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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration est réunie
ce matin afin de poursuivre le débat sur le discours sur le budget. La
parole est maintenant à M. le député... Est-ce qu'il y a
des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M Garon
(Lévis) remplacera M. Boisclair (Gouin) et Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve) remplacera M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
La parole est maintenant à M. le député de
Saint-Louis.
Discussion générale (suite)
Décentralisation des responsabilités
M. Chagnon: Je vous remercie, M. le Président, de me
céder la parole aussi rapidement. Bien entendu, ce matin, j'aurais pu
parler d'accélération des investissements dans le secteur public;
je pourrais facilement parler du développement des régions, de
l'aide aux entreprises en difficulté ou encore de ce qu'on retrouve dans
le budget pour accroître la productivité et l'efficacité
des entreprises par le biais de la formation de la main-d'oeuvre. Mais j'en
profiterai ce matin pour parler d'un sujet qui me touche à coeur depuis
longtemps, M. le Président, c'est celui de la décentralisation
des organisations et des centres de décisions vers des institutions qui
sont réellement les nôtres depuis au-delà d'une centaine
d'années, qu'on pense au secteur municipal ou qu'on pense au secteur
scolaire. Quelques-uns et nos amis de l'Opposition ont quelquefois dit,
à l'égard du budget, qu'il était "drab" ou qu'il
était gris ou qu'il était franchement incolore, inodore et sans
saveur. Je suis malheureusement dans l'obligation de diverger d'opinion
profondément avec cette analyse, compte tenu du fait qu'on retrouve dans
ce document - et c'est un des premiers document, peut-être un des
documents les plus importants qui aient été produits depuis cinq
ans - une orientation de société qui, enfin, laisse planer la
possibilité que le gouvernement central va vouloir donner une chance aux
institutions locales de pouvoir respirer, M. le Président. Je vous
invite non seulement à lire le discours sur le budget, mais aussi, dans
ses annexes, l'annexe E, par exemple, où, à la page 33, on parle
de procéder à une plus grande décentralisation des
responsabilités. On retrouve, à la page 33 de l'annexe E, M. le
Président, les principes mêmes qui font que l'on croit ou non
à une véritable décentralisation. C'est étonnant de
retrouver ce principe dans le document du budget. Lorsqu'on y dit, par exemple:
"Un nouveau partage des responsabilités entre le gouvernement
provincial, les municipalités et les commissions scolaires mérite
d'être envisagé - et là, on formule et on dit pourquoi -
car les systèmes normalisés ne permettent pas toujours de tenir
compte des besoins spécifiques des populations des diverses
régions." C'est important quand on dit ça. C'est important parce
que, pour la première fois, on fait une admission comme gouvernement, on
admet qu'on ne peut pas d'un coup, d'une claque, d'un règlement, d'une
directive, d'une norme, régler le sort des citoyens de Blanc-Sablon
à Valleyfield. Ça, c'est important. C'est important qu'on le
reconnaisse, pour une fois. C'est la première fois depuis de très
nombreuses années que je vois cette reconnaissance-là dans un
document officiel du gouvernement, mais particulièrement dans un
budget.
Quand on dit, ensuite: "En étant plus près des
clientèles, les gestionnaires locaux sont souvent plus à
même d'effectuer les choix les plus adéquats et de mieux
identifier les gestes à poser afin de rationaliser les ressources", rien
de plus vrai, M. le Président. Rien de plus vrai. C'est évident
que les gens qui sont plus près de leurs clientèles sont
susceptibles de trouver des solutions à leurs problèmes qui
correspondent davantage aux besoins réels du milieu ou des milieux.
Et quand on conclut en disant: "II faut instaurer une dynamique plus
efficace entre la décision d'engager des dépenses pour dispenser
des services et la responsabilité de prélever des revenus pour
les financer", ça correspond évidemment à une
adéquation tout à fait normale, logique et intelligente.
M. le Président, il y a plusieurs années maintenant
déjà - trop d'années - d'il y a 10 ans à il y a 5
ans, j'étais président de la Fédération des
commissions scolaires du Québec. À la Fédération,
à ce moment-là, nous avions bâti un discours
décentralisateur émanant d'une volonté locale qui voulait
reprendre le contrôle de ses destinées, tant sur le plan financier
que sur le plan des relations du travail et sur le plan d'un espace
pédagogique plus grand. Tout le temps où j'ai été
président de cette Fédération, j'ai entretenu
d'excellentes relations avec le secteur municipal. Malheureusement, c'est
à regret que nous convenions ensemble, le secteur municipal et le
secteur scolaire, des difficultés fiscales que devait vivre le secteur
de l'éducation. Le secteur municipal était bien content,
évidemment, des arrangements de 1980, des arrangements fiscaux,
et d'une division de l'assiette fiscale dans laquelle le secteur scolaire
n'avait même pas été invité.
Malheureusement, ce qui devait arriver, cette année, est
arrivé. Il était inutile de croire et de penser qu'un
gouvernement structuré comme le gouvernement local qui, dans la majeure
partie du territoire québécois, est un gouvernement qui est
davantage structuré que le secteur municipal qui, très souvent,
n'a pour personnel, pour l'ensemble de ce personnel, qu'un
secrétaire-trésorier et, très souvent, à temps
partiel, dans plusieurs paroisses de nos municipalités, il était
étonnant et il était incroyable de penser qu'il n'y aurait pas
une modification fiscale permettant d'avantager ou de donner l'espoir et la
possibilité au secteur du monde scolaire de pouvoir commencer à
respirer tout comme le secteur municipal l'a fait. Si, un peu commme dans le
discours sur le budget, on fait la remarque que si le moyen pour arriver
à l'élargissement de l'assiette fiscale scolaire n'a
peut-être pas été celui qui a été le plus
diplomate ou là voie la plus diplomatique trouvée par le
gouvernement depuis des années, malheureusement, c'est là
même voie que celle qu'avait trouvée le gouvernement
précédent en 1980.
Il n'en demeure pas moins que, pour le secteur scolaire, c'est là
une grande opportunité, une orientation intéressante qui vient
faire en sorte de lui permettre de pouvoir, pour une fois, répondre
à des besoins dans son propre milieu, des besoins pour ses
établissements, ses écoles, des besoins d'ordre physique, mais
aussi, à n'en point douter, des besoins qui permettront de recouvrer une
certaine forme, une certaine capacité de choix focaux dans des services
qui vont dépasser là brique et le ciment.
Il est entendu que le discours sur le budget soulève une autre
question qui est encore sous sa forme initiale, une qui pourrait correspondre
à une forme de décentralisation. Il s'agit du questionnement
posé au budget et qui fait état de la volonté du
gouvernement de remettre en question, oui, le financement des
opérations, la partie du financement des opérations
financée par le gouvernement du Québec à l'égard
des sociétés de transport en commun. Contrairement à ce
qu'on a pu même lire dans les journaux ce matin, où on faisait
état d'une augmentation énorme de la carte mensuelle à 93
$ ou encore d'une augmentation de la taxation à quelques centaines de
dollars pour les propriétés, je voudrais souligner aux gens du
secteur municipal et particulièrement aux administrateurs des
sociétés de transport, et je pense, entre autres, à Mme
Roy qui faisait état de ces possibilités ce matin dans les
journaux, ce qui est écrit dans le discours sur le budget. La
rédaction du discours sur le budget, en ce qui concerne le transport en
commun, c'est ceci: En ce qui a trait aux municipalités, le gouvernement
a l'intention de soumettre, au cours des prochains mois, pour consultation, un
projet visant à modifier le financement du transport en commun. Alors,
il ne s'agit pas, demain matin, de considérer que la carte mensuelle va
tripler, que les impôts fonciers vont augmenter du simple au double. Ce
n'est pas le cas du tout. Nous parlons de l'intention de soumettre, au cours
des prochains mois, pour consultation, un projet visant à modifier le
financement du transport en commun. En vertu de ce projet, M. le
Président, le gouvernement mettrait de nouvelles sources de financement
à la disposition des municipalités situées sur le
territoire d'un organisme public. En deux mots, en vertu du projet qui sera
pour fins de consultation, le gouvernement donnera aux municipalités de
nouvelles sources de financement - ce qui évitera, justement, la
solution satanique proposée ce matin de doubler ou de tripler la carte
mensuelle, d'augmenter les taxes foncières, etc. - le tout, afin que le
gouvernement continue de supporter le financement des immobilisations, ce que
te gouvernement fait pour l'instant dans l'ordre de 100 % des immobilisations.
Lorsqu'on agrandit le métro, lorsqu'on construit des centres de
réparation ou d'entretien des véhicules de transport en commun,
c'est le gouvernement du Québec qui finance à 100 % ces
immobilisations.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Saint-Louis. Il vous reste 30 secondes.
M. Chagnon: Alors, je vous remercie. Brièvement, ma
conclusion est la suivante, M. le Président. Je pense qu'il nous faut
enregistrer que, pour la première fois dans un document
budgétaire, le gouvernement du Québec envisage avec
sérieux, sérénité et réalisme une
orientation de véritable décentralisation vers les gouvernements
locaux, et il faut l'en féliciter, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. Est-ce que vous avez des commentaires, M.
le ministre des Finances?
M. Levesque: Alors, M. le Président, j'étais
particulièrement heureux de l'intervention du député de
Saint-Louis qui a une vaste expérience dans le domaine de
l'administration locale, en plus de ses compétences au niveau
provincial. D'ailleurs, étant très près du Conseil du
trésor, il a l'occasion d'enrichir encore son expérience
quotidiennement. Ayant été président de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, encore là, lorsqu'il parle, justement, de ce secteur, il
sait ce dont il parle et il insiste, évidemment, sur la
nécessité de rapprocher les décisions du niveau où
de telles décisions sont prises et, en même temps, du financement
qui s'y rapporte. D'ailleurs, lorsqu'il se réfère, à la
page 23, je crois, 26, un instant,
dans l'annexe E... Une voix: 33...
M. Levesque: 33. Oui, je pense qu'il vaut la peine de le
reprendre, parce qu'il faut dissiper, je pense, toute mésentente
là-dessus. Ce que ce paragraphe dit, à l'annexe E, c'est: "Enfin,
il apparaît que le niveau provincial n'est pas toujours le meilleur
palier de gouvernement pour satisfaire certaines attentes et certains besoins
de la population." Je pense que tout le monde va y concourir, il n'y a pas un
niveau de gouvernement qui peut avoir le monopole, non pas seulement de la
science, mais également le monopole de la compétence pour rendre
tous les services et répondre à tous les besoins, à tous
les niveaux.
Et je note que le député de Saint-Louis nous rappelait
l'autre paragraphe qui dit: "Un autre partage des responsabilités entre
le gouvernement provincial, les municipalités et les commissions
scolaires mérite d'être envisagé, car les systèmes
normalisés ne permettent pas toujours de tenir compte des besoins
spécifiques des populations de diverses régions. En étant
plus près des clientèles, les gestionnaires locaux sont souvent
plus à même d'effectuer les choix les plus adéquats et de
mieux identifier les gestes à poser, afin de rationaliser les
ressources."
Ça me rappelle lorsque je suis arrivé ici à
l'Assemblée - dans le temps, c'était l'Assemblée
législative et non pas l'Assemblée nationale -c'était dans
les années cinquante où M. Duplessis était premier
ministre, et il nous rappelait souvent quelque chose qui ne m'apparaissait
peut-être pas être une vérité aussi claire qu'elle
m'apparaît aujourd'hui. Ça arrive, ça, dans l'Opposition,
de ne pas voir tout de suite les bonnes choses. J'ai commis la même
erreur, si vous voulez, de ne pas comprendre tout de suite les bonnes
politiques mises de l'avant, un peu comme le député de Labelle
qui a quelquefois de la difficulté à accepter l'approche
gouvernementale. Peut-être parce qu'il occupe une fonction qui
l'amène à avoir un tel comportement. Je le comprends très
bien, ayant passé moi-même la moitié de ma vie
parlementaire dans l'Opposition, soit 17 ans.
Mais dans les années cinquante, M. Duplessis nous rappelait ceci:
On ne peut pas - je me demandais pourquoi il disait ça - mettre le
même habit sur tout le monde. C'est un peu une façon plus moderne
de le dire, mais c'est la même chose. Il faut instaurer une dynamique
plus efficace entre la décision d'engager les dépenses pour
dispenser les services et la responsabilité de prélever des
revenus pour les financer. C'est en instaurant une double contrainte de
coûts et de revenus qu'on parviendra à gérer plus
efficacement l'offre de services publics.
Ainsi, la décentralisation de responsabilités devrait
être accompagnée de l'ouverture de nouvelles sources de
financement. Et je pense que le député de Saint-Louis a
apporté un nouvel éclairage en rappelant justement
l'époque où certaines choses se sont passées et où
lui-même avait à discuter de ces questions et, en même
temps, à s'occuper de choses scolaires qui intéressent sans doute
autant la population locale que d'autres administrations. Il faut que toutes
les administrations aient la même occasion de pouvoir pleinement
répondre aux aspirations de la population.
Et je suis aussi heureux de voir que le député avait
abordé cette question d'une façon très
intéressante. D'ailleurs, vous savez, il y a eu des exagérations
dans ce domaine. Puis, vous le savez comme moi. C'est que, lorsqu'on a
parlé des décisions qui avaient été prises
relativement au scolaire, on a semblé véhiculer une certaine
information à l'effet que les municipalités verraient leur charge
augmenter. Or, ce n'est pas le cas. Je pense qu'il est important de dire que la
mesure concernant les commissions scolaires n'enlève pas d'argent aux
municipalités. Ce n'est pas la même chose que les coupures
fédérales qui, elles, nous ont enlevé de l'argent. Mais
dans ce cas-là, il n'y a pas de pelletage dans les muncipalités,
ça ne leur coûte rien de plus du côté scolaire, nous
l'avons dit et nous le répétons. Mais pas du côté
des municipalités... Et du côté scolaire, si on pouvait
regarder à un moment donné, on a l'impression... Une autre
information qui semblait vouloir être véhiculée, c'est que
le pacte fiscal était complètement mis de côté. Or,
il faut retourner avant la réforme de 1980. Quelle était la part
des commissions scolaires dans l'impôt foncier, dans le champ de
l'impôt foncier? C'était 40 % à peu près et c'est
allé à peu près, après la réforme, ça
a été autour de 9 %. Et tout ce que cela fait,
présentement, c'est de prendre les 8 % ou 9 % et de les porter à
peu près à 15 %, laissant encore 85 % du champ d'impôt
foncier aux municipalités. Alors, il faut faire bien attention de ne pas
exagérer la portée du geste que nous avons fait par rapport au
champ fiscal laissé aux municipalités. (10 h 30)
Maintenant, en conclusion, j'aimerais aussi dire que
j'apprécie...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste deux minutes et
demie, M. le ministre.
M. Levesque: ...le fait que le député de
Saint-Louis ait abordé la question du transport en commun et de nous
avoir rappelé aussi, encore une fois, pour la nième fois, qu'on
ne peut pas additionner 277 000 000 $ pour faire un total qui fait l'affaire de
l'Opposition, lorsqu'il n'y a eu aucune décision dans ce budget que j'ai
devant moi. Et je demande aux députés de cette commission s'il y
en a un qui peut trouver, dans
ce budget 1990-1991, un engagement, une décision qui touche le
transport en commun. La seule chose que l'Opposition a pu dire: Bien dans un
budget, on ne parie pas pour rien dire. C'est vrai, c'est pour ça que
nous avons mentionné - et ce que nous avons mentionné est bien
clair - à cause du principe que nous avons rappelé, qu'il serait
peut-être important que nous puissions nous asseoir avec les
municipalités concernées pour examiner cette question du
transport en commun. Pourquoi? Pour répondre à des besoins de la
population, pour avoir une administration plus efficace dans
l'intérêt de nos concitoyens.
Regardons le transport en commun. Ce transport-là s'effectue sur
un territoire local et bien identifié. Le transport en commun, quant aux
routes qu'il emploie, est décidé par les autorités
locales. Les tarifs qui sont imposés sont décidés par les
autorités locales. Les négociations qui sont poursuivies avec les
employés et les conventions collectives qui sont signées le sont
au niveau local. Tout est local là-dedans, sauf que le compte est
envoyé à un autre niveau de gouvernement et que nous disons:
Est-ce qu'on ne pourrait pas regarder les possibilités que ce transport
en commun soit entièrement assumé du côté des
municipalités, mats avec de nouvelles sources, de nouvelles ressources
financières, si vous voulez, correspondant aux nouvelles
responsabilités que le niveau local assumerait...
Le Président (M. Lemieux): trente secondes, m. le
ministre.
M. Levesque: ...dans l'hypothèse qu'une telle approche
pourrait être, après longues et nécessaires consultations,
adoptée par les voies normales?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président de la commission, je
voudrais simplement vous souligner qu'hier, c'est vous qui êtes intervenu
le dernier. J'avais fait valoir un point technique pour déposer un
document, seulement, je ne suis pas intervenu, et vous avez recommencé,
ce matin, avec le député de Saint-Louis.
Le Président (M. Lemieux): J'ai vérifié, M.
le député de Labelle, en arrivant tout à l'heure, avec M.
le secrétaire...
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...et, effectivement, il y a eu
une intervention. Regardez, ici. M. le secrétaire, peut-être...
Voulez-vous en faire état à M. Léonard, ici? il y avait M.
le ministre, il y avait vous et il y a eu une demande technique, effectivement,
de vous...
M. Léonard: C'était juste une demande
technique.
Le Président (M. Lemieux): ...mais c'est M. le ministre
qui avait la parole. Après, M. le ministre, je suis revenu avec un
député ministériel, ce qui est le cas. J'ai
respecté l'ordre. J'ai pris soin de vérifier tout à
l'heure.
M. Léonard: Non, non, non. C'est le
député... C'est vous qui êtes intervenu et au moment
où le ministre des Finances est intervenu, au début, on a dit: On
va régler une question technique. J'ai déposé un
document.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais... M.
Léonard: Et après, c'a fini là.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, je suis intervenu
de 17 h 42 à 17 h 52.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): J'ai pris soin de le faire
noter.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): À 17 h 53, il y a eu
effectivement une demande de dépôt technique, mais il y a eu aussi
une conversation qui s'était engagée, un débat qui
s'était engagé par après, parce que de 17 h 53, c'a
duré un certain temps, jusqu'à 18 h 1. J'ai pris soin de le faire
noter.
M. Léonard: Sur le document technique.
Le Président (M. Lemieux): Pas sur le document technique.
Et quel que soit le sujet, M. le député de Labelle, je me dois de
le considérer. Est-ce que c'est exact, M. le secrétaire? Oui?
C'est exact. J'ai pris soin de le vérifier ce matin. Non, je suis
très soucieux des droits des parlementaires, de part et d'autre, M. le
député de Labelle.
M. Levesque: On pourrait fort bien donner un consentement, s'il
manque quelques minutes à M. le député...
Le Président (M. Lemieux): Pas de problème.
M. Levesque: ...mardi prochain. Pas de problème.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Bon...
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, j'ai
été habitué avec M. le député de
Lévis pendant quatre ans. Alors, je suis très soucieux des droits
des deux côtés.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Je ne connais pas vos
précédents. Je suis ici maintenant.
Le Président (M. Lemieux): Mais il est tout à fait
normal, M. le député de Labelle, qu'on respecte votre droit de
parole. La parole est à vous.
Fiscalité municipale et scolaire
M. Léonard: alors, m. le président, à la
dernière page du document du discours sur le budget, vous avez là
les intentions du gouvernement. bien sûr, c'est un peu camouflé,
mais quand on fait le rapport de l'effort fiscal du secteur privé et
qu'on dise que, sur le plan des taxes locales, il y a un champ de taxation
inoccupé de 1 286 000 000 $, alors, c'est le gouffre dans lequel veut
s'engager le gouvernement, dans lequel il veut engager les
municipalités, les commissions scolaires et toute espèce
d'organisation et d'organisme local. c'est ça, son intention. alors,
quand on me parle des 277 000 000 $ du transport en commun et qu'on dise que le
gouvernement a l'intention de soumettre une proposition, cette
intention-là est donnée, dite, déclarée à
l'assemblée nationale par le ministre des finances et cela indique une
intention très ferme de procéder. c'est clair. les
municipalités, à l'heure actuelle, s'attendent à aller
coiffer pour 1 286 000 000 $ ou quelque chose de ce type-là, dans la
mesure où le gouvernement trouvera des responsabilités
correspondantes. on a vu que son imagination était à l'oeuvre,
depuis le 5 novembre dernier, depuis le décret du conseil des
ministres... au 6 novembre, quelque part par là, celui dont le
président du conseil du trésor disait qu'il n'existait pas.
alors, m. le président, c'est ça, les intentions. c'est la
dernière page. c'est ça, la transparence de la toute
dernière page. il faut s'y rendre pour bien voir.
Je voudrais revenir d'abord sur l'intervention du député
de Saint-Louis et sur cette question de l'impôt foncier partagé
entre les commissions scolaires et les municipalités. Quand j'entends le
gouvernement ou ses chantres dirent que les commissions scolaires
n'étaient pas d'accord et que, maintenant, on se reprend, c'est
exactement ça. Ce que ça détecte, c'est une espèce
d'esprit vengeur par rapport à un débat qu'il y a eu à
cette époque et dont certains n'étaient pas contents. Il reste
qu'en ce qui me concerne, je suis d'accord avec une approche de
décentralisation au Québec vers les institutions locales. Je l'ai
toujours dit. Je l'ai déclaré à maintes reprises. Je suis
toujours d'accord avec une telle approche. Mais ce n'est pas celle que le
gouvernement a adoptée. Dans son décret de novembre dernier, tout
ce dont il s'agissait, c'était d'aller chercher le plus largement
possible toutes les sources de financement qu'il pouvait trouver. Et c'est par
ce biais qu'il est arrivé tout à coup à cette idée
de décentralisation, à cette philosophie de
décentralisation qu'il a découverte en cours de route et qui a
recouvert, finalement, simplement l'intention d'aller chercher des sommes
d'argent aux institutions locales. Toutes les justifications sont bonnes, y
compris la dernière page du discours sur le budget où il indique
qu'il voudrait aller chercher, si c'était possible, 1 286 000 000 $.
Encore là, on va me dire que c'est juste des intentions, que c'est une
comparaison, qu'il n'y a rien là. Mais on y reviendra, à tout
cela.
Sur le plan de l'impôt foncier, le débat qu'il y a eu aux
années 1979-1980 a eu trait aux responsabilités de chacun. Quand
on entend le gouvernement justifier sa position actuelle de remettre les
commissions scolaires dans les champs de l'impôt foncier en disant que
les services vont être différents d'une région à
l'autre, que les gens vont avoir à décider du niveau de services
qu'ils veulent se donner, qu'ils vont se taxer en conséquence, dans le
domaine de l'éducation, le débat de 1979-1980 avait
démontré que, pour les commissions scolaires, justement, il n'en
était pas question. Que, justement, la société voulait
avoir la même qualité d'éducation, pour toutes et pour
tous, dans tout le Québec. C'est ça, le fondement des choses. si
le gouvernement du parti libéral veut revenir aux écoles de rang,
il est en train d'en prendre le chemin, actuellement. je pense qu'entretenir
une école secondaire, une polyvalente en gaspésie ou l'entretenir
à montréal, à labelle ou en abitibi, ce sont pratiquement
les mêmes coûts dont il s'agit, si on veut avoir la même
qualité d'éducation. il y a les mêmes laboratoires et les
mêmes équipements, et la formation professionnelle, avec les
polyvalentes, coûte aussi cher dans ces milieux-là, et
peut-être même plus, parce que, souvent, les compétences ne
sont pas les mêmes dans ces régions éloignées que
dans des grands centres urbains. alors, on est en train de faire quoi? on est
en train d'introduire une inégalité de services dans le champ de
l'éducation au québec sous le couvert de la
décentralisation, mais, en réalité, simplement pour aller
chercher des sous. simplement pour ça. c'est la seule justification.
Ça nous amène à une inégalité dans la
formation et dans l'éducation, que ce soit au niveau primaire ou
secondaire. Peut-être qu'au niveau primaire, on va se poser la question.
Ça coûte aussi cher faire de l'enseignement au niveau primaire
qu'au niveau secondaire dans une région ou dans l'autre. Qu'on nous
prouve le contraire et qu'on nous prouve que les différen-
ces peuvent être aussi grandes que de justifier des niveaux de
services différents.
M. le Président, cette politique va amener les réglons
éloignées, mais aussi les régions où les gens sont
plus pauvres, à payer davantage et à se donner un niveau de
services qui ne sera pas le même pour tous. Alors qu'on dit ailleurs dans
le document qu'on se vante de mettre 10 000 000 $ dans le développement
régional, ce que ça va amener, finalement, c'est que les gens de
ces régions, qui ont des évaluations foncières moyennes de
25 000 $, vont avoir les mêmes coûts à supporter que les
gens dans les villes, dans les vides riches comme Pierrefonds, comme le West
Island de Montréal... Les mêmes choses.
Alors, vous êtes en train de démolir ce que la
société québécoise s'est donné depuis 30
ans. Pas juste nous, au gouvernement, mais vous aussi: ce que Jean Lesage a
amené et ce que Robert Bourassa a amené de 1970 à 1976.
Puis ce que nous avons amené et ce que l'Union Nationale a amené
de 1966 à 1970. C'est ça que vous êtes en train de
démolir... Il faut que je m'adresse au président, alors, M. le
Président, c'est ça que le gouvernement est en train de remettre
en cause.
Par ailleurs, s'il l'amenait d'une autre façon, il y a
peut-être des questions qui pourraient se soulever. Mate, à mon
sens, en ce qui concerne les services, les équipements scolaires, les
coûts sont les mêmes. Qu'ils soient en Gaspésie ou à
Montréal, ils sont les mêmes. Et vous allez faire porter les
mêmes charges par des gens qui sont plus pauvres et par des gens qui sont
riches. Exactement. Et là, vous entretenez des populations
entières dans un cercle de sous-développement.
Les commissions scolaires veulent une certaine autonomie de gestion. Je
pense que leur champ est celui de l'enseignement, du contenu, de la
pédagogie, et non pas celui de la peinture dans les écoles. Ce
n'est pas ça l'essentiel, c'est autre chose. Leur responsabilité
spécifique porte là-dessus. Qu'elles s'en occupent, fort bien, je
suis tout à fait d'accord, mais quand on en est à déborder
sur autre chose et, après, sous prétexte de
décentralisation, simplement à repelleter les problèmes
financiers du gouvernement du Québec vers les municipalités, vers
les commissions scolaires, on verra ce que ça va donner. (10 h 45)
Autre chose, sur le plan des revenus, le gouvernement du Québec
avait la paix depuis dix ans. Les sources de taxation foncière pour les
municipalités, la principale source était claire; il n'y avait
plus de chicane là-dessus, plus de bataille entre les commissions
scolaires qui taxaient à des niveaux différents, chacune des
municipalités avait retrouvé ses billes et tout fonctionnait.
Maintenant, pour des questions d'équilibre budgétaire, de
problèmes financiers, occasionnés en partie par les soucis
d'image du gouvernement, on vient de détruire les équilibres qui
s'étaient instaurés entre les sources de revenus des institutions
locales. C'est ça qu'on fait. Il me semble qu'il n'y a pas de geste plus
irresponsable que celui-là Quel que soit le côté de la
table où on est présentement, il n'y a pas de geste pkis
irresponsable. Et si le gouvernement croit dans la fonction de ses institutions
locales, il ne devrait surtout pas toucher à leurs sources de revenus,
surtout pas. Moi, je trouve qu'on s'engage vers un chemin très
dangereux, comme société, en faisait cela, qu'on va accentuer les
déséquilibres. Tout en tenant, dans une autre page du discours
sur le budget, un discours sur le développement régional, on
vient, par cette simple décision, de sabrer, pour des dizaines et des
dizaines de millions, dans le développement régional. Parce que
l'impôt que ces gens-là vont avoir à payer, au plan
foncier, il va venir de leurs poches, encore une fois, et plus du gouvernement.
Et la fonction de redistribution du gouvernement, comme sa fonction d'assurer
un niveau de services et de qualité d'éducation partout au
Québec, bien, c'est terminé, à cause d'une décision
comme celle-là. Et le problème que ça pose, aussi... On y
reviendra, parce que, si je comprends, mes 10 minutes achèvent encore.
On y reviendra. C'est que les commissions scolaires, comme les
municipalités, vont se retrouver dans un dilemme terrible, comme
c'était auparavant. On y reviendra, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député de Labelle. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: D'abord, vous me permettrez, M. le Président,
de retourner aux premiers propos de la dernière intervention du
député de Labelle, lorsqu'il a référé
à la page 44 de l'annexe E, sur le fardeau fiscal du secteur
privé, les écarts Québec-Ontario, et qu'il notait qui y
avait, du côté des taxes locales, une somme de 1 286 000 000 $ de
moins au Québec qu'en Ontario, sur la même base. Et que ceci
indiquait une intention du gouvernement du Québec d'aller puiser dans ce
différentiel, si vous voulez. Ce n'est pas du tout ce que l'on doit
retirer de cet exposé de la page 44. C'est un exposé de faits, et
non pas d'intentions. Tout ce que cela dit, c'est que le fardeau fiscal local
est plus lourd en Ontario qu'au Québec, de l'ordre de 17,4 %. C'est tout
ce que ça dit. Le reste, ce sont des interprétaions du
député de Labelle. Il sera le premier à convenir de
cela.
Deuxièmement, je dois, dans la question du scolaire,
évidemment, rappeler à l'honorable député que des
questions de cette nature, si on veut les approfondir, pourraient être
discutées avec les ministres sectoriels ou le ministre sectoriel
responsable de la politique dans le domaine de l'éducation. Mais je me
permets cependant d'entrer sur ce terrain avec, évidem-
ment, le caveat, ou la précaution que j'ai manifestée,
n'ayant pas d'expertises particulières, si vous voulez, dans un domaine
aussi complexe, mais aussi important pour l'avenir de nos jeunes. je tiendrai
simplement à rappeler à l'honorable député, et je
reprends ses derniers mots: comme auparavant. c'est justement ce que je lui
demandais de ne pas dire, de ne pas conclure: comme auparavant. parce que,
comme auparavant, ça voudrait dire revenir à une situation
où le champ foncier scolaire était de 40 %, et celui des
municipalités, 60 %. or, ce n'est pas le cas. ce n'est pas le cas et je
le répète. cela fait passer la part du champ foncier scolaire
d'à peu près 8 % ou 9 % à 15 %, laissant 85 % aux
municipalités. on n'a pas le droit de dire "comme auparavant". il s'agit
ici d'un ajustement, beaucoup plus que d'un changement majeur ou
significatif.
Deuxièmement, il faut bien comprendre que ce n'est pas
l'ensemble, que ça ne pourrait pas l'être, avec un changement
aussi mineur, entre guillemets. Ça ne pourrait pas vouloir dire
autrement que ce que cela dit. Autrement dit, toute la question
pédagogique n'est pas touchée par cela. Par exemple, toute la
question des équipements, au point de vue de l'immobilisation. Ils ne
sont pas touchés par ça. Il s'agit simplement de remettre aux
commissions scolaires une responsabilité dans un domaine très
limité, encore. Et qui est celui de quoi? Bien des choses aussi simples
que le déneigement, que le chauffage. Ce ne sont pas des choses comme le
député voulait laisser entendre, comme si on allait être
obligés de construire des polyvalentes, ou... Ce n'est pas ça du
tout. Ce sont simplement des fonctions de nature purement locale et très
limitées. Mais même là, est-ce que le gouvernement n'a pas
tenu compte du fait qu'il puisse y avoir, même pour ces choses mineures,
des distinctions à faire entre certaines régions par rapport
à d'autres? Mais c'est justement ce que nous avons fait. Si le
député de Labelle veut regarder les crédits
budgétaires qui ont été déposés le 27 mars
1990, il verra dans les renseignements supplémentaires, à la page
10, ce qui suit: "Les commissions scolaires auront donc accès à
un élargissement de leur pouvoir de taxation pour assurer la prise en
charge du fonctionnement des équipements." Un peu plus loin, "Elle -
cette prise en charge - est de plus assortie d'une modification de la formule
de péréquation..." Je pense que le député de
Labelle aurait peut-être pu ajouter ça pour donner une vue
complète de la situation. "Elle est - cette prise en charge - de plus
assortie d'une modification de la formule de péréquation
accordée aux commissions scolaires pour la rendre plus équitable.
Cette modification entraîne une bonification de la
péréquation de l'ordre de 27 500 000 $. De plus, un ajout de
l'ordre de 7 700 000 $ est prévu pour pallier aux pertes nettes de
revenu de certaines commissions scolaires suite à ces
réaménagements."
Non pas seulement qu'on fasse de la péréquation, mais
qu'on s'assure qu'il n'y a personne qui perde des revenus. Alors, comment
est-ce qu'on peut arriver à la conclusion à laquelle arrive le
député de Labelle, lorsqu'il parle de la différence?
Certaines différences et disparités régionales, j'en
conviens, mais il faut justement dire que le gouvernement a prévu cela
en affectant des sommes particulièrement à cette
préoccupation qui honore le député, mais, par contre, qui
honore également le gouvernement. Parce que nous y avons pensé
aussi qu'il ne fallait pas justement faire en sorte que certaines commissions
scolaires moins nanties, ou dans des régions moins nanties, puissent
avoir des difficultés nouvelles à cause de ce changement. C'est
pourquoi nous avons pris la peine de dire que nous allions prévoir des
sommes importantes pour tenir compte de ces disparités. Or, encore une
fois, il s'agit d'une responsabilité bien limitée et à
laquelle nous faisons face en tenant compte des disparités
régionales. Je pense que, lorsque le député de Labelle
parte du retour à l'école de rang, il sait lui-même, il
veut peut-être caricaturer, parce que ce n'est sûrement pas... La
polyvalente X ne sera pas démolie demain matin. Et, si elle était
incendiée, le gouvernement s'empresserait de la remplacer parce que nous
demeurons responsables des équipements de cette nature, des
immobilisations. Nous n'avons pas changé nos politiques vis-à-vis
des immobilisations. Nous avons dit que c'était pour le fonctionnement
et, dans le fonctionnement, nous prenons les précautions
nécessaires afin qu'il n'y ait pas de commission scolaire qui puisse
être indûment traitée. Et si jamais il s'avérait que
quelqu'un soit affecté négativement - vous savez que nous sommes
toujours là, nous n'avons pas l'impression que nous allons
disparaître du jour au lendemain - nous ferons face à nos
responsabilités. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Le député de Bonaventure a eu de ces
mots qui ont apaisé...
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Ça va, M. le Président? Le
Président (M. Lemieux): Oui, ça va. M. Chagnon:
Vous allez mieux?
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Je vais mieux. Il
me semble qu'il y a peut-être eu un malentendu, M. le
député de Saint-Louis. Ça va.
M. Chagnon: Alors, le député de Bonaven-
ture, dis-je, a eu de ces mots qui ont apaisé un peu le
début de colère que j'avais en écoutant le
député de Labelle. Franchement, je répète ce que je
disais tout à l'heure, parce que je vois que le député de
Labelle, je comprends que le député de Labelle, lui, n'a
absolument rien compris. Je disais combien il était important dans une
société, dans un État aussi vaste que le Québec,
d'avoir des centres de décision locaux qui permettent à des gens
de pouvoir prendre des orientations qui affectent une communauté,
à partir des instruments et des outils qu'ils ont localement. Ce n'est
pas vrai qu'on peut administrer le Québec, de Blanc-SaWon à
Valleyfield, ou de Paspébiac à Amos, en passant par
Québec, Trois-Rivières et Montréal.
