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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Audet): Si vous voulez prendre place, MM.
les députés, mesdames. À l'ordre, s'il vous plaît!
Je constate le quorum et je déclare la séance ouverte. Je vous
rappelle le mandat de la commission, qui est de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 2, Loi modifiant la Loi
sur l'administration financière et d'autres dispositions
législatives. Mme la secrétaire, est-ce que vous pouvez annoncer
les remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président, les
remplacements sont les suivants: Mme Bégin (Bellechasse) est
remplacée par M. Lafrenière (Gatineau); M. Lemieux (Vanier) est
remplacé par M. Audet (Beauce-Nord). C'est tout. Aucun autre
remplacement.
Projet de loi 2
Le Président (M. Audet): Ça va. Alors je crois que
nous en étions à l'article 1. Le député d'Ungava
avait la parole, à ce qu'on m'a dit tantôt. Étant
donné qu'il est absent, de toute façon, s'il revient, il pourra
finir son temps de parole. On en était à un amendement, je pense.
Alors...
M. Léonard: Un instant, là. Je sais qu'il y avait
des amendements.
M. Levesque: Je voudrais, M. le Président, avec le
consentement de l'Opposition...
M. Léonard: II faudrait peut-être faire ces
rappels...
M. Levesque: Oui, je pourrais peut-être faire quelques
notes, un rappel, si la commission est prête.
M. Léonard: ...où est-ce qu'on en était
là, parce que...
M. Lazure: Pour saluer mon arrivée.
M. Levesque: Oui, c'est ça, pour saluer l'arrivée
du député de La Prairie.
Une voix: Ha, ha, ha!
Remarques générales M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: Alors, M. le Président, s'il n'y a pas
d'objection, je pense que j'ai le consente- ment de la commission pour rappeler
un peu lès choses. Ça fait longtemps qu'on n'a pas, ce n'est
pas... Ce projet de loi revient à l'étude tous les six mois
depuis une couple d'années, je pense, alors...
M. le Président, nous nous retrouvons encore une fois aujourd'hui
pour discuter du projet de loi numéro 2, Loi modifiant la Loi sur
l'administration financière et d'autres dispositions
législatives. Ce projet de loi, je tiens à le rappeler, vise
à implanter un processus permettant le regroupement des emprunts des
établissements des réseaux de l'éducation, de la
santé et des services sociaux, ainsi que de ceux de certaines
sociétés d'État.
La tournure des discussions, lors des séances de travail
précédentes de cette commission, m'a incité, M. le
Président, à faire cette mise au point. Il m'est apparu important
de réexpliquer les objectifs que nous poursuivons et de préciser
l'adéquation entre ces objectifs et les moyens que nous voulons mettre
en oeuvre pour les atteindre. Comme le savent d'ailleurs les membres de cette
commission, le contrôle du déficit budgétaire est une
tâche difficile à réaliser, mais nécessaire si l'on
veut maintenir des finances publiques saines, un fardeau fiscal qui demeure
compétitif et être à même de redéployer nos
ressources pour faire face aux besoins nouveaux et croissants de la
population.
Les moyens de limiter le déficit du gouvernement sont
généralement contraignants. Soit qu'on augmente les impôts
ou les taxes, ce qui accroît le fardeau du contribuable, soit qu'on
réduise les dépenses, ce qui s'accompagne, le plus souvent, d'une
réduction dans les services offerts à la population. Dans notre
approche à la réduction des dépenses, on doit donc d'abord
être créatifs et s'assurer que les processus mis en place pour
faire face à nos responsabilités sont les plus efficaces
possible.
Or, le projet de loi 2 présente justement un moyen, M. le
Président, de réduire les dépenses gouvernementales sans
affecter le niveau de services offerts à la population. Cette
économie est réalisable par une simple révision du
processus d'émission des emprunts des organismes qui nous sont
affiliés et dont le service de la dette affecte les résultats
financiers du gouvernement. Comment cela est-il possible? Par un regroupement
des emprunts. On a tous déjà pu constater que des regroupements
d'achats étaient avantageux. Eh bien! le même
phénomène trouve place au niveau des emprunts. D'abord, les
emprunts de taille plus importante rendent des économies possibles
grâce à des frais d'émission moindres. Mais surtout, le
regroupement assure un accès plus large aux différents
marchés financiers,
accès qui, combiné avec l'utilisation du nom
du gouvernement lui-même pour la réalisation des emprunts,
permettra d'emprunter à des taux d'intérêt moins
élevés.
Lorsqu'on compare les emprunts moyens des différents
organismes, on peut mieux se rendre compte des économies
d'échelle qui peuvent être réalisées. Ainsi, en
1989-1990, le gouvernement empruntait en moyenne un montant de 272 000 000 $
par émission, alors que les commissions scolaires, par exemple,
empruntaient 3 200 000 $ en moyenne chaque fois. Alors, vous voyez la
différence de niveau: 272 000 000 $, 3 200 000 $. En un seul emprunt, le
gouvernement pouvait combler les besoins de 85 commissions scolaires. En fait,
chaque année, le ministère des Finances négocie et
réalise en moyenne 210 emprunts pour les institutions des réseaux
de l'éducation, de la santé et des services sociaux ainsi que
pour les sociétés d'État autres qu'Hydro-Québec, le
tout pour un montant d'environ 1 500 000 000 $. Donc, 210 emprunts pour un
montant d'environ 1 500 000 000 $. Cela pourrait donc être
remplacé par 4 ou 5 emprunts au lieu de 210, au nom du gouvernement, ce
qui aurait permis de réduire de beaucoup les frais d'émission en
plus de permettre d'obtenir ce financement à des coûts nettement
plus avantageux.
En effet, l'attrait majeur du regroupement des emprunts est
de bénéficier des réductions des frais
d'intérêt à payer aux investisseurs. Ces derniers exigent
des rendements plus élevés sur les prêts effectués
aux institutions subventionnées du gouvernement, plus
élevés, dis-je, que sur ceux du gouvernement lui-même. Et
cela, malgré le fait que ce soit quand même le gouvernement qui
les rembourse par des subventions et que ces emprunts soient
généralement assortis de fonds d'amortissement ajoutant à
la garantie, par promesse de subvention, une garantie de provision et de
remboursement de capital. Toutes ces garanties sont moins attrayantes à
leurs yeux que celles qu'offre le gouvernement lui-même lorsqu'il
emprunte.
De plus, comme le volume des émissions n'est pas
très élevé, les prêteurs demandent une certaine
compensation pour la liquidité moindre que présentent ces titres.
Je pense que c'est important de ie souligner parce que lorsqu'on achète
un titre, on regarde tout de suite quelle est la liquidité du titre en
question. Il en est résulté des écarts de rendement de 38
points de base, en moyenne, pour les années 1984-1985 à
1988-1989. 38 points de base, en période où les marchés
étaient relativement ouverts. Pour vous donner une idée, sur 1
000 000 000 $ d'emprunts, cela équivaut à 3 800 000 $
d'économies pour chaque année de la durée des
emprunts.
Les sociétés d'État autres
qu'Hydro-Québec empruntent pour des montants très variables, dont
ta taWe moyenne se situait à 42 000 000 $ en 1985-1966, et à 77
000 000 $ en 1988-1989.
Pour ces emprunts, il y a moins d'économies à
aller chercher en termes de frais d'émission, mais Hs comportent par
ailleurs deux problèmes structurels sérieux. D'abord,
malgré qu'Us jouissent de la garantie entière et formelle du
gouvernement, Hs se sont généralement transiges à 12
points de base en moyenne au-dessus des emprunts émis sur le
marché canadien ou n'importe quel marché, au-dessus des emprunts
d'échéance équivalente du gouvernement. Autrement dit, la
différence entre lorsque le gouvernement emprunte directement ou pour
des sociétés d'État autres qu'Hydro-Québec, il y a
là 12 points de base en moyenne de plus que l'on doit payer pour ces
organismes.
Pour ceux de ces emprunts que nous émettons sur le
marché canadien, l'écart de rendement est de 25 points de
base.
M. Léonard: ...à quoi les 25 points de base
s'adressent, là?
M. Levesque: Pour ceux de ces emprunts dont je viens de parler,
on disait que la moyenne était de 12 points de base, mais lorsqu'on va
sur le marché canadien, l'écart de rendement est de 25 points de
base, même s'ils ne constituent qu'une faible part de l'ensemble des
emprunts émis sur ce marché et donc qu'ils ne le saturent pas.
Ensuite et surtout, les emprunts des sociétés d'État
autres qu'Hydro-Québec présentent un problème de
marché. En effet, même si ces sociétés
bénéficient pour leurs emprunts de la garantie inconditionnelle
sur le fonds consolidé du revenu, on trouve plus difficilement preneur
pour ces titres à des écarts de rendement raisonnables,
c'est-à-dire tel que la structure des taux payés pour l'ensemble
des emprunts du secteur public ne subisse pas un choc à la hausse.
Cette difficulté est ressentie encore plus fortement
sur le marché canadien. L'explication de ce phénomène est
qu'à comparer au gouvernement, ces sociétés sont moins
connues, qu'elles émettent à intervalles irréguliers, pour
des montants plus ou moins importants, de sorte que relativement peu
d'obligations de ce type circulent dans le marché. Les investisseurs qui
gèrent leur portefeuille de plus en plus activement, c'est-à-dire
en les restructurant continuellement par des achats et des ventes, de
façon à profiter de la conjoncture du moment,
préfèrent les titres liquides.
Comme cette liquidité est plutôt faible pour
tes emprunts des sociétés d'État autres,
évidemment, qu'Hydro-Québec, ces emprunts ne trouvent plus
preneur sur les marchés publics et on doit les écouler sur les
marchés étrangers, surtout sous forme d'émissions
privées, ce qui accentue encore leur problème de
liquidité.
De 1984-1985 à 1988-1989, les réseaux
empruntaient annuellement pour des montants variant entre 800 000 000 $ et un
peu plus de
1 000 000 000 $. En 1989-1990, seulement 573 000 000 $ ont
été empruntés pour les réseaux, en partie à
cause de conditions de marché plus difficiles, mais surtout à
cause de la présence très importante des emprunts municipaux sur
les mêmes marchés. Entre 1985-1986 et 1988-1989, les
municipalités ont emprunté entre 1 500 000 000 $ et 1 800 000 000
$. En 1989-1990, c'est 2 000 000 000 $ de titres qu'elles mettaient sur le
marché. Je parle toujours des municipalités.
Les emprunts pour ces organismes sont encore prévus de
s'accroître dans l'avenir prochain. Dès lors, c'est facile de se
faire un portrait du marché qui restera, pour les emprunts des
réseaux, avec une ponction anticipée aussi importante de la part
des municipalités qui feront notamment face à des refinancements
très élevés au cours des prochaines années.
Les montants annuels empruntés globalement par toutes les
sociétés d'État autres qu'Hydro-Québec ont eu une
évolution très variable. On peut toutefois observer que, de
1983-1984 à 1988-1989, ces montants se situaient autour de 600 000 000 $
à 800 000 000 $, sauf pour l'année 1985-1986 à 1 800 000
000 $, année qui correspondait au moment du refinancement de la dette
olympique. En 1989-1990, les emprunts des sociétés d'Etat autres
qu'Hydro-Québec n'ont atteint que 455 000 000 $, et les besoins pour les
années suivantes se situeront autour 1 000 000 000 $, cela sans compter
le retard d'environ 500 000 000 $ accumulé depuis l'an dernier et qui
est, pour le moment, financé en emprunts temporaires.
Les marchés financiers eux-mêmes ont aussi changé,
et ce, à un point tel qu'il devient de plus en plus difficile,
même dans un contexte normal, de réaliser les émissions de
réseaux à des écarts de rendement raisonnables par rapport
aux emprunts du Québec. Ainsi, alors qu'il y a une dizaine
d'années, le marché de détail était friand de ces
titres, on le retrouve de moins en moins prêt à en acheter. Le
marché de détail est constitué principalement de
l'épargne des particuliers, les petits fonds de pension et des
économies des communautés religieuses. En 1980, le marché
de détail achetait 50 % des titres émis par les institutions des
réseaux et par les municipalités.
En 1989-1990, le même marché a absorbé environ 35 %
des titres municipaux et moins de 25 % des obligations des réseaux.
Plusieurs acheteurs de détail confient maintenant leurs actifs à
des gestionnaires de portefeuilles qui, eux, agissent comme l'ensemble des
acheteurs institutionnels. Or, ces derniers préfèrent des titres
liquides, donc des titres à fort volume comme ceux d'Hydro-Québec
ou du gouvernement du Québec, car ils peuvent facilement les transiger
sur le marché secondaire. Ils demandent donc une prime pour investir
dans les titres des organismes subventionnés et des
sociétés d'État autres qu'Hydro-Québec.
Comme le marché de détail se fait de plus en plus rare et
que les municipalités qui l'utilisent aussi ont des besoins de
financement grandissants, il reste de moins en moins de place pour les autres
emprunteurs du secteur public. Pour maintenir un marché ordonné
et éviter les augmentations indésirables des écarts de
rendement sur le marché québécois, le ministère des
Finances émet des obligations des institutions des réseaux
lorsque les émissions municipales n'encombrent pas trop le
marché. Il faut donc subir des délais plus longs pour obtenir des
fonds. Entre-temps, les emprunts temporaires des organismes augmentent encore,
tout comme le coût du service de la dette qui s'y rapporte.
Au total, pour les sociétés d'État et les
réseaux, c'est plus d'un milliard de dollars d'emprunt à long
terme, dont la réalisation subit présentement des délais
et qui font l'objet d'un financement intérimaire coûteux. Pour
l'année 1990-1991, le coût supplémentaire du retard des
financements à long terme pour l'ensemble des institutions qui pourront
éventuellement bénéficier du financement regroupé,
même s'il découle en partie de facteurs conjoncturels, est
important.
Premièrement, suite à la non-entrée en vigueur du
projet de loi, en avril 1990, plusieurs emprunts prévus en 1990-1991 ne
pourront être réalisés et les besoins financiers
correspondants doivent être financés par emprunts temporaires,
à des taux de court terme qui ont été, cette année,
très élevés par rapport aux taux de long terme.
Deuxièmement, parmi les emprunts qui seront
réalisés en 1990-1991, une partie aurait pu être
regroupée avec les emprunts du gouvernement et aurait ainsi
été financée à moindre coût. M. le
Président, voilà les motifs qui m'ont amené à
proposer une nouvelle formule de financement à long terme pour les
réseaux et les sociétés d'État autres
qu'Hydro-Québec. Les objectifs visés dans cette nouvelle formule
sont les suivants. D'abord, élargir le marché des titres
d'emprunts des organismes dont le gouvernement paie le service de la dette et
dont les résultats sont consolidés dans ses revenus. Puis,
diminuer le service de la dette des organismes emprunteurs et la subvention ou
la baisse de revenus nets correspondante du gouvernement. Ensuite, ne pas
créer une structure trop lourde à administrer, mais enfin
conserver les responsabilités respectives des divers organismes,
notamment à l'égard de leur endettement. (10 h 30)
Pour les atteindre, le meilleur moyen est de faire emprunter le
gouvernement lui-même, qui est très connu sur les marchés
financiers, dont les titres sont très liquides et qui jouit des
meilleures conditions parmi les emprunteurs du secteur public
québécois. Les montants de ces emprunts seront avancés
à un fonds spécial à
partir duquel Us seront redistribués sous forme de prêts
aux organismes emprunteurs, à savoir les réseaux et les
sociétés d'État autres qu'Hydro-Québec. Les
avantages de cette formule sont un élargissement important des
marchés pour les emprunts de ces organismes et une diminution maximale
des coûts de financement. En effet, les titres émis étant
plus liquides, ils seront plus attrayants pour les investisseurs
institutionnels et commanderont des rendements moins élevés.
D'autre part, le regroupement permettra de gérer globalement la
structure de ta dette qui affecte tes résultats du gouvernement et
d'utiliser aussi les marchés étrangers pour financer les besoins
des réseaux sans faire courir de risque de change spécifique
à chaque emprunteur.
Une partie du marché de détail sera
récupérée pour le financement du gouvernement en recourant
à des produits d'épargne adaptés pour ce marché. Le
reste du marché de détail actuellement attiré sera
récupéré par les municipalités. Cela devrait
contribuer à réduire leurs propres coûts d'emprunt en plus
de faire en sorte que le regroupement des emprunts n'ait pas d'effets
négatifs sur l'industrie québécoise des valeurs
mobilières.
L'impact en termes de réduction des dépenses est important
à terme. Lorsque tous les emprunts auront pu être
regroupés, on estime à 60 000 000 $ annuellement les
économies réalisables sur les emprunts des réseaux et des
sociétés d'État, excluant Hydro-Québec. C'est loin
d'être négligeable. Les coûts de gestion seront maintenus au
minimum, puisque ce sera le personnel du ministère des Finances qui
continuera de s'occuper des emprunts du gouvernement et de ceux qui
transiteront par le nouveau fonds de financement.
M. le Président, dans l'état actuel des choses, H
apparaît important de ne pas retarder la mise en oeuvre de ce projet de
loi pour permettre aux organismes emprunteurs de profiter d'un véhicule
qui ne fera qu'élargir les horizons de financement qui leur sont
accessibles et non les contraintes. Ainsi, le ministère des Finances
continuera, comme maintenant, de prendre connaissance de toutes les
opportunités de marchés, de diriger les emprunteurs vers les
financements les plus avantageux, que ce soit directement en leur nom sur te
marché de détaH ou auprès du fonds de financement dont la
création est déposée dans le projet de loi 2, selon le
cas. Car, faut-il le rappeler, le regroupement d'emprunts représente une
option supplémentaire aux moyens de financement déjà
disponibles qu'on s'appliquera à gérer sans affecter tes
écarts de rendement des titres du gouvernement par rapport à ceux
d'autres emprunteurs.
Les réserves relatées jusqu'à aujourd'hui à
l'égard du projet de loi 2 concernaient d'abord les municipalités
qui ont manifesté par l'entremi- se de leur porte-parole, l'Union des
municipalités du Québec, leur intention d'être exclues
spécifiquement de l'accès au financement regroupé. Etant
donné que le gouvernement ne subventionne et ne garantit
généralement pas les emprunts des municipalités, les
objectifs visés par le nouveau processus ne sont pas affectés par
l'exclusion des emprunts municipaux. Dans ce contexte, j'ai
décidé d'apporter des modifications au projet de loi pour exclure
les municipalités et les organismes susceptibles d'être clients du
fonds de financement pour leurs emprunts que le gouvernement ne subventionne
pas totalement.
Le Président (M. Audet): II vous reste environ une minute,
M. le ministre.
M. Levesque: Ça dépend de l'Opposition.
M. Léonard: Non. Je pense qu'on va... J'écoute
attentivement et je suis d'accord pour que le ministre termine. En quelque
sorte, c'est une rétrospective des objectifs du projet de loi. Donc, je
suis d'accord pour que ça continue.
Le Président (M. Audet): Vous n'avez pas d'objection
à ce que M. le ministre continue?
M. Léonard: Non, absolument pas.
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le ministre, il y a
consentement.
M. Levesque: Merci, M. le Président. Merci aux membres de
la commission. L'Union des municipalités a alors manifesté sa
satisfaction à l'égard des amendements que je compte proposer
à cet effet.
Une autre demande d'exclusion du projet de loi 2 a été
formulée par le Conseil scolaire de l'île de Montréal. Dans
ce cas, je tiens à rappeler que les emprunts réalisés par
cet organisme sont entièrement subventionnés par le gouvernement.
Il est donc de mon devoir de lui fournir tous les moyens possibles pour
réaliser les économies qui bénéficieraient à
l'ensemble de la population. Il n'a absolument pas été
démontré que te Conseil scolaire pouvait emprunter à
meilleur coût que le gouvernement. Jusqu'à ce jour, on a pu noter
pour le Conseil un coût moyen d'emprunt de 32 points de base
supérieur au taux d'emprunt du gouvernement. Cela est très
près de l'écart moyen de 38 points de base observé pour
l'ensemble des réseaux. En conséquence, il n'est pas
approprié de souscrire à cette demande. D'ailleurs, comme je l'ai
mentionné plutôt, s'il était possible pour le Conseil
scolaire d'emprunter à des conditions réellement avantageuses. Le
ministère des Finances s'env prespresserait de lui faire profiter de
cette opportunité et dans la mesure où le Conseil peut emprunter
à moins cher que d'autres orga nismes pour les réseaux, ces
emprunts seraient
évidemment les derniers à être regroupés.
Le Mouvement Desjardins, lui, qui s'inquiétait d'un possible
retour du gouvernement vers le financement direct d'activités
économiques privées et d'une éventuelle centralisation des
emprunts de court terme des organismes visés, nous a aussi fait part de
ses préoccupations.
Comme nous l'avons toujours affirmé, l'objectif principal du
projet de loi est le financement regroupé des emprunts de long terme.
Vous comprendrez toutefois que dans le contexte d'une concurrence de plus en
plus vive à laquelle se trouve confronté le Québec, il
importe non seulement pour le secteur privé mais aussi pour le
gouvernement de trouver de nouveaux outils ou processus qui augmenteront
l'efficacité de la gestion financière. Cela apparaît encore
plus évident dans le cas d'organismes dont le service de la dette est
subventionnée à 100 % par le gouvernement.
Par conséquent, tout en ayant à l'esprit de continuer
à favoriser le développement local ou régional des
institutions financières et à maintenir le partenariat qui a su
se développer entre elles et le gouvernement, il n'apparaît pas
approprié d'imposer des contraintes à l'exercice des
responsabilités de financement relevant du gouvernement sous motif qu'il
pourrait y avoir danger de retour vers la centralisation.
Il va de soi aussi que le gouvernement n'entend absolument pas se
substituer aux institutions financières et s'impliquer directement et
activement dans le financement d'activités économiques
privées, comme c'était par exemple le cas antérieurement
dans le secteur agricole.
Le recours au financement temporaire pour le fonds de financement n'a
aucun rapport avec une intention de regrouper les emprunts à court
terme. Cette ouverture ne s'inscrit que dans le souci de flexibilité et
de cohérence qui doit être appliqué aux politiques de
financement du gouvernement. Elle nous permettra, en effet, de compenser
l'effet de retard du financement à long terme des immobilisations
causées par le processus même de regroupement, alors qu'il faudra
attendre d'avoir une quantité suffisante de demande d'emprunt avant
d'effectuer un emprunt de taille appropriée sur le marché.
La possibilité de recours au financement temporaire pour le fonds
de financement est aussi nécessaire dans un contexte de planification du
financement du gouvernement, alors que, dans certaines situations de
marché, il peut être préférable d'emprunter à
court terme ou à taux flottant sur une certaine période.
Quant aux autres aspects du financement à court terme des
organismes, soit celui relié aux dépenses de fonctionnement ou
aux dépenses d'immobilisations qui ne sont pas encore rendues à
l'étape du finacement à long terme, il faut se rappeler que
l'objectif de base du projet de loi demeure d'accroître
l'efficacité des processus de financement. Vu notamment la
fréquence des opérations de court terme, il n'apparaît
évidemment pas approprié de mettre en place un appareil
administratif lourd et coûteux en parallèle avec les institutions
financières existantes pour financer les marges de crédit
d'opération des organismes ou des réseaux. Le gouvernement n'a
donc pas comme objectif d'engager le fonds de financement dans des
activités d'intermédiation financière pour les
opérations de court terme des établissements
subventionnés.
En fait, si le gouvernement avait voulu financer directement à
court terme les organismes dont il a la charge, il aurait pu tout simplement
changer les règles de budgétisation courante sans créer un
fonds de financement par voie législative.
En conclusion, j'espère, M. le Président, avoir
été suffisamment clair dans les explications que je viens de
présenter, et j'aimerais conclure en invitant les membres de cette
commission à collaborer activement à l'étude
détaillée de ce projet de loi qui permettra au gouvernement de
faciliter le recours aux emprunts pour ces organismes et d'éviter des
dépenses improductives.
Le regroupement des emprunts, loin de représenter une contrainte,
se veut une option avantageuse qui accroîtra la flexibilité dont
pourront bénéficier les opérations de financement du
secteur public, ce qui en permettra une gestion plus optimale.
Par ailleurs, M. le Président, je compte déposer au cours
des travaux de cette commission et avec votre permission, deux articles
additionnels au projet de loi 2. Ce sont les articles qui touchent les
modalités de financement propres aux opérations du gouvernement
lui-même.
Il s'agit de deux modifications à la même loi,
c'est-à-dire à la Loi sur l'administration financière,
soit l'ajout des articles 36. 1 et 36. 2 concernant l'utilisation de certains
instruments financiers, notamment les contrats d'échange de taux
d'intérêt ou de devises, "swaps", ainsi que l'ajout d'un
alinéa à l'article 62 concernant les emprunts.
Ces deux modifications à la Loi sur l'administration
financière, qui ne remettent pas en cause les principes
déjà adoptés par l'Assemblée nationale,
n'étaient pas prévisibles lors du dépôt du projet de
loi à l'automne 1989.
Concernant les article 36. 1 et 36. 2 ces modifications sont rendues
nécessaires par l'évolution de la jurisprudence en matière
de contrats d'échanges et devises et de taux d'intérêt qui
amènent une incertitude juridique sur la capacité des corps
publics de conclure validement de tels contrats dans le cadre législatif
actuel. Il y a eu en Angleterre un jugement qui a été rendu et
qui fait qu'on croit qu'il est plus prudent d'apporter un élément
de certitude à des "swaps" qui sont faits maintenant assez
régulièrement. C'est très technique, mais, sur le
plan de ceux... Oui. L'article 36. 1 vise donc à confirmer juridiquement
le pouvoir du ministre des Finances à l'effet d'acquérir des
options et des contrats à terme et de conclure des conventions
d'échange de devises ou de taux d'intérêt.
L'article 36. 2 vise à rassurer les contrepartistes à ces
contrats en rendant incontestables les transactions et les paiements conclus en
conformité avec l'article 36. 1. La modification à l'article 62
est rendue nécessaire par la volonté du gouvernement
d'élargir ses possibilités d'emprunt, ce qui commande une plus
grande flexibilité et une plus grande latitude pour le ministre des
Finances aux fins de réaliser chacune des transactions
spécifiques susceptible de découler de certains programmes-cadres
appelés régimes d'emprunt.
Cet alinéa additionnel à l'article 62 vise, dans le cadre
d'un régime d'emprunt préalablement déterminé et
autorisé par le gouvernement, par exemple un programme d'émission
de billets à moyen terme aux Etats-Unis ou encore un programme
d'émission de billets escomptés au Canada, à habiliter le
ministre des Finances à conclure des transactions prévues
à ce régime - montant, caractéristiques, modalités
et conditions - et qui peuvent être conclues quotidiennement sans devoir
procéder chaque fois par décret spécifique, comme il
serait requis dans le présent contexte. Autrement dit, il y a un
décret, sauf que comme on le fait présentement avec ces nouvelles
façons de procéder, on peut le faire par petites tranches
quotidiennes selon le marché, et qu'on n'ait pas à revenir au
Conseil des ministres tous les mercredis pour certaines parties de ces
emprunts.
Alors, M. le Président, ça résume un peu et
ça remet... Le but de cette intervention, c'est de rappeler d'abord,
parce que nous nous rencontrons seulement tous les x mois - je pense tous les
six mois - alors H faut qu'on remette au moins les membres de la commission
à jour et, ensuite, faire part aussi à la commission des
amendements que nous avons l'intention de soumettre et aussi des
réactions que nous avons eues des secteurs qui pouvaient être
concernés, qui pouvaient être intéressés, et la
position du gouvernement sur les propositions qui ont pu être faites de
part et d'autre. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci beaucoup.
M. Levesque: Et je termine en disant que nous avons ici avec nous
deux sous-ministres et d'autres qui les accompagnent qui pourront, sur le plan
technique... Il s'agit d'activités financières qui sont
poursuivies dans un domaine où les éléments techniques
évoluent très rapidement et où je suis sûr que la
commission aimerait avoir les plus récents développements sur les
marchés et souvent les nouveaux produits, les nouvelles
procédures qui sont adoptées et auxquelles nous devons faire face
si nous voulons faire une gestion intelligente et efficace de la dette
publique.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres remarques?
M. Léonard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labefle.
M. Léonard: J'ai pris connaissance, j'ai entendu, j'ai
écouté le ministre attentivement faire ses remarques, le rappel
des objectifs de la loi. Je pense qu'il a été plus précis.
Il a fait, en particulier, référence à des études,
des analyses. Est-ce que les membres de cette commission pourraient en
bénéficier? En d'autres termes, est-ce qu'il pourrait les
déposer?
M. Levesque: M. Rhéaume, voulez-vous reprendre la
conversation?
M. Léonard: Non, pas reprendre la conversation parce que
je demande si les documents...
M. Levesque: Non, non. Mars c'est parce qu'ils vont vous le
dire.
Le Président (M. Audet): Voulez-vous vous identifier, s'il
vous plaît?
M. Rhéaume (Alain): Oui. Alain Rhéaume, au nom du
ministre des Finances.
M. Levesque: Sous-ministre associé au ministère des
Finances. Alain Rhéaume.
Le Président (M. Audet): Merci. Allez-y.
M. Léonard: C'est le nouveau titre des sous-ministres? On
ne les appelle plus sous-ministres adjoints?
M. Levesque: On a un sous-ministre adjoint qui est avec nous, M.
François Gagnon.
M. Léonard: Un sous-ministre associé au
sous-ministre en titre. C'est quoi la différence entre un sous-ministre
adjoint et un sous-ministre associé?
M. Levesque: Répondez.
M. Léonard: M. le ministre lui-même ne peut pas
décrire ces fonctions. Comme ça, c'est vous qui les avez
désignés ou redessinés.
M. Levesque: Non, mais il les remplit, ces fonctions-là.
Il sait exactement ce qu'il fait. (10 h 45)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rhéaume: Vous voulez que je réponde à
ça?
M. Léonard: Allez-y sur le fond. M. Rhéaume:
Sur le fond...
M. Léonard: La question reste pendante, si vous pouvez
réduire ça en deux phrases simplifiées.
M. Rhéaume: Oui.
M. Léonard: Si c'est clair, je suppose que ça va
être facile à résumer.
M. Levesque: Ce qui se conçoit bien... M. Léonard:
Oui, oui. M. Rhéaume: À l'égard des
études? M. Léonard: Les deux.
M. Rhéaume: Bon. Concernant votre question qu'on a fait,
au cours de. l'année 1988 et de l'année 1989, qui avaient
précédé le dépôt du projet de loi pour
l'automne 1989, une série d'études au ministère des
Finances concernant le financement à long terme des institutions des
réseaux de l'éducation, de la santé et des services
sociaux, et aussi le financement des sociétés d'État
autres qu'Hydro-Québec. Il est bien sûr que ces
études-là ne sont pas renfermées dans un document
général. Il s'agit d'une série d'examens de situations
bien particulières pour lesquelles, évidemment, les chiffres
peuvent évoluer assez rapidement, c'est-à-dire que ces
études-là ne sont pas remises à jour tous les six mois,
par exemple, compte tenu que la commission s'est réunie deux fois
jusqu'à maintenant, aux six mois, pour revoir ça.
Ce qu'on pourrait vous livrer assez facilement, cependant, c'est
justement l'information qu'il y a derrière les affirmations qui sont
faites, à savoir sur l'évolution des coûts d'emprunt des
réseaux et des sociétés d'État autres
qu'Hydro-Québec, par rapport à ceux du gouvernement, sur tout ce
qui est les données factuelles. Par exemple, la taille du marché
au détail au cours des années précédentes,
comparativement à ce qu'elle a été l'année
dernière. La place qu'ont prise les emprunts municipaux par rapport aux
emprunts du secteur public. Je serais assez à l'aise pour vous fournir
les données qui sont derrière ça. Mais on ne peut pas
parler là d'un document qui serait un document global avec des textes
qui se réfèrent à tout ça.
On serait plus à l'aise si on pouvait fournir à la
commission les données qui sont derrière ça.
M. Léonard: Bon...
M. Rhéaume: Je pense que c'est sur l'objet...
M. Léonard: Je comprends. On va se contenter de ce qui
existe. Il n'y a pas de document synthèse sur tout cela, mais quand vous
avez déposé votre projet de loi pour analyse au Conseil des
ministres, ça devait quand même être basé sur un
regroupement. Il y avait une quintescence d'analyses et puis qui ont
amené une quintessence juridique dans ce beau projet de loi, M. le
ministre. M. le Président, je pense qu'on va prendre les études
qu'il y a. Il me semble que ce serait intéressant de les avoir.
M. Rhéaume: On pourra mettre ensemble une documentation
à cet égard-là.
M. Léonard: O. K. J'aurais donc, à partir de cette
question, M. le Président, et des remarques du ministre...
Le Président (M. Audet): Est-ce que les documents vont
être transmis aux membres de la commission, ici à la commission,
ou aux membres au Secrétariat directement?
Une voix: À la commission. M. Léonard:
À la commission.
Le Président (M. Audet): Bon d'accord. Non, mais c'est
parce que c'est important pour moi. Allez-y, M. le député de
Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je ne suis pas
familier dans le détail de toutes ces modalités de financement
des emprunts, mais je voudrais quand même faire quelques commentaires par
rapport à ce que le ministre nous a livrés ce matin. Je ne
mettrai pas en doute ce qu'il affirme que ça coûte un peu plus
cher, que la liquidité est moindre. Mais les commentaires que j'aurais
à faire, ce sont les suivants. Effectivement, je pense que ça
peut se comprendre que la liquidité soit moindre, que les coûts
soient plus élevés parce que nous sommes dans une période
où il y a des emprunts considérables qui viennent des
gouvernements, et notamment du gouvernement fédéral.
Je suis convaincu que sur les marchés de prêteurs, le fait
que le gouvernement fédéral doive financer un déficit
aussi considérable que le sien, vient éponger beaucoup toute
espèce d'épargnes que les Québécois peuvent
accumuler... Et le problème, c'en est un grave parce qu'au fond, tout
est centralisé, drainé et les autres marchés ont de la
difficulté à se financer. J'ai très bien vu, enfin, si
j'ai bien compris le
ministre, H veut les regrouper. Ils deviennent anémiques. Les
petits marchés locaux deviennent anémiques parce que les taux
d'intérêt pour financer le déficit fédéral
sont très élevés et les taux d'intérêt pour
le gouvernement du Québec aussi, et les autres suivent puis, en plus, ce
sont des titres, pense-t-on, absolument sûrs. Je ne sais pas si, à
terme, ils sont aussi sûrs que ça, mais ils sont sûrs dans
l'esprit des gens.
Je voyais le raisonnement du ministre qui dit: On va les regrouper et
nous-mêmes, on va aller se financer; nous allons nous financer sur des
marchés étrangers. Je trouve, oui... Mais qu'est-ce que ça
veut dire? Ça veut dire que l'épargne locale commence à se
raréfier, donc on va avoir des conditions d'emprunts à
l'étranger parce qu'on est toujours face au même problème,
finalement, c'est que le déficit fédéral draine toutes les
épargnes qu'il y a, et là, on commence à toucher du doigt
les conséquences concrètes, pratiques dans le milieu. Le
problème qu'il peut y avoir, c'est que, si on s'en va sur les
marchés étrangers, c'est très beau à court terme
tant que la confiance n'est pas trop ébranlée.
Déjà, elle l'est passablement. Ça peut aller, ça
peut se faire, mais le jour où on va commencer vraiment à se
poser des questions, quand M. Wilson va déclarer, probablement à
la fin de l'année, que l'écart entre ses prévisions
budgétaires et son déficit réel, en termes de
déficit, va être, dit le Globe & Mail d'il y a deux
semaines, 5 000 000 000 $ de plus que ce qu'il avait prévu. Ça
commence à ébranler l'édifice financier. Je ne sais pas
quelle sera la réaction de la Banque mondiale qui avait dit à M.
Wilson il y a un an: Vous allez régler le problème de votre
déficit. Je pense que ça va se savoir. Qu'est-ce qui va arriver?
Les marchés étrangers vont commencer à se poser des
questions. Va-t-on assister, à ce moment-là, à une
dévaluation du dollar canadien? La Banque Rothschild, à l'heure
actuelle, dit ça dans ses analyses. On n'échappera pas à
une dévaluation du dollar canadien, fin de l'année 1991,
début de l'année 1992. Quand on se met à se poser cette
question, H y a une accélération.
Et qu'est-ce qu'on aura fait? On aura centralisé les
épargnes au gouvernement du Québec qui, lui, face à
différents instruments de financement, aura trouvé que le
financement sur les marchés internationaux est un peu moins
coûteux; il l'aura fait. Il aura opéré et à court
terme, on ne pourrait pas, on ne peut pas questionner un tel raisonnement. On
va dire: Oui, il a eu raison. Mais à long terme, s'il y a une
dévaluation du dollar, votre coût d'intérêt vient de
lever beaucoup. Et là, qu'est-ce que vous avez fait? Vous avez
centralisé les emprunts et, à long terme, ça devient une
erreur. Disons ça entre guillemets, sans être plus
péjoratifs qu'il ne faut, mais le gouvernement aurait fait une grosse
erreur. Au lieu que, sur le plan local, il ait financé des emprunts
peut-être à 32 points de base de plus que ce que ça lui
aurait coûté lui-même, si on fait ces analyses à long
terme, on risque d'entrer dans un système, finalement, où il n'y
aura pas eu d'économie réelle.
Je comprends. Le ministre trouve qu'il tait des économies parce
qu'il fait de grosses affaires. Quand on fait de grosses affaires, on fait de
bonnes grosses affaires, mais on fait aussi de grosses erreurs qui sont
coûteuses, et sur le plan de la crédibilité du dollar,
compte tenu de la réalité du déficit canadien, on a
quelques problèmes en vue. On les a en vue et il va falloir qu'on fasse
face à cette réalité un jour ou l'autre.
Je mets en parallèle, M. le ministre, en termes de commentaires
par rapport à ce que vous nous dites sur la question des
liquidités, une autre orientation de votre gouvernement qui m'apparaU de
plus en plus nette, qui va être apparente publiquement demain, quand le
ministre des Affaires municipales va venir devant la table
Québec-municipalités et va dire aux maires: Bien, on
décentralise. En réalité, il décentralise ses
charges. Mais il va aller aussi d'après ce qu'a dit le ministre de
l'Éducation, devant les commissions scolaires, pour leur dire: Prenez
une part plus grande de l'impôt foncier. Alors, qu'est-ce que ça
veut dire? Ça veut dire que les commissions scolaires vont en prendre de
plus en plus et donc qu'elles vont possiblement emprunter pour être
amenées à emprunter pour des équipements locaux parce que
vous dites que toutes les charges locales devraient être à la
charge des municipalités, et on va retrouver notre marché ou nos
besoins financiers au plan local.
C'est des commentaires que je veux faire. Je trouve qu'on s'en va dans
deux directions différentes. Si vous êtes sérieux quand
vous dites que vous décentralisez, vous allez avoir la même
attitude vis-à-vis des commissions scolaires que vous avez envers les
municipalités. Donc, vous allez ouvrir des champs d'impôt foncier
où vous allez vouloir qu'elles se financent même sur l'impôt
foncier, et, donc, vous allez recréer un marché local. Est-ce que
ça sera à ce moment-là avec la garantie de l'État?
Si j'ai bien compris les énoncés de politique du ministre de
l'Éducation dans le temps - le nouveau, on n'en a pas trop entendu
parler, j'ai l'impression qu'il a encore le nez dans ses nouveaux dossiers,
qu'il n'en a pas émergé encore trop - les commissions scolaires
devront prendre charge des bâtisses, des équipements, de tout ce
qu'il y a de local de spécifique à chacune des commissions
scolaires. Et la logique nous amène à dire: Elles vont
entretenir, elles vont faire des réparations et lorsqu'il s'agira de les
remplacer, elles vont prendre des décisions de construire, et, donc, ce
qui s'ensuit, c'est qu'elles vont aussi prendre des décisions de les
financer. Donc, c'est une logique qui nous amène à de la
décentralisation et, dit-on, à de la responsabilisation. Et sur
ce plan-là, ça va comprendre normalement la prise en charge des
équipements et des bâtiments dans le
système d'éducation. Est-ce que vous allez aller aussi
loin dans le domaine des affaires sociales, du financement des hôpitaux,
des CLSC, des centres d'accueil? Dans la mesure où vous voulez rajouter
à l'impôt sur le revenu des particuliers le coût de ces
institutions, les gens vont être amenés à vouloir prendre
en charge eux-mêmes ces bâtisses, ces équipements et dire:
Bien, si c'est nous qui les assumons, qui les payons, on va décider.
Normal. Je vais vous dire que c'est normal. C'est correct. C'est ça.
C'est ça la tendance.
Remarquez que là on est en train d'atomiser les réseaux,
les rediviser et les rendre sous la coupe de conseils locaux régionaux.
Là-dessus, j'ai fait beaucoup de discours sur la
décentralisation. Je ne suis pas nécessairement en
désaccord avec l'approche du gouvernement, mais il faut voir les
conséquences à terme. Il y a des conséquences sur le plan
du financement. Le financement, ça va arriver en bout de ligne ou au
début. Le ministre ou le gouvernement veut se décharger de ses
charges et les refiler aux gens. Bon. Alors, il leur refile la facture. Mais
après, le fonctionnement va amener aussi des décisions
d'investissement. Et quand on parle d'investissement dans ces
secteurs-là, dans des équipements publics, ça amène
l'idée que, lorsqu'on se construit un équipement qui va servir
aux générations futures, la charge du financement de ces
équipements doit aussi être celle des générations
futures.
Je ne veux pas dépasser mes 20 minutes, M. le Président.
Je voulais répliquer aux remarques du ministre. Alors là, le
gouvernement centralise. Il dit: J'économise quelques sous. Je voudrais
souligner au ministre en passant et peut-être à son sous-ministre
aussi par la même occasion, qu'il nous a parlé d'emprunt, par
exemple, qu'il empruntait dans un seul coup 272 000 000 $, qu'une
émission était de 272 000 000 $, alors que dans une commission
scolaire, c'était 3 200 000 $. Et quelques instants plus tard, il nous a
dit qu'il faisait 210 emprunts par année pour un total de 1 500 000 000
$. On s'entend? M. le ministre, c'est bien ça que vous avez dit? On
s'entend? Vous avez parlé d'emprunts globaux à un moment
donné de 272 000 000 $ pour le gouvernement, alors que dans les
commissions scolaires, 3 200 000 $ en moyenne. Plus tard, vous avez dit qu'au
gouvernement, vous faisiez 210 emprunts pour 1 500 000 000 $. Savez-vous ce que
ça fait comme emprunt moyen, ça? Un montant de 7 000 000 $. On
est loin de 272 000 000 $. Vous en avez peut-être fait un gros de temps
en temps. Oui, si vous voulez vous fier à ça, parce que j'ai
noté en passant.
M. Levesque: C'est pour les réseaux.
M. Rhéaume: C'est pour des réseaux, 210 emprunts
par année pour les réseaux et les sociétés
d'État autres qu'Hydro-Québec.
M. Léonard: Alors, votre emprunt, il est à peu
près le double de celui des commissions scolaires.
