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(Quinze heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux pour étudier le projet de loi 89,
Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Claveau
(Ungava) remplacera M. Beaulne (Bertrand); M. MacMillan (Papineau) remplacera
Mme Bégin (Bellechasse); Mme Dupuis (Verchères) remplacera M.
Bourdon (Pointe-aux-Trembles); M. Poulin (Chauveau) remplacera M. Chagnon
(Saint-Louis); M. Gautrin (Verdun) remplacera M. Després (Limoilou) et
M. Bergeron (Deux-Montagnes) remplacera M. LeSage (Hull).
Le Président (M. Lemieux): Merci, monsieur.
M. Léonard: Je m'excuse, M. le Président, je
voudrais compléter parce que Mme Dupuis remplacerait M. Bourdon
jusqu'à 18 h 30 et, par la suite, c'est Mme Caron qui revient.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Léonard: Est-ce qu'on est d'accord
là-dessus?
Le Président (M. Lemieux): Consentement. M.
Léonard: Consentement. O.K.
Décision du président
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Alors, à
l'ajournement d'hier, nous étions à débattre la
recevabilité de l'amendement de la députée de Terrebonne
sur la motion du député des Îles-de-la-Madeleine. Alors,
après avoir fait une petite recherche, je suis prêt à
rendre ce jugement qui se base peut-être sur deux principes ou
aphoris-mes de droit de Victor Fons, 1846, et ça se lit comme suit: En
ce qui a trait à la recevabilité ou non de l'amendement
présenté à la motion de M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, je suis prêt à rendre ma
décision.
La motion principale se lit comme suit: "Que la commission passe
immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1 et des articles du projet de loi." Suite à l'amendement
proposé, cette motion se lirait comme suit: "Que la commission passe
immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1 et des articles du projet de loi après avoir entendu l'Union
des artistes du Québec."
L'article 197 du règlement stipule que les amendements doivent
concerner le même sujet que la motion et ne peuvent aller à
rencontre de son principe. Ils ne visent qu'à retrancher, à
ajouter ou à remplacer des mots. L'article 197 du règlement
précise que les amendements ne peuvent aller à rencontre du
principe; que les amendements doivent concerner le même sujet que la
motion et ne peuvent aller à rencontre de son principe. Ils ne visent
qu'à retrancher, comme je le disais tout à l'heure, ajouter ou
remplacer des mots.
L'article 197 du règlement précise aussi que les
amendements ne peuvent aller à rencontre du principe de la motion. La
motion principale vise à entreprendre immédiatement
l'étude détaillée du projet de loi 89, article par
article. La motion telle qu'elle se lirait si l'amendement était
adopté propose la tenue d'une consultation particulière avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi.
À toutes fins pratiques, cet amendement écarte la motion
principale et équivaut purement et simplement à la nier, ce qui
me faisait dire hier qu'il n'était pas permis de faire indirectement ce
que la loi a défendu de faire d'une manière directe. Toute
espèce de tournure autre doit être sévèrement...
Ici, on emploie l'expression - il s'agit peut-être de droit criminel - on
parle de réprimander.
En effet, cet amendement vise à retarder l'étude
détaillée du projet de loi 89, alors que la motion principale est
à l'effet d'entreprendre immédiatement - le mot
"immédiatement" est excessivement important - cette étude
détaillée.
J'ai consulté la jurisprudence de la Chambre concernant
l'application de l'article 197 du règlement et j'aimerais faire
état au député de Gouin, relativement à
l'argumentation qu'il nous faisait valoir, qu'il y a lieu de distinguer cette
jurisprudence qui concerne le cas à l'étude, car ces
décisions déclaraient recevables des amendements qui n'avaient
pas pour effet de nier la motion principale. Ils ne visaient qu'à
modifier un accessoire de la motion principale, ce qui est différent.
Par conséquent, en l'espèce, je déclare l'amendement
irrecevable puisqu'il va à rencontre du principe de la motion principale
et, comme le dit un vieil aphorisme de droit: Folle est la sagesse qui veut
être plus sage que la loi.
Alors, nous revenons maintenant à la motion principale du
député des Îles-de-la-Madeleine.
Reprise du débat sur la motion
principale
M. Léonard: M. le Président, juste avant de
poursuivre, il y avait deux droits de parole qui avaient été
utilisés. Moi, j'avais terminé et il restait encore quelques
minutes à Mme Caron, et comme Mme Dupuis n'est pas là...
Le Président (M. Lemieux): 20 secondes à Mme
Caron.
M. Léonard: Combien?
Le Président (M. Lemieux): 20 secondes.
M. Léonard: 20 secondes.
Le Président (M. Lemieux): J'ai ça ici
oui.
M. Léonard: Ah! quelle largesse!
Le Président (M. Lemieux): Vous, M. Léonard, vous
n'avez plus droit de parole.
M. Léonard: Oui, mais je pose les questions sur les droits
de parole qui restent, il y en a seulement deux qui ont été
utilisés, puis même Mme Caron n'avait pas fini. Quand Mme Dupuis
reviendra elle pourra terminer ses 20 secondes.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, non.
M. Léonard: Bon, bien là, il reste trois droits de
parole en quelque sorte.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui.
M. Léonard: Alors, il restera M. Boisclair, M. Lazure et
puis M. Claveau.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Alors, qui prend la
parole?
M. Boisclair: C'est moi, M. le Président. M. le
Président, est-ce que je pourrais avoir une copie de la motion?
Le Président (M. Lemieux): Oui, avec plaisir, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: C'est sur...
M. Farrah: Question directive, M. le Président, question
directive là, je m'excuse.
M. Boisclair: O.K. je l'ai ici, ça va.
M. Farrah: Je m'excuse. C'est juste pour que les choses soient
claires. Combien de parlementaires doivent encore parler sur la motion au
niveau de l'Opposition? Trois?
Le Président (M. Lemieux): Trois.
M. Boisclair: Trois fois 10 minutes.
M. Farrah: Trois fois 10 minutes. Parfait! D'accord, merci.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Oui. M. le Président, sur la motion du
député de Îles-de-la-Madeleine... Vous me permettrez
d'abord, M. le Président, de saluer la présence du
député de Chauveau, avec qui j'ai eu l'occasion de voyager
récemment en Afrique.
Une voix: Présence éphémère!
M. Boisclair: Eh oui! présence
éphémère, mais j'aurais bien aimé qu'il se joigne
à nos travaux puisque, à l'occasion de notre rencontre et notre
voyage, nous avons eu l'occasion, moi et le député de Chauveau,
d'échanger sur la question de la TPS.
Une voix: Oui, et il était contre.
M. Boisclair: Le député de Chauveau m'a fait valoir
jusqu'à quel point les gens de son comté - lui, personnellement,
n'a pas eu l'occasion de m'en parler. Il me faisait part des
représentations qu'il recevait à son bureau, des gens qu'il
rencontrait quotidiennement.
M. le Président, revenons tout simplement...
Une voix: Vous êtes bâillonné,
bâillonné. (16 heures)
M. Boisclair: ...au texte de la motion. Essentiellement, la
motion, d'une certaine façon, fait que l'Opposition ne pourra plus
présenter de motion pour entendre des groupes, des gens qui, de
façon légitime, sont venus faire des représentations, soit
auprès de mon collègue, le député de Labelle, qui
est porte-parole de l'Opposition officielle en matière de revenu et de
finances, et nous oblige à procéder immédiatement à
l'article 1. La question que nous devons donc nous poser, c'est si, à ce
moment-ci, il est opportun de procéder immédiatement à
l'article 1 et aux autres articles du projet de loi.
M. le Président, en déposant une série de motions
qui ont été débattues par les membres de cette commission,
nous avons essayé, de faire valoir un certain nombre de
préoccupations légitimes. Nous avons parlé, par exemple,
de faire entendre l'Institut des manufacturiers du vêtement du
Québec, le Conseil du patronat et une série d'organismes qui,
tous et chacun, ont un certain point de vue qu'ils auraient pu
légitimement défendre devant cette commission. M. le
Président, nous n'avons pas réussi, en amenant ce débat
sur les différentes motions, à entendre le ministre sur le fond
de la question.
Par exemple, qu'en est-il du taux de la taxe? Le Conseil du patronat,
rappelons-nous, proposait une taxe plutôt de 6 %. Il y a sûrement
des arguments de poids, des arguments valables qui amènent le Conseil du
patronat à proposer une telle chose. Les inquiétudes de
l'Institut des manufacturiers du vêtement du Québec sont, à
notre avis, légitimes. Et bien d'autres personnes auraient pu venir
témoigner d'un certain nombre d'éléments qui auraient pu
éclairer les membres de cette commission. Si, à tout le moins, le
ministre avait profité de l'occasion qui lui était donnée,
au moment du débat sur les différentes motions qui ont
été présentées, pour nous faire part d'un certain
nombre d'études, nous faire part d'un certain nombre de données
qui sont sûrement à sa disposition. Par exemple, nous avons
essayé à plusieurs reprises de faire parler le ministre sur la
question des conséquences d'une taxe de vente du Québec sur
l'industrie du textile et du vêtement. En aucune façon et,
à notre connaissance, il n'y a aucune étude qui a
été déposée auprès des membres de cette
commission. Et le ministre devrait, lui qui cherche à obtenir le
consentement de l'Opposition officielle, à tout le moins nous faire part
de ces études, répondre aux questions légitimes qui sont
exprimées par plusieurs citoyens et par les représentants de
différentes associations.
M. le Président plusieurs critiques ont été
formulées à la fois par les gens de l'Opposition officielle et
à la fois par les représentants des médias sur la
façon dont on a introduit le débat sur la taxe de vente du
Québec dans la population. Premièrement, M. le Président,
il est important de rappeler qu'il n'y a pas eu de véritable
débat de fond sur la taxe de vente du Québec. Nous avons eu une
déclaration ministérielle qui a duré - quoi - une
vingtaine de minutes, un petit débat, en Chambre qui a suivi, même
pas, quelques heures à peine, et nous nous retrouvons
immédiatement en commission parlementaire. Si, à tout le moins,
le ministre des Finances, à l'occasion de sa déclaration
ministérielle, avait pu faire preuve d'un peu plus de transparence, si
le ministre des Finances avait profité d'une autre occasion que celle
qui lui était donnée et celle que le président de
l'Assemblée nationale lui donnait en convoquant les membres de
l'Assemblée nationale pour discuter du projet de loi créant la
Commission sur l'avenir constitutionnel du Québec - l'Assemblée
était aussi, convoquée, faut-il se le rappeler, pour discuter du
prolongement de l'autoroute 30 à Kahnawake - si, à tout le moins
M. le Président... Le ministre des Finances, je crois, nous faisait
remarquer qu'il n'appréciait pas ou qu'il aurait
préféré un autre moyen, mais qu'à ce stade-ci,
disait-il, c'était le seul moyen à sa disposition pour faire
valoir ses intentions. Alors, si à tout le moins, nous avions pu avoir
un débat serein et un débat fait en fonction des règles
applicables aux parlementaires de notre Assem- blée, nous aurions pu
obtenir un certain nombre d'informations, un certain nombre d'arguments qui
auraient pu soit légitimer ou infirmer les craintes manifestées
par l'Opposition officielle.
Je crois aussi qu'il n'est pas opportun de procéder
immédiatement à l'étude de l'article 1 du projet de loi
parce que, à mon avis, il faut tenir compte de la conjoncture. Il s'agit
de voir de quelle façon le ministre des Finances a réagi devant
les protestations importantes de tous les gens du milieu du livre, à la
fois des gens qui travaillent à la publication, les éditeurs, une
série d'intervenants qui sont venus faire valoir de façon
très claire leur opposition à cette nouvelle taxe de vente sur le
livre. Imaginez-vous si, pour une raison ou pour une autre, ces
réclamations et ces demandes faites par les gens de l'industrie du livre
avaient été faites avec un peu plus de retard, imaginez-vous donc
que si on avait été pris à procéder à
l'étude détaillée de l'article 1 immédiatement
après le début des travaux en commission, la situation aurait
sans doute été un peu différente. Nous, nous disons qu'il
y a d'autres gens aussi qui veulent se faire entendre, qui n'ont
peut-être pas les mêmes moyens que ceux de l'industrie du livre,
mais je crois que nous ne devons pas étudier la pertinence des moyens
utilisés, mais plutôt étudier le fond de la question
soulevée parce que, effectivement, les gens du livre avaient un point de
vue qui était juste. Les gens du parti ministériel ont même
eu l'occasion de s'organiser au conseil général et de faire
valoir un point de vue légitime. Vous savez que c'est rare de voir un
ministre des Finances qui change d'idée. J'en discutais avec le chef de
l'Opposition officielle qui me rappelait qu'à sa connaissance, jamais il
n'avait vu un parti politique renverser une décision d'un ministre des
Finances.
Dans le fond, M. le Président, ce que je veux illustrer, c'est
que nous avons la responsabilité de faire entendre les voix de ceux et
celles qui sont peut-être moins organisés dans notre
société. Les gens du livre, de par leur rayonnement dans la
population, de par les moyens dont ils disposent, ont pu facilement se faire
entendre. Cependant, l'Association des manufacturiers, par exemple, ou d'autres
associations qui seront touchées directement, par la mise en vigueur du
projet de loi 89 dès janvier 1991, n'ont pas et ne
bénéficient pas des mêmes moyens. Alors, il aurait
été intéressant de les entendre.
On m'indique qu'il reste quoi, quelques minutes? Une minute et demie.
Alors, M. le Président, c'est ça, j'aimerais proposer une
motion...
Une voix: ...présenter.
M. Boisclair: Bien, j'aimerais la présenter au
président, mais là, est-ce qu'on...
M. Lazure: In absentia, le président est toujours...
Une voix: On va attendre le président.
M. Boisclair: On va attendre le président. Mais là,
je ne voudrais pas...
Une voix: Présente-la.
Motion d'amendement
M. Boisclair: Alors, je vais présenter ma motion, M. le
Président. Une motion d'amendement: Que la motion en discussion soit
modifiée par le remplacement à la deuxième ligne des mots
"et des articles" par les mots "59, 60 et, par la suite, tous les autres
articles". Essentiellement, cette motion... Alors, M. le Président, je
pourrais vous en remettre une copie. Vous en avez une copie.
Alors, cette motion, vous savez que le projet de loi 89 comporte
essentiellement deux éléments importants dans son ensemble.
J'aimerais prendre quelques instants pour plaider sur la recevabilité de
la motion. Il s'agit, d'une part...
Une voix: Ce qui va faire qu'elle va se lire:
"...immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1...
M. Boisclair: Oui.
Une voix: ...59,60...
M. Boisclair: C'est ça.
Une voix: Et par la suite, tous les autres articles".
M. Boisclair: M. le Président, je m'excuse pour cette
interruption, mais c'est tout simplement que ça aura pour effet de
procéder immédiatement à l'étude de l'article 1,
mais ensuite nous aimerions faire porter le débat sur les articles 59,
60 et tous les autres articles pour discuter et pour rentrer
immédiatement dans le vif du sujet qui est l'administration de la
TPS.
M. le Président, je voudrais rapidement, si vous me le permettez,
vous citer Beauchesne...
Le Président (M. Lemieux): Vous parlez de la
recevabilité, là?
M. Boisclair: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Elle est rece-vable.
M. Boisclair: Elle est recevable. Bon. M. le Président, je
vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Mais à moins que... Pour
l'information des députés, allez-y, on va vous écouter,
ça peut être très intéressant.
M. Boisclair: Juste vous rappeler rapidement Beauchesne, M. le
Président, à l'article 765 que vous me permettrez de lire en
anglais: "Unless the committee otherwise orders, the text of a bill is
considered in the following order." On dit: Les clauses... "Clauses, new
clauses, schedules, new schedules, preamble and title." Mais c'est bien
spécifié à l'article 765: "Unless the committee otherwise
orders..." Puisqu'il n'y a pas d'ordre à cet effet, M. le
Président, je crois que la motion est bel et bien recevable et que nous
pourrions en disposer dans les plus brefs délais. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Attendez, M. le
député de Gouin, je veux seulement vérifier Geoffrion
sur... Peut-être un petit élément, je pense que... Je vais
voir si Geoffrion nous oblige à utiliser les articles dans l'ordre du
projet de loi. Beauchesne...
M. Boisclair: Beauchesne est très clair, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais on va voir ce que
Geoffrion dit, voir.
M. Boisclair: Ah!
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, parfois la Cour
d'appel est claire et la Cour suprême renverse ses jugements.
M. Boisclair: Ça, je sais ça. De toute
façon,
M. le Président, vous avez dit que c'était recevable, vous
avez déjà rendu votre décision.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, je pense qu'elle est
recevable, oui, oui.
M. Boisclair: Vous ne pouvez pas - c'est ça - contester
votre propre décision.
Le Président (M. Lemieux): Elle peut être rendue
successivement, juste pour vérifier.
M. Boisclair: J'ai peine à comprendre votre
hésitation, puisque vous avez déjà jugé de la
recevabilité de la motion.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais...
M. Boisclair: Je veux vous dire que je crois qu'il n'y a pas ou
peu de jurisprudence à cet effet. Le règlement n'est pas
nécessairement très clair à ce sujet et jurisprudence pour
jurisprudence, doctrine pour doctrine plutôt, Beauchesne semble
très clair à 765: "Unless the committee otherwise orders..."
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, M. le
député de Gouin, j'ai les deux, j'ai Beauchesne et j'ai
Geoffrion. Geoffrion ne le contredit pas, il semblerait y avoir une pratique
selon laquelle les articles sont considérés un à un et
ligne par ligne, suivant l'ordre dans lequel ils se lisent. Mais ça ne
veut pas nécessairement dire que ça ne pourrait pas se faire, ce
n'est pas défendu explicitement. Je regarde Beauchesne aussi qui dit:
"En comité plénier, les articles d'un bill doivent être
abordés dans l'ordre indiqué." C'est-à-dire qu'on commence
par l'article 1er et on passe à l'article 2 et ainsi de suite
jusqu'à la fin du bill. L'usage veut que le président appelle
successivement chaque article par son numéro. Non, non. Je pense que
c'est recevable. Elle est recevable, oui. Alors, je vous écoute sur la
motion.
Une voix: C'est quoi, la motion, au juste?
Le Président (M. Lemieux): La motion est très
habile. Elle est la suivante: Que la motion en discussion soit modifiée
par le remplacement dans la deuxième ligne des mots "et des articles"
par les mots "59, 60 et, par la suite, tous les autres articles".
Une voix: Tu trouves ça habile, ça? Le
Président (M. Lemieux): Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Est-ce que le ministre pourrait garder tout de
même un certain décorum?
Une voix: Vous trouvez ça habile, vous? Une voix:
Ah! ça, c'est mieux, ça! Une voix: C'est mieux.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement?
M. Boisclair: Bien, oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: J'aimerais effectivement intervenir et essayer dans
le temps, dans les minutes qui me seront accordées, de convaincre mes
collègues d'appuyer cette motion. M. le Président, j'aimerais,
d'une part, attirer votre attention sur les notes explicatives du projet de
loi. Ce projet de loi modifie, en premier lieu, la Loi concernant l'impôt
sur la vente en détail pour y prévoir notamment - et là on
prévoit un certain nombre de dispositions qui sont expli- quées
dans les différents articles du projet de loi. Donc, dans un premier
temps, il modifie la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail
pour y prévoir un certain nombre d'éléments.
Dans un deuxième temps, il modifie la Loi concernant
l'impôt sur le tabac. Dans un troisième temps, M. le
Président, il modifie la Loi sur le ministère du Revenu, afin
d'habiliter le ministère du Revenu à conclure avec le
gouvernement du Canada un accord lui permettant d'administrer une loi
fiscale.
On continue ensuite dans les notes explicatives. Il modifie aussi la Loi
concernant la taxe sur les carburants, la Loi concernant la taxe sur la
publicité électronique, la Loi concernant la taxe sur les repas
et l'hôtellerie, la Loi concernant la taxe sur les
télécommunications. Ce sont les différentes
législations qui sont modifiées par le projet de loi, dans un
premier bloc, cependant.
Le projet de loi introduit aussi un second bloc qui se trouve aux
articles 59 et 60 du projet de loi, et c'est très clairement
expliqué dans les notes explicatives. Permettez-moi de vous les lire:
"Enfin, il introduit diverses mesures transitoires ainsi que des dispositions
permettant l'intégration dans l'administration québécoise
de certains employés du gouvernement fédéral
affectés à la mise en oeuvre de la taxe sur les produits et
services." Donc, les articles 59 et 60 traitent particulièrement de
l'administration de la taxe.
Nous avons essayé à plusieurs reprises, à
l'occasion des motions préliminaires, d'intervenir sur le fond de la
taxe et les conséquences qu'elle pourrait avoir. Je pense...
Des voix:...
Une voix: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Sérieusement, M. le Président,
c'est... Alors, le deuxième bloc - j'étais en train de vous
l'expliquer - modifie particulièrement l'administration de la taxe.
Avant de discuter des différentes dispositions contenues au projet de
loi, de leur impact et de la mécanique d'amendement aux
différentes lois, que ce soit la loi sur le revenu, que ce soit la loi
sur le tabac ou les boissons, que ce soient d'autres lois dont j'ai cité
le titre tout à l'heure, nous aimerions discuter immédiatement
après avoir passé l'article 1, puisque la motion
présentée par le député des
Îles-de-la-Madeleine nous oblige à procéder à
l'article 1... Nous aimerions, une fois l'article 1 étudié,
passer immédiatement aux articles 59, 60 et, ensuite de ça, M. le
Président, nous reviendrons aux autres articles, que ce soit les
articles 2, 3, dépendant aussi des autres motions qui pourraient
être présentées.
M. le Président, qu'en est-il particulièrement? Et je
crois que pour essayer de convaincre mes collègues de passer aux
articles 59 et 60 immédiatement après avoir étudié
l'article 1, c'est important de regarder quelle est la portée de ces
articles pour essayer de leur faire comprendre jusqu'à quel point la
question de l'administration de la taxe est fondamentale. (16 h 15)
L'article 59, du projet de loi, M. le Président, modifiera
substantiellement la façon dont est administrée la taxe de vente
du Québec actuellement. "Malgré toute disposition inconciliable
de la Loi sur la fonction publique, dit l'article 59, les employés du
gouvernement du Canada affectés à la mise en oeuvre de la taxe
sur les produits et services prévue par la Loi sur la taxe d'accise -
une loi canadienne, bien sûr, donc, ce sont les employés du
gouvernement canadien, les fonctionnaires canadiens affectés à la
mise en oeuvre de la TPS fédérale - qui acceptent l'offre
d'emploi écrite présentée par le ministre du Revenu aux
fins de l'administration de cette taxe par ce dernier deviennent
employés du gouvernement et fonctionnaires au sens de la Loi sur la
fonction publique." C'est donc dire, M. le Président, que des
employés, qui étaient à l'emploi du gouvernement du
Canada, employés affectés, bien sûr, à la mise en
oeuvre de la TPS fédérale pourront, immédiatement
après avoir accepté l'offre d'emploi du ministre du Revenu, faire
partie du gouvernement du Québec à titre de fonctionnaires et au
sens aussi de la Loi sur la fonction publique à compter, bien sûr,
de la date de Leur intégration. L'article continue en disant: "et,
à cette fin, le Conseil du trésor peut, avec l'approbation du
gouvernement, déterminer toute règle, norme et politique relative
au classement, à la détermination du taux de traitement, à
la permanence ou à toute autre condition de travail applicable à
ces fonctionnaires."
M. le Président, il serait intéressant
immédiatement de voir justement jusqu'à quel point le rôle
du Conseil du trésor pourra aussi être fondamental dans la
détermination de ce transfert de fonctionnaires entre le gouvernement
canadien et le gouvernement du Québec. C'est là, M. le
Président, un premier élément qui nous semble important et
sur lequel nous avons un certain nombre de questions. Par exemple, l'article
pourrait être précisé quant au sens du rôle qui
pourrait être donné au Conseil du trésor:
"déterminer toute règle, norme et politique relative au
classement, à la détermination du taux de traitement, à la
permanence ou à toute autre condition de travail applicable à ces
fonctionnaires."
M. le Président, vous conviendrez avec moi que cet article
demeure relativement flou et qu'il conviendrait que nous puissions en discuter
immédiatement après avoir étudié l'article 1, parce
que, M. le Président, si nous ne sommes pas capables de nous entendre
sur l'administration de la taxe, est-il vraiment nécessaire de continuer
à discuter du contenu et de son application?
L'article 60, M. le Président, n'est pas, lui aussi
négligeable. J'aimerais attirer l'attention des membres de cette
commission sur son contenu. "Le gouvernement peut, lors de l'intégration
dans la fonction publique des employés du gouvernement du Canada
affectés à la mise en oeuvre de la taxe sur les produits et
services prévue par la Loi sur la taxe d'accise - la TPS
fédérale - conclure avec le gouvernement du Canada tout accord
relatif aux régimes de retraite." Donc, là aussi, M. le
Président, il serait intéressant de voir de quelle façon
se fera cette administration du régime de retraite.
M. le Président, ce qui est aussi au coeur de la question dans
les articles 59 et 60, s'il y a quelque chose de fondamental, M. le
Président, c'est bien le protocole d'entente et le protocole d'entente
est assez clair à l'égard de l'administration de la taxe.
Permettez-moi de vous en lire un extrait: "Bien que le Canada soit seul
responsable de la politique fiscale de la TPS et de son application uniforme
à travers le Canada et que le Québec soit seul responsable de sa
taxe provinciale, l'administration de la TPS par le Québec sur son
territoire, avec la taxe provinciale, éviterait des
dédoublements, réduirait les coûts d'administration,
faciliterait l'application pour les mandataires et serait
bénéfique à l'économie." Déjà, M. le
Président, dans des étendues du protocole d'entente signé
entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec on fait
mention de l'administration de la taxe. Le protocole continue en
désignant un certain nombre d'articles. On dit précisément
dans cette entente que l'expression "période transitoire" désigne
la période commençant en date de cette entente et se terminant le
31 décembre 1991, qui, bien sûr, est relativement claire.
Cependant, pendant la période de transition, et c'est là-dessus
que nous aimerions attirer l'attention des membres de la commission, le
Québec prendra les dispositions pour être en mesure d'administrer
de façon efficace la TPS dans la province et désignera un haut
fonctionnaire responsable pour agir en relation avec les fonctionnaires de
Revenu Canada responsables de la TPS. Encore là, M. le Président,
un autre élément, je crois, qu'il pourrait être
intéressant de discuter et voir quelles en seront les implications.
L'article 4 est encore plus éclairant, M. le Président, en
ce qui concerne cette période transitoire dont on fait implicitement
mention aux articles 59 et 60. Permettez-moi de vous le citer: Pendant la
période transitoire, afin de faciliter le transfert de l'administration
de la TPS au Québec le 1er janvier 1992, le Canada limitera, dans la
mesure du possible, l'embauche directe de personnel permanent au Québec
par
Revenu Canada pour les fins d'administration de ia TPS et
privilégiera plutôt le personnel qui lui aura été
détaché par le Québec.
M. le Président, "privilégiera plutôt", nous devons,
bien sûr, être favorables a ce libellé, mais ce sont des
questions qui, à mon avis, sont fondamentales et qui touchent
concrètement les articles 59 et 60. On parle aussi de période
transitoire pour faciliter le transfert ordonné d'administration au
Québec, le 1er janvier 1992, et d'autres dispositions concernent la
transition de fonctionnaires fédéraux vers le gouvernement du
Québec.
M. le Président, à la page 5 de ce même protocole,
le Québec, et c'est dans le fond ce protocole signé - j'aimerais
bien savoir à quelle date il a été signé. Quelle
date? À quelle date, M. le Président, ce protocole a
été signé.
Le Président (M. Lemieux): Le 30 août.
M. Boisclair: Alors, au 30 août, donc, avant le
dépôt du projet de loi. Bien avant. Or, c'est justement. Le
protocole est venu finalement dicter le contenu des articles 59 et 60 parce que
déjà, dès la conclusion du protocole à la page 5,
il était clair que le Québec offrirait aux employés
permanents du Canada engagés aux fins d'administration de la TPS au
Québec un régime d'emploi équivalent à celui dont
bénéficient les employés du Québec à un
niveau d'autorité et de responsabilité comparable, au moins
à un niveau de salaire égal à celui dont ils jouissaient
au moment de leur transfert.
C'est à peu près dans le même sens, M. le
Président, plutôt dans la même lignée que se situe la
portée de l'article 59 où on dit très clairement: Les
employés du gouvernement du Canada affectés à la mise en
oeuvre de la taxe sur les produits et services prévue par la Loi sur la
taxe d'accise qui acceptent l'offre d'emploi écrite, bien sûr, par
le ministre du Revenu, aux fins de l'administration de cette taxe par ce
dernier, deviennent employés du gouvernement et fonctionnaires au sens
de la loi.
On précise aussi les éléments en ce qui a trait
à la rémunération et aux différents régimes
de retraite. Le protocole était aussi très clair. Le
Québec offrira aussi aux employés permanents du Canada des
possibilités de promotion substantiellement équivalentes à
celles dont ils bénéficiaient dans leur emploi avec le
gouvernement du Canada de telle sorte que ces anciens employés du
Canada, suite au transfert de l'administration de la TPS au Québec,
jouissent de possibilités de carrière similaires à celles
dont ils auraient bénéficié s'ils étaient
demeurés employés au Canada.
M. le Président, ce protocole d'entente, qui dans le fond est
venu influencer la rédaction des articles 59 et 60, aura un certain
nombre de retombées importantes, à la fois pour les gens qui
travaillent dans la fonction publique québé- coise et pour les
nouveaux fonctionnaires fédéraux qui viendront s'y ajouter parce
que vous qui avez, M. le Président, présidé la commission
chargée d'étudier la Loi sur la fonction publique, qui produit ou
qui produira un rapport très bientôt, vous êtes à
même de saisir l'importance de ces déplacements qui seront
occasionnés dans la fonction publique a cause de l'administration de la
TPS.
Donc, M. le Président, je crois qu'il est important que nous
discutions immédiatement de l'administration de cette taxe, et de ses
conséquences avant que nous discutions des différents
éléments du projet de loi qui ont trait à une certaine
modification soit de la loi concernant l'impôt, soit de la Loi concernant
l'impôt sur le tabac, ou d'autres législations
québécoises, comme la Loi sur le ministère du Revenu ou la
Loi concernant la taxe sur les carburants, la Loi concernant la taxe sur la
publicité électronique, ou d'autres lois
québécoises. Ceci nous permettrait d'éclairer l'ensemble
des membres de cette commission sur les conséquences que ça
pourrait avoir sur l'application des différentes autres
législations.
M. le Président, ces mesures transitoires qui permettront
l'intégration dans l'administration québécoise de certains
employés du gouvernement fédéral affectés à
la mise en oeuvre de la taxe sur les produits et services méritent qu'on
s'y attarde avant de passer aux autres dispositions du projet de loi.
M. le Président, dès sa déclaration
ministérielle, le ministre des Finances faisait état de ce
régime transitoire et faisait état aussi de l'harmonisation du
régime fédéral québécois, mais,
particulièrement en ce qui a trait au régime transitoire,
l'énoncé de politique et la déclaration
ministérielle du ministre des Finances expliquaient clairement qu'au
départ il était important, pour cette période transitoire,
de s'assurer que l'administration de la taxe soit unifiée à la
fois pour le provincial et le fédéral.
Donc, M. le Président, je conclurai sur ces quelques remarques en
disant que j'espère que nous pourrons d'entrée de jeu discuter de
l'administration de la taxe avant qu'on rentre dans les dispositions
très pointues contenues aux articles 2 à 58 qui modifieront les
différentes législations québécoises. Il y a un
certain nombre de questions fondamentales, il y a un autre protocole qui devra
être signé. Mon collègue, le député de
Labelle, en a fait état hier soir. Il y a aussi toute la question du
respect de la Charte de la langue française. Le ministre nous faisait
part hier des informations que lui donnait le président de l'Office de
la langue française qui semblait le rassurer quant à la
primauté de la langue française dans l'administration. Cependant,
il n'en demeure pas moins que l'article, si on lui donne une
interprétation restrictive, pourrait, à tout le moins, susciter
un certain nombre de questions.
Le ministre lui-même admettait dans son plaidoyer hier que le
libellé n'était peut-être pas fait de façon
très précise, de façon très claire. Cependant,
malgré l'assurance qu'il obtenait du président de l'Office de la
langue française, nous continuons à maintenir un certain nombre
de doutes quant à la primauté de la Loi sur les langues
officielles sur la Charte de la langue française, ce qui, je crois,
devrait intéresser tous les membres de cette commission. Je crois que
nous devrions aborder immédiatement ces questions avant de discuter des
différentes dispositions qui modifient un certain nombre de
législations québécoises.
M. le Président, c'est ce que j'avais à dire pour le
moment sur la motion d'amendement que je vous ai présentée.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cet
amendement?
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. (e Président, je voudrais, moi
aussi, intervenir sur l'amendement proposé par mon collègue de
Gouin. J'ai apprécié les remarques qu'il a faites sur
l'importance d'abor der rapidement, dans l'étude du projet de loi, les
articles 59 et 60 qui touchent l'application, en pratique, du protocole
d'entente intervenu le 30 août dernier entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement fédéral.
L'article 59 parle évidemment des employés du gouvernement
fédéral et, quant à l'autre, on y discute des
régimes de retraite de ces fonctionnaires qui sont
transférés du fédéral vers le Québec et des
conditions de leur transfert. M. le Président, je pense que le protocole
qui a été signé, nous avons eu l'occasion de le souligner
hier, comporte des clauses discutables et je voudrais revenir sur un aspect qui
a déjà été abordé, soit celui de la Charte
de la langue française au point 3 de l'article 4 du protocole qui se lit
comme suit: Lorsque le Québec, dans l'administration de la TPS pour le
compte du Canada, ne peut, en raison des dispositions de la Charte de la langue
française, s'acquitter de ses fonctions dans les deux langues
officielles, conformément à la Loi sur les langues officielles,
en ce qui concerne les communications écrites avec les corporations
établies au Québec, le Canada et le Québec conviennent que
le Canada exercera alors ses fonctions pour assurer le respect de la Loi sur
les langues officielles.
En d'autres termes, on contourne la loi 101 en disant que, lorsque les
corporations vont vouloir communiquer en anglais, finalement, comme la loi 101
le refuse, ce sera le Canada qui va le faire, donc, en anglais. C'est
ça, l'effet de cette clause-là. Moi, je pense que, quelles que
soient les dénégations qui sont apportées, soit dans des
réponses en Chambre, soit par le ministre lui-même qui a dit hier:
Non, non, ça n'avait aucun effet, la réalité, c'est que
dans les communications avec les entreprises on va pouvoir contourner la loi
101. C'est le gouvernement du Canada qui va le faire parce que le gouvernement
du Québec, lui, a déjà convenu qu'il ne communiquerait pas
avec les entreprises qui vont exiger de l'anglais. Donc, à ce moment-la,
ça va être le Canada qui va le faire. C'est une façon
très claire de contourner la loi 101 et ça indique, à
toutes fins pratiques, que c'est la primauté de la Loi sur les langues
officielles sur la Charte de la langue française.
Motion de sous-amendement
M. le Président, dans le protocote auquel les articles 59 et 60
donnent effet, il y a aussi des dispositions quant au financement de
l'administration et, M. le Président, je me suis aperçu que,
finalement, aux articles 59 et 60, tout n'était pas dit et qu'il
faudrait ajouter l'article 61. Alors, je vais proposer un sous-amendement
à l'effet que ia motion d'amendement en discussion soit modifiée
par l'insertion après le chiffre 60 du chiffre 61. Et je dépose
cet amendement, M. le Président. C'est un sous-amendement, M. le
Président.
M. le Président, je pense que lorsqu'on parle des sommes requises
pour l'administration de cet amendement, des articles 59, 60, il s'agit en
bonne partie, en partie appréciable, de l'administration de la TPS
fédérale qui a donné lieu au protocole d'entente, aux
conditions et aux articles 59, 60. Donc, il y a une implication majeure...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Labelle, la relation de l'article 61 sur votre sous-amendement en
relation avec les articles 59 et 60...
M. Léonard: 59 et 60?
Le Président (M. Lemieux): ...spécifiquement je
trouverais ça plus intéressant de vous entendre
là-dessus.
M. Léonard: Spécifiquement, c'est que le
gouvernement fédéral, à toutes fins pratiques, va assumer
à peu près la moitié des coûts d'administration de
l'ensemble TPS-TVQ. Parce que c'est ça, l'effet du protocole et je pense
qu'il va être intéressant de connaître, par la même
occasion, où nous allons discuter de 59 et 60, la façon dont les
coûts vont être partagés entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement fédéral et quel sera le
mécanisme par lequel le gouvernement du Québec va
récupérer des sommes du gouvernement fédéral pour
assurer son administration.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions concernant le sous-amendement?
M. Farrah: Est-ce qu'on peut avoir le sous-amendement, M. te
Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, oui. On va en faire
faire des copies. On va suspendre deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 34)
(Reprise à 16 h 35)
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous me
répéter encore ce que vous avez dit relativement à votre
sous-amendement, avec les articles 59 et 60? J'aimerais vous
réécouter là-dessus.
M. Léonard: Dans les articles 59 et 60, il est question du
transfert des fonctionnaires, des modalités de transfert des
fonctionnaires. Et même plus loin que ça, dans l'article 60, il
est question des fonds de retraite, des régimes de retraite de ces
fonctionnaires fédéraux. Il y a tout un mécanisme
établi à l'article 61 par lequel le gouvernement du
Québec, lui, va attribuer son budget, mais en fonction des revenus aussi
qu'il va percevoir du gouvernement fédéral. Donc, il y a une
relation nette entre les deux; il s'agit des coûts qui vont être
assumés par les deux gouvernements. À mon sens, les trois se
tiennent parce que le gouvernement du Québec va avoir, lui, à
établir l'impact budgétaire des ententes au terme desquelles il a
établi les articles 59 et 60. Les trois se tiennent. C'est vraiment un
oubli; il aurait fallu le mettre dans la liste.
Le Président (M. Lemieux): Ce qui doit me guider, eu
égard à la portée d'un sous-amendement. C'est la raison
pour laquelle je vous ai fait répéter quelles étaient les
relations de l'article 61 avec les articles 59 et 60, s'il s'agissait de
questions étrangères à l'amendement prévu. Alors,
comme il y a à mes yeux, effectivement, un corollaire, le
sous-amendement serait recevable.
M. Léonard: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je n'ai pas le choix, c'est
pour ça que... Alors, je vous donne la parole sur le
sous-amendement.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, je pense que dans le
protocole d'entente que nous avons sous les yeux, auquel les articles 59, 60 et
61 donnent effet, ces articles, donc, vont toucher de façon importante
l'administration de la loi 89. Il nous paraît que, sur ce plan-là,
les modalités admi- nistratives et financières par lesquelles on
va donner effet sont particulièrement importantes. Je voudrais
simplement poser la question aux gens et leur dire que ce protocole est le
partage des fonds, finalement, et, disons, une première en ce qui
concerne les ententes avec le Canada. Et, quant à moi, je crois que nous
aurons à négocier ces questions-ià de façon
beaucoup plus large que ce qu'il y a là. C'est valable pour
l'application de ia loi 89, mais c'est aussi valable pour tous les
ministères que nous aurons à transférer quand nous aurons
à déclarer la souveraineté du Québec. Donc, ce qui
est applicable pour une direction de l'administration du revenu conjoint
Québec-Canada l'est, par ailleurs, pour beaucoup d'autres
ministères. Et, à mon sens, ça va établir un peu la
base sur laquelle nous allons négocier.
Je pense aussi que lorsque nous parlons du partage des coûts, du
partage des fonctionnaires qui vont venir ici et de leurs conditions de
travail, nous nous trouvons présentement à établir un
modèle que nous allons discuter. Et il va falloir établir le
statut de ces gens, savoir aussi à quel moment on va arrêter le
paiement des salaires à Ottawa, à quel moment on va commencer le
paiement des salaires ici. Je pense que ce sous-amendement qui ajoute l'article
61 est important parce qu'il s'agit du nerf de la guerre des finances qui
concerne l'administration des articles 59 et 60.
M. le Président, nous allons aborder l'administration du projet
de loi avec cette notion de partage dé coûts,
fédéral et québécois, et je pense d'ailleurs qu'il
faut le faire au tout début de l'étude du projet de loi. Je
voudrais simplement dire au ministre que, quant à moi, c'est une bonne
chose que, finalement, on récupère 550 fonctionnaires du
fédéral. S'il n'en tenait qu'à nous, nous les
transférerions tous et nous aurions un problème un peu plus gros.
Mais ce n'est que reporté. Ça viendra bientôt.
Donc, je voudrais attirer l'attention du ministre sur ceci: lorsqu'on va
parler du protocole, il faut aussi savoir comment on va établir,
déterminer les sommes en cause, comment on va les financer. Je suis
convaincu que sachant... Je commence à le connaître un peu plus,
le nouveau ministre du Revenu: disons que, commençant à le
connaître, il ne peut pas ignorer ces aspects de la question.
Je voudrais, si vous me le permettez, M. le Président, simplement
reprendre une affirmation que j'ai faite hier et qui a fait sursauter le
ministre à l'effet que le gouvernement fédéral avait perdu
12 000 000 000 $ par l'abandon de l'impôt sur la fiscalité. J'ai
trouvé la référence. Je vais la lui lire. Il s'agissait
d'une étude faite par le professeur John Bossons, économiste
à l'Université de Toronto, qui a établi la richesse
accumulée avant 1972 à 66 000 000 000$ sur laquelle le
gouvernement fédéral aurait été en droit de
percevoir 12 000 000 000 $. La va-
leur approximative actuelle serait d'environ 40 000 000 000 $.
Par ailleurs, l'impôt annuel sur la richesse, sur la fortune, est
établi actuellement en Allemagne de l'Ouest, en Autriche, en
Norvège, en Suède, en Belgique et au Danemark. Ce n'est pas une
lubie de mon esprit que j'ai inventée en vous disant ce que j'ai dit
hier. L'étude elle-même a été révisée
par M. Neil Brooks qui enseigne la fiscalité à Osgoode Hall Law
School et puis il y a d'autres spécialistes qui ont révisé
la question. Il s'agit de MM. Donald Green, Kevin Charlebois, Irvin Gillespie,
Francis Mont-reuil, Allan Maslove et Courage. Je suis convaincu que le ministre
ne connaît pas tous ces gens, sinon il n'aurait pas, il ne se serait pas
esclaffé hier comme il l'a fait quand j'ai affirmé ce que j'ai
dit.
Je tenais à faire ce point. Je comprends qu'il fait semblant de
dormir, mais je suis sûr qu'il a entendu ce que j'ai dit. D'ailleurs, il
se retient beaucoup de sourire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: II pourra me consulter au Journal des
débats. Bon. Donc, M. le Président, nous en sommes à
un projet de loi fort important et je pense qu'au coeur de ce projet de loi,
dont il a dit que l'harmonisation en était un principe fondamental, on
trouve ce protocole d'entente. Les articles 59, 60 parlent du transfert des
fonctionnaires. 60 parle des fonds de retraite des fonctionnaires. Tout se
tient. Et 61 parle des sommes requises pour l'implantation de la réforme
des taxes à la consommation et à l'administration par le ministre
du Revenu de la taxe sur les produits et services prévue par la Loi sur
la taxe d'accise, donc, la TPS, c'est comme ça qu'elle s'appelle. On est
en plein coeur du sujet.
Je considère qu'avant d'aborder le projet de loi il faut aller
voir cette entente. Je dirais même plus, je voudrais le rappeler au
ministre, c'est que dans cette entente il est question d'une entente
détaillée. Je cherche - je pense que c'est au point 5...
Effectivement, le point 5 de l'entente dit ceci, à la page 9 du texte
que j'ai, en tout cas, celui qui a été déposé,
d'ailleurs, par le ministre des Finances. Au point 5, il est dit ceci: Le
Canada et le Québec conviennent de conclure une entente
détaillée pour le 1er décembre 1990 - c'est une date qui
est déjà passée - ou à toute date ultérieure
convenue entre eux précisant les principes établis dans la
présente entente et déterminant les modalités de
l'administration de la TPS au Québec.
Les articles 59, 60, 61, y compris, premièrement: a) la
compensation incluant la proportion entre les employés du Québec
administrant la TPS et la taxe provinciale, et le nombre de mandataires
enregistrés; b) le règlement des différends; c) les
amendements et la terminaison; d) le processus de coordination entre Revenu
Canada et Revenu Québec; e) la détermination des fonctions
administratives qui continueront d'être assumées par \e Canada, y
compris là-dedans: 1° la préparation et l'adoption de la
législation relative à la TPS, ainsi que les règlements ou
autres instruments statutaires adoptés en vertu de cette
législation; 2° la détermination du contenu des formules et
publications relatives à l'administration de la TPS; 3°
l'interprétation de la législation relative à la TPS, y
compris la rédaction et la publication des bulletins d'information,
d'interprétation et l'élaboration des décisions
préalables, générales ou particulières, et
relatives à l'interprétation ou l'application de la
législation ou le recouvrement des taxes et autres sujets similaires -
entre parenthèses, ceci n'exclura pas les discussions officieuses entre
le contribuable et le représentant du Québec - 4°
l'attribution des responsabilités relatives à l'analyse et
à la prise de décision sur les avis d'opposition aux cotisations
présentées auprès du ministre du Revenu national.
Et on continue l'énumération des points en f) la
responsabilité quant à la conduite des litiges devant les
tribunaux relatifs à la TPS au Québec; g) les dispositions
concernant la remise des recettes de la TPS au Canada; h) l'administration des
remboursements aux non-résidents; et i) la perception de la TPS sur les
biens importés aux frontières internationales.
M. le Président, je reviens donc au tout début de ce point
où il doit y avoir eu une entente détaillée pour le 1er
décembre 1990 ou à toute date ultérieure convenue entre
eux. L'entente détaillée, selon ce qu'on m'en a dit ou en a dit
le ministre des Finances à l'Assemblée nationale, n'avait pas
encore été signée au début de la semaine. Est-ce
qu'elle a été signée depuis? Je pense que c'est une
question fort pertinente pour l'étude de ce projet de loi. Et, si elle
n'a pas été signée, normalement, ce que dit le protocole,
c'est: Vous avez convenu d'en signer une à une date ultérieure.
Le texte précis, c'est "ou à toute date ultérieure
convenue entre eux". Je suppose que vous avez convenu d'une date
ultérieure si vous ne l'avez pas signée pour le 1er
décembre 1990. Donc, ce sera une question que je vous poserai tout
à l'heure, et à laquelle vous me répondrez, je suppose, de
nous dire quelle est la date ultérieure qui a été convenue
et de nous faire état de l'état d'avancement de vos discussions
par rapport à ce protocole d'entente. J'entends par là l'entente
détaillée qui doit avoir été signée entre
les deux gouvernements.
