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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Forget): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend, ce matin, la
consultation générale sur le document de consultation
intitulé "Le courtage immobilier".
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacement pour la séance.
Le Président (M. Forget): Alors, je vais vous donner
lecture de l'ordre du jour. À 10 heures, Loresco et Associés,
jusqu'à 11 heures; à 11 heures, Société
Immobilière (SPCI) Outaouais Itée, jusqu'à midi;
suspension à 12 heures; reprise des travaux à 15 heures,
Multi-Prêts Deux Mille Itée, jusqu'à 16 heures; à 16
heures, L'Immobilier Entre Nous inc.; à 17 heures, Leopold, Consultants
Immobiliers inc, on se trouve à ajourner à 18 heures.
Est ce que l'ordre du jour est adopté?
Mme Robic: Adopté.
M. Boisclair: Adopté.
Mémoires déposés
Le Président (M. Forget): Oui. Étant donné
que nous tenons aujourd'hui la dernière séance relative à
ce mandat, je voudrais déposer les mémoires qui ont
été reçus par le secrétaire de la commission,
à la suite de l'avis public du 27 juin 1990, et ce, dans les
délais prescrits, mais qui n'ont pas été entendus par la
commission, soit le mémoire de Clément Bourget, le mémoire
de Ken Random et le mémoire de Harold Geltman.
Une voix: Alors, ça prend une proposition.
Le Président (M. Forget): Ah oui! En l'absence du
président de la commission, ça me prend le consentement des
membres pour autoriser le dépôt de ces trois mémoires.
M. Boisclair: Consentement.
Le Président (M. Forget): II y a consentement.
Mme Robic: Consentement.
Le Président (M. Forget): C'est ça.
M. Boisclair: M. le Président, à la suite de
l'ordre du jour, est-ce qu'il y a des mots de clôture à la fois de
la ministre et du porte-parole... Ce n'est pas inscrit à l'ordre du
jour.
Le Président (M. Forget): Ce n'est pas Inscrit à
l'ordre du jour, est-ce que...
Mme Robic: Non, ce n'est pas inscrit à l'ordre du jour, on
pourrait peut-être prendre deux ou trois minutes, à la fin, M. le
Président, si...
M. Boisclair: C'est ça, oui, deux ou trois minutes.
Mme Robic: Oui! Vous aimeriez faire des remarques.
M. Boisclair: J'aimerais savoir tout simplement comment vous
concluez après...
Mme Robic: Vous êtes curieux.
Le Président (M. Forget): Est-ce qu'il y a une entente
pour deux ou trois minutes... Est-ce qu'on s'entend? Il n'y a pas de
problème?
Mme Robic: Aucun problème. M. Boisclair: Oui.
Le Président (M. Forget): Nous allons maintenant entendre
le premier groupe, Loresco et Associés, à la table des
témoins. M. le président, si vous voulez vous identifier, s'il
vous plaît.
Loresco et Associés
M. Loiselle (Donald): Oui, M. le Président, je suis Donald
Loiselle. J'opère Loresco et Associés. Mon aviseur légal,
Me Quessy, qui devait être ici ce matin, n'a pas pu se
libérer.
M. le Président, je peux commencer?
Le Président (M. Forget): Oui, grouillez pas, monsieur. Je
vous rappelle maintenant les règles de l'audition. Vous avez 20 minutes
pour expliquer votre mémoire et vous avez 40 minutes d'échanges
avec les membres de la commission. Alors, je vous laisse la parole.
M. Loiselle: Merci, M. le Président. Mme la ministre,
messieurs. Loresco et Associés détient, par le soussigné,
un permis de courtier immobilier. Depuis trois ans, je suis membre de
l'IBBA
(International Business Brokers Association). Loresco transige surtout
dans le domaine du courtage d'affaires.
Certaines des transactions de Loresco et Associés sont
spécifiquement régies par la Loi sur le courtage immobilier du
Québec mais la plupart ne le sont pas, nonobstant l'élargissement
interprétatif de la réglementation existante. La vente de
compagnies en tant qu'entités opérationnelles n'est pas couverte
par la Loi sur le courtage immobilier ni par la loi ou la réglementation
de la Commission des valeurs mobilières du Québec (exception
faite des compagnies publiques et leurs filiales, article 3. 2 de la
réglementation). Elle n'est pas non plus régie par la Loi sur les
intermédiaires de marché (1989, chapitre 48).
Des centaines d'intervenants oeuvrent dans les acquisitions, fusions,
ventes et financement adapté d'entreprises, sans permis. Que ces
personnes prennent le titre de courtiers d'affaires, intermédiaires
d'acquisitions, consultants ou conseillers en acquisitions, promoteurs
spécialisés, ils ont à peu de chose près la
même occupation, soit mettre en contact des personnes, morales ou
physiques, dans le but d'en arriver à un transfert de
propriété d'actifs ou d'actions, contre
rémunération pour des tiers qui ne sont pas leurs employeurs au
sens de la loi. Sont exclus évidemment, les comptables
agréés, notaires, avocats, syndics, fiduciaires et courtiers
d'immeubles en règle.
À notre avis, s'il doit y avoir réglementa tion des
courtiers d'affaires, II faut qu'elle couvre les activités et non les
titres des individus participant directement ou indirectement à ces
transactions. Pour les courtiers en immeubles spécialisés dans la
vente d'entreprises (250 000 $ à 10 000 000 $)
généralement incorporées, il est difficile d'informer le
public corporatif cible qu'ils ne vendent pas de résidences. Les
courtiers d'immeubles spécialisés en commercial et industriel
(ICI) peuvent tout aussi bien vendre des entrepôts que des centres
d'achats ou des immeubles à revenus en tant que courtiers. Plus
spécialisés encore sont ceux qui vendent des entreprises. La
réglementation actuelle ne fait pas de distinction et ne permet pas que
cette distinction soit annoncée sans inclure "courtier en immeubles", ce
qui ne décrit pas la sphère d'activité.
Il existe plusieurs différences fondamentales dans le travail,
l'attitude, la méthodologie et les qualifications requises entre l'agent
ou le courtier d'immeubles oeuvrant essentiellement dans l'immobilier
résidentiel et celui ou celle oeuvrant dans la vente de compagnies. Le
courtier oeuvrant surtout dans l'immobilier tel que défini par la loi
actuelle mise sur une publicité à grande échelle et la
plus évidente possible pour vendre ses mandats. Il informe tous ses
agents des mandats. Le courtier d'affaires mise sur une approche
discrète et une clientèle cible très restreinte
d'acheteurs qualifiés. Le courtier d'affaires doit garantir la
confidentialité de toutes les informations priviligiées mises
à sa disposition par le mandant. Les rumeurs de vente d'une entreprise
peuvent avoir des conséquences désastreuses pour le mandant au
niveau de sa clientèle, de ses employés, fournisseurs et
institutions financières.
Les cours actuellement dispensés pour les agents et courtiers en
immeubles n'ont que peu de chose en commun avec les qualifications requises
d'un courtier d'affaires. Les milieux d'affaires sont conscients des limites de
cette formation et sont en général plus que réticents
à confier leur entreprise à un courtier d'immeubles. Bon nombre
d'entre eux qui l'ont fait ont vu leurs états financiers et autres
informations privilégiées distribués un peu partout.
Le marché a évolué à un rythme que la loi
n'a pas suivi. Il faut ajouter que la loi a été promulguée
pour protéger le consommateur. La définition actuelle du
consommateur exclut les compagnies et les particuliers qui se procurent des
biens ou services dans le cadre limitatif de leurs opérations
commerciales ou industrielles.
Si la commission opte pour une structure de permis différente, il
y aurait peut-être lieu d'adapter le concept des permis de conduire. Un
détenteur de permis de conduire classe 1 peut aussi conduire des
véhicules de promenade mais non l'inverse. La Loi sur les agences de
sécurité et d'investigation prévoit doux catégories
de permis, mais un détenteur, moyennant certaines conditions, peut
à la fois fournir des services d'enquête et de
sécurité. Dans le cas d'un hypothétique permis de courtier
d'affaires, comment le dirigeant d'entreprise et le public sauront-ils que le
courtier ou l'agent qui Jes sollicite détient un permis à cet
effet et qu'il est qualifié pour les bien servir?
Rémunération. Le problème de la compensation pour
des non-détenteurs ne s'applique pas à ceux qui opèrent en
marge de la loi. Pour les courtiers d'immeubles, il en va tout autrement. C'est
un secret de polichinelle qu'il est courant dans le milieu, comme dans la
plupart des autres, de donner une référence aux personnes qui
aiguillent le courtier ou l'agent à un vendeur ou à un acheteur.
Cette pratique s'étend aussi à certains notaires, arpenteurs,
prêteurs ou courtiers en financement, évaluateurs, etc. La
compensation de référence est bien établie et les
courtiers composent souvent avec ce genre de paiement
Recommandations. Que cette pratique soit reconnue mais que l'on y
attache certaines restrictions: a) le pourcentage suggéré, pas
plus de 10 % de la rémunération de l'agent ou du coutier, selon
le cas; b) que cette compensation ou "finder's fee" se fasse légalement
en étant déclarée à l'impôt,
déductible pour le courtier ou l'agent et imposable pour le
récipiendaire; c) que
cette pratique soit formellement interdite lorsque le code de
déontologie et/ou la loi l'interdisent à certains professionnels
récipiendaires.
L'IBBA a mis à notre disposition son "position paper" qu'elle a
fait parvenir à la plupart sinon toutes les Législatures des
États américains. Nonobstant certaines différences d'ordre
légal et/ou philosophique, nous croyons que ce texte peut
s'avérer d'une utilité certaine. Vous retrouverez en annexe copie
de ce "position paper" et sa traduction en français ainsi que le code de
déontologie de l'IBBA et sa traduction.
Dans le but de vous démontrer le sérieux de cette
organisation, nous incluons, non traduite, la documentation relative à
l'accréditation des courtiers d'affaires. La nomenclature des cours et
des crédits requis vous seront probablement fort utiles. Le
soussigné compte se présenter à l'examen
d'accréditation en Caroline du Nord au mois d'octobre.
Si vous permettez, je vais immédiatement passer a la traduction
de la position de l'IBBA que j'endosse, à la page 2, au troisième
paragraphe. Nous croyons que, règle générale,
l'autoré-glementation par les membres d'une profession est
préférable à la réglementation gouvernementale. Une
réglementation non nécessaire des courtiers d'affaires ne ferait
qu'augmenter les coûts d'opération pour les courtiers, ajouterait
à la bureaucratie et n'aurait que très peu d'impact sur la
majorité des transactions de courtage d'affaires. De plus, une
réglementation qui ne prévoirait pas la formation en courtage
d'affaires ainsi que la reconnaissance des différences entre les
fonctions exécutées par les courtiers d'affaires et les autres
professions créerait une fausse impression que l'intérêt
public est bien servi.
Si vous permettez, à la page 3, deuxième paragraphe. Si
votre organisme procède avec un programme pour accréditer et/ou
réglementer les courtiers d'affaires, nous suggérons
respectueuse-ment qu'un tel programme soit pertinent aux fonctions
réellement exécutées par les courtiers d'affaires.
À cet égard, nous recommandons ce qui suit, a) les cours couvrant
les sujets du courtage d'affaires devraient être en vigueur avant de
placer les courtiers d'affaires sous la réglementation; b) toutes les
personnes tenues d'obtenir ledit permis et qui désirent faire du
courtage d'affaires doivent suivre les cours de base pertinents au courtage
d'affaires; c) si les courtiers d'affaires doivent être
réglementés par les lois de votre organisme, alors un ou
plusieurs d'entre eux devraient faire partie de la direction du comité
de réglementation; de plus, il devrait y avoir un sous-comité de
réglementation formé majoritairement ou en entier de courtiers
d'affaires pour s'assurer que toute réglementation ultérieure
s'adresse aux besoins spécifiques des courtiers d'affaires; d) si les
courtiers d'affaires doivent obtenir un permis déjà en vigueur -
dans ce cas-ci un permis de courtage immobilier - il devrait y avoir une clause
grand-père afin que les courtiers d'affaires qui opèrent
déjà ne soient pas mis hors d'affaires.
Vous me permettrez de passer au troisième paragraphe. L'IBBA a
établi cinq cours sur le courtage d'affaires. Ils font partie des
prérequis pour obtenir notre certification nationale, ou Board Certified
Broker, changé depuis pour Certified Business Intermediary. Nous de
l'Association, sommes disposés à discuter avec vous et votre
organisme du contenu de ces cours et de leur implantation en tant que
prérequis à l'obtention d'un permis.
Je me permets d'ajouter, M. le Président, Mme la ministre,
messieurs, que l'Association internationale des courtiers d'affaires, par son
président, son directeur général et l'auteur principal de
ces cours, est disposée à les rendre disponibles et à
collaborer avec l'organisme éventuel d'autoréglementation ou de
formation qui pourrait être créé, sous réserve du
respect et des droits de "copyright" qui leur appartiennent.
Maintenant, je pense qu'il me reste environ cinq minutes. Si vous me
permettez, j'aimerais ouvrir une parenthèse, qui n'est pas la-dedans.
Premièrement, j'aimerais souligner mon entière confiance et mon
appréciation pour le service du courtage immobilier. On a droit à
un service, et ce n'est pas un jeu de mots, courtois, courtier intègre,
qui est toujours à l'écoute, qui est d'une impartialité
absolument invraisemblable et qui fait toujours preuve d'un grand
discernement.
Moi, je ne vois pas d'organisme d'autoréglementation sans la
présence permanente d'au moins un membre du courtage immobilier. Je me
dois de relever, et si je l'avais su avant c'eût été dans
mon mémoire, une affirmation de l'Association de l'immeuble du
Québec que je trouve pour le moins tendancieuse. Et ici je ne voudrais
surtout pas, dans les commentaires qui vont suivre, faire de
personnalité. Il s'agit de structures et non de personnes.
Soulignons que les courtiers et agents - et je cite leur page 4 -
membres adhèrent volontairement. Je m'inscris en faux contre ça
et je le prouverai. Et simultanément, tant à leur association
professionnelle qu'à leur chambre Immobilière locale. Ils
consentent ainsi à se soumettre à la réglementation
déontologique et disciplinaire de l'Association de l'immeuble du
Québec. Par contre - c'est là où ça blesse -
environ 1100 détenteurs de permis ne sont pas membres et
échappent ainsi sciemment à tout contrôle disciplinaire
puisqu'ils ne sont pas assujettis aux règlements de l'association.
Je me permets de souligner, M. le Président, qu'il y a au moins
250 courtiers qui ne sont pas membres de chambres d'immeubles ou de
l'Association de l'immeuble du Québec. Nous ne sommes pas pour autant
non membres parce qu'on veut échapper à un code de
déontologie. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas membre de
l'AIQ ou d'une chambre d'immeubles qu'on ne respecte pas une
déontologie professionnelle, pas plus que le fait d'en être membre
garantisse un aura de sainteté à ceux qui sont membres. Je pense
qu'il faut faire la part des choses. Ce commentaire-là, à mon
avis, est pour le moins tendancieux et je me dois de le souligner.
Le dernier item. J'apprécie, je suis très heureux
d'être ici. L'initiative de la ministre de faire une consultation est
superbe. Ce qui est malheureux, c'est que les premiers concernés ne sont
pas représentés. Je parle des 11 000 ou 12 000 agents
d'immeubles. Quand on dit qu'ils sont représentés par la chambre
d'immeubles ou l'AIQ, c'est l'équivalent de dire que le Conseil du
patronat représente les employés. Oui!
Mme la ministre, les chambres d'immeubles sont la créature des
courtiers pour et par les courtiers II est dans les statuts de la chambre
d'immeubles, au moins celle de Québec que je connais - encore une fois,
je ne fais pas de personnalité - que tous les agents des membres de la
chambre doivent obligatoirement être membres eux aussi de la chambre. Ils
doivent obligatoirement être membres de l'Association de l'immeuble du
Québec. Ce n'est pas facultatif cette histoire-là. Quand
l'Association dit que c'est volontairement, c'est faux, parce qu'un agent
immobilier qui veut faire partie d'une organisation immobilière qui est
membre de la chambre est obligé.
Il faut aussi souligner que la plupart des membres de la chambre se
divisent en trois catégories: les maisons traditionnelles, les trusts,
les très grosses organisations, les franchisés, qui sont des
courtiers indépendants, et les Indépendants. Il n'y a que depuis
quelques années que les courtiers indépendants et/ou
franchisés - mêlons ça si on veut - ont réellement
voix au chapitre. Ce sont des grosses compagnies traditionnelles qui
contrôlent en fait l'essentiel des activités des chambres et de
IAIQ par leur influence. C'est en train de changer mais ce n'est pas encore
changé au point où, moi, je pourrais donner un chèque en
blanc à l'AIQ pour réglementer toute la profession. Que la
profession, selon les dires de Mme la ministre, soit mûre pour
s'autoréglementer, je suis d'accord, parfaitement d'accord, mais je ne
suis pas d'accord pour convenir que l'AIQ détienne seule le monopole de
la science ou du contrôle pour la réglementer. Parce que, si
c'était le cas, les abus que certaines compagnies majeures font en
incitant des gens à embarquer dans l'immeuble, des promesses
faramineuses de revenus et, généralement, celles qui se font
embarquer, ce sont des femmes qui viennent de vivre une séparation ou
d'autres choses et elles ne durent pas généralement plus que six
ou sept mois... Leurs économies sont passées. La plupart des
agents d'immeubles de moins de deux ans font moins de 25 000 $ par
année. Merci, M. le Président, Mme la ministre, messieurs.
Le Président (M. Forget): Je vous remercie. Alors, je
passe la parole à Mme la ministre.
Mme Robic: Merci infiniment, M. Loiselle, de votre
présence et de vos commentaires Je pense qu'ici, à cette table,
on a besoin d'entendre tous ces commentaires-là. Ça nous aidera
certainement à préparer un projet de loi qui tiendra compte de
tous les aspects de l'industrie, les meilleurs comme les pires. Et on va
essayer d'éviter que... Et courtiers et agents se plaignent d'à
peu près la même chose. C'est assez intéressant vos
remarques sur les organismes de l'industrie parce qu'on a eu, je vous avoue,
des agents qui sont venus à cette table et on a eu des grosses maisons
qui sont venues à cette table et ils se sont plaints tous les deux
d'être peut-être pas tellement bien représentés. On
reviendra là-dessus tout à l'heure.
Ce dont je voudrais vous parler au tout début, c'est que
j'aimerais que vous nous expliquiez ce que c'est que des courtiers d'affaires
et ce qui vous différencie de courtier en immeubles.
M. Loiselle: Bon, il y a une zone grise qui n'est pas aussi
facile que ça à établir. Le courtier d'affaires vend des
entreprises, généralement incorporées. Il vend des
compagnies. Le problème qui se pose pour le courtier en immeubles, comme
c'est mon cas, pour une transaction très récente de près
de 2 000 000 $, il a fallu que je prenne deux mandats: un pour la vente de la
compagnie pour laquelle j'ai vendu les actions et un autre mandat d'immeubles.
En tant que courtier d'immeubles, j'ai le droit de faire les deux transactions
mais n'ayant pas de permis, si c'eût été le cas comme bien
des gens qui s'annoncent dans le journal Les Affaires, mandataire,
courtier d'affaires ou peu importe, qui n'ont pas de permis d'immeubles parce
que ce n'est couvert par aucune loi, aucune loi...
Mme Robic: Avez-vous un permis de la Commission des valeurs
mobilières pour vendre des actions?
M. Loiselle: Non et ce n'est pas nécessaire, Mme la
ministre. J'ai ici une note en date du 9 septembre 1988, très
brève, si vous me permettez: "Votre lettre du 14 juillet 1988 m'a
été référée pour réponse." Ça,
c'est suite à six mois de tractations avec la Commission des valeurs
mobilières.
Mme Robic: Oui, oui.
M. Loiselle: "La position de la Commission est qu'aucune
inscription à titre de valeur n'est requise pour l'aliénation
d'actions d'une société fermée détenues par un ou
des actionnaires dans la mesure où l'émission de cos actions
sorait effectuée en conformité avec le documont constitutif de la
société fermée. Votre tout
dévoué, Richard Proulx, avocat au contentieux de la
Commission. "
Ça, c'est une copie pour la commission, si vous en voulez une.
C'est que ce n'est pas couvert. Quand je dis, à la première page
de mon mémoire, que ce n'est pas couvert, ce n'est strictement pas
couvert. Mais il y a, en bon français, un "over lap". Il y a une marge
de manoeuvre où on frôle l'immobilier, quoique, dans 15 % ou 20 %
des cas, il n'y a aucune transaction immobilière dans le courtage
d'affaires. On vend des compagnies. Le courtier d'affaires doit avoir une
connaissance de l'administration, du marketing autant que des
négociations. Il doit pouvoir prendre un bilan financier, le modifier
pour en faire un bilan économique. Là, je m'explique. Un bilan
financier reflète une histoire fiscale, à un moment donné.
Le bilan économique reflète la valeur réelle de
l'entreprise. Quand on dit qu'une machine, disons, de 150 000 $ ou 200 000 $ a
été dépréciée sur cinq ans, ce n'est pas
parce que, aux livres, elle vaut 10 000 $ que, sur le marché, elle n'en
vaut pas maintenant peut-être 150 000 $. Alors, quand on prend un
dossier, on analyse les états financiers, les inventaires, les contrats,
enfin, tout le reste. C'est une présentation qui,
généralement, va chercher un pouce, deux pouces, trois pouces
d'épais. (10 h 30)
Mme Robic: Vous ne faites que vendre des compagnies ou ça
vous arrive de vendre des immeubles également?
M. Loiselle: Je vends aussi des immeubles, comme je le mentionne
dans mon premier paragraphe, parce que, des fois, on ne peut pas dissocier l'un
et l'autre. Dans le cas qui me concerne, les transactions dont je parlais, le
propriétaire de la compagnie possédait en propre les immeubles
qu'il louait à la compagnie. Alors, automatiquement, il y avait
nécessairement la nécessité d'un permis de courtier
d'Immeubles pour cet aspect-là de la transaction.
Mme Robic: Mais quand vous vendez une compagnie, vous pouvez la
vendre de deux façons. Vous pouvez vendre la compagnie globalement ou
à travers des actions.
M. Loiselle: Oui.
Mme Robic: Mais quand vous faites ce genre de transaction, vous
faites une transaction immobilière.
M. Loiselle: Immobilière.. C'est ça, l'affaire, au
sens de la loi. C'est "immobilière", pour autant qu'il y a des
immeubles, mais ce n'est pas un fonds de commerce
Mme Robic: Un fonds de commerce est considéré comme
une transaction immobilière.
M. Loiselle: Mais une entité opérationnelle, avec
des contrats, etc., ce n'est pas un dépanneur.
Mme Robic: C'est un fonds de commerce et...
M. Loiselle: À la rigueur.
Mme Robic: ... ça fait partie de valeurs
Immobilières. C'est une transaction immobilière,
d'après la Loi sur le courtage immobilier, si je ne me trompe pas.
M. Loiselle: Bien, je ne peux pas être tout à fait
d'accord avec l'interprétation de Mme la ministre pour la bonne raison
que la définition du fonds de commerce n'a pas été
clairement établie là-dedans. On parle de compagnies. D'autant
plus que la loi de 1962 s'adresse à la protection du consommateur et
que, en loi, une compagnie n'est pas un consommateur, selon la
définition donnée par...
Mme Robic: Oui. Vous interprétez, là...
M. Loiselle: En tout cas. Non, mais j'ai pris le texte de
loi.
Mme Robic:... en vertu d'une autre loi.
M. Loiselle: D'accord. D'ailleurs, le courtage immobilier... J'ai
consulté, j'avais soumis une lettre à ce moment-là et j'ai
rencontré... On a également confirmé par lettre, à
un moment donné: En vertu du paragraphe c de l'article 1 de la Loi sur
le courtage immobilier, on retrouve, dans l'interprétation d'une
opération immobilière, l'exclusion suivante: 'Tout acte relatif
à une valeur - là, il y a une petite erreur - immobilière"
- alors, c'est sûrement "mobilière"... Au sens de la loi, c'est
"valeur mobilière". Alors, on exclut carrément, selon
l'interprétation du conseil de surveillance du courtage...
Mme Robic: Oui.
M. Loiselle: C'est parce qu'il y a une zone grise que j'aimerais
rétablir.
Mme Robic: Oui. Parce que j'ai ici la Loi sur le courtage
immobilier, à l'article 1, paragraphe c, une opération
immobilière. On parle de la vente en bloc de fonds de commerce,
prêts garantis par hypothèque et nantissement d'un Immeuble.
Alors, pour les fins de la discussion, la vente de fonds de commerce, quels
qu'ils soient, fait partie de la description d'une transaction
immobilière.
M. Loiselle: D'accord. Sauf que...
Mme Robic: D'accord. Alors vous, vous vous
référez à une autre loi.
M. Loiselle: Je me réfère à une autre loi.
Je me réfère aussi à la position du courtage immobilier,
madame.
Mme Robic: Alors, on fait un peu... Ah bon! d'accord. Mais on
peut très bien faire de l'interprétation là, sans
doute.
M. Loiselle: C'est parce que c'est flou. Mme Robic: Oui,
d'accord.
M. Loiselle: C'est justement ce que j'aimerais réglementer
ou régler.
Mme Robic: Alors, on va régler ça.
M. Loiselle: Parfait.
Mme Robic: O. K.
M. Loiselle: Merci, madame.
Mme Robic: Mais moi, j'aimerais savoir quel genre de formation
vous avez vous-même, ou de quel genre de formation les courtiers
d'affaires ont besoin pour pouvoir opérer, pour être des
professionnels?
M. Loiselle: Je pense qu'il faut d'abord avoir une certaine
formation, qu'elle soit officielle ou officieuse, en administration des
affaires. Dans mon cas, j'ai quand même six ans d'université par
les soirs. Il y a de ça un certain temps, mais ce n'est quand même
pas perdu. Aujourd'hui, vous avez des administrateurs agréés, on
le voit dans le journal Les Affaires ou ailleurs: administrateur
agréé, mandataire. Ce sont des gens qui ont une formation en
administration ou en comptabilité. Vous avez des C. A. qui vendent des
compagnies, soit à l'intérieur de leur bureau de comptables, soit
de façon autonome ou soit avec un courtier reconnu. Alors, ça
demande une formation en administration, en affaires, en marketing. Il faut un
peu être généraliste au niveau des affaires. Il faut
pouvoir lire un bilan, il faut pouvoir l'Interpréter, II faut pouvoir
monter un dossier. Il faut aussi pouvoir négocier, servir de
médiateur et d'intermédiaire parce que, des fois, ça joue
"rough", en bon canadien.
Pour répondre à votre question de tout à l'heure,
oui, je vends aussi de l'immeuble, mais je ne vends pas de maison, de chalet,
de bloc ou autre chose, ce qui ne m'empêche pas de vendre, disons, un
immeuble commercial locatif d'importance ou autre chose. À ce
niveau-là, j'en fais selon mon permis de courtier.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, votre temps est
écoulé.
Mme Robic: Déjà! Merci.
Le Président (M. Forget): Alors, je passe la parole au
député de Gouin.
M. Boisclair: On va continuer sur cette même lancée.
M. Loiselle, je vous remercie pour votre présentation Votre
mémoire a tout le moins le mérite d'attirer notre attention sur
un certain nombre d'éléments qui n'avaient pas été
soulevés dans les discussions antérieures.
Il y a combien de personnes, au Québec, qui sont membres de
l'International Business Brokers Association?
M. Loiselle: II y en a 2 sur 800. M. Boisclair: II y en a
2 sur 800.
M. Loiselle: Oui. L'Association compte environ 800 membres,
quelque 780 membres. Au Canada, nous sommes 10 membres corporatifs. Il y a un
total de 6 autres affiliés, "associate members", et, au Québec,
nous sommes 2.
M. Boisclair: Alors, ce sont des cours qui ne sont pas
donnés en français, ni au Québec?
M. Loiselle: Non, absolument pas. Mais, par contre, l'IBBA est
disposée à permettre la traduction de ces cours-là qui
sont assez volumineux. Les examens sont assez ardus. Ça touche
l'éthique, ça touche la prise de mandat, ça touche le fait
de monter des dossiers, l'évaluation "business" - je ne veux pas jouer
dans la plate-bande des évaluateurs agréés qui ont leurs
demandes bien précises.
M. Boisclair: C'est un cours qui est assez dispendieux aussi?
M. Loiselle: Relativement. D'autant plus que, jusqu'à date
- ça va changer en 1991 - il faut aller suivre les cours lors des
réunions régulières. On parie de 200 $ ou 300 $ US par
session, par cours; si tu en prends deux, c'est 400 $, même en tant que
membre, plus les frais de séjour, et le reste. En juin, c'était
à Toronto, le prochain est en Caroline, à Charlotte.
M. Boisclair: Est-ce que l'IBBA, son code de... En étant
membre... Vous êtes membre, une fois que vous avez passé le
cours?
M. Loiselle: Oui, je suis membre depuis trois ans. J'ai
annexé, d'ailleurs, pour...
M. Boisclair: Oui, j'ai vu le document.
M. Loiselle: D'accord.
M. Boisclair: Vous soumettez un code de
déontologie qui est celui de l'IBBA. Vous n'êtes pas membre
de IAIQ ni des chambres?
M. Loiselle: Non, j'ai démissionné de l'AIQ et de
la chambre pour certaines raisons. La principale étant que je ne voyais
pas pourquoi je devrais payer 720 $ par année pour des livres
interagences qui ne me servent absolument pas. C'est une raison.
M. Boisclair: Est-ce que l'IBBA a un pouvoir disciplinaire sur
ses membres?
M. Loiselle: Oh! que si! Oh! que si! D'ailleurs, vous le verrez
dans la documentation en annexe.
M. Boisclair: Et si vous faites affaire avec un client... Si,
moi, je fais affaire avec vous et que je ne suis pas satisfait de vos services
ou si, avec un autre agent, il y a une discussion sur une commission, on peut
s'adresser... Je connais un syndic, l'IBBA aux États-Unis...
M. Loiselle: C'est-à-dire que non: II y a un comité
de direction, mais au Canada on n'est pas assez nombreux. C'est en train de
s'organiser à Toronto pour qu'il y ait un chapitre canadien.