M. Rhéaume: Ce ne sont pas les nôtres. Ce sont ceux
qu'on fait en leur nom.
M. Léonard: Oui.
M. Rhéaume: Ce sont ceux qu'on émet sur le
marché pour eux. Ce sont ceux dont on...
M. Léonard: Alors là, vous allez les regrouper?
M. Rhéaume: Exactement.
M. Léonard: Bon. O. K. Là, je comprends.
M. Rhéaume: Ce sont ceux qu'on parle de regrouper. Et
comme ceux des sociétés d'État sont en moyenne 40 000 000
$ ou 50 000 000 $, même si ceux des réseaux de l'éducation,
par exemple, des commissions scolaires sont à 3 200 000 $, au total,
ça fait à peu près 7 000 000 $ pour 210 emprunts.
M. Léonard: O. K. Je veux dire, en tout cas... Je sais
qu'il me reste peu de temps. Je voudrais dire une chose, M. le ministre des
Finances. À ce moment-ci, je me méfierais
énormément des emprunts sur les marchés étrangers.
Nous ne sommes pas à l'abri d'une dévaluation du dollar canadien,
dans les circonstances où le gouvernement fédéral continue
d'accumuler des déficits considérables, et un jour ou l'autre, il
va y avoir une minute de vérité là-dessus; il va y en
avoir une. (11 heures)
Ça veut dire quoi, ça, la valeur du dollar canadien par
rapport aux monnaies étrangères? On va manger un biscuit. Et si
on a emprunté beaucoup sur le plan de l'étranger, on va payer
plus cher et peut-être que le différentiel sur ce plan-là
va être beaucoup plus que 32 points de base pour la suite des choses. Je
veux simplement dire ce que j'en pense. Est-ce que j'ai raison? Est-ce que je
n'ai pas raison? L'avenir le dira, mais il me semble que c'est une attitude de
prudence élémentaire. Même si c'est plus facile,
actuellement, d'aller sur les marchés étrangers, je comprends
ça parce que, effectivement, la crédibilité du dollar a
été ébranlée, mais elle n'est pas encore à
zéro. Mais le jour où l'édifice va tomber, il va se passer
quelque chose et ça va nous coûter cher. Alors, j'aimerais avoir
les commentaires du ministre là-dessus parce qu'il me semble que ce sont
des orientations importantes. L'orientation de décentralisation que vous
prenez, comme gouvernement, et une autre orientation par rapport à une
centralisation des opérations d'emprunt, ça me parait aller dans
deux sens contradictoires et qu'il y a des
économies à court terme sur des volumes d'emprunt alors
qu'on va miner, en quelque sorte, les marchés internes, qu'on va les
anémier. La réalité, dans l'avenir, qu'on a
peut-être un grand intérêt à les conserver et
même à les nourrir pour éviter qu'on tasse de grandes
erreurs coûteuses. Il est peut-être mieux de faire de petites
économies, de ne pas toucher à ces marchés internes.
M. Levesque M. le Président, tout simplement..
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Levesque:... avant de retourner à notre étude
article par article, il serait peut-être bon de répondre encore
à certaines préoccupations du député de Labelle. Il
s'agit évidemment d'un souci que nous avons de ne pas simplement
être à court terme, mais aussi d'être à moyen et
à long terme, et lorsque nous effectuons des emprunts, même
à l'étranger, nous faisons attention de bien vérifier ce
qui pourrait arriver et faire en sorte, Justement, parce que nous pouvons
emprunter à des taux d'intérêt beaucoup moindres sur les
marchés internationaux... Il arrive que nous nous protégeons de
beaucoup vis-à-vis d'une dévaluation du dollar canadien, dans x
temps.
Deuxièmement, nous avons aussi, lorsqu'on parte de
décentralisation vers les municipalités, à rappeler
à la commission que même s'il y a des fuites présentement
sur les intentions du gouvernement, il faudrait peut-être attendre de
voir ce qui sera annoncé demain et on verra, là, qu'il y a un
souci de ne pas transférer un lot d'immobilisations qui amènerait
justement à recourir sur les marchés d'une façon massive.
Ce n'est pas le cas. C'est beaucoup plus comme ça l'a été
dans le cas des commissions scolaires. C'est beaucoup plus du côté
du fonctionnement. Dans ce cas-là, je pense que les craintes du
député de Labelle, même si je n'ai aucune objection
à ce qu'il les exprime, sont peut-être exagérées,
mais là, grandement exagérées.
Ceci étant dit, H y a certains points techniques qu'a
soulevés le député. J'aimerais que le sous-ministre ajoute
à ceci et je reviendrai après.
Le Président (M. Audet): M. Rhéaume.
M. Rhéaume: Oui, sur deux choses. D'abord, au point de vue
de l'épargne local ou du marché de détail. En fait, le
montant d'épargne des particuliers ou le montant d'épargne qui
est disponible, via ce qu'était le marché de détail
auparavant, ne rétrécit pas err lui-même. La
différence, c'est que cet épargne-là s'institutionnalise.
Les gens confient à des gestionnaires de portefeuilles professionnels
leur épargne, lesquels gestionnaires de portefeuilles professionnels
n'ont pas un comportement identique à celui des épargnants
individuels, mais se comportent plutôt comme des institutions, donc
recherchent la liquidité des titres et sont plus attirés vers les
titres comme ceux du gouvernement et ceux d'Hydro-Québec qui sont
émis à plus fort volume. Ils achètent quand même des
titres qui sont moins liquides, mais Hs commandent une prime pour les acheter,
qui contribue à élargir la différence, les écarts
de rendement, entre les taux du gouvernement et les taux qui sont payés
sur les emprunts des institutions des réseaux.
Quant à la place, si on peut dire, que prennent les emprunts du
gouvernement du Québec et celle que serait appelé à
prendre, une fois effectué, le financement regroupé, une fois le
financement regroupé en vigueur, il faut rappeler qu'au début des
années quatre-vingt, le gouvernement du Québec a emprunté
des sommes qui sont pas mal plus importantes que celles qu'il emprunte ces
jours-ci. Disons que la réduction des besoins financiers nets du
gouvernement, depuis une couple d'années, a permis que, de près
de 4 000 000 000 $ d'emprunts que le gouvernement a réalisés en
son propre nom pour ses propres besoins, il y a quelques années,
aujourd'hui, si on parle de l'année 1990-1991, on pense que le
gouvernement empruntera, pour ses propres fins, quelque 2 700 000 000 $.
Une voix: Incluant le remboursement des emprunts..
M. Rhéaume: Incluant le remboursement des emprunts,
effectivement La place que le gouvernement occupait sur l'ensemble des
marchés financiers était quand même assurée à
des conditions qui, à ce moment-là, n'étaient pas
nécessairement aussi avantageuses qu'elles le sont aujourd'hui, mais
à des conditions qui étaient raisonnables pour les coûts
d'emprunt du gouvernement.
Quant à la question des marchés étrangers, il est
évident que le gouvernement, pour ses propres fins... Et il sera
appelé à le faire un peu plus avec le financement
regroupé. On fait un rappel à l'ensemble des marchés, y
compris les marchés étrangers. Mais il y a deux choses à
retenir là-dessus. C'est que l'ensemble de la dette du gouvernement est
géré globalement et on a une attitude de faire appel au
marché étranger, dans une certaine proportion, dans une recherche
de la diversification, mais aussi en se donnant un minimum de protection. C'est
à ça que servent notamment les transactions de "swaps". Et c'est
à ça aussi que servent les analyses que fait le ministère
des Finances en termes d'analyse de portefeuilles et de dettes. On s'est
donné des instruments de pointe pour effectuer ces analyses-là et
pour profiter des opportunités dans l'ensemble des marchés pour
gérer la dette dans son ensemble. Et, par exemple, si on regarde, pour
profiter aussi des
différentiels d'intérêts que peuvent offrir les
différents marchés.
Juste un exemple. Il est bien possible, effectivement, que le dollar
canadien puisse se dévaluer dans l'avenir. Mais si on compare
actuellement ou dans les temps récents le coût d'un emprunt qu'on
aurait pu effectuer au Canada ou aux États-Unis, le différentiel
de taux d'intérêt, pour nous, entre les deux marchés,
faisait en sorte qu'il faudrait qu'un dollar canadien se dévalue
à 69,5 $ en moyenne sur les 10 années d'un emprunt, pour qu'un
emprunt à 10 ans actuellement aux États-Unis, nous revienne aussi
coûteux qu'il serait à émettre sur le marché
canadien aujourd'hui.
On voit donc que les différentiels d'intérêts dans
certains marchés offrent des marges de protection qu'on peut
considérer raisonnables. En plus de ça, évidemment, le
ministère des Finances cherche à adapter la structure de sa
dette, selon révolution qu'il peut anticiper des marchés, et des
considérations comme celles que le député a
évoquées sont prises en compte dans cette analyse-là.
Le Président (M. Audet): Merci, M. Rheaume. Je m'excuse.
Est-ce qu'il y a d'autres... Je voudrais avant... Si quelqu'un veut souligner
encore toutefois des remarques préliminaires... Je voudrais simplement
vous rappeler... Je l'ai souligné un peu en début de commission.
Mais c'est qu'étant donné que la commission n'a pas
siégé sur ce projet de loi-là depuis le 6 juin 1990, il y
avait un amendement qui avait été déposé dont la
commission n'a pas disposé en juin 1990. Il va falloir en disposer.
Alors, il faudrait revenir dessus. C'est M. le député d'Ungava
qui avait la parole à ce moment-là. Il lui restait un peu de
temps. Quoi? C'est une dizaine de minutes, madame...
M. Levesque: Je n'étais pas présent à cette
occasion-là. J'étais retenu en convalescence. Mais je ne peux pas
situer dans le contexte ce que venait faire cet amendement. Peut-être
qu'il était d'une nature dilatoire. J'ose...
M. Léonard: Nous n'avons jamais posé de tels
gestes, M. le ministre.
Le Président (M. Audet): Si c'était le cas, c'est
à votre insu.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: On pourrait simplement le mettre de
côté.
Le Président (M. Audet): Alors, aimeriez-vous à ce
que je fasse la lecture de l'amendement?
M. Levesque: Oui, vous pouvez le faire.
Étude détaillée
Le Président (M. Audet): Alors, lorsque les travaux ont
débuté, on avait commencé à étudier
l'article 1, et la motion du député d'Ungava se lisait comme
suit: L'article 36 de la Loi sur l'administration financière
édicté par l'article 1 du projet de loi 2 est modifié par
l'insertion, dans la première ligne, après le mot "peut" des mots
"dans le plus court délai possible".
M. Léonard: Le plus court délai possible.
Le Président (M. Audet): C'est ça. Après le
mot "peut" des mots "dans le plus court délai possible".
M. Levesque: On comprend. Peut-être que ce serait plus
pratique de l'oublier.
M. Léonard: Je pense non. M. Levesque: Non?
M. Léonard: Je pense qu'il faut en disposer
correctement.
M. Levesque: On peut voter dans ce cas-là.
M. Léonard: Je pense que c'est dans le sens où le
ministre doit se grouiller, une fois qu'il s'est aperçu qu'il devait
placer à court terme. Il doit faire ça dans le plus court
délai possible.
M. Levesque: On me dit que c'est en temps opportun.
M. Léonard: Ah! Si vous préférez en temps
opportun, on peut battre celui-là et...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Ça ne veut rien dire. Je ne fais pas
d'amendement à votre...
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Audet): Est-ce que vous voulez en
discuter? Ça prend l'auteur de la motion pour la retirer.
M. Léonard: Nous allons l'appuyer, bien sûr, et on
va en disposer en votant.
Le Président (M. Audet): Est-ce que la motion est
adoptée ou rejetée?
M. Levesque: Rejeté.
Le Président (M. Audet): Rejeté sur division.
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Audet): À ce moment-là, on
va continuer. Là, il avait été convenu aussi qu'on
étudiait alinéa par alinéa. Enfin, ce n'est pas le
règlement comme tel, mais quand môme...
M. Léonard: C'est ça. Continuons comme ça,
parce c'est un projet de loi qui a son importance.
Le Président (M. Audet): C'est ça. Alors, on va
passer de toute façon... On est à l'article 36; on va prendre
l'alinéa a. "Le ministre peut placer à court terme toute
partie du fonds consolidé du revenu qui n'est pas requise pour le
paiement des dépenses: a) dans des titres émis ou garantis par le
gouvernement du Canada, du Québec ou d'une autre province canadienne.
"
Est-ce qu'il y a des commentaires là-dessus?
M. Léonard: Juste une question. Quand on parie d'autres
provinces canadiennes, il y a beaucoup de Terre-Neuve ou de
île-du-Prince-Édouard là-dedans. Est-ce que ça fait
partie de vos priorités d'emprunt? Vous avez des bonnes provinces
solides.
M. Levesque: Je ne me rappelle pas qu'on en ait dans
l'île-du-Prince-Édouard, mais ce sont les titres disponibles.
M. Rhéaume: On n'en détient pas, mais il peut
être utile d'avoir la flexibilité quand on cherche une
échéance particulière. Peut-être que c'est le seul
titre disponible sur le marché.
M. Léonard: Quand vous considérez, à l'heure
actuelle, les titres du gouvernement du Canada, est-ce que vous trouvez que ce
sont des titres solides, fiables?
M. Rhéaume: Dans le cadre d'un article qui parle de placer
à court terme, on n'a pas de problème.
M. Léonard: Vous ne prenez pas de chance sur le long
terme.
M. Rhéaume: Ce n'est pas ce que j'ai dit. On en
détient passablement dans nos fonds d'amortissement.
Le Président (M. Audet): Ça va?
M. Levesque: Si vous avez des questions de cette nature, vous
seriez mieux de me les poser et j'essaierai de me débrouiller avec
ça.
M. Léonard: Bien, je ne sais pas. Vous avez entendu la
question. C'est le sous-ministre qui a répondu, mais comme vous auriez
pu intervenir...
M. Levesque: Vous avez interprété la réponse
du sous-ministre, et je dois vous dire que j'aime mieux que vous
interprétiez...
M. Léonard: Alors, je vais vous poser la question. Je vais
donc vous reposer la question.
Est-ce que vous trouvez que les titres du Canada sont des titres solides
de long terme, M. le ministre?
M. Levesque: Oui, je pense qu'on peut dire que, mondialement,
c'est reconnu comme des titres solides. Je ne vois pas pourquoi ils ne seraient
pas solides au Québec.
M. Léonard: C'est pour ça qu'ils coûtent cher
de taux d'intérêt.
M. Levesque: Ah! Bien ça... M. Léonard:
L'article 69. 6, au paragraphe a. Le Président (M. Audet):
À l'alinéa a. M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Audet): Ça peut aller.
Alinéa b.
M. Léonard: Tout en appelant le gouvernement à
faire montre de la plus grande prudence par rapport aux titres...
Le Président (M. Audet): Dans le choix de ses...
M. Léonard:... mentionnés à l'alinéa
a.
Le Président (M. Audet): Après, c'est dans des
titres émis par les organismes visés à l'article 69.
6.
M. Léonard: Oui, à l'article 69 6, c'est là
où vous utilisez tous les titres des commissions scolaires.
M. Rhéaume: Exactement. M. Levesque: L'article 69.
6... M. Rhéaume:. 69. 6...
M. Léonard: C'est le mécanisme de centralisation
qui est évoqué dans cet article-là. (11 h 15)
M. Rhéaume: Ce qui permettrait au gouvernement de placer
à court terme ses fonds, d'acheter des titres de commission scolaire sur
le marché, par exemple.
Le Président (M. Audet): Ça va?
M. Léonard: Ça va ajouter à la
liquidité de
ses titres que de les acheter.
M. Rhéaume: D'avoir un joueur important, comme le
gouvernement, de plus dans le marché, ça ajoute...
M. Léonard: Dans la mesure où lorsque nous allons
les énumérer, les étudier à l'article 69.6, nous
avons des réserves, en particulier celles qui ont été
manifestées par le Conseil scolaire de l'île de Montréal.
Je pense qu'on est obligés de dire que nous sommes sur division.
Le Président (M. Audet): Parce que moi, je ne suis pas
friand d'adopter les alinéas, un par un, parce que des fois on a des
pages complètes, des 3, 4, 5 pages et à la fin, ça ne
finit plus. Alors on va adopter l'article au complet tantôt.
M. Léonard: O.K. Alors, on va les lire.
Le Président (M. Audet): C'est ça. On va continuer
dans le c. c, ça peut aller, dans des titres émis par la
municipalité du Québec.
M. Levesque: c, évidemment, si on exclut les
municipalités, quant à l'application de la loi, ça ne nous
empêche pas...
M. Léonard: D'en acheter.
M. Levesque: ...cependant, nous, d'acheter des titres des
municipalités. Je pense que ça c'est désirable
partout.
M. Léonard: C'est correct.
M. Rhéaume: L'UMQ devrait être heureuse.
Le Président (M. Audet): L'alinéa d: "Par
dépôt, auprès des institutions financières
désignées par le gouvernement ou dans des certificats, billets et
autres titres ou papiers à court terme émis ou garantis par ces
institutions financières."
M. Léonard: C'est francisé, ça, papier
à court terme?
M. Rhéaume: Oui.
M. Beaulne: J'aurais une question.
Le Président (M. Audet): Oui.
M. Beaulne: Lorsqu'on avait discuté de façon
préliminaire avec le président du Conseil du trésor, qui
vous représentait à l'époque, au mois de juin, j'avais
posé la question, à savoir, si toutes choses étant
égales, c'est-à-dire au niveau de la rentabilité, est-ce
que le ministère des Finances allait favoriser les institutions
financières québécoises par ses dépôts?
M. Levesque: Oui.
M. Rhéaume: Si vous permettez, on a même une
stratégie au ministère des Finances qui consiste justement, dans
toute la mesure du possible, quand on peut avoir service égal ou
rendement égal sur nos opérations, de favoriser les institutions
locales. C'est très clair.
M. Léonard: O.K., elles sont privilégiées,
à ce moment-là.
M. Beaulne: Je pose la question, parce que lorsque j'avais
posé la même question au président du Conseil du
trésor, à l'époque, il avait été
plutôt...
M. Levesque: Évasif.
M. Beaulne: Évasif.
Une voix: II ne connaissait pas le dossier.
M. Levesque: II vous dit à rendement égal parce que
si ce n'est pas à rendement égal, là...
M. Beaulne: À rendement, évidemment, à
rendement égal...
M. Levesque: Au moins.
M. Beaulne: Oui, oui.
Le Président (M. Audet): Ça va?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Audet): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Léonard: Nous allons voter pour vous, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Adopté.
M. Léonard: Dans la mesure où il va rester des
titres, parce que si ces institutions ne font plus d'emprunts, je ne sais pas
s'il va en rester sur le marché. Mais dans la mesure où ça
les aide, je suis d'accord.
M. Levesque: Pour les municipalités c'est sûr, on ne
touche pas.
Le Président (M. Audet): Alors l'article 1 est
adopté. M. le ministre, vous avez fait part tantôt à la
commission que vous auriez peut-être un ajout à l'article 36, un
amendement.
M. Levesque: II y a un amendement ici, oui.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'on
l'inclut à l'article 1 ou si...
M. Levesque: Ça serait à l'article 1.
Une voix: On pourrait insérer après
l'article...
Le Président (M. Audet): L'article 1. 1. Une
voix:... à l'article 1. 1. Le Président (M. Audet): En
tout cas. M. Levesque: Avez-vous des copies? Une voix: Oui, bien
sûr.
M. Levesque: Ah oui! C'est celui dont j'ai parlé tout
à l'heure.
M. Léonard: Dans l'introduction? M. Levesque:
Oui.
Le Président (M. Audet): Est-ce que vous pouvez nous en
faire la lecture, s'il vous plaît? Ou préférez-vous que je
le fasse?
M. Léonard: C'est impressionant. Il faudrait au moins le
lire.
Le Président (M. Audet): Je vais en faire la lecture, M.
le ministre. Ça va?
Insérer, après l'article 1, l'article suivant: 1. 1 Cette
loi est modifiée par l'insertion après l'article 36, de ce qui
suit: "36. 1 Le ministre peut, lorsqu'il le juge opportun, pour la bonne
gestion du fonds consolidé du revenu, de la dette publique et des fonds
d'amortissement dont la gestion lui a été confiée en vertu
de la présente loi ou de toute autre loi générale ou
particulière, acquérir, détenir, investir dans ou
conclure: a) des options et contrats à court terme; b) des conventions
d'échange de devises; c) des conventions d'échange de taux
d'intérêt; d) tout autre Instrument ou contrat de nature
financière déterminé par le gouvernement. Le ministre peut
disposer des instruments, contrats et investissements visés au
présent article, ou mettre fin, selon leurs termes, aux contrats ou
conventions conclus conformément au présent article, aux
conditions et pour les montants qu'il estime les plus avantageux. Tout document
relatif à une transaction visée à cet article peut
être signé au nom du ministre, par toute personne
désignée par le gouvernement. Les charges et dépenses
encourues en vertu du présent article sont des charges et
dépenses relatives à la régie du fonds consolidé du
revenu, au sens de l'article 30, à l'exclusion de celles encourues pour
un fonds d'amortissement qui sont payables sur ce fonds. "36. 2 Une transaction
visée à l'article 36. 1 est valide et sa validité ne peut
être contestée lorsque les documents relatifs à cette
transaction portent la signature du ministre ou d'une personne
désignée par le gouvernement, conformément à
l'article 36. 1, sauf lorsque le motif d'invalidité est établi
par les termes de la transaction. Les paiements effectués en vertu de
ces transactions sont également valides et leur validité ne peut
être contestée. "
M. la ministre, est-ce que vous voulez apporter des commentaires?
M. Levesque: Oui, j'aimerais, à ce moment-ci, faire part
à la commission d'une note explicative générale, et on
pourra entrer ensuite, si nécessaire, dans les détails,
dépendant du degré de compréhension que je vais donner
dans la note explicative.
Cet article est nouveau. Il vient préciser dans la loi les
pouvoirs qui peuvent être exercés par le ministre, dans le cadre
de la gestion du fonds consolidé du revenu, de la dette publique et des
fonds d'amortissement aux fins de l'acquisition d'options ou de contrats
à terme, ou la conclusion d'échange de devises, ce qu'on appelle
des "swaps", et de taux d'intérêt, ou d'autres instruments de
nature financière déterminés par le gouvernement.
Le deuxième alinéa permet de disposer de ces instruments
financiers, de la même façon que le deuxième alinéa
de l'article 36 actuel permet de disposer des placements.
Le troisième alinéa constitue en quelque sorte une
disposition de concordance permettant au gouvernement de déterminer les
personnes autorisées à signer, au nom du ministre, les
transactions visées précédemment. Dans le cas des
transactions d'emprunts, l'article 64 est au même effet.
Le quatrième alinéa est aussi de concordance. Il assimile
les charges, les dépenses encourues pour les fins de transactions
visées par cet article à des charges et dépenses relatives
à la régie du fonds consolidé du revenu, puisque ces
transactions, nécessairement reliées aussi à la gestion de
la dette publique, du fait qu'elles résultent des emprunts
effectués, nécessitent une nouvelle assise quant à leur
paiement sur le fonds consolidé. En effet, du strict point de vue
juridique, elles seront désormais, par l'introduction du présent
article, dissociées des dispositions relatives à la dette
publique, notamment du pouvoir de prélever ces sommes à
même le fonds consolidé prévu à l'article 66.
La nouvelle disposition n'accorde pas au ministre de pouvoirs qu'il n'a
pas déjà en vertu de la loi. Cependant, ce pouvoir concerne la
gestion du fonds consolidé et de la dette publique, article 2c et 30, et
des fonds d'amortissement pour les collèges, article 28. 1 de la Loi sur
les collèges d'enseignement général et professionnel,
chapitre 29. Pour les commissions
scolaires, c'est ça. Puis, quant à 36. 2, sa
disposition...
Une voix: II manque une page...
M. Levesque: Ah bon! il me semblait aussi que ça
arrêtait sec, ça. Pour les commissions scolaires, l'article 477. 1
de la Loi sur l'instruction publique, chapitre 1-13. 3... Est-ce que c'est "I"
ça, ou...
Une voix: C'est "I".
M. Levesque: Pour les universités, l'article 6. 2 de la
Loi sur les investissements universitaires, chapitre 1-17, et pour les
institutions de santé, l'article 178. 0. 3 de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, chapitre S-5.
Selon une jurisprudence récente, comme je le mentionnais tout
à l'heure, et les interprétations qui en découlent, un tel
pouvoir de gestion se limiterait à la couverture de risques dans les cas
de transactions visées par cet article, et ne pourrait être
considéré comme valide si la transaction devait avoir un
caractère spéculatif. Sur cet aspect, les critères
d'évaluation sont encore très flexibles. Il est possible qu'a
posteriori, une transaction qu'on aurait crue de simple couverture en devienne
une qui est à caractère spéculatif. L'inquiétude
des marchés à cet égard est donc fondée, d'autant
plus que certaines banques ont subi des dommages directs en Angleterre,
d'où la jurisprudence précitée. Donc, c'est par prudence
que nous ajoutons, que nous suggérons d'ajouter cet amendement. Et
peut-être que M. Rhéaume aimerait ajouter quelque chose
là-dessus.
Le Président (M. Audet): M. Rhéaume. Monsieur avait
des questions peut-être?
M. Rhéaume: Oui.
M. Léonard: Bien, j'en aurais une plus large.
Peut-être pour finir les explications, pour qu'on comprenne un peu
mieux.
Le Président (M. Audet): Allez-y.
M. Rhéaume: En fait, cet article-là permettrait
d'effectuer exactement les mêmes transactions qu'on effectue
déjà en regard d'autres articles de la loi. Le problème
découle du fait que depuis le jugement en Angleterre, certains des
contrepartistes sont inquiets qu'une transaction qui s'est faite de bonne foi,
à des fins de couverture, au moment où elle est effectuée,
quelqu'un pourrait la contester plus tard, prétextant qu'elle a eu un
caractère spéculatif. Ce qu'on essaie de prévenir avec
ça, c'est justement de mettre un article qui viendrait couvrir et
autoriser spécifiquement le ministre à faire tel type de
transaction, disons, spécifiquement pour ces transactions-là, et
non pas en regard de son pouvoir de gestion général du fonds
consolidé et de la dette publique qu'il a déjà aux
articles 2c et 30, de façon à rassurer les contrepartistes qu'un
article particulier de la loi lui confère le pouvoir de faire ces
transactions-là. Parce que, actuellement on fait déjà
exactement ce type de transaction-là. Les conseillers juridiques du
gouvernement reconnaissent le pouvoir du ministre de les effectuer.
Les contrepartistes, cependant, leur conseillers juridiques, notamment
depuis la jurisprudence récente, se montrent inquiets parfois, parce que
quelqu'un pourrait contester, sous prétexte que la transaction a eu un
caractère spéculatif au moment de sa conclusion, la
validité de la transaction en question. Évidemment, comme les
critères qui déterminent ce qu'est une transaction
spéculative ou ce qui ne l'est pas, sont très élastiques,
variables et peu définis, les gens sont inquiets. Donc, à ce
moment-là, ils hésitent beaucoup à entrer dans certaines
transactions, par exemple, de "swaps" avec nous dans le moment, ou
hésitent à les conclure parce que leurs conseillers juridiques
leur disent que peut-être, plus tard, quelqu'un pourrait venir contester
la validité de la transaction.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, moi, je vais vous
poser une question suite aux explications qui viennent d'être
données sur la recevabilité de cet article, compte tenu des notes
explicatives du projet de loi. Il me semble que le ministère ou le
gouvernement veut se donner des pouvoirs beaucoup plus étendus que ce
dont il a besoin pour l'administration ou la création d'un fonds de
financement pour des réseaux. À l'occasion, il y touche, mais
lorsqu'on lit le début de l'article 36. 1: "Le ministre peut, lorsqu'il
le juge opportun pour la bonne gestion du fonds consolidé du revenu. "
Disons, qu'on arrêterait là. Donc, ça touche les pouvoirs
généraux du ministère des Finances. Après on
ajoute: "De la dette publique et des fonds d'amortissement dont la gestion lui
a été confiée accessoirement, compte tenu de ce projet de
loi... " Mais là, vous êtes en train de vous donner un pouvoir
général sur toutes les transactions du gouvernement, en passant
dans ce projet de loi, qui est un projet de loi à portée
limitée, en quelque sorte. Je me pose des questions, M. le
Président, sur la recevabilité de cet article, dans le cadre de
ce projet de loi. Je ne conteste pas le bien-fondé technique des
objectifs de cet article, mais la recevabilité, dans le cadre de ce
projet de loi. Je ne sais pas si vous avez une idée du point
soulevé. Il me semble que... J'aimerais entendre...
M. Levesque: On pourrait fort bien avoir apporté un autre
projet de loi et avoir apporté
ceci. On avait la loi, ici, présentement, devant la commission.
Et comme il s'agit simplement d'une question purement technique, ça ne
donne pas de pouvoir additionnel. C'est simplement qu'on profite de la
passation de cette loi pour ajouter un élément de certitude
à une incertitude qui est née à la suite, dans certains
milieux étrangers - moi, je n'aurais pas d'objection à ce qu'on
passe, un autre bill à côté, 1, 2, 3 si vous êtes
d'accord qu'on donne à nos... Mais c'est technique dans le sens que...
On pourra regarder l'autre aussi peut-être. Lorsque vous aurez vu l'autre
amendement que je vais faire à l'article 4. 1, on pourrait à ce
moment-là voir s'il y a réellement des objection. Moi, je n'ai
pas d'objections si on veut procéder autrement pour faciliter les
choses. Ce n'est pas une question dogmatique ici. C'est une question pratique
de dire on... (11 h 30)
Le Président (M. Audet): Étant donné qu'il y
a... Avez-vous des commentaires à ajouter, M. le député de
Labelle?
M. Léonard: Oui, et je laisserai peut-être la parole
à mon collègue. Si on introduit un nouveau principe dans ce
projet de loi, on saute des étapes.
M. Levesque: Ce n'est pas un principe nouveau parce qu'il n'y a
pas de pouvoir additionnel. C'est simplement...
M. Léonard: Ça s'applique là. Ce que vous
demandez par l'article 36, 1 quel que soit le bien-fondé de l'article,
ça s'applique à la gestion de tout le ministère. Or, le
projet de loi qu'on a devant nous, c'est de créer un fonds de
financement Ça ne touche pas l'ensemble des opérations du
ministère. C'est ça, la question que je soulève.
Le Président (M. Audet): M. le député, c'est
sur la recevabilité toujours? M. le député de Bertrand,
sur la recevabilité.
M. Beaulne: En fait, moi, j'aimerais apporter deux
précisions là-dessus. D'abord, sur le fond de la question) je
pense que la mécanique qui est proposée ici est tout à
fait acceptable dans le sens qu'elle reflète les pratiques qui se font
à l'heure actuelle sur le marché interbancaire et sur les
marchés des changes pour les deux raisons suivantes: d'abord, ce qui
caractérise les marchés des changes depuis un certain nombre
d'années, c'est les fluctuations et l'instabilité. Ça,
c'est une donnée qui est là, et pour demeurer, tant qu'on ne
revient pas à un régime de taux de change fixe comme celui qui a
prévalu, pendant un certain nombre d'années, sous l'égide
du Fonds monétaire international, mais ça n'a pas l'air
d'être dans l'avenir immédiat. Donc, dans ce sens-là, il
est absolument important pour les entreprises comme pour les gouvernements qui
empruntent principalement à long terme d'avoir des mécanismes de
protection.
Les mécanismes de protection qui ont été mis de
l'avant et qui sont le plus utHisés sont ceux qui concernent les
contrats à terme et, comme vous dites ici, lea conventions de change,
les "swaps". Les "swaps" sont de deux natures. Ils sont de nature au niveau:
des taux de change, pour prendre en considération les fluctuations de
taux de change, et ils visent également les taux d'intérêt
pour pallier et pour profiter, à l'occasion également, du
différentiel des taux d'intérêt qui existent entre
différents pays, puisque les taux de change sont
déterminés en grande partie par une formule qui comprend une
pondération importante en fonction des différentiels de taux
d'intérêt. C'est comme ça que les surcotes ou les
décotes, comme on appelle ça dans le métier, sont
calculées.
Un autre élément qui est nouveau sur le marché des
changes et au niveau des protections qui sont offertes jusqu'à
récemment, jusqu'à il y a deux ou trois ans, la protection
maximale qui pouvait être offerte était d'un an sur la plupart des
devises convertibles, mais depuis un certain nombre d'années, la
couverture de change, en particulier pour le dollar américain par
rapport au dollar canadien, peut s'étendre à une période
de 10 ans, ce qui est très intéressant pour des emprunteurs comme
Hydro-Québec ou pour des emprunteurs institutionnels qui empruntent en
devises étrangères sur une période de temps
prolongée, et d'autre part, de cinq ans sur le yen japonais. Dans ce
sens, moi, je comprends très bien l'importance et même je pense
qu'il est indispensable que le ministère des Finances se dote de ces
outils-là pour s'ajuster à la fois au différentiel des
taux d'intérêt. On a fait remarquer que le différentiel des
taux d'intérêt entre le Canada et les États-Unis a
dépassé le différentiel historique de 2 %. C'est
grimpé jusqu'à 5 %, et les taux d'intérêt, il ne
faut pas se leurrer, sont là pour demeurer élevés pour un
certain nombre de temps. Donc, ces mécanismes-là sont non
seulement souhaitables mais sont absolument nécessaires.
Ceci étant dit, je me pose la question, moi aussi, comme mon
collègue à savoir s'il ne vaudrait pas mieux en faire un projet
de loi spécial qui pourrait s'appliquer de façon
générale à la gestion des fonds confiés au
ministère des Finances et à d'autres ministères, parce que
je pense que, sur le fond de la question, c'est quelque chose qui est tout
à fait recevable, tout à fait acceptable. Je me demande,
effectivement, si, par contre, de l'insérer ici, c'est la façon
la plus appropriée, d'autant plus que le premier paragraphe vise,
à toutes fins pratiques, non seulement le fonds consolidé qui
veut être créé par ce projet de loi-là, mais enfin
l'ensemble des fonds administrés par le ministère des Finances et
peut-être...
Le Président (M. Audet): Le deuxième paragraphe
aussi se rapproche, je pense, davantage là.
M. Beaulne: Oui.
Le Président (M. Audet): ...et permet l'utilisation de
nouveaux modes de paiement, deniers publics, l'éventail...
M. Beaulne: C'est ça. Étant donné que c'est
un outil qui pourrait être avantageusement utilisé, non seulement
par le ministère des Finances, mais par beaucoup d'autres organismes du
gouvernement du Québec et d'autres ministères, on pourrait
peut-être en faire un projet de loi spécifique très
court.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Hull, vous avez souligné l'intention de prendre la parole.
M. LeSage: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Sur la recevabilité.
M. LeSage: Merci, M. le Président. Je ne pense pas que
l'amendement vienne à rencontre du principe du projet de loi comme tel.
En d'autres mots, là, on n'inclut pas, on n'arrive pas avec un nouveau
principe. Ça cadre bien, à mon avis, avec le projet de loi. Dans
ce sens-là, je pense que l'article et l'amendement devraient être
recevables.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, est-ce que vous
avez des commentaires à ajouter?
M. Levesque: Je remercie les membres de la commission de leur
intérêt. Le député de Hull pense qu'on respecte
l'esprit de la loi en y ajoutant simplement cette disposition. Moi, c'est mon
avis également, mais d'un autre côté, je suis prêt
à me conformer à la décision de la présidence
là-dessus. Si on pouvait peut-être le faire, peut-être pour
faciliter les choses, je ne sais pas, si vous êtes d'accord que c'est
bien fondé, puis que vous préférez le faire sans retarder,
évidemment, parce qu'on en a besoin.
M. Léonard: Bien, je trouve que... Je ne sais pas s'il est
prêt à rendre sa décision ou bien s'il veut y
réfléchir un peu à une autre séance, mais...
Le Président (M. Audet): Je serais... Écoutez
là, je serais prêt à rendre une décision, mais
j'aimerais ça que...
M. Léonard: Le vérifier?
Le Président (M. Audet): Non, pas néces- sairement.
J'aimerais peut-être que vous me... Je voudrais m'assurer que
l'argumentation que vous avez faite tantôt... Si vous pouviez revenir un
peu dessus à l'effet de... Pour la recevabilité.
-:
M. Léonard: Je pense que sur la recevabilité
on...
Le Président (M. Audet): ...parce que, je vais vous dire,
si... Avant de prendre une décision, M. le député de
Labelle, je vais vous dire, moi, sur quoi je la baserais. Si je me trompe, vous
me corrigerez. C'est que, si on regarde lés notes explicatives du projet
de loi, le premier paragraphe y touche et le deuxième aussi:
Élargit l'éventail... bon, tout ça, et permet
l'utilisation de nouveaux modes, bon, enfin. J'aimerais vous entendre encore
une dernière fois. Après, je rendrai ma décision si je
suis capable, sinon, on la mettra en suspend.
M. Léonard: Ce que je trouve, c'est que cet
article-là élargit considérablement par rapport à
l'objet même du projet de loi qui était en cause. On avait, dans
ce projet de loi, l'idée de créer des fonds de financement et
donc, de se donner une flexibilité et, pour ce faire, on
élargissait quelque peu les titres éligibles au placement.
Là, ce que je trouve dans l'article qui a été
déposé, c'est, qu'à mon sens, ça touche tout le
ministère. Et, disons qu'on n'aurait rien contre, mais ça touche
toutes les opérations du ministère, toute la gestion du fonds
consolidé du revenu, de la dette publique et puis, même si ce sont
des pouvoirs que le ministère se donne et qui sont justifiés, la
question que je pose: Est-ce que par rapport à l'objet de fond ici,
est-ce qu'on n'ajoute pas un autre principe au projet de loi? C'est ça
mon plaidoyer. L'élargissement qui était proposé ici,
c'est un élargissement qui touchait l'administration du projet de loi 2,
donc du fonds de financement qui était créé. Tandis que
là, on élargit les pouvoirs du ministère dans son
ensemble. C'est essentiellement là... Dans le projet de loi 2, il
s'agissait d'élargissement pour traiter de titres conventionnels.
Là on traite de titres modernes, nouveaux en quelque sorte.
Écoutez...
Le Président (M. Audet): Mais en quoi... Je vais vous
poser une dernière question. En quoi...
M. Léonard: Là on est en train de faire... M. le
Président, si vous me permettez la comparaison, d'un projet de loi
précis, avec un objet précis, on est en train de faire un bill
omnibus touchant les finances.
Le Président (M. Audet): Oui, en tout cas...
M. Léonard: C'est ça, c'est ça mon
point.
Le Président (M. Audet): Écoutez, je vais
entendre le ministre une dernière fois là, parce
que...
M. Levesque: D'abord, je remercie le député de
Labelle et le député de Bertrand en particulier, parce qu'on
voyait qu'il avait une expérience qui touchait un peu la carrière
du député de Bertrand. Je suis bien heureux de son "input". Je
pense que sur le fond, on s'entend. Il s'agit de savoir maintenant... C'est
votre décision, M. le Président, sur la question de
l'opportunité. Mais pourquoi je dis que je ne vois pas d'objection sur
le plan de la recevabilité, c'est que même les notes explicatives
vous indiquent que le projet de loi élargit l'éventail des titres
éiiglbles au placement temporaire des surplus du fonds consolidé
du revenu, et permet l'utilisation de nouveaux modes de paiement des deniers
publics.
Quand on regarde l'article 2, l'article 57 de cette loi est
remplacé par le suivant. Et là, encore, on voit que dans
l'alinéa 2, tout ordre de paiement visé au présent article
peut être donné au moyen d'un appareil autorisé par le
Conseil du trésor ou selon une procédure déterminée
par lui. Alors, ça affecte tout l'ensemble du ministère. Ici, il
s'agit tout simplement d'une précision qui touche les instruments dont
il est question dans ce projet de loi aussi bien que les autres. Moi, je n'en
ferais pas un plat là, mais je prétends tout simplement, M. le
Président, qu'il me semble que ça se fait
régulièrement, ça, avec des papillons qui arrivent...
M. Léonard: Les autres répondent: Fais-la donc.
M. Levesque: Non. C'est ça. À moins d'être
bien tatHlon, ce que je sais que vous n'êtes pas. Mais...
M. Léonard: Ce que je vous propose, là... M.
Levesque: Oui. M. Léonard:...
Le Président (M. Audet): Ça me chicote un peu. On
va le prendre en délibéré et on va demander conseil aux
parlementaires. D'accord?
M. Léonard: M. le Président, je me fierai
sûrement à votre décision. Je vais la respecter. Ici, dans
l'article 2, il s'agit de placements de différentes sortes. Dans
l'article qui est proposé, c'est de la mécanique du placement,
beaucoup plus que des titres. Plus on le creuse, finalement, plus il y a... Si
c'est acceptable, recevable, c'est vraiment la limite, M. le Président.
Je vois venir ça.
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Léonard: Bon, alors...
Le Préskient (M. Audet): Alors, à ce
moment-là, on peut passer à l'article 2. Il y a autre chose.
Ça va, ça?
Une voix: Ça va.
M. Léonard: Donc, c'est l'article 36.1 et 36.2 que vous
prenez en délibéré.
Le Président (M. Audet): C'est ça. L'amendement,
autrement dit.
M. Léonard: Oui. 36.1, 36.2. Le Président (M.
Audet): Oui. M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Audet): Alors, l'article 2. L'article 57
de cette loi est remplacé par le suivant. "57. Tout paiement de denier
public sur un mandat du lieutenant-gouverneur est fait par un chèque
signé par le ministre, le sous-ministre ou tout fonctionnaire
désigné par le Conseil du trésor ou par un autre ordre de
paiement autorisé par l'un d'eux. Tout ordre de paiement visé par
le présent article peut être donné au moyen d'un appareil
autorisé par le Conseil du trésor et selon une procédure
déterminée par lui." M. le ministre, des commentaires?
M. Levesque: Alors, la Loi sur l'administration
financière, M. le Président, ne me permet actuellement
d'effectuer des paiements que par des chèques officiels du ministre des
Finances. Alors, la modification vise à permettre d'autres modes de
paiement, soit notamment ceux autorisés par l'Association canadienne des
paiements, tel le virement électronique de fonds de compte à
compte. Ça se fait.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a des
commentaires? C'est adopté?
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Audet): Ça va. L'article 2 est
adopté. L'article 3. L'article 60 de cette loi est modifié par
l'insertion, après le paragraphe c du premier alinéa, du suivant:
"d) Aux fins prévues par l'article 69.5." M. le ministre, des
commentaires?
M. Levesque: Alors, "modifié par l'insertion après
le paragraphe c du premier alinéa du suivant". Cette modification
autorise le Québec à effectuer des emprunts pour fins d'avances
au fonds de financement tel que spécifié à l'article
69.5.
M. Léonard: II va être modifié.
M. Levesque: L'ajout de ce paragraphe permet de grever le fonds
consolidé des emprunts effectués aux fins du financement
regroupé. M. Rhéaume, s'il vous plaît.
