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(Quatorze heures trente-huit minutes)
Le Président (M. Farrah): Je veux souhaiter la bienvenue
aux membres de la commission ainsi qu'à tous ceux et celles qui
assistent à nos séances et qui auront sûrement à
présenter des mémoires éventuellement.
Dans un premier temps, je veux rappeler le mandat de la commission qui
est le suivant. La commission du budget et de l'administration entreprend cet
après-midi une consultation générale sur le document de
consultation intitulé "Le courtage immobilier".
Dans un premier temps, M. le secrétaire, est-ce que vous avez des
remplacements à annoncer?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Belisle
(Mille-Îles) sera remplacé par M. Bor-deleau (Acadie).
Le Président (M. Farrah): C'est tout?
Le Secrétaire: Oui.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le
secrétaire.
Alors, tel qu'établi après entente entre les groupes
parlementaires, l'ordre du jour se lit comme suit. Il est bon de mettre
ça au clair, je pense. La période de déclaration
d'ouverture durera 30 minutes: 15 minutes pour la ministre et également
15 minutes pour le porte-parole de l'Opposition. La durée totale de
l'audition de tous les organismes entendus aujourd'hui sera d'une heure, soit
20 minutes pour l'exposé du mémoire et 40 minutes pour les
échanges avec les parlementaires, dont 20 minutes pour le groupe
parlementaire formant le gouvernement et 20 minutes pour l'Opposition. Enfin,
le temps de parole des députés sera de 10 minutes, en respectant
la règle de l'alternance dans les interventions. Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Ça va, merci.
Le Président (M. Farrah): Mme la ministre aussi? Ça
va?
Mme Robic: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Alors, dans un premier temps, je
demanderais à la ministre, s'il vous plaît, de faire sa
déclaration d'ouverture et, ensuite, on va passer au représentant
de l'Opposition. Alors, Mme la ministre, la parole est à vous.
Déclarations d'ouverture Mme Louise
Roblc
Mme Robic: Merci, M. le Président. En juin dernier, je
déposais à l'Assemblée nationale et je présentais
à la population, et plus particulièrement aux gens oeuvrant dans
l'industrie du courtage immobilier, un document de consultation sur le courtage
immobilier. Ce document énonce quelques éléments d'une
révision de la loi et surtout soulève des interrogations sur ce
que cette réforme devrait comporter. Le dépôt de ce
document répond à la demande insistante des gens du milieu qui,
depuis plusieurs années, souhaitent une révision en profondeur
des structures et de la loi qui régit actuellement leur secteur
d'activité.
A la lumière des principes qui ont gouverné les
récentes réformes dans le secteur financier, au cours des
dernières années, il apparaît indiqué de
procéder à un réaménagement de l'encadrement
législatif afin qu'il reflète davantage les traditions de ce
secteur. Il est également impérieux que la nouvelle
législation reconnaisse le caractère spécifique de la
pratique du courtage immobilier et qu'elle assure un juste équilibre
entre les intervenants du milieu, l'État et le public en
général, car cette réforme, M. le Président, doit
également assurer au maximum la protection du public. Pour la
majorité des citoyens, l'achat d'un immeuble, bien souvent une
résidence familiale, représente un investissement important et
constitue pour plusieurs la base de leur patrimoine.
Le document de consultation a certes suscité un vif
intérêt auprès des gens impliqués, puisqu'au cours
des prochaines semaines quelque 28 intervenants se présenteront devant
les membres de cette commission pour exposer leur vision d'une réforme
articulée du secteur de l'immobilier. La démarche de consultation
qui s'amorce aujourd'hui revêt donc une importance indéniable. Les
propositions énoncées dans le document constituent des
modifications substantielles. La protection du public, la responsabilisation du
milieu, la modernisation des structures, le rehaussement de la qualité
des services professionnels et, de façon générale,
l'amélioration de l'encadrement de la profession sont autant de
préoccupations qui justifient la réforme proposée.
En effet, la Loi sur le courtage immobilier n'a été que
légèrement modifiée depuis son adoption en 1962, alors
que, depuis ce temps, les pratiques dans ce secteur ont évoluées.
De plus, le public requiert aujourd'hui davantage les services d'un bureau de
courtage immobilier pour
effectuer ses transactions immobilières.
L'industrie du courtage Immobilier se porte bien. Les structures
actuelles, bien que comportant certaines faiblesses, ont néanmoins
permis aux intervenants oeuvrant dans ce secteur de développer une
pratique marquée au coin du professionnalisme. Mais il incombe de
moderniser et d'adapter la loi et les structures aux réalités du
marché. Il importe également de fournir aux courtiers et aux
agents d'immeubles un cadre de fonctionnement à la mesure de leurs
besoins, animé du souci d'une protection accrue du public.
L'actuelle Loi sur le courtage immobilier impose à l'État
des contraintes importantes dans le contrôle et la surveillance de la
pratique de l'immobilier. En effet, les dispositions qu'elle contient limitent
grandement le pouvoir de sanction du surintendant, réduisant d'autant
l'efficacité de l'encadrement de la profession et, par voie de
conséquence, la protection du public.
Il faut, par ailleurs, féliciter le milieu du courtage immobilier
de s'être doté des outils nécessaires à un meilleur
encadrement de ses activités. Les chambres d'immeuble, bien que
vouées à la promotion dos Intérêt» do leurs
membres, se sont ainsi regroupées à l'intérieur de
l'Association de l'immeuble du Québec afin de réglementer
l'exercice de la profession. De plus, un code de déontologie a
été approuvé et un syndic a été
chargé de voir à son application en disposant des plaintes
reçues devant un comité de discipline inspiré du
modèle des comités de discipline des corporations
professionnelles. M. le Président, la protection du public s'est donc
vue accrue par l'intervention du milieu, et il Importe de le souligner.
Or, l'absence de reconnaissance juridique des structures mises en place
par le milieu ne permet pas d'atteindre tous les objectifs recherchés.
C'est pourquoi, M. le Président, le document de consultation propose une
révision de ces structures. Certes, il ne s'agit pas de tout jeter
par-dessus bord et de recommencer. Il faut plutôt privilégier
l'élaboration d'un encadrement juridique qui permette à la fois
un fonctionnement efficace du marché, un rehaussement des standards de
la qualité des services professionnels et une protection adéquate
du public.
M. le Président, les rencontres que j'ai menées
préalablement à la publication du document de consultation m'ont
permis de constater que les intervenants du secteur ont fait preuve, ces
dernières années, d'une grande maturité dans
l'amélioration des services offerts à la population. Un tel
constat milite en faveur d'une responsabilisation accrue du milieu. C'est
pourquoi il est suggéré la création d'un organisme
d'autoréglementation qui se verra confier le mandat d'assurer la
protection du public par un contrôle des activités des courtiers
et des agents immobiliers.
L'organisme d'autoréglementation n'aura pas pour fonction de
veiller à la promotion des intérêts de la profession et de
ses membres. Par ailleurs, bien que cet organisme disposera de tous les
pouvoirs nécessaires pour mener à bien son mandat, l'État
n'entend cependant pas abdiquer ses responsabilités. Il demeurera
ultlmement responsable de l'application de la loi et devra s'assurer que
l'intérêt du public est bien protégé.
M. le Président, les éléments de réforme
proposés dans le document de consultation méritent que nous les
énoncions sommairement à ce stade-ci. Au chapitre de la formation
des courtiers, des agents d'immeubles, le document suggère de
réévaluer le régime de qualification et d'en assurer une
meilleure accessibilité. L'évolution constante du marché
immobilier requiert en outre que les intervenants puissent
bénéficier d'une formation continue. De plus, la
complexité des transactions immobilières - on a qu'à
penser aux immeubles à vocation commerciale, aux complexes immobiliers,
aux condominiums, aux immeubles à temps partagé - nous
amène à nous interroger sur la possibilité de
catégoriser les permis ou d'introduire la notion de
spécialisation. Les nouveaux modes de pratique du courtage immobilier,
qu'il suffise de mentionner le franchisage et le concept de l'agent autonome,
nous incitent à nous pencher sur la responsabilité de chacun des
Intervenants. Le régime de responsabilité qui existe
présentement, dans les relations de courtiers, agents, consommateurs
répond-il bien à la réalité actuelle?
Également, dans un but d'harmonisation avec la Loi sur les
intermédiaires de marché, il y a lieu d'évaluer les
avantages et les désavantages du cumul de permis ainsi que la pratique
du courtage immobilier au sein de cabinets multidis-ciplinaires.
Il n'est pas faux de prétendre que le travail d'agent d'immeubles
requiert qu'on lui accorde tout son temps. Mais est-il nécessaire
d'isoler la profession et de la couper de toute synergie possible avec d'autres
secteurs d'activité compatibles? Bien sûr, la qualité des
services offerts ainsi que la garantie de confidentialité ne devront
souffrir en aucune façon d'une quelconque ouverture à la
collaboration avec d'autres secteurs d'activité.
Évidemment, il faut aussi regarder si le mode de
rémunération actuel convient aux nouveaux horizons de la pratique
du courtage immobilier à l'Intérieur d'un cabinet
multidis-ciplinaire. Doit-on permettre le partage des commissions avec d'autres
intervenants et, si oui, lesquels? Doit-on encourager la commission de
référence et, si oui, à quelles conditions?
Au chapitre de la couverture et des services offerts par le Fonds
d'indemnisation du courtage immobilier, doit-on en revoir son étendue?
Quant aux intérêts générés par les sommes
détenues dans les comptes en fidéicommis, doit-on revoir l'usage
qui en est fait?
La notion de conflit d'intérêts n'est pas
étrangère au courtage immobilier. Lorsqu'un agent
d'immeubles reçoit le mandat de vendre une propriété, il a
bien souvent accès à des informations concernant le vendeur, qui
pourraient affecter le prix de vente, si elles étaient connues d'un
acheteur. Dans ce contexte, y a-t-il conflit d'intérêts lorsque
l'agent lui-même se porte acquéreur de l'immeuble? Les
activités de nature spéculative sont-elles compatibles avec la
pratique du courtage immobilier ou faut-il les bannir entièrement?
M. le Président, il est Important que cette réforme
reflète la réalité présente et qu'elle mette en
place des structures qui permettront au secteur du courtage immobilier de
suivre l'évolution du monde des affaires au cours des prochaines
années.
Je pense, M. le Président, que le simple fait de poser ces
interrogations démontre l'importance de refondre la Loi sur le courtage
immobilier pour l'adapter aux pratiques commerciales modernes.
En terminant, M. le Président, je ne pourrais passer sous silence
mon expérience personnelle de plus d'une dizaine d'années dans ce
secteur d'activité, au cours desquelles j'ai cotoyé des gens qui
font honneur à la profession et de qui je conserve une très haute
estime.
Vous comprendrez pourquoi, M. le Président, j'accorde une
attention toute particulière à ce dossier. Et j'ai la ferme
intention de mener à terme cette importante réforme, et ce, dans
le même esprit qui a toujours animé les gouvernements
libéraux. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Alors, merci, Mme la ministre.
M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, je voudrais souhaiter
la bienvenue à tous ceux qui assistent ici à cette commission
parlementaire, qui se sont déplacés, et je vois qu'ils sont
très nombreux à l'avoir fait. Nous avons eu d'ailleurs une foule
de mémoires qui sont mentionnés ici dans le texte de la ministre.
Alors, je leur souhaite donc la bienvenue, et je pense que tout le monde
comprendra l'importance de la fonction que vous représentez ici, une
fonction économique en particulier parce que je crois bien que, pour
l'ensemble des familles du Québec, il s'agit toujours d'un moment
important lorsqu'elle acquiert sa maison: le premier grand investissement
qu'une famille fait. C'est le courtier et l'agent d'immeubles qui sont au
centre de cette opération. Par la suite, il s'enclenche toute une
série d'opérations économiques ne serait-ce que passer
chez le notaire, de trouver son hypothèque, de s'engager à faire
des versements tous les mois durant 20 ans, durant 25 ans et puis après
d'assurer les services professionnels. Et souvent les choses allant un peu
mieux généralement on change de maison, et donc on a encore
affaire à un agent. Vous êtes encore la personne qui est au coeur
de cette transaction. Alors, vous accompagnez finalement les familles dans leur
périple économique tout au long de leur vie, et puis je pense que
vous jouez à ce titre un rôle économique très
important, même un rôle social important. Je voudrais simplement en
témoigner avant que nous commencions nos débats.
Pour ce qui est de l'objet de notre commission, nous avons reçu
ce document de consultation sur le courtage immobilier au mois de juin dernier,
dans lequel la ministre indiquait qu'elle poursuivait deux objectifs qui
étaient celui de la protection du public, premièrement, et,
deuxièmement, d'offrir un cadre législatif, et nous avons compris
aussi réglementaire, moderne aux courtiers et agents d'immeubles. Bien
sûr, l'Opposition officielle souscrit entièrement à ces
deux objectifs, mais, pour l'instant, nous arrêtons là notre
appui. Je pense que ce sont deux objectifs majeurs: la protection du public et
un cadre législatif, qui vous rendent plus à l'aise. Si je
comprends bien aussi, c'est que vous le réclamez depuis fort longtemps.
Donc, oui pour les objectifs. Maintenant, nous verrons.
Le document qui a été déposé demeure,
à notre avis, bien vague sur bien des aspects, et c'est le projet de loi
qui va nous indiquer si les réformes proposées
représentent une réponse satisfaisante aux objectifs que poursuit
la ministre, que poursuit le gouvernement ou que l'on poursuit ici. À ce
stade-ci, il nous apparaît que la ministre déléguée
aux Finances n'a pas encore rendu, donné ou déterminé ses
orientations définitives. Je pense que c'est le projet de loi, encore
une fois, qui va en faire foi. Et, en particulier, les très nombreuses
questions qu'on retrouve tout au long du document témoignent bien de ce
fait qu'elle n'a pas arrêté ses décisions. J'en
déduis, par conséquent, que nous n'avons pas en face de nous une
proposition du gouvernement. Je ne peux donc pas et nous ne pouvons pas
exprimer une opinion définitive qu'on pourrait considérer comme
un appui ou une opposition de la part de ma formation politique
là-dessus.
Il s'agit, par exemple, si on examine l'organisme
d'autoréglementation, d'une proposition qui est faite par la ministre
déléguée aux Finances; il s'agit d'une mesure qui pourrait
s'avérer efficace pour assurer la protection du public. Oui, ça
pourrait s'avérer efficace. Mais il faut parler au conditionnel parce
que le texte même qui est là n'est pas non plus une garantie. Ce
n'est pas traduit en texte de loi. Il est encore trop vague pour dire ici si
ça va marcher ou si ça ne marchera pas.
Dans le cas de l'organisme d'autoréglementation, la ministre
déléguée aux Finances est ailée un peu plus loin,
mais je pense qu'on peut encore poser des questions fort importantes
parce que ce n'est pas indiqué très clairement ce que sera
cet organisme, quels seront, par exemple, les membres du conseil
d'administration d'un tel organisme, quelle sera la représentation du
milieu, du gouvernement, des consommateurs, et on pourrait faire le tour de
tous les intéressés sur cet organisme. Il s'agit de questions
importantes lorsque vient le temps de juger un projet, et je comprends que
l'intention de la ministre est ici de protéger le public. Mais la
description de la composition de l'organisme est décrite trop
sommairement pour pouvoir porter un jugement. Je me demande même comment
les groupes que nous entendrons pourront se prononcer, et je comprends, je
suppose qu'ils vont nous faire beaucoup de suggestions à cet effet, et
c'est à ça que se limitera l'exercice.
Par ailleurs, l'organisme d'autoréglementa-tion va être
doté de pouvoirs importants. À bien le lire, nous saisissons
qu'il y a une orientation en ce sens. On assiste même presque à la
création d'une corporation professionnelle, sans trop le dire. En tout
cas, c'est une réflexion qui m'est venue à l'esprit en lisant le
document sur le courtage immobilier. Quelle est la différence,
finalement, entre ce qui est proposé et une corporation professionnelle.
Et si l'on veut donner des pouvoirs aussi étendus, pourquoi ne pas
carrément envisager la possibilité d'en faire une corporation
professionnelle?
Bon. C'est une question, elle n'est pas soulevée, mais, à
mon sens, elle se pose. Et s'il n'y a pas de corporation professionelle,
pourquoi à partir de là prendre une loi spéciale - pas
spéciale dans le sens parlementaire du terme, mais une loi
particulière - pour de tels professionnels? Une loi donc, ensuite un
organisme de réglementation. Et pourquoi ne pas essayer, par exemple, de
se conformer à la loi des corporations professionnelles?
Bref, une question qui se pose, à mon sens et ça
dépend évidemment des requis de formation. Ça
dépend du rôle qu'on joue, évidemment, mais c'est une
question qui est dans le décor. Alors, quel sera l'effet sur la
profession d'un organisme d'autoréglementation? Quel sera aussi l'impact
d'une telle structure? Il y en a deux même. Pratiquement, une qui existe
déjà, mais qu'on va transformer un peu, et une autre qu'on
crée, un organisme d'autoréglementation. Alors, quel sera
l'impact d'une telle structure sur le coût de l'opération pour les
consommateurs? Parce qu'on peut bien avoir une structure
d'autoréglementation, une chambre d'immeuble, et puis augmenter les
contrôles de toute espèce, finalement, au bout de la ligne, le
consommateur va payer.
Alors, est-ce qu'on vient d'augmenter, par le fait, la commission? Parce
que les gens qui vont être en affaires dans le courtage, eux-mêmes
vont devoir faire leurs frais et vont devoir éventuellement transmettre
au consommateur la facture. Donc, est-ce que ça, c'est envisagé
et calculé? Je pense que la ministre devra en traiter parce qu'elle n'en
a pas traité jusqu'ici.
Sur le reste, le document est une série de questions, à
mon sens, et j'aurais presque le goût d'en poser une à la
ministre, actuellement. C'est: Quelle est la réponse qu'elle fait
elle-même aux 12 questions qu'elle pose aux groupes que nous allons
entendre aujourd'hui et au cours des prochains jours? Quelle est sa
réponse aux 12 questions? Je pense qu'elle doit en avoir des
réponses. Est-ce qu'elle les a déjà pensées
d'avance? Est-ce qu'elle veut simplement se les faire confirmer? Bon. Il y en a
d'autres où elle ne sait pas la réponse. Elle a manifesté
qu'elle avait de l'expérience dans le domaine: 12 ans, qu'on m'a dit,
une douzaine d'années. Donc, c'est une question que je pose. Il y a 12
questions.
Les objectifs de la ministre sont apparemment nobles et, je dirais, sont
nobles, mais je vais quand môme mettre un bémol: apparemment. Il
est probable qu'une majorité de groupes y adhèrent. En tant
qu'objectif, nous aussi nous y adhérons: fa protection du public, fort
bien, soit!
Lorsque le projet de loi sera déposé, est-ce qu'il
amènera l'idée qu'il y a un consensus? Je n'en suis pas
sûr, parce que les énoncés étant très vagues,
le consensus portera sur quoi? Est-ce que ce sera un consensus
opérationnel ou non? L'appui à de grands principes ne signifie
pas un appui à des projets précis. Il y a des distinctions qu'il
faut faire. Il ne faut pas tirer sur la ficelle lorsqu'il y a des consensus et
dire que ça, ça veut dire appui à tel projet. Il y a des
nuances qu'il faut faire. Après le dépôt du projet de loi,
est-ce qu'il faudra une nouvelle consultation? À ce stade-ci, on ne doit
pas exclure cette possibilité, à mon sens. (15 heures)
Alors, j'espère bien que cette consultation va nous
éclairer, encore que l'exercice serait sans doute plus concluant si le
document, encore une fois, était plus précis. J'espère
bien aussi que le tout va nous amener à améliorer la situation,
et je me méfie toujours, je le dis comme je le pense, sans mauvaise
intention, de réforme qui, après un détour qui a
amélioré temporairement la situation, l'empire à long
terme. Je pense, par exemple, en termes de concurrence. Parfois,
l'amélioration de normes, de structures, qui impose des coûts
additionnels, fait en sorte qu'on restreint l'exercice de la profession et que
l'on s'enligne tout droit vers un exercice de la profession par quelques
grandes maisons, de sorte que cinq ans ou dix ans après avoir fait une
réforme, on a restreint considérablement la concurrence, et cela,
finalement, au détriment du public qu'on voulait justement
protéger.
Je pense que c'est une considération que nous devons toujours
avoir en tête, comme législateurs. En tout cas, au cours de cette
consultation, nous allons poser des questions et
je pense qu'il faut être prudent: pour des bénéfices
à court terme, parfois on sacrifie de grands avantages à long
terme.
Alors, en terminant, M. le Président, j'aimerais simplement
demander à la ministre déléguée aux Finances
quelles sont ses intentions au cours des prochains mois à l'égard
du courtage immobilier, quel est son calendrier? Si elle veut aussi prendre un
peu plus de temps, puis en profiter pour répondre aux 12 questions
qu'elle a elle-même formulées, l'Opposition n'y voit aucune
objection pour qu'elle puisse connaître un peu ce qu'elle en pense et que
les gens répondent aussi et parlent en connaissance de cause de vos
intentions. Merci.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le
député de Labelle. J'imagine que durant nos discussions, la
ministre pourra prendre note de vos propos. M. le député de
Labelle?
M. Léonard: Je pourrais, si vous voulez, lui donner la
parole pour quelle réponde à ces 12 questions, au moins des
éléments de réponses.
Le Président (M. Farrah): Je pense qu'il y a une chose
importante, à savoir qu'il faut respecter aussi l'horaire, compte tenu
qu'on a fait déplacer des gens pour les entendre.
M. Léonard: M. le Président, je constate que
l'horaire la sauve. Très bien.
Le Président (M. Farrah): Vous êtes d'accord avec
ça.
Mme Robic: J'y reviendrai, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Je ne suis pas inquiet, Mme la
ministre.
Je pense qu'on va débuter les auditions.
Auditions
Alors, dans un premier temps, je demanderais au groupe suivant de
vouloir prendre place. Il s'agit de l'Association de l'immeuble du
Québec.
Merci beaucoup. On vous souhaite la bienvenue. Est-ce que le
porte-parole de l'Association pourrait s'identifier ainsi qu'identifier les
membres qui l'accompagnent?
Association de l'immeuble du
Québec
M. Depelteau (Clément): M. le Président, MM. les
membres de la commission, Mme la ministre, bonjour. Je voudrais tout d'abord
vous présenter les représentants de l'Association de l'immeuble
du Québec pour la journée d'aujourd'hui: à mon
extrême droite, M. Bernard Girard, qui est vice-président de la
société Trust Général; M. François
Léger, qui est président des
Immeubles Léger et qui a été aussi président
de l'Association en 1988; à mon extrême gauche, M. François
Pigeon, vice-président du Trust Prêt et Revenu ainsi que
président du Fonds d'indemnisation du courtage immobilier, M. Pigeon a
également été président de l'Association en 1972;
M. Pierre Galardo, actuel conseiller juridique de l'Association; et M. Serge
Cayer, vice-président-directeur général de l'Association
qui a été également président de l'Association en
1985. Toutes ces personnes font partie de notre comité de refonte de la
Loi sur le courtage immobilier, de même que Me Robert Nadeau, directeur
des affaires juridiques et législatives de l'Association qui nous
accompagne aujourd'hui.
Le Président (M. Farrah): Oui, juste un instant, M.
Depelteau pour vous indiquer que vous avez 20 minutes pour la
présentation de votre mémoire. Alors, nous vous
écoutons.
M. Depelteau: Nous comptons nous conformer à ce
délai.
Alors, c'est avec plaisir que nous avons répondu à
l'invitation de la commission du budget et de l'administration de nous faire
entendre relativement au document de consultation sur le courtage immobilier
qu'a déposé à l'Assemblée nationale la ministre
déléguée aux Finances, Mme Robic. Nous nous sommes
réjouis de la publication de ce document. Il représente enfin le
signal de départ d'une refonte prochaine très attendue par les
membres de notre profession.
Depuis le début des années soixante-dix, l'Association a
soumis plusieurs documents portant sur les aspects fondamentaux du courtage
immobilier dans le but d'apporter des solutions aux innombrables
problèmes qui se sont développés au fil du temps. Cette
refonte est urgente afin d'assurer au public la protection nécessaire en
matière de courtage immobilier. Vous comprendrez que l'Association ait
apporté une très grande attention au document soumis par Mme
Robic et que nous nous sommes attardés à tous les points ou
questions qui y sont soulevés. Qu'il soit dit que nous appuyons
d'emblée l'essentiel de l'énoncé ou des
énoncés de Mme Robic, et nous sommes persuadés de partager
également ses objectifs.
J'aimerais, dès le début, apporter une précision au
document de consultation en ce qui concerne la description qui y est faite de
l'Association de l'immeuble du Québec. En effet, l'Association regroupe
non seulement les 13 chambres immobilières du Québec, mais aussi,
à titre de membres actifs, quelque 92 % des détenteurs du permis
au Québec, soit environ 12 500 courtiers et agents. Ces derniers
adhèrent volontairement et simultanément à leur
association professionnelle et à leur chambre immobilière locale.
Ils consentent ainsi à se soumettre à la réglementation
déontologique et disciplinaire de l'Association. Sa
réglementation n'a donc pas
seulement effet sur les chambres, mais aussi et surtout directement sur
l'ensemble du sociétariat, que ce soit en matière de formation,
déontologie et discipline, arbitrage, et des formules utilisées
dans le cadre d'opérations immoblières.
L'Association est également un organisme à but non
lucratif créé il y a maintenant plus de 36 ans et dont la mission
première a toujours été articulée autour d'un
principe de protection du public et d'avancement de la profession via le
développement de la compétence de ses membres et la
réglementation de leur conduite professionnelle.
La description des services offerts aux membres et au public, qui
apparaît en annexe du mémoire de l'Association, témoigne
bien de l'état de développement de notre association et de la
volonté des membres de notre profession de tout mettre en oeuvre pour
renforcer la protection du public. Malheureusement, comme nous l'avons
souligné et comme l'a si bien relevé Mme Robic, la portée
de la réglementation de l'Association est restreinte en raison de
l'absence d'un quelconque soutien législatif.
Pour ce qui est du détail de nos commentaires sur le document de
consultation, j'aimerais laisser la parole au vice-président-directeur
général de l'Association, M. Serge Cayer, qui vous exposera nos
vues sur les principaux points ou questions soulevés. Comme vous pourrez
le constater, nous n'aborderons que très succinctement les nombreux
points sur lesquels nous sommes en accord avec la ministre, tout en nous
permettant d'insister un peu plus sur des points au sujet desquels nous avons
certaines réserves ou sur des questions auxquelles il est difficile de
répondre par un simple oui ou non. Merci. M. Cayer.
Le Président (M. Farrah): Alors, M. Cayer, à vous
la parole.
M. Cayer (Serge): Merci, M. Depelteau. Bonjour, madame et
messieurs. En guise d'entrée en matière, permettez-nous de
souligner combien notre Association se réjouit que le gouvernement ait
l'intention de placer la refonte de la Loi sur le courtage immobilier sous le
signe de l'autogestion, de l'autoréglementation et de l'autodiscipline.
Ces trois principes sont les mêmes que notre Association propose pour
régir notre profession depuis sa création en 1954, et notre appui
à ce niveau est inconditionnel.
Nous voyons l'organisme chargé de l'autogestion de la profession
sous la forme d'une association à adhésion obligatoire, dont la
mission sera la protection du public et le maintien d'un sain climat de
pratique du courtage immobilier. Nous croyons que cet organisme devrait
être régi par un conseil formé essentiellement
d'administrateurs élus par les détenteurs de permis et parmi eux
et assurerait une repré sentation équitable de tous les
intermédiaires immobiliers. Ce conseil serait présidé par
un président assisté d'un vice-président élus au
suffrage universel. Le conseil devrait aussi comprendre un représentant
du gouvernement; il pourrait également inclure, si le législateur
le juge à propos, un ou deux administrateurs nommés par le ou la
ministre responsable parmi les détenteurs de permis, afin d'assurer la
représentation de certains intervenants qui ne seraient pas autrement
représentés.
Cet organisme serait chargé, sous la surveillance du gouvernement
ou d'un autre organisme, tel que l'Office des professions, de la surveillance
et du contrôle des intermédiaires immobiliers. Nous appuyons
également l'énoncé selon lequel le gouvernement devrait se
préserver le pouvoir d'intervenir en cas de manquements graves par
l'organisme à ses obligations de protection du public, mais seulement
dans ces cas, si l'on veut éviter tout dédoublement inutile
d'efforts.
