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(Onze heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration entreprend ses travaux
afin de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Finances, Programmes 1 à 5 et
8, pour l'année financière 1987-1988. M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: M. le Président, on ne m'a
informé d'aucun remplacement pour cette séance.
Le Président (M. Lemieux): Permettez-moi de vous rappeler
la durée de l'étude des crédits. Une période de
huit heures a été allouée à l'étude des
crédits de ce ministère, en trois séances: ce matin, cet
après-midi et ce soir.
En ce qui concerne nos travaux de cet après-midi, on m'a
informé d'une entente, entre les leaders parlementaires, ayant pour
effet d'entendre les organismes suivants: la Caisse de dépôt et
placement du Québec et Loto-Québec.
J'aimerais maintenant qu'on procède aux déclarations
d'ouverture. M. le ministre des Finances.
Remarques préliminaires M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: M. le Président, nous sommes en effet
réunis pour analyser les crédits du ministère des Finances
pour l'exercice financier 1987-1988. En premier lieu, je voudrais attirer
l'attention de la commission sur le fait que les crédits à
être votés... Vous remarquerez que nous avons, dans la liste des
programmes, d'abord, le secteur Administration financière, ensuite, le
secteur Marchés financiers et enfin, le secteur Statistiques,
planification et coordination.
Dans le premier secteur, nous avons cinq éléments. Dans le
second, nous retrouvons, sous le titre Marchés financiers, deux
éléments, 6 et 7, qui ont trait à l'Inspecteur
général des institutions financières et au Contrôle,
surveillance et développement du commerce des valeurs mobilières.
Dans ces deux cas, ces crédits, m'a-t-on appris, seront
étudiés jeudi soir prochain, le 4 juin, à la suite d'une
entente avec les membres de la commission.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre,
c'est le cas.
M. Levesque: Alors, je suis convaincu que le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation, mon
collègue d'Outremont, à qui ces responsabilités ont
été confiées d'une manière particulière,
sera pleinement en mesure de répondre adéquatement aux questions
soulevées.
Comme vous l'avez vous-même mentionné, M. le
Président, j'aimerais confirmer que M. Jean Campeau,
président-directeur général de la Caisse de
dépôt et placement du Québec, ainsi que M. David Clark,
directeur général de Loto-Québec, seront avec nous
à partir de 15 heures cet après-midi. Ils seront à la
disposition de la commission et pourront en même temps répondre
aux questions qui pourraient leur être posées. J'ai pris certaines
dispositions avec ces messieurs et les personnes qui les accompagneront, et je
demanderais également à la commission de le confirmer, pour que
cela puisse se faire à la reprise de nos travaux, à 15 heures. On
comprendra que ces messieurs ont certaines responsabilités de
gestionnaires. Et, pour indiquer que la commission agissait avec
efficacité et dans l'intérêt public, j'ai pensé
demander, après consultation, à ces deux messieurs de se rendre
ici à 15 heures cet après-midi pour être à la
disposition de la commission.
Le Président (M. Lemieux): Simplement un petit obiter
dictum, si vous me le permettez, M. le ministre. Que les gens et les
parlementaires soient bien ici pour 15 heures, s'il vous plaît! Vous
pouvez continuer, M. le ministre.
M. Levesque: Merci. M. le Président, avant que nous
commencions nos discussions sur les crédits de mon ministère,
vous me permettrez d'exposer brièvement certains commentaires sur la
structure administrative et sur les impacts financiers des crédits
1987-1988.
Je dois tout d'abord vous dire que la structure organisationnelle du
ministère des Finances n'a pas été modifiée, si
nous la comparons à celle de l'année précédente. De
fait, lorsqu'on regarde également du côté des postes de
direction aux divers niveaux, nous
retrouvons lea mêmes personnes. Je ne pense pas, de
mémoire... Je devrais peut-être dire qu'il y a le poste de
contrôleur des finances, qui était vacant lorsque je suis
arrivé au ministère, qui a été comblé.
D'ailleurs, la commission a eu l'occasion de rencontrer celui qui occupe
maintenant ces fonctions, un ancien sous-ministre adjoint au ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, M. Pierre-André
Paré, qui était avec nous lorsque nous avons discuté des
projets de loi 129 et 130.
Un autre changement me vient à l'esprit...
M. Garon: C'était le précurseur des trois
autres.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de...
M. Levesque: Oui. Prédécesseur, vous voulez
dire?
Le Président (M. Lemieux): Prédécesseur.
M. Garon: Non, je veux dire le précurseur.
M. Levesque: Je ne sais pas ce que le député veut
dire par précurseur, mais...
M. Garon: II semble, en fin de semaine, qu'il y en a trois qui
ont été limogés à ce ministère comme
sous-ministres adjoints.
M. Levesque: Ah bien, évidemment, ça ne
relève pas de ma compétence. Je ne veux pas faire de commentaires
sur des sujets qui ne me touchent pas directement. Mais je dois dire que M.
Paré occupe les fonctions de contrôleur des finances au
ministère, poste qui était vacant et qui était rempli par
M. Couture comme directeur intérimaire. Évidemment, il avait
quitté antérieurement son poste de sous-ministre adjoint au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour s'en
retourner dans l'entreprise privée, pour une compagnie d'assurances. Si
je me rappelle bien, c'était la Saint-Maurice.
M. Garon: Qui, ça?
M. Levesque: M. Paré. C'est là que nous sommes
retournés...
M. Garon: Ah bon! Il avait déjà quitté.
M. Levesque: Oui, il avait quitté pour six mois, je pense.
En mai 1986, il était retourné à l'entreprise
privée. C'est là que, à la suite de la recherche qui a
été entreprise pour ce personnage, nos yeux se sont
tournés vers lui.
Il y a aussi le sous-ministre adjoint aux Finances, M. Claude
Séquin, qui nous a quitté, ces dernières semaines, pour
s'en aller dans l'entreprise privée également.
M. Garon: II est spécialisé dans le sucre.
M. Levesque: Dans le sucre? Plutôt dans le gaz.
M. Garon: Dans le gaz. Une autre forme d'énerqie.
M. Levesque: Je dois dire que c'est avec regret que nous avons
accepté ce départ, car M. Claude Séguin avait rendu
d'éminents services non pas seulement au ministère, mais au
gouvernement et à l'État québécois dans son
ensemble.
M. le Président, les crédits apparaissant au livre des
crédits 1987-1988 de mon ministère se ventilent globalement de la
façon suivante. Je pense qu'il est important d'attirer votre attention
là-dessus, M. le Président, et l'attention de la commission. Le
total apparaissant au livre des crédits est de 3 153 561 500 $ et si on
s'en tient à ce que nous avons à étudier, aujourd'hui,
c'est-à-dire en enlevant le marché financier, les rubriques 6 et
7, nous avons un total de 3 129 465 600 $. Là-dessus, il y a des
crédits permanents ou statutaires, autrement dit, qui ne sont pas
à voter comme les autres. Ces crédits représentent une
somme de 2 850 669 700 $, soit 91, 09 %, ce qui ne laisse comme crédits
à voter que 278 765 900 $, soit 8, 91 %. Autrement dit, en
résumé, de ce total de crédits qui apparaît au livre
des crédits, il y en a 91, 09 % qui ne sont pas des crédits
à voter, mais des crédits permanents ou statutaires, si vous
voulez et c'est prévu par les lois. Ce que nous avons devant nous, c'est
278 765 900 $, soit 8, 91 %, c'est ce qu'il nous reste à voter.
Cependant, encore là, de cette somme de 278 765 900 $, les
crédits alloués pour le fonctionnement du ministère des
Finances ne sont que de 50 900 000 $. Alors, si on considère ces sommes,
on s'aperçoit qu'il y a au programme 4, Fonds de suppléance, des
sommes plus considérables qui apparaissent comme étant cette
année de 227 798 500 $. Lorsque je dis 50 000 000 $ pour le
fonctionnement du ministère, c'est que j'ai enlevé de la somme de
278 000 000 $, justement, ces sommes qui sont au fonds de suppléance et
qui ne sont pas considérées comme des dépenses. Elles
deviennent des dépenses, ces sommes, lorsqu'elles sont utilisées
par les ministères qui viennent à la source qui s'appelle le
fonds de suppléance. Mais ce ne sont pas des dépenses pour le
ministère des Finances. Ce sont tes dépenses qu'on retrouve dans
les autres ministères qui viennent s'approvisionner pour des
imprévus,
par exemple, au fonds de suppléance.
Les crédits, évidemment, ici, pour le fonds de
suppléance, paraissaient plus élevés l'an dernier et, au
début de l'année, ils l'étaient encore plus. Ils
étaient de plus de 600 000 000 $, tout près de 700 000 000 $.
Mais c'étaient des sommes qui étaient prévues pour les
conventions collectives en grande majorité. Cette année, nous
n'avons pas à répéter, si vous voulez, à ce
chapitre du fonds de suppléance les sommes ainsi prévues.
Toutefois, on remarque au programme 5, Gestion interne et soutien... Si
je fais ces remarques, c'est pour répondre un peu d'avance a certaines
questions qui pourraient être posées. Cela n'empêche pas de
les poser de nouveau. Mais au moins je veux indiquer quels sont les points qui
m'apparaissent susceptibles de susciter certaines questions.
On remarque au programme 5, Gestion interne et soutien, une augmentation
à la catégorie loyers d'environ 1 900 000 $. Cette augmentation
est due au fait que le ministère des Finances a
déménagé ses bureaux depuis avril dernier à
l'ancien palais de justice. Le loyer là-bas est plus élevé
qu'à l'ancien bâtiment, l'édifice C ou
Honoré-Mercier. On sait que, depuis environ trois ans, on a fait des
travaux de restauration à l'ancien palais de justice et,
évidemment, la Société immobilière du Québec
demande au ministère des Finances un loyer correspondant à son
investissement dans la restauration de l'édifice. Le
président-directeur général de la Société
immobilière du Québec a déjà déclaré
que les coûts de restauration de cet édifice, qui est maintenant
classé, je pense, bien culturel, seraient d'environ 15 000 000 $. Les
fonctionnaires du ministère évaluent l'augmentation de ces loyers
sur l'ensemble de 1 500 000 $ à 1 700 000 $.
Enfin, M. le Président, si vous me le permettez, je voudrais
terminer cette courte introduction en rappelant que le nombre de
personnes-années allouées au ministère qui était de
1275 en 1985 sera tout probablement de 1224 en 1987-1988. Donc, en 1985, 1275
personnes-années. En 1987-1988, 1224. Alors, il y a là,
évidemment, une contribution du ministère à la
rationalisation dans les dépenses. Il y a des compressions qui sont
nécessaires. Mais évidemment, il y a un niveau où l'on
peut plus difficilement qu'auparavant essayer de baisser le nombre des
personnes-années au service du ministère. (12 heures)
Alors, je tiens à dire aux membres de la commission que nous
sommes à la disposition de ces derniers pour répondre à
toute question qui serait de nature à les éclairer.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. M. le député de Lévis, pour ce qui
est de la déclaration d'ouverture ou de vos remarques
préliminaires, vous avez un temps de parole de 20 minutes en vertu de
l'article 209 du règlement. M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le ministre des Finances est un
spécialiste de la pêche. On voit qu'il vient d'un territoire
maritime: il noie le poisson. Il nous parle des loyers et il nous dit qu'il a
déménagé. Il nous dit que telle personne est partie et
qu'une autre est arrivée. Mais, j'ai remarqué que, depuis un an,
je suis incapable de savoir quelle est la politique économique du
ministre des Finances. Cela n'apparaît pas dans le budqet ni dans les
crédits. Je ne peux pas non plus le savoir au moment de la
synthèse de l'opération financière. En aucun moment on ne
peut savoir quelle est la conception ou l'orientation de la politique
économique du ministre des Finances. C'est à un point tel que si
je regarde une commission comme la nôtre, la commission du budget et de
l'administration qui étudie actuellement, qui fait la surveillance d'un
organisme, soit la Commission des valeurs mobilières, on commence
à se dire entre nous qu'on devrait peut-être avoir un article qui
dirait que la Commission des valeurs mobilières devrait avoir une
politique concernant les valeurs mobilières qui aille dans le même
sens que la politique économique du ministre des Finances, puisque c'est
lui qui en est responsable au nom du gouvernement. De la même
façon, dans la Loi sur la Banque du Canada, à l'article 14, on
dit que le ministre des Finances exige du gouverneur de ' la Banque du Canada
que sa politique monétaire soit en accord avec son orientation
économique ou celle du gouvernement telle que définie par le
ministre des Finances, à défaut de quoi ce dernier peut donner
des directives écrites.
J'imagine qu'actuellement les gens du gouvernement doivent être un
peu mal à l'aise d'essayer de s'orienter sur la politique
économique du ministre des Finances puisque c'est le secret le mieux
gardé du gouvernement. C'est à un tel point qu'en termes
d'orientation et de développement, on se rend compte qu'on ne sait pas
exactement ce qui se passe. Mais en écoutant ce qui se dit à
Ottawa, sachant que le ministre des Finances ou la politique du gouvernement
semble en harmonisation à tout prix avec celle du gouvernement
fédéral, on peut penser que quand Ottawa parle, c'est un peu
l'écho que l'on n'entend pas mais qui, si on l'entendait, pourrait venir
du gouvernement du Québec.
Ce que nous serions intéressés à savoir beaucoup
plus que le coût des loyers du ministre ou les questions de cette nature,
c'est quelles sont ses intentions en regard
des accords fiscaux. On sait que dans le domaine de la santé et
de l'enseignement postsecondaire, le gouvernement fédéral agit de
façon unilatérale, que le ministre des Finances semble impuissant
à infléchir les décisions du fédéral et que
les règles du jeu sont déjà établies par la loi
C-96. On aimerait savoir si le ministre des Finances est heureux, satisfait et
content de cette situation. Qu'entend-il faire pour la changer, s'il n'est pas
heureux?
On sait que, par rapport à la péréquation, - la fin
de l'accord actuel est en 1987. Est-ce qu'il y a eu des négociations
concernant un nouvel accord de péréquation? Y aura-t-il une
nouvelle loi du gouvernement fédéral? L'entente à venir
sera-t-elle différente de celle qui prévaut actuellement? On
aimerait savoir. Par rapport à la péréquation, comment le
ministre s'oriente-t-il? Comment le gouvernement s'oriente-t-il? Quelles sont
les négociations en cours? Est-ce que cela va dans la même
direction que pour le financement des programmes de santé et
d'enseignement postsecondaire ou si c'est différent en termes de
relations avec le gouvernement fédéral?
On sait également qu'il va y avoir, le 18 juin, une annonce, si
la date n'est pas changée, d'une nouvelle politique fiscale à
Ottawa. Le ministre a dit - il ne nous l'a pas dit à nous, mais dit,
apparemment à un journaliste du Journal de Québec - que
cela pourrait vouloir dire un nouveau budget à l'automne. Quelle est la
façon d'envisager cette politique fiscale canadienne? Le ministre a-t-il
fait des représentations, parce qu'il parle de s'harmoniser? Va-t-Il se
faire conduire dans une orientation décidée par le gouvernement
fédéral ou s'il a lui-même tenté d'infléchir
le gouvernement fédéral dans une certaine direction?
On entend parler qu'il faut absolument imiter les États-Unis,
sauf qu'il n'est pas certain que les politiques qui sont bonnes pour les
États-Unis soient bonnes pour le Québec. Il n'est pas certain que
la conception des choses, dans un État du nord et dans un État du
sud, soit la même. Si on regarde les grandes études sociologiques
qui ont déjà été faites, par exemple, par Max Weber
ou d'autres, on se rend compte que les climats et les religions ont une
influence et que les conceptions des choses sont souvent très
différentes entre les gens du sud et les gens du nord.
On se demande, là-dessus, quelles sont les conceptions du
ministre de Finances. Voit-il, par exemple, en termes de sécurité
sociale, en termes de sécurité tout court, que
traditionnellement, les gens du nord, qui ont dû faire face à des
conditions climatiques beaucoup plus rigoureuses, ont, habituellement, des
régimes sociaux qui sont bien différents des gens du sud?
Habituellement, ils établissent des règles en fonction de leurs
besoins. Les besoins du sud sont bien différents des besoins du nord, en
termes d'action collective, d'action communautaire, parce que, au nord, on
n'est pas dans les mêmes situations qu'au sud.
Le ministre ne nous a rien dit à ce sujet. On n'a aucune
idée, par rapport à la réforme de la fiscalité, de
l'orientation du gouvernement actuel, s'il en a une. On dirait que la politique
fiscale du gouvernement actuel est une question de sécurité
nationale, puisqu'il n'y a rien qui bouge. Il serait intéressant de
savoir, au point de vue de la réforme de la fiscalité, comment le
ministre des Finances conçoit une taxe de vente nationale?
Considère-t-il qu'une taxe de vente nationale ne constituera pas un
empiètement important sur les taxes que perçoit actuellement le
gouvernement du Québec? Le gouvernement, aussi, ne
considérera-t-il pas qu'il s'agit d'une taxe qui peut être
très régressive en fonction des biens qui peuvent être
taxés? Le gouvernement a-t-il l'intention d'occuper sa place ou s'il a
l'intention, par exemple, comme dans le domaine des valeurs mobilières,
de regarder le concubinaqe de l'Ontario et du gouvernement
fédéral en se satisfaisant de cette situation comme une
épouse mal entretenue ou, si vous voulez, un époux mal entretenu.
Le gouvernement du Québec ne semble pas dans la parade, tout au plus
dans l'estrade, et, encore là, ce n'est pas certain puisque le
gouvernement prend ses décisions avec le gouvernement de l'Ontario pour
la Commission des valeurs mobilières.
On voit que, dans le domaine de l'agriculture, par exemple, le
gouvernement fédéral décide avec l'Ouest, et s'il y a des
miettes qui restent sur la table après que l'Ouest a pris le repas, le
Québec semble s'en contenter. Cela montre une absence d'orientation du
gouvernement qui est à la remorque de tout ce qui existe comme
gouvernement au Canada, et qui semble toujours suivre la parade avec
difficulté. C'est pourquoi il serait important de savoir quelles sont
les politiques économiques du ministre des Finances concernant ces
différents points.
Par ailleurs, non pas en matière d'orientation économique,
mais en matière technique, j'aimerais savoir, par exemple, comment se
calculera financièrement, budgétairement, la
rétroactivité des conventions collectives. On sait, par exemple,
que, dans la synthèse des opérations financières du 31
décembre 1986, le ministère des Finances ou le sous-ministre des
Finances, qui signe le document, indique que le gouvernement s'avantage de 385
000 000 $. Par la suite, lors de l'étude du budget, le ministre des
Finances nous a dit qu'il s'avantageait, au 31 mars 1987, de 594 000 000 $,
parce que le retard de la
signature des conventions collectives a pour effet de retarder les
paiements. Il semble, d'après les déclarations du ministre des
Finances, qu'au 31 mars 1987, il s'agissait d'un paiement différé
de 594 000 000 $ qui n'entrait pa3 dan3 le budget 1986-1987.
J'aimerais savoir, en fonction de la loi 130 qui a été
adoptée, si les 594 000 000 $ vont faire partie du budget de 1986-1987,
étant donné que le délai à payer doit
s'étendre au 31 juillet 1987, quatre mois additionnels, et si la
rétroactivité des conventions collectives sera rentrée
d'ici le 31 juillet dans la comptabilité 1986 ou si elle entrera dans la
comptabilité de 1987-1988. On voit qu'on se retrouve avec une loi 129
qui a avantagé considérablement le gouvernement, une loi 130 qui
avantage considérablement le gouvernement, et on se retrouve devant 594
000 000 $ qui, à la fin de mars, n'étaient pas
comptabilisés dans les endettements gouvernementaux, n'étaient
pas comptabilisés dans les budgets à payer, et qui pourraient
l'être maintenant, non pas rétroactivement, mais un peu
rétroactivement, laissant paraître la situation de 1986-1987
beaucoup mieux qu'elle ne l'est en réalité.
J'aimerais savoir si les 594 000 000 $ de rétroactivité
à payer pour l'année 1986-1987, c'est toujours 594 000 000 $ au
31 mars 1987, si cette rétroactivité sera entrée dans le
budget de 1986-1987 ou en 1987-1988 et à quel moment tout cela, si cela
se fait, viendra changer les colonnes de chiffres du ministre des Finances.
Selon les nouvelles normes comptables, il n'a pas besoin d'avoir d'argent dans
ses poches pour être plus riche. Ce serait intéressant pour nous
de savoir de quelle façon cet aspect va fonctionner. (12 h 15)
On a aussi vu des déclarations dans les journaux concernant
Hydro-Québec, à savoir que, dans le premier trimestre, les
montants d'argent, les profits d'Hydro-Québec seraient très bons,
mais, en même temps, on mentionnait que cela ne voudrait pas dire
nécessairement que ce serait aussi bon pour le reste de l'année
puisque la consommation est plus forte dans le premier trimestre parce qu'on
est encore en hiver. Cela ne veut pas dire nécessairement que les
revenus, les profits d'Hydro-Québec sont aussi forts. Nous aimerions
aussi que le ministre des Finances nous dise un mot là-dessus, à
savoir si Hydro-Québec aura des profits plus considérables cette
année, si Hydro-Québec va payer des dividendes au gouvernement,
cette année, ou si ces profits vont rester dans les coffres
d'Hydro-Québec.
Je comprends que les présidents d'organismes - cela a
été convenu - seront ici seulement cet après-midi et ce
soir. J'aimerais dire que nous avons l'intention, plutôt d'interroger -
je le dis d'avance au ministre des Finances - le ministre des Finances sur les
orientations de ces organismes, les orientations politiques du ministre...
Même si on peut passer rapidement à travers les crédits
à l'occasion de cette période, nous pensons que ce qui est
important pour les Québécois, c'est de connaître les
orientations du ministre et la fonction de gouverner de ces
sociétés d'État sous un nouveau gouvernement. Le ministre
nous a donné certaines indications, a laissé entendre certaines
indications dans son discours sur le budget et on pourra en parler plus
précisément lorsque les présidents d'organismes seront
ici.
M. le Président, j'aurai également l'occasion de parler
plus longuement du fonds de suppléance lorsque nous étudierons le
programme 4. Ce fonds connaît des variations importantes aux
éléments 2 et 3. Plutôt que d'en parler à ce
moment-ci, j'aime autant que, techniquement, on en parle lorsque l'on parlera
du programme 4 concernant le fonds de suppléance et les variations
importantes aux éléments 2 et 3.
M. le Président, c'est, en gros, les remarques que je voulais
faire à ce moment-ci. J'aimerais que le ministre des Finances nous
indique également dans sa réplique, dans sa réponse ou
dans son droit de parole subséquent, quelles seront les affectations
-maintenant que son annonce a été faite dans le budget du 30
avril - des crédits additionnels qu'il indiquait au fonds de
suppléance, notamment à la santé: 10 000 000 $, au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche: 1 500 000 $,
emploi pour étudiants: 3 000 000 $. Ces montants d'argent, au lieu de se
retrouver dans des crédits additionnels des ministères, se
retrouvent dans le fonds de suppléance, j'imagine, parce qu'à ce
moment-là les affectations n'étaient pas assez précises
pour affecter ces sommes directement dans des programmes ou dans des
éléments de programme au moment du discours sur le budget. Comme
cela fait déjà un petit bout de temps, à moins que ce ne
soient des annonces pour fins de crédits périmés
éventuellement, j'imagine que les affectations maintenant sont mieux
connues et nous ne voudrions pas que ce soient des annonces un peu comme les
annonces de développement régional d'un montant additionnel de 10
000 000 $, l'an passé, qu'on retrouve entièrement dans tes
crédits périmés.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste deux minutes, M.
le député de Lévis.
M. Garon: Au moment du discours sur le budget... M. le
Président, quand vous dites à tout le monde qu'il leur reste deux
minutes, je ne voudrais pas que vous passiez votre temps à me dire qu'il
me reste tant de temps. Je compte le temps, moi aussi,
mais je remarque que vous n'avez pas dit au ministre des Finances le
temps qu'il lui restait.
Le Président (M. Lemieux): Si je ne l'ai pas dit au
ministre des Finances, M. le député de Lévis, c'est qu'il
a terminé à l'intérieur de ses 20 minutes et il lui
restait plus de deux minutes.
M. Garon: Oui, mais je n'ai pas encore terminé.
Le Président (M. Lemieux): C'est simplement pour vous
prévenir, M. le député de Lévis, qu'il vous reste
deux minutes. Je le fais d'ailleurs non pas...
M. Garon: Faites-le pour tout le monde ou ne le faites pas pour
personne.
Le Président (M. Lemieux): Excusez-moi, M. le
député de Lévis, mais, lorsque je dis qu'il vous reste
deux minutes, c'est que je considère qu'il est tout à fait normal
que vous ayez à conclure à l'intérieur de deux minutes
pour respecter les 20 minutes du règlement. M. le ministre des Finances
avait pris moins de 18 minutes pour faire ses remarques préliminaires.
Alors, il n'y a pas d'idée préconçue ou
préexistante de ma part, ( soyez-en assuré.
M. le député de Lévis, vous pouvez continuer.
M. Garon: M. le Président, je voudrais demander au
ministre des Finances s'il s'agira de crédits périmés,
puisque, l'an dernier, le Fonds de développement régional a
reçu un montant additionnel de 10 000 000 $ dont aucun sou n'a
été dépensé puisque le montant
dépensé était resté à l'intérieur du
montant annoncé au moment des crédits et que les sommes
additionnelles qui avaient été annoncées au moment du
discours sur le budget n'avaient servi à rien puisqu'elles n'ont pas
été dépensées. Il y avait eu au-delà de 10
000 000 $ annoncés lors du budget mais qui ont été
périmés. C'étaient là les remarques
préliminaires que je voulais faire avant de commencer l'étude des
crédits.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Est-ce qu'il y a d'autres membres de
cette commission qui désirent faire une déclaration d'ouverture
ou des remarques préliminaires?
M. le député de Lafontaine.
M. Gobé: Rapidement, M. le Président. M. Garon: M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: En vertu du règlement, je pense que le ministre
a la possibilité, en vertu de l'article 287, si ma mémoire est
bonne, de répondre immédiatement après un intervenant.
Le Président (M. Lemieux): Oui, effectivement, vous avez
raison, M. le député de Lévis. Si on regarde l'article
287, vous allez y constater que le ministre ou le président à une
commission, peut intervenir aussi souvent qu'il le désire, mais
seulement lorsque j'aurai appelé le programme comme tel. C'est lors de
l'étude des crédits et on est à l'étape des
remarques préliminaires. S'il y a consentement, effectivement, on
pourrait permettre au ministre d'intervenir, mais si vous lisez bien l'article
267, il est stipulé que "le président ou le ministre qui
répond de ses crédits... ". Or, nous n'avons pas encore
appelé l'étude des crédits, du programme ou des
éléments; nous en sommes aux remarques préliminaires.
Lorsque tes crédits seront appelés, M. le député de
Lévis, effectivement, le ministre pourra intervenir aussi souvent qu'il
le désirera et j'irais même plus loin: il a 20 minutes par
intervention et non par élément. Après chaque intervention
de chacun des députés, il peut intervenir pour une période
de 20 minutes en vertu de l'article 284 du règlement. Sauf s'il y a
consentement... M. le député de Lafontaine, est-ce que vous
permettez que M. le ministre intervienne?
M. le ministre.
M, Gobé: Si le ministre le désire, c'est avec plaisir que
je consens.
M. Levesque: Je suis à la disposition de la commission. Si
vous voulez procéder avec les remarques préliminaires au
début, allez-y.
Le Président (M. Lemieux): Habituellement, c'est dans la
tradition, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Allez!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, pour les remarques préliminaires.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. Le
député de Lévis disait que le ministre qui vient d'une
région de pêcheurs allait à la pêche. J'ai
l'impression que lui, à la suite de ses remarques, comme d'habitude, est
dans les patates pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il ne connaît pas
le règlement, parce qu'il interprète des articles qui ne sont pas
pertinents.
Le Président (M. Lemieux): M. le
député de Lafontaine, j'aimerais, s'il vous plaît...
Pouvez-vous vous en tenir à la règle de la pertinence et non pas
à des remarques élémentaires? Je suis là, M. le
député de Lafontaine, pour faire respecter le règlement.
Parlez des crédits, s'il vous plaît!
M. Gobé: Très bien, M. le Président. Je
voulais dire que, contrairement au député de Lévis que
j'écoutais parler, qui s'interrogeait pour savoir quelles sont les
politiques du ministère - lesquelles il mettait en doute d'ailleurs - il
me semble, personnellement, qu'on voit pour la première fois dans ce
ministère une orientation très déterminée sur
plusieurs rapports et je suis un peu surpris de voir que des gens puissent
penser le contraire. On voit qu'il y a d'abord une volonté politique de
rationalisation des dépenses, très forte, très
prononcée et c'est une chose qui, il me semble, n'a pas
été faite depuis de nombreuses années quand on voit les
gaspillages et les errements des anciens budgets.
On constate aussi que le ministère, en matière de
politique économique, semble vouloir mettre l'emphase, je dirais
même, la priorité sur la promotion du développement
économique, l'entrepreneurship et aussi, bien entendu, l'incitation des
gens qui ont été un peu laissés sur le carreau par
l'ancienne administration au titre de l'emploi, à retourner au
travail.
Je crois voir là des actions très positives de ce
ministère et je pense que M. le ministre aura l'occasion de nous
expliquer cela plus longuement durant toute cette période.
En ce qui concerne aussi les pourparlers qui se font actuellement avec
le gouvernement fédéral, nous avons pu voir à travers les
médias, en plus des déclarations du ministre, qu'il semblait
défendre fortement et très ardemment les intérêts
fiscaux et financiers de la province avec ses homologues
fédéraux.
Quant à la réforme fiscale, c'est vraiment une chose dont
le ministre pourra nous entretenir et j'espère qu'il nous en
entretiendra, bien que je croie que ce n'est pas en public qu'on prépare
une réforme fiscale, et, n'en déplaise au député de
Lévis, je ne crois pas que M. le ministre pourrait nous donner les
détails de ce qu'il nous prépare. Vous vous souvenez que, le soir
du budget, le député de Lévis était un peu
estomaqué, grandiloquent, à savoir que le budget avait
été coulé à l'avance et là, il voudrait que,
comme ça, tout de go, M. le ministre mette sur la table, semble-t-il,
une réforme de la fiscalité, qui demande certainement une
discrétion peut-être plus forte ou, du moins, aussi forte que le
budget.
M. le ministre ne va pas à la pêche. J'ai l'impression
qu'il sait où il s'en va, que ses politiques sont claires et nettes.
Peut-être que, si le député de Lévis, lorsque nous
avons débattu du budget en cette commission, était resté
à la commission au lieu de partir en claquant la porte, il aurait pu
entendre les explications du ministre qui nous exposait, pendant toute cette
période où il était malheureusement absent, quelles
étaient ses politiques et leurs retombées.
J'ai terminé, M. le Président. Je vous cède
maintenant la parole.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Lafontaine.
Comme nous avons terminé pour les remarques préliminaires
ou déclarations d'ouverture, j'appelle le programme 1...
M. Garon:...
Le Président (M. Lemieux): Pardon. M. le
député de Lévis nous en sommes aux remarques
préliminaires. S'il y a consentement, M. le ministre a effectivement un
droit d'intervention mais ce que je veux vous faire comprendre, M. le
député de Lévis, c'est que l'article 287 du
règlement trouve son application lorsque moi, comme président,
j'ai appelé l'étude des crédits. À partir de ce
moment-là, M. le ministre des Finances dispose d'un droit d'intervention
de 20 minutes et il peut le faire aussi souvent qu'il le désire, non pas
après chacun des éléments de programme mais après
chacune des interventions.
En conséquence, j'appelle le programme 1, Étude des
politiques économiques et fiscales.
Est-ce qu'il y a...
M. Levesque: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque:... lorsque je vous avais dit que j'étais
entre les mains de la commission, quant à la demande d'un autre
intervenant pour des remarques préliminaires, il me semblait que vous
m'aviez déjà indiqué que je pourrais réagir aux
propos du député de Lévis, ou aux propos du
député de Lafontaine.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre des
Finances, s'il y a consentement, il n'y a aucun problème et je vous le
permets. Mais ce qu'a semblé me dire le député de
Lévis c'est que l'article 287 vous permettait cette
intervention-là. Je vous dis que l'article 287 vous permet d'intervenir
après chacune des interventions pour un temps de 20 minutes, seulement
lorsque moi, comme président de la commission, j'ai appelé
l'étude des crédits. Comme nous en étions aux remarques
préliminaires ou aux
déclarations d'ouverture, s'il y a consentement, il n'y a aucun
problème.
M. le député de Lévis, est-ce qu'il y a
consentement pour que M. le ministre des Finances puisse exprimer un droit
d'intervention au niveau des remarques préliminaires ou
déclarations d'ouverture avant que moi, comme président,
j'appelle l'étude des politiques économiques et fiscales,
programme 1?
M. Garon: Je vais vous poser une question, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je voudrais savoir si les remarques
préliminaires font partie, d'après vous, de l'étude des
crédits ou si elles sont extérieures à l'étude des
crédits qui commencerait avec le programme 1.
Le Président (M. Lemieux): Dans l'esprit de l'article 287,
M. le député de Lévis, les remarques préliminaires
forment effectivement un ensemble, mais l'interprétation qui a
été donnée à l'article 287, c'est que, pour le
président ou le ministre qui répond de ses crédits, ce
sont des remarques préliminaires d'ordre général et nous
n'en étions pas, à ce moment-ci, d'une manière très
spécifique, à chacun des programmes étudiés ni
à chacun des éléments de programme.
M. Garon: Vous dites que c'est l'interprétation qui en a
été faite...
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que me confirme d'ailleurs
mon secrétaire. M. le député de Lévis.
M. Garon: Non, non, je veux simplement savoir, parce que je me
rends compte que, d'une commission à l'autre, l'interprétation
est complètement différente. Quand vous dites que c'est
l'interprétation qui en a été faite, pourriez-vous me dire
par qui, par quelle jurisprudence ou par quelle doctrine? (12 h 30)
Le Président (M. Lemieux): J'ai pris la peine, M. le
député de Lévis, de faire des recherches et il me fait
plaisir de vous répondre. Si vous consultez May ou Beauchesne, vous
allez avoir votre réponse relativement à l'interprétation
de l'article 287. J'irais même plus loin que cela, M. le
député de Lévis. Au niveau de l'étude des
crédits, permettez-moi de vous dire qu'il n'y a aucune règle de
procédure qui précise, quant aux droits de parole et aux droits
d'intervention, qu'il y a un temps limite comme on en retrouve un à la
consultation générale, à l'interpellation ou autre.