M. Boisclair: Est-ce que le consommateur est bien
protégé, s'il fait affaire avec quelqu'un qui est de l'IBBA?
Quels sont les recours pour le consommateur? Dans quelle situation se
retrouve-t-il? La seule poignée à l'heure actuelle, c'est le code
de déontologie de l'association québécoise?
M. Loiselle: Oui, II y a un double problème, une double
problématique. La première, c'est que: Est-ce que le courtier
d'affaires est soumis à la Loi sur le courtage immobilier? S'il est
soumis à la Loi sur le courtage immobilier, le problème ne se
pose pas. Vous venez de le régler, en soumettant le courtier d'affaires
à la Loi sur le courtage immobilier. Si vous n'acceptez pas que le
courtier d'affaires soit intégré à l'intérieur du
courtage immobilier, là vous créez la situation en question qui
est une situation qui existe effectivement. Sauf que l'affaire de partager des
mandats dans le courtage d'affaires, c'est, premièrement excessivement
rare. Ce n'est pas du tout la même optique si ce n'est pas... C'est la
confidentialité qui est la note clé de ce genre de trasnsaction.
Alors, les mandats de courtiers d'affaires ne sont généralement
pas partagés: c'est excessivement rarement. Ils sont partagés
dans le sens qu'ils vont l'être au niveau de la compensation Si une
compagnie prêteuse fait du nantissement commercial ou d'autre chose, un
client fait affaire avec et, pour 500 000$, 600 000 $ ou 800 000 $, le client
dit au type en question, à son financier: Je suis tanné, je
prends ma retraite, je n'ai pas de relève.
Trouve-moi donc un acheteur pour ma compagnie. Je suis tanné. Si
cette institution demande à Loresco, à titre d'exemple, d'aller
voir ce client-là, de prendre un mandat et de vendre, il s'attend
d'avoir une compensation financière pour avoir dirigé l'affaire.
Mais les mandats comme tels, normalement, ne se partagent pas.
M. Boisclair: C'est surtout.. Ce n'est pas un mandat? Vous
n'êtes pas payé à commission.. ?
C'est une commission fixe que vous recevez mais pas de...
M. Loiselle: Selon la formule Lehman, qui est en vigueur dans le
domaine, c'est bien libre ça. On met les commissions que l'on veut en
fait, selon des normes moyennes de l'industrie. C'est mieux de travailler
à taux fixe parce qu'on ne sait pas si ça va se faire par une
vente d'actions ou une vente d'actifs. Et il y a eu trop de chichis et
d'histoires de cour, de judiciarisa-tion de situations. Quand ça a
été marqué 5 %, par exemple, et qu'il y avait 3 000 000 $
d'actifs et que la compagnie s'est vendue 500 000 $ pour les actions... 3 % de
500 000 $, ce n'est pas 3 % de 5 000 000$ ou de 3 000 000$. Alors, c'est pour
ça que, généralement, ça travaille à taux
fixe. Parce que la décision finale de la transaction va se faire sur une
base fiscale, sur une base comptable.
M. Boisclair: Je comprends ça, je comprends très
bien ça. N'étant soumis ni au courtage immobilier ni aux
courtiers...
M. Loiselle: Oh! Je le suis.
M. Boisclair:... je veux dire au courtage mobilier, parce que
vous n'avez pas besoin de tenir une licence pour...
M. Loiselle: C'est vrai.
M. Boisclair:... parce que, en fonction de la lettre que vous
nous avez lue...
M. Loiselle: Oui.
M. Boisclair:... c'est essentiellement privé. Vous
êtes soumis bien sûr à la Loi sur le courtage
immobilier.
M. Loiselle: Effectivement.
M. Boisclair: Vous nous avez parlé, dans votre
présentation, de donner l'exemple des permis de conduire. Alors, vous
seriez donc d'accord avec un certain nombre de catégories de permis.
M. Loiselle: Oui, avec des catégories... M.
Boisclair:... qui pourraient...
M. Loiselle: Pardon.
M. Boisclair: Allez, continuez.
M. Loiselle: J'ai écouté quand même des
présentations qui ont été faites ici. Plutôt que du
cumul de permis, je verrais, à l'intérieur du courtage
immobilier, des catégories de permis. Je reviens aux agences de
sécurité. Vous pouvez avoir un permis d'agence de
sécurité pour fournir de$ gardes comme un permis pour faire de
l'enquête. Vous pouvez aussi cumuler les deux permis.
M. Boisclair: Mais ce serait des permis qui ne s'excluraient pas
mutuellement?
M. Loiselle: Non, justement, justement. Alors, je prends le
véhicule automobile comme exemple: Si vous détenez un permis de
classe 1, vous avez droit de chauffer un véhicule articulé et un
autobus.
M. Boisclair: C'est quoi la formation? Et quelle serait la
formation idéale pour devenir courtier d'affaires si jamais il y avait
une catégorie?
M. Loiselle: Si jamais il y avait une catégorie, je pense
que, d'abord, il faudrait respecter les droits acquis de ceux qui sont reconnus
dans le milieu en partant; je parle de compétence minimale des
administrateurs, des gens d'expérience. Vous avez des gens qui ont
été en affaires pendant 25 ou 30 ans, qui deviennent consultants
parce qu'ils ont une vaste expérience et qui à un moment
donné décident de vendre des compagnies. À titre
d'exemple...
M. Boisclair: Ce que je veux dire...
M. Loiselle: ...prenez l'ex-ministre Biron. Il est courtier
d'affaires. Il n'est pas courtier d'immeubles, il est courtier d'affaires.
M. Boisclair: il est passé à la bonne
école!
M. Loiselle: À l'école politique! Il est courtier
d'affaires.
M. Boisclair: Ce que je veux vous demander, M. Loiselle, la
question est très simple. L'organisme d'autoréglementation ou
peut-être la ministre par voie réglementaire, on ne le sait pas
encore, aurait à se questionner sur le contenu des programmes.
M. Loiselle: Oui.
M. Boisclair: À l'heure actuelle, ce sont des cours de
cégep, des cours d'université et un certain nombre d'heures pour
devenir agents et un certain nombre d'heures pour devenir cour- tiers. Il y a
un curriculum qui est imposé. Si on fait la catégorie de
courtiers d'affaires...
M. Loiselle: Oui
M. Boisclair: ...vous me dites qu'il faut respecter les gens qui
sont en place. Concrètement, c'est quoi le curriculum qu'on impose?
M. Loiselle: On impose une formation académique minimale
et encore une fois il faudrait que les cours - c'est dans la position de
l'IBBA...
M. Boisclair: C'est un bac, c'est un certificat, c'est...
M. Loiselle: Non, non, non, pas obligatoirement. Ça serait
trop limiter, ça serait comme contingenter. Vous avez des gens qui ont
25 ans d'expérience et qui ont fait une foule de choses, qui ont
administré des compagnies avec succès, si vous voulez, qui n'ont
pas nécessairement de bac en administration ou qui n'ont pas le titre de
C.A., qui sont d'excellents administreurs et qui mènent des compagnies
à bien et qui ont peut-être 40, 50 ou 60 ans.
M. Boisclair: Concrètement, ma question, M.
Loiselle, pour s'assurer du professionnalisme qui est quand même
un objectif important qui a été discuté...
M. Loiselle: Oui
M. Boisclair: ...pour s'assurer de l'image de la profession,
toute la question qui tourne autour de la formation, on parle soit d'augmenter
les critères d'accès à la profession, soit d'avoir un
examen uniforme imposé à tous ceux qui veulent devenir
agents...
M. Loiselle: Oui.
M. Boisclair: ...ou courtiers. Pour devenir le courtier
d'affaires, qu'est-ce que vous voyez comme formation? C'est une question
à laquelle on aura... si jamais il y a une catégoriels
M. Loiselle: Je verrais celle de l'IBBA, Mme la ministre et
monsieur, parce que c'est bien structuré, c'est disponible.
M. Boisclair: C'est disponible aux États-Unis et en
anglais et à quel coût?
M. Loiselle: C'est disponible en anglais mais ils sont
prêts à collaborer avec tout organisme de réglementation et
de formation du gouvernement du Québec, ou dépendant du
gouvernement du Québec pour mettre ce matériel.. Ils sont
prêts à mettre ce matériel à votre disposition
pour traduction, pour formation de base, comme critère, quitte
à modifier en fonction des lois québécoises et
canadiennes, etc. L'IBBA est disposée à collaborer à 100
%... c'est dans leur position et même à rendre disponibles ces
cours-là, à collaborer à la traduction, à
l'élaboration de cours. Vous avez l'appui inconditionnel, inconditionnel
selon le respect du "copy right", là. Vous avez l'appui absolu de l'IBBA
là-dedans. Puis comme leurs preuves sont déjà faites -
c'est une organisation professionnelle - je pense, que c'est déjà
une bonne base. D'autant plus qu'ici ce n'est presque pas connu. Ça
commence. On est 10 ans en arrière des États-Unis
là-dedans.
M. Boisclair:... vous avez quoi? Huit ou deux membres, monsieur?
(10 h 45)
M. Loiselle: On est deux membres. Moi ça fait trois ans
que je suis membre. Mais, c'est parce que ça n'a jamais
été... C'est une évolution. Comme il y a 20 ans, il n'y
avait pas de franchisés dans l'immeuble. À ce que je sache, en
tout cas! Maintenant, il y en a. C'est une évolution du marché
parce qu'il y a de plus en plus de compagnies qui changent de mains et de moins
en moins qui vont aux enfants, à la petite fille ou au petit gars. Il y
a des changements dans l'économie, mais la base de l'IBBA, je pense,
devrait bien servir et moi Je suis bien prêt à rencontrer qui vous
voudrez, Mme la ministre ou monsieur, pour en discuter et fournir les
documents. Je suis autorisé à le faire par l'IBBA.
M. Boisclair: Est-ce que l'IBBA a déjà
rencontré l'AIQ?
M. Loiselle: Non. Je suis le seul porte-parole, dans le moment,
de l'IBBA.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Gouin, votre temps est écoulé. Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. J'ai été
dérangée. L'IBBA donne des cours, mais on a peut-être
l'équivalent ici, alors ce serait intéressant de savoir quels
sont les cours que l'IBBA réclame de ses membres. Quand vous avez
parlé de clause grand-père, vous m'avez donné un exemple
qui me fait penser que je ne devrais peut-être pas inclure tout le monde
dans cette clause grand-père. Mais il y a certainement des
équivalences qu'on peut regarder. Quand vous parlez de formation,
d'expérience, c'est bien sûr qu'avant d'exiger que des gens
suivent des cours on peut regarder leur expérience et considérer
des équivalences.
Vous avez fait des remarques assez percutantes tout à l'heure et
j'aimerais justement vous parler de l'organisme d'autoréglementation'
parce que, je vous le répète, c'est assez Intéressant de
voir comment les organismes qui existent sont perçus par certaines
personnes. Je vous disais que nous avons eu des agents qui sont venus ici et
qui se sont plaints, comme vous, de ne pas être bien
représentés ou de ne pas avoir de voix au chapitre. Et on a eu
des courtiers importants qui également nous ont dit qu'ils avaient
l'impression qu'ils n'étaient pas toujours considérés.
Alors, nous voici à une étape où on va former un organisme
d'autoréglementation; il devra avoir un conseil d'administration. C'est
là que l'on va pouvoir, je crois, atteindre les buts que chacun
recherche, une meilleure représentativité du milieu, agent,
courtier, etc., parce qu'il y a des spécialistes également;
doit-on les inclure? Est-ce qu'il doit y avoir, et je pense que vous l'avez
dit, un représentant du gouvernement sur ce conseil d'administration,
mais est-ce qu'il doit également y avoir un représentant du
consommateur? Si vous aviez eu à refaire le conseil d'administration
d'un organisme qui représentait l'industrie - et nous allons
créer cet organisme-là - comment est-ce qu'on devra former ce
conseil d'administration pour éviter les choses que vous avez
mentionnées?
M. Loiselle: Si vous me le permettez, je vais juste passer
à la première partie de la question. Dans les cours, le premier
cours, 101, c'est: principes, pratique, éthique, déontologie,
"business brokerage", l'analyse et la reformulation d'états financiers,
impôts et considérations légales, évaluation
d'entreprises - c'est autre chose - marketing, et le financement de
l'entreprise à vendre, les étapes d'honoraires et l'examen.
Alors, c'est essentiellement ce en quoi ça consiste.
Pour répondre à votre question, le courtage immobilier a
juridiction sur plusieurs activités qui ne sont pas strictement
limitées à ta vente de maisons ou d'immeubles. Le courtage
immobilier contrôle les hypothèques; le courtage immobilier
contrôle les ventes d'immeubles commerciaux, industriels, etc., et,
jusqu'à un certain point, les compagnies, par le biais du fonds de
commerce, etc. Je pense, et c'est une opinion bien personnelle, que le conseil
d'administration devrait être constitué d'au moins un
représentant de chacune de ces grandes catégories: consommateur,
les courtiers franchisés; à titre d'exemple, un membre des
courtiers franchisés, un membre des courtiers totalement
indépendants, un membre de courtiers ou d'entreprises qui oeuvrent
essentiellement dans le financement hypothécaire, parce que, à
mon avis, il faudrait que ça regroupe les activités qui sont
contrôlées par cette loi-là. Si c'est une association, vous
venez de défaire complètement tout le but de votre consultation
publique. S'il doit y avoir un organe d'autoréglementation, il faut
qu'il soit représentatif de l'ensemble des gens, quitte, sous ce conseil
de direction auquel vous référez, Mme la ministre, à avoir
des sous-
comités très importants. Disons que l'AIQ pourrait
être responsable de toute la formation, par exemple - je n'ai pas
d'objection à ça, moi - mais que ce soit représentatif de
tous les secteurs que la loi contrôle. C'est dans ce sens-là.
Qu'il y ait quelqu'un de chaque secteur que la loi contrôle. Là je
fais une différence entre hypothèque, courtier, surtout si vous
optez pour une politique de permis qui fait qu'un classe 1, par exemple, peut
vendre et des entreprises et des maisons; un classe 3 peut vendre des maisons,
des petits fonds de commerce jusqu'à 250 000 $, par exemple, ou d'autres
choses; un classe 4 pourrait vendre des immeubles à revenus, des
complexes immobiliers jusqu'à 5 000 000 $, 10 000 000 $, 20 000 000 $.
Si vous optez pour ce système-là, je pense qu'il faudrait qu'il y
ait quelqu'un de chacune de ces classes de permis. Si vous optez pour
différentes classes de permis! Mais essentiellement, moi je vois le
bureau de direction de l'autoréglementation comme étant
composé de personnes physiques représentatives de chacun des
secteurs qui doivent être contrôlés par la nouvelle loi,
quitte après ça à avoir des sous-comités
importants.
Mme Robic: Mais vous n'avez pas de représentation
d'agents, je voudrais vous le faire remarquer, là.
M. Loiselle: Je regrette, ils sont dedans. Ils sont dedans. Le
problème, c'est qu'ils n'ont pas d'association. Il n'y en a pas, Mme la
ministre.
Mme Robic: Oui. Il y a assez d'agents. Il faudrait qu'ils
s'organisent.
M. Loiselle: Oui, mais c'est tellement vrai qu'il n'y en a pas
que la chambre de Québec, ils n'ont même pas droit de vote avant
deux ans et ils paient une pleine cotisation. Bon! C'est quoi? Il n'y en a pas
d'association d'agents. Peut-être à Baie-Comeau, je pense, que
c'est différent, je ne suis pas sûr.
Mme Robic: Oui.
M. Loiselle: II faudrait que les agents soient
représentés. Comment? Je ne le sais pas. Parce qu'il y a un
problème...
Mme Robic: D'accord. Je suis en train de réfléchir
aux cours que l'IBBA donne. Est-ce que vous avez déjà suivi des
cours de l'Institut canadien de l'immeuble... Parce qu'eux autres ne donnent
pas le cours, c'est des cours universitaires que vous allez suivre. J'ai
l'impression qu'on retrouverait peut-être l'équivalent des cours
de l'IBBA à l'Institut...
M. Loiselle: Fort probablement qu'il y aurait des choses qui
seraient...
Mme Robic:... dans leur classification?
M. Loiselle: Probablement qu'il y aurait des choses qui se
recoupent.
Mme Robic: II y a des choses similaires.
M. Loiselle: C'est fort probable compte tenu, bien sûr, des
différences légales, etc.
Mme Robic: Oui.
M. Loiselle: Mais il y aurait sûrement des recoupages.
Mme Robic: Oui.
M. Loiselle: Quoique, dans l'IBBA, il y a seulement 15 % en
moyenne des transactions qui imputent de l'immeuble. Alors...
Mme Robic: Oui
M. Loiselle:... c'est beaucoup plus axé sur l'Immeuble que
sur la vente d'entreprises. Il y aurait des choses qui vont se recouper, c'est
sûr. De l'argent, c'est de l'argent. Un bilan, c'est un bilan. Mais ce
n'est pas aussi simple que ça.
Mme Robic: Vous avez parlé, au chapitre de la
rémunération, de compensations et de commissions de
référence et vous semblez là être très large
au niveau des références. Vous incluez à peu près
tout ce qui bouge. Vous incluez même le chauffeur de taxi dans vos
références. Je pense que nous autres, quand on parle de
références, on est circonscrit un peu plus que ça
là.
M. Loiselle: D'accord. Ça ne se présente pas
particulièrement comme problème pour la vente d'un chalet ou d'un
bungalow, même si ça vient du chauffeur de taxi, comme vous dites.
Ça ne se présente pas à ce niveau-là. Ça se
présente au niveau des transactions plus importantes.
Mme Robic: Oui, mais, est-ce que... Pour nous, la commission de
référence, ça s'applique à un certain nombre de
personnes. Je verrais mal que, par exemple, les références
passent par les agents. D'ailleurs, je pense que les références
doivent passer par les courtiers, et je verrais mal un courtier qui donnerait
des références à un avocat ou à un notaire. Je
pense que ce n'est pas là où on en est. Des
références entre bureaux de courtiers d'une région
à une autre, ou d'un pays à un autre, des
références quand on parle de bureaux multidisciplinaires, des
ententes qui peuvent être faites, par exemple, avec des courtiers en
assurances. Mais, nous,
notre idée de référence ne s'étend pas
à tout ce qui bouge.
M. Loiselle: Non, d'accord.
Mme Robic: Est-ce que vous avez une idée
là-dessus*? Est-ce qu'on doit l'ouvrir ou est-ce qu'on doit plutôt
le circonscrire?
M. Loiselle: Je pense qu'il faut admettre que ça se fait
couramment et arrêter de jouer à l'autruche.
Mme Robic: C'est vrai. Non, je pense qu'on l'a tous reconnu
ici.
M, Loiselle: Écoutez, c'est bien beau dire que les
avocats, les notaires et tout ça ne prennent pas ou ne font pas de
référence. S'il prête son condo à Miami ou à
Fort Lauderdale pour deux semaines à un courtier ou à un agent
qui a amené 10 contrats depuis 6 mois, c'est une
référence. Déguisée si vous le voulez, mais c'est
une référence. Alors, il ne faut quand même pas se faire
d'illusions. Le problème qui existe pour le courtier honnête qui
veut suivre autant l'esprit que la règle, la lettre de la loi, c'est
que, s'il donne une compensation, il est dans l'illégalité. Il ne
la déclare pas à l'impôt, c'est de l'argent en dessous de
la table et, enfin, c'est de la fraude. Alors, rendons donc légal ce qui
se fait Que le courtier puisse la déclarer à l'impôt et que
le récipiendaire la déclare lui aussi. Là, c'est clair
pour tout le monde. C'est dans ce sens-là.
Mme Robic: Oui.
M. Loiselle: C'est quand les affaires se passent en dessous de la
table qu'il y a des problèmes. Une loi qui est claire, qui est simple,
qui est facile à respecter a bien moins de chance de se faire
contourner.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, votre temps est
écoulé. Alors, je passe la parole au député de
Gouin.
M. Boisclair: Vous dites qu'il n'y a pas d'association
d'agents.
M. Loiselle: Non, pas que je sache. Peut-être de
façon régionale mais je ne peux pas considérer les
chambres d'immeubles comme des agents.
M. Boisclair: Corrigez-moi si je me trompe, mais elles sont
membres de l'AIQ autant que les agents, que les courtiers. Expliquez-moi donc
la réalité. C'est quoi que vous voulez dire?
M. Loiselle: La réalité...
M. Boisclair: Je ne suis ni agent, ni courtier. Votre vision de
la réalité?
M. Loiselle: Ma vision de la réalité est
très simple. C'est que les chambres d'immeubles ont été
fondées par et pour les courtiers. Là encore, je ne fais pas de
personnalité, on parle de structures.
M. Boisclair: O. K.
M. Loiselle: Par et pour les courtiers. Les courtiers,
c'était dans leur intérêt de la former au niveau de la
collaboration. Éventuellement, il y a eu le MLS-interagences, ces
histoires-là. C'est dans leur intérêt d'avoir ça.
Mais ça prend du monde pour faire marcher une chambre d'immeubles, et le
monde qui fait marcher la chambre d'Immeubles ce sont les agents par leur
cotisation et leur travail. C'est sûr qu'ils en retirent quelque
chose.
M. Boisclair: Particulièrement le MLS. M. Loiselle:
MLS, mais ils paient pour ça. M. Boisclair: Oui.
M. Loiselle: Bon. Alors, ils paient. Ce qui arrive, c'est que
dans les règles et, là, j'invite sérieusement... M. le
député, je vous invite à prendre connaissance des statuts
et règlements des différentes chambres d'immeubles de la province
de Québec et vous allez voir - du moins dans celle de Québec que
je connais puisque je parle de celle-là - que vous n'avez pas le droit
de vote avant deux ans même si vous payez une entière cotisation
en tant qu'agent. On a toujours pensé: pas de taxation sans
représentation, etc., mais dans l'immeuble ce n'est pas vrai. Pas avant
deux ans, en tout cas, pas à Québec. Alors, ça risque
moins de chambarder les règles du jeu, d'une part.
M. Boisclair; Qu'est-ce que vous voulez! Ça, c'est le
problème des... C'est un peu votre problème avec lequel...
M. Loiselle: Ce n'est pas mon problème.
M. Boisclair: Non, ce n'est pas votre problème, mais c'est
le problème des agents à travers le Québec. Nous, la
question qu'on à à se poser c'est: Comment on va composer cet
organisme d'autoréglementation? Comment on va être capable de...
Il y a aussi une expertise qui a été développée par
des gens, des associations...
M. Loiselle: Oui.
M. Boisclair:.. qui n'est pas négligeable.
M. Loiselle: Absolument pas.
M. Boisclair: Que ce soit le surintendant du courtage et Son
service, que ce soit l'association ou que ce soit d'autres professionnels du
milieu qui ont réussi à développer une expertise. Outre
les problèmes que vous pouvez vivre, écoutez, je vous prends
à la parole que je trouve ça un peu surprenant qu'on paie des
cotisations pendant deux ans et qu'on ne puisse pas voter.
M. Loiselle: C'est un fait.
M. Boisclair: Moi, si ça prenait deux ans avant de voter
à un conseil national du Parti québécois, même si je
payais ma carte de membre, je n'accepterais pas cette situation, mais,
ça, qu'est-ce que vous voulez? ce sont vos règles internes et
c'est à vous d'exercer les pressions nécessaires pour les faire
modifier. Mais, justement, la question c'est là où je veux on
venir - sur la composition, vous l'avez abordée rapidement, vous avez
insisté dans votre présentation pour qu'il y ait un
représentant du Service du courtage...
M. Loiselle: Oui, définitivement.
M. Boisclair:... que ce soit le surintendant ou quelqu'un
d'autre, mais comment voyez-vous, entre autres, la transition entre le
régime actuel, avec la loi qu'on connaît, et l'organisme
d'autoréglementation? Il va falloir mettre un conseil d'administration
provisoire possiblement ou...
M. Loiselle: Peut-être provisoire, mais sur ce même
conseil... J'ai parlé de tous les intervenants du milieu tout à
l'heure. Je n'excluais pas les chambres d'immeubles et l'AIQ du conseil
d'administration. Je ne voudrais pas que vous pensiez ça.
M. Boisdair: J'ai très bien compris ça. (11
heures)
M. Loiselle: O. K. Je ne les exclus pas, mais pas du tout.
Même qu'elles ont joué un rôle très important. La
position que j'adopte, c'est que je refuse de leur donner un chèque en
blanc pour contrôler et réglementer l'industrie dans son entier.
Ça, c'est ma position. Qu'ils forcent les conseils d'administration,
c'est obligatoire. Absolument obligatoire. Mais qu'ils composent à eux
seuls ou presque le conseil d'administration, ça, je ne peux pas
l'accepter.
M. Boisclair: II y aura un processus de nomination, un processus
d'élection des membres du conseil de l'organisme
d'autoréglementation. La ministre aura à préciser
ça dans son projet de loi, soit que ce soit des nominations, que ce
soit... il y a plusieurs possibilités là: le collège
électoral, coopter et ainsi de suite. Et là, je pense que,
d'aucune façon, les problèmes ou les frustrations que vous pouvez
exprimez à l'égard des chambres d'immeubles ou la façon ou
le fait que vous soulignez les deux ans avant de pouvoir voter, bon, le
problème existera toujours mais le problème pour la composition
de l'organisme n'existera plus à ce moment-là. C'est au niveau de
la transition qu'il faut regarder comment ça va se faire.
M. Loiselle: Ça va se faire nécessairement, je
pense - du moins, c'est un avis bien personnel - par le biais du Service du
courtage immobilier. Sous la tutelle... Je suis d'accord sur le principe que
l'industrie dans son ensemble est prête à
s'autoréglementer, mais elle n'est pas prête à courir tout
de suite. Je pense qu'il faut qu'elle apprenne à marcher avant. Pour
apprendre à marcher, il va falloir qu'elle soit supportée un peu.
Au moins temporairement pour le courtage immobilier C'est pour ça que je
demande qu'il y ait obligatoirement, pour tout bureau ou organisme
d'autoréglementation, au moins un représentant du courtage
immobilier. Je pense que ça va garantir à l'Industrie du courtage
l'impartialité dont elle a sérieusement besoin. Au niveau des
mesures disciplinaires qui ont été abordées assez
longuement hier, je crois, on ne peut pas être à la fois
procureur, juge, jury, bourreau, ce n'est pas possible. Alors, si les
règles de la nouvelle loi sont très claires...
M. Boisdair: Vous me permettrez parce que je vois le temps filer
et... Il faut un bourreau en quelque part et quand le surintendant... Bien des
gens sont venus me dire que le surintendant n'avait ni les budgets ni les
moyens ni les recours pour jouer au bourreau. Le milieu a décidé
de jouer au bourreau un peu.
M. Loiselle: Moi, ce que je suis en train de dire, c'est que si
les règles, si les aspects de la nouvelle loi qui touchent la
discipline, la conduite... Si les règles qui touchent la nouvelle loi
touchent la discipline, la conduite, le comportement professionnel ou non
professionnel, que ça soit dans la loi, applicable à tout le
monde. Mais, si tout le monde est régi par le nouvel organisme, pas de
problème. Pas de problème!
M. Boisdair: Je vous remercie. M. Loiseile: Je vous en
prie.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, M. le
député de Gouin. Alors, Mme la ministre, la conclusion.
Mme Robic: Oui, M. le Président. Je voudrais juste... Je
dois vous avouer que M. Martel n'a pas aimé ça se faire appeler
bourreau. Je voudrais dire à mon confrère que vous faites de la
petite politique là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ce n'est pas de lui que je parlais.
Mme Robic: M. Martel, il va falloir monter les cotisations
là. Messieurs, n'oubliez pas, quand vous vous plaignez, que ça
s'autofinance, cette affaire-là. Mais je voudrais vous dire... Je
voudrais revenir un peu sur des remarques. Parce que c'est important ce que
vous avez dit. Si ma mémoire est bonne, pour adhérer aux
chambres, ce sont les courtiers qui adhèrent aux chambres d'immeubles.
Mais, quand un courtier adhère aux chambres d'immeubles, tous ses agents
doivent adhérer aux chambres d'immeubles. Donc, un courtier et tous ses
agents. Je voudrais respectueusement vous dire que, si les agents
étaient peut-être plus concernés dans leur chambre
d'immeubles et participaient, c'est garanti que les courtiers perdraient leur
place ça ne prendrait pas de temps, hein. Alors, il faut non seulement
qu'on leur donne leur pouvoir, mais il faut qu'ils utilisent ce
pouvoir-là. Et on ne le voit pas seulement là. Je pourrais parler
des compagnies mutuelles, des compagnies à capital-actions où on
fait des assemblées générales et où il y a
très peu de participation. Mais on ne peut pas constamment se plaindre
si on ne participe pas. Je pense que c'est peut-être les agents... Il y a
un manquement au niveau des agents là, dans leur participation. Alors,
je ne veux pas excuser tous les courtiers, mais je voulais un peu resituer les
choses.
Alors, M. le Président, c'a été intéressant
parce que, aujourd'hui, on entend des gens qui pratiquent du courtage
immobilier, je pense qu'on ne peut pas l'éviter là, mais qui le
font à un niveau qui est tout à fait différent de la
majorité des courtiers et des agents et c'était
intéressant d'avoir votre perception des choses et d'en connaître
un peu plus long sur les organismes qui donnent des cours qui pourraient
être intéressants pour les gens du milieu qui voudraient se
spécialiser. Alors, on vous remercie infiniment.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, Mme la ministre.
Alors, le mot de la fin de...
M. Boisclair: Comme je vous le disais tout à l'heure, je
veux vous remercier pour votre présentation. Nul doute que votre
mémoire a le mérite d'attirer notre attention sur un certain
nombre de préoccupations qui n'avaient peut-être pas fait l'objet
de discussions approfondies. Quant aux commentaires de la ministre, je ne fais
que répéter ce que les gens du milieu m'ont dit et je me fais
leur porte-parole. "Bourreau" était peut-être un peu fort, mais on
se comprend entre nous.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Gouin.
M. Loiselle: Merci.
Le Président (M. Forget): Au nom de cette commission, je
voudrais vous remercier de votre participation. Merci.
M. Loiselle: Merci, M. le Président, madame,
messieurs.
Le Président (M. Forget): Nous allons maintenant
entendre... Je demande aux représentants de la Société
immobilière Outaouais Itée de prendre place à la table des
témoins.
