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(Quatorze heures huit minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration est réunie
aujourd'hui afin de procéder à l'étude trimestrielle de la
politique budgétaire du gouvernement et de l'évolution des
finances publiques, conformément à l'article 292 du
règlement. Nous allons maintenant appeler et procéder à
l'étude de la politique budgétaire du gouvernement et de
l'évolution des finances publiques. J'inviterais, dans quelques secondes
ou quelques minutes, pour donner le temps à M. le ministre des Finances
de sortir ses documents, M. le ministre des Finances à faire des
remarques préliminaires qui seraient d'une durée de 20
minutes.
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
Remarques préliminaires M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: Nous sommes réunis aujourd'hui, comme on le
sait, pour discuter de la Synthèse des opérations
financières au 30 septembre 1989, c'est-à-dire les
opérations qui ont eu lieu entre le 1er avril 1989 et le 30 septembre
dernier, soit pour une demi-année, la première partie de la
présente année financière. Il est donc important de
souligner que les données et les informations qui apparaissent dans ce
document se basent sur les renseignements disponibles à l'époque.
Les résultats qui y sont présentés doivent donc être
interprétés dans ce contexte.
Si on me permet simplement, à ce moment-ci, de faire un rappel
des prévisions du budget 1989-1990 et de faire un rappel un peu des
prévisions économiques qui sont à la base,
évidemment, comme données, des prévisions
budgétaires. Entre 1986 et 1988, le Québec a connu un rythme
d'expansion économique supérieur à celui des grands pays
industrialisés. En 1988, le produit intérieur réel du
Québec s'est accru de 5,4 %, un résultat qui s'explique non
seulement par la vigueur des exportations de produits fabriqués au
Québec, mais également par celle de la demande intérieure.
en 1989, les perspectives de croissance économique en amérique du
nord se sont affai- blies en raison, notamment, de la lutte à
l'inflation appliquée par les autorités monétaires des
États-Unis et du Canada. Le budget fédéral d'avril dernier
est venu accentuer encore davantage le ralentissement qui s'annonçait.
dans ce contexte, lors du discours sur le budget que je présentais le
printemps dernier, on prévoyait, après deux années de
forte croissance économique, pour le québec comme pour l'ensemble
du canada, une production plus modeste. les données disponibles depuis
le début de l'année confirment ce diagnostic. l'économie
canadienne et celle du québec sont entrées dans une phase de
croissance, cependant une croissance lente, qui tranche avec la performance des
années précédentes. mais nous ne parlons pas de
récession, nous parlons de croissance plus lente. pour bien se
comprendre, lorsque l'on parle, par exemple, du marché du travail, les
gens ont souligné le fait qu'il y avait eu seulement 30 000 nouveaux
emplois, mais il ne faut pas être alarmiste. il faut bien comprendre que
nous avions connu une création d'emplois d'environ 80 000 par
année. nous connaissons encore une croissance dans l'emploi. ce n'est
pas 1982 avec une perte de 150 000 emplois. c'est encore la croissance de 30
000 emplois. alors, les gens qui voudraient faire des comparaisons, qui
voudraient nous indiquer les remèdes à apporter à la
situation, devraient tenir compte, justement, de cette situation-là et
devraient tenir compte également du fait que la situation que nous
connaissons au québec n'est pas nécessairement attribuable
à une situation comme celle que nous avons connue il y a une dizaine
d'années alors que ceci touchait non pas seulement le québec, non
pas seulement le canada, non pas seulement les états-unis, mais tout le
monde industrialisé. aujourd'hui, ce n'est pas le cas dans la
communauté économique européenne, du moins à ce
moment-ci. ce n'est pas le cas dans l'économie japonaise, du moins
à ce moment-ci. et même aux états-unis on commence à
voir des signes encourageants mais un peu, disons, ambivalents, peut-être
ambigus, mais ce n'est certainement pas la situation que nous connaissions
à ce moment-là. et il y a un facteur aussi qui fait en sorte que
nous avons certains indicateurs qui nous réjouissent moins que ceux que
nous avons connus au cours des dernières années, en particulier
ce qui touche la construction domiciliaire et les ventes au détail. mais
notre gouvernement l'avait prévu. notre premier ministre en avait
parlé combien de fois? nous avons eu l'occasion d'en parler, soit dans
les conférences fédérales-provinciales, conférences
des ministres des
Finances, conférences sectorielles, que la politique
monétaire du gouvernement du Canada serait à l'origine d'un
ralentissement économique. Une lutte à l'Inflation qui est faite
de la même façon au Québec qu'en Ontario, sans tenir
compte, par des politiques fiscales et budgétaires appropriées,
des différences de conjoncture, risque de nuire à
l'économie québécoise.
Je n'ai pas l'intention de faire tout le tour de... Nous aurons
l'occasion, probablement au cours de ces échanges - s'il y a des membres
de la commission qui veulent en parler - d'aller plus au fond dans ces
questions, mais je devrai plutôt m'en tenir à ce qui est dans la
Synthèse des opérations financières. A maintes reprises,
j'ai souligné l'urgence de réduire le déficit
budgétaire. Le. gouvernement s'était fixé à cet
égard, dès son arrivée au pouvoir, des objectifs
ambitieux. Il s'agissait de donner au gouvernement un minimum de
flexibilité financière, de diminuer la part des dépenses
consacrées au service de la dette et de cesser de faire payer les
services publics par les générations futures.
On se rappellera que les objectifs fixés pour les années
financières 1986-1987 et 1987-1988 avaient été atteints.
Lors de la synthèse, au 30 juin dernier, j'ai annoncé qu'à
13 000 000 $ près l'objectif de déficit pour l'année
financière 1988-1989 avait aussi été atteint. En effet,
alors que nous avions prévu le réduire à 1 600 000 000 $,
le déficit s'est établi à1 613 000 000 $ en 1988-1989.
J'ai vu qu'on avait mentionné tout récemment, dans
certains milieux, que, si on n'avait pas payé d'avance, si on n'avait
pas fait ci, si on n'avait pas fait ça, le déficit de
l'année antérieure aurait pu être moindre et celui de
l'année aurait pu être plus. C'est vrai. Il y a de la gestion
là-dedans. Il y a de la gestion, mais tout est transparent, tout est
ouvert et vous arrivez au bout de trois ans avec exactement la môme
réduction de déficit que vous auriez eue si vous aviez
été en dents de scie. Ça, c'est de la gestion et de la
gestion, même si j'y ai participé, j'aimerais lui donner un
qualificatif... Non, non, je ne le donnerai pas. Mais si un autre avait fait
ça, j'aurais probablement dit qu'il s'agissait d'une gestion
intelligente des fonds publics.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Restons modestes.
M. Levesque: Et j'ajouterai ceci, M. le Président, c'est
que, puisqu'on en parle et qu'on semble vouloir en savoir un peu davantage
là-dessus, nous avons réussi justement à réduire ce
déficit d'une façon considérable et nous avons mis fin
à l'hémorragie. Lorsque je parle d'hémorragie, je parle
des déficits successifs accumulés non pas particulièrement
au moment de la récession, alors qu'on pourrait expliquer qu'il y avait
des circonstances particulières, mais ces déficits
accumulés avant la récession de 1981 et 1982 et avant le
référendum de 1980, nous payons tous les jours pour ces abus.
M. le Président, j'en reviens maintenant à ce que nous
mentionnions: le déficit s'est établi à 1 613 000 000 $.
De la même façon, pour l'année financière 1989-1990,
les prévisions déposées dans cette Synthèse des
opérations financières au 30 septembre font toujours état
d'un déficit budgétaire égal à 1 500 000 000 $,
soit une baisse de 113 000 000 $ par rapport à 1988-1989. En effet, la
prévision des revenus autonomes est révisée à la
baisse de 117 000 000 $ et celle des transferts fédéraux
révisée à la hausse du même montant, tandis que le
niveau des dépenses probables demeure inchangé. De même, la
prévision des besoins financiers nets est maintenue à 750 000 000
$, soit une baisse de 209 000 000 $ par rapport à 959 000 000 $ en
1988-1989
Au chapitre des revenus budgétaires, les prévisions par
source sont légèrement modifiées aussi bien dans le cas
des revenus autonomes que dans celui des transferts fédéraux.
Ainsi, la prévision d'impôt sur le revenu des particuliers est
révisée à la hausse de 104 000 000 $. Cela reflète
pour l'essentiel une légère augmentation des montants payables
à l'égard de l'année d'imposition 1988, à la suite
des déclarations des contribuables traitées pendant
l'année financière 1989-1990.
En contrepartie, les perspectives économiques du
côté des ventes au détail sont un peu moins bonnes que
prévu, ce qui entraîne une révision à la baisse de
35 000 000 $ à la taxe sur les ventes au détail.
Les revenus des droits sur les ressources naturelles sont aussi
révisées à la baisse à la suite des modifications
apportées à la Loi concernant les droits sur les mines. Ces
amendements ont été rendus nécessaires afin de
préciser que les crédits de droits remboursables pour perte sont
déduits des revenus plutôt que comptabilisés comme
dépenses. L'Impact de cette modification sur le déficit est
nul.
La prévision des bénéfices nets
d'Hydro-Québec est pour sa part réduite de 100 000 000 $. Cette
société d'État fait présentement face à des
conditions d'hydraulicité plus faibles que prévu, ce qui
entraîne pour elle des dépenses d'exploitation supérieures
pour se procurer l'énergie dont elle a besoin pour répondre
à la demande d'électricité.
En ce qui a trait aux autres sociétés d'État, leurs
bénéfices nets sont révisés à la baisse de
50 000 000 $. La détérioration des résultats du groupe MIL
inc., dont on parle aujourd'hui même assez abondamment, et son impact sur
le bénéfice net anticipé de la SGF en sont le principal
facteur explicatif.
Du côté des transferts fédéraux, la hausse de
117 000 000 $ s'explique en premier lieu par un accroissement de 70 000 000 $
des revenus
des programmes de péréquation, à la suite d'une
augmentation plus forte que prévu des revenus provinciaux assujettis
à ce programme. La prévision révisée des transferts
du gouvernement du Canada incorpore également une hausse de 47 000 000 $
de la contribution fédérale au programme de bien-être.
Cette révision découle principalement, évidemment, de
l'accroissement des dépenses d'aide sociale.
Quant aux dépenses, les modifications apportées aux
prévisions de divers ministères tiennent compte des
crédits supplémentaires de 240 400 000 $ déposés
à l'Assemblée nationale en juin dernier afin de pourvoir aux
dépenses additionnelles annoncées au discours sur le budget du 16
mai dernier. Les prévisions de dépenses reflètent
également les dépassements identifiés à certains
postes du budget. Ces dépassements ont fait l'objet de crédits
supplémentaires no 2 s'élevant à 616 300 000 $ qui ont
été votés en décembre dernier. Malgré ces
dépassements, la prévision des dépenses de 32 518 000 000
$ demeure inchangée. Les économies générées
à d'autres postes des dépenses, combinées à
l'incidence des mesures déjà prises par le gouvernement et
à celles qu'il entend mettre en oeuvre d'ici à la fin de
l'année financière, devraient permettre de dégager un
niveau de crédits périmés suffisant pour rencontrer
l'objectif des dépenses du discours sur le budget de mai dernier.
Au chapitre des opérations non budgétaires, le surplus
prévu demeure au même niveau que lors du discours sur le budget,
soit 750 000 000 $. En regard des opérations de financement, la
variation de la dette à long terme pour l'année financière
1989-1990, prévue à 750 000 000 $ au moment du discours sur le
budget, demeure inchangée. La prévision pour les nouveaux
emprunts a été révisée à la hausse de 315
000 000 $, soit de 2 115 000 000 $ à 2 430 000 000 $. Ces nouveaux
emprunts accrus permettront, en premier lieu, d'effectuer des remboursements
d'emprunts plus élevés de 285 000 000 $.
La principale cause de cette révision des remboursements
d'emprunts est que le gouvernement se prévaudra de la possibilité
de renégocier certains emprunts à des conditions plus
avantageuses et le second facteur est une révision à la hausse de
100 000 000 $ de la prévision des remboursements d'obligations
d'épargne au cours de l'année 1989-1990.
Les nouveaux emprunts accrus permettront, en deuxième lieu, de
combler un besoin de financement additionnel de 30 000 000 $ résultant
de l'amortissement de la variation du change étranger, à la suite
du raffermissement du dollar canadien.
Alors, c'est un peu le résumé, M. le Président, de
cette Synthèse des opérations financières qui, comme vous
le savez, est un document qui revient périodiquement pour faire le
point, dans ce cas-ci pour le deuxième trimestre, et pour faire le point
également sur la situation cumulative pour les deux premiers trimestres,
c'est à-dire entre le 1er avril 1989 et le 30 septembre 1989.
Alors, la raison de notre réunion, c'est d'éplucher un peu
ce document. Je pense qu'il est assez simple dans le sens suivant, c'est qu'il
n'annonce pas des changements drastiques, du moins dans les prévisions,
dans la photographie qui a été prise le 30 septembre 1989 de
l'exercice financier se terminant le 31 mars 1990. Il n'indique pas de
changements dans l'ensemble des revenus. Il n'indique pas de changements dans
l'ensemble des dépenses. Il n'indique pas de changements dans le
déficit prévu. Il n'indique pas de changements dans les
opérations non budgétaires. Il n'indique pas de changements dans
les besoins financiers nets. Il indique certains changements à
l'intérieur de ces groupes, si vous voulez, mais qui, en somme,
trouveront normalement leur réconciliation à la suite des mesures
que nous prenons, même actuellement, afin de faire en sorte que ce
tableau qui est la photographie, encore une fois, de l'état de la
situation au 30 septembre 1989 quant à ces prévisions, demeure le
plus près possible de la réalité que nous
connaîtrons à la fin de l'exercice financier. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Est-ce qu'il y a des membres de l'Opposition qui veulent faire des
remarques préliminaires? M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Oui, M. le Président, je vous remercie.
Je voudrais d'abord, au début de cette année, saluer le ministre
des Finances et tous ceux qui l'accompagnent. C'est une nouvelle année.
Je pense bien que les membres de la commission ici, comme lui-même et ses
gens, sont dans d'excellentes dispositions pour l'année 1990 et que nous
aurons des échanges très fructueux Ici, autour de cette table.
Alors, c'est bonne année et, en même temps, bonnes
résolutions à tous!
M. Levesque: Merci et nos voeux vous accompagnent.
M. Léonard: Merci bien. Je voudrais simplement dire que si
nous sommes ici, c'est aussi pour renseigner le public et étudier une
situation qui les concerne et qui les concernera durant toute l'année,
possiblement aussi dans les années qui vont venir. J'imagine aussi que
la discussion que nous allons tenir sera de nature à éclairer le
prochain discours sur le budget, normalement. J'ai bien compris que le ministre
des Finances, au début de son intervention, a dit ou a men-
tionné que nous étions ici pour examiner la
Synthèse des opérations financières du gouvernement, la
dernière étant celle du 30 septembre, qui nous est arrivée
vers la fin de novembre, autour du 30 novembre ou à peu près. (14
h 30)
Alors, je voudrais simplement dire qu'à notre sens le mandat de
cette commission est plus large que celui d'examiner uniquement la
Synthèse des opérations financières. À l'article
292, en vertu duquel nous siégeons, il est dit ceci: "À chaque
trimestre, la commission du budget et de l'administration consacre une
séance à l'étude de la politique budgétaire du
gouvernement et à révolution des finances publiques." Alors, je
pense que c'est important de le mentionner parce qu'il me semble qu'en faisant
cela, nous ne devons pas nous attacher seulement au passé. Nous ne
devons pas nous attacher uniquement à la Synthèse des
opérations financières, même si elle est récente, ni
même au dernier discours sur le budget; au fond, c'est l'avenir qui nous
intéresse tous ici et c'est l'avenir qui intéresse la population
du Québec.
Si on faisait des rétrospectives dans le passé, on
pourrait trouver toutes sortes de pourcentages qui ne seraient pas
nécessairement à l'avantage de ceux qui en citent quelques-uns
actuellement. Alors, je voudrais... C'est une note que je voulais faire parce
qu'à mon sens il faut que nos débats débordent le
passé pour essayer d'envisager d'un peu plus près l'avenir des
opérations financières et de la politique budgétaire du
gouvernement. Je le dis en toute amitié pour le ministre des Finances et
j'espère bien que nous aurons des échanges très fructueux,
rapides, courts, synthétiques mais qui vont droit au coeur du sujet.
