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(Neuf heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Lemieux): Nous sommes réunis, dans
un premier temps, afin de procéder à la vérification des
engagements financiers du ministère des Finances compris dans les listes
des mois de janvier 1991 à août 1991 et afin de procéder
à l'étude trimestrielle de la politique budgétaire du
gouvernement et de l'évolution des finances publiques. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacement pour la séance.
Le Président (M. Lemieux): Nous avons remis aux membres de
cette commission un ordre du jour; est-ce que l'ordre du jour est
adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Je donnerais
une minute à M. le ministre des Finances pour bien vouloir nous
présenter les gens qui l'accompagnent. Eu égard qu'au niveau des
engagements financiers il n'y a pas de séance de déclaration
d'ouverture, il y aura tout à l'heure, lorsque nous ferons
l'étude de l'évolution des finances de la politique
budgétaire, une période de 20 minutes qui sera consacrée
au ministre. Mais, dans un premier temps, si M. le ministre veut bien nous
présenter les gens qui l'accompagnent.
M. Levesque: M. le Président, je vous remercie. SI je
comprends bien, nous allons commencer par...
Le Président (M. Lemieux): Les...
M. Levesque:... parler des engagements financiers. À cet
égard, comme il s'agit, vous le verrez, de questions assez techniques
concernant surtout l'Informatique - s'il y a autre chose, évidemment, je
me ferai un plaisir d'intervenir - pour cette partie de la discussion, M.
André Montmlny, directeur de l'administration, est avec nous pour
éclairer la commission si nécessaire. À ma gauche, il y a
le sous-ministre du ministère des Finances, M. Claude Séguin, et
les fonctionnaires qui nous accompagnent pourront être identifiés
à mesure que nous aurons besoin de leurs services.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Nous
passons donc à l'étude des engagements financiers. J'appelle la
vérification des engagements financiers du ministère des
Finances pour le mois de janvier 1991, l'engagement financier no 1
où il s'agit d'un contrat négocié. Est-ce qu'il y a des
interventions? Il s'agit d'un contrat négocié de services
professionnels.
Vérification des engagements financiers
Janvier
M. Léonard: Oui, M. le Président. Je voudrais
simplement demander au ministre des Finances, que je salue ainsi que tous ceux
qui l'accompagnent ce matin, comment il se fait que cet engagement soit au
ministère des Finances plutôt qu'aux institutions
financières? Il s'agit d'un contrat relié à la
révision juridique des secteurs des assurances et des valeurs
mobilières. Oui, ça relève plutôt de Mme Robic.
M. Levesque: vous avez raison. d'ailleurs, je vous salue et je
salue ceux qui vous accompagnent, je salue les membres de la commission. ceci
étant dit on m'informe que, normalement, ceci aurait pu être
étudié alors que ma collègue, la ministre
déléguée aux finances, aurait été
présente, mais comme c'est le seul engagement qu'il y avait...
M. Léonard: j'espère que ce n'est pas une
indication que le ministère des finances fait main basse sur les
institutions financières. Ce sont des vents qui courent.
M. Levesque: Pas plus que le gouvernement fédéral
qui voudrait faire main basse...
M. Léonard: On verra ça. On va en parler tout
à l'heure.
M. Levesque:... avec l'union économique. J'ai vu les
propos du député de Labelle; j'ai hâte qu'il me pose des
questions pour que je puisse lui donner l'heure juste.
M. Léonard: On verra bien!
Le Président (M. Lemieux): Vérifié?
M. Léonard: Je pense qu'il faudrait le reporter aux
institutions financières puisqu'on dit que c'est une erreur.
Le Président (M. Lemieux): Oui, çava.
M. Levesque: C'est parce que c'est le seul. C'est les
crédits des Finances, c'est dans le ministère.
M. Léonard: Oui. On demandera aux institutions
financières.
M. Levesque: M. Montminy est prêt à répondre
à toute question relative à cet item-là si vous le
désirez.
M. Léonard: Vous vous proposez pour y répondre. Je
pense que ça relève de la ministre chargée des
institutions financières. On pourra y venir quand elle viendra.
M. Levesque: Est-ce que M. Montminy peut répondre à
ça?
M. Montminy (André): Je ne répondrai pas au nom de
la ministre, Mme Robic. Ce n'est pas mon intention, mais il faut comprendre que
Mme Robic, comme ministre déléguée aux Finances, assume
aussi une responsabilité en termes de politique des institutions
financières. Me Lacoste a été engagé à
travers le ministère de la Justice, comme tous les avocats sont
engagés et payés sur les crédits directs du
ministère. On alloue un montant d'argent en ce sens-là. Vous avez
vu les engagements financiers des années précédentes pour,
en fait, la reformulation de la Loi modifiant la Loi sur les assurances et la
Loi sur le courtage immobilier. C'est un dossier qui appartenait à la
ministre. Par habitude, depuis quatre ans, lorsqu'on avait M. Fortier, ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation, les
contrats spécifiques étaient donnés à travers la
masse allouée au ministère des Finances.
M. Léonard: M. le Président, je comprends que le
directeur de l'administration vienne au secours de son ministre qui disait que
c'était une erreur, là, mais je pense, moi, que mon
collègue qui est critique des institutions financières voudrait
poser une question là-dessus. Alors, je pense qu'on...
Le Président (M. Lemieux): m. le député de
labelle, il est de pratique courante que ce soit le ministre responsable qui
réponde de ses engagements financiers. alors, comme on a
déjà d'autres engagements financiers de mme robic qui n'ont pas
été faits, on va reporter cet engagement financier lorsque mme
robic va avoir à en débattre devant la commission,
considérant aussi que c'est un autre porte-parole qui est critique dans
ce secteur d'activité.
M. Chagnon: M. le Président, le ministre titulaire du
ministère des Finances est, si je me rappelle bien, le
député de Bonaventure. Un ministre délégué
relève toujours du ministre des Finances.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais j'inviterais M. le
député de Saint-Louis à prendre connaissance du
décret précisant les respon- sabilités de la ministre
déléguée aux institutions financières et du
ministre des Finances. Vous allez constater que, dans ce décret, il est
clairement indiqué que la ministre d'Etat déléguée
aux Finances a cette responsablllté-là, M. le
député de Saint-Louis. Alors, comme N appartient à un
ministre sectoriel...
M. Chagnon: Est-ce que vous pourriez nous...
Le Président (M. Lemieux): ...responsable d'une
activité particulière d'avoir à répondre de ses
engagements financiers, nous allons le reporter.
M. Levesque: Soyez assuré, M. le Président, que,
quant à nous, ça ne fait pas de différence. C'est vous et
votre bureau qui nous avez envoyé cette liste-là. Ce n'est pas
une question d'erreur, quant à nous. Je demeure ministre des Finances et
je demeure responsable du budget.
Le Président (M. Lemieux): Oui, d'accord. C'est
Identifié...
M. Levesque: Cependant, c'est vous qui avez décidé
de nous faire parvenir ces documents-là et nous demandez de venir les
expliquer ce matin. Alors, décidez-vous un peu!
Le Président (M. Lemieux): Oui. C'est parce que... M. le
ministre des Finances, je vous comprends très bien. C'est que, si vous
regardez la liste des engagements financiers, vous allez constater qu'à
la deuxième colonne, c'est indiqué le programme 5, alors que Mme
Robic a la responsabilité de 7 et 8. Alors, c'est évident qu'il y
a une erreur qui est purement cléricale, tout simplement. Regardez, vous
allez voir à l'engagement financier.
M. Montminy: Oui, mais les crédits alloués pour ce
contrat avec Me Lacoste ont été payés à même
le programme 5. Ils n'ont jamais été payés à
même le programme 8 ou le programme 6.
Le Président (M. Lemieux): Alors, c'est le ministre des
Finances qui est responsable, si c'est le cas.
M. Levesque: C'est pour ça qu'on essaie de vous le dire
depuis tout à l'heure.
Le Président (M. Lemieux): Alors, ça va. SI c'est
le cas, si ce que vous venez de me dire, M. Montminy, est exact, c'est le
ministre des Finances qui est responsable.
M. Léonard: Donc, ce n'était pas une erreur.
Le Président (M. Lemieux): Alors, ce n'est
pas une erreur.
Une voix:...
Le Président (M. Lemieux): Mais cette
explication-là, je ne l'avais pas eue.
M. Léonard: Le ministre des Finances a réagi trop
tôt, donc, si c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Alors, ce n'est pas une erreur.
L'engagement est-il vérifié?
M. Léonard: Alors, il a accaparé des
responsabilités de sa collègue, si je comprends.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, puisqu'il fait partie
du programme 5 alors que sa collègue a la responsabilité de 7 et
8.
M. Léonard: Ah! que c'est mêlé dans ce
coin-làl
Le Président (M. Lemieux): Vous avez raison, M. le
ministre des Finances. Merci, M. le directeur de l'administration.
Vérifié?
M. Léonard: Bon. Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 1 est
vérifié.
Février
Nous passons à l'engagement financier de février 1991. Il
s'agit d'un contrat par soumission sur invitation, pour un montant de 40 000 $,
dont le bénéficiaire est Protection régionale de
Québec Inc. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Léonard: Oui, juste une question... O. K. Non,
ça va. Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement est
vérifié. Nous passons aux engagements financiers du mois de mars
1991.
Une voix: II n'y en a pas.
Le Président (M. Lemieux): II n'y en a pas pour le mois de
mars. Nous passons au mois d'avril 1991.
Une voix: II n'y en a pas.
Le Président (M. Lemieux): Alors, il n'y en a pas pour le
mois d'avril.
Mai
Nous passons au mois de mal. Au mois de mal, j'appelle l'engagement
financier 1, un contrat par soumission sur Invitation pour un montant de 83
145, 15 $. Il s'agit d'impression. M. Léonard:
Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): Engagement 1,
vérifié. Nous appelons l'engagement financier 2. Il s'agit d'un
contrat par soumission sur invitation pour l'impression de formulaires.
M. Léonard: II y a seulement deux soumissions de
reçues. Ce n'est pas beaucoup, mais, enfin, ce n'est pas... sur neuf
appelées. Il n'y a pas d'explication là-dessus. Pourquoi n'y en
a-t-il pas plus qui ont répondu?
M. Montminy: Les contrats d'impression sont homologués ou
ils sont réalisés par le Service général des
achats. Pourquoi il n'y en a pas eu plus? Pour vous dire honnêtement, on
comprend qu'il y a une formule de souscription sur les obligations
d'épargne. C'est des documents avec papier carbone. Je vais
répéter ce que j'ai dit l'année dernière;
malheureusement, étant donné le montant du contrat en cours, ce
n'est pas intéressant pour une firme, possiblement, de le prendre. Mais
le Service général des achats a fait le travail en appelant neuf
fournisseurs sur invitation.
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 2 est
vérifié. Nous passons à l'engagement financier 3:
Renouvellement de contrat négocié, pour un montant de 58 812
$.
M. Léonard: M. le Président, les engagements 3 et 4
sont de même nature. J'aurais deux ou trois questions à poser au
ministre.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Alors, j'appelle
aussi l'engagement financier 4 où il s'agit d'un contrat
négocié pour des services professionnels.
M. Léonard: Est-ce que MM. Beaudet et Chiadmi - je ne sais
pas comment on le prononce - travaillent à plein temps pour le
ministère des Finances? Est-ce qu'on pourrait nous dire combien il y a
de contractuels qui travaillent au ministère des Finances? S'il s'agit
d'emplois permanents, pourquoi ce sont des contractuels qui...
M. Levesque: L'an dernier, il y en avait un. Le
député de Labelle avait posé la même question. Nous
avions donné l'explication. Cette année, il y en a deux au lieu
d'un et c'est la même explication relativement au recrutement particulier
de ce genre de spécialistes.
M. Léonard: C'est quoi l'explication? (9 h 45)
M. Montminy: On peut peut-être expliciter un peu plus. Si
vous vous rappelez, l'année dernière, M. Beaudet était le
seul. Cette année, on a essayé de voir s'il y avait
possibilité d'Intégrer M. Beaudet à travers la Loi sur la
fonction publique. On a fait un concours de recrutement pour aller chercher des
candidats. Il y a 51 personnes qui se sont inscrites dans le corps d'emploi,
mais, dans la spécialisation "arbitragiste aux fonds monétaires
et autres", on en a accepté seulement trois au préalable: un seul
était qualifié, M. Beaudet, et il a refusé la job comme
employé régulier. Alors, on est revenus et on lui a fait une
proposition contractuelle.
Si vous vous rappelez, on avait dit l'année dernière que
les corps d'emploi du gouvernement tiennent compte de l'expérience,
alors que le marché tient compte de la compétence. Alors, il y a
un gap de sept ou huit ans où M. Beaudet n'a pas la raison de
l'âge ou la raison de l'expérience, ce qui fait que le salaire
qu'on lui offrait comme employé régulier était, je pense,
10 000 $ ou 12 000 $ plus bas que ce qu'il aurait gagné comme
contractuel.
M. Léonard: Oui mais, écoutez, je comprends qu'il
refuse un emploi régulier et puis qu'il demeure contractuel, sur ce
plan-là, mais ça coûte cher à l'État, cette
politlque-là.
M. Levesque: Est-ce qu'on a le choix? Le Président (M.
Lemieux): M.Séguin.
M. Séguin (Claude): Claude Séguin, sous-ministre au
ministère des Finances. Si je peux m'exprlmer là-dessus, il
s'agit de deux emplois très spécialisés qui n'ont pas
d'équivalent dans le secteur public. Il s'agit des arbltragistes,
disons, sur les marchés monétaires et les marchés des
changes. Lorsqu'on veut avoir des gens qui, dans le fond, sont de
qualité suffisante pour l'ampleur des opérations qu'on a à
faire - on sait qu'on a sur le marché monétaire environ 35
000000000$ à 40000000000$ de transactions annuellement et qu'on a 2 000
000 000 $ à 3 000 000 000 $ de transactions à faire sur les
divises étrangères - donc, ces gens-là, même si,
dans le fond, ils ne sont pas "plaçables" dans les échelles
habituelles des professionnels du gouvernement, ils sont éminemment
rentables pour le gouvernement. C'est dans ce sens-là, disons, et compte
tenu de la nature très spécifique des tâches, qu'on a
jugé bon de faire affaire avec des contractuels.
M. Léonard: Pourtant, vous avez doublé le nombre de
vos gens. Vous en aviez un l'an passé et vous êtes rendus à
deux maintenant. Les gels du Conseil du trésor ne s'appliquent pas aux
Finances?
M. Montminy: Ces contrats ont été octroyés
avant le gel à ce que je sache.
M. Léonard: Ah! vous vous êtes
dépêchés.
M. Montminy: Absolument pas. Le contrat venait à
échéance le 31 mars. Ce genre de discussions est très ardu
avec le Conseil du trésor. On comprend, avec eux, que c'est difficile et
on essaie d'aller les trouver avec une solution pour le prochain exercice
financier.
Le Président (M. Lemieux): Si je comprends bien, M. le
sous-ministre, il s'agit de besoins excessivement
spécialisés.
M. Séguin: II s'agit d'arbltragistes. Donc, on en trouve
un nombre relativement restreint sur le marché québécois.
Ces gens-là sont normalement à Montréal. Il n'y a pas
d'emploi équivalent dans la ville de Québec. Donc, il s'agit,
à ce moment-ci...
Le Président (M. Lemieux): Eu égard au
marché, notre structure de classification ne nous permet pas d'attirer
ces gens-là, si je comprends bien, dans la fonction publique.
M. Séguin: Pas à ce moment-ci. Et compte tenu du
fait qu'on en a besoin que de quelques-uns, à ce moment-là, II
n'y a peut-être pas lieu de faire toute une nouvelle classification pour
des emplois aussi précis.
M. Léonard: mais je comprends, m. le président, que
le déficit du gouvernement ayant doublé, il a besoin de deux
arbltragistes maintenant pour emprunter.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, s'il vous plaît! M. le député de Hull.
M. LeSage: Merci, M. le Président. J'aimerais reprendre
les propos du député de Labelle qui fait indication au ministre
que cette politique d'embauche de contractuels coûte peut-être 12
000 $ de plus par année à l'État. Je n'en suis pas
convaincu, M. le Président, et j'aimerais poser la question au ministre
ou à une des personnes qui l'accompagnent. Lorsqu'on est employé
régulier au gouvernement, on a droit à des avantages sociaux et,
lorsqu'on est contractuel, je ne crois pas qu'on ait ces avantages sociaux.
Est-ce que ça pourrait combler l'écart qu'on a mentionné
tantôt?
M. Montminy: Vous avez spécifié le cas. SI on prend
le salaire de M. Beaudet à 58 000 $ et si on prend un professionnel au
maximum de son échelle, avec les années d'expérience, un
employé régulier selon la Loi sur la fonction publique et qu'on
lui donne ce qu'on appelle maintenant la prime de complexité
supérieure, iI gagnerait un
montant comparable. Ce qu'on a déterminé, c'est que M.
Beaudet valait pour nous environ 50 000 $ et on lui donne un équivalent
de 8 % à 10 % - de mémoire; je pourrais refaire le calcul, je
n'ai pas le dossier - qui tient compte d'un régime de retraite, mais il
n'a pas la part de l'employeur. Alors, comme on le sait, c'est
élevé, c'est vrai, mais, si on avait quelqu'un de son
expérience, on le paierait 58 000 $. Vous paieriez plus, là. La
base du calcul de M. Beaudet, si vous prenez ce qui est admis, vous avez
réellement le comparatif, vous avez 52 000 $. Il est plus jeune et II
fait un travail comparable; et, en principe, s'il était sur le
marché de Montréal, il gagnerait le même salaire.
M. LeSage: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce qu'ils sont
vérifiés?
M. Léonard: Je signale juste qu'il y a le même
problème à la Caisse de dépôt et placement du
Québec. Quand on avait étudié ces
crédits-là, ça avait été la même
chose.
Le Président (M. Lemieux): À la Commission des
valeurs mobilières aussi.
M. Léonard: La Commission des valeurs mobilières,
puis il y en a peut-être un bon nombre, finalement, dans le gouvernement
qui font le même travail. Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): Les engagements financiers 3 et
4 sont donc vérifiés. Nous appelons maintenant l'engagement
financier 5. Il s'agit d'un contrat par soumission sur invitation pour un
montant de 51 520 $.
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement financier 5 est
vérifié. Nous passons à l'engagement financier 6. Il
s'agit d'une demande de livraison, commande ouverte, concernant l'informatique;
achat de micro-ordinateurs pour un montant de 34 894, 20 $.
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 6 est
vérifié. Passons à l'engagement financier 7: Demande de
livraison. Il s'agit de l'achat de micro-ordinateurs pour un montant de 37 220,
48 $.
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement financier 7 est
vérifié. Nous appelons l'engagement financier 8: "Renouvellement
de contrat; services de télécommunications fournis par le
ministère des Communications", pour un montant de 720 000 $. Est-ce
qu'il y a des interventions?
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 8 est
vérifié. Nous passons à l'engagement financier 9:
"Renouvellement de contrat; ententes d'occupation du ministère des
Finances avec la SIQ", pour un montant de 6 596 107, 20 $.
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): Nous passons à
l'engagement financier 10: Renouvellement de contrat, pour un montant de 85 201
$. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Léonard: Oui. Est-ce que je peux demander pourquoi cet
engagement nous vient alors qu'il s'agit de la directrice de cabinet du
ministre des Finances et que c'est dans la masse budgétaire de son
cabinet?
M. Montminy: Bon. Le secrétariat, il y a trois ans, ne les
faisait pas parvenir à la commission des engagements financiers. Ils
nous ont demandé que tout contrat soit maintenant payé sur la
masse. C'est évident que le ministre a un pouvoir discrétionnaire
d'avoir une personne dans son cabinet, à contrat, payée sur les
crédits de fonctionnement et non sur les crédits de traitement,
mais ne devant pas excéder la masse qui est allouée au ministre.
Et on est obligés de les envoyer au Conseil. Alors, dans le fond, on n'a
pas à valider. C'est la décision du ministre qui se conforme aux
barèmes qui lui sont octroyés.
M. Léonard: C'est comme ça pour tous les
ministères, si je comprends, maintenant?
M. Montminy: Mais, il y a des ministères qui n'ont pas de
gens de cabinet à contrat.
M. Léonard: Oui, O. K. Dès que c'est à
contrat.
