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(Neuf heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! La
commission du budget et de l'administration est réunie afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 162, Loi sur les frais de garantie relatifs aux emprunts des organismes
gouvernementaux.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Bergeron
(Deux-Montagnes) remplacera M. Gautrin (Verdun).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Je permettrai maintenant à M. le ministre et au porte-parole de
l'Opposition de bien vouloir faire, s'il est nécessaire et si c'est le
cas, des remarques préliminaires.
M. le ministre, avez-vous des remarques préliminaires à
faire relativement au projet de loi 162?
Remarques préliminaires M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président. Nous nous
retrouvons aujourd'hui pour discuter encore une fois du projet de loi 162, Loi
sur les frais de garantie relatifs aux emprunts des organismes gouvernementaux.
Les effets directs de ce projet de loi ont été annoncés
lors du dernier discours sur le budget du 2 mai 1991. La garantie
inconditionnelle sur les emprunts des organismes publics et des
sociétés d'État constitue, je le rappelle, un transfert de
risque à partir de ces entités vers le gouvernement. La politique
de tarification de la garantie procure une compensation monétaire
légitime à l'ensemble des contribuables québécois
pour le risque additionnel assumé au bénéfice de ces
entités. En effet, ce transfert de risque se traduit par un coût
en intérêts supplémentaire sur la dette du gouvernement.
Dans le contexte actuel, il convient de remettre en question la gratuité
ou la subvention implicite qu'a représentée jusqu'ici l'octroi
à titre gratuit de la garantie inconditionnelle.
Ce projet de loi vise à autoriser le gouvernement à
tarifer la garantie inconditionnelle qu'il accorde sur le fonds
consolidé. Il vise donc à sensibiliser les organismes
gouvernementaux au coût réel des emprunts et, de ce fait, à
éliminer certaines distorsions économiques liées à
la gratuité de la garantie inconditionnelle.
Les frais de garantie qui seront dorénavant perçus sur les
emprunts deviendront l'incitatif qui permettra de s'assurer qu'on utilise les
sources de financement disponibles de la façon la plus efficace et la
plus économique au bénéfice de l'ensemble des
contribuables du Québec. les frais de garantie ne sont pas une nouvelle
invention, mais bien l'application appropriée de ce qui se fait
couramment en matière de financement. ce principe de saine gestion que
constitue la tarification de la garantie s'avère largement
appliqué dans le monde des affaires et par les gouvernements de la
majorité des provinces canadiennes. ainsi, tous ceux qui sont familiers
avec les pratiques des milieux financiers savent très bien que les
institutions financières qui affichent des cotes de crédit
élevées offrent à certaines sociétés une
garantie sur leurs emprunts en contrepartie de certains frais.
Les autres gouvernements qui pratiquent cette politique le font
généralement pour exercer un meilleur contrôle sur les
emprunts de leurs sociétés d'État et pour compenser le
transfert de risque supporté par l'ensemble de leurs contribuables en
faveur de ces entités.
La tarification de la garantie s'appliquera aux organismes
gouvernementaux dont la loi prévoit la possibilité pour le
gouvernement de garantir les emprunts sur le fonds consolidé du revenu.
Les frais de garantie correspondront à 0, 5 % annuellement du solde du
capital des emprunts garantis inconditionnellement par le gouvernement. La
mesure entrera en vigueur à compter du 1er janvier 1992. Des
dispositions transitoires sont prévues pour la première
année d'application de la loi afin de prendre en compte les dates de fin
d'année financière des entités concernées, qui
peuvent être différentes de l'une à l'autre.
Ce projet s'inscrit dans l'objectif du gouvernement d'assainir les
finances publiques afin de pouvoir rencontrer les besoins de la population sans
tranférer de façon irresponsable aux générations
futures le fardeau de les payer. Les impacts de cette tarification d'un service
consenti par le gouvernement à ses organismes ont été
évalués afin de s'assurer que la mesure n'entraverait pas la
mission des organismes concernés. Par ailleurs, les
sociétés concernées pourraient s'efforcer de
négocier des emprunts sans la garantie inconditionnelle si cela
s'avère aussi économique. Cela aurait pour le gouvernement le
même type d'impact conjugué que d'octroyer la garantie et de
percevoir un honoraire sur cette garantie. Bien qu'il s'avérerait peu
plausible que nos sociétés d'État puissent emprunter des
masses importantes de fonds sans la garantie inconditionnelle du gouvernement,
il
est clair qu'une telle approche augmenterait largement leurs coûts
parce que les taux d'intérêt consentis seraient
nécessairement plus élevés afin de refléter le
risque accru perçu par les prêteurs.
Quant aux impacts financiers découlant de cette mesure, rappelons
qu'au 31 mars 1991 le gouvernement garantissait inconditionnellement des
emprunts de quelque 30 000 000 000 $ pour une douzaine d'organismes
gouvernementaux. Sur la base de l'en-cours prévu de la dette garantie
des organismes gouvernementaux, les frais de garantie s'établiraient
à 150 000 000 $ pour l'exercice financier en cours et à 181 000
000 $ et 204 000 000 $ pour les deux suivants.
M. le Président, je tiens par ailleurs à rappeler que,
préalablement et au cours de la préparation du présent
projet de loi, plusieurs échanges ont eu lieu entre le ministère
des Finances et les organismes impliqués par la mesure de tarification
de la garantie. Ces échanges ont permis aux organismes d'accepter la
rationalité sous-jacente au projet de loi et d'envisager
l'intégration de cette tarification dans la prise de décision
concernant leurs opérations financières à venir.
Avant de conclure, je voudrais encore une fois rassurer cette
commission: ce projet de loi ne vise que les emprunts des organismes et des
sociétés d'État garantis inconditionnellement sur le fonds
consolidé du revenu et il ne touche d'aucune façon les garanties
dont l'exécution est conditionnelle au vote annuel des crédits
par le Parlement, comme, par exemple, celles des emprunts des hôpitaux ou
des commissions scolaires, ni les garanties accordées par certains
organismes publics ou sociétés d'État en faveur de
clientèles du secteur privé, tels les prêts aux
agriculteurs ou aux pêcheurs.
M. le Président, le gouvernement du Québec se doit d'agir
avec responsabilité dans la gestion des finances publiques. Le projet de
loi 162 représente un autre pas dans cette direction, étant
donné qu'il permettra d'assurer une efficacité accrue du secteur
public, plus particulièrement de ses opérations de financement.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre
dès Finances. M. le député de Labelle, porte-parole de
l'Opposition officielle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Alors, il
s'agit, comme on l'a vu, d'une mesure qui était annoncée dans le
discours du budget du 2 mai dernier, qui vise essentiellement à
renflouer les coffres du gouvernement d'une somme de 147 000 000 $ et en
particulier d'une somme de 143 000 000 $ en provenance d'Hydro-Québec.
Nous avions dénoncé à l'époque cette mesure comme
nous avons été contre le projet de loi 2 par lequel le
gouvernement ouvrait la porte à de telles dispositions
éventuelles.
Au fond, il s'agit d'une taxe déguisée et d'un moyen de
contourner les dispositions de la Loi sur Hydro-Québec qui interdisent
à celle-ci de verser un dividende au gouvernement lorsque le taux de
capitalisation de la Société est inférieur à 25 %
ou de verser un dividende qui aurait pour effet de baisser le taux de
capitalisation d'Hydro-Québec en bas de 25 %. Ce que fait cette loi,
c'est que, de toute façon, il y aura des sommes de versées par
Hydro-Québec. On tente de justifier a posteriori la décision
d'aller chercher des fonds par une espèce de supposée philosophie
sur la rationalisation de la gestion des organismes d'État. Je pense que
c'est deux choses très différentes et que le ministre ne peut pas
établir de relations entre son projet de loi et cette justification
qu'il a donnée. en ce qui concerne les dividendes de la
société d'état, je voudrais rappeler l'opposition, la vive
opposition du parti libéral, en 1981 - le part\ libéral, alors,
était dans l'opposition officielle - lorsque le projet de loi 16 a
été débattu. et celui qui est en face de nous, le ministre
des finances actuellement, s'était pourfendu contre le gouvernement en
disant que c'était épouvantable, ce qu'on faisait là, et
qu'on minait la santé financière d'hydro-québec parce
qu'on permettait à hydro-québec de verser un dividende au
gouvernement dans le cas où sa capitalisation dépassait 25 %.
Aujourd'hui, ce que le gouvernement fait, c'est que, quel que soit le
niveau de sa capitalisation, Hydro-Québec devra verser des sommes
considérables, de l'ordre de 150 000 000 $ et plus, au gouvernement.
Pourtant, si on regarde les justifications, la loi 16 garantissait ou assurait
la santé financière d'Hydro-Québec. C'est comme dans une
entreprise. Une entreprise ne peut pas verser de dividendes s'il n'y a pas de
profits accumulés. Alors, dans le cas d'Hydro-Québec, ça
saute complètement et on en fait une dépense d'opération
qu'elle doit verser chaque année, sous prétexte que la garantie
du gouvernement fait baisser les taux d'Hydro-Québec.
Lorsque le ministre des Finances a présenté son discours
du budget ou dans le débat qui a suivi, plutôt, le discours sur le
budget, il a donné deux justifications. La première,
évidemment, qu'on retrouve souvent de la part du gouvernement: l'Ontario
le fait, lui aussi. Les moutons de Panurge! Le syndrome du moi itou; Eux autres
le font, moi itou je le fais. Alors, c'est ça et je ne pense pas que
cela va convaincre les Québécois du bien-fondé de la
mesure, eux qui ont encaissé trois hausses successives de leur facture
d'électricité en l'espace de douze mois: une, le 1er mai 1990, de
7,5 %, une autre, le 1er janvier 1991, de 7 %, par l'imposition de la TPS
fédérale, et une autre encore, le 1er mai 1991, de 7 %. Alors, je
pense que les Québécois vont se rappeler de ça. La
nouvelle taxe à Hydro-Québec imposée par le
gouvernement va nécessairement avoir des répercussions sur la
facture, le compte d'électricité.
Deuxième justification que présentait le ministre des
Finances dans le débat qui a suivi le discours sur le budget: la
garantie gouvernementale permet à Hydro-Québec d'emprunter
à meilleur coût, il l'a répété ce matin. Mais
je dois rappeler qu'en purgeant Hydro-Québec au moment où sa
santé financière ne lui permet pas de verser des dividendes le
gouvernement détériore la santé de la
société d'État, de sorte que celle-ci pourrait devoir
verser des intérêts plus élevés
ultérieurement, compte tenu du risque additionnel que cela
représente pour le prêteur. Au fond, c'est un cercle vicieux. Il
n'a rien corrigé et son argument ne vaut rien parce qu'on va se
retrouver avec des charges additionnelles.
Alors, ce sont des justifications du ministre des Finances, comme on le
voit, très, très minces. Comparativement à la loi 16, il
me semble que le projet de loi qui est ici impose une charge additionnelle aux
frais généraux d'Hydro-Québec et donc élève
son seuil de rentabilité et mine sa santé financière,
ça me paraît évident.
Alors, en 1981, le ministre actuel des Finances, celui qui est
là, qui présente ce projet de loi, exigeait la démission
du gouvernement, exigeait la démission du gouvernement parce qu'on
demandait à Hydro-Québec de pouvoir verser des dividendes
seulement lorsque le taux de capitalisation était au-delà de 25
%. Aujourd'hui, on le lui impose, quel que soit son taux de capitalisation.
Alors, deux poids, deux mesures. Je voudrais simplement lui rappeler ses
paroles qu'il a prononcées en 1981.