En ce sens, je me permettrai de vous dire que j'ai une certaine
discrétion de décider quel député a un
privilèqe d'intervention. Je pourrais aller beaucoup plus loin, vous
savez. J'en ai pour deux pages; si vous voulez que je vous lise ces deux pages,
je suis prêt à le faire. J'ai pris le temps de faire la recherche.
Je peux bien le faire pour votre bénéfice et pour celui des
membres de cette commission, mais nous en sommes à l'étude des
crédits. S'il y a consentement pour que le ministre des Finances
intervienne relativement à vos remarques préliminaires et aux
remarques préliminaires du député de Lafontaine, je n'ai
pas d'objection. Il faut bien comprendre ce que je dis à propos de
l'article 287. Le ministre n'a ce droit d'intervention que lorsque moi, comme
président de cette commission, j'ai appelé le programme
numéro 1. On entre dans le cadre spécifique des
éléments et des programmes comme tels des crédits alors
que pour les remarques préliminaires, M. le député de
Lévis, il s'agit de déclarations de principe d'ordre
général.
Sur ce, est-ce qu'il y a consentement pour que M. le ministre des
Finances puisse intervenir sur votre déclaration d'ouverture?
M. Garon: Je dois vous dire que je m'en réfère
à votre jugement, M. le Président, puisque vous présidez
les délibérations. Le ministre des Finances a fait un discours
d'ouverture en accord avec la tradition. J'ai fait un discours d'ouverture en
accord avec la tradition. Traditionnellement, ce que j'ai toujours vu, c'est
que le ministre pouvait répliquer. L'étude des crédits a
toujours été beaucoup moins formaliste que cela. Habituellement,
on demande des renseignements puis le ministre répond. Souvent, pour les
questions, cela ne prend pas 20 minutes à chaque fois. Parfois, les
questions prennent 30 secondes et les réponses trois minutes. Ce n'est
pas nécessairement aussi formaliste que ce que vous mentionnez
actuellement.
Je dirais tout simplement que le ministre des Finances a 30 ans
d'expérience de vie parlementaire et qu'il a participé à
de nombreuses commissions parlementaires. Je lui ai fait mes remarques. S'il
veut y répondre, il n'y aura pas d'objection de notre part. S'il ne veut
pas, ce sera aussi indicatif de ce qu'il considère ou estime correct.
Alors, je ne veux pas forcer le ministre des Finances. C'est à lui de
prendre sa décision, mais il n'y a pas d'objection de notre part.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, ce n'est pas pour être formaliste, c'est pour qu'il y ait
tout simplement respect de l'ordre des choses quant à la façon de
procéder, s'il y a consentement, conformément même à
l'article 180 qui nous dit que la procédure est déterminée
en
tenant compte des usages. Alors, M. le député, M. le
ministre des Finances, vous pouvez prendre votre droit d'intervention à
la suite du consentement.
M. Levesque: M. le Président, je vous remercie.
M. Garon: J'aimerais simplement faire remarquer au
président que, dans le parlementarisme britannique, les usages
habituellement sont plus importants que n'importe quoi d'autre. Vous savez que
c'est dans le parlementarisme britannique que nous vivons. Je comprends que le
président qui est député de Vanier n'aime peut-être
pas cette forme de parlementarisme, mais il faut accepter les
conséquences de notre vie historique. Ainsi, le parlementarisme
britannique est ainsi formé à peu près à 90 % des
usages qui ont été élaborés au cours des
années. Les textes sont beaucoup plus indicatifs que rigoureux, comme
c'est le cas dans le parlementarisme français dans lequel nous ne sommes
pas. Alors, nous sommes actuellement dans un parlementarisme britannique
représenté par notre souveraine, qui est la reine
Élizabeth II, reine...
Le Président (M. Lemieux): C'est agréable de vous
entendre, M. le député de Lévis.
M. Garon:... de l'Angleterre, de l'Irlande, de l'Écosse,
du Canada mais elle ne l'est plus des Indes, du Pakistan et autres territoires
qui ont su se libérer de cette dépendance.
Le Président (M. Lemieux): C'est agréable de vous
entendre, M. le député de Lévis. M. le
député de Vanter a beaucoup de respect pour le parlementarisme
britannique, soyez-en assuré, M. le député de
Lévis. M. le député de Lafontaine, brièvement.
M. Gobé: Brièvement. Je crois que si le
député de Lévis avait du respect pour le parlementarisme,
il ne ferait pas perdre le temps de la commission.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Gobé: On n'est pas ici pour avoir un cours de tradition
parlementaire. Notre leader est capable de le faire. Mais on est ici pour
écouter M. le ministre des Finances qui a déplacé des
fonctionnaires, et non pas pour écouter les divagations du
député de Lévis. Je crois qu'on peut se rencontrer
ailleurs si vous voulez nous expliquer cela et ce sera avec plaisir, mais ici,
M. le député de Lévis, malheureusement, c'est fait pour
travailler sérieusement, à moins que vous n'ayez rien à
dire sur le programme 1.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Lafontaine. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je ferais remarquer aussi...
Le Président (M. Lemieux): Sur une question de
règlement, M. le député de Lévis.
M. Garon:... à l'intention du député de
Lafontaine que, dans le parlementarisme britannique, la politesse est une
tradition et non pas l'insulte.
Le Président (M. Lemieux): Sur ce, M. le
député de Lafontaine et M. le député de
Lévis, je demanderais à M. le ministre des Finances, s'il vous
plaît, en respect du droit parlementaire britannique, de bien vouloir
intervenir.
M. Gérard D. Levesque (réplique)
M. Levesque: M. le Président, je vous remercie, je
remercie la commission. Avant d'aborder les éléments plus
philosophiques des interventions qui nous ont été faites par le
député de Lévis et le député de Lafontaine,
j'aimerais peut-être répondre à certains cas particuliers
qui ont été soulevés, quitte par la suite à revenir
sur des considérations d'ordre plus général. D'abord, les
conventions collectives, le calcul budgétaire des
rétroactivités. En effet, le compte à payer est de 594 000
000 $ au 31 mars 1987. Je vais attendre un peu, M. le Président, parce
que je voudrais que le député ait au moins sa réponse.
M. Gobé: Elle parle de politesse!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, s'il vous plaît! M. le député de Lévis,
M. le ministre des Finances me fait remarquer qu'il aimerait pouvoir continuer
son intervention. Cela va, M. le député de Lévis?
M- Garon: Pas de problème parce que le ministre des
Finances s'adresse à vous.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Avec les oreilles du
député de Lévis.
M. Garon: J'en fais une question de règlement. Le ministre
des Finances doit, en vertu de notre règlement, s'adresser au
président.
Le Président (M, Lemieux): C'est effectivement le cas, M.
le député de Lévis, mais je crois que le ministre des
Finances était davantage intéressé à ce que vous
l'entendiez ainsi que les membres de la commission que peut-être au
président qui a à appliquer la procédure et à
diriger les travaux. M. le ministre des Finances, à la suite des
remarques du député de Lévis, s'il vous plaît!
M. Levesque: M. le Président, c'est sûr que...
M. Garon: Je vous ferai remarquer, M. le Président, que le
député de Lévis a deux oreilles.
Le Président (M. Lemieux)! Je vous remercie, M. le
député.
M. Levesque:... dans le plus grand respect que j'ai pour la
procédure parlementaire, vous savez que je m'adressais à vous.
Cependant, je voyais que le député de Lévis, qui avait
insisté sur certaines réponses qui l'intéressaient,
n'était pas en mesure de pouvoir les recevoir.
Cela étant dit, pour revenir aux calculs budgétaires des
rétroactivités dans les conventions collectives, le compte
à payer était en effet de 594 000 000 $. Mais, tout le montant a
déjà été comptabilisé aux dépenses
ainsi qu'au déficit en 1985-1986, pour la partie de 1985-1986, et en
1986-1987. Alors que le compte à payer, lui, parce que je n'ai pas dit
que cela a été payé, j'ai dit que cela a été
comptabilisé dans les années 1985-1986 - quand je parle de
1985-1986, je parle des trois premiers mois de 1986 - et 1986-1987. Cela a
été comptabilisé dans ces deux années
financières. Mais, ces sommes 3ont considérées dans notre
comptabilité comme des comptes à payer, parce qu'on ne pouvait
pas les payer avant la signature desdites conventions collectives, signature
qui a eu Heu dans la présente année financière.
Une voix: Pour la plupart ou pour toutes?
M. Levesque: Pour la plupart. Quant aux fonctionnaires, ils
avaient signé avant le 31 mars 1987; donc, ils ont pu être
payés avant. Mais, pour les autres, les sommes ainsi
comptabilisées sont devenues des comptes à payer et le tout
devrait être payé et liquidé en 1987-1988,
c'est-à-dire au cours du présent exercice financier.
Les dépenses, pour répéter, ont été
comptabilisées en 1985-1986 et 1986-1987 et resteront là. Le
paiement affecte les besoins financiers nets de 1987-1988 et c'est
déjà prévu dans les chiffres du budget; on n'a qu'à
consulter et on retrouvera, dans la prévision de moins 230 000 000 $ des
autres comptes non budgétaires; c'est le point qui répond
à ce besoin financier, si vous voulez.
Le député de Lévis avait déjà dit: Si
les conventions collectives avaient toutes été signées
avant le 31 mars, vous auriez eu plus à emprunter, vos besoins
financiers auraient été augmentés. C'est vrai. Par contre,
si cela avait été le cas, au lieu, en 1987, d'avoir des besoins
financiers de l'ordre de 1 470 000 000 $, je crois, on aurait eu des besoins
financiers d'environ 870 000 000 $ ou quelque chose du genre. Alors, c'est
clair que, si on avait emprunté l'année dernière, on en
aurait moins à emprunter, cette année, et vice versa.
L'autre question qui a été posée touche
Hydro-Québec. Pour le premier trimestre, il est vrai que les revenus et
les profits d'Hydro-Québec ont été
légèrement meilleurs que ce qui avait été
prévu. Mais, comme l'a laissé entendre le député de
Lévis, on ne peut pas évidemment en arriver à une
conclusion définitive seulement avec un trimestre. C'est pourquoi la
prévision du budget, de 337 000 000 $, qui colle au plan de
développement d'Hydro-Québec, eh bien, elle demeure toujours la
prévision telle que nous l'avons prévue et qui demeure dans nos
estimations pour le moment. Quant aux dividendes, nous ne croyons pas, pour le
moment encore, que nous y aurions droit, cette année, à cause du
facteur de capitalisation, ce qui fait qu'il n'y a pas de dividendes de
payés par Hydro-Québec tant et aussi longtemps qu'on ne
dépasse pas les 25 % de capitalisation qui doivent être
protégés. Cela ne veut pas dire qu'on n'en aura pas, mais on n'en
prévoit pas; ce ne sera peut-être pas la même histoire, l'an
prochain.
Quant au Fonds de développement régional que le
député de Lévis a donné comme exemple, il a
mentionné qu'on avait ajouté 10 000 000 $ dans le budget et que
cela avait été périmé. Cependant, je tiendrais,
après avoir vérifié les chiffres il y a un instant... On
m'informe justement que, pour 1986-1987, pour le seul élément 1,
Fonds de développement régional, au proqramme 2, OPDQ, les
crédits initiaux étaient de 12 400 000 $, les crédits
additionnels annoncés au budget de 10 000 000 $, ce qui faisait un total
de 22 400 000 $. Les crédits périmés prévus sont
exactement comme ceux dans tout le gouvernement; cela représente 2 900
000 $ et non pas 10 000 000 $. C'est ce qui est arrivé dans tous les
ministères, pour donner suite aux crédits périmés
que nous avions annoncés dans le discours sur le budget. (12 h 45)
Maintenant, pour aborder les sujets qui ont été mis de
l'avant par les députés de Lévis et de Lafontaine,
relativement à la politique économique du gouvernement et
à
sa politique financière, je dois référer tout
d'abord le député de Lévis surtout, parce que le
député de Lafontaine est bien au courant de cela, au document
Maîtriser l'avenir. On verra que le gouvernement actuel s'en tient
au programme qu'il avait élaboré relativement à sa
politique économique.
On le sait et ce n'est pas quelque chose qui est secret, comme a pu le
laisser entendre le député de Lévis. Il n'y a rien de
secret dans la politique du gouvernement libéral. Depuis combien
d'années insistons-nous sur la priorité qu'il faut donner
à l'économie et à la création d'emplois? Nous
commençons justement à récolter les effets de cette
presque obsession que nous avons pour la création d'emplois, pour le
développement économique, de sorte que nous pouvons dire que les
prévisions que nous avions et sur lesquelles sont fondées
beaucoup de données du budget sont déjà
dépassées par les événements. Nous avons
créé, pour les quatre premiers mois de l'année, plus
d'emplois que ce que nous avions même prévu il y a quelques
mois.
On peut dire qu'environ la moitié des nouveaux emplois qui sont
créés au Canada depuis le début de l'année le sont
au Québec. Si on regarde simplement les chiffres d'avril, malgré
que je veuille être très prudent, parce qu'on ne peut pas prendre
un seul mois pour en arriver à des conclusions, il y a un indice: pour
les quatre premiers mois de l'année 1987 par rapport aux quatre premiers
de l'année 1986, la moyenne est de 76 000 nouveaux emplois. Pour le mois
d'avril seul, si on prend les chiffres dans les données
désaisonnalisées, d'avril 1987 par rapport à avril 1986,
si on regarde de près, on voit qu'il y a 2 958 000 emplois en 1987 par
rapport à 2 858 000 en 1986, vous avez là 100 000 emplois de
plus, si on regarde les chiffres désaisonnalisés, avril 1986 et
avril 1987, 2 858 000 et 2 958 000. Je dis que cela a été notre
priorité. C'est notre programme et nous espérons que les
résultats, qui commencent a être assez éloquents par
eux-mêmes, nous donnent raison dans le sens de nos orientations.
Nous avons dit, dès notre arrivée au pouvoir, que nous
devions, afin d'atteindre ces objectifs de nature économique, à
cause des choses que nous apprenions en arrivant au gouvernement, passer par
l'assainissement des finances publiques. C'est ce que nous avons fait. C'est
pourquoi nous avons agi de la façon dont nous l'avons fait dans le
minibudget du 18 décembre 1985, dans l'urgence d'un redressement du 5
mars 1986, dans le budget du 1er mai 1986 et nous avons continué dans le
budget actuel, le 30 avril 1987, avec toujours la même ligne de
pensée, toujours le même objectif, toujours la même
détermination.
Nous avons dû procéder à des mesures courageuses en
1986 pour diminuer l'augmentation des dépenses publiques et les diminuer
d'une façon réellement radicale à certains points de vue.
Lorsque nous avons déposé les crédits au mois de mars 1986
et que nous sabrions pour plus de 1 000 000 000 $ dans les dépenses
anticipées, là, il fallait le faire et nous l'avons fait, chacun
y mettant du sien. La population l'a accepté.
La population a compris qu'on ne pouvait plus continuer l'endettement
que nous connaissions au Québec et qui était coûteux, de
sorte que la priorité était devenue de payer les
intérêts avant de payer les mesures de développement pour
la population, tant dans le domaine économique, dans le domaine social
que dans le domaine culturel.
M. le Président, nous allons continuer dans ce sens. Nous allons
continuer d'être rigoureux dans cet objectif d'assainissement des
finances publiques et nous allons, en même temps, continuer d'avoir des
mesures de développement comme celles que nous avons introduites cette
année dans le budget en consacrant des sommes considérables pour
la recherche et le développement pour faire en sorte que nous soyons de
plus en plus concurrentiels sur la scène internationale. Nous, qui
faisons une exportation de 40 % de nos produits à l'étranger,
nous devons être les meilleurs. C'est pourquoi nous avons mis l'accent
sur la recherche et le développement.
En même temps, nous devons conserver cette conscience sociale qui
caractérise notre parti, qui a été là au moment de
l'assurance-hospitalisation, qui a été là au moment de
l'assurance-maladie, qui a été là lorsque les grandes
réformes sociales ont été mises de l'avant au
Québec et qui est encore là pour le faire. C'est pourquoi, dans
le dernier budget, on a vu encore cette même marque de commerce pour
encourager, par l'abolition de l'impôt sur le revenu et par la
diminution, d'autre part, de certaines autres catégories de
l'impôt sur le revenu, les familles à bas revenu. C'est là
encore que nous voyons que nous poursuivons en même temps un objectif
d'assainissement des finances et un objectif de développement
économique et de développement social.
M. le Président, on a parlé de réforme fiscale.
D'ailleurs, lorsqu'on a parlé des accords fiscaux, on a parlé de
C-96, qui faisait en sorte que le gouvernement fédéral diminuait
la croissance de ses paiements et se désengageait jusqu'à un
certain point de ses responsabilités vis-à-vis des coûts de
la santé et des coûts de l'éducation postsecondaire.
Lorsque le gouvernement fédéral faisait cela, nous l'avons
dénoncé. Mais il faut bien comprendre que cette décision
se trouvait dans la loi 96 et que cette loi 96 était déjà
dans les décisions qui avaient été prises au moment
même de notre
entrée au pouvoir au mois de décembre 1985. Nous n'avons
aujourd'hui qu'à remarquer les effets de cela. Nous avons
continué de lutter même si les décisions avaient
été prises et nous avons invité le gouvernement
fédéral, à l'occasion de la réforme fiscale,
à faire en sorte de corriger cela et d'accepter d'être plus
présent dans sa participation, dans sa contribution aux coûta de
la santé et de l'éducation postsecondaire. Est-ce qu'il me reste
du temps, M. le Président? Je vois que vous...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre des
Finances.
M. Garon: II a jusqu'à 13 heures. Il a commencé
à 12 h 40.
M. Levesque: M. le Président, je voudrais simplement dire
que c'est...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste trois
minutes.
M. Levesque: Très bien, M. le Président, je vais
respecter votre directive. Je voulais dire que dans cette réforme
fiscale, nous avons invité le gouvernement fédéral
à faire en sorte que nous puissions corriger au moins partiellement les
effets négatifs que l'on retrouve dans cette loi C-96. Nous avons
déjà invité le gouvernement fédéral à
le faire à même les accords fiscaux relatifs à la
péréquation, mais le gouvernement fédéral n'a
apporté qu'une bonification très minime à la situation et
nous croyons que si le gouvernement fédéral veut
réellement assumer pleinement ses responsabilités dans ces deux
domaines vitaux où les coûts augmentent d'une façon plus
considérable que dans d'autres domaines, il aurait l'occasion de le
faire à même sa réforme fiscale. Je ne peux pas, à
ce moment-ci, dire si le gouvernement fédéral va répondre
d'une façon affirmative ou négative à cette suggestion
très pressante que j'ai faite au nom du gouvernement du
Québec.
Le député de Lévis dit: Vous vous harmonisez au
gouvernement fédéral, lequel s'harmonise au gouvernement
américain. Mais je dis au député de Lévis qu'il
faut, à certains moments, s'harmoniser comme, d'ailleurs, le
gouvernement dont il faisait lui-même partie l'a fait à maintes
reprises, dans l'intérêt des contribuables, dans
l'intérêt de la population que nous représentons.
Lorsque nous avons déposé notre budget du 1er mai, nous
n'avons pas attendu la réforme fiscale, nous n'avons pas attendu de nous
harmoniser, nous avons donné le ton dans ce budget. Nous aurions pu
simplement faire un budget de pure comptabilité, de pure administration,
mais nous avons voulu, par ce budget du 30 avril 1987, indiquer que nous avions
une politique claire de développement économique et de
développement social. Nous sommes même allés plus loin,
nous avons invité le gouvernement fédéral à
s'harmoniser à cette vision de la société qui est celle du
Québec, et à certaines de ces mesures que nous avons mises de
l'avant, particulièrement dans ie domaine de la recherche et du
développement, mais surtout, dans le domaine de l'aide à
l'incitation au travail, d'une part, et, d'autre part, de l'aide aux familles
à faible revenu. Je ne pense pas qu'il s'agisse là de vouloir
s'harmoniser. Au contraire, nous avons pris les devants et nous invitons les
autres à s'harmoniser.
D'un autre côté, on ne peut pas aller tellement plus loin.
Si on voulait simplement faire un budget en ignorant ce qui se passe dans le
reste du pays et en ignorant ce qui se passe au sud, aux États-Unis, on
ferait certainement fausse route et on serait en train de diriger la voiture
d'une façon fort dangereuse. Il ne faut pas oublier que nous vivons en
Amérique du Nord et que 40 % de nos produits sont exportés. Notre
principal client se trouve justement, soit dans les provinces canadiennes, soit
aux États-Unis, de sorte qu'on ne peut pas, avec la mobilité que
nous connaissons, tant dans le domaine des ressources humaines que dans celui
des ressources matérielles, dans les biens et services, si on veut
être capable de se défendre et même de prendre notre place,
faire une politique fiscale, une politique budgétaire, une politique
économique sans tenir compte des conditions qui se trouvent chez nos
principaux clients.
Je pense que nous avons raison d'agir dans cette réforme avec
prudence, avec une réflexion qui se poursuit. Je dois dire que, dans
cette réforme fiscale, nous sommes présents. Il y a des
rencontres continuelles entre les fonctionnaires du gouvernement du
Québec et ceux du gouvernement fédéral. Je dois rencontrer
mon homologue fédéral dans quelques jours pour faire le point de
nouveau là-dessus. Après le dépôt du livre blanc sur
la fiscalité le 18 juin prochain, il y aura une période de
consultation et, en même temps, une période d'échange de
renseignements. Soyez assuré, M. le Président, je le dis à
l'intention des membres de la commission, que nous avons l'intention
d'être très vigilants et en même temps très
responsables vis-à-vis de nos obligations. Je suis heureux que les
députés qui ont pris la parole aient abordé cette question
de la réforme fiscale, car elle revêt une importance capitale pour
l'avenir. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances.
Nous allons suspendre jusqu'à 15 heures, cet après-midi,
pour poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère des
Finances. J'aimerais attirer l'attention des membres sur le fait qu'il y
a une séance de travail immédiatement après et, je vous
prie de faire en sorte que tout le monde soit présent à 15
heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 13)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux de
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Finances, programme 1 à 5 et 8 pour l'année financière
1987-1988.
Étude des politiques économiques et
fiscales
Nous avions terminé ce matin les déclarations d'ouverture
ou remarques préliminaires. En conséquence, j'appelle le
programme 1, Étude des politiques économiques et fiscales,
l'élément 1, Politiques fiscales.
M. le député de Lévis, est-ce que vous
préférez qu'on y aille dans l'ensemble ou si vous
préférez programme par programme...
M. Garon: Programme par programme.
Le Président (M. Lemieux):... élément par
élément au programme 1.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons adopter le
programme dans sa totalité après avoir regardé les deux
éléments?
M. Garon: Il y a plus que deux éléments au
programme.
Le Président (M. Lemieux): Le programme 1, vous avez
l'élément 1, Politiques fiscales...
M. Garon: Oui. D'accord.
Le Président (M. Lemieux):... et vous avez
l'élément Recherche économique.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. Est-ce qu'il y a des
interventions relativement...
M. Garon: À l'élément 1.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle le programme 1,
Étude des politiques économiques et fiscales, à
l'élément 1, Politiques fiscales. M. le député de
Lévis.
Réforme fiscale
M. Garon: J'aimerais demander au ministre des Finances quelles
sont les études qu'il a fait faire concernant la réforme de la
fiscalité qui va s'amorcer dans le cours de l'année et qui ont
été... Puisque le ministre fédéral des Finances va
annoncer sa réforme de la fiscalité le 18 juin, le ministre dit
qu'il a gardé ces choses confidentielles, mais qu'il s'est
préparé. J'aimerais savoir, sur les budgets de 1986-1987, de 1
903 400 $ et sur ceux de 1987-1988 de 1 914 300 $, quelle est la partie qui a
été consacrée à la préparation de la
réforme de la fiscalité qui va s'amorcer cette année?
Est-ce qu'il s'agit uniquement d'études internes ou s'il y a eu des
commandes qui ont été passées à l'extérieur
du ministère? Qu'est-ce qui a été affecté à
cette réforme de la fiscalité comme budget ou personnel?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, avant de répondre
à la question du député de Lévis, je comprends que
c'est sur le programme 1. C'est bien cela?
Le Président (M. Lemieux): C'est bien cela, M. le ministre
des Finances.
M. Levesque: Est-ce que je pourrais savoir, pour nous guider un
peu, les intentions de la commission? Lorsque nous avons quitté à
13 heures, j'avais compris -d'ailleurs, je l'avais mentionné devant la
commission - qu'après entente avec les instances appropriées, il
était entendu qu'à 15 heures, la commission entendait les
représentants de la Caisse de dépôt et placement du
Québec ainsi que les représentants de Loto-Québec. Je
comprends que le député de Lévis a manifesté le
désir de continuer plutôt dans ce que nous avions entamé ce
matin. Évidemment, je ne conteste pas le droit de la commission de
procéder selon son propre échéancier, mais, pour nous, M.
le Président, étant donné que personne n'avait contredit
la proposition que j'avais faite et que, selon ce que j'ai compris du voeu de
la commission exprimé soit explicitement ou implicitement ce matin,
j'avais demandé aux fonctionnaires du ministère d'attendre un
signal avant de venir se joindre à nous pour les différents
éléments du budget et, d'ailleurs, j'avais confirmé
à M. Campeau et à M. Clark que leur présence était
requise à 15 heures.
Or, à ce moment-ci, M. le Président, étant
donné que nou3 avons convoqué ces personnes, on comprendra que
leurs
occupations sont telles que je pense que, dans le but d'une saine
efficacité, il ne faudait peut-être pas simplement leur demander
de s'asseoir là pour écouter ce qu'on a à dire.
On pourrait peut-être disposer, sinon immédiatement, au
moins dans un moment que vous m'indiquerez et ceci nous permettra, aussi de
savoir quand on aura besoin de l'avis technique de nos fonctionnaires, parce
qu'il y a beaucoup de choses qui... Une question comme celle qui vient
d'être posée, j'aimerais bien avoir, sur le plan technique que
certaines personnes qui ne sont pas ici présentement bien que j'aie
suffisamment - je peux répondre probablement à celle-là -
mais si on va plus en détail, il y aura peut-être d'autres
personnes dont la présence sera nécessaire.
Alors, je soumets cela à la commission, M. le Président,
très respectueux que je suis de votre choix des priorités ou de
votre choix de l'ordre des choses.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre
des Finances, j'avais compris personnellement, ce matin, que nous devions
entendre, dans un premier temps, à 15 heures, la Caisse de
dépôt et de placement et Loto-Québec et je me souviens fort
bien d'avoir fait état que c'était à la suite d'une
entente entre le leader parlementaire qui avait décidé que, dans
un premier temps, nous devions entendre la Caisse de dépôt et
placement et Loto-Québec.
Je me suis informé auprès de mon collègue, le
député de Lévis, pour que nous procédions
immédiatement à entendre les dirigeants de la Caisse de
dépôt et de placement et j'ai demandé à M. le
député de Lévis s'il semblait me laisser sous-entendre
que... Un instant.
M. le député de Lévis, c'est parce que j'aimerais
bien terminer ma phrase et je vais vous céder la parole. Comme je l'ai
mentionné, j'avais compris que nous devrions, dans un premier temps,
procéder à entendre la Caisse de dépôt et de
placement. J'en ai fait état à M. le député de
Lévis qui a manifesté le désir de continuer l'étude
des crédits du ministère des Finances me laissant sous-entendre -
et j'ai demandé qu'on vérifie immédiatement - que
l'entente était dans le sens que les personnes soient présentes
ici et qu'elles ne seraient pas nécessairement entendus à 15
heures. Le député de Lévis pourra me corriger là.
C'est ce dont on m'a informé tout à l'heure. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Moi, on m'a demandé si j'étais d'accord
pour ne pas sortir des questions du ministère des Finances le matin, ce
qui permettrait au ministre des Finances de convoquer les personnes de
Loto-Québec et la Caisse de dépôt seulement pour 15 heures.
Il n'a pas été question de questionner nécessairement
à 15 heures, mats même si cela commençait à 13 h 30
pour terminer à 1 heure le lendemain matin et que la session
recommençait à 15 heures pour ne pas les faire venir inutilement
pour une heure et demie le matin, car on n'aurait pas besoin d'eux
directement.
Alors, moi, je peux acquiescer facilement, parce que je savais qu'il y
avait des questions préliminaires qu'on avait assez de choses sur le
ministère des Finances sans qu'on ait besoin d'entamer d'autres sujets,
mais en aucun moment on ne m'a dit qu'il était convenu qu'on prendrait
du temps sur la Caisse de dépôt et de Loto-Québec.
Je pense, au contraire, que ce qui est important à ce moment-ci
c'est de connaître les orientations du ministre et, après cela, on
pourrait bien connaître les orientations de Loto-Québec et de la
Caisse de dépôt et placement. J'ai remarqué que, du
côté de l'équipe ministérielle, on veut
régulièrement savoir si les institutions se conforment à
la politique ministérielle ou gouvernementale dans le sens de
l'orientation économique, mais il est préférable de
connaître d'abord les orientations économiques du ministre pour
voir si les organismes qui relèvent de lui s'y conforment. Autrement, ce
serait mettre la charrue devant les boeufs. C'est un peu dans ce
sens-là, en passant à travers les crédits du
ministère des Finances. Je ne pense pas que cela nous mène
jusqu'à 18 heures, mais il y a un certain nombre de questions à
poser au ministre pour savoir quelles ont été ses orientations
puisqu'il est en fonction depuis maintenant un an et demi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, avez-vous terminé'' M. le ministre des Finances,
relativement à l'intervention de M. le député de
Lévis, eu égard au mandat de la présente commission et
puisque, après avoir vérifié l'entente entre les leaders,
celle-ci me semble sinueuse et point claire sur certains aspects, comme le
mandat de cette commission est de procéder à l'étude des
crédits du ministère des Finances, je suis dans l'obligation
d'appeler le programme 1 pour, par la suite, entendre - je l'espère, M.
le ministre des Finances -le plus rapidement possible, le président de
la Caisse de dépôt et placement et le président de
Loto-Québec. Je suis dans l'obligation de continuer maintenant avec le
programme 1, élément 1, et, M. le député de
Lévis, vous aviez la parole.
M- Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Pouvez-vous me donner une indication, cependant? Je
suis bien
d'accord, je n'ai même pas le choix, mais est-ce que je puis
savoir quelles sont les intentions de la commission? Si on n'a pas besoin
d'entendre le président de l'un ou l'autre de ces organismes et ceux qui
les accompagnent, on pourrait le leur dire immédiatement plutôt
que de les faire attendre. On va leur permettre de retourner à
Montréal. Si, par contre, on a quelque chose à leur demander,
j'espère qu'on pourra le faire cet après-midi pour leur donner
congé avant 18 heures quitte, ensuite, pour nous, à reprendre en
soirée. Il me semble que c'est normal qu'on puisse avoir, à ce
moment-ci, une indication des intentions de la commission.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre
des Finances, les membres de cette commission désirent entendre et le
président de la Caisse de dépôt et placement et le
président de Loto-Québec. Nous espérons le faire d'ici, M.
le député de Lévis... M. le député de
Lévis, nous devons siéger jusqu'à 18 heures...
M. Garon:... 18 heures! Ensuite de 20 heures à 23 h
30.
Le Président (M. Lemieux): Nous espérons le faire -
est-ce que c'est possible, d'après vous? - d'ici 18 heures.
M. Garon: Je ne pense pas que ce sera terminé à 18
heures. Je suis même certain que ce ne sera pas terminé à
18 heures.
Le Président (M. Lemieux): Le président de la
Caisse de dépôt et placement et le président de
Loto-Québec, croyez-vous que vous allez les entendre en
soirée?
M. Garon: Probablement en fin d'après-midi, mais
sûrement en soirée.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
comme il y a, à cette table, un parlementaire intéressé
à poser des questions à la fois au président de la Caisse
de dépôt et placement et au président de
Loto-Québec, je me vois dans l'obligation, et je suis certain que vous
me comprendrez, en vertu des dispositions réglementaires qui sont devant
mot, d'appeler le programme 1, élément 1, et de céder la
parole...
M. Levesque: Je comprends, M. le Président, mais je
n'approuve pas du tout, je vous le dis, je n'approuve pas du tout cette
façon d'agir avec nos invités. Il me semble qu'on n'est pas
tellement pris qu'on pourrait au moins dire d'avance ce qu'on veut.
Le Président (M. Lemieux): Je prends bonne note de vos
commentaires, M. le ministre des Finances.
M. le député de Lévis, vous avez la parole sur le
programme 1, élément 1.
M. Garon: J'ai déjà posé ma question au
ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, nous avons, en effet,
procédé à diverses études relativement à la
réforme fiscale. Ce n'est pas nouveau pour nous. Les fonctionnaires du
ministère baignent dans cette atmosphère de fiscalité
continuellement, douze mois par année. Ils sont naturellement parmi les
mieux informés des divers aspects de la fiscalité. Lorsque l'on
regarde simplement le budget du 30 avril, celui qui devait être
présenté le 7 mai, mais disons le 30 avril, on voit
déjà que des études ont sûrement été
faites par notre équipe pour en arriver ainsi à un budget qui a
été si favorablement accueilli par la population et qui
répond d'une façon remarquable aux orientations du gouvernement,
telles que je les avais exprimées au cours de la première heure
et demie que nous avons passée ce matin et où j'ai eu l'occasion
de faire part justement à cette commission, en réponse à
des questions de certains membres de la commission, de la façon dont
nous avons déjà commencé à procéder à
cette réforme fiscale au Québec.
Malgré la qualité de l'équipe qui se trouve
présentement au ministère des Finances, il y a sûrement des
aspects qui ont besoin d'être étudiés davantage et d'une
façon plus précise, plus en profondeur et plus en largeur, si
l'on prend l'espace nord-américain. C'est pourquoi nous avons
décidé de confier à certaines firmes l'étude de
certains aspects de la réforme, la cueillette de certaines
données. Il y a, je crois, pour le moment, une somme d'environ 400 000 $
qui est prévue au budget 1987-1988 pour couvrir ces
déboursés. Si ce n'est pas suffisant, nous avons l'intention de
prendre d'autres moyens qui sont à la disposition du gouvernement. Mais
nous espérons qu'avec la somme de 400 000 $ ainsi prévue, nous
pourrons obtenir les études que nous anticipons. Je ne pense pas qu'il
s'agisse là d'endroits où nous devons couper à tout prix.
