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(Neuf heures trente-quatre minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration débute ses travaux. Le mandat de cette commission est
d'entendre les intéressés et de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt
privé 305, Loi concernant la continuation de l'entreprise d'assurance de
Les Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie et le
maintien de l'existence de cette compagnie.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Lafrenière (Gatineau) remplacera M. Chagnon (Saint-Louis).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Permettez-moi de vous rappeler brièvement les règles de
l'étude des projets de loi d'intérêt privé. Dans un
premier temps, le député proposeur prendra d'abord la parole afin
de présenter le projet de loi et les personnes qui requièrent
l'adoption du projet de loi. Il y aura par la suite, si c'est le cas, des
remarques préliminaires, puis le requérant exposera ensuite les
grandes lignes du projet de loi en vue d'en faire ressortir le
bien-fondé. La commission entendra ensuite les autres intervenants, le
cas échéant, et les membres de cette commission parlementaire
pourront échanger avec nos invités, puis, par la suite, nous
procéderons à l'étude de ce projet de loi privé,
article par article.
Alors, je demanderais maintenant aux requérants de bien vouloir
prendre place ici en avant à la table des invités.
C'est M. le député de Gatineau ou M. le
député de Prévost qui va prendre la parole comme
député proposeur? C'est vous, M. le député de
Prévost?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Je demanderais au
député proposeur de nous faire de courtes remarques, de nous
présenter les requérants. M. le député
proposeur.
M. Forget: Merci, M. le Président. Voici, c'est un bill
privé, le projet de loi 305. "Que L'Industrielle-Alliance, compagnie
d'assurance sur la vie est une compagnie d'assurance-vie constituée par
lettres patentes de fusion délivrées le 1er janvier 1987 en vertu
de l'article 191 de la Loi sur les assurances; qu'il est opportun que soit
maintenu un lien de continuité dans les opérations
d'assurance."
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Prévost. Je demanderais maintenant aux
requérants de nous présenter l'objet du projet de loi, de nous
faire ressortir les principaux éléments et quel en est le
bien-fondé. Je demanderais aux requérants de bien vouloir
s'identifier, s'il vous plaît, pour les fins de l'enregistrement du
Journal des débats.
Audition des intéressés
L'Industrielle-Alliance, compagnie d'assurance sur la
vie
M. Garneau (Raymond): M. le Président, on a de la
misère à savoir lequel d'entre nous est le véritable
requérant, puisqu'il y a plusieurs parties à ce projet de loi.
Mon nom est Raymond Garneau, président et chef de la direction de
L'Industrielle-Alliance, et j'ai, à ma gauche, notre conseiller
juridique, Me Marc Rochefort; à ma droite, M. Paul Berthiaume,
président et chef de la direction de Les Coopérants,
société mutuelle d'assurance-vie. Je crois que Me Lauzon agit
comme conseiller juridique des Coopérants. Nous devions avoir avec nous
également ce matin les gens de la Société d'indemnisation
des assurances de personnes. Je ne sais pas au juste s'ils ont eu un bris de
voiture, mais ils ne sont pas encore là. Me Deschamps devait être
là avec M. Yves Millette, de la Société d'indemnisation
des assurances de personnes.
Je vais, si vous me le permettez, M. le Président, Mme la
ministre, messieurs les députés, dire quelques mots concernant
notre intérêt dans ce projet de loi ou les raisons qui nous
amènent ici et peut-être que M. Berthiaume voudra ajouter quelques
mots.
Je crois que les gens autour de cette table connaissent un peu
l'évolution du dossier de Les Coopérants, société
mutuelle d'assurance-vie. En ce qui concerne L'Industrielle-Alliance, nous
avons été appelés à regarder ce dossier et,
finalement, de façon plus formelle, nous avons été
invités, avec au moins une autre compagnie d'assurances, à
présenter une offre d'achat pour le portefeuille d'assurance-vie de Les
Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie. Notre offre
a été acceptée et porte essentiellement sur des
éléments bien précis d'actifs que nous nous proposons
d'acheter et de passifs clairement indiqués et bien définis dans
une proposition que nous avons faite à la SIAP.
Compte tenu de la situation particulière dans laquelle se
trouvent Les Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie,
et aussi de la nécessité de protéger les détenteurs
de police, il est apparu à notre entreprise, comme aux autres
intervenants dans le dossier, qu'il était nécessaire
d'assurer la continuation de l'entreprise et, pour ce faire, un projet de loi
de nature privée devait être présenté devant vous.
Dans cette opération, L'Industrielle-Alliance investira, sous forme de
débentures subordonnées, dans le capital d'une nouvelle
entreprise à être constituée et qui portera le nom de
Coopérants-vie inc, une somme de 73 000 000 $. Des actifs et des passifs
seront transférés à cette société, de telle
sorte qu'elle pourra continuer les opérations d'assurance en assurant
une pleine protection aux détenteurs de police.
Les conseillers juridiques des différentes parties
impliquées dans cette transaction, à savoir la
Société canadienne d'indemnisation des assurances de personnes,
Les Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie, le
Bureau de l'Inspecteur général des institutions
financières, ainsi que L'Industrielle-Alliance, sont impliqués
dans la transaction à différents égards et sollicitent de
votre part l'adoption de la loi 305.
Je ne sais pas si M. Berthiaume veut ajouter quelque chose.
Les Coopérants, société mutuelle
d'assurance-vie
M. Berthiaume (Paul): J'ai seulement quelques
éléments à ajouter; je pense que la synthèse est
assez bonne. Parmi les objectifs poursuivis par Les Coopérants dans les
transactions que nous envisageons d'exécuter dans les prochains jours -
il y avait un grand nombre de parties intéressées - les
assurés, comme vous l'a indiqué M. Garneau, sont
protégés, et ça, c'était fondamental,
c'était sûrement l'objectif premier. Mais il y avait d'autres
parties, aussi, qu'on souhaitait protéger et ne léser d'aucune
manière; je pense notamment aux employés et aux divers
créanciers de l'entreprise.
Si les transactions se concluent tel qu'on le prévoit, je pense
qu'on peut dire que, dans toute cette - je serais presque tenté
d'appeler ça une saga - saga des Coopérants depuis un an, un an
et demi, la question se résout sans léser aucune de ces parties.
À cet égard, j'en suis satisfait.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Est-ce qu'il
y a d'autres requérants qui veulent intervenir? Ça va. M. le
secrétaire, je crois qu'on nous a fait état au bureau de la
législation qu'il y avait une personne intéressée...
Le Secrétaire: C'est exact, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): ...à se faire entendre.
Alors, j'inviterais les requérants à bien vouloir céder la
place à Mme Yolande Viger-Blouin, qui est la présidente et
directrice de L'Internationale, compagnie d'assurance-vie et qui a fait
état, je crois, au bureau de la législation de son intention
d'être entendue ici à cette commission comme personne
intéressée. Je n'ai pas le choix.
Auriez-vous la gentillesse, madame, de bien vouloir vous identifier pour
les fins d'enregistrement du Journal des débats?
L'Internationale, compagnie d'assurance-vie
Mme Viger-Blouin (Yolande): Yolande Blouin, présidente de
la compagnie d'assurance-vie L'Internationale, compagnie d'assurance-vie,
charte provinciale.
Le Président (M. Lemieux): Et auriez-vous la gentillesse
et l'amabilité de bien vouloir vous en tenir au projet de loi
d'intérêt privé 305. relativement à vos
commentaires, soit la loi concernant la continuation de l'entreprise
d'assurance de Les Coopérants, s'il vous plaît, madame. La parole
est à vous.
Mme Viger-Blouin: Voici. Comme on me dit que l'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes n'est pas présente,
je vais me permettre de vous transmettre le rapport qu'ils nous ont fait
parvenir hier, pas en entier. Sur le début des transactions, vous
êtes fort au courant. Cependant, j'aimerais vous faire part des
recommandations: "Mesures envisagées. Au cours des derniers mois, nous
avons repéré un certain nombre de questions importantes. Bien que
notre formule relative au MMPRCE permette d'évaluer de façon
appropriée le capital réel et le capital requis, elle ne permet
pas de détecter les fluctuations de la valeur de l'actif, les
évaluations appropriées et la liquidité pouvant dans ce
cas représenter un problème. Même si notre rapport laisse
entrevoir un problème avec Les Coopérants, nous ignorions celui
que posait la valeur de l'actif, notamment en ce qui concerne des filiales. Les
préoccupations croissantes quant aux problèmes pouvant
découler du double comptage des actifs sont justifiées. 23 % de
l'actif des Coopérants étaient investis dans des filiales. Il
s'agissait d'éléments d'actif fort peu liquides et des plus
difficiles à évaluer. (9 h 45) "Certaines sociétés
québécoises devront avoir accès à davantage de
capital si les normes en la matière doivent être
renforcées. Le fonds de garantie, tel qu'il a été
conçu, c'est-à-dire avec certains plafonds à la protection
fournie aux titulaires de polices, devrait peut-être être
révisé. Dans le cas qui nous concerne, il s'est
avéré moins onéreux de couvrir tous les titulaires de
polices que de les couvrir jusqu'à concurrence des plafonds prescrits.
De ce fait, il faudra modifier les modalités du fonds ou faire modifier
la loi sur les liquidations, ou les deux. La SIAP devra avoir accès
à plus de renseignements de la part des sociétés si l'on
veut empêcher que d'autres problèmes du genre de celui des
Coopérants ne se produisent à nouveau.
"De façon générale, il semble que tout le monde
s'en soit sorti indemne, sauf l'industrie. Les consommateurs sont couverts, les
créanciers sont remboursés intégralement, l'inspecteur
général donne l'impression d'avoir réglé le
problème sans que les titulaires de polices ne perdent d'argent et le
gouvernement du Québec ne se voit pas vraiment pressé de modifier
sa législation ou sa réglementation. Il est clair que nous ne
pouvons nous arrêter là. "Par conséquent, le conseil
d'administration a décidé de prendre les mesures suivantes. Une
délégation formée de représentants de l'ACCAP et de
la SIAP rencontrera certains ministres du Québec afin de leur faire part
de la profonde inquiétude de l'industrie à l'égard de la
situation actuelle et de la façon dont le problème a
été réglé, et de discuter des moyens suivants pour
y remédier: le gouvernement du Québec devrait élaborer un
ensemble de moyens visant à permettre l'augmentation du capital des
sociétés-vie québécoises dans la mesure où
ces normes demeurent un problème pour certaines sociétés.
Le gouvernement devrait aider la SIAP à avoir accès à des
renseignements complets et pertinents sur les sociétés,
même si cela s'avère difficile. Il serait aussi nécessaire
de pouvoir travailler en collaboration plus étroite avec les
autorités de réglementation. Le gouvernement devrait autoriser
les sociétés à déduire leurs cotisations de la taxe
sur primes québécoise, pour alléger les coûts
élevés à assumer par les sociétés au
Québec, du moins pendant que l'on révisera les divers
mécanismes afin de les renforcer. La SIAP travaillera en collaboration
avec les principaux responsables de la réglementation des assurances
dans tous les territoires de compétence en vue de modifier le fonds de
garantie et la loi sur les liquidations, ce qui permettrait à la SIAP de
jouer un plus grand rôle en matière de surveillance et de disposer
d'un fonds de garantie plus facile à mettre en oeuvre dans
l'éventualité d'une autre insolvabilité. Le
sous-comité du contrôle de la solvabilité sera
chargé d'envisager et de recommander d'autres formules et
méthodes afin que la SIAP dispose d'un mécanisme plus
poussé de détection des problèmes liés à la
valeur des éléments d'actif non liquides et au MMPRCE. La SIAP
s'efforcera de poursuivre en justice toute partie contribuant aux lourdes
pertes financières subies par l'industrie. La SIAP mettra tout en oeuvre
pour que le comité mixte industrie-gouvernement sur le MMPRCE puisse
faire ses recommandations d'ici le milieu de 1992, de façon que des
normes révisées et des mesures de transition appropriées
soient décidées et mises en place le plus tôt possible.
À la lumière des événements qui se sont produits,
la SIAP réexaminera les règles et les directives du fonds de
garantie dans le but de recommander les changements qui s'imposent."
La cotisation, je pense que ce n'est pas ça qui vous
intéresse le plus. On nous demande tout simplement de faire parvenir les
cotisations et qu'on vous en donne les détails, je ne pense pas que ce
soit ça qui vous intéresse le plus pour le moment. On sait bien
que c'est environ 120 000 000 $; ça peut s'avérer plus, mais,
pour le moment, c'est entre 100 000 000 $ et 120 000 000 $, on ne sait
guère le montant juste.