Le début du transfert fiscal, ou de l'agrandissement de
l'assiette fiscale des commissions scolaires... Je réfère le
député de Labelle à un document à la
rédaction de laquelle j'ai participé, dont j'ai écrit une
grande partie, qui s'appelle: "Pour un gouvernement scolaire
démocratique et responsable", publié en 1982 et dans lequel je
formulais une vision des institutions scolaires qui s'apparenterait à
une espèce d'amalgame - pour tourner les coins ronds - entre le
système du Nouveau-Brunswick, qui est basé sur des commissions
scolaires linguistiques plutôt que confessionnelles, et un système
scolaire décentralisé, comme celui qu'on retrouve en Ontario,
avec un modèle de financement qui s'apparente à celui que le
gouvernement et que le présent budget a commencé à
élaborer. C'est-à-dire un financement de base pour chacune des
commissions scolaires, qui lui provient de l'État dans ce cas-ci, un
financement secondaire qui lui vient de la fiscalité locale, et pour
lequel, dans les régions plus riches, où l'évaluation
foncière est plus importante, le gouvernement ou l'État a moins
à verser. Et, dans les régions comme celles que vous avez
mentionnées, M. le député de Labelle, que ce soit la
Gaspésie, l'Abitibi, la Côte-Nord et certains autres endroits au
Québec moins riches sur le plan de l'évaluation foncière,
c'est le rôle de l'État et c'est le devoir de l'État que de
compenser par une formule qui s'appelle la péréquation.
Je suis déçu que le député de Labelle n'ait
pas compris ce principe-là. Il est d'ailleurs écrit, comme vient
tout juste de le souligner le ministre des Finances, à
l'intérieur du budget. La volonté de mettre sur pied, de faire en
sorte d'avoir une qualité comparable d'instruments pédagogiques,
d'outils d'éducation à travers le Québec, n'a pas fait
défaut ni à ce gouvernement, ni à ceux du passé,
depuis le début de la Révolution tranquille et, permettez-moi de
vous le dire, depuis le dépôt du rapport Parent. (11 heures)
Cela étant dit, en Ontario, ils ne sont pas débiles
à temps plein. Des commissions scolaires dans des centres riches - et je
pense, entre autres, au centre le plus riche de l'Ontario... Je vous apprendrai
sûrement, semble-t-il, m. le député de labelle, qu'à
toronto, c'est par la taxation foncière que la commission scolaire se
finance, non pas à 10 %, 15 %, 25 %, 50 % ou 75 %, mais bien
plutôt à 100 %; 100 % de ses recettes, de ses revenus viennent de
l'évaluation foncière. à sudbury, m. le
député, 22 % des recettes proviennent de l'évaluation
foncière et par le phénomène, par le processus d'une
péréquation qui est fort bien ajustée pour l'ontario, 78 %
des revenus de cette commission viennent de l'état. bref, je pense que
le député de labelle a un certain mépris pour les
administrations locales, qui lui fait dire que l'adéquation entre un
gouvernement local et un pouvoir fiscal n'a pas de raison d'être dans le
secteur scolaire. si sa théorie pouvait s'élaborer davantage, il
aurait encore raison, peut-être, s'il la mettait en application pour le
secteur municipal. je n'y crois pas à sa théorie, ni dans le
secteur municipal, ni dans le secteur scolaire, ni, peut-être, un jour
non plus dans le secteur social.
Le député oublie peut-être qu'il a, avec un de ses
collaborateurs au cabinet, le député d'Abitibi-Ouest,
écrit ou lu peut-être "Le choix des régions"...
Une voix: Signé.
M. Chagnon: ...ou signé le fascicule numéro 5, dans
lequel les municipalités devaient, entre autres, s'occuper
d'éducation, s'occuper de pouvoirs locaux, de CLSC, de centres locaux de
services communautaires, dans l'esprit... On se tourne la langue sept fois,
dans la bouche, avant de parler...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Léonard: Ça fait plusieurs erreurs de
fait...
M. Chagnon: Dans l'esprit...
M. Léonard: ...que vous commettez, peut-être
intentionnellement d'ailleurs.
M. Chagnon: Vous les remettrez en...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Dans l'esprit du député, M. le
Président, il est dommage que, dans le passé, on ait
associé l'éducation uniquement à de petites choses
pédagogiques dont parlait le député d'une façon
fort naïve et, ma foi, incorrecte par rapport à la
réalité. Les administrateurs municipaux ne sont pas uniquement
des déboucheurs dégoûts. Et, dans le secteur scolaire, les
administrateurs scolaires ne sont pas uniquement des faiseurs de leçons.
L'ensemble des responsabilités
qu'on veut voir consacrer par un gouvernement local doit passer par un
aménagement fiscal qui se tienne. Et cela, le budget en tant que tel
nous a apporté des améliorations et nous amène des pistes
de solution qui sont raisonnables.
On a dit, en 1980: On a fait un pacte fiscal avec le secteur municipal.
Avec le secteur municipal, on avait, d'abord, premièrement,
éliminé un gouvernement local - je l'ai mentionné tout
à l'heure - le gouvernement scolaire pour faire un "package deal"
à deux avec le secteur municipal, en s'assurant que le troisième
ne soit pas à table. On avait dit aussi: En remettant au monde municipal
un pouvoir de taxation basé sur l'évaluation foncière, en
se retirant du champ d'aide aux municipalités, le gouvernement ou
l'État, à ce moment-là, permettra aux commissions
scolaires d'avoir un peu plus d'argent.
Mais la réalité, même avec la participation du
gouvernement au financement des administrations municipales, M. le
Président, qu'est-elle, cette réalité? En 1980-1981, le
gouvernement du Québec a donné aux administrations municipales,
par toutes sortes de paiements de transfert, 397 600 000 $; en 1985-1986, 730
800 000 $; dans les crédits de 1989-1990, 990 500 000 $; dans les
crédits de 1990-1991, 1 060 000 000 $. Malgré tout! Malgré
tout! Ce qui implique que même si on prend le montant de 397 600 000 $ de
1981, qu'on l'ajuste en 1990-1991 avec l'indice des prix à la
consommation, par exemple - on pourrait le prendre avec un autre
critère, mais, avec l'indice des prix à la consommation - on
s'apercevra que les 397 600 000 $ de 1980-1981 valaient 708 000 000 $ en
1990-1991. Pourtant, aux crédits, on retrouve 1 060 000 000 $ de plus:
un écart, M. le Président, de 352 000 000 $ entre 1980-1981 et
1990-1991 aux crédits; 352 000 000 $ réels, ce qui amène
un écart réel de croissance annuelle de 4,4 % de plus que
l'inflation. C'est plus, ça, M. le Président, que l'augmentation
sur la même base de nos frais de santé et de services sociaux.
Donc, dans sa volonté de rendre les municipalités autonomes,
indépendantes financièrement, le gouvernement leur a remis plus
d'argent depuis 1980-1981 qu'il n'a pu le faire pour l'ensemble du secteur de
la santé et des services sociaux. C'est énorme. Je pense que les
municipalités auraient dû penser qu'un réaménagement
financier à l'intérieur de leur enveloppe aurait pu se faire dans
le temps, comme ça a été fait relativement
récemment. M. le Président, je m'en tiendrai à ces propos
pour l'instant, tout en vous remerciant.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Alors, M. le Président, j'étais encore
très heureux d'entendre le député de Saint-Louis nous
faire part de ses vues à ce sujet, étant donné la
compétence que tout le monde lui reconnaît dans le domaine,
l'expérience particulièrement pertinente qu'il a acquise, surtout
alors qu'il était président de la Fédération des
commissions scolaires. Je pense qu'il est important de rappeler encore une
fois, quand on pense à ce qui s'est passé dans cette politique de
décentralisation, que d'abord, je le répète, la mesure
concernant les commissions scolaires n'enlève pas d'argent aux
municipalités, comme le font les coupures fédérales
à l'égard du Québec. Elle est conforme à l'objectif
qui consiste à confier les responsabilités au niveau de
gouvernement qui peut le mieux les assumer. Elle rapproche la décision
de dépenser de celle de les financer. Le transfert de
responsabilités est accompagné de l'ouverture de nouvelles
sources de financement d'un montant équivalent pour les commissions
scolaires. Et je tiens à rappeler encore ce que j'ai
développé tout à l'heure et qu'avait oublié le
député de Labelle, la péréquation, afin de tenir
compte des disparités régionales. L'augmentation de l'espace
occupé par les commissions scolaires dans le champ foncier laisse toute
la latitude voulue aux municipalités pour qu'elles financent leurs
dépenses et, comme le disait lui-même le député de
Labelle, en citant la page 44, je crois, de l'annexe E: Ce champ est moins
utilisé au Québec, beaucoup moins utilisé au Québec
que dans les autres provinces. On est loin de revenir au partage du champ de
l'impôt foncier, cependant, qui existait avant la réforme de
1980.
Je veux donner certains chiffres ici, si on me le permet. On n'a pas
l'occasion de le faire en Chambre parce qu'on est obligé de
répondre en deux phrases. Mais quel est le champ de l'impôt
foncier en 1989-1990? Quelle est la somme? 3 600 000 000 $. On parie de quoi
ici? On parie de 320 000 000 $.
Une voix: L'an prochain.
M. Levesque: L'an prochain. Alors, il ne faut pas non plus parier
comme si tout était déménagé. Encore une fois, le
champ de l'impôt foncier 1989-1990: 3 600 000 000 $. Si on regarde ce qui
se passait encore une fois avant la réforme de 1980, c'était de
l'ordre de 40 % pour les commissions scolaires. Aujourd'hui, ça sera
à peu près de 15 %. C'est beaucoup moins pour les commissions
scolaires. On ne peut pas faire de comparaison avec ce temps-là. Les
municipalités conservent 85 % du champ de l'impôt foncier.
Maintenant, lorsqu'on parie du transfert de responsabilités au niveau
des commissions scolaires et qu'il y a un impôt foncier qui est
affecté, il est important de noter les mesures gouvernementales de
compensation pour la hausse de l'impôt foncier scolaire. Il faut rappeler
le remboursement d'impôt foncier qui s'accroîtra de 16 000 000 $
automatiquement et de 6 000 000 $ de plus suite à la mesure
budgétaire que j'ai
annoncée, haussant de 100 $ le montant maximum de taxes
admissibles.
Il faut aussi rappeler l'allocation-logement. C'est tout nouveau
ça. C'est prévu dans les programmes de sécurité du
revenu. Cette mesure, introduite le 1er janvier dernier, compensera
Jusqu'à 75 % de la hausse de l'impôt foncier scolaire des famiHes
à faibles revenus, et cela, pour un autre montant de 3 000 000 $. Il
faut aussi rappeler le programme concernant les logements à loyer
modique. Ce programme évitera toute augmentation de loyer due à
la hausse de l'impôt foncier pour une somme de 5 000 000 $ concernant ces
logements, laquelle somme sera entièrement assumée au niveau
gouvernemental.
Il y a le programme Logirente aussi qui remboursera aux personnes
âgées de 60 ans et plus une partie importante de la hausse.
Là encore, y y a un autre montant de 1 000 000 $ à cette
fin-là. Et il y a aussi le programme de remboursement des taxes
foncières pour les fermes et boisés qui compensera les
agriculteurs et les propriétaires de boisés dans une proportion
pouvant atteindre 70 % et 85 % respectivement, et ça, pour une somme
additionnelle de 7 000 000 $.
Alors, toutes ces mesures-là ont été prises
justement parce qu'on a une préoccupation pour les personnes ou les
familles qui pourraient être affectées négativement plus
que les autres par ces politiques. Donc, c'est une politique de compensation
justement qui est une preuve de l'importance que nous attachons à une
fiscalité équitable. M. le Président, je voulais
simplement rappeler ces faits avant de passer, si la commission le
désire, à un autre sujet.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Labelle.
M. Léonard: Avant de passer à un autre sujet, je
voudrais simplement dire que ce n'est pas le programme de
péréquation qu'ils ont mis sur pied qui va corriger les
inégalités qui se sont introduites en termes de qualité de
l'enseignement par les décisions qui sont prises par le gouvernement
à l'heure actuelle. Je comprends que le député de
Saint-Louis nous ramène largement à l'Ontario. Libre à lui
de se déguiser en tapis de porte vis-à-vis de l'Ontario. C'est
son affaire, ce n'est pas la nôtre.
Alors, passons à un autre sujet. Il y a des...
M. Chagnon: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Saint-Louis.
M. Léonard: M. le Président, ça fait...
M. Chagnon: Article 35.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Labelle. J'ai une question de règlement. Vous
devez comprendre que je dois entendre le député de Saint-Louis
s'il s'agit d'une question de règlement.
M. Chagnon: M. le Président, je demanderais au
député de Labelle de retirer ses propos à mon endroit. Je
pense qu'ils sont... D'une part, ils vont à ('encontre de notre code
d'éthique. Et je lui demanderais amicalement de retirer ses propos qui
sont blessants, qui sont inappropriés d'ailleurs et inexacts.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, auriez-vous l'amabilité et la gentillesse de bien vouloir
retirer vos paroles, en vertu de l'article 35, paragraphe 7°, qui stipule
qu'un député qui a la parole ne peut "se servir d'un langage
violent, injurieux ou blessant"? Je pense que le terme "blessant" a toute sa
signification. Je dois lui donner une interprétation en vertu de
l'article 41 de la Loi d'interprétation qui est large, libérale,
assure son accomplissement et sa fin. Auriez-vous la gentillesse de retirer vos
propos à l'endroit du député de Saint-Louis?
M. Léonard: S'il se sent blessé, je pense que
ça lui convient bien.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, s'il vous plaît.
M. Léonard: Alors, moi, je peux retirer tout ce qu'on
veut.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie.
M. Léonard: Je n'en pense pas moins...
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Labelle. Vous aurez l'occasion dans votre
intervention...
M. Léonard: ...mais on en a, des tapis de porte ici, en
tout cas.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, s'il vous plaît. S'il vous plaît, la parole est à
vous, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Je comprends que ce gouvernement se gratte le
dos avec ses députés depuis tout à l'heure, mutuellement.
Ça va très bien. Mais les citoyens du Québec qui auront
à payer ces augmentations de taxes foncières tout à
l'heure sauront d'où ça vient. C'est le gouvernement qui les a
imposées aux commissions scolaires. Sans compter les
inégalités sociales que cela va engendrer. En tout cas, les
Québécois en tireront des conséquences et des conclusions.
(11 h 15)
Financement du transport en commun
Sur un autre sujet: le transport en commun. Qu'ont inventé ces
artistes de l'hypocrisie? On nous dit qu'on a juste l'intention de discuter
avec les municipalités membres de ces sociétés de
transport en commun du transfert des coûts de fonctionnement. Alors, on
nous parte de 277 000 000 $, parce que c'est le chiffre par lequel on peut
quantifier un tel transfert de responsabilités et on nous dit encore
évidemment que ce n'est pas une taxe, que ça regarde à
peine le budget, que ce n'est qu'une intention. Mais c'est une intention
transmise par le ministre des Finances dans un discours sur le budget
diffusé devant tout le Québec. C'est ça que nous
avons.
Ce matin, la présidente de la Société de transport
en commun de Montréal nous apprenait par la voie des journaux, la
presse, que la carte d'abonnement mensuel devrait être portée
à 94,67 $ pour répondre aux voeux du gouvernement. C'est
ça que ça signifierait. 94,67 $, abonnement mensuel. Et je peux,
pour le bénéfice des gens... Je pense que ça vaut la peine
de lire un tel article: "C'est un tableau extrêmement sombre qu'a
brossé hier soir la présidente-directrice générale
de la STCUM, Mme Louise Roy, touchant l'avenir immédiat du financement
du transport en commun, à la lumière du désengagement
financier envisagé par Québec. Si le gouvernement Bourassa donne
suite à son intention de mettre fin aux subventions, la STCUM devra
trouver des sources additionnelles de revenu représentant une somme
globale de 230 600 000 $ pour 1990. Cette somme représente une hausse de
10 % des contributions municipales prélevées au moyen de la taxe
foncière des contribuables. L'alternative consisterait à hausser
les tarifs. Or pour aller chercher des revenus additionnels équivalant
à la perte de subventions, il faudrait porter le coût de la carte
mensuelle à 94,67 $ et celui de la carte à tarif réduit
à 36,14 $. Le coût de ces cartes est actuellement de 32,75 $ et de
12,50 $ respectivement. Une alternative consisterait à partager le
fardeau entre les municipalités et les usagers dans une proportion qui
reste à déterminer mais qui, d'ores et déjà,
permettrait d'envisager une grogne sans précédent." Et l'article
continue: "M. le ministre des Finances peut dire que ce n'est qu'une intention,
qu'il a parlé pour ne rien dire, que ce n'est pas sérieux." Parce
que, si je comprends, la minute où il commence à démentir
ce qu'il dit et qu'il va simplement consulter, mais qu'est-ce qu'il a dit quand
il dit qu'ils ont l'intention de se désengager des coûts de
fonctionnement des sociétés de transport en commun? Je pense que,
là, ce n'est pas sérieux. Ce n'est pas sérieux. Alors,
au-delà de ça, l'intention est très claire et est
reliée à la page 44 de l'annexe E où il quantifie,
toujours par rapport à l'Ontario, le manque à gagner sur le plan
des institutions locales dans le champ de l'impôt foncier à 1 286
000 000 $. On peut penser que les 277 000 000 $ pour les sociétés
de transport en commun vont y passer tout rond.
M. le Président, il s'agit d'une augmentation considérable
pour (es coûts du transport en commun, pour ceux qui n'ont pas de voiture
à Montréal, justement ceux qui ont des revenus moins
élevés ou ceux qui, voulant protéger l'écologie,
utilisent le transport en commun plutôt qu'une grosse voiture. Alors, il
s'attaque à eux. Par ailleurs, sur d'autres plans, il peut investir dans
d'autres secteurs. Mais sur cette question du coût du transport en
commun, toutes les sociétés modernes s'interrogent sur un
meilleur transport en commun et l'encouragent de différentes
façons.
On sait que le transport en commun dans les centres urbains bien
organisés, c'est un des facteurs essentiels de (a qualité de la
vie, que si le transport en commun ne fonctionne pas bien, c'est un
encombrement correspondant qui se produit dans les centres des villes, que si
le coût du transport en commun est trop élevé pour la
majorité des gens, au fond, ils ne l'utiliseront pas. Dès qu'on
l'augmente, il se produit une baisse correspondante de la clientète, ce
qui fait les déficits des sociétés de transport en commun
qui, dans les milieux urbains, dégénèrent,
périclitent et, finalement, ne fonctionnent plus du tout. Alors, est-ce
que le gouvernement est en train de nous dire que, finalement, il souhaiterait
que le transport en commun disparaisse et qu'on revienne aux voitures? l'une
des conséquences aussi que j'ai déjà soulignées,
c'est celle sur l'aménagement urbain. la ville de montréal et les
villes de banlieue, mais surtout la ville de montréal a connu une baisse
considérable de sa population depuis pratiquement 1972, ou au tournant
du début des années soixante-dix. le gouvernement a formé
des groupes, un groupe en particulier sur l'aménagement urbain dans la
région de montréal, qui a émis une option
privilégiée d'aménagement de la région de
montréal. et sur ce plan-là, les conclusions étaient
très claires: il fallait encourager le transport en commun, si l'on
voulait garder la population... il fallait améliorer la qualité
du milieu de vie à montréal si l'on voulait garder la population
sur itle de montréal et si l'on voulait que le tissu urbain ne
dégénère pas. le transport en commun était un des
facteurs essentiels. là, on vient clencher le transport en commun par la
décision qu'on vient de prendre. les taxes foncières vont
augmenter, ou la carte d'abonnement mensuel ou les deux, ou d'autres sources
que le ministre n'identifie pas, mais, à un moment donné, s'il a
l'imagination d'écrire qu'il a l'intention de sabrer dans les
subventions au transport en commun, il faudrait au moins qu'il nous dise, qu'il
donne quelques indications sur ces nouvelles sources qui n'auraient pas les
conséquences que nous dénon-
çons.
Alors, si la taxe foncière augmente ou si la carte d'abonnement
mensuel augmente, les gens auront tendance à quitter l'île de
Montréal, à quitter le territoire de la ville de Montréal
et donc à aller grossir les banlieues, à amener le gouvernement,
éventuellement, à construire des ponts. Tout le monde sait que
construire un pont, par exemple, vers la rive sud, c'est au moins 500 000 000
$, chiffrés il y a quelques années déjà. Alors, ce
sont des coûts considérables, sans compter qu'on ne règle
pas le problème lorsqu'on fait une telle opération.
Donc, on est en train de donner un coup très très dur
à la ville de Montréal. On est en train d'encourager l'exode
urbain, l'étalement urbain, avec toutes les conséquences qu'on
connaît sur l'étalement urbain. On est en train d'augmenter la
pression sur les territoires, les terres agricoles autour de la région
de Montréal. Encore une fois, la démonstration en a
été faite, c'est l'un des meilleurs territoires agricoles au
Canada - au Québec, évidemment. On est en train d'augmenter la
pression là-dessus. Je comprends peut-être que certains
organisateurs libéraux sont bien intéressés à la
chose. On l'a bien vu par tout ce qui a entouré les gestes de M.
D'Errico.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, est-ce que j'ai fini
mes 10 minutes?
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous avez
terminé.
M. Léonard: En tout cas, ça a l'air que...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, mais
je vous ai laissé aller un petit peu.
M. Léonard: alors, que m. le ministre des finances nous
parle du transport en commun et des conséquences sur le portefeuille des
gens dans la région de montréal.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances, la
parole est à vous.
M. Levesque: M. le Président, je tiendrais à
répondre immédiatement à l'invitation que vient de me
formuler le député de Labelle de répondre à ses
questions, mais je n'ai pas l'intention de ne pas respecter fidèlement
ce que j'ai mentionné au budget. Je n'ai pas l'intention, ce matin,
d'escamoter le processus de consultation que j'ai annoncé. Lorsque le
député de Labelle dit que nous avons l'intention de
procéder, je lui demande de relire attentivement le budget qui dit bien,
à la page 26: "En ce qui a trait aux municipalités, le
gouvernement a l'intention" de quoi? "a l'intention de soumettre au cours des
prochains mois, pour consultation, un projet visant à modifier le
financement du transport en commun. En vertu de ce projet, le gouvernement
mettrait - au conditionnel - de nouvelles souces de financement à la
disposition des municipalités situées sur le territoire d'un
organisme public de transport en commun. En contrepartie, elles assumeraient la
responsabilité des dépenses de fonctionnement de ces organismes
et - c'est important de le souligner pour répondre, encore une fois,
à certaines appréhensions non fondées - le gouvernement
continuerait à supporter le financement de leurs immobilisations* Je
continue la lecture. "Ce transfert de responsabilités au secteur local,
accompagné d'une ouverture équivalente de champs fiscaux, nous
apparaît éminemment souhaitable dans la mesure où le
transport en commun est une fonction essentiellement locale. Le niveau de
service, les conditions de travail et la tarification sont déjà
déterminés localement. Il apparaît donc normal et logique
que le secteur local assume une plus grande responsabilité à leur
égard et qu'il en devienne redevable aux fins de ses électeurs et
de ceux qui en bénéficient." La dernière phrase. "Le
gouvernement, par la voix du ministre des Affaires municipales,
présentera sous peu un programme de discussion avec les
municipalités sur ce projet particulier et sur un ensemble de questions
qui les intéressent."
Or, M. le Président, je tiendrais, encore une fois, à
rappeler que le gouvernement n'a pas indiqué d'intention de faire, mais
a l'intention de soumettre un projet aux municipalités visant à
modifier le financement du transport en commun. Il y aura une ouverture de
nouvelles sources de financement aux municipalités, si la consultation
nous amène à cette conclusion, avec un transfert aux
municipalités de certaines dépenses de fonctionnement, et que le
gouvernement continuera de supporter le financement des immobilisations. Je
crois qu'il est important de souligner, dès à présent,
qu'alors que les dépenses du gouvernement du Québec ont
été, durant ces dernières années, du moins depuis
que nous sommes là, d'environ 5 % - la croissance annuelle était
d'environ 5 % - savez-vous ce que c'est que la croissance depuis, allons depuis
1980? On va inclure les deux gouvernements. C'a été de l'ordre de
10 %, la croissance annuelle. La croissance annuelle a été de
l'ordre de 10 %, des subventions faites au transport en commun. Alors, je crois
qu'il est bon de le noter. (11 h 30)
II serait bon aussi de reprendre cet article auquel faisait allusion le
député de Labelle, l'article de ce matin dans La Presse de
Montréal. Lorsque l'on cite la présidente-directrice
générale de la STCUM, il faudrait bien voir ce que l'on dit:
"...à la lumière du désengagement financier
envisagé..." Pas annoncé, pas décidé,
mais "envisagé" par le Québec, ça c'est plus juste,
envisagé par le Québec. L'article dit plusieurs choses. C'est une
exploration faite par cette personne, en autorité. Elle dit: Si tout
était du côté de l'impôt foncier - ça, c'est
une hypothèse qu'elle aurait le droit de mettre de l'avant - ce serait
10 % d'augmentation. Et elle ajoute: Si c'était plutôt de tout
concentrer sur -les tarifs, il y aurait une augmentation substantielle, qu'elle
mentionne. Mais elle continue: Une autre alternative serait peut-être de
partager, entre les municipalités et les usagers. Et elle aurait pu
continuer, continuer. Il y a d'autres façons, aussi, qui peuvent
être envisagées et que j'ai moi-même a l'esprit, au moment
où je vous parle.
Mais ce n'est pas ici que je vais commencer le travail de consultation.
Je vais commencer... Et mon collègue s'est annoncé, je ne sais
pas si vous avez bien lu le budget: "Le gouvernement, par la voix du ministre
des Affaires municipales, présentera sous peu un programme de
discussions avec les municipalités sur ce projet particulier et sur un
ensemble de questions qui les intéressent", selon le plus grand respect
des municipalités... D'ailleurs, elles ont insisté assez, d'une
façon assez vocale, enfin, d'une façon assez claire, non
équivoque, sur leur désir de pouvoir être
consultées, que je n'ai pas l'intention de créer une
brèche, ce matin, dans des intentions exprimées dans le discours
sur le budget. Et c'est sûrement par la voix de mon collègue, le
ministre des Affaires municipales, que ces intentions seront
véhiculées vers les autorités appropriées, et,
à ce moment-là, les consultations commenceront, et nous verrons
la suite.
Tout le reste, même si on citait tous les journaux, ce matin, ou
demain, il demeure que ce sont des hypothèses de travail qui sont
là, mais que je respecte, parce qu'elles proviennent de personnes
qualifiées, en autorité, mais encore là, ce sont des
hypothèses qui sont évoquées, et non pas des
décisions du gouvernement, mais, encore une fois, je
répète ce que je lis dans l'article: Envisagé par
Québec", hein? Alors, on va s'en tenir à ça. On va
procéder de la façon que nous l'avons exprimé dans le
budget, et je suis convaincu qu'avec les autorités concernées,
nous devrions arriver à une solution qui tienne compte, justement, de ce
que nous retrouvons aussi dans le budget.
Lorsque le député de Labelle mentionnait, tout à
l'heure, qu'il était en faveur d'une décentralisation, qu'il a
toujours été en faveur de la décentralisation, je ne pense
pas que nous allions à rencontre de son dogme, des ses
préoccupations, ou de ses tendances, appelons ça comme on voudra.
Je suis, personnellement, convaincu qu'il est d'accord avec ceci: "Le niveau de
service, les conditions de travail et la tarification sont déjà
déterminés localement. Il apparaît donc normal et logique
que le secteur local assume une plus grande responsabilité à leur
égard et en devienne redevable auprès de ses électeurs et
de ceux qui en bénéficient."
C'est ça qui nous inspire, mais, en même temps, je dois
dire au député de Labelle que nous voulons explorer, avec les
autorités concernées, les sources de financement, aussi, qui
pourraient accompagner un tel transfert. Je suis, sans vouloir faire de
prédiction, convaincu que pourraient s'ajouter à cette liste
d'alternatives que nous retrouvons dans cet article de journal, d'autres
alternatives, sans doute, qui pourraient être envisagées. Mais,
attendons les événements avec sérénité et
avec confiance. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, je vous remercie. Je
n'avais pas l'intention de faire une parenthèse, mais je pense que les
propos du député de Labelle, M. le Président, m'incitent
à lui souligner que l'option préférable
d'aménagement de son gouvernement, en 1978 - c'était
préférable - pour l'île de Montréal, a
été un échec monumental. On a arrêté la
construction de toute route dans la région métropolitaine de
Montréal parce que, selon la vision, M. le Président, du Parti
québécois de l'époque, la région
métropolitaine de Montréal n'était constituée que
de l'île de Montréal. Mais la région métropolitaine
de Montréal, ce n'est pas seulement le million de personnes qui vivent
sur l'île de Montréal, c'est également Longueuil,
Boucher-ville, la rive sud et la rive nord, Laval,
Sainte-Thérèse, Boisbriand. C'est 3 000 000 de personnes qui
vivent dans cette région. On a voulu, en s'imaginant qu'en construisant
des tunnels de métro comme on prend un beau fromage gruyère qui
est plein de trous, qu'on était pour conserver les gens sur l'île
de Montréal. La théorie du Parti québécois de
l'époque, M. le Président, c'était la théorie
simpliste, technocratique, qu'en alignant des gens dans des cages à
poules, c'était plus facile de les garder au même endroit. Mais
les citoyens ne fonctionnent pas de cette façon-là et, surtout,
M. le Président, c'est que le Parti québécois essayait
d'aller à rencontre du principe fondamental de la loi de la
rareté, le principe d'Adam Smith. Même les économies
communistes sont en train de comprendre que ça existe, qu'il n'y a pas
personne qui peut être contre ça. Quand on développe un
centre-ville, on commence et ça coûte 4 $, 5 $, 6 $ ou 7 $ le pied
carré. Mais 50 ans plus tard, le pied carré, le mètre
carré, il est rendu à 100 $, 120 $ le mètre carré.
À Rivière-des-Prairies, sur We de Montréal, le terrain
résidentiel, en ce moment, M. le député de Labelle - M. le
Président, il faudrait lui dire - il est de 20 $ le pied carré.
5000 pieds carrés, ça fait 100 000 $ de terrain avant de mettre
les empattements pour une résidence. Il n'y a pas un citoyen qui est
capable
de se payer ça. Mais de l'autre côté de la
rivière, à Laval ou de l'autre côté, à
Terrebonne, c'est toujours 2 $ le pied carré. Donc, une jeune famille
qui veut s'acheter une résidence qui est le principal bien d'un couple,
elle n'ira pas s'installer sur l'île de Montréal. Mais ça,
c'est la loi de la rareté. Personne n'y échappe. Aucune
métropole en Amérique du Nord. Et le développement de
toutes les métropoles s'est toujours fait par cercles concentrés.
Comme quand on lance une roche dans l'eau, il y a un petit cercle, un autre
cercle, un autre plus grand cercle, un autre plus grand cercle.
Malheureusement, c'est ça l'économie. Mais l'ancien gouvernement
flottait dans les nuages. Or, qu'on ne vienne pas me parler de ponts parce que
Montréal est toujours la seule métropole en Amérique du
Nord qui n'a pas de voie de ceinture et je sais très bien pourquoi, nous
n'avons pas de voie de ceinture. C'est que lorsque le gouvernement du Parti
québécois est entré au pouvoir, en 1976, le projet du
prolongement de la 25 et du pont dans l'est du côté de Laval,
ça ne coûtait pas 500 000 000 $, ça coûtait 30 000
000 $ pour un pont, et on aurait eu au moins la voie de ceinture du
côté nord. J'espère, M. le ministre des Finances, que dans
l'annexe E, page 8, aux crédits additionnels en 1992-1993 de 300 000 000
$ au transport, qu'il y a des sous pour le début du pont parce que c'est
la deuxième pétition en importance depuis...
M. Léonard:...
M. Bélisle: Non, non, non. M. le
député de Labelle, ce n'est pas comique. Quand il y a 200 000
personnes qui signent une pétition, et c'est la deuxième en
importance, depuis 1867, qui a été déposée à
l'Assemblée nationale, je ne pense pas que c'est de la blague. Mais ce
n'est pas mon propos, mais je pense que je devais absolument relever ça,
c'est trop gros.
Équilibres financiers
Moi, ce que j'aimerais savoir, M. le Président, et je pense que
le député de Labelle... M. le ministre des Finances, vous allez
commenter là-dessus, mais j'aimerais... On discute de détails, on
discute de programmes, de sous-chapitres, mais prenons les grandes têtes
de chapitres. Moi, j'aimerais savoir, et je pense que les concitoyens dans mon
comté doivent le savoir: Quelle est la vision du Parti
québécois des grands équilibres financiers? Moi,
j'aimerais savoir ça. J'aimerais connaître la vision... C'est
évident, M. le Président, que je ne reprendrai pas la page 2197
du discours... Je vais la garder pour d'autres occasions. C'est tellement beau.
Je l'ai dit. Il faudrait l'encadrer, l'accrocher, au-dessus de la tête de
lit des Québécois pour se bidonner avant d'aller au lit, mais on
le ferait à un autre moment. La politique monétaire
créditiste du Parti québécois. Mais on reviendra à
ça.
Mais ce que j'aimerais savoir, M. le...
M. Léonard: Attention!
M. Bélisle: ...ce que j'aimerais savoir...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, la parole est au député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Ce que j'aimerais savoir, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: ...c'est aux pages 36 et 37, j'aimerais
connaître honnêtement de la part du critique de l'Opposition en
matière de finances - c'est à l'annexe E - quelle est votre
vision du déficit annuel dans un budget de la province de Québec?
Cette année, le déficit à 1 750 000 000 $ dans des
dépenses budgétaires de 35 351 000 000 $, ça
représente 4,9 %. Quand vous nous dites, quand, M. le Président,
le député de Labelle nous dit: Le gouvernement a trop
taxé. Il y en a pour 1 200 000 000 $ de taxes, et il se tourne de bord
et nous dit, deux minutes après: Ils n'ont rien fait pour aider les
chômeurs et pour créer de l'emploi, je me pose une question, nom
de Dieu! Si on a trop taxé et si on n'a rien fait pour aider les
entreprises et les chômeurs, où aurait-il pris l'argent lui?
Est-ce qu'il se serait arrêté à 1 750 000 000 $, à
peu près 4,9 % des dépenses budgétaires? Ou est-ce qu'il
aurait fait comme quand il était membre du Conseil des ministres, 12 %
de moyenne à chaque année? Ça aurait été au
minimum 4 000 000 000 $ cette année, le déficit. Ma
première question: C'est quoi, effectivement, sa vision du
déficit? Qu'est-ce qu'il aurait montré aux
Québécois, cette année: 4 000 000 000 $, ou est-ce qu'il
se serait dépassé, ou surpassé, comme en 1981, à
19,2 %, à 20 % de 35 000 000 000 $, 7 000 000 000 $ de déficit.
Ça, c'est ma première question. J'aimerais avoir une
réponse à cette question-là. Avant de regarder les
programmes, là, on aligne nos grands objectifs. Deuxième
question. Que le Parti québécois et que le critique de
l'Opposition en matière des finances nous dise si la dette totale du
Québec, c'est à 29 % qu'il veut la maintenir, comparativement au
produit intérieur brut, ou si c'est à 20 %?