Ça nous ramène effectivement maintenant, si on regarde
l'article 61 et son inclusion, il est question, par exemple en h), de
l'administration des remboursements aux non-résidents. Quelles ont
été les dispositions que vous avez discutées et que vous
êtes en train de négocier? Où en
êtes-vous rendu? Et puis, autre processus très important,
c'est que vous avez là-dedans, en a), la compensation. Alors, il y a un
partage de compensations entre le Québec et le gouvernement
fédéral, et Ottawa là-dessus. Je pense que ça,
c'est exactement ce qui est traité dans l'article 61.
Je pense aussi, et vous le savez très bien, même si
ça ne fait pas tellement longtemps que vous êtes au
ministère du Revenu, que toute loi fiscale comporte des règles
d'interprétation, des directives. Où en est-on là-dessus?
Est-ce qu'elles sont rédigées? Est-ce qu'elles sont juste
élaborées en principe, avec trois paragraphes de plus que ce
qu'il y a ici, ou bien si on en est maintenant à avoir pris des
décisions préalables, comme ils disent, des décisions
préalables particulières ou générales, mais on sait
qu'il faut qu'elles soient prises, ces décisions. On a donc... À
mon sens, depuis le 30 août, on doit avoir progressé dans
l'établissement de ces directives, de ces cahiers de directives. Les
entreprises, le 1er décembre, vont devoir fonctionner avec ça. Le
1er décembre, ce n'est pas loin ça, c'est dans 20 jours, et tout
le monde va être pris avec ça et vous-même, vous allez avoir
à prendre des décisions, à partir du 1er janvier à
tout le moins, parce qu'il y a des gens qui vont vous poser des questions.
Déjà, il y a des gens qui vous posent des questions.
Alors, présentement, il y a des fonctionnaires au
fédérai qui s'en occupent, qui renseignent les entreprises ou les
mandataires enregistrés, mais, au fond, vous êtes dans la partie,
vous aussi, parce que les mandataires vont avoir à percevoir des fonds
pour vous. Ce que je comprends, et j'ai bien noté hier ce que vous nous
avez dit, M. le ministre, c'est qu'il y avait encore des complications non
réglées. J'entends, par exemple, que les manufacturiers de
meubles actuellement disent qu'ils vont perdre, juste pour le Québec, au
moins 10 000 000 $, et j'aimerais savoir ce que vous en pensez. Est-ce que
ça comprend la TPS? Est-ce que, vraiment, vous avez examiné ce
cas? Vous n'avez pas voulu les entendre hier dans les motions
particulières, mais maintenant, là, il va falloir que vous y
répondiez. Donc, votre protocole doit être examiné en
premier. Je pense aussi que sur cette entente détaillée, au moins
un état d'avancement de vos discussions, de vos négociations
là-dessus devrait être déposé devant cette
commission avant d'entreprendre l'étude détaillée du
projet de loi, parce que ça, ça éclairerait vos
décisions, ça éclairerait ce que vous avez en tête
quand vous parlez du projet de loi. Je vois que le ministre lit son journal, je
comprends que nous ne sommes que des députés élus par la
population du Québec et que lui est un ministre venant d'en haut, mais
je pense que ça, c'est une attitude, il me semble, qui ne respecte pas
le décorum de cette commission parlementaire. Je vois que le
président vous regarde, il me semble que, sans le dire, il doit vous
faire signe, un signé de' désapprobation de votre attitude, M. le
ministre.
Le Président (M. Lemieux): Non. M. Léonard:
Non?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, ce n'est pas anti-parlementaire, ce n'est pas...
M. Léonard: Je pensais que...
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, j'essaie,
là, de...
M. Léonard: Je pensais que...
Le Président (M. Lemieux): Je n'ai pas de marge de
manoeuvre quelconque, là, pour...
M. Léonard: C'est le décorum, monsieur, moi, j'ai
fait appel au décorum.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais même au niveau
du décorum il n'entrave pas les travaux de la commission, il est docile,
il est doux, paisible...
M. Léonard: Oui, pour une fois, il ne grogne pas, c'est
vrai, c'est...
Le Président (M. Lemieux): II est gentil,
agréable...
M. Léonard: II ne grogne pas, pour une fois.
Le Président (M. Lemieux): Je pense qu'il a toutes les
qualités qu'on peut retrouver dans le Petit Robert.
M. Léonard: Mais, ce qu'on doit conclure, c'est qu'il est
complètement désintéressé des choses qu'on lui
dit.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, ce n'est pas ce
que le président a dit, là.
M. Léonard: II me semble que... M. Savoie: ...ils
ne peuvent pas présumer... M. Léonard: Ahl il
écoute en lisant, bon... Le Président (M. Lemieux): Non,
non. M. Léonard: II a un oeil sur une ligne...
Le Président (M. Lemieux): Là, là, M.
le député de Labelle, vous prêtez des intentions au
ministre...
M. Léonard: Bon, O.K., alors...
Le Président (M. Lemieux): Non, ça, ce n'est pas du
tout la même chose. Alors, non, écoutez, M. le ministre, non, pas
de problème.
M. Léonard: Alors, c'est le ministre qui, paraît-il,
respecte le décorum, là, ça va. Je vois que tout est
permis, alors. Je dis donc qu'à l'article 61, à l'article 59 et
à l'article 60, nous parlons d'un protocole d'entente qui, à mon
sens, implique un geste avec lequel je suis d'accord: le rapatriement de
fonctionnaires fédéraux au Québec. Il y en a 550 qui
viennent et les 250 qui vont être engagés ici au Québec,
ajoutés aux 550 qui vont nous venir du fédéral, vont
constituer une équipe qui va administrer la loi de la taxe de vente du
Québec et la TPS fédérale conjointement avec des
fonctionnaires qui vont relever du Québec.
Je disais en début d'intervention que ça, ça peut
très bien être un modèle, un modèle de ce que nous
aurons à faire lorsque nous allons rapatrier le ministère des
Affaires extérieures, le ministère de la Défense, le
ministère de - mettez-les tous, là, toutes les institutions
fédérales - vers le Québec. C'est un sujet fort important.
Je vois que le ministre va avoir à en traiter lui-même, même
si possiblement il n'est pas encore tout à fait d'accord avec les
orientations, mais qu'il suit, je suppose bien, les travaux de la Commission
Bélanger-Campeau, puis il aura sûrement à prendre une...
à se brancher vis-à-vis de cette question. Pour l'instant, je
suppose qu'il chemine comme beaucoup de ses collègues, c'est une bonne
chose. Je lui souhaite bon succès dans son cheminement, mais je le
ramène à son article 61. Il va avoir à négocier
avec le fédéral, à établir les coûts d'une
administration conjointe, à négocier aussi les modalités.
Il va trouver ça dur et je suppose qu'il va constater en cours de route
que ça serait plus simple s'il avait à l'administrer tout seul,
avec une seule loi et non deux lois qui vont impliquer deux systèmes de
directives administratives, deux systèmes de décisions qui vont
être prises, là, dans l'administration d'une loi de l'impôt
- c'est considérable, ce que je dis là, c'est... Quand vous
regardez les paquets de directives qui circulent, qui s'accumulent au cours des
années, ça fait des beaux... Ça vous remplit des rayons de
bibliothèque - alors, c'est à ça que nous faisons
référence à l'article 61.
Puis, ensuite, on y mentionne que les sommes vont être prises sur
le fonds consolidé; il y est question de l'aspect dépenses,
l'allocation de crédits quand on en parle comme ça mais, la
réalité, c'est la perception, c'est que de l'autre
côté, sur le plan des revenus, il y aura des revenus en provenance
du gouvernement fédéral pour assumer l'administration de cette
taxe. Donc, j'aimerais savoir sur quelle base c'est établi, quels
montants seront donnés au gouver- nement du Québec pour
administrer la taxe fédérale, la TPS. Il en est fait mention dans
le protocole d'entente, il en est fait mention, mais encore faudrait-il savoir
plus exactement quel est l'ordre de grandeur des sommes en cause, comment on va
établir la rémunération du gouvernement du Québec
et quelle sera la marge de manoeuvre du gouvernement du Québec, parce
que ce n'est pas sûr qu'une fois on aura commencé à
l'administrer, on s'arrêtera là; ça peut coûter plus
cher ultérieurement. L'administration pourra peut-être bien
coûter plus cher, ou peut-être coûtera moins cher,
dépendant de la dextérité de nos gens, dont je ne doute
pas, mais, effectivement, les coûts d'implantation peuvent être
considérables alors que les coûts d'administration vont
l'être moins de façon courante. Tout le monde sait que dans
l'administration d'une taxe on commence généralement par un
projet de loi plutôt simple. 65 articles actuellement, 65. Mais l'an
prochain, je ne suis pas sûr qu'on n'aura pas à amender une telle
taxe, une telle loi sur la taxe de vente du Québec, compte tenu des
nouveaux éléments en cause. Je vois M. le sous-ministre devant
moi. Ça ne m'étonnerait pas qu'il rajoute une quinzaine
d'articles. Voyez-vous, c'est une chose qui arrive dans l'administration et la
gestion des lois fiscales. Peut-on penser raisonnablement qu'au
fédéral aussi ils vont trouver qu'il y a des corrections à
apporter à la loi et qu'il va s'ajouter un certain nombre d'articles,
lesquels vont devoir être négociés entre les partenaires,
ce qui va donner lieu à rémission d'autres directives
administratives, d'autres directives fiscales, tant pour la loi du
Québec, la taxe de vente du Québec, que pour la loi
fédérale. Et, finalement, d'une année à l'autre,
nos lois vont s'enrichir d'un certain nombre d'articles, au Québec, au
fédéral, et on peut aboutir à quelque chose d'assez
compliqué. L'harmonisation qui a l'air toute simple au départ,
même si le ministre a admis qu'il y avait des complications non
réglées au moment où on se parle, l'administration qui a
l'air toute simple au départ va se compliquer de façon
fantastique avec les années.
Vous allez me dire: Je ne pense pas. La souveraineté étant
faite, on va avoir un seul système de taxation et là, on va
intégrer tout ça et ce sera réglé. Je vous
comprends, c'est ce qui, je pense, devrait arriver. Mais dans votre philosophie
actuelle il faut prévoir que ça va être extrêmement
complexe d'administrer les deux mêmes lois sur la même facture et
d'émettre, à partir de là, des chèques, des
directives de tout ce que vous voulez.
Je nous rappelle simplement que les premières conventions
collectives tenaient dans quelques articles lorsqu'on les a signées. Par
exemple, dans le domaine de l'éducation, ça comportait quelques
articles. Les commissions scolaires signaient une convention collective avec le
syndicat fraîchement créé par les enseignants du
coin. Il y avait quelques articles et, aujourd'hui, quand vous regardez
les conventions collectives qui sont signées, il y a à peu
près ce qu'on a ici, un protocole, une entente qui est signée et
après, quand c'est traduit en langage juridico-administratif, ça
prend plusieurs centaines d'articles pour arriver à insérer dans
un texte les protocoles d'entente qui sont signés lors de
négociations. On a une entente de principe qu'on dit, c'est à peu
près ça, mais quand ça arrive dans le détail, dans
l'administration d'une convention collective, vous avez quelque chose
d'absolument compliqué. Ça a pris 20 ans à en arriver
là; vous savez comment c'est complexe à l'heure actuelle, des
lois comme celle-là. À l'article 61, on parle des sommes, on
parle des fonctionnaires... Je pense que ça va donner lieu à des
complications administratives énormes entre les deux gouvernements, je
ne les souhaite pas. À mon sens, il est important de regarder, s'il y a
moyen, là où on en est rendu sur l'entente
détaillée quant à l'administration des articles 59, 60 et
61. Et là, sur le sous-amendement - il s'agit de l'article 61 - il est
important de voir où on en est rendu sur l'entente
détaillée. Il me semble que le ministre devrait la déposer
ou déposer un état de la question, un compte rendu de là
où on en est là-dessus avant d'aborder cela. Peut-être
qu'on va même se rendre compte que c'est impossible, que c'est une
utopie, à moins de dire: On intègre les deux. (17 heures)
Alors, M. le Président, nous avons là un bel exemple d'une
entente qui est signée. Je vais en retenir le caractère positif.
C'est que c'est faisable. On transfère 550 fonctionnaires
fédéraux ici, au Québec, qui vont administrer un double
système de taxation. Moi, je pense que nous aurons des gens
compétents et les nouveaux qui vont entrer vont subir un
entraînement pour le faire et, donc, on va arriver le 1er janvier, je
suppose, avec une équipe opérationnelle. Mais la question que je
me pose, c'est: Est-ce que l'équipe est opérationnelle? Nous
n'avons pas eu beaucoup d'éclaircissements là-dessus. Ce n'est
pas au cours du discours de la deuxième lecture que nous avons eu
beaucoup d'éclairage sur cet aspect des choses. Et depuis que nous
sommes en commission parlementaire, le ministre n'en a pas parlé
beaucoup non plus. Nous n'avons aucun document pour nous dire comment ça
fonctionnera. Je pense que les documents que nous avons le plus, ce sont les
documents du gouvernement fédéral expliquant comment la TPS va
fonctionner. C'est ça que nous avons, que les entreprises ont. Je n'ai
pas vu beaucoup de directives de la part du gouvernement du Québec. Bien
sûr, le ministre répond qu'ils veulent harmoniser, mais qu'au fond
c'est la même taxe de vente du Québec qui s'applique. Mais,
dois-je le rappeler, on vient d'élargir l'assiette de la taxe aux
meubles, aux vêtements, aux chaussures, aux appareils
électroménagers, des gens qui ne le faisaient plus vont devoir le
faire. Donc, on élargit et ça implique des choses
considérables. En plus, bientôt - il me dira que ce n'est pas tout
de suite, mais, quand même, on en est là - il va falloir
élargir aux services. Les restaurants, ça change leur taux de
taxe et, eux aussi, je suppose, vont avoir droit à des déductions
pour intrants. En plus, tout le domaine touristique qui n'était pas
affecté jusqu'ici va l'être l'an prochain. Donc, on
s'apprête à élargir de façon
considérable.
Et puis, il y aura aussi des remboursements de taxe de vente qui vont
être en cause à partir du 1er janvier. J'aimerais ça que le
ministre nous dise comment il va le faire. Est-ce que, maintenant, il va le
faire avec le fédéral, incluant les remboursements pour la TPS?
Parce que, là aussi, il y a des versements à faire. Le ministre
se cache derrière son journal; il a envie de rire. Mais il y a un
certain nombre de questions. Et, surtout, il y avait une entente
détaillée qui devait être signée pour le 1er
décembre 1990, qui n'a pas, paraît-il, été
signée. À moins qu'elle ne l'ait été depuis le
début de la semaine. Ce que nous voulons, ce que nous souhaitons, c'est
que le détail ou, en tout cas, un compte rendu de l'état
d'avancement de ces négociations nous soit fourni avant de commencer,
avant de passer à l'étude article par article, à l'article
1. Je pense que ça, c'est a priori. C'est qu'au fond il n'y a pas eu de
document autre que le protocole du 30 août, très vague, pour
concrétiser l'entente Québec-Canada. On pourrait qualifier
ça d'une entente de principe, en quelque sorte. Ça ne va pas
beaucoup plus loin que ça. Il y a une énumération de
points à l'entente, mais le concret, le réel, le pratique n'est
pas là. Je suppose que le ministre devrait nous en faire part
maintenant, et c'est pourquoi nous voulons d'abord examiner ces articles 59, 60
et 61, et 61 implique le nerf de la guerre, implique les sommes pour
l'implantation de la réforme. Encore une fois, on mentionne bien les
coûts d'implantation de la réforme de taxe à la
consommation; donc, c'est une opération coûteuse. Et
l'implantation de l'administration de la TPS, ça aussi, c'est une
opération coûteuse. Je pense qu'il faut qu'il soit prévu,
il faut qu'il soit déposé, en même temps, que, dans cette
loi, on prévoit pour les exercices 1990-1991. Donc, c'est l'année
courante. Je suppose qu'il s'agit surtout du 1er janvier 1991. Mais ça
veut dire qu'il y a déjà eu des sommes consacrées à
cette administration. Je suppose qu'éventuellement le Québec va
recharger au fédéral une partie du coût des
négociations. Normalement, il devrait en payer 50 %. Quelles sont les
sommes requises depuis le 1er septembre, par exemple? Il y a des remises qui
doivent avoir été faites déjà. Elles doivent
déjà avoir été faites parce que, au fond, depuis le
1er septembre, par exemple, les agents d'assurances perçoivent de la
taxe et de la TPS. Les entreprises doivent déjà remettre au
gouver-
nement fédéral la TPS. Parce que lorsque vous avez pris
une police d'assurance à compter du 1er septembre, vous avez payé
- supposons que vous avez pris une police d'assurance depuis un an - de la TPS
pour la partie du 1er janvier au 31 août 1991 et, donc, il y a une
administration qui est déjà impliquée.
J'aimerais que le ministre me réponde là-dessus. Est-ce
que ces sommes sont perçues directement par le fédéral
actuellement? Quelle est l'implication du Québec dans la perception de
ces sommes? On en est déjà là. Quelle est la perception du
Québec? Quels sont les montants en cause? Je pense que le ministre
devrait donc nous dire où en est l'entente détaillée,
l'entente administrative, l'entente pratique qui donne effet au protocole
d'entente que nous avons vu le 30 août. C'est le seul papier que nous
ayons en main, à part le projet de loi qui a été
déposé il y a deux semaines, trois semaines maintenant. C'est le
seul papier que nous avons. Nous n'avons pas autre chose. Moi, à mon
sens, il me semble que le ministre devrait se rendre, devrait commencer par
étudier l'article 61 en concurrence avec 59 et 60 parce qu'il s'agit
vraiment du corps même de l'entente, de l'administration
concrète.
Je ne sais pas si le ministre va avoir l'occasion ou prendre le temps de
déposer cette entente détaillée, mais moi, j'insiste
beaucoup là-dessus. Vous savez, dans le protocole lui-môme on a
essayé au moins de circonscrire des problèmes qu'il y avait
là en parlant de la période transitoire, de la période
post-transitoire et, au début de la période post-transitoire, il
y a des choses qui se font. Le Canada cessera d'administrer la TPS au
Québec, mais va transférer clé en main, dit-on, sur une
base clé en main, tous les équipements, installations, dossiers
nécessaires pour l'administration de la TPS au Québec
énumérés dans l'entente détaillée. On fait
encore référence à l'entente détaillée qui
était promise au terme même du protocole pour le 1er
décembre 1990 ou vers le 1er décembre 1990.
Comme on nous a dit au début de la semaine qu'elle n'avait pas
été signée encore mais que, normalement, au terme de cette
entente, on devait préciser la date à laquelle on la signerait,
je demande au ministre quelle date ultérieure a été
convenue entre eux pour la signature de l'entente détaillée? Si
elle n'est pas signée - là, je ne sais pas si on a convenu de la
date - qu'est-ce qui arrive? Est-ce qu'on va être prêts pour
administrer la taxe?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, sur le sous-amendement à l'amendement.
M. Léonard: M. le Président, je vais demander
instamment au ministre d'être d'accord avec notre sous-amendement pour
étudier l'article 61 en concurrence avec 59 et 60 parce qu'il s'agit
d'un tout et, donc, je ne pense pas que le ministre aura objection à le
faire. Je crois avoir été assez clair dans toutes les
explications et avoir démontré l'importance de nous mettre au
courant de l'entente détaillée qui va sûrement comporter
l'aspect financier de cette administration pour le compte du gouvernement
fédéral. Alors, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de La Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. D'abord, je veux me
réjouir de ce que vous ayez déclaré recevable ce
sous-amendement parce que c'était dans la logique même des choses.
Je veux aussi me réjouir d'être présent pour écouter
mon collègue de Labelle même si le sujet est un peu aride. Les
finances, le revenu, c'est toujours un petit peu aride, mais il a le don de
vulgariser les problèmes et je pense qu'on a beaucoup à apprendre
en l'écoutant autour de cette table.
Je pense, moi, que ce sous-amendement doit être accepté par
tous les députés autour de la table parce que s'il est
accepté, là, on a un tout cohérent, 59, 60, 61, et 61 nous
dit comment les sommes requises pour l'implantation de la réforme des
taxes à la consommation et l'administration par le ministre du Revenu de
la taxe sur les produits et services prévue par la Loi sur la taxe
d'accise sont prises. Comment ces sommes-là seront prises? Pour les
exercices financiers 1990-1991, 1991-1992, comment elles seront prises? Mais
c'est sur le fonds consolidé du revenu, dans la mesure
déterminée par le gouvernement. Et les derniers mots du
paragraphe sont importants: "dans la mesure déterminée par le
gouvernement".
Pour avoir une idée de ces sommes-là, il faut remonter un
peu à 60 et à 59. Il y a évidemment des complications qui
ont sûrement dû être appréhendées. Je regarde
à 60, quand on parle de l'intégration des employés de la
fonction publique canadienne qui répondraient à l'appel du
ministre du Revenu et qui accepteraient d'être embauchés par le
gouvernement du Québec, on parie, dans ce paragraphe-là, de
régime de rentes, de régime de retraite. Une des nombreuses
complications qui peuvent survenir quand les négociations seront plus
avancées, c'est sur le montant d'argent qu'on devra consacrer au
régime de rentes des 550 employés.
Il y a des conditions différentes qui régissent les deux
régimes de rentes, celui des employés fédéraux et
celui des employés du Québec. À titre d'illustration, la
clause - ce n'est pas une clause, c'est une loi - la loi qui a permis d'abolir
l'âge obligatoire de la retraite au Québec fait en sorte qu'un
fonctionnaire peut continuer après 65 ans. Il est protégé
par cette loi abolissant l'âge obligatoire de la retraite, une
loi progressiste comme il s'en adoptait entre 1976 et 1985 et une loi
qui était le pendant à une autre loi qui favorisait la retraite
anticipée. Par ces deux lois, le gouvernement de l'époque donnait
aux fonctionnaires, comme à l'ensemble des citoyens et des citoyennes du
Québec, le choix de se retirer n'importe quand entre 60 ans et 70 ans.
C'est d'actualité, M. le Président, parce que la Cour
suprême a statué hier, la Cour suprême a rendu un jugement
important sur cette question de l'âge obligatoire de la retraite. La Cour
suprême, hier, dans des causes qui avaient été
initiées en Colombie-Britannique et en Ontario, a décidé
que même si la Charte des droits, la Charte fédérale des
droits se trouvait atteinte, touchée et donc qu'il y avait une certaine
discrimination quand on forçait des employés d'universités
et d'hôpitaux à prendre leur retraite à 65 ans, la Cour
suprême, avec quand même une dissidence importante - deux juges,
deux femmes, d'ailleurs, et les deux juges les plus progressistes de la Cour
suprême - a eu une opinion différente, mais l'ensemble des juges a
dit: Oui, il y a discrimination si on force quelqu'un à prendre sa
retraite, discrimination selon l'âge et la Charte défend
ça. Cependant, s'empressent-ils d'ajouter, c'est une discrimination qui
n'est pas déraisonnable. "Déraisonnable", c'est le terme qu'ils
ont employé.
Là, on commence à être très, très,
très subtil. Il y a des discriminations raisonnables, d'autres qui sont
"pas déraisonnables" et d'autres qui sont carrément
inacceptables, je suppose. Alors, parce qu'ils ont jugé que
c'était une discrimination "pas déraisonnable", ils donnent
raison aux employeurs qui ont forcé ces employés...
M. Farrah: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Lazure: Le député des Îles-de-la-Madeleine
ne trouve pas ça intéressant?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Loin de là, M. le député de La
Prairie, c'est juste que j'aimerais vous entendre sur la pertinence au niveau
de votre...
Le Président (M. Lemieux): C'est que, M. le
député de La Prairie, je suis obligé... J'ai laissé
aller M. le député de Labelle pendant sa demi-heure...
M. Farrah: Trois heures.
Le Président (M. Lemieux):... mais je dois vous avouer,
puisque la question de règlement est soulevée, qu'effectivement
le député des Îles-de-la-Madeleine a raison. Le
sous-amendement a pour objet d'informer cette commission à savoir
pourquoi les articles 59, 60 et 61 devraient être étudiés
avant l'article 2 et on ne devrait pas aller sur le fond comme tel de ces
articles-là. Parce que, d'une manière ou d'une autre, ces
articles-là feront l'objet d'une étude. Depuis une demi-heure, on
est loin d'avoir abordé ce sujet, mais ça n'avait pas
été soulevé par les membres de la commission. Ce qui est
important, c'est...
M. Farrah: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Bien oui, je sais que vous
étiez certain... Je vous vois aller, M. le député de
Labelle, je sais que vous le saviez, mais que voulez-vous, moi, à partir
du moment où le député des Îles-de-la-Madeleine le
soulève, je suis obligé... Il faut que vous me disiez pourquoi
vous considérez que le sous-amendement est primordial et pourquoi on
doit passer à l'étude des articles que vous avez
mentionnés avant l'article 2.
M. Lazure: Je vais tenter de...
Le Président (M. Lemieux): Et depuis une demi-heure,
vous...
M. Lazure:... vous démontrer pourquoi...
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, O. K., allez-y, M. le
député de La Prairie.
M. Léonard: Une question de règlement, M. le
Président. Je trouve que... Je ne suis pas sûr que vous ayez suivi
ce que j'ai dit et, d'ailleurs, vous me le rappelez actuellement, 10 minutes
après que j'eus fini de parler. J'ai parlé sur l'article, sur le
sous-amendement qui visait à inclure l'article 61... (17 h 15)
Le Président (M. Lemieux): M. le député
Léonard, est-ce que je peux vous dire une chose, M. le
député Léonard? Je vous ai écouté
attentivement et même moi et M. le secrétaire, à quelques
reprises, on...
M. Farrah: Est-ce que l'article 60 a été
débattu en Cour suprême? C'est ça que vous voulez dire?
Le Président (M. Lemieux): II est trop tard mais je pense
que vous me comprenez. Juste à voir votre sourire, j'en ai assez.
Allez-y, M. le député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, les remarques que
j'étais en train de faire sont tout à fait pertinentes parce que
l'article 61 qui fait l'objet de ce sous-amendement... Le sous-amendement dit:
II faut joindre 61 à 59 et 60. Pourquoi?
Parce que 61 Identifie les sommes requises pour l'implantation...
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes dessus, M. le
député de La Prairie, là c'est correct, là c'est
parfait.
M. Lazure: ...les sommes requises pour l'implantation -
suivez-moi bien, M. le Président - peuvent varier beaucoup selon le
régime de rentes et selon les règles qui régissent les
régimes de rentes.
Le Président (M. Lemieux): C'est plus difficile un peu.
Ha, ha, ha!
M. Lazure: Oui, alors, selon qu'on adoptera les règles du
Québec ou les règles fédérales, les sommes requises
vont être différentes et c'est pour ça que_ je me
permettais d'expliquer au député des Îles-de-la-Madeleine
en même temps en quoi consistait la différence entre les
régimes de rentes gouvernés sous l'égide du gouvernement
fédéral et celui que nous avons ici au Québec. Mais je
reviens toujours aux sommes...
Le Président (M. Lemieux): Sur cette distinction.
M. Lazure: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Sur cette distinction.
M. Lazure: Sur cette... Ha, ha, ha! J'y reviendrai
peut-être tantôt, cher collègue. Mais ce jugement de la Cour
suprême est fort important. Heureusement, il ne touche pas le
Québec, il n'affecte pas le Québec parce que nous avions notre
loi...
M. Farrah: M. le Président...
M. Lazure: ...mais je veux revenir à...
Le Président (M. Lemieux): Toujours le rapport avec
61?
M. Lazure: Oui.
Le Président (M. Lemieux): C'est plus difficile. Ha, ha,
ha!
M. Lazure: Je reviens sur...
Le Président (M. Lemieux): Ha, ha, ha!
M. Farrah: ...a été débattu en Cour
suprême.
M. Lazure: Je reviens à 61, M. le Président. Bon,
les sommes requises pour l'implantation de la réforme vont, par
conséquent, varier selon les conditions de travail. Mais, moi aussi,
j'ai quelques questions à poser au ministre du Revenu en rapport avec ce
squelette de protocole, parce que c'est un squelette de protocole d'entente
qu'on a. Et moi, j'ai hâte qu'il y ait de la chair sur ce
squelette-là, qu'on nous donne un peu plus de détails. Tout
l'aspect relations de travail, appartenance syndicale et surtout...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, suite à la question de règlement, c'est
l'opportunité que l'article 61 soit étudié avant l'article
2, avec 59 et 60. N'oubliez pas, vous vous écartez...
M. Lazure: C'est ça parce que...
Le Président (M. Lemieux): ...parce que sans ça le
député des Îles-de-la-Madeleine va vous rappeler à
l'ordre.
M. Lazure: Mais les mots importants, c'est au tout début
de 61 lorsqu'on parle de sommes...
M. Léonard: Je n'ai pas du tout aimé l'attitude du
député.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, je vois qu'il me
regarde en levant la tête...
M. Lazure: Mais non...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, ça va.
O.K.
M. Léonard: Je pense que le député des
Îles-de-la-Madeleine, ce n'est pas lui qui est le président,
là, et il n'a rien dit. Il me semble qu'il devrait laisser parler son
collègue. Parfois, il l'interrompt même sur ce qu'il dit et non
pas sur une question de règlement, alors...
M. Farrah: Je regrette, question de règlement,
là.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Allez-y. M. Farrah:
En aucun temps...
M. Léonard: Qu'il parte. S'il a quelque chose à
dire il peut parler.
M. Farrah: ...je n'ai manifesté de quelque moyen que ce
soit ou essayé d'intimider le député de La Prairie, au
contraire. J'essaie de comprendre par contre, mais aucunement je n'ai
essayé d'interrompre le député de La Prairie et je pense
que vous en êtes témoins.
M. Lazure: Oui, le député des
Îles-de-la-Madeleine a...
M. Farrah: Quand même là.
M. Lazure: ...toujours eu un grand respect pour le
député de La Prairie, ça j'en conviens, je l'en remercie.
Mais si on revient au protocole qui est rattaché...
M. Farrah: On met des paroles dans ma bouche.
M. Lazure: ...à 59, 60, 61. M. le Président, moi,
je renchéris sur ce que mon collègue de Labelle disait. Il s'agit
d'un précédent qu'on établit. 550 employés de la
fonction publique fédérale qui vont venir se joindre...
M. Farrah: Question de règlement, M. le Président.
Le député de La Prairie dit qu'il renchérit sur ce que le
député de Labelle a mentionné et vous avez dit que le
député de Labelle n'était pas pertinent.
M. Lazure: Pas totalement là.
M. Farrah: Alors rappelez le député de La Prairie
à la pertinence.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, je suis obligé de vous rappeler à la motion que vous
avez faite, je vous l'ai bel et bien dit tout à l'heure, et vous
étiez dedans tout à l'heure mais là vous êtes sorti
un petit peu, M. le député des Îles-de-la-Madeleine a
raison.
M. Lazure: Alors, je reviens aux sommes requises, l'article 61,
le début de l'article 61, les sommes requises pour l'implantation de la
réforme-Le Président (M. Lemieux): Ça va?
M. Lazure: Moi, je trouve que c'est fascinant, ce projet de
protocole, c'est fascinant, c'est fascinant parce que c'est un peu comme un
laboratoire. C'est un laboratoire que sans trop trop le savoir, sans trop le
vouloir, ce gouvernement est en train de mettre sur pied un laboratoire
d'essai. Comment on va intégrer les milliers de fonctionnaires de la
fonction fédérale vers la fonction québécoise
devenue souveraine? C'est un grand service que le gouvernement du Parti
libéral rend au Québec actuellement. Ils sont prévoyants
à cet égard-là. C'est peut-être inconsciemment
qu'ils le font, mais ils le font quand même. Moi, je veux quand
même mettre le gouvernement en garde contre un article du protocole, et
un article du protocole qui dit, l'article 3, page 8, M. le Président,
qui dit: "II est entendu que ni le Canada ni le Québec ne sont
réputés, pour avoir conclu la présente entente, avoir
cédé ou abandonné des pouvoirs, droits, privilèges
ou attributions, etc." Mais je dis que ce n'est pas tout à fait exact,
ça. Je dis que, si on va plus loin, si on continue et qu'on va à
la page suivante, à la page 9, au paragraphe 3, il y a cette question de
langue de travail. Mais les sommes, à 61... Parce que les fonctionnaires
fédéraux qui ont le certificat de bilinguisme n'ont pas le
même salaire que les autres. La prime...
M. Farrah: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lazure: ...les sommes.
M. Farrah: Question de règlement.
M. Lazure: Les sommes vont différer. Les sommes...
M. Farrah: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, question de
règlement... Ha, ha, ha! Oui, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Je commence à douter de votre
objectivité, M. le Président.
Des voix: Oh!
M. Lazure: Oh! Du respect pour la présidence!
M. Farrah: Non, mais, M. le Président, c'est que le
précédent qui est en train de se créer là...
Le Président (M. Lemieux): Oui, je suis conscient que M.
le député de La Prairie est sur le fond...
M. Farrah: C'est que là, à un moment donné,
si on ne discute pas...
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, M. le
député, je vais vous expliquer.
M. Farrah: ...sur le fond de la motion, là...
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: ...à un moment donné, ça n'aura
plus de sens. Alors, je pense que ça n'en avait pas pour autant
là. Mais je pense, M. le Président, que vous devriez être
aux aguets sur la pertinence, sinon...
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais si je n'ai pas de
question... Écoutez...
M. Farrah: Bien, là, je vous ai... Je...
Le Président (M. Lemieux): Là, vous soulevez la
question de règlement.
M. Farrah: Je suis intervenu au moins à trois ou quatre
reprises...
Le Président (M. Lemieux): Oui. Ce que je veux essayer de
vous faire comprendre...
M. Farrah:... pour que vous interveniez et vous ne m'entendiez
pas, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux):... M. le député
de La Prairie, c'est que vous devez convaincre la commission pourquoi il faut
étudier l'article 61, avec les articles 59 et 60. C'est ça, le
but et l'objet du sous-amendement.
M. Lazure: C'est ça. M. le Président, parce que
c'est...
Le Président (M. Lemieux): Et il doit y avoir cette
cohérence-là dans votre discours. À partir du moment
où vous vous écartez de ça, je suis obligé de
donner raison, moi, au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Et notamment le laboratoire, M. le
Président.
M. Lazure: Vous avez raison, M. le Président. Il faut
revenir à 61 et les...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure:... les premiers mots de 61 "les sommes requises". Bon,
les sommes requises, ça tient compte des prestations de régimes
de rentes, ça tient compte aussi des primes au bilinguisme. Les sommes
requises pour remplir les conditions du protocole vont varier selon que les 550
fonctionnaires auront droit ou pas à la prime du bilinguisme.
M. Farrah: Quel rapport avec l'article 59?
Le Président (M. Lemieux): Sur le fond... Ha, ha, ha!
Une voix: Bien oui, c'est...
M. Lazure: 59, c'est conditions d'embauché.
M. Léonard: Usez l'article 59.
M. Lazure: II faut lire... Le député des îles
devrait lire l'article 53... 59. Parce que 61... Bon. 59 "Malgré toute
disposition...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, M. le député des Iles-de-la-Madeleine a raison. Il a
raison. En tout cas, vous n'avez plus de temps là.
M. Lazure: Je peux lui lire.
Le Président (M. Lemieux): Votre temps est
épuisé.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Lazure: Bon, alors...
Le Président (M. Lemieux): Ha, ha, ha! Votre temps
épuisé.
M. Lazure: J'y reviendrai. Le Président (M. Lemieux):
D'accord. M. Lazure: J'aurai l'occasion d'y revenir. Le
Président (M. Lemieux): Ha, ha, ha! M. Lazure: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mme Dupuis: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, madame, vous avez...
Alors, nous vous écoutons. Vous avez la parole pour une période
de 10 minutes. Mme la députée de Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Lorsque le
gouvernement a imposé la taxe et a annoncé qu'il imposait cette
taxe, forcément, ça oblige une loi pour modifier les impôts
sur la vente en détail et d'autres dispositions législatives
d'ordre fiscal. Il fallait amener une loi pour légiférer en cette
matière.
On sait que ce projet de loi ou l'imposition de cette taxe a deux volets
importants, qui sont l'imposition et l'administration. En plus, le gouvernement
ne s'est pas contenté de l'imposer; il fallait l'administrer. Et c'est
là qu'arrivent tous les rapports théorie-pratique. En
théorie et, si le ministre des Finances n'avait jamais dit que
c'était dans l'harmonie... À l'écouter parler en Chambre
de l'harmonisation, ça se réduisait à une caisse
enregistreuse harmonisée, point.
De là la pertinence d'aller étudier les points 59, 60 et
61, c'est dans l'application et dans la pratique, c'est tous les rapports
théorie-pratique, et c'est là, dans la pratique, qu'on peut voir
si cette loi est applicable ou non et c'est à ce moment-là qu'on
peut faire ressortir toutes les trois facettes...
M. Farrah: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député des îles. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: A la lumière... À la constatation que je
peux faire du débat de cette motion qui me semble pratiquement
impossible, est-ce que vous ne devriez pas rappeler l'article 194 de notre
règlement, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous me dire où
est la partie caduque... Lorsque, au cours d'un débat, une partie de
motion devient caduque, la motion est viciée dans son ensemble.
Pouvez-vous me dire où est la caducité de la motion?
M. Farrah: C'est que la motion, M. le Président, est sur
la forme. Et ils ne peuvent parler que du fond.
Le Président (M. Lemieux): Bien, c'est ce que j'ai dit
depuis tout à l'heure, effectivement.
M. Farrah: Alors, dans ce sens-là, je pense que l'article
194 peut s'appliquer parce que, par le fait même, elle devient
viciée, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais pardon! Le
débat, lui, est pertinent, c'est-à-dire que le débat n'est
pas pertinent...
M. Farrah: Bon.
Le Président (M. Lemieux):... c'est sur le fond, mais
ça n'empêche pas la motion d'être valide.
M. Farrah: Oui, sauf qu'ils n'ont jamais illustré la
pertinence.
Le Président (M. Lemieux): Alors, là, soulevez une
question de règlement.
M. Bolsclair: Ça, monsieur...
Le Président (M. Lemieux): Soulevez une question de
règlement. Alors, soulevez une question de règlement mais ne
souvelez pas l'article 194 parce que la motion, elle est valide.
M. Farrah: C'est un coup d'épée dans l'eau,
ça, M. le Président.
M. Lazure: Dans l'eau salée.
Le Président (M. Lemieux): Alors, écoutez,
j'aimerais que... Vous avez compris le sens de l'amendement, il faut convaincre
la commission de ce pourquoi il faut utiliser les articles 61 avec 59 et 60. Le
but de l'amendement, c'est d'étudier un certain nombre d'articles, vous
avez ajouté un certain nombre d'articles avant l'article 2 et vous y
avez ajouté l'article 61. Vous devez justifier ce pourquoi vous
considérez que l'article 61 doit être étudié avant
l'article 2 et en relation avec les articles 1, 59 et 60. Alors, nous vous
écoutons là-dessus.
Mme Dupuis: Je pense que c'était très pertinent, M.
le Président, j'étais en train de dire que c'est dans les
applications aux articles 59, 60 et 61 qu'on verrait toute la théorie,
la différence entre la théorie et la pratique et c'est dans
l'application qu'on verrait ressortir toutes les improvisations de cette
loi.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes sur le
fond.
M. Farrah: Question de règlement. Vous frappez la
députée sur la forme et non pas sur le fond.
Mme Dupuis: Et là, lorsque je parle d'improvisation, c'est
de...
Le Président (M. Lemieux): J'ai une question de
règlement, Mme la députée de Verchères.
Mme Dupuis: Toutes les conditions de transfert des
employés.
Le Président (M. Lemieux): Non, je dois vous rappeler
à l'ordre. Vous devez être sur-non pas sur le fond mais sur la
forme. Je vous ai expliqué tout à l'heure le sens et je suis
obligé de me plier aux volontés du député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Lazure: Une gang de homards.
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous laisser
là...
M. Lazure: M. le Président, ils ne peuvent même pas
en discuter de cette maudite motion.
C'est la réalité. Ils ne peuvent même pas en
discuter.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous suspendre deux
minutes?
Mme Dupuis: Mais vous faire la démonstration. Pour faire
la démonstration que les articles 59, 60...
Le Président (M. Lemieux): Nous allons suspendre deux
minutes pour qu'elle comprenne bien le sens de l'amendement.
(Suspension de la séance à 17 h 28)
(Reprise à 17 h 29)
Le Président (M. Lemieux): Nous allons vous écouter
parce que vous êtes bien consciente que c'est l'Opposition qui a
proposé ce sous-amendement, et je serai obligé de facto de faire
des
rappels à l'ordre, en vertu de l'article 42 et ça veut
dire ceci: Le président peut retirer la parole à un
député pour le reste de la séance si celui-ci ne se soumet
pas à deux rappels à l'ordre consécutifs. Si le
député ne respecte pas l'interdiction prononcée contre
lui, le président l'avertit une dernière fois; s'il ne se soumet
toujours pas, (e président peut ordonner son exclusion pour le reste de
la séance.
M. Boisclair: M. le Président, sur certaines questions que
vous venez de soulever, je suis tout à fait d'accord, vous avez la
responsabilité de faire appliquer le règlement. Combien de fois
avez-vous rappelé à l'ordre, hier, le ministre du Revenu?
Le Président (M. Lemieux): Mais je... Écoutez, non,
attention!
M. Boisclair: Combien de fois l'avez-vous rappelé à
l'ordre?
Le Président (M. Lemieux): Écoutez...
Écoutez, c'est sur une question de règlement, M. le
député de Qouin. Si l'Opposition soulève une question de
règlement par rapport au ministre, si le ministre se conforme à
la procédure et s'exprime dans les règles de l'art, moi, je n'y
peux rien. Je n'y peux rien.
M. Lazure: Une directive, M. le Président, une directive,
est-ce qu'à ce moment-là...
Une voix: ...plusieurs avertissements.
Le Président (M. Lemieux): Et s'il refuse la
décision du président... M. le député de La
Prairie...
M. Lazure: Oui, une directive, s'il vous plaît, de
votre part. Est-ce qu'à ce moment-là il ne serait pas plus juste
et équitable que vous statuiez sur la pertinence du règlement qui
est soulevé par le député? Parce que, bien souvent, on a
entendu de votre bouche même dire au député des
Îles-de-la-Madeleine que vous n'aviez pas vu la pertinence de ça,
son rappel des règlements, son intervention basée sur un
règlement qui était tout à fait hypothétique.
Alors, à ce moment-là, si vous devenez plus sévère,
nous allons demander des directives plus souvent à la
présidence.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, à partir du moment où j'ai une question de
règlement et que je rends une décision sur cette question de
règlement là, il appartient à la présidence d'avoir
à faire en sorte qu'on puisse s'y conformer, et je me dois de faire des
rappels à l'ordre. Je comprends que c'est difficile, je comprends que
c'est difficile de faire cette distinction-là entre le fond et la forme,
mais c'est l'Opposition qui a préparé ça, qui a
demandé à ce qu'il y ait ce sous-amendement-là, alors
essayez de vous en... Vous avez réussi, tout à l'heure, de
façon très brillante, d'ailleurs, M. le député de
La Prairie, à vous y conformer. Alors, maintenant, Mme la
députée de Verchères, oui.
M. Farrah: M. le Président, aussi, c'est qu'on fait des
appels au règlement parce que le règlement n'est pas
respecté. Que l'Opposition respecte le règlement et en aucun
temps on ne voudra interrompre ces gens-là. Nous sommes
intéressés à les entendre.
Le Président (M. Lemieux): Bon, alors, Mme la
députée de Verchères.
Mme Dupuis: Bien, il faudrait que je vous relise l'article 59,
puis l'article 60, puis après ça l'article 61, puis vous dire que
les interventions que je fais sont en relation directe avec l'article 60,
l'article 61, puis l'article 60.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, c'est
exactement ça...
M. Farrah: C'est sur la forme, c'est bon, Ça-
Le Président (M. Lemieux): C'est exactement ça.
Exactement.
M. Farrah: C'est très pertinent, ça.
Le Président (M. Lemieux): Alors, on va vous
écouter là-dessus.
M. Farrah: C'est très pertinent, c'est ça. Des
voix: Ha, ha, ha!
Mme Dupuis: Puis, il faut que ce soit étudié
ensemble parce que tout ça relève de l'application.
M. Farrah: Mais pourquoi ça devrait être
après l'article 2?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Farrah: C'est ça qui est ma question, là.
Le Président (M. Lemieux): Ha, ha, ha! Mais c'est
ça, c'est ça!
Une voix: Non, ce n'est pas ça.
Le Président (M. Lemieux): C'est l'objet de l'amendement,
et là, on vient de sous-amender, c'est exactement ça.
Mme Dupuis: Je vais vous les lire et vous
allez juger par vous autres mêmes. A l'article 59: "Malgré
toute disposition inconciliable de la Loi sur la fonction publique, les
employés du gouvernement du Canada affectés à la mise en
oeuvre de la taxe sur les produits et services prévue par la Loi sur la
taxe d'accise (Statuts du Canada), qui acceptent l'offre d'emploi écrite
présentée par le ministre du Revenu aux fins de l'administration
de cette taxe par ce dernier deviennent employés du gouvernement et
fonctionnaires au sens de la loi..."
M. Gautrin: M. le Président, sur une question de
règlement. Je m'excuse, mais est-ce qu'on fume à la commission?
Je ne voudrais pas ennuyer...
Une voix: Ah non!
Mme Dupuis: On applique le règlement... On l'applique sur
toute la ligne.
Une voix: M. le député fumait lui.
Le Président (M. Lemieux): Ah! Je n'avais pas
remarqué là.
Une voix: Personne ne fume de ce côté-ci. Le
Président (M. Lemieux): Non, non. Une voix: Ah bon! Le
Président (M. Lemieux): Habituellement...
Mme Dupuis: Si c'est pour améliorer les
débats-Le Président (M. Lemieux): Habituellement, on ne
fume pas à la commission. On ne fume pas à la commission. Nous
vous écoutons lire l'article 59.
M. Farrah: Combien de temps reste-t-il à la
députée?
Une voix: Laisse-la partir, elle a trois lignes de lues.
Mme Dupuis: Si le député des
Îles-de-la-Madeleine veut bien que je continue... Lui essayait de
comprendre, mais nous, on essaie de vous faire comprendre les choses. Ça
va? Bien oui, je vais aller très tranquillement, si vous voulez.
M. Farrah: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Continuez, madame, nous
vous écoutons.
M. Farrah: Nous voulons entendre Mme la
députée.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Vous pouvez continuer, Mme
la députée de Verchères.