Nous croyons que le nouvel organisme devrait continuer et remplacer
l'existence juridique de l'Association de l'immeuble du Québec, puisque
celle-ci assume déjà une grande partie des fonctions qui seront
éventuellement dévolues à l'organisme et qu'elle est
déjà reconnue dans le milieu. Ceci implique nécessairement
le besoin de revoir la mission, le sociétariat et la structure actuelle
de l'Association afin de les rendre conformes à l'objectif visé
par la refonte, ce qui inclut la suppression de ses liens actuels avec les
chambres immobilières.
L'organisme devrait réussir à s'autofinancer, par exemple,
en regroupant les sources de revenus actuels du service du courtage immobilier
et celles de l'Association. Nous croyons, à ce stade-ci, que ces revenus
devraient suffire à financer l'organisme ainsi qu'à rembourser
à l'État, une fois la période de transition
écoulée, les frais qu'il encourra pour assurer l'encadrement de
l'organisme.
Nous croyons également que l'organisme devrait être
chargé de concilier et d'arbitrer tout différend relatif à
des comptes entre intermédiaires et membres du public ainsi qu'entre
deux intermédiaires non affiliés entre eux, à moins qu'un
tel arbitrage n'ait déjà eu lieu au niveau d'une chambre
immobilière, conformément aux règlements de conciliation
et d'arbitrage qu'établira l'organisme.
Le rôle des chambres Immobilières a toujours
été de s'occuper des intérêts commerciaux de leurs
membres, lesquels adhèrent volontairement à celles-ci pour ces
raisons, et cette situation ne devrait pas changer. Il nous apparaît par
contre important de préserver leur liberté d'action en ne les
assujettissant pas à l'obligation d'appliquer une quelconque
réglementation de l'organisme, mais en leur permettant plutôt,
à leur option, d'appliquer le processus de conciliation et d'arbitrage
de l'organisme à leurs membres.
Les pouvoirs réglementaires prévus pour l'organisme, dans
le document de la ministre, nous apparaissent tout à fait sensés,
et nous appuyons l'énoncé de la ministre à ce titre. Nous
sommes également d'accord avec les fonctions proposées pour
l'organisme en matière de vérification et de contrôle de la
qualification, de la probité et de la compétence des
intermédiaires ainsi qu'en matière de formation et de
discipline.
Jusqu'ici, la Loi sur le courtage immobilier a toujours établi
une distinction entre les divers types de permis, basée non pas sur la
capacité d'accomplir des actes professionnels de courtage immobilier
mais plutôt sur la capacité à exploiter une entreprise.
C'est ainsi qu'aujourd'hui, les entreprises de courtage n'ont techniquement
qu'une seule personne qui soit véritablement habilitée à
accomplir un acte de courtage, alors que certaines d'entre elles utilisent les
services de plusieurs centaines de personnes qui ne sont que partiellement
habilitées à les représenter face aux consommateurs pour
l'accomplissement de leurs actes professionnels.
Nous croyons que le temps est venu de ne plus faire de distinction au
niveau de la capacité des intermédiaires immobiliers à
accomplir un acte de courtage immobilier de leur propre chef. Nous
prétendons que seule une personne physique est en mesure d'accomplir un
acte professionnel et que c'est également avec une personne physique que
le public traite en matière de courtage immobilier. Il nous
apparaît donc essentiel que cette même personne soit
professionnellement responsable de ses actes. Nous préconisons donc que
seules des personnes physiques puissent détenir un permis de courtage
immobilier malgré qu'elles puissent exercer leurs activités au
sein d'un cabinet de courtage immobilier qui pourrait lui-même être
constitué en société ou en personne morale.
Nous sommes fermement convaincus que ce n'est qu'en responsabilisant au
maximum chaque intermédiaire immobilier en fonction de ses
compétences et de ses fonctions que le législateur
réussira, enfin, à assurer au public un service de haut niveau et
une protection adéquate. La responsabilité de chaque succursale,
d'une entreprise de courtage devrait, à notre sens, être
attribuée à une personne différente pour chaque succursale
qui détiendrait non seulement les qualifications d'un courtier mais
idéalement un permis relatif au poste occupé.
Une telle personne devrait en outre faire la preuve d'une solide
expérience pratique du courtage immobilier et d'une formation
spécialisée au niveau de la gestion du courtage immobilier. Nous
croyons d'ailleurs que le courtier qui voudrait établir son propre
cabinet de courtage devrait avoir à rencontrer des critères
similaires mais possiblement plus astreignants. (15 h 15)
Pour ce qui est de la capacité financière des courtiers,
dans l'optique où le courtier est une personne physique habilitée
à accomplir des actes professionnels de courtage immobilier, nous
remettons en question le besoin même d'exiger une telle capacité
financière minimale surtout à la lumière des
régimes obligatoires d'indemnisation et
d'assurance-responsabilité professionnelle.
Soulignons toutefois l'importance d'attribuer à l'organisme le
pouvoir de vérifier en tout temps la solvabilité d'un
détenteur de permis afin de retirer de la circulation tout
intermédiaire qui ne serait plus en mesure d'assurer au public la
réalisation de ses obligations.
Nous croyons, par ailleurs, qu'il pourrait être pertinent d'exiger
de tout cabinet de courtage immobilier et de tout courtier exploitant en son
nom propre une entreprise de courtage qu'il dépose un cautionnement dont
le montant serait déterminé par l'ampleur de ses
opérations afin de garantir la protection du public au-delà de ce
qui est vraiment couvert par l'assu-rance-responsabilité professionnelle
ou le fonds d'indemnisation.
Quant au cumul de permis, nous croyons que la nature tout à fait
différente des fonctions professionnelles d'un intermédiaire
immobilier et d'un intermédiaire de produits financiers justifie
amplement de ne pas permettre un cumul de permis de courtage immobilier et
d'intermédiaire de marché, d'autant plus que l'exercice de ces
deux professions exige en soi une disponibilité entière afin de
s'occuper adéquatement des clients.
Nous considérons toutefois justifiées certaines
exceptions, notamment en ce qui a trait à l'émission aux
intermédiaires de marché d'un permis restreint en courtage
d'hypothèques, afin de permettre à ceux-ci de représenter
les assureurs dont ils vendent déjà les produits financiers dans
le domaine hypothécaire, et à l'obtention, par les
détenteurs de permis de courtage immobilier, d'un permis restreint en
valeurs mobilières portant essentiellement sur des biens
immobiliers.
Pour les mêmes raisons, nous ne voyons pas l'utilité de
permettre la présence d'intermédiaires immobiliers, lesquels
n'ont pas de produits financiers à vendre, dans des cabinets
multidis-ciplinaires dont l'existence même, au sens de la loi 134, est
liée au fait qu'ils offrent au public d'acheter au même endroit
toute une panoplie de produits financiers relativement normalisés.
Au niveau de la prohibition qui existe présentement d'exercer
toute autre occupation ou profession, nous croyons que l'état actuel de
la profession justifie que l'on maintienne pour quelques années le statu
quo jusqu'à ce que l'évolution de la pratique du courtage
immobilier et des normes d'accès et d'exercice de la profession permette
une libéralisation sans compromettre la sécurité du public
consommateur.
Le partage de rémunération entre détenteurs de
permis au Québec ne suscite évidemment
pas de problème pour qui que ce soit. L'Association
préconise toutefois d'étendre l'autorisation d'un tel partage
à tout intermédiaire immobilier autorisé dans une
juridiction hors du Québec.
Étant donné que les intermédiaires de marché
ont des fonctions professionnelles tout à fait différentes de
celles des intermédiaires immobiliers, nous ne voyons pas, par contre,
l'utilité de permettre le partage réciproque de
rémunération entre ces deux professions. Nous pourrions toutefois
être favorables au partage avec d'autres personnes habilitées
à agir comme intermédiaires immobiliers dans la mesure où
ces personnes pourraient en faire autant quant à leur propre
rémunération.
Pour ce qui est de la rémunération de
référence, nous sommes d'avis qu'il n'y a pas lieu de la
permettre, puisque à notre avis, il est virtuellement impossible de la
distinguer d'un partage de rémunération et que cette forme de
rémunération ne risquerait que de devenir une façon
aisée de contourner la loi.
La spécialisation est à l'ordre du jour dans plusieurs
professions et la nôtre ne saurait y échapper. L'Association
soutient une approche qui vise à reconnaître et baliser
l'existence de différentes spécialités dans le domaine du
courtage immobilier. À ce titre, notons qu'en plus des
spécialités habituellement reconnues dans notre domaine, notre
comité en est venu à considérer que la gestion d'une
succursale ou d'un cabinet de courtage immobilier devrait constituer l'une de
ces spécialités. Toutefois, nous ne croyons pas qu'il soit
nécessaire, de façon générale, de réserver
l'exercice du courtage immobilier dans un domaine donné aux seuls
spécialistes, ce qui rendrait difficile l'accès à de tels
services dans certaines régions. Nous favorisons plutôt
l'attribution du titre de spécialiste dans un domaine donné aux
personnes rencontrant certains critères de compétence.
Enfin, nous aimerions souligner nos préoccupations en ce qui a
trait à la préservation des droits acquis par ceux qui se sont
déjà, au fil du temps et de l'expérience, qualifiés
comme spécialistes dans un domaine particulier. L'Association tient
à souligner son appui sans réserve aux dispositions de
l'énoncé relatives à la divulgation de tout conflit
d'intérêts direct ou indirect. Nous croyons fermement qu'il faille
établir des mesures pénales et disciplinaires exemplaires et
même instaurer en faveur du consommateur un droit de résolution en
faveur d'une divulgation complète par un intermédiaire immobilier
impliqué comme partie prenante dans une transaction. Nous appuyons, par
ailleurs, le besoin d'accorder à l'organisme le pouvoir de baliser les
activités de nature spéculative qu'un détenteur de permis
pourrait entreprendre afin d'éviter tout malentendu ou toute
ambiguïté à ce sujet.
Enfin, la confiance témoignée par les clients envers les
intermédiaires Immobiliers ne doit jamais être trahie, et
l'Association est donc d'accord sur le besoin d'inscrire et de cerner dans la
loi l'obligation de confidentialité par les détenteurs de
permis.
Une voix: Merci, M. Cayer.
M. Depelteau: Je ne pourrais que conclure en disant que nous
sommes pleinement en accord avec l'objectif de Mme la ministre de
responsabiliser le milieu sur la base des principes
d'autoréglementation, d'autogestion et d'autodiscipline. Nous avons
émis certaines réserves par rapport à certains aspects de
la vision du courtage immobilier, élaborés dans le document, de
façon à pousser plus loin la réflexion. De plus, nous
avons constaté que plusieurs sujets n'étaient pas abordés
dans le document de consultation, par exemple la définition de ce qui
constitue un acte de courtage, un bien immobilier ou une personne
habilitée autre qu'un détenteur de permis ou encore une place
d'affaires ou succursale. Nous nous permettons, en tant qu'organisme
représentant la profession au niveau provincial mais aussi en tant
qu'association apte à jouer pleinement le rôle d'organisme
d'autogestion et d'autoréglementation de la profession, d'offrir notre
entière collaboration dans les prochaines étapes du processus
d'élaboration de la nouvelle loi qui régira le courtage
immobilier dans le meilleur intérêt du public.
Au nom de l'Association et de tous ses membres, je remercie Mme Robic
pour son document de consultation qui s'est avéré un
précieux outil de réflexion ainsi que les membres de la
commission de nous avoir donné cette occasion d'exprimer nos
commentaires et surtout notre vision de l'exercice du courtage immobilier.
À ce stade-ci, nous sommes prêts à répondre à
vos questions. Merci encore.
Le Président (M. Farrah): Alors merci, M. Depelteau. Sans
plus tarder nous allons poursuivre, dans la deuxième partie, nos
échanges avec les parlementaires. Je rappelle la règle qui est de
20 minutes pour le parti ministériel et 20 minutes pour le parti de
l'Opposition et jusqu'à un maximum de 10 minutes par intervention, et on
alternera aussi entre l'Opposition et le gouvernement. Alors, sans plus tarder,
Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Avant d'aller à
des questions j'aimerais peut-être vous présenter les gens qui
m'accompagnent. À ma droite, Réal Martel, le surintendant du
courtage immobilier et, à ma gauche, Paul Jolicoeur, mon attaché
politique responsable du dossier au cabinet. Je voudrais vous remercier de
votre présence et vous remercier aussi de la qualité de votre
document que vous nous avez présenté.
M. le Président, il est bien sûr qu'avec
l'expérience que j'ai dans l'immeuble, j'aurais sans doute pu aller
directement à un projet de
loi et répondre moi-même à ces 12 questions que j'ai
posées. Mais je pense que, M. Depelteau l'a bien dit, je voulais que ce
document soit un outil de réflexion. La consultation publique que je
fais aujourd'hui, je pense qu'elle est fort importante. Vous voyez
l'intérêt que nous avons suscité grâce à cette
consultation. Je voudrais que le projet de loi reflète les besoins de
l'industrie d'aujourd'hui. Donc, malgré mon expérience, je crois
qu'il y a eu une évolution dans le domaine de l'immobilier, et, pour que
je puisse préparer un projet de loi qui réponde bien aux attentes
et du public et de l'industrie, j'ai donné cette opportunité aux
groupes de faire une réflexion et non pas seulement de venir critiquer
un projet de loi. Je m'attends à ce que je puisse présenter un
projet de loi qui rencontrera l'assentiment de la majorité des
intervenants.
M. le Président, l'Association de l'immeuble nous présente
un mémoire qui, certainement, va nous aider à préparer un
projet de loi adéquat. Je voudrais vous poser une question. Vous dites,
à plusieurs reprises, que l'Association de l'immeuble du Québec
devrait devenir l'organisme d'autoréglementation. Votre Association
porte présentement deux chapeaux: celui de la protection du consommateur
et celui de la défense des droits économiques des membres. Vous
devrez, et vous l'avez mentionné vous-mêmes, modifier vos
structures et vos liens avec l'industrie. Comment voyez-vous ces
changements-là? Voyez-vous un problème à vous
réajuster dans une nouvelle structure?
Le Président (M. Farrah): M. Depelteau ou M: Cayer.
Une voix: M. Cayer.
Le Président (M. Farrah): M. Cayer, la parole est à
vous.
M. Cayer: Pas vraiment puisque, depuis déjà six ou
sept années, l'Association de l'immeuble du Québec, un peu
à l'instigation, d'ailleurs, de l'appareil gouvernemental à
l'époque, s'est dotée des outils nécessaires pour
justement réglementer la profession, au point même où il
pourrait y avoir une certaine redondance avec l'existence ou les services
assurés par le Service du courtage immobilier.
Donc, non, Mme la ministre, l'Association de l'immeuble du
Québec, de par sa structure, les outils et les ressources dont elle
s'est dotée au fil des années, ne voit pas du tout de
problème à assumer ce rôle qui est tout simplement une
extension du rôle dont elle s'est dotée depuis quelques
années.
Mme Robic: Comment le milieu réagirait-il à ce
genre de structure nouvelle pour l'Association qui deviendrait l'organisme
d'autoréglementation? Est-ce que vous avez consulté le milieu
avant de préparer votre mémoire?
M. Depelteau: Le milieu a été consulté
à deux reprises déjà. Au niveau de la consultation, il
s'est agi des représentants des différents courtiers ainsi que
des différentes chambres immobilières du Québec, les 13
chambres immobilières du Québec, une première fois dans le
cadre du document de consultation de la ministre et, une deuxième fois,
dans le cadre du mémoire que nous avons présenté. Cette
consultation s'est faite d'une façon tout à fait
intéressante au niveau du déroulement du dossier.
En ce qui a trait à la dualité, si on veut, de
protéger le public tout en représentant les intérêts
commerciaux des membres, il est entendu que l'Association, qui regroupe
maintenant certaines chambres, aurait à changer de statut ou à
évoluer et que les chambres immobilières locales seraient,
évidemment, d'une façon plus spécialisée,
représentantes des droits commerciaux des membres. Est-ce que ça
répond à la question?
M. Cayer: Si je peux me permettre de compléter, Mme la
ministre, il est important de souligner que l'Association de l'immeuble du
Québec telle qu'elle existe aujourd'hui et, en fait, la Corporation des
courtiers en immeuble, qui est l'ancien nom de l'Association de l'immeuble du
Québec, ont été créées avec cet objectif
d'assumer éventuellement la fonction d'autogestion et
d'autoréglementation de la profession. D'ailleurs, je soulignerais que,
dans le courant des années soixante-dix, l'association avait soumis
à l'Office des professions un mémoire demandant d'être
incorporée sous forme de corporation professionnelle et que cette
corporation professionnelle assume la personnalité juridique de
l'Association actuelle.
Ce débat, si on veut, existe depuis de très nombreuses
années. Les consultations qui ont été faites tout
récemment ont été faites à la lumière
particulière du document que vous aviez déposé à la
commission.
Mme Robic: Vous avez touché tout à l'heure, dans
votre énoncé, au rôle que vous réservez aux chambres
d'immeuble. Vous avez parlé de conciliation et d'arbitrage et, en
même temps, vous avez dit: Ça pourrait être également
le rôle de l'organisme d'autoréglementation. Là, il
pourrait y avoir, à un moment donné, une jonction. J'aimerais que
vous élaboriez un peu là-dessus.
M. Cayer: Oui, il faut d'abord se rappeler que le processus de
conciliation et d'arbitrage est un processus en vertu duquel deux parties qui
ont un différend s'entendent pour le faire arbitrer par une, deux ou
trois autres personnes. Le mode de fonctionnement actuel de l'Association,
à ce sujet, a été d'instaurer un processus
plus détaillé, si on veut, mais qui correspond très
exactement à ce qui est prévu au Code de procédure civile
en matière d'arbitrage. (15 h 30)
Donc, les chambres immobilières déjà,
présentement, se chargent de faire l'arbitrage entre deux membres. De
par la nature même de l'arbitrage, les parties s'entendent pour que la
décision arbitrale ne soit pas contestable si, évidemment, tout
le processus a été respecté. Donc, rien
n'empêcherait qu'un arbitrage puisse se faire au niveau des chambres
immobilières, et, dans ce cas, évidemment, l'organisme ne
pourrait pas intervenir à nouveau, puisqu'il n'y a pas de
décision appelable, si on veut, à n'importe quelle instance de
l'arbitrage.
Mme Robic: Mais, la déontologie appartiendrait à
l'organisme d'autoréglementation et dans un code d'arbitrage, n'y
a-t-il pas également un aspect déontologique
là?
M. Cayer: II arrive, effectivement, dans des situations
d'arbitrage de comptes entre deux courtiers qu'il y ait des composantes qui
sont un peu d'une nature déontologique ou disciplinaire. Par exemple, un
courtier qui aurait fait un geste qui serait contraire à la
déontologie pour s'approprier la rémunération d'un autre
courtier. Toutefois, il existe aussi des circonstances où il n'y a pas
de composantes déontologiques à une situation d'arbitrage et que
ça ne repose que sur une ambiguïté tout simplement d'une
entente non écrite.
La façon dont notre Association, en collaboration avec les
chambres immobilières, traite ce type de sujet jusqu'à
maintenant, c'est que, s'il y a matière à arbitrage d'un
différend, c'est-à-dire l'aspect monétaire plus souvent
qu'autrement, c'est traité de façon tout à fait distincte
d'un différend qui peut se situer au niveau de la déontologie ou
de la discipline. Quelqu'un pourrait fort bien gagner sa cause, par exemple, en
arbitrage et la perdre au niveau de la déontologie, tout simplement
parce que ce qu'il a fait est la raison réelle pour laquelle la
rémunération a été gagnée, mais que, par
ailleurs, ce qu'il a fait est également contraire à la
déontologie.
Une des raisons principales pour laquelle la déontologie et la
discipline existent dans notre Association présentement, c'est que, s'il
n'y a pas la possibilité d'arbitrer un différend entre deux
personnes comme règle générale, ce différend va
aboutir à une série d'actes contraires à la
déontologie. Alors, c'est important donc que l'organisme puisse à
la fois couvrir et l'un et l'autre d'une façon tout à fait
courante.
Mme Robic: Alors, pour...
Le Président (M. Farrah): Merci, M. Cayer. Je m'excuse,
Mme la ministre, vos premières...
Mme Robic: Oui, d'accord.
Le Président (M. Farrah): ...10 minutes sont
terminées. Alors, vous avez une autre tranche de 10 minutes. On pourra
revenir après par souci d'équité. Alors, M. le
député de Labelle pour 10 minutes.
M. Léonard: Oui. Monsieur... pas M. Depel-teau. En tout
cas, MM. les représentants, merci, d'être venus. Moi, j'aurais une
question à la base. Vous dites que la réforme est attendue depuis
longtemps. Pourquoi faut-il une réforme à ce moment-ci?
M. Depelteau: Disons qu'au fil des années, l'Association a
réussi, en instituant des procédures au niveau d'un code de
déontologie, d'un syndic et des processus d'arbitrage, à
maintenir l'harmonie dans la profession. Ceci dit, il y a une limitation au
niveau de ce que l'Association peut faire, en ce qui a trait à la
pénalité maximale que l'Association peut exiger: c'est
l'exclusion, exemple, d'un membre, ce qui ne lui enlève pas le droit de
pratique. Alors, à ce moment-là, quelqu'un qui est exclu de
l'Association pourrait, de toute façon, continuer à pratiquer.
Alors, ce qui manque à l'Association dans les faits, c'est un cadre
législatif pour pouvoir accentuer l'impact des processus disciplinaires
qui ont été appliqués depuis quelques années.
M. Léonard: Là, si je comprends bien, vous me
confessez impuissance. Mais, le problème, finalement, c'est que vous ne
pouvez pas atteindre les récalcitrants. Il y en a beaucoup, des
récalcitrants? Beaucoup?
M. Depelteau: Assez pour qu'au fil des années,
l'Association se dote des processus dont je vous ai parlé.
M. Léonard: Au fond, quand on parle d'une réforme,
c'est parce qu'il y a un malaise général. Là, vous parlez
du problème que vous avez, vous, à faire une surveillance ou, en
tout cas, à être efficace. Mais la question de fond, c'est qu'il y
a des problèmes même chez l'ensemble des courtiers, si je
comprends. C'est quoi?
Le Président (M. Farrah): Me Galardo.
M. Galardo (Pierre): M. le député, ce n'est pas
seulement la réforme pour la déontologie ou la déontologie
pour la réforme. Il ne faut pas se tromper. Après 28 ans d'un
régime qui avait été pondu à l'époque, pour
les réalités de l'époque, après avoir vu le
développement économique, le développement des
marchés... Mme la ministre a bien mentionné, par exemple, la
franchise, le développement, donc, du marketing du produit. Ensuite, le
fait que pendant, du moins, les
derniers huit ans, la profession s'est réellement prise en main
et au lieu de réclamer une loi lui permettant de régir, elle
à agi comme si elle était habilitée à le faire.
Exemple: la déontologie.
La déontologie vient ici uniquement, toutefois, pour colorer le
problème. On a donc prouvé supposément, depuis huit ans,
que la réglementation, que la gestion pouvait se faire par
l'intermédiaire et non pas par une loi ou un corps de fonctionnaires. Il
y des récalcitrants.
Ils représentent mathématiquement 8 % de la profession.
Mais même chez les courtiers et agents qui sont membres chez nous,
lorsque le comité de discipline, en appel ou en première
instance, condamne l'individu à 300 $ d'amende, il faut vous replacer un
peu... C'est une parodie, ce que je vais faire. C'est un peu comme si les
Chevaliers de Colomb vous condamnaient à 300 $ d'amende, parce
que vous êtes Chevaliers de
Colomb. Il faut placer ça dans le contexte.
Si vous ne voulez pas payer, vous n'êtes plus Chevalier de Colomb.
Ce n'est pas bien utile au bout de ligne pour assurer une application
déontologique sérieuse, continue et complète. Je pense que
c'est ça au niveau de la déontologie. Par ailleurs, il ne faut
pas oublier que c'est aussi ajuster une réalité contemporaine
à une béquille des années 1962. La béquille,
maintenant, commence à ne plus avoir de bols, elle n'a plus de bout,
elle n'a plus rien, là. Et c'est le temps qu'on agisse. La
déontologie n'est qu'un portrait.
M. Léonard: Vous faites une distinction si Je comprends,
elle est ténue, mais enfin, j'aimerais bien vous entendre
là-dessus - de la promotion des intérêts des courtiers et
la promotion du public. Et j'aimerais bien que vous précisiez, parce
qu'au fond, vous dites: Dans la proposition de composition du conseil, il faut
que ce soient des gens élus, choisis, parmi les membres de la
profession. Alors, j'en conclus, à lire la composition du conseil que
vous proposez, que ça va être surtout la protection des
intérêts des courtiers. Puis pourtant, le premier objectif, c'est
celui de la protection du public.
Je souligne en passant que, dans les ordres de professions,
généralement, sur les conseils et sur les comités, il y a
toujours des personnes de l'extérieur, et, parfois, en nombre important.
J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Galardo: Nous avions effectivement plusieurs choix sur la
composition. Premièrement, le mémoire, tel qu'il vous a
été soumis. De plus, les commentaires de M. le président
et de M. Cayer tantôt prévoient la possibilité que le
gouvernement nomme un représentant ou des représentants. Je ne
pense pas qu'on va s'arrêter sur le "un" ou "des", actuellement. On est
tous à la veille de voir peut-être une loi, un projet de loi, qui
a un cadre. Il n'y a pas d'objection du milieu à ce que des
représentants du gouverne- ment, "quote unquote", qui pourraient
représenter soit un milieu économique, soit le consommateur,
puissent prendre place à l'intérieur des structures de
l'organisme.
Oui, il y a des corporations professionnelles auxquelles on a adjoint
des représentants du public ou des représentants du gouvernement,
toujours en infime minorité. Et je pense que, sans vouloir faire le
procès de ma propre profession, leur apport peut être
intéressant. Est-il significatif? Y a-t-il lieu de le réviser? On
revient sur la question essentielle des professions d'aujourd'hui versus aussi
la pensée des années 1969, 1970 et 1972.
Je ne veux pas revenir sur le passé. Mais je ne pense pas qu'on
demande un comportement ou une situation moindre que ce que l'ensemble des
autres corps de métier - que certains qualifient de professions - ont
dans la province de Québec. Et je pense que si l'expérience nous
donne quelque chose, que le public est mieux protégé par un
ensemble de gens qui voient à leur intérêt, c'est vrai
qu'il y a une "mixtion" entre l'Intérêt du consommateur et
l'intérêt de l'intermédiaire. C'est parce que si le
consommateur a confiance en l'intermédiaire, l'intermédiaire a
plus de mandats, plus d'ouvrage, plus de possibilités de
répondre. Donc, II y a une interrelation, une synergie - pour employer
l'expression de tantôt - qui existe. Je pense que c'était la
réflexion du comité à savoir que les
intermédiaires, en se contrôlant eux-mêmes, s'aident
eux-mêmes, mais, pour ce faire, ils doivent rassurer le public. Ils
doivent s'assurer que le public leur porte confiance et je pense que vous allez
voir, avec les jours qui viennent, avec les semaines qui viennent, que ce
fameux public, chez nous, a reçu cette confiance. Il a été
traité avec respect et il pense que ses droits sont
protégés chez nous. Peut-être qu'il pense erronément
que ses droits sont protégés parce qu'on est "quote unquote"
comme des Chevaliers de Colomb, mais, ça, c'est une autre affaire.
Je pense qu'ils nous ont donné assez de confiance parce qu'on
s'est assurés nous-mêmes d'inciter à la confiance. C'est
ça, je pense, le système professionnel. C'est le professionnel
qui décide pour lui, mais il sait fort bien que s'il acquiert la
confiance, il peut continuer à professer en paix, sans l'intervention de
l'État parce que tout le monde a confiance en lui. Je pense que c'est
ça qu'on essaie de vous dire.
M. Léonard: Oui, mais il me semble que dans le cas du
courtage immobilier, il y a quand même une situation un peu
différente. Le vendeur donne un mandat de vendre à son courtier.
Alors, le courtier veut vendre et le client qui est au bout, je me demande
quelle est sa protection s'il se retrouve devant ce courtier uniquement. Il
faudrait qu'il ait pratiquement, lui, un courtier qui a le mandat d'acheter.
Donc, il faudrait qu'il soit pratiquement représenté par deux
personnes.
Mais, en général, ce n'est pas comme ça que les
choses se passent. Dans la grande majorité des cas, c'est un mandat de
vendre et quelqu'un s'en va chercher ou veut aller acheter là où
il y a un mandat de vendre. Il me semble que les courtiers sont plus enclins,
en général, à protéger le vendeur que
l'acheteur.
