulevé en Chambre tout à
l'heure, mais je voudrais qu'il soit plus précis là-dessus parce
que, au fond, même s'il ne loue que 24 % des locaux en pieds
carrés de la superficie de l'immeuble, il reste que c'est une superficie
considérable. Maintenant, est-ce que la politique du ministère
des Approvisionnements et Services, c'est de vendre ses
propriétés, de vendre ses maisons, de vendre ses édifices
pour louer?
J'imagine bien qu'à partir de l'an 2005 ça va lui
coûter des sous. Alors, politique à court terme, en l'occurrence,
politique à court terme. Je crois qu'il doit répondre
là-dessus parce qu'à mon sens la location risque de lui
réserver de mauvaises surprises pour un avantage très mince de
fonds de roulement à très, très court terme, avant le 31
mars, pour camoufler les déficits plus élevés que
prévu et j'y arrive. Maintenant, il a pris la politique de louer
plutôt que d'acheter. C'est rare qu'on voit ça qu'un
propriétaire vend et redevient locataire dans son immeuble. C'est
vraiment très rare et, je dirais, surtout pour un gouvernement.
On peut avoir des politiques de privatisation, fort bien, en ce qui
concerne la SGF, en ce qui concerne la SDI ou tout ce qu'on voudra, ou d'autres
sociétés d'État, mais, dans le cas qui nous occupe, il
s'agit de locaux utilisés par le
gouvernement. Ça m'étonnerait qu'il y ait des
économies, dans ce sens-là, dans cette politique. Ça
m'étonnerait. J'aimerais, même s'il trouve qu'il n'y a pas lieu de
discuter de principes là-dessus, qu'il nous en dise quelques mots dans
sa réplique de tout à l'heure, parce qu'il a le droit de parole.
Même en sus de l'article 212, il a le droit de répliquer
après chacune de nos interventions, non? Très bien. Excusez, M.
le Président, je ne ferai pas votre travail à votre place.
Le Président (M. Gobé): Laissez la
présidence voir au règlement.
M. Léonard: Quatrième point.
Le Président (M. Gobé): Je vous informe que
personne n'a le droit de réplique sur les déclarations
d'ouverture.
M. Léonard: Quatrième point que je voulais
soulever, M. le Président, c'est qu'au fond l'objectif du gouvernement,
c'est d'aller chercher ses 98 300 000 $. C'est ça, l'objectif du
gouvernement. Il a quelques besoins de finances à court terme. Je vois
les gens des Finances qui sont derrière. J'ai signalé leur
présence tout à l'heure. Ce n'est sûrement pas
indifférent. Ils ont l'air de regarder attentivement nos débats.
C'est avec des yeux voraces qu'ils nous écoutent et qu'ils nous
regardent parce que je pense que ce qu'ils surveillent, c'est les 98 300 000 $
qu'ils ont eu l'idée d'aller chercher pour rétablir l'image de
leurs finances publiques de l'année 1991-1992. Ils ont l'air
pressés d'y arriver avant le 1er avril, avant minuit le 31 mars 1992.
(17 h 15)
C'est ça, le problème. C'est pour ça qu'ils vendent
des maisons pour devenir locataires. Politique à court terme qu'un
ministre responsable des Approvisionnements et Services qui serait vraiment
responsable n'accepterait pas de se faire imposer. Pour 98 300 000 $, on sort
de Place Desjardins, on va se priver de profits de capital importants qui vont
survenir au tournant de l'an 2005, pour dire que le déficit du
Québec ne sera pas de tel niveau. Ça ne changera rien à la
réalité. Le déficit est là, mais ils ne veulent pas
dépasser un tel niveau. Remarquez qu'ils n'ont pas encore
déposé la Synthèse des opérations
financières. Le ministre a laissé entendre une minute que
ça pourrait être déposé demain. On lui a dit que,
non, ce n'était pas exact. Mais j'ai hâte de voir la
Synthèse des opérations financières du 31 décembre.
Il commence à être tard, le 17 mars. Normalement, on a ça,
on devrait avoir ça.
Le Président (M. Gobé): En conclusion, M. le
député de Labelle. Votre temps est maintenant
écoulé.
M. Léonard: Bien, je conclus. Le ministre ne nous a
parlé que cinq minutes en Chambre sur le principe du projet de loi. Il
n'avait rien à dire. Il avait peu de principes à évoquer.
Dans ses remarques préliminaires, il s'est mis à évoluer
et à évoquer des calculs. D'ailleurs, il a admis qu'il ne les
connaissait pas tous, qu'il ne pouvait pas tous les expliquer, en particulier
sur les questions afférentes à l'impôt. J'espère
qu'il y reviendra tout à l'heure. Alors, M. le Président, je
pense que le fond de la question, c'est qu'on veut récupérer des
sous pour camoufler un déficit d'opération qui est pas mal plus
élevé que ce qu'on nous avait annoncé.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député. En réponse à votre question de tout
à l'heure sur le droit du réplique du ministre...
M. Léonard: Ah oui.
Le Président (M. Gobé): ...je vais vous citer la
jurisprudence du 9 juin 1986, commission du budget et de l'administration, page
1053 du Journal des débats, par Jean-Guy Lemieux,
président en titre de cette commission.
Une voix: Est-ce que c'était un bon président?
Le Président (M. Gobé): La question était:
«Lorsque la commission étudie des motions préliminaires,
est-ce que le ministre dispose d'un temps de parole de cinq minutes
après chaque intervention?» Et fa décision était:
«L'article 246 stipule que, lors de l'étude
détaillée d'un projet de loi, le ministre dispose de cinq minutes
après chaque intervention. Ce temps de parole ne vaut cependant que pour
l'étude détaillée des articles du projet de loi et ne peut
être utilisé lors de l'étude des motions
préliminaires».
M. Léonard: Ah!
Le Président (M. Gobé): Ceci étant dit, je
vous informe que M. le ministre n'a pas droit de réponse et vous non
plus, si un jour vous êtes dans cette situation.
M. Léonard: Je vous remercie de faire mon éducation
comme cela.
Le Président (M. Gobé): C'est là le
rôle du président à l'occasion afin d'assurer la bonne
marche des débats et d'éviter les frustrations de part et d'autre
des membres de la commission.
Ceci met fin... Est-ce qu'il y a d'autres invervenants...
M. Léonard: II y avait le député de
Saint-Louis qui voulait intervenir.
Le Président (M. Gobé): ...en ce qui concerne les
déclarations d'ouverture? S'il vous
plaît, M. le député de Labelle, c'est à la
présidence elle-même de demander aux membres de cette commission
s'ils ont l'intention de faire des interventions. M. le député de
Saint-Louis, vous avez l'intention de faire des interventions? M. le
député de Saint-Louis, vous avez l'intention de faire une
déclaration d'ouverture?
M. Chagnon: 15 secondes.
Le Président (M. Gobé): Vous avez droit à 20
minutes.
M. Chagnon: 15 secondes tout simplement pour corriger
l'affirmation que j'ai faite.
Une voix: II n'a rien dit.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît!
M. Chagnon: En fait, je voudrais corriger l'affirmation que j'ai
faite. Le député de Labelle avait raison: le deuxième
édifice, c'est Place Desjardins et place Bonaventure est le
troisième.
Le Président (M. Gobé): C'est l'essentiel de vos
déclarations d'ouverture?
M. Chagnon: Ce n'est pas une déclaration d'ouverture.
C'est tout simplement...
Le Président (M. Gobé): Alors, vous étiez
hors d'ordre, à ce moment-là. Merci, M. le
député.
M. Chagnon: Si j'étais hors d'ordre, comme c'est vous qui
m'avez donné la parole, c'est vous qui avez fait une erreur de
jugement.
Le Président (M. Gobé): C'est parce que vous
m'aviez demandé la parole pour faire une déclaration d'ouverture
ou une remarque préliminaire.
M. Chagnon: Vous avez fait une erreur de jugement.
Le Président (M. Gobé): Ceci étant dit, nous
allons maintenant passer à l'étape des motions
préliminaires. Je demanderai s'il y a un membre qui a une motion
préliminaire à présenter.
Mme Dupuis: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Verchères.
Motion proposant d'entendre la Société
immobilière du Québec
Mme Dupuis: Je veux proposer qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure la commission permanente du budget et de
l'ad- ministration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 418, Loi modifiant la Loi sur la
Société immobilière du Québec, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende la Société immobilière
du Québec.
Le Président (M. Gobé): Bon, alors, c'est là
votre proposition. Je vais statuer si elle est recevable ou pas. Est-ce qu'il y
a des gens qui veulent plaider la recevabilité? Non? Alors, à la
lecture de cette motion, il me semble qu'elle est en accord avec l'article 244
qui dit: «La commission saisie étudie chaque article du projet de
loi et les débats portent sur - je vais le lire au complet - les
détails du projet. Les amendements doivent se rapporter à son
objet et être conformes à son esprit et à la fin qu'il
vise. «Avant d'entreprendre l'étude détaillée, la
commission peut décider de tenir des consultations particulières
dans le cadre de son mandat.»
Votre amendement est donc recevable. Je vous demanderais maintenant de
bien vouloir intervenir sur cet amendement. Je vous rappelle que vous avez 30
minutes et que chaque intervenant a droit à 10 minutes. Alors, Mme la
députée de Verchères, pour une période de 30
minutes maximum.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. On sait tous que la
Société immobilière du Québec est une
société d'État, mais qui est sous la juridiction du
ministre des Approvisionnements et Services. Je pense qu'il n'y a pas de
membres ici à la commission. On voit, comme mon collègue l'a dit
tantôt, des représentants du ministère des Finances, mais
on n'en voit pas siégeant à la commission. Puisqu'on me signale
qu'il y a deux personnes qui sont des membres de la Société
immobilière du Québec, je pense que ce serait très
pertinent, puisque c'est de cette Société qu'il s'agit,
d'entendre ces gens-là sur le pourquoi, le motif et sur toutes les
questions qu'on pose au ministre. Je pense que ce serait intéressant de
les entendre et on pourrait poser les questions aux membres de cette
Société ou directement aux dirigeants de cette
Société immobilière.
D'ailleurs, si je reviens aux Approvisionnements et Services, on sait
très bien que le rapport Bernard demandait, entre autres, que, pour
certains organismes du gouvernement, les hauts fonctionnaires soient tenus de
répondre aux questions lors d'une commission parlementaire et tout. Je
pense que, dans le cas précis, ce serait de bon aloi que le gouvernement
endosse cette motion, approuve cette motion ou réponde par l'affirmative
à cette motion voulant que les dirigeants de la Société
immobilière du Québec puissent répondre eux-mêmes
aux questions posées. Si le but de ce projet de loi n'est
pas de passer rapidement et d'arriver finalement à bâcler
tout ce travail avant le 31 mars, avant le 1er avril, avant la fin de
l'année fiscale, je pense qu'il n'y a aucune raison valable pour qu'on
ne puisse pas entendre les dirigeants de la Société
immobilière du Québec.
À quelques reprises, j'ai eu l'occasion, en commission
parlementaire bien sûr, de questionner un ministre et d'essayer d'avoir
des réponses lorsqu'il s'agissait d'une société
d'État. Je pense à la RIO et tout. On s'aperçoit que le
ministre accède à nos demandes lorsque ça fait bien son
affaire. De temps en temps, on voit les ministres, lorsqu'ils sont un peu dans
l'eau bouillante, refiler la série de questions aux dirigeants de la
société quelle qu'elle soit et, à d'autres moments, on
voit une autorité peut-être excessive sur les
sociétés. Dans le cas qui nous préoccupe... Là, M.
le Président, vous me permettrez de passer la remarque: le ministre a
sûrement eu une urgence pour s'absenter de la commission.
Le Président (M. Gobé): Madame, s'il vous
plaît, je vous demanderais de faire votre argumentation.
Mme Dupuis: Oui. Alors, est-ce que nous devons suspendre, puisque
les questions...
Le Président (M. Gobé): Non, allez-y. Les membres
de cette commission...
Mme Dupuis: ...les commentaires... La décision, elle va
sûrement venir du ministre sur cette motion. Alors, il va sûrement
avoir une influence sur le pourquoi de cette motion.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Verchères, juste pour vous rappeler que les
membres de cette commission sont autour de cette table et M. le ministre est en
consultation avec un des membres de cette commission. C'est ce qui explique
qu'il s'est levé quelques minutes. Je pense que là n'est pas le
but de votre argumentation. Je vous demanderais peut-être qu'on s'en
tienne à l'argumentation que vous avez sur les raisons qui font que vous
amenez un amendement.
Mme Dupuis: Mais...
M. Audet: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de...
M. Audet: ...il n'y a rien qui oblige le ministre à rester
en commission quand il y a une motion de présentée. Les membres
de la commission sont là et auront à se prononcer dessus.
Le Président (M. Gobé): C'est ce que je disais.
S'il vous plaît, M. le député de Beauce, je comprends
ça. On ne fera pas un débat là-dessus.
C'est ce que je mentionnais.
Mme Dupuis: Non, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Je demanderais à Mme
la députée de Verchères de continuer son intervention et
de passer au fond de sa motion.
Mme Dupuis: Effectivement, M. le Président, comme le
constatait mon collègue, le député d'en face, il n'y a
rien qui oblige le ministre à demeurer à son siège pendant
la commission parlementaire. Mais il n'y a rien, non plus, qui empêche
l'Opposition de demander le pourquoi de son absence. Je vois, je peux signaler
que le ministre est revenu et j'en suis très heureuse.
M. Dutil: Je pense que ce serait indélicat de justifier
mon absence.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, s'il vous
plaît. On va commencer les travaux, là, sans commencer à
s'interrompre à toutes les cinq minutes. Sinon, on ne se rendra nulle
part. Alors, s'il vous plaît.
Mme Dupuis: Donc, si je reviens, puisque cette
Société relève du ministère des Approvisionnements
et Services, le ministre est sûrement au courant que, de plus en plus, on
voudrait de la transparence au niveau des transactions du gouvernement, que ce
soit par le biais de locations ou de ventes. Il est très au courant
aussi du rapport Bernard et de son application et que, dans ce rapport, les
deux principaux thèmes étaient l'efficacité dans la
transparence. Puisque ça relève de son ministère, il ne
peut pas ignorer ces choses-là.
Alors, si je prends ces deux thèmes, M. le Président, qui
sont l'efficacité dans la transparence et qu'au moment où on
parle de qualité totale... Bon, l'efficacité, ce n'est pas
seulement dans la rapidité de faire les choses parce que, si
c'était dans la rapidité de faire les choses, je n'aurais que des
félicitations à faire, là, sur la rapidité avec
laquelle on l'amène et on voudrait le passer en Chambre. Mais, lorsqu'on
parle d'efficacité, je pense que c'est de rentabilité aussi,
d'essayer de rentabiliser ce qui appartient à l'État et d'essayer
aussi de faire en sorte que chaque société d'État soit la
plus rentable possible, la plus efficace possible, et tout ceci, dans le plus
de transparence possible.
Je pense que, là, c'est très à propos, M. le
Président, avec la motion que j'apporte qui est celle d'entendre la
Société immobilière du Québec. Je pense que
ça pourrait apporter beaucoup de lumière dans le débat
puisque ce sont les principaux concernés. Il y a
énormément de chiffres, il y a des calculs à
vérifier. Bon, par exemple, l'évaluation de 350 000 000 $.
Pourquoi il y a 50 000 000 $ à 60 000 000 $ de différence avec
l'évaluation de la Communauté
urbaine de Montréal? En vertu de quoi et sur quoi on se base pour
faire des évaluations différentes?
Au niveau des revenus et des... Ce que j'aimerais savoir aussi, moi, des
administrateurs de la Société immobilière du
Québec, par exemple: Quels sont les coûts actuels? Là, on
bénéficie d'un prix de faveur. Il semblerait que, dans l'entente
préalable, on bénéficierait d'un prix de faveur à 5
$ le pied carré, mais quels sont les coûts réels? Si on
compare avec, par exemple, soit le Palais des congrès ou la place
Ville-Marie, bon, est-ce que c'est l'équivalent et quels sont les
coûts normaux au pied carré, pour savoir, finalement, de combien
va bénéficier le gouvernement à cause de ce rabais? Mais
combien ça pourra lui coûter? Là, on pourrait savoir, dans
10 ans, combien ça peut coûter aussi.
Si le gouvernement n'a pas besoin de tous les bureaux et a l'intention
de se retirer, peut-être qu'il aurait pu... Si c'est dans une vision
économique et pour une bonne gestion que le gouvernement dit: Oui, mais
peut-être que c'est un peu dispendieux pour nous, il aurait
peut-être eu la possibilité de dire: Bon, bien, nous, on va aller
louer ailleurs, puis on va louer ces locaux-là à d'autres
entreprises à plein prix, puis quels revenus ça pourrait
générer? Mais non, le gouvernement a décidé de
vendre.
Quand je dis «le gouvernement», sûrement, c'est la
Société immobilière du Québec. J'aimerais
connaître son autonomie aussi. Ça serait peut-être
intéressant pour la commission de connaître le pourcentage
d'autonomie de la Société immobilière dans cette
transaction. Est-ce que le ministre des Approvisionnements et Services n'a fait
que suggérer? Est-ce qu'il a simplement eu le rôle de conseiller
ou si, carrément, la Société immobilière du
Québec et le ministre des Approvisionnements et Services se sont fait
imposer cette transaction par le ministère des Finances? (17 h 30)
C'est des questions qu'on est en droit de se poser, à cause du
moment où c'est fait, à cause de la rapidité avec laquelle
c'est fait, afin de savoir finalement, si on parle de responsabilité,
qui est responsable. À qui doit-on imputer? Si on parie
d'imputabilité, si vous voulez, est-ce qu'on doit remettre tout
ça à la Société immobilière du
Québec, au ministre ou au ministère des Finances?
J'ai eu l'occasion de commenter, à un moment donné, les
politiques du gouvernement en matière d'approvisionnements et services,
et j'ai eu l'occasion de dire, je le répète et je le crois
toujours, que c'est de plus en plus confus. C'est tellement confus, c'est
tellement le méli-mélo qu'on ne sait plus à qui on a
affaire, finalement. Vous en conviendrez, M. le ministre. À certaines
occasions, le ministre a un rôle de conseiller, à une autre, il a
un petit peu plus de pouvoir, à d'autres moments, au niveau des
approvisionnements et services, et ça relève des Approvision-
nements et Services, le rôle du ministre n'est que de conseiller et c'est
le Conseil du trésor qui décide. Ce n'est pas clair pour moi,
à savoir à qui on doit adresser la responsabilité et
à qui, d'une façon plus précise, doivent s'adresser les
questions.
Devant ça, puisqu'il s'agit de la Société
immobilière du Québec, vous comprendrez, M. le Président,
que ce serait très pertinent de l'avoir à la table. Je pense que
ce serait plus que pertinent, ce serait intéressant et éclairant.
Si c'est simplement un manque d'information et s'il n'y a aucune objection,
qu'on veut travailler dans la transparence, le gouvernement ne devrait avoir
aucune objection à faire toute la lumière et à favoriser
que ces personnes-là soient questionnées. Je pense que ce sont
les personnes les mieux placées pour peut-être donner toutes les
réponses que pourra confirmer ou infirmer le ministre. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Très bien, madame.
Ce fut bref. Maintenant, nous allons passer à l'intervenant du
côté ministériel qui est M. le député de
Vanier. Vous m'avez fait signe que vous vouliez intervenir sur cette
motion.
M. Lemieux: Brièvement.
Le Président (M. Gobé): Alors, vous avez la
parole.
M. Lemieux: Sur la motion présentée par Mme la
députée de Verchères.
Le Président (M. Gobé): C'est cela. M. Jean-Guy
Lemieux
M. Lemieux: Brièvement. Alors, je rejoins un peu les
propos de Mme la députée de Ver-chères sur l'importance
d'entendre les membres de la Société immobilière du
Québec. Je reprends l'expression qu'elle a citée tout à
l'heure et la définition du mot «efficacité» que nous
retrouvons au «Petit Robert», à la page 608, qui nous dit
ceci: «Capacité de produire le maximum de résultats avec le
minimum d'effort, de dépense»; qui est efficient et efficace. Or,
peut-être pour rejoindre vos prémisses, pour plus
d'efficacité et de performance et afin qu'effectivement on ait toute
l'information disponible, j'aimerais simplement suggérer ceci. N'y
aurait-il pas lieu, puisque les membres de la Société
immobilière du Québec sont ici, qu'ils puissent être
entendus, mais immédiatement après que l'étude
détaillée du projet de loi sera appelée? Puisqu'ils sont
ici, alors reprenons les propos de Mme la députée de
Verchères, soyons efficaces, soyons efficients, donnons du rendement,
appelons donc le projet de loi immédiatement, projet de loi qui ne
contient que deux articles, et je suis certain que nous aurons toutes les
explications voulues de la
part du côté ministériel en réponse aux
questions. C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): C'est là votre
intervention, M. le député de Vanier. M. le député
de Labelle, vous avez un maximum de 10 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. On voit bien la
logique de certains députés du parti gouvernemental. Il dit:
Après que le travail sera fait, on va les entendre. C'est leur sens de
la consultation. On dit: Pas avant, après. C'est brillant! C'est
brillant! Ah oui, très. Mais, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Sur la motion.
M. Léonard: Sur la motion, oui. M. le Président, il
faudrait entendre les membres, il faudrait entendre la Société
immobilière du Québec. Je pense qu'il s'agit de l'un de ses
actifs les plus importants, et, à mon sens, nous devrions pouvoir poser
des questions au président. Incidemment, M. le Président, je ne
vois pas le président de la Société immobilière du
Québec; à moins de ne pas le connaître, je ne pense pas que
ce soit le président qui soit en face de nous, dans les chaises
là derrière. Non, on me fait signe que non. Le président
n'est pas là.
Il me semble que, ses bureaux étant, si je ne m'abuse, rue
Saint-Amable, ici à côté, ça n'aurait rien
été de venir ici, alors que le gouvernement presse
l'Assemblée nationale d'adopter un projet de loi, nous expliquer en
quelques minutes de quoi il retournait. C'est ça, l'objet de la motion
qu'il y a sur la table. On pourrait entendre le président de la
Société immobilière du Québec. Je voudrais lui
poser des questions parce que - je l'ai soulevé, tout à l'heure,
dans mes remarques préliminaires - il a l'air d'y avoir comme un
changement de politique, un changement de cap de la part du gouvernement. Il a
l'air d'y avoir ça.
Je dirais que, quant à y être, il me semble que le
président, à tout le moins lui, pourrait nous répondre sur
les discussions qu'il peut y avoir eu ou qu'il devrait y avoir eu au conseil
d'administration de la Société immobilière du
Québec. Le ministre n'en a pas fait mention tout à l'heure. Il y
a un conseil d'administration dans cette Société. Alors, le
conseil d'administration a passé une résolution acceptant la
transaction, proposant la modification, en projet de loi, à ses
opérations. Est-ce que le ministre pourrait nous déposer les
résolutions du conseil d'administration de la Société
immobilière du Québec? Ou est-ce que c'est encore un coup de
force du ministre des Finances qui vient chercher ses sous par-dessus le
conseil d'administration? Y a-t-il des résolutions du conseil
d'administration de la Société immobilière du
Québec? Le président pourrait venir nous dire s'il y en a eu. Il
n'y en a pas. Si je comprends, il n'a pas l'air d'y en avoir.
M. Dutil: Est-ce que c'est une question? Je laisse parier le
député de Labelle. Il semble prendre mon silence pour une
réponse négative.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous ne
pouvez pas imputer des intentions à un parlementaire. Il ne l'a pas dit.
Si vous le pensez... Sauf que le député de Labelle, dans son
argumentation sur la motion, peut intervenir et faire valoir son état
d'esprit ou ses pensées. On ne peut pas porter de jugement
là-dessus...
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): ...autre que s'il est hors
d'ordre ou s'il vous met en cause directement.