Maintenant, voici, j'avais demandé et recommandé que le
comité parlementaire obtienne le rapport des investigations que le
Surintendant des assurances au fédéral avait faites chez les
artisans à plusieurs reprises à partir de 1977. Est-ce que, M. le
Président, vous pourriez demander si M. Bouchard a en sa possession la
copie de ce rapport, qu'il a déjà demandée en 1990 au
Surintendant?
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, madame, je dois
vous faire remarquer que ce n'est pas dans la procédure habituelle de
voir un témoin suggérer au président les orientations ou
ce qu'il devrait demander à l'inspecteur général. Je
verrai tout à l'heure, dans le cours du débat qui aura lieu
lorsque les requérants prendront place à la table des
témoins, tout comme vous, s'il y a des questions au niveau des remarques
préliminaires, s'il y a lieu que tel dépôt de rapport
puisse se faire et le tout se fera dans les règles de l'art pour ce qui
se passe devant cette commission et en toute démocratie, madame,
soyez-en assurée.
Mme Viger-Blouin: Je veux simplement préciser le contenu.
Il s'agit, de fait, d'un rapport sur des investigations, qui relatait des
fraudes qui ont été commises; il y a des parjures qui ont
été faits de la part des administrateurs, entre autres le
vice-président au contentieux, ainsi que celui qui était le
vice-président à l'administration. Je trouve qu'il est
très pertinent parce qu'il y a énormément de choses dans
ce rapport dont je n'ai pas connaissance, en plus. Vous auriez eu une vue
d'ensemble de ce qui s'est passé du côté de la
comptabilité et des fraudes du côté des Artisans et vous
l'auriez plus en détail qu'en faisant juste des
généralités.
Le Président (M. Lemieux): Mais vous êtes
consciente, Mme Blouin, que nous ne sommes pas ici un tribunal et que mon
mandat concerne strictement l'étude du projet de loi privé 305.
Mais vous avez ici le porte-parole de l'Opposition et des membres de la
députation ministérielle qui, j'en suis certain, vont vous poser
des questions. L'inspecteur général va probablement prendre la
parole suite à votre intervention et on verra s'il y a lieu qu'il y ait
tel dépôt, madame.
Mme Viger-Blouin: Je veux simplement ajouter que M. Hammond m'a
dit que le comité parlementaire peut obtenir ce rapport de M.
Bouchard.
Maintenant, voici brièvement la situation de l'Internationale et,
avant que cette corporation ne s'éteigne, nous aimerions que certaines
créances soient réglées. Nous avions, d'accord, une tierce
saisie qui date d'assez loin, de 1977, et dont les honoraires d'avocat se sont
élevés à 180 000 $ en une très courte
période. Maintenant, nous avons fait la preuve, avec aussi des
interrogatoires qui ont suivi... Et là, il y a eu des parjures, aussi
bien au procès qu'à l'interrogatoire, de la part des Artisans,
à l'époque je dis bien, et ceci, avant l'époque où
M. Berthiau-me fut président. Il s'agit bien d'une créance et
voici ce dont il s'agissait. Des courtiers, qui faisaient affaire avec
l'Internationale et qui, après, sont retournés aux
Artisans/Coopérants, qui faisaient, d'ailleurs, cinq ou six compagnies
à tour de rôle, de toute façon, ces courtiers avaient,
durant la tierce saisie, eu un prête-nom avec l'accord des
Coopérants, Artisans... Excusez-moi si je me mêle en disant
Coopérants lorsque ce sont les Artisans.
Le Président (M. Lemieux): Prenez tout votre temps, Mme
Blouin. Prenez tout votre temps.
Mme Viger-Blouin: Ils se sont servis d'un prête-nom pour
écrire 150 contrats qui étaient retournés aux Artisans,
les Artisans ayant signé une rétrocession. Ce qui veut dire que
ces agents recevaient leur commission personnelle, même au moment
où ils étaient sous saisie. Ce stratagème a
été aussi employé par une autre compagnie de
Québec, mais là je n'ai pas fait toute l'investigation. Ce
même individu à Québec, en un mot, servait de
témoin, quand il ne l'était pas, sur les propositions et
soumettait aux Artisans une entente et un contrat avec eux en toute
connaissance, une chose qui est tout à fait illégale. Vous ne
pouvez pas témoigner de documents quand vous n'avez pas vu les clients.
Lorsqu'il y a une tierce saisie, les Coopérants ne devaient pas, en
connaissance de cause, payer des commissions qui allaient directement, par cet
individu, aux personnes sur lesquelles il y avait des saisies.
Je regrette. Je n'ai pas été aussi bien
préparée que je l'aurais cru. J'ai eu un avis très court,
hier seulement, au milieu de l'après-midi.
Maintenant, il s'agit aussi, vous savez, dans la comptabilité,
ces courtiers ont eu, avec les Coopérants/Artisans, 40 comptes d'agents.
C'est-à-dire que tout changeait constamment selon le statut. Lorsqu'il y
a eu des saisies, il y a d'aiftres comptes qui se sont ajoutés.
Maintenant, ils avaient deux processus. Il y a des polices qui étaient
vendues sous le nom d'une compagnie qui s'appelait Deschênes,
Bédard, Carrier, Boulanger et Associés, et les individus de cette
firme avaient aussi des contrats avec les Coopérants/Artisans.
Maintenant, au moment des procédures, à cause des parjures
des Coopérants, nous avons perdu la saisie contre les individus. Elle a
été maintenue contre les corporations, à venir
jusqu'à ce jour, c'est-à-dire Murticonseil Deschênes,
Cartier, Bédard et Associés. Ce qui s'est produit... Il y a eu un
certain moment, en 1973, où il y a eu un procès-verbal chez
Deschênes, Bédard, Carrier et Associés, permettant à
ces individus d'avoir des contrats individuels avec les
Artisans/Coopérants. Ils ont produit un volume très
considérale qui dépassait le volume de la corporation
Deschênes, Bédard, Carrier et Associés. Au moment de la
saisie, ils avaient déjà payé énormément de
commissions, peut-être des centaines et des centaines de milliers de
dollars, à ces individus qui ne payaient pas de prime. C'est ça,
la chose importante: la prime n'était pas payée. Les commissions
étaient d'environ 175 % à 200 %. Les assurances étaient
sur leur vie, la vie d'amis ou de gens dans des corporations où ils
siégeaient.
La saisie a été maintenue contre les corporations. Au
moment même où on a fait la saisie, immédiatement, Les
Coopérants se mettent à faire des charges de 100 000 $, 200 000
$. Les montants entraient, il n'y avait plus de fin. C'est-à-dire qu'ils
ont pris tout ce qui était dû. Je vais vous expliquer le
processus. Lorsque Les Coopérants payaient environ 175 %,
peut-être 200 % de commissions, l'agent, était obligé de
payer au moins trois primes annuelles pour avoir droit à ces
commissions; sinon ils devaient débiter le compte et reprendre une
partie de ces commissions, boni sur boni, etc. Ils ne le faisaient pas, ils ne
passaient pas les débits. Lorsque ces gens s'émettaient des
polices personnelles sur leur propre vie pour, disons, 10 000 $ de prime, ils
n'avaient pas de prime à payer et ils recevaient 10 000 $ de commission.
S'ils sont quatre, cinq, etc. L'année suivante, même si les primes
ne sont pas payées, 9s ne passent pas de débits et ils en
ressortent de nouveau. C'est-à-dire que, d'après un rapport
d'investigation, dès que ces gens avaient des besoins urgents
d'argent... Surtout, dans le cas qu'on nous explique, il y avait un holding
où ils avaient Alperta qui dirigeait, qui était
propriétaire de Direquair. On louait personnellement des avions. Le
contrat n'est pas venu assez rapidement pour faire le transport de la Baie
James. Il fallait qu'ils rencontrent les paiements à la compagnie
prêteuse. À ce moment-là, ils sortaient des polices
personnelles.
Les polices personnelles. Ils sont allés chercher, quand ils ont
fait le nettoyage... Dès que la saisie est arrivée, ils se sont
mis à nettoyer et les commissions qu'ils n'ont pas été
chercher pendant deux, trois et quatre ans, ils sont venus toutes les chercher
d'un seul coup dans le compte de la corporation. En plus, du côté
personnel, comme je vous dis, ils ont multiplié les comptes. Je pense
que vous retrouveriez une partie de ça sûrement dans le
rapport
de M. Hammond. De toute façon, nous nous sommes plaints à
cet effet-là. Il avait corroboré aussi le nom de la personne qui
passait toutes ces polices au moment de la saisie à leurs noms
plutôt qu'au nom des personnes qui étaient saisies, mais qui leur
payaient leurs commissions, avec l'assentiment des Coopérants. Donc, il
y avait cette stratégie, entre les polices qui étaient
écrites au nom de ce fameux courtier, qui sont allées, comme je
vous l'ai dit, à deux compagnies de Québec, pas seulement
à une. Les numéros de compte ont été
multipliés. La comptabilité était incroyable. Vous ne
pourriez pas vous y retrouver. Je suis contente de savoir aujourd'hui que
Coopers & Lybrand a aussi rencontré énormément de
difficultés: il y a des profits de 4 000 000 $ quand c'est des
déficits de 350 000 $. Je trouve que, finalement, je ne suis pas la
seule à parler dans le désert.
Maintenant, vous allez peut-être me dire: Mais comment se fait-il
que vous n'avez absolument rien fait depuis? Eh bien, au moment où...
(10 heures)
Le Président (M. Lemieux): Mme Blouin, je m'excuse, mais
au niveau de la procédure j'aimerais vous inviter à conclure. Il
vous reste environ trois, quatre minutes là.
Mme Viger-Blouin: Écoutez, je dois dire qu'au moment
où la fusion s'est faite nous avons demandé à M. Graveline
de faire l'investigation. La première chose qu'on a sue, il était
dehors. Ils avaient promis, au service des assurances fédéral, de
faire l'enquête; M. Sauvé niait qu'il avait reçu la
correspondance, mais M. Hammond l'a forcé à dire que, oui, ils
avaient reçu un résumé de tous les interrogatoires, la
copie, où ils se sont parjurés, etc.
Maintenant, à un autre moment, M. Shooner est entré. On a
fait une réunion très courte et après on a eu une audience
au comité sénatorial pour essayer d'empêcher que la charte
soit transférée au Québec. Ils nous ont assuré, de
toute façon, au comité que les dettes - M. Cogger pilotait le
"bill" - étaient transférées dans la nouvelle charte.
Cependant, j'ai demandé à M. Hammond à ce
moment-là, de bien vouloir aviser M. Shooner, de lui faire parvenir tous
les rapports de toutes les inspections qui avaient eu lieu, où il y
avait eu de la fraude dans la comptabilité. Il a fait parvenir le
rapport à M. Shooner et ils m'ont téléphoné pour me
dire de communiquer avec lui, puis M. Shooner de me répondre - je
voulais qu'il vienne à la banque où on a des casiers et des
casiers, pour constater tout ce qui s'est passé: La brique est
là, puis je ne la lis pas. En autant que sa législation passait,
c'est tout ce qui l'intéressait.
Alors, entre-temps, avant que le changement de charte ait lieu en 1988,
nous sommes venus à Québec...
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous conclure, Mme
Blouin, s'il vous plaît? Mme Viger-Blouin: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Auriez-vous la gentillesse de
bien vouloir conclure?
Mme Viger-Blouin: O.K. Eh bien, le service...
Le Président (M. Lemieux): Parce que le temps est
expiré. Je suis bien prêt à vous donner encore quelques
minutes pour conclure.
Mme Viger-Blouin: Depuis 1977, le service des assurances au
Québec est au courant de tout ce qui se passe. Il n'a jamais, jamais
rien fait. Il a eu l'opportunité de voir tous les dossiers. Je suis
montée avec quatre boîtes et, comme vous le voyez, ce fut toujours
des efforts perdus; rien ne se fait et nous tournons en rond. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Mme Blouin.
J'inviterais maintenant les requérants à bien vouloir prendre
place à la table des témoins et on va y aller
préalablement de remarques préliminaires. Mme Blouin, voulez-vous
demeurer à la table des témoins, parce que c'est la coutume?
Comme les membres de cette commission ont des questions à vous poser,
vous devez demeurer à la table des témoins en même temps
que les requérants. Les requérants doivent aussi prendre place
à la table des témoins. Vous n'avez pas de remarques
préliminaires?