Alors, M. le Président, je pense que nous aurions
intérêt, par exemple, à avoir certaines questions et
à avoir des réponses rapides. Je ne sais pas si le ministre des
Finances voudrait se prêter de bonne grâce à répondre
à ces questions. La première que je poserais porte sur le
déficit. Il nous a dit que la Synthèse des opérations
financières n'impliquait pas que le niveau de déficit
prévu au discours sur le budget d'avril dernier ou de mai dernier
changeait. Donc, il s'agit bien d'un niveau de déficit de i 500 000 000
$ qui est apparu dans le discours sur le budget. ce chiffre est toujours celui
qui apparaît, effectivement, dans la synthèse des
opérations financières du 30 septembre dernier. mais, depuis, il
a coulé de l'eau sous les ponts. ii y a eu une sécheresse cet
été qui a eu quelque influence sur les revenus du gouvernement
mais, quand même, au cours de l'automne, il s'est produit des choses et,
différents éléments de la statistique nationale, soit
fédérale, soit à québec, nous l'indiquent, il y a
eu des articles de journaux qui posaient la question sur le déficit.
est-ce qu'actuellement - m. le ministre des finances et le conseil des
ministres, sûre- ment, se sont penchés sur la question - on
maintient le niveau du déficit à 1 500 000 000 $?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, avant de
répondre à cette question-ci, je veux seulement faire remarquer
au député de Labelle que nous sommes aux remarques
préliminaires et qu'il a 20 minutes et que dans le cadre du débat
comme tel, il n'aura que dix minutes. Si je comprends bien, vos remarques
préliminaires sont sous la forme d'interrogations au ministre, M. le
député de Labelle. Est-ce que c'est exact?
M. Léonard: M. le Président, je pense qu'à
ce stade-ci j'ai fait les remarques préliminaires que j'avais à
faire, dans le sens où le mandat de la commission est plus large que
celui d'examiner uniquement la Synthèse des opérations
financières et qu'on doit examiner toute la politique budgétaire
du gouvernement.
Discussion générale
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que d'autres
députés veulent faire des remarques préliminaires? S'il
n'y a pas d'autres remarques préliminaires, vos remarques
préliminaires étant terminées, M. le député
de Labelle, nous passons au débat comme tel. Effectivement, vous avez
raison, le débat, ici, doit être un peu plus large, puisqu'il
comprend l'évolution des finances publiques. Alors, vous avez maintenant
un temps de parole de dix minutes et je devrai céder la parole,
après, aux ministériels. M. le ministre, vous avez dix minutes
pour répondre à chacune des questions qui vous seront
posées.
M. Levesque: Dix minutes pour répondre à
celle-là?
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre.
Effectivement, vous avez dix minutes, M. le ministre des Finances
M. Levesque: Ha, ha, ha! Je vais vous lire les premières
pages, d'abord, en réponse.
M. Léonard: M. le Président, je compte sur la bonne
volonté du ministre des Finances pour enclencher un débat qui
soit instructif pour l'ensemble de la population du Québec. Je pense
qu'il pourrait toujours dire: Dans la Synthèse des opérations
financières, c'est encore écrit, 1 500 000 000 $. Si je
comprends, c'est l'état de la question qu'il a fait dans ses remarques
préliminaires. Mais je dis que, depuis ce temps, il s'est passé
un certain nombre d'événements, un certain nombre de
déclarations, notamment, celle du premier ministre qui a dit, dans son
discours inaugural de la session, à la fin de novembre, qu'il visait
à maintenir le déficit à 1 500 000 000 $. Je pense que,
dans ce contexte,
il y a eu aussi un certain nombre d'articles de journaux, de
déclarations, etc. Je pense que nous devons être rassurés
sur le niveau du déficit du gouvernement, tel que prévu à
ce stade-ci par le ministre des Finances au nom du Conseil des ministres.
Maintient-il toujours, à ce stade, que le déficit sera de 1 500
000 000 $?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, je tiens tout d'abord
à vous dire que je désire coopérer avec la commission, si
tel est le voeu de cette dernière, pour essayer d'avoir ce genre de
dialogue. Cependant, M. le Président-Une voix: ...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je m'excuse de vous interrompre dans votre
conversation, mais...
Le Président (M. Lemieux): ...réglementaire, m. le
ministre des finances.
M. Levesque: II faut bien se comprendre au début de
l'exercice. Je n'ai aucune objection à répondre aux questions de
l'honorable député de Labelle, surtout cette dernière qui
pourrait avoir une réponse assez laconique, mais il faut savoir
exactement où l'on va avec ce genre de discussion. Est-ce que chacun des
membres de la commission va procéder à une série de
questions comme celle-là? Est-ce qu'il y a une limite de temps?
Qu'est-ce qui se passe, là?
Le Président (M. Lemieux): II est évident, M. le
ministre, que le temps de parole qui est accordé à un
parlementaire dans le cadre de ce débat est d'une durée de dix
minutes et j'ai à favoriser le débat. Alors, j'aurai à
décider à un certain moment donné. Si le
député - par exemple, de Labelle - décidait de poser 25
questions dans sa période de dix minutes qui couvriraient un temps
peut-être de trois heures, il est évident, comme président,
que j'aurai à intervenir pour faire en sorte que les autres
députés qui aimeraient intervenir puissent intervenir et puis que
cela puisse se faire. la procédure à suivre actuellement, une
procédure qui a été dictée par la commission de
l'assemblée nationale et par une décision de l'ancien
député péquiste de bellechasse, est dans le sens que c'est
une intervention, des remarques préliminaires de vingt minutes, dix
minutes de part et d'autre, en respectant la règle de l'alternance et
surtout en favorisant le débat en termes d'équité et de
répartition du temps des députés. c'est ce qui fait que je
laisse m. le député de labelle aller. si j'en arrive à la
conclusion que M. le député de Labelle pose une série de
questions qui font en sorte que les autres parlementaires se verraient
privés de leur droit de parole, je devrai céder la parole au
député ministériel et revenir, par la suite, au
député de l'Opposition.
Est-ce que ça vous convient, M. le ministre des Finances? Vous
comprenez bien le sens de mon intervention, M. le député de
Labelle?
M. Léonard: Oui. Je pense que l'objectif, c'est d'arriver
à éclairer la population. Je n'ai pas l'intention d'abuser de mon
temps ou bien de poser 50 questions, une à la suite de l'autre. Je
suppose aussi que le ministre des Finances va répondre de façon
succincte à ces questions qui visent à établir la base de
nos discussions par la suite. Donc, je pense qu'il y a des chiffres sur
lesquels on doit s'entendre pour, après, discuter de la politique
budgétaire du gouvernement. Là, on pourra différer
d'opinion, mais il y a des questions de chiffres qu'il faut établir en
partant. C'est dans ce contexte que je posais ma question.
M. Levesque: Alors, dans ce contexte-là, je dois
répondre à la question du député de Labelle qui
veut savoir si ce déficit-là, prévu au début, lors
du discours sur le budget, réitéré, si vous voulez, dans
la Synthèse que nous avons devant nous, au 30 septembre dernier, tient
toujours comme objectif. Je dis: Oui, et c'est bien simple, parce que, pour
nous, c'est extrêmement important de s'en tenir, le plus près
possible du moins, à ces prévisions particulièrement en ce
qui touche le déficit. Le déficit comporte, si on le
dépasse, souvent et généralement, sauf lorsqu'il s'agit
peut-être de profits qui ne font pas partie de recettes au
gouvernement... Généralement parlant, lorsqu'on laisse le
déficit s'accroître, c'est clair qu'il y a des dangers que
croissent parallèlement les besoins financiers nets du gouvernement. Et,
à ce moment-là, cela veut dire des emprunts pour rencontrer ces
besoins financiers nets. Cela veut dire des emprunts qui font en sorte
d'augmenter la dette directe du Québec non seulement pour l'année
en cours, mais pour les années à venir.
Si on répète cet exercice-là
régulièrement - et je n'ai pas l'intention de revenir sur le
passé, comme m'invitait à ne pas le faire l'honorable
député de Labelle - je dis que le problème majeur auquel
nous devons faire face aujourd'hui dans l'administration et la gestion de la
chose publique au Québec, c'est l'endettement qui a été
accepté, qui a été encouragé presque, au cours de
certaines années. Et, si nous avons mis de l'avant que nous avions des
prévisions de revenus x, des prévisions de dépenses y et
un déficit z, je dis encore, au moment où je vous parle, le 17
janvier...
Une voix: 18.
M. Levesque: ...18 janvier? Excusez-moi. Le 18 janvier 1990, je
dis que nos objectifs n'ont pas changé quant au déficit de 1 500
000 000 $. Il va falloir attendre, cependant, au 31 mars prochain et même
un peu plus loin - parce qu'on sait que les livres ne ferment pas, comme une
porte étanche, le 31 mars - il va falloir attendre quelques semaines
pour enfin avoir une meilleure idée de la façon dont nous avons
réussi à maintenir ce déficit. L'an dernier, nous avons
attendu. C'était 1 600 000 000 $. Au bout de quelques semaines, on s'est
aperçu que c'était, si ma mémoire est fidèle, 1 613
000 000 $. Bon. Alors je dis que l'an dernier nous avons respecté
l'objectif. Cette année, c'est plus difficile. Je ne le cache pas. Je
n'essaie pas de sous-estimer les problèmes que nous connaissons. Au
contraire, il y a une pression sur les dépenses, une pression sur les
revenus qui fait en sorte que nous sommes obligés de prendre certaines
mesures, d'exercer une discipline encore plus rigoureuse, d'avoir une vigilance
accrue pour être sûrs d'arriver à ces résultats.
Mais, au moment où je vous parte, je maintiens ces objectifs.
M. Léonard: M. le Président, je prends la parole du
ministre à l'effet qu'il y a quelques nuages à l'horizon, mais
qui ne sont pas de nature à changer de façon significative le
niveau du déficit. Quand on parle de l'ordre de 1 % - si je comprends,
13 000 000 $ l'an passé par rapport à un déficit de 1 600
000 000 $ - je pense que cela s'entend. S'il n'y avait que ça comme
différence en fin d'année, 15 000 000 $ de différence par
rapport aux prévisions, c'est ce que j'appelle une différence non
significative et je l'admets.
Cependant, comme il a dit qu'il y avait de la pression, par exemple, au
niveau des revenus, j'aimerais lui poser un certain nombre de questions
auxquelles vous répondrez en bloc si vous voulez. Sur ce niveau de
revenus que vous percevez, je pense qu'il y a des signes de ralentissement
économique - vous les avez évoqués au début dans
vos notes préliminaires - qui peuvent être de nature à
influencer le niveau des revenus qui arrivent au gouvernement. Par exemple, il
a été question, fin novembre, début décembre, des
revenus en provenance d'Hydro-Québec. Il y avait une estimation des
pertes de 100 000 000 $ à l'époque et, dans certains articles, on
a vu aussi que c'était 100 000 000 $ par trimestre. Donc, ma question,
c'est: Est-ce que les pertes de revenus en provenance d'Hydro-Québec
sont de 100 000 000 $ ou de 400 000 000 $ par rapport à ce qu'elles
étaient estimées? Première question. , (14 h 45)
Deuxième question, si vous me permettez. Les statistiques, en ce
qui concerne l'emploi, démontrent qu'on n'a pas atteint les objectifs
qu'on pensait et qu'il y a eu un ralentissement certain dans l'emploi. Par
exemple, le gouvernement estimait qu'il créerait cette année 63
000 emplois, ce qui était moins que les 100 000 par année qu'on
voulait atteindre, mais 63 000, compte tenu d'un ralentissement escompté
de l'économie. Mais la réalité statistique démontre
que nous en sommes à l'heure actuelle à plus ou moins 30 000, 31
000. Il y a encore une croissance d'emplois, mais 30 000 emplois, c'est quand
même un élément qui commence à compter pour les
revenus du Québec, les revenus d'impôt etc., qui ont aussi leur
répercussion sur la consommation. Comme nous percevons, le Québec
perçoit des revenus significatifs sur la consommation, est-ce que cette
diminution ou ce ralentissement de la création d'emplois va avoir un
effet significatif sur les revenus du gouvernement du Québec?
Troisième élément, ce sont les faillites au
Québec. Or, les faillites au Québec ont augmenté de
façon très importante au cours des derniers mois, notamment des
dix derniers mois, si on prend le 1er janvier jusqu'à la fin octobre.
L'ensemble des faillites d'affaires au Québec: il y a eu 2868 faillites
d'affaires au Québec entre les mois de janvier et octobre 1989, soit une
progression de près de 15 % par rapport à la même
période 1988. Les pertes totales associées aux faillites
d'affaires au Québec sont d'un montant de 676 000 000 $ pour cette
période, soit une progression de près de 52 %, par rapport
à 1988.
En Ontario, si on compare juste pour se situer, le nombre de faillites a
diminué de 4,2 % entre 1988 et 1989 et la croissance des pertes a
été de seulement 2,1 %. Donc, quand même une croissance
beaucoup moins significative au Québec, où l'on trouve une
augmentation du montant des faillites de 52 %.
Si nous prenons ces trois éléments, M. le ministre - la
diminution des revenus prévue en provenance d'Hydro-Québec, le
fléchissement de la création d'emplois, l'augmentation du nombre
de faillites, tant en nombre qu'en montant - est-ce que vous ne pensez pas
qu'il s'agit là d'éléments qui vont affecter les revenus
totaux du Québec?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Léonard: ...d'éléments significatifs?
M. Levesque: Alors, M. le Président, ce que me demande
présentement le député de Labelle, c'est quelle est la
situation des... Étant donné que l'objectif de déficit
demeure, étant donné le fait qu'il y a un ralentissement,
qu'est-ce qui arrive des revenus? Est-ce qu'ils sont un peu affectés
à la baisse? Bien, la réponse, évidemment, elle ne sera
définitive que lorsque nous arriverons au terme de l'exercice Et je le
dis dans le sens des prévisions et de la situation au
30 septembre, au moment de la synthèse, parce que là, ce
sont des chiffres définitifs, avec évidemment la connaissance
plus ou moins exacte que je puis avoir au moment où je réponds
à la question. On comprendra que, quand on n'a pas les chiffres
officiels, on a le quotidien, si vous voulez, qui peut nous donner les
indications de ce que sera le résultat final.
D'abord, II faut dire que, dans les revenus, il y a les revenus dont on
doit tenir compte avec les nouvelles conventions comptables, des revenus des
sociétés d'État, dont Hydro-Québec. On peut avoir
les recettes plus ou moins comme prévu. On peut avoir cependant - et je
fais la distinction entre recettes et revenus - des revenus qui, malgré
des recettes qui se comparent aux prévisions, ne se comparent pas
nécessairement, étant donné qu'il faut tenir compte des
résultats des sociétés d'État dont les
résultats sont maintenant intégrés à l'ensemble des
opérations du gouvernement.
Alors, c'est avec ça comme arrière-scène -
"background", comment dis-tu ça en français? - que je donne la
réponse. parce que je ne peux pas, à ce moment-ci, savoir comment
chacune des sociétés d'état va conclure son année
financière. je n'ai pas encore eu les résultats
définitifs. cela étant dit, je peux répondre à la
question concernant hydro-québec parce qu'elle était assez
précise. au moment où je vous parle, les prévisions que
nous avions, qui étaient de l'ordre 640 000 000 $ quant au
bénéfice annoncé dans le discours sur le budget,
d'après ce que nous savons présentement, ce
bénéfice serait réduit d'environ 100 000 000 $, tel que
vous l'avez d'ailleurs vous-même mentionné selon les sources
où vous avez puisé votre information qui était justement
dans ta synthèse. alors, ça n'a pas changé, d'après
ce que nous en savons au moment où je vous parle.
M. Léonard: C'est 100 000 000 $.
M. Levesque: Pardon? Pas 400 000 000 $, mais 100 000 000 $.
M. Léonard: Très bien.
M. Levesque: Maintenant, encore une fois, toujours avec ce
"caveat", si vous voulez, qu'il faut attendre les résultats
définitifs des sociétés d'État, je ne suis pas en
mesure, au moment où je vous parle, de vous donner le chiffre exact de
ce qui se retrouvera dans les états financiers d'une
société d'État qui n'a même pas encore
terminé son travail de fin d'année.
On a parlé des emplois. On a parlé des ventes au
détail. Nous l'avions prévu, ça. Nous avions prévu
justement qu'il y aurait une croissance moins rapide dans les emplois. Nous
avions prévu qu'il y aurait une croissance moins rapide,
c'est-à-dire moins de mises en chantier du côté
résidentiel. Nous avions prévu également qu'il y avait du
côté des ventes au détail un ralentissement, alors il est
normal que nous notions justement les résulats de ces prévisions.
Cependant, il y a d'autres indicateurs, il y a d'autres aspects qui n'ont pas
été. abordés par le député de Labelle, par
exemple les salaires et traitements où on n'a pas connu de diminution
sur les prévisions.