Non mais, c'est quoi le montant, le pourcentage? Est-ce que, parce que
le produit intérieur brut a augmenté depuis 1985 à 153 000
000 000 $, au lieu de 107 000 000 000 $, parce que vous présumez qu'on
s'est enrichis, qu'on peut se permettre un saut de notre dette, à partir
du montant actuel, qu'on va la pomper
d'un autre coup de 25 000 000 000 $ en l'espace de cinq ou six ans sous
une administration du Parti québécois? Et s'il n'a pas assez
d'argent, et si on n'a rien fait pour les entreprises, et pour créer des
emplois, j'aimerais connaître, de la part du critique en matière
de finances de l'Opposition, le solde des opérations courantes, qui
était positif, en 1970 et 1976, et qui est devenu négatif
à coup de 2 000 000 000 $ par année en 1976 et 1985, et que nous
on a ramené à 270 000 000 $ - M. le ministre des Finances, je
n'ai que des éloges à vous faire pour la page 21 - et j'aimerais
connaître, de la part, M. le Président, de l'Opposition, s'ils
sont d'accord, oui ou non, avec l'énoncé de la page 21, qui est
le suivant: "La première étape consistera à
équilibrer le solde des opérations courantes"? Est-ce qu'eux,
comme gouvernement responsable, alors qu'ils ne l'ont jamais fait pendant dix
ans... Admettons qu'ils reviennent au pouvoir dans trois ou quatre ans, votre
solde des opérations courantes va-t-il être de 2 500 000 000 $ de
déficit, ou est-ce que ça va être zéro? Et dans une
dernière étape, et c'est bien là, M. le
député de Labelle, M. le Président, pourra me
répondre là-dessus, s'il a une réponse, je voudrais la
connaître avant la prochaine élection générale. On
dit à la page 21: "Dans une seconde étape il sera
nécessaire de réaliser des surplus, de manière à
amorcer la liquidation des déficits accumulés dans le
passé." Je veux savoir, comme Québécois, si un
gouvernement du Parti québécois sait ou ne sait pas, peut dire ou
ne peut pas dire, que, s'il avait les finances du Québec entre les
mains, si, eux, ils seraient prêts à réaliser des surplus
pour liquider les déficits passés, les emprunts massifs, et pour
améliorer notre position financière? Moi, je considère que
c'est un débat absolument fondamental. Avant de discuter de
métro, de commissions scolaires, et tout le reste, il faut savoir,
effectivement, est-ce qu'on s'en va à Paris ou si on va à
Hongkong? Après on peut décider quelle sorte de moyen de
transport on va prendre, le bateau, on va nager, ou on va prendre l'avion. Mais
là, en ce moment, moi je ne sais pas où vous voulez vous en
aller. Vous dites que le budget a trop taxé, mais vous dites qu'on n'a
pas assez mis d'argent. Je vous pose une question: Auriez-vous taxé
plus? Auriez-vous augmenté le déficit à 4 000 000 000 $,
comme c'a été votre habitude pendant 10 ans? Auriez-vous eu un
solde des opérations courantes déficitaire, à 2 500 000
000 $ ou à 3 000 000 000 $? Auriez-vous encore pompé la dette du
Québec, pour lui faire faire un autre saut de 25 000 000 000 $ pendant
huit ans d'administration? C'est ça, là, en ce moment, le fond du
débat. M. le Président, je suis convaincu...
Le Président (M. Lemieux): 30 secondes.
M. Bélisle: ...convaincu, convaincu, connais- sant
l'honnêteté professionnelle du député de Labelle,
qu'il ne peut pas, en aucune façon, ne pas nous dire, à tous ceux
qui écoutent, aux journalistes, aux gens du ministère des
Finances, parce que ce sont eux qui vont être obligés de
s'ajuster, là. Je vous avertis, là, vous allez avoir à
vous ajuster, s'ils s'en viennent. On va changer de cap encore une fois.
Le Président (M. Lemieux): ... M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: II faudait peut-être qu'on le sache, et
peut-être que les Québécois le sachent, mais pas qu'on le
cache pendant trois ans de temps, et qu'on arrive ensuite et qu'on se
réveille avec un mauvais cauchemar.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le ministre des Finances. (11 h
45)
M. Levesque: M. le Président, je suis très heureux
que le député de Mille-Îles puisse nous ramener dans un
élément important de la politique budgétaire du
gouvernement. La question qu'il pose à l'Opposition, même si elle
est très hypothétique et qu'elle n'aura peut-être pas de
réponse dans un avenir prévisible, dans la réalité,
tout de même, elle est intéressante, cette question-là. Et
j'espère que, dans les quelques minutes que voudra prendre le
député, s'il le juge à propos, le député de
Labelle, à ce sujet. Il pourrait peut-être nous donner une
indication de ses vues, de son opinion là-dessus ou celle de son parti.
Parce que, si nous regardons dans le passé, nous puisons des
leçons. On sait que le gouvernement du Parti québécois,
dans les années 1976, 1977, 1978, 1979, dans les années
quatre-vingt, l'année référendaire, s'est laissé
emporter dans une série de dépenses et d'emprunts, de
déficits qui ont fait justement qu'à un moment donné, il
est arrivé dans un cul-de-sac et qu'il a dû réagir un peu
tard et d'une façon qui n'a pas été tellement, je pense,
appréciée par les instances qui ont dû faire les frais de
cette imprévoyance de la part du gouvernement du temps. On voit, lorsque
nous avons quitté le pouvoir, l'année 1976, quelle était
la dette totale par rapport au produit intérieur brut. Elle se situait,
en 1975-1976, à 12,5 %. Et nous revenons au pouvoir, en 1985-1986, elle
est passée à 29,3 % du PIB. Qu'est-ce qui s'est passé,
durant ce temps-là, pour qu'on en arrive à une telle situation?
C'est là la question que devrait se poser le député de
Labelle, avant de répondre à la question du député
de Mille-Îles. Autrement dit, la population, elle a toujours un choix
entre différentes formations politiques. Mais je suis sûr que la
population, avant de penser à éventuellement, je ne sais pas,,
dans l'an 2050, ramener ces gens-là, la population va se dire: Est-ce
que ces gens-là vont faire la même chose qu'Us ont
fait, lorsqu'ils étaient au pouvoir, en si peu de temps? On dit:
Bien, vous autres, vous avez dépensé lorsque vous êtes
arrivés au pouvoir, de 1970 à 1975. Vous avez
dépensé, vous avez emprunté et vous avez fait ci et
ça. Oui, puis? Est-ce que c'était dramatique? On est
passés de 11 %, en 1970-1971, à 12 % en 1975-1976. Est-ce que
c'est dramatique comme ça? Vous avez passé de 12 % à quoi?
À près de 30 % dans la dette totale, dans le pourcentage. C'est
là qu'on se demande ce qui s'est passé. Et la population dit: Ces
gens-là vont-ils revenir avec la même approche? Et d'autant plus
qu'ils ont raison de se poser des questions parce qu'ils entendent la cassette
péquiste: II faut augmenter le déficit, il faut augmenter les
taxes, il faut augmenter ci, il faut augmenter les dépenses. Ils
entendent ça et ils se disent: Est-ce que ça correspond,
ça, à la politique véritable réelle
pratiquée entre 1976 et 1985? La population a raison de se poser de
telles questions. Et le député de Mille-Îles a bien raison
de demander au député de Labelle. Qu'est-ce que c'est que votre
politique, aujourd'hui, à cet effet-là? Est-ce que c'est
ça? Est-ce que c'est ce qu'on entend dans vos cassettes, qu'il faut
dépenser plus? Même le chef de l'Opposition s'est levé
récemment, à l'Assemblée nationale, dans ce débat.
Je ne dis pas que c'est le député de Labelle qui a dit ça;
il faut que je sois juste envers lui. Le chef de l'Opposition qui se levait,
celui-là même qui s'est excusé, durant la campagne
électorale récente, d'avoir dû couper de 20 % les salaires
des employés, il s'est excusé. Quand il s'est levé
très récemment, en Chambre, dans le débat sur le discours
sur le budget, je pensais qu'il allait faire de même: s'excuser de la
gestion des finances publiques durant cette époque-là. En
même temps, je pensais qu'il allait dire: Excusez-moi si, aujourd'hui,
vous avez à faire face à des intérêts qui causent
des problèmes énormes dans l'administration. Je pensais qu'il se
levait pour les mêmes choses, pour s'excuser encore une fois. Mais non,
au contraire, il s'est vanté de cela: d'avoir augmenté les
emprunts, d'avoir augmenté les déficits, les dépenses.
Alors, voyez-vous l'à-propos de la question du
député de Mille-Îles au député de Labelle:
Partagez-vous cette vision des choses? Êtes-vous prêt, ce matin,
à continuer d'inquiéter la population qui s'inquiète
évidemment très peu, étant donné
l'éventualité très éloignée d'une telle
hypothèse? Mais ne seriez-vous pas l'homme tout désigné,
comme critique financier de l'Opposition, pour ramener les choses et dire
à la population: Ne vous inquiétez pas, nous n'avons pas
l'intention de répéter les erreurs du passé; nous avons,
au contraire, l'intention ferme de suivre, si jamais une telle hypothèse
se réalisait, la politique imprimée par le gouvernement
libéral. Même pas obligé de dire "le gouvernement
libéral", tout simplement dire "la politique actuelle". Parce qu'on ne
tient pas à vous humilier. Mais vous pourriez sans doute, le
député de Labelle pourrait profiter de cette occasion-ci pour
dire: Si jamais nous avions les responsabilités du pouvoir, nous
n'allons sûrement pas répéter cette situation. Ou, par
exemple, lorsqu'on regarde le solde des opérations courantes - vous
connaissez ça, parce que vous êtes un expert là-dedans -
est-ce que c'était normal lorsqu'en 1975-1976, la dernière
année de notre règne ou de notre passage au gouvernement, nous
avions un surplus constant entre 1970-1971 comme solde des opérations
courantes 302 900 000 $, puis 305 500 000 $, 353 600 000 $, 86 600 000 $. 486
000 000 $, etc.
On a toujours eu le solde des opérations courantes. Tout d'un
coup, on revient, en 1985-1986, et ce n'est plus un solde positif, ce n'est
plus un surplus des recettes courantes par rapport aux dépenses
courantes, c'est un déficit, regardez-moi ça, en 1985-1986, de 2
074 800 000 $. Qu'est-ce qui s'est passé? Allez-vous répondre
à la question du député? Là, nous avons pris ce
montant de 2 074 000 000 $ et nous l'avons baissé, en 1989-1990,
à 270 000 000 $. Quel chemin parcouru! Pouvez-vous répondre au
député de Mille-Îles et lui dire: Non, nous n'avons pas
l'intention de changer cette direction là; nous allons travailler dans
le sens que je mentionnais, en page 21 du discours sur le budget: "...La
première étape consistera à équilibrer le solde des
opérations courantes aussitôt terminé le présent
ralentissement économique. Dans une seconde étape, il sera
nécessaire de réaliser des surplus de manière à
amorcer la liquidation des déficits accumulés dans le
passé..." Est-ce que vous souscrivez - c'est ça que le
député de Mille-Îles demande, autrement dit - à
cette politique-là - ou si vous voulez retourner le Québec dans
la politique que vous avez pratiquée, alors que vous aviez les
responsabilités du pouvoir? Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le ministre des
Finances. Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: C'est bien ça. Merci, M. le Président.
J'espère aborder cet échange dans un esprit qui ne soit pas trop
naïf. Je m'attends à avoir des réponses aux questions que je
souhaite poser au ministre des Finances.
M. le Président, d'abord, vous me permettrez de reprendre les
affirmations qui sont contenues à l'annexe A, à la page 13, du
discours sur le budget, et qui concernent...
Le Président (M. Lemieux): L'annexe A, page 13?
Mme Harel: C'est bien ça. Une voix: L'annexe A.
Formation professionnelle
Mme Harel: À la page 13, et qui concernent le
nécessaire virage en matière de formation de la main-d'oeuvre.
Vous comprendrez que je voudrais échanger avec le ministre des Finances
sur la question de la formation professionnelle. Dans cette annexe, il y a un
certain nombre d'affirmations, entre autres celle à l'effet que la
réforme de l'enseignement professionnel de niveau secondaire continue
d'assurer aux entreprises l'accès à un bassin de travailleurs
hautement qualifiés.
On retrouve ces affirmations dans le premier paragraphe.
Évidemment, je ne veux pas rappeler à quel point la formation
professionnelle est en crise dans les établissements d'enseignement. La
CEQ a publié, la semaine dernière, un document très
fouillé concernant la formation professionnelle dans le secteur de
l'éducation et démontrant une baisse de clientèle, chez
les étudiants adultes comme chez les jeunes étudiants, absolument
sans précédent. Qu'il me soit permis simplement de rappeler qu'au
Québec, le nombre de places pour les adultes en formation
professionnelle est passé, en trois ans seulement, de 60 000 à 10
500. Ça, c'est simplement en termes de formation aux adultes, qui est
dispensée dans des établissements d'enseignement, en
matière de formation de base ou de formation professionnelle.
D'autre part, il y a également une autre affirmation qui est
reprise assez fréquemment - je n'en fais pas grief au ministre des
Finances, parce que ça a pu lui être communiqué par des
personnes bien intentionnées mais mal informées d'autres
ministères - à l'effet que le Québec avait fait un effort
important, substantiel en matière de formation de personnes sans emploi
et qu'il fallait dorénavant transformer la trajectoire pour relever la
qualification des personnes en emploi. On retrouve ça tout au long du
budget, entre autres, justement, à la page 13, au troisième
paragraphe, quand on dit, par exemple: "Jusqu'à maintenant, les
interventions gouvernementales en matière de main-d'oeuvre ont surtout
été dirigées vers les programmes de soutien du revenu
comme l'aide sociale et l'assurance-chômage, plutôt que vers des
mesures actives de promotion de la qualification des travailleurs en
emploi."
Et là, on laisse entendre qu'il y aurait eu des mesures de
formation aux personnes sans emploi et qu'il faut dorénavant faire un
effort accru pour les personnes en emploi. Je veux simplement rappeler que,
dans un cas comme dans l'autre, c'est évidemment en dessous de tout le
niveau de formation qui est offert. Parce que, aux personnes sans emploi, une
étude très récente, citée par le président
de la Chambre de commerce de Montréal, M. Ménard, à
l'émission Le Point, une étude réalisée par
M. Paul Martel-Roy, de l'Université Laval, démontre qu'en 1986,
moins de 5 % - enfin, c'est plus exactement 4,6 % - des personnes qui avaient
perdu leur emploi et, donc, qui étaient en chômage depuis deux ans
et plus, avaient reçu une formation professionnelle qualifiante.
Ça, c'est donc, en fait, une pénurie d'offres
d'apprentissage ou d'acquisition de connaissances pour des personnes sans
emploi. Et il faut comprendre que, dans le budget, il n'y a rien qui est offert
à ces personnes sans emploi. On y reviendra possiblement, puisque le
Conseil des affaires sociales a évidemment sonné un cri d'alarme
sur cette situation de personnes sans emploi au Québec qu'il
évalue à presque 25 % ou 26 % de la main-d'oeuvre et envers
lesquelles il n'y a pas d'offres de formation qualifiante. (12 heures)
Je reviens aux propositions budgétaires du gouvernement à
l'égard des personnes en emploi. Le ministre peut-il m'indiquer, compte
tenu du fait que les dépenses de formation sont estimées à
0,3 % de la masse salariale au Québec - ce sont là des
données que l'on retrouve à la page 13 - comparativement à
0,5 % au Canada et à 1,4 % aux États-Unis, quelles sont les
estimations que son ministère a faites des dépenses du secteur
privé consacrées à la formation professionnelle? Alors,
quelles sont, en chiffres absolus, ces dépenses pour qu'on puisse
comprendre d'où vient le 0,3 %?
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que votre propos est
terminé, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve?
M. Levesque: Pour répondre immédiatement à
la demande de madame...
Le Président (M. Chagnon): Peut-être M. le
député, M: le ministre des Finances, est-ce que...
Mme Harel: Oui, voilà, je comprends-Le Président
(M. Chagnon): Oui, c'est ça. J'allais vous redonner la parole.
Mme Harel: ...vous avez un certain formalisme. Alors, si le
ministre des Finances prend la parole, il en aura pour 10 minutes. C'est bien
ça, non?
M. Levesque: Non, non, je vais juste vous répondre.
Une voix: C'est ce qu'ils font habituellement.
M. Levesque: Oui, mais c'est parce que ce n'est pas de la
même façon que madame a abordé le... Elle m'a simplement
demandé... Durant son exposé, elle a voulu avoir une
précision et, cette précision-là, elle a été
demandée par le député de Labelle, hier, dans sa liste de
demandes.
Nous avons l'intention, dès cet après-midi, je pense, de
donner l'information, cet après-midi ou ce soir, soit quand les gens
nous donneront l'information demandée.
Mme Harel: Très bien. En fait...
Le Président (M. Chagnon): Alors, c'est à vous la
parole, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Vous comprendrez que la
grande question est la suivante. Est-ce que les crédits d'impôt
vont accroître la dépense en formation ou ne vont-ils venir que
récompenser les dépenses qui déjà s'effectuaient et
qui, maintenant, vont pouvoir être remboursées? Ça, c'est
évidemment une question absolument importante parce que, compte tenu du
fart qu'on dépense à peine deux heures de formation par
année au Québec, comparativement à cent heures au Japon,
et qu'il y a là un rattrapage extrêmement important à
faire, ces crédits d'impôt... Des observateurs bien
informés font savoir au gouvernement, par la voie des journaux... Encore
aujourd'hui, M. Christian Payeur, spécialiste de ces questions, met en
garde le gouvernement contre une formule comme celle du crédit
d'impôt en alléguant que les entreprises ont tendance à
favoriser les plus instruits dans leur investissement de formation et que c'est
donc peu qui pourrait être alloué au relèvement des
qualifications. Entre autres, quand on pense que, dans le secteur manufacturier
du textile, de la mode du vêtement, qui fait quand même 42 % des
emplois manufacturiers à Montréal, 42 % de tous les emplois
manufacturiers à Montréal qui sont consacrés à ce
secteur-là et où on compte 30 % des employés qui ont moins
d'une huitième année de scolarité... Alors, est-ce que ces
personnes seraient laissées pour compte dans la perspective,
évidemment, où les entreprises seraient plus
intéressées à qualifier ou à relever la
qualification de ceux qui sont déjà scolarisés, ceux qui
ont déjà, donc, une formation de base?
D'autre part, est-ce que le ministre a eu des représentations des
milieux d'affaires sur l'impact du découragement qui vient, compte tenu
du maraudage qui peut se faire entre les entreprises concurrentes, étant
donné les exemples, justement, apportés par un certain nombre
d'entreprises. Je pense, entre autres, à une entreprise qui avait
performé sur le plan de la formation, l'entreprise Harricana, qui
faisait valoir que 80 % du personnel qu'elle avait qualifié par une
formation professionnelle avaient été embauchés par ses
concurrents. Finalement, l'entreprise concurrente n'a pas à investir
dans la formation. Elle n'a qu'à attendre que son concurrent le fasse et
offrir, après, une rémunération plus élevée
sans avoir elle-même à débourser.
Ah oui! c'est vrai. Il faut donc que je termine sur ce sujet. Je
demanderais au ministre s'il croit, comme vient de le faire l'Association des
commissions de formation professionnelle, une association provinciale qui
regroupe toutes les commissions de formation professionnelle du Québec,
dans un avis très récent qui est parvenu au gouvernement et qui a
été rendu public, fondée l'évaluation d'une perte
nette estimée à 350 000 00Q $ en prestations
d'assurance-chômage - et je lis le texte de l'avis des commissions de
formation professionnelle - sans qu'il soit garanti que ces pertes nettes
estimées à 350 000 000 $ en prestations soient compensées
par une augmentation égale des budgets des programmes de formation et
d'aide à l'emploi offerts par le gouvernement fédéral?
Alors, comme il ne me reste qu'une...
M. Levesque: La question, c'est quoi?
Mme Harel: La question c'est: Est-ce qu'aux Finances, vous avez
estimé quelle serait la perte, compte tenu de la réforme de
l'assurance-chôma-ge, en prestations des personnes, évidemment,
pour le Québec? Si vous avez fait cette estimation, est-elle conforme
à celle qui est avancée par les commissions de formation
professionnelle, qui est de 350 000 000 $? Et est-ce que vous poursuivez des
négociations pour compenser par des budgets de formation
équivalant à cette perte de prestations, compte tenu de la
nouvelle stratégie fédérale qui consiste à diminuer
les prestations pour augmenter les budgets de formation?
M. Levesque: Pour répondre à la dernière
question...
Le Président (M. Chagnon): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Levesque: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Bonaventure et ministre des Finances.
M. Levesque: Merci, M. le Président. Le
Président (M. Chagnon): Voilà.
M. Levesque: On comprendra facilement que plusieurs des sujets
abordés par Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve sont
reliés beaucoup plus à des préoccupations, à des
études, à des travaux qui se font dans un ministère
sectoriel plutôt qu'au ministère des Finances. Je vais
répondre de la meilleure façon que je puis le faire, mais elle
pourra sans doute avoir plus de précisions en s'adressant à son
vis-à-vis, le ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité
du revenu et de la Formation professionnelle.
Mme la députée a fait allusion au Conseil
des affaires sociales. Je sais, j'ai reçu ce document et j'ai eu
l'occasion de le parcourir, pas d'une façon aussi approfondie sans doute
que Mme la députée l'a fait - comme nous avons beaucoup de
lectures à faire, nous sommes obligés quelquefois de
résumer - mais assez cependant pour m'inquiéter de certains
chiffres qui s'y trouvent. J'ai demandé à mes conseillers de
faire une revue de ces chiffres et on m'est revenu, évidemment, en me
parlant d'une méthodologie différente qui avait été
utilisée et qui n'est pas utilisée par les statisticiens ni de
Statistiques Canada ni d'ici, de sorte qu'on a trouvé et relevé
plusieurs failles - si vous voulez le mettre entre guillemets, si c'est plus
poli - enfin, des choses qui font en sorte qu'il faut prendre ces chiffres avec
beaucoup de réserves. Je pense que mon collègue, le ministre de
la Main-d'oeuvre, a sans doute eu l'occasion de communiquer ses
réflexions là-dessus, également, et je ne veux pas me
substituer à mon collègue dans ce domaine.
La CEQ aurait dit que le crédit d'impôt remboursable
à la formation n'aurait pas d'effet bénéfique, puisque le
Québec n'avait pas de politique globale sur la formation professionnelle
et qu'il faudrait se faire assurer un rôle prépondérant aux
institutions d'enseignement publiques pour qu'elles s'attaquent au
problème de l'échec et de l'abandon scolaires. Quelques
éléments de réponse que je pourrais donner à cet
égard, c'est qu'il existe trois grands secteurs d'intervention en
formation professionnelle, comme vous le savez: il y a la formation et
l'apprentissage des jeunes, le relèvement de l'employabilité des
chômeurs et des assistés sociaux, et la formation des travailleurs
en emploi. Le gouvernement a pris plusieurs actions pour améliorer la
formation des jeunes, des chômeurs et des assistés sociaux,
notamment la réforme de l'enseignement professionnel du niveau
secondaire et la mise en place de nouvelles mesures de développement de
l'employabilité des assistés sociaux avec la réforme de
l'aide sociale. Le crédit d'impôt remboursable à la
formation s'adresse, quant à lui, au relèvement des
qualifications professionnelles des travailleurs en emploi. L'octroi d'un appui
à la formation des travailleurs en emploi est requis, car,
jusqu'à maintenant, les gouvernements sont peu intervenus dans la
formation des travailleurs en emploi comparativement à leurs
interventions pour les chômeurs. Sur les 5 700 000 000 $ de
dépenses de main-d'oeuvre pour fa promotion de l'emploi et le soutien du
revenu, seulement 1,5% sur 87 000 000 $ est accordé à la
formation des personnes en emploi. Seulement deux programmes
québécois s'adressent à la formation de personnes en
emploi, avec un budget de 27 000 000 $. Il en est de même pour le
gouvernement fédéral qui, dans le cadre de deux programmes,
consacre 60 000 000 $ à ce titre.
Alors, si vous voulez prendre encore les chiffres, je pense que c'est
important de les souligner: 5 700 000 000 $ de dépenses de main-d'oeuvre
pour la promotion de l'emploi et le soutien du revenu, seulement 1,5 % sur 87
000 000 $ pour la formation des personnes en emploi et les deux programmes
québécois, 27 000 000 $; au fédéral, 60 000 000 $,
pour les personnes en emploi.
Le crédit d'impôt remboursable à la formation pour
les entreprises québécoises vient donc corriger cette lacune.
Comme vous le savez, nous avons inscrit 100 000 000 $ pour la formation de la
main-d'oeuvre dans ce budget. L'objectif est d'accroître les
investissements en formation pour les 3 000 000 de travailleurs
québécois. La mise en place de cette mesure vient donc renforcer
l'intervention du gouvernement du Québec dans un secteur primordial de
la formation professionnelle, celui, encore une fois, des travailleurs en
emploi. Elle bénéficiera également aux secteurs
privé et public d'éducation - pour revenir à la CEQ -
puisqu'elle va accentuer les liens entre les entreprises, les travailleurs et
le monde de l'éducation. Cette nouvelle mesure est importante car, face
au développement technologique et à la mondialisation des
échanges, l'amélioration des qualifications des travailleurs en
emploi est essentielle pour consolider la compétitivité des
entreprises québécoises et ainsi, je l'espère,
réduire le chômage.
Vous savez, il a été question, dans la dernière
campagne électorale, de deux visions, non pas sur la
nécessité d'avoir la formation professionnelle, je pense que les
deux formations politiques s'entendaient sur la nécessité de
mettre l'accent sur la formation professionnelle, sur la formation des
travailleurs, mais l'approche était différente, non pas les buts
recherchés mais rapproche. Celle du Parti québécois
était plutôt une approche punitive, c'est-à-dire qu'on
allait taxer l'entreprise, à travers le Québec, de 1 % sur la
masse salariale et ceux qui feraient de la formation pourraient réduire
leur compte d'impôts d'une somme égale. L'imposition d'une telle
taxe repose sur l'idée que les besoins des entreprises en formation sont
identiques et qu'il est, par conséquent, possible de fixer un niveau
obligatoire de dépenses de formation. Mais la réalité est
bien différente parce que, en moyenne, les dépenses de formation
atteignent, par exemple, 1 % de la masse salariale dans une économie.
Certaines entreprises affichent un taux de 2 % ou 3 %, alors que d'autres,
c'est bien normal, investissent des montants nettement inférieurs
à la moyenne parce que leurs besoins sont moins importants. Donc, chaque
année, le seuil fixé est trop faible pour certaines entreprises,
alors que, pour d'autres, il est trop élevé. Une telle taxe ne
peut tenir compte que les entreprises ont, certaines années, des besoins
moins importants de formation que d'autres années, et que d'autres
entreprises doivent réaliser des investissements majeurs en formation,
pour diverses raisons.
Alors, nous avons préféré l'approche incitative que
nous connaissons, que l'on retrouve dans le budget, et que nous croyons
répondre mieux aux besoins que nous retrouvons au Québec. (12 h
15)
Mme la députée a parlé de maraudage, à un
moment donné, dans son exposé. Les entreprises, au
Québec... Une minute, c'est vrai?
Le Président (M. Chagnon): C'est ça, M. le
ministre.
M. Levesque: Alors, rapidement. Les entreprises
québécoises et canadiennes n'estiment pas que le maraudage
constitue l'obstacle le plus important à la formation. Selon
l'enquête menée par le Centre canadien du marché du travail
et de la productivité, uniquement 24 % des entreprises canadiennes
jugent le maraudage comme étant un obstacle important à la
formation en entreprise, le classant derrière le manque d'installations
et le manque d'intérêt. En réduisant le coût
associé à la formation, le crédit d'impôt
remboursable diminue l'incitation au maraudage plutôt qu'à la
formation des travailleurs.
Chaque année, 1 500 000 travailleurs québécois
changent de statut. Les changements en emploi sont très nombreux
puisqu'une augmentation d'emplois de 100 000, au cours d'une année, par
exemple, est le résultat de la création d'environ 600 000 emplois
et de la perte de 500 000 autres. Il y a beaucoup de mouvement, là. La
mobilité des travailleurs constitue donc un phénomène
important et normal du fonctionnement du marché du travail.
Donc, le maraudage est, somme toute, un phénomène marginal
par rapport aux changements d'occupation, qui surviennent chaque année
pour diverses raisons. L'argument du maraudage ne peut donc justifier de taxer
toutes les entreprises parce que ceci ne modifiera pas le comportement des
travailleurs. En fait, la formation est un moyen pour l'entreprise de conserver
ses travailleurs, car elle leur permet de réaliser leurs aspirations
professionnelles à l'intérieur de l'entreprise. Voilà,
bien succinctement, mais imparfaitement, je l'admets, une réponse
à l'intervention de l'honorable députée, qui pourra et qui
aura l'occasion, j'en suis convaincu, de discuter plus à fond de ces
sujets avec son vis-à-vis, le ministre sectoriel.
Le Président (M. Chagnon): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. M. le député de Nelligan.
M. Williams: Merci, M. le Président. La dernière
fois que le ministre des Finances était à la commission, j'ai
fait une intervention sur le changement du fardeau fiscal des particuliers. Je
suis très heureux de voir que nous avons continué dans cette
direction. Aujourd'hui, je peux féliciter le ministre des Finances pour
le cin- quième budget sans augmentation d'impôt, et aussi, je peux
féliciter le ministre des Finances sur la continuité du soutien
financier aux enfants. C'est une autre chose très importante.
Deuxièmement, je peux féliciter le support pour les
particuliers, de mettre plus d'argent dans les poches des
Québécois. Et, finalement, je peux féliciter le ministre
des Finances pour l'appui, le soutien financier pour la famille. Je pense que
la famille est l'unité la plus importante de notre société
québécoise. Je peux et je vous félicite.
Transferts fédéraux
Mais, aujourd'hui, je voulais cibler mon court commentaire sur un aspect
un peu plus négatif de ce budget. En particulier, c'est la stagnation du
transfert financier fédéral. Ça m'a frappé beaucoup
quand j'ai lu ce tableau, ici, et c'est bien clair, le tableau que vous avez
fourni à tous les députés. En 1983, le transfert financier
était plafonné. En 1983-1984, le transfert financier
représentait 28,9 % de nos revenus budgétaires. Si je lis bien
les chiffres, en 1989-1990, ça tombait à 21,6 % et, en 1992-1993.
ça va être 17,7 %.
These figures are very important, and, I think, must be addressed from
what we are talking about, a Quebec's budget. So, I repeat them in English. In
1983-1984, the transfer payments reached their highest level and since that
point have been reduced. In 1983-1984, these transfer payments represented 28,9
% of our revenues. In 1989-1990, they will have represented 21,6 % and, in
1992-1993, they are projected to represent 17,7 %, a substantial reduction in
transfer payments.
Nous avons eu les coupures répétées au financement
des programmes établis. Nous avons aussi les faibles croissances des
transferts alloués dans le cas des programmes et frais partagés.
Nous avons un plafond du programme de péréquation. Ce
système ne comprend pas les différences de chaque région
et j'ai quelques exemples de ça. Depuis 1984, la moyenne de croissance
des transferts au Québec a été d'environ 3,5 %. En
Ontario, c'était 8,1 %. Quant au Régime d'assistance publique du
Canada qui est un partage moitié-moitié avec chaque province et
le gouvernement fédéral, la moyenne de croissance était de
2,6 %; en Ontario, 13,3 %. Pour le programme d'habitation sociale, nous avons
eu une moyenne de croissance de 1,6 %; en Ontario, encore une fois l'exemple
que j'ai utilisé, c'est 19,9 %.
Avec ça, je voudrais juste souligner que, dans la conjoncture
actuelle où nous vivons, avec l'accroissement de l'économie plus
modérée, avec cette stagnation des transferts
fédéraux et aussi avec les pressions accrues sur les
dépenses de la santé et des services sociaux, sur
l'environnement, c'est, je pense, un miracle que vous ayez
fait un budget avec autant d'équité, qui respecte les
besoins du peuple québécois, qui donne les services mais aussi
respecte nos moyens de payer.
Vous avez mentionné à la page 31 de l'annexe E qu'il y a
des façons d'améliorer les politiques fédérales.
Vous avez aussi mentionné à la page 32, de l'annexe E, nos
commentaires. Je voudrais peut-être demander au ministre des Finances
d'expliquer un peu son opinion sur l'impact, sur nos programmes, de ces
coupures, mais, aussi, j'espère qu'ils pourront passer le message
à la première conférence fédérale avec les
ministres des Finances après que l'accord du lac Meech sera passé
parce que ça va être... Je pense qu'en ce temps-là, nous
pourrons peut-être passer le message que je pense que ce gouvernement, le
gouvernement libéral ici, a présenté encore une fois, pour
la cinquième fois, un budget qui respecte les particuliers, l'enfant,
les familles. Comme je l'ai mentionné, je vous félicite encore et
je voudrais avoir un peu vos commentaires sur l'impact des changements de
transferts fédéraux sur nos revenus budgétaires.
The impact of federal transfers will certainly reduce our flexibility in
our budgeting. And I think we have addressed this and I wanted to, in this
commission, in our opening remarks, underline that important. Excusez-moi.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Nelligan?
M. Williams: Non, j'ai d'autres commentaires.
Le Président (M. Chagnon): Allez-y. Allez-y. Vous avez
droit encore à quatre minutes, quatre ou cinq minutes.
M. Williams: What I was saying was I think these "coupures",
these cutbacks will obviously have impacts on the hability to be flexible in
our programs, and, being that this is my first budget review, I was
particularly strucked by the reduction over the years of federal transfer
payments. And I would like to ask the Minister to elaborate on this and suggest
improvements to the system. Merci beaucoup.
Le Président (M. Chagnon): Je vous remercie, M. le
député de Nelligan. Maintenant, est-ce que j'ai une motion,
est-ce que j'ai un consentement pour suspendre nos travaux jusqu'après
la période de questions?
M. Levesque: Si...
M. Léonard: Pourquoi ne pouvez-vous pas faire la
réplique?
M. Levesque: Non, j'aurais aimé, parce que j'imagine que
le député de Labelle va prendre ce sujet-là aussi,
à un moment donné. Parce qu'on aurait pu faire une...
Une voix: Séquence.
M. Levesque: ...un échange là-dessus, sur les
transferts fédéraux.
M. Léonard: Vous vouiez faire un échange? M.
Levesque: Entre nous.
M. Léonard: Là, je veux faire attention, parce que,
hier soir, je n'ai pas parlé 10 minutes, alors qu'on m'avait dit que
c'était des 10 minutes interruptibles, et on a tout de suite, ce matin,
transféré la parole aux députés de l'Opposition,
alors que j'ai posé une question technique. Peut-être que j'ai
fait une intervention, mais, à ce moment-là, ça n'a pas
compté. J'ai des problèmes. Peut-être que nos leaders
peuvent s'entendre sur la démarche, mais, moi, je trouve que c'est un
peu indécent, les périodes de grattage de dos qu'il y a autour de
la table.
M. Levesque: Bien, évidemment, si ça correspond
à la politique gouvernementale, vous appelez ça "grattage de dos"
et si ça correspond à la politique de l'Opposition, vous appelez
ça "la vertu". Mais vous savez, c'est comme ça que c'est
fait.
Le Président (M. Chagnon): Je dois comprendre qu'il n'y a
pas de consentement, ou...
M. Levesque: Est-ce que je puis commencer, après, à
répondre? Parce que c'est important, la question soulevée par
l'honorable... Est-ce que vous allez être ici à 15 h 30?
M. Williams: Sans faute.
M. Levesque: Sans faute. Alors si on me le permet, je
répondrai à l'honorable député à notre
retour. Il n'y a pas d'objection? D'ailleurs, on a commencé, hier, avant
le temps un peu. On a commencé 10 minutes avant le temps, hier.
Le Président (M. Chagnon): S'il y a consentement. M. le
député de Labelle?
M. Léonard: On va laisser faire. De toute façon,
ça ne changera rien, parce qu'il a utilisé le temps à ne
rien dire.
M. Levesque: Ah!
Le Président (M. Chagnon): Alors, il y a consentement.
M. Levesque: Ça, c'est parlementaire, mais ce n'est pas
fin. Ha, ha, ha! Ce n'est pas gentil.
Le Président (M. Chagnon): Vous ajournez, nous ajournons
sine die, sous réserve de lavis donné en Chambre par le leader du
gouvernement, qui devrait indiquer l'heure de reprise des travaux, après
la période de questions.
(Suspension de la séance à 12 h 27)
(Reprise à 15 h 32)
Le Présidera (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux dans
le cadre du débat sur le discours du budget. La parole est maintenant
à M. le ministre qui donne sa réponse au député de
Nelligan. J'allais dire l'honorable député de Nelligan.