M. Montminy: Dès que c'est à contrat. M.
Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 10 est
vérifié. Nous passons à l'engagement financier 11: Contrat
par soumission sur invitation. Il s'agit d'un contrat d'impression, pour un
montant de 66 619, 44 $, relativement au discours sur le budget.
M. Léonard: Vérifié. Mais je note toujours
qu'il y a très peu de gens qui répondent. J'ai l'impression qu'on
répond à tour de rôle.
Le Président (M. Lemieux): Nous passons à
l'engagement financier 12: Contrat par soumission sur invitation. Il s'agit
d'un contrat d'impression pour un montant de 28 268, 19 $. Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Léonard: II y en a un peu plus, alors c'est
vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 12 est
vérifié. Nous passons maintenant à une deuxième
liste du ministère des Finances pour le mois de mai 1991. Sur cette
deuxième liste, j'appelle l'engagement financier 1. Il s'agit d'un
renouvellement de contrat pour un engagement global de 1 128 715, 91 $.
M. Léonard: Oui, M. le Président, je voudrais
demander au ministre des Finances si le contrat initial a été
accordé suite à un appel d'offres parce qu'il s'agit d'un
renouvellement de contrat. Est-ce que c'est accordé suite à un
appel d'offres, à l'origine?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Et puis, dans l'appel d'offres...
M. Montminy: II y avait la possibilité d'extension.
M. Léonard:... il y avait une mention...
M. Montminy: Dans le fond, c'est plus une extention, mais on
appelle ça renouvellement parce qu'il est discrétionnaire
à celui qui l'octroie. Autrement dit, si on n'avait pas
été satisfaits des services, on aurait pu y mettre fin au premier
terme.
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 1 est
vérifié. Nous passons à l'engagement financier 2:
Renouvellement de contrat. Il s'agit d'une entente de services informatiques
avec le ministère des Communications pour un montant de 2 652 000 $.
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 2 est
vérifié. Nous passons à l'engagement financier 3: Contrat
par soumission sur invitation. Il s'agit d'un contrat de services de fourniture
de personnel spécialisé pour un montant de 50 000 $.
M. Léonard: On n'a pas le montant soumissionné par
les quatre autres. C'est le plus bas? C'est ce qui est dit.
M. Montminy: Oui. Il faut comprendre que ce genre de contrat
là, c'est la dernière mesure qu'on peut trouver pour amener la
flexibilité du personnel de secrétariat à travailler les
soirs, les fins de semaine ou les nuits, compte tenu qu'on ne leur garantit
absolument pas, qu'on n'a pas d'affaire à leur garantir les 18 heures
semaines alors qu'on a des occasionnels maintenant, qu'on appelle occasionnels
en surplus, mais qu'il faut leur garantir 18 heures par semaine. ceux-là
sont à la demande. ça peut être 5 heures, ça peut
être 8 heures. et j'ai les prix ici. trattex, qui a réellement
soumissionné, avait des prix de 25 $ à 54 $ l'heure; placement de
personnel marie-andrée laforce avait des prix qui variaient de 10, 25 $
à 14, 75 $. pourquoi le "spread"? parce qu'il y a des gens ayant une
plus grande compétence. à l'intérieur des firmes, ils sont
calibrés également. chez secrétariat prodactylo enr. de
sainte-foy, la variation est entre 12, 50 $ et 26, 75 $. le contrat a
été homologué, si vous voulez, octroyé à
gestion quantum qui a fourni un prix de 8, 40 $ à 12, 95 $. alors, le
contrat, dans le fond, a été alloué à quantum au
plus bas coût pour les services qu'il pouvait nous rendre.
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement financier 3 est
vérifié.
Juin
Nous passons maintenant aux engagements financiers pour le mois de juin
1991 et, à cet effet, j'appelle l'engagement financier 1. Il s'agit de
diverses demandes de biens: "Abonnement à une banque de données
concernant l'économie canadienne", pour un montant de 47 355 $. Est-ce
qu'il y a des interventions?
M. Léonard: Non. Vérifié, quant à
moi.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 1 est
vérifié. Nous passons à l'engagement financier 2, un
montant de 145 000 $ pour une entente de développement et de services
conseils en administration de données. Est-ce que l'engagement est
vérifié?
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 2 est
vérifié. Nous passons à l'engagement financier 3: "Entente
de développement et de services conseils en architecture des traitements
du Contrôleur des finances fournis par la DGI du ministère des
Communications", pour un montant de 94 500 $.
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 3 est
vérifié. Nous passons à l'engagement finan-
cier 4: "cotisation annuelle du gouvernement du québec au
conference board du canada", pour un montant de 96 450 $. est-ce que
l'engagement est vérifié?
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 4 est
vérifié. J'appelle l'engagement 5. Il s'agit d'une entente de
services informatiques fournis par la DGI du ministère des
Communications.
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 5 est
vérifié. J'appelle l'engagement financier 6. Il s'agit d'une
entente de services de télécommunications fournis par la DGT du
ministère des Communications pour un montant de 145 000 $.
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 6 est
vérifié.
Juillet
Nous passons maintenant aux engagements financiers du mois de juillet
1991 et j'appelle l'engagement financier 1: "Contrat par soumission sur
Invitation; contrat de services auxiliaires pour réaliser des travaux
pour la production typographique", pour un montant de 180 000 $.
M. Léonard: Est-ce que la limite a été
atteinte? 180 000 $?
M. Montminy: C'est un pouvoir de dépenser. On est en cours
de dépense. Si je fais référence...
M. Léonard: C'est jusqu'au 31 mars 1992. M. Montminy:
SI je fais référence... M. Léonard: L'an
passé...
M. Montminy: L'an passé... Pardon? (10 heures)
M. Léonard: ...vous aviez procédé de la
même façon et vous aviez atteint la limite. C'est basé sur
l'expérience de l'an passé, le montant?
M. Montminy: Quasiment, parce qu'on a dépensé
l'année dernière, là, je vois 178 000 $. Ici, on a mis un
prix comparable.
Le Président (M. Lemieux): Vérifié?
M. Léonard: Vérifié.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement est
vérifié. Nous passons aux engagements financiers pour le mois
d'août 1991. Il n'y a aucun engagement financier pour le mois
d'août 1991. Alors, les engagements financiers, pour les mois de janvier
août 1991, du ministère des Finances sont donc
vérifiés.
Étude trimestrielle de la politique
budgétaire du gouvernement et de révolution des finances
publiques
Nous allons maintenant faire l'étude trimestrielle de la
politique budgétaire et de l'évolution des finances publiques
conformément à l'article 292 du règlement. Je vais vous
rappeler brièvement les règles du débat. Est-ce qu'il y a
eu une entente? Il n'y a pas d'entente, alors... À moins qu'il y ait une
entente entre les groupes parlementaires sur une autre façon de
procéder - et on me fait état qu'il n'y a pas d'entente -
j'appliquerai les règles du temps de parole établies pour le
débat sur le discours sur le budget, tel que le veulent la tradition et
la pratique, c'est-à-dire que M. le ministre des Finances et le
porte-parole de l'Opposition interviendront les premiers et que chacun aura un
temps de parole de 20 minutes. Par la suite, chaque membre de cette commission
disposera d'un temps de parole de 10 minutes qu'il pourra utiliser en une ou
plusieurs interventions et qui pourra prendre la forme de questions au ministre
ou de commentaires. M. le ministre des Finances disposera de 10 minutes pour
commenter chacune des interventions. Dans la mesure du possible, j'appliquerai
la règle de l'alternance dans les interventions.
Réponses déposées
Mais préalablement au débat, je crois qu'il y a
dépôt de réponses obtenues, fournies par le ministre des
Finances aux trois questions laissées en suspens lors de la
séance du 7 mars 1991. J'autorise le dépôt de ces
réponses. Nous avons reçu ces renseignements le 30 septembre 1991
au secrétariat de cette commission.
J'inviterais M. le ministre à bien vouloir prendre la parole.
Oui, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Je ne sais pas... Si le ministre a un
exposé de 20 minutes ce matin, est-ce qu'il se prête à des
échanges aussi? Il a un exposé de 20 minutes, très
bien.
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'inviterais M. le
ministre des Finances à bien vouloir prendre la parole; par la suite, il
s'agira du représentant officiel de l'Opposition et d'autres membres de
cette commission s'ils ont des remarques préliminaires. M. le ministre,
la parole est à vous.
Remarques préliminaires M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président. Il serait
peut-être bon de rappeler encore que nous sommes réunis
aujourd'hui pour discuter plus précisément de la synthèse
des opérations financières au 30 juin 1991. En effet, on sait que
le sous-ministre des Finances dépose tous les trois mois le rapport
trimestriel sur les opérations financières du gouvernement.
L'année financière a débuté le 1er avril dernier et
c'est le premier rapport, la première synthèse
d'opérations qui couvre la période du 1er avril 1991 au 30 juin
1991. Il est donc important de souligner que les données et les
informations qui apparaissent dans ce document sont basées sur les
renseignements disponibles à cette date. Les résultats qui y sont
présentés doivent donc être interprétés dans
ce contexte.
Lors du dépôt du discours sur le budget, j'indiquais qu'une
reprise était imminente en raison d'abord de la baisse des taux
d'intérêt, ensuite de la reprise attendue aux États-Unis
et, finalement, de l'impact du plan d'action pour soutenir l'économie,
le plan d'action qui avait été présenté par le
premier ministre en janvier dernier. Depuis lors, des indicateurs de plus en
plus nombreux sont venus confirmer la justesse de ce diagnostic. On peut dire
qu'actuellement l'économie du Québec, comme celle du Canada, se
trouve dans les premières phases de la reprise conjoncturelle.
En effet, après avoir atteint un creux au premier trimestre,
l'économie canadienne a rebondi vigoureusement au deuxième
trimestre, tirée principalement par les dépenses des
ménages et l'amorce d'un rétablissement des mises en chantier. Le
Québec, également, a repris du mieux, comme l'Indique notamment
la remontée de l'emploi - 23 000 de janvier à août - les
ventes au détail - 5,6 % de janvier à juillet - et les mises en
chantier. Après avoir atteint un creux de 22 000 en janvier dernier, les
mises en chantier ont rebondi pour atteindre 51 000 au deuxième
trimestre et une moyenne de 35 000 en juillet et août.
La reprise économique anticipée le printemps dernier est
donc amorcée comme en témoignent la plupart des indicateurs
disponibles. Toutefois, comme cela est normal à ce stade de la phase de
reprise, les pertes encourues durant la récession, tant du
côté de la demande et de la production que de l'emploi, n'ont
été, jusqu'à date, récupérées que
partiellement.
En outre, il ne faudrait pas se surprendre si certains indicateurs
économiques devaient se replier temporairement au cours des prochains
mois. Malgré la baisse du taux de chômage de 12,5 % en mars
dernier à 12 % actuellement, ce taux demeure encore trop
élevé. En définitive, la vitesse et l'ampleur de la
reprise au cours des prochains mois dépendront d'abord de la situation
prévalant aux Etats-Unis, notamment de la vitesse à laquelle la
demande reprendra dans ce pays et aussi des progrès qui seront
enregistrés au Canada dans la voie d'une réduction des pressions
qui s'exercent sur les prix et les salaires qui, comme l'a
démontré l'expérience des deux dernières
années, sont la clé des conditions monétaires qui
prévaudront au cours des prochains trimestres.
Il faudra donc demeurer vigilants et s'assurer que le relâchement
de la politique monétaire continuera. Cependant, le consensus le plus
récent des prévlsionnistes nous permet d'envisager le futur avec
confiance, même si, de l'avis des spécialistes, la reprise devrait
être relativement lente. si, maintenant, on jetait un coup d'oeil sur les
opérations financières du gouvernement qui, évidemment,
sont la raison de notre réunion aujourd'hui. d'abord les
résultats de 1990-1991; on a les derniers chiffres. cela indique un
niveau de déficit de 2 824 800 000 $, soit une hausse de 29 800 000 $
par rapport aux résultats préliminaires présentés
lors du discours sur le budget du 2 mai dernier. par ailleurs, les besoins
financiers nets se sont établis à 1 482 100 000 $, soit à
toutes fins utiles le niveau prévu au budget.
Lors du dernier discours sur le budget, les résultats
préliminaires aux revenus budgétaires pour 1990-1991
s'établissaient à 33 051 000 000 $ alors que les données
réelles les fixent à 33 024 000 000 $. Cette réduction de
27 000 000 $ est le résultat d'une baisse de 89 000 000 $ des revenus
autonomes et d'une augmentation de 62 000 000 $ des revenus de transferts
fédéraux. La baisse des revenus autonomes est principalement due
à la réduction de 67 000 000 $ de l'impôt sur le revenu des
particuliers. Celle-ci s'explique notamment par le fait que les remises des
mandataires du gouvernement effectuées en avril pour les sommes
perçues au cours du mois de mars ont été plus faibles que
prévues. Quant à la hausse des revenus de transferts
fédéraux, elle est attrlbua-ble à une augmentation des
comptes à recevoir en provenance du gouvernement du Canada.
Au niveau des dépenses, les résultats définitifs
les établissent maintenant à 35 848 800 000 $, soit une
augmentation de 2 800 000 $ par rapport aux données préliminaires
présentées au discours sur le budget. Enfin, le surplus des
opérations non budgétaires a été
révisé à la hausse de 29 700 000 $ par rapport au
résultat préliminaire, en raison essentiellement des variations
au titre des comptes à recevoir, suite notamment à la baisse des
revenus budgétaires.
En 1991-1992 maintenant, les prévisions du déficit
budgétaire et des besoins financiers nets, établis respectivement
à 3 480 000 000 $ et 2 200 000 000 $ lors du discours sur le budget
de mai dernier, sont maintenues. Ainsi, au niveau des revenus
budgétaires, les prévisions de 28 18 000 000 $ des revenus
autonomes et de 6 891 000 000 $ des revenus de transferts
fédéraux sont inchangées. De même, sur la base des
informations disponibles au 30 juin, les prévisions par source ne sont
pas modifiées.
Du côté des dépenses maintenant, la prévision
à 38 389 000 000 $ demeure inchangée. Cependant, les
prévisions de dépenses des divers ministères ont
été modifiées pour tenir compte de l'évolution des
différents postes de dépenses au cours du premier trimestre du
présent exercice financier. Entre autres, elles reflètent les
transferts de crédits budgétaires et de responsabilités
intervenus entre ministères jusqu'au 30 Juin 1991.
Il est Important de replacer les résultats financiers 1990-1991
et 1991-1992 en perspective. On se rappellera qu'en 1989-1990, dernière
année avant la récession, le gouvernement avait réussi
à réaliser des progrès importants sur le plan des finances
publiques: d'abord, la réduction substantielle du déficit
budgétaire et des besoins financiers nets; une amélioration
significative du solde du compte courant; la réduction du poids de
l'endettement dans l'économie; la stabilisation de la part des revenus
budgétaires à consacrer au paiement d'intérêts sur
la dette; la réduction du ratio dépenses-PIB et une
fiscalité québécoise beaucoup plus compétitive et
plus propice au développement économique. Ces résultats
ont été rendus possibles surtout grâce à un
contrôle serré des dépenses et, évidemment, à
une croissance économique solide.
La récession économique combinée à la
stagnation des transferts fédéraux, qui n'ont pas compensé
la perte des revenus autonomes reliée à la conjoncture comme ils
auraient dû, ont amené le gouvernement à faire une pause,
non pas à abandonner, mais à faire une pause dans la poursuite de
ses objectifs financiers. Ainsi, en 1990-1991 et 1991-1992, le déficit
budgétaire a été augmenté de façon à
absorber l'impact du ralentissement de l'économie sur les revenus et les
dépenses. Il est cependant clair que le gouvernement ne peut pas se
permettre de laisser le déficit à un niveau élevé
pendant plusieurs années.
En effet, l'endettement n'est pas une orientation à suivre et ce,
pour plusieurs raisons. D'abord, le lourd héritage du passé fait
en sorte que la dette constitue encore un fardeau important pour le
gouvernement. Ainsi, le gouvernement doit consacrer plus de 17 % de ses revenus
au paiement d'intérêts; il s'agit là de ressources
substantielles qui ne peuvent pas être consacrées aux
dépenses de programmes. En outre, sur une base comparable, le
Québec doit assumer 3 200 000 000 $ de plus d'intérêts que
l'Ontario. (10 h 15)
Une façon d'illustrer comment l'écart du service de la
dette constitue une entrave est de le comparer au montant qu'on reçoit
de la péréquation. On sait que la péréquation
devrait normalement servir à offrir des services publics comparables,
à des taux de taxation comparables. Malheureusement, compte tenu de
l'héritage du passé, on en arrive a la situation pour le moins
paradoxale où 82 % - oui, je dis bien 82 % - de la
péréquation sert à payer un service de dette
supérieur à celui de l'Ontario. Il est donc important de
réduire le déficit budgétaire.
Pour ce faire, il n'est pas souhaitable de recourir davantage à
la fiscalité. Il ne reste donc qu'une seule voie possible, soit celle du
contrôle des dépenses afin de les rendre plus compatibles avec la
capacité de payer de la société québécoise.
Comme l'indiquait le budget de mai dernier, les réductions de
dépenses à réaliser au cours des prochaines années
sont importantes. Une telle entreprise représente un défi de
taille pour notre collectivité. Elle signifie des choix difficiles pour
le gouvernement, la fonction publique et l'ensemble de la population. Cette
démarche implique notamment de changer les habitudes et les approches,
d'accroître l'efficacité dans la production des services publics,
de revoir la taille du secteur public et ses modes de financement, de se
requestionner sur l'État-providence.
Il y a là, en effet, tout un défi devant nous et, d'un
côté comme de l'autre de l'Assemblée nationale et de cette
commission, il faut bien se dire que le contexte ne changera pas du jour au
lendemain. Le défi demeurera, encore pour quelque temps du moins.
Personne, que je sache, n'a de solution magique. Des efforts devront être
faits de part et d'autre et H est important, je pense, que chacun prenne
entièrement ses responsabilités et se rende compte aussi que,
lorsqu'il y a des demandes qui sont adressées à l'État,
elles doivent l'être avec la pleine conscience des effets qu'une
série de réponses affirmatives peuvent avoir sur
l'équilibre des finances publiques.
Ceci étant dit, M. le Président, je vous remercie de
m'avoir permis ainsi de faire rapport en termes généraux à
cette commission et au cours de cette séance. J'essaierai de
répondre aussi objectivement que possible et aussi complètement
que possible aux questions qui pourraient être soulevées.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le ministre des
Finances. M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, je vous remercie.
Effectivement, nous avons examiné le résultat des
opérations financières pour le premier trimestre. Nous admettons,
d'entrée de jeu, qu'il s'agit d'un résultat partiel quant au
résultat de l'année. Il s'agit du premier trimestre sur quatre
trimestres. Donc, tes indications qu'on
peut trouver là-dedans ne peuvent être que
préliminaires, nous le comprenons.
Nous le comprenons d'autant plus qu'il y a eu un changement dans le
système de la fiscalité, le gouvernement ayant introduit la TPS
au fédéral et ayant fait, ici, un alignement de la TVQ, la taxe
de vente du Québec, sur la TPS fédérale. Donc, on peut
s'imaginer qu'il y a des mouvements de trésorerie, au gouvernement,
différents de ceux qu'il y avait traditionnellement parce que, le
système ayant changé, il est possible que les rentrées de
fonds en provenance de ceux qui perçoivent la taxe... et, en
l'occurrence, il s'agit maintenant de quelques milliers ou 200 000 mandataires
qui perçoivent la taxe. On a une opération conjointe du
gouvernement fédéral et du Québec en ce qui concerne la
TPS et la TVQ, la TPS québécoise. Alors, j'aurai quelques
questions à poser au ministre sur ce sujet ultérieurement.
Et je voudrais faire aussi quelques remarques sur ces résultats
financiers. On ne révise pas les prévisions financières.
Je sais que, l'an dernier, en pareil moment, on avait répondu de la
même façon, que, n'ayant qu'un seul trimestre, on ne voulait pas
réviser les prévisions, mais il faudrait quand même voir
qu'il y a des indications - est-ce qu'elles sont significatives; le trimestre
suivant le dira - que l'activité économique a baissé de
façon significative.
