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(Vingt heures huit minutes)
Le Président (M. Lemieux): à l'ordre, s'il vous
plaît! la commission du budget et de l'administration est réunie
ce soir afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de
toi 2, loi modifiant la loi sur l'administration financière et d'autres
dispositions législatives. m. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Poulin
(Chauveau) remplacera M. Bélisle (Mille-Îles), M. MacMillan
(Papineau) remplacera M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Claveau
(Ungava) remplacera M. Lazure (La Prairie), et Mme Bleau (Groulx) remplacera M.
Williams (Nelligan).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Nous en étions, si je me souviens bien, en date du 15 décembre
dernier, lors de l'ajournement des travaux, à l'article 1 du projet de
loi. M. le député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, étant
donné que ça fait six mois qu'on n'a pas touché à
ce projet de loi, est-ce que le ministre pourrait rafraîchir la
mémoire de tout le monde en résumant, en quelque sorte, en
donnant quelques explications sur le projet de loi, en expliquant les
notes?
M. Poulin: M. le Président, juste...
Le Président (M. Lemieux): Une question de
règlement.
M. Poulin: Mon remplacement est celui du député de
Limoilou, M. Michel Després, et non M. Jean-Pierre Bélisle, le
député de Mille-Îles.
Le Président (M. Lemieux): Une question d'ordre
plutôt qu'une question de remplacement, non de règlement.
M. Poulin: C'est une question de remplacement, d'une façon
ou d'une autre, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): J'ai compris, M. le
député de Chauveau.
M. Poulin: Est-ce que vous acceptez?
M. Claveau: De toute façon, on avait observé la
prudence du député de Chauveau.
Le Président (M. Lemieux): je comprends la
préoccupation du député de Labelle. M. Léonard:
On ne sait pas où...
M. Poulin: Non, c'est parce que le député de
Mille-Îles peut être ici ce soir.
M. Léonard: II peut être là ce soir, mais ce
n'est pas sûr qu'il va y être.
M. Poulin: Ça, je ne le lui ai pas demandé, sauf
que je remplace M. le député de Limoilou.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. M. Léonard:
C'est un assidu de...
M. Poulin: En vous remerciant infiniment pour votre
compréhension totale.
M. Léonard: II n'y a pas consentement.
Le Président (M. Lemieux): Je comprends très bien
la préoccupation du député de Labelle. Alors, s'il y a
consentement... L'article 1 a été appelé. Mais je
comprends et je souscris au fait que, effectivement, nous avons ajourné
le 15 décembre dernier et nous n'en étions qu'à l'article
1. Si je me souviens bien, il y avait eu plusieurs remarques
préliminaires, particulièrement du côté de
l'Opposition, y compris du chef de l'Opposition lui-même. Alors, si vous
êtes d'accord, M. le ministre, pour donner une explication, les tenants
et aboutissants du projet de loi.
Discussion générale
M. Johnson: Oui, M. le Président. Très
brièvement, à la lumière d'études que le
ministère des Finances a entreprises avec d'autres ministères,
notamment ceux qui administrent les réseaux d'éducation, de la
santé et des services sociaux, avec les courtiers du gouvernement, qui
agissent pour son compte à l'occasion d'emprunts que nous avons à
contracter avec des institutions financières, enfin avec tout ce milieu,
nous avons conclu, après l'étude du marché des besoins des
réseaux, des coûts que nous avons à supporter, tant
directement par nos emprunts, pour nos fins propres, dirais-je, que ceux que
nous supportons par voie de subventions au service de dette des réseaux,
notamment, qu'il y avait des économies à réaliser en
regroupant les besoins d'emprunt du secteur public. Et c'est ce qui nous
amène, M. le Président, suite à la question du
député de Labelle, à proposer l'étude et,
évidemment, l'adoption du projet de loi 2 qui permet donc au
gouvernement, par des modifications à la Loi sur l'administration
financière, de mettre sur pied un système, je dirais, qui lui
permet de regrouper les emprunts du secteur public afin de pouvoir
réaliser des économies véritables dans la mesure où
la meilleure cote de crédit disponible sur le marché l'est
à l'avantage du gouvernement du Québec comme emprunteur, par
opposition à la cote de crédit et aux coûts d'emprunt des
créatures, entre guillemets, du gouvernement du Québec,
c'est-à-dire les commissions scolaires, les réseaux, etc.
Alors, c'est une mesure qui vise à rendre plus efficace notre
présence comme gros emprunteur sur un tas de marchés. C'est une
mesure qui tend à donner un accès à de nouvelles sources
de financement à des institutions du réseau, notamment scolaire
et hospitalier évidemment, le cégep, par l'intermédiaire
du gouvernement du Québec qui détient, depuis plusieurs
années, une expertise certaine, enviable même, dans ces
marchés comme emprunteur tant au point de vue technique pour administrer
les instruments déjà connus que dans le développement de
nouveaux instruments dans la pénétration de nouveaux
marchés.
Tout cela se traduit par des économies: des économies pour
le contribuable québécois - nous pouvons, je le
répète, emprunter moins cher que les commissions scolaires, par
exemple - des économies pour les commissions scolaires qui peuvent
éviter à la longue des frais administratifs qui leur incombent
comme emprunteur de première ligne alors que ces frais ne leur
incomberaient plus comme élément, je dirais, du tout, des
emprunts regroupés du gouvernement du Québec. Ceci est vrai tant
pour les emprunts à court terme qu'à long terme, quoique de toute
première importance soit le regroupement des emprunts contractés
par émission de titres, donc les emprunts à long terme. C'est ce
qui nous préoccupe évidemment. Le service
d'intermédia-tion, je dirais, de l'épargne à court terme
n'étant que disponible et non pas imposé de quelque façon
que ce soit, le tout pour réduire les coûts de tout le monde, de
tout l'appareil qui voudra bien se prévaloir de ce mécanisme.
C'est donc dans l'esprit de pouvoir administrer de façon plus
efficace les emprunts du secteur public et de rendre l'expertise du
ministère des Finances disponible aux organismes publics que le projet
de loi est déposé et que nous en proposons l'adoption. Je le
rappelle, vous avez vu dans les termes que j'ai employés que,
malgré les avantages certains que ça peut receler pour le secteur
public par la diminution des coûts d'emprunt, tout le système est
fondé sur une adhésion volontaire des organismes publics et
parapublics visés par la loi à ce système d'emprunt.
Personne, ni rien, n'oblige quelque commission scolaire que ce soit à
venir frapper à la porte du ministère des Finances. Personne ne
l'oblige, oui, à répondre à l'appel du ministère
des Finances, devrais-je plutôt dire, pour emprunter par notre biais
C'est plutôt un service qui est maintenant disponible ou qui serait
maintenant rendu disponible à ces organismes du secteur public, service
que nous sommes prêts à rendre en considération de
coûts moindres pour l'emprunteur que ceux qu'il a à encourir
aujourd'hui. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Labelle, est-ce que...
M. Léonard: Oui, peut-être quelques remarques
préliminaires. Je voudrais juste souligner, M. le Président, que,
comme vous nous aviez fait remarquer que vous aviez commencé les
travaux, il y a quelques semaines, même en notre absence, parce que nous
étions un peu en retard, que, cette fois, c'est nous qui vous avons
attendu. Je ne sais pas ce qu'il faut faire en l'occurrence, mais il reste que
ça me paraît bizarre qu'on recommence tout de suite comme
ça.
Alors, M. le Président, dans les remarques préliminaires
nous avions indiqué, au mois de décembre, que nous avions,
à l'Assemblée nationale, voté pour le principe du projet
de loi, parce que, avec les renseignements que nous possédions à
l'époque, il se pouvait très bien que de telles dispositions
juridiques puissent être excellentes et, effectivement, amener des
résultats concrets, comme ceux que nous expliquait le ministre à
l'Assemblée nationale.
Donc, notre formation politique avait dit ceci: Nous sommes d'accord
avec le principe du projet de loi parce que, à première vue, ce
projet donnera des instruments qui pourraient être utiles, soit aux
réseaux, commissions scolaires, municipalités, qui pourraient
être intéressés Mais nous avions émis, dès le
départ, des réserves fort importantes, que je veux rappeler
aujourd'hui. C'est qu'il y avait toute une série de précisions
que nous voulions avoir. Nous avions réservé, évidemment,
notre vote définitif selon les explications qu'apporterait le ministre
Je pense qu'il faut bien se rappeler ça en mémoire.
Il faut bien voir que, dans toute l'économie des affaires dans
les réseaux publics, parapublics, ce projet de loi est nouveau, ou un
vieux nouveau projet de loi. Je m'explique, c'est que, jusqu'ici, les
fonctionnaires avaient présenté ce projet de loi à peu
près tous les ans ou à chaque nouveau ministre des Finances qui
se présentait. Puis, les ministres des Finances du temps, depuis des
temps immémoriaux, l'avaient refusé, ce projet de loi, parce que
ça intervenait dans nos us et coutumes au Québec.
Les commissions scolaires ont eu l'habitude d'emprunter par
elles-mêmes et, jusqu'à un certain point, il s'est construit une
expertise en dehors du gouvernement, qui a fait bénéficier les
commissions scolaires de taux, d'ailleurs, peu élevés, parce que
c'était, au départ, des gens
qui empruntaient dans un réseau restreint. Donc, on allait
cueillir de l'épargne qui, autrement, aurait pris d'autres chemins, de
l'épargne qui était proche, par exemple, d'une commission
scolaire ou d'une municipalité.
Les gens de la municipalité ou les gens de la commission scolaire
finançaient leur propre municipalité ou leur propre commission
scolaire. C'était des émissions très réduites,
présentées à des gens qui vivaient dans le milieu et qui,
au lieu d'aller emprunter à des taux élevés, comme ceux du
marché courant, même, parfois, baissaient le taux, et tout le
monde était consentant et avec un courtier on officialisait la chose.
C'est comme ça que, finalement, on avait développé,
d'abord, de petits réseaux d'emprunt dans des localités de toute
espèce, au Québec et puis qu'il s'était aussi
établi des contacts. Quand elles ont grossi, ces municipalités,
elles ont utilisé des courtages et elles ont développé
elles-mêmes des propres réseaux d'épargne pour aller les
chercher dans le Québec.
Je pense que, quand le ministre parle de rendre accessible une expertise
du gouvernement pour les municipalités ou les commissions scolaires, il
y a aussi l'expertise des municipalités et des commissions scolaires
qu'elles possédaient elles-mêmes et qui est aussi bonne que celle
du gouvernement. Je comprends que, quand on embarque dans de grands emprunts,
là, il y a un besoin d'expertise un peu plus spécialisée,
plus articulée, je suis d'accord, puis, au fond, le ministre dit: Les
commissions scolaires et les municipalités sont libres de venir. Je n'ai
pas encore vu dans le projet de loi qu'elles sont libres de venir ou,
même si elles le sont, il reste toujours, compte tenu de mon
expérience du milieu municipal, que le gouvernement commence par montrer
une patte de velours avant de sortir les griffes pour aller chercher, pour
obliger les municipalités, après, à passer par le tonneau,
là, sous les fourches caudines. Alors, c'est ça qui se passe, et
je pense que nous avions émis de très sérieuses
réserves là-dessus.
Quant à l'accès aux marchés, eh bien, j'en ai
traité un peu jusqu'ici. Il y a le marché local auquel le
gouvernement n'a pas accès du tout et, quand il se vante qu'il va
produire de nouveaux marchés, en réalité, les commissions
scolaires disposaient déjà de leur propre marché,
n'avaient pas besoin de ceux des gouvernements. Au contraire, ça peut
être des marchés d'épargne ou des épargnants qui
vont placer leurs épargnes ailleurs. Et, à l'heure actuelle,
comme il y en a qui s'inquiètent qu'ils pourraient même les sortir
du pays, autant les garder ici pour financer nos affaires. Et ça, je
pense que ça touche à ces éléments-là.
Quant aux coûts moins élevés, ça
dépend, parce qu'il y avait des courtiers qui faisaient des emprunts
pour de petites municipalités à des coûts très peu
élevés et puis tout le monde s'entendait là-dessus. Au
fond...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle...
M. Léonard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): ...je m'excuse...
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...c'est simplement une
question de principe.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): C'est que, tout à
l'heure - je viens de vérifier avec M. le secrétaire - ...
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...vous m'avez demandé
que M. le ministre, de consentement, puisse faire état de notes
explicatives ou expliquer les tenants et aboutissants du projet de loi.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): II n'était pas question,
à ce stade-ci, puisque, lorsqu'on a ajourné le 15 décembre
et on l'a fait d'une manière très ouverte: M. le ministre a
accepté... En ce sens que vous avez fait état que, depuis le 15
décembre, ça faisait quand même six mois et je trouvais que
c'était logique et vous aviez raison de le faire. Mais, au niveau de la
procédure comme telle, l'article 1 a été appelé et
vos paroles, actuellement, couvrent davantage, je dirais, le sens de
déclarations d'ouverture ou de remarques préliminaires. Alors,
vous allez me permettre d'appeler l'article 1 et, dans le sens de l'article 1,
si vous avez des remarques de cette nature peut-être à faire,
là, vous allez pouvoir les faire d'une manière
réglementaire. Ça vous va?
M. Léonard: Est-ce que...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Oui, je comprends qu'on a pris chacun cinq
minutes: c'est ça qu'on a pris, là, on n'a pas abusé sur
le temps de la commission, je pense bien. Est-ce qu'on pourra, même si on
est à l'article 1, entendre des gens qui voudraient se faire entendre
par rapport à des articles ou des points précis de ce projet de
loi parce qu'il reste que c'est... Non?
M. Johnson: M. le Président...
M. Léonard: Non, c'est une décision qui n'a
pas été...
M. Johnson: ...toutes les motions afin d'écouter des gens,
de faire ci, de faire ça, toutes les motions que je qualifierais de
dilatoires et qu'on connaît bien dans notre système ont
été utilisées au mois de décembre. Moi aussi, j'ai
pris connaissance de la transcription dans le Journal des débats.
On n'est pas pour recommencer; l'article 1 est appelé,
là.
Le Président (M. Lemieux): Non, c'est 244, deuxième
alinéa, oui, oui. Alors, ne vous in..., ça va.
M. Johnson: On ne s'inquiète pas, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): Ça va, O.K.
M. Johnson: ...vous avez bien ça en main, correct.
M. Léonard: Qu'est-ce que c'est, l'article 244?
Le Président (M. Lemieux): Bon, alors, pour le
bénéfice de la commission, c'est assez simple. C'est qu'il y a eu
effectivement des motions préliminaires qui ont été
rejetées avant d'appeler l'article 1. Mais, à partir du moment
où j'ai appelé l'article 1, si on se réfère au
deuxième alinéa de l'article 244, il dit ceci... Alors,
là, je vais vous lire l'article 244 au complet.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, le premier alinéa
dit: "La commission saisie étudie chaque article du projet de loi et les
débats portent sur les détails du projet. Les amendements doivent
se rapporter à son objet et être conformes à son esprit et
à la fin qu'il vise"
Mais ce qui est important, c'est le deuxième alinéa, qui
dit ceci, deuxième paragraphe, pardon. "Avant d'entreprendre
l'étude détaillée, la commission peut décider de
tenir des consultations particulières dans le cadre de son mandat."
L'étude détaillée, c'est... L'article 1 a
été appelé, nous avons eu des motions
préliminaires, je me souviens fort bien, la journée du 15. Ces
motions ont été rejetées. Il y a eu mise aux voix de ces
motions-là, elles ont été rejetées et nous ne
pouvons plus, à ce stade-ci, puisque nous avons appelé l'article
1, procéder à entendre d'autres personnes ou à des
consultations de nature particulière. Alors, je suis obligé
d'appeler l'article 1.
M. Léonard: Bon, je comprends, là, c'est ça,
le règlement. Moi, je pensais que, finalement, on pouvait, lorsqu'il y
avait reprise, appeler des gens; je pensais aussi que le ministre aurait pu
changer d'idée, parce que, entre-temps, on a eu plein de..
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: On a eu des gens qui se sont
manifestés, qui étaient contre ce projet de loi et personne,
finalement, n'aura eu l'occasion... Ça a été
déposé le 15 novembre, en fin de session, ou même, pius
tard que ça, le 28 novembre, puis les gens ne l'ont pas vu: ils en ont
pris connaissance après, puis, là, ils ne peuvent plus se
manifester. En tout cas, c'est la décision du ministre, puis, si je
comprends, c'est le règlement. Alors, c'est un autre...
Le Président (M. Lemieux): Non, c'est parce que, M. le
député de Labelle, ce n'est pas la décision du
ministre.
M. Léonard: C'est la décision de qui?
Le Président (M. Lemieux): C'est l'article 244,
alinéa 2, qui ne le permet pas. Et je viens de vérifier
même, là, s'il y avait une petite porte de sortie,
peut-être, et je n'en vois pas. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président, si vous me permettez, le
deuxième paragraphe de l'article 244...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Claveau: ..dit bien: "Avant d'entreprendre l'étude
détaillée, la commission peut décider...".
Le Président (M. Lemieux): Avant.
M. Claveau: Mais il n'y a rien qui empêche que,
après avoir entrepris l'étude article par article, aussi...
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui.
M. Claveau: On peut décider également... De toute
façon...
Le Président (M. Lemieux): S'il y a consentement.
M. Claveau: ...il n'y a aucune note restrictive nulle part pour
empêcher que ça ne se fasse ailleurs. On précise, dans les
modalités de fonctionnement "avant", mais après, la commission
étant toujours souveraine, on peut toujours revenir et puis demander une
étude...
Le Président (M. Lemieux): Simplement pour vous faire
comprendre, M. le député d'Ungava...
M. Claveau: une consultation.
Le Président (M. Lemieux): ...s'il faut le faire avant, il
faut donc le décider avant, tout simplement, et la commission a
déjà...
M. Johnson: Mais on peut le faire après, s'il y a
consentement.
Le Président (M. Lemieux): S'il y a consentement...
M. Johnson: Or, ce n'est pas le cas, là, je vous le dis
tout de suite.
Le Président (M. Lemieux): ...mais il n'y a pas de
consentement.
M. Léonard: Est-ce que l'article 1 avait vraiment
été appelé au mois de décembre?
Le Président (M. Lemieux): L'article 1 a vraiment
été appelé...
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...j'ai vérifié
cet après-midi. l'article 1 - et, même dans les galées,
vous allez le voir - avait été vraiment appelé. et m. le
secrétaire peut vous le confirmer. est-ce que l'article 1 avait
été appelé?
M. Johnson: Voilà.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, l'article 1
avait été appelé.
M. Johnson: Alors, adopté, l'article 1? M.
Léonard: Un instant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: II semble y avoir un doute, là, il semble y
avoir un doute raisonnable à l'effet que l'article 1 n'ait pas
été adopté.
Le Président (M. Lemieux): Non, il n'y a pas de doute
raisonnable. L'article 1 a été appelé, M. le
député d'Ungava. J'étais moi-même président
et je me souviens fort bien d'avoir appelé l'article 1. Il n'y a aucun
doute dans mon esprit.
M. Johnson: Endossé. Vous pouvez demander au
secrétaire...
Le Président (M. Lemieux): M. le secrétaire. M.
Claveau: M. le secrétaire veut sortir...
M. Johnson: Non non, c'est lui l'officier de la commission, il va
nous dire où on en est rendus.
Le Secrétaire: Le président a effectivement
appelé l'article 1...
M. Johnson: Et voilà. Le Secrétaire:
...l'étude de l'article 1. Une voix: Vous dites ça de
mémoire. Le Secrétaire: J'en suis certain.
Le Président (M. Lemieux): J'ai vérifié
moi-même cet après-midi, M. le député de
Labelle.
M. Poulin: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): J'ai relu la déclaration
de M. Parizeau aussi.
M. Claveau: O.K.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau.
M. Poulîn: À ce que je peux comprendre, si je me
rappelle bien, l'article 1 avait été appelé au mois de
décembre. J'aimerais ça que l'article 1 soit appelé
présentement.
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que j'ai fait, M. le
député de Chauveau. J'appelle l'article 1.
M. Poulin: Merci.
M. Claveau: Une question de directive, si vous voulez, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, une question de directive.
Allez-y.
M. Claveau: Dans la mesure où l'article 244 n'est pas
restrictif quant à la possibilité d'appeler après des
consultations avec des témoins privilégiés, etc., quelle
est la démarche à suivre si on veut, à un moment ou
l'autre, en cours de discussion article par article, faire en sorte de pouvoir
entendre des témoins? Alors, à ce moment-là, est-ce qu'on
a une possibilité...
M. Johnson: Très simple.
M. Claveau: ...de plaider sur la recevabilité d'une telle
demande?
Une voix: Oui.
M. Johnson: Je peux indiquer tout de suite que, de consentement,
on peut faire toutes ces choses-là.
Le Président (M. Lemieux): La commission
est souveraine.
M. Johnson: Je dis tout de suite, tout de suite, tout de suite
au...
Le Président (M. Lemieux): II n'y avait pas de
consentement.
M. Johnson:... député d'Ungava qu'il n'y aura pas
de consentement pour ça. Alors, on va s'éviter bien des
discussions.
M. Claveau: Mais la directive qui était demandée au
président, c'était à savoir, même si le ministre
nous dit qu'il n'y aura pas consentement - ça, c'est une chose;
éventuellement, la commission peut voter autre chose - quelle est la
façon de plaider la recevabilité d'une motion, à l'article
par article, qui voudrait que l'on reçoive des témoins devant la
commission.
Le Président (M. Lemieux): II aurait fallu que ce soit
décidé avant, je vous ai répondu tout à l'heure. Il
me semble que l'article... Écoutez, lisons, là... Il me semble
que l'article est très explicite, là. Prenez donc le temps de
lire l'article comme il faut, là...
M. Claveau: Mais il n'y a rien qui dit après. "Avant",
oui, mais "après"?
Le Président (M. Lemieux): Non, non, non! Il aurait fallu
qu'avant que l'article 1 soit appelé la commission en soit saisie - ce
fut le cas - et là nous aurions pu procéder à des
consultations particulières. La seule façon, comme la commission
est souveraine de ses travaux... Effectivement, il y a un moyen, il y en a un,
oui...
Une voix: Lequel? Oui?
Le Président (M. Lemieux):.. et le seul, c'est que j'aie
un consentement, et le ministre vient de me refuser ce consentement-là.
C'est la seule façon dont la commission aurait pu procéder et
peut-être entendre quelqu'un; il n'y en pas d'autres que celui-là,
à moins que le règlement ne soit changé. Et je suis
certain de ce que je vous affirme.
M. Claveau: Si on veut demander de recevoir quelqu'un, M. le
Président, on a l'opportunité de déposer une motion pour
le faire?
M. Johnson: Elle ne serait pas recevable, je pense bien.
M. Claveau: On dit qu'avant elle peut, mais après?
Le Président (M. Lemieux): Mais je veux vous dire une
chose, M. le député d'Ungava: D'abord, il faut que vous
écriviez votre motion et il faut que je juge de la recevabilité
de cette motion-là et de facto, à sa face même, eu
égard à l'article 244, je peux tout de suite vous dire qu'une
telle motion, je la rejetterais immédiatement. Et je suis certain de ce
que j'affirme en droit, à part ça (20 h 30)
M. Claveau: Vous en êtes certain?
Le Président (M. Lemieux): J'en suis certain. Et c'est
enregistré, ce que je viens de dire là.
M. Claveau: On verra...
Le Président (M. Lemieux): Ça va?
M. Claveau:.. on verra en cours d'exercice, m. le
président, si votre certitude se vérifiera.
Le Président (M. Lemieux): II n'y aucun doute.
Étude détaillée
Alors, j'appelle l'article 1, s'il vous plaît. Est-ce que
l'article 1 est adopté?
Placement de partie du fonds consolidé
M. Léonard: Non, un instant, là. C'est parce que je
voudrais proposer que l'article 1, nous l'analysions alinéa par
alinéa. Je pense que...
Le Président (M. Lemieux): C'est votre...
M. Léonard:... aux termes de l'article - je ne sais plus
lequel - 245, nous pouvons étudier cet article alinéa par
alinéa.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 1, premier
alinéa. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Léonard: Oui
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je pense que nous en
sommes à commencer cet article, le premier article d'un projet de loi
où on n'a pas pu entendre les principaux intéressés, parce
qu'il s'agit bien, évidemment, de tout ce qui va venir après,
tous les organismes du réseau, les commissions scolaires, les
municipalités, puis on pourrait en mettre, les cégeps, les
universités. Donc, ça touche un paquet de gens qui n'auront pas
eu l'occasion de se faire entendre. Puis, le ministre va s'arroger un droit,
tout à coup, à leur égard "Le ministre peut placer
à court terme toute partie du fonds consolidé du revenu qui n'est
pas requise pour le paiement des dépenses... " Mais,
là, quand on a lu les notes explicatives du projet de loi, il
s'agit bien de choses qui regardent les municipalités et les
réseaux. alors, si on regarde les notes explicatives, par exemple: "ce
projet de loi institue un fonds de financement au ministère des
finances. le ministre des finances peut, à même les sommes
empruntées à cette fin par le gouvernement et versées
à ce fonds, faire des prêts à certains organismes, dont les
collèges d'enseignement général et professionnel, les
commissions scolaires, les établissements universitaires, les
établissements régis par la loi sur les services de santé
et les services sociaux - donc, les hôpitaux; les clsc empruntent moins,
mais les centres d'accueil peuvent emprunter et tous les hôpitaux
spécialisés que l'on connaît dans le québec -
certains organismes dont le remboursement des emprunts peut
bénéficier d'une garantie gouvernementale ou être
effectué à même des subventions gouvernementales, et
à certains fonds spéciaux."
Alors, quand on dit "certains organismes", là, c'est une porte
ouverte à plein de choses, parce que nous n'avons pas eu d'explications
là-dessus. Certains organismes, ça veut dire tout ce qui
reçoit une subvention gouvernementale et puis, là, il y en a qui
en reçoivent de très petites, y compris les clubs de l'âge
d'or qui reçoivent des subventions gouvernementales à même
les fonds discrétionnaires des députés. Alors, ils peuvent
être visés par de telles affaires, par un tel projet de loi. Vous
voyez qu'il a besoin de précisions et puis le ministre peut, au regard
de tous ces organismes, le faire ainsi. Puis, là, on pourrait
élargir, parce que, dès qu'il fait des emprunts, dès qu'il
y a des garanties gouvernementales ou que c'est effectué à
même les subventions gouvernementales, dès qu'il y a des
dépenses... Puis, ça, vous savez, les clubs de l'âge d'or,
ils se bâtissent des salles de réunion et puis des salles de
loisir, ils empruntent largement.