M. Levesque: Alors, M. le Président, je vous remercie. Le
député de Nelligan a soulevé quelques points fort
importants dans le budget. Il a d'abord, évidemment, rappelé,
avec combien d'à-propos, le fait que pour une nième fois, le
gouvernement actuel présentait un budget sans augmentation d'impôt
sur le revenu des particuliers. Il a, de plus, insisté sur les
politiques d'aide. Il s'agit de soutien à la famille. Et, encore
là, à ce propos, il a insisté sur les avantages
considérables que la politique de notre gouvernement apportait à
cet égard. Mais il a fait porter l'ensemble de son intervention surtout
sur la question des transferts fédéraux. Et, à ce propos,
je dois dire que cela m'a frappé que le député de Nelligan
y trouvait une matière sérieuse à réflexion et j'ai
cru comprendre de ses propos que ces chiffres l'avaient même un peu
surpris. Et ça ne me surprend pas, moi. Ça ne m'étonne
pas, parce que bien des gens n'ont pas l'occasion de travailler dans ce domaine
un peu aride, si vous voulez, ou souvent technique. Mais cela m'amène
à dire que je pense que beaucoup de nos concitoyens, et des concitoyens
d'ailleurs au Canada également, devraient être bien conscients de
ce qui se passe dans ces transferts fédéraux. Et je n'ai aucune
hésitation à reprendre un peu certains propos à ce
sujet-là. Quelquefois, l'Opposition fait des gorges chaudes. J'ai
entendu quelques ténors de l'Opposition dire: Bien, écoutez,
là, où est votre fédéralisme rentable? Qu'est-ce
qui se passe? On devrait conclure à la souveraineté. Ça ne
leur prend pas de temps, eux autres, à conclure à la
souveraineté. Ils peuvent conclure à ça avec n'importe
quel discours. Ils finissent toujours comme "il faut détruire Carthage".
C'est un peu comme ça que certains anciens terminaient leur discours,
toujours avec la même phrase. Quant à moi, je n'ai aucune
hésitation à donner ces chiffres-là, parce que ces
résultats ne mettent pas en cause la valeur du
fédéralisme. Ils mettent en cause la pratique du
fédéralisme que nous connaissons présentement. Ce n'est
pas le système qui est faux. Il est faussé, il n'est pas faux.
À mon sens, le système n'est pas parfait, mais c'est probablement
le meilleur système qui existe pour nos propres fins, ici au pays, et
pour les intérêts supérieurs du Québec. Mais lorsque
le fédéralisme est faussé, à ce moment-là,
il rend beaucoup moins service, et c'est là qu'est le point. Moi, je ne
cache pas les chiffres; au contraire, je les publie. Évidemment,
l'Opposition saute dessus pour arriver à ses propres conclusions
partisanes. Mais, au risque que cela se produise, je donne également les
chiffres et j'insiste sur ces chiffres-ià, et je fais la
démonstration que si le fédéralisme est une excellente
façon d'aborder les problèmes de vie commune, si vous voulez,
s'il est appliqué de la façon dont il l'est présentement,
il ne répond pas adéquatement aux fins pour lesquelles il a
été institué. C'est ça que je veux dire.
C'est pourquoi j'ai voulu être aussi transparent que possible,
dans ces chiffres-là; je veux qu'ils soient vus par les membres de la
commission, je veux qu'ils soient vus par l'Assemblée nationale, d'un
côté comme de l'autre, je veux qu'ils soient transmis à la
population du Québec et je veux qu'ils soient regardés par tous
les experts qui veulent s'y pencher. Je voudrais également que ces
chiffres-là se rendent partout à travers le pays et que l'on voit
que ceux qui disent que le Québec est choyé, que le Québec
a tout... Les gens craignent que le Québec ait encore plus d'avantages
dans la Confédération canadienne... Je dis: Regardons les
chiffres, c'est ça qui est important. C'est pour ça que,
lorsqu'on parle des véritables intérêts des
Québécois, c'est faire preuve, justement, du respect de ces
intérêts-là que de les protéger et que d'attirer
l'attention de cette commission et des instances appropriées pour qu'on
corrige le tir, là où il doit être corrigé.
Le gouvernement du Québec est conscient des problèmes
qu'entraîne le fonctionnement actuel des programmes de transferts aux
provinces. C'est pourquoi l'annexe E, encore une fois, du discours sur le
budget en fait état aussi clairement. L'Opposition n'apporte rien de
neuf mais ne fait que répéter ce qui est présenté
dans les documents budgétaires, soit quoi? On en arrive à la
situation plutôt paradoxale où, pour contrer la croissance trop
élevée des paiements de transferts dans les provinces les plus
riches du pays, le gouvernement fédéral coupe sans distinction, y
compris dans les provinces les moins bien nanties. Entre 1984-1985 et
1989-1990, les sommes versées au titre du RAPC ont crû en moyenne
de 2,6 % au Québec, de 3,6 % dans les provinces moins bien nanties, de
9,6 % dans les provinces bien nanties, dont 13,3 % en Ontario. Il me semble que
les chiffres sont assez clairs. Encore une fois, ce n'est pas le
fédéralisme qui est en défaut, c'est la façon dont
on se sert du système. Entre 1986 et 1989, les engagements
fédéraux en habitation sociale - et là, c'est
encore plus frappant - ont connu une croissance de 1,6 % au Québec, de
8,7 % dans les provinces moins bien nanties, de 17,7 % dans les provinces bien
nanties, dont 19,9 % en Ontario. 1,6 % au Québec; 19,9 % en Ontario.
Au total, entre 1984 et 1988, les transferts fédéraux ont
crû de 3,5 % au Québec, 5,7 % dans les provinces moins bien
nanties, 7,7 % dans les provinces bien nanties, dont 8,1 % en Ontario.
De plus, les principales coupures faites depuis 1982, parce que
ça a commencé, ça, particulièrement vers cette
date-là, ont été effectuées au programme qui
s'appelle le financement des programmes établis. Il s'agit toujours de
coupures égales par habitant, dans chaque province, sans tenir compte de
la capacité financière respective des provinces.
Le gel pour deux ans, annoncé au dernier budget
fédéral, représente une perte de 221 000 000 $ au
Québec, en 1990-1991. Celle-ci s'ajoute à l'ensemble des coupures
effectuées au même chapitre du financement des programmes
établis, dans la santé, dans l'éducation
supérieure, depuis 1982, et qui totalise, pour la seule année
1990-1991, 1 300 000 000 $. C'est sérieux, lorsqu'on a la
responsabilité d'un budget et qu'on croit, à un moment
donné, que les partenaires vont continuer à s'associer vis-a-vis
des dépenses aussi importantes que celles de la santé et de
l'enseignement supérieur, que ces partenaires-là vont continuer
à assumer, à peu près dans les mêmes proportions,
ces responsabilités.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
ministre.
M. Levesque: Mais lorsqu'on fait cela, on arrive à ce que
le député de Nelligan donnait comme résultat: 1983-1984,
28,9 % des revenus nous provenaient, au Québec, des transferts
fédéraux; en 1989-1990, 21,6 %; et en 1992-1993, 17,7 %. Alors,
vous voyez la difficulté de préparer des budgets sans toucher
à quoi que ce soit, en respectant tous les droits acquis partout, en ne
changeant absolument rien des programmes. Comment voulez-vous continuer avec la
situation que décrivait, à si juste titre, le
député de Nelligan? Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Nous reconnaissons
tous les problèmes du ministre des Finances à présenter un
budget qui a de l'allure dans le contexte des réductions de paiements de
transferts, comme il l'a indiqué. J'aimerais cependant faire quelques
commentaires sur ce qu'il vient de dire, dans le sens où il y a une
nette tendance qui s'est amorcée depuis le milieu des années
quatre-vingt que le Québec reçoive de moins en moins de paiements
de transferts du gouvernement fédéral et que cela
représente un pourcentage de moins en moins élevé de la
contribution aux revenus globaux du gouvernement du Québec. Le ministre
l'a admis.
Ce qui n'a pas été dit, cependant, c'est que lorsqu'on
parle des transferts fédéraux au Québec, on donne
l'impression qu'il s'agit de cadeaux que le gouvernement fédéral
fait au Québec et que, sans ces cadeaux, on aurait encore plus de
difficulté à fonctionner qu'on en a à l'heure actuelle.
Dans ce sens, le ministre insinuait que l'apport du gouvernement
fédéral, même s'il a baissé depuis le milieu des
années quatre-vingt, demeure un élément indispensable
à l'établissement du budget, à la préparation du
budget du gouvernement du Québec. En fait, ce qu'il faudrait bien dire
à la population, pour être plus exact, c'est que le gouvernement
fédéral ne fait que nous remettre l'argent qu'on lui envoie, sans
cadeau, ni plus ni moins. Et il suffit d'examiner la proportion entre
l'ensemble des revenus sous forme de taxations et de prélèvements
de toutes sortes que le fédéral vient chercher annuellement au
Québec, et particulièrement depuis le milieu des années
quatre-vingt, par rapport aux contributions qui sont faites par le gouvernement
fédéral depuis les mêmes années au Québec
pour voir s'il y a un écart qui est en train de s'établir. Et
c'est là où se situe le problème. (15 h 45)
Le ministre avoue qu'il s'agit d'une lacune dans le fonctionnement du
fédéralisme. Je veux bien croire qu'il s'agit d'une lacune dans
le fonctionnement du fédéralisme, nous en convenons tous, sauf
que, de notre côté de la Chambre, nous ne sommes pas convaincus
que cette lacune puisse se retourner à l'avantage des
Québécois et du gouvernement du Québec dans les
années à venir pour une raison bien simple, entre autres, c'est
que le gouvernement fédéral est un gouvernement qui est de plus
en plus en faillite et a l'incapacité de transférer des sommes
importantes, non seulement au Québec, mais aux autres provinces. De
là notre insistance, lorsque nous discutons de ces sujets, sur
l'opportunité et même la nécessité, de plus en plus,
d'envisager la souveraineté du Québec comme moyen efficace de
pallier à cette lacune qui devient de plus en plus structurelle dans la
préparation de nos budgets. C'était simplement pour
répondre aux commentaires que le ministre a faits en réponse
à l'intervention du député de Nelligan.
Impôt sur le revenu des particuliers
Pour ma part, j'aimerais insister sur un autre aspect et pour ne pas
qu'on se perde en débat sur des chiffres qui seraient ou ne seraient pas
contenus dans le budget, j'ai pris des chiffres qui sont contenus dans le
document qui nous a été remis. J'aimerais particulièrement
insister sur la tendance, le virage, je dirais
même, qui s'inscrit en filigrane dans tout ce budget, qui est
même plus qu'en filigrane, mais qui, à la page 11 de l'annexe E,
est énoncé en toutes pièces, où le gouvernement
annonce, à toutes fins pratiques, un virage important de la
fiscalité québécoise vers la taxation indirecte sous
diverses formes. Et le gouvernement dit: "II faudra ainsi continuer à
réaménager la fiscalité afin d'alléger
graduellement le fardeau des taxes les plus déterminantes pour la
compétitivité de l'économie québécoise et
d'accroître l'importance relative des taxes à la consommmation et
de la tarification." Du même coup, quelques lignes plus haut dans le
même paragraphe, le gouvernement indique qu'il est tout à fait
approprié que ce virage s'accompagne d'une réduction de
l'impôt direct des particuliers. "Une réduction de l'impôt
sur le revenu des particuliers diminuerait les coûts directs de
production au Québec et favoriserait une incitation accrue au travail et
un taux d'investissement plus élevé."
Or, M. le Président, malheureusement, et sur la base des chiffres
simplement puisés dans les annexes et dans le document du discours, on
relève que depuis 1985, c'est-à-dire au cours des cinq
dernières années, la part des revenus des particuliers dans la
part de l'impôt sur les biens et sur le revenu dans l'ensemble des
recettes budgétaires du gouvernement du Québec, non seulement est
demeurée à peu près stable, variant entre 73 % et 74 %,
mais que, par rapport à 1989-1990 et par rapport au budget de 1990-1991,
cette portion a même augmenté de 3 %, puisqu'on 1989-1990, selon
les estimations préliminaires qui sont contenues dans le rapport,
l'impôt des particuliers représentait 70 % de la part de
l'ensemble des impôts, la catégorie 1 du budget, alors que, pour
1990-1991, ça représente 73 %. Vous n'avez qu'à prendre
votre petite machine et vous allez arriver au même résultat.
Par rapport à cela, la contribution de l'impôt des
sociétés - et je mets à part, ici, la contribution des
employeurs aux services de santé, même si on veut l'ajouter, parce
que je pense que ce qui est indicatif, c'est l'impôt qui est perçu
directement sur les bénéfices des sociétés - on
s'aperçoit que cette proportion, en 1985, était de 10 %, qu'en
1989-1990, elle était de 12 %, mais qu'en 1990-1991, elle retombe
à 11 %. Ce qui m'inquiète, M. le Président, dans ce virage
que semble annoncer ce document, c'est que, habituellement, lorsque les
gouvernements ont eu recours à la taxation indirecte sous toutes ses
formes comme source importante de revenus - et, en passant, il n'y a rien de
mal à ça, puisque des États qui ont des politiques
sociales fort avancées, comme la Suède, y ont eu recours -
habituellement ce virage s'est accompagné de deux aspects importants: la
diminution de la contribution de l'impôt direct des particuliers à
l'ensemble des recettes budgétaires des gouvernements qui ont
amorcé ce virage, d'une part, et, d'autre part, de mesures adé-
quates compensatoires pour les plus vulnérables des
sociétés qui ont adopté ce type de taxation, puisque, par
définition, la taxation indirecte et les taxes de vente sont des mesures
régressives, dans le sens où elles frappent, de façon
indifférente et sans discrimination, les plus riches comme les moins
riches de la société. m. le ministre, j'aimerais savoir, lorsque
vous pourrez me répondre, si le virage que vous annoncez à
l'annexe e du discours sur le budget s'accompagnera, sinon cette année,
du moins dans un avenir prévisible, d'une réforme fiscale en
profondeur de la fiscalité québécoise et, en particulier,
d'une réduction substantielle de l'impôt direct des particuliers,
comme ça s'est fait au états-unis et dans d'autres pays du monde
industrialisé où la taxe indirecte est devenue une source
importante de revenus. il n'y a aucune indication à cet effet dans le
discours, et non seulement il n'y a aucune indication, c'est même tout le
contraire par rapport à la contribution de l'impôt direct des
particuliers dans l'ensemble des revenus.
D'autre part, on a fait des gorges chaudes de part et d'autre sur la
façon de catégoriser les dépenses. Vous dites que vous
n'augmentez pas l'impôt direct des particuliers, c'est vrai en tant que
tel, si on veut être catégorique, mais la raison pour laquelle mon
collègue, le porte-parole de l'Opposition en matière de finances,
et mes autres collègues font valoir les augmentations que devront subir
les contribuables québécois au niveau des services de toutes
sortes, que ce soit dans le domaine des transports, des frais de
scolarité et ainsi de suite - je ne veux pas reprendre le débat
ici - c'est parce que cette approche implique un examen de ce budget, non pas
strictement à partir de lunettes comptables, mais à partir de
l'ensemble des prélèvements additionnels qui seront faits par le
gouvernement du Québec, par ses agences, par les corps parapublics, dans
la poche des contribuables, et c'est ce qui me préoccupe.
Que vous disiez que les particuliers ne paieront pas plus d'impôt
direct sur leur revenu, c'est acquis, c'est là-dedans, j'en
conviens...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député.
M. Beaulne: ...sauf que j'aimerais bien que l'on prenne en
considération, lorsqu'on discute de ce budget, qu'il s'agit de voir
jusqu'à quel point les différents intervenants qui vont puiser
dans la poche du même contribuable - et ça inclut le gouvernement
fédéral - n'en arrivent pas rapidement à un point
où le contribuable moyen québécois va être
fiscalement égorgé sous toutes formes.
Finalement, en conclusion, M. le Président, j'aimerais
également déplorer le fait que ce document ne fait que mentionner
que le gouvernement a l'intention de s'ajuster à la TPS
fédérale sans indiquer en aucune façon quelle piste
il entend suivre. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: m. le président, j'ai malheureusement
été un peu distrait quelques instants, parce qu'on me remettait
certains documents demandés par l'opposition, et j'aurai l'occasion de
les remettre au cours de la séance, mais je voulais simplement jeter un
coup d'oeil là-dessus en même temps. essentiellement, je pense que
ce que l'honorable député nous disait, c'est que,
premièrement, il se posait des questions sur la croissance des revenus
provenant de l'impôt sur le revenu des particuliers, non pas de
l'augmentation de l'impôt sur le revenu, mais de la croissance des
revenus eux-mêmes. hier, j'ai eu l'occasion d'en faire état. je ne
sais pas si l'honorable député était ici, mais lorsque la
même question m'a été posée par le
député de labelle, qui, lui-même dans sa réplique au
budget avait soulevé ce point-là, j'ai eu l'occasion et je
résume la réponse, c'est que nous avons eu droit à une
croissance brute de 14 %, si vous voulez, mais, de cette somme, il faut bien
enlever l'impact des réductions d'impôt pour l'année
d'imposition 1988 qui ont pris la forme de remboursements, au début de
1989-1990, de l'ordre de 307 000 000 $. ça, ça voudrait dire
qu'il faudrait enlever, normalement, pour rester un peu comparable, 3,3 % des
14 % et en enlever 4,2 % pour la poursuite du programme de remboursement
anticipé du ministère du revenu qui a entraîné un
niveau de 308 000 000 $ de remboursements, en mars 1990, soit environ 220 000
000 $ de plus qu'un niveau normal. donc, si on enlève ces 6,5 % au total
de ces deux éléments, des 14 %, vous arrivez, en termes
comparables, à une augmentation d'environ 6,5 % des revenus provenant de
cette source. comme la croissance des salaires et traitements, en 1990, est
à peu près de 6,6 %, vous arrivez à peu près dans
un même ordre de grandeur.
Impôt sur le revenu des
sociétés
Quant à l'impôt des sociétés qui, lui,
malgré l'augmentation, aurait... Comme vous m'avez interrompu, M. le
député de Labelle, je voudrais tout simplement vous le faire
remarquer, je vais continuer de répondre à l'honorable
député de...
M. Léonard: ...nécessaire d'être
comparable.
M. Levesque: O.K. Bien, est-ce qu'il y a des fois que je ne m'en
sers pas? Vous pourriez peut-être le souligner lorsque vous aurez
l'occasion de le faire. Je n'ai aucune objection. Alors, pour revenir au
député de-Une voix: Bertrand.
M. Levesque: ...Bertrand, pour l'impôt des
sociétés qui, malgré l'augmentation de 12 % à 15 %
de la surtaxe croîtrait un peu moins qu'il ne l'aimerait, je ne sais pas,
en tout cas, à un rythme un peu moindre, il faut bien comprendre que les
bénéfices des sociétés - on le dit dans les
indicateurs économiques - sont prévus d'être
réduits, je pense, de 11 % ou 11,5 % à peu près, cette
année. Donc, ce n'est pas parce que le taux d'impôt a
été diminué Au contraire, il a dû être
augmenté dans la surtaxe, mais les revenus provenant de cette source
seront affectés à cause, justement, du ralentissement
économique.
Finalement, avant de terminer, je réfère l'honorable
député encore à l'annexe E, où je pense qu'il est
bon de reprendre ce texte, à la page 11: "Dans un contexte de
mondialisation des échanges, l'amélioration du niveau de vie des
Québécois passe nécessairement par l'accroissement de la
compétitivité de l'économie du Québec et cela tant
sur les marchés internationaux que sur le marché
intérieur. "le régime fiscal joue un rôle
déterminant dans l'amélioration de cette
compétitivité. il est donc essentiel que le québec
conserve un régime fiscal concurrentiel à l'égard des
entreprises." je m'arrête ici, juste pour faire une parenthèse,
parce qu'à un moment donné, si j'ai bien compris, le
député disait: c'est surtout du côté de
l'impôt sur le revenu des sociétés qu'il faut regarder.
comme s'il fallait oublier qu'une grande partie du fardeau fiscal des
entreprises, dis-je, au québec, se retrouve dans la taxe sur le capital
et dans le financement des services de santé. et ça, ça a
été changé, ces choses-là ont été
changées du temps de nos amis d'en face, lorsqu'ils étaient au
gouvernement. sans doute que le député de labelle s'en rappelle,
il était la, lorsqu'on s'est aperçus, durant la récession,
qu'il n'y avait presque plus de revenus provenant de l'impôt sur le
revenu des sociétés qui étaient en grandes
difficultés. alors, sans doute pour protéger les
intérêts du gouvernement, on a trouvé une bonne
justification en disant qu'il serait peut-être préférable
d'encourager tes sociétés performantes en diminuant l'impôt
sur le revenu pour elles et faire en sorte d'augmenter le fardeau sur la masse
salariale. (16 heures)
Évidemment, ça a été reçu de diverses
façons, ces choses-là, parce que les entreprises qui ne faisaient
pas de profit devaient payer comme si elles en faisaient. Plus elles avaient
d'employés, plus la masse salariale était affectée, plus
le fardeau fiscal était élevé, et la même chose pour
la taxe sur le capital. Ça a changé à cette
époque-là et c'est resté comme ça depuis. Mais il
ne faut pas sous-estimer l'augmentation qui est faite lorsqu'on touche la masse
salariale, lorsqu'on touche des "items" qui ne sont pas strictement de
l'impôt sur le revenu des sociétés, mais qui affectent
sérieusement le fardeau fiscal
de l'ensemble de ces sociétés.
Alors, je continue ta citation de l'annexe E: "II faudra ainsi continuer
à réaménager la fiscalité afin d'alléger
graduellement le fardeau des taxes les plus déterminantes pour la
compétitivité de l'économie québécoise et
d'accroître l'importance relative des taxes à la consommation et
de la tarification." C'est une approche que vous retrouvez là et vous
l'avez - le député de Bertrand l'a souligné - mais vous le
retrouvez textuellement dans l'annexe E.
Ce qui nous préoccupe et ce qui devrait nous préoccuper,
quel que soit le côté de la Chambre où on est assis, c'est
qu'il faut garder nos entreprises concurrentielles. Elles l'étaient
moins, elles le sont devenues plus. il faut faire en sorte que, tout en
étant à la recherche d'une fiscalité ta plus
équitable possible, le fardeau fiscal soit tel que, pour les entreprises
qui sont en concurrence avec d'autres, par exemple, sur le marché
international, il faut faire attention de les rendre non compétitives
par une fiscalité qui ne serait pas appropriée à nos
objectifs globaux, qui incluent évidemment le bien-être de tous
les Québécois.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste deux minutes.
M. Levesque: Est-ce qu'il y avait un autre sujet que vous vouliez
aborder?
Une voix: Ouais.
M. Levesque: Non, mais vous en avez abordé un autre.
M. Beaulne: Ah! la TPS.
M. Levesque: Je pense que même le député de
Bertrand avait une motion de non-confiance, lors du débat sur le
budget...
M. Beaulne: De toute façon...
M. Levesque: ...alors qu'on se plaignait du silence qu'il
retrouvait, dans le budget, au sujet de la TPS et des mesures qui pourraient
être prises pour diminuer les effets négatifs de la mise en oeuvre
de la TPS.
Premièrement, je dois dire qu'il faut bien comprendre que la TPS
est une taxe fédérale. Ce n'est pas nous qui avons inventé
ça. Nous avons protesté. Nos premiers ministres ont
protesté. Les premiers ministres des provinces ont protesté. Rien
n'y fait ou semble... Sauf que nous avons réussi - non pas nous seuls
mais nous et d'autres - à faire en sorte que le gouvernement
fédéral révise ses positions, diminue le taux de 9 %
à 7 %.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion.
M. Levesque: Nous sommes en train de terminer les
négociations afin de diminuer les effets négatifs directs sur les
finances publiques, par exemple, sur les commissions scolaires, etc., les
municipalités, universités, hôpitaux. Également, sur
la question des loteries. Il reste la complexité. Je pense que c'est
là-dessus que le député m'interroge, la mécanique.
Nous sommes pleinement conscients des difficultés qui s'annoncent
là-dedans. Les discussions ne sont pas terminées avec le
fédéral. C'est pour ça que je n'ai pas pu être plus
précis dans le discours sur le budget. Mais j'annonce, dans le discours
sur le budget, qu'aussitôt que possible, dès que nous aurons
terminé ces négociations et ces discussions, si nous en arrivons
à une conclusion définitive, nous en ferons part
immédiatement à l'Assemblée.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Prévost.
Mesures touchant l'environnement
M. Forget: M. le Président, je regardais, l'autre soir,
dans le budget concernant l'environnement... Vous savez que l'environnement,
c'est un dossier drôlement important, et j'étais très
heureux de voir que le ministre des Finances a mis beaucoup l'accent au niveau
de l'environnement. Je voudrais quand même faire un petit peu l'histoire
de l'environnement. Si on recule en 1977, lorsqu'on avait parlé beaucoup
d'environnement, dans le temps. Naturellement, on n'avait rien en place pour
être efficace, mais, par contre, on disait: On va dépolluer. Moi,
je me souviens, dans le coin chez nous, on disait: la rivière du Nord,
en 1983, ça va être dépollué. Mais, par contre, on
avait oublié des points bien précis dans le temps, soit toutes
les boues de fosses septiques. Alors, on a organisé du transport, puis
on n'avait pas de lieu pour entreposer les boues de fosses septiques. Ce qu'on
a fait en 1985, c'est quand même assez impressionnant. Si on regarde en
province, présentement, depuis 1985, dans toutes les régions, on
a des endroits pour entreposer les boues de fosses septiques. Puis ça,
ça ne coûtait pas des millions, mais, par contre, c'était
drôlement important. Si on regarde les politiques présentement,
qu'on a mises de l'avant au niveau de l'assainissement des eaux, ça va
drôlement bien. Soit dit en passant, M. le ministre, dans notre bout, la
rivière du Nord va être la première rivière au
Québec dépolluée en 1994. D'ailleurs, j'aurais aimé
que le député de Labelle soit avec nous, parce que, quand
même, ça le touche beaucoup, parce qu'on a commencé chez
lui à dépolluer, au niveau des usines d'assainissement des eaux.
Alors, ça se continue. En 1994, ça va être
complètement complété pour la région. Si on regarde
l'augmentation du ministère de l'Environnement cette année, je
pense que c'est drôlement
encourageant.
Et puis je voudrais également parler un petit peu d'agriculture
en même temps. Depuis 1985, je pense, depuis deux ans, au niveau de
l'environnement, on a fait beaucoup également. D'ailleurs, il y a un
budget assez élevé qui a été prévu pour
l'entreposage des fumiers à la ferme et également pour entreposer
des fumiers solides, ce qui a été fait, mais ce qui
n'était pas fait avant. On parlait d'environnement, mais rien ne
bougeait. Je pense qu'on a fait beaucoup. Et puis, je pense que ça
continue également et je pense que les agriculteurs ont drôlement
été satisfaits des politiques adoptées face à
l'environnement depuis quelques années. M. le ministre des Finances, je
pense que, cette année, il a été sensible aussi à
l'agriculture. Je pense à ce qu'il annonçait l'autre soir pour
les producteurs de boeuf, ce qui va permettre, je pense, aux producteurs de
boeuf de continuer leur production, ayant une politique qui va venir en aide
d'une façon convenable, réalisable aussi, aux producteurs. Pour
moi, le budget, au niveau de l'agriculture, c'est intéressant. Combien
de minutes sont à ma disposition?
Le Président (M. Lemieux): Vous avez 10 minutes, M. le
député de Prévost. Vous pouvez prendre votre temps.
M. Forget: Je peux terminer avant, je peux terminer
après.
Le Président (M. Lemieux): Je préfère que
vous terminiez après.
M. Forget: Bon, parfait.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, vous
avez tout le temps voulu, M. le député de Prévost.
M. Forget: Tout à l'heure, on a parlé aussi au
niveau des fiscalités. Je voudrais juste dire un petit mot
là-dessus, au niveau des commissions scolaires, de la taxe scolaire. Je
peux vous dire une chose, quand j'étais à l'UPA, en 1979, lorsque
le gouvernement du Parti québécois a enlevé la taxe
scolaire, pas entière, mais quasiment, je me suis senti visé. Je
vous dis pourquoi. Je fais partie de ceux qui ont huit enfants. Et puis la taxe
scolaire, pour moi, c'était important parce que j'avais un mot à
dire à mes commissaires. Et quand la taxe a été
enlevée, je me suis senti un petit peu, je dirais, poussé, parce
je me rappelle, à un moment donné, que j'étais intervenu
auprès d'un commissaire et qu'il m'avait dit: Écoute bien,
l'argent nous vient d'en haut, tu n'as pas grand-chose à dire. Et
maintenant, je ne vous dis pas être complètement payées,
mais quand même un pourcentage, pour avoir un certain droit au niveau des
commissions scolaires, ça nous permet d'avoir un mot à dire et,
je pense, de sensibiliser aussi les commissaires qui sont élus. C'est
mon interprétation à moi, et je peux vous dire une chose - c'est
qu'au niveau de mes maires, c'est la façon que je l'interprète -
ça permet aussi, la taxe, de faire participer les entreprises comme les
industries, qui ne participent absolument à rien, à part
ça; si on regarde ça, au niveau de la taxe scolaire, pas de la
taxe foncière, elles ne participent pas. Ça leur permet de
participer avec nous. En tout cas, moi, je trouve ça, quand même,
une façon d'aller chercher des sommes dont on a besoin. On n'en a plus,
il faut aller en chercher quelque part. Je pense que c'est une façon et
je suis complètement d'accord avec ça. Les hommes d'affaires de
ma région ont dit: Le ministre des Finances a fait un bon budget, il est
réaliste. Et les hommes d'affaires de la région, chez nous, ils
sont d'accord avec le principe au niveau de la taxe scolaire. J'ai
été un petit peu surpris, contrairement à ce qu'on a
entendu dire de certains maires, mais dans leur propre municipalité, les
hommes d'affaires sont d'accord avec le budget. Je pense que c'est une
façon plus équitable envers les travailleurs également,
parce que, sans ça, si ça n'avait pas été eux, il
est fort possible que ça aurait été les travailleurs qui
auraient été obligés d'absorber le coût le plus
directement.
Ensuite, comme je le mentionnais tout à l'heure, au niveau de la
taxe dans la région, et aussi en pensant à tout ce beau
monde-là, il y a au niveau de la famille que c'est drôlement
important. Au niveau de l'éducation, lorsqu'on a dégelé
les frais de scolarité, je pense que dans notre coin, également,
ça a été important. Naturellement, ça n'a pas
été facile à vendre, mais à essayer de faire
comprendre aux jeunes, ça a donné de bons résultats. Puis,
aujourd'hui, naturellement, ils ne sont pas tous satisfaits, mais, dans
l'ensemble, ils sont satisfaits et ça va assez bien aussi. Alors,
ça complète un peu l'ensemble de mon intervention.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. je
député de Prévost. M. le ministre.
M. Levesque: Je voudrais remercier le député de
Prévost d'apporter un éclairage important sur une question aussi
prioritaire pour le gouvernement que cette question de l'environnement. Et,
comme lui, j'aime rappeler les crédits importants que nous avons
accordés à l'environnement au cours des dernières
années en particulier. Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, en
1985-1986, les dépenses du ministère étaient de 190 000
000 $. Il n'y a pas longtemps de ça. Aujourd'hui, elles sont de 470 000
000 $, ce qui représente une croissance annuelle d'environ 20 %, alors
qu'on sait que la moyenne annuelle d'augmentation des budgets a
été plutôt près de 5 % et, dans l'environnement,
c'est 20 % de moyenne annuelle. Nous avons, comme l'a
mentionné le député de Prévost,
consacré une partie importante de cela pour l'assainissement des eaux.
Mais les budgets d'opération du ministère ont aussi connu une
expansion très rapide: de 79 000 000 $ qu'ils étaient lorsque
nous sommes arrivés au pouvoir, nous les avons fait passer à 142
000 000 $. Ça, c'est une augmentation, une croissance annuelle moyenne
de 12 %. C'est plus du double, autrement dit, de la croissance des autres
dépenses du gouvernement. Je pense que, lorsqu'on mentionne que nous
avons mis l'accent sur l'environnement, nous avons des chiffres très
percutants et pertinents pour appuyer notre assertion. cette année, le
budget du ministère de l'environnement a augmenté de plus de 55
000 000 $ par rapport aux dépenses probables de l'an dernier. en plus de
l'assainissement des eaux, dans ce montant, nous incluons une augmentation de
15 000 000 $, simplement au budget d'opération du ministère.
à tout cela, nous ajoutons encore d'autres éléments, comme
ce qui a été annoncé hier par le ministre de
l'environnement: un organisme de récupération et de recyclage des
déchets solides. il y a aussi un effort considérable que nous
voulons faire du côté des nouvelles technologies en matière
environnementale et nous consacrerons, au cours des cinq prochaines
années, une somme de 50 000 000 $ en recherche et développement
en environnement. alors, je pense que tout cela indique d'une façon
très claire notre préoccupation pour l'environnement qui est
sûrement une priorité pour notre gouvernement. ce que nous venons
d'annoncer, cela se fait dans un contexte plus difficile et, malgré
cela, nous dégageons des sommes pour répondre à des
nouveaux besoins. (16 h 15)
Le député de Prévost a également
parlé de la satisfaction des gens dans le monde scolaire,
particulièrement dans les entreprises, et on sait - là, ça
a été escamoté un peu, ça - que lorsqu'il y a un
fardeau fiscal au niveau scolaire, un fardeau fiscal additionnel, il ne faut
pas oublier qu'une bonne partie de cela est assumée par les entreprises
qui, elles, peuvent déduire ces dépenses de leur impôt
fédéral. Alors, il y a là indirectement une contribution
du gouvernement fédéral.
Une voix: Une récupération.
M. Levesque: Une récupération, oui, ou un
recyclage, je ne le sais pas. De toute façon, une petite
récupération sur ce qu'il vient nous chercher. Le
député de Prévost a également parlé des
améliorations importantes dans le domaine agricole et j'ai
été très heureux de l'entendre à ce sujet.
Je pense que la contribution du député de Prévost
aux travaux de cette commission fait en sorte qu'il a pu apporter un
éclairage sur des choses qui nous tiennent à coeur et qui font
simplement ajouter à l'excellence, je pense, d'un budget
créé, mis de l'avant, déposé dans des conditions
plus contraignantes, plus difficiles, mais qui, male; ) tout je pense, comme le
disait le député de prévost, a reçu un accueil
favorable de la part de la population qui, elle, est bien consciente du
contexte dans lequel nous devons oeuvrer aujourd'hui.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Bertrand.
Réforme du système fiscal
M. Beaulne: Merci M. le Président. J'aimerais un peu
enchaîner sur la discussion que j'avais commencée avec le ministre
tout à l'heure. Ce que j'ai fait ressortir et ce que je souhaiterais
éviter, ce n'est pas nécessairement une querelle de chiffres sur
des pourcentages d'augmentation qui peuvent varier selon les bases qu'on
utilise, mais insister surtout sur la tendance qui se dégage du
présent budget. Et, pour reprendre un commentaire qu'a fart le ministre,
il est évidemment souhaitable que les entreprises qui sont
compétitives ne soient pas pénalisées, surtout dans une
ère de globalisation des marchés. Mais ceci étant dit, je
ne peux m'empêcher quand même de constater qu'en prenant
l'évolution du pourcentage de la part totale de l'impôt sur le
revenu des particuliers par rapport à la part des revenus autonomes du
gouvernement, de 1989 à 1990, à ce qui est envisagé dans
le présent budget, on prévoit une augmentation de 42,1 % à
43,7 %, ce qui veut dire une augmentation de plus 1,6 %, tandis que si on
regarde la même évolution du côté des revenus
provenant des sociétés, et j'inclus ici l'impôt sur les
profits, la taxe sur le capital et les autres contributions des employeurs au
Fonds de services de santé, on observe la tendance inverse,
c'est-à-dire qu'on passe, de 1989 à 1990, de 17,8 % à 16,6
%, c'est-à-dire une diminution de 1,2 %. Vous allez me répondre
que les chiffres de 1989-1990 sont des estimations préliminaires, comme
c'est indiqué ici, même si le pourcentage, même si
l'écart est très faible, il demeure que ça laisse
prévoir une certaine tendance dans l'évolution de la part des
revenus autonomes en provenance des sociétés par rapport à
celle des revenus des particuliers. Et, M. le ministre, je vous ferai valoir
que je ne suis pas le seul à soulever ce point puisque votre propre
collègue, le ministre du Revenu, dans quelques articles qui ont paru il
n'y a pas tellement longtemps et dont j'ai les photocopies ici, se posait, lui
aussi, de sérieuses questions sur la nature équitable du
système fiscal québécois actuel et sur la
nécessité d'entreprendre une réforme de ce système
fiscal.