Mme Dupuis: Comme l'article 59 est toute une phrase et pour en
comprendre le sens, je devrai reprendre du début, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. Alors, je vous prierais et
j'apprécierais que vous attendiez que j'aie fini au moins la lecture de
l'article 59 avant que vous interveniez sur toutes sortes de sujets, dont la
fumée et tout. "Malgré toute disposition inconciliable de la Loi
sur la fonction publique, les employés du gouvernement du Canada
affectés à la mise en oeuvre de la taxe sur les produits et
services prévue par la Loi sur la taxe d'accise qui acceptent l'offre
d'emploi écrite présentée par le ministre du Revenu aux
fins de l'administration de cette taxe par ce dernier deviennent
employés du gouvernement et fonctionnaires au sens de la Loi sur la
fonction publique à compter - je suis toujours dans la même
phrasé - de la date de leur intégration et, à cette fin,
le Conseil du trésor peut, avec l'approbation du gouvernement,
déterminer toute règle, norme et politique relative au
classement, à la détermination du taux de traitement, à la
permanence ou à toute autre condition de travail applicable à ces
fonctionnaires." Donc, ça touche directement les emplois et le mode de
fonctionnement de l'intégration de ces fonctionnaires. Jusque-là,
on s'en va, c'est toujours pertinent?
M. Farrah: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): C'est pertinent. Oui, allez-y,
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: En quoi faut-il associer cette
démarche-là à l'article 2?
Le Président (M. Lemieux): Elle n'a pas terminé, M.
le député des Îles-de-la-Madeleine, donnez-lui une chance.
Ha, ha, ha!
M. Farrah: Ah! Son opération de lecture. C'est vrai, oui.
Je m'excuse.
M. Claveau: Elle commençait à s'expliquer.
Le Président (M. Lemieux): Elle commence. Allez-y, Mme la
députée de Verchères.
Mme Dupuis: "Le gouvernement peut, lors de l'intégration -
et là, je suis dans l'article 60 - dans la fonction publique des
employés du gouvernement du Canada affectés à la mise en
oeuvre de la taxe sur les produits et services prévue par la Loi sur la
taxe d'accise, conclure
avec le gouvernement du Canada tout accord relatif au régime de
retraite. " À ceci, nous avons fait un amendement demandant que
l'article 61 soit aussi inclus, qu'il soit étudié en même
temps que les articles 59 et 60 parce qu'on trouvait qu'ils traitaient des
mômes sujets.
Alors, Je vous lis l'article 61. Vous allez voir, vous allez constater,
M. le député des Îles-de-la-Madeleine, qu'il est
très pertinent d'étudier les trois articles un à la suite
de l'autre, après les articles 1 et 2.
Le Président (M. Lemieux):... avant l'article 2. Ça
va.
Mme Dupuis: Après l'article 1, avant l'article 2.
Le Président (M. Lemieux): Oui, ça va.
Mme Dupuis: On s'entend bien, là?
Le Président (M. Lemieux): On s'entend bien.
Mme Dupuis: C'est toujours pertinent? Le Président (M.
Lemieux): Pertinent!
Mme Dupuis: L'article 61. "Les sommes requises pour
l'implantation de la réforme des taxes à la consommation et
à l'administration par le ministre du Revenu de la taxe sur les produits
et services prévue par la Loi sur la taxe d'accise sont prises, pour les
exercices financiers 1990-1991 et 1991-1992, sur le fonds consolidé du
revenu dans la mesure déterminée par le gouvernement"
Les articles 59, 60 et 61 traitent de l'entente entre le Québec
et le Canada. Tous les trois traitent de l'entente, de l'intégration, si
vous voulez, des fonctionnaires ou des employés du fédéral
au provincial. Alors, c'est logique que l'article 61 soit étudié
avec les articles 59 et 60.
Le Président (M. Lemieux): Avant l'article 1.
Mme Dupuis: Après l'article 1, avant l'article 2.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Dupuis: Ça va, jusque-là?
M. Farrah: Ça va. Je ne suis pas sûr que vous
comptiez des points, mais ça va.
Mme Dupuis: L'article 61 traite de la façon
spécifique du gouvernement, des coûts de l'harmonisation, et - oh!
attendez un petit peu -c'est là, je pense, qu'il est nécessaire
de le joindre aux articles 59 et 60, le fait qu'il traite des coûts que
peut entraîner pour le gouvernement du Québec le transfert des
employés du fédéral au provincial. Et sur ce, pour ne pas
que le député des Îles-de-la-Madeleine que je sens
très agité sur sa chaise et très impatient... Je vais
conclure en vous demandant de bien vouloir accepter cet amendement. Merci, M.
le Président.
Une voix: Ce sous-amendement.
Mme Dupuis: Ce sous-amendement.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le sous-amendement?
M. Boisclair: Sur le sous-amendement.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. André Boisclair
M. Boisclair: M. le Président, le sous-amendement que nous
avons... Ne vous inquiétez pas, M. le Président, je serai
très pertinent dans ma présentation. L'objectif, bien sûr,
est d'inclure... Je ne sais pas s'il y a un oubli qui s'est glissé, mais
l'article 61, bien sûr, doit être discuté avec les articles
59 et 60 avant l'article 2 et après l'article 1.
M. le Président, tout simplement pour rappeler le contexte qui
nous a amenés à proposer, d'une part, que les articles 59 et 60
soient discutés avant les autres dispositions du projet de loi. Tout
à l'heure, nous avons clairement identifié que les dispositions
contenues aux articles 1 à 58 constituaient des modifications aux
différentes lois qui existent actuellement, un certain nombre de lois,
qu'il s'agisse de la Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail, de la Loi concernant l'impôt sur le tabac ou d'autres
dispositions comme la Loi sur le ministère du Revenu, la Loi concernant
la taxe sur les carburants, la Loi concernant la taxe sur la publicité
électronique, et abrogent un certain nombre d'autres dispositions qui
sont des lois votées par notre Assemblée nationale.
Cependant, les articles 59, 60 et 61 constituent un tout en soi
puisqu'ils concernent directement l'administration de la taxe et ne constituent
pas des dispositions qui modifient d'autres dispositions ou d'autres lois
québécoises et qu'en ce sens ils devraient être... Vu
l'importance du protocole et l'influence du protocole sur les dispositions 59,
60 et 61, nous prétendons qu'ils devraient être
étudiés avant de passer au second bloc, si je peux m'exprimer
ainsi, qui constitue des amendements aux lois québécoises
déjà existantes.
L'article 61 du projet de loi est un peu de même nature que les
articles 59 et 60. Comme je le disais tout à l'heure, ils constituent un
peu un tout. L'article 61 se lit de la façon suivante:
"Les sommes requises pour l'implantation de la réforme de la taxe
à la consommation et à l'administration par le ministre du Revenu
de la taxe sur les produits et services prévue par la Loi sur la taxe
d'accise sont prises, pour les exercices financiers 1990-1991 et 1991-1992, sur
le fonds consolidé du revenu dans la mesure déterminée par
le gouvernement."
Donc, nous parlons, bien sûr, des sommes requises pour
l'implantation de la réforme. On pourrait lire aussi: les sommes
requises pour l'administration de la réforme, qui fait
référence bien sûr, aux articles 59 et 60 qui viennent
préciser un peu le contexte et le cadre qui guideront l'administration
de la taxe de vente du Québec et qui guideront aussi le transfert de
fonctionnaires présentement à l'emploi du gouvernement du Canada
et qui seront transférés avec certaines modalités
contenues à la fois dans le protocole d'entente et dans le projet de
loi.
Il nous apparaissait aussi important de discuter de ces trois
éléments puisqu'ils forment un peu un tout, puisque - comment
dire - ces dispositions qui ont été développées
dans la foulée du protocole d'entente, soulèvent un certain
nombre de conséquences qui pourraient avoir des impacts très
importants lors de l'étude des articles 1 à 58, puisque, bien
sûr, les articles 59, 60 et 61 constituent un peu le tableau qui doit
nous guider pour l'administration de la taxe. Particulièrement, nous
sommes inquiets et nous aimerions avoir un certain nombre de réponses
avant d'étudier des modifications aux lois québécoises,
avoir un certain nombre de questions quant à la période
post-transitoire par exemple, qui ne débutera que si l'entente
détaillée visée à l'article 5 a été
conclue.
M. le Président, si nous avions un certain nombre de questions
à adresser au ministre, il serait important d'avoir les réponses
avant que nous passions à l'article 2 du projet de loi. Nous pourrions,
par exemple, lui demander comment va se faire'.. On parle des sommes requises
là, mon collègue le soulevait bien; comment va-t-on faire pour
assurer l'efficacité du système? Il y a une disposition dans le
protocole d'entente que j'aimerais retrouver, M. le Président.
Ah! ici, M. le Président, à la page 7, une disposition
importante qui affectera l'administration de la taxe de vente du Québec.
On dit clairement, M. le Président, dans cet extrait du protocole: Au
cours des trois premières années de la période
post-transitoire aux fins de partage des coûts de mise en oeuvre de
l'administration conjointe de la TPS et de la taxe provinciale... (17 h 45)
M. Farrah: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Farrah: Je pense que le député de Gouin
s'éloigne un peu du sous-amendement.
M. Boisclair: Non, non. Je suis très très
pertinent.
M. Farrah: Je vous demande, s'il vous plaît, M. le
Président, de le rappeler à l'ordre.
M. Boisclair: Je suis en train de démontrer pourquoi
l'article 61 devrait être étudié avec les autres avant
l'article 2.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je trouve ça
très pertinent aussi.
M. Boisclair: C'est très pertinent.
Le Président (M. Lemieux): Très très
pertinent, même que je suis...
M. Boisclair: Je vous demanderais même de remettre à
l'ordre...
Le Président (M. Lemieux): ...estomaqué,
d'ailleurs. C'est très pertinent. Allez-y, M. le...
Une voix: Voulez-vous remettre à l'ordre le
député des Îles-de-la-Madeleine, il interrompt sans
arrêt.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Boisclair: Et il me fait perdre le fil de mes
idées.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Farrah: M. le Président, en vertu du règlement,
j'ai quand même, en tant que parlementaire...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Farrah: ...j'ai le droit de vous demander...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, mais vous avez... Vous
êtes dans votre droit.
M. Farrah: Est-ce que je l'ai fait de façon impolie?
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Est-ce que j'ai mis en cause votre autorité
ici?
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Bon.
M. Léonard: Je pense que vous étiez le seul
à ne pas comprendre ce qu'il voulait, vous auriez tout de suite
constaté la pertinence.
Le Président (M. Lemieux): Alors...
M. Farrah: Vous, M. le député de Labelle, je n'ai
pas intérêt à vous comprendre, vous savez.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous avez raison, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, vous avez utilisé
le règlement. Alors, M. le député de Gouin, nous vous
écoutons.
M. Boisclair: Vous comprenez, M. le Président, que j'ai
été interrompu et que j'ai perdu un peu le fil de mes
idées, mais je vais essayer de rester toujours pertinent dans le
débat puisque je me ferai un devoir de respecter notre règlement
et de respecter les décisions que vous avez prises tout à
l'heure.
Voici ce que je voulais dire, M. le Président, avant que je sois
interrompu par le député des Îles-de-la-Madeleine qui vient
de nous quitter parce que je suis convaincu que c'est un débat qui
l'intéressait. M. le Président, je relisais l'article du
protocole d'entente, je vais recommencer là où j'étais
rendu. Au cours des trois premières années de la période
post-transitoire aux fins de partage des coûts de mise en oeuvre de
l'administration conjointe de la TPS et de la taxe provinciale, la partie des
coûts de l'administration conjointe assumée par le Canada sera
ajustée chaque année dans une proposition égaie, de telle
sorte que les paiements effectués par le Canada soient augmentés
d'un total de 20 000 000 $ pour cette période de 3 ans.
M. le Président, un total de 20 000 000 $ pour cette
période de 3 ans, alors qu'à l'article 61 du projet de loi on
nous parie des sommes d'argent qui seront déjà prises sur le
fonds consolidé. L'inquiétude que nous manifestons, l'importance
de relier ce débat à l'administration de la taxe et de faire ce
débat-là, bien sûr, avant qu'on passe aux dispositions du
projet de loi qui amendent les lois québécoises existantes, soit
les dispositions de l'article 1 à 59, est essentiellement la suivante:
Nous parlons d'une somme de 20 000 000 $ alors que le Vérificateur
général du gouvernement canadien, M. Kenneth Dye - on ne
l'appelle pas le Vérificateur général, on l'appelle...
Oui, c'est le Vérificateur général là aussi, oui,
le Vérificateur général. Ce dernier rappelait l'importance
du défi technologique qui sera posé dans l'administration de
cette taxe. Il le rappelait et, bien sûr, M. le Président, puisque
c'est une première tentative, une première expérience,
nous pourrions facilement nous retrouver dans une situation où il y
aurait des sommes plus importantes que 20 000 000 $ qui pourraient être
affectées pour cette période de 3 ans.
M. le Président, il est important de mettre en relation ce
possible dépassement de coût sur une période de 3 ans
lorsque l'on discute de l'administration de la taxe. Avant de faire un
débat sur ce que je pourrais appeler la "poutine" ou la mécanique
et les éléments particuliers, parce qu'il faut voir ce que c'est,
hein, M. le Président? Vous me permettrez pendant que j'y suis, on
pourrait aussi parier... Je crois que je demeurerais pertinent si je pariais
des dispositions qui sont aux articles 2 à 58 pour démontrer
jusqu'à quel point elles sont, dans le fond, moins importantes que les
dispositions contenues aux articles 59, 60 et 61. M. le Président, je
dois vous rappeler... Je lisais... On parlait de... Vous comprenez que, d'une
part, l'Opposition pourra difficilement... Oui, oui. Ah oui!
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, c'est correct. C'est
parfait.
M. Léonard: Si le député de Verdun voulait
s'exprimer, qu'il prenne ses 10 minutes pour parier et qu'il laisse parier M.
le député de Gouin.
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y, M. le
député de Gouin. Allez-y.
M. Boisclair: Ce que je veux illustrer, M. le
député de Verdun...
M. Gautrin: M. le Président, c'est une question de
règlement. Je m'excuse.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gautrin: Je voudrais vous faire remarquer que le
sous-amendement, actuellement, est sur le fait de savoir s'il faut
étudier les articles 59, 60 et 61. Après, on discutera de
l'amendement, à savoir si on l'étudié au point 2. Donc,
à l'heure actuelle, est-ce qu'il ne faut pas parler sur le principe
d'unir 59, 60 et 61 et non pas sur s'il faut le débattre avant de...
Non, je me permets, M. le Président, de soulever que, lorsqu'on va
débattre si ça vient avant 2, on parie de l'amendement et non pas
du sous-amendement.
M. Boisclair: En relation avec... Vous m'avez même dit,
monsieur...
Le Président (M. Lemieux): O.K. Vous avez raison, M. le
député de Verdun, mais dans le contexte de l'amendement vous
pouvez y toucher accessoirement. Voilà le jugement de Salomon
M. Boisclair: Voilà. C'est ce que je faisais de
façon...
M. Gautrin: Mais très accessoirement.
Le Président (M. Lemieux): Très accessoirement.
Oui, oui. Accessoirement.
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Accessoirement.
Le Président (M. Lemieux): Mais le député de
Verdun a raison.
M. Boisclair: Je conçois très bien que le
député de Verdun...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste 20 secondes.
M. Boisclair: Je conçois très bien que le
député de Verdun ait raison, M. le Président, mais
vous-même m'avez rappelé jusqu'à quel point il était
important aussi de tenir compte du contexte de l'amendement.
Le Président (M. Lemieux): C'est vrai.
M. Boisclair: Ce que je voulais tout simplement illustrer - et
vous comprenez, M. le Président, que j'aurai fait plus de 9 minutes et
40 secondes en demeurant tout à fait pertinent, de façon
accessoire - je voulais tout simplement rappeler que les dispositions contenues
aux articles 2 à 58 sont difficilement discutables, par exemple, et
très très techniques, concernent des amendements pointus et
qu'avant de faire un débat semblable à celui-là nous
souhaiterions, de ce côté-ci, être capables de discuter de
choses plus importantes, comme l'administration de la taxe. C'est pourquoi il
faut adopter ce sous-amendement pour faire un tout, discuter dans un bloc des
suggestions qui touchent à l'administration de la taxe. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. Je vous félicite de la pertinence. M. le
député d'Ungava. Est-ce qu'on vous a informé que vous
êtes à l'étape du sous-amendement et qu'il faut convaincre
la commission, à savoir pourquoi il faut étudier 61 avec les
articles 59 et 60?
M. Christian Claveau
M. Claveau: J'ai très bien compris, M. le
Président. Je vous remercie quand même de l'intérêt
que vous portez à mon intervention afin que je demeure dans la
pertinence, ce que je vais faire sans faute, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Parce que j'ai le
député de Verdun, vous savez, qui...
M. Claveau: Qui surveille...
Le Président (M. Lemieux):..qui surveille d'une
manière attentive.
M. Claveau:...d'une façon... C'est la nouvelle police
verte de la commission.
M. Savoie: Police verte pour empêcher la pollution. C'est
exactement ça.
M. Claveau: M. le Président et chers membres de la
commission, d'ailleurs, je dois vous dire que c'est avec beaucoup de plaisir
que je me joins à vos travaux pour discuter de quelque chose d'aussi
important que la modification fondamentale à la façon de taxer
nos concitoyens. Vous comprendrez que tout citoyen du Québec doit avoir
de l'intérêt dans ce genre de dossier et, en ce qui nous concerne,
comme parlementaires, raison de plus pour mettre tout le temps
nécessaire à la bonne compréhension de cette nouvelle
approche qui aura sûrement des effets non négligeables sur
l'ensemble de tous nos commettants partout à travers le territoire du
Québec.
J'aimerais aussi, si vous me le permettez, M. le Président, juste
faire une petite parenthèse pour dire que c'est avec beaucoup de plaisir
que je retrouve en commission parlementaire le ministre du Revenu avec qui j'ai
eu à partager des heures mémorables, lui-même à ce
moment-là étant ministre des Mines et des Affaires autochtones.
J'avais peur finalement... Quand j'ai su qu'il s'en allait au Revenu, je me
suis dit: Mon Dieu! on n'aura plus l'occasion de discuter ensemble. Donc, c'est
avec beaucoup de plaisir que je le retrouve ici et je voudrais juste lui dire
d'ailleurs qu'il a si bien fait en tant que ministre des Mines que, depuis
à peine quelques mois qu'il est parti, déjà l'industrie
minière est dans le marasme. Je souhaite que son passage au
Revenu...
M. Gautrin: ...plaisir, mais quel rapport ça a-t-il avec
l'unification de 59, 60, 61?
Le Président (M. Lemieux): C'est qu'il retrouve le
député d'Abitibi-Est et je pense qu'il veut prendre
quelques...
M. Claveau: C'est un préambule.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, un
préambule, quelques mots pour souligner toute sa joie de le revoir. Je
comprends ça. Vous pouvez continuer brièvement, par exemple, M.
le... Parce que... Bon.
M. Claveau: Alors, puisque le député de Verdun
trouve que mes remarques préliminaires sont assez longues, je n'en
abuserai pas.
M. Gautrin: Merci.
M. Claveau: D'ailleurs, je ne voudrais pas non plus abuser du
précieux temps de la commission pour reprendre ou répéter
tout ce que mes collègues ont pu dire quant à l'importance du
sous-amendement que nous avons sous les yeux.
Mais il n'en reste pas moins que, devant l'air sceptique que conservent
nos collègues de l'aile ministérielle à la suite des
interventions de nos collègues de ma formation politique, je me sens un
peu dans l'obligation de reprendre quelques-uns des arguments pour dire, enfin,
dans un dernier élan, jusqu'à quel point ce serait important
d'adopter le sous-amendement dont il est question parce que, de toute
évidence, il est excessivement difficile de discuter d'un projet de loi
lorsque l'on n'en connaît pas les tenants et les aboutissants.
Alors, il se trouve que, comme par hasard, tout ce qui a trait aux
sommes dépensées dans l'application, dans la réalisation
de cette réforme-là, on le retrouve dans les derniers articles du
projet de loi, imaginez-vous, M. le Président! On a mis à la fin
les aboutissants, finalement, et ce qui sous-tend la structure que l'on doit
mettre en place pour l'application du projet de loi. Or, il nous semble
qu'après avoir fait un amendement - je ne m'éterniserai pas sur
l'amendement, n'ayez crainte, M. le député de Verdun -
après avoir fait un amendement qui dit: On devrait ramener en
début de l'étude du projet de loi tout ce qui regarde la question
des fonds de pension, du transfert des fonctionnaires fédéraux,
etc., et que par mégarde, on ait oublié l'article qui touchait
les sommes reliées à cela et la façon dont on va
récupérer, on va prendre les sommes requises pour ces
transferts-là, alors, il me semble évident qu'il était
plus que nécessaire qu'on fasse un sous-amendement à l'effet de
revenir vite pour corriger cette erreur - enfin cet oubli - qui nous a
malheureusement échappé au moment de préparer
l'amendement.
D'où l'importance de considérer en bloc, dans le fond,
tout ce qui a trait au transfert des fonctionnaires fédéraux et
les sommes qui sont reliées à ça. Parce que
l'hypothèse voulant que dans le cadre du champ de taxation strictement
québécois on devrait être bon pour fonctionner, ça
ne devrait pas être plus coûteux qu'actuelle ment. Donc, s'il y a
des sommes additionnelles qui sont amenées par 61, à ce
moment-là, ce sont des sommes qui sont liées au rapatriement des
fonctionnaires fédéraux qui maintenant vont devenir des
fonctionnaires québécois. Bel exemple, d'ailleurs, de ce que sera
le rapatriement d'ici quelques mois de tous les fonctionnaires
québécois qui travaillent pour le fédéral.
Enfin, il faut commencer quelque part, et puis là c'est l'article
61 de ce projet de loi sur la TPS qui nous permet de commencer cette
démarche historique. Alors, je m'en réjouis, vous comprendrez.
Mais par contre, j'aimerais bien que l'on ait la chance d'étudier tout
l'aspect financier de cette opération-là avant de discuter
à fond tous les articles de la loi qui, finalement, vont correspondre au
travail qu'auront à faire ces fonctionnaires-là une fois rendus
chez nous. Alors, voilà pourquoi il me semble important que ce soit fait
de cette façon-là.
L'autre problème aussi qui est un peu lié à tout
ça, c'est quand on dit - d'où l'importance d'étudier au
début et donc d'accepter de voter pour le sous-amendement en question -
que l'argent va être pris à même le fonds consolidé
du Québec. Ça suppose qu'il y a des sommes quelque part qui ne
sont pas prévues dans les budgets ni dans les crédits
additionnels qui ont été déposés il n'y a pas si
longtemps. Or moi, tout de suite j'ai eu un réflexe et je me dis,
j'espère et je souhaite que le ministre du Revenu en ait discuté
avec son collègue du Trésor pour s'assurer d'abord d'avoir les
sommes disponibles. On sait comment...
M. Gautrin: Est-ce que ça, c'est le lien entre 59, 60 et
61? Il est en train d'intervenir sur le fond.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez raison, M.» le
député de Verdun. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Serais-je sur le fond, M. le député de
Verdun?
M. Gautrin: Oui, j'ai l'impression, si vous permettez, M. le
député d'Ungava.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Si vous me permettez juste une petite
parenthèse, là, et à partir de ça je vais revenir
assez rapidement sur 61 sur l'importance du sous-amendement. C'est que si le
ministre du Revenu a discuté avec son collègue du Trésor,
à ce moment-là, en ce qui concerne les sommes qui seront
affectées, les montants et s'il y a des ententes de
prévues...
M. Gautrin: M. le Président, question de règlement
Est-ce qu'il y a un rapport entre 59, 60 et 61?
M. Claveau: Oui.
M. Gautrin: Le rapport dont le ministre du Revenu parle avec le
ministre des Finances.
Une voix: Essayez donc d'en faire autant.
Le Président (M. Lemieux): Aucun rapport. M. le
député de Verdun a raison. Voulez-vous vous en tenir au
sous-amendement et à l'amendement principal. (18 heures)
M. Claveau: C'est que je vais devoir reprendre mon argument, M.
le Président, ou le prendre à l'envers, si vous comprenez. Et il
est d'autant plus important d'étudier l'article 61 en même temps
que les articles 59 et 60 que, dans la mesure où le ministre a
déjà conclu des ententes ou a eu des discussions avec son
collègue du Trésor, il devra nous faire part de la dynamique
qu'il a mise en place avec son collègue pour l'application des autres
articles subséquents, c'est-à-dire 2 à 58. À ce
moment-là, admettons qu'on discuterait des articles 59 et 60
séparément, eh bien, on n'aurait jamais tout... On pourrait en
parler d'une façon théorique, mais si on ne discute pas de
l'article 61 en même temps, on ne saura pas comment ça pourra se
concrétiser rendu sur le bureau du ministre responsable du Conseil du
trésor.
Vous comprenez qu'il y a un lien presque organique entre les
différents articles qui fait en sorte qu'il est très difficile de
discuter. C'est la même chose partout dans notre société,
dans notre comportement quotidien. Si vous voulez vous acheter une voiture,
vous commencez par regarder combien ça coûte, si vous êtes
capable de vous la payer. Vous discuter avec votre ministre des finances, votre
conjointe, M. le député, qui va vous dire un peu, bon, si elle,
elle a autre chose de prévu, si elle veut s'acheter un manteau de
fourrure en même temps. C'est bon de lui en parler avant d'aller investir
dans votre nouvelle voiture.
Vous savez, c'est ce genre de choses là qu'on commence à
faire normalement, à savoir si on a les fonds disponibles, si on a mis
en place toute la structure financière nécessaire avant de
s'embarquer dans une opération qui peut devenir coûteuse,
d'où le lien organique nécessaire entre ce qui est le transfert
des fonctionnaires fédéraux, transfert de leurs acquis, si vous
voulez, de leurs droits acquis en termes de fonds de pension, de
bénéfices marginaux et autres, et le financement de tout
ça par le biais, comme on nous le dit là, du fonds
consolidé. Donc, on s'en remet spécifiquement à la
discrétion du président du Conseil du trésor qui, lui,
aura à décider, comme c'est prévu à l'article 61,
qu'il le fera, qu'il financera dans la mesure déterminée par le
gouvernement. Or, on sait très bien que, dans un cas semblable, c'est le
président du Conseil du trésor qui donne ses recommandations
après avoir consulté ses fonctionnaires et,
éventuellement, c'est à souhaiter, après en avoir
discuté avec le ministre responsable de l'application de la loi.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député d'Ungava. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
M. Claveau: J'ai déjà... M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Claveau: Alors, juste une conclusion pour dire que, devant ces
faits, je ne vois absolument pas pourquoi ou comment nos collègues
pourraient voter contre un tel sous-amendement.
Le Président (M. Lemieux): Alors nous allons mettre aux
voix...
M. Léonard: Je m'excuse, M. le Président. Le
Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: Je veux juste poser une question. À
l'heure actuelle, il n'y a personne du côté ministériel qui
est intervenu, soit pour, soit contre. Est-ce qu'on pourrait, avant le vote,
savoir leur opinion et qu'ils nous disent ce qu'ils ont l'intention de
faire?
Le Président (M. Lemieux): Alors...
M. Léonard: Je voyais le député de Verdun
surveiller très attentivement la pertinence.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais...
M. Léonard: Je suppose qu'il doit avoir une opinion sur la
question.
Le Président (M. Lemieux): Mais ils vont s'exprimer par le
vote, j'imagine.
Une voix: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Ils vont s'exprimer par le
vote.
M. Léonard: Ah! Ce sont des voteurs muets.
Le Président (M. Lemieux): Alors, appel nominal.
M. Léonard: Des voteurs muets.
M. Savoie: Est-ce qu'on peut passer au vote, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Oui. M. Savoie:
Passons au vote.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)? M.
Léonard: Je suis pour la motion. Le Secrétaire: M.
Lazure (La Prairie)? M. Lazure: Pour.
Le Secrétaire: M. Boisclair (Gouin)?
M. Boisclair: Pour.
Le Secrétaire: M. Savoie (Abitibi-Est)?
M. Savoie: Contre.
Le Secrétaire: M. Gautrin (Verdun)?
M. Gautrin: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Bergeron (Deux-Montagnes)?
M. Bergeron: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Abstention.
Le Secrétaire: Alors, 3 pour, 4 contre, 1 abstention.
Le Président (M. Lemieux): Le sous-amendement est donc
rejeté. Nous revenons maintenant à l'amendement.
Reprise du débat sur la motion
d'amendement
M. Léonard: On revient à l'amendement. Moi, il me
restait je ne sais pas combien... Est-ce que je peux savoir combien de temps il
me reste?
Le Président (M. Lemieux): Sept minutes, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Dix-sept?
Le Président (M. Lemieux): Sept minutes.
M. Lazure: Sept.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur l'amendement
qui...
M. Léonard: C'est un peu trop court.
Le Président (M. Lemieux): Sur l'amendement qui se lisait
comme suit. Je vais relire l'amendement. "Que la motion en discussion soit
modifiée par le remplacement, dans la deuxième ligne, des mots
"et des articles" par les mots "59, 60 et, par la suite, tous les autres
articles". Il s'agissait de l'amendement.
M. Léonard: II s'agissait de l'amendement. Donc, c'est sur
l'amendement...
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. Léonard:
Est-ce que j'ai la parole? Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Ah! Le président me donne la parole.
Bien, merci beaucoup, M. le Président.
Nous revenons à l'amendement qui consiste à introduire,
à faire l'étude des articles 59. 60; nous regrettons l'absence de
l'article 61, c'est incomplet maintenant. Je pense que c'est regrettable. Le
parti ministériel n'a pas compris. Pour eux, ils ne font que discuter
des choses en principe, ils ne considèrent pas les aspects financiers de
la question.
Cependant, je pense que nous devons quand même adopter cet
amendement. Un des aspects a donné lieu à des problèmes
d'engagement du personnel, notamment à l'article 59 qui touche
l'intégration des fonctionnaires fédéraux, de l'engagement
de fonctionnaires québécois pour administrer la TPS pour une
certaine période, pour la période transitoire à Ottawa et
pour la période post-transitoire maintenant à Québec.
Lorsque l'on connaît la documentation sur ce dossier, on
s'aperçoit finalement qu'il est très urgent de régler les
questions administratives. Donc, à partir du moment où on
établit la définition, l'assiette de la taxe à peu
près à l'article 1, je pense immédiatement qu'il est
important de savoir comment on va administrer et qui va administrer. Donc,
c'est ce dont traitent les articles 59 et 60. Alors, les articles 59 et 60
traitent du transfert des fonctionnaires fédéraux et, en
même temps, de l'engagement des fonctionnaires du Québec.
Je voudrais simplement vous mettre au courant qu'un document en
provenance du secrétariat du Conseil du trésor du Québec a
été rendu public, je pense qu'il est public maintenant, et qui
fait état des problèmes de recrutement de personnel ici. Le
Conseil du trésor y fait une certaine enumeration - si on regarde
à la page 1 du document - des démarches qui ont eu cours, que
nous connaissons maintenant, surtout à la suite de la signature du
protocole d'entente, le 30 août. Le 23 octobre, le Conseil du
trésor approuvait un mode particulier de dotation au ministère du
Revenu du Québec en vertu de l'article 83 sur la fonction publique. Ce
mode particulier de dotation a été autorisé afin de
fournir, en temps utile, les ressources nécessaires pour
l'administration...
M. Gautrin: M. le Président, sur une question de
règlement.
M. Léonard: ...par le Québec des taxes à la
consommation fédérales...
M. Gautrin: M. le Président, sur une question de
règlement.
M. Léonard: ...et québécoises.
M. Gautrin: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: J'aimerais demander si vous pensez que c'est
réellement pertinent. Si j'ai bien compris, actuellement, on doit
débattre jusqu'à quel point l'étude des articles 59, 60
doit précéder l'étude des autres articles. C'est bien
ça.
Le Président (M. Lemieux): Oui, c'est bien ça.
M. Gautrin: Donc, pourquoi - ce que je voudrais savoir du
député de Labelle - il faut étudier d'abord les articles
59 et 60 avant les articles...
Le Président (M. Lemieux): ...et 2. M. Gautrin:
Non, les articles 2... M. Léonard: Après l'article
1...
Le Président (M. Lemieux): Entre l'article 1 et 2.
M. Léonard: ...et avant les autres.
Le Président (M. Lemieux): Entre l'article 1 et 2.
M. Léonard: À cause de l'urgence.
M. Gautrin: À cause de l'urgence.
Le Président (M. Lemieux): L'urgence... Oui?
M. Léonard: On est en train de l'expliquer...
M. Gautrin: Excusez-moi.
Une voix: ...il n'était pas ici.
M. Léonard: On était en train de l'expliquer, il
n'était pas ici. Je pense qu'il veut se montrer intéressant
là, mais quand même, je poursuis, M. le Président, vous
allez voir...
M. Gautrin: M. le Président, est-ce que vous avez rendu
votre jugement sur la pertinence?
Le Président (M. Lemieux): Regardez, M. le
député de Labelle. Le sens de l'amendement, c'est l'urgence que
les articles 59 et 60 puissent être étudiés entre les
articles 1 et 2. C'est le sens de l'amendement. Alors, on va essayer de s'en
tenir au sens de l'amendement, les justifications, ce pourquoi ces deux
articles devraient être étudiés après l'article 1 et
avant l'article 2.
M. Léonard: Très bien. Alors, c'est très
précis, effectivement, parce qu'il y a...
Le Président (M. Lemieux): Pas sur le fond, sur la
forme.
M. Léonard: ...un protocole... Bon, allez, M. le ministre,
congratulez-vous.
Le Président (M. Lemieux): Sur la forme, non pas sur le
fond.
M. Léonard: Faites-vous du grattage de dos, ça va
bien.
M. Savoie: Non, non, il avait raison, c'est très
précis comme intervention, c'est-à-dire:
Pourquoi, entre les articles 1 et 2, doit-on intervenir avec les
articles 59 et 60?
M. Léonard: M. le Président, je constate que le
ministre existe, il n'avait pas parlé depuis le début.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président...
M. Savoie: Expliquez-nous ça, pourquoi les articles 59 et
60 vont entre les articles 1 et 2.
M. Léonard: Oui. Le gouvernement du Québec a
signé un protocole le 30 août, au terme duquel il devait rendre
publique une entente détaillée le 1er décembre. Ce
protocole a donné, a obligé pratiquement le gouvernement du
Québec à adopter le projet de loi que nous avons devant nous et,
donc, à mon sens, il est important d'en prendre connaissance, de prendre
connaissance de l'entente détaillée, et j'ai eu l'occasion de
demander au ministre de déposer les éléments de cette
entente parce que, finalement, le reste du projet de loi va constituer une
application des différentes données de ce protocole d'entente.
Donc, à mon sens, avant de regarder un projet de loi, on devrait aller
voir ce qu'il y a dans l'entente...
M. Gautrin: Mais...
M. Léonard: ...qui découle du protocole.
M. Savoie: On parle...
Le Président (M. Lemieux): Allez-y. Je vais
vous écouter un petit peu plus longtemps. À venir
jusqu'à maintenant, vous...
M. Savoie: Non, mats on parle d'une question de forme, pas d'une
question de fond.
Le Président (M. Lemieux): J'ai des réserves, mais
vous pouvez continuer, M. le député de Labelle. Je vais voir
où vous voulez en venir là. Allez-y.
M. Léonard: II me semble que les articles de loi qui
touchent à l'administration et qui touchent à
l'intégration des deux taxes sont mis tout à la fin, alors qu'on
devrait les voir au début, parce que, au fond, il faut au moins...
Le Président (M. Lemieux): Ça, c'est correct!
M. Lazure: Voilà. C'est ça.
M. Léonard: Ah! Si vous voulez que je vous
répète cette phrase-là durant 10 minutes; je peux le
faire.
Le Président (M. Lemieux): Ça, c'est correct!
M. Léonard: Si, cette fois-là, vous avez
compris...
Le Président (M. Lemieux): Bien, moi, j'ai le
député de Verdun qui... Parfait!
M. Gautrin: Non, non, mais ça, j'ai compris. Je
continue.
Le Président (M. Lemieux): Et je pense que le
député de Verdun n'a pas soulevé de question.
M. Léonard: Le député de Verdun se pense
encore dans une salle de cours. Il veut enrégimenter ses
élèves. Franchement là!
M. le Président, dans ce contexte, le protocole est quelque chose
qui précède en quelque sorte le projet de loi. L'entente
détaillée aussi, et les articles que nous allons étudier
vont donner effet à une entente qui a été ou qui doit
être signée. Le problème qui est posé actuellement,
c'est qu'on doit savoir, on doit connaître cette entente qui est
réglée en bonne partie par les articles 59 et 60. Et donc...
M. Savoie: Ce n'est pas ça. Mais c'est une question de
forme. Ce n'est pas une question de fond.
M. Gautrin: ...de forme. Là, vous débattez sur le
fond de la question.
M. Savoie: Oui. Ce n'est pas ça du tout.
M. Gautrin: Pas la position. M. Savoie: Non, pas la
position.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, mais faites... Je
m'excuse là. Ce que dit le député de
Labelle, c'est qu'il faut étudier le protocole avant les autres
articles. Ça va. Ça va. C'est correct, ça.
M. Savoie: Non, mais ce n'est pas ça, la question qu'il
nous pose. Ce n'est pas ça. La question, c'est la résolution, M.
le Président. Si vous voulez lire l'amendement, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, M. le ministre.
M. Savoie: Lisez l'amendement.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement...
M. Savoie: Vous allez voir, c'est une question de forme, ce n'est
pas une question de fond.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, oui.
M. Savoie: Alors, il n'a pas le droit de discuter...
Le Président (M. Lemieux): C'est de convaincre la
commission. C'est aussi simple que ça.
M. Savoie: ...du fond, il faut qu'il discute uniquement de la
forme.
Le Président (M. Lemieux): Non, non Je suis d'accord qu'il
faut qu'il discute de la forme.
M. Boisclair: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Que la motion en discussion
soit modifiée par le remplacement, dans la deuxième ligne, des
mots "et des articles" par les mots "59 et 60 et, par la suite, tous les autres
articles". C'est exactement ce que je disais tout à l'heure.
M. Savoie: Alors, c'est uniquement une question de forme et ce
n'est pas une question de fond.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: Et je pense que, si vous voulez vraiment
régler la question de forme, il faut quand même voir en quoi elle
est affectée par le fond.
M. Savoie: Si vous vouiez aborder la question de fond...
Le Président (M. Lemieux): Non. Vous ne pouvez pas toucher
au fond, M. le député de Labelle.
M. Savoie:... vous devez présenter un autre
amendement.
M. Léonard: Non, je comprends. Il faut... Il y a eu, je
pense, plusieurs interruptions qui touchent la pertinence. C'est vraiment de
l'impertinence que de le faire comme cela.
M. Boisclair: Permettez-moi, M. le Président...
M. Savoie: Vous ne pouvez pas, à ce moment-ci, toucher
à la question de fond parce que, pour toucher à la question de
fond, il faut commencer l'étude détaillée. Pour la
question de forme, là vous dites: Avant d'étudier l'article 2, on
veut passer à l'étude des articles 59 et 60. Donc, on n'aborde
pas la discussion des articles 59 et 60. Vous voulez discuter du fait
d'introduire les articles 59 et 60 avant ça.
Le Président (M. Lemieux): Quelle est l'urgence
d'introduire ces deux articles?
M. Savoie:... qui est donc une question de forme, donc on vous
attend puis on attend les arguments qui vont faire en sorte, qui vont nous
dire, qui vont nous expliquer pourquoi. Il n'y en a pas de pourquoi dans vos
explications.
Le Président (M. Lemieux): Mais j'aimerais
reprendre...
M. Léonard:... vous êtes en train de plaider
là. Alors, plaidez! Prenez la parole et plaidez.
M. Savoie: J'ai plaidé. J'ai terminé.
Le Président (M. Lemieux): Mais j'aimerais reprendre tout
simplement, M. le député d'Abiti-bi-Est, comme je l'ai dit au
député de Gouin, qu'accessoirement le principal peut être
touché lorsque, de par la nature de ces deux articles, M. le
député de Labelle est en mesure d'expliquer ce pourquoi ces deux
articles devraient précéder l'article 2 et être
après l'article 1. Mais je dis bien "accessoirement". Si vous êtes
directement sur le fond, je vais être obligé de vous... Si le
député de Verdun soulève la question de règlement,
je vais être obligé de vous arrêter.
M. Boisclair: C'est ça. Ça fait longtemps que je
veux intervenir. Ça fait plusieurs fois qu'on soulève la
pertinence des propos tenus par les membres de l'Opposition officielle. Il y a
eu plusieurs précédents, M. le Président, à la fois
à l'Assemblée nationale, au salon bleu, où il était
de commune renommée qu'on tolérait, dans une certaine mesure
cependant, dans un cadre à ne pas dépasser...
M. Savoie: Pas sur des motions de sous-amendement. Pas sur des
motions de sous-amendement.
M. Boisclair: En Chambre, M. le Président.
M. Savoie: Pas sur des motions de sous-amendement et, si vous
aviez voulu... Si on discutait...
M. Boisclair: Ce n'est pas une motion de sous-amendement, c'est
une motion d'amendement, premièrement. M. le Président, c'est moi
qui ai la parole. Il n'a pas d'affaire à m'interrompre.
M. Savoie: Si on discutait...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin, nous sommes sur une motion de forme et on doit être beaucoup plus
rigoureux. Ce n'est pas du tout la même chose, là.
M. Savoie: On n'est pas sur le fond.
Le Président (M. Lemieux): Non, non. On n'est pas sur le
fond.
M. Savoie: Quand on était sur le fond...
M. Gautrin: M. le Président. M. le Président, moi,
je ne comprends pas que le député de Gouin puisse intervenir
actuellement. Il n'a pas la parole et il intervient... (18 h 15)
M. Boisclair: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Sur une question de
règlement, M. le député de...
M. Gautrin: II a fait une question de règlement.
M. Boisclair: II me l'a donnée.
Le Président (M. Lemieux): II a fait une question de
règlement, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Merci. Alors, c'était quoi, sa question de
règlement?
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Gouin? Alors, M. le député de Labelle,
vous pouvez continuer.
M. Léonard: Nous considérons qu'il est
très...
M. Gautrin: Alors, continuez.
M. Léonard: Je n'ai pas besoin de la
permission du député de Verdun. C'est le président
qui me donne la permission.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, allez-y. M. le député de Labelle.
M. Léonard: II faut qu'il arrête de m'inter-rompre
et de me déconcentrer.
M. Savoie: Sur la forme.
M. Léonard: Sur la forme. C'est quoi, pour vous, la
forme?
M. Savoie: C'est votre amendement. Allez-y.
M. Léonard: C'est l'amendement qui consiste à
étudier cet aspect important de l'administration et de toutes les
données administratives qui découlent du protocole avant qu'on
passe à l'étude du projet de loi qui, lui, va donner un effet
législatif au contenu du protocole et de l'entente
détaillée. Mais, sur le plan administratif, il faut au moins
l'avoir et l'examiner et, donc, nos articles doivent passer là. Il me
semble que ce sont des arguments qui se tiennent.
Le Président (M. Lemieux): C'est tout? Est-ce qu'il y a
d'autres interventions, M. le député de La Prairie ou Mme la
députée de Verchères? M. le député de La
Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Oui. Merci, M. le Président. Avant
d'étudier ce projet de loi article par article, il est absolument
nécessaire d'avoir une meilleure connaissance de l'arrière-plan
ou, si on veut, du cadre dans lequel cette nouvelle entente va fonctionner.
Encore une fois, on l'a dit plus tôt cet après-midi, il s'agit
là d'un précédent important dans l'histoire du
Québec où un contingent de 550 fonctionnaires
fédéraux s'en vient s'intégrer à la fonction
publique québécoise dans le but bien précis de mettre
à exécution une double loi, une loi fédérale et une
loi du Québec. Il est vital de voir un peu quelles sont les conditions
qui seront fartes à ces employés, à cette nouvelle
équipe, cette nouvelle escouade de percepteurs.
J'ai parié tantôt de l'importance de bien définir le
statut de ces 550 employés et on peut regretter que le parti
ministériel ait voté contre le sous-amendement qui nous aurait
permis de garder l'article 61 et de discuter, en même temps, des sommes
qui sont impliquées, mais, à défaut de pouvoir parler des
sommes, on peut parler quand même du statut de ces employés.
Est-ce qu'ils seront tous à temps complet, permanents ou est-ce qu'il y
a des...
M. Gautrin: M. le Président, je m'excuse, encore sur la
pertinence. Vous ne m'expliquez pas pourquoi il faut étudier ça
avant...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, vous êtes directement dans le fond du tonneau. Vraiment le
fond du verre d'eau, pardon. Vraiment sur le fond.
M. Lazure: Mais j'y arrive, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y. Vous y arrivez.
M. Lazure: C'était comme une espèce de
préambule. Mais l'intégration donc de ces employés, il
faut que nous puissions nous assurer qu'elle sera harmonieuse, avant
d'étudier le projet de loi article par article.
C'est quand même le ministre des Finances, le vrai parrain du
projet de loi, ce n'est pas le ministre du Revenu. Le ministre des Finances
s'est vanté beaucoup des mesures harmonisantes qu'il a
négociées, qu'il a conclues avec son homologue
fédéral, mais nous, on pense qu'avant de vérifier s'il y
aura vraiment harmonie dans l'application de chacun des 60 articles, il faut
d'abord s'assurer qu'il y aura harmonie au niveau des personnes. Il faudra
s'assurer que l'intégration sera harmonieuse dans notre fonction
publique et, pour ça, il est nécessaire qu'on sache si les
fonctionnaires qui vont venir d'outre-frontière vont respecter la loi
101 sur la langue de travail parce qu'on sait que déjà, dans le
protocole qu'on a sous la main, le fédéral est en train de faire
indirectement ce qu'il est interdit de faire directement. Le protocole, c'est
la forme. Les articles, c'est la forme. Et si on accepte le protocole, et par
conséquent les articles 59 et 60 sont intimement liés au
protocole, si on accepte le protocole tel quel, à ce moment-là,
on va avoir deux classes de fonctionnaires dans cette escouade. On va avoir des
fonctionnaires dont la principale loi régissant leur activité
sera une loi fédérale, celle sur les langues officielles.
C'était le C-75, C-72, la Loi sur les langues officielles. Et il y aura
à côté d'eux leurs collègues qui forment le reste de
l'équipe spéciale pour la TPS-TVQ. Le reste de leurs
collègues, eux, ils seront plutôt astreints à la loi
101.
M. Gautrin: M. le Président... Le Président (M. Lemieux):
Oui.
M. Gautrin: ...question de règlement. Est-ce que vous
pourriez rappeler le député de La Prairie à l'ordre?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, vous vous écartez effectivement un petit peu du sens de
l'amendement. Voulez-vous revenir au sens de l'amendement?
