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(Quatorze heures onze minutes)
Le Président (M. Audet): Alors, la commission du budget et
de l'administration entreprend ses travaux. Je vous rappelle le mandat de la
commission. La commission du budget et de l'administration est réunie,
dans un premier temps, afin de procéder à la vérification
des engagements financiers du ministère des Finances compris dans les
listes des mois de septembre 1991 à décembre 1991, et afin de
procéder à l'étude trimestrielle de la politique
budgétaire du gouvernement et de l'évolution des finances
publiques. Ça va? M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Parent
(Sauvé) remplacera M. Chagnon (St-Louis), M. Farrah
(Îles-de-la-Madeleine) remplacera M. Després (Limoilou) et M.
St-Roch (Drummond) remplacera M. Gautrin (Verdun).
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, vous avez
reçu copie de l'ordre du jour. Je vais en faire la lecture. On m'a
souligné tantôt qu'il y aurait peut-être des changements.
Alors, le point 1, l'organisation des travaux: lecture et adoption de l'ordre
du jour; point 2, vérification des engagements financiers du
ministère des Finances; 2.1, renseignements supplémentaires; 2.2,
vérification des engagements financiers, septembre 1991, liste d'octobre
1991, enfin, tous les mois, novembre et décembre; et le point 3,
étude trimestrielle de la politique budgétaire du gouvernement et
de l'évolution des finances publiques; point 4, ajournement des travaux.
Est-ce qu'il y a des changements à l'ordre du jour ou s'il est
adopté tel quel?
M. Levesque: Ça va.
Le Président (M. Audet): Ça irait à l'ordre
du jour ou si...
M. Levesque: Sauf pour renverser les thèmes.
Le Président (M. Audet): Oui. Alors, le point 3 se
retrouverait au point 2 et on terminerait avec la vérification des
engagements financiers du ministère des Finances. Ça va comme
ça? C'est adopté?
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Audet): Avant de débuter
l'étude de la politique budgétaire, je voudrais vous rappeler
certaines règles. Alors, nous procéderons maintenant à
l'étude trimestrielle de la politique budgétaire et de
l'évolution des finances publiques du gouvernement, conformément
à l'article 292 du règlement. À moins qu'il n'y ait une
entente entre les groupes parlementaires sur une autre façon de
procéder, j'appliquerai les règles de temps de parole
établies pour le débat sur le discours du budget. Le ministre des
Finances et le porte-parole de l'Opposition interviendront les premiers, et
chacun aura un temps de parole de 20 minutes. Par la suite, chaque membre
disposera d'un temps de parole de 10 minutes qu'il pourra utiliser en une ou
plusieurs interventions, et qui pourra prendre la forme de questions au
ministre ou de commentaires. Le ministre des Finances disposera de 10 minutes
pour commenter chacune des interventions. Dans la mesure du possible, vous
appliquerez la règle de l'alternance dans les interventions. Alors, nous
allons débuter. Je vous inviterais, M. le ministre, à vos
remarques préliminaires.
Étude trimestrielle de la politique
budgétaire du gouvernement et de révolution des finances
publiques
Remarques préliminaires M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: M. le Président, je vous remercie. Je profite
de l'occasion pour formuler mes meilleurs voeux pour cette année
à tous les membres de la commission, à tous nos collaborateurs et
à vous, en particulier, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Levesque: Je rappelle que nous sommes réunis
aujourd'hui pour discuter de la synthèse des opérations
financières, et cela au 30 septembre 1991. Il est donc important,
à ce moment-ci, de souligner que les données et les informations
qui apparaissent dans ce document, M. le Président... C'est un document
que nous avons déposé en novembre, si ma mémoire est
fidèle, et qui est, évidemment, signé par le sous-ministre
comme c'est la coutume pour ce genre de document. Encore une fois, les
résultats qui y sont présentés doivent être
interprétés dans le contexte.
Au moment du dernier discours sur le budget, on indiquait qu'une reprise
économique était sur le point de s'amorcer. On entrevoyait,
toutefois, que cette reprise serait relativement lente en raison, notamment, de
la performance anticipée aux États-Unis. À ce
moment-là, on entrevoyait plusieurs facteurs, entre autres une baisse
importante des taux d'intérêt. On prévoyait
également une reprise économique qui était prévue
pour le deuxième semestre aux États-Unis, avec une baisse des
taux d'intérêt et du prix du pétrole, une remontée
de la confiance des ménages. Un autre facteur que l'on entrevoyait pour
la reprise, c'était un plan d'action pour soutenir l'économie
contribuant à relancer la construction au Québec,
c'est-à-dire l'accélération des investissements publics et
le programme Mon taux, mon toit.
Globalement, les données disponibles depuis le printemps dernier
confirment le diagnostic du budget. Aux États-Unis, l'économie a
renoué avec la croissance, le PIB américain enregistrant
une progression de 1,4 % et 1,8 % à taux annuel aux deuxième et
troisième trimestres. Au Canada, le PIB a rebondi de 1,4 % au
deuxième trimestre et a progressé plus modestement au
troisième, 0,2 %. Au Québec, l'emploi a connu une certaine
reprise, 7000 depuis janvier dernier. Parallèlement, le taux de
chômage a diminué d'un sommet de 12,5 % en mars dernier à
11,8 % actuellement. Pour l'ensemble de l'année, le recul de l'emploi,
soit 68 000, a été un peu moins marqué que prévu
lors du discours sur le budget, où on évaluait cette perte
à 77 000. Et le taux de chômage a été un peu plus
faible que celui prévu au budget, c'est-à-dire 11,9 % par rapport
à une prévision de 12,4 %. Grâce à la baisse des
taux d'intérêt et au programme Mon taux, mon toit, la construction
d'habitations neuves a enregistré une bonne reprise durant
l'année. En 1991, le nombre de mises en chantier - et, selon les
données préliminaires, ce chiffre serait de 44 654 - ce nombre de
mises en chantier, dis-je, a dépassé les prévisions
réalisées au printemps dernier, étant donné qu'au
budget, j'avais mentionné 41 400. Toujours grâce au programme Mon
taux, mon toit - plus de 15 300 demandes reçues au 24 janvier, 15 300 -
la baisse des mises en chantier enregistrée l'an dernier a
été moins prononcée qu'au Canada, c'est-à-dire: au
Québec, 7,1 % de diminution ut, au Canada, 14 %. Ainsi, le Québec
a accaparé 28,6 % du niveau national.
Bien qu'elle se poursuive, la reprise actuelle demeure fragile, comme en
témoigne l'évolution de certains indicateurs au Canada et aux
États-Unis. De plus, comme cela est normal à ce stade de la phase
de reprise, d'abord, les pertes encourues durant la récession, tant du
côté de la demande et de la production que de l'emploi, n'ont
été récupérées que partiellement. Il ne
faudrait pas se surprendre que, d'un mois à l'autre, certains
indicateurs économiques se replient temporairement. Toutefois,
l'environnement économique est devenu bien plus favorable à la
croissance qu'il ne l'a été durant les deux dernières
années, compte tenu, d'abord, de la baisse importante des taux
d'intérêt observée depuis le printemps 1990. Depuis 18
mois, les taux ont diminué de plus de 6,5 points de pourcentage au
Canada. À 7,5 %, le taux préférentiel est au niveau le
plus faible depuis 1973. Des pressions inflationnistes affichant une baisse
importante, ce qui devrait contribuer à maintenir les taux
d'intérêt à un niveau favorable à une
accélération de la demande. Il faut tenir compte également
de la reprise américaine qui, bien que lente, se poursuit actuellement.
Selon les économistes du secteur privé, la croissance
s'accélérera en 1992 pour atteindre environ 2,5 % à 3 %.
Parallèlement, le taux d'inflation devrait se situer autour de 2,5 %,
soit beaucoup moins qu'en 1991.
Enfin, compte tenu des progrès réalisés sur le plan
de l'inflation, les taux d'intérêt de court terme devraient, selon
les plus récentes prévisions des organismes du secteur
privé, se situer - je parle toujours des taux d'intérêt de
court terme - à 6,8 %, soit près de 2 % de moins qu'en 1991,
où c'était de 8,7 %. En définitive, la vitesse et
l'ampleur de la reprise au cours des prochains mois dépendront d'abord
de la situation prévalant aux États-Unis et, notamment, de la
vitesse à laquelle la demande reprendra dans ce pays et aussi des
progrès qui seront enregistrés au Canada dans la voie d'une
réduction des pressions qui s'exercent sur les prix et les salaires qui,
comme l'a démontré l'expérience des deux dernières
années, sont la clé des conditions monétaires qui
prévaudront au cours des prochains trimestres.
Abordons donc maintenant, si vous le désirez, les
opérations financières du gouvernement. En 1991-1992, les
prévisions révisées indiquent un niveau de déficit
budgétaire de 3 880 000 000 $, soit une augmentation de 400 000 000 $
par rapport aux prévisions présentées lors du discours sur
le budget du 2 mai dernier. Par ailleurs, les besoins financiers nets sont
maintenant prévus à 2 500 000 000 $, soit une hausse de 300 000
000 $ par rapport au niveau prévu au budget.
Lors du discours sur le budget, les prévisions aux revenus
budgétaires s'établissaient à 34 909 000 000 $ alors que
les prévisions ont été révisées à 34
884 000 000 $. La détérioration de 25 000 000 $ des revenus
budgétaires s'explique par une diminution de 125 000 000 $ des revenus
et transferts fédéraux qui est cependant partiellement
compensée par une hausse de 100 000 000 $ des revenus autonomes.
Quant à cette augmentation des revenus autonomes, elle s'explique
par divers facteurs. D'abord, l'impôt sur le revenu des particuliers est
révisé à la hausse de 104 000 000 $ en raison
essentiellement d'une augmentation de l'impôt à
payer de l'année d'imposition 1990, suite au traitement des
déclarations des contribuables au cours du printemps et de
l'été 1991. Les revenus aussi prévus aux impôts des
sociétés augmentent de 80 000 000 $, suite principalement
à une révision à la hausse du revenu imposable des
corporations pour l'année d'imposition 1990. Le report au 1er juillet
1992 de l'entrée en vigueur de la deuxième phase de la
réforme des taxes à la consommation devrait entraîner une
réduction de 69 000 000 $ des revenus prévus aux taxes à
la consommation en 1991-1992. Les revenus d'intérêts sont
également révisés à la hausse de 20 000 000 $,
notamment aux impôts des sociétés. Enfin, du
côté des revenus provenant des entreprises du gouvernement, une
révision à la baisse de 35 000 000 $ est prévue, compte
tenu de l'accroissement des pertes anticipées de SIDBEC découlant
d'une conjoncture particulièrement difficile dans l'industrie
sidérurgique.
Par ailleurs, la révision a la baisse des revenus de transfert du
gouvernement du Canada s'explique, pour l'essentiel, par les plus
récents calculs du gouvernement fédéral qui permettent
d'anticiper une détérioration des revenus de 155 000 000 $ au
titre de la péréquation. Cette baisse est partiellement
compensée par la hausse de 60 000 000 $ prévue au Régime
d'assistance publique du Canada, qui découle évidemment de
l'accroissement plus élevé que prévu des dépenses
d'aide sociale et de bien-être. On note finalement une diminution de 30
000 000 $ au chapitre des autres programmes.
Maintenant, pour les dépenses budgétaires, la
prévision des dépenses pour l'année courante,
établie à 38 389 000 000 $ lors du discours sur le budget, est
révisée à 38 764 000 000 $. Cette augmentation de 375 000
000 $ découle, notamment, de l'impact de la conjoncture
économique sur les clientèles de l'aide sociale et de
l'éducation. Elle tient également compte des économies
générées à d'autres postes de dépenses.
Les dépenses prévues à l'égard du programme
de sécurité du revenu s'accroissent de 127 000 000 $, suite
principalement à un niveau de clientèle plus élevé
qu'anticipé. De plus, un nombre d'étudiants supérieur aux
prévisions initiales, surtout à l'éducation des adultes,
à la formation professionnelle et l'enseignement collégial,
contribue à hausser de 140 000 000 $ les subventions de fonctionnement
aux institutions d'enseignement. Les dépenses afférentes à
l'aide financière versée aux étudiants augmentent, pour
leur part, de 53 000 000 $ et des coûts additionnels de 175 000 000 $
sont identifiés aux programmes de santé et de services sociaux en
raison, notamment, de la non-réalisation des mesures prévues
à l'égard de la contribution santé, à la RAMQ,
Régie de l'assurance-maladie du Québec.
Les progrès accomplis jusqu'en 1989-1990 sur le plan des finances
publiques, grâce essentiellement à une gestion serrée
exercée sur les dépenses, ont permis au gouvernement de disposer
de la marge de manoeuvre nécessaire pour faire face à la
récession et à son impact sur les équilibres financiers.
C'est ainsi que, depuis 1990-1991, le gouvernement a pu poursuivre une gestion
des finances publiques adaptée au contexte de faible conjoncture
économique. Le déficit budgétaire a été
augmenté à 2 825 000 000 $ en 1990-1991 et devrait
s'établir à 3 880 000 000 $ en 1991-1992. Malgré la pause
que le gouvernement a jugé bon de faire dans la réduction du
déficit pour atténuer l'impact du ralentissement
économique, il demeure toutefois déterminé à
maintenir le cap sur ses objectifs financiers de moyen et long terme, notamment
l'équilibre du solde des opérations courantes. En effet, le poids
de l'endettement, ce lourd héritage du passé, ne nous permet pas
de maintenir le déficit à un tel niveau sur une longue
période. Lorsque la reprise sera bien enclenchée, le gouvernement
entend poursuivre ses efforts d'assainissement des finances publiques en
rétablissant un rythme de croissance des dépenses qui soit
compatible avec la capacité de payer de la société
québécoise.
Si le gouvernement ne poursuivait pas les efforts de rationalisation des
dépenses publiques, il faudrait recourir soit à l'endettement,
soit à une hausse de fardeau fiscal. Or, l'endettement, pour un, n'est
pas une orientation à suivre. Je mentionnais le lourd héritage du
passé, tout à l'heure, qui constitue un fardeau important pour le
gouvernement. Déjà plus de 17 % des revenus du gouvernement
servent à payer les intérêts sur la dette accumulée.
Il s'agit d'autant de ressources qui ne sont plus disponibles pour offrir des
services à la population. En outre, sur une base comparable à
l'Ontario, c'est-à-dire si l'Ontario avait le même niveau de PIB
que le Québec, la dépense relative au service de la dette que le
Québec doit assumer excède de plus de 3 200 000 000 $ celle de
l'Ontario.
Une façon d'illustrer comment cet écart de service de
dette constitue une entrave est de le comparer au montant que le Québec
reçoit de la péréquation. On sait que la
péréquation devrait normalement servir à offrir des
services publics comparables à des taux de taxation comparables.
Malheureusement, compte tenu de ce que je viens de vous exprimer sur
l'endettement du Québec, on en arrive à la situation pour le
moins paradoxale, en effet, paradoxale, où 86 % de la
péréquation ne sert qu'à payer l'écart de service
de la dette par rapport à l'Ontario.