Il y a une réduction de 27 000 000 $ au titre des revenus
budgétaires, mais il faut voir qu'il y a 89 000 000 $ de moins
d'impôts qui sont rentrés, de moins de revenus autonomes qui sont
entrés dans les coffres du gouvernement et que c'est parce que le
gouvernement fédéral a versé 62 000 000 $ que le
résultat net n'est que de 27 000 000 $. Mais j'attire l'attention sur le
fait que les revenus autonomes ayant baissé de 89 000 000 $ pour un seul
trimestre, c'est quand même assez important, parce que, si on les
projetait sur l'ensemble de l'année, on est à quelque 350 000 000
$ par année en multipliant par quatre.
Mais, encore là, je comprends qu'il puisse y avoir des mouvements
de trésorerie différents, sauf que je souligne le fait qu'en ce
qui concerne les revenus autonomes on s'alignerait peut-être,
possiblement - je suis prudent en le disant - vers un manque à gagner de
350 000 000 $ au titre des revenus, à ce stade-ci.
M. Levesque: Oui, c'est parce que, si j'ai bien compris les
remarques du député de Labelle, c'est qu'il attribue cela
à l'année en cours, alors que les 89 000 000 $ moins 62 000 000 $
qui donnent les 27 000 000 $ dont II parle, si je ne m'abuse, ça
s'applique pour 1990-1991.
M. Léonard: Ah bien! ce sont les variations de comptes
à recevoir du gouvernement fédéral?
M. Levesque: Oui. Parce que peut-être que le
député va arriver à des conclusions qui vont
s'avérer fondées, de toute façon, mais peut-être pas
à cause de son exposé parce que, ça, ça s'applique
à 1990-1991.
M. Léonard: Les comptes à recevoir du gouvernement
fédéral, 62 000 000 $?
M. Levesque: Oui. Mais les chiffres que j'ai donnés, 89
000 000 $ pour la différence de revenus prévue au discours sur le
budget...
M. Léonard: Ah bien! Il faut bien s'entendre. Vous dites,
dans votre exposé, que les revenus autonomes ont baissé de 89 000
000 $ par rapport aux prévisions. Donc, ça confirme ce que je
dis. S'il ne s'agit que de comptes à recevoir du gouvernement
fédéral, on ne le sait pas, pratiquement. Mais, au fond, les
revenus autonomes constituent une mesure de l'activité
économique. Donc, si cela a baissé, c'est un Indicateur.
Projeté sur l'ensemble de l'année, on peut s'aligner, en ce qui
concerne les revenus autonomes, sur une baisse de 350 000 000 $. Mais je dis le
chiffre parce que je fais un calcul tout à fait arithmétique, une
multiplication par quatre.
M. Levesque: Tout ce que je voulais dire au député
c'est que son extrapolation serait dangereuse étant donné que ce
dont je parlais ici, c'était pour la fermeture des livres de 1990-1991.
Et je disais que la correction qui avait été faite sur les
chiffres que j'avais donnés au moment du discours sur le budget
était reliée au fait qu'il y avait eu une diminution des revenus
autonomes de 89 000 000 $, mais c'était pour l'année
antérieure, 1990-1991. Les 62 000 000 $ du transfert
fédéral, c'était également pour l'année
antérieure. Les 27 000 000 $ de différentiel étaient pour
l'année antérieure.
Ce que je veux dire, c'est qu'en faisant une extrapolation il faudrait
faire attention. Je n'ai pas dit - peut-être que ç'a
été reçu comme ça - je n'ai pas mentionné
qu'il s'agissait de chiffres qui étaient attribués à
l'année financière 1991-1992, mais bien à 1990-1991. C'est
tout ce que je voulais dire.
M. Léonard: Oui. Je comprends. Je prends acte de ce que le
ministre vient de dire. C'est à peu près au moment où iI
niait la réalité de la récession, à ce
moment-là, mais on voit très bien que c'est déjà
inscrit dans les comptes.
M. le Président, je voudrais reprendre ce que nous a dit le
ministre, qu'il comptait sur une baisse des taux d'intérêt, sur la
reprise américaine, sur le plan d'action de Janvier que tout le monde
avait oublié parce que ça ne se voit pas dans le décor.
Effectivement, il y a de ces indicateurs quant à la reprise
économique. Les taux d'Intérêt continuent de baisser. Ils
ont baissé rapidement aux mois de mars, avril, mai et
Ils se sont stabilisés quelque peu en juin, juillet, mais ils ont
recommencé à baisser, pas très rapidement actuellement,
mais quand même de quelques points de base à chaque semaine, au
moins dans les dernières semaines, sauf une semaine où ça
a remonté très légèrement.
Ces indicateurs, dit-il, donnent la justesse de leurs prévisions.
Je dirai que, finalement, l'économie en est arrivée à un
creux et que, depuis quelques mois, quelques semaines, l'économie se
serait stabilisée avec quelques indicateurs de reprise, mais très
légers. Lorsqu'on lit la presse économique, on s'aperçoit
que ceux qui en discutent sont très prudents quant aux
prévisions. Tout le monde s'accorde pour dire que la reprise sera
très modérée, mais il faut prendre acte du fait que nous
sommes complètement au creux et que ce n'est pas très
encourageant de dire que ça ne remonte pas très vite. Et je
signale au ministre que, lorsque nous avions, nous, lancé un programme
de relance, le Québec s'en était sorti rapidement et avec une
vitesse beaucoup plus grande que les autres provinces du Canada, notamment
l'Ontario.
Je crains un peu pour le deuxième et le troisième
trimestre ou le quatrième, si l'on veut, parce que la population,
actuellement, est très prudente par rapport à l'avenir. Qu'on se
rappelle une réalité qui n'est pas encore arrivée, c'est
qu'à partir du 1er janvier la TPS québécoise sera
étendue à tous les services alors qu'elle ne s'applique pas
à tous les services à ce moment-ci de l'année. À
partir de janvier, par exemple, l'industrie touristique aura à subir un
choc encore plus terrible que celui qu'elle a subi au 1er janvier 1991, le 1er
janvier dernier, parce que, si on prend les chambres d'hôtel, elles
seront soumises à la TPS québécoise alors quelles ne
l'étaient pas et, dans l'espace de 13 mois, le prix de tout ce qui
s'appelle hébergement augmentera de 15,58 %. Ça, je comprends que
le ministre dise prudemment qu'on pourrait avoir une reprise temporaire, qu'on
a une reprise légère et qu'on pourrait assister à un recul
de l'économie. Je comprends qu'il admette d'avance que son geste
d'étendre la TPS québécoise à l'ensemble des
services va faire mal à l'économie et que, déjà, II
prévoie un recul sur ce plan-là.
M. le Président, je pense que les indicateurs qu'il a
donnés sont des indicateurs d'une reprise très modeste et je
voudrais simplement attirer son attention lorsqu'il essaie de dire que, oui, (I
voit la réalité ou l'avenir avec optimisme. Il y a des
problèmes à l'horizon. En tout cas, je comprends qu'il ne
s'entende pas avec son collègue du ministère de l'Industrie et du
Commerce qui, lui, a fait un discours dans lequel il clame l'urgence d'agir en
ce qui concerne les entreprises québécoises, en ce qui concerne
l'économie québécoise, en ce qui concerne les gestes que
le gouvernement doit poser.
Je lui rappellerai que, par rapport à ses presque
dernières paroles, ce qui a été dit... Son collèque
a dit, quant à lui, que le gouvernement devait s'impliquer. Le ministre
prend acte de la situation économique. Il dit: C'est bien triste, mais
tout ce que nous avons à faire, c'est de contrôler les
dépenses. Je ne suis pas sûr que cette question ait
été bien envisagée et bien étudiée par le
ministre des Finances parce que, au fond, quand il dit que c'est impossible
d'augmenter les revenus, je comprends que c'est impossible d'augmenter les
taxes, d'augmenter les impôts, d'augmenter les taux des taxes et
d'augmenter les taux de l'impôt. Mais si l'activité
économique reprenait, cela entraînerait des rentrées de
fonds considérables et, là-dessus, le gouvernement peut agir. (10
h 30)
II dit que son seul champ d'action, c'est le contrôle des
dépenses, alors j'aurai des questions à lui poser
là-dessus. Mais ce que son collègue de l'Industrie et du Commerce
dit, lui, c'est que c'est le gouvernement qui doit tracer la voie. Alors, il ne
veut pas faire comme le ministre des Finances, baisser les bras et attendre que
tout s'écroule. Il voudrait réagir. Et je pense qu'il y a une
sérieuse discussion qui doit se passer au Conseil des ministres, pour
que tout le monde s'ajuste sur la même longueur d'ondes et que l'on dise
la même chose.
Je le souligne d'autant plus que ces déclarations ont eu un
retentissement. Il y a quelqu'un qui a découvert tout à coup, un
an et demi après que la récession soit commencée, qu'il
était urgent d'agir. Mon Dieu) tant mieux, si quelqu'un l'a
découvert, mais c'a l'air que ce ne sont pas tous les ministres qui ont
découvert qu'il fallait faire quelque chose, que la situation
était urgente et que le gouvernement devait s'impliquer.
Le ministre a, comme je l'entends depuis deux ans, parlé d'un
lourd héritage du passé en parlant de la dette, sans trop
mentionner. Je dirai que, lorsque nous sommes arrivés au gouvernement,
il y avait une dette importante, mais qu'il y avait surtout des habitudes de
dépenses qui entraînaient, qui ont causé une augmentation
de dette, des habitudes de dépenses que nous avons corrigées en
bonne partie, et ce qu'ils ont récolté, c'était le
résultat des décisions dramatiques que nous avons eues à
prendre à l'époque et qui ont fait leur bonheur. Mais, quant
à eux, ils n'ont pas été très actifs en
affaires.
Et j'ai eu l'occasion de démontrer, soit en réplique au
discours sur le budget, soit en réplique au dépôt des
crédits du Conseil du trésor, que le taux d'augmentation des
dépenses, à l'heure actuelle, au gouvernement, surtout et surtout
parce que ce ne sont pas les salaires qui sont en cause, surtout pour les
dépenses autres que les salaires, était largement
supérieur à celui de l'inflation et que, quand le gouvernement se
vante qu'il contrôle ses dépenses, il ne les contrôle pas du
tout. Pas du tout.
Tout ce que cela peut indiquer, peut-être, c'est qu'au fond, au
lieu de faire faire ce qu'il a à faire par ses employés, il le
fait faire par des contrats externes, mais, quoi qu'il en soit, le taux de
progression des dépenses du gouvernement dépasse largement le
taux de l'inflation. Je tenais à le rappeler. Quand on parle du lourd
héritage, je pense qu'après six ans de pouvoir on ne peut pas
parler sans arrêt du passé pour tout excuser de son incurie
actuelle.
M. le Président, je voudrais poser aussi une question au ministre
des Finances, parce que, dans une déclaration du premier ministre, il a
été question qu'effectivement les dépenses en ce qui
concerne, je suppose, l'aide sociale, dépasseraient pour l'année
- enfin, j'aimerais avoir des précisions sur la déclaration du
premier ministre - tes prévisions budgétaires de quelque 200 000
000 $. Dans un endroit, j'ai vu 300 000 000 $, peut-être avait-on
exagéré de la part de la presse, mais j'ai vu, dans un article,
200 000 000 $. SI le ministre ne sait pas de quoi je parle, je peux le ramener
à un article du Journal de Québec, du samedi 28 septembre
- ce n'est pas très vieux - qui titrait: "200 000 000 $ de
dépenses de plus". Ce qui est déclaré, en titre: "L'aide
sociale et les intérêts sur la dette ont gonflé jusqu'ici
les prévisions de dépenses du gouvernement de 200 000 000 $,
comparativement aux prévisions, pour l'exercice financier 1991-1992.
C'est la déclaration de M. Bourassa, qui a dit que, néanmoins, il
ne voulait pas corriger ou modifier les prévisions du budget de
1991-1992.
Je voudrais savoir si, au fond, ce matin, il est d'accord avec le
premier ministre, s'il maintient toujours ses prévisions
budgétaires et, en l'occurrence, si c'est exact que les dépenses
ont augmenté ou augmenteraient de 200 000 000 $ au titre de l'aide
sociale et du service de la dette, quels sont les budgets des autres
ministères qui seront coupés pour équilibrer,
rééquilibrer le budget du gouvernement? Je pense que c'est une
question quand même assez importante, parce qu'à ce stade-ci,
même si les prévisions sont préliminaires, il s'agit d'un
seul trimestre, il reste que 200 000 000 $ de plus à l'aide sociale,
c'est quand même important.
J'aimerais avoir des précisions de la part du ministre, à
savoir s'il est d'accord avec le premier ministre ou bien s'il infirme ou s'il
corrige, en quelque sorte, les déclarations du premier ministre.
Même s'il le fait délicatement, pourrait-il néanmoins
affirmer, confirmer, infirmer, corriger, comme on voudra? Il reste que
ça me semble un peu différent de ce que le ministre nous a dit
tout à l'heure, bien qu'il ait admis qu'à l'intérieur du
ministère, il pourrait y avoir des modifications d'un ministère
à l'autre en ce qui concerne les données budgétaires.
Alors je lui demande de m'indiquer où. Le montant de 300 000 000 $
venait d'une dépêche de La Presse. Parce que La Presse
disait ou titrait: Québec va tenter de réduire ses
dépenses de 300 000 000 $ pour réduire, pour rentrer dans ses
prévisions budgétaires. Alors nous parlons donc d'une somme de
l'ordre de 200 000 000 $ à 300 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, j'aimerais bien savoir: Est-ce que vous avez terminé vos
remarques préliminaires et que vous engagez le débat avec M. le
ministre?
M. Léonard: Bien j'avais 20 minutes. Ça va, je
termine.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Vous pouvez prendre vos 20
minutes au niveau des remarques. C'est parce que M. le député de
Saint-Louis m'a demandé la parole et j'aimerais savoir si,
effectivement, il y a des remarques préliminaires.
M. Léonard: Mais je pense que... M. le Président,
on s'est entendu qu'au départ. II y avait une Intervention...
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais parce que je
croyais...
M. Léonard:... et du ministre des Finances et du
critique.
Le Président (M. Lemieux):... que vous vouliez engager le
débat par la nature de votre question.
M. Léonard: Ah! bien...
Le Président (M. Lemieux): C'est simplement la
précision que je voulais avoir, M. le député Labelle.
M. Léonard: Je vais donc...
Le Président (M. Lemieux): Vous terminez vos remarques
préliminaires.
M. Léonard:... terminer mes remarques
préliminaires...
Le Président (M. Lemieux): Çava.
M. Léonard:... et le député de Saint-Louis,
qui veut protéger son ministre et veut être un pare-chocs pour son
ministre...
M. Chagnon: II le fait bien.
Le Président (M. Lemieux): Je pense que le ministre des
Finances n'a pas besoin de pare-chocs, M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je pense que vous
devez laisser aller les débats. Ce n'est pas une expression
antiparlementaire. J'ai le droit
de l'utiliser. Alors, je ne vols pas pourquoi...
Le Président (M. Lemieux): Alors la parole est à
vous, M. le député de Labelle.
M. Léonard: ...vous passez des remarques et vous
m'interrompez, M. le Président.
Alors, M. le Président, je termine quand même ces remarques
préliminaires. La situation est urgente et, malgré l'optimisme
que manifeste le ministre des Finances, nous devons lui dire et attirer son
attention sur le fait que l'économie en est restée pratiquement
à son creux. Les indicateurs qu'il mentionne, dans lesquels il veut lire
une progression ou un espoir, il y en a effectivement, mais très,
très légers et, au fond, nous sommes toujours au creux de la
vague, une vague qui risque, encore une fois, d'être triste et de se
creuser davantage lorsque, le 1er janvier, il va maintenir sa décision
d'imposer la taxe sur les services, la TPS québécoise sur les
services qui va, encore une fois, donner un second coup à
l'économie au moment où elle n'a même pas repris son
souffle, qu'il n'y a même pas de reprise significative en vue.
Je voudrais encore une fois dire au ministre que, quand il parle du
lourd héritage du passé, chacun peut parier de son lourd
héritage: celui que nous avions reçu du gouvernement, sa dette
qu'il avait accumulée en 1976, qui était considérable, son
'habitude des déficits, son habitude de faire des dépenses qui
augmentaient au rythme de 15 % par année à l'époque. Nous
avons eu à rectifier le tir et chacun l'a fait du mieux qu'il a pu. Et
je pense là-dessus que, six ans après avoir repris le pouvoir, il
doit arrêter de parler de ces héritages parce que, s'ils avaient
posé les gestes qu'il y avait à poser, la situation serait
corrigée. De toute façon, lui aussi a à faire face
à une crise économique. Nous le regardons agir.
M. le Président, voilà, j'arrête en ce qui concerne
ces remarques préliminaires et j'aurai des questions à poser par
la suite au ministre des Finances.
Le Président (M. Lemieux): M. ministre des Finances, vous
avez 10 minutes de réplique.
M. Gérard D. Levesque (réplique)
M. Levesque: M. le Président, il est évident que,
lorsqu'on est assis sur un fauteuil de l'Opposition, on doit normalement, selon
l'usage antique et solennel, tâcher de trouver les fissures, les
imperfections, les lacunes, et je pense bien que le député de
Labelle a suivi dans la tradition et je ne peux pas l'en blâmer.
Cependant, de notre côté, c'est notre devoir de rétablir
les faits également et j'ai pris quelques notes ici pour peut-être
rappeler à l'honorable député et à cette commission
qu'il y a des points qu'il est important de souligner. D'abord, lorsque le
député de Labelle parle du programme de relance annoncé
par le premier ministre, au mois de janvier, il dit que tout le monde l'a
oublié. Je pense que, n'eût été de ce programme, la
récession aurait été encore plus dure. Je suis convaincu
que les 16 000 ménages qui devraient normalement profiter du programme
Mon taux, mon toît, n'ont pas oublié l'importance de l'aide
apportée par l'État. D'ailleurs, comment le député
de Labelle peut-il oublier une mesure que le chef de l'Opposition qualifiait de
positive, d'excellente même? C'est un trou dans la mémoire du
député de Labelle qui me surpend, parce que, normalement, il a
une mémoire excellente et il a souvent une objectivité qui ne
concorde pas avec ce qu'il a dit à ce sujet. Cela étant dit, ce
n'est pas méchant de dire ça, c'est la façon la plus
parlementaire dont je pouvais rétablir les faits dans ce
cas-là.
Deuxièmement, lorsque le député de Labelle revient
sur le lourd héritage que j'avais mentionné, en disant que, dans
les années très éloignées, disons il y a 20 ans et
plus ou il y a 15 ou 20 ans, à ce moment-là, il y avait une
augmentation des dépenses qui a précédé leur
arrivée au pouvoir en 1976, je dois rappeler à l'honorable
député qu'à ce moment-là il y avait des surplus au
solde du compte courant, c'est-à-dire que nous payions nos
dépenses courantes. Même s'il y avait une augmentation des
dépenses, il y avait ce souci de ne pas dépenser plus que nous
n'avions les moyens de le faire. En effet, en 1970-1971, un surplus de 302 000
000 $ au compte courant; en 1971-1972, 305 000 000 $ de surplus; en 1972-1973,
353 000 000 $, et ainsi de suite; en 1974-1975, ça a monté
jusqu'à 486 000 000 $ de surplus au compte courant. Dans toutes les
années du premier régime de M. Bourassa, même s'il y avait
des augmentations de dépenses, il y avait toujours un surplus des
revenus sur les dépenses au compte courant. alors, ce n'est pas
ça qu'on... lorsque je dis qu'il y a un lourd héritage à
porter, c'est justement cet héritage qui est constitué
d'excès de dépenses courantes qui ont dû être
soldées, d'une certaine façon, par des emprunts à long
terme. et c'est là qu'on a dit que ce gouvernement, de 1976 à
1985, avait dépensé, emprunté, emprunté à
long terme, hypothéqué pour payer des dépenses
d'épicerie. alors, c'est tout ce que je voulais dire. je ne voulais pas
en dire plus ni moins. il est important qu'ensemble nous essayions de revenir
au moins à l'équilibre. ce serait bien d'avoir un surplus
à ce chapitre-là pour essayer de commencer à payer un peu
sur les dépenses de capital, mais au moins qu'on arrive à un
équilibre. c'est notre ambition d'y arriver. je suis convaincu que je
n'aurai pas de difficulté à convaincre le député de
labelle, lui qui a une connaissance des chiffres, qui a une connaissance de
l'importance de finances saines. il doit, à mon sens, comprendre que cet
objectif-là, il doit lui-même le partager, même si
l'ensemble de son parti ne le partage pas nécessairement. (10 h
45) cela étant dit, il y a un autre point que j'aimerais aborder, c'est
celui de la tvq. d'abord, encore là, je me sens à l'aise d'en
discuter avec le député de labelle qui sait que son parti, dans
son propre programme, privilégie une taxe sur la valeur ajoutée
pour remplacer la taxe traditionnelle au québec, mettant l'accent sur la
consommation plutôt que sur la production. taxer la consommation
plutôt que taxer la production. c'est ça qui a été
au livre blanc, c'est ça qui a été la politique du parti
auquel il adhère et cela se retrouve dans son programme. lorsque nous en
avons discuté, le député de labelle et son parti ont dit:
oui, c'est vrai, cependant il y aurait peut-être moyen de moduler les
taux de taxation selon les articles visés.
