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(Seize heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Farrah): La commission du budget et de
l'administration débute ses travaux. Dans un premier temps, je vais
faire la lecture du mandat de la commission qui est le suivant: La commission
du budget et de l'administration est réunie afin de poursuivre le
débat sur le discours sur le budget conformément à
l'article 275 du règlement.
Organisation des travaux
M. le secrétaire, est-ce que vous avez des remplacements pour
cette séance?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Marois
(Taillon) remplacera M. Lazure (La Prairie).
Le Président (M. Farrah): C'est tout? Le
Secrétaire: Oui.
M. Léonard: Juste un instant. Il y a un autre
remplacement.
Le Président (M. Farrah): Alors, vous avez un autre
remplacement, M. le secrétaire?
M. Léonard: M. Jacques Baril en remplacement de M.
André Boisclair.
Le Secrétaire: C'est quels comtés?
Le Président (M. Farrah): M. Jacques Baril, c'est
Arthabaska; M. Boisclair, c'est Gouin.
Le Secrétaire: M. Baril (Arthabaska) remplacera M.
Boisclair (Gouin).
Le Président (M. Farrah): Bon, on s'entend. Merci. Alors,
le rappel des règles. Chers collègues, le mandat que nous
entreprenons aujourd'hui pour une période de 10 heures prend la forme
d'une interrogation du ministre des Finances par les membres de la commission
sur la politique budgétaire présentée lors du discours sur
le budget. Les règles du débat ont été
fixées par la commission de l'Assemblée nationale le 23 mai 1984.
Nos travaux vont commencer par une période de déclarations
d'ouverture au cours de laquelle le ministre des Finances et le critique
financier de l'Opposition pourront prendre la parole pendant 20 minutes. Les
membres de la commission auront ensuite un temps de parole de 10 minutes,
réparti en une ou plusieurs interventions, qui peut prendre la forme de
questions au ministre ou de commentaires. Le ministre disposera d'un temps de
parole de 10 minutes après chacune des interventions. Ça va? J'ai
voulu être clair. C'était écrit. Alors, je pense que c'est
important de le spécifier.
Alors, si vous le voulez bien, dans un premier temps, je
reconnaîtrai le ministre des Finances pour une déclaration de 20
minutes, maximum, évidemment. Alors, la parole est à vous, M. le
ministre des Finances.
Remarques préliminaires M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: M. le Président, je suis heureux de
participer aux travaux de cette commission parlementaire qui me permettra de
discuter avec vous du budget que je viens de présenter, il y a
déjà quelques jours, à l'Assemblée nationale.
C'était le 2 mai dernier.
Comme vous le savez, M. le Président, je n'a) pas à vous
le rappeler, le budget que j'avais à présenter a
été préparé dans un contexte économique
difficile. Malgré cela, ce budget nous a permis de poursuivre plusieurs
politiques mises de l'avant lors des budgets précédents.
Malgré le contexte auquel nous faisions face, j'ai été
très heureux qu'encore une fois ce budget ne comporte aucune hausse de
l'impôt sur le revenu des particuliers. Au contraire, le budget maintient
l'indexation à 4,5 %, un taux supérieur à celui
appliqué dans les autres provinces et au fédéral, et il
comporte même certains allégements. Quant aux hausses de taxes,
elles ont été implantées graduellement, alors que
l'économie québécoise sera à nouveau sur le sentier
de la croissance; nous l'espérons du moins. En somme, c'est un budget de
continuité qui va nous aider à atteindre les objectifs que nous
nous sommes fixés lorsque nous sommes revenus au pouvoir en 1985.
Le Canada et le Québec traversent présentement une
récession, nous le savons, nous l'avons dit sur tous les tons, mais nous
espérons que le pire est passé. C'est la politique
monétaire extrêmement restrictive de la Banque du Canada qui a
été un facteur de cette situation, et pas le moindre. Toute
récession a des conséquences importantes sur les finances d'un
gouvernement, c'est clair. En effet, le gouvernement est affecté
à la fois du côté de ses recettes et du côté
de ses dépenses. Du côté des dépenses, on songe,
évidemment, au niveau du soutien du revenu. Face à la
détérioration plus prononcée que prévu de ses
équilibres financiers, le gouvernement avait trois choix au moins.
Le premier que nous avons envisagé, c'était
d'emprunter pour injecter quelques milliards dans l'économie et,
évidemment, une telle approche aurait entraîné un
problème récurrent pour les années à venir
puisqu'il aurait fallu rembourser ces emprunts. Une telle tentative pour
contrer la récession était vouée d'avance à
l'échec étant donné le degré d'ouverture
très grand de l'économie québécoise. De plus, il me
semble qu'une telle attitude pourrait être qualifiée
d'irresponsable étant donné le niveau élevé
d'endettement que nous connaissons déjà au Québec.
La deuxième réaction possible était de chercher
à respecter intégralement les objectifs de déficit que
nous nous étions fixés et cela, en augmentant de façon
importante les impôts et les taxes. Ce genre de réaction aurait
évidemment eu pour effet de retarder la reprise.
Il y avait une troisième voie que nous avons explorée et
que nous avons retenue, celle qui a consisté à laisser augmenter
le déficit de façon temporaire et d'entreprendre de le
réduire à mesure que la reprise s'amorcera et d'accepter, pour ce
qui était des dépassements de nature permanente, non pas
conjoncturelle, de se tourner vers non pas l'augmentation des impôts,
mais du côté des taxes à la consommation.
Le gouvernement n'est pas resté les bras croisés face au
ralentissement économique. Dès le budget de l'an dernier, nous
avions pris une série de mesures pour faire face à ce que nous
croyions être un ralentissement économique. Tous les
prévisionnistes, que ce soit du côté des institutions
financières, du Conference Board, les autres, au ministère chez
nous, au ministère fédéral des Finances... On
prévoyait, évidemment, un ralentissement économique, mais
pas une récession d'une telle profondeur. Tout de même, dès
l'an dernier, dans le budget 1990-1991, nous avions pris une série de
mesures pour faire face à ce ralentissement appréhendé et
cela, à la mesure de nos moyens.
D'abord, une accélération des investissements publics, 279
000 000 $; un plan quinquennal de restauration du réseau routier de
près de 1 700 000 000 $; l'aide aux régions; pêches;
secteur minier; emplois en forêt; emplois saisonniers; OPDQ;
Hydro-Québec également, avec des investissements importants, et
les suites des politiques énergétiques, c'est-à-dire
l'implantation d'industries de l'aluminium; la SDI, l'aide aux PME, un premier
45 000 000 $ qui, maintenant, est rendu à 105 000 000 $. Et face au
ralentissement plus prononcé que prévu, le gouvernement a
lancé, à la mi-janvier, le plan de relance annoncé par le
premier ministre. D'abord, le programme Mon taux, mon toit, avec garantie
hypothécaire à 8, 5 % pour trois ans. Mon taux, mon toit,
ça me fait penser... Je me permets une parenthèse. J'ai vu que
ça avait été traduit dans un journal de langue anglaise
comme étant "My taxes, my roof. Mon taux, ce n'est pas ça que
ça veut dire. Comme vous le savez fort bien, c'est le taux de
l'intérêt sur l'emprunt hypothé- caire.
Le Président (M. Farrah): "Rate".
M. Levesque: Pardon?
Le Président (M. Farrah): "Rate".
M. Levesque: "Rate", oui. "My rate, my roof. Ç'aurait
été mieux que "My taxes".
Des investissements publics, une autre tranche de 311 000 000 $ et
l'aide accrue aux PME via la SDI, des crédits augmentés, comme je
viens de le mentionner, à 105 000 000 $.
Les efforts vont porter fruit, sans doute, et cela sans que ça
coûte une fortune au gouvernement et que cela compromette, du moins pour
cette année, les équilibres financiers actuels et à venir.
Je pense que, de cette façon-là, le gouvernement a bien
réagi. L'économie du Québec sera moins affectée,
d'ailleurs, que l'Ontario en 1991. PIB Québec, diminution de 1, 1 %,
décroissance de 1, 1 %; Ontario, 3, 3 % de décroissance. Nous
croyons que la reprise, cependant, est imminente. Les signes, d'ailleurs,
commencent à se faire voir. Je pense que le pire est derrière
nous. La reprise très prochaine aux États-Unis devrait relancer
les exportations. La baisse des taux d'intérêt devrait relancer
également la confiance des consommateurs et, partant, celle des
entreprises.
Ce budget mise sur l'avenir avec une stratégie qui comprend trois
volets. Sur le plan économique, comme on anticipe une période
d'expansion soutenue de l'économie mondiale, je crois qu'il est
nécessaire de donner à l'économie québécoise
tous les instruments pour qu'elle profite pleinement de cette conjoncture; des
milliers d'emplois sont en jeu. Sur le plan des finances publiques, comme
l'efficacité du secteur public est aussi garant de celle du secteur
privé, il faut poursuivre les politiques mises en place par notre
gouvernement à ce niveau. Troisièmement, sur le plan social,
malgré la conjoncture difficile, nos préoccupations n'ont pas
été mises en veilleuse.
Ce budget comporte plusieurs mesures qui viennent compléter les
mesures prises lors des budgets précédents. Toutes ces mesures
visent à soutenir les entreprises québécoises de
façon à les rendre pleinement concurrentielles. (16 h 45)
Les entreprises québécoises doivent être
compétitives dans le contexte actuel du marché de
libre-échange entre le Canada et les États-Unis et possiblement
bientôt avec le Mexique. C'est la seule façon de s'assurer que de
nombreux emplois de qualité seront créés. À cette
fin, les mesures du budget ont visé à s'assurer que les
entreprises disposent d'une main-d'oeuvre de qualité et de capitaux en
quantité suffisante. Le budget a voulu s'assurer également de la
diffusion de la technologie aux entreprises et
voir à aider celles-ci dans leurs projets d'investissement.
Le programme d'aide financière aux démarches individuelles
de formation vient compléter la mesure du budget de l'an dernier
concernant les entreprises. On a effectué une révision des
mécanismes pour faciliter la levée de capital de risque pour les
entreprises du Québec. L'aide, d'abord, dans le cadre du REA sera
dirigée davantage vers les petites et moyennes corporations et l'aide
est accrue; une bonification de 25 points de pourcentage des SPEQ,
l'admissibilité des débentures convertibles au REA en 1991 et
1992 et crédit d'impôt remboursable pour les émissions
effectuées auprès d'institutions financières ou de
sociétés de capital de risque. Il y a aussi la mise à jour
de nos instruments pour favoriser l'innovation technologique, en particulier
chez les PME. Il y a aussi la mise sur pied du Fonds de développement
industriel doté de 200 000 000 $ qui devrait soutenir des
investissements qui pourraient dépasser 1 000 000 000 $.
Sur le plan des finances publiques, maintenant, la stratégie que
nous avons choisie consiste, une fois passée la récession,
à poursuivre avec une détermination renouvelée nos
politiques à l'égard des finances publiques. Pour 1991-1992, afin
de ne pas nuire à la reprise économique, j'ai dû me
résoudre - ça n'a pas été facile, mais - à
laisser augmenter le déficit. Je n'ai pas cherché à
compenser par des impôts ou des taxes le ralentissement des revenus qui
découlait de celui de l'économie. Mais l'année 1991-1992
est aussi l'objet d'une rapide augmentation des dépenses. J'aurais fait
preuve d'irresponsabilité en finançant, après une hausse
du déficit, un dépassement aux dépenses qui est de nature
permanente. Encore une fois, le budget ne comporte aucune hausse de
l'impôt sur le revenu des particuliers. Je le répète, au
contraire, la plupart des exemptions de base seront indexées de 4, 5 %
le 1er janvier 1992.
Le dépassement aux dépenses m'a amené à
devoir augmenter les taxes. Ce sont principalement les taxes les moins
dommageables pour la compétitivité qui ont été
augmentées: le tabac, les alcools, les carburants. Dans le cas de la
taxe de vente, il s'agit de maintenir le taux à 8 %. Les augmentations
seront mises en vigueur progressivement, au fur et à mesure que
l'économie devrait normalement retrouver son rythme de croisière
et cela, au cours des prochains mois. Pour les années
subséquentes, le redressement devrait se poursuivre et même
s'accélérer. L'objectif est de ramener le déficit à
1 500 000 000 $ d'ici à deux ans.
Trois obstacles se dressent cependant devant nous pour nous permettre
d'équilibrer le solde courant: premièrement, la croissance trop
faible des transferts fédéraux; deuxièmement, le fardeau
de dette qui est très élevé, très lourd et,
troisièmement, la croissance trop élevée des
dépenses. pour les transferts fédéraux 1983-1984,
ça représentait 28, 9 % des revenus. en 1993-1994, si aucun
changement n'était apporté, nous serions rendus à 18%. le
renouvellement des accords se fait cette année et j'entends bien faire
valoir notre point de vue. le gouvernement du québec a clairement
énoncé ses objectifs, premièrement, améliorer la
redistribution effectuée au canada; deuxièmement, favoriser une
plus grande efficacité du secteur public et, troisièmement,
combler l'écart qui s'est creusé au cours des dernières
années au détriment des provinces moins bien nanties. nous aurons
l'occasion d'ailleurs d'en reparler bientôt étant donné que
j'ai été convoqué pour une interpellation sur ce sujet
vendredi matin, à 9 h 30.
M. Léonard: Quel crime d'iconoclastie! M. Levesque:
Pardon? M. Léonard: Quel crime d'iconoclastie! M.
Levesque: Oui.
Le Président (M. Farrah): De 9h 30 à 11 h
30.
M. Levesque: C'est ça, M. le Président. Il y a
aussi, en plus du problème des transferts fédéraux, celui
de notre propre dette. En 1975-1976, la dette directe du gouvernement
représentait 12, 1 % du PIB; en 1985-1986, lorsque nous sommes revenus
au pouvoir, c'était 21, 9 % du PIB, près du double et,
maintenant, sur chaque dollar de revenu, 0, 17 $ vont en paiement
d'intérêts. Le pire est que cette accumulation de dette a servi
à payer de l'épicerie en majeure partie et il faut sortir de
cette situation-là le plus rapidement possible, parce que, encore cette
année, c'est encore l'épicerie, avec la récession, que
nous sommes obligés d'accepter de financer, et ceci est radicalement
contre les politiques que nous avons suivies depuis déjà quelque
temps, c'est-à-dire, quant à moi, ministre des Finances depuis
1985, nous étions justement à la veille de voir disparaître
ces emprunts pour financer l'épicerie. Nous n'avions qu'une autre
année à faire et ç'aurait été fait, sauf que
la récession est arrivée et nous a obligés de faire une
pause, mais nos objectifs n'ont pas changé.
Et, ensuite, il y a cette croissance trop élevée des
dépenses. Bon an mal an, les dépenses ont tendance à
augmenter à l'inflation plus 3 %. Ça dépasse la
capacité de payer des Québécois. Les pressions sont
fortes, cependant, dans certains secteurs, en particulier dans celui de la
santé. La hausse moyenne depuis cinq ans à la santé est
autour de 8 %. Ensuite, il y a des nouveaux besoins à satisfaire:
l'environnement, l'intégration des immigrants, le soutien à la
famille, l'entretien et le renouvellement des infrastructures. Il s'agit
là, M. le Président, d'un
défi de taille à relever; l'objectif, 4,5 % d'augmentation
des dépenses pour les deux prochaines années, pour chacune des
deux prochaines années. Et, pour y arriver, évidemment, cela veut
dire que nous devons voir à diminuer le déficit de 1 000 000 000
$ par année pour deux ans, si on veut arriver à un solde
équilibré du compte courant. Notre objectif, c'est de passer de 3
400 000 000 $ à 2 400 000 000 $ et de 2 400 000 000 $ à 1 500 000
000 $. À ce moment-là, on atteindrait l'équilibre du
compte courant. Nous allons réexaminer les priorités et chercher
à produire plus efficacement. Nous allons continuer à
répondre aux besoins prioritaires de la population. Nous sommes
confiants d'être capables de surmonter les obstacles qui se dressent
devant nous. C'est la capacité concurrentielle du Québec qui est
en jeu. Soyez assuré, M. le Président, que nous ne
ménagerons aucun effort pour atteindre les objectifs fixés au
niveau de l'assainissement des finances publiques amorcé en 1985.
Et, évidemment, notre troisième objectif demeure de
toujours répondre aux besoins sociaux. Malgré ces
difficultés, il ne fallait pas abandonner nos préoccupations pour
le mieux-être de la société; même si nous l'avons
fait avec des moyens modestes, notre appui aux familles a été
maintenu. Oois-je vous rappeler les allocations à la naissance pour le
troisième enfant et les suivants portées à 7500 $, la
prolongation du programme d'accès à la propriété
pour les familles, l'amélioration au programme APPORT, un traitement
plus adéquat des pensions alimentaires, l'indexation de 4,5 % des
allocations familiales, sans compter ce qui avait déjà
été accordé lors du dépôt des crédits
en mars, c'est-à-dire 6000 places de garde, etc.? D'autres mesures
aussi: l'indexation des barèmes des prestations de
sécurité du revenu, 4,5 %; un meilleur traitement fiscal des
personnes handicapées, 10 000 000 $ de ce côté.
En conclusion, M. le Président, le gouvernement a choisi, il me
semble, la bonne réaction face au ralentissement économique. Nous
avions la marge de manoeuvre nécessaire pour réagir grâce
à une gestion appropriée, je crois, des finances publiques. Le
gouvernement est déterminé à poursuivre l'assainissement
dés finances publiques entrepris lorsque nous sommes revenus au pouvoir.
Nous sommes confiants d'y parvenir et nous sommes assurés que le
récent budget va contribuer à atteindre cet objectif. Pour
créer tous les emplois dont il a tant besoin, et je parle d'emplois bien
rémunérés, le Québec ne peut s'appuyer que sur un
secteur privé compétitif. De plus, un secteur public efficace est
une condition essentielle à un secteur privé en santé. Le
présent budget, tout comme ceux qui l'ont précédé,
travaille à réaliser toutes les conditions nécessaires
à l'atteinte de cet objectif.
M. le Président, au début des travaux de cette commission,
je veux vous assurer de ma plus grande collaboration et assurer
également les membres de cette commission que nous essaierons... Vous
voyez que j'ai ici avec moi plusieurs des fonctionnaires du. ministère
des Finances qui sont à notre disposition pour pouvoir éclairer
la commission sur les sujets que les membres de la commission jugeront à
propos d'explorer. Je vous remercie.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le ministre des
Finances. Je veux profiter de l'occasion, au nom des membres de la commission,
pour saluer l'ensemble des fonctionnaires et des gens qui sont
présents.
Alors, sans plus tarder, je cède la parole au critique de
l'Opposition officielle, le député de Labelle, pour une
période maximale de 20 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Moi aussi,
d'entrée de jeu, je voudrais saluer la présence des
fonctionnaires du ministère des Finances qui ont sûrement bien
calculé le budget selon les directives du ministre. La question,
sûrement, qui va se poser, c'est: Est-ce que les directives
étaient correctes ou pas? Mais nous y reviendrons. Bien sûr que,
s'il y a des erreurs, c'est dû aux orientations qui auront
été données, pas à la compétence des
fonctionnaires.
M. Levesque: C'est de bonne guerre. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Léonard: M. le Président, il faut dire que
l'économie qui devait atterrir en douceur, d'après le discours de
l'an dernier, a plutôt piqué du nez. C'est ce qu'il faut
constater. Les hausses de taxes dans le budget 1991-1992 sont là pour le
démontrer. En 1990-1991, nous avions déjà 1 000 000 000 $
de hausses de taxes. Nous aurons l'occasion d'étudier un petit tableau
que nous avons déjà produit et que tout le monde aurait
intérêt à lire. Alors, les hausses de taxes dans le budget
y sont sûrement pour quelque chose, en particulier les taxes 1990-1991.
Cette année, on nous applique la même médecine.
Je lisais dans un article du Journal Les Affaires en fin de
semaine que les ponctions faites par le gouvernement au titre de certaines
taxes, notamment sur une somme de 263 000 000 $, avaient causé une
baisse du PIB au Québec de 0,2 %. Donc, il y a une corrélation
importante et, j'aurai à interroger le ministre sur cette
question-là, si cela est exact, ça veut dire que les hausses de
taxes qu'il y a eues l'an dernier ont eu un impact considérable sur la
baisse du PIB ici, au Québec.
Je pense que nous toucherons là, finalement, un des points
essentiels du débat que nous
devons avoir autour du budget 1991-1992, ce sont les gouvernements qui
ont causé la récession économique. Ils ont causé la
récession économique. Le ministre des Finances va se disculper en
disant que c'est le gouvernement fédéral; ça ne lui
enlève pas sa propre responsabilité puisqu'il est allé
dans le même sens. Mais c'est un fait que le gouvernement
fédéral a été une des grandes causes de cette
récession. Depuis longtemps, il accumulait un déficit. Si l'on
tient un discours ici, au Québec, sur le déficit du
Québec, on doit en tenir un aussi sur le déficit
fédéral. Ce déficit fédéral qui était
de 80 000 000 000 $ en 1980 est passé à 180 000 000 000 $ en 1985
et sera de 400 000 000 000 $ au 30 juin 1991, cette année, donc
maintenant. Cela a impliqué, évidemment, un service de dette
considérable, des emprunts considérables qui ont
occasionné une hausse des taux d'intérêt, puis hausse du
taux d'escompte, freinage dans les investissements, et l'on voit les
conséquences. Le gouvernement lui-même a fait ça. Le
gouvernement du Québec aussi est allé dans le même sens. Il
a lui aussi financé une partie de son épicerie alors que, dans le
discours ici, on rejette tout le poids de cela sur l'ancien gouvernement. Le
gouvernement qui nous avait précédés, à l'origine,
si on remonte à 1976, avait accumulé des dettes
considérables. Parce que je vois que le ministre, dans ses chiffres,
prend . juste l'année 1975-1976, il devrait aussi prendre 1976-1977,
c'est la sienne. Et, donc, à ce compte-là, nous voyons
très bien que les gouvernements, dans leur ensemble, ont accumulé
des déficits et c'est effectivement une question sur laquelle nous
devons nous arrêter. Nous y reviendrons donc. (17 heures)
Cette année, le ministre dit qu'il n'a pas haussé les
impôts. C'est une affirmation, effectivement, sur l'impôt sur le
revenu. Mais un éditorialiste a, notamment, relevé que les
hausses de taxes qu'il a imposées aux contribuables équivalaient
à une hausse d'impôt de 12 %, ce qui est considérable. Et
la question est de savoir si l'on devait augmenter des taxes ou les
impôts ou jouer sur l'un et l'autre et sur le déficit
concurremment. Je pense que ça, c'en est une question qu'il pourrait se
poser parce que, en faisant ce qu'il a fait, augmenter les taxes uniquement, il
a freiné davantage la consommation l'an dernier et lui est allé
dans le sens du freinage de l'économie, dans le sens de la
récession. Ça, c'est un facteur très important. J'ai eu
l'occasion, en Chambre, de développer là-dessus. Mais le
déficit canadien, son financement, les taux d'escompte, les taux
d'intérêt ont amené une pression au freinage des
investissements. Le gouvernement du Québec a monté ses taxes l'an
dernier alors que les signes de ralentissement étaient
déjà présents, que nous lui avions dit qu'il risquait d'y
avoir une récession, que le Conseil économique du Canada est
allé exacte- ment dans ce sens-là lorsqu'il a dit que, si on
faisait cela, on freinerait, on créerait, on accentuerait le
ralentissement et on créerait une récession. C'est ça qui
s'est passé et le ministre y a contribué.
D'autre part, j'ai eu l'occasion de souligner le fait que l'introduction
de la TPS qui était en soi une mesure où l'on touchait davantage
la taxation, où l'on réformait le régime fiscal pour
introduire plus de taxation en contrepartie d'une baisse de l'impôt sur
le revenu, une baisse de l'impôt sur le revenu qu'on a faite d'ailleurs
en 1988 alors qu'on a introduit la TPS seulement cette année, donc,
ç'a créé un déséquilibre, mais
l'introduction de la TPS a créé encore une pression à
l'inflation, une diminution de la consommation, un freinage de
l'activité économique qui a créé du chômage,
puis nous y sommes en récession, et ce sont les gouvernements qui ont
amené ça.
Un des facteurs qu'il faut relever, je pense, c'est que le Canada, et le
Québec, est entré en récession avant les
États-Unis. Généralement, les États-Unis entraient
en récession et le Canada suivait quelque temps après, alors que,
maintenant, ç'a été l'inverse, le Canada est entré
en récession avant les États-Unis. Évidemment, on se
posera la question sur le moment où on en sortira. Mais c'est quand
même un fait qu'il faut noter.
Le ministre parle de la politique restrictive du gouvernement
fédéral. Effectivement, en fait, cette déclaration
recouvre ce que je viens de dire. Les déficits, ces déficits des
gouvernements ont accentué, ont créé une pression à
l'augmentation des taux d'intérêt et des taux d'escompte de la
Banque du Canada, et nous nous retrouvons dans la situation actuelle.
Le ministre dit qu'il avait trois voies, que nous retrouvons ici! Il
dit: Emprunter en augmentant le déficit; respecter les objectifs de
déficit en augmentant encore plus les impôts et les taxes,
c'est-à-dire ce qui aurait pour effet de retarder la reprise, et, donc,
en disant ceci, il retarde, il admet qu'il a déjà retardé
la reprise par l'augmentation des taxes de 1990-1991 et l'augmentation des
taxes aussi cette année va, encore une fois, accélérer,
accentuer la récession économique. Il dit, par ailleurs, qu'il a
introduit des mesures, comme ils l'ont fait, pour accélérer la
reprise économique: un plan de 279 000 000 $. Je voudrais simplement
souligner que des analyses que nous en avons faites et les renseignements dont
nous disposons indiquent que, finalement, au moins pour le premier plan de 279
000 000 $, il a tardé à se réaliser et, pour certaines
parties, il ne se serait pas réalisé. J'aurai des
éclaircissements, des questions à poser au ministre sur ce plan.