Puis, après ça, plus loin, "et à certains fonds
spéciaux". Alors, c'est quoi, les fonds spéciaux? Est-ce qu'il
s'agit des fonds du gouvernement? Moi, je ne pense pas. Mais il y a tous les
fonds spéciaux, genre fonds de dotation, fonds de recherche, fonds de
ceci et de cela qu'on peut trouver partout. Au fond, quand le ministre peut
placer, alors on commence à voir son intention, il tire à peu
près sur tout ce qui bouge, tout ce qui bouge. Tout ce qui veut faire
des immobilisations, des placements, des investissements au Québec, hop!
il peut aller tirer ces fonds-là, puis les placer. C'est incroyable.
Ça, c'est... Et je comprends que, tout à coup, dans
l'économie, parce que là ils ont l'air de penser à plein
de choses, l'efficacité, la baisse des coûts, ils veulent forcer
les commissions scolaires, puis les municipalités à exercer,
à pratiquer la vertu. Alors, on les voit, déjà là,
ils veulent aller prendre leurs fonds pour les placer par eux-mêmes via
le fonds consolidé du revenu. Je comprends que dans tout cela,
maintenant, ils trouvent qu'il y a des fonds à aller chercher. Alors, il
y a tout ce qu'on a vu comme décisions au cours du discours sur le
budget, tout dernièrement, sur la fiscalité scolaire et la
fiscalité municipale, où le gouvernement s'ingère dans
toute l'administration des collectivités locales au Québec. Et
là vous voyez que c'est la tendance à la centralisation. Mais, en
même temps, ce qu'on a entendu au cours du discours sur le budget et au
cours de l'étude des crédits, c'est un discours sur la
décentralisation. J'ai même participé avec le ministre
à une émission de télévision où il
m'expliquait, tout à coup, sa conversion à la
décentralisation. Il avait un peu de misère, il maniait
très mal les termes, mais pour un premier discours, disons quand
même qu'on va lui passer les erreurs ou l'absence de nuances, ou en tout
cas... On a vu.
Alors, là, on se retrouve avec un projet de loi, où le
gouvernement, le ministre des Finances, met la main sur tout ce qui s'appelle
caisse et petite caisse au Québec. Dès qu'un organisme, parce que
c'est ça, ou un fonds spécial, va avoir accès à des
remboursements d'emprunt ou lorsque le gouvernement va garantir ou va
subventionner, tous ces organismes sont visés par ce projet de loi. "Le
ministre peut placer". Alors, là, je pense qu'on peut se retrouver avec
des curiosités dans le décor. Ensuite, ce qui est dit dans les
notes explicatives, c'est: "II élargit l'éventail des titres
éligibles aux placements temporaires des surplus du fonds
consolidé du revenu et permet l'utilisation de nouveaux modes de
paiement des deniers publics." Là, on ne sait pas au juste ce que cela
veut dire, parce que, quand il dit: "peut placer toute partie du fonds
consolidé du revenu qui n'est pas requise pour le paiement des
dépenses", ça aussi, ça vise large. "Il élargit
l'éventail des titres éligibles." Est-ce que ça comprend,
par exemple, les titres de la Caisse de dépôt et placement ou les
prêts qu'il fait à la Caisse de dépôt et placement,
ou l'argent qu'il place? Parce qu'il peut placer, je suppose, à la
Caisse de dépôt et placement.
Peut-être bien que, s'ils ont fait des nominations fracassantes,
la semaine dernière, ce n'était pas sans intention. Ils se sont
nommé un président, un v.-p. aux opérations au-dessus des
autres présidents, quelqu'un qui manipulait les fonds, mais certains
fonds bien connus. Alors, le ministre a fait son panégyrique à la
commission parlementaire lundi dernier et il a dit que c'était quelqu'un
de très bien. Évidemment il était présomptueux,
parce qu'il faudra attendre qu'il ait fait ses 10 ans à la Caisse de
dépôt et placement pour savoir si vraiment il est bon ou s'il est
moins bon. Je pense que c'était préférable de rendre des
hommages au président sortant de la Caisse de dépôt et
placement, parce que lui, au moins, il a été là 10 ans et
il a fait le travail. Il a fait ce qu'on lui a demandé de faire. Alors,
dans ce cas-là, je trouve que là on assiste
à des intentions de centralisation exagérées,
exorbitantes.
Il n'y a plus personne d'assis, tout le monde visite?
Le Président (M. Chagnon): On vous écoute, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Très bien, M. le nouveau
Président.
M. Claveau: Vous faites bien d'écouter.
Le Président (M. Chagnon): On vous écoute, c'est
intéressant.
M. Léonard: Quand il dit "peut placer", possiblement par
l'intermédiaire de la Caisse de dépôt et placement, parce
que je pense que c'est un des grands véhicules du gouvernement; il y a
beaucoup de fonds qui transitent par là et je pense que c'est à
l'avantage du gouvernement. J'ai l'impression que les rendements qu'on a
connus, au cours des dernières années, à la Caisse de
dépôt et placement étaient supérieurs à ceux
que pouvait réaliser le ministre des Finances lui-même. Alors,
peut-être qu'au lieu du ministre des Finances, dans l'introduction, on
pourrait dire: La Caisse de dépôt et placement du Québec
peut placer, etc., ou le ministre par l'intermédiaire de... Il pourrait
s'en servir.
Mais j'en suis, cependant, à cette Caisse de dépôt
et placement parce que, dans les remarques que nous avions faites à
l'hiver, au mois de décembre dernier, lorsque nous avions
étudié le projet de loi, vous vous rappelez qu'il y avait une
discussion, fort importante dans le public, avancée par des gens
très connus des milieux libéraux, d'ailleurs, qui
prétendait à scinder la Caisse de dépôt et
placement. Et nous nous demandions, et nous voudrions avoir des assurances
là-dessus, si, par le biais de ce projet de loi, finalement, le
gouvernement n'était pas en train d'effectuer une scission de la Caisse
de dépôt et placement du Québec, qui avait
été évoquée par des gens très proches du
gouvernement. Évidemment, on avait dit publiquement: Non, non, on ne
fera pas ça, parce qu'il n'en est pas question. Mais la
réalité, c'est que, vraisemblablement, dans ce projet de loi, on
peut se poser la question: De quoi s'agit-il? De quels fonds s'agit-il et,
surtout, de combien d'argent s'agit-il? Là, je pense qu'il peut se
retrouver beaucoup d'argent dans ces fonds parce que, si on prend tous les
emprunts, tous les surplus de caisse, en plus des réseaux des
commissions scolaires, des municipalités...
Justement, il trouve que les municipalités ne sont pas assez
endettées, qu'elles ont trop d'argent. Alors, il veut aller mettre la
main là-dessus, il veut placer ça. C'est ce qu'on voit dans ce
projet de loi. "Le ministre peut placer à court terme toute partie du
fonds consolidé du revenu". Il s'agit là de toutes ces petites
subventions, de tous ces organismes subventionnés. Alors, je trouve
qu'il y a des risques à faire de telles opérations. Puis, pour le
faire, maintenant il s'en va jouer dans les lois constitutives des organismes
de ces réseaux, par exemple, et c'est le troisième paragraphe des
notes explicatives: "Enfin, il modifie certaines dispositions concernant les
commissions scolaires." Donc, on va modifier la loi des commissions scolaires
par ce projet de loi.
Je pense que ce projet de loi mérite attention, parce qu'on sait
que, très souvent, lorsque le gouvernement avance un projet de loi, il
accroche plein de choses en passant, mine de rien, dont on découvre les
résultats six mois après, lorsque quelqu'un est pris avec des
problèmes à cause d'une disposition législative incluse
dans le projet de loi ou par des dispositions réglementaires.
Alors, il modifie donc "certaines dispositions concernant les
commissions scolaires, les collèges d'enseignement général
et professionnel"; donc tous les cégeps, sont visés et nous
modifions leur loi par ce projet de loi. Le gouvernement, le ministre va aller
chercher ces fonds-là. On "modifie" ensuite "les établissements
régis par la Loi sur les services de santé et les services
sociaux", tous les établissements qui touchent à des fonds,
à des subventions. Alors, comme tous ces établissements en
touchent, vous voyez bien qu'il vise toutes ces organisations, tous ces
organismes. Donc, quand je disais tout à l'heure qu'il tire sur tout ce
qui bouge, on a commencé par "les commissions scolaires, les
cégeps, les établissements régis par la Loi sur les
services de santé et les services sociaux - merci bien, c'est quelque
chose, c'est le plus gros budget du gouvernement du Québec, 35 % environ
du budget du gouvernement du Québec, même plus; puis, là,
il n'a pas fini - et les établissements universitaires - alors,
maintenant, les établissements universitaires, c'est tout le
réseau des universités du Québec, alors, je pense qu'on
commence à tirer loin et large - afin de rendre applicables à
tous leurs emprunts les contributions relatives aux fonds d'amortissement
destinées à leur remboursement et de permettre d'appliquer les
revenus de ces fonds d'amortissement en déduction de ces contributions."
Alors, là, le loup sort l'oreille, parce que que veut-on faire? On veut
placer ces fonds et relisons le dernier, "...permettre d'appliquer les revenus
de ces fonds d'amortissement en déduction de ces contributions." Au
fond, la belle question qu'il faut vraiment se poser. Le ministre peut placer.
Alors, le ministre place et ramasse les intérêts, tous les
intérêts. C'est ça qu'il fait. Puis, là, ce qu'il
fait, c'est qu'il va venir les mettre "en déduction de ces
contributions". Donc, c'est lui.. Oui. Alors, M. le ministre intervient, mais,
au fond, c'est que vous allez prendre les revenus de ces fonds en
déduction des subventions gouvernemen-
tales, des contributions du gouvernement aux fonds d'amortissement,
etc.
Alors, voilà ce que le ministre fait: le ministre veut placer et
récolter. C'est ça l'objectif de la loi et c'est pour ça
que, tout à coup, ça a l'air urgent. Il va falloir lui poser une
question: Combien d'argent le ministre pense-t-il ramasser à même
ces contributions? Je pense que c'est une question à laquelle il devra
répondre tout à l'heure, avant qu'on passe au vote. Il me semble
qu'il doit intervenir et nous donner des tableaux, combien il pense aller
chercher, par exemple, aux commissions scolaires, aux cégeps, aux
universités, au réseau de santé, etc. (20 h 45)
Je pense qu'il y a des fonds considérables. Et on le voit
poindre. Au fond, l'intention, c'est d'aller encaisser des
intérêts, surtout les surplus de caisse, les liquidités
qu'il y a dans les organisations, dans les réseaux du Québec. Et
quand on dit les réseaux, ce sont tous les réseaux du
Québec, comme je l'ai expliqué tout à l'heure.
Alors, M. le Président, je pense que ce projet de loi qui a l'air
de rien, au premier abord, Loi modifiant la Loi sur l'administration
financière, avec trois petits paragraphes explicatifs, lorsqu'on entend
bien et qu'on lit bien ce que cela signifie, c'est qu'il va toucher à
tous les réseaux du Québec. Et on assiste là à une
centralisation des opérations financières de tous les organismes
publics ou parapublics au Québec. il s'agit, au fond, d'une
opération de centralisation. et j'aimerais bien entendre le ministre
recoller ce projet de loi avec le discours qu'il nous a tenu sur la
décentralisation et les bienfaits de la décentralisation, en ce
qui concerne l'impôt foncier et les responsabilités qu'il voulait
remettre aux commissions scolaires et aux municipalités. et je vois m.
le député de saint-louis qui sourit de contentement. il reste
qu'il faudrait ajuster le discours, parce que, là, c'est vraiment une
opération de centralisation. en plus, il ramasse les fonds et il
encaisse les intérêts là-dessus. vraiment!
M. Claveau: le ministre trouve ça drôle. il
égorge le monde, puis il rit.
M. Léonard: Oui, c'est ça que vous faites! M. le
Président, je trouve que cet article commence mal, parce que, dès
l'origine, on voit le ministre qui s'instaure en tête de tous les
réseaux pour dire: À moi, les fonds, à moi, les
intérêts, à moi, les revenus. Ça fait rire le
ministre. Je vois qu'il est de bonne humeur. Très bien.
Alors, M. le Président, je pense que nous devrions nous poser des
questions sur ce que sont les opérations, parce que, au fond, à
lire cet article, on pourrait se poser d'autres questions. "Le ministre peut
placer à court terme toute partie du fonds consolidé du revenu
qui n'est pas requise, etc." Mais la question que je me posais, c'est: Pourquoi
utiliser, par exemple, le mot "peut"? Parce que, à mon sens, en bonne
gestion, ça devrait être "doit".
Alors, là, M. le Président, ça viendra en temps et
lieu, je pense! Le ministre nous a parlé d'études. Il a dit que
ce projet de loi avait été amené ici à la
lumière d'études. Est-ce que nous pourrions avoir quelque
idée sur ces études? Est-ce que le ministre pourrait les
déposer? Est-ce que M. le ministre pourrait nous répondre? Est-ce
que le ministre pourrait les...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste environ deux
minutes. Il reste deux minutes exactement.
M. Léonard: Vous ne répondez pas?
M. Johnson: Non, je comptais vous laisser terminer. J'ai cru
comprendre qu'il y avait une intervention de vingt minutes. Elle a duré
dix-huit minutes trente secondes ou à peu près. C'est ce qu'on me
signale. Alors, il reste donc quatre-vingt-dix secondes au député
de Labelle pour épuiser son droit de parole. Après ça,
j'utiliserai le mien.
M. Léonard: Très bien.
M. Boisclair: Mais, M. le Président, question... Il n'est
pas obligé. Il peut prendre ses vingt minutes en plusieurs fois.
Le Président (M. Lemieux): oui, en une ou plusieurs
interventions.
M. Léonard: Ah! mais j'ai encore plusieurs choses à
dire!
M. Boisclair: ses vingt minutes peuvent être prises en une
ou plusieurs interventions. donc, il restera une minute.
Le Président (M. Lemieux): mais m. le ministre a un droit
de réplique, à chacune des interventions du député
de labelle, de cinq minutes.
M. Boiscfair: II a cinq minutes après chacune des
interventions?
M. Johnson: Bien, voyons, j'ai droit à vingt minutes, moi
aussi.
M. Léonard: Ah bon, O.K. Il répondra à ce
moment-là. Le ministre a droit à vingt minutes...
Le Président (M. Lemieux): Et, comme membre de cette
commission, il a aussi vingt minutes comme droit de parole. Il a aussi droit
à vingt minutes.
M. Léonard: Ah, O.K., à la fin. M. Boisclair:
C'est interruptible?
M. Léonard: C'est ça. Le ministre a parlé
des études dont il disposait pour soutenir ce projet de loi. Est-ce
qu'il pourrait nous indiquer dans sa réplique, tout à l'heure, ce
que ces études révèlent, de combien de fonds il s'agit,
réseau par réseau et en total aussi? Combien
d'intérêts compte-t-il encaisser sur le dos des commissions
scolaires, sur le dos des municipalités, sur le dos des cégeps,
sur le dos des universités, sur le dos de tous les organismes du
réseau de la santé? Combien compte-t-il réaliser
d'intérêts, de revenus sur ces fonds qu'il va aller recueillir? Il
a parlé des coûts, d'économies. Je suppose que ces
études mentionnent les économies qu'y va faire, mentionnent les
baisses de coûts. Je suppose qu'il a fait des comparaisons entre les
boites qui font le financement, qui écoulent les obligations. On n'est
pas obligés d'aller jusqu'à Merrill Lynch, mais, enfin,
Lévesque, Beaubien en fait une bonne part. Est-ce qu'il a vraiment
comptabilisé aussi les financements qui se faisaient par obligations
dans les commissions scolaires à l'aide d'émissions locales?
Parce que, je suppose que s'il a fait ces études, ça devrait
comprendre les coûts de ces petites émissions.
Le Président (M. Lemieux): il vous reste trente secondes,
M. le député de Labelle.
M. Léonard: Ça devrait comprendre les coûts
de ces petites émissions parce que c'est là vraiment qu'il compte
aller chercher des fonds quand il parle de profiter de l'expertise du
gouvernement. Je suppose qu'il pense surtout à des petites, parce que
les grosses commissions scolaires sont organisées pour le faire. Donc,
les petites avaient des coûts, feraient des économies et ça
veut dire qu'il aurait été chercher par statistique ou qu'il
aurait ramassé des données pour évaluer...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: ...les économies. alors, je reviendrai
à un autre moment pour poser des questions au ministre sur d'autres
aspects du projet de loi.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Johnson: Merci, M. le Président. Je dirais en
commençant, évidemment, que je prends acte du sourire du
député de Labelle qui se livre à un exercice qu'on appelle
"filibuster". Il y a deux ou trois de ses collègues à la table
qui n'ont jamais vu ça. C'est de ça que ça a l'air. Il
s'agit, pour s'en rendre compte, de prêter attention aux paroles de celui
qui s'exprime pour constater... Par exemple, le député de
Bertrand s'en est aperçu. On sait qu'il a fait carrière dans un
milieu financier. S'il prêtait attention aux propos de son
collègue, il s'est aperçu tout de suite que celui-ci a
mêlé des notions aussi différentes, distinctes les unes des
autres que emprunts et prêts. Il a demandé, par exemple: Est-ce
que le ministère des Finances fait au moins le même rendement que
la Caisse de dépôt, ne s'apercevant même pas que le
ministère des Finances emprunte et que la Caisse de dépôt
prête? On ne fait pas du rendement quand on emprunte, on paie de
l'intérêt, c'est correct, comme dépense, alors que la
Caisse de dépôt, bénéficiaire, évidemment, de
cotisations d'un peu tout le monde prête...
M. Léonard: Est-ce que je peux poser une question au
ministre?
M. Johnson: ...investit et donc...
Le Président (M. Lemieux): La parole est au ministre, M.
le député de Labelle. Vous êtes sur son droit de
parole.
M. Johnson: peut faire des revenus M. Léonard: Peut
placer, M. le ministre.
M. Johnson: Alors, comme vous voyez, on part de très loin.
On part de très loin si, autour d'une table constituée
d'élus, on a à discuter d'un projet de loi qui touche les
finances publiques et qu'on a affaire, entre autres protagonistes, à des
gens qui mêlent les choses à ce point là
La question est de savoir, évidemment, dans le cas d'un
"filibuster", si c'est pour des raisons, je dirais, tactiques compte tenu du
fait que c'est la fin de la session et que l'Opposition a à
négocier différents projets de loi dont elle veut retarder
l'adoption, etc., ou alors si c'est au fond même de ce qui est devant
nous qu'on s'en prend. Dans le premier cas, je n'ai pas à juger. C'est
une question, évidemment, pour les leaders parlementaires qui,
eux-mêmes, ont à transiger sur la fin de session, jusqu'à
ce que le règlement tombe et dicte à tout le monde que la session
est terminée, enfin, jusqu'à l'automne. Alors, dans le fond,
ça ne nous concerne pas ici, mais ce qui nous concerne, c'est le projet
de loi 2 et en présumant, quand même, qu'on est rassemblés
ici pour parler du fond du projet de loi et que je constate que l'Opposition
veut en retarder l'adoption, sinon en empêcher l'adoption, on doit se
demander pourquoi. Est-ce que c'est parce qu'on considère que le
gouvernement du Québec devrait continuer à subventionner les
organismes publics au titre de leur service de dette à un niveau de 40
000 000 $ à 60 000 000 $ supérieur à ce qu'il pourrait
autrement réaliser? C'est ça
qui est en cause. Est-ce que, oui ou non, on devrait réussir, sur
les marchés financiers, à emprunter à des taux qui nous
permettent d'économiser une cinquantaine de millions par année?
C'est ça qui est en cause.
On devrait reconnaître que le marché de l'épargne,
le marché, donc, disponible pour les emprunteurs a changé depuis
une dizaine d'années, de façon remarquable, si on regarde
exactement... C'est ça, nos études, incidemment, c'est de
vérifier avec les gens du syndicat financier du gouvernement du
Québec et les chiffres qui sont autrement publics où se
retrouvent précisément les marchés, les différentes
sortes de marchés, où les emprunteurs, par classe d'emprunteurs,
vont chercher leur argent et à quel taux. On s'aperçoit que,
depuis une dizaine d'années, ça a changé
considérablement, que, par exemple, au niveau local... C'est ça
qui est fondamental dans ce que le député soulève; je ne
suis pas sûr s'il le fait à la blague ou avec beaucoup de
sérieux, enfin, peu importe, le fait est qu'il a formulé
certaines questions, notamment que le marché local puisse soutenir les
emprunts des instances locales, par exemple, des commissions scolaires.
Malheureusement, ce n'est pas vrai, ce n'est plus vrai. Alors que le
marché local pouvait représenter une source de fonds
jusqu'à 50 % des besoins d'emprunt des instances locales, c'est moins de
25 % aujourd'hui. Il y a une pression très nette qui doit être
supportée, a contrario, je dirais, par le marché institutionnel.
Or, les gens les mieux équipés au Québec pour lever des
fonds auprès du marché institutionnel, c'est le gouvernement du
Québec. C'est pour ça, évidemment, qu'on peut emprunter
à moins cher.
Alors, on se demande évidemment où s'en va l'Opposition.
J'ose présumer que l'Opposition n'insiste pas pour qu'on dépense
50 000 000 $ de plus par année simplement pour se faire plaisir.
Deuxièmement, je ne pense pas que l'Opposition veut éternellement
ignorer la réalité du marché financier qui ne peut plus
rencontrer, au niveau du détail de source locale, les besoins d'emprunt
des instances locales. J'ajouterais que le seul élément qui
pourrait expliquer ce que l'Opposition est en train de faire, je vais le
formuler de cette façon-là: L'ombre de Monsieur se profile sur
nos murs.
Une voix: D'un monsieur.
M. Johnson: On sait que le chef de l'Opposition se pose en expert
de tout premier rang dans ces matières, même aujourd'hui,
même si ça fait longtemps qu'il est parti et que le marché
a changé, incidemment. Je crois comprendre que les troupes de Monsieur
montent à l'assaut du projet de loi 2 parce qu'il semble avoir
jugé, quant à lui - il est même intervenu en commission,
m'indique-t-on - il semble vraiment croire que le marche est figé depuis
10 ans et que les instances locales peuvent continuer a fonctionner comme elles
l'ont fait fort longtemps, qu'il y a encore de petits courtiers de
détail dans tous les rangs de toutes nos municipalités rurales,
que les communautés religieuses ont encore beaucoup d'argent à
prêter. Ce sont toutes des choses qui ont déjà
été vraies et qui ne sont plus vraies. À partir de ce
moment-là, il faut bien réaliser que les temps ont changé,
que le temps a passé, que le marché s'est modifié
considérablement. À partir du moment où on veut être
un peu réaliste et tirer profit des changements qu'il y a dans le
marché, on doit prendre les moyens qui nous permettent de
réaliser, par exemple, des économies. autre
élément, je dirais, possible, moins personnel, pourrait-on dire,
qui explique l'attitude de l'opposition, c'est ta lutte sur la philosophie qui
doit guider un gouvernement dans la façon dont il traite les instances
locales, tout le débat de la centralisation, décentralisation.
dans la mesure où, en décembre, l'opposition s'est
comportée exactement comme le député de labelle le fait
depuis 20 minutes et que, je dirais, la décentralisation du financement
scolaire n'avait pas encore été évoquée
publiquement, je ne crois pas que c'est un débat sur la centralisation
versus la décentralisation parce qu'on peut "filibuster" ici, alors que,
je dirais, la trame de fond politique a changé depuis le mois de
décembre. donc, c'est un "filibuster". (21 heures)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Ça a changé.
Une voix: Elle a rempiré, c'est ça que vous voulez
dire.
M. Léonard: Elle a rempiré, oui.
M. Johnson: Alors, on n'a pas, ici... Il n'y a pas d'indice,
là, qui me permettrait de croire véritablement que l'Opposition
veut se lancer dans un débat sur la centralisation versus la
décentralisation. Si c'est le cas, je vais la détromper tout de
suite. Je veux qu'on comprenne et c'est un point important, ça, quand
même, M. le Président. Ce qui est en cause ici, c'est un geste
gouvernemental qui consiste à mettre à la disposition des
instances locales un nouveau service. L'autonomie des instances locales n'est
pas en cause. Aucun pouvoir local n'est modifié, amendé, soit en
plus ou en moins. Ce que nous faisons, c'est indiquer à toutes sortes
d'emprunteurs du secteur public que certains d'entre eux peuvent maintenant
compter, s'ils le jugent utile, sur les services financiers, je dirais, de
prêts que peut leur consentir le ministère des Finances à
des conditions imbattables, les meilleures disponibles pour ces organismes.
À ma connaissance, aucun organisme visé par le projet de loi et
qui peut se prévaloir du "pool" ou du fonds que représente le
finance-
ment regroupé ne peut emprunter ou n'a emprunté depuis une
dizaine d'années à un meilleur taux que le gouvernement du
Québec sauf, exception, deux ou trois cas sur des dizaines, des
douzaines d'émissions depuis 15 ans, peut-être. Peut-être!
Alors, c'est moins de 0, 1 de 1 %; une fois sur 1000, disons, ça peut
arriver. Mais, là, on ne parle pas d'écart extraordinaire. Mais
ce qui est, par ailleurs, observable dans l'autre sens, c'est que des
organismes qui ont une excellente cote de crédit, la même cote de
crédit, par exemple, que le gouvernement du Québec, la
même... Le Conseil scolaire de l'île de Montréal a la
même cote de crédit que le gouvernement.
M. Léonard: Pourquoi veut-il sortir du projet de loi?
M. Johnson: Pardon?
M. Léonard: Pourquoi veut-il s'en sortir du projet de loi,
le Conseil scolaire de I'île de Montréal?
M. Johnson: si vous voulez me laisser répondre, on va tout
vous expliquer ça.
M. Léonard: Oui!
M. Johnson: Le Conseil scolaire de l'île de Montréal
donc, depuis 10 ans, a emprunté en moyenne sur les marchés
à 38 points de base plus haut que le gouvernement du Québec,
depuis 1983, depuis sept ans. Si on répercute le modèle, enfin,
si on répercute cette réalité de presque 0, 4 de 1 % de
taux d'intérêt à payer par le Conseil scolaire de
l'île de Montréal de plus que ce que le gouvernement du
Québec paie sur son volume d'emprunt, c'est une quinzaine de millions de
dollars en service de dette subventionnés de plus sur 10 ans qui sont en
cause. Alors, vous me permettrez de croire qu'il y a quand même un
avantage pour tout le monde. C'est ça qui est en cause, ici, dans le
financement regroupé. Je refais remarquer qu'on n'oblige pas le Conseil
scolaire de I'île de Montréal à venir emprunter au
ministère des Finances du Québec. Il pourra continuer à
emprunter à Zurich, à la condition qu'on lui donne la permission
d'aller à l'étranger, parce que le gouvernement du Québec
doit s'en mêler là aussi, c'est évident. Il s'en mêle
pour les municipalités; il s'en mêle pour tout le monde dans le
secteur public, y compris les municipalités qui veulent emprunter en
dehors du Québec. En dehors du Canada ou en dehors du Québec?