Au contraire, cela implique tellement pour l'avenir que je pense que nous
n'hésiterons pas à aller chercher les données qui peuvent
nous manquer. C'est pourquoi nous avons commencé, du moins dans le
budget 1987-1988, avec une somme d'environ 400 000 $ pour les études en
vue justement de répondre à nos besoins, tel que le demande le
député de Lévis dans sa question préliminaire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le ministre nous dit qu'il a réservé 400
000 $ dans le budget 1987-1988. J'aimerais savoir s'il a réservé
aussi les
fonds. Est-ce qu'il a fait faire des études dans le budget
1986-1987 et pour quel montant? Le 18 juin, le ministre des Finances à
Ottawa, M. Wilson, a l'intention de présenter ce qui sera un livre blanc
sur la fiscalité qu'il envisage pour le Canada, selon ce qu'ils ont dit
dans les milieux financiers, où il y aura différentes
hypothèses, contrairement à ce qu'a dit le député
de Lafontaine ce matin. Au contraire, le ministre fédéral va
présenter un document pour fins de consultation; parce qu'on consulte
sur la fiscalité. Pour ceux qui étaient dans le domaine à
ce moment-là, -et je ne pense pas que le député de
Lafontaine était, à ce moment-là, au courant de ce qui se
passait ici - il y a eu le rapport Carter où Il y a eu, il y a une
vingtaine d'années, une étude importante, des travaux importants
qui ont été faits dans le but de faire une réforme de la
fiscalité canadienne.
Il doit y avoir une autre réforme de la fiscalité
canadienne qui est entreprise avec le dépôt d'un livre blanc par
le ministre Wilson le 18 juin prochain. J'aimerais savoir si en 1986-1987 le
ministre a fait faire des études dans ce sens-là. Est-ce qu'il
pourrait me dire sur quels sujets elles ont porté et sur quels sujets
vont porter celles de 1987-1988? Est-ce qu'il y aura le dépôt d'un
nouveau livre blanc en réaction, en harmonisation ou pour établir
la conception fiscale du gouvernement du Québec face aux réformes
envisagées par le gouvernement fédéral pour s'ajuster par
rapport à la réforme qui a eu lieu aux États-Unis?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
(15 h 30)
M. Levesque: On sait qu'il y a eu, tout le long de la route, au
cours des années, des études qui se sont multipliées
à l'intérieur du ministère des Finances et même il y
a eu, à diverses époques, des commissions d'étude sur la
fiscalité. On se rappellera la commission Bélanger, par exemple,
dont M. Marcel Bélanger était le président et M. Robert
Bourassa, le secrétaire. Il y a eu plus récemment, à la
suite sûrement d'études poussées, la publication du livre
blanc sur la fiscalité. On ne peut pas dire que... Le gouvernement,
qu'il soit d'une couleur ou d'une autre, n'a pas continuellement
été très préoccupé par la fiscalité
québécoise, ses implications. On n'a pas fait un tour d'horizon
assez régulier, on n'a pas fait des études comparatives, etc.
D'autant plus, comme je le mentionnais tout à l'heure, que notre
équipe, au ministère des Finances, poursuit continuellement ces
études. D'ailleurs, en 1986-1987, pour répondre plus directement
à la question du député de Lévis, nous nous en
sommes tenus aux études internes. Cependant, nous sommes arrivés
à la conclusion, on m'a fait remarquer, qu'il y avait certains aspects
de la fiscalité qui devaient être regardés et qu'on n'avait
peut-être pas toutes les ressources humaines et techniques pour
répondre à ce besoin. Nous avons donc demandé à la
Chambre de voter ces sommes afin que nous puissions répondre à
ces besoins.
M. Garon: De quel ordre, en 1986-1987?
M. Levesque: Je l'ai dit, c'étaient des études
internes faîtes par les fonctionnaires. Mais je dis qu'en 1987-1988,
à la demande de ces mêmes personnes, j'ai demandé à
l'Assemblée de faire en sorte que des crédits soient
prévus à cette fin.
M. Garon: À quel endroit? Vous parlez de 400 000 $ et je
ne vois aucun montant de 400 000 $. Il y a seulement des montants pour les
traitements de fonctionnaires. On voit autres rémunérations, 17
000 $. On voit ensuite, dans le fonctionnement, 157 000 $, mais il s'agit de
communications, de services, d'entretien, de fournitures. Ensuite, on voit
équipement, 13 000 $. Je ne vois pas ces 400 000 $ nulle part dans le
budget du ministère. Dans les crédits qui sont demandés
par le ministre, il y a 1 726 900 $ sur 1 914 300 $.
M. Levesque: Pour aider le député de Lévis,
avant qu'il nous lise le dictionnaire, je veux lui dire que c'est au programme
5 que vou3 avez ces crédits. Quand même vous passeriez la
journée sur l'autre. Dans le document que nous avons remis à
l'Opposition, à la page 45, programme 05, Gestion interne et soutien,
à l'élément 4, Services, on a voté 1 231 000 $,
c'est dans cet article que nous retrouvons les sommes mentionnées.
M. Garon: C'est assez curieux, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: L'an dernier, vous demandiez plus d'argent que cette
année, alors que c'est cette année que vous faites les
études. L'an dernier, vous demandiez 1 521 500 $. Cette année,
vous demandez 1 231 000 $, alors que c'est cette année que vous faites
les études. Vous dites que l'année dernière, vous n'avez
pas passé de commandes concernant la réforme de la
fiscalité. Vous avez fait seulement des études internes. Comment
se fait-il que vos crédits affectés aux commandes
extérieures baissent de 300 000 $, ce qui équivaut à 20 %
des crédits que vous demandez pour les services ou les contrats de
services.
M. Levesque: Ce qui est arrivé - le député a
raison de s'inquiéter de cela, je ne le blâme pas, mais, ce qu'il
ne sait pas, c'est que, dans le domaine de l'informatique, les contrats sont
venus à échéance et n'ont pas été
renouvelés, parce que nous n'avons plus de besoins, de ce
côté, comme nous en avions l'année
précédente. Nous avons maintenant un ordinateur avec le Conseil
du trésor, je pense. Les besoins sont moindres. Les sommes votées
à cet élément auraient été beaucoup moindres
si cela n'avait été du besoin de ces études.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 1, Études des politiques économiques
et fiscales, M. le député de Lévis?
M. Garon: Cela veut dire qu'on pourra étudier ces
études quand on parlera du programme 5. Au fond, vous dites qu'au
programme 1, il n'y a rien de spécial, ce sont les fonctionnements
internes habituels du ministère qui fait des études,
évidemment, concernant les affaires fiscales
régulièrement, mais qu'il n'y a rien de spécial cette
année d'engagé aux fins de la réforme de la
fiscalité.
M. Levesque: Vous voyez d'abord que les sommes se ressemblent
lorsque l'on regarde les dépenses pour 1986-1987. Les crédits qui
avaient été votés en 1986-1987 sont de l'ordre de 1 903
000 $. Cette année, malgré l'augmentation de ces études,
malgré l'augmentation également qui fait suite aux conventions
collectives, au lieu de 1 903 000 $ on a 1 914 000 $. Alors, on attribue cela
à une petite réduction d'effectifs occasionnels de trois
personnes et à la réduction surtout des coûts des services
informatiques à la suite du transfert sur l'ordinateur du
ministère de systèmes migrables. C'est à peu près
cela. Qu'est-ce qu'on peut ajouter? J'aimerais bien en ajouter mais... C'est
cela.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme
Études des politiques économiques et fiscales est
adopté?
M. le député de...
M. Garon: On veut dire Politiques fiscales.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Garon: On va passer à l'élément 2.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Programme 1, Études
des politiques économiques et fiscales, à l'élément
1.
M. Garon: Non, non je veux dire l'élément. A
l'élément 1, adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous allons
passer à l'élément 2 du programme 1, Recherche
économique.
Recherche économique
M. Garon: J'aimerais demander, M. le Président, concernant
les recherches économiques, quelles sont les budgets prévus cette
année pour étudier les impacts économiques - j'imagine que
cela fait partie de la recherche économique - des changements dans la
réforme fiscale envisagée par le gouvernement
fédéral et par rapport au gouvernement américain ou
à la réforme adoptée par le gouvernement américain?
Quelles sont les études qui ont été faites en
matière de recherche économique pour étudier les impacts
économiques ou les orientations économiques au gouvernement du
Québec? Est-ce qu'il s'agit du niveau interne ou du niveau externe?
M. Levesque: C'est la même réponse que j'ai
donnée tout à l'heure quant à retrouver au programme 5,
à l'élément 4, toutes sommes qui puissent répondre
à cette question.
M. Garon: Donc, il n'y a pas d'études particulières
cette année en matière de recherche économique à
l'extérieur?
M. Levesque: Oui, il va y en avoir en 1987-1988.
M. Garon: À quel endroit?
M. Levesque: Pour le pays, on va aller au programme 5.
M. Garon: Encore. Mais, ici, il n'y en a pas.
M. Levesque: Non. Il s'agit simplement ici du fonctionnement de
la boîte elle-même.
M. Garon: Les recherches économiques courantes. 11 n'y a
rien qui concerne la réforme de la fiscalité municipale ou une
étude particulière concernant cette réforme de la
fiscalité municipale dans l'élément 2 du programme 1, non
plus?
M. Levesque: Lorsque l'on passe les différents
éléments des programmes, on touche normalement les traitements,
les rémunérations, les communications, autrement dit, toutes les
dépenses de fonctionnement. C'est lorsqu'on arrive dans la gestion
interne et le soutien que sont situées les dépenses
relatives à des contrats donnés à
l'extérieur. Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas de ressources
à l'intérieur du ministère des Finances qui sont
constamment au travail sur ces questions. Je pense que nous avons une
équipe qui peut se comparer à n'importe quelle équipe
extérieure à laquelle on pourrait se référer. Il y
a certains domaines où, à un moment donné, nos gens nous
disent: Ce serait préférable qu'on puisse donner tel contrat de
services à l'extérieur pour telle et telle raison. Lorsque la
commission se penchera sur les engagements financiers du gouvernement, vous
retrouverez ces sommes.
M, Garon: Le ministre a déjà fait des
déclarations dans le sens qu'il pourrait y avoir un budget à
l'automne à la suite des déclarations du fédéral.
Le gouvernement fédéral, le 18 juin, si je ne m'abuse, doit
déposer un livre blanc avec des hypothèses pour fins de
consultation. Je n'ai pas trop compris comment il se fait que le ministre des
Finances, à ce moment-là, avait dit, à moins qu'il soit
très avancé dans ses études, au journaliste du Journal
de Québec, qu'il pourrait y avoir un budget à l'automne pour
mettre en oeuvre un genre de réforme de la fiscalité au
Québec dès l'automne 1987?
M. Levesque: Dans l'hypothèse où le gouvernement
fédéral, à la suite du dépôt du livre blanc,
procéderait à l'adoption d'une loi ou à l'adoption d'un
budget, à ce moment-là, on peut imaginer que certains
éléments de la réforme - sinon tous - fiscale
envisagés par le gouvernement fédéral pourraient prendre
effet - toujours au conditionnel - le 1er janvier 1988. Quant à nous, il
y a peut-être certains éléments dans cette réforme
qui seraient entamés dès le début de l'année et qui
feraient qu'on aurait sûrement avantage à faire connaître
notre propre position en ce qui concerne ces éléments de
réforme.
On peut imaginer, par exemple - et encore là j'y vais avec la
réserve que m'inspire la prudence la plus élémentaire
-que, dès le 1er janvier 1988, on puisse commencer à mettre en
place une réforme touchant l'impôt sur le revenu des corporations
ou encore l'impôt sur le revenu des particuliers ou encore les deux. Si
c'était le cas, on veut demeurer concurrentiel au Québec, on n'a
pas le moyen de répéter des expériences qu'on a
déjà connues dans le passé. On n'a pas envie de laisser
partir ni nos institutions, ni nos sociétés, ni notre population,
ni nos chefs de file, personne.
Autrement dit, il faut que notre fiscalité demeure
concurrentielle. C'est pourquoi j'ai répondu, à la question
posée par le journaliste du Journal de Québec et du
Journal de Montréal, qu'il était possible que nous ayons
un budget à l'automne. C'est basé sur une hypothèse. Je
n'ai jamais donné d'assurance à cet égard. Je peux dire,
cependant, que, lorsqu'on volt le gouvernement fédéral, qui
semble vouloir donner suite à ce livre blanc, qu'il dépose le 18
juin - il ne dépose pas rien j'imagine - s'il a fait l'exercice, et il
ne l'a pas fait seulement en vase clos, il l'a également fait dans un
cheminement qui a fait qu'on a pu être mis au courant de certains de ces
éléments dans la confidentialité qui s'impose surtout en
ce qui concerne les fonctionnaires...
À la suite du dépôt du livre blanc, je suis
convaincu que la commission, le député et celui qui vous parle et
ceux qui suivent cette question d'une façon plus particulière,
nous serons probablement dans une meilleure situation pour préciser
certaines prédictions. Mais, encore là, je dois attendre que ce
livre blanc soit déposé pour en connaître du moins
officiellement les orientations et les données plus précises, si
elles existent. (15 h 45)
Je dois dire aussi que je dois rencontrer le ministre
fédéral des Finances avant le dépôt du livre blanc.
Je m'attends donc à être informé au moins quelques jours ou
quelques heures avant le dépôt du livre blanc. Quant à
nous, nous n'avons pas l'intention de ménager nos efforts pour continuer
notre travail, déjà fort enqagé, mais qui sera beaucoup
plus facilité par la connaissance que nous aurons officiellement du
contenu du livre blanc.
M. Garon: En somme, avec votre budqet d'automne, vous avez fait
une manchette de pas grand chose.
M. Levesque: Je serais très prudent à la place du
député de Lévis. Ce n'est pas parce que je dis qu'il
s'agit d'une hypothèse que je dis qu'elle ne se réalisera pas. Je
demanderais au député de Lévis d'être prudent et
d'attendre le 51 décembre pour faire ses commentaires.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais demander au ministre
des Finances, après le dépôt, le 18 juin, par le ministre
fédéral des Finances, qui avisera peut-être avant...
J'espère que ce ne sera pas en huis clos avec les journalistes, qu'il le
saura un peu plus tôt. Le 18 juin, savez-vous, c'est dans 16 jours. Je
voudrais demander au ministre si, à la suite de cela, on peut s'attendre
de sa part qu'il fasse son propre livre blanc pour fins de consultation ou s'il
a l'intention d'accepter qu'il y ait une commission parlementaire qui fera un
genre d'analyse des hypothèses envisagées par le gouvernement
fédéral ou encore des propres hypothèses que
lui-même formule. Est-ce qu'il aura des documents à fournir
à cette commission parlementaire, pour que la commission du budget et de
l'administration, qui est l'organisme approprié, à mon avis, pour
faire
cette étude, puisse entendre des gens qui auront quelque chose
à dire concernant la consultation, qui, en fait, sera publique, du
gouvernement fédéral ou si on laissera seulement l'initiative au
gouvernement fédéral de faire cette consultation, de piger dans
ce qu'il voudra, alors qu'il pourrait être de l'intérêt du
Québec, qui a un ministère du Revenu et qui a une politique
fiscale qui, je l'espère, n'est pas complètement
copiée?
On sait que le député de Montmorency a fait des
déclarations pendant la campagne électorale. Selon lui, le
ministère du Revenu du Québec pourrait disparaître et c'est
pourquoi beaucoup de gens appréhendent sa nomination au ministère
du Revenu. Je voudrais savoir, au fond, si le ministre a éventuellement
des intentions au point de vue de la consultation, sous la forme d'un livre
blanc que lui-même déposera. On voudrait aussi savoir dans quel
délai après le dépôt du livre blanc du gouvernement
fédéral, parce qu'il semble dire que cela pourrait être
rapide, que le ministère fédéral pourrait annoncer,
dès l'automne, un budget pour l'implantation de sa réforme
dès le 1er janvier 1988, dès ce moment-ci. Je suppose qu'il aune stratégie. Comme le ministre fédéral nous a fait
connaître la sienne, est-ce que le ministre des Finances pourra nous
faire connaître ses intentions au point de vue des consultations.
Entend-il les mener sous la forme d'un livre blanc ou sous la forme d'une
commission parlementaire, celle du budget et de l'administration? Cela, ce
serait "le fun"!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, est-ce que vous avez terminé pour l'élément
2, Recherche économique?
M. Levesque: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je me permets simplement de répondre à
la question...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Levesque:... fort pertinente d'ailleurs, du
député de Lévis quant à savoir quelles sont les
intentions du gouvernement relativement à la préparation, si l'on
veut, de sa propre réforme. Je ne suis pas en mesure, au moment
où on se parle, de répondre d'une façon absolue ou
définitive à cette question. Cependant, je ne rejette pas a
priori la suggestion du député de Lévis. J'ai l'intention,
si le besoin me paraît se faire sentir, si je pense que c'est dans
l'intérêt du Québec, d'utiliser l'un ou l'autre moyen
mentionné par le député ou un autre moyen qu'il n'a pas
mentionné afin de pouvoir faciliter l'implication de la commission ou du
public à l'élaboration de cette réforme. Je ne rejette pas
a priori cette éventualité, mais j'attendrai, cependant, avant de
me prononcer là-dessus, d'avoir eu l'occasion d'en discuter à
nouveau avec mes collaborateurs et mes collaboratrices. D'ailleurs, je ne
ferais pas d'annonce de cette nature sans d'abord en parler aussi avec mes
collègues du cabinet. C'est normal que je ne sois pas en mesure à
ce moment-ci de satisfaire pleinement la curiosité du
député de Lévis, mais je retiens cependant sa suggestion;
je ne la rejette pas a priori.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Lévis.
M. Garon: Je poserais une question qui pourrait s'adresser
à vous, M. le Président, personnellement et également au
ministre des Finances. Comme les comités des comptes publics du Canada
et les vérificateurs généraux du Canada vont siéger
ensemble durant la période du 5 au 9 juillet cet été au
Québec, ne pensez-vous pas qu'il y aurait lieu de prévoir dans le
programme qui est très avancé à ce moment-ci la
possibilité d'un genre de table ronde des vérificateurs
généraux du Canada, des gens qui travaillent dans les
comités de comptes publics au Canada? Ce sera tout chaud, à ce
moment-là. Le livre blanc aura été déposé le
18 juin et ces comités vont siéger au Québec entre le 5 et
le 9 juillet. Est-ce qu'il ne serait pas intéressant d'avoir un premier
son de cloche, une première réaction des gens qui sont un peu
dans la comptabilité du Canada dans les différentes provinces et
au fédéral qui se réuniront ici, un premier son de cloche
par rapport à cette réforme sur le plan de certains avantages ou
des désavantages sur le plan de la comptabilité ou de la gestion
fiscale du Canada?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je ne répondrai pas pour M. le ministre des Finances. Vous
comprendrez que ce n'est pas à l'étude des crédits de la
commission du budget et de l'administration et que la réponse appartient
à M. le ministre des Finances. Personnellement, je ne peux que vous dire
que déjà, le ministère des Finances a manifesté un
certain intérêt pour cette rencontre des comités des
comptes publics au Québec du 5 au 9 juillet. Je ne peux vous en dire
plus, le programme ayant déjà été établi. Je
pense que M. le ministre des Finances voudra peut-être compléter,
mais en ce qui me concerne, je peux vous dire que le ministère des
Finances a déjà manifesté un certain intérêt.
M. le ministre des Finances, vous comprendrez que je ne peux pas
répondre sous votre autorité.
M. Levesque: Alors, M. le Président, J'ai justement devant
moi un document d'information du conseil canadien des comités de comptes
publics relativement à la neuvième conférence annuelle qui
doit avoir lieu à Québec du 5 au 9 juillet 1987. Je dois dire que
les personnes qui participent à ce genre d'exercice ne sont pas
nécessairement les mêmes que celles qui s'occupent de politique
fiscale proprement dite. Du côté du contrôleur des finances,
oui, ça va, du côté du Vérificateur
général, probablement que oui, ça va, mais du
côté des politiques fiscales, je regarde un peu le programme et je
vois difficilement comment ces gens-là qui sont beaucoup plus
habitués à contrôler après qu'avant se
pencheraient... S'ils veulent se pencher là-dessus, je les laisse faire,
je n'ai pas à leur dire quoi faire, mais je ne pense pas que ce soient
les instances appropriées, pour nous, en tout cas, au moment où
je vous parle. Et d'ailleurs, ceux que j'ai consultés rapidement autour
de moi ne croient pas que ce soit le forum approprié pour ce genre de
discussion.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Lévis.
M. Garon: Un des éléments importants qui est
envisagé dans la réforme de la fiscalité, c'est la
simplification. On a vu qu'au Québec le ministère du Revenu, en
ce qui concerne les objectifs de simplification, a, la plupart du temps,
apporté davantage de complications. Tout le monde s'entend pour dire
que, cette année, le rapport d'impôt du ministère du Revenu
est le plus compliqué qu'on n'ait jamais eu. Comme les gens qui se
rencontrent dans ces comités, au cours de l'été, un des
aspects qu'ils étudient est justement la comptabilité publique,
la façon de faire les choses sur le plan de la gestion comptable... Je
ne dis pas que c'est le seul aspect. C'est un des aspects importants. Si tout
le but de la réforme est de simplifier, il me semble que ceux dont la
principale tâche est, à ce point de vue, de discuter de la gestion
comptable, ce n'est pas la seule, c'est un aspect important, ne pourraient pas
donner un avis, puisqu'ils vont se rencontrer ici dans...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: II y a probablement des gens du ministère du
Revenu qui seraient fort intéressés à considérer la
simplification fiscale, c'est entendu. On connaît la complexité
des rapports d'impôt, etc. Mais, à côté, je vois
également des gens qui s'occupent de politique fiscale qui seraient
également intéressés, mais je ne vois pas là que
ces gens fassent partie... Peut-être qu'ils sont présents, mais
pas à ma connaissance*
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 1,
Étude des politiques économiques et fiscales est adopté,
M. le député de Lévis.
M. Garon: Adopté.
Gestion de la trésorerie et de la dette
publique
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle le
programme 2, Gestion de la trésorerie et de la dette publique. Programme
2. Est-ce qu'il y a des interventions relativement au programme 2, à
l'élément 1, Politiques et opérations financières?
M. le député de Lévis.
M. Garon: D'abord, je voudrais demander au ministre de nous dire
s'il a quelque chose de particulier à signaler concernant
l'élément 1, Politiques et opérations financières
ou si tout est normal, dans la plus pure tradition. Mais, s'il a fait des
innovations cette année...
M. Levesque: Non, non.
M. Garon: Ou s'il a innové de quelque façon.
M, Levesque: Non, non. On comprendra, M. le Président, que, dans
ce proqramme de 2 856 583 000 $, il y a 2 845 899 000 $ qui concernent le
service de la dette. Alors, quand on enlève cela, je vous assure que le
montant à voter est très minime. Autrement dit, c'est cela qui
est presque tout le morceau, c'est ce que nous avons à payer en
intérêts sur l'endettement que nous avons. Si je peux faire des
commentaires, ce seraient peut-être des commentaires que
n'apprécierait pas tellement le député de Lévis.
Alor3, je n'insiste pas. Mais, chose certaine, c'est qu'avec l'endettement
qu'on a connu, il va falloir bien s'assurer qu'on paie nos
intérêts et les intérêts ne sont plus comme autrefois
de 300 000 000 $, 400 000 000 $ mais bien de 2 845 899 700 $. Nous faisons
l'impossible, évidemment, pour faire en sorte que nous puissions
contrôler cette dépense qui est totalement improductive, afin de
diriger les sommes vers des programmes dont la population pourrait
bénéficier, comme des programmes de développement dans le
domaine économique, dans le domaine social, dans le domaine culturel.
Mais, quand on sait qu'on a près de 3 000 000 000 $ à verser
avant de commencer, seulement en intérêts, cela ne veut pas dire
qu'on se résigne sans dire un mot. Au contraire, on veut diminuer le
déficit et les besoins financiers du gouvernement, afin de
réduire le ratio de la dette et du service de la dette. Mais, en
même temps, nous prenons des moyens, chaque fois que nous avons
l'occasion de le faire, pour payer un emprunt qui a été
effectué à des taux d'intérêt plus
élevés et le remplacer par un nouvel emprunt à des
meilleures conditions, étant donné que les conditions actuelles
sont plus favorables qu'elles ne l'étaient au moment où ces
emprunts ont été effectués. (16 heures)
Autrement dit, un emprunt fait en 1981-1982 pouvait être à
des taux beaucoup plus élevés qu'aujourd'hui. S'il y a
possibilité de faire ce qu'on appelle un rappel, on le fait et on est
très vigilant là-dessus. Il y a même des calculs de nature
technique fort complexes qui se font pour que l'on puisse, soit par des
"calls", des "swaps", enfin tout le jargon qui va avec cela, avoir les
meilleures conditions possible avec ce que nous avons présentement comme
somme de dettes obligataires. Nous essayons par tous les moyens de
contrôler, de diminuer, si possible, cette somme qui est, comme je l'ai
dit au début, presque tout le programme 2, élément 1.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 2,
Gestion de la trésorerie et de la dette publique, est adopté, M.
le député de Lévis?
M. Chagnon:...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, nous sommes toujours sur le temps de parole du
député de Lévis.
M. Garon: On peut le scinder. Si le député de
Saint-Louis veut donner un petit coup.
Le Président (M. Lemieux): Eu égard à la
générosité du député de Lévis, M. le
député de...
M. Levesque:... une telle générosité.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé? Est-ce que le programme...
M. Chagnon: M. le Président, je ne pense pas qu'il
s'agisse d'une question de générosité. Vous avez
demandé si on adoptait le programme 2 et j'ai demandé la parole
là-dessus. Je suis bien prêt à parler.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, je comprends que le programme
2, comme l'a expliqué fort bien le ministre des Finances, se
résume en grande partie au financement de la dette publique. Toutefois,
il y a une modification par rapport à l'an dernier dans les services
bancaires qui diminuent de 50 000 $. Est-ce qu'il y a eu une modification au
programme 2 pour que les services bancaires diminuent de 50 000 $ par rapport
à l'an dernier? Gestion de la trésorerie et de la dette publique,
page 10, le service de la dette augmente de 96 000 000 $ et les services
bancaires diminuent de 50 000 $.
M. Levesque: L'explication, on la retrouve - vous n'avez
peut-être pas le cahier - à la page 30.
M. Chagnon: J'ai le cahier, page 30, oui.
M. Levesque: La réduction des coûts de services
bancaires...
M. Chagnon: À la CARRA?
M. Levesque:... à la suite de mesures prises pour les
dépôts directs avec la CARRA et de la consignation, conciliation
des chèques avec certaines institutions bancaires.
M. Chagnon: Est-ce que vous avez changé d'institution
bancaire?
M. Levesque: Autrement dit, il y a moins de transactions.
M. Chagnon: II y a moins de transactions. Ce n'est pas
l'institution bancaire qui a changé avec une tarification
différente.
M. Levesque: Non.
M. Chagnon: D'accord. C'est tout.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis.
Est-ce que le programme 2, Gestion de la trésorerie et de la
dette publique, est adopté, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle le
programme 3, Comptabilité gouvernementale. M. le
député...
M, Garon: Non, c'est 2. Non, non, on était à
l'élément 1.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je viens de demander si le programme 2...
M. Garon: Oui, mais on passe par élément. On est
à l'élément 1.
M. Chagnon: II a été adopté, M. le
Président.
M. Garon: Non, pas par surprise. Il y a l'élément
1, l'élément 2, l'élément 3 et, après, le
programme. C'est toujours cela qu'on fait.
M. Chagnon: Ce que j'avais compris, M. le député de
Lévis, c'est qu'on adoptait le programme 2. C'est la raison de mon
intervention tout à l'heure. Je disais, avant d'adopter le programme 2,
que je voulais poser, une question.
M. Garon: Oui, mais on était à
l'élément 1.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Chagnon: Mais on nous a invités à voter sur le
programme 2.
M. Garon: Oui, mais ce n'est pas de même que cela marche.
On marche avec l'élément 1...
M. Chagnon: Et c'est la raison pour laquelle j'ai formulé
ma question avec un peu de trépignement.
Le Président (M. Lemieux): Pour le bénéfice
du député de Lévis, j'ai demandé tout à
l'heure si le programme 2, Gestion de la trésorerie et de la dette
publique, était adopté. Je suis bien conscient qu'à
l'intérieur du programme 2, nous avons trois éléments. Je
n'ai appelé aucun des trois éléments. J'ai demandé
si le programme, dans sa totalité, était adopté.
Écoutez, M. le député de Lévis, vous avez dit d'une
manière instinctive qu'il était adopté. Nous allons
revenir à l'élément 1 qui était adopté.
J'appelle à l'élément 2, M. le député de
Lévis, qui est Financement de la dette publique, programme 2, Gestion de
la trésorerie et de la dette publique. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je demande au ministre des Finances s'il a quelque
chose de particulier à dire concernant le financement de la dette
publique.
M. Levesque: Lorsqu'on regarde les divers articles de
l'élément 2, financement de la dette publique, on
s'aperçoit, encore là, qu'il y a très peu de changements,
il n'y rien de significatif autrement dit. L'augmentation des salaires à
la suite du renouvellement des conventions collectives et l'ajout d'un poste
aux effectifs permanents donnent substantiellement la raison de l'écart
entre une année et l'autre.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'élément 2
du programme 2 est terminé, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Nous sommes maintenant à
l'élément 3 du programme 2. Est-ce que vous avez des
interventions ou des interrogations relativement au...
M. Garon: Non.
Le Président (M. Lemieux): Non. Est-ce que le programme 2
dans sa totalité, Gestion de la trésorerie de la dette publique
est adopté?
M. Garon; Adopté.
Comptabilité gouvernementale
Le Président (M. Lemieux): J'appelle donc le programme 3,
qui se lit comme suit: Comptabilité gouvernementale. Est-ce qu'au
programme 3 à l'élément 1, Services de comptabilité
et gestion interne vous avez des questions, M. le député de
Lévis?
M. Garon: J'aimerais demander au ministre si c'est là que
se retrouvent les voyages à l'extérieur de son
ministère.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: On retrouvera, dans chacun des programmes, certains
éléments de dépenses pour les fonctionnaires, mais c'est
surtout au programme 5 que se trouvent, par exemple, les dépenses pour
voyages à l'étranger. Peut-être qu'on pourra tout faire en
même temps au programme 5.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé à l'élément 1 du programme 3, Services de
comptabilité et gestion interne, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Nous en sommes donc au
programme 3, comptabilité gouvernementale, élément 2,
Développement des sytèmes et des méthodes. Est-ce que vous
avez des interrogations, M. le député de Lévis ou si on le
considère comme terminé?
M. Garon: Â ce point de vue, est-ce qu'il y a des choses
spéciales pour l'année 1987-1988 au point de vue du
développement des systèmes et des méthodes?
M. Levesque: Non, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M.
le ministre des Finances. M. le député de Lévis,
est-ce qu'on considère comme terminé?
M. Garon: Un instant.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: Dans le rapport à l'Assemblée nationale
du Vérificateur général au 31 mars 1986, le
Vérificateur général, qui semble être un guide
important pour le ministre des Finances pour la réforme des
systèmes comptables, recommande à la page 49: Le contrôleur
des finances devrait resserrer ses contrôles sur la gestion des codes
d'identification et des droits d'accès. De plus, il devrait interdire
ou, tout au moins, ne permettre qu'à un nombre très restreint de
personnes affectées à l'entretien et à l'exploitation du
système, d'effectuer des transactions à ce système, et ce,
sous un contrôle très rigoureux. Est-ce que les recommandations du
Vérificateur général concernant cet élément
ont été réalisées par le ministre des Finances?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président, comme il s'agit du
contrôleur général des finances et comme, à cet
effet Il conserve une certaine autonomie, j'aimerais mieux qu'il réponde
lui-même à la question posée par le député de
Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le contrôleur
des finances sur le temps de parole et l'autorité du ministre des
Finances.
M. Paré (Pierre-André): Je me présente:
Pierre-André Paré. La recommandation du Vérificateur
général voulait que les gens qui travaillent à des points
d'entrée dans les systèmes aient des contrôles
précis pour ne pas que tout le monde puisse aller jouer avec
différents codes sur différents programmes dans différents
ministères.
Nous avons corrigé une certaine partie des problèmes, mais
nous n'avons pas tout corrigé. Au cours de l'année qui vient,
nous pensons pouvoir terminer ces corrections. Évidemment, nous aurions
peut-être pu faire plus de corrections au cours de l'année
1986-1987, cependant les crédits nécessaires auraient
été passablement élevés et les
bénéfices très peu grands. De toute façon, il y a
des mots de passe et des contrôles compensatoires qui ont
été installés de façon que quelqu'un qui est
installé dans un ministère, dans n'importe quel ministère,
par exemple, Énergie et Ressources, ne puisse pas poser de question sur
ce qui se passe au ministère des Finances. Cette question a
été réglée.
Le Président (M, Lemieux): Merci, M. le contrôleur des
finances. Est-ce que l'élément 2 du programme 3,
Comptabilité gouvernementale, est terminé, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Pourriez-vous nous dire combien cela va coûter
pour appliquer au complet les recommandations du Vérificateur
général ou si vous estimez que ces recommandations ne sont pas
toutes nécessairement applicables ou si elles doivent être
appliquées seulement en partie? Pouvez-vous nous dire celles qui vont
être appliquées, celles qui ne sont pas appliquées, si
elles sont toutes appliquées et quel en sera le coût?
Le Président (M. Lemieux): M. le contrôleur des finances,
sur le temps de parole et sous l'autorité du ministre.
M. Paré (Pierre-André): M. le Président, on
peut utiliser une courte ou une longue réponse. Je vais essayer d'y
aller entre les deux. Des rapports ont été
présentés par des firmes de consultants qui prétendent
qu'il faudrait travailler durant quatre ans pour refaire tous les
systèmes. D'autres prétendent qu'on peut les refaire
tranquillement et cela va nous coûter un peu moins cher. C'est
évident que, si on prend la première option, soit de refaire tous
les systèmes au complet, on peut s'en aller aux alentours de 4 000 000 $
sur une période de quatre ans, mais on n'est pas plus certain dans
quatre ans qu'on va faire les chèques et on n'est pas plus certain non
plus que les chèques vont être aussi bons qu'aujourd'hui.