Le Président (M. Audet): M. Rhéaume, allez- y.
(11 h 45)
M. Rhéaume: Une explication additionnelle. C'est que
l'article 60, actuellement, qui autorise le ministre des Finances à
faire des emprunts spécifie que ce ne sont que les emprunts requis
à trois fins, pour combler les manques du fonds consolidé du
revenu, pour renouveler les emprunts qui viennent à terme ou pour
obtenir les sommes dont le gouvernement a besoin pour financer ses
opérations courantes.
Alors, ce qu'on vient rajouter, c'est le pouvoir du ministre dés
Finances de faire des emprunts afin de transférer des sommes dans le
fonds de financement qui servira à fournir le financement
regroupé. . C'est tout ce que ça vient faire.
M. Léonard: Bien là, c'est le coeur du projet
finalement aussi.
M. Rhéaume: C'est-à-dire que ça permet au
ministre d'emprunter sur les marchés pour fournir les fonds ou
pour...
M. Léonard: Pour le fonds de financement.
M. Rhéaume: ...fournir les fonds au fonds de financement
qui, lui, effectuera les prêts par la suite aux organismes des
réseaux.
M. Léonard: C'est ça. M. Rhéaume:
Oui.
M. Léonard: Alors, c'est le principe même du projet
qui est en cause.
M. Levesque: C'est une modalité essentielle pour donner
suite à...
M. Rhéaume: C'est ça. Le principe du projet se
retrouve à l'article 69, évidemment 69.5 et 69.6, mais la
modalité qui permettra d'y arriver est à l'article 60.
Voyez-vous, l'article 69.5 permettra au ministre d'avancer des sommes au fonds
de financement; l'article 60 lui permet d'emprunter afin d'avancer les sommes
au fonds de financement.
M. Léonard: Alors, la question. Dans la mesure où
les gens acceptent, sont consentants à ce que le gouvernement emprunte
pour eux, je pense qu'on va être d'accord avec ça. Et dans la
mesure où ils ne le seraient pas, par exemple, comme le Conseil scolaire
de l'île de Montréal, sur la mécanique... Bien,
adopté surdivision.
M. Levesque: On pourra en parler tout à l'heure.
Le Président (M. Forget): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Léonard: Adopté sur division pour les
réserves que j'inscris. Je comprends que c'est une des parties de tout
le mécanisme qui est en train d'être dessiné.
Le Président (M. Forget): Alors, l'article 3 est
adopté sur division. J'appelle l'article 4. M. le ministre.
M. Levesqiie: L'article 4 autorise le Québec à
effectuer des emprunts temporaires pour fins d'avances au fonds de financement.
Même chose.
Le Président (M. Forget): L'article 4 est
adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Forget): Sur division?
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: C'est la même chose.
Le Président (M. Forget): Adopté sur division.
Alors, j'appelle l'article 5. M. le ministre.
M. Levesque: Tiens, bonjour, M. le Président.
M. Léonard: Quelle est la différence... Un instant
là. La différence entre l'article 3 et l'article 4? Dans le cas
ici, ce sont les emprunts temporaires?
M. Rhéaume: L'article 3 permettrait les emprunts à
long terme. L'article 4 permet, à toutes fins utiles, de faire des
emprunts à taux flottant ou à court terme, d'être sur le
marché de court terme.
M. Léonard: Donc, temporraires.
M. Rhéaume: C'est ça. Par exemple, pour les moments
où le fonds de financement devra recevoir des fonds temporairement quand
il n'y aura pas suffisamment de demandes d'emprunts à long terme, pour
en faire un regroupement qui permettrait de faire une émission de taille
importante sur le marché à long terme.
M. Levesque: Ici, j'aurais un amendement.
M. Léonard: Vous avez un amendement à l'article
4?
M. Levesque: À l'article 4. Après l'article 4.
L'article 4.1. C'est ici qu'on en parle, je pense bien.
Une voix: Après que celui-ci aura été
adopté.
M. Levesque: II est adopté sur division. M.
Léonard: Adopté sur division, oui.
Le Président (M. Audet): L'article 4 est adopté sur
division. O.K. Vous avez un amendement, M. le ministre? Oui?
M. Levesque: Est-ce qu'il y en a là-bas? Le
Président (M. Audet): Alors...
M. Levesque: Je pense qu'il y en a deux ici; il y en a deux ou
trois qui n'en ont pas.
Le Président (M. Audet): Ah bon! On va les distribuer.
Alors, l'amendement se lit comme suit: Insérer, après l'article
4, l'article suivant: 4.1. L'article 62 de cette loi est modifié par
l'insertion, après le premier alinéa, du suivant: Ces emprunts
peuvent aussi être effectués dans le cadre d'un régime
d'emprunts que le gouvernement autorise et dont il établit le montant
maximal ainsi que les caractéristiques et les limites qu'il estime
nécessaires relativement aux emprunts effectués en vertu de ce
régime. Le gouvernement peut alors autoriser généralement
le ministre à conclure toute transaction d'emprunt en vertu de ce
régime, à en établir les montants et les autres
caractéristiques et à accepter les modalités et conditions
relatives à chacune de ces transactions, y inclus celles relatives
à la monnaie de paiement et à l'immatriculation des titres." M.
le ministre, vous avez des commentaires?
M. Levesque: Oui, M. le Président. L'ancien article se
lisait comme suit: "Les emprunts effectués en vertu de la
présente section le sont pour le terme "à des taux
d'intérêt", de manière, à la forme et pour des
montants que le gouvernement détermine. Ces emprunts ne doivent
être employés qu'aux fins prévus par la présente
section."
L'amendement a pour effet de dire que l'article 62 est modifié
par l'insertion, après le premier alinéa. Alors, entre les deux
alinéas de l'article 62, on retrouve ce que vous venez de lire, M. le
Président. Ça ajoute un alinéa aux fins de permettre, dans
le cadre d'un régime d'emprunt, préalablement
déterminé et autorisé par le gouvernement, d'habiliter le
ministre des Finances à conclure des transactions prévues
à ce régime. Le ministre des Finances pourra établir les
montants et les caractéristiques de chaque tirage, à
l'intérieur des balises fixées par le gouvernement, et accepter
les modalités et conditions particulières de chacune de ces
transactions.
L'article précise de plus les pouvoirs du ministre en regard de
la monnaie de paiement et de l'immatriculation des titres. Ces pouvoirs
appartenant spécifiquement au gouvernement, en vertu des articles 64 et
67, il devient ici nécessaire de préciser l'habilitation du
ministre à leur égard, car ils viennent directement en
contradiction avec ces articles.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle, avez-vous des commentaires pour l'amendement?
M. Levesque: Peut-être que M. Rhéaume aimerait
compléter.
Le Président (M. Audet): M. Rhéaume, allez-y
donc.
M. Rhéaume: Ce que je pourrais ajouter, c'est que,
simplement, il s'agirait d'un certain programme-cadre d'emprunt, que le
décret qui autorise le ministre des Finances à réaliser
ces emprunts soit un décret qui fixe de façon
générale les balises, et que chaque tirage qui serait
effectué sur ce programme-là, qui peut être fait
quotidiennement, n'a pas besoin d'être adopté par un nouveau
décret chaque fois, ce qui complique...
M. Levesque: Pour ce qui est des nouveaux instruments, je me suis
aperçu de ça dans l'exercice de mes fonctions, cette année
en particulier. On arrive avec de nouveaux instruments qui font qu'on a
à faire face à des modalités différentes. On peut
faire adopter un décret pour un ensemble, pour une somme, disons, plus
considérable et, justement à cause d'une nouvelle
flexibilité qu'on se donne par ces nouveaux instruments-là de
pouvoir aller sur le marché pour des sommes, à l'intérieur
des sommes acceptées par décret, y aller par petites tranches et,
à ce moment-là, profiter de certains avantages du marché.
Ceci fait en sorte qu'on n'est pas obligé, ça peut être
presque impossible, de revenir chaque semaine au Conseil des ministres, avec
plusieurs décrets pour... Et ceci nous rend beaucoup moins efficaces. On
ne peut pas souvent perdre une semaine à attendre de procéder et
d'arriver avec plusieurs petits décrets alors que c'est
déjà autorisé. Je ne dis pas si ce n'était pas
déjà autorisé, mais ça l'est déjà
autorisé, globalement. Si on dit, par exemple, on y va pour 100 000 000
$ mais qu'aujourd'hui, on peut en prendre une tranche de 3 000 000 $, de 2 000
000 $ ou de 5 000 000 $, mais évidemment, à l'intérieur
des balises déterminées par le décret. Voulez-vous ajouter
à ça, M. Rhéaume?
M. Rhéaume: Je pense que c'est complet en fait.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je vais soulever
encore là la question de la recevabilité de cet article.
M. Levesque: C'est de même nature.
M. Léonard: Bien, c'est de même nature là, je
pense qu'on est en train de modifier toute la Loi sur l'administration
financière du ministère. Un instant. On avait un projet de loi
qui créait un fonds de financement pour les commissions scolaires, les
hôpitaux. Là, on est en train d'élargir les
modalités d'administration du ministère des Finances. Je trouve
que, là, on s'en vient... Ce n'est pas à partir du paragraphe 2.
On élargit l'éventail des titres éligibles aux placements
temporaires dans l'article 2. Là, on est en train de dire: Ces
placements vont être effectués dans le cadre d'un régime
d'emprunt. Et je sais comment ça fonctionne au Conseil des ministres:
vous arrivez, le ministre des Finances arrive, il y a un emprunt important
à faire, donc il y a un décret. On discute sur les taux, on va
discuter sur l'endroit où c'est financé, si on va se financer en
Allemagne, si on va en Suisse, au Japon ou bien aux États-Unis, ou bien
ici, évidemment au Québec. Là, ce que vous voulez, c'est
que vous vous donnez une espèce de régime d'emprunt, donc un
cadre. Et là, à partir de là, le ministère des
Finances et les fonctionnaires parce que vous avez des
délégations ultérieurement, . alors, les fonctionnaires
vont emprunter. Vous allez avoir une espèce de décision omnibus
et durant six mois, vous ne reviendrez pas au Conseil des ministres parce que
ça va être conforme au régime d'emprunt.
M. Levesque: C'est là qu'on va donner des explications
tout de suite parce que je ne voudrais pas que vous...
M. Léonard: Là, M. le... Mais je reviens à
la recevabilité, M. le Président.
M. Levesque: Ah oui! ça c'est correct.
M. Léonard: Ce nouvel article est un article qui n'a rien
à voir avec le projet de loi. J'ai l'impression que vous êtes en
fin de session et puis là... Je ne suis même pas...
M. Levesque: Si vous me permettez.
M. Léonard: Est-ce que vous êtes allé au
Conseil des ministres faire approuver ce que vous faites là?
M. Levesque: Oui, oui. Oui, oui, oui.
M. Léonard: Par rapport à ce projet de loi 2
là?
M. Levesque: Oui, oui, oui.
M. Léonard: En tout cas, ce n'est pas ça qui est
dit dans les notes explicatives.
M. Levesque: Non, non, mais depuis... Mais les notes explicatives
ont été faites quand? En 1989. Et ceci, nous sommes allés
au Conseil des ministres la...
M. Léonard: Vous ne pouvez pas arriver avec un...
M. Levesque: Écoutez un peu. Je vais vous répondre.
Nous sommes allés au Conseil des ministres depuis deux semaines, une
semaine ou deux. Alors, c'est deux semaines, je pense. C'est ça?
Ça fait deux semaines. Alors, ça ne pouvait pas être dans
les notes explicatives d'un projet de loi qui est sur la table depuis 1989.
Deuxièmement, j'aimerais justement vous rassurer. J'aimerais rassurer le
député de Labelle et demander encore à M. Rhéaume
d'expliquer exactement parce que, là, ce n'est pas ce que vient de
décrire ce que nous demandons. Voulez-vous y aller?
M. Rhéaume: Quand on parle d'un régime d'emprunt,
il ne s'agit pas d'un programme d'emprunt global du gouvernement. Chaque
emprunt doit être autorisé par décret. Dans certains cas,
un emprunt peut comporter des modalités de tirage qui sont
particulières. Par exemple, un programme de billets à moyen
terme, qui soit sur le marché canadien ou le marché
américain, peut être autorisé par le gouvernement pour un
montant maximum, par exemple 200 000 000 $, et comporter des clauses dans le
décret, disons, que vous appelez, un décret qui était
appelé omnibus, des clauses de taux maximum d'intérêt et
d'échéance maximum. À l'intérieur de ça,
pour un programme de 200 000 000 $, on peut faire des tirages de 10 000 000 $
aujourd'hui, 5 000 000 $ demain et 20 000 000 $ la semaine prochaine. C'est
l'équivalent d'avoir autorisé une marge de crédit, ou,
disons, un emprunt par marge de crédit est autorisé et
nécessairement, on n'a pas besoin d'aller faire autoriser par un nouveau
décret chaque fois qu'on fait un tirage sur la marge en question, dans
la mesure où ça demeure à l'intérieur des balises
qui ont déjà été approuvées par
décret. Dans un cas comme celui-là, on ferait approuver par un
décret le programme en question, un programme, disons, de billets
à moyen terme qui comporterait des balises quant au taux maximum, quant
aux échéances et quant aux intermédiaires financiers avec
lesquels on
fait affaire. A l'Intérieur de cette autorisation-là,
quand viendrait le temps de faire chaque jour un tirage dessus, on ne
retournerait pas faire approuver par décret chaque tirage à
l'intérieur de ce programme-cadre qui est appelé régime
d'emprunt dans le langage financier, mais qui n'est pas un programme d'emprunt
pour le gouvernement, pour l'année ou pour six mois.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je reviens sur la
recevabilité.
M. Rhéaume: Oui, mais là-dessus...
M. Léonard: Je reviens sur la recevabilité.
À quel principe de l'actuel projet de loi vous rattachez ce que vous
venez de nous exposer et l'amendement que vous venez de déposer? Ce
n'est pas là. Ce n'est pas ça, le projet de loi 2. Ce n'est
vraiment pas ça, le projet de loi 2. On est en dehors
complètement. On est en train de dire, pour des questions de
flexibilité d'opération au ministère des Finances, on
voudrait, comme vous avez utilisé vous-même l'expression, une
marge de crédit. Ce n'est pas ça qui est là-dedans, M. le
Président. Ce n'est pas la création d'une marge de crédit
qui est dans le projet de loi 2. Je regrette. On n'est pas là... On
pourrait être d'accord avec la création d'une marge de
crédit, mais j'ai l'impression que vous vous attendiez à ce qu'il
y ait un blocage sur le projet de loi, que vous auriez déposé vos
amendements à l'Assemblée nationale après une motion de
clôture, et que personne ne les aurait lus.
Et là, tout à coup, on découvre que vous êtes
en train de créer un autre ministère des Finances, à
toutes fins pratiques, et que vous transformez de fond en comble la Loi sur
l'administration financière. Des choses comme ça, c'est
important. C'est important, je pense. Les fonctionnaires m'écoutent
présentement et je suis sûr qu'ils doivent espérer que
ça passe parce que ça va bien aller après. J'imagine bien
qu'ils ne le font pas pour rien. Mais quand vous êtes dans une
entreprise, que vous négociez une marge de crédit, le principe
d'une marge de crédit, même pas la marge de crédit
elle-même mais le principe d'une marge de crédit, c'est des
affaires. C'est comme quelqu'un qui, sur ses comptes de dépenses, vient
de ne plus payer sur facture, se faire autoriser chaque fois qu'il voyage. Il a
un compte de dépenses de 25 000 $ par année, comme celui du
ministre des Finances, et puis là, on y va. (12 heures)
M. Levesque: Ce n'est pas vrai, ça.
M. Léonard: Tant que les 25 000 $ ne sont pas
épuisés, tout est permis ou à peu près, et il y a
quelques larges balises. Et quand on a le moindre écueil, à ce
moment-là, on fait sauter une balise. Parce que ça, c'est bien
connu, la technique. On fait accepter le principe, et là, on dit: On va
faire ça en toute sainteté, on va administrer ça en toute
sainteté, il n'y aura pas de problème. On va se faire autoriser
et, au fur et à mesure que le temps passe, là, il y a une
barrière qui saute, une autre barrière qui saute, et finalement,
on se retrouve qu'il n'y a plus de contrôle du tout. C'est ça la
réalité.
Alors, M. le Président, je voudrais attirer votre attention sur
la recevabilité de cet amendement ou ce nouvel article au projet de lot.
Je trouve qu'on est complètement en dehors de l'objet du projet de loi.
On est complètement en dehors. Il s'agit d'une autre loi. Je regrette
pour le ministre. Ça peut être bien bon, son affaire, mais ce
n'est pas l'objet du projet de loi numéro 2, vraiment pas.
M. Levesque: Alors M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Levesque: ...simplement rassurer le député de
Labelle parce qu'il a eu un obiter dictum que je ne peux pas laisser
passer.
M. Léonard: Un quoi?
M. Levesque: Disons une remarque que je n'aime pas
particulièrement, étant donné que je me fais tellement un
devoir d'être très chatouilleux, justement sur les dépenses
que j'autorise, particulièrement dans le domaine des voyages. Je vous
assure que ça... Vous avez touché là...
M. Léonard: Vous avez utilisé ça comme
analogie.
M. Levesque: Parce que, ta, votre exemple est bien loin de la
réalité. Ce que nous demandons...
M. Léonard: Ouf!
M. Levesque: Non, non. Et d'ailleurs, je vous invite
à...
M. Léonard: Moi, je pensais à des entreprises. Dans
les entreprises, quand on autorise ces choses-là, ce sont toujours des
décisions importantes parce qu'on prend le temps de s'y arrêter,
justement en fonction des modalités de contrôle
ultérieures. C'est très important.
M. Levesque: Et je suis d'accord avec le député de
Labelle sur le principe du contrôle. Et d'ailleurs, vous savez, il s'agit
simplement ici d'une modalité qui ne fait que correspondre à la
réalité du développement des marchés. Et c'est
simplement se moderniser que de faire ça C'est
simplement tenir compte d'une réalité nouvelle. Mais je
tiens à rassurer le député de Labelle et la commission que
nous n'avons aucunement l'intention de déroger en aucune façon
à la procédure normale si... Nous attendrons la réponse de
la présidence sur l'amendement à l'article 1, qui est
suggéré, l'amendement à l'article 4. Et quant à la
recevabilité, soit la recevabilité des deux ou la
recevabilité de l'un ou l'autre, ça, je m'en reporterais à
la présidence. Mais...
Le Président (M. Audet): Ce que je voudrais vous dire...
M. le député de Bertrand, vous vouliez terminer sur la
recevabilité aussi. Parce que je voudrais seulement, pour éviter
qu'on... Je ne veux pas dire qu'on va perdre du temps; je ne veux pas que vous
preniez ça comme ça. J'ai demandé immédiatement au
conseiller en droit parlementaire de vérifier, voir, de regarder
là-dessus, de se pencher là-dessus pour nous donner un avis
tantôt. Alors, le même article. Alors, on va la suspendre, celle-ci
aussi et j'ai demandé à ce que ce soit... qu'on ait les avis
avant midi trente, si c'est possible. Alors...
M. Léonard: Là, on a fait un plaidoyer, tout
à l'heure, sur des opérations financières avec
l'étranger. Ça portait beaucoup là-dessus, tout à
l'heure. Là, on a un autre aspect de la question en termes
d'administration du ministère...
Le Président (M. Audet): C'est pour ça que j'ai
aussi demandé un avis.
M. Léonard: Bien oui, mais celui-ci aussi, il rentre
là-dedans. Et là, j'ai l'impression qu'on est en train de
transformer la loi de l'administration financière du ministère,
et ce n'est pas ça du tout qui est dans le projet de loi 2. Le projet de
loi 2 vise à créer un fonds de financement... À mon sens,
là, on élargit considérablement. Une chose en soi, la
création d'un régime d'emprunt plutôt que de viser
l'autorisation des emprunts, c'est très différent. Là, on
est en train de se donner un grand cadre... Moi, je ne sais pas comment le
ministre voit ça, mais...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Bertrand, brièvement, s'il vous plaît.
M. Beaulne: Bien, moi, c'étaient les remarques un peu dans
le même sens que l'article précédent. Sur le fond de la
question, je trouve que c'est acceptable, je comprends très bien
l'objectif qui est visé, mais je partage un peu les commentaires de mon
collègue, dans le sens que...
Le Président (M. Audet): Dans la forme.
M. Beaulne:... je ne suis pas convaincu que ça fait partie
de ce projet de loi là.
Le Président (M. Audet): En vertu du règlement,
tantôt, j'avais été tenté de dire que la motion
était recevable. Vous avez invoqué que ça va
peut-être à l'encontre du principe du projet de loi. D'autre part,
le ministre nous dit que le principe a été établi, il y a
plus d'un an déjà, puisque la première séance, je
pense, s'est tenue en décembre 1989. Alors, la rédaction du
projet de loi a dû se faire quelques mois précédant
ça. Alors, le conseiller en droit va le vérifier. Il va nous
rendre une décision tantôt.
Une voix:... et revenir avec un nouveau projet.
Le Président (M. Audet): Et je vous le soumettrai à
ce moment-là.
M. Léonard: M. le Président, tout ce que ça
veut dire, c'est que le projet de loi 2 a vieilli beaucoup.
M. Beaulne: Tant qu'à ça, retirons le projet.
Une voix: Nous autres aussi.
M. Léonard: Moi, je trouve que le principe qui est en
cause, ça, c'en est un important, M. le Président. Le
gouvernement, jusqu'ici, administre ses emprunts d'une façon bien
précise. Dès qu'il y a un emprunt, ça s'en va au Conseil
des ministres. C'est autorisé un par un, chaque emprunt. Maintenant, le
ministre dit: Je vais me faire donner un régime d'ordre. Alors, il va
avoir même des règlements. Je ne sais pas, peut-être pas,
parce que c'est dans le cadre d'un ministère. Ce n'est pas des
organismes... Mais ça pourrait donner lieu à l'émission de
règlements pour administrer ça. Parce qu'il faut quand même
les donner, les préciser et les accepter, ces balises-là. C'est
une autre affaire. On est en train de faire des emprunts du gouvernement,
possiblement sur pouvoir réglementaire, plutôt que d'aller au
Conseil des ministres. C'est gros. Ça veut dire quoi? Vous allez vous
faire donner une marge de crédit de 100 000 000 $ et, après
ça, vous allez emprunter par. coups de 5 000 000 $, de 10 000 000 $. Je
pensais que vous n'empruntiez plus, au gouvernement du Québec, depuis
quelque temps, depuis quelques années, paraît-il?
M. Levesque: Beaucoup moins.
M. Léonard: Beaucoup moins, là. Qu'est-ce qui vous
presse?
M. Levesque: II y a les emprunts de l'ancien régime qui
reviennent à échéance.
M. Léonard: Nous, on a payé.
M. Levesque: II faut emprunter pour les rembourser.
M. Léonard: Nous avons payé vos emprunts; vous
payez les nôtres, c'est ça? C'est la caractéristique des
emprunts.
M. Levesque: Mais les vôtres sont beaucoup plus gras.
M. Léonard: II y a l'inflation qui est passée entre
deux.
Le Président (M. Audet): D'accord. Est-ce qu'on...
M. Léonard: M. le Président, je maintiens mon point
encore plus fort que tout à l'heure...
Le Président (M. Audet): C'est noté.
M. Léonard: Parce que là, on voit très bien,
tout à l'heure, que c'était la queue du dragon. Là, le
dragon vient de montrer une autre patte. Il a montré sa queue, il a une
patte de plus. On est en train de transformer la loi de l'administration
financière, ce qui n'est absolument pas l'objet du projet de loi 2. S'il
est vieux, le projet, il n'a pas été adopté par
l'Assemblée nationale, ou bien on s'en tient aux principes qui ont
été débattus en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale, et que le ministre se fasse un autre projet de
loi modifiant la loi de l'administration financière du ministère.
Et là, on verra. On va le discuter à son mérite, à
ce qu'il propose...
M. Levesque: II faut bien comprendre, M. le Président, et
je veux rassurer le député, que si ça en fait un plat, on
peut y aller encore pour quelques semaines ou quelques mois, chaque fois, au
Conseil des ministres, et personne ne mourra... Ça ne change absolument
rien, sauf qu'on peut le faire. L'autre amendement, le premier, est plus
important. Il s'agit là de profiter du passage de cette loi pour enlever
une incertitude, tout simplement. Là, ça ne change rien sur le
principe. Dans ce cas-ci, peut-être qu'on pourrait, si on voulait, dire:
Ça ne s'applique pas seulement à ce qui est prévu dans le
projet de loi, mais ça s'applique également sur l'ensemble des
emprunts pour...
M. Léonard: Je vois, M. le Président... une
remarque...
Le Président (M. Audet): Oui, une dernière.
M. Léonard: ...une dernière remarque à la
suite de ce que vient de dire le ministre. Je vois qu'il a l'expérience
parlementaire. Il ne plaide pas beaucoup sur sa recevabilité. Il ne va
pas très loin...
M. Levesque: Parce que...
M. Léonard: ...il sait très bien qu'il s'est
avancé la main... Ah oui! oui...
M. Levesque: Ce en quoi je veux rassurer le député,
c'est qu'il n'y a rien de machiavélique dans notre poche,
c'est-à-dire qu'on voulait avoir...
M. Léonard: Je vais essayer.
M. Levesque: ...une approche pratique. Et je ne vois rien...
Ça ne change absolument rien de ce que je pense. Je ne pense en rien que
le principe du projet de loi adopté par l'Assemblée nationale se
refuse... On n'est certainement pas en train de nier quoi que ce soit du
principe du projet de loi 2. Voyons donc! On complète simplement...
M. Léonard: Ce n'est pas ça que j'ai dit.
M. Levesque: On complète simplement. Et ça
s'applique, évidemment, à plus large. C'est tout. C'est une
question... Ça arrive combien de fois, ici, de ces papillons-là
qui font exactement ça? Ça arrive
régulièrement.
M. Léonard: Vous ne niez pas le principe; vous en rajoutez
des principes.
M. Levesque: On ne touche pas au principe. On fait une... Dans le
premier cas - je termine là-dessus - on ne fait que rassurer, apporter
un éclaircissement. C'est tout simplement ça.
Dans le second cas, on dit: On continue de faire comme on faisait, sauf
qu'on trouve qu'il y a des instruments nouveaux dans le paysage qui nous
amènent à une modalité que l'on pourrait corriger tout de
suite, plutôt que de revenir à la même loi... Bien, c'est,
si on veut, être tatillon. On peut dire: Bien, il y a peut-être eu
quoique chose qui... Bon! Mais si on veut être pratique et ne pas
être... En étant toujours conforme à ce que je
considère être la lettre et l'esprit du règlement, bien
là, moi, je ne pense pas qu'il y ait là de quoi fouetter un
chat.
Mais, d'un autre côté, moi, je suis très respectueux
de la présidence et je vais attendre le résultat.
Le Président (M. Audet): Ça va. Alors, à ce
moment-là, étant donné que je vous ai entendus d'une part
et d'autre là, et que comme il y a un avis qui est demandé, on
pourrait poursuivre à l'article 5. Il n'y a pas d'autre ajout à
l'article 4? On pourrait poursuivre à l'article 5.
Alors, l'article 5, cette loi est modifiée par l'insertion
après l'article 69, de la section suivante. Alors, je vais vous faire
grâce de la lecture là, parce que c'est quand même...
M. Léonard: Je trouve ça important de lire
ça.
Le Président (M. Audet): C'est quand même
considérable. Il y a deux pages. Voulez-vous que je le lise tout, M. le
député?
M. Léonard: Oui, oui.
Le Président (M. Audet): C'est très long...
Ça a deux pages.
M. Léonard: Paragraphe par paragraphe. Ça a
été la décision du...
M. Levesque: Est-ce que vous voulez discuter, en faire la lecture
complète avant ou simplement...
Le Président (M. Audet): Regardez, on va le faire article
par article, parce que c'est des... Bon, c'est des ajouts d'articles là.
On va les prendre un par un d'abord. O. K. ? 69. 1: "Est institué au
ministère des Finances un fonds de financement, affecté au
financement par le ministre des organismes et fonds spéciaux
visés à l'article 69. 6. " M. le ministre, des commentaires?
M. Levesque: Eh bien! c'est ça qui constitue le fonds de
financement, M. le Président, et qui en donne son affectation
générale. Autrement dit, c'est une introduction. C'est... il va
falloir attendre d'arriver à ces organismes-là pour pouvoir en
discuter. On n'est pas capables d'en discuter avant d'arriver.
M. Léonard: Bien, est-ce que vous voulez qu'on passe tout
de suite à 69. 6?
M. Levesque: Bien, on peut procéder peut-être... Si
c'est plus pratique, oui, peut-être.
Le Président (M. Audet): 69. 6, puisque ça le
touche, c'est ça. Oui, 69. 6.
M. Léonard: Ou bien y aller tout de suite, et puis
après...
M. Levesque: Parce que le reste est de concordance dans le fond.
Il faut commencer à dire ces choses-là avant d'arriver...
M. Léonard: Bien, il y a une décision de principe
de créer un fonds de financement.
M. Levesque: Oui, c'est ça.
M. Léonard: Vous avez une aide de raison... fonds de
financement. Maintenant, il faut voir ce qu'il y a dedans...
M. Levesque: C'est ça.
Le Président (M. Audet): Alors 69...
M. Léonard:... quels sont les anges et les
démons.
Le Président (M. Audet): Alors 69. 6: "Le ministre peut,
à titre de gestionnaire du fonds, accorder des prêts aux
conditions et modalités qu'il détermine, aux organismes et fonds
spéciaux suivants: 1° à un collège d'enseignement
général et professionnel régi par la Loi sur les
collèges d'enseignement général et professionnel; 2°
à une commission scolaire et au Conseil scolaire de l'île de
Montréal, régi par la Loi sur l'instruction publique, ainsi
qu'à une commission scolaire régie par la Loi sur l'instruction
publique pour les autochtones, Cris, Inuit et Naskapis; 3° à un
établissement universitaire régi par la Loi sur les
investissements universitaires; 4° à un conseil régional et
à un établissement public régi par la Loi sur les services
de santé et les services sociaux, ainsi qu'à la Corporation
d'hébergement du Québec visée à l'article 178. 1 de
cette loi; 5° à tout organisme dont la loi consécutive
prévoit la possibilité pour le gouvernement de garantir les
emprunts; 6° à tout organisme dont la loi constitutive
prévoit que des emprunts peuvent être autorisés par le
gouvernement ou un ministre, lorsque tel emprunt est remboursé en
totalité ou en partie par une subvention accordée à cette
fin; 7° à tout fonds spécial ou organisme public
désigné par le gouvernement. "Le gouvernement détermine
les critères de fixation des taux d'intérêt qui peuvent
être exigés sur ces prêts, ainsi que la nature des
coûts imputables dans le calcul de ces taux ou dans le calcul du
remboursement des prêts. "
M. le ministre.
M. Levesque: Alors, il y aurait d'abord trois amendements que
j'aimerais soumettre à l'attention de la commission. Le premier,
ça serait de modifier l'article 69. 6, édicté par
l'article 5, par la suppression dans la première ligne du paragraphe 5,
du mot "constitutive". Dans le deuxième amendement... Voulez-vous les
prendre un par un? (12 h 15)
Le Président (M. Audet): Oui, ça serait
préférable, M. le ministre. On va les adopter un par un et,
après ça, on pourra...
M. Rhéaume: Si vous me permettez de donner
l'explication.
Le Président (M. Audet): S'il vous plaît, M.
Rhéaume.
M. Rhéaume: Les sociétés d'État du
gouvernement, les sociétés d'État autres
qu'Hydro-Québec, dont l'objectif est de regrouper certains des emprunts,
n'ont pas tous une loi constitutive ou certains organismes sont
créés par la loi d'un ministère plutôt que d'avoir
une loi constitutive qui est propre à cet organisme-là. C'est la
raison
pour laquelle on veut enlever le mot "constitutive", tout en laissant le
principe que c'est un organisme dont la loi prévoit pour le gouvernement
la possibilité de garantir les emprunts. Cest que, dans certains cas, la
possibilité pour le gouvernement de garantir les emprunts d'un organisme
ou d'une société d'État n'est pas dans la loi constitutive
de l'organisme, mais bien dans une autre loi plus générale.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Ça veut dire que ça
élargit davantage la portée de ta loi parce que ce que vous
dites... Vous dites: Tout organisme qui avait une loi constitutive tombait sous
le coup de la loi. À la minute où vous enlevez le mot
"constitutif, ça veut dire que ça touche de façon beaucoup
plus large des organismes du gouvernement.
M. Rhéaume: Non, ce n'est que dans la possibilité
de garantir les emprunts, là. Quand on Ht le paragraphe 5, c'est:
À tout organisme dont la toi constitutive prévoit la
possibilité pour le gouvernement de garantir des emprunts. Alors, ce
serait transformée: à tout organisme dont la loi qui ne serait
pas nécessairement sa loi constitutive, ça pourrait
être...
M. Léonard: Vous me donnez raison, là. Au fond,
ça élargit beaucoup plus la portée de ta loi quand vous
enlevez le mot "constitutif.
Une voix: Oui.
M. Léonard: C'est automatique.
M. Dubé (Jean): Ça prend une disposition dans une
loi quelque part pour permettre de garantir d'abord...
M. Léonard: Oui.
M. Dubé:... cet organisme-là, ce qu'on retrouve
spécifiquement dans certaines lois.
M. Léonard: Ah bon!
M. Dubé: Mais il n'y a pas de disposition
générale qui permet au gouvernement de garantir des emprunts des
sociétés d'État. Alors, dans ce sens-là, c'est
limitatif.
M. Léonard: En l'enlevant, ça devient non
limitatif. Vous revenez à la loi.
M. Rhéaume: C'est pour être en mesure de couvrir
l'ensemble des sociétés d'État plutôt que d'avoir...
Disons que lorsqu'on a rédigé...
M. Léonard: Les canards noirs et les canards blancs, les
deux.
M. Levesque: Me Dubé, juriste, est en charge du...
M. Léonard: Oui, oui, je pense qu'on se comprend,
là.
M. Levesque: Alors...
M. Léonard: On enlève le mot "constitutif". Alors,
ça comprend et ceux qui ont une loi constitutive et ceux qui n'ont pas
de loi constitutive et qui ont une loi générale. Donc, vous
élargissez la portée de la loi.
M. Rhéaume: Mais dont la toi générale
prévoit ta possibilité de garantir tes emprunts.
M. Léonard: C'est ça. Ça élargit la
portée de la loi. Quels organismes sont le plus visés par
ça? C'est quoi, les exemples?
M. Dubé: Notamment, on peut avoir Sidbec. Sidbec, ce n'est
pas prévu dans sa loi constitutive.
M. Rhéaume: Par exemple...
M. Léonard: Oui.
M. Rhéaume:... le cas de Sidbec.
M. Dubé:... sur la Loi sur tes compagnies.
M. Rhéaume: C'est ça. Sidbec est une
société d'État qui est créée en vertu de la
Loi sur les compagnies, qui n'a pas de loi constitutive. Par contre, la loi
générale prévoit pour le gouvernement la
possibilité de garantir les emprunts de Sidbec. Alors, dans ce
cas-là, si on laissait le mot "constitutive", par exemple, les emprunts
de Sidbec ne pourraient pas faire partie du financement regroupé.
M. Léonard: Ils ne pourraient pas. Alors, on
élargit considérablement la portée de la loi. Sidbec
n'emprunterait plus?
M. Levesque: Non, non.
M. Léonard: M. le ministre est obligé de se rendre
à mon argumentation. Je suis convaincu, vraiment là! Au moins,
dites oui là-dessus!
M. Levesque: On respecte l'intention de la loi avec ça.
Autrement...
M. Rhéaume: Simplement qu'on s'est aperçus...
M. Levesque: Autrement, si on laissait le mot "constitutive", on
se tirerait dans les pieds.
C'est plutôt une faute de rédaction, comme dit le
sous-ministre.
M. Rhéaume: Oui, c'est une faute de rédaction.
M. Léonard: Vous n'y aviez pas pensé, alors
là!
Le Président (M. Forget): M. le député de
Labelle, est-ce qu'on a...
M. Léonard: Qu'est-ce que vous dites là?
Le Président (M. Forget): M. le député de
Labelle, est-ce que l'amendement à l'article 69.6 est adopté?
M. Léonard: Je vois que ça... Disons que je ne
m'opposerai pas à cet amendement, mais on voit très bien comment
ça se comporte, comment les choses se passent. On met des choses
précises et, après ça, on effeuille le sujet. Alors, on
n'en a plus. Voilà!
M. Levesque: Alors, l'amendement à la loi...
Adopté, celui-ci?
M. Dubé: Oui, l'amendent 69.6 est adopté.
M. Léonard: Mais là, il y a beaucoup plus que
Sidbec.
M. Dubé: Mais là, on continue.
M. Levesque: L'autre amendement, ce serait: Modifier l'article
69,6, encore une fois, édicté par l'article 5, par le
remplacement à la troisième ligne du paragraphe 6, des mots "en
totalité ou en partie", par les mots "en totalité dans le cas des
municipalités et autres organismes municipaux, ou en totalité ou
en partie dans les autres cas".
M. Léonard: Un instant, là.
M. Levesque: C'est pour se rendre, justement, à la demande
de l'Union des municipalités. Celle-ci pourrait être exclue
lorsque l'emprunt n'est pas remboursé en totalité par le
gouvernement.
M. Léonard: Vous laissez le mot "constitutif", la loi
constitutive?
M. Levesque: Attendez un peu.
M. Rhéaume: Oui. Dans ce cas-là, il n'y a pas de
problème avec.
M. Levesque: Oui. On peut l'enlever aussi si vous voulez.
M. Léonard: Faites un plaidoyer. Bon. La loi constitutive
prévoit que les emprunts peuvent être autorisés par le
gouvernement ou un ministre lorsqu'un tel emprunt est remboursé en
totalité, dans le cas des municipalités...
M. Levesque: Ou en totalité ou en partie.
M. Léonard: ...et autres organismes municipaux, ou en
totalité ou en partie dans les autres cas. En totalité... Donc,
il faut, dans le cas des organismes municipaux... En totalité.
Ça, ça veut dire, par exemple, que les offices municipaux
d'habitation seraient visés par ça? Ou pas du tout, parce que
c'est... Oui.
M. Rhéaume: C'est-à-dire que...
M. Léonard: Qu'est-ce que vous visez? Quels sont les
organismes que vous visez à exclure ou qui restent visés pour les
municipalités?
M. Rhéaume: Ça vise toutes les municipalités
et tous les organismes municipaux, mais dans les cas particuliers où un
de leurs emprunts, pour l'emprunt dont le service de dette serait à 100
% payé par le gouvernement. C'est uniquement ça. Lors de nos
discussions avec l'Union des municipalités, elle tenait beaucoup
à préserver l'autonomie des municipalités dans la mesure
où une partie de leurs emprunts serait à leur propre charge, mais
consentait à ce que, pour les emprunts qui seraient en totalité
subventionnés par le gouvernement, ils puissent avoir aussi accès
au financement regroupé. Alors, c'est ce que ça vient faire.
M. Léonard: Quels sont les cas où le gouvernement
finance en totalité?
M. Rhéaume: Par exemple, dans le cas du transport en
commun, il y a certains programmes qui sont subventionnés à 90 %
et 10 % par la municipalité. S'il était jugé opportun par
la municipalité de faire deux emprunts, un pour ses 10 % et un pour les
90 %, lequel deviendrait subventionné, à ce moment-là, en
totalité, il pourrait le passer par le fonds de financement, si tel
était leur...
M. Léonard: Dans le cas des organismes de transport en
commun, effectivement, c'est le gouvernement qui garantit les emprunts, qui
paie le service de la dette.
M. Rhéaume: C'est ça.
M. Léonard: Dans le cas de la STCUM, c'est ça. Je
suppose que c'est la même chose à la CTCUQ. Mais dans le cas des
travaux d'épuration des eaux, c'est 90 %.
M. Rhéaume: 90 % ou 30 %...
M. Léonard: La moyenne, ça peut être autour
de 90 %, entre 85 % et 90 %. Ça, ce ne serait pas visé par la
loi, ici.
M. Rhéaume: Dans la mesure où un emprunt n'est
subventionné qu'en partie, donc, pas à 100 %, il ne serait pas
visé.
M. Léonard: Ah! mais là, vous allez viser...
Supposons que la municipalité, elle, sépare ses emprunts en deux.
Son 10 %, elle le finance, par ailleurs, puis le gouvernement finance 90 %,
vous considérez que c'est visé par l'article de la loi
actuellement?
M. Rhéaume: Non, ce n'est pas ce que je dis. Si c'est un
seul emprunt dont le service est...
M. Léonard: Oui, si c'est un seul, mais s'il le divise en
deux?
M. Rhéaume: S'il choisit de le diviser en deux, il va
pouvoir venir, effectivement, au fond de financement si c'est son choix.
M. Léonard: C'est comme ça que vous allez
procéder. Est-ce que c'est la municipalité qui décide ou
si c'est le gouvernement?
M. Rhéaume: Comme tous les emprunts, c'est le
règlement municipal. Comme tout emprunt de la municipalité, c'est
le règlement municipal qui va décider de ça.
M. Léonard: Mais dans la mesure où ça passe
par la Société d'aménagement des eaux, la SQAE, est-ce que
c'est elle qui décide ou est-ce que... S'il y a un...
M. Rhéaume: C'est-à-dire qu'un emprunt de la SQAE
est un emprunt d'une société d'État du gouvernement. Un
emprunt de la SQAE n'est pas un emprunt d'une municipalité.
M. Léonard: Ah bon! Oui, mais la SQAE ne garantit pas des
emprunts municipaux.
M. Rhéaume: Non. M. Léonard: Non?
M. Levesque: La Société québécoise
d'assainissement des eaux fait ses propres emprunts.
M. Rhéaume: Fait ses propres emprunts, qui sont garantis
par le gouvernement.
M. Léonard: À l'heure actuelle, est-ce que les
municipalités procèdent beaucoup avec la SQAE ou bien si les
municipalités financent elles-mêmes directement?
M. Rhéaume: Elles procèdent. Une grande
majorité passe par la SQAE.
M. Léonard: Par la SQAE. Donc, là, c'est clé
en main plus le financement que les travaux se font.
M. Rhéaume: À toutes fins utiles
M. Léonard: Dans la mesure où il y en a. Il n'y en
a plus gros. Le fait que c'est le gouvernement, ils ont diminué pas mal.
Bon...
M. Rhéaume: Comme j'expliquais, ça a
été discuté avec l'Union des municipalités, le type
d'amendement qu'on apporte ici...
M. Léonard: ils étaient d'accord? M.
Rhéaume: Oui, exactement.
Le Président (M. Audet): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Léonard: Oui. Ça va.
Le Président (M. Audet): Adopté.
M. Léonard: Dans la mesure où les
municipalités, l'Union, se sont déclarés d'accord, je vais
prendre la parole du ministre. Je sais qu'ils ont écrit une petite
lettre, l'an passé, où ils marchaient précautionneusement,
mais enfin...