Si le gouvernement persiste dans la voie de l'endettement, il n'aura
plus la marge de manoeuvre qui lui est nécessaire pour faire face au
défi des années quatre-vingt-dix. Or, pour permettre à
l'économie québécoise de conserver sa position enviable
dans l'économie mondiale et pour obtenir la création d'emplois
à laquelle aspirent les Québécois et les
Québécoises, il est impératif que l'ensemble de
l'économie s'adapte
et renforce son niveau de compétitivité le plus rapidement
possible. (14 h 30)
Le secteur public a un rôle majeur à jouer dans un tel
contexte. Tout d'abord, sur le plan financier, il faut rétablir
l'équilibre du solde des opérations courantes. Il faut
également que le gouvernement se dégage une flexibilité
financière suffisante pour faire face au prochain ralentissement qui
surviendra tôt ou tard. C'est la seule façon de s'assurer que l'on
ne reportera pas indéfiniment sur les générations futures
le financement des services dont bénéficie la
génération actuelle. C'est aussi la seule façon de
garantir un fardeau fiscal concurrentiel pour l'avenir.
Pour ne pas nuire à la croissance économique, il n'est pas
souhaitable d'avoir recours davantage à la fiscalité. La
mondialisation des échanges rend nécessaire de maintenir un
régime fiscal le plus compétitif possible, sinon
l'économie québécoise ne pourra bénéficier
pleinement des retombées et des opportunités qui découlent
de ce nouveau contexte économique mondial. Il faudra plutôt
profiter de la reprise économique pour poursuivre le virage majeur
amorcé dans la gestion des finances publiques. C'est dans ce contexte
que s'inscrivent les objectifs de rationalisation des dépenses
présentés au dernier budget. L'atteinte de ces objectifs exigera
des efforts importants pour le gouvernement, la fonction publique, pour
l'ensemble de la population. Le Québec n'est pas la seule
société à être confrontée à un tel
défi. La plupart des gouvernements des grands pays industrialisés
font face à des problèmes de déséquilibre
budgétaire conjugués à la demande pressante de la part de
leur population qui minent, en terme, leur potentiel de développement
économique. Si le secteur public québécois veut relever le
défi, il doit non seulement accroître l'efficacité dans la
production des services publics, mais également revoir la taille
même du secteur public ainsi que ses modes de financement.
Pour conclure, M. le Président, les dépenses publiques
doivent être gérées en tenant compte des objectifs de moyen
et long terme, mais aussi des aléas de la conjoncture économique.
L'atteinte des objectifs de moyen terme ne se fer? probablement pas sans que
des décisions difficiles soient prises. Toutefois, on doit emprunter
cette voie pour permettre au Québec de bénéficier
pleinement de la croissance économique future. En effet, une situation
financière saine et une fiscalité compétitive demeurent,
à mon sens, la seule garantie que le gouvernement pourra continuer
d'offrir à la population les services publics dont elle aura besoin au
cours des années à venir. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre des
Finances. Je reconnais maintenant M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Même si
on est le 4 février, j'ai vu que le ministre des Finances nous
souhaitait une bonne année. Je vais le faire aussi, mais c'est un peu en
retard. Nous aurions souhaité, effectivement, faire cette étude
des prévisions budgétaires et de la situation financière
du gouvernement un peu plus tôt, mais l'occasion ne s'est pas
présentée, et j'ai l'occasion de le voir pour la première
fois. Quant à nous, nous siégeons en commission qui étudie
les modalités d'accession à la souveraineté depuis le 21
janvier déjà; alors, on est souvent ici, au parlement, à
l'Assemblée nationale. M. le Président, c'est sûr que je
souhaite aux Québécois et à tous ceux qui nous entourent
ici aujourd'hui la meilleure des années, d'autant plus qu'il va se
passer des événements importants au cours de l'année, des
décisions importantes que les Québécois ont à
prendre et qu'ils prendront sûrement en toute connaissance de cause,
après tout le temps qu'on aura mis à arriver à ce fameux
référendum.
Nous revenons donc à ces prévisions budgétaires et
à cette synthèse des opérations financières du
gouvernement. J'écoutais le ministre des Finances avec toutes ses
remarques préliminaires. J'ai l'impression d'un peu de
déjà vu, d'un couplet, surtout à la fin de son
intervention. Au début, il a été un peu plus factuel,
mais, à la fin, c'était, comme on dit, «loadé»
un peu. Je pense que, quand il parle du lourd héritage du passé,
il y a le lourd héritage de son passé parce que, au fond, en
pleine période de prospérité économique, il a
trouvé le tour de faire encore des déficits et il les paie
aujourd'hui encore. Il passe sous silence tous les investissements que nous
avions faits, autour de 1982-1983, dans le budget du gouvernement et qui ont
conduit à cette reprise époustouflante du Québec à
partir 1984-1985. Voilà! Et ça a été le
résultat des investissements que nous avions faits. Mais il faut quand
même considérer qu'à ce moment-là, le ministre ne
fait pas la distinction, dans le budget du gouvernement du Québec, des
dépenses de capitalisation et des dépenses courantes, lorsqu'il
parle du déficit d'alors. Je ne veux pas m'arrêter plus longuement
sur cette question; nous en avons débattu très souvent et nous
aurons sûrement l'occasion d'y revenir parce que, d'après ce que
je peux voir, sept ans après avoir été au pouvoir, ils
sont encore avec le même couplet, le même couplet.
J'espère qu'au cours de l'après-midi nous aurons
l'occasion de rafraîchir les chiffres. Ceux dont nous disposons remontent
au 30 septembre. C'est la synthèse des opérations
financières du 30 septembre que nous avons en main. Je suis convaincu
qu'étant maintenant au 4 février, les derniers chiffres, pour la
dernière synthèse, remontent donc au 31 décembre, et il
doit avoir des renseignements sous la main qu'il pourrait
nous donner cet après-midi pour savoir si les tendances qui
apparaissent dans la synthèse du 30 septembre se confirment ou
s'Infirment. Il y a sûrement des corrections. Il va y avoir un expert, en
tout cas, qui nous en fera part cet après-midi.
Sur un des sujets qui sont abordés, sur l'évolution des
finances publiques, récemment encore, le sous-ministre des Finances a
déclaré que le déficit budgétaire ne serait pas
très différent des prévisions contenues dans la
synthèse des opérations financières du 30 septembre. Je me
souviens très bien que, l'an dernier, nous avons eu droit à une
déclaration à peu près semblable du ministre des Finances.
Mais, quand il a déposé son budget, il y avait des
différences très substantielles. C'est comme s'il avait tout
à coup un blanc de mémoire ou un blanc de renseignements. De
toute façon, ce qui a été déposé au budget
était significativement différent de ce qui avait
été déclaré lorsque nous avions fait une
étude des opérations financières à peu près
à la même époque l'an dernier. De sorte que, le lendemain
de cette étude-là, alors qu'il a dit que le déficit
était en bas de 2 500 000 000 $, il a été à 2 490
000 000 $, puis au budget il était monté tout à coup
à 2 780 000 000 $ ou de cet ordre-là, 2 749 000 000 $, on l'a dit
tout à l'heure, le chiffre. Bref, c'est quand même 250 000 000 $
de plus sur quelques mois.
Est-ce que, actuellement, quand on parle de 4 000 000 000 $, les
Finances, le ministre des Finances, assisté de son sous-ministre des
Finances qui relève de lui, sont prêts à confirmer que le
déficit sera de 3 880 000 000 $, comme il est établi dans cette
synthèse des opérations financières du 30 septembre?
Ça me paraît important qu'on le sache maintenant et qu'on se
gouverne en conséquence. Je ne voudrais pas qu'il nous arrive les
mêmes surprises qu'il nous est arrivé l'an dernier.
En particulier, nous avons noté que le rendement des taxes
à la consommation, dans cette synthèse, croît à un
rythme beaucoup moins élevé que ce qui avait été
prévu dans le discours sur le budget. On a prévu, dans le
discours sur le budget, que ces taxes augmenteraient de 12,6 %. Ça a
été modifié légèrement à 12,2 % au 30
septembre, et puis la compilation des résultats au 30 septembre donne
8,6 %. Donc, il y a un décalage de 3,6 %, et même de 4 % par
rapport au budget. Si les rentrées de fonds étaient constantes au
cours de l'année, je suppose qu'il y a une explication. Je voudrais
savoir s'il y a une explication ou bien s'il y a une modification des
rentrées de fonds. Il s'agit...
Le Président (M. Chagnon):...
M. Léonard: Non, M. le Président, parce que, quand
le ministre prend la parole, il prend toujours 10 minutes pour répondre
même à la question la plus simple. Alors, comme depuis deux ans
j'ai l'expérience, j'ai appris, il ne faut pas lui laisser la parole
parce qu'il s'étire longuement sur la moindre des questions.
Le Président (M. Chagnon): Mais vous l'aviez connu bien
avant.
M. Léonard: Tout à l'heure, il pourra
répondre à l'ensemble...
Une voix: ...un nouveau président...
Le Président (M. Chagnon): II faut que je
rétablisse certains faits. On m'aurait remplacé à mon insu
avant que j'arrive, alors que je ne suis pas remplaçable, comme vous le
savez! Ha, ha, ha!
M. Léonard: Ah bon! C'est votre formation qui ignorait vos
allées et venues, si je comprends.
Le Président (M. Chagnon): II semble qu'il y aurait eu une
erreur.
M. Léonard: Bon. Alors, entre le 8,6 % et le 12,6 %
prévu au début de l'année, il y a quand même un
écart important qui peut avoir ses effets sur le niveau du
déficit budgétaire, d'autant plus que la situation des ventes au
détail n'a pas été favorable au gouvernement et que... Par
contre, il faut noter aussi l'entrée en vigueur de certaines
augmentations de taxes, telle l'augmentation des taxes sur l'essence le 1er
septembre, dont les résultats ne s'étaient pas fait sentir dans
la prévision ou, en tout cas, pratiquement, dans la synthèse des
opérations financières du 30 septembre et qui a continué
aussi au 1er janvier. Il y a eu, là aussi, une augmentation des taxes
sur l'essence, encore une fois.
On peut aussi dire que, du côté des dépenses, les
prévisions révisées au niveau du Conseil exécutif
laissent croire encore une fois que, cette année, le Fonds de
développement technologique n'épuisera pas ses crédits.
Parce que, lorsque nous regardons les résultats, le discours du budget
avait indiqué 94 400 000 $ de dépenses au Conseil exécutif
et que les prévisions révisées sont seulement de 67 300
000 $. Un des grands éléments qui expliquent la fluctuation,
c'est le niveau des dépenses dans le Fonds de développement
technologique. Alors, est-ce que le ministre confirme que le Fonds de
développement technologique n'épuiserait pas tous ses
crédits? En tout cas, c'est sûrement un des facteurs importants
qu'il y a là.
Une voix: Pas tout de suite.
M. Léonard: Pas tout de suite. M. le Président,
voici, au cours du mois d'octobre
dernier, le ministre des Finances a marché sur son orgueil. Il a
dû marcher sur son orgueil parce qu'il a dû annoncer le report de
six mois de l'application de la taxe de vente sur les services. C'est sûr
que les Québécois ont accueilli cette annonce avec grand
soulagement et que les consommateurs l'ont accueillie avec grand soulagement,
mais c'est en même temps avec un certain étonnement chez les
observateurs de la scène politique et économique qui
s'attendaient à un impact budgétaire plus grand. On sait qu'il y
a différents éléments dans cette taxe.
Le report de la phase II de la réforme des taxes à la
consommation signifie que la TVQ, la TPS québécoise, ne
s'appliquera aux services et à l'habitation qu'à compter du 1er
juillet et que ce n'est qu'à compter de cette date que les entreprises
cesseront de payer la taxe sur leurs intrants. Cela signifie - et je pense que
ça explique un peu l'étonnement, mais qui a été
expliqué par la suite - que, finalement, le remboursement des taxes sur
les intrants n'a pas été fait le 1er janvier, donc que ça
a été reporté au 1er juillet et que ce sont les
entreprises qui ont eu à financer l'annonce du gouvernement. C'est
ça, la véritable situation. Et ça, ça a
contribué à ralentir le redémarrage de l'économie
au cours de l'année 1992. Au fond, ce sont elles qui ont financé
le gouvernement pour six mois de plus. Et ça, ça a eu des impacts
sur la relance économique.
Par ailleurs, je voudrais rappeler que personne ne sait exactement
quelle est la valeur de chacun des éléments de la phase II. Nous
avions posé une question au ministre là-dessus en commission
parlementaire, au début d'octobre, mais il n'a pas été
très loquace - on espère qu'il le sera plus cet après-midi
- et pas très précis. Il a dit que c'était quelques
centaines de millions. Eh bien, quelques centaines de millions, je vous demande
ce que ça veut dire. Est-ce que c'est 190 000 000 $, ça veut dire
deux, ou bien quelque centaine sans «s» qui veut dire que ce n'est
rien que quelque, environ des millions, des centaines de millions, ou 900 000
000 $, ou plus? (14 h 45)
Bref, est-ce que, cet après-midi, il pourrait nous dire plus
exactement les données qui s'appliquent à chacun des
éléments, les variations sur la taxe sur les services, sur la
taxe sur les maisons neuves? Quels sont les manques à gagner du
gouvernement en regard de ces éléments: taxe sur les services,
taxe sur les maisons neuves, et les remboursements aux entreprises de la taxe
sur les intrants, pour faire ce dont il nous a parlé au premier
trimestre, un impact de 65 000 000 $ et, pour le deuxième trimestre de
1992, c'est-à-dire du 1er avril au 1er juillet, un autre impact de 85
000 000 $? Il y a des gros plus et des gros moins dans ces deux chiffres. Je
considère que ce serait important que les Québécois le
sachent pour bien mesurer l'impact de la décision qui a
été prise, et qu'on voie aussi l'impact de part et d'autre, en
particulier sur les entreprises, et aussi sur les consommateurs. Alors,
malgré l'impact relativement modeste, disons, sur les revenus du
gouvernement, cette mesure, qui a d'ailleurs été
suggérée par le chef de l'Opposition officielle en son temps,
apparaît utile puisqu'elle vise à stimuler la consommation. Comme
le chef de l'Opposition, nous avions d'ailleurs suggéré qu'une
telle mesure porte sur toute l'année 1992, sur la durée totale de
l'année 1992, quitte à voir par la suite, et j'ai bien vu que le
ministre parlait d'une reprise américaine lente, modeste, qui est loin
de porter des résultats très importants. Alors, est-ce que,
à ce moment-là, il peut retenir maintenant la suggestion que le
report de la taxe s'effectue juste au 1er janvier 1993, comme nous l'avions
suggéré?