Le système qui existe actuellement a été bâti
vers 1972. En 1987, on peut dire que cela fait à peu près quatre
ou cinq ans que les gens commencent à être à l'aise avec ce
système-là. C'est dangereux de dire qu'on reprend tout à
neuf. Il s'agit donc possiblement, on aime mieux prendre l'option d'y aller un
peu plus lentement, de remplacer les morceaux un peu plus lentement,
plutôt que de dépenser 3 000 000 $ ou 4 000 000 $ sans savoir si
on va finir par arriver exactement au but visé. Sans compter que,
lorsqu'on change ces systèmes, on change des systèmes pour
l'ensemble du gouvernement. Cela veut dire qu'on peut se réveiller avec
environ 30 000 personnes à former, juste en décidant de changer
un code dans le système ou en décidant de changer une transaction
ou un numéro de transaction ou un champ à entrer. Il peut y avoir
jusqu'à 22 000 ou 23 000 personnes qui peuvent être
affectées. Il faut y aller un peu plus prudemment et ne pas tourner trop
rapidement dans cela.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le contrôleur
des finances. Est-ce que vous avez terminé, M. le député
de Lévis, avec l'élément 2 du programme 3?
M. Garon: J'aimerais demander au contrôleur des finances ce
que, dans son esprit, le Vérificateur général veut dire,
lorsqu'il dit: Le contrôleur des finances devrait resserrer ses
contrôles sur la gestion des codes d'identification et des droits
d'accès.
Le Président (M. Lemieux): M. le contrôleur.
M. Paré (Pierre-André): Cela veut dire un peu ce
que j'ai mentionné dans ma première partie de la première
question que vous...
M. Garon: Si vous voulez, je vais la poser
différemment.
M. Paré (Pierre-André): Non.
M. Garon: Vous avez deux firmes de consultants qui vous ont
donné apparemment des opinions qui ne sont pas tout à fait les
mêmes. Avez-vous demandé au Vérificateur
général son opinion sur les avis des consultants?
M. Paré (Pierre-André): Le Vérificateur
général, lorsqu'il a fait des vérifications a travers les
ministères, a constaté qu'il pouvait s'installer à un
écran donné ou à un point d'entrée donné
dans le système et poser certaines questions au système et
obtenir des réponses en utilisant certains codes. Ceci pouvait aller
jusqu'à obtenir des réponses qui appartenaient à d'autres
ministères quand on avait les mots de passe, parce que cela faisait un
bout de temps que cela fonctionnait. Alors, il a demandé que les codes
d'accès pour obtenir une information soient resserrés. On a
corrigé cette partie.
En ce qui concerne la deuxième partie qui consiste... (16 h
15)
M. Garon: Voulez-vous dire que le ministère des Finances
pouvait espionner les autres ministères?
M. Paré (Pierre-André): Et vice versa. M. Garon:
Pardon?
M. Paré (Pierre-André): Et vice versa. Et dans
certains cas seulement.
M. Garon: C'est le vice versa que vous craignez le plus, je pense
bien.
M. Paré (Pierre-André): Non, dans certains cas
seulement et pas pour tout non plus. Ça pouvait se faire dans certains
cas au niveau des traitements, au niveau de certaines subventions qui pouvaient
être accordées. Il fallait vraiment connaître le
système, mais on a corrigé cette partie.
M. Garon: Quant à la partie où on dit: "devrait
interdire ou tout au moins... ", le Vérificateur général
vous a-t-il dit qu'il était satisfait des corrections qui avaient
été apportées?
M. Paré (Pierre-André): II est en train de faire la
nouvelle vérification.
M. Garon: Oui?
M. Paré (Pierre-André): Il est en train de
vérifier à nouveau pour s'assurer que les contrôles qui ont
été modifiés sont corrects.
M. Garon: Quand il dit: "devrait interdire ou tout au moins ne
permettre qu'à un nombre très restreint de personnes
affectées à l'entretien et à l'exploitation du
système, d'effectuer des transactions à ce système et ce,
sous un contrôle très rigoureux. ", y avait-il beaucoup de
personnes qui avaient accès au système?
M. Paré (Pierre-André): Non, pas tellement. C'est
parce que l'ensemble des théories qui existent au niveau de la
comptabilité, que ce soit pour n'importe quelle entreprise, veut qu'il y
ait très peu de personnes qui puissent avoir accès à un
certain nombre de transactions, dont les transactions très
élevées. Il y avait une, deux ou trois personnes à un
moment donné. Là, il y a une quatrième personne parce
qu'il y a quelqu'un qui s'était absenté et on avait nommé
une quatrième personne pour pouvoir dépanner et on en avait une
de plus que ce qui était prévu. C'est tout ce qui est
arrivé.
M. Garon: Ah bonî
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que
l'élément 2 du programme 3 est terminé, M. le
député de Lévis? Terminé?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): C'est-à-dire qu'on
n'adopte pas les éléments. On adopte le programme. II est
terminé. J'appelle l'élément 3, Vérification des
systèmes et des réclamations relatives aux ententes
fédérales-provinciales, du programme 3. Y a-t-il des
interventions sur cet élément? M. le député de
Lévis?
M. Garon: Attendez un peu. Il y a une question que j'ai
oublié de poser à l'élément 2. Le budget augmente
de 700 000 $. Les
700 000 $, est-ce que ce sont des contrats de services qui sont de 562
000 $ ou si c'est autre chose?
Une voix: Voulez-vous nous situer? Où ça?
M. Garon: Dans l'élément 2, j'ai oublié de
poser une question. Le budget augmente de 700 000 $ approximativement, soit de
2 500 000 $ à 3 200 000 $?
M. Levesque: Pour cette question, c'est l'augmentation des
salaires à la suite du renouvellement des conventions collectives et des
transferts de l'élément... On l'a là. Vous avez ces
réponses dans vos propres cahiers qu'on vous a remis.
Le Président (M. Lemieux): Dans le cahier, M. le
député de Lévis.
M. Levesque: Page 39. M. Garon: Page 39? M. Levesque:
Oui, 39.
M. Garon: Je ne m'en rappelais pas par coeur.
M. Levesque: C'est un transfert de l'élément 1,
Services de comptabilité et gestion interne, de 25 postes permanents et
des crédits afférents à la suite de la
réorganisation de certaines activités de programmes, en
particulier celles de la Direction de l'exploitation des systèmes.
M, Garon: Ça marche.
Le Président (M. Lemieux): À
l'élément 3, vous n'avez pas de questions. Le programme 3 est-il
adopté?
M. Garon: Y a-t-il encore des conflits concernant la population
au Québec qui sert à faire certains paiements au Québec
avec le gouvernement fédéral?
M. Levesque: À ce sujet...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
Ententes fédérales-provinciales
M. Levesque: On avait craint, à un moment donné,
d'avoir à rembourser des sommes assez considérables à
cause justement des résultats du recensement de 1986. À la suite
des représentations que nous avons faites au gouvernement
fédéral, que j'ai personnellement faites au ministre des Finances
d'Ottawa... Je l'ai d'ailleurs rencontré personnellement pour lui en
parler.
J'ai l'impression que d'autres provinces ont également fait des
représentations parce que d'autres provinces également
étaient dans la même situation. Nous avons fait valoir que
c'était suffisamment dur d'accepter les coupures effectuées
depuis quelque temps dans les transferts fédéraux qu'il ne
fallait pas, à notre sens, nous demander de rembourser les sommes, bien
que, peut-être en regardant les chiffres, tels qu'on peut les voir, avec
un oeil comptable, il aurait fallu que l'on rembourse. Mais, je dois dire et je
l'ai dit publiquement que j'avais apprécié le geste du
gouvernement fédéral de ne pas exiger de remboursement pour les
années en question, 1985-1986 et 1986-1987, au chapitre de la
péréquation qui était basée sur ces chiffres de
population, lesquels avaient été corrigés par le
recensement. Je n'ai pas nécessairement accepté les chiffres du
recensement, mais là, c'est toute une autre question.
On peut contester, on peut dire: "Vous avez oublié certains
éléments, vous n'avez peut-être pas complété
tout le dénombrement des populations indiennes, vous n'avez
peut-être pas fait ceci ou cela. " Mais, ce qui m'importait le plus,
c'était justement de ne pas avoir à rembourser les 150 000 000 $,
je crois, qu'on aurait pu être appelé à rembourser, car, si
on ne les remboursait pas, ils n'auraient eu qu'à les soustraire sur les
paiements de transfert qu'ils nous font. Donc, on aurait perdu 150 000 000
$.
J'ai dit à M. Wilson: "Quand vous faites un bon coup, je vais le
dire publiquement. " Je suis heureux de le dire à la commission. J'ai
bien apprécié le fait qu'ils aient donné suite à
notre demande et que nous n'ayons pas eu à subir de revers de fortune,
avec l'application de ce qui aurait pu être la conséquence de ce
recensement, lequel indiquait une diminution de la population par rapport aux
prévisions de population sur lesquelles étaient basés les
paiements.
M. Garon: Pour les années 1985-1986 et 1986-1987, quel
était le désaccord sur le plan de la population? Est-ce que le
désaccord portait uniquement sur la population au Québec pour les
fins du paiement de péréquation? Quel était le
désaccord?
M. Levesque: C'était sur le chiffre de la population. Je
pense que c'était... Si je me rappelle, c'était quelques dizaines
de milliers. L'écart était de 80 000 sur 6 100 000 et quelques;
la différence était de 80 000 entre les résultats du
recensement et les prévisions qui sont faites pour échelonner les
paiements.
M. Garon: Est-ce que vous êtes d'accord ou non avec ces
chiffres?
M. Levesque: On n'était pas d'accord, mais, à un
moment donné, il fallait bien que ces transferts soient basés sur
des chiffres.
M. Garon: Voulez-vous dire, au fond, qu'après
l'arrivée au pouvoir du Parti libéral, la population du
Québec augmente moins rapidement que ce qui était anticipé
sous l'ancien gouvernement, pour ces années-là?
M. Levesque: Apparemment, c'était dans votre temps.
M. Garon: Non, non, mais 1986-1987.
M. Levesque: C'est parce qu'il n'y en a pas eu depuis 1981.
M. Garon: Je comprends, mais la prévision
était...
M. Levesque: Les prévisions qui avaient été
faites jusqu'en 1985, c'était justement dans la période... Si on
veut faire de la petite politique avec cela, je peux en faire!
M. Garon: Non, non.
M. Levesque: C'était surtout dans votre temps...
M. Garon: Non, non, mais vous... M. Levesque:... de 1981 à
1985.
M. Garon:... avez parlé pour l'année 1985 et 1986:
donc, ce sont les populations de 1985 et 1986.
M. Levesque: C'est-à-dire que les paiements étaient
basés sur une projection qui avait commencé en 1981...
M. Garon: Oui.
M. Levesque: Si vous aviez mis tel chiffre en 1982 et que ce
n'était pas le bon, celui de 1983 était erroné et ceux de
1984 et 1985 l'étaient encore plus. Donc, si le député de
Lévis veut entrer dans ce genre de discussion...
M. Garon: J'ai demandé précisément au
ministre quels étaient les montants et les chiffres de population en
cause. Vous m'avez parlé que les désaccorda sur la population
portaient sur 1985 et 1986, parce que le fédéral évaluait
la population à un niveau moins élevé que ce qui avait
été prévu antérieurement. Alors, j'aimerais savoir
quels étaient les niveaux de population que le fédéral
estimait moins élevés que ce qu'il avait prévu
antérieurement, à partir de 1981, et pour quelles années
que le gouvernement du Québec, face à cela? Est-il d'accord ou
n'est-il pas d'accord et pourquoi? J'aimerais savoir si cela va affecter - je
vais attendre pour finir ma question - les paiements de
péréquation en 1987, en 1988 et par la suite, si vous dites que
la population croît à un rythme moins élevé que
prévu, selon le fédéral. Par ailleurs, est-ce que le
gouvernement est du même avis ou si le gouvernement du Québec est
en désaccord au sujet des niveaux de population qu'a établis le
gouvernement fédéral pour le Québec?
M. Levesque: Alors, disons que, pour le passé, on a
réglé de la façon suivante. Il n'y a pas de demande de
remboursement de faite. Pour l'avenir, Statistique Québec fait des
arrangements avec Statistique Canada afin d'éviter que de tels
écrts puissent se produire de nouveau, et cela se fait apparamment - je
n'ai pas regardé la technique - en utilisant diverses données que
nous transmettent, par exemple, la Régie des rentes ou d'autres
organismes que nous avons au Québec, et qui regroupées et
recoupées peuvent nous donner la tendance de la population. Quand ces
données-là sont échangées avec Statistique Canada
qui accepte de travailler avec nous à ce sujet, on croit que les
écarts de population seront beaucoup moins importants en 1991 qu'ils ne
l'ont été en 1986. Autrement dit, nous voulons mettre de l'input
dans les données de Statistique Canada pour éviter qu'on se
retrouve au bout de cinq ans avec des écarts comme ceux que nous avons
connus en 1986 par rapport aux prévisions qui avaient été
faites de 1981 à 1986.
M. Garon: Le ministre ne répond pas à ma question.
Ce que je lui ai demandé, c'est que les chiffres ont été
établis, a-t-on dit, en 1981 jusqu'en 1991...
M. Levesque: De 1981 à 1986.
M. Garon: À 1986, et ensuite de 1986 à 1991.
Maintenant, il dit qu'il y a eu des écarts. Donc il n'y a pas entente
entre les deux puisqu'il y a eu des écarts. Et le gouvernement a
accepté de les oublier en 1986. J'aimerais savoir sur quelles
années portaient les écarts et quels montants à partir de
1981 cela impliquait? Est-ce que cela va avoir une influence - j'aimerais que
le ministre écoute la fin de ma question, parce que je vais être
obligé de la lui poser encore une fois - ce niveau différent que
le gouvernement fédéral a établi entre 1986 et 1991 pour
réduire le niveau de population du Québec et réduire les
montants que recevra le Québec entre 1986 et 1991 également?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le député, je pense qu'il faut
regarder la technique. Quant aux
années 1981-1982, 1982-1983, 1983-1984 et 1984-1985,
c'était des années, on parle toujours de
péréquation, où l'on était arrivé à
finaliser ces années-là. Autrement dit, il n'était plus
question de retourner dans ces années-là quels que soient les
résultats, c'était finalisé.
Une voix: Qui ça "on"?
M. Levesqueî Quiconque. Le ministère
fédéral des Finances fait des estimations, des calculs. Je pense
qu'il y en a dix par année. Dans une année donnée, il y a
sept de ces calculs. Or, dans les années 1985-1986 et 1986-1987,
c'était en cours. On se rappelle, par exemple, qu'à un moment
donné, on a dit que le gouvernement fédéral nous devait 66
000 000 $, on se rappelle de cela? Parce qu'il n'avait pas donné 95 %,
en 1985-1986, de ce qu'on avait eu en péréquation en 1984-1985,
alors qu'il l'avait donné pour les autres provinces. Et, après un
bout de temps, on a changé notre chiffre. M'écoutez-vous,
là? (16 h 30)
M. Garon: Oui, oui, tout le temps.
M. Levesque: Bon. À un moment donné, on a
changé notre chiffre. On a dit: Ce n'est pas 66 000 000 $ que vous nous
devez, c'est 97 000 000 $. Pourquoi change-t-on les chiffres comme cela? C'est
parce que ce n'est pas finalisé. C'est en cours. Il y a, dans une
année, sept calculs, sept données ou sept estimations que le
gouvernement fournit sur une année de péréquation. Alors,
on ne peut pas arriver à un chiffre final avant d'arriver à la
septième estimation.
M. Garon: Quelle date...
M. Levesque: Dans les années 1982-1983, 1983-1984 et
1984-1985, même s'il y avait des écarts de population, les livres
étaient fermés. Les estimations étaient rendues à
la fin et il n'y avait plus à revenir là-dessus. Mais, le danger
était que les livres n'étaient pas fermés; les sept
calculs annuels n'étaient pas terminés pour 1985-1986 et
1986-1987. Donc, ils étaient obligés normalement de corriger la
cinquième, la sixième ou la septième estimation,
étant donné que les chiffres avaient changé. C'est
là qu'on a trouvé que, pour l'année 1985-1986,
c'était 74 000 000 $ et, pour l'année 1986-1987, c'était
100 000 000 $. Là, on a dit: Un instant! Wo! On n'a pas l'intention de
vous-rembourser ça. Ça ne s'équilibrait plus de notre
côté. On a dit: Tâchez de mettre la ligne là-dessus
et oubliez ça. On a assez de problèmes avec vous sur les
transferts fédéraux, au moins ne commencez pas à changer
vos estimations à cause des chiffres du recensement qui viennent
d'être donnés. C'est là qu'on a accepté de faire
cela.
Ce n'était pas un précédent. La même chose
s'était produite en 1981, me dit-on. En 1981, par rapport à 1976,
il y avait là encore... Le recensement de 1981 a donné des
chiffres qui ne correspondaient pas, pour plusieurs provinces, aux estimations
sur lesquelles les paiements étaient basés. À ce
moment-là, le gouvernement du temps avait accepté de fermer les
yeux là-dessus. Mais, apparemment, le Québec était dans
une situation contraire, si je me rappelle bien. Le Québec, lui, avait
plus de population que les chiffres de prévisions avaient
indiqué. Ses paiements ont été ajustés à la
hausse. Cela a fait 200 000 000 $. Cela a dû aider le ministre des
Finances du temps...
M. Garon: Pardon?
M. Levesque: J'ai dit que cela a dû aider le ministre des
Finances du temps, parce que cette correction lui a donné une couple de
centaines de millions. Enfin, c'est de l'histoire. Je vais revenir
à...
M. Garon: Voulez-vous dire que la population croissait plus dans
ces années-là, 1982, 1983, 1984, qu'en 1985-1986, elle a
crû moins rapidement?
M. Levesque: C'est effrayant d'arriver...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre de3 Finances,
vous pouvez continuer.
M. Garon: Plus rapidement que les prévisions, on
s'entend.
M. Levesque: Même entre 1976 et 1981, on souffrait de
sous-dénombrement. De 1981 à 1986, cela a été le
contraire. C'est tout. Mais si vous voulez parler de ça, on va sortir
les chiffres qui vont vous indiquer que, cette année, pour la
première fois, le Québec balance au chapitre de
l'émigration-immigration. C'est la première fois qu'on cesse de
perdre notre population depuis plusieurs années. Si vous voulez entrer
dans ce domaine-là, vous allez y goûter. Moi, je vous parle
objectivement. Je n'essaie pas de faire de la petite politique ici.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Lévis.
M. Garon: Ce n'est pas de la politique. Je veux savoir exactement
comment ça marche. Il y a sept décomptes dans l'année.
J'aimerais savoir dans quel mois a Heu le septième décompte?
M. Levesque: Cela prend un peu de temps. C'est au mois de juin.
C'est ce mois-ci que nous allons recevoir la septième estimation pour
l'année 1985-1986. Ce n'est
que l'an prochain, au mois de juin, que nous recevrons la
septième estimation pour 1986-1987. Il y a un décalage de deux
ans, apparemment.
M. Garon: Je ne vous ai pas demandé à quel moment
vous la receviez, je vous ai demandé pendant quel mois elle était
faite. La recevoir, c'est une affaire. Je sais, par exemple, que les chiffres
de la circulation, au Québec, pour 1985 ou 1982, si vous voulez, ont
été Imprimés seulement...
M. Levesque: Toujours le même mois... M. Garon:...
à l'automne... M. Levesque: Le même mois. M. Garon:... deux
ans plus tard.
M. Levesque: Le même mois, juin ou juillet, pour la
septième. C'est entendu qu'il y a beaucoup de variantes autres que la
population. Il n'y a pas que le chiffre de la population qui entre
là-dedans.
M. Garon: Non.
M. Levesque: Ce sont des variantes...
M. Garon: Ce n'est pas cela que j'ai demandé. Vous dites
que sept relevés sont faits dans l'année pour évaluer la
population d'une année.
M. Levesque: Non, non.
M. Garon: C'est ce que j'ai compris. Vous avez dit...
M. Levesque: Ce n'est pas pour évaluer la population,
c'est pour évaluer les montants dus au chapitre de la
péréquation. Or, la question de la population n'est qu'un
élément parmi plusieurs. Il y a l'indice de la richesse, etc.
M. Garon: Je comprends tout cela. Le point sur lequel on ne
s'entend pas, c'est celui de la population, principalement. Je vous demande
à quelle période le septième relevé est pris.
J'imagine qu'il y a sept relevés, mais il y en a à
différentes périodes pour faire une moyenne.
M. Levesque; II y a un seul ajustement par rapport à la
population, il n'y en a pas sept. Pour la population, c'est une fois par
année. C'est au mois de mai. Les sept, ce n'est pas pour la population.
C'est toujours le même coefficient de population qui entre en ligne de
compte.
M. Garon: Actuellement, vous entendez-vous sur la population?
Pour l'année 1986 ou 1987, est-ce que vous vous entendez sur le niveau
de population du Québec?
M. Levesque: II faut bien comprendre que c'est Statistique Canada
qui détermine le chiffre de la population pour les fins de la
péréquation et pour d'autres fins également, pour les
transferts fédéraux dans d'autres domaines. Comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, nous voulons éviter autant que
possible des écarts comme ceux que nous avons connus dans le
passé et nous avons offert notre collaboration à Statistique
Canada pour ajouter aux données que Statistique Canada peut avoir de son
propre chef, d'autre données que nous pouvons fournir ici à
l'aide de notre système informatique, dans divers ministères et
organismes qui touchent diverses clientèles.
M. Garon: Tantôt, le ministre a dit que, cette
année, c'est la première année où l'immigration et
l'émigration s'égalisent. Est-ce que ce n'est pas parce qu'il y a
eu, à un certain moment donné, la perte du contrôle sur les
réfugiés? S'il y a eu autant d'Immigration que
d'émigration, est-ce parce qu'il y a eu une certaine perte de
contrôle sur les réfugiés qui entraient au Canada et qui
venaient surtout au Québec, parce que le système d'aide sociale
est plus généreux Ici que dans les autres provinces? C'est ce que
les journaux ont laissé entendre très clairement.
M. Levesque: Je note que le député de Lévis
reconnaît que notre système d'aide sociale est plus
généreux ici qu'ailleurs.
M. Garon: Non, j'ai dit pour les réfugiés.
M. Levesque: Non, pour tout le monde.
M. Garon: Non, non. J'ai dit qu'on a dit dans les journaux que
les réfugiés qui entraient au Canada entraient, dans une
très forte proportion, 70 %, je pense, au Québec par rapport au
reste du Canada, alors qu'on forme seulement 25 % de la population. Et on a dit
que c'est parce que le système d'aide sociale... Apparemment, on demande
son nom à la personne et, en même temps, on lui fait remplir une
carte de demande à l'aide sociale quand elle entre en tant que
réfugiée au Québec. On a dit, à ce
moment-là, que, comme les gens sont plus sévères en
Ontario et que les réfugiés n'y avaient pas accès à
l'aide sociale aussi facilement qu'au Québec, ils venaient davantage au
Québec qu'en Ontario. Alors, est-ce que ce ne serait pas la raison
principale pour laquelle l'immigration, au Québec, aurait
égalisé l'émigration, cette année?
M. Levesque: Non. Je regrette, M. le
Président, mats je vois que le député de
Lévis fait de "l'échafaudage". Il essaie bien depuis tout
à l'heure. On ne peut pas le blâmer, son imagination est fertile.
Le recensement n'a pas eu lieu le mois dernier ou il y a deux mois ou il y a
trois mois, quand on a parlé des réfugiés qui arrivaient,
cela fait un an que le recensement a eu lieu. Alors, cela n'a pas eu d'effet
sur les événements dont parle le député de
Lévis, cela n'a pas eu d'effet sur cela.
M. Garon:... 1986.
M. Levesque: En tout cas, je pense qu'il est mieux de reprendre
l'autre piste.
M. Garon: Non, je pense que la piste n'est pas mauvaise.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Lévis,
l'élément 3 du programme 3?
M. Garon: La question que je vais demander...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce qu'on peut dire que, en 1986, 1987, 1988 et
1989, les paiements de péréquation seront affectés
à la baisse pour le Québec, à cause de l'écart de
la population? En 1986, 1987, 1988 et 1989?
M. Levesque: En 1986 et 1987: non; 1987, 1988 et suivants:
oui.
M. Garon: Vous voulez dire parce qu'il y a eu une nouvelle
négociation maintenant pour les chiffres entre 1986 et 1991?
M. Levesque: Ce n'est pas une négociation, c'est un
recensement.
M. Garon: Oui, mais vous dites que vous n'êtes pas d'accord
avec les chiffres.
M. Levesque: Qu'on soit d'accord ou pas, c'est cela, ils paient
sur la base des chiffres de Statistique Canada.
M. Garon: Je ne nie pas cela, je sais cela. Ce que je dis, c'est
qu'on a une nouvelle base entre 1986 et 1991 qui est différente de celle
qu'il y avait en 1981 et 1986, ce qui fait que, maintenant, les paiements de
péréquation vont être affectés à la baisse ou
confirmés. Maintenant, je demande au ministre: Est-ce qu'il est d'accord
avec les prévisions de population pour 1986 et 1991 qui sont
établies par le gouvernement fédéral ou est-ce qu'il les
subit? Je voudrais savoir de quel ordre de grandeur est cet écart entre
les chiffres prévus par Ottawa et ceux prévus par
Québec?
M. Levesque: II est prévu que des corrections seront
apportées par le gouvernement fédéral d'année en
année. Alors, on ne peut pas arriver à des conclusions aussi
précises que voudrait le député de Lévis.
M. Garon: J'ai demandé: Est-ce que les paiements de
péréquation vont être affectés à la baisse
pour le Québec pour les années 1986, 1987, 1988 et 1989 à
cause d'une nouvelle prévision démographique?
M. Levesque: Pas pour 1986 et 1987, pas...
M. Garon Pas pour 1986 ni 1987, vous avez dit oui pour les autres
années. Alors, je demande: En quoi les prévisions
démographiques, par quel ordre de grandeur pour chacune de ces
années, les statistiques fédérales ou les
prévisions fédérales sont différentes des
prévisions du Québec?
M. Levesque: II faut bien comprendre, M. le Président, que
nous ne faisons pas de recensement au Québec, qu'il ne s'agit pas de
prévisions faites au Québec, il s'agit simplement que le*
gouvernement fédéral, dans ses propres prévisions, n'est
pas arrivé aux mêmes chiffres que ceux dévoilés par
le recensement. Donc, l'écart ne se situe pas avec des données du
Québec, - bien qu'on puisse avoir des doutes sur la validité de
ces chiffres, on dit: Peut-être qu'on pourrait vous aider pour que les
chiffres que vous allez publier, la prochaine fois, dans vos prévisions,
soient plus proches de la réalité. On va vous donner à
Statistique Canada accès à certaines données que nous
avons ici au Québec et qui pourraient peut-être faire que vos
prévisions collent davantage à la réalité. Mais
nous n'avons rien à voir avec ie recensement à tous les cinq ans
et nous n'avons rien à voir non plus avec les prévisions que le
gouvernement fédéral fait et sur lesquelles il base ses paiements
et ses transferts. (16 h 45)
M. Garon: Le programme de péréquation est un
programme de cinq ans, de 1982 à 1987.
M. Levesque: De 1987 à 1992. M. Garon: Pardon?
M. Levesque: Les accords fiscaux qui ont été
adoptés par la Chambre des communes, au chapitre de la
péréquation, sont pour les cinq prochaines années.
M. Garon: Je veux dire que le programme antérieur
finissait en 1987.
M. Levesque: Le 31 mars 1987.
M. Garon: Le 31 mars 1987. Vous dites que le nouveau programme
est maintenant en vigueur?
M. Levesque: Oui.
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu des négociations ou
si...
M. Levesque: Sûrement, j'en ai souvent parlé. Je ne
sais pas si le député était distrait.
M. Garon; Non, non.
M. Levesque: Mais, j'en ai sûrement parlé. Je ne
sais pas, peut-être, au moins cent fois. J'ai eu des rencontres avec le
ministre, mon homologue fédéral, des fonctionnaires ont
travaillé régulièrement là-dessus. II y a eu une
bonification, mais une bonification que j'ai déclarée
insuffisante, étant donné les réductions que nous avions
connues, au chapitre des transferts fédéraux, dans le financement
des programmes établis; santé et éducation
postsecondaire.
M. Garon: Non, je parle pour les fins de
péréquation, là.
M. Levesque: C'est ce que je dis. C'était insuffisant. Si
on avait pu continuer de la même façon avec la santé et
l'éducation postsecondaire, dans l'autre volet des transferts
fédéraux, peut-être qu'on aurait été un peu
moins exigeants du côté de la péréquation. Mais, en
plus des besoins que nous avons au chapitre de la péréquation,
nous avons eu à souffrir de compressions faites unilatéralement
par le fédéral dans le financement des programmes établis.
Nous avons pensé, à ce moment-là, que le gouvernement
fédéral pourrait bonifier beaucoup plus ses paiements de
péréquation en tenant compte de ce que les provinces, qui ont une
capacité fiscale moindre, avaient à souffrir à la suite de
cette décision qui est contenue dans la loi C-96, adoptée
antérieurement par le Parlement fédéral.
Nous avons cependant eu une bonification, mais très minime.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, relativement à l'élément 3 du programme 3?
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: Oui, très rapidement, M. le
Président. Les questions du député de Lévis au
ministre m'ont amené à poser quelques questions au ministre,
particulièrement en ce qui a trait à l'immigration et à la
péréquation. Peut-être va-t-il pouvoir me répondre.
Lorsqu'on sait qu'après le mois de novembre 1976 et les années
qui ont suivi, on a connu une migration très forte de
Québécois vers d'autres provinces, on parlait à
l'époque de 200 000. Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer le
chiffre exact ou les données?
M. Levesque: Je n'ai pas les chiffres. Cependant, nous les avons
donnés souvent dans d'autres débats. Mais, je ne m'attendais pas
à avoir des questions là-dessus, aujourd'hui. Je ne voudrais pas
avancer des chiffres approximatifs, mais c'était évident, et cela
a été dit par tous les commentateurs et les observateurs, que
nous avons eu une fuite de capitaux, une fuite de ressources humaines, de
capital humain, qui a sûrement été néfaste. Nous
sommes heureux de dire que, pour la première année, cette
année, depuis ces événements, nous connaissons
présentement un équilibre. Il faudrait maintenant aller plus loin
sur deux chapitres: premièrement en recevant plus de citoyens que nous
n'en perdons, par la migration, l'émigration, si vous voulez, et,
deuxièmement, que nous cessions d'avoir le taux de natalité le
plus bas d'Amérique et peut-être du monde. Avec 1, 4 enfant, cette
année, je pense qu'il est temps que la tendance change de direction.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
est-ce que... Oui, M. le député de Lafontaine.
M. Garon: Même, cela baisse, M. te ministre des
Finances!
M. Gobé: Excusez-moi, M. le député de
Lévis, mais j'ai la parole.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: Oui, M. le Président. Est-ce que l'on peut
penser, aujourd'hui, que si ces quelques centaines de milliers de personnes,
dont les commentateurs ont donné les chiffres, étaient
restées au Québec, noua aurions plus de revenus en termes de
péréquation du gouvernement fédéral et, en
même temps, en revenus fiscaux à titre d'impôt sur le revenu
et autres taxes.
M. Levesque: C'est évident.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: C'est évident. D'ailleurs, lorsque l'on parle
du vieillissement de la population, ce n'est peut-être pas le terme
exact. Ce n'est pas parce que la population vieillit, elle a toujours vieilli,
ce n'est pas nouveau; tous les gens vieillissent d'un an à la fois,
alors on parle de vieillissement de ta
population. C'est qu'il n'y a pas de remplacement suffisant de la
population, c'est ce qui fait que la moyenne de vieillissement augmente, mais
ce n'est pas parce que la population vieillit plus qu'elle n'a vieilli dans les
années passées. Il nous manque des gens pour remplacer et pour
venir, comme vous le dites, aider à contribuer à toutes les
ressources qui sont nécessaires dans notre société. Si on
continuait avec cette tendance, il y aurait moins de monde pour payer pour plus
de monde. C'est l'équilibre qui est mis en danger.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Lafontaine.
M. Gobé: Oui. D'après ce que l'on vient de
comprendre, on découvre là encore un des autres aspects
d'appauvrissement du Québec dont l'ancien gouvernement est responsable,
d'après ce que je peux voir.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Évidemment, ce pauvre gouvernement...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, le député de Lafontaine est dans son droit de
parole.
M. Levesque:... a eu sa part de déboires, je ne veux pas
lui en mettre davantage sur le dos à ce moment-ci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Est-ce que le programme 3, Comptabilité...
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon:... je peux dire que je suis très bien
placé pour parler parce que je suis le député d'un
comté où la MRC des Chutes-de-la-Chaudière a le plus haut
taux de natalité au Québec. C'est là que la population
scolaire s'accrott de 400 enfants par année depuis que je suis
député. On dit que cela va être encore la même chose
pendant dix ans. Je dirai au ministre des Finances, parce que c'est le bon
temps de le dire, que nous sommes en demande pour obtenir une école
secondaire...
Le Président (M. Lemieux):...
M. Garon: Oui, oui, on est dans les Finances.
Le Président (M. Lemieux): M. le député, la
règle de la pertinence s'applique lors de l'étude des
crédits.
M. Garon: Oui, mais on était dans l'immigration, vous
savez, on était encore pire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Alors, j'allais dire tout simplement au ministre des
Finances qu'une école secondaire est demandée et qu'il serait
absolument nécessaire de la construire avant septembre 1988, autrement
nos enfants des écoles primaires, qui ont été bâties
au rythme d'une par année depuis dix ans, n'auront pas de place à
aller en septembre 1988. J'imagine que les enfants des Québécois
ont encore une certaine place. Je comprends que le député parle
de l'immigration et de l'émigration, mais est-ce qu'on pourrait avoir
une petite place pour nos enfants?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, c'est assez loin d'un élément du programme} vous
rattachez cela d'assez loin, M. le député. J'aimerais
peut-être continuer en cédant la parole... M. le
député de Chauveau, avez-vous demandé la parole?
M. Poulin: Juste pour mentionner que le député de
Lévis ne s'est pas juste occupé d'agriculture, mais aussi de la
natalité.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Chauveau. Est-ce que le programme 3,
Comptabilité gouvernementale, est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le programme 3 étant
adopté, j'appelle le programme 4, Fonds de suppléance. Est-ce
que, M. le député de Lévis, vous avez des interventions
relativement à l'élément 1 du programme 4, Fonds de
suppléance?
Fonds de suppléance
M. Garon: Pouvez-vous nous dire si les crédits qui ont
été ajoutés à l'élément 1, puisqu'il
s'agit de différents programmes de ministères, pourriez-vous nous
dire si les montants que j'avais mentionnés ce matin, notamment les 10
000 000 $ concernant la santé et les 10 000 000 $ concernant le
développement régional, de même que... Nous en avons
parlé concernant l'agriculture, donc on n'a pas besoin d'y revenir. Il y
avait aussi... J'avais les montants, ce matin, attendez un peu, je les ai
ici.