Le Président (M. Audet): Sur le bout des pieds.
M. Léonard: ...ils s'y rendaient.
M. Levesque: Troisième amendement, M. le Président,
que je voulais présenter à l'article 69.6, ce serait le
suivant:
Modifier l'article 69.6 édicté par l'article 5 par
l'addition, à la fin du paragraphe 7°, des mots "à
l'exception des municipalités et des autres organismes municipaux".
Pour donner suite à ce dont nous venons de parler.
M. Léonard: Pourquoi est-on obligé de revenir au
paragraphe 7° alors qu'on a déjà traité de la question
au paragraphe 6°? Quelle est la différence entre les deux? Parce
qu'on a déjà traité des municipalités au paragraphe
6°. C'était très clair, on dit: En totalité ou en
partie, puis en totalité dans le cas des municipalités...
M. Levesque: Parce que le terme "organisme public" pourrait les
inclure.
M. Rhéaume: Le terme "organisme public", à
l'article 7°, qui serait susceptible d'être désigné
par le gouvernement comme pouvant bénéficier de ça,
"organisme public" couvre "municipalité", alors il faut venir les
exclure spécifiquement pour ne pas donner au gouvernement la
possibilité de les inclure en vertu du paragraphe 7°.
M. Levesque: D'ailleurs, c'est à la demande même de
l'Union des municipalités qui voulait s'assurer qu'on ne pourrait pas,
sous le vocable "organisme public", les inclure. Alors, trop fort casse pas,
comme on dit, on les met. Exclusion spécifique.
M. Léonard: Bon, en tout cas, pour être plus
précis, en réalité... Est-ce que M. le ministre serait
d'accord, étant donné qu'il a exclu les municipalités,
pour exclure aussi les gens comme ceux du Conseil scolaire de l'île de
Montréal? Parce qu'au fond...
M. Levesque: Dans le cas du Conseil scolaire de l'île de
Montréal, ce n'est pas la même relation qu'avec les
municipalités. Et j'ai donné les raisons, tout à l'heure,
dans mes notes préliminaires, de notre position à cet
égard. Si on pouvait disposer de celui-ci, je n'ai pas d'objection
à ce qu'on parle de l'autre cas après.
M. Léonard: C'est-à-dire disposer de cet
amendement-ci?
M. Levesque: De cet amendement, là... Pour ne pas oublier.
Pour les municipalités...
M. Léonard: On n'a pas l'intention de l'oublier, on a
juste l'intention de le sous-amender pour mettre une exclusion en ce qui
concerne...
M. Levesque: Parce qu'on va revenir là-dessus, à
l'article 69.6. Après les amendements, on revient, je pense, au
paragraphe 2°, là où on parle spécifiquement du
Conseil scolaire de l'île de Montréal.
M. Léonard: O.K. On va...
Le Président (M. Audet): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Léonard: Disons une chose, M. le
Président...
Le Président (M. Audet): Oui.
M. Léonard: ..qu'on va sauver les municipalités de
l'ogre des finances...
Le Président (M. Audet): Du dragon.
M. Léonard: Alors, au moins, prenons ce qu'on peut
prendre. Faisons ce premier geste. On va accepter l'amendement. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): O.K. Alors, l'amendement est
adopté.
M. Léonard: Très bien, au point 6°.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'on peut dire que
l'article 69.6 est adopté?
M. Léonard: Non. Ah non! non.
Le Président (M. Audet): Pas pour l'instant. On va devoir
y revenir.
M. Levesque: On va revenir.
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Léonard: O.K., on revient après.
Le Président (M. Audet): Écoutez, compte tenu de
l'heure...
M. Léonard: II n'est pas adopté. Là, on
s'entend bien que l'article 69.6 n'est pas adopté?
Le Président (M. Audet): Oui, oui, ça va, M. le
député, c'est noté. Alors, compte tenu de l'heure, la
commission va ajourner ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
MM. les députés, mesdames, la commission reprend ses
travaux. Je vous rappelle le mandat de notre commission qui est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 2, Loi modifiant la Loi sur l'administration financière et d'autres
dispositions législatives. Étant donné qu'il y a eu
consentement, Mme la secrétaire, je pense que vous auriez quelque chose
à formuler aux membres de la commission.
La Secrétaire: Oui. Il y aurait de consentement un
remplacement à annoncer. M. Audet (Beauce-Nord) serait remplacé
par M. Gobé (LaFontaine).
Décision sur certains amendements
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, avant de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi, je vais rendre une
décision sur les amendements qu'on a laissés en suspens ce matin.
J'ai consulté de part et d'autre mes collègues, qui sont
peut-être plus familiers ou . qui ont plus d'expérience que moi
dans notre système, et aussi, en collaboration avec - comment
appelez-vous ça? - le Conseil en droit parlementaire, ils
m'ont transcrit une décision écrite. Je pense, en fait,
que ça rejoint, en tout cas, les opinions que j'ai reçues de
certains collègues de part et d'autre de la Chambre.
Lors de notre étude du présent projet de loi, le ministre
a présenté certains amendements visant à insérer
dans le projet de loi un article 1.1 et un article 4.1. L'article 1.1
introduirait certaines dispositions permettant au ministre des Finances
d'effectuer, de façon générale, des transactions
favorisant la bonne gestion des fonds publics. Quant à l'article 4.1, il
prévoit la possibilité pour le ministre d'effectuer des emprunts
dans le cadre d'un régime général autorisé par le
gouvernement. Le projet de loi, quant à lui, vise à introduire
dans la Loi sur l'administration financière de nouvelles mesures
favorisant, dans un cadre et pour des fins délimitées, la gestion
des fonds publics.
Il ne m'apparaît donc pas que les amendements proposés
soient conformes à l'esprit et à la fin visée par le
projet de loi, en ce sens qu'ils élargiraient considérablement le
cadre de référence qu'on a voulu instaurer par le projet de loi,
et ils en dépassent donc la portée. A ce sujet, Beauchesne nous
rappelle, au commentaire 773 de son traité, cinquième
édition, qu'une proposition d'amendement qui dépasse la
portée du projet de loi ne peut être reçue par le
président. Alors, je déclare donc ces amendements irrecevables.
La décision ayant été rendue, on va poursuivre
l'étude du projet de loi. Nous en étions à
l'article...
M. Léonard: ...aux parlementaires d'applaudir?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Nous en étions à
l'article...
M. Léonard: Je peux quand même remercier le
président. Je pense que... J'hésite parce que je pensais que si
la décision n'avait pas été dans notre sens, il aurait
fallu que je dise le contraire de ce que j'aurais à dire et, donc,
peut-être que ça n'aurait pas été recevable. Mais en
l'occurrence, vous me permettrez de féliciter le président du
travail qu'il a fait et surtout d'avoir accroché et à nu-mains,
au moment où nous avons émis nos objections. Il nous donne
raison. Donc, nous avions raison de soulever la question.
Le Président (M. Audet): Alors, c'est noté, M. le
député de Labelle. M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président, je veux m'associer au
député de Labelle pour vous féliciter de la diligence avec
laquelle vous avez procédé et sûrement avec la
compétence avec laquelle vous avez rendu le jugement, comme nous nous y
attendions d'ailleurs, non pas tellement dans les conclusions, mais dans la
diligence et la compétence que vous avez manifestées.
Le Président (M. Audet): Bien gentil, monsieur.
M. Levesque: Ceci étant dit, M. le Président, je
m'incline en bon parlementaire devant cette décision. Bien que vous
compreniez comme moi que personne n'aurait subi de préjudice si votre
décision avait été contraire à celle que vous avez
rendue et que nous aurions pu, dans un sens pratique, arriver à des fins
auxquelles souscrivaient, d'après ce que je comprends, les
parlementaires; d'un côté comme de l'autre de cette commission.
Mais ceci étant dit, je me range devant la force de l'argumentation, la
vôtre et Beauchesne inclus.
Le Président (M. Audet): Mais vous remarquerez, M. le
ministre, que je n'ai pas rendu ma décision sur le fond des amendements,
mais bien sur la question de règlement que te député de
Labelle avait soulevée ce matin, à l'effet de changer le principe
du projet de loi.
M. Levesque: C'est ce que je voulais..
Le Président (M. Audet): C'est ce que vous avez
compris.
M. Levesque: ...vous dire, M. le Président. Le
Président (M. Audet): Ça va.
M. Léonard: Je voudrais relever une remarque, sans
enclencher une discussion, mais relever une remarque du ministre des Finances,
qui a été longtemps leader du gouvernement, et qui me semble...
Il doit sûrement avoir dépassé sa pensée quand il a
dit que personne n'a été lésé. Il y aurait eu au
moins l'Assemblée nationale, qui l'aurait été dans ses
droits...
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: ...si vous nous aviez passé une petite
vite comme ça, rapidement, sans trop de... En tout cas, je vois, M. le
Président, que vous avez bien jugé. Je me suis même
demandé de quel comté vous étiez, finalement. Ha, ha,
ha!
M. Levesque: Ha, ha, ha!
Étude détaillée (suite)
Le Président (M. Audet): Alors, nous poursuivons à
l'article 5. Nous étions à l'article 69.6. Il y avait trois
amendements qui avaient été adoptés
M. Levesque: Même quand on n'a pas la
robe nuptiale, on peut avoir un comportement digne d'un
parlementaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Alors, à l'article 69.6,
nous étions à l'alinéa 1°, je pense. C'est
ça?
M. Léonard: Oui. On va retrouver nos affaires.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Labelle, je pense que vous aviez aussi quelque chose à l'article
69.6.
M. Léonard: Oui. Nous voulions, évidemment, parler
du Conseil scolaire de me de Montréal.
Le Président (M. Audet): Oui, d'accord.
M. Léonard: Est-ce que le ministre a d'autres amendements
comme ceux qu'il nous a déposés ce matin, sur lesquels on
pourrait se poser la question de la recevabilité?
M. Levesque: Non.
M. Léonard: Non. Vos intentions douteuses sont
terminées?
M. Levesque: Non, sauf, peut-être, la date d'entrée
en vigueur, mais on n'est pas rendus là.
M. Léonard: Est-ce que ça, c'est dépendant
aussi des décisions à Ottawa, comme celle de la TPS?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Je ne sais pas si le Sénat va
s'intéresser à ce projet de loi là.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Audet): Alors...
M. Léonard: Alors, ce que nous avons fait avant le
déjeuner, c'est que nous avons adopté trois amendements.
Le Président (M. Audet): C'est ça.
M. Léonard: Nous n'avons pas adopté les articles
encore; on les a simplement modifiés.
Le Président (M. Audet): C'est ça.
M. Léonard: Je voudrais soulever la question du Conseil
scolaire de l'île de Montréal et demander l'exclusion...
M. Levesque: Est-ce qu'on pourrait adopter le premier... Ou
est-ce qu'on adopte tout ça un par un, les paragraphes, M. le
Président?
M. Léonard: On peut les étudier un par un,
rapidement.
M. Levesque: Oui.
Le Président (M. Audet): Je laisse ça libre parce
que... Il y a plusieurs articles, alors, si on fait... Parce que si on prend
une enveloppe de temps pour chaque alinéa ou pour chaque paragraphe,
ça ne finit plus.
M. Levesque: On va...
Le Président (M. Audet): Je vous laisse aller et quand on
sera prêts à l'adopter, on passera à l'adoption.
M. Levesque: D'accord. On va écouter le
député de Labelle.
Le Président (M. Audet): Nous sommes à l'article
69.6, 2°, c'est ça?
M. Levesque: Oui, pour le Conseil scolaire. Le
Président (M. Audet): C'est ça.
Conseil scolaire de l'île de
Montréal
M. Léonard: M. le Président, nous avons eu un
certain nombre de représentations qui ont été faites par
le Conseil scolaire de IHe de Montréal. Je crois que le ministre
lui-même les a reçues. Nous en avions reçu, du Conseil
scolaire de ITle de Montréal, au mois de juin, une lettre en
particulier, datée du 6 juin, mais il y en a eu une autre qui est
parvenue au ministère vers le début de novembre ou à la
fin d'octobre. Je ne sais pas si le ministre...
M. Levesque: Le 31 octobre, oui.
M. Léonard: Le 31 octobre. Dans ce document qui vous est
parvenu, et il en est parvenu un autre, je pense, ultérieurement...
M. Levesque: Non.
M. Léonard: C'est le seul.
M. Levesque: C'est le dernier, en date du 31 octobre. Quant
à moi, j'ai répondu, tout récemment, à cette lettre
que j'adressais moi-même à M. Jacques Mongeau, président du
Conseil scolaire de l'île de Montréal.
M. Léonard: Je vais me référer à la
page 5 de cette lettre du Conseil scolaire de l'île de Montréal -
le document que j'ai ici - où il
traite des résultats obtenus. Le Conseil scolaire dit ceci - je
vais le citer, si vous le permettez: "Grâce à la structure qu'il a
mise sur pied, le Conseil a pu combler ses besoins de financement à long
terme à des conditions fort avantageuses. " Le tableau joint à
l'annexe 6 présente des résultats spécifiques des
émissions d'obligations effectuées par le Conseil depuis 1980, en
faisant écart des écarts Canada-Conseil, Québec-Conseil et
Canada-Québec.
L'examen des 11 dernières interventions du Conseil dans les
marchés financiers permet d'établir que l'écart
Québec-Conseil se situe à 32 points de base, écart qui est
bien en deçà de l'évaluation de 37 points
centésimaux avancés lors de la commission parlementaire du 6 juin
1990, alors qu'on affirmait que la performance du Conseil s'apparentait
plutôt à celle des emprunts effectués par le
ministère des Finances pour te compte des autres organismes
d'éducation de la province.
À cet égard, nous avons dressé, dans un premier
temps, à l'annexe 7, la liste des emprunts négociés pour
les organismes d'éducation depuis 1987. Dans un second temps, nous avons
confronté, à l'annexe 8, tes conditions négociées
par le Conseil, lors de ses derniers emprunts, a celles qui furent
négociées pour le compte d'autres organismes d'éducation
dans les mêmes périodes. Il ressort de l'analyse de ces
données que les conditions des 5 derniers emprunts à long terme
du Conseil ne sauraient se comparer à celles des emprunts des autres
organismes d'éducation. Ainsi, le Conseil a négocié des
écarts plus avantageux que ceux consentis à la majorité
d'entre eux. De plus, I a pu se concentrer sur des échéances de
20 ans dans 4 de ses 5 émissions, ce qui est très prisé
des investisseurs institutionnels, alors que les autres organismes ne les ont
pas obtenues dans la plupart des cas.
Enfin, à cause de sa réputation et de l'importance de ses
emprunts, le Conseil, bénéficiant d'une entrée
privilégiée auprès d'investisseurs institutionnels, a pu
effectuer deux placements privés pour des montants de 40 000 000 $ et 50
000 000 $. J'arrête ici, pour l'instant, pour bien mentionner au ministre
que nous n'en sommes pas à des emprunts de 3 000 000 $ en moyenne. Il
s'agit là d'emprunts fort importants qui sont toujours garantis par le
Québec, si je comprends bien, et donc, ils ont une expertise
accumulée. Ils ont sûrement des investisseurs qu'ils connaissent
eux-mêmes et qu'ils avertissent des émissions d'emprunts qu'ils
font.
Le Conseil continue en disant: "Les emprunts du Conseil ne souffrent
donc pas de comparaison avec ceux des autres organismes d'éducation,
tant par les montants émis, les échéances visées
que par l'écart avec les titres du Québec. " Il faut aussi
souligner que chaque fois que les écarts Québec-Conseil se sont
élargis, les écarts Canada-Québec ont évolué
dans le même sens parce que le contexte économique qui
prévalait alors était difficile. Ainsi, le Conseil scolaire a mis
en place, au cours des années, une organisation efficace qui lui a
procuré tous les fonds nécessaires à son financement
à long terme, et ce, à des taux très compétitifs,
alors que les autres organismes d'éducation n'ont pu occuper une place
aussi privilégiée dans les marchés financiers.
Cet excellent rendement est dû à la qualité de ses
interventions, à la fréquence et au volume de ses transactions,
de même qu'à sa stabilité comme organisme emprunteur, ce
que le ministre a justement souligné ce matin, qu'il voulait viser comme
objectif, parce que la stabilité, la liquidité, étaient
importantes. Et c'est ce que nous trouvons dans le Conseil scolaire de
l'île de Montréal. Ce que dit le Conseil, par la suite, il parle
des effets du projet de loi 2 sur le pouvoir d'emprunt du Conseil scolaire. Le
projet de loi 2, en instituant un fonds de financement, ne prive pas le Conseil
scolaire de son pouvoir d'emprunt, mais il rend son exercice dans les
marchés plus sporadique et plus aléatoire, puisque ses emprunts
à long terme sur le marché libre seront dorénavant
limités aux périodes de pénurie du fonds de financement
que le projet de loi veut instituer.
La facture du projet de loi ainsi que les commentaires entendus lors des
discussions en commission parlementaire, illustrent bien tes limites du fonds
de financement à pourvoir initialement et sur une base
régulière par la suite, aux besoins financiers des organismes
visés. Mise à part la création du fonds qui est
décrété dans le projet de loi, toutes les modalités
de fonctionnement du fonds en regard des organismes sont laissées
à la discrétion du ministre.
Quels seront les coûts d'opération du fonds tels que
décrits à l'article 69. 7, paragraphes 2° et 3° du projet
de loi, qui viendront s'ajouter aux coûts de financement et devraient
normalement réduire l'écart actuel entre les emprunts de la
province et ceux du Conseil? Nous n'en savons rien. Quand te fonds sera-t-il en
mesure d'offrir ses prêts aux organismes? On n'est pas en mesure de le
dire. Ça se fera graduellement, mais selon un commentaire émis en
commission parlementaire, on n'avise pas prioritairement les organismes qui ont
une niche sur le marché; c'est évident. Ne pouvant plus planifier
les modalités de ses emprunts, non plus que le moment pour le faire, la
crédibilité du Conseil auprès des courtiers et des
prêteurs en sera d'autant affectée que l'expertise qu'il s'est
donnée s'amenuisera au fit du temps.
Afin d'atténuer tes appréhensions des organismes
visés par le projet de loi, des porte-parole du ministère des
Finances ont aussi affirmé à maintes reprises en commission
parlementaire que l'adhésion au fonds demeurait volontaire. N'ayant
aucune obligation de recourir à un prêt offert par le fonds, le
Conseil pourrait
ainsi garder le contrôle de ses opérations de financement.
C'est là une forme de volontariat bien factice, puisque le Conseil devra
absorber un supplément de dépenses à être
déterminé par le ministère des Finances, chaque fois qu'il
décidera de ne pas utiliser les sommes offertes par le fonds. Son budget
d'opération ne lui laissant pas cette marge de manoeuvre, le Conseil ne
pourra jamais se prévaloir de cette alternative dans la meilleure des
conjonctures. Par ailleurs, lorsqu'il devra suppléer aux périodes
de carence du fonds, il lui sera alors requis de retourner dans le
marché libre et d'y jouer son rôle d'emprunteur d'une
manière efficace et crédible. On comprend, en ces circonstances,
que le Conseil sera placé dans un dilemme absurde. Quel que soit le
scénario retenu, il sera toujours perdant. D'une part, s'il opte pour
transiger avec le fonds, il perdra les avantages importants qu'il s'est acquis
au cours des ans dans les marchés financiers, et lorsqu'il devra s'y
présenter à nouveau, il se retrouvera dans une position nettement
désavantagée. D'autre part, s'il choisit d'accéder
directement aux marchés financiers, il devra payer la note que, de toute
façon, il n'a pas les moyens d'assumer.
Par ailleurs, c'est important de le noter, le contexte économique
et la dynamique des marchés financiers feront en sorte que les
écarts Canada-Québec s'élargiront à mesure que
seront comblés les besoins des organismes visés par le projet de
loi. Ces besoins s'établissent à environ 2 000 000 000 $ par
année, selon l'évaluation faite par diverses maisons de courtage.
Il ne faudra pas s'étonner de voir les coûts d'emprunt du
Québec augmenter à mesure que le gouvernement cherchera à
combler les besoins des organismes visés par le projet de loi.
Alors, M. le Président, le Conseil scolaire nous a aussi fait
tenir, disons, dans deux pages, les avantages qu'il y aurait d'exclure le
Conseil scolaire des organismes visés à l'article 5 du projet de
loi 2. La structure mise sur pied par le Conseil scolaire pour effectuer ses
emprunts à long terme sur les marchés financiers, devrait
être maintenue. Les principaux avantages qui militent en faveur du
maintien de cette structure sont les suivants.
Premièrement, le Conseil scolaire jouit d'une excellente
réputation à titre d'emprunteur sur les marchés
domestiques et étrangers. Cette réputation, si elle est
maintenue, pourrait être fort utile si le fonds de financement sature son
marché avant d'avoir pu satisfaire les besoins financiers de tous les
organismes visés dans ce projet de loi, ce qui semble être un
scénario très probable.
Deuxièmement, le Conseil scolaire profite de cotes de
crédit qui rendent ses titres plus attrayants pour les investisseurs
institutionnels. Il offre aux gestionnaires de portefeuille un choix qui leur
permet de diversifier leurs placements.
Troisièmement, les émissions d'obligations du Conseil ont
toujours été distribuées en partie à
l'extérieur de la province de Québec. Elles sont
appréciées des investisseurs institutionnels ontariens qui
cherchent un titre original, du même type que ceux émis par les
conseils scolaires de cette province.
Quatrièmement, le Conseil s'est constitué un marché
qui lui est propre parce qu'il rejoint des investisseurs qui recherchent ce
genre de produit. Ces derniers ne sont pas nécessairement prêts
à lui substituer des titres du Québec.
Cinquièmement, le Conseil, comme on l'a vu plus tôt, est
aussi très actif dans les marchés secondaires pour satisfaire les
besoins de ses différents fonds d'amortissement ainsi que ses besoins de
financement à court terme. Sa présence dans ces marchés
bénéficie des retombées de son activité au niveau
de la mise en marché de nouveaux titres obligatoires puisque ce sont
là ses activités complémentaires. L'absence du Conseil des
marchés à long terme diminuera sa visibilité et nuira
à la circulation de ses titres.
M. le Président, le Conseil scolaire nous a demandé, vous
a demandé, au mois de juin, et je pense qu'il est intervenu dès
le dépôt du projet de loi à l'origine. Il est revenu
à la charge au mois de juin; il revient à la charge maintenant.
Je crois que le ministre devrait entendre ses arguments ou se rendre à
ses arguments puisqu'il a refusé d'entendre les gens, comme ce
gouvernement fait, et personne ne peut venir s'exprimer ici devant une
commission parlementaire. Alors, on voit comment on veut enrégimenter la
démocratie, couper partout à droite et à gauche. Je vais
donc, M. le Président, vous proposer... Je ne sais pas si le ministre a
l'intention de changer d'idée, mais j'ai l'intention, moi, de proposer
un amendement visant à exclure le Conseil scolaire de 111e de
Montréal. Mais peut-être veut-il réagir maintenant à
ce que je viens de lui dire ou de lui lire en partie.
M. Levesque: Alors, on a une chance que mes arguments fassent en
sorte que le député n'ait pas à présenter son
amendement.
M. Léonard: Peut-être. Vos arguments. Votre
réponse...
M. Levesque: Mais, je ne vois pas...
M. Léonard: ...je vais le dire le plus largement,
ça dépend si...
M. Levesque: Voici, M. le Président. M. Léonard:
Oui.
M. Levesque: Disons que par rapport à l'ensemble de la
loi, on parle peut-être d'un regroupement de 1 000 000 000 $ par
année, pour
l'ensemble des réseaux, tous ceux qui font partie...
M. Léonard: 1 000 000 000 $ pour les commissions
scolaires.
M. Levesque: Non, non. J'ai dit l'ensemble de ce qui est
prévu dans cette loi-là, l'ensemble des emprunts qu'on peut
imaginer pour un an. Disons que ça représenterait 1 000 000 000
$.
M. Léonard: Le Conseil scolaire de île de
Montréal, si vous permettez, je ne sais pas...
M. Levesque: Non, non.
M. Léonard:... fait référence à 2 000
000 000 $ pour l'ensemble.
M. Levesque: Oui, 1 000 000 000 $ pour les réseaux et 1
000 000 000 $ pour les sociétés d'État, disons.
M. Léonard: Ça va.
M. Levesque: Quand on parle du Conseil scolaire de l'île de
Montréal, on parle peut-être d'environ 50 000 000 $ par
année, il y a même des années qu'il n'y en a pas. Je pense
qu'il y a eu trois ans de suite qu'il n'y a pas eu d'emprunt. Ensuite, depuis
trois ans, il y en a eu... Cinq fois en six ans. Il n'est pas question pour
nous d'aller déranger le Conseil scolaire pour les emprunts à
court terme qu'il fait régulièrement. Ce sont les
émissions qu'ils font dont on parte. Et vous voyez que ce n'est pas tous
les jours que ça se fait. Mais on parlait d'un ensemble de 2 000 000 000
$ qui serait possiblement prévu par la législation à
l'étude, et ça représenterait peut-être 50 000 000 $
en moyenne par année. Il faut tenir compte de cette
proportion-là.
Deuxièmement, pourquoi est-ce qu'on ferait en sorte que seul le
Conseil scolaire de l'île de Montréal serait exempté?
Pourquoi alors que nous y sommes pour 100 %? Alors que, dans leur cas, les
municipalités, elles, n'ont aucune objection. Au contraire, elles
souscrivent à ce que nous avons introduit comme amendement au cours de
la journée. Quand c'est 100 % dans le cas des municipalités,
elles n'ont pas d'objection. La CHQ, non plus.
Alors, je ne comprends pas pourquoi il y aurait exception dans ce
cas-là, d'autant plus que, lorsque le député de Labelle
faisait la lecture du mémoire tout à l'heure, je notais qu'il
était question de 32 points de base qui seraient épargnés
par rapport à une moyenne de 37 points. Que ce soit 37 ou que ce soit 32
points de base, ça finit par faire des sous. Et le Conseil scolaire de
l'île de Montréal ne nie pas qu'il y ait des épargnes
à faire dans ces émissions-là. S'il avait un argument
prépondérant, je n'aurais pas d'objection à le revoir,
mais nous avons vu... D'ailleurs, si vous voulez, vous avez lu la lettre du
Conseil scolaire. Je pourrais vous lire ce que j'écrivais au
président tout récemment...
M. Léonard: Vous pouvez la déposer, si vous
voulez...
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection.
M. Léonard: Vous pouvez la lire, pour l'enregistrement de
la réponse. Je suis d'accord pour que vous la lisiez.
Le Président (M. Gobé): Oui, il n'y aurait pas de
problème. Vous pouvez la déposer, M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président. La situation n'a pas
changé depuis... Je me référais au 6 juin lorsque mon
collègue, M. Johnson, était venu à cette
époque-là. Vous aviez eu une séance, je crois. Alors, je
dis ceci. La situation n'a pas changé depuis et la position du
gouvernement visant à permettre au Conseil scolaire de l'île de
Montréal d'avoir accès aux sommes qui seront rendues disponibles,
via le fonds de financement à être créé, demeure la
même. La performance et l'expertise du Conseil scolaire ne sont nullement
mises en doute dans la démarche que nous avons entreprise. Ce qui est
fondamental à cet égard, c'est le fait que pour les
activités qu'il subventionne, le gouvernement a avantage a emprunter en
son propre nom, plutôt que de laisser les organismes subventionnés
le faire directement. D'ailleurs les données sur les écarts de
rendement entre les emprunts du CSIM et ceux du Québec,
présentées en annexe à votre lettre, le démontrent
bien.
Les chiffres sont reconnus de part et d'autre. Il y a une
différence reconnue par le Conseil scolaire de I'île de
Montréal, de 32 points de base. Dans l'optique... Là, je ne
lisais pas la lettre, je viens d'avoir une parenthèse; je ferme la
parenthèse. (16 h 15)
M. Léonard: C'était votre propre
réflexion.
M. Levesque: C'est ça. Dans l'optique d'une saine...
M. Léonard: Même si vous avez signé la
lettre, celle-là est plus personnelle.
M. Levesque: Plus personnelle, c'est ça. Dans l'optique
d'une saine gestion... On ne peut rien vous cacher!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Dans l'optique d'une saine... Ah bien là!
c'est encore: ferme la parenthèse. Je continue à la citer, la
citation - d'une saine
gestion des finances publiques, il est du devoir du gouvernement,
responsable face aux contribuables, de mettre en place les processus de
financement les plus économiques et les mieux adaptés au
marché financier en constante mutation. L'avantage du regroupement quant
aux écarts de rendement doit se mesurer en comparant les coûts des
emprunts émis par les organismes et ceux émis par le
gouvernement, plutôt que par rapport aux emprunts individuels des autres
organismes des réseaux. Les écarts de rendement identifiés
dans le mémoire que vous m'avez transmis, soit d'au moins 32 points de
base en moyenne entre les emprunts du CSIM et ceux du gouvernement,
représentent, vous en conviendrez, des sommes substantielles.
Si l'on examine, par ailleurs, les écarts de rendement
rapportés dans ce même mémoire, on peut constater que
certains emprunts du CSIM ont pu être émis, à l'occasion,
à des écarts de rendement inférieurs à ceux
observés sur les emprunts des autres commissions scolaires. Cela ne fait
qu'appuyer la pertinence de procéder au regroupement d'emprunts. Si un
regroupement partiel peut procurer certains avantages sur ce plan, il
apparaît encore préférable de procéder à un
regroupement plus large.
D'autre part, il n'y a pas lieu de craindre - je pense que ça,
ça va les rassurer - que le gouvernement doive faire face à une
pénurie de marchés pour ces emprunts, pénurie qui pourrait
être occasionnée par le regroupement des emprunts d'autres
entités du secteur public avec les siens, qui risquerait d'augmenter ses
propres coûts d'emprunt. En effet, l'accès du gouvernement aux
marchés financiers étrangers et nationaux lui assure des sources
de financement fort importantes.
En outre, il faut rappeler que l'implantation du financement
regroupé sera effectuée - ça c'est encore important -
graduellement, sur une période d'au moins trois ans, en
commençant par les emprunts les plus coûteux. Dans la mesure
où les emprunts du CSIM sont moins coûteux que ceux des autres
commissions scolaires, ils seraient évidemment les derniers de ce
réseau à être regroupés, et en tenant compte de la
disponibilité de fonds et de la profondeur des marchés.
En espérant que ces explications supplémentaires, etc.
Voilà.
M. Rhéaume pourrait peut-être donner quelques chiffres pour
compléter l'information.
M. Rhéaume: Juste à titre d'illustration, quand on
parle d'un écart de 32 points de base entre les emprunts
réalisés par le Conseil et ceux que le gouvernement pourra
réaliser en son propre nom, sur les 5 dernières émissions
qui totalisaient 225 000 000 $, 32 points de base sur la durée des
emprunts de 10 ans, ça représente 5 000 000 $ de dépenses
additionnelles en service de la dette.
Quant à la présence régulière d'un
emprunteur sur les marchés, on doit souligner que, comme l'a dit le
ministre tout à l'heure, le Conseil scolaire a déjà
été trois ans sans être présent sur les
marchés à long terme, au Canada ou ailleurs, et qu'il a paru
seulement cinq fois au cours des six dernières années.
Du côté des coûts d'administration là, dont on
dit que pour le moment on ignore de quoi il peut s'agir, évidemment, les
coûts d'émission et les frais d'administration étant eux
aussi subventionnés à 100 %, via les dépenses
gouvernementales, il n'y a pas de logique qui puisse permettre de croire qu'ils
seraient indûment gonflés parce qu'ils sont subventionnés
à 100 %. Les estimés qu'on a, à ce moment-ci, c'est que
tout inclus, frais de gestion et frais d'administration compris, ça
viendrait gruger entre 1 et 2 points de base sur l'économie possible en
haut de 30 points de base.
Je veux rappeler aussi que la question qui nous a amenés à
laisser les emprunts du Conseil scolaire comme étant des emprunts qui
pourraient bénéficier du financement regroupé, c'est le
fait qu'ils sont subventionnés à 100 %, comme les emprunts des
municipalités qui sont subventionnés à 100 % ont
été laissés dedans, à la satisfaction de l'Union
des municipalités, comme ceux de la CHQ, par exemple, qui est un
organisme de regroupement de certains emprunts du secteur de la santé et
des services sociaux. Ils ont été laissés dedans et n'ont
pas soulevé de problème face aux gens de la CHQ.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Labelle.
M. Léonard: Moi, je pense que je vais quand même
déposer mon amendement et le débattre. On pourra le rejeter
formellement si le gouvernement maintient son attitude. Il y a un autre
argument auquel vous n'avez pas répondu actuellement, c'est celui de la
diversité des marchés du Conseil scolaire de IHe de
Montréal. Ils disent qu'ils ont une clientèle qui finance en
Ontario, dans d'autres provinces, par exemple. Est-ce que le Québec a un
accès? Vous allez me dire qu'il a un accès par les maisons de
courtage, mais eux peuvent avoir un accès direct à des
prêteurs particuliers. Est-ce que ça, c'est un argument que vous
retenez ou que vous considérez sérieusement?
M. Rhéaume: Si je peux répondre à
cette...
M. Léonard: Ça recoupe, si vous voulez, l'argument
général où on disait que le gouvernement, en centralisant
les emprunts, va avoir, lui, à se trouver 2 000 000 000 $ de plus
d'emprunts. Ce n'est pas rien parce qu'à l'heure actuelle, le ministre
des Finances nous fait sans arrêt des discours à
l'Assemblée nationale, en nous expliquant combien il est difficile
d'aller chercher
500 000 000 $ d'emprunts par année, qu'il doit se traîner
péniblement sur les marchés étrangers, qu'il doit faire
des voyages désagréables en Europe. Bref, il se plaint d'avoir
à trouver de tels emprunts.
M. Levesque: Je regrette, mais je ne me suis Jamais plaint de
quoi que ce soit de cette nature.
Une voix: À Monte-Carlo.
M. Levesque: Monte-Carlo! Ha, ha, ha!
Une voix:...
M. Rhéaume: II est certain que les titres du Conseil
scolaire, comme ceux d'autres commissions scolaires d'ailleurs, trouvent
preneur évidemment. Ce sont des titres qui présentent un certain
attrait pour les investisseurs, pour une raison bien simple, c'est que,
jouissant de la garantie du gouvernement, c'est un crédit: ils sont
accotés sur le crédit du gouvernement, donc c'est une valeur de
crédit qui est relativement importante. La garantie est accordée
par promesse de subvention, mais c'est quand même une garantie
gouvernementale.
M. Léonard: Je suis content de vous l'entendre dire,
surtout après les discours qu'on entend où on dit que la
situation financière du Québec est catastrophique dans
l'état où on l'a laissée.
M. Rhéaume: Ceci étant dit, pour un crédit
d'une valeur équivalente, ces titres présentent l'avantage pour
certains investisseurs de payer 32 points de base de plus. C'est la raison pour
laquelle on pense que, accotés sur le même crédit, il vaut
mieux payer 32 points de base de moins, en moyenne, pour les
réaliser.
M. Léonard: Oui. Vous me dites que ça nous
coûte... Moi, je pense que, quand on regarde, quand on examine tout
ça, au fond, c'est qu'il y a, dans l'article du projet de loi
lui-même - et là ça déborde un peu ce qu'on est en
train de discuter - mais c'est un volontariat qui va disparaître. Avant,
ces gens-là s'occupaient de leurs emprunts. Le gouvernement n'avait pas
à les faire ou pratiquement pas. Tout ce que le gouvernement faisait,
c'était signer comme quoi il acceptait de donner sa garantie. Au fond,
on est en train d'amputer d'une certaine façon la marge de manoeuvre du
Conseil scolaire de 111e de Montréal.
Dans la mesure où vous allez décentraliser des choses...
Je reviens un peu à l'argumentation générale que j'ai
utilisée ce matin. C'est que les institutions locales vont avoir
à prendre des responsabilités en termes d'emprunts et, comme
elles se seront retirées, à toutes fins pratiques, du
marché, parce que si vous, vous dites... Si vous les retirez de ce
marché, elfes vont le perdre. Elles seront inconnues et avant de le
reconstruire, ça va prendre du temps.
Le Président (M. Gobé): M le ministre.
M. Levesque: Est-ce qu'on peut suspendre pour cinq minutes?
Le Président (M. Gobé): O.K. Alors, la commission
suspend ses travaux pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 25)
(Reprisée 16 h 31)
Le Président (M. Gobé): La commission reprend ses
travaux et poursuit l'étude du projet de loi 2, Loi modifiant la Loi sur
l'administration financière et d'autres dispositions
législatives. Et la parole était à M. le ministre des
Finances, lors de la suspension.
M. Levesque: Au moment de la suspension, je pense qu'on
était revenus sur la décentralisation et qu'on attendait
peut-être...
M. Léonard: Moi, je vais déposer un amendement qui
se lirait comme suit: L'article 69.6 édicté par l'article 5 du
projet de loi 89 est modifié par fa suppression dans les première
et deuxième lignes du paragraphe 2° des mots "et au Conseil scolaire
de me de Montréal".
Le Président (M. Gobé): Est-ce que je peux recevoir
votre amendement, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Oui, c'est recevable de...
Le Président (M. Gobé): Oui Alors, est-ce qu'il y a
des commentaires sur la recevabilité, M. le ministre?
M. Levesque: Non.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le
député de Labelle, non plus?
M. Léonard: En plus de ce que j'en ai dit tout à
l'heure, à la suite de la lettre, du mémoire du Conseil scolaire
de l'île de Montréal, je voudrais relever en particulier, au plan
de l'argumentation, le fait qu'au fond, il s'agit quand même d'un
organisme important qui fait des placements privés et, à ce qu'on
me dit, dont les écarts, qui étaient 32 points de moyenne sur 10
ans, en fait, se rétrécissent continuellement. Et le ministre dit
en particulier que dans sa planification...
Le Président (M. Gobé):... pas le fond. Vous
m'aviez parlé sur la recevabilité.
M. Léonard: Ah non! mais moi, je pense qu'il est
recevable. Je vous l'ai déposé là. Merci.
Le Président (M. Gobé): Vous n'avez pas d'argument
à donner?
M. Léonard: Non, non, non. Est-ce que vous le jugez
recevable ou non...
Le Président (M. Gobé): Oui, mais en vertu de
l'article 197 de notre règlement, ça concerne évidemment
le projet de loi, et à ce titre-là, il est recevable. Donc, nous
allons maintenant en débattre. Vous avez une période de 30
minutes à votre disposition; M. le ministre la même chose. Et
chacun des membres de cette commission peut, par la suite, intervenir pour 10
minutes...
M. Léonard: Parfait.
Le Président (M. Gobé):.. et la règle de
l'alternance doit jouer à ce moment-là
M. Léonard: C'est vous qui allez faire les 30 minutes, M.
le député de Hull.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Alors, je voudrais dire une chose ou un
certain nombre d'arguments sur cette question. Le Conseil scolaire a
développé lui-même son propre marché financier. Il
n'est pas, bien sûr, aussi important que celui du gouvernement, mais les
commissions scolaires, dans l'ensemble, comme vous l'avez dit tout à
l'heure, s'améliorent. Ce n'est pas non plus négligeable. Dans
l'ensemble, finalement, c'est plus important que les besoins financiers nets du
seul gouvernement. Vous doublez vos opérations de financement d'un seul
coup à l'heure actuelle. Puis je pense que l'argumentation qu'il
développait à l'effet...
M. Levesque: Non, parce que le net et le brut, ce n'est pas la
même chose.
M. Léonard: Ah oui! O. K. Je suis d'accord. C'est vrai.
Brut, c'est 2 700 000 000 $, 2 500 000 000 $, entre 2 500 000 000 $ et 3 000
000 000 $. Alors, vous rajoutez d'un coup sec 33 % là de...
M. Levesque: Mais, on le fait déjà avec eux
autres.
M. Léonard: Vous le faites déjà?
M. Levesque: On le fait déjà. C'est nous qui
faisons ça.
M. Léonard: Vous les garantissez, vous ne faites pas tous
les emprunts.
M. Levesque: On les fait. Donnez donc un exemple de ce que vous
faites.
M. Léonard: Bien alors, quelle est la proportion que vous
faites? À peu près là. Je ne vous demande pas un chiffre
exact. Au plus près.
M. Rhéaume: Pratiquement la totalité. Toutes les
émissions des commissions scolaires...
M. Léonard: Des commissions scolaires ordinaires.
M. Rhéaume:... ordinaires sont faites par le
ministère des Finances.
M. Léonard: Donc, sauf le Conseil scolaire de l'île
de Montréal.
M. Rhéaume: II faudrait que je vérifie quelque
chose là-dessus. On pourra vous répondre tout à
l'heure.
M. Léonard: O. K. Le plus gros, le plus important qui
serait exclu, c'est le Conseil scolaire de l'île de Montréal.
M. Rhéaume: À ce que je sache, les émissions
du Conseil scolaire, c'est comme les émissions des autres commissions
scolaires. Elles sont effectuées et négociées par le
ministère des Finances et émises au nom des commissions
scolaires. Mais elles sont déjà faites actuellement par le
ministère des Finances pareil.
M. Léonard: Même pour le Conseil scolaire de
l'île de Montréal? On me dit que ce sont eux qui ont
développé leur propre marché financier. Peut-on faire une
motion pour entendre des groupes encore à ce stade-ci?
Le Président (M. Gobé): Malheureusement, nous avons
dépassé ce stade-ci. C'est l'article 244 et c'est...
M. Léonard: Comme quoi ça pourrait être
utile.
Le Président (M. Gobé):... après le stade
des motions préliminaires.
M. Rhéaume: Voici, sur le fonctionnement exact dans le cas
du Conseil scolaire, c'est que le Conseil scolaire fait lui-même son
émission après avoir été autorisé par le
ministre de l'Éducation...
M. Léonard: C'est ça.
M. Rhéaume:... qui consulte le ministère des
Finances sur l'à-propos de l'émission en question. M.
Léonard: Donc, ils le font eux-mêmes. M. Rhéaume:
Exact.
M. Léonard: Donc, ça veut dire que, quand ils font
un placement privé, bien, II y a quelqu'un qui achète pour 30 000
000 $, 50 000 000 $, puis ils le placent. Ils s'occupent de le placer, mais
c'est un courtier qui le prend.
M. Rhéaume: C'est ça.
M. Léonard: C'est ça. Bon. Bien, c'est une source
importante. Est-ce que 50 000 000 $, ce n'est plus rien ou c'est vrai sur 3 000
000 000 $? Il faut s'habituer à être dans les gros chiffres. C'est
un trente sous?
M. Rhéaume: Ce que je pourrais vous répondre
à ça, c'est que c'est vrai que c'est une source
particulière. Ce qu'on trouve, c'est qu'elle coûte trop cher.