Mme Robic: Oui, mais je vais laisser faire les remarques
préliminaires. Il est 10 heures.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre, vous avez la
parole.
Discussion générale
Mme Robic: Mme Blouin, je vous souhaite la bienvenue à
cette commission. J'ai écouté vos remarques avec beaucoup
d'attention et je dois vous dire que certaines de vos remarques me surprennent.
Vous demandez au gouvernement d'agir au niveau de la SIAP, Mme Blouin. Je
voudrais vous rappeler que la Société d'indemnisation des
assurances de personnes est une société privée qui a
été créée par les compagnies d'assurances
elles-mêmes. L'entente a été une entente qui a
été discutée avec les assureurs. C'est les assureurs
eux-mêmes qui ont développé cette Société,
qui ont conclu une entente entre eux sur les normes, sur la façon de
procéder. Ce que nous avons fait, nous, au gouvernement, une fois que
l'entente a été signée par les compagnies d'assurances -
d'ailleurs, sans même que le gouvernement s'implique, 95 % des polices du
Québec étaient couvertes, parce que les compagnies avaient
même signé cette entente - nous
l'avons rendue obligatoire pour protéger ces 5 % de porteurs de
police qui n'étaient pas couverts et également pour nous assurer
que l'on conservait notre compétence au Québec. Alors,
c'était important que l'on puisse agir. Même chose pour
protéger les porteurs de police à l'extérieur du
Québec qui faisaient affaire avec des compagnies du Québec. Nous
voulions être sûrs que tout le monde était
protégé par cette entente et c'est pour cette raison que nous
l'avons rendue obligatoire.
Si, aujourd'hui, suite à une première transaction, la SIAP
ou l'industrie se rend compte qu'il y a certains problèmes, bien,
ça va être à l'industrie à regarder à nouveau
ces ententes. Mais je crois qu'après avoir relu l'entente à
quelques reprises, après avoir demandé conseil, il était
évident que, dans cette entente, il revenait à l'industrie de
contribuer s'il y avait perte dans une entreprise. C'était assez clair.
Il y avait même des exemples qui étaient donnés. Donc,
ça me surprend, aujourd'hui, que l'on puisse être surpris des
décisions prises par la SIAP.
D'ailleurs, vous allez me permettre de féliciter tous les gens
qui ont participé à cette transaction, des gens de Les
Coopérants, de L'Industrielle-Alliance et des autres compagnies qui ont
présenté des offres, et la SIAP. Je voudrais féliciter
l'inspecteur général de sa vigilance. Vous savez, après
coup, c'est toujours facile de dire qu'on aurait dû agir plus vite ou
moins vite. C'est la sagesse de l'expérience passée, mais vous
savez comme c'est délicat, ce genre d'opération. Nous avons fait
tout notre possible et l'Inspecteur également a fait tout en son pouvoir
pour s'assurer que cette compagnie et, surtout, que les porteurs de police
soient protégés. Oui, c'est vrai. C'était a peu
près notre seule préoccupation de protéger les porteurs de
polices, c'est vrai. A ce niveau, je pense qu'on peut dire que la SIAP et les
compagnies ont agi d'une façon très responsable. Je trouve
dommage qu'aujourd'hui on puisse remettre en question une entente que les
compagnies ont signée en toute connaissance de cause.
Après cette expérience, s'il y a des changements à
faire, les membres du conseil d'administration de la SIAP devront se pencher
sur ces ententes et voir s'il doit y avoir des changements. Vous aurez
certainement une chance de vous exprimer à ce moment-là. J'ai
déjà, d'ailleurs, rencontré un certain nombre de membres
du conseil d'administration de la SIAP. Je leur ai dit que j'étais
très ouverte à regarder le processus avec eux, mais il fallait
que ça commence par l'industrie puisque c'était une
société créée par l'industrie eUe-même.
Aujourd'hui, je pense qu'on est ici avec un projet excessivement
important. Il s'agit de faire en sorte qu'une compagnie
québécoise continue son existence. On fait en sorte
également que les porteurs de police soient protégés
à 100 % et j'en remercie la SIAP. Je pense que c'était important
de le faire. Et je veux féliciter l'industrie d'avoir assumé sa
responsabilité dans un dossier excessivement délicat et de
l'avoir porté à bon port. Alors, M. le Président,
ça complète mes remarques et j'espère que l'on va pouvoir,
après plusieurs mois de consultations, plusieurs mois de rencontres, des
centaines de rencontres, régler ce dossier. Je dois vous dire que je me
sens très confortable avec la façon dont le dossier a
été conclu. Moi, je tiens à féliciter et à
remercier toutes les personnes qui ont été impliquées dans
ce dossier.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: M. le Président, à ce moment-ci, je
voudrais limiter mes remarques préliminaires. Je crois qu'il n'est pas
nécessaire, à ce moment-ci, de refaire l'apologie de toute
l'histoire des Coopérants. Nous la connaissons bien, vous comme moi.
J'apprécierais, à tout le moins, si les membres de cette
commission le voulaient, qu'avant d'entreprendre l'étude article par
article et avant de pouvoir discuter avec les requérants,
particulièrement ceux des Coopérants et de
L'Industrielle-Alliance, on puisse régler la question de Mme Blouin. Mme
Blouin, essentiellement, est venue ici manifester un certain nombre de
commentaires quant à cette transaction entre les différents
partenaires: la SIAP, l'Industrielle et Les Coopérants. Elle
prétend à l'existence d'une tierce saisie qu'elle pourrait
peut-être exercer contre une des parties.
Demande de dépôt de documents
Je comprends très bien, M. le Président, et, rapidement,
avant que vous me rappeliez à l'ordre, que d'aucune façon il
n'est de notre rôle de nous instituer comme tribunal pour voir à
ce que les droits de tous et chacun et les obligations soient respectés.
Cependant, j'apprécierais peut-être, pour la satisfaction de Mme
Blouin, qu'on puisse demander, à tout le moins, à l'Inspecteur,
si, d'une part, il a te document en main, s'il consent à le
déposer et demander la même chose et la même transparence
à Mme Blouin qui, elle aussi, pourrait peut-être nous
déposer ou, à tout le moins, identifier et déposer le
document dont elle nous a fait lecture au moment de sa présentation.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous consentez, Mme
Blouin, à ce que ce document-là soit déposé?
Mme Viger-Blouin: Pourrais-je juste répondre un peu
à Mme Robic. Je ne suis pas déléguée de la SIAP. Je
n'ai fait que vous transmettre ia publication qui est adressée à
toutes les compagnies d'assurances qui sont cotisées. Donc, Mme Robic,
les remarques que je vous ai lues ne sont
pas les miennes; elles sont celles de la SIAP. Cependant, je peux vous
ajouter que les membres de l'industrie sont très mécontents. Ils
ont manifesté leur mécontentement à la SIAP et surtout
vis-à-vis le double comptage des actifs qui entraîne
d'énormes difficultés et aussi lorsqu'il s'agit du - le mot
français, je ne me le rappelle pas - "goodwill" qui est
exagéré dans la comptabilité et aussi d'être
obligé de payer pour l'acquisition de subsidiaires comme des compagnies
de fiducie ou autres qui, indirectement, ont dû coûter des
montants... Et ça, ça ne vient pas de la SIAP. Ce sont des
individus, des présidents de corporations qui font partie de la SIAP qui
le manifestent. Il y a, enfin, des institutions au Canada qui viennent au
secours des compagnies de fiducie ou autres, mais qui ne voient pas pourquoi la
SIAP, en tant que corporation qui doit subvenir au sauvetage de compagnies
d'assurance-vie, serait obligée de faire le sauvetage de fiduciaires
indirectement par les dépenses qui ont été encourues par
la compagnie mère.
Je peux facilement déposer ce que vous demandez; j'en ferai faire
une photocopie, si vous êtes assez bons d'en faire faire une
photocopie.
Le Président (M. Lemieux): Alors, voulez-vous me remettre
votre document? Je vais en autoriser le dépôt dans un premier
temps. Alors, nous allons faire les copies, Mme Blouin, pour les déposer
à chacun des membres de cette commission. M. le député de
Gouin, est-ce que vous avez d'autres questions?
M. Boisclair: Vous comprenez bien, M. le Président,
l'empressement que je vais prendre à lire ce document-là, compte
tenu que ce document vient bien de la SIAP et qu'il tient des commentaires qui
sont loin d'être élogieux à l'égard non seulement de
l'industrie en général, mais aussi à l'égard de
ceux et celles qui ont la responsabilité de réglementer cette
industrie. Je m'attends et j'espère qu'autant l'Inspecteur que la
ministre verront à prendre les mesures nécessaires pour s'assurer
que les propos diffamatoires et fallacieux contenus dans ce document soient
rapidement écartés pour s'assurer que ce qu'on dit ici à
l'alentour de cette table soit non seulement des voeux pieux et reprenne...
Je vois, d'ailleurs, les gens de la SIAP qui sont ici et qui viennent
d'arriver, particulièrement M. Millette, qui est vice-président
de l'ACCAP, qui pourra sûrement se faire un plaisir de venir coriger le
tir quant à l'impression qui est donnée par le document
signé par la SIAP. Je compte, bien sûr, sur les membres de cette
commission pour s'assurer... M. le Président, compte tenu de
l'importance de ça, je vous demande votre...
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Gouin. Pas de problème.
M. Boisclair: Je veux juste m'assurer que les impressions soient
corrigées. Deuxième chose. J'aimerais bien demander à
l'Inspecteur ou à la ministre si le document auquel fait
référence Mme Blouin est effectivement un document qui existe et
si l'Inspecteur voudrait en autoriser le dépôt.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: Je n'ai certainement pas vu le document, M. le
Président, parce que, dans la présentation de Mme Blouin, j'avais
l'impression que c'était son document à elle et non pas le
document de la SIAP. Alors, je n'ai pas vu ce document et, donc, moi aussi, je
serais curieuse d'en avoir une copie et, si ça vient de la SIAP, vous
comprendrez que, moi aussi, M. le député de Gouin, j'ai de
grandes surprises.
Le Président (M. Lemieux): On va vous le remettre dans
quelques instants. Mme Blouin. Oui?
M. Boisclair: La question que j'adresse...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! M. le
député de Gouin. (10 h 15)
M. Boisclair: La question que j'adresse à la ministre ou
à l'Inspecteur est sur le document auquel fait référence
Mme Blouin qui serait essentiellement un rapport d'enquête faîte
par le surintendant fédéral et un rapport qui date
déjà de quelques années, qui aurait été fait
au cours des années soixante-dix. Si ce document, comme Mme Blouin le
prétend, est entre les mains de l'Inspecteur et si le surintendant, M.
Boivin, en a reçu copie, la ministre ou l'Inspecteur, la ministre parce
que c'est une commission parlementaire serait-elle disposée à
autoriser le dépôt de ce document?
Le Président (M. Lemieux): Mme Blouin, oui, vous avez une
remarque là-dessus.
Mme Viger-Blouin: Me Lebrun, qui était le chef de cabinet
de Mme Robic, était censé le faire venir cet été,
en faire la demande à Me Bouchard.
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame. Mme la
ministre.
Mme Robic: M. le Président, je n'ai pas connaissance de ce
document.
Le Président (M. Lemieux): Alors, Mme la ministre, vient
de vous répondre. Elle n'a pas eu connaissance de ce document.
M. Boisclair: Mais, M. le Président, est-ce que la
ministre peut s'enquérir auprès de Tins-
pecteur pour savoir si ce document existe?
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre, est-ce que
vous autorisez l'Inspecteur général des institutions
financières à nous faire état, à cette commission,
si ce document-là existe?
Mme Robic: M. le Président, je vais utiliser mes
prérogatives et je vais donner la permission à l'Inspecteur de
vous répondre.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la ministre. M.
l'Inspecteur général des institutions financières.
Une voix:...
M. Bouchard (Jean-Marie): Pardon?
Une voix: "Chat échaudé craint l'eau froide".