Ce que j'essaie de passer comme message à l'occasion de cette
discussion, c'est que, comme d'ailleurs vous l'affirmez vous-même dans
votre
document, il est nécessaire d'entreprendre une réforme en
profondeur du système fiscal québécois, en particulier
visant à réduire le fardeau de l'impôt direct des
particuliers, surtout dans une conjoncture qui annonce un virage vers la
taxation indirecte. Vous annoncez, vous reconnaissez cette importance à
l'annexe E, mais, malheureusement, il n'y a aucune indication... Enfin, vous ne
laissez en aucune façon entendre si ce que vous souhaitez, vous allez
l'appliquer à court, à moyen ou à long terme ou si vous ne
l'appliquerez pas du tout, si ça demeure, en d'autres mots, simplement
un voeu pieux.
D'autre part, au niveau de la taxe fédérale sur les
produits et services, je suis d'accord avec vous, M. le ministre, que ce n'est
pas un cadeau qui vous tombe du ciel, c'est quelque chose qui nous vient de
l'extérieur et dont, évidemment, nous, nous pensons qu'on
pourrait facilement se débarrasser avec la souverainneté sous la
forme qu'elle revêt à l'heure actuelle. En soi, ce n'est pas une
mauvaise chose, sauf que, dans un contexte fédéral avec des
contraintes particulières, ça pose des problèmes et on le
vit, on en convient tous.
Malheureusement, je trouve que le gouvernement est un peu lent à
faire connaître la façon précise par laquelle il va
s'ajuster, la mécanique, si vous voulez, par laquelle vous allez vous
ajuster. Je veux bien croire que vous dites que vous êtes en discussion
avec le gouvernement fédéral là-dessus, sauf que
l'échéance arrive vite, le 1er janvier. Il y a dos entreprises,
et particulièrement des commerçants qui, sur la base de la
rotation de leur inventaire, ont besoin bientôt et même très
rapidement - et surtout ceux qui ont des ventes et qui sont dans le domaine des
ventes cycliques - de savoir comment, en fonction de leurs opérations
diverses, ils vont devoir s'ajuster à cette taxe. Est-ce que les
produits qu'ils vendent vont être taxés? Est-ce qu'ils vont
être exemptés? Comment va fonctionner la mécanique de cette
chose-là? J'ai reçu moi-même, comme porte-parole de
l'Opposition en matière de revenu, entre autres, des demandes et des
questions de la part d'associations de commerçants de toutes sortes qui
me demandent: Avez-vous des indications sur la façon dont on va
fonctionner, parce que l'échéance arrive vite et ils se
préoccupent. Je comprends que ce sont des discussions ardues, mais on
aurait souhaité, et ces gens-là auraient souhaité...
D'ailleurs, ils m'en ont fait part, et ce, sur une base non partisane, de leur
déception, parce qu'on s'attendait à ce que, dans le discours sur
le budget, vous alliez un peu plus loin. Les gens comprennent que c'est une
initiative du gouvernement fédéral, mais là, ils
commencent à se faire un peu plus pressants sur la façon dont le
gouvernement du Québec va s'ajuster, d'autant plus, M. le ministre, que
malheureusement on a refusé en cette commission le mandat d'initiative
que nous avions proposé, sur une base tout à fait non partisane,
d'examiner l'impact de la TPS au Québec. Alors, j'accepte ce que vous me
dites comme réponse, que vous êtes en négociations, mais
est-ce que vous pourriez être un peu plus précis quant à,
disons, l'échéancier, maintenant que le budget est
déposé, maintenant qu'on en discute, sur
l'échéancier au moins que vous entrevoyez pour que les
commerçants, entre autres, puissent se dire: Bon, bien, à partir
du mois de juin ou à partir du mois de juillet, on va savoir comment le
gouvernement du Québec va se brancher et on va pouvoir fonctionner
à partir de là?
Et, en terminant, M. le ministre, si vous le voulez bien, étant
donné que, tout à l'heure, vous avez dit que vous aviez
reçu des documents que vous seriez disposé à nous
remettre, on serait bien reconnaissants si vous pouviez nous les remettre.
M. Léonard: On n'a pas de reconnaissance, ils doivent les
remettre.
M. Levesque: Ce n'est pas gentil. Moi, je travaille très
fort pour répondre aux besoins de la commission et...
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand.
M. Levesque: ...le député de Labelle ne semble pas
apprécier les efforts que nous faisons. Être dans l'Opposition,
ça ne veut pas dire être désagréable, vous
savez.
Une voix: Ha, ha, ha!
Documents déposés
M. Levesque: Bon! On nous a demandé la liste et les
coûts respectifs des mesures déjà inscrites aux
crédits, pour 207 000 000 $. En effet, dans les mesures qu'il y avait au
budget, on avait mentionné que, pour payer certaines de ces
mesures-là, il y avait des sommes déjà inscrites dans les
crédits, pour 207 000 000 $ et j'ai la liste ici. Peut-être que
vous pourriez nous en faire des photocopies? Alors, vous avez le plan
quinquennal d'investissement dans le réseau routier, 153 000 000 $; aide
au financement et au regroupement d'entreprises, 1 000 000 $; aide à
l'industrie minière, 1 000 000 $; Office de planification et de
développement du Québec, 5 000 000 $. ça ne comprend pas,
comme vous le voyez, l'aide à l'industrie minière... ce ne sont
pas les sommes dont nous parlons lorsque nous parlons des accréditives.
ce sont là des dépenses fiscales. ce sont simplement des
dépenses budgétaires que l'on retrouve dans les crédits
déposés au mois de mars.
L'aide à la promotion touristique, 6 000 000 $; l'emploi
saisonnier en gaspésie et aux îles-de-la-madeleine, 6 000 000 $;
indexation
des barèmes des programmes APTE et APPORT, 16 000 000 $;
bonification de l'allocation de maternité, 5 000 000 $. Vous voyez qu'on
ne parle pas de l'allocation à la naissance parce que ce sont des
crédits d'impôt remboursables. Ça ne va pas dans les
mêmes colonnes, si vous voulez.
Programme d'aide à la mise de fonds pour une résidence, 2
000 000 $, de 100 000 $ à 110 000 $; hausse de la contribution des
employeurs au Fonds des services de santé - ceci est une dépense
du gouvernement comme employeur - ce qui fait 207 000 000 $. Je remets à
la présidence...
Le Président (M. Lemieux): J'accepte le
dépôt. Vous allez m'en faire une photocopie.
M. Levesque: Ici, il y avait une demande des plans
d'investissement dans le secteur public à partir de 1976. J'ai Ici le
plan triennal d'immobilisation 1989-1992 et le plan
d'accélération des investissements publics. Là, par
"item", on voit le transport par autobus et métro. C'était 132
800 000 $ dans le programme triennal et c'est demeuré 132 800 000 $.
Dans les institutions de santé et de services sociaux, c'était
825 200 000 $; nous l'avons porté à 900 800 000 $, pour un plan
d'accélération de 75 600 000 $. Dans les institutions
d'enseignement primaire et secondaire, c'était 510 800 000 $ qui
étaient prévus pour les trois années 1989-1992; c'est 588
000 000 $, pour un total de plan d'accélération de 77 800 000 $.
Ainsi de suite pour les collèges d'enseignement générai et
professionnel, les cégeps, le plan était de 202 300 000 $, c'est
devenu 217 200 000 $, pour 14 900 000 $. Les universités, 286 800 000 $,
c'est devenu 307 000 000 $ pour un plan d'accélération de 20 200
000 $. L'environnement, c'était 1 230 000 000 $; c'est demeuré 1
230 000 000 $. Logements sociaux, HLM et habitations nordiques, c'était
297 800 000 $, c'est resté la même chose. Les équipements
culturels étaient de 133 300 000 $, ça a été
changé à 165 700 000 $, une augmentation de 32 400 000 $. Total
subventionné, ça devait être dans le plan triennal 3 619
000 000 $, c'est passé à 3 839 900 000 $, pour un plan
d'accélération de 220 900 000 $. ça, c'est du gouvernement
proprement dit. à cela, il faut ajouter la participation des organismes
qui était prévue à 704 500 000 $ et qui est devenue 762
600 000 $, pour une accélération de 58 100 000 $. le grand total
du plan était de 4 323 500 000 $ et est devenu 4 602 500 000 $ pour une
accélération de 279 000 000 $. si on veut savoir ce qui va se
faire dans ce plan pour l'année 1990-1991, parce que ce ne sera pas tout
terminé à la fin de l'année, on a 89 % de cette
accélération qui devrait se faire au cours de la présente
année.
On a demandé l'évaluation...
M. Léonard: On l'a demandé sur trois ans, le plan
triennal, même à partir de 1976-1977. C'est juste cette
année que vous donnez?
M. Levesque: Le plan triennal que nous avions, sur lequel on a
travaillé...
M. Léonard: Les plans d'investissement dans le secteur
public, le point 2 de la liste.
M. Levesque: J'ai donné tout le plan que nous avions sur
le plan triennal et on l'a changé pour faire... On vous le donne avec
tous les chiffres. (16 h 30)
Le Président (M. Lemieux): J'autorise le
dépôt.
M. Levesque: L'évaluation du niveau actuel des
dépenses de formation au Québec et au Canada, secteur
privé et secteur public, le niveau anticipé en fonction des
mesures annoncées dans le discours sur le budget, les dépenses de
formation de la main-d'oeuvre, la dépense est basée sur
l'enquête sur la formation et le développement des ressources
humaines 1986-1987, de Statistique Canada, dernière enquête
disponible. De ce niveau de formation il est exclu, notamment, la valeur des
subventions aux entreprises et une partie de la dépense intra-muros.
À partir de ces données, le niveau de formation de la
main-d'oeuvre a été projeté et, pour 1990, les
dépenses de formation admissibles au crédit de formation sont
prévues atteindre 282 000 000 $. C'est de ce niveau de formation que le
coût du crédit à la formation a été
estimé. Rappelons que le coût de la mesure est d'environ 100 000
000 $ pour une année. Cette nouvelle mesure aura sans aucun doute un
impact. Il suffit d'examiner le coût net et le seuil de
rentabilité d'un investissement de 100 $ en formation de la
main-d'oeuvre au Québec. Compte tenu du crédit d'impôt
remboursable à la formation, le coût d'un investissement de 100 $
en formation de la main-d'oeuvre pour une PME sera réduit de 83,71 $
à 48,85 $, au Québec. Pour une grande entreprise de fabrication,
le coût net s'établira à 54,60 $, comparativement à
69,84 $ avant l'introduction du nouveau crédit d'impôt
remboursable. Quant au seuil de rentabilité, il sera, après
mesures, de 58,85 $ pour les PME, et de 78,19 $ pour la grande entreprise,
comparativement à 100 $ dans les deux cas, pour l'Ontario. Alors vous
avez les tableaux et je vous remets ça, M. le Président,
pour...
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Levesque: Quatrièmement, vous avez demandé
l'évolution de la dette nette supportée...
Le Président (M. Lemieux): Nous acceptons le
dépôt.
M. Levesque: ...par les revenus fiscaux. Vous avez le tableau de
1977-1978 à 1989-1990: Dette nette du secteur public supportée
par les revenus fiscaux. Je n'ai pas l'intention de le lire...
Le Président (M. Lemieux): J'accepte le
dépôt.
M. Levesque: Je pense qu'on aurait pu l'avoir autrement.
Ça doit être publié à bien des endroits.
L'évolution des dépenses d'intérêt sur la
dette totale et sur la dette directe depuis 1976-1977, c'est les
dépenses d'intérêt de 1976-1977 qui étaient de 497
000 000 $; sur la dette totale, 497 000 000 $ en 1976-1977, maintenant 4 400
000 000 $. Vous avez la dette de tous les ans. La ventilation des
investissements...
Le Président (M. Lemieux): J'autorise le
dépôt.
M. Levesque: ...du secteur public, la page C-22, mais en isolant
les subventions des agents extérieurs au secteur public, les prêts
des agents extérieurs au secteur public, les dépenses pour de
nouvelles immobilisations telles que définies aux fins de la
comptabilité économique. Alors, vous avez les immobilisations,
les investissements du gouvernement du Québec, immobilisations 1984,
1985, 1986, 1987, 1988, 1989; immobilisations, 576 000 000 $ jusqu'à 662
000 000 $; les subventions et prêts pour investissements à des
agents économiques extérieurs au secteur public passent de 271
000 000 $ en 1984 à 317 000 00-0 $ en 1989. Et le total de 1984 est de
847 000 000 $ et différents chiffres jusqu'à ce qu'on arrive
à 1989 avec 979 000 000 $. Je pense que ceci répond à la
question.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Nous
autorisons le dépôt.
M. Levesque: Les tableaux sur l'écart fiscal entre le
Québec et l'Ontario pour les particuliers et les entreprises, y compris
les montants des impôts pour chacun des postes en Ontario comme au
Québec. Je pense que je vais lire cette page, avec la permission de la
commission. Alors, c'est parce que la question a été
posée: Pourquoi est-ce qu'on ne retrouve plus séparément
le fardeau fiscal des particuliers et des entreprises dans les documents
budgétaires? Alors, la réponse est la suivante: Des
données montrant séparément le fardeau fiscal des
particuliers et des entreprises qui étaient présentées
jusqu'à maintenant nécessitaient la répartition de
certains revenus de taxes entre les agents économiques qui
étaient légalement responsables de leurs paiements, et ce, aussi
bien en Ontario qu'au Québec. C'était le cas des primes
d'assurance-maladie, des taxes à la consommation, de la tarification et
des impôts fonciers. Or, une telle approche présentait plusieurs
difficultés.
D'abord, certaines charges fiscales peuvent en effet être
légalement imposées à un agent, mais être
déboursées par un autre agent. C'était le cas, notamment,
des primes d'assurance-santé en Ontario. Ces primes étaient
légalement imposées aux particuliers, mais elles étaient
payées dans une grande proportion, environ 70 %, par les employeurs,
à titre d'avantage marginal.
D'autre part, dans une petite économie comme le Québec,
fortement soumise à la concurrence internationale, il est
généralement reconnu que les charges fiscales imposées aux
entreprises sont bien souvent supportées, en définitive, par les
travailleurs sous forme de salaires moins élevés. Dans le cas des
secteurs économiques moins soumis à la concurrence, plusieurs
entreprises sont en mesure de reporter leurs charges fiscales aux consommateurs
sous forme de prix plus élevés pour les produits qu'elles
fabriquent.
Or, la répartition du fardeau fiscal entre les particuliers et
les entreprises qui a été présentée jusqu'ici dans
les documents budgétaires était donc une notion plutôt
arbitraire et qui pouvait ne pas représenter la réalité
à plusieurs égards. En conséquence, il est plutôt
plus approprié d'établir le fardeau fiscal selon la
présentation de l'annexe du discours sur le budget 1990-1991, soit, pour
l'ensemble des agents économiques du secteur privé, par grandes
sources de revenus, soit, pour les particuliers, l'impôt sur le revenu
des particuliers; pour les sociétés, l'impôt sur les
sociétés composé de l'impôt sur les profits, la taxe
sur le capital et la contribution des employeurs au Fonds des services de
santé; pour les consommateurs, les taxes à la consommation
composées de la taxe de vente au détail, de la taxe sur les
carburants, la taxe sur le tabac, la taxe sur les repas et l'hôtellerie,
la taxe sur les télécommunications, la taxe sur la
publicité électronique et les taxes ou droits sur les boissons
alcooliques. Tarification des services et droits sur les ressources naturelles.
On pourrait aussi inclure les primes d'OHIP ontariennes dans cette
catégorie, bien que celles-ci aient été
présentées sur une ligne spécifique dans l'annexe E. Et,
finalement, pour les propriétaires immobiliers, les taxes
foncières.
Vous avez le tableau, ensuite, le fardeau fiscal du secteur privé
et le fardeau fiscal du secteur privé par la structure fiscale du
Québec, la structure fiscale de l'Ontario, avec les taxes provinciales
et les taxes locales.
Je dépose l'ensemble de ce document.
Le Président (M. Lemieux): J'en autorise le
dépôt. Votre temps de parole est terminé, M. le
ministre.
M. Levesque: II reste juste un "item."
Le Président (M. Lemieux): Alors, avec consentement?
Ça va.
M. Levesque: les coûts fiscaux reliés aux
dépenses de recherche et développement par type d'entreprise,
selon le lieu de réalisation. le ministère du revenu du
québec a procédé à l'évaluation du
coût du crédit d'impôt à la recherche et
développement pour les années 1987 et 1988. la valeur du
crédit recherche et développement est de 67 000 000 $ pour 1987.
à cela, il faut ajouter la valeur de l'abolition de la taxation du
crédit fédéral, qui représente 4 000 000 $. c'est
donc pour 71 000 000 $ que les entreprises ont profité de l'aide fiscale
en 1987. pour 1988, le montant estimé par le ministère du revenu
du québec est préliminaire, car les entreprises n'ont pas encore
été toutes cotisées. tout de même, le montant
préliminaire est de 87 000 000 $, auquel il faut ajouter la valeur de
l'abolition de la taxation du crédit fédéral, qui est de 5
000 000 $. le montant préliminaire de l'évaluation du
crédit d'impôt est donc de 92 000 000 $.
Donc, en 1987, 71 000 000 $; en 1988, 92 000 000 $. En tout état
de cause, la fiscalité a eu un impact certain sur les dépenses de
recherche et développement. En effet, Statistique Canada publie les
dépenses de recherche et développement industriels par province.
L'enquête de 1987 indique que le Québec a connu une croissance en
termes de dépenses totales intra-muros de 13,57 % de ses dépenses
de recherche et développement industriels, oui, 13,57 % contre 4,54 % en
Ontario et 3,01 % dans l'ensemble du Canada. Ce sont, là encore, des
réponses que je vais vous remettre.
Le Président (M. Lemieux): Alors j'autorise le
dépôt et nous allons suspendre quelques minutes afin de permettre
que des photocopies soient faites et qu'une consultation des documents soit
faite.
(Suspension de la séance à 16 h 40)
(Reprise à 16 h 52)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre! La commission
du budget et de l'administration reprend ses travaux dans le cadre du
débat sur le discours sur le budget.
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Léonard: Juste un instant.
Le Président (M. Lemieux): Oui, monsieur. Oui, il n'y a
pas de problème.
M. Léonard: Le rapport qui view de nous être remis,
ça ne constitue pas une intervention. Je la situe.
M. Levesque: La mienne non plus, mon intervention, tout à
l'heure quand je l'ai déposée.
M. Léonard: J'en parlerai tout à l'heure dans mon
intervention.
M. Levesque: Non, non, allez-y donc.
M. Léonard: C'est parce que, sur ce tableau-là, il
manque des choses.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, il y a consentement de
la part de M. le ministre des Finances.
M. Léonard: II y a trois questions à poser sur le
contenu des documents. D'abord, sur le plan des investissements qui constituent
le deuxième document demandé, nous n'avons pas la perspective
historique, alors que c'était demandé - je ne l'ai pas eue, je ne
pense pas, à regarder les documents - alors qu'on les demandait depuis
1976-1977, le plan d'investissements, le plan triennal depuis 1976-1977, pour
qu'on puisse voir la trame historique.
Le Président (M. Lemieux): Je sais qu'il manque deux
documents, M. le député.
M. Léonard: Non, c'est les deux derniers. Le
Président (M. Lemieux): Ça va. O.K. M. Léonard:
Ensuite...
M. Levesque: Je pense qu'il faudrait aller au Trésor pour
avoir ça, mais...
M. Léonard: Oui. Donc, c'est à venir, c'est
ça que ça veut dire?
M. Levesque: II faudrait le demander au Conseil du trésor,
mais je vais voir ce qu'on peut faire avec ça.
Le Président (M. Lemieux): Lors de l'étude des
crédits, ça peut être demandé.
M. Léonard: C'est parce qu'on en parlait dans le discours
sur le budget.
M. Levesque: En tout cas, je vais regarder.
Le Président (M. Lemieux): Lors de l'étude
dès crédits, ça peut être demandé au
président du Conseil ou trésor.
M. Léonard: O.K.
M. Levesque: On va ret ^ jr.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. te
ministre.
M. Léonard: L'autre, c'est la formation. Vous nous avez
donné les données après le discours sur le budget, mais
avant? Quelle est la différence exacte, ce que ça coûte en
termes de formation, avant et après le discours sur le budget? Nous
avons après, là c'est avant. Parce que, au fond, les discours sur
le budget changent quoi aux dépenses de formation?
M. Levesque: Ce n'est rien que des prévisions que vous
voulez avoir après.
M. Léonard: Avant, oui. Ce qu'il y avait avant que le
discours sur le budget intervienne et après. Vous dites que vous avez
introduit des mesures. Ça doit faire des différences sur le
niveau des sommes attribuées.
M. Levesque: II faudrait être prophète pas mal pour
savoir exactement ce que ça va donner.
M. Léonard: Ou bien, je ne sais pas, la
réalité actuelle.
M. Levesque: C'est difficile. Je peux bien prendre une chance,
mais...
M. Léonard: D'où partez-vous?
M. Levesque: II faut attendre que le ministère du Revenu
nous donne les données.
M. Léonard: O.K.
M. Levesque: On ne peut pas le faire tout de suite.
M. Léonard: C'est correct. La question reste...
M. Levesque: C'est l'information que j'ai de mes conseillers.
M. Léonard: On va les écrire. On va les mettre par
écrit, les questions, c'est tout. Elles sont là?
L'évaluation du niveau actuel des dépenses de formation au
Québec et au Canada. Le niveau anticipé en fonction des mesures
annoncées dans le discours sur le budget. Ce qu'on avait avant, de
quelle base vous partez, et avec le discours sur le budget, ce que ça
donne, pour évaluer les mesures. Et, finalement, l'autre question,
c'est... Il y a une ventilation entre "subvention" et "prêt", parce que
ce n'est pas la même chose, en termes d'attribution de coûts.
M. Levesque: On me dit qu'on n'est pas sûr de l'avoir mais
on va vérifier.
M. Léonard: La différence entre "subven- tion" et
"prêt"? Au ministère de l'Industrie et du Commerce, ils doivent...
O.K.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, maintenant, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
Développement régional
M. Farrah: Oui, merci, M. le Président. Mes propos vont
être plus particulièrement relatifs au développement
régional, compte tenu de mon comté et compte tenu aussi de la
provenance du député de Bonaventure. Je pense que depuis que le
ministre des Finances actuel est en poste, on se rend compte que la
Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine entre autres, sont
citées quand même à plusieurs endroits dans le discours sur
le budget, et c'est à notre avantage. Et les autres régions
également.
Je voudrais juste faire un aparté, M. le Président, au
niveau de la réforme fiscale, comme en parlait tantôt le
député de Bertrand. Je pense que c'est effectivement important,
le virage ou la perspective dans l'annexe E du discours sur le budget. On voit
quand même le réalisme au niveau du gouvernement, au niveau du
ministre des Finances comme tel. Avec toute la situation économique et
la mondialisation des échanges, comme l'a mentionné tantôt
le ministre des Finances, je pense qu'il est important de s'assurer, pour
l'impôt des compagnies et l'impôt des particuliers, qu'on est
compétitifs à ces deux niveaux-là, particulièrement
parce que ce sont deux facteurs très importants qui sont aussi
considérés lors des investissements. Comme vous le savez, le taux
d'investissement non résidentiel, l'an passé, a été
de 13,6 %, soit le plus haut au Canada. La moyenne canadienne était de
8,79 %. Les perspectives et les prévisions pour cette année, en
1990, sont de 12,9 %, alors que les prévisions au niveau du Canada sont
de 9 %. Et je pense que c'est un élément important à
considérer parce que, vu le ralentissement économique qu'on
connaît actuellement, on peut constater quand même qu'au niveau du
taux d'investissement, il y a une baisse qui est marginale, compte tenu des
difficultés économiques que nous connaissons. Et ça, je
pense que c'est encourageant et c'est surtout dû principalement aussi
à la compétitivité de l'impôt des particuliers et de
l'impôt des compagnies.
Il y a aussi le virage au niveau de la taxation indirecte, comme
en parlait le député de Bertrand. Et c'est là que j'ai un
premier volet de question au ministre des Finances: Quel est le niveau de
taxation indirecte des autres provinces par rapport au Québec? Est-ce
qu'on a encore
une marge de manoeuvre? Par exemple, on dit qu'on a augmenté la
taxe sur les cigarettes. Ce qui est aussi important pour le contribuable, c'est
de savoir si, au niveau de la taxation indirecte au Québec, on a encore
une marge de manoeuvre comparativement aux autres provinces? Ces
taxations-là, au niveau des investisseurs principalement, c'est
considéré, mais ça l'est beaucoup moins que l'impôt
des particuliers et aussi l'impôt au niveau des corporations. Alors, je
pense que la vision gouvernementale est très juste dans le contexte
actuel, compte tenu de la mondialisation des échanges, compte tenu aussi
du fait qu'il faut conserver notre compétitivité avec le
libre-échange, notamment. Alors, c'est très important que nos
entreprises en place soient compétitives et demeurent
compétitives parce que ça crée des emplois. (17
heures)
D'autre part aussi, ça permet des investissements ici. Qu'on
parle au niveau de l'alumine-rie, d'investissements majeurs: Alouette, à
Sept-Iles; également à Deschambault; Reynolds à
Baie-Comeau, etc. Je pense que c'est la preuve concrète que l'action que
nous posons est très juste dans le contexte économique actuel. Je
pense qu'il faut féliciter le ministre des Finances et le premier
ministre, ainsi que toute l'équipe du ministère, pour cette
vision. Je pense que c'est ça qui est important. Ça nous permet
aussi de passer un peu plus facilement à travers les ralentissements
économiques, et ça, je pense que c'est très important.
Le député de Labelle, dans sa réplique en Chambre,
parlait souvent de taxation indirecte: les consommateurs au niveau
d'Hydro-Québec doivent payer plus, etc. Et il sortait un bilan ou un
montant additionnel que le consommateur doit payer, sauf qu'il ne faut pas
mélanger non plus des oranges avec des pommes. Si, à
HydroQuébec, on augmente la tarification, le consommateur paie pour ce
service-là. En ce qui concerne le gouvernement, on reçoit un
certain dividende. Mais je ne pense pas que les proportions soient les
mêmes, qu'on puisse s'appuyer là-dessus. Si on s'appuyait sur
ça, on pourrait dire que, dans le passé, le consommateur aurait
économisé de l'argent parce que l'augmentation des tarifs
d'Hydro-Québec était en bas de l'inflation au cours des deux ou
trois dernières années. Alors, si on prend ça comme
créneau, on pourrait dire au député de Labelle: Cette
année, effectivement, Hydro-Québec a besoin d'argent neuf pour
des investissements majeurs, pour la réfection .du réseau. Il y
aura une augmentation des tarifs de x montant. Mais on peut dire que l'an
passé ou au cours des deux dernières années, il y a eu une
augmentation en bas du taux d'inflation et que le consommateur y a
gagné. Mais je ne pense pas qu'on puisse comparer directement ces deux
choses-là. On ne doit pas mélanger des pommes avec des
oranges.
Cela étant dit, M. le Président, au niveau du
développement régional, ce qui a retenu particulièrement
mon attention, c'est le domaine des pêches. On sait que la situation dans
le domaine des pêches est très criante. C'est une crise majeure.
Dans ce sens-là, je pense que le gouvernement a fait un geste concret,
un geste très important pour les régions maritimes du
Québec avec l'annonce d'un plan quinquennal de 50 000 000 $. Comme vous
le savez, M. le Président, les pêches maritimes, ça touche
quelques comtés au Québec, à peu près six
comtés. Mais pour ces comtés, c'est quand même une
activité vitale, étant donné que c'est à peu
près la seule activité économique qui existe dans ces
régions. Comme on dit chez nous: Comme va la pêche, comme va le
comté. Dans ce sens-là, avec les difficultés que nous
connaissons présentement, il était impératif et
très important que le gouvernement apporte une aide à très
court terme afin de pallier à la situation qu'on connaît dans le
domaine des pêches.
Situation alarmante, comme je le disais, et principalement due à
un tas de facteurs. Premièrement, le taux de change. Vous savez que la
majeure partie de la production au niveau des pêches est exportée.
Pour nous, le taux de change est très important. Au cours de
l'année, on connaît quand même une augmentation du dollar
canadien. Cela fait en sorte que c'est moins d'argent net pour les producteurs.
Dans la conjoncture actuelle, moins d'argent, c'est quand même moins de
rentabilité. Deuxièmement, les taux d'intérêt aussi.
C'est un élément important parce que, comme vous le savez, dans
le domaine de la pêche, on doit supporter des inventaires relativement
importants. Les taux d'intérêt élevés font en sorte
que ce sont des coûts additionnels au niveau des entreprises dans le
domaine des pêches. Ça fait en sorte de diminuer la
rentabilité également. Aussi, quand on parle au niveau de la
ressource. Vous savez que depuis quelques années, la ressource a
diminué quand même considérablement. En dernier lieu, il y
a un autre point très important: le prix du marché au niveau de
la pêche en général est très bas.
L'ensemble de ces facteurs font en sorte que l'industrie est dans un
état de crise. Dans le passé, ces facteurs ont toujours
été très importants à prendre en
considération, sauf que, lorsqu'on avait deux facteurs qui
étaient moins bons pour les industriels de la pêche, on en avait
quand même deux qui étaient peut-être bons. Quand le taux
d'intérêt était élevé, au moins le taux de
change était bon, etc. Ça compensait. Mais cette année et
l'an passé principalement, tous les facteurs sont négatifs pour
l'industrie. Cela fait en sorte que c'est très difficile pour les
régions maritimes. C'est dans ce sens-là que je salue et que je
remercie le ministre des Pêcheries, dans un premier temps, d'avoir fait
des représentations auprès du ministre des Finances. Surtout, je
remercie la bonne écoute que le ministre des Finances a eue
envers les régions maritimes, compte tenu de l'importance de ces
dossiers. Comme je le disais tantôt, la pêche est la pierre
angulaire de l'industrie des régions maritimes, et lorsque la
pêche ne fonctionne pas, bref, c'est quand même la crise chez
nous.
Aussi, j'aimerais souligner le programme de création d'emplois
qui est reconduit cette année, pour un montant de 6 000 000 $. Alors,
dans la conjoncture actuelle, je pense que c'est un bon palliatif. On sait,
quand même, que ce sont des actions ponctuelles. Ce ne sont pas
nécessairement des choses qui peuvent être valables à long
terme, on le comprend bien, mais je pense que c'est démontrer quand
même le pragmatisme du gouvernement de faire en sorte d'avoir, dans des
situations de crise, des programmes ponctuels pour pallier à la
diminution de l'emploi dans nos régions.
Alors, ma question au ministre des Finances est principalement au sujet
de la taxation indirecte, comme je le disais tantôt. J'aimerais qu'il me
réponde si on a encore une marge de manoeuvre suffisante pour
détourner un peu la taxation directe par la taxation indirecte. Aussi,
au niveau des pêches, on devrait s'assurer que les sommes qui seront
investies le seront dans des activités peut-être plus
structurantes, pour que nos régions puissent avoir un avenir très
prometteur. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, je remercie le
député des Îles-de-la-Madeleine de participer ainsi
à la discussion sur le budget. Il a soulevé, évidemment,
des questions fort importantes touchant de toute évidence, d'abord, le
développement régional, les investissements,
particulièrement les investissements non résidentiels à
travers le Québec. Il a parlé de la taxation indirecte, de la
tarification d'Hydro-Québec et il a couvert tout un chapitre sur les
pêches, qui sont tellement importantes dans l'est du Québec et
particulièrement aux Îles-de-la-Madeleine.
J'aimerais tout simplement faire quelques commentaires assez brefs, pour
permettre à nos amis de l'Opposition de pouvoir s'exprimer avec le plus
de facilité possible. Mais je ne laisserai pas passer l'occasion de
souligner la contribution du député des
Îles-de-la-Madeleine, et je commence par répondre à une de
ses questions touchant la taxation indirecte. C'est clair que pour
répondre aux besoins de plus en plus évidents de la
société, il faut dégager des priorités. Il faut
s'assurer de la gestion la plus sérieuse, la plus objective, la plus
réaliste, mais quelquefois la plus contraignante, sur les
dépenses. Je crois qu'avant de passer à la taxation ou à
l'imposition, il faut d'abord regarder quelles sont les dépenses qui
sont essentielles, celles qui sont nécessaires mais peut-être pas
essentielles, celles qui sont utiles mais peut-être pas
nécessaires, celles qui sont agréables mais pas
nécessairement utiles, etc., de sorte qu'il y a un tri à faire
là-dedans, il y a une sorte de priorité à dégager.
En même temps, il faut voir à ce que ces dépenses ne soient
pas faites simplement dans le but de faire des dépenses, mais
plutôt de répondre adéquatement à des besoins. Donc,
bien identifier les besoins et voir à ce que les ressources soient
disponibles, et disponibles autant que possible par les instances
appropriées.
Cela étant dit, une fois que nous avons fait ce travail... Je
pense qu'on peut dire qu'on a, depuis cinq ans maintenant, travaillé
dans ce sens, et la moyenne d'augmentation des dépenses se situe autour
de 5 % pour l'ensemble des dépenses du gouvernement. Je pense que cela
se compare avantageusement à la situation que nous pouvons observer
ailleurs, à d'autres niveaux de gouvernement, ou même dans des
niveaux de gouvernement comparables. Maintenant, il faut aussi aller chercher
des ressources financières qui composent ce que nous appelons le fardeau
fiscal. Là encore, il faut procéder, à mon sens, avec la
plus grande rationalisation possible. Il faut tenir compte, par exemple, d'un
facteur important, si on veut protéger nos emplois, en créer de
nouveaux: demeurer compétitifs, concurrentiels. C'est pourquoi il faut
faire attention à ces éléments du fardeau fiscal qui
touchent la compétitivité. Là, je songe à
l'impôt sur le revenu des particuliers. Je songe à l'impôt
sur le revenu des sociétés. Nous avons, de ce
côté-là, fait en sorte de ne pas augmenter l'impôt
sur le revenu des particuliers. Au contraire, nous l'avons réduit de 408
000 000 $ avec des interventions comme celle de l'indexation.
Du côté de l'impôt sur le revenu des
sociétés, il y a eu une augmentation de la surtaxe de 12 %
à 15 %. Mais, encore là, nous sommes demeurés très
concurrentiels. D'ailleurs, la réaction des sociétés a
été favorable dans le sens qu'elles savent que cette augmentation
de l'imposition ne touche en rien à leur situation concurrentielle.
Mais, tout de même, il faut des revenus. Si on ne va pas de ces deux
côtés, vers quoi va-t-on se tourner? On a décidé de
se tourner vers les taxes indirectes et vers celles où une augmentation
ne nous ferait pas dépasser des normes acceptables.
De fait, nous avons choisi le tabac et la bière, les alcools
où la situation... Pour répondre plus directement à votre
question, même après ces taxes, nous demeurons encore la province
la moins taxée au chapitre des cigarettes et de la bière. Par
exemple, dans le domaine des cigarettes, la situation est la suivante, par
cigarette: Terre-Neuve, 0,0736 $; île-du-Prince-Édouard, 0,07 $;
Nouvelle-Ecosse, 0,0868 $; Nouveau-Bruns-wick, 0,0888 $; Ontario, 0,0616 $;
Manitoba, 0,078 $; Saskatchewan, 0,0668 $; Alberta, 0,056 $;
Colombie-Britannique, 0,062 $; Québec, 0,055 $.