M. Léonard: Oui. Ça, j'ai compris.
M. Rhéaume: 32 points de base de plus, c'est trop cher
pour nous autres. Alors, ce qu'on se dit, c'est qu'il y a moyen de
récupérer ces sources de financement là, les sources
actuelles. Il y a moyen de les récupérer au
bénéfice d'un financement gouvernemental en émettant plus
de nos titres, de récupérer la grande majorité des sources
de financement et de faire ça tout en faisant des économies, en
éliminant les écarts de rendement. Il est bien sûr dans un
contexte où, par exemple, un emprunt du Conseil scolaire pourrait
être réalisé à un moment donné à un
écart qui serait bas si une opportunité de marché se
présentait, par exemple, à un écart de cinq points de base
ou de trois points de base, il est clair qu'on laisserait, dans de pareilles
conditions, le Conseil scolaire bénéficier de cette
opportunité-là. Parce que d'autres commissions scolaires ou
d'autres établissements des réseaux verraient peut-être
leurs écarts qui auraient pu rétrécir aussi au taux de 20
%, 25 %, par exemple. Alors, les emprunts des autres commissions scolaires
seraient ceux qui seraient regroupés. Cependant, le jour où les
écarts sont élevés et qu'on pense qu'il y a un financement
à faire pour le Conseil scolaire, mais à un moment où les
écarts seraient très élevés, ce jour-là, on
ne pourra pas venir passer un projet de loi pour permettre de faire
bénéficier le Conseil scolaire des facilités qui seront
offertes par le fonds de financement.
Alors, l'idée n'est pas de le faire à chaque coup et que
ce soit obligatoire pour le Conseil scolaire de faire tous ces emprunts via le
fonds de financement. Il est clair que ce qu'on recherche, c'est de
gérer de façon optimale l'ensemble des emprunts du secteur
public. À certaines occasions, il est bien évident qu'au nom
même des institutions des réseaux, on émettra des emprunts
en leur nom propre. En d'autres occasions, il sera plus opportun de le faire
via le fonds de financement, via la procédure de regroupement. Et
à ce moment-là, si un ou des clients potentiels du fonds de
financement ont été exclus au moment où on fait la loi, on
ne pourra pas faire un amendement législatif ce jour-là pour les
réaliser. Donc, c'est dans cette optique-là que la chose se
présente.
Quant à la question de volontariat, il faut se rappeler que de
toute manière, pour réaliser un emprunt au nom du Conseil
scolaire sur les marchés ou au nom d'une commission scolaire, le faire
dans le marché de détail ordinaire, le faire dans une niche
particulière ou le faire via le fonds de financement, ça prendra
toujours la demande formelle et la résolution d'emprunt de l'organisme
en question. S'il n'y a pas de résolution d'emprunt de la part de
l'organisme, on ne peut pas faire d'emprunt ni sur un marché, ni sur
l'autre, ni via le fonds de financement.
M. Léonard: Moi, c'est quand vous nous parlez de cette
base de volontariat. Ça me fatigue un peu parce que je trouve que ce
n'est pas ça, volontaire, de passer par le fonds de financement.
L'article commence ainsi: Le ministre peut. Mais s'il le veut... Bon,
là, il peut, mais s'il le veut, est-ce que les autres pourraient
continuer comme avant? C'est non. Alors, le volontaire, ça s'appelle un
peu du tordage de bras. Au fond, vous dites que s'il y a un écart de 32
points de base ou qu'il y en a un de 20, vous dites: Non, c'est trop cher,
donc, on ne veut pas. Alors, terminé. Je suppose que vous allez pouvoir
dans tous les cas. Votre hypothèse, c'est que vous pouvez dans tous les
cas, à toutes fins pratiques.
M. Rhéaume: C'est une habilitation qui est accordée
au ministre des Finances...
M. Léonard: Oui.
M. Rhéaume: ...à l'effet d'être
autorisé à le faire. Le "peut" dans ces articles-là, en
tout cas, ce qu'on m'a expliqué quand on l'a fait, le "peut" signifie
qu'il...
M. Léonard: Si vous, vous ne pouvez pas, comment une
commission scolaire pourrait, elle?
M. Rhéaume: Pourrait faire quoi?
M. Léonard: Emprunter. En fait, vous vous substituez
à la commission scolaire pour emprunter, à l'heure actuelle, ici.
Vous pouvez vous substituer. Votre intention, c'est vraiment de vous substituer
pour économiser des coûts. Donc quand vous me parlez de
volontariat, c'est qu'à
l'autre bout, la commission scolaire n'a pas le choix, elle embarque. Et
dans le cas, par exemple, du conseil scolaire de l'île de
Montréal... Tout à l'heure, le ministre a dit: II y aura un
échéancier; ça ne s'implantera pas d'un coup sec.
Ça va prendre deux, trois, quatre, cinq ans. C'est comme dire à
un pendu: Tu ne seras pas nécessairement pendu dans le premier six mois,
mais tu peux être sûr que tu vas l'être dans le premier trois
ans. C'est à peu près ça. C'est juste un sursis qui
pourrait être plus grand dans le cas du Conseil scolaire de l'île
de Montréal.
Mais en réalité, votre intention, c'est d'aller
centraliser tous les emprunts...
M. Rhéaume: Non.
M. Léonard: ...puis d'économiser par ce fait,
disons, X points de base.
M. Rhéaume: Dans la mesure où...
M. Léonard: Ce n'est pas du volontariat, là...
M. Rhéaume: Dans la mesure où les écarts de
rendement demeureraient au niveau où ils sont là,
présentement, il est clair qu'il y a avantage, pour le gouvernement,
à y aller par une procédure de regroupement qui permettra
d'éliminer ça. Dans le fond, on pense à terme que
ça vaut 60 000 000 $, l'élimination de ces choses-là.
Disons qu'au moment où on cherche nos cents, on pense que c'est
important.
M. Léonard: Mais je pense que le ministre doit se rendre
compte qu'une fois qu'on a fait ce regroupement-là, c'est
terminé. Parce que bâtir des sources de financement, une
crédibilité, ce n'est pas rien, et si vous décidez de
regrouper à un moment donné, bien c'est toute une espèce
d'expertise dans le décor qu'on perd, celle qui nous coûte 32
points de base en moyenne.
M. Rhéaume: Si vous me permettez de donner un exemple
là-dessus, à une certaine époque, entre 1984 et 1987, le
Conseil scolaire n'a pas émis sur les marchés pendant trois ans.
Quand il s'est présenté, en 1987, il a réalisé la
meilleure de ses émissions qu'il n'avait jamais faite après trois
ans d'absence. Alors, on pense, nous, que de ne pas être là
pendant un an ou de ne pas être là pendant deux ans, ça n'a
rien à voir.
M. Léonard: Les prêteurs avaient faim.
M. Rhéaume: II faut croire. Ça n'a rien à
voir avec la perte de marchés. Les marchés sont là, les
opportunités demeurent là.
M. Léonard: Ça peut être autre chose. Moi, il
y a aussi quand même quelque chose qui m'a toujours surpris dans ce monde
des emprunts garantis par le gouvernement. Pourquoi une commission scolaire
dont l'emprunt est garanti par le gouvernement va avoir un taux plus
élevé que si le gouvernement le fait lui-même, étant
donné que c'est la garantie du gouvernement? 32 points de base, c'est
quand même important, en termes de taux, sur un emprunt de 50 000 000 $,
disons.
M. Rhéaume: Ça dépend du client.
M. Léonard: Je veux dire, il y a des psychologies qui se
paient. Mais ça me fait penser à un certain syndicat dans le
temps, où il chargeait facilement, je ne sais pas, moi, plusieurs points
de base, en tout cas, au-dessus du taux ordinaire.
M. Rhéaume: Écoutez, il y a un mot qui explique
ça, c'est la liquidité des titres. Le ministère des
Finances, en faisant des émissions au nom du gouvernement, fait des
émissions à fort volume qui se transigent beaucoup dans les
marchés secondaires et qui sont faciles à transiger sur les
marchés secondaires quand vous avez une émission... Disons que
l'ensemble des émissions d'un emprunteur sont pour un volume beaucoup
plus petit, que les émissions ne se présentent pas souvent et en
petit volume.
Quand vous détenez, par exemple, un titre d'une commission
scolaire locale X qui a fait un emprunt à 5 000 000 $, vous n'avez pas
de marché secondaire pour ce genre d'affaire là ou
extrêmement peu. Donc, pour le manque de liquidités relatif de ces
titres-là, les prêteurs demandent une prime importante. C'est ce
qui explique la grande majorité des cas.
M. Léonard: En réalité, quelqu'un qui sait
de quoi il retourne sur le titre d'une petite commission scolaire qui a la
garantie du gouvernement présentement, il va prendre ces
titres-là parce qu'au fond, c'est la même garantie que la garantie
générale.
M. Levesque: Sauf s'il veut fa vendre, c'est ça. Il sait
d'avance que c'est moins liquide et il a une prime à payer.
M. Rhéaume; À titre d'exemple, si on regarde les
cotes de crédit, le gouvernement de l'Ontario bénéficie de
la même cote de crédit que le gouvernement du Canada. Les deux
sont des crédits AAA bien reconnus. Sauf que le gouvernement de
l'Ontario paie pour ses emprunts en moyenne 65 points de base de plus que le
gouvernement du Canada. Il y a une raison pour ça, c'est la
liquidité moindre de ses titres. C'est la même échelle chez
nous. Par exemple, les titres de sociétés d'État autres
qu'Hydro-Québec, qui transigent en moyenne une douzaine de points de
base de plus que les
nôtres, ceux d'Hydro-Québec se transigent au même
niveau que les nôtres. C'est un emprunteur qui a une base de dette aussi
importante, qui fait des émissions aussi grosses, souvent aussi
auprès du même monde et qui est accoté sur la même
garantie. (16 h 45)
M. Léonard: II s'agit de deux institutions quand
même assez distinctes sur les marchés financiers.
Hydro-Québec a une garantie du gouvernement mais plus lointaine. En tout
cas, l'écart est moins grand.
M. Rhéaume: L'écart est le même que le
nôtre.
M. Léonard: Mais dans le cas de la commission scolaire,
là, vous avez une garantie formelle que le gouvernement l'assure.
M. Rhéaume: On doit dire aussi que la garantie dont
bénéficient les organismes de réseaux est une garantie qui
est un petit peu différente de celle dont peut bénéficier
HydroQuébec ou une autre société d'État, en ce sens
que c'est une garantie par promesse de subvention, qui est donc conditionnelle
au vote de crédits annuels par l'Assemblée nationale.
M. Léonard: Ah! mon Dieu! Puis ça, ça vous
coûte 5 000 000 $ de plus sur cinq ans?
M. Rhéaume: Disons que dans le cas des cinq derniers
emprunts du Conseil scolaire de l'île de Montréal, à 32
points de base l'écart, sur la période de dix ans, ça
aurait coûté 5 000 000 $ de plus. Par contre, même si vous
avez bénéficié d'une garantie inconditionnelle sur le
fonds consolidé du revenu, les autres sociétés
d'État en bénéficient souvent. A cause du manque de
liquidités, les écarts demeurent importants. C'est ce qu'on
cherche à éliminer. Mais comme je vous dis, il peut arriver,
à certains moments, où, compte tenu de la situation du
marché, les écarts peuvent être beaucoup plus près.
S'il arrivait une telle situation...
M. Léonard: Oui, c'est ce qu'on m'a dit. Les derniers
emprunts du Conseil scolaire de l'île de
Montréal étaient à 22 points de base, de cet
ordre-là plutôt que 32.
M. Rhéaume: Oui. C'est effectivement possible qu'à
certains moments, ça se rapproche. À mon avis, 22 points de base,
c'est encore pas mal large, mais il peut arriver des situations où ce
soit meilleur que ça, et dans une occasion comme celle-là, il est
clair qu'on ne peut pas leur refuser d'utiliser le marché, à ce
moment-là, quand on en aura d'autres à regrouper ou à
financer dont les écarts seront plus importants.
M. Léonard: M. le Président, je pense que, moi, en
raison de l'expertise qui a été développée au
Conseil scolaire de I'île de Montréal, le fait aussi que ce qu'on
me dit, c'est que l'écart a tendance à se restreindre, j'aurais
proposé que le Conseil scolaire soit exclu, puis c'est l'objet de mon
amendement. Si je comprends, le ministre endosse son sous-ministre. il n'est
pas très loquace depuis un certain temps, mais il n'est pas
encore...
M. Levesque: Je laissais le député avoir
accès aux gens qui font ce travail-là directement.
M. Léonard: Oui Je suis d'accord. Ses réponses sont
bien.
M. Levesque: Je pensais que donner la pleine information
était de nature à aider la discussion. Quant à moi, je ne
suis pas capable de souscrire à l'amendement. Je serai prêt
à voter quand vous voudrez.
Le Président (M. Gobé): Nous allons appeler le
vote, si... Avez-vous terminé, M. le député de
Labelle?
M. Léonard: Oui. Ça va.
Le Président (M. Gobé): Je vais appeler la mise au
voix, mais je vais quand même lire l'amendement avant: Que l'article 69.
6 édicté par l'article 5 du projet de loi 89 soit modifié
par la suppression dans les première et deuxième lignes du
paragraphe 2° des mots "et au Conseil scolaire de l'île de
Montréal". Est-ce que c'est un vote nominal?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Gobé): Alors, Mme la
secrétaire, si vous voulez appeler le vote.
La Secrétaire: Oui. Pour ou contre la proposition de M. le
député de Labelle. M. Després (Limoilou).
M. Després: Contre.
La Secrétaire: M. LeSage (Hull).
M. LeSage: Contre.
La Secrétaire: M. Léonard (Labelle).
M. Léonard: Pour.
La Secrétaire: M. Levesque (Bonaventure).
M. Levesque: Contre.
La Secrétaire: M. Beaulne (Bertrand).
M. Beaulne: Pour.
La Secrétaire: M. Gobé (Lafontaine).
Le Président (M. Gobé): Contre.
La Secrétaire: Ça fait quatre contre, deux pour.
Rejeté.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'amendement est
rejeté par deux voix pour et quatre contre. Nous allons maintenant
continuer à débattre à l'article 69. 6, et M. le
ministre... M. le député de Labelle, vous voulez prendre la
parole?
Mouvement Desjardins
M. Léonard: Oui. Sur l'article 69. 6, le Mouvement
Desjardins avait fait connaître un certain nombre d'objections ou de
corrections qu'il souhaitait voir apporter à cet article, et le ministre
a dit tout à l'heure, vers 10 ou 11 heures, qu'il s'était entendu
avec le Mouvement Desjardins, que tout avait été
réglé finalement. Est-ce que je pourrais en obtenir l'assurance,
d'une certaine façon, qu'il y a eu des développements dans ce
dossier?
M. Levesque: Voici, M. le Président. En effet, le
Mouvement Desjardins avait fait connaître ses vues là-dessus.
C'est clair...
M. Léonard:... correspondance?
M. Levesque: Oui, mais c'est clair qu'il n'y a pas de... Le
Mouvement Desjardins n'est pas visé comme le Conseil scolaire dans
cette... Il ne faudrait pas non plus ajouter de confusion à la
discussion.
M. Léonard: Non, ce n'est pas... M. Levesque: Alors, il
s'agit...
M. Léonard: Si vous voulez, c'est un prêteur, c'est
un prêteur important dans le milieu...
M. Levesque: C'est ça, c'est ça..
M. Léonard:... des commissions scolaires, puis je suppose,
en particulier, dans le cas des courts termes, même des longs termes,
mais disons que c'est un prêteur. Alors, c'est autre chose. Lui, il est
au bout de l'opération.
M. Levesque: Nous avons eu droit à des
représentations du Mouvement Desjardins au printemps 1990, et, par la
suite, le 7 juin, on transmettait au président de la commission... Je
pense que le député de Labelle doit avoir ces
documents-là, parce qu'ils ont été transmis.
M. Léonard: J'en ai un ici, qui est daté du 7
juin...
M. Levesque: C'est ça...
M. Léonard:.. qui est adressé à M. Jean-Guy
Lemieux...
M. Levesque: C'est ça...
M. Léonard: Une autre lettre du 3 mai 1990 adressée
à M. Gérard D. Levesque, qui doit être quelqu'un que vous
connaissez?
M. Levesque: Oui, un peu.
M. Léonard: Bon.
M. Levesque: Par la suite...
M. Léonard: Bon, il y avait un ensemble
d'objections...
M. Levesque: II y a eu... M. Léonard:...
là-dessus...
M. Levesque: Oui, il y a eu ensuite des entrevues avec les
fonctionnaires du ministère, et là, on a eu des
précisions. Par la suite, M. Yves Morency, vice-président
planification de la Confédération des caisses populaires et
d'économie Desjardins du Québec a écrit à M. Alain
Rhéaume, sous-ministre, en date du 18 juin, et il demandait d'être
rassuré sur certains points, à la suite de...
M. Léonard: Le 18 juin? M. Levesque: Le 18 juin.
M. Léonard: Ça, je n'ai pas ça.
M. Levesque: Et j'ai donné suite à tout cela le 19
novembre 1990, dans une lettre à M. Claude Béland,
président du Mouvement Desjardins, et que... Je pense qu'il est bon,
peut-être, que je prenne le temps de vous lire la lettre.
M. Léonard: Oui, puis peut-être la déposer au
bout, comme l'autre de tout à l'heure. Je ne sais pas si vous avez
convenu de la déposer.
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection à déposer quoi
que ce soit, comprenons-nous bien, sauf si mes fonctionnaires me disent que ce
n'est pas d'intérêt public, mais...
M. Léonard: Mais par rapport à la réponse du
Conseil scolaire de l'île de Montréal, j'avais lu un peu leur
mémoire, puis vous avez lu vous aussi une partie de la lettre...
M. Levesque: Oui, aucune objection.
M. Léonard: ...vous avez dit, à l'époque...
O.K. Alors, là maintenant, on est au Mouvement Desjardins. Oui, je veux
bien entendre la réponse...
M. Levesque: On va être le plus transparent possible
là-dedans. M. le Président, la lettre...
M. Léonard: Oui, parce qu'il faut dire que le Mouvement
Desjardins avait demandé à être entendu. C'était la
requête de M. Béland au mois de juin.
M. Levesque: Oui. Nous n'avions aucune objection...
M. Léonard: Ça, vous avez de la misère.
M. Levesque: D'ailleurs, nous les avons rencontrés, nous
avons discuté avec eux, nous avons... En un mot, je pense que ce qui les
inquiétait, ce n'était pas parce que nous allions nous occuper de
leurs emprunts. Ce n'est pas ça l'idée. L'idée, c'est
qu'ils ne voulaient pas qu'on entre dans leurs plates-bandes un petit peu trop
par l'effet, l'impact de cette législation.
M. Léonard: Oui, je sais. Mais vous n'avez pas... ils
demandent à être entendus à la commission parlementaire. Ce
que je trouve, c'est qu'ils ont entendu des fonctionnaires du ministère,
mais ils n'ont pas... Ils ont été entendus des fonctionnaires du
ministère, mais pas de la commission parlementaire. Il y a une
différence que vous ignorez entre les deux, là.
M. Levesque: II y avait eu, on me rappelle, un amendement. Il y
avait une motion que la commission avait rajoutée pour entendre certains
témoins, il y a un an. C'est pour ça que ça n'a pas
fonctionné, mais nous avons donné suite, cependant, au moins
à l'esprit de la motion.
Alors, 19 novembre 1990. M. Claude Béland, président de la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec: M. le Président, la présente fait
suite à votre lettre concernant la position du Mouvement Desjardins
à l'égard du projet de loi modifiant la Loi sur l'administration
financière et d'autres dispositions législatives, par le projet
de loi 2. J'aimerais tout d'abord rappeler que le gouvernement du Québec
est conscient de la contribution du Mouvement Desjardins sur le plan du
développement économique régional, notamment de sa
participation au financement des régions, et ne veut en aucune
manière mettre en péril l'apport de son expertise au
bénéfice des régions. D'ailleurs, la réforme de la
loi constitutive de Desjardins que le gouvernement a menée à
terme et l'apport fiscal à la capitalisation des caisses sont des signes
tangibles de la préoccupation du gouvernement pour s'assurer du
développement et du rayonnement de cette institution. Comme il l'a
démontré antérieurement, le ministère des Finances
ne cherche en aucune façon à restrein dre la vitalité et
le dynamisme des institutions financières locales qui, pour leur
plupart, sont sous juridiction provinciale. Bien au contraire, le gouvernement
du Québec se soucie de fournir aux régions tous les moyens
nécessaires pour assurer leur prise en main en favorisant le maintien de
développement d'expertises et de compétences locales et
régionales
Cependant, tout en ayant à l'esprit de continuer à
favoriser le développement local ou régional des institutions
financières et maintenir le partenariat qui a su se développer
entre elles et le gouvernement, il n'apparaît pas approprié
d'imposer des contraintes à l'exercice de ces responsabilités de
financement sous motif qu'il pourrait y avoir danger de retour vers la
centralisation. Il va de soi que le gouvernement actuel n'entend absolument pas
se substituer aux institutions financières et s'impliquer directement et
activement dans le financement d'activités économiques, comme
c'était, par exemple, le cas antérieurement dans le secteur
agricole. Je ne crois pas non plus que la tendance qui s'est
développée jusqu'ici soit réversible.
Ceci dit, vous comprendrez toutefois que dans le contexte d'une
concurrence de plus en plus vive à laquelle se trouve confronté
le Québec, il importe non seulement pour le secteur privé mais
aussi pour le gouvernement, de trouver de nouveaux outils ou processus qui
augmenteront l'efficacité de la gestion financière Cela
apparaît encore plus évident dans le cas d'organismes dont le
service de la dette est subventionné à 100 % par le gouvernement.
Dans l'optique d'une saine gestion des finances publiques, il est donc du
devoir du gouvernement, responsable face aux contribuables, de favoriser les
processus de financement qui sont les plus économiques et les mieux
adaptés au marché financier en constante mutation.
Le projet de loi 2, déposé à l'Assemblée
nationale à l'automne 1989, faisait notamment suite à une
étude sur le financement à long terme du secteur public
québécois. Cette étude réalisée par le
ministère des Finances, en consultation avec les ministères
concernés et les courtiers en valeurs, démontre clairement que le
regroupement des emprunts à long terme de certains organismes du secteur
public serait plus efficace et permettrait de réduire substantiellement
leurs coûts de financement. C'est donc le regroupement des emprunts
à long terme qui représente l'objectif principal de la
démarche que nous avons entreprise. Le recours au financement temporaire
pour le fonds de financement n'a aucun rapport avec la possibilité de
regrouper les emprunts à court terme. Cette opportunité ne
s'inscrit que dans le souci de flexibilité et de cohérence qui
devrait être appliqué aux politiques
de financement du gouvernement. Elle nous permettra en effet de
compenser l'effet de retard du financement à long terme des
immobilisations causé par le processus même de regroupement, alors
qu'il faudra attendre d'avoir une quantité suffisante de demandes
d'emprunt avant d'effectuer un emprunt de taille appropriée sur le
marché.
La possibilité de recours au financement temporaire pour le fonds
de financement est aussi nécessaire dans un contexte de planification du
financement du gouvernement. Alors, dans certaines situations du marché,
il peut être préférable d'emprunter à court terme ou
à taux flottant sur une certaine période. Quant aux autres
aspects du financement à court terme des organismes, soit celui
relié aux dépenses de fonctionnement ou aux dépenses
d'immobilisations qui ne sont pas rendues à l'étape du
financement à long terme, il faut se rappeler à cet égard
que l'objectif du ministère des Finances demeure d'accroître
l'efficacité des processus de financement dans l'ensemble. Vu notamment
la fréquence des opérations de court terme, il n'apparaît
évidemment pas approprié de mettre en place un appareil
administratif lourd et coûteux en parallèle avec les institutions
financières existantes. Le ministère des Finances n'a donc pas
comme objectif d'engager le fonds de financement dans les activités
d'intermédiation financière pour les opérations de court
terme des établissements subventionnés. En fait, si le
gouvernement avait voulu financer directement à court terme les
organismes dont il a la charge, il aurait pu tout simplement changer les
règles de budgétisation courantes sans créer un fonds de
financement par voie législative.
Quoi qu'il en soit, je puis vous assurer, M. le Président, que le
ministère des Finances continuera ses consultations pour la mise en
opération du fonds de financement. Il est évidemment dans
l'intérêt de tous de s'assurer que les modifications
proposées soient ultimement avantageuses. C'est pourquoi les analyses et
les études effectuées tiennent compte de tous les effets
potentiels associés aux dispositifs envisagés, y compris ceux
susceptibles d'affecter la tarification des services en tout genre rendus par
les institutions financières locales.
D'ailleurs, les représentants de la confédération
de la caisse centrale Desjardins ont déjà eu l'occasion de
discuter du projet de financement regroupé, lors des rencontres tenues
avec les représentants du ministère depuis le printemps dernier.
D'autres rencontres sont envisagées pour poursuivre la
coopération à cet égard. Enfin, il ne fait nul doute dans
mon esprit que le Mouvement Desjardins saura, dans ce cas-ci comme il l'a fait
auparavant, relever le défi de l'adaptation dans un cadre de
modernisation visant l'efficacité des façons de faire et
amènera des bénéfices à l'ensemble des citoyens du
Québec, etc.
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
M. le ministre?
M. Levesque: Oui. M. le Président, c'était la
lecture de la lettre que nous avons adressée, le 19 novembre, à
M. Claude Béland. (17 heures)
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député de Labelle.
M. Léonard: Est-ce qu'il y a eu une réponse du
Mouvement Desjardins?
M. Levesque: Pardon?
M. Léonard: Est-ce qu'il y a eu une réponse du
Mouvement Desjardins à la vôtre du 19 novembre?
M. Levesque: Je vais demander à M. Rhéaume de me
dire ce qui est arrivé par la suite.
M. Rhéaume: II n'y a pas eu de réponse
écrite. M. Béland est passablement occupé par les temps
qui courent. J'ai eu l'occasion de parler avec son premier
vice-président exécutif, qui est chef de la planification, des
communications et des relations - je ne me souviens plus du reste de son titre
- M. Alban D'Amours, avec qui on avait eu les premières discussions, qui
m'a dit ceci: Effectivement, le contenu de la lettre du ministre des Finances
répond au fond des préoccupations qu'on avait et s'en
déclare satisfait. Cependant, il aurait souhaité à
l'origine, me dit-il, que tout ce qu'on a mis dans la lettre soit porté
au projet de loi ou dans une disposition réglementaire du projet de loi
- ça les aurait rassurés davantage - mais il se déclarait
quand même rassuré de l'engagement du ministre à cet
égard. Le dernier membre de sa réponse était qu'il
chercherait à discuter de la chose à nouveau avec M.
Béland et à nous contacter. Je lui ai parlé hier matin.
Jusqu'à maintenant, je n'ai pas eu d'autres nouvelles.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup. M. le
député.
M. Léonard: Si j'ai bien compris votre lettre, je peux
vous dire que par rapport aux interrogations qu'il posait, il n'y a pas
beaucoup de garanties dedans. Vous faites un énoncé de
philosophie. Oui, vous n'irez pas, mais ce n'est pas garanti non plus. Vous
comprendrez que si ça coûte moins cher, on va y aller. Moi, c'est
ce que je conclus de la lettre.
M. Levesque: L'idée là-dedans, c'est qu'on ne peut
pas se substituer aux institutions financières...
M. Léonard: Non, je comprends.
M. Levesque: ...pas plus au Mouvement Desjardins qu'à
d'autres, et on n'a pas l'intention d'arriver dans le court terme qui se
pratique quotidiennement dans les affaires courantes.
M. Léonard: Mais les intentions changent.
M. Levesque: On pourra également déposer, si M.
Morency n'a pas d'objection, parce que...
M. Rhéaume: Là, je ne peux pas dire.
M. Levesque: II faudra lui demander la permission probablement...
Avant de déposer les lettres des autres... La mienne, ça ne me
fait rien. Mais je peux donner une indication. Le 18 juin, lorsqu'on disait
qu'à la suite des rencontres qui avaient eu lieu avec les gens du
ministère chez nous, afin que les inquiétudes formulées
par le réseau des caisses Desjardins s'amenuisent, nous avons convenu de
vous souligner quelques aspects du projet qui mériteraient de faire
l'objet de précisions officielles de la part du ministre. Alors, c'est
exactement ce qu'on nous a demandé que l'on a fait.
M. Léonard: Une des objections du Mouvement Desjardins,
c'était la suivante. Au deuxième paragraphe de leur lettre du 3
mai, il disait: L'évaluation globale des conséquences du projet
de loi 2 nous porte à croire que, d'une part, les économies qui
pourraient être réalisées par le gouvernement en regroupant
le financement des organismes publics et parapubfics se traduiraient
inévitablement par des frais additionnels pour ces derniers. Ces
organismes n'auraient alors pas d'autre choix que celui de refiler ultimement
la facture au contribuable. D'autre part, la baisse prévisible des
activités dïntermédiation des caisses affecterait leur
rentabilité. Là, je suppose que ce sont ceux qui font des
opérations qui sont visés dans un tel...
M. Levesque: Mais dans ces cas-là, ce sont des
institutions que nous finançons à 100 %. Je ne comprends pas
ça. Pour les municipalités, cependant, si elles étaient
restées, c'aurait pu être vrai.
M. Rhéaume: C'aurait pu s'appliquer.
M. Léonard: Oui. Ce qu'il dit... Un autre paragraphe: Le
gouvernement québécois est en matière de
réglementation des institutions financières, l'un des plus
innovateurs en Amérique du Nord. En adoptant le projet de loi 2,
cependant, if risque de prendre des dispositions qui vont à l'encontre
du développement des institutions sous son autorité. En effet,
nous savons que l'État québécois se cherche des
partenaires locaux et régionaux pour favoriser le développement
des municipalités et des régions. Il vient, entre autres,
d'autoriser les caisses d'épargne et de crédit à prendre
des participations dans les entreprises locales. En revanche, il
s'apprête maintenant à adopter une politique de financement des
organismes publics et parapublics susceptible de centraliser les expertises et
les compétences. Ces positions nous semblent con tradictolres. Je pense
qu'il a raison de le souligner.
M. Levesque: ...je pense que le député de Labelle
n'a pas d'objection à tenir compte que ceci est antérieur aux
discussions qui ont eu lieu...
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: ...et qu'à la suite de cela, on a
identifié quatre points dans la lettre que je n'ai pas
décidé de vous déposer, parce que j'aimerais mieux qu'on
demande à l'auteur la permission de le faire. Et je n'ai pas d'objection
à la transmettre en temps utile. Peut-être qu'on pourrait
cependant parler des quatre points. Est-ce que vous avez ça, les
inquiétudes qui étaient...
M. Léonard: Ça, c'est l'article 4.1. M.
Levesque: Oui.
M. Rhéaume: Peut-être que je peux vous en
parler...
M. Levesque: Sans les lire, sans citer...
M. Rhéaume: Sans citer la lettre. Une des
inquiétudes était qu'il y avait possibilité que le
ministère des Finances, via la création du fonds de financement,
s'engage dans des activités d'intermédiation financière,
donc, vienne, par exemple, fournir le financement temporaire requis pour les
instutions des réseaux sur leur marge de crédit
opérationnelle régulière... Alors, la réponse du
ministre à cet égard-là était bien claire. Si je
peux retrouver le paragraphe... Je ne peux pas vous citer exactement ce qui a
été dit, parce que je ne trouve pas le paragraphe, mais ce qu'on
a répondu là-dessus, c'est que le ministère des Finances
n'a pas comme objectif d'engager le fonds de financement dans des
activités d'intermédiation financière pour les
opérations de court terme des établissements
subventionnés. Donc, à ce titre, l'assurance était
donnée.
Il y avait aussi un deuxième point qui était qu'il
faudrait expliquer clairement les raisons qui militaient en faveur de la
flexibilité souhaitée à l'égard de la
possibilité que le fonds de financement s'implique dans du financement
temporaire. Alors, on a expliqué, à cet égard-là,
que c'était pour deux raisons en particulier. Pour faire le financement
intérimaire de certains des emprunts à long terme qui auraient
à être faits pour les institutions des réseaux, en
attendant d'en avoir suffisamment pour réaliser un emprunt à
gros
volume sur le marché et, dans un deuxième cas,
c'était que, comme pour les emprunts du gouvernement, /) est possible
que les emprunts du fonds de financement, à certains moments et selon
certaines situations de marché, deviennent plus avantageux d'être
réalisés à court terme ou à taux flottant pour une
certaine période. Alors, c'est pour ça que...
M. Léonard: Oui, O.K. Ça, c'est du bridge.
M. Rhéaume: C'est ça. C'était l'intention et
c'est ce qu'on a indiqué dans la réponse. Alors, sur le
deuxième point, je pense que ça satisfaisait aussi. Il y avait un
troisième point qui était de rassurer à l'effet que la
création du fonds de financement n'était pas le prélude
à un retour à des pratiques antérieures où le
gouvernement s'engagerait directement dans le financement d'activités
économiques privées, comme ça avait déjà
été le cas dans le secteur agricole auparavant.
La réponse du ministre, à cet égard-là,
était une affirmation très claire. Compte tenu que l'objectif est
le financement à long terme des immobilisations, il va de soi que le
gouvernement n'entend absolument pas se subsituer aux institutions
financières et s'impliquer directement, activement, dans le financement
d'activités économiques, comme c'était le cas
antérieurement dans le secteur agricole. Alors, c'est dit en toutes
lettres.
Et le dernier point est à l'effet que les caisses soient
rassurées que Québec se soucie de fournir aux régions les
moyens nécessaires à assurer leur prise en main. Donc, il serait
important que le ministre réaffirme que le ministère des Finances
ne cherche pas à restreindre la vitalité et le dynamisme des
institutions financières locales. Alors, disons que c'est un terrain qui
est un peu plus philosophique, si je me réfère aux termes
utilisés tout à l'heure. Et la réponse, à cet
égard-là, est effectivement...
M. Levesque: Également philosophique.
M. Rhéaume: ...est également philosophique. Mais la
réponse du ministre...
M. Levesque: C'est très facile pour moi de répondre
dans le sens que j'ai répondu, parce que je suis profondément
impliqué dans les régions, et c'est une préoccupation
qu'on...
M. Léonard: Mais là, vous centralisez beaucoup,
hein? C'est au moins ce que vous pouvez dire.
M. Levesque: Vous savez, je pense que l'on à assez
rassuré le Mouvement Desjardins, en répondant
spécifiquement à chacune de ses préoccupations. Dans la
dernière remarque du député de Labelle, je tiens à
lui rappeler que, dans le long terme, l'expertise locale n'est pas tellement...
Nous le faisons de toute façon. Je suis heureux d'avoir pu
répondre d'une façon aussi claire et positive aux
préoccupations du Mouvement Desjardins, qui est une institution
très importante, mais, par contre, notre première
responsabilité demeure les contribuables de l'ensemble du Québec,
la population du Québec. Alors, même si on fait tout ce que l'on
peut pour ne pas entrer dans le champ d'action d'une institution
financière, si noble soit-elle, il reste que notre premier devoir est
toujours envers la population et les contribuables du Québec en
général.
M. Léonard: On est dans le domaine des bonnes intentions.
Il n'y a pas beaucoup de choses concrètes, là.
M. Levesque: L'article 69. M. Léonard: L'article
69.6.
Le Président (M. Forget): À l'article 69.2, tel
qu'amendé, est-ce qu'il y a un vote à faire? Est-ce qu'il y a un
vote?
M. Levesque: On a sauté...
M. Léonard: Non, c'est parce qu'on a proposé des
amendements. On a sauté à l'article 69.6. C'est là
où nous sommes.
Le Président (M. Forget): D'accord.
M. Léonard: Nous avons adopté trois amendements. Le
ministre adopte ses amendements et refuse ceux de l'Opposition, comme on l'a
vu. Alors, on est toujours à l'article 69.6. Là, on vient d'avoir
une discussion sur les objections du Mouvement Desjardins. Je ne peux
même pas dire si... Je pense que c'est plutôt une objection de type
général dont il s'agissait.!.
M. Levesque: Oui, parce que ce n'est pas là.
M. Léonard: ...qui portait sur l'article 69.6. Nous
n'avons pas de garanties et nous espérons que le ministre va au moins
déposer toute la correspondance liée aux discussions qu'il a eues
avec le Mouvement Desjardins.
M. Levesque: Nous sommes prêts à déposer tout
ce qui est émis de chez nous, c'est-à-dire les réponses
que j'ai données, et, dans quelques jours, on pourra les avoir,
peut-être même dans quelques heures.
M. Léonard: C'est parce que des fois on a des surprises.
Les ministres disent que tout le monde est bien d'accord et quand on gratte un
peu, c'est des accords très... C'est du vernis sur du...
M. Levesque: On vous le dit en tout objectivité. Les gens
qui sont avec moi n'ont aucun intérêt à dire quoi que ce
soit...
M. Léonard: Je comprends, mais dans la ferveur qu'on a
à défendre un projet de loi, on voit mal la portée des
objections. On les minimise, on les escamote. Je ne dis pas que c'est fait de
mauvaise intention, absolument pas, mais l'enthousiasme aidant, M. le ministre,
vous savez...
M. Levesque: Je peux faire part immédiatement au
député de toute la correspondance, mais je ne peux déposer
officiellement que la mienne. Je n'ai pas d'objection à lui montrer la
correspondance de l'autre, mais pour la déposer officiellement,
j'aimerais mieux avoir la permission de l'auteur.
M. Léonard: Oui, ça, je comprends ça. M.
Levesque: O. K.
M. Léonard: Donc, vous devez demander la permission de
l'auteur. Je vais revenir à l'article 69. 6 sur un point. Le mot "peut"
que vous utilisez est un mot qui vous donne la possibilité de ie faire,
mais dans le sens légal ou au fond, il peut le faire. Où est-ce
que l'on trouve, finalement, l'aspect coercitif du projet de loi? Est-ce que
c'est à cet article-là? Quand on me dit que c'est volontaire,
ça ne peut pas être volontaire parce que si vous décidez de
le faire, et c'est effectivement ce que vous faites de façon
générale, donc, vous allez chercher ie pouvoir de le faire. Le
mot "peut" vient en aval...
M. Levesque: On va demander à Me Dubé de vous
répondre.
M. Léonard:... d'une décision bien
arrêtée de vouloir le faire.
M. Levesque: Je comprends. Ça a toujours
été, ça. Vous savez, on a toujours eu des discussions avec
"peut". Est-ce que "peut" veut dire le "doit" ou le "doit" veut dire quoi?
M. Léonard: Non, là, c'est autre chose. Ce n'est
pas un "peut" et un "doit", il y a un "veut" derrière le "peut" qui
n'apparaît pas. On lit le projet de loi et où est-il exactement?
En fait, il faut lire derrière le "peut". Si c'était dit: Le
gouvernement veut et peut, etc.
M. Levesque: C'est rare que vous lisez ça dans la
législation, je pense.
M. Léonard: M. le ministre, est-ce que vous ajouteriez,
vous...
M. Levesque: Le gouvernement se garde le pouvoir...
M. Léonard: étant donné que vous plaidez
l'aspect volontaire, c'est parce que j'ai entendu ça de la part de M. le
sous-ministre et de votre bouche aussi...
M. Levesque: Non, je n'ai pas parlé.
M. Léonard:... est-ce que vous pourriez dire: Le ministre
peut, sur demande, à titre de gestionnaire du fonds...
M. Levesque: Je vais demander à Me Dubé, qui est
notre légiste, au ministère des Finances...
M. Léonard: Là, c'est un gros morceau du projet de
loi qu'on aborde.
M. Levesque:... et relié directement au ministère
de la Justice et indirectement à la fois, de nous dire ce qu'il pense de
votre observation et comment il y répond. (17 h 15)
M. Léonard: Oui. Il faudrait qu'il s'identifie
peut-être...
M. Levesque: Me Jean Dubé. M. Dubé: Oui,
Jean Dubé.
M. Léonard:... pour les fins de la commission.
M. Dubé: C'est évident que le mot "peut", ici, est
une discrétion, mais est une discrétion à l'égard
d'un prêt. C'est-à-dire que si on mettait ici, dans la
disposition, le ministre "peut" prêter à la caisse populaire
Desjardins, il faut que la caisse populaire Desjardins veuille emprunter
d'abord, ait un besoin d'emprunter et en fasse la demande. D'ailleurs, on a des
organisme autonomes ici. On est face à des organismes autonomes. Le mot
"peut" ici ne peut pas dire "le ministre doit prêter". Ça, c'est
certain. Il ne veut pas dire non plus: "le ministre doit prêter aux
institutions qui en font la demande". Je veux dire, finalement, que c'est
uniquement facultatif, et le ministre peut y avoir recours lorsque les
organismes ont des besoins d'emprunt et lorsque les organismes en font la
demande. I» faut d'abord qu'un organisme présente une
résolution. Il faut qu'il décide lui-même avant qu'on
puisse procéder à un prêt.
M. Léonard: Oui, mais dans le contexte, les commissions
scolaires, pour prendre celles-là, ou les hôpitaux,
peut-être plus les commissions scolaires puisqu'elles ont plus
d'autonomie même en termes financiers et administratifs, surtout depuis
qu'on leur a ouvert un large pan de l'impôt foncier et qu'on
s'apprête à l'augmenter,
au fond, une commission scolaire demande l'autorisation au gouvernement
et supplie durant de longues années son ministre de l'Éducation
de l'autoriser à construire. Alors, imaginez-vous un peu que le
financement, au bout du compte, c'est "Big Brother", c'est une offre qu'on ne
peut pas refuser. Le gouvernement est dans la position de ne pas voir refuser
son offre parce que, au fond, le pouvoir de marchandage du gouvernement, c'est
de dire: Bien, si vous ne prenez pas ce financement, vous n'aurez pas votre
beau projet auquel vous tenez tant. Donc, c'est pratiquement une condition de
réalisation d'un investissement. Dans ce sens-là, on dit: Sur
demande d'un organisme. En réalité, c'est presque implicite, la
demande. Ils veulent se développer, ils veulent des écoles
neuves. Ils veulent...
M. Levesque: Arrêtez ça une minute! Juste une
seconde!
M. Rhéaume: Si on veut un peu séparer le
processus...
M. Léonard: Oui.
M. Rhéaume: ...c'est que la décision d'investir, la
décision de bâtir demandent une autorisation du ministre de
l'Éducation. Il n'y a absolument rien qui attache le financement
à ce moment-là. Quand l'école est bâtie, qu'elle a
été financée temporairement à la banque, bien,
à ce moment-là, au moment de la mettre en service et quand elle
est finie, on vient faire le financement à long terme de cette
affaire-là. On ne pourra pas la démolir s'ils ne veulent pas
emprunter à la bonne place. Actuellement, le ministère des
Finances fait déjà la négociation des emprunts et indique
aux commissions scolaires à quel endroit emprunter une fois qu'elles ont
présenté leur résolution. Il est clair que "le ministre
peut prêter" indique qu'il pourra être indiqué aux
commissions scolaires qu'il est plus avantageux d'emprunter auprès du
fonds de financement que d'emprunter ailleurs à ce moment-là.
Je ne me rappelle pas de cas, dans les dernières années -
je parlerais des cinq dernières peut-être - où on a
indiqué à quelqu'un d'aller sur un marché et qui a
trouvé que ce n'était pas une bonne idée. C'est le
ministère des Finances qui négocie l'emprunt pour eux...