Une voix: En dehors du Canada.
M. Johnson: en dehors du canada. c'est déjà le cas
depuis toujours. le gouvernement du québec doit autoriser les instances
locales qui veulent emprunter en dehors du canada à le faire à
leurs conditions. La ville de Montréal doit venir nous demander, au
gouvernement du Québec, la permission d'emprunter en Belgique ou en
Suisse; alors, à plus forte raison, la commission scolaire de
Saint-Féréol. Que voulez-vous que je vous dise? Alors, tout le
monde. Ça, il n'y a rien de nouveau la-dedans; c'est comme ça
depuis longtemps. Il y a bien des choses qui sont comme ça depuis
longtemps et que le projet de loi ne modifie aucunement.
Je me suis donné la peine, M. le Président, de faire
distribuer à l'Opposition les notes sur le projet de loi,
c'est-à-dire les différentes notes explicatives, les commentaires
que l'administration et le ministre peuvent consigner par écrit pour
l'étude article par article, l'étude détaillée du
projet de loi et ça, ça a été distribué
à tous les membres de la commission.
Je vais revenir après ces commentaires d'ordre
général à la substance de l'article 1. Vous avez
remarqué qu'on prend la peine d'indiquer l'ancien libellé de
l'article qui est visé par la modification, l'ancien article 36.
J'écoutais le député de Labelle faire des tours de piste
incroyables: Le gouvernement peut placer, le gouvernement peut placer. Bien,
oui, on "peut placer à court terme toute partie du fonds
consolidé du revenu qui n'est pas requise pour le paiement des
dépenses, etc. " C'est l'ancien article 36, ça. II n'y a rien de
nouveau là-dedans, absolument rien de nouveau, rien de nouveau.
L'article 1 du projet de loi ajoute certains titres dans ce marché qui
est maintenant disponible pour le surplus du fonds consolidé du revenu
à l'occasion pour fins d'investissements. On va se comprendre. Je vois
le député d'Ungava qui fait des grimaces. Il ne sait pas de quoi
je parle. Le député de Bertrand sait de quoi je parle. Lorsqu'on
a un surplus de caisse au fonds consolidé du revenu, au lieu de laisser
ça dans un bas de laine, en dessous de notre matelas, ou de
déposer ça dans une caisse populaire ou une des banques à
charte ou quoi que ce soit, dans un compte courant ou un compte
d'épargne, on peut acheter des titres sur le marché. On peut
acheter des obligations du Canada. On peut acheter toutes sortes de titres. On
peut maintenant, c'est spécifié, acheter des obligations
municipales qui sont sur le marché. On vient de créer un
marché secondaire supérieur en qualité à celui qui
existait la veille. On vient de faciliter la transaction des obligations
municipales sur le marché secondaire. C'est ça qu'on vient de
faire. L'Union des municipalités est enchantée de ça.
L'Union des municipalités du Québec est enchantée de
ça.
M. Léonard: Elle a demandé de s'en sortir. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: Pas du tout. Le député de Labelle ne
sait pas de quoi il parle.
M. Léonard: Y a-t-il quelqu'un qui sait de quoi il parle
ici, M. le Président?
M. Johnson: Les municipalités ont cru, comme le
député de Labelle continue à vouloir le faire croire, que
c'était obligatoire, ça, pour tous les emprunteurs publics, de
recourir aux services du ministère des Finances. C'est faux, ce n'est
pas obligatoire. C'est volontaire. Point, à la ligne. Mais en
parallèle à tout ça, pour fins de cohérence,
évidemment, si on commence à transiger, à parler des
titres des différents émetteurs publics qui sont sur le
marché, pourquoi ne pas nous permettre en même temps des
amendements qui justement visent à faire en sorte que le
ministère des Finances contribue encore davantage à la
qualité des titres municipaux des instances locales? Alors, c'est pour
ça que les sous-paragraphes b) et c) prévoient que non seulement
on peut acheter des obligations du gouvernement du Canada lorsqu'on a des
surplus de caisse, mais on peut acheter des "titres émis par les
organismes visés à l'article 69.6." On y reviendra plus tard sur
l'article 69.6. C'est essentiellement l'ensemble des organismes du secteur
public qui peuvent avoir accès au financement regroupé.
Même chose pour les titres émis par les municipalités du
Québec. On reprend l'ancienne terminologie: Le dépôt
auprès des institutions financières approuvées par le
gouvernement "ou dans des certificats, billets ou autres titres ou papiers
à court terme émis ou garantis par ces institutions
financières." On peut acheter des caisses populaires Desjardins, ce
qu'on ne pouvait pas faire avant. Je ne me trompe pas là. Il y a un
nouvel acheteur dans le marche pour les titres d'institutions
financières, le gouvernement du Québec.
Alors, qu'on m'explique ce qu'il y a de reprehensible à donner,
par l'article 1 - on est dans le marché obligataire secondaire - une
amélioration de la liquidité des titres qui sont là et qui
ont été émis par les différents émetteurs.
C'est absolument invraisemblable. Il y a un joueur de plus dans le
système, un gros joueur qui connaît ça et qui peut donner
de la liquidité aux titres des municipalités et des commissions
scolaires, tout ce que vous voulez, des cégeps et l'Opposition
"s'objecte" et retarde le projet de loi. Moi, je ne saisis pas encore quant au
fond. Je ne saisirai jamais, je pense. Je vois l'état d'esprit dans
lequel le député de Labelle est. J'ai un peu plus confiance au
député de Bertrand, parce que j'ai eu l'impression que, lorsque
je parlais de ces choses-là, il comprenait, il s'intéressait,
à tout le moins. Il s'intéressait et, je pense, il comprenait. Je
vais reconnaître ici qu'il comprend ces choses-là, il a fait
carrière là-dedans. Alors, je ne l'ai pas entendu dire... Je
pense qu'il aurait honte. Je ne veux pas lui mettre des mots dans la bouche. Il
aurait honte de dire les choses que le député de Labelle a dites,
parce qu'il sait qu'elles sont le contraire de la vérité et
qu'elles ne correspondent à absolument aucun principe de financement
public que ce soit.
Alors, M. le Président, ce qui est donc en cause ici à
l'article 1, c'est une modification à l'article 36 de la loi pour
élargir le marché secondaire sur lequel nous pouvons intervenir.
C'est dans l'intérêt des émetteurs. C'est tellement dans
leur intérêt que, je le répète, l'Union des
municipalités du Québec nous a exprimé sa satisfaction
à l'égard de l'article 1. Le député de Labelle rit,
mais c'est le rire de l'ignorance. Qu'est-ce que je peux dire, sinon que c'est
ça? Alors, je vous invite à vous renseigner auprès de
l'Union des municipalités du Québec. Ils ont finalement compris
que cet article améliore la liquidité de leurs titres.
Le député de Labelle a tenté de dire que cet
article obligerait les municipalités à nous vendre des titres
qu'elles émettraient. Le député de Bertrand sait que ce
n'est pas vrai. L'article permet au gouvernement d'acheter, sur le
marché secondaire, des titres déjà émis des
municipalités, au même titre que les obligations du Canada, qui
peuvent être en cours. Ce n'est pas un pouvoir que le gouvernement se
donne d'obliger une municipalité à émettre, au
gouvernement, une obligation. C'est, le député de Bertrand le
sait, quelque chose d'impossible à faire. On ne peut pas obliger
quelqu'un à vendre quelque chose, s'il ne veut pas le vendre. C'est ce
qui est en cause ici.
Alors, M. le Président, ça laisse sans réponse,
évidemment, pour l'instant, jusqu'à ce que le
député de Labelle s'exprime, la question originale que j'ai
posée. Si l'attitude de l'Opposition est dictée par des
considérations tactiques de fin de session, c'est un problème
pour les leaders. Le député de Joliette et le
député de Portneuf s'arrangeront avec ça. Et nous sommes
tous tant que nous sommes, des deux côtés de la table, des
instruments dans les mains de nos leaders parlementaires. Bon. Piètre
consolation pour des parlementaires qui croyaient venir faire de la
législation ici. deuxième possibilité, je le
répète, quant au fond même, l'opposition a de gros, gros
problèmes avec, on va les prendre un par un, le nouvel article 36.
l'opposition, quant au fond, pense que ce n'est pas une bonne idée que
le gouvernement du québec, sur les marchés financiers, puisse
devenir un autre acheteur des obligations déjà émises des
municipalités, facilitant ainsi la liquidité de ces titres sur le
marché, ce qui est un plus pour n'importe qui. si l'opposition est
contre, qu'elle nous explique pourquoi ce n'est pas bon d'améliorer le
marché secondaire des obligations municipales ou, alors, qu'on ne
devrait pas améliorer les chances de vente de papier commercial
d'institutions financières ou garanti par les institutions
financières, comme les caisses populaires desjardins ou une autre
banque. si l'opposition est plutôt contre ça,
c'est correct, mais qu'elle nous démontre pourquoi.
Je ne peux pas croire qu'elle va être contre ça. Je ne peux
pas croire que l'article 1 n'a pas de bon sens aux yeux de qui que ce soit. Il
n'y a personne qui a dit, sauf le député de Labelle, que
ça n'a pas de bon sens. Partout au Québec, les institutions,
l'Union des municipalités, tout le monde trouve que c'est fantastique,
sauf le député de Labelle. Je pense qu'il n'a pas compris la
portée de l'article. Le député de Bertrand va
l'expliquer.
Troisième chose, j'y reviens, troisième explication, celle
que je soupçonne être la bonne, M. le Président. Monsieur,
qui n'est plus aux Finances, évidemment, depuis maintenant six ans,
croit que le monde a arrêté de tourner le jour où il a
quitté, en 1984.
Une voix: M. le Président...
M. Johnson: J'annonce tout de suite que le monde a
continué...
M. Claveau: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Johnson: ...à tourner...
Le Préskient (M. Lemieux): Une question de
règlement, M. le député d'Ungava.
M. Johnson: ...que le marché des obligations a...
Le Président (M. Lemieux): Question de
règlement.
M. Claveau: M. le Président, lorsque l'on se
réfère à un membre de l'Assemblée nationale, on se
doit de le nommer par son titre, quelle que soit la référence.
Moi, je pourrais dire "hot dog", tout le monde saurait de qui je parle, mais je
ne le dirai pas. Alors, Monsieur, ce n'est pas le titre du chef de
l'Opposition, en cette Chambre.
Le Président (M. Lemieux): M. le leader.. M. le ministre,
ha, ha, ha!.
M. Léonard: Je pense qu'il a tout à fait raison,
ça n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, s'il vous
plaît, lorsque vous faites référence à un membre...
J'ignore si M. le ministre voulait faire référence à un
membre...
M. Johnson: Mais personne...
Le Président (M. Lemieux): Si vous faites
référence à un membre...
M. Johnson: Je n'ai nommé personne, d'ail- leurs. Je fais
comme le député de Labelle en...
Le Président (M. Lemieux): de l'Assemblée
nationale, voulez-vous employer sa désignation officielle.
M. Johnson: ...en commission, lors de l'étude des
crédits du ministère des Finances. Je n'ai nommé personne.
Je n'ai nommé absolument personne. Tout ce que je dis, c'est qu'un
ancien ministre des Finances... (21 h 15)
M. Claveau: On s'est référé à une
personne en particulier en utilisant un terme que le président du
Conseil du trésor savait compréhensible par tout le monde qui
siège autour de la table. Alors, je demande que, lorsque l'on parle du
chef de l'Opposition l'on parle du chef de l'Opposition ou de l'ex-ministre des
Finances; sinon, nous aussi, on connaît des dénominateurs communs
qui pourraient être utilisés à l'égard de son chef
et dont il ne serait peut-être pas fier.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava, l'article 35.1 dit: "Le député qui a la parole ne peut
désigner le président ou un député autrement que
par son titre." J'ai informé M. le ministre de se conformer à
l'article 35.1...
M. Bourdon: Mais là, M. le Président, c'est
que...
Le Président (M. Lemieux): ...en toute
équité.
M. Bourdon: ...le président du Conseil...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est une question
de règlement, M. le député...
M. Bourdon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: C'est parce que le...
Le Président (M. Lemieux): Sur le même article?
M. Bourdon: C'est en vertu de l'article 35.1. C'est que le
président du Conseil du trésor récidive en disant:
L'ancien ministre des Finances. Il parle du chef de l'Opposition. Nous, on ne
parle pas de l'ancien député de Mercier ou de l'ancien...
Le Président (M. Lemieux): C'est de la grande
courtoisie.
M. Bourdon: ...député de Bertrand. On parle du
premier ministre.
M. Johnson: De?
Le Président (M. Lemieux): De vous conformer à
l'article 35. 1 du règlement.
M. Bourdon:... quand on veut parler du premier ministre.
M. Johnson: M. le Président, j'ai l'intention de me
conformer à tous les articles du règlement.
Le Président (M. Lemieux): Je n'en doute point, M. le
ministre.
M. Johnson: Et voilà. Une voix: Et
voilà.
M. Johnson: ceci étant dit, considérez que je me
conforme en tout point à vos directives, m. le président, et
à tous les articles du règlement. alors, donc, je dis, et je le
répète, que, selon moi, ce qui est en cause ici, c'est une
manoeuvre, au sens neutre du terme, un mouvement qui vise à accomplir un
objectif, qui provient d'une incompréhension des changements, de
l'ignorance des changements qui sont observés maintenant, qu'on peut
constater sur les marchés financiers, une ignorance des résultats
bénéfiques pour le trésor public que peuvent
représenter des emprunts regroupés volontaires, - je le
répète, je le redis - mais notre estimation c'est que les
conditions qu'on va offrir vont être assez attrayantes pour les
emprunteurs qui, aujourd'hui, veulent faire ça eux-mêmes que
ça va être dans l'intérêt de leurs contribuables et
des contribuables du québec de procéder de la façon dont
nous le suggérons. et je dis "suggérons" non pas dans le sens
d'imposer, là, mais nous suggérons une façon de faire les
choses. c'est une suggestion à l'endroit des organismes publics que de
recourir aux services du ministère des finances qui, grâce au
financement regroupé, peut offrir de meilleures conditions qu'une banque
suisse ou une société d'assurances américaine, ou quelque
autre institution à laquelle on peut songer, ou que quelque autre
intermédiaire prétendait pouvoir offrir a l'occasion...
Le Président (M. Lemieux): Une minute, M. le ministre.
M. Johnson:... d'une distribution au détail. Dans ce
dernier cas, évidemment, il s'agit des marchés locaux,
régionaux ou canadiens, même. Alors, M. le Président, je
n'abuserai pas de mon temps de parole. Je vais donc laisser un petit solde
à cette intervention, que je voulais absolument et totalement conforme
au règlement, lequel prévoit que j'ai droit à 20
minutes.
M. Claveau: juste une information, m. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Claveau: Est-ce que le député de Labelle a ses
cinq minutes de réplique tout de suite sans enlever la parole aux autres
membres de la commission ou si c'est à la fin?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle n'a pas cinq minutes de réplique, en vertu du
règlement.
M. Claveau: Non? Mais c'est vous qui l'avez dit tout à
l'heure...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, non, non, j'ai dit:
M. le ministre a cinq minutes de réplique après chacune des
interventions.
M. Claveau: Ah! O. K.
Le Président (M. Lemieux): en vertu de l'article 246: "le
ministre ou le député qui présente un projet de loi, outre
le temps de parole dont il dispose au même titre que les autres
intervenants, a droit à un temps de parole de cinq minutes après
chaque intervention. " alors, il s'agit de... m. le ministre, je m'excuse.
M. Léonard: Ce qu'il a fait, c'est qu'il a utilisé
ses cinq minutes de réplique, puis il a utilisé ses vingt
minutes, parce que ça fait vingt-cinq minutes qu'il parle?
Le Président (M. Lemieux): Non, il a utilisé son
temps, c'est le contraire. Il a utilisé...
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux):... son temps de parole de vingt
minutes et, après, son droit de réplique de cinq minutes. Et je
dois aussi vous informer que vous savez qu'on doit se conformer - et j'ai
été très large de part et d'autre - à l'article 211
qui dit: "Tout discours doit porter sur le sujet en discussion. " J'aimerais
aussi vous amener à la règle de la pertinence. M. le
député de Chauveau.
M. Poulin: J'aurais une question. M. le Président, est-ce
que vous pourriez nous expliquer, de notre côté, du temps dont on
dispose, nous, comme...
Le Président (M. Lemieux): 20 minutes. M.
Poulin:... membres? Chacun, aussi?
Le Président (M. Lemieux): 20 minutes chacun, oui, M. le
député de Chauveau.
M. Poulin: C'est ce que je voulais savoir. Je
vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): Mais M. le député
de Labelle a demandé qu'on appelle l'article par alinéa.
M. Léonard: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle?
M. Léonard: Non, c'est parce que... Est-ce qu'il y a
quelqu'un, un autre député qui va intervenir?
Le Président (M. Lemieux): Mais votre temps de parole est
terminé sur l'article...
M. Léonard: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): ...M. le député
de Labelle.
M. Léonard: C'est correct, ça va.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Beaulne: Alors, concernant le premier alinéa de
l'article de la loi 2 qu'on est en train d'étudier, il y a certains
commentaires qui m'ont été inspirés à la fois par
les remarques de mon collègue de Labelle et par celles du ministre.
J'aimerais m'en tenir, dans la mesure du possible, à des remarques
strictement factuelles. Tout à l'heure, mon collègue de Labelle a
demandé s'il était possible de déposer les études
sur lesquelles vous vous basiez pour en arriver à la conclusion qu'il y
aurait des économies substantielles au niveau du gouvernement du
Québec si on procédait aux emprunts au nom de plusieurs
organismes par la voie du fonds que vous prévoyez créer. La
raison pour laquelle le député de Labelle a demandé qu'on
dépose ces études, que je redemanderais moi aussi, c'est qu'H
semble y avoir une inconsistance entre, d'une part, ce qu'affirme le ministre
et ce qu'affirment les porte-parole gouvernementaux en matière
d'économies qui pourraient être réalisées.
Jusqu'à présent, jusqu'à temps qu'on ait vu les
études, ce sont, quant à moi, des affirmations gratuites. Je n'ai
rien vu qui puisse nous amener à conclure cela et, si vous jugez que
vous ne pouvez pas déposer les études, j'en tire les conclusions
que c'est parce qu'elles ne prouvent pas, de façon tout à fait
raisonnable et sans aucun doute, ce que vous avancez.
J'ai de la difficulté à accepter les chiffres que vous
avancez, toujours sous réserve d'avoir vu les études en question,
parce que dans une lettre dont vous avez sûrement eu copie, qui est
adressée par le Conseil scolaire de 111e de Montréal en date du 6
juin 1990, on fait état de certains chiffres, là-dedans, qui
viennent un peu contredire ce que vous avancez, dans le sens où le
Conseil, à l'annexe 1, retrace un tableau des emprunts moyens du Conseil
scolaire depuis 1979 jusqu'en 1989, c'est-à-dire au cours des 10
dernières années, en indiquant le nombre de transactions, le taux
moyen sur le marché monétaire obtenu par le Conseil, par rapport
au taux préférentiel des banques, pour en arriver à la
conclusion que, systématiquement, au cours des 10 dernières
années, le Conseil scolaire a réalisé des économies
en empruntant par ses moyens propres. Ça part d'un surplus, d'une
économie de 528 000 $ en 1979-1980 jusqu'à un surplus de 2 300
000 $ en 1988-1989. Ce sont des chiffres qui sont avancés par le Conseil
scolaire de l'île de Montréal. Il y aurait peut-être
matière à s'enquérir davantage et à aller
vérifier ceux-là aussi. Mais, dans le moment, et dans le contexte
de cette discussion, nous sommes devant des affirmations qui, jusqu'à
présent, n'ont pas été appuyées par des
dépôts d'études, par rapport à d'autres chiffres qui
sont ici qui viennent tout à fait dire l'inverse de ce que vous avanciez
tout à l'heure. C'est la raison pour laquelle je pense que, dans
l'objectif surtout d'éclaircir cette contradiction des chiffres - je ne
dis pas que ce qu'avance le gouvernement n'est pas vrai, n'est pas juste - tout
ce que j'aimerais, c'est pouvoir vérifier moi aussi sur quelle base vous
vous appuyez pour en arriver aux conclusions que vous énoncez.
D'autre part, vous permettrez qu'on soit un peu sceptiques quant
à l'étude de ce premier article, non seulement en raison de
l'absence des études que nous on n'a pas vues, mais surtout du fait
également que, dans sa lettre, le Conseil scolaire se montre assez rakJe
face à l'initiative du gouvernement, et je cite, en première page
de sa lettre, qui vous était adressée, M. le président du
Conseil du trésor, le Conseil dit: "II s'agit là, à notre
avis, d'un élément déstabilisant qui ne pourra qu'avoir
des effets néfastes sur la place de choix que notre organisme occupe
présentement sur le marché des emprunts". Alors c'est ce que le
Conseil scolaire tente de démontrer dans le reste de sa lettre.
Mais il y a quelque chose, là-dedans, qui a attiré
particulièrement mon attention, c'est a la page 2 de la lettre, les
comparaisons des cotes faites par les grandes maisons, Standard and Poor's et
Moody's, cotes comparatives de la province de Québec par rapport au
Conseil scolaire, à la Communauté urbaine de Montréal et
à la ville de Montréal. Au niveau de la cote accordée au
Conseil scolaire, Standard and Poor's accorde la même cote à la
province qu'au Conseil scolaire. Par contre, Moody's accorde une cote un peu
supérieure au Conseil scolaire, ce qui lui permet d'avoir accès
à des fonds à coût réduit d'où, je
soupçonne, l'écart qui existe entre les taux
préférentiels que leur offriraient les banques et les taux
obtenus sur le marché monétai-
re. C'est la raison, M. le Président, pour laquelle
j'insisterais, moi aussi, à mon tour, pour qu'on dépose tes
études sur lesquelles se base le gouvernement pour nous dire qu'il y
aurait des économies substantielles. mon deuxième point touche
particulièrement à l'élargissement de l'éventail
des titres émis-sibles. en principe, il n'y a rien de mal à ce
qu'un plus grand éventail de titres soit disponible pour les placements
du gouvernement. sauf que j'aurais certaines questions de précision
à apporter, et qui ne figurent pas ici. entre autres, quand on parle de
a, b, c, d, de l'éventaill des titres, il est vrai qu'en permettant, en
élargissant la possibilité de placer dans des titres émis
par les municipalités, effectivement, ça nourrit un
marché, et ça fait circuler du papier commercial, qui, autrement,
ne trouverait pas facilement preneur dans les institutions un peu plus
traditionnelles. mais, ceci étant dit, il demeure que les titres des
municipalités, en soi, devraient peut-être être classifies.
là, c'est un peu vaste, ça, comme article, dans ce sens
où, d'abord, d'une part, il n'y a aucune indication de la
pondération, comme ça se fait dans le cas de le caisse de
dépôt, comme ça se fait dans le cas des autres institutions
financières, où on oblige les institutions à investir un
certain pourcentage de leur portefeuille dans certains types d'action, dans des
obligations, enfin dans certains types de placement. la caisse de
dépôt est régie par des mesures très strictes
à ce niveau-là, qui précisent quelle est la proportion qui
doit s'établir entre le portefeuille actions que détient la
caisse de dépôt et le portefeuille obligations. il n'y a aucune
mention de ça, ici, là-dedans. et ça serait, il me semble,
quelque chose qui vaudrait la peine d'être précisé, parce
que ça demeure un peu trop vaste dans la latitude que ça offre au
ministre pour gérer ce fonds-là. d'autre part, quand on parle des
institutions financières qui seraient éligibles à recevoir
ces placements-là, faudrait-il encore que l'on précise quelles
institutions financières auront la préférence dans ce
genre d'activités là. comme vous le savez, dans plusieurs autres
domaines, il existe une politique d'encouragement préférentielle
de la part du gouvernement du québec pour les entreprises qui
développent des emplois, enfin qui contribuent de façon
générale à l'économie du québec. moi, je
trouve que c'est un peu trop vague, dire dans le point d, là, qu'on peut
déposer dans d'autres institutions financières
désignées par le gouvernement. ces institutions
financières seront-elles prioritairement québécoises ou
étrangères? seront-elles les banques de catégorie b, de
catégorie a? seront-elles les institutions, les trusts ou autres
institutions au même niveau que les banques à charte? c'est une
question qui exigerait une certaine réponse. remarquez que, s'il
s'agissait de favoriser les institutions financières
québécoises, il y aurait quelque chose d'assez intéressant
ici, dans le sens où nos institutions financières
québécoises pourraient bénéficier d'un tel appui,
d'autant plus qu'une des considérations principales des banques, et des
institutions financières de façon générale, c'est
l'appariement de l'actif et du passif. (21 h 30) or, il se trouve que dans le
cas des institutions financières québécoises,
généralement, le coût des fonds de nos institutions, mises
à part les caisses populaires qui jouissent d'un traitement
préférentiel au niveau des réserves, elles sont un peu
pénalisées par rapport aux grandes banques anglo-saxonnes
stationnées à toronto et même aux grandes banques
internationales, du fait qu'elles doivent avoir recours beaucoup plus
fréquemment aux emprunts sur les marchés monétaires,
plutôt que de puiser à même leur base de dépôt
et à même la base des fonds consolidés des surplus qu'elles
peuvent avoir.
Dans ce sens, et c'est particulièrement le cas des banques
relativement jeunes comme la Banque Nationale et la Banque Laurentienne, ces
institutions financières pourraient bénéficier
efficacement de placements sous forme d'achats de certificats de
dépôt et de papier commercial à court terme. Ce qui
allégerait un peu leur gestion de trésorerie et leur permettrait
d'abaisser les coûts des prêts, donc de les rendre plus
concurrentiels sur les marchés financiers locaux et internationaux,
à l'heure actuelle. Mais, malheureusement, M. le ministre, je ne vois
aucune indication ici du type de gestion et du type de traitement qui vont
être réservés aux institutions financières
québécoises par rapport aux autres. Pour moi, ça constitue
une différence importante et une remarque importante à apporter
dans cet article. on s'est souvent posé des questions sur la politique
du gouvernement du québec concernant ses dépôts et
concernant ses activités avec les institutions financières
québécoises, dans le sens où le gouvernement, je suppose,
pour des raisons de tactiques financières et de maintien de bonnes
relations avec la communauté financière internationale et la
communauté financière canadienne, essaie de maintenir des
relations équitables entre les différentes institutions
financières. dans ce sens, il y a des ministères, des agences du
gouvernement qui donnent leurs contrats à la banque royale, d'autres
à la banque nationale, d'autres a d'autres institutions
financières, d'autres à la banque de montréal. mais,
lorsqu'on parle ici de gérer particulièrement les fonds du
gouvernement du québec, il me semble qu'on pourrait faire un petit
effort pour encourager particulièrement les institutions
financières québécoises et, principalement, celles qui
essaient de se frayer un chemin sur les marchés financiers
internationaux.