Ça, c'est dans les revenus autonomes. Il y a également les
revenus provenant de transferts et, à ce moment-là, vous savez
que la situation varie dans les transferts reliés à la
péréquation selon, évidemment, la performance
économique non pas seulement du Québec, mais également des
cinq provinces qui forment la sorte de règle de base, le barème,
la moyenne sur laquelle sont fondés les paiements de
péréquation de sorte qu'il n'y a pas seulement l'économie
du Québec qu'il faut regarder, mais celle de l'Ontario, du Manitoba, de
la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique avant de pouvoir
déterminer quels sont les niveaux de transferts. Or, justement,
là il y a eu une récupération et, tout en ayant des plus
et des moins, du côté des revenus nous n'avons pas changé
nos prévisions au moment où on se parle. Autrement dit - je sais
que vous avez ça à l'esprit, ça a été
annoncé dans les médias - on veut savoir un peu qu'est-ce qui se
passe. Est-ce que c'est une obsession de déficit qui nous guide? Je
tiens à être bien clair là-dessus. S'il y a des cibles, des
objectifs du côté du contrôle des dépenses, ça
n'a rien à voir, au moment où je vous parle, avec la question des
revenus; ça n'a rien a voir avec la question des revenus.
Ce que nous disons, c'est que nous avons établi une somme globale
de dépenses pour l'année 1989-1990 qui comportait une
augmentation de l'ordre de 5,9 % à 6 % sur l'année
précédente. Nous n'avons pas l'intention de diminuer cette
augmentation, mais nous voulons la contrôler. Pour ne pas qu'on
s'emballe, il est important, justement, d'être vigilants et
particulièrement dans les mois que nous vivons aujourd'hui, avant le 31
mars, pour être en mesure de respecter cette augmentation des
dépenses de l'ordre de 5,9 % à 6 % dans la mesure du possible,
non pas à cause de revenus qui sont moindres, mais à cause de
notre souci de ne pas dépasser une augmentation qui nous paraît
raisonnable dans l'ensemble du gouvernement, lorsqu'on parle de 5,9 % à
6 % d'augmentation.
Ça, c'est au-delà de l'inflation et il n'y a rien dans les
gestes que nous posons aujourd'hui qui soit de nature à amener quiconque
à dire que les gestes que nous posons sont reliés à un
manque de revenus. Au contraire, nous pensons que nous allons atteindre les
revenus escomptés au moment où je vous parle, encore une fois,
toujours avec cette précaution qui est notre marque de commerce, je
pense. Je n'ai jamais essayé d'annoncer des choses qui ne se
réalisent
pas, autant que possible, et j'ai toutes les raisons de croire, au
moment où on se parle, que nous allons pouvoir atteindre les objectifs
fixés. Je n'en ai pas la certitude absolue, c'est exact, mais les
mesures que nous prenons relativement aux dépenses, ce n'est pas parce
que nous voulons couper dans le budget total voté par l'Assemblée
nationale, mais parce que nous voulons nous assurer que le budget voté
par l'Assemblée nationale ne dépasse pas les sommes
octroyées par cette même Assemblée.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Juste une remarque avant de passer à
une autre question. Si je comprends, si, disons, j'enregistre, le ministre des
Finances dit qu'il n'y a pas d'indication même que les revenus globaux du
gouvernement cette année seront significativement différents de
ceux qui ont été annoncés. Donc, je comprends que ce qu'il
dit, finalement, c'est qu'il nie ce qui est paru, par exemple, dans La
Presse du 12 janvier dernier, dans l'article de M. André
Pépin qui dit que la baisse des revenus par rapport aux
prévisions pourrait atteindre même 1 000 000 000 $. C'était
l'article du .12 janvier, en manchette, en tout cas, dans le journal La
Presse.
Donc, je comprends bien que le ministre ne nie pas qu'il peut y avoir
quelques différences, mais que c'est compensé par d'autres
sources de revenus plus importantes, dont la péréquation. Encore
une fois, si je comprends, c'est parce que ça va mieux dans les autres
provinces et moins blun au Québec que la péréquation rend
plus. Donc, c'est déjà un indicateur qu'effectivement il y a un
ralentissement qui serait plus important au Québec que dans les autres
provinces canadiennes, si la péréquation rend plus ici au
Québec qu'ailleurs.
Je voulais faire ces commentaires. Peut-être qu'il pourra revenir
tout à l'heure sur le 1 000 000 000 $ qui a été
mentionné dans La Presse la semaine dernière en ce qui
concerne les revenus du Québec.
M. Levesque: Je peux immédiatement vous dire que je ne
sais pas, que je n'ai pas lu l'article en question. C'est clair qu'on peut
arriver à certaines conclusions de bonne foi, mais, moi, je vous donne
les chiffres tels que je les ai au moment où je vous parte.
Peut-être est-ce de la projection pour l'an prochain, je ne sais pas,
où on aurait peut-être un peu plus de pression sur les revenus. Je
n'ai pas lu l'article et je ne suis pas à même de l'infirmer, mais
seulement le chiffre que le député vient de mettre de l'avant de
1 000 000 000 $ de moins de revenus pour l'année 1989-1990, c'est
dommage pour lui. mais je suis obligé de me dissocier de cette
affirmation.
M. Léonard: Très bien. Je comprends, mais quand
même, c'est écrit en toutes lettres, et il cite des hauts
fonctionnaires. Il dit: Au cours d'une récente réunion de
sous-ministres, tenue après les élections générales
de septembre, ces hauts fonctionnaires ont été mis au courant que
les recettes nettes du Trésor pourraient être inférieures
aux prévisions de près de i 000 000 000 $; 12 janvier 1990 dans
le journal la presse, m. andré pépin.
M. Levesque: Non. Je vais continuer parce que je n'ai pas
d'objection à essayer de clarifier les choses. Encore une fois, pour
l'année 1989-1990, ce n'est pas le cas.
M. Léonard: D'accord. (15 heures)
M. Levesque: Pour les années qui viennent, peut-être
que, lorsqu'on regarde les projections, on arrive à dire que les
prévisions que nous faisions pour les années à venir
seront peut-être affectées, en plus ou moins, mais il va falloir
attendre le budget pour que je puisse arriver avec des chiffres plus
récents. Mais pour l'année 1989-1990 je ne peux pas souscrire
à cela.
M. Léonard: Nous verrons, au moment où les chiffres
sortiront. Je suppose bien, lors du discours sur le budget, qu'on aura une
Indication suffisamment précise et il restera les états
financiers à venir. Je pense qu'au discours sur le budget, normalement,
il y a des Indications.
Alors, M. le Président, je voudrais maintenant poser des
questions en ce qui concerne les dépenses, cette fols. J'ai compris que
M. le ministre avait commencé déjà à y toucher et
qu'il avait fait le panégyrique du gouvernement, ici, en même
temps, sur le niveau de dépenses, fort bien, je comprends.
Les dépenses du gouvernement ont été fixées
à 31 000 000 000 $ pour l'année...
M. Levesque: 32 517 000 000$.
M. Léonard: 32 518 000 000 $, très bien. il est
rumeur et plus que rumeur, il y a quand même des indications très
précises à l'effet qu'il y a des décisions qui ont
été prises au conseil des ministres et soumises, je suppose, sur
recommandation du conseil du trésor, pour faire un
réaménagement très important des dépenses du
gouvernement.
En commission parlementaire ou à l'Assemblée nationale
avant Noël, vous aviez fait état des compressions
budgétaires qu'on devrait faire et des crédits
périmés qui en découlaient, qui étaient
chiffrés, selon ce que vous nous avez dit, à 1 300 000 000 $
à l'époque, donc, en comprenant les 282 000 000 $ de
dépenses payées d'avance, ce qui impliquait quand môme des
crédits périmés de 1 094 400 000 $.
Vous disiez qu'à ce moment-là on n'avait
pas encore déterminé si on pouvait attein dre ces
crédits périmés - vous les chiffrez à 1 094 000 000
$ - qu'il vous restait 249 400 000 $ à trouver pour équilibrer
votre budget et maintenir vos objectifs. Est-ce que ces objectifs sont
maintenus?
Par ailleurs, comme autre question, je voudrais vous demander s'il vous
serait possible de déposer les prévisions des crédits
périmés, ministère par ministère, comme il avait
été fait par votre prédécesseur devant cette
commission antérieurement, qui avait informé la commission des
crédits périmés qu'il y avait dans chacun des
ministères pour équilibrer le budget Est-ce que vous pourriez
nous renseigner sur cette question? Est-ce que vous pourriez déposer la
liste des crédits périmés ou, en tout cas, nous renseigner
là-dessus?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, c'était votre dernière question, votre temps
étant écoulé.
M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je pense, M. le Président, qu'à ce
moment-ci, lorsque l'on arrive du côté des dépenses et que
l'on veut aller faire une incursion de ce cotô-là, il s'agit de
faire certaines mises au point. Je veux que l'on se comprenne bien; cela ne
veut pas dire que je ne donnerai pas les renseignements que j'ai à
l'honorable député ou à la commission, mais je pense qu'il
est bon de commencer par bien établir les responsabilités de
chacun.
Je sais que l'Opposition veut savoir un peu la liste des secteurs
gouvernementaux où il y aurait eu certaines compressions, le montant des
compressions et continuer dans ce sens-là jusqu'à
épuisement du stock. La question a été posée
directement au président du Conseil du trésor, M. Daniel Johnson,
au cours de la commission plénlère du 20 décembre dernier.
M. Johnson a refusé d'identifier les secteurs concernés en se
basant sur le fait qu'il s'agit d'une décision du Conseil du
trésor - on comprends bien, une décision du Conseil du
trésor - et qu'en vertu de l'article 30 de la loi d'accès
à l'information le Conseil du trésor peut refuser de confirmer
l'existence même de ces décisions.
Comme le président du Conseil du trésor, je n'ai pas
l'intention de répondre à une question à laquelle il a
refusé de répondre et qui ne relève pas de la
responsabilité directe du ministre des Finances. Il faut bien comprendre
que la responsabilité du ministre des Finances, telle que définie
par la Loi sur l'administration financière... Et si on prend la Loi sur
l'administration financière, c'est clairement établi dans cette
loi. Qu'est-ce que le ministre des Finances a pour fonctions? "D'effectuer des
recherches et de conseiller le gouvernement en matière de politique
économique, fiscale et budgétaire; de présenter les
prévisions budgétaires à l'Assemblée nationale et
de proposer les voles et moyens; de gérer le fonds consolidé du
revenu et la dette publique; de voir à la préparation des comptes
publics; de surveiller, contrôler et gérer tout ce qui se rattache
aux affaires financières du gouvernement et qui n'est pas assigné
par la loi ou par arrêté du gouvernement au Conseil du
trésor, à un autre ministre ou au Vérificateur
général; de contrôler et diriger le bureau
général de dépôts du Québec; de s'acquitter
des autres devoirs que lui assigne toute autre loi ou le gouvernement."
Voilà la responsabilité légale du ministre des
Finances.
Et à cela il faut ajouter un décret. On se rappellera que
le chef de l'Opposition, alors qu'il était ministre des Finances, avant
les élections de 1981, portait un autre chapeau - au moins un - qui
était celui de président du Conseil du trésor, sans
oublier auparavant celui de ministre du Revenu. Mais... Et ministre responsable
de l'administration, je crois, de l'administration financière.
Enfin...
Ce personnage, le chef de l'Opposition actuel, avait fait adopter un
autre règlement. Parce qu'à ce moment-là il perdait la
responsabilité directe du Conseil du trésor. Et voici ce que dit
le règlement 1239-81: Les enveloppes budgétaires totales de
chacun des ministères et le coût des mandats monétaires aux
tables de négociation collective doivent être approuvés par
le ministre des Finances. Ce n'était pas long, mais cela voulait dire
clairement qu'il voulait au moins garder la responsabilité quant aux
enveloppes globales. Mais jamais il n'a exigé la responsabilité
de l'administration quotidienne, que l'on retrouve d'ailleurs dans la
même Loi sur l'administration financière, pour le Conseil du
trésor.
J'invite les députés, lorsqu'ils auront l'occasion de le
faire, à lire justement les responsabilités du Conseil du
trésor qui exerce les pouvoirs du gouvernement en ce qui concerne
l'approbation des plans d'organisation, des organismes, etc., les pouvoirs qui
sont conférés au gouvernement en ce qui concerne
l'élaboration, l'application de la politique administrative
générale, la Loi sur le régime de retraite des
fonctionnaires. Il est chargé de soumettre au Conseil exécutif un
projet de prévisions budgétaires. Il analyse les implications
financières des plans et programmes, etc. On sait ce que fait le Conseil
du trésor. C'est une responsabilité, justement, qui est celle du
président du Conseil du trésor et du Conseil du trésor en
son ensemble et du secrétariat du Conseil du trésor. On sait que
cet organisme a des fonctions bien précises qui touchent, justement, la
question que vient de me poser le député de Labelle. Le Conseil
du trésor est chargé de la gestion administrative et
financière courante, de la préparation des prévisions de
dépenses et de leur contrôle. En d'autres mots, le ministre des
Finances est responsable des grandes enveloppes de dépenses alors que le
Conseil du trésor est
chargé de leur gestion proprement dite, gestion quotidienne.
Maintenant, je sais que le député de Labelle voudrait
savoir ce qui s'est passé et ce qui se passe pour les compressions,
savoir s'il y a eu des gels de crédits, comme on l'avait
mentionné, pour le 5 décembre dernier. Ce que je peux vous dire,
c'est qu'il n'y a pas eu de gel de crédits dans mon ministère le
5 décembre dernier. Je suis au courant et je suis responsable de mon
ministère, il n'y a pas eu de gel de crédits. Quant à
savoir s'il y a eu des gels dans d'autres ministères, à cette
date, je ne peux que vous renvoyer aux réponses fournies par le
président du Conseil du trésor de qui relève cette
responsabilité, d'après la Loi sur l'administration
financière.
Sans entrer dans tous les détails, ce que le gouvernement a
décidé de faire en décembre - j'ai dit que je vous
répondrais et je vous réponds - c'est d'encadrer de façon
encore plus rigoureuse, d'ici à la fin de l'année
financière, les gestes administratifs du gouvernement:
possibilité d'engager, de contracter et de subventionner. En d'autres
mots, afin de respecter l'objectif de dépenses - je le dis encore une
fois, l'objectif de dépenses, pas question de diminuer les
dépenses dans leur ensemble, le total des dépenses
approuvées par l'Assemblée nationale - encore une fois, afin de
respecter l'objectif de dépenses, le Conseil du trésor a
demandé aux ministères et organismes d'examiner encore plus
attentivement leurs dépenses avant de les effectuer. Les
économies pouvant résulter de cet exercice seront connues
probablement dans quelques semaines chez nous.
À ma connaissance, personne, au gouvernement, ne peut les fournir
au moment où je vous parle. Cependant, je peux vous affirmer que les
instructions données font en sorte que tous les besoins essentiels des
ministères sont et seront rencontrés. Pas question d'être
alarmiste et de penser qu'on a fait une opération. La seule
opération que l'on a faite, c'est de nous assurer, dans la mesure du
possible, de respecter le total des crédits votés par
l'Assemblée nationale. Si vous nous avez voté 32 518 000 000 $,
on aimerait être capable de respecter ce montant. Et pour y arriver,
parce qu'on voyait qu'il y avait peut-être danger à l'horizon,
nous avons demandé à chacun des ministères de
coopérer, afin, justement, que, dans l'ensemble...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le ministre
des Finances.
M. Levesque: ...on ne dépasse pas les sommes votées
par le législateur.
Le Président (M. Lemieux): Merci M le député
de Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci, M lo Président Vous me permettrez de
revenir là où le député de Labelle avait
commencé son deuxième propos parce que, évidemment, je
m'associe à son premier propos à l'endroit de tous et chacun
d'entre nous en ce qui concerne cette nouvelle année qui commence et
aussi à l'endroit de tous les employés du ministère des
Finances qui accompagnent le ministre ici. le député de labelle,
dans sa première question, mentionnait et cherchait à savoir,
avec justesse je pense, si le ministre des finances entendait conserver, comme
il l'a fait au moment du discours sur le budget, sa position initiale, à
savoir que son déficit - le déficit et non pas son
déficit, ce n'est pas son déficit personnel, c'est le nôtre
aussi un peu, beaucoup - le déficit du gouvernement s'établissait
encore aujourd'hui à 1 500 000 000 $. la réponse du ministre a
été oui. a partir de là, personnellement, ce que je trouve
encore plus révélateur en ce qui concerne l'aspect
déficitaire d'un gouvernement passe d'abord et avant tout, dans mon
esprit, par les besoins de ce gouvernement ou de quelque gouvernement que ce
soit, par ses besoins financiers nets. la question qu'aurait pu poser le
député de labelle aurait pu être celle-ci: est-ce que le
gouvernement, qui a déjà proposé dans le discours sur le
budget un montant quant à ses besoins financiers nets, entend conserver
le même montant? l'ordre de grandeur de ce montant, m. le ministre, je
crois qu'il était de 750 000 000 $. on le retrouve d'ailleurs dans la
synthèse des opérations financières, au tableau 5. (15 h
15)
Le fait de conserver les besoins financiers nets du Québec
à 750 000 000 $ implique que nous nous retrouverons, si cet objectif non
seulement est maintenu mais est rendu à terme à la fin de
l'exercice financier, dans une situation où nos besoins financiers nets
seront l'équivalent de ceux d'il y a à peu près 16 ou 17
ans. On retrouve à... Peut-être que le ministre... Enfin, je
présume, compte tenu de l'expérience du ministre, qu'il pourrait
plus facilement que moi déterminer même l'année juste dans
laquelle ce montant de 750 000 000 $ de besoins financiers nets d'un
gouvernement a pu la dernière fois se réaliser au Québec.