Ceci étant dit, peut-être que votre expérience est
très différente et que vous pourrez démentir tout
ça, je le souhaite bien. Mais enfin je ne vois pas qu'on fasse un lien
aussi étroit que ça entre la protection du public et la
défense des droits des intérêts des courtiers. Il me semble
que la composition du conseil, à tout le moins lorsqu'il y a des
plaintes, protège très efficacement le public. Dans ce
cas-là, par exemple, on pourrait penser à la formation d'un
conseil assez large parce qu'il s'agit de sommes importantes qui touchent
l'avenir des gens. Dans le cas des biens immobiliers, on parie toujours de long
terme, pratiquement, pour le citoyen ordinaire.
Le Président (M. Chagnon): Avez-vous des commentaires? il
vous reste à peine quelque 30 secondes, M. le député de
Labelle, pour la fin de votre intervention avant que nous ne revenions.
M. Léonard: O.K. Ça va. On reviendra ou mon
collègue reviendra commenter.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que vous avez un
commentaire?
M. Léger (François): Si vous me le permettez, il y
a eu discussion, finalement, entre les intérêts des membres de la
profession et l'intérêt du public. On est tout à fait
à l'aise avec les structures proposées par Mme la ministre et on
ne voit pas de conflit. On n'en voit pas, d'une part, parce qu'il est dans
notre intention de délaisser les intérêts commerciaux des
membres, et on les délègue aux chambres immobilières.
Comme les membres de l'Association le mentionnent, depuis huit ans, on s'est
dotés de structures, et les structures voulaient vraiment être
mises en place pour protéger les intérêts du public parce
qu'on croit fermement que la façon de faire avancer la profession, c'est
en protégeant l'intérêt du public. On est tout à
fait à l'aise avec ça. C'est ce qu'on veut. Moi, pour un, comme
courtier, mon plus gros souhait, c'est de faire en sorte qu'on ait des
structures en place qui protègent bien le public, pour qu'on soit bien
vus et qu'il utilise nos services. Si on regarde, finalement, au niveau de
l'ordre des professions, c'est un peu une structure similaire qu'on recherche.
On est d'accord avec l'idée qu'il y ait, en minorité, des
représentants du gouvernement, mais on veut vraiment que l'organisme en
question soit régi par des membres de notre profession. On est tout
à fait à l'aise avec l'idée que ces membres sont là
pour l'intérêt du public.
Le Président (M. Chagnon): Je vous remercie, M.
Léger. Mme la ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président. Je voudrais revenir
là-dessus. Vous dites - et c'est très clair dans votre document -
que, si vous deveniez l'organisme d'autoréglementation, vous laisseriez
tomber le volet défense des droits des membres pour le confier aux
chambres, si je vous ai bien compris, M. Cayer.
Quand vous décrivez le processus de conciliation et d'arbitrage,
vous semblez conserver un lien entre les chambres et cet organisme
d'autoréglementation. Je vois mal comment il peut y avoir un lien
là et j'aimerais que vous le décriviez ce lien-là. (15 h
45)
M. Cayer: D'abord, il est important de faire une petite
distinction entre ce qui existe dans notre milieu et ce qui existe dans
d'autres professions. Par exemple, il est rare de trouver chez les
ingénieurs, chez les avocats et chez les notaires une interaction entre
les professionnels avec partage éventuel de rémunération,
comme il existe chez nous. Ça fait partie en fait de la vie de tous les
jours des courtiers en immeubles. Parce que cette interaction existe et parce
qu'il peut se présenter des différends entre les
intermédiaires, il est important de pouvoir, dès le départ
et à la racine, si on veut, arbitrer un différend qui existe
entre ces gens-là. Maintenant, lorsqu'on dit arbitrer, on ne dit pas que
l'organisme doit arbitrer, on dit que l'organisme devrait permettre
d'établir une structure, une espèce... Par exemple, de la
façon que ça fonctionne chez nous, l'Association de l'immeuble du
Québec a établi un "pool" d'arbitres, de gens du milieu, qui ont
été formés à identifier les composantes d'un
problème, surtout en matière de différend relatif a un
partage de rémunération et à trancher la question. Ce
n'est jamais l'Association de l'immeuble du Québec qui le fait.
L'Association de l'immeuble du Québec se contente de maintenir en place
une procédure et d'offrir l'accès, si on veut, aux
détenteurs de permis, qui sont membres chez nous, d'utiliser un tel
service.
Nous croyons tout simplement qu'il y aurait lieu d'avoir un
mécanisme universel simple et nous considérons
définitivement que l'arbitrage représente ce mécanisme
simple pour ce problème particulier à notre profession. Donc, que
l'organisme mette en place un tel processus, un tel règlement, qu'en
parallèle, il opère, si on veut, une espèce de tribunal
d'arbitrage, pour nous, il n'y a pas de conflit avec la mission principale de
l'organisme.
Le Président (M. Chagnon): Merci. Mme la ministre, est-ce
que vous avez d'autres questions à poser?
Mme Robic: Oui. Dans cette nouvelle structure de l'industrie,
quel rôle réservez-vous au gouvernement?
M. Cayer: Ça rejoint un peu ce que le député
de Labelle mentionnait il y a quelques instants. Lorsqu'on a examiné les
différentes solutions possibles, et je soulignais tantôt qu'on
avait même envisagé la création d'une corporation
professionnelle, on a toujours considéré qu'ultimement,
au-delà de l'organisme d'autoréglementation, d'autogestion et
d'autodiscipline, l'obligation de faire respecter un certain ordre dans le
milieu du courtage immobilier revient au gouvernement. Alors, dans notre
mémoire, nous soulignons le fait que l'on considère que le
gouvernement devrait garder définitivement la main haute sur l'organisme
d'autoréglementation, c'est-à-dire de s'assurer que l'organisme
remplit adéquatement son rôle, que les règlements que cet
organisme propose sont aptes à protéger adéquatement le
public, et ainsi de suite.
Nous croyons d'ailleurs que le gouvernement et les représentants
du gouvernement sont plus à même d'accomplir cette fonction que la
présence de représentants du public, non pas qu'on soit contre le
principe, comme le soulignait Me Galardo, mais il est assez difficile de
trouver des représentants du public qui aient le temps et les ressources
nécessaires pour vraiment s'impliquer et suivre ce qui existe dans notre
profession. Nous croyons que la présence, par exemple, d'un
représentant que nous identifions à l'origine comme un
fonctionnaire qui est spécialisé dans le domaine et qui
relèverait d'une quelconque autorité au sein du gouvernement
serait la meilleure garantie, en dernier ressort, pour le public.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. Cayer. Mme la
ministre.
Mme Robic: A la page 13 de votre mémoire, vous
précisez que seule une personne physique devrait détenir un
permis de courtier ou d'agent. C'est une modification majeure que vous
proposez, et j'aimerais savoir, M. Cayer, ce qui arrive à votre ancienne
maison... Ha, ha, ha!
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Robic:... quand vous faites ce genre de
modification-là. J'aimerais ça que vous élaboriez un peu
sur ce que ça veut dire.
M. Cayer: II n'existe pas, comme tel, de contradiction. En fait,
ce n'est pas une révolution qu'on préconise, il s'agit tout
simplement d'une évolution. Pour nous, il est clair que le consommateur
qui traite avec un intermédiaire immobilier devrait traiter avec une
personne qui a la pleine capacité d'accomplir ses actes professionnels.
Or, la situation, aujourd'hui, c'est que ce n'est pas le cas. On n'a, depuis le
début de l'existence de la Loi sur le courtage immobilier,
attribué une capacité d'autonomie, si on veut, à accomplir
les actes professionnels qu'au courtier, mais, en même temps, on exigeait
de rencontrer certains critères d'ordre financier, administratif, et
ainsi de suite, qui font que l'agent immobilier n'est pas une personne
habilitée à accomplir ces actes professionnels. Nous croyons
qu'il devrait l'être. Il y a plusieurs options possibles à ce
niveau, et seules des discussions encore plus poussées sur le sujet nous
permettront d'arriver à une structure plus précise à ce
niveau. Mais il est clair que, fondamentalement, le consommateur doit avoir
devant lui ou devant elle une personne qui a la pleine capacité
d'accomplir ces actes professionnels, pas une personne dont le patron, quelque
part, peut-être a plusieurs centaines de kilomètres a, lui ou
elle, la capacité d'accomplir ces actes, seul.
Mme Robic: Vous n'êtes pas en train de me dire que vous
voulez que chaque agent devienne un courtier, là? Ce n'est pas ça
que vous me dites?
M. Depelteau: Quand on parle de responsabilisation...
Mme Robic: Ou c'est ça que vous êtes en train de me
dire.
M. Depelteau:... la loi actuelle du courtage immobilier donne
toute la responsabilité d'une transaction immobilière au
courtier, et l'agent est un peu l'extension juridique du courtier. Alors, ce
que l'Association propose, c'est de responsabiliser l'agent même dans ses
fonctions d'agent, non pas de devenir courtier, mais de le responsabiliser dans
ses fonctions d'agent de façon que le public traite avec une personne
responsable de ses actes.
Mme Robic: Oui, mais...
Le Président (M. Chagnon): Vous vouliez ajouter...
M. Cayer: Vous savez, on peut s'empêtrer très
facilement, à compter du moment où on essaie d'utiliser la
terminologie qui existe aujourd'hui. Qu'on détermine, par exemple, que
le niveau auquel une personne est habilitée à accomplir ces actes
professionnels, c'est au niveau du courtier seulement, à ce
moment-là, peut-être que oui, tout le monde devrait être un
courtier après un certain temps. Si on détermine, par contre, que
ça devrait être au niveau de l'agent, à ce
moment-là, oui, il n'y a pas de problème avec ça non plus.
Mais il faut clairement distinguer la capacité d'accomplir l'acte
professionnel de la capacité ou du goût même d'exploiter une
entreprise de courtage immobilier.
Et c'est là la distinction qu'on veut faire. On a
présentement des agents qui sont des personnes qui sont à demi
habilitées à accomplir des actes professionnels et ça
représente la vaste majorité des détenteurs de permis.
Nous préconisons que la majorité d'entre eux devraient avoir la
pleine capacité d'accomplir leurs actes professionnels. Qu'on les
appelle des agents, qu'on les appelle des courtiers, c'est finalement peu
important. Ce qui est important, c'est que le consommateur ait devant lui une
personne qui a la pleine capacité d'accomplir les actes que l'agent
présentement accomplit pour elle.
Le Président (M. Chagnon): Merci. Mme la ministre, votre
temps de parole est malheureusement écoulé pour vous et vous
reviendrez un peu plus tard. Maintenant, j'ai le député de
Bertrand qui signifiait son intention de vous questionner.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Un des objectifs qui
est avancé dans le document de consultation, c'est d'améliorer la
formation des agents. Une question qui me vient à l'esprit en
écoutant les commentaires qui ont été faits de part et
d'autre, c'est la suivante. En fonction des normes de qualification que vous
voudriez introduire dans votre structure, combien d'agents, à l'heure
actuelle, se qualifieraient par rapport aux normes disons plus
accentuées que vous voudriez introduire?
M. Depelteau: II est difficile de répondre à cette
question dans le sens où les normes dont on parle, qui pourraient
augmenter la compétence des membres, sont d'un ordre de contrôle.
Exemple: Actuellement, un permis est émis suivant la réussite
d'un cours, si on veut. Il n'y a pas d'examen d'entrée pour
l'émission d'un permis, comme c'a déjà été
le cas. Alors, nous suggérons qu'un examen normalisé à
travers la province puisse déterminer la compétence d'un
détenteur de permis, d'une part, et on parle aussi d'introduire des
normes de spécialité, qui ont trait à des
spécialités, c'est-à-dire que quelqu'un puisse
accéder à la profession, garder l'accès à la
profession, d'une façon assez impor tante pour que les gens puissent y
entrer, sauf qu'il y aurait des champs réservés à des
spécialités. On devrait avoir un permis ou une
spécialité ou une coche, si on veut, séparée
à un permis pour faire certains types d'activités.
Je m'excuse, je demanderais à M. Cayer d'expliciter sur ce
champ-là.
M. Cayer: J'aimerais préciser que l'objectif
recherché ici n'est pas du tout de tenter de contingenter l'accès
ou l'exercice de la profession. Au contraire, les membres de notre
comité, les membres de notre Association veulent responsabiliser au
maximum chacun des niveaux d'intermédiaires, mais il est
également important, comme d'ailleurs nous l'avions mentionné
lors de discussions privées avec Mme la ministre, de préserver
l'accès à la profession à un niveau qui soit à la
fois suffisant pour garantir une certaine qualité de service au public,
tout en s'assurant que les gens qui atteignent ce niveau aient une incitation
supplémentaire à acquérir des connaissances
supplémentaires au-delà de cela.
Or, la situation actuelle n'est pas incitative à cet effet.
Pourquoi? On est agent aujourd'hui, et la seule raison pour laquelle on vise
à devenir courtier, c'est parce qu'on voudrait partir une entreprise de
courtage immobilier. Ce qui fait que, parmi les détenteurs de permis
d'agent, aujourd'hui, il y a environ 75 % des gens qui sont agents,
peut-être depuis plus que trois ans, certains depuis vingt ans, et qui
n'ont jamais eu l'incitation supplémentaire à acquérir des
connaissances qui leur permettraient de mieux faire leur boulot.
Alors, nous préconisons donc, surtout par le biais de la
spécialisation et de la formation continue, un objectif de rendre plus
connaissant et plus compétent chacun des détenteurs de permis, de
façon à ce que le public, en dernier ressort, soit mieux
servi.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Bertrand.
M. Beaulne: Disons que ça m'éclaire un peu, mais
ça m'intrigue également, dans le sens où vous dites qu'il
n'y a pas d'examen d'entrée. On parle d'incitatifs, on parle
d'améliorer la qualification des agents pour mieux servir le public.
À l'heure actuelle, êtes-vous en train de nous dire,
jusqu'à un certain point, que les qualifications ou quels que soient les
critères qui sont exigibles à l'heure actuelle sont insuffisants
et qu'au fond, il y a plusieurs personnes qui fonctionnent dans le domaine et
qui, si on resserrait les critères, n'y seraient pas?
M. Cayer: Je serais obligé de répondre un peu oui
à cette question, à ce commentaire, pour la simple et bonne
raison que, jusqu'en 1985, il a existé un examen normalisé
d'accès à la profession. Depuis 1985, l'accès est
déterminé par le fait qu'on a réussi ou non une
série de cours, en fait, quelque 210 heures de cours dispensés
par des Institutions d'enseignement. Par ailleurs, le programme même de
ces cours n'est pas établi par la profession, n'est pas établi
par le Service du courtage immobilier, il est établi par le
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science qui, en
fait, le délègue à un regroupement d'institutions
d'enseignement qui dispensent ce cours. L'Association a, en tant que
représentant de la profession, un mot à dire, c'est-à-dire
qu'elle peut faire des suggestions, mais en dernier ressort, c'est l'ensemble
de ces institutions qui décident ce qui est bon pour la profession. Le
résultat de ceci, c'est que, depuis quelques années, plusieurs de
nos membres, des
courtiers par exemple, des agents qui ont à traiter avec de
nouveaux agents se plaignent d'avoir à traiter souvent, malheureusement
trop souvent, avec des détenteurs de permis d'agent qui ne sont
même pas capables de remplir, par exemple, une promesse d'achat. Or,
c'est tout à fait inacceptable, considérant que c'est un document
juridique, un document d'Importance pour le consommateur qui traite avec cette
personne. (16 heures)
Nous préconisons, effectivement, comme le soulignait M.
Depelteau, tantôt, qu'un examen d'entrée soit à nouveau
instauré pour s'assurer que les gens, peu importe l'institution
d'enseignement qu'ils auront choisie, auront un strict minimum de connaissances
qu'on juge nécessaires à l'exercice de la profession. S'ils ne
les ont pas, bien, ils peuvent reprendre le cours tout simplement. Ils pourront
reprendre l'examen. On n'a jamais eu de difficulté à ce niveau.
À une certaine époque les gens pouvaient se représenter
à un examen, deux, trois fois dans la même année. Alors,
pour nous, c'est important de rétablir cet examen au niveau de
l'accès au niveau d'agents, si on veut. Quant à la formation
continue, bien, elle est d'une Importance capitale à tous les
niveaux.
M. Beaulne: Ce cours-là, à l'heure actuelle, est-ce
qu'il est donné au niveau du cégep, au niveau postsecondaire? Et
qui poserait les questions de l'examen en question? Vous avez dit que c'est le
ministère de l'Éducation qui désigne les cours, mais vous,
comme intervenant dans la profession en tant que telle, suggérez-vous
que ça serait vous qui devriez fixer les questions de l'examen
plutôt que le ministère de l'Éducation?
M. Cayer: Oui. Pour la simple et bonne raison que la pratique du
courtage immobilier évolue constamment. Des choses qu'on peut incorporer
dans un programme au ministère de l'enseignement peuvent devenir
désuètes très rapidement dans notre milieu. Notre
profession considère que l'organisme d'autoréglementation devrait
effectivement établir le questionnaire, administrer le questionnaire en
question et déterminer si oui ou non la personne qui a suivi le cours a
acquis les connaissances nécessaires minimales. C'est important de
souligner que, dans le domaine des cours qui sont dispensés, il existe
présentement entre 15 et 20 cégeps au Québec qui
dispensent ce cours de temps à autre. Il existe également deux
collèges privés - l'Association de l'Immeuble du Québec
est un de ces deux collèges privés - et que, dans la plupart des
institutions d'enseignement, c'est finalement le professeur de chaque cours,
donc dans chaque classe, qui détermine la teneur des questions de son
examen. Si un professeur est plus libéral, au sens classique du terme,
les gens passeront plus facilement. S'il est plus conservateur, toujours au
sens classique du terme, il pourra effectivement limiter l'accès
à la profession. Nous croyons qu'il devrait y avoir une certaine
uniformité tout simplement, que ça ne devrait pas varier selon
l'humeur ou le caractère de chaque professeur.
M. Beaulne: Au fond...
Le Président (M. Farrah): Brièvement, M. le
député de Bertrand, il vous reste une minute.
M. Beaulne:... oui, au fond, finalement, ça revient un peu
à la question qui a été posée tout à
l'heure. Pourquoi ne pas songer à établir un code de la
profession et un organisme professionnel comme ça existe dans d'autres
secteurs d'activité?
M. Pigeon (François): Je pourrais peut-être
répondre à ça. On y a pensé. En 1976, c'est moi qui
ai fait la demande pour, à l'époque, la Corporation des courtiers
en immeuble de la province de Québec, pour devenir une profession. Mais
finalement, là réponse des gouvernements à l'époque
a été qu'ils ne considéraient plus ce
système-là déjà, d'accord, valable et qu'ils ne
voulaient pas ouvrir ça à d'autres organismes. Et suite à
ça, nécessairement avec le temps, on a décidé de
prendre modèle sur ça. Aujourd'hui, pourquoi
l'autoréglementation plutôt que le Code des professions? Bien,
nous de l'Association de l'immeuble, on pense que peut-être que le Code
des professions n'est pas aussi avancé que l'autoréglementation
peut l'être et que c'est peut-être une structure beaucoup plus
lourde que celle qu'on désire, et on se sentirait probablement plus
confortables avec l'autoréglementation qu'avec le Code des
professions.
Le Président (M. Farrah): Merci beaucoup. Malheureusement,
c'est tout le temps dont nous disposons. Je pense qu'il y avait quand
même dés choses très intéressantes. On pourrait
élaborer davantage, mais quand même, au nom des membres de la
commission, je voudrais vous remercier pour l'excellence de votre
présentation. Et sur ce, j'appelle l'autre groupe. Merci beaucoup.
Peut-être brièvement, Mme la ministre.
Mme Robic: Oui. M. le Président, c'était
intéressant d'entendre le député de Labelle dire:
Où est le problème encore une fois? Il m'a dit ça dans mon
autre commission sur les assurances et il recommence encore avec cette
commission-là. M. le Président, c'est une industrie qui est en
pleine évolution, c'est une industrie qui est encore relativement jeune,
qui s'est prise en main, et II est important de la moderniser et de lui donner
un cadre législatif moderne. C'est ce que l'on tente de faire. Et je
veux vous remercier, messieurs, de votre présentation. Votre
mémoire va certainement nous permettre d'avoir un projet de loi moderne
qui réponde aux besoins
non pas d'hier mais de demain. Merci beaucoup.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la ministre. En
conclusion, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui, je voudrais remercier tous ceux qui sont
venus ici et qui ont fait une excellente présentation. Je voudrais
simplement dire qu'il est important de bien définir les
problèmes, puisque, effectivement, si tout avait été bien
défini, ils auraient probablement posé moins de questions et
aurait donné plus de réponses. Je pense qu'il faut faire
ça, ça fait partie du travail de la commission, vous l'avez
très bien fait d'ailleurs, vous avez très bien répondu. Je
pense qu'au cours de ces audiences, vous allez éclairer les membres de
cette commission, y compris la ministre. Merci beaucoup.
Le Président (M. Farrah): Merci, messieurs. Sans plus
tarder, j'invite l'autre organisme le Fonds d'indemnisation du courtage
immobilier à prendre place, s'il vous plaît.
Bonjour, mesdames, messieurs. Dans un premier temps, je demanderais au
porte-parole du groupe de s'identifier et identifier également les
membres qui vous accompagnent.
Fonds d'indemnisation du courtage immobilier
M. Pigeon: Je suis François Pigeon, président du
Fonds d'indemnisation du courtage immobilier. À ma gauche, Mme Huguette
St-Hilaire, vice-présidente, et, à ma droite, M. Damien
St-Laurent, secrétaire du Fonds.
Le Président (M. Farrah): Merci beaucoup. Je vous rappelle
également les règles de l'audition. Vous avez 20 minutes à
votre disposition pour la présentation de votre mémoire et les
membres de la commission en ont 40 réparties équitablement 20-20,
pour poser des questions après. Alors, à vous la parole.
M. Pigeon: On vous remercie. On va respecter l'horaire de 20
minutes parce que, pour des raisons que vous êtes en mesure
d'apprécier, le Fonds d'indemnisation a décidé de parler
uniquement du Fonds d'indemnisation, de limiter son intervention. On remercie
Mme la ministre de nous avoir consultés et on veut commencer en disant
que le Fonds souscrit à l'institution d'un organisme
d'autoréglementation et d'autodiscipline pouvant assurer la
participation des professionnels du courtage immobilier à la
détermination des normes d'accès et d'exercice de leur
profession. La protection du public doit être assurée. Ainsi, les
deux régimes actuels de garantie financière
complémentaire, soit l'assurance-responsabilité professionnelle
en matière civile et le Fonds d'indemnisation en matière de
fraude et de détournement de fonds, doivent être maintenus.
Le Fonds doit demeurer une corporation distincte de l'organisme
d'autoréglementation qui pourrait être créé. Le
conseil d'administration du Fonds doit être composé de personnes
de l'immobilier, du public et du gouvernement, toutes nommées par le
gouvernement. Le conseil d'administration du Fonds doit être maintenu
à sept personnes dont trois pour un mandat de deux ans, quatre pour un
mandat de trois ans. Le Fonds doit pouvoir conclure, avec l'organisme
d'autoréglementation, des ententes administratives pour faciliter la
perception des cotisations. Le gouvernement doit pouvoir, par règlement,
déterminer parmi les personnes qui sollicitent un permis ou un
renouvellement lesquelles doivent payer une cotisation.
La loi doit stipuler qu'avant l'adoption par l'organisme
d'autoréglementation d'un règlement portant sur les
dépôts à être détenus en fidéicommis,
sur la comptabilité desdits dépôts, reçus, registres
et comptes relatifs aux opérations en fidéicommis, l'organisme
d'autoréglementation doit soumettre au préalable ce projet de
règlement au Fonds d'indemnisation du courtage pour avis. Le statu quo
doit être maintenu quant à l'objet des réclamations qui
peuvent être adressées au Fonds. Le Fonds, suite à une
réclamation, doit être habilité à exiger de
l'organisme d'autoréglementation d'effectuer une enquête sur les
faits reliés à cette réclamation et de lui transmettre une
copie du rapport.
Outre l'appui de principe du Fonds d'indemnisation du courtage
immobilier au projet de création d'un organisme
d'autoréglementation, d'autogestion et d'autodiscipline, les membres du
conseil d'administration du Fonds tiennent à formuler aux membres de
cette commission parlementaire les recommandations suivantes: que le Fonds
d'indemnisation du courtage immobilier demeure une corporation distincte de
l'organisme d'autoréglementation; que le conseil d'administration du
Fonds soit composé de personnes du courtage immobilier, du public, du
gouvernement et toutes nommées par le gouvernement, que le conseil
d'administration soit maintenu à sept personnes dont trois pour un
mandat de deux ans, quatre pour un mandat de trois ans; que le Fonds puisse
conclure avec l'organisme d'autoréglementation des ententes
administratives pour faciliter la perception des cotisations; que le
gouvernement puisse, par règlement, déterminer parmi les
personnes qui sollicitent un permis ou le renouvellement lesquelles doivent
payer une cotisation; que la loi stipule qu'avant l'adoption par l'organisme
d'autoréglementation d'un règlement portant sur les
dépôts à être détenus en fidéicommis
sur la comptabilité desdits dépôts, reçus, registres
et comptes, l'organisme d'autoréglementation doit soumettre au
prélable ce projet de règlement au Fonds d'indemnisation du
courtage
immobilier. que le statu quo soit maintenu quant à l'objet des
réclamations qui peuvent être adressées au Fonds; que le
Fonds suite à une réclamation soit habilitée à
exiger de l'organisme d'autoréglementation d'effectuer une enquête
sur les faits reliés à cette réclamation et de lui
transmettre une copie du rapport.
Le Fonds profite de l'occasion pour informer le gouvernement qu'il
recommande la révision du montant de l'indemnité maximale payable
à un réclamant. La loi actuelle permet au gouvernement de fixer,
par règlement, le montant de l'indemnité maximale. Par son
règlement du mois de décembre 1988, ce montant a
été fixé à 10 000 $ par réclamation.
À cette période le Fonds ne détenait aucun sou.
Après deux ans d'opération, au 31 janvier 1991 le Fonds
détiendra environ 900 000 $. Compte tenu de la situation
financière favorable du Fonds, nous sommes en mesure de proposer que le
montant de l'indemnité maximale soit porté à 15 000 $ par
réclamation tant pour un cas de fraude ou d'opération
malhonnête que pour un détournement de fonds. Le règlement
pourrait même spécifier que ce montant est indexé
annuellement à une date déterminée, en fonction de
l'indice des prix à la consommation. Ainsi le public serait mieux
protégé et le Fonds d'indemnisation du courtage immobilier
n'aurait pas à soumettre chaque année un projet de modification
du règlement sur te Fonds pour adoption par le gouvernement. Merci.
Le Président (M. Farrah): Alors, merci M. Pigeon. Mme la
ministre pour vos premières 10 minutes, à vous la parole.
Mme Robic: Merci, M. le Président. M. Pigeon, madame,
messieurs, bienvenue à cette table. Le Fonds a maintenant un an
d'existence. On vous remercie de nous éclairer un peu sur le rôle
que ce Fonds doit jouer. Le Fonds a été créé pour
prévoir la protection du public au niveau du compte en
fidéicommis, mais également au niveau de la possibilité de
fraude. J'aimerais que vous nous donniez des exemples de fraude et que vous
nous disiez depuis un an s'il y en a eu beaucoup de ces réclamations,
quel genre de réclamations qui ont été portées
à votre attention et auxquelles on pourrait faire face?
Le Président (M. Farrah): M. Pigeon.
M. Pigeon: Le Fonds, présentement, n'a pas reçu de
réclamations qui ont été jugées valables,
c'est-à-dire qui s'appliquaient à l'objectif de base qui est le
détournement de fonds. L'un des rôles que s'est donné le
Fonds d'indemnisation du courtage immobilier, c'était de faire savoir
aux courtiers en immeubles qui détiennent ces sommes-là, que
détourner des fonds c'était de la fraude et ça ne
s'effaçait pas par une faillite. Le Service du courtage immobilier nous
a bien aidé à cet effet-là. Présentement, on peut
dire qu'on n'a pas de réclamations qu'on a acceptées. Il y a eu
nécessairement des réclamations qu'on a refusées parce que
le Fonds d'indemnisation protège les sommes déposées chez
un courtier. Donc, si le dépôt avait été fait
à un propriétaire vendeur... Enfin, il peut y avoir une multitude
de cas où les gens qui n'opèrent pas dans le cadre de la loi ne
seraient pas protégés.