Et c'est ce qui a amené le gouvernement à en produire un autre,
d'ailleurs, à Noël ou après Noël, un autre plan de
relance sur lequel j'espère que nous aurons des
éclaircissements.
Maintenant, M. le Président, les prévisions du ministre
quant à l'année qui vient sont-elles optimistes, sont-elles
pessimistes? Il me semble qu'il y a une question de fond à se poser sur
ses prévisions. D'une part, l'Ontario estime que l'économie va
diminuer, le PIB va diminuer de 3, 5 %, il me semble, 3, 5 %, alors que le
Québec estime, lui, que son PIB va diminuer seulement de 1, 1 %. Si cela
est vrai, j'aimerais savoir sur quelle base le ministre établit ses
prévisions, parce que c'est un décalage quand même
significatif de l'ordre de plus de 2 % entre les deux prévisions et, si
ses prévisions sont optimistes, son déficit pourrait être
différent de 3 480 000 000 $. Nous sommes habitués à des
corrections d'une certaine ampleur de la part du ministre des Finances, nous
l'avons vu l'an dernier. Ses prévisions de déficit étaient
de 1 750 000 000 $, son déficit réel a été de 2 795
000 000 $ et, là-dessus, on ne compte pas des dépenses
payées d'avance de l'ordre de près de 200 000 000 $ et, donc, le
déficit réel du québec cette année - si on ne joue
pas sur les chiffres, si on ne manipule pas les chiffres comptables - est de
l'ordre de 3 000 000 000 $. à côté de 1 750 000 000 $,
c'est donc dire que le dépassement au terme du déficit cette
année, l'erreur de prévisions est d'au moins 1 000 000 000 $
quant au déficit. et la question, c'est de savoir si, finalement, le
déficit de 3 480 000 000 $, c'est bien ce qui risque de se passer et,
là-dessus, la donnée fondamentale, c'est celle des
prévisions qui entourent le pib. nous prévoyons une diminution du
pib de 1, 1 %, l'ontario prévoit moins 3, 5 % et, donc, c'est une
différence significative de 2, 5 points. c'est important. je voudrais
qu'on nous explique pourquoi ce serait si différent entre l'ontario et
le québec quant aux prévisions du pib actuellement, parce que le
ministre pourrait se tromper très facilement d'un autre milliard dans
son déficit et, donc, les discours qu'il tient là-dessus
pourraient l'amener à rabaisser son cocorico. oui, parfaitement, c'est
ça qui risque d'arriver. je crains d'ailleurs que ce budget qui comprend
des taxes extraordinaires, importantes, sur une base annuelle depuis un an et
demi, depuis deux ans, de l'ordre de 3 321 000 000 $, ces taxes sont
importantes et peuvent accélérer la décroissance du pib,
et on peut se retrouver avec une croissance économique plus basse que
moins 1, 1 %. l'ontario prévoit moins 3, 5 % en faisant un budget
très expansionniste que je ne voudrais pas imiter, mais son
activité économique va quand même baisser de 3, 5 %; son
déficit est de 10 000 000 000 $, presque 10 000 000 000 $, 9 700 000 000
$, ce qu'il prévoit. et moi, je m'interroge beaucoup sur la valeur des
prévisions du ministre des finances dans le budget qu'il y a à
l'heure actuelle. j'aimerais que nous fassions une comparaison serrée
sur ce plan et j'espère que ce n'est pas juste les arrangements de
chiffres, les arrangements comptables pour équilibrer, qu'il n'y a pas,
comme on dit dans le métier, des "plugs" importantes là-dedans.
Je trouve que la question est d'importance, parce que, au fond, toutes les
déclarations, toute la pseudo-philosophie qui entoure le budget
actuellement peut être remise en cause. Si ce gouvernement atteint un
déficit de 3 500 000 000 $ à ce stade-ci, c'est après
avoir imposé des taxes par-dessus celles qui existaient de 3 321 000 000
$ sur une base annuelle, 3 321 000 000 $. Si, en plus, il risque d'y avoir des
erreurs là-dessus, il me semble que nous avons de sérieuses
questions à nous poser.
Je lisais, comme le ministre, dans La Presse de fin de semaine
qu'effectivement il y avait des signes de reprise économique. J'ai lu
l'article d'un bout à l'autre. Je n'ai pas trouvé d'indices
très significatifs de reprise économique, sauf la manchette,
c'est à peu près tout ce qu'il y avait, et j'ai cru comprendre
qu'on essayait de conditionner un peu l'opinion à une reprise
éventuelle ou, en tout cas, de façon à ne pas faire peur
quant à la réalité économique. Je crois que nous
devons échanger là-dessus, sur la valeur des prévisions en
ce qui concerne la décroissance du PIB.
Le ministre ne parte pas très longtemps de ses taxes. Il parle
beaucoup de ses mesures, les petites mesures, qu'il distille au compte-gouttes
dans son budget, longuement. Il revient à plusieurs reprises sur ses
mesures. Un paragraphe sur une petite mesure comme le REA, trois, quatre autres
paragraphes sur autre chose, il revient tout à coup sur le REA. Bref, on
s'étend longuement sur un sujet qui, à mon sens, compte tenu de
l'argent qu'il y a là-dedans, ne comporte pas cette importance
verbale.
La principale mesure de ce budget, c'est celle qui concerne la TPS
à 8 %. La TPS a été introduite en disant que son rendement
devait être neutre. J'ai bien entendu ici la déclaration
ministérielle au 30 août dernier, reprise, à grand renfort
de publicité, par la suite. Or, on sait déjà qu'en
l'appliquant le gouvernement s'était mis de côté une
cagnotte de 362 000 000 $. Par la suite, compte tenu des indexations, dit-il,
ça ne devait pas produire de revenus additionnels. Mais, même pas
un an après, il manque à son engagement de baisser la TPS
québécoise à 7 %. Elle reste à 8 %. Et,
incidemment, ce n'est pas 8 %, c'est 8, 56 %. En réalité,
l'augmentation de la taxe de vente, au-delà des engagements qui avaient
été pris, est de 1, 07 %, parce que les 8 % s'appliquent sur les
7 % de la taxe fédérale. Le gouvernement du Québec taxe la
taxe fédérale. Alors, finalement, la taxe de vente sera
passée de 9 % à 8, 56 % en élargissant l'assiette, ce qui
rapportera, sur une base annuelle, 762 000 000 $ au gouvernement du
Québec. Là-dessus, je trouve que le ministre dit deux mots, de
façon pudique, en disant qu'il maintient la taxe de vente du
Québec à 8 %. Ce n'est pas ça, c'est une augmentation
considérable de
762 000 000 $ sur une base annuelle, et il faut, effectivement, indiquer
qu'il s'agit là d'une base annuelle.
Le ministre arrive à un déficit de 3 480 000 000 $ en
prenant seulement trois mois de cette augmentation de taxe annuelle. Trois
mois. Son rendement est de 153 000 000 $ dans le budget actuel, mais l'an
prochain, c'est 762 000 000 $. Ça veut dire que cette taxe, l'impact
d'une taxe additionnelle de 1 % de la TPS québécoise, va
rapporter 762 000 000 $ en chiffres 1991-1992, 839 000 000 $
ultérieurement, bref, des sommes très importantes. C'est la
mesure la plus importante du budget. La plus importante. C'est
réglé en un petit paragraphe, évidemment. (17 h 15)
L'autre taxe très importante, celle sur les carburants -
ça aussi, une taxe majeure qui rapporte 248 000 000 $, comme il l'a dit
suavement - s'est implantée graduellement. Mais elles sont là et
elles seront là pour y rester, deux taxes qui frappent très
durement l'économie: la TPS qui frappe directement le niveau de
consommation des gens, de toutes les personnes, de tous les citoyens du
Québec, contrairement à l'impôt sur le revenu, d'ailleurs,
et la taxe sur les carburants qui touche tous les déplacements au
Québec. Et Dieu sait s'il s'agit là d'une taxe importante, d'un
secteur important de l'économie que celui des tranports, une
donnée majeure dans ce budget, sur une base annuelle, un autre montant
de 339 000 000 $. 326 000 000 $. Je rectifie, 326 000 000 $. Plus d'autres
taxes sur le tabac et l'alcool qu'il prend bien soin de citer avant de citer
les deux autres, alors que les plus importantes, c'est, d'abord, la TPS
québécoise et, ensuite, la taxe sur l'essence. Données
importantes. Et je me pose des questions sur ce plan-là, sur la
volonté du ministre ou sur la capacité du ministre de
réduire son déficit à 1 500 000 000 $. Il faut que ses
prévisions optimistes se réalisent et il faut aussi que, dans son
budget, il y art une compression de dépenses de 1 224 000 000 $,
compression très importante sur laquelle nous allons l'interroger aussi,
pour arriver à 1 500 000 000 $. Et tout cela implique que les taxes
qu'il a décrétées en 1990-1991 et 1991-1992, directement
ou indirectement, continuent de s'appliquer durant trois ans.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Labelle. M. le ministre, la parole est à vous
pour une réplique de 10 minutes.
M. Gérard D. Levesque (réplique)
M. Levesque: M. le Président, évidemment, le
député de Labelle fait bien son travail. Il cherche à
souligner ce qu'il peut voir dans le budget qui puisse correspondre à
une critique de bon aloi qui, évidemment, va de pair avec le rôle
qu'il joue dans l'Opposition. Ça, j'ai vécu ces moments-là
et je sais que ce rôle est souvent ingrat, mais il faut que quelqu'un le
fasse. Alors, je suis heureux que ce soit lui qui ait à le faire
aujourd'hui. Cependant, moi, j'ai aussi un rôle de faire attention
à ce qui peut être véhiculé. Même si c'est de
bonne foi - je n'en doute pas - il faut, je pense, faire attention à
certaines déclarations.
D'abord, le député de Labelle se réfère
à la récession et s'interroge sur les données, sur quoi on
se base pour dire que la récession va avoir moins d'effets
négatifs sur le PIB qu'en Ontario, par exemple. Pourquoi arrive-t-on
à 1, 1 % de décroissance ici par rapport à 3, 3 % en
Ontario? C'est une bonne question, mais il faut dire, tout d'abord, que
contrairement à ce qu'il a peut-être laissé entendre au
début de ses remarques, lorsqu'il a parlé des fonctionnaires
à qui je dicterais certaines orientations...
Une voix:...
M. Levesque: Oui, mais pas sur les données de base. C'est
moi, plutôt, qui vais chez eux pour obtenir les données de base.
Et le 1, 1 %, je ne l'ai pas inventé, les 3, 3 % non plus. Nous avons
des économistes qui, jusqu'à maintenant, ont fait preuve pendant
plusieurs années, même les gens qui étaient là de
votre temps aussi, et qui ont eu des résultats qui, au cours des
années, me font dire que la moyenne au bâton a été
bonne. D'ailleurs, lorsque l'on regarde, par exemple, le tableau comparatif des
perspectives économiques au Canada, on s'apercevra que nos
prévisions sur le PIB ne sont pas tellement loin de la moyenne que l'on
retrouve. Dans notre cas - on est même plus conservateurs - on parlait,
par exemple, d'une décroissance de 1, 4 % alors que le budget
fédéral parlait de 1 %, la Banque Royale, 0, 9 %, la Caisse de
dépôt, 0, 5 %, le Conference Board, 1, 1 %. La moyenne de tout le
monde, le Mouvement Desjardins inclus, Wood Gundy, Dominion Securities, etc.,
était de moins 1, 1 %. Et nous, nous sommes à moins 1, 4 %.
Alors, c'est pour vous dire que nous avons une tradition de ne pas mettre trop
de lunettes roses dans nos prévisions.
Pourquoi, du côté de l'Ontario, est-ce un peu
différent, dans le sens que nous ne sommes pas à 1, 1 %, mais
nous sommes plutôt à 3, 3 %? C'est qu'il y a là des indices
qui sont clairs aussi. Vous savez que la récession cette année
est plus forte en Ontario qu'elle ne l'est au Québec. Les pertes
d'emplois, par exemple, sont autour de 100 000 dans notre cas et autour de 230
000 dans le cas de l'Ontario. Vous avez un recul à peu près 2, 3
fois plus fort en Ontario qu'au Québec. Seulement dans le domaine de
l'habitation, j'avais des chiffres qui indiquaient, par exemple, de janvier
1991... Ah oui! Les mises en chantier au Canada, au Québec et en
Ontario: au Canada, d'avril à janvier, 39 % de croissance; en Ontario,
décroissance de 7, 5 %; au Québec,
augmentation de 114 %. C'est clair qu'il y a là une
différence énorme et, sans vouloir verser dans peut-être ce
que vous pourriez appeler la partisanerie, vous me permettrez d'en attribuer
une partie au moins à notre programme d'aide à l'habitation, que
l'Opposition a d'ailleurs salué d'une façon positive.
Nous avons, évidemment, aussi des mesures que nous avons prises
dans les investissements accélérés de près de 600
000 000 $ qui tombent cette année ici, au Québec - ça,
c'est une action directe du gouvernement. Il y a les alumineries qui sont en
train de se construire, des investissements d'Hydro-Québec qui sont
également beaucoup plus élevés, de sorte qu'il n'est pas
surprenant que nous ayons pu avoir ces données-là.
Maintenant, si on veut parler des données, vous savez qu'il faut
faire attention parce qu'il y a eu des années où les
données du gouvernement précédent, les prévisions
n'étaient pas tout le temps "tombées sur le nez". On avait
prévu une croissance de 3 % pour 1982 au Québec; résultat
final, moins 5, 4 %, un écart de moins 8, 4 %. Ça peut arriver,
vous savez, dans les meilleures familles. On avait prévu pour 1982
également une croissance de l'emploi de 1, 7 %, 46 000 nouveaux emplois;
résultat, moins 5, 5 % et une perte de 149 000 emplois, pour une
différence de 195 000 emplois. Alors, on peut se tromper même dans
les bonnes familles, vous savez. Je le répète. On avait
prévu un taux de chômage pour 1982 de 9, 8 %; résultat
final, 13, 8 %. Alors, vous savez, même dans les excellentes familles on
peut avoir des petites variations.
Avant de terminer, si on me permet, lorsque l'on parle de la TPS,
j'espère qu'on va mentionner également, parce que vous dites:
Tout le monde la paie - vous pariez de la TVQ à ce moment-là -
tout le monde la paie... Mais il faut bien comprendre qu'il y a des
remboursements, des crédits d'impôt pour les personnes moins
nanties. Nous avons fait ce changement-là, il ne faut pas l'oublier, non
plus. Ce n'est pas parce que nous étions heureux de ne pas la descendre
à 7 %. J'aurais été bien heureux de pouvoir la descendre
à 7 %. Je n'ai pas pu la descendre à 7 %, excepté qu'en la
maintenant à 8 % nous avons voulu protéger les moins nantis.
quant au carburant, simplement à noter que l'augmentation est graduelle.
elle est de 0, 02 $ maintenant et de 0, 02 $ à l'automne, après
le gros de la saison touristique. pour ceux et celles qui ont de grandes
distances à parcourir, la politique que nous avons mise de l'avant en
1985, c'est-à-dire d'épargner les régions
périphériques, les régions intermédiaires, les
régions frontalières, cette politique s'est traduite de nouveau
en faisant en sorte que les 0, 02 $ soient 0, 01 $ dans les régions
périphériques, etc. je pense que ça aussi, ça doit
entrer dans le portrait, si vous voulez.
Le Président (M. LeSage): Avez-vous terminé, M. le
ministre? Il vous reste encore une minute.
M. Levesque: J'ai cru comprendre que mes 10minutes étaient
écoulées.
Le Président (M. LeSage): II vous reste encore 40
secondes.
M. Levesque: Ah oui? Ah bon!
Le Président (M. LeSage): C'est ce qu'on me dit au
secrétariat, M. le ministre.
M. Levesque: Je crois, cependant, que je n'ai pas grand-chose qui
n'ait pas été couvert. Lorsque le député de Labelle
a mentionné le journal Les Affaires, je voudrais le
référer à l'éditorial d'aujourd'hui, enfin, la
dernière parution du journal Les Affaires. Je lui demanderais de lire
l'éditorial de M. Jean-Paul Gagné et il verra là un
témoignage intéressant sur la valeur du présent budget.
c'est lui qui a...
M. Léonard: ils sont très rares, d'ailleurs.
M. Levesque: Au cours de la discussion, on va s'en garder. On a
10 heures. On aura l'occasion d'en ressortir plus tard.
M. Léonard: Ha, ha, ha! Oui.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. M. le
député de Labelle.
Discussion générale
M. Léonard: Le ministre, il me semble, se tire dans le
pied parce qu'il y en a pas mal plus - comme un rapport de 5 à 1 - qui
sont contre que pour. je voudrais revenir quand même à des
éléments importants et souligner, compte tenu des rappels du
passé que l'on fait, qu'un tableau est disparu du budget.
Une voix: Ah oui?
Comparaison des fardeaux fiscaux entre le Québec et l'Ontario
M. Léonard: Oui, et je voudrais lui poser des questions
là-dessus. Depuis plusieurs années, depuis environ 10 ans -
peut-être plus, peut-être moins, on pourra me corriger - il y avait
le tableau de l'écart fiscal Québec-Ontario du secteur
privé. Le gouvernement se targuait de le baisser. Je rappellerai que,
lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, le taux d'augmentation des
dépenses par année sur une période... De 1971-1972
à 1975-1976, le taux d'augmentation des dépenses était de
18, 5 % par année, compo-
sé - s'il vous plaît,là, ça,
c'était la situation que nous avons prise lorsque nous sommes
arrivés - et nous avons réduit ce taux à moins de 10 %
lorsque nous avons quitté le pouvoir, 8, 8 %. C'est ça la
réalité. Ce gouvernement a fait un autre petit pas en avant de 1,
9 % de moins, donc à 6, 9 % par année. Ça, c'est un fait
important.
Par ailleurs, sur le tableau de l'écart fiscal
Ontario-Québec - parce que, quand ça les avantage, ils parlent
beaucoup de l'Ontario et je vois qu'actuellement on dit que la situation est
très différente - j'aimerais savoir pourquoi le ministre, dans
son discours sur le budget, n'a pas publié le tableau comparatif des
taxes et du fardeau fiscal Ontario-Québec par rapport au privé.
Cet écart de fardeau fiscal qui était, à notre
arrivée, de l'ordre de 20 % avait été réduit
à 10 %, puis, l'an dernier, le ministre nous a fait des grands discours
sur le fait qu'il était réduit à 4 %. J'aimerais savoir
maintenant où nous en sommes dans l'écart fiscal entre l'Ontario
et le Québec. Ça, je pense, c'est une question qui
m'apparaît très importante. (17 h 30)
Par ailleurs, je voudrais lui souligner une chose sur la TPS, dont il
vient de nous parler. À la page 58 de la déclaration, de l'annexe
de la déclaration ministérielle du 30 août dernier, le
ministre disait qu'en 1991-1992 l'impact sur les taxes à la
consommation, les ventes au détail rapporteraient, seraient de 1 362 000
000 $ en plus, donc, un impact positif pour les recettes du gouvernement,
négatif pour le consommateur, mais que, par ailleurs, les carburants, en
termes de rendement, donneraient 423 000 000 $ de moins et le tabac, 63 000 000
$ de moins, et puis l'hôtellerie, 543 000 000 $ de moins.
En réalité, par les deux taxes qu'il a imposées sur
les carburants et les tabacs, en fait, il a annulé ce qu'il avait fait
et, donc, l'impact net de la TPS, de l'introduction de la TPS au Québec,
pour 1991-1992, pourrait être estimé à 1 362 000 000 $ ou
environ. C'est sûr que ce n'est pas 1 362 000 000 $, mais une somme de 1
300 000 000 $ d'impact positif sur les ventes au détail.
J'aimerais que le ministre nous réponde là-dessus parce
que, à mon sens, il s'agit d'une taxe, d'ailleurs, de la principale
mesure du budget qu'il a faite, qu'il maintienne la taxe à 8 %,
c'est-à-dire qu'il augmente la taxe de vente ou la TPS
québécoise à 8 % alors qu'elle devait être à
7 %, selon la déclaration. Il l'a augmentée à 8 %,
c'est-à-dire qu'il a augmenté de 1, 07 % par rapport à ce
que c'était auparavant
Je vois bien aussi qu'il parle des crédits, des crédits
d'impôt qui sont donnés aux personnes qui ont peu ou pas de
revenus. Je signalerai que son indexation est de 4, 5 %, mais que l'inflation
réelle, depuis le début de l'année, serait de l'ordre de
8, 1 %. Si j'erre sur le chiffre lui-même, j'aimerais qu'on me corrige,
mais c'est cela qui aurait été calculé depuis le
début de l'année pour le Québec. Je ne parle pas du taux
d'inflation du Canada, du taux d'inflation pour le Québec. Le ministre
lui-même y a contribué pour une large part parce que c'est
l'introduction de ces taxes qui a fait que l'inflation a été si
forte au Québec. Donc, entre 8, 1 % et 4, 5 % de taux d'indexation qu'il
donne, il y a une différence de 3, 6 % au désavantage justement
de ces personnes âgées. Son crédit d'impôt va donner
120 $ à ces personnes pour un taux de taxe de 8, 56 %, alors qu'au
fédéral on donne un crédit d'impôt de 190 $ pour un
taux de taxe de 7 %.
Il me semble qu'il y a un sérieux décalage et j'aimerais
qu'on nous explique pourquoi il y a un tel décalage parce que, au fond,
la taxe, la TPS fédérale et la TPS québécoise ont
exactement la même assiette, la TPS québécoise ayant en
plus l'assiette du fédéral de 7 % de taxe fédérale.
Je pense qu'il n'y a pas de quoi se vanter sur ces mesures-là parce que
si le ministre a des préoccupations sociales, j'ai l'impression qu'elles
ne sont pas ajustées à la réalité. Ou bien il va
peut-être accuser le fédéral de trop en donner,
peut-être bien, mais il me semble que c'est un élément
important.
Il y a des gens qui doivent s'ajuster, soit au fédéral,
soit au Québec, mais en réalité, je pense qu'il surestime
de beaucoup la portée de sa mesure qui porte sur les crédits
d'impôt. C'est loin d'être suffisant. Nous avons calculé que
ça couvre le 1 $ d'augmentation des places en garderie par jour et que
ça couvre à peu près les taxes sur les couches, au
maximum, pour ceux qui ont le plein crédit, pas le plein crédit,
mais la pleine déduction pour ces frais, les frais de garde, etc. Donc,
nous sommes en dehors. Au fond, il taxe davantage les petites gens parce qu'ils
ne pourront pas s'en sortir autrement.
La taxe s'applique partout. C'est ça qu'il doit constater. Il
doit accepter et si vous avez des enfants et que vous les mettez dans une
garderie, le 1 $ d'augmentation par jour, bien, vous venez d'éponger
toutes les augmentations que vous avez eues simplement par ces deux
éléments.
Alors, je voudrais que le ministre reprenne, s'il y a moyen, toutes les
réponses aux questions que je lui ai posées. En premier lieu,
d'abord, le tableau Québec-Ontario sur l'écart du fardeau fiscal,
ça me paraît être un élément très
important pour savoir de quoi on parle.
Le Président (M. LeSage): Alors, M. le ministre.
M. Levesque: Alors, M. le Président, j'aimerais
immédiatement faire une mise au point parce que le député
de Labelle reprend les paroles du chef de l'Opposition à
l'Assemblée nationale, paroles qu'il prononçait alors qu'il me
posait une question justement à ce propos et où il disait que
depuis 1980, ou depuis - c'est
possible que ce soit 1980 ou 1976... En tout cas, chaque année,
on avait un tableau de comparaison des fardeaux fiscaux entre l'Ontario et le
Québec. Or, peut-être que M. le député de Labelle
pourrait servir de courroie de transmission à M. Parizeau pour au moins
lui dire d'être prudent dans ses déclarations.
M. Léonard: ...au lieu de répondre n'importe
quoi...
M. Levesque: Oui. Oui. On a tous besoin de l'être, mais
dans ce cas-là, je tiendrais à rappeler une vérité,
c'est qu'avant de se vanter qu'on a toujours fait le tableau en question, ce
que j'ai ici comme données - on pourra me corriger, là, je ne
suis pas un dogme ambulant - c'est qu'on n'a fait ça, du
côté du gouvernement du Parti québécois, que quatre
fois entre 1976 et 1985. Autrement dit, on a passé plusieurs
années à... On l'a fait en 1977; on a ensuite passé
par-dessus en 1978, 1979, 1980, 1981. C'est tombé. On y est revenus en
1982 et, après ça, c'est disparu; 1983, 1984, disparu. C'est
revenu en 1985. Alors, ce que j'ai ici devant moi, c'est que les comparaisons
de fardeaux fiscaux ont eu lieu en 1977, en 1982 et en 1985. Dans notre cas,
ça a eu lieu en 1985, 1986, 1988, 1989 et 1990. Alors, je pense que
là... Et lorsque...
Une autre chose que je voudrais... Une autre information... Je voudrais
demander au député de Labelle d'être assez gentil de
transmettre à M. le chef de l'Opposition... C'est que le chef de
l'Opposition, lorsque je lui ai donné la réponse que je vais vous
répéter, il m'a dit ceci, si ma mémoire est fidèle:
Je ne vous ai pas demandé 1991, je vous ai demandé 1990. Or,
1990, vous le retrouvez, le tableau, dans - et je vous réfère au
Journal des débats. Une chance qu'on a un Journal des
débats. Parce que ce que j'avais dit, à ce moment-là,
au chef de l'Opposition...