Le ministre étant notre parlementaire le plus aguerri et le plus
expérimenté, je suis certain qu'il pourra se souvenir de
cela.
Il n'en demeure pas moins que l'objectif gouvernemental de limiter les
besoins financiers nets, donc les besoins d'emprunt d'argent par le
gouvernement, correspond à ce désir profondément ressenti
et à une conviction profondément partagée par les membres
du parti ministériel à tout le moins et par une grande partie de
la population, j'ajouterai, à l'effet que nous ne pouvons plus faire en
sorte de pelleter sur des générations à venir, de pelleter
sur la jeunesse du Québec des étranglements financiers, des
contractions budgétaires, des opérations qui feront
en sorte que les jeunes, ceux qui viendront, seront aux prises avec des
dépenses d'Intérêts encourues par des gouvernements
précédents, peu importe et quels que soient ces gouvernements,
des dépenses d'intérêts pour des opérations
courantes, des dépenses d'opérations courantes.
Malheureusement, au-delà de 12 000 000 000 $ à 14 000 000
000 $ de ces opérations courantes ont été financés
à long terme, donc directement en créant une pression sur les
besoins financiers nets du gouvernement, particulièrement entre 1977 et
1984. Et c'est, en partie, la responsabilité du gouvernement actuel de
faire en sorte de limiter cette opération, d'autant plus que la
crédibilité politique du gouvernement actuel repose en grande
partie, me semble-t-il, sur sa capacité de bien gérer les
finances publiques. Les gens ne sont pas fous. Ils savent que, lorsqu'on a un
budget, on ne peut pas, ad infinitum, jusqu'à l'infini, dépenser
plus d'argent qu'on n'en reçoit. Les gens sont prêts et veulent
que leur gouvernement fasse des investissements et même fasse des
emprunts pour financer les immobilisations de leur gouvernement, mais ils
s'opposeront toujours, à juste titre, à des dépenses
financées à long terme, des dépenses d'opérations
courantes.
Dans le tableau 4 que vous nous présentez, M. le ministre, dans
la synthèse du 30 septembre 1989, il ne faut pas l'oublier, on est au 30
septembre 1989, l'opération que nous menons est un peu comme celle de
travailler dans une machine à remonter le temps, on revient à
presque six mois avant là où nous sommes aujourd'hui. Je souhaite
que nous puissions, le plus rapidement possible, passer à l'étude
de la synthèse des opérations budgétaires du 31
décembre, mais probablement devrons-nous encore attendre quelque temps
avant d'y arriver. Je suis obligé de dire que depuis quatre ans,
maintenant, c'est avec plus de célérité que le
ministère des Finances nous amène à des opérations
financières trimestrielles.
M. le ministre des Finances, dans les opérations non
budgétaires, on remarque que les sociétés d'État...
On prévoit et on voit qu'il y a une baisse des bénéfices
des sociétés d'État. J'aimerais comprendre comment on fait
pour organiser la compensation de cette baisse de bénéfices pour
rendre le total des opérations non budgétaires au même
niveau que celui qui est escompté au moment du discours sur le budget.
Il n'y a pas bien bien des moyens: il peut y avoir une baisse du dividence, il
peut y avoir... J'aimerais que vous m'indiquiez un peu comment cette
opération se fait.
J'ajoute que, quant à la problématique plus globale que je
soulevais à l'égard des besoins financiers nets du gouvernement,
donc de ses opérations d'endettement, ses besoins en termes de nouveaux
emprunts, il y a une conciliation dans le tableau 5 de la Synthèse des
opérations financières sur laquelle j'aimerais peut-être
avoir plus d'éclaircissements. a l'élément 2, variation de
la dette à long terme, nous retrouvons, dans le discours sur le budget,
2 115 000 000 $ et, dans les prévisions révisées, 2 430
000 000 $. donc, il y a évidemment un écart, un écart de
315 000 000 $. je suis rendu à la synthèse, le tableau 5. j'avais
une question sur le tableau 4 et une autre question sur le tableau 5.
Vous nous avez dit, en guise de préambule, que 285 000 000 $
d'emprunts étaient pour être encourus par le gouvernement afin de
rembourser les emprunts passés. Est-ce que vous pourriez un peu
élaborer sur cette initiative du gouvernement, d'une part? D'autre part,
vous avez parlé de 100 000 000 $ d'obligations d'épargne. Est-ce
que je dois ajouter les 100 000 000 $ d'obligations d'épargne aux 285
000 000 $ d'emprunts dont on anticipe le paiement? Et pourquoi devons-nous
payer 100 000 000 $ d'obligations d'épargne supplémentaires?
Autre question: Est-ce que ce serait parce que d'autres véhicules
financiers offrent des taux d'intérêt supérieurs à
ceux que nous offrons? J'aimerais comprendre un peu quelle est la
problématique. Vous pourriez peut-être, M. le ministre, nous
identifier certains de ces emprunts-là que le gouvernement a
décidé de financer, que le gouvernement a décidé
d'amortir plus rapidement. Pour commencer, en tout cas, M. le Président,
peut-être que le ministre pourrait répondre à quelques-unes
de ces questions.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste deux minutes, M.
le député de Saint-Louis. M. le ministre.
M. Levesque: oui, parce que vous en avez toute une série
et je...
M. Chagnon: j'ai commencé... probablement pris sous le
coup de la façon de procéder du député de Labelle,
j'ai été inspiré. J'ai un peu pris la même approche
et...
M. Levesque: II est certain que la pluie des questions va
peut-être devoir vous ramener à identifier certaines de ces
questions-là. Il y en a une qui touchait - commençons par
celle-là -les...
M. Chagnon: Je peux peut-être vous les...
M. Levesque:... besoins financiers. Non, je vais y aller. Ce
à quoi je ne répondrai pas, vous reviendrez à la charge,
si vous voulez. Ça me permet quelquefois, cependant, d'insister sur
certains points qui me tiennent à coeur parce qu'il y a de l'information
qui, peut-être, aurait avantage à circuler. Vous savez, lorsque
l'on parle des besoins financiers nets, on parle des emprunts qui sont
nécessaires.
Une voix: le réel
M. Levesque: lorsque vous dites, dans une autre question... vous
posez des questions sur le fait que nous augmentions nos emprunts de 315 000
000 $, de nouveaux emprunts. oui, nous avons augmenté nos emprunts de
315 000 000 $, mais nous avons remboursé des dettes pour un même
montant, vous savez. alors, c'est simplement parce que nous avons pris avantage
de certaines clauses qui se trouvaient dans ces contrats d'emprunt et qui nous
permettaient de rembourser d'avance. ce que nous avons fait, c'est que nous
avons utilisé ces clauses qui nous permettent d'emprunter, oui, qui nous
permettent de rembourser et d'emprunter à la fois, mais de rembourser
pour mettre fin à cette dette, en en créant une autre à
des meilleures conditions, tout simplement. ça ne change pas l'ensemble
de la dette. et je tiens à vous dire immédiatement que, quels que
soient les efforts que nous ayons faits - et ces efforts étaient
importants - nous n'avons pas réussi, évidemment, à
rembourser, à diminuer la dene nette, directe du québec. ce n'est
pas vrai. tant et aussi longtemps qu'il y aura des déficits, il va
falloir qu'on accepte le fait qu'on n'a pas d'argent pour rembourser la dette
existante. même, on y ajoute chaque année; on n'a pas
diminué, excepté qu'on a augmenté de très peu cette
dette lorsque l'on se compare à...
Je ne veux évidemment pas faire de par-tisanerie. Je sais qu'on
est tous ici pour des fins très objectives, de part et d'autre, et on
n'a pas l'intention de jouer à la politique, ça, je sais
ça. Mais je ne peux m'empêcher de dire que le problème no
un que nous avons aujourd'hui, vous le touchez lorsque vous touchez aux besoins
financiers nets. Justement, lorsque je regarde les années passées
dans ce secteur-là, il y avait simplement pour à peu près
16 000 000 000 $, je crois, selon un tableau que j'ai devant moi Vous savez que
de 1977-1978 - on pourrait ajouter 1976-1977 aussi, parce que ça nous
mènerait encore plus... De 1976-1977 à 1984-1985, vous avez 18
000 000 000 $ de besoins financiers nets, une augmentation des besoins
financiers nets. Si c'était pour des immobilisations, on dirait: Nous
avons des choses pour répondre à ça; nous avons un actif,
là; nous avons tant d'hôpitaux, tant d'écoles de plus, tant
de.. Mais non, 14 000 000 000 $ de cela, c'était pour des
dépenses qu'on appelle des dépenses d'épicerie; on
empruntait sur 15, 20, 25 ans pour payer des salaires, pour payer des voyages,
pour payer je ne sais quoi, mais des dépenses courantes. Et nous sommes
encore là à essayer de faire face non pas au remboursement, mais
au service de la dette, et c'est ça le gros problème auquel on
doit faire face.
Mais si on s'arrêtait un moment, et c'est là que je
voudrais que l'information... Cette information-là, je pense que les
gens comprennent cela; les gens qui nous disent de gérer d'une
façon serrée, c'est parce qu'ils s'aperçoivent aujourd'hui
qu'avec les revenus que nous avons nous pourrions répondre davantage aux
besoins de la population si nous n'avions pas à faire face au service de
la dette. Ils le savent d'autant plus que le gouvernement fédéral
est dans une situation pas tellement rose quant au même sujet.
Si on se compare à l'Ontario... Il y a des gens qui disent: On
peut faire au moins comme l'Ontario. Mais on constate qu'à moins d'avoir
un niveau d'effort fiscal ou de déficit plus élevé notre
capacité de dépenser est nettement inférieure à
celle de la province voisine Pourquoi? D'abord, en raison du fardeau de la
dette que le Québec doit assumer et qui découle des choix qui ont
été faits dans le passé. Le Québec doit assumer,
par habitant, 355 $ de service de dette de plus que l'Ontario. Cela
représente un montant de 2 400 000 000 $ par année. À
cause de quoi? À cause de la dette. 2 400 000 000 $ de plus au
Québec chaque année que l'Ontario à un seul chapitre,
celui de la dette et nous sommes quoi? Quel est le revenu moyen dans chacune
des provinces? Mettez ça dans votre ordinateur! De plus, le programme de
péréquation, on dirait: Bien, le programme de
péréquation va régler ça. Non. Il ne ramène
pas la capacité fiscale de toutes les provinces à un niveau
équivalent. Il ramène la capacité fiscale des provinces
qui en reçoivent à la norme des cinq que j'ai mentionnés
tout à l'heure: le Québec, l'Ontario, le Manitoba, la
Saskatchewan et la Colombie-Britannique. Résultat: même
après péréquation, le Québec a une capacité
fiscale inférieure de 2 900 000 000 $ à celle de l'Ontario. Donc,
au total, le Québec a une capacité de dépenser
inférieure à celle de l'Ontario de 5 300 000 000 $ annuellement.
Cela signifie, en pratique, que s'il désire avoir un niveau de
déficit et d'effort fiscal comparable à l'Ontario, le
Québec devrait dépenser ou devrait s'accommoder de services de 16
% inférieurs. C'est là le dilemme, c'est là le
problème: la dette et la capacité fiscale. Les deux grands
problèmes que nous avons, auxquels nous devrons faire face. (15 h
30)
Une voix:...
M. Levesque: Je n'ai pas terminé mes réponses, si
vous me permettez. Vous avez autre chose. Vous avez posé une
question.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste deux minutes, M.
le ministre, et M le député de Saint-Louis...
M. Levesque: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): il vous reste seulement quinze
secondes.
M. Levesque: Alors, allez-y, M. le député de
Saint-Louis.
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le ministre, vous
pouvez compléter votre réponse.
M. Levesque: Est ce qu'il me reste du temps?
Le Président (M. Lemieux): Oui, il vous reste deux
minutes.
M. Levesque: Alors, pour le refinancement 1989-1990, les
refinancements optionnels projetés, parce qu'il y en a qui sont faits,
nous avons jusqu'au 31 mars 1990. On m'a demandé en quoi ça
consistait, un emprunt en dollars canadiens pour 35 000 000 $, un emprunt en
yens japonais pour 73 700 000 $, un emprunt en dollars américains pour
73 400 000 $. Et dépendamment de l'évolution des taux
d'intérêt d'ici à la fin de l'année
financière, il pourrait s'ajouter d'autres remboursements par
anticipation.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
ministre?
M. Levesque: Je pense que ça couvre pas mal tous les
sujets.
Le Président (M. Lemieux): M le député de
Saint-Louis, quinze secondes.
M. Chagnon: Alors, quinze secondes, deux questions. La
première question concernant la société d'État,
j'avais posé une question préalablement: Comment fait-on pour
compenser la baisse des bénéfices compte tenu de ce qu'on avait
déjà de fait dans les prévisions initiales? Et la
deuxième question: C'est quoi le pourcentage de l'intérêt
sur la dette au Québec par rapport à celui de l'Ontario, le
paiement de l'intérêt sur la dette pour le Québec et
l'Ontario?
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Saint-Louis? M. le ministre.
M. Chagnon: J'ai fait ça en quinze secondes.
M. Levesque: Je n'ai pas compris la deuxième question.
M. Chagnon: La deuxième, c'est: Quel est le pourcentage du
financement de l'intérêt de la dette au Québec par rapport
à celui de l'Ontario? Le service de la dette représente quel
pourcentage du budget au Québec? C'est quoi en Ontario?
M. Levesque: Par rapport aux revenus, je pense que le pourcentage
du service de la dette est à 13,6 %, je pense, ici. Est-ce qu'on a
l'Ontario? C'est 10,5 %. Il me semble que c'était moins que
ça.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: m. le président, il a parlé dix
minutes, il ne faudrait pas que ça reprenne dix minutes à
répondre à une autre question parce que...
M. Levesque: 10,5 % en Ontario et 13,6 % pour nous.
Le Président (M. Lemieux): C'est parce que, M. le
député de Labelle, M. le ministre a, pour chacune des
interventions - j'en ai fait état tout à l'heure au début
- un droit de réplique de dix minutes. Effectivement, si M. le
député de Saint-Louis prenait une heure et demie,
évidemment, je lui dirais qu'il abuse..
M. Léonard: Si je comprends, il avait un droit de
réplique par rapport à l'intervention du député de
Saint-Louis.
Le Président (M. Lemieux): Non, il pouvait avoir un ou
plusieurs droits de réplique, un peu comme vous avez
procédé au début. Vous avez posé plusieurs
questions et le ministre avait plusieurs droits de réplique. Alors, il y
aurait un droit de réplique de dix minutes. Mais je pense que vous avez
terminé votre réponse, M. le ministre?
M. Levesque: Si vous voulez. M. Chagnon:
Société d'État? M. Levesque: Là,
ça a l'air qu'on a terminé.
M. Chagnon: en fait, vous utilisez exacte ment la même
façon de procéder que le député de labelle, m. le
président. je voudrais être traité de la même
façon.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, je comprends un peu M. le député de Labelle, il vous
restait quinze secondes, vous en avez profité pour poser effectivement
deux questions. M. le ministre avait un droit de réplique de dix
minutes, mais...
M. Chagnon: Je vous rappellerai, M. le Président, que j'ai
rappelé une question que j'avais déjà posée
antérieurement concernant la compensation des sociétés
d'État.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Labelle? M. le député de La Prairie? M.
le député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. La commission est
à peu près à moitié chemin dans
sa séance de travail de cet après-midi et, malgré
les bonnes paroles de part et d'autre au début de la séance, je
ne pense pas, m. le président, qu'on ait élucidé beaucoup
d'information qui apporte des renseignements à la population, en tout
cas, qui n'en apporte pas à la deputation, au député de la
prairie. en d'autres termes, m. le ministre des finances tantôt a
décidé de ne pas répondre à une question
précise du député de labelle en disant: le
président du conseil du trésor a refusé en décembre
de répondre h ces questions-là et je ne suis pas pour
répondre. et, là, il a invoqué le mandat du ministre des
finances, mais je pense que le ministre des finances est trop modeste. je pense
qu'il minimise un peu son rôle.