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je vais essayer de
respecter votre encouragement. Je disais donc qu'une fois cette équipe
du tonnerre constituée en partie d'ex-fonctionnaires du
fédéral et de fonctionnaires québécois, nous
aurons, dans les articles subséquents de la loi, à
vérifier dans quelle langue les perceptions pourront se faire, surtout
en regard du protocole. Vis-à-vis des entreprises qui utilisent surtout
l'anglais, on a vu à la page 9 du protocole que le Québec avait
abdiqué ses droits et privilèges illustrés par la loi 101
et qu'ils donnent prédominance, priorité à la Loi sur les
langues officielles.
Alors, on peut toujours, dans la forme, imaginer à l'avance le
genre de conflit de travail que ça peut créer. Vous aurez des
fonctionnaires qui, de façon tout à fait légitime, diront:
Nous, nous voulons respecter intégralement la loi 101, et à
côté, dans la même équipe de trois ou quatre
fonctionnaires travaillant ensemble auprès d'une entreprise pour aller
percevoir la TPS ou la TVQ, vous aurez d'autres collègues qui diront:
Nous, on regrette, nous avons été engagés pour faire
respecter la Loi sur les langues.
M. Gautrin: Monsieur...
Le Président (M. Lemieux): Revenez, M. le
député de La Prairie. Revenez.
M. Lazure: Je reviens.
Le Président (M. Lemieux): Vous revenez?
M. Lazure: Je reviens à la perti...
Une voix: À la pertinence.
M. Lazure: Je reviens à l'amendement même. Je le
relis.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: "Que la motion d'amendement en discussion soit
modifiée par l'insertion, après le chiffre 60, du chiffre
61."
M. Gautrin: Non, M. le Président. M. Lazure:
Ça, c'était l'autre avant. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Je pense qu'on a disposé actuellement du
sous-amendement, si vous me permettez.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez raison, M. le
député de Verdun. Vous pouvez relire l'amendement, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: Avec mes excuses. La motion se lit plutôt comme
suit: "Que la motion en discussion soit modifiée par le remplacement...
Parce que la motion en discussion, c'était, si je ne m'abuse, la motion
de la députée de Terrebonne. Pardon?
Des voix: Des Îles-de-la-Madeleine.
M. Léonard: La motion, c'est celle du député
des Îles-de-la-Madeleine, mais l'amendement...
M. Lazure: Mais elle voulait amender la motion de la
députée de Terrebonne.
Le Président (M. Lemieux): C'est la députée
de Terrebonne qui,..
M. Lazure: La députée de Terrebonne qui, si je ne
m'abuse, a présenté une motion pour convoquer un groupe pour
mieux éclairer cette commission. Cela a été jugé
irrecevable. Étant jugé irrecevable, le député des
Îles-de-la-Madeleine présente l'amendement suivant: Que la motion
en discussion - étant la motion de la députée de
Terrebonne - soit modifiée par le remplacement, dans la deuxième
ligne, des mots "et des articles" par les mots "59, 60, et par la suite, tous
les autres articles". Alors, en acceptant...
Le Président (M. Lemieux): La motion du
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Lazure: En acceptant un tel amendement, ça donne
à la commission l'avantage de faire de la prévention. Nous
pourrions passer plus rapidement à l'adoption des autres articles 1, 2,
3, 4, 5,6, 7, 8, et ainsi de suite.
M. Gautrin: 9,10,11,12.
M. Lazure: J'hésitais, justement, M. le
député de Verdun. Je n'étais pas sûr...
M. Gautrin: Bien sûr.
M. Lazure: ...si j'aillais tous les énumérer. Mais
devant ce refus de collaborer, les députés
ministériels...
Une voix: Les interruptions fréquentes
inopinées.
M. Lazure: II me reste, M. le Président, à
conclure... Sur l'amendement, je conclus en vous disant que c'est une erreur
grave de rejeter cet amendement.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Verdun. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la
députée de Ver-
chères.
Mme Dupuis: Je vais essayer de prendre quelques minutes pour vous
démontrer la pertinence d'étudier les articles 59 et 60
après l'article 1. La déclaration ministérielle...
Une voix: II reste deux minutes.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, ça va. Alors,
est-ce qu'il y a le consentement pour suspendre les travaux jusqu'à 20
heures?
Une voix: On fera ça à 8 heures.
Terminé.
(Suspension de la séance à 18 h 27)
(Reprise à 20 h 9)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement à l'étude du
projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal. M.
le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Ils ont été faits au
début de la séance, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Est-ce qu'il
reste des temps de parole?
Le Secrétaire: Oui, c'est la députée de
Verchères qui avait la parole.
Le Président (M. Lemieux): La députée de
Verchères avait la parole. Alors...
M. Léonard: On avait convenu que Mme la
députée de Terrebonne...
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais est-ce que...
M. Léonard: ...la remplaçait.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais est-ce que les
droits, peut-être subséquents eu égard au remplacement,
peuvent appartenir à la députée de Terrebonne? Le droit de
parole était à la députée de Verchères.
Est-ce qu'il y aurait peut-être consentement?
M. Gautrin: Bien sûr, j'aimerais tellement entendre...
Le Président (M. Lemieux): Hein? Il y a consentement?
Alors, de consentement, nous allons vous céder la parole, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Alors, si on regarde
l'amendement qui a été déposé par l'Opposition et
rien d'autre, qui nous propose finalement de commencer l'étude du projet
de loi par les articles 59, 60 et à la suite, je ne crois pas, M. le
Président, que cet amendement-là vienne à rencontre de la
motion principale qui avait été déposée par le
député des Iles-de-la-Madeleine, puisque le but premier de cet
amendement était de commencer l'étude du projet de loi 89. On
s'entend bien là-dessus. Je pense que le député des
Îles-de-la-Madeleine ainsi que le ministre du Revenu nous ont clairement
dit que ce qu'ils souhaitaient d'abord et avant tout, c'était de
commencer l'étude article par article. On proposait de commencer
immédiatement par l'article 1. Ce que nous proposons ici comme
amendement, c'est de commencer l'étude par les articles 59, 60. Donc, on
n'est pas contre le principe de la motion principale. Et pourquoi pouvons-nous
diviser ces articles-là, commencer par ceux-là? C'est parce
qu'ils ont un caractère complètement différent du reste de
la loi. Et si vous vous souvenez, M. le Président, nous avions
même, comme Opposition, présenté à
l'Assemblée nationale, en Chambre, une motion de scission pour ces
articles-là et cette motion de scission, je dois le souligner, avait
été jugée recevable par la présidence. Elle a
été battue après délibération, mais elle
avait été jugée recevable. La présidence avait
jugé que c'était pertinent de séparer ces deux parties du
projet de loi, parce que les articles 1 jusqu'à 59 touchent la taxe de
vente en détail, ce qu'on nous propose d'étudier en premier,
finalement, par la motion principale, alors que les articles 59, 60 et la suite
introduisent diverses mesures transitoires ainsi que des dispositions
permettant l'intégration dans l'administration québécoise
de certains employés du gouvernement fédéral
affectés à la mise en oeuvre de la taxe sur les produits et
services.
C'est donc deux blocs différents et qu'on commence par une partie
du projet de loi ou par une autre, je ne vois pas vraiment
d'inconvénients pour cette commission. C'est deux blocs tout à
fait différents et ce n'est pas renier le principe, c'est commencer
l'étude du projet de loi qu'on souhaite tous, bien sûr. Ça
nous permettrait de régler la partie que j'appellerais la plus technique
du projet de loi, celle peut-être sur laquelle on pourrait s'entendre le
plus rapidement. Ce serait même permettre l'avancement des travaux au
lieu de les retarder, parce que je suis convaincue, M. le Président, si
nous commençons par l'article 1, tel que proposé dans la motion,
que nous risquons peut-être de rester très longtemps à
l'article 1 puisque, d'après les commentaires que nous avons depuis
quelques jours, c'est cette partie du projet de loi qui pose problème
bien davantage que les articles 59, 60 et la suite. Donc, pour l'avancement des
travaux,
il serait de beaucoup préférable de commencer par la
section sur laquelle on s'entend.
J'essaie toujours, lorsque j'aborde l'étude d'un projet de loi,
d'être la plus rationnelle possible, M. le Président. Et c'est
pour ça que je vous propose...
Le Président (M. Lemieux): C'est tout à votre
honneur, Mme la députée.
Mme Caron: ...de commencer par la partie qui n'amène pas
de dissidence, qui ne pose aucun problème et qui va exactement dans le
sens de la proposition du député des Îles-de-la-Madeleine,
qui était de commencer l'étude du projet de loi. Je
m'inquiète, si on n'accepte pas cet amendement-là, qu'on retarde,
et de beaucoup peut-être, l'étude du projet de loi. Je suis
certaine que ce n'est l'objectif de personne ici, M. le Président,
autour de cette table.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Gautrin: C'est bon.
M. Lazure: Les rires ne paraissent pas. Attention, s'il vous
plaît.
Mme Caron: Donc, si on revient aux articles 59 et 60 qui touchent
vraiment à l'intégration dans l'administration
québécoise de certains employés du gouvernement
fédéral, c'est aussi une mesure qui...
Des voix:...
Mme Caron: Non, je vais attendre, M. le Président. Je vais
attendre, je vais les laisser terminer.
M. Gautrin: Non, non, non, mais c'est intéressant.
M. Savoie: On vous écoute. On vous écoute.
M. Gautrin: On vous écoute, madame. On vous écoute;
madame.
M. Savoie: Non, non, j'étais distrait par le
député de Labelle.
Mme Caron: II n'y a pas de problème. Je peux attendre, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, madame. Vous
pouvez continuer, madame. C'est que...
M. Léonard: ...qui m'a posé une question.
Mme Caron: Non, non. Je peux attendre, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Léonard: Pour le Journal des débats, le
ministre m'a posé une question, je lui ai répondu.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! M. le
député de Labelle. M. le ministre. Mme la députée
de Terrebonne. On continue. On continue.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Donc, si nous proposons
d'aborder les articles 59, 60 et la suite, c'est pour permettre de
régler la partie qui touche directement à l'application de la TPS
fédérale. Ce sont vraiment les articles qui nous permettent de
toucher à cette partie-là de la loi, alors que tout le reste, les
articles 1 à 59 ne touchent absolument pas à la TPS
fédérale. Ils touchent à la taxe de vente du
Québec, la nouvelle taxe qui est ajoutée par le projet de loi
89.
Je vous rappelle, M. le Président, que, lors des discours en
Chambre et de la présentation de cette motion-là, qui je vous le
rappelle avait été jugée recevable, le vote avait
été pris pour battre cette décision-là, parce qu'au
moment où on avait amené en Chambre notre proposition, notre
motion retardait l'étude du projet en le divisant en deux. En mettant
une motion de scission, à ce moment-là ça retardait les
débats, puisqu'on aurait pu s'exprimer...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! De part
et d'autre. Mme la députée de Terrebonne, vous pouvez
continuer.
Mme Caron: Oui, je reviens, M. le Président. Alors, si la
motion de scission avait été acceptée en Chambre, elle
aurait retardé les débats, puisque chacun aurait pu parler sur
les deux parties séparées de la loi. Mais dans le cas
présent, c'est complètement le contraire, M. le Président.
Au lieu de retarder, on accélère les débats. Moi, je
demande vraiment au ministre du Revenu et aux membres du gouvernement, s'ils
sont de bonne foi dans leur demande d'accélérer les travaux,
parce que c'est ce qu'ils font depuis hier, M. le Président... J'ai
manqué les délibérations cet après-midi, mais
depuis hier, c'était ce qu'on essayait de faire,
d'accélérer les travaux.
Alors, s'ils sont de bonne foi, par rapport à cette
demande-là, je vois difficilement comment ils pourraient voter contre
l'amendement de l'Opposition, qui répond parfaitement à toutes
leurs demandes tant au niveau du principe qu'au niveau de l'application de leur
principe.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: Oui, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, je vous écoute.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Je crois que M. le
député de Deux-Montagnes et le député de
Prévost vous écoutent et vous regardent.
Mme Caron: Et le député de Verdun.
Le Président (M. Lemieux): Et le député de
Verdun. Pardon, pardon, et le député de Verdun. Je m'excuse. Mon
collègue, le député de Verdun.
M. Claveau: II y a juste le ministre qui n'est pas
intéressé.
Une voix: Ah! il n'a plus son "fan club"!
Le Président (M. Lemieux): Au contraire, M. le ministre
est toutes oreilles. Continuez, Mme la députée de Terrebonne.
M. Léonard: Son livre est à l'envers.
Mme Caron: M. le Président, lorsque vous allez mettre aux
voix cet amendement, je pense que nous pourrons véritablement constater
la bonne foi de part et d'autre pour commencer, enfin, l'étude de ce
projet de loi qui a une importance capitale et qui est juge par le ministre du
Revenu lui-même comme un événement historique. Il nous l'a
rappelé régulièrement. Si c'est un événement
historique, il faudrait peut-être que nous commencions l'étude de
ce projet de loi là et je crois qu'il n'y a pas de meilleure
façon de la commencer que de séparer les deux parties du projet,
deux parties qui sont complètement différentes, ce qui va nous
permettre peut-être de sortir de l'impasse dans laquelle nous nous
trouvons depuis plusieurs heures.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée.
Mme Caron: Alors, je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. M. le député... M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, M. le Président. Encore une fois, on est
obligé d'intervenir.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Sur l'amendement.
M. Claveau: Ça me fait plaisir d'intervenir sur
l'amendement, qui veut que l'on amène en début d'étude, en
début du processus d'étude de ce projet de loi les articles 59 et
60, le sous-amendement ayant été refusé. Alors, j'en suis
même à me demander si après le vote sur cet
amendement-là, pour qu'on puisse faire une étude globale, il ne
faudrait pas revenir avec un nouvel amendement qui nous permettrait de ramener
l'article 61 avec les deux autres en début de nos travaux. Ce serait
peut-être une démarche qu'il faudra prendre, dans la mesure
où, si on vote pour que les articles 59 et 60, ce qui va sûrement
arriver d'ailleurs, s'en aillent en début d'étude, on ne pourra
pas la faire sans l'article 61. Alors, on devra revenir nécessairement
avec un nouvel amendement qui nous permettra de compléter ou être
plus efficace dans l'étude des articles 59 et 60 en début de
projet de loi, tel que le veut l'amendement et la logique, d'ailleurs, qui
sous-tend toute démarche raisonnable d'étude d'un projet de
loi.
Voyez-vous, il y a certaines choses, il y a certaines
préoccupations qui président à la démarche que nous
faisons, à l'effet qu'on éclaircisse d'abord la question du
transfert des fonctionnaires fédéraux avec les sommes qui lui
sont liées, avec... Il y a certaines choses qui sont... Si on me
rappelle à la pertinence, vous savez, je peux vous chanter des cantiques
de Noël pendant le restant de mon intervention.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Ça va.
Vous êtes correct.
M. Claveau: Vous aimez mieux m'entendre parler, n'est-ce pas?
M. Savoie: C'est sur le fond, là.
M. Claveau: Écoutez... Non, non, j'essaie de donner des
exemples, M. le Président. Je comprends que le ministre revient à
nos débats, vous m'en voyez réjoui d'ailleurs. Mais si on ne peut
pas expliquer la chose uniquement à partir de la théorie, eh
bien, on va prendre des exemples pour essayer de bien se faire comprendre, pour
être certain que le vote des collègues ministériels ne sera
pas uniquement axé sur les prétentions du ministre, mais que ce
soit aussi un vote libre et consentant, comme ça doit être en
cette Chambre d'ailleurs, où on a à voter chacun en fonction de
ce que l'on croit vraiment et non pas uniquement et surtout pas en fonction
d'une ligne de parti, vous comprenez, ce qui pourrait fausser le fonctionnement
de notre démocratie.
D'ailleurs, là-dessus, j'aimerais bien entendre quelques-uns de
nos collègues de l'aile ministérielle expliquer leur vote,
pourquoi ils vont voter de telle ou telle façon, au moment où le
ministre lèvera la main pour exprimer son vote. Il serait
peut-être intéressant d'entendre cinq minutes de quelques-uns de
nos collègues là-dessus pour...
M. Gautrin: Alors moi, je me permets...
M. Claveau:... bien comprendre le pourquoi de leur vote.
M. Gautrin: M. le Président, sur une question de
règlement. J'aimerais invoquer l'article 211 quant à la
pertinence.
Le Président (M. Lemieux): La pertinence, M. le
député d'Ungava, M. le député de Verdun a raison.
La pertinence!
M. Claveau: II y a juste 62 articles, M. le Président.
Une voix:... un autre amendement. M. Gautrin: Hein?
M. Boisclair: On va faire un autre amendement.
M. Gautrin: Oui, bien sûr, préparez-vous, on a
jusqu'à minuit pour jouer.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Bien non, mais si le député de Verdun
veut invoquer l'article 211, mon cher collègue, il en est fort aise. Ce
sera au président d'en juger et, à la limite, on va lui donner
l'occasion d'invoquer l'article 211 tant et aussi longtemps qu'il va vouloir le
faire d'ici la fin de la soirée, à moins qu'on ne
réussisse à passer au travers du projet de loi avant minuit.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement, M. le
député d'Ungava. L'amendement.
M. Claveau: Ça va? Bon, bon, O. K. ! Ce que je voulais
vous dire, M. le Président, c'est qu'il y a aussi toutes sortes de
choses qui nous permettent de croire qu'il serait bon de discuter du principe
du transfert des fonctionnaires fédéraux avec leurs
bénéfices marginaux, leur convention de travail, enfin, tout ce
qui est lié à leur emploi, et de la façon dont on
financera tout ça avant de discuter de l'ensemble du projet de loi qui,
dans le fond, ne correspond qu'à l'application du travail que vont faire
ces fonctionnaires-là une fois rendus chez nous. Vous comprenez?
Une des choses que j'ai retenues, moi, qui m'a frappé d'ailleurs,
d'où l'importance de discuter de ça en début de texte,
tout en faisant bien attention pour ne pas qu'on me rappelle l'article 211...
J'aimerais que le député de Verdun sache que mon propos est tout
à fait pertinent, ça fait partie de la démarche, vous
comprenez, pour se faire comprendre. Alors, c'est la loi sur la
Société de l'assurance automobile du Québec qui est
actuellement en discussion, d'ailleurs, qui a été discutée
en deuxième lecture en Chambre et qui est en commission parlementaire,
en tout cas au moment où on se parle. Dans cette loi-là, on
prévoit la création - je vois le ministre qui opine du bonnet -
d'une police. On nous dit qu'à partir de maintenant la
Société de l'assurance automobile devra financer un corps
policier spécifique qui aura comme première fonction de s'assurer
du contrôle de la sécurité de la route.
M. Gautrin: Question de règlement. Je ne voudrais pas
être...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava, la pertinence.
M. Claveau: J'y arrive, M. le Président.
M. Gautrin:... vraiment ennuyant, mais je ne comprends
réellement pas le lien.
M. Claveau: Malheureusement, pour le bénéfice de
cette commission, je n'ai pas le numéro de l'article de la loi en
question, mais on pourrait le ressortir au besoin, si jamais le ministre
voulait l'avoir, pour pouvoir bien le consulter. On dit là-dedans, sur
le corps policier en question, que la Société de l'assurance
automobile du Québec sera autorisée à négocier des
conventions ou des ententes avec d'autres ministères qui pourraient
avoir besoin de ce corps policier dans l'exercice de ses fonctions. Et on parle
de contrôle de la taxe sur le tabac, on parle de la taxe sur l'alcool et
on parle de la taxe de vente sur les produits de consommation comme
étant des champs d'intervention pour lesquels on pourrait signer une
entente avec la Société de l'assurance automobile du
Québec afin que la nouvelle police d'assurance automobile puisse
intervenir dans ces champs-là. C'est exactement de cette
façon-là que c'est écrit dans le projet de loi en
question. J'inviterais le ministre à le consulter.
Alors, moi, j'ai déjà demandé, en deuxième
lecture, au moment de discuter de la Loi sur l'assurance automobile du
Québec, au ministre: Écoutez, vous nous dites que cette
police-là n'aura qu'un rôle de consultant...
M. Gautrin: M. le Président, je m'excuse. Je ne voudrais
pas avoir toujours à le faire descendre, mais je ne vois vraiment pas le
lien entre ça et la position, la nécessité
d'étudier les articles 59 et 60 avant.
M. Lazure: Laissez-le aller un peu.
M. Gautrin: Non, non, mais ça fait 10 minutes qu'il vole
et on n'a toujours pas entendu pourquoi.
M. Boisclair: Ça ne fait pas 10 minutes...
M. Lazure: Là, il aurait fini si ça faisait 10
minutes.
M. Boisdair: Ça ne peut pas faire 10 minutes.
Le Préaident (M. Lemieux): De la pertinence, M. le
député d'Ungava.
M. Savoie: S'H vous plaît!
M. Claveau: Eh bien, vous comprendrez, M. le Président,
que, justement, moi, ce qui me préoccupe là-dedans, d'où
l'importance de discuter tout de suite, en début de projet de loi, de
cette histoire des fonctionnaires, du rôle qu'ils vont avoir, des sommes
que ça va coûter pour opérer tout ça, c'est qu'entre
autres dans cette loi-là sur l'assurance automobile on voit
apparaître la possibilité qu'il y ait une entente entre le
ministre du Revenu et le ministre responsable de la Société de
l'assurance automobile du Québec pour que ces policiers aient un
rôle à jouer dans la perception, le contrôle de la
perception des taxes de vente à la consommation, des taxes sur le tabac
et des taxes sur l'alcool, et c'est écrit comme tel dans ledit projet de
loi. Alors, est-ce qu'il s'agit là de mesures complémentaires,
par exemple, à 59 et à 60, qui seraient reliées au
personnel ou à une activité normalement dévolue au
ministre du Revenu, mais qui, à la suite d'une entente, serait
assumée par la Société de l'assurance automobile du
Québec?
Il y a là une possibilité et, dans la mesure où on
a à discuter l'autre projet de loi en commission parlementaire et que
c'est bel et bien écrit dans l'autre projet de loi, j'aimerais bien,
moi, qu'on puisse et il me semble, pour le bénéfice de l'ensemble
des travaux de ce Parlement et de la cohérence qu'il doit y avoir entre
chacune des lois qu'on discute dans ce Parlement, qu'il serait
intéressant d'abord de commencer par discuter de ça ici,
éventuellement aussi de parler du rôle ou de pourquoi on a
prévu dans la Loi sur l'assurance automobile la possibilité d'une
entente avec le ministère du Revenu pour la perception des taxes sur
l'alcool et le tabac. À ce moment-là, ça
éclairerait, d'une part, nos travaux pour l'ensemble des autres articles
du projet de loi ici et ça pourrait aussi éclairer les travaux
d'une autre commission parlementaire qui aura à discuter de l'autre
projet de loi sur la Société de l'assurance automobile du
Québec.
Vous comprendrez que mon propos est excessivement pertinent et qu'en
plus il s'inscrit dans une dynamique de coexistence, je dirais, de coordination
entre les différents ministères et les différentes lois
dans la façon de les appliquer. Là, il n'y a rien qui nous dise,
par exemple, en bout de piste qu'une fois qu'on a dit ça, et, si on
laisse d'autres projets de loi se voter sans qu'on ait eu l'occasion de
discuter de ça avant et si on discute de l'ensemble du fonctionnement de
la mécanique du projet de loi qu'on a sous les yeux sans jamais avoir
discuté des modalités du transfert, du nombre de fonctionnaires,
bon, et comment ça va s'appliquer globalement au niveau de l'emploi, il
n'y a rien qui dise en bout de piste, par exemple, quand tout ça sera
discuté, on ne se retrouvera pas dans un an avec une entente
signée par le ministre du Revenu avec le ministre des Transports
responsable de la Société de l'assurance automobile...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion. En conclusion,
M. le député d'Ungava.
M. Claveau: ...et que l'ensemble des lois concernant
l'application et la perception de la taxe ne sera pas dévolu à
l'assurance automobile de façon à éliminer des
dépenses au ministère du Revenu, éliminant ainsi des
postes au ministère du Revenu et, éventuellement,
éliminant des postes de fonctionnaires fédéraux qui
devaient être transférés chez nous. Alors, vous
comprendrez, en conclusion, qu'il s'agit là d'un élément
parmi tant d'autres qui prêche dans le sens de la nécessité
de discuter d'abord de ça, de qui va appliquer la loi en question avant
de discuter de la loi elle-même. Merci, M. le Président. (20 h
30)
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le
député d'Ungava. Il reste maintenant.. Fini, terminé.
Est-ce qu'il y a des interventions du côté ministériel?
M. Claveau: II n'y a rien?
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous allons passer
à l'amendement. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Léonard: Alors, oui. M. Gautrin: II est
refusé. M. Léonard: Adopté. M. Savoie:
Refusé.
Le Président (M. Lemieux): Rejeté. Appel nominal
ou... O.K. L'amendement se lit comme suit:
Que la motion en discussion soit modifiée par le remplacement,
à la deuxième ligne, des mots "et des articles" par les mots "59,
60 et par la suite tous les autres articles".
Le Secrétaire: Alors, M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Je suis d'accord avec l'amendement.
Le Secrétaire: M. Lazure (La Prairie)?
M. Lazure: Oui.
Le Secrétaire: M. Boisclair (Gouin)?
M. Boisclair: Oui.
Le Secrétaire: M. Savoie (Abitibi-Est)?
M. Savoie: Contre.
Le Secrétaire: M. Gautrin (Verdun)?
M. Gautrin: Contre.
Le Secrétaire: Deux. M. Forget (Prévost)?
Trois.
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Bergeron (Deux-Montagnes)? Quatre.
M. Bergeron: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
M. Lemieux: Abstention.
Le Secrétaire: Pour: 3; contre: 4; abstention: 1.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est donc
rejeté.
M. Lazure: C'est serré. Sur la motion, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous revenons maintenant
sur la motion principale qui est celle du député des
Îles-de-la-Madeleine. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la
motion?
Reprise du débat sur la motion
principale
M. Boisclair: Sur la motion, M. Claveau. Vous pourriez
peut-être lui relire la motion.
Le Président (M. Lemieux): La motion se lit comme suit:
"Que la commission passe immédiatement à l'étude
détaillée de l'article 1 du projet de loi..."
M. Claveau: Je demande la parole, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): "...et des autres articles,"
Oui.
M. Savoie: Question de directive, M. le Président. On a eu
combien d'interventions sur cette motion-là?
Le Président (M. Lemieux): Trois. Trois interventions.
M. Savoie: Qui ont duré combien de temps? Le
Président (M. Lemieux): 10 minutes. M. Savoie:
C'est-à-dire une de 30 minutes...
Le Président (M. Lemieux): Une de 30 minutes, les autres
sont de 10 minutes.
M. Savoie: Et deux de 10 minutes. Et là ils ont droit
à combien d'interventions?
Le Président (M. Lemieux): Deux autres interventions.
M. Savoie: Deux autres interventions? D'accord, merci, M. le
Président.
M. Lazure: On passe par-dessus les montagnes. On arrive
là.
M. Boisclair: Elle peut être amendée.
M. Savoie: Oui, oui. Je sais qu'elle peut être
amendée.
Le Président (M. Lemieux): Comme nous pouvons l'amender
aussi.
M. Savoie: Oui, oui, nous le pouvons.
Le Président (M. Lemieux): Comme vous pouvez
l'amender.
M. Lazure: C'est intéressant ça, que les
ministériels pourraient le bonifier.
M. Léonard: Alors, on peut remarquer quand même que
le proposeur n'est même pas ici ce soir.
M. Savoie: Non, malheureusement... M. Léonard:
Ça fait une journée...
M. Savoie: ...le proposeur ne peut être ici, ce soir.
M. Léonard: ...et il est disparu.
Le Président (M. Lemieux): Non, je pense que le proposeur
avait des obligations...
M. Gautrin: II avait des obligations dans son comté, je
suis là pour le remplacer.
Le Président (M. Lemieux): Oui, des obligations dans son
comté.
M. Savoie: II ne peut pas être ici ce soir.
M. Léonard: C'est M. le député de Verdun qui
remplace le député des Îles-de-la-Madeleine?
M. Gautrin: C'est ça.
M. Léonard: Ça a été consigné,
ça? Le député de Verdun n'est pas membre de la commission?
Il est membre de la commission.
M. Gautrin: Je suis remplaçant.
Le Président (M. Lemieux): Oui, il est
remplaçant.
M. Léonard: II a été nommé?
Le Président (M. Lemieux): Oui, il remplace, M. Gautrin,
M. Després de Limoilou.
M. Léonard: Ah bon! Ce n'est pas le député
des Îles-de-la-Madeleine. Il me semblait.
Le Président (M. Lemieux): Non, non. M. Léonard:
Parce qu'il était ici au début...
M. Savoie: Non, mais dans ses fonctions de policier il remplace
le député...
M. Léonard: Dans ses fonctions de policier? M.
Boisclair: De police verte.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur la motion
principale...
M. Léonard: Oh! Il n'est pas impressionnant le...
Le Président (M. Lemieux):... M. le député
d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, M. le Président. Écoutez,
très rapidement on sait que la motion principale n'a qu'une raison
d'être, n'a qu'un but, elle a été amenée dans
l'espoir pour les représentants de l'aile parlementaire
d'accélérer la démarche, semble-t-il, mais beaucoup plus
pour bâillonner l'ensemble des autres intervenants qui auraient pu
participer. On tente d'escamoter les travaux de cette commission parlementaire
en amenant dès le départ une motion à l'effet de passer
immédiatement à l'article 1 ce qui, en soi, n'est pas vraiment
conforme à nos règles de procédure en commission
parlementaire, quand on sait très bien qu'on doit toujours avoir la
possibilité d'Introduire certaines motions quand on sent que c'est
nécessaire. Et bénéficiant d'un petit vice de
procédure au début de la commission, on en a profité pour
nous amener tout de suite une motion demandant de passer à l'article 1,
ce qui est un peu déplorable en soi comme application, la façon
de voir le fonctionnement de notre règlement, M. le Président. Il
n'en reste pas moins qu'on doit voter contre cette motion-là et les
raisons sont bonnes, voyez-vous. On nous a amené un projet de loi sur la
table à la toute dernière minute, alors que la population du
Québec était préoccupée par toute autre chose que
les taxes. On se souviendra de la crise autochtone. D'ailleurs, à ce
moment-là, le ministre du Revenu avait été cité
à quelques occasions quant à ses interventions ou à sa
façon de voir la situation autochtone, que je reconnais d'ailleurs
intéressante au moment où il était ministre des Affaires
autochtones où délégué aux Affaires autochtones. Si
on l'avait écouté, fort probablement que la crise autochtone
n'aurait pas eu lieu et qu'à ce moment-là on aurait pu
déposer le projet de loi comme normalement ça se fait alors que
l'ensemble des citoyens du Québec n'a pas la tête ailleurs.
M. Gautrin: Sur une question de règlement, de grâce,
on n'est pas ici pour débattre la crise autochtone. Est-ce qu'on
pourrait rappeler le député à la pertinence, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava, s'il vous plait.
M. Claveau: Mais fort malheureusement, M. le Président, il
n'en reste pas moins que ce projet de loi nous est arrivé comme
ça, comme un cheveu sur la soupe, en pleine crise autochtone au moment
où personne ne l'attendait, au moment où on s'y attendait le
moins. Et ce n'est pas nous qui en avons fait le choix, n'en déplaise au
député de Verdun. Donc, on arrive avec un projet de loi sur la
TPS. On applique la TPS, on harmonise notre assiette fiscale avec celle du
fédéral, sans en avoir parlé à personne et alors
qu'à peine deux mois ou trois mois avant, au moment où la Chambre
siégeait, le propre chef du gouvernement disait en personne que
c'était une taxe infâme, une taxe inacceptable, rétrograde.
Alors, voyez-vous, M. le Président, nous sommes les premiers à
nous demander comment ça se fait, alors que la Chambre siège et
qu'on a la possibilité d'exprimer clairement, limpidement, devant la
population notre point de vue, qu'on dise du côté du gouvernement:
II s'agit d'une taxe infâme, d'une taxe rétrograde, inacceptable,
et, dès que la Chambre est fermée, alors que la population est
distraite par autre chose, tout d'un coup, ça devient une bonne taxe. Et
puis on profite d'une ouverture extraordinaire de l'Assemblée pour
passer des lois exceptionnelles elles aussi, entre autres, sur la Commission
sur l'avenir politique et constitutionnel du Québec, pour voir le
ministre des Finances se lever en Chambre, béat, et nous annoncer qu'il
harmonise l'assiette fiscale avec le fédéral et qu'à
partir de tout de suite, à partir du 1er janvier, on perce-
vra même la taxe au nom des fédéraux, imaginez-vous.
Quelle ne fut pas la surprise de l'ensemble de la population, y compris de
nous-mêmes et je suis certain que la plupart même des
députés de l'aile ministérielle étaient tout aussi
surpris que nous.
M. le Président, il serait tout à fait normal dans les
circonstances que l'on puisse au moins entendre une fois, publiquement, ce que
les autres pensent de ça. Quand le ministre se dépêche de
profiter d'un vice de forme dans le début de la commission parlementaire
pour proposer tout de suite d'aller à l'article 1 - je n'aurais pas
dû dire "le ministre", un de ses collègues l'ayant fait en son nom
- à ce moment-là, il enlève toute possibilité pour
l'Opposition de plaider la pertinence qu'il y ait au moins un groupe ou deux
dans cette société qui aient le droit de parler quand on
chambarde complètement la façon de taxer. Au
fédéral, vous allez dire: Ils ne les ont pas
écoutés, c'est vrai qu'ils ne les ont pas écoutes, mais,
au moins, ils les ont entendus, ils ont fait venir du monde. Il y a eu des
consultations publiques, des commissions parlementaires là-dessus. On en
a parlé. Au moins, les gens ont eu la chance de s'exprimer même si
ça n'a pas donné grand-chose. Les autres provinces canadiennes,
anglophones de surcroît, n'ont même pas accepté de
s'harmoniser. Elles ont cru que ça ne valait pas la peine, elles,
hein?
Alors que, normalement, ce sont des gens supposément à
considérer comme étant bons en affaires...
M. Gautrin: ...une société distincte.
M. Claveau: ...comme étant beaucoup plus proches du
fédéral que nous ne pouvons l'être nous-mêmes, ils
n'ont pas accepté de s'harmoniser en disant que ça n'avait pas
d'allure. Et nous, au Québec, société distincte, dit le
député de Verdun, eh oui, on s'est servi de cette
distinction-là pour dire: Nous autres, on ne fera pas pareil comme les
autres provinces canadiennes, ça n'a pas de bon sens. On va faire des
belles, on va faire le petit chiot devant le fédéral qui nous
demande de nous harmoniser. Harmonisons-nous, sans en demander plus et sans
consulter personne. Et, au moment où en commission parlementaire,
à l'étude article par article du projet de loi, on aurait la
possibilité de faire des motions pour demander que des gens soient
entendus...
M. Savoie: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): II y a une question de
règlement, M. le député d'Ungava.
M. Savoie: M. le Président, est-ce que vous pouvez encore
une fois lire la motion qui est, actuellement, sous étude?
Le Président (M. Lemieux): À votre demande, M. le
député d'Abitibi-Est: Que la commission passe
immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1 et des articles du projet de loi intitulé comme suit: Loi
modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal.
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Contexte, M. le
député d'Ungava, s'il vous plaît.
M. Savoie: ...il faut absolument que le député
limite ses remarques dans le sens de la motion qui a été
présentée, c'est-à-dire des motifs qui nous
empêcheraient d'aborder immédiatement l'étude
détaillée.
M. Claveau: C'est ça, c'est exactement ça, M. le
Président. Le ministre vient de dire qu'il faudrait que je parle des
motifs qui nous empêchent d'accepter immédiatement, de voter
immédiatement la motion. C'est ça! Le motif qui nous
empêche de voter immédiatement la motion, c'est qu'on a
joué dans le dos de la population du Québec en amenant en douce
une harmonisation avec le fédéral...
Le Président (M. Lemieux): ...d'entreprendre
l'étude détaillée de l'article 1.
M. Savoie: Non, non, non. Ce n'est pas... Wo! Wo!
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava. M. le député d'Ungava.
M. Savoie: Question, M. le député.
M. Claveau: ...qui n'a été acceptée par
aucune autre province canadienne, si tant est qu'on en soit encore une.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Savoie: Est-ce que vous pouvez, M. le Président, lire
au député d'Ungava, encore une fois, la motion...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Savoie: ...qui est actuellement sous étude.
M. Claveau: M. le Président... M. le Président.
M. Savoie: II ne comprend pas. Vous l'avez entendu dire
c'était quoi, la motion.
M. Léonard: Arrêtez. Arrêtez de l'interrompre.
Il va faire son intervention. Je pense qu'il était pertinent.
M. Savoie: Moi, je ne crois pas. Non.
Le Président (M. Lemieux): Que la commission passe
immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1 du projet de loi.
M. Savoie: Étude détaillée de l'article
1.
M. Claveau: Alors, mon rôle, M. le Président, et mon
droit le plus strict, c'est de plaider contre ça et d'argumenter
à l'effet qu'il n'est pas normal, au moment où on se parle, de
passer immédiatement à l'étude de l'article 1 pour un
certain nombre de raisons et de considérations que je tente de vous
expliquer ici devant cette commission.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, allez-y, M. le
député. C'est exactement ce que vous avez à faire.
M. Claveau: Bon. On s'entend. Alors, M. le Président, au
moment où la dernière chance que nous pouvions avoir, la
dernière chance qu'il nous restait de faire en sorte qu'il y ait au
moins un ou deux groupes, qui ne sont pas nécessairement des amis du
Parti québécois, disons-le, l'Association des manufacturiers
canadiens ou québécois, le Conseil du patronat, la Chambre de
commerce, les associations de commerçants, les fabricants de meubles,
les fabricants de vêtements, de chaussures, l'association des
économistes, les différentes corporations professionnelles dont
le ministre a lui-même la responsabilité, on aurait aimé
ça en entendre au moins une ou deux de ces associations-là, de
ces corporations-ià qui seraient venues nous donner un son de cloche de
ce qu'ils pensent de ça.
On les entend aux nouvelles. On les entend à la radio. On les
entend dans les conférences de presse. On les entend ailleurs. On les
entend même dans les autres provinces, si on se donne la peine de tourner
un peu notre radio pour prendre un poste anglais à l'occasion. Mais ici,
au Québec, on ne peut pas les entendre. On les bâillonne. Et la
dernière chance qui restait, c'était avant l'étude article
par article de ce projet de loi là, que nous puissions pour le moins
faire une ou deux motions à l'effet d'inviter non pas des amis du Parti
québécois, mais de ses propres amis en tant que ministre
libéral, M. le Président.
L'Association des manufacturiers, le Conseil du patronat, y a-t-il
quelque chose de plus fédéraliste que le Conseil du patronat? On
voulait les entendre pour voir de quoi ils parieraient.
Une voix:...
M. Léonard: C'est le député de Verdun.
M. Claveau: Après le député de Verdun,
entendons-nous bien.
M. Gautrin: Merci. Merci. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Ce n'est pas une tare. Au contraire.
M. Claveau: On voulait savoir ce qu'Hs en pensent. C'était
la seule chance qu'on aurait eue et comme je le disais, M. le Président,
au fédéral, même si on ne les a pas écoutés,
même si ça n'a rien donné, on a pris au moins le temps de
les recevoir devant la commission parlementaire pour leur permettre de
s'exprimer. C'est important dans une société, surtout quand vous
changez fondamentalement les règles du jeu et qu'en plus vous le faites
alors que les gens sont soit en vacances soit préoccupés par un
trouble assez grave, qui traumatise un peu l'ensemble de la
société, toujours parce que le gouvernement n'a pas su prendre
ses responsabilités au bon moment. Qu'on profite de ça pour nous
amener un chambardement total dans le principe de taxation au Québec, eh
bien, quand voulez-vous qu'on puisse en parier ou que quelqu'un puisse nous
expliquer son point de vue? Je veux bien que le ministre ait hâte que ce
soit adopté, parce qu'il est tanné de se faire taper sur les
doigts par l'ensemble des intervenants dans la société, qui sont
contre son projet de loi et qui espèrent toujours pouvoir le faire
fléchir un peu avant qu'il ne l'ait adopté. Je comprends qu'il
soit pressé. Mais nous, M. le Président, nous ne le sommes pas,
parce que nous croyons qu'il n'est pas normal de chambarder fondamentalement
les règles établies dans une société en profitant
d'une situation pour le moins incongrue.
C'est pour ça, M. le Président, que nous devons voter
contre cette motion et que nous devons faire en sorte de permettre à
cette commission que viennent s'exprimer ici les gens qui pourraient nous
éclairer sur le sujet.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Je vois que M. le
député de Deux-Montagnes vous écoute de manière
très assidue.
M. Bergeron: Je ne lis pas les journaux, moi,
j'écoute.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je regrette que mon ami
le député des îles ait dû s'absenter pour aller dans
son comté, parce que je lui avais demandé des explications.
J'aurais aimé qu'il nous donne un peu plus d'arguments pour qu'on vote
en faveur de sa motion, parce qu'à première vue sa motion ne me
paraît pas acceptable du tout. (20 h 45)
Un projet de loi aussi fondamental, parce que c'est le gros projet de
loi de la session, il n'y en a pratiquement pas d'autres aussi importants que
ça durant la session. Il y aura peut-être le projet de loi du
ministre de la Santé, II en parle beaucoup comme le projet du
siècle, mais on ne l'a pas vu encore. On va attendre à la semaine
prochaine de voir et on pourra en discuter ensuite. Mais, parmi ceux qu'on a
vus à date, les projets qu'on a vus à date, c'est sûrement
le plus important, celui qui va avoir le plus de répercussions sur la
vie quotidienne, sur le rapport annuel d'impôt des contribuables, sur les
achats quotidiens, hebdomadaires des contribuables.
M. le Président, nous, on n'est pas difficiles. On dit simplement
aux ministériels: Écoutez, faisons venir - on pourrait
régler pour deux groupes, trois groupes. On a parlé de sept
à huit groupes, mais on n'est pas difficiles, on dit aux
ministériels: Choisissez parmi les groupes. Ça peut être
des groupes d'artistes, ça peut être des groupes de
propriétaires de périodiques, des groupes de propriétaires
de cinéma, de salles de théâtre, des troupes de danse, des
associations d'écrivains, des associations de poètes ou, encore,
des économistes. Vous voyez, on a essayé de vendre l'idée
de faire venir des économistes l'autre jour et le ministre a
prétendu... En citant deux ou trois paragraphes quelque part, il a dit:
Tous les économistes sont d'accord avec mon projet. On s'est
empressé de lui démontrer que c'était faux, absolument
faux.
Alors, on vous dit: Si vous préférez le Conseil du
patronat, M. Ghislain Dufour, votre grand ami, on va accepter que ce soit un
des deux ou trois groupes. On peut négocier ces groupes-là, on
est ouverts, mais l'essentiel, c'est qu'on observe un minimum de
démocratie. Dans un projet de loi aussi important, c'est honteux, M. le
Président, qu'on nous bouscule comme ça. On nous a
bousculés pour présenter le projet de loi. Le ministre des
Finances l'a fait en catimini, en cachette presque, en pensant que ça
passerait quasiment inaperçu. Depuis ce temps-là, on a
assisté à toutes sortes de tiraillements à
l'intérieur du gouvernement. Ils ont fini par faire comprendre au
ministre des Finances qu'il devait faire au moins une exception pour les
livres. Mais qui nous dit, si le ministre du Revenu et ses collègues
ministériels entendaient d'autres groupes à part le groupe des
livres, qui nous dit qu'il ne pourrait pas fléchir? Est-ce qu'il a peur
de ça? Est-ce qu'il a peur d'être obligé de fléchir?
Est-ce qu'il a peur d'être obligé de se rendre chez le ministre
des Finances, de se rendre au Conseil des ministres et de dire: Écoutez,
ça n'a pas de bon sens, il faut absolument qu'on fasse d'autres
exceptions.
Une autre exception qui pourrait être faite, par exemple, c'est
sur les périodiques et les journaux. Il y a des gens ici de la
région de l'Outaouais. Il n'y a pas longtemps, Le Droit publiait
ce texte: 'TPS. En 1991, ce journal sera taxable pour la première fois.
Notre journal et la plupart des quotidiens du pays ont vainement tenté
d'échapper à l'application de la taxe sur les produits et
services." Ne taxez pas l'information, avons-nous soutenu. D'autres ont dit: Ne
taxez pas la lecture. Ces appels n'ont pas été entendus. La
TPS...
M. Gautrin: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gautrin: Je me permets de rappeler l'article 211. À
l'heure actuelle, on est en train de débattre la motion pour commencer
l'étude article par article. Là, vous êtes en train de nous
proposer des modifications éventuelles à la TPS.
M. Lazure: Non. Le sens de la motion, c'est d'empêcher une
étude précipitée de ce projet de loi là. C'est
ça qu'il faut empêcher, l'étude précipitée du
projet de loi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, ça va, j'écoute attentivement le député de
La Prairie, puis...
M. Lazure: Pour vous suggérer des façons...
M. Gautrin: Ne charriez pas. Ha, ha, ha!
M. Lazure: ...d'éviter cette étude
précipitée, nous vous disons: Prenons quelques jours pour
entendre des groupes. Choisissez ces groupes dans une liste de douze qu'on va
vous donner. Vous en choisirez deux. Vous êtes majoritaires. On en
choisira un. C'est une bonne proposition, deux-un. Et, parmi les groupes... Ah!
Je suis content d'entendre le ministre du Revenu. Il a déjà
accepté. Je n'ai même pas fini mon discours, je l'ai
déjà convaincu. C'est fantastique!
M. Savoie: Bien oui. Vous m'avez convaincu.
M. Lazure: C'est fantastique! Je vais continuer quand
même.
M. Savoie: Vous m'avez convaincu. On va le faire.
M. Lazure: Je vais continuer quand même. M. Savoie:
On va le faire... M. Lazure: Et, parmi ces groupes-là...
M. Savoie: ...l'année prochaine.
M. Lazure: ...nous, on dit: Les propriétaires de
périodiques et de journaux. Je donnais comme exemple le journal Le
Droit et je continue ma lecture: "Ces appels n'ont pas été
entendus. La TPS fédérale de 7 % s'ajoutera au prix de ce journal
à compter de janvier prochain. Nos lecteurs et lectrices du
Québec seront doublement frappés - doublement frappés -
puisque la TPS québécoise de 8 % s'ajoutera aussi".