Pour ce qui est des cas de fraude, le Fonds d'Indemnisation mentionne
clairement qu'un cas de fraude serait payé par le Fonds d'indemnisation
du courtage immobilier après l'obtention d'un jugement,
c'est-à-dire s'il y a eu une preuve de fraude. Et on sait que c'est
quand même quelque chose qui serait long. Nécessairement, de
quelle façon un client peut-il être fraudé par un agent
immobilier? Que ce soit par un acte malhonnête, en fait, je pense que
toute la question des conflits d'intérêts pourrait s'appliquer
dans ça. L'agent d'immeubles qui achète pour lui-même
à un prix inférieur à la valeur marchande, ça
pourrait être interprété comme un acte malhonnête si
la preuve en était faite. (16 h 15)
Mme Robic: Vous proposez que le plafond de 10 000 $, qui est
présentement en force pour couvrir les cas de fraude, soit relevé
à 15 000 $. Est-ce que vous jugez que c'est suffisant pour rencontrer...
Je sais que pour les dépôts en fidéicommis, je crois, ce
serait suffisant, mais, pour les autres genres de fraude, est-ce que vous
calculez que c'est suffisant?
M. Pigeon: Notre expérience n'est pas vaste dans
ça. Le problème présentement, c'est qu'on en est venus
à la conclusion que c'est extrêmement difficile de faire une
différence. Un détournement, pour nous, c'est une forme de
fraude. Alors, si on voulait dire: Dans certains cas, ça va être
25 000 $, dans d'autres cas, ça va être 10 000 $, on trouverait
ça extrêmement difficile.
L'objectif premier du Fonds était quand même de
protéger les dépôts en fidéicommis, et on a
constaté qu'il y avait de plus en plus de dépôts
importants. Ça suit l'inflation, et les gens veulent être de mieux
en mieux garantis. Donc, on croit que 15 000 $ seraient plus aptes à
protéger le public aujourd'hui. Et, nécessairement, pour ce qui
est de la fraude, on est sur du terrain vraiment inconnu. On n'a pas eu de
réclamations, alors on s'est dit qu'on croit qu'il est
préférable, pour le moment, de ne pas faire de distinction parce
que, vous le savez, la fraude, ça peut être un cas, mais ça
pourrait être une multitude, ça pourrait être une
chaîne de cas. Ici, il faut quand même penser que le montant de 15
000 $, c'est par opération immobilière. Il n'y a pas de plafond
à ça. On ne
peut pas dire qu'on va partager, que ça va être 1 000 000 $
ou 300 000 $. S'il manquait de l'argent dans le Fonds, on ferait un appel
à tous, mais s'il y avait 150 réclamations de 15 000 $, on serait
obligés de les payer.
Mme Roblc: Certains nous ont proposé d'élargir ta
responsabilité du Fonds, d'inclure d'autres types de
réclamations. Vous nous avez dit tout à l'heure que vous vouliez
le statu quo à ce niveau-là. Pourriez-vous élaborer un peu
là-dessus?
M. Pigeon: Oui. Disons que, présentement, le rôle du
Fonds est de protéger les sommes d'argent en fidéicommls et la
fraude. On croit que c'est le but premier pour lequel il a été
créé et qu'à partir de ça, on a dit lorsqu'on l'a
créé: On va se servir d'un effort financier des gens de
l'immobilier équivalent au bon de cautionnement qui était
payé à l'époque, qui donnait très peu de garanties.
Alors, nous, au Fonds d'indemnisa tion, on croit, présentement, que
l'objectif de protéger les fonds en fidéicommis et la fraude est
atteint et on voudrait éventuellement libérer les gens qui ont
déjà payé pour le Fonds, de payer une cotisation annuelle.
Alors, dans ce sens-là, on se dit: Le Fonds fonctionne bien, et, dans
les différentes suggestions qui ont été faites pour
élargir le Fonds, on croit peut-être que c'est d'autres genres de
fonds qui devraient exister, mais que celui-là est quand même pour
l'argent en fidéicommis, c'est une priorité, et la fraude, et on
ne désire pas, pour le moment, mêler d'autre chose à
ça.
Mme Robic: Vous proposez que le Fonds demeure un organisme
distinct de l'organisme d'autoréglementation. Vous ne l'avez pas
mentionné dans votre document, mais est-ce que vous vous verriez confier
l'attribution de responsabilités additionnelles, par exemple,
l'inspection des comptes en fidéicommis, les enquêtes, etc.?
M. Pigeon: Nécessairement, à l'heure actuelle, le
Fonds d'indemnisation n'a pas de personnel permanent. On n'a pas voulu faire de
dédoublement. On a fait des ententes avec le Service du courtage
immobilier pour faire en sorte qu'on soit Informé. Il émet les
permis et contrôle les détournements de fonds. On dit. Eh bien,
ceux qui font ça, on aimerait être consulté, donner notre
avis sur la façon dont tout ça devrait fonctionner, mais on ne
croit pas qu'on devrait faire un dédoublement. Si, présentement,
on voulait nous donner cette responsabilité, il faudrait l'ôter
à d'autres, et on s'est dit que c'est peut-être difficile. Si on
nous donne des responsabilités, il faudrait nous en donner assez pour
qu'on ait une structure et un personnel permanent, et, à ce
moment-là, disons, avec des cotisations ajustées en
conséquence. Nous autres on dit: On est confortables dans la position
d'aujourd'hui. Si on nous demande de faire plus, ça sera une
révision globale parce que, si vous regardez les états financiers
du fonds, vous allez vous apercevoir que le fonds opère avec des
dépenses qui sont autour de 25 000 $ par année. Alors, c'est
peut-être ça, la beauté. Ça a permis de ramasser
l'argent qui allait aux compagnies d'assurances et de le mettre pour une
sécurité pour le public.
Prendre le mandat des autres, eh bien, nécessairement, disons
que, s'il y a des gens qui pensent qu'on peut faire mieux, on se penchera sur
ça, mais présentement on n'avait pas la volonté de
créer une structure administrative inutile.
Mme Robic: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Ça va, Mme la ministre.
M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui, M le Président. Madame, messieurs,
je regarde et je trouve que vous êtes jeunes relativement, puisque vous
êtes en opération depuis un an. C'est ça que je comprends.
Mais la loi qui a créé notre organisme a été
passée en 1984.
M. Pigeon: La loi est passée... M. Léonard:
1984.
M. Pigeon: ...en 1986, si je ne me trompe pas, en tout cas. Mais
on a été deux ans sans pouvoir opérer parce qu'il faut se
rappeler qu'à l'époque, les limites qu'on voulait imposer,
lorsque le Fonds a déposé ses règlements et voulait avoir
une limite de 10 000 $ par opération immobilière, c'était
la période où les limites du Barreau étaient
contestées. Et on a été obligés d'obtenir une
modification à notre loi de base avant d'entrer en opération.
C'est ce qui a retardé.
M. Léonard: Ah bon! C'est parce que là c'est un
Fonds qui n'est pas d'assurance, parce que ce qui est couvert par l'assurance,
donc, au plan civil, de responsabilité civile, c'est
l'assurance-responsabilité qui couvre.
M. Pigeon: L'assurance-responsabilité professionnelle,
c'est complètement différent de ça.
M. Léonard: Ça va.
M. Pigeon: Ça assure les erreurs et les omissions.
M. Léonard: Alors, vous, c'est dans le cas de
détournement, fraude. Donc, on fait face à l'application du Code
criminel.
M. Pigeon: Oui. Mais principalement, on sait
qu'avec chaque transaction Immobilière, il est recommandable pour
la protection du propriétaire vendeur qu'il y ait un dépôt
qui soit fait pour garantir la transaction, surtout lorsqu'il y a un
délai long entre la signature de l'avant-contrat et du contrat
notarié. Ces sommes, qui sont souvent le comptant que la personne a
à disposer, on voulait que ce soit entièrement
protégé. Quand on parle de détournement de fonds, oui
c'est évident que ça implique qu'un courtier se sert de cet
argent-là temporairement et qu'à un moment donné, il n'a
plus la capacité financière de le remettre.
C'est déjà arrivé en 1976 où des gens du
public ont perdu de l'argent. Ça existe. Si vous regardez les autres
fonds en Amérique, vous vous apercevez qu'il y a eu des problèmes
et qu'il y a eu des réclamations. C'est très peu fréquent,
mais ça arrive, et quand ça arrive, c'est normal qu'il y ait un
montant pour compenser ça.
M. Léonard: Donc, d'où le cautionnement. Bon.
Maintenant, à la page 15 de votre mémoire, pour corriger la
lacune, l'absence de pouvoir, dites-vous, de la part du Fonds de faire des
enquêtes, vous proposez "que la future loi accorde au Fonds le pouvoir
d'exiger de l'organisme d'autoréglementation (... ) une enquête et
qu'un rapport lui soit remis... " Donc, c'est l'organisme
d'autoréglementation qui fait l'enquête.
M. Pigeon: Comme c'est...
M. Léonard: Là, vous sortez, en pratique, de
l'application du Code criminel parce que, en d'autres termes, vous seriez
amenés à payer lorsqu'en vertu du Code criminel on pourrait
prouver une fraude ou un détournement.
M. Pigeon: Cette enquête-là, pourquoi on dit que
c'est l'organisme d'autoréglementation qui doit la faire,
présentement, c'est le Service du courtage immobilier qui émet
les permis, qui fait ce genre d'enquête-là et qui surveille les
comptes en fidéicommis. Or, comme cette responsabilité-là
va revenir à l'organisme d'autoréglementation, on sait qu'une
enquête pour un détournement de fonds, c'est relativement facile
de constater quand est-ce qu'il manque des fonds, et pour ça,
nécessairement, on veut être capables de payer rapidement. Donc,
il y a enquête présentement du gouvernement, il manque de
l'argent, on paie le client. Il y a subrogation.
M. Léonard: O. K.
M. Pigeon: On voudrait que ça continue parce que la partie
détournement de fonds n'est pas "judiciarisée". On n'exige pas
qu'il y ait une poursuite au criminel contre le courtier, enfin, etc.
Simplement, ce que le Fonds demande, c'est d'avoir la preuve que la personne
avait déposé 15 000 $ et que le courtier n'est pas capable de le
remettre.
M. Léonard: Dans le passé - disons au cours des 20
ou 30 ans, dans un passé pas trop lointain quand même - y a-t-il
eu plusieurs détournements de fonds, plusieurs cas de faillites de
courtiers qui ont été dans l'incapacité de rembourser des
fonds?
M. Pigeon: Disons qu'on peut tout au moins se rappeler, en 1976,
le cas de Westgate, d'accord, qui a fait une faillite assez retentissante et
où certains clients... A l'époque, moi, j'ai eu connaissance au
moins d'un client qui avait perdu 8000 $. Je pense que les pertes totales
n'étaient pas énormes. Ça se chiffrait autour de 50 000 $,
mais seulement, disons que, ça, c'est un cas qui me vient à la
mémoire. Il y a eu d'autres courtiers, par la suite, qui ont fait
faillite, même récemment, en 1983, en 1985, mais seulement il ne
manque pas nécessairement de l'argent dans le compte en
fidéicommis et, dans certains cas, les comptes ont été
renfloués tout simplement dans le but de ne pas perdre une image
corporative, enfin, etc. Il y a peu de réclamations, mais le risque est
toujours là quand même. Mais c'est pour ça qu'on vous
demande aujourd'hui... On dit que dans le document, on voudrait... Si on nous
laisse avec les mêmes responsabilités, on ne croit pas qu'il y ait
lieu de continuer à cotiser les agents et les courtiers en immeubles de
la façon qu'on le fait présentement parce qu'on pourrait
accumuler de l'argent qui ne servirait jamais.
M. Léonard: Est-ce que vous prévoyez qu'il peut y
avoir un certain nombre de difficultés compte tenu du ralentissement
économique actuel?
M. Pigeon: C'est bien sûr...
M. Léonard: Ça fait un an que vous êtes en
fonction, là.
M. Pigeon:... que, présentement, on surveille. Le
rôle du Fonds est quand même de faire une certaine
éducation. On voudrait que l'argent en fiducie, ce soit sacré
partout et qu'il n'en manque jamais même dans le cas des faillites. Et,
règle générale, c'est ce qui arrive. Des courtiers ferment
ou font faillite et il ne manque pas d'argent dans le Fonds. Ça ne
serait pas normal qu'on ait des réclamations
régulièrement. Mais seulement, c'est bien sûr que, dans les
périodes de ralentissement économique, c'est toujours plus
dangereux.
M. Léonard: S'il y a eu 50 000 $ - vous dites le total de
Westgate en 1976 - sur 14 ans, est-ce que ça justifie la création
d'un fonds
d'indemnisation. Est-ce qu'il y a un effet dis-suasif aussi? L'existence
même du Fonds d'indemnisation, est-ce que ça a un effet dissuaslf
sur l'ensemble des courtiers?
M. Pigeon: Non, ça n'a pas d'effet dissuasif. C'est que,
avant ça, la loi prévoyait qu'on prenait un bon de cautionnement
et le bon de cautionnement coûtait un certain prix. Et c'était
uniquement des frais.
M. Léonard: Ah! Ils allaient aux compagnies
d'assurances.
M. Pigeon: C'étaient des frais pour la compagnie
d'assurances. Alors, on s'est dit: On sait que partout, dans tous les autres
pays, Ils ont des fonds, et puis, ça arrive de temps en temps qu'il y
ait une réclamation. Le problème, c'est qu'on ne peut pas, au
point de vue actuariel, le courtage immobilier... On a des compagnies qui ont
un courtier, pas d'agent, et on a des compagnies qui ont un courtier et 1000
agents. Donc, si le problème survenait dans une entreprise de grande
envergure, nécessairement, il faut quand même avoir un coussin
intéressant parce qu'il pourrait manquer plusieurs montants de 15 000 $.
Mais seulement, ce risque-là n'arrivera peut-être jamais.
M. Léonard: Bon. O.K. Alors, dans un contexte de
réforme, actuellement, vous continueriez d'exister...
M. Pigeon: Oui.
M. Léonard: Vous relèveriez directement du
gouvernement? Sur le conseil d'administration, tous les membres sont
nommés par le gouvernement?
M. Pigeon: Exact. Maintenant, quand on dit que les membres sont
nommés par le gouvernement, il y en a trois qui proviennent du milieu de
l'immobilier, et, dans la loi actuelle, c'est après consultation avec
l'Association de l'immeuble du Québec. Là, nécessairement,
quand on va tout changer, ce sera après consultation avec qui? Avec les
chambres d'immeuble? La fédération des chambres à
être créée? L'organisme d'autoréglementation? On
pense que le milieu de l'immobilier doit être représenté,
il l'est présentement, mais seulement, le public est également
représenté sur ce conseil d'administration-là: trois du
courtage, trois du public et un du gouvernement.
M. Léonard: En tout cas, tout le monde va souhaiter que
vous n'ayez pas d'ouvrage.
M. Pigeon: Pourquoi pas? Merci.
Le Président (M. Farrah): Est-ce que ça va,
M. le député de Labelle? Mme la ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président. Merci. Dans votre
document, vous remplacez la capacité financière minimum de 10 000
$ par un cautionnement. Pourquoi?
M. Pigeon: Excusez, là. Pas dans le document. Vous me
parlez de la capacité financière du.,
Mme Robic: Oui.
M. Pigeon: C'est possible. Est-ce que c'est dans ce
document-là?
Mme Robic: Non?
M. Pigeon: En tout cas, je peux quand même répondre
à ça.
Mme Robic: Pardon? Ahl Je m'excuse, je m'excuse. Ce n'est pas
dans celui-là, c'est dans un autre. C'est parce que vous portez
plusieurs chapeaux.
M. Pigeon: Oui. Remarquez que je n'ai pas d'objection...
Mme Robic: C'est très bien, c'est très bien.
M. Pigeon: ...à répondre, mais vous aurez
peut-être une autre occasion de me poser la question.
Mme Robic: C'est ça. Vous avez mentionné tout
à l'heure qu'il faudrait peut-être changer la façon de
fixer les cotisations. Voulez-vous élaborer là-dessus? Parce que,
là, en ce moment, il y a des personnes qui ont payé pendant un an
de temps le montant maximal. Comment est-ce qu'on pourrait être juste
envers tout le monde si on changeait les cotisations et si on les diminuait? Il
y avait des nouveaux qui arrivaient. J'aimerais ça que...
M. Pigeon: L'opinion des gens du Fonds d'indemnisation, c'est que
le Fonds va avoir fait bientôt deux ans, et on sait que le permis d'agent
immobilier est sur un cycle de deux ans. Donc, ça veut dire qu'au bout
de deux ans d'existence, chaque agent immobilier aura payé ses 40 $ au
Fonds d'indemnisation. Pour ce qui est des courtiers, c'est une cotisation
annuelle qui est de 90 $. Au bout de deux ans, chaque courtier va avoir
payé 180 $. Notre rêve à nous autres, vu qu'on calcule que
le montant qu'il y a dans le Fonds est suffisant pour couvrir le risque, serait
d'arrêter les cotisations pour ceux qui ont déjà
payé, c'est-à-dire de mettre une cotisation juste pour ceux qui
entrent dans la profession. Or, on a été Informés qu'il y
avait un aspect discriminatoire à ça, de dire: Les anciens
ne paieront pas et les nouveaux vont payer. Nous autres, on se dit: Les
anciens, ils ont déjà payé, alors, on voudrait que ce soit
une cotisation, à l'entrée, qui est suffisante. Et puis, s'il y
avait un problème plus grand que ça, ce serait un appel à
tous qui est prévu dans les règlements du Fonds. Mais pour faire
ce qu'on veut faire, présentement, la loi nous permet de modifier les
cotisations, mais ne nous permet pas de les abolir pour un groupe. Or, c'est
pour ça qu'on demande une modification. Dans le fond, c'est dans le but
d'être équitable envers tout le monde.
Mme Robic: Oui. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Ça va, Mme la
ministre?
Mme Robic: Ça va.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, fe lis les
recommandations, ça m'a l'air empreint d'imagination, même plus
que ce qu'il y a dans le document de la ministre, actuellement. Je pense que
vous avez poussé l'application des orientations au bout. Alors, je pense
que ça va, ça a l'air de se tenir. Je ne vous souhaite pas
beaucoup de travail, le moins de travail possible.
M. Pigeon: Je vous remercie de l'attention que vous avez eue.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le
député de Labelle. En guise de conclusion, Mme la ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président. On voit que mon document
a permis une réflexion sérieuse. On vous remercie beaucoup de
vous être présentés aujourd'hui et de nous avoir
éclairés sur le rôle du Fonds. On vous félicite.
Encore une fois, on a créé ce Fonds pour la protection du
consommateur, mais on voit qu'on a une Industrie sérieuse et qu'on n'a
pas eu besoin de faire appel trop souvent à ce Fonds. Alors, on
espère que ça va continuer et on vous remercie de votre
présence.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Labelle, en conclusion.
M. Léonard: Merci aussi. Je pense que c'est encore une
institution relativement jeune, si je comprends bien, mais, quand même,
je suppose qu'elle a été mise là parce qu'il y a eu des
plaintes dans le passe auxquelles on voulait répondre. Je vais vous
souhalfer bonne chance pour la poursuite de vos opérations.
M. Pigeon: Merci.
Le Président (M. Farrah): Alors, permettez-moi à
mon tour de me joindre à . mes deux collègues, au nom des membres
de la commission, pour vous remercier pour votre mémoire et votre
présence parmi nous. Et sur ce, bon retour. Merci beaucoup.
Alors, le prochain groupe que nous allons entendre, c'est la Chambre
d'immeubles du Grand Montréal. Alors, on demanderait aux gens de
l'organisme, aux gens concernés de vouloir se présenter, s'il
vous plaît, sachant quand même que, normalement, le groupe devait
passer à 17 heures. Alors, je ne sais pas si les gens sont
arrivés.
Est-ce que vous auriez objection si on passait aux prochains, s'ils sont
présents ici, et on pourra décaler?
M. Léonard: Est-ce que les gens de Québec sont
là?
Le Président (M. Farrah): Est-ce que les gens de la
Chambre d'immeubles de Québec sont ici?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Farrah): O.K. Alors, on pourrait
procéder avec...
Alors, on va suspendre quelques minutes, le temps que les gens de la
Chambre d'immeubles arrivent.
(Suspension de la séance à 16 h 35)
(Reprise à 16 h 51)
Le Président (M. Farrah): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux. Nous
accueillons la Chambre Immobilière du Grand Montréal. On s'excuse
pour les gens de Québec, tantôt, c'est qu'on voulait les passer
avant les gens de Montréal, sauf que les gens de Montréal sont
arrivés entre-temps. Alors, on va suivre l'horaire tel qu'il a
été écrit initialement.
Alors, dans un premier temps, je demanderais aux gens de la Chambre
immobilière du Grand Montréal de s'identifier, s'il vous
plaît.
Chambre immobilière du Grand
Montréal
M. Thibault (Bernard): Bernard Thibault, président de la
Chambre immobilière du Grand Montréal.
M. Carignan (Gérard): Gérard Carlgnan,
vice-président-directeur général.
Le Président (M. Farrah): Alors, on vous souhaite la
bienvenue. Pour vous indiquer également que le temps qui est à
votre disposition, c'est un maximum de 20 minutes pour votre exposé;
ensuite, les parlementaires auront 40 minutes, 20 minutes pour chaque groupe
parlementaire pour des fins de discussions, de questions et de réponses.
Aussi, j'aimerais souligner aux membres de la commission que M. Thibault de la
Chambre immobilière du Grand Montréal a déposé ici
une révision de leur mémoire, une correction, alors, je
demanderais au secrétaire d'en faire le dépôt aux membres
de la commission.
Alors, sans plus tarder, nous allons vous écouter. M.
Thibault.
M. Thibault: Merci. Je vais vous faire la lecture du
mémoire qu'on vous a remis. M. le Président, membres de cette
commission, nous désirons vous remercier de nous avoir donné
l'opportunité de vous exposer notre point de vue concernant le projet de
refonte de la Loi sur le courtage immobilier. Nous désirons remercier
particulièrement la ministre déléguée aux Finances,
Mme Louise Robic, de nous avoir invités dans le cadre des consultations
en vue de l'élaboration du document de consultation intitulé "Le
courtage immobilier", déposé à l'Assemblée
nationale le 21 juin 1990.
Mission, valeurs et vision de la Chambre immobilière du Grand
Montréal. La Chambre immobilière du Grand Montréal doit
profiter de cette occasion qui lui est offerte pour faire connaître
clairement sa raison d'être, exprimer les principes qui guident ses
actions et dire ses grandes orientations, le tout tel qu'approuvé par le
conseil d'administration de la Chambre le 11 septembre 1989.
Mission. La Chambre regroupe les courtiers et agents immobiliers
oeuvrant dans la région de Montréal afin de leur fournir des
services pour assurer la qualité de leur travail et pour défendre
leurs intérêts. La Chambre assure le leadership de la protection
et de la promotion du commerce de l'immeuble dans la région de
Montréal. Elle constitue un réseau voué au
développement professionnel de ses membres.
La Chambre est vouée à la mise en place de conditions qui
favorisent des transactions équitables. Elle s'occupe de la transmission
d'informations et de statistiques les plus pertinentes pour ses membres et le
public en général. Son action est toute orientée vers la
bonne renommée du membre comme conseiller en immobilier. Elle agit de
telle manière à ce que le public se voie offrir des services de
haute qualité par ses membres.
Valeurs. Dans la réalisation de ses activités, la Chambre
poursuit certaines valeurs. Ce sont de grands principes ou des idées qui
stimulent à l'action et qui assurent la cohérence entre ses
différentes activités. Elles sont aussi un scheme de
référence auquel on peut s'attacher pour préciser des
décisions. Premièrement, le rôle du professionnel de
l'immeuble est essentiel au bon fonctionnement de l'économie de
marché dans le secteur immobilier. Deuxièmement, la Chambre
stimule le développement de nouvelles technologies.
Troisièmement, la Chambre reconnaît et supporte la formation
pertinente des membres. Quatrièmement, le code de déontologie
doit être connu et respecté par les membres de la Chambre.
Cinquièmement, la collaboration entre membres assure
l'amélioration de la qualité. Sixièmement, la recherche et
l'innovation des méthodes de travail et d'information contribuent
à améliorer la compétence des membres.
Septièmement, par la nature de son réseau de membres, la Chambre
assume le développement de services de qualité.
Huitièmement, dans l'économie de marche, la qualité du
service est essentielle à la création d'un climat de confiance et
au progrès économique. Neuvièmement, la compétence
et l'intégrité du membre est garante d'une bonne transaction.
Vision. Sous cette tête de chapitre, la Chambre indique ses
projets actuels et à long terme. Autrement dit, il s'agit de rêves
réalisables formulés par l'exécutif en 1989. Ces projets
sont en quelque sorte les grandes orientations: ce que la Chambre
immobilière du Grand Montréal veut faire pour protéger une
image performante et d'avant-garde, tant au niveau de ses membres qu'au niveau
du public en général.
Pour atteindre ses objectifs, la Chambre immobilière du Grand
Montréal a fait des modifications majeures à ses structures
internes au niveau de la permanence à l'automne 1989. Elle a mis en
chantier un immeuble qui offrira toutes les facilités physiques pour la
poursuite de sa mission.
La Chambre vise à être perçue, d'ici une dizaine
d'années, comme un modèle de chambre au Canada. Cette perception
sera fondée sur la qualité et l'efficacité des services
d'inscriptions multiples, l'éventail et l'efficacité de ses
services de développement professionnel, la qualité et la
pertinence de ses recherches et informations, statistiques ou autres, sur le
marché de l'immeuble, la qualité de ses programmes de
communication internes et externes.
L'appartenance et la participation des membres seront à un niveau
enviable en comparaison avec les autres organisations professionnelles. Le
nombre de transactions faites par l'entremise de ses membres augmentera de
façon continue.
Chapitre 1. Dans le but de faciliter le suivi de notre
présentation, nous exposerons nos commentaires et recommandations en
respectant l'ordre des chapitres tels qu'ils sont discutés dans le
document de consultation.
Comme vous l'avez mentionné tantôt, il y a eu des
modifications qui ont été apportées et qu'on vous a
remises il y a quelques instants. Au
fur et à mesure que je ferai la lecture, lorsqu'il y aura
modification, je le spécifierai.
Le courtage immobilier au Québec. Sous ce chapitre, il est exact
que l'exploitation du système interagences est un incitatif majeur pour
les courtiers oeuvrant dans le secteur résidentiel à s'inscrire
à la chambre d'immeuble du territoire choisi. Nous aimerions ajouter ici
qu'un bon nombre de courtiers oeuvrant dans d'autres secteurs que le
résidentiel sont aussi membre de la Chambre, et nous nous employons
à développer graduellement des Incitatifs pour encourager
davantage ces courtiers à se joindre à la Chambre.
Pour ce qui est des autres rôles de la Chambre, nous aimerions
vous référer à la partie du préambule qui traite de
la mission, des valeurs et de la vision de la Chambre.
Pour ce qui est de l'Association de l'immeuble du Québec, nous
souhaitons qu'elle soit un organisme réunissant, à titre de
membres, les 13 chambres, mais, dans les faits, elle est un organisme
réunissant les membres des chambres, et c'est là toute la
différence. De par la structure actuelle de l'AIQ, il y a peu ou pas de
consultation avec les chambres qui sont vraiment les institutions qui
représentent le plus l'industrie du courtage à l'échelle
régionale.
Chapitre 2. Révision des structures.
A. La structure actuelle. Nous n'avons aucun commentaire sur la
structure actuelle sauf que le texte résume assez bien la situation.
B. Les principes de la structure proposée. Il nous semble
évident qu'avec la structure proposée, l'avenir de l'AIQ est
très précaire avec sa mission et sa structure actuelle, qu'elle
devra faire place à une nouvelle régie dont la composition est
abordée plus loin. Nous voyons là une sorte de fusion du Service
du courtage immobilier et de l'Association de l'immeuble du Québec.
La suite logique serait que les chambres unissent leurs efforts en
créant une fédération qui aurait comme mission de faire le
lien avec l'Association canadienne de l'immeuble, d'encourager et de faciliter
le développement des chambres locales.
Le dernier paragraphe se trouve à être modifié par
ce qui suit. Droit de regard. Nous voulons que l'autogestion et le droit de
regard du gouvernement devrait se limiter à s'assurer que le tout
demeure à l'intérieur de la loi. Ce qui complète l'item B.
(17 heures)
C. L'organisme d'autoréglementation. L'approche exprimée
nous plaît en général. Nous voyons également la base
de membres des chambres élargie, n'étant pas seulement
composée de courtiers et d'agents. L'article 3. 6 des règlements
de la Chambre immobilière du Grand Montréal se lit comme suit:
"Membres affiliés: Les membres affiliés sont des personnes qui,
bien que ne détenant pas de permis, sont particulière- ment
intéressées au commerce de l'immeuble et désirent
poursuivre les objectifs de la Chambre. "
Nous comptons plusieurs membres affiliés, comme des
évaluateurs, certaines municipalités et autres organismes
d'État. La dernière phrase est remplacée par la correction
suivante. Préciser que la Chambre étudie la possibilité
d'offrir certains services en élargissant la catégorie de ses
membres affiliés.