Je regarde, moi aussi, certains extraits de la Loi sur l'administration
financière qui disent que le ministre des Finances doit conseiller le
gouvernement en matière de politique économique, fiscale et
budgétaire; il doit conseiller le gouvernement en matière de
politique budgétaire. Nous sommes à une séance de travail
non pas pour étudier, comme le président l'a bien fait remarquer
au début, une tranche des états financiers produits par le
ministère des Finances, mais pour étudier aussi la politique
budgétaire globale du gouvernement et l'évolution des finances
publiques. Les médias font état, depuis plusieurs semaines, de
coupures budgétaires dans différents ministères. C'est un
secret de polichinelle - même le Syndicat des fonctionnaires a pris
position récemment - que la directive a été donnée
à tous les ministères et à tous les organismes
d'État de réduire les dépenses. Le ministre des Finances
disait, le 13 décembre, au chef de l'Opposition: Oui, c'est vrai.
J'accepte qu'il y a là un problème - 249 000 000 $ - une
difficulté, c'est sûr, à laquelle nous avons à faire
face. Mais nous avons l'intention, avec le concours de nos collègues, de
faire en sorte que nous puissions absorber ces 249 000 000 $ d'ici au 31 mars
1990.
Je pense qu'on devrait, avec plus de candeur, de l'autre
côté de la table ou à l'extrémité
opposée à celle du président, admettre. Oui, nous sommes
obligés de resserrer - parce qu'on le dit de façon indirecte de
plusieurs manières depuis quelques mois, mais on n'a pas osé le
dire de façon franche avec un certain nombre de détails - oui,
nous sommes obligés d'aller chercher 249 000 000 $. Et ce manque de
candeur, ce manque d'information par voie officielle occasionne beaucoup de
confusion non seulement dans le grand public, mais aussi chez les journalistes.
Par exemple, et je saute à un exemple bien précis, celui du
ministère de l'Environnement: pas plus tard qu'hier, le 17 janvier, deux
journaux, Le Devoir et The Gazette, avaient des articles assez
étoffés sur les coupures budgétaires au ministère
de l'Environnement. On ne me dira pas qu'il n'y en a pas. Le ministre
lui-même en parle publiquement de façon abondante. Mais Le
Devoir, lui, parle de 42 postes et The Gazette de 44 postes.
La première question que Je veux poser au ministre des Finances
n'est pas: Est-ce que c'est 42 ou 44? Ce n'est pas ça. C'est: Est-ce
qu'il trouve, comme conseiller en matière budgétaire, que le
ministre de l'Environnement fait une demande raisonnable lorsqu'il demande au
Conseil des ministres, par le biais du Conseil du trésor qui n'est qu'un
comité du Conseil des ministres, quand il demande à ses
collègues de l'exempter de cette coupure de 44 ou de 42 postes? Est-ce
une demande que le ministre des Finances juge raisonnable, lui, comme
conseiller budgétaire? C'est la première question.
La deuxième question, toujours comme conseiller budgétaire
du gouvernement: Est-ce qu'il trouve normal que son gouvernement n'ait pas
rempli l'engagement pris durant la campagne électorale de verser une
somme additionnelle de 8 000 000 $ à l'Office des personnes
handicapées pour subvenir aux besoins manquants en matière d'aide
matérielle de maintien à domicile et en matière de
services scolaires d'appoint? C'est une promesse que son premier ministre
lui-même a faite durant la campagne électorale, 8 000 000 $. Aux
dernières nouvelles, l'Office des personnes handicapées non
seulement n'a pas reçu ces 8 000 000 $, mais l'Office des personnes
handicapées, comme le ministère de l'Environnement, est en train
de réduire le personnel dans ses bureaux régionaux à
travers le Québec. Je pense, M. le Président, que les
parlementaires ont le droit, que le public a le droit de savoir du conseiller
budgétaire du gouvernement de quelle ampleur est véritablement
cette coupure à l'Office des personnes handicapées, de quelle
ampleur est cette coupure au ministère de l'Environnement, deux secteurs
qui étaient jugés prioritaires par le parti ministériel
durant la campagne électorale.
M. le Président, je pense qu'on ne peut pas se satisfaire de
réponses générales venant du ministre des Finances. On ne
peut pas non plus, évidemment, accepter cette espèce de jeu de
ping-pong entre le président du Conseil du trésor et le ministre
des Finances, ce dernier disant: Puisque le président du Conseil du
trésor refuse de répondre à ça, je refuse moi
aussi. À ce moment-là, le ministre des Finances rend très
difficile le travail de l'Opposition qui est d'essayer d'élucider au
maximum les informations sur des politiques budgétaires qui affectent
des services essentiels.
Ma troisième question, la dernière, c'est sur les coupures
dans les hôpitaux. Là aussi, en dépit des belles paroles du
ministre des Finances, à moins que tous les médias ne fassent
erreur et que l'Association des hôpitaux du Québec ne fasse
erreur, tout le monde sait, comme le titre de La Presse le disait la
semaine passée: Les couloirs des hôpitaux s'encombrent au rythme
des coupures budgétaires.
Nous pensons, M. le Président, que le ministre des Finances
pourrait profiter de cette séance pour mieux éclairer non
seulement la deputation, mais surtout le grand public sur les
répercussions de ces coupures qu'il doit faire avec ses collègues
du Conseil des ministres pour aller chercher les 249 000 000 $. Quelles
répercussions ces coupures vont-elles avoir en matière de
santé et de sécurité, comme le dit son collègue le
ministre de l'Environnement, santé et sécurité qui,
actuellement, sont menacées à cause des réductions
budgétaires? A quelles conséquences peut-on s'attendre aussi dans
le réseau hospitalier de même que pour les 400 000 personnes
handicapées du Québec?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de La Prairie.
M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je veux d'abord
féliciter mon ancien confrère de classe des causes nobles qu'il
défend et qui me tiennent également à coeur. En effet, il
a touché les questions d'environnement, de personnes handicapées,
de santé. Ce sont, évidemment, des sujets qui nous tiennent
à coeur et qui font partie des priorités du gouvernement.
Lorsque je mentionnais, tout à l'heure, que dans toute cette
opération de contrôle des dépenses il n'en restait pas
moins que toutes les choses qui, comme celles-là, nous semblent
essentielles, du moins sous ces grands chapitres, il y a des choses
essentielles, eh bien, il n'est pas question de les affecter
négativement.
Qu'on me permette, cependant, de bien situer mon rôle. Si
j'extensionnais mon rôle de la façon que le voudraient certains
membres de cette commission, on n'aurait pas besoin d'un cabinet de 25 ou 30
ministres. Je serais volontaire, je passerais mon temps ici pour
répondre aux questions dans tous les domaines. J'aurais une science
infuse et universelle et j'aurais une capacité de travail,
évidemment, genre peut-être martienne, je ne sais pas, moi, un peu
"out of this world". De toute façon, ce n'est pas le cas.
Chaque ministre a ses responsabilités. J'essaie d'assumer les
miennes le mieux possible. Il est vrai que le ministre des Finances est un
conseiller budgétaire, c'est clair, parce qu'il doit, justement - et
c'est ce que je fais présentement - préparer un budget. C'est
clair que je suis un conseiller budgétaire assez
privilégié étant donné que je dois préparer
le budget annuel pour le gouvernement. C'est dans ce sens-là que la loi
prévoit que je ne suis qu'un conseiller budgétaire, mais la loi
précise les responsabilités de chacun. Le président du
Conseil du trésor a ses responsabilités et chaque ministre
sectoriel a ses responsabilités. D'ailleurs, le député de
La Prairie, qui a vécu l'expérience ministérielle, sait
fort bien que le ministre des
Finances n'avait pas à se substituer à l'exercice de ses
fonctions et à la façon qu'il administrait son budget. (15 h
45)
Cependant, le ministre des Finances doit s'assurer, dans la mesure du
possible, que le budget qu'il a mis de l'avant et qui a été
approuvé par l'Assemblée nationale est respecté, au moins
globalement, le plus possible. Je fais normalement des efforts pour que ce qui
m'est voté par l'Assemblée nationale soit suivi le plus
fidèlement possible.
Je tiens immédiatement à dire au député de
La Prairie, lorsqu'il parle des 249 000 000 $ dont je parlais, c'est que
j'avais, à ce moment-là, répondu à une question de
l'honorable chef de l'Opposition qui me disait que les sommes affectées
aux crédits périmés lui semblaient considérables.
Et j'avais fait à ce moment-là une analyse de la situation qui
m'amenait à faire état de ce qu'étaient ces
crédits. Les crédits initiaux votés par l'Assemblée
ont été de 33 186 000 000 $. Il y a eu des crédits
supplémentaires 1989-1990 pour 240 000 000 $. Le sous-total des
crédits modifiés était de 33 427 200 000 $. Il y a eu
ensuite des crédits supplémentaires numéro 2 pour 572 000
000 $, ce qui faisait des crédits modifiés de 33 999 200 000 $.
Il y a eu la variation à provisions pour pertes sur placements et
actions - ça ne change rien, c'était déjà là
- moins 104 800 000 $. Ensuite, il y avait comme sous-total 33 894 400 000 $,
bon, moins l'objectif de dépenses du discours sur le budget, 32 518 000
000 $, ce qui laissait un écart de 1 376 400 000 $.
J'avais pris ce montant de 1 376 400 000 $ en disant comment ça
se partage. Il y avait d'abord le fait qu'il faut observer - j'attire
l'attention de la commission là-dessus - que le niveau observé
des crédits périmés bruts, au cours des dernières
années, se situe à environ 2,5 % par rapport aux crédits
autorisés. C'est-à-dire que lorsqu'on cherche présentement
à dire qu'il y a bien des coupures, bien des périmés, il
faut bien se rendre compte que, bon an mal an, il y a 2,5 % des crédits
votés par la Législature qui sont périmés. Si on
prend 2,5 % des crédits ainsi votés par la Législature, on
arrive à des crédits périmés de 845 000 000 $.
Autrement dit, en 1988-1989, c'était 857 000 000 $, etc. Cette
année, c'est 845 000 000 $.
Si on ajoute à cela les 282 000 000 $ payés d'avance, par
anticipation, il ne reste que 249 000 000 $ de plus que ce qui s'est
passé dans les années antérieures. C'est ça que je
veux dire. Alors, ce sont ces 249 000 000 $ là dont on parle qui
semblent être à la base de l'inquiétude que l'on manifeste
dans certains milieux, c'est qu'il y a 249 000 000 $ de plus que d'habitude de
crédits périmés, ii faut bien dire que 249 000 000 $,
c'est moins que 1 % du budget total.
Deuxièmement, cependant, nous n'avons pas l'intention de faire en
sorte qu'il y ait 249 000 000 $ de dépenses de plus, de dépenses
nettes de plus que ce qui a été autorisé par
l'Assemblée nationale. C'est pour ça que nous avons fait en sorte
de demander aux ministères... J'avais cette demande-là qui a
été faite par le Trésor. La demande était
simplement de faire en sorte de demander aux ministères... Qu'est-ce
qu'on demandait? Il y a eu tellement d'interprétations là-dessus.
Je vais le répéter, peut-être pas le
répéter... On avait semblé utiliser le CT 172430 dans les
questions qui avaient été posées lors de la réunion
spéciale qui a eu Heu en fin de session et où le président
du Conseil du trésor a été interrogé en Chambre, en
commission plénière, je pense, sur les mesures qui avaient
été prises. Alors, qu'est-ce qui est arrivé? Dans ce CT,
le Conseil du trésor demandait à tous les ministères et
organismes d'identifier les sommes qui n'ont pas fait l'objet d'engagements
budgétaires pour la rémunération et le paiement de biens
et services, d'identifier avec le Contrôleur des finances les
crédits déjà engagés pour lesquels il n'y a pas
d'engagement formel, de faire rapport au secrétariat du Conseil du
trésor, le 18 décembre 1989...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, en conclusion.
Il vous reste une minute.
M. Levesque: En d'autres mots, c'était une demande
adressée à tous les ministères, sans exception, pour voir
la situation réelle dans les ministères, pour voir ce qui
était déjà engagé, ce qui n'était pas
engagé, ce qui était essentiel, ce qui était moins
essentiel, etc. C'est normal que des gestionnaires fassent cela afin,
justement, de s'assurer, lorsqu'on sent que c'est nécessaire de le
faire, que les prévisions soient respectées.
Maintenant, si on me permet de prendre seulement les trois sujets... Si
j'avais une minute par sujet, je pourrais peut-être essayer de
répondre au...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste environ 30
secondes, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Avec la permission de la commission, je pourrais
peut-être, en trois minutes...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement
de part et d'autre?
Une voix: Non, pas de consentement.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas de consternent.
Alors, je n'ai pas le consentement, M. le ministre.
M. Levesque: Pardon?
Une voix: Pour une fois qu'il veut répondre. Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Lemieux): Je n'ai pas le
consentement.
M. Levesque: Non? O.K.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie..
M. Levesque: On veut être renseigné et, au moment
où on veut donner des renseignements, on ne veut pas les avoir.
Le Président (M. Lemieux): ...est-ce que vous avez
terminé votre intervention, M. le député de La Prairie? Il
vous restait deux minutes.
M. Lazure: Deux minutes?
Le Président (M. Lemieux): Oui
M. Lazure: Je suis prêt à les donner au ministre des
Finances, s'il veut répondre à mes trois questions. Sinon... M.
le Président, on n'a eu de réponse à aucune des
questions.
M. Levesque: II était important, je pense, de... Dans
l'environnement, lorsqu'on examine...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances, si
je comprends bien, je n'ai pas de consentement pour que vous puissiez continuer
à intervenir Quant à M le député de La Prairie, il
lui reste encore une période de deux minutes. Je ne sais pas s'il a une
question ou s'il a terminé son temps de parole...
M. Lazure: je vais céder mon temps de parole à un
de mes collègues.
Le Président (M. Lemieux): On ne peut pas faire ça,
M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Bon, j'abandonne mes deux minutes.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je passe la parole au
député des Iles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Je trouve un peu
curieuse ta question du député de La Prairie, compte tenu qu'il a
connu l'exercice du pouvoir en tant que ministre de l'ancien cabinet. Je ne
pense pas que ce soit le rôle du ministre des Finances d'arriver et de
déterminer les coupures sectorielles dans chaque ministère. Comme
il l'a si bien mentionné, il est normal qu'il puisse déterminer
ou contrôler de très près l'ensemble des dépenses
globales Mais comme le président du Conseil du trésor l'a
mentionné en
Chambre lors de la dernière session, il va de soi que c'est
chaque ministre responsable de chaque ministère qui doit quand
même prioriser, soit des coupures, soit des programmes à
développer au niveau de son ministère. Ça, |e pense que
c'est de l'autonomie et c'est important de conserver cela.
D'autre part, j'aurais une question à trois volets au ministre
des Finances. Dans un premier temps, on entend souvent l'Opposition
décrier une soi-disant passivité du gouvernement du Québec
face au ralentissement économique qui touche le Québec. Je n'en
veux pas à l'Opposition, je pense que c'est un peu son rôle, on
ferait peut-être pareil. Sauf que, lorsque ça va bien, ce n'est
pas notre faute et lorsque ça va mal, c'est notre faute. Alors, qu'en
est-il vraiment de cette situation et qu'est-ce que le gouvernement a fait ou
va faire face à la situation qui nous préoccupe tous d'un
ralentissement économique qui nous guette de très près,
dans un premier temps?
Dans un deuxième temps, on a parlé aussi tantôt de
l'importance du contrôle d'un déficit et on a parlé de
pourcentages, etc. J'aimerais savoir du ministre des Finances combien il en
coûte aux contribuables du Québec, ou quel est le montant, dans le
budget actuel, qui est relié directement à la dépense des
intérêts sur la dette. C'est important pour les contribuables. Le
député de La Prairie, avec justesse, disait: Les gens doivent
savoir qu'est-ce qu'il en est, ce qui se passe. Cet argent-là, en fin de
compte, si on le dépense pour des paiements d'intérêts,
donc ça fait en sorte que cet argent-là n'est pas dans les
services à la population, parce qu'on doit quand même respecter
nos engagements. J'aimerais savoir du ministre des Finances quel est le montant
précis, cette année, de dépenses en paiement
d'intérêts sur la dette.
Le troisième volet, c'est reconduire la question du
député de Saint-Louis de tantôt, à laquelle vous
n'avez pas eu la chance de répondre, M. le ministre. Alors, où
est la compensation pour le manque à gagner des sociétés
d'État? On sait qu'en début d'exercice vous avez prévu des
revenus X de la part de l'ensemble des sociétés d'État et,
comme vous l'avez mentionné tantôt, il semble que certaines
sociétés, notamment Hydro-Québec, ne pourront pas livrer
la marchandise. Alors, comment la compensation va-t-elle se faire pour arriver
au même montant de déficit prévu en fin d'année?