M. Léonard: ...je pense que la question se pose. La
Société immobilière du Québec détient 49 %
de Place Desjardins inc. et puis c'est elle qui gère ses affaires. Il y
a un conseil d'administration. Je vous lis l'article 4 de la Loi sur la
Société immobilière du Québec: «Les affaires
de la Société sont administrées par un conseil
d'administration composé de neuf membres répartis comme suit: le
président [...] nommé par le gouvernement [...] huit autres
membres nommés par le gouvernement pour une période d'au plus
trois ans.» Ces gens ont été consultés, ils sont
d'accord, etc. Est-ce que le président pourrait venir nous dire la
teneur des discussions qu'il y a eu? Parce que ça pose un certain nombre
de questions, la décision qu'il y a sur la table, quant aux orientations
de la Société immobilière du Québec. Est-ce qu'on
peut nous dire si, effectivement, la politique maintenant, c'est de se
départir des actifs que l'on a, des propriétés que l'on a
pour devenir locataire? C'est ça qui est en cause. C'est ça, M.
le Président, dont il s'agit. C'est une question de fond. La SIQ occupe
720 000 pieds carrés dans Place Desjardins. Ça, c'est
considérable. Le Mouvement Desjardins occupe 721 000 pieds et la SIQ 719
971 - les chiffres du ministre, de tout à l'heure - donc un
propriétaire à part égale, et les autres sont tous plus
petits. Hydro-Québec, le plus gros, par la suite, c'est 334 000 pieds.
Donc, vous voyez très bien qu'au fond le gouvernement occupe de
façon importante cet immeuble. Il en est le propriétaire, c'est
justifié. Il décide de vendre, il devient locataire, maintenant.
Il va rester locataire dans un édifice dont il était auparavant
le propriétaire. L'inverse de ce qu'on fait
généralement.
Le gouvernement essaie de favoriser la propriété de ceux
qui utilisent des locaux par
toutes sortes de programmes, par exemple, d'accès à la
propriété privée. Il pourrait s'appliquer à
lui-même le même raisonnement et les mêmes avantages. Il me
semble que les discussions qui ont eu cours au conseil d'administration doivent
avoir porté sur les modifications à la politique du gouvernement
quant à ses locaux, quant à la propriété de ses
locaux ou à la location de ses locaux.
M. le Président, il me semble qu'on aurait avantage à
savoir s'il y a eu intervention de la part du ministère des Finances
vis-à-vis du conseil d'administration de la Société
immobilière du Québec. Il me semble que c'est curieux,
l'empressement avec lequel on veut faire cette transaction. Est-ce que les 98
300 000 $ vont rester à la Société immobilière du
Québec? Bonne question! Ou bien si, au fond, on veut les comptabiliser
dans des profits réalisés par le gouvernement sur des immeubles
qu'il avait acquis dans des transactions qui remontent à 10 ans, 15 ans,
20 ans même? Alors, c'est ça, on est en train de faire des profits
sur papier, pratiquement.
La Société immobilière du Québec
change-telle sa politique quant à l'acquisition de locaux? Je pense que
c'est la grande question qu'on devrait pouvoir lui poser. Est-ce qu'elle aura
l'utilisation des fonds qu'elle va percevoir à la fin de cette
transaction, les 98 300 000 $? Est-ce que les Finances, qui participent
à nos délibérations, veulent mettre la main dessus avant
même que le ministre voie la couleur du premier dollar qui va sortir de
cette transaction? J'ai l'impression que c'est ça dont il s'agit: des
équilibres budgétaires avant toute chose, avant toute politique
de long terme, d'une politique de «window dressing» - vous ne
connaissez pas ça? - qui touche le fonds de roulement. Pour essayer de
camoufler des problèmes de fonds de roulement, on essaie de faire des
transactions de dernière minute. Remarquez, on veut absolument que
l'Opposition concoure à adopter ce projet de loi avant le 31 mars. C'est
ça qui nous a été dit. Pourquoi un tel empressement?
Ça a l'air urgent. Avant le discours inaugural qui va entraîner un
débat de 25 heures, là, on se dépêche de passer des
petites lois en vitesse pour camoufler les problèmes de
trésorerie du gouvernement, à l'heure actuelle. C'est ça
dont il s'agit. La Société immobilière du Québec
doit-elle se prêter à ce petit jeu de camouflage des
problèmes des finances publiques du gouvernement du Québec?
Est-ce que le conseil d'administration a été impliqué, a
été consulté sur la transaction ou bien si ça s'est
fait au-delà d'eux et puis qu'il n'y a même pas eu de discussions
sur les orientations du conseil d'administration de la SIQ?
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Labelle. C'est...
M. Léonard: Ça ne fait pas 10 minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): 10 minutes, M. le
député. Je passerai maintenant la parole à M. le ministre
des Approvisionnements et Services. Vous avez, vous aussi...
M. Robert Dutil
M. Dutil: Oui, M. le Président. La Société
immobilière du Québec de même que des fonctionnaires de mon
ministère ont été impliqués tout au long du
processus de discussion et de négociation du projet, tout au long. Nous
avons ici des personnes de la Société immobilière. Nous
avons ici des personnes du ministère des Finances justement pour
soutenir nos discussions et nos conversations. Alors, je suis en mesure de
répondre aux questions que posait le député de Labelle,
mais il n'est pas nécessaire d'entendre, sous la forme que propose le
député de Labelle ou Mme la députée de
Verchères, la Société immobilière du Québec.
Alors, pour ma part, je demande à la commission de rejeter la motion et,
après ça, on répondra à toutes les questions que
l'Opposition va poser.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
ministre. C'était là la dernière intervention,
d'après ce que je peux voir. Je vais donc demander maintenant le vote
sur cette motion. Je vais faire lecture de la motion: «II est
proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure la commission permanente du budget et de l'administration
tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet
de loi 418, Loi modifiant la Loi sur la Société
immobilière du Québec, des consultations particulières
quant à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin
elle entende la Société immobilière du
Québec». Ceux qui sont pour cette motion?
Mme Dupuis: M. le Président, est-ce qu'on peut avoir un
vote enregistré?
Le Président (M. Gobé): Alors, ceux qui sont
pour?
Mme Dupuis: Pour. M. Léonard: Pour. M. Dutil:
Contre.
Le Président (M. Gobé): II faudrait appeler le
vote, M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): J'attendais, moi, que... Je
regardais faire.
Le Secrétaire: Mme Dupuis (Verchères),
pour ou contre la motion?
Mme Dupuis: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour.
Le Secrétaire: M. Dutil (Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
M. Lemieux: Contre.
Le Secrétaire: M. Gobé (LaFontaine)?
Le Président (M. Gobé): Contre.
Le Secrétaire: Alors, 2 pour, 4 contre.
Une voix: Le président vote?
Le Président (M. Gobé): Certainement, et c'est le
privilège des membres de cette commission et du président de
l'assumer. On ne peut pas être sur le neutre tout le temps. La motion est
donc maintenant rejetée...
M. Léonard: II ne peut pas être en difficulté
s'il fait voter ses présidents de commission.
Le Président (M. Gobé): ...M. le
député de Labelle. Nous allons donc passer maintenant à
l'article 1.
M. Léonard: Un instant, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Ah! Mais là, il est
tard un peu.
M. Léonard: ...j'ai une autre motion.
Le Président (M. Gobé): II est tard un peu.
M. Léonard: Non.
Le Président (M. Gobé): J'ai appelé
l'article.
M. Léonard: Non, non, il n'est pas appelé.
Le Président (M. Gobé): Allez-y alors, monsieur,
oui. (17 h 45)
Motion proposant d'entendre la
Confédération
des caisses populaires et d'économie Desjardins
du Québec ou Place Desjardins inc.
M. Léonard: Alors, j'ai une autre motion, M. le
Président, à vous faire. Il est proposé qu'en vertu de
l'article 244 de nos règles de procédure la commission permanente
du budget et de l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 418, Loi modifiant la Loi sur la
Société immobilière du Québec, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende la Confédération des caisses
populaires et d'économie Desjardins du Québec ou l'une de ses
filiales intéressées par le projet de loi 418.
Le Président (M. Gobé): Avant d'aller plus loin,
j'aimerais mentionner aux membres de cette commission qu'à la
manière dont cette motion est libellée, dans son ensemble, elle
semble rece-vable. Il y a, par contre, une zone grise. Une motion doit
être très précise, en général. Là,
elle se lit comme ça: «qu'elle entende - on passera sur le
précédent - la Confédération des caisses populaires
et d'économie Desjardins du Québec ou l'une de ses filiales
intéressées par le projet de loi 418».
Je pense que vous devriez préciser laquelle de ces filiales, car
ça ouvrirait la porte, si la motion pouvait être adoptée,
à peu près à toutes les filiales. Ça pourrait aussi
bien être, je ne sais pas, la location d'autos Desjardins ou l'agence de
voyages Desjardins, l'assurance Desjardins, la caisse populaire de Sainte-Croix
de Lotbinière ou...
M. Léonard: On mettra «ou Place Desjardins
inc.» parce que c'est celle-là.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous voulez
reformuler votre motion et la redistribuer par la suite, s'il vous
plaît?
M. Léonard: Ou Place Desjardins inc. Et/ou. On ne peut pas
dire «et/ou», non? Est-ce qu'on peut dire «et/ou»?
Le Président (M. Gobé): Non, nous ne pouvons
pas.
M. Léonard: Ou Place Desjardins inc. La
société qui détient les parts, Place Desjardins inc.
Le Président (M. Gobé): Je vais refaire lecture de
cette motion: «II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure la commission permanente du budget et de
l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 418, Loi modifiant la Loi sur la
Société immobilière du
Québec, des consultations particulières quant à
tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec...» Et Place Desjardins inc. ou Place
Desjardins inc?
M. Léonard: Ou Place Desjardins inc.
Le Président (M. Gobé): «...ou Place
Desjardins inc.» C'est là le libellé de cette motion. Elle
est donc maintenant recevable et elle remplace la précédente qui
avait été déposée. M. le député de
Labelle, je vous demanderais de bien vouloir argumenter sur votre motion. Vous
avez, pour ce faire, un maximum de 30 minutes; par la suite, chacun des
intervenants aura, lui, 10 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Tout à
l'heure, lorsque nous avons voulu inviter la Société
immobilière du Québec à venir témoigner devant
cette commission, il me semblait qu'il était important qu'elle vienne
parce que c'était une des propriétaires, à 49 %, de Place
Desjardins inc, et qui aurait pu nous expliquer ses changements d'orientation.
Le ministre dit: Oui, ils ont été impliqués, mais il ne
nous a pas dit en quoi et pourquoi ils changeaient leur orientation et, en
l'occurrence, il s'agit d'un changement d'orientation. Je comprends que le
ministre dise à la Société immobilière du
Québec de ne pas venir ici, qu'il s'y oppose, sa Société
interposée, qu'il donne des directives et des ordres dans ce
sens-là, c'est son rôle. Maintenant...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Beauce-Nord.
M. Audet: M. le Président, question de règlement.
On vient de disposer de la motion. Je ne comprends pas pourquoi vous permettez
au député de Labelle de revenir là-dessus, on vient d'en
disposer. Alors, on va passer à la motion qui est proposée
là. La Société immobilière, on en a disposé,
alors c'est réglé. On parle maintenant de l'autre motion.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Beauce-Nord, je m'excuse, nous prenons bonne note de votre remarque. M. le
député de Labelle, je vous demanderais de vous en tenir à
la motion qui vient d'être présentée.
M. Léonard: M. le Président, s'il m'avait
laissé terminer ma phrase, il aurait compris qu'étant
donné que nous ne pouvons entendre, sur l'ordre du ministre, la
Société immobilière du Québec, nous devons
maintenant entendre la confédération Desjardins et Place
Desjardins inc.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, sur
la motion qui est déposée.
M. Léonard: C'est l'autre propriétaire de Place
Desjardins inc, à 51 %, c'est vrai. Alors, je pense qu'il y a une
première question qui se pose, quant à l'évaluation. Je
comprends que la confédération Desjardins ou Place Desjardins
inc, contrôlée majoritairement par la confédération
Desjardins, soit intéressée à acheter actuellement
l'immeuble en question. Oui. Ils ont l'air pressés de le faire, je les
comprends, ils le font dans un marché déprimé. Ils
bénéficient, si je comprends bien, aussi, d'une évaluation
qui a l'air, en tout cas, discutable, sur laquelle nous aimerions leur poser
des questions. Moi, je trouve qu'ils ont l'air de bons négociateurs. Je
ne suis pas sûr que le ministre ou la Société
immobilière du Québec le soient autant, en tout respect pour les
personnes qui peuvent nous entourer. Il reste qu'en face ils ont l'air de bien
négocier et on nous a donné des chiffres tout à
l'heure.
La première question que je voudrais quand même leur poser,
et j'ai l'impression que ce serait un témoignage plus neutre que les
réponses que le ministre nous a données tout à l'heure,
c'est: Pourquoi... Vous auriez intérêt, le gouvernement aurait
intérêt à ce que Place Desjardins et la
confédération viennent ici parce que je voudrais leur poser la
question à l'effet de savoir pourquoi ils n'ont pas logé une
plainte au bureau d'évaluation foncière de la Communauté
urbaine de Montréal quant à l'évaluation, s'il est vrai
que l'immeuble ne vaut que 355 000 000 $ alors que l'évaluation est de
414 000 000 $. C'est beaucoup de taxes par année. Pour des revenus de 25
800 000 $ par année, les taxes additionnelles, c'est 1 200 000 $
à peu près, 1 000 000 $ et peut-être plus. Enfin, vous
comprendrez que ça m'étonnerait qu'on accepte de payer 1 000 000
$ de plus de taxes par année.
Alors, pourquoi, s'il est vrai que l'évaluation réelle au
marché, la valeur marchande de l'immeuble est de 355 000 000 $,
accepte-t-on de payer des taxes sur 414 000 000 $? Il me semble qu'il y a
là une question qui se pose. Le ministre ne veut pas répondre, il
empêche la Société immobilière du Québec de
répondre, il l'empêche de venir devant la commission. Il me semble
que les députés, ici, les députés du parti
gouvernemental, devraient nous appuyer sur cet aspect de la question pour que
l'on entende la confédération Desjardins ou Place Desjardins inc,
contrôlée majoritairement par la Confédération venir
nous dire pourquoi ils n'ont pas logé une plainte au bureau
d'évaluation foncière du Québec.
Ça, à mon sens, c'est majeur, c'est une grande question.
Entre 355 000 000 $ et 414 000 000 $, moi, je trouve qu'il y a comme quelques
millions de dollars de différence. Pour des gens qui disent, en face,
qu'ils sont sans
cesse préoccupés de la dernière économie
possible, il y a une économie possible là. M. le
Président, c'est une question qu'il vaut la peine de creuser, qu'il
faudrait creuser, ici. Les parlementaires devraient s'y intéresser. Je
comprends que le gouvernement, lui, est intéressé à
remplir ses coffres, mais les parlementaires, qui représentent toute la
population du Québec, ici, devraient s'intéresser à cette
question et puis préserver le bien public. Est-ce qu'on est en train de
brader un immeuble qui vaut 414 000 000 $ pour 355 000 000 $, pour faire
plaisir à l'image du ministre des Finances, qui est
représenté ici par ses fonctionnaires qui surveillent si le
ministre fait bien les choses?
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Labelle, s'il vous plaît, sur la motion.
M. Léonard: D'un oeil vorace. Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Gobé): Est-ce là
l'essentiel de votre...
M. Léonard: Non, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Alors, tenez-vous-en
à la motion, s'il vous plaît.
M. Léonard: Oui. Alors, M. le Président, j'aimerais
aussi, donc, au-delà de cette question sur l'évaluation
foncière, leur demander pourquoi, tout à coup, ils ont
accepté de payer des taxes aussi élevées alors que
l'immeuble vaudrait un prix aussi bas, leur poser des questions sur la
transaction elle-même. Ils acquièrent l'immeuble. Très
bien. Ils ont l'air intéressés à l'acquérir, je
suppose qu'il y a quelques motifs. J'aimerais leur poser des questions sur
l'intérêt à l'acquérir. Étant donné
qu'on est dans un marché déprimé, est-ce que ce n'est pas
une bonne occasion de faire une bonne affaire aux dépens de quelqu'un
dont les finances sont à sec?
Mais ce sont eux qui en profitent. Remarquez bien, M. le
Président, que je n'ai rien contre le Mouvement Desjardins, mais
vraiment rien. Je suis sociétaire du Mouvement Desjardins, probablement
comme vous, j'espère. Vos comptes de banque doivent être au
Mouvement Desjardins, dans une caisse populaire, quelque part. Au fond, des
fois, on pourrait toujours se dire que le Mouvement Desjardins va
peut-être mieux administrer le bien public que le gouvernement
libéral qui nous fait face. Sauf que je ne trouve pas que ce soit un bon
principe d'administration publique. A chacun ses affaires. Le gouvernement
devrait bien administrer les affaires publiques, et le Mouvement Desjardins
bien administrer ses affaires. En l'occurrence, il y a comme un morceau du bien
public qui part pour aller au Mouvement Desjardins.
J'aimerais savoir s'ils évaluent cet immeuble à 350 000
000 $ ou s'ils l'estiment, eux, à 414 000 000 $, l'évaluation
foncière de la ville de Montréal. Encore une fois, remarquez une
chose: que le rôle d'évaluation de la Communauté urbaine de
Montréal, très probablement, c'est à vérifier, est
un rôle déposé à l'automne 1991 sur des valeurs
transigées durant l'année 1990. Donc, en 1992, nous sommes deux
ans en retard par rapport à la valeur.
J'aimerais bien savoir quelle est l'évaluation que fait le
Mouvement Desjardins sur l'immeuble en question. S'il y a une baisse du
marché, comme on nous le dit, ont-ils logé une plainte au Bureau
de révision de l'évaluation foncière? Le ministre n'a pas
encore répondu là-dessus. Il empêche la SIQ de venir
répondre. Alors, nous voudrions poser la question au Mouvement
Desjardins, ou à Place Desjardins inc, sur cette question et puis voir
s'ils estiment que le marché déprimé va se maintenir
déprimé encore longtemps, si la valeur des immeubles à 355
000 000 $ tient compte de la baisse du taux d'intérêt.
Vous savez, M. le Président, que, lorsque les taux
d'intérêt baissent, la valeur des biens fonciers a tendance
à augmenter pour contrebalancer. Lorsque les taux d'intérêt
montent, le marché se stabilise et se déprime. Mais ce n'est pas
exactement le cas où nous sommes. Nous sommes plutôt dans un
marché, en tout cas depuis un an, grâce à M. Crow qui a
enfin compris quelque chose, le taux d'intérêt a baissé de
quelque cinq points en l'espace de 17 mois. Et puis on se retrouve avec des
taux d'intérêt qui sont bas. Et là, par rapport à il
y a deux ans, la valeur de l'immeuble serait passée de 414 000 000 $
à 355 000 000 $. J'aimerais bien savoir si le Mouvement Desjardins
estime que ça ne vaut que 355 000 000 $. J'aurais des questions à
leur poser. Le ministre n'en a pas, si je comprends bien. Il trouve que son
immeuble vaut 355 000 000 $. Mais j'ai l'impression que ce n'est pas leur
évaluation, mais vraiment pas, et qu'au fond c'est tout à fait
conjoncturel si cette valeur est établie actuellement à 355 000
000 $.
M. le Président, une autre question que je voudrais leur poser
concerne leur évaluation des flux de revenus et de leur escompte par
rapport à la valeur de l'immeuble. Les revenus, à l'heure
actuelle, a dit le ministre en introduction, en notes préliminaires,
sont, en 1991, de 25 800 000 $, en 1992, de 25 900 000 $. Je suppose bien que
le Mouvement Desjardins ou Place Desjardins inc. a fait ses propres calculs par
rapport à cette valeur. Est-ce que ce 25 800 000 $ ne croît que
très légèrement dans le futur ou bien s'il risque ou s'il
a des chances d'augmenter de façon substantielle dans le temps? À
mon sens, c'est ce qui risque de se produire. D'ailleurs, le ministre a
levé le voile là-dessus en disant: Nous avons 720 000 pieds
carrés, à 5 $ du pied. Je peux vous dire que,
dans 12 ans d'ici, lorsque ça vaudra le prix du marché,
alors que le marché est déjà, à l'heure actuelle,
à 15 $ du pied carré au centre-ville, donc trois fois ce prix, il
y a une valeur substantielle qui peut être ajoutée autour de l'an
2005. Bon, le marché escompte les revenus potentiels et les revenus
pratiquement réels parce que les baux vont être renouvelés.
Quelle est leur évaluation, à eux, des revenus potentiels de
Place Desjardins inc? Il me semble que ça risque d'augmenter de
façon substantielle.
Si le ministre a besoin de fonds, comme il l'a dit ou comme on peut le
penser plutôt, et qu'il est en train de faire une vente de feu,
j'aimerais bien contre-interroger ceux qui ont intérêt à la
vente de feu, des gens qui ont l'air d'avoir les finances serrées
jusqu'à la gorge. J'aimerais bien les questionner, sonder un peu les
intérêts des acquéreurs. Ça me paraît
important qu'on creuse cet aspect des choses. (18 heures)
Le marché est déprimé, dit-on. Le ministre a
évoqué un facteur d'évaluation de 7,3 % dont on parle, 7,3
% par rapport aux revenus. Est-ce que c'est bien le facteur dont il faudrait
tenir compte pour arriver à la valeur de l'immeuble, pour un immeuble de
cette qualité? Je crois que nous devrions avoir la grille d'analyse et
les balises dont on s'est servi pour établir les 7,3 %. C'est rare que
le marché arrive pile à 7,3 % et qu'on dise: C'est ça, le
marché. En réalité, ça se déplace dans une
fourchette entre 6 % et 9 % ou entre 5 % et 10 % si on veut l'élargir.
Pourquoi avez-vous choisi 7,3 %? Le Mouvement Desjardins l'a accepté.
Bien sûr, ils peuvent nous dire: Non, c'est trop fort, ça ne
convient pas. Mais, en réalité, je pense qu'ils font une autre
évaluation.
En d'autres termes, lorsqu'on interrogerait Place Desjardins inc, le
Mouvement Desjardins, je pense qu'on devrait être amenés à
leur demander pourquoi ils établissent 7,3 %, pourquoi ils l'acceptent
et poser aussi comme principe que, pour eux, c'est avantageux. Si ça ne
l'était pas, ils ne feraient pas la transaction. Alors, c'est sûr
que leur fourchette va du côté de leur avantage. Je pense qu'il
serait intéressant de sonder leurs intentions et leur
intérêt en ce qui concerne leur évaluation. Est-ce que le
facteur est correct? Est-ce qu'il se compare à ce qu'il y a à la
place Ville-Marie? Le député de Saint-Louis a admis tout à
l'heure que Place Desjardins était la deuxième plus grande place
immobilière au Québec après place Ville-Marie. Alors,
est-ce qu'on compare place Bonaventure, place Ville-Marie, Place Desjardins et
les locaux qu'il y a dans les environs? Je trouve qu'il y a là
matière à les questionner. Et puis, il me semble que Place
Desjardins devrait étoffer son dossier. Il ne s'agit pas là d'une
transaction privée, actuellement. Il s'agit d'un bien public dont le
Mouvement Desjardins va bénéficier. Est-ce qu'on leur donne un
avantage indu ou si c'est vraiment selon les termes du marché?
Le ministre a juste lancé 7,3 %, il n'a pas prouvé sur
quoi il se basait pour établir 7,3 %. Je comprends qu'il y a des gens
compétents à la Société immobilière du
Québec, mais on m'a refusé de les entendre. Le ministre a
refusé qu'ils viennent ici nous expliquer comment ils l'avaient
établi.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Labelle, ce n'est point le ministre qui a refusé, c'est la commission
qui, majoritairement, a rejeté cette motion. Alors, je vous demanderais
de bien vouloir faire attention lorsque vous dites ça et de ne pas
mentionner continuellement que le ministre a refusé. Le ministre a fait
comme tous les membres de cette commission, il a voté contre. Mais il
n'était pas seul.
M. Léonard: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
penser que, si le ministre avait dit oui, les députés aussi
auraient dit oui?
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Labelle, vous ne pouvez imputer à des députés des
comportements contraires à ce qu'ils ont fait. Je vous demanderais de
bien vouloir vous en tenir au fond de votre motion et de continuer.