M. Léonard: Le dernier, là, c'est le dernier.
M. Levesque: Quand on me demande ça, j'ai répondu,
la première fois, à la question du chef de l'Opposition: Nous ne
pouvions publier le tableau, sachant que le gouvernement de l'Ontario allait
incessamment déposer son budget. Nous avions toutes les raisons de
croire que ce budget-là pouvait faire en sorte que, d'après tout
ce qui s'écrivait dans les journaux, d'après tout ce qui se
disait dans les médias, on pouvait penser qu'il y avait des changements
dans ce budget-là, que ce ne serait pas un budget sans aucune
conséquence.
Vous savez que c'est presque le même jour que les deux budgets
sont sortis, à trois jours d'intervalle. Alors, c'est ça que j'ai
répondu au chef de l'Opposition. Le chef de l'Opposition est revenu
à la charge. Il a dit: Je ne vous ai pas demandé pour 1991, c'est
1990. Or, je vous prierais de dire au chef de l'Opposition que, s'il veut
savoir ce qu'il y avait en 1990, il n'a qu'à se référer au
budget 1990-1991, à l'annexe E, et il verra que l'écart
apparaît là comme étant de 3,9 %. Une fois que le budget de
l'Ontario a été déposé, ces 3,9 % sont devenus 3,5
%.
Alors, c'est encore plus éloquent au point de vue de cet
écart. En 1991, je le répète au député de
Labelle, nous avions décidé d'attendre le budget de l'Ontario.
C'est ce que nous avons fait. C'est ce que j'ai répondu en Chambre. Je
le réitère ici. le gouvernement de l'ontario ayant mis
pratiquement tous ses problèmes sur le déficit et non sur la
taxation... un peu, mais par rapport... disons que d'une façon
proportionnelle il a mis le gros de ses problèmes sur le déficit
qui approche les 10 000 000 000 $. c'est clair que le fardeau fiscal n'a pas
été... ce n'est pas là qu'ils ont mis l'accent. ceci a
fait monter l'écart à environ 7 % et quelque chose, ce qui
était à 3,9 % dans le secteur privé. avions-nous
procédé dans la même proportion que l'ontario au
déficit, si nous avions fait le choix, toutes proportions
gardées, nous serions à 2,1 %. mais nous n'avons pas fait ce
choix-là. il faudra attendre de voir ce qui va arriver en ontario. il va
y avoir un moment où ils vont être obligés de payer ce
qu'ils font cette année. les comparaisons se feront. mais pour le
moment, pour répondre exactement à votre question, je pense que
j'ai été très précis dans la réponse. quelle
autre question vous aviez aussi? tps pour...
M. Léonard: Sur la TPS sur...
M. Levesque: Sur les montants qui sont donnés.
M. Léonard: Les montants, l'impact.
M. Levesque: Nous avons donné un crédit
d'impôt qui se compare évidemment à l'effet de la taxe de
vente du Québec, qui a une incidence de combien de pourcent? Je l'avais
tout à l'heure. 1,4 %.
M. Léonard: Avant d'aborder ça...
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Est-ce qu'on peut régler toute la
question du tableau comparatif de l'écart fiscal parce que j'aurais
quelques remarques à faire? Je ne sais pas si on s'en tient...
M. Levesque: Je vais vous dire ceci, là...
M. Léonard: ...de façon rigide aux 10 minutes.
M. Levesque: Pardon?
Le Président (M. Farrah): C'est que, si c'est dans votre
première intervention, il vous reste 2 minutes encore sur vos 10. Vous
voulez revenir ou...
M. Levesque: II y a, évidemment, comme je viens de le
dire, le pourcentage que cela comporte. Par exemple, pour la TPS, la hausse est
de 1, 4 %. La TVQ, de 0, 4 % à 7 %. Et à 8 %, c'est 1, 2? 1, 2
%.
M. Léonard: 1, 2 % pour la TVQ?
M. Levesque: Oui, mais je pense qu'il faudrait bien souligner
ceci. Je voudrais attirer l'attention de la commission sur ceci. Lors de la
réforme de la taxe de vente, le Québec a décidé de
verser un crédit d'impôt remboursable pour la taxe de vente ou une
compensation équivalente aux ménages les plus démunis
à même la prestation d'aide au dernier recours. Ce versement vise
à couvrir la hausse de taxe. Et, effectivement, il couvre plus que la
hausse de taxe supportée par ces ménages. Ainsi, le Québec
verse un crédit de base de 120 $ par adulte pour la hausse de taxe
découlant de la réforme des taxes à la consommation et du
maintien à 8 % du taux de la taxe.
Le fédéral, quant à lui, verse 190 $ par adulte.
Mais il faut retrancher un montant de 140 $ par adulte qu'il versait
déjà à l'égard de l'ancienne taxe de vente du
fédéral, ce qui donne un impact de 50 $ pour la réforme du
fédéral, comparativement à 120 $ de compensation par le
Québec. Alors, je pense que ceci répond à cette
interrogation et si le député de Labelle veut intervenir
immédiatement pour revenir sur la question antérieure.
M. Léonard: On peut régler cette question des
crédits d'impôt, si vous permettez?
M. Levesque: Oui.
Le Président (M. Farrah): Parce que, là, vos 10
minutes sont terminées, M. le ministre des Finances. Alors, je reviens
au député de Labelle.
M. Léonard: Oui, c'est parce qu'on s'en va avec trois
sujets en même temps. Oui, O. K., c'est correct.
M. Levesque: Moi, je n'ai pas de problème sur les minutes
quant à moi. (17 h 45)
M. Léonard: Sur les crédits d'impôt, pour
régler cette question, en réalité, il faut quand
même comprendre: 190 $ de crédit d'impôt pour la TPS. Parce
que pour la taxe de vente fédérale, il y a eu 140 $ d'inclus je
ne sais pas où; pour l'ancienne taxe de vente fédérale, la
transformation a été faite et ils ont bonifié de 140 $
à 190 $. Mais le crédit d'impôt lui-même est de 190 $
pour un taux de taxe de 7 %. Vous donnez 120 $ pour un taux de taxe effectif de
8, 56 %. C'est ça, mon point. C'est de dire que je pense qu'il y a une
inégalité de traitement. C'est la même personne qui a les
mêmes taxes, finalement, et la taxe du Québec est plus
élevée. À 8, 56 %, son crédit d'impôt est de
120 $. D'autre part, au fédéral, la taxe est de 7 %, le
crédit d'impôt de 190 $ Je souligne qu'il y a, en tout cas,
inégalité. Je ne dis pas que c'est une injustice; je dis que le
traitement est très différent. Et en termes de
générosité, de reconnaissance, des besoins primaires des
gens, ce n'est pas fa même chose entre le fédéral et le
Québec. Ça, je pense que c'est un point important, en termes de
mesures sociales.
L'autre élément...
Le Président (M. Farrah): Est-ce que vous avez des
commentaires, M. le ministre des Finances, sur...
M. Levesque: oui, justement, on est en train de me rappeler
quelque chose que j'aurais peut-être dû ajouter aussi. c'est que,
par exemple, à l'aide sociale, on tenait déjà compte, pour
les besoins essentiels, de la taxe de vente de 9 % qui existait à ce
moment-là au niveau provincial. Alors, ça aussi, ça doit
entrer en ligne de compte parce que ça, c'est en plus.
M. Léonard: Mais les 120 $, c'est pour l'augmentation en
passant d'un système à l'autre.
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard: Donc, vous reconnaissez que vous créez
un fardeau additionnel par l'introduction de la TPS québécoise.
C'est ça que ça veut dire. Je tire la conclusion. Elle me
paraît évidente. Alors, ça va de soi. Vous chargez
davantage. Le système de la TPS n'est pas neutre. En d'autres termes,
vous compensez par un crédit d'impôt de 120 $ additionnel, pour le
passage d'un système à l'autre, parce que le dernier
système est plus onéreux que le premier.
M. Levesque: Le projet initial voulait que ce soit neutre pour
les trois premières années. Il y a, évidemment, une partie
"entreprises", une partie "particuliers". Du côté des
particuliers, il y avait la compensation à donner aux plus
démunis, aux moins nantis. Mais, pour le gouvernement, l'ensemble de la
réforme est très neutre avant que l'on décide de maintenir
la taxe de vente à 8 %.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Disons quand même qu'en introduisant le
système de crédit d'impôt pour compenser pour des besoins
essentiels et, notam-
ment, pour l'augmentation de taxes, on devait prendre toutes les
données en considération, quels que soient les systèmes
antérieurs ou pas. En faisant un changement de système, en
d'autres termes, on reconnaissait que la taxe payée par des personnes
démunies devait être compensée par un crédit
d'impôt. Que le système ait été implanté
avant ou pas, sur le plan du principe, ça ne change rien. Il faut les
compenser pour des taxes à la consommation et, donc, nous, on dit: 120
$, pour un taux effectif de 8,56 %. Le fédéral dit: 190 $, pour
un taux effectif de 7 %. On n'en son: pas. On peut arguer de façon
différente, là, mais je souligne le point. Je trouve que c'est
une incongruité du discours sur le budget. Et je suppose que ça
pourra vous donner des idées pour les années ultérieures,
mais ça demeure incongru.
M. Levesque: Si on me permet, M. le Président...
Le Président (M. Farrah): Allez-y, M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: ...avec la permission de la commission, j'aimerais
demander au député de Labelle et aux membres de la commission que
ça intéresse de se reporter à l'annexe, à la
déclaration ministérielle que j'avais prononcée...
M. Léonard: Le 30 août 1990.
M. Levesque: Le 30... Il n'y a pas de date, là-dessus?
M. Léonard: Le 30 août 1990. Je vais vous
rafraîchir la mémoire. Le 30 août.
M. Levesque: Oui. Le 30 août 1990. Et, à la page 50,
on retrouvera... Je prends les chiffres beaucoup plus précis lorsqu'on
regarde l'impact de la réforme des taxes de la consommation. Vous avez
le revenu de travail du ménage, là, un couple ayant deux enfants
de moins de six ans. Avez-vous ça?
M. Léonard: Oui, j'ai ça.
M. Levesque: Le revenu du travail d'un ménage, d'un
côté, ensuite, vous avez la taxe de vente supplémentaire.
Alors, vous voyez ce que ça représente, et vous avez les
crédits d'impôt remboursables qui s'appliquent à peu
près jusqu'à 40 000 $, et vous avez évidemment, en plus,
la colonne d'indexation des besoins essentiels.
M. Léonard: Oui, c'est celle-là qui prête
à controverse, au fond.
M. Levesque: C'est-à-dire que, nous, nous avons toujours,
comme vous le savez, respecté l'indexation, chose qui n'a pas toujours
été faite dans le passé, mais enfin, je n'ai pas envie
de...
M. Léonard: Entre 8,1 % et 4,5 %, c'est ce que vous
appelez respecter?
M. Levesque: On pourra revenir avec ça. On va revenir avec
ça.
M. Léonard: Oui, parce que j'ai souligné ça.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Mais auparavant... Je reviendrai sur la taxe,
la TPS. O.K. allez-y sur...
M. Levesque: Oui, sur...
M. Léonard: Bon, je vais reprendre sur deux points. Ma
question demeure sur les crédits d'impôt. L'autre point, c'est sur
le tableau qui donne l'écart du fardeau fiscal Ontario-Québec Je
reviens à ça parce que j'avais des remarques à faire
là-dessus. Je pense que ce tableau est important. Le chef de
l'Opposition l'a demandé et moi, en tout cas, je vais demander 1991, et
je vais vous rappeler une chose que vous relirez dans le Journal des
débats sûrement.
Lorsque vous avez prononcé votre discours sur le budget, je
pense, l'an dernier, le 29 avril, même en faisant votre discours sur le
budget, vous avez mentionné, en parlant de l'écart fiscal entre
l'Ontario et le Québec, que ça venait d'être
modifié, compte tenu du dernier discours sur le budget ontarien, qui
avait été donné une semaine avant le vôtre. Donc,
vous n'aviez pas pu changer votre texte et cela signifie que vous aviez
établi votre tableau de l'écart fiscal sur des données
antérieures au budget de l'Ontario de l'an dernier.
Vous irez revoir les notes du Journal des débats
là-dessus et vous allez voir que votre argument qui dit que vous ne
pouviez pas le donner cette année, compte tenu que le budget de
l'Ontario a été fait deux jours avant le nôtre, ne tient
pas parce que vous êtes exactement dans les mêmes circonstances que
l'an passé.
M. Levesque: Ça tient par le fait même que je
connaissais...
M. Léonard: m. le ministre, si vous me le permettez. m. le
président, le deuxième argument, l'ontario n'a pas touché
ses taux de taxe dans son budçjet cette année. donc, ça ne
change rien. vous pouviez établir le tableau de l'écart fiscal
à partir simplement des taux de l'an dernier en vigueur avant le
discours sur le budget de l'ontario, étant donné qu'ils n'y ont
pratiquement pas touché et qu'il ont choisi d'augmenter leur
déficit, plutôt que de toucher à la taxation. alors, ces
deux arguments font que ce que vous me dites, je le prends avec des pincettes,
voyez-vous.
M. Levesque: Je respecte la façon dont vous le prenez et
l'instrument que vous utilisez. Ce que je veux vous dire, c'est ceci, M. le
Président, c'est que le député de Labelle erre de cette
façon-ci. Premièrement, lorsqu'il parle de l'an dernier, on
n'avait pas le même gouvernement en Ontario, on n'avait pas la même
philosophie politique, on n'avait pas les mêmes problèmes dans
lesquels on savait que l'Ontario était plongé au moment de son
budget. Alors, on pouvait s'attendre... Là, c'est facile de dire: C'est
ça qui s'est produit, donc, on... Mais on ne le savait pas.
Deuxièmement, je crois que lorsqu'on parlait de l'an dernier, le tableau
a été changé par la suite, mais il est passé...
M. Léonard: Est-ce qu'on pourrait... Oui, oui, c'est
correct.
Le Président (M. Farrah): C'est à votre tour de
laisser finir le ministre des Finances et, après, vous pourrez y
revenir.
M. Levesque: On parlait de 3, 9 % et ensuite, après le
budget de l'Ontario, il était venu à 3, 5 %. Mais lorsque le
député de Labelle dit, par exemple, qu'il n'y a pas eu de
changement à la fiscalité ontarienne, je dois lui dire que le
tabac a été augmenté plus qu'au Québec; le
côté des alcools, je pense que c'est au moins autant, et je pense
que du côté des carburants, c'est presque autant, c'est 1, 7 % au
lieu de 2 %, si ma mémoire est fidèle, en deux étapes
également. Donc, ça se ressemblait, sauf que sur le plan de la
proportion, évidemment, il y avait une distinction à faire. Mais
en chiffres absolus, ça se ressemblait jusqu'à un certain
point.
M. Léonard: Bon. Compte tenu des explications du ministre,
je comprends qu'il y a eu effectivement quelques modifications à la
taxation. Elles n'ont pas été très importantes, les
modifications, mais quand même, il y en a eu. Est-ce que le ministre
pourrait déposer...
M. Levesque: Si on me permet seulement un petit détail,
c'est que...
Le Président (M. Farrah): M. le ministre, allez-y.
M. Levesque:... le changement dans les recettes de l'Ontario, le
budget, ça faisait tout de même, sur une année
complète, 1 045 000 000 $. Alors, ce n'est pas négligeable.
M. Léonard: Est-ce que, M. le Président, le
ministre pourrait déposer te tableau sur l'écart fiscal entre les
deux... Parce qu'il a cité des chiffres, tantôt, 7, 1 % ou 7, 9
%...
M. Levesque: C'est 7, 5 %, je pense.
M. Léonard: Est-ce que ce tableau pourrait être
déposé devant la commission?
M. Levesque: Oui, donnez-moi ça.
M. Léonard: C'est ce que nous lui demandons en quelque
sorte. Alors, on va arrêter d'ergoter sur toutes les raisons qui font
qu'il n'a pas pu l'inclure dans le budget, mais...
Le Président (M. Farrah): Ça va, M. le ministre des
Finances? Alors, j'autorise le dépôt. On pourra en faire des
photocopies.
M. Léonard: Ah oui! J'ai très hâte de voir
ça.
M. Levesque: Elles ne sont pas fortes... Il y en a une plus
belle, là. En attendant, une moins belle.
Une voix: Ha,ha, ha!
Le Président (M. Farrah): Alors, j'autorise le
dépôt. M. le secrétaire, voulez-vous s'il vous plaît
faire des photocopies?
Alors, M. le député de Labelle, avez-vous des questions,
des commentaires?
M. Levesque: Oui, il y avait la question des indexations que je
voulais terminer.
M. Léonard: Oui, O. K., çava.
Le Président (M. Farrah): Allez-y, M. le ministre.
M. Levesque: La meilleure façon serait peut-être de
référer la commission à la page 55 de l'annexe A,
où on verra qu'il y a les 4, 5 % de besoins essentiels. Ensuite, il y
ale crédit d'impôt fédéral remboursable. On
n'est pas pour le faire deux fois...
C'est à la page 55, annexe A. Vous avez l'impact de 1, 4 % sur
les prix de la TPS fédérale. Ils sont déjà
remboursés pour ça.
La hausse des taxes fédérales sur le tabac de 0, 3 %, nous
n'avons pas l'intention de compenser. C'est un choix que nous faisons. Nous
croyons que les gens peuvent... Je ne pense pas que ce soit inclus dans les
besoins essentiels.
La réforme de la taxe de vente du Québec, le crédit
d'impôt québécois remboursable sur la taxe de vente, il y a
une compensation équivalente aux ménages
bénéficiaires des programmes. APTE et de soutien financier.
Évidemment, pour le maintien à 8 %, nous faisons également
un remboursement.
Alors, je pense que les mesures compensatoires sont toutes là et
elles correspondent au taux d'inflation.
Le Président (M. Farrah): M. le député
de
Labelle
M. Léonard: Quel est l'impact sur les prix du maintien
à 8 % du taux de la TPS québécoise?
M. Levesque: Trois quarts de point.
M. Léonard: Je reprends le tableau de l'écart
fiscal Ontario-Québec. Je trouve que c'est un tableau enrichissant. On
nous en a parlé beaucoup antérieurement. Je vois que
l'écart fiscal est maintenant remonté à 7,5 %. Par rapport
au budget de l'an dernier, si l'on regarde ça, l'impact sur les taxes
locales, les taxes municipales en Ontario, toutes proportions gardées,
l'an dernier, était de 1 362 000 000 $ de moins. Là, c'est
maintenant 1 462 000 000 $ de plus ou de moins, dépendant si on se place
du côté de l'Ontario ou du Québec. Ça veut dire que,
même avec l'effort que font les municipalités, l'écart a
augmenté.
M. Levesque: Je pense qu'il faut regarder les taxes scolaires
aussi parce que ce sont des taxes locales. Il faudrait regarder l'ensemble avec
un sous-total de 1 247 000 000 $ - je n'ai pas celui de l'an dernier... Un
instant, je vais l'avoir.
M. Léonard: Celui de l'an dernier, c'est un sous-total de
1 286 000 000 $.
M. Levesque: Alors, c'est pas mal. Ça se ressemble
beaucoup.
M. Léonard: Mais, malgré tout le pelletage qui a
été fait, on n'a progressé que de 39 000 000 $? (18
heures)
M. Levesque: Oui, mais il faudrait attendre qu'il soit fait. Il
n'est pas fait, le pelletage. il n'y a pas encore de pelletage
d'effectué. Attendons...
M. Léonard: Ah! c'est ça le problème! Oui,
effectivement. Mais ça veut dire qu'il y a encore 1 462 000 000 $
à pelleter là, éventuellement?
M. Levesque: Ah non! Je n'ai jamais dit ça! Ha, ha, ha! Je
n'ai jamais dit ça...
M. Léonard: Vous n'avez jamais dit ça, mais c'est
ce que laisse sous-entendre te tableau.
M. Levesque: Non. Non. Je ne veux rien laisser entendre. C'est
mon collègue...
M. Léonard: Mais c'est parce que vous annoncez aussi, l'an
prochain, des coupures budgétaires, dans les programmes de
dépenses, d'une façon ou de l'autre, de 1 224 000 000 $. À
un moment donné, ça va se retrouver quelque part.
M. Levesque: Ce que nous annonçons, c'est que nous voulons
réduire le déficit d'environ 1 000 000 000 $. Comment est-ce
qu'on va y arriver? On préfère couper les dépenses
plutôt que d'aller à la fiscalité, mais il y a aussi...
M. Léonard: Bien, il y a couper ou les pelleter, vous
savez...
M. Levesque: II y a aussi... On peut s'imaginer aussi, si l'on
veut peut-être, que nous allons être chanceux du côté
des revenus. Il y a toutes sortes de... si la reprise est plus forte. Il faut
attendre. On ne fera pas le budget de 1992-1993 aujourd'hui, je le soumets
respectueusement.
M. Léonard: Est-ce que le ministre des Finances - je vais
vous poser une question quant à l'annexe sur la TPS qu'il avait produite
le 30 août dernier, page 58 - est disposé à déposer
ou à produire, à un moment donné, le tableau de l'impact
financier de la réforme, après les ajustements qu'il a faits,
qu'il vient d'introduire par son discours sur le budget? C'est parce que
ça me paraît un tableau important.
M. Levesque: Alors, à la page 58, si vous me permettez de
regarder: L'impact financier de la réforme des taxes à la
consommation...
Le Président (M. Farrah): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: ...demeure, sauf qu'on le corrige à l'annexe
A, page 94, parce que ceci, la page 58, ici, c'est lorsque c'était le
début à 7. La correction, on la retrouve dans l'annexe A à
la page 94, lorsque vous voyez que les mesures concernant les revenus... Vous
avez la taxe de vente et, à ce moment-là, vous avez les impacts
sur 1991-1992 de 153 000 000 $. D'ailleurs, ce sont les chiffres que le
député de Labelle a lui-même cités tout à
l'heure.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui, ça se réconcilie en partie,
mais vous allez comprendre que ça, c'est une correction au budget de
1990-1991; ceci est pratiquement une correction aux corrections du budget de
1990-1991. Si on veut analyser l'impact, H y a des rubriques qui ne
correspondent pas... Bon. Oui. Il corrigeait le budget 1990-1991 et là,
dans le budget ici, on a un Impact qui corrige pratiquement les
prévisions de la déclaration ministérielle du 30
août. Donc, là, on en est au deuxième niveau de
correction.
M. Levesque: Sauf que la réforme elle-même aurait
été faite et consignée à l'annexe de la
déclaration ministérielle, à la page 58, comme on fait
avec n'importe quel autre changement
qu'un budget ultérieur peut apporter. Vous avez des changements;
ils sont également consignés. Alors, nous sommes passés de
cette base-là à celle-ci, comme nous le faisons d'un budget
à l'autre depuis des années.
M. Léonard: Oui. On comprendra quand même qu'il
s'agit d'un changement important dans le régime fiscal des
Québécois. Je pense que tout ça a été
introduit en termes philosophiques au cours des années 1986-1987 par le
gouvernement fédéral. Puis, d'avoir l'impact cumulé et de
le suivre, ça me paraît assez important. Maintenant, je vais
aborder une autre question en rapport avec la TPS.
Au mois de septembre, vous nous avez indiqué que la
réforme des taxes de vente, de la taxe de vente du Québec ferait
épargner plus de 1 000 000 000 $ aux entreprises. Est-ce qu'on doit
comprendre que cette économie pour les entreprises est compensée
par une hausse du fardeau des consommateurs, hausse du fardeau des
particuliers? Je pense que ça, c'est une question qui se pose. Si les
entreprises ont économisé, par le fait du changement de
système... mais c'est neutre pour le gouvernement. Si les entreprises
économisent, c'est les consommateurs qui paient.
À mon sens, il me semble qu'on devrait être
éclairé sur cet aspect des choses. Je poserais donc la question:
Compte tenu de l'annulation de certaines baisses de taxes spécifiques -
dans le cas, par exemple, qui a été produit par l'annexe de la
déclaration ministérielle du 30 août - quel est l'impact
réel de la TPS pour les entreprises et pour les particuliers?
M. Levesque: II faut comprendre la philosophie qui est
derrière ça puis je pense que, d'ailleurs, le
député de Labelle la comprend bien. Son propre parti avait
préconisé dans son programme une taxe sur la valeur
ajustée...
M. Léonard: Avec des taux modulés.
M. Levesque: Pourquoi? Oui, avec des taux modulés. Mais
pourquoi? Quelle était la philosophie derrière ça?
C'était de faire en sorte que nos entreprises soient plus
concurrentielles, plus compétitives, particulièrement pour les
exportations. Et c'est ça qui a amené le gouvernement à se
tourner et même le gouvernement fédéral à modifier
sa taxe de vente, au niveau du manufacturier, pour en faire plutôt une
taxe au niveau de la consommation. Ainsi, les produits fabriqués au
Québec - c'était notre approche - seraient plus
compétitifs. Et en ce faisant, il fallait faire en sorte que les
entreprises puissent être exemptes de cette taxation en cascade sur les
intrants.
Qu'arrive-t-il pour la partie de la production qui est
écoulée au Québec? C'est clair que si les
sociétés, les entreprises ne faisaient pas
bénéficier le consommateur de cela, vous auriez raison d'avoir
une certaine appréhension. Par contre, l'expérience passée
dans d'autres pays indique que, lorsque cela se produit, le jeu de la
concurrence fait que les consommateurs eux-mêmes vont
bénéficier des sommes ainsi remises aux entreprises
manufacturières.