Alors, si vous me le permettez... Si vous voulez vous identifier...
:
Société immobilière SPCI
Outaouais Itée
M. Savard (Denis): Bonjour, M. le Président, bonjour, Mme
la ministre, bonjour, MM. les députés, Mmes les
députées et tous les intervenants. D'abord, mon nom est Denis
Savard, je suis le représentant de la Société
Immobilière SPCI Outaouais Itée. Je suis courtier en
immobilier.
Le Président (M. Forget): Alors, je vais vous
répéter quand même... Dans un premier temps, vous avez 20
minutes pour expliquer votre mémoire et vous avez 40 minutes
d'échanges avec les membres de la commission. La parole est à
vous.
M. Savard: Merci, M. le Président. Alors, moi,
après avoir pris connaissance du document de consultation qui a
été déposé par la ministre, j'ai été
enchanté, même presque emballé, de voir qu'enfin II y
aurait quelque chose qui se produirait dans l'industrie du courtage immobilier
et que...
Mme Robic: Excusez-nous!
Le Président (M. Forget): Excusez-nous, il y a un petit
problème, on va essayer de...
M. Savard: Oui, j'ai remarqué ça.
Une voix: Je n'ai pas votre... J'aimerais bien...
Le Président (M. Forget): Ce n'est pas le bon
mémoire qui a été distribué. Excusez! On va
régler le problème.
Est-ce que vous avez tous le mémoire?
Une voix: Oui. On peut procéder, M. le
Président.
Le Président (M. Forget): Alors, la parole est à
vous,
M. Savard: Tout le monde est prêt?
Le Président (M. Forget): Oui. Une voix: Ça
va.
M. Savard: Comme je le disais, j'ai été
enchanté de voir que notre ministre responsable avait à coeur de
faire le grand ménage dans l'industrie immobilière. Le grand
ménage aussi, des fois, ça veut dire donner le grand coup, mais
à la bonne place. Donner le grand coup à la bonne place,
ça ne veut pas nécessairement dire, non plus, de tout recommencer
à zéro. Cependant, il faut trouver la base du problème
dans l'industrie. La base du problème, demandez-le aux praticiens qui
sont dans la jungle, ils sont là tous les jours. Demandez-le à
eux autres, vous allez voir, ils vont vous dire où il est le
problème. Le problème, c'est simple, c'est que,
évidemment, toute profession qui prend naissance n'évolue pas
nécessairement à la môme vitesse que les
événements. Comme exemple: l'industrie immobilière; on va
parler de ça. L'industrie immobilière, quant à moi,
évolue rapidement. Ça prend des gens qui se gardent à
jour, "up to date" - excusez l'anglicisme - qui doivent rester à
l'affût de l'information. Sauf qu'on a toutes sortes de gens. On a des
gens - je n'ai rien contre l'âge d'or ou quoi que ce soit - on a des gens
là-dedans qui ont suivi le cours immobilier depuis longue date; ils ne
se sont peut-être pas gardés à date au cours des
années, ils n'ont peut-être pas évolué à la
même vitesse que le marché immobilier ou contraintes qu'on peut
rencontrer dans une transaction immobilière aujourd'hui.
Toujours est-il que moi, ce que je propose - vous allez voir un petit
peu plus loin pourquoi - c'est qu'on a un problème dans notre industrie.
Le courtier est responsable, Mme la ministre le dit très clairement dans
son document de consultation, ce n'est un secret de polichinelle pour personne,
tout le monde sait ça, le courtier étant responsable de l'acte
que l'agent pose, il est responsable aussi personnellement, même s'il
s'incorpore, il est responsable personnellement. Là, la
problématique... Il y a un agent d'immeubles... Je vais vous exposer la
situation, je vais vous faire... Je ne lirai pas le mémoire, vous l'avez
tous lu, je suis certain de ça. On va juste discuter du vrai
problème, on ne perdra pas de temps.
Le problème. Notre agent d'immeubles fait une gaffe, fait une
fraude. Il met des parties, le consommateur, en particulier le consommateur,
dans une situation grave, économique ou quoi que ce soit. La fraude est
justifiée, le doute est raisonnable, la preuve est flagrante. Qu'est-ce
qu'on peut faire? Le courtier va dire à son agent: Écoute un peu,
il faut que tu arrêtes ça. Il peut l'envoyer promener, l'agent
d'immeubles, son courtier... Il y a là justification à une
plaints, et vite à part ça, pour régler le
problème. Mais là, on a un système administratif
très bon. Il est très bon notre système, mais il est
très lent. On est obligé de travailler avec des contraintes
budgétaires, etc. Il est très lent, ça prend du temps
traiter un dossier. Ça prend beaucoup de temps régler un dossier,
une plainte, le traitement d'une plainte. Le courtage immobilier en a
par-dessus les bras. Il n'a pas assez d'argent Écoutez, je ne suis pas
là pour plaider pour le courtage immobilier, remarquez bien, mais notre
problème est là. Mon agent d'immeubles ou un agent immobilier se
fout éperdument de son courtier. Règle-le ton problème, je
vais aller travailler pour un autre demain matin, il y en a d'autres qui
courent après moi pour m'engager. Il n'y a pas de problème.
Qu'est-ce qu'il fait? Il continue, il ne s'améliore pas, l'agent
d'immeubles; il continue. On appelle ça des profanes, des chevaliers de
l'industrie. Comment va-t-on faire pour l'arrêter, lui? Va-t-il falloir
attendre qu'il ait une sanction par un tribunal? Probablement que toute justice
naturelle commande ça, mais, quant à moi, une industrie qui se
respecte et qui se prend en main, comme vous semblez vouloir le faire
maintenant, c'est bon d'avoir des comités de discipline, c'est bon
d'avoir des syndics de nommés; c'est bon aussi d'avoir des gens sur le
terrain pour surveiller Donc, si on l'arrête, lui, si le courtier avait
le pouvoir, pas de faire renfermer quelqu'un, le pouvoir de lui faire suspendre
son permis temporairement... Vous allez me dire, peut-être, tout à
l'heure: Oui, mais tu peux congédier ton agent. Pas de problème,
je peux le congédier. Il va rire de moi. Il va aller travailler pour un
autre courtier le lendemain matin. Comment va-t-on faire pour l'arrêter,
là? Jusqu'à temps que le syndic du nouvel organisme
d'autoréglementation ou que le courtage Immobilier aurait pris
connaissance de la décision du courtier, des motifs du courtier, qu'il
aurait pris connaissance des circonstances, de ce qui est arrivé, qu'il
pourrait voir si vraiment l'acte qu'a posé le courtier est
justifié, infirme ou confirme la suspension temporaire... Là, je
peux vous dire une chose, si notre agent d'immeubles vient de se faire
suspendre son permis, avant d'envoyer promener son courtier, il va se
dépêcher à régler le problème et il va
collaborer. Parce que tout le monde sait ça dans l'industrie, le
courtier n'est pas nécessairement en contact avec le client de l'agent.
C'en est tout un problème, ça aussi, mais c'est le courtier qui
est responsable. Vous allez peut-être me dire: Embauche des agents plus
sérieux. Quand bien même on tenterait d'obtenir une information
sur les agissements d'un agent immobilier sur un petit rapport d'enquête
ou n'importe quoi, non, c'est un secret confidentiel On n'a pas accès
à ces informations-là C'est un problème. On ne peut pas
savoir si le gars va récidiver ou pas. En fait, le tour de la question,
pour moi, c'est ça. Si vous voulez faire le grand ménage dans
l'industrie, serrez vos gants blancs, mettez-vous des gants d'ouvrage et donnez
des moyens aux
courtiers de le faire. Donc, un pouvoir de suspension.
(11 h 15)
Et si, toutefois ¦- je ne suis quand môme pas si
radical que ça c'était impossible par des contraintes de justice
ou de loi naturelle.. J'entendais une remarque tout à l'heure qui m'a
bien intéressé: On ne peut peut-être pas être
à la fois partie et juge. Par contre, vous êtes en train de former
un organisme d'autoréglementa-tion; pourquoi ne pas le donner à
lui, le pouvoir de suspendre temporairement et de former une "team SWAT", une
espèce d'équipe qui réglerait rapidement la sanction,
l'acte qu'a posé le courtier? Je dirais oui. Le courtier, la minute
qu'il a enlevé le permis à son agent, qu'est-ce qu'il fait? Il
l'envoie immédiatement au syndic de leur organisme
d'autoréglementation et le syndic statue, lui, rapidement avec un
comité "SWAT", une équipe d'intervention, pour confirmer ou
infirmer l'acte que le courtier a posé. Je peux vous dire que de cette
façon là vous allez faire le ménage et rapidement. Et
l'industrie va se nettoyer d'elle-même. Elle va se nettoyer
d'elle-même et ça va aller exactement où notre ministre
semble vouloir se diriger. Vous êtes préoccupée à
responsabiliser le milieu; vous êtes préoccupée par
l'intérêt du public, des citoyens québécois et des
citoyennes québécoises. Maintenant tout ce qu'il reste à
faire, c'est de prendre les grands moyens. Votre réforme de la loi nous
donne l'occasion aujourd'hui de nous exprimer et de vous dire ce qui en est.
N'oublie2 pas que vous allez avoir environ 1480 courtiers, sur le terrain, qui
vont faire le ménage avec vous autres, automatiquement. Ils ne feront
peut-être pas... Il faudra surtout surveiller ce que le courtier va faire
évidemment, pas juste surveiller le... En fait, tout le monde va se
surveiller, mais à la base môme; il faut que le couteau, le balai
se promène directement en bas, en montant en haut; pas en haut en
descendant. Quand on fait le ménage, on commence par la cave - excusez -
le grenier, puis la cave. Ce que je veux dire tout simplement, ça vous
prend quelqu'un en place qui a des yeux pour voir, qui constate et qui peut
rapporter. Alors, c'est en gros, en global, le message que je voulais
transporter, que plusieurs de mes collègues pensent et ils n'ont
peut-être pas l'audace de le faire. Ils ont peut-être peur de venir
ici et de le dire. Alors, moi, ça me fait plaisir de venir vous le dire.
Je sais que vous allez sûrement apprécier, ça, vous allez
sûrement vous accorder un tel pouvoir. Merci, Mme la ministre. M. le
Président. Je suis disponible pour vos questions.
Le Président (M. Forget): Je vous remercie. Je passe la
parole à Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Merci, M. Savard, de
votre présentation et de vos bons mots. C'est vrai que j'ai l'intention,
et j'espère réussir à vous donner une loi qui
réponde à un certain nombre de vos attentes et qui règle
un certain nombre de problèmes, mais je ne pourrai pas tous les
régler. Vous nous faites part de problèmes courants dans
l'industrie: un agent qui ne fait pas l'affaire d'un courtier et qui traverse
la rue et se fait engager par l'autre courtier. Je ne pourrai pas régler
ça. Ça, c'est l'industrie elle-même qui doit se
réglementer.
Le problème de l'industrie, et on l'a senti depuis le
début, c'est qu'ils ne sont peut-être pas assez sélectifs
dans l'embauche d'agents potentiels II faut que l'industrie arrête de
remplir des pupitres. C'est mieux d'avoir moins de pupitres dans un bureau, un
peu plus d'air et aérer les affaires un peu plus, mais avoir des gens
qui savent ce que c'est que l'industrie, qui savent que vendre de l'immeuble ce
n'est pas facile, c'est difficile. Ceux qui font des millions en vendant de
l'immeuble travaillent 24 heures par jour, 7 jours par semaine souvent. Il y en
a peut-être des chanceux qui travaillent moins que ça, mais je ne
suis pas sûre que plus on fait de 'l'argent... Plus on est chanceux, plus
on travaille! Il me semble que ça va de pair, ça, la chance et le
travail. Et le fait également que vous avez dans le réseau des
gens qui entrent - on en parlait - et qui sortent parce qu'ils réalisent
que... Ils se sont fait dire que tout ce qu'il y avait à faire
c'était d'aller chercher un permis puis de s'asseoir à un pupitre
et qu'ils étaient pour commencer à vendre de l'immeuble. C'est
absolument faux. Donc, il faut que nos courtiers arrêtent de remplir des
pupitres, qu'ils se prennent au sérieux s'ils veulent que nous on les
prenne au sérieux. C'est la première chose.
Là où je trouve que vous allez un peu loin c'est quand
vous nous dites Donnez-nous le pouvoir à nous courtiers de
révoquer un permis. Là, vous êtes rendus dans le quasi
judiciaire. Mais vous avez dit: Non, je suis prêt à donner
ça à des organismes d'autoréglementation. D'ailleurs,
ça va être leur rôle puisqu'il va y avoir un syndic et un
comité de discipline. Ça va se faire à ce
niveau-là. Où je trouve qu'il faut faire attention c'est que des
fois, si un agent a fait de la fraude, c'est bien sûr qu'il devrait
perdre son permis. Des fois, ça peut être une
incompatibilité, etc.. On ne devrait pas le priver de pouvoir continuer
sa profession ailleurs. Mais, c'est sûr qu'il va falloir le suivre de
beaucoup plus près et l'organisme d'autoréglementation va avoir
les pouvoirs nécessaires pour appliquer un code de déontologie,
puis avoir un comité de discipline. Ça, je suis tout à
fait d'accord. Mais les agents profitent de courtiers qui, peut-être,
auraient à repenser leur façon d'embaucher du personnel.
Vous nous dites qu'il est temps de regarder cette loi. Nous sommes
à je faire. Nous allons créer un organisme
d'autoréglementation. Plu-
sieurs nous ont dit que ça devrait être l'Association de
l'immeuble du Québec qui se transforme, laisse tomber une partie de ses
responsabilités: entre autres, promouvoir les droits des agents et des
courtiers pour promouvoir les droits des consommateurs. On devrait la
transformer. Ils ont fait des efforts importants depuis quelques années
Est-ce que vous voyez cette possibilité-là de changer, de prendre
un organisme qui existe et de le transformer en organisme
d'autoréglementation?
M. Savard: Je regrette, Mme la ministre, on a déjà
le Service du courtage immobilier qui est en place. Il est déjà
tout organisé On a l'expertise des gens qui sont en place. Plutôt
que de créer un autre organisme, personnellement, je vais vous donner
mon opinion personnelle, pourquoi prendre un paquet d'argent encore pour
transporter ça et créer un nouvel organisme? Ça va faire
encore un "party" de plus. On a déjà...
Mme Robic:... cassé, il fait des "parties"?
M. Savard:... ce que je veux dire, Mme la ministre, c'est
concentrez des énergies, canalisez tout ça. On en a
déjà une automobile, pourquoi ne pas la rénover si on n'a
pas les moyens de s'en payer une neuve?
Mme Robic: Mais, d'un autre côté, vous nous dites
que l'industrie est prête à se prendre en main et vous êtes
tout à fait d'accord avec la création d'un organisme
d'autoréglementation. Alors, c'est bien sûr que, lorsqu'on forme
un organisme d'autoréglementation, le gouvernement va se donner un droit
de regard sur cet organisme. Donc, on ne disparaît pas mais à un
organisme d'autoréglementation il faut donner certains pouvoirs que le
gouvernement s'est conservés jusqu'à aujourd'hui. Jusqu'où
doit-on aller? Vous nous avez dit: II faut apprendre à marcher avant de
courir. C'est vous qui nous avez dit ça ou l'intervenant
précédent? Alors, jusqu'où peut-on se dégager?
Jusqu'où est-ce que l'industrie est prête à se prendre en
main? C'est ouvert pour discussion dans le fond. C'est ce qu'on essaye
d'établir avec les intervenants qui passent devant nous.
M. Savard: Écoutez, quant à mol, le Service du
courtage immobilier pourrait s'appeler maintenant le nouvel organisme. Si vous
voulez vraiment créer un nouvel organisme, appelez-le, lui, l'organisme
d'autoréglementation. Pourquoi mettre des intervenants? Pourquoi ne pas
laisser l'administration et l'application de ces règlements et de ces
lois aux fonctionnaires de la haute fonction publique?
Mme Robic: C'est parce que l'organisme
d'autoréglementation doit naturellement être formé de ces
membres-là. Mais..
M. Savard: Oui, Mme la ministre, je m'excuse si je vous
enlève la parole, si vous placez des associations ou des courtiers
là-dessus, il va y avoir de l'influence, il va y avoir... On sait
comment ça fonctionne, voyons donc! C'est comme la politique.
Mme Robic: Oh! Mais là, faites attention!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savard: Non, écoutez, je ne veux pas
Mme Robic: II n'y a rien de mal avec la politique.
M. Savard: Écouter, j'ai tout simplement dit: On sait
comment ça fonctionne, c'est comme la politique.
Mme Robic: Ha, ha, ha!
M. Savard: Je vais arrêter là. Mais, de toute
façon, ça va devenir politisé. Si ça devient
politisé, on a un problème. Il va y avoir du tirage de couverte
ici et du tirage de couverte là. Et pas rien que ça; le jugement
de l'administration, des administrateurs qui vont être nommés
là peut être biaisé. Il peut être biaisé par
le nombre de courtiers ou d'agents qui ont voté pour le mettre
là.
Mme Robic: Alors..
M. Savard:... par son "chum", excusez-moi, qui est
député ou...
Mme Robic: On ne fait jamais ça!
M. Savard: Non, non. Pas vous autres, écoutez!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savard: Pas vous autres. Mais, Mme la ministre, c'est plus
sérieux que ça. Vous savez, il faut comprendre que... Moi, je
pense que c'est plus sérieux que ça ce que vous voulez faire.
Gardez le contrôle, Mme là ministre. Que le gouvernement garde ses
responsabilités. Vous avez du monde pour mettre ça en place et
pour exécuter.
Mme Robic: Alors là, vous êtes en train de nous dire
que vous croyez que l'industrie n'est pas tout à fait prête pour
s'autoréglementer, mais que le gouvernement doit plutôt rester
impliqué d'une façon importante. Mais ne pensez-vous pas que, si
on donne un organisme d'autoréglementation à l'industrie, la
composition du conseil d'administration pourrait éviter ce
genre de problème que vous nous soulignez?
M. Savard: Non. Moi, encore une fois, je regrette, Mme la
ministre, le gouvernement n'a pas à déléguer pareil
pouvoir. Le gouvernement n'a pas à se laver les mains et à dire:
On va vous donner cette loi-là et arrangez-vous avez ça entre
vous autres. Elle n'est même pas assez mature actuellement, l'industrie,
pour faire son nettoyage elle-même. Ça fait quand même plus
de 10 ans que je suis dans l'industrie et j'en vois de toutes les sortes.
Comprenez-vous? Elle n'est même pas assez mature pour se nettoyer
elle-même. C'est pour ça que ça prend encore des
surveillants.
Comme le monsieur le disait, l'industrie est encore dans sa trottinette,
Mme la ministre. Elle n'est pas encore prête à traverser le chemin
toute seule: C'est la vision que j'ai personnellement. Alors, ça prend
un patron quelque part et, le patron, c'est vous autres. Gardez vos pouvoirs.
Ne déléguez pas trop vite et, si vous déléguez,
vous avez déjà du monde qui a l'expertise là-dedans.
Pourquoi ne pas leur laisser ça?
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, vôtre
temps est écoulé. Je passe là parole au
député de Gouin.
M. Boisclair: M. Savard, je tiens à vous remercier pour
votre présentation. Vous savez, on en fait tous de la politique. La
ministre va me dire que je fais de la petite politique, mais je l'aurai
prévenue. Il y a un certain nombre de questions qui sont fondamentales.
Écoutez, l'industrie, à l'heure actuelle, nul consultée
sur un document qui ost très flou, très imprécis,
très vague. On aurait pu s'éviter bien des commentaires si on
avait connu d'avance, si la ministre avait consulté sur une proposition
de composition d'organisme et sur la façon de nommer ces membres de
l'organisme. Il y a bien des façons, 11 y a plusieurs interrogations que
vous nous avez présentées aujourd'hui auxquelles vous auriez pu
avoir une réponse très claire et vous auriez pu réagir
d'une façon très concrète à une proposition qui
était sur la table. Là, on se retrouve dans une situation
où on n'en a pas de proposition sur la table. Alors, est-ce qu'il va
falloir qu'on revienne en commission parlementaire pour discuter et pour que
vous puissiez revenir nous dire ce que vous on pensez? Qu'est-ce que vous
voulez, mon cher monsieur? Vous venez ici et vous nous parlez de votre point de
vue, mais on ne sait même pas, à l'heure actuelle, comment va
être composé cet organisme d'autoréglementation. Pire que
ça, il y a des gens qui sont venus nous dire qu'ils n'avaient pas
d'idée là-dessus. Mais on est obligé de composer avec
cette réalité puisque le document de consultation est, à
l'heure actuelle, très flou. J'ai envoyé André, qui
travaille avec moi, vérifier c'est quoi les crédits du Service de
courtage.
(11 h 30)
Mme Robic: Vous avez juste à nous le demander.
M. Boisclair: C'est combien? Mme Robic: Franchement
là. M. Boisclair: C'est combien?
M. Martel (Réal): C'est de l'ordre de 850 000 $
budgétés directement et peut-être 400 000 $ qui sont
répartis dans d'autres services du gouvernement. Alors, c'est de l'ordre
de 1 200 000 $ et c'est à peu près le même ordre de revenu
que nous avons présentement.
Le Président (M. Farrah): Est-ce que vous pouvez vous
Identifier pour les fins du Journal des débats?
M. Martel: Réal Martel
M. Boisclair: 1 200 000 $, donc, c'est à peu près
coût zéro pour le gouvernement. C'est à peu près la
même chose que vous avez en termes de revenu...
M. Martel: Ça s'autofinance présentement.
M. Boisclair:... par l'émission des permis. Mais
j'aimerais revenir. Vous nous avez tenu des propos à l'égard du
Service du courtage, vous disiez que c'était lent, ça prenait du
temps, c'était compliqué. Cest quoi la réalité d'un
gars sur le terrain? Il y a des gens qui sont venus nous voir tout à
l'heure pour nous vanter les services du surintendant et du Service du
courtage. Votre réalité, votre point de vue sur le Service du
courtage, c'est quoi?
M. Savard: Moi là, mon cher monsieur, je n'ai pas dit que
le Service du courtage était inefficace.
M. Boisclair:.. j'ai dit.
M. Savard: Ce n'est pas ce que j'ai dit, je regrette. Cependant,
ils ont tellement de travail et ils fonctionnent à budget serré,
avec le personnel qu'ils peuvent, mais ils ont tellement de traitement de
demandes à faire ou d'analyses à faire que ça prend du
temps. Le problème, c'est que l'agent profitait de ça, il ne
collabore pas. S'il ne collabore pas, plus on met de temps à obtenir les
moyens, les éléments de preuves pour monter un dossier
soutenable, réaliste, pour que ces gens-là puissent prendre une
décision correcte, prendre les recours s'il y a des recours à
prendre, etc. Ça, est-ce que ça répond à ce que
vous me demandez?
Mais, cependant, j'aimerais juste vous faire une petite remarque. Vous
me dites que le document de consultation est flou. C'est sûr qu'il est
flou. On est là pour en parier. Je n'attendrai pas qu'elle soit faite
moi là la loi, avant de venir ici pour dire ce que j'ai à dire,
monsieur. Vous comprenez? Il faut vraiment... Dites-moi pas que je suis fou
dans mes propos. Je suis dans la jungle, monsieur, moi, tous les jours. Je sais
comment ça se passe. C'est de même que ça marche. Je suis
ici aujourd'hui pour vous dire: Ne nous oubliez pas nous autres les petits
courtiers en bas. C'est beau les associations et les gros présidents de
compagnie et... C'est beau ça. C'est parfait ça, monsieur. Mais
là c'est public ça ici qu'on m'a dit. Je n'ai pas besoin d'un
titre moi ça de long pour venir ici m'exprimer. Je suis un citoyen
québécois et je suis un courtier en immeubles en plus et
ça va faire bientôt 14 ans que je suis dans l'industrie et je suis
encore dedans. Alors, je dois sûrement avoir mon petit mot à dire
là-dessus, monsieur. Donc, j'estime que... Je n'attendrai pas que la loi
soit faite pour demander à tout le monde: Aïe, {'ai de quoi
à dire. J'ai de quoi à dire aujourd'hui, je le dis. Si ça
peut vous porter à réfléchir, tant mieux.
M. Boisclair: C'est justement ce que j'essaie de faire avec vous.
Vous nous avez parié de la possibilité qu'il était
important que ce soit... Vous avez une préférence pour que ce
soit le Service du courtage qui assure l'intérim ou l'essentiel des
postes à l'organisme. Vous avez soulevé une réalité
qui est intéressante, dont on n'a pas discuté souvent. C'est
quels sont les moyens dont l'organisme, peu importe comment il s'appellera, peu
importe qui va le composer, devra se doter pour aller vérifier sur le
terrain? Là vous avez fait une proposition, qui était de donner
un certain pouvoir au courtier. La ministre semble avoir rejeté, je peux
très bien comprendre pourquoi elle l'a fait, cette
proposition-là, ce serait, quant à moi aussi, ouvrir un panier de
crabes. Mais comment s'assurer que ce qui se passe vraiment sur le terrain soit
véhiculé et soit ressenti par les membres qui composeront
l'organisme? Comment concrètement? Vous oeuvrez dans l'Outaouais, si je
ne me trompe pas? Comment vous voyez ça les relations que les gens de
l'Outaouais vont pouvoir avoir avec le Service du courtage ou le nouvel
organisme?
M. Savard: Quand c'est le temps de nous collecter des
impôts, il nous trouve.
M. Boisclair: Pardon?
M. Savard: Quand c'est le temps de nous collecter des
impôts, le gouvernement, il nous trouve. Il nous trouve. Ils ont des
agents de perception. Ils sont organisés. Le ministre du
Revenu, il le trouve l'individu, peu importe où il est dans le
Québec. Mais le Service du courtage immobilier devra être
doté ou devra être organisé peut-être de telle
façon pour surveiller, nommer peut-être quelqu'un dans chacune des
divisions du Québec et le Québec est déjà tout
divisé, de toute façon, en districts judiciaires ou en
comtés électoraux ou peu importe. Mettre quelqu'un en place
là pour surveiller les ajustements, pour prendre les plaintes, pour
vérifier, un petit peu comme un "team-SWAT". Vous comprenez ce que je
veux dire avec ça? Pour exécuter rapidement.
M. Boisclair: Comme dans les hôpitaux.
M. Savard: Comme dans les hôpitaux ou... Bien, là,
les hôpitaux, écoutez... J'aime autant rester dans l'immobilier,
moi. Les hôpitaux, je ne connais pas ça encore. Non, mais...
Excusez, parce que vous m'avez fait perdre mon idée.
M. Boisclair: On parlait d'équipes "SWAT".
M. Savard: Ne bougez pas. Ce que je veux dire, monsieur, ce qui
est important dans tout ça, le courtage immobilier... Pourquoi n'y
aurait-il pas un gars directement installé dans les bureaux de la
chambre immobilière de Montréal, de l'Outaouais, d'Abitibi,
histoire de tout trier ça, canaliser ça, une petite
réunion par semaine ou aux deux semaines avec ses collègues ou
tous des syndics? Écoutez, ce sont des idées. Vous me demandez de
vous proposer quelque chose, je vous le propose. Ça coûterait bien
moins cher que ce que... Regardez, formez un autre organisme! On peut
complètement "scratcher" le Service du courtage immobilier du
Québec et appeler ça Service d'autoréglementation...
Comment l'appelez-vous, votre...
M. Boisclair: L'organisme d'autoréglementation.
Mme Robic: Un organisme d'autoréglementation.
M. Savard: Bon, organisme d'autoréglementation Donc, si
c'est le gouvernement qui le contrôle, il n'aura pas de misère.
Ça va être dur de contester ses règlements si c'est le
gouvernement. Le gouvernement, lui, il faut qu'il ait l'oeil, quand même,
sur les praticiens. Il ne peut pas tout donner. Donnez ça à des
associations... Allez mettre le conseil d'administration là-dessus avec
des grosses associations, des gros courtiers et des présidents de
compagnie, si présidents de compagnie il y a Ce n'est pas garanti... Je
ne suis pas prêt à leur donner un chèque en blanc à
ces gens-là. Moi, quand c'est le temps de voter, je vote Mon
député, je lui donne un chèque en blanc. Qu'il fasse ce
qu'il voudra, mais, s'il fait
des gaffes qui me déplaisent, je ne voterai plus pour lui, c'est
simple. Je vais m'arranger pour voter pour un autre.
Le Président (M. Farrah): L'instabilité. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Savard: Écoutez, ce qui est important dans tout
ça, on a déjà le courtage immobilier qui est là,
qui est en place, qui connaît tout le monde. Il a un dossier ça
d'épais sur tout le monde. Aller former un nouvel organisme, là,
regardez bien ce qui peut se présenter, mon cher monsieur, On a le
courtage immobilier qui va rester là, qui va se faire enlever du travail
parce que c'est l'organisme qui va faire ça, a, par exemple. Le Service
de courtage immobilier va faire b et ils vont se chicaner: Ça, c'est mon
dossier; non, ça, c'est ton dossier. Ça peut arriver des
situations de même, vous allez voir. Il y a l'Association des courtiers
en immeubles du Québec qui va dire: Non, ça nous regarde nous
autres. Il y a l'Association canadienne de l'immeuble qui va s'en mêler:
Non, ça nous regarde. Ça fait que tout le monde surveille l'un,
l'un surveille l'autre et l'autre surveille l'autre. Ça ne finit plus.
Le problème de la surveillance, ce n'est pas en haut qu'il faut que
ça se fasse, c'est en bas. C'est sur le terrain, mon cher monsieur,
qu'il faut que ça se fasse. Le courtier est là. Donnez-y des
pouvoirs ou donnez-lui peut-être les moyens. Et si vous lui donnez un
pouvoir de suspension temporaire... Je n'ai pas dit: Révoquer un permis,
l'annuler. On te le suspend temporairement, ne bouge pas, on va aller voir si
on a eu raison de te l'enlever. C'est différent, ça,
monsieur.
M. Boisclair: Ils vont changer de courtier.
M. Savard: II va changer de courtier? Non, non! Tant qu'il se la
fait enlever, c'est ça qu'il faut prévoir dans votre loi... Non,
tu ne peux plus changer de place, ne bouge pas, on va aller voir ce que Dieu va
dire. On va aller voir ce qu'ils vont dire finalement. Ce sont ces
gens-là qui émettent les permis. Mais ça s'adonne que le
haut fonctionnaire n'est pas là pour constater et il n'est pas là
pour lui enlever le permis, ça fait que ça prend une
espèce...