Autre considération, M. le Président: cette mesure va se
traduire par une hausse de tarifs puisqu'en plus des coûts
occasionnés par la faible hydraulicité, qu'on évalue
à 500 000 000 $ actuellement, des coûts reliés aux contrats
avec les alumineries, 160 000 000 $, c'est ça l'évaluation,
Québec décide aujourd'hui d'augmenter les charges
d'Hydro-Québec de 143 000 000 $, parce que, sur les 147 000 000 $, il y
aura 143 000 000 $ cette année, à tout le moins, qui vont
provenir d'Hydro-Québec, ce qui représente une augmentation de
tarifs de 3 %. 143 000 000 $, c'est 3 %. Et, contrairement à ce qu'en
dit le ministre des Finances, la rationalisation des dépenses
d'Hydro-Québec demandée par la ministre de l'Énergie et
des Ressources ne suffira pas à combler de telles augmentations de
tarifs. De toute façon, je vois mal la relation entre les deux parce que
la rationalisation des dépenses d'Hydro-Québec doit se faire et
je ne vois pas pourquoi le gouvernement arguë du fait qu'on lui impose une
nouvelle taxe pour exiger une rationalisation. De toute façon, elle doit
se faire à l'intérieur du Québec. Ce qu'il faut
déplorer, finalement, c'est qu'une telle rationali- sation ne profitera
pas aux clients d'Hydro-Québec, mais va profiter au gouvernement.
Autre considération: cette décision survient au moment
où non seulement la santé financière d'Hydro-Québec
est plus ou moins bonne, mais au moment où Hydro-Québec
prévoit investir 60 000 000 000 $ dans les 10 prochaines années
et où elle doit se présenter sur les marchés financiers
pour financer ses projets. En 1991, Hydro-Québec prévoyait
emprunter entre 3 000 000 000 $ et 4 000 000 000 $; c'est peut-être un
chiffre qu'il faudrait vérifier, le ministre pourra me répondre
là-dessus. Il reste qu'ils ont retardé les projets au cours de
l'automne à l'an prochain, ça a été retardé
d'un an. Mais ce que cela signifie, si l'on considère ces 60 000 000 000
$, c'est que les revenus d'Hydro-Québec vont augmenter à un
rythme d'environ 20 000 000 $ par année, en provenance
d'Hydro-Québec, grâce au projet de loi 162. Ça me
paraît une somme considérable.
J'ai eu l'occasion aussi de démontrer qu'il y avait encore
là des artifices comptables par lesquels le gouvernement encaissait au
cours de l'année, par la consolidation des états financiers
d'Hydro-Québec, une somme prévisible, en tout cas prévue,
d'environ 733 000 000 $ et qu'il encaissait une somme additionnelle de 143 000
000 $, un tour de passe-passe, je pense, qui est coutumier au ministre des
Finances, qui en prend large avec les conventions comptables, et qui, au fond,
ne règle rien. On fait simplement reporter les choses et on se
retrouvera avec des revenus d'Hydro-Québec plus minces
ultérieurement. Mais ce qui est clair, net, dans le dossier, c'est
qu'au-delà de la somme des profits réalisés
d'Hydro-Québec en 1991 on y ajoutera, dans les états financiers
du gouvernement, une somme de 143 000 000 $, donc 876 000 000 $ en provenance
d'Hydro-Québec. Encore une fois, une manoeuvre qui mine la
comparabilité des états financiers du gouvernement. Encore une
fois.
C'est une nouvelle taxe déguisée qui est camouflée
derrière un titre qui ne dit rien des véritables intentions du
gouvernement, qui étaient, finalement, d'améliorer la
présentation des données financières du gouvernement,
l'image du gouvernement, sans que, dans le fond, ça change des choses
à la réalité, sauf que, de façon additionnelle, on
élève le seuil de rentabilité d'Hydro-Québec. C'est
ça que l'on fait par cette manoeuvre.
Alors, on a terni l'image d'Hydro-Québec auprès du public;
maintenant, le gouvernement libéral s'attaque à la santé
financière de sa société d'État et je pense que
malheureusement, malheureusement, les Québécois doivent
s'attendre à des hausses de tarifs considérables dans les mois
à venir. Il y a déjà une augmentation de 6 % qui est
prévue le 1er mai 1992. Vraisemblablement, le projet de loi 162 va
entraîner une augmentation des tarifs d'environ 3 % pour
rétablir la capitalisation d'Hydro-Québec; il va falloir
tôt ou tard qu'on la rétablisse, lorsqu'on draine des fonds comme
cela. Le gouvernement aussi a perdu ou Hydro-Québec perdra 3 % sur les
projets et sur les contrats avec les grandes entreprises. Et puis la faible
hydraulicité va aussi entraîner des hausses de tarifs
éventuelles importantes et ce n'est pas un portrait reluisant qui existe
en ce qui concerne Hydro-Québec, au contraire.
Au fond, je vais inviter le ministre à relire sa
déclaration de 1981 et à s'appliquer ce qu'il exigeait du
gouvernement à l'époque, la démission. Mais je suppose
qu'aujourd'hui il va rabattre un peu. Il n'y songe pas, je suppose bien. Alors,
je peux simplement constater qu'il avait été très
téméraire, en 1981, l'actuel ministre des Finances, malgré
toute son expérience. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. J'ai ici une demande qui exige le
consentement, à savoir que le député de Joliette puisse
remplacer le député de La Prairie. Est-ce qu'il y a consentement
à cet effet-là?
M. Levesque: Mais est-ce qu'il est ici? M. Léonard:
Oui, il va se présenter tantôt.
M. Levesque: Mais est-ce qu'il veut intervenir, parce que...
M. Léonard: Oui, il voulait intervenir.
M. Levesque: Ah O.K. Bon, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Lemieux): vous n'avez pas d'objection, m.
le ministre? alors, il y a consentement pour que, effectivement - m. le
secrétaire, voulez-vous en prendre note? - le député de
joliette puisse remplacer le député de la prairie. nous allons
passer maintenant l'étude du projet de loi... oui.
M. Filion: M. le Président, seulement une petite remarque.
C'est sûr...
M. Levesque: Je n'ai pas le droit de parler?
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le ministre. En vertu
de l'article 246, votre droit de parole de cinq minutes, c'est pour
l'étude détaillée du projet de loi et ça ne
s'applique pas aux motions préliminaires. Mais, lors de l'étude
du projet de loi, lorsque j'appellerai l'article 1, alors vous pourrez faire
état de vos remarques. Alors, M. le député de
Montmorency.
M. Léonard: Bon, moi, je consentirais à l'entendre.
Bien, après le député de Montmorency, le ministre des
Finances pourra intervenir.
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement?
M. Léonard: Oui, il y aura consentement.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Alors, s'il y a
consentement, il n'y a pas de problème Alors, M. le député
de Montmorency.
M. Léonard: On ne veut pas bâillonner le ministre
des Finances.
M. Levesque: Moi, ça ne me fait rien de parler sur
l'article 1.
Le Président (M. Lemieux): Non, non. Mais je dois faire
appliquer la procédure. Alors, M. le député de
Montmorency.
M. Jean Filion
M. Filion: M. le Président, très simplement, au
niveau du projet de loi 162, j'aimerais mettre en lumière l'objectif
visé par ce projet de loi là, qui était, au fond, de dire
au gouvernement: Bien, écoutez, dans l'entreprise privée
ça fonctionne comme ça. Quand on a des frais de garanties, bon,
les gens demandent de l'argent pour couvrir une garantie de prêt et
ça se fait couramment sur le marché financier. Sauf que, quand on
regarde Hydro-Québec, les véritables propriétaires, c'est
les actionnaires. Et ceux qui garantissent, au fond, les prêts
d'Hydro-Québec, ce sont tous les Québécois et toutes les
Québécoises; autrement dit, c'est le gouvernement en soi.
À ce moment-là, si effectivement on veut se justifier de
prélever des frais comme ça au nom des Québécois et
des Québécoises, bien, qu'on les leur redonne. Parce que, au
fond, c'est eux qui garantissent réellement ces prêts-là
via le gouvernement. Alors, si la mécanique, on la pousse vraiment dans
la logique même de cet article de loi là ou de ce projet de loi
là, on devrait, à toutes fins pratiques, dire: Bien,
écoutez, effectivement, ceux qui garantissent les prêts, c'est le
gouvernement, mais c'est les Québécois et les
Québécoises, le gouvernement. Alors, qu'on leur redonne
effectivement ces frais de garantie là. Mais, si on les leur redonne,
l'opération, à toutes fins pratiques, ne sert plus à rien.
Et c'est dans le sens-là que je voulais apporter un commentaire sur
l'esprit même dans lequel on a amené ces frais de garantie
là via le projet de loi 162.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Montmorency. Alors, comme il y a consentement, M. le
ministre des Finances. (10 heures)
M. Levesque: J'aime autant que vous appeliez l'article 1.
Le Président (M. Lemieux): Ça va?
M. Levesque: Je parlerai dessus, ça revient au
même.
Étude détaillée
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'appelle l'article 1 du
projet de loi 162. Est-ce qu'il y a des remarques? M. le ministre.
Champ d'application
M. Levesque: D'abord, sur l'article 1, je dirais que,
évidemment, le projet de loi n'est pas tellement volumineux, il a deux
articles de substance. Le premier indique le champ d'application de la loi.
Elle vise les organismes gouvernementaux qui devront payer des frais
relativement à leurs emprunts garantis par le gouvernement. Et le
deuxième alinéa définit l'expression "organisme
gouvernemental", de manière à viser de façon
générale les sociétés d'État et organismes
mandataires du gouvernement. Avez-vous le projet de loi, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre.
M. Levesque: Alors, j'en profite à ce moment-ci, M. le
Président, pour faire quelques remarques. D'abord, il faudrait bien
comprendre - je pense que le député de labelle sera le premier
à l'accepter - qu'il y a une différence essentielle entre
dividende et frais de garantie. et je pense qu'on ne peut pas, même avec
le rétroviseur à la main, essayer de rapprocher les deux
expressions ou les deux aspects de la question. m. le président, je
comprends fort bien que, d'après la loi 16, le dividence avait
été mis en place afin que le gouvernement, pour reprendre la
remarque du député de montmorency... si le député
de montmorency avait été là, sa remarque aurait
été drôlement reçue par le ministre des finances du
temps, parce que pourquoi aller faire payer des dividendes au gouvernement par
une société d'état si ça ne change absolument rien?
ceci étant dit, je tiens cependant à faire remarquer au
député de montmorency que, à strictement parler, il y a
une différence parce que la population du québec n'est pas
nécessairement la même que les clients d'hydro-québec. on
peut le dire d'une façon générale, mais on ne peut pas le
faire d'une façon absolue.
Je voudrais faire remarquer au député de Labelle, sans
vouloir utiliser le rétroviseur, que, lorsque ce projet de loi a
été introduit, c'était sûrement pour
améliorer la situation financière du gouvernement. C'est vrai
qu'on avait mis 25 % de balise, mais ça n'a pas empêché
que, si on regarde les chiffres, simplement pendant que - pas le
député de montmorency, il n'était pas là - le
député de labelle était présent certainement dans
les années qui ont suivi le projet de loi 16, 1981, 1982, 1983... Il a
démissionné, je pense, en 1984, au mois de novembre.
M. Léonard: Comme ministre. J'ai quitté en
1985.