Le Président (M. Farrah): J'aurais une question. Me
permettez-vous, monsieur...
M. Léonard: Ça m'amène à une
question, suite à ce que le ministre vient de dire. Là, ce que je
comprends de vos propos, c'est que, finalement, vous admettez que les
entreprises ont obtenu un avantage de taxe d'environ 1 000 000 000 $ que,
normalement, elles auraient dû refiler aux consommateurs.
M. Levesque: Mais pas encore, quant à nous.
M. Léonard: Quant au gouvernement, ce serait neutre, moins
les 362 000 000 $ sur lesquels nous débattons depuis longtemps. Mais
pour le gouvernement, ce serait neutre. Si les prix n'ont pas baissé, le
consommateur n'a pas eu l'avantage du milliard.
M. Levesque: Un instant. Pour nous, c'est 1992. Attention!
M. Léonard: 1991, votre avantage financier de caisse. Vos
crédits d'impôt...
M. Levesque: Non, ce n'est pas ça que je dis...
M. Léonard: ...vous allez les payer...
M. Levesque: Le remboursement dont on parle...
M. Léonard: Le remboursement, vous allez le faire en
1992.
M. Levesque: En 1992.
M. Léonard: Mais votre avantage de trésorerie, vous
le réalisez en 1991,362 000 000 $.
M. Levesque: Mais pas à ce propos-là, c'est parce
que nous faisons ceci non pas a cause du remboursement des intrants aux
sociétés.
M. Léonard: C'est correct, je suis d'accord, c'est autre
chose. Je suis d'accord. Mais vos entreprises ont
économisé...
M. Levesque: On pourrait voir en 1992 comment ça va se
produire, mais d'après l'expérience, c'est que les gains que
font, d'un côté, les entreprises servent à rendre leurs
produits
plus compétitifs sur les marchés - d'abord, c'est te
premier objectif - et ainsi créer plus d'emplois. Deuxièmement,
sur le marché domestique, cela doit se refléter avec la
concurrence dans une diminution des prix aux consommateurs. Ça, c'est la
philosophie derrière tout ça.
M. Léonard: Oui. Par ailleurs, il n'y a aucun indice
actuel qui indique que les prix ont baissé. Le taux d'inflation...
M. Levesque: C'est parce qu'on n'a pas commencé encore au
Québec.
M. Léonard: Vous avez fait ces remboursements. L'avantage
aux entreprises, c'a eu lieu au début de janvier?
M. Levesque: Non, 1er janvier 1992 seulement. Et on remarquera...
je ferai remarquer au député de Labelle aussi que, tenant compte
de ce que nous venons de discuter, nous avons imposé les
sociétés, à partir du 1er janvier 1992, pour une somme
d'au-delà de 300 000 000 $, tenant compte de ce fait-là. Et
même, nous avons avancé dans le dernier budget ce fardeau
additionnel aux entreprises à partir du 1er septembre 1991.
Tout cela, je pense, va faire en sorte d'avoir un sain
équilibre.
M. Léonard: Oui, mais en période de
récession vous ne considérez pas que retarder d'un an pour donner
cet avantage aux entreprises va freiner l'activité
économique?
M. Levesque: Retarder d'un an? Nous n'avons pas retardé
d'un an...
M. Léonard: Bien, vous payez en 1992. Le système
est en force depuis le début de janvier 1991.
M. Levesque: Mais les services ne sont pas là pour
nous...
M. Léonard: Les services... On parle des biens. Les
entreprises...
M. Levesque: Oui, non, non. C'est à cause justement que
nous entrons dans les services...
M. Léonard: Ah! vous parlez des services, quand vous dites
1992!
M. Levesque: Oui, oui.
M. Léonard: Bien, je parlais des entreprises
manufacturières. C'est maintenant...
M. Levesque: Non, non, c'est parce que je parle de la taxe
à la consommation sur les services. Elle n'est pas encore en application
en 1991.
M. Léonard: Oui, oui, c'est correct. C'est une autre bonne
nouvelle pour les contribuables, le 1 er janvier.
M. Levesque: II n'y a pas de remboursement d'intrants, il n'y a
pas de services taxés. Réellement, la réforme, elle
commence en 1992, le 1er janvier 1992. Au 1er janvier 1991, ce sera une
harmonisation tout simplement sur l'assiette des biens. Ça n'a rien
changé, autrement dit.
Le Président (M. Farrah): Dans le même ordre
d'idées, M. le ministre, je me souviens lors du débat sur la TPS,
bon, on disait que le Québec avait pris un certain leadership avec la
TVQ. Ça faisait en sorte qu'il y avait des remboursements au niveau des
intrants, etc., là. Est-ce que vous avez des indications au niveau des
autres provinces, qu'est-ce que... Parce que là, on parle de
compétitivité aussi, là...
M. Levesque: Oui...
Le Président (M. Farrah):... d'être plus
concurrentiel aussi. Est-ce qu'il y a des indications au niveau des autres
provinces, qu'est-ce qu'elles vont faire, ou s'il y a des changements à
cet égard?
M. Levesque: II y a deux provinces qui ont manifesté
l'intention de procéder comme nous, sauf qu'il semblerait plutôt
que l'administration, contrairement à ce qui va se passer au
Québec le 1er janvier 1992, où nous aurons l'administration des
deux taxes et fédérale et provinciale... Dans les autres
provinces, il semblerait que ce soit le gouvernement fédéral qui,
s'il y a une harmonisation complète... C'est certain même en
Saskatchewan. C'est sûr maintenant que c'est le fédéral qui
va percevoir la taxe et provinciale et fédérale.
Le Président (M. Farrah): Et les provinces qui nous
imiteraient, en fin de compte, ce sont lesquelles? La Saskatchewan, vous dites,
ou...
M. Levesque: La Saskatchewan et puis l'autre,
l'île-du-Prince-Édouard a annoncé... D'autres ont
annoncé aussi qu'elles faisaient certaines études: le Manitoba,
Terre-Neuve. (18 h 15)
Alors, je pense bien, moi, sans vouloir être prophète, que
la plupart des provinces vont procéder dans ce sens-là, mais
à quel rythme, je... Vous savez, il y a des moments où il y a des
élections, où les gens craignent ça, pour... Bon, d'autres
fois, c'est parce que la politique d'un parti au pouvoir, qui a vertement
critiqué auparavant une telle orientation, fait en sorte qu'on doive
peut-être attendre un an ou deux. Il y en a même qui ont fait des
commissions
pour étudier la fiscalité, pour espérer
probablement avoir une recommandation dans le sens dece que le
Québec a fait, mais je pense que le Québec a bien fait ses
devoirs. Je pense que nous avons pris nos décisions, que nous avons eu
l'occasion de négocier avec le gouvernement fédéral les
conditions de mise en oeuvre qui étaient ce que nous recherchions,
c'est-à-dire, par exemple, de faire en sorte que les effets
négatifs qui étaient appréhendés pour les finances
du Québec, ne se soient pas réalisés.
Je pense qu'en ce qui touche les commissions scolaires, les
municipalités, les hôpitaux... Je songe en particulier aux
loteries. Je songe à différents volets qui auraient pu nous faire
pas mal de tort et nous avons réussi à régler ces
choses-là. Nous avons en même temps obtenu l'administration des
deux taxes fédérale et provinciale et ça, sur le plan, je
pense, de l'autonomie du Québec, c'était une victoire importante,
d'autant plus que des fonctionnaires maintenant, à partir du 1er
janvier, qui vont être dans l'administration sont des fonctionnaires du
Québec, et ceux qui ont des ambitions devraient souscrire à
ça facilement. Ceux qui rêvent peut-être d'un autre monde
pourraient nous appuyer dans cette action-là.
Mais pour revenir au sujet principal, je crois que... Pour revenir
à la question, à votre question, M. le Président, c'est
que je pense qu'il y a plusieurs provinces maintenant qui manifestent de
l'intérêt. Il y en a sûrement qui manifestent de
l'inquiétude, d'après ce que je sais, parce que si elles ne font
rien, c'est sûr que sur le plan de la compétitivité, si
ça dure trop longtemps pour elles, elles vont connaître des
problèmes.
M. Léonard: Je voudrais simplement souligner au ministre
que, quand il se targue d'autonomie, il a perdu à peu près toute
marge de manoeuvre. On l'a très bien vu à l'occasion du
débat sur la détaxation du livre. Il a attendu que le
fédéral bouge pour faire des choses, finalement.
M. Levesque: M. le Président, je regrette.
Le Président (M. Farrah): M. le ministre.
M. Levesque: Le fédéral n'a pas bougé. Au
contraire...
Le Président (M. Farrah): II a bougé avant.
M. Levesque:... au Salon du livre, ici à Québec,
tout ce qu'on a lu dans les journaux, c'est: Quand est-ce que le
fédéral va faire comme le Québec en matière de
livre? Ce que j'ai dit, à ce moment-là, c'est que je ne voulais
pas changer l'harmonisation que nous avions conclue, au moins pour la
première année, pour la deuxième année. Ce que j'ai
fait, c'est que j'ai procédé...
M. Léonard: On verra...
M. Levesque:... par remboursement plutôt que
détaxation.
M. Léonard: On verra les ententes là-dessus. Mais
sur cette entente...
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle.
M. Léonard:... M. le Président, je voudrais savoir
quand l'entente définitive a été signée et si on
peut en avoir copie. Est-ce que je peux savoir la date où ça
été signé, au moins la date approximative, si vous ne
l'avez pas de mémoire...
M. Levesque: Là, on parle...
M. Léonard:... l'entente sur l'administration de la TPS,
notamment?
M. Levesque: C'est parce qu'il y a une entente...
M. Léonard: Et le transfert des... Il y a eu un protocole
d'entente de signé dans les jours...
M. Levesque: Un protocole d'entente.
M. Léonard:... qui ont suivi...
M. Levesque: Vous l'avez ça.
M. Léonard:... ou le 30 août.
M. Levesque: Vous l'avez.
M. Léonard: Le protocole.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Mais l'entente signée, elle a
été signée...
M. Levesque: Mais c'était en...
M. Léonard:... ultérieurement, comportant le
transfert...
M. Levesque: Oui, mais ça... M. Léonard:...
des fonctionnaires.
M. Levesque:... ça n'a pas été entre les
Finances et les Finances; ç'a été entre le Revenu et le
Revenu.
M. Léonard: Ahbon!
Une voix: L'entente finale?
Le Président (M. Farrah): Les deux ministères du
Revenu.
M. Levesque: Oui. C'est sur...
M. Léonard: C'est parce qu'il faut...
M. Levesque: Sur les principes, ç'a été fait
entre les deux ministères des Finances. Sur l'application,
c'était une entente qui devait être signée entre les deux
ministres du Revenu, autour du 27 avril, me dit-on.
M. Léonard: Ç'a donc été signé
maintenant entre les deux ministères du Revenu. Bon, voilà une
chose d'éclaircie. M. le ministre, je veux simplement vous souligner que
j'ai posé la question à votre collègue du ministère
du Revenu, quand j'ai étudié ses crédits, et il ne savait
rien du tout. Je vous la pose...
M. Levesque: C'est...
M. Léonard:... et je vous l'avais posée lors de vos
crédits. Là, ç'a l'air de s'éclaircir.
M. Levesque: C'était avant le 27 avril, ça
M. Léonard: Je i'ai posée... Oui, mais... Et je
l'ai posée au président du Conseil du trésor.
M. Levesque: Oui, mais c'était avant. Depuis que vous avez
posé les questions, ça s'est signé.
Le Président (M. Farrah): Et là, on prend bonne
note, M. le député de Labelle, de qui a signé,
là.
M. Léonard: Je regarderai la date où le
ministère du Revenu.. Nous avons étudié les crédits
du ministère du Revenu. Ce n'était pas loin du 27 avril, à
quelques jours, près.
M. Levesque: Mais moi...
M. Léonard: Bref, il ne savait rien.
M. Levesque: Moi, on me dit que c'est signé. Je ne l'ai
pas vu, le document. Je ne l'ai pas vu personnellement.
M. Léonard: Je voudrais revenir sur la question de la TPS.
Je voudrais revenir là-dessus parce que je me suis aperçu, en
suivant ce que vous avez dit, que vous faites une distinction,
évidemment, entre biens et services. L'impact pour les entreprises, il
me semble bien que vous avez dit, au mois d'août 1990, qu'il était
de 1 000 000 000 $ et qu'il ferait économiser aux entreprises 1 000 000
000 $. II y a de l'argent qui porte sur les services. Est-ce seulement sur les
services ou est-ce sur les biens? En réalité, la taxe de vente...
Il y a des entreprises qui payaient la taxe de vente sur les produits qu'elles
utilisaient comme intrants et, donc, je suppose que c'était
déduit et qu'elles faisaient des économies. Je l'avais comprise,
cette économie, comme ne s'appiiquant pas uniquement aux services, mais
aussi aux biens qui étaient utilisés comme intrants, en termes de
taxe de vente.
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard: C'est ça. Alors..
M. Levesque: Sauf que, cette année, ça ne
fonctionne pas. Pas cette année.
M. Léonard:... quand vous me dites ça... Pas du
tout cette année? Il n'y a pas de déductions pour les intrants
pour les entreprises en 1991? Aucune?
M. Levesque: non, pas que je sache.
M. Léonard: Donc, ça restait comme c'était.
C'est ça?
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard: Donc, on est reportés...
M. Levesque: Vous pouvez poser les questions directement. Moi,
c'est ce qu'on me dit, c'est qu'il n'y en a pas, ni pour les biens, ni pour les
services.
M. Léonard: C'est parce que les biens...
M. Levesque: Les services ne sont même pas taxés. Il
ne peut pas y avoir de remboursement.
M. Léonard: Un instant. Taxe de vente. Il y a des produits
achetés par les entreprises qu'elles utilisent comme intrants...
M. Levesque: II y a des produits.
M. Léonard: Sur lesquels elles payaient la taxe de vente.
Ça, ce n'est pas remboursé cette année?
M. Levesque: Non.
M. Léonard: Ça va être remboursé en
1991.
M. Levesque:... en 1992.
M. Léonard:... en 1992, pardon.
M. Levesque: À partir du 1er janvier 1992.
M. Léonard: Voilà un point d'éclairci. Donc,
on va pouvoir trouver l'impact seulement à partir
de 1992, sur les produits et services, les deux. M. Levesque: Les
deux. M. Léonard: C'est ça que ça veut dire.
Le Président (M. Farrah): Si on prend, par exemple,
l'automobile.
M. Léonard: Est-ce que, depuis le mois de septembre...
M. Levesque: Pour l'automobile, M. le Président, vous
savez qu'il y a eu une diminution.
Le Président (M. Farrah): C'est ça que je veux
dire. C'est un produit qui a eu une diminution, l'automobile.
M. Levesque: Mais ça, c'est à cause...
M. Léonard: C'est à cause de la taxe de vente
fédérale.
M. Levesque: C'est à cause de la taxe de vente
fédérale, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, président de la commission, vous...
Le Président (M. Farrah): Non, ça va.
M. Léonard: Quel est maintenant... En septembre 1990, je
vous avais posé une question sur l'impact pour les entreprises. Vous
aviez dit que vous estimiez que l'avantage pour les entreprises serait
d'environ 1 000 000 000 $ et plus. Je me rappelle très bien parce que...
même pas un 1 000 000 000 $, mais... J'avais parlé de 840 000 000
$ et on m'avait dit: Non, c'est probablement 1 000 000 000 $ et plus. Est-ce
que, depuis ce temps, vous avez établi le montant de l'avantage
estimé pour les entreprises, à partir du moment où la TPS
du Québec et du fédéral entrent en force
complètement, donc, le 1er janvier 1992?
M. Levesque: Moi, je ne... Non. Pardon?
M. Léonard: C'était pour quantifier. Est-ce qu'on a
pu quantifier, parce que c'est un élément très important
du dossier?
M. Levesque: C'est-à-dire que c'est intéressant et
je l'ai demandé. Le fédéral fait présentement
l'expérience de la taxe sur les services. Ce serait intéressant
de voir si leurs prévisions sont justes ou exactes. Je n'ai pas pu avoir
cette indication-là du gouvernement fédéral à date,
mais probablement qu'il la publiera d'ici quelques mois. À ce
moment-là, on pourra avoir une certaine idée de ce que ça
rapporte parce que, dans les biens... Il faut bien comprendre que, dans les
biens, nous avions une expertise quant à nous. nous avions une
possibilité assez juste de cibler les résultats des changements
de l'assiette sur des biens. mais sur les services, nous n'avons pas
d'expertise.
M. Léonard: quand vous nous avez répondu, au mois
d'août dernier, lors de la commission parlementaire, que c'était
de l'ordre de 1 000 000 000 $ et plus...
M. Levesque: C'est ce qui se parle.
M. Léonard:... est-ce que c'était basé sur
quelque estimé que vous aviez?
M. Levesque: C'est ce que nous croyons. Excepté que, pour
être précis, vous voulez avoir le chiffre et je ne l'ai pas. Ce
sont des estimations que nous avons présentement.
M. Léonard: C'est aussi bon que vos prédictions sur
le PIB?
M. Levesque: Je me répète, en disant encore une
fois que, si c'était pour remettre aux entreprises qui l'empocheraient,
si vous voulez, ce serait différent. Ce n'est pas le cas. C'est que les
entreprises peuvent vendre leurs produits à l'étranger en tenant
compte de cela et, deuxièmement, elles peuvent écouler leurs
produits sur le marché domestique avec des meilleurs prix. La
concurrence est là, vous savez, elle est féroce même.
Alors, ce sont les consommateurs, d'une part, et les entreprises exportatrices,
d'autre part, donc, les emplois, qui vont bénéficier de cette
politique. Si ce n'était pas le cas, nous ne l'aurions sûrement
pas préconisée et vous ne l'auriez pas dans votre programme.
M. Léonard: Nous aurons l'occasion d'y revenir sur cette
affirmation que nous ne l'aurions pas dans notre programme. Je reviens au
tableau de l'écart fiscal parce que je ne voudrais pas aborder un autre
sujet, mais peut-être avoir d'autres éclaircissements
là-dessus. Dans le tableau que vous nous remettez aujourd'hui sur
l'écart du fardeau fiscal, on a pris en compte les modifications
apportées par le budget de l'Ontario, les modifications qui seront
apportées à la fiscalité municipale au Québec,
à la suite de la déclaration ministérielle du ministre des
Affaires municipales, aujourd'hui, et de sa déclaration du 14
décembre dernier...
M. Levesque: Pas en 1991.
M. Léonard: Donc, ce n'est pas dans ça?
M. Levesque: Non, ça ne s'applique pas.
M. Léonard: Ah non?
M. Levesque: II ne faut pas mettre... Je
pense que ce ne serait pas bien correct d'inclure quelque chose qui
n'existe pas parce que la réforme fiscale, au point de vue municipal, on
en a bien parlé de ça...
M. Léonard: O. K. Donc, ça n'introduit pas...
M. Levesque: Cette réforme-là n'a pas d'implication
en 1991.
M. Léonard: Bon, ça va. Sur le plan de la taxation
scolaire...
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Là, elle est au complet sur une base
annuelle.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Elle est là au complet.
M. Levesque: Oui, elle est là.
M. Léonard: Mais les intentions plus ou moins brumeuses,
disons, quand même pour rester poli, du ministre de l'Éducation,
qui a parié, à un moment donné, d'une coupure de 100 000
000 $, de 80 000 000 $ - ça, ce n'est pas là - qui ferait
augmenter le fardeau fiscal scolaire, ça ne ressort pas dans les
tableaux.
M. Levesque: Moi, je n'ai pas eu d'indication ferme
là-dessus. Je ne peux pas inclure dans ie tableau des choses qui ne sont
pas retenues par le gouvernement, encore du moins. Il faut au moins un projet
de loi ou quelque chose de cette nature-là.
M. Léonard: Les augmentations d'Hydro-Québec ne
sont pas là non plus. Ce n'est pas considéré comme un
fardeau fiscal?
M. Levesque: Non.
M. Léonard: Même si les revenus...
M. Levesque: C'est comme Bell Canada, vous savez. Il ne faut pas
s'en faire. Ce n'est pas parce que c'est nationalisé...
M. Léonard: Non, il y a une petite différence, M.
te ministre des Finances, c'est que les résultats financiers
d'Hydro-Québec sont incorporés intégralement dans le
budget du Québec.
M. Levesque: Mais on parle d'un fardeau fiscal
supplémentaire en comparaison Québec-Ontario, mais Hydro-Ontario
n'est pas là non plus. Il ne faudrait pas chercher de midi à
quatorze heures.
M. Léonard: Hydro-Ontario ne paie pas 873 000 000 $ de
taxes, je pense, au gouvernement de l'Ontario.
M. Levesque: Je ne sais pas. Je n'ai pas suivi ce dossier. On
pourrait vous avoir tous les renseignements que vous voulez
là-dessus.
M. Léonard: Ça, c'est une bonne question. M.
Levesque: Oui, oui.
M. Léonard: Si Hydro-Ontario verse ou, en tout cas, si les
résultats financiers d'Hydro-Ontario sont intégrés...
M. Levesque: Chose certaine, c'est que l'Ontario charge 0, 5 %
pour garantir les emprunts.
M. Léonard: Ha, ha, ha! Une voix: Salut!
Une voix: Alors, c'est le caucus. C'est ça?
M. Léonard: Je vais libérer avec plaisir.
Très bien.
Le Président (M. Farrah): Est-ce que vous voulez rester
pour le caucus, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Je peux rester? Une voix: Ça
m'étonnerait.
Le Président (M. Farrah): Ceci étant dit, je
suspends les travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 29)
(Reprise à 20 h 6)
Le Président (M. Farrah): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses
travaux. Comme il se doit, je vais rappeler le mandat de la commission qui est
de poursuivre le débat sur le discours sur le budget conformément
à l'article 275 du règlement. Sans plus tarder, je reconnais M.
le député de Labelle pour la poursuite de la discussion.
M. Léonard: Oui, M. le Président. Compte tenu que
ma collègue de Taillon est ici et qu'elle a un certain nombre de
questions, d'ailleurs justifiées, à poser au ministre des
Finances, je lui céderais la parole avec votre permission.
Le Président (M. Farrah): Aucun problème,
M. le député de Labelle. C'est avec beaucoup de plaisir
qu'on reçoit Mme la députée de Taillon à cette
commission.
Mme Marois: C'est ça. Alors...
M. Léonard: En remplacement de monsieur...
Le Président (M. Farrah): De M. Baril d'Art habaska.
Mme Marois: D'accord.
Le Président (M. Farrah): C'est ça?
Mme Marois: De Jacques Baril d'Arthabaska, oui
Le Président (M. Farrah): C'est M. Baril qu'on a inscrit.
En tout cas, ça...
Mme Marois: Ce n'est pas...
Le Président (M. Farrah): Votre inscription est faite, il
n'y a pas de problème.
Mme Marois: D'accord. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): C'est en remplacement du
député de La Prairie, exactement.
Impact de certaines mesures fiscales sur les
entreprises
Mme Marois: Parfait. Alors, j'aimerais d'abord poser au ministre
un certain nombre de questions d'ordre bien technique pour vérifier si
les évaluations qu'on a faites de notre côté, quant
à l'impact d'un certain nombre de mesures fiscales sur les entreprises,
est comparable à ce qui nous apparaît, à ce moment-ci, se
dégager des documents qui ont été déposés et
du discours sur le budget.
En fait, vous avez annoncé le devancement, entre autres, au 1er
septembre prochain, des hausses de taxes qui, initialement, ne devaient prendre
effet que le 1er janvier 1992. Je crois d'ailleurs que c'était dans la
déclaration autour de la TVQ que vous aviez déjà
annoncé ces hausses, entre autres, la contribution des employeurs au
Fonds de services de santé et un certain nombre d'autres mesures, mais
vous annoncez maintenant que vous les devancez. Vous identifiez, dans vos
annexes et dans vos documents, que ceci devrait rapporter au gouvernement 107
000 000 $ de septembre à décembre. Ces augmentations, quel impact
ont-elles sur une année complète, prenons donc 1992, quant
à leur effet sur l'entreprise? Combien, donc, devraient-elles rapporter
effectivement, ces hausses, qui sont des devancements pour maintenant mais qui
avaient déjà été annoncées, donc on les a
annoncées une première fois et là, maintenant, on les
devance? Combien devraient-elles rapporter pour l'année 1992?
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Levesque: Si je me rappelle bien, on avait, dans le budget
antérieur, parlé de 297 000 000 $; c'était pour
l'année 1992. Je vous parle de mémoire, j'attends que les
chiffres arrivent. 297 000 000 $. Le fait de les devancer de quatre mois donne
à peu près ça, oui, voyez-vous, le tiers de 300 000 000 $,
une centaine de millions pour 4 mois sur 12.
Mme Marois: Évidemment, là... M. Levesque:
C'est exact.
Mme Marois: ...nous, on l'avait évalué autour de
370 000 000 $. Ça, c'est pour le budget pour l'année 1992.
Évidemment, si les profits ont baissé, ça veut dire,
j'imagine, en conséquence, que les taxes sur les profits vont avoir
baissé aussi. Ça donne des montants un peu différents
mais...
M. Levesque: Ce sont les chiffres que je vous ai...
Mme Marois: C'est ça.
M. Levesque: En 1991, le devancement vaut 78 000 000 $.
Mme Marois: Oui, c'est ça pour 1991. 107 000 000 $ pour
1991-1992, pour le gouvernement du Québec.