M. Bouchard: Essentiellement, Mme Blouin a exposé un
problème de nature privée, un litige qui existe depuis une
quinzaine d'années, du temps des Artisans, avant leur fusion en 1981, du
temps que les deux compagnies étaient de juridiction
fédérale, un litige qui opposait des courtiers, des agents et les
Artisans. Lorsque la fusion a été faite avec les Artisans et Les
Coopérants en 1981, donc c'est devenu le problème des
Coopérants et, nous, nous n'avons pas été impliqués
dans ce dossier-là parce que c'était de juridiction
fédérale. Et, lorsqu'en 1987 le transfert de juridiction a
été fait, nous avons, subséquemment - il y a à peu
près, je crois, un an ou deux, je pourrais m'enquérir de la date
exacte - mais fort longtemps après, reçu le document en question
qui était une étude, analyse - appelez-la enquête si vous
voulez - qui avait été menée par le département
fédéral sur cette situation-là et qui faisait état
de certaines circonstances qui se sont passées, mais qui n'a pas
donné lieu, de la part du gouvernement fédéral, durant
toute cette période-là, à intervention.
Ce n'est que lorsque le transfert de juridiction a été
fait qu'on nous a demandé d'intervenir, presque 15 ans après,
pour un problème de litige de nature privée, et de nous
enquérir sur l'administration d'une compagnie qui remontait dans le
temps sous la juridiction fédérale. J'ai parlé de cette
question-là à plusieurs reprises avec Mme Blouin et mes
assistants l'ont rencontrée à plusieurs reprises pour essayer de
comprendre que ce n'est pas de la nature d'une administration, d'une
surveillance comme telle, sauf si on est convaincu qu'il y a fraude ou
malversation. Si c'est un problème de droits à faire valoir
contre une entreprise, des compagnies d'assurances en ont des multitudes
à tous les jours à faire valoir vis-à-vis de
différents créanciers. Donc, on n'a pas à s'immiscer. Et
on lui a demandé, en plus de ça, les documents qui pourraient
justifier une intervention en termes de fraudes et elle nous disait que
c'était confidentiel et qu'il fallait les voir dans ses voûtes
Mais alors là...
Le Président (M. Lemieux): Merci, M l'Inspecteur. Mme
Blouin, oui.
Mme Viger-Blouin: Voici, il faut bien préciser. Je suis
spécifiquement allée à Ottawa en 1987, d'une part, pour
l'audition sénatoriale pour empêcher que le transfert de la charte
se fasse avant que cette chose soit nettoyée et aussi pour m'assurer que
M. Hammond mettait à la disposition les rapports d'inspection qui ont
toujours été disponibles, même antérieurement. Je
suis montée à Québec avec quatre caisses de documents.
J'ai eu une entrevue de quatre heures de temps avec M. Monfette, qui a
sûrement fait rapport aux autorités, et leur ai
spécifié qu'ils pouvaient avoir la contrepartie, si vous vouiez,
la preuve de tout ce que j'avançais en plus de nos propres preuves,
ça va de soi, et que c'était contenu dans le fameux rapport. Et
personne n'a agi, pas plus, je vous le ferai bien remarquer, qu'en 1976, lors
d'une première tierce saisie lorsqu'il y a eu un chèque qui nous
a été donné de la part de ces courtiers et qui
représentait les primes perçues des clients pour 70 000 $, qui
est un chèque sans fonds et qui nous a, par ailleurs, été
payé avec l'intervention d'une tierce saisie. Aucun des
représentants n'a perdu sa licence même s'ils avaient
encaissé dans leur compte personnel et dépensé 70 000 $ de
primes et ce sont Les Coopérants qui leur ont avancé l'argent
pour payer le billet en question et régler la première tierce
saisie.
Je dois dire que maintes et maintes fois, presque tous les mois, je
faisais des plaintes à Me Millette sur ce qui se passait et, à un
moment donné, pour avoir...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez simplement à
dévisser le haut, Mme Blouin, c'est ça, et il n'y aura pas de
problème.
Mme Viger-Blouin: J'ai voulu, à un moment donné,
pour d'autres raisons, consulter les dossiers et passer par l'accès a
l'information et j'ai fait comparaître Me Millette pour me faire dire
que, de toutes mes conversations, il n'existait aucune communication.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, madame.
Est-ce que les requérants ont des commentaires?
M. Boisclair: Moi, je me pose encore la question.
Le Président (M. Lemieux): Oui, une autre question.
Alfez-y, M. le député de Gouin.
M. Boisclair: Est-ce que ce document existe et est-ce que
l'Inspecteur qui est, je le conçois, fort intéressé par le
document qu'on vient de lui remettre, est disposé à
déposer ce document qui lui aurait été remis du
fédéral?
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: M. l'Inspecteur, vous pouvez répondre au
député.
M. Bouchard: M. le député, je vous avoue que je
suis profondément, je dirais, inquiet. C'est un rapport qui a
été fait par les autorités dans le temps, qui met en
cause, sans juger... Je ne suis pas juge de la Cour supérieure; le
fédéral ne l'est pas davantage. Il révèle des
faits. Pour une autorité de contrôle, qui ne conclut même
pas sur des actions à entreprendre, s'il y avait lieu d'en entreprendre,
est-ce qu'il y a lieu, en toute justice et équité pour les
parties, de rendre public un rapport semblable qui était destiné
à des fins internes et destiné uniquement à être
communiqué aux personnes concernées parce que c'était un
litige privé, et ça, 15 ans après? C'est la question que
je me pose. Fondamentalement, je vous avoue qu'en équité j'ai des
doutes, mais je peux m'enquérir sur le plan juridique si, techniquement
parlant, il y aurait objection à le faire. Mais, en termes
d'équité, je me demande si on aiderait vraiment
l'intérêt de toutes les parties, parce que ses droits ne sont pas
en cause. Si elle a encore des droits, elle peut encore les faire valoir contre
qui que ce soit. Mais est-ce que c'est bon de faire publiquement état de
choses, des affirmations qui sont parfois des insinuations, qui sont parfois
des questions? J'ai des doutes.
M. Boisclair: À ce moment-ci, M. le Président, je
comprends très bien qu'en toute équité l'Inspecteur et les
membres de cette commission puissent se poser un certain nombre de questions.
Cependant, sans vouloir préjuger des droits que Mme Blouin et que
L'Internationale pourraient exercer contre d'autres parties - M. le
président nous l'a déjà souvent rappelé, ce n'est
pas notre responsabilité de préjuger de la façon dont des
litiges, qui pourraient se retrouver devant les tribunaux, pourraient se
conclure - je suis convaincu que ce rapport, à tout le moins, pourrait
permettre de faire la lumière et pourrait certainement aider les
personnes concernées à faire valoir leurs droits. À tout
le moins, ça pourrait jeter la lumière sur un certain nombre
d'allégations sans pour autant... À moins qu'il y ait des
renseignements qui soient protégés par la loi sur l'accès
à l'information, je crois qu'il n'y aurait pas de problème.
Ça ne causerait aucun préjudice de déposer ce document,
d'autant plus que, pour avoir discuté avec l'inspecteur
fédéral, M. Hammond, on ne voyait aucun problème à
ce que ce document soit déposé. Lui-même me di- sait - et
je crois vous l'avoir souligné dans une correspondance ou dans une
discussion verbale -qu'il n'avait aucune objection à ce que ce document
soit déposé si le gouvernement du Québec, par le biais de
son Inspecteur, autorisait le dépôt de ce document. Je parie bien
du rapport des années soixante-dix. Je veux juste poursuivre la
discussion. Quand même, il y a une requérante qui est venue devant
nous et je crois...
Mme Robic: M. Bouchard.
M. Bouchard: Écoutez, je vous ai fait part de mes
inquiétudes, M. le député. C'est une commission
parlementaire. C'est l'Assemblée qui a toute responsabilité pour
décider des conséquences de ces actes. Je n'ai pas, au dossier,
d'autorisation du fédéral de distribuer des copies. Vous me dites
qu'il n'y aurait pas d'objection. Je vais communiquer avec l'autorité
fédérale et, si l'autorité fédérale prend la
responsabilité de m'autoriser à délivrer une copie qui m'a
été transmise strictement confidentiellement, je me sentirais
dégagé de la responsabilité et des conséquences que
ça pourrait entraîner tant vis-à-vis de l'Assemblée
nationale que vis-à-vis du fédéral.
Le Président (M. Lemieux): Si je comprends bien, Mme la
ministre, vous n'autorisez pas la production de ce document.
Mme Robic: Je n'en autorise pas le dépôt. Comme l'a
dit l'inspecteur général, il devra obtenir la permission des
autorités fédérales.
M. Boisclair: M. le Président, dans ces circonstances, et
je comprends la prudence de l'Inspecteur, est-ce que la ministre peut, à
tout le moins, s'engager a me répondre le plus rapidement possible, par
écrit, pour me faire part de sa décision de communiquer ou non le
contenu de ce rapport, soit à moi-même ou à Mme Blouin?
Mme Robic: M. le Président, si les autorités
fédérales nous permettent de faire parvenir ce rapport à
l'Opposition et à Mme Blouin, ça nous fera plaisir de le faire.
Je n'ai pas d'objection à ce que ce soit fait.
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme Blouin.
Mme Viger-Blouin: M. le Président, je l'ai demandé
et redemandé, et on a rafraîchi ma mémoire constamment: M.
Hammond permet définitivement à M. Bouchard de le remettre
à cette commission parlementaire. Dès que j'ai su que la
première réunion de cette commission...
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais Mme Blouin...
Mme Viger-Blouin: ...avait eu lieu, j'ai demandé la
permission. On m'a dit que c'était absolument possible que la commission
parlementaire... Moi, je ne peux pas en obtenir une copie, mais la commission
parlementaire peut en obtenir une copie.
Le Président (M. Lemieux): Mme Blouin, dans un premier
temps, c'est au président à déterminer effectivement,
même s'il y a production de ce document, s'il sera déposé
et, dans un deuxième temps, il appartient à l'autorité
elle-même, et non pas par une délégation ou par, je dirais,
une conversation que vous avez pu avoir avec cette autorité-là,
de décider si effectivement elle en autorisera le dépôt ou
non. Alors, M. l'Inspecteur, comme Mme la ministre l'a dit suite à la
réponse du député de Gouin, va vérifier. Mme la
ministre va transmettre les informations au député de Gouin et,
pour le moment, en vertu du règlement, il n'y a pas d'obligation, Mme
Blouin, de la part de la ministre - et, moi, je suis ici pour faire respecter
le règlement - d'avoir à déposer ce document. Le
député de Gouin pourrait toujours faire une motion pour
dépôt d'un tel document, mais elle devrait être votée
à la majorité simple, ce qui ne me semble pas être le cas
actuellement, Mme Blouin. Alors, ça va sur cet aspect-là.
Mme Viger-Blouin: Je comprends vos remarques, mais, maintenant,
il y a une chose: c'est que ce rapport-là contient sûrement des
révélations à l'effet que l'association des
intermédiaires...
Le Préskient (M. Lemieux): Oui.
Mme Viger-Blouin: Les permis d'assurance de ces agents-là
auraient dû être annulés. C'est du domaine du
provincial.
Le Président (M. Lemieux): Mme Blouin... Mme
Viger-Blouin: Ce qui n'a pas été fait.
Le Président (M. Lemieux): ...on en jugera si,
effectivement, le dépôt de ce document est autorisé. Alors,
est-ce qu'il y a d'autres remarques?
M. Boisclair: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin.
Continuation des droits, privilèges et
obligations
M. Boisclair: ...une dernière chose pour régler la
question de Mme Blouin. Est-ce que la ministre peut nous donner l'assurance
que, si jamais il y avait un litige quelconque, l'ensemble des droits seront
continués avec la nouvelle corporation?
Mme Robic: Je crois que...
M. Boisclair: Des recours possibles...
Mme Robic: Oui.
M. Boisclair: Juste pour bien expliquer, pour être clair
à l'égard de Mme Blouin: l'ensemble des droits et recours qu'elle
pourrait exercer, si ma compréhension en est bonne aujourd'hui et compte
tenu de l'état de la corporation, de son existence légale, seront
transportés vers la nouvelle société.
Mme Robic: M. le Président...
M. Boisclair: II n'y a aucune extinction de droits et
d'obligations dans le projet de loi que nous étudions aujourd'hui.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président. Je vais demander à
M. Bouchard de répondre à cette question.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: Le cas n'est pas spécifiquement prévu,
mais la loi prévoit une continuation de l'entreprise d'assurance. Alors,
implicitement...
Le Président (M. Lemieux): Implicitement, il ne se pose
pas de problèmes.
M. Boisclair: Ce qui veut dire que, pour tous les litiges
qu'aujourd'hui un individu pourrait exercer contre Les Coopérants, cette
possibilité d'exercer un recours ou d'entreprendre une procédure
contre Les Coopérants pourra toujours exister avec la nouvelle
corporation qui sera créée.