M. Léonard: Oui, oui. O.K.
Le Président (M. Gobé): II vous reste une dizaine
de minutes à peu près.
M. Léonard: Plus que ça, M. le Président. Il
reste 15 minutes, au moins.
Le Président (M. Gobé): Nous vous avertirons
lorsque ce sera le temps, M. le député.
M. Léonard: Oui, mais vous avez tendance à
raccourcir le temps! Il reste plus que ça parce que j'ai commencé
à moins 10 passé.
Le Président (M. Gobé): II vous reste 16 minutes,
M. le député de Labelle.
M. Léonard: 16 minutes?
Le Président (M. Gobé): Nous vous avertirons en
temps opportun, comme je l'ai mentionné précédemment.
M. Audet: Je vais vous compter ça.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député de Beauce-Nord!
M. Léonard: Je vous remercie de me donner raison. Il reste
16 minutes environ.
Le Président (M. Gobé): Le président n'est
pas là pour donner tort ou raison; il est là pour...
M. Léonard: Constater.
Le Président (M. Gobé): ...donner les faits exacts,
tels qu'ils sont. Alors, M. le député, il vous reste 15 minutes
moins quelques secondes parce qu'on parle, là, sur votre temps.
M. Léonard: Oui, c'est vrai. Je vois que les
députés du parti gouvernemental disent qu'ils ont beaucoup de
choses à dire. Ils sont drôlement muets depuis le début de
la commission!
Le Président (M. Gobé): C'est votre opinion,
ça, M. le député. S'il vous plaît, allez-y.
M. Léonard: Oui, très bien. Alors, le facteur 7,3
%. M. le Président, si c'était 10 % ou bien si c'était 5
%, pour un immeuble de cette qualité, la valeur de l'immeuble
augmenterait, au fond. Alors, sur quoi le Mouvement Desjardins a-t-il
établi ses calculs? Puisqu'il s'agit d'une transaction avec des biens
publics, nous avons le droit de savoir le raisonnement qui sous-tend le 7,3 %.
Pourquoi est-on arrivé à 7,3 %? Pourquoi a-t-on
écarté 6 %? Pourquoi a-t-on écarté 5 % ou 5,5 %?
Remarquez qu'en l'occurrence ça représente des millions et des
millions parce que juste bouger d'un point, ça donne 25 000 000 $ de
plus à l'immeuble, au moins, et même plus que ça.
M. le Président, je trouve que c'est un point fondamental que
nous avons, que nous aurons intérêt à éclaircir. Il
faudrait entendre ceux qui l'ont établi, comment la négociation
s'est faite, parce que, en l'occurrence, il y a une différence de 60 000
000 $ avec l'évaluation foncière, qui est supposée
représenter le marché d'il y a deux ans, d'il y a deux ans. Pour
des immeubles de cette catégorie, c'est rare que ça baisse. M. ie
Président, je ne pense pas que, même si le marché est
déprimé, les immeubles aient baissé. On parle de
marché déprimé lorsque la valeur foncière se
maintient. Généralement, la valeur foncière dépasse
l'inflation. Tout le monde sait que, dans l'immobilier, on investit; c'est la
meilleure façon de se protéger contre tout mouvement de
marché.
Là, on vient de prendre une baisse de 60 000 000 $, puis
ça me semble au profit du Mouvement Desjardins. Bon. Sans les critiquer,
je constate qu'ils ont l'air de bien négocier. Est-ce que c'est le
ministre qui établit ses valeurs trop basses? Si c'est lui qui a raison,
j'aimerais bien qu'il explique. Mais, à mon sens, pour protéger
le ministre contre lui-même et les questions qui pourraient lui survenir
ultérieurement dans le public, étant donné qu'il s'agit
d'une transaction sur les biens publics, il devrait faire toute la
lumière sur la façon dont on a établi le facteur. C'est
majeur. C'est majeur, M. le Président, mais vraiment.
Si le ministre ne veut pas se rendre à notre demande, il va
falloir qu'il l'explique et son témoignage, à lui, risque
d'être moins objectif que s'il est corroboré par les gens du
Mouvement Desjardins. Il devrait saisir la perche que nous lui tendons, comme
Opposition officielle, pour s'éviter d'avoir des questions par la suite.
Encore une fois, ils ont l'air d'être très pressés pour
adopter le projet de loi. J'ai une expérience, M. le Président,
depuis deux ans, avec ce gouvernement d'en face. Chaque fois qu'il y a des
questions comme celle-là qui se passent, il les fait en fin de session,
en fin de journée. C'est toujours très pressé. Il demande
l'appui de l'Opposition, puis il évite toujours de faire venir
des...
Le Président (M. Gobé): M. le député,
je pense que la pertinence de votre motion...
M. Léonard: Bien, j'y arrivais.
Le Président (M. Gobé): Là, vous
êtes...
M. Léonard: II évite toujours de faire venir les
intervenants dans les dossiers. Vraiment, M. le Président, vous me
coupez la parole.
Le Président (M. Gobé): Je ne vous la coupe pas, M.
le député.
M. Dutil: J'ai l'inspiration, je pourrais peut-être
répondre à quelques-unes...
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le ministre.
M. Léonard: Vous êtes silencieux, du
côté du gouvernement. Il reste que c'est un fait, ça, c'est
le camouflage parlementaire dont on est la victime ce côté-ci,
dont les Québécois sont les victimes. Le Mouvement Desjardins est
d'accord pour payer 355 000 000 $. Aurait-il été d'accord pour
payer 375 000 000 $ ou pour payer le prix de l'évaluation
foncière, 414 000 000 $? Ça me paraît un
élément important au dossier. Moi, je pense que, comme un
privé, comme un particulier, généralement la valeur des
biens fonciers ne baisse pas. Il y a eu quelques cas, quelques cas. Je n'ai pas
l'impression qu'il y a une telle tendance à la baisse à
Montréal. Je voudrais voir si elle s'applique dans des immeubles de
cette catégorie, dans des immeubles de cette qualité.
Moi, j'ai l'impression que le Mouvement Desjardins fait une bonne
affaire. Ils ont commencé à négocier, ils ont
demandé si le gouvernement était intéressé. On m'a
dit plus tôt que c'était le gouvernement qui avait demandé
de négocier. Imaginez-vous que, si c'est le gouvernement qui est en
demande ou la Société immobilière du Québec qui
demande à vendre, le Mouvement Desjardins peut avoir baissé ses
prix, peut baisser la mise. Et puis, à quelqu'un qui a soif de sous,
comme, par exemple, les fonctionnaires du ministère des Finances qui
sont derrière, évidemment, on baisse les prix. Donc, il
fait une bonne affaire. Par les temps de récession qui courent,
évidemment, le Mouvement Desjardins a des sous dans ses coffres et des
Québécois ont mis des sous dans ses coffres. Donc, à ce
moment-ci, c'est une bonne affaire pour lui d'acquérir Place Desjardins,
un bon placement.
Alors, M. le Président, sur le facteur 7,3 %, au nom des
Québécois, nous posons des questions, nous voudrions les poser au
Mouvement Desjardins. Nous allons la poser, cette question, au ministre. Quand
il veut changer un seul mot de son projet de loi «doit» par
«peut», c'est le pouvoir qu'il se donne de fixer arbitrairement le
facteur et le prix et de faire une transaction avec le Mouvement Desjardins qui
est propriétaire de l'autre côté. Le facteur de 7,3 %
est-il raisonnable? On pourrait entendre les acquéreurs de l'autre
côté de la table de négociation pour voir leur point de
vue, pour sonder leurs reins et leur coeur là-dessus et voir pourquoi
ils ont intérêt à acquérir Place Desjardins. On
pourrait très bien dire: On continue comme avant. Peut-être que,
eux, ils escomptent le profit qui va survenir lorsque les baux vont être
modifiés en l'an 2005 et que le gouvernement va se mettre à
payer, lui, la valeur au marché, qu'il ne pourra plus prétendre
à un privilège de propriétaire quant à Place
Desjardins. C'est à ça que renonce le gouvernement
présentement. C'est un des facteurs les plus importants dans cette
transaction: comment le Mouvement Desjardins établit la valeur de ce
changement quantitatif important en l'an 2005. Le ministre n'a pas
été très clair là-dessus, mais le facteur de 7,3 %
tient-il compte de ce changement? Est-ce que Desjardins l'estime comme
cela?
Autre élément, M. le Président. J'imagine que,
même si Desjardins était propriétaire de Place Desjardins
inc. à 51 %, les décisions se prenaient avec la
Société immobilière du Québec, donc en partenariat.
À partir du moment où le gouvernement se retire, Place Desjardins
inc. devient contrôlée à 100 % par le Mouvement Desjardins
qui va avoir toutes ses coudées franches pour établir de nouveaux
tarifs, de nouveaux taux de location. La première victime toute
désignée, ça va être le gouvernement lui-même.
Il a, paraît-il, un bon nombre de pieds carrés à 5 $ du
pied. Au moment où ça va être modifié et pour les
endroits où c'est modifié - on pourra demander au ministre si ce
sont les 720 000 qui sont à 5 $ - si jamais il voulait, lui, en louer
plus dans l'avenir, aura-t-il le droit de continuer au privilège de 5 $
du pied carré jusqu'en l'an 2005? Cette transaction va coûter cher
au gouvernement dans le futur. Il renonce à ces avantages pour un petit
profit à court terme. Un petit profit à court terme qu'il va
repayer rapidement par la suite. Quand je dis profit, effectivement, est-ce que
c'est vraiment un profit? Il a déjà été fait et
j'ai l'impression qu'il le minimise. Il fait sa vente de feu de 420 000 000 $
à 355 000 000 $. Je comprends que le Mouvement Desjardins, lui, soit
intéressé à acquérir des actifs d'une telle
qualité. Le centre administratif de Mont-Laurier, de Montréal,
pardon... Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Votre temps
achève.
M. Léonard: C'est un petit lapsus. Non, j'ai
jusqu'à 18 h 20, en tout cas. M. le Président, le centre
administratif, à Montréal, du gouvernement, gouvernemental, va
être bradé dans une vente de feu au profit du Mouvement
Desjardins. Je pense que nous avons intérêt à leur poser
des questions.
Par ailleurs, M. le Président, je regardais les états
financiers de la Société immobilière du Québec; la
valeur aux livres est, en 1991, de 17 000 000 $. Le ministre a parlé
tout à l'heure de 16 000 000 $. J'aimerais savoir en particulier si
Place Desjardins inc, représentée par le Mouvement Desjardins
lui-même ou propriété majoritaire du Mouvement Desjardins,
est évaluée, elle aussi, à 16 000 000 $ ou 17 000 000 $.
Alors, moi, je pense, M. le Président, qu'il y a des questions majeures
à se poser. (18 h 15)
II y a un autre aspect que je voudrais soulever, M. le Président,
c'est le rôle du Mouvement Desjardins dans le centre-ville de
Montréal. Est-ce que leur intervention, l'achat, l'investissement qu'ils
font, est indicative d'un changement de politique quant à leur
investissement dans Montréal? Est-ce qu'en l'an 2005 ils vont obliger le
gouvernement à changer de place, à déménager?
Ça, ça coûterait cher au gouvernement. Est-ce qu'ils ont
l'intention, en termes d'orientation immobilière, d'utiliser les locaux
de Place Desjardins pour leurs propres besoins, donc d'éjecter
graduellement le gouvernement des locaux de Place Desjardins? C'est une
question majeure parce que le gouvernement peut être amené
à déménager en l'an 2005. Il peut être amené
à déménager. Ça, ça va coûter cher au
gouvernement, coûter cher aux Québécois. Qu'est-ce que le
gouvernement va être amené à faire? Le ministre n'a pas
donné ses orientations. La commission n'entendra pas la
Société immobilière du Québec. M. le
Président, vous avez vu que je me conforme à vos directives. Nous
ne pouvons entendre la Société immobilière du
Québec. Mais, en termes d'intervention, le gouvernement peut être
amené à poser des gestes importants. Est-ce que le gouvernement
entend rester dans le centre-viile de Montréal? C'est une question
importante et qui peut être conditionnée par les orientations de
la confédération des caisses Desjardins. Si la
confédération des caisses Desjardins veut utiliser tous les
locaux qu'il y a dans la Place Desjardins pour ses propres fins - ce n'est pas
impossible parce que, d'ici 10 ans ou 15 ans...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Verdun, je vous demanderais bien vouloir attendre votre droit de parole, de
ne pas interrompre le député de Labelle.
M. Léonard: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): II vous reste quelques
minutes, M. le député de Labelle. Trois minutes exactement.
M. Léonard: M. le Président, le
député de Verdun peut faire des interventions, mais je lui
soulignerai que je suis très intéressé par le
développement du centre-ville de Montréal. Qu'il ne vienne pas
faire intervenir...
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député de Labelle, si vous voulez rester, peut-être, sur
la motion que vous présentez, je pense que ça permettra de
clôturer votre intervention. Après ça, si le
député de Verdun veut parler, je verrai à lui passer la
parole.
M. Léonard: Oui, je pense qu'il aurait
intérêt à parler plutôt que d'interrompre ses
collègues.
Le Président (M. Gobé): On va le laisser juger de
lui-même, M. le député.
M. Léonard: Très bien. M. le Président, la
confédération des caisses Desjardins ou la Place Desjardins inc.
devrait venir devant cette commission. Nous devrions les entendre pour savoir
leurs intentions, connaître leurs orientations, connaître leur
évaluation de la Place Desjardins elle-même. À mon sens, il
y a le ministre qui est juge et partie dans le dossier parce que c'est lui qui
est propriétaire actuellement, mais qui vend. Je pense que, comme
parlementaires qui représentent les Québécois, nous avons
le droit et nous avons le devoir même de poser des questions à la
confédération Desjardins en ce qui concerne cette transaction qui
est fort importante. Il s'agit d'une somme nette pour le gouvernement de 98 300
000 $. Je suppose bien que la Confédération elle-même va
financer le reste de la transaction ou va payer à même ses propres
fonds ou par des emprunts par elle-même. Moi, je pense que,
là-dessus, nous aurions intérêt à savoir ce que le
Mouvement Desjardins entend faire.
Mais je pense, M. le Président, en conclusion, qu'un des
éléments importants que nous devons savoir, c'est quelle est
l'opinion du Mouvement Desjardins quant à la valeur de l'immeuble et
comment le Mouvement Desjardins justifie que la valeur marchande, telle
qu'estimée par le gouvernement, acceptée par le gouvernement -
puis, évidemment, acceptée pour eux -soit de 60 000 000 $ de
moins que l'évaluation foncière. Ça, ça me
paraît un écart considérable,
M. le Président, mais vraiment considérable, que nous
avons intérêt, comme parlementaires, à justifier et pour
lequel nous devons questionner le Mouvement Desjardins. Il me semble qu'on ne
peut pas se présenter devant les Québécois sans savoir
pourquoi il y a 60 000 000 $ de différence. Le principal
intéressé dans la transaction, c'est le Mouvement Desjardins.
Moi, je me demande pourquoi on leur fait un cadeau de 60 000 000 $. A priori,
c'est la question qu'on peut poser. Pourquoi le facteur est de 7,3 %? Pourquoi
c'est 355 000 000 $ plutôt que 414 000 000 $, tel qu'évalué
par le service de l'évaluation foncière de la Communauté
urbaine de Montréal?
Le Président (M. Gobé): Cela met fin à votre
intervention, M. le député.
M. Léonard: Le ministre devrait pouvoir répondre
à cette question.
Le Président (M. Gobé): Nous verrons plus tard, M.
le député. Nous verrons plus tard pour ce sujet-là,
lorsque nous ferons l'étude article par article. Pour l'instant, nous
étions sur la motion, à savoir si on devait faire
témoigner ici les caisses d'économie Desjardins ou Place
Desjardins.
J'ai maintenant une demande d'intervention de la part de M. le
député de Vanier.
M. Lemieux: Si M. le ministre veut intervenir...
Le Président (M. Gobé): J'y vais selon la
priorité des demandes. Peut-être, M. le ministre, en
terminant...
M. Lemieux: ...j'interviendrai après.
M. Dutil: Ce sera très court, quant à moi.
Le Président (M. Gobé): Alors, vous
préférez, M. le ministre, en premier?
M. Dutil: Si vous le permettez, M. le député,
oui.
Le Président (M. Gobé): Alors, vous avez la parole,
M. le ministre.
M. Robert Dutil
M. Dutil: C'est juste pour relever quelques points qui ont
été amenés par le député de Labelle,
particulièrement au niveau de l'évaluation municipale. Il est
important de se rappeler que, dans l'évaluation municipale, les
évaluateurs ne prennent pas nécessairement le prix du loyer
chargé, surtout quand il y a des contrats préférentiels
comme ceux que nous avons à Place Desjardins. Ils prennent un taux de
location
comparatif du marché et te député de Labelle sait
très bien ça - je le vois à son sourire - Ils prennent un
taux comparatif paritaire. Si nous avions fait la chose suivante, si nous
avions dit, lors de la transaction: Nous abandonnons nos loyers
préférentiels et nos coûts de loyer monteront, supposons,
de 5 $ à 15 $ de prix de base, supposons que ce soit ce chiffre, 10 $,
pour faire un chiffre rond sur 600 000 pieds carrés, c'est 6 000 000 $
de plus par année. Comptez avec un facteur d'actualisation 6 000 000 $,
vous allez voir qu'on est non seulement proches, mais on dépasse
même la valeur de l'évaluation municipale.
Alors, quand le député de Labelle dit qu'on fait un cadeau
de 60 000 000 $, c'est tout à fait inexact. Nous continuons de
bénéficier d'un taux préférentiel comme celui que
nous avions négocié à l'époque et nous n'avons pas
renoncé à ça. Si nous y avions renoncé,
probablement que la transaction se ferait autour de 420 000 000 $, mais on
paierait dorénavant le taux de base à 15 $ du pied carré
et là l'Opposition, évidemment, hurlerait en disant: Vous l'avez
vendue 420 000 000 $, mais en hypothéquant le futur alors que vous aviez
l'avantage d'avoir un loyer aussi bas que celui-là, ce que nous n'avons
pas fait, ce que nous n'avons pas l'intention de faire. Alors, je pense que
ça répond à une partie importante de l'objection du...
Le Président (M. Gobé): Sur le fond de la motion,
M. le ministre, je veux savoir si Desjardins doit venir témoigner ou
non. J'aimerais que les interventions portent là-dessus et non pas
sur...
M. Dutil: Oui, elles portent là-dessus.
Le Président (M. Gobé): ...la justification de
l'argumentation de M. le député de Labelle.
M. Dutil: Non, non, elles portent là-dessus, M. le
Président, parce que, vous voyez, le lien est très
évident. À partir du moment où je précise la raison
- et c'était l'un des arguments du député de Labelle pour
les faire venir -quand je dis pourquoi il y a une différence entre
l'évaluation municipale et l'évaluation de la transaction, il
devient inutile de faire déplacer ces gens-là pour venir
expliquer à la commission de quoi il retourne.
L'autre point important qu'il faut mettre en perspective, c'est que
c'est vrai que c'est important d'avoir 720 000 pieds carrés de plancher.
C'est vrai. Je ne nie pas que ce soit Important d'avoir 720 000 pieds
carrés de plancher, mais il faudrait rappeler à cette
Assemblée que nous avons 25 000 000 de pieds carrés de plancher
en location et que 720 000 pieds carrés de plancher là-dessus
représentent une infime portion, représentent environ 3 % ou
quelque chose comme ça.
Et on pourrait considérer seulement l'aspect de location de
bureaux. Sur les 25 000 000 de pieds carrés, il y a 68 % qui sont des
bureaux, donc il y a 17 000 000 de pieds carrés qui sont des bureaux. On
pourrait faire la division par le nombre de pieds carrés de bureaux pour
faire une comparaison véritable; on ferait 720 000 divisé par 17
000 000 et ceux qui comptent vite vont arriver à la conclusion que
ça donne le chiffre tout à fait exact...
Le Président (M. Gobé): 5,5 %.
M. Dutil: ...de 4,2 %. Tout en ne minimisant pas l'importance du
fait que nous soyons locataires là-bas, je veux quand même dire
que nous louons ailleurs. Nous avons 1100 bâtisses qui sont soit en
propriété, soit en location, pour à peu près
moitié-moitié. La principale raison pour laquelle nous vendons
là-bas, c'est que nous sommes copropriétaires d'un centre
d'achats et d'un hôtel en même temps que nous sommes
copropriétaires des places où nous louons, ce qui est unique ou
à peu près; il n'y a pas d'équivalent où la
proportion d'autres utilités que les bureaux est aussi
considérable, li y a d'autres bâtiments où on est
propriétaires, comme l'édifice G où il y a quelques
commerces. La caisse populaire Desjardins est en bas du commerce là-bas.
Il y a un dépanneur, il y a quelques petites choses au complexe G, mais
c'est vraiment mineur et pour les besoins uniquement des gens qui y
travaillent, alors que, là, on est propriétaires d'un centre
d'achats...
M. Léonard: Bien...
Le Président (M. Gobé): Alors, merci.
M. Dutil: ...enfin, en bonne partie.
Le Président (M. Gobé): Votre intervention est
maintenant terminée. Selon la règle de l'alternance, je vais
demander quand même à
Mme la députée de Verchères si elle veut intervenir
sur cette motion...
Mme Dupuis: Oui, effectivement, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): ...en vous avertissant
qu'il reste cinq minutes et que nous devrons, à ce moment-là,
reprendre, si vous désirez parler pendant votre temps
complètement. Comment?
M. Léonard: On ne peut pas suspendre tout de suite, dans
ce cas-là, pour nous permettre de prendre 10 minutes?
Mme Dupuis: Là, j'ai...
Le Président (M. Gobé): II y a un caucus
dans cette salle qui va se tenir à 18 h 30. Mme Dupuis:
Oui, mais j'ai droit... Le Président (M. Gobé):
À10 minutes.
Mme Dupuis: ...à 10 minutes. Donc, ce serait 10 minutes
coupées. Est-ce qu'on ne pourrait pas suspendre et je ferais mes 10
minutes à 20 heures?
Le Président (M. Gobé): J'allais vous faire la
proposition. Donc, s'il y a un consentement de la commission.
M. Lemieux: Est-ce que vous me permettez de compléter les
quatre minutes, M. le Président?
Le Président (M. Gobé): Non, M. le
député, parce que...
M. Lemieux: Est-ce que cette commission doit siéger
jusqu'à 18 h 30? Si c'est l'ordre de la Chambre de siéger
jusqu'à 18 h 30...
Le Président (M. Gobé): Alors, Mme la
députée de Verchères, c'est votre droit de parole et,
selon la règle de l'alternance, c'est vous qui avez la parole.
M. Audet: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député de Beauce-Nord, je parle à Mme la
députée de Verchères.
Mme Dupuis: M. le Président, je vous ai...
Le Président (M. Gobé): Alors, il n'y a pas de
consentement, vous avez le droit de parole, allez-y.
Mme Dupuis: II n'y a pas le consentement à savoir
que...
Le Président (M. Gobé): Pour ajourner les
travaux.
Mme Dupuis: ...je puisse prendre mes 10 minutes ou céder
mon tour et le reprendre à 20 heures.
M. Lemieux: Ce n'est pas ça. Ce n'est pas ça.
C'est-à-dire que je n'ai pas d'objection à ce qu'il y ait
consentement. Ce que je demande à Mme la députée de
Verchères, comme la commission est cédulée jusqu'à
18 h 30, c'est de me permettre d'utiliser les trois dernières
minutes.
Mme Dupuis: Oui, je...
M. Lemieux: Y a-t-il consentement?
Mme Dupuis: Je le permets et je prendrai mes 10 minutes à
20 heures.
Le Président (M. Gobé): Au retour. Alors, M. le
député de Vanier, vous avez trois minutes. Il vous restera sept
minutes, au retour, si vous désirez les utiliser.
M. Jean-Guy Lemieux
M. Lemieux: Ça va. Je vous remercie, Mme la
députée de Verchères. Je vais essayer d'être
très, très rapide. Dans un premier temps, vu que M. le
député de Labelle, relativement à la motion, a
touché brièvement le développement de Montréal et a
fait état que le député de Verdun était
peut-être peu préoccupé, j'aimerais simplement ajouter ceci
relativement à la motion: que j'ai eu l'occasion d'assister à
plusieurs interpellations, le vendredi matin, où le député
de Verdun a manifestement préparé ses dossiers, a eu à
coeur le développement de Montréal.