Autre point que je voudrais souligner, c'est toute la latitude que
l'article en question laisse à la discrétion du ministre.
L'article dit: "Le
ministre peut placer à court terme." Il me semble que l'article
devrait se lire ou serait plus apparenté à une gestion efficace
si on disait: Le ministre doit placer à court terme toute partie du
fonds, dans le sens que c'est une règle d'or, en tout cas, de tout
gestionnaire d'entreprise de s'organiser pour placer, au meilleur rendement
possible, les liquidités de l'entreprise. Pans ce sens, je me pose la
question, à savoir pourquoi on a voulu nuancer en introduisant la notion
"peut" au lieu de tout simplement dire que le ministre doit placer à
court terme toute partie du fonds consolidé du revenu qui n'est pas
requise pour le paiement des dépenses. Ça fait partie des normes
habituelles de gestion et ça fait partie également des principes
de base qu'on enseigne à tout étudiant en comptabilité et
à tout étudiant en économie qui se destine vers la gestion
de portefeuilles.
Je comprends mal pourquoi, dans ce cas-ci, on n'est pas beaucoup plus
méticuleux et beaucoup plus précis dans la formulation des
directives qui sont données par la loi au ministre, en ce qui concerne
la gestion à court terme des fonds.
Il y a également dans ce premier alinéa, sous-jacent
à toute cette gestion, l'approche que veut donner le gouvernement
à la gestion du fonds consolidé du revenu dans le sens où,
normalement, on cherche dans les marchés financiers à obtenir les
rendements les meilleurs sur la base d'une classification appropriée des
titres que l'on veut acheter.
Les titres émis par les organismes visés à
l'article 69.6 - on n'y est pas encore arrivé, mais on va y arriver tout
à l'heure, c'est-à-dire les universités, les commissions
scolaires et les autres - sont peut-être des titres valables, quoique,
ici, je me pose certaines questions, à savoir si on veut introduire un
projet comme celui-là parce qu'on veut alléger, d'une part, le
fardeau financier de ces organismes-là. Est-ce qu'il s'agit
essentiellement d'alléger le fardeau financier de ces
organismes-là ou est-ce qu'on craint, en quelque sorte, qu'en raison de
l'insolvabilité, à toutes fins pratiques, comme c'est le cas pour
les universités... que, pour des raisons de solvabilité
insuffisante de ces organismes-là, on craigne que les organismes
trouvent difficilement preneur sur les marchés et par leur propre voie?
C'est une question que je pose, parce que, si c'est ça, dans ce
cas-là je ne vois pas pourquoi le gouvernement utiliserait des fonds
publics, utiliserait ses propres fonds pour acheter des titres d'organismes
qui, normalement, ne trouveraient pas preneur sur les marchés. Qu'on
fasse tout simplement une subvention directe et puis ça réglerait
le problème.
Donc, c'est un peu également la question qui me tracasse et qui
est un peu sous-jacente à ce premier alinéa. Je ne sais pas si
vous pouvez nous éclairer là-dessus, mais il me semble que comme
gestionnaire... Surtout au moment où le gouvernement du Québec -
comme, d'ailleurs, la plupart des gouvernements des pays occidentaux - est pris
dans un étau entre, d'une part, les tendances croissantes des
déficits et certainement le service de la dette et, d'autre part, le
besoin d'assurer des placements les plus rentables et les plus
sécuritaires possible des fonds publics, je comprends mal pourquoi on
inclut ici, parmi l'éventail des titres, ceux qui sont visés par
l'article 69.6. Je ne sais pas si M. le ministre...
M. Johnson: J'ai compris.
M. Beaulne: Bon, vous avez compris. Alors, c'est en gros, si vous
voulez, un peu le sens des interventions que j'avais. Et j'apprécierais
si on pouvait apporter un certain éclaircissement à ces
questions-là. Comme vous avez pu le voir, M. le ministre, je m'en suis
tenu à des remarques strictement factuelles et à des questions
auxquelles je voudrais avoir des réponses.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute et
demie, M. le député de Bertrand.
M- Beaulne: J'ai fini.
Le Président (M. Lemieux): Le ministre avait fini son
temps. Alors, vous avez cinq minutes après chacune des
interventions.
M. Johnson: M. le Président, on vient d'assister à
l'autre genre d'intervention dans le cadre d'un "filibuster", celle qui est
formulée par quelqu'un qui sait ce dont il parle. Et on peut toujours,
en prêtant attention, apprendre des choses. Et j'invite le
député de Labelle à écouter attentivement son
collègue de Bertrand lorsqu'il aura l'occasion de le faire.
Dans l'ordre où le député a présenté
ses différentes questions, ta première, quant au Conseil scolaire
de l'île de Montréal, oui, l'annexe 1 indique que le Conseil
scolaire de l'île de Montréal emprunte à des taux qui
représentent un écart avantageux par rapport aux taux
préférentiels bancaires. Bravo! Moi, j'ajoute que, pendant ce
temps-là, le gouvernement du Québec emprunte à des taux
encore plus avantageux de 20 à 30 points par rapport aux taux
préférentiels bancaires. Et, pour qu'il s'en convainque, je
l'invite à consulter l'annexe 4 de la même lettre du même
Conseil scolaire de l'île de Montréal où on indique des
écarts de 20 à 43 points depuis deux ou trois ans. J'insiste tout
de suite pour dire que la série est peut-être courte et
représente mal surtout les quelque 40 points. La situation
véritable, elle, est moins dramatique que ça. Nous avons, je l'ai
indiqué tout à l'heure, fait le relevé quant à
nous. C'est ça, les études dont on parle. C'est un relevé
qui est semblable à celui-ci. On appelle les gens de notre gestion de
ces services, on a appelé les
gens du syndicat financier. Appelez Lévesque, Beaubien, ils vont
vous le dire. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Ils ont
ça à la portée de la main. Je ne traîne pas
ça dans mes poches. Je me renseigne, je l'écris sur un bout de
papier et on n'en parle plus. Alors, depuis 1983, l'écart en faveur du
gouvernement du Québec est de 38 points, 38 points de base, oui, si on
se compare avec les taux auxquels peut emprunter le Conseil scolaire de
l'île de Montréal. Ce sont donc là les constatations
inéluctables auxquelles on en arrive.
Le député a immédiatement débordé
dans plusieurs considérations, notamment, l'éventail des titres
dans lesquels dans le cadre de sa gestion de l'encaisse - parce que c'est
ça qui est en cause - le ministère des Finances pourrait
investir. Il est exclu qu'ici, en commission, ou où que ce soit, le
ministère des Finances indique sa stratégie d'investissement, son
cocktail ou sa recette, son "mix" dans son portefeuille de la gestion de
l'encaisse à court terme. Je ne fais en cela que répéter
ce que le chef de l'Opposition et, autrefois, ministre des Finances a toujours
fait, s'est toujours attendu à ce qu'on fasse et a toujours dit. Dans le
cadre de nos travaux, en commission, alors que le député de
L'Assomption occupait le fauteuil que j'occupe et que j'occupais celui du
député de Labelle, je me souviens qu'à plus d'une reprise
le chef de l'Opposition ait souligné à la commission qu'il
était opportun de ne pas entrer dans toutes sortes de détails de
gestion de l'encaisse, de la stratégie de placement du gouvernement du
Québec, ce que j'ai toujours reconnu et ce dont il m'a toujours su
gré. alors, je pense bien qu'on peut continuer dans cette lancée,
s'assurer que la stratégie d'investissement du gouvernement du
québec n'est pas étalée sur la place publique. on est dans
un marché concurrentiel, on n'a pas à dire dans quels titres,
dans deux jours, sur le court terme, on va pouvoir investir pendant six jours.
je pense que le député de bertrand est familier avec ces
notions-là. je ne suis pas obligé de lui faire un dessin, mais je
suis obligé de lui dire, par exemple, qu'on ne peut pas, en vertu de ce
même principe, inscrire dans la loi - il souhaiterait voir ça dans
la loi - ce qu'est la stratégie d'investissement ou ce qu'est le "mix"
d'un portefeuille de placement des surplus temporaires. ça peut durer
quelques jours, on est en déficit, on est en surplus, etc. on place, on
liquide, on prête, on emprunte. c'est comme ça que ça se
déroule d'un jour à l'autre. on ne peut pas marquer ça
dans la loi. si on marque ça dans la loi, de façon
mécanique, et qu'on traduise ça en langage d'ordinateur, on n'a
plus besoin de personne ici autour de moi. on n'a pas besoin de gestionnaires
de l'encaisse...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
ministre.
M. Johnson: Je parle des gens qui ne sont pas élus, des
gens qui gèrent, justement, l'encaisse, qui font ces choix
stratégiques de placement à court terme, des instruments dans
lesquels ils doivent placer. Si on marquait dans la loi ce qu'ils doivent
faire, on n'aurait pas besoin d'eux autres, en réalité. Il s'agit
d'avoir quelqu'un qui sait lire, qui est capable de lire une page.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
ministre, s'il vous plaît. M. le député de
Mille-Îles.
M. Johnson: Oui, je veux terminer en... M. Léonard:
II y a consentement.
Le Président (M. Lemieux): Consentement. Ça va. De
consentement, pas de problème.
M. Johnson: M. le Président, j'ai compris il y a fort
longtemps que la question qu'on a à résoudre, c'est de savoir si
on va être à l'article 2 ou à l'article 3 à minuit.
Alors, entre nous, ça ne change pas grand-chose. L'Opposition a
décidé, pour une raison que je ne connais pas, sauf
peut-être la troisième que j'ai évoquée tout
à l'heure...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
ministre.
M. Johnson: Oui, M. le Président, aucun problème.
J'ai entendu le consentement de l'autre côté.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Johnson: C'est pour la troisième raison que j'ai
décrite, à mon sens, que l'Opposition est en train de se
comporter comme elle le fait. C'est de bonne guerre quand c'est pour des
raisons tactiques. C'est un peu plus étonnant lorsque ça
procède d'une incompréhension des objectifs qui sont dans la loi,
surtout lorsque c'est téléguidé par le chef de
l'Opposition. Il a un excellent soldat en la personne du député
de Bertrand, il pose des questions pertinentes, factuelles, je pense que mes
réponses ont permis d'éclairer sa lanterne. Ses questions m'ont
permis de voir ce qui le préoccupait. On peut deviser, comme ça,
allègrement, de façon fort constructive. Moi, j'ai l'impression,
en tout cas, que le débat avance. Je pense que le député
de Bertrand trouve que le débat avance aussi; il m'a demandé ces
choses-là et je lui réponds sur le même ton, ça va
assez bien. (21 h 45)
II y en a quatre autres, j'ai un peu moins confiance aux quatre autres
qui l'accompagnent, mais, enfin, on verra combien insondable est leur
connaissance ou méconnaissance de ces
choses-là ou combien ô ma foi évidente...
M. Léonard: ...sur les autres. On va se...
M. Johnson: ...combien évident est leur désir de
prendre beaucoup de temps avec ce projet de loi là. Ça
complète mes remarques pour l'instant.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Bertrand, il vous reste une minute et trente.
M. Beauine: Je vous remercie, M. le ministre. Il y a certainement
un point sur lequel j'aurais aimé avoir au moins une indication de vos
idées, c'est concernant les dépôts qui seraient
effectués auprès des institutions financières. J'ai
soulevé la question à savoir si les institutions
financières québécoises auraient préférence
dans l'allocation de ces dépôts-là ou de l'achat de ce
papier commercial par rapport à tout l'éventail des autres
institutions financières.
M. Johnson: Je vais répondre de deux façons, il y a
deux éléments qu'il faut avoir à l'esprit. Le premier,
c'est que si on voulait exercer une préférence à l'endroit
d'une entreprise privée qui est une institution financière, on le
ferait par voie de subvention, on ne le ferait pas en donnant de la "business",
je dirais, à des taux préférentiels. Ça, c'est le
premier élément. Donc, il n'y a pas de préférence
qu'on peut exercer dans un marché comme celui-là. La
deuxième raison, l'ampleur même, je dirais, des besoins financiers
du gouvernement du Québec, ne serait-ce que son envergure, le volume de
traitement, le volume de chèques, de morceaux de papier qu'on traite,
etc., qu'on met en circulation, qu'on reçoit, nous appelle à
transiger avec toutes les institutions financières dans les deux sens.
Autant elles ont besoin de nous, entre guillemets, lorsqu'on arrive sur le
marché et qu'on cherche à emprunter - on est un client pour ces
gens-là - autant avons-nous besoin d'eux dans le sens qu'on doit faire
traiter un peu partout au Québec des effets commerciaux, des
chèques, des traites, enfin, toutes ces choses-là. On est
très gros, on a besoin de tout le monde, tout le monde a besoin de nous,
alors il n'y a pas de discrimination qui peut s'exercer dans ce
sens-là.
Le Président (M. Lemieux): M le député de
Bertrand, est-ce que vous avez terminé? Il vous reste 40 secondes.
M. Beaulne: c'est-à-dire que moi, j'ai toujours
pensé que, dans ces matières là, il y avait moyen d'avoir
de la discrimination positive. on a vu tout récemment le débat au
sujet du contrat, je pense, des fonds de retraite de steinberg qui voulait s'en
aller vers la sun life. tout à coup, ça a été un
peu gelé, cette his- toire-là. C'est un peu le sens de ma
question ici.
M. Johnson: Oui, je peux donner une piste de réponse. On
peut, de fait, agir de façon particulière à l'endroit de
certaines institutions financières québécoises; c'est ce
qui préoccupe le député et moi-même. Par exemple, le
Mouvement Desjardins bénéficie depuis peu de la capacité
de lever du capital permanent. Grâce à qui? Au ministre
délégué aux Institutions financières, M. Pierre
Fortier, alors député d'Outremont, et du gouvernement auquel il
appartenait. Je pense que le Mouvement Desjardins, maintenant,
bénéficie par ailleurs, grâce au décloisonnement des
services, de la capacité aussi - il suffit d'entrer dans une caisse
populaire - de vendre de l'assurance, de vendre ci, de vendre ça. On ne
s'est pas opposé. Je pense qu'il faut se remémorer le
débat qui avait eu lieu lorsque les caisses populaires ont
commencé à vendre de l'assurance, les courtiers se sont
opposés à tout ça. On n'est pas intervenu, c'est un
pouvoir qui existait. On aurait pu intervenir, décider de
protéger tel groupe plutôt que tel autre. Non, c'est le
marché, et le marché prend son envol dans d'autres services
financiers que des services financiers traditionnellement associés, je
dirais, aux caisses populaires.
Il y a toutes sortes de façons d'aider des institutions
financières québécoises non seulement, je dirais, par leur
origine ou leur culture mais également par leur site. Cela fait en sorte
que dans certains secteurs du monde financier, grâce à l'avance
considérable que nous avons sur le reste du Canada en matière de
décloisonnement des services, on assiste à je ne dirais pas une
émeute, ni à une panique, ni à un "stampede"
d'institutions mais, quand même, un nombre d'institutions décident
de se mettre sous le joug de la loi québécoise en matière
de services financiers parce qu'elle a pas mal plus de flexibilité et de
souplesse pour affronter ce qu'on pourrait appeler en langage un peu ron fiant
les défis de l'adaptabilité auxquels la concurrence
internationale nous convie. Ça, c'est en vertu des lois
québécoises qu'on a adoptées depuis une dizaine
d'années. Il y a un tas de choses qu'on peut faire, mais faire des
chèques avec l'argent de vos impôts, les miens et ceux de tout le
monde parce qu'une entreprise a telle ou telle caractéristique, on ne
fait pas vraiment ça dans les services financiers, et je pense qu'on ne
doit pas le faire non plus.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que M. le
député de Bertrand a encore du temps, madame?
M. Beauine: Simplement un dernier commentaire.
Le Président (M. Lemieux): Madame? La
Secrétaire: Quelques secondes.
Le Président (M. Lemieux): Quatre secondes. M. Beaulne:
O.K. Quatre secondes. Le Président (M. Lemieux): Ça
va?
M. Beaulne: Oui. Un dernier commentaire dans le sens où il
existe une façon de déterminer, de la même façon
qu'on détermine dans les autres ministères du gouvernement, le
critère de partenaire économique, le concept de partenaire
économique. Il y aurait moyen de faire ça avec les institutions
financières en utilisant, entre autres, le critère des
dépôts par rapport aux prêts et c'est facilement verifiable
par les statistiques produites mensuellement par la Banque du Canada qui
révèlent de façon systématique et consistante que
les institutions québécoises - je peux bien les nommer, c'est les
caisses Desjardins, la Banque Nationale et la Banque Laurentienne -
systématiquement font plus de prêts au Québec qu'elles ne
perçoivent de dépôts alors que les autres institutions,
c'est l'inverse. C'est-à-dire qu'à toutes fins pratiques, sur la
base nette, l'épargne des Québécois est utilisée en
quelque sorte pour financer l'économie des autres provinces. Alors
ça serait une dimension à apporter là-dedans, un
critère de partenaire économique mais traduit aux institutions
financières.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Johnson: Oui, je vois que le député de Bertrand
veut se lancer dans la discrimination, même la discrimination positive.
Non, ça ne m'apparaît pas une bonne chose à faire. Ce qu'on
peut faire, par exemple, avec les leviers dont on dispose, avec l'ampleur du
chiffre d'affaires qu'on peut représenter pour des gens, c'est de les
inciter et de leur faire comprendre qu'il y a un intérêt pour eux
de s'installer, par exemple, à Montréal et de s'ajouter au noyau
des centres financiers internationaux qu'on y trouve. C'est de faire comprendre
à une grande maison de courtage, une institution, une "merchant bank"
américaine, que nous sommes intéressés à ce qu'elle
fait si elle commence à s'impliquer dans le milieu montréalais,
à littéralement prêcher les façons de faire les
choses auprès de la Bourse de Montréal, auprès de
certaines institutions, de donner, par exemple, des colloques... Ça se
fait. Toutes les institutions en font. Tout d'un coup, là, un colloque
ou un séminaire sur le marché des options ou le marché des
options sur les commodités; des choses, des instruments
spécifiques très très modernes, novateurs et on a
tellement un bon levier qu'à un moment donné quelqu'un qui
s'implique vraiment dans le milieu québécois de la finance et des
institutions financières, de la Bourse, etc., peut se voir inviter
à participer aux émissions d'obligations d'Hydro-Québec,
du gouvernement du Québec. C'est ça la force économique du
Québec. C'est comme ça que ça peut se traduire. Je
persiste à croire que c'est beaucoup plus solide à long terme que
ce qu'on peut faire, en passant, à coups de subvention parce que
ça c'est tributaire des équilibres financiers, de notre encaisse
et de notre capacité d'aider financièrement, soutenir
financièrement des institutions alors qu'une action continue
d'encouragement et d'incitation à l'endroit de firmes qu'on invite donc
et qu'on encourage à venir se loger ici va hausser, je dirais, le corpus
d'expertises qui peut exister au Québec. Ça, ça a des
effets à très long terme et ça ne nous coûte rien,
sinon, je dirais, un regard invitant.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Je serai bref, parce
que je sais que plusieurs membres de l'Opposition ont l'intention de parler ce
soir. Je peux peut-être les aider un peu en discutant sur le fond du
dossier et peut-être en commençant par excuser le ministre des
Finances d'avoir pensé que seul parmi les membres de l'Opposition, le
député de Bertrand avait une connaissance approfondie des
marchés financiers. Je voudrais le prévenir, peut-être
l'a-t-il oublié, que le député d'Ungava a
été, lui, maire de Chapais.
Une voix: Commissaire industriel de Chapais.
M. Chagnon: Commissaire industriel de Chapais, président
de la Corporation industrielle de Chapais et maire de Chapais, la ville de
Chapais qui a certainement eu à faire des émissions d'obligation
fort courues sur les marchés probablement internationaux.
M. Claveau: C'est une des villes, M. le député, qui
ont les meilleures cotes de crédit au Québec.
M. Chagnon: Chapais, les cotes de crédit de Chapais, on va
vérifier.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chagnon: Le député d'Ungava, dans ce
cadre-là, aurait été surpris des propos de son
collègue de Labelle, de son voisin du nord, de Labelle, avec une courbe
ascendante. Lorsque le député de Labelle nous apprenait,
véritablement nous apprenait, que le projet de loi aurait une
signification sur l'ensemble de la société
québécoise qui viendrait...
M. Léonard: Des réseaux.
M. Chagnon: Ça allait plus loin que les réseaux.
Les réseaux, il y en a trois réseaux au
Québec, comme le sait le député d'Ungava, le
réseau municipal, le réseau scolaire et le réseau de la
santé et des services sociaux. Mais on élargissait la
portée du projet de loi. On l'élargissait aux garderies. On
l'élargissait aux clubs de l'âge d'or. Je voudrais rappeler...
Peut-être le député d'Ungava a-t-il eu l'occasion de le
faire auprès de son collègue, d'aller dire: Mais non, mais non -
je ne le nommerai pas par son nom, non, Jacques - mon collègue le
député de Labelle, ce projet de loi ne s'adresse qu'à
des...
M. Léonard: Non Jacques, c'est quoi? Une question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Non, je n'ai pas... Si vous
vouiez, M. le député de Saint-Louis, faire
référence à un membre de l'Assemblée nationale
comme j'en ai fait état tout à l'heure, vous devez le
désigner...
M. Chagnon: L'article 35.1?
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, l'article 35.1,
par son titre, s'il vous plaît. Je pense que ça s'adresse à
la fois aux députés ministériels comme aux
députés de l'Opposition. S'il vous plaît, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: C'est mon prénom, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Ah, vous faisiez
référence à vous-même. Alors, si vous faites
référence à vous-même, désignez-vous aussi
par votre titre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chagnon: Alors, je n'y manquerai plus.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'êtes pas le seul
Jacques à l'Assemblée nationale.
M. Chagnon: Je n'y manquerai plus, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'êtes pas le seul
Jacques.
M. Chagnon: Je vois tout de suite le député
d'Ungava suggérer au député de Labelle: Mais, non, M. le
député de Labelle, ce projet de loi n'affectera et ne touchera
finalement que les sociétés émettrices d'obligations.
Donc, on vient tout de suite de rapetisser largement la portée
véritable du projet de loi. On a fait allusion à une
éventualité de scission de la Caisse de dépôt par
des gens près du Parti libéral. Le député de
Labelle...
Le Président (M. Lemieux): La parole est à M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le député, les titres et
obligations, connaissez-vous des garderies ou clubs de l'âge d'or qui en
émettent? Ha, ha, ha!
M. Léonard: Un chèque est un titre.
M. Claveau: Parce que le député s'attarde beaucoup
aux titres.
M. Chagnon: Ce n'est pas un effet de caisse, un titre. Et la
scission de la Caisse de dépôt...
M. Léonard: ...commercial.
M. Chagnon: Le premier ministre, lui-même, a
déjà calmé les appréhensions du
député de Labelle en ce qui concerne l'éventuelle
possibilité d'une scission de la Caisse de dépôt. Alors, le
projet de loi n'en parle pas non plus. Le député de Labelle nous
parle de la problématique dans les municipalités, les commissions
scolaires, le réseau de la santé et des services sociaux. Dans le
cas des commissions scolaires, les commissions scolaires opèrent de
cette façon-ci. Lorsqu'elles ont l'intention d'aller sur le
marché des obligations, elles en font part au ministère des
Finances qui, dans le moment que le ministère des Finances juge le plus
à propos pour aller sur les marchés financiers, fait un pool,
ramasse les demandes d'émission d'obligations des commissions scolaires
et les émet à un certain moment. (22 heures)
Alors, les commissions scolaires apprennent qu'elles ont
été sur le marché financier par le biais du
ministère des Finances, parfois quelques mois après avoir fait la
demande d'aller sur le marché des obligations. Pour les
velléités de décentralisation de nos amis de l'Opposition,
cette façon de procéder découle d'une modifies tion
à la loi de la mise en marché des émissions d'obligations
des commissions scolaires, qui date de 1979, au moment où le
député de L'Assomption, ou, à ce moment-là,
l'ancien député de L'Assomption, était ministre des
Finances.
Les commissions scolaires, à l'époque, avaient, avec
raison, je pense, manifesté leur mécontentement, trouvaient que
c'était un geste qui, à la rigueur, pouvait aller jusqu'à
brimer leur capacité de pouvoir émettre des obligations, comme
organisme. Mais la réponse du ministère des Finances de
l'époque, c'était qu'on les assumait, on les assimilait au
réseau de ia santé et des services sociaux, qui était
lui-même déjà organisé pour l'émission
d'obligations de la même façon.
Le projet de loi qu'on a devant nous vient, non pas
décréter une nouvelle obligation pour les émetteurs
d'obligations, une nouvelle obligation, au sens juridique du terme, pour les
émetteurs d'obligations, il vient tout simplement leur donner la
possibilité de se référer au marché, se
référer, d'abord, au fonds créé par le projet
de
loi, pour vérifier, à tout le moins, le taux
d'intérêt qu'elles pourraient avoir sur le marché
financier.
Un des problèmes que peut soulever le projet de toi, et c'a
été soulevé par le député de Bertrand,
concerne, plus spécifiquement, le Conseil scolaire de l'île de
Montréal qui, lui, parmi les organismes cités par le projet de
loi, est le seul, le seul organisme à aller, de son propre chef, sur le
marché des obligations, en passant au ministère des Finances,
coordonné avec le ministère des Finances, à tout le moins,
pour les... La coordination se fait lorsqu'il s'agit d'aller emprunter sur les
marchés étrangers. À ma connaissance, le Conseil scolaire
de l'île de Montréal est allé très peu souvent
emprunter sur des marchés financiers étrangers, peut-être
deux ou trois fois au cours des 15 dernières années, au maximum,
à ma connaissance. En tout cas, je ne me rappelle pas qu'il y soit
allé très souvent. lorsqu'on fait référence
à 38 points de différence pour les emprunts, au niveau du
marché, pour le conseil scolaire de l'île de montréal,
j'aimerais qu'on m'indique si l'on fait référence a des...
d'abord, comment on fait, on prend la température de ces points de
différence entre le temps où le conseil scolaire est allé
en émission d'obligations et le moment où le ministère des
finances a sorti... ces moments sont révélateurs.
évidemment, les marchés financiers sont très fluides, tout
le monde sait ça. il faut comparer des moments exacts celui où le
conseil scolaire est allé sur le marché des obligations avec le
moment... est-ce que les différentiels ont été pris au
même moment? on m'indique que oui.