M. Levesque: Alors, ces quatre années-là, il faut
bien comprendre que le gouvernement de l'époque est allé chercher
7 000 000 $ en 1981, 7 000 000 $ en 1982, 60 000 000 $ en 1983 et 156 000 000 $
en 1984. Là il s'agissait d'un dividende. Il faut rappeler aussi que,
pour notre gouvernement, nous avons laissé les sommes sur la table,
alors qu'on avait le droit d'aller en chercher plus. Je me rappelle qu'on a
dû laisser, je pense, 167 000 000 $ qu'on aurait pu retirer, oui 167 000
000 $ que nous avons laissés sur la table, par rapport à ce que
cette loi 16 nous permettait de faire. Alors, je pense que nous avons
été très raisonnables pour Hydro-Québec.
maintenant, le député mentionne que, si l'ontario le fait ce
n'est pas nécessaire de le faire aussi, mais ce n'est pas seulement
l'ontario; la plupart des provinces canadiennes ie font et elles le font
à des tarifs, si je ne m'abuse, qui sont au moins égaux.
même à terre-neuve, c'est 1 % sur le solde annuel de la dette
garantie. en ontario, c'est 0,5 % comme ce que nous proposons ici. c'est
curieux comme on peut utiliser des mots pour... j'écoutais !e
député de labelle, il disait: ça ne profitera pas aux
clients d'hydro-québec, mais ça va profiter au gouvernement du
québec. là, je rejoins le député de montmorency. je
ne suis pas trop d'accord avec ça parce que, quand on dit le
gouvernement du québec, on veut dire qui? on veut dire les contribuables
du québec, c'est ça qu'on veut dire. alors, c'est simplement de
faire payer quelque chose à la bonne place. le frais de garantie va
être payé par les utilisateurs - si vous voulez, employez la
clientèle - plutôt que par l'ensemble des contribuables. alors,
sur le plan philosophique, je pense que c'est difficile à nier que des
frais de garantie devraient être payés par ceux qui en profitent.
maintenant, on a parlé que peut-être il y aurait une
conséquence sur les tarifs d'hydro. d'abord, if ne faut pas passer
directement à cette conclusion-là parce que nous savons qu'hydro
va faire des efforts tout particuliers afin de réduire les
dépenses d'hydro, resserrer les dépenses d'hydro. tout le monde
est en train de faire cet exercice-là; le gouvernement est en train de
le faire, hydro doit le faire aussi. toutes les sociétés
d'état doivent le faire et je pense qu'on ne peut pas... il faudrait
attendre pour voir quel est l'effet, mais je pense que l'effet va être
beaucoup moindre que ce que n'espère pas l'opposition, mais
prétend l'opposition. je pense que, lorsqu'on a eu cette
démonstration, pas par le député de labelle, mais par un
autre député de la formation politique de l'opposition, il y a eu
là des exagérations
terribles. On a parte, par exemple, des tarifs qui avaient
été augmentés de 21,5 % dans un an. C'est
résumé pas mal.
M. Léonard: C'est vrai.
M. Levesque: Je comprends, mais je pense qu'en toute
objectivité... Le député de Labelle est ordinairement
objectif. Quand on dit qu'on augmente de 7,5 % une année, que
l'année suivante on augmente de 7 %, ça ne veut pas dire que,
dans 12 mois, on a augmenté de 14,5 %. Et on ajoute la TPS
fédérale à ça, les 7 %. Je pense qu'il faut faire
attention quand on fait des additions. Il ne faut pas prendre tous les fruits.
Je comprends que c'est tous des fruits pour les contribuables, mais
excepté...
Mme Marois: C'est le résultat net. Sauf que c'est le
résultat net pour le contribuable, par exemple.
M. Levesque: Oui. Mais excepté que, quand on dit qu'on
l'augmente... Prenons simplement une année: en 1990, l'augmentation est
de 7,5 %, ce n'est pas tellement plus que l'inflation, et 7 % en mai
l'année suivante, il faut bien comprendre que c'est pour l'année
en cours. S'il avait dit 24 mois, j'aurais dit: C'est vrai, mais...
M. Léonard: Mettez tout ça sur 12 mois et les 3
mois additionnels sur les états financiers du gouvernement, vous n'avez
pas à les compter; donc, appliquez à vous-même votre
raisonnement.
M. Levesque: Non, mais ça c'est un autre... M.
Léonard: Ah oui! Un autre point.
M. Levesque: ...point sur lequel je vais arriver
M. Léonard: O.K. Vous allez y venir. Bien.
M. Levesque: Mais, avant d'y arriver, j'aimerais bien que, quand
on retourne dans le petit passé récent, on retourne un petit peu
plus loin et qu'on voie que l'Opposition officielle, alors qu'elle occupait les
fonctions de gouvernement, a approuvé une hausse tarifaire, si on
voulait faire le même calcul, de 32,4 %, soit 18,7 % en 1978 et 13,7 % en
1979. Alors, je pense qu'il faut bien faire attention quand on porte des
accusations massue, qu'on regarde un peu dans le rétroviseur. Je pense
qu'on est toujours accusés de trop regarder dans le rétroviseur,
mais je vous encourage quelquefois à jeter un coup d'oeil.
Les artifices comptables, ça aussi, ça revient toujours et
je dois dire au député de Labelle qu'on ne s'entendra pas, je
pense bien, pendant mon séjour ici, sur cette question-là bien
que, lorsque nous avons décidé des nouvelles conventions
comptables, Standard and Poors disait quoi? Elle disait: "Standard and Poors
believes that the majority of these changes are positive and will provide
better insight into the province's financial position." Alors, c'est
approuvé par les plus hautes sphères, les agences de
crédit les plus réputées au monde. Alors, je pense que, si
on s'est trompés, on a des appuis assez importants.
Maintenant, sur la question même de la façon de calculer,
il faut bien comprendre qu'on avait... Ces frais de garantie, comment calculer
ça? Bien, on calcule, à la fin de décembre, ce que telle
société d'État a comme dette obligataire. C'est
là-dessus que ça se fait. Alors, il fallait bien commencer
quelque part. Le 31 décembre 1991, on regarde quelle est la dette
obligataire de ces sociétés d'État et
particulièrement d'Hydro, et on demande que le paiement se fasse
l'année suivante, mais on le fait dans les trois premiers mois. C'est
ça qui fatigue un peu le député de Labelle, mais,
évidemment, en le faisant dans les trois premiers mois - on peut
l'exiger le 1er janvier ou le 2 janvier, mais on dit: On leur donne trois mois
pour le faire - ça adonne que c'est dans l'année
financière du gouvernement. Bien, coudon, on ne leur enlève rien.
C'est ça. Sauf que, étant donné qu'on a maintenant la
consolidation, la première année, évidemment, est plus
importante au point de vue des revenus du gouvernement. Il ne faut pas
mêler non plus revenus et recettes. C'est à cause de la
consolidation que, les années suivantes, les prévisions sont
moindres, parce qu'il y a consolidation. Alors, la première
année, évidemment, est plus profitable, si vous le voulez, entre
guillemets, à cause de cela. Je reviendrai s'il y a d'autres sujets.
Le Président (M. Lemieux): M. le député...
Est-ce que vous avez terminé, M. le ministre?
M. Levesque: Pour le moment, je vais laisser le
député...
Le Président (M. Lemieux): Relativement à l'article
1?
M. Léonard: Je voudrais faire remarquer au ministre que
c'est vrai que ce n'est pas un projet de loi très long. Il a quatre
articles, mais, finalement, il va coûter 35 000 000 $ par article. C'est
ça que ça veut dire? 36 000 000 $, 37 000 000 $?
M. Levesque: Vous auriez pu dire 74 000 000 $ en disant qu'il y a
deux articles qui étaient tout simplement de concordance.
M. Léonard: Je voudrais, cependant, rappeler une chose au
ministre, au député de Bonaventure: il y a une différence
entre dividendes et frais de garantie, et une différence
drôlement importante. Une entreprise pale des dividendes et
Hydro-Québec aurait payé des dividendes quand sont taux de
capitalisation aurait été raisonnable et aurait
dépassé 25 %. Cela revient à dire que, quand les
résultats le permettent, Hydro-Québec paie des dividendes aux
termes de la loi 16. Elle n'est pas obligée d'en payer, mais c'est de la
nature des dividendes que d'être versés lorsque le conseil
d'administration en décide ainsi et qu'il y a les disponibilités
en termes de profits accumulés et de fonds de roulement
nécessaires pour le faire. C'est de la nature d'un dividende. Il y a une
liberté inhérente au dividende, qui est attribuée au
conseil d'administration quant à la décision pour le verser.
Ça, ça me paraît fondamental et je pense que c'est l'abc;
lorsqu'on étudie la loi des compagnies ou lorsqu'on étudie les
sciences comptables, ça va de soi que le dividende est versé
quand les résultats financiers le permettent. (10 h 15)
Alors que vos frais de garantie ne sont pas du tout la même chose.
C'est une charge d'exploitation incontournable à laquelle
Hydro-Québec devra faire face quels que soient les résultats. de
ses opérations. C'est une charge et c'est pour cela que je disais que
cela augmente, élève son seuil de rentabilité. Et les
conséquences sur sa situation financière sont très
différentes parce qu'elle n'aura pas le choix de le payer, quels que
soient les résultats de ses opérations. Si HydroQuébec
perdait de l'argent une année, elle serait obligée de verser les
frais de garantie, alors qu'elle ne le serait pas dans le cas de dividendes.
Sur le plan du risque financier et de l'évaluation des risques
financiers, c'est très différent, on en conviendra, parce que,
c'est incontournable, Hydro-Québec aura à le verser. Alors, le
ministre aura beau faire toutes sortes de distinctions là-dessus, je
pense qu'il faut revenir au fond des choses sur cette question.
Le ministre fait encore une fois une relation entre la rationalisation
des dépenses et cette charge additionnelle; ça me paraît
deux choses et j'sspère qu'il conçoit qu'on doive rationaliser
les dépenses d'Hydro-Québec, qu'on devait le faire, quels que
soient ces frais de garantie qui sont survenus tout à coup. Mais je
¦ lui indiquerai que, pour une administration ou les hauts dirigeants
d'Hydro-Québec et pour toute la boîte, il vient de miner
l'incitatif que des gens auraient eu à améliorer la gestion
d'Hydro-Québec, parce qu'il s'approprie lui-même les fruits d'une
telle rationalisation quand il fait l'équation qu'il vient de nous
faire. En réalité, ce sont deux choses différentes,
complètement différentes.
Pour revenir sur les artifices comptables, oui, ce sont des artifices
comptables, effectivement, ce sont des artifices comptables et on sait que,
lorsqu'on utilise les artifices comptables pour améliorer l'image
financière d'une entrepri- se, d'une institution ou du gouvernement, la
réalité nous rattrape toujours ultérieurement. Et je
voudrais demander au ministre pourquoi finalement l'année
financière d'Hydro-Québec ne serait pas celle du gouvernement, la
même, au fond. Étant donné qu'il a l'air d'en faire
pratiquement des vases communicants, ça pourrait très bien
être celle du gouvernement. Et, à ce moment-là, qu'est-ce
qu'il déclarerait comme profits en provenance d'Hydro-Québec? Et
je dirais plus, c'est qu'Hydro-Québec, connaissant la loi 162, à
mon sens, au 31 décembre 1991, devrait inscrire dans ses états:
charges à payer au 31 décembre, pour vraiment rendre compte de
son année financière et, ce sont des choses qui se font
couramment, au 31 décembre, inscrire les 143 000 000 $ comme
étant une charge établie sur le 31 décembre 1991, et puis
effectivement, diminuer son profit de 733 000 000 $ moins 143 000 000 $ et,
donc, de le baisser à 590 000 000 $ parce qu'elle aura à payer
143 000 000 $ au gouvernement.
Alors, ceci met très bien en lumière qu'il s'agit
là d'un artifice comptable, parce que ce . n'est pas ça que le
gouvernement veut faire. Ce que le gouvernement veut faire, c'est qu'il veut
inscrire 733 000 000 $ aux profits d'Hydro-Québec de l'année
1991, plus un autre 143 000 000 $ établi sur la capitalisation de 1991,
au 31 décembre 1991. En réalité, il veut inscrire 876 000
000 $ et c'est là où je dis que son objectif, à toutes
fins utiles, ça a été d'améliorer la
présentation de la situation financière d'Hydro-Québec
pour tenter de présenter, dans son discours du budget, un déficit
inférieur à 3 500 000 000 $. Il a présenté 3 480
000 000 $. Ça a été un expédient qu'il a pris pour
le baisser en bas de 3 500 000 000 $, ce sont des expédients comptables
uniquement. La réalité va le rattraper, ça ne peut pas se
faire.
Et cela se fait au détriment de la santé financière
d'Hydro-Québec. Au détriment, parce que, au lieu de payer un
dividende lorsque la situation financière le permet à
Hydro-Québec, elle va faire face à une charge
régulière incontournable qui va élever son seuil de
rentabilité. C'est ça que le ministre fait. Et moi, je trouve que
c'est payer cher, cette supposée image du gouvernement qui d'ailleurs ne
tient pas, on le sait très bien, à l'heure actuelle. Il vient de
miner Hydro-Québec pour son image, c'est ça que nous disons.