Maintenant, j'aimerais entendre le ministre sur un comportement des
consommateurs québécois qui nous fait nous poser beaucoup de
questions, parce que l'entrée en vigueur de la TPS et de la TVQ a
provoqué ce qu'il faut appeler un haut-le-coeur chez les
Québécois. Plattsburgh fait des affaires d'or, Burlington fait
des affaires d'or, grâce aux Québécois. Les contrebandiers
de cigarettes aussi font des affaires d'or, paraît-il. On parle d'une
diminution importante des revenus en provenance de la taxe sur le tabac et ce
ne serait pas parce que les Québécois ont diminué de
fumer, mais plutôt parce qu'il y aurait un trafic intense, de la
contrebande, sur les cigarettes. À ce qu'on peut voir, la police du
tabac n'a pas grand succès à rétablir les choses. Alors,
il y a des impacts sur les revenus. Est-ce que maintenant, du 30 septembre au
31 janvier, puisque maintenant on est en février, le ministre a des
indications que la situation se rétablit, que sa police sur le tabac,
par exemple, fait maintenant des affaires d'or ou en fait faire au
gouvernement?
M. le Président, sur un autre sujet, ces jours-ci, nous avons eu
droit à des nouvelles, parce que le ministre est allé faire un
petit voyage à Ottawa, ou bien plutôt, ils ont
négocié avec des gens d'Ottawa ici, si je comprends, la semaine
dernière. Ce que nous comprenons de la situation, c'est que les
discussions, les négociations ne sont pas terminées, que l'on
prend des mesures temporisatrices pour deux ans sur les arrangements fiscaux.
Je suppose que ce serait difficile d'arriver à des décisions
claires, politiquement, parce que la situation financière du
gouvernement fédéral étant tellement triste que, s'il
fallait qu'ils prennent des décisions en conséquence, cela
affecterait grandement les arrangements fiscaux avec les provinces, ce qui
laisse augurer de ce qui va se passer ultérieurement ou de ce qui se
passerait ultérieurement si les Québécois ne faisaient pas
la souveraineté. Alors, rappelons que le ministre, comme le gouvernement
du Parti libéral, a fait tout un plat avec le fait que les transferts
fédéraux augmen-
taient plus rapidement dans les provinces riches que dans les provinces
moins bien nanties. Cette critique visait non seulement le programme de
péréquation, mais aussi les programmes à frais
partagés qui, soit dit en passant, favorisent le gaspillage, comme on
l'a vu. De ce côté, j'ai l'impression qu'à la suite des
discussions, pour les deux prochaines années, rien ne changera parce
qu'ils n'ont pas été affectés, si nous comprenons bien -
si ce n'est pas exact, le ministre peut rectifier. Le ministre, depuis un bon
bout de temps aussi, des années, déchire sa chemise sur les
coupures dans le financement des programmes établis. En 1992-1993, selon
les renseignements contenus à l'annexe E du discours sur le budget, nous
les avons ici, les coupures annoncées depuis 1982, selon la compilation
de ses fonctionnaires, représentent un perte de près de 2 000 000
000 $; et même, depuis 1986, de 1 400 000 000 $ et plus, ou environ. Si
rien n'est changé, le ministre des Finances prévoit même
devoir commencer à rembourser à Ottawa à compter de
1996-1997 parce que, d'après ses prévisions, les points
d'impôt rendraient plus que ce qui nous reviendrait. Alors, si je
comprends bien, de ce côté-là aussi, rien n'a
changé. Bref, c'est l'échec. Le seul gain qui aurait
été fait au cours de ces discussions-négociations pourrait
l'être au plan de la péréquation. Il y a quelques
modifications techniques qui vont rapporter quelque 70 000 000 $ par
année. C'est sur une base annuelle, ces 70 000 000 $, d'après ce
qu'on comprend, parce que le changement dans l'année de base du calcul
du plafond fera sans doute en sorte que les droits de péréquation
ne seront pas plafonnés en 1992-1993. Bien qu'on ne sache pas exactement
combien tout cela pourrait représenter pour le Québec - j'ai
l'impression que, peut-être depuis, on peut l'avoir chiffré, mais
en même temps, c'est que si les bases sont encore inconnues, ça
peut aussi dépendre de la situation d'autres provinces - c'est 70 000
000 $ par année dans l'ensemble, 70 000 000 $. Il y a,
évidemment, une mesure qui représente un paiement unique, non
récurrent, de 130 000 000 $; c'est pour le Québec, je ne sais pas
jusqu'à quel point ça affecte les autres. Si je comprends le
chiffre pour 1992-1993, c'est 130 000 000 $, paiement unique non
récurrent, plus un 70 000 000 $ qui, lui, serait récurrent,
à cause de changements techniques, de modifications techniques. Alors,
si le ministre des Finances comptait revoir l'ensemble des programmes de
transfert et les rendre plus équitables pour les provinces moins bien
nanties, il doit reconnaître qu'il n'a pas gagné grand-chose.
M. Levesque: Sur?
M. Léonard: Sur ses négociations avec le
fédéral.
M. Levesque: Quels programmes?
M. Léonard: II y a les deux, mais c'est surtout au titre
du financement des programmes établis...
M. Levesque: O.K.
M. Léonard: ...que le désengagement
fédéral va le plus se poursuivre, si je comprends bien. Mais les
gains au chapitre de la péréquation sont aussi très
minces; ils se situent seulement à 70 000 000 $ par année.
J'aurai d'autres questions, j'y reviendrai, parce que ça a l'air que
c'est fini.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. le
député de Labelle. M. le député de Bonaventure et
ministre des Finances.
Discussion générale
M. Levesque: Merci, M. le Président et
député de Saint-Louis. M. le Président, j'aimerais
immédiatement relever certaines affirmations de la part du
député de Labelle en même temps que, peut-être,
tenter de répondre à certaines de ses interrogations. Le
député de Labelle rappelle avec raison que le document dont nous
faisons l'analyse aujourd'hui est déjà quelque peu
dépassé, parce qu'il ne fait état que de l'état des
opérations jusqu'au 30 septembre 1991. C'est tout à fait normal
qu'il en soit ainsi. Le député de Labelle mentionnait qu'on
aurait peut-être pu se rencontrer au mois de janvier plutôt qu'au
mois de février...
M. Léonard: Au mois de décembre, aussi.
M. Levesque: ...mais je crois qu'on lui avait offert - sans
être méchant - on lui avait offert le mois de janvier, mais il
avait d'autres occupations à ce moment-là. Je vous le rappelle
fraternellement...
M. Léonard: Entre le 29 et le 4. M. Levesque: ...et
amicalement. M. Léonard: Entre le 29 et le 4.
M. Levesque: En tout cas... il a soulevé le
problème et il m'amène à faire une certaine
précision. Mais j'ai essayé d'accommoder le député
de Labelle, comme je le fais régulièrement. Si on avait,
évidemment, présentement, la synthèse au 30
décembre, est-ce qu'il y aurait - c'est ça, sa question - des
changements que l'on pourrait noter? Sans doute, mais la synthèse du 30
décembre a toujours été déposée au mois de
mars depuis que ces synthèses existent, à ma connaissance. Tout
de même, je comprends qu'il aimerait avoir des indications un peu plus
fraîches - si je peux employer le mot - sur la situation
financière du gouvernement.
Je dois dire que - on parie, quoi, de l'ordre de 4 000 000 000 $
présentement de déficit prévu - je suis, à ce
moment-ci, confiant qu'on va être encore dans cet ordre de grandeur, mais
je dois vous donner cependant certaines indications qui m'empêchent
d'être plus précis. La question m'a été
posée, d'ailleurs, lors de la conférence de presse que j'ai
tenue, jeudi dernier, à l'issue de la conférence
fédérale-provinciale des ministres des Finances. C'est normal que
le député de Labelle, qui est le critique de l'Opposition
officielle, me pose la question, mais H a suffisamment d'expérience
lui-même pour savoir qu'il me manque des renseignements pour pouvoir
être plus précis.
D'abord, les recettes de janvier, qui reflètent l'activité
économique de décembre - et vous savez que décembre, au
point de vue des ventes au détail, c'est extrêmement important
dans nos calculs - les données réelles ne seront disponibles que
vers le 21 février. Ça, c'est une chose.
Deuxièmement, les recettes du mois de mars, c'est à ce
moment que seront disponibles les ajustements finals pour les
sociétés, sociétés d'État, dont
l'année financière se termine le 31 décembre. Je dois donc
attendre encore pour ces données-là. Ça, c'est pour les
revenus autonomes.
Quand je regarde du côté des transferts
fédéraux, le fédéral révisera certains de
ces calculs aux transferts fédéraux d'ici la fin de
février. Un certain nombre d'éléments seront pris en
compte. D'abord, les résultats finals à l'impôt
fédéral de base et à l'impôt des
sociétés pour 1990. Il y aura aussi la prise en compte possible
des résultats de l'enquête annuelle sur les ventes au
détail pour 1989 pour corriger les résultats de l'enquête
mensuelle. Vous vous rappellerez sans doute qu'il y avait eu un chiffre qui
avait circulé à l'automne et qui était assez
inquiétant, préoccupant, parce que ces résultats mensuels
étaient de nature à nous défavoriser. Mais nous comptons
que, lorsque le gouvernement fédéral analysera non pas les
résultats mensuels mais l'ensemble de l'année, on arrivera, je
l'espère bien, à des données du gouvernement
fédéral qui seront plus favorables pour le Québec. Mais,
encore là, ça se discute présentement.
Une voix: On attend les chiffres. C'est des séries
statistiques qui viennent à un moment donné.
M. Levesque: Alors, comme le sous-ministre me l'indique, on
attend encore ces dernières données. Maintenant, il y a des
corrections à apporter à l'assiette des immatriculations pour
corriger certains problèmes de données. Alors, vous voyez, 0 y a
suffisamment d'indications ici sur les transferts fédéraux qui
font qu'on ne peut pas être précis dans ce domaine-là
encore d'ici la fin de mars probablement, d'ici le mois de mars.
Maintenant, pour les dépenses, le dépassement
annoncé à la synthèse au 30 septembre était de 375
000 000 $. Les pressions sur les dépenses demeurent importantes. De
fait, des gestes ont été posés avant Noël pour
restreindre le dépassement 1991-1992 à 375 000 000 $. Il n'en
demeure pas moins qu'on fait face à un défi de tous les jours,
tous les jours. (15 heures)
Alors, pour résumer, les revenus autonomes du gouvernement
sont-ils ou ne sont-ils pas en ligne? Ils l'étaient pas mal à la
fin de décembre, parce que en janvier, vers le 21 janvier, on a les
chiffres de la fin de décembre, révisés. Nous
étions à peu près «on target», si on peut
dire. Ça correspondait pas mal aux données de la
synthèse.
Nous avons eu quelques mauvaises journées dans les recettes de
janvier. Je dis nous avons eu quelques mauvaises journées dans les
recettes de janvier, mais encore, comme je vous le mentionnais tout à
l'heure, il faut attendre parce que, les recettes, ce n'est pas
nécessairement les revenus. Alors, il faut attendre que tout soit
compilé et qu'on ajoute toutes les données pour arriver. Et
ça, on ne pourra pas avoir ça avant le 21 février, c'est
ça? Alors, pour le moment, je suis encore confiant qu'on puisse tenir le
fort sur les revenus. Mais il va falloir que je passe les mois de
février et puis de mars avant de pouvoir répondre d'une
façon satisfaisante à cette question-là.
Pour les transferts fédéraux, ce sont les données
que je viens de mentionner, mais je ne m'attends pas à de gros
changements d'ici le 31 mars. Mais, encore là, je ne voudrais pas mal
renseigner la commission. Sur les dépenses, évidemment le Conseil
du trésor a une commande importante. Je devrai attendre que nous
passions à travers encore ces quelque soixante jours qui restent avant
la fin de l'année financière. Si je voulais donner toute ma
pensée, je pense que, si on n'a pas trop de mauvaises nouvelles, on
pourrait être pas loin de l'ordre de grandeur prévu. Mais, encore
là...
Ça, c'est une chose. Maintenant, le député de
Labelle a parié des taxes à la consommation. A ce propos, je dois
lui dire qu'il y a un écart, mais qui devrait graduellement être
comblé au cours de l'année, pour les raisons d'ailleurs que le
député de Labelle a lui-même données. C'est qu'il y
a des revenus qui s'accroissent graduellement au cours de l'année, parce
que les taxes qui ont été annoncées le 2 mai n'ont pas
été mises en vigueur en même temps mais graduellement,
c'est-à-dire qu'il y en a eu le 1er juillet, je pense, le 1er septembre?
Le 1er janvier. Alors, c'est pour ça que la première partie
couverte par la synthèse, évidemment, donne des résultats
moindres que la moyenne de l'année.
Le député de Labelle a ensuite parié du Fonds de
développement technologique.
Le Président (M. Chagnon): Je vais être
obligé de demander au député de Labelle de vous donner la
permission pour pouvoir continuer. Je pense que vous avez expiré votre
10 minutes de temps de parole déjà.
M. Levesque: Je peux bien continuer plus tard. J'y
reviendrai.
M. Léonard: Bien juste, bien peut-être-Oui, bien on
y reviendra aussi.
M. Levesque: Je voulais lui donner une réponse
complète, M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): Non, je... C'est ce que
nous...
M. Léonard: Bien, on pourra revenir là-dessus.
Disons qu'avant que vous poursuiviez, je vais rester sur les taxes à la
consommation. J'ai parlé des taxes à la consommation en
général, parce qu'il y a des variations compte tenu de
l'entrée en vigueur de la TVQ, de la réforme de la TVQ. On ne
peut pas comparer chacun des postes à l'intérieur, il faut
prendre l'ensemble. C'est pour ça que, pour moi, le chiffre le plus
significatif, c'est qu'il est entré seulement 8,6 % des taxes alors que
ce qui aurait dû entrer, c'est 12,6 %.
Il y a différents éléments, j'en avais
souligné un, qu'il y a des taxes qui sont entrées en vigueur au
cours de l'été, puis au cours de l'automne et le 1er janvier, en
particulier le 0,045 $ sur l'essence. Vous en avez fait un salami que vous avez
distribué par tranches au cours de l'année. Alors là, je
comprends que ça va s'additionner graduellement. Mais, au-delà de
ça, ce dont on nous parle, c'est que les ventes auraient baissé
de façon très significative, et qu'autour de Noël vraiment
la consommation n'aurait pas été au rendez-vous. L'autre chose,
c'est les taxes d'accise sur la cigarette, la taxe de vente maintenant. Le
rendement de la taxe sur le tabac aurait été vraiment plus faible
que prévu. Est-ce que, là-dessus, vous avez des indications
précises? Parce que tout le monde s'interroge.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Levesque: Nous ne sommes pas d'accord avec cela, de
façon générale, parce que nous avions prévu,
évidemment, qu'il y aurait une diminution de consommation. Il faut bien
comprendre que, lorsqu'il y a une augmentation de la taxe sur le tabac, il faut
prévoir, et on a prévu qu'il y aurait une diminution de
consommation. Je reviens à la réponse originale, c'est qu'on
devrait arriver, à la fin de l'année, approximativement au
même montant que prévu, à moins de choses que je ne sais
pas au moment où je vous parle. Mais, normalement, on devrait arriver
à cette...
Au lieu d'avoir le 8,6 % dont vous parlez, on aurait probablement le
12,2 % qui était prévu. Mais il faudra attendre pour voir qui...
Vous êtes d'accord que...