Il faut donc considérer que l'aspect décentralisateur ou
centralisateur de ce projet de loi a peu ou pas d'effet, compte tenu du fait
qu'il ne comporte pas d'obligation. Il est, dans un certain sens, un projet de
loi qui se veut conditionnel à la volonté locale de se servir du
fonds, de faire référence, en tout ou en partie, au fonds
créé par le projet de loi. dans ce cadre-là, m. le
prés/dent, il faudra sûrement répondre à certaines
questions posées par le conseil scolaire de l'île de
montréal - j'en profite pour souligner la présence du
président du conseil scolaire de l'île de montréal et, de
l'administration du conseil scolaire de l'île de montréal, son
directeur général est ici - pour bien faire attention, ne pas
causer d'entrave au conseil scolaire de l'ile, s'il voulait aller, de
lui-même, sur le marché des obligations. et ça, c'est un
élément important dans le projet de loi, qui devra être
regardé de très près.
Quant au différentiel sur le nombre de points de
différence qui pourrait exister entre un emprunt fait par le Conseil
scolaire de l'île et par le ministère des Finances, je
présume que le financement, puisqu'il est totalement organisé et
régi par le ministère de l'Éducation, dans ce
cas-là, qui finance à 100 % l'intérêt sur la dette
du Conseil, comme celui de toutes les autres commissions scolaires, au
Québec, bien, il faudrait peut-être prévoir qu'il y ait un
financement sur le coût moindre, soit sur le coût local d'aller sur
le marché des obligations et permettre aussi à une commission qui
aurait un taux supérieur ou plus intéressant que celui que le
ministère des Finances pourrait avoir de conserver le surplus ou
l'écart supplémentaire entre le taux du ministère et le
taux, entre autres dans ce cas-là, du Conseil scolaire. Et c'est
là-dessus, M. le Président, que ma première intervention
portera et c'est comme ça qu'elle se terminera, tout en vous
remerciant.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Saint-Louis? M. le député de Gouin.
M. Boisclair: Est-ce que le ministre veut répliquer?
Le Président (M. Lemieux): on pense que le ministre n'a
pas de réplique, c'est son privilège, il n'a pas de
réplique. m. le député de gouin, la parole est à
vous.
M. Boisclair: Alors, j'aurais le goût de relancer le
député de Saint-Louis et lui demander quel est le
véritable sens de son intervention. Est-ce qu'il veut participer
à ce que le ministre responsable du Conseil du trésor appelle
"filibuster" ou s'il entendait plutôt critiquer sur le fond, le projet de
loi? Quant à moi et quant aux commentaires qu'adressait le
président du Conseil du trésor tout à l'heure, à
l'égard des commentaires qui étaient faits par les membres de
l'Opposition, permettez-moi de questionner avec le même enthousiasme et
le même intérêt la façon dont le ministre responsable
du Conseil du trésor traite les dossiers de Montréal et
permettez-moi de glisser une petite parenthèse: Le ministre, à
l'époque...
Une voix: M. le Président, question de
règlement.
M. Boisclair: ... - juste très rapidement - ...
Le Président (M. Lemieux): La règle de la
pertinence, la règle 211! Voulez-vous vous en tenir à la
règle de la pertinence, M. le député de Gouin!
Une voix: Voilà.
M. Boisclair: j'espère juste que le ministre va me faire
parvenir la réponse qu'il s'était, de bonne foi, engagé
à me fournir sur le dossier de la mode.
M. Claveau: La question est pertinente, M. le
Président.
M. Boisclair: Je fais tout simplement référence aux
propos que le ministre a tenus tout à l'heure à l'égard
des critiques qui étaient adressées par les membres de
l'Opposition officielle, et je lui réitérais la demande, à
laquelle il avait pourtant répondu de bonne foi, de me répondre
sur le dossier de la mode, puisque je parlais tout à l'heure des
dossiers de Montréal. Il y a de ça plus de...
Une voix: M. le Président, 211.
M. Boisclair: Je suis convaincu que le député, le
ministre va y répondre dans un bref délai.
Le projet de loi 25 que le gouvernement du Québec propose, bien
sûr, a fait l'objet... Excusez, le projet de loi 2, effectivement, je
disais plus tôt que ça fait déjà plusieurs
années, apparemment, que ce projet de loi est proposé au
gouvernement du Québec où, essentiellement, on propose au
gouvernement d'emprunter à la place des corps locaux. L'alinéa 1
du projet de loi 2 me permettra de faire un certain nombre de commentaires
quant à l'esprit et à l'importance, quant au fond aussi, de ce
projet de loi. C'est une solution, bien sûr, peut-être originale,
lorsqu'on sait qu'aux États-Unis et en Europe, et dans bien d'autres
pays, dans plusieurs communes, par exemple, en Europe, des municipalités
se permettent d'emprunter sur des marchés locaux. Notre gouvernement
serait donc l'un des seuls qui aurait, lui, trouvé une bonne formule
pour s'assurer que l'épargne des Québécois soit
utilisée et placée à de bonnes fins
M. le Président, on a toujours refusé, depuis 25 ans,
l'adoption de ce projet de loi, de l'alinéa 1 de l'article 1 du projet
de loi 2, pour la simple et bonne raison qu'on reconnaissait l'existence, sur
le plan des emprunts locaux, de marchés de détail - et c'est l'un
des éléments que j'entends apporter - pour des titres qui
n'auraient pu trouver preneur sur d'autres marchés et pour des titres
qui n'auraient pas existé à la place de titres gouvernementaux.
Ce que je veux dire ici, M. le Président, c'est que, quand la ville de
Saint-Hyacinthe ou de Chicou-timi, ou quand une municipalité ou une
commission scolaire ou un hôpital, par exemple, emprunte, ils empruntent
sur des marchés, et les gens qui achètent ces titres-là
sont des gens qui ont un certain attachement à l'égard de ces
titres-là. Ils empruntent sur des marchés qui vont acheter du
Saint-Hyacinthe, qui vont acheter des titres de l'hôpital
Saint-Jérôme ou des titres d'une commission scolaire, et qui
n'achèteraient pas nécessairement des titres du gouvernement du
Québec. Des marchés locaux de détail, M. le
Président, ça existe et, si on ne fait pas appel à ces
marchés locaux de détail, ce n'est pas évident que les
gens qui auraient souscrit à des titres, comme l'hôpital
Saint-Jérôme, ou la ville de Chicoutimi, ou une commission
scolaire, ou d'autres exemples, achèteraient des titres du gouvernement
du Québec. Les marchés de détail, à mon avis, c'est
important, et la démonstration n'a pas été faite que ces
marchés de détail pouvaient répondre adéquatement
à l'offre et à la demande qui s'effectuent sur ces
différents marchés. C'est sûr, M. le Président,
lorsqu'on examine ces marchés-là, qu'il y aura toujours certains
éléments qu'on ne pourra expliquer, certains
éléments qu'on dira irrationnels, mais, chaque fois que l'on
examine un certain nombre de marchés, on constatera toujours qu'il y a
des éléments qui sont irrationnels et qu'on ne peut pas
expliquer. L'attachement, je crois, à des titres locaux - prenons
l'exemple des caisses populaires, qui, souvent, vont acheter des titres des
municipalités, des commissions scolaires, ou des cégeps, par
exemple. Ces liens-là, cette demande pour ce genre de titres,
exercée et présentée par des gens sur des petits
marchés locaux, existe, comme elle existait, d'ailleurs, voilà
plusieurs années.
Ce qui est très clair, M. le Président, pour appuyer mon
raisonnement, pourquoi, à certains moments, des titres, par exemple, des
cégeps arrivent très bien à se vendre? Et pourquoi les
cégeps arrivent-ils à emprunter sur les marchés, alors
qu'à d'autres moments un titre d'un cégep aura beaucoup plus de
difficultés à cause dune certaine conjoncture, plus de
difficultés à le faire, malgré les assurances
gouvernementales qui sont pourtant données? C'est une situation qu'on
peut étudier lorsque l'on analyse le marché. Alors donc, les
loyautés locales, non seulement ont joué dans le passé,
peut être aussi, M. le Président, jouent-elles encore, mais elles
produisent souvent des résultats qu'on peut qualifier
d'étonnants.
Le ministre, tout à l'heure, nous disait qu'il y a certains cas
où les commissions scolaires, les municipalités ou les
hôpitaux, peu importe, les gens qui émettent des titres, arrivent
à se financer à moins cher que le gouvernement du Québec.
Effectivement, ce n'est peut-être pas la règle
générale, mais c'est quand même une réalité
qu'on peut observer, à cause, justement, de certaines loyautés
locales. Un des exemples était donné par le chef de l'Opposition
lorsqu'il est venu faire une présentation au moment de l'adoption de
principe du projet de loi, c'était celui de la ville de Saint-Hyacinthe.
Donc, pour résumer, et pour toutes espèces de raisons, ils
existent, ces marchés locaux, et, comme je le disais, bien sûr,
les caisses populaires achètent des obligations des villes et les
marchés locaux, parfois, fournissent des taux d'emprunt tout à
fait remarquables.
Il y a un autre élément sur lequel il me semble à
ce moment-ci important d'intervenir, qui est, le chef de l'Opposition avait
adressé plusieurs questions, à ce moment-là, sur l'impact
des transferts d'emprunts vers le gouvernement du Québec. Est-ce que le
gouvernement sera en
mesure d'emprunter au même taux? Est-ce que le gouvernement
empruntera à des taux plus élevés? Et là il y a,
bien sûr, un certain nombre de réserves, et on ne nous a pas
fourni, à ce jour, d'indication à savoir quel serait l'impact de
ce transfert d'emprunts qui étaient faits par des corps locaux vers le
gouvernement du Québec. Essentiellement, la question qu'on se pose,
est-ce que le gouvernement emprunterait au même taux qu'il emprunte
actuellement? Faut-il le rappeler, ça fait déjà plus de 25
ans qu'on parle d'un projet semblable à celui-là, et on revient
maintenant avec le projet de loi 2 sur la table.
Le ministre, tout à l'heure, expliquait que ça va
être une participation qu'il dit volontaire. On comprend donc que le
ministère des Finances, par la voix du ministre responsable du Conseil
du trésor, ne se propose pas comme celui qui va emprunter à la
place de tous les organismes locaux, mais bien à la place des organismes
locaux qui lui demandent. Il y a quand même une nuance importante
à faire. Je dis bien que le ministre des Finances ne se propose pas
comme celui qui va emprunter à la place de tous les organismes locaux,
mais bien à la place des organismes locaux qui lui demandent. De deux
choses l'une, M. le Président, ou bien le ministre des Finances propose
des fonds à tous les organismes locaux, aux conditions du marché
auxquelles lui-même emprunte, ou bien le ministre choisit de
déterminer à qui il va offrir une participation, et pouvoir
offrir les services d'un tel fonds. (22 h 15)
Donc, c'est un autre élément, et je pense que ce serait
intéressant... Le chef de l'Opposition l'a fait, il avait
questionné le ministre des Finances à ce moment-là, lors
d'un débat en cette même commission, sur l'impact des transferts
des emprunts qui étaient effectués par les corps locaux, qui
seraient maintenant effectués par le gouvernement du Québec.
Est-ce qu'on est à même de nous donner les informations quant au
volume, quant à l'argent qui est déjà emprunté,
à l'heure actuelle, par les corps locaux? Certaines personnes parlent de
sommes quand même assez importantes, qui seraient dans l'ordre des
milliards, selon les chiffres que j'ai, qui pourraient aller de 2 000 000 000 $
à 3 000 000 000 $, qui sont déjà empruntées par les
corps locaux.
C'est sûr que, et le ministre responsable du Conseil du
trésor nous disait tout à l'heure, lorsqu'il partait du chef de
l'Opposition, que, bien sûr, les marchés locaux ont pu
évoluer depuis le moment ou le chef de l'Opposition agissait à
titre de ministre des Finances. Mais vous me permettrez, M. le
Président, de citer un extrait du Journal des débats de
l'Assemblée nationale du 14 décembre, lorsque le chef de
l'Opposition officielle disait: Je ne suis pas prêt à dire, par
exemple, que les caractéristiques des marchés locaux, dont je
parlais tout à l'heure, demeurent celles que j'ai connues il y a
quelques années. Il est tout à fait possible que les
marchés financiers aient évolué, et peut-être est-ce
que, dans ces conditions, le projet qui nous est proposé pourrait avoir
un certain sens.
Et c'est intéressant de voir quelle était la
réaction du chef de l'Opposition, à ce moment-là. Il
disait bien: Mais si on veut le justifier, grand Dieu, ne prenons pas, et
dites-nous comment, des justifications comme celles qui étaient
présentées par le député - on parle du
député de Mille-Îles - tout à l'heure. Vous
comprenez, quand on utilise des justifications comme celles-là, moi j'ai
le goût de voter contre, même, le principe du projet de loi. Bon,
il continuait. Mais essentiellement, ce que le chef de l'Opposition disait,
c'est qu'il reconnaissait que les marchés locaux avaient pu
évoluer depuis l'époque où il agissait à titre de
ministre des Finances. Mais, cependant, qu'on puisse nous justifier et qu'on
puisse nous dire jusqu'à quel point ces marchés locaux ont
évolué.
Donc, ce sont deux éléments. L'important c'est
l'attachement que bien des gens exercent à l'égard de
marchés locaux, et aussi si le ministre était capable de nous
dire jusqu'à quel point il a évalué l'impact de ce
transfert d'emprunts, si le projet de loi est adopté, qui seraient faits
par le fonds et qui, autrefois, étaient faits par les différents
corps locaux. Donc, ce serait une première question que j'aurais le
goût d'adresser au ministre, et je reviendrai pour utiliser le temps
qu'il me reste.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. M. le ministre.
M. Johnson: m. le président, autre découverte, le
député de gouin est polyvalent. il a parlé de la mode et
des institutions financières, avec...
M. Boisclair: Ayant eu l'occasion d'oeuvrer, de travailler et
d'être courtier et, à l'occasion, de travailler pour des firmes de
courtage.
M. Johnson: Je suis venu pour dire que ça paraissait qu'il
connaissait quelque chose là-dedans, lui aussi, comme son
collègue de Bertrand. Alors il y en a deux sur trois qui connaissent
ça, M. le Président, pour le moment.
M. Boisclair: Je suis économiste, aussi. M. Johnson:
Économiste aussi. M. Boisclair: Bachelier.
M. Johnson: Ce jeune homme a presque toutes les
qualités.
Le Président (M. Lemieux): Toutes les
qualités pour être libéral.
M. Johnson: Ce jeune homme a presque toutes les
qualités.
Une voix: II a commencé très jeune.
Mme Bleau: II lui en manque une, il n'est pas libéral.
M. Bourdon: Ce n'est pas ce jeune homme, M. le Président,
c'est le député de Gouin.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. C'est M. le député
de Gouin, vous avez effectivement raison.
M- Bourdon: Je trouve que le président du Conseil du
trésor s'échappe.
M. Johnson: Oui, quand ça fait...
Le Président (M. Lemieux): M le ministre, dans les
circonstances.
M. Johnson: ...dix ans au lieu de six mois qu'on est ici, on a
l'impression d'être 20 fois plus âgé que les nouveaux, comme
le député de Pointe-aux-Trembles va s'en apercevoir.
M. Claveau: Devons-nous rappeler la pertinence des débats,
M. le Président?
M. Johnson: Excellente question. La question de fond c'est oui,
on peut soupçonner que les marchés financiers ont
évolué et que l'assiette locale d'épargnes, je dirais,
peut, peut-être, être moins intéressante, moins grande,
toutes proportions gardées, qu'elle ne l'était autrefois pour
rencontrer les besoins d'emprunts des instances locales.
Deux sources que je vais donner. La première, le rapport sur
l'épargne de 1980: 47 % des besoins d'emprunts des municipalités
étaient rencontrés par le marché de détail, par
opposition au marché institutionnel. Le marché de détail,
on pourrait penser, là, que c'est plus concentré dans la
municipalité émettrice, et, évidemment, que ça se
dirige vers la périphérie, les limites de la municipalité,
et c'est vrai surtout pour des grosses, peut-être, ça demeure un
marché régional, dans certains cas. Lorsque ces chiffres ont
été publiés, lorsque toutes les données ont
été colligées, on en concluait, dans le rapport du groupe
d'étude sur l'épargne au Québec, que déjà le
marché semblait ête rétréci, par opposition à
ce qu'il était plusieurs années auparavant. On retrouve ça
dans le rapport du groupe de travail sur l'épargne au Québec.
Donc, 47 % des emprunts municipaux se réalisaient à
même les marchés de détail par opposition à
l'institutionnel. Neuf ans plus tard, les municipalités trouvent le
moyen de pourvoir à 35 % de leurs besoins dans ce
marché-là, alors qu'il faut avoir à l'esprit,
parallèlement, que les réseaux santé, services sociaux et
éducation ont presque largement évacué ce champ-là
où ils étaient fort présents. Ça
représentait la moitié des besoins d'emprunt du réseau que
le marché de détail d'il y a une dizaine d'années, plus ou
moins. Aujourd'hui c'est 22 %, et 78 % des besoins d'emprunts des
réseaux sont comblés par le marché institutionnel Alors,
disons que les réseaux ne bougeaient pas ou n'avaient pas bougé
depuis une dizaine d'années et occupaient encore beaucoup de place sur
le marché de détail. Il en reste encore moins pour les
municipalités.
Alors, les 35 % en réalité des besoins d'emprunts des
municipalités qui sont comblés par le marché de
détail sont probablement plus élevés qu'ils ne le seraient
autrement si les réseaux n'avaient pas évacué le champ. Je
pense que le député est d'accord avec moi. On me souligne, avec
beaucoup de pertinence, qu'environ la moitié des 35 %, ou à peu
près, des besoins d'emprunts des municipalités comblés par
le marché de détail est réalisée auprès des
semi-institutions: un terme nouveau pour certains d'entre nous, possiblement,
sauf pour le député de Gouin. Par exemple, des petits
régimes de retraite, des communautés religieuses, celles qui ont
encore un peu de surplus de fonds, je présume, qui sont encore à
même de pouvoir investir aux niveaux local, régional, etc. Dans le
fond, le vrai détail, au sens où on l'entend chez un courtier,
c'est 17 %: 15 % à 18 %, peut-être 20 %, en arrondissant les
chiffres, des besoins des municipalités qui sont ainsi
comblés.
Ça a changé énormément. Les gens sont de
plus en plus sophistiqués, notamment, à cause d'instruments qui
ont été mis sur pied par le gouvernement du Québec, et on
fait notre révérence et on tire notre chapeau à l'endroit
des instruments comme ceux qui ont été créés et
modifiés par des gouvernements successifs, comme le Régime
d'épargne-actions du Québec. Alors, on a lancé des
régimes qui ont évidemment incité des gens à
émettre davantage. L'instrument n'est pas nouveau, mais l'incitation
était nouvelle. Ça a encouragé les gens à
découvrir ce que c'était l'investissement d'une façon plus
variée que d'acheter dune corporation, de la commission scolaire Le
Gardeur ou, enfin, Vaudreuil-Soulanges, ou quoi que ce soit. Donc, un public
mieux renseigné, plus sophistiqué, qui ne se lance pas
automatiquement dans des Saint-Féréol 1997, disons.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
ministre?
M. Johnson: Qui est plutôt susceptible de faire affaire
avec ses courtiers, des instruments un peu plus sophistiqués que
ceux-là. Alors, ce n'est pas évident que les obligations
émises par les cégeps - on le disait tout à l'heure -
demeu-
rent encore un véhicule financier très populaire. Il y a
tout l'aspect du marketing. La question de l'ex-courtier tout à l'heure
visait à découvrir pourquoi certains types de cégeps sont
bons tandis que d'autres le sont moins. Ils bénéficient tous de
la même garantie d'octrois et de subventions du gouvernement du
Québec. Pourtant, il peut y avoir des écarts, parce qu'il y en a
qui ont un mauvais nom, pour toutes sortes de raisons historiques, ou tout
simplement au point de vue marketing, c'est fou comme acheter du cégep
Bois-de-Boulogne à Granby ou acheter de l'hôpital Notre-Dame ou de
l'hôpital Sainte-Justine, c'est une grosse différence, ou acheter
du gros cégep ou du petit cégep, ça fait une
différence. C'est comme ça; c'est le facteur psychologique de
l'investisseur qui se joue. Ça dépend quels courtiers ont tout
ça.
M. Léonard: C'est la raison que vous trouvez.
M. Johnson: C'est la raison que les spécialistes
connaissent. C'est ce que j'indique au député de Labelle. Et je
réponds en toute bonne foi, selon tout ce que je connais de ce
marché-là, moi aussi, au député de Gouin qui semble
s'y intéresser et qui s'y intéresse, de toute évidence.
Alors, c'est des choses aussi peu objectives que le nom de l'émetteur,
que le courtier avec lequel on fait affaire, que l'état du
marché, que le portefeuile des gens, que les occasions d'investissement
alternatives qu'il y a, qui déterminent le rendement effectif sur
l'investissement.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Gouin, avez-vous terminé?
M. Boisclair: Non, je n'ai pas terminé. Effectivement, on
observe ces tendances-là sur le marché. Et il y aura toujours des
éléments qu'on dira irrationnels et pour des raisons... Que ce
soit ce qu'on appelle le "snob effect", que ce soit pour d'autres
éléments, il y aura des titres qui se vendront toujours mieux que
d'autres.
M. Johnson: ii faut dire ça au député de
labelle qui ne semble pas croire ça. alors, on est deux à ne pas
connaître ça. vous et moi, apparemment.
M. Boisclair: Mais, M. le ministre, ce que j'aimerais vous
demander, à ce moment-ci, c'est: Est-ce que vous avez
évalué le volume d'opérations qui seront faites par ce
fonds-là? Parce que, dans la mesure où le projet de loi 2 sera
adopté, est-ce que vous avez estimé le volume des transactions
qui seront faites par ce fonds-là? Parce qu'au bas mot, à l'heure
actuelle, les emprunts qui sont effectués par les organismes ou par les
corps locaux, c'est environ, corrigez-moi si je me trompe, mais c'est pour plus
de 2 000 000 000 $, 2 000 000 000 $ à 3 000 000 000 $ d'emprunts...
M. Johnson: Réseaux et sociétés
d'État autres qu'Hydro, oui.
M. Boisclair: Oui, c'est de cet ordre. Ça veut donc dire
que le moindrement que ce projet de loi est adopté, automatiquement, on
pourrait se retrouver vers des demandes qui seront faites pour
bénéficier des services de ce fonds-là d'un ordre quand
même assez important. Quels sont les impacts que ça pourrait avoir
sur les taux qui sont obtenus par le gouvernement du Québec?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Johnson: La question est fort pertinente et,
évidemment, elle évoque la capacité d'un fonds de
financement regroupé.
M. Boisclair: Si vous me permettez... M. Johnson: Oui.
M. Boisclair: Ma question de fond est la suivante: Est-ce que le
ministre qui sera responsable de l'application de la loi et qui verra à
la bonne gestion du fonds sera capable de répondre à la demande?
Et n'y a-t-il pas danger qu'il soit obligé de faire un certain nombre de
choix entre certaines institutions qui seraient plus méritantes que
d'autres sur des critères qu'on ne connaît pas?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Johnson: Oui, deux considérations en réponse
à cette question qui permettent d'apporter un éclaircissement. La
première, la capacité du fonds de financement regroupé
à absorber les 2 000 000 000 $ du jour au lendemain...
Évidemment, on ne se fait pas d'illusion. Ça ne peut pas se faire
à cette vitesse-là, d'autant plus que ça demeure
volontaire. On ne peut pas forcer les gens à venir emprunter chez nous.
Ça, je veux qu'on sache ça.
M. Boisclair: Mais, si vous offrez des conditions plus
avantageuses, ils vont sûrement le faire.
M. Johnson: Oui, absolument. Si on offre des bonnes conditions,
ils vont le faire. Mais, là, on se permet, de l'autre côté
de la table, de souligner qu'il y a une institution au niveau local ou
régional sur I He de Montréal qui insiste pour ne pas avoir le
droit de venir chez nous emprunter à des conditions plus avantageuses.
Les municipalités étaient de cet avis-là jusqu'à ce
qu'elles comprennent qu'elles n'étaient pas v
obligées. Alors, premier élément ou l'autonomie locale,
ça existe et si les gens ne veulent pas
venir emprunter.. Mais si, étant donné que nos conditions
sont meilleures, notamment, le réseau de la santé et des services
sociaux, il n'y a pas de raison, dans le fond.. Ils sont subventionnés
à 100 %, les hôpitaux, les écoles, etc.... pas d'assiette
fiscale locale à ponctionner, dirais-je Si ces gens-là venaient
en grand nombre, la question se pose. - le député l'a
posée - lesquels va-t-on choisir? Quels sont les plus méritants
et les moins méritants? Une réponse s'impose à l'esprit:
ceux dont l'écart, par rapport aux taux qu'on offre, est le plus grand,
parce qu'il nous en coûte plus cher à subventionner leur service
de dette.
Alors, on voulait sortir du marché cher des institutions qui
empruntent de façon fort onéreuse. Alors, c'est entendu - c'est
très théorique - qua si deux emprunteurs de 10 000 000 $ chacun
viennent nous voir et qu'on n'a plus juste la capacité... C'est tout
à fait hypothétique et théorique... On peut juste traiter
un des 10 000 000 $, on va traiter celui qui, en notre absence d'intervention,
serait obligé d'emprunter à un taux beaucoup plus
élevé que l'autre, parce qu'on subventionne dans les deux cas.
Alors, évidemment, on va sortir du marché notre filiale,
oserais-je dire, qui nous coûterai plus cher si elle allait sur le
marché. Alors, je pense que ça répond à la
question. (22 h 30)
M. Boisclair: Alors, il faudra donc s'attendre, de la part des
commissions scolaires, des hôpitaux, des cégeps, qu'ils viennent
faire, sans doute, des pèlerinages à Québec pour essayer
de justifier leurs demandes. Bien sûr, si on part du principe que ce
fonds sera en mesure d'offrir des conditions plus avantageuses que celles du
marché et qu'automatiquement il y aura une demande importante qui sera
faite auprès de ce fonds, il y aura des choix qui seront à faire
sur un certain nombre de bases que vous avez expliquées, bien sûr,
en fonction de l'écart.
Une voix: De la couleur du maire.
M. Boisclair:... mais il n'en demeure pas moins qu'il pourra y
avoir un certain nombre d'éléments qui seront plus, arbitraires
Là. ce n'est pas spécifié. On aura l'occasion d'y revenir
dans le projet de loi, mais on pourrait, peut-être se questionner sur le
manque d'indications dans le projet de loi quant aux priorités qui
seront accordées aux différentes demandes.