C'est ça qui est une catastrophe, qui est une gestion à courte
vue, à court terme, l'utilisation d'artifices comptables pour farder
l'image. On appelle ça du "window dressing", dans le jargon du
métier; du "window dressing", c'est ça qu'il fait
constamment.
Il l'a fait jusqu'en 1988 et puis il s'est retrouvé avec une
situation économique difficile, le ministre des Finances, puis là
les Québécois ont trinqué, ils ont vu augmenter leurs
taxes de 2 400 000 000 $ depuis la dernière élection parce que,
au fond, la situation financière du gouver-
nement avait été fardée. Alors, voilà, on se
retrouve encore une fols avec des conséquences maintenant sur les
grandes sociétés d'État. Une chance qu'Hydro-Québec
a des revenus intéressants, importants, parce que, avec tous ces
expédients, si la société n'était pas solide, on se
retrouverait dans un drôle de pétrin.
Alors, voilà, j'avais cela à dire à M. le ministre
des Finances via le président de cette commission parlementaire. Je ne
sais pas si mes collègues veulent ajouter à cette question?
M. Filion: Moi, simplement, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Montmorency.
M. Filion: II y en a un autre qui peut parler de l'autre
bord?
Le Président (M. Lemieux): Non, la parole est à M.
le ministre en vertu de l'article 246, il a cinq minutes et, après, s'il
n'y a pas d'intervention de ce côté-ci, je vais vous passer la
parole. M. le ministre.
M. Levesque: Je vais laisser aller le député de
Montmorency.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Montmorency.
M. Filion: Alors, simplement pour abonder dans le même sens
que mon collègue, le député de Labelle, c'est vraiment une
orientation très différente que l'on prend parce qu'on vient
imputer une dépense, qu'il y ait profit ou qu'il n'y ait pas profit. On
impute une dépense à Hydro-Québec. Hydro-Québec va
devoir vivre avec 143 000 000 $ à chaque année comme
dépense avant de partir. Et qu'on le veuille ou pas, c'est bien
sûr qu'Hydro-Québec, c'est rentable. On a simplement à
ouvrir la valve et à augmenter la tarification, et les gens vont la
payer, ils n'ont pas le choix. Et c'est un peu piéger la population dans
une dépense et, au fond, cette dépense-là, au
gouvernement, elle ne lui coûte rien. Il ne dépense pas un sou
pour des frais de garantie, lui. Il est là simplement pour dire: Moi, je
garantis un endettement. Ça ne me coûte rien, mais je vais vous
charger 143 000 000 $ pareil. Et c'est une façon pour le gouvernement de
dire élégamment aux gens: Bien, écoutez,
Hydro-Québec, ça va devenir une taxe à la consommation
comme on est devenus experts actuellement avec la taxe à la
consommation. Puis, maintenant, vu qu'on en a envoyé beaucoup, on va
continuer le canal via Hydro-Québec.
Et cette dépense-là qui est automatique à chaque
année, contrairement à un dividende... Parce que, comme le disait
le député de Labelle, un dividende, c'est quand il y a une
rentabilité; on peut se permettre de récupérer de l'argent
où II y a une rentabilité et une efficacité. Mais
là on fait une charge qui n'a absolument rien à voir avec une
rentabilité ou une efficacité et ce sont les gens, la population
du Québec qui vont devoir la payer. Et je pense que c'est la qu'on
manque de transparence. Et c'est là qu'on ne dit pas ouvertement aux
gens: Au lieu de vous donner une augmentation de 1 % sur la TVQ parce que, au
fond, c'est la consommation qu'on taxe, bien, on y va via
l'hydroélectricité, puis ça ne paraît pas trop parce
que c'est des tarifications qui augmentent. Et les gens disent: Bien oui,
Hydro-Québec a encore augmenté, ça n'a pas de bon sens.
Mais c'est automatique, ça, M. le Président, et à chaque
année ça va se faire ainsi. Et c'est là qu'on manque
vraiment de transparence. Qu'on le dise donc ouvertement qu'on manque d'argent
et qu'on veut taxer sans trop que ça paraisse et là les gens vont
comprendre ça.
Si, au moins, il y avait un fondement vraiment de philosophie
d'application. On demande 143 000 000 $ parce qu'on dit qu'on va garantir les
emprunts. Mais, écoutez, tout à l'heure, M. le
député Bonaventure me disait: Oui, mais ce n'est pas les
mêmes utilisateurs, mais on sait très bien qu'au Québec la
majorité des Québécois et des Québécoises
paient l'hydroélectricité, et que c'est eux qui vont
écoper de cette charge-là. Je comprends qu'utilisateur n'est pas
exact à 100 %. Ça, j'en conviens très bien parce qu'on
refile une facture de tarification peut-être plus aux petits
consommateurs qu'aux entreprises. On a vu qu'Hydro-Québec a des
tarifications, puis, sans vouloir faire le procès de la tarification
réduite des entreprises, il reste qu'on n'envoie pas la même
facture à tout le monde et que là on donne des charges où
on peut effectivement envoyer une facture à des entreprises moins
élevée qu'à des consommateurs, M. Tout-le-Monde et Mme
Tout-le-Monde. Et, à ce niveau-là, je trouve qu'on demande un
rôle à une société d'Etat qu'elle n'a pas à
jouer. La société d'État n'a pas à jouer un
rôle de taxation à ta consommation. Celui qui a à jouer ce
rôle-là, c'est le gouvernement lui-même. Et je pense qu'on
ne doit pas utiliser ce stratagème-là pour aller taxer les gens.
C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Montmorency. M. le ministre, Mme la
députée de Taillon a demandé la parole. Voulez-vous
utiliser votre droit de réplique ou si vous
préférez...
M. Levesque: Peut-être simplement...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: ...rappeler au député de Montmorency
que, lorsqu'il dit: Ça ne coûte rien
au gouvernement, je pense qu'il oublie un facteur assez important.
d'abord, ça coûterait plus cher à hydro,
premièrement, si elle n'avait pas la garantie du gouvernement. et,
d'après les milieux financiers, ce serait à peu près 0, 5
%. si, par contre, le gouvernement du québec n'avait pas à
garantir ces 20 000 000 000 $ à hydro, les experts nous disent que, pas
seulement sur les 20 000 000 000 $, mais sur l'ensemble de la dette du
québec, de l'hydro et des sociétés d'état, nous
pourrions avoir une situation où on paierait à peu près un
quart de point de moins. alors, je ne pense pas qu'on puisse arriver à
cette conclusion que ça ne coûte rien au gouvernement. je ne fais,
m. le député de labelle, que refléter les informations qui
m'arrivent de ces milieux-là. alors, il n'y a pas là de
vérité absolue.
M. Léonard: Oui, oui.
M. Levesque: II faudrait le faire pour le savoir d'une
façon définitive. Mais l'expertise qui me parvient dans ce
domaine-là me donne cet ordre de grandeur.
Mme Marois: Je vais laisser mon collègue y aller sur
ça puisque ça...
M. Léonard: Juste sur ce point-là. Mme Marois:
Je reviendrai sur... M. Levesque: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Labelle, ça va.
M. Léonard: Oui, d'accord. Moi, écoutez, ce
point-là, si le ministre me le permet, je voudrais en débattre un
peu parce que, au fond, ce n'est pas une règle absolue, absolument pas,
parce que si, dans un organisme quelconque, une des parties constitue une vache
à lait, ça va renforcer les garanties financières que vous
donnez, au contraire; ça ne va pas la rabaisser. Et donc, effectivement,
comme Hydro-Québec a été dans le passé, en tout
cas, une vache à lait pour le gouvernement et qu'elle l'est encore, au
fond, le crédit du gouvernement s'en trouve rehaussé. Alors,
ça, je n'admets pas à ça a priori. Ça pourrait
être ça, je suis d'accord, mais dans le cas d'espèce, non.
On pourrait en débattre longtemps.
M. Levesque: C'est votre droit, M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: C'est le mien également de respecter...
M. Léonard: Je ne vous le conteste pas.
M. Levesque:... l'expertise qui m'est disponible.
M. Léonard: Oui, mais des rapports d'experts comme
ça, ça mérite d'être discutés, à mon
sens. J'aimerais ça que ça soit étayé un peu plus
qu'une parole. Je ne mets pas votre parole en doute, mais j'aimerais ça
qu'elle soit étayée.
Le Président (M. Lemieux): Alors, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Ce serait peut-être intéressant que les
rapports d'experts soient déposés si...
M. Léonard: Bien oui.
M. Levesque: L'expertise, je l'ai verbalement des gens qui dans
mon ministère...
Mme Marois: Ah!
M. Levesque:... font ce travail-là tous les jours et
continuellement, même la nuit, et qui le font souvent en fin de semaine.
Ils le font à l'heure de Tokyo, à l'heure de Londres et aux
différentes heures de l'ensemble du globe.
M. Léonard: Quand quelqu'un travaille comme ça, il
peut être fatigué dec bouts.
M. Levesque: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Oui et peut-être certains
éléments peuvent lui échapper.
Le Président (M. Lemieux): Alors, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Moi, je veux juste revenir... D'abord, j'ai un
commentaire à faire sur la réponse qu'apportait le ministre en
citant le fait que Standard and Poors avait accepté les nouvelles
conventions comptables du Québec et ne les avait pas remises en
question. Je pense que, parce qu'il y a plein d'artifices qui sont tout
à fait acceptables et acceptés dans les règles comptables,
ça ne veut pas dire que cet accord de Standard and Poors répond
aux questions que nous soulevons ou aux objections que nous soulevons. C'est
qu'en changeant les règles, d'abord, un, on modifie les
possibilités de comparaison d'une situation à l'autre, d'une
année à l'autre. Ça, c'est majeur. On le sait très
bien. Cela fait ça. Et, d'autre part, effectivement, cela peut camoufler
certaines données qui, à un moment donné, reviennent de
toute façon. Et c'est dans ce sens-là que mon collègue
disait que la réalité nous rattrape toujours quelque part. Alors,
il n'y a pas d'illégalité là-dedans, il n'y a pas de
choses incorrectes, mais c'est une façon différente de
présenter la réalité, sauf que la réalité
est toujours là.
Cela étant dit, M. le Président, on note que la faible
hydraulicité d'Hydro-Québec risque de lui coûter 500 000
000 $ en 1991. Est-ce qu'il y a des mesures de prévues? Je sais que le
ministre n'est pas responsable d'Hydro-Québec, mais il disait
lui-même qu'il y a une Direction des sociétés d'État
dans son ministère, qui a un oeil sur ça, j'imagine, puisque, de
toute façon, il faut faire les ajustements aux plans comptable et
financier avec ce qui se passe à Hydro-Québec et au budget du
Québec. Qu'est-ce que c'est, les mesures qui sont prévues pour
qu'Hydro rencontre cette somme de 500 000 000 $ due à la faible
hydraulicité et quand est-il prévu que l'on rencontre cette
réalité-là? À ce moment-là, il va falloir
les prendre quelque part, les fonds. Est-ce qu'on va encore assister à
des hausses de tarifs? Qu'est-ce qui va se passer? (10 h 30)
M. Levesque: Alors, premièrement...
Mme Marois: Je ne pense pas que mon collègue ait
soulevé la question à cet égard-là.
M. Levesque: Ce sont deux questions. La première touche
les conventions comptables de nouveau. Mme la députée
reconnaît évidemment la légalité de la
démarche; et, moi, je voudrais ajouter non pas seulement la
légalité, mais ça fait plusieurs années que le
Vérificateur général, dans son rapport annuel, demandait
justement de modifier les conventions comptables pour tenir compte des...
Une voix: Ce n'est pas ça.
M. Levesque: Oui, oui. Un instant, je vais vous... Le
Vérificateur général demandait...
M. Léonard: Je pense que le ministre cherche.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Je vais lui lire le paragraphe, je l'ai
ici.