M. Boisclair: C'est parce que le temps file, je présume.
Juste une dernière...
Le Président (M. Farrah): Juste une dernière
question?
M. Boisciair: Oui. Les dispositions... Là, je veux juste
faire attention aux termes que j'utilise, mais le Service du courtage, d'aucune
façon, ne réglemente. Ce n'est pas, à l'heure actuelle,
dans ses responsabilités, le comporte- ment des courtiers. Tout ce qui
s'appelle déontologie - vous me corrigerez si Je fais erreur-attitude,
professionnalisme, des choses semblables, elles sont, à l'heure
actuelle, réglementées par l'Association. L'expertise en
matière de dispositions pénales, je comprends très bien
que c'est le Service du courtage qui la détient, mais il y a une
expertise aussi non négligeable qui a été
déposée par l'Association ces dernières années en
termes de déontologie.
M. Savard: Je ne dis pas de dire non à tout ça,
monsieur. Je dis qu'on a déjà notre organisme en place et
peut-être qu'il ne peut pas s'autoréglementer. Enlevez le nom de
Service du courtage Immobilier, donnez-lui le nouveau nom du nouvel organisme,
il va s'autoréglementer. Ça ne sera pas long, vous allez voir,
avec des politiciens en place. Je verrais mieux des politiciens
là-dessus, sur un conseil d'administration pareil, que de voir des
associations. L'Association, pour moi et pour plusieurs de mes
collègues, surtout dans ce temps-ci quand c'est dur dans l'immeuble*...
Allez donc voir les... C'est le temps de payer la cotisation. Ah non, pas
encore le "party"! C'est bon les associations, mais, à un moment
donné, il ne faut pas qu'il y en ait trop d'associations. Ça se
multiplie et un veut faire çi, l'association, ça. Vous savez,
à un moment donné, il faut arrêter de s'amuser et il faut
travailler.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: Je vous remercie.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Gouin, c'est tout? Mme la ministre.
Mme Robic: M. Savard, je vous félicite parce qu'il me
semble que vous avez compris ma démarche plus que le
député de Gouin l'a comprise. Et sans doute que j'aurais pu
arriver avec un projet de loi mais des choses coulées dans le ciment,
non. Quand je vais écrire mon projet de loi, il va refléter ce
que j'ai entendu depuis plusieurs jours. Donc, il risque de répondre aux
besoins de l'industrie. C'est comme ça, d'après moi, qu'on doit
préparer nos projets de loi.
Vous, ç'a été intéressant. Vous nous avez
amené un tout autre point de vue, point de vue du terrain, tous les
jours. Jungle, j'espère que ce n'est pas tout à fait ça,
mais encore là vous nous prouvez que ce n'est pas une profession de tout
repos et ça prend des gens qui sont honnêtes, Intègres, qui
reconnaissent qu'ils donnent un service à des consommateurs et qui
doivent être bien avertis pour pouvoir bien avertir le consommateur et
bien le servir.
Dans toute cette réforme, je veux vous rassurer Le gouvernement
n'a pas du tout l'intention de s'effacer pour laisser place à un
organisme d'autoréglementatlon. Nous allons demeurer
impliqués au niveau du droit de regard sur cet organisme. Est-ce qu'on
doit se garder une poignée plus importante? Nous allons revoir ce que
les gens nous ont dit. Certains nous ont dit: Vous avez raison. Marchons avant
de courir Alors, il s'agira de voir jusqu'à quel point on doit rester
impliqués, mais on va certainement rester impliqués avec un droit
de regard sur cette industrie.
Alors, on vous remercie infiniment de votre présence.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Gouin, en conclusion. Est-ce qu'il y a des commentaires...
M. Boisclair: Je veux vous remercier pour votre
présentation, M. Savard. J'espère qu'on sera capable de
travailler au moment de l'étude du projet de loi article par article.
J'essaie de véhiculer un certain nombre de vos préoccupations
dans le respect mutuel du travail que nous avons chacun d'entre nous à
faire. Merci.
M. Savard: Je vous remercie beaucoup, Mme la ministre. Je vous
remercie, MM. les députés. Je vous remercie beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Forget): Alors, c'est à mon tour,
au nom des membres de la commission de vous remercier infiniment pour la
présentation. Ça donne un pouls assez particulier du terrain.
Alors, je pense que c'a été quand même très
bénéfique pour l'ensemble des membres de la commission de vous
entendre. Merci beaucoup.
M. Savard: Merci beaucoup.
Le Président (M. Forget): Alors, sur ce, je suspends les
travaux de la commission jusqu'à cet après-midi, 15 heures, alors
que nous entendrons, à 15 heures, Multi-Prêts Deux Mille
Itée.
(Suspension de la séance à 11 h 43)
(Reprise à 15 h 17)
Dépôt du mémoire des Immeubles du
Progrès inc.
Le Président (M. Forget): Nous allons recommencer nos
travaux. Avant de reprendre les auditions, j'ai reçu une lettre de M.
Gilles Dulac et je vais vous en faire lecture: "Faisant suite à notre
convention entre Paul-André Forget, président de la commission
pour la réforme du courtage immobilier, et vous-même, je vous
demande la permission de déposer le mémoire des Immeubles du
Progrès inc. Je crois qu'il est très pertinent et qu'il permettra
d'éclaircir la com- mission sur plusieurs points qui n'ont pas
été traités. Merci de votre attention et gentillesse lors
de notre rencontre. "
Alors, est-ce qu'il y a consentement pour déposer ce
mémoire?
Mme Robic: Consentement. M. Boisclair: Consentement.
Le Président (M. Forget): II y a consentement. Alors, le
mémoire est déposé. Voici, nous allons maintenant
entendre... Je demande aux représentants de Multi-Prêts Deux Mille
Itée de prendre place à la table des témoins. Dans un
premier temps, est-ce que le porte-parole de l'organisme pourrait s'identifier
et présenter les gens qui l'accompagnent?
Multi-Prêts Deux Mille Itée
M. St-Laurent (Richard): Oui. Mon nom est Richard St-Laurent,
président, Multi-Prêts Deux Mille Itée. Je suis
accompagné de Serge Dai-gneault, vice-président,
Multi-Prêts Deux Mille Itée.
Le Président (M. Forget): Merci. Alors, je vous rappelle
maintenant les règles de l'audition: 20 minutes seront consacrées
à l'exposé de votre mémoire; suivra une période de
40 minutes d'échanges avec les membres de la commission. Je vous laisse
la parole.
M. St-Laurent: Merci, M. le Président. M. le
Président, Mme la ministre, chers délégués, je
désire vous remercier, en commençant, de l'opportunité que
nous avons de nous exprimer ici en tant que courtiers d'hypothèques. Le
courtage hypothécaire existe dans la province de Québec depuis
une quinzaine d'années et, actuellement, dans les spécialistes de
courtage hypothécaire, il y a une centaine de courtiers et agents
hypothécaires qui se spécialisent strictement dans la
négociation du financement hypothécaire, soit
l'intermédiaire entre l'institution financière et l'emprunteur.
C'est une industrie qui grandit au Québec et qui, actuellement,
représente à peu près 1 000 000 000 $ de financement
hypothécaire négocié annuellement.
Dans la refonte de la Loi sur le courtage immobilier, car le courtage
hypothécaire en fait partie, est-ce qu'il y a une place pour un permis
distinct ou une catégorie distincte pour le courtage hypothécaire
à l'intérieur de cette loi? Quant à la protection du
consommateur, elle est à considérer très
sérieusement et le courtier hypothécaire est un intervenant
qualifié de par son expérience et sa formation pour bien servir
le consommateur La confidentialité - car vous savez qu'on se doit
d'obtenir toute la situation financière de chaque emprunteur - est de
mise.
s'impose, et une très bonne connaissance du marché
hypothécaire est essentielle afin de bien répondre aux besoins du
consommateur, de lui obtenir les meilleures conditions et les meilleurs taux
sur le marché. Nous croyons - concernant toujours la protection du
consommateur qu'il peut y avoir certains conflits lorsqu'un
consommateur-acheteur est dirigé par son courtier ou agent d'immeubles
à un prêteur contre rémunération; alors, il peut
être introduit à plusieurs prêteurs pour répondre aux
besoins du consommateur.
Est-ce que le courtier hypothécaire devrait avoir - et je pose la
question - un permis particulier au Québec? Actuellement, on fait partie
de la Loi sur le courtage immobilier du Québec et on en est satisfaits,
excepté qu'on pose la question.
Je cède la parole à M. Serge Daigneault. .. Merci,
M. Daigneault (Serge): Dans la description de tâches d'un
agent ou d'un courtier hypothécaire, je voudrais juste faire une mention
de ce que j'ai entendu, ce qui s'est discuté ici à travers
différents intervenants. C'est qu'au niveau immobilier on parle toujours
de consommateur-intermédiaire-consommateur. Dans notre cas, bien que
détenant un permis de courtier ou d'agent immobilier depuis plus de 10
ans, il n'y a pas de transaction, de vente ou d'intermédiaire immobilier
tel quel qui se passe chez nous. C'est strictement du courtage
hypothécaire. Alors, on parle de
consommateur-intermédiaire-produit.
Les institutions prêteuses ont fait affaire avec. On a un
portefeuille (June cinquantaine d'institutions prêteuses qui varient
beaucoup d'une à l'autre. Dans le mémoire, pour passer vite, vous
avez un exemple. Richard parlait tout à l'heure de la
confidentialité des clients. Si vous regardez suite à la page 18,
vous avez un exemple des informations qu'on recueille du consommateur lors de
la demande de prêt hypothécaire. Un gros facteur de
confidentialité qui est là et nos gens sont tenus au secret.
Si vous continuez un peu plus loin, on se réfère à
un exemple, à la page 19, d'un des bénéfices pour un
consommateur de transiger à travers nos services. Quand Richard parlait
tout à l'heure de conflit d'intérêts... pour se tenir au
courant des changements et de la multitude de changements et de produits
hypothécaires sur le marché, c'est pratiquement un emploi
à plein temps Ça change constamment tous les jours et de notre
travail découle ce que le consommateur va payer au bout de la ligne.
Depuis deux ans - et j'ai un "survey" ici - un des plus gros
prêteurs au Québec et de ce que, nous autres, les taux qu'on
offre... je ne sais pas si ça peut intéresser les gens de le
voir: C'est là, c'est fait. Sur deux ans, on a pratiquement toujours les
meilleurs taux d'intérêt sur le marché.
Quand on parle de conflit d'intérêts, que ce soit un agent
immobilier, que ce soit un courtier d'hypothèques, que ce soit un agent
d'assurances... parce qu'il y en a qui ont commencé légalement,
ils sont allés chercher leur permis et ils font présentement du
courtage hypothécaire. Si la transaction a été
amenée à une institution prêteuse qui, par exemple, a un
taux d'intérêt de 0, 5 % plus cher que ce que le consommateur peut
avoir ailleurs, si on assume qu'une hypothèque, c'est 25 ans, alors, sur
un prêt de 100 000$, comme vous l'avez à la page 20
là-dedans, ça représente une différence de 10 500 $
que le consommateur payerait de plus.
Maintenant, un coup qu'un consommateur a signé un contrat avec
une institution quelconque, quand même il voudrait changer, ce n'est pas
à son bénéfice de le faire. Il y a des
pénalités, il y a de nouveaux coûts d'impliqués, des
quittances, de nouveaux frais notariés et ainsi de suite. Je vais
relater, à part le mémoire, certaines notes que j'ai prises ici.
Bien qu'étant détenteur de permis d'agent ou de courtier
d'immeubles, notre travail est vraiment différent. La situation actuelle
va à rencontre des intérêts du consommateur
québécois et nous sommes persuadés que la présente
commission arrive à un moment on ne peut plus opportun.
On parle de formation également. La formation actuellement
requise pour l'obtention d'un permis est en fonction de la personne qui va
faire de l'immeuble. N'importe qui, présentement, détenteur d'un
permis d'agent d'immeubles peut se proclamer spécialiste en
hypothèques. Le fait de se qualifier pour obtenir un permis d'agent
d'immeubles qualifie-t-il automatiquement une personne à faire du
prêt hypothécaire? On pose la question. Nous nous sommes
penchés sur ce problème et, sans prétendre faire des
candidats superspécialistes, nous croyons que la formation
suggérée pourrait améliorer beaucoup la situation. Nous
vous soumettons nos suggestions; vous les avez dans notre mémoire.
Il est question, dans les travaux que vous avez faits également,
de notre appartenance obligatoire à une chambre d'immeubles ou à
une association d'immeubles. Notre travail et nos relations d'affaires
étant majoritairement avec le monde financier, jusqu'à quel point
cela s'applique t-il?
L'avènement d'un organisme d'autoréglementation est
souhaitable et viendrait à point, pour autant qu'il ait des dents et le
pouvoir de s'en servir. Ce qu'on veut dire par là, c'est qu'il y a la
Loi sur le courtage, présentement; les gens qui travaillent là
peuvent difficilement agir. Alors, pour ce qui est d'un organisme
d'autoréglementation, nous l'appuyons entièrement.
Pour ce qui a trait au cumul de permis, nous abondons en ce sens
à l'article 14 de la loi 134 sur les intermédiaires de
marché ainsi que présenté ici même par le Bureau
d'assurance du Canada et l'Association des intermédiaires en
assurances de personnes. Par contre, si cela est agréé,
nous demanderions - les gens qui sont dans le courtage hypothécaire - la
réciprocité pour nos gens. Ce qu'on veut dire par là,
c'est que, quand on rencontre un client.. Il y a des gens de l'assurance qui
sont venus ici, l'autre jour, et qui ont demandé: Bien, oui, quand on
rencontre un client, il nous demande souvent si on peut s'occuper de son
hypothèque. Bien, nous, ce n'est pas souvent, c'est à tous les
dossiers. Le client nous demande: Est-ce qu'on peut avoir un prêt
assuré? Est-ce qu'on peut faire assurer notre hypothèque? il en
va de pair avec les catégories de permis. Nous croyons souhaitable la
création de classes de permis spécifiques, et ce, autant pour
l'immobilier que pour l'hypothèque.
Je reviens avec l'histoire de
consommateur-intermédiaire-consommateur Je répète que
nous, c'est consommateur-intermédiaire-produit ou fabricant de l'autre
côté. Aussi, quand on parlait de conflit d'intérêts
tout à l'heure, il y a une chose qui n'a pas été
mentionnée devant la commission encore, que ce soit un agent immobilier
après une vente d'immeuble qui va référer un dossier
à une institution prêteuse, que l'hypothèque soit bonne ou
pas bonne, s'il le fait contre rémunération et qu'il n'y a pas
divulgation, à ce moment-là, il y a quelque chose qui accroche
quelque part.
Je voudrais terminer en vous remerciant encore une fois de nous avoir
permis de nous exprimer et nous espérons que notre participation aidera
la commission à compléter ses travaux. (15 h 30)
Le Président (M. Forget): Je vous remercie beaucoup. Mme
la ministre, je vous laisse la parole.
Mme Robic: Je vous remercie, M. le Président. M.
St-Laurent, M. Daigneault, bienvenue à cette consultation. Vous
êtes un groupe un peu à part des groupes que l'on a entendus
depuis ces quelques jours. Vous faites une activité tout à fait
différente, en ce sens que vous vous concentrez à 100 % sur le
prêt hypothécaire. Vous ne faites pas d'autre chose que du
prêt hypothécaire.
D'abord, j'aimerais savoir, et excusez-moi si vous l'avez dit, combien
vous êtes de regroupés sous un cabinet d'agents ou de courtiers
qui ne font que du prêt hypothécaire. J'ai l'impression que c'est
quelque chose qui se développe do plus en plus, parce que c'est quelque
chose dont on n'entendait pas parler il y a 10 ans et aujourd'hui on en entend
parler de plus en plus. J'aimerais que vous décriviez vos
activités et également vos sources de financement.
M. St-Laurent: Parlez-vous de l'industrie globale ou de
Multi-Prêts?
Mme Robic: Je parle de Multi-Prêts, mais j'aimerais que
vous me donniez un portrait, si vous l'avez bien sûr, de l'industrie
globale, mais c'est bien sûr que, connaissant mieux votre chez vous,
j'aimerais en entendre parler.
M. St-Laurent: Concernant l'industrie, on est une centaine
actuellement, entre 100 et 125 au Québec. Il y en a quelques-uns
à Québec, il y en a quelques-uns dans la région de Hull,
mais la majeure partie de l'industrie se joue dans le Montréal
métropolitain. En ce qui a trait à Multi-Prêts, on est 65
courtiers et agents hypothécaires actuellement regroupés sous la
même bannière, et on négocie... En 1989, on a
négocié au-delà de 600 000 000 $ d'hypothèques dans
le Montréal métropolitain. Nos sources de financement.. on agit
strictement comme intermédiaire On ne fait que du courtage
hypothécaire. Je dirais que 80 % de notre clientèle, 75 %
à 80 % de notre clientèle nous proviennent ou nous sont
référés par des courtiers d'immeubles et ce sont des
acheteurs de propriétés. Nos bailleurs de fonds sont les plus
grandes fiducies du Québec, les plus grandes compagnies d'assurances du
Québec et certaines banques avec qui on a pris des ententes pour
répondre au besoin du client. Donc, ce qu'on fait, c'est qu'on rencontre
un client qui nous vient directement ou qui nous est
référé contre aucune rémunération, et on
monte le dossier complet en établissant le besoin du client et en
choisissant dans l'éventail de prêteurs qu'on représente
celui qui répond le mieux au besoin du client dans tel cas, dans chaque
cas particulier. Ensuite, c'est présenté au prêteur,
négocié et les documents acheminés chez le notaire.
Mme Robic: Vous avez des fonds privés, vous avez...
M. St-Laurent: Non, non.
Mme Robic: une source de fonds privés?
M. St-Laurent: Non.
Mme Robic: Aucun fonds privé.
M. St-Laurent: Non.
Mme Robic: Quelle est... Vous prenez... Quelle est votre
clientèle principale? Est-ce que vous travaillez, par exemple, pour un
acheteur d'une maison unifamiliale? Est-ce que vous avez une limite dans la
base de dossiers que vous allez traiter, dans le...
M. St-Laurent: 90 % de notre clientèle actuellement, 85 %
à 90 % de notre clientèle, ce sont des maisons unifamiliales,
duplex, triplex et, dans certains secteurs, quadruplex, propriétaires
occupants. Ça, c'est 85 % à 90 % de notre clientèle.
Mme Robic: Jo serais curieuse de savoir qui paie votre
commission.
M. St-Laurent: Les institutions prêteuses nous paient
actuellement 0, 5 % à 1 % de commission, dépendamment des
prêteurs.
Mme Robic: Mais pour ouvrir... L'acheteur qui vient vous voir
pour un prêt hypothécaire, pour ouvrir un dossier, est-ce que vous
chargez pour ouvrir votre dossier, comme fait...
M. St-Laurent: Les frais chargés au consommateur pour le
genre de financement dont on vous a parlé sont de 150 $, mais ce ne sont
pas des frais d'ouverture de dossier. Le client le paie seulement lorsqu'il a
son financement. Alors, pas de prêt, pas de frais.
Mme Robic: Pas de prêt, pas do frais.
M. St-Laurent: Exactement. C'est notre politique actuelle.
Mme Robic: Vous nous avez dit tout à l'heure que vous
aviez des hypothèques à 25 ans, moi, je vais aller vous voir, moi
je... ha, ha, ha! pour mon hypothèque.
M. St-Laurent: On parlait d'amortissement.
Mme Robic: Ha, ha, ha! Oui. J'avais bien compris.
M. St-Laurent: On a des termes de un à dix ans.
Mme Robic: À renouveller à cinq ans au maximum.
M. Daigneault: De un à dix ans.
Mme Robic: De un à dix ans, encore? Oui? Du dix ans, c'est
possible encore?
M. St-Laurent: Oui.
Mme Robic: C'est bon, c'est bon.
Une voix: À combien?
Mme Robic: À combien, oui? C'est une bonne question. Ha,
ha, ha!
M. St-Laurent: Avez-vous besoin d'une hypothèque?
Mme Robic: Bien, à 25 ans, là..
M. Boisclair: On va peut-être renouveller les
nôtres.
Mme Robic: Mais pas au taux d'aujourd'hui, 25 ans: II faudrait
qu'on revienne au taux de ce temps-là.
M. Daigneault: On peut vous l'avoir, Mme Robic, pour autant que
vous payiez l'escompte de taux.
Mme Robic: Oui, sans doute. Ce serait une façon de le
faire. De la façon que vous décrivez le travail que vous
faites... D'ailleurs, vous semblez monter le dossier au complet pour
l'institution financière. L'institution financière qui prend ce
dossier-là n'a qu'à faire évaluer la maison, c'est
ça? Qu'est-ce qu'il reste à faire à l'institution
financière quand vous lui soumettez un dossier?
M. Daigneault: En fait, l'évaluation, c'est nous autres
mêmes qui la commandons, avec les prêteurs hypothécaires.
Ça sauve du temps et on peut donner un meilleur service à notre
client. Ce qui reste au prêteur hypothécaire, c'est de juger du
risque, de faire son enquête de crédit à travers le bureau
de crédit et les vérifications usuelles, s'il en a besoin.
Souvent, il va en faire; dans d'autres cas, il n'en fera pas. Il a le
dossier complet, incluant l'évaluation, parce qu'en lui soumettant le
dossier notre évaluation est déjà commandée. Alors,
par le temps qu'il reçoit le dossier et qu'il fait son enquête de
crédit, il reçoit l'évaluation et il est en position
d'émettre une lettre d'engagement.
Maintenant, juste pour éclaircir une chose, parce qu'il semble y
avoir peut-être une petite tension là-dessus. Quand on dit que les
prêteurs hypothécaires nous paient des commissions, c'est que,
pour la plupart d'eux autres, ce qui arrive, c'est qu'un dossier complet que
nous autres on leur soumet, incluant les preuves d'emploi du client, les
preuves de revenu, les preuves de comptant, ça leur sauve du temps en
heures-employés énormément. Parce qu'une personne qui va
se présenter à l'institution prêteuse s'assoit devant
l'employé ou le négociateur de prêts, premièrement,
rarement son dossier est complet, preuves d'emploi à l'appui et ainsi de
suite. Il est obligé de passer une heure, une heure trente avec, de
revenir une deuxième et une troisième fois. Les prêteurs
évitent tout ça avec nous autres. Donc, ils peuvent se permettre,
sans que le consommateur en soit pénalisé... Et souvent
même, avec la pile que j'ai ici qui peut vous le confirmer, on offre un
meilleur taux et on est commissionné pour le faire.
Mme Robic: Ça vous prend combien de temps pour faire
approuver un prêt?
M. Daigneault: Ça peut prendre entre un jour et une
semaine, ça dépend du prêt et ça dépend du
client. Il y a des critères du client.
M. St-Laurent: J'aimerais spécifier que toutes les
évaluations sont commandées chez des firmes d'évaluateurs
agréés, préaccréditées par les
prêteurs avec qui on fait affaire.
Mme Robic: Bien sûr que, pour que le prêteur accepte
votre dossier, il faut que... Mais, quand vous décrivez le travail que
vous faites, est-ce que vous considérez encore que vous posez un acte de
courtage immobilier ou...
M. St-Laurent: Non, on pose un geste de courtage
hypothécaire.
Mme Robic: Donc, quand vous me décrivez votre travail, que
vous nous dites: Nous, on est l'intermédiaire entre le client et un
produit, est-ce que vous seriez d'accord pour dire que vous devriez
plutôt appartenir à la Loi sur les intermédiaires de
marché, la loi 134?
M. Daigneault: C'est un peu ce qui se dégage...
J'étais ici, mardi, quand les gens du BAC et les gens de l'Association
des intermé diaires ont fait leur présentation. Je vais
être bien franc avec vous autres, je ne m'en venais pas dans ce
but-là mais je me pose la question, suite à tout ce qui s'est
parlé. Parce que, comme je l'ai mentionné en parlant
consommateur-intermédiaire-produit, c'est que, si on enlève le
consommateur, nos relations d'affaires sont à 90 % avec le monde
financier. Puis l'information qui peut nous venir, quand on parle des
associations du meuble... J'ai personnellement été sur le conseil
d'administration de la Chambre d'immeubles de Montréal pendant deux ans.
Ça a été bon pour la représentation du courtage
hypothécaire, mais les informations puis nos besoins, nos outils,
viennent beaucoup plus du monde financier qu'ils peuvent venir du domaine
immobilier. On a toujours considéré, si vous voulez, un acte de
courtage, parce qu'on s'est toujours fait dire: Un prêt
hypothécaire, c'est une transaction immobilière au sens de la
loi. Donc, on a nos permis, on paie ce qu'on a à payer pour, puis...
Maintenant, c'est vous autres bien plus qui savez dans quelle loi vous voulez
nous cadrer, ce n'est pas à nous autres à vous le
déterminer.
Mme Robic: Ha, ha, ha! Mais quand...
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, votre temps est
écoulé. M. le député de Gouin.
M. Boisclair: Merci, M. le Président. M. St-Laurent, M.
Daigneault, je voudrais vous remercier pour votre présentation. Juste
quelques questions de tarification. Vous détenez des permis qui sont
régis par le Service du courtage immobilier.
M. Daigneault: Effectivement.
M. Boisclair: Vous êtes donc des courtiers.
M. Daigneault: Mon permis, personnellement, est un permis de
courtier d'immeubles.
M. Boisclair: Donc, la majorité.. Il y a à la fois
des courtiers et des agents qui travaillent chez vous.
M. Daigneault: C'est ça
M. Boisclair: Vous transigez essentiellement du prêt
hypothécaire. Il n'existe pas comme telle d'association de courtiers en
prêts hypothécaires
M. Daigneault: Non.
M. Boisclair: Ça veut dire que vous vous retrouvez au sein
des différentes chambres d'immeubles et au sein de l'Association?
M. Daigneault: Ça pourrait être fait de même.
Un des buts de Multi-Prêts... La compagnie Multi-Prêts Itée
telle quelle est, quelque chose qui a été créé il
n'y a pas tellement longtemps, ça regroupait, comme c'est
spécifié là-dedans, six entités différentes
qui étaient toutes des petites boîtes de courtage
hypothécaire. Notre but en faisant ça, effectivement, c'est de
regrouper les gens détenteurs de permis qui font du courtage
hypothécaire au Québec.
M. Boisclair: Je m'excuse, parce que je n'ai pas une grande
connaissance de ce secteur-là. Est-ce qu'il y a beaucoup de boîtes
qui font le même travail que celui que vous faites au Québec?
Est-ce que c'est appelé à se développer? Est-ce que c'est
nouveau?
M. Daigneault: C'est appelé à se développer.
Pour faire une longue histoire courte, ça fait au-dessus de 10 ans que
Richard et moi faisons ça. Il s'est développé un
phénomène depuis quelques années, puis depuis le temps
qu'il se parle de déréglementation des intermédiaires de
marché, tout ça, il arrive de plus en plus de personnes dans ce
milieu-là, qui était quand même un milieu pas mal
fermé avant, qui, du jour au lendemain, se déclarent des
spécialistes du prêt hypothécaire. Les institutions
prêteuses ont commencé aussi., il y a une tendance, depuis environ
un an et demi, à vouloir payer des commissions à Pierre, Jean,
Jacques: Qu'il me réfère une hypothèque, je le paie.
Ça passe même dans les journaux: telle institution te donne une
commission si toi tu réfères quelqu'un à prendre une
hypothèque là.
Il y a encore un gros marché à développer
là-dedans - pour répondre à la question - oui. Maintenant,
peut-être pas aligne strictement versus les agents immobiliers, versus...
On parle, dans votre document de travail, de boîtes multidisciplinaires.
Là-dedans, on parle de
comptables, on parle de notaires qui font... Il y a des notaires qui
n'en font pas d'hypothèques. Il y en â qui en font, mais il y en a
qui n'en font pas. Les boîtes comptables, souvent, ont des gens qui se
disent connaître le financement, mais ils s'aperçoivent eux autres
mêmes qu'il y a des limitations, à un moment donné II y a
des comptables souvent qui nous appellent pour essayer de les aider au niveau
du financement pour leur client.
M. Boisclair: Dans la mesure où on étudiait la
possibilité de faire une catégorie de permis et qu'on retenait
une catégorie ou une spécialité - il s'agirait de voir
quel procédé sera retenu par la ministre - il y a un souci de
protection du public qui a été exprimé de façon
claire par les différents intervenants, d'image aussi de la profession,
toute la question de la formation a été discutée. Dans la
mesure où on en viendrait à faire une catégorie des
courtiers en prêts hypothécaires, qu'est-ce que vous verriez comme
formation nécessaire pour détenir cette catégorie de
permis?
M. Daigneault: C'est spécifie dans le mémoire qu'on
vous a donné. On a eu des consultations auprès des gens du
Service du courtage immobilier du Québec, auprès de l'Institut
Jean Guy Leboeuf, qui est le seul institut privé, si vous voulez. On a
regardé à même le barème de cours établi par
le ministère de l'Éducation, parce que si on s'embarque...
M. Boisclair: J'aimerais ça que vous me précisiez
où dans...
Mme Robic: Page 21
M. Boisclair: Page 21. Je vous remercie. Parfait.
M. Daigneault: Juste pour passer à travers ça. On
est resté à même le même barème de cours
déjà accrédité par le ministère de
l'Éducation, parce que changer, ce serait toute une histoire. (15 h
45)
M. Boisclair: Vous aviez entrepris tout à l'heure une
réponse à une question de la ministre sur les cabinets
multidisciplinaires. Comment voyez-vous cette réalité et... On va
commencer par ça.
M. Daigneault: On n'a aucune objection à ça, en
fait. La seule chose, c'est qu'il faudrait que l'organisme qui contrôle
ces affaires-là soit quand même assez solide pour pouvoir les
contrôler, parce que ça peut aller loin.
M. Boisclair: Qu'est-ce que vous demanderiez comme
contrôle? Qu'est-ce que vous craignez, pour me parler d'un
contrôle?