Là-dessus, il est vrai que, M. le député de
Labelle, vous posez des questions qui sont très, très
pertinentes, mais j'aimerais simplement ajouter ceci: Jamais le ministre ne
s'est opposé à entendre la SIQ. Jamais le ministre ne s'est
opposé à entendre le ministère des Finances. Au contraire,
il a manifesté beaucoup d'ouverture d'esprit. Lorsque vous nous avez
parlé, eu égard à la motion, d'une philosophie de gestion,
il est certain que notre gouvernement et votre gouvernement ont une
théorie, ont une façon différente d'approcher la gestion
gouvernementale. Dans un gouvernement, il fut un certain temps où on
achetait n'importe quoi. Pensez à Tricofil, à Asbestos et
à Quebecair.
Actuellement, nous, comme gouvernement, comme parlementaires, nous
sommes prêts à vous démontrer que cette transaction est
faite dans l'intérêt des Québécois et des
Québécoises. Je crois que vous ne devez pas avoir à
craindre, M. le député de Labelle, que M. le ministre vous donne
toutes les explications nécessaires. Pour ce faire, nous sommes
prêts, au lieu d'utiliser la procédure comme vous avez le droit de
le faire...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Labelle, s'il vous plaît.
M. Lemieux: Au lieu d'utiliser la procédure comme vous
avez le droit de le faire - ce n'est pas un reproche que je vous fais - nous
sommes prêts à appeler l'article 1 du projet de loi afin que M. le
ministre puisse s'expliquer dans les règles de l'art et avec beaucoup
d'ouverture. Si vous permettez au ministre de se faire entendre, il va
répondre à vos questions et, en ce sens-là, vous verrez
que nous sommes très, très, très transparents et qu'eu
égard à cette transaction elle sert davantage les
intérêts des Québécois, mieux qu'a pu les servir
Asbestos. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Vanler. M. le député de Verdun, je vous
demanderais de respecter le silence de cette commission. Je vais maintenant
suspendre les travaux jusqu'à 20 heures, ce soir, en cette salle.
(Suspension de la séance à 18 h 29)
(Reprise à 20 h 13)
Le Président (M. Gobé): Je déclare donc la
séance ouverte et je vous rappelle que notre mandat est de faire
l'étude détaillée du projet de loi 418, Loi modifiant la
Loi sur la Société immobilière du Québec.
Lors de notre suspension, le député de Vanier avait la
parole, mais je ne l'aperçois point. Donc, nous avions convenu que,
suite au député de Vanier, Mme la députée de
Verchères, vous auriez un droit de parole de 10 minutes. Alors, il est
à vous. C'est sur la motion présentée par M. le
député de Labelle. Ce n'est pas nécessaire d'en faire
lecture. Je pense que tout le monde l'a devant soi et en connaît encore
le contenu. Vous avez 10 minutes, Mme la députée.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Effectivement, mon
collègue, le député de Labelle, a présenté
une motion demandant que, ou la confédération des caisses
Desjardins ou Place Desjardins inc, puisse venir assister à la
commission et être questionnée par les membres de l'Opposition ou
les membres de cette commission. Quelques mots sur la pertinence de cette
demande. Je pense qu'il était de bon aloi que cette motion soit
présentée, compte tenu que les caisses Desjardins - et ça
aurait pu éclairer le débat, je pense - ont effectivement une
réputation de très bons gestionnaires. C'est à cet effet
qu'on est portés à croire que, si c'était
intéressant, et ça semble être très
intéressant, cette transaction serait intéressante pour les
caisses Desjardins ou la confédération des caisses
Desjardins.
Un collègue, le député de Vanier, a dit
tantôt que c'est fait dans l'intérêt des
Québécois et des Québécoises. Je n'en doute pas et
je pense que les caisses Desjardins, par leur bonne gestion, prennent les
intérêts des Québécois et des
Québécoises. Et c'est peut-être la meilleure façon
de prendre l'intérêt de leurs membres qui sont majoritairement des
Québécois et des Québécoises, pour ne pas dire
à 100 %. Donc, effectivement, je suis d'accord pour dire que les caisses
Desjardins prennent l'intérêt des Québécois et des
Québécoises. Cependant, en tant que gouvernement, il doit prendre
l'intérêt de tous les Québécois et les
Québécoises. Alors, si les caisses Desjardins sont de bons
gestionnaires dans cette affaire et qu'elles font une bonne affaire, de deux
choses l'une, ou c'est le gouvernement qui fait peut-être une moins bonne
affaire. Dans ce sens-là, le gouvernement se doit aussi de prendre les
intérêts de tous les Québécois et les
Québécoises en démontrant une bonne gestion. Il y aurait
peut-être un exemple à prendre sur la gestion des caisses
Desjardins.
Il y a sûrement un échange, dans cette transaction, entre
les 5 $ du pied carré et le prix de vente ou autre chose. Je me base,
encore là, sur la réputation de bons gestionnaires dont
bénéficient les caisses Desjardins. Je pense que ce serait
important aussi de faire un petit historique, sans le faire au complet, de ce
qui a motivé les caisses Desjardins, ce qu'on appelle le sentiment
d'appartenance. Quand on connaît l'histoire des caisses Desjardins et
qu'on prend le temps de partir du début, ça a commencé
dans une cuisine avec des dix-cents ou presque. C'est là qu'on peut
voir, lorsque le sentiment d'appartenance est là, lorsque la confiance
est de la partie, ce que peut faire un groupe bien géré et ce que
peut faire une collectivité avec ce sentiment d'appartenance.
Là, je profite de l'occasion pour dire que c'est peut-être
ce qui manque aussi chez nos Québécois par rapport aux fonds du
gouvernement, ce sentiment d'appartenance qui serait sûrement à
développer pour que chacun ait, à juste titre, le sentiment que
les fonds de l'État lui appartiennent et, si on triche l'État,
que ce ne soit pas avec un sentiment de victoire lorsqu'on est arrivé
à tricher à l'impôt, à tricher à ci ou
à ça. Là, il y aurait peut-être lieu, justement, de
profiter de l'occasion pour demander aux caisses Desjardins comment on peut
développer un sentiment d'appartenance aussi fort et, en plus,
doublé d'une bonne gestion. Je pense qu'on a manqué l'occasion,
là. Si la commission refuse d'entendre les caisses Desjardins, je pense
qu'à plusieurs volets on manque l'occasion d'avoir quelques minutes
très intéressantes qui viendraient peut-être jeter une
lumière pertinente sur ce débat et qui permettraient de mieux
comprendre leur objectif et, de façon particulière, la
transaction qui se fait présentement.
Il y a une question qui m'est apparue, tantôt; je ne me
prétends pas avocate, je ne le suis pas, mais je me dis: Si les caisses
Desjardins promettent ou si l'entente dit qu'elles vont louer à 5 $ du
pied carré, est-ce qu'il y a aussi une clause qui dit, où c'est
inclus que les caisses Desjardins ne peuvent pas, supposons, mettre dehors - je
prends cette expression-là entre guillemets - pour occuper les locaux ou
si les 5 $ du pied carré jusqu'en 2005, ça va aussi pour toute la
durée du bail et qu'elles ne peuvent, sous aucun prétexte, briser
ce bail? Peut-être que ça va de soi, mais comme ça n'a pas
été dit lorsque le ministre a pris la parole tantôt, ce
serait peut-être bon de le préciser si, pour moi, ce n'est pas
évident et peut-être pour le béné-
fice de ceux qui nous écoutent et qui n'ont pas, eux non plus, de
formation en droit.
Si je délaisse un petit peu la motion de mon collègue, le
député de Labelle, c'est que je suis un peu déçue
de voir que nos demandes antérieures, à savoir que la
Société immobilière du Québec puisse être
entendue...
Le Président (M. Gobé): Madame, nous
débattons de fa motion...
Mme Dupuis: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...sur le bien-fondé
de faire venir les représentants...
Mme Dupuis: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...de la
confédération des caisses populaires ou de Place Desjardins.
Celle de la SIQ a déjà été tranchée...
Mme Dupuis: Disons qu'on va la...
Le Président (M. Gobé): ...et vous nous dites
gentiment que vous vous éloignez de la motion. Je vous encouragerais
à vous en rapprocher, au contraire, afin de respecter la règle de
la pertinence.
Mme Dupuis: Alors, j'ose espérer que, cette fois-ci...
Le Président (M. Gobé): Nous comprenons votre
message pareil.
Mme Dupuis: ...la commission acceptera notre motion de bien
vouloir accepter que les gens des caisses Desjardins ou de leur
fédération ou de Place Desjardins inc, puissent venir, au moins
quelques minutes, pour répondre à quelques questions afin, comme
je le disais tantôt, de jeter de la lumière dans un but de
transparence. Plus la voie est éclairée, moins il y a de
questions et plus c'est transparent.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire tantôt, c'est suite au rapport
Bernard, qui relève du ministère des Approvisionnements et
Services, que le ministre avait démontré cette intention, du
moins, de vouloir réaliser les recommandations du rapport Bernard le
plus rapidement possible et toutes les recommandations dans les plus brefs
délais, disant même qu'elles étaient presque toutes
réalisées. Le fondement, c'était une saine administration,
si vous voulez, la performance et la transparence. J'ose croire que cette
fois-ci le ministre pourra influencer la commission et accepter la motion de
mon collègue, le député de Labelle. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup, Mme la
député de Verchères. Étant donné que c'est
le dernier intervenant de votre côté, y aurait-il un autre
intervenant du côté ministériel qui désirerait
adresser la parole à cette commission? M. le ministre? Non. Alors, cela
étant dit, est-ce que la motion de M. le député de Labelle
est adoptée?
Une voix: Vote.
Le Président (M. Gobé): Alors, vous demandez le
vote nominatif.
M. le secrétaire, nous allons donc procéder à un
vote nominatif. Et je vous prierai de bien vouloir appeler les
différents députés qui sont autour de cette table.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dupuis (Verchères)?
Mme Dupuis: Pour.
Le Secrétaire: M. Dutil (Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Gobé (LaFontaine)?
Le Président (M. Gobé): Contre.
Le Secrétaire: Alors, 2 pour, 4 contre.
Le Président (M. Gobé): Alors, la motion de M. le
député de Labelle est malheureusement rejetée. Nous allons
donc maintenant passer... Ah! Vous avez une autre motion, M. le
député? Vous m'informez... Est-ce que vous pouvez la communiquer
à la commission, s'il vous plaît? Elle est rédigée
à la main.
M. Léonard: Vous en avez une copie?
Le Président (M. Gobé): Je vais en faire lecture et
prendre en délibéré sa recevabilité.
M. Léonard: D'accord.
Le Président (M. Gobé): Voulez-vous en faire
lecture à haute voix? Non?
M. Léonard: Si vous voulez.
Le Président (M. Gobé): Allez-y, je vous en
prie.
Motion proposant d'entendre le Service de
l'évaluation de la CUM
M. Léonard: Alors, M. le Président, «il est
proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure la commission permanente du budget et de l'administration
tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet
de loi 418, Loi modifiant la Loi sur la Société
immobilière du Québec, des consultations particulières
quant à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin
elle entende le Service de l'évaluation de la Communauté urbaine
de Montréal.»
Le Président (M. Gobé): Bon, alors, c'est
ça. Cette motion semble en tout point recevable étant
donné que le Service d'évaluation de la Communauté urbaine
de Montréal est responsable de l'évaluation et qu'il a
été mentionné à plusieurs reprises que
l'évaluation et le prix de vente semblaient différents. Alors, il
peut y avoir... Je déclare donc... Oui, M. le député de
Beauce-Nord.
M. Audet: M. le Président, j'aurais aimé savoir du
ministre s'il est en mesure de nous dire combien de groupes ou d'organismes
sont impliqués dans cette transaction afin qu'on soit en mesure
d'évaluer combien il y aura de motions et de propositions.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Beauce-Nord, nous verrons ça plus tard, si vous voulez, à
l'ajournement ou on suspendra les travaux pour en parler avec le ministre.
Mais, pour l'instant, je me dois de statuer sur la recevabilité de cette
motion et je la déclare donc recevable. Je vous informe, M. le
député de Labelle, que vous pouvez en discuter ou la plaider
pendant 30 minutes. Alors, nous prenons l'heure et...
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Alors, M. le Président, je vais faire
une dernière tentative vis-à-vis du ministre et de la
commission...
Le Président (M. Gobé): Ça, c'est pour
informer le député de Beauce-Nord.
M. Léonard: Si jamais il s'avérait qu'il y a
d'autres groupes, entre-temps, qu'il pourrait être intéressant
d'entendre, nous le ferons. Ceci étant dit, au moment où je vous
parle, c'est une dernière tentative pour convaincre le ministre et ses
collègues du gouvernement, du parti gouvernemental, d'entendre le
Service de l'évaluation de la Communauté urbaine de
Montréal, pour nous expliquer la différence entre
l'évaluation foncière de la Communauté et
l'évaluation de l'immeuble lui-même.
J'aimerais bien fouiller ce dossier parce qu'H est au coeur même
de nos discussions. Ce que le ministre nous disait tout à l'heure
explique la différence entre les 414 000 000 $ et les 355 000 000 $ par
le fait que le gouvernement et le Mouvement Desjardins, la
confédération Desjardins, paient 5 $ du pied carré pour
une période allant jusqu'en l'an 2005. Donc, cela affecte la valeur de
l'Immeuble. Si nous prenions... Je vois que le député de Verdun
arrive et, lui, il est très intéressé par les petits
calculs arithmétiques, alors je suis sûr qu'il va nous
assister.
M. Gautrin: Pas du tout.
Le Président (M. Gobé): Nous avons constaté
votre présence et cela nous suffit pour l'instant.
M. Léonard: En mathématiques... Je l'ai
insulté.
M. Gautrin: J'arrive pour vous écouter, cher ami.
M. Léonard: Pour faire des petits calculs
arithmétiques pour le député de Verdun, si le facteur est
de 7,3 % et qu'on estime que la différence entre le prix payé par
la SIQ et le prix du marché serait d'environ 10 $, cela nous
amène à une différence de 200 000 000 $. Or, je demande
à voir l'évaluation elle-même de l'immeuble. À
combien le service d'évaluation foncière de la communauté
urbaine l'évalue. Lui, il l'a évalué à 414 000 000
$. La valeur au marché est de combien, ou elle serait de combien si les
revenus étaient, disons, de 14 000 000 $ additionnels? Je comprends que,
comme il ne s'agit que d'une période de 12 ans, maximum 13 ans, cela
doit limiter la valeur en capital de l'immeuble. Je trouve que nous n'avons pas
les explications exactes. Le ministre nous dit que la différence est
vraiment de 5 $, mais encore faut-il savoir à quel taux cette
différence a été escomptée et ce que cela fait
vraiment sur la valeur de l'immeuble. C'est une première
considération générale.
Techniquement ou théoriquement pariant, je crois pouvoir dire que
la communauté urbaine ou le Service de l'évaluation doit
évaluer l'immeuble à sa valeur marchande. Mais il y a beaucoup de
facteurs qui entrent en ligne de compte. Première des choses, à
quelle date remonte cette évaluation? Est-ce que cette évaluation
de 414 000 000 $ remonte au rôle déposé au mois de
septembre 1991? Parce que la loi fait obligation à l'évaluateur
de la communauté urbaine de déposer le rôle sur les valeurs
certifiées en 1990. Et ce que cela fait, finalement, c'est que
l'évaluation que nous avons en main remonte pratiquement à deux
ans. Alors, c'était
414 000 000 $, il y a deux ans.
Je trouve qu'il y a une question à se poser. Si jamais l'immeuble
qui a été porté au rôle n'a pas été
évalué, lui, selon le rôle de «1999» et les
transactions au marché durant l'année «1999», mais en
1989, ce qui n'est pas du tout impossible, parce que la communauté
urbaine fait son évaluation secteur par secteur, la met à jour et
il se peut très bien...
Le Président (M. Gobé): Vous avez dit
«1999», la langue vous a fourché, je pense.
M. Léonard: En 1989. (20 h 30)
Le Président (M. Gobé): Non, c'est juste pour la
clarification.
M. Léonard: En tête j'avais 1989. Alors, ça
veut dire que possiblement on peut remonter à deux ans à trois
ans, ou quatre ans. Et la seule correction qui aurait pu être faite,
c'est ce qu'on appelle le facteur d'équivalence, la médiane.
Est-ce que cette médiane remonte loin? Est-ce qu'elle a connu juste un
ajustement technique au cours de l'année 1991, pour le rôle
actuel? Ça, ce sont tous des éléments très
importants pour faire l'évaluation.
Alors, je pense que l'évaluateur de la Communauté urbaine
de Montréal pourrait venir nous expliquer et nous déposer son
dossier, enfin déposer, quand même nous dire sur quelle base
repose son évaluation actuelle aux livres de 414 000 000 $. Ce n'est pas
indifférent parce que, lorsque vous évaluez des immeubles de
cette nature, l'évaluation municipale compte. Évidemment, il y a
le flux des revenus aussi qui compte. On en a discuté tout à
l'heure. Mais l'évaluation municipale, normalement, c'est une
évaluation scientifique et les témoignages des évaluateurs
comptent pour beaucoup.
Et je dirai là-dessus que la loi de l'évaluation
foncière, qui a été appliquée depuis 1974, avait
été introduite dans notre législation en 1974-1975 et
appliquée par notre gouvernement, ajustée d'ailleurs par notre
gouvernement. En ce qui me concerne, c'est une excellente loi
d'évaluation foncière lorsqu'on la compare, par exemple, à
la ville de Toronto. À Toronto, la valeur des immeubles portée au
rôle est de 10 %, 15 % de leur valeur réelle, de leur valeur au
marché. Tandis qu'ici, à Montréal et au Québec, les
valeurs portées au rôle se rapprochent très sensiblement de
la valeur au marché, sauf un décalage d'un an, ou deux, ou trois,
ajustées techniquement par la médiane.
Alors, j'aurais aimé que l'évaluateur de la
communauté urbaine vienne nous exposer les bases de son dossier. Ce sont
des bases scientifiques. Je crois que là-dessus il pourrait au moins
venir nous renseigner et voir si cela concorde avec la méthode que vous
nous avez exposée à partir du flux des revenus de location.
Parce que, ça aussi, c'en est une autre et les deux se recoupent,
en fin de compte, sur des immeubles de cette valeur, normalement.
Alors, je trouve qu'il y aurait lieu d'entendre l'évaluateur de
la communauté urbaine. Et je dirai au ministre là-dessus, M. le
Président, qu'il me semble que le gouvernement, dans des transactions
immobilières comme celle-là, devrait amener devant la commission
parlementaire les évaluateurs municipaux parce qu'ils constituent une
source indépendante d'évaluation des transactions.
Et, dans le cas qui nous occupe, où le gouvernement est
lui-même en cause avec le Mouvement Desjardins, la
Confédération, à mon sens, ça serait important. On
devrait le faire de façon générale et le faire en
particulier pour cette transaction parce que le ministre lui-même va
avoir à en répondre un de ces jours et il sera mieux
équipé si le dossier de l'évaluation du Service de
l'évaluation de la communauté urbaine était exposé
ici devant cette commission. Je ne pense pas qu'il y ait de secret en la
matière, puisqu'il s'agit d'un équipement public important,
majeur, dans lequel le gouvernement s'est impliqué depuis pratiquement
20 ans maintenant.
Alors, je ne sais pas pourquoi le ministre, cette fois, refuserait ou
n'accepterait pas que ses députés entendent l'évaluateur
de la communauté urbaine. Je considère que c'est quand même
une transaction importante, 98 000 000 $. Peut-être que lui-même,
dans la transaction, perd 25 000 000 $. Si c'est le cas, c'est le Québec
qui les perd et il va falloir qu'il le justifie, qu'il explique son geste. Je
trouve que ce ne serait pas si dommageable que ça. On n'aurait qu'un
coup de téléphone à lui donner et demain on l'entendrait.
Et on pourrait même voir ce dossier, en voir la couleur, et regarder
aussi les critères utilisés pour établir à 414 000
000 $ la valeur de l'immeuble. Vous savez que beaucoup de gens se plaignent
actuellement du rôle d'évaluation de Montréal parce qu'ils
trouvent que les valeurs augmentent trop tôt. Lorsque les transactions se
bâclent, généralement, elles se maintiennent au niveau de
l'évaluation. Par ailleurs, il est un fait, dans certains quartiers,
c'est plus bas; dans d'autres, c'est beaucoup plus élevé. Tout le
monde sait que les valeurs immobilières, malgré leur
stabilité, varient quand même d'un endroit à l'autre,
varient d'une période à l'autre.
Par ailleurs, dans un document comme celui-là, je sais qu'il y a
des sections au Service de l'évaluation de la Communauté urbaine
de Montréal qui se spécialisent dans les grands immeubles comme
ceux-là parce qu'ils en ont quand même un certain nombre.
Évidemment, c'est le deuxième plus grand à
Montréal, mais il y a des spécialistes dans des sections comme
cela pour des immeubles à revenus, à rendement, des immeubles de
rapport, et ils ont établi toute une expérience de cas semblables
qui ferait qu'ils pourraient nous donner un jugement éclairé
sur la valeur. Et si jamais il y avait des modifications à faire,
des rectifications à l'évaluation, je pense qu'ils pourraient
nous exposer leur dossier.
Quoi qu'il en soit, j'ai exposé, tout à l'heure, avant
t'Intermission, qu'il fallait qu'on explique la différence, qu'on
l'établisse. Le ministre a invoqué la raison qui était que
le coût de location chargé au gouvernement et à la
confédération Desjardins n'était que de 5 $ pour leur
utilisation. Encore faut-il aussi que l'on tienne compte de ce que cela vaut et
de la façon dont cela affecte l'immeuble. Il l'a donné en vrac
comme cela. C'est la seule raison qu'il a donnée, au fond, pour
expliquer la différence entre les deux. Mais cela se calcule de
façon plus précise. Je suppose que lui-même pourra
l'établir. Est-ce que l'évaluation de la communauté
urbaine sera la même? Ça, je pourrais en douter, mais j'aimerais
bien qu'on l'explique ici devant cette commission.
Est-ce que cela vaut 60 000 000 $? Est-ce que cela vaut plus et, au
fond, on a un rabais encore plus substantiel que ce qu'on dit sur la valeur
même de l'immeuble? Parce que, si le facteur est vraiment de 7,3 et que
la valeur au marché du pied carré est de 15 $, cela voudrait dire
que l'immeuble vaut beaucoup plus que 414 000 000 $ au marché. Il
vaudrait plus. Dans ce cas-là, peut-être que la transaction est
avantageuse. Mais je trouve que le ministre est très imprudent de ne pas
entendre des spécialistes en la matière, indépendants, des
gens qui sont en dehors de ses intérêts à lui, des
intérêts de la SIQ et des intérêts du Mouvement
Desjardins. Moi, je trouve, M. le Président, que nous lui donnons une
chance en or de procéder en toute objectivité, de mettre un
dossier transparent sur la table, complètement.
J'entendais un député, avant l'arrêt de nos travaux,
parler de transparence. Je peux vous dire que juste dire: C'est parce qu'on
paie 5 $ du pied carré au lieu de payer entre 12 $ et 15 $ comme le
marché le voudrait, ce n'est pas très transparent. Ce n'est pas
ce qu'on appelle transparent. Amener ici un témoignage
indépendant sur le dossier, ça, ça me paraît
beaucoup plus transparent et beaucoup plus objectif comme démarche. Il
s'agit de 100 000 000 $ pour le gouvernement et, quand on connaît les
intérêts profonds du gouvernement, qui sont d'ailleurs très
superficiels, parce que tout ce qu'il a en tête, c'est d'aller chercher
des fonds pour équilibrer son budget, pour réduire son
déficit, pour essayer de montrer à la population que ses
opérations courantes ne sont pas si déficitaires que ça,
alors qu'il vend sa maison présentement, je pense que ce n'est pas non
plus d'une très grande transparence.