M. Léonard: Ce que ça veut dire, si vous me
permettez, M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Ce que ça veut dire, c'est que
l'augmentation du rendement de ces taxes-là, pour la deuxième
partie de l'année, devra être de 15 % ou 16 % de plus que l'an
dernier à pareille période. Ce qui me paraît une grosse
commande. Quand je pariais du tabac, ce n'est pas que la consommation aurait
baissé, mais que les revenus ont baissé. Cela serait un
indicateur très précis sur le degré de contrebande qu'il y
aurait à cet effet, sur ce revenu.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Levesque: évidemment, si vous pariez de ce que nous
perdons ou de ce que nous calculons perdre par année sur la question de
la contrebande - d'abord, il y en a toujours eu un peu - ce qu'on
prévoit, c'est de l'ordre de 70 000 000 $. C'est pour ça que nous
avons pris des mesures aux frontières, par ce que vous avez
appelé la police du tabac. Par ces moyens, nous tâchons de
préserver, évidemment, le revenu dans l'intérêt des
Québécois. C'est important que les revenus arrivent au fonds
consolidé pour répondre aux besoins des Québécois
et des Québécoises.
Quels sont les résultats? Il est beaucoup trop tôt,
évidemment, pour que ça soit conclusif et définitif.
Ça ne vient que d'être mis sur pied, il y a très peu de
temps. Nous espérons... D'ailleurs, vous savez, à ce propos, il y
a une autre mesure qui a été prise pour protéger aussi la
taxe de vente. Vous avez parlé des activités qui se faisaient
outre-frontière et qui faisaient qu'on pouvait risquer de perdre
certains revenus. Nous avons fait des arrangements avec le gouvernement
fédéral, c'est-à-dire les deux ministères du
Revenu, le ministère du Revenu du Québec et le ministère
du Revenu fédéral, pour qu'on puisse faire en sorte que les
marchandises qui sont taxables, à ce moment-là, qu'il y ait une
perception qui se fasse à la frontière. Ceci était
possible pour le Québec à cause de notre harmonisation avec la
taxe fédérale. Évidemment, si on n'avait pas
été harmonisé, ça aurait été
très difficile, au point de vue pratique, de pouvoir faire cette
perception. Il y a au moins cet avantage-là que j'aime à
souligner.
D'ailleurs, les autres provinces qui ont demandé les mêmes
services du gouvernement fédéral ont dû attendre leur tour
parce que tant qu'elles ne seront pas harmonisées, c'est très
difficile pour l'agent fédéral, après avoir
ajouté le 7 %, d'ajouter le 8 % si ce n'est pas harmonisé.
Ça prendrait quelqu'un d'assez bien renseigné partout pour savoir
ce qui est taxé et ce qui n'est pas taxé à certains
endroits. À savoir si les pistaches salées le sont ou les non
salées le soient, enfin... les ventes par la poste, etc.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle, est-ce que vous souhaitez que le ministre des Finances continue les
réponses aux questions que vous lui aviez posées?
M. Léonard: Sur les taxes à la consommation, on
pourrait peut-être avoir un échange. Au mois de Juin, le ministre
du Revenu s'est amené en commission parlementaire avec le projet de loi
370. Je pense qu'il avait même deux projets de loi. Il y en a un autre et
son frère, un qui portait sur le tabac et l'autre qui portait sur
l'essence. Dans les journaux, il circulait, à l'époque, que le
gouvernement perdait ou risquait de perdre quelque 300 000 000 $. Le ministre
du Revenu n'a pas confirmé, mais il n'a pas catégoriquement
démenti. Là, vous nous dites que vous estimez la perte à
70 000 000 $ par rapport à l'an dernier et puis vous avez admis qu'il y
avait déjà de la contrebande qui se faisait. Est-ce que...
M. Levesque: Vous savez, ce n'est pas moi qui ai inventé
ça. Il s'en faisait dans les années passées aussi. Il s'en
est fait depuis des décennies.
M. Léonard: Plus vous augmentez ia taxe, plus vous allez
augmenter la contrebande. La question devient: Est-ce qu'au fond, vous
êtes capable, vous serez capable, par des mesures de répression,
de contrôler la contrebande? Ce qui a toujours été une
grande question pour les gouvernements. J'imaginais que, si vous harmonisez
avec le fédéral, c'est-à-dire que vous imposez la
même taxe, au fond, vous allez dans le même sens, vous augmentez
les taxes. En réalité, l'intérêt de la contrebande
augmente davantage vers les États-Unis. Donc, il y a ce facteur qui est
très important, d'autant plus qu'il y a des éléments qui
font de la contrebande de façon organisée, par chez nous, et,
à ce qu'on voit, on n'est pas sûr que le gouvernement
contrôle bien la situation.
En tout cas, quoi qu'il en soit, il y aurait des pertes importantes.
Vous nous parlez de 70 000 000 $. Vous confirmez qu'il y a des effets,
finalement, à l'augmentation des taxes sur le tabac et sur l'essence,
qui font que le gouvernement ne peut pas, sous l'intérêt de la
contrebande, contrôler la situation et qu'il perd, donc,
là-dedans.
Le Président (M. Chagnon): La loi est plus
compliquée sur l'essence que sur le tabac, pour faire une certaine
contrebande.
M. Levesque: Oui, mais je n'ai pas parlé de l'essence, M.
le Président, j'ai parlé du tabac.
M. Léonard: Non, monsieur. Il y avait un projet de loi qui
donnait des pouvoirs très étendus au ministre du Revenu, au mois
de juin. Il y avait deux projets de loi, dont un sur l'essence. Il paraît
que la contrebande sur l'essence était aussi très importante.
Le Président (M. Chagnon): Vous avez terminé votre
question, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Je vais juste corriger, là. Les projets
de loi dont il s'agissait, c'étaient plutôt 134 et 135, 134
portant sur la taxe sur le tabac et 135, sur l'essence.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que vous avez d'autres
commentaires, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Non, mais je pense qu'on va terminer cet
aspect de la question. Je ne sais pas si le ministre veut...
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Levesque: Oui. À ce propos-là, on m'informe que,
même si on avait calculé que ça pouvait équivaloir
à 70 000 000 $, cette contrebande-là, en fait, les revenus du
gouvernement ont été moins affectés que cela parce que ce
que nous avions prévu comme baisse de consommation a été
moindre que prévu. Aussi, dois-je ajouter, nous sommes prêts
à prendre notre part de responsabilité sur l'augmentation des
taxes sur les cigarettes, mais il faut dire que le gouvernement
fédéral avait passé avant nous, au mois de février,
et avait, si ma mémoire est fidèle, à peu près 75
cents le paquet. C'était beaucoup plus que ce que nous avons
annoncé par la suite. Alors, je pense bien qu'il faut rendre à
César ce qui appartient à César: Redde Caesari quae sunt
Caesaris, et quae sunt Dei Deo, si ma mémoire est fidèle. Je
pourrais continuer à donner d'autres petits renseignements rapides,
si...
Le Président (M. Chagnon): Tempus fugit inexorabile
et...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Est-ce que ça prend un livre de Tacite
sur la table? (15 h 15)
M. Levesque: Le Fonds de développement technologique,
rapidement. Le député de Labelle sait comme moi que, lorsqu'on a
mis ça en place... Ça prend énormément de temps
pour
attacher tous ces grands projets mobilisateurs. La première
année, pendant que se faisait tout cela, en 1990-1991, les
dépenses ont été minimes, minimes, en 1990-1991.
«Minimes» est peut-être exagéré parce qu'on
vient nous parler ici de virements qui ont été faits au
ministère. Alors, il y a eu un virement de 13 000 000 $ sur 60 000 000
$. Donc, il faut aussi ajouter ça au minime. Alors, les crédits
initiaux, cette année, étaient de 44 000 000 $ en 1991-1992. Il y
a eu un virement aux divers ministères pour différents projets,
de 21 600 000 $. Donc, il reste encore au Fonds 22 400 000 $ et les
dépenses probables, au 31 mars, sont de 22 400 000 $. Donc, apparemment,
d'après les renseignements qu'on me donne, ça devrait être
complètement utilisé.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...est-ce qu'on pourrait déposer ce
document que le ministre a eu dans ses mains? Peut-être pourrait-il le
déposer?
M. Levesque: Ça vient du Conseil du trésor. J'aime
autant que ce soit le Conseil du trésor qui le dépose. Je ne veux
pas me faire disputer, moi. On peut transmettre l'information qu'on vient de
transmettre, me dit mon sous-ministre. Mais je ne veux pas non plus
déposer des choses qui ne relèvent pas de mon...
M. Léonard: II me semble avoir écouté
attentivement. Vous dites: II y aura 22 400 000 $ de dépensés et
il y a juste 21 600 000 $ de transférés.
M. Levesque: II y a des virements pour...
M. Léonard: II y a 22 400 000 $ qui sont dans le Fonds et
qui seraient dépensés, déboursés.
M. Levesque: Pas nécessairement. Il y a une partie qui est
déboursée à l'heure actuelle, mais on ne sait pas si
ça va se débourser d'ici la fin de l'année.
M. Séguin (Claude): Le Fonds fonctionne un peu comme le
fonds de suppléance.
Le Président (M. Chagnon): M. le sous-ministre,
pourriez-vous vous identifier, s'il vous plaît?
M. Séguin: Oui, Claude Séguin. Les crédits
qui sont prévus au Conseil exécutif, c'est un peu comme le fonds
de suppléance. Lorsque les projets sont acceptés et sont
prêts à accueillir la subvention, les fonds sont
transférés dans le ministère porteur, soit le
ministère de l'Industrie et du Commerce, soit le ministère de
l'Environnement. Donc, quand vous avez remarqué, à juste titre,
qu'il y avait 22 000 000 $ qui avaient l'air d'être partis de la
dépense, c'est-à-dire au Conseil exécutif, c'est que
ça a été transféré aux ministères.
Donc, ça ne veut pas dire que la dépense ne se fera pas ou que
ça a été périmé, c'est juste que les fonds
ont été transférés aux ministères pour
chacun des projets qui font l'objet d'une dépense en cours
d'année.
M. Levesque: Ça, c'est le 21 600 000 $.
M. Séguin: Ça, c'est les 21 600 000 $. Il reste 22
000 000 $ dans les crédits au Conseil exécutif. L'information
qu'on a, c'est qu'on prévoit à ce moment-ci - on prévoyait
et on le prévoit toujours - qu'au 31 mars, ces 22 000 000 $ vont faire
l'objet aussi de dépenses et vont probablement être
transférés aux ministères, ce qui fait qu'à la fin
de l'année, il va y avoir des dépenses possiblement de
zéro au Fonds de développement technologique comme tel.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. le sous-ministre, en
vous rappelant que vous vous adressez toujours à la
présidence.
M. Léonard: M. le Président, ce qu'on vient de nous
expliquer, c'est le mécanisme de transfert des crédits. Ce n'est
pas le paiement ou le déboursé des dépenses. C'est
très différent. C'est un des problèmes auxquels est
confronté le Fonds de développement technologique depuis le
début. Je rappelle qu'il a été annoncé, en 1988,
avec tambour et trompette - c'est le moins qu'on puisse dire - qu'on devait
débourser 300 000 000 $ dans les cinq ans. Or, ce qui se passe, c'est
que, d'une année à l'autre, on annonce des dizaines de millions,
des dizaines de millions et des superprojets, mais les déboursés
ne se font pas. Et souvent, même les projets ne se réalisent pas,
de sorte que ça meurt quelque part entre l'Exécutif, le
ministère, le ministère et l'entreprise. D'une année
à l'autre, finalement, il n'y a pas grand-chose qui se passe. En termes
de développement technologique, c'est une pitié!
M. Levesque: Moi, je sais fort bien qu'il y a eu de gros
dossiers, mais que ces gros dossiers-là ne sont venus à terme
qu'au cours de cette année. L'an dernier, on n'a pas pu commencer
à utiliser des fonds alors que les dossiers n'étaient pas
prêts. Mais il y a eu de gros dossiers mobilisateurs qui sont venus
à échéance, il n'y a pas tellement longtemps. Ça,
ça dégage des engagements de la part du gouvernement. À
même ce Fonds, quelle est la somme qui sera réellement
versée d'ici le 31 mars? Je ne peux pas vous répondre.
Peut-être que les ministres sectoriels pourraient répondre. C'est
à eux, évidemment, de donner suite à ça.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je pense qu'il y encore des explications
à venir.
M. Levesque: L'an dernier, sur les 13 000 000 $ dont je vous ai
parlé et qui ont été transférés, tes
dépenses véritables ont été de 12 900 000 $. Alors,
on voit que les 13 000 000 $ ont été utilisés,
d'après les renseignements que j'ai devant mol.
M. Léonard: Déboursé? 12 900 000 $? M.
Levesque: Oui.
M. Léonard: II y avait 60 000 000 $ de crédits l'an
dernier.
M. Levesque: Mais je vous ai dit qu'on était parti
lentement, l'an dernier, parce que les projets mobilisateurs en question
n'étaient pas mûrs. Ce n'était pas...
M. Léonard: Je rappellerai au ministre que ce n'est pas
parti l'an dernier. Ça a été annoncé en 1988. Donc,
en l'année 1988-1989, peut-être qu'il n'y a pas eu grand-chose,
mais 1989-1990 et 1990-1991 ont été les deux pleines
années du Fonds. Là, on est en 1991-1992 et c'est la
troisième année.
M. Levesque: Oui, mais ça prend ce temps-là, que
voulez-vous! On n'a pas fait exprès pour retarder. L'initiative vient de
l'entreprise privée en bonne partie aussi. Les universités sont
mises à contribution.
Le Président (M. Chagnon): Ce n'est pas impossible qu'il y
ait un dépassement en 1991-1992, dépassement par rapport au 60
000 000 $ budgeté. C'est un 60 000 000 $ budgeté sur cinq ans,
ça faisait 300 000 000 $. Il n'est pas impossible qu'en 1991-1992 et
1992-1993, le plafond soit dépassé largement.
M. Levesque: Ça, je ne le sais pas.
M. Léonard: Cette année, il a été
voté seulement 44 000 000 $ de crédite...
M. Levesque: C'est ça que je vous ai dit. C'est ce que je
vous ai dit.
M. Léonard: On est loin du 60 000 000 $. M. Levesque:
C'est ce que je vous ai dit.
M. Léonard: Mais le rattrapage n'est pas fait.
M. Levesque: Mais l'an prochain et l'année suivante,
probablement que ce sera comme M. le Président l'indique.
M. Léonard: II faut constater, M. le Président,
à l'adresse du ministre des Finances, que, même quand il y a 44
000 000 $, ce sont des engagements de 44 000 000 $. Le 44 000 000 $ ne sera pas
nécessairement dépensé cette année. Il va
être engagé, mais il peut être déboursé dans
un an, dans deux ans. Comme le ministre est un spécialiste de toutes les
techniques de caisse-recette, caisse-déboursé, je comprends qu'il
équilibre son budget sur les économies de la recherche
technologique.
M. Levesque: Nous avons maintenant les lois 129 et 130 qui font
qu'il y a beaucoup moins de flexibilité qu'il n'y en avait avant.
Ceci étant dit, j'aimerais ajouter un mot sur la
péréquation et les transferts fédéraux. À ce
propos, disons d'abord quelles sont les plus récentes nouvelles; ce sont
celles que nous avons connues, jeudi dernier, lorsque nous avons eu la
conférence fédérale-provinciale des ministres des Finances
à Québec.