M. Daigneault: Ce qui arrive, c'est que s'il y en a un... Dans un
cabinet multidisciplinaire de plusieurs divisions, s'il y en a un
là-dedans - excusez l'expression - qui travaille en fou, qui a des gros
frais, tout ça, et qui fait payer tous les autres à cause de
ça, c'est tout le monde qui peut passer dans le même bateau.
M. Boisclair: Je vous remercie. M. le Président, ça
va aller. C'est très clair comme c'est là.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Gouin. Alors, Mme la ministre, la parole est à
vous.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Je voudrais
peut-être un peu revenir sur l'acte que vous posez comme tel. Je me
demandais si, au moment de la consultation sur la Loi sur les
intermédiaires de marché, vous étiez intervenu et quelles
avaient été, à ce moment-là, les réflexions
qui s'étaient faites, les conclusions qui ont fait que vous n'avez pas
été inclus dans la loi 134.
M. Daigneault: Malheureusement, on ne s'est pas
présentés. On n'était pas là parce qu'on
s'était fait dire d'avance que le courtage immobilier était exclu
de la loi 134. On n'a pas voulu s'en bâdrer plus qu'il ne fallait.
Mme Robic: Au niveau de la formation - je remarque que c'est tout
à votre honneur - je pense que vous demandez encore plus de
crédits, des crédits additionnels pour quelqu'un qui ferait du
prêt hypothécaire. Est-ce que vous verriez d'un mauvais oeil, par
exemple, que dans... Comme vous appartenez à la Loi sur le courtage
immobilier, est-ce que vous verriez d'un mauvais oeil qu'un courtier en
immobilier, qui a des agents qui font de l'immobilier dans son bureau, aurait
également un agent qui ne ferait que du prêt
hypothécaire?
M. Daigneault: S'il suivait des cours et qu'il se qualifiait en
conséquence, pourquoi pas? S'il a la formation nécessaire
à le faire et les connaissances nécessaires à le faire, on
ne peut pas empêcher quelqu'un de gagner sa vie s'il suit les
critères.
M. St-Laurent: Ce qui est important, c'est la formation et les
qualifications de l'individu pour bien servir le public. Ça nous arrive
souvent de rencontrer des clients qui ont été au préalable
mal servis par un soi-disant conseiller hypothécaire ou courtier
hypothécaire, dépen-damment comment vous voulez l'appeler. On
s'est vite rendu compte que le client n'avait pas eu réponse à
ses besoins, et c'est là le point important. SI vous avez quelqu'un de
très qualifié... Il y a des grosses fiducies à
Montréal
qui sont dans l'immobilier actuellement, qui ont des agents
hypothécaires sur la route et qui font un très bon travail,
excepté que ce n'est pas n'importe qui qui peut arriver et s'improviser
courtier ou agent hypothécaire. Ça prend une formation
adéquate.
Mme Robic: Ce qui m'amène à penser que dans un
bureau d'immeubles où vous avez un directeur de ce bureau... On a
longtemps discuté - si vous avez suivi les discussions - de la
nécessité de former les agents et de former également le
directeur. On a posé la question à quelques reprises, à
savoir: Est-ce que le directeur doit être un courtier, donc, avoir suivi
des cours qui pourraient le qualifier comme courtier? On a également
parlé de spécialisation. Je pense que la vôtre en est une.
Il peut y avoir la vente d'immeubles à revenus, commerciaux,
industriels, etc. Quel devrait être ce nouveau marché où on
développe des spécialités? Quelle devrait être la
formation d'un courtier d'immeubles, tenant compte que vous appartenez à
la Loi sur le courtage immobilier?
M. Daigneault: Je saisis mal votre question.
Mme Robic: II y a un courtier d'immeubles qui a sous sa
responsabilité des agents qui font de l'immobilier, qui font du
résidentiel, du commercial, de l'industriel, du prêt
hypothécaire et on se posait la question, à savoir: Ce
courtier-là qui a la responsabilité d'un bureau, il n'est peut
être pas courtier. Le directeur du bureau d'immeubles, qui n'est pas
nécessairement un courtier et qui n'est pas nécessairement le
qualificateur de ce bureau-là - il peut y avoir un qualificateur
corporatif, par exemple - est-ce qu'il est nécessaire qu'il soit
qualifié, lui, comme courtier, donc avoir suivi des cours qui lui
permettent de porter ce titre de courtier? Et, si oui, si on doit le former en
conséquence pour être directeur d'un bureau d'immeubles,
jusqu'où est-ce que sa formation doit aller?
M. St-Laurent: En fait, il n'y a pas une si grande
disparité que ça dans ce qu'on suggère, dans notre choix
de cours ici pour courtier hypothécaire, avec courtier immobilier. Il y
a peut-être trois cours qui sont différents. Ça serait
peut-être à suggérer, que ces gens-là qui veulent
faire ça, effectivement, suivent au moins ces cours-là.
Même s'ils ne veulent pas demander le permis, qu'ils suivent au moins ces
cours-là, parce que s'ils ont un agent qui va les voir, qui a des
problèmes en financement, peut être à travers ce qu'ils
vont avoir appris dans ces cours, ils vont pouvoir aider à solutionner
le. problème. S'ils ne le savent pas, ils vont faire quoi?
Un autre cours qui est très important pour un directeur de
bureau, c'est le cours de gestion en personnel, qui est donné, je crois,
dans le cours pour être courtier.
Mme Robic: Vous, dans votre formation, aux pages 21 et 22. vous
faites la distinction entre un courtier en immobilier et un courtier en
prêts hypothécaires, vous faites cette distinction-là Mais,
en ce moment, ça n'existe pas, des courtiers en...
M. St-Laurent: En hypothèques.
Mme Robic:... en hypothèques. Alors, c'est là que
je me dis que le courtier qui, lui, a la responsabilité de tout ce
service là a certainement besoin d'être fortné pour pouvoir
aider ses agents qui...
M. St-Laurent: Actuellement, nous, dans notre industrie, ce qu'on
fait, c'est qu'on engage... on se fait un devoir d'engager des gens très
compétents dans le domaine financier, des directeurs de banque, des
directeurs d'institution financière, des directeurs de prêts
hypothécaires de certaines fiducies ou compagnies d'assurances... Tout
le monde chez nous, à l'exception peut-être d'un ou deux qu'on a
formés parce qu'on jugeait qu'on avait le personnel, tous ont
été entraînés ou ont une formation dans de grandes
institutions financières. Ils sont quand même obligés
d'aller suivre le cours d'agent immobilier pour avoir lour permis d'agent
d'immeubles pour faire du courtage hypothécaire Et nous, ce qu'on dit,
c'est: Allons un pou plus loin. Parce qu'il y a certains cours on financement,
par exemple, que ces gens-là devraient prendre pour être encore
plus compétents dans le domaine du courtage hypothécaire.
Là, ce qu'on a, c'est une formation d'agent d'immeubles, et nous ne
sommes pas des agents d'immeubles. Mais la loi nous exige de suivre ces
cours-là pour avoir notre permis pour faire du courtage
hypothécaire.
Mme Robic: Do là la raison pour laquelle vous ouvrez cette
nouvelle catégorie, courtier en prêts hypothécaires.
M. St-Laurent: Exact
Mme Robic: Je ne suis pas tellement claire cet après-midi,
je dois commencer à être fatiguée...
M. St-Laurent: Ha, ha, ha!
Mme Robic: vous ne m'avez pas trop trop suivie, là, mais
c'est ma faute à. moi, j'en suis positive, parce que tout le monde
n'avait pas l'air de me suivre, alors... Mais, pour vous, c'est une
catégorie tout à fait à part que le prêt
hypothécaire, ça demande des qualités bien
spécifiques, une formation bien spécifique, et ce n'est pas
nécessairement ce qui se retrouve chez le courtier en immeubles.
M. St-Laurent: Exact
M. Daigneault: Exactement. J'aurais peut-être de la
misère, moi, demain matin, à dire: Je vais m'en aller travailler
pour un courtier en immeubles, une grosse boîte, un trust, puis je vais
diriger un bureau d'immeubles. J'aurais peut-être certains
problèmes, comme le directeur du bureau d'immeubles qui s'en viendrait
pour essayer de mener ma boîte, il aurait peut-être certains
problèmes.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Le Président
(M. Forget): Alors...
M. Boisclair: Je voudrais revenir rapidement sur deux questions.
La question de la formation, est-ce que vous exigez de vos agents et de vos
courtiers qu'ils acquièrent une formation supplémentaire à
celle qu'ils ont obtenue au moment de l'obtention du permis?
M. St-Laurent: Actuellement, je dirais que la plupart ont une
formation supérieure.
M. Boisclair: Donc, le profil, c'est soit un bac ou un
certificat. Vous parliez de directeurs de banque, directeurs de
crédit..
M. St-Laurent: Oui, oui...
M. Boisclair:... et de choses semblables.
M. St-Laurent: Tout le monde qu'on engage a 10, 15, 20 ans
d'expérience avec des fiducies ou des banques ou des compagnies de
prêts hypothécaires ou des compagnies d'assurances qui font du
prêt hypothécaire.
M. Boisclair: Donc, pour vous, le permis est plus une
formalité qu'autre chose.
M. St-Laurent: Exactement, c'est une formalité. On est
obligé d'aller au cégep prendre le cours..
M. Boisclair: Qui est simple... M. St-Laurent: puis
merci.
M. Boisclair:... à remplir pour vous, qui ne cause aucun
problème.
M. St-Laurent: Exactement.
M. Daigneault: Dans le mémoire, si vous regardez à
la page 7, vous allez voir un exemple de l'expérience cumulative des
gens...
M. Boisclair:... On a vu les curriculum, c'est ça.
M, Daigneault:... qui sont chez nous.
M. Boisclair: C'est ça. J'ai vu les curriculum des gens.
Est-ce que vous.... Il y a toute la problématique du taux de roulement
qui a été soulevée auprès des agents, chez les
courtiers. On peut contester la validité des chiffres qui ont
été présentés. Au-delà de tout ça, je
pense que c'est quand même un problème qui subsiste. Est-ce que
cette même réalité s'identifie chez vous ou... C'est quoi?
Comment la vivez-vous?
M. Daigneault: Nos gens chez nous, est-ce qu'on parle de nos
gens, les gens qui sont...
M, Boisclair: Comment oeuvrent vos courtiers, vos...
M. Daigneault: Je dirais que la rétention est environ de
92 % depuis 10 ans.
M. Boisclair: II y a une comparaison immédiate à
faire avec les autres agents qui oeuvrent dans l'industrie. Est-ce que c'est
à cause... Est-ce que vous voyez la raison de ce haut taux de
rétention comme étant l'exigence que vous avez au niveau de la
formation, au niveau des conditions de travail que vous offrez? Parce que c'est
quand même...
M. Daigneault: Je dirais que les gens chez nous, de base, de leur
formation, sont plus stables peut-être que dans l'immobilier tout
simplement. On ne parle pas de la même catégorie de gens du tout
qui font les deux, en règle générale.
M. Boisclair: Une dernière question. Vous soulignez dans
votre mémoire que vous n'êtes... "... aucun de nous n'est
actuellement membre d'un de ces groupes", en parlant des chambres d'immeubles
ou de l'Association de l'immeuble du Québec. Outre le recours en
matière pénale qui serait possible par le biais du surintendant,
quelle est votre politique à l'égard de la clientèle?
Est-ce que vous avez un code de déontologie? Est-ce que vous vous
réglementez d'une façon ou d'une autre avec sanctions et mesures
disciplinaires à l'égard de vos courtiers et de vos agents?
M. Daigneault: O. K. Le code de...
M. Boisclair: Quel serait le recours pour un client qui serait
insatisfait des services?
M. Daigneault: Le code de déontologie dont vous parlez
dans le moment, je pense que j'avais donné à M. Jolicoeur une
copie quand on l'avait rencontré mais qui est encore très
sommaire. Il a
été complété depuis ce moment-là Je
ne peux pas franchement vous dire aujourd'hui s'il est en force encore. Le
regroupement Multi-Prêts. comme je l'ai dit tout à l'heure, est
encore quelque chose de nouveau. On travaille encore dessus, quoique le code
d'éthique ait été émis - j'en ai une copie ici -
ainsi qu'un manuel de procédures et politiques.
M. Boisclair: Qui l'administre, le code de
déontologie?
M. Daigneault: Les directeurs de Multi-Prêts Deux Mille
Itée, pour le moment.
M. Boisclair: Les directeurs de succursale, les directeurs...
M. Daigneault: Non, les directeurs de la compagnie
Multi-Prêts Deux Mille Itée qui regroupe les courtiers des
différentes boîtes qui sont membres de Multi-Prêts.
M. Boisclair: Est-ce que vous estimez cette protection du public
adéquate et suffisante?
M. Daigneault: C'est un départ. C'est mieux que rien.
M. Boisclair: Ah oui! Je ne veux pas porter de jugement. Je
veux...
M. Daigneault: C'est parce que...
M. Boisclair:.. que vous parliez de votre expérience.
M. St-Laurent: De par nos exigences, je dirais oui parce que,
lorsqu'on a un consommateur qui est lésé, on s'empresse de
corriger la situation. De temps en temps, on est allé jusqu'au
congédiement, mais, actuellement, c'est nous autres qui administrons
ça On a des politiques qui sont très fermes, qui doivent
être suivies et le consommateur ne doit pas, jamais, être
biaisé. Et puis, je crois que si vous regardez les plaintes que vous
avez eues depuis 15 ans dans le courtage hypothécaire...
M. Daigneault: La filière est mince.
M. St-Laurent: La filière n'est peut-être même
pas ouverte chez vous encore.
M. Boisclair: Donc, votre politique institutionnelle a
été mise à l'épreuve.
M. St-Laurent: Exact.
M. Boisclair: Je vous remercie pour..
Le Président (M. Forget): Je remercie le
député de...
M. Boisclair: Si vous me permettez. Il me reste encore un peu de
temps?
Le Président (M. Forget): Oui
M. Boisclair: Oui. Je veux juste revenir rapidement
là-dessus. Est-ce que c'est propre à votre politique
institutionnelle? Est-ce que vous êtes les seuls dans la question du
courtage de prêts hypothécaires à vous être
dotés d'une telle politique ou si c'est une pratique du milieu?
M. Daigneault: À ma connaissance, nous sommes les
seuls.
M. Boisclair: Vous êtes les seuls. Je vous remercie.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Gouin. Alors, Mme la ministre, la conclusion.
Mme Robic: Oui. M. St-Laurent, M. Daigneault, merci infiniment
pour votre présentation. Encore une fois, aujourd'hui, on a un nouvel
aperçu de ce que comprend l'acte immobilier et les
spécialités qui se sont développées au fil des
années. Merci beaucoup.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup... M.
St-Laurent: Merci beaucoup.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre. M. le
député de Gouin...
M. Boisclair: Oui, je vous remercie.
Le Président (M. Forget):... en conclusion.
M. Boisclair:... pour votre présentation. Je pense que ce
qu'il est important de retenir, c'est que c'est un milieu qui a
évolué énormément au cours des ans, qu'il y a de
nouveaux besoins qui sont apparus. Votre apparition sur le marché est
quand même assez récente, si on compare à d'autres
institutions qui oeuvrent dans la même , industrie. Je pense qu'il est
maintenant de notre responsabilité en tant que législateur
d'essayer d'encadrer, par un certain nombre de règles qu'on veut
relativement souples, ce secteur particulier de la profession. Je vous remercie
pour votre contribution et soyez assurés qu'on en prend bonne note. (16
heures)
Le Président (M. Forget): Au nom des membres de cette
commission, je vous remercie beaucoup de votre participation. Merci. Nous
allons maintenant entendre... Je demande au représentant de L'Immobilier
Entre Nous inc. de prendre place à la table des témoins.
Alors, jo demanderais à la personne de s'identifier.
.;..,,,. L'Immobilier Entre Nous inc.
M. Gauthier (Michel D. ): Bonjour, mon nom est Michel Gauthier.
Je suis courtier indépendant pour L'Immobilier Entre Nous inc. Je suis
de Saint-Jérôme.
Le Président (M. Forget): Alors, je vous rappelle
maintenant les règles de l'audition: 20 minutes seront d'abord
consacrées à l'exposé de votre mémoire, suivra une
période de 40 minutes d'échanges avec les membres de la
commission.
M. Gauthier: Merci. D'abord, je tiens à remercier la
commission de l'opportunité de pouvoir m'exprimer sur ce sujet qui me
tient à coeur puisque j'en vis depuis 1981. Ce mémoire se veut
l'opinion d'un gars du milieu, pour employer une expression consacrée.
En effet, depuis neuf ans, j'oeuvre en immobilier. J'ai été agent
de 1981 à 1984, où je suis devenu courtier et actionnaire
fondateur de RE/MAX Saint-Jérôme, pour ensuite voler de mes
propres ailes, à partir de 1989, comme courtier indépendant.
En 1988, je me suis impliqué dans ma chambre immobilière,
où j'ai assumé l'organisation du Service interagences en tant que
vice-président, pour être ensuite, de 1989 à 1990,
président. Je suis présentement président sortant en
charge des relations publiques. Je crois que mon expérience et mes
idées sur l'ensemble du sujet sauront refléter l'opinion de
plusieurs de mes confrères et consoeurs de travail.
Au chapitre I de mon mémoire, on parle du courtage immobilier.
Donc, le Service du courtage immobilier, pour bien des agents et des courtiers,
se résume à l'obtention de permis, vérifier la
solvabilité de ces derniers, édicter les lois et
règlements et voir aussi à la protection du public. Avec
l'organisme d'autoréglementation, le Service du courtage pourra
sûrement être complètement assimilé dans ce nouvel
encadrement.
Les chambres immobilières. Ayant eu l'occasion d'être
président d'une chambre immobilière, la Chambre
immobilière des Laurentides, je ne peux qu'encourager le maintien de ces
chambres puisque c'est l'occasion, pour certaines régions dites
éloignées, de faire entendre leurs voix, leurs
préoccupations, leurs doléances face à l'ensemble du monde
de l'immobilier Aussi d'autres chambres, telles que Montréal et
Québec, dé par leur importance, peuvent avoir un leadership
efficace face au développement futur de la structure de l'immobilier.
Aussi ne faudrait-il pas négliger l'impact des petites chambres qui,
somme toute, forment une part importante du marché immobilier tout en
représentant diverses régions.
On ne saurait trop insister sur l'importance du rôle d'une chambre
face au consommateur, tant du point de vue du Service interagences,
règlements, arbitrage, etc. Il est incompréhen- sible que les
courtiers ne soient pas tous tenus de faire" partie d'une chambre.
L'adhésion devrait être obligatoire et contrôlée lors
de l'émission du permis de courtage.
L'Association de l'immeuble du Québec. J'ai déjà eu
l'occasion de faire partie, en tant que membre délégué par
ma chambre, de l'Association de l'immeuble du Québec. J'ai
participé au comité de formation. La primauté de l'AIQ est
évidente puisque, pour beaucoup d'agents et de courtiers, c'est notre
porte-parole envers le gouvernement, donc plus facile d'approche. Aussi
l'Association de l'immeuble du Québec, par son rôle, son
leadership dans le monde immobilier, jouit d'une plus grande
visibilité.
La révision des structures. La structure actuelle a des lacunes,
tel l'exemple du troisième paragraphe énoncé dans le
document que Mme la ministre nous a fait parvenir. On ne peut qu'encourager une
homogénéité entre les principaux intervenants. Il est plus
que temps que l'Association de l'immeuble du Québec soit reconnue comme
étant le chef de file de l'immobilier au Québec et que tous les
pouvoirs nécessaires lui soient conférés.
L'autoréglementation, l'autogestion, l'autodiscipline, trois
véhicules mis de l'avant par l'Association de l'immeuble du
Québec, et ce, depuis un bon bout de temps. Plus que jamais le monde de
l'immobilier est prêt à assumer ses responsabilités.
L'organisme d'autoréglementation. Lorsque je consulte votre
document, un mot me vient à l'esprit, et c'est: police. L'organisme
d'autoréglementation se doit d'aller au-delà de ce rôle de
policier. Je comprends et j'approuve ce principe d'assurer la protection du
public, mais j'estime que ce n'est pas là le seul rôle important
de l'organisme. Il ne faudrait pas non plus tomber à bras raccourcis sur
les courtiers et les agents. Si les lois et règlements ont permis des
abus, il faut commencer par changer ces lois et règlements. Ensuite, on
pourra s'attaquer aux changements dans les mentalités des individus. Je
suis certain que l'organisme saura jouer son rôle de chien de garde de
l'immobilier, mais il ne faudra pas le cantonner dans ce seul rôle.
L'organisme devra également promouvoir auprès du public,
auprès de ses membres, auprès du gouvernement l'importance de
l'immobilier et la complexité de la tâche, faire en sorte de
faciliter, d'encourager une pratique efficace et honnête Les chambres
devront voir à se créer une fédération afin
d'assurer leur représentativité auprès de l'organisme.
La réglementation. Il est à souhaiter que la nouvelle Loi
sur le courtage immobilier se fasse dans des délais raisonnables et que
ça ne prenne pas des années avant d'être mis en
application. Il est souhaitable également qu'un esprit de
tolérance et aussi de vigueur soit mis de l'avant. Il né faudrait
pas tomber dans des excès de puritanisme. Jusqu'ici, l'immobilier s'est
toujours bien porté et II n'y a jamais eu de scandale qui
en a terni l'image. Je suis cependant d'accord pour dire qu'il ne faut
pas attendre le scandale pour le parer. Mieux vaut prévenir que
guérir!
La formation. Item extrêmement important À mon avis, il
faut rehausser les exigences académiques pour deux bonnes raisons: c'est
trop facile de devenir agent immobilier; et il y a trop d'agents: 13 477 pour
environ 6 000 000 de population, soit un agent par 445 habitants. Ce ratio
devrait être de un par 750 à 1000 habitants, ce qui diminuerait
évidemment la quantité. Je sais que c'est là attaquer un
sacro-saint principe de libre emploi et concurrence, mais c'est aussi attaquer
le sérieux de la profession. Il est connu que, si 2000 nouveaux agents
apparaissent à chaque année, il y en a aussi 2000 qui
disparaissent. Je dis: Arrêtons l'hémorragie! L'organisme
d'autoréglementation devra avoir le pouvoir d'être le seul
à contrôler tout l'aspect formation. L'Association de l'immeuble
du Québec a élaboré un livre pour les cours immobiliers,
mais il n'est pas obligatoire. Une compagnie de courtage a même
déjà annoncé à la radio ot aussi dans les journaux
qu'elle donnait dos cours d'agent immobilier et qu'il n'était pas
nécessaire d'avoir un secondaire V. Le minimum des minimums. Il est
aussi primordial que les agents soient tenus de se recycler et de se mettre
à jour avec les nouvelles lois et règlements. On ne peut
qu'encourager une telle attitude, ainsi que pour les courtiers.
Assurer l'accessibilité à la formation à
coûts justes, c'est bien, mais limiter l'accessibilité, c'est
mieux, et faire en sorte d'établir des ratios par densité de
population. Permettre à un agent qui veut quitter l'immobilier de
pouvoir vendre son permis, à un coût fixé, à une
personne attendant d'avoir un permis pour être agent. Ce sont là
des solutions que je mots de l'avant tout simplement.
Le comité de discipline. Le monde de l'immobilier a une
autodiscipline qui lui fait honneur. Que cette discipline soit resserrée
lui sera bénéfique, en autant qu'on ne tombe pas non plus dans
des excès.
Ici, je me permets une parenthèse. Quand je dis qu'il y a trop
d'agents, je sais que ça peut paraître une affirmation gratuite,
mais je suis à même de constater, chaque jour,
l'authenticité de ce fait. Chaque jour, je rencontre monsieur le public;
chaque jour, je rencontre le consommateur. Je sollicite soit au
téléphone, soit - comme on dit - bedaine à bedaine. Et
combien de fois ne me dit-on pas: II y en a donc bien, des agents d'immeubles?
Comment faites-vous pour vivre, toute cette gang-là? Il en est venu une
tonne avant vous, ou vous êtes le trentième. Pourquoi ne pas
exiger un DEC, un diplôme d'études collégiales
générales, comme études de base. De cette façon, on
mettrait la hache dans la multitude ot on rehausserait la qualité du
niveau des agents.
Je reviens ici à la pratique du courtage immobilier. Pour ma
part, je trouve qu'il serait grandement souhaitable que tout bureau de courtage
immobilier et ses succursales relèvent d'un courtier. Ceci aurait pour
effet d'encourager les agents à devenir courtiers et éviterait
des abus et complications des bureaux relevant d'un non-courtier. Les courtiers
y penseraient deux fois avant d'ouvrir des bureaux à gauche et à
droite, avec des responsables à la compétence douteuse.
D'ailleurs, ces responsables sont souvent des blancs-becs qui viennent tout
juste d'avoir leur permis d'agent.
La distinction courtier-agent. Le courtier est responsable de tous les
gestes posés par l'agent, malgré qu'il n'y ait bien souvent aucun
contact entre le courtier et le client, et on peut même ajouter entre le
courtier et l'agent En effet, certains courtiers ne surveillent même pas
ce que font leurs agents. L'agent immobilier, en plus du courtier, devrait
avoir une police d'assurance-responsabilité professionnelle.
Prérequis au permis de courtier. On parle ici du montant.
À mon avis, le montant n'est pas tellement élevé, mais il
faut considérer que beaucoup de courtiers oeuvrent seuls ou seulement
avec deux ou trois agents. Juste équiper un bureau de secrétariat
immobilier peut déjà coûter plus de 10 000 $. À mon
avis, la question serait plutôt de se demander si c'est vraiment
important. Il y a déjà assez de contraintes sans se compliquer la
vie encore plus.
Le cumul des permis. Je crois que, si l'on veut garder le sérieux
à la profession, il n'est pas dans l'intérêt du milieu de
cumuler des permis Le professionnalisme doit être la raison d'être
de tout courtier et agent L'immobilier demande une somme d'énergie et de
concentration telle que cela m'apparaît farfelu, l'accumulation de
permis, et je ne crois pas non plus qu'un cabinet multidisciplinaire soit une
solution acceptable pour l'immobilier.
Étant donné que je suis d'avis qu'un courtier et un agent
immobilier ne doivent faire que de l'immobilier, toute réglementation
déterminant des activités incompatibles, c'est ouvrir la porte
à une inadmissibilité. Est-ce que quelqu'un irait se faire
soigner chez un médecin qui a déjà un permis de directeur
funéraire? Alors, pourquoi? Laissons à l'immobilier ce qui
appartient à l'immobilier.
Parce qu'il y a trop d'agents immobiliers, il faut maintenir la
prohibition de faire autre chose que de l'immobilier, et ce, même s'il
n'y avait pas assez d'agents La maman qui fait de l'immobilier parce qu'elle
s'ennuie à la maison ne devrait pas en faire. Le papa qui vient de
prendre sa retraite après 33 ans d'enseignement ne devrait pas faire
d'immobilier, il faut éliminer ces parasites qui viennent, le temps
d'une rose, un petit peu emmerder tout le monde. Pourquoi des professionnels ne
se comportent ils pas en professionnels? Le public et la profession ne s'en
porteraient que mieux.
Le franchisage. Ayant eu l'expérience du franchisage, je crois
que ces gens sont amplement habilités à régler leurs
modalités et conditions de franchisage. Laissons à César
ce qui appartient à César.
Les assurances. Je ne vois même pas dans quel cas un courtier
pourrait être exempté d'assurance-responsabilité
professionnelle, et je crois qu'il serait souhaitable que l'agent
lui-même soit assuré à ses frais pour la même chose,
afin justement de l'impliquer dans un sens accru des responsabilités.
Ceci aurait pour effet de peut-être aussi diminuer la facture des
courtiers.
Les dépôts et comptes en fidéicommis. Pour ce qui
est de prévenir, je crois que l'idée de poser des balises est
intéressante et permettrait de délimiter le pourquoi et le
comment de la chose. En ce qui a trait aux possibles litiges entre vendeurs et
acheteurs, il serait bon de prévoir ce qui peut ou ne peut pas
être fait en ce qui regarde, évidemment, les dépôts
in trust. En ce qui regarde les intérêts, certaines institutions
bancaires ne paient pas d'intérêt sur ces comptes en
fidéicommis. Pour ceux qui touchent des intérêts, pourquoi
ne pas tout simplement les laisser au courtier ou créer un quelconque
fonds à la recherche immobilière ou de réserve?
Le fonds d'indemnisation. Il peut être tentant de jouer avec des
sommes d'argent accumulées. Cependant, s'il advenait un pépin
sérieux qui anéantirait toute réserve quelconque, ne
serait-il pas plus sage de laisser les choses telles qu'elles sont
actuellement, quitte peut-être à diminuer la cotisation au fonds
de réserve?
La rémunération. Ne mêlons pas les choses: les
tomates avec les tomates et les pommes avec les pommes. Pourquoi vouloir
compliquer les coutumes existantes9 Est ce que les notaires ou les
avocats vont aussi partager leur rémunération? Les notaires ont
déjà de la difficulté à digérer la
rémunération de certains agents.
La rémunération de référence entre bureaux
de courtage immobilier est une chose à encourager fortement, puisqu'elle
permet une accentuation du professionnalisme. Tout ce qui touche le partage de
rémunération est obligatoirement consigné au registre des
opérations immobilières, formule 6. Pour ce qui est de divulguer
au client le partage de rémunération, ceci devrait être
laissé à la discrétion de l'agent, bien que le public soit
déjà au courant de nos pratiques. (16 h 15)
Les catégories de permis. On ne peut être que d'accord avec
les principes énoncés dans ce chapitre. Il est évident
que, pour le public, un agent d'immeubles, c'est avant tout un vendeur de
maisons. Aussi le futur agent devrait avoir comme premier permis celui de
vendre des maisons, allant du bungalow jusqu'au "cinqplex" ou cinq logements,
pour lui donner une chance également de s'impliquer dans le
multifamilial. Le multifamilial, c'est-à-dire six logements et plus, le
"multifamilial investissement", allant de six logements en montant, devrait
constituer une catégorie incluant le condo. Tout l'aspect commercial est
une catégorie en soi. Il y a aussi du "commercial investissement". La
location commerciale et industrielle devrait faire partie de cette
catégorie. Il faudrait penser aussi à l'aspect agricole, qui est
une spécialisation importante, bien que moins courante. L'aspect
forestier pu les terres à bois, cela pourrait être une
catégorie, avec la vente de terres et terrains; il y a là un
côté investissement à ne pas négliger. Cependant, il
ne faudrait pas tomber dans une multiplication des catégories. On n'est
quand même pas au lac de Tibériade. Je suggère que sur les
cartes d'affaires puisse être inscrite la spécialisation de
l'agent, ainsi que ce pour quoi il est diplômé. À ce
moment-là, le public consommateur saurait la compétence exacte de
l'agent. Tout ce qui accentue le professionnalisme ne peut être
qu'encouragé.