On n'a pas encore vu, comme on l'a vu, la Synthèse des
opérations financières. Ça a l'air secret. Je ne sais pas
s'il faut attendre le discours inaugural pour avoir ça, mais, à
mon sens, actuellement, une des façons d'établir la valeur au
marché, c'est d'aller voir ce qu'en pense le service d'évaluation
de la Communauté urbaine de Montréal. Moi, je trouve que nous lui
donnons une chance en or de mettre un dossier net sur la table. Je ne comprends
pas son entêtement. Je n'ai pas vu encore qu'il ait fait signe qu'il
était intéressé par notre proposition. Il a plutôt
l'air de se fermer à toute proposition d'entendre des témoignages
externes, mais, à mon sens, il devrait en profiter. Est-ce qu'il a
établi sa valeur à 355 000 000 $ seulement sur des calculs et des
pressions? Il a dit qu'il n'allait pas manger au restaurant comme ses
collègues dans d'autres dossiers, mais... Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Qu'est-ce que vous avez
à rire, M. le député?
M. Léonard: Non, non, ça rit aussi en face,
là. Alors, M. le Président, je pense qu'il devrait profiter de
l'opportunité que nous lui donnons... Non, M. le Président, je
sais que vous vous sentez visé, mais je ne voulais pas vraiment vous
blesser en vous disant ça. C'est avec humour que je le dis, en
espérant qu'il n'y ait jamais eu de séquelles précises
là-dessus.
Le Président (M. Gobé): C'est comme ça que
je l'ai pris aussi, M. le député de Labelle. Alors, si vous
voulez continuer sur la motion.
M. Léonard: Le ministre devrait nous permettre d'entendre
le Service de l'évaluation de la Communauté urbaine de
Montréal. Il devrait le permettre à ses collègues qui,
peut-être, cette fois, ouvriraient la bouche et poseraient des questions
intelligentes parce que, pour l'instant, on ne voit pas beaucoup de
développements de leur part. Ils ont l'air à tout gober de a
jusqu'à z.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Si on n'avait pas...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Non, mais ce que je
remarque surtout, M. le député, c'est que vous semblez mettre des
collègues en cause en laissant entendre qu'ils écoutent
béats les paroles du ministre ou ses instructions. Je trouve que c'est
un peu insultant pour les membres d'une commission parlementaire.
M. Audet: Pas du tout.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Beauce-Nord. Je pense que chacun des députés ici fait son
travail et prend ses décisions en
fonction de ce qu'il pense, qui est bon et qui n'est pas bon. Je ne
crois pas qu'il appartient à d'autres députés de qualifier
leur comportement en fonction de leur action dans ce parlement.
M. Léonard: Non, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Et une commission
parlementaire est la suite du Parlement. Je crois que, lorsque vous faites
objection à un projet de loi, on ne dit pas que vous suivez
béatement le chef de l'Opposition; on dit: M. le député de
Labelle a droit d'avoir une opinion et vous la défendez. C'est la
même chose pour les collègues ici. Je pense qu'ils font valoir
leur point de vue et leur opinion.
M. Léonard: M. le Président, si...
Le Président (M. Gobé): Je sais que vous connaissez
ça, M. le député de Labelle.
M. Léonard: S'il y en a qui se sont sentis
insultés, je m'en excuse, je retire, ces paroles. Je trouve cependant
qu'ils auraient l'épiderme sensible.
Le Président (M. Gobé): Vous savez, dans cette
commission, la présidence a le devoir de faire respecter le
décorum et le Parlement, et c'est ce que je fais.
M. Léonard: Bien. M. le Président, je voudrais
simplement résumer le sens de cette motion que nous faisons. Elle vise
à entendre le Service de l'évaluation de la Communauté
urbaine de Montréal. Je trouve qu'il s'agit là d'un service
sérieux dont, souvent, les évaluations sont contestées,
mais, encore là, il reste qu'il a l'habitude de les défendre,
à ce moment-là, devant le Bureau de révision de
l'évaluation foncière. Présentement, il y a un
décalage important qu'on explique par la différence des taux de
location, mais, quand même, il n'y a personne qui est allé devant
le Bureau de révision de l'évaluation foncière. Est-ce
que, à la pleine valeur, à un taux ordinaire du marché,
entre 12 $ et 15 $ du pied carré, l'évaluation réelle de
l'immeuble est de 414 000 000 $ ou de plus que 414 000 000 $? Ce n'est pas
impossible que ce soit plus que 414 000 000 $. Est-ce que la différence
s'explique uniquement par les 5 $ du pied carré, ce qui est nettement en
bas du marché? Ce n'est pas sûr, ça non plus. Est-ce que,
par d'autres techniques alors que vous loueriez tous vos locaux au plein prix,
comme il arrivera en l'an 2005, cette valeur ne sera que de 414 000 000 $ ou si
elle sera plus élevée que 414 000 000 $ ou moins
élevée que 414 000 000 $? Moi, je pense que ce sont des questions
que l'on pourrait poser au Service de l'évaluation de la
Communauté urbaine de Montréal. Tout le monde en tirerait
profit.
La population qui va lire les débats qu'il y a ici... Je suis
sûr qu'un certain nombre de personnes vont consulter ces débats.
Oui, je vois que vous avez l'air dubitatif, M. le Président. Les
débats des commissions sont consultés par beaucoup de personnes,
notamment celles qui sont en cause et, éventuellement, je pense que de
toute façon c'est le droit des citoyens de les consulter. Donc, on ne
peut pas prendre ça à la légère. Les commissions
parlementaires sont, je pense, comme vous l'avez dit tout à l'heure, le
prolongement de l'Assemblée nationale. Donc, on doit faire nos travaux
en toute objectivité. (20 h 45)
Je trouve que, dans le cas qui nous occupe, c'est le témoignage
le plus indépendant et objectif, pourrait-on dire, qu'on pourrait
entendre sur la question de l'évaluation de cet immeuble. Quand des gens
vous disent qu'il s'agit là d'une vente de feu, bien, je pense que cette
simple réflexion témoigne des questions qui sont posées
quant à l'objectivité de la transaction au départ. Des
objections auxquelles vous aurez à répondre, que vous ne pouvez
pas prendre à la légère parce que c'est la première
impression que l'on a, surtout quand on voit qu'on doit bâcler cette
transaction avant le 31 mars. Alors, le 31 mars, c'est une date fatidique pour
le ministre des Finances, fatidique. Il ne veut pas montrer un trop gros
déficit. Il est là, le déficit, de toute façon. Et
qu'on fasse une vente de feu pour essayer de le réduire, moi, je trouve
que c'est malheureux.
Quoi qu'il en soit, pour en revenir au Service de l'évaluation de
la Communauté urbaine de Montréal, ils évaluent cet
immeuble selon des critères très différents, une
méthode différente. Ils ont bâti une expérience
d'évaluation que tous les parlementaires prendraient
intérêt à discuter, à connaître. C'est une
démarche, je dirais, très parlementaire que nous faisons. J'en
reste là, M. le Président. Je conclus en disant qu'il faut
absolument que nous entendions le Service de l'évaluation de la
Communauté urbaine de Montréal.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
député. Je vous remercie de cette intervention. Je demanderai si,
du côté ministériel, il y a des intervenants ou si nous
devons maintenant demander le vote sans plus attendre. Mme la
députée de Verchères, vous voulez la parole.
M. Léonard: Le ministre s'apprêtait à
répondre... Je ne sais pas.
Le Président (M. Gobé): Oui, mais la règle
de l'alternance n'est pas obligatoire. Je pense que, par courtoisie pour la
députée de Verchères, nous allons la laisser parler.
M. Léonard: Vous n'avez rien à dire! Le ministre
n'a rien à dire!
M. Dutil: J'ai beaucoup de choses à dire, mais, par
courtoisie, je laisserai parler madame.
Le Président (M. Gobé): Oui, oui. Allez-y, madame.
La présidence peut donner la parole à qui elle le désire.
Alors, je vous donne la parole.
Mme Dupuis: Je vais essayer d'être brève afin qu'on
puisse entendre le ministre après.
Le Président (M. Gobé): Je vais lui donner la
parole aussi. Ne vous inquiétez pas.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Effectivement, mon collègue de Labelle a
mentionné tantôt qu'on ignorait les dates auxquelles
l'évaluation avait été faite. Il y a aussi d'autres
facteurs inconnus qu'il serait intéressant de connaître et
seulement la ville de Montréal et ses évaluateurs seraient en
mesure de nous donner une réponse.
Si je compare, par exemple, aux maisons privées qui sont
évaluées, en moyenne, au Québec, à moins que je ne
me trompe, à peu près à 75 % ou 80 % de leur valeur
marchande, est-ce que c'est la même chose pour les immeubles? Ça,
je l'ignore. Cependant, si je pars avec le principe qu'une maison privée
est évaluée à 75 % ou 80 % de sa valeur marchande, ceci
veut dire que la valeur marchande de Place Desjardins serait de tout
près de 500 000 000 $; avec 414 000 000 $ au niveau de
l'évaluation, je dis bien avec l'hypothèse que
l'évaluation est faite à 75 % ou 80 % de la valeur marchande, on
frôle les 500 000 000 $.
Le Président (M. Gobé): Excusez, Mme la
députée de Verchères. Juste une petite mise au point, si
vous voulez continuer. Je pense que vous parlez de l'ancienne loi sur
l'évaluation. Depuis la Loi sur la fiscalité municipale de la
réforme de M. le ministre Claude Ryan, les municipalités, je
crois, ont l'obligation d'évaluer les propriétés à
leur pleine valeur marchande. Est-ce que c'est ce rôle-là
d'évaluation qui est appliqué? Il devrait être à sa
pleine valeur marchande.
Mme Dupuis: Bien, c'est ça qu'on ne sait pas.
Le Président (M. Gobé): Mais pas à 75 %,
inférieur. À moins que je ne me trompe, là.
Mme Dupuis: Oui, mais Montréal est à quel
pourcentage? Est-ce qu'il y a uniformité au niveau du Québec?
Est-ce que c'est changé par la réforme Ryan? Montréal est
à quel taux, en moyenne? C'est toutes des interrogations qu'on est en
droit de se poser et auxquelles on n'a pas de réponses, auxquelles on
n'a pas de réponses du tout.
On sait, présentement, et le ministre l'a mentionné
tantôt, que le taux d'occupation à Place Desjardins était
élevé. Donc, ça ne devait pas baisser le montant de
l'évaluation. On sait aussi que peut-être, présentement, il
y a un taux d'inoccupation... Même si le taux d'occupation était
élevé, il est peut-être plus élevé lorsqu'on
n'est pas en période de récession. Est-ce qu'il y a un
impact?
Le Président (M. Gobé): Le taux d'occupation n'a
pas d'impact sur l'évaluation; c'est la valeur marchande du
bâtiment comme telle, que ce soit loué à moitié ou
aux trois quarts.
Mme Dupuis: Oui, mais pour ce qui est de la valeur marchande, le
taux d'occupation n'a pas d'influence sur la valeur marchande?
Le Président (M. Gobé): Non.
Mme Dupuis: Par exemple, un édifice à bureaux ou un
édifice public qui est vide?
Le Président (M. Gobé): L'évaluation
marchande.
Mme Dupuis: II peut y avoir aussi un impact négatif sur...
Supposons qu'elle a été vendue trop bon marché. Je reviens
aux maisons privées. Parlons de ce qu'on connaît comme exemple. On
se base pour évaluer une rue, par exemple, et dire: On prend les trois
ou quatre maisons qui se sont vendues durant l'année. Si, effectivement,
Place Desjardins s'est vendue trop bon marché... Je vais dans
l'hypothèse parce qu'on ne peut que parler d'hypothèse, on n'a
pas les renseignements et il semblerait que le ministre et la commission ne
sont pas disposés à faire en sorte qu'on ait ces
informations-là. Alors, il faut absolument imaginer ou faire des
hypothèses, on n'a pas les réponses. Un immeuble similaire
à côté, s'il y a un taux, si ça a de l'influence
négative ou positive, à la hausse ou à la baisse...
Je vois M. le président de la commission qui fait signe que non,
mais je le soupçonne de ne pas être plus informé que moi et
de dire non sans le savoir trop, trop. Moi, tant que je ne le sais pas et que
je ne suis pas certaine, que je n'ai pas les chiffres dans les mains, je
m'interroge. Je pense que c'est sage de vouloir tous les éléments
avant de prendre une décision et d'endosser une action. Comment
voulez-vous prendre une décision, à savoir si on approuve ou si
on désapprouve, si on n'a pas tous les éléments? Dans ce
sens-là, c'est consciencieux de notre part de demander
l'éclairage nécessaire.
En supposant que ça ait un impact sur les autres, comment va
réagir la ville de Montréal en voyant que ça
dévalue les autres bâtisses à bureaux et quels impacts
négatifs il peut y avoir pour la ville de Montréal? Vous savez,
les
actions comme celle qu'on vit présentement et que le gouvernement
s'apprête à faire sont souvent connues du public beaucoup plus
tard, il les voit réellement, souvent, quelques mois plus tard. Je vous
donne un exemple que vous avez sûrement vécu dans vos
comtés aussi. Même si on disait: Écoutez, les taxes
scolaires vont remonter, quand vous allez recevoir votre compte de taxes, vous
allez voir. Mais le projet de loi avait passé avant et ça ne
réagissait pas. Je ne suis pas pour vous dire que ça
réagissait, on n'avait pas de téléphones dans les bureaux
de comté. Mais je peux vous dire, moi, que, quand les comptes de taxes
sont arrivés, les comptes de taxes scolaires - au municipal, ce n'est
pas encore entré, ce n'est pas effectif - M. le Président, je
pouvais vous dire quelles municipalités et à quel jour avaient
reçu leur compte de taxes. Là, je recevais 50
téléphones dans la même journée des gens qui
protestaient. J'ai dit: Mais pourquoi vous ne l'avez pas fait avant, quand on
s'est battus à Québec pour ne pas que ça passe? Ils ont
dit: On ne l'a pas su. Donc, même si ça paraît dans les
journaux, même si on donne l'information, on rejoint quoi? 10 %, 15 % ou
20 % de la population. Le ministre l'a confirmé tantôt par sa
réaction quand mon collègue, le député de Labelle,
a dit: Oui, mais il y a des gens qui peuvent lire les galées de la
commission parlementaire, avec un petit sourire un petit peu réaliste,
je l'avoue. Le pourcentage de Québécois ou de
Québécoises qui vont lire les galées, qui vont savoir ce
qui se passe ici...
Le Président (M. Gobé): II ne faut pas imputer au
ministre des attitudes, s'il vous plaît.
Mme Dupuis: ..c'est minime, peut-être 1 % ou 2 %.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée, je pense qu'on devrait faire attention avant d'imputer
à un membre de cette commission telle ou telle attitude qui voudrait
dire qu'il a telle ou telle pensée, ou tel ou tel comportement. Je crois
qu'il faut se fier à...
Mme Dupuis: Je le retire, bon.
Le Président (M. Gobé): Oui, s'il vous plaît.
Merci, madame.
Mme Dupuis: Je vais me les attribuer. Oui, je peux dire
qu'effectivement il y a peut-être 1 % ou 2 % de la population qui vont
lire les galées, qui auront l'information, mais est-ce qu'il n'y aura
pas une réaction négative lorsque ce sera su, lorsqu'ils verront
qu'il y a des impacts, lorsque Montréal saura s'il y a des impacts
négatifs ou pas? Parce qu'il peut y en avoir. Et on peut peut-être
avoir, de la part de propriétaires d'emplacements à bureaux,
peut-être de la ville de Montréal, des contestations sur ça
comme on en a présentement sur d'autres sujets, que ce soit sur la vente
du centre Paul-Sauvé; tout à coup, ça réagit
à rebours, parce que, lorsque l'information arrive dans le public, c'est
là qu'on a la réaction. Les gens ne peuvent pas réagir
avant de le savoir. Et je pense que, si on part avec l'hypothèse que
gouverner, c'est prévoir, il serait tout simplement sage qu'on accepte
d'une façon positive la motion qui a été
déposée par l'Opposition, à savoir que les
évaluateurs de la ville de Montréal ou de la Communauté
urbaine de Montréal soient entendus. Et ça ne nous ferait pas
perdre un temps précieux. Je pense que ça pourrait se faire
demain matin, un coup de fil et ils se feraient un plaisir et un devoir, je
pense, de venir informer la commission parlementaire. Et surtout, si ça
vient de la part de la commission et parrainé par le ministre, je pense
qu'ils seraient doublement heureux de répondre à sa demande. Sur
ce, M. le Président, je laisse la parole au ministre comme il a
semblé tantôt vouloir la prendre.
Le Président (M. Gobé): Vous ne pouvez pas laisser
la parole, madame, cette prérogative appartient à la
présidence.
Mme Dupuis: M. le Président... Le Président (M.
Gobé): Merci.
Mme Dupuis: ...je vous remercie et j'ose croire que la commission
accédera à notre demande.
Le Président (M. Gobé): Alors, nous avons pris
bonne note de votre support à cette motion, madame. Je demanderai
maintenant à M. le ministre de faire peut-être quelques remarques
finales sur cette motion avant que nous ne prenions le vote.
M. Robert Dutil
M. Dutil: Sur la motion, on sait que l'évaluation
municipale est faite d'abord pour fins de taxation et que le plus important
quant à l'évaluation municipale, c'est que tout le monde soit
traité de la même façon, c'est-à-dire qu'on
considère l'évaluation de tout le monde de la même
façon. Et c'est la raison pour laquelle, tout à l'heure, j'ai
précisé qu'on ne pouvait pas tenir compte, dans
l'évaluation municipale, du fait qu'il y avait des taux de loyer plus
bas et donc descendre l'évaluation municipale de PDI par rapport
à d'autres édifices du même genre dans les alentours. C'est
évident, c'est ce qui expliquait qu'il y avait une différence
relativement majeure, mais l'évaluation municipale n'est pas faite dans
le but d'aller transiger des bâtiments les uns avec les autres. Elle
reflète habituellement la valeur, s'il n'y a pas de
situation extraordinaire. Il y a une situation extraordinaire ici, je
l'ai précisée tout à l'heure. Elle est facile à
comprendre. Nous avons une portion importante des loyers à un prix qui
est très peu élevé. Il est facile de compter que cette
différence-là arrive à combler la différence que
soulevait le député de Labelle, c'est-à-dire les 60 000
000 $ entre les deux. On l'a compté tout à l'heure. Alors, je ne
pense pas qu'il soit pertinent pour la commission de recevoir ici quelqu'un qui
va venir nous dire de quelle façon ils font l'évaluation pour des
fins de taxation municipale, point, à la ligne.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Ceci
met donc fin aux interventions en ce qui a trait à la motion
présentée par M. le député de Labelle, et je fais
lecture de cette motion: «II est proposé qu'en vertu de l'article
244 de nos règles de procédure la commission permanente du budget
et de l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 418, Loi modifiant la Loi sur la
Société immobilière du Québec, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende le Service de l'évaluation de la
Communauté urbaine de Montréal.» Alors, je mets donc cette
motion aux voix. Est-ce qu'on prend un vote enregistré, M. le
député?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le
secrétaire, je vous prierai de bien vouloir appeler les
députés, s'il vous plaît.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Oui, pour.
Le Secrétaire: Mme Dupuis, (Verchères)?
Mme Oupuis: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Dutil (Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Secrétaire: M. Gautrin (Verdun)?
M. Gautrin: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Contre.
Le Secrétaire: M. Gobé (LaFontaine)?
Le Président (M. Gobé): Contre. Le
Secrétaire: 2 pour, 5 contre.
Le Président (M. Gobé): Alors, cette motion est
donc rejetée. Nous allons donc maintenant pouvoir entamer l'étape
suivante, qui est l'étude détaillée du projet de loi.
Donc, la période des motions préliminaires est maintenant
terminée. (21 heures)
Étude détaillée Objets et
pouvoirs de la Société
Alors, j'appelle l'article 1 du projet de loi. Est-ce que tout le monde
a une copie de son projet de loi? Alors, l'article 1 du projet de loi 418, Loi
modifiant la Loi sur la Société immobilière du
Québec, se lit comme ça: «L'article 21 de la Loi sur la
Société immobilière du Québec (LR.Q, chapitre
S-17.1) est modifié: «1° par le remplacement, dans la
première ligne du deuxième alinéa, du mot "doit" par le
mot "peut"; «2° par l'addition, à la fin du paragraphe 2°
du troisième alinéa, des mots «ou à une
société de portefeuille contrôlée par la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec ou à Place Desjardins inc.»
M. le ministre, avez-vous des explications à fournir aux membres
de cette commission sur l'article 1?
Mme Dupuis: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui, madame.
Mme Dupuis: ...je voudrais qu'on l'étudié
alinéa par alinéa.
Le Président (M. Gobé): Oui, ce sont des choses qui
se font. Donc, je demanderais à M. le ministre s'il veut d'abord
présenter l'article au complet et, par la suite, nous passerons
alinéa par alinéa pour répondre à vos questions.
Peut-être que les deux se lisent ensemble. Une vue complète
permettrait peut-être de mieux en saisir la portée et les
implications. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Dutil: Quitte à risquer à nouveau d'être
accusé d'être très succinct, remplacer le mot
«doit» par «peut» veut dire qu'on ne devra plus, mais
qu'on pourra quand même faire partie du conseil d'administration...
Le Président (M. Gobé): C'est limpide.
M. Dutil: ...tout simplement. Et ajouter «ou à une
société de portefeuille contrôlée par la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec ou à Place Desjardins
inc.» n'a que pour effet d'ajouter la possibilité de vendre
des actions à cette corporation-là, alors que l'article 21.2°
prévoyait que cette vente-là ne puisse se faire
qu'«à la Caisse de dépôt et placement du
Québec ou à toute corporation publique ou à tout corps
public».
Si on reprend l'alinéa un, M. le Président, pour aller
plus en détail, ça se lisait...
Le Président (M. Gobé): C'est le paragraphe un, M.
le ministre.
M. Dutil: Excusez-moi. Le paragraphe un: «La
Société doit de plus participer à la construction,
à l'aménagement et à l'exploitation de la Place Desjardins
de Montréal.» On sait que «participer à la
construction», c'est déjà fait, à
l'aménagement également; à l'exploitation, c'est, à
toutes fins pratiques, ce qui se fait actuellement. La Société
devrait continuer, selon la loi, à en faire partie, alors qu'il est de
notre intérêt de le pouvoir, pour l'instant. Par contre, le jour
où nous n'aurons plus d'intérêt à faire partie du
conseil d'administration ou le jour où, selon l'entente, la compagnie ne
voudra plus que nous siégions, à ce moment-là, ce ne sera
pas la loi qui nous empêchera de ne plus en faire partie.
Le Président (M. Gobé): Alors, Mme la porte-parole
officielle de l'Opposition, avez-vous des commentaires ou des questions sur ce
paragraphe de l'article 1 du projet de loi?
Mme Dupuis: Si on prend le premier alinéa, effectivement,
moi, j'aurais...
Le Président (M. Gobé): Le premier paragraphe.
Mme Dupuis: L'article 21 de la Loi sur la Société
immobilière du Québec, le premier paragraphe, c'est le
remplacement...
Le Président (M. Gobé): C'est ça.
Mme Dupuis: ...dans la première ligne du deuxième
alinéa, du mot «doit» par le mot «peut».
Le Président (M. Gobé): Oui.
Mme Dupuis: Moi, j'aimerais, pour le bénéfice des
auditeurs ou de la commission, que l'article 21 de la Loi sur la
Société immobilière du Québec soit lu. On parle de
l'article 21 et ce n'est pas évident que tous les membres de la
commission ont l'article, tous les éléments de l'article, tous
les points de l'article 21, et, lorsqu'on change le mot «doit» par
le mot «peut», si un petit mot changé n'en modifie pas
d'autres par...
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: Est-ce qu'il y aurait possibilité,
peut-être, de faire une photocopie de l'article et de la déposer
pour les membres?
Le Président (M.
Gobé): Oui,
certainement.
Mais je vais d'abord en faire lecture, ce qui permettra de discuter.
Pendant que nous en discuterons...