D. La réglementation. Nous supportons entièrement cette
section. Cependant, l'application de la procédure de conciliation et
d'arbitrage serait réservée aux chambres. Québec et
Montréal appliquent et gèrent le règlement d'arbitrage de
l'Association de l'immeuble du Québec et les autres chambres devraient
être encouragées et aidées à en faire autant.
E. La formation. Je vais vous lire le nouveau paragraphe. La formation.
Ce n'est pas l'intention de la Chambre de s'ingérer dans les cours de
formation de base. L'organisme d'auto-réglementation devrait
décider le contenu des cours de base et voir à
l'accréditation d'institutions, tels les cégeps, les institutions
privées et, possiblement, les chambres.
F. Le comité de discipline. De plus, dans le domaine de la
déontologie, les plaintes de membres envers d'autres membres d'une
même chambre devraient être traitées par la chambre locale.
Il ne s'agit pas de réinventer la roue, mais d'adapter et d'appliquer ce
qui se passe partout ailleurs en Amérique du Nord.
Le deuxième paragraphe est changé pour ce qui suit. Nous
aimerions voir certains articles du code de déontologie, plus
particulièrement au niveau des relations entre membres d'une même
chambre, administrés et disposés par les chambres avec des
pouvoirs de recommandation de sanctions au comité de discipline de
l'organisme. Ça complète le chapitre 2.
Le chapitre 3. La pratique du courtage immobilier.
L'énoncé de cette tête de chapitre nous convient et nous
n'avons aucun commentaire à y faire.
A. La distinction courtier-agent. On a remplacé le paragraphe par
la phrase qui suit. Oui, nous aimerions voir l'agent plus responsable de ses
actes.
B. Prérequis au permis de courtier. Nous avons changé le
paragraphe par ce qui suit. Inscrire possiblement un montant de base, lequel
pourrait être augmenté selon l'évolution du courtier ou de
l'entreprise.
C. Le cumul dé permis. La phrase est changée par ce qui
suit. On ne devrait plus permettre le cumul de permis, sauf que les
intermédiaires immobiliers devraient pouvoir cumuler un permis restreint
en courtage de valeurs mobilières, lequel leur permettrait d'agir
à titre d'intermédiaire pour des valeurs mobilières
portant essentiellement sur un bien immobilier.
D. Le franchisage. La phrase est changée pour ce qui suit. Non,
nous ne sommes pas pour
ces modifications. Dans un premier temps, on avait mal
interprété la position.
E. Les assurances. Pourquoi l'assurance-responsabilité ne devrait
pas s'appliquer à tous les courtiers? Les détenteurs de permis de
courtier, petits, moyens ou grands, devraient être traités en
toute équité concernant la responsabilité professionnelle.
Où tracer la ligne? Dans l'histoire du courtage immobilier, la taille de
l'entreprise n'a pas toujours été garante de sa
solvabilité.
F. Les dépôts et comptes en fidéicommis. Il y a
beaucoup d'ambiguïtés à ce sujet qui peuvent entraîner
certains abus. Nous répondons dans l'affirmative à votre
question.
G. Le Fonds d'indemnisation. Oui, il y aurait lieu d'étendre la
couverture de ce Fonds. Il pourrait, par exemple, couvrir les pertes subies par
un autre courtier lorsqu'un courtier fait faillite. Il pourrait
également couvrir les commissions payables à un agent lorsqu'un
courtier est en mauvaise affaire. L'Association provinciale de l'Ontario
gère un "Recovery Fund" qui semble fonctionner. Les modalités
pourraient être étudiées, modifiées et
améliorées. Le Fonds d'indemnisation actuel semble très
bien se porter et pourrait certainement offrir une plus large couverture.
H. La rémunération. L'acte de courtage devrait être
réservé aux détenteurs de permis seulement. Il nous semble
que la commission de référence a sa place et qu'elle couvre le
partage de commission avec d'autres intervenants, tels les notaires, les
avocats, etc., surtout si nous acceptons le principe de spécialisation
chez le courtier ou l'agent. (Voir chapitre suivant). Nous ne voyons pas la
nécessité de divulguer une commission de référence.
Toutefois, le partage de commission entre courtiers inscripteurs et vendeurs
devrait être divulgué aux clients et consigné dans un
registre à cet effet.
Chapitre 4. Les catégories de permis. Mettre en place un tel
système de catégories de permis est un défi de taille,
mais il s'impose non seulement pour la protection adéquate du public
mais aussi pour assurer la noblesse du professionnel de l'immobilier et de son
industrie. Une telle approche permettrait d'endiguer le flot d'abandons avant
deux ans, voire quelques mois. Le nombre effarant d'agents de passage n'est pas
de nature à rehausser la crédibilité de celui ou celle qui
veut faire une carrière honnête et rentable économiquement
du courtage immobilier. Le vrai professionnel est celui qui fait passer
l'intérêt de son client avant le sien. Cette règle est
absolue pour atteindre le professionnalisme dont nous rêvons depuis tant
d'années. Sommes-nous toujours à la hauteur?
Chapitre 5. La divulgation de conflits d'intérêts. Il
serait irresponsable de la part de la Chambre immobilière du Grand
Montréal, laquelle compte près de 8000 membres, de ne pas
supporter entièrement les énoncés de ce chapitre.
Conclusion. Votre conclusion est des plus pertinentes et nous pouvons
vous assurer dès lors de la participation de la Chambre
immobilière du Grand Montréal dans la mesure de ses moyens et de
sa juridiction dans la réalisation de ce projet.
En terminant, nous tenons à remercier encore une fois, Mme la
ministre déléguée aux Finances, Louise Robic, de nous
avoir reçus en consultation, de nous avoir invités à
présenter notre point de vue devant cette commission parlementaire.
Respectueusement soumis ce 25e jour de septembre 1990.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. Thibault, pour la
présentation de votre mémoire. Sans plus tarder, Mme la
ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Je voudrais vous
remercier pour votre mémoire et vous féliciter. Vous vous
construisez un édifice. Alors, vous allez être
propriétaires. Vous croyez à ce que vous prêchez
également, c'est très bien, mes félicitations!
Vous êtes d'accord pour la création d'un organisme
d'autoréglementation. L'Association de l'immeuble du Québec qui a
été le premier intervenant aujourd'hui nous a dit qu'elle se
voyait dans ce rôle d'organisme d'autoréglementation. J'aimerais
savoir de vous si vous seriez d'accord pour voir l'Association de l'immeuble du
Québec se transformer en organisme d'autoréglementation. Et si
c'était le cas, comment opéreraient les chambres? Quel rôle
devrait-on donner aux chambres? Également, on aimerait peut-être
que vous nous disiez quel rôle vous voyez le gouvernement jouer dans ces
nouvelles structures.
M. Thibault: Je vais essayer de résumer un petit peu la
position de la Chambre face à votre question Premièrement,
lorsque vous parlez si l'Association de l'immeuble du Québec pourrait
bien jouer le rôle de la nouvelle structure, oui, on croit que
l'Association se prêterait bien à ça, d'autant plus que
plusieurs des services offerts à la clientèle à l'heure
actuelle par l'Association se recoupent dans le projet de la nouvelle
régie. Par contre, lorsque vous pariez du rôle des chambres, il
est évident que si l'Association devient cette nouvelle régie,
à ce moment-là, les chambres devront avoir une
fédération ou un regroupement pour pouvoir s'échanger des
services entre chambres afin de faciliter le travail de nos membres.
Il ne faut pas oublier que les gens sont libres d'adhérer aux
chambres, et, dans la nouvelle régie, on croit que les membres devront
toujours être libres d'adhérer aux chambres immobilières
à travers le Québec. Dans la pratique des chambres, il y a le
côté commercial qui est important et il y a les échanges
d'inscriptions entre membres; ce côté-là devra rester
propre aux chambres.
Mme Robic: L'organisme d'autoréglementation aurait comme
mission la protection du consommateur. Les chambres qui pourraient être
regroupées sous une fédération auraient la défense
des droits de leurs membres. Je vois M. Carignan qui me fait des signes.
Élaborez, M. Carignan. Comment est-ce que vous voyez ça? M. le
président, je m'excuse si... M. le président ou M. Carignan.
Le Président (M. Farrah): M. Carignan.
M. Carignan: C'est peut-être juste un tic nerveux, Mme la
ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Farrah): M. Carignan, allez-y.
M. Carignan: Non, mais je vois surtout... Pour reprendre votre
question, je ne vous faisais pas de signe. Ça a été une
réaction un peu automatique. Je pense que le rôle des chambres,
comme M. Thibault le disait, est au niveau commercial et non pas de
défendre les intérêts. C'est le mot "défendre" qui
m'a agacé un peu; c'est plutôt de promouvoir les
intérêts des professionnels de l'immobilier. Je m'empresse
d'ajouter entre parenthèses que, quand je dis "protéger les
intérêts des membres", ce n'est pas au détriment du
consommateur non plus, c'est, à titre d'exemple, développer
d'autres outils de formation. Un autre exemple que je pourrais apporter aussi
serait que, lorsqu'il y a une législation, par exemple, qu'elle soit
provinciale, nationale ou même municipale, les chambres ou la
fédération des chambres puissent intervenir dans
l'intérêt de ses membres ou de leurs membres, mais toujours sans
faire allusion qu'on veut les défendre contre les intérêts
du consommateur. Je voudrais que ce soit bien clair dans votre esprit parce que
c'est très clair dans notre esprit.
Mme Robic: Ah! C'était très clair dans mon esprit,
mais il va falloir départager les fonctions. Un organisme
d'autoréglementation, dans ma tête, ne peut pas promouvoir
l'intérêt des membres, mais il doit se donner comme mission
principale la promotion de la protection du consommateur. Ça ne
dégage pas les chambres de cette responsabilité, mais il faut
départager. Ce qui m'amène à vous poser mon autre
question. Vous faites présentement de l'arbitrage et vous faites de la
conciliation. Il y a un élément déontologique dans
ça - je pense que vous le mentionnez même dans votre
mémoire - et la déontologie serait réservée
à l'organisme d'autoréglementation. Comment pouvez-vous concilier
les deux? Est-ce que vous auriez l'intention, sous la fédération,
de continuer à assumer cette responsabilité et, si oui, comment
est-ce qu'on peut concilier le rôle des chambres et le rôle de
l'organisme d'autoréglementation qui, lui, a cette responsabilité
du code de déontologie?
M. Carignan: Dans un premier temps, je voudrais quand même
éclaircir la situation au niveau de la conciliation et de l'arbitrage.
Je pense que c'est un rôle que l'Association de l'immeuble actuelle a
donné aux chambres. Évidemment, si l'Association de l'immeuble
devenait éventuellement la régie ou le nouvel organisme comme tel
ou que ce soit un mélange des deux services qui existent aujourd'hui, je
vois quand même très bien que les chambres pourraient continuer de
faire de la conciliation et de l'arbitrage entre membres d'une même
chambre. Maintenant, le rôle que l'Association de l'immeuble joue
présentement au niveau des querelles ou des litiges de commissions entre
courtiers de chambres différentes, c'est l'Association qui a juridiction
dans ce domaine et ce serait, à ce moment-là, la
fédération qu'on peut prévoir pour l'avenir qui pourrait
avoir autorité de régler les litiges de commissions entre
courtiers de chambres différentes. (17 h 15)
Maintenant, pour l'aspect déontologique, c'est du moins ma
prétention, pour ne pas dire "notre prétention", que les chambres
d'immeuble locales pourraient fort bien, dans certaines sections du code de
déontologie, appliquer les règles de déontologie, surtout
dans les relations entre membres d'une même chambre, parce que c'est un
fait connu que le membre est toujours plus près de sa chambre que de son
association provinciale ou nationale. Et ce n'est pas unique au Québec,
remarquez bien.
Mme Robic: Vous êtes favorables au cumul de permis pour un
courtier, mais vous ne touchez pas au cabinet multidisciplinaire. Quelle est
votre intention au niveau des cabinets multidisciplinaires?
M. Thibault: Je m'excuse, on n'est pas favorables.
Mme Robic: Vous n'êtes pas favorables.
M. Thibault: La seule exception où on croit qu'il peut y
avoir cumul de permis, c'est au niveau des valeurs mobilières.
Mme Robic: Oui. O. K.
M. Thibault:... parce que les agents, dans le cadre de leur
travail, peuvent être appelés à vendre les actions d'un
immeuble.
Mme Robic: Mais vous ne touchez pas aux cabinets
multidisciplinaires. Est-ce que vous êtes
favorables aux cabinets multidisciplinaires?
M. Thibault: À l'heure actuelle, fa chose est possible en
ce sens qu'une compagnie peut avoir différents services sous le
même toit, mais de préférence, ce qu'on recommande, c'est
qu'une maison de courtage ne fasse que du courtage immobilier.
Déjà, on croit à la spécialisation et on croit que
les gens ont matière à amélioration pour donner le
meilleur service possible au public.
Mme Robic: Mais vous ne seriez pas défavorables à
occuper des lieux avec d'autres compagnies d'assurances générales
ou des compagnies d'assurance-vie, et il pourrait y avoir, à ce
moment-là, une synergie qui s'exerce entre ces groupes. Bien sûr
que chaque groupe est régi par sa propre loi et ses propres
règlements. Mais vous pourriez jouir de certains services.
M. Thibault: On n'est pas contre ça. D'ailleurs, si on
prend l'exemple dans un centre d'achat, il pourrait y avoir plusieurs
compagnies qui seraient l'une à côté de l'autre, et on
regrouperait ça dans un même local. La même chose est
viable.
Mme Robic: C'est différent, là. J'aimerais revenir
à l'organisme d'autoréglementatlon. Comment voyez-vous la
composition du conseil d'administration d'un organisme
d'autoréglementation?
M. Thibault: Le fait important, c'est que ce soit
représentatif de tous les milieux de l'industrie. Présentement,
si l'Association devenait cette nouvelle régie... L'Association a un
conseil d'administration qui se veut un peu représentatif des
différentes régions du Québec, tant au point de vue
courtiers qu'agents. Il est évident que dans la nouvelle
régie, il y aurait des représentants du gouvernement qui feraient
partie de ce conseil-là, mais s'il y avait également une nouvelle
fédération pour représenter les intérêts des
chambres, II serait important que les chambres puissent, par le biais de cette
fédération, faire partie du conseil d'administration de cette
régie.
Mme Robic: Est-ce que vous voyez...
Le Président (M. Farrah): Je m'excuse, Mme la ministre,
votre temps est malheureusement écoulé pour votre première
tranche. Donc, il vous reste encore 10 minutes. M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui. M. le Président, mes amis,
j'aurais une question à la Chambre immobilière du Grand
Montréal qui est, je pense, la principale chambre du Québec. Vous
faites, dans la région de Montréal, quelque chose comme 70 % des
affaires dans l'immeuble, à peu près.
M. Thibault: Environ.
M. Léonard: Vous, est-ce que vous estimez que les agents,
les courtiers sont suffisamment formés pour le travail qu'ils font
actuellement?
M. Thibault: II reste de la place à l'amélioration,
mais si on compare ça a voilà quelques années, il y a eu
énormément de changements de ce côté-là.
Lorsqu'un agent entre dans l'industrie de l'Immeuble, il doit suivre un cours
qui est passablement complet, sauf qu'il n'a peut-être pas là...
Il n'existe pas de spécialisation par la suite. Il y a de la place pour
l'amélioration, il y a déjà eu beaucoup de progrès
depuis quelques années.
M. Léonard: Bon. Vos gens, lorsqu'ils commencent comme
agents, ont, je ne sais pas moi, un secondaire, un cégep, ou vous avez
des gens de tous les horizons, des gens même avec une formation
universitaire qui, à un moment donné, décident que
ça les intéresse de faire de l'immeuble et qui en font. Vous en
avez de tous azimuts.
M. Thibault: Oui. Disons que, maintenant, ça prend au
minimum le secondaire V pour pouvoir avoir accès à la profession
et, de plus en plus, on retrouve... Peut-être qu'il y a quelques
années, on voyait souvent les gens venir faire carrière dans
l'immeuble comme une seconde carrière, des gens en commerce qui
changeaient, qui avaient vendu leur commerce ou qui avaient quitté leur
emploi et se lançaient dans l'immeuble. Mais de plus en plus, on voit
les étudiants d'université s'en venir également dans notre
profession.
M. Léonard: Quand vous parlez de spécialisation, je
suppose qu'il y aurait de vastes secteurs, par exemple, quelqu'un est dans la
maison familiale ou unifamiliale ou quelque chose comme ça, et, par
ailleurs, il y a les édifices commerciaux, de grands édifices
à bureaux. Je suppose que c'est de cet ordre-là lorsque vous
parlez de spécialisation?
M. Thibault: Oui. Comme spécialisation, il y a les
édifices commerciaux...
M. Léonard: Par exemple, pour vendre Place
Ville-Marie, je suppose que ça doit prendre quelques contacts et
qu'il faudrait savoir quoi faire ou comment faire?
M. Thibault: Oui, effectivement, sauf qu'entre Place Ville-Marie
et le bungalow ou la maison unifamiliale, il y a toute une gamme de
propriétés. On croit que, dans la spécialisation, il y a
les bâtisses commerciales, industrielles ou à logements multiples.
Il y a également le nouveau
phénomène des condominiums qui devient une
spécialité. Il y a...
M. Léonard: Tous les édifices industriels... M.
Thibault: Oui.
M. Léonard:... dans les centres commerciaux. Cet
après-midi, quelqu'un de l'Association, tout à l'heure, a dit...
On a parlé de qui devait relever le droit d'établir les examens
et, si je comprends, les cours, actuellement, sont dispensés par le
ministère de l'Éducation via les cours au cégep ou au
secondaire, si je comprends bien. Et certains cours, en tout cas au moins
l'examen, devaient être visés par l'Association de l'immeuble,
comme on a dit tout à l'heure. Qu'est-ce que vous en pensez? Est-ce
qu'on devrait s'orienter de ce côté-là, avec des cours
dispensés avec un examen uniforme à l'ensemble du Québec
ou quelque chose de ce type?
M. Thibault: Oui, effectivement, ce qu'on favorise, c'est que
l'Association ou la nouvelle régie devrait pouvoir dicter le contenu des
cours ou déterminer les grandes lignes des cours pour qu'ils puissent se
donner tant dans les cégeps que dans les institutions privées, et
les examens devraient être uniformes de façon à
standardiser et à s'assurer que les étudiants qui accèdent
à la profession aient la même formation.
M. Léonard: Par ailleurs, tout à l'heure, vous
parliez du code de déontologie. Si on parle d'un organisme
d'autoréglementation, c'est lui, effectivement, qui va émettre ou
qui va faire le code de déontologie, qui va le faire adopter, etc. Vous
disiez que, lorsqu'il s'agissait de transactions entre deux agents, ça
devrait être les chambres qui soient responsables de l'application. Ne
trouvez-vous pas que, lorsqu'il y a un code de déontologie quelque part,
il y a un organisme qui peut en être responsable et qui doit en
être responsable et non pas en disséminer l'application à
d'autres? Finalement, c'est comme avoir deux services de police ou deux lois,
pratiquement. Les interprétations vont dévier
nécessairement, compte tenu qu'il n'y a pas une autorité centrale
qui en assure l'uniformité.
Le Président (M. Farrah): M. Carignan.
M. Carignan: Oui, c'est comme le Procureur général,
j'imagine. Il ne peut pas y en avoir deux.
M. Léonard: Oui, j'ai vu ça, hier, dans le journal,
en effet. Il a compris vite.
M. Carignan: Je voulais juste faire une remarque. C'était
juste pour dire: Pauvre Place Ville-Marie, elle est souvent prise comme exem-
ple. Ce qu'on a mentionné dans notre mémoire et dont j'ai
touché un mot tantôt, lorsque Mme la ministre m'a posé la
question, c'est qu'on croit que certains aspects ou certains articles du code
de déontologie, surtout les articles qui traitent des relations entre
membres... Je pense que c'est un rôle qui pourrait - je n'ai pas dit qui
devrait - être dévolu... Peut-être que ça pourrait
aider éventuellement le futur organisme ou l'AIQ - remaniée
à un moment donné - dans ses fonctions. À ce
moment-là, le seul exemple que je peux apporter, c'est qu'ailleurs au
Canada et ailleurs en Amérique du Nord, aux États-Unis, au niveau
des chambres d'immeuble, la déontologie est appliquée par les
chambres locales, mais elle est faite un peu comme le gouvernement fait les
lois. Mais ce sont ces organismes qui les appliquent, les lois. Alors, je pense
que, pour la protection du public, il y aurait certainement
intérêt à ce que, dans l'ensemble, des règles de
déontologie - surtout lorsqu'on parie de protection du consommateur.
C'est sûr que dans notre esprit, ce doit être un organisme central
qui doit appliquer les mêmes règles, les mêmes sanctions,
dans les mêmes circonstances, etc. Je pense qu'il faut qu'il y ait une
homogénéité à travers la province.
Maintenant, j'en profiterais peut-être, M. le
député, si vous me le permettez... Tantôt, vous avez
apporté... Là, j'ai un petit lapsus, ça va revenir, ce ne
sera pas bien long, excusez-moi. Je voulais préciser que le rôle
des chambres, au niveau de l'arbitrage et de la conciliation, je pense qu'il
est très important. J'ai mentionné tantôt que les membres
se sentent plus près de leur chambre. Il y a peut-être un principe
de base en arbitrage, pour autant que je sois concerné, c'est que les
membres doivent être jugés par leurs pairs. Ça
m'inquiéterait un peu que, vis-à-vis de l'organisme, on dise que
la conciliation et l'arbitrage seraient la responsabilité de
l'organisme. J'ai la conviction que ça pourrait certainement alourdir le
mécanisme sans lui donner nécessairement plus de
crédibilité.
Maintenant, lorsque vous avez parlé, tantôt, de formation
et de cours, je pensais à un parallèle que j'aurais aimé
faire. Le problème actuel... M. Thibault vous le mentionnait, il y a eu
beaucoup d'amélioration. Moi, j'ai débuté dans l'immeuble
en 1959 et la Loi sur le courtage immobilier n'existait pas. Il y a eu beaucoup
d'amélioration. Si je recule 30 ans en arrière, ça ne
ressemble plus à ce que c'était. Par contre, il y a un
chaînon manquant dans le processus actuel. Je pense que l'Association de
l'immeuble du Québec a fait beaucoup pour les cours de formation, pour
l'éducation des membres, etc., également au niveau de la
déontologie, mais ce qui manque depuis le début, c'est une force,
ce sont des dents au code de déontologie de l'Association. Même si
le bureau de discipline peut imposer des amendes, ça ne s'adresse pas
à
l'ensemble des courtiers détenteurs de permis. En plus de
ça, un détenteur de permis qui fait une gaffe - si je peux
m'exprimer ainsi - môme s'il sait qu'il peut être condamné
à 1000 $ d'amende, bien, "so what?", s'il en fait 10 000 $, 15 000 $ ou
20 000 $, ce n'est pas important. Alors, je pense que c'est ce
pouvoir-là surtout qui manque vraiment au niveau de sanctions, soit de
suspension ou de révocation de permis. Présentement, qu'il soit
condamné par l'Association de l'immeuble du Québec, par le bureau
de discipline, à payer une amende de 1000 $, ce n'est pas grave, il va
continuer à faire de l'immeuble pareil, il a encore son permis. Il
change 20 000 $ pour 1000 $ d'amende.
M. Léonard: Vous dites que les arbitrages devraient se
faire entre les chambres ou rester au plan de la chambre. Est-ce que vous
accepteriez éventuellement que, si cela était accepté ou
passait, il y ait un droit d'appel éventuel à l'Association ou
à l'organisme d'autoréglementation?
M. Carlgnan: Nous avons vécu avec le droit d'appel
déjà pour toutes sortes de considérations, II avait
été décidé à l'époque que ça
n'avait pas tout à fait sa place. Maintenant, au niveau de l'arbitrage,
je voudrais préciser aussi que notre chambre, du moins - je ne peux pas
parler pour les autres chambres - n'a pas d'objection à ce que
l'organisme comme tel définisse les cadres: Qu'est-ce qu'un arbitrage?
Qu'est-ce qu'une conciliation? Quelles sont les règles, quels sont les
paramètres à observer? Quelles sont les règles,
finalement? D'ailleurs, c'est ce qui a été fait avec
l'Association de l'immeuble du Québec. C'est l'Association de l'immeuble
du Québec qui a créé le règlement d'arbitrage et de
conciliation, et les chambres ont accepté de faire leur ce
règlement. Alors, je ne vofê pas de difficulté avec le fait
que l'organisme pourrait définir les grandes lignes: Qu'est-ce qu'un
arbitrage et une conciliation? Les règles à suivre, etc. Mais je
voudrais certainement que les chambres conservent le pouvoir de les appliquer.
Ce serait peut-être le devoir de l'organisme de voir à ce que les
chambres l'appliquent, ou peut-être le rôle de la
fédération, je ne le sais pas, il y a encore des
impondérables.
Le Président (M. Farrah): Je m'excuse, M. le
député de Labelle, vos 10 minutes sont terminées. Alors,
on pourra revenir dans la deuxième tranche. Mme la ministre, la parole
est à vous.
Mme Robic: Merci, M. le Président. À la page 10 de
votre mémoire, quand on parle de catégories de permis, vous nous
dites que c'est un défi de taille, mais qu'il s'impose. J'aimerais un
peu que vous élaboriez sur les catégories de permis. Combien de
catégories doit-on créer, etc.? Quel genre de balises... Quand
est-ce que ça arrête d'être du résidentiel et que
ça devient du commercial? Ce n'est pas noir et blanc, ça. Est-ce
que vous avez réfléchi là-dessus, vous autres? (17 h
30)
M. Thibault: On n'a pas arrêté de point bien
précis. Mais quand on parle de catégories de permis, pour nous
autres, ce sont un petit peu des classes de permis. On pourrait comparer un peu
à un permis de conduire, autrement dit. On a un permis de base qui
serait le résidentiel et, après ça, on aurait
accès... Un agent suivant des cours de formation additionnels pourrait
vendre des propriétés commerciales, comme on disait tantôt,
une certaine catégorie de propriétés commerciales qu'on
pourrait peut-être définir par un montant de base et,
également, que ce soit dans l'industriel, dans le condominium. Mais
ça n'enlève pas le droit à ces gens-là de toujours
faire du résidentiel parce que c'est un petit peu comme la base, dans
l'immeuble.
Mme Robic: Oui. Tout le monde suivrait le même cours qui
donnerait le droit à un permis de vente résidentielle
M. Thibault: Oui.
Mme Robic: Et si on voulait se spécialiser, on irait
suivre un autre cours qui nous permettrait de se spécialiser dans
l'industriel commercial. Où est-ce que vous séparez le commercial
de l'industriel? Où sont les...
M. Thibault: Comme je vous dis, on n'a... Mme Robic:
...barrières, là?
M. Thibault: ...pas arrêté... On n'a pas
été à tond là-dedans parce qu'on ne croyait pas que
ça se ferait ici, aujourd'hui. C'est pour ça que ça va
être difficile peut-être d'arriver avec précision. Mais on a
tendance, présentement, à séparer le logement multiple,
l'industriel, le commercial, la location et le condominium. C'est
peut-être les grandes divisions. Maintenant, il y a des divisions
où les agents peuvent souvent être spécialisés dans
deux ou trois. À ce moment-là, ils auront juste à suivre
les cours en fonction d'aller chercher leur accréditation ou leur
spécialité. Je pense que ce serait facile pour un agent qui
désire faire du commercial de pouvoir avoir un permis ou
l'accréditation qui va lui permettre de toucher à plusieurs
volets de ce côté-là. Mais ce qui est important, c'est de
s'assurer que, lorsqu'il touche a un domaine, il doit connaître son
marché et être en mesure de répondre aux questions de sa
clientèle et de bien la servir.
Le Président (M. Farrah): M Carlgnan, vous vouliez
ajouter?
M. Carignan: Oui, j'aimerais, avec la permission de mon
président, offrir peut-être un complément de
réponse, pour employer le langage parlementaire. D'ailleurs, certains
articles du code de déontologie, Mme la ministre, le prévoient
actuellement. C'est que, dans les faits, c'est difficilement applicable. C'est
clairement dit quelque part, dans le code de déontologie - je n'ai pas
les articles par coeur - que, si un agent n'est pas compétent pour
accomplir une opération immobilière dans tel ou tel domaine, il
doit ou s'assurer l'assistance d'une personne compétente dans ce
domaine-là ou carrément se référer à
quelqu'un de compétent. Alors, il s'agirait de partir de là et de
développer. Maintenant, il faut se demander quels devraient être
les cours, le contenu et où tracer la ligne. C'est la question: c'est la
poule ou c'est l'oeuf avant. Il faut commencer quelque part.