M. Levesque: Les diverses dépenses mentionnées au
budget se retrouveront dans des crédits supplémentaires, elles ne
sont pas dans les crédits que nous étudions présentement.
Les crédits que nous étudions présentement ont
été déposés le 25 mars 1987, si ma mémoire
est fidèle, tandis que le budget qui annonçait certaines
dépenses additionnelles a été annoncé le 30 avril
1987. Donc, pour ces dépenses qu'évoque le député
de Lévis, on les retrouvera dans un budget supplémentaire.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions relativement à l'élément 1? M. le
député de Lévis, nous appelons l'élément 2
du programme 4, Fonds de suppléance. L'élément 2...
M. Garon: L'élément 2.
Le Président (M, Lemieux):... du programme 4, Fonds de
suppléance.
M. Garon: II y a une augmentation considérable. Est-ce que
de 65 000 000 $ à 144 000 000 $...
Le Président (M. Lemieux): J'ai 85 000 000 $, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Pardon, de 85 000 000 $ à 144 000 000 $. Est-ce
que toutes ces sommes concernent des augmentations de traitement ou des
rétroactivités de traitement?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: L'élément 2, c'est une provision pour
augmenter, avec l'approbation du Conseil du trésor, tout crédit
applicable aux traitements, salaires et allocations des employés du
gouvernement et du secteur parapublic. Il s'agit d'une somme de 144 300 000 $.
On sait que les conventions collectives ont été
négociées et signées pour la très grande partie des
employés du gouvernement. Il y a encore certains groupes, par exemple
Ies cadres, qui ne se retrouvent pas dans ces sommes et qu'on retrouve
plutôt à l'élément 2 du programme 4. On
prévoit ainsi une augmentation salariale des cadres. II y a aussi
d'autres groupes qui n'étaient pas dans ceux que l'on a traités
auparavant. Je songe, en particulier, aux agents de la Sûreté du
Québec. Il y a certaines conventions collectives de certaines
sociétés d'État qui n'ont pas été
réglées en même temps que les autres. Toutes ces
augmentations prévues dans de nouvelles conventions pour ces gens se
retrouvent à l'élément 2 du programme 4.
M. Garon: Quelle est la proportion du montant qui concerne
l'augmentation des cadres?
M. Levesque: Je ne peux pas donner ces détails, ce n'est
pas d'intérêt public. On comprendra que, si on négociait de
cette façon, ce serait... Je ne peux pas Ies donner, je n'ai pas
l'intention de le faire non plus parce que je pourrais dire: II y a tant
d'argent pour ci, tant d'argent pour ça, tant d'argent pour ce groupe,
tant d'argent pour l'autre groupe. Après cela, allez donc
négocier. Je ne peux pas faire cela, ce n'est pas dans
l'intérêt public de le faire. Le député est bien
d'accord avec moi, j'en suis convaincu. Nous avons mis de côté une
certaine somme pour répondre globalement à tous ces besoins et
ces conventions.
M. Garon: Est-ce que ce sera du même ordre que les
augmentations des fonctionnaires, autour de 3 %, et de l'augmentation des
députés qui a été rétroactivement à 3
% au 1er janvier?
M. Levesque: Je vais laisser aux responsables des
négociations le soin de déposer les offres. D'autres offres ont
dé}à été déposées dans certains cas.
Il y en a pour qui ce ne sont pas des négociations en vertu du Code du
travail, mais il y a certaines autres normes qui entrent en ligne de compte. Je
n'ai pas l'intention de me substituer à une table de
négociation.
Le Président (M. Lemieux): M. te député de
Lévis.
M. Garon: Le ministre des Finances ne veut pas nous confirmer que
ce sera dans le même ordre que pour les fonctionnaires, où
l'annonce avait été faite à 3, 5 %, rien de plus, à
l'avance. Le président du Conseil du trésor avait dit, à
l'avance, que c'était 3, 5 %, rien de plus pour les fonctionnaires et
que ce n'était pas négociable. Est-ce que le ministre des
Finances veut nous dire que, dans le cas des cadres, il ne peut pas nous dire
à l'avance quelle est la limite qu'il s'est fixée et que cela
pourra dépasser 3, 5 %, qu'il n'y a pas de limite?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Pour les cadres, au 1er juillet 1986 ainsi qu'au 1er
juillet 1987, on m'indique que c'est le même montant, soit 3, 5 %... On
peut entrer dans toute la question des échelles, mais... Je pense qu'on
pourrait poser des questions au Conseil du trésor.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je ne comprends pas, M. le Président. Le
ministre vient de nous dire que c'était en négociation et qu'il
ne veut pas nous le dire, et il vient de nous dire que c'est 3, 5 % en 1986 et
3, 5 % en. 1987. Est-ce que c'est négocié ou si ce ne l'est
pas?
M. Levesque: Pour les cadres, c'est fait.
M. Garon: C'est fait? Pourquoi nous disait-il qu'il
restait...
M. Levesque: Pour l'ensemble, je n'ai pas l'intention de faire
une ventilation de ces sommes.
M. Garon: Vous voulez dire pour les différents niveaux de
cadres? Ce n'est pas ce que je demandais. (17 heures)
M. Levesque: Non, mais pour d'autres. Si on commence à
dire, il y a tant pour les cadres, tant pour la Sûreté, tant pour
Radio-Québec, tant pour autre chose...
M. Garon: Non, non.
M. Levesque: Bon, c'est cela que je ne veux pas faire.
M. Garon: Ce n'est pas cela que je demandais. Les cadres, c'est
une chose. Maintenant, concernant les sous-ministres adjoints et Ies
sous-ministres, est-ce que les augmentations ont été
accordées sous forme d'augmentation dans l'échelle ou dans un
même niveau? De quel niveau ont été ces augmentations?
Est-ce qu'il y a eu des forfaitaires en plus des augmentations de...
M. Levesque: Ce n'est pas encore fixé.
M. Garon: Cela ne l'est pas encore. Est-ce que pour 1986 cela a
été fixé?
M. Levesque: Non.
M. Garon: Pour les sous-ministres, ce n'est pas
négocié habituellement.
M. Levesque: Non, cela ne l'est pas. Ce n'est pas en
négociation, c'est en consultation.
M. Garon: Ce sont les échelles.
M. Levesque: Même pas en consultation me dit quelqu'un qui
est très au courant.
M. Garon: Les échelles! Donc, les échelles n'ont
pas été modifiées pour 1986 et 1987, il n'y a pas eu
d'augmentations pour les sous-ministres adjoints et les sous-ministres, ni pour
1986, ni pour 1987? C'est cela qu'on me dit.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: C'est en cours présentement. De fait, je
pense que - si je voulais parler d'une expérience personnelle, j'ai
rencontré justement mon sous-ministre à ce sujet aujourd'hui.
Alors, je ne vais pas commencer à vous ajouter tout cela. Ce
n'était pas pour lui, c'était pour les autres.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, est-ce que...
M. Garon: II y a deux choses là-dedans.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député.
M. Levesque: Il y a plus de deux choses.
M. Garon: II y a les échelles, les ordres de grandeur,
pour les différentes catégories, les sous-ministres, les
sous-ministres en titre et les sous-ministres adjoints, et il y a le montant
pour chacun. Je voudrais savoir, quand le ministre nous dit que ce n'est pas
fait, si, pour les sous-ministres adjoints et les sous-ministres, les
échelles ont été modifiées ou si elles sont les
mêmes, premièrement. Et deuxièmement, est-ce qu'il nous dit
que, pour les sous-ministres adjoints et les sous-ministres, les niveaux de
salaires n'ont pas changé depuis 1985 ou est-ce qu'il y a eu des
augmentations ou des réévaluations, des augmentations en 1986 et
en 1987, ou s'il y a une année ou deux années qui sont en
discussion pour chacune des personnes individuellement?
M. Levesque: C'est en discussion pour chacune des personnes
individuellement pour 1985-1986 et 1986-1987, pour les trois premiers mois, je
pense.
M. Garon: Pour 1985-1986?
M. Levesque: On me dit que les règles ne sont pas encore
déterminées. Elles devraient l'être dans les semaines qui
viennent.
M. Garon: Pour les années 1986-1987?
M. Levesque: 1986-1987.
M. Garon: Et 1987-1988?
M. Levesque: Et 1987-1988, oui.
M. Garon: Maintenant, est-ce que le gouvernement s'est
donné un niveau d'augmentation de 3, 5 % comme pour les fonctionnaires
ou les cadres?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interrogations relativement à l'élément 2?
M. Garon: C'est en élaboration.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Levesque: On m'indique que d'ici à quelques semaines
cela pourrait se préciser. Mon sous-ministre me dit qu'il a espoir que
cela puisse se préciser.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, si vous avez bien compris la réponse du ministre, il y a
espoir que cela puisse se préciser. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce que le sous-ministre va l'indiquer dans une
synthèse des opérations financières?
Éventuelle...
M. Levesque: On me dit que les chiffres ne sont pas tels que cela
justifierait un paragraphe spécial, mais on verra.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? M. le député de Saint-Louis, M. le
député de...
M. Chagnon: Envisagez-vous un recours au fonds de
suppléance? Un deuxième recours, une augmentation.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, est-ce que vous avez terminé relativement au programme 4,
élément 2?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons maintenant passer
à l'élément 3, programme 4. Est-ce que vous avez des
interrogations relativement à l'élément 3 du programme 4,
fonds de suppléance.
Me Garon: On remarque une variation considérable, de 190 700 000
$ en 1986-1987 à 18 300 000 $, en 1987-1988. Le ministre des Finances
peut-il nous donner la raison pour laquelle la baisse est si
considérable?
M. Levesque: II s'agit d'une provision pour augmenter, avec
l'approbation du Conseil du trésor, tout crédit applicable au
coût afférent aux arrérages dans les réseaux des
affaires sociales et de l'éducation. L'an dernier, c'était pour
payer les arrérages. Cette année, c'est pour payer les
intérêts * seulement.
M. Garon: Parce que les arrérages ont
été...
M. Levesque: Financés.
M. Garon:... financés, c'est-à-dire qu'ils ont
été envoyés ou "pelletés", sî vous voulez, au
service de la dette, la dette consolidée du Québec.
M. Levesque: Par la loi 130, on se rappelle.
M. Garon: Je le sais. Je voulais vous le faire dire.
M. Levesque: Ha! Ha!
M. Garon: Je m'en doutais. Je savais que c'était
ça, mais je voulais qu'on sache qu'au lieu d'avoir 190 700 000 $ pour
les fins des réseaux, maintenant, ce sont les 18 300 000 $ pour les
intérêts sur les montants. Maintenant...
M. Levesque: C'est-à-dire que ça allait
jusqu'à la fin de 1986.
M. Garon: Oui.
M. Levesque: Nous avons fait un financement sur cinq ans pour
payer entièrement ces déficits accumulés. Mais il y a des
intérêts et c'est là qu'on retrouve les 18 300 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Lévis? Est-ce que le
programme 4, Fonds de suppléance, est adopté?
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le ministre s1 est-il assuré par des
dispositions quelconques, puisqu'il s'avantage de 172 400 000 $ dans
l'opération au point de vue des équilibres financiers nets
annuels, qu'il n'y aurait pas de récidives ou que les
récidivistes habituels seraient identifiés pour Ies fins de la
commission parlementaire?
Le Président CM. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Les autorités des ministères
concernés, particulièrement le ministère de la
Santé et des Services sociaux, ont fait part au ministère des
Finances que cela ne se reproduirait pas. Alors, voilà! Je ne peux pas
en dire plus. Ce n'est pas supposé se reproduire.
M. Garon: Le ministre qui a des réseaux informatiques et
toutes sortes de données, peut même aller voir ce qui se
passe ailleurs, disait le contrôleur des finances. Est-ce qu'il
jette un regard vers ces ministères pour s'assurer que, non seulement le
ministère de la Santé et des Services sociaux le lui dit,
mais...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Garon:... mais qu'il le pratique.
M. Levesque: On m'informe qu'il n'y a eu aucun déficit de
cette nature en 1986-1987. Donc, on doit être...
M. Garon: Au ministère, mais dans les institutions?
M. Levesque: Dans les institutions.
M. Garon: De quelle façon est-ce
vérifié?
M. Levesque: Les emprunts temporaires sont vérifiés
à tous les deux mois. Elles n'empruntent que ce pour quoi elles sont
autorisées.
M. Garon: Par qui? Avez-vous vérifié par qui?
M. Levesque: Un système de vérification a
apparemment été mis en place entre les Institutions
financières et le ministère des Finances.
M. Garon: Ah boni Entre les institutions financières et le
ministère des Finances?
M, Levesque: Les banques.
M. Garon: De quelle façon est-ce que cela fonctionne?
Est-ce que chaque fois qu'un hôpital veut faire un emprunt
temporaire...
M. Levesque: Si les institutions financières veulent des
garanties - et elles en veulent normalement - elles trouvent important de nous
tenir au courant de ce qui se passe. Autrement, elles n'auront pas longtemps
l'appui du ministère des Finances dont ces institutions ont absolument
besoin.
M. Garon: Est-ce que, dans le passé, des
dépassements ont été financés par des emprunts
temporaires qui étaient toujours garantis par le gouvernement?
M. Levesque: Non, pas à ce moment-là.
M. Garon: De quelle façon le ministre des Finances est-Il
assuré maintenant qu'il ne pourra pas y avoir d'emprunt temporaire sans
garantie du gouvernement?
M. Levesque: La loi a été changée et on me
dit, encore là - parce que je n'ai pas vérifié - que les
hôpitaux, par exemple, ne peuvent pas emprunter sans autorisation
préalable du ministère de la Santé et des Services
sociaux. Si les banques prêtent sans s'assurer que ces demandes de
prêt sont autorisées, elles risquent ce qu'elles risquent.
M. Garon: Est-ce que cette disposition légale a
été adoptée, à la suggestion du ministère
des Finances ou à la demande du ministre des Finances?
M. Levesque: La réponse est oui.
M. Garon: Est-ce que le ministre des Finances pourrait nous
indiquer où se trouve l'obligation légale qu'il mentionne?
M. Levesque: On me dit qu'on va retrouver cela dans la Loi sur la
santé et les services sociaux.
M. Garon: Est-ce qu'on pourrait me donner la
référence, si possible, puisque...
M. Levesque: Avec plaisir.
M. Garon:... ce n'est pas passé à cette commission.
Je dois vous dire que je suis à 100 % d'accord avec le ministre des
Finances qu'il y ait une obligation. Maintenant, quelle est la
pénalité, si les gens s'organisent quand même et
réussissent à passer outre, quelle que soit la façon de le
faire?
M. Levesque: On m'indique que les banques n'ont aucun
intérêt à ne pas coopérer dans le sens
indiqué. Donc, jusqu'à preuve du contraire, nous croyons que le
système va donner ses fruits.
M. Garon: Est-ce qu'il y en a qui ont passé outre
jusqu'à maintenant, à votre connaissance?
M. Levesque: Pas en 1986-1987, à notre connaissance.
M. Garon: Que ferait le ministre des Finances si cela
arrivait?
M. Levesque: On va prendre le téléphone.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Qu'est-ce qu'il a dit?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Garon: Je n'ai pas compris ce que vous avez dit.
M. Levesque: J'ai dit qu'on va prendre
le téléphone.
Le Président (M. Lemieux): M. le député,
est-ce que le programme 4, Fonds de suppléance, est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle donc
le programme 5, Gestion interne et soutien. Est-ce qu'il y a des interventions
relativement au programme 5, Gestion interne et soutien?
M. Garon: J'avais...
M. Levesque: Est-ce que...
M. Garon: Oui.
M. Levesque:... la commission aurait objection à suspendre
ses travaux pour entendre les autres? On pourrait peut-être
libérer un ou deux de nos invités.
M. Garon: Ce serait préférable de terminer ces
questions pour, ensuite, passer véritablement à
Radio-Québec et à la Caisse de dépôt et
placement.
Le Président (M. Lemieux): Si c'est votre façon de
voir les choses, moi j'ai un mandat... Alors, nous continuons. M. le
député de...
M. Garon: Je sais que l'exposé de la Caisse de
dépôt et placement va commencer par l'énumération
des résultats de l'année, ce qu'on a déjà vu dans
les journaux, d'ailleurs. Je pense qu'il est préférable, à
ce moment-ci, que les gens sachent ce qui concerne le ministère des
Finances. Il y a plus d'inconnu, actuellement, par rapport au ministère
des Finances que par rapport à la Caisse de dépôt et
placement ou à Loto-Québec, organismes - encore là, dans
des questions d'orientation que nous allons poser - qui, à mon avis,
doivent suivre vraiment ce que dit le ministre des Finances, parce que
autrement... On verra par la suite. On veut vraiment poser des questions en
termes d'orientation et, je pense, à ce moment-là, que
l'orientation du ministre doit précéder l'orientation de ceux qui
dépendent de lui. (17 h 15)
M, Levesque: Alors nous vous écoutons.
Gestion interne et soutien
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 4 est
adopté? J'appelle le programme 5 - je m'excuse M. le ministre -j'appelle
le programme 5, Gestion interne et soutien. Est-ce qu'il y a des interventions
relativement au programme 5.
Contrats de services dans l'informatique
M. Garon: C'est ici que le ministre des Finances nous avait dit
qu'il nous parlerait davantage des contrats de services qu'il a l'intention de
donner concernant la réforme de la fiscalité
fédérale. Ce qu'il envisage, j'ai constaté en lisant les
documents ici qu'on nous dit que la seule explication, c'est que la baisse des
crédits de 1 521 000 $ dans les contrats de services à 1 231 000
$ est due principalement à des baisses dans le contrat des ordinateurs
comme l'a mentionné le ministre des Finances, sauf qu'on ne laisse pas
entendre qu'il s'agît de montants plus grands que l'écart entre 1
521 000 $ et 1 231 000 $. J'aimerais savoir de quel ordre est la baisse des
contrats de services dans le domaine de l'informatique, au programme 5, de
1986-1987 à 1987-1988?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Quel élément?
Le Président (M. Lemieux): Quel élément. M.
le député de Lévis?
M. Garon: Programme 5, dans les services, je vois comme
explication que, pour les services qui passent de 1 521 000 $ à 1 231
000 $, le ministre des Finances nous a dit tout à l'heure que les
contrats de services qu'il a l'intention de donner concernant des études
qui seraient faites sur la fiscalité viendraient de ce poste. Sauf que,
quand je lis son document sur le programme 5, on dit services au sujet d'une
réduction de 290 500 $: "Réduction des dépenses
principalement celles reliées aux contrats de services et touchant plus
particulièrement le domaine informatique afin de rencontrer les
contraintes budgétaires 1987-1988. " On laisse entendre que vous avez
baissé vos contrats dans l'informatique de 290 000 $ pour rencontrer les
contraintes budgétaires. Dans les 1 231 000 $ où vous nous disiez
tantôt que c'est là que se trouvaient les 400 000 $ pour des
contrats, je comprends mal la note explicative. Parce que cela voudrait dire
que les contrats n'avaient pas été baissés de 290 000 $
seulement, mais de 400 000 $ additionnels pour libérer des montants
d'argent pour donner des contrats sur la réforme fiscale.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
s'il vous plaît!
M. Levesque: II y a ce qui est indiqué là comme
raison, il y a des contraintes, mais il y a également la réponse
que j'ai donnée tout à l'heure qui entre en ligne de compte. Pour
l'informatique, les contrats n'ont pas été renouvelés
parce que nous avons un
ordinateur et que ces dépenses-là n'ont pas à
être effectuées, ce n'est pas récurrent. Cependant, la
somme 410 000 $ que j'ai mentionnée pour un premier contrat sera prise
à même ce montant de 1 231 000 $ que nous demandons de voter, mais
on m'indique qu'il est possible que ces 1 231 000 $ ne soient pas suffisants et
qu'à ce moment-là, il faille aller au fonds de
suppléance.
M. Garon: Est-ce que le contrat de 400 000 $ est signé?
Est-ce qu'il s'agit d'un contrat de 400 000 $ avec une firme ou de plusieurs
firmes?
M. Levesque: Le premier contrat, de 410 000 $, est signé,
oui.
M. Garon: Avec une firme?
M. Levesque: Avec une firme.
M. Garon: Avec ou sans appel d'offres?
M. Levesque: C'est la même maison qui avait
déjà fait des études dans ce domaine de votre temps et qui
continue de faire des études plus particulières. C'est la firme,
Price Waterhouse, pour ne pas la nommer, qui s'est spécialisée et
qui avait commencé à le faire, me dit-on, en 1985 et qui continue
dans ce sens, mais dans un aspect particulier de la réforme fiscale.
M. Garon: Est-ce que le ministre pourrait me dire quelle
étude elle a faite en 1985, si elle en a fait en 1986, et quelles sont
celles qu'elle fera en 1987 pour les fins de la réforme fiscale?
M. Levesque: On va demander à M. Delisle, le sous-ministre
adjoint.
Le Président (M. Lemieux): M. Delisle, sur le temps de
parole et l'autorité du ministre et voulez-vous vous identifier, s'il
vous plaît, pour les fins de l'enregistrement.
M. Delisle (André): André Delisle, sous-ministre
adjoint au ministère des Finances. En 1985, une étude a
été faite pour les fins du Conseil exécutif, le tout
dirigé par le ministre et les fonctionnaires du temps. Cette
étude portait principalement sur les aspects de la taxation de la masse
salariale au Québec et dans différentes provinces et dans
certains États américains. Donc, la firme Price Waterhouse avait
fait une étude dans ce sens. À l'occasion de la réforme
fiscale, on a cru important au ministère de mettre à jour cette
étude sur l'aspect de la masse salariale de la fiscalité des
entreprises, de même que de compléter l'étude sur les
autres éléments de la fiscalité des entreprises de
façon qu'on sache un peu quel est l'état de la fiscalité,
dans le nord-est américain. Donc, la firme Price Waterhouse est
allée à Boston, New York, Détroit et en Ontario et elle a
colligé de l'information sur les structures fiscales touchant les
entreprises dans ces États, suivant un certain nombre de secteurs
d'activités économiques. Elle nous a apporté cette
information au ministère des Finances.
Nou3, au ministère on construit des modèles de cas types
ou de firmes types dans le domaine de l'électronique, de la
pétrochimie, de l'aéronautique, etc. Avec l'information
colligée par la firme Price Waterhouse pour nos fins, nous sommes
à même de dire: Cette firme, si elle était à Boston,
si elle était à New York, si elle était à
Détroit, elle aurait tels impôts à payer et, au
Québec, elle a actuellement tels impôts à payer, avec la
réforme fiscale, cela change le portrait de telle façon et,
là, on va pouvoir simuler différents scénarios de
modifications fiscales qui pourront être soumis au gouvernement.
Donc, la firme vient mettre à jour l'étude qu'elle avait
entreprise en 1985, vient la compléter, nous amène de
l'information brute que nous intégrons à nos modèles et,
à partir de cette information brute, les fonctionnaires du
ministère des Finances font des études de sensibilité et
feront des analyses qui leur permettront de proposer des choix de politiques au
gouvernement. Donc, la firme n'est pas impliquée dans les choix de
politiques, elle est impliquée seulement dans la collection des
informations de base. Nous, dans le fond pour envoyer des gens à
Détroit, à Boston, etc., nous n'avons pas Ies ressources pour
cela, d'abord, et souvent nous n'avons pas non plus la compétence et
nous ne sommes pas des super fiscalistes en fiscalité de l'État
de New York à titre d'exemple. C'est à peu près cela en
fait la perspective de l'étude.
M. Garon: Maintenant, vous dites que cette étude a
été entreprise en 1985, donc, après le dépôt
du livre blanc sur la fiscalité, en 1984?
M. Delisle: En janvier 1986.
M. Garon: Non, non, le livre blanc pas en 1986.
M. Delisle: En janvier 1985.
M. Garon: Janvier 1985. En 1985, le contrat à la firme
Price Waterhouse pour vérifier des masses salariales, je suppose qu'ils
font des comparaisons entre les entreprises.
M. Delisle: II faut faire attention. Le livre blanc portait sur
les particuliers et, à cause des tables de concertation, à
l'époque
- je ne sais pas si vous vous en souvenez -c'était une
préoccupation d'attacher cela à la masse salariale, à ce
moment-là.
M. Garon: Oui.
M. Delisle; Là, le gouvernement avait demandé ce qu'il y
avait de fait...
M. Garon: Quand, en 1985, le contrat... M. Delisle: Septembre
1985. M. Garon: En septembre 1985.
M. Delisle: M. Dean - je cherchais son nom - c'est sous M. Dean
que ceta se faisait.
M. Garon: Ce n'était pas le ministère des
Finances.
M. Delisle: Non, c'était au Conseil exécutif. Ils
ont présenté une masse d'informations. Il y avait des gens qui
ont dirigé ces études, etc., et nous, comme on était
pressés et que cette firme avait...
M. Garon: Au fond, ce sont les impacts de la fiscalité sur
la masse salariale.
M. Delisle: Â cette époque, c'était cela.
À ce moment-là, l'étude portait...
M. Garon: En 1985.
M. Delisle: En 1985.
M. Garon: Bon. En 1986?
M. Delisle: Mais, maintenant, on leur dit...
M. Garon: Attendez un peu, n'allez pas trop vite.
M. Delisle: Oui.
M. Garon: Cela, c'est la seule en 1985.
M. Delisle: Oui.
M. Garon: En 1986?
M. Delisle: En 1986, d'abord, il s'agit de mettre cela à
jour.
M. Garon: Est-ce qu'il y en a eu ou s'il n'y en a pas eu?
M. Delisle: Ah, non.
M. Garon: Est-ce qu'une étude a été faite ou
commandée en 1986 pour les fins de la réforme fiscale?
M. Delisle: Vous voulez dire avec des contractuels autres...
M. Garon: Oui.
M. Delisle: Non. En fait, la seule...
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu un autre contrat que celui
donné en septembre 1985, et à Price Waterhouse en 1986?
M. Delisle: Non,
M. Garon: II n'y en a pas eu.
M. Delisle: II n'y en a pas eu à ma connaissance, je ne
sais pas si quelqu'un d'autre en a donné.
M. Garon: Je le demande au ministre des Finances.
M. Levesque: J'ai dit non, ce matin, à ma connaissance,
non plus.
Études fiscales
M. Garon: II n'y en a pas eu en 1986. Maintenant, il y a eu
l'étude de septembre 1985 commandée par le Conseil
exécutif, par le ministre Dean, pour faire l'étude des masses
salariales au niveau des entreprises pour faire des scénarios et
comparer avec le reste de l'Amérique du Nord. En 1986, quelles sont les
études qui ont été commandées, à ce jour,
dans le cadre de la réforme de la fiscalité?
M. Levesque: On vous a dit qu'il n'y en avait pas.
M. Delisle: II n'y en a pas à l'extérieur, mais au
ministère, on travaille là-dessus...
M. Garon: En 1986, il n'y en a pas, a ce jour?
M. Delisle: Non, mais...
M. Garon: Non, mais c'est cela que je demande.
M. Delisle: À l'extérieur, il n'y en a pas. Au
ministère, c'est autre chose.
M. Garon: Bon, il n'y en a pas, à ce jour. Le ministre a
dit tout à l'heure...
M. Levesque: II n'y en a pas de l'extérieur.
M. Garon: Je comprends cela.
M. Levesque: Non, il ne faut pas répéter quelque
chose qui n'a pas été dit.
M. Garon: C'est ce que j'ai dît. Je parle seulement des
contrats, je ne parle pas d'autre chose. Je sais que, ce matin, le ministre a
dit qu'il y avait des études au ministère, je ne le nie pas, et
je n'essaie pas de vous faire dire des choses que vous ne dites pas.
M. Levesque: D'accord.
M. Garon: Je veux simplement savoir, après cela... Je veux
savoir ce qu'on va pouvoir vous demander éventuellement. En 1987, il n'y
en a pas eu jusqu'à maintenant, mais on dit que vous avez l'intention
d'en demander, de demander des contrats additionnels. J'ai compris tantôt
qu'il y en avait un de 400 000 $.
M. Levesque: Oui, il y en a un, là.
M. Delisle: II y a celui de Price Waterhouse et il y en a qui
sont actuellement en cours de négociation.
M. Garon: Actuellement. C'est cela, les 400 000 $.
M. Delisle: Oui. Si c'est adopté, il faut aller au Conseil
du trésor, il faut aller au Conseil des ministres.
M. Garon: Oui. Cela porterait sur quoi?
M. Delisle: En fait, il y en a une... Je ne sais pas si vous vous
souvenez, avec le livre blanc sur la fiscalité, il y avait un
modèle d'équilibre général qui avait
été construit...
M. Levesque: Ce n'est pas approuvé encore.
M. Delisle: Ce n'est pas approuvé, mais il y avait un
modèle d'équilibre général qui avait
été construit par les professeurs de l'Université Laval,
Fortin et Rousseau, pour nous aider à voir la sensibilité et
à mesurer, dans le fond, les impacts économiques de certains
changements fiscaux. Il est question que ce modèle soit remis à
jour. Il y a aussi les études qui pourraient être
effectuées par le Conseil économique du Canada pour le
ministère des Finances, encore là, pour déterminer les
effets économiques de certains aspects de la réforme fiscale.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce que, dans ces études, on va tenir compte
d'autres facteurs comme le niveau de taxation municipale, différents
facteurs qui, globalement, touchent les coûts pour les citoyens, en
termes d'impôt? Aussi, est-ce qu'on va trouver des façons de
calculer comment coûte, par exemple, la santé aux
États-Unis, où il y a des assurances privées - mais
où les gens paient de leur poche aussi - pour voir si, au niveau des
impacts sur la fiscalité, il n'y a pas certains sophismes à dire
que quand les gens paient sous forme de taxes, cela coûte plus cher alors
qu'ailleurs, les gens doivent s'assurer ou payer de leur poche. Je sais qu'un
accouchement, aux États-Unis, coûte plusieurs milliers de dollars
- je ne me rappelle plus le montant, je le savais il y a quelques
années, je vais me remettre au courant pour pouvoir en parler davantage
-mais, cela coûte plusieurs milliers de dollars, un accouchement, aux
États-Unis, avec les soins qui y sont rattachés,
c'est-à-dire les soins prénataux et postnataux. Est-ce qu'on
tient compte seulement de la fiscalité, mais aussi des coûts pour
les citoyens? Est-ce qu'on veut simplement comparer la concurrence des
entreprises? C'est une donnée de la vie d'une société,
mais ce n'est pas la seule. (17 h 30)
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances. M.
Delisle, sous l'autorité et le temps du ministre des Finances.
M. Delisle: En fait, il faut voir que les études qui sont
menées, ce sont des études qui portent sur la fiscalité,
ce ne sont pas des études qui portent sur la santé.
M. Garon: Ah non, ce n'est pas cela que je veux dire!
M. Delisle: Donc, cela est une chose. Par contre, c'est clair,
comme vous le dites, que, dans le fond, il s'agit d'avoir une idée un
peu globale de la fiscalité des particuliers et des entreprises. Dans la
fiscalité des particuliers et des entreprises, il y a l'impôt sur
le revenu, et aussi les taxes à la consommation, les impôts
municipaux, mais aussi certaines charges, comme vous le dites, au chapitre de
la santé ou des choses comme cela. C'est dans le portrait. Mais, il n'y
a pas d'études ou de contrats qui sont donnés à
l'extérieur et on ne projette pas d'en donner actuellement
là-dessus, parce qu'à l'intérieur du ministère des
Finances ou du Conseil du trésor ou des ministères
intéressés, il y a l'expertise qu'il faut pour faire le point
là-dessus.
M. Garon: Non, ce que je veux dire... M. Delisle: Par
contre...
M. Garon:... c'est que dans des compagnies privées aux
États-Unis, dans' des endroits où il n'y a pas de régime
d'État, il peut y avoir des programmes d'entreprise, par exemple,
où il y a des coûts assumés par
l'entreprise dans des programmes d'assurance-groupe, lesquels sont
partagés entre l'employeur et l'employé. Il peut y avoir d'autres
coûts qui équivalent à des taxes, au fond, en l'absence de
programmes gouvernementaux.
M. Delisle: Mais...
M. Garon: Est-ce qu'on tient compte...
M. Delisle: Oui.
M. Garon:... de ces facteurs?
M. Delisle: Cela me revient. Dans le devis sur les entreprises,
les gens qui vont aller aux États-Unis pour regarder la taxe sur la
masse salariale, iis vont aussi essayer de déterminer quel est
l'équivalent privé aux États-Unis qui correspond à
la taxe sur le financement de la santé. Dans les éléments
de réponse qu'ils vont apporter, ils vont nous apporter, en particulier,
la description des principaux régimes qui existent aux États-Unis
et qui impliquent des charges pour les entreprises qui sont comparables un peu
aux charges que l'on a au titre du financement de la santé. Donc...
M. Garon: Dans vos études que vous avez faites aux
États-Unis, que vous allez faire à l'extérieur, vous allez
étudier - je le demande à titre d'information, sans aucune
arrière-pensée - des ordonnances gouvernementales, par exemple,
comme celle du salaire minimum.
M. Delisle: C'est une étude sur la fiscalité...
M. Garon: Est-ce que...
M. Delisle:... et la parafiscalité.
M. Garon:... vous étudiez par exemple les coûts de
l'assurance sur les accidents du travail comme la CSST au Québec,
comparée avec ce qui existe en Ontario? Parce que, dans le document
intéressant du mois de mars 1986 qu'on a eu du ministre des Finances, on
s'est rendu compte qu'au Québec, cela coûtait 2, 05 $ des 100 $,
alors que c'était environ 2, 60 $ des 100 $ en Ontario, et que,
contrairement à ce que les libéraux avaient
véhiculé pendant des années, la CSST coûtait moins
cher au Québec que cela coûtait en Ontario. Cela apparaît
dans le document 1986 du mois de mars 1986 du ministre des Finances. Je n'ai
pas le document devant moi, mais...
Alors, est-ce que l'on va étudier aussi ces frais qui ne sont pas
directement de fiscalité, mais des mesures législatives qui
peuvent obliger à une certaine sécurité au point de vue
des accidents du travail?
M. Delisle: Encore là, ce n'est pas une étude sur
l'ensemble de la CSST, mais l'aspect parafiscalité de la CSST...
M. Garon: Oui.
M. Delisle:... est inclus dans le projet, si bien qu'on va
pouvoir comparer le Québec à l'Ontario, dans les entreprises
types en question, relatiement à l'incidence de la mesure fiscale, en
fait, parafiscale, au Québec par rapport à l'Ontario et à
l'incidence équivalente aux États-Unis, mais on ne sera pas
à même... Il n'y aura pas une conclusion globale sur le
financement de la CSST et encore moins sur le financement de la CSST par
rapport aux bénéfices.