M. Johnson: Financière. La priorité
financière pure et simple. Au ministère des Finances et dans tous
les autres ministères, au Conseil du trésor, où que vous
soyez, on essaie de donner les services de façon la plus efficace
possible et aux moindres coûts, toutes choses étant égales.
Alors, la seule discrimination qui peut s'exercer entre les différents
participants à ce fonds, si d'aventure il y avait un plafond, ça
va se faire, cette discrimination, sur la base des coûts et sur la base,
donc, des économies qu'on réaliserait à traiter un dossier
plutôt qu'un autre. Alors, étrangement, plus c'est un mauvais
risque, entre guillemets, moins c'est quelque chose de regar-dable, plus c'est
un cégep de Saint-je-ne-sais-pas où qui ne se vend pas, ou alors
qui est à 100 points de base au-dessus de tout le monde, bien c'est
celui-là, évidemment, qu'on va prendre à notre charge. On
va économiser bien plus comme ça parce qu'on est obligés
de le subventionner au service de la dette.
M. Boisclair: m. le président, je n'ai pas, bien
sûr, l'expérience que le président du conseil du
trésor a dans la gestion des affaires publiques, mais je ne suis pas
resté insensible aux propos qu'a tenus le vérificateur
général quant à la gestion de certains fonds,
particulièrement les fonds qui sont de la responsabilité de la
ministre des communications. je pense plus particulièrement au fonds
renouvelable des publications gouvernementales où le vérificateur
général faisait certains commentaires quant à la gestion
de ces fonds-là et quant aussi aux pratiques comptables qui
étaient différentes de fonds en fonds. alors, le fonds, par
exemple, des services de publications gouvernementales n'avait pas les
mêmes règles comptables que le fonds des services de placement
médias ce sont les commentaires que faisait le vérificateur
général. à ce moment-là, suite aux commentaires qui
ont été faits, il y a un certain nombre de règles qui
seront apportées quant à la gestion de ces fonds pour s'assurer
qu'il y ait une certaine unicité pour que les états financiers
puissent être comparables d'année en année. ça c'est
ce que le vérificateur général disait.
Ce qui m'amène donc à vous questionner, M. le ministre,
sur la gestion de ce fonds. On sait que le fonds sera sans doute soumis
à L'étude annuelle par le Vérificateur
général. Ce fonds-là sera donc soumis annuellement
à l'étude par le Vérificateur général parce
que de plus en plus, en tout cas, c'est une tendance qui est légitime
peut-être dans d'autres ministères que de créer ces
fonds-là, mais le Vérificateur général formulait
des commentaires très précis à l'égard de la
gestion de ces fonds. Est-ce que le ministre pourrait nous rassurer sur les
différents critères comptables qui seront retenus pour la gestion
de ce fonds puisque ça ne pourra pas faire l'objet de discussions
à l'occasion des engagements financiers? Ce sera plutôt difficile
de questionner les choix qui seront faits par les gestionnaires de ce fonds
d'attribuer un prêt à une commission scolaire plutôt
qu'à une autre.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Boisclair: Là, je m'embarque sur un terrain glissant
parce que je n'ai pas la même expérience que le président
du Conseil du trésor
sur la gestion des deniers publics, mais...
Le Président (M. Lemieux): c'est un aveu, ça.
M. Boisclair: . ..il n'en demeure pas moins que c'est des
commentaires pertinents, je crois, qui ont été soulevés
par le Vérificateur général.
M. Johnson: Oui, oui. Le député évoque, je
dirais, des choses, des exigences qui ne peuvent pas être dans la loi. Il
a lui-même indiqué, par exemple, quant à
l'intégrité, au sens très large, des pratiques comptables
dans ces fonds, que le Vérificateur général va passer par
derrière à un moment donné et, s'il a des commentaires, il
va les émettre et on devra se conformer.
Je dirais que, a priori, à l'intérieur des
ministères qui sont des ministères de tutelle des
différents fonds, le transfert, les transactions, les activités,
etc., sont soumis aux règles comptables habituelles. Et le ministre des
Finances, le président du Conseil du trésor, au moment où
je vous parle, avec le Contrôleur des finances, sont en voie
d'uniformiser les règles applicables aux différents fonds.
M. Boisclair: Représentation...
M. Johnson: Justement. La constitution des comptes, le traitement
des transactions, conformité à différentes règles,
etc., sont uniformisés. Sous la direction initiale du Contrôleur,
du Conseil du trésor et du ministère des Finances, on constitue
les règles, le cadre, ça entre là-dedans, le suivi
s'effectue en conséquence et, à la fin, on ferme les livres en
conséquence et c'est vérifié, dans le cours normal, par le
Vérificateur général. Dans ce sens-là, ce n'est
rien de spécial, ce fonds-là, même si c'est un fonds
spécial... oui, c'est très spécial, mais ce n'est rien
d'exceptionnel.
M. Léonard: Mais le Vérificateur
général s'en est plaint.
M. Johnson: Pardon?
M. Léonard: Le Vérificateur général
s'est plaint de votre comptabilisation. Vous allez rectifier, je suppose?
M. Johnson: Je me souviens surtout qu'il nous a
félicités pour un tas de changements qu'on a faits depuis
quelques années. Dans la mesure où il a émis des
commentaires négatifs sur certaines choses, lorsqu'il le fait avec
raison, ça a été corrigé ou c'est en voie de
l'être.
On me signale, évidemment, qu'il y avait cinq restrictions du
Vérificateur général aux états financiers de 1985,
et il n'en reste qu'une. On s'est conformé aux quatre autres
indications, c'est le moins qu'on puisse dire, aux directives ou suggestions
concernant ce qui existait sous l'ancien régime.
Une voix:...
M. Johnson: Non, ça commence à être mis sur
pied.
M. Boisclair: M. le Président, en conclusion, à ce
moment-ci, je pourrais vous dire qu'on se questionnera toujours sur les sommes
qui seront utilisées, qui seront versées aux différents
corps municipaux, aux cégeps, hôpitaux ou commissions scolaires et
sur la façon dont s'effectueront les choix par les gestionnaires de ce
fonds-là. Le ministre, bien sûr, nous dit qu'il tiendra compte de
considérations financières et des écarts entre les taux
que ces corps publics et corps municipaux obtiennent sur le marché
actuel par rapport aux conditions que le gouvernement du Québec est en
mesure d'obtenir, mais connaissant la tendance de ce gouvernement, parfois,
à favoriser un certain nombre de gens pour des raisons qui nous
apparaissent parfois un peu surprenantes - je suis convaincu que mon
collègue, le député de Pointe-aux-Trembles, saura revenir
là-dessus - est-ce qu'on en sera rendu, est-ce qu'il faudra qu'on
recommence les pèlerinages de la part des administrateurs des
municipalités, des maires et des conseillers qui viendront voir le
ministre des Finances pour pouvoir bénéficier des services de ce
fonds-là?
Nous n'avons, à ce moment-ci, aucune garantie que les principes
qu'évoque le président du Conseil du trésor seront
retenus. Je comprends, bien sûr, que la gestion de ce fonds-là
sera soumise à une vérification annuelle de la part du
Vérificateur général, mais il sera donc... Je reprends,
plutôt, pour dire que les membres des différentes commissions qui
auront à étudier les états financiers de ce
fonds-là ne pourront qu'étudier les états financiers, ne
pourront pas questionner ou difficilement questionner l'ensemble des choix qui
seront faits par les gestionnaires de ce fonds-là, puisque cette
information-là ne leur sera pas disponible. Les membres de la
commission, lorsque viendra le temps d'étudier les états
financiers du fonds, tout ce qu'ils auront comme information disponible, ce
sera les états financiers du fonds. On pourra difficilement questionner
l'ensemble des choix qui auront été faits par les gestionnaires
du fonds, à savoir pourquoi on aura privilégié une
municipalité ou une commission scolaire plutôt qu'une autre. Si
l'on admet le principe - et je pense qu'il pourra se vérifier dans la
réalité... Dans la mesure où le gouvernement est en mesure
d'offrir des taux plus avantageux avec des écarts moindres par rapport
au taux de base que les corps municipaux sont capables d'obtenir à
l'heure actuelle, on peut prévoir qu'il y aura des demandes importantes
qui seront faites aux gestionnaires de ce fonds-là et que, bien
évidem-
ment, ces mêmes gestionnaires ne pourront répondre à
l'ensemble de la demande. Alors ce sont des craintes, je crois, qui sont
justifiées et j'inviterais l'ensemble des membres de la commission
à se questionner aussi là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Je vous arrête, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Est-ce que j'ai fini mes 20 minutes, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. Votre temps de
parole est terminé. M. le ministre.
M. Boisclair: Ça fait 20 minutes? Le Président
(M. Lemieux): Oui. M. Boisclair: Déjà?
Le Président (M. Lemieux): Vingt minutes et un peu plus.
Un peu plus, M. le député de Gouin.
M. Boisclair: Ah! Bien, je m'en excuse.
M. Johnson: C'était avec consentement. C'était
intéressant.
M. Boisclair: Parce que, moi, l'exemple des fonds...
M. Johnson: II y a un drôle de paradoxe quand même,
M. le Président, dans ce que j'entends de l'autre côté. On
nous dit, en même temps ou presque, dans la même phrase: Vous allez
être inondés de demandes du réseau, 2 000 000 000 $.
Une voix: 2 000 000 000 $ à 3 000 000 000 $.
M. Johnson: 2 000 000 000 $ à 3 000 000 000 $. Ça
va être 2 000 000 000 $ en réalité. Si c'est 2 000 000 000
$, là Ça va être plus proche de 1 500 000 000 $ même,
1 500 000 000 $ à 2 000 000 000 $. Vous allez être Inondés
de demandes et vous ne serez pas capables de trouver l'argent pour le
prêter aux gens qui vous le demandent. C'est ça qu'on dit de temps
en temps. J'ai dit que du jour au lendemain, au point de vue organisationnel,
on ne peut pas doubler aussi... Ce n'est pas du jour au lendemain, là.
On va digérer ça, c'est sûr. C'est un système qu'on
met en place, qu'on implante. Je veux juste faire remarquer que, si on est
Inondés de demandes, c'est parce que nos conditions sont passablement
avantageuses, auquel cas on a trouvé à emprunter. Alors on ne
peut pas nous reprocher les deux choses en même temps. On pourrait me
reprocher de dire non à tout le monde. C'est parce que, si je dis non
à tout le monde, je n'ai pas trouvé l'argent, mais, si je n'ai
pas tout trouvé l'argent, l'argent que j'ai à prêter doit
être pas mal dispendieux. Mais qu'est-ce qu'ils font à venir chez
nous pour me demander de l'argent si je prête à haut taux? Alors
il y a un paradoxe là-dedans que je voulais peut-être lever ou
briser.
La réalité, c'est qu'il y a encore de la place et il y a
davantage de place pour une opération comme celle-là au fur et
à mesure que nos besoins financiers nets - ça le
député va être obligé de le reconnaître - les
besoins financiers nets du gouvernement du Québec et la masse des
emprunts du secteur public par rapport à la place qu'il y a dans
l'économie, le produit intérieur brut, au marché financier
et son ampleur, etc., cette place diminue constamment depuis six ans Donc, il y
a de plus en plus d'espace sur le marché pour aller réaliser une
opération comme celle-là. Alors je ne m'inquiéterais pas
de ce côté-là à la place du député. Je
ne m'inquiéterais pas non plus de ce qu'il allègue,
c'est-à-dire de pratiques soi-disant questionnables ou douteuses, etc.
Je vois la nature des transactions auxquelles il réfère lorsqu'il
acoquine et appose à côté de sa phrase les mots: Le
député de Pointe-aux-Trembles Je fais simplement rappeler au
député qu'il a été courtier. Il nous l'a dit, il
nous l'a rappelé. J'ai bien hâte qu'on passe les c. v. de tous les
députés de l'Assemblée nationale. Je n'ai pas vu la
dernière fournée. D'habitude, on nous envoie ça plusieurs
mois après la constitution de la Législature. L'Assemblée
nationale nous envoie le c. v. de tout le monde. On reçoit, tous, les
petites photos avec les c. v des collègues
Une voix: Ils sont tous là, M. le ministre. M.Johnson: Vous venez de... Justement? Une voix: La semaine
dernière
M. Johnson: La semaine dernière! Je n'en ai pas pris
connaissance encore Magnifique! Alors je vais vérifier exactement quelle
est la feuille de route de tous les collègues, des deux
côtés. C'est toujours intéressant Donc l'ancien courtier,
le député de Gouin, sait pertinemment, parce qu'il a dû
transiger dans les titres du gouvernement du Québec avec un courtier qui
était dans le syndicat ou, sinon, il sait exactement ce dont il s'agit.
Le seul facteur de discrimination qui existe, c'est le prix, point, à la
ligne. C'est pur, c'est objectif, c'est incontournable, c'est le prix parce
qu'on doit emprunter au meilleur prix possible, point, à la ligne On
doit se vanter de notre cote. On doit se vanter de limiter le service de dette
C'est impératif, on ne peut pas choisir au hasard quelqu'un qui va nous
vendre nos obligations en exigeant une plus grosse commission qu'un autre et un
plus petit rendement qu'un autre. C'est impossible, c'est impossible à
sa face même.
alors, toutes les conditions apparaissent, quand c'est des
émissions publiques, dans le prospectus. pour les placements
privés, les renseignements existent également et émargent
quelque part dans les comptes publics, les engagements financiers, enfin, tous
les endroits habituels. alors, le député de pointe-aux-trembles
et ses collègues pourront retrouver jusqu'à la dernière
cenne exactement quel était le coût de nos emprunts et comment ce
coût se décompose et sauront qui en aura été le
bénéficiaire. moi, ce que je vous dis, c'est que le
système est tel que le bénéficiaire par excellence, c'est
le contribuable. parce que le système nous force - c'est un encan pur
que ce marché - à emprunter au meilleur coût possible. (22
h 45)
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Oui, M. le Président. Je ne discourrai
certainement pas aussi longtemps que mon jeune collègue de Gouin, parce
que je n'ai pas les connaissances approfondies qu'il peut avoir sur le sujet,
pas parce que je suis une femme, mais parce que je n'ai pas fait les
études dans ce domaine-là. Il y a quand même un
questionnement sur ce projet de loi là justement à cause de mes
connaissances limitées, mais le ministre, je pense, a répondu
à une couple. Premièrement, ce ne sera pas une obligation pour
les institutions de recourir au gouvernement pour faire partie ou emprunter.
Deuxièmement, si j'ai bien compris votre réponse à notre
collègue de Gouin tout à l'heure, les organismes qui sont moins
susceptibles d'être reconnus sur le marché boursier vont avoir
plus de facilité. Ils vont être peut-être les premiers sur
votre liste quand il va y avoir des demandes. À ce moment-là,
pour moi, je trouve que c'est vraiment un acquis pour nos
sociétés et ça me tranquillise sur le projet de loi encore
plus que je pouvais l'être auparavant. Alors, c'est peut-être les
remarques que j'avais à faire sur ce projet de loi là ce soir.
J'aimerais vous entendre pour me rassurer que j'ai bien compris vos
explications.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Groulx. J'ai trouvé que vos questions
étaient pertinentes. M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, la députée de
Groulx veut m'entendre. Je dirais que c'est inutile. Elle a tout compris du
premier coup littéralement. Ça me fait plaisir, d'un autre
côté, qu'elle m'entende, parce que je sais qu'elle écoute
et comprend à la fois, ce qui ne saute pas aux yeux ou aux oreilles de
tout le monde à tout moment et en tout lieu. C'est vrai, c'est un
mécanisme d'adhésion volontaire à ce système qu'on
met de l'avant. II est, évidemment - on ne se cachera pas -
particulièrement attrayant et on peut s'attendre à ce que les
gens veuillent s'en prévaloir. Alors, il est intéressant, il est
attrayant, mais il est volontaire. Alors, on ne peut volontairement pas se
priver de quelque chose d'attrayant, je suppose, aussi, mais on peut escompter
réaliser des économies réelles au fil des ans.
Deuxièmement, la députée le soulignait avec une
simplicité dans l'expression et une limpidité remarquable, les
titres des institutions autrement désavantagées aujourd'hui sur
le marché vont être les premiers bénéficiaires. Oui,
parce que, justement comme je le disais tout à l'heure - c'est comme
ça que j'aurais dû le dire la première fois, c'est
tellement plus limpide dans le fond - on a avantage à réduire nos
coûts. Nos coûts sont particulièrement élevés
à l'égard d'organismes qui empruntent à des taux
élevés plutôt que plus bas. Donc, ce sont eux qui vont
être les premiers bénéficiaires. Et vraiment, c'est une
espèce d'économie très rapide qui est en cause par
opposition à faire ça de façon égale pour tout le
monde, et le premier arrivé, le premier servi, et des choses comme
ça, où l'économie serait réalisée mais plus
lentement. Vraiment, c'est une économie qui va être rapidement
réalisée dès la mise en place du système. Et je
viens automatiquement d'ajouter ça à la batterie des arguments,
M. le Président, que je ferai valoir, si j'ai à les faire valoir.
Et j'en remercie la députée de Groulx.
Ça avantage, notamment, par exemple, parce que ce n'est pas
négligeable, là, quand on regarde le développement
économique du Québec, les instruments qu'on s'est donnés
comme gouvernement, les sociétés d'État, les diverses
sociétés d'État, j'exclus Hydro-Québec, tout de
suite... Elles ont certaines difficultés à se loger. Elles ne
sont pas vraiment connues, elles ne sont pas vraiment présentes,
là, sur les grands marchés. On peut penser à la
Société immobilière, qui n'a pas vraiment de
liquidité, il n'y a pas beaucoup de volume dans ces choses-là.
Elles ne sont pas connues, elles sont relativement récentes, enfin, il y
a toutes sortes de raisons qui font que ce sont des titres un petit peu
dispendieux à émettre. même avec la garantie du
gouvernement, me souligne-t-on, oui, c'est un cas pour toutes et chacune
d'entre elles... elles seront donc des bénéficiaires. ce sera un
peu plus facile de réaliser leurs objectifs de développement
économique, de soutien à l'économie, de partenariat avec
le secteur privé pour réaliser des projets, etc. alors,
adhésion volontaire, aucun doute, mais, évidemment, dans la
mesure où c'est très attrayant, on peut volontairement, en large
groupe, en nombre assez étendu, venir adhérer au programme, et,
deuxièmement, effectivement, il y aura des économies très
réelles, dès le départ, parce que ce sont les titres
plutôt désavantagés, dirions-nous, qui sont relativement
dispendieux et qui seront les premiers pris en compte, parce que c'est
là qu'est la
rentabilité et la véritable économie. Merci,
madame...
Mme Bleau: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, Mme
la députée de GroulX?
Mme Bleau: Oui, je pense que les explications...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: m. le président, étant donné que
les informations sont difficiles à recueillir, est-ce qu'on pourrait
suspendre pour aller écouter tes nouvelles? ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): J'ai un ordre de la Chambre de
siéger de 20 heures à 24 heures, alors, je ne peux effectivement
pas suspendre pour une considération de cet ordre-là.
M. Poulin: De toute façon, M. le Président, chacun
de nous, à notre téléviseur, on a justement un poste de
nouvelles qui est continu. Donc, vous pourrez retrouver les nouvelles à
partir dé minuit.
Le President (M. Lemieux): Alors, nous continuons la
séance. Vous voulez terminer, M. le député de
Prévost? Ça va?
M. Forget: Ça va.
Le President (M. Lemieux): Alors, M. le député de
Pointe-aux-Trembles, la parole est à vous.
M. Bourdon: Alors, M. lé Président, quand on
regarde le premier alinéa du premier article de cette loi, je pense
qu'il serait peut-être opportun d'établir des faits de base. La
première partie du texte de l'alinéa 1 est la même que dans
l'ancienne loi et dit: "Le ministre peut placer à court terme toute
partie du fonds consolidé du revenu qui n'est pas requise pour le
paiement dés dépenses. " De combien s'est-il agi, depuis trois
ans? Et combien le ministre a-t-il place? Parce que, sinon, il y a comme une
composa'nte de base essentielle de discussion qui nous manque, M. le
Président, c'est de savoir de combien s'agit-il. Et une fois que j'aurai
cette réponse, M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir,
à regard du deuxième membre du premier alinéa de
l'ancienne loi...
M. Claveau: M. le président est trop occupé en
dehors de nos débats, on pourrait peut-être suspendre le temps
d'une petite nouvelle. Parce qu'il suspend pour lui-même, il ne peut pas
suspendre pour nous?
Une voix: Pour nous Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: M. le Président, si vous pouvez vous joindre
à nous, on va pouvoir continuer, Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Oui, excusez, M. le
ministre.
M. Claveau: C'est qu'on avait juste posé une
question...
M. Johnson: On croyait que vous étiez allé aux
nouvelles.
Le Président (M. Lemieux): Non, j'étais avec le
Contrôleur des finances, sur le projet de loi.
Une voix: Ça veut dire qu'on peut aller aux nouvelles?
M. Claveau: Le député de Pointe-aux-Trembles avait
posé une question au ministre et on attendait...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
M. Claveau:... que vous donniez la parole au ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Johnson: La question, c'est en référence
à l'article 36 de la Loi sur l'administration financière. Je
cite: "Le ministre peut placer à court terme toute partie du fonds
consolidé du revenu qui n'est pas requise pour le paiement des
dépenses", etc. La question, c'est: De combien S'agit-il? Je vois le
député de Labelle qui ricane parce qu'évidemment il a
été au Conseil exécutif, puis il trouve que la question
n'a pas de bon sens. Le...
M. Léonard: Justement.
M. Johnson: Les rentrées fiscales, ce qui est en cause
ici, là, c'est la gestion de l'encaisse. La gestion de l'encaisse, c'est
la capacité dû gouvernement, c'ést-à-dire que, oui,
la capacité du gouvernement de pouvoir se comporter en bon père
de famille en plaçant ses surplus au meilleur taux possible lorsqu'il en
a, et en empruntant au meilleur taux possible lorsqu'il en a besoin.
Or, les rentrées fiscales du gouvernement qui constituent ses
revenus entrent le 10, le 15 et >e 25 du mois pour toutes sortes de raisons:
les remises de la déduction à la source de l'employeur, les
acomptes provisionnels vers le 10, ceux qui ont posté le 31 du bon
trimestre. On additionne toutes les remises possibles et
imaginables que tous les mandataires du gouvernement et tous les
contribuables font, et le 10, le 15 et le 25, ça entre à la
poche. Inutile de dire que le 11, on a beaucoup d'argent. Alors, là, on
le place. Le 12, on en a un petit moins, on en a placé moins, etc. Le
15, ça remonte, ça redescend jusqu'au 25 et ça remonte le
25. Là, entre le 30 du mois ou à la fin d'un mois, enfin, la
première dizaine de jours d'un mois, là, on commence à
être en déficit et on emprunte. Là, notre encaisse est plus
ou moins négative. Alors, on est plutôt sur les marchés en
train d'emprunter plutôt que d'être en train de placer des
surplus.
De combien s'agit-il? La question, vous me demandez de la placer au
feuilleton. Ça dépend depuis quelle période. Si vous
parlez depuis que la Loi sur l'administration financière a
été adoptée, en 1970... À quelle date et à
quelle heure? De quelle date et de quelle heure dans les 20 dernières
années le député de Pointe-aux-Trembles veut-il
s'enquérir? Parce que les fonds disponibles le 8 août 1974,
à midi, là, je vais pouvoir donner un chiffre. Ça va
prendre des recherches considérables et je lui dis tout de suite, je
suis presque sûr, mathématiquement et statistiquement, que ce ne
sera pas le même chiffre que s'il veut le chiffre du 4 juin 1987,
etc.
Alors, écoutez, ça ne se demande pas, ça. Je
m'excuse de le dire comme ça, mais ça ne peut pas se poser cette
question-là. Je ne peux pas répondre. Oui, ça se demande,
mais je ne peux pas répondre. Mais, surtout, renverser ça...
Ça se demande, mais je ne peux pas répondre comme ça,
là. De quelles sommes s'agit-il? Entre nous, ça va donner quoi de
savoir ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: m. le président, si je comprends bien le
président du conseil du trésor, dans cette
matière-là comme dans d'autres, il dit que ça ne nous
regarde pas. est-ce qu'on peut...
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Johnson:... si on était en Chambre, en vertu de
l'article 71, tout de suite je relève une question de fait personnel
étant donné qu'on a mal cité mes propos.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce à l'article 71 ou
73? C'est à l'article 72, je pense. 212.
M. Johnson: II me semblait que c'était l'article 71.
Le Président (M. Lemieux): Ah! On va vérifier.
M. Johnson: À la période des questions ou tout de
suite avant.
M. Léonard: Vous vous trompez souvent en Chambre.
M. Johnson: Je n'ai pas dit que ça ne le regarde pas, j'ai
dit que ça ne se demande pas. J'ai dit que ça le regarde, mais
qu'il précise à quelle date et à quelle heure il veut
savoir l'état de l'encaisse du gouvernement du Québec. Sur
n'importe quel mois, c'est comme ça que ça se comporte. Une
courbe sinusoïdale - oui, le député a compris ça -
où le sommet est de l'ordre de 2 000 000 000 $ et, en plus, les surplus
maxima, on peut considérer, et en moins, peut-être 1 000 000 000
$. Encore là, ça dépend. Ça dépend de la
date, ça dépend du jour comme on le voit. Ça, c'est le
temps, c'est si on fait un emprunt à long terme...
M. Léonard: M. le sous-ministre a une bonne
réponse.
M. Johnson:... émissions d'obligations du Québec,
plusieurs centaines de millions de dollars en quelques jours.
M. Léonard: Ça, c'est une réponse
intelligente.
M. Johnson: On est en surplus, là, pendant bien des jours,
mais, à un moment donné on retombe, évidemment, en
déficit de caisse. Alors, ça dépend quel jour. Je vous dis
bien carrément: Ça vous regarde beaucoup, M. le
député de Pointe-aux-Trembles, ça vous regarde
énormément même, mais dites-moi quelle date. Dites-moi
quelle date, si vous voulez une réponse. Je ne peux pas vous la donner,
sauf pour quelque chose de cette nature-là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: m. le président, je ne donnerai pas de date et
le ministre a parlé de 1974. j'ai dit, dans les deux ou trois
dernières années, quelles ont été les sommes du
fonds consolidé qui n'étaient pas requises pour le paiement des
dépenses et que le gouvernement a placées? j'ajoute un autre
élément: de ce qu'il a placé, est-ce qu'on peut avoir une
ventilation de la proportion qui est allée à l'achat de titres
émis ou garantis par le gouvernement du canada? combien, en pourcentage,
au gouvernement du québec ou d'une autre province ou par
dépôt auprès des institutions financières? je ne
veux pas un jour donné, m. le président, je ne veux pas savoir,
en juin, ce qui est arrivé ce jour-là, mais ça peut
s'établir et le ministre peut prendre
avis de la question s'il n'a pas la réponse tout de suite.