M. Levesque: Oui, pour 1991, 107 000 000 $. On avait parlé
de 297 000 000 $, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, pour
l'année complète, 1992. On ajoute simplement les 107 000 000 $
à 1991-1992 et c'est ça, l'impact pour le gouvernement du
Québec.
Mme Marois: Les 107 000 000 $ s'appliquent seulement pour une
partie, pour le tiers. Non, ils commencent à courir en septembre.
M. Levesque: De septembre au 31 décembre.
Mme Marois: C'est ça.
M. Levesque: Janvier étant déjà
prévu.
Mme Marois: Ça fait quatre mois. C'est ça, c'est un
tiers à ce moment-là. Alors, si on dit de 330 000 000 $ à
335 000 000 $ sur une base annuelle pour 1992, si on utilise ces
chiffres-là, on ne se trompera pas.
M. Levesque: On avait utilisé le chiffre de
297 000 000 $, disons 300 000 000 $ en chiffres ronds. Vous arrivez
à quelque 315 000 000 $. En tout cas, c'est à peu près
ça. Ce sont des prévisions, évidemment.
Mme Marois: Oui, ça va là, mais juste pour qu'on
ait une idée. Je reviendrai sur cette question-là. Ça va?
Bon.
Évidemment, il y a toujours cette hausse de taxe sur les
carburants, le mazout, le gaz propane. Vous en ajoutez au discours sur le
budget. Je pense que c'est 0, 011 $ pour le gaz propane, c'est ça,
à compter du 1er septembre. Bon, ça représente, pour le
gouvernement, 165 000 000 $, pour 1991, et 316 000 000 $, pour 1992.
Évidemment, ç'aura un impact sur les dépenses des
entreprises. Les dépenses, par définition, ça s'applique
au coût des produits, donc, ça entre aussi dans
d'éventuelles déductions, etc. J'aimerais savoir quelle est,
quand même, la portion de ces 316 000 000 $ en 1992 qui est
supportée par les entreprises. Quelle est la portion supportée
par les consommateurs que nous sommes généralement et la portion
supportée par les entreprises?
Une des remarques, une des plaintes et une des revendications qui nous
ont été apportées particulièrement,
dernièrement, par les petites et moyennes entreprises, c'est que tout
ça a l'air de rien; c'est un sou par-ci, un sou par-là, sauf que,
dans les faits, cela a un impact sur la hausse des coûts de production
et, évidemment, cela joue aussi quant a l'aspect de la
compétitivité des entreprises. Moi, j'aimerais bien savoir ce
que, globalement, ça peut signifier pour les entreprises
québécoises, toutes les hausses de taxes sur les carburants.
M. Levesque: Alors, la réponse est la suivante.
Présentement, ici, les fonctionnaires n'ont pas en détail ce qui
pourrait nous dire exactement combien pour les entreprises et combien pour les
particuliers. Il y a cependant une information que nous avons et que je vous
transmets à l'instant, quitte ensuite, peut-être demain, si on
peut avoir cette information-là - je ne sais pas si on va pouvoir...
Une voix: Oui.
M. Levesque: Oui? Alors, on l'aura demain.
Mme Marois: C'est une information qui est disponible?
M. Levesque: Oui.
Mme Marois: J'aimerais bien pouvoir en disposer si c'était
possible. (20 h 15)
M. Levesque: On me dit qu'on peut l'avoir.
Mme Marois: D'accord. Mais ce n'est pas une information que vous
avez à ce moment-ci, la proportion que ça peut représenter
dans la hausse qui est prévue pour l'année 1991, d'une part, et
1992, évidemment. Ce n'est pas ventilé.
M. Levesque: non. mais d'ici quelques heures on devrait
être capables de l'avoir. deuxièmement, l'information que je
pourrais vous dire, c'est qu'il va y avoir un remboursement sur les intrants
à partir du 1er janvier 1992 au Québec. Ce n'est pas sûr
que ce soit le cas ailleurs.
Mme Marois: Quand vous dites un remboursement sur les
intrants...
M. Levesque: C'est en vertu de la TVQ... Mme Marois:
Oui.
M. Levesque:... qui va être réellement mise en
vigueur le 1er janvier 1992 et qui sera une taxe sur les biens et services.
Pour les entreprises, elles vont bénéficier d'un
remboursement...
Mme Marois: Elle sera traitée de la même
façon que la TPS?
M. Levesque: Oui.
Mme Marois: C'est ça?
M. Levesque: C'est ça. C'est...
M. Léonard: Ce sera une TPS québécoise.
Mme Marois: Ce sera la TPS québécoise, à ce
moment-là, et non pas là... On l'appelle bien...
M. Levesque: Oui.
Mme Marois:... TVQ, mais ça deviendra une TPS
québécoise.
M. Levesque: Une taxe sur les produits et services. Pour qu'elle
soit bien distincte de l'autre, on l'appelle la TVQ, mais elle va s'appliquer
aux biens et services, avec la même assiette que la taxe
fédérale.
Mme Marois: Selon les mêmes principes.
M. Levesque: Maintenant, dans ce cas-là... Pardon?
Mme Marois: Selon les mêmes principes qui font qu'une
entreprise n'en...
M. Levesque: Sauf que, sur le plan constitutionnel, on ne peut
pas agir exactement de la même façon, à moins d'avoir un
amendement constitutionnel. C'est pour ça qu'on procède par
remboursement, mais, à toutes fins pratiques, ça
va revenir au même, si vous voulez. Ce serait plus simple si on
pouvait agir comme le gouvernement fédéral, mais, sur le plan
constitutionnel, on n'a pas pris le risque de le faire.
Mme Marois: Dans le fond, ce serait plus simple si on
était souverains. On pourrait n'avoir qu'une taxe au lieu de deux.
M. Levesque: Chacun a son opinion là-dessus.
Mme Marois: Ha, ha, ha! Bien sûr.
M. Levesque: Ce que je voulais vous dire, c'est que,
présentement, si on prend le montant de la taxe provinciale de 14,5 %,
taxe générale parce qu'elle est différente dans les
régions périphériques...
Mme Marois: Oui.
M. Levesque: ...elle est différente dans les
régions intermédiaires...
Mme Marois: Frontalières.
M. Levesque: ...frontalières, mais, si on prend la taxe
générale de 14,5 %, une fois que le système sera en
marche, à partir du 1er janvier prochain, cette taxe-là, une fois
que les remboursements auront été effectués, elle sera
effectivement de 10,5 % au lieu de 14,5 % pour ces entreprises-là.
Mme Marois: Oui. Donc, il y aura un abattement de l'ordre de 0,04
$.
M. Levesque: De 0,04 $, de sorte que, si l'Ontario ne remue pas,
eux autres, ils vont être à 14,7 %, Terre-Neuve à 13,7 %,
le Nouveau-Brunswick à 12,7 % et la Nouvelle-Ecosse à 13,7 %.
Mais on ne sait pas encore ce que ces provinces-là vont faire. Mais si
elles demeurent dans le statu quo et que nous, nous procédons, comme
nous l'avons dit, bien, on aura un avantage pour le temps que ça
durera.
Mme Marois: Tout en procédant, comme vous l'avez dit, mais
pas de la façon dont vous avez dû le faire dans le fait que vous
avez dû conserver le taux, par exemple, à 8 % plutôt que de
le ramener à 7 %, comme vous l'aviez déjà annoncé
dans le passé.
M. Levesque: Quand je vous donne le chiffre de 10,5 %, que ce
soit 8 % ou 7 %, c'est la même chose. Il est parti, il est
remboursé.
Mme Marois: Non, mais je comprends. Ce que je veux dire par
là... Vous dites: Si nous appliquons cette mesure tel que prévu,
mais...
M. Levesque: Ah oui! Oui.
Mme Marois: ...vous pouvez toujours changer d'avis d'ici
là.
M. Levesque: Mais là, ça va être difficile.
Il reste seulement quelques mois.
Mme Marois: Ah bon! Mais ça, vous savez...
Une voix: On n'a pas l'habitude de faire deux budgets.
Mme Marois: ...rien ne peut plus me surprendre maintenant. Mais
j'aimerais avoir quand même cette ventilation...
M. Levesque: Comme je l'ai dit à M. Parizeau
dernièrement, on n'a pas l'intention de faire deux budgets par
année.
Mme Marois: Ça, vous l'avez déjà fait,
finalement, quand vous avez déposé, à l'automne dernier,
l'annonce des modifications.
M. Léonard: là-dessus, le ministre des finances
s'étire le cou un peu parce qu'il n'a pas fait un deuxième
budget, mais il a fait 1 000 000 000 $ de plus de déficit, et plus.
M. Levesque: Est-ce que vous voulez faire des comparaisons avec
le déficit de 1980-1981, à 3 700 000 000 $...
M. Léonard: Vous n'avez pas fait deux budgets, mais vous
avez augmenté votre déficit de 1 000 000 000 $.
M. Levesque: ...sur un budget de 17 000 000 000 $? Bon, on va
revenir à madame.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Taillon.
Fonds québécois de développement
industriel
Mme Marois: Merci, M. le Président. Alors, j'imagine que
ce sera déposé à la commission, ici, cette ventilation.
Bon.
Maintenant, j'aimerais en venir à une mesure que vous annoncez
dans le budget qui est, entre autres, la mise sur pied du Fonds
québécois de développement industriel, de l'ordre de 100
000 000 $ par an, pour deux ans. Bon. Vous n'êtes pas très
explicite sur les modalités. Vous dites que ça viendra plus tard,
mais j'aimerais qu'on se rappelle que ce fonds, en fait, remplace - vous le
mentionnez au discours sur le budget - l'Entente auxiliaire
Canada-Québec sur le développement industriel, à
laquelle, évidemment, le fédéral contribuait pour
50 %, à même notre argent de toute façon, mais contribuait
quand même pour 50 % et qui est venue à terme en 1990.
Si je ne m'abuse, cette entente valait environ 510 000 000 $ auxquels
contribuait pour la moitié le gouvernement du Québec, 255 000 000
$. Elle était destinée aussi aux grands projets industriels,
comme semble l'être le Fonds québécois de
développement industriel. Mais les termes de cette entente faisaient en
sorte que les fonds disponibles étaient plutôt des subventions que
des prêts. Or, ce que vous annoncez est plutôt de l'ordre des
prêts. Enfin, on dit qu'H pourra y avoir une certaine souplesse. On parle
d'une enveloppe de 100 000 000 $ qui serait disponible pour des grands projets
de développement industriel, sous forme de prêts. Pour
l'année 1991-1992 - et vous en parlez, on retrouve les chiffres à
l'annexe A, à la page 95 - vous ne prévoyez des dépenses
que de l'ordre de 3 000 000 $. Alors, moi, j'aimerais bien que vous
m'expliquiez comment vous comptez utHiser ces fonds-là, à quoi Hs
serviront et de quelle façon vous pensez vraiment aider des entreprises
avec des montants qui sont s! peu significatifs. Parce qu'on pourrait les
remettre, après ça, en relation avec le reste. Mais j'y viendrai
un peu plus tard.
M. Levesque: II faut bien comprendre, comme vous l'avez
mentionné, qu'il s'agit d'un programme qui se doit d'exister pour
appuyer les investissements industriels majeurs. Nous n'avons pas exclu que le
gouvernement fédéral puisse de nouveau entrer dans...
Mme Marois: Dans ce fonds-là. M. Levesque: ...le
processus.
Mme Marois: Est-ce que ça se négocie actuellement
avec Ottawa, une possibilité de...
M. Levesque: Ce n'est pas nous qui nous en occupons. D'ailleurs,
je ne sais pas si vous avez vu, mais, dans le budget...
Mme Marois: Oui.
M. Levesque: ...on vous indique bien clairement que...
Mme Marois: Le ministre...
M. Levesque: ...le fonds est sous la responsabilité du
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie...
Mme Marois: C'est ça.
M. Levesque: ...dont vous êtes la critique officielle.
Mme Marois: C'est ça.
M. Levesque: C'est à lui que reviendra de nous faire
connaître les modalités d'application. Nous nous en tenons
simplement aux sommes indiquées. Nous avons l'intention de
procéder. Nous savons que c'est plutôt l'année suivante que
les frais vont commencer à être plus lourds, si vous voulez. C'est
pour ça que, cette année, c'est un montant plutôt
symbolique qui est là parce que nous n'avons pas à payer dans la
première année d'application.
Mme Marois: D'accord, parce que...
M. Levesque: Nous payons présentement pour l'an dernier et
plusieurs années avant. C'est pour ça...
Mme Marois: mais les fonds ne sont pas pris...
c'est-à-dire que, pour les projets déjà engagés,
j'imagine qu'ils sont sous un autre élément du budget.
M. Levesque: Ils sont dans le budget.
Mme Marois: Mais ils ne sont pas affectés à ce
fonds-là.
M. Levesque: Non, pas du tout.
Mme Marois: D'accord, on s'entend. Mais est-ce que ça veut
dire, à ce moment-là, que c'est de l'intérêt que
vous comptez assumer ou c'est du versement direct à des entreprises?
M. Levesque: Ce sont des modalités que nous laisserons le
ministre responsable vous communiquer dans les meilleurs délais.
Mme Marois: Mais les 3 000 000 $, donc, ne sont attachés
à rien.
M. Levesque: C'est plutôt une estimation, oui. Ce n'est pas
l'année où il va y avoir des déboursés par rapport
à des décisions prises dans l'année en cours.
On me fait remarquer que Hyundai, par exemple, c'est en 1985 que
ça avait été décidé...
Mme Marois: Oui, Hyundai là, oui.
M. Levesque: ...et puis on a commencé à payer
seulement l'an dernier. Alors, ça prend du temps avant que le...
Mme Marois: On ne procède au déboursement que plus
tard, d'accord.
M. Levesque: C'est ça, c'est ça.
Mme Marois: Dans le fond, vous nous dites qu'il n'y a pas eu de
projets ou il n'y a pas de
projets en carton suffisamment nombreux - quand je dis "en carton",
c'est des projets prêts à être mis en marche et dans
lesquels le gouvernement pourrait immédiatement s'impliquer - donc,
c'est une petite provision.
M. Levesque: Oui, oui, il y en a, il y en a, mais on n'aura pas
à faire de déboursés. Les déboursés qu'on
fait cette année, c'est pour ceux qui étaient dans le carton il y
a cinq ans et puis il y a quatre ans, tandis que...
Mme Marois: D'accord. Donc, les déboursés, cette
année, ne seraient pas plus élevés que de l'ordre de 3 000
000 $.
M. Levesque: Non, il va y en avoir plus parce qu'ils sont dans le
budget pour ce qui a été décidé
antérieurement. Ce qui va être décidé au cours de
l'année, on n'aura pas, en vertu de...
Mme Marois: Mais pour ce nouveau fonds là?
M. Levesque: ...ce fonds-là, à le faire cette
année d'une façon significative.
Mme Marois: Comme vous annoncez un fonds de 100 000 000 $ sur
deux ans, est-ce que vous prévoyez que les engagements, dans
l'année, pourraient atteindre la valeur de 100 000 000 $? Est-ce que
c'est ça que vous nous dites en nous annonçant cela?
M. Levesque: C'est le renseignement que l'on obtient de nos
collègues du côté sectoriel. Le budget est formé de
cette façon-là. Nous ne pouvons pas, évidemment, nous
substituer à tous les collègues, mais devons prendre, des
ministères, les renseignements qu'ils nous fournissent et c'est en vertu
de ça qu'on peut bâtir le budget.
Impact de nouvelles taxes sur l'emploi
Mme Marois: Bon. Alors, on attendra le ministre de l'Industrie,
du Commerce et de la Technologie pour voir ce qu'il aura à nous
apprendre sur ce fonds. J'espère que ça ne sera pas une question
de miroir aux alouettes.
J'aimerais revenir maintenant plus globalement sur le discours sur le
budget. En fait, j'ai posé quelques questions au ministre de l'Industrie
et du Commerce qui m'a, à certaines occasions, pas toujours, mais
à certaines occasions, répondu. Entre autres, à une
question que je lui posais à l'Assemblée nationale, il me disait
que les mesures du plan de relance du gouvernement du Québec devraient
avoir comme impact la création d'environ 21 000 emplois. Bon, par effet
de levier, directement ou indirectement, on va en convenir, on créerait
environ 21 000 emplois.
On sait que 98 000 emplois ont été perdus de juillet 1990
à avril 1991. Donc 21 000, on conviendra que c'est une bien mince
consolation quand on sait ce qui se passe actuellement sur le marché. On
est, malgré une légère amélioration dans le taux de
chômage, quand même à 12 points, à 12 % de taux de
chômage, 407 000 chômeurs actuellement au Québec, ce qui est
carrément inacceptable et, dans le secteur manufacturier, depuis deux
ans, c'est un emploi sur cinq qui a été perdu, à toutes
fins pratiques.
Vous annoncez un certain nombre de mesures dans le budget. Elles sont
soit fiscales, soit budgétaires. On parlait tout à l'heure du
Fonds québécois de développement industriel qui est sous
l'item de renforcer la compétitivité de l'économie. On
parle d'un impact de l'ordre de 7 000 000 $ sur le budget du gouvernement du
Québec pour 1991-1992. Ça, ce sont les mesures
budgétaires.
Dans le cas des mesures fiscales, on parte d'un impact de l'ordre de 12
000 000 $ et, en même temps, on a parlé, au début de notre
échange ensemble ce soir, de taxes nouvelles de l'ordre de près
de 300 000 000 $. Alors, d'un côté, on dit qu'il y a des mesures
pour améliorer la capitalisation des entreprises ou pour supporter leur
implantation qui sont de l'ordre d'environ 19 000 000 $, d'un côté
des colonnes, et, de l'autre côté, on a pour 107 000 000 $, en
tout cas, de devancement de taxes et 300 000 000 $ de plus.
Quand vous faites le budget, est-ce que vous analysez l'impact de la
taxation sur l'emploi? Ça, moi, c'est une préoccupation que j'ai
quotidiennement, je dirais, quand je vois tomber sur notre table de travail
toutes les situations qui concernent les entreprises qui ferment et où
on ne voit pas l'heure où on va finir par s'en sortir, parce que, si les
prévisions du ministre des Finances sont pessimistes ici, en Ontario,
quant à l'augmentation de la production nationale, elfes sont de deux
points de moins encore, dans les prévisions du ministre des Finances.
Alors, j'espère bien que c'est vous qui aurez raison, mais, pour
l'instant, il n'y a pas de signes trop encourageants encore.
Est-ce que vous avez des études que vous appliquez, des
modèles que vous appliquez lorsque vous décidez d'implanter une
nouvelle taxe ou d'augmenter un niveau de taxes, que ce soit celle sur le
capital, celle sur la masse salariale pour le fonds de santé, peu
importe? Parce que nous, on a évalué, là, que
c'étaient des hausses de l'ordre de plus de 1 000 000 000 $, si on
implique la réforme de la fiscalité municipale, qui s'ajoutaient
aux entreprises, depuis deux ans, comme nouvelles taxes? Alors, quelle
évaluation faites-vous quant à l'impact sur l'emploi lorsque vous
appliquez une nouvelle taxe?
M. Levesque: C'est sûr qu'à chaque moment où
nous touchons à la fiscalité, il y a une étude d'impact
qui se fait sur l'emploi et il se fait
également - et je reçois constamment cette
information-là... Si on songe, par exemple, à imposer telle taxe,
on voit immédiatement quel est son effet sur la croissance
économique. C'est clair qu'il y a là une relation directe.
Même les chtffres doivent être modifiés immédiatement
si on retient telle ou telle mesure fiscale. (20 h 30)
Quant à l'emploi, évidemment, je sais, comme Mme la
députée, que nous sommes dans une période où il y a
des pertes d'emplois, mais je pense tout de même que les mesures que nous
avons prises... Et ça, nous avons commencé bien avant le
début de la récession avec des investissements
accélérés dans mon dernier budget de 1990-1991. Nous
avons, à ce moment-là, fait en sorte de pouvoir avoir environ, je
pense, 279 000 000 $ pour accélérer des projets, autant dans le
domaine de la santé et des services sociaux que dans celui de
l'éducation et même des affaires culturelles. De plus, comme vous
le savez, le premier ministre, le 17 janvier dernier, présentait un
projet de relance également qui touchait encore des investissements
accélérés dans le même domaine, portant à
environ 600 000 000 $ les sommes affectées à ce plan
d'accélération des investissements.
Il y a eu, de plus, un autre programme, qui, d'ailleurs, a
été bien reçu par nos amis de l'Opposition,
particulièrement par le chef de l'Opposition qui a déclaré
qu'il retenait cette mesure-là comme étant très positive.
C'est le programme Mon taux, mon toit, qui devrait augmenter les
investissements dans le secteur résidentiel à un point qu'on va
peut-être avoir même plus que ce qu'on avait prévu. Les
derniers résultats sont fort encourageants et nous mettent au premier
rang de toutes les régions au Canada sur le plan de la construction
domiciliaire. On avait songé à peut-être porter de 22 000
à 30 000 le nombre de mises en chantier, mais il semble que les chiffres
qui nous parviennent maintenant sont encore plus encourageants.
Maintenant, pour les pertes d'emplois que nous avons connues pour la
période, disons, de janvier à avril de l'an dernier avec la
période de cette année, on s'aperçoit que, si nous avons
perdu 90 000 emplois au Québec, en Ontario, ce n'est pas 90 000 mais 221
000 qui ont été perdus. Alors, je pense que les mesures que nous
avons prises et les politiques que nous avons suivies depuis quelques
années ont fait en sorte que nous pouvons avoir une meilleure
performance durant cette récession que nous n'aurions pu avoir
autrement. J'ai bon espoir que nous pourrons sortir également de la
récession plus rapidement et faire en sorte que nous puissions profiter
le plus rapidement possible de la reprise.
Mme Marois: Là, le ministre des Finances m'explique un
certain nombre de programmes qui ont été mis en place, mais ne
répond pas à ma question, il va en convenir. Alors, je vais,
à mon tour, faire un certain nombre de réflexions. Même si
l'idée de Mon taux, mon toit pouvait être intéressante, et
je n'en disconviens pas, le ministre des Finances ne va toujours bien pas
s'attribuer le fait qu'il y a eu une baisse des taux hypothécaires
depuis un certain nombre de mois. Cela étant, ça a sûrement
eu un impact sur la mise en chantier, on va tous ensemble être d'accord
avec ça.
Je lisais, dans le journal Les Affaires en fin de semaine, une
étude qui a été faite par l'économiste du Mouvement
Desjardins où il disait, puisque le ministre des Finances ne me
répond pas: "La ponction additionnelle - et je le cite - de 263 000 000
$ qu'entend faire le gouvernement dans l'économie cette année
devrait se transformer à elle seule par un recul de 0,2 % du PIB. Cette
seule donnée renforce le scénario de croissance négative
de l'ordre de
£. /o.
Le ministre des Finances, qui me dit qu'ils en font des études,
devrait pouvoir me dire quel est l'impact de sa taxation sur les emplois. Le
fait que l'on sache que l'Ontario en a perdu davantage que nous
récemment ne console pas les 407 000 chômeurs et chômeuses
qu'il y a au Québec actuellement.
D'autre part, eux sont entrés plus tard dans la récession
que nous, on va en convenir, et la situation des personnes en problème
d'emploi n'est pas la même et n'est sûrement pas aussi
détériorée que celle des chômeurs actuels du
Québec. De la même façon, les entreprises sont probablement
actuellement davantage prêtes à se remettre au boulot et la
situation que l'on connaît actuellement où on a été
et où on est encore, depuis un bon moment, en période de
récession, et où les expertises se perdent, et où il est
plus difficile d'aller se rechercher des capitaux, et où nos
travailleurs et nos travailleuses sont en chômage pendant une plus longue
période, fait qu'il est plus difficile pour ces personnes-là,
surtout dans le secteur manufacturier, de se retrouver un emploi si l'on pense
qu'un emploi sur cinq est disparu actuellement dans ce secteur. Bon, alors, je
veux bien qu'on se compare, ça peut peut-être nous consoler un
peu, mais ça ne résout pas le problème.
Moi, j'aimerais savoir du ministre quelle est l'évaluation qu'il
fait de l'impact de ces nouvelles taxes quant à l'emploi, quant aux
effets sur l'entreprise, donc sur l'économie en
général.
M. Levesque: Voici, j'ai mentionné aujourd'hui, mais
c'était en votre absence, que nous avions trois choix qui se
présentaient à nous. Nous aurions pu, évidemment, laisser
le déficit augmenter et ne pas du tout avoir recours à des taxes.
Il faut bien se rappeler, cependant - je le répète pour la
nième fois - que nous n'avons pas touche à l'impôt sur le
revenu des particuliers ou, si nous y avons touché, ce n'est que pour le
réduire par l'indexation. Mais sur les
taxes en question, nous aurions pu les éviter tout simplement en
ajoutant la somme en question que ça représentait au
déficit. Ça, c'était un choix que nous avions. Nous
aurions pu aussi dire: Nous avons fait notre lit quant à
déterminer le montant du déficit l'an dernier, nous allons le
maintenir, et, à cette fin, nous aurions été
obligés d'ajouter près de 2 000 000 000 $ de taxes additionnelles
ou d'impôt additionnel. On pouvait avoir ce choix-là aussi.
Mais nous avons préféré le troisième choix,
c'est-à-dire de laisser monter le déficit pour ce que
représente l'impact de la récession sur les revenus des
dépenses du gouvernement, ni plus ni moins. Nous avions prévu
à peu près que l'impact de l'augmentation des dépenses et
la perte de revenus, ça représentait ça. C'étaient
environ 1 800 000 000 $, 1 900 000 000 $. C'est ça que nous avons fait,
c'est là que nous avons dit: Nous allons faire cela. Il ne faut pas
oublier qu'avec 1 800 000 000 $, 1 900 000 000 $, vous avez là des
éléments qui aident énormément la conjoncture
même si, à long terme, évidemment, ça retarde notre
progression vers l'équilibre du solde du compte courant. Mais, tout de
même, en période de récession, nous avons fait ce choix.