Quant à nous, nous avions plus de difficultés dans le
contexte d'aujourd'hui et ça aurait été la même
chose pour le député de Labelle s'il avait été
à ma place. Nous voulions d'abord faire en sorte d'harmoniser afin
justement d'éviter cette jungle que nous appréhendions lorsque le
gouvernement fédéral a décidé
unilatéralement d'entrer dans un champ traditionnellement occupé
par les provinces. Ce n'est pas nous qui les avons invités à
venir s'installer là. Ils sont venus d'eux-mêmes. Nous avons
résisté à cette intrusion-là aussi longtemps que
nous avons pu le faire, bien que nous comprenions cependant, en toute justice,
que la taxe au niveau du manufacturier, cette taxe invisible de 13,5 %
était néfaste; néfaste pas seulement pour le Canada mais
pour le Québec tout particulièrement à cause de
l'importance des exportations québécoises.
Alors, c'est clair que nous étions d'accord pour que le
fédéral enlève cette taxe de 13,5 % et la remplace, mais
pas nécessairement de la façon qu'il l'a fait. Mais, une fois
qu'il avait fait son nid ou son lit, il a fallu, à ce moment-là,
que nous prenions acte que le gouvernement fédéral avait
posé ce geste. Lorsqu'il l'a fait, nous avons pris les mesures les
meilleures dans l'intérêt du Québec; peut-être pas
populaires à court terme, si vous voulez, mais des mesures qui, à
notre sens, allaient favoriser, à moyen et long terme, l'économie
du Québec. Et nous l'avons fait aussi avec une vue d'autonomie en
prenant, à ce moment-là, des décisions qui nous
permettaient de nous assurer de l'administration de l'ensemble de ces taxes
fédérales et provinciales au Québec. Telle
qu'annoncée en août 1990, la réforme de la TVQ comporte
deux phases: la première, en janvier 1991, impliquait un
élargissement de l'assiette aux biens auparavant exemptés et une
baisse du taux de 9 % à 8 %. La seconde, en janvier 1992, se traduirait
par un élargissement de l'assiette aux services et la détaxation
des intrants des entreprises. La baisse additionnelle du taux de 8 % à 7
% prévue dans le projet initial, elle n'aura pas lieu, suite au dernier
budget. ce projet devaft amener une hausse temporaire du taux d'inflation de
0,4 %. c'est ça qui répond à la question du
député. toutefois, à moyen terme, (es
bénéfices de la réforme se traduiront par une hausse de la
production et de l'emploi. lorsqu'on parle du conference board, qu'est-ce que
le conference board dit, entre autres, des principaux bénéfices
de cette réforme-là? il dit: la détaxe des intrants, en
janvier 1992, réduira les coûts de production et accroîtra
la capacité concurrentielle des entreprises québécoises.
le conference board, dans ses dernières prévisions
économiques, dit ceci: le nouveau régime des taxes
conférera des avantages importants aux entreprises
québécoises en termes de compétitivité sur les
marchés. les entreprises auront un avantage comparatif notable à
produire au québec plutôt qu'en ontario, par exemple. la
détaxe des biens d'investissement réduira le coût du
capital et aura pour efffet - toujours selon le conference board - de stimuler
les investissements. ceci permettra un renforcement de la structure
industrielle en bénéficiant notamment aux industries les plus
intensives en capital.
De plus, la réforme entraînera des économies
Importantes pour les entreprises qui n'auront pas à se conformer
à deux régimes de taxation différents et pour les
gouvernements, suite à l'accord de perception et d'administration de la
TPS par le gouvernement du Québec. Cette conclusion du Conference Board
quant aux bénéfices structurels de la réforme de la TVQ
n'est guère surprenante. Bien avant lui, un grand nombre d'organismes
d'envergure avaient soutenu la démarche du gouvernement du
Québec. Et j'ai une liste ici de tous les organismes qui ont
appuyé la démarche, qui nous ont même demandé de
poser ce geste-là et qui ont accompagné le gouvernement dans
cette démarche. Je pourrais vous parler de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, du Conseil du patronat du
Québec, du Conseil canadien du commerce de détail, de
l'Association des manufacturiers canadiens, de l'Institut CD. Howe, du Conseil
canadien des chefs d'entreprise, de l'Institut canadien des comptables
agréés. S'il y a un corps ou un institut...
Une voix: Respectable.
M. Levesque: ...oui, respectable, d'après au moins les
critères que pourrait avancer le député de Labelle, c'est
sûrement l'Institut canadien des comptables agréés. La
Chambre de commerce du Québec, l'Association des voyageurs de commerce
du Canada, le Canadian... Ah! toute une série. Je vais vous dispenser de
lire la liste des Institutions, des organisations et des organismes qui
appuient cette politique du gouvernement du Québec. Même si je
dois admettre qu'à
certains moments ce n'est pas une politique facile à vendre,
c'est une politique qui va aider l'économie du Québec, qui va
aider les emplois.
D'ailleurs, j'ai à vous dire une chose; c'est que les autres
provinces devront suivre et - écoutez-moi bien - dans un avenir pas trop
éloigné, parce qu'elles ne pourront pas faire face à cette
concurrence-là. D'ailleurs, la Saskatchewan a déjà
indiqué qu'elle procédait, qu'elle suivait notre exemple;
l'île-du-Prince-Édouard également. D'autres provinces
devront le faire dans les mois qui viennent et, finalement, nous aurons
été un peu plus rapidement que les autres, mais, en même
temps, cela nous aura permis de prendre l'administration de ces taxes à
la consommation.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Labelle.
M. Léonard: Avant de passer, je suppose, ta parole au
député de Saint-Louis, est-ce que je peux poser une question au
ministre des Finances qui a parlé de l'Ordre - respectable - des
comptables agréés? Est-ce qu'il partage, lui, l'avis de la
respectable Corporation des concessionnaires d'automobiles du Québec qui
a quelques réticences à sa politique de TPS
québécoise?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Oui, je ne suis pas sans savoir que cela a fait un
tollé général. J'ai accepté de recevoir tes
représentants de ces groupes. J'ai demandé aux officiers du
ministère, aux hauts fonctionnaires, de faire une étude
exhaustive de ces revendications-là. J'ai reçu des tonnes de
correspondance. J'ai reçu des représentations des membres de
l'Assemblée nationale. Enfin, on est en train de regarder ça.
M. Léonard: Est-ce que les études vont être
rendues publiques, là-dessus?
M. Levesque: Les études! Ce n'est pas des études.
C'est une décision qui va être rendue publique, c'est sûr,
quand elle sera prise. Comme le député de Labelle, dans
l'Institut des comptables, moi, je suis peut-être plus identifié
à l'autre groupe. Ça me met un peu mal à l'aise. J'ai
demandé que l'on regarde ça sans trop m'impliquer dans cette
étude-là. Je veux absolument éviter toute apparence de
conflit. Alors, je me tiens le plus éloigné, un peu comme M.
Parizeau qui nous disait que, dans les assurances, il se tenait un petit peu
plus loin; alors, dans ce domaine-là, j'essaie d'être juste.
Cependant, je ne veux pas non plus être injuste, mais je veux me tenir le
plus loin possible de toutes ces considérations, sans abdiquer mes
responsabilités. C'est difficile, je vous l'assure. J'avais songé
même, à un moment donné, à appeler le
député de Labelle pour qu'il me donne des suggestions.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Labelle? Vous avez terminé, M. le ministre? M.
le député de Saint-Louis.
Période de questions Réduction du
déficit
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Une courte question au
ministre des Finances. Le ministre des Finances nous a exposé comment il
était préoccupé par la question non seulement
financière, mais la question du déficit et
particulièrement du déficit au solde courant annoncé en
1991-1992. Si mon souvenir est bon, page 29, au budget, le ministre nous avait
indiqué, au mois de mai, au moment du discours sur le budget, qu'il
entendait diminuer à zéro le déficit du solde courant dans
les deux années qui suivraient la récession. Le ministre nous a
aussi redit son assurance que nous étions à la fin de la
récession, que nous étions en train d'en sortir.
Compte tenu de ce qu'on a vu dans le premier bilan, le bilan du premier
trimestre de nos activités financières, est-ce que le ministre
maintient cette affirmation qu'il avait au budget à l'effet que sa
volonté était, dans les deux années suivant la fin de la
récession - donc, je présume 1992-1993, 1993-1994 - de ramener
à zéro le niveau de déficit du solde courant, tel qu'il
l'exprimait au moment du discours sur le budget?
M. Levesque: En effet, ça demeure notre objectif. Nous
avons même mis sur pied des comités qui sont à l'oeuvre
présentement pour essayer d'identifier des avenues où on pourrait
encore diminuer les dépenses du gouvernement. C'est très
difficile de penser qu'on peut le faire du côté de la
fiscalité. On sait comment nos critiques nous reprochent toute
augmentation de ce côté-là et nous n'avons aucun goût
pour augmenter la fiscalité. Au contraire, nous avons prouvé, au
cours des années, que nous étions plutôt tournés
vers la réduction des impôts, étant donné
l'importance de demeurer compétitif. D'ailleurs, l'impôt sur le
revenu, vous le savez, nous l'avons réduit. Nous ne l'avons jamais
augmenté. Nous avons continué l'indexation qui est une autre
façon de diminuer l'impôt plutôt que de l'augmenter. Du
côté des taxes à la consommation, nous les avons
augmentées, mais nous n'avons aucunement l'intention, comme
priorité, d'augmenter des taxes. Il faut toujours voir, à mon
sens, s'il n'y a pas lieu de diminuer des dépenses.
Une autre voie, évidemment, c'est la voie qui a été
empruntée par certains gouvernements, sans que je les nomme, d'augmenter
les déficits, mais ce n'est que reporter le problème à
plus
tard et, en le reportant, on l'intensifie, on l'augmente avec
l'accumulation des intérêts, des charges diverses, de sorte que,
pour le Québec, quel que soit le gouvernement qui a à diriger
cette province ou quelle que soit la nature de la constitution qui sera ou qui
est la nôtre, je pense que, de toute façon, quels que soient les
événements qui nous attendent, il va falloir donner un coup de
barre sévère.
Nous avons, comme disait M. René Léves-que... Je me
rappelle encore, en Chambre, lorsqu'il disait ça et je suis convaincu
que certaines de ses troupes ne trouvaient pas ça drôle, mais il
était arrivé à cette conclusion: Nous vivons au-dessus de
nos moyens, et il le répétait particulièrement, non pas
dans les années 1976, 1977, 1978, 1979, mais dans les années
1982, 1983, 1984. Il était convaincu que le Québec vivait
au-dessus de ses moyens et il a vécu plusieurs années au-dessus
de ses moyens. Et là, bien, c'est ça que nous avons aujourd'hui.
Au lieu d'avoir un service de dette de 500 000 000 $, nous avons un service de
dette de 6 000 000 000 $ et plus. C'est ça qu'il est difficile
d'accepter.
Alors, pour revenir à votre question, si on ne peut pas trop se
retourner vers le déficit, qui est nécessairement des taxes pour
demain plutôt que des taxes d'aujourd'hui, reporter à une autre
génération nos problèmes, si on ne va pas dans cette
voie-là, si on voit qu'il est très difficile d'aller du
côté de la fiscalité, à moins d'y être
réellement contraints, il reste quoi? Le contrôle encore plus
sévère des dépenses. Et, à ce moment-là,
ça veut dire des sacrifices, évidemment, pour certaines
clientèles qui devront accepter. (11 heures)
M. Chagnon: En additionnelle, M. le ministre des Finances. Vous
savez qu'à tout le moins je partage cette hantise du niveau malsain de
la vitessse de croissance de nos dépenses publiques et aussi de notre
niveau de déficit. Je suis hanté et très
préoccupé par le modèle économique qu'on
s'apprête à bâtir puis à laisser aussi pour nous
autres, qui avons moins de 40 ans, sans compter ce qui va arriver à nos
descendants.
M. le ministre, vous nous avez parlé que cette volonté de
ramener le déficit du solde courant sur les deux prochaines
années s'établissait sur des travaux de comités qui sont
actuellement en fonction, en marche, tant au niveau de la haute fonction
publique qu'au niveau du caucus, entre autres, ministériel. On sait que,
les années passées, il y a eu des travaux faits par des
comités qui ont révisé la structure des programmes
gouvernementaux. Ils ont fait de la révision de programmes, les
comités de révision de programmes. On sait aussi comment il est
difficile, par ce biais-là, d'arriver au niveau de coupures, entre
autres, ou de diminution de la dépense de l'État qui est
annoncé au budget.
Si je me souviens bien, au budget, on annonçait 1 200 000 000 $
pour l'an prochain, sauf erreur, et, si je me rappelle bien aussi, au budget,
on annonçait 460 000 000 $ de récupération à partir
du comité de révision de programmes qui a été mis
sur pied l'an dernier. Les écarts entre les deux, tout en admettant
qu'ils soient réduits cette année, compte tenu de la
multiplication du nombre de comités, est-ce qu'ils n'amènent pas
le ministère des Finances à regarder, de façon plus
draconienne, une approche, une orientation qui pourrait faire en sorte de
l'amener, lui, à faire que ces objectifs de réduction de
dépenses puissent obligatoirement être entendus et
respectés?
M. Levesque: La méthode coercitive, vous voulez dire, ou
législative? Rien n'est exclu, mais je préfère attendre le
résultat de ces travaux qui se poursuivent, comme vous l'avez
mentionné, au niveau de la haute fonction publique et au niveau du
caucus. Les comités mis en place devront nous faire rapport. Et, comme
il s'agit de quelque chose qui touche des années ultérieures,
nous avons encore un peu de temps pour revoir la situation. Je tiens note,
cependant, de votre préoccupation que je partage grandement, parce que,
si on n'arrive pas à le faire de la façon que nous avons choisie
jusqu'à maintenant, II va falloir explorer toutes les autres avenues
afin d'arriver au résultat que nous voulons atteindre.
Vous savez, le député de Labelle disait tout à
l'heure: Vous avez dépensé un peu trop encore, parce qu'on a
dépensé au-delà de l'inflation. Mais je dois dire qu'on a
fait des progrès immenses en dépensant moins que l'augmentation
du PIB. C'est important, parce que c'est situé très peu au-dessus
de l'inflation. Si je regarde avec les dépenses sur base comparable en
1986-1987, 1987-1988 jusqu'à, disons. 1991-1992, pour 1987-1988, les
dépenses, l'augmentation est de 5, 2 %, taux d'inflation au Canada, 4, 4
%. Variation en pourcentage pour 1988-1989, les dépenses. 5, 9 % par
rapport à 4 % d'inflation; 6, 3 % en 1989-1990 par rapport à 5 %.
C'est en 1990-1991 que l'écart a été plus
considérable, mais ramené, dès 1991-1992, à 6, 4 %
d'augmentation de dépenses par rapport à une Inflation au Canada
de 6, 2 %.
Alors, au cours de toutes ces années-là, nous sommes
restés près de l'inflation et généralement plus bas
que l'augmentation de l'économie, c'est-à-dire du PIB. Alors,
dans les circonstances, je pense que des efforts considérables ont
été faits jusqu'à maintenant pour réduire les
dépenses du gouvernement. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de la place pour
encore réduire, au contraire.
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Je remettrai la parole
au député de Labelle.
Le Président (M. Lemieux): m. le député de
labelle.
M. Léonard: m. le président, le ministre, tout
à l'heure, n'a pas répondu à la question que je lui ai
posée sur la déclarationdu premier ministre à l'effet que
l'assistance sociale...
M. Levesque: Ah! O. K.
M. Léonard: Mais je ne voudrais pas prendre 10 minutes
là-dessus, parce qu'il me semble que ça se répond assez
rapidement.
M. Levesque: Oui, rapidement.
M. Léonard: C'est parce que j'ai d'autres questions
après. Tout à l'heure j'ai posé cette question.
M. Levesque: C'est parce que j'en avais plusieurs, questions.
Alors, peut-être que celle-là m'a échappé, mais je
puis y répondre tout simplement. C'est vrai qu'il y a des
dépassements qui peuvent être envisagés à ce
moment-ci, comme à chaque année. Le premier ministre a
parlé de certains items qui pourraient faire l'objet de
dépassements, particulièrement dans l'aide sociale.
M. Léonard: II y a deux manchettes, là. C'est 200
000 000 $ ou 300 000 000 $. Est-ce que c'est entre 200 000 000 $ et 300 000 000
$?
M. Levesque: Oui, mais, à l'époque, au 30 juin, ce
n'était pas le cas. C'est pour ça que la synthèse ne
mentionne pas de dépassements. Vous vous rappellerez qu'à
l'automne 1990 on avait parié de dépassements également -
vous vous en rappelez de ça - qui n'apparaissaient pas à la
synthèse du 30 juin 1990.
Ce que je veux vous dire, c'est que chaque année il y a des
dépassements, mais nous essayons de les régler, comme l'a
Indiqué le premier ministre, par des périmés que l'on
retrouve ailleurs dans l'exercice financier. Le premier ministre a
mentionné la main-d'oeuvre, sécurité du revenu et
formation professionnelle, ce point-là. Il est vrai qu'il y a des
augmentations, une hausse de la clientèle que nous notons. Les secteurs
de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes, de
l'enseignement collégial et universitaire et les coûts de l'aide
financière aux étudiants sont plus élevés que
prévus. Et ceci, on m'indique que c'est souvent quelque chose qui se
produit, particulièrement avec l'effort que nous faisons de ce
côté-là, qui se fait au moment où les gens peuvent
perdre leur emploi. À ce moment-là, ils vont recourir davantage
à cette forme de recyclage, si vous voulez.
Il y a aussi la santé qui est toujours là. Lorsque le
député parle d'augmentation des coûts, s'il enlevait
l'augmentation des coûts de la santé, il verrait que
l'augmentation des dépenses du gouvernement est inférieure
à l'inflation.
C'est seulement dans le domaine de la santé, ce qui nous
mène au-delà de l'inflation, mais si ce n'était pas de
l'augmentation des coûts de la santé, regardez tout ce qui est
arrivé dans tous les ministères et vous verrez que, globalement
parlant, généralement parlant, nous nous en sommes tenus à
une rigueur remarquable. Et ça, nous faisons des efforts
considérables de ce côté-là, justement pour
essayer... Est-ce que vous m'interrompez?
M. Léonard: C'est parce que j'avais commencé
à poser une question et vous m'aviez dit que vous vouliez
répondre tout de suite à la première, mais vous prenez 10
minutes pour répondre à cette seule question.
M. Levesque: Ah bien! non, je peux attendre.
M. Léonard: C'est parce qu'à un moment donné
on peut bien écouter...
M. Levesque: Mais ça ne me fait rien. Je pensais que je
vous faisais plaisir en développant une réponse un peu plus
longue, mais je peux attendre.
M. Léonard: Oui, mais je connais bien vos galipettes
parlementaires, alors...
Le Président (M. Lemieux): M.le
député de Labelle.
M. Léonard: Je pense que, finalement, vous confirmez les
200 000 000 $ à 300 000 000 $.
M. Levesque: Non, non, je n'ai pas...
M. Léonard: Si la déclaration a été
faite le 28 septembre, elle n'a pas été faite au 30 juin, mais je
suppose que...
M. Levesque: Je n'ai pas confirmé de chiffres. J'ai
simplement dit que ces chiffres-là peuvent s'interpréter dans une
situation qui se répète d'année en année. Il y a
des augmentations à certains postes, des diminutions à
d'autres... C'est sûr que je confirme qu'il y a des changements qui se
font régulièrement. Ça ne veut pas dire que nous ne
pourrons pas, au cours de l'année, y faire face.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M.le
député de Labelle, vous avez 10 minutes en une ou plusieurs...
mais je veux que vous compreniez que chaque fois que M. le ministre des
Finances prend la parole, suite à une de vos questions, il a un droit de
réplique de 10 minutes. Il est dans son droit. Il était dans son
droit tout à l'heure.