M. Levesque: Oui, mais, là, vous... J'aime autant...
M. Léonard: L'inscription par anticipation de certains
déboursés...
M. Levesque: Non, ce n'est pas ça. M. Léonard:
Ah! ce n'est pas celui-là? M. Levesque: Non, non, pas du
tout. M. Léonard: Je vous le lirai tout à l'heure.
M. Levesque: L'inscription par anticipation, c'est tout un
autre...
M. Léonard: Oui, oui, c'est exactement...
M. Levesque: Moi, je parle des conventions comptables où
il y a une consolidation.
Mme Marois: Du gouvernement.
M. Levesque: Oui. Et c'est exactement ce que je disais tout
à l'heure lorsque vous m'avez interrompu. Moi, je ne vous interromps pas
souvent, je vous écoute. Ce n'est pas pour vous faire de reproches parce
que vous êtes...
M. Léonard: Je ne vous ai pas interrompu.
M. Levesque: ...des collègues, après tout. Je ne
veux pas vous faire de la peine, mais, excepté... M. Chatelain: "Le
coût de placement est inscrit dans les comptes du gouvernement et fluctue
ensuite pour refléter le résultat des opérations de
l'entreprise, soit ses déficits, ses profits et également les
dividendes qui sont versés. Donc, le montant qui apparaît aux
états financiers du gouvernement serait influencé justement par
le résultat des opérations de cette entreprise. Il s'agit, M. le
Président, d'une norme qui est recommandée par les instituts de
comptables agréés", M. le comptable de Labelle, excusez-moi
d'employer ce mot.
M. Léonard: II parle de la consolidation, là. M.
Levesque: C'est ça,
M. Léonard: Ah non! Là, on parle d'autres
choses.
M. Levesque: Non, mais je ne faisais pas de commentaires sur vos
propos.
M. Léonard: C'est correct.
M. Levesque: je les faisais à mme la députée
de taillon. alors, ce que je disais, c'était simplement pour ajouter des
commentaires à la déclaration à l'effet que c'était
une façon d'utiliser les conventions comptables, qui faisait en sorte
qu'on consolidait les opérations et les résultats des
sociétés d'état avec les résultats des
opérations du gouvernement proprement dit. alors, ça a
été demandé par le vérificateur
général et, lorsque nous l'avons fait, nous avons même
été félicités par le vérificateur
général pour l'avoir fait. je voulais simplement rappeler
ça. j
Deuxièmement, la faible hydraulicité, je dois vous dire,
et vous l'avez bien compris, que ça n'est pas dans mon champ
d'activité. Je ne peux pas commenter tellement là-dessus.
Évidemment, je pourrais simplement vous dire que la faible
hydraulicité est reliée à des phénomènes
naturels qui dépassent ma juridiction et celle de mes
collègues.
Mme Marois: Ha, ha, ha! Oui, ça, on va en convenir, mais
c'est une réponse un peu facile, M. le Président.
M. Levesque: Mais je ne peux pas vous dire... C'est vrai que la
Direction des sociétés d'État de mon ministère suit
les sociétés d'État et leurs opérations. Mais
l'opération proprement dite, c'est une opération
d'Hydro-Québec. HydroQuébec est une société
autonome qui a ses responsabilités, ses ressources, sa planification, et
il faut respecter ça. Ce n'est le ministre des Finances qui va
dire...
Mme Marois: Oui, on se comprend bien, là. Mais le ministre
va chercher 143 000 000 $, actuellement, à Hydro-Québec, il
demande à Hydro-Québec une contribution de l'ordre de 143 000 000
$. Le gouvernement qui fixe les tarifs ne peut pas ne pas connaître la
situation financière d'Hydro-Québec et ne pas savoir quelles sont
ses prévisions. Au contraire, on passe des semaines et des mois ici, en
commission parlementaire, à scruter ce qui se passe à
Hydro-Québec. Alors, il ne peut pas demander ces
contributions-là, poser ces exigences sans avoir une connaissance
globale et spécifique de ce qui se passe à Hydro-Québec
et, donc, essayer de voir quelle est sa planification. Sans ça,
ça serait irresponsable. Je vais revenir sur... Alors, ça, c'est
pour ce deuxième volet.
M. Levesque: Vous me permettrez cependant...
Mme Marois: Oui.
M. Levesque: ...là-dessus de vous dire que le gouvernement
ne veut pas priver l'Opposition de pouvoir se renseigner et, en même
temps, de permettre à la population d'être renseignée sur
les activités d'Hydro, mais il y a des instances appropriées pour
ça. Je pense qu'au mois de mars prochain, comme d'habitude, il y a des
commissions parlementaires où les dirigeants d'Hydro viennent
témoigner et où vous avez l'occasion, à ce
moment-là, de les interroger sur tout, et vous pouvez même,
à ce moment-là, les interroger sur les effets de ces 143 000 000
$. Ici, il s'agit simplement d'une garantie. Je le répète encore
une fois: II s'agit d'une garantie. Ce sont des frais qui sont dans la
normalité des choses. Ce qui n'est pas normal, c'est qu'on ne l'ait pas
fait jusqu'à maintenant. C'est ça qui n'est pas normal, qu'on
n'ait pas demandé à Hydro de prendre totalement ses
responsabilités. Pourquoi Hydro Ontario le fait-elie? Pourquoi la
Commission hydroélectrique du Nouveau-Brunswick le fait-elle? Pourquoi
on le fait à Terre-Neuve? Pourquoi on le fait dans l'Ouest et on ne le
fait pas au Québec? C'est cela, on revient à la normalité
des choses.
Mme Marois: M. le Président, la normalité ne doit
pas nous empêcher, cependant, de voir la réalité et c'est
bien évident qu'à mon point de vue le ministre des Finances doit
être capable de voir ce qui se passe spécifiquement dans les
finances d'Hydro-Québec parce que cela a un impact aussi sur les
consommateurs que sont les citoyens, qu'ils soient des citoyens individuels ou
des citoyens corporatifs. Parce que quelque part ça va se
refléter là, ça va se traduire par des hausses s'il y a
lieu. Enfin. Et ça m'étonne un peu qu'on me dise: Oui, on peut
faire cette ponction-là, mais le reste, on ne s'en occupe pas, on ne
fait pas l'analyse, on ne voit pas ce qui se passe. Je pense que ça
serait incorrect de la part d'un ministre des Finances d'agir de la sorte.
Je vais finir, M. le Président, en revenant sur la discussion
qu'on a eue au sujet des conventions comptables. Nous nous
référions au fait, et j'ai bien précisé justement,
que les nouvelles façons de faire du gouvernement ne nous permettaient
plus de faire des comparaisons qui étaient valables d'un budget à
l'autre et ne nous permettaient pas d'évaluer de la même
façon ce qui s'était passé une année par rapport
à l'autre. Et le Vérificateur générai le dit bien
dans l'un de ses rapports où il mentionne le fart, et je vais le citer:
"L'inscription par anticipation de certains déboursés ou de
certaines dépenses de nature récurrente compromet la
comparabilité des états financiers. Cette inscription nuit
à la compréhension de l'évolution du déficit des
opérations budgétaires d'une année financière
à l'autre. Le lecteur des états financiers voit ainsi s'amenuiser
sa possibilité d'évaluer l'imputabilité du gouvernement
à la lecture des états financiers."
Encore hier, son collègue du Trésor, lors d'une
intervention à l'Assemblée nationale, nous ramenait toujours des
comparaisons avec le moment où nous formions le gouvernement. Il y a
quelque chose de malhonnête quelque part là parce qu'à
partir du moment où on a changé les règles et où on
n'utilise pas les mêmes conventions pour analyser les données qui
sont là, pour présenter les données, bien, on ne peut plus
les comparer; ou il faut pousser la logique jusqu'au bout et reprendre les
règles précédentes et les appliquer aux nouvelles
données qu'on a devant nous. Alors, c'est à cela que je faisais
référence tout à l'heure, M. le Président, quand je
parlais des artifices.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Taillon. M. le ministre.
M. Levesque: si on me permet, m. le président, j'aimerais
référer mme la députée aux comptes publics. ce que
j'ai ici, c'est 1989-1990? ce sont les mêmes?
Une voix: Ce sont les derniers, ça.
M. Levesque: C'est les derniers, ça. Alors, on voit ici,
dans les notes complémentaires aux états financiers, que vous
avez toute l'information comparative. Elle est là, à la page 22.
"L'effet de l'inscription de ces dépenses additionnelles sur les
résultats des opérations budgétaires se présente
comme suit..." Et vous avez là: dépenses incluant les
dépenses additionnelles, dépenses de l'année
financière courante inscrites dans les années financières
précédentes, dépenses des années financières
postérieures inscrites dans l'année financière courante
avec tous les chiffres et les comparaisons. Vous les avez. On les publie. C'est
parce qu'ils ne sont pas à la même place, si vous voulez, mais ils
sont là. On les publie. Alors, je vous réfère à
ça. Parce que vous avez employé un mot qui, peut-être, vous
a échappé, "malhonnête". J'ai trouvé ça un
peu fort.
Mme Marois: Ça concernait votre collègue. M.
Levesque: Ce n'est pas mieux.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, M. le député de Labelle a aussi demandé la
parole, mais vous l'avez demandée avant. Est-ce que vous cédez la
parole à votre collègue, M. le député de
Labelle?
M. Filion: Moi, c'est très rapide.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Alors, M. le
député de Montmorency.
M. Filion: Je veux simplement fermer un peu le débat qu'on
a ouvert, tout à l'heure, en disant qu'on avait une étude
théorique qui disait que ça coûterait quelque chose
à Hydro-Québec si on n'avait pas le gouvernement en garantie.
Mais, moi, je pense, M. le Président, jusqu'à preuve du
contraire, que ça demeure un débat purement théorique. Il
faut bien comprendre, quand on regarde la réalité des choses,
qu'Hy-dro-Québec est l'entreprise la plus imposante au Canada.
Hydro-Québec, M. le Président, c'est une entreprise qui est
endettée de 21 000 000 000 $ ou peut-être de 22 000 000 000 $,
mais qui, à toutes fins pratiques, contrôle la population du
Québec. Quand Hydro-Québec donne une garantie à New York
sur ses dettes, bien, je peux vous dire quelque chose: Elle donne la garantie
d'à peu près tous les consommateurs au Québec
d'hydroélectricité et il ne peut pas y avoir de meilleure
garantie que le peuple québécois. Dans ce sens-là, qu'il
la donne ou qu'il ne la donne pas, son autorisation pour garantir les
prêts, ça ne change strictement rien; ils sont déjà
garantis avec les Québécois et les Québécoises au
niveau de la consommation hydroélectrique et c'est un débat
purement théorique. À toutes fins pratiques, ce n'est pas
pensable de dire que, si le gouvernement ne donne pas son autorisation, ils
n'ont pas la garantie nécessaire. Ils ont tous les
Québécois et toutes les Québécoises pour les
garantir d'être payés parce que, si demain matin vous
arrêtez l'hydroélectricité, vous arrêtez à peu
près tous les Québécois et les Québécoises
de vivre, ici, au Québec. Alors, je pense que c'est un débat
purement théorique et qui manque de pragmatisme. Je pense que, dans ce
sens-là, c'est une étude qui est bonne à regarder dans des
théories d'application, dans des cours universitaires, mais, sur le
terrain pratique des choses, ça ne tient pas la route.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Levesque: Je regrette, M. le Président, mais je dois
différer d'opinion avec mon savant collègue, parce que c'est
contraire à l'expérience que nous vivons. Nous venons,
présentement, d'avoir une société d'État qui a
voulu emprunter sans notre garantie et c'était sur un édifice
facilement finançable. Pourtant, on demandait sept dixièmes de
point de plus. Maintenant, c'est exactement dans ce sens-là que nous
considérons que, si Hydro-Québec allait sans la garantie du
gouvernement dans son prospectus, il y aurait là une différence
à payer au point tel que, si Hydro-Québec veut y aller sans la
garantie du gouvernement, vous savez, rien ne l'y oblige. Alors, on va voir,
là.