Nous demeurons les plus bas de toutes les provinces du pays. Si on
regarde la bière, c'est encore plus évident: Terre-Neuve, 71 % de
taxation - les taux effectifs par province -
île-du-Prince-Édouard, 86 %; Nouvelle-Ecosse, 81 %;
Nouveau-Brunswick, 80 %; Ontario, 43 %; Manitoba, 86 %; Saskatchewan, 74 %;
Alberta, 63 %; Colombie-Britannique, 69 %; Québec, 17 %. Encore
là, il est clair que nous nous sommes tournés justement vers les
taxes indirectes où, depuis quelques années, nous n'étions
pas intervenus, et nous sommes intervenus là, alors que nous savions
que, même en intervenant, nous demeurerions les plus bas au Canada.
Pour les investissements non résidentiels, vous aviez raison de
le souligner, alors que nous passons dans une période dite de
ralentissement, nous avions, justement, fait nos devoirs, de sorte que nous
arrivons à ce moment-ci avec une augmentation de 12, 9 % dans les
investissements non résidentiels; ça comprend les investissements
comme les alumineries, etc. Pourquoi arrivons-nous à ça? Parce
que nous avons fait des prévisions pour que cela puisse arriver à
un moment où la conjoncture le recevrait avec plus de besoins, si vous
voulez. L'augmentation des investissements non résidentiels de 12, 9 %
au Québec se compare fort avantageusement avec les 9 % au Canada, je
crois, et les 6, 6 % en Ontario. Je suis heureux que le député
des Îles-de-la-Madeleine ait ainsi souligné un apport important
à notre politique économique.
Dans les pêches, évidemment, le député a
raison de souligner l'importance de cette industrie, particulièrement
dans sa région, et dans la mienne également, lorsque l'on pense
que nous sommes dans une région très très
périphérique, où la ressource pêche est
extrêmement importante. La ressource forêt, la ressource tourisme,
la ressource agriculture - dans mon comté en particulier - la ressource
mines, tout cela ce sont des ressources sur lesquelles compte notre
population... (17 h 15)
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
ministre des Finances.
M. Levesque: En conclusion, je tiendrais à assurer le
député des Îles-de-la-Madeleine que, comme dans le budget,
nous avons répondu justement au projet présenté par le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Nous y
avons répondu d'une façon bien claire, bien nette. Nous y
consacrons 50 000 000 $ dans un premier temps, dans le plan quinquennal. Nous
invitons encore une fois le gouvernement fédéral qui semble avoir
ouvert certaines portos du côté des Provinces atlantiques,
à ne pas oublier que, dans la même région, se trouve cette
partie du Québec qui a à peu près les mêmes
problèmes, tel que soulevé par le député des
Îles-de-la-Madeleine, que je remercie évidemment pour son
intervention.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre
des Finances. M. le député de La Prairie.
Aide aux plus démunis et à
l'écologie
M. Lazure: Tout à l'heure, le député des
Îles-de-la-Madeleine se réjouissait que le nom de son
comté, de sa région, apparaissait souvent dans le budget du
ministre des Finances. Moi, je dois déplorer que l'appellation
même des personnes handicapées ne soit pas apparue au budget. Et
j'ai été déçu par le ministre des Finances, que je
connais depuis très longtemps, qui est plutôt
généreux, magnanime sur le plan personnel. Mais comme ministre
des Finances, il a été plutôt - j'allais dire mesquin, mais
je ne le dis pas - il a été quand même négligent,
disons, négligent vis-à-vis des personnes handicapées, ne
se donnant même pas la peine de mentionner, de reconnaître leur
existence, encore bien moins de leur accorder des crédits nouveaux, que
ce soit pour des centres de travail adapté, par exemple. Le gouvernement
précédent, le gouvernement de notre formation politique, en 1985,
avait déjà mis sur pied 39 centres de travail adapté pour
personnes handicapées, qui sont de véritables PME. On constate
maintenant que non seulement depuis 1985 le gouvernement actuel n'a pas mis en
place de nouveaux centres de travail adapté, mais que le nombre en a
été réduit à 36. C'est tombé de 39 à
36 même si les besoins ont augmenté.
Autre omission, les personnes âgées. On ne voit pas, ni
dans le discours sur le budget, ni dans les annexes, ni dans les autres
documents que le ministre des Finances distribue aujoud'hui, on ne voit pas
d'investissements importants pour la construction de centres d'accueil pour
personnes âgées, même si on sait que, dans notre
société, le vieillissement prend de plus en plus d'importance. La
proportion de personnes âgées dans notre société va
en augmentant, c'est bien connu. Là aussi, le gouvernement du Parti
québécois avait pourtant donné l'exemple. De 1977 à
1984, notre gouvernement avait construit en moyenne 1000 nouvelles places de
centres d'accueil pour personnes âgées, 1000 nouvelles places par
année, alors qu'entre 1985 et 1989, on a eu à peine 325 nouvelles
places; seulement 325, pas par année, pour une période de quatre
ans. Alors, il est bien évident que ce gouvernement-ci n'a pas retenu
cette priorité, sauf en paroles. En paroles, oui, durant les campagnes
électorales, on retient que les personnes âgées c'est
important, on va investir, mais dans la réalité, on n'investit
pas. Le comté de La Prairie, contrairement au comté des
Îles-de-la-Madeleine, n'est pas mentionné évidemment dans
le budget, même pas la région, alors que, là, le ministre
des Finances avait une belle occasion... Je pense, en particulier, à
l'autoroute 30 qui a été promise en 1985. En 1985. l'autoroute 30
a été promise.
Évidemment, il n'y a rien eu de fait, et, en 1989, on l'a promise
de nouveau. Là, je pense qu'il va falloir que le ministre des Finances
fasse un sérieux examen de conscience.
L'environnement. Hier, le ministre des Finances disait: Nous faisons
beaucoup pour l'environnement. Premièrement, il ne respecte pas
l'engagement de leur chef durant la campagne électorale qui avait dit:
50 000 000 $ additionnels dès le premier exercice financier.
C'était clair, ça. Il l'a répété partout.
Or, dès la première année financière, un maigre 15
000 000 $. Un autre exemple de manque de générosité: les
groupes environnementaux qui s'occupent de recyclage, de
récupération - et il y en a un dans ma région,
Récupération Montérégie - en 1985, ces
groupes-là recevaient un total de 825 000 $ de subventions annuelles.
Imaginez-vous que, cinq ans plus tard, en 1990, ils ne reçoivent que 850
000 $, soit 25 000 $ de plus. Ces 25 000 $ de plus ne rencontrent même
pas, évidemment, l'augmentation du coût annuel de la vie durant
ces cinq années-là. Alors, c'est un manque à gagner, c'est
un recul pour les groupes environnementaux qui jouent un rôle
extrêmement important dans l'éducation du public pour la
préservation et l'amélioration de l'environnement. Même
chose pour les groupes soi-disant écologiques qui, eux, s'occupent de
dossiers particuliers, font de l'éducation du public; je pense à
des groupes comme la Société pour vaincre la pollution, ou
Greenpeace, ou l'Union québécoise pour la conservation de la
nature. Tous ces groupes ont aussi été gelés depuis 1985
dans leurs subventions. Pas un sou d'augmentation pour l'ensemble des groupes
environnementaux. 800 000 $. C'est bloqué là. m. le
président, le budget du ministère de l'environnement, il faut
toujours se le rappeler, est constitué, pour les trois quarts, d'une
somme qui va au paiement du service de la dette contractée conjointement
par le gouvernement du québec et les municipalités pour le
programme d'assainissement des eaux. en 1976, quand nous sommes arrivés
au pouvoir, à peine 10 % des eaux usées au québec
étaient traitées, alors qu'en ontario, on en traitait
déjà 60 %. aujourd'hui, grâce au programme que nous avons
mis en marche en 1978-1979, et qui continue toujours heureusement, un pas de
géant a été fait; 60 % de nos eaux sont traitées
maintenant. il reste que ce programme coûte cher, mais il reste qu'il ne
faut pas non plus se laisser lancer de la poudre aux yeux par le ministre des
finances lorsqu'il parle d'une énorme augmentation au ministère
de l'environnement. le vrai budget de fonctionnement du ministère de
l'environnement, c'est autour de 110 000 000 $ ou 120 000 000 $ par
année; ça ne bouge pas beaucoup année après
année. je viens d'en donner des exemples pour les groupes
environnementaux.
Je conclus en disant que ce gouvernement a un langage avant
l'élection, durant la campagne électorale. Une fois qu'il est au
pouvoir, il a un langage différent, et ça, c'est
particulièrement vrai en matière d'environnement. Il faut le
déplorer et il faut souhaiter, pour la qualité de notre
environnement, que le ministre des Finances, l'an prochain, se rachètera
et aura à coeur de maintenir les engagements qui ont été
pris solennellement durant la campagne électorale. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de La Prairie. M. le ministre des Finances, la parole est
à vous.
M. Levesque: M. le Président, il n'y a aucun doute que je
souscris à l'opinion du député de La Prairie sur
l'importance des sujets qu'il a abordés. Je suis d'accord avec lui que
l'État doit continuer d'accentuer ses efforts dans des domaines aussi
névralgiques, aussi humanitaires même que l'aide à donner
aux personnes handicapées, aux personnes âgées, et le soin
que nous devons apporter à notre environnement. Il a sûrement
développé là des sujets -auxquels je souscris quant
à leur importance dans notre société.
Je tiendrais cependant à être un peu moins négatif
sur la façon dont nous répondons ou dont nous essayons de
répondre à ces besoins que je reconnais. Par exemple, pour les
personnes handicapées, l'effort que nous faisons comme dépenses
est supérieur à la moyenne des dépenses dans les autres
domaines. Comme l'on sait, la moyenne d'augmentation des dépenses du
gouvernement se situe autour de 5 % depuis 1985-1986. Dans le cas de l'Office
des personnes handicapées du Québec, l'augmentation annuelle
composée est de l'ordre de 7,4 %. Le député a
mentionné, par exemple, ce que nous faisons dans les subventions aux
centres de travail adapté. Là encore, lorsqu'il était au
pouvoir, il se rappelle que les dépenses consacrées à
cette fin étaient de 17 600 000 $. Elles sont cette année, dans
les crédits, de 22 500 000 $. Je comprends qu'il y a un
phénomène d'inflation, mais il y a sûrement là une
augmentation sensible qui fait en sorte que nous avons une préoccupation
au moins aussi importante que celle qu'il avait sans doute lorsqu'il
était responsable, je crois, de ce domaine.
Quant aux personnes âgées, j'aimerais aussi noter qu'il y
a, là encore, une augmentation qui dépasse la moyenne
d'augmentation des dépenses gouvernementales. Simplement aux fins
d'exploitation des centres d'accueil et d'hébergement mentionnés
par le député, les dépenses étaient de 381 000 000
$. Elles sont passées maintenant à 624 000 000 $, une
augmentation annuelle moyenne durant les cinq dernières années de
10,4 %. Mais je pense qu'il y a même dans les crédits, cette
année... Dans les renseignements supplémentaires des
crédits pour 1990-1991, à la page 83, on y lit ceci: "Pour
répondre à la
demande accrue de services que nécessitent les personnes
âgées, un accroissement des crédits de 14 000 000 $ a
été consenti pour l'alourdissement des clientèles
hébergées. De même, un ajout de 10 800 000 $ a
été alloué pour le financement des coûts
additionnels qu'entraînent la relocalisation dans de nouveaux
édifices - je souligne ceci à l'attention du député
de la prairie - et l'ajout de places dans 11 centres d'accueil,
d'hébergement et centres hospitaliers de soins de longue
durée."
Si on s'en tient simplement à ce qu'il y a dans le budget,
à ce que l'on mentionne, on peut à ce moment-là escamoter
des faits très importants que l'on retrouve dans les crédits. La
grande majorité des dépenses gouvernementales se trouvent dans
les crédits déposés au mois de mars. Je peux appeler
ça des ajouts ou des corrections de tir que l'on retrouve dans le budget
où certaines additions sont faites de façon ponctuelle. Mais les
grands ajouts, si vous voulez, les augmentations se retrouvent normalement dans
le budget des dépenses, des crédits que l'on dépose
ordinairement vers la fin du mois de mars pour l'année commençant
le 1er avril.
Il y a un autre programme que j'aimerais signaler à l'attention
de la commission et qui complète un peu les services rendus dans des
centres d'accueil, c'est le programme de maintien à domicile des CLSC.
Alors que la dépense était de l'ordre de 53 900 000 $, en
1985-1986, nous sommes maintenant, dans ce domaine, à 119 500 000 $,
soit une augmentation annuelle moyenne de 17,3 %. Il ne faut pas sous-estimer
cette dimension. Notre politique, c'est aussi d'essayer de maintenir les gens
à domicile le plus possible, c'est pourquoi nous avons augmenté
les crédits d'une façon aussi importante à ce chapitre.
(17 h 30)
Quant à l'environnement, j'ai eu l'occasion - je ne sais pas si
le député de La Prairie était présent à la
commission, à ce moment-là - lorsque le député de
Prévost est intervenu, de rappeler l'augmentation des crédits qui
a été faite d'une façon importante au cours de ces
années-là. En 1985-1986, par exemple, les dépenses du
ministère de l'Environnement étaient de 190 000 000 $, en
1990-1991, de 470 000 000 $, ce qui représente une croissance annuelle
de près de 20 % depuis 1985-1986. Le député de La Prairie
disait: Ah bien! il y a une bonne partie de cela qui va pour l'assainissement
des eaux. Et 11 en a profité, évidemment, pour vanter le
gouvernement dont il a fait partie d'avoir lancé ce programme. et je
suis prêt à concourir avec lui à ce sujet, parce
qu'après tout, les gouvernements ne font pas exprès pour mal
faire. je pense que chaque gouvernement essaie de bien faire, puis il
était sans doute dans cette situation-là. mais il y a quelque
chose entre lancer un programme et le réaliser. or, il faut bien
comprendre que, lorsqu'on l'a lancé, ça ne coûtait pas trop
cher, mais, à mesure que les années passaient, cela a
changé de prix et si, au début du programme, c'était 18
000 000 $, en 1984-1985 on était rendu à 70 000 000 $, et
là, on est rendu à 328 400 000 $. Alors, ce que nous avons
consacré à ce programme, même lancé par nos
prédécesseurs, était beaucoup plus considérable,
depuis que nous avons pris le pouvoir. C'est le jour et la nuit. Alors,
là aussi, ça fait des pressions considérables sur les
finances publiques.
Les budgets d'opération du ministère ont eux aussi connu
une expansion rapide. Ils sont passés de 79 000 000 $, en 1985-1986,
à 142 000 000 $, pour une croissance annuelle de l'ordre de 12 %, et,
cette année, l'augmentation totale du budget du ministère de
l'Environnement est de 55 000 000 $, dont 15 000 000 $, justement - comme l'a
mentionné le député de La Prairie - pour les
dépenses de fonctionnement. Et, dans le budget, il y a eu des ajouts,
par exemple, comme ce qui a été annoncé plus
précisément hier, je pense, par le ministre de l'Environnement,
lorsqu'il a déposé le projet de loi relatif à la
récupération et au recyclage des déchets solides et
à la création d'un organisme à cet...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
ministre.
M. Levesque: ...effet. Et, puis-je ajouter, étant
donné qu'il reste peu de temps, simplement en tête de chapitre,
les 50 000 000 $ sur cinq ans qui sont consacrés à la recherche
et au développement en matière environnementale. Alors, je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le ministre des
Finances. M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Oui, M. le Président. M. le
Président, j'aurais aimé...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie?
M. Bélisle: C'est très malheureux parce que ce que
je voulais simplement soulever... Peut-être que les gens vont dire que je
radote, mais je ne peux pas comprendre que, dans l'Opposition, on n'ajuste pas
ses violons. Il me semble que, quand on doit donner une même symphonie...
Le député de Labelle, M. le Président, nous a dit ce
matin, a fart un grand sermon pour l'avenir de Montréal. M. le
député de La Prairie, qui est l'un des députés qui
représente un des comtés de la couronne autour de
Montréal, sur la rive sud, va certainement tenir un autre langage.
Malheureusement, le message ne sera pas compris. Et c'est exactement ce que
nous avons vécu au cours des dernières années quand le
député de Lévis, avec
grand renfort d'éclats à l'Assemblée nationale,
nous servait le même discours, le même discours que le
député de Labelle, le même discours que l'option
préférable d'aménagement. Et vous avez entendu comme moi,
M. le Président, tantôt, très clairement, une dissension
très évidente de deux personnes de l'Opposition, l'une qui vient
prêcher pour l'île de Montréal, puis l'autre qui vient
prêcher juste pour l'autre côté de la grande rivière
qui s'appelle le fleuve Saint-Laurent. Nous autres, chez nous, malheureusement
M. le Président, il n'y a pas de problème, parce qu'on a un plan
de transport, parce qu'on sait exactement où on s'en va, puis la preuve,
c'est la page 8 de l'annexe A, qui détermine avec précision les
montants d'investissements qui seront mis de l'avant dans le réseau
routier au cours des prochaines années. Je souhaite juste une chose, M.
le Président, pour le bénéfice du collègue du
député de Labelle, le député de La Prairie, je lui
souhaite - je pense que c'est presque évident - qu'il y aura des sous
pour que son autoroute 30 se réalise, parce que ça répond
aux besoins des gens dans sa région et que l'agglomération, la
région métropolitaine de Montréal, contrairement à
toute l'idéologie technocratique de l'ancien gouvernement, ce n'est pas,
ça n'a pas été et ce ne sera jamais seulement l'île
de Montréal. Quand les gens de l'Opposition, entre eux, vont commencer
à se parler, à échanger, ils vont peut-être finir
par comprendre qu'alors qu'on creusait des tunnels de métro, M. le
Président, en dessous de 111e de Montréal, au même moment,
il y avait 1 000 000 de personnes qui s'en allaient vers les banlieues nord ou
sud, mais on ne tenait pas compte de ces chiffres-là, on ne calculait
même pas, quand on creusait des tunnels de métro pour une
population qui déclinait sur l'île de Montréal. Ça,
c'était une option préférable d'aménagement qui
donnait des résultats.
Je l'ai dit ce matin, ça n'a pas donné de résultat,
mais je m'aperçois que le discours n'a pas changé. Qu'on ait en
face de nous le député de La Prairie, nouvellement élu
à l'Assemblée nationale après l'avoir quittée
pendant quatre ou cinq ans, ou qu'on ait en face de nous le
député de Lévis qui, lui, n'a pas quitté, qui a
été là avec nous, il y a une dissension profonde quant
à l'aménagement de la métropole, quant aux investissements
et aux infrastructures. On ne chante pas la même chanson. Je dois
même avouer, M. le Président, que, l'année passée,
j'avais été totalement surpris lors de la commission
parlementaire sur le plan de transport de Montréal, et je pense que le
plus surpris, ça a été le député de
Lévis, qui était contre la voie de ceinture nord, le prolongement
de la 25 et le pont dans l'est. Et, à la fin de l'après-midi, ce
qu'on a déposé, c'est une lettre du chef de l'Opposition de
l'époque, le leader de l'Opposition, de député de Joliette
qui, lui, était pour la voie de ceinture du côté nord.
Là, bien entendu, le député de Lévis a tombé
des nues et il s'est aperçu, encore une fois, qu'il n'avait pas la bonne
voie.
Étant donné que le député de La Prairie
n'est plus avec nous, quand on pariait d'argent neuf, M. le Président,
encore une fois, autre point de division entre les membres de
l'Opposition...
Une voix: II est revenu.
M. Bélisle: Ah! pariant de mon ami, M. le
Président, le député de La Prairie me disait: II n'y a pas
d'argent neuf, seulement 325 places dans les centres d'accueil au cours des
dernières années. Moi, ce que je veux dire, M. le
Président, c'est que, d'une part, le député de La Prairie
- je l'ai bien écouté lors de son discours en Chambre - a
toujours demandé: Où est l'argent neuf dans l'environnement,
où est l'argent neuf pour les places d'accueil? Encore là, je
relie ça à mon intervention de ce matin, où j'ai
posé des questions, je pense, je le crois, pertinentes, au
député de Labelle, et je n'ai pas encore eu de réponses.
Je ne pense pas que je vais avoir des réponses. Si on a trop
taxé, comme le dit le député de Labelle, peut-être
qu'il devrait parier au député de La Prairie et lui expliquer que
l'argent neuf, on ne le décroche pas d'un pommier à l'automne, on
le prend entre autres dans les taxes. Si on a trop taxé, on va le
prendre dans le déficit, on va augmenter le déficit.
Réduction du déficit
Je pose encore une fois, M. le Président, ma question au ministre
des Finances parce que je suis quelqu'un un peu entêté quand on ne
s'attaque pas aux problèmes de base qui existent. J'aimerais poser les
mêmes questions que ce matin, et je vais le faire de la même
façon au cours des prochains mois et des prochaines années
jusqu'au moment où j'aurai une réponse de la part de
l'Opposition. Peut-être que M. le député de Lévis,
tantôt, pourrait répondre à mes questions parce qu'il a
déjà été un critique dans le domaine des finances,
avec nous, d'une façon assez importante. Les questions que je posais ce
matin sont tout aussi importantes cet après-midi. Le
député de Labelle va être obligé de me supporter au
cours des prochaines années, parce que je vais constamment lui
répéter les mêmes questions, parce que je pense que les
citoyens de mon comté sont en droit de savoir. Premièrement.
Est-ce que le gouvernement du Parti québécois, sa politique en
matière de déficit, est-ce que c'est de ramener le déficit
à un niveau de 12 % des dépenses budgétaires, comme ils
l'ont fait entre 1976 et 1985? Est-ce que c'est , ça, leur intention?
Est-ce que c'est l'intention du député de Lévis, comme
membre d'un gouvernement du Parti québécois, de ramener le
déficit,
en proportion des dépenses budgétaires, à un
plateau moyen de 12 %? Si c'est le cas, cette année, on aurait eu un
déficit d'au-delà de 4 000 000 000 $. Si le député
de Lévis ou le député de Labelle sont membres d'un futur
gouvernement du Parti québécois, est-ce que c'est de hausser le
déficit jusqu'à 20 % des dépenses budgétaires,
cette année ça aurait été à peu près
7 000 000 000 $?
Deuxième question. Est-ce que le député de
Lévis et le député de Labelle, membres d'un futur
gouvernement du Parti québécois, ont dans l'idée de
maintenir la dette publique du Québec, en tout temps, à une
proportion de 30 % du produit intérieur brut? Qu'ils le disent
effectivement à la population tout de suite. Qu'ils ne nous fassent pas
de cachette. Est-ce que le député de Lévis et le
député de Labelle, M. le Président, s'ils sont membres
d'un futur gouvernement du Parti québécois, est-ce que c'est leur
intention de réaugmenter le déficit du solde des
opérations courantes à au-delà de 2 500 000 000 $ par
année? Alors que nous, c'est très évident, c'était
positif sous le gouvernement de M. Bourassa entre 1970 et 1976. C'est devenu un
désastre financier entre 1976 et 1985. Maintenant, on est en voie de
réaliser un solde positif au cours des deux prochaines
années.
Finalement, M. le Président, je pense que c'est important. La
question mérite d'être répondue. Je suis sûr que le
député de Lévis doit avoir une réponse à
cette question. Est-ce qu'il est d'accord ou en désaccord avec
l'énoncé de la pgge 21 du budget qui dit ceci: "La
première étape consistera à équilibrer le solde des
opérations courantes aussitôt terminé le présent
ralentissement économique." Oui ou non, est-ce que c'est l'intention, la
politique financière d'un gouvernement du Parti québécois
de faire cela?
Et deuxièmement, M. le Président, je cite le texte qui
continue de la façon suivante: "Dans une seconde étape, il sera
nécessaire de réaliser des surplus de manière à
amorcer la liquidation des déficits accumulés dans le
passé." Est-ce que oui ou non, M. le Président, M. le
député de Labelle, comme futur ministre des Finances dans un
éventuel gouvernement du Parti québécois ou le
député de Lévis, est-ce que leur politique en termes de
liquidation des déficits accumulés, c'est de créer des
surplus à même le budget du gouvernement du Québec au lieu
de laisser flotter des déficits à un plateau moyen de 12 % par
année, allant même jusqu'à des écarts de 20 %
annuellement, et en créant des déficits de soldes des
opérations courantes d'au minimum 2 500 000 000 $à3 000 000 000 $
par année?
Peut-être que nous autres, on ne mérite pas de
réponses. Mais une chose est certaine, la population du Québec en
mérite. Et ce n'est pas avec des sourires, effectivement, qu'on va
donner des réponses. Les réponses, on voudrait les avoir. Si vous
êtes capables de les donner, donnez-les tout de suite. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Évidemment, M. le Président, ces
questions posées déjà depuis quelque temps par le
député de Mille-Îles ne reçoivent pas de
réponse de l'Opposition. Est-ce qu'il sera plus chanceux cette fois-ci
avec l'arrivée du député de Lévis? Peut-être,
peut-être. Mais le député de Labelle n'a pas mordu du tout.
Nous lui avons donné les chiffres ce matin. Est-ce que je peux encore
m'y référer? Vous savez quelle était la situation sur la
dette directe et la dette totale. Dette directe, en 1975-1976, autour de 12 %
du PIB. On a dit à ce moment-là qu'on avait dépensé
beaucoup dans la phase 1, de 1970 à 1976. Nous sommes arrivés,
c'était de l'ordre de 11 %. lorsque nous avons quitté,
c'était de l'ordre de 12 %. je pense que nous sommes restés pas
mal dans les mêmes proportions. mais, durant notre absence, qu'est-ce qui
s'est passé pour qu'en revenant ce n'était pas 11 % ou 12 %?
ça a grimpé, en 1985-1986, sur la dette directe à 22 %, en
proportion du pourcentage du pib. et sur la dette totale, c'était quoi?
de l'ordre de 12 %, encore la même chose. mais c'était
passé à quoi? autour de 30 %.
(17 h 45)
C'est pour ça que la question du député de
Mille-Îles est tellement pertinente. Pas parce que - je m'excuse
auprès de lui - elle n'a pas un intérêt pratique,
étant donné que l'hypothèse ne se réalisera pas,
Dieu merci! Mais elle est intéressante cependant pour voir quelles sont
les intentions que cachent ces gens. Au lieu d'être transparents comme
ils nous demandent toujours de l'être, répondez de grâce aux
questions du député de Mille-Îles qui sont très
pertinentes. L'adjoint parlementaire au ministre des Finances ne pose pas de
questions sans avoir de bonnes raisons de les poser. Il parle au nom de la
population. Il veut savoir, si jamais on voulait changer notre gouvernement
pour une raison ou pour une autre puis s'il fallait aller de votre
côté, la population dirait: Un instant, là. Est-ce qu'ils
vont faire la même chose? Est-ce que c'est dans leur politique de faire
la même chose? Parce qu'on sait que les cassettes du PQ depuis quelque
temps, c'est de dire: II faut augmenter les déficits. Quand on a
augmenté les déficits, on augmente les emprunts
ordinairement.
Le service de la dette va augmenter. On va continuer dans cette
voie-là, parce que, vous savez, depuis que nous sommes revenus au
pouvoir, les 22 % ont baissé à 18 % et nous sommes en voie de
faire disparaître ça ou de le diminuer considérablement.
Mais est-ce que vous êtes d'accord avec cette politique ou est-ce que
vous êtes d'accord avec le chef de l'Opposition qui se vantait - cette
semaine, dans une intervention remarquée au discours sur le budget -
d'avoir ainsi augmenté la dette, qui se vantait
de son administration?
Alors, si c'est votre approche, dites-le, c'est pas mêlant. Si le
chef est fier de ça, vous devez être fiers de ça, vous
autres aussi. Allez-vous continuer dans ce sens-là? C'est le sens de la
question posée par le député de Mille-Îles, M. le
Président. Et je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Lévis.
M. Garon: alors, j'ai écouté les propos du
député de mille-îles et je pense qu'il commence à
comprendre qu'il y aura un changement de gouvernement...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: ...et je suis content de voir qu'il commence à
se faire une idée. D'ailleurs, il sait qu'on peut bourrer du monde, de
temps en temps. Mais on ne peut pas bourrer tout le monde tout le temps.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Et, actuellement, ça commence à
transparaître un peu partout. Où va-ton prendre l'argent pour
faire du développement dans le domaine des transports? C'est dans le
Journal de Québec de ce matin et j'en al dit justement un mot
dans la conférence de presse que j'ai faite hier. Vous voyez, le
gouvernement fédéral, il a donné 500 000 000 $ aux
familles de l'Ouest; on va en payer le quart, 125 000 000 $. Il vient de donner
584 000 000 $ aux pêches dans les Maritimes, et il n'y aura à peu
près rien pour le Québec. On va en payer le quart. On va payer
presque 150 000 000 $ pour développer les pêches dans les
Maritimes.
On paie pour 25 000 kilomètres de chemins de fer non rentables
dans l'Ouest. Ça ne nous donne rien. On paie 758 000 000 $
indexés pour le Nid-de-Corbeau, 758 000 000 $ l'an passé,
peut-être 800 000 000 $ l'an prochain. On paie le quart, à peu
près 200 000 000 $, non seulement pour ne pas nous avantager, pour nous
faire concurrence, il faut envoyer la marchandise à Vancouver et Prince
Rupert.
Au moins avec la souveraineté du Québec, ils n'auront plus
notre argent pour se payer des subventions pour nous faire concurrence à
nous-mêmes. Ils paieront avec leur propre argent.
Je vais vous dire une chose. Seulement dans le domaine des transports,
ce que le gouvernement fédéral paie dans l'Ouest et paie dans les
Maritimes comme pour le Maritime Freight Act, par exemple, où les
gens... Les transports dans les maritimes par chemin de fer ou par camion sont
payés à 75 % par le gouvernement fédéral pour venir
nous faire concurrence, payés avec notre propre argent pour qu'on paie
25 %. on va prendre cet argent-là, en partie, pour faire notre propre
développement avec nos fonds, qu'on paie à ottawa, qui sert
actuellement à faire vivre l'ouest et les maritimes.
Et je pense que le député de Bonaventure qui est dans le
domaine des pêches... Je me serais attendu - il est ministre des Finances
quand même, il a du poids - à ce qu'il dise quelque chose. Le
député des Îles-de-la-Madeleine, je me serait attendu qu'il
dise quelque chose. 584 000 000 $ pour les pêches dans les Maritimes, M.
le Président.
M. Farrah: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Le député de Lévis me met en
cause.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député des Îles-de-la-Madeleine. M.
le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, essentiellement, c'en est de
l'argent, des sommes d'argent considérables, et remarquons que chaque
fois que le fédéral est généreux dans l'Ouest ou
dans les Maritimes, on paie toujours le quart. Il est généreux
avec notre argent et on se fait compétition à nous-mêmes
avec notre propre argent. C'est quelque chose, M. le Président.
Maintenant, ce n'était pas l'objet de mon propos. Mais ça
fait partie des sommes d'argent. Quand on maintient nos soldats, par exemple,
10 000 touristes à l'année en Allemagne, ça coûte 1
200 000 000 $ ou 1 300 000 000 $. La guerre est finie depuis 45 ans.
Apparemment, le gouvernement fédéral ne s'en est pas encore rendu
compte. Et on paie 1 200 000 000 $ ou 1 300 000 000 $, et, sur 1 200 000 000 $,
ça nous coûte 400 000 000 $ par année pour maintenir des
troupes en Allemagne.
Moi, je ne suis pas certain que ce soit le meilleur placement qu'on peut
faire à ce moment-ci, alors que les Américains et les Russes
parlent de désarmement. On serait peut-être mieux, je ne dis pas
de les mettre à la porte, de les garder en uniforme, mais, au moins, on
va sauver les 400 000 000 $ pour les avoir comme touristes à
l'étranger. En plus, ils vont dépenser leur argent ici. Faire des
pratiques l'hiver en Norvège, parce qu'il y a de la neige en
Norvège, je ne suis pas sûr qu'on ait besoin d'envoyer nos soldats
en Norvège pour qu'ils puissent marcher dans la neige, l'hiver, pour se
pratiquer. Je ne suis pas sûr. Ça a coûté 160 000 000
$ la dernière fois qu'ils y sont allés en emmenant les
camions, les chars d'assaut, les jeeps, etc. Bon, je ne suie pas
sûr que ce soit la meilleure façon.
Quand on dit, par exemple, qu'on manque d'argent, qu'on n'a pas d'argent
pour dérouiller le pont de Québec et qu'on a 600 000 000 $ pour
faire un trou à Rogers Pass. C'est 600 000 000 $ le trou de Rogers Pass
qui a été inauguré au mois de juin dernier par un
gouvernement qui n'a pas les moyens, mais qui avait les moyens de payer 600 000
000 $ pour faire un trou dans les Rocheuses parce que le trou
précédent, apparemment, avait une pente trop forte. Ça
prenait une locomotive de plus pour traverser les trains et is prenaient un peu
plus de temps qu'ils n'auraient voulu. Ça m'apparaît somptuaire
pour des gens qui n'ont pas les moyens. alors, je dois vous dire que cet
argent-là, nous autres, on ne la prendra pas pour faire des trous dans
les rocheuses. a part de ça, quand il y a quelqu'un qui prend le train
de prince rupert à jasper pour aller voir les rocheuses, ça
coûte 484 $ de subvention par passager pour les canadiens. on en paie le
quart. et si la personne qui prend le train de prince rupert à jasper
pour after faire un petit tour, après ça, une fois rendue a
jasper prend le montagnard des rocheuses, ça coûte 330 $ de
subvention par passager. les deux ensemble, c'est 814 $. ça fait que si
le japonais qui arrive à prince rupert décide d'aller faire un
tour dans les rocheuses à jasper et après ça de prendre le
montagnard des rocheuses, ça coûte 814 $; s'il vient avec sa
femme, c'est 1628 $ de subvention pour aller voir les rocheuses. s'il vient
voir le rocher percé, il n'aura pas une terme" de subvention.
Alors, je dois vous dire qu'il y a bien de la place à prendre de
l'argent Là, actuellement, on paie des centaines de millions par
année pour faire vivre les gens de l'Ouest et les gens des Maritimes.
Moi, je me dis qu'ils devraient vivre selon leurs moyens. Ce n'est pas à
nous autres à payer pour eux autres. Si las gens de Terre-Neuve aiment
ça à Terre-Neuve, ils vivront selon leurs moyens. Ce n'est pas
aux Québécois, ce n'est pas marqué dans la Bible, nulle
part, que le Québécois doit payer pour monter le niveau de vie
des gens de Terre-Neuve. Moi, je me dis qu'on serait mieux de faire, à
ce moment-là, la charité aux gens d'Afrique, aux gens
d'Amérique du Sud. a ceux qui ont vraiment des besoins. Mais 4e
Québec indépendant, au moins, pourra faire la charité
à qui il voudra la faire. Là, il y a des centaines, des centaines
et des centaines de millions qu'on paie à ces fins-là.