M. Léonard: Qu'il me les laisse poser et qu'H ne
m'interrompe pas après chacune des questions pour après prendre
10 minutes. Alors, là, je pense qu'il y a quelque chose qui va se
passer, c'est-à-dire qu'il va arrêter de m'inter-rompre quand je
parle, dans ce cas-là, et il parlera 10 minutes après. O.K.? On
s'entend là-dessus?
Le Président (M. Lemieux): Non, mais je voulais simplement
vous faire valoir qu'il était dans son droit.
M. Léonard: Je voudrais revenir...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
Les propositions constitutionnelles du gouvernement
fédéral
M. Léonard: ...à une question qui en entraîne
une autre nécessairement, M. le Président. Son collègue,
M. Tremblay, a fait des déclarations sur l'urgence d'agir, compte tenu
de la situation économique actuelle. Et, à mon sens, c'est
constater une chose qui avait déjà été
soulevée par l'Opposition il y a un an et demi, à l'effet que la
récession s'en venait. Le ministre lui-même n'a admis les signes
de ralentissement économique que six mois après le début
de la récession, l'an dernier. Mais quand même, à ce
stade-ci de la situation qui est extrêmement grave sur le plan
économique, il y a eu une suggestion qui a été faite, qui
était de réduire les cotisations d'assurance-chômage des
entreprises qui font de la formation professionnelle, ce qui ressemble
étrangement à la proposition qu'avait faite le chef de
l'Opposition au cours de la dernière élection, de créer un
fonds pour faire de la formation professionnelle. Outre le fait que la solution
du ministre de l'Industrie et du Commerce fait appel au gouvernement
fédéral qui, en l'occurrence, est responsable de
l'assurance-chômage, il y a lieu de penser que l'approche du ministre des
Finances, actuellement, qui mise sur des abris fiscaux pour stimuler les
dépenses de formation professionnelle, ne donne pas les résultats
escomptés. C'est ce qu'il faut conclure des déclarations de son
collègue.
Est-ce que le ministre des Finances compte revoir son approche en
matière de formation professionnelle suite aux critiques de son
collègue? Est-ce que le ministre des Finances compte proposer de
nouvelles mesures pour stimuler les efforts en matière de formation
professionnelle ou s'en remettre, comme son collègue de l'Industrie et
du Commerce, au gouvernement fédéral uniquement? Parce que, quand
il parle d'assurance-chômage, ça veut dire qu'H ne peut rien
faire. Disons que la même approche a conduit à des
résultats lamentables en ce qui concerne la recherche et
développe- ment, je le souligne. Est-ce que le ministre des Finances
partage l'avis de son collègue sur la nécessité d'inciter
davantage les entreprises à investir en formation professionnelle,
compte tenu, finalement, que, si les résultats ne sont pas bons...
Est-ce qu'au moins il partage l'opinion de son collègue en formation
professionnelle, à savoir qu'il faut investir de façon
considérable comme il faut investir en recherche et
développement, alors que les objectifs que s'était fixé le
gouvernement n'ont pas été atteints, loin de là, lorsqu'il
a créé le Fonds de développement technologique? Alors, je
pense qu'il s'agit là d'une question fort importante.
Par ailleurs, ceci nous amène à poser la question:
Étant donné que son collègue s'en réfère,
lui, au gouvernement fédéral, est-ce que le ministre peut nous
expliquer comment il peut avoir été rassuré, lors de sa
dernière rencontre au gouvernement fédéral, rencontre qui
a eu lieu entre les divers ministres des Finances des divers gouvernements
provinciaux, par les explications qui ont été données face
au dépôt du document sur la proposition constitutionnelle du
gouvernement fédéral? Parce que les journaux ont bien
rapporté qu'il en avait été question. Le ministre est
sorti de là tout bonnement rassuré alors que la très
grande majorité des Québécois s'inquiète de tout ce
qui a été mis sur la table. J'aimerais qu'il nous fasse une
relation entre la proposition de son collègue, le ministre de
l'Industrie et du Commerce, et ces propositions fédérales et
qu'il nous explique comment il peut être rassuré par rapport
à cette offensive sans précédent envers les pouvoirs des
provinces que fait actuellement le gouvernement fédéral. (11 h
15)
Je lui donne l'occasion de s'expliquer parce qu'il y a beaucoup de gens
qui s'interrogent sur la volonté du ministre des Finances de
défendre les Québécois, en l'occurrence, et de
défendre leur gouvernement, le gouvernement du Québec. Je suppose
qu'il ne dira pas fa même chose que lorsque la Consoiidated-Bathurst a
été vendue à Stone Containers aux États-Unis et que
c'est une bonne chose qu'on laisse aller des pans entiers de notre
économie sous contrôle étranger. Est-ce qu'il conserve la
même attitude et qu'en l'occurrence, que les pouvoirs du gouvernement du
Québec soient handicapés par la dernière proposition
consitutionnelle le laisse tout à fait indifférent et que
quelques explications à huis clos derrière des portes peuvent le
rassurer sans qu'il s'explique devant la population du Québec? Il me
semble que nous avons droit à quelques explications.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: Alors, M. le Président, je suis heureux que
le député de Labelle me donne l'occasion d'ajouter quelques
détails à son analyse de la situation, pour employer les mots
les plus parlementaires que je puisse imaginer pour ne pas lui dire
qu'il est complètement dans les patates. Mais ceci étant dit,
j'ai pris connaissance, comme le député de Labelle, des
propositions fédérales. Il faut cependant bien comprendre une
chose avant même de discuter de toute cette question fort complexe qui ne
sera pas décidée aujourd'hui ni demain, ni après-demain.
Il faut bien comprendre une chose, c'est qu'il faut se rendre compte d'une
façon très mature, adulte, objective, que nous sommes assis dans
des chaises complètement différentes, que nous avons des
objectifs complètement différents, que nous approchons cette
question-là avec des antécédents complètements
différents, avec une vision souvent différente.
En d'autres mots, soyons clairs, pour nous, nous voulons donner au
fédéralisme la chance qui lui revient de se prouver le meilleur
choix pour les Québécois et les Québécoises. En
d'autres mots, notre premier choix - ce n'est pas le choix exclusif, mais notre
premier choix - c'est le Canada, notre premier choix c'est le
fédéralisme canadien renouvelé. C'est notre premier choix.
Ça n'exclut pas que, si, à la suite de tous les exercices qui
sont prévus, on arrivait à une conclusion que ce choix
n'était pas celui qui devait être retenu, il n'y aurait pas
d'autres choix pour nous. Dans votre cas, vous l'admettrez, vous n'avez pas de
premier choix; l'indépendance du Québec, la séparation est
votre seul choix. Vous l'avez fait a priori. Alors, il faut que ces deux
choses-là soient dites avant même que nous puissions aborder des
interprétations.
Maintenant, on a reçu ces propositions constitutionnelles; on les
a lues. Qu'est-ce que M. Bourassa a dit au sujet de ce qui vous
inquiète, l'union économique? Il a dit, si ma mémoire est
fidèle, que cela comprenait beaucoup de risques, tel que
présenté. C'est clair, et je partageais son opinion, et je
partage qu'il y a des risques. Mais je dois cependant informer ta population,
quand je la représente quelque part, sur ce que je comprends, ce que je
saisis d'une situation qui m'est exposée et que la population n'a pas
l'occasion d'entendre.
M. Léonard: C'est ce qu'on vous demande de faire.
M. Levesque: Et dès que je fais la moindre allusion
à un fait que je sois plus rassuré en sortant de la
réunion qu'en entrant, je suis immédiatement critiqué, pas
par la population, mais par ceux qui ont déjà fait leur choix. Et
ils n'aiment pas que quelque rapport que ce soit puisse diminuer
l'intensité de leur ferveur et de leur dogme. Comprenez-vous? Alors, on
tire sur le messager qui sort de la réunion parce que ce qu'if dit est
de nature peut-être à rendre (es gens plus conscients de
l'importance de la question en discussion et de l'importance d'aller au fond
des choses.
Quand je suis entré à la réunion des ministres des
Finances à Ottawa, j'avais à l'esprit justement ces risques dont
parlait le premier ministre et je me disais: Est-ce qu'il y a là une
volonté d'un amendement constitutionnel? Est-ce qu'il y a là un
danger de législation unilatérale? Est-ce qu'il y a là un
"power grab", comme dirait M. Mazankowski? Est-ce qu'il y a là une
volonté du gouvernement fédéral de venir s'introduire dans
des juridictions provinciales, de venir me dire comment faire mon budget, de
venir attaquer la Caisse de dépôt et les caisses populaires, le
Mouvement Desjardins, comme certains interprètes l'avaient dit? C'est
sûr qu'en entrant dans cette réunion, après avoir entendu
tous ceux et celles qui s'étaient prononcé là-dessus, je
devais y entrer avec précaution, avec une vigilance extrême et
aussi avec une curiosité de bon aloi.
Ce que j'ai entendu au cours de cette conférence c'est justement
qu'il n'était pas question d'amendement constitutionnel, qu'il
n'était pas question de législation unilatérale, qu'il
n'était pas question de "power grab", qu'il n'était pas question
de quoi que ce soit sinon d'une concertation, d'une consultation, d'une mise en
commun des efforts en vue de mieux planifier l'économie, d'éviter
d'avoir des politiques contradictoires à l'intérieur du pays.
C'est ça que j'ai entendu.
Et, en sortant, est-ce que je ne peux pas le dire ça, ce que j'ai
entendu là? Ou est-ce qu'il faut que je sois absolument injuste,
alarmiste et que je me fasse le devoir de mal interpréter ce que j'ai
compris? Mais ce n'est pas là mon devoir. Mon devoir c'est de dire ce
que j'ai compris à cette réunion. Mais j'ai ajouté: Ce
n'est pas parce que j'ai eu des propos rassurants que je vais m'asseoir et que
je ne surveillerai pas. Au contraire, j'ai dit et je répète: II
faut manifester une vigilance de tous les instants parce qu'il y a, dans ce
document, des choses auxquelles il faut faire attention. Mais je dis -
c'était le but de la réunion, c'était une première
réunion, à la suite de ce document - que je ne pouvais pas sortir
de là en disant que je n'avais pas reçu de propos rassurants et
que je n'avais pas reçu une indication ferme et claire qu'on n'avait
aucunement l'intention d'aller dans la direction qui avait été
dénoncée par plusieurs interprètes de ce document.
Je vais donc continuer à manifester et à montrer de la
vigilance comme tous les autres acteurs dans ce scénario parce que les
intérêts du Québec doivent être sauvegardés et
protégés. Mais cela ne veut pas dire que le Québec ne peut
pas avoir une sensibilité au désir de faire en sorte de mieux
planifier l'économie, de participer à cela. Il ne faut pas
oublier que l'économie canadienne est intimement liée à
l'économie québécoise, à l'avenir du Québec
et au
bien-être de ses employés, de ses travailleurs, de ses
ouvriers. Il ne faut pas oublier que le Québec est une
société, est une province qui exporte ses produits et que la
moitié des produits qu'elle exporte s'en vont dans le reste du
Canada.
Alors, iI faut que l'on soit compétitifs, il faut que l'on soit
ouverts aux échanges entre les diverses provinces du pays. Qu'est-ce
qu'il y a là-dedans, dans l'union économique? Vous l'avez dit
vous-même, vous êtes en faveur du libre-échange. Vous
êtes en faveur du libre-échange entre tous les pays du monde. Mais
pourquoi ne pas avoir le libre-échange également dans le pays,
dans notre pays, toujours, évidemment, avec les caveats, avec la
prudence qui doit nous inspirer? Mais avant de dire à tout le monde
entier: Libre-échange sauf au pays, alors que la moitié de nos
exportations s'en vont dans le pays... Il faut être logique. Il ne faut
pas jouer simplement sur des thèmes, ou des sentiments, ou de
l'émotivité, ou de l'agressivité, mais il faut, à
mon sens, prendre avantage de notre situation stratégique en
Amérique du Nord autant avec le Canada qu'avec les
États-Unis.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances.
M. Léonard: Alors, M. le Président, j'ai bien dit
une chose. Les journaux ont rapporté une chose, c'est que le ministre
s'est dit rassuré. Je ne parle pas des propos rassurants qu'il a eus. Je
comprends qu'en face on veuille tenir des propos rassurants, mais lui s'est dit
rassuré et c'est la question que je lui ai posée: Pourquoi il
était rassuré? Quels ont été les
éléments qui ont été mis sur la table qui font
qu'il a été rassuré? Le ministre parle de
l'émotivité. Je pense que, lui, vient d'en donner une bonne
preuve. Il est parti, il a dérapé sur toutes sortes
d'éléments en disant que nous avions des choix a priori. Lui,
évidemment, ne les avait pas, ces choix a priori. C'étaient les
autres qui les avaient. Je pense que, là-dessus, il pourrait en rabattre
un peu.
Je reviens au fond de la question. Au-delà de toutes les
conversations gentilles qu'il a pu avoir... et j'en connais des anglophones,
ils peuvent être très gentils, il n'y a aucun problème.
J'en ai rencontré des ministres des autres provinces aussi dans des
rencontres intergouvernementales, mais le fond de la question, c'est qu'il y a
une proposition sur la table qui contient un article 15, qui contient un
article 14 et qui contient des propositions sur les cycles budgétaires
au Canada. Et si le ministre veut arrêter de prendre des grandes phrases
et parler de l'émotivité des autres et nous répondre sur
les questions que nous posons... Les pouvoirs du Québec sont mis en
cause par ces propositions. C'est l'avis de tous et c'est mon avis aussi. Et,
à un moment donné, il faut se poser des questions jusqu'où
ça va. Si on doit avoir un débat public, bien, qu'on le fasse, le
débat public. Qu'on ne l'escamote pas sous toutes sortes de
prétextes.
L'article 15 se lit comme suit: Sans que soient modifiées ses
autres compétences législatives, le Parlement du Canada a
compétence exclusive pour légiférer en toute
matière qu'il déclare utile à l'efficacité du
fonctionnement de l'union économique. Et puis, iI y a un vote. C'est
décrit, mais le projet lui-même comporte le fait que le
fédéral va avoir le pouvoir de légiférer et de
déclarer toute matière utile à l'efficacité du
fonctionnement de l'union économique. Je pense que c'est
considérable par rapport à ce qu'il y a actuellement. Le
gouvernement fédéral s'est donné une constitution, en
1982, que le Québec a refusé de signer, vous comme nous.
Maintenant, il fait une offensive majeure pour asseoir ses pouvoirs dans une
autre constitution ou en modifiant la Constitution.
Le ministre, à mon sens, ne peut pas ignorer ce qui est
écrit et dans la proposition et dans le texte économique qui a
été déposé jeudi dernier et qui fixe un calendrier,
par exemple, en ce qui concerne les budgets, le cycle budgétaire. Je lui
rappellerai qu'il s'agit là de modifications drôlement
importantes. Juste pour lui rappeler une chose, c'est que, par exemple, les
conventions de comptabilité seraient communes. Il ne pourrait même
pas jouer, à partir de là, dans la comptabilité de base,
les règles de base de la comptabilité, même les conventions
seraient communes. Je lui signale une chose, c'est qu'il ne pourrait pas
présenter ses budgets de la même façon qu'il l'a fait
depuis 1986 sur ce plan-là. (11 h 30)
M. le Président, il me semble que le ministre doit nous dire
quelles sont les assurances qu'il a reçues, qui l'assure, lui...
Même si c'est un discours rassurant, ça pourrait être
inquiétant. Quelles sont les assurances qui le rassurent? Pourquoi il
s'est dit rassuré au sortir de cette rencontre? Par exemple, par rapport
à l'organisme de surveillance qui est mis sur pied, j'aimerais bien
qu'il nous explique comment if peut être rassuré comme
gouvernement du Québec. Parce que, lorsque l'on lit ce texte -
j'espère qu'il l'a lu, qu'il a lu les deux textes - lorsque l'on lit
cela, on se rend très bien compte qu'il s'agit de l'expression de ce que
pense en particulier la haute fonction publique fédérale par
rapport aux provinces, de leurs objectifs à long terme. Ils sont
exposés dans ce document, surtout le deuxième, très
clairement. Leur analyse est exposée.
J'aimerais qu'ils nous disent, par exemple, si le ministre des Finances
partage ce qui est écrit dans ce document, à la page 30, à
l'effet que les déficits fédéraux sont le fait beaucoup
plus des pressions des provinces que de l'absence de décision du
gouvernement fédéral. Le premier exemple qui a été
donné, c'est cela, page 30 du document économique.
Deuxièmement, que c'est à cause de l'Ontario si les
déficits fédéraux sont augmentés, que
le fédéral, lui, s'exonère de tout blâme en
ce qui concerne la gestion des finances publiques, alors qu'il est de commune
notoriété, partout, que c'est le déficit
fédéral qui a occasionné la hausse des taux
d'intérêt, un déficit fédéral de 30 000 000
000 $, le ministre des Finances n'en parle pas. Il aime mieux parler du lourd
héritage du passé. Mais il y a quelque chose qui se passe
actuellement. Il serait mieux d'avoir une vision claire de ce qui se passe au
gouvernement fédéral et qui a des répercussions sur les
finances publiques du Québec que de toujours mener sa voiture le pied
sur les freins ou en regardant dans le rétroviseur. Mais c'est cela, son
problème, c'est que sa vision, elle est tournée vers le
passé et non pas sur la réalité actuelle et sur les
perspectives d'avenir.
Le document qu'il y a là expose très nettement les
visées du gouvernement fédéral sur l'avenir du pays qu'on
appelle encore le Canada et qui sera le Canada anglophone, si je comprends
bien. Là-dessus, il est clair que les provinces sont réduites
à un rôle d'exécutantes des décisions
fédérales, des orientations fédérales par rapport
à l'économie de l'ensemble. J'aimerais qu'il soit un peu plus
explicite, qu'il réponde à la question. Les assurances...
Pourquoi, lui, il est rassuré? Pas les assurances qu'il a reçues
parce qu'on pourra en juger, si elles sont bonnes ou pas. Mais comment se
fait-il que lui, tout à coup, est rassuré, alors qu'il a lu un
document qui fait main basse sur tous les pouvoirs du Québec
pratiquement, qui met le Québec en tutelle comme les autres provinces
canadiennes, mais qui met le Québec en tutelle? Et puis cela, ça
ne l'inquiète pas du tout.
Je comprends qu'il a un choix qui a été fait a priori, qui
est celui du fédéralisme. Donc, il n'y a rien qui
l'inquiète. Que le fédéral domine absolument toutes les
décisions économiques au Québec... Je comprends qu'on
puisse être fatigué d'agir, mais, là, d'être content
que le fédéral lui-même domine toute la situation, il me
semble qu'à un moment donné il faut se poser des questions.
Est-ce qu'il est d'accord que les propositions fédérales vont
avoir un impact sur ce qu'on peut appeler le modèle
québécois, sur les institutions québécoises que
nous avons créées depuis 30 ans, pas juste notre gouvernement,
mais le sien avec, dans les années soixante, soixante-dix?
effectivement, on peut se poser la question, à lire ce qui est
écrit dans ces documents, à savoir si on pourra faire la
même chose ou si on ne pourra pas, si nos pouvoirs seront
handicapés, si, à l'avenir, dans la mesure où nous aurons
besoin d'institutions de cette nature pour mieux nous équiper et \imer
dans la concurrence internationale, mais surtout nord-américaine,
puisque nous sommes sur ce continent et que l'essentiel de nos échanges
se fait ici, on ne sera pas handicapés pour nous construire des
institutions économiques qui puissent nous aider.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il existe un autre document
au fédéral qui a pu le rassurer quant aux intentions
fédérales et qui fait que ce qu'on lit là pourrait
être modifié autrement? En d'autres termes, un ministre des
Finances qui se déclare rassuré après ce qu'on a lu
devrait avoir quelques raisons, devrait nous les exposer et ne pas partir dans
un grand discours dithyrambique sur le fédéralisme et dire que
tous ceux qui ne sont pas fédéralistes sont des méchants.
C'est à peu près ce qu'il veut nous dire.