M. Filion: Alions-y!
M. Levesque: Bien, allons-y! Bien non, elle n'ira pas. Elle n'est
pas pour payer plus cher. C'est parce qu'on ne s'entend pas. Si
HydroQuébec partait sans aucune garantie gouvernementale, c'est ce que
vous voulez dire?
M. Filion: Hydro-Québec pourrait trouver son
financement.
M. Levesque: Sans payer plus cher?
M. Filion: ouf, parce qu'elle a déjà comme garantie
les québécois et les québécoises au niveau de
l'électricité. une bâtisse, ça ne paie rien.
M. Levesque: Ça ne fonctionne pas comme ça,
là. Je ne sais pas si vous avez été sur les
marchés, mais ça ne fonctionne pas comme ça, d'autant plus
que ce n'est pas les Québécois et les Québécoises.
Ce n'est pas la même!chose. H y a 3 100 000 consommateurs d'Hydro et II y
a 4 400 000 de contribuables. Ce n'est pas exactement pareil. Ce n'est pas les
mêmes Québécois et Québécoises. C'est bien
beau de dire les Québécois et les Québécoises et
ça règle tout, mais les chiffres sont là, les appuis sont
là. La psychologie de l'acheteur d'obligations, rien que sur le pian
psychologique, ce ne sont pas des Québécois
et des Québécoises qui achètent tout ça,
là. Il y a des Allemands, il y a des Japonais et des gens de partout
dans le monde. Ils regardent le prospectus. Qui est-ce, ça? Hydro, elle
a une bonne réputation, mais est-ce qu'il y a un appui gouvernemental?
Si vous enlevez l'appui gouvernemental, il y a un coût à payer.
Voilà la situation telle que je la vois. Je vous le dis en tout modestie
et en toute humilité. Je pourrai être contredit dans l'avenir,
mais, pour le moment, c'est ce que je crois. (10 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Montmorency? M. le député de Labelle.
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je veux revenir
sur un sujet qu'on a déjà débattu, mais que je ne peux pas
laisser passer. Non! Ce que vous venez de faire: vous venez de citer les
comptes publics 1989 1990. Je rappelle une chose: Les comptes publics
paraissent six mois après la fin de l'année financière.
Pour découvrir finalement la vérité des choses, on est
obligés d'aller fouiller dans les comptes publics, alors que tout le
monde a oublié la fin de l'année financière qui vient de
se passer. Vous citez 1989-1990, ils sont sortis en novembre dernier, mais
l'année 1990 était écoulée depuis longtemps, plus
personne ne pensait à ça.
M. Levesque: 1991, vous voulez dire.
M. Léonard: Vous avez cité 1989-1990 tout à
l'heure.
M. Levesque: Non, mais vous avez dit l'année 1990.
Parlez-vous de l'année 1989-1990 ou...
M. Léonard: La fin de l'année 1990, c'était
le 30 avril 1990 et les comptes publics de 1989-1990 sont parus...
M. Levesque: Le 31 mars
M. Léonard: ...au mois de novembre 1990...
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard: ...six mois après. Alors, pour
découvrir ce qu'il en est réellement, on est obligés de
s'en tenir aux comptes publics, après que l'année a
été largement dépassée. Je rappelle que, dans le
domaine public, les décisions majeures sont prises au budget. Et, si
vous commencez à jouer avec la présentation du budget pour
améliorer la santé financière du gouvernement, c'est
là que je vous dis que vous abusez des contribuables. Vous n'avez pas le
droit de faire ça, c'est immoral. Vous avez peut-être
légalement le droit de le faire, mais c'est immoral. Qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise? Et ça donne l'exemple à toutes les
entreprises qui ont émis des actions dans les REA et sur la place
publique et qui, aujourd'hui, viennent de ruiner les contribuables. C'est
ça que vous faites. C'est le gouvernement lui-même qui donne cet
exemple-là. C'est ça que vous faites.
Alors, je veux bien qu'on se justifie, qu'on se camoufle: Oui, le
Vérificateur général a dit qu'on a bien fait de consolider
les états financiers des entreprises. Oui, mais encore faut-il donner
l'exemple au bon moment et correctement. Moi, je pense que jamais je
n'admettrai ce que le gouvernement fait là-dessus. Tripoter les
chiffres, tripoter les états financiers comme vous le faites depuis
cinq, six ans, c'est inacceptable, en moralité publique. Je pense que
vous pouvez citer à tort et à travers des avis du
Vérificateur général et tout ça, la
réalité... Des conventions comptables, oui, ça se change,
mais ça se change selon certains processus que vous devez respecter.
Alors, je sais qu'on va dire qu'on les a respectés, mais vous citez les
états financiers de 1989-1990. Il n'y en a pas d'autres depuis ce
temps-là, et ça fait déjà deux ans que le discours
sur le budget de 1989-1990 a été prononcé, deux ans et
demi. Alors, ce sont les seuls que vous pouvez citer, deux ans et demi
après le fait. C'est là que je vous dis que c'est immoral de
procéder comme ça.
M. Levesque: Ils étaient disponibles six mois après
la fin de l'année financière.
M. Léonard: Oui, oui, bon.
M. Levesque: bon! est-ce que vous avez trouvé, dans ces
chiffres-là que vous avez maintenant devant vous, de quoi fouetter un
chat?
M. Léonard: La véritable comparaison, elle se
trouve six mois après la fin de l'année financière, alors
que les décisions ont été prises au début de
l'année financière, donc un an et demi de décalage. Tout
le monde conçoit que c'est "irrelevant" par rapport aux décisions
courantes. C'est immoral. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. Levesque: Vous pourriez au moins ajouter - vous semblez
l'oublier - qu'au moment du discours sur le budget toutes ces
données-là sont disponibles.
M. Léonard: Bien camouflées derrière une des
dernières pages du budget. Toujours pareil!
M. Levesque: C'est toujours à la mauvaise page.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais simplement attirer
votre attention sur l'article 35 pour qu'il y ait un petit peu plus de
modération
dans les propos. 'Tripoter", vous le savez, M. le député
de Labelle, c'est antiparlementaire.
M. Levesque: II s'est fâché. Il ne se fâche
pas souvent.
Le Président (M. Lemieux): Alors, s'il vous plaît,
de part et d'autre, la modération ayant bien meilleur goût... M.
le député de Labelle, la parole est toujours... Vous avez
terminé, M. le ministre?
M. Léonard: C'est le point que je voulais faire.
Le Président (M. Lemieux): La parole est à vous.
Ça va.
M. Léonard: Si vous voulez, je m'en tiens à
ça. Je pense que c'est une attitude qu'il va falloir changer. Au
gouvernement du Québec comme au ministère des Finances, quand on
présente des données, il va falloir que ce soit ajusté
à l'image, que ce soit ajusté Je pense qu'on n'en sortira pas;
tant que ce sera comme ça, je dirais que c'est extrêmement grave,
extrêmement grave. On a une responsabilité publique; comme
administrateurs publics, on en a une responsabilité envers le public.
Et, quand le gouvernement en prend large comme il le fait, c'est un mauvais
exemple à donner à toute l'entreprise privée, à
toute l'économie du Québec. C'est grave; j'espère que vous
le réalisez, au moins.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions relativement à l'article 1? Oui, M. le ministre.
M. Levesque: Je veux simplement rappeler que tous ces
renseignements-là sont disponibles au moment du discours sur le budget.
Je regarde le discours sur le budget 1991-1992: "Objectif de dépenses
compatible avec la capacité de payer de la société
québécoise, évolution des dépenses
budgétaires, dépenses avant budget, dépenses inscrites par
anticipation: 1987 1988, 1988 1989, 1989-1990." Tout est là, dans le
discours sur le budget et les renseignements supplémentaires. Vous les
avez. Et je vous réfère à l'annexe B, page 7. Je ne sais
pas pourquoi vous vous entêtez à exiger des choses qui sont
déjà publiées au moment du discours sur le budget.
Je suis bien prêt à coopérer avec vous. Je respecte
votre qualité professionnelle. Mais je pense que cette
caractéristique professionnelle ne prend pas le dessus sur la
partisanerie à un moment donné. Alors, je vous prierais de
regarder ça d'une façon très objective.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, avez-vous d'autres...
M. Léonard: Oui, parce que cette attitude lui permet de
déclarer en provenance d'Hydro-Québec 876 000 000 $ cette
année, au lieu des 733 000 000 $ réalisés. C'est ça
que ça fait. Alors, on pourra me traiter de partisan et tout ce qu'on
veut, ça lui permet de faire ça. Les résultats nets
d'Hydro-Québec, c'est 733 000 000 $; aux états financiers du
gouvernement en provenance d'Hydro-Québec, ça va être 876
000 000 $. Artifices comptables!
M. Levesque: M. le Président, je suis obligé
d'intervenir encore une fois...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: ...parce que le projet de loi que nous avons devant
nous, il faudrait le lire à un moment donné, puis voir que ce
projet de loi s'applique au 1er janvier 1992. Ça n'a rien à voir
avec 1991. C'est une loi qui, si elle est adoptée, sera adoptée
pour prendre effet à partir du 1er janvier 1992. Vous demandez
maintenant à Hydro-Québec de mettre dans ses comptes payables une
somme que la loi ne lui indique pas de faire. Au contraire, Hydro-Québec
n'a pas le droit. Hydro-Québec doit s'en tenir à la loi telle
qu'adoptée et, lorsqu'elle sera adoptée, cette loi-là,
elle s'applique au 1er janvier 1992. Hydro paie, en 1992, pour une garantie que
le gouvernement accorde à sa dette, non pas en 1991, mais durant 1992.
Mais, pour trouver quelle est cette dette-là, il faut aller au 31
décembre 1991 Mais ça n'a rien à voir avec l'exercice
financier d'Hydro-Québec pour 1991. Ce sont des frais qui commencent
à partir du 1er janvier 1992, qui affectent l'année fiscale,
financière d'Hydro-Québec pour 1992, payables avant le 31 mars
1992.
Donc, pour fins de calcul, on prend la dette à l'année qui
vient de se terminer, le 31 mars 1991. On aurait pu dire: Ce sera la dette, je
ne sais pas, moi, au 31 mars 1992. Ça nous en aurait donné un
petit peu plus, c'est tout. Mais le projet de loi, relisez-le, il ne s'applique
qu'à partir du 1er janvier 1992
Mme Marois: Mais il aura effet sur les états financiers du
Québec pour la fin de l'année financière 1991-1992.
M. Levesque: Simplement parce que nous n'avons pas le même
calendrier, nous n'avons pas la même année.
Mme Marois: Voilà! Mais pourquoi vous ne le faites pas? Je
veux revenir sur ça.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Taillon. Alors, vous permettez, M. le député de Labelle?
Ça va. Mme la députée de Taillon.
M. Levesque: Vous voudriez qu'on change notre année
financière, nous autres? Vous voulez que le gouvernement change son
année financière.
Mme Marois: si on croit pertinent de consolider les états
financiers des sociétés d'état avec ceux du gouvernement,
à ce moment-là, pourquoi ne pas aller vers une harmonie plus
complète, c'est-à-dire nous arrimer, nous enli- gner, à ce
moment-là, sur le même calendrier en termes comptables?
M. Levesque: Je dirai à Mme la députée tout
de suite que je n'ai pas inventé ça, moi. Quand je suis
arrivé ici, c'était comme ça. Puis, c'est comme ça
ailleurs aussi. En Ontario, ça se termine le 31 mars 1992 et
l'année financière d'Hydro Ontario se termine le 31
décembre 1991. Et c'est comme ça un peu partout dans notre
société.
Mme Marois: Oui, mais ça, vous savez, monsieur...
M. Léonard: M. le Président, si vous me permettez
juste une remarque là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le ministre? Oui. M. le député de Labelle.