M. Levesque: Alors, pour la dernière question, qui
était celle que j'avais échappée tout à l'heure,
c'est clair qu'il y a des plus et des moins, comme je l'ai mentionné
tout à l'heure. Il y a, par exemple, les transferts
fédéraux - j'ai donné un exemple tout à l'heure -
où il y a eu des augmentations sur les prévisions. Ce n'est pas
nécessairement à cause de la situation cette année, comme
l'a laissé entendre le député de Labelle, parce que ces
paiements-là sont ordinairement ajustés un an ou deux
après Alors, ce n'est pas tout à fait pour cette raison-là
mais, dans ce cas-là, il s'adonne à y avoir un plus sur les
prévisions qui compensent. Donc, c'est l'ensemble, vous savez. Il y a
tellement de plus et de moins, mais mineurs, mais lorsqu'on les met ensemble,
on peut arriver à une compensation. C'est ce qui arrive dans ce
cas-là deuxièmement, c'est d'environ 5 000 000 000 $ qu'il est
question, lorsque l'on pense au service de la dette. Il y a la dette directe,
mais il y a la dette également dans les réseaux et le
régime de retraite, de sorte que vous avez une somme qui dépassse
les 5 000 000 000 $, présentement, en service de la dette.
Quant à la question... On me dit que vous pensez que l'Opposition
parle de la passivité du gouvernement du Québec, mais vous, vous
savez mieux que ça, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine. L'Opposition aussi le sait; on joue le rôle
de l'Opposition, je le comprends très bien, ayant passé 17 ans de
l'autre côté, j'ai une idée de comment ça se
prépare, ces choses-là. Je pense qu'il faut créer un
certain choc d'où rejaillit la lumière. Alors, c'est dans l'ordre
démocratique des choses. mais le ralentissement économique
anticipé au moment du discours sur le budget de mai dernier est en
cours, l'économie du québec est entrée, disons, dans ce
que j'appelle une croissance économique plus lente. cependant, le
gouvernement, lui, n'a pas attendu ce phénomène-là, il a
adopté des mesures destinées à rendre la fiscalité
plus concurrentielle. lorsqu'on prévoit des ralentissements, qu'est-ce
que l'on fait? on pense à quoi? on pense à des investissements.
quand on pense à des investissements, comment peut-on y penser lorsqu'on
a le genre de fiscalité que nous avions au point de vue concurrentiel,
il y a peu de temps? lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, en
décembre 1985, le fardeau fiscal du québec pour les contribuables
du québec était d'au-delà de 10 % supérieur
à celui de l'ontario. alors, il ne faut pas penser qu'on peut rester
très longtemps dans cette situation-là sans avoir à
écoper du côté des investissements parce que les
investissements, à moins qu'ils ne soient reliés aux richesses
naturelles... les richesses naturelles, encore là, il faut faire
attention parce que nous ne sommes pas les seuls dépositaires ou
détenteurs de richesses naturelles. mais, encore là, on peut dire
que les investisseurs sont très sensibles au niveau de la
fiscalité, même la fiscalité des particuliers, parce que la
gérance doit s'installer près de l'usine ou dans l'usine. c'est
ainsi que des décisions se prennent souvent sur le niveau de la
fiscalité, le fardeau fiscal. (16 heures)
Alors, ce que nous avons réussi à faire
depuis deux ou trois ans surtout, c'est de ramener le fardeau fiscal
progressivement presque en parité avec le fardeau fiscal de nos voisins
de l'Ontario. Alors, c'a été une décision qui a
été prise justement dans le sens de préparer des
investissements. Et il n'est pas surprenant aujourd'hui de voir que nos
investissements sont notre planche de salut. Les investissements non
résidentiels, particulièrement dans la fabrication, connaissent
des sommets inégalés et nous sommes les premiers au Canada quant
au pourcentage de croissance des investissements non résidentiels,
particulièrement dans la fabrication, du côté
manufacturier. Alors, je pense que nous n'avons pas été passifs.
Au contraire, nous avons été très actifs. Nous avons, de
plus, depuis plusieurs années, et notre premier ministre est presque
l'incarnation de cette idée, utilisé les ressources
hydroélectriques du Québec pour favoriser son industrialisation.
Et nous assistons aujourd'hui, alors que nous en avons le plus besoin, à
des investissements reliés à l'aluminium: 4 000 000 000 $
d'investissements d'ici à un an, deux ans, trois ans au maximum, au
Québec. Ceci s'ajoute à notre économie qui, par contre, a
à souffrir, évidemment, de certains ralentissements dus en
particulier à la politique monétaire de la Banque du Canada.
Alors, on s'attend que les investissements non résidentiels
soient en hausse de 19,3 % cette année et qu'ils continuent leur
progression en 1990. Nous nous attendons d'avoir des investissements
d'Hydro-Québec, en 1990, de l'ordre de 3 100 000 000 $. Tout ça
arrive au bon moment. On vise à créer des emplois permanents dans
des secteurs d'avenir, non des emplois temporaires généralement
associés à des mesures additionnelles visant à la
création directe d'emplois subventionnés, malgré que nous
le fassions. Nous le faisons. Nous le faisons depuis deux ou trois ans, en
particulier dans les régions durement affectées par le
chômage. Dans ma propre région, il y a des mesures prises. En
Gaspésie, par exemple, ce qui a été annoncé dans le
budget depuis deux ou trois ans a créé 1000 emplois saisonniers
de plus par année. Alors, ce sont là des mesures qui indiquent
bien que nous ne sommes pas passifs, au contraire, que nous sommes très
conscients de l'importance de notre contribution. Mais de là à
dire que nous pouvons remplacer tous les facteurs extérieurs, non. Mais
avec les moyens que nous avons, je pense que nous avons répondu le mieux
possible aux attentes.
M. Farrah: M. le Président
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: tantôt, vous avez effleuré la question de
la politique monétaire suivie par la banque du canada et c'est quand
marne un élément très important, je pense, eu égard
à la situation financière du Québec. On sait que,
dernièrement, la réserve fédérale américaine
a réduit son taux d'intérêt de façon substantielle
pour faciliter peut-être aussi la croissance économique aux
États-Unis. À ce stade-ci, et je sais que c'est peut-être
très difficile d'en avoir, mais avez-vous quand même des
indications démontrant que la Banque du Canada pourrait
éventuellement diminuer son taux d'Intérêt pour faire en
sorte qu'il y ait un impact quand même moins considérable sur les
finances publiques, notamment, celles du Québec?
M. Levesque: Nous devrions avoir les résultats - c'est
jeudi aujourd'hui - mais je ne les al pas encore.
M. Farrah: II y avait des rumeurs pour aujourd'hui...
M. Levesque: II y avait des rumeurs qui circulaient en effet. Il
y a eu une baisse des bons du Trésor du Québec, hier, de 23
points de base. Mais disons que cette question de la politique monétaire
préoccupe grandement le gouvernement du Québec. Le premier
ministre en tête a fait plusieurs sorties. Le premier ministre qui ne
fait pas de sortie pour rien, si on veut, ne parle pas à travers son
chapeau, est revenu à ta charge maintes fois sur l'importance de faire
en sorte que cette politique monétaire soit modifiée et, comme
alternative, il avait mentionné que si c'était impossible de la
modifier pour d'autres raisons, au moins, que la politique budgétaire,
la politique fiscale du gouvernement fédéral compense les
réglons les plus durement touchées par les effets de cette
politique monétaire. Nous n'avons pas la même surchauffe qu'on a
connue dans certaines régions du pays et nous croyons que ce
remède, qui est peut-être approprié à certains
endroits, est sûrement malvenu au Québec. Nous avons encore besoin
de stimulants d'ordre économique plutôt que de ce genre de
politique qui fait en sorte que nous puissions connaître des
réductions dans les investissements, dans les emplois, etc. Nous
espérons, peut-être qu'il y avait là un signal hier...
Est-ce qu'on a des résultats? Un instant, je vais m'informer. Alors, on
est passé de 12,44 % à 12,14 %. Il y a là une indication,
peut-être que c'est une tendance, mais c'est assez substantiel, c'est
plus d'un quart, malgré qu'il faille bien dire que ça demeure,
pour le court terme, à 400 points de base au-delà du taux
américain.
M. Farrah: Une dernière question.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Oui, concernant le ralentissement économique,
est-ce vrai - en tout cas, ma perception est qu'on voyait ça
peut-être plus
dramatique l'automne dernier, à la suite des lectures que j'ai
faites ou de ce qui s'est dit peut-être dans l'opinion publique ou selon
les différents experts - que la possibilité d'une
récession ou d'un ralentissement sera moins grande, en tout cas, du
moins dans le contexte actuel?
M. Levesque: Nous espérons que le ralentissement sera
suivi le plus tôt possible par une reprise; ça, c'est clair dans
nos espoirs. Mais nous n'avons jamais parlé de récession.
D'abord, nous avons toujours évité d'employer le mot
"récession" parce que nous n'avons pas présentement de raison de
croire que nous irons en récession. On peut craindre une
récession, mais, pour le moment, nous n'avons pas, dans les indicateurs
économiques, de quoi dire que nous aurons une récession. Mais si
le ralentissement sera moins grave que quelques-uns l'avaient prévu...
Je pense qu'il est encore trop tôt pour se prononcer là-dessus. Je
n'aime pas Jouer au prophète. H y a tellement de facteurs. Nous n'avons
pas encore vu ce qui arrive avec le budget du gouvernement
fédéral qui devrait nous arriver quelque part en février
peut-être. Nous n'avons pas encore les effets de certaines perturbations
aussi qui, dans les années à venir sûrement, vont avoir un
effet, je parle des perturbations d'ordre politique dans l'Est de l'Europe. Il
y a une possibilité qu'il y ait là des raisons d'avoir des
changements de prévisions économiques, peut-être à
la hausse, peut-être favorables, je n'en sais rien. Je n'aime pas, encore
une fois, jouer au prophète, mais à court terme, disons, nous ne
prévoyons pas de récession et ce ralentissement qui est
sûrement prévu, évidemment, et que nous vivons
présentement d'ailleurs, que nous avons commencé à vivre,
j'espère qu'il ne s'aggravera pas. Mais, dans les semaines à
venir, nous allons revoir nos prévisions en vue du budget et
peut-être qu'au budget je pourrai être plus explicite. Encore
là, ça ne veut pas dire que mes prédictions ou celles du
gouvernement vont se réaliser d'une façon parfaite parce que
personne sur cette terre n'a le don de prophétie. Du moins, si vous en
connaissez, vous voudrez bien me donner leur adresse, parce que ça
m'aiderait énormément dans l'exercice de préparation d'un
budget.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député des Iles-de-la-Madeleine?
M. Farrah: Peut-être une dernière question.
Le Président (M. Lemieux): Brièvement.
M. Farrah: Je ne veux pas embêter le ministre, loin de
là. Compte tenu de votre grande expérience politique et de votre
connaissance de la politique québécoise et canadienne, pen- sez
vous qu'une question comme celle du lac Meech peut faire en sorte de perturber,
justement, les finances du Québec?
M. Leveaque: Vous savez que je suis un éternel optimiste
et je n'ai pas de raison de changer d'attitude. C'est pourquoi je continue
à croire que les événements feront en sorte que nous
n'aurons pas de réaction négative dans l'avenir relativement
à cette question.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Chagnon: ...les 35 prochaines années. M. Levesque:
C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): m. le député de
labelle, m. le député de pointe-aux-trembles avait demandé
la parole, je ne sais pas, avant vous.
M. Léonard: Je vais intervenir à ce moment-ci.
Le Président (M. Lemieux): Vous allez intervenir.
Ça va. M. le député de Labelle.
M. Léonard: Je voudrais intervenir sur un certain nombre
de sujets et le ministre pourra commenter. Je sais qu'il commente très
largement et longuement, plus longuement que nos questions. La première
remarque que je voudrais faire, c'est en ce qui concerne le rapport du
Vérificateur général. Nous avons bien lu, comme lui a
écrit dans son discours sur le budget, que son déficit
était de 1 500 000 000 $, mais, comme il avait payé d'avance 738
000 000 $, le déficit réel de l'année en cours n'est pas
de 1 500 000 000 $, mais de 2 238 000 000 $. et ce à quoi nous
assistons, c'est, finalement, à une augmentation du déficit
depuis trois ans, et cette année pour la troisième année
consécutive. en 1987-1988, tel que rétabli par le
vérificateur général, le déficit corrigé
était de 1 525 400 000 $; en 1988-1989, de 1 601 100 000 $ et cette
année, d'après ie discours sur le budget lui-même, de 2 238
000 000 $. je voudrais simplement signaler que le déficit réel
n'est pas ce qu'on dit, ce que le gouvernement dit mais qu'il est effectivement
très différent de ce qui est dit. et la note du
vérificateur général se lit comme suit à ce sujet:
l'anticipation de ces dépenses additionnelles compromet la
comparabilité des états financiers. elle nuit à la
compréhension de l'évolution du déficit des
opérations budgétaires d'une année financière
à l'autre et cet ajustement des dépenses du déficit annuel
des opérations budgétaires ne constitue pas une
représentation appropriée de la continuité des
opérations financières du gouvernement. pour le lecteur des
états financiers, II devient donc difficile, lorsque
confronté à un tel ajustement, d'apprécier
l'imputabilité du gouvernement à la simple lecture des
états et d'en évaluer la performance.
Je veux simplement signaler que, d'après les normes de l'Institut
des comptables agréés, lorsqu'il y a des modifications dans les
pratiques comptables, elles doivent être mises très clairement en
lumière à la face marne des états et incluses au rapport
du Vérificateur, ce que le Vérificateur, lui, a fait
présentement.
Je pense qu'on passe un peu vite sur la signification d'un tel
changement de pratiques comptables. Je voudrais simplement signaler ici, devant
cette commission, que l'impact en est très important puisqu'il augmente
le niveau du déficit de 50 %.
Par ailleurs, tout à l'heure on a parlé du déficit
et des besoins financiers nets. On a parlé de l'intérêt des
générations futures. Je veux simplement rappeler que c'est nous,
lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, qui avons fait la distinction
entre le déficit et les besoins financiers nets à cause de ces
fonds de pension et des réserves actuarielles qu'ils impliquaient. Donc,
nous avons introduit la distinction et c'est nous qui avons corrigé et
commencé à corriger les états financiers du gouvernement
qui nous avait précédés avant le 15 novembre 1976.
Troisièmement, en ce qui concerne les investissements au
Québec, je voudrais souligner que ces investissements sont passés
dans les dernières années d'une proportion de 65 % du PIB, ce qui
était en Ontario, à 55 % maintenant Donc, la proportion de notre
PIB que nous attribuons a nos immobilisations a baissé au Québec
comparativement à ce que nous faisions à l'époque et je
pense que les conséquences pour l'avenir sont très importantes
puisque nous investissons moins qu'auparavant. Ce sont des chiffres officiels
publiés et je pense que nous devons en tenir compte pour l'avenir. (16 h
15)
Enfin, le fardeau fiscal des Québécois, dont on parle
souvent, je voudrais simplement rappeler - puisqu'on parle souvent du
passé entre les membres de la majorité ministérielle et le
ministre - que, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, en 1976, le
fardeau fiscal des Québécois était de 20 %
supérieur à ce qu'il était en Ontario et que nous l'avons
diminué à 10 %. Le gouvernement actuel l'a pris à 10 % et
il l'a baissé à 2 %. Alors, à chacun son mérite,
mais, en ce qui concerne le fardeau fiscal, nous avons mis, nous, l'effort
à la charrue et, durant neuf ans, nous avons fait ce qu'il y avait
à faire.
Enfin, je voudrais simplement citer quand même un observateur de
cette scène financière au Québec qui a dit, le 27 mai
1989, en parlant du budget que vous aviez déposé: Cela confirme
aussi que la réduction du déficit par le gouvernement Bourassa
est surtout venue de trois sources dont les effets sont en train de tarir.
Premièrement, les coups de barre d'un rare courage donnés
par le gouvernement précédent; deuxièmement, la bonne
tenue de l'économie qui, depuis quatre ans, a accru automatiquement les
revenus autonomes du gouvernement et diminué ses dépenses;
troisièmement, le changement aux conventions comptables, ce qui fait que
le déficit aurait, paraît-il, diminué. Mais je souligne, et
c'est un peu le sens de mon intervention par rapport à mes notes
préliminaires de cet après-midi, que cet editorial vaut toujours
présentement, alors que les effets du ralentissement économique
se font de plus en plus sentir.
Je voudrais simplement conclure aussi, avec ce monsieur, qu'il faut
souhaiter que le ministre des Finances, qui avait été très
prudent dans son discours sur le budget, avait prévu les sommes
nécessaires pour contrer le ralentissement économique et ses
effets sur les revenus du gouvernement, actuellement.
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je voudrais ajouter quelques mots.
Évidemment, quand on parle un peu rapidement autour de la table et
puisqu'on aborde plusieurs sujets à la fois, à un moment
donné II peut nous en échapper. Mais je pense que le
député de Labelle a abordé d'abord la question du
Vérificateur général.