Mais nous n'avons pas voulu, par exemple, que les dépenses d'ordre
permanent, qui n'ont rien à voir avec la récession, ce soit le
déficit qui les absorbe. Nous avons voulu continuer, avec la même
rigueur, de faire en sorte que, s'il y a des dépenses additionnelles, il
y ait des revenus additionnels qu'on doit aller chercher pour compenser. C'est
pourquoi nous avons fait ce troisième choix en tenant compte,
évidemment, de l'impact sur les emplois.
Lorsque Mme la députée mentionne: Avez-vous tenu compte de
l'impact sur les emplois, nous répondons: Oui, parce que, si nous
n'avions pas tenu compte de cela, nous aurions opté pour le
deuxième choix, c'est-à-dire faire en sorte de s'en tenir aux
prévisions que nous avions dans notre budget de 1990-1991. Si nous ne
l'avons pas fait et si nous avons laissé le déficit augmenter de
cet impact-là, c'est parce que nous tenions compte justement des emplois
qui auraient été perdus autrement. Mais aller plus loin que cela,
ça voulait dire prendre un autre choix qui a été fait
ailleurs au pays, sans vouloir préciser davantage, et qui n'était
pas notre politique, qui n'était pas notre choix parce qu'à un
moment donné il faut bien se rendre compte que, si on ne pose pas le
geste aujourd'hui, on devra le poser demain. Les déficits d'aujourd'hui
sont les impôts de demain et ça, c'est une vérité
éternelle.
Maintenant, je pense que j'ai répondu à la question de Mme
la députée. Ça a été notre politique, cette
façon que nous avons abordé les choses et c'est, je pense, la
meilleure façon, peut-être pas une façon radicale, mais la
façon du juste milieu, et je crois que, de cette façon-là,
nous avons protégé la santé financière du
Québec tout en protégeant les emplois qui étaient
nécessaires particulièrement dans cette période difficile,
de sorte que nous arrivons à la conclusion que les moyens et les mesures
que nous avons pris depuis un an ou un an et demi et les choix
budgétaires que nous avons faits font en sorte que nous pouvons
aujourd'hui dire que nous avons un effet de récession moins profond et
moins sérieux au Québec qu'ailleurs et que nous pensons pouvoir
en sortir mieux qu'ailleurs à cause, justement, de ces politiques que
nous avons mises de l'avant et des choix, encore une fois, que nous avons
faits.
On pourrait avoir choisi autrement. Si vous aviez été
à ma place, vous auriez peut-être pris une autre voie, ça,
je le comprends, personne n'est obligé de suivre les politiques des
autres, mais nous l'avons fait. Nous l'avons fait col-légialement; il
n'y a personne ici qui n'a pas participé à cette
décision-là parce que nous l'avons prise en regardant tous les
impacts. Je vous assure que la fabrication de ce budget-là n'a pas
été facile, justement parce que les impacts qui nous arrivaient
avec les changements continuels que nous avons connus depuis 6 mois, 9 mois ou
12 mois ont fait en sorte qu'on a dû ajuster notre tir continuellement,
justement pour tenir compte de ces impacts sur l'emploi.
Mme Marois: Bon. Il ne faudrait pas que le ministre laisse
entendre d'une façon un petit peu pernicieuse que nous aurions
préféré un scénario qui nous aurait conduits vers
l'apocalypse ou que nous aurions choisi un scénario qui nous aurait fait
augmenter davantage le déficit, là. Je n'ai pas...
M. Levesque: Loin de moi pareille pensée!
Mme Marois: Je l'espère bien. J'ai posé une
question et il ne faut surtout pas me prêter des intentions à cet
égard-là. Quand on dit que vous n'avez pas touché à
l'impôt sur le revenu des particuliers, je comprends bien, sauf que - je
vais reprendre la façon dont on vous a répliqué sur
ça de notre côté et qui, je le pense, traduit bien la
réalité - les gens vont quand même les payer avec leur
revenu, les nouvelles taxes qui leur sont imposées. Alors, je veux bien
qu'on ne la prenne pas, cette taxe sur le revenu, mais les gens la paie quand
même puisqu'on augmente, d'une façon très substantielle et
très importante, les taxes. D'ailleurs, on sait que les taxes à
la consommation sont plus régressives, que c'est un système plus
régressif que l'impôt sur le revenu qui a un impact plus
progressif. Bon, on fera ce débat-là à un autre
moment.
Je veux revenir plus spécifiquement...
M. Levesque: Si on me permet une seule petite phrase. Si madame
veut juste ajouter à la phrase qu'elle vient de prononcer qu'on a tenu
compte, cependant, de crédits d'impôt pour les
personnes...
Mme Marois: À bas revenus. M. Levesque:... à
bas revenus.
Mme Marois: Je sais ça. J'ai même fait l'analyse. Le
crédit d'impôt commence à s'appliquer au seuil de
pauvreté. J'ai fait sortir les chiffres du Conseil canadien de
développement social, du Montreal Diet Dispensary, enfin à peu
près toutes les statistiques qui sortent sur les différents
seuils de pauvreté, et on commence à appliquer le crédit
d'impôt soit quand une personne seule ou une famille avec enfants est au
seuil de pauvreté. Elle a le maximum de crédit sur la taxe
à la consommation et puis, après ça, ça
décroît en fonction, évidemment, de son revenu. Donc, sur
ce, on pourrait en débattre un bon moment.
Mais je reviens à ma question. Nous, l'évaluation que l'on
fait du fardeau fiscal supplémentaire tant aux entreprises qu'aux
particuliers, puisque ça a un impact sur la consommation - on a moins de
revenus disponibles pour consommer s'il y a une ponction qui se fait sur notre
revenu par une taxation - on évalue, à partir des données
que vous avez, que c'est environ 22 500 emplois qui seraient touchés en
1992. Si on le met en comparaison avec les emplois que le gouvernement aiderait
à créer - parce qu'il n'en crée pas directement - par les
mesures de relance, qui sont de l'ordre de 21 000, on serait en déficit.
Mais soyons de bon compte, mettons que c'est égal. Autrement dit, ce que
l'on donne d'un côté ou les mesures que l'on adopte d'un
côté, qui sont censées avoir un impact pour le
relèvement de l'emploi, on va les rechercher d'autre part par l'impact
négatif qu'on a sur l'économie québécoise en
haussant d'une façon significative le niveau de taxation. (20 h 45)
Je voudrais savoir du ministre des Finances s'il me confirme qu'avec le
tableau de la page 95, quand on parie de l'impact sur le fardeau fiscal et du
revenu disponible de l'ordre de...
M. Levesque: Page 95?
Mme Marois: A-95. L'annexe A, page 95. L'impact sur le fardeau
fiscal et le revenu disponible qui est de l'ordre de 965 000 000 $ au net,
est-ce qu'effectivement, c'est de l'ordre de 20 000 emplois qui sont ainsi
affectés?
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Levesque: Tout simplement, je voudrais avoir une
précision de madame. C'est l'impact sur le fardeau fiscal...
Mme Marois: Et lea revenus disponibles.
M. Levesque:... pour l'année 1992, mais...
Mme Marois: Oui, oui. C'est ça. Pour 1992. Bien, je prends
une année complète...
M. Levesque: Oui, oui, mais...
Mme Marois:... parce que, pour 1991, c'est seulement le
devancement, alors je ne veux pas...
M. Levesque: La plus grande partie de 1992 sera...
Mme Marois: Pardon. C'est 941 000 000 $. Ça, c'est
l'impact financier pour le gouvernement, c'est ça. C'est le même
ordre de grandeur de toute façon, on s'entend.
M. Levesque: 1991-1992, ça, c'est pour l'impact financier.
Vous aviez, tout à l'heure, l'impact sur le fardeau fiscal et le revenu
disponible pour 1992. Donc, ça ne s'appliquait pas pour cette
année.
Mme Marois: C'est ça.
M. Levesque: Mais si vous revenez à l'impact financier
pour le gouvernement, vous arrivez, en 1991-1992, à 941 000 000 $.
Mme Marois: C'est ça. Donc, vous le prenez quelque part,
que je sache.
M. Levesque: Sauf que l'essentiel de l'impact, si on va dans
l'autre colonne pour l'impact sur le fardeau fiscal, c'est en 1992 et non pas
en 1991 OÙ C'est 263 000 000 $.
Mme Marois: Oui, mais ces 263 000 000 $ s'additionnent à
une taxe qui est déjà là. Mais ça, on ne va pas
refaire toute la fiscalité du gouvernement. Je suis d'accord que votre
devancement, en 1991, est de cet ordre-là. Mais si vous voulez aider
à la reprise qui va démarrer, j'imagine, quelque part en fin de
1991, j'espère avant, mais 1992, bien, on regarde le budget
1991-1992.
M. Levesque: Sauf que, si on me permet, il faut regarder
ça en perspective. Premièrement, pour l'impact sur le fardeau
fiscal et le revenu disponible, on voit que c'est beaucoup moindre en 1991 et
ça a été voulu comme ça parce que c'est la
période la plus difficile à passer, alors que 1992 devrait
être une période, d'après nos prévisions, qui va
être beaucoup plus, disons, encourageante sur le plan du revenu. Mais il
faut bien comprendre aussi que, lorsqu'on parle de 263 000 000 $ en 1991, c'est
sur une économie de 170 000 000 000 $ à peu près. Alors,
il faut tenir compte des proportions, parce que, quand on parte, en 1991, de
263 000 000 $ comme impact net des mesures fiscales budgétaires,
c'est
sur une économie de 170 000 000 000 $. Alors, c'est assez
marginal. Ça peut être...
Mme Marois: À ce moment-là, si c'est marginal,
c'est combien?
M. Levesque: 263 000 000 $.
Mme Marois: Non, non. Ça, ça va. Mais sur l'emploi,
l'impact sur l'emploi.
M. Levesque: Attendez. Je vais voir s'il y a quelqu'un qui peut
répondre à cette question-là. Juste...
Mme Marois: C'est celle-là que je pose depuis le
début.
M. Levesque: C'est assez difficile d'arriver, d'après les
renseignements qu'on me donne, exactement à répondre en noir sur
blanc à la question. Mais, chose certaine, c'est que, lorsqu'on a
accepté de laisser le déficit... Peut-être qu'on va avoir
une réponse. En attendant, lorsqu'on a laissé aller le
déficit à 3 400 000 000 $, c'est sûr qu'on acceptait,
à ce moment-là, de mettre l'emploi comme priorité pour la
période en question. Autrement, on ne l'aurait pas fait. C'est sûr
qu'il va...
Mme Marois: Vous me permettrez de penser que...
M. Levesque:... une relation, même si on n'a pas le chiffre
exact que madame aimerait avoir. Si on l'a d'ici à demain, je vais vous
le donner.
Mme Marois: Certainement. Puisqu'on l'a, je suis persuadée
qu'on l'a. Bon, ce n'est pas possible, sans ça, on serait
complètement irresponsables et je connais assez bien le ministère
des Finances pour savoir qu'il y a des modèles
économétriques qui sont bâtis et qui s'appliquent. Chaque
fois qu'on ajoute 0, 1 % ou un point de pourcentage, on évalue l'impact
sur l'emploi et on le sait, en plus, selon qu'on l'applique sur le profit, sur
la taxe, sur la masse salariale, parce que les impacts sont différents
selon le champ que l'on choisit, le champ de taxation que l'on choisit. Voyons!
Donc, il y a des modèles qui sont tout prêts et qui permettent de
calculer ça.
M. Levesque: Une autre information qui me vient du
côté économique, c'est que c'est très très
partiel, ces sommes en question, et ça ne nous fait pas voir l'ensemble
du tableau. Le faire comme ça, d'une façon très partielle,
est très difficile, d'ailleurs, à évaluer.
Deuxièmement, ça touche peut-être à 0, 1 % ou 0, 2 %
de l'économie. Alors, c'est très difficile et on ne peut pas
prendre cette mesure-là uniquement. Il faut prendre les dépenses,
les revenus, le plan de relance, etc., pour voir... Mais c'est sur l'en-
semble, je pense, et avec la décision que nous avons prise de laisser
augmenter le déficit dans cette année de récession, qui
est plus significative sur le plan de l'emploi.
Mme Marois: Parce qu'on peut le prendre au plus global, si le
ministre le souhaite. On peut prendre de 1989-1990 et puis on peut regarder le
fonds des services de santé, qui est passé de 3, 22 %, à
3, 36 %, à 3, 45 %, à 3, 75 %. C'est celui-là qu'on a
devancé. La taxe sur le capital: 0, 48 %, 0, 50 %, 0, 52 %, 0, 56 %.
L'impôt sur le revenu, qui a aussi augmenté dans toutes les
circonstances, à chaque discours sur le budget, à chaque
année, et on arrive, en pourcentage moyen, en excluant l'impact des
mesures fiscales du ministre des Affaires municipales, avec une augmentation de
l'ordre de 16, 6 %. Alors, si on veut le prendre global, on va le prendre
global. On ne va pas s'arrêter juste aux pauvres petits 300 000 000 $
qu'on impute, en pleine récession, aux entreprises. On va le prendre
globalement. Alors, là, on parle de milliards depuis 1989. Donc, si on
pense qu'on regarde seulement ça par le petit bout de la lorgnette, je
pense qu'on est dans l'erreur.
Alors, écoutez, comme je n'obtiens pas de réponse du
ministre, j'imagine que le travail de recherche va se faire et que j'aurai,
dans les heures qui viennent, sinon demain, une information plus précise
sur la question que je soulève.
M. Levesque: Peut-être que je pourrais
référer, cependant - ça serait peut-être une
façon, je pense, de résumer la situation - Mme la
députée de Taillon à un document que j'ai
déposé à la demande du député de Labelle en
fin de séance.
Mme Marois: Document que je n'ai pas consulté...
M. Levesque: Non.
Mme Marois:... j'en conviens. Je n'étais pas là
à la fin de la séance.
M. Levesque: On verra que, dans ce document, sous le titre "Taxe
provinciale" - je ne vous blâme pas de ne pas l'avoir, parce qu'il vient
d'être produit aujourd'hui - vous avez l'impôt des
sociétés. Par rapport à l'Ontario, nous sommes à 79
000 000 $ moins élevés que la province voisine. Alors, avec les
chiffres qu'on a donnés en cascade tout à l'heure, il n'en reste
pas moins que les sociétés sont très compétitives
avec nos voisins.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: C'est le décalage là. Si
l'Ontario augmente ses taxes et que, nous, on les
augmente encore plus, vous voyez l'impact sur le fardeau fiscal. En
période de récession économique, vous n'avez rien
réglé.
M. Levesque: Si?
M. Léonard: C'est la hausse de taxes...
M. Levesque: C'est après l'Ontario...
M. Léonard: Ça, c'est...
M. Levesque: ...et après le Québec.
M. Léonard: C'est ça. Donc, c'est le
décalage entre les deux que nous mesurons. Il a pratiquement
doublé cette année, c'est ça que ça veut dire,
ça passe de 3,9 à 7,5, pratiquement doublé. Mais, tout
à l'heure, on avait l'air content, de l'autre côté, de me
démentir en disant: Oui, l'Ontario a monté ses taxes. Donc, ici,
nous aussi, on a monté nos taxes et le décalage a grandi encore
plus. Alors, ça, c'est vraiment une constatation qu'il faut faire.
M. Levesque: Si on était allé au déficit de
l'Ontario, dans la même proportion, on serait à 2,1 de
différentiel.
M. Léonard: On reviendra sur ce tableau,
nécessairement. Mais je voudrais revenir sur l'article du journal
Finance, je suppose que le ministre l'a lu. Il titrait ceci: "Le budget,
un optimisme sous-estimant le déficit de 350 000 000 $." Tout à
l'heure, ma collègue l'a évoqué, il y a une ponction
additionnelle, impact financier de...
M. Levesque: Je ne l'ai pas.
M. Léonard: C'est le journal Les Affaires, il est
en vente dans tous les kiosques.
M. Levesque: Les Affaires ou Finance?
M. Léonard: Les Affaires. Finance n'existe plus, M. le
ministre des Finances, depuis plusieurs mois.
M. Levesque: Non, mais c'est vous qui avez dit ça.
M. Léonard: J'ai dit Finance?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Excusez-moi.
M. Levesque: C'est pour ça qui je me posais la
question.
M. Léonard: Les Affaires. Le journal Les Affaires.
350 000 000 $, et là-dessus, ce que M.
Normand, qui est cité à plusieurs reprises, dit, c'est
ceci: "Je crois que le ministre des Finances sous-estime l'ampleur de la
récession. M. Normand prévoit plutôt un repli du PIB de 2
%, en termes réels, cette année, et la ponction additionnelle -
ça a été lu tout à l'heure - entraînera
à elle seule un recul de 0,2 % du PIB." Il ajoute ceci: "Chaque
point de décroissance représente une diminution d'environ 350 000
000 $ des revenus du gouvernement et, sur cette base, le déficit de 3
500 000 000 $, prévu durant l'exercice 1991-1992, passerait plutôt
à 3 800 000 000 $." Il affirme que les prévisions sont
très optimistes. On en parlait avant le dîner, tout à
l'heure. Il pense que le recul du PIB va être plutôt de 2 %.
Est-ce que vous pourriez commenter ces estimations ou ces
déclarations de M. Normand? D'autre part, est-ce que nous poumons avoir
des renseignements sur les relations entre les taxes imposées par le
gouvernement, les réactions au PIB ainsi que le rendement, en termes
d'impôt sur le revenu, d'une montée de taxes ou d'une baisse du
PIB? En d'autres termes, je parle des taux d'élasticité, de tout
ce monde-là.
M. Levesque: On vous a dit tout à l'heure, en
réponse à une question de Mme la députée de
Taillon, qu'on essaierait d'avoir ces chiffres pour demain et que, si on les
avait, on vous les remettrait.
M. Léonard: Non, ce n'est pas tout à fait la
même question.
M. Levesque: Non, mais c'est la même réponse, pour
le moment. Si on ne les avait pas demain, on pourrait vous les faire parvenir
dès qu'ils seraient disponibles. Ce que je veux vous dire cependant,
c'est que, lorsque vous citez un économiste qui dit: Non, je pense que
moins 1,1, c'est un petit peu optimiste; ça devrait peut-être
être moins 2, qu'est-ce que vous voulez que je dise? Je ne suis pas
d'accord avec cette prévision-là. Mais on va attendre et on
verra.
M. Léonard: À quel moment avez-vous calculé
la moyenne de 1,1, de moins 1,1, comme vous l'avez citée?
M. Levesque: Très peu de temps, très peu de temps
avant le budget.
M. Léonard: Très peu de temps avant? Mais ces
prévisions-là pouvaient dater du 1 er janvier?
M. Levesque: Non, non, parce qu'on a eu au moins deux revues, la
dernière étant juste avant d'aller - au mois d'avril - à
l'impression. Alors, c'est assez récent.
M. Léonard: Est-ce que vous êtes d'accord qu'une
baisse de un point du PIB entraîne une
baisse de l'impôt sur le revenu de 350 000 000 $? M. Levesque:
L'ensemble des revenus.
M. Léonard: C'est l'impôt? C'est l'ensemble des
revenus autonomes, pardon.
M. Levesque: 300 000 000 $.
M. Léonard: 300 000 000 $? Donc, c'est sensiblement...
Une voix:...
M. Léonard: Des revenus, effectivement, pas de
l'impôt sur le revenu, mais des revenus. 300 000 000 $.
M. Levesque: Oui, des revenus.
M. Léonard: Donc, à 350 000 000 $, cet
économiste ne se trompe pas tellement. Est-ce que depuis...
M. Levesque: Quel est le chiffre qu'il donne? Moins 2?
M. Léonard: 350 000 000 $, moins 2. en fait, il dit moins
2. un point donne 350 000 000 $, alors, au fond, le décalage qu'il y a
entre ça et ce que vous dites, c'est 0, 9.
M. Levesque: Et si c'était 0 au lieu de 1, qu'est-ce qui
arriverait? On serait en avant de 375 000 000 $?
M. Léonard: Oui, bien, vous savez, j'ai comparé vos
prévisions avec celles de l'Ontario, moins 3, 3, alors...
M. Levesque: II me semblait que vous ne reviendriez pas
là-dessus aujourd'hui, vous, la même journée que je vous ai
fait part de vos prévisions de 1982. Ce n'est pas beau. (21 heures)
M. Léonard: Le ministre des Finances peut revenir
constamment en arrière, quand il a constamment l'oeil dans le
rétroviseur, il est en train de se péter le nez parce qu'il ne
regarde pas en avant. Alors, ça, c'est peut-être une chanson qui
lui plaît beaucoup. Ceci étant dit, ce n'est pas un argument qui
m'impressionne, quant à moi. Je peux juste vous dire ça...
M. Levesque: Loin de moi l'idée de vous impressionner,
cher collègue.
M. Léonard: oui, oui, c'est plutôt difficile. ne
vous inquiétez pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. LeSage): M. le député
de
Labelle.
M. Léonard: Vos prévisions de revenus. À la
page D-18 du discours sur le budget, il y a le tableau des perspectives
économiques à moyen terme. Il me semble que c'est un tableau qui
est intéressant, qui doit nous intéresser...
M. Levesque: Oùça?
M. Léonard: À la page D-18, l'annexe D-18 du
budget.
M. Levesque: C'est D-18. Oui, je l'ai.
M. Léonard: Vous prévoyez d'abord un produit
intérieur réel de 0, 3 %. en 1990, il est en croissance de 0, 3
%; en 1991, il va diminuer de moins 1, 1 %, tout en étant très
optimiste et, par la suite, de 1992 à 1994, il croîtrait de 3, 5
%. Est-ce que ceci aussi n'est pas plutôt optimiste?
Le Président (M. Farrah): M. le ministre. M. Levesque:
Je vais vous dire... M. Léonard: Sur quelle base...
M. Levesque: II faudrait d'abord qu'on se comprenne bien. Dans
ces chiffres-là, je n'ai pas, je ne suis pas intervenu pour essayer de
convaincre mes conseillers: Est-ce qu'on ne pourrait pas mettre cinq
dixièmes de plus ou de moins? Non. Nous avons fait ce travail-là
le plus consciencieusement, le plus scientifiquement et le plus objectivement
possible. La seule indication que j'ai donnée aux gens qui travaillent
dans ce secteur-là, c'est de ne pas mettre de lunettes roses, même
s'il y avait quelque chose d'aller du côté plus conservateur.
J'aime mieux avoir des surprises en plus que des surprises en moins. C'est ma
façon de regarder les choses. Donc, quand on arrive à dire que...
C'est difficile, évidemment, d'arriver, puis... Il y a des erreurs qui
se font parmi les prévisionnistes. Si quelqu'un était capable de
me trouver un prévision-niste qui ne ferait jamais une erreur, ça
serait la fortune assurée. Mais ça, c'est avec les renseignements
que nous avons.
M. Léonard: O. K. Mais, à ce
moment-là...
M. Levesque: Ce sont les meilleures conclusions auxquelles on
puisse arriver.
M. Léonard: Je comprends, mais, à ce
moment-là, est-ce qu'on peut savoir quelles sont les prévisions
de croissance du produit intérieur réel 1992, 1993, 1994, les
trois années différentes? Est-ce que vous les avez?
M. Levesque: Je vais essasyer de vous avoir
ça.
M. Léonard: Non, c'est parce que ça a beau
être la bible, on peut quand même poser des questions,
J'espère.
M. Levesque: Hein?
M. Léonard: Ça a beau être la bible, on peut
quand même poser quelques questions.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Tout à coup il y aurait une
explication, que ce ne serait pas simplement la foi.
Une voix: Même la bible soulève quelques
questions.
M. Léonard: Oui, bien c'est exactement ce que je pense.
Ça fait que là, je veux dire, on a jugé que c'était
ça, puis on ne peut pas poser de questions...
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection, sauf que vous allez
attendre quelques instants pour qu'on puisse faire la recherche.
M. Léonard: Oui, c'est correct. Là-dessus, je suis
bien d'accord. On peut poursuivre, d'ailleurs, entre-temps.
M. Levesque: En 1992...
M. Léonard: Oui?
M. Levesque:... c'est 2, 5 %.
M. Léonard: En 1992, 2, 5 %?
M. Levesque: Oui. En 1993, près de 4 %.
M. Léonard: 4 %, O. K. Et après, l'autre
année, ça va...
M. Levesque: Je pense qu'on a 3, 5 % là.....
M. Léonard: 3, 5 % en 1994?
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Donc, plus 4 %. O. K.
M. Levesque: Les deux dernières années, c'est une
moyenne de 4%.
M. Léonard: 4 % les deux dernières.
M. Levesque: D'après les derniers chiffres, avec
les...
M. Léonard: Les calculatrices.
M. Levesque:... ordinateurs portatifs.
M. Léonard: Bon. Autre donnée sur laquelle j'ai
été porté à m'interroger, les
éléments de revenu. Vous prévoyez en 1991 que les salaires
et traitements vont augmenter de 2, 4 % alors que le revenu personnel augmente,
lui, de 4, 8 %. C'est une différence assez importante et cela m'a
amené à penser que les revenus de placement comptaient pour une
part importante, que leur rendement continuerait de croître ou, en tout
cas, ça nous amène à nous poser des questions sur
l'importance des revenus de placement là-dedans, et d'autres revenus qui
pourraient survenir. Qu'est-ce qui explique, en gros, la différence?