Alors, je comprends qu'il parle d'émotivité, mais, quand
j'entends les trémolos sur les Rocheuses, moi, vous savez, ça ne
m'émeut pas non plus, pas du tout, parce que, au fond, ce qui importe,
c'est de nous équiper par rapport à l'avenir. Et l'avenir, ce
n'est pas une progression à tout casser de nos échanges avec le
reste du Canada. L'avenir, c'est une progression considérable de nos
échanges avec les États-Unis; c'est là que ça va se
passer. Alors, sur ce plan-là, je pense que nous posons la bonne
question: Le Québec pourra-t-il se doter des institutions, des
équipements économiques nécessaires pour lutter dans le
contexte de la concurrence nord-américaine, laquelle va être de
plus en plus américaine? C'est ça, la question. Si l'on
crée des institutions comme celles qui sont mises sur la table, on
renforce le Sénat, si je comprends, peut-être, mais je comprends
que c'est cela, on crée un conseil confédéral, on aura un
gouvernement fédéral qui va être à plusieurs
échelons, une course à obstacles en quelque sorte. Dès
qu'il y aura des décisions à prendre dans des situations
d'urgence, on peut se poser des questions.
Je pense que je lui reviens avec une question que je lui ai
posée: Dans le contexte où il est urgent d'agir, comme l'a
souligné son collègue du ministère de l'Industrie et du
Commerce, comment peut-il penser qu'il va pouvoir poser des gestes dans le
contexte où les institutions qui sont annoncées seront
implantées? À moins de dire qu'il ne peut rien faire, ce qui est
le lot de la politique du gouvernement actuel de laisser faire, à moins
de dire, comme son collègue, qu'il faut s'en remettre au
fédéral quand il parle de l'assurance-chômage.
Au fond, ce qu'il doit constater dans le projet fédéral,
dans la proposition fédérale, c'est que le gouvernement
fédéral a dit non à ce qu'ils ont voté à
leur congrès du mois de février dernier; le gouvernement
fédéral a dit un non catégorique. Même dans le
domaine de la formation professionnelle, il s'arroge, même en proposant
de la laisser au Québec, encore le pouvoir de définir les normes
et les objectifs de ce projet, de ce plan en formation professionnelle.
M. le Président, je pense que le ministre peut faire des grandes
déclarations là, mais il y a une question précise qui lui
est posée: Qu'est-ce qui l'a rassuré dans sa rencontre avec
les
autres ministres des Finances?
Le Président (M. Farrah): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, le député de
Labelle parle de formation professionnelle, II parle de recherche et
développement, il relie ça au document fédéral sur
l'union économique. Il me pose des questions directes; c'est une sorte
de macédoine. Je vais essayer de décortiquer ça un
peu.
D'abord, ce qui me semble essentiel, c'est que le document
fédéral est considéré par le député
de Labelle comme un document décisionnel, alors qu'il n'est qu'un
document pour amorcer une discussion. C'est tout ce que c'est, ce
document-là. C'est donner beaucoup plus d'importance à ce
texte-là qu'il ne le mérite, car clairement, clairement, personne
au Québec ne va accepter ce document-là. Personne, aucun
gouvernement et même mieux que ça, aucun gouvernement des
provinces, tel que j'ai compris, moi, dans la réunion que nous avons
eue, ne va accepter ça.
Pourquoi je suis rassuré? C'est parce qu'il n'y a aucun
gouvernement non plus qui adhère à ça; il n'y a aucun
gouvernement provincial qui va adhérer à ça. C'est un
texte pour amorcer une discussion, pour renforcer une union économique.
L'objet de l'exercice devrait être justement de renforcer
l'économie québécoise à l'intérieur d'une
union économique plus efficace. C'est ça que m'inspire, moi,
cette chose-là. Moi, je ne m'attache pas à la phrase en question
qui a été sortie par le député de Labelle dans tout
ce document-là. J'ai eu de partout, autant du gouvernement
fédéral que des provinces, l'assurance qu'il n'était pas
question de procéder de cette façon-là. Et je n'ai
aucunement l'intention, pas plus que les autres provinces...
Vous savez, ce n'est pas rien que le Québec qui n'accepte pas
ça. Pensez-vous que l'Ontario accepterait que le fédéral
vienne lui indiquer comment faire son budget, particulièrement avec la
dernière expérience que nous avons connue?
Il ne faut pas, non plus, s'inquiéter que l'on pense à une
consultation dans le domaine de la préparation des budgets. Ça
s'est toujours fait et ça se fait depuis des années, en tout cas
depuis que je suis ministre des Finances. On se réunit - et c'est
presque devenu institutionnel - à l'automne. On se réunit avant
et après le budget fédéral. On se réunit, par la
suite, après nos budgets des provinces. Il y a là une
consultation. Il y a une concertation qui se fait. Les données sont
accessibles. Ça s'est toujours fait comme ça. Comment
voulez-vous? On ne vit pas en vase clos. On veut avoir les meilleurs
renseignements et les meilleures informations possible.
Je vois ici, dans le document: "Illustration d'un cycle
budgétaire annuel". Mais ça se fait présentement. La
grande partie de ces choses-là, ça se fait, sauf qu'il n'y a rien
de coercitif. On ne veut pas de quelque chose de coercitif. On ne veut accepter
que ce que l'on voudra faire, et quand on voudra le faire, et de la
façon qu'on voudra le faire, mais en tenant compte, cependant, que les
objectifs qui sont énoncés ne sont pas contraires à une
procédure acceptable. qui ne veut pas améliorer
l'efficacité de l'économie canadienne? est-ce qu'il y a quelqu'un
qui est réellement contre ça, quand on sait que les
intérêts du québec sont étroitement liés
à une économie canadienne plus forte? qui veut absolument qu'on
n'ait pas toutes les données disponibles pour préparer nos
budgets? qui veut ça? qui préconise de ne pas tenir compte des
marchés qui sont à notre disposition, ne pas connaître la
situation économique, ne pas connaître les effets que pourraient
avoir telle ou telle politique budgétaire sur l'économie, donc
sur les emplois?
Il me semble qu'il faut être irresponsable pour mettre de
côté les objectifs qui sont louables; simplement que les moyens
d'arriver à ces objectifs-là doivent faire l'objet d'une
vigilance, d'une vigilance sans aucune faille. Lorsque j'ai dit que
j'étais rassuré, c'est que j'ai entendu le ministre
fédéral des Finances, j'ai entendu les autres ministres des
Finances et je suis venu à la conclusion que ce qu'il y avait dans ce
document-là n'était qu'un document de référence qui
serait considérablement modifié au cours des discussions et que
ce qui était essentiel serait préservé pour le
Québec, c'est-à-dire nos droits, notre liberté, notre
Initiative, le meilleur intérêt de nos concitoyens et
concitoyennes. Ça, c'était préservé. Nous allons
faire en sorte que ça le soit, tant que nous serons là, du
moins.
Pour répondre d'une façon encore plus nette, il n'est pas
question pour nous de souscrire à ce document tel que
présenté, tel que rédigé. Mais nous ne mettons pas
de côté les objectifs - et certains objectifs en particulier -
reliés à une meilleure efficacité économique, tout
en protégeant, évidemment, les droits et les
intérêts des Québécois et des
Québécoises.
Pour la question de la formation professionnelle et de la recherche et
le développement, j'ai dit qu'il n'y avait rien de contradictoire entre
ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce a dit et ce que nous
préconisons. Il n'y a rien. Il a parié de l'Importance d'avoir
les outils nécessaires pour développer notre économie. Il
a parié de la structure industrielle. Il a parié de ce que nous
devons faire, à mon sens, à son sens et au sens du gouvernement,
pour tenir compte du nouveau contexte international. Il n'y a rien dans ce
qu'il a dit qui indique que les mesures que nous avons prises
présentement, et qui ont été prises avec la pleine
connaissance du ministre en question et du gouvernement, sur la formation
professionnelle, sur la recherche et développe-
ment... Comment voulez-vous arriver, vous, déjà à
des conclusions, comme député de Labelle, alors que les
résultats ne seront connus que dans un an ou deux ans, lorsque les
sociétés feront les rapports sur le revenu et qu'elles front
réclamer ce que les mesures fiscales leur permettent de faire en
matière de recherche et développement et en matière de
formation professionnelle? (11 h 45)
D'ailleurs, les témoignages que nous avons reçus à
maintes et maintes reprises nous indiquent que nous sommes sur la bonne voie.
Ça ne veut pas dire qu'il y a suffisamment de formation professionnelle,
qu'il y a suffisamment de recherche et développement. Non, nous sommes
d'accord qu'il faut continuer de promouvoir et la recherche et
développement et la formation des travailleurs, l'innovation et que les
moyens que nous avons pris jusqu'à date ne sont pas
nécessairement les derniers que nous allons prendre. Il ne faut pas
être entêté et se fermer les yeux. Ça, c'est
libéral; ça, c'est péquiste; ça, c'est
conservateur; ça, c'est NPD. C'est l'intérêt des
Québécois et des Québécoises, c'est
l'intérêt des travailleurs, c'est l'intérêt de notre
économie québécoise qui doit nous préoccuper, et
nous ne sommes pas fermés à faire des modifications, à
changer, à rajuster le tir, et vous ne trouverez chez moi aucun
entêtement. dès qu'on pourra voir qu'une voie serait meilleure
pour l'intérêt commun, soyez assurés que c'est cette
voie-là que je vais emprunter et que ce n'est pas un parti politique ou
l'autre qui va m'inspirer des choix, dans le sens de le faire par
entêtement. toujours, les actes que nous posons, les gestes que nous
posons, nous les posons dans le meilleur intérêt des
québécois.
Lorsque j'ai parlé de Consolidated-Bathurst, c'est parce que je
pensais que cette transaction-là, telle qu'elle se présentait et
qu'elle devait se faire, n'était pas si négative qu'on a voulu
l'entendre. D'ailleurs, regardez la performance des diverses
sociétés aujourd'hui et pensez aux travailleurs d'usine, pensez
aux travailleurs de telle et telle usine et vous verrez que ce n'est pas la
catastrophe que vous évoquez dans ce qui s'est fait à ce
moment-là, et ces résultats aujourd'hui, particulièrement
dans la période difficile que nous traversons dans les pâtes et
papiers.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Labelle, la parole vous appartient.
M. Léonard: M. le Président, le ministre veut
minimiser l'importance du document qui a été déposé
par le gouvernement fédéral. Je comprends, c'est son
Intérêt de le faire. Je suppose bien que M. Godbout, quand il a
laissé aller l'assurance-chômage au fédéral, ce que,
je suppose, son collègue regrette amèrement aujour- d'hui, le
ministre de l'Industrie et du Commerce, ce n'était pas quelque chose de
très important, mais, aujourd'hui, on se rend compte de l'importance de
ce qu'il y avait là.
M. le Président, je voudrais quand même revenir sur ce qu'a
dit le ministre des Finances. Il a dit qu'aucune province n'a accepté ce
document. Je n'ai pas vu de décision à cet effet de la part du
gouvernement fédéral. Ce qu'il faut constater, c'est qu'il s'agit
là d'un document déposé de façon solennelle par le
premier ministre du Canada à la Chambre des communes qui
siégeait, en l'occurrence. Il a été déposé
de façon solennelle et, donc, le gouvernement fédéral,
même s'il s'agit d'une proposition qui n'est pas définitive, a
quand même indiqué par là ses intentions profondes.
Qu'il veuille en discuter, je pense que cela se conçoit, mais il
faut quand même bien déterminer les lignes directrices de ce
document, et ce que l'on voit, c'est une offensive considérable de la
part du gouvernement fédéral à l'endroit des provinces. Il
faut dire que c'est ça, le fond de la question. Il faut l'admettre.
Quand j'ai lu, tout à l'heure, l'article 15, de l'avis de tous, c'est un
article qui les a surpris, qui a surpris tout le monde parce que, au fond, on
ne s'attendait pas à ce qu'il y ait une telle centralisation des
pouvoirs économiques au Canada. En réalité, on a
laissé dans la Charte, maintenant, l'expression "société
distincte", mais, en contrepartie, on s'est amenés avec un projet
d'union économique considérable.
L'article 15, ce n'est pas quelques lignes dans ce document, ce sont les
lignes les plus importantes de ce document en ce qui nous concerne, en ce qui
concerne l'économie. Oh ne viendra pas ici minimiser, en minimiser la
portée. Les corollaires qui y sont décrits, c'est un
comité de surveillance des ministres des Finances que nous trouvons
aussi exposé dans le document, dont nous trouvons la justification dans
le document économique. Là-dessus, il faut constater qu'il s'agit
là d'une institutionnalisation d'un processus, alors qu'auparavant il
s'agissait de réunions qui se tenaient bona fide sans que ce soit
statutaire. Maintenant, ce sera indiqué dans la Constitution
elle-même. Je pense que le ministre des Finances ne peut pas nous dire
ici tout bonnement: II s'agit d'une proposition qu'on va négocier. Il
s'agit d'une proposition du gouvernement fédéral, importante,
solennelle, qui devra être débattue partout dans le public. On se
donne cinq mois, mais c'est le fond de la question. Si les lignes de fond de ce
document ne conviennent pas, qu'on le dise.
Ce matin, le ministre des Finances vient nous dire que c'est un non
catégorique de tous. J'aimerais l'entendre dire de la part des autres
provinces du Canada et j'aimerais l'entendre dire surtout de la part du
gouvernement fédéral qui, lui, a déposé une
proposition; qu'il dise maintenant qu'il la retire, cette proposition.
Le ministre des Finances ne peut pas dire qu'une telle proposition
n'affecte pas sérieusement nos institutions, n'affecte pas
sérieusement les pouvoirs du gouvernement du Québec. Il ne peut
pas dire cela. Qu'il nous dise ce matin que c'est rejeté
catégoriquement, bien, nous attendrons de voir ce que les autres en
pensent.
M. le Président, je pense qu'à l'heure actuelle ce n'est
pas à mon sens la voie que prend le gouvernement fédéral,
pas du tout. Le document est toujours sur la table. On va en discuter, mais on
va en discuter à partir des lignes directrices qu'il y a dans ce
document. Cette ligne directrice majeure, c'est que le pouvoir
fédéral se réserve le droit ou la compétence
exclusive pour légiférer en toute matière qu'il
déclare utile à l'efficacité de fonctionnement de l'union
économique. Je sais que le ministre des Finances va nous ramener au vote
qui doit être pris par les provinces, mais 7 provinces et 50 % de la
population, ça peut se faire sans le Québec, sans le
Québec. Et ça, je pense qu'aujourd'hui ce serait impossible de
passer une loi créant la Régie des rentes dans ce contexte parce
qu'il y a quelqu'un qui pourrait soulever la question de l'utilité au
bon fonctionnement de l'union économique, en l'occurrence.
Alors, M. le Président, je pense que le ministre des Finances
vient de nous dire - j'en prends acte et j'ai hâte de voir les suites de
cela - que la proposition fédérale ne lui était pas
acceptable, qu'elle devait être rejetée. Mais il n'est pas
allé jusque-là. Il a dit que ce n'était pas acceptable.
Est-ce qu'à partir de là il accepte de négocier, de
discuter avec le gouvernement fédéral des accommodements, mais
des accommodements sur la proposition de fond qui nous est faite et, donc,
qu'il accepte le fond, mais qu'il va discuter sur les modalités? Est-ce
qu'il peut aller un peu plus loin et nous dire que, sur le fond même, la
proposition n'est pas acceptable? Je pense que ça, c'est un point
important.
Deuxièmement, M. le Président, avant de lui céder
la parole, je voudrais lui poser une autre question. Si le gouvernement
fédéral maintenait ses lignes de fond dans le document et qu'il
voulait que la Constitution canadienne comporte les éléments
majeurs de la proposition qu'il a développée, est-ce que le
ministre des Finances, puis même pour d'autres considérations
aussi, pourrait nous dire quand il va rendre public les études qu'un
haut fonctionnaire de son ministère a demandées à tous les
ministères du Québec, sur l'intégration de la fonction
publique fédérale et des institutions du gouvernement
fédéral au Québec? Je parle en particulier de ce mandat
qui a été donné, demandé à chacun des
ministères de réaliser une étude sur la
souveraineté au cours du mois de... La date exacte: le 12 novembre 1990.
Il s'agit de M. Jean-Guy Lebel, qui est chargé du projet au
ministère des Finances, qui a fait faire les études dans chacun
des minis- tères. Ces études ont été faites. Quand
le ministre des Finances veut-il les rendre publiques?
Je pense que, dans les circonstances, compte tenu, justement, des
propositions du gouvernement fédéral sur la Constitution, il
serait approprié que le ministre des Finances dévoile le
résultat des travaux qu'il a demandé de faire dans chacun des
ministères du gouvernement. Alors, qu'il informe, je pense, la
population dans le contexte actuel, il me semble que ça va de soi, parce
que j'entends le premier ministre parler sans arrêt du coût de la
souveraineté. II pourrait parler aussi des avantages de la
souveraineté. Parler des avantages du fédéralisme, iI
pourrait aussi parler du coût du fédéralisme parce que,
s'il y a une chose qui apparaît de plus en plus, c'est que le
fédéralisme est coûteux non seulement dans sa mauvaise
gestion des affaires publiques, mais est coûteux par l'absence et le
blocage des décisions qui devraient être prises compte tenu de
l'urgence de la situation économique.
Le Président (M. Lemieux): M.le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, je ne suis pas responsable
des dossiers constitutionnels comme tels. Je n'apprends rien au
député de Labelle.
M. Léonard: Jean-Guy Lebel est dans votre
ministère.
M. Levesque: Je veux répéter ce que je viens de
dire, si le député n'a pas compris. Je ne suis pas responsable du
dossier constitutionnel comme tel. Le premier responsable est le ministre
délégué au secrétariat aux affaires
canadiennes...
M. Léonard: Aux Affaires intergouvernementales.
M. Levesque:.. Secrétariat aux Affaires
Intergouvernementales canadiennes et, si je me réfère à un
communiqué qui est daté du 6 septembre, je vois ceci: "Lorsque
ces études auront été complétées, le
gouvernement jugera de l'opportunité de rendre l'information publique
dans la mesure où cela ne compromet pas la stratégie
constitutionnelle du Québec. Il s'agit là d'une règle
normale pour tout gouvernement responsable qui doit se préserver ta
marge de manoeuvre nécessaire a l'élaboration d'une
stratégie dans un dossier aussi Important" Alors, je m'en tiens à
la politique officielle en cette matière.
Deuxièmement, quant à la question qui revient encore, il
me semble que j'ai été clair là-dessus, que le texte en
question qui a été déposé est un texte soumis pour
étude, pour discussion et que, si on regarde le texte tel qu'il est,
évidemment, comme le disait le premier
ministre, il comporte des risques. J'ai même dit qu'il
était inacceptable comme tel, tel que présenté, c'est
clair. Mais ça ne veut pas dire qu'on va arrêter de discuter.
Nous avons des commissions qui ont été mises sur pied
Justement pour étudier les propositions qui seraient faite. Ça,
ça va être étudié, c'est sûr. Mais je peux
vous dire d'avance, sans être grand prophète, que tel que
proposée, tel que présentée, cette proposition, si on la
prend globalement, et paragraphe par paragraphe, c'est sûr qu'elle ne
peut pas être acceptée comme ça. Mais ce n'est pas fait
pour être accepté comme ça, c'est fait pour faire une base
de discussion.
Et moi, ce que j'ai compris dans la réunion à laquelle
j'ai participé et à laquelle vous n'avez pas participé,
c'est que, justement, ce n'était pas l'intention du gouvernement
fédéral de procéder de cette façon-là, mais
d'utiliser ce document-là comme base de discussion parce qu'il y a
là des objectifs auxquels on pourrait souscrire, des objectifs, pas
nécessairement les moyens de les atteindre. Et sûrement pas de
mettre en question l'autonomie du Québec par rapport à son
budget, par exemple.
La confection du budget, comme disait le premier ministre, est-ce que le
gouvernement fédéral pense venir décider pour nous de la
moitié de notre budget dans la politique salariale, par exemple? Bien,
pour nous, il n'est pas question de ça. Comprenez-vous bien? Ça
ne veut pas dire que vous ne pourriez pas interpréter ce
document-là comme voulant dire quelque chose de cette nature-là.