J'ai dit que j'étais modérément satisfait des
résultats. J'ai été satisfait parce que nous avons
gagné des sommes assez importantes et j'ai ajouté le mot
«modérément» parce que cela n'était pas
suffisant, évidemment, pour régler nos problèmes
budgétaires et que, deuxièmement, je ne pouvais pas être
satisfait d'un façon euphorique alors que, dans les années
passées, nous avions connu, depuis 1982, des coupures qui nous ont fait
mal. Alors, c'est ça qui explique la façon dont j'ai
résumé ma réaction à ce moment-là.
Qu'est-ce que c'était, ce que nous avons obtenu? Nous avons
obtenu plusieurs choses, mais deux choses très concrètes.
Nous avions un contentieux avec le gouvernement fédéral
depuis déjà quelque temps. J'avais commencé à
plaider ça avec M. Wilson et c'est finalement avec M. Mazankowski que
ça s'est réglé. C'était qu'il y a une interaction
entre la péréquation et le financement des programmes
établis. Dans le calcul du financement des programmes établis, on
tient compte des points d'impôt, on tient compte également de la
péréquation. En tenant compte de la péréquation, la
soustraction qu'on faisait ne tenait pas compte du plafond qu'on avait mis
à la péréquation, de sorte qu'on soustrayait le montant au
complet sans tenir compte du fait qu'on avait perdu avec le plafond. Alors,
à mon sens, c'était une aberration de faire ça. On ne
pouvait pas ne pas tenir compte de l'existence du plafond quand on faisait des
calculs dans le financement des programmes établis. J'ai plaidé
ça je ne sais combien de fois pour expliquer que ça n'avait aucun
sens. J'avais presque réussi avec M. Wilson. Quand on a changé de
ministre, j'ai été obligé de recommencer. Alors,
j'étais très
heureux, évidemment, à ce point de vue là qu'on me
donne raison et qu'on accepte de verser ces 128 000 000 $ ou 130 000 000 $,
rétroactivement évidemment.
L'autre item...
Le Président (M. Chagnon): Effectivement en quelle
année?
M. Levesque: En 1989, si je me rappelle bien. En 1988-1989. En
1988-1989, 1989-1990 et 1990-1991.
Le Président (M. Chagnon): 130 000 000 $ par
année.
M. Levesque: Non, 30... C'était combien par
année?
Le Président (M. Chagnon): Une trentaine de millions. O.K.
C'est 130 000 000 $.
M. Levesque: Quelque 40 000 000 $ par année, quelque chose
comme ça.
L'autre item, c'étaient plutôt des ajustements aux bases
qui forment l'ensemble des données pour établir la
péréquation. On prend, par exemple, les impôts fonciers, la
taxe de vente, différents revenus qui, une fois que vous changez
certains barèmes, certaines façons de faire les calculs, vous
pouvez à ce moment-là arriver à des conclusions
différentes. Et ça, évidemment, c'est quelque chose qui
nous a donné une somme de 70 000 000 $ pour le Québec. Ceci,
évidemment, compte encore pour l'année prochaine, 1992-1993.
Donc, c'est 70 plus 70 plus 130, à peu près. Ça fait
à peu près 270 000 000 $. Maintenant, vous dites: Est-ce que
ça règle tout? Non, ça ne règle pas tout. C'est une
autre chose que nous avons obtenue. C'est que nous ne voulions pas, comme le
député de Labelle l'a évoqué tout à l'heure,
régler pour cinq ans à ce moment-ci alors que le gouvernement
fédéral n'est pas dans la meilleure santé
financière. Je ne pense pas que ça aurait
été...
M. Léonard: Est-ce que vous avez fait votre discours sur
les déficits budgétaires au fédéral, en
négociant?
M. Levesque: Sur les déficits budgétaires? M.
Léonard: Oui, oui.
M. Levesque: Comment ça? Sur quels déficits? Sur
les vôtres, les nôtres? Ha, ha, ha!
M. Léonard: Le leur...
M. Levesque: Non, ils le savent. Ils n'ont pas besoin de moi pour
leur dire. Sauf qu'eux ont au moins l'avantage d'avoir des effets favorables
avec la baisse des taux d'intérêt, étant donné que
leur dette est beaucoup plus à court terme. Ils peuvent voir un peu la
lumière au bout du tunnel, contrairement à nous qui avons une
dette qui est beaucoup à long terme. En même temps, nous avons les
coûts de programmes qui augmentent sensiblement.
Le Président (M. Chagnon): La proportion de la dette
à long terme au Québec, c'est 75 %, 80 %?
M. Levesque: À long terme, à peu près 75 %
qui n'est pas flottant. Disons que nous allons pouvoir, durant ces deux
années - parce que ce n'est pas une période de cinq ans, mais une
période de deux ans - continuer de travailler sur certains items
où nous voulons des changements dans la péréquation,
particulièrement sur les impôts fonciers. Nous avons une approche
dans les impôts fonciers qui fait que, si notre point de vue était
retenu, ceci augmenterait la péréquation sensiblement chez nous.
Quand je dis «sensiblement», c'est beaucoup d'argent.
M. Léonard: Quel est votre point de vue?
M. Levesque: Mon point de vue, c'est qu'on ne peut pas
considérer les impôts fonciers de la façon dont on le fait
dans l'évaluation, par exemple, des terrains. Par exemple, si on veut
prendre un terrain à Montréal ou un terrain à Toronto ou
un terrain à Vancouver, on va penser qu'il y a une différence de
valeur. Autrement dit, la résidence qui est sur un terrain donné
à Montréal ou à Toronto ou à Vancouver, la valeur
du terrain, d'après nous, n'est pas la même. Or, pour eux, c'est
la même chose.
Le Président (M. Chagnon): La valeur des
résidences, dans le programme du gouvernement fédéral qui
est sorti ce matin, 5 % de l'achat de la maison...
M. Levesque: Oui, j'ai vu les chiffres, oui.
Le Président (M. Chagnon): ...ne sont pas du tout les
mêmes entre... Montréal et Ottawa, on met 175 000 $; Toronto et
Vancouver, 250 000 $.
M. Levesque: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Chagnon): Les limites... (15 h 30)
M. Levesque: Là, ils comprennent très bien la
situation. Ha, ha, ha! Mais, là-dessus, d'après notre approche,
si elle était retenue - et nous allons travailler là-dessus -
nous aurions des gains importants à faire. Mais en plus de ça,
nous avons obtenu que durant ces deux années-là, nous puissions
non seulement faire du travail sur la péréquation, mais que nous
continuions le travail du comité qui a été mis en place
pour
l'ensemble des transferts fédéraux, et ceci inclut ce qui
vous préoccupait, ce qui préoccupait le député de
Labelle, le financement des programmes établis. Alors, ça veut
dire, ça, que nos fonctionnaires, avec les fonctionnaires du
fédéral, vont pouvoir continuer Immédiatement à
travailler sur l'ensemble de ces transferts.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Levesque: J'avais d'autres choses...
Le Président (M. Chagnon): Oui, excusez. Vous pouvez
terminer, M. le...
M. Levesque: Comme vous voulez. Moi, je peux attendre.
M. Léonard: Ou!, bien, je ne sais pas s'il y a une
alternance, encore. Bien, c'est parce que... Moi, je veux bien vous entendre
là-dessus, mais quelles sont les demandes du Québec? Quelle est
la position du Québec, présentement? Quand vous dites que vous
êtes d'accord pour un traitement différent quant à
l'impôt foncier, dans quel sens le faites-vous jouer? Parce que nous
savons tous que les terrains ont des valeurs très différentes
à Toronto et à Vancouver surtout ou, en tout cas, en
Colombie-Britannique. Il y a un impact sur les subventions et les avantages
offerts par les programmes fédéraux qui sont beaucoup moins
grands pour les programmes québécois... pour les
Québécois que pour les autres.
Maintenant, comment cela affecte-t-il la péréquation et
quelle est... En quoi vous avez fait valoir des points de vue là-dessus?
Est-ce que cela signifie qu'éventuellement, vous allez, vous aussi,
modifier la base sur laquelle repose l'impôt foncier au Québec et
que vous allez augmenter le rendement de cette taxe de telle sorte que cela va
affecter éventuellement la péréquation? Parce qu'au fond,
on sait qu'en Ontario, règle générale, le
propriétaire paie cher sa maison, mais quand il achète sa maison,
il l'achète avec les trottoirs, avec les égouts, les aqueducs et
l'asphalte.
Le Président (M. Chagnon): C'est comme ça, ici,
maintenant aussi.
M. Léonard: Maintenant. Mais ce n'est pas
généralisé, de sorte que ça fait une grosse
différence sur le prix.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que vous savez si les
taux d'évaluation en Ontario sont uniformisés comme ils le sont
au Québec?
M. Léonard: Non. Il y a un problème majeur
d'évaluation en Ontario.
Le Président (M. Chagnon): À travers la province,
oui?
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: M. Séguin, s'il vous plaît.
M. Séguin: M. le Président, Claude Séguin.
Essentiellement, disons, la péréquation cherche, par une
série de formules sur à peu près 38 sources de revenus,
à distinguer les disparités fiscales entre les provinces,
à trouver des moyens, dans le fond, de distinguer, de calculer les
disparités fiscales entre les provinces à partir de 38 sources de
revenus, de l'impôt sur le revenu des particuliers jusqu'aux droits sur
les boissons alcooliques.
Au niveau de l'impôt foncier qui est, dans le fond, la
deuxième plus grande source de revenus après l'impôt sur le
revenu des particuliers au Canada, l'origine de la méthode pour
distinguer les disparités fiscales entre les provinces date de
très longtemps, au moment où on avait peu de moyens de faire une
évaluation foncière normalisée à travers le Canada.
C'est une façon très indirecte... Il y a à peu près
deux pages d'équations mathématiques pour tenter d'approximer les
disparités fiscales. Ce que le Québec a défendu
là-dedans, c'est ia façon dont les équations cherchent
à approximer le calcul de la disparité, il ne calcule pas
vraiment la disparité. On n'est pas assez bien
différenciés par rapport au prix qu'on peut voir dans les grands
centres urbains comme Toronto ou Vancouver.
Donc, la position du Québec, là-dedans, a
été de demander au gouvernement fédéral d'adopter,
maintenant que les moyens d'évaluer les propriétés
foncières au Canada ont fait des pas de géant au cours des dix
dernières années... il est maintenant à peu près
possible d'évaluer, de se mettre sur la base de l'évaluation
foncière normalisée à travers le Canada pour trouver, dans
le fond, la capacité fiscale de chacune des provinces de lever des
impôts fonciers. On ne parle pas ici de changer les façons de
lever les impôts fonciers ou de changer le régime d'impôt
foncier, mais juste de reconnaître que la valeur d'une maison, disons, au
Québec, est généralement moins grande que la valeur d'une
maison dans la région de Toronto et que donc, ça vient, disons,
dans le fond, diminuer la capacité des gouvernements locaux, notamment,
de lever des impôts dans ces...
Le Président (M. Chagnon): En fait, c'est toute la
question de l'uniformisation des rôles de taxation interprovinciaux qui
est remise en question dans votre plaidoyer.
M. Séguin: Les problèmes techniques ne sont pas
tous réglés, mais c'est ça qu'au fond, on cherche à
gagner au niveau des discussions. C'est que, dans le fond, d'ici deux ans, on
en soit rendu à être capables de prendre l'évaluation
foncière normalisée.
M. Léonard: Ça remet en cause la dernière
page de l'annexe E du discours du budget pour 1990-1991. Vous aviez
estimé la disparité à 1 286 000 000 $.
M. Séguin: Non.
M. Levesque: On ne parle pas de la même chose,
là.
M. Léonard: Non, non c'est parce que la capacité
foncière, la capacité de l'impôt foncier était
évaluée par le gouvernement du Québec et par le
ministère des Finances, en particulier.
M. Séguin: Elle n'est pas évaluée selon la
formule de péréquation.
M. Léonard: Ah oui, mais ça ne fait rien,
ça. Ça va avoir des impacts là-dessus
éventuellement.
Le Président (M. Chagnon): il me semble que ce n'est pas
la même chose. Quand tu regardes tes revenus d'impôt foncier dans
une province par rapport à ton évaluation, tu peux faire la
comparaison d'une province à l'autre et estimer que tes
propriétaires fonciers d'une province sont plus taxés dans une
province par rapport à une autre. On peut établir un lien de
compétitivité.
M. Levesque: On sait que l'Ontario met beaucoup plus de taxes
foncières pour l'éducation que nous.
Une voix: Bien oui.
M. Levesque: C'est pour ça qu'il y a un
différentiel.
Le Président (M. Chagnon): Non seulement l'Ontario, mais
le Nouveau-Brunswick et les autres provinces.
M. Levesque: Non, pas seulement...
M. Léonard: Mais quand on se donne comme objectif de
combler le vide ou la différence entre les deux, ça peut avoir
quelques résultats concrets.
M. Levesque: Alors, nous allons continuer, comme je le
mentionnais, durant ces deux années-là, à essayer
d'améliorer le système des transferts.
Il y a eu une autre chose, évidemment, sur laquelle on a
passé assez rapidement, c'est que nous avons obtenu que le gouvernement
fédéral refasse ses devoirs sur la question de la
déduc-tibilité, d'autant plus que nous, au Québec, nous
étions visés particulièrement, étant donné
notre système... D'ailleurs, mon honorable ami était
peut-être présent lorsque vous avez décidé de
modifier la structure de la fiscalité corporative au Québec en
diminuant le taux d'impôt sur le revenu des sociétés et en
mettant plutôt l'accent sur le financement des services de santé
et la taxe sur le capital. À ce moment-là, tout cela était
déductible, les deux derniers items. Le financement des services de
santé et la taxe sur le capital étaient déductibles de
l'impôt fédéral.
Je pense que c'était M. Wilson qui avait annoncé, dans son
budget de février 1991, qu'il songeait maintenant à refuser cette
déduction-là. Or, ce qui est arrivé, c'est que ceci
frappait plus particulièrement le Québec, et nous avons
protesté vigoureusement. Même l'industrie... Je pense que le
député de Labelle était présent à un moment
donné. Il y avait une rencontre, je ne sais pas si c'est de la Chambre
de commerce à Montréal ou de l'Association des
manufacturiers...
M. Léonard: ...il n'y avait pas de ministre du
gouvernement du Québec. L'Opposition y était.
M. Levesque: C'est bien, c'est bien, c'est bien. On vous
félicite de vous intéresser à la question
économique. Pour une fois que vous avez laissé la
souveraineté pour une minute. Ça fait qu'on peut vous
féliciter. Peut-être que vous étiez la pour la
souveraineté aussi. Ha, ha, ha!
Ceci étant dit...
M. Léonard: Mais le ministre pourrait peut-être
admettre que si...
M. Levesque: Ah oui, bien, évidemment, il faut dire que...
J'avais oublié de conclure que nous avons réussi à faire
valoir notre point, qu'il y a un moratoire là-dessus et qu'on refasse
ses devoirs.