Le Président (M. Farrah): Mme la ministre.
Mme Robic: À la page 8, vous parlez de prérequis au
permis de courtier et vous nous dites que la capacité financière
doit être revue à la hausse, de façon
générale. Est-ce qu'on doit revoir la capacité
financière ou est-ce qu'on devrait plutôt aller vers un
cautionnement? Est-ce que ce serait plus efficace, le cautionnement?
M. Thibault: Ce qui est important, c'est de s'assurer de la
solvabilité du courtier face à ses opérations. Qu'on
appelle ça une caution ou un minimum d'équité, pour autant
que la protection soit là, et pour le public et ces agents.
Mme Robic: À la page 9, au niveau des
rémunérations, vous dites que vous êtes d'accord avec le
partage des commissions avec d'autres intervenants. Mais là, vous me
surprenez un peu, parce que vous nous dites que vous ne voyez pas la
nécessité de divulguer une commission de référence.
Ne voyez-vous pas un conflit d'intérêts quand vous ne faites pas
de divulgation?
M. Carignan: C'est peut-être pour éviter que
quelqu'un compte des menteries, à un moment donné. En fait, je
pense...
Mme Robic: Mais je vois mal ou... M. Carignan: Pardon?
Mme Robic: J'ai des problèmes avec ça, là.
Je n'ai pas de problème avec une référence qui est
divulguée, mais sans divulgation...
M. Carignan: Mais, lorsqu'on l'a regardée en
comité, on ne voyait pas ta pertinence de vraiment divulguer une
commission de référence. Est-ce que c'est le terme, commission de
référence, qui n'est pas exact? Enfin, on voit même,
à titre d'exemple, des agents, à un moment donné, qui.
vont vendre une propriété et vont même offrir un cadeau
à l'acheteur comme marketing, si vous voulez. Je pense que si on parle
de divulguer une commission de référence, ça dépend
de l'ampleur de la commission de référence. Si je reçois
une bouteille de vin ou une bouteille de scotch, quelque chose de même,
est-ce que je dois divulguer sa valeur ou quelque chose de même? C'est un
peu flou, cette affaire-là. Je pense que ce qui est important, c'est que
l'acheteur ou le vendeur sache à qui il paie une commission finalement,
à des courtiers.
Mme Robic: Oui, mais je pense que, quand on parie de commission
de référence ou de partage de commission, on parle entre
intervenants financiers, par exemple. Si vous avez un client qui achète
une maison et que vous l'envoyez faire un prêt hypothécaire et si
vous l'envoyez dans une certaine institution, vous allez avoir une
référence de cette institution-là, est-ce qu'il ne serait
pas important que le client le sache? Donc, il est avisé, ce
client-là, et...
M. Carignan: Jusqu'où peut-on aller dans ce
sens-là, finalement, avec les...
M. Thibault: En général, on n'est pas contre le
principe. Comme on disait, on ne voyait pas la nécessité. On
trouvait difficile d'application ce point-là, d'une façon
pratique. Et également, souvent, les commissions de
référence, on voit ça plus dans les transactions
commerciales et souvent c'est remis à un avocat "in trust", et
même si on le divulgue, on ne saura pas plus à qui, en bout de
ligne, la référence va. Il y a beaucoup de véhicules pour
détourner ça. On voyait difficile l'application, mais on n'est
pas contre le principe.
Mme Robic: Ça va.
Le Président (M. Farrah): Ça va, Mme la ministre.
M. le député de Labelle.
M. Léonard: C'était une de mes questions sur la
référence parce que ça m'a surpris de voir qu'on ne voyait
pas la nécessité de divulguer les commissions de
référence. Je pense que dans le domaine financier, effectivement,
lorsqu'il y a des prêts ou qu'on réfère dans le domaine du
courtage mobilier, on doit faire de telles choses.
J'ai l'impression que dans le courtage immobilier, ça se fait
tellement naturellement que personne ne voit là de problème. En
réalité, par expérience quand même, on fait l'achat
d'une maison... Au fond, quelqu'un qui n'a pas d'idée sur le
prêteur hypothécaire, bien, l'agent va lui demander tout
naturellement, pour conclure sa transaction: Est-ce que vous avez un
prêteur? Alors, s'il n'en a pas, bien, il suggère. Et je trouve
ça tout à fait normal. Et après ça, c'est la
même chose pour le notaire. Alors, je com-
prends... Et la plupart du temps, il n'y a pas de
référence parce que ça fart partie des bons offices qu'une
communauté se fait entre elle, le milieu des affaires se fait, en tout
cas.
Mais je pense que, s'il y avait des commissions de
référence, il me semble qu'il faudrait que ça soit
publicise, d'autant plus que dès qu'on fait affaire dans des cabinets
à multiples responsabilités, courtage immobilier, courtage
mobilier, assurances, prêts hypothécaires, fiducie, c'est un peu
ça que vise le décloisonnement. Finalement, on va être
amené à vivre de plus en plus dans ce contexte-là et je
pense que la question va se poser, à mon sens, très
naturellement. Moi, je pense qu'elle va venir. Mais je conçois que quand
un vendeur ou un acheteur arrive avec sa maison, qu'il accepte de signer une
offre d'achat, il se met à penser à ce moment-là vraiment
sérieusement à son prêteur. Et là, l'agent
intervient tout naturellement.
Vous avez déjà donné vos explications. Si vous avez
des commentaires, j'aurai une autre question.
M. Carignan: La réponse qui est faite, M. le
député, n'est pas malicieuse de la part de la Chambre.
M. Léonard: Non, non.
M. Carignan: Je pense qu'il y a peut-être eu un peu
d'ambiguïté sur l'interprétation du mot
"référence" de commission. Vous avez apporté des exemples
tantôt. Vous avez parlé de notaires. Je me souviens - et
j'espère qu'il y a des notaires ici et qu'ils ne le prendront pas mal -
d'expériences d'il y a très longtemps où le notaire
demandait automatiquement: Est-ce que votre maison est assurée?
Avez-vous un courtier? Non. Un instant, j'appelle et vous avez une assurance.
Alors, je pense qu'il y a un paquet de choses de même qui se font, comme
vous disiez tantôt, dans les relations commerciales, entre personnes.
C'est peut-être de cette façon-là qu'on l'a perçu.
C'est pour ça que je souligne l'importance peut-être de
définir ce qu'est une référence de commission.
M. Léonard: O.K. L'autre question, rapidement. Vous
souhaitez, à la page 10, la clause grand-père. Je comprends que
s'il y a des législations, à un moment donné, pour acheter
la paix et passer à autre chose, on protège quand même les
droits acquis. Il y a une clause grand-père. Comme vous dites que sur
les 13 500 agents et courtiers dont on parle, il y en a 4000 de passage par
année, des "étranges" qui arrivent et qui repartent au bout d'un
an, ma question, c'est: À qui devrait s'appliquer une clause
grand-père?
M. Carignan: Est-ce que la question s'adresse au mémoire
de la Chambre immobilière du Grand Montréal...
M. Léonard: C'est vous qui en avez parlé, je...
M. Carignan: ...ou à un autre mémoire? Moi, je n'ai
pas parlé de clause grand-père, ni M. le président, je ne
pense pas.
M. Léonard: Bien, la Chambre d'immeuble de
Montréal, en référence au chapitre 4, à la
dernière ligne: Adopter une clause grand-père pour cette fin.
Le Président (M. Farrah): M. Thibault n'en a pas
parlé cependant; par contre, elle est bel et bien écrite dans la
feuille de correction.
M. Carignan: Possiblement.
M. Léonard: À qui, comment est-ce que vous voulez
l'appliquer? Est-ce que vous voulez l'appliquer à ces 4000...
M. Carignan: J'ai peut-être un exemple pertinent Je vous ai
mentionné tantôt que j'avais débuté dans l'immeuble
en 1959, quelques années avant même qu'il y ait une Loi sur le
courtage immobilier, et, à l'époque, j'ai obtenu un permis... Je
n'aurais peut-être jamais dû l'avoir, remarquez bien, il n'y avait
pas de Loi sur le courtage immobilier, il n'y avait pas de cours, il n'y avait
pas d'examens, il n'y avait rien.
M. Léonard: En tout cas, je sais que vous avez
réussi. Ça, c'est...
M. Carignan: Mais on m'a émis un permis quand même.
Alors, c'est peut-être...
M. Thibault: II y a peut-être une façon...
Effectivement, tantôt, vous avez mentionné que - je m'excuse de
l'expression anglaise - le "turnover" ou le va-et-vient de nouveaux agents et
de départs fait qu'après quelques années, tous vont devoir
se plier aux nouvelles exigences. Par contre, on peut facilement appliquer une
clause grand-père avec des délais. Par exemple, on peut dire
qu'en dedans de deux ans, les agents déjà en place, pour se
qualifier, pour avoir droit à leur spécialisation, devront aller
suivre des cours. On peut mettre des délais, en autant que les gens en
place ne soient pas acculés au pied du mur et qu'ils ne puissent plus
faire les transactions qu'ils ont l'habitude de faire, parce que plusieurs
d'entre eux ont les compétences pour le faire.
Le Président (M. Farrah): Merci. M le député
de Bertrand.
M. Beaulne: Oui. J'aimerais que, peut-être,
vous nous expliquiez un peu les liens ou la différenciation de
rôles qui existent entre, par exemple, ce que font les chambres
d'immeuble, d'une part, et l'Association de l'immeuble du Québec. Enfin,
on entend des propositions intéressantes de part et d'autre, mais de
façon à ce qu'on puisse établir un peu qui fait quoi dans
ce domaine-là, simplement brièvement si vous pouviez
établir les tiens qui existent ou quels sont les rapports qui existent
entre la Chambre d'immeuble de Montréal ou les chambres d'immeuble en
général et l'Association de l'immeuble du Québec.
M. Carignan: Dans la situation actuelle, je pense que Mme la
ministre même, dans son document de consultation, touchait un peu cet
aspect-là. L'Association de l'immeuble du Québec est ce que nous
croyons, nous, l'association provinciale qui a ses équivalences dans les
autres provinces à travers le Canada, sauf qu'au Québec, on est
peut-être un peu plus en avance dans certains domaines, dont l'immobilier
possiblement.
Je pense que la mission de l'Association de l'immeuble du Québec
a évolué depuis un certain nombre d'années. Elle se
voulait plus ou moins, dans le passé, comme une association de chambres.
Même si, textuellement, on dit que ça a toujours été
une association de membres, il existe quand même une dualité au
niveau des membres. L'Association a les mêmes membres que les chambres
ont, alors c'est une dualité de membres. Je pense que la relation qu'il
devrait y avoir avec l'organisme, c'est une relation d'abord, au départ,
de représentativité d'une fédération de chambres ou
des milieux de l'industrie, et, aussi, je vous l'ai mentionné
tantôt, on n'a pas d'objection comme telle à ce que l'organisme
d'autoréglementation ou la future AIQ, appelez ça comme vous
voudrez, reste encore le maître d'oeuvre en ce qui a trait à la
législation concernant l'arbitrage, la conciliation et de dire aux gens:
Bien, voilà, la conciliation, l'arbitrage c'est comme ça que
ça se fait et c'est de même que vous devez le faire. Je pense
qu'on doit laisser quand même ce champ d'action aux chambres locales et
à la fédération. Ce serait peut-être le rôle
d'une future fédération aussi de venir en aide aux plus petites
chambres qui n'ont pas les moyens financiers d'exercer ces fonctions-là.
On n'a pas d'objection non plus; au contraire, on ne s'est jamais
objecté, on a toujours supporté l'Association de l'immeuble du
Québec au niveau du développement du code de déontologie
et on a toujours accepté de plein gré d'appliquer le code de
déontologie et de les aider à le faire respecter. On ne voit pas
comment l'organisme d'autoréglementation ne pourrait pas faire la
même chose.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle. (17 h 45)
M. Léonard: Oui, je voudrais reposer une question sur la
question des références. Je ne sais pas, peut-être que ma
question s'applique mal, mais quand vous faites des références,
par exemple, avec l'étranger, il y a de grandes entreprises qui ont des
succursales à l'étranger ou bien il y a des
Québécois qui veulent s'acheter des condos ailleurs, au Mexique
ou n'importe où. Est-ce que vous avez été, à
l'occasion, partie à ces opérations ou est-ce que vous avez eu
à ce moment-là des commissions de référence? Est-ce
que ça posait des questions, est-ce que ça causait des
problèmes dans le temps? Pas du tout?
M. Thibault: Disons que ça ne se fait pas sur une grande
échelle. C'est isolé, ces transactions-là. D'ailleurs, les
transactions, pour se faire dans les autres pays, il faut que ça se
fasse par des agents selon les qualifications qui existent dans ces
pays-là. Les références, à ce moment-là vont
se faire... L'agent qui a un client ici, qui va l'introduire à un
courtier qu'il peut connaître, par exemple, en Floride, c'est
peut-être là plus fréquent, va peut-être recevoir une
compensation, mais ce sont des cas isolés, et il n'y a pas de pratique
courante là-dedans. Ce sont plutôt des échanges. C'est
à titre de service qu'ils vont référer plutôt, s'ils
connaissent un courtier là-bas.
M. Léonard: O. K. En rapport avec le projet que nous
étudions, je suppose qu'avec le libre-échange on peut être
amenés à voir possiblement plus d'Américains
intéressés à venir faire des opérations ici, comme
nous pourrions être intéressés à en faire
là-bas. Est-ce que ça vous pose des problèmes? Est-ce une
question qui vous est venue à l'esprit pour l'avenir?
M. Thibault: C'est un sujet justement qui est un peu à
l'étude au niveau de l'Association canadienne de l'immeuble. La question
nous a été posée et il y a un comité qui travaille
là-dessus, sur l'impact du libre-échange sur l'immobilier. Puis,
à première vue, on ne favorise pas qu'un courtier
américain puisse venir faire une transaction ici et vice versa parce
qu'on ne connaît pas... Déjà, on a de la misère
à connaître notre marché, des fois, quand on
s'éloigne de notre territoire propre. Il est évident qu'un agent
d'ici aurait beaucoup de difficulté à aller faire une transaction
de façon adéquate à l'extérieur du Canada, et
l'inverse serait vrai.
M. Léonard: Ne croyez-vous pas qu'il y aura des
problèmes de concurrence de la part des Américains actuellement?
Ça ne vous pose pas de problèmes particuliers, à votre
avis?
M. Thibault: Mais on s'oppose à ce que...
M. Léonard: Vous vous opposez mais s'ils
venaient pareil, là, je pense que c'est ça, la question,
finalement.
M. Thibault: On fera face à la situation à ce
moment-là. Mais déjà, je veux dire, il y a un
comité qui se penche là-dessus mais on n'est pas en mesure de
vous donner les réflexions du comité. C'est trop rapide, votre
question là-dessus.
Le Président (M. Farrah): Alors, le temps est pratiquement
terminé. Mme la ministre, en guise de conclusion, est-ce que vous avez
des commentaires?
Mme Robic: Oui. Merci, M. le Président. Pour
éclairer le député de Labelle, je pourrais lui dire
qu'avec le traité de libre-échange, quand il y aura la libre
circulation des personnes, vous comprendrez que, oui, il sera possible, pour un
Américain ou une Américaine, de venir ici, de se qualifier ici,
de suivre les cours et de vendre de l'immeuble, mais il faudra qu'ils se
qualifient de la même manière, je suppose, que les Canadiens qui
iront s'établir aux États-Unis devront se qualifier aux
États-Unis pour pouvoir faire la même chose. Je pense que c'est
quelque chose qu'on ne pourra pas éviter, mais ils devront se qualifier.
Merci infiniment de votre présence, messieurs. On vous remercie de votre
mémoire et vous pouvez être assurés que nous en tiendrons
certainement compte dans la préparation du projet de loi. M. Thibault et
M. Carignan, merci.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Labelle, en conclusion.
M. Léonard: Oui, à mon tour de vous remercier,
messieurs de la Chambre immobilière du Grand Montréal, pour dire
la grosse chambre du Québec actuellement. Je vous remercie de ce que
vous êtes venus nous dire et je vais vous souhaiter bon courage, parce
que je sais, comme tout le monde dans l'immeuble, que les temps sont durs,
mais, comme les taux d'intérêt commencent à baisser,
peut-être que, là, vous pourrez voir quelques lueurs d'espoir.
Enfin, bonne chance et merci.
Le Président (M. Farrah): Alors, au nom des membres de la
commission, merci beaucoup pour votre présentation.
Mme Robic: M. le Président...
Le Président (M. Farrah): Mme la ministre.
Mme Robic: ...dans le domaine de l'immobilier, un professionnel
est toujours prêt à faire face aux hausses et aux baisses de
marché et demeure toujours. On les retrouve.
M. Carignan: aux fluctuations.
Le Président (M. Farrah): Alors, merci pour votre
présentation.
J'invfte maintenant les gens de la Chambre d'immeubles de Québec
à se présenter à la table, s'il vous plaît.
Au nom de la commission, on vous souhaite la plus cordiale des
bienvenues. Dans un premier temps, comme on l'a dit aux autres intervenants,
vous disposez de 20 minutes pour la présentation de votre
mémoire, et, par la suite, l'Opposition et le gouvernement ont 40
minutes d'échanges réparties équitablement entre deux
temps de 20 minutes pour un échange avec vous ultérieurement.
Dans un premier temps, j'aimerais peut-être que vous vous
présentiez, et, par la suite, vous pourrez poursuivre avec la lecture de
votre mémoire.
Chambre d'immeubles de Québec
M. Létourneau (Claude): Je suis Claude Létourneau,
président de la Chambre d'immeubles de Québec.
M. Lavoie (Raymond): Raymond La voie, directeur
général de la Chambre d'immeubles de Québec.
Le Président (M. Farrah): Merci. M. Létourneau,
vous pouvez y aller avec la présentation du mémoire.
M. Létourneau: Merci. M. le Président, membres de
la commission, nous tenons d'abord à remercier Mme la ministre
déléguée aux Finances, Mme Robic, de nous avoir
invités à nous exprimer devant vous dans le cadre du projet de la
refonte de la Loi sur le courtage immobilier, et dont la volonté s'est
manifestée par le dépôt, à l'Assemblée
nationale, de l'énoncé politique intitulé "Le courtage
immobilier au Québec."
Il nous apparaît quand même, à ce stade-ci,
très important de nous situer. Après les différents
groupes ou les différents intervenants, on est peut-être la plus
petite des chambres invitées devant cette commission. Nous
représentons les membres ou les praticiens de la région 03 et
nous regroupons environ 1200 détenteurs de permis dans la grande
région de Québec. Bien que l'adhésion soit facultative,
l'éventail des services offerts fait en sorte que celui qui exerce le
commerce dans la région devient pratiquement membre par ce genre
d'obligation, parce que les principaux services que la Chambre d'immeubles de
Québec offre sont, d'abord, la diffusion d'un receuil de
propriétés à vendre et vendues qui devient un outil
indispensable pour se tenir à jour auprès de sa clientèle,
et une gestion complète d'un service informatique dont les membres ont
accès de leur propre bureau.
Cette Chambre joue aussi un rôle dans la transmission de toute
information pertinente ou fout édit gouvernemental qui pourrait avoir
une influence sur le travail courant de ses membres, et celui de promouvoir le
maintien et le niveau de compétence générale en
coordonnant avec des organismes tels que le cégep et l'universfté
l'accès à différentes formations additionnelles au sein de
l'industrie et s'assurer de la représentativité de la
région aux structures de l'immobilier organisé en étant
membre actif au sein de l'Association de l'immeuble du Québec.
Et la Chambre se tient à l'affût de toute nouvelle
technologie pouvant doter ses membres des meilleurs outils. De plus, la Chambre
reçoit et entend les plaintes qui sont formulées contre un
membre. La compétence et l'intégrité de tous les membres
sont des objectifs constants. Nous sommes aussi propriétaires de notre
immeuble très humble sur la rue Holland, à Québec.
À cet endroit, les gens viennent recevoir les services et ils
reçoivent toujours un accueil des plus chaleureux. Le public aussi en
général y vient puiser souvent des informations auprès des
permanents de la Chambre d'immeubles de Québec.
Dans l'ensemble du document de consultation, si vous le permettez,
aujourd'hui, j'aimerais souligner que les points qu'on juge les plus pertinents
pour les besoins de cette commission parce que, dans l'ensemble, la description
du courtage immobilier de la province de Québec est extrêmement
juste. Nous connaissons assez bien dans quel contexte nous nous retrouvons. Il
y a peut-être, à ce chapitre, juste de bien tenir compte que les
chambres d'immeubles, même s'il y en a 13, ne sont pas toutes
équipées d'un service informatique qui peut permettre aux membres
d'offrir des services égaux à la grandeur du territoire de la
province. C'est un aspect qu'il faudra essayer de développer dans le
futur.
Il y a aussi la précision dans ce chapitre-là que
l'Association de l'immeuble, effectivement, dans son évolution, s'est
peut-être éloignée de sa vocation de réunir les
(nombres. On parlait tantôt aussi pour les autres intervenants de la
dualité des membres. Or, nous croyons, en tant que chambre d'immeubles,
qu'il y a un problème de communication et que l'Association est
peut-être un peu déconnectée de la base que sont ses
membres en ne regroupant pas les chambres comme telles, mais que, dans
l'éventualité de la refonte, le véritable outil dont
f'industrie a besoin serait un genre de fédération de chambres.
Alors, c'est la mutation vers laquelle on peut se diriger. Cette
fédération pourrait très facilement orchestrer la
livraison de services dans tous les coins de la province. Quand je parle de
services, je parle de support, de logiciels et d'informatique pour que chaque
client ou chaque consommateur puisse bénéficier de services
d'appoint. Les plus grosses chambres peuvent très facilement offrir un
support aux plus petites à ce niveau-là, comme ça se vit
déjà à l'heure actuelle dans notre structure.
Au niveau de l'organisme d'autoréglementa- tiori, nous y voyons
un avenir très prometteur.
En fait, notre vision, en ce qui concerne la Chambre d'immeubles de
Québec, c'est vraiment une structure évolutive, une nouvelle
forme de corporation professionnelle qui vient vraiment évoluer, un
véhicule de regroupement au sein de notre profession. La description de
l'organisme nous apparaît bien répondre aux besoins. Maintenant,
lors de sa mise en place, l'industrie devra se doter d'un outil pour
représenter ses membres et c'est là que revient peut-être
la notion de création d'une fédération de chambres.
L'imbroglio, au niveau de l'Association de l'immeuble et des chambres, peut se
définir très nettement: c'est que l'Association a deux chapeaux.
Tous les services qui ont été développés dans les
dernières années et qui visent la protection du consommateur
peuvent facilement s'intégrer au sein du nouvel organisme de même
que les services d'ordre public qui sont déjà connus à
travers le service de courtage, ce qui ferait la création du nouvel
organisme. Les services qui étaient déjà
réservés aux membres pourraient s'intégrer dans une
nouvelle forme de mutation de l'AIQ en fédération de chambres,
pour continuer à faire la promotion et à développer les
intérêts des praticiens au sein de l'industrie. En fait, les
chambres devraient et devront continuer d'offrir, en collaboration avec les
institutions d'enseignement, des cours de perfectionnement.
La fédération des chambres, par contre, devra nommer les
membres du conseil de l'organisme, à tout le moins ceux qui
représentent l'industrie. On ne s'est pas arrêtés à
déterminer quels seront le nombre, le chiffre exact et la provenance de
chacun des membres. Nous estimons qu'il serait essentiel qu'il y ait une
majorité de membres qui soit issus du milieu mais qui soient en
même temps très représentatifs de l'ensemble des
régions de la province. Ça ne pourrait se réaliser
qu'à travers le regroupement des chambres, soit la
fédération.
On estime aussi que le nouvel organisme devrait régir toutes les
personnes habilitées à effectuer un acte de courtage. Il serait
important que les mêmes règles s'appliquent pour tous. Une
catégorie de permis pourrait même être créée
à ce niveau-là.
Les frais de transition et d'implantation du nouvel organisme doivent
être prévus et planifiés, peut-être assumés
par l'État. Nous sommes d'accord avec la description du rôle des
chambres et de la notion d'autoréglementation et d'autofinancement
éventuelle. Maintenant, nous sommes aussi conscients que les chambres
demeureront le véhicule privilégié pour promouvoir, encore
une fois, les intérêts des courtiers et agents.
La réglementation, par elle-même, doit
prévoir une catégorie de permis pour les
non-détenteurs de permis. On s'entrecoupe sur ceux qui sont exclus
actuellement de la loi. En effet, la nouvelle réglementation devrait
régir toute personne habilitée à effectuer un acte de
courtage dans la province de Québec.
Au niveau de la formation, on pourrait élaborer très
longuement. C'est une jeune industrie, elle a encore des choses à mettre
sur pied et à développer. L'établissement des programmes
devrait s'effectuer avec le concours des chambres d'immeuble. Il est
évident que la mise à jour des compétences ainsi que des
conditions de renouvellement de permis va indéniablement mieux
protéger le public dans l'avenir (18 heures)
Au niveau de la distinction entre agent et courtier, là aussi,
c'est peut-être une technicité fort importante. Nous ne croyons
pas être en mesure de prétendre que nous connaissons la solution
idéale pour la définition et l'application des règles
entre courtier et agent pour le futur parce que, bien sûr, la
responsabilité de l'agent et du courtier qui travaillent mérite
d'être augmentée, mais elle devrait être partagée et
graduée en fonction des catégories de permis. Il y a là un
enchevêtrement de structures qui peut devenir un peu complexe.
Les prérequis pour les permis de courtiers Bien, il est
évident que les équités qui sont exigées ne
correspondent pas à la réalité d'aujourd'hui. Nous croyons
que le montant devrait s'ajuster selon le nombre de succursales et le nombre
d'agents et de courtiers à l'emploi d'un autre courtier.
Le cumul de permis. Bien, de plus en plus, nous vivons dans un monde de
spécialistes. Nous ne croyons pas qu'il soit souhaitable de permettre le
cumul des permis, par contre. Toutefois, il devrait être possible de
détenir un permis restreint en courtage de valeurs mobilières,
comme nos confrères de tantôt, lorsque la transaction porte
principalement sur un bien immobilier.
Le franchisage est une question de véhicule commercial et n'a pas
besoin, dans le fond, d'être traité par une loi. Au niveau des
assurances, nous sommes convaincus que les détenteurs de permis doivent
être assujettis aux mêmes obligations. Pour les dépôts
et comptes en fidélcommis, nous avançons tout simplement que le
nouvel organisme devrait avoir le pouvoir de définir les
paramètres.
La rémunération est un sujet fort intéressant.
À partir du moment où des personnes sont habilitées
à agir comme courtiers sans avoir à détenir de permis, il
faut parler de partage de commission. Or, de ce fait, sans l'encourager,
puisque l'industrie du commerce de l'immeuble doit demeurer aux
détenteurs de permis, il faut reconnaître qu'il y a des
commissions qui existent, qui se paient, et là, ça pose un
sérieux problème. On dit: Peut-être qu'il faudrait trouver
une façon de l'autoriser. Pour ce qui est de la divulgation au client et
la consignation dans un registre, on n'en voyait pas l'utilité parce
qu'on ne connaissait pas la portée du principe de commission de
référence. On s'est ouverts à la découvrir.
Les catégories de permis. Par contre, l'instauration de
différentes catégories de permis est souhaitable. L'organisme
devra instaurer un mécanisme de contrôle de chacune de ces
catégories. En effet, la recherche de la confiance du public en sera
d'autant plus facile. Nous croyons que les catégories doivent être
créées par secteur d'activité et non pas par
supériorité de l'une vis-à-vis de l'autre, qu'une
catégorie inclut une ou plusieurs autres, de sorte qu'aucun type de
permis ne causera préjudice à l'autre. Selon nous, afin de
garantir un bon service aux clients, le détenteur de permis doit
être à temps plein. Nous y voyons, dans les catégories de
permis, peut être une analogie avec les permis de construction. On peut
avoir un permis standard pour construire ou effectuer des transactions dans un
contexte résidentiel, et, ensuite, lorsque le marché ou
l'activité se complique, il faudra démontrer des aptitudes, des
compétences ou une expertise qui nous permettraient d'accéder
à la reconnaissance de la pratique dans cette nouvelle catégorie
d'activité. Nous aussi, on avance, par ailleurs, que la mise en place
devra respecter les acquis des praticiens actuels et accorder une
période dite grand-père.
La divulgation des conflits d'intérêts. Bien, si notre
industrie aspire sérieusement à obtenir et conserver une certaine
notoriété, ces éléments sont essentiels.