M. Léonard: Oui.
M. Rhéaume: ...qui trouve le marché, qui trouve le
moment qui est opportun pour faire l'émission, et il y a une
résolution disant que la commission scolaire ou que l'organisme lui a
donné un mandat, effectivement, de trouver la meilleure source de
financement possible. C'est dans la mesure où on aura le même
mandat et qu'une des sources de financement pourra être d'emprunter
auprès du fonds de financement. De toute façon, pour
l'emprunteur, 100 % de son service de la dette est subventionné par le
ministre de l'Éducation. Je ne sais pas quelle "bibite" on pourrait
trouver à l'habilitation du ministre.
M. Léonard: Moi, je l'ai vécu de l'autre
côté. Je l'ai vécu, par exemple, à
l'Université de Montréal. À un moment donné, vous
arrivez avec un beau papier, ça vient du gouvernement, et, au fond,
ça vient pour décision. Qu'est-ce que vous voulez décider
là-dedans? Rien, parce que tout est réglé d'avance. C'est
pratiquement une fiction que de procéder comme ça. Au fond, vous
centralisez. Vous allez plus loin vers la centralisation. Là, c'est un
"peut" que vous mettez dans la loi et, en réalité, il n'y a
personne qui a un intérêt autrement que de signer parce que si
vous ne signez pas, ça veut dire quoi? Le gouvernement va se retourner
de bord, puis il va faire. Moi, je trouve que c'est du tamponnage, là.
On tamponne tous les documents. Bon, je comprends que l'Institution, si elle
avait le choix de son organisme prêteur, elle l'aurait pour les fonds
d'un autre. C'est une fiction. Ça va vous jouer peut-être un
mauvais tour parce que vous allez être obligés, à un moment
donné, de consolider tous les emprunts, même au plan de la dette,
comme le demande le Vérificateur général parce que
ça va être ça la contrepartie...
M. Levesque: Ce n'est pas une dette directe, là.
M. Léonard: Ce n'est pas une dette directe, mais comme
ça se passe présentement.
M. Levesque: Présentement, on a la dette
subventionnée, on l'a.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Je ne pense pas que ça change...
M. Léonard: Pour ceux qui fixent les cotes de
crédit, M. le ministre des Finances, ils en tiennent compte.
Alors...
M. Levesque: Oui, mais vous savez comment c'est partagé
entre la dette directe et la dette totale. Il y a la question des
régimes de retraite, li y a la question des institutions du
réseau, institutions subventionnées. Puis ensuite, il y a les
municipalités qui entrent dans le secteur public. Ensuite, il y a les
organismes du gouvernement, Hydro-Québec. Alors, vous avez ces divers
items qui entrent, disons, dans des colonnes différentes, si vous
voulez.
M. Léonard: Mais, les régimes de retraite, c'est
vraiment autre chose.
M. Levesque: Oui.
M. Léonard: Là, dans le cas des Institutions, vous
avez les universités, vous avez le réseau scolaire, puis le
réseau des affaires sociales. Ça, c'est pratiquement direct au
gouvernement.
M. Levesque: Mais, ce n'est pas... Ça n'entre pas dans ce
qu'on appelle la dette directe.
M. Léonard: Non, O.K.
M. Levesque: C'est ça que je dis. C'est tout ce que je
dis. Mais je suis d'accord avec vous que les agences de crédit en
tiennent compte.
M. Léonard: Bon, c'est un peu... C'est vraiment
rédigé... C'est le mieux que vous pouvez faire.
Le Président (M. Forget): Est-ce que l'article 5 est
adopté dans son ensemble? Non. L'article 69.6.
Une voix: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Forget): Tel qu'amendé.
M. Levesque: C'est l'article 69.6...
Le Président (M. Forget): Tel qu'amendé.
M. Levesque: C'est lui qu'il faudrait amender.
C'est-à-dire...
Le Président (M. Forget): Mais, il n'y a pas eu
d'amendement?
Une voix: Oui, il y a eu des amendements.
Le Président (M. Forget): II y a eu des amendements.
M. Levesque: Oui, oui c'est le paragraphe 69.6 qu'il faudrait
adopter présentement pour revenir aux autres après. C'est
ça que je pense que M. le député de Labelle voulait
d'ailleurs.
M. Léonard: Si vous me permettez, juste une minute.
M. Levesque: Oui.
Le Président (M. Forget): Alors, M. le
député de Labelle, est-ce que l'article 69.6...
M. Léonard: Moi, je suis prêt à
adopter...
Le Président (M. Forget): ...adopté.
M. Léonard: Non, mais à adopter, je pense,
paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Forget): L'article 69.6 tel
qu'amendé?
M. Léonard: Paragraphe par paragraphe parce qu'il n'y en a
sur lesquels je mettrai sur division.
Le Président (M. Forget): O.K. D'accord. Une voix:
Sur l'article 69.6? M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Forget): Alors, l'article 69.6,
alinéa 1°.
M. Léonard: "Le ministre peut à titre de
gestionnaire du fonds accorder des prêts aux conditions et
modalités qu'il détermine, aux organismes et fonds
spéciaux suivants". Adopté.
Le Président (M. Forget): Adopté. Alinéa
2°...
M. Léonard: Ça, c'est juste comme commentaire.
C'est un peu sous forme d'offre qu'on ne peut refuser...
Le Président (M. Forget): O.K. D'accord.
M. Léonard: ...selon l'expression bien connue.
Une voix: Alors, là on arrive à paragraphe
1°?
Le Président (M. Forget): Oui, l'article 1° est
adopté.
M. Léonard: Non, non.
Une voix: C'est l'alinéa 1° qui est adopté.
Le Président (M. Forget): L'alinéa 1° est
adopté, paragraphe...
M. Levesque: Paragraphe 1°.
M. Léonard: Bien, disons premièrement, un
collège d'enseignement général et professionnel.
M. Levesque: O.K. Adopté.
Le Président (M. Forget): Adopté. Alinéa
2°, paragraphe 2°.
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Forget): Sur division.
M. Léonard: Sur division. À une commission
scolaire, sur division.
Le Président (M. Forget): O. K. Paragraphe 3.
Adopté.
M. Léonard: Juste une question là-dessus.
L'Université du Québec est sous le même régime que
les autres universités. Sur le plan du financement, il n'y a aucune
différence?
M. Dubé: Par rapport à la Loi sur les
investissements universitaires, oui.
M. Léonard: Oui, parce que le financement est prévu
dans cette loi-là. Ah! dans sa loi constitutive, dirait M.
Rhéaume.
Le Président (M. Forget): Paragraphe 3° adopté.
Alors, paragraphe 4°, est-ce qu'il est adopté?
M. Léonard:... à un conseil régional.
Paragraphe 4°, attendez... Un établissement public régi... La
Corporation d'hébergement du Québec visée... Qu'est-ce que
c'est que la Corporation d'hébergement du Québec?
M. Levesque: Ça comprend tous les hôpitaux, les
centres d'accueil, c'est ça?
M. Rhéaume: C'est ça. C'est l'organisme qui joue
à...
M. Léonard: Ce n'est pas l'établissement public
régi par la Loi sur les services de santé et services sociaux,
les centres d'accueil? C'est la Corporation d'hébergement du
Québec?
M. Rhéaume: II y a les deux. La Corporation
d'hébergement du Québec fait parfois des financements au nom
d'une couple de centres hospitaliers ou de centres régionaux, qu'elle
redistribue.
M. Léonard: Mon Dieu! La Corporation d'hébergement
du Québec, ça relève du ministre des Affaires
sociales?
M. Rhéaume: Ministre de la Santé.
M. Dubé: C'est un organisme indépendant, mais dont
les administrateurs sont tous des fonctionnaires du ministère des
Affaires sociales...
Une voix: Santé et services sociaux. M. Levesque:
Santé et services sociaux. M. Léonard: Ah bon!
Le Président (M. Forget): Paragraphe 4°,
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Léonard: Juste une chose. Ça ne touche pas du
tout des entreprises privées, par exemple, un centre d'accueil
privé qui serait garanti par le gouvernement, qui serait financé.
Il n'y a aucune relation là-dedans?
Une voix: Pas du tout.
M. Léonard: Même si ce n'est pas visé par la
loi.
M. Dubé: Tant que ce n'est pas visé par la loi.
M. Léonard: Ce n'est pas visé par la loi.
Le Président (M. Forget): Alors, paragraphe 4°,
adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Forget): J'appelle le paragraphes
5°.
M. Levesque: Tel qu'amendé. M. Léonard: Tel
qu'amendé.
Le Président (M. Forget): Tel qu'amendé.
M. Léonard: Nous l'avons élargi
considérablement, M. le Président.
Le Président (M. Forget): O. K. Adopté?
M. Léonard: Ces gens des finances sont en train de se
bâtir un empire. Je vois cela.
Le Président (M. Forget): Adopté tel
qu'amendé, paragraphe 5°.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Forget): J'appelle le paragraphe 6°,
tel qu'amendé également.
M. Léonard: Oui, nous étions d'accord avec
ça.
Le Président (M. Forget): Adopté, tel
qu'amendé. J'appelle le paragrahe 7°, tel qu'amendé.
M. Léonard: Oui, H y a eu un amendement aussi.
Le Président (M. Forget): Adopté tel
qu'amendé.
Une voix: Le dernier alinéa.
Le Président (M. Forget): Le dernier alinéa, tel
quel, adopté?
M. Léonard: Attendez juste un peu. Le gouvernement
détermine le critère de fixation des taux d'intérêt
qui peuvent être exigés sur ses prêts, ainsi que la nature
des points imputables dans le calcul de ses taux ou dans le calcul du
remboursement des prêts. Pourquoi avez-vous besoin de faire ça si
c'est vous qui payez à 100 %? Vous payez 100 %. C'est comme si vous
redemandiez aux institutions d'en payer une partie. Vous vous fixez à
vous-mêmes des critères de fixation des taux
d'intérêt.
M. Rhéaume: Si vous me permettez. M. Léonard:
Oui.
M. Rhéaume: Quand les prêts vont être
effectués du fonds de financement aux institutions, ces
prêts-là vont comporter des taux d'intérêt, des taux
de rendement et des frais d'administration et de gestion, tel qu'on l'a
relaté tout à l'heure. La première partie de l'article 6
avec les sept alinéas indique à qui le ministre, comme
gestionnaire du fonds, peut prêter des sommes. Ça prend quelque
chose qui dit qu'il peut fixer les conditions aussi, mettre le taux
d'intérêt dessus qui va faire en sorte que la subvention qui va
venir du ministre de l'Education et non pas du ministre des Finances, vienne
couvrir les coûts en intérêt. L'idée d'utiliser le
fonds de financement comme un véhicule par lequel transite les sommes
qui sont empruntées sur les marchés, avec taux
d'intérêt x, et qui seront reprêtées au même
taux d'intérêt x, et ça prend une modalité qui
permet...
M. Léonard: Dans trois ans, vous allez trouver ça
lourd à porter et vous allez purement et simplement abolir la fiction
que constitue le détour par l'approbation des conseils d'administration
de ces organismes-là, parce que c'est vous qui le financez à 100
%.
M. Rhéaume: C'est-à-dire que pour ce qui regarde le
conseil d'administration de ces organismes, c'est pour...
M. Léonard: Les responsabiliser que vous faites
ça?
M. Rhéaume: Non, non. Pas du tout. Cette approbation va
demeurer parce qu'elle est nécessaire à l'obtention du
prêt. Quant aux conditions, c'est le prêteur qui fixe les
conditions.
M. Léonard: Oui.
M. Rhéaume: Et non pas celui qui emprunte. Alors, cet
alinéa permet au gouvernement de déterminer les critères
à l'intérieur desquels le ministre va pouvoir fixer les taux,
c'est-à-dire, par exemple, lui dire qu'il va prêter au même
taux qu'il emprunte, qu'il va ajouter les frais d'administration et les frais
de gestion. Il va venir déterminer c'est quoi les frais
d'administration, c'est quoi les frais de gestion par disposition
réglementaire.
M. Levesque: On peut faire un parallèle. Il y a des fonds
gouvernementaux où c'est évident qu'il y a des tarifs qui sont
prévus. Ça ne change pas grand-chose parce que c'est te
gouvernement qui paie de toute façon, mais comme le député
le mentionnait, ça responsabilise peut-être certaines parties du
gouvernement vis-à-vis de l'autre. Je peux vous donner des exemples.
Dans le service aérien, par exemple. On a des ministères qui
paient pour les services rendus par le service aérien, et... ils passent
du temps à établir les tarifs de l'heure, puis là, ils
font les calculs à savoir s'il y a d'autres frais qui devraient
être ajoutés, et finalement, ils chargent à d'autres
ministères... (17 h 30)
M. Léonard: Ça ne vous tente pas d'être
méchant à mon endroit, là, et de me dire que ce sont
finalement des fictions comptables?
M. Levesque: Ha, ha, ha! Vous vous avez le droit de faire des...
Des fois, on rit de soi ou de la profession! Mais apparemment, c'est
nécessaire de le faire. Peut-être que c'est comme vous le dites,
ça responsabilise, parce que chaque fois, dans des cas comme les fonds
renouvelables... Dans le domaine des communications, par exemple, vous avez la
même chose. Vous en avez dans plusieurs ministères maintenant, de
ces fonds renouvelables.
M. Léonard: Au fond, est-ce que ce n'est pas surtout en
regard avec le point 5°, où on dit: "à tout organisme dont la
loi prévoit la possibilité pour le gouvernement de garantir des
emprunts". Par exemple, la SGF, je ne sais pas si vous, si ça rentre
là-dedans, peut-être pas. Mais ça pourrait
peut-être... Et là, on est plus sur une base industrielle ou
économique.
M. Levesque: Oui, d'ailleurs, pour les sociétés
d'État, ça doit être nécessaire, je pense.
M. Rhéaume: Ce n'est plus requis dans le cas des
sociétés d'État, parce qu'on ne les subventionne pas, bien
qu'on consolide leurs résultats. Au net, ça a le même effet
que si on les subventionnait.
M. Léonard: Puis là, vous fixeriez des taux
d'intérêt avec des charges administratives, des frais
administratifs.
Une voix: C'est ça, c'est ça.
M. Rhéaume: À condition qu'ils aient une
résolution qui permette d'emprunter auprès du fonds de
financement.
M. Léonard: Juste une question. Est-ce que le point 5°
vise la SGF, dans le cas où il y aurait des emprunts garantis par le
gouvernement?
M. Rhéaume: Ça se pourrait, oui. M.
Léonard: Oui.
M. Rhéaume: Je suis en train de le vérifier...
M. Léonard: Alors, vous êtes en train de
vérifier.
M. Rhéaume: Oui, ça se pourrait. Parce que je ne
suis pas sûr que le gouvernement puisse garantir les emprunts de la
SGF.
M. Léonard: S'il y avait une disposition habilitante
à garantir, ces emprunts seraient couverts là-dedans.
M. Rhéaume: Mais je ne suis pas sûr s'il y en a
une.
M. Léonard: C'est par là, c'est ça que
voulait dire l'amendement constitutif.
M. Rhéaume: C'est ça. M. Léonard: Les
constituer. M. Rhéaume: Notamment.
Le Président (M. Forget): Alors, le dernier alinéa
est adopté.
M. Léonard: Le dernier alinéa.
Le Président (M. Forget): Alors je reviens... Ah oui!
l'article 69.6 dans son ensemble, avec les modifications, est
adopté?
M. Levesque: Tout ça est à l'intérieur de
l'article 5.
Le Président (M. Forget): Oui, tout ça à
l'intérieur...
M. Léonard: C'est parce qu'on avait décidé
de passer l'article 69.6 parce qu'il avait une certaine importance...
Le Président (M. Forget): À l'intérieur de
l'article 5, par exemple.
M. Léonard: Oui, oui.
Le Président (M. Forget): O.K. Alors il est
adopté.
M. Levesque: Adopté. M. Léonard: Sur
division.
Le Président (M. Forget): Adopté alors sur
division. Je reviens à l'article 69.1. M. le ministre.
M. Levesque: Oui, ça parle par lui-même. Justement,
on s'est référé à 69.6 parce qu'on ne pouvait pas
aborder les autres articles d'une façon intelligente et
cohérente, là. Parce que ça devient presque des articles
de concordance, les autres. Alors 69.1 adopté.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Labelle, 69.1, est-ce qu'il est adopté?
M. Levesque: C'est adopté ça, 69.1. On ne peut pas
faire autrement. C'est la logique même.
M. Léonard: Oui, mais on était sur le principe
même...
M. Levesque: "Un fonds de financement affecté au
financement [...] des fonds spéciaux visés à l'article
69.6." On vient de l'adopter, notre 69.6, et c'est...
M. Léonard: Surdivision.
Le Président (M.
Forget): Sur division.
Alors, 69.1 est adopté sur division. Alors, j'appelle l'article
69.2. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Forget): L'article 69.2?
M. Léonard: L'article 69.1
Le Président (M. Forget): L'article 69.1 sur division,
oui.
M. Léonard: L'article 69.2... Bien, je pense, étant
donné qu'on a adopté 69.1... Et 69.6 actuellement, ça
découle, alors...
Le Président (M. Forget): L'article 69.2 est
adopté.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Forget): Oui. Alors j'appelle l'article
69.3.
M. Léonard: "Les sommes perçues pour les services
fournis et celles perçues en rembourse-
ment du capital et des intérêts des prêts
effectués conformément à l'article 69.6... les avances..."
Bon, l'article 69.5, on va le voir.
Quand vous faites des emprunts comme ça pour le compte
d'institutions, par exemple l'université, vous chargez des services
fournis à l'université, mais vous êtes remboursés
par l'université. Ça veut dire que l'université est
amenée à payer des frais de financement, indépendamment de
sa dette, en dehors de toute l'opération de financement.
M. Rhéaume: Actuellement, vous dites? Dans le
régime...
M. Léonard: En tout cas, quand vous dites les sommes
perçues pour ies services fournis, ce sont des services, ce sont des
activités. Vous les aidez à se financer.
M. Rhéaume: Ce dont on...
M. Léonard: Vous chargez des frais de financement.
M. Rhéaume: Ce dont on parle par services fournis, ce sont
les frais de gestion et les frais d'administration du fonds de financement qui
viennent s'ajouter au capital et aux intérêts. On ne peut pas
couvrir par intérêts, si on veut, les frais de gestion et les
frais d'administration du fonds.
M. Léonard: Ah! par le mot "intérêts".
M. Rhéaume: C'est ça, oui. C'est ce que ça
veut dire.
M. Léonard: Mais ça, vous les refinancez, ces
charges-là. Au fond, les sommes perçues pour les services
fournis, de qui vous percevez ça?
M. Rhéaume: Dans la facture actuelle, le fonds de
financement va être constitué de deux choses: les emprunts que le
ministre des Finances aura réalisés sur les marchés pour
les avancer au fonds de financement...
M. Léonard: Oui.
M. Rhéaume: ...mais aussi, évidemment, par les
remboursements de ces sommes-là - c'est ce qu'on entend au premier
alinéa, remboursement du capital - les intérêts qui vont
être chargés sur ces emprunts-là et les frais
d'administration et de gestion qui vont venir s'ajouter dans le fonds de
financement.
M. Léonard: Oui, mais vous, par définition, vous
payez 100 %...
M. Rhéaume: Oui, exact.
M. Léonard: ...de tous ces financements.
Donc, ça ne peut venir que du fonds consolidé, ce qui
rentre dans les dépenses, les crédits de chaque année.
M. Rhéaume: Ultimement, oui.
M. Léonard: Ultimement. Ça fait le détour
par l'institution.
M. Rhéaume: La même chose que les
intérêts.
M. Léonard: C'est encore des écritures comptables,
à toutes fins pratiques, ou presque.
M. Rhéaume: Je m'en serais voulu de le dire.
M. Levesque: C'est entre comptables. M. Léonard: il
se cache
Le Préskient (M. Forget): Alors, M. le
député de Labelle, l'article 69.3 est adopté?
Adopté?
M. Léonard: Là, vous allez répartir...
Supposons que vous regroupez un emprunt, vous allez faire un emprunt de 100 000
000 $, et là, là-dedans, vous allez mettre...
M. Levesque: Où on est rendus?
Le Président (M. Forget): L'article 69.3.
M. Léonard: L'article 69.3. On a avancé
là-dessus. Vous allez inclure toutes les institutions. Vous avez,
supposons, une université, trois cégeps, une commission scolaire.
Vous faites un bloc de ça. Et après, vous répartissez
ça au prorata, je suppose, ies montants empruntés?
M. Levesque: M. Gagnon.
Le Président (M. Forget): Je pense que ce serait bon que
M. Gagnon...
M. Levesque: François Gagnon, sous-ministre adjoint au
financement.
Le Président (M. Forget): Si vous voulez vous
identifier.
M. Gagnon (François): Effectivement, ça va
dépendre évidemment des besoins d'emprunt de chacune des
entités, et il y aura un prêt qui sera fait pour le montant
nécessaire d'emprunt, et donc à partir d'un "pool" de fonds
global. Mais chacune des entités aura les fonds strictement requis pour
son financement.
M. Léonard: Quel est le taux par rapport à
un emprunt? C'est 1 %, les frais de financement, 3 %?
M. Gagnon: On évalue à 1 à 2 points de base,
ce qui est minime, et ça comprend, évidemment, les frais
d'avocats, les frais d'impression, les obligations, les agents financiers qui
paient les coupons et...
M. Léonard: Ce ne sont pas les frais de courtage,
ça.
M. Gagnon: Incluant également les frais de courtage.
M. Léonard: Ça inclut les frais de courtage. C'est
beaucoup plus gros que ça. Quand le gouvernement fait un emprunt, il
fait une émission d'obligations. Les frais de courtage, c'est...
M. Levesque: C'est 1 %, 2 %, 3 %.
M. Léonard: Oui. Bon, c'est ça, en fait. C'est
ça que ça veut dire.
Le Président (M. Forget): Alors, M. le
député de Labelle...
M. Gagnon: Les 1 à 2 points de base sont uniquement les
frais de gestion qui peuvent impliquer, au ministère des Finances, les
frais de courtage, comme vous dites, les commissions qui peuvent être
payées sur des émissions publiques, notamment avec un syndicat de
courtiers, ils sont à part. Ils sont inclus dans les services et peuvent
varier selon l'échéance de l'émission d'obligations. On va
payer une commission plus importante sur un emprunt à 25 ans, par
exemple, que sur un emprunt à 5 ans.
M. Levesque: Ça dépend des marchés
aussi.
M. Gagnon: Et ça dépend des marchés. Au
moment où on se parle, à titre d'exemple, dans du long terme,
c'est à peu près 10 points de base, uniquement des frais de
commission.
M. Léonard: Ça, ça inclut les voyages du
ministre à Monaco.
Le Président (M. Forget): Alors, M. le
député de Labelle...
M. Levesque: II y en a beaucoup d'autres, à part du
ministre, qui vont dans ces voyages-là. Le ministre peut y aller quand
il veut, mais il n'y va pas.
M. Léonard: Adopté
Le Président (M. Forget): Adopté. L'article 69. 3
est adopté.
M. Léonard: II aimerait...
M. Levesque: Non, ce n'est pas mon péché
mignon.
Le Président (M. Forget): J'appelle l'article 69. 4.
M. Léonard: On le découvrira bien. M. Levesque:
Oui, oui. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Forget): M. le ministre, l'article 69.
4.
M. Levesque: Pardon, excusez-moi. "La gestion des sommes
constituant ce fonds est confiée au ministre. " Ça, c'est bien
normal. "Celles-ci sont versées à son crédit et
déposées auprès des institutions financières qu'il
désigne", comme d'habitude. "La comptabilité et l'enregistrement
des engagements financiers imputables à ce fonds sont, malgré
l'article 13, tenus par le ministre. "
M. Léonard: En l'occurrence, pourquoi dit-on le ministre
et non pas le Contrôleur des finances? Ce n'est pas la même chose?
Pourquoi?
M. Dubé: Bien, ce n'est pas la même chose.
C'est-à-dire que...
M. Gagnon: C'est le même schéma d'organisation,
comme tous les autres fonds spéciaux organisés.
M. Léonard: Ah! O. K. C'est comme les autres fonds
spéciaux.
M. Dubé: C'est ça, c'est le même
régime.
M. Léonard: Ceux dont la transparence laisse à
désirer. Et c'est le Vérificateur général. Je vois
des hochements de tête à désespérer derrière
vous, M. le ministre. Ha, ha, ha! Bon. Alors, c'est sur la base de la
création des fonds spéciaux. Et pourquoi est-ce que ce n'est pas
le Contrôleur des finances?
M. Gagnon: Je vais laisser M. Rhéaume, qui est un expert
en la matière, répondre à ça.
M. Léonard: En d'autres termes...
Le Président (M. Forget): L'article 69. 4, M.
Rhéaume.
M. Rhéaume: Ici, on peut dire qu'à l'article 69. 4,
c'est conforme, comme on l'a dit, à la disposition, à celle
applicable aux autres fonds constitués dans les différents
ministères. Si vous voulez ajouter...
M. Léonard: Bien, là, on est obligés de
prendre la discussion générale. Pourquoi la gestion des fonds
spéciaux est-elle confiée au ministre plutôt qu'au
Contrôleur?
M. Rhéaume: Voici...
M. Léonard: Ou, en tout cas, le contrôle de ces
fonds?
M. Rhéaume: Tous les fonds spéciaux ont
été calqués sur le premier qui a été le
fonds spécial de la réforme du cadastre québécois
en 1985, au mois de juin 1985. C'était le premier.
M. Léonard: Je n'étais plus là. Vous pouvez
parler.
M. Rhéaume: Et tous les fonds spéciaux ont
été calqués...
M. Levesque: ...en 1984.
M. Rhéaume: ...sur ce modèle-là, de sorte
que c'est le ministre responsable qui est chargé de la
comptabilité du fonds. Et le gouvernement s'est quand même
assuré qu'il avait un contrôle sur les fonds spéciaux en
leur rendant applicables certaines dispositions de la Loi sur l'administration
financière. On va le voir à l'article 69.9 du projet, où
les dispositions de contrôle de la Loi sur l'administration
financière s'appliquent quand même, même si c'est le
ministre qui est chargé de la comptabilité du fonds.
Mais même en conservant au départ le principe
d'imputabHité des fonds spéciaux, ça assure que les
règles de contrôle, les règles de transparence, applicables
à l'ensemble du gouvernement vont être appliquées aux fonds
spéciaux. Par contre, le Contrôleur des finances continuerait
d'appliquer un contrôle sur les opérations du fonds de financement
de deux façons. A posteriori, c'est lui qui est quand même
chargé de rédiger les états financiers du fonds et de les
présenter et, en plus de ça, il doit aussi vérifier,
contrôler, à deux niveaux toutes les transactions qui se feront
entre le fonds consolidé du revenu et le fonds spécial, donc,
toutes les sommes qui vont partir du fonds consolidé pour aller dans le
fonds spécial. Et il va aussi contrôler toutes les sommes qui
arriveront via les organismes visés dans le fonds spécial, parce
que vous savez que les organismes des réseaux vont utiliser leurs
subventions pour rembourser les prêts, capital et intérêts
et frais généraux, si on peut dire, au fonds spécial. Et
le Contrôleur des finances contrôle toutes les sommes qui sont
allouées aux différents organismes par voie de subvention.
M. Léonard: Là, vous me dites comment ça
marche...
M. Rhéaume: C'est ça.
M. Léonard: ...mais vous dites: Pourquoi ça
échappe au Contrôleur des finances?
M. Rhéaume: C'est-à-dire que ça
n'échappe pas...
M. Léonard: Quel est l'intérêt que des fonds
spéciaux n'obéissent pas à la Loi sur l'administration
financière, article 13, où on dit: "Le Contrôleur des
finances doit tenir la comptabilité du gouvernement"? (17 h 45)
M. Rhéaume: C'est que...
M. Léonard: Là, on confie ça au ministre
dans ce cas-là.
M. Rhéaume: Dans le cas des fonds spéciaux,
justement, quand c'est un fonds spécial, ce n'est pas le fonds
consolidé. Alors, quand ce n'est pas le fonds consolidé, qu'on
fait une loi pour ça, ce qu'on essaie de faire, c'est d'avoir plus de
flexibilité, et c'est plus facile pour le ministre qui est dans ses
opérations courantes de tenir la comptabilité du fonds
spécial.
Ce qui compte, c'est que les mesures de contrôle soient
appliquées. Dans le fond, tenir les livres, ce n'est pas une fin en
soi.
M. Léonard: Non, non. Je suis tout à fait d'accord
avec vous. Ne faites pas de reproches indirects.
M. Rhéaume: Je n'y avais pas pensé. Mais la tenue
des livres elle-même n'est pas la fin en soi. Ce qui compte, c'est
d'appliquer les dispositions de contrôle. Alors, on s'assure que les
dispositions de contrôle soient appliquées. On s'assure que le
Contrôleur joue son rôle à l'égard de toutes les
sommes qui vont aller dans le fonds de financement et donc qui vont en
sortir.
En plus de ça, une fois que ça, c'est fait, et que les
états financiers sont déposés, il y a la
vérification a posteriori du Vérificateur général
qui s'applique par-dessus tout ça. On connaît l'ardeur avec
laquelle le Vérificateur général effectue ses travaux,
quand ça concerne le ministère des Finances. Donc, ça
ajoute une dimension additionnelle de contrôle.
C'est une question pratique à l'égard de laquelle on a
consulté d'ailleurs le Contrôleur des finances bien des fois
déjà, avec laquelle il se sent à l'aise. Bien
honnêtement, ce n'est pas une obligation fondamentale. On aurait pu tout
aussi bien lui donner, mais c'est un embarras pour lui et ça n'ajoute
rien dans le système, la tenue des livres. Alors, c'est pour ça
qu'on a continué d'appliquer le cadre original qui avait
été déterminé pour les fonds spéciaux, lors
de la création du premier, et on t'a fait sur le même
modèle.
M. Léonard: Oui. Moi, j'ai quelques problèmes avec
le cadre général qui a été justement
élaboré. Je ne sais pas si vous avez consulté le
Vérificateur général dans la rédaction de votre
projet de loi. Si je comprends bien, ce serait difficile d'intégrer ou
de consolider aux opérations du gouvernement, par exemple, le volume
d'activités de ces fonds spéciaux. Ce que vous comptabilisez,
c'est l'argent que le gouvernement a mis dedans. Supposons que vous
créez un fonds spécial de 1 000 000 $, il y a 1 000 000 $. Vous
comptabilisez. Mais le 1 000 000 $ peut faire circuler 25 000 000 $
d'activités durant l'année. Et là, vous le perdez de vue.
Puis ça, je trouve ça très dangereux du point de vue du
contrôle gouvernemental sur ses activités. M. le ministre,
même si vous n'êtes pas comptable, je pense que vous suivez...
M. Rhéaume: II faut faire attention. Il y a deux questions
dans ça. Sur le contrôle du Contrôleur des finances, qui est
la tenue des livres et l'aspect du...
M. Léonard: De la consolidation.
M. Rhéaume:... de la consolidation. On n'a pas
consulté le Vérificateur général qui,
effectivement, n'est pas concerné par ces dispositions-là. On a
consulté le...
M. Léonard: Ah! Vous ne l'avez pas consulté?
M. Rhéaume: Non. Le Vérificateur
général? J'ai souvent fait des consultations a priori
auprès du Vérificateur général qui me dit toujours:
Quand tu l'auras fait, je vais vérifier tes affaires. Alors...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rhéaume: Et à tous égards.
M. Léonard: II ne veut pas vous dire quoi faire. Il veut
juste vous dire si vous faites mal ou bien.
M. Rhéaume: Exactement. Par contre, le Contrôleur
des finances, qui est concerné à l'article 69. 4, lui, a
été consulté et est tout à fait d'accord avec la
façon de procéder.
D'un autre côté, si on ne consolide pas les fonds
spéciaux, c'est que, dans le fond, les états financiers du
gouvernement doivent porter sur le fonds consolidé du revenu et le fonds
des services de santé, le reste étant des activités qui
sont d'une nature différente, des activités qui sont en relation
avec un centre de coûts ou un service qui est offert à d'autres
entités gouvernementales. Alors, question de consolider ça, par
exemple, il y aurait une grande majorité des écritures qui
seraient annulées, étant des écri- tures
réciproques entre un ministère et le fonds spécial, et le
fonds spécial et un autre ministère.
M. Léonard: Moi, M. le ministre, je suis d'accord avec
l'idée qu'on ait des fonds spéciaux de cette nature parce que,
effectivement, ça peut permettre plus de flexibilité, des
décisions plus rapides, des choses comme ça, mais j'ai des
réticences à voir pourquoi, tout à coup, c'est le ministre
qui va déterminer la structure d'administration, puis qu'on va s'en
ternir à des critères de contrôle éloignés.
Pourquoi, dans ce contexte-là, le Contrôleur des finances n'assume
pas sa fonction directement là-dessus comme il le ferait sur un
ministère?
M. Levesque: Depuis 1985, je pense...
M. Léonard: Je sais. C'est parce que c'est la seule
réponse qu'on me fait, M. le ministre.
M. Levesque: Ça s'est toujours fait de cette
façon-là. J'ai même une note ici qui me frappe, parce qu'il
me semble que c'est assez convaincant. "Cela permet... " La note dit
ça.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Je ne sais pas qui est l'auteur de la note. "Cela
permet une gestion plus transparente...
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Levesque:... et responsable des sommes versées au fonds
et accroît l'imputabilité - ça, ça m'inquiète
plus - du ministre responsable. "
M. Léonard: À condition de rendre des comptes au
complet, à condition de rendre des comptes. Mais à l'heure
actuelle, c'est qu'il y a un bout de chemin qui ne se fait pas, je pense. En
termes de reddition de compte, justement, ça ne se fait pas.
Effectivement, ça peut être plus transparent, mais les gens sont
plus imputables. Ça, je suis d'accord parce que vous allez regrouper
dans un seul fonds toutes les opérations comptables, financières,
qui concernent une activité. Ça, je suis d'accord à
condition que vous fassiez rapport. Par exemple, ici, est-ce que, M. le
ministre, vous allez faire chaque année un rapport additionnel sur les
opérations et les activités de votre fonds de financement? Vous
allez le faire.
M. Levesque: Dans le rapport annuel ou dans les comptes
publics.
M. Léonard: Vous allez le faire?
M. Rhéaume: Dans les comptes publics, il y en a pour tous
les fonds spéciaux.
M. Léonard: Les comptes publics, après
l'année. Un an et demi, un an après que l'année soit
finie.
M. Levesque: Au mois de décembre... M. Léonard:
Bien oui, neuf mois.
M. Levesque: Au mois de décembre par rapport au 31
mars.
M. Léonard: Par rapport au 31 mars.
M. Rhéaume: Et les systèmes de comptabilité
utilisés par le ministre sont validés par le
Contrôleur.
M. Léonard: On va s'entendre. Vous lirez les
recommandations du Vérificateur général...
M. Levesque: Oui, c'est ça.
M. Léonard: ...sur l'information financière
disponible pour les parlementaires où il juge qu'il y a une carence
importante, M. le ministre. Ha, ha, ha!
M. Levesque: Mais vous savez, M. le Vérificateur
général a répondu régulièrement...
M. Léonard: Oui, mais...
M. Levesque: ...ce que vient de dire le sous-ministre.
M. Léonard: Là, je pense qu'on se renvoit un peu
trop facilement la balle.
M. Levesque: Bon, oui.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 69.4
est adopté?
M. Léonard: Oui, sous l'axiome que les autres le font,
fais-le donc.
Le Président
(M. Gobé): Merci beaucoup.
Tout le monde le faisant, l'article 69.4 est adopté. J'appelle
maintenant l'article 69.5. Oui, M. le ministre.
M. Levesque: Cette disposition est conforme à celle
applicable aux fonds particuliers institués au sein d'autres
ministères. Une précision est cependant apportée à
la fin du premier alinéa, afin que l'autorisation du gouvernement
prévoie la période du paiement des avances et détermine
les coûts de financement qui peuvent être remboursables dans le
calcul de fixation des taux d'intérêt exigés ou
remboursables à même la vente.
M. Léonard: Ouf! Bien là, il faudrait... Avant de
comprendre ce que vous venez de nous dire, je vais le relire. Le ministre peut
avancer au fonds, sur l'autorisation...
M. Levesque: On va faire...
M. Léonard: ...des sommes prélevées sur le
fonds consolidé du revenu à même les montants
empruntés à cette fin.
M. Levesque: C'est ça. L'autorisation du gouvernement
prévoit la période de remboursement au fonds...
M. Léonard: Le gouvernement prévoit la
période de leur versement au fonds et les coûts remboursables sur
cette avance ou imputables dans le calcul de fixation des taux
d'intérêt applicables. Bon, il peut inversement avancer à
court terme au fonds consolidé du revenu, aux conditions qu'il
détermine...
M. Levesque: Lorsque ce n'est pas nécessaire, lorsque ce
n'est pas requis.
M. Léonard: ...toute partie des sommes constituant ce
fonds qui n'est pas requise pour son fonctionnement.
M. Levesque: II peut le retourner.
M. Léonard: Toute avance versée à un fonds
est remboursable sur ce fonds.
M. Levesque: Pour moi, c'est une disposition assez
générale.
M. Léonard: Alors là...
M. Levesque: Ça arrive souvent dans les fonds. C'est une
disposition qui revient régulièrement dans les fonds, ça
doit?
Une voix: C'est ça.
M. Léonard: Dans tous les fonds?
M. Levesque: Oui. Ils ont simplement...
M. Dubé: Alors, la seule distinction qu'on peut apporter
ici, c'est que ce fonds-là va marcher surtout avec les avances,
c'est-à-dire les avances... Le gouvernement emprunte, fait une avance au
fonds et le fonds prête.
M. Léonard: Oui.
M. Dubé: Alors, ici, c'est des avances qui sont faites au
fonds. Le gouvernement détermine à ce moment-là les
coûts qui sont imputables sur cette avance-là faite au fonds.
M. Léonard: Est-ce qu'il peut s'accumuler beaucoup
d'argent dans ce fonds?
M. Rhéaume: II peut être possible effectivement
qu'il s'accumule de l'argent dans ce fonds-là. C'est justement pour
ça qu'il y a le deuxième alinéa de l'article. C'est que,
par exemple, il est possible qu'un organisme puisse rembourser une partie de
son prêt ou payer ses intérêts au moment où il ne
serait pas requis encore pour le fonds de le rembourser au fonds
consolidé du revenu.
Alors, temporairement, pour une courte période, un jour ou deux
jours, c'est possible qu'il y ait des sommes dans les soldes bancaires du
fonds. À ce moment-là, les sommes en question pourraient
être reprêtées au gouvernement par le fonds, à court
terme, dans l'intervalle. L'idée, c'est juste de ne pas avoir de soldes
bancaires qui sont inactifs dans l'ensemble des fonds gouvernementaux.
M. Léonard: Ça, je suis d'accord, mais, en
réalité, comme vous allez transiger par ce fonds, si je
comprends, des sommes de l'ordre de 3 000 000 000 $ par année - au
départ, on peut penser que c'est ça - si le gouvernement, en
termes d'activités de financement brut durant l'année, va
emprunter 2 500 000 000 $, 2 750 000 000 $, que vous avez dit cette
année, plus 2 000 000 000 $ pour d'autres, vous êtes rendus
à 4 500 000 000 $, on est rendus à 5 000 000 000 $ dans ce
fonds-là.
M. Rhéaume: Non. Excusez.
M. Léonard: Par année, en termes de volume
d'activités par année.
M. Levesque:...
M. Rhéaume: Dans ce fonds-là, les emprunts du
gouvernement lui-même ne transitent pas par ce fonds-là. Les 2 700
000 000 $ qui sont empruntés pour nos propres fins ne vont pas dans le
fonds de financement.
M. Léonard: Mais étant donné que vous forcez
tout le monde à entrer...
M. Levesque:...
M. Léonard:... dans le wagon ou dans le bateau, pourquoi
n'embarquez-vous pas vous-mêmes? Vous allez avoir des...
M. Rhéaume: Parce que...
M. Léonard: Là, vous allez avoir des
économies majeures, il me semble que là-dessus... Si vous dites
à tout le monde d'embarquer, embarquez vous-mêmes. Donnez
l'exemple.
M. Rhéaume: Disons qu'on n'a pas d'avantage à
éliminer nos écarts par rapport à nous-mêmes.
M. Léonard: Oui!
M. Rhéaume: Nos écarts sont nuls par rapport
à nous-mêmes.
M. Léonard: Oui? Oui!
Mais il va y avoir juste des transactions à court terme
pratiquement. Il peut y avoir des fonds seulement à court terme. Il ne
peut pas y en avoir à terme...
M. Rhéaume: C'est ça. En fait,
généralement, un emprunt sera réalisé pour le
bénéfice du fonds. Il sera avancé au fonds au moment
où le fonds devra faire ses prêts, et quand les remboursements
arriveront au fonds, ce sera à des échéances pour
lesquelles le fonds devra lui-même rembourser. Alors...
M. Léonard: Où est-ce que ça va
apparaître au bilan du gouvernement, ce fonds-là?
M. Rhéaume: C'est-à-dire que, comme vous l'avez
noté tout à l'heure, les opérations ne sont pas
consolidées. Donc, les...
M. Léonard: On ne les verra pas.
M. Rhéaume: Le bilan des fonds spéciaux
n'apparaît pas comme tel dans le bilan du gouvernement. Ce qui
apparaîtra au bilan du gouvernement, ce sont ses propres emprunts
à lui, comme c'est le cas présentement. Mais le bilan du fonds
spécial, du fonds de financement n'apparaîtra pas plus, ne sera
pas consolidé avec celui du gouvernement, pas plus que ne l'est celui du
fonds du cadastre, du fonds des services informatiques ou de quelque autre
fonds.
Mais le fonds de financement présentera lui-même un bilan,
son bilan, le bilan de ses opérations.
M. Léonard: Donc, il va faire l'objet d'une...
M. Rhéaume: II va être dans le même livre,
mais il ne sera pas intégré.
M. Léonard: II va être dans le même livre, une
couple de pages plus loin.
M. Rhéaume: C'est ça, exactement.
M. Léonard: Donc, il va faire l'objet d'un état
financier séparé.
M. Rhéaume: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 69. 5
est adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article
69.5...
M. Léonard: II n'y avait pas d'amendements? Il n'y a pas
un article 69.5.1 non recevabie?
M. Rhéaume: Non.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): L'article 69.5 est
adopté. Et j'appellerai maintenant l'article 69.7.
M. Levesque: II est content de son coup d'avoir rendu deux
articles irrecevables. Il est content.
M. Léonard: Oui, oui, très très. Je vous ai
pris la main dans le sac, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Ah! Sainte! Ha, ha, ha! C'est épouvantable.
J'espère que ce n'est pas enregistré, ces choses-là, parce
que c'est tellement...
M. Léonard: Oui, oui, j'espère que c'est
enregistré. Ha, ha, ha!
M. Levesque: Ah non!
Le Président (M. Gobé): Tout est
enregistré.