M. Léonard: En réalité, je pense qu'il n'y a
pas à changer nécessairement la fin de l'année
financière d'Hydro-Québec et la fin de l'année
financière du gouvernement. En profiter, parce que les deux
années financières sont différentes, pour inscrire 143 000
000 $ de plus dans les livres, c'est là où je vous dis que vous
utilisez un artifice comptable pour améliorer artificiellement l'image
financière du gouvernement. Alors, c'est parce que vous voulez le faire.
Légalement, vous avez le droit de le faire. Je vous dis que c'est
immoral, c'est tout.
M. Levesque: Vous employez des mots comme - M. le
Président, vous venez de le rappeler - "immoral" et tout ça.
Écoutez, si on avait mis de le payer n'importe quand durant
l'année 1992, ça, c'aurait été moral. Mais demander
de le payer avant le 31 mars, c'est immoral. Moi, je trouve ça
absolument... En tout cas, je ne qualifierai pas ça. Moi, je veux faire
attention, M. le Président, aux mots que j'emploie.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. Alors, est-ce
que l'article 1 est adopté?
M. Léonard: J'ai une question à poser...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Labelle.
M. Léonard: ...sur le deuxième paragraphe: "Pour
l'application de la présente loi, est un organisme gouvernemental
l'organisme dont le gouvernement ou un ministre nomme la majorité des
membres, dont la loi ordonne que le personnel soit nommé ou
rémunéré suivant la Loi sur la fonction publique ou dont
le fonds social fait partie du domaine public." C'est-à-dire qu'un tel
organisme se qualifie selon une ou l'autre et non pas concurremment selon ces
trois choses-là?
M. Levesque: La question, c'est précisément?
M. Léonard: C'est que vous avez trois qualifications. Un
organisme se qualifie à trois titres. Ce ne sont pas trois titres
concurrents mais c'est soit un, soit l'autre.
M. Levesque: Soit un, soit l'autre, oui, c'est ça.
M. Léonard: Est-ce qu'on pourrait avoir la liste de tous
les organismes gouvernementaux qui sont affectés par le projet de loi
à ce stade-ci?
M. Levesque: Oui. Je l'ai ici. Est-ce que je pourrais la
déposer?
M. Léonard: Oui, si vous voulez, ou la lire.
M. Levesque: Bien voici, je peux vous la lire.
M. Léonard: Ça n'a pas l'air très long.
M. Levesque: Non. Il y en a une douzaine. Le Centre de recherche
industrielle du Québec, le CRIQ...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: ...Hydro, la RAMQ, la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, la Régie des installations
olympiques, la RIO, Sidbec, la SDBJ, la Société de
développement de la Baie James, la SDI, la Société de
développement industriel du Québec, la Société du
Palais des congrès de Montréal, la Société du parc
industriel du centre du Québec, la SIQ, la Société
immobilière du Québec, la SNA, la Société nationale
de l'amiante, et la SQAE, la Société québécoise
d'assainissement des eaux.
M. Léonard: Est-ce que, de façon
générale, on peut donner le capital impliqué
là-dedans?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Ce sont des montants...
M. Levesque: Je pourrais vous donner ça.
M. Léonard: si on regarde la siq, par exemple, il y a
quand même passablement d'actifs là-dedans et \a
société québécoise d'assainissement des eaux,
là, ça dépasse... ça ne doit pas comprendre les
municipalités. ça comprend les municipalités? les actifs
investis dans...
M. Levesque: Non, non.
M. Léonard:... les réseaux.
M. Levesque: Avez-vous la liste?
M. Léonard: Peut-être qu'on peut la faire
déposer. On les regardera.
M. Levesque: Ça, c'est 100 000 000 $. Bon, alors, celui
qui est le plus impressionnant après ça, ça va être
la SQAE, mais c'est le gouvernement aussi. Là, c'est le gouvernement.
C'est 1 691 000 000 $. Celui qui arrive en deuxième... Je ne parle pas
d'Hydro là...
M. Léonard: Non.
M. Levesque:... parce que Hydro...
M. Léonard: Non, c'est correct. C'est 30 000 000 000 $
actuellement.
M. Levesque: Ce n'est pas loin, 28 553 000 000 $. Après
ça, c'est la SIQ, 717 000 000 $, la SDI, 460 000 000 $. C'est au 31 mars
1991, les chiffres que je donne. Après ça, l'amiante, 124 000 000
$, la RIO, 369 000 000 $ et Sidbec, 317 000 000 $.
M. Léonard: Oui, c'est vraiment HydroQuébec qui est
le plus important là-dedans.
M. Levesque: Oui,oui.
M. Léonard: Les autres, le total, ça va donner 5
000 000 000 $, peut-être.
M. Levesque: À peu près, oui, 4 000 000 000 $ par
rapport à 28 000 000 000 $. L'ensemble des autres donnerait à peu
près 4 000 000 000 $ et 28 000 000 000 $ pour Hydro.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Léonard: Çava.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous appelons
maintenant l'article 2. M. le ministre.
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Sur division.
M. Léonard: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
Nous appelons maintenant l'article 2. Est-ce qu'il y a des remarques
relativement a l'article 2? M. le ministre.
Paiement des frais de garantie
M. Levesque: Je pense bien qu'on a couvert le même sujet.
Je vois que l'article prévoit qu'un organisme gouvernemental paie au
ministre des Finances des frais de garantie de 0, 5 %. C'est de ça qu'on
parle depuis tout à l'heure sur le "solde du capital de ses emprunts
garantis par le gouvernement sur le fonds consolidé du revenu. " Et les
frais de garantie seront calculés sur le solde des emprunts garantis de
l'organisme gouvernemental en cours à la fin d'un exercice financier et
seront payables au ministre des Finances à la fin du premier trimestre
de l'exercice suivant. On a parlé de ça très longuement
depuis tout à l'heure. Aux fins de calcul de ces frais, les montants
affectés aux fonds d'amortissement seront déduits du solde du
capital des emprunts. (11 heures)
Le deuxième alinéa prévoit une mesure transitoire
pour le paiement des frais de garantie en 1992. C'est ça. C'est la
même chose. Je pense qu'on avait empiété un peu sur le 2,
lorsqu'on discutait du 1.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Taillon, vous aviez levé la main?
Mme Marois: Dans la perspective de la discussion qu'on a eue tout
à l'heure, justement, pour mieux harmoniser les données quant
à l'année financière et pour rendre aussi les faits un peu
plus transparents, l'année 1992, en fait, d'Hydro correspond à 9
des 12 mois de l'année fiscale du gouvernement, pour 1992-1993. Alors,
pourquoi ne pas commencer à exiger le versement à partir du 1 er
avril?
M. Levesque: C'est un choix que nous avons fait.
Mme Marois: Parce que vous allez en chercher davantage en
commençant le 1er janvier.
M. Levesque: Ça fait mieux notre affaire de le mettre dans
l'exercice x que dans l'exercice y.
Mme Marois: À ce moment-là, donc, il faudra
admettre que, lorsqu'on fait des analyses où on ramène sur 12
mois des hausses de tarification, ça fait aussi notre affaire, mais
ça correspond aussi à la réalité.
M. Levesque: C'est un choix que nous avons fait.
Mme Marois: Hein, si vous me suivez?
M. Levesque: II reste que le gouvernement a encore la
possibilité de nos jours de faire des choix.
Mme Marois: Heureusement, cependant. Mais on peut questionner la
pertinence de ces choix-là.
M. Levesque: Mais ils peuvent être critiqués par la
loyale Opposition de Sa Majesté.
Mme Marois: Tout à fait, et il y a des choix plus heureux
que d'autres.
M. Levesque: Voilà.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 2 est
adopté, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Oui. "Un organisme gouvernemental paie au
ministre des Finances, pour chacun des ses exercices financiers..." La loi,
telle qu'elle est rédigée, ne laisse aucune flexibilité,
aucune possibilité à l'organisme. Au fond, si un tel organisme
était en difficulté financière majeure, on revient
à tout ce que nous avons dit précédemment de la
différence entre dividendes et charges fixes à un organisme
d'État. Il me semble que le gouvernement ne se laisse aucune
possibilité ou aucune flexibilité et n'en laisse pas, non plus,
à l'organisme. Je ne sais pas si le ministre serait ouvert à se
donner une certaine flexibilité là-dessus, parce que, à
mon sens, une des grandes bases sur lesquelles même le gouvernement qui
est au pouvoir actuellement avait critiqué le projet de loi 16,
c'était justement qu'on pouvait miner la santé financière
d'Hydro-Québec. Je reviens à la loi 16. S'il avait raison
à ce moment-là, à plus forte raison, lorsqu'on arrive
à un projet de loi comme celui-là, il devrait se donner une
flexibilité sans s'empêcher effectivement d'aller chercher des
fonds s'il en a besoin. C'est une question que je poserais au ministre, parce
que j'aurai peut-être un amendement à lui suggérer en ce
sens.
M. Levesque: Alors, la réponse est peut-être rapide
à venir, mais elle est dans la négative simplement parce qu'il
n'y a rien qui empêcherait un gouvernement, à un moment
donné, de faire comme nous avons fait, par exemple, lorsqu'il s'agit de
dividendes. Là, Hydro-Québec paie, d'après la loi 16, x
montant de dividendes qui dépassent le taux de capitalisation
prévu, mais on a laissé 167 000 000 $, justement, pour donner un
coup de main à notre société d'État. Nous sommes
les actionnaires; le ministre des Finances, c'est l'actionnaire d'Hydro
Québec et les lois constitutives nous permettent d'aider notre
société d'État.
D'ailleurs, il faut bien comprendre que ce n'est pas significatif dans
la santé d'Hydro-Québec. Lorsqu'on songe au chiffre d'affaires,
à l'ampleur des dépenses d'Hydro-Québec, on parle de
plusieurs milliards. Alors, je ne pense pas que ce soit ça qui soit
significatif. C'est une somme importante, disons, mais sur l'ensemble des
opérations et des dépenses d'Hydro-Québec, c'est assez
modeste. Et il est bien possible, encore une fois, qu'Hydro-Québec
puisse l'absorber au cours de ses exercices d'amaigrissement.
Maintenant, si jamais, dans l'avenir - je ne suis pas prophète -
il y a lieu pour le gouvernement de répéter ce que nous avons
fait... En quelle année c'était?
Une voix: 1989-1990.
M. Levesque: En 1989-1990, nous avons laissé sur la table
167 000 000 $ qu'Hydro-Québec, d'après la loi 16, devait nous
verser. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas répéter
l'exercice.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...je trouve que le ministre va exactement
dans le sens de mon argumentation. Il l'a fait à ce moment-là,
parce qu'il jugeait que la santé financière d'Hydro-Québec
avait besoin des 167 000 000 $ et que c'était mieux qu'on en reste
là. Alors, aujourd'hui, il s'enlève cette liberté, de par
son projet de loi. Il s'enlève cette liberté. Si
Hydro-Québec était en besoin de capitaux importants... Puis,
ça va être le cas dans l'avenir lorsque Hydro va emprunter pour le
développement de la Baie James, Grande-Baleine et tous ces
projets-là. Il y en a pour 60 000 000 000 $, d'ici les 10 prochaines
années, à ce qu'on prévoit. Quoi qu'il en soit, même
si ce n'est pas 60 000 000 000 $, si c'est 30 000 000 000 $, c'est quand
même important. Il me semble que le ministre devrait pouvoir se laisser
une flexibilité.
Motion d'amendement
C'est dans ce sens-là que je déposerais un projet
d'amendement - M. le Président, vous en jugerez - qui se lirait comme
suit: L'article 2 est amende par le remplacement dans la première ligne
du premier alinéa des mots "Un organisme gouvernemental paie au ministre
des Finances" par les mots "Le ministre des Finances peut exiger d'un organisme
gouvernemental le paiement" et par le remplacement dans la deuxième
ligne du deuxième alinéa des mots "que doit payer l'organisme
gouvernemental" par les mots "qui peuvent être exigés par lo
ministre dos Finances de l'organisme gouvernemental".
M. Levesque: M. le Président, je pose la question sur la
recevabilité. C'est des mesures fiscales.