En guise de conclusion, M. le Président, en tant que chambre
d'immeuble, votre ouverture de travailler conjointement à
améliorer l'encadrement juridique de notre industrie nous convient fort
bien. D'ailleurs, lors de l'élaboration du projet de modification
à la loi, Mme la ministre Robic nous a fait l'honneur de nous inviter
à discuter en sa compagnie. Notre collaboration vous est acquise, et
ainsi, lors du dépôt du projet de loi, nous aimerions pouvoir nous
exprimer à nouveau. Merci.
Le Président (M. Farrah): Alors, merci pour votre
présentation, M. Létourneau. Mme la ministre, la parole est
à vous.
Mme Robic: Merci, M. le Président, merci, messieurs, de
votre présentation. D'après vos propos, vous sembiez être
assez d'accord pour que l'Association de l'immeuble du Québec se
transforme en organisme d'autoréglementation. Si c'était le cas,
vous dites que les chambres pourraient se regrouper en
fédération. Premièrement, un organisme est voué -
et là, je vais faire attention à mes mots - à promouvoir
l'intérêt du consommateur, l'autre, à promouvoir
l'intérêt des membres, ce qui n'empêche pas la
responsabilité au niveau du consommateur, bien sûr. Est-ce
qu'il le peut réellement? J'ai des difficultés à voir quel
genre de lien il peut y avoir entre ces deux organismes? Est-ce qu'il doit y
avoir un lien entre ces deux organismes? Tous les deux, que ce soit la Chambre
d'Immeubles de Montréal ou vous, vous dites: On joue un rôle au
niveau des conflits entre membres. Il faudrait garder ce rôle. D'un autre
côté, il y a un aspect déontologique là-dedans.
Alors là, j'ai des difficultés à voir comment... Je voyais
deux organismes autonomes, deux organismes où il n'y avait pas de lien
entre ces organismes. Vous, vous dites: Oui, on doit garder un certain lien. Je
vous avoue là, que j'ai certains problèmes.
M. Létourneau: Oui, en effet, c'est complexe.
Mme Robic: Je le sais.
M. Létourneau: II y a certains chapitres. Comme je l'ai
dit, nous ne prétendons pas, à la Chambre d'immeubles de
Québec, connaître la solution encore. On y travaille, par exemple.
Effectivement, où tracer la ligne entre un mandat de protéger, de
défendre les intérêts du public et de régler, par
exemple, des conflits éventuels entre un praticien et un consommateur
et, d'un autre côté, d'entendre et d'essayer de régler un
conflit entre deux praticiens? Je ne connais pas la solution, Mme la ministre.
La seule chose qu'on peut admettre, aujourd'hui, c'est qu'il y a un
enchevêtrement parce que c'est lié par un code de pratique. On
travaille sur deux tableaux. Il y a des engagements à caractère
quasi professionnel lorsqu'on fait remplir et qu'on travaille sur le bien
souvent le plus important d'un client. Il y a un aspect très commercial
au niveau de la commercialisation et de l'échange d'Informations pour
offrir encore un meilleur service à travers les chambres d'immeubles qui
diffusent les mandats et les informations techniques auprès des membres.
Or, ce n'est pas facile, je vous le concède, et je ne crois pas qu'on
ait de solution à date, mais il faut y travailler.
Mme Robic: Quel rôle réservez-vous au gouvernement
dans ces nouvelles structures?
M. Létourneau: Le gouvernement devrait avoir un rôle
- excusez-moi l'expression - de chien de garde. Il devrait être là
pour voir à ce que le nouvel organisme remplisse adéquatement le
mandat qui lui est confié à travers la loi. Ça devrait
être son seul rôle.
Mme Robic: Vous nous avez parlé de la composition du
conseil d'administration de ce nouvel organisme. Vous nous dites que, pour
avoir une représentativité, il faudrait que ce soient des
chambres qui choisissent les membres du conseil. Certains autres nous disent
que ça devrait être fait au suffrage universel; d'autres nous
disent que ce sera des nominations gouvernementales, en partie ou en
totalité, et qu'il devrait également y avoir une
représentation et du gouvernement et du public en général.
J'aimerais vous entendre là-dessus. Croyez-vous réellement qu'il
n'y aurait pas cette représentativité si on allait au suffrage
universel?
M. Létourneau: Non, si on va au suffrage universel, si
c'est bien réparti en termes de pouvoir de votation, ce serait
très juste et très démocratique. En fait, c'est à
travers ce mode de fonctionnement que les élus devraient être
choisis par la fédération des chambres. La
fédération devrait développer un mode très
démocratique pour permettre la représentativité par voie
d'élection. La composition comme telle de ce conseil d'administration,
comme je vous le disais tantôt, essentiellement, pourvu qu'elle soit en
majorité de praticiens... Il faut qu'il y ait quand même un
courant pratique et appliqué et d'autres membres, d'autres intervenants,
comme au sein d'autres conseils professionnels? Un représentant du
gouvernement et un représentant des consommateurs peuvent de temps
à autre permettre de garder la bonne ligne à l'intérieur
du mandat qui aura été confié au conseil
d'administration.
Mme Robic: La nécessité de gens de
l'extérieur: Est-ce que c'est important d'avoir une
représentativité de gens de l'extérieur du domaine?
M. Létourneau: En pratique, pour que le nouvel organisme
soit très crédible, oui.
Mme Robic: À la page 6 de votre mémoire, lorsque
vous traitez de discipline, vous parlez de certains pouvoirs de recommandation
des chambres à l'organisme. C'est là que vous me dites qu'il
reste encore du travail à faire pour savoir comment cet
arrimage-là peut se faire en gardant chacun votre autonomie. Ce n'est
pas si facile que ça.
M. Létourneau: Ce n'est pas si facile.
Justement, dans le mémoire, à l'article F, nous exprimons
la problématique de l'enchevêtrement des deux.
Mme Robic: Vous dites qu'il ne devrait y avoir qu'une seule
catégorie de permis pour toutes les personnes habilitées à
effectuer un acte de courtage. Qu'est-ce que vous voulez dire par "toutes les
personnes"? Est-ce que vous parlez et des agents d'immeuble et des notaires et
des avocats? Je vous avoue que je ne comprends pas tout à fait ce que
vous voulez dire.
M. Létourneau: Ce qu'on veut dire, c'est qu'actuellement,
tous ceux qui sont exclus de la loi dans l'exercice de leurs fonctions se
trouvent à réaliser une pratique qui, souvent, est non conforme,
suivant ces règles, à 14 000 autres praticiens. Je parle aux
comptables, aux notaires, aux avocats et à tous ceux qui sont exclus
à l'intérieur de la loi. Ce qu'on aimerait, c'est que ces
gens-là continuent. Il n'y a pas de changement, sauf qu'ils puissent
être régis par les mêmes règles de pratique pour
qu'on puisse parler le même langage et qu'on puisse travailler ensemble
autour d'une même table. Actuellement, il y a une dissension souvent
très grande, parce qu'on ne travaille pas avec les mêmes outils,
avec le même code de pratique, soi-disant qu'on exerce deux professions.
Et pourtant, on vient jouer dans un secteur d'activité qui devrait
être encadré à l'intérieur de paramètres
très précis.
Mme Robic: Mais n'est-il pas vrai de dire que, quand c'est un
acte posé par un notaire, ou un avocat ou un comptable c'est dans
l'exercice de leurs fonctions, c'est à l'intérieur d'un mandat
qu'ils reçoivent et ce n'est pas une pratique, ça ne se produira
pas plusieurs fois dans une année?
M. Létourneau: J'aimerais vous croire.
Mme Robic: Vous croyez qu'il y a des gens qui, à
l'extérieur de la profession, pratiquent assez largement sans être
formés, sans être assujettis...
M. Létourneau: Pas nécessairement qu'ils n'ont pas
les compétences, c'est juste une question de règle de pratique et
qu'on est tous dans des corridors différents et que, de temps en temps,
on rencontre les mêmes clients. Ça devient très
difficile.
Mme Robic: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je laisse maintenant la
parole au député de Labelle.
M. Léonard: Oui, M. le Président. M. le directeur
général, je vous souhaite la bienvenue. J'ai bien remarqué
qu'en guise de conclusion, vous avez été très prudent,
vous avez dit que vous aimeriez être consulté lorsque le projet de
loi sera déposé. Je suppose que Mme la ministre en aura bien pris
note. C'est une bonne prudence élémentaire, vous avez raison. Ha,
ha, ha! (18 h 15)
Je voudrais vous poser une question sur la démarcation entre
l'Association de l'immeuble du Québec et les chambres d'immeuble. Mme la
ministre est venue aussi sur cette question. Vous dites à la page 2 que
vous avez votre code de déontologie. Je ne sais pas si j'ai bien compris
toute la problématique, mais ce qui est proposé ici, c'est que ie
code de déontologie finalement soit arrêté,
édicté par l'Association de l'immeuble ou l'organisme
d'autoréglementation. Si c'est la Chambre d'immeubles, ce sera elle,
mais on peut penser qu'il pourrait y avoir une hypothèse en ce sens.
Alors, la question que je vous pose est la suivante. Êtes-vous d'accord
avec ça? Là, ce ne serait plus vous qui feriez votre code de
déontologie, il serait fait par l'organisme
d'autorégle-mentation.
M. Létourneau: M. ie député, oui, nous
sommes d'accord.
M. Léonard: Bon. Voilà une chose claire.
M. Létourneau: À ce stade-ci, nous avons même
rallié la Chambre d'immeubles de Québec au code de
déontologie de l'Association.
M. Léonard: Donc, il y aurait un code de
déontologie à la grandeur du Québec.
M. Létourneau: Oui.
M. Léonard: O.K., on s'entend, c'est bien. Maintenant, le
conseil de cette association, vous semblez dire dans votre texte - c'est un peu
mouvant, j'ai l'impression, si vous me permettez de le dire - que le conseil
devrait émaner des chambres. Là, j'ai un problème à
réconcilier tout ça, parce que si votre organisme
d'autoré-glementation a comme un de ses grands objectifs de
protéger l'intérêt du public et puis que vous, les
chambres, avez celui de protéger l'intérêt de vos membres,
ce qui est tout à fait normal, il me semble que quelque part, il risque
d'y avoir un conflit qui pourrait se dessiner éventuellement. Vous allez
admettre que ça pourrait arriver. Alors, comment composez-vous le
conseil et comment pouvez-vous dire que le conseil de l'organisme
d'autoréglementation devrait émaner en quelque sorte ou devrait
être en quelque sorte une fédération des chambres et
émaner des chambres? Ne trouvez-vous pas qu'il y a une espèce de
conflit d'intérêts potentiel là-dedans?
M. Létourneau: En fait, oui, votre question est
très pertinente, M. le député. Il faut faire la
lumière sur la structure. Effectivement, les membres qui devraient
constituer le conseil sont des membres, des praticiens, et on prend pour acquis
que ces praticiens sont déjà membres d'une chambre, donc membres
de la fédération. On avance tout simplement que la
fédération serait peut-être le meilleur véhicule ou
le meilleur niveau pour contrôler les mises en candidature et voir
à faire les élections pour les praticiens issus de sa base qui
devront siéger au conseil, mais il n'est nullement question que ce soit
la Fédération qui s'ingère de quelque façon que ce
soit à contrôler les mises en candidature et que ce soit eux qui
choisissent les membres
qui vont siéger. Effectivement, à ce moment-là, il
y aurait conflit d'intérêts.
M. Léonard: Croyez-vous que les courtiers et agents vont
payer une cotisation d'appartenance à l'association
d'autoréglementation?
M. Létourneau: Oui. Comme ils le font actuellement par le
biais de l'émission du permis.
M. Léonard: Et il y aurait donc, par ailleurs, une autre
cotisation à la Chambre d'immeubles de Québec?
M. Létourneau: Oui. Comme on vit présentement.
M. Léonard: Je vous pose la question: Laquelle sera la
plus déconnectée de sa base?
M. Létourneau: Ha, ha, ha! Vous ne voulez pas avoir de
réponse!
M. Léonard: Ha, ha, ha! Vous le mentionniez, à
l'époque. En passant, je m'amuse évidemment. Je voudrais revenir
à d'autres questions. Vous dites, à la page 6: "La
réglementation doit prévoir une catégorie de membres pour
les non-détenteurs de permis. " Est-ce que vous voulez faire une
catégorie de non-membres?
M. Létourneau: En fait, non, on répète un
peu, parce qu'il y avait deux volets qui nous semblaient semblables dans le
document de consultation entre les gens exclus, les professionnels exclus de la
loi, qui, en fait, viennent pratiquer dans notre secteur.
M. Léonard: Des affiliés.
M. Létourneau: C'est un dédoublement de la fin de
la page 5, M. le député.
M. Léonard: O. K. J'y reviendrai. Vous dites aussi que le
détenteur de permis doit être à plein temps. N'est-ce pas
exagéré? Je dirais que, dans aucune profession, on ne demande que
celui qui a un titre soit à plein temps. Je comprends que vous trouvez
qu'il y a beaucoup de gens qui circulent, qui sont à temps partiel et
que vous voudriez que ce soit un peu plus sérieux, mais j'ai noté
cette phrase... Je me demande comment on peut faire ça
concrètement, en pratique.
M. Létourneau: Encore une fois, on représente 1200
membres qui insufflent ce courant qui est un malaise au niveau de
l'interrogation. C'est que, si on crée une catégorie de permis,
il faudrait penser... On ne veut pas exclure la notion de plein temps, on veut
essayer de voir s'il n'y a pas une sécurité à apporter
dans la catégorie de permis pour la notion de plein service. Le client a
droit à un service complet.
M. Léonard: Oui. Autrement, si quelqu'un entre dans une
profession comme celle-là et qu'il est tout de suite à plein
temps, il faut qu'il ait assez de revenus pour en vivre. Et là, vous
introduisez l'idée d'avoir des stages de passage de six mois, d'un an,
jusqu'à ce que quelqu'un ait des revenus pour en vivre. Ça, je
sais que, dans d'autres professions, y compris dans la construction, ça
bloque, ça risque de bloquer, dans certains cas, l'ouverture aux jeunes.
Je vous signale ça. Mais je comprends qu'il y en a
particulièrement chez vous, des demi-temps et des temps partiel.
M. Létourneau: Oui.
M. Léonard: Vous dites, encore sur les
références, que vous ne voyez pas l'utilité de les
divulguer. Vous êtes le deuxième qui nous dites ça, la
chambre d'immeubles de Montréal aussi nous a dit cela. Vous aussi, vous
êtes du même avis.
M. Létourneau: On doit avoir lu le document en même
temps et puis on a passé à côté en même temps.
Ce n'était pas clair pour nous, la position qu'on devrait prendre. On
s'arrête ou on s'interroge sur la complexité de la tenue d'un
registre. On prenait l'exemple, tantôt, d'une référence au
niveau d'un prêt hypothécaire, par exemple. Bien, il y a des
agents qui le reçoivent et ils n'ont même pas pensé
à faire la référence, mais ils ont des conventions
où la référence est payée de façon
automatique. Alors, ça...
M. Léonard: Là, le mode de divulgation par registre
serait trop lourd, si je comprends bien.
M. Létourneau: C'est ça. Il y a peut-être
d'autres façons de voir ça ou de créer des
catégories. Il y a des titres de référence, par contre -
et on en est très conscients - qui devraient faire partie de la
divulgation auprès du client. Il y a des montants très
importants, dépendant de la nature de la transaction. Mais à la
base, si on parle du quotidien, à partir d'un client, comme vous en avez
donné l'exemple il y a une heure ou deux, lors de l'achat d'une
propriété, le client ne pense pas toujours à avoir choisi
son notaire, son banquier, son assureur. Ça peut tout être
acheminé par un agent compétent. S'il reçoit de petites
bebelles à gauche et à droite à la fin de son mois, je ne
vois pas la nécessité de mettre une structure lourde de
divulgation ou de registre.
Mais s'il y a, par contre, en fonction du libre-échange, un
système de référence plus important avec nos voisins du
sud ou des autres provinces, là, on parle d'une vraie
référence, par contre.
M. Léonard: O. K.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le
député de Labelle. Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Dans votre
mémoire, vous touchez au cumul de permis, mais vous ne touchez pas aux
cabinets multidisciplinaires. Est-ce que vous avez étudié ce
point-là?
M. Létourneau: On en a discuté. Ça aurait
dû faire partie de notre mémoire, Mme la ministre. Effectivement,
nous ne sommes pas contre. Au contraire, déjà en province, il y a
certains organismes qui vivent cette cohabitation-là et qui la vivent
très bien; ils vont la vivre de mieux en mieux. C'est un nouveau
concept, le décloisonnement nous ouvre des portes, sauf qu'on aime quand
même préciser qu'on est contre le cumul des permis. On ne peut pas
vendre des assurances et prendre le client, traverser le corridor, trois pieds
et dire: Là, je te vends une maison et, attends, quand on va avoir fini,
je vais te vendre d'autre chose. Il peut y avoir un genre de centre d'achat de
services financiers, mais il va s'adresser chaque fois à un
spécialiste détenteur de son permis unique et qui est en mesure
de faire la démonstration de sa compétence.
Mme Robic: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Ça va. M. le
député de Labelle, d'autres commentaires?
M. Léonard: Une question. Prenons la question de la
formation ou des préalables. Est-ce que vous jugez ou vous trouvez que
la formation actuelle des agents et courtiers, à la Chambre d'immeubles
de Québec, est suffisante?
M. Létourneau: Dans le contexte qui nous a amenés
jusqu'ici, oui. Pour l'avenir, nous devons installer de nouveaux
paramètres, de nouvelles marches. Ce qui a manqué jusqu'à
maintenant dans notre industrie, c'est sans aucun doute une reconnaissance et
une motivation à devenir plus compétent en termes de
connaissances et d'expertises. C'est un besoin pressant.
M. Léonard: Qu'est-ce que vous mettriez dans un bagage de
connaissances à un agent idéal? Des connaissances juridiques, des
connaissances financières?
M. Létourneau: À la base, il les a toutes. Dans le
cours de base, il a accès à des connaissances d'ordre juridique,
de structure, pratique, évaluation, urbanisme. Il s'agit qu'il soit
motivé à les développer davantage, c'est strictement une
base. En pratique, cet agent vit son programme de formation et de
perfectionnement dans la vie de tous les jours. Alors, c'est comme s'il
était dans une structure par voie de stages. Il est nécessaire
qu'il y ait des étapes de reconnaissance à travers ces
stages-là, qui l'obligent à faire une vérification pour
voir s'il a accédé à ce niveau-là auquel il croit.
Alors, à l'intérieur des premières années,
même tout au long de sa carrière, il devrait y avoir des cours de
formation continue; c'est un secteur d'activité qui change
énormément, qui évolue très rapidement. Et, en
même temps, ça peut être vérifié par le biais
d'un système obligatoire de cours ou d'examen pour fins de
renouvellement, tous les deux ou trois ans, peu importe.
M. Léonard: Un bon agent, c'est un bon vendeur ou bien
c'est quelqu'un qui va vendre, disons, la bonne maison au client qui la
désire, qui va essayer d'aller répondre aux besoins de son
client. Remarquez que la réponse a l'air évidente, mais, au fond,
ceux qui réussissent le mieux sont-ils de bons vendeurs ou de bons
professionnels, l'idéal étant les deux, là?
M. Létourneau: Oui. Comme représentant d'une
chambre, je vous dirais tout simplement, parce que je ne peux pas parler en
étant praticien, parce que toutes les catégories dépendant
des situations peuvent se prêter au qualificatif "bon", disons que les
prochaines années devront être marquées par un service de
qualité dans chaque contact avec la clientèle. Les gens sont de
mieux en mieux Informés et sont conscients des besoins et en demandent
énormément aux professionnels avec lesquels ils font affaire.
M. Léonard: Est-ce qu'à l'occasion, vous avez eu,
comme chambre d'immeuble ou des gens de chez vous, à communiquer avec
les municipalités pour faire des remarques sur des plans d'urbanisme,
des règlements de zonage ou de tels éléments qui ont
beaucoup d'influence sur la valeur des immeubles, la qualité de la vie
ou des choses comme ça? Est-ce que vos agents, vos chambres
interviennent vis-à-vis des plans, de la confection de plans d'urbanisme
des villes?
M. Létourneau: Nos chambres, je ne le crois pas, mais nous
avons des professionnels hautement engagés dans ce type de processus,
dépendant des régions du Québec, oui.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle, alors merci. Mme la ministre, peut-être pour un commentaire
final.
Mme Robic: M. le Président, une question, si vous me
permettez.
Le Président (M. Farrah): Oui, allez-y.
Mme Robic: Vous donnez des cours en ce moment à la Chambre
d'immeubles de Québec?
M. Létourneau: Non. Nous collaborons très
étroitement avec le cégep en acceptant de faire tout le travail
de secrétariat, d'inscription pour les cours en vente de biens
immobiliers.
Mme Robic: Mais vous ne faites pas de formation continue, en ce
moment?
M. Létourneau: Non. C'est réservé au niveau
du cégep.
Mme Robic: D'accord. Il me semblait que j'avais une autre
question. Je l'ai perdue, M. le Président. Ça va me revenir, sans
doute. Je sais votre numéro de téléphone, alors je peux
vous appeler.
M. Létourneau: Je suis toujours à votre
disposition, Mme la ministre.
Mme Robic: Alors, M. le Président, messieurs, je vous
remercie infiniment d'avoir accepté de nous présenter un
mémoire aujourd'hui, c'est fort apprécié. Je vous souhaite
bon succès dans la promotion des intérêts de vos membres,
tout en se souvenant qu'on doit protéger le consommateur.
Pour répondre, peut-être, au député de
Labelle, je voudrais lui dire qu'un bon vendeur, s'il n'est pas professionnel,
ne durera pas longtemps dans cette profession. Il doit être les deux pour
faire un succès.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Labelle, en guise de conclusion.
M. Léonard: M. le président, M. le directeur
général, je vous remercie beaucoup de vous être
présentés, d'avoir répondu à l'invitation et
d'être venus ici. Vous nous avez éclairés sur plusieurs
sujets. Je vous dis à bientôt, maintenant, puisqu'on aura un
projet de loi sur lequel vous serez consultés, alors on se reverra sur
des données très concrètes et pratiques. Alors, merci
bien.
Le Président (M. Farrah): Alors, à mon tour, M.
Létourneau et M. Lavoie, merci de vous être entretenus avec les
membres de la commission. Au nom des membres de la commission, je vous remercie
infiniment de votre présence et du dépôt de votre
mémoire. Alors, merci. (18 h 30)
Maintenant, j'invite le dernier groupe à venir se
présenter à la table, s'il vous plaît. Il s'agit de la
Corporation professionnelle des administrateurs agréés. Alors,
messieurs, bienvenue à la séance de la commission du budget et de
l'administration. Dans un premier temps, je vous indique que, pour la
présentation de votre mémoire, vous avez jusqu'à un
maximum de 20 minutes de présentation. Comme pour les autres, il y a une
période de questions avec un temps réparti équitablement,
20 minutes de chaque côté de la table, ce qui fait 40 minutes pour
questions et réponses. Dans un premier temps, j'aimerais demander au
représentant de l'organisme de se présenter et aussi
présenter ses collègues qui sont avec lui ici, aujourd'hui.
Corporation professionnelle des administrateurs
agréés
M. Gagnon (Richard): Bonsoir. Mon nom est Richard Gagnon. Je suis
le vice-président exécutif et le directeur général
de la Corporation professionnelle des administrateurs agréés du
Québec. M'accompagnent, à ma droite, M. Gérald Smith, qui
est le président du comité exécutif du secteur immobilier
de notre Corporation, et, à ma gauche, M. Pierre Charest, qui en est le
président sortant.
Le Président (M. Farrah): Messieurs, bienvenue, et nous
vous écoutons.
M. Gagnon: Merci bien. Bonsoir, M. le Président, bonsoir,
Mme la ministre, MM. les députés. D'abord, nous tenons à
vous remercier d'accepter de nous accueillir en cette Chambre pour discuter
avec vous de ce projet qui nous apparaît important. Notre mémoire,
comme ceux qui l'ont lu ont pu le constater, se voulait bref et le plus
précis possible. Alors notre présentation aujourd'hui sera de la
même nature.
D'abord si je vous présente rapidement notre Corporation
professionnelle, je vous dirai qu'elle a maintenant 37 ans. Nous sommes une
Corporation incorporée en vertu du Code des professions depuis 1973 et,
en conséquence, comme Corporation professionnelle, nous connaissons bien
les mécanismes qui, habituellement, sont mis de l'avant pour
régir une pratique professionnelle.
Notre corporation compte 2500 administrateurs qui sont des gestionnaires
qui oeuvrent dans différents secteurs d'activité
économique du Québec. Un de ces regroupements au sein de nos 2500
membres compte environ 225 administrateurs qui oeuvrent dans le secteur
immobilier et qui gèrent un parc immobilier d'environ 10 000 000 $. Ces
membres ont des projets au sein de notre Corporation qui leur sont propres, des
activités de formation qui leur sont propres et, chaque année,
élisent un comité exécutif propre au secteur immobilier.
Ce sont, pour la plupart, des gestionnaires immobiliers ou des conseillers en
immobilier
Pour être admis comme administrateur immobilier
agréé, le candidat doit d'abord détenir un diplôme
universitaire de 1er cycle, détenir de deux à huit années
d'expérience pertinente en administration, dépendamment de la
nature de son diplôme universitaire, détenir au moins 30
crédits universitaires en sciences immobilières et
posséder une expérience minimale d'au moins trois ans en
immoblier. Donc, les gens qui sont admis au sein de notre Corporation
professionnelle, dans le secteur immobilier, sont des gens dont la formation et
les compétences sont difficilement à remettre en doute.
Quant au projet de révision de la Loi sur le courtage immobilier,
nos membres, Mme la ministre, ont trouvé fort intéressantes les
idées qui sont abordées dans le document et vous en
félicitent. Nous avons cependant quelques commentaires à exprimer
pour enrichir les recommandations, les propositions que vous y faites.
Au plan de la structure, vous envisagez la mise sur pied d'un organisme
d'autoréglementation dont le mandat sera principalement le
contrôle de la pratique professionnelle avec des outils qui s'apparentent
très étroitement à ceux que doivent mettre en branle les
corporations professionnelles. En ce sens, nous vous recommandons que nos
membres qui oeuvrent dans le secteur immobilier soient contrôlés
dans leur pratique professionnelle par leur Corporation professionnelle, comme
c'est d'ailleurs le cas actuellement. Il nous apparaît qu'un double
contrôle de leur pratique professionnelle par un organisme
d'autoréglementation et par leur Corporation professionnelle qui,
inévitablement, va continuer de contrôler leur pratique, risque,
à notre avis, de compliquer inutilement la situation et peut-être
même d'ajouter de la confusion, tout en n'ajoutant rien à la
protection du public. À notre sens, que ceux et celles qui ne sont pas
régis par une corporation professionnelle relèvent de l'organisme
d'autoréglementation. Par contre, les professionnels qui sont membres de
corporations professionnelles devraient être régis dans leur
pratique par leur corporation professionnelle d'appartenance. C'est d'ailleurs
la loi qui nous confie, aux corporations professionnelles, le mandat
prioritaire de protéger le public.
Par contre, pour éviter que divers organismes contrôlent
à leur façon une pratique professionnelle au niveau de
l'immobilier, nous recommandons également que chaque corporation
professionnelle qui serait habilitée à régir la pratique
professionnelle en immobilier possède un siège au conseil
d'administration de l'organisme d'autoréglementation afin qu'il y ait
harmonie entre les mécanismes instaurés par l'organisme
d'autoréglementation et la ou les corporations professionnelles que vous
auriez accréditées.
En plus de l'harmonie entre les mécanismes à
développer, le fait que les corporations professionnelles
concernées siègent au conseil d'administration de l'organisme
d'autoréglementation permettrait la mise en place de canaux formels de
communication et, par surcroît, comme les corporations professionnelles
ont une expertise dans le domaine du contrôle de la pratique
professionnelle, il pourrait être drôlement utile à
l'organisme d'autoréglementation de profiter de cette expertise.
Enfin, quant à la délivrance de permis, il nous
apparaît que, compte tenu de la formation, de la compétence et des
critères extrêmement serrés que doit rencontrer un candidat
pour devenir administrateur agréé immobilier, nous croyons que
ces personnes devraient obtenir un permis de courtage immobilier sur
demande.
Je vous explique pourquoi. Actuellement, nos membres pratiquent, font
des transactions immobilières en vertu de l'article 5j de la loi
actuelle qui exempte nos membres d'être couverts par un permis de
courtier. Ce que ça crée comme situation, c'est que vous avez des
gens qui font des transactions immobilières, qui ne sont pas couverts
par les mêmes règles du jeu que ceux qui ont un permis de courtier
Et il nous apparaît qu'afin de faciliter le contrôle de la pratique
professionnelle au niveau des transactions immobilières et afin de nous
aider comme corporation professionnelle à régir la pratique de
nos membres qui oeuvrent dans le secteur immobilier, nous pensons que ces
gens-là devraient avoir un permis de courtier. À toutes fins
pratiques, nous croyons que toutes les exceptions à la loi actuellement
devraient disparaître, que toute personne qui réalise des
transactions immobilières devrait posséder un permis de courtier.