M. Levesque: Ah! C'est enregistré... De dire des choses
comme ça. Retirez ces paroles. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Tout ce que vous dites, M.
le ministre.
M. Levesque: Mais, au moins, imprimez, en même temps que le
texte, votre sourire, lorsque vous dites ça.
Le Président (M. Gobé): Mais, M. le ministre, on
pourra apporter une correction.
M. Levesque: Oui. Bon, allons-y.
Le Président (M. Gobé): L'article 69.7, M. le
ministre.
M. Levesque: Pardon?
Le Président (M. Gobé): Vous faites des
commentaires sur 69.7?
M. Levesque: 69.7. C'est un article qui permet de prendre sur le
fonds les sommes nécessaires à l'octroi des prêts aux
organismes et institutions visés à l'article 69.6, celles pour le
paiement des dépenses nécessaires au fonctionnement du fonds,
celles pour le paiement de toute somme que le ministre, à titre de
gestionnaire du fonds, pourrait s'être engagé à payer dans
un contrat de prêt ou qui pourrait lui être imputée, par
ailleurs - j'espère que ça n'arrive pas, ça - à
titre de dommage dans le cas d'inexécution de ses obligations. Enfin, on
prévoit tout, ça a l'air.
M. Léonard: Ah! Ça, c'est une façon facile
de camoufler vos poursuites, hein?
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: C'est épouvantable, parier comme ça!
Je n'ai jamais entendu ce langage-là. Je ne sais pas si on veut remplir
le Journal des débats d'accusations scabreuses. Ha, ha, ha! (18
heures)
M. Rhéaume: C'est surtout... Excusez, c'est surtout parce
que les prêteurs qui nous prêtent se montrent toujours très
prudents et exigent qu'on ne puisse pas divertir dans certains fonds
spéciaux les sommes qui pourraient servir à les repayer sur le
fonds consolidé du revenu. Donc, c'est pour ça que tous les fonds
spéciaux sont ouverts à rencontrer les obligations que le
ministre peut avoir contractées, pour être sûr qu'on ne
puisse pas cacher dans un fonds, à l'abri, disons, des actions qui
pourraient être intentées, l'ensemble de nos valeurs, pour
éviter d'exécuter nos obligations.
M. Dubé: II faut comprendre que c'est juste en rapport
avec les contrats de prêt qu'on va faire avec les organismes,
c'est-à-dire que, s'il y a des engagements réciproques, parce
qu'il y a toujours des engagements réciproques dans des emprunts, il est
possible, à un moment donné, comme il arrive dans certains cas,
que l'une ou l'autre des parties soit appelée à payer des
dommages parce qu'elle n'a pas respecté un engagement. Il faut que ce
soit payable quelque part et, lorsqu'on l'amène sur un fonds
spécial, il faut que ce soit payable sur le fonds spécial, sinon
il nous manque une garantie par rapport à l'emprunteur ou au
prêteur.
M. Léonard: En tout cas, disons, le premier, ça va.
Le paiement de toute dépense nécessaire à la
réalisation des fonctions conférées... Ah! les
fonctionnaires sont même payés. Il y a des salaires sur ces
fonds-là.
M. Rhéaume: Comme tous les fonds spéciaux, les
fonctionnaires qui vont effectuer ces emprunts vont être payés
à même le fonds.
M. Léonard: II y en a combien de fonctionnaires qui
peuvent travailler là-dessus?
M. Rhéaume: Actuellement, si on regarde les
effectifs du ministère qui effectuent les emprunts dont il est
question là, on parle de trois ou quatre personnes plus, disons, la
moitié du temps de certains de leurs supérieurs. On peut penser
qu'au total, ça se fait avec certainement moins de 10 personnes.
M. Léonard: C'est parce qu'en termes de transparence,
là, on est rendu à combien de fonds spéciaux au
gouvernement, maintenant que la porte a été ouverte?
M. Rhéaume: Une quinzaine.
M. Léonard: Une quinzaine. Plus ou moins 15. En termes de
transparence, je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure... C'est
transparent si on fait des rapports complets sur chacun des fonds. Mais en
réalité, il n'y a personne qui a le goût d'aller voir
là-dedans après avoir regardé des états financiers
du gouvernement. Ça va être de petits bilans de rien du tout. Et
c'est là où l'intérêt se perd. Oui. Moi, je trouve
que c'est des grandes portes, ça. L'article 69.6, ça va.
Le Président (M. Gobé): L'article 69.7 est
adopté.
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Gobé): J'appellerais maintenant
l'article 69.8.
M. Léonard: Ah! les surplus. Comment pouvez-vous avoir des
surplus là-dedans si tout est réparti ou tout est chargé
aux utilisateurs, disons, à tous ceux qui l'utilisent en vertu de
l'article 69.6 en quelque sorte? Ça doit se balancer à
zéro, un fonds spécial comme ça. Pourquoi? C'est un
être de raison, ces surplus-là?
M. Levesque: II pourrait peut-être avoir des
intérêts parce qu'il n'est pas à zéro, le fonds. Il
devrait y avoir au moins...
M. Rhéaume: C'est parce que, par exemple, les soldes
bancaires dans le fonds pourraient être placés auprès d'une
institution financière ou dans n'importe quel titre ordinaire et
générer quelque rendement. À ce moment-là,
ça créerait un surplus au fonds parce que toutes ses
dépenses sont déjà assumées par le fonds
consolidé. . M. Levesque: On ne s'attend pas à des
surplus...
M. Rhéaume: C'est ça. C'est juste pour ne pas
laisser dormir les quelques sommes qu'il pourrait y avoir là. Mais en
soi, le fonds n'est pas créé pour générer des
surplus. C'est clair que ce n'est pas un objectif.
M. Léonard: Non, je pense que c'est plutôt
résiduel...
M. Rhéaume: Exact.
M. Léonard: ...ou quelque chose. Mais pourquoi dites-vous
que "les surplus accumulés par le fonds sont versés au fonds
consolidé du revenu aux dates et dans la mesure que détermine le
gouvernement"? Vous pourriez dire: Chaque année.
M. Rhéaume: On pourrait effectivement. Je vous dirai la
même chose qu'à l'égard de l'article 13 de la Loi sur
l'administration financière, c'est une façon standard de
rédiger les lois sur les fonds spéciaux. Alors, on demande au
gouvernement de se prononcer chaque année.
M. Léonard: On pourrait avoir cependant,
théoriquement...
M. Rhéaume: On pourrait dire "chaque année",
effectivement, "le 1er avril de chaque année".
M. Levesque: Peut-être qu'on voudrait le laisser là
aussi, pour d'autres raisons. Je pense qu'il y a plus de
flexibilité...
M. Rhéaume: C'est bon d'avoir la latitude parce que ce
n'est pas très contraignant.
M. Léonard: Alors, vous voulez prendre un décret du
gouvernement pour déterminer les dates et la mesure...
Le Président (M. Gobé): C'est adopté?
M. Léonard: Ça pourrait être chaque
année.
Il me semble que ce serait mieux. Là, vous avez adopté le
modèle des fonds spéciaux d'un bout à l'autre.
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard: Bon.
M. Levesque: Alors, l'article 69.9...
M. Léonard: Qu'est-ce que ça veut dire: "Les
dispositions des articles 22 à..."
M. Levesque: Cet article rend applicable, au fond, certaines
dispositions...
Une voix: L'article 69.8 est adopté?
Le Président (M. Gobé): L'article 69.8 est
adopté, oui.
M. Levesque: ...de la Loi sur l'administration financière
et est conforme aux dispositions
applicables aux autres fonds spéciaux constitués au
gouvernement. Ces dispositions de la Loi sur l'administration financière
concernent substantiellement les pouvoirs de réglementation du Conseil
du trésor, les limites relatives aux paiements effectués sur le
fonds, les modalités relatives aux engagements financiers, l'application
des dispositions concernant les comptes publics.
M. Léonard: Articles 33, 35, 45, 47 à 49,
crédits accordés, les salaires, articles 47, 49. Bon, ce sont
toutes des dispositions de contrôle. Mon Dieu! à l'article 57, les
dispositions de tout paiement de deniers publics, sur un mandat du
lieutenant-gouverneur, est fait par un chèque officiel. Ça existe
encore?
M. Rhéaume: C'est celui qu'on a modifié avec
l'article 2 du projet de loi, ce matin.
M. Levesque: Dans le même projet de loi, l'article 57, on a
ajouté ce qu'il y a de plus moderne que ça.
M. Léonard: L'article 2?
M. Levesque: Oui, en haut de la page suivante, là: Toute
sorte de paiement visée au présent article peut être
donnée au moyen d'un appareil autorisé par le Conseil du
trésor ou selon une procédure déterminée par
lui.
M. Léonard: Correct... L'article 57... Je suis rendu
où, là, moi?
M. Rhéaume: Les articles 70 à 72. M.
Léonard: Les articles 70 à 72.
M. Levesque: II n'y a pas toujours une machine à
chèques plutôt que... Parce que ce qui était écrit
antérieurement, c'était un chèque.
M. Rhéaume: Oui.
M. Levesque: Dans le sens folklorique du mot. C'était
l'ancienne façon de faire les choses.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous payez par
un paiement électronique?
M. Levesque: On peut même faire les transferts de
fonds.
M. Rhéaume: Actuellement, ce n'est pas permis.
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas permis.
M. Levesque: Mais maintenant, là, c'est ça.
M. Rhéaume: Actuellement, quand on fait un paiement...
M. Levesque: Ça prend un papier.
Le Président (M. Gobé): Un bout de papier.
M. Rhéaume: ...électronique. Il faut envoyer un
chèque aussi.
M. Léonard: Pour confirmer le paiement
électronique.
M. Rhéaume: Oui.
Le Président (M. Gobé): Alors là, il n'y
aurait plus besoin d'envoyer le chèque.
M. Levesque: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): C'est quoi la preuve,
à ce moment-là?
M. Rhéaume: La preuve, c'est la réception et le
crédit au compte de banque de la contrepartie par l'institution
bancaire.
M. Léonard: C'est comme les virements directs pour les
comptes-salaire.
M. Rhéaume: Exactement. C'est en plein ça.
M. Levesque: Oui, c'est ça. Ils le font
présentement au gouvernement.
M. Léonard: Sauf que...
M. Rhéaume: Dans le moment, quand on fait des viremements
directs pour les salaires, on doit envoyer à chaque banque un
chèque pour le total des salaires qu'on lui a déposés pour
les employés du gouvernement.
M. Léonard: Là, vous allez faire par virements,
dorénavant...
M. Rhéaume: C'est ça.
M. Léonard: Vous pourriez le faire.
M. Rhéaume: Exact.
M. Léonard: Sauf si vous frappez quelqu'un, je ne me
rappelle plus quel est son nom, à l'Université du Québec
à Trois-Rivières, s'il vous fait de petits virements dans son
compte personnel.
Une voix: Ah oui!
M. Rhéaume: Les virements sont effectués
directement dans le compte des employés, de chaque employé.
M. Léonard: Oui, je sais, non, mais... Dans le monde
bancaire, on dit couramment qu'il n'y a pas un système à
l'épreuve des fraudes. Il n'y en a pas. Quelles que soient les
méthodes de contrôle, il y aura toujours quelqu'un qui va penser
un pas de plus en avant. Et c'est là, je pense, où les
contrôles sur les montants totaux ont une certaine importance, parce que
si au ministère des Finances on joue avec des 10 000 000 $, c'est comme
la loto, ça, là.
Le Président (M. Gobé): Pas grand-chose. M.
Levesque: Ça dépend...
Le Président (M. Gobé): Dans la masse, dans le
volume total.
M. Levesque: Individuellement, ce n'est pas pire.
Le Président (M. Gobé): Dans mon comté,
c'est intéressant.
M. Levesque: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 69. 9
est adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Gobé): J'appelle l'article 69.
10.
M. Levesque: L'année financière.
M. Léonard: 31 mars.
Le Président (M. Gobé): Adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Gobé): L'article 69. 11.
M. Levesque: L'article 69. 11, c'est conforme aux dispositions
applicables aux autres fonds. Ça permet l'exclusion contre les fonds
spéciaux des jugements contre la couronne payables sur le fonds
consolidé du revenu, comme s'il constituait un seul fonds avec le fonds
consolidé du revenu, et c'est une garantie normale.
M. Léonard: Mais c'est parce que de la façon dont
c'est écrit, j'ai de la misère... "Malgré toute
disposition contraire, le ministre doit, en cas d'insuffisance du fonds
consolidé du revenu - c'est grand, ça, le fonds consolidé
du revenu, je me demande comment il peut y avoir insuffisance de fonds,
là - payer sur le fonds de financement les sommes requises pour
l'exécution d'un jugement ayant acquis force de chose jugée
contre la couronne. " Bon. Le fonds de financement va financer le fonds
consolidé du revenu...
Expliquez-moi...
M. Rhéaume: C'est le principe que j'évoquais tout
à l'heure, c'est-à-dire que, par exemple, si quelqu'un prend un
jugement contre le gouvernement, le jugement contre le gouvernement est
normalement exécutable contre le fonds consolidé du revenu.
Alors, il pourrait être de l'avantage du gouvernement de prendre, de
vider le fonds consolidé du revenu, de cacher tout ça dans les
fonds spéciaux pour les mettre à l'abri des recours. C'est pour
ça que chaque fonds spécial a une disposition comme
celle-là qui dit et qui assure les gens qui sont nos créanciers
qu'on ne va pas cacher les sommes en question dans les autres fonds, pour les
soustraire à leurs obligations ou aux recours.
M. Léonard: On se croirait en Bolivie.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé):...
M. Rhéaume: C'est ça. Le fonds spécial
caché ailleurs devra servir à suppléer au fonds
consolidé, si on a vidé le fonds consolidé pour se
soustraire à nos obligations.
M. Léonard: La confiance règne.
Le Président (M. Gobé):... accès au fonds
consolidé?
M. Léonard: Oui. J'avais l'impression, ce matin,
justement, quand j'écoutais, quand je regardais la motion de
clôture sur la loi 109, qui porte sur la Caisse de dépôt et
placement... Il y a comme des fonds, là, dont on pourrait se servir.
C'est quand même dangereux.
Le Président (M. Gobé): Je pense qu'on va garder la
pertinence du débat, M. le député, sur le projet de loi.
Est-ce que l'article 69. 11 est adopté?
M. Léonard: Oui, bien que je ne voie pas comment,
pratiquement, il y a des choses comme ça qui peuvent se passer. D'un
point de vue pratique, j'ai de la misère à comprendre.
Le Président (M. Gobé): L'article 69. 11
étant adopté...
M. Léonard: C'est comme si c'était un aspect tordu
de...
M. Dubé: Ça nous permet, sur nos engagements,
notamment sur nos engagements d'emprunt, de garantir nos prêteurs. Si on
dit aux prêteurs que c'est possible, puis si on ferme le fonds
consolidé, à ce moment-là, eux autres, d'ici 10 ans ou
d'ici 20 ans, au bout de leur emprunt,
Ils pourraient perdre leurs garanties sur le fonds consolidé en
quelque sorte. Si vous créez, supposons, je ne sais pas, moi, 250 fonds
spéciaux, puis qu'il reste un petit fonds consolidé de rien,
finalement, c'est qu'on vient remettre...
M. Levesque: Moi, je pense que le député, à
moins que je ne me trompe, pense peut-être que c'est l'inverse...
M. Léonard: C'est l'inverse. Moi, je vois l'inverse.
M. Levesque: C'est ça.
M. Léonard: Vous n'avez pas de fonds suffisants dans le
fonds de financement, puis là, vous voulez donner la garantie que le
fonds consolidé du revenu aura un coeur ouvert pour le fonds de
financement.
M. Dubé: Sauf que...
M. Levesque: C'est ça que je pensais. Je partageais
son...
M. Léonard: Bien oui! Ils me disent le contraire. C'est
que...
M. Levesque: C'est ça que...
M. Léonard: Ils ferment le fonds consolidé du
revenu...
M. Levesque: Ils vont nous expliquer ça.
M. Dubé: Lorsque vous faites un emprunt, vous le
garantissez sur le fonds consolidé. On parle des emprunts, là,
des emprunts de la province.
M. Léonard: Oui
M. Dubé: C'est surtout ces engagements-là auxquels
on se réfère.
M. Léonard: Ah bon! Tout à l'heure, ils m'ont dit
que les opérations d'emprunt pour les activités du gouvernement,
ça ne touchait pas le fonds de financement...
M. Dubé: C'est ça...
M. Léonard: Je vous ai convié à joindre le .
cortège, puis vous n'avez pas voulu.
M. Dubé: On l'a séparé. M.
Léonard: Oui?
M. Dubé: C'est-à-dire que c'est votre article, ici.
Vous trouvez au début de la loi, l'article 3, où on dit: aux fins
prévues par l'article 69. 5. Le gouvernement peut faire des emprunts aux
fins prévues par l'article 69. 5 pour les fins du fonds de financement
et en faire aussi pour ses propres fins.
M. Léonard: Oui.
M. Dubé: Mais ces deux types d'emprunt là sont
payables sur le fonds consolidés.
M. Léonard: Oui.
M. Dubé: Oui. Alors là, c'est ça que je vous
dis maintenant. C'est-à-dire que quand on fait nos emprunts, on les paie
sur le fonds consolidé. Et il faut assurer les prêteurs que le
fonds consolidé a toujours la même taille. Il y a toujours tout
l'argent du gouvernement dedans. Et c'est ça qu'on fait ici en quelque
sorte. (18 h 15)
M. Léonard: Je pense que vous avez raison parce que quand
on aura à payer la dette du fédéral, ça va vous
siphonner.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 69. 11
étant adopté, est-ce que l'article 5, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Léonard: M. le ministre, vous nous faites assez de
discours sur le déficit accumulé du Québec, que moi,
celui-là, c'est pas lui qui m'empêche de dormir. C'est celui du
fédéral.
M. Levesque: Ah! Il est grave. M. Léonard: M est
grave, oui.
M. Levesque: II est grave, j'en conviens.
Le Président (M. Gobé): L'article 5, tel
qu'amendé, étant maintenant adopté, j'appelle l'article
6.
M. Léonard: Bon, c'est ça. On l'adopte dans son
ensemble?
Le Président (M. Gobé): Dans son ensemble, tel
qu'amendé, d'accord?
M. Léonard: Oui, parce qu'il a un titre. Sur division,
ià, parce que nous avons des...
Le Président (M. Gobé): Sur division.
M. Levesque: II y a quelques divisions, oui. À l'article
6, M. le Président, j'aurais un amendement à
suggérer...
Le Président (M. Gobé): Pourrais-je en prendre
connaissance? Merci.
M. Levesque: II s'agit simplement d'une concordance parce que la
date était 1990 quand on avait commencé à étudier
la loi. Maintenant, étant donné qu'on a apporté beaucoup
d'attention à ce projet de loi, il faudrait changer la date de 1990
à 1991 tout simplement. Le 1er avril. Alors, modifier les articles 6, 7,
8, 9, 10, 11, 12 et 13, par le remplacement, dans chacun de ces articles, de la
date du 1er avril 1990 par la date du 1er avril 1991.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Léonard: Un instant, là. Nous avons beaucoup de
papier.
Le Président (M. Gobé): II est recevable dans son
esprit et dans sa forme.
M. Léonard: Ah oui! Donc, ça touche tous les
articles suivants aussi.
M. Rhéaume: Tous les articles dans lesquels il y a des
dates.
M. Léonard: Alors là, on est rendus en 1991. Il n'y
a pas de problème avec ça. C'est de la concordance de date.
M. Levesque: C'est de la concordance tout simplement.
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce que l'article
6, tel qu'amendé, est adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Gobé): L'article 6 étant
adopté, j'appelle l'article 7.
M. Levesque: Amendé. Même chose. Le
Président (M. Gobé): C'est l'article...
M. Levesque: Un autre amendement, M. le Président, dans le
même sens. Changer la date du 1er avril...
Le Président (M. Gobé): On l'a déjà
sur le premier...
M. Levesque: Mais on l'a déjà fait, ça?
Le Président (M. Gobé): Oui, c'est-à-dire
que je vais appeler chacun des articles tel qu'amendés en allant
jusqu'à 13. Chaque fois que je vais l'adopter, je vais faire adopter
l'amendement avec.
M. Levesque: D'accord. Alors, la modification permet
désormais au ministre responsable de contribuer au fonds d'amortissement
des organis- mes visés par cette loi, dans le cas de tout emprunt, et
non seulement dans le cas des emprunts par émission d'obligations. Cette
modification est rendue nécessaire aux fins de permettre le versement de
contributions dans ce fonds d'amortissement pour les prêts
effectués par le fonds de financement qui ne nécessiteront plus
ce véhicule financier. De plus, une modification est apportée en
regard de l'utilisation des revenus du fonds. Désormais, ces revenus
pourront servir en déduction des sommes que le ministre aurait à
déposer en vertu du premier alinéa pour former le fonds
d'amortissement. Alors, M. Rhéaume, si vous voulez expliciter.
M. Rhéaume: C'est qu'actuellement, les contributions au
fonds d'amortissement peuvent être effectuées à
l'égard des emprunts qui sont effectués dans le cadre d'une
émission d'obligations. Alors, désormais, comme les emprunts qui
seront faits auprès du fonds de financement ne seront pas
constatés nécessairement par une obligation, mais pourraient
être par un contrat de prêt, un billet ou quelque chose d'autre,
pour être sûr que ces emprunts aussi pourront faire l'objet de
contributions au fonds d'amortissement, il est nécessaire de modifier
l'article de la loi qui permet de faire les contributions au fonds
d'amortissement.
M. Léonard: Je pensais, moi, que c'était en voie de
disparition les fonds d'amortissement en contrepartie d'obligations.
M. Rhéaume: Ah non! pas du tout. M. Léonard:
Pas du tout.
M. Rhéaume: C'est une façon de garantir au
prêteur, en plus d'avoir une garantie par promesse d'une subvention ou
sur le fonds consolidé, que quelque part, il se provisionne des fonds en
vue de rembourser le capital des emprunts quand il va venir à
échéance. Alors, ça offre une garantie additionnelle.
Ça permet aussi de gérer un peu, disons, d'intervenir sur le
marché secondaire de ces titres-là. Alors,, les fonds
d'amortissement ne sont pas en voie de disparition.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 7
est...
M. Léonard: Mais ça s'applique dans des cas
particuliers, finalement. Je comprends que pour une université, par
exemple, d'avoir un fonds d'amortissement ça s'entend. Pour le
gouvernement il n'y en pas?
M. Rhéaume: On en a aussi. Oui, effectivement.
M. Léonard: Vous en avez vous aussi?
M. Rhéaume: Oui, bien sûr. Dans les emprunts qu'on
contracte, il y a souvent de la part des prêteurs des exigences de
provisionne-ment du capital dans des fonds d'amortissement.
M. Léonard: Ces fonds d'amortissement là, vous les
reprêtez vous-mêmes?
M. Rhéaume: Oui. On les gère nous-mêmes. Les
exigences sont que, quelque part, soient sortes du fonds consolidé du
revenu comme tel en vue de rembourser le capital, certaines sommes
annuellement, par exemple, ou périodiquement.
M. Léonard: Vous les placez où ces
fonds-là?
M. Rhéaume: On les place dans des titres sur les
marchés financiers.
M. Gagnon: Essentiellement, des titres du gouvernement du
Québec ou des institutions subventionnées pour lesquels le
ministre s'est vu confier la gestion de ces fonds d'amortissement. Avec les
fonds des cégeps, on intervient sur tes marchés pour acheter des
titres obligataires de cégeps, généralement, et la
même chose pour chacun des fonds.
M. Rhéaume: Ce qui correpond à racheter une partie
de la dette.
M. Léonard: En mettez-vous un peu à la Caisse de
dépôt et placement du Québec?
M. Rhéaume: Non, on ne prête pas à la Caisse
de dépôt et placement du Québec.
M. Léonard: Vous empruntez? M. Rhéaume:
Plutôt.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 7
est...
M. Léonard: Mats ça, ça pourrait être,
finalement, dans le bilan du fonds d'amortissement. Ça va être au
bilan du fonds?
M. Rhéaume: Oui, le bilan des fonds d'amortissement.
M. Léonard: Donc, il peut y avoir des sommes
importantes.
M. Rhéaume: II y a des fonds d'amortissement. On a des
états financiers pour les fonds d'amortissement qui sont dans les
comptes publics.
M. Gagnon: La somme des fonds confiés à la gestion
du ministre des Finances totalise 1 250 000 000 $ environ, au moment où
on se parle.
M. Léonard: 1 250 000 000 $.
M. Gagnon: À peu près la moitié est
constitué du fonds d'amortissement de la province de Québec sur
divers emprunts et l'autre moitié de divers fonds d'amortissement pour
les cégeps, pour les hôpitaux, pour les commissions scolaires.
M. Léonard: L'article 69.6
M. Rhéaume: Non, pas tout l'ensemble, mais cégeps,
hôpitaux, commissions scolaires et universités.
M. Léonard: Les universités.
M. Gagnon: Pas les autres organismes.
M. Rhéaume: Pas les autres organismes.
Le Président (M. Gobé): L'article 7 tel
qu'amendé est adopté. Avant d'aller à l'article 8,
j'aimerais vous mentionner qu'il reste cinq minutes et j'aimerais
connaître vos intentions, à savoir si vous avez l'intention de
continuer l'étude du projet de loi jusqu'à son adoption finale.
À ce moment-là, je demanderai le consentement final pour
déroger au temps, sinon je vous avertis que, dans cinq minutes, nous
allons devoir suspendre nos travaux.
M. Léonard: On va procéder jusqu'à 18 h 30.
On va voir s'il en reste un ou deux...
On pourrait peut-être... Comment ça? Il est 18 h 23?
Une voix: C'est correct. L'horloge est correcte.
M. Léonard: Oui, oui, on a encore du temps.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 8 est
appelé.
M. Levesque: L'article 8, c'est exactement la même chose.
On me dit que les autres articles, c'est dans le même sens.
M. Dubé: Dans le même sens et pour chacun des
réseaux.
M. Levesque: On passe réseau par réseau. Là,
on est rendus à...
M. Dubé: Là, on est au niveau des commissions
scolaires.
M. Léonard: La Loi sur l'instruction publi-
que. Là, vous ne mentionnez pas le Conseil scolaire de
l'île de Montréal.
M. Dubé: C'est-à-dire qu'il est prévu ici
parce que le Conseil scolaire dans la Loi sur l'instruction publique... On
parle des fonds d'amortissement. Quand il fait ses emprunts, il peut faire des
fonds d'amortissement.
M. Rhéaume: Et c'est prévu aussi sur la Loi sur
l'instruction publique, les fonds d'amortissement.
Le Président (M. Gobé): L'article 8 est-il
adopté? Oui?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Gobé): L'article 8 est maintenant
adopté. J'appelle l'article 9.
M. Levesque: L'article 9 est une modification apportée en
regard de l'utilisation des revenus du fonds. Ces revenus pourront servir dans
des sommes que le ministre sera prêt à déposer en vertu du
premier alinéa pour former le fonds d'amortissement. C'est exactement
dans le même sens.
M. Léonard:... des sommes destinées au paiement du
capital de l'emprunt. C'est la même chose que celui de l'article 28.
2.
Le Président (M. Gobé): Alors, vous m'excuserez
d'interrompre les travaux à ce moment-ci, mais on m'avise qu'il y a un
vote en Chambre. Est-ce que nous suspendons ou est-ce que... Qu'est-ce qu'on
fait, là? Une directive en... Est-ce que vous préférez...
Lorsque nous reviendrons, le temps va être fini.
M. Levesque: Est-ce que vous voulez revenir rapidement demain
matin pour le finir ou quoi?
M. Léonard: C'est ça que je me demandais.
M. Levesque: Est-ce qu'on ne peut pas remettre ça à
un peu plus tard, demain avant-midi à 11 heures? Est-ce qu'on a le droit
de faire ça?
Le Président (M. Gobé): II faut demander ça
au leader. Ou midi ou 11 h 30, ou... Pour que le leader donne un avis ce
soir.
M. Léonard: Là, il faut arrêter tout de
suite.
Le Président (M. Gobé): Là, on n'a pas le
choix, il faut aller voter.
Une voix: Si on a consentement, on revient...
M. Levesque: Le leader nous a déjà donné
demain si nécessaire.
Une voix: Oui, si nécessaire. M. Levesque: Si
nécessaire. Une voix:...
Le Président (M. Gobé): Messieurs, c'est pour
vous.
M. Levesque: On pourrait se fixer une autre heure dans
l'avant-midi, si ça fait mieux l'affaire du député de
Labelle. Moi, ça ne me fait pas de différence.
Le Président (M. Gobé): À votre
convenance.
M. Levesque: S'il y a moins de temps... Avec l'assurance,
évidemment, qu'on aura assez de temps pour finir.
M. Léonard: Je regarde. Je vous dis qu'il ne reste pas
grand-chose dedans.
Le Président (M. Gobé): Voulez-vous que nous
revenions après le vote et qu'on suspende les travaux?
M. Léonard: Ça, c'est...
Le Président (M. Gobé): Sur consentement.
M. Léonard:... dangereux.
Une voix: Oui.
M. Léonard: On ne peut pas finir.
M. Levesque: Mais comme c'est les mêmes articles...
M. Léonard: C'est les mêmes articles. Une voix:
Mais là, il faut aller voter.
Le Président (M. Gobé): C'est parce qu'il faut
aller voter, M. le ministre, là.
M. Léonard: C'est la même chose.
M. Levesque: C'est la même chose. Est-ce qu'on les adopte
tout de suite?
Le Président (M. Gobé): Est-ce que les articles 9,
10, 11, 12, 13 sont adoptés?
Des voix: Adoptés tels qu'amendés.
Le Président (M. Gobé): Tel qu'amendés?
Une voix: O. K. Article 14.
M. Levesque: Tel qu'amendés.
Le Président (M. Gobé): Alors, les articles 9, 10,
11, 12, 13...
M. Léonard: II va rester l'article 14.
Le Président (M. Gobé): Alors, la commission
suspend ses travaux.
M. Léonard: Jusqu'à l'article 9, M. le
ministre.
M. Levesque: Est-ce que... Jusqu'à quoi?
M. Léonard: Article 9.
M. Levesque: Jusqu'à l'article 9.
Le Président (M. Gobé): Nous sommes maintenant
à l'article 10.
M. Léonard: O. K.
Le Président (M. Gobé): Alors, la commission
suspend ses travaux à ce soir, 20 heures, car elle reviendra pour
l'étude d'un autre projet de loi qui est le projet de loi 103.
Des voix: Oui.
Le Président (M. Gobé): Mais les travaux pour ce
projet de loi reprendront demain...
M. Léonard: Ils reprennent demain matin.
Le Président (M. Gobé):... sur ordre de la Chambre.
Demain, à 10 heures pour ce projet de loi là.
(Suspension de la séance à 18 h 27)
(Reprise à 20 h 11)
Projet de loi 103
Le Président (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration est réunie
afin de procéder à l'étude détaillée du
projet de foi 103, soit la Loi modifiant la Loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services. Est-ce qu'il y a des remplacements, Mme la
secrétaire?
La Secrétaire: II n'y a aucun remplacement, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la secrétaire.
Est-ce qu'il y a des remarques préliminaires? M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Robert Dutil
M. Dutil: Oui, rapidement, M. le Président. Nous avons
parlé de l'adoption du principe en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale. J'ai fait à ce moment-là un retour
non seulement sur la loi, mais également sur l'ensemble du rapport
Bernard, d'où est issue d'ailleurs la loi qui ne touche que deux
recommandations, la 30 et la 44. J'ai expliqué à ce
moment-là qu'on ne touchait que deux recommandations, parce qu'au niveau
du ministère des Approvisionnements et Services, sur les 45
recommandations qur sont contenues dans le rapport Bernard, des 22 qui touchent
le ministère des Approvisionnements et Services, seulement ces
deux-là nécessitaient de faire une loi, de faire une modification
législative. Les autres recommandations, on peut en disposer de
façon soit réglementaire, soit par directive. J'ai
mentionné à ce moment-là que c'était, bien
sûr, notre intention. Ça confirme un peu le diagnostic qu'avaient
posé les membres du rapport Bernard dans leur introduction, à
savoir que le système d'octroi de contrats, finalement, actuellement en
cours, est un système qui est valable, est un système qui est
efficace, est un système qui se compare très avantageusement
à tous les systèmes que l'on peut retrouver dans d'autres
provinces ou même dans certains États américains, puisque
les membres du comité Bernard avaient pris la peine de vérifier
ailleurs, en particulier au Wisconsin, de quelle façon on
procédait à l'octroi de contrats.
J'avais, à ce moment-là, fait un bref historique des
grandes décisions qui avaient été prises parce que la
préoccupation de l'octroi de contrats équitables au sein des
gouvernements n'est pas une primeur. C'est la préoccupation de beaucoup
de gouvernements dans le passé particulièrement. J'avais
cité Jean Lesage qui avait introduit le système de soumissions
publiques avec prix la première fois, ce qui a d'ailleurs
réglé 95 % de la problématique de l'octroi des contrats
quant à l'objectivité de la façon de procéder. Et
par la suite, d'autres gestes avaient été posés,
particulièrement sous le gouvernement René Lévesque,
à savoir fa Loi sur le financement des partis politiques parce que,
malheureusement, à tort ou à raison, on lie souvent le processus
d'octroi de contrats au financement des partis politiques. Et donc, la loi qui
avait été amenée à cette époque-là
avait obligé, d'une certaine façon, ceux qui fournissaient aux
caisses des partis politiques à abaisser le niveau de ce qu'ils
faisaient et amener un financement beaucoup plus populaire, c'est-à-dire
beaucoup plus étendu que ce qu'il était dans le passé, de
même
que la constitution de ce que l'on a appelé le fichier des
fournisseurs qui est identifié, bien sûr - et chacun le sait -
sous le nom de Rosalie. Je pense qu'on est aujourd'hui obligé de parler
de Rosalie pour se faire comprendre de la population, parce que c'est le terme
qui a été adopté, règle générale,
à travers toute la province de Québec.
Alors, quant au projet de loi 103 lui-même, il touche, comme je le
mentionnais, plus particulièrement la recommandation 30. Je ne parle pas
de la recommandation 44, parce qu'il ne s'agit que d'une précision qui
nous apparaissait implicite, mais nous avons senti le besoin, même si
c'était implicite dans la loi dans le passé, de rajouter, tel que
libellé dans la recommandation 44, la construction et l'acquisition
d'espaces. Mais quant à la recommandation 30, qui se lit comme suit:
"Que le ministère des Approvisionnements et Services mette en place un
mécanisme plus souple pour apporter des modifications à la liste
des spécialités", ce qui se passe, c'est qu'actuellement, quand
on doit s'adapter aux divers changements qui se produisent dans notre
société, d'une façon très rapide dans certains
domaines, particulièrement dans le domaine technologique, le processus
actuel nous oblige à passer quasiment neuf mois pour en arriver à
une modification au niveau de spécialités.
Le projet de loi que nous avons devant nous ce soir nous permettra de
réduire ce délai-là, à tout le moins, de plusieurs
mois, probablement d'environ cinq mois. Il restera quatre mois qui,
eux-mêmes, sont compressibles en fonction... Parce que, là, on n'a
pas de délai obligatoire; ce qu'on élimine, c'est souvent les
délais obligatoires. Donc, ces quatre mois eux-mêmes pourraient
être compressibles et pourraient nous ramener aux alentours de deux
à trois mois, ce qui nous apparaît plus raisonnable, plus conforme
également à la recommandation du rapport Bernard.
Alors, c'est ce dont nous allons sans doute discuter ce soir, bien que
je n'aie pas d'objection, M. le Président, à ce qu'on parle
également des autres recommandations du rapport Bernard. J'ai
l'impression qu'au niveau de l'Opposition, on souhaite également
profiter de l'occasion pour voir où on en est rendu dans l'application
du rapport Bernard. Merci.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, je tiens à dire
d'entrée de jeu qu'on est d'accord avec le projet de loi qui est devant
nous, que le mandat du ministère des Approvisionnements et Services en
matière de construction soit contenu dans la loi et que la liste des
spécialités soit mise à jour ou modifiée d'une
façon plus rapide. Nous n'y avons aucune espèce d'objection.
Le ministre a convenu d'échanger un peu avec moi avant de passer
à l'étude article par article du projet de loi. Il est sûr
que nous, notre déception relative, c'est la lenteur avec laquelle les
recommandations plus fondamentales du rapport Bernard sont appliquées.
Le rapport Bernard portait sur un grand nombre de questions reliées
à l'octroi de contrats pour des biens ou des services de la part du
gouvernement. Il y avait la cohérence de la réglementation, la
précision du champ d'application de la réglementation,
l'efficacité et la transparence des processus d'octroi de contrats. Pour
l'Opposition, ce point-là était plus important; quant a nous, le
suivi de l'évaluation de la performance des fournisseurs et le partage
des responsabilités et l'imputabilité des intervenants
gouvernementaux.
Nous avons, l'an dernier, et pendant la campagne électorale, et
pendant la session de l'automne dernier, dénoncé un certain
nombre de pratiques dans l'octroi des contrats pour les ingénieurs
à la Santé et aux Services sociaux, de même qu'aux
Transports. Je n'ai pas l'intention d'y aller de façon
détaillée ce soir. Mon vis-à-vis a une idée
précise de ce à quoi nous nous en prenions.
À la même époque, le premier ministre a formé
le comité de Louis Bernard, l'ancien secrétaire
général du Conseil exécutif du Québec sous le
gouvernement de M. René Lévesque, quelqu'un dont
l'intégrité et la compétence ne sont mises en doute par
personne, pour étudier toute la mécanique d'octroi des contrats.
Il y a une partie du rapport Bernard qui est devant nous sous forme de projet
de loi ce soir, mais c'est une partie marginale si on veut, importante pour la
bonne administration du ministère, mais, quant à nous, les points
les plus importants qui touchent la question de la transparence dans l'octroi
des contrats gouvernementaux, c'est les recommandations 17 à 27 qui
portent sur les comités de sélection, que nous avons maintes fois
critiqués dans deux ministères en particulier, Santé et
Services sociaux et Transports.
On proposait de modifier les comités de sélection pour
qu'ils soient plus transparents et de confier au ministère des
Approvisionnements et Services le soin de désigner par rotation des
fonctionnaires bien formés, adhérant à un code
d'éthique, pour siéger sur ces comités de sélection
afin que le processus se fasse d'une façon correcte et
honnête.
Il y avait aussi, quant à nous, la recommandation 7 qui
recommande que les sociétés d'État rendent compte de leur
mode d'octroi de contrats, et, à cet égard, je
répète ici ce que j'ai dit en Chambre: Hydro-Québec va
dépenser, d'ici l'an 2000, soit une dizaine d'années, 62 000 000
000 $ pour construire des barrages. Il serait normal que les parlementaires
aient des comptes rendus de comment les contrats sont octroyés.
Donc, M. le Président, je voudrais dire à
cet égard que nous avons l'intention de voter la loi, mais ce qui
nous intéresse au-delà de cette toi, c'est le suivi qui va
être donné au rapport Bernard. À cet égard, je vais
lire un bout d'un éditorial fort bien écrit de Gifles Lesage,
dans Le Devoir du 5 juin 1990, où il parie du rapport Bernard et
où M. Lesage écrit: "Malheureusement, tout en accueillant
favorablement l'étude dont il a lui-même pris l'initiative
l'automne dernier, le premier ministre ne fait pas preuve de
célérité. Bien au contraire, les ministres en cause
devront faire des analyses sur la coordination du secrétaire
général du gouvernement. Mais celui-ci a jusqu'au 31 janvier
prochain, soft huit mois, pour faire rapport au premier ministre. Ce
délai est anormalement long. S'il voulait faire preuve
d'efficacité et de transparence, comme il le prétend, le chef du
gouvernement s'empresserait de mettre en oeuvre quelques recommandations qui
vont de sol. Le premier ministre attend et esquive. Ça lui ressemble.
Après, il s'étonnera de la méfiance et du scepticisme
renaissant, comme 0 y a 15 ans, hélas!" Et j'ai cité M. GilIes
Lesage, éditorialiste du journal Le Devoir.
Donc M. le Président, ce qui nous intéresserait de
connaître ce soir du ministre, avant de procéder à
l'étude article par article, c'est ceci, en gros: Quelle proportion des
recommandations du rapport Bernard nécessite l'adoption d'une toi par
rapport à celles plus nombreuses, je pense bien, qui nécessitent
des mesures administratives? Ça c'est, je pense, une première
question que j'ai tendance à poser au ministre, d'entrée de jeu.
Et on pourrait échanger, de telle sorte qu'au lieu de passer de Charybde
en Scylla, on pourrait faire le point tout de suite sur le suivi du rapport
Bernard, que le ministre, je pense, est intéressé à faire,
et nous aussi. Donc, on a comme une base de discussion à cet
égard-là.
Le Président (M. LeSage): Est-ce qu'il y a entente pour
procéder selon le mode suggéré par le député
de Pointe-aux-Trembles?
Suivi du rapport Bernard
M. Dutil: Aucun problème, M. le Président. Pour
répondre à la question d'une façon précise: Combien
de lois seront nécessaires? Actuellement, nous identifions qu'il y aura
deux ou trois lois nécessaires, celle-ci faisant partie des lois. Il y
en a une seule qui sera nécessaire au ministère des
Approvisionnements et Services. Il y en a probablement une autre qui va
être nécessaire par le Conseil du trésor, qui peut
concerner des aspects généraux de la réglementation et
toucher plusieurs ministères, mais qui serait probablement
présentée par le ministre responsable du Conseil du
trésor, le préskient du Conseil du trésor. Et il est
possible - c'est une chose que nous sommes en train de vérifier parce
qu'il y a une certaine difficulté d'interprétation - que la
recommandation 10 exige une modification législa- tive. Il y a des gens
qui prétendent que ça suffira de faire une modification
réglementaire, d'autres une modification législative. Alors, on
clarifiera ce point-là assez rapidement.
Mais si je peux me permettre de revenir sur les commentaires
préliminaires du député de Pointe-aux-Trembles, qui nous
mentionne que le processus lui apparaît un peu lent, je dois vous dire
que d'abord, à la suite du dépôt du 4 juin, notre travail a
tout de suite commencé pour présenter un mémoire au
Conseil des ministres. On sait qu'à la suite du dépôt d'un
rapport, il doit y avoir une décision du Conseil des ministres, que les
décisions du Conseil des ministres se prennent, bien sûr, à
partir d'un document qui est préparé par les ministères
concernés. Dans ce cas-ci, les ministères concernés sont
au nombre de 10, à part deux recommandations qui touchent tous les
ministères. Alors, on voit que ce n'est pas un rapport ordinaire.
En général, un rapport de ce genre-là touche un
ministère. On demande un rapport qui concerne un ministère, qui
ne touche que ce ministère-là, et donc il n'y a pas les
difficultés de coordination qu'on peut rencontrer dans le cas du
dépôt du rapport Bernard. Et malgré cela, malgré ce
fait-là, dès le 12 décembre, une décision de mise
en oeuvre du rapport Bernard a été prise par le Conseil des
ministres. Nous avions deux contraintes, celle que je viens de mentionner,
plusieurs ministères étaient concernés. Et l'autre
contrainte était qu'évidemment, nous étions en
période estivale. On sait très bien que c'est beaucoup plus
difficile de faire cheminer, de faire avancer des décisions en
période estivale. Alors, du 4 juin au 12 septembre, il y a peu de temps.