Libre à vous de l'interpréter, mais notre responsabilité
comme gouvernement, c'est justement de protéger les
intérêts véritables des Québécois et des
Québécoises, des travailleurs du Québec, de
l'autorité du Québec, de la juridiction du Québec dans les
matières qui relèvent de sa compétence, et nous n'avons
pas l'intention de renoncer à quoi que ce soit dans les droits du
Québec. C'est clair, ça, il me semble. Est-ce qu'il faut que je
le dise 25 fois, 50 fois, pour que vous acceptiez de prendre ma parole, que
c'est ça qui est notre intention? (12 heures)
Mais, en même temps, nous avons une responsabilité
vis-à-vis de nos concitoyens et concitoyennes, de faire en sorte de
protéger leur emploi, de faire en sorte de trouver de nouveaux emplois
pour ceux qui n'en ont pas. À ce propos, une façon d'atteindre
cet objectif, c'est d'avoir une meilleure efficacité de
l'économie du pays auquel nous appartenons et qui est très
importante pour nous, comme marché commun. Encore une fois, la
moitié des exportations du Québec s'en vont dans le reste du
pays. Il ne faut pas l'oublier, ça. Ce sont des jobs, ce sont des
emplois qui y sont reliés, pas seulement des concepts très
nobles. Il faut toujours revenir à la réalité
véritable et protéger les gens que nous représentons ici,
autour de cette table.
J'aimerais ajouter, parce que je pense que j'ai eu d'autres questions...
Il faudrait aussi que, lorsque le député lit la fameuse phrase
qui l'inquiète - et je suis bien d'accord que, si cette phrase-là
était retenue, qu'elle m'inquiéterait également - je
voudrais au moins qu'il ajoute à cela les conditions de 7 provinces sur
10 et 50 % de la population. Ça, au moins, qu'il le dise quand il cite
ça, parce qu'il faut voir le portrait. Même si je ne suis pas
d'accord, même avec cette restriction-là, mais au moins qu'on la
mette dans le portrait pour qu'on ait...
Autrement dit, le gouvernement fédéral, même dans le
texte, ne pourrait pas arriver, faire une déclaration unilatérale
et procéder. Il y aurait, même avec tous ces amendements
constitutionnels là, encore des restrictions que je viens de mentionner.
Mais cela ne veut pas dire, je ne voudrais pas que vous interprétiez
ça - parce que vous êtes un interprète dangereux - ce que
je viens de dire, comme étant, même avec ça, même
avec ces conditions-là, même avec ce contexte-là,
même avec ces précautions-là, que je serais d'accord avec
ce paragraphe.
M. Léonard: M. le Président.
M. Levesque: Et finalement, lorsqu'on retourne en arrière
pour trouver des gouvernements qui ont fait ci ou ça, je ne pense pas
qu'on doive passer sous silence, si on fait... Parce qu'à ce
moment-là le député de Labelle a l'oeil dans le
rétroviseur. Tant qu'à l'avoir, qu'il regarde 1981, le 16 avril,
si ma mémoire est fidèle, le document signé par son
gouvernement, qui laissait tomber le droit de veto. Alors, il faut faire
attention à ce que l'on dit quand on fait des comparaisons.
Maintenant, encore une fois, je ne pense pas que c'était le but
de notre réunion, ce matin, lorsqu'on a décidé de regarder
la synthèse des opérations financières du gouvernement, de
passer plus de la moitié du temps à parler de questions qui sont
évidemment à peu près les seules qui intéressent le
député de Labelle, de toute façon: c'est
l'indépendance du Québec, l'indépendance du Québec
et l'indépendance du Québec. Et s'il est revenu en politique,
c'est pour l'indépendance du Québec - et tout le monde le sait -
pour atteindre cet objectif-là.
Quant à nous, nous n'avons pas d'approche dogmatique. Nous avons
une approche qui est toujours reliée au mieux-être des
Québécois et des Québécoises. Quant à la
structure dans laquelle ça doit évoluer, au point de vue
constitutionnel, c'est directement relié au bien-être des
Québécois et des Québécoises, à leur avenir
collectif. Ça, c'est extrêmement important de ne pas perdre de vue
qu'est-ce qui va arriver, dans tout ce débat-là, qu'est-ce qui
arrive aux travailleurs du Québec, aux chômeurs du Québec,
aux jeunes du Québec. Qu'est-ce qui va arriver à ces
gens-là dans telle, ou telle, ou telle cir-
Constance? Est-ce qu'on veut renforcer l'union économique
canadienne?
Si on reste dans la stratosphère des concepts, on peut oublier
qu'il y a des gens qui vont travailler ou ne pas travailler, des gens qui vont
avoir un gagne-pain ou pas de gagne-pain. Il faut au moins qu'on regarde d'une
façon absolument objective les conséquences des gestes que l'on
pose. Je pense qu'il y a certains objectifs, dans ce que nous avons
discuté ce matin, qui sont fort louables, c'est-à-dire le
renforcement de l'efficacité de notre économie dans la
globalisation des marchés, dans l'internationalisation des
échanges.
Avec tout ce qui s'ouvre de frontières un peu partout à
travers le monde, il est extrêmement important qu'on en tienne compte et
que l'on voie où se situe l'intérêt véritable des
Québécois et des Québécoises. C'est notre
responsabilité d'en tenir compte, de ne pas se fermer les yeux et
d'avancer, au contraire d'avoir les yeux plus ouverts que jamais. S'il y a de
ces choses-là qui arrivent en cours de route, comme un document comme
celui auquel le député fait référence, je dis oui,
il faut le regarder. Il faut le regarder avec vigilance, mais il faut le
regarder également dans tous ses aspects et tenir comme fort
l'intérêt supérieur du Québec, mais pas d'un
Québec désincarné, d'un Québec des
Québécois, des Québécoises.
Le Président (M. Lemieux): M.le
député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je pense que le
bien-être économique des Québécois, à
d'autres égards aussi, mais économique, il nous tient à
coeur et que c'est justement pour cela que nous vouions faire la
souveraineté du Québec et donner au Québec tous les
pouvoirs dont il a besoin pour se développer, spécialement dans
le contexte du libre-échange en Amérique du Nord où il en
aura beaucoup plus comme pays souverain que comme province égale
à certaines autres dans le contexte de la Confédération
canadienne.
M. le Président, si le ministre des Finances et son gouvernement
trouvent qu'il est important de bien réfléchir, il me semble que
le premier geste à faire, c'est de déposer justement les
études que les ministères ont faites, réalisées sur
la souveraineté du Québec à sa demande et à la
demande de son haut fonctionnaire, M. Jean-Guy Lebel. Je pense qu'il le doit
à la transparence, mais qu'il le doit surtout aux
Québécois. Autrement, on est obligé de se poser la
question sur les raisons qui font qu'il ne veut pas les rendre publiques.
Question de stratégie en termes de négociations; je ne pense pas.
Je pense que...
Le Président (M. Lemieux): M.le
député de Labelle, s'il vous plait, j'ai laissé aller le
débat, j'en ai discuté avec le secrétaire eu égard
à l'interprétation que je dois donner à l'article 292.
À partir du moment où vous êtes en mesure de me
démontrer qu'il y a une incidence financière et que vous vous
reliez à ça, je peux vous laisser aller.
M. Léonard: Je pense, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Mais, là, dans le
secteur où vous vous orientez, je dois vous dire que je dois soulever la
pertinence de l'article 292. J'ai été quand même assez
large, à partir du moment où je pouvais m'accrocher, mais,
là, vraiment, vous êtes hors sujet.
M. Léonard: je pense, m. le président...
Le Président (M. Lemieux): Raccrochez-vous à une
incidence financière et je vais vous laisser aller.
M. Léonard: Effectivement, il y a des incidences
financières en ce qui concerne le rapatriement des fonctionnaires
fédéraux et des institutions fédérales au
Québec. Il y en a une en termes financiers, mais en termes aussi
d'organisation de l'État qui va nécessairement avoir des
incidences économiques sur le comportement du Québec dans le
contexte actuel. je reviens à une chose sur la politique
budgétaire et sur le document fédéral sur cette question,
parce qu'à mon sens, j'ai bien écouté le ministre des
finances, ce qu'il nous dit, c'est qu'il n'est pas d'accord sur le document tel
que présenté, tel que proposé. en réalité,
cela ne répond pas, finalement, à la question: est-ce que vous
acceptez de discuter sur la base du document? donc, cela signifie: est-ce que,
finalement, les lignes de fond de ce document vous conviennent suffisamment
pour accepter de discuter, d'en modifier quelques parties, mais sur le fond,
c'est la base de discussion que vous acceptez?
Ça, c'est indicateur d'un certain nombre de choses. Il faut
connaître les stratégies du gouvernement fédéral en
ce qui concerne leurs négociations. Ils ont toujours pratiquement
procédé de la même façon. À partir de la
Constitution de 1867, ils se sont basés sur cette constitution pour,
après ça, enclencher un vaste mouvement de centralisation au
fédéral, étape après étape, de 10 ans en 10
ans, où on prendra les périodes que l'on veut, mais nous avons
là une offensive bien caractérisée du gouvernement
fédéral. Ils sont assis sur la Constitution de 1982. Dix ans
après cette constitution...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, s'il vous plaît.
M. Léonard: M. le Président, il s'agit du document
de nature économique qui fait partie intégrante...
Le Président (M. Lemieux): tenez-vous-en à
l'aspect économique de ce document et non pas à une
discussion qui est d'ordre constitutionnel. Même si on partait de l'Acte
de Québec, ça ne changerait pas grand-chose, M. le
député de Labelle. Je dois vous rappeler à l'ordre.
M. Léonard: M. le Président, j'en viens à
l'objet même de nos discussions. La politique budgétaire est mise
sous coupe réglée par le document qui a été
déposé par le gouvernement fédéral. Il y a
là l'institution, en particulier, d'un mécanisme de surveillance
institutionnalisé, ce mécanisme de surveillance, et ça,
ça touche la politique budgétaire ici. Le ministre des Finances,
après l'adoption de ce projet...
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas pertinent, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: O. K., M. le Président, arrêtez,
là.
Le Président (M. Lemieux): Bien oui! mais je m'excuse. M.
le député de Labelle, moi, comme président, j'ai comme
devoir de faire respecter la réglementation et je suis très
large, cet avant-midi, très large dans les propos que vous tenez. Alors,
il faut quand même que j'aie un minimum... un maximum
d'honnêteté Intellectuelle envers la fonction que j'occupe et que
je fasse en sorte que l'article 292 soit respecté.
Si vous voulez aller à l'intérieur du document, dans un
secteur précis à incidence financière, je vais vous
laisser aller. À partir du moment où vous touchez le dossier
constitutionnel, je m'excuse, mais vous êtes hors d'ordre. Alors, je vais
éviter de vous interrompre, mais essayez aussi de vous en tenir à
l'interprétation de l'article 292 du règlement. Allez-y, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas parce que
ça me fait plaisir, mais c'est ça, tes règles du jeu, M.
le député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, la question
constitutionnelle, en l'occurrence, est drôlement étoffée
par un document spécifique qui est aussi considérable que la
proposition de base en ce qui concerne la politique économique et
budgétaire au Canada. 50 pages, je l'ai ici; 50 pages, c'est
ça.
Le Président (M. Lemieux): Je l'ai lu.
M. Léonard: Et je pense qu'il y a toutes sortes d'aspects
qui sont touchés. J'ai lu l'article 15, mais il y a aussi d'autres
éléments qui touchent au fond de la question: le droit de
dépenser du fédéral dans des champs de compétence
du Québec - et ça, ça affecte directe- ment le
ministère des Finances ici - les normes nationales, etc.
Le ministre des Finances peut-il nous dire s'il accepte de discuter, sur
les bases de ce document, de la politique budgétaire du gouvernement,
des politiques économiques du gouvernement fédéral. Et
quand il dit "tel que présenté", est-ce que cela signifie qu'il
accepte ces bases de discussion pour, après cela, tenter de les
améliorer simplement ou bien s'il rejette le fond même de
l'argumentation fédérale?
Quand le gouvernement fédéral dit que c'est à cause
des provinces et des politiques expansionnistes dans les budgets des provinces
que le fédéral a dû faire des déficits, est-ce qu'il
est d'accord avec cette proposition, cette position du fédéral,
cette explication du fédéral quant à sa propre situation
financière? Est-ce qu'il est d'accord? Est-ce qu'à ce
moment-là lui-même ne va pas être amené, de par
l'essence même de la proposition qui est mise sur la table, à
rectifier ses propres objectifs budgétaires en fonction de ce que le
fédéral met sur la table? Est-ce qu'il accepte l'analyse du
fédéral? Est-ce qu'il accepte donc le fond de la question, le
fond de la proposition, pour ne discuter que sur sa présentation et des
modalités de sa réalisation?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
est-ce que vous acceptez le fond?
M. Levesque: J'ai tout dit ce que j'avais à dire sur ce
sujet. C'est clair? Il me semble que j'ai pris suffisamment de temps de cette
commission pour expliquer exactement ce que je considérais être le
document, comment il se situait dans l'ensemble de la problématique et
quelle était mon opinion. Je l'ai clairement exprimée.
Je pourrais cependant rappeler à l'honorable député
de Labelle - et je voudrais qu'il écoute parce qu'il va me poser encore
la même question dans cinq minutes...
M. Léonard: Est-ce que, par ailleurs...
Le Président (M. Lemieux): Non, c'est à M. le
ministre.
M. Levesque: C'est à moi la parole.
M. Léonard: O. K., c'est correct. Allez-y, allez-y, "corne
on". Je ne vous interrompais pas, c'est vous qui vous êtes
arrêté.
M. Levesque: Je me suis arrêté parce que vous
étiez en train de discuter avec quelqu'un d'autre. C'est votre droit,
mais ça vous amenait à poser encore la même question dans
10 minutes. Je pense que je vais attendre que vous ayez...
M. Léonard: Non, non, je vous écoutais.
M. Levesque:... que vous me fassiez l'honneur...
M. Léonard: J'en ai une autre, question, très
spécifique.
M. Levesque:... de m'écouter.
Le Président (M. Lemieux): La parole est à M. le
ministre, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Allez-y, j'en ai une autre, question. (12 h
15)
M. Levesque: je veux qu'on comprenne très bien que j'ai
dit ce que j'avais à dire sur cette question et que,
deuxièmement, la suite du scénario ne se passe pas chez nous.
elle se passe dans les commissions et vous, comme membre de l'assemblée
nationale, membre probablement de ces commissions ou de l'une de ces
commissions, vous devriez être le premier à savoir que nous nous
sommes entendus, qu'il y a une loi qui a été passée par
l'assemblée nationale, qui fait en sorte que la responsabilité
prochaine, là, la prochaine étape, ça va être remis
à deux commissions parlementaires qui vont siéger sur ces
questions-là, qui vont examiner à loisir tout ce qu'il peut y
avoir de positif ou de négatif, de désirable ou
d'indésirable, d'acceptable ou de non acceptable et qui vont nous faire
rapport à la suite de leurs délibérations. il me semble
que c'est ça qui est la réponse à votre question.
Moi, j'ai dit simplement: Je suis allé à Ottawa, j'ai
écouté, je suis revenu plus rassuré que je ne
l'étais en partant. C'est tout. Tout le reste du travail, je ne suis pas
aux Affaires intergouvernementales canadiennes, je ne suis pas aux commissions
parlementaires qui vont avoir à étudier ces
propositions-là. Je pense qu'il faut procéder selon le
scénario adopté par l'Assemblée nationale, l'instance
suprême. C'est beaucoup plus important de savoir ce que
l'Assemblée nationale décide que de savoir ce que le
député de Labelle pense.
Alors, c'est décidé comme ça. Et encore, je peux
ajouter que ce que, personnellement, je pense, parce qu'il y a des instances
qu'il faut respecter dans le processus... Et la première chose à
respecter, c'est la volonté de l'Assemblée nationale, la
volonté des élus du peuple. Les élus du peuple ont
décidé de procéder de cette façon-là pour
étudier ces propositions-là. Ils n'ont pas dit: C'est le ministre
des Finances qui va décider ça. Ils n'ont jamais dit ça.
C'est le ministre des Finances qui va interpréter le document sur le
fédéralisme canadien et l'union économique, partenariat
pour la prospérité. Ils n'ont jamais dit ça. Ils ont dit:
Ces documents-là s'en vont aux commissions parlementaires. C'est
là que ça va se faire, le travail.
Quant à moi, je n'ai fait simplement qu'assister à une
réunion et sortir en disant:
Bien, c'est moins pire que je pensais, selon les intentions de ceux avec
qui J'ai parlé. C'est ça l'affaire. Mais là, on fait un
plat et on voudrait que, moi, député de Bonaventure, je dise aux
124 autres députés ce qu'Us vont décider, ce qu'ils vont
faire. Mais c'est absolument ridicule. Rien que vous, vous pouvez faire
ça parce que vous n'avez pas de choix. Vous n'avez pas d'alternative.
Vous avez décidé d'avance que c'est l'indépendance puis la
séparation. C'est ça que vous avez décidé. Vous
n'avez pas besoin de vous inquiéter des textes. Tous les textes qui ne
sont pas conformes à votre dogme doivent être rejetés.
C'est si facile votre position, mais si irresponsable vis-à-vis du
bien-être des Québécois et des
Québécoises.
Si vous allez avec cet esprit-là aux commissions parlementaires -
même que vous voudriez passer par-dessus, d'après ce que je
comprends - vous ne rendrez certainement pas justice à vos concitoyens
et vos concitoyennes qui nous demandent, à nous, par la volonté
exprimée par l'Assemblée nationale, de regarder de près
tout ce que contiennent ces propositions, afin de faire le tri entre ce qui est
désirable et ce qui est indésirable, ce qui est acceptable, ce
qui ne l'est pas ou moins, et d'arriver avec un rapport qui puisse
éclairer la population et non pas la garder dans l'Ignorance qui est
conforme évidemment au dogme.
M. Léonard: Alors, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: J'entends, je viens d'entendre la
dernière tirade moralisatrice du ministre des Finances. Je lui
rappellerai que, quand on s'est occupés d'économie, au moins le
Québec s'en est sorti pas mal plus vite qu'il ne s'en sort maintenant
avec les supposés plans du gouvernement actuel.
Il nous réfère, évidemment, aux commissions
parlementaires spéciales de la loi 150 qui sont, comme |e le
rappellerai, sous la coupe du président puis sans comité
directeur. En termes de démocratie, on repassera.
Transferts fédéraux
Mais je voudrais poser une dernière question au ministre des
Finances, étant donné qu'ils ont discuté évidemment
de ces propositions fédérales, si je comprends bien les comptes
rendus des journaux, mais qu'Us se réunissaient aussi pour parier des
transferts fédéraux. Est-ce que le ministre des Finances
fédéral et le gouvernement fédéral ont finalement
changé leur fusil d'épaule? Est-ce qu'ils ont émis des
décisions par rapport aux transferts fédéraux? Quelles
sont les nouvelles sur ce plan-là, sur le plan économique? Il n'a
fait aucune déclaration
au sortir de cette rencontre qui devait porter sur la politique
fédérale sur les transferts fédéraux vers les
provinces. Quid novi sub sole? Si je comprends, le ministre n'a pas de souvenir
bien précis.
M. Levesque: Alors, les travaux, au niveau des fonctionnaires,
ont débuté sérieusement au cours de l'été
1990. La loi sur les accords fiscaux entre le gouvernement
fédéral et les provinces porte principalement sur deux programmes
de transfert d'intérêts pour le Québec, c'est-à-dire
le programme de péréquation et le financement des programmes
établis. Seul le programme de péréquation est soumis
à une échéance législative. La loi actuelle couvre
les cinq années commençant le 1er avril 1987 et se terminant le
31 mars 1992.
Donc, pour le renouvellement des accords fiscaux 1992-1997, la seule
contrainte législative est le programme de péréquation.
Cependant, on profite généralement de ces consultations
quinquennales pour revoir l'ensemble de la loi. Bien que les consultations
portent principalement sur la reconduction du programme de
péréquation, le gouvernement du Québec, par la voie de
celui qui vous parle, a fait valoir qu'elles devraient être
élargies à l'ensemble des programmes de transferts
fédéraux aux provinces. Le comité des arrangements
fiscaux, mandaté par les sous-ministres fédéral et
provinciaux des Finances, chapeaute les travaux sur les sujets ayant des
incidences financières fédérales-provinciales.
Présentement, les travaux portent sur trois volets: le
renouvellement des accords fiscaux, une restructuration des principaux
programmes de transferts, c'est-à-dire péréquation, FPE,
RAPC, et la fiscalité intergouvernementale, incluant les accords de
perception avec les autres provinces. Le sous-comité sur la
péréquation s'est réuni à plusieurs reprises et les
travaux portant sur la revue des 37 sources de revenu du programme vont bon
train. Dans chaque cas, il s'agit de voir si la mesure de capacité
fiscale des provinces est adéquate. Les provinces
bénéficiaires de péréquation ont été
unanimes à dénoncer la disposition plafond du programme de
péréquation. Si je ne m'abuse, ce plafond-là avait
été placé dans le temps où vous étiez
là, au pouvoir. Il ne mordait pas dans le temps. Mais là, il
s'est mis à mordre et à avoir des conséquences très
coûteuses pour les provinces bénéficiaires.