M. Léonard: Oui.
M. Levesque: Bon. J'aurais aimé qu'il cite en entier et
qu'il n'escamote pas le paragraphe où le Vérificateur
général parle des paiements anticipés que nous avons
faits. Je reprends le texte. "L'anticipation des dépenses
additionnelles..." Et là, le député disait:
"L'anticipation des dépenses additionnelles compromet la
compara-billté des états financiers" Mais il avait passé
par-dessus: "Quoique faite à l'intérieur des règles de la
Loi sur l'administration financière." Je pense que c'est important de le
dire parce que, quand on passe par-dessus ce petit bout de phrase qui a l'air
un peu anodin, on fait en sorte que... Peut-être que vous ne l'avez pas
exactement au même endroit, mais c'est là. Lisez tout le texte et
on verra que le Vérificateur le mentionne en toutes lettres. Un peu plus
loin, il peut dire ce que vous avez dit, mais je pense qu'il était
important...
M. Léonard: Je n'ai pas dit que c'était
illégal.
M. Levesque: Hein?
M. Léonard: Je n'ai pas dit que c'était
illégal. J'ai dit que c'est la "disclosure", le
principe de la "disclosure".
M. Levesque: Vous savez, je ne veux pas faire de reproches au
député mais, vu qu'il citait le Vérificateur
général, je pense qu'il est important de dire que le
Vérificateur général avait dit d'abord que c'était
dans les règles, que c'était permis, que c'était
légal, qu'il n'y avait rien de... Sauf que le Vérificateur
général aurait aimé, de ce que j'ai compris, pour fins de
comparabilité, qu'il y ait cette présentation-là. Mais,
lorsque le député dit que le Vérificateur
général a apporté ces... Il a simplement apporté ce
qu'il y avait dans nos propres documents, dans les notes que nous avions
indiquées nous-mêmes. Il n'y a rien de caché. Il ne faut
pas utiliser ces mots-là, parce que c'est en blanc et noir dans nos
rapports financiers vérifiés par le Vérificateur
général. C'est une question de modalités à savoir
si on voit bien la comparabilité. Moi, je dis qu'on la voit bien et lui
disait qu'on la verrait mieux si elle était présentée de
telle façon. Mais comme le Vérificateur général le
dit, ça s'est fait à l'intérieur des règles de la
Lof sur l'administration financière.
Deuxièmement, si vous le prenez sur une période de deux ou
trois ans, vous arrivez à la même diminution du déficit. Si
vous l'avez d'une façon continue ou si vous l'avez en dents de scie,
vous arrivez à la fin avec la môme chose, le même
résultat. Une question de présentation encore.
Deuxièmement, troisièmement, devrals-je dire, il y avait
d'autres raisons simplement que d'éviter les dents de scie pour notre
décision. Je me rappelle fort bien que le 1er avril tombait à une
certaine date qui faisait que si on attendait pour faire les paiements aux
assistés sociaux, ils auraient passé la fin de semaine, ils
seraient allés jusqu'au 3 avril avant d'avoir leur chèque. Or,
vous savez, un assisté social, en tout cas, j'en connais plusieurs qui
ont besoin de leur chèque au début, dès la première
journée et même une journée avant si possible ou deux jours
avant. Alors, ce que nous avons fait à ce moment-là, c'est que
nous avons payé d'avance pour être sûr que les
assistés sociaux aient leur chèque à temps.
Une voix: Pour Pâques.
M. Levesque: Pour Pâques, oui, si ma mémoire est
fidèle. En général, lorsque nous décidons de payer
d'avance, vous savez que j'aime beaucoup mieux payer d'avance que de faire
comme certains ont fait, hein. J'aime bien mieux payer d'avance. Et le danger
que j'ai évité aussi en payant d'avance, c'était de faire
en sorte d'utiliser cet argent-là pour faire d'autres dépenses.
C'était tentant parce qu'il y a toujours des besoins qui apparaissent
importants. On dit: On a assez d'argent, on va acheter ça, on va payer
si. J'ai préféré faire un peu comme ce qu'avait
appelé l'ancien chef de l'Opposition, il m'avait traité
d'écureuil "engrangeur". Bien, j'aimais mieux être un
écureuil "engrangeur" que d'être autrement la cigale qui dissipe
les biens, n'est-ce pas? Alors, cessons les comparaisons et disons ceci. On
peut rappeler ce que M. le chef de l'Opposition avait dit après le
budget de mai dernier, alors que j'avais présenté mon budget le
16 mai, je pense. J'ai une citation ici. J'espère qu'elle est
fidèle. "Là - dit M. Parizeau - je pense qu'il apparaît
clairement, sur la base du budget d'hier, qu'il aurait dû rembourser
à l'avance beaucoup plus de comptes qu'il ne l'a fait pour
dégager davantage d'argent cette année" - fermer les
parenthèses. Du moins, c'est une citation qui me semble fidèle et
qui vient assez en contradiction avec ce que vient de nous dire mon ami, le
député de Labelle. quant au fonds de retraite, régime de
retraite, il est vrai que la méthode utilisée pour amortir
l'insuffisance actuarielle ne couvre pas les intérêts annuels sur
le passif non inscrit et que ceci a pour effet d'accroître l'insuffisance
actuarielle pour encore quelques années. toutefois, il arrivera un
moment, vers l'an 2017, où cet amortissement couvrira et même
dépassera les intérêts annuels sur le passif non inscrit,
de sorte que cette insuffisance actuarielle devrait être totalement
résorbée en 2029 aux termes de la période de 50 ans
prévue dans la convention comptable. vous savez, ce qui arrive, c'est
qu'on a mentionné qu'on avait fait en sorte, je pense que c'est en 1978,
de répondre à certaines demandes du vérificateur
général. c'est vrai. ça avait commencé avant
ça. m. raymond garneau avait commencé l'exercice en 1973 par fa
création du rregop, justement, pour l'avenir. mais l'exercice a
été complété par m. parizeau, en 1978, si ma
mémoire est fidèle, et là, il a décidé - je
pense qu'il avait raison de le faire - de ne pas essayer de tout régler
le même jour pour tout ce qui traînait depuis des décennies
et des décennies. alors, il avait décidé de créer
un fonds d'amortissement pour faire en sorte que cela puisse être
résorbé sur une période de 50 ans. maintenant, ça
c'était en 1978, alors il nous reste à peu près 39 ans et
ça continue comme ça. c'est la seule restriction qui reste dans
les notes du vérificateur général. il y en avait cinq ou
six. nous avons nous-mêmes réglé tout ce qui restait du
rapport du vérificateur général qui se plaignait, par
exemple, que tout n'était pas consolidé, particulièrement
dans les sociétés d'état. nous avons répondu
à tout ce que le vérificateur général disait et
tout ce qu'il reprochait au gouvernement depuis des années et nous, nous
avons décidé de donner suite à toutes ses recommandations.
il en restait une. reliée à quoi? reliée à la
décision de m. parizeau, en 1978, et nous avons continué dans la
même tradition. et cela va s'en aller lentement, sur une période
de x années, de sorte qu'on ne demandera pas à une seule
génération de régler
des questions qui duraient depuis plusieurs générations.
Et, en tout respect pour le Vérificateur général qui a
sans doute de bonnes raisons de nous demander cela, il le demandait à
l'ancien gouvernement, il le demande au gouvernement actuel. Bon, nous
verrons.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
députe de Labelle. Je dois respecter la règle de l'alternance,
alors... Il vous reste trois minutes à vous, M. le député
de Labelle. Le temps n'est pas divisible.
M. Léonard: Je ne veux pas lui redonner dix minutes.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Nelligan.
M. Williams: M. le Président, avant de commencer, je
voudrais juste dire, comme nouveau député, que je trouve ce moyen
d'étudier le budget, ce nouveau trimestre, très efficace, et
j'espère que nous serons capables de suivre cette procédure
à l'avenir.
I would also like to say a bit in the direction that the deputy of
Labelle has mentioned that I would hope that this can be used as a process in
which the community can understand the process of budget management and fiscal
management of the Province of Québec and particularly underlining some
of the very serious and constructive work that has been done in that
regard.
Je voudrais avant de commencer peut-être retourner un peu au
dernier budget et avec le point de vue un peu de l'éducation populaire,
souligner quelques chiffres que vous connaissez beaucoup mieux que moi mais
juste pour me placer dans le contexte. Je pense, avec la conjoncture
économique que nous avons maintenant, que c'est important de souligner
que nous n'avons pas eu une hausse d'impôt et aussi nous n'avons pas eu
une nouvelle taxe. Et aussi, si j'ai le bon chiffre, nous avons réduit
le déficit. Nous en avons discuté un peu avant, c'était 3
347 000 000 $ et nous avons réduit ça à 1 500 000 000 $.
Nous avons aussi diminué les besoins financiers de notre gouvernement de
1 740 000 000 $ jusqu'à 750 000 000 $. Ce sont des chiffres assez
importants. Finalement, juste un autre chiffre que j'ai pensé important,
nous avons réduit la cote fiscale des particuliers, des individus
québécois, de 10,5 % jusqu'à 2 %.
Je voudrais cibler ma question sur ce point de vue aujourd'hui parce que
quand nous parions d'un budget de 32 500 000 000 $, c'est un budget... Ce sont
des chiffres en l'air et ça ne touche pas nécessairement... C'est
difficile de comprendre, au niveau des personnes. Et les choses qui me touchent
particulièrement et qui, je pense, touchent la plupart de la population,
c'est la réduction du fardoau fiscal dos pat ticuliers et des familles.
Je voudrais souligner quelques chiffres à cet égard et, encore
une fois, j'espère que j'ai utilisé les chiffres et que j'ai bien
étudié. (16 h 30)
Dans le dernier budget, à ce niveau, nous avons réduit
l'Impôt de 260 000 000 $ pour les particuliers et les familles. 87 % de
ces montants, environ 226 000 000 $ bénéficient aux familles.
Quand j'ai étudié quelques tableaux du ministère des
Finances, j'ai vu un grand changement depuis 1985. Je voudrais souligner
quelques chiffres que je pense assez importants. En 1985, nous avons
donné, au niveau d'une famille, un couple avec deux enfants, 521 $ de
soutien financier. Maintenant, pour l'année 1990, nous allons donner
2318 $.
Une autre comparaison qui est assez importante. Dans les mômes
années, l'Impôt qu'une même famille a payé en 1985
était de 2664 $. Excusez-moi, j'ai oublié de dire que c'est
basé sur un revenu de travail de 25 000 $ sur le tableau que nous avons
étudié. C'est à ce niveau que je voudrais faire mes
interventions. Ce niveau, maintenant, va payer environ 440 $ d'impôt,
cette année.
Un autre chiffre sur le niveau minimal du revenu à partir duquel
des impôts sont exigibles. Pour un couple avec deux enfants, encore, en
1985, le niveau minimal était 10 015 $. Cette année, c'est
à 23 234 $ qu'ils vont commencer à payer de l'impôt. Un
autre chiffre que j'ai trouvé - je sais, ce n'est pas le même
couple, mais avec tous les changements que nous avons eus dans le contexte
familial - pour les familles monoparentales, avec un enfant, en 1985, le niveau
minimal était 12 166 $. Maintenant, c'est 21 585 $, le niveau minimal
pour commencer à payer de l'impôt. Je pense, avec mes chiffres,
que c'est une réduction d'environ 38 % pour ce niveau de famille et
c'est une chose très importante.
Pour moi, quand j'ai étudié toutes ces choses, je pense
que l'ensemble des mesures de toute la réforme familiale que vous avez
faite, que le gouvernement a faite pendant des années à
l'égard des familles ayant la charge d'enfants, représente 61 %
du total des gains découlant de cette réforme. C'est environ 772
000 000 $ d'augmentation de leur revenu disponible. J'espère que, comme
première lois, j'ai tous les bons chiffres. Dans tout ce contexte, dans
le contexte particulier du peuple québécois et dans le contexte
du petit bilan que j'ai essayé d'apporter ici afin de vous poser une
question, je trouve que c'est de l'argent assez important, est-ce que nous
sommes en mesure d'évaluer ces gestes positifs, dans la
société québécoise, que notre gouvernement a
posés? Est-ce que nous avons un système d'évaluation?
Est-ce que ça a augmenté les affaires? Est-ce que ça a
diminué la qualité de vie?
And can we really, in a long run, on both a
short term and a long term, understand and help the rest of
Québec understand the positive effects of these interventions? I hope
that my simple analysis was right. J'espère que les chiffres sont
corrects. Un peu avec toutes ces choses, est-ce que nous sommes en mesure de
faire une évaluation de tous ces gestes positifs? Merci.
M. Levesque: M. le Président, I believe your homework was
very well done and no doubt that your figures are worthwhile repeating because
of the importance they have on each family and each Individual in this
province.
C'est clair que ces chiffres-là sont révélateurs.
Pas de hausse de taxe, de l'impôt, mais une diminution du fardeau fiscal
à un point tel que, si nous avions voulu, à un moment
donné, nous aurions pu oublier la diminution du fardeau fiscal et faire
disparaître le déficit parce que, dans un seul budget, nous avons
diminué le fardeau fiscal de 1 400 000 000 $ et nous avons un
déficit de cet ordre-là. Alors, on aurait pu faire
disparaître le déficit.
Vous savez, nous avions deux objectifs importants. C'était celui
qui est relié à l'article 1 de notre programme,
c'est-à-dire le développement économique, la
création d'emplois, donc créer des conditions susceptibles de
créer des investissements et des emplois. Alors, c'est ça qui
nous a amenés à réduire le fardeau fiscal pour que nous
soyons concurrentiels avec nos voisins qui recherchent également des
investissements. D'autre part, nous avions dit qu'il fallait assainir les
finances publiques, cesser de reporter sur les générations
futures les bénéfices que nous pouvions nous payer aujourd'hui
à même des emprunts et d'augmenter le service de la dette à
un point tel que nous ne pourrions plus répondre aux besoins de la
population, qu'il ne nous resterait qu'à répondre aux demandes de
ceux qui nous prêtent, c'est-à-dire verser des
intérêts chaque année à ceux qui s'empressent de
nous prêter mais qui n'oublient pas de collecter les
intérêts annuellement. Alors, je pense que ces deux
facettes-là, ces deux volets-là ont été
rencontrés par notre politique jusqu'à maintenant et je suis
heureux que vous l'ayez souligné.
Vous avez également souligné l'importance que nous avons
accordée à la famille. Là encore, je crois que les efforts
n'ont pas été vains. Vous avez rappelé la diminution
d'impôt pour les familles de 772 000 000 $, ce qui représentait 61
% de l'ensemble des réductions d'impôt sur le revenu personnel.
Vous avez également mentionné les efforts que nous avons faits
pour aider à faire face aux coûts que doivent supporter les
nouveaux parents. J'étais très heureux de voir que,
récemment - je ne sais pas s'il y a là une coïncidence ou
une relation de cause à effet - il y avait eu une reprise, une
augmentation du taux de natalité; j'étais très heureux.
D'ailleurs, lorsque je lisais dans les journaux ces rapports... En particulier,
M. Alain Dubuc, dans La Presse du mercredi 17 janvier 1990,
écrivait: La hausse des naissances a été assez forte, en
1989... Il mentionnait que la hausse s'explique en bonne partie par
l'augmentation de 13 % des naissances d'un troisième enfant. Comme on le
sait, dit-Il, les démographes ont beaucoup insisté sur
l'importance de ce troisième enfant pour enrayer la baisse du taux de
fécondité. C'est d'ailleurs ce souci, dit M. Dubuc, qui a
structuré le budget "nataliste" - entre guillemets - qu'a
déposé au printemps 1988 le ministre des Finances, Gérard
D. Levesque, avec son boni de 3000 $ pour le troisième enfant. Faut-il
pour autant en conclure que le budget de M. Levesque était providentiel?
Ce serait aller vite en besogne. On peut difficilement croire que l'État
peut acheter des bébés, convaincre des familles de changer de cap
avec des sommes qui suffisent à peine à payer les couches. C'est
d'autant plus vrai que la baisse de la fécondité ne peut pas
s'expliquer uniquement par des facteurs économiques. On comprendrait mal
en effet pourquoi (es naissances sont tombées en chute libre au
Québec au moment où le niveau de vie des familles grimpait en
flèche. Mais il semble clair, comme on l'avait prévu à
l'époque, que ces mesures budgétaires ont joué un
rôle symbolique, ont envoyé le message que l'État et la
collectivité encourageaient et valorisaient la procréation. Ce
message clair, accompagné de mesures concrètes, a
été d'autant plus efficace que d'autres facteurs sont venus
changer l'attitude des Québécois et des Québécoises
face à la procréation, notamment le débat linguistique, la
découverte de l'impact que pourrait avoir la dénatalité.
Il n'en reste pas moins que ces résultats timides montrent que le
gouvernement a visé la bonne cible en insistant sur la troisième
naissance, comme l'ont souligné deux démographes
réputés, George Mathews et Jacques Henripin. Et si ces
premières tentatives ont été fructueuses, il faut que
Québec accentue son effort...