Mme Gagnon (Hélène): Pour ce qui est des
assurés.
M. Bouchard: Selon les assurés et en ce qui concerne les
assurés. C'est les entreprises d'assurances pour lesquelles il y a
continuation. Si ça touche à ça, c'est correct.
Mme Gagnon: Oui, mais pour l'autre, c'est une continuation
dans...
Le Président (M. Lemieux): Oui, madame. Voulez-vous vous
identifier?
Mme Gagnon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre, est-ce que
vous le permettez?
Mme Robic: Oui, certainement. Je le permets.
Le Président (M. Lemieux): Pour fins d'enregistrement du
Journal des débats.
Mme Gagnon: Hélène Gagnon, avocate chez
l'inspecteur général.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
Mme Gagnon: La continuation d'existence aussi pour la corporation
elle-même se fait en corporation régie par la partie III de la Loi
sur les compagnies.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous parler un petit peu
plus fort?
Mme Gagnon: La continuation d'existence de la corporation
elle-même se fait sous une corporation régie par la partie III de
la Loi sur les compagnies. Ça, il y a une continuation d'existence, il
n'y a pas de coupure.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous dites qu'il n'y a
pas de coupure.
Mme Gagnon: De coupure.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Gouin? Oui?
M. Boisciair: Juste pour être bien clair à
l'égard de Mme Blouin, si elle prétend pouvoir exercer un droit
ou un recours contre Les Coopérants, elle pourra le faire malgré
la transformation que nous allons opérer ici en commission.
Le Président (M. Lemieux): Plus près du micro,
madame, s'il vous plaît.
Mme Gagnon: Sûrement.
Le Président (M. Lemieux): Alors, merci. Ça va.
M. Boisciair: Alors, je présume que c'est à la
satisfaction de... (10 h 30)
Mme Viger-Blouin: Je regrette, je n'ai pas entendu.
Le Président (M. Lemieux): Alors, voulez-vous
répéter, M. le député de Gouin? Voulez-vous
répéter plus fort, madame? Vous avez une belle voix. Plus
fort.
Mme Gagnon: Oui? Vous trouvez?
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Gouin. Voulez-vous reprendre votre question?
M. Boisciair: Alors, de la réponse que j'ai eue,
d'ailleurs - je veux juste être bien clair là-dessus - je voulais
faire valoir à Mme Blouin que, si jamais elle prétend pouvoir
exercer un recours ou faire valoir un droit devant les tribunaux concernant un
litige qui pourrait l'opposer aux Coopérants dans leur structure
actuelle, ces mêmes recours qui existaient avant la fusion avec les
Artisans, d'aucune façon, le projet de loi que nous adopterons
aujourd'hui ne viendra modifier cette possibilité de prendre un recours
devant les tribunaux. En d'autres mots, il n'y a aucun droit qui sera...
Le Président (M. Lemieux): Prescrit.
M. Boisciair: ...prescrit, le mot exact, par ce projet de loi
là. Donc, il vous sera toujours loisible, au moment que vous jugerez
opportun et peut-être avec les informations supplémentaires qu'on
obtiendra, de faire valoir vos droits, malgré la transformation qui
existe.
Le Président (M. Lemieux): Alors, Mme l'avocate du
ministère des institutions financières, vous allez vous
identifier de nouveau et à peu près de la même teneur que
je vous parle, là; un petit peu plus fort.
Mme Gagnon: Hélène Gagnon, avocate chez
l'Inspecteur général des institutions financières. C'est
qu'on assure, dans le projet de loi, la continuation de l'existence des
Coopérants en une corporation régie sous la partie III. Donc,
pour ce qui ne concerne pas, comme tels, des droits des assurés
eux-mêmes, c'est la corporation sans but lucratif qui va continuer
l'existence des Coopérants. Il n'y a pas de coupure en termes
d'existence. Les droits et obligations vont être continués
dans...
M. Boisciair: C'est sans but lucratif.
Le Président (M. Lemieux): Donc, ils conservent droits,
obligations et privilèges.
Mme Gagnon: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Merci, madame. M.
le requérant.
M. Garneau: Vous entrez dans une discussion qui peut avoir des
conséquences assez importantes pour l'acquéreur. Moi, je ne sais
pas s'il y a actuellement - je n'ai pas été informé, notre
entreprise ne l'a pas été - des poursuites qui ont
été intentées contre Les Coopérants par des tierces
parties, la compagnie de Mme Blouin ou d'autres entreprises, mais il est
certain que,
dépendamment de l'ampleur de ce risque-là, c'est une chose
que je vais faire analyser demain matin. Évidemment, en autant que
ça sert le droit des assurés, je comprends que nous assurons la
continuité de l'entreprise, mais, si c'est le droit de tiers qui ne sont
pas des assurés, mais qui pourraient avoir des recours contre Pierre,
Jean ou Jacques, je ne crois pas que ça fasse partie
nécessairement de la continuation des affaires des assurés. C'est
comme ça que j'ai interprété vos dernières
remarques.
Mme Gagnon: C'est ça. C'est que le projet de loi a deux
volets. Il y a une continuation de l'entreprise d'assurance, c'est ce qui
concerne L'Industrielle-Alliance, mais, pour ce qui serait autre que ce qui
concernerait les assurés, c'est la corporation sans but lucratif.
M. Garneau: C'est ça. Parfait, à ce
moment-là, ça répond bien à ma question.
Le Président (M. Lemieux): C'est bien ça que j'ai
compris, M. le requérant.
M. Garneau: O.K.
Le Président (M. Lemieux): Mme Blouin.
Mme Viger-Blouin: J'ai avisé M. Bégin, tout de
suite après la première réunion de votre comité
parlementaire, que nous avions un litige et de garder une réserve...
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
Mme Viger-Blouin: ...d'un montant substantiel au cas...
Le Président (M. Lemieux): Ça, madame, les
tribunaux en jugeront.
Mme Viger-Blouin: Non, non, je parle de M. Bégin.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Je pense que ce qu'il
est important de déterminer, c'est la règle de droit et ce n'est
pas à nous de le faire, mais eu égard à l'avocate de
l'Inspecteur général des institutions financières les
assurés conservent leurs droits, privilèges et obligations dans
la continuation. C'est ça qu'il est important de savoir, ici, en cette
commission parlementaire.
M. Berthiaume: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. Berthiaume.
M. Berthiaume: ...j'ai quelque chose à ajouter, juste
quelques mots. Je ne veux pas prolonger cette discussion. Il n'y a pas de
litige, présentement. Nous ne croyons pas qu'il va y avoir un litige
étant donné que les délais sont expirés depuis
longtemps. S'il y avait quelque chose... Les Coopérants ont
déjà été mis en cause. Le jugement a
été rendu et Les Coopérants n'ont pas été
condamnés. Je veux juste rassurer tout le monde qu'il n'y a pas de
litige dans le moment.
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme Blouin, s'il vous
plaît.
Mme Viger-Blouin: Me Audet l'a mal informé. J'ai vu la
copie de son rapport et je dois vous aviser que j'ai consulté plusieurs
avocats et, définitivement, même la tierce saisie existe et est
encore existante.
Le Président (M. Lemieux): Alors, les tribunaux jugeront,
Mme Blouin, si, effectivement, c'est recevable. On devra attendre parce que je
ne peux pas, moi, me substituer à un tribunal. D'abord, je ne suis pas
juge. Je n'ai pas cette autorité et je ne peux pas vaguer dans des
hypothèses, quelles soient valables, peu valables ou très
valables. Maintenant, est-ce que vous avez terminé, M. le
député de Gouin? M. le député de Gouin.
M. Boisclair: Pour ce volet, je crois, en tout cas, qu'on a
répondu, à tout le moins, aux attentes de la requérante en
lui faisant bien comprendre qu'elle pourra toujours exercer ses droits contre
la corporation à but non lucratif qui naîtra de la scission des
Coopérants dans le projet de loi actuel. Et le rapport, on va voir
à ce qu'il puisse être déposé si le gouvernement
fédéral l'autorise. Je vous invite peut-être, d'ici ce
temps, à obtenir une autorisation, une lettre de M. Hammond, dans
laquelle il pourrait clairement vous faire part de sa volonté, comme il
m'en a fait part au téléphone et comme il vous en a fait part
aussi au téléphone, comme quoi il n'a aucune objection à
ce qu'il dépose ce rapport. Et, sur présentation de cette lettre,
je suis convaincu que le ministre, rapidement, nous fournira ce document.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez des commentaires, M.
le député de Beauce-Nord?
M. Boisclair: Je vous invite à avoir une copie-Le
Président (M. Lemieux): Pas de commentaires là-dessus?
M. Boisclair: ...de la lettre de M. Hammond, avant qu'il y ait
d'autres personnes qui l'appellent.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Il n'y a pas
d'autres remarques? Nous allons passer,
maintenant, au projet de loi 305. J'appelle le préambule du
projet de loi d'intérêt privé 305. Oui, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: M. le Président, une première chose.
M. Garneau, dans sa présentation, nous disait tout à l'heure que
la SIAP, bien sûr, puisqu'elle est partie à la transaction,
pourrait venir se joindre aux requérants, à la table. Vous
comprenez que, compte tenu des documents qui ont été
portés à notre attention ce matin, nous aurions certainement des
questions à adresser aux porte-parole de la SIAP.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lotbinière, vous avez une remarque à faire?
M. Camden: Regardez, je me rends compte qu'il y a des gens qui se
déplacent. Je veux peut-être vous inviter, M. le Président,
à les faire asseoir sur les banquettes, de l'autre
côté.
Le Président (M. Lemieux): Oui, on va le leur permettre,
même s'ils n'ont pas mis leur photo sur les poteaux, M. le
député de Lotbinière. On va leur permettre ça.
M. Camden: Excellent! Je vous remercie de votre souplesse
d'application, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): C'est un privilège qu'on
leur donne, M. le député, ce matin. M. le député de
Lotbinière, je vous remercie de votre suggestion. Vous avez raison,
à part ça.
Alors, nous appelons chacun des préambules. Nous allons appeler
le préambule numéro...
M. Boisclair: Je suis toujours aux remarques
préliminaires.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes toujours aux
remarques préliminaires? Ça va, M. le député de
Gouin, allez-y.
M. Boisclair: Je ne voudrais pas faire durer indûment les
travaux de cette commission et j'aimerais que, rapidement, nous puissions
procéder à l'adoption du projet de loi. Je dois, cependant,
aviser les parties, peut-être immédiatement, puisque nous devons
ajourner à 11 heures, qu'il est évident que nous aurons à
revenir après les affaires courantes, vers 15 heures et sans doute
jusque vers 18 h 30. J'espère que ça pourra être
réglé pour 18 h 30. Si nécessaire, il faudra avoir... Le
président nous renseignera sur les ordres qui seront donnés par
la Chambre, parce que l'Opposition aura à donner tous ces consentements
et les donnera aussi. Mais j'aimerais bien régler une question avec les
représentants de la SIAP qui se joignent à nous...
Le Président (M. Lemieux): Préalablement...
M. Boisclair: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...je ne sais pas si le Bureau
de la législation... Est-ce que vous avez manifesté le
désir de vous faire entendre, comme personnes intéressées,
au niveau de la SIAP? Non. M. le secrétaire m'informe que non.
M. Boisclair: Pas plus que les gens de L'Industrielle, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais est-ce qu'il y a
consentement?
M. Boisclair: Ils sont requérants, au même titre que
la SIAP. Ce sont les trois qui présentent le projet de loi.
Mme Robic: Ils sont concernés dans cette transaction, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais, même s'ils
sont concernés, madame, ils ne sont pas inscrits.
Mme Robic: Ah bon!
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais savoir, moi,
légalement, en vertu du règlement, si la commission l'accepte. Si
la commission me dit oui, il n'y a pas de problème.
Mme Robic: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Oui? C'est d'accord? Bon!
Alors, il n'y a pas de problème. C'est parce que je ne voudrais pas
créer un précédent qui pourrait m'amener dans des
orientations pour l'avenir. Alors, ça va, on va pouvoir vous
entendre.