Ce projet de loi vient transformer les moeurs québécoises
du jour au lendemain. Un journal, ça n'avait jamais été
taxé. Des livres, ça n'avait jamais été
taxé. De plus, des meubles, des chaussures, des vêtements, des
biens essentiels, depuis 12 ans, ce n'était plus taxé. Et, tout
d'un coup, tout d'un coup et malgré ce que leur chef a dit le 15 mars
dernier, tout d'un coup, le ministre des Finances vient nous lancer cette bombe
qui s'appelle la taxe TVQ. Et le chef de votre parti - le chef de votre parti -
le 15 mars, en réponse à une question de notre chef,
répondait - votre chef - je cite la page 1094 du Journal des
débats, le 15 mars 1990: "Donc, nous avons eu l'occasion, à
de très nombreuses reprises, de dénoncer le caractère
régressif notamment de cette taxe, contrairement au Parti
québécois." Est-ce que c'est assez fort ça? Je vois le
député de Verdun qui est bouche bée.
M. Savoie: II parlait de la TVA.
M. Gautrin: Pas du tout, on parlait de la TPS.
M. Savoie: De la TVA.
M. Lazure: Le député de Verdun est bouche
bée. M. le Président, j'ai le droit de parole.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, continuez.
M. Lazure: J'ai droit de parole. Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Lazure: Nous, ça ne nous étonne pas. Eux
semblent avoir oublié ce que leur chef a dit il y a à peine
quelques mois. Nous, ça ne nous étonne pas, parce que eux n'ont
pas eu le courage de faire ce que le député de Montmorency a
fait, qui était dans ce groupe de ministres le seul à bien
comprendre les effets malicieux, les effets néfastes de cette loi. Il
les a tellement bien compris qu'il a eu le courage de démissionner,
parce que ça allait contre ses convictions. Et ces convictions, son
premier ministre, son chef les endossait au mois de mars 1990. Qu'est-ce qui
s'est passé? Qu'est-ce qui s'est passé pour que, tout d'un coup,
le premier ministre qui est quand même en contact tous les jours avec le
Conseil des ministres, avec son cabinet, avec sa vice-première ministre,
qu'est-ce qui s'est passé pour que, tout d'un coup, non seulement on
vire capot, mais, en plus, on vienne s'acoquiner avec le gouvernement
fédéral? Dans une entente qui est encore nébuleuse, on
vient à toutes fins pratiques abandonner notre autonomie fiscale...
M. Savoie: 11 n'y a pas de pertinence.
M. Lazure: Toute la pertinence est là, parce que, la
pertinence, c'est de s'opposer à ce qu'on nous force à
étudier ce projet de loi rapidement comme vous voulez le faire. Nous
voulons entendre des groupes.
M. Savoie: II n'y a pas de pertinence.
M. Lazure: Nous voulons même entendre l'auteur, le vrai
parrain de ce projet de loi. Nous aimerions ça l'entendre, votre
ministre des Finances. C'est lui qui est le vrai parrain, ce n'est pas le
ministre du Revenu qui est le parrain. C'est le ministre des Finances qui est
le parrain. Et le ministre du Revenu est obligé de jouer le rôle
du ministre qui va aller percevoir ça. Il est à la fois le
serviteur du ministre des Finances du Québec et du ministre des Finances
d'Ottawa. Il sert deux maîtres. Il sert deux maîtres. Oui, parce
que, avec le protocole d'entente, le ministre du Revenu ici doit se plier - je
peux vous citer des extraits - doit se plier aux méthodes
administratives, aux procédures administratives.
Alors la pertinence du débat, M. le Président, c'est que
nous plaidons une dernière fois, parce que je soupçonne qu'on ne
gagnera pas le vote, je soupçonne qu'on va se faire battre encore une
fois, mais, moi, je pense qu'il faut insister pour que les gens qui liront le
Journal des débats se rendent compte que l'Opposition,
jusqu'à la dernière minute, a essayé d'ouvrir les portes
de cette commission parlementaire, de cesser cette espèce de huis clos,
cette espèce de manie de passer des projets de loi importants à
la vapeur, sans consulter les groupes concernés.
M. le Président, moi, avant de terminer, je voudrais
présenter une motion...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: ...sur les quelques secondes qui me restent, qu'une
lettre soit acheminée par la commission du budget et de l'administration
au...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, vous ne pouvez pas présenter votre motion...
M. Lazure: Je fais appel à votre courtoisie habituelle, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux):... votre temps de parole
était expiré.
M. Savoie: Terminé.
Le Président (M. Lemieux): Votre temps de parole est
expiré.
M. Lazure: Je fais appel à votre courtoisie habituelle,
où chaque...
M. Savoie: Terminé.
M. Lazure:... fois qu'un orateur...
Le Président (M. Lemieux): Mais au moment où vous
l'avez annoncée...
M. Lazure:... est rendu aux dernières secondes...
Le Président (M. Lemieux):... votre temps de parole
était terminé.
M. Lazure: J'ai été interrompu à plusieurs
reprises, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais...
M. Lazure: Vous devez en tenir compte. Et je prends cinq
secondes, si vous permettez, pour terminer la motion. Vous la battrez si vous
voulez. Le Président (M. Lemieux): Non, mais M. le
député...
M. Lazure:... vous la jugerez impertinente, mais ma motion est
à l'effet d'inviter le ministre des Finances...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie...
M. Lazure:... le véritable parrain...
Le Président (M. Lemieux):... nous avons
déjà une motion sur la table.
M. Lazure: Mais je vous donne avis que je vais présenter
une motion tantôt.
M. Savoie: Non.
Le Président (M. Lemieux): Pour pouvoir présenter
une motion, M. le député de La
Prairie, il faut absolument que vous ayez droit de parole et cet
avis-là que vous me donnez, que vous allez présenter une motion,
la présidence n'y est pas liée si vous ne la présentez pas
à l'intérieur de votre droit de parole, parce que ça
demeure une hypothèse, une éventualité. Au moment
où vous me le dites, effectivement, vous en avez l'intention, mais il
n'est pas dit que, dans quelques minutes, vous aurez toujours l'intention de me
présenter une motion.
Alors, comme ça demeure dans le domaine des hypothèses, je
ne peux actuellement, puisque vous n'aviez pas de droit de parole et que le
temps que vous avez pris, M. le député de La Prairie...
M. Lazure: M. le Président, pour épargner...
Le Président (M. Lemieux):... a été
retiré, malheureusement je ne peux pas. Alors, je suis obligé de
demander le vote.
M. Lazure: Oui! Je veux simplement la présenter sans
provoquer de débat, simplement pour vous montrer qu'elle était
bien rédigée.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, est-ce qu'il y
a consentement...
M. Gautrin: Non, non, non.
M. Lazure: Consentement, simplement pour la lire?
Le Président (M. Lemieux):... parce que je suis sur une
motion, là?
M. Gautrin: Non, non, pas de consentement.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas de consentement.
M. le député de La Prairie, vous allez avoir d'autres occasions,
vous le savez fort bien.
M. Savoie: Vous avez refusé de continuer les travaux
à compter de 18 h 30 pour terminer à 22 h 30, on ne peut
pas...
Le Président (M. Lemieux): Vous allez avoir d'autres
occasions.
M. Léonard: C'est l'ordre de la Chambre, c'est l'ordre du
président de la Chambre.
M. Savoie: On aurait pu...
M. Léonard: Non, non. Nous nous conformons à
l'ordre du président de la Chambre.
M. Savoie: On aurait pu, sur consentement.
M. Léonard: Qu'est-ce que c'est, ça?
M. Savoie: Sur consentement, on aurait pu. M. Léonard:
Faites une proposition. M. Lazure: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Alors écoutez, sur la
motion du député des Îles-de-la-Madeleine, est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Du côté ministériel, ça va?
Pas de problème. Alors, nous appelons maintenant... Un appel nominal sur
la motion du député des îles. La motion se lit comme suit:
"Que la commission passe immédiatement à l'étude
détaillée de l'article 1 et des autres articles du projet de
loi." M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Alors, M.
Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Contre.
Le Secrétaire: M. Lazure (La Prairie)?
M. Lazure: Contre.
M. Léonard: Comment ça se fait qu'on vote les
premiers? C'est eux qui l'ont proposée.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez raison. Alors, M. le
secrétaire, auriez-vous l'amabilité de reprendre le vote, s'il
vous plaît?
M. Gautrin: Une bonne idée.
Le Secrétaire: M. Savoie (Abitibi-Est)?
M. Savoie: Pour.
Le Secrétaire: M. Gautrin (Verdun)?
M. Gautrin: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Bergeron (Deux-Montagnes)?
M. Bergeron: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Abstention.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Contre.
Le Secrétaire: M. Lazure (La Prairie)?
M. Lazure: Contre.
Le Secrétaire: M. Boisclair (Gouin)? M. Boisclair:
Contre.
Le Président (M. Lemieux): La motion... Oui?
Le Secrétaire: Pour: 4; contre: 3; abstentions: 1.
Le Président (M- Lemieux): La motion du
député des Îles-de-la-Madeleine est donc
adoptée.
Alors, je vais appeler...
M. Lazure: M. le Président, sur un point de
règlement. Selon l'article 163...
Le Président (M. Lemieux): Un instant, je vais le
regarder.
M. Lazure: ...du règlement de l'Assemblée
nationale, tout ministre qui le demande peut être entendu par une
commission parlementaire.
M. Savoie: Qui le demande.
M. Lazure: Qui le demande, c'est ça.
M. Savoie: Oui.
M. Lazure: On voulait tout simplement, par une lettre qui lui
serait envoyée, signifier au ministre des Finances...
M. Léonard: Qu'on voudrait l'entendre.
M. Gautrin: Qu'il puisse savoir si vous voulez...
M. Lazure: ...que, s'il le désire, il est le bienvenu.
M. Savoie: Qu'il pourrait venir.
M. Lazure: II est le bienvenu. Bon, dans un sens ou dans
l'autre.
M. Boisclair: II est peut-être gêné.
M. Savoie: Alors, si je comprends bien, vous retirez votre
motion.
Le Président (M. Lemieux): Vous retirez votre motion,
parce qu'elle n'est pas présentée d'ailleurs.
M. Lazure: Pour accélérer les travaux.
Le Président (M. Lemieux): D'ailleurs, elle n'existe pas,
il n'y a pas de motion sur la table.
M. Gautrin: J'avais déjà la jurisprudence.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous appelons maintenant
l'article 1 du projet de loi 89.
Étude détaillée
M. Lazure: Bon!
M. Gautrin: Enfin!
Le Président (M. Lemieux): Nous appelons l'article 1.
M. Lazure: C'est dans le but d'accélérer les
travaux.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Léonard: Est-ce que le ministre va être
prêt à répondre à nos questions?
M. Savoie: Oui!
M. Léonard: II y a une directive que je voudrais demander
au président.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: Disons par rapport à l'importance de
l'article 1 notamment, je voudrais qu'on étudie, qu'on scinde l'article
et qu'on l'étudié par paragraphe et sous-paragraphe.
M. Lazure: II est long.
M. Léonard: II y a des éléments très
différents d'une chose à l'autre...
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui. Le règlement
permet de le faire.
M. Léonard: Oui, bon.
Le Président (M. Lemieux): Selon l'article 245, il n'y a
aucun problème.
M. Léonard: Je trouve ça important là. Par
exemple, dans le 1 et 1°...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: Alors, là, dans le 1°, on touche
l'article 7. Après ça, dans le 2°, on supprime trois
paragraphes, 18 à 21. C'est deux choses assez différentes et il
me semble qu'il faut étudier ça de façon distincte.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Il n'y a aucun
problème. Alors, relativement au temps de parole...
M. Léonard: Excusez, j'ai un censeur devant moi qui dit:
Vous fartes bien, vous faites mal. Qu'est-ce que c'est ça?
M. Gautrin: Pour un coup, j'approuve ce que vous dites.
M. Léonard: C'est rare.
M. Gautrin: J'approuve ce que dit actuellement le
député de Labelle, qui a réussi à nous convaincre
de l'importance...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, alors votre temps, vos 20 minutes...
M. Léonard: Est-ce qu'il faut faire une motion?
Le Président (M. Lemieux): Non, non aucune. Non, non,
ça va. L'article 245 le dit clairement. Le temps de parole de 20 minutes
dont disposent les membres de la commission vaut pour chaque article,
alinéa ou paragraphe d'un projet de loi.
M. Léonard: Alors, si je comprends, on en est à
l'article 1...
Le Président (M. Lemieux): 1. 1°, un, un petit
zéro.
M. Léonard: Un petit zéro. Est-ce que vous pourriez
nous le lire?
M. Savoie: M. le Président, lorsque nous avons
commencé, mercredi soir...
M. Léonard: Pas sur les 20 minutes là.
M. Savoie: Lorsque nous avons commencé, mercredi soir, ils
sont sortis et à ce moment-là il y avait un vide. On s'est
demandé si on ne pouvait pas faire adopter l'article 1. Il semble qu'on
a pu faire adopter l'article 1. On a adopté l'article 1, mais on a
consenti à ce qu'on y revienne et qu'on reprenne la procédure de
A à Z. Alors, à mes yeux, l'article 1 est déjà
adopté.
Le Président (M. Lemieux): Un instant! Je vais
vérifier dans les notes du secrétaire. O. K. Alors, on me dit
qu'on a adopté simplement une motion pour passer à l'étude
de l'article 1, mais qu'on n'a pas adopté l'article 1 comme tel. C'est
ce que M. le secrétaire a dans ses notes.
M. Savoie: Ah!
Le Président (M. Lemieux): C'est ce qu'il a dans ses
notes.
M. Savoie: Oui, mais II me semble qu'on avait adopté
l'article 1...
M. Lazure: Une grosse différence.
M. Savoie: ...et qu'on était rendu à l'article
2.
M. Léonard: On vient de... M. le Président, on
vient de voter une motion à l'effet de commencer l'article 1.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 1,
paragraphe 1.
M. Léonard: Ou bien, à ce moment-là, la
motion du député des îles n'était pas recevable.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 1,
paragraphe 1. Bon, M. le ministre, avez-vous des commentaires?
M. Léonard: Je comprends que le ministre est très
insecure. Ses fonctionnaires ne sont pas ici. Alors, si on lui pose des
questions, il va y avoir quelques problèmes.
M. Savoie: Alors, l'article 1.
M. Léonard: La première des choses, est-ce que M.
le Président peut nous lire le premier paragraphe en cause?
M. Savoie: Ça ne revient pas au président de
l'Assemblée.
Le Président (M. Lemieux): C'est effectivement le cas,
mais habituellement, ce n'est pas la pratique.
M. Savoie: Article 1.
Le Président (M. Lemieux): C'était autrefois, me
dit-on, la pratique, mais un instant.
Des voix:...
Le Président (M. Lemieux): Non, non. C'est qu'on me dit
que ce n'est ni la pratique, ni l'usage que le président lise, parce
que, je me souviens, habituellement, c'est au ministre à le faire. Je me
souviens d'avoir été avec le député de Lévis
pendant de nombreuses années et il demandait au ministre de faire la
lecture intégrale de l'article.
M. Léonard: On va le demander au ministre, M. le
Président. Est-ce que le ministre peut nous lire le premier
paragraphe?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Voulez-vous qu'on suspende
tout de même? Vous voulez suspendre deux minutes là?
M. Savoie: Non, non.
M. Léonard: Cinq minutes.
Le Président (M. Lemieux): Cinq minutes, O.K. Nous allons
suspendre cinq minutes. On va suspendre cinq minutes pour faire aérer un
petit peu.
(Suspension de la séance à 21 h 4)
(Reprise à 21 h 9)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux. Nous en sommes rendus à
l'étude de l'article 1.
M. Savoie: M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre?
M. Savoie: M. le Président, tout juste avant de commencer,
est-ce qu'il serait possible de connaître le nombre d'heures où
cette session siège?
Le Président (M. Lemieux): Le nombre d'heures où
cette session siège?
M. Savoie: Où cette commission siège?
Le Président (M. Lemieux): Oui, dans cinq minutes on va
vous donner l'information. On ne l'a pas tout de suite là.
M. Savoie: Oui, vous allez me transmettre ça? Rien que
pour avoir une idée du nombre d'heures que ça a pris pour se
rendre à l'article 1.
M. Léonard: Est-ce que vous ne pensez pas qu'on ne serait
pas aussi bien d'organiser de vraies consultations? On serait rendus plus loin,
plus instruits. Alors, je pense qu'à cause de l'entêtement du
ministre on n'a entendu aucun groupe qu'il aurait pu être très
intéressant d'entendre ici. C'est ça la
réalité.
Le Président (M. Lemieux): Sur l'article 1, M. le
député.
Interprétation
M. Léonard: Bien, sur l'article 1, nous avons... Je pense
que ce que nous...
M. Savoie: C'est moi qui... .
M. Léonard: C'est M. le ministre qui est intervenu. Nous
voulions que le ministre nous lise l'article d'abord et, après, on
pourrait commencer les droits de parole.
M. Savoie: Alors, l'article 1. "L'article 2 de la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail (L.R.Q., chapitre 1-1),
modifié par l'article 1 du chapitre 7 des lois de 1990, est de nouveau
modifié: "1° par le remplacement du paragraphe 7° par le
suivant: "7° "prix de vente" ou "prix d'achat" signifie le prix en argent,
et aussi la valeur de services rendus, la valeur réelle de l'objet
échangé, et toute considération ou prestation
acceptée par le vendeur comme prix de l'objet du contrat de vente. Ceci
inclut tous frais d'installation de l'objet vendu, tous frais de service, tous
frais de douane, d'accise et de transport et toute taxe payée ou
à payer en vertu de la Loi sur la taxe d'accise (Statuts du Canada)
déterminée, dans le cas de la taxe payée ou à payer
en vertu de la partie IX de cette loi, sans égard au crédit de
taxe sur les intrants prévu à cette partie, même si aucune
mention distincte n'en est faite sur la facture ou dans les livres du
vendeur".
Vous avez donc là, M. le Président, l'essence même
de ce projet de loi.
M. Léonard: M. le Président...
M. Savoie: M. le Président, dans mes remarques
préliminaires, je voudrais tout d'abord vous lire, pour les fins du
dossier, les notes explicatives qui m'ont été fournies par le
ministère, compte tenu de l'importance du paragraphe 7. Cela se lit
comme suit: Les modifications apportées au paragraphe 7 de l'article 2
de la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail visent
à inclure dans la définition de "prix de vente" et de "prix
d'achat" la taxe sur les produits et services, la TPS, établie par la
Loi sur la taxe d'accise (Statuts du Canada), qui doit être
imposée à compter du 1er janvier 1991. Ça veut donc dire,
M. le Président, qu'à compter du 1er janvier 1991, date à
laquelle le gouvernement fédéral doit mettre en application la
TPS, la TPS sera sujette, en vertu du paragraphe 7 de l'article 2, à la
taxe de vente du Québec, ce qui fait en sorte que, pour 1991, la taxe,
par exemple, sur un repas, pas sur un repas parce que c'est en vertu d'une
autre loi, la taxe sur une voiture sera de 7 % en vertu de la TPS et de 8,56 %
au gouvernement provincial en vertu de la taxe de vente du Québec, pour
un total de 15,56 %. En 1992, évidemment, la taxe de vente sera
réduite à 7 % et en conséquence la taxe globale sera de
14,49 %.
Vous êtes intéressés, sans aucun doute, à
connaître l'implication d'une telle modification. J'ai amené, pour
votre attention, une lettre datée du 3 décembre 1990 qui se lit
comme suit: M. le ministre, nous partageons pleinement le contenu de votre
lettre et tenons à vous féliciter d'avoir négocié
avec le gouvernement fédéral une entente donnant au gouvernement
du Québec la responsabilité de l'administration de la TPS sur son
territoire, tout en harmonisant substantiellement les régimes
fédéral et provincial de taxe à la consommation.
Vous-même, vos fonctionnaires et le gouvernement du Québec avez
mené à bien ce dossier et nous sommes convaincus, comme vous, que
la décision du gouvernement est dans le meilleur intérêt
des entreprises et de l'économie québécoise. Nous vous
remercions sincèrement et nous vous félicitons d'avoir conduit ce
dossier à bon port. Nous vous prions d'agréer, M. le ministre,
l'expression de nos sentiments très distingués. Le
président, Ghislain Dufour.
M. Lazure: Je reconnaissais son style. J'étais sûr
que c'était Ghislain. C'est son style.
M. Boisclair: Est-ce que le ministre pourrait déposer ce
document, M. le Président?
M. Léonard: Oui, est-ce que ça pourrait être
déposé?
M. Lazure: On a des commentaires à faire
là-dessus.
M. Savoie: Ça me fera plaisir, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'autorise le
dépôt.
M. Savoie: Ça me fait plaisir, M. le Président. Je
pense que, dans cette lettre, qui était adressée par M. Dufour
à M. Levesque, dans laquelle il donne à M. Levesque, le ministre
des Finances...
M. Léonard: Le ministre des Finances.
M. Boisclair: Ah bon! Les félicitations ne vont pas au
ministre du Revenu.
M. Savoie: Bien non. Alors, il donne son orientation en ce qui
concerne l'application de cette disposition législative à
l'ensemble du territoire du Québec. Il y a là, je pense, une
volonté clairement exprimée. Dans le but d'éviter un
chaos, dans le but d'éviter une confusion, dans le but d'éviter
des coûts additionnels de 400 000 000 $ à 500 000 000 $ pour les
entreprises du Québec, nous n'avions d'autre choix que d'appliquer,
comme il se devait, les principes d'harmonisation avec la TPS
fédérale.
J'espère que dans notre démarche... Il faut bien
comprendre que notre démarche, que par notre démarche, ce que
nous voulons faire, comme nous l'avons expliqué le plus souvent
possible, c'est de rendre, finalement, non seulement pour le consommateur, mais
pour les entreprises qu'il y a sur le territoire du Québec la plus
grande facilité, l'administration la plus simple, la plus facile
possible de cette mesure
complexe, de ce mécanisme particulièrement complexe qu'est
l'introduction d'une TPS pour le gouvernement fédéral sur le
territoire québécois.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député.
M. Léonard: Ça ne se fait pas sur mon temps, mais
le député de La Prairie va intervenir avant moi. J'interviendrai
après.
Le Président (M. Lemieux): Sur l'article 1. Toujours sur
l'article 1.
M. Lazure: Sur l'article 1. M. Léonard:
Paragraphe... M. Lazure: Le paragraphe 1...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez 20 minutes.
M. Lazure: Sur l'intervention du ministre aussi, y compris la
lettre de M. Dufour dont on aura copie bientôt. M. le Président,
je voudrais faire un peu contrepoids à l'argumentation dont s'est servi
le ministre en déposant la lettre du P.-D.G. du Conseil du patronat qui
félicite le gouvernement d'avoir abdiqué les droits du
gouvernement du Québec en matière de fiscalité, en
matière d'administration des systèmes de taxation. Je voudrais
encore une fois revenir sur le caractère régressif de cette
loi-là.
On le voit tout de suite au premier paragraphe qui fait l'objet de notre
étude. On parle de la valeur des services rendus aussi bien que de la
valeur des objets. Ce qui a motivé la protestation magistrale du
député de Montmorency, quand il a qualifié cette loi
d'injuste...
M. Savoie: M. le Président... M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Savoie: Je voudrais signaler au député de La
Prairie que je ne voudrais pas commenter la taxe de vente actuelle. Il faudrait
commenter seulement les changements. Je ne voudrais pas aborder une discussion
de fond sur la loi telle qu'elle existe. Je voudrais tout simplement aborder
les modifications, le changement que, nous, nous apportons. On n'est pas pour
discuter de dispositions qui sont en vigueur depuis plusieurs années au
Québec. Le changement, pour l'information du député de La
Prairie...
M. Boisclair: M. le Président, est-ce que c'est une
question de règlement?
M. Savoie: Oui, oui, c'est une question de règlement sur
la pertinence là encore.
Le Président (M. Lemieux): C'est relatif à
l'article 1.
M. Savoie: C'est...
M. Boisclair: Est-ce que vous acceptez la question de
règlement, M. le Président?
M. Savoie: C'est la...
Le Président (M. Lemieux): J'accepte...
M. Savoie: Oui, oui, mais attendez une seconde, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y.
M. Savoie: Non, non, je voudrais... Non, non, c'est honnête
là, ce n'est pas... Non, non, c'est honnête. Écoutez bien,
M. le Président. Le député de La Prairie commence en
disant qu'il veut parler de la notion de valeur réelle de l'objet. Bon.
Il n'y a pas là-dedans une nouvelle modification au septième
paragraphe de l'article 2. La seule modification commence... Lorsque j'ai lu le
septième paragraphe, la seule chose nouvelle commence...
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Attendez un petit peu, on va le
laisser terminer.
M. Savoie: Oui, oui, je suis sur une question de
règlement. Ça commence avec la septième ligne... Une
minute. Une, deux, trois, quatre, cinq, six, à la sixième ligne,
"...et toute taxe payée" jusqu'aux mots "cette partie" avant la virgule,
avant le mot "même". C'est le seul changement. C'est ça que nous
avons introduit dans le septième paragraphe de l'article 2. En
conséquence, il faudrait, dans la mesure du possible, que nos
discussions, pour qu'elles puissent porter fruit, ne portent que sur ce qui a
été modifié. J'ai bien expliqué dans mes notes
explicatives que nous avons dans cette modification l'introduction seulement du
fait que la taxe d'accise fédérale va être sujette à
la taxe de vente du Québec. Et c'est là que j'ai parlé de
8,56 % et de 7 % pour un total de 15,56 % pour 1991. C'est ça la
modification et il n'y a rien d'autre. Alors, il ne faudrait pas commencer
à parler de prestation acceptée par le vendeur là, parce
que ce n'est pas modifié. C'était là avant ça.
Est-ce que vous me suivez, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, je vous suis. Je vous suis
très bien, mais je ne peux pas accepter cette
interprétation-là, M. le député d'Abitibi-Est,
parce que c'est de l'essence du projet de loi, ça fait partie du projet
de loi...
M. Savoie: Non.
Le Président (M. Lemieux): Bien...
M. Savoie: Le projet de loi existe, M. le Président.
M. Léonard: C'est le président qui parle,
laissez-le parler.
Le Président (M. Lemieux): Je veux bien croire, mais je
n'ai jamais vu... Je ne peux pas donner une interprétation aussi
restrictive que ça.
M. Léonard: M. le Président, on va suspendre
et...
Le Président (M. Lemieux): Un instant, un instant, je
vais... Ce ne sera pas long. Hein?
M. Léonard: Je vais demander une suspension.
M. Lazure: Faites un caucus s'il le faut. Harmonisez-vous.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, l'article 244
est très, très clair: La commission saisie étudie chaque
article du projet de loi et les débats portent sur les "détails"
du projet. Les amendements doivent se rapporter à son objet-Bon,
ça, ça va, mais "portent sur les détails".
M. Savoie: Sur les détails du projet de loi
déposé.
Le Président (M. Lemieux): Eh oui! Mais c'est ça.
C'est ça. L'article 1 et avec un petit o ou petit zéro ne
contient pas simplement l'amendement déposé, mais l'amendement eu
égard à l'ensemble de l'article et la discussion doit porter sur
l'ensemble des détails y compris l'ensemble de l'article.
M. Savoie: M. le Président, on n'est pas pour commencer
à faire un débat sur la taxe de vente, des mesures qui ont
été adoptées par un autre Parlement...
M. Léonard: Pourquoi avez-vous déposé
ça alors?
M. Savoie: ...un autre...
M. Léonard: II ne parlait pas juste de la
modification.
M. Lazure: M. le Président, j'avais la parole. Si-on me
redonne la parole...
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le député
de La Prairie, écoutez là. Moi, dans mon esprit, c'est
très clair et... Écoutez, c'est très clair. Je pense que
je n'ai aucune objection à ce que vous puissiez évoquer, peu
importent les parlementaires, pour une meilleure compréhension et
peut-être pour apporter davantage de substance à l'amendement
proposé, ce qui est inclus à l'intérieur du projet de loi.
À mes yeux, ça va de soi, c'est clair.
M. Savoie: M. le Président, non, non...
M. Gautrin: M. le Président, moi, j'ai une question
à vous poser strictement en termes de directive. Est-ce que vous
interprétez à l'heure actuelle... Je comprends ce qui est
écrit ici, mais ce qu'on rajoute de fait au paragraphe 7, c'est
strictement les mots suivants: "et toute taxe payée ou à payer en
vertu de la Loi sur la taxe d'accise (Statuts du Canada)
déterminée, dans le cas de la taxe payée ou à payer
en vertu de la partie IX de cette loi, sans égard au crédit de
taxe sur les intrants..."
Le Président (M. Lemieux): Lisez bien là. Lisez
bien ce qui est inscrit. Lisez-le bien. Qu'est-ce qu'on dit? On dit... Je vais
vous le lire moi, vous allez voir. On dit: Article 1, paragraphe 1. "L'article
2 de la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail (L.R.Q.,
chapitre I-1), modifié par l'article 1 du chapitre 7 des lois de 1990,
est de nouveau modifié". Par quoi? Et c'est ça qui est important.
Par le remplacement au complet du paragraphe 7 par le suivant. On ne dit pas
dans 1° (un petit zéro) qu'une partie du paragraphe existe et est
modifiée à l'intérieur même du paragraphe par telle,
telle ou telle chose. On dit fort bien que c'est l'ensemble du paragraphe qui
est repris. Même si dans ce paragraphe-là il y a quelques mots qui
sont changés, c'est l'ensemble du paragraphe. Je ne vois pas comment on
pourrait ne pas avoir à aller dans les détails ou à
rechercher une certaine forme d'essence, d'autant plus que l'article 244 est
clair: chaque article du projet de loi et les débats portent sur les
détails du projet.
Écoutez, M. le député d'Abitibi-Est, je pense que
ce serait une décision qui serait vraiment très très
élargie, si j'en arrivais à une conclusion de cette
nature-là. Je ne peux pas. Ca restreindrait les débats dans
toutes les commissions, pas seulement ici, même en Chambre à la
limite.
M. Léonard: Sur la question de règlement. Le
Président (M. Lemieux): Oui, c'est clair.
M. Léonard: Supposons qu'un amendement consisterait en
l'addition d'une virgule, ce qu'il ne faut pas exclure, au fond il faudrait
parler de la virgule...
Le Président (M. Lemieux): Ou à changer des
termes.
M. Léonard: On devient tellement...
Le Président (M. Lemieux): Ou à changer des termes
qui ne sont pas inclus.
M. Léonard: Ça deviendrait ridicule.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, ça
va.
M. Léonard: J'ai huit ans d'expérience,
j'étais ministre à l'époque. Quand on étudiait un
article qui était amendé, on étudiait l'ensemble de
l'article avec l'amendement.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, c'est clair.
O.K.
M. Savoie: Je n'ai aucune objection à discuter de
l'ensemble de l'article. Comprenez bien mes propos. Je n'ai pas de
difficulté à discuter, par exemple, de la pertinence de
l'introduction de cette phrase-là au sein de l'article 7. Ce n'est pas
ça mon propos, ce n'est pas purement mécanique, mon affaire; ce
n'est pas la discussion sur la virgule. C'est que je ne veux pas refaire de
discussion sur un principe qui est en vigueur depuis - mon Dieu! la taxe de
vente, ça date de quelle année - avec l'article 7 qui est
inchangé et qui est là depuis fort longtemps.
Le Président (M. Lemieux): Ce principe...
M. Savoie: Ici, ce qu'on veut faire, c'est de discuter des
modifications qu'on apporte à la taxe de vente.
Le Président (M. Lemieux): C'est le paragraphe qui est
modifié dans sa totalité, M. le député
d'Abltibi-Est. Ça va, M. le député de La Prairie, vous
pouvez continuer.
M. Lazure: M. le Président, le député
d'Abitibi-Est, le ministre du Revenu peut bien dire qu'il ne veut pas discuter
de telle ou telle chose, mais les membres de la commission pourront bien
discuter de tout ce qu'ils veulent discuter et qui a rapport à cet
article-là. Ce n'est pas le ministre qui pilote le projet de loi qui
doit décider de l'ampleur de la discussion. Le ministre a
été plutôt antidémocratique en refusant d'entendre
des groupes. J'espère que, maintenant, il ne va pas refuser d'entendre
les parlementaires quand même.
M. Léonard: C'est à peu près ça.
C'est son souhait, lui. Abolissons l'Assemblée nationale.
M. Lazure: Alors, je reviens à mes remarques de tout
à l'heure. Le ministre s'est appuyé lourdement sur une lettre de
Ghislain Dufour du Conseil du patronat, dans laquelle M. Dufour disait: Nous
partageons pleinement le contenu de votre lettre - la lettre que M.
Gérard D. Leves-que lui a envoyée et qu'on devrait
peut-être aussi déposer pour qu'on puisse bien comprendre la
réponse de M. Dufour - et tenons à vous féliciter d'avoir
négocié avec le gouvernement fédéral une entente
donnant au gouvernement du Québec la responsabilité de
l'administration de la TPS sur son territoire, tout en harmonisant
substantiellement les régimes fédéral et provincial de
taxe à la consommation.
M. le Président, le ministre a l'air de se féliciter de
cette harmonisation. Voyons ce qu'en dit le seul expert qu'il y avait dans ce
gouvernement-là, le député de Montmorency. Le
député de Montmorency dit et je le cite: Ceux qui se sont
réjouis de l'harmonisation de la taxe de vente de Québec sur la
TPS fédérale devraient y voir à deux fois, car les deux
taxes demeureront chacune dans une loi distincte, avec des formulaires
différents et, forcément, dans les limites constitutionnelles du
Québec, c'est-à-dire sans permettre à celui-ci de
constituer une taxe indirecte comme l'est la TPS. La loi de la taxe de vente
est donc appelée à un grand chambardement sans pouvoir être
tout à fait conforme à la TPS fédérale. De plus,
l'entente intervenue afin de confier l'administration de la TPS
fédérale à Revenu Québec constitue en pratique - et
qu'on m'écoute bien de l'autre côté de la table - un recul
important sur le plan de l'autonomie fiscale, puisque le ministre du Revenu du
Québec sera sous l'autorité d'Ottawa et n'aura aucune
discrétion dans l'interprétation ni l'application de la TPS dont
il aura pourtant la responsabilité au Québec. C'est un
précédent dangereux.
Moi, j'aimerais demander au ministre du Revenu, M. le Président -
on peut faire quelques échanges. Est-ce que le ministre du Revenu a pris
connaissance des remarques de son ancien collègue de Montmorency?
Qu'est-ce qu'il pense des remarques du député de Montmorency? (21
h 30)
M. Savoie: J'ai échangé depuis le mois de mai avec
le député de Montmorency concernant, entre autres choses, son
éventuel départ de...
M. Léonard: Ah oui?
M. Savoie: Oui, comme ministre du Revenu, d'une part, et sur le
reste qui était incertain. Alors, c'était bien connu et je
tiendrais à souligner que le député de Montmorency avait
son opinion que je respectais; son opinion toutefois n'était pas
partagée. Et lorsque notre opinion n'est pas partagée par la
très grande majorité - je tiendrais à souligner qu'il
était le seul qui a quitté sur ce point-là, personne
d'autre n'a quitté, aucun autre député ne l'a suivi, il
n'y a aucun autre ministre qui l'a suivi; son opinion n'était pas
partagée - dans un cas comme ça, on doit normalement quitter,
malheureusement. Alors, avec tout le respect et sans
prétendre qu'un côté se trompe ou non, il a fait ce
qu'il a dû faire, c'est-à-dire partir. Sans tambour,
évidemment, et sans non plus, je pense, porter de critiques
sévères à qui que ce soit ou des reproches à qui
que ce soit, il a fait ce qu'il devait faire.
M. Lazure: Mais, M. le Président, je voudrais bien
comprendre ce que le ministre vient de répondre, que le
député de Montmorency avait déjà
décidé au mois de mai de partir.
M. Savoie: C'est-à-dire que ça se discutait. Il
était mal à l'aise avec ses fonctions de ministre du Revenu
certainement depuis le mois de mai l'année passée, de cette
année, pardon.
M. Lazure: À cause de ce qui s'en venait, du projet qui
s'en venait?
M. Savoie: Oui, oui, certainement à cause de ce projet de
loi, effectivement, à cause de cette notion de TPS et des discussions
que ça engendrait de part et d'autre.
M. Lazure: Mais...
M. Savoie: II ne faudrait pas faire de cachettes, il faudrait
éclairer tout le monde avec vos commentaires.
M. Lazure: Effectivement, M. le Président, est-ce que le
ministre actuel du Revenu peut me dire si les négociations avaient
été amorcées par son prédécesseur au Revenu,
les négociations avec Ottawa?
M. Savoie: Écoutez bien là. Il était clair
que le député de Montmorency et ministre du Revenu et ministre du
Travail également n'était pas satisfait, je pense, des
orientations qui devenaient de plus en plus évidentes chez nous, qui
visaient à une approche beaucoup plus sympathique des modifications
à notre taxe de vente pour la rendre conforme à la TPS.
M. Lazure: C'était au mois d'août ça, le
dépôt. Est-ce que le ministre se rend compte que son
collègue de Montmorency, lorsque le projet a été
déposé au mois d'août par le ministre des Finances, que son
collègue de Montmorency a dit clairement aux médias qu'il avait
été pris par surprise?
M. Léonard: II l'avait appris la veille. M. Lazure:
Comment il concilie ça?
M. Savoie: C'est le dépôt peut-être qui l'a
surpris, je l'ignore. Ce sont des questions qu'il faudrait poser au
député de Montmorency, mais au sein de notre formation, c'est que
ça a fait des discussions. On était avisé que le gouverne-
ment fédéral s'en venait et la discussion portait, à
savoir: Est-ce qu'on s'harmonise ou non? C'est suite à cet
échange, évidemment, que le député de Montmorency
se sentait de plus en plus mal à l'aise.
M. Lazure: Est-ce que le ministre est d'accord qu'il y a un recul
dans l'entente qui a été signée, un recul pour le
Québec?
M. Savoie: Non, je pense que c'est entièrement faux. Je
pense que c'est un pas en avant pour le Québec et je vous ai
expliqué - peut-être que vous n'étiez pas ici, je ne le
sais pas - je l'ai expliqué dans ma première allocution de
façon très, très claire, comme de quoi il n'y a aucun
doute pour qui que ce soit que le fait d'avoir assumé la direction de
l'application de cette taxe au Québec...
M. Lazure: Même lorsque le protocole dit, quand il s'agira
de langue de travail, que les fonctionnaires intégrés à la
fonction publique québécoise...
M. Savoie: Ça, M. le député...
M. Lazure: ...s'aligneront sur la loi fédérale sur
les langues officielles et non pas sur la loi 101.
M. Savoie: M. le député de La Prairie, ce que vous
faites là, c'est de la basse démagogie et je vous l'ai
répété...
M. Lazure: M. le Président...
M. Savoie: Écoutez, écoutez bien là...
M. Lazure: ...on m'accuse de faire de la basse démagogie,
alors que je pose une question toute simple...
M. Savoie: Non, non, mais on fait des échanges. On avait
demandé de faire des échanges...
M. Lazure: Oui.
M. Savoie: ...et on fait des échanges. Je vous ai dit de
mon siège. De mon siège!
M. Lazure: Oui.
M. Savoie: Prouvez-moi le contraire, et je vais
démissionner, que j'ai rencontré M. Rondeau, qui est le
président de l'Office de la langue française,
spécifiquement sur ce dossier-là. Je lui ai demandé si,
effectivement, il y avait, dans ce projet de loi, une contravention à la
loi 101 et il m'a dit que non.
M. Lazure: Est-ce que le ministre...
M. Savoie: II m'a dit que non, parce qu'à la lecture de la
convention, moi-même, j'ai eu des doutes parce que, comme vous, je
n'avais pas compris. J'ai fait la même erreur que vous. J'ai fait une
lecture essentiellement rapide de ce texte.
M. Lazure: Est-ce qu'il est écrit, l'avis de M. Rondeau?
Est-ce qu'on pourrait l'avoir par écrit?
M. Savoie: Non, il n'est pas écrit. M. Lazure:
Non.
M. Savoie: C'est venu dans un échange verbal et je vous
invite...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
La Prairie, vous avez l'obligation de prendre la parole d'un
député - je pense que vous le savez - en vertu du
règlement.
M. Savoie: ...à rencontrer M. Rondeau et à
échanger avec lui. Je vous dis qu'if n'y a pas...
M. Lazure: M. le Président, cet échange a
commencé avec certaines confidences que le ministre du Revenu nous
faisait. Il nous disait que son prédécesseur, le
député de Montmorency, déjà, au mois de mai,
songeait à partir, parce qu'il n'était pas d'accord avec
l'orientation du projet de loi, alors que le député de
Montmorency, lorsqu'il était ministre du Revenu, au mois d'août,
s'était dit, publiquement, surpris, qu'il avait été pris
par surprise quand le gouvernement avait décidé, soudainement, de
déposer ce projet au mois d'août. Moi, j'avais de la
difficulté à concilier les deux remarques du ministre du
Revenu.
Deuxièmement, j'allais demander au ministre du Revenu s'il
était d'accord que, dans son gouvernement, avant le départ du
député de Montmorency, il était, ce député
de Montmorency, l'expert en matière de fiscalité. Est-ce qu'il
est d'accord avec ça?
M. Savoie: Non, je ne suis pas d'accord avec ça.
M. Lazure: Vous n'êtes pas d'accord. C'est qui, l'expert en
fiscalité?
M. Savoie: Écoutez, en matière de fiscalité,
le député de Montmorency était certainement un expert
parmi d'autres, mais ce n'était pas l'expert. Il n'y a pas
d"'expertN chez nous. C'est une démocratie.
M. Lazure: Comment ça? Être expert, c'est
antidémocratique? Qu'est-ce que c'est que cette histoire-là?
M. Savoie: Non C'est une démocratie où les opinions
sont partagées.
M. Lazure: Le ministre vivra avec ses remarques. On n'a pas
d'expert chez nous, dit-il, parce qu'on est une démocratie. Moi, je ne
comprends pas. C'est un non sequitur, ça.
M. Gautrin: M. le Président, sur une question de
règlement. Est-ce que je pourrais rappeler le député de La
Prairie à la pertinence? Je pense qu'on est en train de débattre
l'article 1 de la loi.
M. Savoie: Oui.
M. Lazure: Bon. Le ministre avait offert d'avoir un
échange. C'est comme ça qu'on a commencé l'échange,
mais je reviens à l'article 1. Je reviens au caractère
régressif de ce projet de loi. Encore une fois, moi, contrairement au
ministre du Revenu... Et la plupart des journalistes qui sont journalistes en
fiscalité et en économie ont toujours fait l'éloge du
député de Montmorency. Je ne les ai pas encore entendue faire
l'éloge du député d'Abitibi-Est...
M. Savoie: Ça s'en vient.
M. Lazure: ...en matière de fiscalité...
M. Gautrin: Ça va venir.
M. Lazure: ...mais ça viendra peut-être. Mais, moi,
je répète, en compagnie du député de Montmorency,
M. le Président, que ce projet de loi, il est complexe, injuste et dur
pour l'économie, surtout en période de récession. Je
pense...
M. Savoie: Vous devriez faire comme le député de
Montmorency, quitter.
M. Lazure: Si j'avais été dans le Parti
libéral, ça ferait longtemps que j'aurais quitté.
Ça, c'est clair. Mais étant donné que je suis dans un
parti qui combat ce projet-là, je me sens tout à fait à
l'aise avec mes collègues, ici. Alors, M. le Président, je vais
terminer mon intervention, tout simplement, en espérant que le ministre
du Revenu fasse preuve de plus de modestie et d'humilité et, au moins,
va essayer d'apprendre de son prédécesseur qui, lui, avait une
crédibilité considérable. Lorsqu'il a
décidé, par principe, de quitter son poste, il faisait la
confirmation, pour tout le monde, que ce projet de loi était une erreur
de la part du gouvernement. C'est pour ça, nous autres, qu'on voulait
que la commission entende plusieurs groupements, qui sont du même avis
que l'Opposition, qui pensent que le gouvernement se fourvoie actuellement. Il
ne s'agissait pas de faire une obstruction à la manière du
Sénat canadien, mais il s'agit toujours d'avoir un minimum de
consulta-
tions, d'avoir un minimum de démocratie dans l'étude de ce
projet de loi. Merci.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...nous en sommes à l'article 1. J'ai
entendu l'échange avec mon collègue de La Prairie. Nous aurons
l'occasion de revenir sur le protocole et la clause 4.3 qui touche à la
langue de communication. Je pense que le ministre va la rabattre un peu, parce
que quand on le lit on comprend, et les mots qui sont là veulent dire
des choses. Alors, ce n'est pas en faisant état d'un échange
verbal et en se cachant derrière l'échange verbal qu'il a eu
qu'il va changer d'idée. Et si ça l'a fait changer d'idée,
lui, moi, je regarde les textes et les textes sont là, ils sont
clairs.
Je voudrais revenir à cet article 1, où on établit
le prix de vente ou le prix d'achat sur lequel se base l'application et de la
TPS et de la taxe de vente du Québec. Évidemment, c'est une
définition que l'on trouvait auparavant dans l'ancien article 2 de la
loi qui touchait, en fait, la taxe de vente du Québec uniquement et qui
ne faisait pas référence à la TPS. Actuellement, dans ce
projet de loi, la première chose qui m'a frappé, c'est que vous
introduisez, dans la définition, la taxe d'accise, des taxes
fédérales et la TPS. Et la façon dont vous l'introduisez,
notamment, c'est que vous le faites en vous référant à une
autre loi. Ce qui m'étonne, c'est que, dans un texte de loi du
gouvernement du Québec, on fasse référence à un
projet de loi du gouvernement du Canada, d'un autre gouvernement. À ma
connaissance, je n'ai pas vu ça très souvent. Je ne me rappelle
pas avoir vu ça. Généralement, lorsque l'on fait
référence à une autre loi, ce qu'on fait, c'est qu'on
adopte une définition d'une autre loi et on l'insère directement
dans le projet de loi. Là, carrément, on fait
référence à un autre projet de loi et si, par hasard,
l'autre gouvernement changeait sa définition ou modifiait sa loi,
effectivement, on se trouverait à avoir une loi imprécise qui ne
voudrait plus dire la même chose au moment où on la lirait deux
ans après, que ce qu'elle signifie au moment où on l'adopte. Par
exemple, deux ans, ça peut être six mois. Et ce qui va se
produire, c'est sûr qu'il va y avoir des modifications dans des projets
de loi.
J'ai eu l'occasion de dire tout à l'heure que, dans les projets
de loi fiscaux... qu'un projet de loi fiscal est modifiable presque à
tous les ans et, surtout, dès que vous en déposez un pour la
première fois, que vous définissez un autre champ fiscal, ce
qu'on est en train de faire avec la TPS fédérale, on peut
s'attendre l'an prochain qu'on va apporter plein de modifications à ce
projet de loi.