Et malgré cela, on en est arrivé à présenter le
mémoire, faire adopter le mémoire au Conseil du trésor et
par les autres instances décisionnelles pré-Conseil des
ministres. Et le Conseil des ministres a pris le 12 septembre cette
décision que j'ai citée à l'Assemblée nationale,
lorsque nous avons fait l'adoption de principe. Je l'ai cité presque en
longueur. Je n'ai omis que de citer la page. De toute façon, c'est une
décision publique comme je l'ai mentionné, que les gens peuvent
consulter, la page qui concerne l'acceptation du partage des
responsabilités parce qu'elle reprenait textuellement la recommandation
du rapport Bernard quant à ce partage des responsabilités. On
voit, quand on lit cette décision-là, que la volonté
politique du gouvernement est très claire d'appliquer le plus
près possible le rapport Bernard. Ceci dit, évidemment,
l'Opposition nous demande des faits concrets, nous demande des preuves, nous
demande des choses là-dessus. Le dépôt du projet de loi,
évidemment, en est une démonstration. Mais je puis dire
aujourd'hui que, sur les 45 recommandations, il y en 6 qui sont
appliquées, d'ores et déjà. Évidemment, je
tiendrais à faire un suivi du rapport Bernard complet et en une seule
fois. On n'a pas voulu le faire par petites
doses, le présenter par action immédiate. Je me suis
engagé à présenter un suivi global du rapport Bernard.
J'avais mentionné le plus rapidement possible au député de
Pointe-aux-Trembles. Alors, évidemment, quand on dit le plus rapidement
possible, on nous interroge sur ce que veut dire le plus rapidement possible.
Ce soir, je dis au député de Pointe-aux-Trembles qu'au plus tard,
le 15 janvier, on le rendra public, et avant de le rendre public, j'aurai
déposé à l'Opposition les documents que je rendrai publics
à la presse. On rendra public un suivi du rapport Bernard, où
est-ce qu'on en est dans chacune des recommandations et quelles sont nos
intentions pour celles qui ne seraient pas encore en application.
M. Bourdon: M. le Président, si le ministre me le permet,
pour ce qui est d'assujettir HydroQuébec à une norme de faire
rapport, dans le fond, à la commission de l'économie et du
travail, à laquelle se rapporte Hydro-Québec chaque année,
le rapport Bernard suggère qu'à cette occasion-là,
Hydro-Québec rende compte de son mode d'attribution de contrats. Je
pense au contrat d'ingénierie, par exemple, à la phase II de la
Baie James qui sont des contrats d'une ampleur très considérable,
les contrats de construction aussi, qui sont très considérables.
Est-ce que le ministre peut nous dire si cet assujettissement
d'Hydro-Québec ou cette impu-tabilité, si vous
préférez, ça suppose un amendement législatif ou si
ça peut être fait autrement que par l'adoption d'une
législation?
M. Dutil: Non. Je répète que, sur le plan
législatif, ce que nous, on dégage actuellement, selon les
études qu'on a faites, les recommandations qui seraient touchées
sont les recommandations 30 et 44 que l'on fait actuellement. On s'interroge
sur la recommandation 10. On n'est pas encore certains que ça prend une
modification législative. Il est possible que ça en prenne une.
Quant aux autres qui pourraient impliquer une modification législative,
ce sont celles qui touchent le Conseil du trésor, et je vous les
énumère. Je vous le dis de bonne foi en vous disant que je peux
me tromper. Il peut arriver que, dans le suivi, on découvre
qu'éventuellement, il y a une recommandation ou deux de plus qui exigent
une modification législative. En tout cas, je vous dis celles, pour
l'instant, où on pense qu'il y aura ou qu'il devrait y avoir
modification législative, entre autres les recommandations 4, 5, 6, 41,
42, 43, qui relèvent du Conseil du trésor. Il nous semble que ces
recommandations impliqueront une modification législative. Quant aux
autres, actuellement, selon le travail qu'on a fait, il ne semble pas qu'il y
ait de modifications législatives nécessaires.
M. Bourdon: D'accord. Maintenant, pour ce qui est des
comités de sélection, parce que là, ce que le rapport
Bernard propose, c'est d'avoir, selon le cas, quand on fait un appel d'offres
public, cinq membres, quand on fait un appel d'offres sur invitation, 3
membres, et dans chaque cas on dit que le fonctionnaire responsable du
comité de sélection devrait, premièrement, être
choisi, agréé, par le ministère des Approvisionnements et
Services, le faire par rotation, avoir une formation adéquate et
être assujetti à un code d'éthique. Je ne veux pas revenir
dans les cas d'espèce. Mais, il y a eu, croyons-nous, avions-nous dit,
des abus à cet égard. Est-ce que je dois déduire de ce que
dit le ministre, qu'au 15 janvier on va connaître
l'échéancier de réalisation de cette partie selon nous
essentielle du rapport Bernard? (20 h 30)
M. Dutil: Oui.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Écoutez, moi, je suis satisfait de voir que le
ministre va nous arriver avec un échéancier plus précis au
15 janvier. Il y a un travail qui a été fait. Il y a deux
aspects, si on me permet, à la question. Il y a que le rapport Bernard
n'a pas traité que de transparence dans l'octroi des contrats et des
questions relatives au favoritisme politique, puisque c'est de ça qu'on
parlait, et j'admets qu'il y a une certaine complexité à
l'ensemble des recommandations du comité Bernard. Et on sait que
l'appareil gouvernemental est parfois lent à coordonner pour mettre les
morceaux du puzzle ensemble. Mais je réitère au ministre qu'on
pense qu'il a de bonnes intentions à cet égard, et ce qu'on ne
voudrait pas qui manque, quant à nous, c'est la volonté politique
d'aboutir, pour mettre fin à des abus puis pour rationaliser ailleurs.
Alors, ce que je veux dire, c'est que le rapport Bernard parle tantôt de
choses qui ont fait l'objet de débats publics assez passionnés,
puis où il faudrait mettre de l'ordre. C'est un aspect, puis on parte
aussi de cohérence dans l'ensemble des règles et de règles
plus efficaces d'octroi des contrats. C'est un autre ordre de questions
important pour une bonne gestion des fonds publics, mais c'est quand
même, quant à nous, une question comme à part.
Le 15 janvier, donc, on va avoir un échéancier plus
précis, puis on va avoir un suivi réel de l'ensemble des
recommandations. Maintenant, la volonté politique, ça nous
apparaît essentiel, et je trouve intéressant que le ministre
mentionne le financement des partis politiques à cet
égard-là, dans le sens suivant. C'est que les abus qui ont eu
lieu, pensons-nous, en matière d'octroi de contrats, ça s'est
surtout exprimé dans l'octroi de contrats à des
ingénieurs, des professionnels, donc, pour des constructions dans les
deux ministères qui construisent pour la peine au Québec:
Transports et Santé et Services
sociaux. Ce qu'on a pu voir, dans le fond, c'est que le rapport Bernard
fignole les règles, mais c'était les personnes qui étaient
en cause; ce n'était pas comme tel les règles.
Le rapport Bernard dit: Approvisionnements et Services devrait choisir
des fonctionnaires, les former, les affecter au comité de
sélection pour que ça fonctionne autrement. À cet
égard, je trouve intéressant que le ministre nous arrive avec un
plan d'action, dans le fond, puis un suivi au 15 janvier. Cependant, je lui
pose la question: Est-ce que, par la suite, nous aurons les moyens pratiques -
et je ne dis pas l'Opposition, je dirais plutôt les parlementaires - de
vérifier avec une relative célérité le suivi, une
fois qu'on aura changé le système? Ce que j'entends par
là, c'est: Est-ce qu'on aura accès, autrement que par des mois de
lettres, de questions au feuilleton puis de harcèlement, aux
procès-verbaux de comités de sélection? Est-ce qu'on aura
un rapport du ministre, dans le fond, de comment... Quand on sera rendus
à la réalisation, comment ça se fait? Et pas dans un
climat de méfiance, M. le Président. Ce que je veux dire, c'est
que quand on fait les engagements financiers, on en passe un grand grand
nombre, puis ce n'est pas parce qu'on se méfie, on dit: Pourquoi
ça n'a pas été le plus bas soumissionnaire dans le contrat
numéro untel? Le ministre l'explique, puis habituellement, ça va
sans problème. Mais pour qu'on puisse vérifier si vraiment la
politique qui est en train d'être définie, qu'on va mieux
connaître le 15 janvier, si après, dans la pratique, les personnes
l'appliquent correctement. Parce qu'on peut améliorer le système,
mais il n'y a rien qui empêche qu'il y a des personnes, en bout de ligne,
qui fonctionnent. Et je fais le lien avec le financement des partis politiques.
Donc, ça, est-ce qu'on va pouvoir, en pratique, faire un certain suivi
de l'application des réformes que le ministre prépare et,
deuxièmement, quel est le lien qu'il fait exactement avec le financement
des partis? Est-ce qu'il pense qu'il y aurait des choses à changer en ce
qui concerne la loi du financement des partis? Je sais que ce n'est pas de son
ressort, mais quand on en débat, on est bien obligé de voir ce
qu'il y aurait à changer à cet égard-là.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Dutil: Quant au suivi de l'application des réformes, il
s'agit de trouver le forum approprié. Je comprends ce que me dit le
député de l'Opposition, et je pense que j'ai toujours
été ouvert à discuter des sujets qui étaient
apportés lorsqu'on avait un forum qui intéressait l'Opposition.
Je pense par exemple aux engagements financiers ou aux crédits. La
dernière fois où on a eu les crédits, les questions qui
ont été posées ne portaient pas essentiellement sur les
crédits. Elles ont porté sur des cas particuliers. Par exemple,
on a parlé du 710, d'Youville, on a parié du Complexe
scientifique, on a parié de toutes sortes de choses. Et pour ma part, je
n'ai jamais eu d'objection à répondre aux interrogations de
l'Opposition de la façon la plus transparente possible, et moi, je peux
vous garantir que ça reste ma façon de procéder.
On n'a rien à cacher, on peut se tromper, on peut faire des
erreurs, mais je ne pense pas qu'on puisse nous accuser de manquer de
transparence et de manquer de volonté d'administrer la chose publique de
la façon la plus honnête. En tout cas, moi, c'est l'objectif que
je me donne, et je pense que ce que je dis correspond à la
volonté du gouvernement.
Qu'on fasse un débat sur nos idées constitutionnelles ou
sur nos idées administratives qui sont différentes, et que la
population ait à juger de celui qu'elle préfère pour juger
ça, c'est une chose. Puis je pense que c'est ça la politique. La
politique, c'est de dire à la population: Nous, on pense comme
ça; vous, vous pensez comme ça. Choisissez celui que vous jugez
le meilleur pour vous représenter. Au niveau de
l'intégrité, pour ma part, là, c'est la chose la plus
importante qui puisse exister à mon sens en politique.
Ça fait 15 ans que je suis en politique; j'ai fait 10 ans de
municipal et je me suis toujours fait un cheval de bataille d'essayer de
prendre les décisions les plus objectives et équitables possible.
Dans un conseil municipal, on en a des problèmes sur le plan de la
transparence et de l'équité. Il faut donner des contrats. Il faut
trouver la façon correcte de le faire, non seulement au fond, mais au
niveau de la forme également. Et je comprends que...
M. Bourdon: M. le Président, si le ministre me permettait,
est-ce que dans ce contexte-là... Je suis d'accord avec lui quant au
forum, là. Les crédits, les engagements financiers, les
engagements financiers viennent tous les trois mois; les crédits, c'est
chaque année. Je n'ai aucun problème quant au forum. C'est
l'endroit. Il ne s'agit pas d'inventer des forums.
M. Outil: C'est ça
M. Bourdon: Maintenant, plus précisément, pour ce
qui est des comités de sélection, est-ce qu'on pourrait, à
mesure qu'Hs sont disponibles, avoir les procès-verbaux des
comités de sélection? On en a eu un grand nombre depuis le
début, mais on joue un peu à la cachette. Puis ce n'est pas le
ministre des Approvisionnements et Services qui en était responsable, et
puis je n'en fais pas un plat. Mais ce que je veux dire, c'est qu'on dit qu'il
faudrait que les comités de sélection soient faits de telle
manière, puis que le ministère des Approvisionnements et Services
forme des fonctionnaires, les dote d'un code d'éthique, aille par
rotation. Bon, des tas de choses.
Donc, est-ce que on aura un de ces forums-là à un moment
donné? D'une part, un compte rendu par le ministre, ça je n'ai
pas de difficulté; quels fonctionnaires ont été choisis,
comment, comment ça fonctionne, dans le fond. Et les
procès-verbaux des comités de sélection... Pas par
curiosité malsaine, c'est juste qu'en bout de ligne, il se donne
à peu près pour 50 000 000 $ de contrats de services
professionnels à la Santé et Services sociaux, d'une part, et
Transports, d'autre part. Bien qu'on regarde les procès-verbaux qui nous
renseignent sur comment le processus a été suivi dans le
fond.
Et je parle à mesure, parce que, quand on reçoit ça
en vrac, après avoir insisté pour...
M. Dutil: Écoutez, pour ce qui est du ministère des
Approvisionnements et Services, il faut voir qu'actuellement, les
comités de sélection, c'est une chose
décentralisée. Si on applique le rapport Bernard, comme c'est
notre intention...
M. Bourdon: Oui.
M. Dutil: ...ça deviendra centralisé. Donc, on aura
à ce moment-là les procès-verbaux.
M. Bourdon: C'est à ce moment-là...
M. Dutil: Oui, oui, oui. Donc, il y a certainement
possibilité de rendre publics une partie des renseignements qu'on
recueille. Je ne veux pas m'engager à rendre publics tous les
renseignements qui sont sur les comités de sélection, pour la
raison suivante. Il y a des choses qui doivent rester confidentielles. Il y a
des entreprises qui se mettent à nu, là, pour avoir un contrat,
et puis qui, finalement, ne verraient pas certains renseignements être
rendus publics. Je pense qu'on se comprend là-dessus.
Ce qu'on a à juger encore là, c'est une question
d'équilibre. Jusqu'où on peut informer l'Opposition et la
population, pour bien montrer que le système est transparent, mais
où l'on doit s'arrêter pour ne pas nuire à ces
compagnies-là, pour d'éventuels autres contrats? Il reste que les
entreprises ont une stratégie de mise en marché de leurs
produits, de vente, qui est bien normale, et qu'elles ne veulent pas
nécessairement dévoiler. Elles sont en concurrence, et la
concurrence, par définition, veut dire qu'on essaie d'avoir la
stratégie pour obtenir le contrat.
Ça, ça concerne l'aspect des comptes rendus des
comités de sélection, mais je voudrais revenir au financement.
Parce que ça m'apparaît, moi, un problème important. On a
toujours, depuis 1977, depuis que la réforme du financement des partis
politiques a été faite, la question qui s'est toujours
posée, même du temps du gouvernement du Parti
québécois, c'est comment on resserre les normes et les choses et
les critères pour l'octroi des contrats. Malheureusement, on a fait
beaucoup état - et c'était le cas sous l'ancien gouvernement,
c'est le cas sous le nôtre - d'une relation - sans la préciser, on
la présentait dans les journaux comme allant de soi - entre celui qui
donne à un parti politique et le contrat qui est octroyé, alors
que la plupart du temps, il n'y a aucune relation.
Je vais vous donner un exemple qui m'avait frappé, et je dirais
même blessé, a l'époque. On avait une privatisation
à faire lorsque j'étais ministre délégué aux
Pêcheries - alors, je vous parle d'un événement qui est
assez loin en arrière pour que ça ne soulève pas, je pense
bien, de grands débats - et on cherchait un acquéreur. Nous
étions allés aux soumissions publiques. Et pour ma part, la plus
basse soumission et la plus intéressante était celle qui avait
été présentée par des gens des
Îles-de-la-Madeleine. Et je pense qu'on pouvait démontrer,
chiffres à l'appui, que c'était la plus intéressante. Bon.
On pouvait dire que l'autre proposition était peut-être, sur le
plan de la structure corporative de la compagnie qui la faisait et de leur
historique, plus solide financièrement. Mais si on regardait sur le plan
strictement financier, la proposition des gens des Îles-de-la-Madeleine
était meilleure, et moi, je me disais qu'on n'avait pas à refuser
aux gens des Îles-de-la-Madeleine de se prendre en main parce qu'on
pouvait estimer que l'autre compagnie, qui avait un historique plus long, qui
était plus grosse, qui était une multinationale, était
plus solide. Alors, finalement, le contrat, la vente leur avait
été accordée sous ces arguments-là qui
m'apparais-saient tout à fait objectifs, les plus bas soumissionnaires,
et qui rencontraient les critères de solvabilité qui nous
apparaissaient adéquats. Malheureusement, on a vu apparaître des
articles où on faisait une relation des membres du conseil
d'administration de la nouvelle corporation, qui a acquis Madelipêche, et
le fait qu'ils avaient donné l'année antérieure au
financement du parti. Et je trouve ça malheureux. Je trouve ça
malheureux parce qu'il n'y avait vraiment aucune relation entre les deux.
Et c'est une relation qu'on fait très souvent, surtout j'ai
remarqué quand les dons dépassent un certain montant. Alors,
l'impression que j'ai, c'est que quand un don dépasse 2000 $, on semble
suspecter les gens qui ont donné à un parti politique d'avoir
obtenu un contrat d'une façon qui les favorise indûment. Donc, on
a deux solutions pour régler ce genre de suspicion là. On a soit
de resserrer tellement les normes et les critères qu'il n'y a aura
vraiment plus aucun doute sur la possibilité pour quelqu'un qui a
donné à un parti politique d'obtenir un contrat par faveur
politique. Ça c'est une façon, mais comme je l'ai dit dans un
exemple que je tiens à répéter, parce que je pense que
c'est un bon exemple, on peut serrer tellement les mailles du filet quand on va
à la pêche que même l'eau ne
peut plus sortir, et quand l'eau ne peut plus sortir d'un filet, on ne
ramasse pas juste les poissons; on ramasse l'eau avec et ça, c'est le
bateau qui chavire dans ce temps-là. On n'est plus efficace, on manque
d'efficacité.
Mais si on se posait la question: Est-ce que le problème n'est
pas de l'autre côté du plateau? C'est-à-dire: Est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu de revoir le mode de financement des partis politiques et
d'assouplir davantage les normes pour les petits dons, de telle sorte qu'on art
moins besoin de gros dons et que la suspicion, qui est peut-être
légitime, remarquez bien, de la part des journalistes, de la population
ou de l'Opposition, disparaisse. Et j'ai donné l'exemple au
député, l'autre jour en Chambre, de la façon dont j'avais
voulu expérimenter le financement dans mon comté,
particulièrement, et en disant, bien sûr, que ce n'est pas
évident que c'est exportable. Je voulais vérifier si
c'était au moins faisable, réalisable. Et on a fait un
financement à une activité-bénéfice à 50 $
avec un maximum de deux billets par personne, et on a ramassé 800
personnes. Alors, on a obtenu ce qu'on visait: un élargissement de la
base de financement. Je ne pense pas qu'on puisse soupçonner quelqu'un
qui a donné 100 $ d'avoir donné assez pour obtenir des faveurs
politiques, hein? Je pense qu'on est tous d'accord là-dessus. Alors
donc, idéalement, étant donné que, malheureusement, on
relie financement et octroi de contrats, bien penchons-nous sur l'octroi de
contrats. C'est ce qu'on a fait avec le rapport Bernard, et il y a des
recommandations qu'on a déjà mentionnées avoir l'intention
de mettre en pratique. Voilà. Ça, c'est un aspect important. Mais
ce que j'ai dit l'autre jour en Chambre et ce que je répète,
c'est: Devrions-nous regarder - c'est une question que je pose - aussi l'aspect
financement des partis politiques? (20 h 45)
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Bon. À cet égard-là, je voudrais
dire au ministre que, d'une part, la plupart des firmes d'ingénieurs qui
obtiennent des contrats contribuent au Parti libéral, et il est exact de
dire que c'est en partie parce que les ingénieurs sont
généralement d'allégeance libérale, ce qui est leur
droit le plus strict. Sauf qu'on a fait des études de cas où on a
découvert que les entreprises les plus favorisées avaient
tendance à contribuer plus que les autres. Je suis assez d'accord avec
le ministre. Si on resserre les règles d'octroi des contrats, on peut
théoriquement créer une situation où l'entreprise n'aura
pas intérêt, par ses dirigeants, parce qu'il n'y a que les
personnes physiques qui peuvent contribuer à un parti politique et pas
les personnes morales, sauf que l'application de ça n'est pas simple, et
tout le monde le sait. Ce que je veux dire, c'est que ça veut dire que
les partis politiques prennent des chèques personnels. Est-ce que la
personne est remboursée par son entreprise de ce qu'elle a donné?
C'est un maquis, c'est compliqué. Mais ce que je veux dire par
là, c'est que si l'octroi des contrats est d'une transparence telle
qu'il n'y a aucun intérêt à donner à un parti
politique pour la raison qu'on veut obtenir des contrats, bien les gens
donneront parce qu'ils donneront, parce qu'ils préfèrent le
programme et une formation politique à une autre.
Maintenant, ça n'a pas toujours été le cas. On a eu
un cas sur la Basse-Côte-Nord, un centre de santé où on a
interverti carrément l'ordre des deux firmes d'ingénieurs qui
avaient à obtenir le contrat. Autrement dit, celle qui avait les deux
tiers de la valeur des honoraires s'est trouvée avec un tiers, et celle
qui avait un tiers s'est trouvée avec deux tiers. Et c'était un
procès-verbal merveilleux de luminosité. Ce que je veux dire par
là, c'est que le fonctionnaire qui l'a fait, le secrétaire, a
fait la chronique d'un tripotage, et on l'a eu. Bon. Et je n'en suis pas sur le
fait en soi, mais la firme qui est passée du tiers au deux tiers
était après ça responsable du financement du Parti
libéral dans le comté de Duplessis, et là, on se trouve
à toucher plus que la personne qui donne, on trouve la personne qui
recueille pour un parti politique.
Même chose aux Transports à Montréal. M. Alepin, qui
a son mot à dire dans les dépassements de coûts de contrat
- c'est important la voirie et des fois, pour des bonnes raisons -
était, un temps, préposé à la collecte de fonds,
théoriquement des mêmes personnes. Et M. Bernard a dit: Non,
ça ne se peut pas. Là, il y a conflit d'intérêts
dans un cas comme ça. Je n'en suis pas sur le folklore impliqué.
Je pense que le ministre l'aura compris. C'est créer des conditions qui
feront que les contrats, on ne peut pas les avoir même si on donne
beaucoup à un parti. Et si on ne peut pas, on donnera si on y croit.
Par ailleurs, il y a des choses à revoir, je suis d'accord avec
le ministre, quant au financement des partis politiques.
Moi, une chose qui me trouble et me frappe, M. le Président, et
qui est un signe qu'à un certain niveau de dons, les dons sont
remboursés par l'entreprise, c'est le fait que les premiers 280 $ qu'on
contribue à un parti, il y en a la moitié qui est remboursable.
Et quand c'est un souper-bénéfice, on établit la partie
qui est un don, en fait, qui devient remboursable. Que n'a-t-on pas
indexé au moins les 280 $?
Ça fait très très longtemps que c'est là. Ce
que je veux dire, c'est qu'au pian fiscal, ceux qui donnent pour la peine, 280
$ - en tout cas, je parte de mon parti - dans mon comté, ceux qui
donnent 280 $ et plus, ça se compte sur les doigts d'une main. Ce que je
veux dire, c'est que ne donne-ton pas ce crédit d'impôt qui
encourage les citoyens à contribuer à un parti politique
pour une somme plus élevée? Et on ne l'a jamais même
indexée, et ce n'est pas demandé. Je sais que la pratique, c'est
que les gens contribuent et se font rembourser en dépenses par leur
entreprise, ce qui est contraire à la lettre de la loi sur le
financement des partis politiques. Et à mon avis, les crédits
d'impôt que l'Etat consent jusqu'à concurrence de 280 $, que je
verrais relativement plus élevés, bien que le ministre ait raison
de trouver que 1000 dons de 50 $, c'est bien meilleur parce que ça
étend, là.
Mais par ailleurs, il y a des questions, là, dans le sens
suivant, c'est qu'il y a des personnes dans mon comté qui donnent 10 $,
et c'est bien plus qu'une autre, celles qui en donnent 500 $ et, qui se
comptent sur les doigts de la main. Quelqu'un qui est
bénéficiaire de l'aide sociale ou retraité avec juste le
supplément du fédéral, qui donne 10 $, je suis plus
ému que 300 $ de quelqu'un qui... Bon, ce serait, dans le fond, à
regarder dans un autre forum, mais je trouve remarquable qu'on ait
bloqué à 280 $ la part qui est remboursable en crédit
d'impôt, et qu'il y ait autant de gens qui contribuent plus que
ça. Parce que c'est clair que l'État, dans lés 50 % des
280 $, s'est dit comme fonction: Si vous financez un parti politique, c'est une
activité louable et on vous encourage à le faire, ce qui est en
soi, je pense, une bonne chose.
Cela dit, on va dont avoir au 15 janvier un suivi, un rapport assez
complet de ce qui s'en vient. Ça va inclure les comités de
sélection et Hydro-Québec à l'égard des contrats,
et le ministre nous dit, si je comprends bien...
M. Dutil: ...nos intentions sur toutes les recommandations.
M. Bourdon: Sur tout, sur l'ensemble. Donc, on pourra
évaluer...
M. Dutil: Sauf que tout à l'heure, vous avez
indiqué l'imputabilité et que je dois vous dire qu'il n'y a pas
de recommandation sur l'imputabilité. Il y a un texte où on
mentionne qu'il y aurait lieu peut-être d'avoir une meilleure
imputabilité. Moi, je ne me suis pas préoccupé de
ça pour deux raisons. D'abord, ce n'était pas une recommandation.
Deuxièmement, je pense que la commission du budget et de
l'aménagement a longuement...
M. Bourdon: ...et administration. Budget et administration.
M. Dutil: Oui... a longuement regardé cette
question-là, et je suis convaincu que dans le rapport qu'ils vont
soumettre, il y aura des recommandations concernant ça. Alors moi, je
vous le dis tout de suite: Pour ma part, on ne s'est pas
préoccupés de cet aspect-là.
M. Bourdon: Mais voyez-vous, M. le Prési- dent, si vous
permettez. À la recommandation 7 du rapport Bernard, on disait
qu'Hydro-Québec soit amené à faire état de
l'application de sa politique d'octroi de contrats dans le cadre de sa
comparution annuelle en commission parlementaire. Bon. Ça
m'intéresse particulièrement, pas parce que j'ai de noirs
soupçons, c'est que le ministre disait avec raison en Chambre que
l'ensemble des contrats des professionnels architectes et ingénieurs,
c'est une cinquantaine de millions de dollars par année. D'ici 10 ans,
HydroQuébec va donner en moyenne 6 000 000 000 $ de contrats par
année.
Donc, je trouve qu'elle est importante, la recommandation 7, pour qu'on
ait, par exemple, qu'on se fasse communiquer avant la comparution annuelle, si
vous voulez mon avis, la politique d'achat de biens et de services
d'Hydro-Québec et comment fonctionnent les comités de
sélection, qui choisit les firmes d'ingénieurs. Parce
qu'écoutez, on ne parle pas du même ordre de grandeur. On a
dénoncé certains abus, mais de contrats où les
professionnels sont en horaire sur des valeurs de 10 000 000 $ à 20 000
000 $, par les temps qui courent. Une firme d'ingénieurs-conseils qui
obtient la phase II de la Baie James, une ou plusieurs, là, on parle de
contrat de surveillance à pourcentage de milliards de dollars de
contrats, donc à pourcentage des sommes très
considérables.
Même chose pour les contrats de construction à la Baie
James ou ailleurs. Alors ça, ça m'intéresse tout
particulièrement, M. le Président, parce qu'avant la comparution
annuelle, il faudrait avoir en main la politique des données et des
exemples. Je vais vous expliquer aussi pourquoi... Je ne parle pas en tant que
péquiste, mais en tant que parlementaire. C'est parce qu'il y a un
certain nombre de corps constitués, dont le ministère des
Finances, le Conseil du trésor et Hydro-Québec qui, quand ils
arrivent à une commission parlementaire... Nous, pauvres parlementaires,
sommes submergés. Ils ont les réponses à toutes les
questions, même celles qu'on ne se pose pas et ils charrient des
documents à la vanne.
Mais dans le fond, ce qui manque, ce sont les documents pertinents pour
faire une vérification de ce qui se fait. Dans ce sens-là, je
reposerais la question au ministre: Est-ce qu'on aura de la part
d'Hydro-Québec, dans le cadre de la recommandation 7 du rapport Bernard,
quelque chose qui ressemble à sa politique, à
l'Hydro-Québec, d'octroi de contrats et qu'on puisse questionner?
M. Dutil: Moi, M. le Président, pour l'instant, je vais
vous dire que je me suis attardé, comme ministre des Approvisionnements
et Services, à coordonner, avec le président du Conseil du
trésor, l'ensemble des ministères sur les recommandations et
seulement sur les recommandations du rapport Bernard. Je ne vais pas plus
loin que les recommandations du rapport Bernard. Ce que le
député de Pointe-aux-Trembles me demande, c'est un peu plus que
le rapport Bernard. Je dois vous dire que c'est peut-être important,
nécessaire, utile et agréable que d'aller jusque-là, mais
je ne l'ai pas fait. Je n'ai pas considéré que j'avais le mandat
d'aller plus loin que le rapport Bernard, d'autant plus que la
difficulté de mon travail concerne le fait, justement, qu'on doive
contacter plusieurs ministères, vérifier avec eux autres quelle
est leur intention, et quand on a des sociétés d'État en
plus, ça rajoute à la difficulté.
Alors donc, d'ici le 15 janvier, ce à quoi on va répondre,
c'est l'application du rapport Bernard exclusivement et pas plus. S'il y a lieu
d'aller plus loin, ça pourra être demandé par l'Opposition,
ça pourra être demandé par les parlementaires et, à
ce moment-là, c'est le ministre responsable qui y répondra, donc,
en ce qui nous concerne, Mme Bacon. Je veux faire un point quant au regard de
l'application de l'octroi de contrats. Il faut faire bien attention, il ne faut
pas éliminer complètement le regard politique de l'octroi de
contrats. On est portés, pour éviter de se... Il ne faut pas en
arriver, pour éviter d'être salis ou de se salir, à se
dire: On n'est pas responsables de ce qui se passera et on le remettra entre
les mains seulement de l'administratif parce que, moi, je pense qu'il est
important de dire que le risque de corruption, ce n'est pas l'apanage
exclusivement du monde politique, ça, là. Il y a d'autres
intérêts dans la vie que de rechercher à obtenir des votes.
Il peut y avoir des pots-de-vin, il peut y avoir une multitude de facteurs qui
font que même si le politique est très loin de l'octroi de
contrats et peut-être plus, s'il est très loin qu'il y ait un
risque de corruption grandissant.
Ce sont des êtres humains qui sont assis autour de la table d'un
comité de sélection. Je pense que le rapport Bernard le dit
là-dessus. On ne pourra pas éliminer complètement la
subjectivité de l'octroi de contrats, et il faudra toujours rester
prudents. Puis, c'est pour ça qu'il recommande la rotation, la
formation, le code de déontologie, et ainsi de suite. Mais moi, je pense
que ce serait illusoire de se dire qu'il faut éliminer
complètement le regard politique du processus, parce que c'est le regard
politique, à un moment donné, qui fait que, par exemple, on prend
des décisions de régionaliser certains contrats. Est-ce que
régionaliser certains contrats va dans l'intérêt du
critère unique d'obtenir le meilleur service au meilleur prix. Pas
nécessairement, mais ça peut être une façon normale
pour un gouvernement d'envisager les choses que de dire les contrats doivent
être régionalisés malgré que ça nous
coûte plus cher. Et c'est un principe qu'on peut décider d'adopter
comme gouvernement, et, à ce moment-là, ça nous oblige
à avoir un regard différent, un regard politique qui ne serait
pas nécessairement le regard administratif. Alors, où trouverons
nous cet équilibre d'intégrité, de respect des politiques
mises de l'avant par le gouvernement sans être accusés, à
tout moment, parce qu'on a posé un geste qui nous apparaît
correct, de corruption ou de favoritisme?
M. Bourdon: M. le Président, à cet
égard-là, je tiens à dire au ministre que c'est sûr
que ce n'est pas aux ordinateurs de décider des politiques d'achat de
biens et de services, et que le politique intervient au sens large du terme
politique. Je suis d'accord avec le ministre là-dessus. Par exemple, si
on accorde un contrat aveuglément au plus bas soumissionnaire pour faire
une école et qu'on sait d'avance qu'il va faire faillite, je ne pense
pas que ça soit dans l'intérêt public. Il s'agit de le
faire dans des conditions de transparence où le choix se justifie, parce
que j'ai parlé à des gens qui m'expliquaient que, par exemple, un
soumissionnaire qui a un prix trop bas parce qu'il a des difficultés
ailleurs, puis qu'il veut compenser, puis qu'il veut s'en sortir, ça a
donné dans certains cas des coûts considérables parce que
les devis n'avaient été respectés puis que l'immeuble
n'était pas correct. Ce que je veux dire, c'est que le politique au sens
large, au sens que des gens sont élus par la population pour voir
à ses intérêts, intervient dans ce sens-là. Ce qu'on
essaie d'éviter, c'est le politique partisan dans le sens du favoritisme
pour des raisons politiques. Je pense qu'on est d'accord là-dessus.
Maintenant, je reviens à Hydro-Québec. Le ministre nous
dit avec raison que son mandat c'est d'appliquer son rapport tel qu'il est.
Mais je lis la recommandation 7: Qu'Hydro-Québec soit amené
à faire état de l'application de sa politique d'octroi de
contrats dans le cadre de sa comparution annuelle en commission parlementaire.
Alors, si Hydro-Québec est amené à faire état de
l'application de sa politique d'achat, moi, je dis au ministre que ça
supposerait qu'on l'ait par écrit, sa politique d'achat, et je suis
sûr qu'Hydro-Québec en a une. Sinon, ça serait un peu fort
d'attendre un an pour qu'il nous dépose un document disant: À
propos, vous aviez dit que vous vouliez notre politique d'achat, la
voilà. Et vous pourrez poser des questions l'an prochain parce qu'il
faut être instrumentés, et c'est dans ce sens-là que je lui
en parie, ne serait-ce que pour peut-être tenter des démarches
auprès de la ministre de l'Énergie et des Ressources qui pourrait
répondre aimablement à une invitation, si elle venait de l'autre
bord de la table plutôt que du nôtre.
M. Dutil: Non, mais écoutez. Je pense que la
vice-première ministre répond toujours aimablement à des
questions aimables. Alors, si on pense qu'elle ne répond pas
aimablement, peut-être faut-il se poser la question sur la
façon
dont la question est posée. Mais, quoi qu'il en soit, je suis
obligé de dire pour l'instant qu'évidemment, je n'ai pas
été plus loin, surtout dans les points qui concernent d'autres
ministères, que les recommandations du rapport Bernard. Je n'ai pas
été dans les modalités de l'application. Si on me pose des
questions sur l'application de domaines qui relèvent du ministère
des Approvisionnements et Services, évidemment, je pourrai vous donner
mon opinion immédiatement là-dessus, même si elle va plus
loin et d'une façon différente de celle du rapport Bernard. Je ne
peux pas pour celui-ci. Je pense que le député comprendra.
M. Bourdon: M. le Président, cela étant dit, si le
ministre était d'accord, on serait d'accord...
Le Président (M. LeSage): ...pour procéder à
l'étude article par article?
M. Bourdon: ...pour passer à l'étude article par
article.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Dans le cas d'Hydro-Québec, je pense bien que,
nous, on va écrire à HydroQuébec, à la ministre
pour essayer de voir s'il n'y aurait pas moyen d'avoir cette politique d'achat
là.
Étude détaillée
Le Président (M. LeSage): Très bien. Alors
j'appelle l'article 1 M. le ministre.
M. Dutil: Oui, l'article 1 nous fait ajouter après le mot
"acquisition", "et à la construction de biens ainsi qu'à la
location". Et en cela, si je réfère le député
à la recommandation 44, on voulait tout simplement profiter de
l'occasion de la présentation de la loi pour se conformer, pour ajuster
notre libellé exactement à celui de la recommandation qui est
là, et où on a "la construction et l'acquisition", "à la
construction de biens ainsi qu'à la location".
M. Bourdon: Ça nous va, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 1 est
adopté?
M. Bourdon: Adopté.
Le Président (M. LeSage): J'appelle l'article 2.
M. Dutil: Même remarque, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Bourdon: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 3.
M. Dutil: L'article 3, M. le Président, qui est l'article
8.1 et qui concerne le but principal du projet de loi, les fichiers,
effectivement. Alors, le projet de loi prévoit donc que le ministre
établit, avec l'approbation du gouvernement, des répertoires
identifiant des catégories de biens, des catégories de services
et des spécialités dans lesquelles les fournisseurs peuvent
être inscrits lorsqu'un fichier est utilisé pour la
sélection des fournisseurs. Ces répertoires sont publiés
à la Gazette officielle du Québec.
Alors, à ce jour, les spécialités ou les
catégories de biens et services dans lesquelles les fournisseurs
pouvaient être inscrits lorsqu'ils désiraient s'inscrire à
un fichier, se trouvaient en annexe de la réglementation. Alors, le
groupe de travail Bernard, comme on en a parlé tout à l'heure sur
les processus d'octroi de contrats, s'est penché sur l'aspect de la
réglementation et il affirme entre autres, à la page 29 de son
rapport, et je pense que ça mérite d'être cité:
"Pour remplir pleinement son rôle, le fichier doit pouvoir s'adapter aux
changements, par exemple, en regard des nouvelles technologies de production.
C'est un point important dans la mesure où l'absence d'une
spécialité au fichier occasionne un processus de sélection
où la part de discrétionnaire peut être plus importante. Le
ministère ou l'organisme peut alors inviter des fournisseurs de son
choix et en informer le fichier. "Nous sommes conscients, dit M. Bernard, que
la liste des spécialités intéresse directement les
fournisseurs de services et que c'est ce qui a justifié la
décision de l'inclure dans le règlement. Cette situation a
cependant pour conséquence d'alourdir le processus de modification de la
liste qui compte actuellement 222 spécialités. Il faudrait
trouver une solution plus souple, par exemple prévoir dans le
règlement sur les contrats de services que la liste des
spécialités soit définie par une directive du
ministère des Approvisionnements et Services."
Alors, on étaient soucieux d'atteindre cette souplesse-là
et cette efficience-là, tel qu'il nous était recommandé.
Toutefois, on voulait s'assurer d'avoir la transparence requise. C'est pour
ça que nous proposons actuellement d'établir dans un
répertoire approuvé par le gouvernement. Et c'est la distinction
que nous ferions entre la recommandation et ce que nous présentons dans
le projet de loi, c'est-à-dire l'aspect approuvé par le
gouvernement. Donc, non pas une directive mais un règlement. Et publier
à la Gazette officielle du Québec, les catégories
de biens, les catégories de services et les spécialités
dans lesquelles les fournisseurs du gouvernement
peuvent s'inscrire lorsqu'un fichier est créé. Alors,
l'amendement qui est proposé a justement pour but de simplifier ce
processus-là de mise à jour du fichier en permettant au
ministère de publier dans la Gazette officielle des
répertoires contenant la liste des biens et spécialités
dans lesquelles les fournisseurs peuvent être inscrits pour les fins de
sélection au moyen d'un fichier.
La publication à la Gazette officielle, en plus des moyens
de publicité à la disposition du ministère, dont entre
autres les différents comités conjoints permanents. Nous en avons
plusieurs. Je pense que la liste, je l'avais énumérée en
Chambre la dernière fois. Alors, les comités permanents conjoints
avec les fournisseurs vont permettre une diffusion élargie des
répertoires des biens et spécialités, et ce, pour
l'ensemble des fournisseurs potentiels. Comme je l'ai mentionné
également, avant leur publication, ils devront être soumis
à l'approbation du gouvernement, toujours dans le même but et de
cohérence et de transparence.
M. Bourdon: M. le Président, quand le ministre dit:
L'approbation du gouvernement, est-ce qu'il entend le Conseil des
ministres?
M. Dutil: Oui.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Bourdon: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Adopté. J'appelle donc
l'article 4. M. le ministre.
M. Outil: L'article 4, comme vous le voyez, M. le
Président, est une concordance avec les articles 1 et 2 et ça
ajoute tout simplement après "acquisition" "et la construction de biens
ainsi que de la location."
M. Bourdon: Notre vote est concordant, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): L'article 4 est adopté.
J'appelle donc l'article 5, pour l'entrée en vigueur.
M. Dutil: Pas de commentaires sur l'article 5.
M. Bourdon: Non. Il faut qu'il entre en vigueur à un
moment donné. Plus vite que la loi 30 sur le Conseil des relations du
travail... Sans commentaires.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. LeSage): Adopté. Est-ce que
l'ensemble du projet de loi est adopté?
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. LeSage): Alors, le projet de loi
103...
M. Bourdon: M. le Président...
Le Président (M. LeSage): Oui, M. le député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: ...le mot de la fin, je dirais au ministre: Allez, la
messe est dite, et le ministre peut retourner au party de son parti, mais
attention, j'ai vu tout à l'heure qu'il y a un gros orchestre et tout au
Parlementaire et je voudrais dire au ministre: Prenez garde. Sur le Titanic
aussi, on dansait.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon II ne l'a pas comprise.
Le Président (M. LeSage): M. le Président.. M. le
ministre, est-ce que vous avez des commentaires?
M. Bourdon: M. le ministre, j'ai remarqué tout à
l'houre tous les Honflons du bal au party de votre parti. Je vous souhaite un
joyeux party, mais je disais à M. le Président, pendant que vous
parliez à votre attaché politique, mais prenez garde, il y a un
orchestre, ça danse, et tout. C'est simple, c'est bon, mais
rappelez-vous qu'à bord du Titanic aussi, on dansait.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dutil: M. le Président, le député de
Pointe-aux-Trembles a présumé que j'allais à un party.
Qu'est-ce qui lui dit que je ne continuerai pas à travailler à
faire mes efforts pour s'assurer que l'application du rapport Bernard se fasse
le plus rapidement possible?
M. Bourdon: Exactement.
M. Dutil: C'est une présomption.
M. Bourdon: écoutez, si le party distrait le ministre de
sa tâche, qu'il n'aille point au party.
Le Président (M. LeSage): Alors, le projet de loi 103, Loi
modifiant la Loi sur le ministère des Approvisionnements et Services,
est donc adopté. Et la commission ayant accompli son mandat, j'ajourne
donc les travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 7)