M. Levesque: Le gros de cela provient des transferts, par
exemple, l'assurance-chômage.
M. Léonard: Oui, mais l'assurance-chômage, d'une
année sur l'autre, n'augmente pas autant que cela, à moins qu'il
n'y ait effectivement beaucoup plus de chômeurs. Le chômage passe
de 11, 2 % à 12, 4 % ou, si vous voulez, de 10, 1 % en 1990 à 12,
4 %. Mais ça n'explique pas, à mon sens, les 4, 8 %, c'est
gros.
M. Levesque: On me confirme encore que c'est à cause de la
récession et c'est l'assurance-chômage, l'aide sociale aussi, tous
les paiements de transfert, et ils sont indexés.
M. Léonard: En 1990, le taux de croissance avait
été de 6 % pour les salaires et traitements et de 7, 6 % pour le
revenu personnel. C'est 1, 6 %, la différence. La différence
s'explique par l'augmentation du taux de chômage, ou d'assistance
sociale, mais exclusivement.
M. Levesque: Quels chiffres venez-vous de donner?
M. Léonard: Là, je viens de donner les chiffres de
l'année 1990.
M. Levesque: Ah!
M. Léonard: C'est parce qu'il y a une colonne, la page
précédente les donne. J'ai remis les chiffres à
côté ici.
M. Levesque: Ah oui! On a toujours une bonne réponse. Les
taux d'intérêt, évidemment, étant très
élevés dans cette année-là, les revenus de
placement ont augmenté, ont fait augmenter...
M. Léonard: Je comprends que ce n'est pas la seule
explication, qu'il y a aussi des paiements d'assurance-chômage qui
interviennent, mais les placements aussi interviennent.
M. Levesque: Oui, oui, je l'ai dit tout à
l'heure. Je l'ai dit tout à l'heure ça, il n'y avait pas
seulement les revenus de transfert
M. Léonard: Bon. Les prévisions de taux de
chômage. En 1990, nous avions un taux de chômage de 10, 1 %, en
1991, ce sera 12, 4 % et vous donnez des taux de chômage de 11, 2 % pour
1992 à 1994. Est-ce que je pourrais avoir le détail, année
après année, pour ces taux de chômage ou est-ce que c'est
le même taux pour les trois années, 1992, 1993, 1994?
M. Levesque: Est-ce qu'on les a? Demain? M. Léonard:
Demain, là-dessus.
M. Levesque: On me dit qu'ils vont être disponibles
demain.
M. Léonard: Comment explique-t-on que le taux de
chômage ne baisse pas davantage? Parce qu'à nous, de l'Opposition,
cela apparaît extrêmement élevé, un tel taux de
chômage, alors, quand même, que le produit intérieur
réel...
M. Levesque: Si vous regardez le "pattern" - excusez l'expression
- le comportement typique à la suite d'une récession comme la
dernière de 1981-1982, vous allez avoir à peu près le
même cheminement.
M. Léonard: Donc, vous avez appliqué le
modèle, l'expérience 1982 au modèle 1990-1994.
M. Levesque: C'est sûr qu'il faut s'inspirer de quelque
chose et l'expérience de 1981-1982 est là pour nous... Je ne vous
dis pas que c'est la seule référence, mais on ne peut pas ignorer
l'expérience qu'il y a eu là. Par exemple, dans l'emploi, on
s'est aperçu qu'en 1982, au moment où on a commencé
à voir la fin de la récession, lorsqu'on regarde les chartes, on
s'aperçoit où la récession a cessé, où
l'emploi s'est stabilisé et on voit que, cette année, on a
à peu près le même schéma sauf qu'on ne va pas aussi
creux dans le... Est-ce qu'on a les schémas? Est-ce qu'ils ont
été publiés? En 1986, quatre ans après, on est
encore à 11 % de chômage.
M. Léonard: Là, on va être pareil; on est
pareil, à 11, 2 %, là.
M. Levesque: Non, non, mais on ne peut pas faire de miracle.
Une voix: Pardon?
M. Léonard: En 1994, 11, 2 %.
M. Levesque: c'est ça, excepté qu'on est en
1986.
M. Léonard: De 1982 à 1986, c'est quatre ans.
M. Levesque: Quatre ans.
M. Léonard: 1994, après 1990, c'est quatre ans.
Vous ne faites pas mieux.
M. Levesque: II faudrait regarder 1995.
M. Léonard: En d'autres termes, vous êtes en train
de nous dire que ça va se passer comme de 1982 à 1986, vous ne
faites pas mieux.
M. Levesque: C'est intéressant, lorsque vous regarderez
les tableaux - peut-être qu'on pourra vous en faire parvenir - vous
verrez comment ça s'est comporté en 1981 et comment ça
s'est comporté en 1990. Si on attend encore quelques mois, on va
s'apercevoir si c'est réellement le même phénomène
qui se produit, mais, pour le moment, il semble que, lorsqu'on arrive à
la fin d'une récession, il se produit une certaine stabilisation et,
ensuite, ça repart, la récupération d'emplois se fait, et
nous suivons évidemment. C'est une référence, 1981-1982.
Je ne dis pas que...
M. Léonard: Donc, au fond, c'est ça, vous appliquez
le même cheminement, le même modèle, grosso modo.
M. Levesque: Pas nécessairement, on n'a pas pris les
mêmes mesures. Vous vous rappelez que vous aviez pris des mesures en
retard. Les mesures que vous avez prises, c'était au moment de la
récupération tandis que les mesures que nous avons prises sont
avant et les tableaux vont vous l'indiquer, ça aussi.
M. Léonard: Ha, ha, ha! On verra bien.
M. Levesque: Ah oui! Il faudra attendre encore pour être
bien objectif là-dessus.
M. Léonard: Quoi qu'il en soit, le taux de chômage
est le même que ce qu'il était à l'époque. Il n'y a
pas eu de progrès qui a été fait.
M. Levesque: D'après ce que ça veut dire, c'est une
moyenne et elle est plus élevée au début de la
période qu'à la fin; à la fin, on est plutôt vers 10
% que vers 11 %, d'après les renseignements. On verra les chiffres
demain, si vous voulez.
M. Léonard: Mais on n'a pas comme objectif de
réduire notre taux de chômage à celui de l'Ontario, par
exemple, on est loin de là.
M. Levesque: Pas celui d'aujourd'hui de l'Ontario, mais celui qui
a déjà été, j'aimerais bien arriver là.
M. Léonard: Oui. Des voeux pieux.
Le Président (M. Farrah): M.le
député de Labelle, avez-vous d'autres questions?
M. Léonard: Peut-être le député
d'Arthabas-ka qui devait venir ce soir et qui est là maintenant, il
aurait des questions à poser.
Le Président (M. Farrah): O. K. Je reconnais M. le
député d'Arthabaska. La parole est à vous.
Garantie des emprunts des Sociétés
d'État par le gouvernement
M. Baril: Oui, M. le Président. Le gouvernement a
introduit une mesure dans le dernier budget qui oblige Hydro-Québec
à payer au gouvernement un demi-point de pourcentage sur le solde des
emprunts garantis par le gouvernement. Le ministre des Finances, par le biais
des documents budgétaires, affirme que la garantie des emprunts par le
gouvernement aux sociétés d'État contribue à
accroître le coût de ses propres emprunts. En accordant sa garantie
aux emprunts des organismes publics et sociétés d'État, le
gouvernement effectue un transfert de risque vers l'ensemble des contribuables
québécois. Ce transfert de risque se répercute sur le
gouvernement et les prêteurs en tiennent compte lorsqu'ils
négocient les emprunts du gouvernement. Il y a lieu de se demander dans
quelle mesure les emprunts garantis par des organismes gouvernementaux à
des particuliers ou à des entreprises accroissent le coût des
emprunts du gouvernement. Quand vous allez sur le marché financier,
est-ce que ces derniers évaluent toutes les garanties de prêt que
le gouvernement doit accorder à toutes les sociétés
d'État, que ce soit...
M. Levesque: Oui. M. Baril: Comment? M. Levesque:
Oui.
M. Baril: Oui. Est-ce que vous avez évalué les
impacts sur te coût de vos emprunts de toutes les garanties
accordées par les organismes gouvernementaux, tels l'Office du
crédit agricole, la SDI ou d'autres sociétés qui
m'échappent?
M. Levesque: Je pense qu'on avait évalué, de
mémoire, à 147 000 000 $...
M. Léonard: 147 000 000 $.
M. Levesque:... puis il y avait 143 000 000 $, je pense, qui
touchaient HydroQuébec. Et toutes les autres sociétés,
c'était à peu près pour 4 000 000 $, si ma mémoire
est fidèle.
M. Baril: Donc, l'Office du crédit agricole qui garantit
tes prêts... (21 h 15)
M. Levesque: Non, la Société du crédit
agricole...
M. Baril: L'Office.
M. Levesque:... n'est pas affectée par ces mesures.
M. Baril: Non, mais la garantie que l'Office du crédit
agricole fait auprès des agriculteurs et des agricultrices, ces
garanties-là sont, comment je dirais, garanties par le
gouvernement...
M. Léonard: Sont données par le gouvernement.
M. Baril:... sont données par le gouvernement, ces
garanties-là.
M. Léonard: C'est exclu de l'application de la mesure.
M. Levesque: C'est ça. Ce ne sont pas les garanties qui
sont données par les sociétés d'État, mais c'est
des garanties que le gouvernement donne aux institutions financières ou
aux syndicats pour les emprunts effectués par les sociétés
d'État.
M. Baril: Donc, quand l'Office du crédit agricole garantit
auprès d'une banque, ce n'est pas de même que ça
marche?
M. Levesque: Non, ce n'est pas... Une voix: Ce n'est pas
inclus.
M. Baril: Oui, l'Office du crédit agricole, c'est lui qui
garantit un prêt auprès d'une institution prêteuse?
M. Levesque: Nous ne faisons pas de garantie. Nous ne
garantissons pas la Société, n'est-ce pas? Nous ne garantissons
pas la Société en question. C'est la Société qui
garantit les prêts effectués par les agriculteurs.
M. Baril: oui, mais, d'abord, c'est le gouvernement qui fournit
ces budgets-là à l'office, parce que c'est l'office du
crédit agricole.
M. Levesque: Oui, mais on m'assure que, dans la question du
crédit agricole, on n'a pas tenu compte de cela dans ces 147 000 000 $
Il est exclu là.
M. Léonard: Alors, il faut arrêter de vous en parler
au cas où on vous donnerait des mauvaises idées.
M. Levesque: Peut être Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Je vous réponds bien candidement.
M. Baril: Je crois le ministre des Finances, mais...
M. Levesque: II ne faut pas oublier qu'il y a un fonds de
garantie. Il y a une auto-assurance qui est déjà là.
M. Léonard: Ah! là, vous êtes en train de
dire qu'ils le payaient déjà.
M. Levesque: Ils le payaient déjà, les
agriculteurs, mais plus maintenant.
M. Baril: Non, ce n'est pas ça. Ce n'est pas la même
chose.
M. Levesque: Plus maintenant. M. Léonard: Plus
maintenant.
M. Levesque: Mais ils avaient, si je me rappelle bien...
M. Baril: Un fonds d'assurance-prêts qu'on appelle.
M. Levesque: C'est ça.
M. Baril: Un fonds d'assurance-prêts...
M. Levesque: Ils avaient ça.
M. Baril: ...qui était garanti par l'État au
début...
M. Levesque: II n'y avait pas de 1,85 %...
M. Baril: ...après ça, ça a
été les agriculteurs, 1,85 %, et là...
M. Léonard: Des frais d'administration. M. Levesque:
Pardon?
M. Léonard: Ça comprenait des frais de garantie et
des frais d'assurance.
M. Levesque: M. Baril est au courant de ça. C'est un
spécialiste là-dedans.
M. Léonard: 1,85 %, on est au courant. Ça, je suis
au courant de ça.
M. Baril: Le 1,85 % garantissait les pertes possibles...
M. Léonard: Oui.
M. Baril: ...suite à une faillite, ou je ne sais pas quoi,
l'abandon. Ça garantissait les...
M. Léonard: Mais ça, ça revient à
dire que, finalement, le gouvernement ne garantissait pas les prêts aux
agriculteurs. C'était une Société complètement
indépendante qui s'auto-assurait contre des pertes possibles. La perte
pour mauvaises créances, en d'autres termes, était comprise
directement dans le taux du prêt.
M. Baril: Ce sont les agriculteurs qui payaient, justement,
le...
M. Levesque: le gouvernement faisait en sorte, cependant,
d'être là pour compenser lorsqu'il manquait des fonds, et il en a
toujours manqué, me dit-on.
M. Baril: Quand même l'Office prête, je peux me
tromper dans mes millions, ou garantit, c'est-à-dire, parce qu'il ne
prête pas, il garantit des prêts pour à peu près 400
000 000 $ par année. C'est à peu près les chiffres. Ces
montants-là que l'Office garantit, parce que ce n'est pas lui qui
prête, c'est les institutions prêteuses qui prêtent, ce n'est
pas l'Office...
M. Levesque: Oui.
Une voix: C'est à peu près la même chose avec
les étudiants.
M. Baril: Ah! là, ça, les étudiants, c'est
un autre domaine, monsieur.
M. Levesque: Mais ce n'est pas le gouvernement qui met sa
garantie derrière la Société. C'est la
Société qui met sa garantie derrière le prêt
consenti par les institutions financières aux cultivateurs. C'est comme
ça que je comprends ça.
M. Léonard: Donc, le ministre nous garantit sur ce
plan-là que le 0,5 % ne s'applique pas aux agriculteurs...
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard: ...et aux prêts agricoles. Ils sont
exclus.
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard: Est-ce que je peux poser une question au
ministre?
Le Président (M. Farrah): Allez-y, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Quelles sont les sociétés
d'État...
M. Levesque: Qui sont affectées par ça.
M. Léonard:... qui sont affectées par le 0, 5
%?
M. Levesque: Je vais vous dire ça.
M. Léonard: On va voir. Peut-être que ça va
être plus court de le prendre dans l'autre sens.
M. Levesque: Bien oui, c'est aussi bien. M. Léonard:
Une grosse liste?
M. Levesque: Est-ce que c'est bien ça? Je veux être
sûr que c'est bien ça.
M. Léonard: O. K.
Le Président (M. Farrah): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Hydro-Québec, la Régie de
['assurance-maladie du Québec, la Régie des installations
olympiques, Sidbec, la Société de développement de la Baie
James, la Société de développement industriel du
Québec, la Société du Palais des congrès de
Montréal, la Société du parc industriel du centre du
Québec, la Société immobilière du Québec, la
Société nationale de l'amiante, la Société
québécoise d'assainissement des eaux, et tes autres, pour un
total de...
Une voix: Hein?
M. Levesque: Les autres. Je peux vous donner les chiffres; vous
allez voir que...
M. Léonard: Peut-être que ce serait... Pouvez-vous
déposer le tableau?
M. Levesque: Bien, voici. Oui, mais je vais vous les dire:
Hydro-Québec, 26 185 000 000 $, c'est ça?
Une voix: 26000 000 000 $,oui.
M. Levesque: Assurance-maladie, 14 000 000 $. Je n'Irai pas dans
les chiffres, je vais juste donner le premier, 14 000 000 $. Régie des
installations olympiques, 377 000 000 $.
Une voix: Régie de l'assurance-maladie, 14 000 000 $, M.
le ministre, ou 14 000 000 000 $?
M. Levesque: Régie de l'assurance-maladie du
Québec, 14 000 000 $. Je répète. Régie des
installations olympiques, 377 000 000 $; Sidbec, 336 000 000 $.
Une voix: 14 000 000 $, ce n'est pas beaucoup.
M. Levesque: Société de développement
industriel, 472 000 000 $.
M. Léonard: La SEBJ, ce n'est pas important?
Une voix: SDBJ.
M. Levesque: SDBJ, 2 000 000 $. J'ai passé par dessus?
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Bon. La Société...
M. Léonard: Le Palais des congrès.
M. Levesque: Congrès, 74 000 000 $. Le Parc industriel du
centre du Québec?
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: 35 000 000 $. La SIQ, 672 000 000 $; la SNA, 124 000
000 $; la SQAE, 1 700 000 000 $.
M. Léonard: 1700 000 000 $.
M. Levesque: Oui. Bien, 1 691 000 000 $. Les autres, 37 000 000
$. Total, 30 000 000 000 $.
M. Léonard: En réalité, c'est
Hydro-Québec qui était visée par cette mesure.
M. Levesque: Plus que les autres. M. Léonard: En
résumé, là.
M. Levesque: Oui, oui. On l'a dit, 143 000 000 $, je pense, sur
147 000 000 $ de revenus. Ce n'est pas là-dedans, ça?
M. Léonard: Ça ne fait pas 143 000 000 $. C'est une
demie de... Ce serait 133 000 000 $, en gros...
M. Levesque: C'est 26 000 000 000 $ que j'ai dit?
M. Léonard:... 131 000 000 $. Mais ce n'est pas 143 000
000 $, Hydro-Québec. Ça fait 131 000 000 $, disons 131 000 000
$.
M. Levesque: II faut dire que l'année financière
d'Hydro-Québec se termine le 31 décembre; notre année
financière va du 1er avril au 31 mars, alors les chiffres que nous
avons, c'est pour l'année financière du gouvernement, 1991-1992.
Ça donne 143 000 000 $ pour Hydro-
québec et 4 000 000 $... l'impact sur nos revenus, 143 000 000 $
pour hydro-québec et 4 000 000 $ pour les autres, pour un total de 147
000 000 $.
M. Léonard: Quand vous dites 4 000 000 $ pour les autres,
par exemple, la Société québécoise d'assainissement
des eaux, qui a des prêts pour 1 691 000 000 $, une demie de 1 % de cette
somme-là, ça donne quand même 30 000 000 $ et quelques.
M. Levesque: Eux, ils vont tomber dans l'année 1992-1993
parce que leur année financière est comme celle du
gouvernement.
M. Léonard: Ah! ils paient ça à la fin de
leur année financière. Donc, c'est l'an prochain que ça va
se manifester.
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard: Ah! O. K. Ça va. Donc, ça veut
dire que les montants dépendent... Il faudrait pratiquement prendre les
deux, 1991 et 1992, pour avoir le total de ce que ça va rapporter au
gouvernement.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Donc, sur le tableau...
M. Levesque: Vous l'avez, je pense.
M. Léonard: Un instant. C'est parce qu'on a 147 000 000 $
une année, puis on n'a pas... On a 37 000 000 $ pour l'année
suivante.
M. Levesque: Voici. Peut-être qu'on pourrait vous
déposer ceci, ce serait plus clair, 1992-1993, 1993-1994, parce que
ça chevauche d'une année à l'autre. L'annexe A, vous ne
l'avez pas, ces chiffres?
M. Léonard: Non. Non, M. le ministre des Finances.
Le Président (M. Farrah): Vous pouvez les
déposer.
M. Levesque: Vous n'avez pas ça?
M. Léonard: Ça, nous avons ça à
l'annexe A-94. Oui.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Mais c'est le global.
M. Levesque: Comment vous arrivez à Ça? Bien, je
vais vous le déposer.
M. Léonard: O. K.
Le Président (M. Farrah): J'autorise le
dépôt.
M. Léonard: Là, je comprends qu'il y a certaines
sociétés comme l'Office du crédit agricole qui ne sont pas
touchées par ça.
M. Levesque: C'est ça.
Hydro-Québec
M. Léonard: Maintenant, si l'on prend Hydro-Québec,
tous ces montants-là ne tiennent pas compte des hausses de tarifs qui
vont survenir éventuellement. Donc, ça, c'est une charge qui est
faite à Hydro-Québec. Mais dans le cas, est-ce
qu'Hydro-Québec peut respecter ses ratios financiers?
M. Levesque: Hydro-Québec va sûrement, comme le
président l'a dit, faire en sorte de regarder du côté de
ses dépenses et nous croyons que, de ce côté-là, sur
le chiffre d'affaires qu'ils ont, ils pourraient sûrement s'occuper de
cette mesure-là qui est une mesure normale qui est faite ailleurs pour
les autres sociétés du même genre. On verra comment
ça va se comporter.
M. Léonard: Oui, mais ça, quand vous dites
ça, si vous prenez les taxes qui sont prises partout ailleurs dans le
monde, il y a toutes sortes de façons de prendre des taxes partout,
puis, finalement, si vous prenez le meilleur de toutes les taxes partout, ce
n'est pas des belles promesses que vous nous faites ce soir.
Je voudrais simplement, M. le Président, vous ramener à
l'annexe A-76 où il y a un petit paragraphe qui touche
Hydro-Québec et qui, à mon sens, est important. "Parmi les
sociétés d'État, Hydro-Québec, dont la dette
représente la majeure partie des emprunts garantis inconditionnellement
par le gouvernement, sera particulièrement touchée par cette
mesure", celle dont nous parlons.
M. Levesque: Excusez. Je n'ai pas suivi.
M. Léonard: Je suis en train de vous lire un paragraphe de
l'annexe A-76.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: "Compte tenu du programme d'investissements
ambitieux qu'elle doit mener à terme et du niveau élevé du
financement externe qu'elle devra réaliser, le gouvernement s'assurera,
en collaboration avec la société, qu'elle pourra maintenir des
ratios financiers adéquats. " Est-ce que je dois conclure de cela,
étant donné que vous devez vous assurer que les ratios financiers
seront adéquats, que vous allez en conséquence demander à
Hydro-Québec d'aller chercher les
revenus suffisants pour le faire?
M. Levesque: Comme je l'ai mentionné, on commence d'abord
par les dépenses d'exploitation qui doivent être revues
constamment. Le président d'Hydro-Québec a mentionné que
c'est de ce côté-là qu'ils vont d'abord se tourner pour
faire en sorte de rencontrer cette charge-là. Il y a les projets
d'investissements eux-mêmes qui devront être étalés
conformément à l'exécution de la demande...
Une voix: L'évolution de la demande.
M. Levesque:... et les revenus qui pourront varier selon la
demande et la composition des ventes, etc. Il n'y a pas de lien
nécessairement direct entre cette charge qui est une charge
normale...
M. Léonard: À quel moment...
M. Levesque:... que l'on retrouve ailleurs, que l'on retrouve en
Ontario, que l'on retrouve chez d'autres sociétés du même
genre.
M. Léonard: Oui, mais, M. le ministre des Finances,
à quel moment calculez-vous les ratios financiers d'Hydro-Québec?
Vous les calculez au 31 décembre?
M. Levesque: Oui, au 31 décembre. M.Léonard: Au 31 décembre. M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Bon. Vous allez demander à
Hydro-Québec de verser le 1er janvier les 147 000 000 $. Est-ce que
c'est pour ces raisons de respect des ratios financiers que vous leur demandez
de verser le 1er janvier seulement, c'est-à-dire une journée
après la fin de l'année financière?
M. Levesque: Avant la fin de notre année
financière. (21 h 30)
M. Léonard: Avant la fin de la vôtre, mais une
journée après la fin de l'année financière
d'Hydro-Québec.
M. Levesque: Pas nécessairement. Ils pourraient le faire
au mois de mars, au mois de février, avant la...
M. Léonard: Mais pas le 31 décembre.
M. Levesque: Non, pas le 31 décembre. C'est la dette
consolidée au 31 décembre 1991 qui va déterminer.
M. Léonard: Donc, vous vous assurez qu'au 31
décembre 1991 les ratios financiers sont respectés.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: O. K. Ce sont les prévisions de revenus
qui sont aux états financiers...
M. Levesque: Mais ça ne sera pas...
M. Léonard:... 403 000 000 $ pour cette année.
Une voix: 733 000 000 $ pour cette année.
M. Léonard: Non, ce n'est pas 403 000 000 $; c'est 733 000
000 $.
M. Levesque: Pardon?
M. Léonard: 733 000 000 $ pour cette année,
1991.
M. Levesque: Oui, mais ce n'est pas affecté. Ce n'est pas
affecté, ça, en 1991.
Une voix: Non.
M. Levesque: II n'y a rien qui affecte le bilan
d'Hydro-Québec en 1991. Leurs prévisions ne seront sûrement
pas dérangées par cela parce que ça n'affecte que
l'année 1992, leur année financière 1992. Ça
affecte notre année financière 1991-1992, mais ça
n'affecte pas leur année financière.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: C'est que ça affecte leur année
financière en 1992, à Hydro-Québec.
M. Levesque: Oui. Mais ce n'est pas leur année 1991.
M. Léonard: Les 143 000 000 $ qu'ils auront à
payer, ils vont le payer le 1er janvier.
M. Levesque: Peut-être.
M. Léonard: Donc, dans leur année 1992.
M. Levesque: Ils peuvent le payer le 1er mars aussi, s'ils
veulent.
M. Léonard: C'est dans le texte que vous dites: "Les frais
de garantie seront perçus à compter du 1er janvier 1992. "
M. Levesque: À compter de.
M. Léonard: C'est ça que vous dites.
M. Levesque: A condition que ce soit dans notre année
financière, on s'entend.
M. Léonard: Je reviens à la démonstration
là. Le 1er janvier, Hydro-Québec paie 143 000 000 $ sur
l'année...
M. Levesque: On mentionne que c'est payable, excusez-moi, le
dernier jour du trimestre suivant la fin de leur année
financière.
M. Léonard: Ça revient au même. Donc, c'est
trois mois. Mais ça veut dire que ça va être payé
pour vous dans l'année 1991-1992...
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard:... et, pour Hydro-Québec, dans son
année 1992...
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard:... en début d'année, dans les
trois premiers mois.
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard: Bon. Alors, Hydro-Québec aura une
dépense de 143 000 000 $ au début de son année 1992
applicable à vous, à votre exercice financier 1991-1992.