Le Québec met tout en oeuvre pour que l'accent soit mis sur la
restructuration du renouvellement des principaux programmes de transferts.
Depuis plus d'un an, le gouvernement du Québec a, à maintes
reprises, exprimé sa position à l'égard des transferts
fédéraux aux provinces: dans le cadre du budget 1990-1991, en
avril 1990, et plus particulièrement à l'annexe E où les
effets de la dynamique des transferts fédéraux sur les finances
publiques du Québec étaient exposés, et cette année
encore, une annexe au budget 1991-1992 expose la problématique des
transferts fédéraux aux provinces et rappelle l'urgence d'une
restructuration.
Lors des conférences des ministres des Finances de janvier et de
juin de cette année, nous avons fait valoir que les problèmes de
fonctionnement des programmes de transferts vont directement à
l'encontre des objectifs de compétitivité, de croissance
économique que le gouvernement fédéral et les provinces
devraient poursuivre. J'ai eu l'occasion de réitérer ces
problèmes lors de la rencontre des ministres des Finances de jeudi
dernier. D'ailleurs, j'étais heureux de voir au moins que le
gouvernement fédéral avait retenu notre suggestion de revoir
l'ensemble des programmes plutôt que de s'en tenir à la
péréquation. La péréquation, évidemment, il
faut le faire, parce que les accords - qu'on peut appeler accords, du moins -
les arrangements se terminent le 31 mars 1992.
Donc, au niveau de la péréquation, il faut absolument
procéder immédiatement, et j'avais évidemment
formulé le voeu que l'on puisse revoir l'ensemble des transferts afin de
s'assurer qu'on ne perde pas de vue les incidences de l'un de ces volets sur
l'autre, au moins sur ce qu'on appelle le "bottom line", la ligne de... Comment
est-ce qu'on dit en français? La ligne du bas, mais je n'aime pas bien
ça, la ligne...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Le comptable, le C.A., pourrait peut-être
m'aider...
Une voix: C'est le résultat final. M. Levesque:
...en trouvant le mot. M. Léonard: Le résultat de
l'opération.
M. Levesque: Bon. D'accord. On va prendre ça.
M. Léonard: Le résultat net.
M. Levesque: Le résultat net. C'est ça. Le
gouvernement du Québec a indiqué les objectifs qu'il recherchait.
Il revient au gouvernement fédéral de proposer dès
maintenant aux provinces des avenues pour améliorer la redistribution
effectuée au Canada, favoriser une plus grande efficacité du
secteur public, comme je vous l'avais mentionné, et combler
l'écart qui s'est creusé au cours des dernières
années au détriment des provinces moins bien nanties, comme je
l'ai exprimé à maintes reprises, et particulièrement dans
les annexes au dernier budget.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
Avez-vous terminé? Est-ce que vous avez terminé?
M. Levesque: Oui, à moins qu'il y ait d'autres questions
là-dessus.
M. Léonard: O.K. Sur la disposition plafond, là,
évidemment, tout le monde la conteste, mais quelles sont les chances
plausibles de réussir à la faire sauter?
M. Levesque: II est un peu prématuré, à ce
moment-ci, de répondre à cette question-là. Nous devons
avoir d'autres réunions, justement, parce que les réunions
à venir ne porteront pas sur le document en question, le
fédéralisme canadien. Nous avons décidé de mettre
ça de côté, de laisser les instances appropriées
s'en occuper. Nous, nous allons mettre l'accent sur les transferts et...
M. Léonard: C'est ce qu'a déjà dit le
ministre des Finances de l'Ontario.
M. Levesque: Oui?
M. Léonard: Oui, il a dit que c'était les instances
appropriées qui s'en occuperaient, mais il a admis que vous en aviez
discuté longuement, de la proposition fédérale...
M. Levesque: Ah, ah!
M. Léonard: ...et, donc, le président de la
commission ici peut admettre aussi qu'on en parle nous-mêmes.
M. Levesque: Voilà!
M. Léonard: Mais sur la disposition plafond, vous
n'êtes pas très optimiste, si je comprends bien. En tout cas, vous
êtes tellement réservé que, finalement, est-ce qu'il faut
presque prendre pour acquis qu'elle va rester?
M. Levesque: Je ne prends rien pour acquis. Je dis qu'il est
prématuré pour moi d'en parler publiquement, ne serait-ce que
pour des fins de stratégie.
M. Léonard: Est-ce qu'à ce moment-là, quand
vous parlez de renouvellement et de restructuration, il y a vraiment un projet
de nouveaux transferts fédéraux, mais sous une forme
complètement nouvelle, et un renouvellement de fond en comble ou une
restructuration de fond en comble des modes de répartition des sommes
fédérales à l'endroit des provinces?
M. Levesque: Je n'exclus rien, mais je ne suis pas...
M. Léonard: Vous n'excluez rien?
M. Levesque: ...en mesure de confirmer quoi que ce soit à
ce moment-ci. Nous ne sommes pas rendus à...
M. Léonard: C'est-à-dire que vous dites: C'est
confidentiel à l'heure actuelle puis, au fond, ce pourrait très
bien être cela qui est envisagé, cette avenue qui est
envisagée, à l'heure actuelle...
M. Levesque: Non. Je ne me prononce pas quand je ne suis pas
sûr de quelque chose. J'aime autant laisser les discussions se
poursuivre. Elles se poursuivent régulièrement
présentement, au niveau des fonctionnaires qui me font rapport
évidemment, mais, pour le moment, je n'ai pas l'Intention d'aller plus
loin dans les déclarations publiques.
M. Léonard: Mais étant donné que vous avez
quand même discuté du projet de la proposition
fédérale en ce qui concerne la Constitution, je suppose que les
nouveaux paiements de transferts, quels qu'ils soient, vont être
élaborés selon une forme qui va être compatible avec la
proposition fédérale qui est déposée?
M. Levesque: Non. Je ne vois pas de rapport entre les deux.
M. Léonard: Aucun rapport?
M. Levesque: Je n'en vois pas pour... Moi, je n'en vois
pas...
M. Léonard: Pour le moment? M. Levesque: Je n'en
vols pas. M. Léonard: Vous n'en voyez pas?
M. Levesque: Pour le moment où je vous parle,
évidemment...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: ...parce qu'on ne peut pas... Je ne suis pas
prophète.
M. Léonard: Mais je suppose que la main droite ne devrait
pas Ignorer ce que fait la main gauche aussi, dans ce contexte.
M. Levesque: Oui, mais il y a des différences, vous savez,
entre les décisions concrètes qui doivent se prendre dans les
semaines à venir, là, et un document qui va faire l'objet
d'études pendant des mois, etc. Il n'y a pas de lien que je vois entre
les deux.
M. Léonard: Donc, il n'y a pas encore de conclusion en vue
des travaux de vos réunions entre ministres des Finances?
M. Levesque: Des quoi?
M. Léonard: II n'y a pas de conclusions en vue, là,
qui peuvent être mentionnées, des travaux des ministres des
Finances dans ces réunions-là?
M. Levesque: Pour les transferts, vous voulez dire?
M. Léonard: Oui, pour les programmes de transferts,
là. (12 h 30)
M. Levesque: Pour les programmes de transferts, nous n'en sommes
pas arrivés à une période conclusive.
M. Léonard: Ça va être connu, quand
môme, avant la confection du budget du gouvernement?
M. Levesque: On m'a dit que ça pouvait aller assez
près même de l'heure ultime, parce que ce n'est pas tellement
complexe et que ça peut attendre encore. Il n'y a pas d'urgence,
autrement dit, au moment où je vous parle. Mais nous croyons que, s'il y
a des changements importants qui doivent se faire, on ne peut pas attendre non
plus à la dernière minute. Alors, c'est pour ça que nous
avons des réunions présentement, qui se poursuivent au niveau des
fonctionnaires. Au niveau ministériel, nous devrions avoir des
réunions, au moins deux, d'ici Noël.
M. Léonard: Au niveau ministériel, des
ministres?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Bon, bien, il y a des discussions constantes
entre les hauts fonctionnaires?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Bien.
M. Levesque: Ça va?
Le Président (M. Lemieux): Ça va?
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Lemieux): je vais vous permettre des
remarques finales. m. le député de labelle, s'il y a lieu, si
vous avez des remarques finales à faire, pour une durée de...
M. Léonard: Je pensais que c'était midi et demi.
C'est 13 heures.
M. Levesque: Ça ne me fait rien.
M. Léonard: En tout cas, M. le Président, je pense
que nous avons élaboré un certain nombre de questions au cours de
cette rencontre.
Je pense qu'il y en a qui n'ont pas eu beaucoup de réponses. Par
ailleurs, je vois que le ministre des Finances est un peu entre l'arbre et
l'écorce. Quand il s'agit de questions constitutionnelles, il s'en
réfère à son collègue, à l'heure actuelle,
des Affaires intergouvernementales. Mais il reste quand même qu'il ne
peut pas ignorer les impacts de cette proposition constitutionnelle sur
l'état de nos finances publiques et tout notre appareil
décisionnel, ici, en ce qui concerne l'administration publique. Alors,
je vois que nous en sommes là.
Pour en revenir aux prévisions budgétaires, à
l'état qui nous a été transmis de la situation
financière et budgétaire du gouvernement, il y a des
décalages entre les prévisions et ce qui s'est
réalisé. Revenons simplement à une chose. Le premier
ministre a déclaré que l'assistance sociale pourrait coûter
de 200 000 000 $ à 300 000 000 $, l'assistance sociale et les programmes
annexes ou connexes, là-dessus, qui pourraient coûter de 200 000
000 $ à 300 000 000 $, ce qui est quand même indicateur d'un
profond malaise dans l'économie. Le ministre de l'Industrie et du
Commerce a crié à l'urgence de la situation en parlant de
l'assurance-chômage qui, par hasard, est au gouvernement
fédéral. Donc, on n'a pas plus de mesures concrètes qui
sont mises sur la table à l'heure actuelle. Alors, je voudrais
simplement terminer sur ces quelques remarques et remercier le ministre des
Finances ainsi que ses fonctionnaires de s'être prêtés
à l'exercice.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
est-ce que vous me permettriez une question avant vos remarques
préliminaires?
M. Levesque: Certainement.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez un comté comme
moi en région. J'ai un comté où il y a quand même
beaucoup de travailleurs. On discutait, tout à l'heure, au niveau de la
taxation, du déficit accumulé. Et je fais abstraction... On est
bien conscients que, de 1976 à 1985, on est passés de 5 000 000
000 $ à 30 000 000 000 $ et que ça a eu des conséquences.
Je pense que le côté pratique des choses nous dit qu'il y a eu
quand même une augmentation du déficit, augmentation du service de
la dette, augmentation du taux d'intérêt sur lequel on a peu de
contrôle.
Vous me corrigerez, si je me trompe. Est-ce qu'augmenter le
déficit voudrait dire probablement une augmentation de taxes et que vous
écartez ce côté-là d'avoir à augmenter un
niveau de taxation pour en arriver...
M. Léonard:...
Le Président (M. Lemieux): Laissez-moi finir. Je pense que
ça se termine à 13 heures et
j'ai droit à...
M. Léonard: Bien, on est aux remarques finales. Je pense
qu'il aurait fallu que vous interveniez avant les remarques finales.
Le Président (M. Lemieux): J'ai demandé la
permission. Est-ce que j'avais consentement?
M. Léonard: Non, vous ne l'avez pas demandé.
Le Président (M. Lemieux): J'ai demandé la
permission et on m'a dit: II n'y a pas de problème. On m'a dit qu'il n'y
avait pas de problème. Je pense que c'est...
M. Léonard: On est aux remarques finales et non pas au
débat. Si on reprend le débat, on va reprendre le
débat.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie de votre
générosité, M. le député de Labelle. Je vous
en remercie parce que Je pense que j'ai été assez large dans
l'interprétation du règlement. C'est simplement pour vous dire
que c'était pour demander à M. le ministre des Finances que, si
on en arrive à couper dans l'analyse des programmes et au niveau des
dépenses comme telles, ça va commander, de la part de l'ensemble
de la collectivité québécoise, un changement de valeurs,
d'attitude et de comportement. C'était ça, ma question, tout
simplement. M. le ministre des Finances, la parole est à vous.
M. Levesque: Alors, M. le Président, il serait
peut-être permis de faire un résumé, en terminant, sur
l'évolution des ratios financiers qui indique une amélioration
sensible des finances publiques du Québec depuis 1985-1986. Le
déficit, qui était de 3 450 000 000 $ en 1980-1981 et de 3 344
000 000 $ en 1985-1986, a été réduit à 1 659 000
000 $ en 1989-1990. En 1990-1991, 1991-1992, le gouvernement a laissé
augmenter le déficit seulement pour absorber les effets de la
conjoncture, mais il le réduira - et je pense que ça
répond un peu à votre question: il faut qu'il le réduise
autant que possible; c'est un objectif que nous maintenons - à 1 540 000
000 $ en 1993-1994, ce qui permettra d'équilibrer le solde des
opérations courantes. Il est important d'équilibrer ce solde
parce qu'on ne fait que remettre à plus tard des taxes et des taxes
encore plus difficile parce qu'il y a, en plus du capital, tous les
intérêts qui s'accumulent.
C'est donc dire que c'est un très mauvais héritage
à laisser à nos enfants que de leur donner encore des
déficits qui vont retomber sur eux, un peu comme on vit aujourd'hui les
déficits des années passées, et c'est ça qui nous
enlève presque toute marge de manoeuvre. Si on voulait continuer, on
pourrait encore parce qu'il y a encore des gens qui veulent nous prêter.
On pourrait encore augmenter les déficits, perdre notre cote de
crédit, comme nos prédécesseurs l'avaient perdue en 1982.
On peut tout faire ça. Mais est-ce que c'est la solution?
Sérieusement parlant, je pense qu'on ne pourrait pas se lancer
là-dedans. La dette totale en pourcentage du PIB, qui a
été marqué par une forte croissance entre 1981 et
1985-1986, soit de 20, 3 % à 29, 3 % respectivement, a été
réduite à 27, 7 % en 1989-1990, même si on a dû la
laisser monter au cours de la récession.
De même, la part des revenus budgétaires consacrée
au paiement d'intérêts sur la dette totale, qui était
passée de 9, 6 % en 1980-1981 à 14 % en 1985-1986, a
été stabilisée à environ 13, 5 % depuis 1989-1990.
Le déficit du solde des opérations courantes a été
réduit de façon significative, passant de 2 075 000 000 $ en
1985-1986 à 430 000 000 $ en 1989-1990. Malgré la hausse
temporaire résultant de la faible conjoncture, le solde des
opérations courantes devrait être en équilibre dès
1993-1994, et nous le souhaitons fortement.
Enfin, la part des dépenses budgétaires dans le PIB a
été réduite de 25, 3 % en 1985-1986 à seulement 22
% en 1989-1990. En 1993-1994, elle devrait se situer à 22, 4 %. On
reviendrait ainsi à un niveau analogue à celui de 1977-1978, qui
était de 22, 2 %. malgré les fortes pressions qui s'exercent dans
certains secteurs de dépenses, notamment dans la santé et les
services sociaux, la croissance annuelle moyenne de l'ensemble des
dépenses a été limitée à 5, 8 %, soit
environ un point de pourcentage de plus que l'inflation de 1985-1986 à
1991-1992. l'amélioration des finances publiques depuis 1985-1986 a
été réalisée malgré la faible croissance des
transferts fédéraux au cours de cette période. ainsi,
alors que les transferts fédéraux représentaient 27, 1 %
des revenus budgétaires en 1980-1981 et 25, 9 % en 1985-1986, ils n'en
constituaient que 21 % en 1990-1991. selon la tendance actuelle, ils ne
représenteraient plus que 18 % des revenus budgétaires en
1993-1994.
La hausse du déficit à 2 825 000 000 $ en 1990-1991 et
à 3 480 000 000 $ en 1991-1992 ne remet pas en cause les objectifs
financiers de moyen terme que poursuit le gouvernement depuis 1985-1986. Il
s'agit d'une hausse temporaire afin d'absorber les effets de la conjoncture.
Les réductions successives de l'ordre de 1 000 000 000 $ au cours des
deux prochaines années permettront d'équilibrer le solde des
opérations courantes dès 1993-1994, réduction,
évidemment, des dépenses.
Par ailleurs, le déficit de 3 480 000 000 $ prévu pour
1991-1992 est faible par rapport au niveau de déficit du début
des années quatre-vingt. Par exemple, si le déficit
représentait, en 1991-1992, la même proportion du PIB qu'en
1980-1981, c'est à près de 8 000 000 000 $ qu'il se situerait en
1991-1992.
Malgré la baisse des revenus autonomes et la faible croissance
des transferts fédéraux en 1990-1991 et 1991-1992, le
gouvernement a limité les hausses d'impôts en 1991-1992 afin de
minimiser les impacts sur la reprise économique. Je devrais dire: pas de
hausse d'impôts, diminution d'impôts, mais augmentation des taxes
parce qu'il faut faire la distinction entre impôt et taxe. Ainsi, les
hausses d'impôts et de taxes ne représentaient que 0,4 % du PIB.
Cela se compare avantageusement aux hausses d'impôts de 809 000 000 $
annoncées en plein coeur de la récession en 1981-1982 - au moins,
on peut se le rappeler - qui représentaient alors 1 % du PIB. Si les
hausses d'impôts, en 1991-1992, représentaient la même
proportion du PIB qu'en 1981-1982, elles totaliseraient alors 1 607 000 000 $,
soit un niveau 2,6 fois plus élevé que les hausses
annoncées au budget de 1991-1992.
Je pense qu'au moins il faut se rappeler ça quand on fait des
comparaisons. Ce n'est pas pour être méchant, mais c'est
simplement pour ramener la chose à sa juste valeur. On sait que,
lorsqu'on est dans une récession, on fait tout ce qu'il y a moyen de
faire pour soutenir l'économie sans nécessairement
hypothéquer l'avenir.
C'est dans ce contexte-là que je veux vous remercier, vous, M. le
Président, les membres de la commission qui ont assisté et
participé à cette réunion ainsi que... Je veux en
terminant faire ce que j'ai fait au début et ce qu'il a fait
lui-même, saluer mon bon ami le critique financier, M. le
député de Labelle, qui remplit son rôle comme II se doit
dans les fonctions qu'il occupe et que j'ai occupées à diverses
reprises.
Je comprends très bien qu'à un moment donné il ne
puisse rendre justice complète malgré que je l'invite à le
faire dans un geste de générosité, la prochaine fois que
nous nous rencontrerons, pour rendre justice aux efforts de ce gouvernement
pour améliorer la situation économique et assainir les finances
publiques. Je vous remercie, M. le Président.
M. Léonard: Une réponse sur le calendrier des
rencontres avec le fédéral. Vous avez parlé de deux
rencontres.
M. Levesque: Elles ne sont pas fixées.
M. Léonard: Elles ne sont pas fixées à
l'heure actuelle.
M. Levesque: Mais on parle peut-être du début de
novembre, milieu de décembre. Ce sont ordinairement les dates qui
sont...
M. Léonard: Environ.
M. Levesque: Environ. Oui. Mais ce n'est pas encore
fixé.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remer- cie, M.
le...
M. Léonard: M. le Président, je veux quand
même faire une remarque finale. Je vois que...
Le Président (M. Lemieux): Vous voulez... Vous les avez
faites, vos remarques finales. Je m'excuse.
M. Léonard: Après que j'ai fait... Je les ai
faites...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. Vous avez
fait...
M. Léonard: ...mais, vous, vous avez posé une
question qui a été de nature...
Le Président (M. Lemieux): ...vos remarques finales et la
commission...
M. Léonard: ...à soulever un débat.
Le Président (M. Lemieux): ...ajourne ses travaux sine
die, ayant procédé à la vérification des
engagements financiers du ministère des Finances compris dans les listes
de janvier 1991 à août 1991 et terminé l'étude
trimestrielle de la politique budgétaire du gouvernement et de
l'évolution des finances publiques.
Si vous voulez jouer dur, Jacques, je vais jouer dur.
(Fin de la séance à 12 h 39)