Mme Dupuis: Oui, si on veut...
Le Président (M. Gobé): ...nous demanderons au
service du greffier d'aller faire des photocopies et de les distribuer.
Mme Dupuis: M. le Président, je pense que, si on veut
étudier d'une façon intelligente l'article 21 et les changements,
il faudrait d'abord savoir ce que comporte...
Le Président (M. Gobé): Je vais vous le lire,
madame.
Mme Dupuis: ...l'article 21.
Le Président (M. Gobé): Je vais vous lire l'article
21 et on s'arrêtera au deuxième alinéa: «...dans la
première ligne du deuxième alinéa, du mot "doit" par le
mot "peut"». Je m'arrêterai et on reviendra dessus. Maintenant,
l'article 21 concerne aussi la construction et l'aménagement du Palais
des congrès. Alors, je vais vous le lire: «21. La
Société a également pour objet de réaliser la
construction et l'aménagement d'un palais des congrès à
Montréal.» Ce n'est pas pertinent. On entre à Place
Desjardins, par la suite: «La Société doit de plus
participer à la construction, à l'aménagement et à
l'exploitation de la Place Desjardins à Montréal. «Aux fins
du deuxième alinéa, la Société peut, avec
l'approbation préalable du gouvernement: «1° acquérir
et détenir des actions du capital-actions ou autres valeurs de Place
Desjardins inc. «2° céder lesdites actions ou autres valeurs
à la Caisse de dépôt et placement du Québec ou
à toute corporation publique ou à tout corps public.»
Alors, voyez-vous, madame, je reviens sur le deuxième
alinéa. C'est un peu ce que M. le ministre a tenté de nous
expliquer, c'est «céder lesdites actions ou autres valeurs
à la Caisse de dépôt et placement du Québec ou
à toute corporation publique ou à tout autre corps public».
Et le mot «doit», on le retrouve en haut. «La
Société doit de plus participer à la construction,
à l'aménagement et à l'exploitation de la Place
Desjardins», ce n'est pas ça non plus. «La
Société peut, avec l'approbation préalable du
gouvernement, acquérir et détenir des actions du
capital-actions ou autres valeurs...» Il n'y est pas du tout. M. le
ministre, je m'excuse mais...
Oui, c'est ça? Alors, c'est bien ça. O.K. «La
Société doit de plus participer à la construction,
à l'aménagement et à l'exploitation de la Place Desjardins
à Montréal» et c'est remplacé par
«peut». «La Société peut.»
Mme Dupuis: C'est ça. Je l'ai ici.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que ça
satisfait votre... Est-ce qu'on continue l'article? On va passer
là-dessus. Je vous le ferai distribuer, M. le député. Il
nous en reste un à faire. Est-ce que c'est correct pour le premier?
Mme Dupuis: Oui.
Le Président (M. Gobé): Ah, bon! On passe au
deuxième, à ce moment-là.
Mme Dupuis: Non. Pour le premier, ça va pour la lecture,
mais j'aimerais le commenter maintenant sur le fond. «La
Société a également pour objet de réaliser la
construction et l'aménagement d'un palais des congrès à
Montréal. La Société doit - et l'on dit "peut" - de plus
participer à la construction, à l'aménagement et à
l'exploitation de la Place Desjardins à Montréal». Est-ce
que ça veut dire qu'éventuellement, si on décide de faire
servir la même médecine au Palais des congrès, ce
mot-là aura une influence sur le Palais des congrès?
Première question.
M. Dutil: Non. Autre question?
Mme Dupuis: Quand, maintenant, sera effective cette entente ou
quand elle prendra effet?
M. Dutil: La présente loi entrera en vigueur à la
date de la sanction de la loi, tel qu'il est écrit à l'article 2
que nous aurons bientôt le plaisir de discuter abondamment.
Mme Dupuis: Oui, ici, pour le 31 mars, mais cette étude en
commission ou ce projet de loi est précédé d'une entente
en privé. Il y a eu des ententes avant ça.
M. Dutil: Une entente de principe a été faite
conditionnelle à plusieurs conditions, entre autres, l'adoption d'un
projet de loi qui est celui qu'on discute.
Mme Dupuis: M. le Président, est-ce que le ministre est en
mesure de nous dire quand cette entente privée sera rendue publique?
M. Dutil: Elle ne sera conclue que lorsque les conditions
nécessaires à sa conclusion seront remplies et l'une des
conditions nécessaires est l'adoption du projet de loi. Alors, je ne
peux pas répondre puisque l'Assemblée nationale, étant
souveraine, peut fort bien décider qu'elle n'adopte pas le projet de loi
et que, donc, il n'entrera jamais en vigueur.
Mme Dupuis: II y a sûrement des modalités pour que
le conseil d'administration de Place Desjardins se...
M. Dutil: Le «closing», si c'est ce que vous voulez
dire...
Mme Dupuis: Oui.
M. Dutil: ...en bon français, est supposé se faire
le 26 mars si toutes les conditions sont remplies. Si elles ne sont pas
remplies, il se fera plus tard.
Mme Dupuis: Mais est-ce que vous prévoyez que ça
peut être long au niveau des conditions? Combien de conditions reste-t-il
à remplir et tout? Vous prévoyez...
M. Dutil: Nous ne prévoyons pas qu'il y ait de
problème à ce que le «closing» se fasse le 26 mars si
la loi est adoptée. Si l'Assemblée nationale n'est pas favorable
à l'adoption de la loi, c'est une autre question.
Mme Dupuis: Le conseil d'administration est formé de
combien de membres?
M. Dutil: De Place Desjardins? Mme Dupuis: Oui.
M. Dutil: De 11 membres dont 6 doivent provenir du Mouvement
Desjardins et 5 de la Société immobilière.
Mme Dupuis: Sur 11 membres, 5 de la Société...
M. Dutil: ...immobilière et 6 de...
Mme Dupuis: ...immobilière, puis 6 de Desjardins.
M. Dutil: Ce qui est normal, nous sommes minoritaires,
évidemment. Ça fait moins de 49 %, si vous le comptez, mais c'est
difficile de fendre un vote en deux dans ce genre de situation.
Mme Dupuis: Donc, ça veut dire que la
Société immobilière est minoritaire.
M. Dutil: Absolument. C'est ce qu'on se tue à vous dire
depuis le début de la commission. On est minoritaires. C'est une des
difficultés de la situation.
Mme Dupuis: Mais est-ce que c'est un élément qui a
fait qu'on l'a vendu à un prix... Est-ce que cela a eu un impact ou une
influence sur le prix de vente?
M. Dutil: Oui, ça a eu un impact qui est de 4 400 000 $ ou
4 300 000 $ sur le prix, si j'ai bonne mémoire. Est-ce que je me
trompe?
Une voix: C'est en plein ça.
Mme Dupuis: Donc, le ministre est en train de dire que,
finalement, ce n'est pas le gouvernement qui a...
M. Dutil: C'est qu'il y a eu un escompte pour position
minoritaire et cet escompte - je revérifie le chiffre pour être
bien sûr que je vous donne exactement le bon - a été de 4
400 000 $, c'est-à-dire 4,3 % de la valeur estimée. Et je suis
certain que votre collègue à côté de vous va vous
dire... Dans un souffle de surprise, tout à l'heure, il a dit: Vous avez
de bons négociateurs. Et il sait très bien que les taux
d'escompte pour position minoritaire sont en général plus
élevés que ça.
M. Léonard: J'ai parlé des négociateurs de
Desjardins.
M. Dutil: Ah bon!
Le Président (M. Gobé): J'aimerais mentionner aux
membres de cette commission que ce n'est pas un document qui est
déposé; c'est un article de loi qui est juste distribué.
On ne peut pas déposer un article de loi. C'est pour l'information de M.
le député de Verdun qui en avait fait la demande.
Mme Dupuis: Est-ce que le ministre est en mesure d'infirmer ou
d'affirmer...
M. Gautrin: J'apprends tous les jours avec vous, cher
monsieur!
Le Président (M. Gobé): C'est mon plaisir, mon cher
ami.
Mme Dupuis: Est-ce que le ministre voit un lien ou peut nier
qu'il y a un lien entre cette transaction et la fin de l'année
financière?
M. Dutil: C'est une transaction qui chemine depuis beaucoup plus
longtemps que vous ne semblez le croire. Quand bien même je vous le dis,
vous ne semblez pas me croire. Elle exige un projet de loi. Pourquoi nous
n'avons pas déposé de projet de loi plus tôt? C'est qu'il
n'était pas question de déposer un projet de loi s'il n'y avait
pas possibilité d'entente. On ne serait pas venus en législation
pour le plaisir d'y venir. À partir du moment où on pensait qu'il
était possible de conclure une entente, nous avons préparé
le projet de loi.
La question que vous soulevez, c'est: Pourquoi on va maintenant aussi
vite que ça? Il y a 98 300 000 $ en balance. Comptez, au taux
d'intérêt que l'on paie actuellement, ce que ça peut
vouloir dire de recueillir ce montant d'argent. Si on est pour faire la
transaction à ces chiffres-là, aussi bien la faire le plus
tôt possible. Maintenant, l'Assemblée nationale est souveraine;
ça va dépendre de la date de l'adoption du projet de loi pour
savoir à quelle date nous pourrons conclure la transaction.
Mme Dupuis: M. le Président, vous me permettrez, sans
vouloir mettre en doute la parole du ministre... Le ministre a dit
tantôt: Bien oui, mais, au niveau des ententes, ce n'est pas
finalisé, ce n'est pas réglé, on ne sait pas. Ça
veut dire qu'on aurait pu finaliser toutes les ententes et, après
ça, passer le projet de loi.
M. Dutil: II y a un accord de principe, je ne dis pas qu'il n'y a
pas d'accord. Il y a un accord de principe, mais le contrat n'est
évidemment pas signé parce que cet accord de principe est
conditionnel à la réalisation de certaines conditions, dont
l'une, importante, est la loi.
Le Président (M. Gobé): C'est parce qu'il faut
aller au deuxième paragraphe.
Mme Dupuis: Oui, mais on admettra que la loi... Vous êtes
au gouvernement, vous êtes majoritaires. On sait très bien que,
même avec toute l'énergie qu'on peut y mettre, ce n'est pas
facile, quand on est dans l'Opposition et qu'on est minoritaires, de bloquer un
projet de loi. Donc, l'argument invoqué est qu'on n'est pas sûr si
ça va passer et qu'il fallait passer ça d'abord. Moi, je pense
que l'entente est loin d'être finalisée, il y a encore beaucoup...
peut-être pas beaucoup de chemin à faire, mais il n'y a rien qui
démontre l'urgence de le passer avant le 31 mars. Alors, pourquoi? Il y
a sûrement un lien.
M. Dutil: Qui vous parle d'une urgence? On a déposé
le projet de loi le 13 mars. On n'a pas appelé la Chambre le 12
février, après l'entente de principe, pour déposer la loi.
On a attendu que la Chambre ouvre, on a déposé le projet de loi,
on en fait une discussion de principe et on se retrouve en commission
parlementaire. Je ne pense pas qu'on vole le tour de personne en faisant
ça. Il n'y avait pas d'autres études. Non. Alors, le processus...
(21 h 15)
Mme Dupuis: Si je me réfère à un article de
La Presse, du mardi 17 mars dernier, qui est signé par Laurier
Cloutier, il est dit: «Desjardins pourrait profiter de la conjoncture
défavorable dans les tours à bureaux et les centres commerciaux,
de même que du désir de privatisation de
Québec, coincé avec un déficit plus
élevé que prévu, pour s'entendre sur «un prix
raisonnable» avec le gouvernement.» Ça, je vous ferai
remarquer, M. le Président, que ce n'est pas moi qui le dis, c'est un
journaliste de La Presse.
M. Dutil: Et?
Mme Dupuis: Je peux vous le relire, M. le ministre.
M. Dutil: Non, non, je ne veux pas que vous me le relisiez, je
veux que vous me donniez la conclusion que vous tirez de cet article.
Mme Dupuis: Je comprends que c'est difficile à entendre,
mais...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Verdun, vous avez une question, un point de règlement?
M. Gautrin: Non, non, mais j'attends que vous ayez
terminé.
Le Président (M. Gobé): Alors, vous n'avez pas de
question de règlement. Quand madame aura fini, nous vous passerons la
parole.
Mme Dupuis: À l'affirmation du journaliste qui a
écrit cet article, moi, je dis: Est-ce que le déficit serait plus
haut que prévu, par hasard, et qu'il y aurait un lien et que cette
transaction, peut-être, permettrait au gouvernement de baisser ie
déficit et de faire croire aux contribuables que le déficit est
moins haut qu'on pense...
M. Dutil: Non, mais, comprenons-nous bien. Mme Dupuis:
...en vendant les meubles... M. Dutil: Comprenons-nous bien.
Mme Dupuis: ...pour ne pas dire les immeubles?
M. Dutil: Dans notre système de comptabilité
gouvernemental, quand on vend un actif, ça rentre dans les revenus et
ça a pour effet d'augmenter les revenus de l'année. Et, quand on
soustrait les revenus des dépenses, ça diminue le déficit.
Si la loi est adoptée avant le 31 mars, ça va porter sur
l'année financière 1991-1992 et, si c'est après le 31
mars, ça va porter sur l'année financière 1992-1993,
point, à la ligne. Il n'y a pas de mystère là-dedans. Ce
n'est pas de ma faute si la session ouvre le 13 mars, M. le Président.
Il faut bien se comprendre.
Mme Dupuis: Donc, M. le Président, le ministre vient de
confirmer qu'il n'y a aucune urgence.
M. Dutil: Moi, ce que je dis, c'est qu'il y a 98 000 000 $ pour
lesquels actuellement on paie de l'intérêt dans un sens, parce
qu'on ne les a pas dans nos coffres. Et, quand on va les avoir dans nos
coffres, on va payer à peu près 10 000 000 $ de moins
d'intérêts par année. Alors, quand on me dit qu'il n'y a
pas urgence, bien, moi, je demande à Mme la députée de
prendre la calculatrice qu'elle a sûrement dans ses poches, de prendre 10
000 000 $ d'intérêts dans une année, de diviser par 365
jours et elle va se rendre compte que ça fait «a lot of
money»: 27 397 $ par jour. Bien, moi, j'aime mieux les avoir dans mes
poches que dans les poches des autres, c'est tout.
Mme Dupuis: M. le Président, mais à ce
compte-là...
Le Président (M. Gobé): Oui, madame...
Mme Dupuis: ...pour tous les actifs du gouvernement, c'est le
même problème. Vendons tout, à ce compte-là.
M. Léonard: Bien, c'est ce qu'ils font. Ils vendent
tout.
M. Dutil: Non, il faut bien s'expliquer. C'est parce que, dans ce
dossier-là, on estime qu'on a un intérêt à le faire,
premièrement. Deuxièmement, à long terme, on n'a pas
à être impliqués. Notre objectif n'a jamais
été, dans ce dossier-là, d'être impliqués
«ad vitam aeternam».
M. Léonard: Ils se font égorger par les
fédéraux et ils aiment ça. Ils veulent continuer longtemps
comme ça.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Labelle, s'il vous plaît.
M. Dutil: Notre objectif, c'était que le complexe
Desjardins se réalise et il a été réalisé.
Et notre objectif, ça a été qu'à partir du moment
où une entreprise a été capable de le prendre à un
prix acceptable elle le prenne et on arrive à cette conclusion-là
maintenant. Bon, on semble nous dire que c'est parce que c'est arrivé le
15 mars - j'ai déposé la loi le 12 mars -qu'on fait les choses
d'une façon urgente. M. le Président, je ne pouvais le
déposer le 12 février, la Chambre n'était pas là et
je ne pense pas qu'on aurait dû, à ce moment-là, convoquer
la Chambre, parce que, là, j'ai l'impression que les questions auraient
fusé de toutes parts. Alors, la négociation s'est poursuivie, il
y a eu une entente de principe qui s'est faite le 5 mars, on a donc
décidé de procéder avec un projet de loi lorsque la
Chambre ouvrirait.
Mme Dupuis: M. le Président, à ce compte-là,
l'occasion est trop belle, je ne peux résister
à la tentation de nous dire: Sortons du fédéral au
plus coupant!
M. Dutil: Quel rapport y a-t-il?
Mme Dupuis: Ce qui m'amène à dire aussi, si je lis
l'autre paragraphe du ministre...
M. Dutil: C'est quoi, le rapport?
Mme Dupuis: Quand ça coûte trop cher d'avoir quelque
chose, des fois...
M. Gautrin: Chère madame, si vous savez comment ça
va coûter de sortir...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Verdun, s'il vous plaît! M. le député de Verdun...
Mme Dupuis: «Quant à Desjardins...
Le Président (M. Gobé): ...je vais vous demander de
garder le calme.
Mme Dupuis: ...qui y détient - et, encore là, ce
n'est pas moi qui parle, mais le journaliste - un droit de préemption,
ou de premier refus, il y voit un placement Intéressant, dans un
marché immobilier par ailleurs déprimé - pour eux, c'est
le bon moment, c'est des bonnes gens d'affaires; donc, pour le gouvernement et
les contribuables, forcément, il y a deux côtés à
une médaille, ça devrait être moins intéressant,
mais aussi un avantage fiscal lui permettant d'éviter de payer la
fameuse TPS d'Ottawa.» On dit qu'il y a des liens que j'ai un peu
étirés peut-être tantôt, mais ce n'est
peut-être pas si loin que ça comme liens. Ça veut dire que
ça peut permettre à Desjardins d'être exempté de la
fameuse TPS d'Ottawa. Bon, s'ils sont capables de le faire, chapeau! Parfait!
Bonjour! Bingol Ce n'est pas moi qui vais les blâmer. Cependant, il ne
faudrait pas que, pour essayer de se défaire d'une TPS qui nous vient
d'Ottawa, ça coûte de quoi au gouvernement du Québec ou aux
contribuables québécois, que ce soit eux qui paient la note
à la fin. Je comprends que, là, ça peut être
intéressant pour Desjardins et ils font bien de le faire. Ce n'est pas
eux que je blâme. Mais c'est que, nous, on est de l'autre bord et qu'eux,
avec ça, peuvent sauver la TPS d'Ottawa. Est-ce que le ministre est en
mesure d'infirmer ou d'affirmer cette...
Le Président (M. Gobé): Cette allégation du
journaliste?
Mme Dupuis: ...allégation du journaliste dans La Presse
du mardi 17 mars?
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le ministre,
êtes-vous capable d'infirmer ou...
M. Dutil: Moi, M. le Président, je suis convaincu que
Place Desjardins trouve son intérêt à faire cette
transaction-là; sinon ils ne nous auraient pas offert un aussi bon prix.
Alors, c'est bien sûr qu'il y a un intérêt pour Place
Desjardins à faire cette transaction-là, qui peut être,
entre autres, fiscal. Je n'ai pas regardé leur côté de la
médaille. J'ai regardé l'offre qu'ils nous faisaient et j'ai
été surpris qu'elle soit aussi intéressante. Alors, je me
suis empressé de proposer un projet de loi à l'Assemblée
nationale en disant: On trouve notre intérêt à vendre Place
Desjardins et on sauvera 27 378,50 $ par jour d'intérêts.
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce qu'on peut
donc considérer que le premier paragraphe est adopté?
M. Dutil: Oui. Mme Dupuis: Non.
Une voix: Le député de Verdun a demandé la
parole.
M. Gautrin: Oui. Moi, je voulais intervenir. Je voulais
comprendre un peu. Si je comprends bien, on vend la Place Desjardins. C'est
bien ça?
M. Dutil: Oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Je vous rappellerai, M. le
député, que nous en discutons depuis six heures.
M. Gautrin: Oui, oui, je sais. J'y arrive. À la Place
Desjardins, est-ce qu'on avait des taux préférentiels?
M. Dutil: Oui.
M. Gautrin: Bon. Ça, ça va être
conservé, ces taux préférentiels?
M. Dutil: Oui, jusqu'à la date où c'était
prévu que nous les conservions.
M. Gautrin: ...que nous les conservions.
M. Dutil: Oui. À partir de 2005, c'était
prévu, qu'on reste actionnaires ou non, que nous allions tomber sur le
taux du marché.
M. Gautrin: Donc, par rapport à nos
phénomènes de location, ça n'a pas d'effet?
M. Dutil: Exactement, ça n'a aucun effet.
M. Gautrin: Ça n'a aucun effet. C'est ce que je voulais
savoir, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
député de Verdun, la commission vous est reconnaissante de ces
questions. M. le député de Labelle, avez-vous aussi une
question?
M. Léonard: Oui. Moi, je pense que je vais discuter de
l'alinéa 1°. J'ai d'abord des questions à poser au ministre.
Je suis un peu étonné que nous commencions l'étude article
par article sans que nous ayons d'autres éléments d'information
sur le dossier. Le ministre, dans ses remarques préliminaires, a
lancé à la volée un certain nombre de chiffres que j'ai
notés très rapidement; je n'ai même pas pu les noter au
complet. Mais il avait l'air très pressé de les donner,
simplement pour dire qu'il avait donné quelques chiffres. Mais est-ce
que c'est tout ce dont nous allons disposer pour étudier ce projet de
loi?
M. Dutil: Est-ce que vous avez d'autres questions à me
poser? Les chiffres, je m'en excuse, je les ai peut-être donnés
trop rapidement. On me reproche d'avoir informé trop rapidement
l'Opposition officielle, M. le Président, j'en prends bonne note pour
l'avenir. J'ai voulu tout de suite, dès le départ de la
commission, montrer que nous n'avions pas à cacher ces
chiffres-là et qu'ils devaient être connus pour que notre
discussion porte sur la vérité de la transaction. J'ai
mentionné qu'il y avait peut-être des explications
supplémentaires à donner quant aux chiffres concernant
l'impôt avec lesquels je suis moins familier. Il y a deux chiffres, l'un
qui est négatif et l'autre qui est positif, qui concernent le calcul de
l'impôt, qui, d'ailleurs, globalement, nous favorise dans le prix de la
transaction et pour lequel je pourrais demander à la personne du
ministère des Finances de venir vous donner les explications requises.
Mais, quant aux autres chiffres, ils m'apparaissent clairs. Valeur de
l'immeuble... Pardon?
M. Léonard: Allez-y.
M. Dutil: Valeur de l'immeuble - je pense que ce
chiffre-là est clair, on en parie depuis le début - 355 000 000
$. Et j'ai expliqué de quelle façon il avait été
mesuré, 7,3 % d'actualisation. Alors, je pense qu'il n'y a pas de
mystère là. La valeur aux livres des actions de Place Desjardins,
16 000 000 $; c'est un élément dont il faut tenir compte,
évidemment. L'augmentation de la valeur de l'immeuble: on soustrait de
355 000 000 $, qui est la valeur de l'immeuble, les passifs, qui sont les
dettes et qui sont diverses choses et qui montent à 186 800 000 $, nous
laissant un résiduel de 168 200 000 $. Je pense que, ça, c'est
clair. Les bénéfices non répartis, aussi, c'est clair, 8
800 000 $, au 31 décembre 1991; on retrouve ça facilement aux
états financiers. Et là, il y a les deux aspects de
l'impôt, l'impôt additionnel, pour un acheteur d'actions de PDI
plutôt qu'un acheteur de l'immeuble, qui est un négatif de 24 700
000 $, et le rajustement de l'impôt reporté pour tenir compte de
sa valeur réelle qui est une valeur actualisée à 41 300
000 $. La différence entre les deux nous donne un positif de 41 300 000
$, moins les 24 700 000 $, ce qui fait que, dans la transaction, cette
chose-là nous donne un bénéfice de 16 600 000 $. Tout
ça donne un total de 209 600 000 $.
Mme Dupuis: Je m'excuse, M. le ministre, mais...
Le Président (M. Gobé): Oui, madame, c'est parce
que M. le ministre a la parole. À moins que vous n'ayez une question de
règlement.
Mme Dupuis: Oui, mais on est en train de retomber dans le
même piège que tantôt.
Le Président (M. Gobé): Avez-vous une question de
règlement?
Mme Dupuis: Pourquoi, à chaque chiffre, on ne peut pas le
questionner pour avoir plus de lumière un peu?