Document de la SIAP
M. Boisclair: M. le Président, je dois, d'une part, faire
part aux membres de cette commission de la consternation que je manifeste et
que j'ai ressentie au moment où, tout à l'heure, je prenais
connaissance d'un document, d'une résolution du conseil d'administration
de la SIAP, à l'effet que: "Une délégation formée
des représentants de l'ACCAP et de la SIAP rencontrera certains
ministres du Québec - non seulement la ministre
déléguée aux institutions financières, qui a la
responsabilité en fonction de la loi, puis en fonction des
responsabilités qui lui sont données par le premier ministre;
mais je ne sais pas à quel titre elle s'autorise à
procéder de cette façon-là - pour leur faire part de la
profonde inquiétude de l'industrie à l'égard de la
situation actuelle et de la façon dont le problème a
été réglé, et discuter des moyens suivants pour y
remédier." C'est un document qui vient de la
SIAP. "Le gouvernement du Québec devrait élaborer un
ensemble de moyens visant à permettre l'augmentation du capital des
sociétés-vie québécoises, dans la mesure où
ses normes demeurent un problème pour certaines sociétés.
Le gouvernement devrait aider la SIAP à avoir - je cite toujours le
document - accès à des renseignements plus complets et pertinents
sur les sociétés, même si cela s'avère difficile. Il
serait aussi nécessaire de pouvoir travailler en collaboration plus
étroite avec les autorités de réglementation."
Je dois rappeler qu'au protocole d'entente signé entre
l'inspecteur général, le gouvernement du Québec et la
SIAP, déjà, il y a un article qui, spécifiquement, fait
référence à la collaboration nécessaire entre
l'Inspecteur et la SIAP. Je pense que ces propos étaient, d'une certaine
manière, superflus, puisque déjà le gouvernement consent
à ce que cette collaboration puisse s'effectuer.
Troisièmement, on lisait: "Le gouvernement devra autoriser les
sociétés à déduire leurs cotisations de leurs taxes
sur prime québécoises pour alléger les coûts
élevés assumés par les diverses sociétés au
Québec, du moins pendant qu'on révisera divers mécanismes
afin de les renforcer." Soit, ça pourrait être une recommandation
qu'on pourrait étudier, mais je ne crois pas que ce soit à la
SIAP ici ce matin et dans les propos qu'elle a distribués, et ce,
à la grandeur, je présume... Ce seraient essentiellement des
compagnies québécoises qui ont reçu ces documents, mais je
ne crois pas que ce soit avisé de la SIAP et des membres de son conseil
d'administration de faire parvenir ce genre de document.
Je vois aussi que la SIAP s'intéresse à cette question
d'investissement dans les filiales - j'ai oublié l'endroit exact
où on en parle - et du double comptage du capital. C'est une question
qui a été soulevée à l'occasion du rapport
quinquennal sur les assurances. Le gouvernement du Québec a une position
là-dessus et le gouvernement du Québec sera bien, lui,
avisé, avec les membres de cette commission, à prendre une
position sur cette question.
M. le Président, nous n'avons de leçon à recevoir,
pas plus de la SIAP, pas plus des dirigeants de ces compagnies qui
prétendent vouloir défendre l'intérêt
général, qui se cachent plutôt derrière
l'intérêt général pour défendre des
intérêts particuliers.
M. le Président, j'espère que la ministre fera écho
à ces propos, tout comme l'inspecteur général, parce que
je n'accepterai pas, comme membre de cette commission, qu'on vienne remettre en
question la confiance qu'on puisse avoir à l'égard de nos
institutions, la confiance que l'on puisse avoir à l'égard de la
façon dont notre système est réglementé, qu'on
remette en question non seulement la façon dont on le fait, mais aussi
les individus qui le font. Et, s'il y a des problèmes particuliers
à soulever, s'il y a des gens qui n'ont pas agi de la façon dont
les lois et règlements le prévoient, ça, c'est un autre
problème qu'on pourra régler.
Je crois qu'on a un système efficace, qui a fait ses preuves. Il
y a eu des circonstances difficiles dans le cas des Coopérants, mais
où nous avons toujours, je crois, fait tout ce qui était en notre
pouvoir. Et là, je ne veux pas défendre la ministre pour
continuer ce plaidoyer, mais j'ai suivi, quant à moi, ce dossier depuis
le mois de mai et même le mois de juin dernier. Nous l'avons tous suivi
avec beaucoup d'intérêt. Nous avons même fait preuve, je
crois, de toute la responsabilité nécessaire à des moments
où parfois il aurait été fort tentant de poser un certain
nombre de gestes qui, dans le fond, auraient suscité peut-être un
peu d'éclat, mais d'aucune façon ne seraient venus en aide aux
gens qui étaient visés dans le litige et dans le problème,
qui étaient partie au problème. Et de voir un propos semblable
à celui-là, M. le Président, quant à mol,
derrière un intérêt général et
derrière finalement des voeux pieux, ce n'est tout simplement que venir
défendre des intérêts particuliers et des
intérêts qui sont certainement divergents des nôtres.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
Mme Robic: M. le Président, vous comprendrez que ce
document qui nous parvient - qui n'est pas un rapport, bien sûr, mais un
document d'information, qu'on me dit - de façon assez
théâtrale ce matin nous surprend tous et le contenu nous surprend
également.
M. le Président, je remercie le député de Gouin,
parce que, dans ce dossier, nous avons travaillé en étroite
collaboration d'ailleurs avec l'Opposition. Je les remercie de cette
collaboration dans un dossier aussi Important pour l'industrie. Nous avons
essayé... Bien . sûr, notre intérêt, c'était
de protéger les porteurs de police, mais c'était également
de protéger une industrie. Donc, vous comprendrez notre surprise de voir
les réactions aujourd'hui de cette même industrie.
M. le Président, je voudrais demander à l'inspecteur
général de réagir ici - je l'ai vu sursauter - à ce
document d'information et surtout à la page 3, au paragraphe - je ne
peux pas le compter - qui parle de façon générale. Il y a
des mesures envisagées et, ensuite, il y a le paragraphe suivant. M.
l'inspecteur, je pense que vous avez des choses à nous dire. '
M. Boisclair: J'aimerais bien aussi que la ministre puisse
préciser la position du gouvernement du Québec aussi sur la
question du double comptage du capital.
Mme Robic: Écoutez, je pense que je l'ai exprimé
à plusieurs reprises.
M. Boisclair: C'est justement, la rappeler à ces
gens-là.
Mme Robic: Elles ne nous apprennent rien, ces personnes. Nous
avons créé un comité. Je leur ai dit à plusieurs
reprises que, malgré qu'on n'avait pas retenu la recommandation du
comité Garneau, nous continuions à travailler à trouver
des solutions au problème de capitalisation de nos compagnies
d'assurances. Je trouve gros qu'on accuse nos compagnies aujourd'hui d'avoir
fait ce qu'elles avaient le droit de faire. Elles se sont
développées. Elles avaient reçu un mandat de participer
à l'économie du Québec, elles l'ont fait. Aujourd'hui, les
règles du jeu se trouvent changées et on est fort au courant
qu'il va venir un temps où il va falloir regarder le double comptage et
l'achalandage. Mais d'aucune façon ces compagnies n'ont agi...
Le Président (M. Camden): Mme la ministre, je suis
obligé...
Mme Robic: ...d'une façon contraire à ce qu'on leur
a permis de faire. Elles ont profité et le Québec a
également profité, l'économie a profité... Et,
aujourd'hui, que l'on remette en cause...
Le Président (M. Camden): Mme la ministre, je vous demande
de suspendre quelques instants. Nous devons suspendre nos travaux puisque la
cloche nous appelle pour un vote au salon bleu. Alors, nous devons donc
suspendre immédiatement nos travaux momentanément.
(Suspension de la séance à 10 h 47)
(Reprise à 11 h 9)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration va suspendre ses travaux immédiatement jusqu'à
15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 11 h 10)
(Reprise à 15 h 37)
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! La
commission du budget et de l'administration reprend ses travaux relativement
à l'audition des intéressés et à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
305, Loi concernant la continuation de l'entreprise d'assurance de Les
Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie et le
maintien de l'existence de cette compagnie. La parole était à Mme
la ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président, ça ne sera pas
long, c'est tout simplement pour terminer là. M. le Président,
j'espère qu'on ne nous reproche pas aujourd'hui le dynamisme de nos
compagnies québécoises et l'avant-gardisme que les gouvernements
du Québec ont démontré dans la modernisation de nos lois
sur les institutions financières. D'ailleurs, M. le Président, je
voudrais rappeler à cette commission que les compagnies à charte
fédérale ont réclamé pendant plusieurs
annnées du gouvernement fédéral qu'il suive notre exemple.
Et, d'ailleurs, les projets de loi, je crois, qui ont été
adoptés cette semaine, avant l'ajournement de la Chambre au
fédéral, s'inspiraient largement du modèle
québécois, M. le Président.
Encore une fois, je voudrais rappeler à cette commission que le
financement des institutions, des compagnies d'assurances, des mutuelles, c'est
un problème qui n'est pas québécois, mais qui est national
et même international. Et c'est évident qu'une fois de plus on
regarde vers le Québec pour trouver une solution à ce
problème de capitalisation et nous allons faire tout notre possible et
on peut même vous assurer que nous allons trouver une solution qui pourra
s'adapter au restant du Canada.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la ministre. Est-ce
qu'il y a consentement pour que le député de Saint-Louis
participe aux travaux de la commission, vu qu'il a été
remplacé ce matin?
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Lemieux): Consentement. Merci. M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Oui, bien je croyais qu'à ce stade-ci
l'Inspecteur voulait faire quelques remarques.
Mme Robic: Alors, M. l'inspecteur, est-ce que vous aimeriez faire
quelques remarques sur un certain paragraphe?
M. Bouchard: Oui, Mme la ministre. J'ai pris connaissance ce
matin, comme vous et comme tout le monde, de cette note qui a été
adressée et c'est avec beaucoup, je dirais, de consternation que j'en ai
pris connaissance parce que, au-delà des mots, au-delà des
phrases, il se dégage de ce texte un jugement et je trouve inacceptable,
triste et déplorable, dans l'état actuel des choses, qu'on porte
un jugement au-delà des personnes sur la province de Québec et le
gouvernement du Québec qui, au-delà des personnes, sont des
institutions chargées de la réglementation. Vous savez, lorsqu'on
dit que, de façon générale, il semble que tout le monde
s'en soit sorti indemne, sauf l'industrie, les consommateurs sont couverts, les
créanciers sont remboursés intégralement, l'inspecteur
général donne
l'impression d'avoir réglé le problème sans que les
titulaires de police ne perdent d'argent et le gouvernement du Québec ne
se voit pas vraiment pressé de modifier sa législation ou sa
réglementation, il est clair que nous ne pouvons nous arrêter
là. C'est un jugement de valeur extrêmement grave qui est
porté et, dans l'état actuel des choses, on ne mérite pas
justement un tel jugement.
Au-delà du problème immédiat des Coopérants,
je vois qu'on fait une espèce de procès de la législation
québécoise et de ce que le Québec a fait et, plus
particulièrement, en remettant en cause les normes de solvabilité
et en faisant valoir, par exemple, que les préoccupations du double
comptage sont justifiées. Et on va même jusqu'à dire que 23
% de l'actif des Coopérants étaient investis dans les filiales.
Donc, il y a un actif non liquide qui pourrait être cause des
difficultés des Coopérants.
Ce n'est pas le lieu ici de faire le procès des
Coopérants, mais vous comprendrez qu'il m'est difficile d'accepter un
document semblable, qui circule partout dans le Canada et qui met en cause la
province de Québec comme telle. Je m'insurge contre ces affirmations. Je
crois qu'elles ne sont pas fondées, et je crois que la
vérité, le respect et l'honneur ont également des
droits.
Comme Mme la ministre l'a fait savoir tout à l'heure, le
gouvernement du Québec a entrepris la réforme des institutions
financières, a traîné sur le dos la réforme des
institutions financières au Canada depuis 10 ans. Lorsque les
premières mesures de législation ont été
adoptées, c'est le Québec qui a été l'initiateur.
Nous avions reçu dans le temps une lettre de l'Association canadienne
des compagnies d'assurances de personnes, sous la signature de son
président, qui était M. Panabaker, président du conseil
d'administration. Je ne vous lirai que deux phrases de cette lettre: "Dans la
conjoncture actuelle, alors que la concurrence va en s'accroissant et que le
système financier évolue rapidement, nous soucrivons pleinement
aux buts du projet de loi, qui sont, d'une part, d'éliminer les
obstacles à la concurrence des entreprises et, d'autre part,
d'accroître la protection des assurés en facilitant leur
participation dans l'entreprise et en établissant une surveillance
administrative appropriée au contexte nouveau. Nous tenons à vous
féliciter de l'initative de votre ministère, qui permettra aux
Institutions financières qui le désirent d'élargir leur
rôle au sein de la société. Il est à espérer
que les autres juridictions canadiennes leur emboîteront le pas sans plus
attendre."