Donc, lorsque nous, ici, nous adoptons un projet de loi et que nous
l'adoptons - parce que c'est ça, la proposition - en comprenant que
c'est une autre loi qui définit les termes, parce qu'on est à la
base même... Le ministre a dit lui-même tout à l'heure que
c'était l'essence même du projet de loi dont on discutait ici.
Finalement, on a une assiette imprécise. Et c'est quoi? Ça va
être quoi, la définition? Je trouve ça très
dangereux, d'autant plus que le principe général, c'est qu'on
harmonise. Donc, on est à la remorque d'un autre gouvernement
là-dessus. Il me semble que, là, on a un point très
important, mais le principe que je veux soulever, c'est qu'à mon sens,
c'est la première fois que je vois en référence dans une
loi, inscrite dans le corps même d'un projet de loi, une
définition d'un projet de loi d'un autre gouvernement. J'aimerais que le
ministre me réponde sur cette question, si c'est possible.
M. Savoie: Oui! Mais c'est une pratique courante. Il n'y a
vraiment rien d'anormal. Si vous allez voir dans la taxe de vente actuelle, il
y a plusieurs références à des lois
fédérales spécifiques ou de façon globale. Par
exemple, lorsqu'on parle de douanes, évidemment, on fait
référence, de façon générale, à des
douanes d'ordre fédéral. Et il y a spécifiquement dans le
projet de loi sur la taxe de vente - on peut aller voir - ici et là des
références à des lois fédérales
spécifiquement nommées, identifiées jusqu'à
l'article.
M. Léonard: Si vous me permettez, M. le ministre, vous
avez des références, mais (a définition elle-même
est incluse dans votre projet de loi, tandis que, là, vous n'avez qu'une
référence, point, avec une signification qui a son importance
ici.
M. Savoie: II n'y a pas de définition spécifique
ici.
M. Léonard: C'est ça que je dis, il n'y a pas de
définition spécifique.
M. Savoie: On dit que ça s'applique à telle
taxe...
M. Léonard: Alors, pour comprendre le projet de loi, il
faut aller en lire un autre. (21 h 45)
M. Savoie: Oui, c'est exact, comme dans toutes les autres
références, comme dans n'importe quelle autre
référence. Par exemple, je vous renvoie à l'article 20.9
de la taxe de vente où on dit: "Une personne a droit au remboursement de
la taxe qu'elle a payée à l'égard d'un montant qui lui est
remboursé en vertu de la Loi sur la taxe d'accise." Et, entre
parenthèses, on a L.R.C 1985, chapitre E-15. Ensuite, à l'article
20.9.1, on s'étend davantage là-dessus: "Lors-
qu'une personne a payé la taxe à l'égard de biens
mobiliers utilisés à l'altération, l'amélioration,
la construction ou la réparation d'un immeuble et qu'une autre personne
obtient un montant en vertu de la Loi sur la taxe d'accise pour ces biens,
celle-ci a droit à une compensation d'un montant égal à...
Ici, on dit: "...et toute taxe payée ou à payer en vertu de la
Loi sur la taxe d'accise déterminée, dans le cas de la taxe
payée ou à payer en vertu de la partie IX de cette loi, sans
égard au crédit de taxe sur les intrants prévus à
cette partie." On définit tout simplement, c'est normal. Il n'y a
absolument rien d'anormal dans une procédure législative que de
faire référence à une loi spécifique, surtout
lorsque c'est afin d'identifier un revenu imposable.
M. Léonard: Nous y reviendrons. Maintenant, une autre
question...
M. Savoie: Nous y reviendrons, ça veut dire que vous
êtes d'accord?
M. Léonard: Non, nous reviendrons sur cette
question-là.
M. Savoie: Ah bon!
M. Léonard: Je veux préciser autre chose,
entre-temps. Vous avez bien dit que l'un des objectifs de ce projet de loi,
c'était de rendre visibles les différentes taxes des
gouvernements, la TPS, la taxe de vente du Québec.
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: C'était vraiment la vertu dans ce
cas-là. Dans l'article que vous nous proposez...
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: ...une des composantes du prix d'achat n'est
pas nécessairement indiquée clairement sur la facture du
client.
M. Savoie: Comment ça?
M. Léonard: Vous dites, par exemple, à la
quatrième ligne: "Ceci inclut tous frais d'installation de l'objet
vendu, tous frais de service, tous frais de douane, d'accise et de transport et
toute taxe payée ou à payer en vertu de la Loi sur la taxe
d'accise du Canada déterminée", etc.
M. Savoie: Ça, vous savez c'est quoi.
M. Léonard: Ça veut dire la douane, les taxes
d'accise et les autres taxes. Finalement, étant donné que vous
prenez en charge l'administration de la taxe fédérale, pourquoi
n'obligez-vous pas, dans la facturation, à indiquer bien clairement les
douanes, les taxes d'accise et autres taxes?
M. Savoie: C'était déjà dans la loi. Si vous
lisez votre article, vous avez passé par-dessus: "Ceci inclut tous frais
d'installation de l'objet vendu, tous frais de service, tous frais de douane,
d'accise et de transport..."
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Et là, on arrive, nous, avec notre
modification, et toute taxe payée ou à payer en vertu de la
partie IX. La partie IX, c'est la TPS.
M. Léonard: Je suis d'accord, j'ai compris ça. Mais
regardez, si vous poursuivez, vous dites: "...même si aucune mention
distincte n'en est faite sur la facture ou dans les livres du vendeur."
M. Savoie: C'est parce qu'on parle de douane.
M. Léonard: Alors, ça veut dire que vous n'obligez
pas le vendeur...
M. Savoie: On parle de douane, on parle d'accise ou de transport,
c'est ça.
M. Léonard: Alors, je mets en cause votre principe de
transparence.
M. Savoie: C'était déjà dans le texte. C'est
ça qu'il faudrait comprendre. Il faudrait comprendre que tout ce que
nous avons ajouté, c'est "et toute taxe payée" jusqu'à
"cette partie". Dans la loi actuelle, vous l'aviez déjà.
M. Léonard: L'objectif de transparence que vous voulez
avoir en ce qui concerne la taxation, autant au fédéral qu'au
Québec, pourquoi ne l'étendez-vous pas aux douanes, aux taxes
d'accise? Par exemple, vous-même, lorsque vous allez vendre de l'alcool -
c'est un bon cas qui touche vraiment le Québec - pourquoi ne
met-triez-vous pas vous-même vos taxes d'accise sur l'alcool
là-dessus? Parce que vous dites que vous voulez être transparents,
soyez-le d'un bout à l'autre. Dites à tout le monde, les taxes
que vous percevez, y compris celles sur une bouteille de scotch.
M. Savoie: Écoutez bien! C'est parce que c'est les taxes
fédérales, comprenez-vous? La taxe de douane...
M. Léonard: Non, une bouteille de scotch, c'est des taxes
du Québec.
M. Savoie: Oui, il y a des taxes du Québec
là-dessus.
M. Léonard: Sur l'essence, c'est des taxes du
Québec.
M. Savoie: Oui, il y a des taxes du Québec...
M. Léonard: Alors?
M. Savoie:... mais lorsqu'on dit "tous frais de douane",
ça ne nous concerne pas, ça, comprenez-vous? Ce sont les taxes
qui sont payées par le vendeur, mais qui ne sont pas payées
directement par l'acheteur.
M. Léonard: Oubliez les douanes pour l'instant, mais
parlons des taxes qu'il peut y avoir sur l'essence, des taxes qu'il peut y
avoir sur l'alcool, des taxes qu'il peut y avoir sur d'autres produits, les
cigarettes. Pourquoi sur vos factures, puisque, maintenant, vous obligez le
vendeur à identifier les taxes qui vont être remises au
Québec? Pourquoi n'étendez-vous pas par souci de transparence,
dont vous vous vantez, cette transparence aux autres taxes perçues par
le Québec? On discutera après des taxes perçues par le
fédéral.
M. Savoie: Je vais inviter le député de Labelle
à revenir sur sa question, lorsque nous allons aborder l'article 13 qui
dit: "La personne tenue de percevoir la taxe doit, de la manière
prévue par règlement ou sur toute facture, reçu,
écrit ou autre document constatant la vente, indiquer à
l'acheteur que le prix de vente comprend la taxe ou lui indiquer la taxe
séparément du prix de vente, auquel cas elle peut indiquer un
montant total constitué à la fois de cette taxe et de celle
prévue à la partie IX de la Loi sur la taxe d'accise. Lorsque
cette personne indique à l'acheteur le taux de la taxe, elle doit
l'indiquer séparément du taux de toute autre taxe. " Alors,
lorsqu'on va aborder cette question-là à l'article 13, nous
reviendrons à ce qui concerne... Maintenant, nous ne sommes
malheureusement qu'à l'article 1 et je vous ai bien
spécifié que le but de l'article 1 n'était que de dire,
lorsque le gouvernement fédéral impose sa TPS à 7 %, que
la taxe de vente du Québec s'applique également sur les 7 %.
C'est tout ce que dit l'article 1. Il ne dit pas autre chose que ça,
c'est-à-dire au niveau de la modification qu'on y apporte. Il ne dit
d'ailleurs rien de plus que cela.
M. Léonard: Écoutez, on pourra regarder l'article
13 au moment où on y arrivera.
M. Savoie: C'est ça que j'ai dit. C'est exactement ce que
j'ai dit.
M. Léonard: Bien là, M. le Président, je
voudrais quand même pouvoir m'exprimer sans être constamment
interrompu par le ministre. On dirait que, tout à coup, il...
M. Savoie: Non, non, mais il me répète.
Le Président (M. Lemieux): Le ministre a un droit de
réplique après chacune de vos interventions...
M. Léonard: Mais je n'ai pas fini à mon
intervention là.
Le Président (M. Lemieux):... de cinq minutes.
M. Léonard: Je dis une phrase et il intervient longuement.
Alors, ça, sur 20 minutes...
Le Président (M. Lemieux): Vous faites ça,
vous?
M. Léonard:... je ne le compte pas.
Le Président (M. Lemieux): O. K. Alors, continuez, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Je veux dire, sur l'article 13, que l'article
13, auquel il me réfère et que nous étudierons en temps et
lieu, touche à la perception des deux taxes. La question que je lui
pose, s'il prend la peine de m'écouter, si le ministre prend la peine de
m'écouter... Vous avez émis comme un grand principe sacro-saint
la transparence des taxes que le consommateur va payer au gouvernement. Vous le
faites, à l'exception de l'article 13, on pourra en discuter, mais
disons qu'on le fait en ce qui concerne la TPS et la taxe de vente du
Québec. Mais il y a d'autres taxes qui affectent les produits, avant, en
amont, d'autres taxes. Oui. Il y en a d'autres...
M. Savoie: Ça, c'est un autre projet de loi, ça,
hein?
M. Léonard: Laissez-moi finir, laissez-moi finir. Oui,
bien, ça va faire... Il me semble à un moment donné...
Vous avez de l'alcool qui comprend d'autres taxes, vous avez...
Écoutez-moi là.
M. Savoie: Je vous écoute, mais ça n'a pas de bon
sens.
M. Léonard: Est-ce qu'on peut avoir le calme de la part du
ministre et qu'il me laisse le temps de faire la démonstration...
M. Savoie: Faites votre démonstration.
M. Léonard:... qui va lui permettre de comprendre la
question que je lui pose.
Le Président (M. Lemieux): Oui. S'il vous plaît!
M. Léonard: Alors là, il va avoir une
réponse intelligente.
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. le député
d'Ungava, on va laisser s'exprimer le député de Labelle.
Là, je vais prendre ça en main parce que là...
M. Savoie: Allez-y! Je vais vous écouter, j'ai hâte
de voir ça. Mais c'est mieux d'être ça, hein. Alors...
Le Président (M. Lemieux): ...je me rends compte
que...
M. Claveau: Le ministre interprète à sa guise les
propos du député de Labelle...
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui. M. Claveau:
...ce qui est hors règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, je suis
d'accord...
M. Claveau: Le député de Labelle a tout à
fait le droit de profiter de ses 20 minutes à sa guise.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Je m'en occupe,
M. le député de Labelle. Ça va.
Là, je vais jouer le règlement parce que je pense que si
on veut vraiment fonctionner... M. le député de Labelle, vous
allez prendre votre droit de parole. Quand vous aurez terminé, le
ministre aura sa réplique de cinq minutes en vertu des articles 245 et
246 - c'est clair? - du règlement. Je vais jouer le
règlement.
M. Léonard: Et mes interventions sont divisées de
lui.
Le Président (M. Lemieux): Habituellement, on me dit que
je suis trop rigide, que je suis trop l'esprit et la lettre du
règlement, mais là, je pense, qu'il va falloir que je le joue.
Ça n'a pas d'allure. O.K. Allez-y, M. le député de
Labelle. Non, non, je ne veux pas avoir de félicitations de qui que ce
soit.
M. Léonard: M. le Président... Le
Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: ...mes interventions divisibles. Alors...
Le Président (M. Lemieux): O.K. Allons-y là.
M. Léonard: J'y viens. Le ministre a établi comme
principe que la transparence des taxes était souhaitable et c'est ce
qu'il voulait faire. J'ai compris qu'on voulait le faire surtout dans le cas de
la taxe de vente et de la TPS fédérale. L'article 13 traite de la
question. Je lui dis: Si la transparence des taxes payées par le
consommateur, étant donné qu'on s'en va vers des taxes à
la consommation, est un bon principe, pourquoi ne l'étendons-nous pas
aux autres taxes, par exemple, à celles qui affectent l'alcool, à
celles qui affectent le tabac, à celles qui affectent le pétrole
et à celles qui affectent plein d'autres produits où il y a des
taxes perçues?
Je lui pose la question quant aux taxes perçues par le
gouvernement du Québec, autres que la taxe de vente et la TPS, et
maintenant j'élargis ma question, M. le ministre, aux autres taxes
perçues par le gouvernement fédéral. Cela signifie les
douanes et autres taxes d'accise et n'importe laquelle, dans le sens où
toutes les taxes payées par le consommateur, tant au niveau
fédéral qu'au niveau du Québec, apparaissent sur une
facture. Qu'on les divise par la suite entre taxe d'accise et douane et par la
suite et par ailleurs en taxe TPS et en taxe de vente du Québec, il me
semble que c'est une chose qui s'entend. On peut le faire. Qu'est-ce que vous
répondez?
Le Président (M. Lemieux): Là, vous avez 5 minutes
pour votre droit de réplique, parce que M. le député de
Labelle peut utiliser ses 20 minutes en une seule ou plusieurs interventions.
Et chaque fois qu'il vous demande ce qu'il vient de vous en demander, qu'est-ce
que vous en pensez, vous avez une réplique de 5 minutes. Après
ces 5 minutes, je lui repasse son droit de parole pour qu'il termine ses 20
minutes. O.K.? On s'entend, M. le ministre?
M. Savoie: Alors, si je comprends bien, c'est qu'on n'applique
que le règlement à ce moment-ci.
M. Gautrin: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. À
moins qu'il n'y ait des consentements. Moi, s'il y a des consentements et si
vous voulez bien vous entendre...
M. Savoie: Et rien d'autre.
Le Président (M. Lemieux): ...je vais vous laisser
aller.
M. Savoie: Bon.
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous laisser aller. Je
vous comprends que, parfois, vous puissiez être frustré comme
parfois le député de Labelle peut être frustré.
M. Savoie: Bien oui, mais là, justement...
Le Président (M. Lemieux): Je comprends ça.
Je vous comprends, mais là...
M. Savoie: ...mais là on est dans mes 5 minutes.
Le Président (M. Lemieux): Là, je suis dans vos 5
minutes, M. le ministre, allez-y.
M. Savoie: Bon, parfait. Je suis un peu découragé
de voir la frustration du député de Labelle sur cette
question-là et je comprends mal le fait qu'il ait perdu patience, sauf
peut-être pour dire que ça fait 18 heures, 19 heures, on est
quasiment rendu à 20 heures de travail et on est rendu à
l'article 1, premier alinéa. Là, il me pose une question dans
laquelle il me dit: Pourquoi ne pas rendre toutes les taxes qui s'appliquent,
par exemple, à une bouteille de boisson, visibles, c'est-à-dire
arriver avec le coût de base et ensuite dire... Pourquoi ne pas dire: La
bouteille de scotch, elle coûte 7 $ et on arrive et on charge 3,40 $ en
taxes et voici comment ça se divise? Je n'ai absolument rien contre.
On pourrait également présumer... Une seconde, je vais
tout simplement lire l'article. Alors, on arrive avec une mesure où
à l'article 7, on dit... Non, non, c'est correct. On arrive à
l'article 1, à l'alinéa 7, on dit: Toute taxe payée en
vertu de la TPS sera automatiquement sujette à la TVQ. Face à
cette petite déclaration, le député de Labelle s'embarque
et dit: Là, on va sortir de là et on va s'en aller sur tous les
biens au Québec et pourquoi ne pas arriver avec le principe que toutes
les taxes soient apparentes?
Je lui ai indiqué, M. le Président, que l'article 13 parle
spécifiquement de cet élément-là. Là,
j'arrive et il me parle d'une bouteille de boisson. Je lui ai dit que l'article
20.9.8 parle spécifiquement d'une bouteille de boisson et on dit que le
vendeur tenu de percevoir la taxe spécifique visée au premier
alinéa doit, de la manière prévue par règlement ou
sur toute autre facture, reçu, écrit ou autre document constatant
la vente, indiquer à l'acheteur cette taxe séparément du
prix de vente ou lui indiquer que ce prix comprend cette taxe. (22 heures)
Alors, c'est sur une bouteille de boisson, avec l'article 13 comme
principe. Sur les tabacs, nous avons une disposition semblable. Je comprends
bien l'orientation du député, mais il faudrait comprendre que
nous traitons de l'article 1. L'article 1 n'aborde pas cette
question-là. L'article 1 ne traite pas de cet
élément-là. C'est l'article 13, c'est l'article 29.9.8 de
même que les dispositions au niveau du tabac et des carburants. Je suis
tout à fait disposé à répondre à ses
questions. Je suis tout à fait disposé, mais il faudrait qu'il
dise, à l'article 1, au septième paragraphe: Est-ce qu'il est
d'accord, oui ou non, à ce que la taxe fédérale soit
sujette à la taxe de vente du Québec? C'est ça la question
qu'on traite ici. Ce n'est pas l'apparence, qui se traite à l'article
13, à l'article 20.9.8 et à d'autres dispositions de la loi.
C'est ça. Je suis comme pris avec ça. Je ne sais pas si ça
fait partie de sa tactique de "filibuster" ou s'il veut vraiment qu'on arrive
et qu'on traite des éléments du projet de loi ou non.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le... M. Léonard:
II n'a pas...
M. Savoie: Est-ce que j'ai terminé mes cinq minutes?
Le Président (M. Lemieux): Non, il reste une minute.
M. Savoie: II reste encore une minute.
M. Léonard: Sur une question de règlement. Il n'a
pas à me prêter d'intention de 'filibuster".
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! Ce n'est
pas une question de règlement. Vous avez cinq minutes, M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Savoie: Non, non, j'ai dit que je ne savais pas si vous le
faisiez ou non... Alors, il n'y avait pas d'intention de prêter des
intentions du tout. Je ne savais pas si, effectivement, il y avait ou non
"filibuster". C'est ça que j'ai dit. Bon. Moi, je comprends que le
député de Labelle est fatigué...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le député d'Abitibi-Est.
M. Savoie: Non, non, je le comprends. C'est vendredi soir, il est
22 heures; tout le monde est un peu tanné... Ce qu'on peut faire, c'est
y aller beaucoup plus mollo. On peut comprendre que je suis de bonne foi, qu'il
est de bonne foi. On peut comprendre qu'il veut arriver et peut-être
proposer des principes qu'il a appris Dieu sait où à des
dispositions fiscales pour je ne sais quelles raisons, mais j'espère
qu'on va s'astreindre au texte, qu'on va essayer d'améliorer le texte
ici, on va essayer de rendre ça plus clair pour nos collègues qui
sont ici présents, de même que pour ceux et celles qui vont
prendre connaissance du verbatim.
M. Léonard: Je vais reposer ma question, parce que le
ministre n'y a pas répondu. "Ceci inclut tous frais d'installation de
l'objet vendu, tous frais de service, tous frais de douane, d'accise et de
transport". Pourquoi incluez-vous cela dans le coût du produit, comme
étant le coût du produit? Ma question, c'est: Pourquoi ne
distinguez-vous pas toute autre taxe des coûts de fabrication...
M. Savoie: C'est tout sujet...
M. Léonard: Au fond, lorsqu'on établit la taxe,
lorsqu'on change du modèle de taxe de vente fédérale vers
un modèle TPS, on veut absolument distinguer toutes espèces de
taxes dans le coût des intrants. Or, pourquoi ne voulez-vous pas extraire
du coût des intrants les coûts de douane, etc.? Cela
n'empêche pas, qu'éventuellement vous puissiez quand même
appliquer votre taxe là-dessus. Mais pourquoi ne les distinguez-vous
pas? C'est ça, ma question.
M. Savoie: Là, c'est...
M. Léonard: C'est ça, ma question.
M. Savoie: C'est ça. C'est exactement ce que j'ai
pensé au début. C'est exactement ce qui m'a choqué. Ce que
tu veux qu'on fasse, c'est qu'on change tout. Là, tu voudrais qu'on
arrive et qu'on dise: Ta bouteille de scotch est de tant; la taxe de douane est
de tant, la taxe de ci et de ça, la taxe... Toutes les délimiter.
Ça veut dire que, quand l'acheteur va arriver, tu voudrais avoir une
étiquette qui arriverait avec cinq ou six taxes dessus, si je comprends
bien, en plus du prix de base pour arriver au total. C'est ça que vous
voulez, hein? C'est ça que vous demandez. C'est ça?
M. Léonard: Ça pourrait être ça.
Pourquoi ne pas exercer cette tranparence aussi?
M. Savoie: Savez-vous que vous êtes en train de me
demander, lorsqu'on est en train d'étudier ce projet de loi là...
M. le Président, est-ce que vous suivez cette histoire-ci?
Le Président (M. Lemieux): Je suis, M. le...
M. Savoie: Mais ça n'a aucun bon sens. Ça n'a aucun
bon sens. On arrive avec le paragraphe 7 qui dit que la TPS de 7 % est
imposable à la taxe de vente du Québec. Le député
de Labelle nous dit: Pourquoi, lorsque je vends une bouteille de vodka dans une
commission, à la Société des alcools, l'acheteur n'arrive
pas et ne voit pas le prix de vente qui marque: Société des
alcools, bouteille de vodka, tel prix, taxe de douane, taxe de ci, taxe de
ça, taxe de ci, taxe de ça, total: 10,35 $. Je n'ai rien contre,
je n'ai rien contre; je n'ai absolument rien contre, mais comprenez-vous que
ça n'a rien à faire avec le paragraphe 7. Ça n'a rien
à foutre avec 7 qu'on est en train d'étudier. Il est en train de
nous dire: Pourquoi le mal existe sur la planète Terre? Je ne le sais
pas pourquoi le mal existe sur la planète Terre et je suis contre le
fait que le mal existe sur la planète Terre, mais ça n'a rien
à foutre avec le paragraphe 7 du projet de loi qui est actuellement
à l'étude. Et c'est choquant, parce qu'on est rendu exactement
là où on en était il y a 10 minutes lorsque j'ai dit au
député que sa question n'avait aucun sens, parce que
c'était exactement ça que je savais qu'il allait dire.
C'était évident.
Maintenant, je lui ai répondu qu'à l'article 13 on parte
de la transparence au niveau de la taxe de vente. Je lui ai dit qu'au niveau
des alcools il y a l'article 20.9.8 où on dit que le prix peut
être divisé. Là, il va y avoir une taxe qui va être
apparente, c'est la taxe qui est actuellement à l'étude. J'ai
également dit, dans mes commentaires d'ouverture, que la taxe de vente
du Québec et la TPS ensemble présentent un avantage
considérable pour le fonctionnement de notre démocratie: c'est
que ça va être une taxe apparente, elle va être visible. Le
citoyen va arriver, il va acheter un bien meuble et il va dire: En plus de
ça, je dois payer les 14,49 % exigés par la
société, parce que j'ai besoin de services hospitaliers et que je
paie des impôts, parce que c'est une taxe à la consommation,
à compter du 1er janvier 1992, évidemment, parce que, en 1991,
ça va être 15,56 %.
Alors, il me reste encore une minute?
Le Président (M. Lemieux): Deux minutes.
M. Savoie: Deux minutes? Vous comprendrez, vu la question, que
j'aurais pu l'accuser d'être de mauvaise foi. Je ne l'ai pas fait, parce
que c'est antiparlementaire.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement.
M. Savoie: J'aurais pu lui dire la pertinence, que sa question
n'a rien à faire avec ce qui est à l'étude. Absolument
rien à faire avec ce qui est à l'étude, rien, zéro,
que c'est comme de dire: Pourquoi les bonshommes de neige ne marchent pas? Je
ne sais pas pourquoi les bonshommes de neige ne marchent pas. Eh bien, je pense
que je le sais, mais je ne voudrais pas m'étendre là-dessus,
à ce moment-ci, ce soir. Mais je n'ai pas fait ça. J'ai
tâché de lui répondre parce que je pensais qu'il y avait
peut-être de la fatigue ou peut-être une mauvaise
compréhension de sa part. Je ne sais pas ce qu'il a, moi, ce
gars-là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est, vous savez, quand on étudie un projet de loi,
l'Opposition est en droit, et peu importe la nature des explications... Il y a
des gens qui comprennent plus vite que d'autres, il y en a qui sont moins vite
que d'autres, il y en a qui sont...
Une voix:...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, mais
écoutez-moi bien. Laissez-moi finir. Il y en a pour qui la
fiscalité, c'est une chose qui est coutumière, habituelle. C'est
leur gagne-pain.
Mais, pour un puriste comme moi, la fiscalité, c'est difficile
à comprendre. Je suis l'un de ceux pour qui, ça ne me gêne
pas de le dire, ce n'est pas facile; ce sont des lois qui sont complexes. Je ne
peux pas reprocher à l'Opposition de vouloir avoir des
éclaircissements et de mieux comprendre les articles de la loi, parce
qu'elle aura à décider si elle vote pour ou contre à un
moment donné.
Alors, je ne peux pas, moi, m'ingérer dans les questions du
député de Labelle et du niveau de compréhension, qu'il
soit plus grand ou moins grand que le mien, que peut avoir le
député de Labelle au sujet d'articles du projet de loi. Il
demeure de sa responsabilité d'avoir à poser des questions.
Alors, M. le député de Labelle, vous pouvez continuer.
M. Savoie: Est-ce que je peux...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que M. le
député d'Abitibi-Est a terminé?
Une voix: II reste 40 secondes.
Le Président (M. Lemieux): 40 secondes.
M. Savoie: Ah bon!
Le Président (M. Lemieux): 40 secondes.
M. Savoie: Alors, M. le Président, ils m'ont
demandé de lire le texte. Je me suis soumis et j'ai lu le texte. Le
député de La Prairie m'a demandé s'il pouvait me poser des
questions. On a fonctionné comme ça. C'en était
gênant, c'était un contre-interrogatoire. Je m'y suis
prêté de bonne foi. Le député de Labelle est un
comptable, me dit-on. C'est un C.A. "C'est-u" ça?
M. Léonard: Ça n'a rien à voir. Je suis le
député de Labelle.
M. Savoie: Oui, oui, mais vous êtes C.A. Est-ce exact?
M. Léonard: Oui, je suis C.A.
M. Savoie: Vous êtes C.A. Vous avez pratiqué
quelques années avant de vous embarquer dans une carrière
très différente...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. Ce n'est pas
pertinent, M. le ministre.
M. Savoie: Non, non, mais il est censé avoir une
connaissance de base.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas pertinent, M. le
ministre.
M. Léonard: Justement.
M. Savoie: Oui, oui, c'est pertinent. Il est censé avoir
une certaine connaissance, supposé-ment. On se fie un petit peu
là-dessus, mais j'ai pris la peine, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): On ne va quand même pas
commencer à en arriver à un débat entre
députés, entre parlementaires.
M. Savoie: Non, non. Non, non. J'ai pris la peine de lire 7. J'ai
donné les explications sur les modifications de façon très
claire. J'ai lu les notes explicatives.
Le Président (M. Lemieux): Votre temps est terminé,
M. le ministre, M. le député d'Abitibi-Est. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Écoutez, je pense que j'écoute
les accusations du député d'Abitibi-Est, parce que c'est comme
ça que je les prends. Je vais lui poser quand même... simplement
lui faire une remarque. Premièrement, l'Association des consommateurs du
Québec qui a, en gros, appuyé le principe, a demandé que
toutes les taxes payées aux deux gouvernements apparaissent sur chacune
des factures. Si vous l'aviez entendue, elle serait venue vous dire ça
et elle vous l'aurait expliqué. Vous auriez pu répondre, lui dire
les raisons pour lesquelles vous ne pouvez pas le faire, pour lesquelles il y a
des aspects pratiques qui font que c'est très difficile. Mais, il y a
des secteurs où ce serait possible. Mais, je vais vous poser une
dernière question avant de donner... Moi, je pourrais donner la parole
à d'autres, je reviendrai à la fin pour conclure
là-dessus.
Je vais poser une dernière question. La taxe sur les factures ou
dans la définition de votre prix de vente, vous n'obligez pas à
faire la distinction très nette entre TPS et TVQ. Au fond, on pourrait,
vous pourriez le faire, c'est ce qui est dit à l'article 13, mais vous
n'y obligez pas et, donc, finalement, le consommateur va payer un seul montant,
supposons, cette année, 15,56 %. C'est ça, la
réalité? Vous l'obligez ou vous ne l'obligez pas?
M. Savoie: Non. La réponse, je vous l'ai dit, est à
l'article 13. Lorsqu'on va aborder l'étude de l'article 13, vous allez
avoir toutes les explications en ce qui concerne la façon de
procéder au niveau de la taxe. Deuxièmement, pour ce qui est de
l'Association des consommateurs, l'Association des consommateurs en ce qui
concerne la visibilité des taxes a raison. On s'aligne là-dessus,
pour dire au citoyen, lorsqu'il va acheter une bouteille de parfum, à la
citoyenne, qu'elle va savoir le montant de base plus le total des taxes; c'est
une orientation que nous nous donnons socialement.
Maintenant, c'est relativement nouveau. Ce n'est pas pertinent dans le
cadre du discours sur
l'alinéa 7.
M. Léonard: M. le Président, je vais garder le
temps qu'il me reste pour revenir après mes collègues.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres...
Oui. M. le député de Verdun, oui.
M. Gautrin: Moi, M. le Président, j'ai deux types
d'interventions que je voudrais faire.
D'abord, je vous ai demande la parole après l'intervention du
député de La Prairie, lorsqu'il a parlé du
député de Montmorency et qu'il a essayé de le
présenter comme étant un expert, ce que probablement il est, et
de reprendre après...
M. Claveau: 211.
M. Gautrin: Est-ce que M. le député d'Ungava fait
un appel au règlement?
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava, pour la bonne marche des travaux, laissons aller le
député de Verdun. Ici...
M. Gautrin: Non, non, mais je suis prêt à savoir si
je...
M. Claveau: Je faisais juste m'interroger subtilement sur la
pertinence des propos, mais enfin...
M. Gautrin: Alors...
Le Président (M. Lemieux): C'est une interrogation.
Continuez.
M. Gautrin: M. le Président, je pense que j'étais
tout à fait pertinent dans la mesure où je répondais
à l'heure actuelle aux remarques du député de La Prairie.
Je tenais surtout à faire remarquer que j'ai toujours eu horreur des
arguments d'autorité où on se cache derrière un expert ou
quelqu'un pour dire: Cette personne pense de telle et telle manière,
parce que je crois que ce qu'on doit faire, c'est étudier chacun des
points à leur valeur strictement logique et, après, on verra les
conclusions qu'on peut en tirer. Donc, ce que pense le député de
Montmorency est intéressant, mais ce n'est pas une raison pour que je
change d'avis.
M. Boisclair: J'ai pris bonne note de vos propos.
M. Gautrin: Merci. Deuxième point, moi, j'ai, à
l'heure actuelle, de la difficulté, M. le Président, à
suivre le député de Labelle. L'article 1,7° dit quoi? Il dit:
Voici, il y a une taxe qui va être imposée par le
fédéral qui va s'appeler la taxe d'accise et celle-ci, bien
sûr, elle doit être définie dans une loi
fédérale. Je pense qu'on s'entend sur cette base-ci. Elle doit
être définie dans cette loi fédérale. La question
qu'on a à se poser à 1,7 %, c'est: Est-ce que la nouvelle taxe de
vente, TVQ, va s'appliquer sur le prix de vente plus la taxe
fédérale ou strictement sur le prix de vente? C'était la
question à laquelle on avait à répondre. Et la
réponse à 1,7° est claire à ce niveau-là. Elle
est de dire: La taxe de vente va s'appliquer en incluant la TPS. C'est
essentiellement la réponse à la question qui était devant
nous et la réponse qui est apportée.
Lorsque, M. le député de Labelle, vous voulez entrer dans
toute une révision de la fiscalité - ce qui n'est pas faux, ce
que vous posez comme question - je pense qu'on pourra le faire à un
autre endroit et à d'autres points du débat, mais pas à
l'article 1. L'article 1.1 essaie de répondre uniquement à cette
question-ci: est-ce que la TVQ devrait s'appliquer sur la partie TPS ou ne
devrait pas s'appliquer sur la partie TPS? Et la réponse est: Oui, dans
cette loi-là, on veut appliquer la TVQ sur la TPS. Je pense que c'est
clair. C'est clair, c'est limpide et c'est ça qu'on dit. Le reste du
débat, ça pourra se faire ailleurs. C'est à peu
près ce que j'essaie de dire, M. le Président. Merci.
M. Savoie: Bravo!
M. Claveau: II est important d'éclaircir ça.
M. Savoie: Bien, oui, c'est important. Il est bon, hein?
C'était un bon exposé...
Le Président (M. Lemieux): Allez, M. le...
M. Claveau: Ah! j'ai l'autorisation de parler! Mon Dieu! mon
temps s'écoulait sans que je m'en rende compte! M. le ministre... M. le
Président, on nous dit que la taxe à l'article 1, premier
paragraphe, s'applique sur la TPS. Moi, écoutez, je veux bien, sauf que
ça élargit passablement l'assiette fiscale
québécoise dans la mesure où, antérieurement, la
taxe de vente du Québec ne s'appliquait que sur la taxe d'accise, que
sur les produits où il y avait une taxe au manufacturier, alors
qu'actuellement ça va s'appliquer sur tous les produits. Si le
gouvernement du Québec dit, et en supposant que l'on respecte le
principe de dire: Étant donné qu'antérieurement on
appliquait la taxe sur la taxe au manufacturier qui était partie
intégrante du prix de vente et qui était une taxe cachée,
alors, on y appliquait la taxe de 9 %, donc, en principe, si on ne veut pas
diminuer les revenus du Québec, il faut l'appliquer par-dessus la taxe
TPS fédérale qui va remplacer la taxe au manufacturier...
M. Gautrin: Bravo!
M. Claveau: ...ça, c'est une chose. (22 h 15)
M. Gautrin: Vous avez bien compris.
M. Claveau: Jusque-là, ça va, sauf que là
où j'ai un problème, c'est qu'antérieurement, justement,
il y avait toute une série de services qui n'étaient pas
taxés par le fédéral. Alors, on profite de l'occasion
pour, dans le fond, augmenter le prix de base du service. Le Québec dit:
Je vais taxer les services et, en plus de taxer les services, je vais aussi
taxer la nouvelle taxe fédérale qui s'applique sur ces
services-là.
Alors, là vous comprendrez, M. le Président, qu'on vient
d'élargir substantiellement l'assiette fiscale québécoise.
En plus d'aller chercher des taxes sur des services qui n'étaient pas
taxés avant, on Incorpore dans le prix de la fourniture, si vous voulez,
la taxe fédérale qui devient dans le fond une partie du
coût du service aux fins de la taxation québécoise. Et,
là, ça me dépasse. Il me semble, M. le Président,
que, pour le moins, le ministre aurait dû accepter que, dans la mesure
où la taxe fédérale, la TPS, remplace la taxe au
manufacturier...
M. le Président, je viens d'entendre de la part du ministre
certains propos qui n'étaient pas très avantageux et qui
mériteraient probablement d'être retenus de la part du ministre.
Le ministre m'a accusé d'être fou braque, en demandant à
son collègue s'il savait ce que ça voulait dire, "braque". Et je
répondrai au ministre, à fou fou et demi.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît,
là, M. le député d'Ungava! M. le ministre n'avait pas la
parole. Vous aviez la parole. Moi, je n'ai pas entendu de propos.
M. Claveau: II n'avait pas la parole, mais il bourdonne pas
mal.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, parce que je n'ai
pas entendu ces propos-là. Écoutez, s'il vous plaît!
M. Savoie: Je n'ai jamais dit qu'il était fou braque. J'ai
dit: Savez-vous ce que ça veut dire "fou braque"? Je parlais avec les
députés à côté. Je leur ai expliqué un
chien braque. Un braque, c'est une race de chien qui est brun, qui est ¦
blanc, qui ressemble un peu...
Le Président (M. Lemieux): Ça va! S'il vous
plaît!
M. Savoie: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! M. le
ministre! M. le député d'Ungava!
M. Léonard: ...de façon indirecte...
M. Claveau: Ça va faire.
M. Savoie: Non, je parlais avec eux autres. C'était "off
the record".
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: II y a des chiens au poil rouge, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député d'Ungava!
M. Savoie: Le député d'Ungava, on a
travaillé ensemble pendant quatre ans. On se connaît bien.
M. Claveau: Oui, on se connaît, justement! Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: On a travaillé ensemble et je peux vous dire
qu'on a fait la meilleure Loi sur les mines actuellement en vigueur au
Canada... Ensemble!
M. Claveau: Ça reste une interprétation du
ministre, bien qu'il y aurait quelques aménagements. On pourrait se
parler, entre autres, de la question des exclusivités pour les
sablières et...
Des voix: De la pertinence.
M. Claveau: ...des "gravellières". Vous savez que
ça crée certains problèmes secondaires dont on a
discuté en commission et le ministre nous disait que ça
n'arriverait pas, qu'on rêvait, qu'on avait des hallucinations. Mais,
dans la pratique, c'est ça qui se passe.
M. Savoie: On est allé au fond, au fond de la
Société nationale de l'amiante ensemble. C'a été un
gros dossier, ça.
M. Claveau: Grâce à notre bienveillance et à
notre collaboration, M. le ministre.
M. Savoie: Oui.
M. Gautrin: M. le Président..,
M. Savoie: On est allé au fond du dossier de l'amiante. On
a travaillé ensemble sur les lois sur les mines...
M. Gautrin: M. le Président...
M. Savoie: ...on a travaillé des lois sur les droits sur
les mines...
M. Gautrin: ...est-ce que je pourrais...
M. Savoie: Nous avons travaillé ensemble... M. Gautrin,
s'il vous plaît!
Le Président (M. Lemieux): Non, mais c'est votre
collègue, M. le député d'Abitibi-Est, qui a la parole
là.
M. Savoie: Bien, c'est sur son temps là.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui.
M. Savoie: Ce n'est pas...
Le Président (M. Lemieux): Non, non.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ah non!
Le Président (M. Lemieux): Non, non.
Des voix: Ma, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, ce que j'essayais de faire
comprendre au ministre - qui est loin d'être fou braque - c'est qu'il
aurait pu avoir un minimum de discernement quand il dit que la taxe du
Québec s'applique après la taxe fédérale, dans la
mesure où, comme j'avais commencé à l'expliquer si on ne
m'avait pas interrompu - j'aurais déjà fini d'ailleurs, mais
qu'est-ce que vous voulez, on m'a interrompu, alors je suis obligé de
reprendre un peu pour remettre tout le monde dans le fil de ma
pensée...
Si le ministre s'était contenté de dire: Moi, en ce qui
concerne la taxe au manufacturier, si je ne veux pas diminuer le taux, enfin,
le montant global de perception pour les fins des taxes
québécoises, dans la mesure où je taxais avant la taxe au
manufacturier qui faisait partie du prix de vente, je me dois de mettre la TVQ,
la taxe de vente du Québec, en sus, après la TPS
fédérale qui remplace la taxe au manufacturier, j'en
conviendrais. Disons qu'il s'agit là peut-être d'une façon
de compenser qui ne coûte pas plus cher à la limite aux
consommateurs, dans la mesure où on le faisait déjà avant,
mais d'une façon différente.
Là où j'ai un problème, mais là où je
pense que ça demande du discernement de la part du ministre, c'est quand
il dit, et je reprendrai les textes du paragraphe en question dans l'article 1:
"Ceci inclut tous frais d'installation de l'objet vendu". Les frais
d'installation n'étaient pas taxés par le fédéral,
eux autres. Là, le fédéral les taxe et le Québec va
les taxer après. Donc on vient d'augmenter, à toutes fins
pratiques, de 7 % le coût de l'installation, avant la taxe
fédérale. Dans ce cas-là, la taxe fédérale
devient partie prenante du coût de la fourniture, une partie
intégrante du coût de la fourniture. Et, là, j'ai un
problème, parce qu'on aurait pu mettre les deux taxes parallèles
à partir du même prix de base: le fédéral prends ses
7 %, le Québec prend ses 7 %, ce qui n'aurait rien enlevé au
Québec. Il avait déjà l'augmentation de son assiette dans
la mesure où il va taxer un nouveau produit qui ne l'était pas
avant ou un service qui ne l'était pas avant, mais il n'avait pas, en
plus, à avoir l'ignominie d'aller taxer la taxe fédérale
qui s'applique aussi d'une façon nouvelle sur ce même
service-là.
Bon, on dit après: "tous frais de service". Tous les frais de
service deviennent taxés après la taxe fédérale. On
dit: "tous frais de douane". Ça, à la limite, ça pouvait
peut-être faire partie des frais de fourniture au manufacturier; en tout
cas, on pourrait voir. Je ne pourrais pas m'atta-quer à ça d'une
façon très précise pour le moment, mais on y viendra. Taxe
de transport et toute taxe payée en vertu de la Loi sur la taxe
d'accise, là, on y est, il n'y a pas de problème avec ça.
Mais, quant aux services? Actuellement, par exemple, le ministre dit: Prenons
le cas de l'automobile. D'ailleurs, on risque d'avoir une augmentation
substantielle du travail au noir dans le domaine de l'automobile, même
qu'il y a des garages actuellement qui commencent déjà à
avoir des problèmes de main-d'oeuvre; ils ne sont plus capables de
supporter leur main-d'oeuvre, parce que le travail diminue. Il y a du travail
au noir qui va s'effectuer. On me disait que, dans certains garages, le taux
horaire allait être autour de 80 $ l'heure à cause de
l'application de la TPS et de la taxe de vente du Québec qui
augmentent.. Ça augmente de 14 %, minimum, le coût des travaux de
réparation dans un garage.
M. Savoie:...
M. Claveau: Le ministre m'interrompt encore en disant: Ce n'est
pas vrai. Il ira s'informer. Il y a des propriétaires de garage, des
concessionnaires d'automobiles qui me disent: On va être obligés
de mettre notre prix autour de 80 $ l'heure. J'en suis fort aise pour en
parler, je connais passablement de gens là-dedans, peut-être pas
autant que le ministre des Finances lui-même, enfin, mais je connais des
gens qui sont dans le domaine. C'est vers ça que ça s'en va.
Actuellement, les prix sont déjà très
élevés. Il y a les fournitures, les salaires qui augmentent
aussi. Tout augmente et, en plus de ça, on s'en vient avec la TPS des
deux niveaux de gouvernement. On va avoir, M. le Président, avant la fin
de l'année prochaine, des taux horaires de l'ordre de 80 $ l'heure pour
des services dans un garage. Vous vous imaginez, M. le Président, le
gars qui veut changer son silencieux! S'il a une chance de le faire faire au
noir par un de ses "chums" mécaniciens dans sa cour, il n'ira pas payer
80 $ l'heure au garage pour le faire faire,
certainement pas, et II va probablement aller l'acheter au Club Price
parce qu'il va le payer moins cher que chez le concessionnaire. C'est ça
qui va se passer. En faisant ça, M. le Président, le ministre est
en train d'étouffer les garages.
Actuellement, par exemple, allez voir dans le domaine du pneu. J'en
parlais avec des gens de ce secteur. C'est déjà assez
coûteux comme c'est là. Il y a des compagnies, comme le Club
Price, qui leur rentrent dans le corps passablement, aux détaillants de
pneus du Québec, parce qu'elles vendent déjà à des
prix... Et, en plus, le ministre de l'Industrie et du Commerce leur a permis
d'ouvrir à peu près quand elles le voulaient pour, encore, aller
nuire un peu aux garagistes. Eh bien, ils vont s'acheter des pneus et,
après ça, à la limite, ils vont les changer
eux-mêmes, ce qui enlève du travail aux garages. Dans la mesure
où on maintient des prix qui sont raisonnables et qui sont acceptables
pour les consommateurs, on a des chances de pouvoir maintenir des emplois dans
ce milieu-là. Je parle de ce milieu, mais il y aurait bien d'autres
milieux. C'est pareil dans tous les domaines. Bon.
Le ministre dit, ajoutant presque l'injure à l'insulte: En plus
de te taxer ce service-là, je vais te taxer ton taux horaire. Le taux
horaire de ton travail de garagiste à ton client, je vais te le taxer et
je ne ferai pas rien que ça. Je m'en vais, en plus, taxer la taxe
fédérale qui va s'appliquer aussi là-dessus maintenant.
Là, il y a un problème de discernement quelque part du
côté du ministre. Que l'on veuille taxer la taxe qui remplace la
taxe sur la taxe au manufacturier pour garder à peu près le
même niveau de revenus, je veux bien, mais, en plus de ça, qu'on
taxe d'une façon générale tous les autres produits et
services sur lesquels on ne retrouvait pas de taxe au manufacturier, là,
on vient d'aller taxer, en gros, 7 % de plus sur l'ensemble de ces produits et
services-là. 7 % de plus sur 1 $, vous me direz que ça fait juste
0,07 $, mais 7 % de 1 000 000 $, ça commence à faire de l'argent
et, 7 % de 1 000 000 000 $, imaginez, encore plus. Ça, c'est de l'argent
neuf qui arrive au ministre, en termes de capacité de taxation, qu'il
n'avait pas avant. Si le gouvernement fédéral n'avait pas
imposé sa TPS, tout en... Supposons que le gouvernement
fédéral ait gardé sa même façon de taxer
qu'avant, avec sa taxe au manufacturier, à ce moment-là, le
gouvernement du Québec, qui aurait mis une taxe, une TVQ, dans le sens
de ce qu'il nous amène là, n'aurait pas pu jouir de cette
nouvelle marge de taxation, parce qu'elle n'aurait pas existé tout
simplement. (22 h 30)
Le ministre aurait pu, au moins, en ce qui concerne (es services, se
contenter de taxer le service lui-même sans aller, en plus, taxer la taxe
fédérale. Il me semble que c'est assez facile à comprendre
et il me semble, aussi, que ça ne modifierait en rien le contenu du
protocole dont on a parlé déjà, dont on va sûrement
rediscuter aux articles 59, 60 et 61 et qui correspond à l'entente avec
le gouvernement fédéral. Là, ce n'est pas de l'assiette ou
des produits taxables comme tels dont on parte, c'est de la possibilité
d'exclure de la taxation la partie de 7 % de la taxe fédérale qui
ne faisait pas antérieurement l'objet de la taxe au manufacturier. C'est
simple. Ça pourrait très bien se faire et ça aiderait.