M. Dutil: II n'y a pas de problème. O.K.
Le Président (M. Gobé): Mais regardez, madame, M.
le ministre vous fait un rapport et, par la suite - je vois que vous prenez des
notes - vous pourrez toujours, si certains chiffres vous semblent un peu
nébuleux, lui poser la question: Pouvez-vous nous expliquer telle chose
ou telle chose? Parce que, là, il ne saura pas où commencer ni
où s'arrêter. Alors, il nous fait peut-être son portrait
global et vous...
M. Dutil: Non, mais j'ai terminé. On peut reprendre les
chiffres un par un: 355 000 000 $ valeur de l'immeuble, M. le
Président.
Mme Dupuis: Sur cela, il y a des questions qu'on aimerait poser,
là. Qui t'a faite, cette évaluation?
M. Dutil: C'est-à-dire qu'il y a eu une négociation
avec Place Desjardins. Ce n'est pas une donnée, les 355 000 000 $, c'est
un prix de négociation, et il y a eu des vérifications qui ont
été faites quant à la valeur d'actualisation, au
pourcentage d'actualisation qui donnait 7,3 % et qui a été
comparé à d'autres transactions qui se sont faites
dernièrement et qui sont autour de ces valeurs-là.
M. Léonard: Mais la question...
M. Dutil: Donc, le 7,3 % n'est pas une donnée; c'est le
résultat d'une négociation...
Une voix: Un prix de vente.
M. Dutil: Oui. C'est le résultat d'une
négociation...
Une voix: Un prix d'achat.
M. Dutil: ...qui, dans ce que l'on peut vérifier, par
ailleurs, nous apparaît satisfaisante.
M. Léonard: Bon.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Labelle.
M. Léonard: Alors, M. le Président, ma question,
c'est à savoir si ce seront les seuls renseignements dont nous
disposerons pour régler le dossier ici, pour adopter ce projet de loi.
Est-ce que c'est juste comme ça que cela se règle? Il n'y a
aucune feuille de renseignements, rien du tout. Vous nous dites ça comme
ça.
M. Dutil: Je n'ai pas pensé que...
M. Léonard: Vous n'avez pas monté de dossier,
là.
M. Dutil: Oui, il y a un dossier qui est monté; il y a une
négociation qui a lieu, il y a des gens qui ont des dossiers. Je n'ai
pas pensé que la commission viendrait revoir l'ensemble du portrait de
la négociation. Ce que je vous donne, c'est le résultat de la
négociation; c'est évidemment beaucoup plus court que de faire
tout l'historique de la négociation, toutes les discussions qui ont eu
lieu, avec qui elles ont eu lieu, etc.
M. Léonard: Bien.
M. Dutil: Je n'ai jamais pensé que la commission
trouverait un intérêt à savoir l'ensemble des
démarches qui ont été faites. Il s'agit de voir qu'en bout
de ligne la négociation donne tel résultat; est-ce que c'est
valable, oui ou non?
M. Léonard: Est-ce que c'est valable? Mais vous avez
commencé une négociation à partir de données
sûrement différentes. Desjardins est parti de quel montant et,
vous, vous êtes partis de quelle somme?
M. Dutil: Ah! Mais c'est très simple...
M. Léonard: La négociation a ramené les
choses. Maintenant, votre taux...
M. Dutil: C'est très simple, on est partis de 420 000 000
$, puis Desjardins est parti de zéro. Alors, c'est ça.
M. Léonard: Vous êtes partis de 420 000 000 $,
c'est-à-dire l'évaluation municipale.
M. Dutil: Non, non. Je fais une blague. Évidemment, on
n'est pas partis du même point, là, bien sûr.
M. Léonard: Bien, je suppose! J'espère!
Mais, au fond, vous avez pris pour acquise, si je comprends,
l'évaluation municipale, puis vous avez...
M. Dutil: Non, pas du tout. Le principal critère, c'est
celui qu'on a exprimé tout à l'heure, c'est le taux
d'actualisation.
M. Léonard: O.K. Les 7,3 %. Bon, alors, venons-en aux 7,3
%. Quelles ont été vos balises et comment avez-vous établi
votre position de négociation, vous, au départ, sur le taux
d'actualisation?
M. Dutil: II y a certaines transactions qui ont été
faites et il s'agissait de voir à quel taux d'actualisation les autres
étaient parvenus dans une négociation de gré à
gré, dans des situations qui sont différentes de la nôtre,
je dois vous dire, à quoi ils étaient arrivés. Et le taux
d'actualisation est nettement à la hausse actuellement, ce qui est
défavorable. Alors, on retrouve des taux d'actualisation qui vont
jusqu'à 9 % actuellement, dans l'état du marché.
M. Léonard: Et à la baisse, en bas?
M. Dutil: Ça, c'est les dernières transactions.
Là, les taux d'actualisation que l'on a retrouvés dans... On a
essayé de trouver des ventes similaires. M. le Président, il faut
comprendre que ce n'est pas facile; des transactions comme ça, il ne
s'en fait pas tous les jours. (21 h 30)
M. Léonard: C'est pour ça que je voulais qu'on
invite l'évaluateur du service de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. Dutil: Oui, mais on a disposé de cette
question-là.
M. Léonard: Parce que, lui, il est habitué à
jouer avec cela. On aurait pu lui poser des questions et il y aurait eu
sûrement des réponses pertinentes. Quoi qu'il en soit...
M. Dutil: En tout cas, je continue de prétendre, M. le
Président, que l'évaluateur de la Communauté urbaine de
Montréal, qui fait de l'évaluation municipale, n'a pas les
mêmes objectifs, il ne fait pas l'évaluation de la même
façon et ne tient pas nécessairement compte des diverses
contraintes que nous avons dans ce genre...
M. Léonard: M. le Président... M. Dutil:
...de transaction.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Labelle.
M. Léonard: ...sur les affirmations du ministre, je
regrette, la Loi sur l'évaluation foncière vise à donner
comme valeur d'évaluation au municipal la valeur au marché la
plus près possible; et il y a des facteurs d'équivalence qui
existent et qui mesurent les valeurs portées au rôle et celles du
marché. Alors, la loi sur l'évaluation municipale, la Loi sur
l'évaluation foncière est basée strictement sur
l'évaluation du marché. Quand le ministre dit que c'est fait pour
d'autres objectifs, il se réfère à une situation
antérieure à 1975.
M. Dutil: Non, M. le Président.
M. Léonard: Je regrette, mais, si c'est comme ça
que la SIQ évalue ses actifs, ça ne va pas.
M. Dutil: Je me suis peut-être mal exprimé. Ce que
je veux dire, et très clairement - je pense que le député
de Labelle va bien comprendre, même s'il fait semblant de ne pas
comprendre - c'est que nous...
M. Léonard: Non, non.
M. Dutil: ...avons une situation particulière avec Place
Desjardins où nous avons un contrat privilégié à un
prix privilégié que nous conservons jusqu'en l'an 2005 et il n'y
a pas d'évaluateur municipal qui peut tenir compte de ce fait-là.
C'est ça que je dis, tout simplement.
M. Léonard: Bon!
M. Dutil: D'avoir 600 000 pieds carrés à 5 $ du
pied carré jusqu'à l'an 2005, c'est un facteur qui, dans une
négociation avec celui qui va devenir le propriétaire de
l'ensemble, est important et dont on tient compte quand on fait la
négociation. C'est évident, ça saute aux yeux; pas besoin
de faire venir l'évaluateur de la Communauté urbaine de
Montréal pour s'entendre là-dessus, je ne pense pas.
M. Léonard: M. le Président, sur cette question, il
est évident que, s'il y a des taux de location privilégiés
à l'intérieur d'un immeuble, cela va affecter la
négociation, mais encore faut-il savoir de quelle base chacun part.
Est-ce que l'évaluation foncière établie par la ville de
Montréal est valable? Ça, c'en est une autre question,
indépendamment des taux de location et, après, par la suite, on
va faire des réajustements à cause des taux
privilégiés sur la valeur de l'immeuble. Je pense qu'il faut
isoler différents facteurs.
Le Président (M. Gobé): II y a peut-être une
manière de poser la question, M. le député de Labelle,
c'est...
M. Léonard: La valeur de départ, de base, on s'est
entendus là-dessus, est-ce qu'elle est proche de l'évaluation
foncière de la ville de Montréal? C'est ça dont on parle
au départ. Après, je vous poserai la question: Quel est le rabais
auquel vous avez consenti pour les taux de location privilégiés
que vous avez? Ça, c'est une autre question.
Le Président (M. Gobé): II y a peut-être une
autre manière de regarder la chose, M. le ministre, puisque ça
semble un peu confus là...
M. Dutil: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...dans le but de faire
avancer un peu le débat. Actuellement, si le gouvernement devait payer,
une fois que Desjardins aurait acquis l'immeuble ou enfin le plancher qui est
loué, le prix du marché, soit 15 $, quelle différence de
loyer par mois ou par année?
M. Dutil: C'est 6 000 000 $ de plus...
Le Président (M. Gobé): Bon! Pendant combien
d'années?
M. Dutil: C'est 6 000 000 $ jusqu'à l'an 2005...
Le Président (M. Gobé): Donc...
M. Dutil: ...à tout le moins. C'est parce que c'est facile
à compter justement, c'est très facile à compter.
Le Président (M. Gobé): Ça fait qu'on peut
peut-être voir la différence plus facilement.
M. Dutil: Vous actualisez ça au même taux parce que
c'est un revenu.
Le Président (M. Gobé): Pouvez-vous nous faire le
chiffre? Je sais que vous êtes bon en maths.
M. Dutil: Je vous le fais, là: 82 000 000 $. Le
Président (M. Gobé): Alors, 82 000 000 $...
M. Dutil: Si on actualise à 7,3 %, même taux
d'actualisation.
Le Président (M. Gobé): ...plus 350 000 000 $.
M. Dutil: Exactement, vous avez compris, vous; c'est ça,
350 000 000 $...
Le Président (M. Gobé): 350 000 000 $...
M. Dutil: Plus 82 000 000 $, voilà!
Le Président (M. Gobé): ...plus 82 000 000 $,
ça fait donc...
M. Dutil: II a compris, le président!
Le Président (M. Gobé): ...432 000 000 $. C'est
ça le prix de la transaction.
M. Dutil: Alors, on l'a fait à l'inverse là.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que je me
trompe?
M. Dutil: Si on redresse le prix du loyer...
Le Président (M. Gobé): Là, il n'est pas
indexé...
M. Dutil: Oui. Si on redresse...
Le Président (M. Gobé): ...chaque année.
M. Dutil: ...le prix du loyer au prix marchand, à 15 $, en
supposant qu'il est à 15 $... Il est peut-être à 13 $, on
pourrait le raffiner...
Le Président (M. Gobé): C'est ça.
M. Dutil: ...mais, si on le met à 15 $ pour faciliter le
calcul, on part de 5 $...
Le Président (M. Gobé): À15 $.
M. Dutil: ...on monte à 15 $, il y a 10 $ de
différence pour 600 000 pieds, par année; ça fait 6 000
000 $ de revenus.
M. Léonard: Pour 720 000 pieds.
M. Dutil: Non, on ne bénéficie pas de ces 5 $ pour
les autres 120 000 pieds...
Mme Dupuis: Donc, ça fait 6 000 000 $.
M. Dutil: ...donc, je ne les compte pas. Comprenez-vous,
là?
M. Léonard: O.K.
M. Dutil: Je ne les compte pas.
Le Président (M. Gobé): Sur 10 ans, 60 000 000
$.
M. Léonard: Ça va.
M. Dutil: Oui. Alors, ça nous donne...
Le Président (M. Gobé): Sur 12 ans.
M. Dutil: ...6 000 000 $ de plus. Donc, au lieu de 25 900 000 $,
parce que ça, c'est un revenu net, ce que je vous dis là, ces 10
$ - les dépenses ont été considérées par
ailleurs - donc, on les rajoute aux 25 900 000 $, ça nous donne 31 900
000 $. On fait notre actualisation à 7,3 %, mais sur 31 900 000 $ au
lieu de 25 900 000 $. Quand on fait l'actualisation, on arrive à 436 000
000 $.
Le Président (M. Gobé): C'est à peu
près ça. Je pense que c'est ce qui expliquerait, surtout si on
prend pour acquis...
M. Léonard: Ça, c'est la première partie de
ma question.
Le Président (M. Gobé): Oui.
M. Léonard: Au fond, ce que vous dites, ce dont on parle,
c'est que la valeur de l'évaluation de la communauté urbaine
était de 414 000 000 $. Vous vous êtes entendus sur 432 000 000 $
ou 436 000 000 $?
Le Président (M. Gobé): Bon, il peut y avoir une
couple de... de différence.
M. Dutil: Alors, si vous voulez qu'on prenne des chiffres
précis, on va se raffiner là.
M. Léonard: Sur 437 000 000 $?
M. Dutil: Le prix du marché, c'est à peu
près plutôt 13,50 $ que 15 $.
M. Léonard: Bien. M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député.
M. Léonard: ...c'est exactement l'objet de ma question. Je
trouve que nous travaillons à la broche à foin à l'heure
actuelle. Le ministre n'a pas fourni de dossier. Tout ce qu'il nous dit, ce
sont des chiffres et, de temps en temps, il prend des tons d'arrogance pour
dire qu'un tel comprend et un autre ne comprend pas. Ça, c'est son
arrogance. Moi, je trouve qu'il s'agit d'une transaction qui porte sur un
montant de 437 000 000 $ ou de 414 000 000 $, qu'est-ce que c'est? Et qu'est-ce
qui fait qu'on s'entend seulement sur 355 000 000 $? Je suis prêt
à admettre ses chiffres, s'il le veut bien, mais à condition
qu'il mette le dossier sur la table et qu'il ne lance pas ça comme
ça à la cantonade. À un moment donné là, on
va faire des choses correctement ou pas correctement?
M. Dutil: Même si je mettais le dossier sur la table ici,
on ne retrouverait pas dans ce dossier-là le calcul que je viens de vous
faire parce que je l'ai fait à l'inverse.
M. Léonard: Ah!
M. Outil: Bien oui, effectivement. Il a été tenu
compte, dans la discussion qu'on avait, d'un rabais qui peut varier de 8,50 $
à 10 $. De 8,50 $ a 10 $. C'est pour ça que je voulais
faire...
M. Léonard: Bien, c'est 8,50 $ ou 10 $?
M. Dutil: Bien, c'est quoi, le prix du marché, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Bien, si vous avez un dossier et que vous avez
négocié...
M. Dutil: Non, non, mais ce que...
M. Léonard: ...vous vous êtes entendus, à un
moment donné, sur un montant précis. Alors...
M. Dutil: M. le Président, ce que je veux dire, c'est
qu'on ne paie pas exactement le même loyer partout. Il y a des
différences. Même dans des classes d'immeubles qui sont les
mêmes, il y a des différences de prix, parce qu'à une
soumission publique on a obtenu...
M. Léonard: Oui, oui, on connaît ça.
M. Dutil: Oui, ça vous le savez. Alors, c'est quoi, le
prix du marché? Le prix du marché peut fluctuer entre tel...
Le Président (M. Gobé): C'est une fourchette
entre...
M. Dutil: C'est une fourchette, oui.
M. Léonard: Oui. Alors, vous avez statué sur un
prix moyen.
M. Dutil: C'est ça.
M. Léonard: C'est quoi, votre prix moyen?
M. Dutil: C'est 13,50 $
M. Léonard: C'est 13,50 $? Ah bon! Ce n'est pas 15 $,
c'est 13,50 $.
Le Président (M. Gobé): On avait pris 15 $...
M. Dutil: Non, non, c'est pour ça. Tout à l'heure,
je voulais le faire sur un calcul rapide, pour qu'on se comprenne. Maintenant,
faisons-le avec le chiffre qui est plus réel de 13,50 $ par rapport
à 5 $.
M. Léonard: Vous n'avez aucun dossier là-dessus,
même pas une feuille de papier?
M. Dutil: Monsieur...
Le Président (M. Gobé): M. le député,
on va attendre que M. le ministre nous donne sa réponse, s'il vous
plaît.
M. Léonard: O.K. Allez-y.
M. Dutil: M. le Président, je ne venais pas ici
négocier avec l'Opposition la transaction de PDI.
Le Président (M. Gobé): Mais, par contre, M. le
ministre, je pense qu'il est légitime de la part d'un parlementaire,
quel qu'il soit...
M. Dutil: Oui, oui, absolument.
Le Président (M. Gobé): ...de demander de
l'information. Je suppose que vous êtes en mesure de la donner.
M. Dutil: Je la donne, l'information.
Le Président (M. Gobé): Vous l'avez en plus.
M. Dutil: Oui.
Le Président (M. Gobé): II est légitime
aussi, M. le député de Labelle, de laisser au ministre la
latitude de donner l'information.
M. Léonard: Allons-y.
Le Président (M. Gobé): Et nous devons prendre sa
parole parce qu'un parlementaire...
M. Léonard: Oui, oui.
Le Président (M. Gobé): ...qui déclare
quelque chose le déclare de son poste de ministre ou de parlementaire.
M. le ministre, je pense que vous avez une bonne calculatrice...
M. Léonard: S'il ne sortait pas des chiffres
différents à toutes les deux minutes, ça aurait un peu
plus de crédibilité.
Le Président (M. Gobé): ...on connaît vos
talents proverbiaux pour les mathématiques. Alors, on va attendre que
vous nous donniez le chiffre et on va se fier à votre...
M. Dutil: Le chiffre exact est de 590 000 pieds. Je l'ai arrondi
au 1000 près au lieu de 600 000. C'est là où on a un
rabais.
M. Léonard: Ça change encore.
M. Dutil: Bien, écoutez, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
ministre,
qu'est-ce...
M. Dutil: ...j'ai donné tout à l'heure une
approximation, je pense, intéressante, pour donner la façon dont
on le calculait. J'ai moi-même pris l'initiative de dire: Puisque vous
semblez intéressé à avoir un chiffre précis, on va
le faire, on va le calculer d'une façon précise. On semble me
reprocher de ne pas avoir donné des chiffres précis.
Le Président (M. Gobé): Non, mais...
M. Dutil: Tout à l'heure, je voulais qu'on se comprenne
sur la façon de calculer.
Le Président (M. Gobé): II est vrai que - vous avez
raison là-dessus, M. le ministre - lorsqu'on a parlé des 15 $,
c'était un peu moi qui avais pris un exemple pour essayer de clarifier.
On l'a abordé dans l'autre sens et M. le ministre, rapidement, a fait un
chiffre, mais il n'a pas dit que c'étaient les chiffres de sa
négociation. Il s'est basé sur le chiffre qu'on avait
amené. Là, il nous donne les vrais chiffres.
M. Léonard: On va l'écouter.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député Labelle.
M. Dutil: Donc, 590 000 pieds carrés. Alors, si vous
faites 8,50 $ de différence par 590 000 pieds carrés, ça
donne 5 015 000 $ qu'on actualise à 7,3 % toujours.
Le Président (M. Gobé): Sur 13ans, 12ans.
M. Dutil: C'est 5 000 000 $. Ça n'a aucune importance, on
fait le calcul... Oui, c'est le même prix tout le temps, donc on n'a pas
besoin de...
Le Président (M. Gobé): Donc, ça fait
combien à la fin?
M. Dutil: J'actualise à 7,3 %: 5 015 000 $ divisé
par 7,3 %, ça donne 68 698 000 $.
Le Président (M. Gobé): Qu'on doit rajouter aux 350
000 000 $...
M. Dutil: Qu'on doit rajouter aux 355 000 000 $.
Le Président (M. Gobé): ...du prix de vente, ce qui
donne...
M. Dutil: C'est ça. Ce qui donne 423 000 000 $.
Le Président (M. Gobé): Donc, 423 000 000 $.
M. Dutil: On peut dire que, si on le calcule comme ça,
là, je comprends que la base était 423 000 000 $, si on n'avait
pas eu un prix de faveur qui avait été négocié
à la construction de PDI. Ce n'était pas un prix de faveur
à ce moment-là; c'était une entente qui avait
été faite pour que la SIQ accepte de participer, à ce
moment-là, à une construction qui était dispendieuse. En
1976, on va convenir que 207 000 000 $, c'était beaucoup d'argent et on
va aussi convenir que 5 $ le pied carré, à ce moment-là,
c'était probablement le prix du marché en 1976.
Le Président (M. Gobé): Alors, ça me
paraît bien clair, à moi, personnellement, comme parlementaire.
J'ai compris la raison qui explique l'écart entre 350 000 000 $ et 413
000 000 $.
M. Léonard: Alors, le prix convenu, c'est 423 698 000 $.
C'est ça?
M. Dutil: Là, écoutez, on peut le prendre comme
ça. Le prix convenu, c'est 355 000 000 $, tenant compte du fait qu'on
avait un rabais...
Le Président (M. Gobé): II y a une
dépréciation à cause...
M. Dutil: ...mais en le calculant comme on vient de le faire,
parce que c'est la logique de le calculer comme ça, oui, on peut dire
que c'est 423 000 000 $, le prix de base.
M. Léonard: Et maintenant sur le facteur 7,3 %. Qu'est-ce
que vous avez à nous dire sur ce facteur?
M. Dutil: Ce que j'ai à vous dire, c'est que,
d'après nous, d'après les transactions qui se font actuellement,
c'est un facteur qui est excellent parce que, dans des transactions que l'on a
retrouvées, qui sont similaires, on retrouve des taux de 8,2 % et de 8,5
%.
M. Léonard: Oui, mais, alors, pourquoi 7,3 %?
M. Dutil: C'est bien mieux d'avoir 7,3 % que 8,2 %.
M. Léonard: Je comprends. Mais pourquoi Desjardins aurait
accepté 7,3 % s'il n'y a pas d'autres transactions similaires plus
basses? Parce que, à mon sens, vous vous êtes entendus autour d'un
compromis et vous avez exposé d'autres données ailleurs. Alors,
je sais très bien qu'il y a toutes sortes de taux, dépendant de
la localisation, il y a tous les facteurs de rente, des immeubles qui sont
situés à tel endroit plutôt qu'à tel autre. Dans le
marché immobilier, quand même, quelqu'un qui a vécu un peu
sait que ce n'est pas les mêmes prix dépendant des endroits.
Maintenant, en ce qui concerne Desjardins, en termes de qualité
de construction, il n'y en a pas beaucoup. Je dirais que même la place
Ville-Marie, c'est du même ordre, mais c'est différent. Quelle est
la fourchette dans laquelle les 7,3 % ont été établis?
Entre 6 % et 8,5 % ou...
M. Dutil: D'après nous autres, le marché ne va
jamais aussi creux qu'à 6 %. D'ailleurs, si vous regardez
l'évaluation municipale à 414 000 000 $ et que vous la faites par
rapport au revenu réel qu'a PDI, 25 900 000 $, vous arrivez à 6,1
% d'actualisation. Ce qui est très faible et ce qui est hors
marché, à notre sens. Le marché, c'est...
M. Léonard: Bien oui, mais, là, c'est parce que
vous tenez compte de votre rabais.
M. Dutil: Oui, oui, c'est ça. Non, non, c'est
ça.
M. Léonard: Oui, mais il faut exclure ça des
négociations.
M. Dutil: O.K. Alors, on l'oublie.
M. Léonard: On l'oublie, là. Il faut l'oublier pour
négocier correctement.
M. Dutil: Oui. Alors, bon. Les fourchettes ont varié
à la hausse et je n'ai pas entendu dire qu'y y avait des transactions de
cette importance ou approximativement d'un ordre de grandeur similaire qui se
faisaient en bas de 7 %. Est-ce que je me trompe dans ce que je dis? Je vais le
faire confirmer par les gens...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député de Verdun. Tout de suite après que le ministre aura
fini de parler, je vous passerai la parole.
M. Dutil: Je peux vous donner des transactions de l'année
dernière, qui sont très précises.
M. Léonard: II y a les tendances sur trois ou quatre ans
qu'on peut avoir et il y a les fourchettes. Ça, c'est deux
éléments différents.
M. Dutil: C'est ça. Alors, je vous donne deux
transactions, ici, qui ont été faites. Place Mercantile par la
SITQ.
M. Léonard: C'est où, ça, la place
Mercantile? Quelle rue?