M. Garon: Non, les coûts à l'entreprise. Les
coûts...
M. Delisle: Les coûts supportés par les
entreprises...
M. Garon: C'est cela.
M. Delisle:... vont être reflétés.
M. Garon: Pour les accidents du travail.
M. Delisle: Ils vont être reflétés.
M. Garon: Est-ce qu'on va regarder également les
contributions volontaires des entreprises sous forme de dons à des
fondations, ou de dons à des hôpitaux, dons à des
collèges, dons à des universités, qui sont beaucoup plus
pratiqués aux États-Unis qu'ici, selon ce qu'on a eu l'habitude
de dire dans le passé. Cela a peut-être changé un peu au
cours des dernières années. Est-ce qu'on va regarder cet aspect
pour voir quelle est la partie qui est faite sous forme de contributions
volontaires à toutes sortes d'organismes? On sait que c'est une pratique
qui commence à s'établir ici, mais qui est récente, alors
que beaucoup de choses ont été financées par des
entreprises privées aux États-Unis, sous forme de contributions
pour des fins d'oeuvres qui, ici, sont habituellement plus souvent
assumées par le gouvernement.
M. Delisle: Voici ce qu'on demande aux gens. Notre gars qui est
à Boston, le conseiller, doit essayer de faire la liste, pour les
entreprises données, de tous les abris fiscaux qui sont importants, qui
peuvent avoir un impact impartant sur le comportement de l'entreprise. Si, du
point de vue de cette personne, il y avait des avantaqes fiscaux reliés
à des donations - ce qui me surprendrait - ou des abris fiscaux
suffisamment importants pour changer le comportement de l'entreprise dans ses
opérations, à ce moment-là, oui, ce serait
dans l'étude, mais je ne croirais pas dans le fond que les
mécanismes auxquels vous vous référez aient une incidence
sur le comportement d'une industrie, par exempte, dans le domaine de
l'aéronautique, comme tel. Cela a peut-être une incidence sur le
financement de la santé aux alentours, dans l'État où se
trouve cette entreprise, mais cela n'a pas d'incidence sur la situation
géographique de cette entreprise. Donc, à ce moment-là,
cela me surprendrait que ce soit retenu par la personne compétente dans
l'État.
M. Garon: Non, je l'entends comme vous le dites, sous forme
d'abris fiscaux. Maintenant, j'aimerais demander au ministre des Finances s'il
a l'intention de rendre publiques ces études. Là, on a le livre
blanc sur la fiscalité, appelé rapport Parizeau, qui a
été rendu public. Maintenant, il y a des études qui ont
été faites en 1985 par la firme Price Waterhouse, on dit qu'elles
ont été commandées, qu'elles représentent des
données qui ont été présentées au
gouvernement. Il y a des analyses qui ont été faites au
ministère des Finances, il y a en d'autres qui ont été
commandées. Je demanderai au ministre des Finances: comme il va y avoir
une large consultation, tel qu'indiqué par le gouvernement
fédéral à partir du 19 juin -là, les documents vont
être rendus publics -les études, même si elles ont un nombre
de pages volumineux, ne sont pas nécessairement parfaites - et cette
consultation, justement pour les faire apprécier aux gens, permettra aux
gens d'apprécier les données et les hypothèses, les
scénarios envisagés, pour que les gens du Québec soient
à l'aise dans cette analyse-là et puissent mieux se faire une
idée et vérifier aussi si les analyses qui ont été
faites ont tenu compte de toute la réalité. Dans une firme, je
comprends qu'il puisse y avoir des experts, mais on dit habituellement que plus
quelqu'un est connaissant, plus il s'aperçoit qu'il est ignorant. Je
pense bien que les gens qui sont les plus renseignés, habituellement,
n'ont pas de gêne à mettre sur la place publique les
données pour que les gens qui regardent cela puissent y ajouter des
éléments, s'il y a des éléments qui n'ont pas
été pris en compte et qu'il serait important de connaître.
Je demande au ministre si, dans un temps plus rapproché
qu'éloigné, il a l'intention de rendre ces études
disponibles pour que la consultation soit la plus efficace possible et que les
choix dans une société, qui sont des choix très
importants, puissent se faire. Je pense bien que ce que M. Delisle a dit que
c'est très bon de le faire, pour avoir le plus de renseignements
possible, de données possible, pour pouvoir mieux comparer, mais, en
même temps, les gens veulent se faire une idée sur les choix qui
vont être consécutifs ou plutôt sur les conséquences
des choix qui pourront être faits et leurs implications dans notre
société. Est-ce que le ministre des Finances peut nous dire ce
qu'il a l'intention de rendre public et dans quel délai?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je m'informais justement de la ligne de conduite qui
avait été suivie lorsqu'on a publié le livre blanc sur la
fiscalité qui avait été précédé de
plusieurs études. On m'a répondu que oui, il y avait une partie
de cela qui avait été rendue publique et une autre partie, non.
Je pense bien qu'on ne peut pas répondre d'une façon absolue,
mais je n'exclus pas la possibilité de rendre publiques certaines
parties de ces études. À moins que l'intérêt public
ne soit pas bien servi s'il est d'intérêt public de les publier,
je n'ai aucune objection.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 5... M.
le député de Lévis.
M. Garon: II y avait des études antérieures pour
faire le livre blanc, mais il y avait un livre blanc. Vous n'avez pas
laissé entendre qu'il y aurait nécessairement un livre blanc et
qu'il y a des études qui ont été faites
postérieurement au livre blanc pour analyser d'autres aspects qui sont
sans doute de bons aspects étudiés également pour avoir
des données comparatives et pour pouvoir faire les bons choix. En
l'absence de livre blanc, est-ce que ces études vont être rendues
publiques ou si le ministre a l'intention de faire une genre de livre blanc
à partir des données dont il disposera. Comme on l'a
indiqué, il s'agit, on l'a dit, pour le contrat de septembre 1985, de
compiler des données brutes qui ensuite ont été
traitées par le ministère des Finances. C'est ce que j'ai
compris. À ce moment-là, le ministère des Finances a
testé des hypothèses, a utilisé des données brutes
et si on retrouve, dans le livre blanc, les hypothèses qu'a
utilisées le ministère des Finances, en arrière plan, on
trouve souvent, dans des annexes, ces données brutes qui ont
été utilisées de différentes façons. Je ne
connais pas les intentions du ministre des Finances; je le lui demande,
simplement. Je pense que cela peut faire un débat qui va être
très intéressant pour que les gens puissent savoir dans quoi ils
s'embarquent et qu'est-ce que cela implique, ces choix. Il s'agit de choix qui
vont être fondamentaux et qui, pour la société
québécoise, vont représenter une continuité ou une
réorientation par rapport à ce qui se fait depuis vingt ans.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je conçois très bien que le
député de Lévis veuille que le plus de renseignements
soient disponibles en vue, possiblement, d'une utilisation de ces
renseignements pour alimenter la discussion. Je l'ai dit ce matin lorsqu'il a
fait des propositions pour qu'il y ait soit un livre blanc, soit une commission
parlementaire, ou les deux. À cela, j'ai répondu que rien
n'était exclu, a priori, mais que je devais attendre pour me former ma
propre opinion là-dessus à la lumière des renseignements
et des données que j'aurai dans un avenir pas trop
éloigné. Ensuite, je devrai en discuter avec d'autres, avec mes
collaborateurs, mes collaboratrices et les membres du Conseil des ministres, si
nécessaire, etc. Alors, je ne pouvais pas répondre d'une
façon absolue, pas plus que je ne peux répondre à cette
question qui est un peu corollaire de l'autre. Mais je dis qu'a priori, je n'ai
pas d'objection si l'intérêt public est servi. Autrement dit, il y
a peut-être de ces données, de ces renseignements, qu'il n'est pas
dans l'intérêt public de publier, surtout lorsqu'on est dans un
domaine de concurrence, par exemple, avec une autre partie du globe, une autre
partie de l'Amérique ou une autre partie du Canada. Il y a
peut-être des choses qu'il est mieux de décider sans faire
connaître à nos concurrents tout ce qui nous a amené
à prendre telle ou telle décision. En dehors de cela, si
l'intérêt public n'est pas desservi par cela, je n'ai pas
d'objection. J'ai toujours été très ouvert pour fournir le
plus grand nombre de renseignements possible et pour permettre à ceux
qui s'intéressent à une question... C'est tellement
intéressant de voir des gens qui se penchent sur ces questions qu'on
n'est sûrement pas pour éviter les contributions qui nous arrivent
volontairement. Je dis oui, bravo si les gens veulent contribuer et si on veut
s'intéresser à ces questions qui peuvent souvent, pour plusieurs,
paraître arides, mais qui sont fort importantes pour les
conséquences qui s'ensuivent. (17 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 5,
Gestion interne et soutien, est adopté?
M. Garon: Une autre question, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Au programme 5, dans le fonctionnement, à
l'élément loyer. Vou3 aviez commencé ce matin, je ne sais
pas si... On voit que les loyers passent de 3 458 000 $ à 5 367 000
$.
M. Levesque: Je ne sais pas si le député de
Lévis était distrait, mais, ce matin, dans mes remarques
préliminaires, j'ai justement abordé cette question et j'ai
expliqué que c'était à la suite de l'occupation des
nouveaux locaux, car le loyer est plus élevé dans l'ancien palais
de justice qu'il l'est à l'édifice Honoré-Mercier. Cela se
comprend, d'ailleurs, et le député de Lévis doit le savoir
parce que c'est son gouvernement qui a décidé de faire cette
restauration du palais de justice. D'ailleurs, cette restauration a
été bien faîte, selon ce que j'ai pu voir. L'édifice
a été restauré d'une façon magnifique. Les gens qui
viennent le visiter sont... Oui, certains de nos collègues sont
allés le voir. C'est superbe. Alors, l'ancien palais de justice a
été restauré et on me dit que la 5ociété
immobilière du Québec avait dit que cela coûterait 15 000
000 $. Donc, le loyer est en conséquence. Cela veut dire une
augmentation d'environ 1 500 000 $ ou 1 700 000 $ de loyer par
année.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 5,
Gestion interne et soutien, est adopté? M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aurais une question. Tout à l'heure, vous avez
dit que les éléments voyages à l'extérieur se
trouvaient à cet endroit. Je dois vous dire que, dans le cahier des
explications, un voyage m'a fait sursauter un peu. C'est le
deuxième...
M. Levesque: Ce n'est tout de même pas le ministre des
Finances, parce qu'il ne voyage pas beaucoup à l'extérieur du
pays. Ha! Ha!
M. Garon: Non, non. Je demande des explications parce qu'il peut
y avoir différentes raisons. Mais cela m'a fait sursauter, je vous le
dis bien franchement, puisqu'on dit que, du 17 au 23 mai...
M. Levesque: À quelle page?
M. Garon: À la page 1 de l'annexe B,liste des
voyages à l'étranger depuis le 1er avril 1986. On parle du 17 au
23 mai, le deuxième...
M. Levesque:...
M. Garon:... conférence au Centre d'observation et de
perspective sociale, rencontre avec les ministres responsables de la
privatisation en France et en Angleterre, privatisation partielle de SOQUEM,
Londres-Paris. On dit que deux membres du personnel du cabinet du ministre et
un autre fonctionnaire, trois personnes donc, sont allés pendant six
jours à Londres et à Paris et que le coût du voyage aura
été de 12 603 $. Cela me paraît cher un peu pour si peu de
temps. Cela équivaut à 4200 $ chacun.
M. Levesque: Le député pourrait peut-être
être mieux renseigné et peut-être plus prudent dans ses
commentaires, s'il posait la question au ministre responsable, le ministre
d'État aux Finances et à la Privatisation, qui pourra
sûrement lui donner tous les renseignements qui touchent ce voyage, mais
cela serait plutôt relié aux éléments 6 et 7.
M. Garon: J'ai demandé tantôt si
c'était...
M. Levesque: Je réfère le député
à mon collègue.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 5,
Gestion interne...
M. Garon: II ne s'agit pas de membres de votre cabinet. C'est ce
que vous voulez dire. Il ne s'agit pas de membres de votre cabinet ou...
M. Levesque: Non, non, personne.
M. Garon: Le fonctionnaire, est-ce un de vos fonctionnaires? Ils
utilisent vos fonctionnaires apparemment.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque:... un fonctionnaire, mais il est parti.
M. Garon: Lequel?
M. Levesque: M. Claude Séguin.
M. Garon: Ah!
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme...
M. Garon: Les deux personnes, qui étaient-elles?
M. Levesque: Ce sont deux personnes du cabinet du ministre
d'État aux Finances et à la Privatisation.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 5,
Gestion interne et soutien, est adopté?
M. Garon: Attendez un peu là. Aviez-vous d'autres affaires
là-dessus?
Une voix: Non.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Garon: Adopté.
Statistiques, prévisions
socio-économiques et recherches d'ensemble
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle le
programme 8, Statistiques, prévisions socio-économiques et
recherches d'ensemble. Est-ce que le programme 8 est adopté, M. le
député de Lévis?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
M. Garon: Attendez un peu. Est-ce que, sous ce point...
M. Levesque: Où ça? À quelle page? M.
Garon: Programme 8.
M. Levesque: Oui. Au programme 8, on peut dire qu'au chapitre des
traitements, il y a une augmentation des salaires à la suite du
renouvellement des conventions collectives et une réduction de 212 a 209
des effectifs, afin de répondre aux compressions demandées, et
une réduction des crédits alloués aux occasionnels afin de
répondre aux compressions demandées ainsi que certains
réaménagements budgétaires quant aux catégories 3,
4 et 7. Je ne pense pas qu'il y ait autre chose de particulier à noter.
De fait, le montant demandé est de 7 373 000 $ comparativement à
7 356 000 $ l'année précédente. Je pense que les sommes
sont sensiblement les mêmes au total, malgré les augmentations
dues aux conventions collectives.
M. Garon: Â la catogérie Communications, le
gouvernement nous avait indiqué qu'il voulait baisser le niveau des
communications comparé à l'ancien gouvernement. On voit qu'elles
passeraient de 66 000 $ en 1986-1987...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Chauveau et M. le député de Lafontainei
M. le député de Lévis, vous pouvez continuer.
M. Garon:... à 140 000 $, c'est-à-dire qu'elles
doubleraient et même plus, à moins que l'an dernier il n'y ait eu
plus que 66 000 $ de dépensés une fois les virements
effectués. C'est possible qu'on ait mis dans cette catégorie
seulement 66 000 $ mais qu'en cours d'année on ait pria les fonds du
budget du programme 8, parce qu'à l'intérieur d'un programme, on
peut faire des virements. J'aimerais savoir quel est le montant qui a
été effectivement dépensé en 1986-1987 au chapitre
des communications et...
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je veux rassurer immédiatement le
député de Lévis, il y a un réaménagement
entre 3 et 4. Vous voyez que 3 augmente à peu près du même
montant que l'autre réduit. Apparemment, il y a des choses qui se
faisaient à l'extérieur du Bureau de la statistique et qui vont
se faire à l'intérieur. C'est ce qui explique que, d'un
côté, la catégorie 3 parte de 66 000 $ et monte à
140 000 $ et que la catégorie 4 de 369 000 $ baisse à 283 000 $.
Du moins, c'est l'explication qu'on me donne à l'administration.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 8 est
adopté, M. le député de Lévis?
M. Garon: Dans le programme 8, est-ce qu'il s'agit uniquement du
Bureau de la statistique du Québec ou s'il y a autre chose?
Bureau de la statistique
M. Levesque: Exclusivement le Bureau de la statistique du
Québec.
M. Garon: Depuis que le Bureau de la statistique du Québec
est rendu au ministère des Finances - cela ne fait pas tellement
longtemps, trois ou quatre ans, est-ce que cela a été seulement
un changement de ministre de tutelle - au lieu du ministre de l'Industrie et du
Commerce c'est le ministre des Finances - ou s'il y a eu des orientations
particulières depuis qu'il est au ministère des Finances?
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Sainte-Anne!
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: On ne peut pas dire qu'il y a des changements
complets d'orientation. D'ailleurs, lorsque j'étais ministre de
l'Industrie et du Commerce, à ce moment-là, le Bureau de la
statistique du Québec était là. Je reviens maintenant au
ministère des Finances et je retrouve le Bureau de la statistique du
Québec. Alors, je dois dire qu'il n'y a pas tellement de changement,
d'autant plus que c'est un organisme qui a une certaine autonomie, on
comprendra, et il y a peut-être l'avantage que, le bureau venant au
ministère des Finances, il y a des domaines où on évite le
dédoublement. Autrement dit, des études qui se faisaient au
ministère des Finances, d'une part et qui se faisaient également
au Bureau de la statistique, d'autre part maintenant ne se font plus en double.
En dehors de cela, le
Bureau de la statistique, me dit le sous-ministre, a fait certaines
propositions pour peut-être avoir certains développements que,
pour le moment, nos moyens ne nous permettent pas. Cela n'est pas mis de
côté, mais, pour cette année, nous ne pouvons pas donner
suite à ces recommandations.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Levesque: II y a de plus, M. le Président, pour
terminer mes remarques, comme on le sait, un projet de loi devant
l'Assemblée nationale qui devrait prochainement être
étudié en commission, si on peut trouver le temps de le faire, et
qui va permettre vraisemblablement au Bureau de la statistique d'avoir un petit
peu plus de flexibilité, à même les mesures qui sont prises
dans ce projet de loi, mais on pourra en discuter à ce moment.
M. Garon: On pourra l'étudier comme on a eu le droit de
terminer en commission parlementaire ce soir à 23 h 30, on peut aller
jusqu'à minuit, on pourrait l'étudier entre 23 h 30 et
minuit.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis...
M. Garon: Vous voyez jusqu'à quel point je pouvais
être agréable au ministre des Finances. Je remarque que
l'équipe ministérielle n'a pas le même enthousiasme.
Le Président (M. Lemieux): Pardon, M. le
député de Lévis, II y a une remarque du
député de Mille-Iles.
M. Bélisle: II faut peut-être, effectivement,
être là quand on est convoqué pour pouvoir discuter dans
d'autres moments. La remarque s'adresse à quelqu'un, M. le
Président, autour de la table...
M. Garon: À 23 h 30, on va être là.
M. Bélisle: Je vois que le député de
Lévis, en ce moment, le chapeau est en train de lui faire.
Le Président (M. Lemieux): Merci M. le
député de Mille-Îles. Nous continuons. Est-ce que le
programme 8, Statistiques, prévisions socio-économiques et
recherches d'ensemble est adopté?
M. Garon: Vous savez que le chapeau du député de
Mille-Îles ne pourra jamais me faire, c'est bien trop grand, il est bien
trop grand.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau.
M. Garon: Mais, je voudrais demander au ministre des
Finances.
M. Bélisle: Si on veut élargir les cordes, on peut
prendre le député de Lévis.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît. M. le
député de Chauveau. M. le député de Lévis,
est-ce que le programme 8 est adopté? M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, à la hauteur d'où
je regarde, je ne vois pas le député de Chauveau. M. le
Président, j'allais demander au ministre des Finances justement s'il
avait l'intention d'adopter, de faire adopter le projet de loi 128 avant
l'ajournement d'été?
M. Levesque: Si?
M. Garon: S'il avait l'intention de faire adopter le projet de
loi 128 avant l'ajournement d'été?
M. Levesque: Oui, j'ai demandé au leader s'il pouvait me
laisser quelques minutes avec la commission pour qu'on essaie de terminer notre
travail pour le projet de loi relativement au Bureau de la statistique et
à la Société Makivik.
M. Garon: Makivik, ce n'est pas moi qui...
M. Levesque: Non, mais c'était le député, je
pense, d'Ungava qui voulait être présent pour cela.
M. Garon: Ungava, oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur le programme 8. M.
le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, comme il est 18 heures, je
pense qu'il serait mieux de faire l'ajournement.
Le Président (M. Lemieux): II reste une minute, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Alors, j'avais commencé à entamer la
question. Je vais demander, M. le Président, comme dans le projet de loi
128, une des principales raisons c'est de faire en sorte que les
services...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, il est 18 heures, nous devons suspendre
jusqu'à 20 heures ce soir. De 20 heures à 23 h 30, nous allons
reprendre au programme 8, Statistiques, prévisions
socio-économiques et recherches d'ensemble et nous allons entendre les
deux organismes concernés, soit la Caisse de dépôt et
Loto-Québec. Merci, M. le député de Lévis.
Maintenant... M. le député de Lévis.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Bélisle): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux. Nous
sommes réunis afin de procéder à l'étude des
crédits du ministère des Finances. Permettez-moi de rappeler que,
cet après-midi, nous avons procédé à l'adoption des
programmes 1 à 5. Nous étions rendus au programme 8,
intitulé: Statistiques, prévisions socio-économiques et
recherches d'ensemble. M. le député de Lévis, il reste
exactement seize minutes quarante sur votre droit d'intervention relativement
au programme 8. Mais il nous reste également à entendre les
organismes, soit la Caisse de dépôt et placement du Québec
et Loto-Québec.
M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président de séance, je voudrais
demander au ministre des Finances s'il peut nous dire quels sont les revenus
générés par le Bureau de la statistique du Québec
pour l'année écoulée, 1986-1987, et combien il anticipe de
revenu pour l'année 1987-1988 si le projet de loi 128 est adopté?
Il a dû faire des prévisions. Le gouvernement, étant
maître de ses travaux, le ministre des Finances, en bon intendant, a
déjà dû anticiper les revenus que pourrait lui rapporter le
Bureau de la statistique du Québec.
M. Levesque: Jusqu'à maintenant, le revenu est nul. Par
rapport au projet de loi qui est devant l'Assemblée et dans
l'éventualité de son adoption, les chiffres que je peux avancer
à ce moment-ci sont évidemment sujets à caution,
étant donné qu'on n'en a pas encore fait l'expérience.
Pour une pleine année, on ose avancer le chiffre de 400 000 $, mais avec
toutes les réserves que l'on peut y mettre.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, une autre question?
M. Levesque: II n'écoute pas les réponses.
M. Garon: Je n'ai pas compris. J'ai manqué la
dernière phrase où vous avez parlé de 1987-1988.
M. Levesque: J'ai l'impression, M. le Président, que le
député a manqué toutes les phrases. Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Non, j'ai compris que vous avez dit qu'en 1986-1987,
cela n'avait rien rapporté, qu'il n'y a pas eu de revenu, mais pour
1987-1988, j'ai mal compris.
M. Levesque: J'ai dit...
M. Garon: II faut dire que les députés
ministériels sont très dissipés.
M. Levesque:... qu'il était difficile...
M. Gobé: M. le Président, j'aimerais faire une mise
au point. Je pense que les députés ministériels...
Le Président (M. Bélisle): Est-ce que c'est une
question de règlement, M. le député de Lafontaine?
M. Gobé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): Quel article du
règlement invoquez-vous?
M. Gobé: L'article qui permet à un
député de rectifier une chose dite qui n'est pas exacte. M. le
Président, je crois qu'aucun député ministériel
n'était dissipé lorsque le ministre des Finances parlait, mais
que c'est le député de Lévis qui était en grande
discussion avec le recherchiste de son parti. Je n'aimerais pas qu'il fasse
porter par nos collègues la faute de ses égarements ou de son
manque de concentration aux propos du ministre. Cela ne l'intéresse pas
et nous n'y pouvons rien. Nous avions compris quant à nous, M. le
Président.
Le Président (M. Bélisle): Merci, M. le
député de Lafontaine. M. le député de Lévis,
est-ce qu'on peut poursuivre, s'il vous plaît?
M. Garon: Je vais redemander au ministre des Finances quels sont
les revenus anticipés pour 1987-1988?
M. Levesque: J'ai dit qu'il fallait agir avec beaucoup de
prudence lorsqu'on veut avancer des chiffres, étant donné que
l'expérience n'a pas encore été faite. Cependant, les
chiffres avancés au ministère, avec toutes les réserves
que j'ai mentionnées tout à l'heure, sont les suivants: pour une
année entière, environ 400 000 $.
M. Garon: De quelle façon le ministre a-t-il l'intention
d'opérer? Un peu à la façon de la Société
immobilière du Québec qui demande des loyers à ses
occupants - eux, qui n'ont pas trop le choix des lieux qu'ils occupent - ou
encore en exigeant, pour le Bureau de la statistique, des frais aux
ministères qui requerront des statistiques du Bureau de la statistique
du Québec. Peut-on savoir un peu quelle base pour générer
des revenus on entend établir à l'endroit des ministères
qui utiliseront le Bureau de la statistique du Québec?
M. Levesque: Disons tout d'abord qu'il s'agirait d'un fonds
renouvelable, un peu dans le même que mentionne le député
de Lévis, dans le cas de la société immobilière et
des loyers qu'elle demande. Je pourrais également faire une comparaison
avec le service aérien du gouvernement et le fonds renouvelable qui se
trouve à cet endroit. Je pense au secteur de la téléphonie
aussi. Il y a de ces fonds renouvelables dans divers endroits de
l'administration et c'est un peu dans ce sens, alors qu'un ministère
fera appel au Bureau de la statistique pour un travail particulier, le Bureau
de la statistique pourra négocier un prix ou déterminer une base,
soit tant de l'heure, je ne sais pas de quelle façon... Peut-être
pourriez-vous ajouter à cela? M. Savard pourrait peut-être ajouter
sur le plan, comme on dirait, un peu de la tuyauterie.
Une voix: Grosso modo.
Le Président (M. Bélisle): Est-ce que vous pourriez
vous identifier, monsieur, pour les fins du Journal des
débats?
M. Savard (Guy): Guy Savard, directeur général
adjoint du Bureau de la statistique.
Le Président (M. Bélisle): Merci.
M. Savard: Grosso modo, les activités dont il est question
sont des activités d'enquêtes faites sur demande des
ministères ou des organismes gouvernementaux. À ce
moment-là, les principaux frais sont des frais de personnel, bien
entendu, soit des professionnels, soit des techniciens. Il y a aussi, bien
entendu, des frais d'informatique et des frais de poste pour l'envoi de
questionnaires. C'est ce genre de frais. Pour ce qui est du personnel, les
frais peuvent être calculés selon le nombre de jours
occupés à réaliser une demande spécifique, mais
c'est ce genre de frais qui seront exigés...
M. Garant Quand il parle de fonds renouvelable, le ministre a-t-il
l'intention de récupérer d'abord les revenus annuels du Bureau de
la statistique ou de laisser ces fonds, ces revenus, dans le fonds du Bureau de
la statistique pour que celui-ci développe ses services de statistique
et qu'il puisse offrir des compilations additionnelles ou des chronologies de
statistiques additionnelles?
M. Levesque: Normalement on va laisser les fonds se constituer
avec le temps. Cela n'exclut pas que quelqu'un arrive un jour et éponge
un peu la surface, je ne sais pas, mais il n'y a pas d'obligation. On peut
en parler au moment où on étudiera en commission
parlementaire le projet de loi sur le Bureau de la statistique. Mais
présentement, je ne crois pas que le projet de loi soit tel qu'il ne
reste pas de flexibilité,
M. Garon: Est-ce que le ministre est prêt à
s'engager à l'indiquer dans le projet de loi? Ce serait bien l'exception
qui confirme la règle puisque, jusqu'à maintenant, je l'ai
surtout connu comme vidant les fonds renouvelables existants, qu'il s'agisse de
la Régie de l'assurance automobile qu'il veut siphonner de 200 000 000 $
au cours des deux prochaines années ou qu'il s'agisse de
Loto-Québec qu'il a déjà siphonnée peu de mois
après être arrivé au gouvernement. Je ne connais pas un
seul fonds qu'il n'a pas siphonné jusqu'à maintenant. Alors, il
nous dit cela dans le cas du Bureau de la statistique. Est-ce parce qu'il
n'anticipe pas beaucoup de revenus qu'il est prêt à dire cela?
Est-ce qu'il est prêt à s'engager d'une façon beaucoup plus
ferme en mettant une disposition dans la loi qui pourrait ressembler à
ce qu'on trouve pour Hydro-Québec au sujet de la capitalisation d'Hydro,
qui l'oblige, au fond, à laisser les revenus dans Hydro - c'est
plutôt une disposition qui avait été placée par
l'ancien gouvernement - pour assurer que les fonds vont rester dans le Bureau
de la statistique du Québec jusqu'à un certain niveau de
développement du bureau?
M. Levesque: Nous n'allons pas nous imposer un carcan mais les
sommes, étant donné qu'elles ne sont pas non plus énormes,
ne constituent pas, je crois, une occasion d'aller éponger trop
rapidement. J'ai l'impression qu'on va les laisser prendre un peu d'expansion
et cela va prendre quelques années, je pense bien, avant que ces sommes
soient de nature à intéresser d'une façon
particulière le ministre des Finances.
M. Garon: Le ministre des Finances n'est pas prêt à
prendre d'engagement?
M. Levesque: Non.
M. Garon: II n'est pas prêt à traiter les
sociétés d'État comme des entreprises privées.
Quand il s'agit d'entreprises privées, il voudrait que le gouvernement
les collecte le moins possible. Quand il s'agit de sociétés
d'État, il voudrait que le gouvernement les siphonne le plus rapidement
possible.
M. Levesque: Vous savez, "siphonner", c'est un gros mot pour ce
qu'on fait. On retourne au public des sommes qui sont un peu, disons, inactives
quelque part, c'est tout. On rend actif ce qui est devenu inactif.
M. Garon: Cela paraît plus les années où
elles font des déficits. Après cela, on peut... C'est comme le
propriétaire du chien, quand il veut le tuer, il dit qu'il n'est pas
bon.
M. Levesque: Ha! Ha! Ha! Si vous voulez commencer à parler
de Quebecair et de l'amiante, on peut faire toute une soirée sur cela,
mais on a d'autres invités qui ne sont pas intéressés
à toutes nos répétitions.
M. Garon: Gagnon, SIDBEC-Normines, on pourrait parler de cela
aussi.
Une voix:... M. le député de Lafontaine.
M. Chagnon: SIDBEC-Normines, vous avez mis beaucoup d'argent
là-dedans.
Le Président (M. Bélisle): M. te
député de Saint-Louis, je vous en prie. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Ce sont des ententes qui avaient été
faites par le gouvernement précédent.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis.
M. Poulin: M. le député de Lévis, de la
pertinence!
Le. Président (M. Bélisle): À l'ordre! Messieurs,
à l'ordre! M. le député de Chauveau, s'il vous
plaît! M. le député de Lévis, est-ce que vous avez
des questions?
M. Garon: On n'avait pas beaucoup de problèmes, le
député de Chauveau lisait sa revue, il vient de lever les
yeux.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, avez-vous d'autres questions?
M. Poulin: M. le député de Lévis, je lis
L'Actualité.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Chauveau, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Poulin: Vous n'êtes pas d'actualité, vous.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, avez-vous d'autres questions?
Une voix:...
Une voix: Qu'est-ce qu'il a dit?
M. Garon: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Bélisle): Le programme 8 est-il
adopté, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Non, j'ai une autre question. Je dois dire que le
député de Chauveau est dans sa puberté politique.
M. Poulin: Pardon?
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, je vous rappellerais à l'ordre,
s'il vous plaîtl
M. Poulin: J'aime mieux Être vert en politique, M. le
député de Lévis, que d'être trop mûr comme
vous.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Chauveau, je vous en prie.
M. Poulin: Je m'excuse, je me suis emporté.
M. Garon: Cela va vous prendre des muselières, M. le
Président.
Le Président (M. Bélisle): Pour certains, ce sera
des grosses, d'autres des moyennes, d'autres des petites.
Une voix: Ainsi va la vie!
M. Garon: Vous avez des traits héréditaires.
Le Président (M.. Bélisle): M. le
député de Lévis, vous avez des questions.
M. Garon: Je n'aurai pas d'autres | questions concernant le
Bureau de la statistique, puisque nous aurons l'occasion, lors de
l'étude du projet de loi, de pousser plus avant les différentes
questions que nous voulons poser au ministre là-dessus. Nous pouvons
considérer le programme 8 comme adopté.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, vous voulez passer à un autre
programme?
M. Garon: Non. On a dit que les gens de Loto-Québec et de
la Caisse de dépôt étaient ici.
Le Président (M. Bélisle): C'est ça.
M. le député de Lévis, je me vois contraint, en
vertu du règlement, de demander si le programme 8 est adopté.
Nous passerons par la suite, comme cela a été bien entendu entre
les deux parties, aux organismes de la Caisse de dépôt et de
Loto-Québec.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Le programme 8 est
adopté. Vous voulez...
Caisse de dépôt et placement du
Québec
M. Levesque: M. le Président, si vous voulez me
permettre...
Le Président (M. Bélisle): Oui, M. le ministre.
M. Levesque:... j'aimerais présenter à la
commission ceux qui m'accompagnent de la Caisse de dépôt et
placement du Québec. À ma droite, le président-directeur
général de la Caisse de dépôt et placement du
Québec, M. Jean Campeau, à sa droite, M. Michel Nadeau,
vice-président au premier niveau ou premier vice-président, si
vous préférez, et, à la droite de M. Nadeau, M.
Jean-Claude Scraire également premier vice-président.
Comme on le sait, la Caisse de dépôt et placement du
Québec, qui est une institution entièrement autonome dans la
gestion de ses investissements, a été créée en 1965
pour administrer les fonds qui proviennent de caisses de retraite et de
régimes d'assurance publics. Son mandat consiste à faire
fructifier le capital qui lui est confié par des investissements
rentables et à soutenir l'essor économique du Québec.
À cette fin, elle utilise les meilleurs modes de placement disponibles
dont les obligations, les actions et les valeurs convertibles, les financements
hypothécaires et les investissements immobiliers.
La Caisse de dépôt, comme on le sait, est une des
institutions financières les plus importantes en Amérique du
Nord. Sa principale place d'affaires se situe au coeur de Montréal, bien
que son siège social soit a Québec. Cela étant dit, je
confie, aux bons soins de la commission, ces honorables messieurs qui sauront
sûrement répondre aux questions qu'on voudra bien leur adresser.
Si M. Campeau a quelques remarques préliminaires à faire,
j'imagine que la commission serait prête à l'entendre. Merci, M.
le Président.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais peut-être
mieux qu'on commence par les questions parce que...
Le Président (M. Bélisle): M. Campeau, est-ce que
vous avez des objections? Non?
M. Campeau (Jean): Non, je n'ai pas d'objections.
M. Garon:... le rapport annuel a déjà
été présenté en public. Je pense que ce sont des
données qui sont déjà connues du public. En termes
d'orientations, l'an dernier nous
n'avons pas pu poser un grand nombre de questions, parce qu'à ce
moment-là, le ministre commençait ses fonctions au
ministère des Finances. On ne pouvait pas exiger de lui qu'il ait des
positions définitives concernant la Caisse de dépôt,
d'autant plus que le document Maîtriser l'avenir n'est pas
très éloquent concernant la Caisse de dépôt. Cela
aurait été un peu présumer que d'y aller trop rapidement.