Il pourrait peut-être y avoir deux catégories: des courtiers A et
des courtiers B. Les courtiers A relèveraient de l'organisme
d'autoréglementation; les courtiers B seraient régis par une
corporation professionnelle, mais nous pensons que tout le monde devrait
posséder un permis de courtier pour faire de la transaction
immobilière.
Ce modèle, d'ailleurs, Mme la ministre, s'inspire de la Loi sur
les Intermédiaires de marché en ce qui concerne les
planificateurs financiers notamment, où tout planificateur financier,
pour pouvoir pratiquer en vertu de ce titre reconnu de planificateur financier,
doit appartenir soit à une corporation professionnelle soit à la
Commission des valeurs mobilières ou certains organismes que la loi a
déterminés. Ceux qui ne sont pas couverts par ces
organismes-là doivent relever de l'Inspecteur général des
institutions financières. C'est, à toutes fins pratiques, le
même modèle. L'organisme d'autoréglementation couvre la
pratique professionnelle des personnes qui ne sont pas déjà
encadrées dans leur pratique par une corporation professionnelle.
Nous croyons également que le mandat du courtier ou de l'agent
d'immeubles mériterait d'être précisé. Il nous
apparaît qu'il y a actuellement une certaine confusion pour le client qui
signe un mandat avec un courtier ou un agent de ce qu'il est en droit
d'attendre de ce courtier ou de cet agent. Trop souvent, le mandant, celui qui
confie le mandat, a l'impression qu'il vient de donner Un mandat à une
personne pour le représenter formellement sur le marché, alors
que les obligations découlant de ce contrat
n'appartiennent souvent qu'au vendeur. Le vendeur confirme une
exclusivité face à un agent ou à un courtier, confirme
qu'il versera à tel courtier une commission déterminée
à tel montant, confirme également qu'il s'engage à vendre
sa propriété si le courtier lui amène un acheteur à
tel montant, alors que les obligations de l'autre côté sont
beaucoup moins évidentes. C'est correct, nous ne contestons pas cela,
mais nous croyons que la personne qui signe un mandat avec un agent ou un
courtier devrait être mieux informée sur la nature du mandat
qu'elle vient de confier pour bien comprendre ce a quoi elle est en droit de
s'attendre de la part de ce courtier ou de cet agent qui, à toutes fins
pratiques, a comme objectif de régler une transaction. Nous cautionnons
sans réserve l'initiative de mettre sur table plusieurs
catégories de permis. Nous croyons qu'il s'agit là d'une mesure
qui ajouterait, certes, à la compétence de ceux qui oeuvrent dans
diverses sphères du secteur immobilier.
Enfin, quant au partage des commissions, nous croyons que le partage des
commissions entre détenteurs de permis doit être, bien sûr,
consigné et déclaré au client. Par contre, on peut
émettre le voeu pieux que les commissions de référence
soient elles aussi déclarées et consignées, mais je pense
que ça ne demeurera toujours qu'au fait des voeux pieux, compte tenu que
la commission de référence relève beaucoup plus du
réflexe d'affaires, du réflexe "business" d'une transaction ou
d'une organisation, et, en ce sens-là sera toujours difficilement
contrôlable. Voilà, M. le Président, c'est tout.
Le Président (M. Farrah): Alors, merci, M. Gagnon, pour
votre présentation. Sans plus tarder, Mme la ministre, la parole est
à vous.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Nous sommes face ici
à des personnes qui sont fort bien qualifiées et qui sont
habilitées de par leur formation à faire de l'immeuble.
Cependant, vous nous dites que vous voulez être exemptés d'avoir
à venir chercher un permis, mais que le permis vous soit donné
automatiquement de par votre formation. Pourquoi ce problème? Pourquoi
ne venez-vous pas le chercher, le permis?
M. Gagnon: En fait, Mme la ministre, nos membres réalisent
des transactions immobilières de façon sporadique dans le cadre
de leur pratique professionnelle. Se référer à une demande
de permis qui proviendrait soit de l'Association de l'immeuble du Québec
ou autres amènerait une double appartenance que les membres ne font pas.
Compte tenu de leur compétence, ils procèdent à la
transaction immobilière et ils savent très bien que ça va
bien se passer. Ils n'ont pas le sentiment qu'il est nécessaire pour eux
de détenir un permis de courtage et, en conséquence, ne
procèdent pas à la demande de permis de courtier qui
nécessite, comme je vous le dis, une double appartenance, une double
cotisation, etc. En conséquence, ça ne se fait pas.
Mme Robic: Est-ce que les actes de courtage qui sont faits...
Pourtant vous avez une section de courtage, vous l'appelez telle quelle, le
secteur immobilier. Donc, vous avez l'intention de faire de l'immobilier. Vous
faites de l'administration d'immeubles et, à travers ça, vous
faites de la location et peut-être que le propriétaire va vous
dire: Vendez donc mon immeuble à part ça. Vous faites ça
à l'intérieur d'un mandat de gestion? Est-ce toujours à
l'intérieur d'un mandat de gestion ou si vous faites des transactions
immobilières séparément d'un mandat de gestion? (18 h
45)
M. Charest (Pierre): Si vous permettez, Mme la ministre,
j'aimerais répondre à la question.
Dans le secteur immobilier, les 225 membres, une partie sont
salariés. Donc, à l'intérieur du mandat de gestion ou de
l'exercice de leurs fonctions, ils peuvent avoir à commettre cet
acte-là. Il y a une autre partie qui sont des consultants et, pour
rendre service aux clients, ils vont être impliqués dans une
transaction, soit au niveau de l'acquisition ou au niveau de la vente.
Mais la question fondamentale au sujet du permis, à notre sens,
c'est que les professionnels en affaires immobilières, on détient
une police d'assurance-responsabilité sur nos actes et que, lorsqu'on
fait la demande de permis, on doit à nouveau se munir d'un certificat,
je crois, pour un montant de 5000 $ ou 10 000 $, et c'est ça qui vient
en double et qui nous dérange un peu.
Mme Robic: Mais vous avez entendu les intervenants
précédents nous dire l'importance d'avoir un système
unique, l'importance que toutes les personnes, courtiers ou agents, qui posent
des actes de courtage doivent être régies par une même loi,
par un même code de déontologie, etc. Je dois vous avouer
qu'à prime abord, je suis plutôt d'accord avec ça. Dans le
fond, vous êtes tout à fait qualifiés pour détenir
un permis. Vous avez suivi les cours, vous êtes qualifiés, mais
vous dites, dans le fond: Ce n'est pas parce qu'on n'est pas qualifiés
et qu'on ne veut pas se qualifier, mais on ne veut pas avoir une double
appartenance et on ne veut pas ajouter des coûts...
Comment est-ce que le gouvernement ou la ministre responsable ou
l'organisme d'autorégle-mentation concilient-ils qu'il y a un groupe qui
est complètement détaché, qui n'a aucune appartenance, qui
se gère lui-même, qui s'autogère? Je ne mets pas en doute
vos capacités de le faire, mais vous relevez de qui au bout de la ligne?
Vous êtes complètement séparés. Il n'y a
pas de...
Une voix: De lien hiérarchique.
Mme Robic: Oui, de lien. Merci, M. le Président. De lien
hiérarchique. Ça m'embarrasse un peu, ça.
M. Gagnon: On a déjà, Mme la ministre, des liens
hiérarchiques importants par rapport à l'Office des professions
envers qui nous sommes totalement redevables de la pratique professionnelle de
nos membres et du contrôle que nous en faisons.
Toutefois, vous avez raison, à savoir qu'il ne faut pas y voir
là un groupe isolé qui procède à du courtage
immobilier et qui n'est rattaché à rien. C'est en ce
sens-là qu'on croit qu'il devra s'instaurer des liens importants et
étroits entre l'organisme d'autoréglementation et la corporation
professionnelle ou les corporations professionnelles concernées pour
s'assurer que tout le monde respecte les mêmes règles du jeu.
Notre demande d'obtenir un permis de courtier, Mme la ministre, sur demande
vise exactement cet objectif-là parce que nos membres sont couverts
actuellement par l'article 5j de la loi qui fait que tout administrateur
agréé que nous reconnaissons comme administrateur
agréé immobilier peut procéder à des transactions
immobilières, sauf qu'il le fait sans être encadré par les
mêmes règles du jeu que le courtier qui, lui aussi, fait d'autres
types de transactions immobilières.
Donc, ce qu'on demande, c'est que le tout soit uniformisé et,
pour que le tout soit uniformisé, on a le sentiment qu'il doit
s'établir des liens entre notre Corporation professionnelle et
l'organisme d'autoréglementation, et on doit convenir que nos membres
ont ce qu'il faut pour faire des transactions immobilières. À ce
moment-là, ils vont avoir leur permis de courtier et ils vont devoir
jouer les mêmes règles du jeu que toute autre personne qui oeuvre
en transactions immobilières.
Maintenant, au niveau des comptes à rendre, comme Corporation
professionnelle, on en aurait aussi à un autre niveau. Nous aurions
l'obligation, comme corporation professionnelle, de garantir que ceux à
qui on confie le titre d'administrateur agréé immobilier et,
donc, qui hériteraient d'un droit de courtage, répondent aux
normes standard qui sont établies, et on se porte garants de leur
pratique professionnelle, comme on le fait d'ailleurs actuellement avec nos
2500 administrateurs agréés. On se porte garants de leur
compétence professionnelle. C'est notre rôle par rapport au
public.
Et un siège au conseil d'administration de l'organisme
d'autoréglementation permettrait, certes, de développer des
règles du jeu cohérentes entre tous les intervenants,
d'établir des mécanismes de communication clairs et, en plus, on
pense qu'on peut être utile à l'organisme
d'autoréglementation parce que ces mécanismes de contrôle
de la profession que sont comité de discipline, syndic, comité
d'arbitrage, etc., on vit avec ça quotidiennement.
Mme Robic: Ça va.
Le Président (M. Farrah): Ça va, Mme la
ministre?
Mme Robic: Oui.
Le Président (M. Farrah): Merci. M. le
député de Labelle, des commentaires.
M. Léonard: Oui, M. le Président. Je pense que
c'est une question qui est posée par la Corporation professionnelle des
administrateurs agréés parce que, en vous écoutant, je me
posais aussi la question, et vous la soulevez: Un notaire pourrait être
dans le même cas, un avocat pourrait être dans le même cas et
un bon nombre d'ordres professionnels pourraient être dans le même
cas.
Tout le monde, finalement, finit par faire des affaires. Donc, je dirais
presque qu'un médecin sur la retraite qui a des notions juridiques
pourrait finalement devenir agent immobilier et administrateur en pantoufle
dans le courtage immobilier. Bon. Est-ce qu'à ce moment-là, la
contrepartie n'est pas que des courtiers qui gagnent leur vie avec ça
vont se juger envahis par d'autres corporations professionnelles et
jusqu'à quel point laisse-t-on les vases communicants jouer finalement?
Je m'interroge. Je ne peux pas dire que... Quand j'écoute votre
argumentation, oui. Je connais votre formation et c'est vrai que vous pouvez
avoir des qualifications là-dedans, surtout ceux qui se
spécialisent en immobilier. Ils sont capables de faire des transactions
immobilières. Je suis d'accord.
Maintenant, si on laisse faire les grands professionnels qui ont eu
accès à la formation universitaire, à un moment
donné, et qui débarquent dans le courtage immobilier, ils vont
vous tasser les quelques milliers de courtiers, facilement. Je comprends que ce
n'est pas ça, votre rôle. Vous dites que vous êtes, dans les
grands immeubles, que vous faites de l'administration de ce type, puis
qu'à l'occasion, vous faites des opérations de courtage
immobilier.
Je me dis: Pourquoi, à ce moment-là, ne payez-vous pas la
cotisation, finalement, comme tout le monde pour entrer dans le moule des
courtiers et agents immobiliers? Ça ne doit pas être une
cotisation si élevée que ça. On parlait tout à
l'heure de 40 $ ou 90 $. Et puis, en plus, une police d'assurance sur 5000 $,
alors que vous en avez déjà une sur 2500 $, c'est un avenant
à une police d'assurance qui va vous coûter 50 $, même pas,
je dirais Je ne connais pas plus que ça le cas, mais il reste que, pour
moi, ça
m'apparaît des frais pas si importants que ça, compte tenu
de la formation que vous avez et dans le milieu où vous oeuvrez.
Là où je suis assez favorable et, encore là, je me
retiens pour donner mon opinion, c'est que, finalement, il pourrait y avoir des
gens de chez vous qui siègent sur le conseil de l'organisme
d'autoréglementation. Et là, peut-être que les notaires
vont vouloir le faire aussi. Bon. Lequel de vous trois ou de vous cinq, point
d'interrogation, devrait siéger là? Je trouve qu'il y a une
espèce de porte où les choses ne sont pas très claires.
C'est ça qui m'embarrasse. C'est comme si on créait un
précédent gênant. Même si aujourd'hui il n'est pas
tellement gênant, dans 10 ans, compte tenu de l'évolution,
ça pourrait l'être. Là, aujourd'hui, vous avez 2500
membres. Vous pourriez décider d'élargir votre sainte Corporation
puis, à un bon moment donné, vous en auriez 10 000 qui, eux, s'en
iraient dans l'immobilier à ce moment-là. Où est-ce qu'on
arrête? C'est ma question.
M. Charest: M. le député, je vous répondrai
que des 2500 membres, 225 rencontrent des conditions spéciales pour
adhérer au secteur immobilier. Nos activités en affaires
immobilières, ce sont des activités qu'on commet tous les jours,
donc, c'est réellement notre gagne-pain principal, contrairement aux
autres professionnels que vous avez cités. À l'occasion, on les
voit, mais de façon ponctuelle pour des laps de temps courts ou des
opérations précises, alors que nous, les spécialistes en
affaires immobilières, c'est durant toute l'année. Et je dois
vous dire que les 225 membres que nous avons, ce ne sont pas des gens...
Autrement dit - excusez l'expression - le "turnover" de la corporation est
très très faible.
Au contraire, nos conditions étant très exigeantes, ceux
qui sont là y demeurent, et à condition qu'on rencontre les
conditions de la Corporation, qui a des programmes de formation continue, etc.
Et les nouveaux membres qui entrent se doivent de rencontrer les conditions.
Donc, 225 membres, je ne crois pas que ce soit menaçant pour les 14 000
qui existent au niveau de l'Association de l'immeuble du Québec. Donc,
à ce niveau-là, je ne crois pas que ce soit menaçant,
c'est plutôt clarifier une situation et, surtout, pouvoir aider les gens.
Il y a beaucoup de nos membres qui sont courtiers, on en a, des courtiers qui
ont une formation universitaire. Là n'est pas la question.
Quant à nos confrères des autres corporations
professionnelles, on ne croit pas qu'ils aient le même
intérêt que notre secteur, le secteur immobilier.
M. Léonard: O. K. D'accord Restreignons aux 225 membres.
Pourquoi ces 225 membres ne suivent-ils pas ou, disons, ne prennent-ils pas le
permis de courtier en suivant le cours, en passant l'examen? Pour eux, ils vont
faire ça avant de déjeuner le matin, compte tenu de votre
formation. Pourquoi ne paieraient-ils pas 150 $ pour appartenir à
l'association des courtiers, finalement? Vous avez une formation qui
normalement vous donne tellement de qualifications que quand vous allez arriver
sur le marché du courtage, vous allez dépasser tout le monde en
un rien de temps.
M. Charest; M. le député, à ça je
vais vous répondre de la façon suivante. Notre cotisation
à la Corporation professionnelle est quand même assez
dispendieuse, 350 $. Nos polices d'assurance-responsabilité civile...
Personnellement, j'appartiens à d'autres organismes, entre autres,
l'Institut canadien de l'immeuble. Si, en plus, je dois détenir mon
permis de courtier, je dois m'affilier à la Chambre d'immeubles du Grand
Montréal, payer une petite cotisation là. À un moment
donné, on ne se retrouve plus dans nos cotisations, et, après
ça, il faut s'impliquer dans ces organismes-là et ça
devient pas mal compliqué.
Donc, je comprends, et c'est peut-être un manque à gagner
pour l'association de ne pas nous avoir, mais...
M. Léonard: Ils paient la moitié. C'est
déductible.
M. Charest: Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Charest: Vous comprendrez que ces cotisations
supplémentaires, c'est réellement de la gestion
supplémentaire pour des montants symboliques et, déjà
là, on en paie beaucoup. Personnellement, j'ai au-delà de 1000 $
de cotisation par année. Celle de la Chambre d'immeubles, je croyais que
c'était beaucoup plus élevé que 45 $, franchement, je ne
sais pas quel montant.
M. Léonard: C'est ce qu'on a dit cet après-midi.
C'est le Fonds d'indemnisation. Mais - excusez-moi - la cotisation à
l'association des courtiers, c'est quoi? Aux chambres d'immeubles.
M. Charest: Est-ce qu'il y a quelqu'un qui peut donner la
réponse?
M. Léonard: C'est combien?
M. Charest: La cotisation à l'association des
courtiers.
Une voix: L'association des courtiers?
M. Léonard: Courtiers ou agents, c'est quoi?
M. Cayer: La cotisation à la Chambre d'immeubles de
Québec?
M. Léonard: Oui.
M. Cayer: C'est 100 $ pour un agent, 150 $ pour un courtier.
M. Léonard: Bon.
M. Charest: Pour fins de cumul, ça monte vite.
Le Président (M. Farrah): Oui. M. Charest? M. Charest:
Oui.
Le Président (M. Farrah): Est ce que ça
répond à votre question, M. le député?
M. Léonard: Oui, je reste encore avec mes interrogations.
Il me semble que quelqu'un qui fait du courtage, il est administrateur par
ailleurs, c'est une qualification professionnelle. Si, moi, je suis comptable
agréé, je m'en irais faire du courtage immobilier, il me semble
qu'il faudrait que je paie ma cotisation au courtage immobilier. Ça
m'apparait normal. Et il faudrait que je passe l'examen. Je ne vous dis pas que
je le réussirais. C'est une autre affaire, mais il me semble...
Le Président (M. Farrah): II y a quelque chose que vous
voulez ajouter?
M. Gagnon: Au fond, on ne parle pas, M. le député,
d'accréditer une panoplie de corporations, une panoplie de titres de
professionnels. Vous avez caricaturé un peu, et c'est de bonne
guerre.
M. Léonard: J'ai tiré la corde un peu.
M. Gagnon: Oui. Maintenant, il faut bien cibler. Dans le cadre de
la Loi sur les intermédiaires de marché, la loi a
spécifiquement identifié des groupes qui, au sein de leur
organisation, ont des gens qui sont appelés à faire de la
planification financière et accréditer ces groupes-là pour
régir la pratique professionnelle de ces planificateurs financiers.
C'est un peu la même chose au sein de certaines corporations
professionnelles. Il y a des gens qui sont appelés à poser des
actes de courtage, non pas tous les jours, non pas nécessairement
à temps plein, mais de façon inhérente à leurs
fonctions ou à leur profession, ils sont appelés à poser
des actes, de courtage. Comme corporation professionnelle, au fond, ce qu'on
vous dit aujourd'hui, c'est que ces gens-là posent les actes de courtage
et, de par leurs fonctions, vont continuer à les poser. Et nous, comme
corporation professionnelle, on préférerait nettement qu'ils les
posent à l'intérieur d'un cadre réglementaire qui soit le
même que celui des courtiers, ce qui n'est pas le cas actuellement. (19
heures)
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle, ça va?
M. Léonard: Bien, je vais laisser. Je pense... Si Mme la
ministre veut continuer.
Le Président (M. Farrah): Un instant. On peut revenir
aussi, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Bien, moi, je ne veux pas étirer la
conversation ou la discussion. Je pense que la question de fond, elle est
posée, je trouve. Quand vous faites référence au
planificateur financier, justement, ça pose une question Importante. Il
y a lout lo monde qui se prétend planificateur financier actuellement:
les notaires, les avocats, les comptables, et mettez en. Il y en a d'autres.
Ça pousse comme des champignons Par ailleurs, on sent que cette
fonction-là est une fonction centrale qui touche à toutes les
autres professions. Je ne suis pas sûr, comme législateur ici, que
le gouvernement ait tranché cette question de façon
définitive. On vit actuellement une certaine pratique, et disons qu'on
peut l'admettre comme ça, mais je ne suis pas sûr qu'à
terme on ne devrait pas y revenir.
Vous posez la même question en ce qui concerne les courtiers:
C'est au fond le chevauchement d'actes professionnels d'ordres professionnels
de l'un à l'autre. C'est ça dont il s'agit. Je comprends que vous
avez la compétence pour le faire. Je comprends, j'admets. Normalement,
si les 225, en particulier qui oeuvrent dans le secteur immobilier, peuvent
être aussi compétents et possiblement plus que d'autres qui sont
actuellement dans le domaine du courtage immobilier... Mais vous ne
détenez pas le droit de pratique comme courtier immobilier. Vous l'avez
de par une autre profession. Est-ce qu'elle complète tout cela? Est-ce
que ça vous exempte de passer des examens, de vous renseigner et
d'être bien au courant de la réglementation qui entoure le
courtage immobilier? Il me semble que ça, vous devez en faire la preuve,
même si vous appartenez à une autre corporation. Mais je trouve
que je n'ai pas de jugement définitif actuellement. Je suis bien content
d'avoir entendu votre point de vue parce que je trouve que ça apporte
beaucoup dans le dossier.
Le Président (M. Farrah): C'est le but de la commission
également, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui.
M. Gagnon: Pour répondre peut-être rapidement
à M. le député...
Le Président (M. Farrah): Rapidement, M. Gagnon, s'il vous
plaît.
M. Gagnon: Notre corporation professionnelle régit et
contrôle la pratique professionnelle
de ses membres qui font de l'immobilier. Et, actuellement, on le fait,
parce que, comme corporation professionnelle, c'est notre mandat premier.
Le Président (M. Farrah): Merci. Je vais reconnaître
maintenant Mme la ministre et M. le député de l'Acadie
ensuite.
Mme Robic: Pour poursuivre dans la même voie que mon.
confrère, le député de Labelle, quand on parle des
planificateurs financiers ou de la Corporation professionnelle des
administrateurs agréés, on parle ici de titre
réservé et non pas d'acte réservé. N'importe qui
peut faire de la planification, peut se dire administrateur. Il ne peut pas
nécessairement porter le titre.
Je dois vous avouer que j'ai exactement les mêmes réserves
que le député de Labelle. J'ai peur... Je vous comprends
très bien. Vos arguments sont très bons, mais j'aimerais pouvoir
vous croire quand vous dites que les autres professionnels font ça d'une
façon très ponctuelle, rarement. Ce n'est pas ce qu'on
dénote dernièrement. Et là, je me demanderais quel genre
de porte j'ouvrirais si je vous reconnaissais tel que vous le demandez, non pas
parce que je doute de vos compétences, du tout là, mais ça
m'inquiète un peu, cette porte-là qu'on entrouvre. Combien
d'autres voudront... Je peux très bien voir des comptables
agréés, des notaires qui... Alors, ça, j'ai un
problème là, non pas avec vous autres mais avec d'autres. Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Farrah): M. le député de
l'Acadie.
M. Bordeleau: C'est un petit peu les mêmes interrogations
qui ont été soumises par le député de Labelle et la
ministre. Je ne reviendrai pas sur toutes les interrogations qui ont
été émises, j'ai les mêmes.
Ce que je trouve un peu embêtant dans la demande que vous faites,
c'est de reconnaître des gens, qui font du courtage de façon
continue et dont c'est l'activité principale, et d'émettre des
permis à des gens qui, à la limite, pourraient à
l'occasion faire du courtage. Je ne parle pas seulement de la Corporation
professionnelle des administrateurs agréés, mais aussi de celle
des notaires ou d'autres corporations. Alors, à ce moment-là,
est-ce qu'on ne risque pas de créer une confusion où des gens qui
sont dans le domaine du courtage à temps plein et qui font exclusivement
ça auraient le même genre de permis aux yeux du public, même
s'il y a des catégories de permis différents, que des personnes
qui ne le font peut-être pas d'une façon aussi continue. Dans ce
contexte-là, quand vous parlez de la section des administrateurs
agréés qui sont dans l'immobilier, ça représente
quoi, les actions comme telles de vente dans le travail des gens qui sont
administrateurs agréés dans le domaine de l'immobilier? Je
suppose que les gens qui travaillent dans ce domaine-là font de
l'administration en bonne partie d'édifices ou des contrats de gestion,
mais la vente comme telle, ça représente quoi comme proportion
des. activités de ces 225 personnes?
M. Smith (Gérald): Je peux vous répondre. Ça
encadre non seulement la vente mais aussi la location. À
l'intérieur d'un mandat comme firme privée, on a souvent à
faire de la location de locaux surtout commerciaux, industriels qui entre
à l'intérieur d'une transaction qui est sous le contrôle du
courtage. Pour la vente, évidemment, c'est peut-être moins
fréquent, mais quant à la location, c'est usuel, c'est continuel,
c'est à l'extérieur de nos exercices. C'était pour
ça aussi qu'on avait rencontré le sous-ministre il y a quelque
temps et le surintendant du courtage immobilier pour en parler et en venir
à la conclusion qu'on pouvait, avec nos qualifications, rencontrer
toutes les normes nécessaires pour obtenir automatiquement un permis,
sans avoir à passer quelconque examen. Nos qualifications
dépassent actuellement même celles du FRI qui ne
nécessitent plus de passer un examen pour avoir le titre de courtier.
C'est un peu sur ces bases-là qu'à date, on avait une entente.
Mais nous, comme corporation professionnelle, on veut contrôler davantage
nos membres qui font l'exercice du courtage. On considère
qu'actuellement, c'est insuffisant pour la protection du public, tandis que,
comme corporation professionnelle, on a déjà un code de
déontologie, on a aussi des contrôles sur l'exercice de la
profession. Si un de nos membres fait des actes de courtage, on a aussi le
contrôle sur lui et, par la même occasion, on peut se permettre de
surveiller si, effectivement, la protection du public demeure. Pour nous, c'est
ce qui est primordial et c'est la raison pour laquelle on veut que notre
Corporation continue de contrôler ses membres qui feraient du courtage.
Ça nous apparaîtrait insuffisant que ce soit uniquement un
organisme qui le contrôle. Pour la protection du public, je le
répète encore, une coporation professionnelle a des obligations
beaucoup plus strictes.
Le Président (M. Farrah): Est-ce qu'il y a d'autres
questions du côté ministériel?
Mme Robic: Ça va, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Farrah): Ça va. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Je pense que je vois un peu que les codes de
déontologie des professions effectivement sont normalement plus rigides
que ce qui va exister, même - dans le projet, on verra - dans un
organisme d'autorégulation. Moi, je suis content en tout cas de
l'échange que nous avons eu. Je reste avec mon interrogation.
Je ne dis pas que c'est non, que c'est oui, disons qu'on est à
deux niveaux différents. Là, je comprends davantage.
Effectivement, les administrateurs agréés administrent souvent de
grands immeubles et, donc, en termes de location agissent beaucoup plus dans ce
secteur que dans celui de la vente, c'est ça. Merci.
Le Président (M. Farrah): Mme la ministre.
Mme Robic: Je vous remercie L'échange a été
intéressant et vous pouvez être assurés que nous allons
certainement tenir compte de vos remarques et aller plus en profondeur. Vous
avez vu qu'on a à peu près toutes les mêmes interrogations.
Cependant, on comprend la particularité des mandats qui vous sont
confiés. Alors, vous pouvez être assurés que nous allons
regarder ça de plus près. Si l'on sentait le besoin de vous
reparler, on le fera sans hésitation. Merci beaucoup.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Labelle, en conclusion.
M. Léonard: Merci à la Corporation professionnelle
des administrateurs agréés. Je suppose bien que nous allons les
revoir lorsque le projet de loi sera déposé et qu'on pourra
discuter concrètement. Alors, à bientôt, j'espère
bien.
Le Président (M. Farrah): A mon tour, au nom des membres
de la commission, MM. Smith, Gagnon et Charest, on vous remercie de votre
présentation tout en souhaitant que vos revendications soient
écoutées; je pense bien qu'elles l'ont été. Merci
de votre présence. Sur ce, nous avons accompli notre mandat pour
aujourd'hui. Alors, j'ajourne la commission au mardi 2 octobre, 16 heures.
(Fin de la séance à 19 h 12)