M. Johnson: Non, je vais répondre tout de s uite.
M. Bourdon: Ça s'est ventilé comment?
M. Johnson: II ne veut pas que je réponde. (23 heures)
M. Bourdon: Les titres que le gouvernement a achetés
à même ses surplus.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, j'ai demandé une date
au député de Pointe-aux-Trembles, parce que c'est ça qui
est pertinent. À défaut pour lui de suggérer une date
précise, nous, il va falloir qu'on lui trouve, depuis trois ans, date
par date, jour par jour et heure par heure, l'état de l'encaisse du
gouvernement du Québec. On a une mesure qui résume tout
ça, les besoins financiers nets, 800 000 000 $; ça, c'est le
total des plus et des moins, en moyenne. On a emprunté, on a
été à la banque, comme dit l'autre, pour 800 000 000 $.
Les besoins financiers nets, ça a été ça. Mais
ça, c'est la résultante des plus et des moins pendant toute
l'année, journalièrement, quotidiennement. C'est ça que
ça donne. Je ne suis pas facétieux en disant: Quelle date vous
voulez? Si vous voulez que nos gens le fassent, je vous annonce que je vais
invoquer un autre article du règlement qui veut que quand vous posez des
questions à l'Assemblée nationale auxquelles il est impossible
d'avoir une réponse, sauf après des recherches extraordinaires,
on vous demande une note au feuilleton et quand on va avoir le temps et que nos
gens vont avoir du temps à consacrer à un ouvrage de
bénédictin comme celui-là, on va leur demander de
commencer peut-être à le faire. Mais ça ne m'apparaît
pas d'une urgence extrême d'indiquer de quoi il s'agit tous les jours et
de savoir, de jour en jour, combien du Canada, combien de Québec et
combien d'autres obligations on avait, mais; je vous dis qu'il y a à peu
près 800 000 000 $ par année, au net, en déficit, donc en
emprunt qu'on réalise. Ça varie entre 1 000 000 000 $ en dessous
de la ligne et 2 000 000 000 $ au-dessus de la ligne; même là,
ça ne se vérifie pas tout le temps.
M. Bourdon: M. le Président, je formule ma question, elle
est la même: Est-ce que te ministre peut nous donner une ventilation de
la partie des titres qui ont été achetés, soit des titres
garantis par le gouvernement du Canada, du Québec, d'une autre province
canadienne ou par dépôt auprès des institutions
financières approuvées par le gouvernement? Il s'agit là
d'avoir des moyennes. Il y a des institutions financières, je pense
à des sociétés d'assurances, entre autres, et d'autres qui
établissent des tableaux qui donnent une idée dans quels
véhicules ils font leurs placements, et ils ont des encaisses
considérables.
Par ailleurs, je voudrais revenir sur le document que le Conseil
scolaire de l'île de Montréal nous a procuré sur la loi qui
est devant nous. Dans le document, le Conseil dit: "Dans le domaine des
emprunts à long terme, le Conseil a pris les moyens suivants pour
effectuer ses emprunts dans les meilleures conditions possible. il a
recruté du personnel spécialisé dans la gestion des
passifs pour établir ses interventions en tant qu'emprunteur sur des
bases solides et bien structurées. Il s'est doté d'un budget de
caisse et d'un calendrier des échéances pour bien planifier ses
besoins compte tenu des contraintes administratives et légales et des
disponibilités du marché. Il a formé un syndicat financier
pour lui permettre d'atteindre le marché le plus vaste possible et des
cibles bien précises au niveau de la distribution de ses
émissions d'obligations. Ce syndicat a été
régulièrement mis à jour en fonction de la performance des
firmes de courtage sur le marché obligataire et des rapports de
distribution des emprunts précédents du Conseil. "
Par la suite, le Conseil évoque ses relations avec les
intervenants sur le marché: "Le Conseil a toujours entretenu des
relations soutenues avec tous les principaux courtiers présents sur la
scène financière montréalaise. Pour mieux se faire
connaître et augmenter la diffusion de ses titres, il a aussi
participé dans le passé à des tournées de promotion
auprès des investisseurs potentiels à l'extérieur du
Québec, aussi bien au Canada qu'à l'étranger. Il
entretient depuis, avec certains investisseurs étrangers, une
correspondance promotionnelle. "Le Conseil a donc su, au cours des
années, mériter le respect des principaux intervenants sur les
marchés financiers. À titre d'exemple de cette estime, nous
joignons à l'annexe 2 une lettre d'appui qui a été
rédigée par les gérants du syndicat financier du Conseil
au moment où son existence était menacée par le projet de
loi 40 qui voulait modifier les structures scolaires. " Le Conseil continue en
parlant de son expérience: "Le Conseil agit dans le domaine des emprunts
à long terme depuis près de 17 ans. Il a emprunté
principalement par la voie d'émissions publiques canadiennes, mais il a
aussi eu recours à l'occasion aux marchés étrangers et
à des placements privés. "
Les résultats obtenus. Le Conseil ajoute: "Lorsqu'on examine les
résultats obtenus par le Conseil à l'occasion de ses cinq
dernières émissions d'obligations, on constate que l'écart
de rendement par rapport aux émissions de la province n'est pas
tellement significatif. Le Conseil scolaire a donc mis en place au cours des
années une organisation bien structurée et bien rodée qui
lui a permis d'obtenir tous les fonds nécessaires à son
financement à court et à
long terme et ce, à des taux très compétitifs.
L'excellence de ce rendement repose sur la qualité des interventions du
Conseil, sur la fréquence et le volume de ses transactions et, surtout,
sur ses possibilités d'avenir."
Et là, le Conseil nous parle du projet de loi dont le ministre
nous dit qu'il va guérir à peu près tous les maux dont
sont affligés tous les organismes. Et le Conseil scolaire de l'île
de Montréal dit: "Le projet de loi 2, en instituant un fonds de
financement, ne menace pas l'existence du Conseil en tant qu'emprunteur, mais
rend sa présence sur les marchés financiers plus
alléatoire, la limitant aux périodes de pénurie du fonds
de financement provincial. On comprendra dans ces circonstances que le Conseil
ne pourra plus bénéficier des avantages acquis dans les
marchés financiers. Si la fréquence de ses emprunts diminue
sensiblement, il sera oublié des courtiers et des prêteurs, perdra
son expertise, sera incapable de planification quant aux moments et aux niveaux
de ses emprunts, bref, sera désavantagé lorsqu'il aura à
emprunter à nouveau."
Et le Conseil scolaire poursuit en faisant la liste des avantages
à exclure le Conseil scolaire des organismes visés par le projet
de loi 2. Et le Conseil d'expliquer: "La structure mise sur pied par le Conseil
scolaire pour effectuer ses emprunts à long terme sur les marchés
financiers devrait être maintenue. Les principaux avantages qui militent
en faveur du maintien de cette structure sont les suivants: Le Conseil scolaire
de l'île de Montréal a une excellente réputation à
titre d'emprunteur sur les marchés domestiques et étrangers.
Cette réputation, si elle est maintenue, pourrait être fort utile
si le fonds de financement sature son marché avant d'avoir pu satisfaire
les besoins financiers de tous les organismes visés dans ce projet de
loi. "Deuxièmement, le Conseil scolaire jouit de cotes de crédit
qui rendent ses titres plus attrayants pour les investisseurs institutionnels.
Il offre aux gestionnaires de portefeuilles un choix qui leur permet de
diversifier leur placement. "Troisièmement, les émissions
d'obligations du Conseil ont toujours été distribuées en
partie à l'extérieur de la province. Elles sont
appréciées des investisseurs institutionnels ontariens qui
cherchent un titre original du même type que ceux émis par les
conseils scolaires de cette province. "Quatrièmement, le Conseil s'est
constitué un marché qui lui est propre, qui atteint des
investisseurs qui recherchent ce genre de produits et qui ne sont pas
nécessairement prêts à lui substituer des titres de la
province. "Cinquièmement, le Conseil, comme on l'a vu plus tôt,
est aussi très actif dans le financement à court terme. Sa
présence sur le marché monétaire bénéficie
des retombées de son activité sur le marché des
obligations puisque ces deux marchés sont complémentaires.
L'absence du Conseil des marchés à long terme diminuera sa
visibilité et affectera sans doute la circulation de son papier
commercial."
En conclusion, le Conseil scolaire dit qu'il "devrait être exclu
des organismes visés au deuxième et au sixième paragraphe
de l'article 696, ajoutés à la Loi sur l'administration
financière par l'article 5 du projet de loi 2. Le ton du projet de loi
fait montre d'une certaine prudence quant aux possibilités du fonds de
financement de fournir, sur une base continue, les disponibilités
financières nécessaires pour combler les besoins des organismes
visés. En contrepartie, l'absence du Conseil des marchés
financiers déstabilisera le pouvoir d'emprunt qui lui a
été confié par la Loi sur l'instruction publique et
privera la province de Québec d'une source additionnelle de fonds,
obtenus à des taux très compétitifs."
Et à cet égard, M. le Président, je pense qu'il
serait important de lire l'annexe où on fait état des emprunts du
Conseil depuis 1979-1980. "En 1979-1980, il y a eu des emprunts de 38 000 000
$, à un taux moyen sur le marché monétaire de 13,10 %,
alors que le taux préférentiel moyen des banques était de
14,36 %, ce qui a fait réaliser au Conseil des économies de 528
000 $. En 1980-1981, pour des emprunts moyens de 36 000 000 $, le taux moyen
sur le marché monétaire était à 12,92 %, le taux
préférentiel moyen des banques à 16,14 %, soit un
écart favorable, encore, de 3,22 %, qui a permis au Conseil de
réaliser, par rapport au taux préférentiel des banques,
une économie de 826 000 $. En 1881-1982, on a réalisé des
emprunts de 38 000 000 $, à un taux moyen sur le marché
monétaire qui était de 16,63 %, alors que le taux
préférentiel moyen des banques était de 18,48 %."
C'était des années de taux d'intérêt très
considérables, et ça n'avantageait pas le gouvernement qui se
trouvait là à ce moment-là. "L'écart favorable pour
le Conseil a été de 1,85 %, ce qui lui a permis de
réaliser une économie de 491 000 $. En 1982-1983, on se retrouve
avec des emprunts de 94 000 000 $, qui se situaient dans un marché
où le taux moyen sur le marché monétaire était de
11,80 %, le taux préférentiel moyen des banques était de
13,24 %, ce qui a donné au Conseil un écart favorable de 1,44 %,
lui permettant de réaliser une économie de 932 000 $ - je vois,
M. le Président, que le ministre suit - en 1984-1985, pour des besoins
d'emprunt de 103 000 000 $, le taux moyen sur le marché monétaire
se situait à 11,20 %, le taux préférentiel moyen des
banques était à 11,87 %, ce qui a donné au Conseil un
écart favorable de 0,67 % et une économie de 710 000 $. En
1985-1986, pour des emprunts de 109 000 000 $, le Conseil a eu un taux moyen
sur le marché monétaire de 9,49 %, alors que le taux
préférentiel moyen des banques était de 10,76 %, lui
donnant un écart favorable de 1,27 %, pour une
économie de 1 233 000 $.
M. Johnson: 1 233 000 $.
(23 h 15)
M. Bourdon: En 1986-1987, pour des emprunts de 175 000 000 $, le
taux moyen sur le marché monétaire a été de 8, 18
%, alors que le taux préférentiel moyen des banques était
de 9, 52 %, donnant au Conseil, encore une fois, un écart favorable de
1, 34 %, lui permettant de réaliser une économie de 2 297 000 $.
En 1987-1988, pour des emprunts de 178 800 000 $, le taux moyen sur te
marché monétaire a été de 8, 87 %, le taux
préférentiel moyen des banques a été de 9, 94 %,
donnant au Conseil un écart favorable, encore et toujours, de 1, 07 %,
pour une économie totale de 1 904 000 $. Enfin, en 1988-1989, pour des
emprunts de 190 000 000 $, le taux moyen sur le marché monétaire
a été de 11, 06 %, alors que le taux préférentiel
moyen des banques était de 12, 24 %, avec un écart favorable,
pour la dixième année, pour le Conseil, de 1, 18 % et une
économie de 2 389 000 $. " Voilà, M. le Président, des
chiffres qui parlent par eux-mêmes et qui viennent étayer, je
pense, d'une façon très convaincante les arguments du Conseil
scolaire de I'île de Montréal, qui existait et faisait des
emprunts sur les marchés bien avant que le président du Conseil
du trésor remplace le ministre des Finances.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: C'est tout, M. le Président.
Une voix: Est-ce qu'il y a consentement pour qu'il continue, il
reste encore cinq minutes.
M. Bourdon: Non, c'est correct.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président. Malgré tous les
chiffres qui ont été répétés, lus, par le
député de Pointe-aux-Trembles, je n'en signale pas moins que
l'annexe 4, d'une part, et nos constatations, d'autre part, démontrent
que le Conseil scolaire de l'île de Montréal emprunte, en moyenne,
à près de 40 points de base au-dessus du taux auquel nous pouvons
nous procurer des fonds sur les mêmes marchés. Il est entendu
qu'on pourra toujours en vendre beaucoup plus et facilement, par exemple, en
Ontario ou ailleurs. Si on a un titre comparable aux Ontario School Boards
qu'on est 40 points de base au-dessus de Québec, probablement 60, 70
au-dessus de l'Ontario, 100 au-dessus du Canada - peut-être que
j'exagère, là, ça dépend des moments.. Mais, dans
les pires moments, ça peut être de cet ordre de grandeur, mais,
autrement, de toute façon, ce qui est pertinent ici - je vais me ramener
moi-même à la per- tinence - c'est 38, 40 points de base de
différence avec le Québec, les taux auxquels on peut aller sur le
marché, le même jour, pour les mêmes montants, pour les
mêmes échéances, etc. Et ça, on n'invente pas
ça. C'est affiché partout, dans tous les bureaux de courtage,
etc. On sait combien ça coûte pour aller chercher des fonds, nous,
là, tous les jours. Et on sait combien ça coûte pour les
organismes qui sont visés, y compris le Conseil scolaire, les organismes
qui sont visés comme étant des bénéficiaires
éventuels, s'ils le désirent, du fonds de financement
regroupé. Alors, on sait qu'on est moins cher que tous ces organismes,
sauf exception, une fois sur 1000, comme je l'ai souligné.
Alors, je ne sais pas qu'est-ce que le député a
démontré, sinon qu'il savait lire des chiffres et qu'il savait
les comprendre. Démonstration qui n'est pas négligeable. Sauf
qu'il ne prouve rien d'autre que les écarts très précis
qui existent entre le Québec et le Conseil scolaire de l'île de
Montréal et que les écarts sont favorables pour le Québec,
par opposition au Conseil scolaire de l'île de Montréal. Je ne
peux pas voir ce que le député de Pointe-aux-Trembles essayait de
prouver. Mais j'ai écouté attentivement la lettre que j'ai
moi-même lue, de toute façon, qui vient du bureau du
président du Conseil scolaire de l'île de Montréal, qui
nous fait l'honneur de sa présence, d'ailleurs, dans cette salle, avec
qui j'ai eu l'occasion de m'entretenir.
Je répète que c'est un service qui est offert sur une base
volontaire, d'adhésion volontaire à ce système. Si,
d'aventure, nous étions en mesure d'offrir des taux si attrayants que
les gens vont se précipiter chez nous, alors il y aura des Québec
et des garanties Québec. Ce serait des obligations presque
génériques au Québec, qui regrouperaient tous ces
gens-là, d'une même ampleur que ce qu'on observe sur le
marché. Alors je ne vois pas la déstabilisation, sauf si on la
personnalise pour chaque organisme qui dit: Bien, disons, si j'ai recours
à vos services de financement regroupés, je vais m'absenter du
marché; si je veux revenir sur le marché pour quelque raison que
ce soit, parce que vous choisissez, comme j'en discutais avec le
député de Gouin, théoriquement, d'offrir le service en
priorité à des gens qui sont plus dispendieux, entre guillemets,
que nous, le Conseil scolaire de l'île de Montréal, je retourne
sur le marché, et là les gens ne me connaissent plus.
Juste un petit retour historique. De 1983 à 1987, le Conseil
scolaire de l'île de Montréal n'a pas emprunté à
long terme au Canada, nulle part. Beaucoup de court terme, un petit peu
d'emprunts à l'étranger peut-être, mais il a
été absent du marché, ici, essentiellement et, lorsqu'il a
repris sa place sur le marché, c'était à peu près,
selon ce qu'on m'indique, aux mêmes conditions que trois ans auparavant.
Alors, il ne faut pas dramatiser ces choses là.
II faut juste, de toute façon - j'y reviens
là - avoir à l'esprit que c'est volontaire cette
adhésion au système, qu'on est confiants, nous, qu'on offre un
excellent service à des prix imbattables, défiant toute
concurrence. Alors, c'est là. C'est là pour ceux qui veulent s'en
prévaloir. Alors il n'est pas question vraiment de commencer à
exclure de la loi des organismes avec l'effet suivant de les empêcher de
pouvoir recourir à ce service d'emprunt à des taux moindres que
ceux qu'ils peuvent obtenir aujourd'hui. Je veux qu'on m'explique l'avantage
qu'il y a dans la loi à empêcher un emprunteur potentiel
d'emprunter moins cher auprès de nous qu'il ne le peut dans le
marché ouvert et public auquel il a déjà accès de
toute façon. Alors je ne comprends pas pourquoi on s'acharne à
vouloir exclure différents organismes de la loi, alors qu'on met de
l'avant un projet de loi habilitant le ministre des Finances à traiter
à même le fonds de financement regroupé les demandes
d'emprunt qui lui viendront de ceux qui veulent bien lui en amener. Il n'y a
pas d'obligation là-dedans.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Johnson: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 1?
Une voix: L'article 1 est adopté. M. Claveau:
Non...
Le Président (M. Lemieux): non. il n'est pas
adopté, i article 1. alors, m. le député d'ungava, je ne
vous avais pas vu. m. le député d'ungava, la parole est à
vous.
M. Claveau: II n'y a pas d'autre intervention des
collègues du ministre?
Le Président (M. Lemieux): Non, il n'y a pas d'autre
intervention.
M. Claveau: Ah! J'aurais aimé que l'on puisse continuer
dans le...
Le Président (M. Lemieux): II y en a eu deux tout à
l'heure. Il y a eu Mme la députée de Bleau et M. le
député de Saint-Louis.
M. Johnson: De Groulx.
Le Président (M. Lemieux): De Bleau... De Groulx,
pardon.
M. Claveau: oh non! parce que...
Le Président (M. Lemieux): Quelle heure est-il? 23 h 20.
Oui, ça va.
M. Claveau: On n'est pas prêts de voir un comté
à son nom, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Peut-être! Des voix:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Peut-être, M. le
député d'Ungava. Sait-on jamais?
M. Claveau: Non, mais je trouverais ça intéressant
d'avoir, à l'occasion, l'opinion des collègues, bien qu'ils
semblent facilement convaincantes dans certains cas. Il n'en reste pas moins
qu'à la lumière de nos interventions probablement qu'ils vont
avoir l'opportunité de modifier quelque peu leur point de vue parce que,
quoi qu'on en dise, tout n'est pas clair dans ce projet de loi, voyez-vous.
M. Poulin: M. le Président... Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Poulin: ...je voudrais juste rappeler au député
d'Ungava qu'on n'a pas tous présentement parlé sur le projet de
loi, mais que, si le député d'Ungava avait parlé,
probablement, avant le député de Labelle, j'aurais pris la
parole, mais maintenant qu'il a la parole...
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député de Chauveau.
M. Poulin: L'article 32, non?
Le Président (M. Lemieux): ce n'est pas une question de
règlement, m. le député de chauveau.
Une voix: 68 et 84.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député d'Ungava, la parole est à vous maintenant.
M. Claveau: On veut bien écouter le député
s'il a quelque chose à dire mais, enfin, ce n'est pas très
pertinent par rapport au débat. Toujours est-il que, depuis quand
même déjà au-dessus de trois heures, j'écoute, d'une
façon très attentive, tout ce qui se dit en cette commission
parlementaire et je reste avec un certain doute, vous comprendrez,
concernant...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: ...l'article...
M. Léonard: comme la députée de groulx.
M. Claveau: Effectivement. La députée de Groulx,
d'ailleurs, avait exprimé quelque doute et elle a semblé
être facilement rassasiée par les
réponses que le ministre lui a faites, mais, moi, je demeure
quand même un peu plus critique, si vous me permettez, et je vais essayer
d'aller un peu plus loin dans toute la dynamique de ce projet de loi
là.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Claveau: Au-delà.. Une
voix: Tu es capable.
M. Claveau: M. le Président, on va reconnaître mon
droit de parole, oui?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M le député
d'Ungava.
M. Claveau: Bon, voilà!
Le Président (M. Lemieux): La parole est à
vous.
M. Claveau: Donc, M. le Président, il me semble qu'il y a
anguille sous roche et je m'explique.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: D'abord... On essaie de me distraire, hein, c'est le
moins qu'on puisse dire, on essaie de me faire perdre le fil de mes
idées, mais ils ne réussiront pas, M. le Président, je
vous le promets.
M. Chagnon: Parlez-nous de la roche.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Saint-Louis, la parole est à M. le
député d'Ungava.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: D'abord, au premier paragraphe de l'article 1, bon,
c'est bien évident, il s'adresse aux placements à court terme qui
sont faits à partir du fonds consolidé du Québec. On a
parlé de toutes sortes de choses...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Ha, ha!... On a parlé de toutes sortes de
choses, M. le Président. Le ministre a essayé de nous expliquer
comment il pouvait y avoir un guichet unique pour aller., ça, on le
verra plus tard dans le projet de loi. Pour le moment, on parle du
problème du fonds consolidé et des placements qui sont faits
à partir de cet argent qui est disponible pendant quelque temps.
D'ailleurs, la question du député de Pointe-aux-Trembles reste
tout à fait pertinente dans la mesure où, si le gouvernement sait
où il s'en va, il doit connaître, pour le moins la
quantité, le montant des intérêts qu'il comptabilise
à la fin de l'année, qui sont en provenance de cet
argent-là qui a été placé dans différents
organismes, dans différents titres et obligations, ce qui fait que,
lorsqu'il nous dit. Écoutez, on n'est pas capables de faire le
décompte de tout ça, il faudrait avoir la date, l'heure
précise, moi, je reste un petit peu sceptique, vous permettez, parce que
cet argent-là qui émane des intérêts perçus
par ces placements, quelle qu'en soit la durée, doivent être
comptabilisés quelque part, à moins que le ministre nous dise: On
n'a pas de comptabilité puis on attend de voir à la fin de
l'année pour voir comment ça balance.
Par exemple, dans le cas d'Hydro-Québec, on parle d'un taux de
couverture des intérêts supérieur à un. Dans le cas
présent, je ne pense pas que les intérêts que le
gouvernement retire de ces placements-là couvrent complètement
les intérêts qu'il paie dans ses emprunts, mais il reste qu'il y a
quand même de l'argent, quelque part, qui rentre de ces
placements-là et qui a été payé par certaines
corporations, des groupes qui ont acheté, qui ont utilisé ces
sommes d'argent, sous forme de titre de toutes sortes. Alors, on doit
être capables de le comptabiliser et, si les ordinateurs du gouvernement
ne sont pas assez puissants pour le faire, eh bien, là, on devra se
poser des questions, parce qu'on voit passer dans les engagements financiers,
année après année, un certain nombre de dépenses
qui sont liées à l'achat de systèmes informatiques, qui
permettent de présupposer que le gouvernement a suffisamment
d'équipements pour savoir où est placé son argent, comment
ça rapporte et qui paie, finalement, les intérêts sur
l'argent qui est placé Alors, quand le ministre nous dit Le
député de Pointe-aux-Trembles est dans les patates, il n'y a pas
moyen de le savoir, il faudrait avoir des heures, des dates, etc., moi, je
continue à croire que c'est parce qu'on refuse de nous informer, tout
simplement
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: C'est une partie de l'anguille, M. le
député de Saint-Louis. La grosse partie de l'anguille, elle vient
maintenant...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: ...dans la mesure...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Non, mais je dis ça au député de
Saint-Louis qui connaît bien les poissons, n'est-ce pas, c'est un amateur
de pêche, alors... Le problème, c'est qu'on est en train de lui en
passer un gros, au moment où l'on se parle, mais il ne s'en rend
même pas compte, mais on va lui expliquer où se cache le
poisson
D'abord, il y a quand même un certain nombre de choses qui sont
assez... Moi, ce que je retiens des interventions, depuis quelques
années, du ministre-président du Conseil du trésor c'est
que, lorsqu'il bouge sur quelque chose, il y a toujours un intérêt
quelque part ailleurs. Il n'y a rien qui se fait d'une façon
bénévole, volontaire ou uniquement pour le plaisir de le
faire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: C'est à l'intérieur d'une dynamique
globale du gouvernement qui sait vers où il s'en va ou, du moins, qui
prétend le savoir ou qui a une vision à lui, là, comme
gouvernement, de fonctionner mais c'est toujours un an, deux ans ou trois ans
plus tard que l'on connaît la véritable intention qu'il y avait au
départ. Et ça, on a pu le voir ou le vérifier au cours des
années dans les dynamiques de négociation de conventions
collectives ou au niveau de la prolongation de certains décrets, au
niveau de la privatisation de certaines entreprises d'État, depuis 1985.