M. Léonard: M. le Président, si le ministre avait
été là, il aurait compris qu'effectivement les ministres
qui sont venus là l'avaient annoncé avant que lui rencontre le
ministre des Finances et que tout le monde était au courant que
ça s'en venait.
M. Levesque: Non, non. Les gens espéraient...
M. Léonard: Alors, je pense...
M. Levesque: Les gens espéraient. Moi, je cherchais aussi
à savoir quel serait le...
M. Léonard: Bien, vous n'étiez pas là. Vous
n'avez pas vu. Toute le monde avait conclu...
M. Levesque: Ah non, non. Ce n'est pas là que ça
c'est décidé.
M. Léonard: II a dit que d'ici la fin de semaine, il
annoncerait ça.
M. Levesque: Oui, il annoncerait quelque chose, mais il ne
l'avait pas annoncé.
M. Léonard: Moi, je pense que le ministre des Finances du
gouvernement fédéral, voyant la gourmandise que le gouvernement
du Québec, par son ministre des Finances, démontrait dans toute
espèce de champ de taxation depuis deux ans, a eu peur qu'effectivement
il continue d'exagérer dans ses taxes sur le capital et ses taxes sur la
masse salariale. C'est pour cela qu'il a énoncé l'intention de
légiférer et de ne pas laisser aller les choses parce qu'en
réalité, c'est ça qui se passait, et vous avez
risqué gros pour le Québec dans cette
opération-là.
M. Levesque: Non...
M. Léonard: C'est votre gourmandise, là, qui a
été...
M. Levesque: ...je pense que le député de Labelle
fait erreur. Ça ne lui arrive pas tellement souvent. Mais là, il
fait erreur. C'est que cette façon... cette structure-là
était en place et ce que craignait le gouvernement
fédéral, c'est que d'autres provinces veuillent adopter cette
même structure-là. Et ça, ça aurait affecté
ses revenus. Là, l'Ontario, en particulier, avait commencé
à se servir de cette structure-là d'une façon qui est
devenue un peu inquiétante pour le gouvernement
fédéral.
Une voix: Plus les dépenses.
M. Levesque: Hein?
Une voix: Plus les dépenses...
M. Levesque: Ah oui! Ah oui! En plus, évidemment, que le
gouvernement fédéral est un gros employeur en Ontario, en
particulier avec la capitale. Alors, c'est sûr que...
M. Léonard: C'est beau de le reconnaître.
Une voix: ...payer à deux places.
M. Levesque: Ceci a amené cette réflexion.
M. Léonard: Mais sur le fond de la question, finalement,
quand vous avez dénoncé le fait que les dispositifs du programme
et du FPE, du programme à frais partagés, favorisaient plus les
provinces riches, et l'ensemble des subventions fédérales, les
paiements de transfert, favorisaient davantage les provinces riches que pauvres
ou moins bien nanties, au fond, il n'y a eu aucun progrès de
réalisé sous cet angle-là au cours de ces
négociations. On a reporté, on a reconduit substantiellement ce
qu'il y avait pour deux ans et on dit: «A la mafiana». Dans deux
ans, on se reprendra en espérant que sur le plan constitutionnel, on ne
sera plus embarrassé et que le fédéral va pouvoir imposer
son point de vue avec beaucoup plus de force par la suite.
M. Levesque: II faudrait ajouter que pour le financement des
programmes établis, c'est un régime per capita, mais qui ne tient
pas compte de la capacité fiscale de chacune des provinces. Ça,
nous avons dit que c'était inacceptable, et il aurait fallu au moins
qu'on compense du côté de la péréquation pour ce
régime-là en particulier.
Deuxièmement, il faut dire que sur le régime d'assistance
publique du Canada, le gouvernement fédéral a installé
l'an dernier un plafond sur les prestations ou la contribution qu'il faisait
aux provinces pour les provinces mieux nanties, c'est-à-dire l'Ontario,
l'Alberta et la Colombie-Britannique, et ça, en mettant un plafond de 5
% sur ces contributions. Ceci, évidemment, était une mesure
à mon sens d'équilibre qu'il fallait... que le gouvernement
fédéral a jugé a propos d'instaurer.
M. Léonard: Ça fait juste stabiliser la situation
actuelle.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Ça ne corrige pas vraiment. Au fond,
là-dessus, la question demeure entière. Il y a un plafond que
tout le monde va contester un jour ou l'autre.
M. Levesque: Lequel? M. Léonard: Ce
plafond-là.
M. Levesque: Ça a été contesté.
Ç'a même été confirmé par la cour, par les
tribunaux. Mais lorsque je parle de plafond, moi, je pense surtout au plafond
de la péréquation et, à ce propos, lors de notre
réunion du mois de... de jeudi dernier, nous avons encore eu là
la confirmation nue pour 1992-1993, le plafond disparaissait pour nous qui
sommes parmi les provinces bénéficiaires de
péréquation.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Sur un autre sujet, les...
Le Président (M. Chagnon): Vous vous êtes entendus -
je vous pose la question. Je n'étais pas ici au début - sur les
engagements financiers. On va les faire à la fin?
M. Léonard: Oui, à la fin. On a reporté ce
point à l'ordre du jour un peu plus tard.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle. Il ne faut pas les oublier, toutefois.
M. Léonard: Oui, j'en...
M. Levesque: Oui. O.K. C'est arrivé. (15 h 45)
M. Léonard: Enfin, on a simplement reporté le
problème, je pense, à plus tard, sur toute cette question des
transferts fédéraux.
Maintenant, je voudrais discuter des mesures pour soutenir
l'économie. Le ministre a souligné, dans ses remarques
préliminaires, que le PIB avait progressé un peu moins que
prévu et que le taux de chômage était moins
élevé que prévu. Est-ce que je pourrais lui faire
remarquer d'abord une chose à ce sujet? C'est que les emplois, à
l'heure actuelle, les emplois permanents jusqu'à quand même tout
récemment - je n'ai pas les derniers chiffres du dernier mois -
continuaient de baisser, alors que les emplois à temps partiel, ce sont
eux qui bougeaient.
Donc, on assistait à un phénomène où la
précarité de l'emploi apparaissait de plus en plus dans la
société québécoise. Finalement, une bonne partie
des travailleurs à temps partiel se retrouvaient parmi les gens qui
travaillent très bien. Au moins, ils travaillent; c'est
déjà quelque chose de bien, sauf que, en termes de qualité
d'emploi, ce n'est pas ce que l'on peut souhaiter de mieux pour quelqu'un ou
pour les citoyens.
Je voudrais quand même souligner une chose, c'est que
malgré des conditions de crédit qui sont plus favorables - c'est
indéniable, les taux d'intérêt sont très bas - la
reprise économique tarde beaucoup à se manifester. Par exemple,
pour ce qui est du premier trimestre de 1992, Desjardins estime qu'il n'y aura
aucun redressement important de l'économie du Québec. Selon cette
institution, la confiance des consommateurs, en fait, attend le
rétablissement du marché du travail. Alors, les prévisions
de Desjardins, c'est que, par exemple, le PIB, en termes réels, a
crû de 0,9 % en 1990, il a diminué de 1,6 % en 1991 et il
augmenterait de 2,5 % en 1992. Donc...
M. Levesque: Pour où, ça? M. Léonard:
Le PIB réel. M. Levesque: Pour le Canada? M.
Léonard: Pour le Québec.
M. Levesque: On n'a pas baissé de 1,6 %. Il y a quelque
chose qui ne va pas, là.
M. Léonard: C'est l'estimation de Desjardins.
M. Levesque: C'est moins 1 %.
M. Léonard: Oui, mais au Canada, c'est moins 1,2 %.
M. Levesque: Puis nous autres, c'est moins 1 %.
M. Léonard: C'est moins 1 %? M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Les estimations à l'heure actuelle?
M. Levesque: Comme prévu au budget. C'est ce qu'on avait
au budget. Vous l'avez vu?
M. Léonard: Moi, je prends les chiffres de Desjardins.
Le Président (M. Chagnon): Ils sont arrivés cette
semaine ou à la fin de la semaine dernière.
M. Levesque: Oui, mais vous savez, vous pouvez prendre les
chiffres de plusieurs parce que, dans le fond, il y a toute une série de
gens qui donnent les chiffres, mais nous...
M. Léonard: Vous, c'est moins 1 %? M. Levesque:
Oui.
M. Léonard: Alors, vous contestez l'affirmation de
Desjardins.
M. Levesque: C'est-à-dire qu'on ne conteste pas. Chacun...
Évidemment, les économistes font leur travail puis, quelquefois,
il y en a un qui a raison et l'autre peut ne pas avoir raison. Je ne conteste
rien parce qu'on a besoin de tous ces chiffres-là pour, enfin...
M. Léonard: Autre élément de...
M. Levesque: J'ai ici... D'après ce que j'ai comme
renseignements, c'est que le Conférence Board va sortir incessamment,
d'ici une semaine - je vais vous donner ça d'avance, là, comme
vous m'avez donné ça d'avance tout à l'heure -avec moins
1,1 %...
M. Léonard: Moins 1,1 %.
M. Levesque: ...pour le Québec et moins 1,2 % pour le
Canada.
M. Léonard: Alors, ça confirme. Moins 1,2 %...
M. Levesque: Mais enfin, je ne conteste personne, dans le fond.
Là-dedans, c'est toute une question qui... 1991. Alors, on devrait
être capables de s'entendre bientôt.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce qu'on s'entend aussi?
Est-ce que le Conférence Board mettait 0,9 % aussi pour 1990? Parce que
c'était le chiffre que Desjardins... que l'indice précurseur
avait sorti. Je parle d'une croissance, évidemment, de 0,9 %.
M. Léonard: 0,9 %? Ça a dû être
connu?
Le Président (M. Chagnon): Oui. C'est ça qu'il
cherche, le chiffre.
M. Levesque: C'est tout ça qu'on a?
Une voix: 1990, moins 1,2 %, moins 0,2 %.
M. Léonard: En 1990?
Une voix: En 1990.
M. Léonard: Oui, ici, on a plus 0,9 %.
Le Président (M. Chagnon): Disons qu'il y a un
problème quant aux sources.
M. Léonard: Oui, je comprends.
Une voix: II n'y a pas de données officielles
là-dessus.
M. Léonard: II n'y en a pas. Même pas celles des
Finances. Alors, on peut contester autant la vôtre que vous contestez
Desjardins.
M. Levesque: Je ne conteste pas; je constate.
M. Léonard: D'accord. Alors, sur le plan de l'IPC, par
exemple...
Le Président (M. Chagnon): Là, au moins, on ne se
trompera pas.
M. Léonard: Au moins, là-dessus, est-ce qu'on
s'entend? 4,3 % d'augmentation en 1990 pour le Québec, 7,2 % en
1991?
M. Levesque: Ici, j'ai 5,6 % pour 1991 au Canada et 7,4 % pour le
Québec.
M. Léonard: 7,4 %. Un peu plus élevé. M.
Levesque: Oui.
M. Léonard: 5,6 % que vous avez, pour le Canada?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Ça, c'est à l'origine.
C'était ça.
M. Levesque: 7,4 % pour le Québec.
M. Léonard: Au début de l'année? 5,6 % pour
le Canada?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Oui, O.K., ça va. Vous avez dit que le
taux d'inflation prévu pour 1992 serait, à votre avis, de 2,5 %.
Desjardins prévoit 4,3 %. Bon. Enfin, là, je comprends...
Le Président (M. Chagnon): C'est comique parce qu'en
général...
M. Léonard: ...qu'on ne veut pas en discuter.
Le Président (M. Chagnon): ...on prévoit un
écrasement des taux d'inflation non seulement au Canada, mais au
Québec aussi.
M. Levesque: Mais c'est parce que récemment, H y a eu des
révisions de faites. Je ne sais pas à quelle date.
M. Léonard: C'est cette semaine.
Une voix: On a eu ça la semaine passée.
M. Léonard: Janvier 1992, mais...
M. Levesque: Oui, mais vous savez que c'est en décembre,
ça, que ça... Parce que vous savez que le fédéral
vient de faire des révisions. Même M. Mazankowski a fait une
déclaration...
Le Président (M. Chagnon): À la baisse. M.
Levesque: À la baisse.
M. Léonard: J'imagine aussi que, probablement, le report
de la TVQ va jouer aussi et peut influencer l'augmentation des prix. C'est
peut-être ça qui est le décalage.
M. Levesque: Je ne crois pas, parce que d'après nos
économistes, cette partie-là, cette phase-là ne changeait
pas ou changeait...
Le Président (M. Chagnon): Elle devrait le changer un peu
à la hausse, en tout cas.
M. Levesque: ...presque pas le niveau de l'inflation parce que ce
qu'on gagne...
M. Léonard: La phase des services.
M. Levesque: Oui. Tandis que dans la première phase, il y
a 0,4 qui étaient prévus.
Le Président (M. Chagnon): Le reste suit vraiment la
marge.
M. Léonard: Alors, qu'est-ce qui explique
que le taux d'inflation au Québec soit si
élevé...
M. Levesque: II faut dire que...
M. Léonard: ...cette année, comparativement au
Canada?
M. Levesque: Oui, mais il faut dire que Toronto s'est
effondré au point de vue de la valeur des terrains, des
propriétés et de l'immeuble. Ça, c'a fait une baisse parce
que nous étions plus bas. Jusqu'à l'année passée,
notre inflation était moindre qu'en Ontario et particulièrement
à Toronto, et c'est là que ça s'est effondré;
l'inflation a baissé le plus. Nous autres, en proportion, on est
affectés. Deuxièmement, évidemment, il y a l'impact de...
Vous avez parlé des taxes sur le tabac. Ça compte, ça
aussi. Il y a tous les autres éléments qui entrent en ligne de
compte pour faire un... Mais ce n'est pas...
M. Léonard: Vous admettez que la réforme,
finalement, de la taxe de vente du Québec et de la TPS a eu un impact
significatif sur le taux d'inflation.
M. Levesque: Oui mais on l'a dit, la TVQ, c'est 0,4. Puis la taxe
de vente, la TPS, c'est 1,4. Alors, on l'a admis, ça.
M. Léonard: Bon.
M. Levesque: D'ailleurs, vous pouvez faire les calculs
vous-même. Vous n'avez pas besoin de moi pour ça.
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Chagnon): Ça va? Voulez-vous
passer aux vérifications d'engagements financiers?
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: M. Montminy.
Engagements financiers
Le Président (M. Chagnon): Alors, nous avons
terminé l'étude trimestrielle de la politique budgétaire
et de l'évolution des finances publiques du gouvernement,
conformément à l'article 292 de notre règlement. J'appelle
maintenant l'article...
M. Levesque: II n'y en a presque pas.
Le Président (M. Chagnon): ...vérification des
engagements financiers. Effectivement, on en a huit.
M. Levesque: Non, il y en a...
Une voix: Sept.
Septembre et octobre
Le Président (M. Chagnon): Sept? Moi, j'en ai huit ici.
Liste de septembre 1991. Je n'en ai pas. On s'entend qu'on n'en a pas en 1991,
en septembre. Il n'y en pas. Septembre 1991?
Une voix: Moi, je n'en ai pas.