Déjà là, ce n'est pas le Pérou, vous direz, mais
ça pourrait quand même aider un petit peu les gens qui vivent de
l'industrie des services et qui vont avoir passablement de misère
à s'en sortir, parce que, vous savez, par les temps qui courent, au
moment où la capacité de payer de la population va en diminuant,
au moment où l'industrie a des problèmes, où les gens du
secteur primaire ont beaucoup plus de chances de se retrouver demain matin sur
le chômage que de continuer à travailler dans bien des cas... Le
ministre le se sait très bien, quand on parie, par exemple, de
l'industrie minière, de l'industrie forestière, de l'industrie du
transport, enfin de tout ça. Il en a dans son comté, on pourrait
parler de l'usine de panneaux de Val-d'Or, on pourrait parler de la scierie de
Senneterre ou de celle de Beattyville ou de celle de Champneuf, enfin, des
activités économiques dans son comté qui ont quelques
problèmes de survie actuellement. C'est des gens qui voient diminuer
leur capacité d'achat et puis, en plus de ça, on va
carrément les empêcher d'avoir accès aux services de
façon officielle, sans passer par le marché noir, parce qu'on
augmente de 14 % le coût de ces services-là. Alors, au moins,
qu'on n'ait pas l'indécence, j'oserais dire, d'aller taxer en plus la
part de la taxe fédérale qui ne faisait pas partie avant du prix
du service.
M. le Président, lorsque vous taxez ou que vous allez taxer
à partir de demain matin un billet de théâtre, parce que,
le premier janvier, si vous voulez aller au théâtre, ça va
vous coûter un petit peu plus cher... Le ministre a décidé,
quand on va au théâtre, qu'il faut que ça se taxe, il faut
que ça se paye, du théâtre, il n'y a pas d'erreur, on va
taxer ça. Eh bien! il aurait pu au moins se contenter de taxer au
même palier, parallèlement au fédéral et non pas
après, pour aller chercher les 7 % de plus que le fédéral
est allé chercher. Parce que, dans ce cas-là en particulier, on
aurait pu assister au contraire, le fédéral aurait pu aller taxer
après le Québec. C'aurait été tout aussi logique.
Il ne taxait pas avant non plus ce domaine-là. Alors, le Québec
dit: Le fédéral n'a pas pensé à ça, ou bien
le fédéral a été le premier à mettre une
taxe.
Vous voulez intervenir tout de suite, M. le ministre, ça me fait
plaisir, ça me permettra de pouvoir... Allez-y.
M. Savoie: Je pense qu'il y a quelques explications. Vous
êtes relativement nouveau à cette table pour discuter du projet de
loi. Tout
simplement pour vous aider un peu, c'est que, premièrement, les
taxes au niveau des services pour le Québec, ça commence
seulement en 1992. Ce n'est pas dans ce projet de loi ci, ce sera dans un
projet de loi peut-être l'automne prochain. Alors, ce n'est pas dans ce
projet de loi ci. Ici, c'est seulement sur les biens. Alors, lorsqu'on parle de
la taxe, ça ne comprend pas le théâtre non plus. C'est
parce que ça pourrait semer une confusion chez les gens qui nous
écoutent.
M. Claveau: Oui, mais, à ce moment-là, pourquoi
avez-vous cru bon, M. le ministre, à l'article 1, de le prévoir?
"Ceci inclut tous frais d'installation de l'objet vendu..." C'est des services,
ça. Si j'achète un réservoir à eau chaude et qu'on
vient me l'installer, avant je ne payais pas la taxe sur l'installation.
M. Savoie: Oui, ça, c'est au niveau de la taxe de vente.
Vous voyez, ce qu'il y avait avant, c'est qu'il y avait la taxe de vente du
Québec, le gouvernement fédéral introduit la TPS et nous
autres ce qu'on fait, c'est qu'on modifie notre taxe de vente pour nous rendre
conformes, parce que la TPS, finalement, lorsqu'on parle de biens meubles,
ça peut ressembler à une taxe de vente. Ce qui fait que
tout ce qu'on dit, nous, on dit qu'on prend notre taxe de vente qui est
à 9 %, en 1991 on la réduit à 8 % et on l'applique
seulement sur les biens. Alors, tout ce qu'on fait, dans l'article qui est
actuellement à l'étude, c'est qu'on dit que la taxe
fédérale de 7 %...
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: ...la TPS, c'est 7 % - nous autres, notre taxe de
vente, elle va s'appliquer sur ces 7 %. C'est tout ce qu'on vient dire dans ce
projet de loi là. C'est tout ce qu'on vient changer ici. C'est le seul
changement qu'on fait.
M. Claveau: Je vais continuer la deuxième partie de la
phrase. Vous dites: "tous frais de service".
M. Savoie: Oui, c'était déjà dans la taxe de
vente. C'était là avant, ça. C'est ce que j'ai
expliqué au député de Labelle. Tout ce qu'on vient faire,
M. le député d'Ungava, c'est qu'on a introduit une petite phrase,
dans le paragraphe 7, qui dit que le gouvernement fédéral, quand
il va introduire la TPS à 7 %, nous autres, notre taxe de vente à
8 %, en 1991, s'appliquera aux 7 % du gouvernement fédéral. C'est
tout ce qu'on dit.
M. Claveau: Mais, quand vous dites "tous frais de service"?
M. Savoie: C'était déjà là.
C'était déjà là, au niveau de la taxe de vente
avant. Ça fait à peu près 15 ans qu'elle est
là.
M. Claveau: Notre taxe de vente à nous autres.
M. Savoie: Oui. Notre taxe de vente du Québec.
M. Claveau: Oui, mais là, ces frais de service sur
lesquels il n'y avait pas de part de la taxe au manufacturier, eux autres, vont
être taxés.
M. Savoie: Mais elle était déjà là,
fa taxe de vente, comprenez-vous?
M. Claveau: Mettons, par exemple... O.K. Il faudrait s'entendre
comme il faut. J'achète des meubles...
M. Savoie: Aujourd'hui.
M. Claveau: ...quelque part, chez IKEA. O.K. Je les fais
livrer.
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: Ça me coûte 50 $ pour la livraison.
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: Ça rentre où ça, les 50 $ de
livraison?
M. Savoie: Les meubles ne sont pas taxés au Québec.
Les meubles...
M. Claveau: Mais la livraison du meuble? M. Savoie: La
livraison du meuble...
M. Claveau: Les meubles vont être taxés à
partir du 1er janvier.
M. Savoie: Bon. Attendez une seconde. À compter du 1er
janvier 1991, il est vrai que le meuble va être taxé au
Québec, c'est-à-dire que la TPS de 7 % va s'appliquer...
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: ...puis, également, la taxe de vente du
Québec va s'appliquer sur le meuble. Par contre, ce qu'on fait, c'est
qu'on enlève la taxe, une autre taxe fédérale qui
était là, la taxe au fabricant qui, elle, va disparaître.
Cette taxe-là est à peu près à 13,5 %.
M. Claveau: Bon. Puis, la livraison du meuble, elle?
M. Savoie: Bon. Au niveau de la livraison
du meuble, les frais de service, parce qu'on a introduit le meuble au
niveau de la taxe de vente, à ce moment-là, les frais de service
qui étaient là d'avance, elle va s'appliquer à ce
moment-là à la vente du bien meuble.
M. Claveau: O. K. Ça, c'est vrai si on te dit "vendu et
livré chez vous". Supposons qu'antérieurement c'était
vendu et livré et que tu ne charges rien en surplus pour livrer, tu peux
supposer que la livraison fait partie de ton prix de vente parce qu'ils ne
livrent pas gratis. Il n'y a personne qui donne quoi que ce soit dans le
commerce aujourd'hui.
Mais si on me dit, par exemple: J'ai mes meubles, je paie mes meubles,
d'une part, et puis, à côté de ça, ça me
coûte 75 $ pour la livraison. On me charge la livraison en sus.
Là, cette livraison va devenir taxée par le
fédéral. Elle ne l'était pas avant.
M. Savoie: Oui. C'est parce qu'il faudrait bien comprendre,
avant, que le paragraphe 7, au niveau de la taxe de vente, le paragraphe avait
tout ça dedans, sauf le petit bout qui est en gris ici. C'était
tout là avant, ça.
Tout ce qu'on a fait, nous autres, c'est qu'on a ajouté le petit
bout qu'on a mis en gris et ce petit bout-là, tout ce que ça dit,
M. le député d'Ungava, c'est qu'on taxe la taxe
fédérale, la TPS. C'est tout ce qu'on dit.
M. Claveau: Donc, vous allez taxer la TPS sur les frais de
livraison.
M. Savoie: On taxe tout maintenant. Si la facture, par exemple,
pour un meuble, est de 100 $ et, si les frais de service, les frais de
transport sont de 10 $, la taxe va porter sur 110 $. Comprenez-vous?
M. Claveau: Oui. Ça, je le comprends. M. Savoie:
Bon.
M. Claveau: Mais là où je trouve qu'il pourrait y
avoir au moins un peu de flexibilité, c'est dans le cas du service qui
n'était pas taxé avant par le fédéral, comme le
service de livraison. Vous pourriez... Là, il n'y a pas de remplacement
de taxe ou de manque à gagner à cause du changement ou de la
modification...
M. Savoie: Sauf que la taxe n'est pas double, c'est-à-dire
que tu vas avoir une facture de 110 $. Tu vas avoir 100 $ pour le meuble, 10 $
pour les frais de service et de transport. Bien, total, 110 $, 7 % de taxe au
niveau du gouvernement fédéral.
Maintenant, il faut bien comprendre, et c'est ça qui est bien
important à comprendre, c'est qu'avant, dans le prix du meuble...
M. Claveau: Là, on est rendu à 117, 70 $.
M. Savoie: Écoute-moi bien, là. Je veux te
l'expliquer pour que ce soit bien clair. Avant, dans le prix du meuble, tu
avais une taxe qui était là-dedans, c'était une taxe
cachée. Il y avait une taxe fédérale, par exemple, qui
était de 13, 5 %...
M. Claveau: La taxe au manufacturier, c'est ça. Elle, je
n'ai pas de problème avec.
M. Savoie: Elle, cette taxe-là qui était là
à 13, 5 %...
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: Bon, cette taxe-là était là.
Là, elle va disparaître, cette taxe-là. Alors, on ajoute
une taxe de 14 %, 15 %, parce que c'est 7 % plus 8 %; à compter de 1992,
ça va être 14 %. On enlève cette taxe-là de 13, 5 %
et on maintient une taxe.
M. Claveau: Avez-vous des garanties que le prix va diminuer en
fonction de la taxe qui va être enlevée?
M. Savoie: Ça, c'est un autre débat et c'est un
débat sur lequel nous avons parlé peut-être une dizaine
d'heures à travers toutes sortes d'autres débats lorsqu'on a
fait, par exemple, des discussions sur les éléments de base avec
le député de La Prairie, la députée de Terrebonne,
tout le monde. On a discuté de ça en long et en large, parce que
vous arrivez un petit peu nouveau dans le dossier sans avoir pris communication
des galées...
M. Claveau: J'arrive nouveau, mais comme consommateur j'ai une
certaine expérience.
M. Savoie: Ce que j'ai dit en gros, et le député de
Labelle pourrait le confirmer, c'est qu'on n'a pas de certitude. On a dit qu'on
n'a pas la certitude, mais on croit que, normalement, les prix devraient
baisser un peu. Alors...
M. Claveau: Mais...
M. Savoie: II me reste combien de temps sur...
Le Président (M. Lemieux): Deux minutes et demie, M. le
député d'Ungava.
M. Savoie: Alors, je disais tout simplement ça, parce que
ça durait puis ça durait, puis je voyais, un peu malgré
vous, que vous vous pensiez déjà en 1992 avec un autre projet de
loi. L'autre projet de loi n'est pas encore fait. Aujourd'hui, on étudie
seulement le projet de loi sur les biens.
M. Claveau: Oui. Mais moi, ce qui m'intéresse, à
partir de ça, c'est que, dans votre projet de loi sur les biens,
justement, vous prévoyez que tous les frais d'installation des objets
vendus et tous les frais de service, les frais de douane, etc., compris
là-dedans, en plus de tout ce qui est relié aux anciennes taxes
d'accise.
M. Savoie: O. K. On va prendre le cas...
M. Claveau: Là, ça veut dire qu'il y a des services
qui sont directement reliés aux biens. Là, par exemple, je
reviens à mon exemple du garagiste. O. K. ?
M. Savoie: Oui. Prenons le cas de ton garagiste.
M. Claveau: Mettons que Je fais changer la suspension de ma
voiture et que ça me coûte 1000 $.
M. Savoie: O. K. Je vais te donner un bel exemple bien simple,
parce que ça va peut-être...
M. Claveau: Oui. C'est une bonne idée.
M. Savoie: Regardez, vous allez chez le garagiste, vous avez 50 $
de main-d'oeuvre et 50 $ de pièces. O. K. ?
M. Claveau: Disons. O. K. Ça va.
M. Savoie: Disons. À compter du 1er janvier 1991,
ça va être quoi la facture? 50 $...
M. Claveau: Ça va être 100 $ plus...
M. Savoie: Non, non. Non. Ce n'est pas ça.
Écoutez-moi bien. Il faut que vous m'écoutiez. 50 $ pour la
pièce, la taxe fédérale va être de 7 % sur la
pièce, puis 8, 56 % du Québec.
M. Claveau: Ça veut dire que, d'abord, je devrais payer ma
pièce à peu près 42 $ ou 43 $ au lieu de la payer 50
$.
M. Savoie: Non, non. Écoutez bien. Ne faites que le
calcul... On va attaquer une chose à la fois. Faites: pièce, 50
$. Vous payez la TPS: 7 %.
M. Claveau: C'est ça. Là, je suis rendu à 57
$.
M. Savoie: Plus la taxe de vente du Québec.
M. Claveau: Là, je suis rendu à 64 $ ou 65 $.
M. Savoie: O. K. Alors, ça, c'est le total pour ta
pièce. 50 $ pour la main-d'oeuvre. O. K. ? 50 $ pour la main-d'oeuvre,
vous allez payer 7 % de taxe fédérale, la TPS, puis c'est
tout.
M. Claveau: La taxe fédérale?
M. Savoie: Oui. La TPS.
M. Claveau: Pour cette année.
M. Savoie: Pour cette année. Non, non. Là, on fait
rien que cette année. On fait rien qu'un projet de loi, c'est le projet
de loi de 1991.
M. Claveau: Ça veut dire que, dans ce cas-là, ce
qui s'appelle frais d'installation de l'objet vendu, ça ne compte
pas?
M. Savoie: Écoutez, quand...
M. Claveau: Dans votre projet de loi, vous avez ça.
M. Savoie: Oui, oui. Oui, oui.
M. Claveau: Vous avez: "Ceci inclut tous frais d'installation de
l'objet vendu. "
M. Savoie: Non. Ça ne compte pas dans ce cas-là, M.
le député.
M. Claveau: Quand est-ce que ça compte et pourquoi
l'avez-vous mis?
M. Savoie: Ça compte en vertu de l'ancienne loi sur la
taxe de vente du Québec, uniquement. Alors, si vous allez chez le
garagiste et que vous achetez une pièce, la pièce, c'est une
chose, la main-d'oeuvre, c'est une autre chose. Ce ne sont pas des frais de
service, la main-d'oeuvre.
M. Claveau: Mais ce sont des frais d'installation de l'objet
qu'il vient de me vendre.
M. Savoie: Oui, oui, mais ce ne sont pas des frais de
service.
M. Claveau: Mais quand vous me dites, en vertu de l'ancienne loi
de taxation du Québec, "frais d'installation de l'objet vendu, ça
représente quoi dans la pratique? J'essaie de voir, là. Je ne
sais pas, moi. Un électricien, par exemple, qui vient installer des
prises électriques dans ma maison, est-ce que les frais d'installation
de la prise électrique qu'il vient de me vendre font partie de cette
clause-là?
M. Savoie: Regardez, là, j'imagine que vous faites
référence à: "prix de vente" ou "prix d'achat" signifie le
prix en argent, et aussi la valeur de services rendus". Ça, ça
veut dire un cas de troc. Alors, supposons que j'arrive puis que vous dites: Tu
vas réparer mon char, puis
moi, qu'est-ce que je pourrais bien faire qui serait le "fun" donc? Moi,
je vais couper ton gazon, tiens. J'allais dire sortir sa femme, mais je ne la
sortirai pas. Je vais couper ton gazon. O.K.? Je vais couper ton gazon, alors
ça, ça a une valeur.
M. Claveau: Ça va peut-être venir un jour.
M. Savoie: Ça, ça a une valeur, alors, c'est
ça la valeur.
M. Claveau: Écoutez, là, l'article, vous ne vous
référez pas à la même chose. Moi, j'ai l'article,
ici, il est écrit, on l'a là.
M. Savoie: II lui reste combien de temps au "schmuck"?
Le Président (M. Lemieux): Une minute. M. Savoie:
Une minute.
M. Claveau: Une minute? Bon. J'ai l'article qui est là.
O.K.? Vous dites: "prix de vente" et "prix d'achat" signifie, etc.
Deuxième phrase: "Ceci inclut tous frais d'installation de l'objet
vendu."
M. Savoie: Oui. Les frais d'installation de l'objet vendu,
ça ne veut pas dire les frais d'installation d'une pièce dans un
garage. Ce n'est pas ça que ça veut dire. C'est parce que c'est
très précis, ça, comme sens. Le sens est défini
dans la loi. C'est toute une loi, la taxe de vente. Là, tout ce que vous
avez, c'est un petit bout, ça fait que je comprends que ça peut
être difficile à comprendre, parce que, finalement, il faudrait
passer à travers de ça.
M. Claveau: On réussit quand même à
comprendre, généralement.
M. Savoie: Oui, oui, mais c'est parce que les mots ont un sens
spécifique.
M. Claveau: Oui, mais expliquez-le-moi ce que ça signifie,
très précisément. (22 h 45)
M. Savoie: Bon, bien, ça, ça ne veut pas dire,
quand on parle... Oui, c'est ça, exactement... Par exemple, supposons
que tu vas chez Canadian Tire, puis que tu achètes une brouette. Bon, il
y a deux sortes de brouettes que tu peux acheter: il y a une brouette qui est
démontée qui coûte 95 $, puis il y a une brouette qui est
montée qui coûte 100 $. Bon, tu as 95 $ plus les frais
d'installation - les frais de montage - ça fait 100 $; bon, bien,
là, quand tu achètes ta brouette montée, là, les
deux sont compris ensemble, les deux sont sujets à la taxe de vente
actuellement, au moment où on se parle. Puis en plus de ça, on ne
change pas ça pour la TPS.
M. Claveau: Bien, c'est sûr qu'un produit, j'achète
une voiture, elle est montée. C'est ça que vous me dites? Je ne
l'achète pas pièce par pièce.
M. Savoie: Bien, là, restez avec la brouette, ne
mêlez pas les choses, là, restez avec la brouette.
M. Claveau: Bien, non, mais des brouettes, on n'en achète
pas tous les jours, là, je veux dire, il y a autre chose qu'on...
M. Savoie: Bien, moi, j'en ai acheté une ce printemps, une
brouette, puis...
M. Claveau: Vous n'avez pas dû l'acheter montée pour
sauver 5 $...
M. Savoie: Non, je vais te dire ce que j'ai fait, c'est que je
l'ai achetée pas montée puis je l'ai montée
moi-même.
M. Claveau: Pour sauver 5 $. C'est ça.
M. Savoie: C'est ça, puis je ne l'ai pas achetée
chez Canadian Tire, à part ça.
M. Claveau: Puis vous vous êtes dépêché
de l'acheter avant la TPS.
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire qu'avec la TPS, normalement,
le prix des brouettes ne devrait pas augmenter. Normalement le prix des
brouettes devrait à peu près rester pareil ou même
diminuer.
M. Claveau: Ah! Si Canadian Tire, pour reprendre votre exemple,
diminue l'ensemble de ses fournitures de 13 %... Donc, ce serait la
première chose à vérifier le 2 janvier au matin.
M. Savoie: Ça, là, c'est une hypothèse que
je crois. Personnellement, je crois qu'effectivement les commerçants,
à cause de notre structure d'économie de marché, la minute
que tu enlèves une taxe de 13,5 %, ça va apparaître dans le
prix de vente. Je crois ça, moi. Moi, j'ai confiance dans les
Québécois et les Québécoises qui travaillent...
M. Claveau: Ah! moi, ce n'est pas dans les
Québécois et les Québécoises que je n'ai pas
confiance, M. le ministre!
M. Savoie: Bien, ça a l'air de ça.
M. Claveau: Mais c'est que la plupart de ces compagnies-là
sont administrées à l'extérieur du Québec.
M. Savoie: Bien, ça a l'air de ça, là. On va
prendre comme exemple Garant, là, qui d'ailleurs
vient tout juste d'être vendu malheureusement, mais Garant par
exemple qui fabriquait des pelles puis qui avait ces 13,5 % compris dans le
prix de vente, moi, je suis certain, quand on va arriver puis que cette
taxe-là va tomber, eh bien, il va réduire le prix de ses pelles
parce qu'il veut demeurer compétitif. Puis, il faut qu'on demeure
compétitif. Vous remarquerez, au niveau de la TPS et de la TVQ, je
voudrais bien vous le signaler puis c'est très important pour nos
réglons à nous autres, particulièrement votre
région, l'Ungava et la mienne, à cause justement que ça va
rendre nos mines puis nos opérations forestières plus
compétitives. Et vous regarderez les mémoires que déposent
l'AMQ, l'APQ, que dépose l'Association forestière du
Québec; eux autres, là, sont en arrière de ça
à 100 %.
M. Claveau: Est-ce qu'on pourrait faire une motion pour les
entendre ici pour voir si vraiment tout le monde...
M. Savoie: Bien, une chose que vous pourriez faire, par exemple,
c'est que vous pourriez les appeler puis ils vont vous transmettre leurs
mémoires.
M. Claveau: Ah! j'aimerais mieux qu'ils le fassent pour tous les
membres de la commission très officiellement!
M. Savoie: Oui, mais c'est parce que les membres de la commission
n'ont pas besoin de ça. On a déjà fait ce
débat-là, puis vous avez manqué tout ça. On a
parlé de ça, on en a parlé pendant 18 heures, là,
avant d'être rendu à l'article 1; ça a fait partie des
discussions. Mais je peux vous assurer personnellement, par exemple, au niveau
de l'Association minière du Québec, qu'ils ont fait une
étude détaillée, détaillée, de cette
mesure-là et ils ont dit que, normalement, l'impact
général de l'application de cette loi-là devrait
être favorable à leur développement. Alors, ça
devrait être bon pour l'industrie minière, donc, ça devrait
être bon chez vous. Les hommes et les femmes qui travaillent dans
l'industrie minière actuellement ne devraient pas avoir de gros
problèmes avec ce projet de loi, sauf que ça va peut-être
avoir une petite influence au niveau des salaires, dépendant du taux
d'inflation, et ça, c'est douteux.
M. Claveau: Ça ne remplacera sûrement pas les
accréditives.
M. Savoie: Et au niveau de l'Association forestière, c'est
la même chose. Alors, on a tué 40 minutes, mais ça m'a fait
plaisir de l'expliquer parce que, effectivement, je sentais que votre discours
était confus et qu'il fallait redresser certains éléments
parce que vous, de temps à autre, vous prenez la parole dans votre
comté. Moi, je ne veux pas que le monde pense que vous ne savez pas de
quoi vous parlez, parce que ce n'est pas bon pour l'Assemblée nationale.
C'est bon, lorsque vous prenez la parole et que vous savez au moins ce sur quoi
vous parlez.
M. Claveau: N'ayez crainte, M. le ministre, je vous...
M. Savoie: Bon, alors, le fait de savoir que par exemple...
M. Claveau: Je vous...
M. Savoie: ...la taxe sur les services ne s'applique pas avant
1992 pour le Québec, c'est important. Être capable...
M. Claveau: Je vous suis...
M. Savoie: ...d'expliquer à un garagiste qui vient vous
voir puis qui vous dit: Bien, moi, je ne sais pas comment ça marche...
Bien là, il faudrait... Avant de critiquer notre gouvernement et avant
de dire n'importe quoi au sujet du ministre du Revenu, qui de toute
façon n'est pas cru dans ton comté, parce que les gens m'aiment
bien dans ton comté - les 50 $ au niveau des pièces puis les
autres 50 $, tu vas être capable de l'expliquer, là. Je pense que
c'est assez clair et puis c'est bon que ce soit clair comme ça.
M. Claveau: Je vous remercie pour autant de bienveillance
à mon égard, M. le ministre. D'ailleurs, je suis convaincu que
vous avez tout fait, durant la dernière campagne électorale, pour
me faire réélire, y compris des annonces mirobolantes sur
certains projets qui m'ont aidé à me faire réélire.
Mais, quand même, il reste que j'ai normalement d'excellentes sources
d'information qui devraient être suffisantes pour assurer mes
intérêts dans le comté.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député d'Ungava? Merci, M. le député d'Ungava. M.
le député de Prévost. Vous avez 20 minutes.
M. Forget: Merci beaucoup, M. le Président. J'aurais une
couple de petites questions à poser au ministre, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): 20 minutes.
M. Forget: Voici. Lorsqu'on parlait des garages tout à
l'heure, des pièces de voiture, est-ce que la taxe cachée de 13,5
% s'applique présentement sur ces pièces-là?
M. Savoie: Oui, oui, actuellement.
M. Forget: À l'avenir, à partir du 1er janvier
1991, cette taxe cachée de 13,5 % ne
s'appliquera plus.
M. Savoie: C'est ça. M. Forget: Ça va
être la taxe de 7 %. M. Savoie: C'est ça. 7 % d'Ottawa...
M. Forget: Plus la taxe provinciale? M. Savoie: Plus la taxe
provinciale. M. Forget: Parfait. Ça m'éclaire.
M. Savoie: II faut bien se rappeler et, justement, mon conseiller
spécial me le dit, il ne faut pas oublier une affaire. Lorsque vous
allez, actuellement, acheter une pièce, il y a déjà dans
cette pièce-là une taxe de 13,5 %, si elle est fabriquée
au Québec, au Canada, cachée. Lorsque vous achetez cette
pièce-là, vous payez 13,5 % de taxe fédérale plus
la taxe de vente du Québec, 9 %. Vous payez combien de taxe? Vous payez
22,5 % de taxe sur cette pièce-là quand vous l'achetez.
M. Léonard: Non, non. Je m'excuse. Je n'ai pas la parole,
mais les 13,5 s'appliquent sur les coûts de fabrication et non pas sur le
coût total.
M. Savoie: Oui, oui. Oui, oui, je veux bien. Je veux bien.
M. Léonard: Vous ne pouvez pas additionner les deux.
M. Savoie: Non, non. Non, non. Je veux bien là, que c'est
sur les coûts de fabrication.
M. Léonard: Franchement! Mme Caron: Belle
tentative!
M. Savoie: Non, non, mais ça ne fait rien. Ça ne
fait rien. Ce n'était pas une tentative, mais c'était ça
quand même. Parce qu'on sait, sur les pièces, par exemple, les
véhicules, que le gros du prix, c'est la main-d'oeuvre. Vous avez un
morceau là, je ne sais pas, sur un morceau de 50$, la main-d'oeuvre,
c'est le gros morceau.
M. Claveau: Ce n'est pas un gros morceau. M. Savoie:
Pardon?
M. Claveau: Pour 50 $, vous n'avez pas un gros morceau...
M. Savoie: Bien, c'est 13,5 % au niveau de la taxe sur la
fabrication plus 9 % au niveau de la taxe de vente. Et ça, ça ne
sera plus là.
M. Forget: M. le Président, mon autre question. Voici, je
suis agriculteur. Alors, je m'en vais chez Canadian Tire acheter une brouette.
J'ai ma carte de producteur agricole. Est-ce que je paie la taxe
fédérale et la taxe provinciale?
M. Savoie: Vous avez une exemption, parce que vous êtes
agriculteur. C'est une excellente question, effectivement. Oui. Vous ne payerez
plus de taxe de vente, ni la TPS là, sur les biens que vous achetez.
M. Forget: Là, vous êtes en train de me dire que les
agriculteurs sont favorisés par rapport a l'application de la taxe.
M. Savoie: Normalement, non seulement l'industrie
forestière et l'industrie minière sont avantagées, mais
également l'industrie agricole. Vous avez bien fait de me le rappeler,
M. le député, parce que, quand j'en ai parlé, je n'ai
parlé finalement que des opérations forestières et
minières. Dans le comté du député d'Ungava, il n'y
en a pas d'activité agricole.
M. Forget: Non, on n'a aucun agriculteur.
M. Savoie: Mais vous avez bien fait, pour tous les citoyens du
Québec. Je pense qu'un agriculteur ou une agricultrice, qui part et qui
s'achète, par exemple, pour l'opération de sa ferme, une brouette
dans un magasin de détail, Canadian Tire ou autre, là, on utilise
Canadian Tire...
M. Forget: Non, c'est parce qu'on a parlé des brouettes
chez Canadian Tire tout à l'heure.
M. Savoie: Oui, c'est ça. On en parlait. Dans n'importe
quel magasin, la taxe de vente ne sera pas applicable, ni la TPS. C'est bien
important. Alors pour ce cultivateur-là, pensez-y en ces
termes-là, il n'y a plus de 13,5 %, la taxe au niveau
fédéral, et il n'y a plus la TVQ qu'il paie actuellement. Il n'a
plus de déboursé à faire. Lorsqu'il va acheter, il ne
paiera pas ces deux... C'est une épargne considérable pour cette
personne-là.
M. Claveau: II paie 8 %. La taxe, il ne la paie pas de toute
façon.
M. Savoie: Bien, il la payait quand il achetait.
M. Forget: Alors, je ne sais pas si le député de
Labelle a bien compris. Disons qu'il est agriculteur comme moi, alors il va
être favorisé pour l'année 1991. Vous avez compris, M.
le député de Labelle?
M. Claveau: Le ministre a sa carte de
prospecteur, est-ce que ça vaut aussi?
M. Savoie: Alors, j'ai ma carte de prospecteur, seulement,
malheureusement...
M. Forget: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, monsieur. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président.
M. Savoie: Comment ça, Mme la députée?
Est-ce qu'elle va parler elle aussi pendant 20 minutes?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Mme Caron: Bien
sûr, M. le Président.
Une voix: Après ça, je vais parler pendant 20
minutes aussi.
M. Claveau: Elle défend les consommateurs, elle.
M. Savoie: Après ça, toi, tu vas parler pendant 20
minutes?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Pour le moment, c'est le
cas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: On vous a dit ça au tout début, M. le
ministre.
M. Savoie: Attendez une seconde!
Mme Caron: On vous a expliqué le règlement,
tantôt, là-dessus, au tout début.
M. Savoie: Je veux être sûr qu'on comprend bien ce
qui se passe ici.
Mme Caron: On applique le règlement. M. Claveau:
Doutez-vous de la présidence?
M. Savoie: Oui. Attendez une seconde. Je veux être
sûr qu'on comprend bien. On parle de 18... Oui, j'imagine que, toi, tu
vas aller sur le fond, tu vas être le seul d'ailleurs qui va toucher au
fond. Non, sérieusement, tu vas être le seul et je le sais. Moi,
je sais qu'effectivement il y a des choses dont on aurait dû discuter et
qui n'ont pas été discutées encore à cet
article-là. Je suis content de voir...
Là, ça fait 18 heures qu'on traite de ce projet de loi.
Ça fait 18 heures qu'on traite de ce projet de loi là et on est
rendu, finalement, à faire la première partie de ce projet de
loi. Et vous dites que tout baigne dans l'huile, c'est normal, vous êtes
responsable, vous agissez correctement. L'intervention du député
de Labelle, c'était correct, l'intervention du député
d'Ungava aussi, c'était correct et, toi, ton intervention, ça va
être correct aussi.
Mme Caron: C'est ça le règlement, M. le
ministre.
M. Savoie: C'est ça que tu me dis. Mme Caron: C'est
ça. M. Savoie: Allons-y.
Mme Caron: On y va. Alors, sur le fond, M. le Président,
on nous dit clairement que cet article-là vient seulement nous dire - et
je dois dire que l'explication la plus claire était vraiment celle du
député de Verdun, elle était beaucoup plus claire que
celle du ministre - que la TVQ vient s'appliquer sur la TPS. Ma première
question au ministre: Est-ce que le ministre se rappelle que l'Association des
consommateurs du Québec s'est justement opposée à cette
mesure-là? C'était sa deuxième recommandation. Est-ce que
le ministre est bien conscient qu'on va carrément à rencontre de
la deuxième recommandation de l'Association des consommateurs du
Québec qui approuvait ce projet-là et qui demandait, par exemple,
qu'on tienne compte des trois recommandations?
M. Savoie: Elle, en tout cas, c'est la meilleure à date.
Est-ce que je peux répondre tout de suite?
Mme Caron: Bien oui. Je vous pose une question. Ça ne
touche pas mon temps de parole.
M. Savoie: Ah! Ça va être un
contre-interrogatoire?
Mme Caron: Ça ne touche pas à mon temps de
parole.
M. Savoie: Oui. Vous avez bien raison. J'ai vu effectivement que
l'Association des consommateurs du Québec était d'accord avec le
principe; par contre elle s'objectait à ce que la taxe de vente du
Québec soit applicable au niveau de la TPS fédérale.
Mme Caron: Qu'est-ce que vous répondez à cette
recommandation-là de l'Association des consommateurs, puisque
c'était un groupe qui était favorable au principe de votre projet
de loi?
M. Savoie: Bon. L'Association des consommateurs a
évidemment à coeur que le consommateur paie le prix le moindre
possible. Je n'ai pas de difficulté avec ça. Et dans ce
sens-là, son
optique oat valable si on prend seulement cette optique-là. Par
contre, le gouvernement fédéral, vous vous le rappellerez, je
vous ai dit qu'il y avait une taxe de 13, 5 % cachée sur le bien que
vous achetez. Avant, nous, on avait aussi une taxe de vente qui s'appliquait et
ces 9 % étaient applicables aux 13, 5 %. Alors, on taxait le tout, nous
autres. Alors, le gouvernement fédéral arrive et dit: Bon, bien,
là, on fait sauter nos 13, 5 %, on met une taxe seulement de 7 %. Nous,
on a dit: II n'y a pas de problème avec ça, mais on va continuer
de tout taxer comme on faisait avant. On ne perdra pas au Québec des
revenus à cause que le gouvernement modifie son système de
taxation. Alors, si on se comprend bien, je pense que ça ne
présente pas de difficulté.
Mme Caron: Par contre, vous pourrez peut-être
m'éclairer là-dessus, les 13, 5 % de taxe cachée du
fédéral ne s'appliquaient pas à tous les produits.
M. Savoie: Non. Elle ne s'appliquait pas à tous, mais
à beaucoup de produits, par contre.
Mme Caron: Mais maintenant elle va s'appliquer à tous les
produits...
M. Savoie: Oui.
Mme Caron:... et donc, votre taxe que vous ajoutez va s'appliquer
elle aussi à tous les produits?
M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: Vous allez donc aller chercher des revenus
additionnels...
M. Savoie: C'est vrai.
Mme Caron:... dans la poche des consommateurs.
M. Savoie: C'est vrai. Maintenant, en gros, : pour le
Québec, ça concerne deux choses. Ça concerne le linge et
les meubles, en gros. O. K. ? Mais il faudrait comprendre... Non, c'est
ça. En gros, c'est ça que ça veut dire. (23 heures)
Mme Caron: II n'est pas d'accord...
M. Savoie: Bien oui, il n'est peut-être pas d'accord, mais
c'est ça quand même.
M. Gautrin: Non, mais ça ne donne pas
nécessairement des revenus additionnels, parce qu'il y a une baisse de
taxe.
M. Savoie: Oui, oui. Ce n'est pas, parce qu'il n'est pas d'accord
avec ce que je dis, nécessairement. Écoutez bien. C'est parce
que, là, ce qu'on fait, c'est qu'on étend la taxe à toute
une gamme de choses. On ne parle môme pas des services à ce
moment-ci, on n'a parié que des biens. Ça devient une taxe
générale et les exceptions ne tiennent plus. Alors, c'est ce qui
fait en sorte que ça permet de replacer cette taxe-là à un
niveau de 7 %, alors qu'on part d'un niveau de 13, 5 % à Ottawa et qu'on
le réduit à 7 %, puis, pour le gouvernement du Québec, de
partir d'une taxe de vente à 9 % et de la réduire à 7 % en
1992 et à 8 % en 1991. Alors, c'est vrai qu'on l'étend. Et
normalement aussi, ce n'est pas parfait, il y a des difficultés au
niveau de l'application de la TPS, particulièrement au niveau du linge,
je vous le concède. Au niveau des meubles aussi, je le concède
aussi. Ce n'est pas agréable, pour une mère de famille avec trois
enfants, de se ramasser avec une taxe de 15, 56 % sur le linge, du jour au
lendemain, sachant fort bien qu'il n'y aura pas une baisse vraiment
significative au niveau du linge. Ça va coûter plus cher, habiller
sa famille, en 1991, que ça ne coûtait en 1990. C'est vrai. Par
contre, l'impact général de la mesure en tant que telle sur
l'ensemble du territoire devrait avoir des effets qui font en sorte que ce
n'est pas si significatif que ça, là, pour son budget. Il peut y
avoir un impact et c'est pour ça qu'on intervient et qu'on dit: Les
gens, qui gagnent, par exemple, 30 000 $ et moins vont recevoir un
chèque et ça va aider à compenser pour l'effet de la
vente. C'est ce qu'on dit. Et je pense que, justement, le gouvernement
fédéral doit faire un mailing bientôt, je parie du 15
décembre. Alors, c'est ça...
Mme Caron: Vous avez, par contre, parfaitement dit, hier,
clairement, que la classe moyenne, quant à elle, payait davantage.
C'était très clair.
M. Savoie: C'est-à-dire que la classe moyenne compose le
gros de notre société. C'est sûr qu'il y a une bonne
classe, qui est assez pauvre. On a parlé de 20 % de la population, qui
gagne 17 500 $ et moins: les personnes âgées, les jeunes, des
choses comme ça, les autochtones et tous ces groupes-là, et il y
a un groupe, aussi, qui gagne beaucoup plus. Les riches, normalement, vont
payer, pas autant que l'aurait voulu le député de Labelle, mais
Dieu merci! le député de Labelle n'est pas au pouvoir.
Mme Caron: Ni la députée de Terrebonne!
M. Savoie: Bon, par contre, il vont payer beaucoup plus, parce
qu'ils sont de plus gros consommateurs de biens parce qu'il sont de plus gros
consommateurs, parce qu'ils dépensent plus, normalement, ils vont payer
plus de taxes.
Pour la classe moyenne, qui est la majorité du monde, par
exemple, un couple, qui a un revenu familial de 34 000 $, 35 000 $, 36 000 $,
37 000 $ comme unité - il y en a un des deux qui a un emploi à
temps partiel, l'autre, un
emploi à plein temps - bon, pour ces gens-là, l'impact, on
parie d'un impact possible de l'ordre de 100 $ par année. Je n'ai pas
les données exactes, mais ça tourne là-dedans, je
pense.
Mme Caron: Au niveau des pourcentages de consommation, les
données qu'on a, nous, c'est que la classe la plus riche dépense
environ, en biens de consommation, 57 % de son revenu, alors que la classe
moyenne dépense entre 75 % et 80 % de son revenu et que la classe la
plus défavorisée dépense, finalement, 100 % de son revenu
pour consommer.
M. Savoie: Mais, là, les riches... Quand on parle des
riches, par exemple, on pourrait parler, peut-être, je ne sais pas, moi,
d'un couple qui gagne 150 000 $ par année, 160 000 $, 200 000 $ par
année, des gens qui ont des revenus considérables, des choses
comme ça. Ces gens-là patent déjà 50 % en
impôt, 45 % en impôt.
Une voix: Les deux, 48 %.
M. Savoie: 48 %... Bon.
Mme Caron: Et tous les abris fiscaux, bien sûr...
M. Savoie: Non, 48 % d'impôt, et les abris d'Impôt,
bien, ça fonctionne et ça ne fonctionne pas.
Mme Caron: Ça semble bien fonctionner.
M. Savoie: En plus de ça, ils vont être
obligés de payer les taxes à la consommation. C'est des gens qui
consomment énormément; normalement, du linge. Au lieu de
s'acheter une paire de jeans à 30 $, ils vont payer les jeans 100 $, des
choses comme ça.
Mme Caron: Mais, pour une famille moyenne, payer 30 $ c'est
beaucoup plus difficile que de payer, pour la personne plus riche, 100 $ sa
paire de jeans, toutes proportions gardées.
M. Savoie: Je comprends qu'un impact de 10 $ ou 15 $ a beaucoup
plus de signification. Par contre, comme je vous le dis, on évalue
l'impact pour quelqu'un de ce groupe-là, dont on a parlé, par
exemple, un jeune couple, avec un enfant ou deux, dont le revenu annuel est de
l'ordre de 35 000 $, par exemple, les deux salaires ensemble, tout ça,
l'impact pour eux devait être de l'ordre à peu près d'une
centaine de dollars, annuellement, sans parler de l'effet de renforcement de
l'économie, toutes les choses qu'on recherche comme
société collective. Au niveau, par exemple, de quelqu'un qui
gagne 150 000 $, l'impact est significatif.
Mme Caron: Vous avez abordé les vêtements et
ça m'a rappelé une interrogation que j'ai eue dans mon
comté. Il existe un petit peu partout au Québec des comptoirs
d'entraide comme on les appelle. Je ne sais si vous en avez dans votre
région. Ce sont des lieux où des bénévoles
reçoivent des vêtements. On donne des vêtements à ces
gens-là et des bénévoles en font le tri, réparent
les vêtements, tout ça, et les revendent aux personnes
démunies. Ils revendent à des coûts extrêmement
abordables. On parie de 2 $ ou 3 $ pour des vêtements, des robes, des
chemises, des choses comme ça. Est-ce que ces lieux-là vont
devoir eux aussi charger et la TPS et la TVQ sur ces
vêtemènts-là qui, finalement, leur ont été
donnés?
M. Savoie: II y a des dispositions dans la loi en ce qui concerne
les organismes à but non lucratif. Par contre, si ces
organismes-là achètent du linge et revendent du linge, ils vont
être également obligés de charger la taxe.
Mme Caron: Si c'est uniquement du linge qui est donné et
qu'eux le revendent, parce que c'est ça dans ces cas-là? Les
comptoirs d'entraide, on leur donne le linge et ils le revendent à
faible coût, mais ils le revendent.
M. Savoie: Pour le moment, disons qu'ils sont obligés de
payer la taxe sur le prix de revente. Maintenant, si je me rappelle bien, mon
père est président de probablement un des plus grands centres
dans le coin de Montréal qui s'occupe de ces gens-là. Je lui ai
demandé combien il chargeait, par exemple, pour un habit en bon
état. Il m'a parlé de 8 $, 9 $. Alors, on parierait d'un montant
de 10 % sur 8 $ ou 9 $, de 0,70 $.
Mme Caron: Mais toujours en se rappelant ce que je vous ai dit
tantôt.
M. Savoie: Oui, Hs vont être obligés de...
Mme Caron: L'impact de ces montants-là sur ces
gens-là.
M. Savoie: Oui. Par contre, s'ils paient de la taxe, ils vont
avoir également droit à certains avantages.
Mme Caron: Comme?
M. Savoie: Comme les frais qui sont... Ils vont avoir un
numéro de taxe et, quand ils vont acheter des choses pour leur
fonctionnement, ils n'en paieront pas.
Mme Caron: Mais ça ne donnera rien... Ceux qui
reçoivent ces services-là perdent.
M. Savoie: Pardon?
Mme Caron: Ceux qui vont acheter se trouvent à perdre.
M. Savoie: Quand on parle de gens qui magasinent dans ces
coins-là, des gens finalement défavorisés... Ça me
surprendrait bien gros qu'on magasine là la semaine prochaine.
Mme Caron: Moi, j'en donne là.
M. Savoie: Oui, moi aussi. Alors, à ce moment-là,
ces gens-là reçoivent un chèque de la part du gouvernement
pour tenir compte des taxes qu'ils doivent débourser. Ils
reçoivent une compensation pour ça. Mais tout simplement, par
mesure de compensation, et d'une façon globale, la taxe doit s'appliquer
à tout.
Mme Caron: Maintenant qu'on parle de la compensation, parce que
c'est quelque chose qui me fatigue énormément, justement, par
rapport aux plus démunis, qu'est-ce qu'on fait des personnes qui ne font
pas de déclaration d'impôt? Comment vont-ils l'avoir?
M. Savoie: C'est intéressant ça, parce que les gens
vont être obligés d'en faire.
Mme Caron: Pensez-vous qu'un itinérant à
Montréal fait une déclaration d'impôt?
M. Savoie: Pardon?
Mme Caron: Pensez-vous que les itinérants à
Montréal font des déclarations d'impôt?
M. Savoie: Les itinérants, vous me parlez des
sans-abri?
Mme Caron: Oui.
M. Savoie: Je ne pense pas qu'ils font des rapports
d'impôt, mais je ne pense pas non plus qu'ils procèdent à
beaucoup d'achats où ils paient la taxe.
Mme Caron: Bien, ils vont être obligés d'acheter un
peu quand même. Ils vivent. Ils achètent un peu, M. le
ministre.
M. Savoie: Oui, tu sais, je veux dire, on parie de quoi?
Finalement, on parle d'itinérants. Sur 111e de Montréal...
Mme Caron: Pas uniquement. Je vous donne l'exemple des
itinérants, mais combien de bénéficiaires de l'aide
sociale, combien de personnes âgées qui n'ont que leur pension de
vieillesse, combien y a-t-il de personnes à faible revenu qui ne font
pas de déclaration d'impôt? Et mon inquiétude par rapport
au crédit, elle est là. C'est que j'ai l'impression que le
pourcentage des démunis qui ne font pas de déclaration
d'impôt, il est très fort. Et comment va-t-on les rejoindre? C'est
extrêmement pertinent.