La divulgation des conflits d'intérêts. Toute
spéculation immobilière de la part des courtiers ou agents
devrait être strictement interdite car c'est là la meilleure
manière de détruire une image de professionnalisme. Je sais que
ça peut être tentant d'acheter pour soi-même une
propriété, mais encore là, s'il y a tolérance, il
devrait y avoir obligation de garder pour soi, au moins durant trois ans, la
propriété acquise. De cotte façon, on pourrait
éviter l'appât du gain rapide et facile. Le public ne serait que
mieux protégé de la cupidité de toute forme de
spéculateurs, surtout venant du milieu immobilier lui-même, il
n'est que tout à fait normal que les informations reçues des
clients, tant vendeurs qu'acheteurs, soient gardées confidentielles.
Pour conclure, je crois qu'il est très encourageant que nous
puissions émettre nos opinions de gens du milieu. Je crois que ce
document est bienvenu, et j'ose espérer qu'il sera l'aboutissement d'une
refonte juste et équilibrée du courtage immobilier tel que
pratiqué au Québec. Je n'ai malheureusement pas d'étude de
légistes à mon service. Mon opinion se veut honnête et
sincère, elle se veut celle d'une personne qui a à coeur le
professionnalisme intrinsèque.
Je remercie Mme la ministre de l'opportunité qu'elle me donne et
l'encourage fortement à aller de l'avant dans cette tâche
importante.
Le Président (M. Forget): Je vous remercie. Je passe la
parole à Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. M. Gauthier, merci
d'être présent à cette consultation. Si je regarde votre
document, il y a un mot, bien sûr, qui ressort tout
particulièrement, on ne peut pas le manquer, vous l'avez mis en
caractères gras, c'est "police". Je vous avoue que c'était loin
de là notre pensée quand on s'est mis à
réfléchir à ce que pourrait être une refonte de la
Loi sur le courtage immobilier.
Notre intention, c'était beaucoup plus de dire que l'industrie
est arrivée à un point de maturité où elle est
maintenant prête à se prendre en main. Il y a eu des signes, on no
peut pas se cacher que l'Association a fait des pas importants dans cette
direction, et que l'industrie semble mature, et donc devrait être
prête à se prendre en main. Donc, de là la création
d'un organisme d'autoréglementation. Mais vous avez certaines
réserves sur cet organisme, et )e suis obligée d'assumer qu'il
vous fait peur, cet organisme. J'aimerais ça que vous élaboriez
un peu là-dessus, surtout que vous avez été très
présent, puisque vous êtes un ex président d'une chambre
d'immeubles, donc vous avez pataugé dans les structures. Et si je vous
pose cette question-là, je voudrais que vous teniez compte que,
justement, il y en a d'autres qui nous ont mis en garde, et c'est bien
sûr qu'on n'a pas du tout l'intention, le gouvernement n'a pas du tout
l'intention de disparaître et va certainement garder un droit de regard
sur l'organisme. Et, là, on se pose la question, à savoir:
Jusqu'où est-ce qu'on doit se garder un droit de regard? Jusqu'à
quel point est-ce qu'on doit être présent? J'aimerais vous
entendre, justement, sur vos craintes vis-à-vis de cet organisme
d'autoréglementation.
M. Gauthier: C'est évident que le gouvernement du
Québec, qui légifère sur le courtage immobilier, se doit
d'être présent. Maintenant, ne sachant pas encore exactement
comment va être constitué l'organisme, qui va en faire partie et
qui va finalement le gérer, c'est évident qu'on ne voudrait pas
non plus... J'ai l'impression de parler aussi avec l'expérience de mes
confrères et de mes consoeurs de travail avec qui j'ai eu l'occasion de
parler un peu de tout ça à maintes reprises.
On sait, avec l'expérience qu'on a avec l'AlQ, qui est quand
même un organisme où les chambres d'immeubles ont pu, à
maintes reprises, s'exprimer... Maintenant, il faudrait que l'organisme comme
tel puisse aussi, évidemment, jouir de la même facilité au
point de vue accès. Jusqu'à quel point? On verra. C'est certain
que, pour nous, je crois que l'organisme devra quand même être
capable de pouvoir recevoir les doléances, si on veut, des agents, des
courtiers et ainsi de suite. C'est aussi l'aspect formation: Comment va
être fait l'organisme? Qui va être à la tête? Et ainsi
de suite.
Mme Robic: Alors, qui devrait faire partie du conseil
d'administration de cet organisme pour que ce conseil-là soit
équitable, pour qu'on puisse s'assurer que l'organisme est
représentatif du milieu?
M. Gauthier: C'est certain que le gouvernement a son mot à
dire. Donc, je ne vois pas non plus comment on pourrait exclure le gouverne-
ment de tout ça. On a déjà l'Association de l'immeuble du
Québec qui est prête, d'après moi, à assumer aussi
ce rôle II y a des membres de l'Association de l'immeuble du
Québec qui, d'après moi, pourraient faire partie... qui devraient
éventuellement faire partie de l'organisme ou qui devraient même
le gérer peut-être, et ça, toujours, évidemment,
avec le gouvernement qui est présent. Aussi, actuellement au sein de
l'Association de l'immeuble du Québec, les chambres ont aussi un mot
à dire. Donc, les chambres immobilières devraient continuer de
pouvoir avoir un mot à dire peut-être au niveau de l'organisme.
Comment? C'est certain que, si on créait un organisme
d'autoréglementation, les chambres immobilières - par une
fédération qui pourrait être créée -
pourraient élire - évidemment au suffrage des chambres - un
délégué qui pourrait éventuellement faire partie de
l'organisme.
Mme Robic: Alors, vous, vous n'avez aucune réticence
à ce que l'Association se transforme en cet organisme
d'autoréglementation.
M. Gauthier: Pas vraiment, parce qu'on sait que l'Association
oeuvre quand même depuis x années dans ce domaine-là
évidemment et a déjà légiféré... pas
légiféré mais il y a quand même le code de
déontologie qui est important. On a tous les règlements aussi de
l'Association de l'immeuble du Québec et ainsi de suite. Donc, à
partir de là, il y a déjà une structure de faite, une
bonne base de commencée. Donc, je crois qu'à partir de là
c'est possible d'aller de l'avant avec l'organisme
d'autoréglementation.
Mme Robic: Quel rôle réserveriez-vous aux chambres
d'immeubles, une fois que nous aurons un organisme
d'autoréglomentation..
M. Gauthier: Le rôle des chambres...
Mme Robic:... qui doit être tout à fait
séparé des chambres d'immeubles?
M. Gauthier: C'est certain qu'en ayant l'organisme
d'autoréglementation les chambres d'immeubles devront voir à se
structurer un peu comme, en fait.. L'Association était, en fait, le
porte-parole de l'ensemble du monde immobilier. Les chambres - il y en a 13 au
Québec - devront voir évidemment à se former une nouvelle
fédération - je dis ce mot-là, comme ça peut
être une régie, enfin, peu importe le mot - mais pourraient
créer une fédération de chambres immobilières qui,
elles, pourraient éventuellement nommer un président, si on veut,
de la fédération des chambres immobilières qui pourrait
faire partie de l'organisme, peut-être juste à titre de membre
consultatif ou consultant.
Mme Robic: Vous mettez également l'adhé-
sion obligatoire aux chambres. Là, il y aurait deux organismes
dont l'adhésion serait obligatoire: et l'organisme
d'autoréglementatiôn et les chambres d'immeubles. Vous ne trouvez
pas ça excessif, pour les agents, de les forcer à appartenir
à deux organismes?
M. Gauthier: Disons qu'actuellement ce que je veux dire par ce
qu'ils soient obligés d'appartenir à une chambre d'immeubles,
c'est qu'il y a des courtiers actuellement qui ne font pas partie de chambres
d'immeubles. On vit le cas, par exemple, dans les Laurentides. Il y a des
courtiers immobiliers qui ne font pas partie de la chambre d'immeubles et qui,
même, ne font pas partie de I'AIQ. Moi, je trouve que ces gens-là
devraient obligatoirement faire partie des chambres et, éventuellement
aussi, de l'organisme d'autoréglementation.
Mme Robic: C'est bien sûr que, si on met un organisme
d'autoréglementation en place, il y aura adhésion
obligatoire.
M. Gauthier: Oui.
Mme Robic: Oui. Mais c'est au niveau des chambres que j'ai
certains questionnements, à savoir...
M. Gauthier: Certaines réticences. Mme Robic:
Oui.
M. Gauthier: Disons quo c'est sûr que... D'après
moi, c'est évident que les chambres donnent quand même un service
à leurs membres. Les membres, ce sont des courtiers, ce sont des agents.
Donc, pourquoi est-ce que les courtiers ne pourraient pas en
bénéficier comme tous les autres?
Mme Robic: Merci, monsieur.
Le Président (M. Forget): Alors, merci beaucoup, Mme la
ministre. Je passe la parole au député de Gouin.
M. Boisclair: Merci pour votre présentation, M. Gauthier.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que votre mémoire... Vous n'avez
pas eu peur de prendre position...
M. Gauthier: Non, non.
M. Boisclair:... sur un certain nombre d'enjeux.
J'aimerais revenir avec vous sur quelques-uns des éléments
de votre mémoire. Je trouve ça particulièrement
intéressant parce que vous oeuvrez dans la région de
Laurentides-Lanaudière et d'avoir des gens qui oeuvrent dans
différentes régions, je pense que c'est important de pouvoir bien
connaître leurs préoccupations. Vous avez aussi une vaste
expérience pour avoir participé à des chambres et
participé a l'Association et des choses semblables.
J'aimerais revenir sur l'organisme d'autoréglementation. Mme la
ministre parlait tout à l'heure de l'insistance que vous avez mise sur
votre perception de ce que vous appelez la police. Vous dites dans votre
mémoire: "L'organisme d'autoréglementation se doit d'aller
au-delà de ce rôle de policier", et vous continuez plus loin:
"L'organisme devra également promouvoir, auprès du public,
auprès de ses membres, auprès du gouvernement, l'importance de
l'immobilier et la complexité de la tâche... " Il y a une
préoccupation qui a été soulevée à plusieurs
reprises par des intervenants qui sont venus en commission, toute cette
question d'être à la fois juge et partie. Comment peut-on avoir,
d'une part, la responsabilité de prendre les décisions quant aux
différents litiges qui pourraient apparaître et, à la fois,
avoir la responsabilité de faire la promotion de la profession, de voir
aussi à la promotion de son image de marque, la question du
professionnalisme des gens qui oeuvrent dans cette profession-là, parce
qu'il faudra comprendre... Vous parlez d'une fédération des
chambres qui devrait prendre la place. Est-ce que vous croyez que ce rôle
de promotion de la profession, de l'importance de l'immobilier, de la
complexité de la tâche et de l'impact économique aussi que
la profession peut avoir dans le milieu ne devrait pas être plutôt
la responsabilité d'une nouvelle fédération des chambres
ou peu importe?
M. Gauthier: C'est certain qu'au niveau de la
présentation, si on veut, quand on dit de pousser, si on veut, la
tâche de l'immobilier, la tâche de faire comprendre au public, par
exemple, de favoriser une meilleure approche au niveau des agents immobiliers,
au niveau des courtiers immobiliers, c'est certain que ça peut se
retourner, c'est-à-dire que ça peut être le
bébé, si on veut, des chambres d'immeubles C'est certain que
l'organisme, en étant impliqué dans un rôle pour
surveiller, si on veut, les agissements d'un peu tout le monde, peut être
un petit peu en mauvaise position pour aussi pousser, si on veut, le
côté de la tâche des agents et courtiers immobiliers. C'est
certain qu'au niveau des chambres... Les chambres d'immeubles ont aussi un
rôle à jouer et je crois que, d'ailleurs, actuellement, on peut
dire que les chambres d'Immeubles jouent ce rôle auprès du public,
de pouvoir donner une meilleure image, si on peut dire, du courtier, de l'agent
immobilier, afin de promouvoir justement la tâche d'un courtier
immobilier et ses fonctions à travers tout ce qu'il a à faire au
niveau du courtage immobilier, (16 h 30)
M. Boisclair: Le document de consultation est très clair
à cet égard. On dit bien: 'L'organisme
d'autoréglementation qui se verra confier
le mandat ne devra pas voir à la défense et à la
promotion des intérêts des courtiers et agents d'immeubles, mais
se consacrer entièrement à son rôle de surveillance et de
contrôle des activités des courtiers et agents d'immeubles. "
Quant à moi, ce sont deux fonctions qui sont incompatibles et je pense
que la précision, dans le document de consultation, est
justifiée. Je voulais juste échanger et approfondir la
réflexion avec vous. Et c'est pour ça, d'ailleurs, quand vous
parlez d'une fédération, à la page suivante: "Les chambres
devront voir à se créer une fédération, afin
d'assurer leur représentativité auprès de l'organisme. "
Ça pourrait, à mon avis, être... ou peu importe le concept
qui sera retenu, mais je pense que ça devrait surtout être la
responsabilité des chambres, d'une future fédération ou
peu importe...
M. Gauthier:... Éventuellement, les chambres devront le
faire.
M. Boisclair:... de voir qu'est-ce qui en est. Vous insistez
beaucoup sur la question de la formation. Là, je dois vous dire, en tout
respect pour votre opinion, que je suis un peu réticent à arriver
aux mêmes conclusions que vous. Vous le soulignez, vous vous attendiez
sans doute à ce genre de commentaires lorsque vous dites: "... il y a
trop d'agents... Je sais que c'est là attaquer un sacro-saint principe
de libre emploi et concurrence, mais c'est aussi attaquer le sérieux de
la profession. Il est connu que, si 2000 nouveaux agents apparaissent à
chaque année, il y en a aussi 2000 qui disparaissent. Je dis:
Arrêtons l'hémorragie"
J'aimerais essayer de suivre votre raisonnement sur cette
question-là et vous demander, dans un premier temps: Ces 2000, ce sont
des chiffres qui vous viennent d'où?
M. Gauthier: Oisons que c'est un chiffre qui... Même,
remarquez que la question, je l'ai déjà posée au Service
du courtage immobilier et on n'a pas été capable de me
répondre parce qu'on ne le savait pas. Mais c'est un.. On n'a pas pu me
répondre, me dire: Oui, il y en a tant qui partent, il y en a tant qui
arrivent. Il y en a trop qui arrivent et il y en a trop qui partent.
L'immobilier actuellement, le courtage immobilier, c'est un moulin à
vent qui fait que, finalement, c'est tout le monde qui rentre et tout le monde
qui sort. Il y en a trop. C'est pour ça qu'il faut faire un stop
à ça.
M. Boisclair: Moi, j'aimerais bien qu'on...
M. Gauthier: Le stop, c'est la formation, c'est d'avoir des
exigences académiques plus élevées.
M. Boisclair: Mais souvent il y a des gens aussi qui
prétendent qu'il y a effectivement un problème de ce
côté-là, mais que la réalité n'est pas aussi
dure qu'on voudrait le prétendre. On me dit, par exemple, que quelqu'un
qui change, si ce n'est que de courtier, est inclus dans les statistiques de
gens qui sortent et qui rentrent. En tout cas, il s'agira de vérifier.
Mais je serais curieux de voir exactement c'est quoi, les définitions de
quelqu'un qui sort, quelqu'un qui rentre et comment, statistiquement, on arrive
à ces conclusions. Mais je me dis soit pour une augmentation de la
qualité de la formation, si ce n'est que pour l'image de marque de la
profession, je pense que ce sera tout simplement tout à son honneur. Je
peux comprendre aussi votre réaction lorsque vous donnez l'exemple d'une
compagnie de courtage qui a même déjà annoncé
à la radio qu'elle donnait des cours d'agent d'immobilier et qu'il
n'était mémo pas nécessaire d'avoir un secondaire V. C'est
un problème, c'est un extrême mais, à mon avis très
personnel, il ne faudrait pas tomber dans l'autre extrême.
Contingenter, ça veut dire... Il y a bien des façons de le
faire, de contingenter. On peut contingenter par des permis, on voit ce que
ça donne, par exemple... Je sais que toute comparaison peut être
un peu... peut illustrer un problème en soi, mais on voit ce que
ça a donné dans le domaine de la construction, où le
nombre de permis est réglementé. Et laissez-moi vous dire que
ça ne fait pas l'affaire de bien des gens, particulièrement des
jeunes qui entrent sur le marché du travail. Il y a moyen d'avoir une
forme de contingentement en rendant la profession plus difficilement
accessible. Ça aussi, c'est une autre chose Moi, à l'heure
actuelle, j'aimerais ça quo vous puissiez me justifier jusqu'à
quel point, à votre avis, et pourquoi il y a trop de courtiers et c'est
quoi, la limite. Si on dit qu'il y en a trop, il faut aussi fixer, il faut voir
jusqu'à quel... Où va-ton mettre le plafond?
M. Gauthier: Disons que...
M. Boisclair: Et c'est souvent Ce seront sûrement des
jugements de valeur un peu arbitraires qui seront apportés. Je vois
déjà des gens venir cogner à nos bureaux pour nous
demander des faveurs, pour essayer d'obtenir un permis, comme on le fait
souvent pour des permis de construction. Alors, j'aimerais que vous me parliez
de votre réalité et qu'est-ce qui vous amène à
faire cette réflexion-là.
M. Gauthier: Quand on parle qu'il y a trop d'agents immobiliers,
je prends un exemple. Je vais vous donner un exemple concret. Je vis à
Saint-Jérôme. J'ai commencé en immobilier en 1981. En 1981,
on était, à Saint-Jérôme, environ 30 agents
immobiliers. Il y avait deux compagnies: Le Permanent et une compagnie
privée. Aujourd'hui, huit ans plus tard, il y a environ sept ou huit
compagnies, il y a au dessus de 100 agents qui travaillent dans cette
même région-là.
À mon avis, je ne pense pas que la région ait
augmenté le... que le ratio humain ait assez augmenté pour faire
une différence au niveau de la densité des agents. Ce qui arrive,
c'est que d'après moi.. La raison pour laquelle je dis qu'il y a trop
d'agents, c'est que finalement, la formation étant...
l'accessibilité étant trop facile, on permet à Pierre,
Jean, Jacques et à n'importe qui qui veut devenir agent d'immeubles...
On devrait resserrer de façon catégorique, là-dessus, les
exigences académiques.
M. Boisclair: Ça, là-dessus, on se suit, mais ce
que je vous dis, c'est qu'il ne faudrait pas noyer le bébé avec
l'eau du bain.
M. Gauthier: Pardon?
M. Boisclair: II ne faudrait pas noyer le bébé avec
l'eau du bain.
M. Gauthier: Oui, oui
M. Boisclair: Je souhaite; que tout Ie monde, je pense, ici,
autour de la table, puisse reconnaître le problème de formation.
Je pense que les gens qui sont venus témoigner devant nous sont
unanimes. Mais est ce que contingenter la profession, c'est là la
meilleure façon d'arriver à nos fins?
M. Gauthier: Écoutez, c'est sûr...
M. Boisclair: Parce que comme législateurs, si jamais on
contingente, on aura la responsabilité de fixer une limite, fixer un
plafond qui sera un peu arbitaire, qui sera...
M. Gauthier: J'avoue que contingenter, ça peut Je l'ai
donné comme possibilité, mais c'est certain que ça reste
une chose difficile Remorquez qu'actuellement on vit uno situation
économique qui... ce que j'appelle, moi, un temps d'épuration.
C'est certain que tout ce qui s'appelle bois mort va tomber. On ne passera
pas... Il n'y en a pas... Tous ceux qui ne seront pas capables de survivre
à ce temps économique qu'on vit là, ce qu'on appelle le
bois mort, les branches vont tomber.
M. Boisclair: Est-ce qu'on est en récession?
M. Gauthier: D'après moi. oui, malgré ce que MM.
Mulroney et Wilson en disent.
M. Boisclair: Et Bourassa...
Le Président (M. Forget): M. le député de
Gouin, votre temps est écoulé Alors, Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, ça revient souvent au
cours de discussions, ici ou ailleurs dans des salons, le fait qu'il y a trop
d'agents. Les courtiers nous disent ça. Pourtant, c'est les courtiers
qui engagent les agents. Alors, je me dis:, Vous voulez qu'on fasse votre job
pour vous autres. Peut-être que les courtiers devraient commencer
à examiner leur profession et à dire, s'ils sont sérieux
dans cette profession-là - et ceux qui ont le plus à perdre de
tout le monde, ce sont bien les courtiers - il faudrait peut-être qu'ils
se parlent et qu'ils décident de se prendre en main eux-mêmes. Je
ne suis pas sûre que ce soit à nous de faire ça pour vous.
Il y a des courtiers qui, quand on a un cycle économique ascendant,
remplissent les pupitres. Et, quand on est en descente, là, ils disent:
On a trop d'agents. C'est vous qui les avez engagés, les agents. Alors,
je pense que la première responsabilité, c'est la vôtre...
aux courtiers. Et je m'excuse.. C'est de valeur qu'il n'y en ait pas plus que
ça, il y a eu des jours où il y en avait plus que ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: On en discutera dans le prochain bulletin mensuel
de l'Association.
Mme Robic: C'est ça! Mais je pense que dans la libre
entreprise il y a une responsabilité qui revient aux intervenants... un
certain nombre de responsabilités reviennent à ces
intervenants-là. Ce n'est pas toujours... Vous nous dites: Vous autres,
au gouvernement, vous faites trop de lois, vous faites trop de
règlements, laissez-nous tranquilles. Mais, quand vous avez un
problème, vous dites: Réglez donc notre problème pour nous
autres;
Mais moi, messieurs, mesdames, je refuse de faire ça. Vous avez
une belle profession, j'en ai fait partie, les gens me disent: On le sent que
vous connaissez ça, Mme la ministre, et que vous l'avez aimée.
Mais il faut que vous vous preniez en main. Et quand le marché est bon,
bien, tout le monde va faire plus d'argent, et quand le marché est moins
bon, bien, vous allez perdre moins d'argent. Les statistiques sont très
bonnes: depuis le 1er avril, 2000 sont sortis. Donc, peut-être qu'il y en
avait 2000 de trop dans la profession, je ne le sais pas. Mais de la minute que
le marché descend... Vous avez fait une épuration et vous
n'apprenez pas, vous recommencez aussi vite quand vous êtes dans un
marché ascendant. Alors, je pense que ça, vous devriez en
discuter entre vous, les courtiers, ce serait important. Je ne peux pas tout
régler. Je m'occupe du consommateur et lui, du moment où il y a
un agent qui va bien le servir, et j'espère qu'il le sert bien... Mais
je pense que c'est important. Vous auriez des agents de carrière...
ça durerait plus longtemps si vous les choisissiez également plus
sérieusement.
Vous parlez du courtier, et je m'amuse beaucoup quand je vois vos
remarques, d'abord
Ah! Puis je ne peux pas... Je m'excuse, avant de parler du courtier,
moi, je voudrais vous dire que je suis une de ces femmes qui, après
avoir élevé ses enfants, suis allée dans le courtage
immobilier, puis j'ai fini comme ministre responsable des institutions
financières.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gauthier: C'est très bien. Félicitations,
madame. C'est magnifique.
Mme Robic: Je voudrais vous parler des courtiers en immeubles.
Vous dites: C'est trop facile d'être courtier.
M. Gauthier: Plutôt "d'être agent".
Mme Robic: C'est trop facile d'être agent?
M. Gauthier: D'être agent. Le courtier, aujourd'hui...
c'est que les restrictions sont devenues plus sévères depuis
environ deux ou trois ans. Mais c'est surtout au niveau des agents que je
parle. Quand je dis qu'il y en a trop, ce sont les agents. Aujourd'hui, Mme
Robic, c'est que les agents ont une tendance maintenant à se diriger
vers le courtage, c'est-à-dire qu'ils vont chercher leur permis de
courtier. C'est la tendance actuelle. Qu'est-ce qui a fait ça?
Probablement à cause de certaines compagnies, comme RE/MAX, par exemple,
qui a encouragé fortement les agents autonomes. Mais la tendance,
actuellement, va vers le courtage. Donc, les agents qui ont des permis se
dirigent vers ça. Ils deviennent, un peu comme moi, un petit courtier
indépendant.
Mme Robic: Alors, il faut resserrer, je pense que c'est unanime,
la formation; il faut être plus exigeant au niveau de la formation, mais
je croirais qu'il faille également être plus exigeant si on veut
partir d'agent d'immeubles pour devenir courtier. Je crois qu'il faudrait
également s'assurer que le courtier peut très bien jouer son
rôle de directeur d'un bureau de succursale ou d'un bureau
indépendant qui a de la gestion à faire, de la motivation, de la
formation, etc. Je pense que ça a besoin d'être formé. Mais
vous parlez de jeunes blancs-becs qui partent d'agents pour devenir courtiers.
Et dans vos prérequis au permis de courtier, vous dites: Les 10 000 $,
de toute façon, ce n'est pas vraiment important d'avoir un
prérequis financier pour être courtier. Vous ne pensez pas que ce
serait nécessaire, justement, que, si quelqu'un veut devenir courtier et
solvable, il doive montrer une certaine solvabilité, et qu'on
évitera justement que tout le monde devienne courtier puis puisse ouvrir
sans expérience un bureau sur le coin de la rue? Mais, s'il y a des
exigences économiques autant que de formation, est-ce qu'on ne rehausse
pas la qualité du courtier?
M. Gauthier: O. K. Disons que, quand j'ai parlé qu'il y
avait des jeunes blancs-becs qui étaient agents puis qui devenaient
courtiers, ce n'est pas tout à fait ce que j'ai exprimé. Dans le
fond, ce qui arrive, c'est qu'il y a des agents d'immeubles qui, aussitôt
qu'ils ont leur permis - ça, je l'ai vu, je l'ai vécu, je
pourrais vous nommer des noms, enfin, mais je ne le ferai pas - c'est
arrivé que des agents d'immeubles qui avaient à peine leur permis
dans leur poche ont ouvert, par l'entremise d'un courtier, un bureau. Je ne
vous dis pas qu'ils sont devenus courtiers, mais ils sont devenus, si on veut,
directeurs d'une succursale dans une ville donnée. Mais, dans le fond,
ils venaient juste d'avoir leur permis d'agent d'immeubles. En ce qui a trait
à l'histoire de dire que le type doit avoir 10 000 $ ou 100 000 $, c'est
certain que, s'il en a 100 000 $, ça va peut-être sécuriser
un peu plus de monde. Mais, dans le fond, c'est certain aussi que le courtier
qui part en courtage a déjà un bagage derrière lui, un
bagage d'expé rience, évidemment, il a aussi un bagage financier,
j'imagine, parce qu'il y a quand même un investissement à faire.
C'est pour ça que je dis que, même au point de vue structure de
bureau, c'est facile aujourd'hui, ça va tellement vite avec
l'informatique puis ces choses-là de dépasser 10 000 $
d'investissement. Donc, dans le fond, qu'il ait 10 000 $. 15 000 $ ou 20 000 $,
peu importe, je ne pense pas que ce soit la chose... (16 h 45)
Mme Robic: Justement, j'étais pour prendre la parole pour
dire que l'argent n'égale pas qualité non plus. Je me suis
évadée... Vous avez raison.
M. Gauthier: Ce sont des choses qui arrivent.
Mme Robic: Vous êtes contre les bureaux
multidisciplinaires. Pourtant. vous êtes - est-ce qu'on peut dire
"région"? - d'une région éloignée d'un grand centre
Certains sont venus nous dire qu'ils avaient non seulement besoin d'un cabinet
multidisciplinaire, mais même du cumul des permis pour pouvoir survivre
où la demande, où la possibilité d'une clientèle
est plus faible, donc ont besoin d'avoir plusieurs produits à vendre au
même moment qu'on fait de l'immobilier. Vous nous dites
complètement le contraire, vous nous dites: Non au cumul et non au
cabinet multidisciplinaire Alors, j'aimerais vous entendre là
dessus.
M. Gauthier: O. K. Disons, pour ce qui est du cumul des permis,
c'est certain, d'après moi, qu'on se doit de rester quand même
dans la structure de l'immobilier autant que possible, éviter un trop
grand éparpillement, finalement, puis de rester quand même,
là... L'immobilier c'est l'immobilier. C'est déjà un
domaine qui est tellement exigeant, qui demande tellement de
capacités puis, en fin de compte, de raisonnement puis d'approche
au niveau d'un bon service, aussi, auprès de la clientèle. Je
pense qu'au niveau du cumul des permis c'est quand même important que ce
soit très restreint, qu'il n'y en ait pas de ça. C'est
évident qu'il y a des bureaux... J'ai déjà vu des bureaux
de courtage immobilier où il y avait différentes personnes
intervenant, pas juste des courtiers, pas juste un courtier ou des agents,
là. Il y avait aussi... On pouvait même y aller avec... Il y avait
au sein même du bureau, par exemple, un notaire qui pouvait être
là, un arpenteur-géomètre. Enfin, il y avait plusieurs
personnes qui étaient réunies au sein.. dans la même
boîte, si on veut, puis qui donnaient un service, il peut y avoir,
à ce moment-là... il y a un certain conflit
d'intérêts, et puis c'est peut-être dans ce sens-là
que je le vois, moi. C'est tout simplement ça, éviter
peut-être qu'il y ait trop de petits contacts, si on peut dire, mais
enfin qu'il y ait trop d'intervenants là-dessus.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, votre temps est
écoulé.
Mme Robic: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Forget): Alors, je passe la parole au
député de Gouin.
M. Boisclair: Pour revenir sur un certain nombre
d'éléments, vous revenez encore sur ce thème dominant dans
votre mémoire: "Parce qu'il y a trop d'agents immobiliers, il faut
maintenir la prohibition de faire autre chose que de l'immobilier, et ce,
même s'il n'y avait pas assez d'agents. " là. vous parlez de lai
maman qui fait de l'immobilier et du papa qui vient de prendre sa retraite
après 33 ans dans renseignement. "Il faut éliminer ces parasites
-- vous: dites - qui viennent, le temps d'une rose, emmerder tout le monde. "
Je vous cite au texte. Ma foi du bon Dieu, est-ce que c'est de la
responsabilité du législateur...