Donc, il y avait toujours quelque chose quelque part et l'on finit par voir,
après deux ou trois ans, le véritable lien. (23 h 30) moi, il y a
une chose qui me préoccupe dans le fait 'que le projet de loi arrive
maintenant sur la table et que le ministre semble être très
pressé de l'adopter, et sans trop tarder. d'abord, avec tous les fonds
périmés, tous les crédits périmés qu'on a
eus dans certains ministères au cours des derniers exercices financiers,
il est probable qu'au fonds consolidé on ait plus d'argent de disponible
qu'on en avait antérieurement. ça finit même par être
un peu rigolo à la limite si on regarde ça. on a eu quelques
dizaines de millions de dollars de crédits périmés, par
exemple, dans tout ce qui s'appelle formation professionnelle. le ministre du
travail ou de la main-d'oeuvre nous disait. on n'a pas pu tout dépenser,
que voulez-vous, il nous reste de l'argent périmé. alors, cet
argent périmé, ces crédits périmés
retournent au fonds consolidé pour, après ça, être
reprêtés, capital et intérêt, à des
institutions publiques qui font de l'enseignement. c'est quand même un
peu spécial. on aurait probablement mieux fait d'injecter directement
ces crédits-là dans la machine tels qu'ils étaient
prévus en début d'exercice plutôt que de se servir de cet
argent-là qui va revenir pendant quelques jours dans la machine puis,
après ça, aller financer, aller faire des prêts à
des institutions d'enseignement. je comprends que le ministre peut être
trouve ça drôle. c'est probablement parce que la dynamique globale
lui a échappé.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Mais on est là pour lui rappeler les faits,
à l'occasion, lorsqu'il en échappe des bouts, probablement. et il
va voir finalement que globalement, dans l'ensemble du fonctionnement de tout
ça, ce que l'on dit est probablement beaucoup plus vrai que ce qu'il
prétend ou ce qu'il voudrait que ce soit. on en a discuté
déjà, des projets de loi, vous savez, où on disait
à des ministres... regardez, par exemple, dans la question des
forêts, où on disait au ministre délégué aux
forêts: faites attention à ce que vous faites-là, ça
va avoir tel impact dans deux ans ou dans trois ans. il riait de nous autres
carrément: ah, l'opposition est alarmiste, l'opposition n'a rien
compris, l'opposition dramatise tout. sauf que, depuis 1987, on est revenus
à toutes les sessions avec des projets de loi amendant la loi sur les
forêts qui avait été proposée par le même
ministre. donc, dans le fond, dans ce contexte-là, le ministre aurait
peut-être intérêt à prendre moins à la
légère ce qu'on a à lui dire concernant les impacts et ce
qui va se passer réellement dans le fonctionnement quotidien,
l'application quotidienne du projet de loi qu'on a sur la table, entre autres,
l'article 1, d'une façon très précise, ce paragraphe
où on parle de l'argent qui est investi par le fonds consolidé
pour des périodes de court terme. d'abord, il y a une chose, moi, qui me
surprend un peu dans tout ça. pourquoi, au moment où on se parle,
on sent la nécessité de modifier l'article 36 de la loi sur
l'administration financière pour introduire le financement ou la
possibilité de prêter à court terme, à partir du
fonds consolidé, de l'argent aux commissions scolaires et aux
municipalités? ne serait-ce pas que le gouvernement envisage, à
cause de certaines politiques qu'il est en train de mettre en place, que les
municipalités et les commissions scolaires auront besoin de plus
d'argent et, donc, d'aller plus fréquemment sur le marché des
obligations? vous savez, en transférant des responsabilités aux
commissions scolaires et aux municipalités et en leur disant: vous allez
vous financer à partir du milieu par le biais de la taxe scolaire ou de
la taxe municipale, c'est bien évident que les municipalités ne
seront pas capables de trouver là, comme ça, très
rapidement, l'argent qui va être nécessaire pour faire face
à ces nouvelles obligations que le gouvernement leur impose. comment
voulez-vous, par exemple, qu'une commission scolaire, à qui on va dire
demain matin: si tu veux améliorer les écoles, si tu veux
améliorer un laboratoire, si tu veux bâtir un gymnase, trouve
l'argent sur place, dans le milieu, tu n'as qu'à taxer plus les
contribuables... en gros, c'est ça le discours du ministre de
l'éducation. là, ça veut dire que probablement, le
lendemain matin, il va être difficile d'augmenter la taxe dans le milieu
pour faire en sorte d'aller chercher l'argent nécessaire pour
bâtir un gymnase ou pour agrandir une école ou pour
améliorer un laboratoire dans un cégep ou, dans une école
secondaire. et, à ce
moment-là, ça veut dire que ça va amener une
nouvelle pression sur l'ensemble des obligations qui vont apparaître sur
le marché pour financer ces choses-là, qui, jusqu'à
maintenant, étaient financées par le biais de transfert à
partir du compte courant du gouvernement, si vous voulez. Là, le
ministre voit donc une opportunité de faire une piastre à partir
de ça. Il se vire de bord et il dit: Ah, si on transfère
certaines responsabilités aux commissions scolaires, ça va
vouloir dire qu'il va falloir qu'elles viennent sur le marché pour
emprunter de l'argent, parce qu'elles ne trouveront pas immédiatement
dans le milieu l'argent nécessaire. Par contre, en ce qui nous concerne
comme gouvernement, ça va représenter moins de dépenses
pour nous, donc éventuellement un peu plus de liquidité
disponible à court terme au fonds consolidé. Donc, je vais en
profiter pour entrer là et aller chercher les intérêts de
ces prêts.
M. Johnson: Est-ce qu'on pourrait avoir les galées de
cette démonstration?
M. Claveau: Vous aurez tout le loisir de les consulter
après, M. le ministre. On me dit qu'il me reste encore sept minutes? La
même chose dans le domaine municipal. Quand le ministère des
Transports envisage de transférer aux municipalités un certain
nombre de responsabilités, par exemple dans le domaine de l'entretien
des routes, de la voirie, ça représente des frais pour les
municipalités que les municipalités ne seront pas capables
d'aller chercher directement, immédiatement, dans la taxation
foncière. À ce moment-là, il va falloir qu'elles aillent
sur le marché des obligations d'une façon beaucoup plus accrue
que ce que l'on connaît actuellement. Là, le ministre voit encore
une possibilité d'aller faire quelques piastres avec ça, en
prêtant de l'argent et en ramassant des intérêts à
partir de la taxe foncière. C'est comme ça qu'il s'oriente dans
l'ensemble de ce projet-là.
Lorsqu'on regarde la dynamique globale de tout ce qui se passe un peu
partout, on finit par se poser de sérieuses questions sur
l'intérêt qu'a le gouvernement, au moment où on se parle,
très précisément, à amender l'article 36 pour
permettre de pouvoir aller dans le marché des municipalités et
des commissions scolaires. Je pense que le questionnement reste entier et que
ça vaut la peine qu'on se le pose très sérieusement. Les
impacts à venir ne sont peut-être pas évidents pour tout le
monde au moment où on se parle, mais, si le président du Conseil
du trésor fait ça, il ne le fait pas sans raison. Il a une autre
idée derrière la tête. Le président du Conseil du
trésor et ministre responsable du Conseil du trésor a beaucoup de
préoccupations quant aux équilibres financiers et à ses
colonnes de chiffres. Ça on a pu le voir continuellement depuis quelques
années. Il est beaucoup plus Intéressé par les
résultats comptables de son administration que par l'impact que ces
résultats-là ont sur le terrain. or, s'il fait un "move" dans le
sens dont il parle actuellement aujourd'hui, le passé étant
garant de l'avenir, c'est parce qu'il voit une chance de faire une piastre avec
ça. et il s'agira de savoir à quelle place il envisage de faire
la piastre d'où les questions de mes collègues là-dessus,
ce qui reste très pertinent.
En ce qui me concerne, en terminant, M. le Président, je me sens
obligé de déposer un amendement L'amendement, M le
Président, se lit comme suit...
Le Président (M. Lemieux): Allons-y. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Johnson: C'est une anguille ou un amendement?
M. Claveau: C'est très facile à comprendre et on
aura l'occasion de vous expliquer pourquoi par après C'est très
facile à comprendre. C'est, dans la première ligne du paragraphe
qui suit le chiffre 36, le mot "peut" doit être remplacé par le
mot "doit". Ce qui fait que ce paragraphe se lirait comme suit: Le ministre
doit placer à court terme toute partie du fonds consolidé du
revenu qui n'est pas requise pour le paiement des dépenses. Quant aux
endroits où il devra le placer, on en parlera plus tard.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous me remettre
l'amendement écrit? Je vais juger de sa recevabilité. Parce que
j'ai peut-être quelques doutes. Est-ce que quelqu'un veut plaider sur la
recevabilité de l'amendement?
M. Claveau: êtes-vous convaincu de la recevabilité,
m. le président?
Le Président (M. Lemieux): Je vais lire l'article 197 et
suivants et je vais vous dire ça.
M. Claveau: S'il y a plaidoyer sur la recevabilité, il
m'appartient de commencer
M. Chagnon: Je suis prêt
M. Léonard: Est-ce qu'on peut suspendre cinq minutes pour
l'examiner?
Le Président (M. Lemieux): Non. Je pense que ce ne sera
pas..
M. Chagnon: M le Président
Le Président (M. Lemieux): Oui
M. Chagnon: si l'amendement était rece-vable, remarquez
qu'à l'article 69.6, puisqu'on se réfère à
l'article 69.6 dans l'alinéa b de l'article 1 de la loi... à
l'article 69.6, il faudrait lire aussi
que le ministre, non pas "peut", mais "doit", "à titre de
gestionnaire du fonds, accorder des prêts, aux conditions et
modalités qu'il détermine, aux organismes et fonds
spéciaux suivants..."
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava. Avez-vous terminé, M. le député de
Saint-Louis?
Une voix: Question de règlement. M. Claveau:
Allez-y, M. le député.
M. Chagnon: Je pense qu'on viendrait à ce moment-là
modifier l'esprit du projet de loi et, dans ce sens-là, il me semble que
l'amendement qui est proposé par le député d'Ungava
contrevient à l'article 244 de notre règlement.
M. Claveau: M. le Président.
M. Chagnon: Particulièrement à l'article 244, parce
que le dépôt de l'amendement doit se faire dans l'esprit
lui-même qui était recherché par le projet de loi. Or,
l'amendement proposé par le député d'Ungava contrevient
à l'esprit de l'article 1. Dans ce cas-là, il n'est pas
acceptable.
Une voix: Voyons donc!
M. Chagnon: Absolument. Il doit être rejeté.
M. Léonard: Ce n'est pas fort. Un peu plus d'explications,
parce que le président ne sera pas certainement pas convaincu.
M. Chagnon: Vous n'avez pas compris encore? J'essaie d'être
bref.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava.
Une voix: Sur la recevabilité, oui.
Le Président (M. Lemieux): Sur la recevabilité,
oui, M. le député d'Ungava. J'aimerais vous entendre
là-dessus.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Il s'agit là d'un
amendement qui ne modifie pas la substance fondamentale du projet de loi.
Lorsque l'on parie de ne pas modifier l'esprit d'un projet de loi, on doit
considérer le projet de loi globalement. L'amendement en question ne
change rien quant à l'extension des pouvoirs du gouvernement ou la
possibilité du gouvernement d'aller chercher des nouveaux
marchés. Il ne change rien quant aux implications globales du projet de
loi. Tout ce qu'il dit, c'est qu'au lieu de laisser un soupçon sur la
possibilité de placer les sommes d'argent disponibles on dit au
ministre: Vous avez l'obligation de placer l'argent à l'intérieur
d'un certain nombre de paramètres. De toute façon, les
paramètres sont déjà définis par le projet de loi.
Tout ce qu'on dit, c'est: Cernons la chose une fois pour toutes. Dans ce
sens-là, il n'y a pas de modification quant à l'essence et quant
à la volonté recherchée par le projet de loi qui est
d'élargir le cadre d'intervention du gouvernement dans des
capacités de placements.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député d'Ungava?
M. Johnson: M. le Président, sur la recevabilité,
j'invoquerais l'article 192.1.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez raison.
M. Johnson: Seul un ministre peut faire une motion qui engage les
fonds publics. L'obligation qui serait faite au ministre des Finances
d'investir des fonds publics de telle façon, y compris les sommes en
numéraire qui circulent et qui ne pourraient plus circuler, car elles
devraient, constituant le surplus du revenu consolidé, être
investies, c'est une mesure à caractère financier. Seul un
ministre, M. le Président, peut faire une telle motion.
M. Claveau: M. le Président, vous me permettez,
là-dessus.
M. Johnson: Point, à la ligne.
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous pouvez y aller
là-dessus.
M. Claveau: Oui, oui, on va y aller certain là-dessus,
parce que ce que le ministre est en train de nous dire, c'est que, dans le
fond, son projet de loi, on ne pourra pas l'amender d'aucune façon,
parce que tout amendement dans un projet de loi qui regarde les institutions
financières, l'administration financière, à tous les
articles, il y a quelque chose qui touche l'argent du gouvernement.
Une voix: Pas nécessairement. (23 h 45)
M. Johnson: m. le président, pour le
bénéfice du député d'ungava, on parle d'une mesure,
d'un amendement, d'un motion, donc, la sienne, qui emporte un effet financier.
la différence entre "peut" et "doit" dans le contexte où le
gouvernement serait obligé, en vertu de la loi, d'investir des fonds en
surplus emporte un effet financier. ce n'est pas la même chose que
changer les virgules de place, d'allonger la liste des organismes ou quoi que
ce soit.
Le Président (M. Lemieux): Oui, j'ai suf-
fisamment entendu de part et d'autre... Vous savez, M. le
député d'Ungava, dans un premier temps...
M. Claveau: M. le Président...
M. Boisclair: Je veux plaider sur la recevabilité.
Le Président (M. Lemieux): Non, s'il vous plaît! Je
suis prêt à rendre ma décision. Je suis prêt à
rendre ma décision là-dessus.
M. Boisclair: Mais ce n'est pas sur l'engagement des fonds
publics. Ce sont les placements de fonds publics.
Le Président (M. Lemieux): Je suis prêt à
rendre ma décision, M. le député de Gouin,
là-dessus. Et j'ai simplement ceci à vous dire. Vous pouvez, M.
le député d'Ungava, apporter d'autres amendements eu égard
à ce projet de loi là. Il n'y a rien qui vous y empêche.
Mais ça me semble très clair dans mon esprit que ça va
à rencontre de l'article 192. 1. Le "doit" en droit, et je vous invite
à lire Rédaction et interprétation des lois du juge
Pigeon, est impératif et engage nécessairement des fonds
publics.
M. Claveau: M. le Président.
M. Boisclair: On ne parle pas de fonds...
Le Président (M. Lemieux): Et vous pouvez...
M. Claveau: On parle de la façon de gérer ces
fonds-là. On ne parle pas de sommes. M. le Président,
l'amendement en question, ça, on voterait...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava, l'amendement est jugé irrecevable dans les circonstances et
je...
M. Claveau: On va en présenter un autre: "doit dans un
délai raisonnable. "
Le Président (M. Lemieux): Votre droit de parole
n'était pas terminé. Vous pouvez continuer, mais ma
décision est rendue là-dessus et l'amendement est jugé
irrecevable.
M. Boisclair: Question de règlement. Est-ce que vous
pourrez nous donner une indication, M. le Président, si on veut en
appeler de cette décision, qu'elle est la procédure à
suivre?
Le Président (M. Lemieux): d'après 41 c'est final
et sans appel. et voici, je vais vous lire, m. le député de
gouin, pour votre propre bénéfice. "le président se
prononce sur les rappels au règlement au moment où il le juge
opportun, en indiquant le motif de sa décision. Il peut aussi choisir de
soumettre la question à l'Assemblée. La décision du
Président ou de l'Assemblée ne peut être discutée".
Alors, ma décision est finale et sans appel L'amendement est jugé
irrecevable. La justification est l'article 192, premier paragraphe.
M. Bourdon: M. le Président, j'aurais besoin d'une
directive Voulez-vous me dire comment le terme "doit" faire un placement qui va
rapporter, ça constituerait un engagement financier.
Le Président (M. Lemieux): Je vous l'ai expliqué
tout à l'heure Le "doit" pour le "peut". Peut et dort, c'est..
M. Bourdon: Oui. Il doit placer l'argent pour qu'il rapporte.
Alors, ça ne lui en fera pas dépenser s'il n'en a pas.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, je vous invite à lire l'article 192, 1°.
Ça me semble très clair. La décision est rendue et sans
appel C'est irrecevable. Et M. le député d'Ungava, vous avez
toujours la parole si vous avez d'autres amendements à proposer. M. le
député d'Ungava, vous pouvez continuer.
M. Claveau: M. le Président, je vais déposer un
autre amendement.
Le Président (M. Lemieux): Je m'en doutais' M.
Claveau:... qui se lit comme suit...
Le Président (M. Lemieux): C'est votre droit.
M. Claveau: On remplace le mot "peut" par "doit dans un
délai raisonnable".
Le Président (M. Lemieux): C'est la même nature.
M. Claveau: Non, ce n'est pas la même nature, M. le
Président. Vous permettez...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Claveau: Parce que, là, on rajoute à
l'obligation de faire un délai qui permet de fonctionner. On ne dit pas
"doit" nécessairement le lendemain matin Ce qu'on dit, par contre, ce
que l'on suppose... De toute façon, ce n'est pas une obligation
formelle. Si le ministre juge qu'une semaine, c'est un délai raisonnable
ou si, pour une raison ou une autre, il y a certains fonds qu'il garde pendant
plus longtemps, parce qu'il trouve qu'il n'a pas le délai suffisant pour
l'investir.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Sur la recevabilité. M. Claveau:
C'est sur la recevabilité.
M. Johnson: M. le Président, c'est pour le même
motif, 192.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous m'en donner une
copie écrite?
M. Johnson: ...M. le Président, j'invoque...
M. Claveau: Écoutez, M. le Président...
M. Johnson: j'invoque tout de suite l'article applicable et le
président a à disposer s'il s'agit oui ou non d'une mesure que
seul le ministre peut...
M. Claveau: Vous pouvez invoquer l'article que vous voulez. Le
président m'a donné l'opportunité de plaider sur la
recevabilité...
M. Johnson: Bien, voyons!
M. Claveau: Et, jusqu'à maintenant, il n'y a personne qui
m'a dit... Il ne m'a jamais coupé la parole là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Non, plaidez sur la
recevabilité. C'est un nouvel amendement. Allez-y.
Une voix: Un nouvel amendement! M. Claveau: Oui. Une
voix: Oui.
M. Claveau: C'est moi qui le présente. Dans ce
sens-là, on dit que puisqu'on établit des critères... On
se sert d'un projet de loi où on amène un nouveau champ
d'intervention, on délimite d'une façon différente le
jardin dans lequel le gouvernement va pouvoir puiser pour effectuer des
prêts à des prêteurs intéressés. À ce
moment-là, on lui dit: O.K. Vous devez le faire, donc, à
l'intérieur du cadre du jardin que vous vous donnez, mais on vous laisse
la possibilité du délai raisonnable qui sera à la
discrétion du ministre. Et il me semble qu'à ce moment-là
l'amendement en question serait beaucoup plus clair et il n'a en ce
sens-là rien d'irrecevable dans la mesure où il ne contredit
d'aucune façon l'intention encore, comme je le disais tout à
l'heure, de définir un nouveau champ d'intervention pour investir
l'argent qui est disponible temporairement, en surplus, à partir du
fonds consolidé.
M. Johnson: M. le Président, je voudrais intervenir sur la
motion.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre, sur la
motion.
M. Johnson: je dirais simplement que le député de
l'assomption aurait honte de voir que son groupe parlementaire suggère
des choses semblables. c'est une mesure qui ne peut être
suggérée que par un ministre. qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise? il y a des implications financières.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Oui, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: m. le président, je pense que c'est de
la nature même de la loi sur l'administration financière que les
fonds du gouvernement soient bien gérés, et qu'on inscrive le mot
"doit", cela va de soi que ça devrait être cela. maintenant, comme
nous ajoutons l'expression "dans un délai raisonnable", il ne s'agit pas
d'une obligation formelle. donc, c'est recevable parce que si on mettait "doit"
tout simplement - je pense que vous avez rendu votre décision -
ça pouvait comporter une obligation malgré qu'il s'agissait de
placement de fonds et non d'engagement de dépenses. je crois qu'en
l'occurrence, lorsque l'on dit que le ministre doit, dans un délai
raisonnable, placer des fonds, etc., placer à court terme toute partie
des fonds, c'est de la nature ou de l'esprit même de la loi sur
l'administration financière qui veut que le ministre prenne toutes les
dispositions qu'il doit prendre pour bien gérer, en bon père de
famille, les fonds dont il dispose dans le fonds consolidé du
québec. moi, je pense que là c'est très différent
de tout à l'heure. si on le prend dans ce sens-là, qu'un "doit"
tout court constitue une obligation formelle, mais un "doit" assorti de
l'expression "dans un délai raisonnable", là, c'est dans un
contexte où le ministre des finances a discrétion pour juger de
la raisonnabilité. donc, il peut en juger comme un bon père de
famille, comme un bon gestionnaire des fonds publics. donc, ça lui donne
une discrétion. ce n'est pas une obligation formelle,
instantanée, absolue, ce qu'on ne voulait pas indiquer non plus, tout
à l'heure, parce qu'il s'agissait de placement de fonds. alors, moi, m.
le président, je pense qu'il faut en revenir au sens même de
l'amendement avec l'article te) qu'il est écrit. il se lirait comme
suit: le ministre doit, dans un délai raisonnable, placer à court
terme toute partie du fonds consolidé du revenu qui n'est pas requise
pour le paiement des dépenses.
M. Johnson: Pourquoi on le laisse plaider?
M. Léonard: Je pense que c'est de l'esprit de la Loi sur
l'administration financière.
M. Boisclair: Question de règlement.
M. Léonard: Je fais appel à votre sens de juriste,
en l'occurrence, et il me semble que ça va de soi.
M. Johnson: M. le Président...
M. Boisclair. Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, s'il vous
plaît! M. le ministre, M. le député de Gouin, sur le
règlement.
M. Johnson: Chacun son tour.
M. Claveau: il y a une question de règlement, il n'est pas
question de tour là-dedans.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Alors, question de
règlement. Quel article du règlement?
M- Boisclair: Je voudrais tout simplement qu'on puisse avoir
l'amendement.
Le Président (M. Lemieux): Quel article du
règlement?
M. Boisclair: Je voudrais tout simplement qu'on puisse avoir
copie de l'amendement.
M. Johnson: Demandez à votre voisin.
Le Président (M. Lemieux): Mais on vient de me la
remettre. Alors, M. le secrétaire.
M. Boisclair: Est-ce qu'on pourrait l'avoir pour qu'on puisse en
discuter avant que vous jugiez de la recevabilité?
Le Président (M. Lemieux): C'est tout simplement rajouter
"dans un délai raisonnable" à la fin du premier paragraphe.
M. Johnson: M. le Président, je me permets de faire
remarquer qu'à partir du moment où je fais remarquer, ici, qu'il
y a des incidences financières à changer les mots de cette
façon - on n'est pas en train de faire autre chose que ça - en
ajoutant, d'ailleurs, que le mot "peut" à l'époque, lorsqu'il a
été présenté à l'article 36 original,
emportait des effets financiers, donc, ne pouvait être
suggéré que par un ministre... Toute notre jurisprudence veut
qu'à partir du moment où le ministre qui est responsable du
projet de loi déclare qu'il y a des incidences financières on
doit en prendre acte, l'accepter, et on passe à autre chose, à
moins que le ministre suggère des amendements. Mais je ne vois pas
pourquoi on est en train d'ergo ter sur toutes sortes d'histoires,
d'interpréta tions, de délais, de court terme et de délai
raisonnable. J'affirme, M. le Président, qu'il y a des implications
financières. Donc, seul un ministre peut suggérer une telle
motion Donc, je ne sais pas pourquoi on discute du libellé de la
motion.
Le Président (M. Lemieux): La dernière
intervention, M le député de Labelle
M. Léonard: Bien, la dernière intervention,
ça dépend...
Le Président (M. Lemieux): Sur cette question de
règlement.
M. Léonard: ..du débat sur cette question.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement.
M. Léonard: Bien, je pense que, si on l'interprète
comme le président du Conseil du trésor interprète tout
amendement qui viendrait ici, on ne peut, finalement, apporter aucun amendement
à ce projet de loi, ce qui n'est pas du tout l'esprit. On ne parle pas
du budget et de la loi constitutive elle-même, on va dans le sens de la
loi; "doit dans un délai raisonnable", il me semble que ça va
avec l'esprit de la loi, et je ne vois pas pourquoi...
Une voix: ...vous le battrez.
M. Léonard: Vous le battrez, mais je pense qu'il est
vraiment recevable.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle... Je vais terminer, M. le député de Saint-Louis. J'ai
écouté ça de part et d'autre et ce qu'il est
nécessaire de regarder, c'est l'amendement comme tel. À sa forme,
eu égard au fond, il est identique puisque le sens de l'amendement que
vous avez fourni à la commission, dans un deuxième temps, ne
change pas du tout le fond même de l'article - on s'entend bien - et il a
comme effet, tout simplement, de faire en sorte, je dirais, d'affecter, dans
une certaine mesure, des fonds publics. Si l'amendement est identique au fond,
même si vous changez quelques mots, la finalité est la même.
Je n'ai pas à prendre la parole du ministre lorsqu'il me dit, de facto,
c'est une question de fondb publics Si j'ai un doute, oui, mais, dans ce
cas-ci, je n'ai pas de doute, ça va directement a l'en-contre de
l'article 192.1, et l'amendement est aussi irrecevable, l'amendement dans sa
forme, dans un premier temps et, dans un deuxième temps, eu égard
au fait qu'il affecte des deniers publics.
L'amendement est jugé irrecevable. Il est 23 h 58, est-ce que
vous avez d'autres interventions, M. le député d'Ungava?
Motion proposant d'établir un délai de
placement
M. Christian Claveau
M. Claveau: J'ai un autre amendement, M. le Président.
À ce moment-là, on aurait un amendement, M. le Président,
toujours par rapport au "peut", qui se lirait comme suit: "peut, dans le plus
court délai possible".
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: On a gardé le "peut". Ça se lirait
comme suit, M. le Président: "Le ministre peut, dans le plus court
délai possible, placer à court terme toute partie du fonds
consolidé du revenu. " Si vous me permettez de plaider sur la
recevabilité...
Le Président (M. Lemieux): Non, ce n'est pas
nécessaire, celui-là est recevable.
Une voix: Bravo!
M. Léonard: 20 minutes?
M. Johnson: Vote!
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez une
intervention sur l'amendement?
Une voix: 20 minutes?
Le Président (M. Lemieux): 20 minutes. L'amendement est
recevable.
Une voix: 20 minutes. Consentement pour...
M. Claveau: M. le Président, c'est très simple.
Dans la mesure où, comme mon collègue le disait tout à
l'heure, le gouvernement, le ministre responsable de l'application de cette loi
a le devoir de gérer au meilleur de sa connaissance l'ensemble des fonds
publics, il est évident que l'on ne peut pas se permettre de laisser une
disposition vague qui n'établit pas de paramètre concernant la
façon et le délai que le ministre va avoir pour pouvoir investir
cet argent-là. Puisque le président du Conseil du trésor
se dit toujours très préoccupé par les entrées de
fonds au gouvernement et qu'il veut, comme je le disais tout à l'heure,
se donner un nouveau jardin d'intervention, élargir son champ
d'intervention dans le domaine...
Le Président (M. Lemieux): je m'excuse, m. le
député d'ungava, mais je me dois de respecter le mandat de
l'assemblée. je devrai ajourner sine die. nous allons revenir,
effectivement, eu égard à la prochaine séance, sur le
débat relativement à votre amendement.
La commission du budget et de l'administra- tion ajourne ses travaux
sine die relativement à l'étude du projet de loi 2, Loi modifiant
la Loi sur l'administration financière et d'autres dispositions
législatives.
(Fin de la séance à minuit)