C'est pourquoi j'aimerais commencer par poser une question. Vous allez entrer
dans le vif du sujet si je vous souligne que, dans le discours sur le budget,
à la page 14, le ministre des Finances dit: "Enfin, la Caisse de
dépôt et placement du Québec s'impliquera plus activement
dans le développement industriel et commercial des régions,
accentuant son rôle de support à l'essor économique tout en
poursuivant ses objectifs de rentabilité et de protection des fonds qui
lui sont confiés. Notamment, elle accroîtra ses démarches
en vue de favoriser davantage l'expansion des entreprises
québécoises. Cette orientation permettra la réalisation de
projets rentables qui ne pourraient autrement voir le jour. "
J'aimerais savoir du ministre des Finances ou du président de la
Caisse de dépôt et placement si une telle déclaration du
ministre des Finances dans un discours sur le budget constitue, à toutes
fins utiles, une directive du ministre des Finances à la Caisse de
dépôt et placement, en vue d'orienter son action de telle
façon, et j'aimerais savoir quelles dispositions de la loi sur la Caisse
de dépôt et placement nous donnent une telle ouverture pour donner
des directives à la Caisse de dépôt et de placement?
M. Levesque: M. le Président, d'abord, la question du
député de Lévis devrait me surprendre, mais, étant
donné qu'elle vient du député de Lévis, rien ne me
surprend.
M. Garon: C'est bien.
M. Levesque: Parce que le député de Lévis
manifeste toujours beaucoup d'inquiétudes sur le rôle du
ministre.
Est-ce que le ministre prend ses responsabilités? Est-ce que le
ministre a une politique économique? Est-ce que le ministre s'occupe
justement des orientations, dans le domaine économique, à
imprimer au gouvernement, à ces organismes? Alors, il pose des
questions.
Lorsque le ministre indique, justement, que nous prenons telle ou telle
orientation, il dit: Est-ce que vous avez le droit de faire cela? Est-ce que
vous avez le droit? Est-ce que la loi vous le permet? Là, il devient
légaliste, et on voit que le juriste prend le dessus. Or, apparemment,
ce n'est pas le juriste, évidemment, tout le monde sait que c'est le
politicien, mais, tout de même, M. le Président, quelles que
soient les choses que l'on fasse, quels que soient (es gestes que l'on pose, on
va avoir devant nous une critique. Alors, ceci ne nous surprend pas, M. le
Président. Et je vais maintenant répondre au député
de Lévis.
Nous nous en tenons, comme je l'ai mentionné dans les premiers
mots d'introduction tout à l'heure, au mandat qui a été
confié en 1965 à la Caisse de dépôt, et, lorsque
j'ai mentionné que son mandat consiste à faire fructifier le
capital qui lui est confié par des investissements rentables, c'est donc
protéger l'épargne, cela est le numéro un, et, l'autre
partie du mandat, c'est de soutenir l'essor économique du
Québec.
Ces deux grandes orientations étaient dans la loi constitutive de
l'organisme en question, la Caisse de dépôt. Cela demeure. Si je
veux changer cela, je dois revenir devant l'Assemblée nationale pour
être autorisé à modifier cette orientation. Si je veux
changer des directives qui ne sont pas conformes à ces deux
orientations, je dois revenir à l'Assemblée nationale pour m'y
faire autoriser.
Mais qu'est-ce qu'il y a dans ce que l'on dit présentement et qui
a été cité par le député de Lévis
dans le discours sur le budget qui contredit ceci? Relisons-le ensemble!
"Enfin, dis-je dans ce document du 30 avril dernier, la Caisse de
dépôt et placement du Québec s'impliquera plus activement
dans le développement industriel et commercial des régions,
accentuant son rôle de support à l'essor économique tout en
poursuivant ses objectifs de rentabilité et de protection des fonds qui
lui sont confiés". On reprend, dans cette phrase-là, les deux
éléments du mandat. Et, si j'ai dit "plus activement dans le
développement industriel et commercial" je ne l'ai pas fait sans avoir
commencé par consulter la caisse elle-même. Je n'ai pas
imposé quoi que ce soit, nous avons eu une discussion qui est
arrivée à cette conclusion. (20 h 30)
Si la caisse m'avait dît que c'est impossible parce que contraire
au mandat que la loi lui avait confié, à ce moment-là,
j'avais le choix de laisser faire ou de retourner à l'Assemblée
nationale et de faire modifier ou préciser le mandat. Si je ne suis pas
retourné à l'Assemblée nationale, c'est que la Caisse est
d'accord avec cette orientation et celle-ci n'a rien de contradictoire avec les
deux éléments du mandat initial, qui est toujours te mandat qui
guide la Caisse de dépôt et placement du Québec.
M. Garon: Si je comprends bien, ce n'est pas le ministre qui a
demandé à la Caisse de le faire, c'est la Caisse qui lui a
dit qu'elle avait l'intention de le faire. À ce
moment-là...
M. Levesque: Le député de Lévis me permettra
de lui demander de ne pas interpréter, comme il le veut, les paroles que
j'essaie de dire d'une façon aussi claire que possible. Nous avons pris
l'initiative de rencontrer la Caisse de dépôt et de lui demander
si elle serait d'accord pour mettre davantage l'accent dans le
développement régional, dans le développement de la petite
et moyenne entreprise. Ce n'est pas qu'elle ne le faisait pas, mais on a
demandé s'il ne pourrait pas y avoir un accent qui serait mis davantage
là-dessus. C'était dans les vues du gouvernement. Et on a
trouvé un écho favorable. À la Caisse de
dépôt, lorsque les dirigeants ont lu cela dans le budget, ils
n'ont pas été pris par surprise. Est-ce que cela répond
à l'inquiétude et à la curiosité du
député de Lévis?
M. Garon: Pas vraiment.
M. Levesque: Pas vraiment? Je le savais!
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi. C'est que j'ai eu
l'occasion de vivre des moments - j'étais, à ce moment-là,
étudiant en économie - quand il y a eu des divergences de
pensées entre le gouverneur de la Banque du Canada et le ministre des
Finances, autour des années soixante, M. Coyne et le ministre des
Finances du temps, si ma mémoire est bonne, M. Fleming - je ne suis pas
certain, mais ii me semble... Â ce moment-là, pour donner des
directives à la Banque du Canada, dans le droit statutaire, il faut que
les choses soient précisées. Si un ministre veut pouvoir donner
des directives, il faut que les choses soient précisées. Ou bien
le ministre a parlé avec la Caisse de dépôt et elle lui a
dit qu'elle avait l'intention de le faire, ou bien le ministre lui a
demandé de le faire. Un ministre donne des directives, donne des
orientations à des organismes qui ont déjà des buts
spécifiés par la loi. Je vous ferai remarquer que les objectifs
de la Caisse de dépôt ont été précisés
par l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale a
déterminé dans quel cadre devait fonctionner la Caisse de
dépôt, laquelle a des objectifs fondamentaux qui sont de
participer au développement économique du Québec, mais de
protéger les fonds de retraite des gens qui ont leur argent placé
à cet endroit.
Quand il y a eu un conflit entre la Banque du Canada et le ministre des
Finances, il a fallu mettre un article, qui s'appelle l'article 14. Si le
ministre n'était pas d'accord avec la politique de ta Banque du Canada,
la politique monétaire de la banque en fonction de l'orientation
économique qu'il souhaitait au nom du gouvernement comme ministre des
Finances, il pouvait y avoir des directives écrites. Il a fallu que cela
soit précisé dans la loi.
Dans le cadre de la Loi sur la Caisse de dépôt et placement
du Québec, il n'y a pas d'article, que je sache, qui donne une telle
ouverture au ministre des Finances. Je ne dis pas que ce ne serait pas bon
qu'il y en ait un, mais je dis qu'il n'y a pas d'article qui donne une telle
ouverture au ministre des Finances. À ce moment-là, je me dis
que, si le ministre veut donner des directives à la Caisse de
dépôt dans le sens de ses orientations économiques, je
pense qu'il devrait amender la loi sur la Caisse de dépôt pour le
faire ouvertement et selon des procédures que le public pourra
évaluer. La Caisse de dépôt administrant les fonds de
retraite des citoyens du Québec ne peut pas subir des orientations qui
ne seraient pas compatibles avec les objectifs poursuivis.
Le ministre m'a répondu à sa façon. J'aimerais lui
demander, puisqu'il a eu une discussion avec la Caisse de dépôt et
placement du Québec, si cette dernière lui disait qu'elle avait
des intentions, que cela allait dans le sens de ses perspectives, dans quels
secteurs d'activité économique, elle a l'intention de s'impliquer
davantage dans les régions: "activement dans le développement
industriel et commercial des régions. " C'est bien dit: "s'impliquera
plus activement dans te développement industriel et commercial des
régions... ". Dans quel secteur économique industriel et
commercial la Caisse de dépôt entend-elle s'Impliquer à
l'avenir?
M. Levesque: Pour préciser encore cette intervention que
j'ai faite, je l'ai faite en vertu... il n'écoute pas!
M. Garon: Oui, oui, j'écoute. M. Levesque: Non. M.
Garon: Oui, j'écoute. M. Levesque: Non.
M. Garon: Je ne peux empêcher la députée de
Matane de me parler et de me dire: C'est dans la papeterie de Matane.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je ne peux pas empêcher cela. Sauf que moi, je
vous écoute. J'ai deux oreilles et j'ai deux yeux.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre, allez-y.
M. Chagnon: Un oeil sur la députée de Matane et un
oeil sur le ministre des
Finances.
M. Garon: Est-ce que le partage pourrait être meilleur?
M. Levesque: Je veux simplement rassurer le député
de Lévis. Lorsque je suis à faire le budget, comme d'habitude,
j'ai une considération particulière pour les régions, pour
les emplois, et particulièrement dans les petites et moyennes
entreprises. Je sais qu'il y a une institution qui relève du ministre
des Finances qui s'appelle la Caisse de dépôt et placement du
Québec et qui est une force économique remarquablement importante
au Québec. Je dis que cette institution s'occupe et a comme mandat de
placer l'épargne des Québécois aux fins du
développement économique tout en se protégeant
évidemment contre les éventualités que l'on connaît.
Je ne suis pas pour donner des directives à la Caisse, Si je veux
changer son mandat, dans ce cas-là, je sais quoi faire. Mais non, je
respecte ce mandat et je pense que le mandat qui lui a été
donné en 1965 vaut encore en 1987. Cependant, il y a diverses
façons dont la Caisse de dépôt peut remplir ce mandat. Or,
en discutant avec mon sous-ministre qui est en même temps membre du
conseil d'administration ex officio de la Caisse de dépôt, je lui
demande à la prochaine occasion d'échanger avec le
président-directeur général de la Caisse de
dépôt afin d'examiner les possibilités d'apporter une
attention particulière au sujet que j'ai pu ensuite évoquer dans
le discours sur le budget. Est-ce que ce n'était pas normal de le faire
de cette façon? Je crois que oui. La réponse que j'ai eue, qui
est revenue à la suite de rencontres entre le sous-ministre et le
président-directeur général - et possiblement le conseil
d'administration, je ne suis pas allé dans les détails, le
président pourra nous le dire tout à l'heure - c'était que
la Caisse était d'accord avec cette orientation qui correspond au mandat
que lui a donné l'Assemblée nationale. Voilà.
Mme Hovington:... apporter un complément.
Le Président (M. Bélisle): Si vous le permettez, M.
le député de Lévis. Mme la députée de
Matane.
Mme Hovington: Je voudrais ajouter ici, en tant que
députée de Matane, parce qu'il a été question de la
députée de Matane tout à l'heure et de la papeterie de
Matane, que je pense qu'il est difficile pour le député de
Lévis d'avaler le fait que pour nous, le gouvernement libéral, il
est important et primordial d'assurer un développement dans les
régions périphériques. C'est ainsi que M. Bourassa, le
premier ministre du Québec, a d'ailleurs bien dit que les 100 000 000 $
de la vente, de la privatisation de la Donohue iraient essentiellement pour le
développement régional et ainsi peut-être que la Caisse de
dépôt et placement serait appelée à placer
l'épargne des Québécois dans un placement sûr: la
papeterie de Matane. Voilà, M. le Président, ce que le
gouvernement du Québec fait pour le développement
régional.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, loin de moi l'idée que
faire du développement régional c'est une mauvaise chose, au
contraire. Je pense que là-dessus, le Parti libéral aura de la
misère à suivre le gouvernement précédent. Ce n'est
pas là-dessus que porte mon point. Mon point porte sur les directives
que le ministre des Finances peut donner à la Caisse de
dépôt. En 1965, le ministre y a référé, le
législateur a voulu assurer une certaine autonomie, une grande autonomie
à la Caisse de dépôt et placement du Québec,
notamment en nommant le président pour 10 ans, pour le mettre à
l'abri des influences politiques indues qui pourraient survenir dans les
opérations de la Caisse. Je sais que, dans le cas présent, par
exemple, tout le monde va dire que le développement régional est
une bonne chose. Ce n'est pas là le problème. C'est que si le
ministre sent qu'il peut donner des directives dans ce cas-là, il pourra
en donner aussi dans d'autres.
Par exemple, il pourrait - et cela a déjà
été vu, dans le passé, par les libéraux -ordonner
à la Caisse, dans des moments difficiles, d'acheter plus d'obligations
d'épargne du Québec, alors que l'intérêt des fonds
de retraite ne serait pas nécessairement l'achat d'obligations
d'épargne qui n'assureraient pas nécessairement le meilleur
revenu. La Caisse de dépôt a un rôle qui est très
important, c'est de faire fructifier les fonds de retraite des gens dont elle
retire une partie des revenus, chaque année, pour leur assurer une
retraite plus tard. C'est cela. En le faisant, elle peut faire des placements
qui vont contribuer à l'essor économique du Québec. C'est
souhaitable, c'est marqué dans ses objectifs. Mais l'objectif de la
Caisse est de faire fructifier les fonds de retraite de ces épargnants,
qui font souvent de l'épargne forcée sous forme de fonds de
retraite. Et quand j'en ai parlé, je me référais à
une directive, ce qui me semblait, qui m'apparaît comme une directive,
dans le discours sur le budget à la page 14, du 30 avril dernier. Ce que
je dis au ministre des Finances, c'est que j'exige une...
Je pense que l'idée que le ministre des Finances puisse donner
des directives n'est pas une absurdité, sauf qu'il faudrait que la loi
le permette. Et en l'absence d'ouverture,
dans la loi, à des directives du ministre des Finances, celui-ci
ne peut pas, à mon avis, donner de directives à la Caisse de
dépôt et placement du Québec. C'est pourquoi, je lui ai
demandé s'il s'agit... Quel article de la loi lui permettait d'indiquer
à la Caisse de dépôt et placement de s'impliquer davantage
dans le développement ' industriel et commercial régional? Ce
n'est pas que je sois contre le développement industriel et commercial
régional, sauf que c'est une autre affaire que le ministre des Finances
puisse donner des directives, dans ce sens, à la Caisse de
dépôt et placement. S'il veut le faire, il devrait amender la loi
et dire dans quel cadre cela va se faire, de quelle façon cela peut se
faire et comment il va le faire. C'est pourquoi, j'ai posé cette
question au - ministre des Finances et je lui demande maintenant... Comme il
m'a indiqué qu'il avait eu des conversations d'un commun accord,
m'a-t-il dit, j'ai pris acte de ce qu'il m'a dit. D'un commun accord, la Caisse
et lui, ont convenu, un peu comme deux amoureux qui se sont aperçus en
même temps qu'ils s'aimaient, sans se demander si l'un l'avait fait avant
l'autre. Ils ont dit, d'un commun accord, ils se sont rendu compte qu'ils
voulaient aller dans le sens du développement régional. Bon, je
trouve cela sympathique, je trouve cela aimable. Je voudrais savoir, maintenant
dans quel secteur ils ont convenu que cet amour s'épanouirait. Et dans
quel secteur ce développement industriel et commercial des
régions se ferait, parce que la Caisse de dépôt et
placement ne fait pas des placements en général, elle fait des
placements particuliers. J'aimerais savoir si cela va être dans le
secteur des pêches, de la transformation des produits marins, si cela va
être dans le secteur de la transformation du bois, dans les scieries, si
cela va être en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine, sur la
Côte-Nord. Dans quel genre d'entreprises, parce que j'imagine que la
Caisse de dépôt, qui est une entreprise sérieuse, et le
ministre des Finances, qui est chargé d'un ministère dont on
vient d'étudier les huit programmes, les six, ont fait toutes sortes
d'études et de recherches et qu'ils n'ont pas improvisé, dans ce
développement régional où le président et le
ministre des Finances se sont aperçus qu'ils avaient dès
objectifs communs. (20 h 45)
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, on va laisser au ministre des Finances ou
à M. Campeau le loisir de répondre à cette
poésie.
M- Campeau: Peut-être, M. le Président, que vous me
permettrez de citer quelques extraits d'un texte que j'avais
préparé pour livrer à la commission ici.
À titre de gestionnaire de fonds publics, la Caisse de
dépôt et de placement du Québec tient compte des objectifs
économiques du secteur public québécois, tout comme de
grands projets industriels et d'importants regroupements financiers,
déterminants pour l'économie québécoise et
canadienne, témoigne de sa collaboration avec les éléments
les plus dynamiques des secteurs d'affaires privés au pays.
La Caisse exerce donc ses choix de placements dans plusieurs secteurs,
pas uniquement dans un seul secteur, tout en reconnaissant la
réciprocité nécessaire à l'équilibre de son
portefeuille: le financement des activités gouvernementales, celui des
collectivités locales, municipalités et commissions scolaires, le
financement d'entreprises privées, dont il était question, de
même que le crédit hypothécaire et l'achat d'immeubles.
Pour la Caisse, l'équilibre entre ses choix et leur saine
répartition dans le portefeuille n'ont d'autres raisons d'être que
l'atteinte de l'objectif ultime: la réalisation de placements rentables.
Ces placements sont rentables non seulement dans une perspective globale de la
société québécoise et de ses millions de
commettants, mais également dans une perspective plus morcelée,
plus régionalisée.
Permettez-moi d'ajouter qu'au chapitre des entreprises, par exemple, la
Caisse de dépôt et placement du Québec a les pouvoirs et
les ressources nécessaires pour s'associer aux initiatives, aux projets
régionaux de création ou d'expansion qui lui sont
proposés. La Caisse doit même être en mesure de favoriser
ces intiatives, de contribuer à leur financement afin d'alimenter
financièrement en quelque sorte l'essor économique du
Québec.
Voilà, M. le Président, les commentaires que j'avais
à faire.
Le Président (M. Bélisle): Merci, M. le
président.
M. le député de Lévis, toujours sur votre droit
d'intervention.
M. Garon: M. le Président, le président m'a
répondu sur les principes, mais il y a une remarque dans son rapport
annuel de 1986, à la page 4, première colonne dans le dernier
paragraphe, qui dit ceci: "Ces rendements et ces revenus considérables
ont enrichi d'autant l'avoir de ses déposants. Il y a lieu cependant de
remarquer que le Régime de rentes du Québec a continué
à augmenter le niveau de ses retraits: ses besoins ont en effet
nécessité le retrait de 556 000 000 $ à même ses
revenus de 1 500 000 000 $. "
On sait que cette année les résultats de la Caisse ont
été excellents. D'ailleurs, ils l'ont été depuis un
certain nombre d'années. Les actifs de la Caisse de dépôt
et placement du Québec sont évalués à
25 100 000 000 $ au 31 décembre 1986. En 1986, elle a obtenu des
revenus de près de 3 000 000 000 $. La Caisse de dépôt et
placement du Québec a reçu un double mandat) au moment de sa
création, soit d'optimiser le rendement de l'avoir de ses
déposants et de contribuer à l'essor économique du
milieu.
Au chapitre du rendement, notons l'excellente performance de la Caisse
de dépôt et placement du Québec qui, au cours des quatre
dernières années, a obtenu un taux de rendement annuel moyen de
16 %, et pour les huit dernières années, de 14, 2 % alors que
l'inflation se situait à 4, 2 % pour cette période. Cette
excellente performance a fait taire tous ses détracteurs pour qui seul
le secteur privé est efficace. Notons que cette performance, la Caisse
de dépôt et placement du Québec l'a réalisée
malgré le double mandat qui lui a été donné,
contrairement au secteur privé pour qui seul le rendement est
important.
Dans son dernier rapport annuel, le président de la Caisse
faisait remarquer que le Régime de rentes du Québec a
continué à augmenter le niveau de ses retraits. Notons aussi que
la proportion des placements à revenu variable dans le portefeuille de
la Caisse de dépôt et placement du Québec a continué
à augmenter en 1986 pour atteindre 28 % à la valeur comptable. Au
sujet de ses placements dans les entreprises privées, la Caisse de
dépôt et placement du Québec continue de favoriser le
principe d'une représentation au conseil d'administration
proportionnelle à l'investissement des actionnaires. J'aurai l'occasion
de revenir là-dessus.
Cette politique généralement approuvée dans
l'entreprise privée soulève les critiques lorsqu'elle est
appliquée par la Caisse de dépôt et placement du
Québec. Derrière cette critique, il se cache la peur du monstre
étatique envahissant et étouffant. Parions que, lorsque la Caisse
de dépôt et placement du Québec obtiendra, ne serait-ce que
pour une seule année, un rendement inférieur à
l'entreprise privée oeuvrant dans le même secteur, ces critiques
referont surface. Un fait demeure cependant, la Caisse de dépôt et
placement du Québec doit veiller à l'intérêt de ses
déposants qui représentent l'ensemble des
Québécois. La Caisse de dépôt et placement du
Québec doit continuer à jouir des mêmes privilèges
que l'entreprise privée, sans quoi, si on ajoute des contraintes, il est
bien certain qu'elle deviendra inefficace. Bien avant d'être une
société d'État, il faut considérer la Caisse de
dépôt et placement du Québec comme une entreprise
appartenant à 6 000 000 d'actionnaires.
Par ailleurs, la Caisse de dépôt et placement du
Québec continue à diversifier son portefeuille en achetant des
titres étrangers. La taille même de la Caisse de
dépôt et placement du Québec la contraint presque à
agir de la sorte. À ce sujet, il ne faudrait pas tomber dans le
nationalisme étroit qui voudrait que la Caisse de dépôt et
placement du Québec se concentre au Québec seulement. À ce
sujet, le président écrivait dans le rapport annuel 1986: "Notre
institution y trouve en outre la possibilité de conjuguer son
activité à celle toujours croissante et très dynamique des
milieux financiers et industriels du Québec. "
Mon point vise principalement à souligner que le président
de la Caisse de dépôt et placement du Québec lui-même
indique, dans son rapport annuel, que les retraits vont prendre de plus en plus
de place au cours des prochaines années et que la marge de manoeuvre
sera d'autant plus réduite, qu'éventuellement, il faudrait y
penser en termes d'une caisse qui mange son capital pour faire ses paiements.
Actuellement, on parle d'années où les rendements sont
très forts. Si on parlait d'années où les rendements
étaient beaucoup forts, on pourrait se rendre compte que la marge de
manoeuvre de la Caisse n'est pas celle des années où les
pensionnés ne retiraient quasiment rien. C'est pour cela que je voudrais
savoir... La remarque du président, dans son rapport annuel, visait
à quoi? Elle visait à avertir le gouvernement ou le public de
quoi?
Le Président (M. Bélisle): M. Campe au.
M. Campeau: Je pense qu'il est important de faire rapport, chaque
année, du nouvel argent qu'on reçoit et des retraits qui sont
faits. C'est simplement un rapport de fait, sans porter de jugement. La Caisse
de dépôt et placement du Québec n'a pas à
décider des retraits. Elle a pour but d'administrer l'argent qui lui est
confié le mieux possible, mais ce n'est pas elle qui décide des
montants d'argent qui lui sont confiés. C'est simplement une situation
de fait, de rapport.
M. Garon: En fonction des retraits qu'elle doit anticiper, elle
doit garder une position dont la liquidité sera différente.
M. Campeau: C'est vrai, et elle en tient compte aussi. Mais la
Caisse de dépôt et placement du Québec a plus qu'un
déposant. Autrefois, la Régie des rentes, comme vous le savez,
était le seul déposant à la Caisse de dépôt
et placement du Québec. Maintenant, elle a douze déposants, dont
cinq très importants en volume. Par exemple, il y a d'autres fonds qui
compensent amplement, en tout cas pour le moment, pour les retraits de la
Régie des rentes. Il est évident qu'à la Caisse de
dépôt et placement du Québec nous souhaiterions
garder tout l'argent et tous les revenus pour peut-être
améliorer nos rendements ou avoir de plus grandes sommes encore à
investir.
M. Garon: Je n'ai pas le sentiment... Est-ce que la Caisse de
dépôt et placement estime que c'est le problème auquel doit
faire face la Régie des rentes du Québec? Estime-t-elle qu'il
faudra que les cotisations soient augmentées?
M. Campeau Je m'en voudrais de répondre par un oui ou par
un non à cette question. Je ne pense pas...
M. Garon: Cela s'adresse autant et peut-être plus au
ministre des Finances.
M. Levesque: Même réponse. M. Garon:
Pardon?
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre.
M. Levesque: Même réponse.
Le Président (M. Bélisle): Même
réponse. M. le député.
M. Garon: Le président de la Caisse de dépôt
et placement du Québec n'a pas fini.
Le Président (M. Bélisle): M. le président
de la Caisse de dépôt.
M. Campeaui Je pense qu'il faut poser cette question au
président de la Régie des rentes qui est un déposant
à la Caisse de dépôt. Je ne pense pas que nous puissions
décider des règles ou des politiques de nos déposants.
M. Garon: La Caisse de dépôt n'a donc pas d'opinion
là-dessus.
M. Campeau: La Caisse de dépôt n'a pas à
donner d'opinion sur le sujet.
M. Garon: Le ministre en a-t-il?
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis?
M. Levesque: Le ministre a la même réponse, parce
qu'il n'est pas le ministre responsable de la Régie des rentes. Je suis
évidemment au courant de certaines politiques de la Régie des
rentes. Je suis intervenu auprès de mon collègue, le ministre des
Finances, à Ottawa afin que l'on puisse s'entendre pour l'augmentation
des cotisations à la Régie des rentes, pour protéger
autant que faire se peut les réserves actuarielles, pour protéger
les futurs pensionnés. Mais, s'il revient à quelqu'un de discuter
de cette politique, en premier lieu, cela doit être au ministre qui
répond devant la Chambre de la Régie des rentes.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Le ministre des Finances qui est le répondant du
gouvernement au plan de l'orientation économique ou des politiques
économiques du gouvernement, quand il répond de cette
façon, fait abstraction de son rôle de répondant des
politiques ou des orientations économiques du gouvernement. Est-ce
à dire que le ministre des Finances, en tant que ministre des Finances,
encore la, est indifférent à cette situation où les
sorties de fonds ou les retraits de fonds seront de plus en plus
considérables et alors qu'on peut entrevoir le jour où les
sorties, les retraits de fonds seront plus élevés que les revenus
de la Caisse?
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis a une question.
M. Garon: Si on ne fait rien et si la caisse de la Régie
des rentes du Québec se vide - remarquez bien que je ne suis pas en
charge de cette politique-là, nous sommes dans l'Opposition et nous
sommes là pour voir les lacunes dans tes politiques du gouvernement - ce
sont les jeunes d'aujourd'hui et de demain qui vont payer la note. Ils vont
payer des cotisations pour une caisse qui va être en train de se
vider.
M. Levesque: Disons d'abord... M. Garon: À ce
moment-là...
M. Levesque: Non, non, mais il ne faut pas dramatiser, M. le
Président. C'est seulement une partie des intérêts qui est
retirée présentement.
M. Garon: Oui, oui, mais si...
M. Levesque: Ne parlez pas de capital qui a été
retiré. Il n'y en a pas eu.
M. Garon: Bon.
M. Levesque: Deuxièmement, c'est seulement une partie des
intérêts. Troisièmement, nous venons de prendre des
dispositions. J'ai moi-même rencontré mes collègues, les
ministres des Finances des autres provinces et le ministre des Finances
à Ottawa, et nous avons discuté de la possibilité
d'augmenter justement les cotisations. Ce n'est pas quelque chose qu'on aime
faire pour le plaisir de le faire. C'est justement parce que, comme le
député de Lévis l'a remarqué, il y a des retraits
qui sont faits. Peut-être seulement au niveau
d'une partie des intérêts aujourd'hui, mais, si on ne
faisait rien, ce serait un peu plus des intérêts, un peu plus, et,
finalement, on tomberait jusqu'à puiser dans le capital. Ce n'est pas
bon, vous avez raison. Mais nous avons pris les moyens pour que cela n'arrive
pas. C'est ce que je dis. Je dis au député de Lévis qu'il
a raison de s'inquiéter, c'est son rôle de le faire. Il le dit. Je
suis d'accord qu'il ne faut pas continuer dans ce sens-là. Justement
parce qu'il ne fallait pas continuer dans ce sens-là, nous avons pris
des dispositions pour augmenter les cotisations. (21 heures)
D'ailleurs, nous allons nous revoir au bout de cinq ans afin de
réévaluer la situation, parce que les autres provinces ne veulent
pas augmenter de plus de 1, 5 %. Elles ont fait un compromis. Elles ont
accepté d'augmenter de 2 % pour les cinq prochaines années.
Après cela, Ils veulent retomber à 1, 5 %. Nous, nous avons dit
que ce que nous voulons, c'est 2 %. Cependant, nous avons accepté de
faire ce compromis pour les cinq premières années, quitte
à se revoir pour les années subséquentes. Là, on
fera le bilan pour voir où nous en sommes. Mais, les mesures que nous
avons prises, ce sont des mesures pour contrer la diminution des
réserves actuarielles en vue de la protection des futurs
retraités.
M. Garon: Est-ce que le ministre me permettrait de lui dire que
la situation du Québec et celle des autres provinces ne sont pas tout
à fait les mêmes, ne serait-ce que pour la raison que le taux de
natalité au Québec est le plus bas de tout le Canada? Avec un
taux de natalité plus bas, je demanderais au ministre: Est-ce qu'il a
fait l'analyse pour savoir si ceux qui retirent des fonds de retraite ont
payé en proportion de ce qu'ils retirent et si ceux qui paient
actuellement et qui vont retirer d'ici dix ans ont payé en fonction de
ce qu'ils vont retirer, si les jeunes qui paient actuellement, qui sont les
plus jeunes, ne paient pas pour des fonds de retraite qu'ils ne retireront
pas?
M. Levesque: Je viens de dire que ces jeunes vont payer plus que
leurs aînés parce que nous avons augmenté les cotisations.
Deuxièmement, sans vouloir entrer dans ce domaine de toute la discussion
sur le Régime de rentes - ce n'est pas à moi de le faire -je
tiendrais seulement à faire remarquer au député de
Lévis que notre régime était plus généreux.
Il dit que ce n'est pas la même chose, le Régime de rentes du
Québec et le Régime de pension du Canada. C'est vrai. Notre
régime ayant été un peu plus généreux que
les autres au Canada, nous avons mangé un peu plus vite les
réserves actuarielles. C'est pour cela que nous avons insisté
pour avoir les 2 % d'augmentation. Depuis ce temps-là, les autres
parties du Canada ont pu améliorer leur régime également
et donner certains bénéfices que nous avions déjà
depuis plusieurs années. Je pense que je ne veux pas rentrer dans la
discussion, je ne suis pas prêt à discuter du Régime de
rentes ce soir. Je tiens à rassurer le député de
Lévis que nous sommes vigilants et que nous ne vouions pas voir le
régime lui-même mis en péril. Nous voulons protéger
les deniers qui sont destinés aux futurs retraités.
Mais, quand on parle de la Caisse de dépôt,
évidemment, ce n'est pas son rôle de savoir ce que c'est... Le
rôle de la Caisse de dépôt, c'est de recevoir les
cotisations qui lui sont remises et de les faire fructifier au maximum. Mais,
la Caisse de dépôt n'a pas une politique de régime de
retraite; elle n'a pas à faire en sorte de déterminer les
cotisations pour assurer des réserves actuarielles suffisantes pour
poser tel et tel geste. Ce n'est pas dans son mandat. Si la Caisse intervenait
là-dedans, je pense qu'elle dépasserait ses
responsabilités telles que décrites dans la loi.
M. Garon: Elle ne peut pas, M. le Président, ne pas tenir
compte des montants qu'on va lui demander de payer parce que son action de
placement est conditionnée par les montants qu'elle devra payer. Si on
lui demande de payer tel montant ou tel montant, en termes de retrait pour les
fins de paiement des prestations par le Régime de rentes du
Québec, elle sait qu'elle aura à payer tel et tel montant. Son
action de placement doit tenir compte de ce facteur. C'est ce que le
président de la Caisse de dépôt me disait tout à
l'heure; il en tient compte dans ses liquidités et il doit
anticiper.
M. Levesque: II faudrait bien comprendre que ce n'est pas la
Caisse de dépôt qui paie les...
M. Garon: Non, non.
M. Levesque: De la façon dont le député
s'est exprimé, il avait l'air de dire que c'est la Caisse de
dépôt qui payait. Elle ne paie pas. S'il y a des retraits, c'est
comme si les retraits étaient faits à une banque.
M. Garon: C'est cela.
M. Levesque: La banque ne s'occupe pas de savoir ce que vous
faites avec ceci ou avec cela à un moment donné...
M. Garon: Non, non.
M. Levesque: Ce n'est pas de savoir quel créancier va
être payé le premier, etc. Dans ce cas-ci, la Régie des
rentes paye les prestations qui deviennent exigibles.
M. Garon: Je sais cela.
M. Levesque: À un moment donné, s'il lui manque de
l'argent, elle fait appel à ses réserves. Comme elle le fait
cette année, elle prend une partie des intérêts qui sont
gagnés par l'action de la Caisse sur les sommes qui lui sont
confiées. Justement parce qu'on ne veut pas que la Régie des
rentes soit obligée d'aller puiser davantage, on dit: On prend les
mesures nécessaires. C'est pourquoi nous avons augmenté les
cotisations au Régime de rentes du Québec.
Le Président (M. Bélisle): M. Campeau.