M. Levesque: Merci, tout le monde. Il faut y retourner.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Chagnon): L'engagement d'octobre, qui est
devenu septembre 1991, l'engagement 1. Renouvellement de contrat de location de
logiciels pour la période du 1er octobre 1991 au 30 juin 1993, donc 21
mois, un coût partagé à part égale avec le Conseil
du trésor. Demande approuvée C.T. 178153, pour un montant total
de 48 660 $, donc la moitié, puisqu'il s'agit d'un coût
partagé de 24 330 $ pour le ministère des Finances. Le
fournisseur bénéficiaire était la compagnie IBM. Est-ce
qu'il y a des questions?
M. Léonard: Non, ça va.
Le Président (M. Chagnon): L'engagement 1 est
adopté. L'engagement 2. Renouvellement de contrat de location de
logiciels pour la période du 1er mai 1991 au 31 mars 1992, soit 11 mois;
coût partagé à part égale avec le Conseil du
trésor, demande de C.T.: C.T. 178153, pour la somme totale de 47 636 $.
Encore une fois, coût partagé, donc, divisé par deux, 23
818 $, le fournisseur étant IBM. Est-ce qu'il y a des questions?
M. Léonard: Le ministre des Finances va répondre
à la moitié des questions...
Le Président (M. Chagnon): Voilà.
M. Léonard: ...et le président du Conseil du
trésor à l'autre moitié des questions. C'est comme
ça que ça se passe...
Le Président (M. Chagnon): II commence une phrase...
M. Montminy (André): Mais vous pourriez nous aider. Est-ce
que le président du Conseil a déjà repondu à la
première moitié?
M. Léonard: Est-ce que la productivité augmente
beaucoup? Quand le ministre, tout à l'heure, a dit: Ah, ça prend
du temps à récolter des données avec des engagements
financiers de cette nature en aussi grand nombre, parce qu'à
chaque fois qu'on vérifie des engagements financiers, pour la
moitié, ce sont des questions d'informatique...
M. Levesque: Vous avez raison.
M. Léonard: ...de ce type-là et c'est tout.
À un moment donné, ça devrait produire des effets.
Le Président (M. Chagnon): C'est une excellente
question.
M. Léonard: Parce que dans des entreprises, les
états financiers de la fin du mois, on les a le 10 du mois suivant.
M. Montminy: André Montminy, du ministère des
Finances. Si nous regardons les engagements, le premier égale le
deuxième, sauf que pourquoi on en a deux? Le premier a 21 mois, alors
que l'autre a 11 mois. Mais en regard de la productivité, c'est
évident que d'avoir un ordinateur partagé, en regard de
1984-1985, je pense qu'on se rappelle ce que j'ai déjà
exposé à la commission ici. C'est l'ordinateur qui est
opéré par une firme privée, et les logiciels qui sont ici
y sont quasiment depuis 1985-1986. C'est le renouvellement. Donc, si on
était productifs en 1990, on l'est également en 1991.
M. Léonard: Ça, ce n'est pas nécessairement
évident, mais disons que...
M. Montminy: C'est-à-dire que peut-être que votre
question pourrait être posée un petit peu plus tard.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle voulait savoir combien d'effectifs en moins ça aurait
impliqué, le fait d'avoir utilisé ce matériel
informatique.
M. Léonard: Non, ce n'est pas ça. C'est que les
renseignements devraient sortir plus vite. Pour moi, il ne s'agit pas d'enlever
des gens...
Une voix: M. Séguin.
M. Léonard: Je pense que c'est l'efficacité de ces
machines-là.
M. Séguin: Si je pouvais me permettre, M. le
Président. Claude Séguin. Cet ordinateur-là, qui est
partagé avec le Conseil du trésor, sert à l'information de
gestion. C'est l'ordinateur sur lequel sont faites les prévisions
économiques, les prévisions fiscales, le suivi des recettes, dans
le fond, le suivi des équilibres financiers, les travaux relatifs aux
simulations de la dette, etc.
Lorsque le député fait référence aux
états financiers, au système comptable du gouvernement, tout ce
système-là est encore l'ancien environnement de SYGBEC, qui est
externe au système dont on parle. En tout cas, nous, notre impression,
c'est qu'effectivement il y a eu de la productivité qui a
été accrue au ministère dans les unités fiscales,
économiques et financières, et on fait beaucoup moins de travaux
à l'externe avec cet ordinateur-là qu'on en faisait avant,
notamment au Conférence Board.
Le Président (M. Chagnon): La même chose au Conseil
du trésor pour les données concernant les relations de
travail.
M. Séguin: Oui, c'est ça. Budgétaires, tous
les crédits.
M. Léonard: Si je comprends, on va avoir le discours sur
le budget cette année à la fin mars, début avril,
plutôt qu'au début de mai.
M. Séguin: En braille. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Chagnon): L'engagement 2 est
adopté, vérifié. Engagement 3. Addenda à l'entente
de services de télécommunications conclue avec le Fonds des
services de télécommunications; demande approuvée par le
C.T. 178183. C'est une demande de supplément de 84 000 $. Est-ce que
j'ai des questions?
M. Léonard: Pourquoi 84 000 $ de plus?
Le Président (M. Chagnon): Le fournisseur étant le
Fonds des services de télécommunications, donc, le fournisseur
c'est le ministère des Communications.
M. Léonard: Oui.
M. Montminy: Pourquoi 84 000 $? Chaque année, les
ministères doivent faire une entente avec le Fonds des services de
télécommunications, basée sur l'expérience des
dépenses de l'année précédente indexée du
pourcentage. Des fois, c'est l'index ou...
M. Léonard: C'est-à-dire que c'est un gel, sauf
pour le gouvernement. (16 heures)
M. Montminy: Bien, c'est-à-dire que Bell Canada,
Continental Téléphone et j'en passe... et c'est
négocié avec le gouvernement, et on estime un prix de... Alors,
on prévoyait, nous, basé sur une expérience, qu'on aurait
un déboursé de l'ordre de 720 000 $.
Pourquoi 804 000 $? Il y a eu deux phénomènes. C'est que
le ministère, en 1991, a absorbé le service du courtage
immobilier qui appartenait au ministère de la Justice. Le transfert des
crédits afférents et de la partie du compte de
téléphonie du service de courtage immobilier qui était au
ministère de la Justice a été transféré
au ministère des Finances et ça, le montant estimé
à ce moment-là était environ de 25 000 $. Ça a fini
à peu près à 35 000 $. Le ministère de la Justice
n'a pas voulu nous en donner plus. On sait comment ça se passe entre un
ministère et un autre.
L'autre phénomène, ce qui justifie un peu plus le montant
estimé - c'est un estimé - c'est qu'on a
réaménagé la gestion de l'encaisse et de la dette dans un
autre édifice. On a ramené 130 personnes. On avait des gens sur
la rue Saint-Joseph, des gens qui étaient au 12, Saint-Louis, des gens
qui étaient de la Direction comptable du ministère des Finances,
des Affaires municipales, qui étaient regroupés sur la rue
Saint-André. Ils partageaient des bureaux avec le Bureau de la
statistique. Tout ça, tous ces gens-là ont été
ramenés dans un édifice central. Il y a une partie qu'on
appelle... qui est chargée, qui n'est pas capitalisée
réellement. L'installation n'est pas capitalisée au gouvernement
en téléphonie. Elle est payable sur facture. Donc, on a à
peu près un coût qui ne sera pas récurrent de 30 000 $, le
différentiel. Donc, 25 000 $ plus 30 000 $, le différentiel de 80
000 $, c'est à peu près 35 000 $ que nous coûte le nouveau
système téléphonique, au net...
Le Président (M. Chagnon): Qui va être dans vos
crédits de 1991.
M. Montminy: ...qui est dans les crédits ajustés.
Parce que les 804 000 $ devraient baisser un peu.
Il y a aussi un phénomène qui s'est passé - j'ai
oublié de le mentionner - c'est la mise en place du Fonds de
financement. Il y a 13, 15 personnes, suite à l'adoption de la Loi sur
le financement, et ça, c'était de nouveaux effectifs...
M. Léonard: Est-ce que ça a diminué le
budget des autres? Parce que si je comprends, le ministère de la
Justice...
M. Montminy: Non, mais le Fonds du... Possiblement la Justice,
oui. Oui, c'est un transfert. Ça a été fait par...
M. Léonard: Alors eux, ils ont augmenté leur budget
de 10 000 $. Ça leur coûtait 35 000 $...
M. Montminy: La Justice? Non, la Justice payait, mettons 25 000
$, pour le service du courtage immobilier dans un édifice à
Québec.
M. Léonard: Ils payaient 35 000 $, mais ils ont
transféré seulement 25 000 $.
M. Montminy: C'est-à-dire qu'il est estimé
à... C'est parce que vous avez... Le service du courtage a des bureaux
à Québec et à Montréal, et l'estimé sur les
longues distances, c'est assez difficile à comptabiliser dans un
ministère comme la Justice qui est très, très
décentralisé par les bureaux régionaux, les greffes, les
palais de justice. Alors, ils ont estimé... Nous, on estime, par
contre... Je n'ai pas une preuve noir sur blanc, sauf le 31 mars au soir...
Moi, je mets ça un peu de l'ordre de 35 000 $ plus que de 25 000 $.
Alors, ils nous ont transféré 25 000 $.
M. Léonard: Ce que je dis, effectivement, ça leur
coûtait 35 000 $...
M. Montminy: Vous avez raison. Ils peuvent mettre...
M. Léonard: ...ils ont fait 10 000 $.
M. Montminy: On pourrait se dire à la limite qu'ils
mettent 10 000 $ dans leurs poches.
M. Léonard: C'est ça. C'est ça que ça
veut dire.
M. Montminy: Oui, c'est ça. Mais, en principe, ils ne le
dépenseront pas parce que ça va passer au périmé,
parce que c'est des enveloppes fermées, ça.
Le Président (M. Chagnon): Oui, on va le
périmer.
M. Léonard: C'est parce que j'ai l'impression de
vous...
M. Montminy: Ce sont des enveloppes fermées,
ça.
Une voix: Des enveloppes qui se transféraient.
M. Léonard: Alors, ça va être
périmé, vraiment?
M. Montminy: Bon, écoutez...
Le Président (M. Chagnon): Êtes-vous inquiet?
Êtes-vous bien inquiet?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Écoutez, c'est 10 000 $ de plus sur le
dos des contribuables. C'est ça que ça veut dire.
Le Président (M. Chagnon): Non, pas s'il est
périmé. Alors, est-ce que je comprends que l'engagement 3 est
vérifié? M. le député de Labelle?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Chagnon): O.K. L'engage-
ment 3 est vérifié. L'engagement 4. Contrat
négocié. Cabinet de la ministre déléguée aux
Finances. Contrat de services professionnels reliés à la
révision juridique du courtage immobilier et à la
préparation de la législation requise, pour un montant de 31 923
$. Il s'agit d'honoraires puisque le fournisseur est Me Jacques Lamoureux,
firme Leduc et Lebel, à Montréal.
M. Léonard: La question que je me pose, c'est pourquoi
c'est aux engagements financiers? C'est cabinet du ministre?
M. Montminy: C'est payé avec les crédits du
ministère des Finances. Mme Robic...
M. Léonard: C'est une augmentation de l'enveloppe du
cabinet de la ministre déléguée aux Finances. C'est
ça que ça veut dire?
M. Montminy: Non. C'est payé avec les crédits du
ministère des Finances. La masse salariale de la ministre apparaît
au ministère des Finances et les dossiers techniques, que j'appellerais
politiques et administratifs... C'est-à-dire que cette
personne-là a été amenée comme service
professionnel pour conseiller le cabinet et certains officiers - on a une
boîte qui s'appelle Politiques et institutions financières; on
vous en a déjà parlé - pour amener la Loi sur le courtage
immobilier. Il faut comprendre aussi que ça a commencé en 1990.
On a une imputation sur deux exercices ici. Pourquoi c'est aux Finances? Vous
voulez...
M. Léonard: C'est une dépense du cabinet.
M. Montminy: Oui.
M. Léonard: Donc, il y a une enveloppe particulière
à un cabinet...
M. Montminy: Non, il n'y a pas... M. Léonard:
...c'est ça qui est dit.
M. Montminy: Bien non, c'est la masse salariale.
M. Léonard: C'est ça qui est écrit: cabinet
de la ministre déléguée aux Finances.
M. Montminy: Pourquoi on l'a greffé comme ça? C'est
parce que normalement, s'il y avait eu plusieurs demandes, en tout cas, si on
avait vu ça un petit peu à l'avance, c'est la ministre
déléguée qui aurait répondu à la question et
non M. le ministre. Vous savez...
M. Léonard: Bien, c'est lui qui est ministre en titre,
là.
M. Montminy: Oui, mais normalement...
M. Léonard: Mais c'est parce que vous écrivez
cabinet de la ministre déléguée aux
Finances. Or, les dépenses des cabinets font partie d'une
enveloppe.
M. Montminy: Mais ce n'est pas une dépense de cabinet.
M. Léonard: Alors, c'est mal rédigé. M.
Montminy: Si vous voulez, oui.
Une voix: Ce n'est pas nous autres qui l'avons
rédigé, là.
M. Léonard: Ce n'est pas nous non plus, là.
M. Montminy: Mais si vous voulez, c'est moi qui ai signé
le contrat pour engager les crédits pour le ministère des
Finances pour payer un aviseur légal qui s'appelait Me Lamoureux, retenu
par le ministère de la Justice au taux des barèmes du
ministère de la Justice pour aviser le ministre dans la refonte de la
Loi sur le courtage immobilier. Ça a été sur deux
exercices financiers...
M. Léonard: On avait... Ce n'est pas au cabinet. C'est mal
écrit. O.K. Alors, engagement 4 vérifié.
Le Président (M. Chagnon): Alors, engagement 4
vérifié. La liste d'octobre est vérifiée.
Novembre
Maintenant, la liste de novembre qui est effectivement octobre.
Engagement 1. Contrat par soumission sur invitation du ministère des
Approvisionnements et Services. Impression et reliure des «Comptes
publics 1990-1991» (volumes 1, 2, 3 français et anglais) ainsi que
des «États financiers des entreprises» (français et
anglais), pour 27 038,18 $. Fournisseur: Imprimerie Interligne 1989,
Québec. Il y a eu 15 fournisseurs appelés; 5 soumissions
reçues. On a la liste des soumissionnaires qui ont soumissionné
avec les montants de leurs soumissions. Questions?
M. Léonard: Est-ce que dans la... Ma question s'adresse au
ministre. Est-ce que dans le contrat, il y a une clause, une
spécification à l'effet que ces comptes publics, ces états
financiers des entreprises ne doivent pas être livrés avant le
dernier jour de la session?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Chagnon): Ha, ha, ha! C'est une bonne
question. Ce n'était pas une clause dans le contrat.
M. Léonard: Ça a l'air d'être une pratique
courante.
M. Levesque: Ça a toujours été
là.
M. Léonard: Est-ce qu'il y a une instruction du ministre
des Finances ou autrement à l'endroit du sous-ministre des Finances
à l'effet que ça ne doit pas être livré avant le
dernier jour de la session?