M. Dutil: Est-ce que vous avez l'adresse exacte?
Le Président (M. Gobé): C'est plus haut, ça.
Sherbrooke et Beaver, je pense, Beaver Hall. C'est plus haut.
M. Léonard: O.K. Dans l'ouest, là, O.K.
Le Président (M. Gobé): C'est à peu
près à
I km et demi de Desjardins.
M. Léonard: O.K. Oui.
Le Président (M. Gobé): Desjardins est collé
sur Saint-Laurent. Alors, l'autre est...
M. Léonard: Beaver, c'est... Oui, Maison-neuve.
Le Président (M. Gobé): Beaver, c'est plus haut.
Non, non, côte Beaver Hall, tu sais, quand tu arrives, là...
M. Léonard: Oui, oui, c'est correct. Dans le bout de
l'Université McGill, là.
Le Président (M. Gobé): Mais plus bas.
M. Dutil: Donc, 115 000 000 $ et le taux de capitalisation est
à 8,2 %.
M. Léonard: À 8,2%?
M. Dutil: Oui. Vous avez une autre transaction: 1981, McGill
Collège, par la SITQ, en août 1991,127 000 000 $, taux de
capitalisation 8,5 %.
M. Léonard: Alors, ma question, ça va être:
pourquoi Desjardins a accepté 7,3 %?
M. Dutil: Ah, mais, M. le Président, justement, je dis que
nous faisons une bonne transaction.
Le Président (M. Gobé): Parce que Desjardins est
plus bas, il n'est pas dans le circuit des grandes tours à bureaux
prestigieuses.
M. Léonard: On parle d'une transaction. Il y a eu un
compromis. On s'est entendu sur le prix.
II y avait des avantages de l'autre côté. Alors, ces 7,3
%... Moi, je pense qu'on s'entend toujours dans une fourchette, au fil d'une
tendance. Et c'est ça, j'essaie de déterminer de quoi on
parle.
M. Dutil: Pourquoi Desjardins nous fait une offre aussi valable?
C'est ça, la question du député.
Le Président (M. Gobé): Je pense qu'elle est
intéressante. C'est bon, monsieur...
M. Gautrin: Une question, M. le Président.
M. Dutil: II peut y avoir une multitude de considérations
qui peuvent aller, par exemple, du fait qu'ils ont un endroit qui est plein,
alors que les autres ont peut-être des endroits qui étaient vides
et qu'ils ont achetés. Ça peut être un
facteur qui... (21 h 45)
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Verdun, vous avez une question à poser?
M. Gautrin: Je ne comprends pas. C'est quoi, le taux
d'actualisation?
M. Dutil: Quand tu prends les revenus de ta bâtisse dans
une année, c'est le pourcentage que ça représente,
ça, par rapport à la valeur globale de la bâtisse. Alors,
25 900 000 $, Place Desjardins et nous estimons que ces 25 900 000 $
représentent 7,3 % de la valeur globale.
M. Gautrin: Le taux d'actualisation, c'est le rapport entre la
valeur estimée et les revenus. Est-ce que c'est ça?
M. Dutil: C'est ça. Alors, si tu prends 355 000 000 $ et
que tu veux trouver 7,3 % de ça, ça va te donner 25 900 000
$.
M. Gautrin: Les 25 900 000 $, ça, c'est ce qu'on...
M. Dutil: Les 25 900 000 $, c'est 7,3 % de la valeur qu'on a
établie à 355 000 000 $.
M. Gautrin: Et ça, ce sont les revenus de la location de
la bâtisse.
M. Dutil: Nets. Nets, évidemment, là. M.
Gautrin: Oui.
M. Dutil: Ce sont des revenus qui vont... C'est ce qu'on appelle
le taux de base, en général, dans un loyer.
M. Gautrin: Bon. O.K.
M. Dutil: Parce qu'il y a des taux d'entretien par la suite et
des frais généraux, et ainsi de suite.
M. Léonard: Si je me permets, M. le Président, il y
a...
Le Président (M. Gobé): Oui, allez-y, M. le
député, oui, oui, oui.
M. Léonard: ...deux façons, je pense, de
l'exprimer.
Le Président (M. Gobé): La discussion va bien,
alors allons-y.
M. Léonard: Ailleurs, on peut dire aussi que le prix d'un
immeuble est tant de fois les revenus.
M. Dutil: Oui, c'est ça.
M. Léonard: Par exemple, vous avez 8 fois les revenus, 10
fois les revenus, 15 fois les revenus, dépendant de la qualité de
l'immeuble...
M. Dutil: C'est ça.
M. Léonard: ...de ses perspectives ou de n'importe quoi,
de sa rente, de l'endroit où il est situé. Là, on
l'exprime par un taux, c'est-à-dire que c'est l'inverse.
M. Dutil: Oui.
M. Léonard: C'est l'inverse de ce que je dis, que
j'exprime là.
M. Gautrin: Ah bon! O.K.
M. Léonard: Alors, ici, on dit que 7,3 ça vaut 13,7
fois les revenus annuels.
M. Dutil: C'est ça.
M. Gautrin: Alors, c'est comme ça que vous obtenez... Vous
retirez donc l'équivalence de la valeur locative. Moi, ce que je
refaisais comme calcul, je faisais le calcul de l'économie de la valeur
locative jusqu'en 2025 actualisée sur un certain taux
d'intérêt...
M. Dutil: Non, non.
M. Gautrin: ...qui aurait été les économies
d'intérêt qu'on aurait eues donc sur 13 ans. Ça, c'est
combien?
M. Dutil: Les économies d'intérêt...
M. Gautrin: C'est-à-dire les économies de
location.
M. Dutil: Les économies de location que l'on fait...
M. Gautrin: Autrement dit, ce que l'on nous concède.
M. Dutil: Oui, c'est 8,50 $ du pied carré. M. Gautrin:
Ça, c'est 5 015 000 $... M. Dutil: Oui, exactement. M.
Gautrin: ...par année... M. Dutil: Oui, exactement, oui.
M. Gautrin: ...sur 13 ans, à un taux
d'intérêt...
M. Dutil: Sur encore 13 ans.
M. Gautrin: ...établi à combien, à 8 %?
Ça
vaut combien?
M. Dutil: Nous autres, on calcule le taux d'intérêt
qu'on paie. Tu parles de ce qu'on paie, nous autres, comme
intérêt, j'imagine?
M. Gautrin: Oui, pour savoir combien...
M. Dutil: On paie quoi, le taux d'intérêt au
gouvernement actuellement?
M. Gautrin: Autrement dit, on prend le... Une voix:
À long terme, à peu près 10 %.
M. Dutil: À peu près 10 % à long terme.
M. Léonard: Ça, c'est le taux
d'intérêt à long terme...
M. Dutil: Oui.
M. Léonard: ...d'une hypothèque de première
classe.
M. Gautrin: D'ailleurs, sur 13 ans, 5 000 000 $ ça
représente combien?
M. Dutil: 5 000 000 $ sur 13... Oui, mais tu ne peux pas le
compter comme ça là.
Le Président (M. Gobé): L'intérêt de
l'intérêt.
M. Dutil: Tu vas obtenir un chiffre qui n'est pas
actualisé là.
M. Gautrin: Comment ça «qui n'est pas
actualisé»?
M. Dutil: Tu dis: On sauve 5 000 000 $ par année pendant
13 ans.
M. Gautrin: Pendant 13 ans et, à ce
moment-là...
M. Dutil: On sauve 65 000 000 $.
M. Gautrin: Alors, ce n'est pas multiplié, il faut que je
le fasse en fonction du taux d'intérêt.
M. Dutil: Oui, O.K.
M. Gautrin: Donc, ça va être sigma, si tu veux, de
«i» est égal à 1 jusqu'à 13, de 1 plus 110
%...
M. Dutil: C'est exactement ça.
Le Président (M. Gobé): Alors, c'est quoi, votre
question, M. le député de Verdun?
M. Gautrin: Je n'ai pas de calculatrice; est-ce que quelqu'un va
me calculer ça? Combien ça fait?
Le Président (M. Gobé): Bien, c'est vous le
mathématicien.
M. Gautrin: Non, non, mais je n'ai pas d'instrument. Je corrige
des devoirs, moi.
M. Dutil: À mon avis, ça fait à peu
près 35 000 000 $, à vue de nez là, si tu actualises les 5
000 000 $ par année pendant 13 ans, mais que tu les ramènes sur
ce que ça vaut tout de suite là.
M. Gautrin: Alors, sur le dollar constant, oui.
Le Président (M. Gobé): Alors, si je comprends
bien, le prix de vente de l'immeuble, c'est 432 000 000 $.
M. Dutil: Bien, c'est-à-dire que...
M. Léonard: C'est 423 000 000 $, 424 000 000 $.
Le Président (M. Gobé): Cela fait à peu
près 423 698 000 $.
M. Dutil: Oui, c'est-à-dire que j'aimerais vous dire que
c'est...
Le Président (M. Gobé): C'est l'équivalent
deçà.
M. Dutil: ...l'équivalent de cela. Je dois vous dire que
c'est l'équivalent de cela.
Le Président (M. Gobé): C'est la question du
député.
M. Dutil: Mais ce qui va paraître partout, c'est 355 000
000 $.
Le Président (M. Gobé): Oui, mais tout le monde...
C'est ça qu'on a compris. Oui, mais ce que monsieur ou madame voulait
savoir, je pense, c'était ça.
M. Gautrin: Comment vous obtenez ça?
Le Président (M. Gobé): C'est parce que vous n'avez
pas suivi le débat, M. le député.
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président, là. Ne
commencez pas à dire que je n'ai pas suivi le débat, c'est
complètement faux!
Le Président (M. Gobé): M. le député,
excusez-moi, mais le président vous dit, si vous le prenez comme
ça, que nous avons parlé depuis
une heure de cela...
M. Gautrin: Et alors, M. le Président, est-ce que...
Le Président (M. Gobé): ...et, là, vous
dites: Comment on l'a obtenu?
M. Gautrin: Est-ce que c'est mon droit de parole, oui ou non?
Le Président (M. Gobé): M. le député,
vous n'avez pas le droit de parole tout de suite, c'était M. le ministre
qui l'avait.
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président, j'avais le droit
de parole, c'est moi qui parlais.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Verdun, s'il vous plaît.
M. Gautrin: M. le Président, vous n'avez pas à me
retirer le droit de parole comme ça.
Le Président (M. Gobé): Mais, je ne vous ,!'ai pas
donné, je ne vous le retire pas.
M. Gautrin: Je m'excuse, je l'avais.
Le Président (M. Gobé): Vous ne l'avez pas.
M. Gautrin: Bien voyons donc!
Le Président (M. Gobé): Vous ne l'avez pas, je ne
vous l'ai pas donné.
M. Gautrin: M. le Président, sur une question de principe
à l'heure actuelle, vous ne pouvez pas retirer le droit de parole
à un intervenant comme ça. C'est mon droit de parlementaire de
pouvoir intervenir.
Le Président (M. Gobé): M. le député,
je ne vous l'ai pas donné.
M. Gautrin: Vous me l'aviez donné. Le Président
(M. Gobé): Non.
M. Gautrin: Alors, j'ai le droit de respecter l'alternance, oui
ou non?
Le Président (M. Gobé): Je ne vous l'ai pas
donné. Vous l'aviez, vous avez terminé de parler.
M. Gautrin: Je n'ai pas terminé de parler, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Mais, M. le
député, vous ne l'avez pas.
M. Gautrin: Je n'avais pas terminé de parler.
Le Président (M. Gobé): Puis, je vous demanderais
d'être poli, puis de respecter la présidence.
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président, expulsez-moi si
vous voulez, mais je n'ai pas terminé de parler.
Le Président (M. Gobé): Je ne vous expulserai pas,
je vous demande de respecter les parlementaires.
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président, je vous demande
de respecter mon droit de parlementaire là-dedans. Est-ce que j'ai le
droit de parole, oui ou non? Je n'ai pas terminé mon intervention.
M. Dutil: Je n'ai pas d'objection à expliquer les calculs.
Il n'y a pas de trouble.
M. Gautrin: Franchement! Je suis en train de discuter et...
M. Dutil: M. le député de Verdun, il y a ici un
règlement. Vous êtes arrivé à la fin de la
commission...
M. Gautrin: II y a un règlement, M. le Président,
lorsqu'on a la parole... Écoutez!
Le Président (M. Gobé): Voulez-vous écouter
un peu là, s'il vous plaît? Ou alors, M. le député,
allez vous calmer, puis vous reviendrez quand vous serez calmé.
M. Gautrin: M. le Président, il n'est pas de question de
me calmer; calmez-vous vous-même!
Le Président (M. Gobé): Bon, bien, alors, respectez
la présidence, s'il vous plaît.
M. Gautrin: Alors, M. le Président, vous allez respecter
mon droit de parole.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Verdun, lorsque vous êtes arrivé à cette commission,
nous parlions d'un sujet. Je vous ai mentionné que nous en avions
parlé.
M. Gautrin: M. le Président, est-ce que je...
Le Président (M. Gobé): Vous vous êtes
énervé après. Je vous demanderais de garder votre calme et
puis de respecter les décisions de la présidence. Vous n'avez pas
le droit de parole. C'est le député de Labelle qui avait le droit
de parole et je le lui redonne.
M. Gautrin: M. le Président, je n'avais pas terminé
mon intervention.
Le Président (M. Gobé): Je ne vous recon-
nais pas. C'est clair?
M. Gautrin: Vous n'avez pas à me reconnaître,
j'avais la parole.
M. Dutil: Est-ce que je peux faire une proposition, vous demander
de ne pas faire le travail de l'Opposition? Ils le font très bien.
M. Gautrin: Non, mais écoutez...
M. Dutil: Et je suis prêt à répondre au
député de Verdun pour réexpliquer le calcul. Je comprends
que c'est important, c'est une transaction de 100 000 000 $, et il est
important que tous les membres de la commission le comprennent. Alors, pour ma
part, moi, je n'ai pas d'objection, M. le Président, à
réexpliquer le calcul.
Le Président (M. Gobé): C'est votre choix, M. le
député, mais je trouve déplorable le comportement du
député de Verdun à cette commission.
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président, je trouve
déplorable votre comportement comme président.
Le Président (M. Gobé): Bien, là, je vous
demanderais de quitter, M. le député, à ce
moment-là, si vous ne reconnaissez pas la présidence. Il ne vous
reste que ça à faire.
M. Dutil: Est-ce que je fais le calcul à nouveau,
là, rapidement? Je disais, M. le député de Verdun, que 29
800 000 $ sur 355 000 000 $, ça égale 7,3 % d'actualisation. Si
on ajoute à ces 29 800 000 $ des revenus de 5 015 000 $ qui seraient
donnés par la SIQ, parce qu'elle paierait le juste loyer, à ce
moment-là, on obtiendrait un chiffre de... Excusez-moi, c'étaient
25 800 000 $. Alors, c'étaient 25 800 000 $ qui sont 7,3 % de 355 000
000 $. Ça va jusque-là? On additionne à ça les 5
015 000 $, ce qui nous donne 30 900 000 $ ou à peu près. Si on
fait le même taux d'actualisation, quel chiffre obtient-on? On obtient
423 000 000 $, si on payait le juste prix, à ce moment-là,
c'est-à-dire si on payait le prix du marché actuel.
M. Gautrin: C'est-à-dire le taux d'actualisation à
partir des revenus supplémentaires qu'il pourrait y avoir, qui sont les
7,3 %.
M. Dutil: C'est ça. Si on payait davantage...
M. Gautrin: Vous n'actualisez pas par rapport aux
économies...
M. Dutil: Non. Si on payait davantage, la Place Desjardins
recevrait davantage d'argent. Recevant davantage d'argent, ils seraient sans
doute prêts à payer un prix supérieur à celui qu'ils
paient. Si on pense qu'ils voudraient garder le même taux d'actualisation
de 7,3 %, ça porterait la transaction à 423 000 000 $. C'est
ça qui se passerait.
M. Gautrin: D'accord. Merci. M. Dutil: Ça m'a fait
plaisir.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Labelle, vous aviez la parole, vous pouvez la reprendre. Je suis
désolé.
M. Léonard: J'ai été interrompu un peu.
Le Président (M. Gobé): Vous avez été
interrompu, mais semble-t-il que le député de Verdun a une
prérogative sur le règlement.
M. Léonard: J'en étais à interroger le
ministre sur les 7,3 %. Évidemment, la qualité de l'immeuble, la
nature de l'immeuble intervient beaucoup pour déterminer le taux. Vous
parliez d'un immeuble de 125 000 000 $, la place Mercantile dans le bout de
l'Université McGill; ça, c'est une chose. Ici, c'est 7,3 %. Il y
a sûrement des transactions qui ont été à un taux
d'actualisation de moins que ça. Et, vous me donnez deux exemples
où c'est plus que ça.
M. Dutil: C'est-à-dire que je ne suis pas d'accord que la
qualité de l'immeuble influence ce taux-là. La qualité de
l'immeuble influence le prix de location.
M. Léonard: Ah! Le prix de location.
M. Dutil: Oui. Elle influence le prix de location. Puis,
après ça, le prix de location influence le prix de la
transaction. Mais, moi, je ne pense pas qu'on puisse inférer, de ce que
vous dites, que ça influence, à ce moment-là, le taux.
Sauf que, dans des immeubles de grosseur similaire, les taux devraient
être relativement similaires normalement dans des conditions qui se
ressemblent. Est-ce qu'il y a quelque chose qui ressemble à la Place
Desjardins? C'est ça qui n'est pas vrai. Il n'y a rien qui ressemble
à Place Desjardins parce que c'est un immeuble qui est plein. C'est un
immeuble qui a déjà des loyers à long terme. C'est un
immeuble qui...
M. Léonard: Mais, par comparaison, par exemple, place des
Coopérants, les investissements Westclrff qui possédaient cet
immeuble, s'en sont départi. Est-ce qu'on a des renseignements
là-dessus, sur le taux? Je pose la question, je comprends qu'on pourrait
ne pas l'avoir, juste aux fins de comparaison.
M. Dutil: Les seules grosses transactions
qu'on a relevées, nous, à Montréal,
évidemment, c'est celles que je vous ai données. Il y en a une de
plus, qui est une transaction beaucoup plus petite toutefois, que je vais vous
donner pour continuer notre précision. Je n'ai pas les
Coopérants. Il y a place Air Canada, par HydroQuébec, c'est une
transaction relativement petite, 26 000 000 $.
M. Léonard: Dans les transactions qui ont affecté
la place Ville-Marie... Il y a trois ans, il y a eu des difficultés
financières, à la place Ville-Marie, et il y a sûrement eu
des transactions d'affaires pour rétablir les choses. Est-ce qu'on a des
renseignements là-dessus?
M. Dutil: C'est-à-dire que...
M. Léonard: C'est peut-être l'immeuble qui serait le
plus proche de la Place Desjardins.
M. Dutil: Sauf qu'il n'y a pas eu de transaction de vente. Les
transactions qu'il y a eu, c'est les prix de location qu'ils ont
chargés. Ils ont fait des aubaines fantastiques à certains
locataires.
M. Léonard: Oui, bien...
M. Dutil: Plusieurs mois sans loyer, plusieurs rabais
considérables.
M. Léonard: Ceux qui ont repris l'administration de place
Ville-Marie, c'est bien sûr qu'ils ont établi ça sur de
nouvelles bases, mais est-ce qu'on peut comparer les revenus de place
Ville-Marie avec la valeur... et aussi comparer les évaluations
foncières des deux? Parce que, ça aussi, c'est un barème.
Vous savez, tout à l'heure, vous disiez que l'évaluation
foncière était faite pour d'autres fins; effectivement, ça
sert à d'autres fins, mais remarquez bien que, dans le cas qui nous
occupe, 423 000 000 $ et 414 000 000 $, il n'y a pas tellement de
différence, on est très proche. Donc, l'évaluation
foncière de place Ville-Marie, faite aussi par des
experts-évaluateurs, pourrait nous renseigner. Est-ce que vous pourriez
faire une comparaison, un parallèle?
M. Dutil: Je veux revenir sur le fait que je disais que
c'était fait pour d'autres fins, tout à l'heure. Ce que je
voulais dire, c'est que les calculs sont faits d'une façon
différente parce que c'est pour fins de taxation, ils ne tiennent pas
compte de... Je pense que j'éclaire la question.
M. Léonard: Mais les valeurs se rejoignent beaucoup.
M. Dutil: Oui, là, maintenant qu'on a redressé.
M. Léonard: Ah oui, mais...
M. Dutil: Parce que, nous, on a redressé.
M. Léonard: Moi, je pense que la seule façon
d'évaluer la transaction, c'est vraiment de remettre ça sur une
base...
M. Dutil: Comparable.
M. Léonard: ...d'affaires, de valeur commerciale et,
après ça, d'évaluer la valeur du privilège, qui est
une autre chose.
M. Dutil: Oui, bon. Maintenant, pour ce qui est de place
Ville-Marie, on n'a pas de renseignements et je ne pense pas qu'on puisse
disposer de renseignements aussi précis que ceux qui sont
demandés.
M. Léonard: Mais l'évaluation foncière, vous
pouvez l'avoir.
M. Dutil: Oui, ça, on peut avoir ça,
effectivement.
M. Léonard: Est-ce que vous l'avez?
M. Dutil: Avez-vous vérifié ça, place
Ville-Marie?
M. Léonard: L'évaluation foncière de place
Ville-Marie. C'est la seule place du même type qui est comparable
à Place Desjardins, en fait.
M. Dutil: En taille, oui.
M. Léonard: En taille, mais aussi comme fonction, parce
que c'est un immeuble à bureaux, la place Ville-Marie. Il y a
l'hôtel en face. Il me semble, dans l'ensemble, que ça pourrait se
comparer.
M. Dutil: C'est parce que, là, on est en train de discuter
du fait que la municipalité ne tient pas compte, dans le calcul de son
immeuble, du fait qu'il y ait des prix privilégiés. Je pense
qu'on s'est compris là-dessus.
M. Léonard: Oui. M. Dutil: Ça, ça va.
M. Léonard: À partir du moment où on
évalue exactement le privilège - on a dit que c'était 68
000 000 $ - O.K., on n'en parle plus. On pourrait discuter sur la façon
de le calculer, parce qu'il porte seulement sur 15 ans ou 13 ans, mais disons
qu'on l'exclut pour les fins de notre discussion. On arrive donc à une
valeur de 423 000 000 $, valeur au marché, contre une valeur de
l'évaluation foncière de 414 000 000 $, c'est très
proche.
Si l'on prenait, par ailleurs, l'évaluation foncière de la
place Ville-Marie pour la comparer à Place Desjardins, il me semble
qu'on pourrait peut-être établir un parallèle qui serait
significatif.
M. Dutil: Oui, c'est intéressant. Je pense qu'on pourrait
faire...
M. Léonard: Parce que la place Ville-Marie, c'est la plus
grosse place immobilière de Montréal; la Place Desjardins, la
deuxième; la troisième, c'est Bonaventure.
M. Dutil: Par acquit de conscience, on pourrait faire cette
vérification-là, M. le Président. Je vais demander demain
à ce qu'on s'informe de la valeur de l'évaluation de place
Ville-Marie.
Le Président (M. Gobé): D'autant plus, M. le
ministre, que...
M. Dutil: Est-ce qu'on peut avoir le nombre de pieds
carrés et la valeur de loyer qu'ils perçoivent? Ça ce
n'est pas sûr.
M. Léonard: Ça, je comprends que ça puisse
être confidentiel et qu'on puisse ne pas l'avoir, mais de comparer les
deux évaluations foncières, c'est significatif.
M. Dutil: Si on a le nombre de pieds carrés. Il faut avoir
le même nombre, il faut avoir le nombre de pieds carrés
louables.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre... M.
Léonard: Mais la valeur...
Le Président (M. Gobé): ...M. le
député, le temps est maintenant terminé. C'est tout le
temps qui nous était imparti. Je dois donc ajourner les travaux à
demain, 9 h 30, le mercredi 18, en cette salle. Bonne soirée à
tout le monde et merci pour votre assiduité à cette
commission.
(Fin de la séance à 22 heures)