M. Léonard: Oui, je sais, mais, comme c'est le ministre
des Finances qui en décide, ça n'affecte pas le budget
directement. Mais ça lui donne une flexibilité. Dans le sens de
ce que vous disiez, vous avez décidé, à un moment
donné, de laisser, comme vous dites, 167 000 000 $ sur la table.
Effectivement, si vous décidez de...
M. Levesque: Dans la loi 16, il n'y a pas de telle
disposition.
Mme Marois: L'amendement n'a pas d'impact...
M. Léonard: Pas d'impact budgétaire. Mme
Marois:... budgétaire. Absolument pas.
M. Levesque: Voyez-vous, on a déjà ce
pouvoir-là dans la loi 16 et la Loi sur HydroQuébec. On peut le
faire. "Le gouvernement peut, aux conditions qu'il détermine, autoriser
de temps à autre le ministre des Finances à payer, à
même le fonds consolidé du revenu, tout nombre additionnel
d'actions que le gouvernement fixe. " Il y a des façons de rencontrer ce
que désire le député de Labelle. Il y a d'autres
façons qui sont là pour le gouvernement. Ici, il s'agit des frais
de garantie qui n'ont rien à voir avec une aide possible par le
gouvernement relativement à la santé financière
d'Hydro-Québec. Parce que je pense qu'il ne faut pas non plus faire de
redondance. Le gouvernement a tous les pouvoirs dont il a besoin pour aider
Hydro, mais je ne prévois pas qu'Hydro ait besoin de l'aide du
gouvernement à court terme ou à moyen terme, en tout cas.
Mme Marois: Est-ce que ce serait la même chose pour les
lois qui concernent les autres organismes? Est-ce que les lois sont aussi
libellées de la même façon, les lois d'encadrement ou
de...
M. Levesque: On m'informe que oui.
Mme Marois: Dans tous les organismes qu'on a mentionnés
tantôt.
M. Levesque: Un instant. Consultation.
Le Président (M. Lemieux): Non. Ça va être
vite. J'ai rien qu'une décision à regarder et ça va
être...
M. Levesque: Oui, on a le pouvoir de mettre du...
Mme Marois: Dans tous les cas.
M. Levesque:... du financement dans tous les cas, m'informe-t-on
à l'instant, après consultation.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le ministre, en vertu
des articles 197 et 192, l'amendement est recevable parce qu'il ne va pas
à rencontre du principe; c'est une modulation comme telle et ça
n'implique pas une charge financière directe aux contribuables. J'ai
consulté une couple de jurisprudences. Alors, nous nous devons de
débattre de cet amendement. Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'amendement?
M. Léonard: Je voudrais...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Je voudrais supporter l'amendement parce que,
en réalité - effectivement vous avez statué, M. le
Président, sur sa recevabilité - tout ce que nous donnons par cet
amendement, c'est la possibilité au ministre des Finances d'exiger ou de
ne pas exiger, selon la santé financière d'Hydro-Québec,
le paiement de telles sommes sur les frais de garantie. À mon sens, le
ministre devrait justement être très réceptif à
notre amendement parce que, comme il l'a exposé lui-même tout
à l'heure, en 1989-1990, il a laissé sur la table, selon
lui-même, une somme de 167 000 000 $ pour donner une chance à
Hydro-Québec parce qu'elle avait besoin de fonds. Donc, ce que nous lui
permettons par cet amendement, c'est de pouvoir le faire, le cas
échéant. Si cette année il trouve que c'est opportun de le
réclamer, il peut le faire. Sinon, il ne le fait pas. Comme il l'a
déjà déclaré dans son discours du budget, je
suppose qu'il va le faire cette année, mais ça ne l'oblige pas
à le faire l'an prochain. C'est la flexibilité que nous voulons
donner pour essayer d'être moins direc-tifs à l'endroit
d'Hydro-Québec, mais de lui permettre éventuellement de faire
face à la réalité. Je pense qu'en 1992-1993 ou dans
l'année 1992, en ce qui concerne Hydro-Québec, du 1er janvier au
31 décembre, elle aura à faire face à des charges
financières importantes qui peuvent influencer sa santé
financière et si, à l'hiver 1993 ou en janvier 1993, il
s'avérait qu'Hydro-Québec ait besoin de fonds, ça laisse
la possibilité au ministre des Finances d'intervenir ou de ne pas
intervenir, de ne pas exiger ce paiement-là. Alors, je pense que
l'amendement est clair. Comme vous l'avez dit, il est recevable et, à
mon sens, il devrait être adopté parce que ça
améliorerait sensiblement le projet de loi.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
des Finances, sur l'amendement.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: Oui. Alors, M. le Président, nous ne pouvons
pas souscrire à cet amendement, non pas parce qu'il ne provient pas de
bonnes intentions, mais parce que c'est redondant. Nous avons
déjà le pouvoir, dans nos lois, d'arriver aux mêmes fins
et, deuxièmement, il ne faut pas, à mon sens, dans des mesures
comme celle-ci, créer de l'instabilité ou de l'incertitude. Il
faut que les sociétés d'État en question
considèrent qu'il s'agit là de frais dont ils doivent tenir
compte dans leur planification. À ce propos, je pense que, laissant trop
de discrétion, laissant trop d'incertitude, ça n'aide pas
à ceux qui doivent planifier les dépenses de leur organisme.
Rien ne nous empêche cependant, comme gouvernement, avec les lois
actuelles, de pouvoir donner suite aux intentions très
généreuses du député de Labelle.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? Mme la députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: merci, m. le président. il y a toujours un
intérêt à se donner une certaine souplesse, surtout dans
ces domaines-là, et je trouve que c'est intéressant, l'amendement
que présente mon collègue dans cette perspective-là. je
trouve ça un peu dommage que le ministre des finances semble
réticent et préfère quelque chose de plus rigide. dans le
fond, moi, ça m'apparaissait intéressant et, de toute
façon, dans la planification financière, le gouvernement peut
poser ses exigences et faire ses prévisions et, à ce
moment-là, l'organisme, l'institution ou la société
d'état sont informés des intentions du ministre dans des
délais raisonnables, mais ça permet au ministre d'avoir un peu
plus de latitude.
M. Levesque: II faudrait...
Mme Marois: Et c'est par la "positive" plutôt que par la
négative, parce que, dans le fond, dans les lois constitutives des
différentes sociétés, si je comprends, c'est dans une
situation où l'organisme a besoin d'aide, etc. C'est plus positif que
ça, me dit-on, par les gestes. Mais ici je trouve que c'est dans une
perspective où. effectivement, ça positive un peu l'approche.
M. Levesque: Alors, je pense, M. le Président, que nous
avons dans nos lois actuellement tous les pouvoirs pour arriver à ces
fins. Deuxièmement, ce serait un exercice à reprendre chaque
année et on créerait de l'incertitude pour toutes ces
sociétés. L'amendement dit: Le ministre pourrait chaque
année demander, mais je pense que c'est de beaucoup
préférable, dans ce genre d'exercice, de dire: Voilà la
situation. Elle s'applique généralement aux
sociétés visées et, s'il y a lieu, le ministre des
Finances a d'autres moyens de remédier à une situation
hypothétique que je ne prévois pas, de toute façon.
M. Léonard: Au fond, il s'agit d'une recette dont on ne
veut pas rappeler l'origine pour le gouvernement parce qu'à chaque
année, pour 150 000 000 $, il me semble que ça mériterait
un petit mot du ministre des Finances dans le discours du budget, à
l'effet qu'il va exiger son...
M. Levesque: Ça donnerait une chance à l'Opposition
de critiquer chaque année.
M. Léonard: Alors que là il va l'oublier. Il passe
la loi une fois et, après ça, c'est ad vitam aeternam: 150 000
000 $, 160 000 000 $, 180 000 000 $ par année, 200 000 000 $,
automatique. C'est ça qu'il veut faire. Il n'aime pas rappeler ses
mauvais coups. Je pense qu'il en a honte un peu, si je comprends bien.
M. Levesque: C'est la règle.
Le Président (M. Lemieux): comme il n'y a pas d'autres
interventions sur l'amendement, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Levesque: Non.
M. Léonard: Nous allons voter contre. Vote
enregistré.
Le Président (M. Lemieux): Vote enregistré. M. le
secrétaire, voulez-vous appeler le vote, s'il vous plaît?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Mme Marois: On va voter pour l'amendement.
M. Léonard: C'est-à-dire qu'on va voter pour
l'amendement.
M. Levesque: Une chance que vous êtes là, vous!
Mme Marois: Oh ça, vous savez! Certains jours, j'en doute
un peu, mais enfin.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Le député de Labelle aurait
voté avec nous autres.
M. Léonard: Je n'aurais pas fait d'erreur. Non, non.
Le Président (M. Lemieux): M. le secrétaire,
voulez-vous, s'il vous plaît, appeler le vote?
Le Secrétaire: Pour ou contre l'amendement? M.
Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour.
Le Secrétaire: Mme Marois (Taillon)?
Mme Marois: Pour
Le Secrétaire: M. Filion (Montmorency)?
M. Filion: Pour.
Le Secrétaire: M. Levesque (Bonaventure)?
M. Levesque: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
Le Secrétaire: M. Bergeron (Deux-Montagnes)?
M. Bergeron: Contre
Le Secrétaire: M. Després (Limoilou)?
M. Oesprés: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Abstention.
Le Secrétaire: Alors, 3 pour; 5 contre; 1 abstention.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
L'amendement est donc rejeté. Nous passons maintenant à l'article
2.
M. Levesque: Bien non, on y était.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, nous sommes
maintenant à l'article 2, c'est-à-dire que l'amendement est
rejeté. Nous continuons à discuter sur l'article 2.
M. Léonard: C'est l'article 2, O.K., tel que non
amendé.
Le Président (M. Lemieux): Tel que non amendé,
effectivement.
M. Léonard: Sur division, oui.
Le Président (M. Lemieux): L'article 2 est adopté
sur division. Nous passons maintenant à l'article 3. Est-ce que
l'article 3 est adopté?
M. Léonard: Sur division. C'est toujours la même
chose.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 4 est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Sur division Est-ce que le
titre du projet de loi 162, Loi sur les frais de garantie relatifs aux emprunts
des organismes gouvernementaux, est adopté?
M. Léonard: M. le Président, moi, je vais voter
contre parce qu'il ne dit pas la vraie nature de ce projet de loi.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes contre?
M. Léonard: Oui. Contre le titre.
Le Président (M. Lemieux): Le titre du projet de loi est
donc adopté sur division. Est-ce que l'ensemble du projet de loi 162,
Loi sur les frais de garantie relatifs aux emprunts des organismes
gouvernementaux, est adopté? Tel qu'amendé.
M. Léonard: Sur division, tel qu'amendé Le
Président (M. Lemieux): Adopté sur? M. Léonard:
Sur division.
Le Président (M. Lemieux): adopté sur division.
alors, l'ensemble du projet de loi 162 est donc adopté sur division. m.
le ministre, est-ce que vous avez des remarques finales?
M. Levesque: je veux remercier tous ceux qui ont participé
à cet échange et vous, en particulier, m. le président, et
tous ceux qui vous accompagnent pour la façon dont vous vous êtes
acquittés de votre tâche.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Labelle
M. Léonard: Je vais concourir pour cette fois avec le
ministre des Finances pour vous féliciter. Finalement, vous avez
été d'une grande largesse et on a pu exposer nos points de vue,
échanger. Alors, je n'en demeure pas moins contre ce projet de loi qui
va miner la santé financière d'Hydro-Québec, qui va
élever son seuil de rentabilité.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a
d'autres députés qui désirent faire des remarques?
Alors, comme il n'y en a pas d'autres...
Mme Marois: Je souscris aux remarques précédentes
de mon collègue, la première comme la deuxième, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Mme la
députée de Taillon. La commission ayant accompli son mandat, nous
ajournons nos travaux sine die. Je remercie l'ensemble des parlementaires, de
même que les fonctionnaires qui vous accompagnent, M. le ministre.
(Fin de la séance à 11 h 21 )