Ça va réduire les bénéfices d'Hydro-Québec
en 1992, ces 143 000 000 $.
M. Levesque: On verra. Je n'arrive pas à cette
conclusion-là.
M. Léonard: Oui. Bien, écoutez, c'est une commande
du gouvernement, 143 000 000 $ à payer.
M. Levesque: mais ça ne veut pas dire que ça va
réduire par rapport à ce qu'ils avaient prévu. s'ils
réussissent, par exemple, à diminuer leurs dépenses
d'autant, ça ne réduira pas leurs revenus.
M. Léonard: Oui, mais même dans le tableau que vous
venez de nous distribuer, réduction des bénéfices
d'Hydro-Québec à consolider, 143 000 000 $...
M. Levesque: À consolider.
M. Léonard: II y a un moins 143 000 000 $.
M. Levesque: C'est-à-dire qu'il faut... C'est sûr
que s'ils avaient cet effet-là ça se traduirait dans notre propre
déficit parce qu'on est intégré.
M. Léonard: Ultérieurement, et c'est exactement le
point.
M. Levesque: Sauf qu'on ne peut pas présumer tout de suite
qu'ils ne couperont pas leurs dépenses pour faire en sorte de ne pas
avoir à affecter leurs revenus.
M. Léonard: Ils vont avoir à affecter leurs
revenus. Ça veut dire 3 % de revenus à HydroQuébec.
M. Levesque: Oui, je comprends, mais leur "bottom line".
Leur...
M. Léonard: Oui, le résultat net.
M. Levesque: Le résultat net. Excusez.
M. Léonard: Mais couper 143 000 000 $ de dépenses,
parce que ç'a l'air à être ça, la commande que vous
allez faire, je voudrais avoir une démonstration là-dessus, parce
que le président d'Hydro-Québec lui-même a dit qu'il serait
amené à augmenter ses tarifs de 3 % pour compenser.
M. Levesque: S'il n'arrivait pas à couper ses
dépenses.
M. Léonard: Quelles sont les mesures qu'il peut prendre
pour couper ses dépenses de 143 000 000 $?
M. Levesque: Posez la question à un autre que moi.
Voyez-vous, en Ontario, je regardais ça, c'est 50 points de base par
année sur le solde annuel des emprunts d'Ontario Hydro et, en cours, la
dette garantie, 30 000 000 000 $, et ça donne environ 150 000 000 $ en
1990. Ça veut dire que c'est 150 000 000 $ qu'Hydro a
épargnés en 1990. Voyez-vous? Hydro-Québec, il n'y en
avait pas; en 1991 aussi. Ça fait plusieurs années que ça
fonctionne. À Terre-Neuve, c'est 100 points de base sur le solde annuel
de la dette garantie. Ce n'est pas quelque chose d'inhabituel. La SDI,
lorsqu'elle garantit des emprunts à des sociétés
privées, ordinairement, va charger pour sa garantie 1 %, 100 points de
base.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais quand
même signaler au ministre que c'est une taxe qui est imposée
à Hydro-Québec de 143 000 000 $, cette année. C'est une
façon contournée de se faire payer des dividendes par
Hydro-Québec, quels que soient les ratios financiers.
M. Levesque: Le député est membre d'un gouvernement
qui a inventé les dividendes payables par Hydro-Québec.
M. Léonard: Sous certaines conditions.
M. Levesque: À la condition qu'il y ait le minimum de
capitalisation, que le ratio 25 % soit respecté.
M. Léonard: Mais, même à ça, vous
étiez contre.
M. Levesque: Pardon?
M. Léonard: Vous étiez contre la loi 16.
M. Levesque: Ah! vous savez que ma mémoire ne me sert pas
bien présentement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Je vais vous la renouveler. Je vais renouveler
la mémoire du ministre des Finances, M. le Président. Je me
permets de renouveler la mémoire du ministre des Finances, en date du 2
décembre 1981, qui disait ceci: "Si ce n'était pas, M. le
Président - en s'adressant au président de l'Assemblée
nationale - de la condition de faillite du gouvernement du Parti
québécois, croyez-vous réellement que nous aurions devant
nous ce projet de loi?" Il s'agissait du projet de loi 16? "Personne ne peut
défendre ce projet de loi, même pas les meilleurs orateurs et les
meilleurs communicateurs du Parti québécois. " Je vais un peu
plus loin.
Une voix:... vous.
M. Léonard: Celui qui me parle, le ministre des Finances,
l'actuel ministre des Finances. Un peu plus loin...
M. Levesque: Je ne reconnais pas mon style.
M. Léonard: "Maintenant, on s'en va où? À
Hydro-Québec, une institution nationale, une institution dont nous
sommes fiers qui devient maintenant simplement une machine à aller
chercher de l'argent pour essayer de renflouer un gouvernement en faillite.
C'est ça, la véritable signification du projet de loi 16. " Il
était contre. "Nous aHons faire cette bataille au nom des citoyens du
Québec. Et vous, vous ne devriez jamais être fiers de ce projet de
loi qui n'a rien à faire avec la promotion des meilleurs
intérêts d'Hydro-Québec et de la société
québécoise. "
C'est le ministre des Finances qui disait ça, dans le temps,
vous: Regardez la transparence de ce gouvernement lorsqu'on présente le
projet de loi pour donner suite a ce deuxième budget de la même
année du gouvernement actuel. On a le projet de loi 39 - c'est là
qu'on parle des 40 % sur l'essence, 0, 30 $ le gallon - mais on appelle
ça la Loi modifiant le régime des droits relatifs au commerce des
boissons alcooliques et certaines dispositions législatives. Est-ce que
c'est assez bien camouflé, M. le Président? Gouvernement de
camouflage, M. ie Président! Gouvernement indigne qui devrait
démissionner.
M. Levesque: Pas pire!
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Bon discours! Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Léonard: Franchement! Franchement, c'est bon.
M. Levesque: Mais vous êtes bon. M. Léonard:
C'est très intéressant.
M. Levesque: Vous êtes bon dans le rétroviseur.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Ça vous le rappelle, votre
rétroviseur.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je ne vois pas comment le ministre des
Finances peut être pour maintenant par rapport à un tel projet de
loi, à une telle disposition dans son discours sur le budget où,
là, indépendamment des ratios financiers d'Hydro-Québec,
et c'était la garantie qui était donnée dans le projet de
loi 16, indépendamment de ça, donc, il vient de faire sauter les
ratios financiers d'Hydro-Québec: II l'oblige à verser un
dividende de 0, 5 % sur son capital. Là, vous allez voir ailleurs...
M. Levesque: Voyons! M. Léonard:... parce que
ça vous sert. M. Levesque: Ne mêlons pas les choses. M.
Léonard: Mais le fond de la question...
M. Levesque: Ce n'est pas un dividende. C'est simplement une
charge normale qui est faite partout, et ça se fait maintenant. C'est
tout. Il n'y a pas de...
M. Léonard: Est-ce que vous ne trouvez pas...
M. Levesque: Savez-vous qu'en Ontario, en plus de ça, ils
chargent...
M. Léonard:... que c'est une belle opération de
camouflage?
M. Levesque: Savez-vous qu'en plus des 50 points de base payables
en Ontario sur la garantie par le gouvernement de l'Ontario, il y a une
centaine de millions de dollars de redevances hydrauliques?
M. Léonard: Mais est-ce que vous ne considérez pas
qu'en 1981, à tout le moins, vous avez parlé à travers
votre chapeau?
M. Levesque: Ah non! À l'époque, vous savez, je
donnais exactement ce que je pensais de la situation. Aujourd'hui, je vous
donne exactement ce que je pense de la situation. J'ai toujours
été comme ça, franc dans le collier.
M. Léonard: Oui. Ha, ha, ha! Je trouve que
l'opération de camouflage, en l'occurrence, c'en est une par rapport
à ce dividende. Vous ne pouvez pas vous le faire payer. Donc, vous
prenez des moyens autres pour vous le faire payer. Donc, le gouvernement va
prendre des moyens pour s'assurer que les ratios financiers seront
respectés. Cela signifie, pour les contribuables, des hausses des tarifs
d'Hydro-Québec indubitablement.
M. Levesque: Vous savez... M. Léonard: 3 % de
plus.
M. Levesque:... qui s'afflige d'avance s'afflige deux fois:
Attendez donc pour voir ce qui va arriver l'an prochain. Ne soyez pas
prophète de malheur.
M. Léonard: Comme ça, vous démentissez
formellement les propos du président d'Hydro-Québec.
M. Levesque: Je n'ai pas à démentir, ni à
confirmer, ni à infirmer les propos du président
d'Hydro-Québec. Moi, je vous parle comme ministre des Finances qui a
cette responsabilité-là, et je vous dis exactement ce que je
pense. Il s'agit d'une charge normale. Il ne s'agit pas d'un dividende. Il
s'agit d'une charge qui se fait partout, entre les gouvernements et les
sociétés auxquelles ils accordent leur garantie, comme ça
se fait en Ontario, comme ça se fait dans d'autres provinces. Je vous ai
cité Terre-Neuve où il y avait 100 points de base qui
étaient chargés pour ça. C'est ça que je vous
dis.
Le président d'Hydro-Québec, lui, a dit qu'il se
tournerait vers les dépenses. Je suis d'accord qu'il fasse ça.
Est-ce qu'il va réussir à payer, à absorber 100 %?
N'oubliez pas que les dépenses d'Hydro-Québec, c'est
au-delà de 6 000 000 000 $ et là, on parle de 143 000 000 $. je
vous assure que nous autres ici, au gouvernement, on a fait un ménage
qui est plus important que ça. il s'agit là de quelque chose de
relativement marginal.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, en toute
hypothèse, le président d'Hydro-Québec doit administrer
son entreprise de la façon la plus saine possible. Il doit
réduire ses dépenses, quelles que soient les commandes de
dividendes du gouvernement, et s'il peut réduire ses dépenses de
143 000 000 $ il doit le faire. Et lorsque vous venez faire une ponction de 143
000 000 $ à Hydro-Québec, vous venez de dire que les tarifs vont
augmenter de 3 % de toute façon, quelles que soient les dispositions
prises à l'intérieur.
M. Levesque: Je ne suis pas d'accord.
M. Léonard: Et il n'y a pas de relation entre le
contrôle des dépenses et la commande que vous faites
présentement. Vous imposez 143 000 000 $ de plus au
bénéfice de vos coffres, M. le ministre des Finances. C'est
inévitable, mon raisonnement est logique, et vous ne pourrez pas le
démolir.
Le Président (M. Farrah): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je puis vous assurer, je peux assurer le
député de Labelle que, lorsqu'il y a une pression sur une
institution, qu'elle s'appelle gouvernement, qu'elle s'appelle
société, qu'elle s'appelle municipalité, qu'elle s'appelle
société de transport en commun ou quoi que ce soit, lorsqu'il y a
une véritable pression qui est faite, on trouve des moyens qu'on n'avait
pas recherchés autrement. Et il ne faut pas arriver à la
conclusion que simplement on l'aurait fait de toute façon. Ce n'est pas
le cas ordinairement. C'est lorsqu'il y a une pression. Et nous, nous avons
subi la pression, et vous l'avez subie en 1982. Auriez-vous coupé les
salaires de 20 %, vous, si vous n'aviez pas eu la pression? Voyons donc! Vous
ne l'auriez pas fait. C'est un peu comme ça depuis 1982 que le
gouvernement du Québec essaie de couper dans les dépenses, puis
de diminuer la croissance des dépenses. Vous avez eu à le faire
et ça a continué. D'autres n'ont pas eu ces pressions-là.
Et je dis que, lorsqu'on a de ces pressions-là, quelquefois on trouve
des façons de réduire les dépenses, comme le gouvernement
du Québec a dû le faire, à cause des pressions justement
qui se sont faites.
M. Léonard: Vous allez faire une ponction de 143 000 000 $
cette année. L'an prochain, vous estimez que cette ponction sera de 160
000 000 $, l'année suivante, et de 180 000 000 $ l'année par la
suite, en 1993-1994. Donc, c'est un dividende permanent, ce n'est même
plus des actions privilégiées, parce qu'une entreprise n'est pas
obligée de payer des dividendes sur des actions
privilégiées. Là, vous faites une ponction, manu militari,
sur HydroQuébec, régulière. Quel que soit le niveau de ses
dépenses, vous le faites. Et, en toute hypothèse,
les contribuables, finalement, ou les usagers d'Hydro-Québec
auront à payer au gouvernement cette somme qu'ils additionneront aux
dépenses d'Hydro-Québec.
M. Levesque: Le député de Labelle n'est pas
d'accord qu'il s'agit là d'une charge normale qui aurait dû
être faite même avant aujourd'hui, indépendamment de la
politique de dividendes instaurée par son gouvernement. Il ne s'agit pas
d'un dividende, il s'agit simplement d'une charge normale qui est faite
à travers le monde des affaires, à travers les gouvernements,
à travers le monde entier. On rend un service et il y a une tarification
tout simplement qui est faite là pour le service que nous rendons.
Voilà. (21 h 45)
M. Léonard: Quelle est la cote d'Hydro-Québec
actuellement?
M. Levesque: Elle est celle de la province.
M. Léonard: la même? alors, quelle est la
justification que vous avez à imposer une charge de 0, 5 % si c'est la
même cote de crédit sur les marchés financiers? voyons
donc!
M. Levesque: Mais est-ce que...
M. Léonard: Vous ne parlez pas à des enfants
d'école!
M. Levesque: Mais qui vous a parlé... Êtes-vous
à l'école?
M. Léonard: Bien, le gouvernement garantit
Hydro-Québec, puis ça vaut 0, 5 %. Voyons donc!
M. Levesque: Sion se...
M. Léonard: C'est la même cote de crédit.
M. Levesque: C'est la même cote parce qu'on a la garantie
du gouvernement du Québec. On nous a dit, je ne sais pas combien de
fois, du côté des agences de crédit, que si
HydroQuébec n'avait pas la garantie du gouvernement Hydro-Québec
devrait en assumer le prix. Et pendant qu'on est...
M. Léonard: Alors, vous avez votre dividende. Si je
comprends, ça va venir en projet de loi, je suppose bien. Ça va
se matérialiser dans un projet de loi, une telle mesure.
M. Levesque: II n'y a pas de dividende. Je ne comprends pas ce
dont on parle.
M. Léonard: Oui, mais la mesure. Disons ça dans un
terme pudique, la mesure va se matérialiser dans un projet de loi.
M. Levesque: Vraisemblablement.
M. Léonard: Bien
M. Levesque: Vraisemblablement. Ce n'est pas oui, ça, et
ce n'est pas non.
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Vraisemblablement. On va laisser aux juristes le
soin de...
M. Léonard: Si je comprends le ministre des Finances, il
va essayer d'y échapper...
M. Levesque: Ha, ha, ha!
M. Léonard:... mais s'il ne peut pas il le fera.
M. Levesque: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Ha, ha, ha! C'est ça que ça veut
dire.
M. Levesque: On ne peut rien vous cacher.
M. Léonard: Alors, un dividende permanent qui va augmenter
de 20 000 000 $ par année.
M. Levesque: Pourquoi vous insistez à parler d'un
dividende quand la loi 16 est là pour les dividendes et ça, il
s'agit simplement d'une charge dans le cours normal des affaires?
M. Léonard: avec une telle mesure, est-ce que vous avez
encore besoin de la loi 16, parce que ça commence à être un
bon dividende de la part d'hydro-québec?
M. Levesque: Je pense que si on retourne en arrière on
s'apercevra ce que c'est qu'un dividende.
M. Léonard: alors, je vois que vous aviez une position en
1981. pour parler de rétroviseur, je vois le ministre regarder l'heure.
il trouve le temps long actuellement.
M. Baril: Est-ce que je peux avoir cinq minutes? Je vais revenir
sur l'Office parce que...
M. Léonard: Oui, vas-y donc.
M. Baril: Juste avant que ça se termine...
Le Président (M. Farrah): m. le député
d'arthabaska.
M. Baril: Parce que, tout à l'heure, le ministre nous a
dit que cette mesure-là d'un demi-point de pourcentage du solde des
emprunts, ça ne s'appliquait pas au niveau de l'Office du crédit
agricole. Mais dans ma tête,
peut-être parce que je suis dur de comprenure, mais je n'ai pas...
Je ne comprends pas pourquoi ça ne s'applique pas à l'Office du
crédit agricole, puisque l'Office du crédit agricole garantit les
prêts aux agriculteurs au niveau des institutions prêteuses. Le
gouvernement, par le biais de la loi 49, à l'avenir, va garantir les
pertes possibles par le biais de l'assurance-prêts. Le fait que c'est le
gouvernement qui garantit ces emprunts-là par le biais d'un fonds qui
est déficitaire, comment ça se fait, comment expliquer que
l'Office ne fasse pas partie de ça? Est-ce une décision du
gouvernement ou si ça passe... Le ministre nous a donné tout
à l'heure une série de sociétés d'État qui
étaient incluses, mais il a fini par dire "autres" à la fin. Moi,
je crains que l'Office, un jour, ne fasse partie des autres. C'est pour
ça que j'aimerais ça comprendre d'une façon claire
pourquoi l'Office du crédit agricole n'est pas inclus dans cette
mesure-là.
M. Levesque: De la façon que je comprends les choses,
c'est que, dans le cas des sociétés qui vont sur le
marché... Par exemple, la SQAE, la Société
québécoise d'assainissement des eaux, va aller sur le
marché. Si elle est toute seule sur le marché, évidemment,
elle va avoir un taux beaucoup plus élevé pour ses emprunts que
si elle a l'appui du gouvernement du Québec. La même chose pour
les autres sociétés que j'ai mentionnées. Dans le cas de
l'Office du crédit agricole, il s'agit plutôt d'un programme
subventionné. La Société elle-même, l'Office du
crédit agricole ne va pas sur le marché faire les emprunts avec
la garantie du gouvernement. C'est le gouvernement qui paie ce qui manque
à vin moment donné dans le programme d'assurance, pas
l'assurance, mais...
Une voix: L'assurance-prêts.
M. Levesque: L'assurance-prêts. Cela, c'est une question,
plutôt un régime subventionné et ce n'est pas du tout dans
le même sens que les sociétés qui ont besoin de l'appui du
gouvernement pour aller sur le marché.
M. Baril: Donc, le milieu financier ne tient pas compte de ces
prêts-là, que le gouvernement garantit dans l'évaluation
des risques que le gouvernement supporte.
M. Levesque: La seule chose que les institutions de crédit
regardent, évidemment, c'est le déficit. Si on a des sommes plus
considérables à rembourser dans ce programme-là,
évidemment, ça va augmenter notre déficit et c'est le
déficit, évidemment, qui est jugé, comme les autres
dépenses du gouvernement. Ce n'est pas du tout dans le même sens
des emprunts qui sont effectués par des sociétés sur le
marché et où le gouvernement accorde sa garantie.
M. Baril: J'espère, je souhaite que les explications que
le ministre vient de me donner pourront servir à son gouvernement
à le justifier si, un jour, il est tenté de faire payer par les
agriculteurs ce 0, 5 % des emprunts, et que le ministre des Finances pourra
utiliser tout son poids pour dire: Aïe! Aïe! Aïe! je me suis
engagé à dire que ça ne faisait pas partie... Ça me
rassure, M. le Président, les propos du ministre des Finances, et
j'espère que cette mesure ne sera jamais appliquée auprès
de l'Office.
M. Levesque: Ce n'est pas notre intention de le faire, ça
n'a pas été discuté même. C'est pour ça que
je m'informe de ce qui a pu créer la distinction qui a été
faite au moment où ça n'a pas été
présenté dans la liste en question et ça se comprend
très bien parce que ce n'est pas du tout le même genre de garantie
qui est donnée sur les marchés.
Maintenant, je n'ai pas de raison de croire qu'il y aura des changements
comme ceux que vous appréhendiez.
M. Chagnon: Si vous continuez comme ça, le
député d'Arthabaska va vouloir voter pour le budget.
Des voix: Ha,ha, ha!
M. Léonard: Quelques autres raisons...
M. Baril: Vous ne connaissez pas ma méfiance.
Le Président (M. Farrah): On va voir si votre assurance
est contagieuse. M. le député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais revenir
à Hydro-Québec. Est-ce que nous pourrions avoir le montant des
dividendes versés annuellement par Hydro-Québec? Je suppose
qu'avant 1981, c'était une somme plutôt symbolique qui
était versée, de l'ordre de quelques millions seulement, 7 000
000 $ par année ou quelque chose comme ça. En 1981-1985, je pense
qu'il n'y a pas eu de dividendes. Est-ce que nous pourrions avoir la liste des
dividendes ou le montant des dividendes versés à chaque
année par Hydro-Québec?
Le Président (M. Farrah): Depuis quelle année, M.
le député? Depuis 1981.
M. Léonard: Depuis 1981, depuis la loi 16 de 1981.
Le Président (M. Farrah): Les dividendes versés
depuis 1981 par Hydro-Québec, si c'est possible.
M. Levesque: Voici la réponse, M. le
président. quand on a la réponse, on la donne
aussitôt, en toute transparence. 1981, 7 000 000 $; 1982, 7 000 000 $;
1983, 60 000 000 $; 1984, 156 000 000 $. ensuite, ça va à 1988,
300 000 000 $; 1989, 182 600 000 $. dans ces deux années-là, les
deux dernières, on aurait pu avoir 217 000 000 $ de plus, mais on n'a
pas voulu les prendre pour donner une chance, justement, à
hydro-québec de pouvoir rencontrer certaines dépenses
d'immobilisation.
M. Léonard: Avez-vous 1990 et 1991? M. Levesque: II
n'y en a pas. M. Léonard: Zéro.
M. Levesque: Zéro. Les années que je n'ai pas
mentionnées, c'est parce que c'est zéro, depuis 1981.
M. Léonard: Et, en 1992, l'intention du gouvernement,
c'est d'avoir des dividendes.
M. Levesque: C'est encore zéro. M. Léonard:
C'est zéro pour 1992.
M. Levesque: D'après ce que j'ai ici, c'est zéro
à partir de 1989.
M. Léonard: Donc, la disposition remplace les dividendes,
ou c'est les dividendes en quelque sorte.
M. Levesque: Ah! on insiste, hein? Combien de fois je vous ai dit
que ce n'est pas un dividende? Mais quand bien même on discuterait de
ça jusqu'à 23 heures, minuit, ça va être pareil,
ça ne changera rien. Vous, vous allez appeler ça un dividende;
moi, je vais appeler ça une charge normale. Voilà.
M. Léonard: Alors, les besoins financiers
d'Hydro-Québec vont être importants l'an prochain. C'est de 3 500
000 000 $ qu'ils ont été cette année. Pour 1990, 3 500 000
000 $, 3 505 000 000 $, je pense...
M. Levesque: Quoi?
M. Léonard: Les emprunts d'Hydro-Québec.
M. Levesque: Ah bon! O.K.
M. Léonard: En 1991, ils vont être du même
ordre de grandeur, 3 000 000 000 $, 4 000 000 000 $; 4 200 000 000 $.
M. Levesque: 4 200 000 000 $.
M. Léonard: Et ça, ça veut dire
déjà 0,5 % de 4 000 000 000 $, on est rendus à...
Une voix: 20 000 000 $.
M. Léonard: ...des sommes importantes, 20 000 000 $ de
plus par année. À chaque année, ça va augmenter de
20 000 000 $.
M. Chagnon: On le retrouve là, 160 000 000 $à 180
000 000 $.
Le Président (M. Farrah): 143 000 000 $. 160 000 000 $,
180 000 000 $
M. Léonard: Donc, sur trois ans, le gouvernement sera
allé faire une ponction de l'ordre de...
M. Levesque: Vous avez le tableau qu'on vient de vous
déposer. Vous avez, pour les années à venir...
Une voix: 483 000 000 $.
M. Léonard: 483 000 000 $. Alors, dans 10 ans, le
dividende total, on vient de faire le calcul, 712 600 000 $. Dans trois ans,
vous allez chercher 483 000 000 $. Ça va aller bien, là, puis
ça va augmenter à chaque année.
M. Levesque: Dans trois ans, on va dépasser 100 000 000
000 $ de dépenses dans le gouvernement, aussi.
M. Léonard: On pourrait qualifier...
M. Levesque: On peut parler comme ça, vous savez.
M. Léonard: On pourrait qualifier la mesure d'ascenseur
aussi, hein?
M. Levesque: On peut parler de tout ce qui a été
emprunté pour payer l'épicerie, de votre temps, et ça va
être un beau chiffre aussi.
M. Léonard: Et la vôtre aussi, votre
épicerie, 2 000 000 000 $ cette année; ça, on pourrait en
parler.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: II y a 2 000 000 000 $ d'épicerie que
vous avez cette année.
M. Levesque: C'est exceptionnel, tandis que vous...
M. Léonard: Vous appelez ça... Ah oui! et il n'y
avait pas de crise en 1981. En 1981, il n'y avait pas de crise.
M. Levesque: C'est exceptionnel, c'est conjoncturel, tandis que
vous autres, c'était la loi, c'était votre règle.
Voilà.
M. Léonard: Le rétroviseur. O. K. A demain.
Le Président (M. Farrah): Vous avez terminé,
monsieur?
M. Léonard: Ça va. À demain matin. On
reprendra ça.
Une voix: À quelle heure? Le Président (M. Farrah):
9 h 30, demain? M. Léonard: On a d'autres affaires à
voir. M. Levesque: À 9 h 30.
Le Président (M. Farrah): Alors, sur ce, la commission
ajourne ses travaux à 9 h 30 demain matin.
M. Levesque: Merci, M. le Président.
(Fin de la séance à 21 h 57)