M. Savoie: C'est le gouvernement fédéral qui va
faire ça en 1991, verser un montant à tous ceux et à
toutes celles qui sont bénéficiaires de programmes d'assistance
sociale. Et les gens qui ont fait un rapport d'impôt et qui ont dit, par
exemple: Mon revenu est de 26 000 $, ils vont recevoir un montant
équivalent, tout simplement par la poste. Je pense, comme je vous l'ai
dit, que le premier mailing va arriver pour Noël.
Mme Caron: Ceux qui n'en ont pas fait ne l'auront pas.
M. Savoie: C'est-à-dire que ceux qui sont
bénéficiaires d'assistance sociale, je pense que c'est ça,
ils ont droit à un montant et ils vont recevoir leur montant.
M. Gautrin: Ce n'est vraiment pas pertinent. Mme Caron: Je
reviens à une autre petite...
M. Savoie: II reste combien de temps à madame?
Le Président (M. Lemieux): Un instant! Que voulez-vous
savoir, M. le député d'Abitibi-Est?
M. Savoie: II y a quelque chose qui ne marche pas, là.
Elle, elle opte pour la formule de questions et réponses. Elle me pose
une question et je donne la réponse.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Savoie: Toi, tu lui charges seulement le temps de la
question.
Le Président (M. Lemieux): Oui, seulement son temps, c'est
comme ça que ça fonctionne. Pendant les 20 minutes du temps de
parole de la députée de Terrebonne, elle peut vous poser 50
questions et vous tenir pendant 10 heures, parce qu'à chacune de vos
interventions vous avez 5 minutes. À la limite, Mme la
députée de Terrebonne, si elle fait preuve d'une habileté
procédurale, pourrait vous tenir ici une semaine de temps sur ses 20
minutes.
M. Savoie: Ah! Alors, moi, le grand naïf qui la croyait de
bonne foi...
Mme Caron: Je suis de bonne foi, M. le Président.
M. Savoie: ...je croyais que vraiment dans son...
Mme Caron: C'étaient de véritables ques-
tions que je vous posais, qui me préoccupent vraiment.
M. Savoie: Ah bon! Elle est de bonne foi.
Le Président (M. Lemieux): C'est l'article 246 du
règlement et elle agit dans les règles de l'art.
M. Savoie: Alors, vous comprendrez que je voudrais que mes
réponses soient dans son temps.
Le Président (M. Lemieux): Non, c'est impossible.
Mme Caron: Ce n'est pas ça le règlement.
M. Savoie: À ce moment-là, on ne pourra pas... Vous
comprendrez l'affaire.
Le Président (M. Lemieux): Regardez, M. le ministre,
l'article 246 nous dit ceci.
M. Savoie: Maintenant qu'on est au courant...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, puis-je vous en
faire la lecture? Je pense que ce serait intéressant pour vous. "Le
ministre ou le député qui présente un projet de loi, outre
le temps de parole dont il dispose au même titre que les autres
intervenants - soit les 20 minutes - , a droit à un temps de parole de 5
minutes après chaque intervention." Alors, c'est ce qui se passe,
à partir de l'étude article par article.
M. Gautrin: M. le Président.
M. Savoie: Là, vous me dites que vous étiez de
bonne foi, que vous ne saviez pas ça.
Mme Caron: Moi, je le savais. M. Savoie: Toi, tu le
savais?
Mme Caron: Mes questions sont bien sincères, mais je le
savais, oui.
M. Gautrin: Le ministre n'est pas obligé de
répondre.
Le Président (M. Lemieux): Le ministre n'a aucune
obligation de répondre.
M. Gautrin: II peut, mais il n'est pas obligé de
répondre.
Le Président (M. Lemieux): Non, il n'a aucune
obligation.
M. Gautrin: Merci.
Le Président (M. Lemieux): II n'a aucune obligation, mais
les questions de Mme la députée de Terrebonne sont quand
même très pertinentes.
M. Savoie: Je vous aime bien, mais je suis certain que le
député de Gouin va vouloir poser des questions.
Le Président (M. Lemieux): Alors, elle n'a pas
terminé. Il reste combien de temps à Mme la députée
de Terrebonne?
Une voix: Seize minutes et demie.
Le Président (M. Lemieux): Seize minutes et demie.
Mme Caron: Merci, M. le Président.
M. Léonard: Disons qu'un notaire devrait savoir que nul
n'est censé ignorer la loi.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Terrebonne, pas de commentaire. Ce n'est pas antiparlementaire.
Mme Caron: D'autant plus, je pense, M. le Président, que
vous aviez été très clair là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): II me semble.
Mme Caron: II me semble que tout le monde avait compris.
M. Gautrin: Soyez pertinente.
Mme Caron: J'ai été pertinente, M. le
député de Verdun. Alors, on revient aussi. Vous l'avez
mentionné au député d'Ungava et, pour certains produits,
je pense aux appareils électroménagers et aux meubles qui
étaient livrés, on a clairement identifié que la TVQ
s'appliquerait à la livraison. C'est ça? Donc, on va chercher
indirectement des taxes sur certains services tout de suite, même si on
dit qu'on ne taxe pour le moment que les produits et non les services.
J'aimerais bien que le ministre m'entende pour son droit de
répliqué tantôt, ses cinq minutes. En répondant au
député d'Ungava que, sur l'achat de meubles livrés, vous
chargez une TVQ sur la TPS avec la livraison, donc, même si vous dites
que Québec ne taxe pour le moment, en 1991, que les produits et non les
services, vous vous trouvez à taxer indirectement certains services
comme la livraison. Moi, j'aimerais bien savoir s'il y a d'autres types de
services qui seront taxés de cette façon-là. (23 h 15)
L'autre point qui m'inquiète drôlement et qui
inquiète beaucoup les consommateurs, c'est l'information parce qu'on a
très bien vu, M. le ministre, que tous les parlementaires autour de
cette table avaient plein d'interrogations sur le
côté technique et pratique de l'application de la TVQ sur
la TPS. Eh bien, j'ai l'impression que les commerçants ont les
mêmes interrogations et les mêmes inquiétudes et on a
déjà vu, au cours de l'année, des commerçants qui
ont tenté - je ne dirais pas que c'est de mauvaise foi, mais par manque
d'information, peut-être certains par mauvaise foi, mais souvent par
manque d'information - immédiatement, à partir du moment
où dans l'air on parlait de la TPS, tout de suite, de commencer à
charger une TPS. Et, le consommateur qui avait entendu parler de la TPS, eh
bien, il payait une TPS en se disant elle est déjà
arrivée, la TPS. Puis, j'ai la même inquiétude par rapport
à votre TVQ, même si vous me dites qu'elle n'est pas sur tous les
services présentement, parce qu'on a vu qu'elle pouvait l'être sur
certains services indirectement. J'ai bien l'impression que le
commerçant qui va avoir à appliquer cette loi très
complexe... C'est ça, les commerçants au détail ont
été très clairs là-dessus, ils ont dit qu'ils la
trouvaient très complexe d'application et ils ont même
ajouté qu'ils n'étaient pas prêts à l'appliquer au
moment où on se parle, ni le mois prochain.
Donc, si les commerçants n'ont pas l'information, de bonne foi,
ils peuvent très bien charger au consommateur une taxe sans la remettre
au ministre du Revenu par manque d'information. Pas nécessairement par
mauvaise foi, mais certains par mauvaise foi aussi par exemple, et ça,
ça fait partie de mes préoccupations à titre de
porte-parole de l'Opposition officielle en matière de protection du
consommateur.
M. Gautrin: Pourquoi est-ce pertinent?
Mme Caron: Parce que je ne suis pas certaine du tout que, du
côté de l'information, ce soit clair chez les commerçants,
ni plus clair chez les consommateurs. Comme les consommateurs...
M. Gautrin: Est-ce que c'est pertinent?
Mme Caron: ...pensent que la TPS s'appliquera au complet, en
1992. des deux paliers, eh bien, ils vont être bien prêts à
la payer tout de suite, hein. Ils ne se poseront pas la question, parce qu'ils
ne le sauront pas.
M. Gautrin: Donc, ça ne pose pas de problème.
Mme Caron: Une autre question que j'ai par rapport à
ça pour le ministre, c'est bien sûr: Est-ce qu'ils ont
prévu une campagne d'information tant chez les commerçants que
chez les consommateurs?
M. Gautrin: Monsieur, sur une question de règlement, vous
ne permettrez quand même d'appeler à la pertinence.
Le Président (M. Lemieux): Oui?
M. Gautrin: On est en train...
Mme Caron: Je suis sur la pertinence.
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président, je vous demande
de trancher la question. À l'heure actuelle, madame est en train de
demander au ministre si le ministre a prévu une campagne d'information.
Je rappellerai, si vous me permettez, qu'on est en train de débattre
l'article 1, premier paragraphe, qui est strictement l'application de la TVQ
sur la TPS. Alors, je ne sais pas. Si on veut savoir si le ministre a
prévu une campagne d'information, je trouve que ce n'est pas pertinent
actuellement dans le débat.
Mme Caron: Eh bien, pour l'application de la TVQ sur la TPS,
c'est d'information dont on a besoin.
M. Gautrin: Ce n'est pas sur la loi... Mme Caron: C'est
très clair.
M. Gautrin: ...c'est à ce moment-là sur la gestion
du gouvernement ou sur la manière dont le gouvernement va fonctionner.
Je m'excuse, on est en train de débattre une loi. La manière dont
le gouvernement fonctionne après, je pense que ce n'est pas pertinent
à la loi, actuellement.
Mme Caron: Aucunement, M. le Président, on nous dit que
cet article est là pour dire que la TVQ va s'appliquer sur la TPS. Moi,
je demande au ministre si les citoyens du Québec vont être
informés que la TVQ va être appliquée sur la TPS, et sur
quels produits. C'est très pertinent, M. le Président. Je
continue...
M. Gautrin: M. le Président, je vous ai demandé de
trancher sur une question. Elle ne peut pas continuer sans que vous n'ayez
rendu de décision.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Terrebonne, nous sommes à étudier un projet de loi à son
article 1 et l'interprétation que je dois en faire, c'est en vertu de
l'article 41 de la Loi d'interprétation qui dit qu'il faut que je
suscite les débats et que je dois donner une interprétation
large, libérale, qui aille dans le sens de l'accomplissement de l'objet
de la loi, de son esprit, puis de sa fin. il faut qu'ici on échange au
niveau des débats et, à partir du moment où, M. le
député de Verdun, il existe un lien si infime soit-il avec
l'article, ça peut être et ça doit être - et
ça, c'est vraiment la tradition - considéré comme
pertinent. Sans ça, il n'y aurait pas d'échange et une
interprétation
trop rigide du règlement, à mon avis, en arriverait
à la conclusion que je diminuerais les droits des parlementaires. Mais
il vous reste un recours. À partir du moment où vous ne serez
peut-être pas d'accord avec la députée de Terrebonne, vous
aurez le choix que vous connaissez très bien: on vote pour ou on vote
contre.
Alors, Mme la députée de Terrebonne, il faut que, dans vos
interventions, il y ait toujours un lien, une affinité, une relation, je
ne dis pas directe mais indirecte, avec l'esprit de l'article. Ça
va?
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je ne vois vraiment pas
à quel autre article je pourrais poser cette question au ministre,
puisqu'on parle, effectivement, de l'application de la TVQ sur la TPS. Alors,
c'est important de savoir si les consommateurs vont en être
informés et si les commerçants qui vont avoir à appliquer
cette TVQ sur la TPS vont en être informés. Je ne vois pas comment
on peut dire que le lien n'est pas direct. J'aimerais rappeler, sur mon temps
de parole...
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président. Je
soulève actuellement et je me permets de soulever la même question
de pertinence à l'article 211, bien malgré les remarques que vous
avez faites. Mme la députée de Terrebonne pose des questions sur
l'action du gouvernement et non pas sur l'action législative de la loi
qu'on a devant nous. Et elle demande: Est-ce que le gouvernement va informer ou
n'informera pas les citoyens? Je ne vois pas en quoi l'action du gouvernement,
c'est pertinent avec le projet de loi qu'on a devant nous.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle sur la question de règlement.
M. Léonard: Sur la question de règlement, la
députée de Terrebonne a bien indiqué et expliqué
que cette taxe serait très compliquée à administrer, que
les citoyens risquaient de ne pas être au courant et, en
conséquence, elle voulait s'informer si le ministre pensait informer les
citoyens sur l'application de la loi.
Le Président (M. Lemieux): Ça a un lien.
M. Léonard: Je pense que c'est une question très
simple.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, c'est pertinent.
Continuez, Mme la députée de Terrebonne. Là, je vais vous
écouter d'une oreille...
Mme Caron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): ..très attentive.
Mme Caron: Alors je continue, toujours sur le fond,
c'est-à-dire sur l'application de la TVQ sur la TPS, puisque
l'Association des consommateurs du Québec s'était vraiment
prononcée contre cette partie de l'application. Et, comme nous sommes
à l'étude de cet article qui touche à cette application,
je pense que c'est important de rappeler ce qu'elle a dit. Le 3
décembre, ce que nous dit l'Association des consommateurs du
Québec, c'est que le gouvernement du Québec ne doit pas calculer
le montant de taxe de vente à payer sur le total du prix réel,
plus TPS fédérale. Le calcul doit être basé
uniquement sur le prix réel du bien ou du service. C'est évident
que, sur un produit qui est peu dispendieux, l'effet est mineur, mais sur un
produit qui est dispendieux, l'effet peut devenir extrêmement important
et, là, je ne pense toujours pas, bien sûr, à la classe la
plus favorisée, mais à la classe moyenne pour qui l'effet peut
être très important.
On nous a également dit, du côté de l'Association
des consommateurs du Québec, en date du 4 décembre, dans
l'article de Pierre Roberge dans Le Devoir: L'Association dénonce
l'intention du ministre des Finances, Gérard D. Levesque... C'est
dommage, par exemple, pour M. le ministre du Revenu qu'on ne parle... On ne
fait jamais allusion au ministre du Revenu pour ce projet de loi là. On
fait toujours allusion au ministre des Finances.
Une voix: Non... de la politique...
Mme Caron: Je recommence: "L'Association dénonce
également l'intention du ministre des Finances Gérard D. Levesque
de calculer la taxe de vente provinciale à partir du total formé
par l'ajout de la TPS fédérale aux prix bruts." Et M. Alain
Paquet nous dit: "II perpétuera donc une mauvaise habitude." Vous nous
avez bien dit tantôt que ça se faisait déjà et, eux,
ils sont bien conscients que ça se faisait déjà, mais que
c'était quelque chose qui n'aurait jamais dû se faire que
perpétuer quelque chose qui n'est pas correct, ça ne se justifie
pas. "Il perpétuera donc une mauvaise habitude suivant laquelle
l'actuelle taxe de vente fédérale (que fera disparaître la
TPS) est déjà incorporée dans les prix affichés.
Concrètement, le taux effectif de la taxe provinciale sera 8,56 % en
1991 et 7,49 % en 1992, et non 8 % et 7 %, comme le soutient le ministre. Pour
la transparence et la clarté - c'est ce que demandait tantôt notre
porte-parole de l'Opposition officielle, le député de Labelle -
affirme l'Association des consommateurs du Québec, Québec doit
revenir sur sa décision et prélever sa taxe indépendamment
sur le prix avant la taxe fédérale." Donc, si Québec doit
revenir sur sa décision, nous sommes vraiment à l'article pour
demander à Québec de revenir sur sa décision.
Je continue, toujours en date du 4 décembre
et cette fois-ci c'est Mme Nicole Laliberté, présidente de
l'Association des consommateurs, qui nous dit: Nous demandons que le
gouvernement du Québec ne calcule pas le montant de la taxe de vente
à payer sur le total du prix de la marchandise auquel on aurait
déjà additionné la TPS fédérale. Le calcul
devrait être basé uniquement sur le prix réel du bien ou du
service. Et là-dessus, tous les organismes de consommateurs
étaient d'accord, M. le Président: La seule raison valable du
ministre, c'est qu'avant, ça se faisait comme ça. Il a même
tenté de refuser d'étudier le paragraphe 1 de l'article 1 en nous
disant, mais, c'était déjà là avant... Ce n'est pas
une raison, lorsqu'on travaille à un projet de loi, de dire: Bien,
c'était comme ça avant et on continue. C'est justement le temps,
lorsqu'on étudie un projet de loi, de voir s'il n'y a pas des
changements à faire. On n'est pas là uniquement pour reproduire
ce qui se faisait avant. C'est perpétuer des erreurs qui ne sont pas
acceptables et je m'étonne de la faiblesse de l'argumentation du
ministre du Revenu là-dessus.
M. le Président, comme j'ai le droit de scinder mon temps de
parole, j'aimerais bien entendre quelques réponses du ministre, ses cinq
minutes de réplique, sur cette partie-là de mon intervention. Je
peux lui rappeler brièvement les points sur lesquels je n'ai pas eu de
réponse. C'est sur l'information qui va être faite auprès
des commerçants et des consommateurs, sur les taxes indirectes qu'on
retrouve sur certains services, comme sur la livraison, et sur le fait que
l'Association des consommateurs, tout comme l'Opposition, ne juge pas
nécessaire de perpétuer le système tel qu'il était,
c'est-à-dire de poursuivre l'erreur de taxer la taxe du Québec
sur la taxe fédérale. Alors, M. le Président, j'attends la
réplique du ministre.
M. Savoie: Son temps de parole est fini?
Mme Caron: Non, j'ai le droit de le scinder, je vais revenir.
M. Savoie: Eh bien, si tu commences à faire ta...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste trois minutes. M.
le ministre, vous n'êtes pas obligé de répondre, vous
n'avez l'obligation de répondre.
M. Savoie: Je ne suis pas obligé, hein? Le
Président (M. Lemieux): Non.
Mme Caron: Ah! vous n'êtes pas obligé de
répondre! Ça vous arrive souvent de ne pas répondre aux
questions? Vous n'êtes pas obligé!
M. Savoie: La campagne d'information, je me rappelle, tu en avais
parlé. C'est parce que tu n'as pas lu la documentation que je t'ai
envoyée.
Mme Caron: "Vous" en avez parlé?
M. Léonard: Je pense qu'en termes de décorum,
chacun porte respect au député à qui il s'adresse. Il me
semble que le ministre devrait s'adresser...
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais je pense que le
député d'Abibiti-Est nous a déjà fait état
que c'était sa structure mentale et que ça lui créait des
difficultés. Il n'est pas du tout de mauvaise foi et il a
expliqué pourquoi. Mais essayez, M. le ministre, de vous adresser
à la présidence, oui.
M. Savoie: Oui, c'est ça: Je vous ai expliqué que
j'ai commencé à apprendre à parler français
très tard, d'ailleurs, en 1970 et 1971, et que c'était comme
ça.
Mme Caron: ...le permet, M. le ministre.
M. Savoie: C'est malgré moi, ce n'est pas par manque de
respect du tout. Il faut que je me concentre pour dire "vous", ça ne
vient pas tout seul. Alors, je ne sais pas si tu te rappelles, mais je t'ai
envoyé des documents...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): C'est vraiment involontaire.
Voulez-vous vous adresser, monsieur, à fa présidence.
M. Savoie: Je vous ai envoyé des documents, je vous ai
envoyé une lettre que j'ai moi-même signée contenant toute
une série d'informations qui disaient qu'on venait juste de terminer une
tournée dans l'ensemble de la province de Québec, qui avait pour
but, justement, de sensibiliser les commerçants et les
commerçantes du Québec à la TPS. Il y a un comité
du ministère qui était avec eux, qui expliquait - ils donnaient
un exposé sur l'introduction de la TVQ - et qui répondait aux
questions; il y avait des rencontres l'avant-midi et l'après-midi. J'ai
moi-même effectué trois de leurs visites avec eux,
c'est-à-dire qu'un lundi après-midi j'ai été
présent dans trois régions différentes et que j'en aurais
fait une autre cette semaine, n'eussent été vos histoires. (23 h
30) 33 villes ont été visitées et pour l'affichage aussi.
Probablement que ce n'est pas suffisant, probablement qu'on va être
obligé de recommencer, de continuer nos efforts dans ce sens-là,
parce que ça va demander un effort soutenu pendant plusieurs
années. Au sujet de la taxe sur la livraison, je pense que j'avais
donné un exemple très précis au député
d'Ungava. Vous
avez écouté, vous écoutiez pendant que... C'est
bien gentil, alors vous vous rappellerez sans doute la réponse.
Mme Caron: Non, je voudrais savoir s'il y a d'autres taxes
indirectes sur certains services.
M. Savoie: D'autres taxes?
Mme Caron: D'autres types, comme la livraison.
M. Savoie: De type livraison, comme quoi?
Mme Caron: C'est pour ça, je vous demande s'il y en a
d'autres.
M. Savoie: Je ne le sais pas, on ne pense pas. Pour ce qui est du
principe d'appliquer la TVQ à la TPS, je pense qu'au début je
vous ai expliqué ça net fret sec; je vous ai expliqué
ça bien comme il faut, la nature de notre intervention, pourquoi on
charge, évidemment, la TPS sur la TVQ... La TVQ sur la TPS!
Mme Caron: Ah bon! Alors...
M. Savoie: Je pense que j'ai été très
clair.
Mme Caron: Ce qui était clair, c'est que vous m'avez
répété que vous vouliez reproduire le modèle et,
pour l'Association des consommateurs du Québec, c'est
répéter une erreur.
M. Savoie: Pardon?
Mme Caron: Pour l'Association des consommateurs du Québec,
vous perpétuez le système et c'est une erreur de le
perpétuer comme ça.
M. Savoie: Ah! bien non! Ce n'est pas une erreur. Si on ne le
faisait pas...
Mme Caron: Mais pour eux, c'est ça.
M. Savoie: ...on serait... Oui, je sais, mais c'est parce qu'ils
ne sont pas au pouvoir. C'est pour ça, ce n'est pas eux autres qui
perçoivent l'argent...
Mme Caron: Non, eux, ils paient.
M. Savoie: Eux doivent penser en fonction du consommateur,
uniquement. Nous autres, on doit penser en fonction du consommateur et en
fonction des obligations de l'État.
Combien de temps lui reste-t-il à Mme la
députée?
Le Président (M. Lemieux): Deux minutes et demie.
M. Savoie: J'ai répondu à vos questions.
Mme Caron: Deux minutes et demie, ce n'est pas beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas beaucoup?
Mme Caron: Alors, je vais revenir...
Le Président (M. Lemieux): Alors, de consentement,
peut-être qu'ils vont vous en donner un peu plus.
Mme Caron: Deux minutes et demie. Je vais revenir uniquement sur
la campagne d'information parce que, M. le Président, je vous avoue, que
je trouve ça tout à fait... Si j'ai posé la question,
c'est justement parce que j'avais lu la lettre du ministre et que, dans ma
région à moi, il n'y a pas vraiment de commerçants qui ont
été infor mes. La réponse du ministre me confirme que
l'information est vraiment très insuffisante. 33 villes au
Québec, y avez-vous pensé, M. le Président? 33 villes qui
ont eu de l'information. Avez-vous pensé au peu de commerçants
qui assistent à ces rencontres-là? C'est vraiment insuffisant et
ce sont des commerçants qui ont été informés, donc
quelques commerçants un petit peu partout au Québec, parce que,
si c'est par rencontre, ce n'est pas tout le monde qu'on touche, uniquement les
personnes qui se déplacent pour ces rencontres-là, et les
consommateurs, eux, ne sont aucunement touchés par - je n'ose pas
appeler ça une campagne d'information, M. le Président - quelques
rencontres d'information dans tout le territoire du Québec. On peut dire
qu'il y a eu 33 rencontres d'information et que quelques commerçants on
été informés, mais aucunement que l'ensemble des
commerçants a été informé. L'application se fait
dans un mois, M. le Président, si le projet de loi passe, si le projet
de loi passe aussi à Ottawa et les consommateurs, eux, ne sont pas
informés du tout. Je reviendrai sûrement, M. le Président,
sur ce sujet-là et je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Terrebonne, je vous remercie. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Une voix: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 1 est
adopté? Ah! Il y a d'autres interventions. O.K. Ça va.
M. Boisclair: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Gouin.
M. Boisclair: Je vais rapidement intervenir sur le premier
article du projet de loi. Essentiellement, on vient préciser et modifier
l'article 2
de la loi de l'impôt sur la vente en détail. On ajoute un
élément bien précis au paragraphe 7 de l'article 2 de la
Loi concernant l'impôt sur la vente en détail, ce qui se lit, et
qui est quand même relativement simple à comprendre: "et toute
taxe payée ou à payer en vertu de la Loi sur la taxe d'accise
déterminée, dans le cas de la taxe payée ou à payer
en vertu de la partie IX de cette loi, sans égard au crédit de
taxe sur les intrants prévu à cette partie". M. le
Président, ce qu'on vient préciser par la portée de cet
amendement, c'est tout simplement que la taxe de vente québécoise
s'appliquera par-dessus la TPS fédérale, ce qui veut dire que,
dans un premier cas, ce sera 15,56 % et, dans un doiixiô me cas,
ça sera 14,49 % le 1er janvier 1992. Bon, le texte parle par
lui-même.
Cependant, le paragraphe 7 de /'article 2 de la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail dit: "Ceci inclut - en parlant du
prix de vente - tous frais d'installation de l'objet vendu, tous frais de
service, tous frais de douane, d'accise et de transport". Ça, c'est
actuellement dans la loi et le projet de loi vient tout simplement apporter un
certain nombre de précisions, justement, pour que la TVQ s'applique sur
la TPS. Cependant, j'aimerais avoir un premier éclaircissement. J'ai un
certain nombre de questions sur l'article et j'y reviendrai, mais est-ce qu'on
a la garantie, avec cet amendement au paragraphe 7, que la TPS
fédérale ne fera pas partie du prix de vente? Est-ce que, par
exemple, on pourrait se retrouver dans une situation où le prix de vente
inclurait la TPS fédérale? Je ne sais pas si le texte... Je ne
suis pas juriste, c'est pour ça que je vous pose la question, mais, par
exemple, si on avait eu une disposition, si on avait ajouté à
l'article de l'actuelle loi: Ceci inclut tous frais d'installation de l'objet
vendu, tous frais de service, tous frais de douane, d'accise et de transport,
mais exclut la TPS fédérale, dans ce cas-là, on aurait eu
la garantie expresse que le prix de vente n'inclue pas la TPS
fédérale.
La première interrogation que je soulève, c'est, d'une
part: Est-ce que l'article 1 du projeti de loi donne une garantie
à l'effet que le prix de vente n'inclura pas la TPS
fédérale? On pourrait se retrouver dans un cas où le prix
de vente inclurait la TPS fédérale. En d'autres mots, est-ce que
cet article-là nous donne l'assurance que, lorsque quelqu'un consommera,
achètera des biens, sur le ruban qu'on lui remettra après avoir
fait sa transaction, sera clairement indiqué le montant de la TPS
fédérale et de la taxe de vente du Québec? La lecture de
l'article, en tout cas, ne me donne pas cette garantie-là. Ma
compréhension de l'article ne me donne pas cette garantie-là.
Donc, c'est une des premières choses qu'il me semble important de
souligner. Je ne sais pas si le ministre, rapidement... Est-ce que je me trompe
quand je dis ça?
M. Savoie: Non, non. La réponse, c'est à l'article
13.
M. Gautrin: Ah! Et ça aussi? Même s'il...
M. Boisclair: La garantie se retrouve à l'article 13.
M. Léonard: II n'y a pas de garantie justement.
M. Boisclair: Non, mais écoutez, sur mon temps, je vais
juste consulter l'article 13.
M. Léonard: II n'y a pas de garantie sur ça.
M. Savoie: Je pense qu'on a deux interprétations à
ta question. Il faudrait peut-être l'expliquer davantage.
M. Boisclair: Oui, ma question est très simple. Le prix de
vente, on le définit dans l'actuelle loi. Je ne parle pas du projet de
loi 89. On le définit ainsi: le prix de vente inclut tous frais
d'installation de l'objet vendu, tous frais...
M. Savoie: Oui.
M. Boisclair: ...de service, tous frais de douane, d'accise et de
transport.
M. Savoie: Oui, le total.
M. Boisclair: Le total. Et on dit, dans l'amendement que vous
apportez à ce paragraphe 7, "et toute taxe payée ou à
payer en vertu de la Loi sur la taxe d'accise...
M. Savoie: Oui.
M. Boisclair: ...bien sûr, dans les Statuts du Canada,
déterminée dans le cas de la taxe payée ou à payer
en vertu de la partie IX de cette loi, sans égard au crédit de
taxe sur les intrants prévu à cette partie.
M. Savoie: Même si aucune mention distincte n'en est faite
sur la facture ou dans les livres du vendeur.
M. Gautrin: Là, ça répond à ta
question.
M. Savoie: "C'est-u" ça qui répond à ta
question?
M. Boisclair: Même si aucune mention distincte n'en est
faite sur la facture?
M. Léonard: C'est ça. M. Boisclair: Oui.
M. Gautrin: Ça, ça répond à ta
question.
M. Boisclair: Oui, mais est-ce que... Oui, mais de quel...
Une voix: II veut le détail.
M. Boisclair: Qu'on prenne te temps d'en discuter.
M. Gautrin: O.K. C'est ça.
M. Savoie: Moi, je pense que c'est ça.
M. Boisclair: Mais, sur le ruban que le consommateur
reçoit...
M. Savoie: Va voir à l'article 13. Va voir à
l'article 13.
M. Boisclair: À l'article 13: La personne tenue de
percevoir la taxe doit, de la manière prévue par
règlement... L'article 13, effectivement, dit: La personne tenue de
percevoir la taxe doit, de la manière prévue par règlement
ou sur toute facture, reçu, écrit ou autre document constatant la
vente - un ruban, par exemple...
M. Savoie: Un ruban.
M. Boisclair: ...indiquer à l'acheteur que le prix de
vente comprend la taxe - on parle bien de la taxe de vente
québécoise...
M. Savoie: C'est ça. C'est ça.
M. Boisclair: ...ou lui indiquer la taxe séparément
du prix de vente, auquel cas elle peut indiquer au montant total
constitué à la fois de cette taxe et de celle prévue
à la partie... Et celle prévue...
M. Savoie: Ça, c'est la TPS.
M. Boisclair: La TPS. Et celle prévue à la
partie...
M. Savoie: Oui, ça c'est la TPS. Alors, la réponse
à ta question...
M. Boisclair: Oui.
M. Savoie: ...et là je m'en fous si tu ris de moi parce
que je réponds à ta question comme ça.
M. Boisclair: De toute façon, on va être ici
jusqu'à minuit.
M. Savoie: Oui. Mais le marchand n'est pas obligé de le
faire séparément. Il peut le faire de sorte que, par
exemple, lorsque tu achètes un bien meuble, la taxe soit comprise dans
le prix de vente. Il peut dire, par exemple... M. Boisclair: Ah! c'est
ça, là!
M. Savoie: C'est ça. Alors, il n'y a pas de garantie.
Ça peut être distinct ou non distinct. Dans mes discours, moi, je
plaide en faveur du fait que ça doit être distinct. Maintenant, il
y a des commerçants qui disent: Nous autres, étant donné
la complexité, on préfère dire: Nous autres, notre prix de
vente, ça va être taxe comprise.
M. Boisclair: C'est ça.
M. Savoie: Taxe comprise. D'autres vont dire: Nous autres, non,
c'est le montant plus taxe.
M. Boisclair: Bon, alors, effectivement, et ça, c'est ce
qui peut amener une certaine confusion. Même si déjà cette
disposition existe, il nous arrive parfois, lorsqu'on achète des biens
de se faire dire: Taxe comprise, voici le montant. On ne sait jamais ce qui
arrive avec la taxe après. En tout cas, on dit: Taxe comprise. Vous me
dites, M. le ministre, que vous plaidez pour qu'on puisse la faire
apparaître de façon bien distincte, pour qu'elle soit visible.
M. Savoie: C'est ça.
M. Boisclair: Mais alors, pourquoi ne pas modifier soit l'article
13 du projet de loi soit l'article 1 pour faire en sorte... Est-ce qu'il y a
là...
M. Savoie: C'est parce que le gouvernement fédéral
est arrivé et a dit: Nous, on ne tranche pas. Alors, nous autres, on ne
peut pas arriver et dire qu'on va trancher en faveur seulement de la taxe
provinciale.
M. Boisclair: Voilà!
M. Savoie: Le gouvernement fédéral a dit... Alors,
compte tenu du fait que, finalement, le gouvernement fédéral est
en droit de faire ça, compte tenu que le gouvernement
fédéral a pris cette décision-là, on respecte la
décision du gouvernement fédéral. Vous dites ça,
"fine", marchez avec votre affaire. Nous autres, on va marcher avec la
nôtre. Alors, on a regardé ça et on a dit: Nous autres
aussi, mais par contre...
M. Boisclair: Je comprends, mais est-ce que c'est une obligation
qui est faite? Est-ce que le fédéral vous oblige?
M. Savoie: Non...
M. Boisclair: Vous avez tout simplement décidé de
prendre le même pattern...
M. Savoie: C'est ça.
M. Boisclair: ...le même scénario qu'il a...
M. Savoie: C'est ça. C'est ce qui fait la
différence fondamentale entre un libéral et un
péquiste.
M. Boisclair: Ha, ha, ha!
M. Savoie: C'est-à-dire... Non, c'est vrai ça.
M. Boisclair: Non, mais je crois, tout simplement dans
l'intérêt du consommateur, si en plus de ça vous en
êtes personnellement convaincu...
M. Léonard: Franchement. M. Savoie:
Personnellement...
M. Boisclair: Si vous êtes personnellement convaincu...
M. Savoie: Personnellement, je trouve cela plus
démocratique. Ce n'est pas pour des raisons de sécurité du
consommateur. Ce n'est pas ça du tout. Nous autres, actuellement, on vit
une crise, la crise du déficit.
M. Boisclair: Oui, ça, mais...
M. Savoie: Bon! Alors, on est obligé d'envisager la
gestion du gouvernement sous une toute autre optique. Pour moi, il est
très important qu'on sensibilise davantage le citoyen aux coûts de
fonctionnement du gouvernement et à l'importance de gérer, comme
il se doit, la chose publique. Alors, je dis: II doit y avoir le prix et,
à côté, on doit mettre la taxe. Même toutes les
taxes. Ça doit être très clair lorsque le citoyen
achète une bouteille de scotch que le citoyen sache quel est le prix
coûtant et combien de taxe il paie là-dessus. Pour moi, ça
doit être très clair.
M. Boisclair: C'est ça. Ça vous semble clair...
M. Savoie: Oui.
M. Boisclair: ...mais vous m'avez bien dit, tout à
l'heure, que le vendeur, le commerçant n'a pas l'obligation.
M. Savoie: Oui. Le commerçant, lui, n'est pas
obligé de faire de la politique. Le commerçant, finalement, on ne
doit pas imposer des choses outre mesure à des commerçants. Si le
commerçant sent que, lui, il veut vendre taxe comprise, je n'ai pas
d'affaire à m'imposer auprès du commerçant. On doit donner
le maximum de liberté aux hommes et aux femmes qui sont dans le
commerce, tout en protégeant le public. Le commerçant peut dire:
Le prix de mon morceau... Lorsqu'il vend taxe comprise, c'est souvent
indiqué, c'est le prix le plus élevé. (23 h 45)
M. Boisclair: Qu'est-ce qui arrive, dans ce cas-là, des
consommateurs étrangers qui pourront réclamer les taxes de
vente?
M. Savoie: Ça, ça se calcule relativement
facilement. On n'a rien qu'à...
M. Boisclair: Comment vont-ils pouvoir être
informés?
M. Savoie: Ils vont tout simplement enlever 14,49 % du prix de la
vente et c'est tout.
M. Boisclair: Je vous dis qu'il va falloir qu'ils y tiennent.
M. Savoie: Ce n'est pas grand-chose. Avec une calculatrice,
ça se fait.
M. Boisclair: Non, c'est sûr que c'est simple à
faire, mais, disons, il y a eu tout ce débat alentour de la transparence
de la TPS. Vous-même, vous me dites que vous êtes, pour des raisons
politiques... Je partage, là... Je ne suis pas nécessairement
d'accord, mais, pour vous, c'est un argument qui est de taille. Vous plaidez
personnellement pour qu'elle apparaisse d'une façon très claire.
Vous dites: II ne faut pas forcer le commerçant parce que lui ne fait
pas de politique, mais, à tout le moins, je crois qu'il aurait
été intéressant de le préciser pour que les deux
taxes puissent apparaître clairement. Vous savez, l'argument de
protection du consommateur n'est pas non plus négligeable, surtout sur
des biens importants. On voit, par exemple, des concessionnaires d'automobiles
faire des spéciaux. Ça arrive des fois. On va payer taxe incluse;
d'autres vont donner des rabais; d'autres procèdent avec
différents moyens, ce qui fait que les points de comparaison sont
souvent difficiles à faire pour le consommateur. Donc, ce que je veux
tout simplement illustrer, c'est que l'argument de protection du consommateur
ou juste que le consommateur puisse bénéficier de l'information
la plus exacte possible sur la composition du prix, je crois, est important et
qu'on devrait avoir la responsabilité. Le projet de loi devrait donner
la garantie que le commerçant a l'obligation d'indiquer clairement les
deux taxes de vente, la TPS fédérale et la TVQ.
Cela étant dit, j'ai plaidé ma cause. On pourra sans
doute, tout à l'heure, apporter un amendement, mais je crois que ce sont
des réflexions qui devraient amener le ministre à
réfléchir sur cette question. L'argument politique, que lui
amène, n'est pas négligeable, mais l'argument de protection du
consommateur, pour que celui-ci soit capable d'identifier facilement la
composition du prix, pour qu'il soit à même de faire la
comparaison des prix de vente de différents objets, je crois, est
important.
Le deuxième élément, et dans le fond c'est
là l'objet de l'amendement au paragraphe 7° de l'article 1 du projet
de loi, c'est d'appliquer la taxe de vente québécoise par-dessus
la TPS fédérale. En d'autres mots, les 7 % et 8 %, ce n'est pas
15 %, c'est 15,56 %. 7 fois 8, 56, tout le monde aura facilement compris
ça. C'est un choix qui est fait. Est-ce que, d'une part, vous
étiez obligés par différentes conventions ou par le
fédéral, peu importe, ou est-ce de votre propre chef que vous
avez décidé de l'imposer par-dessus?
M. Savoie: C'est parce que ce qui fait un peu curieux, c'est que
ça fait trois fois qu'on donne la réponse.
M. Boisclair: Ah! Je m'excuse. J'étais pris dans le
débat de procédure avec le...
M. Savoie: Oui. O.K. Je présume toujours que vous
êtes de bonne foi.
M. Boisclair: Oui, toujours. Sans aucun doute.
M. Savoie: O.K. Ce qui arrive, c'est qu'actuellement, par
exemple, lorsque vous achetez une voiture...
M. Boisclair: Oui.
M. Savoie: ...vous payez, dans le prix d'une voiture, une taxe
fédérale de 13,5 %.
M. Boisclair: Oui.
M. Savoie: Sur cela, qui c'est compris dans le prix, nous autres,
on arrive et on charge 9 % au niveau de la taxe de vente. Alors, on charge
déjà la taxe de vente sur les taxes fédérales. Le
gouvernement fédéral arrive avec une nouvelle taxe. On ne change
pas de politique. On maintient notre taxe. Maintenant, ça fait un peu
plus cher pour le consommateur, sauf que si on ne devait pas utiliser ça
il faudrait trouver un autre moyen pour aller chercher l'argent qu'on aurait
perdu. C'est bien moins compliqué de maintenir la même politique
et c'est plus équitable aussi.
M. Boisclair: Je remercie le ministre pour cette explication.
Peut-être, M. le Président, pour les quelques minutes qui me
restent, me permettre de plaider, encore une fois, pour que nous puissions
avoir la garantie que les deux taxes puissent être clairement
indiquées sur la facture ou sur le ruban de caisse, comme on l'appelle
communément, qui est remis au moment de l'achat d'un bien. Je crois que
l'argument de protection du consommateur ou, à tout le moins, que le
consommateur puisse bénéficier d'une information... Dans le fond,
le prix, c'est un élément de comparaison lorsqu'on compare
différents biens, un élément parmi tant d'autres. Il y a,
bien sûr, avant de prendre une décision sur l'achat d'un bien, la
qualité, le service. On prend l'exemple d'une automobile. Il y a
plusieurs facteurs qui font qu'on va choisir un type d'automobile plutôt
qu'un autre, en fonction de nos besoins comme consommateurs, en fonction du
prix ou de notre capacité de payer. Il y aura peut-être la
question du service, la garantie et un certain nombre d'autres
éléments qui vont entrer en ligne de compte, lorsque le
consommateur va prendre la décision de se procurer un bien.
L'élément prix dans cette décision-là n'est pas
négligeable et même sans doute l'élément le plus
important pour permettre au consommateur de bénéficier d'une
information qui lui permet de faire de justes comparaisons entre
différents types de biens semblables. Il m'apparaît
plutôt...
M. le Président, vous m'excuserez, il se fait tard, mais tout
simplement pour dire que le prix et les taxes qui s'appliquent sur un bien
devraient être clairement déterminées pour permettre au
consommateur, comme je le disais, de faire des comparaisons adéquates
entre différents biens.
Je comprends aussi clairement des remarques du ministre qu'il a
décidé de prendre la même formule que le gouvernement
fédéral a proposée à l'égard de la
visibilité des taxes et que, d'aucune façon, il n'était
obligé de reprendre la même formule que la formule
fédérale. Il aurait très bien pu, et comme lui semble le
vouloir, faire en sorte que les deux taxes soient clairement indiquées.
Il est assez curieux... L'argument qu'il présente dit: On a voulu donner
libre choix aux commerçants d'inclure ou non ou de faire voir de
façon très visible les taxes de vente. Moi, je me demande
jusqu'à quel point cette liberté est nécessaire et
jusqu'à quel point, si on prend le renversement, si on fait un argument
a contrario, ce serait entraver la liberté de commerce que de demander
aux commerçants de faire explicitement mention, sur un reçu par
exemple, des deux taxes de vente. Il n'y a pas d'arguments qui m'ont
été présentés, si ce n'est qu'on ne veut pas forcer
le commerçant, qui justifient le fait que l'article 1 ne présente
pas une obligation expresse de faire apparaître dans le prix, de faire
apparaître plutôt de façon externe au prix les taxes de
vente. Je pense que c'est un élément qui mérite qu'on s'y
attarde et qu'on y réfléchisse. Je souhaiterais, à
l'instar aussi de mes collègues et du député de Labelle,
qu'on puisse clarifier cette question-là et je souhaiterais
déposer un amendement. Je suis convaincu que mon collègue le
député de Labelle s'en chargera tout à l'heure à
l'occasion de son intervention.
Un autre élément, M. le Président, je ne sais pas
si je vais l'aborder ce soir...
Le Président (M. Lemieux): Cinq minutes. À moins
qu'il n'y ait consentement pour poursuivre, dont un ordre de la Chambre.
M. Boisclair: Non, écoutez, le député de
Labelle, je crois, pourra reprendre la parole pour...
M. Léonard: De toute façon, on ne pourra pas finir
ce soir, parce que j'ai quelques minutes encore. Alors, je pense que...
M. Boisclair: Un endroit aussi, quant à discuter de la
visibilité de la taxe, c'est toute la question des assurances.
Apparemment un comité a été formé. Vous en faites
mention, le ministre des Finances a fait mention dans sa déclaration
ministérielle qu'un comité a été formé,
puisque c'est quand même assez difficile de déterminer dans le cas
des assurances quel est le prix des intrants, et que ça cause,
effectivement, problème. L'imposition de la TPS aura comme
première conséquence de faire augmenter, pour les assureurs,
leurs coûts d'opération; ce qui va sans doute se traduire par une
augmentation des primes d'assurance. On va donc se retrouver dans une situation
un peu bizarre, puisqu'il existe à l'heure actuelle une taxe de 7 %, je
crois, dans le cas de l'habitation et, non pardon, 5 % sur l'assurance
automobile et 9 % pour les autres primes d'assurance générale. On
se retrouve donc dans une situation où le Québec va taxer sa
propre taxe. Alors, je veux juste reprendre mon raisonnement. L'imposition de
la TPS, de la TVQ, augmentera les coûts d'opération des compagnies
d'assurance, puisque, dans leurs frais d'opération, que ce soit le
matériel, que ce soit...
M. Savoie: On ne taxera pas nos propres taxes par contre.
M. Boisclair: Mais, si vous admettez une augmentation des
coûts d'opération, ces coûts d'opération là,
normalement, vont se refléter par une augmentation des primes
d'assurance.
M. Savoie: Oui, oui. C'était ça le
problème.
M. Boisclair: Alors, c'est un peu, c'est sûr que c'est un
peu vite comme raisonnement, mais c'est une conclusion, je pense, qu'on est en
droit de tirer et, puisqu'il y a déjà une taxe de 5 % et une taxe
de 9 %, on va se retrouver à taxer notre propre taxe. Alors, ça,
c'est un peu particulier et je pense que c'est une conséquence directe
du nouveau projet de loi. S'il y a bien un secteur où il aurait besoin
d'y avoir peut-être plus de transparence et de visibilité, c'est
bien ce domaine-là. Alors, M. le Président, je ne demanderai pas
au ministre de faire des commentaires là-dessus, je vais le laisser
réfléchir pendant le week-end sur cette question-là.
Alors, on va sûrement... Je suis convaincu que le ministre va profiter du
week-end pour réfléchir à ces questions-là et,
peut-être, M. le Président, en terminant, dire jusqu'à quel
point il aurait été intéressant d'entendre des gens sur
cette question-là.
La question de la visibilité de la TPS est une question qui a
fait l'objet de plusieurs discussions, qui a été largement
rapportée dans les médias et il aurait été,
à tout le moins, intéressant de voir quels étaient les
arguments qui auraient été invoqués par les
différents intervenants sur cette question, amenés,
présentés, pour faire en sorte que les taxes soient vraiment
très visibles. Je suis convaincu que le ministre aurait
été sensible aux arguments, particulièrement des
associations de consommateurs ou d'autres personnes qui sont intervenues sur
cette question-là. À tout le moins, il aurait pu nous
présenter une argumentation plus étayée que celle qu'il
vient de nous présenter, en disant tout simplement: Bien, on ne veut pas
forcer le commerçant. Nous sommes convaincus, M. le Président,
qu'il ne s'agit pas là d'une entrave à la liberté de
commerce que d'imposer, que de demander aux commerçants d'inclure de
façon expresse les deux taxes de vente, soit la TPS et la TVQ.
Alors, M. le Président, compte tenu de l'heure tardive, je vous
demanderais d'ajourner les travaux pour qu'on puisse reprendre la semaine
prochaine.
Le Président (M. Lemieux): Alors, à la demande du
député de Gouin, nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 59)