M. Séguin: II n'y a pas d'instruction, il n'y a pas de
clause dans le contrat. Généralement, pour que les états
financiers et les comptes publics puissent être publiés, ça
prend l'avis du Vérificateur général et,
généralement, les discussions qui ont lieu avec le
Vérificateur général, disons, ne se concluent pas avant
tard en décembre.
M. Léonard: Est-ce qu'on est en train de dire que c'est
donc de la faute du Vérificateur général si ça
n'arrive jamais...
M. Séguin: Je ne dis pas que c'est de la faute...
M. Léonard: ...avant le dernier jour de la session?
M. Séguin: C'est que, malgré tous nos efforts au
cours des dernières années, c'est toujours arrivé comme
ça.
M. Levesque: Même de votre temps, vous vous en rappelez, on
attendait ça avant Noël. Et même avant vous, et ça
fait des générations que c'est comme ça, je pense bien,
à moins qu'on me contredise.
Le Président (M. Chagnon): Vous souvenez-vous d'un moment
où ça a été différemment, M. le
député de Bonaventure et doyen de notre Assemblée
nationale?
M. Levesque: Non, je n'ai pas fait de vérification, mais
je pense que c'est toujours vers l'époque de Noël que ça
arrive, ces choses-là.
M. Léonard: Est-ce qu'on considère que c'est une
bonne politique d'information envers le public que de déposer ça,
disons, le 23 décembre ou le 22 décembre...
Le Président (M. Chagnon): Ça permet...
M. Léonard: ...jamais la journée
précédant la dernière journée de la session?
Le Président (M. Chagnon): Évidemment, ça
donne tout le temps des fêtes pour pouvoir le lire.
M. Levesque: Oui. Il faut voir si ce n'est pas possible d'y aller
quelques jours avant si je suis encore là la prochaine fois.
M. Léonard: C'était ma question.
Le Président (M. Chagnon): Ha, ha, ha! Je comprends que
l'engagement 1 est vérifié. Engagement 2. Contrat
négocié de location-acquisition, conjointement avec le
Secrétariat du Conseil du trésor, d'un ordinateur d'une puissance
minimum de 11 MIPS et 5 giga-octets d'espace disque (en remplacement de
l'ordinateur actuel, 8,5 MIPS) ainsi que le paiement de redevances
supplémentaires pour certains des logiciels actuels. C'est un contrat de
892 833 $ répartis, évidemment, en deux, le Trésor et les
Finances, pour 449 000 $. Ce n'est pas exactement 50-50, ça, 449 099 $?
Alors, location-acquisition, 1991-1992, 151 420 $, et les logiciels pour 54 615
$. Questions?
M. Léonard: Celui-là, c'est pour le contrôle
des dépenses, là. On n'est pas dans les prévisions. C'est
un autre? C'est SYGBEC.
M. Montminy: C'est le même...
M. Léonard: Ah, c'est encore le même. Alors
là, avec une acquisition de 1 000 000 $ ou presque...
Le Président (M. Chagnon): Si je comprends bien, il
grossit.
M. Léonard: ...vous allez être doublement,
triplement rapides maintenant dans les prévisions?
Le Président (M. Chagnon): Ils vont avoir 2,5 MIPS de
plus. Ce n'est pas assez.
M. Léonard: C'est une dépense qui s'imposait.
Une voix: Bien, c'est-à-dire...
M. Montminy: Bien, tout s'impose. C'est plutôt
nécessaire, là. Il faut comprendre que depuis 1984, on avait - je
ne suis pas un technicien de l'informatique - un modèle 43 et le
modèle 43, à tous les 12 mois, en principe, de 8 à 14
mois, on en augmentait la puissance, et là, il n'y avait plus de
possibilité. Vous pouvez augmenter la puissance d'un ordinateur sans le
changer, c'est-à-dire en ajoutant des cartes à mémoire,
mais une carte à mémoire, sur un ordinateur qui coûte 300
000 $ ou 400 000 $, ça coûte 100 000 $. Et là, il fallait
changer, aller à un ordinateur de plus haute gamme. Il faut comprendre
que les besoins de puissance de 8,5 MIPS à 11 MIPS... 2,5 MIPS, c'est
énorme, hein? C'est de la puissance, ça. Et même encore
là,
nos prévisions nous amèneraient à le changer en
1993. Actuellement, c'est une autorisation qui permettait de négocier et
le gouvernement est en train de finaliser... Ça, c'était
prévu pour octobre et ça n'a pas été fait.
D'après ce qu'on peut voir, les négociations, c'est
négocié par le Service général des achats, le Fonds
des équipements informatiques, M. Carreau, là, et on pourrait
avoir un prix plus bas que celui qui est présentement engagé ici.
Sauf que sur un ordinateur central, les logiciels, ils sont loués, mais
quand vous changez l'ordinateur, il y a une redevance. Même si c'est le
même logiciel, il y a une redevance et c'est pour ça qu'on a un
logiciel, ici, 54 000 $ par ministère; c'est du capital, c'est une
redevance en capital. Mais je pense qu'il va y avoir un C.T. qui va
concrétiser le changement de l'ordinateur qui apparaît ici, le
11,6 MIPS, ce qui va apparaître également aux engagements
financiers avec un chiffre moindre. À ce moment-là, on pourra
avoir un prix un peu plus sûr.
Ici, c'est un pouvoir de négocier qui avait été
autorisé par le Conseil du trésor, pour le Secrétariat du
Conseil et le ministère des Finances, pour augmenter la puissance.
Ça comprend aussi l'ajout de giga-octets, autrement dit de l'espace
disque où on a besoin de plus de mémoire.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que vous négociez
votre puissance pour l'ajout de l'équipement que vous voulez
acquérir en 1993?
M. Montminy: Ça, c'était prévu en octobre.
Ce n'est pas passé. Le C.T. est passé en octobre,
septembre-octobre. C'est parce qu'on a les engagements un mois plus tard, ici,
et il n'y a pas eu de résultat parce qu'il y avait une question de
partenaire économique. Actuellement, le ministère des
Approvisionnements et Services est en train de finaliser la négociation.
On est quatre mois en retard. Ce qui se dessine, c'est que le chiffre va
être plus bas que là. Alors, à la question: Est-ce qu'on va
être deux fois plus productifs, on va avoir au moins une fois et demie
plus de capacité à faire des bonnes choses.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Léonard: Réponse classique. Bien.
Le Président (M. Chagnon): Alors, l'engagement 2 est
vérifié.
Décembre
L'engagement 1 de novembre 1991, en décembre. Demande de
livraison. Acquisition de 11 micro-ordinateurs et de matériel
informatique s'y rapportant par le Bureau de la statistique du
Québec. C.T. 178413. Il s'agit d'une dépense de 33 603,12
$ contractée par le fournisseur, Phillips Électronique, de
Québec.
M. Léonard: II n'y a pas de soumission
là-dedans?
M. Montminy: Bien, il y a deux choses. Il faut qu'on...
M. Léonard: Parce que c'est une demande de livraison.
O.K.
M. Montminy: Une demande de livraison. M. Léonard:
II y a déjà eu un contrat. O.K.
M. Montminy: C'est ça. Et le C.T., ce n'est pas parce que
le chiffre est élevé, c'est parce que c'est pour avoir
l'autorisation, compte tenu du gel informatique, d'acquérir ces
équipements. Phillips Électronique, de toute façon, a
remplacé Giffard, Giffard ayant fait faillite. C'est une commande
ouverte.
Le Président (M. Chagnon): L'engagement est
vérifié. L'engagement 1 de décembre. Contrat de services
professionnels dont le but principal du mandat est de participer aux
activités d'un groupe de travail afin de formuler les propositions sur
la façon d'exercer les fonctions de contrôle financier, incluant
la vérification interne, tant au niveau des organismes centraux que dans
les ministères et organismes de l'administration publique
québécoise. Pour 120 000 $, à la firme comptable Caron,
Bélanger, Ernst & Young.
M. Léonard: Pourquoi demande-t-on une autorisation de
déroger? Pourquoi une dérogation?
M. Montminy: Bon, essentiellement, c'est parce qu'on n'est pas
allés dans le fichier.
M. Léonard: Oui. Alors, pourquoi n'êtes-vous pas
allés dans le fichier?
M. Montminy: C'est parce que... Lorsqu'on ne va pas dans le
fichier, c'est parce qu'on veut... On engage toujours, en principe, une firme.
Mais lorsqu'on engage une firme, ce sont des individus que l'on engage. On
voulait retenir les services professionnels de deux personnes, entre autres,
chez Ernst & Young, et c'était eux qui, d'après
l'évaluation... Monsieur le Contrôleur pourra vous l'expliquer de
façon plus détaillée que moi pourquoi on voulait
spécifiquement ces gens-là. (16 h 15)
Le Président (M. Chagnon): M. le Contrôleur,
voudriez-vous vous identifier, s'il vous plaît?
M. Paré (Pierre-André): Pierre-André
Paré, Contrôleur des finances. Quand on a examiné les
firmes qui étaient disponibles pour faire ce travail-là, on a
constaté qu'au Canada, la seule firme qui avait travaillé sur
ça était le nouveau Vérificateur général
à Ottawa, Denis Desautels, avec son équipe et les personnes qui
sont dans cette firme-là. Ce sont celles qui avaient de
l'expérience avec le Vérificateur général du
Québec, le Vérificateur général du Canada, la
Défense nationale du Canada et deux contrôleurs des finances du
Québec aussi, à quelques occasions. Alors, une connaissance du
système financier gouvernemental et du milieu gouvernemental plus grande
et plus facile. Ils sont capables de discuter plus simplement que de
réacquérir toute cette connaissance-là ou cette
façon-là d'agir pour une comptabilité
différente...
M. Léonard: Ça n'amènera pas beaucoup
d'idées nouvelles d'en dehors de la fonction publique ou du
système public pour appliquer des principes et des techniques du
privé dans le système de contrôle interne.
M. Paré (Pierre-André): C'est-à-dire
que...
M. Léonard: On va rester dans le même monde. Je ne
veux pas discuter de leur compétence.
M. Paré (Pierre-André): M. le Président,
le...
M. Léonard: Si je comprends, vous voulez des propositions
sur la façon d'exercer les fonctions de contrôle financier
incluant la vérification interne. Je pense que c'est un mandat assez
large et il y a, des choses qui se passent aussi dans le privé sur la
vérification interne.
M. Paré (Pierre-André): M. le Président,
c'est justement pour ça que cette firme-là a été
choisie, parce qu'elle avait fait aussi des expériences dans le
privé, les avait appliquées dans le public,
particulièrement à des organismes du gouvernement
fédéral et aussi au Vérificateur général,
où il y a eu certains travaux.
M. Léonard: Est-ce que je peux simplement souligner ou
dire que le gouvernement fédéral n'est pas un des modèles
en termes de contrôle financier et même de sa gestion interne?
C'est le moins qu'on puisse dire.
Une voix: Ha,ha, ha!
M. Léonard: Je n'ai pas l'impression que c'est là
qu'on va aller chercher quelques exemples ou bien on va aller justement en
chercher des exemples.
Une voix: Ha,ha, ha!
M. Léonard: En tout cas, ils n'ont pas l'air de savoir ce
que c'est que le contrôle des dépenses.
M. Paré (Pierre-André): Non, le but de cet
exercice-là n'est pas d'évaluer si, au gouvernement
fédéral, l'ensemble des ministères et organismes ont un
meilleur contrôle financier. On dit qu'il y a des expériences que
cette firme-là a réussies très bien dans certains
organismes, dans des organismes du fédéral et ici au provincial,
ce qui ne qualifie pas l'ensemble de la gestion, tel que le
député le mentionne.
Le Président (M. Chagnon): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Bien, écoutez, c'est vraiment un
engagement en dehors. C'est une autorisation à déroger. C'est une
dérogation, en fait, qu'on demande. C'est ça que ça veut
dire. Ce n'est pas autre chose. On n'a pas beaucoup de moyens de
vérifier le bien-fondé. Je veux bien prendre la parole du
Contrôleur.
Ceci étant dit, je demanderais au ministre s'il va rendre public
le rapport de ce groupe de travail. Ça me paraît important parce
que c'est une question...
Une voix: C'est ce dont on s'occupe.
M. Léonard: ...qui est dans l'actualité. Je veux
simplement dire au ministre, avant qu'il me réponde, que, pour moi, ce
débat est très lié à celui qu'on veut tenir sur
l'imputabilité des hauts fonctionnaires au Québec. Je maintiens
que s'il y avait un bon système d'information, un bon système de
contrôle interne sur lequel on a des informations, peut-être que
cette question n'aurait pas tout ce qu'elle a de surface dans la discussion
à l'heure actuelle. Est-ce que le ministre veut... entend...
M. Levesque: Non, mais c'est parce que je veux...
M. Léonard: ...rendre le rapport public?
M. Levesque: ...vous donner les renseignements les plus
impartiaux, si vous voulez, possible.
M. Léonard: Je vois que vous reconnaissez votre
partialité.
M. Levesque: Moi, je souffre du même mal que vous, cher
ami.
M. Léonard: Ha,ha, ha! M. Levesque: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Chagnon): Alors, monsieur,
monsieur...
M. Levesque: Depuis plus longtemps.
Le Président (M. Chagnon): Ils n'en moururent pas tous,
mais tous furent atteints.
M. Paré (Pierre-André): M.le
Président, cette firme-là était engagée pour
travailler avec nous pour participer à un groupe de travail, pas
nécessairement pour préparer un rapport détaillé
qu'ils vont signer, et aussi pour nous aider à détecter si
l'ensemble des contrôles financiers qu'on veut conserver sont suffisants
ou insuffisants pour avoir un souci d'objectivité. Il y aura
probablement lieu de fournir des informations, mais ça peut se traduire
avec un projet de loi, avec des intentions gouvernementales. Ça peut se
traduire de plusieurs façons. Ça fait un mois et demi qu'on
travaille.
M. Léonard: Ça fait un mois et demi que vous
travaillez?
M. Paré (Pierre-André): Eux avaient commencé
avant.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'engagement
financier 1 de décembre est vérifié?
M. Léonard: Est-ce que le ministre est d'accord qu'on ne
sait pas s'il y aura un rapport de ce groupe de travail? Il n'y aura pas de
conclusions publiques de ce groupe de travail?
M. Levesque: Je vais vous dire une chose. C'est que je ne
m'objecterai jamais à être le plus transparent possible, mais
j'aime bien suivre les règles normales qui sont suivies dans ce genre de
travail. S'il s'agit d'un travail complètement interne, ordinairement,
on ne le publie pas. S'il s'agit d'un travail qui peut être publié
selon les règles normales, on va le faire avec plaisir. Je ne peux pas
répondre autre chose.
M. Léonard: On va attendre.
Le Président (M. Chagnon): Alors, l'engagement est
vérifié? L'engagement est vérifié. Donc, les
engagements du ministère des Finances sont vérifiés, et
j'ajourne notre réunion à demain, 9 h 30, pour les engagements
financiers du ministère des Approvisionnements et Services.
M. Levesque: Merci, M. le Président. Le
Président (M. Chagnon): Voilà!
(Fin de la séance à 16 h 21)