Plan d'investissement dans le réseau routier
Maintenant ce que j'aimerais savoir, moi, du ministre des Finances -
quand on parle des sources de financement, on peut en parler longtemps des
sources de financement - quand il dit qu'il va développer le domaine
routier, il a parié d'une relance économique... La relance
économique, ça ne se fait pas à partir des budgets de
base. Ça se fait à partir, normale ment, d'une relance de
l'économie. C'est parce qu'on va en mettre plus pour relancer
l'économie. Moi, j'ai compris les chiffres. Je les ai pris. J'ai
regardé la conférence de presse que le ministre des Transports,
assisté de son adjoint, le ministre délégué
à la voirie, où ils ont donné les chiffres que le
gouvernement entend dépenser à partir de l'annexe A, page 8 On
voit les chiffres II n'a pas contesté. On a dit exactement les
mômes chiffres. Quand j'ai fait ma rencontre avec la presse, j'ai dit les
mêmes chiffres, lis ont confirmé; Ms ont dit tes mêmes
chiffres. On s'entend sur les montants: 867 000 000 $ additionnés des
chiffres prévus dans les dépenses additionnelles totales. Pour
1990, on dit 153 000 000 $; pour 1991, 237 000 000 $. etc. Sauf que ce sont des
ajouts à un budget de base, qui est un budget théorique à
tel point que les journalistes m'ont demandé comment il se faisait que
nos comptables n'avaient pas vu ça lors du briefing du discours sur le
budget. J'ai dit: Je ne suis pas certain en comptabilité, même si
je ne suis pas comptable, qu'un comptable apprend la notion de budget de base,
telle qu'utilisée par le ministre des Finances, une notion
théorique, au fond. Une notion théorique et le ministre dit: Bon,
quand je négocie avec le ministère, si je fermais le
ministère demain matin, je serais obligé de payer (es
fonctionnaires qui ont la permanence et je serais obligé de payer les
contrats que j'ai déjà signés. Mais, en partant de
là, vous allez me justifier tout le reste. Ça veut dire quoi
ça? Ça veut dire qu'on va 153 000 000 $ par-dessus le budget de
base. C'est un peu comme de la gomme balloune, plus la balloune est grosse...
La balloune grossit, grossit, grossit... Il n'y a pas plus de gomme; il y a
plus d'air dans la balloune, mais on est toujours avec la même gomme
balloune. La gomme physique, peu importe la dimension qu'elle prend, ne
pèse pas plus. C'est un peu aussi comme la devinette quand on
était à la petite école. Qu'est-ce qui pèse le
plus: une livre de plumes ou une livre de plomb? Si vous ne la recevez pas sur
la tête, ça pèse pareil. Je me rappelle de la devinette.
Moi, je regarde les chiffres du ministre des Finances. Qu'est-ce qu'il vous dit
au fond? Il vous dit: Je prends le budget de base, j'additionne 153 000 000 $,
mais ce qu'il nous dit clairement, ça va donner 1 020 000 000 $. 1 020
000 000 $, c'est le même montant qu'il a dépensé l'an
dernier, exactement. Ce sont ses chiffres à lui, dans ses
crédits, qui n'ont pas été changés par le discours
sur le budget. 1 020 000 000 $ l'an passé; 1 020 000 000 $ cette
année, ça veut dire indexé, 49 000 000 $ de moins. L'an
prochain, si on additionne le montant prévu et que l'on tient compte de
la nouvelle indexation, je l'ai calculé rien qu'à 5 % pour l'an
prochain, ça donne 18 000 000 $ de moins qu'en 1989, à 5 %,
il n'y a pas beaucoup de personnes qui pensent qu'à 5 % c'est
exagéré. il y en a même qui disent que l'inflation à
cause de la tps, ce sera 3 % de plus que le taux de cette année. il y en
a même qui disent que l'inflation l'an prochain pourra être de 8 %
et 9 %. j'ai dit 5 %. même à 5 %, ce sera 18 000 000 $ de moins
qu'en 1989. il y aura 58 000 000 $ de plus en 1992, mais là, ça
ne compensera pas le manque à gagner de 49 000 000 $ et de 18 000 000 $
de 1990 et de 1991.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
député de Lévis.
M. Garon: On voit apparaître seulement un montant
au-delà de l'indexation en 1993 et 1994 qui nous ramène dans
trois ans après les prochaines élections. Pensez-vous que le
prochain ministre des Finances va se sentir engagé par le discours sur
le budget du ministre des Finances de cette année? Il va dire: Bon, il
n'avait qu'à régler les questions quand il était ministre
des Finances, mais il n'a pas à régler les questions au moment
où II ne l'est plus. Alors, les projections d'avance sur des
dépenses éventuelles... Moi, je connais ça des ministres
des Finances. Souvent, c'est plus riche dans les années qui viennent que
dans les années que l'on passe, les années présentes.
Alors, vous voyez M. Wilson à Ottawa il fait la même chose.
Mais ce que je voudrais que le ministre des Finances nous explique: La
relance, il va la faire comment s'il n'y a pas de somme additionnelle par
rapport à l'an passé? En quoi le budget des transports cette
année va-t-il relancer l'économie s'il n'y a pas une cenne de
plus que l'an passé? Au contraire, les montants ne seront pas
indexés, donc. II n'y aura pas plus do travaux et, en plus,...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: En plus, si la voirie régionale, elle, passe,
l'an passé de 172 000 000 $ à 105 000 000 $ cette année,
ça veut dire 67 000 000 $ de moins, 40 % de moins dans le budget des
voiries régionales, alors qu'il disait dans son discours sur le budget,
et je termine là-dessus, qu'essentiellement, son budget sur le transport
permettrait la relance économique dans toutes les régions du
Québec. Moi, je ne suis pas capable de comprendre ça.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je n'ai pas l'intention
évidemment de donner suite à toutes les propositions du
député de Lévis. Je m'en tiendrai simplement à ses
dernières remarques sur le plan quinquennal annoncé sur le
réseau routier. Il est important de noter que le réseau routier a
été mis à l'épreuve depuis plusieurs années,
et le gouvernement qui était au pouvoir de 1976 à 1985 a
été celui qui est responsable en grande partie de ces politiques
qui ont donné comme résultat une détérioration du
réseau routier. Ç'a été un choix politique qui a
été fait de mettre l'accent plutôt sur le transport en
commun que sur la construction et l'entretien - surtout la construction - du
réseau routier.
De fait, lorsque l'on regarde les chiffres, on s'aperçoit que la
moyenne, la croissance annuelle moyenne, sous l'ancien gouvernement, a
été de 1, 5 % d'augmentation annuelle, alors que l'on sait que
l'on a connu des taux d'inflation très élevés au cours de
plusieurs de ces années-là. Alors, je ne suis pas prêt
à recevoir des leçons de choses du député de
Lévis, je suis prêt à rire, à m'amuser, quand c'est
le temps, mais, à un moment donné, lorsqu'on arrive dans des
choses comme celles-là, je pense qu'il faut regarder les chiffres d'une
façon très objective et très réaliste.
Depuis notre arrivée au pouvoir, le 1, 5 % a changé, c'est
devenu 4, 3 %. Même les 4, 3 %, à mon sens, ce n'était pas
suffisant pour corriger les erreurs et les choix du passé. Je dois vous
dire que, même la première année que nous sommes venus au
pouvoir, l'habitude a été continuée un peu de regarder du
côté des immobilisations pour couper, et surtout dans le domaine
de la voirie, parce que c'est ça le plus facile à faire, de
couper de ce côté-là. On peut couper, on peut remettre
à une autre année; ce qu'il devait faire cette année.
C'est un peu le régime que nous avons connu sous l'ancien régime.
Or, justement, pour s'assurer que le même exercice ne se ferait pas, nous
avons voulu mettre bien clairement les intentions du gouvernement quant aux
prochaines années dans le réseau routier. (18 heures)
Vous savez, l'enfer est pavé de bonnes intentions et il y a des
gens qui étaient bien intentionnés, sans doute, de l'autre
côté et qui se sont laissé couper les crédits dans
le réseau routier pendant neuf ans consécutifs et
nous-mêmes, à notre première année, on a encore fait
des coupures. Mais là, nous voulons nous assurer qu'on n'aille pas de ce
côté-là; au contraire, qu'il y ait des augmentations
substantielles sur les budgets de base.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le ministre des
Finances. Est-ce qu'il y aurait consentement, vu que le député de
Lévis est de passage, M. le député de Labelle, pour que M.
le ministre poursuive trois, quatre ou cinq minutes?
M. Levesque: Juste deux minutes pour terminer. Je n'ai pas besoin
de beaucoup de temps, c'est simplement pour rappeler les choses.
Évidemment, le député de Lévis ne va pas
beaucoup en arrière. Il s'arrête à 1989 1990 et if ne veut
pas regarder ce qui s'est passé avant ça. Or, en 1989-1990, il y
avait des programmes spéciaux pour donner suite au rapport Middlemiss.
On se souvient de ça. Ce n'était pas dans la base du budget. Il
faut qu'il admette ça. Et c'était fini, cette année,
ça II n'y en avait plus dans le budget. Alors, on ne peut pas partir
d'un chiffre qui a été augmenté par un programme
spécial qui était terminé, c'est là que tout
l'imbroglio arrive, c'est là que se retrouvent les problèmes.
Au cours de l'année, il y a eu des besoins particuliers qui se
sont accumulés et on a dû aller en crédits
supplémentaires, mais ce n'était pas là le budget de base.
Ça ne changeait rien quant à l'année suivante. Si on
n'avait rien fait, si on n'avait rien décidé, on serait
retournés normalement au budget de base de 867 000 000 $. La
différence, c'est que le député de Lévis, lui, dit:
Toutes les choses spéciales que vous avez faites, les crédits
supplémentaires, parce que vous avez donné suite au rapport
Middlemiss, il faut l'ajouter dans la base. Nous, nous disons: Le programme
était terminé. Alors, il n'était plus là. C'est
pourquoi nous disons qu'il faut toujours partir du budget de base afin de voir
ce que sont les améliorations. Sans cela, si nous n'avions pas fait
ça, qu'est-ce qui serait arrivé? Nous serions tombés avec
le budget de base, tout simplement. C'est pourquoi nous avons pris les mesures
nécessaires pour annoncer un développement à l'avance pour
le mettre dans le budget, pour nous assurer que le ministère des
Transports reçoive et soit sûr de recevoir les sommes
indiquées au budget.
On ne peut pas décider une journée qu'on s'en va dans
telle direction; il faut, dans les grands travaux, pouvoir planifier. Et nous
donnons d'avance au ministère des Transports l'assurance qu'il aura les
sommes nécessaires pour répondre aux besoins et qu'il pourra
faire les plans, la planification nécessaire, afin de pouvoir
procéder d'une façon intelligente et rationnelle, même pour
les projets soulevés par... Justement, le député du
Mille-Îles s'informe, parce qu'il a essayé de s'Informer - oui, je
finis - tout à l'heure auprès du député de La
Prairie, mais il venait de partir; le député de La Prairie avait
fait allusion à l'autoroute 30. Ça a l'air qu'il veut avoir
l'autoroute 30. Le député de Mille-Îles veut savoir, parce
qu'il ne peut pas savoir si le député de Labelle veut l'avoir, il
ne le sait pas, il n'est pas sûr encore, mais peut-être que le
député de Lévis va nous dire s'il est en faveur que l'on
mette une partie de ces sommes-là dans l'autoroute 30. C'est tout ce que
le député de Mille-Îles veut savoir Finalement...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles...
M. Levesque: C'est rare qu'il est silencieux comme ça.
Alors, ce que je veux dire en terminant, M. le Président, c'est que nous
avons l'intention de donner ces sommes de développement: 153 000 000 $;
l'an prochain, 202 000 000 $; l'année suivante, 300 000 000 $; en
1993-1994, 320 000 000 $; 340 000 000 $ en 1994-1995, au-dessus du budget de
base. Et, en plus, pour être sûrs qu'il n'y ait pas des indexations
qui manquent, nous incluons d'avance les indexations nécessaires et nous
arrivons à un plan quinquennal de 1 315 000 000 $ en crédits
additionnels de développement. Je retiens simplement, en terminant, une
phrase qui a été dite de l'autre côté: Un ministre
pourrait arriver et mettre fin à cela dans les années à
venir. Ce ne serait pas de notre côté, en tout cas, qu'on ferait
ça. Alors, est-ce que ce sont les intentions de ces gens au cas
où ils prendraient le pouvoir, dans l'hypothèse presque
surréaliste ou irréaliste - prenez-le comme vous voudrez - qu'ils
prennent le pouvoir? Est-ce qu'ils ont déjà l'intention de
commencer à recouper dans le ministère des Transports...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, il est 18 h 6,
M. le ministre.
M. Levesque: Oui. d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Alors, nous
suspendons nos travaux qui débuteront à 20 heures exactement, ce
soir.
(Suspension de la séance à 18 h 6)
(Reprise à 20 h 1)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement à la poursuite du
discours sur le budget.
M. le député de Limoilou.
M. Després: Oui, M. le Président. Je vous remercie
de me donner la parole. Il est effectivement 20 heures. Donc, la...
Le Président (M. Lemieux): Vous m'aviez demandé la
parole, M. le député de Limoilou.
M. Després: Ah!
Le Président (M. Lemieux): Je ne vous donne pas la parole,
vous me l'aviez demandée. M. le député de Limoilou.
M. Després: C'est bien. Je vous remercie de me la donner,
M. le Président. Il me fait plaisir, comme député
ministériel, dans le cadre du cinquième budget depuis
l'élection de 1985, de voir que notre gouvernement est toujours dans
la
même direction, toujours dans la même lignée, celle
d'une saine gestion. Il est très important de vivre selon nos moyens. Un
gouvernement qui a réussi à diminuer le déficit dans le
cadre d'un premier mandat, de ne pas taxer, de ne pas imposer et qui nous a
permis de réduire ce fameux déficit de plus de 50 %.
Un certain nombre de mesures dans ce cinquième budget qui, au
fond, vient toucher un peu tout le monde dans tous les comtés: le
comté de Limoilou, le comté de Bonaventure, le comté des
Îles-de-la-Madeleine, le comté de Forget...
Une voix: Prévost.
Accélération des investissements dans le
secteur public
M. Després: Prévost. Bientôt, on va l'appeler
le comté de Forget, un jour. On ne sait jamais. Mais un budget, M. le
Président, qui va accélérer les investissements dans le
secteur public. Et, là, qu'on pense au secteur de la santé, qu'on
pense au secteur de l'éducation, qu'on pense au secteur des affaires
culturelles, on va venir accroître le développement des
régions. C'est très important. On va venir aider les PME, on va
venir - très important, le sujet de l'heure - ...la formation des
travailleurs. On va accorder de l'aide aux familles encore, parce que, de
budget en budget, depuis 1985, le gouvernement libéral s'est
occupé de voir à ce qu'il y ait amélioration et une aide
accrue. Et qu'on pense juste... Ça me vient tout de suite à
l'esprit en regardant le ministre des Finances, parce que ça, c'est
important pour nos petites gens, entre autres dans un comté comme le
mien. M. le Président, un couple, deux enfants, en 1985, on
commençait à payer de l'impôt à un revenu de 10 015
$, si ma mémoire est bonne et, aujourd'hui, on est sûrement rendu
au-dessus de 23 000 $, si on n'est pas rendu à 24 000 $, avant de
commencer à payer de l'impôt, un couple, deux enfants, M. le
Président.
Donc, au niveau des investissements dans le secteur public, une
accélération au niveau du transport routier, 1 700 000 000 $ en
cinq ans. Je trouve de valeur que le député de Lévis ne
soit pas là. Je vais peut-être même retarder pour finir avec
les transports. Je me suis permis, M. le ministre des Finances, de regarder les
chiffres pour voir l'évolution dans le temps, et cela, depuis 1970
jusqu'à aujourd'hui, pour voir s'il y avait eu progression dans le temps
que nous étions là, dans le temps qu'eux étaient
là, et ce que nous, nous posons comme priorité dans le secteur
routier. Je vais garder mes chiffres pour finir avec ça. On va
espérer que ces gens-là nous reviendront tout à
l'heure.
Comme je le disais, au niveau de l'accélération des
investissements, en plus du secteur des transports, le secteur de
l'éducation, le secteur de la santé, le secteur des affaires
culturelles, on en aura pour 279 000 000 $. C'est très important dans
une période où, effectivement, il y a un ralentissement
économique, une période plus difficile pour tout le monde,
où le gouvernement va s'occuper justement d'accélérer et
de voir à ce qu'il y ait des travaux de construction, alors qu'on sait
que la construction est notre principal moteur de développement
économique.
J'aimerais ça vous entretenir juste un petit peu des
régions. On sait qu'Hydro-Québec a des projets d'investissements
qui se chiffrent à des milliards de dollars. On va ajouter i 000 000 000
$ à ce qui est déjà prévu en termes
d'investissements pour hydro-québec. dans le secteur des pêches,
on va investir 50 000 000 $ sur une période de cinq ans dont
déjà immédiatement, en 1990-1991, 10 000 000 $. au niveau
de l'opdq, ça, ça touche toutes les grandes régions du
québec, 10 000 000 $ supplémentaires; au niveau de la promotion
touristique, 6 000 000 $; au niveau de l'aménagement des forêts,
un autre moteur de développement économique, 5 000 000 $.
À l'entreprise, on va y aller encore avec une participation en
termes de prêts participatifs aux entreprises, 30 000 000 $; 15 000 000 $
aussi pour faciliter les regroupements de petites entreprises. Au niveau de la
formation, pour justement augmenter la productivité, l'efficacité
dans les entreprises, la formation professionnelle, un secteur qui est
effectivement très important, le gouvernement va mettre beaucoup
d'argent, c'est-à-dire 100 000 000 $, plus les prêts de la SDI
pour, justement, la dépense de cette formation-là.
Au niveau des familles, on sait que le gouvernement a déjà
posé des gestes - le taux de dénatalité, au Québec,
est une chose très très importante - l'aide directe à la
famille. Donc, il y a indexation pour les barèmes de la
sécurité du revenu, des déductions fiscales, les
allocations familiales, les allocations pour les enfants, le plafond de la
déduction pour les frais de garde. ii y a d'autres mesures aussi qui
touchent encore la famille, naturellement. il y a celles de la majoration des
montants pour un troisième enfant qui passeraient de 4500 $ à
6000 $; l'allocation de maternité, 240 $ à 360 $; le prix d'une
résidence - le programme d'accès à la
propriété - qui était à un plafond de 100 000 $ est
maintenant rendu à un plafond de 110 000 $.
On n'a sûrement pas oublié non plus le dossier de
l'environnement qui est un dossier d'actualité, qui était,
à notre arrivée, un budget de 190 000 000 $ et qui est maintenant
un budget de 470 000 000 $. Donc, une croissance, d'année en
année, pendant cinq ans, de 20 %. En plus, il y a la création
d'un organisme de récupération de recyclage, plus un fonds pour
la recherche de développement technologique de 50 000 000 $.
Donc, un buget, M. le Président, qui se veut
équilibré, qui veut tenir compte des priori-
tés en termes d'investissements, en termes de la famille, en
termes d'environnement, en termes du développement des régions,
mais tout cela avec le même objectif: celui de contrôler les
finances publiques, de toujours contrôler notre déficit. Quand
j'écoutais le député de Bélisle, M. le
Président, qui posait toutes ces questions à l'Opposition, je
comprends qu'on ait...
Le Président (M. Lemieux): Le député de...
M. Després: Le député de Mille-Îles.
Le Président (M. Lemieux): Mille-Îles. Ah! pardon.
J'avais compris M. le député de Bélisle.
M. Després: Mille-Îles. Je veux donner un
comté pour chaque nom de famille, j'ai l'impression,^ de la deputation
ministérielle. Le député de Mille-Îles posait toutes
ces questions à l'Opposition parce qu'il y a une chose dont on peut
être fiers, nous, les députés ministériels,
l'équipe gouvernementale, c'est d'avoir réussi à
contrôler le déficit en minimisant toujours, comme objectif, la
taxation et les impôts.
M. le Président, qu'on n'ait pas de réponse de la part de
l'Opposition, on n'en aura sûrement pas, parce que ces gens-là
sont très mal placés pour, effectivement, nous faire la morale.
Je me suis permis, je trouve ça de valeur que je n'aie pas la chance...
Mais je suis certain que le député de Lévis pourra relire
les galées. Quand je regarde juste au niveau du ministère des
Transports, j'ai essayé de comparer le budget qui était
alloué au ministère des Transports par rapport au budget de
l'État, et ça, en repartant des années soixante-dix
à aujourd'hui. En 1970-1971,9,2 %...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste deux minutes, M.
le député de Limoilou.
M. Després: Je vais essayer de faire ça vite. La
moyenne, entre 1970 et 1976, a été de 10,7 %, ce que le budget du
ministère des Transports était par rapport au budget total de
l'État. De 1976 à 1986, alors que la première année
qu'ils étaient là il était de 10,3 %, ils ont descendu
ça jusqu'à 6,2 %, donc une décroissance constante. De 1986
à 1991, lorsqu'on est arrivés avec la rationalisation dans les
dépenses qu'on a dû faire, on a maintenu, nous, une moyenne,
effectivement, de 5,7 %, sauf qu'avec l'annonce du budget que le ministre des
Finances fait, lorsque le député de Lévis venait nous dire
que pour la première année, dans l'annonce de 1 700 000 000 $,
153 000 000 $, quand on prend le budget du ministère des Transports par
rapport au budget total de l'État, on reste, en 1990-1991, à 5,7
% en supposant que les dépenses de l'État augmentent de 5 %, si
vous faites des extrapolations... Il s'est arrêté là, par
exemple. Il a oublié de continuer. Ça fait que, si vous donnez
une croissance du budget de 5 %, là, vous augmentez, en 1991-1992,
à 6 % du budget de l'État; 1992-1993, à 6,7 %; 1993-1994,
à 7,4 %; 1994-1995, à 8,2 %. Donc, le gouvernement libéral
s'occupe, M. le Président, de redonner cette croissance au
ministère des Transports, pour le développement et
l'amélioration des routes au Québec, alors qu'eux, pendant qu'ils
étaient là, tout ce qu'ils ont fait, c'a été de
décroître constamment la partie qui est allouée au
ministère des Transports par rapport au budget de l'État. Donc,
effectivement, le réseau routier, c'est une priorité pour les
prochaines années pour le gouvernement libéral.
M. le Président, peut-être en terminant, et je pourrai
laisser le ministre des Finances ajouter d'autres informations... Je n'ai pas
eu le temps de parler de la façon dont le gouvernement libéral a
géré les finances publiques dans son ensemble et dans les
priorités qu'il vient justement de donner, que ce soit au transport ou
dans le secteur de l'environnement, mais je veux démontrer que,
constamment, le gouvernement libéral s'occupe de faire une saine gestion
en contrôlant son déficit et en se donnant des priorités
comme on l'a fait avec le transport. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Limoilou. Je céderai maintenant la parole
à M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, j'ai écouté
avec beaucoup d'intérêt les commentaires du député
de Limoilou sur ce budget. Je comprends que mon bon ami, le
député de Labelle, n'aime pas trop que les députés
de ce côté-ci soient d'accord avec le budget, mais il n'y a rien
de surprenant. Ils y ont travaillé eux-mêmes, ils ont
apporté régulièrement des suggestions de leurs
concitoyens, ils ont mis l'accent sur les priorités qu'ils demandaient
au gouvernement de dégager et, évidemment, ils manifestent
aujourd'hui leur satisfaction devant les propositions et même les
décisions qui apparaissent au budget et qui correspondent en
général aux aspirations de la population, telles que
véhiculées par ces mêmes députés. C'est leur
fonction de faire part au gouvernement des demandes, des aspirations de leurs
concitoyens. Lorsqu'ils voient que les choses se produisent un peu dans le sens
de leurs remarques, de leurs propositions, de leurs suggestions, c'est bien
normal qu'ils viennent ici, à la commission parlementaire sur le budget
et l'administration, pour faire part de leur satisfaction vis-à-vis des
décisions prises et, en même temps, pour faire des suggestions
pour l'avenir.
Grands objectifs du budget
D'ailleurs, le budget que j'ai présenté, comme on le sait,
comporte six grands objectifs, soutenir l'économie au cours du
ralentissement
actuel - le député de limoilou l'a rappelé avec les
investissements accélérés, le plan quinquennal pour le
réseau routier - un autre objectif, c'est de former une main-d'oeuvre
qualifiée. ce sont les 100 000 000 $ que nous avons
dégagés pour favoriser la formation de la main-d'oeuvre. utiliser
la fiscalité pour promouvoir la croissance économique, c'est un
autre sujet qui mérite d'être développé encore,
parce que, justement, la fiscalité a été faite pour nous
rendre de plus en plus concurrentiels. aucune augmentation d'impôt sur le
revenu des particuliers; au contraire, une réduction de 408 000 000 $,
si on tient compte de l'indexation. ensuite, une augmentation
légère du côté des entreprises, mais qui permet
à ces mêmes entreprises de demeurer concurrentielles; une taxation
sur les tabacs, les alcools, qui nous permet, malgré tout, de demeurer
la province où les taxes sont les plus basses au pays.
Voilà, on utilise la fiscalité pour promouvoir la
croissance économique. Nous l'utilisons dans divers domaines, comme nous
le faisons dans la recherche et le développement. Nous le faisons
même dans le domaine environnemental, parce que nous croyons que
l'environnement et l'économie ne sont pas des ennemis, mais, au
contraire, doivent se conjuguer. Nous voulons justement favoriser un meilleur
environnement; c'est un autre objectif qui est une priorité chez nous.
Améliorer la fiscalité des particuliers et des familles, le
député de Limoilou l'a souligné. (20 h 15)
J'aimerais à ce moment-ci, dans ce contexte, utiliser les
quelques minutes qui me restent dans cette intervention pour simplement donner
des chiffres qui sont peut-être une source d'inspiration pour les membres
de la commission. Sans vouloir faire des comparaisons qui seraient de nature
blessante pour qui que ce soit, j'aimerais rappeler que, dans l'impôt
à payer au Québec, lorsqu'on regarde la progression, en 1985,
qu'est-ce qui arrivait pour un couple avec deux enfants qui avait un revenu de
25 000 $? Il devait payer 2664 $ d'impôt. En 1990, combien paiera-t-il?
439 $. Et, en 1991, 175 $. Il a dû se passer quelque chose. Si ce couple
avec deux enfants gagnait 40 000 $ en 1985, il devait payer 6401 $
d'impôt; en 1990, 4415 $; en 1991, 4129 $.
Si on regarde le soutien financier du gouvernement à
l'égard des enfants - je pense qu'il est important de le noter - pour un
couple avec un enfant gagnant de 25 000 $ à 40 000 $, le soutien du
gouvernement était de 95 $. En 1990, avec un revenu de travail de 25 000
$, l'aide n'est pas de 95 $, le soutien est de 1572 $. C'est éloquent.
À 40 000 $, le soutien est de 983 $ au lieu de 95 $. Et en 1991,
d'après le présent budget, pour une famille dont le revenu de
travail est de 25 000 $, ce ne sera plus 95 $, comme en 1985, mais 1716 $. Et
pour un revenu de travail de 40 000 $, ce ne sera plus 95 $, mais bien 1130
$.
C'est encore plus évident si vous prenez un couple avec deux
enfants et encore plus avec trois enfants. Avec deux enfants, c'était
521 $ en 1985. C'est passé, en 1990, de 1730 $ à 2319 $ pour des
couples gagnant entre 25 000 $ et 40 000 $ et, en 1991, de 1916 $ à 2501
$. Ça ne ressemble pas à 500 $. Pour les couples avec trois
enfants - c'est encore plus visible, parce que nous avons une politique
familiale qui se traduit par des chiffres - en 1985, le soutien à la
famille de trois enfants était de 880 $. Aujourd'hui, il est de l'ordre
de 5000 $.
Alors, ça se compare difficilement, n'est-ce pas? Je ne veux
être désagréable pour personne, mais il faut se rappeler
ces chiffres-là qui sont vérifiables. Ils ne sont pas
contestables. Et si on veut continuer, évidemment, il faut rappeler
certains éléments de ces hausses-là. On les retrouve dans
l'impôt sur le revenu des particuliers. On les retrouve dans les
allocations familiales, allocations pour jeunes enfants. On les retrouve dans
les programmes APTE et APPORT. On les retrouve dans les remboursements
d'impôt foncier. On les retrouve dans les allocations à la
naissance pour le troisième enfant et les enfants suivants. On les
retrouve dans les allocations de maternité. On les retrouve dans l'aide
de la mise de fonds pour une résidence familiale.
Enfin, c'est toute une série de mesures qui ont été
prises depuis quatre ou cinq ans et qui font que, justement, lorsqu'on regarde
la situation maintenant, on est conscient de l'importance que nous avons
donnée - j'en suis très fier - aux familles
québécoises et au soutien de l'État vis-à-vis de
ces gens qui acceptent des responsabilités extrêmement importantes
pour l'État et importantes, également, pour la famille
elle-même.
Un autre objectif que nous avons, c'est de mettre en place un secteur
public plus efficace. C'est dans ce sens-là...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
ministre des Finances.
M. Levesque: ...que nous avons pris les dispositions pour assurer
que nous puissions rationaliser le secteur public par des mesures
concrètes qui sont prises ou encore des mesures qui sont
envisagées pour discussion avec les autorités concernées,
pour que nous puissions poursuivre les consultations et arriver à des
conclusions qui seraient à l'avantage d'un secteur public plus efficace,
dans l'intérêt même de nos concitoyens et de nos
concitoyennes. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Labelle.
Transferts fédéraux (suite) M. Léonard: Oui,
après cette autre séance
de grattage de dos, j'aimerais que le ministre des Finances nous donne
quelques autres explications sur les transferts fédéraux.
Ça dépend comment on les compte, si c'est sur une base d'exercice
ou une base de caisse. À toutes fins pratiques, ils se stabilisent
à pas loin de zéro. Ils se stabilisent en quelque sorte. Sur une
base d'exercice, ils diminuent; sur une base de caisse, ils augmentent un peu
parce qu'il y a quelques ajustements, soit une centaine de millions. C'est tout
ce qu'il y a là-dedans. Ils se stabilisent. Par ailleurs, il dit que le
défi de la fédération canadienne, c'est de créer de
nouveaux instruments de redistribution à l'intérieur. Je suppose
qu'il a quelques idées en tête. Est-ce que vous pourriez nous
expliquer ce que vous entendez par là?
M. Levesque: Je n'ai pas très bien compris la
dernière phrase.
M. Léonard: J'ai expliqué que les paiements de
transferts...
M. Levesque: Oui, oui.
M. Léonard:... se stabilisaient et qu'il y avait de
nouveaux défis à relever. Vous nous disiez qu'il y aurait de
nouveaux instruments de redistribution qu'il fallait imaginer, je suppose.
Qu'est-ce que vous entendez par là?
M. Levesque: Eh bien! j'ai eu l'occasion de mentionner et
même je l'ai dit au cours de la journée encore que, comme le
député le sait, nous n'avons pas pris de précautions pour
essayer de montrer une image d'un fédéralisme qui fonctionne
à merveille, non, même si nous croyons au
fédéralisme, nous croyons à un véritable
fédéralisme. Lorsque nous nous référons au
fédéralisme, nous nous référons, en particulier,
à la constitution de 1982 et à certains articles de la
constitution qui sont très explicites et très précis
à l'effet que le gouvernement fédéral a la
responsabilité de faire en sorte que les provinces puissent, avec une
fiscalité comparable, donner des services de qualité comparable
à leurs concitoyens.
Alors, pour ce faire, il faut examiner la capacité fiscale de
chacune des provinces. Et il y a, comme on le sait, divers volets aux
transferts fédéraux. On ne doit pas les prendre sans en faire une
analyse et une définition, ce qui est nécessaire avant d'arriver
à des analyses et des conclusions. En effet, les transferts
fédéraux qui sont d'à peu près de l'ordre de 6 700
000 000 $, cette année, et qui étaient de l'ordre de 6 200 000
000 $, il y a six ou sept ans, sont dans un état de stagnation,
lorsqu'on voit que la part de nos revenus qui étaient faits de
transferts fédéraux était de 27, 7 % et qu'elle est
tombée à peu près à 20 % et bientôt à
17 % de nos revenus. Mais il faut aller plus loin que ça et regarder de
quoi sont faits ces transferts fédéraux. Là, on
s'aperçoit qu'il y a quatre volets de transferts fédéraux:
il y a la péréquation; deuxièmement, le financement des
programmes établis; troisièmement, ce que nous appelons le
programme d'assistance publique du Canada où on retrouve principalement
des sommes consacrées à l'aide sociale; et, quatrièmement,
il y a les autres transferts qui sont plutôt de l'ordre des ententes
fédérales-provinciales, des ententes de développement, des
ententes que l'on appelait des ententes-cadres, des ententes auxiliaires,
etc.
Lorsqu'on regarde le premier volet, la péréquation est
disponible, évidemment, pour les provinces les moins bien nanties. Le
Québec retire plus de 3 500 000 000 $ à ce chapitre, si ma
mémoire est fidèle, et ça constitue à peu
près 50 % de tous les transferts fédéraux à ce
chapitre. Mais le problème de ce côté-là, si je veux
juste prendre le volet de la péréquation, c'est que le
gouvernement fédéral a décidé de plafonner la
péréquation, et la première objection que nous avons et
que nous allons formuler, c'est qu'en établissant un tel plafond ceci
fausse le jeu de la péréquation elle-même. Elle a un
plafond de 5 % du PNB de l'inflation, la croissance du PIB, alors, même
si elle pouvait rapporter quelques dizaines ou même centaines de millions
de plus, elle est réduite par la croissance du PIB par ce
facteur-là. Alors, si on veut aller dans les détails, on
s'apercevra qu'il y a un manque à gagner à cause de ce
plafonnement important pour les provinces bénéficiaires de
péréquation.
Le deuxième volet, c'est le financement des programmes
établis dans le domaine de la santé et dans le domaine de
l'éducation supérieure. Or, justement, voici deux domaines
où la pression sur les dépenses est la plus forte. C'est
justement à ces chapitres-là que nous avons à faire face
à une poussée des dépenses. Prenons, par exemple, dans le
domaine de la santé avec le vieillissement de la population. Avec les
nouvelles technologies médicales, il y a là une pression sans
cesse croissante; il y a même des maladies nouvelles qui se
révèlent. Alors, c'est clair qu'il y a là des pressions
considérables. Et c'est justement à ce volet 2, comme
j'appelerais le financement des programmes établis, que le gouvernement
fédéral rate ou fait fausse route. Parce qu'il a un
problème de déficit considérable, il se retourne vers les
provinces, mais là, une chose que l'on peut lui reprocher, c'est de se
retourner vers les provinces pour essayer de pelleter un peu de son
déficit, mais ce qu'on lui reproche particulièrement, c'est qu'en
ce faisant il ne tienne pas compte de la capacité fiscale
différente des provinces et d'y aller per capita. Or, c'est justement
là une chose qui est inacceptable pour nous et nous avons l'intention de
le faire savoir également.
Donc, premièrement, plafonnement de la péréquation;
deuxièmement, une diminution
constante de la participation du fédéral dans les
programmes de santé et d'éducation supérieure, diminution
qui est aggravée par le fait qu'elle n'est pas accompagnée d'une
péréquation et qu'elle est faite, comme on le dit dans la langue
de Shakespeare, "across the board", per capita, sans tenir compte de la
capacité fiscale différente de chacune des provinces. (20 h
30)
Et, de plus, il ne faut pas oublier que c'est le gouvernement
fédéral qui nous a presque incité, dans le passé,
à participer à de tels programmes dits nationaux, que ce soit
dans le domaine de la santé, par exemple. L'assurance-hospitalisation en
1960, l'assurance-santé en 1970, et, là, les partenaires sont
à peu près à 50-50. On est rendu que les partenaires, c'a
changé un peu. C'est à peu près à 38-62. Ça
veut dire que les provinces doivent accepter de supporter, comme le
Québec, plus de 60 % d'un programme qui était à frais
partagés assez également.
De plus, ce qui est encore plus vexant et ce que j'ai l'intention de
soulever dans les discussions prochaines, c'est que non seulement diminue-t-on
les transferts unilatéralement et d'une façon
discrétionnaire et sans tenir compte de la capacité fiscale
différente des provinces, mais qu'en plus de cela, on s'en tient
à la législation originale qui empêche le Québec,
par exemple, de pouvoir agir dans ces programmes-là selon sa propre
volonté et tenant compte des contextes différents auxquels nous
avons à faire face.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
ministre.