Ça, c'est le jugement qui avait été porté
sur la législation. Au-delà des partis, au-delà des
gouvernements, c'est ce que la province de Québec a fait. Et c'est ce
que l'on met en cause sous prétexte d'un problème qui se pose au
niveau du Québec; c'est en filigrane, il n'est pas difficile de
décoder le message, il est clair. C'est pour ça que je suis tout
à fait bouleversé de voir qu'on porte des jugements aussi
injustes sur une situation. Ce n'est pas la situation de la province de
Québec qui est en cause. L'industrie devrait le savoir. L'industrie sait
très bien ce qui se passe aux États-Unis dans le domaine des
institutions financières et plus particulièrement dans le domaine
de l'assurance. Les plus grosses compagnies américaines sont en
difficulté financière.
Si les mesures ici que l'on propose, sup-posément pour
s'appliquer au Québec, s'appliquaient également à toutes
les compagnies d'assurance-vie du Canada, même les plus grosses, je ne
suis pas du tout certain que les auteurs de cette lettre - probablement que
ça a dépassé leur pensée - ne réviseraient
pas leur jugement et ne s'interrogeraient pas sur l'ensemble de la situation
qui fait que c'est la situation totale qui doit être mise en cause et non
pas seulement, supposément, les sociétés
québécoises, le mode de contrôle des sociétés
québécoises ou les normes de solvabilité des
sociétés québécoises. M. le Président, Mme
la ministre, l'inspecteur général n'a jamais donné
l'impression qu'il avait réglé le problème. Il a cru,
comme il croit jusqu'à maintenant, qu'il l'a réglé. Si la
SIAP croit que le problème n'est pas réglé, je n'y suis
pour rien.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres remarques, d'autres commentaires ou d'autres questions avant que nous
débutions l'étude du projet de loi?
M. Boisclair: M. le Président, non si ce n'est que pour
témoigner de l'appréciation du propos de l'inspecteur
général et de l'analyse qu'il fait de la situation à
laquelle nous souscrivons entièrement.
Le Président (M. Audet): D'accord.
Mme Robic: M. le Président, je dois également
ajouter aux propos de l'Inspecteur en disant que, nous aussi, nous avions
l'impression que nous avions trouvé la solution et c'est avec beaucoup
de contentement que les gens de la SIAP, de l'industrie, de chez l'Inspecteur
et de chez nous croyions avoir trouvé la solution la moins
coûteuse et qui protégeait, encore une fois, les porteurs de
police. Alors, je trouve ça un peu désappointant de voir qu'on
remet ces choses-là en cause aujourd'hui. Il va falloir
réfléchir sérieusement à l'avenir.
Étude détaillée
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la ministre. Nous
sommes prêts à débuter l'étude du projet de loi.
Nous en sommes au préambule. J'appelle le premier attendu. "Attendu que
Les Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie est
une compagnie mutuelle d'assurance-vie continuée par lettres
patentes de continuation délivrées le 1er juin 1988 en vertu de
l'article 200.6 de la Loi sur les assurances [...] et qu'elle est maintenant
régie par la Loi sur les assurances." Est-ce que l'attendu est
adopté? Adopté.
Attendu "que l'Industrielle-Alliance, compagnie d'assurance sur la vie
est une compagnie d'assurance-vie constituée par lettres patentes de
fusion délivrées le 1er janvier 1987 en vertu de l'article 191 de
la Loi sur les assurances." Est-ce que le deuxième attendu est
adopté? Adopté.
Attendu "que l'Industrielle-Alliance, compagnie d'assurance sur la vie
est disposée à investir, directement ou indirectement, le capital
nécessaire dans la compagnie d'assurance qui sera constituée en
vue de continuer l'entreprise d'assurance de Les Coopérants,
société mutuelle d'assurance-vie." Est-ce que l'attendu est
adopté?
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. Attendu "que pour
la protection des assurés de Les Coopérants,
société mutuelle d'assurance-vie, il y a lieu que son entreprise
d'assurance soit acquise et continuée par un autre assureur." Est-ce que
le quatrième attendu est adopté?
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. Attendu "qu'il est
de l'intérêt des assurés que la continuation des affaires
d'assurance par un nouvel assureur ait lieu le plus tôt possible." Est-ce
que l'attendu est adopté?
M. Boisciair: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. Attendu "qu'il est
opportun que soit maintenu un lien de continuité dans les
opérations d'assurance."
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Audet): Attendu "qu'il est
également opportun que l'existence de Les Coopérants,
société mutuelle d'assurance-vie soit maintenue afin de permettre
la gestion et la disposition ordonnée des actifs non cédés
avec le portefeuille d'assurance."
M. Boisciair: Adopté.
Le Président (M. Audet): Alors, le préambule est
adopté. Est-ce que le préambule est adopté dans son
ensemble?
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. J'appelle le
premier article, l'article 1. "Dans la présente loi, il faut entendre
par: "compagnie d'assurance": la compagnie d'assurance à capital-actions
constituée en vertu de la Loi sur les assurances (LR.Q. chapitre A-32
modifiée par le chapitre 86 des Lois de 1990), en vue de continuer les
affaires d'assurance de Les Coopérants, société mutuelle
d'assurance-vie."
M. Boisclair: Adopté, l'article 1, M. le Président.
Il serait adopté.
Le Président (M. Audet): Alors, l'article 1 serait
adopté dans son entier. Ça va. L'article 2. "Au moyen d'un avis
donné à Les Coopérants, société mutuelle
d'asurance-vie, l'inspecteur général peut, pour la période
qu'il détermine, prendre le contrôle des actifs de cette
dernière. 'Toutefois, pendant que dure ce contrôle, Les
Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie peut, par
résolution de son conseil d'administration et sur simple autorisation de
l'inspecteur général, aliéner tout ou partie de son
actif."
M. Boisclair: Peut-être, à ce moment-ci...
Le Président (M. Audet): Des commentaires, oui.
M. Boisclair: ...juste pour faciliter les choses, si l'Inspecteur
pouvait, en quelques instants, ou la ministre nous expliquer exactement le
détail de la transaction, la fusion des deux. Je sais que la
période sur laquelle l'Inspecteur utilisera son contrôle
prévu à l'article 2 sera une période relativement
brève. Si, peut-être pour le bénéfice des membres
des membres de la commission, on pouvait juste faire un survol de l'ensemble de
la transaction.
Le Président (M. Audet): Mme la ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président. M. l'inspecteur, est-ce
que vous voudriez expliquer la transaction, s'il vous plaît.
M. Bouchard: Oui. Essentiellement, M. le Président, la
transaction s'effectue de la façon suivante. Il y a une scission des
actifs au sein de Les Coopérants. L'entreprise de l'assurance est
cédée à une nouvelle compagnie constituée
temporairement par Les Coopérants, qui deviendra une filiale de Les
Coopérants, et les autres actifs seront cédés à une
autre corporation sans but lucratif, dont le seul membre sera la SIAP, la
société d'indemnisation.
Pour des fins de fiscalité et pour éviter qu'il y ait
imposition, entre autres, sur les détenteurs de police, il est
prévu qu'au lieu qu'il ait administration provisoire tel que
prévu par la Loi sur les assurances - et c'est le but, ici, de cet
article-là - l'inspecteur général prenne le contrôle
des actifs comme tels et non pas de l'entreprise au niveau du conseil
d'administration; mais prise de contrôle d'actifs pour autoriser
justement et permettre, en vertu des règles de la SIAP, de
pouvoir indemniser parce que la SIAP ne peut intervenir s'il n'y a pas prise de
contrôle quelconque de la part des autorités de
contrôle.
Alors, la prise de possession de l'Inspecteur va se faire très
rapidement, le temps de faire la transaction; H prend le contrôle et,
durant la prise de contrôle, les transactions ou les transferts d'actifs
vont se faire et, subséquemment, le transfert de la filiale va se faire
à l'Industrielle et l'Industrielle va continuer les opérations
d'assurance.
M. Boisclair: Et là, ces biens-là, ce sont des
actions qui vont être cédées des anciens Coopérants
si on peut s'exprimer ainsi...
M. Bouchard: Les anciens Coopérants vont céder tous
leurs actifs. Ils libèrent leur portefeuille, si vous voulez, dans deux
corporations, une qui est une compagnie d'assurances et une qui est une
corporation sans but lucratif, sauf certains immeubles qui vont demeurer dans
les anciens Coopérants, compagnie d'assurances.
M. Boisclair: Cet avis sera donné au moment de la sanction
du projet de loi et de l'entrée en vigueur?
M. Bouchard: Non, c'est au moment où ils seront
prêts à faire la transaction.
Le Président (M. Audet): Ça va pour l'article
2?
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Audet): L'article 2 est adopté.
L'article 3. "Les requérants peuvent demander la constitution de la
compagnie d'assurance malgré que les avis n'aient pas été
publiés conformément à l'article 24 de la Loi sur les
assurances." Est-ce qu'il y a des commentaires ou si l'article est
adopté?
M. Boisclair: Oui, j'aimerais souligner que, si les avis n'ont
pas été donnés, c'est bien à cause d'une
difficulté qu'il y a eue avec l'Éditeur officiel qui a
oublié de publier un des trois ou quatre avis successifs qui doivent se
retrouver dans la Gazette officielle. C'est le cas, si je ne
m'abuse.
Mme Robic: C'est juste.
M. Boisclair: Alors, bien sûr qu'on est toujours un peu
réticents, dans ce genre de situation, à donner un consentement,
mais, compte tenu que le blâme revient à l'Éditeur officiel
et compte tenu de l'importance de la transaction et des attendus que nous
venons d'adopter dans lesquels on a fait mention que ça doit être
fait le plus tôt possible, dans ces circonstances extraordinaires, nous
convenons de la pertinence de cet article.
Le Président (M. Audet): Alors, l'article 3 est
adopté. Article 4. "Malgré toute disposition contraire, la
compagnie d'assurance peut inciure le mot "Coopérants" dans son nom et
l'utiliser".
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Audet): L'article 4 est adopté.
L'article 5. "L'acquisition de l'entreprise d'assurance de Les
Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie par la
compagnie d'assurance n'opère pas novation et, dès cette
acquisition, la compagnie d'assurance est réputée être la
continuation de Les Coopérants, société mutuelle
d'assurance-vie en ce qui concerne ces assurés."
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Audet): L'article 5 est adopté.
L'article 6. "Les articles 275.4 et 275.5 de la Loi sur les assurances ne
s'appliquent pas à la cession de l'entreprise d'assurance de Les
Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie à la
compagnie d'assurance." Est-ce qu'il y a des commentaires là-dessus?
M. Boisclair: Est-ce qu'on peut juste faire
référence au contenu de ces deux articles?
Mme Robic: C'est les délais, les préavis de 45
jours.
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Audet): L'article 6 est adopté.
L'article 7. "À l'égard des contrats et des créances
cédés à la compagnie d'assurance par Les
Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie, quand le nom
de Les Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie
apparaît dans un acte notarié ou sous seing privé,
procédure judiciaire, jugement ou ordonnance judiciaire ou dans tout
autre document ou instrument, le nom de la compagnie d'assurance lui est
substitué, en ses lieu et place, sans qu'aucune autre formalité
soit requise et tout tel acte, procédure, jugement, ordonnance, document
ou instrument sera interprété et aura les mêmes effets que
si le nom de la compagnie d'assurance y était originalement apparu."
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Audet): L'article 7 est adopté.
L'article 8. "Malgré toute disposition contraire, à compter du
moment où cesse le contrôle des actifs visé à
l'article 2, Les Coopérants, société mutuelle
d'assurance-vie est constituée en corporation régie par la partie
III
de la Loi sur les compagnies sous la dénomination sociale
suivante: "La Corporation de gestion Coopérants". Elle a pour unique
membre la Corporation de disposition SIAP laquelle désigne les
administrateurs de La Corporation de gestion Coopérants selon le nombre
déterminé par règlement. "Les objets de La Corporation de
gestion Coopérants sont de permettre la gestion et la disposition
ordonnée des actifs non cédés avec le portefeuille
d'assurance. Son siège social est situé à Montréal.