Alors, vous voyez là qu'on reconnaît que le gouvernement a
sûrement fait des efforts considérables dans le sens de vos
remarques. Je pense que vous avez... Est-ce que ça touche la
qualité de vie? Oui, sûrement, ça ne peut pas faire
autrement. Est-ce que les gens se rendent compte de ça? Peut-être
pas pleinement, mais assez pour avoir renouvelé notre mandat d'une
façon non équivoque. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé? M. le
député de Nelligan, il vous reste trois minutes. Avez-vous
d'autres commentaires?
M. Williams: Juste une autre petite question très courte.
Est-ce que vous pensez que nous allons garder la politique d'indexation du
fardeau fiscal des particuliers encore à l'avenir, parce que nous avons
déjà commencé dans cette
direction? Avec tous les autres réaménagements que nous
allons faire à l'avenir, est-ce que ça va être encore une
priorité?
M. Levesque: Je n'ai pas compris.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous
répéter, M. le député de Nelligan?
M. Williams: Nous avons déjà commencé des
démarches pour avoir une réduction du fardeau fiscal des
particuliers et pour la famille. Dans les démarches de l'avenir - je
sais que ça va être impossible d'être très concret
sur ça - mais est-ce que nous allons garder ça comme
priorité, une réduction du fardeau fiscal des individus
québécois dans les autres démarches fiscales?
M. Levesque: Je pense qu'on peut dire sans être
prophète et sans dévoiler quoi que ce soit d'un budget qui ne m'a
pas encore... Un point sur lequel je ne risque même pas de faire de fuite
parce que je ne sais pas encore moi-même les détails de ce qu'il
contiendra éventuellement, mais je puis vous dire que nous allons
continuer de respecter nos priorités, c'est-à-dire le
développement économique, condition sine qua non du
développement social et du développement culturel. Donc, le
développement économique va rester là comme une
priorité. La création d'emplois nous préoccupe au plus
haut point, cela va rester là. C'est donc dire que nous allons
tâcher d'augmenter les investissements, de susciter des investissements
au Québec, ce qui veut dire quoi? Ce qui veut dire qu'il va falloir
être prudent quant à maintenir la situation concurrentielle, la
compétitivité avec nos voisins. C'est un peu dans ce
sens-là que je peux répondre. Mais quant à dire quel est
le niveau de l'effort fiscal qui sera demandé, je dois être
extrêmement prudent étant donné la situation difficile que
nous traversons présentement. Nous avons, je l'ai dit au début de
cette commission, je ne le cache pas, des pressions très fortes sur les
dépenses gouvernementales, il y a des revenus qui risquent d'être
affectés éventuellement par les divers facteurs que nous avons eu
l'occasion d'évoquer au cours de cet échange. Alors... Il y a
aussi les politiques monétaires qui relèvent du gouvernement
fédéral, les politiques monétaires, budgétaires et
fiscales. Il y a le prochain budget fédéral. Il y a toutes sortes
d'inconnues pour moi à ce moment-ci, je ne peux pas répondre
d'une façon précise, mais les objectifs demeurent là,
c'est-à-dire demeurer concurrentiels afin de continuer de susciter des
investissements comme nous avons réussi à le faire jusqu'à
maintenant. Encore là, tout dépend de la conjoncture, tout
dépend de certains facteurs qui nous échappent, mais soyez
assurés d'une chose, c'est que le parti auquel nous appartenons ne
changera sûrement pas, je pense, de trajectoire dans le sens d'être
très vigilant quant aux priorités que nous avons toujours
dégagées, c'est-à-dire priorité au
développement économique, création d'emplois et donc, avec
les conditions que cela exige, c'est-à-dire un assainissement poursuivi,
un assainissement continu des finances publiques et, en même temps, une
préoccupation pour le développement de notre économie. (16
h 45)
M. Williams: Merci
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le ministre des
Finances. M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Malheureusement, M. le
ministre, il ne nous reste que quelques minutes pour aborder les
prévisions budgétaires de 1990-1991, alors je vais être
très direct et très bref. D'abord, au niveau du déficit
budgétaire, dans son discours inaugural, le premier ministre a
indiqué la volonté de son gouvernement de poursuivre l'objectif
de réduction du déficit budgétaire malgré une
conjoncture économique plus difficile. Alors, j'aimerais, par une
première question, savoir si, dans votre prochain budget, vous entendez
toujours poursuivre l'objectif que vous aviez identifié de
réduire le déficit budgétaire d'environ 147 000 000 $ pour
l'année 1990-1991.
D'autre part, au niveau des revenus budgétaires, dans le discours
sur le budget de cette année, de 1989-1990, vous prévoyez une
croissance des revenus autonomes du gouvernement de presque 10 %, en fait de
9,9 %. Compte tenu de la conjoncture économique qui, de l'avis de la
plupart ou de tous les observateurs, semble prévisible pour 1990,
croyez-vous que ces projections qui ont été établies
demeurent réalistes et les soutenez-vous encore?
Et, finalement, au niveau des dépenses budgétaires, vous
avez fait allusion, il y a quelques Instants, aux engagements que vous
maintenez d'assurer le développement économique, de faire les
investissements nécessaires pour assurer la création d'emplois.
Si je vous comprends bien, au fond, ce que vous êtes en train de nous
dire, c'est que vous n'êtes pas opposé à l'idée de
mettre sur pied un plan de relance économique si la conjoncture l'exige,
d'ailleurs, comme le recommande pas seulement l'Opposition officielle, mais
encore une fois, I eminent éditorialiste que vous venez vous-même
de citer. Dans ces circonstances, je souhaiterais de la façon... Mes
questions sont directes, elles sont précises, j'aimerais que vous y
répondiez de la façon la plus succincte possible.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances, je
m'excuse, c'est que j'ai une demande de l'Opposition afin que, pendant les cinq
dernières minutes, il puisse y avoir des conclusions de part et d'autre.
Alors, est-ce qu'il y aurait consentement pour ça? Est-ce qu'il y a
consentement du côté ministériel?
M. Bélisle: Certainement, qu'il y a consentement.
Certainement.
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement. Alors,
nous allons conserver les cinq dernières minutes pour les conclusions
à la fois de l'Opposition et du parti ministériel. Vous pouvez
répondre aux questions, M. le ministre.
M. Levesque: Alors, la question, c'était: Est-ce que nous
allons maintenir pour les années à venir les prévisions
que nous avions sur le niveau de déficit? Lorsque vous vous
référez à une somme de 147 000 000 $, j'aimerais savoir
à quel endroit vous prenez ces chiffres-là. Je pose la question
simplement parce que, dans les prévisions triennales que nous avions, il
y avait une réduction de 25 000 000 $ pour la prochaine
année.
M. Beaulne: Je m'excuse mais c'est 25 000 000 $.
M. Levesque: D'accord. Alors, évidemment...
M. Beaulne: De toute façon, ma question demeure la
même.
M. Levesque: oui, oui. d'ailleurs, je ne mets pas en doute votre
compétence, étant donné vos antécédents
à une banque importante, à une institution financière
importante que nous respectons, li n'y a aucun doute qu'il y a simplement eu
là une petite distraction. mais je veux répondre le plus
laconiquement à votre question. c'est vrai que nous avions prévu
cette année 1 500 000 000 $ de déficit. l'an prochain...
ça, ça été fait il y a un an et demi à peu
près, parce que, lorsque nous avions fait ces
prévisions-là, c'est il y a peut-être un an et quart, alors
ça fait déjà au moins un an que... et la situation
économique n'était pas connue, à ce moment-là. nous
projetions... mais nous savions assez qu'il y aurait un ralentissement, mais
nous n'étions pas aussi bien fixés qu'aujourd'hui. bon. c'est
normal. alors, on essaie, à ce moment-là, de faire des
prédictions non pas seulement pour l'année à venir, mais
pour les années ultérieures. c'est ce qu'on appelle un peu le
"triennal". là, nous avions pensé pouvoir diminuer le
déficit non pas autant que nous l'avions fait antérieurement,
parce que nous sommes partis de 3 400 000 000 $ pour le réduire à
1 500 000 000 $. nous avions été très modestes. mais pour
montrer, au moins donner une indication de notre volonté de continuer
dans le sens où nous avions commencé, nous avons indiqué
qu'au lieu de 1 500 000 000 $ ce serait 1 475 000 000 $, donc une diminution
très modeste de 25 000 000 $.
Vous devrez évidemment attendre le budget pour savoir quelles
sont les décisions qui seront prises parce que je n'ai pas suffisamment
à ma disposition, au moment où je vous parle,
d'élé- ments que j'ai reliés tout à l'heure
à toutes sortes de facteurs comme le budget fédéral, comme
la politique monétaire, etc., pour "finaliser", là, pour dire si
nous allons pouvoir nous rendre à cet objectif qui avait
été fixé il y a déjà pas mal longtemps.
Mais, soyez sûr que c'est dans cette direction-là que j'aimerais
aller. Encore là, pour être très prudent, je n'oserais pas,
à ce moment-ci, vous donner d'autres indications que celles que contient
ma réponse.
Conclusions
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Bertrand. Alors, en guise de
conclusion.
Alors, en guise de conclusion, M. le député de
Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, presque trois heures
plus tard, on n'en sait pas beaucoup plus de ce qu'on avait tenté de
savoir avant Noël sur les coupures du gouvernement du Québec. La
conclusion, je pense bien, c'est que 'Tout va très bien, Madame la
Marquise", les indices économiques nous indiquent un ralentissement de
plus en plus prononcé. Le nombre des faillites a augmenté de 52
%, la création d'emplois, c'est ralenti par la moitié de ce qui
avait été prévu, le rendement des taxes à la
consommation ou simplement les dépenses de consommation sont ralenties,
bref, plein d'indices qui indiquent qu'il y a un fort ralentissement
économique, que nous pourrions même être au bord d'une
récession et ce gouvernement ne fait rien. Non seulement il ne fait rien
mais il dit qu'il n'y a pas de problème. Il lance à travers ses
ministères des directives qu'on appelle et qu'on a toujours
appelé dans la fonction publique ou dans l'administration
québécoise un CT de gel, c'est exactement ce que c'est. Ça
a toujours été appelé comme ça. On dit: Non, il n'y
en a pas, il y a juste des directives. Je pense qu'elles sont très
importantes. Le ministre des Finances reconnaissait, avant Noël qu'il y
avait là un os de 249 400 000 $. Il le maintient aujourd'hui, ou
à peu près. Il dit que ses revenus sont les mêmes. Nous
verrons aux états financiers. Je pense qu'il va être très
intéressant de voir la suite des choses. Nous verrons. Pour l'instant,
on nous dit que ça va très bien. Moi, j'ai tendance à
croire que "Ça va très bien, Madame la Marquise", c'est
plutôt ça.
Par ailleurs, je note toujours, et je pense que c'est important que tout
le monde soit bien conscient que le déficit du Québec augmente
depuis trois ans. Il augmente. Il est passé de 1 500 000 000 $ à
1 600 000 000 $ et, cette année, le déficit réel, compte
tenu des dépenses payées d'avance, est de 2 238 000 000 $. Je
pense qu'on assiste à une opération bien connue dans les
pratiques comptables, qui s'appelle le "window dressing" et ça, ce n'est
pas acceptable de la part d'un gouvernement. On nous a expliqué que
c'était parce que c'était Pâques et ça fait trois
ans que ça existe. Ce n'est pas Pâques à chaque discours
sur le budget. C'est faux. Je pense que la réponse est très
discutable
Par ailleurs, j'ai bien noté que le ministre des Finances, suite
à la question du député de Nelligan, s'attribue la
paternité de l'augmentation des naissances au Québec. À la
suite de ces mesures, je voudrais le rendre un peu plus modeste. Je pense
que...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, il vous reste une minute.
M. Léonard: Pour en revenir à la situation
économique, ce gouvernement ne fait rien. Il ne se passe rien, quoi que
disent tous les éditorialistes et tous les journaux financiers
présentement à l'effet que le ralentissement économique
est aux portes, non seulement aux portes mais qu'il est là, et que la
dépression est aux portes surtout au Québec avec l'augmentation
des taux d'intérêt. Moi, je pense qu'on devrait discuter
sérieusement lors d'une prochaine séance.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. En conclusion, M. le ministre des
Finances.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, je tiens d'abord à
remercier tous ceux qui ont participé à cette commission. Je
pense que même si le député de Labelle trouve qu'il n'est
pas plus avancé qu'il ne l'était, il y en a plusieurs qui sont
probablement un peu plus éclairés parce qu'il y a sûrement
eu des échanges d'information ici qui n'ont peut-être pas
ajouté au bagage du député de Labelle, à cause de
sa vaste expérience, mais pour d'autres, ça a peut-être
aidé à compléter leur connaissance des choses.
Deuxièmement, je voudrais dire à mon ami le
député de La Prairie que si lui aussi pense peut-être qu'il
n'a pas eu toutes les réponses qu'il aurait aimées, je l'invite
à profiter de sa rencontre du 1er février prochain avec le
ministre sectoriel. Je pense qu'il doit passer de 9 heures du matin
peut-être à minuit avec lui. Alors, comme le ministre de
l'Environnement sera là, qu'il est le ministre sectoriel, voilà
peut-être une occasion en or pour avoir plus de rensei gnements. Enfin,
c'est une suggestion que je lui fais. Si jamais ça lui tente, il va
avoir l'occasion de le faire.
Quant à la question du déficit, je tiendrais à dire
au député de Labelle qu'il se fourvoie lorsqu'il pense à
sa.. Il essaie de diminuer l'impact de la diminution du déficit. Tout le
monde sait que le gouvernement actuel a diminué considérablement
le déficit et les impôts à la fois. Il veut jouer un peu
sur le fait que nous ayons payé d'avance quelques sommes; d'avance. Au
lieu de nous féliciter, c'est ça qu'il dit: Bien, si vous n'aviez
pas payé d'avance, vous auriez plus à payer l'année
suivante. C'est un peu ça qu'il nous dit. Comme si, lorsqu'il
était là, lui, comme ministre, ça ne s'était pas
passé. Or, le 15 novembre 1983, le ministre des Finances de
l'époque, que vous connaissez, prononçait devant
l'Assemblée nationale un énoncé complémentaire aux
politiques budgétaires du gouvernement. Suite à
l'amélioration de l'économie, à des dépenses plus
faibles et à des transferts fédéraux plus
élevés que prévu, le gouvernement disposait d'un montant
supplémentaire de 413 000 000 $ par rapport aux prévisions du
discours sur le budget du mois de mai précédent, plus 70 000 000
$ dans les dépenses, plus 65 000 000 $ dans les revenus autonomes, plus
278 000 000 $ dans les transferts fédéraux, pour un total de 413
000 000 $. Le ministre des Finances annonça alors, en plus des
dépenses supplémentaires de 30 000 000 $ pour le plan de relance
de l'économie et la diminution du taux de la taxe sur les carburants,
que 315 000 000 $ de dépenses de 1984-1985 seraient payés
dès 1983-1984. Ta ta ta ta ta.... Le ministre alléguait qu'il
valait mieux payer dès maintenant ces dépenses puisque l'on
prévoyait une chute des transferts fédéraux au cours des
années suivantes. Voyez-vous, si vous voulez avoir l'explication, une
bonne explication, vous n'avez seulement qu'à retourner dans votre
temps, mon cher ami, et là, vous allez avoir toutes les justifications,
toutes les réponses.
Alors, simplement pour rappeler, vous savez, qu'il y avait des bonnes
intentions, même dans l'ancien gouvernement. Il y avait des bons gestes
aussi. Il faudrait bien que... S'ils étaient bons dans ce
temps-là, ils sont encore bons aujourd'hui, surtout lorsqu'ils se
répètent à peu près dans le même sens. Il
faut penser que 413 000 000 $, dans ce temps-là, c'était beaucoup
plus d'argent qu'aujourd'hui encore.
Le Président (M. Lemieux): Trente secondes, M. le ministre
des Finances.
M. Levesque: Oui, 30 secondes pour vous dire que j'ai bien
apprécié l'expérience, que je serai encore à la
disposition de mes honorables collègues et que je leur demande,
évidemment, de me donner tout leur appui, parce que j'en ai besoin
présentement pour traverser cette période très difficile.
Je compte particulièrement sur l'Opposition pour être vigilante
mais à la fois, qu'elle continue de me fournir des bonnes suggestions
afin de faire face à une situation qui, entre nous, est assez
difficile.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remer-
cie, M. le ministre des Finances. Je remercie aussi les fonctionnaires
qui vous accompagnent. la commission doit ajourner maintenant sine die, ayant
accompli son mandat d'étude trimestrielle de la politique
budgétaire du gouvernement et de l'évolution des finances
publiques.
(Fin de la séance à 17 h 1 )