M. Levesque: II y a, par exemple, des citoyens qui, à tour
de rôle, viennent nous dire qu'il serait bien important d'avoir certaines
balises. On nous parle, par exemple, de frais modérateurs. Mais pourquoi
nous parler de cela lorsque, même si on y adhérait, la loi C-3 du
gouvernement fédéral nous empêche même d'y
penser.
Comme le temps est écoulé, j'aurai peut-être
l'occasion de revenir, mais voilà deux programmes où nous avons
l'intention de faire des représentations. Et elles sont basées
sur des faits. Lorsque vous prenez l'ensemble des transferts
fédéraux, ce qui est encore plus choquant, c'est que les
transferts qui doivent être là, comme le prévoit la Loi
constitutionnelle de 1982, pour égaliser les chances et redistribuer la
richesse, sont là utilisés pour favoriser les provinces les mieux
nanties par rapport aux provinces les moins nanties.
Voilà, M. le Président. Je m'excuse d'avoir
dépassé de quelques secondes le temps que vous m'avez
alloué.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Pour l'instant, je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez pas d'autres
questions, M. le député de Labelle. M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: M. le Président. Je pense que ce qui est
remarquable au niveau du budget aussi, c'est qu'on peut constater, au niveau du
gouvernement, qu'on n'est pas dogmatique. On a toujours dit, pour nous, que le
déficit, c'était une préoccupation qui est très
importante et ça le demeure quand même. Mais compte tenu de la
situation financière de la province, à ce moment-ci, compte tenu
de la capacité de payer des contribuables, compte tenu d'un certain
ralentissement au niveau de l'économie, je pense qu'avec justesse
d'ailleurs, le ministre des Finances a trouvé bon et juste que, compte
tenu du ralentissement, il fallait quand même augmenter un peu le
déficit, malheureusement. Ça démontre quand même
qu'on n'est pas dogmatique, que le déficit, ce n'est pas une fin en soi,
mais qu'on peut quand même s'ajuster aux circonstances du moment.
Par ailleurs, l'Opposition nous a reproché qu'on sortait un peu
des rails avec cette tendance, en disant qu'on aurait dû ou qu'on devrait
respecter la parole ou respecter nos actions dans ce sens-là. Mais,
d'autre part, l'Opposition nous dit: Vous ne mettez pas assez d'argent dans
l'environnement. Vous ne mettez pas assez d'argent dans la santé, ni
dans l'éducation, ni dans la culture, etc. Alors, ça nous
démontre un peu le manque d'objectivité, quoique je puisse
comprendre que le rôle de l'Opposition, c'est quand même de
critiquer le gouvernement ou de s'assurer d'être des chiens de garde,
mais au-delà, quand même, de la partisanerie politique. Et,
là, je pense qu'on peut se rendre compte que l'Opposition traite le
sujet de façon relativement partisane.
Et aussi, dans la foulée du député de
Mille-Îles qui, tantôt, parlait ou qui demandait directement aux
gens de l'Opposition de quelle façon ils administreraient l'État
s'ils étaient au pouvoir, au niveau des dépenses courantes,
principalement. Vous savez que l'héritage que nous avons reçu,
à ce niveau, je pense que ce n'est pas digne de mention pour les
générations futures, principalement. Encore là, à
cause de la situation difficile, nous avons dû augmenter. Nous avions
prévu, l'an passé, 270 000 000 $ de dépenses courantes,
malheureusement, qu'on finançait à long terme et, cette
année, on augmente à 395 000 000 $, mais c'est justement parce
qu'on n'a pas le choix, parce que je pense que la capacité de payer des
contribuables était quand même relativement limitée. Il ne
fallait pas non plus ajouter un fardeau supplémentaire au
niveau des contribuables.
Également, ce qui est remarquable, je pense que c'est
l'accélération des investissements gouvernementaux au niveau des
infrastructures, principalement. Alors, je pense que ça dénote
aussi que le gouvernement doit faire sa part au niveau de l'économie en
période de ralentissement économique. Cette situation nous
démontre comment on est conscients aussi qu'on a un rôle à
jouer au niveau de la situation financière.
Ma question au ministre des Finances est: Quand pense-t-on, au niveau du
compte courant, qu'on pourra le balancer et qu'on n'aura pas la peine de
financer des dépenses courantes avec des prêts à long
terme? Je peux comprendre que ça peut peut-être dépendre
aussi de la situation économique ou des perspectives économiques
à plus ou moins long terme, mais, pour le gouvernement, quelles sont les
perspectives à ce niveau-là?
M. Levesque: Alors, je pense qu'il est intéressant de voir
que le député des Îles-de-la-Madeleine s'intéresse
à des questions extrêmement importantes dans les orientations que
nous avons prises, comme gouvernement, et qui ne semblent pas encore être
acceptées ou adoptées, même en pensée, par nos amis
d'en face. En effet, leurs cachettes sont à l'effet d'augmenter les
déficits, d'augmenter les emprunts, évidemment, ce qui s'ensuit,
et on se vante même de la période où on a réussi
à augmenter l'endettement du Québec d'une façon
astronomique.
Quant à nous, nous avons considéré qu'en prenant ce
solde des opérations courantes, qui était négatif à
environ 2 000 000 000 $... Nous l'avons baissé à 270 000 000 $ et
nous nous approchions très près du point zéro. Cette
année, c'est une pause à cause de la conjoncture, mais nous avons
l'intention de le reprendre dès que l'économie va reprendre et
nous pensons avoir un surplus dès 1992-1993, si nos prévisions
sont exactes et justes.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé? M. le
député de Labelle.
M. Farrah: Merci.
M. Léonard: Je pense que le député de
Bonaventure, le ministre des Finances, tout à l'heure, n'avait pas
terminé en ce qui concerne les transferts fédéraux. Est-ce
qu'il pourrait continuer son exposé?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Alors, il restait, évidemment, les deux
autres volets, soit, entre autres, celui du Régime d'assurance public du
Canada. À ce propos, je dois vous dire que, pour ça, il n'y a pas
de changement. Ça demeure une contribution de 50 % de la part du
gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral ne
s'est pas désisté de ses responsabilités de ce
côté-là, sauf qu'il a posé un geste un peu
symbolique dans son dernier budget en plafonnant l'Ontario, l'Alberta et la
Colombie Britannique par 5 %, ce qui ne représente pas, après
tout, grand-chose dans l'ensemble des coupures qu'il a effectuées,
d'autant plus que l'Ontario et d'autres provinces avaient déjà
pris avantage de la participation fédérale en augmentant certains
services dans l'année qui se terminait.
Quant au quatrième volet, celui des ententes
fédérales provinciales, là encore on s'aperçoit -
et prenons, par exemple, l'habitation sociale, c'est un bel exemple - qu'il y a
des programmes qui correspondent à des priorités à
certains endroits, qui ne sont pas nécessairement des priorités
au Québec. Alors, si on présente un tel programme et que le
Québec, par exemple, n'y trouve pas son compte, c'est clair que nous ne
mettrons pas d'argent pour ce programme, même s'il y a de l'argent
fédéral de disponible, si cela ne correspond pas à nos
besoins. On peut arriver à la situation assez cocasse où un
programme est fait pour répondre à des besoins dans une province
bien nantie et que cette province-là, qui a plus d'argent encore, puisse
utiliser ses propres ressources pour faire un programme d'une certaine
envergure et faire en sorte de bénéficier beaucoup plus des fonds
fédéraux Alors ça, c'est une autre question que je veux
évidemment aborder.
Il y a aussi, dans ces programmes-là, l'opportunité
justement de pouvoir faire en sorte que les provinces mieux nanties, qui ont
des ressources financières plus abondantes, puissent prendre avantage de
ces programmes-là d'une façon plus considérable,
étant donné les ressources qu'elles ont à leur
disposition, par rapport aux provinces moins bien nanties. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances M le député de Labelle, vous n'avez pas d'autres
questions?
M. Léonard: Pas pour l'instant
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Concernant les
sociétés d'État, est-ce que vous donnez toujours un mandat
ou... Dans les sociétés d'État qui sont sous votre
juridiction, est ce qu'il y a des mandats de donnés ou est-ce qu'il y a
des lacunes de trouvées pour améliorer l'efficacité, pour
s'assurer, effectivement, que les dividendes prévus puissent être
versés au gouvernement?
M. Levesque: Justement, nous sommes évidemment très
préoccupés par le rendement des
sociétés d'État. J'ai à ma droite ici, le
sous-ministre associé qui a fait une revue, avec ses collaborateurs, de
la situation des sociétés d'État et qui a eu l'occasion de
rencontrer plusieurs des dirigeants de ces sociétés pour faire en
sorte que chacune de ces sociétés et chacun de ces dirigeants
soient bien conscients que, si le gouvernement doit, lui, faire de la
rationalisation, des efforts vis-à-vis d'un contrôle serré
des dépenses, la même responsabilité échoit à
ceux à qui on confie le soin de gérer certaines de ces
sociétés. Nous avons l'intention de les suivre de près.
Nous l'avons fait jusqu'à maintenant, mais nous allons intensifier notre
vigilance vis-à-vis des sociétés d'État, afin
d'avoir le meilleur rendement possible dans l'intérêt de nos
concitoyens.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
Avez-vous terminé, M. le député?
M. Farrah: J'aurais une autre question. Je ne sais pas si...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Concernant la Société des alcools du
Québec principalement, compte tenu de l'augmentation des taxes au niveau
dos produits alcoolisés, est-ce que vous pensez que les dividendes
anticipés au niveau de la Société des alcools du
Québec, qu'en fin de compte il n'y ait pas d'impact négatif ou le
phénomène des rendements décroissants, lorsqu'on met,
effectivement, une taxe sur un produit, mais souvent aussi, ça peut
faire en sorte qu'il y ait moins de consommation?
M. Levesque: Vous avez raison de vous préoccuper et nous
nous en préoccupons nous-mêmes, parce que, dans nos
prévisions, nous tenons compte justement de ce facteur-là.
Prenons, par exemple, dans le tabac, il est clair qu'à mesure que vous
augmentez les taxes à ce chapitre, vous avez une consommation qui,
normalement, diminue. Ç'a été l'expérience du
passé ici et ailleurs. À un moment donné, il y a des
rendements décroissants. Mais il faut les prévoir dans les
chiffres que nous avançons au budget. Quant à la
Société des alcools du Québec, nous prévoyons
à peu près le même niveau que l'an dernier. (20 h 45)
M. Farrah: Ça va, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Est ce qu'il y ades
interventions?
Arrangements fiscaux avec le
fédéral
M. Léonard: Oui. Le ministre des Finances, qui est
ministre des Finances depuis 1985, nous a expliqué que les programmes
s'étaient stabilisés. Comment explique-t-il son manque de
succès à négocier avec le fédéral?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: II y a, évidemment, des occasions où
nous avons eu certains succès. Nous avons eu l'occasion de le noter, en
toute justice, pour nos interlocuteurs fédéraux. J'ai au moins
deux ou trois occasions où nous avons réussi à obtenir des
avantages dans nos discussions. Je veux simplement me référer -
tout récemment, par exemple - à la TPS, où nous avons eu
des discussions très serrées avec le gouvernement
fédéral, en particulier dans le domaine du niveau de taxation. Et
pas seulement nous, mais nous avons réussi avec d'autres à faire
comprendre au gouvernement fédéral que les effets de cette taxe
à 9 % seraient réellement négatifs pour l'économie
et créeraient une inflation dangereuse. Et, là encore, nous avons
réussi.
Dans le domaine de la TPS, encore une fois, où il y avait des
effets négatifs de prévus pour les finances publiques, par
exemple, dans les loteries, la TPS nous aurait coûté un net
d'environ 40 000 000 $. Je vous assure qu'avant de souscrire à cela ou
d'accepter cela, nous avons eu des négociations serrées et nous
sommes revenus à la charge plusieurs fois, directement, quant à
moi, avec le ministre fédéral des Finances et nos collaborateurs,
les fonctionnaires, ont également eu de nombreuses réunions
à ce sujet-là. Et, là, nous avons réussi
également à obtenir des améliorations importantes et
significatives.
Du côté, par exemple, des commissions scolaires, des
universités, des cégeps, des hôpitaux, la TPS allait nous
coûter de l'argent, parce que le fait que la TPS s'appliquait sur les
achats de toutes ces institutions allait finalement créer un
problème assez sérieux chez nous. Là encore, nous avons eu
des discussions serrées. Et nous avons l'impression, là, nous
sommes vers la fin de ces négociations-là et nous sommes bien
confiants que, là encore, nous allons avoir un règlement. Et
même, il y a eu des amendements dans le projet de loi avant la
troisième lecture à Ottawa pour donner suite à plusieurs
de ces améliorations que nous avons réussi à gagner dans
ces discussions. nous avons eu d'autres discussions, par exemple, avec le
gouvernement fédéral. on ne perd pas toujours, vous savez. il y a
eu, dans le domaine économique, les contrats des cf-18; il y a eu
l'agence spatiale; il y a eu la levée des contraintes à
l'exportation de l'électricité. plusieurs domaines comme les
centres financiers internationaux où nous n'avons pas tout eu, mais
où nous avons au moins une partie. on a eu l'adoption de la loi
fédérale sur les brevets pharmaceutiques qui, pour nous,
était une décision fort importante.
Donc, tout n'est pas négatif. Mais, moi, je m'en tiens simplement
aux transferts. Maintenant, lorsqu'on regarde les transferts, une grande partie
des échecs ont été très près de
l'administration de nos amis d'en face. Le gros mauvais coup que nous avons eu,
c'est la loi C-96 et la discussion est arrivée à son terme juste
au moment où nous prenions le pouvoir. Le premier ministre du temps, M.
Pierre Marc Johnson, s'était rendu, je pense, à Halifax dans un
dernier effort, de ce côté-là, pour essayer
d'empêcher la loi C-96 dans le domaine justement du financement des
programmes établis. Et ça a été un échec.
Alors, des échecs, on en a eu d'un côté comme de l'autre de
la table, mais il y a eu aussi des succès. Mais je n'ai pas l'intention
d'accepter que cette situation, en ce qu'elle a de négatif, puisse se
perpétuer. Nous allons certainement profiter de l'arrivée des
nouveaux accords fiscaux afin de véhiculer cette information que nous
vous donnons, particulièrement dans le budget et dans ses annexes, pour
faire en sorte de faire comprendre à nos vis-à-vis, et du
fédéral et des autres provinces, l'importance qu'il y a de mettre
en oeuvre un véritable fédéralisme, un
fédéralisme qui tienne compte, justement, des disparités
régionales. C'est ça, le véritable message que je veux
véhiculer.
M. Léonard: C'est jusqu'à quand, la dernière
chance, là-dedans?
M. Levesque: Les accords actuels se terminent le 31 mars 1992 et
les discussions doivent débuter au cours de l'été. Nous
comptons évi demmcnt sur l'appui de l'Opposition, vu qu'ils ont des
amis, apparemment, dans le gouvernement fédéral. S'il y a des
gens qui peuvent nous appuyer, ils sont les bienvenus.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé vos interventions, M le député do Labelle?
M. Léonard: Pour l'instant.
Le Président (M. Lemieux): Pour l'instant. Ça va.
Est-ce qu'il y a d'autres...
M. Levesque: Est-ce que je peux simplement ajouter...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Levesque: Je ne veux pas être désagréable,
mais je trouve un peu curieuse la nouvelle stratégie de l'Opposition et
du député de Labelle, en particulier, qui, au début de ces
séances, comptait les minutes et les secondes. Il faisait des
scènes pour déchirer ses vêtements si l'alternance
n'était pas suivie, si on ne lui accordait pas de temps pour s'exprimer.
Là, voilà au moins quatre fois de suite que le président
demande au député de Labelle s'il veut intervenir et il dit: Pas
maintenant, un autre, allez. Est-ce que le ministre peut continuer à
nous parler? C'est merveilleux, mais, tout de même, je ne peux pas
m'empêcher de le souligner.
M. Léonard: Bien oui, si vous aimez ça vous
entendre parler, alors allez-y.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Limoilou.
M. Levesque: Est-ce que le député de Labelle
boude?
Une voix: ...une intervention, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député de Limoilou. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Després: Je vous demanderais, M. le Président,
s'il n'y a pas d'autres interventions à la commission, est ce que la
commission peut faire rapport?
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, la commission
peut faire rapport. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Une voix: Le député de Labelle...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Léonard: Des questions du côté du
gouvernement, c'est ça que ça veut dire. On vous a
asséché.
Le Président (M. Lemieux): Non, pas nécessairement
M lo députe do Limoilou
M. Després: Du tout. Nous, on a fait valoir, M. le
Président, notre point de vue sur chacun des points du budget. C'est une
opportunité, autant pour les députés ministériels
que pour les députés de l'Opposition, de se faire valoir. Si le
député de l'Opposition, alors qu'il y a un membre effectivement
des députés de l'Opposition qui est là, semble ne plus
avoir de questions, il peut être normal que la commission demande de
faire rapport.
M. Léonard: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de..
M. Després: Non, vous avez bien dit, M le
député de Labelle: Pour l'instant.
M. Léonard: Pour l'instant
M. Després: Pour l'instant.
M. Léonard: Vous n'avez plus de questions?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez des
interventions...
M. Després: À ce moment-là, on va vous
renvoyer la balle- Pour l'instant, non.
M. Léonard: M. le Président, est ce que les
députés du gouvernement ont encore des interventions?
Le Président (M. Lemieux): Moi, je peux intervenir, M. le
député de Labelle. Eu égard au budget, M. le ministre des
Finances, il faut quand même se rappeler et revenir un peu dans le
passé. M faut surtout se rappeler que certains problèmes avaient
été identifiés, au mois de mars 1986, et qu'on avait
constaté que la dette gouvernementale était de plus en plus
lourde et que nous nous devions de nous diriger vers une fiscalité de
plus en plus concurrentielle.
Solde des opérations courantes
D'autre part, un des problèmes qui avaient été
identifiés, c'est que les dépenses budgétaires avaient une
croissance qui était, effectivement, trop rapide et que le niveau des
transferts fédéraux était insuffisant. On se rendait
compte qu'à cette époque, une proportion importante des
dépenses courantes était financée par des emprunts. C'est
donc après avoir identifié ces problèmes - et je me
souviens de la publication d'un document important L'urgence d'un
redressement - que le gouvernement s'est donné certains objectifs
poursuivis. Et je veux en revenir peut-être au tout début,
où j'avais fait état qu'il serait intéressant de voir si,
effectivement, comme semblait le prétendre M. le député de
Labelle, que le gouvernement n'avait pas d'objectifs ni de plans
déterminés. Je lui avais fait état qu'effectivement, le
gouvernement avait une politique, si on pense au niveau strictement de la
famille pour prendre seulement un des sujets comme tel. Mais pour en arriver
à une certaine cohérence au niveau d'une politique familiale, le
gouvernement a pris quand même connaissance d'une situation
financière qui lui était difficile.
Il a dû se fixer des objectifs premiers, tels: améliorer la
flexibilité financière du gouvernement, orienter davantage le
régime fiscal vers une certaine croissance économique,
réduire, en tant que tel, réaménager le fardeau fiscal. Il
se devait aussi de faire évoluer les dépenses conformément
aux besoins de la population, d'être plus responsable, de gérer la
décroissance, mais de façon compatible - et c'est ce qui me
semble beaucoup plus important - avec la capacité de payer des
Québécois. Il se devait d'équilibrer son solde des
opérations courantes, c'est-à-dire faire en sorte que les
dépenses courantes ne soient plus financées par des emprunts. Une
des premières questions que je pourrais peut-être adresser au
ministre des Finances, sans avoir vraiment terminé mon intervention
puisque j'en viendrai tout à l'heure à la politique familiale et
la constante qu'on a eue à cet effet: Est-ce qu'on a réussi
à équilibrer le solde des opérations courantes, M. le
ministre?
M. Levesque: Eh bien, si on s'en tient au solde des
opérations courantes, nous sommes partis d'assez loin. Il faut bien
comprendre que la situation avait été durement aggravée.
En 1985-1986, quand nous avons repris le pouvoir, nous n'avons pas
trouvé le surplus que nous avions laissé à ce chapitre
lorsque nous avions quitté le pouvoir, en 1965, par la volonté du
peuple et la volonté de Dieu, vox populi, vox dei. Lorsque nous avons
quitté le pouvoir, en 1976, nous avions un surplus. Nous avions un
suprlus au solde des opérations courantes. Lorsque nous sommes revenus,
1985-1986, avez-vous le résultat? Nous étions en déficit
au solde des opérations courantes de 2 074 000 000 $. Quand on regarde
les années soixante-dix, des surplus de 302 000 000 $, 305 000 000 $,
353 000 000 $, etc. On revient, quelle ne fut pas notre surprise - surtout pour
ceux peut-être qui avaient été un peu distraits - de
trouver la situation que nous avons découverte, solde négatif de
2 074 800 000 $. Et durant la dernière année, 1989-1990, ce solde
négatif avait été fondu à 270 000 000 $. Nous avons
l'intention, après la pause de cette année à cause de la
conjoncture, de continuer dans ce sens-là pour ramener - et, nous
l'espérons, dès 1992-1993 - la situation avec un surplus au solde
des opérations courantes. Voilà la réponse, M. le
Président. (21 heures)
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. Pour continuer, effectivement, on est bien conscients qu'il y a quand
même des progrès importants qui ont été accomplis
et, tout en étant objectifs, on se rend compte que le gouvernement a
atteint, en grande partie, les objectifs qu'il s'était fixés,
à savoir une réduction du déficit et des besoins
financiers nets du gouvernement. D'autant plus qu'il a, à sa
manière, fait en sorte que le pourcentage des revenus à consacrer
au service de la dette aussi puisse être stabilisé puisque
ça représentait, à ma souvenance, 13,6 % des revenus au
service de la dette. Et, en 1989-1990, si le gouvernement consacrait 13,6 % de
ses revenus budgétaires au service de la dette totale, on constate qu'il
en consacrait 4,7 %, dans les années soixante-dix.
M. le ministre, évidemment, on se rend compte que la situation
financière qui a été remise au gouvernement
libéral, en 1985, n'était
pas une chose facile et on avait vraiment à se fixer des
objectifs et agir avec efficience et efficacité. Sans faire de la
politique partisane, on se souvient peut-être de la manière dont
ces choses-là ont été gérées. À titre
d'exemple, souvenez-vous lorsque le député de Lévis, qui
était présent ici, cet après-midi, s'est
déguisé en postier, on se souviendra que, pendant une semaine, le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, Jean
Garon...
M. Léonard: Question de règlement. Le
Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: On n'a pas à qualifier le
député de Lévis de postier ici. Je pense que c'est une
façon de faire une injure. C'est une façon de le faire. Consultez
votre règlement, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je pense, M le
député de Labelle, que c'est très intéressant, ce
que vous me dites, et, à mes yeux, le mot "postier" et le mot "poste" se
retrouvent dans le dictionnaire Larousse et, à mon sens, ce n'est
pas un terme péjoratif. J'ai pris connaissance...
M. Léonard: Vous l'utilsez dans un sens péjoratif
et, M. le Président, vous êtes juge et partie dans la
circonstance.
Le Président (M. Lemieux): Je ne crois pas que ce soit
blessant, injurieux ou violent.
M. Léonard: Un gentleman retirerait ce terme, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M le député de
Labelle, j'ai une fonction à accomplir et je suis assez objectif pour
vous faire état que, s'il s'agissait d'un terme qui était
blessant, je pense aux dizaines et aux milliers de postiers qui circulent
à travers le...
M. Léonard: Pourquoi dites-vous "déguisé"
alors?
Le Président (M. Lemieux): ...Canada et qui verraient, du
jour au lendemain, que le député de Labelle - il y a même
des postiers dans son comté - qualifie ces gens-là, parce qu'on a
pris ce qualificatif à l'Assemblée nationale, que le terme est
blessant et injurieux. Écoutez, la jurisprudence est là et jamais
ce terme-là, à mon avis, n'a été
considéré comme étant blessant. Je pense que c'est un
qualificatif qui est, je dirais, profitable, bénéfique et
même honorifique au député de Lévis, puisque c'est
ce qu'il a fait lorsqu'il s'est promené avec, dans ses poches, un
chèque du gouvernement canadien au montant de 11 500 000 $ et que ce
montant représentait une partie des versements fédéraux au
chapitre de l'assurance-récolte.
M. Léonard: M. le Président, est-ce que vous pouvez
rendre une décision dans laquelle vous êtes vous-même
concerné, dans laquelle vous êtes juge et partie?
Le Président (M. Lemieux): Nemo judex in suacausa, j'en
suis, je connais bien cette maxime-là et j'aimerais tout simplement vous
faire part que le président a aussi un droit de parole en commission
parlementaire et que, à titre de président, j'ai à rendre
une décision lorsqu'il s'agit d'une question de règlement. Vous
avez soulevé une question de règlement, j'ai rendu la
décision à l'effet que le mot "postier" n'était pas un
terme qui était péjoratif, injurieux ou blessant à
l'endroit de qui que ce soit. Je l'ai pris pour tout simplement imager le
rôle qu'a joué le député de Lévis. Et, en ce
sens-là, ça n'a été ni blessant ni injurieux, mais,
faisant preuve d'une grande perméabilité et d'ouverture d'esprit,
je conviens que le député de Lévis a agi alors à
titre de messager des postes, si ça peut vous rassurer. Et soyons peut
être plus sérieux...
M. Léonard: Je vais être satisfait parce que, au
moins, à l'endroit des postiers, vous commencez à être un
peu plus poli parce qu'au lieu de dire "déguisé en postier", vous
dites "s'est comporté en messager"...
Le Président (M. Lemieux): Très bien. M.
Léonard: ...je vais accepter...
Le Président (M. Lemieux): Vous acceptez le terme. Alors,
voilà, vous...
M. Léonard: ...votre correction.
Le Président (M. Lemieux): ...venez de saisir ce qui nous
différencie entre nous, les libéraux et les péquistes,
c'est notre ouverture d'esprit et notre perméabilité.
M. Léonard: ...perméabilité.
Le Président (M. Lemieux): Je continuerais tout simplement
aussi à faire état en vous disant...
M. Léonard: Le terme est imprécis.
Le Président (M. Lemieux): ..M. le député de
Labelle, qu'en agissant de la sorte, le député de Lévis a
fait perdre 25 000 $ en intérêts au trésor
québécois On s'est toujours demandé si le
député de Lévis avait remboursé cette somme. Tout
ça pour en arriver à vous dire que ce qui fait, M. le
député de Labelle, qu'on en est arrivés aujourd'hui
à mieux gérer, c'est en étant conscients que, peu importe
les dépenses de
l'État, il était important de les faire fructifier dans le
sens pour qu'elles puissent profiter à l'ensemble de la
collectivité.
Soutien aux familles
j'en reviendrai, peut-être d'une manière plus
sérieuse, a ce qui s'est passé à la politique familiale et
au budget des cinq dernières années où le ministre des
finances a fait en sorte qu'il n'y ait pas comme telle d'augmentation
d'impôt. si on regarde l'avant-dernier budget, on se rend compte qu'il y
a eu une hausse considérable des seuils où les familles ont
commencé à payer de l'impôt. on se rend compte qu'en 1985,
une famille ne payait d'impôt qu'à compter d'un montant de 10 015
$, alors qu'aujourd'hui, une famille paie de l'impôt à compter
d'un montant de 23 234 $. est-ce qu'on a été consistant dans le
dernier budget? si on regarde à la page 24, on se rond compte qu'une
famille, encore, de deux enfants paie do l'impôt maintenant à
compter d'un seuil de ?a 3?4 $.
Il faut se souvenir que, même dans l'avant-dernier budget, nous
avons augmenté de 1 000 000 000 $ notre soutien financier aux familles
pour le porter à 1 800 000 000 $ par année, en accordant l'aide
la plus substantielle aux familles nombreuses et à faibles revenus. Dans
le dernier budget, nous avons aussi fait la même chose puisqu'un montant
de 240 000 000 $ est accordé aux familles. Les contribuables,
relativement à l'impact des mesures concernant les particuliers et les
familles, réalisent un gain de 408 000 000 $. Les familles touchent 60 %
de ce montant, ce qui représente, comme je le mentionnais tout à
l'heure, 243 000 000 $. Pour ce qui est du soutien financier du Québec
à l'égard des enfants, celui ci aura augmenté de plus de 1
000 000 000 $ depuis 1985. Ceci touche, dans le même cas, une famille
monoparentale avec un enfant à charge où l'impôt que ces
gens-là avaient à payer, en 1985, se situait à 12 166 $.
Dans l'avant-dernier budget, il se situait à 21 585 $. On peut se
demander s'il y a une constante. Lorsqu'on regarde à la page 24 du
document, on se rend compte qu'il y a une constante, puisque, dans ce cas-ci,
pour une famille monoparentale avec un enfant à charge, le seuil
imposable est à 22 589 $.
Tout ça pour vous dire que le gouvernement du Québec est
bien conscient de l'importance et du rôle que joue la famille dans...
M. Léonard: M. le Président, est-ce que vous ne
dépassez pas vos 10 minutes, là?
Le Président (M. Lemieux): II me reste combien de
temps?
Une voix: Soudainement, vous avez des questions, M. le
député?
Une voix: II ne vous en reste plus.
Le Président (M. Lemieux): On me dit qu'il me reste encore
quelques minutes. Tout simplement pour vous faire état que le
gouvernement du Québec a quand même, comme je le mentionnais tout
à l'heure, augmenté de plus de 1 000 000 000 $, depuis 1985, le
soutien financier à l'égard des enfants.
Il y a aussi, au niveau de la fiscalité... On se rend compte
qu'au niveau de la fiscalité des particuliers comme des entreprises, le
gouvernement du Québec a aussi joué son rôle pour la rendre
davantage concurrentielle avec l'Ontario. Cette fiscalité, qui
était de 10,5 %, est passée à 2 % en 1989. si on la
compare maintenant, fiscalité des particuliers et des entreprises, on se
rend compte que, dans le dernier budget, elle est quand même, si je me
souviens bien, de 10 % à 3 % ceci peut être vérifié
à l'aide des tableaux que nous avons dans budget 1990-1991 points
saillants.
La question que j'aurais peut-être à poser au ministre des
Finances: Est-ce que le ministre des Finances entend continuer dans cette
optique d'avoir à se préoccuper davantage, eu égard
peut-être à la dissolution que connaissent maintenant dans notre
société différentes familles, aux changements de
comportement, de mentalité, au nombre de familles monoparentales qui
grandit, qui croît sans cesse? Est-ce que le ministre des Finances a
l'intention d'accorder, dans la même optique que ses deux derniers
budgets, une importance tout à fait particulière à cette
cellule si importante que constitue la famille dans notre
société?
M. Levesque: M. le Président, vous avez abordé deux
sujets particuliers que je trouve fort importants: un, touchant les finances
publiques proprement dites; l'autre, la famille. Sur ce dernier point, je n'ai
pas à vous rappeler la croissance importante de sommes accordées
par le gouvernement actuel pour soutenir la famille québécoise.
Nous avons pris le pouvoir le 12 décembre 1985, nous sommes en 1990. En
cinq ans, qu'est-ce qui s'est produit? Nous sommes passés d'une somme de
800 000 000 $ à une somme de 1 800 000 000 $ pour soutenir la famille
québécoise. Ces chiffres-là, je pense, sont assez
éloquents pour indiquer l'importance que nous attachons à la
famille, cette cellule de base de notre société. Et nous avons
l'intention de continuer dans ce sens-là, il n'y a aucun doute
là-dessus. Les dernières mesures que nous avons prises dans le
budget sont une illustration encore fort éloquente de nos intentions
à ce chapitre.
Quant à revenir à vos propos sur les finances publiques,
j'en profite, là, pour attirer l'attention de cette commission sur un
autre facteur. On a parlé de déficit, on a parlé de
revenus, de dépenses, mais il y a un facteur assez important qui aide
beaucoup à établir un
diagnostic. On sait que, lorsqu'un médecin va faire un examen sur
une personne qui veut justement se présenter même pour un examen
de routine, il va prendre la température du patient ou encore il va
prendre sa pression. La façon de le faire, en finances publiques, c'est
de voir quels sont les besoins financiers nets, c'est-à-dire quels sont
les besoins finalement d'emprunt nets qu'un gouvernement a, chaque
année. Mais il faut regarder ça d'une façon fort
objective. On comprend qu'il y a tant d'années, ce n'était pas le
même budget. Donc, peut-être que les besoins étaient
différents. Prenons, par exemple, toute une série d'années
où, je me rappelle, nous étions au pouvoir et les budgets
étaient beaucoup moindres qu'aujourd'hui. Les budgets de
dépenses, par exemple, dans les années soixante-dix,
étaient inférieurs à 10 000 000 000 $. Entre 4 000 000 000
$ et 9 000 000 000 $. Et, à ce moment-là, les besoins financiers
nets étaient de l'ordre d'à peu près 200 000 000 $
à 400 000 000 $. Le dernier chiffre qui était inférieur
à aujourd'hui était en 1975-1976, c'étaient 405 000 000 $
qui étaient les besoins d'emprunt. Mais quel était le budget,
à ce moment-là? 9 000 000 000 $. Aujourd'hui, on parle beaucoup
plus de 35 000 000 000 $ que de 9 000 000 000 $. Pourtant, nos besoins
d'emprunt sont de l'ordre de 750 000 000 $ à 760 000 000 $, à peu
près la même chose avec un budget de beaucoup supérieur,
près de quatre fois supérieur. Et nous sommes à peu
près dans le même ordre de grandeur de besoins financiers. Mais,
ça, c'était de notre temps, on compare les années
soixante-dix avec l'année 1990 Mais regardons un peu ce qui s'est
passé de leur temps, nos amis d'en face. Prenons, par exemple,
l'année - ne prenons pas une mauvaise année, là - prenons
une année...
Une voix: Soyons gentils!
M. Levesque: ..soyons gentils, alors disons que le budget de
dépenses était de l'ordre de 15 000 000 000 $ ou, si vous voulez,
prenez la moitié de ce qu'il est aujourd'hui, disons 17 000 000 000 $,
la moitié. Le budget de dépenses de 17 930 200 000 $. Quels
étaient les besoins financiers d'emprunt de ces gestionnaires? 2 321 400
000 $...
Le Président (M. Lemieux): Je m excuse, M. le ministre des
Finances...
M. Levesque: J'achève. Je finis, là.
Le Président (M. Lemieux): O.K. C'est parce que...
M. Levesque: 2 321 400 000 $. Aujourd'hui, avec un budget du
double de cela, vous avez 765 000 000 $. Alors ça, ce sont des chiffres
qui sont importants à retenir, parce que ce sont des besoins d'emprunt
net...
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. Alors, comme il y avait consentement, ce matin, pour
suspendre nos travaux jusqu'à demain, 10 heures, la commission du budget
et de l'administration...
M. Léonard: Remarquez que l'ordre de la Chambre a
été jusqu'à 20 heures, là. Vous pouvez maintenir
votre consentement, si vous voulez, mais l'ordre de la Chambre a
été jusqu'à 20 heures.
Une voix: 22 heures.
M. Léonard: 22 heures, plutôt.
Le Président (M. Lemieux): 22 heures, sauf que...
M. Léonard: C'est juste pour souligner, quand même,
que nous allons de bon compte, même si, comme il est de coutume, j'ai
été retenu... Comme il arrive parfois, j'ai été en
retard cinq minutes; la commission a commencé en mon absence, ce qui ne
se fait jamais.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais simplement vous
faire remarquer, M. le député de Labelle...
M. Léonard: Alors, simplement, je suis d'accord sur mon
consentement, vous n'avez pas besoin de rien d'autre, sauf que, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): O.K. Je voulais simplement vous
dire que la commission est maîtresse de ses travaux...
M. Léonard: Oui. Très bien.
Le Président (M. Lemieux): ...et, comme il y a eu
consentement ce matin, alors nous devons suspendre jusqu'à 10 heures
demain matin.
M. Léonard: Oui. Passez ça sous silence, M. le
Président. Glissez, mortels, n'appuyez point.
Le Président (M. Lemieux): Pas demain, mais à
mardi, 10 heures, pardon.
(Fin de la séance à 21 h 17)