"Le montant auquel sont limités les biens immobiliers que peut
acquérir et posséder la corporation est de 300 000 000 $. "Le
présent article est réputé constituer les lettres patentes
de La Corporation de gestion Coopérants." Est-ce que l'article 8 est
adopté ou s'il y a des commentaires?
M. Boisclair: Juste une petite question. Lorsqu'on fait
référence au nombre d'administrateurs qui sera
déterminé par règlement, on fait référence
au règlement de la SIAP?
Mme Gagnon: Non. Ça va être les règles
habituelles, là, c'est-à-dire que c'est la corporation sans but
lucratif qui va déterminer par règlement le nombre
d'administrateurs.
Mme Robic: Elle va se créer et elle va faire son propre
règlement.
M. Boisclair: Elle-même par son règlement qu'elle
aura adopté...
Mme Gagnon: Oui, une règle de régie interne.
M. Boisclair: ...par une règle de régie interne.
Parfait!
Alors, adopté.
Le Président (M. Audet): Alors, l'article 8 est
adopté. L'article 9. "La présente loi entre en vigueur le
(indiquer ici la date de la sanction de la présente loi).
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Audet): L'article 9 est adopté.
Est-ce que le titre du projet de loi est adopté?.
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Audet): Est-ce que le projet de loi 305,
Loi concernant la continuation de l'entreprise d'assurance de Les
Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie et le
maintien de l'existence de cette compagnie, est adopté?
M. Boisclair: Adopté.
Mme Robic: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. Alors, ceci
termine nos travaux.
M. Boisclair: M. le Président...
Le Président (M. Audet): Oui, M. le député,
un instant, là. Alors, le parrain de la loi, M. le député
de Saint-Louis, vous avez des commentaires à formuler?
Remarques finales M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Très brièvement, M. le
Président. D'abord, premièrement, je voudrais remercier les
membres de cette commission d'avoir adopté rapidement ce projet de loi
là. Deuxièmement, il est important de savoir que le groupe Les
Coopérants, dans le centre-ville de Montréal et au Québec
en général aussi, a connu un rayonnement important. Il m'est
agréable de savoir que l'organisation même puisse être
récupérée par une autre société
québécoise qui est L'Industrielle-Alliance. Et, malgré les
avatars et les problèmes qu'a connus le groupe Les Coopérants,
non seulement le nom, mais aussi l'organisation survivra. Et ça, je
pense que, pour l'ensemble des assurés du groupe Les Coopérants,
c'est une chose qui est très rassurante. C'est aussi rassurant de savoir
qu'une compagnie comme celle-là pourra continuer de fonctionner. Et,
encore une fois - je vous le disais - son siège social étant
à Montréal, dans un des plus beaux édifices de
Montréal, d'ailleurs, il m'apparaît important de rementionner que
le travail qu'a fait cette commission aujourd'hui va justement permettre la
survie du groupe Les Coopérants.
Troisièmement, je voudrais m'excuser pour, ce matin, ne pas avoir
été capable de faire la présentation préliminaire.
Je sais qu'on vient de passer l'ensemble de l'étude du projet de loi.
Vous savez, M. le Président, que, ce matin, je devais être d'abord
à trois places, comme je le mentionnais tout à l'heure: à
la maison Maizerets pour la commission sur la souveraineté, à la
conférence de presse du Comité ministériel de
développement du Grand Montréal qui présentait son dossier
et, troisièmement, être ici. On avait déjà
décalé la date de présentation du projet de loi deux fois.
Ce qui est arrivé, j'étais en conflit d'horaires, ce matin, assez
grièvement. Alors, encore une fois, un, je m'excuse de mon retard, mais,
deuxièmement, aussi, je voudrais remercier les membres de cette
commission d'avoir adopté le projet de loi.
M. Boisclair: Vos excuses sont adoptées.
Le Président (M. Audet): Alors, vous êtes
tout pardonné, M. le député de Saint-Louis. Avant
de terminer, est-ce que... Je sais que vous êtes députée,
Mme la ministre, mais normalement, je finis par le député et la
ministre.
M. Boisclair: Parfait, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Alors, les requérants,
peut-être, auraient des choses à ajouter en terminant nos
travaux?
M. Rochefort (Marc): Pas vraiment beaucoup. Merci pour vos...
Mme Viger-Blouin: M. Morson me dit que, dans la corporation, ils
refusent de payer...
Le Président (M. Audet): Monsieur, si vous voulez
continuer, s'il vous plaît.
M. Rochefort: Alors, au nom des requérants, j'aimerais
vous remercier d'avoir, avec célérité cet
après-midi, adopté ce projet de loi. Je n'ai pas d'autres
commentaires à faire. Nous entendons procéder rapidement,
évidemment.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, M. le
député de Gouin? Il y a M. Millette qui aurait voulu ajouter
quelque chose? Excusez-moi!
M. MHIette (Yves): Oui. Je voudrais ajouter que la
Société d'indemnisation des assurances de personnes continue tous
les efforts possibles et nécessaires pour mettre en application la
convention qui a été signée pour le plus grand avantage
des consommateurs du Québec. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. Ça va? Alors, M. te
député de Gouin, vous avez la parole.
M. André Boisclair
M. Boteclair: M. le Président, très rapidement,
vous savez, pour avoir siégé encore plus longtemps que moi dans
ce Parlement et avoir participé aux travaux de cette commission, qu'il
est toujours délicat d'accorder un consentement lorsque les projets de
loi, surtout lorsqu'il s'agit de projets de loi privés, n'ont pas fait
l'objet de la diffusion nécessaire prescrite aux règles qui
régissent nos travaux à l'Assemblée nationale et en
commission parlementaire. Nous l'avons fait comme mesure d'exception. Je dois
bien préciser qu'il est arrivé, dans le passé, que nous
ayons été pris pour donner un consentement, pris un peu au pied
du mur, lorsque nous devions étudier un projet de loi. Nous en
connaissions l'importance et, compte tenu des pressions et des
représentations qui nous étaient faites et compte tenu aussi du
contenu des projets de loi, nous devions donner notre consentement souvent dans
des conditions difficiles. C'a été le cas encore aujourd'hui
lorsque nous avons donné notre consentement pour étudier ce
projet de loi. Cependant, je crois qu'il ne faut pas être dogmatique.
Nous adhérons aux règles démocratiques que nous nous
sommes fixées, les règles de travail et de procédure, mais
nous devons parfois déroger à ces règles-là. Le
Parlement est une institution, je crois, qu'on doit respecter dans son
fonctionnement. Je pense que le président de l'Assemblée
nationale nous le rappelait bien cet avant-midi lorsqu'il soulignait le
bicentenaire du parlementarisme au Québec.
Nous l'avons fait compte tenu de l'ampleur de la situation. C'est avec
beaucoup d'ouverture que nous avons étudié la requête qui
nous a été faite par Les Coopérants,
l'Industrielle-Alliance et la SIAP. Donc, c'est dans cet esprit où
à la fois nous étions conscients des enjeux et aussi conscients
de ce que la procédure nous demandait et exigeait comme délai.
Nous avons cru bon, dans le meilleur intérêt, je crois, de
l'ensemble des assurés, de l'ensemble de l'industrie, de procéder
rapidement à l'étude de ce projet de loi. Je dois dire que, si
nous n'avons pas passé plus de temps à étudier et discuter
des dispositions particulières des huit ou neuf articles contenus au
projet de loi, c'est bien parce que la ministre a eu la délicatesse de
nous recevoir pour discuter préalablement du contenu du projet de loi en
compagnie de l'inspecteur général.
Peut-être, M. le Président, au-delà du contenu du
projet de loi, ce que je retiendrais de la journée, ce sont les propos
de l'Inspecteur et les propos contenus dans le document que le président
de la SIAP faisait parvenir à l'ensemble des assureurs
québécois. Je pense qu'il ne vaut pas la peine de revenir sur ce
qui a été dit à la fois par moi-même, la ministre et
l'inspecteur général, si ce n'est, M. le Président, et
vous en conviendrez sûrement, qu'il faut toujours se méfier de
gens qui, au nom d'intérêts supérieurs ou au nom
d'intérêts qui sont parfois difficiles à définir,
viennent plaider devant nous la vertu. M. le Président, ma courte
expérience de parlementaire et de personne impliquée en politique
m'aura appris qu'il faut se méfier de ces propos qui souvent viennent
cacher des intérêts particuliers qui sont, à leur face
même, connus de tous. À cet égard, je crois que nous avons
- l'inspecteur le soulignait tout à l'heure - dans l'esprit des
gouvernements qui se sont succédé à l'Assemblée
nationale et qui ont assuré la responsabilité de l'administration
gouvernementale et de la législation concernant les institutions
financières, fait preuve, je crois, de beaucoup de
responsabilité. Nous avons fait ce que nous avions à faire et
nous l'avons bien fait.
Nous tirons aussi, bien sûr, des leçons des
expériences récentes, mais je crois qu'il est important de
rappeler que l'ensemble du problème des Coopérants ou l'ensemble
des transactions qui auraient mené au problème que nous avons
connu se sont faites bien avant que l'inspecteur général
du Québec prenne la responsabilité de l'administration des
Coopérants. C'est le 1er janvier 1988 que l'inspecteur
général et que le gouvernement du Québec ont pris la
responsabilité de la vérification et du suivi de l'application de
la juridiction québécoise. Les nombreux rapports qui nous ont
été soumis autant par l'Inspecteur que par la ministre et
l'ensemble des discussions que nous avons eues depuis mai ou juin dernier nous
amènent à apprécier jusqu'à quel point le travail a
été fait avec beaucoup de sérieux. C'est un dossier qui a
eu beaucoup de rebondissements. Faut-il rappeler un certain nombre
d'étapes si ce n'est que la transaction qui devait se faire avec la
Caisse nationale de prévoyance où l'Inspecteur lui-même
s'était rendu en Europe pour rencontrer les gens ou s'assurer du
sérieux des discussions, se rappeler aussi des discussions qu'ils ont
eues avec le Fonds de solidarité et d'autres partenaires. Et, si nous
nous sommes retrouvés dans cette situation, ce n'est certes pas par une
absence de volonté des autorités gouvernementales de vouloir
régler ce dossier-là dans le meilleur intérêt
à la fois des assurés, mais aussi de l'ensemble de
l'industrie.
Donc, M. le Président, je conclurai en disant que nous n'avons
pas de leçon à donner à personne. Au contraire, je crois
que l'expérience passée nous a bien montré que c'est nous
au Québec qui donnions le ton à l'ensemble de l'industrie de
l'assurance au Canada. Je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Mme la ministre.
Mme Louise Robic
Mme Robic: Oui, M. le Président. Je voudrais remercier les
personnes qui ont assisté à cette commission aujourd'hui et
remercier, tout particulièrement les membres de l'Opposition officielle
et les députés indépendants qui nous ont donné leur
consentement pour le dépôt de ce projet de loi. Sans leur
consentement, M. le Président, on n'aurait pas pu être ici
aujourd'hui et adopter un projet de loi aussi important pour l'industrie de
l'assurance au Québec et au Canada, M. le Président.
D'abord, je vous souhaite mes meilleurs voeux. Je souhaite que,
dès le Nouvel an, on aura complété ce dossier et qu'avec
le temps, le décalage dans le temps, la solution retenue
s'avérera avoir été la meilleure. Encore une fois, je dois
féliciter tous ceux qui ont participé à ces
négociations qui ont été excessivement difficiles, mais
qui, finalement, ont amené une solution qui est la moins coûteuse
pour l'industrie, il faut se souvenir de cela, qui protège la
réputation de toute l'industrie au Canada et qui fait en sorte qu'une de
nos compagnies pourra conserver encore pendant quelques années son nom
et continuer à protéger les porteurs de police.
Alors, je vous remercie infiniment. Je remercie encore une fois
l'Opposition de sa collaboration dans ce dossier; ça a été
fort apprécié. Je vous souhaite nos meilleurs voeux pour la
Noël et le Nouvel an.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la ministre. Au nom
des membres de la commission du budget et de l'administration, messieurs dames,
on vous souhaite un bon retour chez vous, une agréable période
des fêtes. Il y a M. le président, ici, qui veut ajouter un
mot.
M. Lemieux: Je me rends compte que, lorsque ce n'est pas moi qui
préside, ça va très rapidement. Alors, je vais essayer
d'éviter de présider, à l'avenir.
Le Président (M. Audet): C'était très
pertinent, M. le Président.
M. Lemieux: Je vais confier ça au député de
Beauce-Nord.
Le Président (M. Audet): Alors, la commission ajourne ses
travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 7)