M. Gauthier: C'est..
M. Boisclair:... de venir mettre ce genre de restriction? Le
monsieur qui vient de prendre sa retraite, il peut très bien s'ouvrir un
commerce, il peut continuer de faire une pratique à temps partiel
d'avocat, de notaire... Je ne vois pas pourquoi on empêcherait quelqu'un
d'accéder à la profession. Et sur quelle base? En fonction de
l'âge? En fonction de. Ce serait discriminatoire en fonction de la
charte, premièrement, de faire une telle différence...
M. Gauthier: Je sais bien que
M. Boisclair: Ce sont des problèmes concrets auxquels on
aurait à répondre, là
M. Gauthier: C'est ça. Non, je sais bien que, à ce
moment-là, c'est attaquer aussi, comme on dit, le libre emploi, et aussi
la liberté d'emploi, puis ainsi de suite, je suis bien d'accord avec
ça. Quand je dis qu'il y a trop d'agents, c'est justement, il faut quand
même réussir... D'après moi, la clé demeure la
formation, avoir des exigences académiques plus élevées.
C'est là qu'est le...
M. Boisclair: Vous diluez votre propos qui était dans le
mémoire.
M. Gauthier: Oui, mais disons que je demeure quand même
convaincu qu'il y a définitivement encore trop d'agents d'immeubles.
M. Boisclair: Sur la question de la multiplication des
catégories, soit, on n'est pas au lac de Tibériade, on se
comprend bien, mais il s'agira de voir de quelle façon la ministre
procédera, par spécialisation, par cumul de permis, un certain
nombre de choses, par catégorie, pardon. Et je pense qu'on a la
responsabilité de suivre l'évolution de la profession. II y a des
gens qui sont venus témoigner qu| font partie de différents
secteurs qu'ils disent spécialisés et qui requièrent,
à leur avis, une connaissance particulière, que ce soit au niveau
de la formation, que ce soit au niveau des connaissances du marché. Je
pense qu'on pourrait arriver - à tout le moins souhaitons-le - à
un consensus.
Sur la divulgation des conflits d'intérêts, on n'a pas
beaucoup parlé, à date, de la question de la spéculation
immobilière. Vous dites, dans votre mémoire. 'Toute
spéculation immobilière, de la part des courtiers ou agents,
devrait être strictement interdite, car c'est là la meilleure
manière de détruire une image de profession nalisme" Comment
définissez-vous la spéculation immobilière et comment
l'interdirait-on? Je sais qu'il y a RE/MAX, je crois, ou, je ne sais pas, il y
a un certain nombre de... Il y a une entreprise qui est venue nous parler de
son code de déontologie propre à l'entreprise. Mais comment la
définissez-vous, la spéculation, et comment l'empêcher?
M. Gauthier: La spéculation immobilière, en fait,
c'est... Si on parle d'immobilier, en tant qu'agent, c'est l'agent qui va
acheter une propriété dans une année et qui va la revendre
dans la même année. Ça, moi, je dis: Non, il n'en est pas
question. Parce que sans ça vous abimez carrément l'image de
professionnalisme qu'on doit avoir, qu'il faut avoir aussi. Je dis qu'un agent
devrait garder au moins trois ans la propriété qu'il a
achetée, le temps aussi de se... On voit des cas, on en vit chaque jour
ou presque, où ça peut être fait, ce genre de chose
là. On sait que des fois il y a des gens qui nous confient leur
propriété de toute bonne foi, qui nous disent: Bien voici, M.
Gauthier, on veut vendre notre
triplex, on ne sait pas quel prix ça vaut, donnez-nous une
opinion de valeur marchande et, après ça, on le mettra en vente.
En discutant avec les gens, c'est facile de leur faire dire, eux, ce qu'ils en
pensent de leur propriété et de leur faire dire aussi combien ils
pensent que ça peut valoir. Par exemple, un triplex, si on dit:
Monsieur... Dans sa tête, ça fait 25 ans qu'il l'a et, lui, il
dit: Mon triplex vaut à peu près 90 000 $. L'agent d'immeubles
sait très bien que ça ne vaut pas 90 000 $. Ça peut valoir
125 000 $. S'il dit: O. K., je vous l'achète à ce prix-là
et qu'il lé revend deux mois après, il fait une passe. Par
exemple, il le revend 110 000 $. Il vient de faire 20 000 $ vite faits. C'est
des choses qui ne peuvent pas être permises. C'est un exemple concret.
Disons que je ne vous dis pas que c'est arrivé, mais c'est des choses
qui peuvent arriver. Donc, c'est dans ce sens que je dis que ça ne doit
pas être fait.
M. Boisclair: Si je traduis bien vos préoccupations, vous
dites que l'organisme d'autoréglementation qui aura à
définir un code de déontologie devrait étudier cette
question des spéculations et inclure...
M. Gauthier: Actuellement, on sait que la loi dit que l'agent ou
le courtier doit dire que c'est un agent ou un courtier, quand il fait partie
de la transaction. Ça va. C'est certain que ça peut être
difficile aussi. C'est quand même une tâche difficile qui peut
survenir, dire: Comment va-t-on faire pour... Parce qu'un agent peut dire: Je
vais le faire acheter par ma femme, je vais le faire acheter par mon
beau-frère. À ce moment-là, il y a toutes sortes
d'échappatoires, mais il faudra essayer de déterminer la
façon d'éviter ces échappatoires.
M. Boisclair: Je vous remercie pour votre présentation. Je
serais curieux de connaître le point de vue de la ministre sur cette
question.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, M. le
député do Gouin Alors, Mme la ministre, la conclusion.
Mme Robic: Mon cher confrère, je ne peux pas tout vous
dire d'un seul coup. Ça fait 24 heures que vous êtes responsable
du dossier Vous allez apprendre à me connaître avec le temps.
Merci infiniment, M. Gauthier. Comme je vous l'ai dit, on a
apprécié votre présence parce que c'est important, et vous
l'avez dit, qu'on puisse avoir l'opinion de gens qui opèrent un peu
partout à travers la province, et vous êtes une de ces personnes
qui opérez dans le nord de Montréal. Donc, on apprécie que
vous ayez pris le temps de venir nous voir ici. Merci beaucoup.
M. Gauthier: Ça me fait plaisir.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, Mme la ministre
M. le député do Gouin.
M. Boisclair: Je serais tenté, a mon tour, de dire que la
ministre fait de la petite politique mais je ne le ferai pas. Que ça
fasse 24 heures, que ça fasse 48 heures, que ça fasse un mois ou
deux ans, là n'est pas la question. Je vous remercie, monsieur, pour
votre présentation.
Le Président (M. Forget): Au nom des membres de la
commission, M. Gauthier, on vous remercie beaucoup de votre participation.
Merci.
On va suspendre la commission deux petites minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 54) (Reprise à 17 h
3)
Leopold, Consultants Immobiliers inc.
Le Président (M. Forget): La commission reprend ses
travaux. Je demande au représentant de Leopold, Consultants Immobiliers
de prendre place à la table des témoins.
Dans un premier temps, je demanderais à monsieur de
s'identifier.
M. Leopold (Stephen): Bonjour. Est-ce que vous m'entendez
bien?
Le Président (M. Forget): Oui, on vous entend bien. Est ce
que vous êtes accompagné de quelqu'un?
M. Leopold: Oui, je suis accompagné de Me Carole
Paré, un de nos avocats seniors chez Leopold, Consultants
Immobiliers.
Le Président (M. Forget): Je vous rappelle maintenant les
règles de l'audition: 20 minutes seront d'abord consacrées
à l'exposé de votre mémoire, suivies d'une période
de 40 minutes d'échanges avec les membres de la commission. Sans plus
tarder, nous vous écoutons.
M. Leopold: Merci beaucoup.
Mme l'honorable ministre, chers membres de la commission, ma compagnie
vous a soumis un mémoire détaillé, et je me
présente devant vous aujourd'hui afin de promouvoir et tenter de
préserver un système de libre entreprise dans l'industrie
québécoise du courtage immobilier. Les deux raisons les plus
importantes de la sauvegarde d'un tel système sont: un, la protection du
consommateur et, deux, la prévention de la formation d'un monopole ou
d'un oligopole dans l'industrie qui servirait ses propres
intérêts
On a suggéré à ce comité l'idée que
les chambres immobilières puissent agir comme des organismes
responsables de l'industrie du courtage immobilier Mesdames, messieurs, ai
je
besoin de vous rappeler que, la journée même ou la loi fut
présentée à l'Assemblée nationale, plusieurs de ces
chambres d'immeubles ont fait l'objet. d'enquêtes pour transgression de
la loi sur la concurrence tout au long de leur. existence, ces chambres
d'immeubles ont toujours fait passer les intérêts de leurs propres
membres avant ceux des consommateurs. Elles ont fait tout ce qui leur
était possible pour s'accorder un maximum de pouvoirs sur le
marché de l'immeuble et des honoraires souvent exagérés.
Il est maintenant prouvé qu'un bon nombre de chambres d'immeubles ont un
dossier qui milite contre le consommateur. Pourtant, ces chambres d'immeubles
daignent aujourd'hui se présenter devant vous en demandant qu'on leur
accorde des pouvoirs d'autoréglementation. Accéder à cette
requête ne pourrait signifier autre chose que de permettre à leurs
membres de tromper davantage le consommateur, et ce serait leur accorder le
pouvoir absolu de brimer les droits que tout individu a de gagner sa vie.
Prenons pour exemple le cas de ma propre compagnie. J'ai établi
la plus grande compagnie en Amérique du Nord à ne
représenter que les utilisateurs d'espaces industriels et de bureaux.
Nous avons adopté une approche qui permet d'éliminer tout conflit
d'intérêts et nous sommes ainsi devenus la plus importante firme
de Montréal dans l'industrie de l'espace à bureaux. À
titre d'exemple, nous avons dans les trois dernières semaines
représenté Provigo, qui a elle-même un haut niveau
d'expertise dans le domaine immobilier, pour le nouvel emplacement de son
siège social. Nous avons représenté Unigesco et son
président, M. Bertin Nadeau, pour les locaux de leur nouveau
siège social, et nous avons agi pour le compte de Price Water-house pour
leurs besoins en matière de tout leur espace montréalais. Et
pourtant le fait est que, si j'avais eu à passer par la Chambre
d'immeuble de Montréal pour obtenir mon permis, je ne l'aurais jamais
eu. Et, si j'avais obtenu ce permis, il m'aurait éventuellement
été retiré par celle-ci puisque ma compagnie, qui n'agit
qu'en faveur de l'utilisateur d'espaces, doit souvent suivre des voies qui
diffèrent de certains règlements de la chambre.
Par exemple, ma compagnie ne peut réaliser la meilleure affaire
possible pour nos clients si nous devons adhérer à la
règle de la chambre concernant l'inscription. Cette règle nous
empêcherait, en tant que représentant mandaté par notre
client, l'utilisateur d'espaces, d'approcher le propriétaire d'un
édifice si un autre agent d'immeubles avait déjà
reçu le droit de poser une affiche devant cet édifice. Tout le
succès de mon entreprise repose sur le fait que nous puissions procurer
à nos clients des termes et conditions supérieurs, en
négociant directement avec les propriétaires d'espaces.
Ma compagnie travaille pour le compte d'entreprises et de firmes
professionnelles qui négocient avec les propriétaires de tours
à bureaux et d'édifices industriels en Amérique du Nord.
Pour pousser la chose encore un peu plus loin, mentionnons le fait que, si
quelqu'un voulait s'approprier notre concept de ne représenter que
l'acheteur ou le locateur, soit l'utilisateur d'espaces, et s'il voulait
l'appliquer au domaine résidentiel, il contreviendrait, lui aussi,
à plusieurs règlements de la chambre et il aurait d'importantes
difficultés à avoir un permis de celle-ci.
La concurrence est bénéfique pour le consommateur. C'est
maintenant une affaire publiquement connue que le Bureau de la politique de
concurrence a cité certaines chambres d'immeubles, de partout à
travers le pays, à propos de pratiques anticoncurrentielles. Le Bureau a
même ordonné à ces chambres d'immeubles de publier le texte
de l'ordonnance d'interdiction émise par la Cour fédérale
du Canada et ayant trait à leurs pratiques anticoncurrentielles. Parmi
les chambres d'immeubles en question se trouvaient les chambres
immobilières de Montréal, de la ville de Québec, de Hull
et de Chicoutimi.
Regardons un instant quelques-unes des déclarations de
l'ordonnance adressée à la Chambre d'immeuble de Montréal,
aux chambres d'immeubles que j'ai déjà mentionnées, ainsi
qu'à plusieurs autres chambres dans tout le Canada. On leur a
commandé de le publier sous forme d'avis public, lequel a paru dans
La Presse et The Gazette du jeudi 19 janvier 1989. Je vais le
lire. "Avis public d'une ordonnance d'interdiction publié par la Chambre
d'immeuble de Montréal. "Le 20 décembre dernier, la Cour
fédérale du Canada a émis une ordonnance d'interdiction en
vertu de la Loi sur la concurrence qui s'applique à la Chambre
d'immeuble de Montréal et autres chambres immobilières qui ont
récemment fait l'objet d'enquêtes par le Bureau de la politique de
concurrence. Ces enquêtes étaient fondées sur des plaintes
que certaines d'entre elles tentaient de restreindre la concurrence.
L'Ordonnance a également des répercussions sur la conduite
professionnelle des chambres et des associations membres de l'Association
canadienne de l'immeuble. "On compte également parmi les chambres
mentionnées dans l'Ordonnance les chambres immobilières de
Chicoutimi, de la ville de Québec, de Hull, de Regina, de Calgary, de
Fraser Valley, de Windsor et de London. L'ordonnance interdit aux chambres de
s'engager dans les pratiques suivantes: "1. de commettre des infractions aux
termes des dispositions de la Loi sur la concurrence concernant les complots et
la fixation des prix; "2. de fixer ou de contrôler les honoraires ou la
répartition des honoraires exigés par les membres en retour de
services interagences (SIA) ou tout autre genre d'inscription;
"3. d'exiger que les éditeurs autonomes, tels les journaux,
refusent certaines annonces, y compris celles qui font mention de taux de
commission réduits; "4. de limiter l'offre ou l'annonce aux
propriétaires-vendeurs d'incitations, d'encouragements, de rabais, de
prix, de remboursement et de certains services offerts par leurs membres; "5.
de limiter les annonces que désirent faire paraître les membres,
sauf s'il s'agit de publicité fausse ou trompeuse, si cette
publicité est interdite par la loi ou si le propriétaire-vendeur
y impose des restrictions; "6. d'empêcher les membres de solliciter du
personnel de l'immobilier qui travaille pour le compte d'autres membres ou de
nos membres; "7. de dissuader les membres de travailler en collaboration ou en
cocourtage avec des non-membres; "8, de refuser - et je le répète
- de refuser l'adhésion aux requérants qui ont obtenu un permis
des autorités provinciales, sauf si ceux-ci ne rencontrent pas des
exigences financières ou de formation raisonnables ou des
critères d'intégrité requis en vue de protéger le
public; "9. de refuser l'adhésion aux requérants qui ne
travailleraient pas à plein temps dans le secteur immobilier, sauf si
les lois ou les règlements provinciaux l'autorisent; "10.
d'empêcher les membres d'offrir ou de mettre sur le marché tout
genre d'inscription; "11. d'exiger que la parution d'inscriptions de
propriétés à vendre dépasse une durée
minimaie de 60 jours; "12. de refuser de faire paraître des inscriptions
au réseau SIA ou dans les publications des chambres à cause des
taux de commission ou des honoraires mentionnés dans l'inscription. "
Puis, ça continue, mais ce sont les 12 points.
Tous ces points que je viens de lire soulèvent de graves entraves
à la libre concurrence et à la liberté d'entreprise, mais,
en particulier, le point numéro 3 doit attirer notre attention. Y a-t-il
quelque chose qui soit plus important pour notre société que la
liberté d'expression? Un aspect clef de cette question repose sur le
droit de la presse d'imprimer ce qu'elle considère être la
vérité. Ce point 3 qui mentionne que la Chambre a tenté
d'exiger que les éditeurs autonomes, tels les journaux, refusent
certaines annonces, y compris celles qui font mention de taux de commission
réduits, passe totalement à côté de tout ce que doit
être une société libre. (17 h 15)
Madame, messieurs, la Cour fédérale du Canada a mis en
garde des chambres d'immeubles de partout au Québec et au Canada contre
les pratiques anticoncurrentielles décrites dans la déclaration
du 19 janvier 1989. Si on les a mises en garde par rapport à ces
pratiques, c'est qu'elles ont été trouvées couplables de
s'y être engagées par le passé. Les agissements de ces
chambres portent directement atteinte à la libre entreprise. Ils
constituent une tentative de prendre le monopole du marché. Bref, ils
portent atteinte aux droits du consommateur d'être informé et,
surtout, d'avoir la possibilité d'obtenir de ses investissements un
rendement maximum. Étant donné le fait qu'on a ordonné
à ces chambres de publier une déclaration qui
révèle et confirme leurs pratiques anticoncurrentielles,
l'idée de donner à ces mêmes chambres ou à des
organismes semblables la responsabilité de protéger les droits
des consommateurs est un contresens. Ce serait un peu comme porter la coupe aux
lèvres d'un alcoolique.
Voilà le message que j'ai à coeur de vous livrer
aujourd'hui. Voilà ce qui me préoccupe et me fait
désapprouver certaines suggestions faites, probablement
déjà, à cette commission. On pourrait croire que c'est
avec un sentiment de honte qu'un an et demi après avoir fait leur mea
culpa les dirigeants de l'industrie du courtage immobilier se présentent
devant cette commission pour dire: Oui, nous avons été
sévèrement réprimandés pour pratiques
anticoncurrentielles, mais vous devriez tout de même, dorénavant,
nous accorder la responsabilité de protéger le consommateur.
Toutefois, les intérêts qui sont en jeu ici sont grands et les
représentants de ces organismes n'ont pas le moindre sentiment de
honte.
En principe, je suis entièrement en faveur d'une industrie qui
s'autoréglemente. Pour être compétitifs sur le
marché nord-américain, les entrepreneurs québécois
ont besoin d'une certaine marge de manoeuvre. Toutefois, comme entrepreneur
québécois, je me sentirais plus à l'aise dans la
présente situation avec un contrôle gouvernemental accru et non
diminué. Pourquoi? Parce qu'à ce moment même, si, moi,
Stephen Léopold, je suis appelé par General Motors à
Detroit ou par IBM à New York ou encore par Coca-Cola à Atlanta
pour assister ces compagnies dans leurs transactions immobilières, il y
a un règlement dans le courtage immobilier au Québec qui me
défend d'accepter de telles offres. Pouvez-vous imaginer un
règlement qui interdirait à Bernard Lamarre, de Lavalin,
d'accepter des contrats d'ingénieur en Asie, en Afrique ou en Europe?
L'idée est des plus absurdes. Il s'agit d'un cas typique du genre de
règlements créés par les chambres d'immeubles dans leurs
efforts qui ne visent qu'à protéger leurs petits
intérêts. Dans le cas du Québec, ce règlement a
même été transféré dans la présente
Loi sur le courtage immobilier..
Enfin - je finis maintenant et je termine avec trois autres petits
paragraphes - nous avons vu où menait l'absence du contrôle
gouvernemental. Elle conduit les dirigeants de cette industrie devant les
autorités anticoncurrentielles.: Elle porte atteinte au
bien-être du consommateur. Elle fait sombrer dans l'oubli la notion
d'une
saine compétition.
Pour conclure. Je dirais que, s'il est bon d'avoir une industrie
autoréglementée, les membres de ses conseils devraient être
majoritairement - c'est-à-dire au moins 80 % - composés de
personnes n'ayant aucun intérêt, c'est-à-dire aucun
investissement dans les affaires immobilières. C'est uniquement avec ce
genre de protection que nous pourrons nous garder de la violation des droits du
consommateur et avec ce genre de réglementation que nous pourrons
permettre aux entrepreneurs québécois d'obtenir du succès
sur une échelle internationale. Je fais appel à cette commission
afin qu'elle y pense avant de libérer le renard dans le poulailler.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Forget): Je vous remercie. Je passe la
parole à Mme la ministre.
Mme Robic: Quel merveilleux plaidoyer pour le consommateur et
pour un dernier intervenant!
M. Leopold: Merci, madame.
Mme Robic: M. Leopold, vous avez raison. En ce moment,
l'Association de l'immeuble, de qui dépendent les chambres d'immeubles,
porte un double chapeau, joue un double rôle: celui de promouvoir les
intérêts de ses membres, en même temps qu'elle a la
responsabilité de protéger les droits du consommateur. Vous avez
raison, c'est inacceptable. Mais ça n'a peut être pas
été voulu tout à fait comme ça. Ça s'est
développé de cette façon-là avec le temps. On sait
que c'est une industrie qui n'est tout de même pas vieille, si on la
compare à d'autres. Mais n'êtes-vous pas d'accord pour dire que,
depuis quelques années tout de même, l'Association a fait des
progrès, l'industrie a fait des progrès à travers son
Association? L'Association s'est dotée... Peut-être que le
gouvernement s'est traîné les pieds jusqu'à un certain
point et que l'industrie s'est prise en main et s'est dotée d'un certain
nombre d'outils pour, justement, établir sa crédibilité:
un code de déontologie, un comité de discipline, etc. Et,
à partir de ça, oui, certainement, je suis tout à fait
d'accord avec vous qu'il y a sans doute eu des abus également dans les
mandats que les associations se sont donnés. Mais, avec ces
expériences, on peut croire que vient la sagesse ou un début de
sagesse, et ne pourrait-on pas espérer, l'Association étant
rendue à ce point-ci, qu'on peut lui confier des responsabilités
qui seraient de l'autogestion? C'est bien sûr qu'on ne change pas tout
simplement le nom de l'Association pour dire: C'est maintenant l'organisme
d'autoréglementation. Nous créons un organisme
d'autoréglementation. Certains nous ont dit que l'Association, ayant
fait certains changements, ayant mis en place certaines structures, serait
peut-être l'organisme le mieux placé pour devenir l'organisme
d'autoréglementa- tion. C'est bien sûr que, si ça se
faisait de cette façon-là, l'organisme devient maintenant celui
qui doit promouvoir les intérêts des consommateurs. C'est son seul
travail. Il n'a pas d'autre chose à faire. Les chambres pourraient se
regrouper, on l'a mentionné à quelques reprises, sous une
fédération, et, là, les chambres, bien sûr,
n'auraient qu'un seul mandat: celui de promouvoir les intérêts de
leurs membres.
Tout dépend. L'impartialité de cet organisme
d'autoréglementation dépend de la composition de son conseil
d'administration. Je sais que vous préférez que le gouvernement
reste très impliqué... le gouvernement libéral. On croit
qu'il faut responsabiliser l'industrie, quelle que soit l'industrie, sans pour
autant, quand il s'agit de défendre - je vois mon confrère qui me
regarde - se désengager. La minute qu'on touche à la protection
du consommateur, le gouvernement doit rester, jusqu'à un certain point,
impliqué et doit avoir un droit de regard sur tout organisme
d'autoréglementation.
Mais je vous reviens avec ma question: Comment est-ce, si on allait vers
un organisme d'autoréglementation -et je dois vous avouer que c'est le
consensus ici, qu'on est rendu à ce point-là - qu'on doit former
le conseil d'administration?
M- Léopold: Mme l'honorable ministre, d'abord, ce qui me
fait craindre, je pense qu'aujourd'hui nos législateurs pourraient bien
comprendre les hasards qui pourraient être devant la création
d'une sorte, disons, de comité d'autoréglementation. Ce qui
m'inquiète, c'est le groupement d'aujourd'hui, le législateur
d'aujourd'hui, en cinq ans, avec, disons, une commission
d'autoréglementation, est-ce que ce serait... Ça doit être
écrit, dans mon opinion, dans la loi, que la composition ne peut
être que d'un très petit pourcentage venant de l'industrie
elle-même, parce que... Je ne veux pas, pour ne pas dialoguer sur les
points que vous avez soulevés, sur comment les associations ont
amélioré leurs choses... mais une chose est certaine, ce n'est
pas qu'il y ait un groupe néfaste ici à Québec et non pas
dans le reste du Canada et non pas en Amérique du Nord, je ne mets pas
mon doigt dans une direction, je dis simplement que dans l'industrie du
courtage immobilier, dans toute l'Amérique du Nord, les
intérêts sont très très très bien
organisés. Et l'expérience du Québec, l'expérience
avec la loi anticoncurrence n'est pas différente de celle de Californie.
Elle n'est pas différente de... Il y a quatre mois, dans la ville de
Kingston en Ontario, il y a un journal qui s'appelle Whig-Standard,
c'était seulement il y a quatre mois, et les associations ou
l'association, le groupement des entreprises immobilières, elles ont
menacé le journal, Whig-Standard de retirer toutes leurs annonces
parce qu'ils ont publié des articles disant comment vendre votre maison
vous-même. Puis c'est typique de l'industrie, d'un
océan à l'autre, que ce soit aux États-Unis, que ce
soit au Canada. Je dis simplement: Moi, je crains... je suis certain
déjà que la composition du conseil pour
l'autoréglementation, la première composition, serait, disons,
une composition qui préviendrait beaucoup des choses que je crains. Mais
ce que moi je crains, c'est ce qui se passera après ça. Si ce
n'est pas écrit dans la loi, je sais ce qui se passera avec les
intérêts immobiliers, comment ils agissent, non pas seulement ici
à Québec, mais partout en Amérique du Nord. Est-ce que
j'ai répondu? J'espère.
Mme Robic: Oui, c'est que j'ai des problèmes, parce
qu'avec un organisme d'autoréglementation l'organisme doit être
formé des membres de l'industrie. C'est un peu.. On se sert un peu du
modèle des corporations professionnelles, et les corporations
professionnelles sont composées de membres mêmes de
l'industrie...
M. Leopold: Mais, vous voyez, avec les.. Pardon.
Mme Robic: Allez
M. Leopold: Avec les corporations professionnelles,
effectivement, je ne connais pas toutes les statistiques, mais, si on prend les
cinq premières grandes compagnies dans l'industrie, il n'y en a pas
beaucoup qui restent. Le pourcentage des agents à employer. Si on prend
tous les agents immobiliers, moi j'ai lu des statistiques, un jour, que 90 % de
tous les agents étaient employés par cinq grandes compagnies.
Moi, je vois quelques difficultés avec ça...
Mme Robic: Je me demande si c'est encore...
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, votre temps est
écoulé. Alors, je passe la parole au député de
Gouin.
M. Boisclair: Allez, allez.
Mme Robic: Vous avez mentionné un nombre...
M. Boisclair: Je croyais que vous continuiez...
Mme Robic: Ah! Non, non.
M. Boisclair: Si vous posez une autre question...
Mme Robic: Non, allez, allez.
M. Boisclair: De toute façon, on aura l'occasion de
revenir. M. Léopold, je tiens à vous remercier pour votre
présentation, pour la qualité aussi de votre mémoire qui a
le mérite de bien faire le tour de la question. J'aurais
apprécié que tout le plaidoyer quo vous avez fait pour la
concurrence se retrouve dans votre mémoire. Je serais
intéressé, d'ailleurs, à obtenir une copie de votre
allocution..
M. Léopold: Oui.
M. Boisclair:... si c'est possible de le faire.
M. Léopold: J'ai des copies ici.
M. Boisclair: Vous êtes quand même une entreprise
très particulière dans le marché..
M. Léopold: Oui.
M. Boisclair:.. puisque vous êtes à peu près
les seuls qui vous donnez comme mandat d'agir essentiellement, de
représenter des locataires commerciaux. Vous nous expliquez bien dans
votre mémoire que c'est là votre seule vocation.
M. Leopold: Oui. (17 h 30)
M. Boisclair: Vous semblez vous être dotés de
politiques institutionnelles assez sévères, et c'est tout
à votre honneur. C'est dommage qu'on vous entende cependant à la
fin de cette commission puisqu'il aurait été intéressant,
peut-être, de présenter vos propos et de questionner d'autres
membres qui sont venus témoigner devant nous et essayer de confronter
les différents points de vue pour essayer d'en sortir... de créer
une dynamique intéressante.
Je reviendrai sur une intervention que j'ai faite à plusieurs
reprises: le noeud de la question. La ministre nous consulte et consulte
l'industrie, dans le fond, sur un document qui est très vague. Et le
noeud de la question est le suivant: Qui va siéger sur l'organisme? Un
mandat de combien de temps? Comment vont-ils être élus? Comment
va-t on l'administrer? Quels vont être les mandats? Et il aurait
été intéressant, à tout le moins, d'avoir une
proposition sur la table ou, à tout le moins, d'avoir quelques
scénarios pour qu'on puisse discuter non pas de simples objectifs mais
discuter d'une proposition concrète. Ceci étant dit, il faut
comprendre - la ministre avait, je crois, raison de le souligner tout à
l'heure - qu'il y a... l'Association a quand même évolué un
peu aussi à la demande du milieu. C'est l'Association, de par son propre
chef et sous les pressions, aussi, des différentes personnes qui sont
membres de cette association qui sont dotées d'un code de
déontologie, qui a décidé d'appliquer un certain nombre de
sanctions, décidé de faire un certain exercice de contrôle,
tout en ayant aussi la responsabilité, tel que c'est défini
à l'heure actuelle, de voir. à la promotion et à la
défense des intérêts des gens qui oeuvrent dans la
profession. Je pense que, à l'heure actuelle, le débat est clair.
On s'en va vers un organisme d'autoréglementation.
Vous faites un certain nombre... et vous le présentez de
façon très habile, dans votre mémoire, et vous dites:
Toutefois, si en dépit de notre suggestion... Comme si vous aussi
arriviez à la même conclusion que moi. Vous proposez un certain
nombre de règles de fonctionnement de cet organisme
d'autoréglementation. Vous parlez de 80% de gens qui ne seraient pas de
la profession, vous parler de mandat de cinq ans possiblement non renouvelable,
et d'un certain nombre d'autres précisions. Je peux comprendre vos
préoccupations qui sont sous-jacentes à cette
proposition-là, mais j'ai toujours eu tendance à présumer
de la bonne foi des gens. C'est peut-être que je ne suis pas... je suis
peut-être un peu naïf de penser ça...
M. Leopold: Mais vous présumez de la bonne foi...
M. Boisclair:... mais je me dis: Ma foi du bon Dieu, à la
Corporation professionnelle des médecins, on n'ira pas mettre des
avocats sur l'organisme qui réglemente la profession. Comment peut-on
arriver à concilier une réalité à laquelle on ne
doit pas échapper et cette préoccupation que vous soulevez de
s'assurer qu'il n'y ait pas de noyautage ou que l'organisme n'ait pas de parti
pris ou de chose semblable? C'est un peu ça, la question que j'aimerais
débattre avec vous.
M. Leopold: Bien disons... Il y a des gens qui disent que je suis
un homme un peu coloré et je vais trouver... Mais je vais vous dire mes
mots sincères C'est qu'un médecin, il a seulement un but: faire
de son mieux pour améliorer la santé de la personne à qui
il donne son conseil. Il n'y a aucun conflit avec cet intérêt.
Dans l'immeuble, dès le début avec un courtier, il y a un
conflit. Le courtier, typiquement, il va vous dire: Je vais vendre votre maison
au meilleur prix possible. Et la minute qu'il a dit ça, il va aller
à quelqu'un d'autre et il va dire: Bon, je peux vous trouver... c'est
moi qui peux négocier le meilleur, le plus bas prix avec ce M. Untel qui
m'a donné un "listing" pour sa maison. Je n'ai jamais compris ça.
Je n'ai jamais compris ça. C'est comme si le médecin vous disait:
Je vais vous soigner de mon mieux, et, s'il va au gars qui lui donne ses gants
médicaux ou quelque chose comme ça, il dit: La personne qui va me
donner le plus gros montant d'argent, c'est de ces gants médicaux que je
vais me servir pour son opération. C'est complètement
différent parce qu'il y a deux maîtres dans l'industrie du
courtage, il n'y en a pas un. Il y a le patient, "the patient", il y a le
client, pas l'avocat. C'est son seul client. L'avocat ne peut pas être
l'avocat de la défense et l'avocat de la poursuite.
M. Boisclair: Vous soulevez toute cette question, finalement, qui
est la définition de l'acte de courtage...
M. Leopold: Oui.
M. Boisclair: Du rôle du courtier dans la transaction qui
souvent agit à titre d'intermédiaire.
M. Léopold: Je sais, mais moi j'ai des problèmes
à penser que c'est une profession comme les autres. Je suis un courtier
défini comme courtier par la loi et j'ai toujours eu de la
difficulté à être fier de cette profession. C'est la raison
pour laquelle mes annonces, ça prend une "magnifying glass", une loupe,
pour trouver le mot courtier. Dans l'industrie même, ils disent: Oui,
c'est ça, cette fois-ci, avec l'annonce de Leopold, où est le mot
"courtier"?
M. Boisclair: Where is the beef?
M. Leopold: Puis ils le trouvent, une fois, sur les "gold posts";
une autre fois, c'était sur la fenêtre, mais c'est toujours
très caché, parce que je ne suis pas fier de ça. La
clientèle que je cherche, leur dire que je suis un professionnel
courtier, à mon sens, c'est une contradiction de termes. Et, en disant
ça, je ne vois pas comment... Il y a des gens qui peuvent mettre les
côtés ensemble. Mais nous savons tous dans cette salle que le
courtier, il va dire à quelqu'un: Je vais trouver le meilleur prix
possible pour vendre votre maison. À l'instant où il aura dit
ça, il va dire à quelqu'un d'autre: Je vais négocier le
plus bas prix possible, et c'est moi qui peux le faire. Pour moi, dans le sens
de la logique, ça n'a pas de bon sens.
M. Boisclair: C'est sûr, mais il y a quand même...
J'ai entendu bien des gens défiler devant cette commission. Je peux
comprendre votre point de vue, mais je ne peux pas nier la volonté qui a
été maintes fois exprimée par des gens qui sont venus
témoigner ici, devant nous, de cette volonté de se prendre en
main, d'augmenter l'image de marque de la profession, d'augmenter les
critères d'admission dans la profession, les critères de
formation.
M. Léopold: Ça, c'est du "window dressing", ils ont
toujours fart ça.
M. Boisclair: Bien, "window dressing"! Le code de
déontologie, il n'y a personne qui les a forcés à le
développer. C'est sûr qu'ils l'ont fait parce qu'ils croyaient que
c'était la meilleure façon d'agir. Du "window dressing"...
M. Léopold: Le code de déontologie, ça
protège les courtiers Ça ne protège pas les consommateurs.
Si, moi, j'agis pour Price Waterhouse, et II y a une enseigne devant un
édifice, un courtier a mis son affiche sur l'édifice. Price
Waterhouse, le consommateur d'espace, ne nous a pas engagés pour
parler à un intermédiaire, il nous a engagés pour parler
directement au propriétaire. Et si c'est Trizec, s'ils nous ont
engagés pour parler avec Trizec, ils ne nous ont pas engagés pour
parler à un gars à un bas niveau de Trizec ou à un gars
à un niveau, disons, de vice-président. Ils nous ont
engagés pour aller à Calgary parler avec le président de
Trizec, et même à parler avec Edward et Peter Bronfman, si c'est
possible. C'est ça la raison pour laquelle ils nous ont engagés
Mais le code de déontologie, s'il y avait une enseigne devant un
édifice de Trizec, ça nous "préviendrait" de faire
ça.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Gouin, votre temps est expiré. Mme la ministre, à vous la
parole.
Mme Robic: M. Leopold, je vous trouve très dur. Je crois
que, dans tout métier, dans toute discipline, il y a des professionnels,
hein.
M. Léonard: Vous avez raison. Je m'excuse.
Mme Robic: Et je pense qu'il faut le reconnaître,
ça. Et puis "there are small fishes and there are big fishes", ça
aussi, c'est important de reconnaître ça.
M. Léonard: Je m'excuse à la profession.
Mme Robic: J'ai des problèmes parce que, pour moi, il y a
deux consommateurs. Parce que le vendeur, c'est aussi un consommateur, tout
comme l'acheteur ou le locataire. Ce sont deux consommateurs qu'on doit servir.
Donc, ils ont le droit de faire des choix. Autant, vous, vous êtes un
spécialiste de l'utilisateur - et on pourra parler du double mandat tout
à l'heure, ça peut être intéressant. Vous êtes
allé à New York, sans doute vous connaissez ça. Mais il y
a un consommateur, locateur ou vendeur qui fait une décision de dire: Je
suis ouvert pour affaires, j'ai des espaces, mesdames, messieurs, au preneur,
à celui qui m'apporte la meilleure offre, je suis prêt à
négocier avec celui qui se présentera devant moi. Et il y a
l'autre qui dit: Moi, je ne veux pas, je ne veux pas toucher à
ça, la location de mon édifice, ce n'est pas ma "business", j'ai
autre chose à faire... Bronfman ne veut pas savoir que vous allez lui
louer 100 000 pieds carrés dans l'édifice je ne sais pas quoi.
Alors lui, il dit: Moi, je veux faire affaire avec un courtier, puis ce
courtier-là va mettre sa pancarte. Mais il n'y a rien qui vous
empêche, vous ou qui que ce soit d'autre, d'approcher ce
courtier-là pour lui présenter des clients. Mon problème,
mon problème, c'est au niveau de la commission. Vous êtes
rémunéré par l'utilisateur, vrai? Vous recevez un mandat
d'une compagnie qui vous dit: Trouvez-moi tant de pieds carrés au centre
de Montréal ou ailleurs
M. Leopold: Directement ou indirectement, dépendamment de
son mandat envers nous autres.
Mme Robic: Alors, expliquez-nous comment vous êtes
rémunéré, parce que c'est mon seul problème en ce
moment, c'est à ce niveau là.
M. Leopold: Disons, effectivement, en ayant établi une
affaire, comme Xérox ¦ ils ont fait des copies avant Xérox,
mais..... - en ayant établi une industrie, parce qu'il y en a d'autres
en Amérique du Nord qui le font présentement, nous avions
dû donner le choix à notre client Je vais vous expliquer. Nous
disons à notre client: Vous pouvez nous rémunérer
directement ou indirectement. Un gars est vice-président
matériaux et acquisition d'une compagnie à Chicago. Il vient
à Montréal, il n'a pas dans son budget 100 000 $ à
dépenser pour un professionnel. Puis il vient et nous dit: Bon, combien
est-ce que ça va me coûter? Nous pouvons dire: Vous devriez,
après la transaction, nous écrire un chèque de 100 000 $
Puis il va à un courtier typique, et au niveau des courtiers en
Amérique du Nord, les compagnies comme LePage, etc, ce sont do
très bons courtiers. Puis ils disent: Pour me faire ce courtage, pour me
représenter, même, combien ça me coûterait? Le gars
va dire: Ça ne vous coûte rien, parce que je suis payé par
le propriétaire. Nous devions nous adapter, nous autres, disons,
à l'industrie, dans ce sens Puis nous disons à notre client: Vous
pouvez nous payer directement ou indirectement. Si vous avez... Par exemple,
dans le cas du groupe de Charles Bronfman, Cemp Claridge, quand ils sont
allés au Windsor, nous étions payés directement, mais
quand Coopers & Lybrand, et Clarkson, Tetrault sont allés au
Windsor, nous étions payés indirectement, ça veut dire par
le propriétaire, parce que c'était dans lé budget du
propriétaire, cet argent, "up front". Mais notre client, lui, il a
connu... Et comme je dis toujours à nos clients potentiels, ils disent:
Qui paie vos honoraires? je dis toujours: C'est vous qui payez nos honoraires,
mais vous avez le choix de les payer directement ou indirectement. Parce que
souvent les compagnies ne l'ont pas dans leur budget. Est-ce que ça
répond? Est-ce que ça répond?
Mme Robic: Ça répond très bien. "I have a
feeling that it is semantics there. " Parce que, oui...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Leopold: Sinon, je n'aurais pas de compagnie,
malheureusement.
Mme Robic: Alors, quo vous vous sentiez frustré de faire
face à une pancarte qui vous empêche de solliciter directement le
propriétaire, c'est une chose. Mais cette pancarte-là ne vous
empêche nullement d'agir sur cette bâtisse-là et de
présenter des clients, mais vous allez passer par un
intermédiaire qui est votre contrepartie, qui est l'agent du vendeur,
plutôt que l'agent du locataire.
M. Léopold: Mme la ministre, je le dis très
humblement: Surtout dans les domaines très spécialisés,
vous avez tous raison de dire que nous sommes dans un domaine très
spécialisé, et peut-être que notre domaine ne devrait pas
même être touche par quelque chose qui... Parce que ce dont on
parle ici, les intervenants que vous avez vus, la plupart parlent des maisons,
les petits magasins et tout ça. Notre domaine s'est tellement
spécialisé. Les gens qui sont des proprios,
généralement, ils sont les gros. On peut aller sur le boulevard
de Maisonneuve. C'est Aetna Insurance avec 4 000 000 000 $ d'actifs. C'est
Manuvie avec 10 000 000 000 $ d'actifs. C'est Sun Life, c'est Industrial First
Québec, c'est Trizec. Toutes ces compagnies-là ont des avocats,
des départements, des employés qui ne font que ça. (17 h
45)
S'ils ont donné le droit à quelqu'un de faire du
marketing, tous ces gens-là donnent... dans leur mandat même, ils
disent qu'ils auraient le droit de transiger avec quelqu'un d'autre. Et,
effectivement, les mandats qui sont donnés souvent disent que... Je dis.
Moi, M. Trizec, le propriétaire, j'ai le droit de faire affaire avec qui
je veux Mais je vous donne le mandat de faire le marketing dans mon building.
Puis le courtier, il met son enseigne sur le building. Puis, indirectement, il
va recevoir quelque chose, même si le proprio... si c'est un petit
proprio. Un petit gars qui n'esl le propriétaire... qui a un petit.,. Il
a dit: Bon, je veux avoir le droit de transiger avec n'importe qui. Mais, M.
Untel, vous êtes mon ami. Vous pouvez mettre votre pancarte sur mon
édifice. Puis, tout à coup, il se rend compte qu'il fait... Il ne
sait pas que le code de déontologie va "prévenir" quelqu'un de
venir directement à lui, parce qu'il ne connaît pas le code de
déontolgie.
Mme Robic: Vous avez un mandat ouvert, en tout cas, pas si clair
que ça. Je pense que vous avez le droit de faire des choses que vous
pensez que vous n'avez pas le droit de faire Est-ce que, dans un domaine comme
le vôtre qui est très spécialisé... Vous avez
raison, là plupart des gens que l'on a entendus ne touchent pas votre
domaine. Est-ce que vous croiriez que ce serait avantageux pour la protection
du consommateur, acheteur ou vendeur, que l'on institue un double mandat? En ce
moment, c'est le vendeur qui donne un mandat de vendre sa
propriété à un agent, à un courtier. Et ce
courtier-là délègue aux autres courtiers la
possibilité de trouver un acheteur contre la moitié de la
commission. Est-ce que vous seriez, comme d'autres, favorable à ce qu'il
y ait deux mandats? Un mandat donné par le vendeur à un courtier
et un mandat que l'acheteur donnerait à un autre courtier et chacun
jouerait son rôle. Ça, ce serait impartial. Là, vous auriez
deux courtiers différents payés, je ne sais pas par qui, par
exemple. Une partie par le vendeur et l'autre partie par l'acheteur. Mais,
là, si on voulait parler de vraie impartialité, ce serait
peut-être la meilleure façon.
M. Léopold: Je n'ai pas pensé à toutes les
implications de ça.
Mme Robic: Ça existe à New York qu'on me dit, le
double mandat.
M. Léopold: Oui, ça peut exister même ici. Il
n'y a aucune chose à le "prévenir" ici
Mme Robic: Ce n'est pas défendu.
M. Léopold: Souvent à New York, comme vous le
savez.. C'est exactement ça. Mais est-ce que... Je ne sais pas la
réponse, parce que je dois penser un petit peu plus pour juste...
J'essaie de penser vite!
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Robic: Alors, vous pourrez...
M. Léopold: Je pourrai y répondre un peu plus tard
ou...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, votre temps est
écoulé. M. le député de Gouin, la parole est
à vous.
M. Boisclair: Dans le fond, M. Léopold, ce que vous
vendez, c'est une expertise. C'est une connaissance du marché. C'est une
connaissance du milieu des gens qui sont à la recherche d'espaces
commerciaux.
M. Léopold: Oui.
M. Boisclair: Si les gens viennent vous voir, c'est parce que
vous détenez une expertise ou une connaissance...
M. Leopold: Oui.
M. Boisclair:... du milieu, qui, vous estimez, mérite une
certaine contre-rémunération en fonction de l'expertise que vous
avez su développer au cours des ans. Je pense que ce même
raisonnement peut être vrai pour bien des gens qui font affaire
avec des agents ou des courtiers. Écoutez, Mme Tremblay de la rue
Chambord...
M. Leopold: Oui, vous avez raison.
M. Boisclair:... qui est propriétaire de sa maison depuis
25 ans n'est peut-être pas au courant de la valeur du marché, de
la valeur du fonds de terrain, d'un certain nombre de réalités
avec lesquelles elle doit composer. C'est souvent pour cette raison qu'elle
fera affaire avec un agent. Elle fera affaire avec un agent parce que l'agent
fait partie aussi d'un réseau. Il peut augmenter... Il a accès
à un marché auquel peut-être le simple individu n'a pas
droit. C'est sûr que la question de conflit d'intérêts peut
toujours faire surface, et je suis convaincu que dans bien des cas elle l'a
déjà fait. Mais, à cause de ce potentiel problème,
qui, sans doute, en est un, est-ce que, du jour au lendemain, on va mettre de
côté tous les efforts qui ont été faits par le
milieu, cet effort de responsabilisation, de prise en main, et on va dire:
Mesdames et messieurs, oubliez tout ça, nous, comme législateurs,
on va le régler pour vous le problème et on va voter une loi,
avec ce que ça comporte comme obligation, on va voter des
règlements au Conseil des ministres et tout le processus? Vous savez
comment c'est, des lois, on ne change pas ça à tous les ans.
Normalement, une loi est là pour un bon bout de temps. C'est un
mécanisme qui est souvent très rigide. Moi, je peux comprendre le
problème que vous nous présentez, mais je me demande
jusqu'à quel point l'action que vous suggérez répond bien
aux problèmes que vous véhiculez.
Ceci étant dit, vous présentez, comme je le disais tout
à l'heure, une certaine composition de l'organisme
d'autoréglementation. Dans la mesure qu'on retient le 80 %, ce qui me
semble, à mon avis, un peu élevé, comment voyez-vous le
processus de nomination de ces gens-là? Parce que, par exemple, si c'est
la ministre qui nomme, la ministre est aussi susceptible aux pressions de
différents groupes ou d'organisations que les gens qui siégeront
ou qui seront élus.
M. Leopold: À la solde du ministre.
M. Boisclair: Bien, ce serait bien mal connaître la
réalité politique.
M. Leopold: C'est vous qui le dites.
M. Boisclair: II y a une réalité qu'on ne peut pas
nier, là. Comment voyez vous, dans le concret, la nomination des
membres? Quel genre de profil? Qui devrait composer cet organisme
d'autoréglementation?
M. Leopold: Je dirais, par exemple, peut-être quelques
représentants du département de la justice, quelques
représentants du département du consommateur, quelques
représentants de la chambre de commerce de la ville même, disons,
des intervenants qui seraient là pour encourager des entrepreneurs, mais
aussi pour protéger le public et pour protéger quelques
entrepreneurs, peut-être les entrepreneurs qui ont des idées. Je
dois vous avouer encore une fois que, moi, je n'aurais aucune compagnie
aujourd'hui, aucune, si je devais recevoir mon permis de la Chambre d'immeuble
de Montréal Je n'aurais aucune compagnie, Leopold ne serait pas un
"success story" québécois avec le système d'aujourd'hui.
Si l'histoire ne nous donne jamais une idée du futur, je dis que
l'histoire est dotée assez bien, assez pleinement, dans toute
l'Amérique du Nord, à savoir comment agissent ces chambres
d'immeubles, ces groupes qui se protègent et qui protègent leurs
intérêts. Je ne connais pas la réponse. C'est à
vous, nos législateurs, de délibérer sur ça, mais
vous avez devant vous un grand défi. Je sais bien aussi que dans tout
ça, moi, j'ai fait tout ça moi-même. Cela m'a
coûté beaucoup d'argent pour faire ce que j'ai fait aujourd'hui,
et si...
M. Boisclair: C'en a valu la peine.
M. Leopold: Merci beaucoup. J'espère bien, mais,
malheureusement, je n'ai pas les intérêts qui me protègent,
je n'ai que moi-même et si ce n'était que notre bonne industrie
qui sait bien que moi je suis impliqué, la Chambre d'immeuble de
Montréal sait bien que je suis dans le marché montréalais,
mais avez-vous entendu dire un mot de ce que nous faisons chez Leopold, ou des
choses que j'ai dites? Mais, de l'autre côté, on dit qu'ils ont
changé, qu'ils protègent les consommateurs.
M. Boisclair: Le problème c'est que vous basez votre
analyse sur une situation de fait qui existe à l'heure actuelle.
Regardons plutôt ce qu'on veut faire. C'est sûr qu'on peut dire que
le passé est garant de l'avenir, mais c'est pour ça que je vous
dis que j'ai un problème avec...
M. Leopold: Vous avez effectivement un groupe sur parole
présentement et vous voulez le mettre comme gardien de prison. Pensez
à ça. C'est vraiment la réalité. Il y à un
an et demi seulement, la Cour fédérale du Canada les a
condamnés contre le consommateur et vous pensez, vous dites qu'ils ont
changé "overnight". Pensez à ça dans tout autre
domaine.
M. Boisclair: Je vous remercie, M. Leopold.
Le Président (M. Forget): Je remercie le
député de Gouin. Mme la ministre, en conclusion.
Mme Robic: M. Leopold, c'est un plaisir de
vous entendre. Ha, ha, ha! Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Robic: Ça aurait été intéressant
que vous ayez un miroir devant vous. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Robic: Mais vous avez raison. Quand nous allons avoir
à rédiger cette loi, il faudra tenir compte de certaines de vos
remarques, c'est extrêmement important. Des fois, avec de la bonne
volonté, en voulant régler un problème, on en crée
un plus grand, finalement. Alors, il va falloir tenter de voir tout l'aspect
d'une situation de conditions avant de légiférer. On n'aurait pas
pu le faire sagement sans avoir eu le plaisir de vous entendre. Alors, merci
infiniment de votre présence.
M. Leopold: C'est moi qui vous remercie.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, Mme la
ministre.
M. Boisclair: M. Leopold, je tiens à vous remercier pour
votre participation. En tout cas, vous avez à tout le moins le
mérite d'être clair, d'être convaincant à un certain
nombre d'égards, mais, comme je l'ai dit à plusieurs groupes qui
ont défilé devant nous au courant de la semaine, il s'agira de
voir au moment de la discussion du projet de loi, article par article, vraiment
jusqu'à quel point les commentaires ont été retenus.
De mon côté, j'ai fait part d'un certain nombre
d'objections, disons-le, et d'un point de vue qui n'est peut-être pas le
même, mais, cependant, il y a un certain nombre de choses qu'il faut
continuer de fouiller, d'approfondir, si ce n'est que de la présentation
qui a été faite par Consommation et Corporations Canada qui nous
parlait de cette question-là. Donc, je vous remercie.
M. Léopold: Moi aussi j'aimerais vraiment remercier
l'honorable ministre et tous les membres de la commission pour m'avoir entendu,
pour m'avoir permis de faire partie du processus. Je l'apprécie beaucoup
et c'est la première fois de toute ma vie que je parais devant une
commis sion parlementaire et je ne savais pas à quoi m'attendre. J'ai
déjà participé à une aux États-Unis sur le
Watergate, mais c'était sur l'autre côté.
Des voix: Ha, ha, ha! (18 heures)
M. Léopold: Je suis vraiment impressionné de
l'intérêt réel pris par la commission. Je vous
félicite tous. Merci beaucoup.
Le Président (M. Forget): Au nom des membres de la
commission, je vous remercie beaucoup de votre participation. Merci
beaucoup:
Tel que convenu ce matin, nous prendrons quelques minutes avant
l'ajournement pour des remarques finales. Alors, Mme la ministre.
Conclusions
Mme Robic: Merci, M. le Président. Je dois avouer que
notre commission n'a certainement pas dû être aussi colorée
que celle du Watergate. Ha, ha, ha!
Dés voix: Ha, ha, ha!
Mme Robic: M. le Président, j'aimerais encore une fois
féliciter le député de Gouin pour ses nouvelles fonctions
comme critique du gouvernement en matière d'institutions
financières. Dans 24 heures, je vois que vous avez appris beaucoup. J'ai
l'impression que vous avez été très bien "briefé".
C'est très bien. Je vous en félicite et j'ai l'impression que
nous allons faire bon ménage, puisque nous avons les mêmes
préoccupations, celles de protéger le public.
M. le Président, je suis heureuse de mon document de
consultation. Je pense que ce document a sollicité une foule
d'idées, de solutions, d'interrogations que sans doute un projet de loi
n'aurait pas fait, puisqu'on aurait coulé des choses dans le ciment, on
aurait discuté alentour de chacun des articles. Plutôt, là,
on a eu une large discussion et je trouve que ça nous a aidés et
ça nous a donné un éclairage extraordinaire et, pour moi,
je retiens des choses. On a touché tous les points, mais on se rend
compte qu'il y a réellement trois points majeurs qui ressortent de cette
consultation-là. Et, bien sûr, le premier, c'est: non au
désengagement complet, total du gouvernement. Le gouvernement doit se
réserver un droit de regard. Il est entendu que tous, la grande
majorité, prétendent que cette industrie a pris une certaine
maturité et est prête à s'autorégle-menter.
Il s'agira de déterminer jusqu'à quel point le
gouvernement doit rester impliqué. Mais il faut absolument
responsabiliser l'industrie également. Il faut absolument que
l'industrie comprenne que ce ne sont plus des enfants, que le gouvernement va
décider pour eux, donc, qu'on peut se laver les mains des
décisions. Ils vont être obligés de répondre de
leurs actions. Donc, il y a du bon là dedans, j'en demeure
convaincue.
Il faut absolument toucher à la formation ça nous est
revenu constamment, cette formation; ce n'est pas nécessairement le
nombre d'heures, mais la qualité de la formation que l'on donne et
préparer les gens à être des professionnels dans
différents domaines de l'immobilier.
Que ce soit résidentiel, commercial, industriel, prêts
hypothécaires, il faut que nos agents, nos courtiers soient bien
formés pour pouvoir répondre aux besoins de leur
clientèle. Et, bien sûr, un régime de discipline et un code
de déontologie qui reposent toujours sur le meilleur service à la
clientèle. Et, mesdames et messieurs, j'espère que le projet de
loi qu'on écrira reflétera le besoin de toute une industrie qui
est très différente, dépendant d'où on se situe
dans cette industrie. Et j'espère qu'on aura une loi dynamique,
adaptée aux réalités du marché et aux
réalités de l'an 2000, une loi moderne et de qualité, je
le dis encore. Et, si on rejoint tous ces objectifs-là, c'est
grâce à vous tous qui êtes venus ici nous présenter
des mémoires. Vous avez été d'une honnêteté
et d'une ouverture.. Il y a eu un échange extraordinaire et je vous en
remercie tous. Et je vous remercie, M. le député de Gouin,
d'avoir participé également. Je pense que vous nous aidez
à faire notre réflexion.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, Mme la ministre.
Alors, vos remarques finales, M. le député de Gouin.
M. Boisclair: M. le Président, mes premiers mots iront
à la trentaine de groupes - mes premiers remerciements - et d'individus
qui sont venus ici, ça fait maintenant plus d'une semaine,
présenter des mémoires. Le premier élément qui
ressort de cette consultation est cette volonté du milieu de se prendre
en main et d'accroître le degré de professionnalisme des divers
intervenants du domaine de l'immobilier. Et je crois que c'est tout à
l'honneur des hommes et des femmes qui oeuvrent dans ce secteur de
l'immobilier.
Par ailleurs - je l'ai répété à quelques
reprises au moment de l'audition d'un certain nombre de mémoires, et
comme le soulignait, d'ailleurs, mon collègue, le député
de Labelle au début de nos travaux - le document de consultation de la
ministre posait surtout beaucoup de questions. Nous avons entendu beaucoup de
réponses et il nous reste maintenant à connaître la
réponse de la ministre. Nous la connaîtrons lors de la
présentation du projet de loi. On verra si elle a bien compris le
milieu.
Je voudrais la remercier pour les bons mots qu'elle a eus à mon
égard, mais dire aussi que la consultation a aussi un certain nombre de
règles. Soit, il peut être facile de consulter sur un certain
nombre de questions qui demeurent ouvertes. Le document avait cependant, et je
tiens à le souligner, le mérite de bien poser le problème,
et, déjà, d'énoncer une certaine volonté politique
de réglementer de façon plus adéquate, de répondre
aux besoins de l'évolution de l'industrie. Je crois que c'est
déjà un exercice fort intéressant et qui est
apprécié de la part de l'Opposition officielle.
Cependant, ce qui aurait pu faciliter nos travaux, et faciliter aussi
notre discussion, au moment de l'étude article par article, ça
aurait été de discuter d'un certain nombre de propositions
concrètes. Je ne demandais pas à la ministre de me
présenter son projet do loi, je demandais à la ministre do
m'énoncer un certain nombre de grands principes directeurs. Gouverner,
c'est bien sûr consulter, mais c'est aussi prendre un certain nombre de
décisions. Lorsque ces principes directeurs qui vont vous guider dans la
rédaction de la loi se trouvent dilués dans un certain nombre de
grandes questions, on peut se questionner, des fois, sur la façon dont
l'exercice s'est déroulé. Parce que le clou de la question et
tous les commentaires que nous avons reçus pendant cette commission
tournent alentour d'une question très simple: Comment on va le composer?
Comment les gens vont être élus? Un mandat de combien
d'années? Quel est le pouvoir réglementaire que va se garder la
ministre responsable de la loi? Donc, une série de questions où
il aurait été à tout le moins intéressant d'avoir
un certain nombre d'hypothèses. Il s'agira de voir ce que contiendra le
projet de loi pour voir l'attitude que l'Opposition officielle adoptera au
moment de la discussion du projet de loi article par article, et soyez
assurés, et je tiens à assurer les gens qui sont venus
témoigner devant cette commission, que si jamais le besoin s'en faisait
sentir nous n'hésiterions pas, au moment de l'étude article par
article, à demander, soit des consultations particulières ou des
consultations générales, dépendant, encore là, de
ce que contiendra le projet de loi de la ministre.
Il me semble aussi important de souligner, M. le Président,
qu'à ce stade-ci il semble acquis qu'on se dirige vers la
création d'un organisme d'autoréglementation sur le modèle
qui serait sans doute semblable à celui qui est établi dans les
lois sur les intermédiaires de marché. L'Opposition, bien
sûr, souscrit à ce principe, mais pourrait aussi se questionner
sur le fait, sur la place de la loi dans tout l'appareil administratif de
l'État. On faisait part d'un certain nombre de changements qu'il y a eu
au cours des ans. La ministre nous parle ici, non seulement comme ministre
responsable des institutions financières, mais aussi comme ministre
responsable de l'application d'une partie de la Loi sur l'habitation. On
pourrait se questionner sur la façon dont on encadre le contexte
législatif.
Ceci étant dit, M. le Président, notre réflexion se
poursuivra encore au cours des prochaines semaines. Nous continuerons, bien
sûr, d'avoir une attitude ouverte comme nous l'avons
démontré depuis le début des travaux, et la ministre
pourra compter sur la collaboration des membres de l'Opposition pour
procéder à l'adoption de ce projet de loi, avec les restrictions
et un certain nombre de limites que j'ai pu exprimer au cours de cette
commission. Merci.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, M. le
député de Gouin. Je voudrais remercier tous les membres de la
commission qui ont bien voulu travailler à l'intérieur de cette
commission. J'ajourne les travaux sine die, la commission ayant
complété son mandat. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 9)