M. Campeau: M. le Président, j'attire votre attention,
à la page 27 de notre rapport annuel, sur la partie rapport annuel, de
couleur beige. Vous avez là un tableau qui vous montre la progression
des pourcentages à la Caisse de dépôt, entre les cinq plus
importants déposants au point de vue montant d'argent. On voit
carrément que la Régie des rentes, en fait de pourcentage,
descend chaque année. Mais l'argent est remplacé. S'il y a
certains retraits de revenus, il y a d'autres déposants qui compensent
largement l'argent qui est pris chez nous, ce qui permet à la Caisse de
dépôt d'augmenter quand même son actif chaque année.
Tout en ne voulant pas entrer dans une juridiction, une autorité, qui
n'est pas la nôtre, et décider des montants qui doivent être
retirés, on se doit évidemment de prévoir les retraits de
la Régie des rentes et de voir quelle année - et cela peut
influencer nos placements - les sorties de la Régie des rentes sont
largement compensées par d'autres déposants. Pour la Caisse de
dépôt cela ne vient pas entraver ses objectifs.
Le Président (M. Bélisle): Merci, M. Campeau. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Les autres qui sont mentionnés, dans une
ventilation de l'avoir total des déposants, eux aussi sont des gens qui
retirent.
M. Campeau: M. le Président, la Commission administrative
des régimes de retraite et d'assurance a peut-être retiré
l'an passé - je ne m'en souviens pas.
Une voix: Elle a contribué.
Le Président (M. Bélisle): Pour les fins du
Journal des débats. M. Nadeau, c'est exact? Voulez-vous vous
présenter?
M. Nadeau (Michel): M. Nadeau, premier vice-président.
Le Président (M. Bélisle): Merci, M. Nadeau.
M. Nadeau: Pour les autres déposants, si on prend la
Régie de l'assurance automobile, elle laisse à la Caisse tous ses
revenus d'intérêts et en plus 60 090 000 $. Dans le cas de la
CARRA, qui gère les régimes de retraite publics et parapublics,
là aussi tous les revenus d'intérêts sont laissés et
on ajoute des contributions supplémentaires de quelque 200 000 000 $. La
Commission de la construction venait chercher une partie de ses revenus
d'intérêts, maintenant elle laisse tous ses revenus
d'intérêts et, à la suite des dernières ententes
dans le domaine de l'industrie de la construction, elle va contribuer
positivement pour à peu près 12 000 000 $ cette année.
M. Garon: Et pour la Régie de l'assurance automobile, qui
doit payer 200 000 000 $ pour la rénovation des routes, est-ce que son
fonds va rester le même? Puisque c'est à même ses revenus
accumulés que le ministre des Finances, dans son discours sur le budget,
a dit qu'il y aurait 200 000 000 $ qui devaient venir du fonds accumulé
de la Régie de l'assurance automobile.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, je dois vous aviser, conformément
au règlement, que vous avez épuisé votre droit de parole
de vingt minutes. Si vous le permettez, on va laisser répondre la
personne à la question posée par le député de
Lévis. On va passer a un autre membre qui a demandé à
parler, en vertu de la règle de l'alternance, bien entendu.
M. Nadeau: Dans le cas de la Régie de l'assurance automobile, les
recettes de la Régie de l'assurance automobile sont de 3 848 000 000 $.
Ses revenus de placements, cette année, seront de l'ordre de 400 000 000
$ et elle prévoyait verser des contributions de 60 000 000 $. Cela veut
dire une entrée totale de fonds de 460 000 000 $. C'est ce qui avait
été prévu jusqu'à maintenant. S'il y avait des
retraits, ce serait dans ces 460 000 000 $.
M. Garon: C'est ce que j'avais dit, c'est le ministre des
Finances...
Le Président (M. Bélisle): M. le
député
de Lévis, je vous...
M. Garon: Je termine ma question.
Le Président (M. Bélisle): Allez-y. Rapidement.
M. Garon: C'est parce qu'il n'écoutait pas. Je
répète, M. le ministre de3 Finances, parce que vous étiez
en discussion avec d'autres personnes, mais votre décision, dans le
discours sur le budget, de prendre 200 000 000 $ de la Régie de
l'assurance automobile et de l'affecter à la construction des routes,
cela va venir retirer des fonds accumulés dans la Régie de
l'assurance automobile du Québec.
M. Levesque: Il s'agit justement de réserves actuarielles
qui dépassent les besoins...
M. Garon: Qui sont où? M. Levesque: Pardon? M.
Garon: Oui sont où?
M. Levesque: Je ne sais pas si elles sont en transit ou si elles
ont été déposées. Si elles le sont, elles seraient
retirées, je ne sais pas. Je n'ai pas demandé où se
trouvaient les sommes en question, mais ce que je sais, c'est ce que le
président-directeur général de la Régie de
l'assurance automobile m'a confié, soit qu'il y avait 200 000 000 $ qui
étaient disponibles parce que ces sommes dépassaient les montants
nécessaires pour les réserves actuarielles, alors qu'elles
seraient mieux placées. C'est la conclusion à laquelle nous
sommes arrivés, si elles retournaient à l'automobiliste pour,
d'une part, la sécurité routière et l'amélioration
du réseau routier. On sait que c'est la diminution du nombre des
accidents et des victimes d'accidents, l'an dernier, qui a permis justement de
récupérer ces sommes aux fins que j'ai mentionnées, en
plus d'avoir une diminution de 10 % des primes d'assurance automobile pour une
valeur de 50 000 000 $.
M. Garon: Ces fonds, actuellement, où sont-ils?
M. Levesque: Je dis que je ne sais pas où Ils sont. C'est
le président-directeur général qui m'a dit que ces sommes
étaient disponibles. Je ne lui ai pas demandé s'il les avait dans
sa poche gauche ou dans sa poche droite.
Cela peut être dans les coffres de la régie, cela peut
être en transit, cela peut être placé, je n'ai pas fait
l'exégèse de ces sommes. Ce qui m'intéresse, c'est
qu'elles seront versées au fonds consolidé du revenu et que le
fonds consolidé pourra dégager des sommes additionnelles de 60
000 000 $ en 1987-1988, de 70 000 000 $ en 1988-1989 et, finalement, pour une
troisième année, une somme de 70 000 000 $ additionnels.
Le Président (M. Bélisle): Merci, M. le ministre,
M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Tous conviendront que
le mandat de la Caisse de dépôt, clairement énoncé
dans la loi constitutive de la Caisse de dépôt, que son mandat,
dis-je, est de maximiser le revenu de ses dépôts pour faire en
sorte de protéger, entre autres, les besoins des répondants,
c'est-à-dire, plus particulièrement de la Régie des rentes
du Québec et des institutions qui sont des institutions de
régimes de retraite.
On sait que le rendement de la Caisse de dépôt en 1986 a
connu, quand même, un effort, un bond spectaculaire, 13, 5 % sauf erreur.
Comment la Caisse de dépôt se situe-t-elle par rapport à
d'autres caisses du même type ayant d'autres mandats, mais gérant
quand même des fond3 énormes, la Caisse de dépôt du
Québec gérant de 25 000 000 000 $? Par exemple, avec le Heritage
Fund ou d'autres caisses de régimes de retraite au Canada?
M. Campeau: Avant de passer la parole, si vous le voulez bien, M.
le Président, à M. Nadeau, j'aimerais avancer qu'il n'y pas
d'autre organisme au Canada qui puisse se comparer à la Caisse de
dépôt et de placement du Québec. Même le Heritage
Fund n'est pas du tout comparable. Étant donné qu'on peut faire
certaines comparaisons avec certaines caisses des États-Unis,
peut-être qu'on peut faire cela. M. Nadeau?
M. Nadeau: Oui, disons qu'il est assez difficile de faire des
comparaisons parce qu'il faut prendre une caisse qui aurait le même
"mix", la même composition d'actifs, et, malheureusement, il n'y en a
pas.
M. Chagnon: Mais c'est un choix, ce n'est pas dans le mandat de
la Caisse de dépôt d'avoir ce "mix" de composition d'actifs.
M. Nadeau: Oui. La façon dont nous procédons, c'est
que nous établissons ce qu'on appelle un portefeuille type, et ce
portefeuille type, c'est en prenant la même répartition que celle
que nous avons. Nous avons, par exemple, 26 % d'actions. Alors, on prend 26 %,
on multiplie ces 26 % par le rendement des indices de marché. L'indice,
prenons, de la Bourse de Toronto a fait 9 % l'an dernier. Ensuite, on prend
notre portefeuille obligataire, supposons que c'est 50 %, multiplié par
le rendement du marché,
les hypothèques, 6 %, multiplié par le rendement du
marché hypothécaire, on additionne tout cela et ceci nous donne
le rendement du portefeuille type. Si on compare ce portefeuille, comme la
Caisse a supplanté tous les indices, tant au Canada qu'à
l'étranger, l'an passé, on peut dire qu'on a mieux fait que notre
étalon de mesure. (21 h 15)
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Évidemment, on peut toujours éviter
à... Je comprends que vous ne cherchiez pas à éviter de
vous comparer. Si on parle du paramètre que noua sommes, l'organisme...
Si j'étais à la Caisse de dépôt, si je disais: Je
suis un organisme qui ne se compare pas parce que j'ai un portefeuille d'actifs
qui n'est pas semblable à ceux d'autres organismes qui voient à
gérer, soit des régimes de retraite, soit à gérer
des montants de l'importance de ceux gérés par la Caisse de
dépôt, je ne peux pas faire autrement que de vous dire tout d'un
coup: Vous avez le mandat de modifier votre structure d'actifs. La preuve,
c'est que vous l'avez fait. Vous modifiez, année après
année, votre structure d'actifs. Vos pourcentages ne demeurent pas les
mêmes d'une année à l'autre. Par exemple, dans le
marché boursier international; vous avez augmenté de 100 %, entre
1985 et 1986, la valeur de vos actions sur le marché international,
passant de 410 000 000 $ à 1 022 000 000 $, donc à peu
près 150 % d'augmentation de votre marché d'actifs sur le
marché international. Comme vous le dites, la synergie entre les
placements internationaux et les investissements canadiens à la Caisse
de dépôt et placement du Québec est des plus importantes,
tant du point de vue de la qualité que du rendement global. Ne
seriez-vous donc pas tenté d'augmenter cette part sur le marché
international, ce qui contribuerait à modifier la structure de votre
portefeuille et pour évidemment ne pas vous rendre comparable à
personne d'autre, mais vous permettant d'augmenter le rendement de la
Caisse?
M. Nadeau: C'est un peu ce que nous cherchons à faire,
soit d'aller chercher la diversification qui va nous donner le meilleur
rendement, peu importe la conjoncture. J'en reviens, encore une fois, à
la difficulté de se comparer avec un autre. Si on prend le cas du
Heritage Fund, par exemple, voilà un fonds en déclin et dont tous
les revenus d'intérêts sont rendus au gouvernement et qui n'a plus
de contribution sur les "royalties" pétrolières. Or, à ce
moment-là, il est très difficile d'obtenir ce genre de
comparaison avec nous, parce qu'ils vont investir dans des systèmes
d'aqueduc, dans des parcs provinciaux, des placements qui, socialement, sont
intéressants, mais qui, financièrement, n'entrent pas dans notre
stratégie traditionnelle d'investissement. Au Canada, qui parmi les
autres fonds ont, par exemple, une contrainte comme la nôtre de ne pas
investir plus de 30 % en actions et qui a un désir de participer au
financement du Québec dans le domaine obligataire, qui a une vocation,
un mandat d'investir à travers le Québec? C'est pour cela que cet
outil de comparaison m'amène, même avec OMERS qui est le plus
important fonds de retraite en Ontario, celui des employé. s municipaux,
c'est très difficile à comparer.
M. Chagnon: Évidemment, vous financez aussi les aqueducs
et les égouts pour 4, 9 % - non, quand même pas - 4, 9 % de votre
portefeuille. Vous avez pour 841 500 000 $ d'obligations municipales et
scolaires. Donc, dans les obligations municipales, vous devez financer quelques
égouts quelque part. Grand bien vous fasse! Je n'ai absolument rien
contre cette politique. Mais il n'empêche que, si on prenait, par
exemple, le cas de la société ontarienne que vous avez
mentionnée ou le cas de la société albertaine que Je
mentionnais, quel est le rendement de ces sociétés, même si
leurs dividendes vont au gouvernement ou ailleurs? Est-ce qu'ils ont un
dividende de 14 %, 15 %, 16 % par année? Est-ce qu'ils ont un rendement
de 14 %, 15 %, 16 % par année par rapport à la Caisse de
dépôt? Là, vous pourrez me dire: Ils ont un rendement
supérieur, mais nous nous sommes contractuetlement ou légalement
figés dans un cadre qui nous oblige à avoir 30 % d'actions
maximum. Là, cela m'amènerait à penser que oui, d'accord,
on a quand même perdu parce que notre législation nous force
à le perdre, un pourcentage de rendement que nous n'avons plus.
M. Campeauî M. le Président, la Caisse de
dépôt a deux objectis: profitabilité et essor
économique au Québec. J'aimerais répondre à votre
question de cette façon-là. Quand la Caisse de dépôt
et placement du Québec va sur Ies marchés internationaux, avant
de faire un mouvement, il faut qu'elle s'assure que le Québec
économique ne manque pas de fonds, que les projets rentables au
Québec, que ce soit dans le secteur public ou dans le secteur
privé, ne sont pas à court de fonds. Je verrais mal la Caisse de
dépôt et placement du Québec aller à
l'extérieur, si, par exemple, le marché des hypothèques
était délaissé au Québec, alors qu'il demeurerait
rentable et qu'il y aurait une sécurité correcte dans cela. La
Caisse de dépôt et placement du Québec, à ce
moment-là, devrait rester plus au Québec dans le secteur
hypothécaire et investir moins sur le marché international. Donc,
la Caisse a un mandat et un devoir de
s'assurer que le domaine économique rentable du Québec est
bien couvert.
Quant aux 30 % de limite d'actions, jusqu'ici, cela ne nous a pas fait
mal. Jusqu'ici, on a pu composer avec les 30 % de limite. À mon
arrivée à la Caisse de dépôt, en 1980, celle-ci
avait quelque 11, 5 % de son actif en actions. Progressivement, chaque
année, ce pourcentage a augmenté. On a maintenant une plus grande
participation dans l'essor économique du Québec et de tout le
Canada et on a jugé bon d'aller à l'extérieur, sur les
marchés internationaux où nous sommes depuis deux ou trois
ans.
M. Chagnon: Ce n'était pas une remarque qui se voulait
désobligeante. Je trouve que...
M. Campeau: Non.
M. Chagnon:... vous devriez même accélérer ce
processus, parce que tout confirme dans votre rapport annuel que le besoin de
capital au Québec est relativement satisfait.
M. Campeau: C'est cela. Moi, je regarde mes
prédécesseurs et je pense que chaque période a
été correcte à la Caisse de dépôt et
placement du Québec. Au début, ce n'était pas le temps
d'aller à l'extérieur. Il y avait des besoins à satisfaire
au Québec, il y avait une aide que la Caisse de dépôt et
placement du Québec devait apporter dans le financement du secteur
public, et c'est fait.
M. Chagnon: Cela va, je n'ai aucun problème sur cela. La
question que je posais était par rapport au rendement global de
certaines autres sociétés qui ne se comparent pas à la
Caisse de dépôt et placement du Québec, mais qui
gèrent des fonds énormes comme la Caisse de
dépôt.
M. Campeau: À ce moment-là, on doit comparer
véhicule par véhicule. On doit comparer le portefeuille actions
d'une autre société avec notre portefeuille actions.
M. Chagnon: Est-ce que d'autres sociétés au Canada,
des sociétés de votre inportance avec des valeurs, avec un
portefeuille de plus de 10 000 000 000 $, ont des rendements supérieurs
à celui de la Caisse de dépôt et placement du
Québec? Est-ce que cela existe?
M. Campeau: Malheureusement, il faudrait réduire votre
chiffre. À 10 000 000 000 $, vous êtes encore trop
élevé. Si l'on parle des États-Unis, on peut vous trouver
beaucoup de comparaisons.
M. Chagnon: Alors, ajoutons les États-
Unis au Canada.
M. Campeau: Cela va. Allez-y, M. Nadeau.
M. Nadeau: Au cours des dernières années, il y a eu
le fait que nous avions environ de 60 % à 62 % de notre portefeuille en
obligations. Comme les obligations depuis cinq ans performent beaucoup mieux
que les actions...
M. Chagnon: C'est exact.
M. Nadeau:... ceci fait que nous sommes probablement pour les
cinq dernières années en tête de liste pour ce qui est du
rendement de notre portefeuille au Canada. Cependant, il y a aussi le fait que
nous avons profité de ne pas avoir concentré. Même si les
obligations étaient plus rentables, on a essayé, durant cette
période, d'améliorer notre position en actions, parce qu'on se
disait que les bonnes années, les vaches grasses obligataires, se
termineraient un jour. Nous avons entre 26 % et 28 % d'actions. Ce qui fait que
si l'on se comparait, par exemple, avec le Canada Pension Plan, le
régime de retraite du Canada, un fonds concentré essentiellement
dans les obligations - c'est peut-être l'exception - qui, au cours des
cinq dernières années, a fait beaucoup mieux, mais lorsque
viendront les bonnes années d'actions, là, il sera fortement
pénalisé. Or, l'équilibre qu'a atteint la Caisse de
dépôt et placement du Québec se mélange entre une
prépondérance obligataire et quand même une participation
importante au marché boursier et lui assure depuis huit ans un rendement
de 14, 2 %. Je suis convaincu que c'est probablement l'un des meilleurs
rendements en Amérique du Nord. Malheureusement, je n'ai pas les
chiffres. On n'a pas tous exactement la même répartition d'actifs,
mais, avec 14, 2 % sur huit ans, c'est un rendement exceptionnel. Si on
comparait cela avec l'industrie des caisses de retraite au Canada, je serais
convaincu.
Le Président (M. Bélisle): M. Campeau.
M. Campeau: Mais la question du député de
Saint-Louis, je pense, est fort à point. Il pourrait arriver, au cours
des prochaines années, que notre limite de 30 % ne soit pas suffisante
à nos yeux et que nous désirions l'augmenter. Mais ce serait un
changement dans la loi. Ce serait, à ce moment-là, comme le
député de Lévis le disait, un changement à la loi
qu'il faudrait apporter et qu'il nous faudrait demander pour nous donner plus
de flexibilité.
Mais il me faudra quand même jamais oublier notre double mandat de
profitabilité et d'essor économique. Mais jusqu'ici, cette
limite de 30 % ne nous a pas nui, à notre avis.
Nous sommes maintenant à 28 %. Il y a des fonds qui entrent
chaque année et on ne voit pas comment, dans les prochaines
années, ça pourrait nous nuire. Mais un jour, cela arrivera
peut-être et à ce moment-là il faudra nous adresser au
gouvernement pour avoir un changement dans la loi, si nécessaire.
M. Chagnon: Comme vous l'avez signalé, vous aviez et vous
avez encore un portefeuille important en matière d'obligations, et non
pas en matière d'obligations d'épargne, comme on le soulignait
tout à l'heure. Ce portefeuille s'est modifié au cours des ans,
comme l'a souligné le président, en augmentant sa part
d'actions.
On remarque que la tendance est importante en 1986. Je souscris à
cette tendance, personnellement, en tout cas, pour un point de vue de
rendement, si on accepte que le mandat fondamental de la régie est
réalisé et que les réinvestissements de la régie
sur le marché des actions internationales a augmenté
substantiellement.
Est-il dans la volonté de la régie d'augmenter encore,
soit au même pourcentage ou à un pourcentage moindre, cet
investissement sur le marché international?
M. Campeau: C'est une question fort délicate pour la
Caisse de dépôt qui n'a pas l'habitude d'annoncer d'avance sa
stratégie. Généralement, elle annonce à la fin de
l'anné la stratégie qu'elle a faite. Alors, c'est assez difficile
pour nous de répondre à votre question en 1987. Peut-être
pourrons-nous répondre à pareille date l'an prochain.
M. Chagnon: Bon.
M. Gobé: M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): On verra dans le...
Est-ce que c'est une question supplémentaire seulement?
M. Gobé:...
Le Président (M. Bélisle): Un instant, M. le
député de Lafontaine. M. le député de Saint-Louis,
est-ce que vous avez terminé?
M. Chagnon: Pas encore, non.
Le Président (M. Bélisle): Non? D'accord, je
m'excuse.
M. Chagnon: Je présume que votre réponse serait la
même concernant les ventes d'actions potentielles appartenant à la
régie actuellement.
M. Campeau: À la Caisse de dépôt, oui, ce
serait la même.
M. Chagnon: Je vais vous poser, dans ce cas-là, une
question de mécanique qui m'éclairerait, M. le Président.
Dans la ventilation de l'avoir total des déposants, vous avez
signalé vous-même le tableau de la page 27 où, dans la
valeur de réalisations en pourcentage, on s'aperçoit que,
finalement, votre client qui se développe le mieux et le plus, c'est la
CARRA. C'est le client qui vous amène les fonds les plus
réguliers, en tout cas.
On sait que, par l'adoption de la loi 55 en juin dernier et par
l'adoption de la loi 31, peut-être... Pas peut-être, mais je
l'espère au cours de cette session-ci...
M. Garon: Quel numéro'?
M. Chagnon: 31.
M. Garon: C'est laquelle, 31?
M. Chagnon: Modifications au RREGOP et 55, modifications aussi au
RREGOP et aussi le dossier des ex-religieux. D'accord?
M- Garon: Ah oui! Les ex-religieux qui ne sont pas très
contents d'ailleurs.
M. Chagnon: Mais particulièrement dans la partie sur les
modifications au RREGOP, il y a 50 000 personnes qui, par la loi 55 de l'an
dernier, ont été assujetties au RREGOP, soit des employés
du secteur des affaires sociales et plus particulièrement des
employés à temps partiel ou sur liste de rappel à partir
du 1er janvier 1987.
Donc, je présume que la Caisse de dépôt a su
à l'avance qu'elle était pour recevoir des cotisations de ces
employés et pouvait aussi, je présume, quantifier quelles
entrées de fonds ça pouvait amener. Je présume que la
Caisse de dépôt fait la même opération pour la loi 31
qui va être adoptée, je le souhaite, d'ici le 19 juin.
Quand vous savez que vous allez avoir des entrées de fonds
importantes de ce type-là, comment organisez-vous votre système
de placement? Est-ce la même mécanique et de la même
façon que votre portefeuille est composé actuellement ou si vous
orientez ces nouvelles entrées de fonds qui n'étaient pas
nécessairement prévues pour faire en sorte d'avoir, encore une
fois, les rendements les plus efficaces? (21 h 30)
M, Nadeau: Tous les six mois, nous faisons une révision de
notre programme de placements à partir de trois grands facteurs. Le
premier, c'est les contributions nettes des déposants. Or, nous sommes
en communication constante avec chacun de nos
déposants, afin que celui-ci nous indique tes montants qu'il nous
apportera, que ce soit la Régie de l'assurance automobile, la
Régie des rentes du Québec ou les montants dont il aura besoin,
donc, les contributions positives ou négatives des déposants. Le
deuxième point, c'est les échéances des titres qui nous
apportent de l'argent à investir. Et, troisièmement, ce sont les
revenus courants, revenus d'intérêts, revenus de placements, gains
de capital, etc. Or, nous additionnons ces trois variables et, ensuite, nous
répartissons ce budget selon les rendements attendus dans chacun des
différents marchés.
Pour revenir à la question de tout à l'heure, si les
actions internationales nous semblent promettre un rendement intéressant
par rapport à un rendement hypothécaire ou par rapport à
un court terme, on va majorer légèrement la proportion qu'on
allouera aux placements internationaux. C'est ce que l'on appelle l'exercice de
répartition de l'actif. Or, cette opération se fait tous les six
mois.
S'il y a de nouveaux fonds, de nouvelles entrées de fonds en
provenance de la CARRA, à ce moment-là, on va rajuster les
revenus, et le montant sera ventilé selon les pourcentages que l'on
avait prévu attribuer dans le programme de placements. Cela ne change
rien, c'est Une opération informatique très facile.
M. Chagnon: D'accord. Merci pour l'instant, M. le
Président. J'y reviendrai peut-être plus tard, mais merci pour
l'instant.
M. Gobé: Question de directive, M. le
Président.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lafontaine, oui.
M. Gobé: Je voulais faire une question de règlement
en vertu de l'article 32, mais je préférerais une directive.
J'aperçois le député de Lévis qui a enlevé
sa veste. Je m'interroge si, selon le décorum, nous pouvons en faire
autant ou si vous ne devriez pas, à ce moment-là, rappeler notre
collègue à l'ordre, M. le Président.
Lors d'une commission précédente, il est arrivé que
le critique de l'Opposition nous fasse remettre notre veste. C'était
là une décision du président Lemieux, si je me souviens
bien, dont je n'ai pas la date, qui avait demandé à un
député de notre groupe de remettre sa veste. Je me demande si
cela s'applique encore pour le député de Lévis, bien qu'il
a l'air très relaxe comme cela. Je n'ai rien contre cela
personnellement, mais c'est que j'aimerais aussi enlever la mienne.
Le Président (M. Bélisle): Merci, M. le
député de Lafontaine. M. le député de Lévis,
vous avez quelque chose à dire là-dessus?
M. Garon: Je dirais que c'est un privilège qui est
dévolu aux avocats qui sont membres des commissions parlementaires. Vous
voyez que le député de Sainte-Anne a, lui aussi, enlevé sa
veste.
M. Polak: Oui, je suis bien prêt à aller au vote
avec ça.
Le Président (M. Bélisle): Alors...
M. Garon: Je ne suis pas convaincu que vous ayez droit à
ce privilège.
Le Président (M. Bélisle): Si vous me le permettez,
l'article 32 dit: "Les députés doivent observer le
règlement et contribuer au maintien du décorum de
l'Assemblée. " C'est bien évident que la présidence, alors
qu'elle voit plusieurs gens de la profession juridique autour de cette table,
ne demandera pas à ces personnes d'enlever leur robe. Mais, bien
entendu, on va laisser cela dans la situation actuelle, comme tout le monde est
bien à l'aise, bien confortable, et on va plutôt laisser libre
cours à nos idées, aux échanges verbaux, qu'à
simplement accorder de l'importance à un apparat.
M. Garon: Vous avez bien compris que, lorsque nous sommes comme
avocats, nous sommes en transit entre la robe et la veste.
Le Président (M. Bélisle): C'est pour cela que j'ai
parlé de robe, M. le député de Lévis.
M. Garon: Ou entre la veste et la robe.
Le Président (M. Bélisle): Alors, comme on ne peut
pas demander à quelqu'un d'enlever une robe, nous allons continuer
immédiatement avec les questions. Si vous me le permettez, M. le
député de Lévis...
M. Polak: Oui. Une distinction.
M. Gobé: M. le Président, j'aimerais faire savoir
toute ma satisfaction de cette décision. Je vais enlever la mienne
aussi, ma veste pas la robe.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, si vous le permettez en vertu de
l'article 155, le député de Sainte-Anne a quelque deux courtes
questions à poser rapidement.
M. Polak: À moins que je ne parle après le
député de Lévis, par respect pour le métier.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Bélisle): Par respect pour ceux
qui sont sans robe.
M. Polak: Oui. Je voulais seulement poser deux ou trois petites
questions. Je regardais le rapport de M. Campeau sur les états
financiers 1986, à la page 24, les investissements en actions. Je me
demande, parce qu'il y a des transactions d'énormes montants qui ont eu
lieu - ventes, achats d'actions - de quelle manière on protège la
confidentialité de toutes ces transactions? Combien de personnes
décident quoi faire? De quelle manière peut-on éviter
qu'il n'y ait pas de fuite des décisions prises ailleurs? Est-ce qu'il y
a des lignes de conduite qui existent?
Deuxièmement, si un de vos employés, qui est dans le
groupe de ceux qui prennent les décisions, décide de partir
travailler pour un courtier, par exemple, y a-t-il une période de temps
où c'est défendu où c'est prohibé de travailler
pour un courtier en valeurs mobilières? Quelles sont les règles
du jeu qui existent concernant cela?
Le Président (M. Bélisle): M. Campeau.
M. Campeau: M, le Président, quand l'employé est
à la Caisse de dépôt, il se doit d'observer un code
d'éthique qui l'empêcherait de transiger dans une valeur sur
laquelle la Caisse de dépôt transige dans le moment. Pourrait-il
passer ces renseignements à l'extérieur? Bien sûr, mais les
employés étant suivis, j'espère que cela n'arrive pas.
Est-ce que cela pourrait arriver? Bien sûr. Tout comme pour moi, cela
pourrait arriver que je passe une information ailleurs, mais on est tenu par le
secret.
C'est pourquoi la Caisse de dépôt est assez
sévère en son code d'éthique. On essaie, non seulement, de
ne pas faire les choses qui seraient malhonnêtes, mais aussi même
celles qui pourraient paraître malhonnêtes ou pourraient
paraître curieuses.
Maintenant, lors du départ d'un employé de la Caisse de
dépôt, la Caisse n'a pas, comme vous le suggérez, de
période de transition où l'employé, par entente, serait
forcé d'attendre une certaine période avant d'aller travailler
pour un courtier.
On me passe ici un article sur l'usage de renseignements
défendus: "II est interdit à un dirigeant employé de la
Caisse, à un membre de son conseil d'administration aussi, ou à
une personne qui lui rend des services ou qui est associée à ses
activités, d'utiliser, pour transiger des titres ou faire une
opération financière pour son propre compte, un renseignement
obtenu sur les opérations de la Caisse". Mais, comme vous disiez...
M. Polak: Maintenant, une autre question, c'est ma
dernière. À la page 30, on parle de relever les investissements
immobiliers. Je vois que vous êtes propriétaire du quatre
Westmount Square - je connais bien cela parce que le bureau d'avocat avec
lequel je suis associé à temps partiel, a son local là -
qui est-ce qui administre cet édifice? C'est une grande tour. Avez-vous
un département immobilier ou si vous faites cela par l'entremise d'un
agent? Quand la Caisse a décidé d'acheter cela, de quelle
manière avez-vous évalué la vraie valeur des baux qui sont
en cours? Avez-vous vérifié cela? Est-ce que, dans le temps, le
bail a été accordé à un très bon tarif?
Est-ce qu'on a regardé le facteur d'espace vide? Est-ce qu'il y avait
beaucoup d'étages vides ou de baux qui n'étaient pas pour
être renouvelés?
M. Campeau; Si vous le permettez, M. le Président...
Le Président (M. Bélisle): Oui, M. Campeau.
M. Campeau:... je passerai la parole à M. Scraire, mais
juste avant je me permettrai de dire que la Caisse de dépôt
s'assure, dans tous ses placements, du facteur de rentabilité et de
profitabilité. Si l'édifice est libre ou s'il y a des
étages de libres, le prix est toujours établi en fonction des
revenus. C'est toujours de cette façon.
Maintenant, pour plus de renseignements techniques, je passerai la
parole à M. Scraire, si vous me permettez.
Le Président (M. Bélisle): Pour le Journal des
débats, M. Jean-Claude Scraire, est-ce bien cela?
M. Scraire (Jean-Claude): C'est cela, M. le Président.
Quant à l'administration des immeubles qui sont en
totalité ou en partie la propriété de la Caisse de
dépôt, la première règle qu'on doit retenir, c'est
que, généralement, la Caisse de dépôt ne fait pas
elle-même son administration. Elle la fait, cependant, à
l'occasion, par le biais de sa filiale, la Société
immobilière Trans-Québec, qui a un certain nombre de mandats
d'administration pour la Caisse de dépôt et d'autres partenaires.
Dans d'autres cas, ce sont d'autres partenaires ou d'autres gestionnaires
professionnels qui administrent les Immeubles.
Les situations sont assez variables. Disons que le cas qu'on retrouve le
plus fréquemment, près de 50 % des immeubles,
propriété de la Caisse, sont administrés par la
Société immobilière Trans-Québec, notre filiale,
où on est à 52 %. En fait, la Caisse de dépôt
détient 52 % de la Société immobilière
Trans-Québec.
Dans le cas de Westmount Square, c'est la société
immobilière qui administre. C'est
un Immeuble dont la Caisse de dépôt est propriétaire
à peu près à 52 % avec un groupe d'autres partenaires. Je
pense qu'on est onze ou douze propriétaires dans le cas de Westmount
Square.
Quant aux questions plus techniques sur l'évaluation et l'analyse
financière, il y a en effet des évaluateurs qui travaillent sur
ces dossiers, il y a une analyse financière détaillée de
tous les baux de tous les contrats qui sont faits. Les taux de vacance ou taux
d'échéance de baux sont en effet calculés. Cela ne veut
pas dire qu'on n'achète pas un immeuble parce que le taux de vacance est
élevé. Il y a un prix pour un immeuble vide aussi. Tout est
possible là-dedans. L'analyse financière et l'évaluation
sont faites par différents professionnels.
M. Polak: Maintenant, la toute dernière question. J'ai
noté que, dans les investissements immobiliers aussi bien que dans les
actions, dans les investissements immobiliers, on donne le montant total des
terrains et des bâtiments. Est-ce qu'il n'y a pas moyen, dans
l'état financier, de donner avec chaque acquisition le montant de la
valeur au 31 décembre, ce n'est pas possible?
M. Scraire: Si vous me permettez.
Le Président (M. Bélisle): Certainement.
M. Scraire: En fait, il y a quelques années et
jusqu'à assez récemment, la Caisse de dépôt donnait
une valeur détaillée pour ces immeubles. Maintenant on s'est
rendu compte que, sur le marché, cela nous pénalisait
énormément parce que c'est bien difficile d'essayer de
négocier une vente quand vous affichez vous-même une valeur de
réalisation dans vos états financiers. Cela nuisait
véritablement aux opérations et cela nous empêchait de
pouvoir négocier des ventes. On a dû regrouper pour éviter
que quelqu'un puisse attribuer une valeur à un immeuble.
M. Polak: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Sainte-Anne, cela va. M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, dans le rapport annuel de la
Caisse, on se rend compte... Le ministre des Finances a dit que son
siège était à Québec, mais ce n'est pas l'adresse
de son siège social qui est indiquée sur les documents. Est-ce
que le siège social de la Caisse de dépôt est encore
à Québec?
M. Campeau: Le siège social de la Caisse de
dépôt est à Sainte-Foy.
M. Garon: Comment cela se fait-il que, sur les documents, il est
écrit "Montréal"?
M. Campeau: Comme l'a souligné le ministre des Finances,
j'ai pris bonne note de sa remarque selon laquelle on devrait dire que le
siège social de la Caisse de dépôt est dans la
région de Québec, à Sainte-Foy et que, l'an prochain, cela
sera indiqué comme cela.
M. Garon: Cela fait peut-être partie des sièges
sociaux qui ont quitté Québec?
M. Campeau: Pas celui de la Caisse de dépôt.
M. Garon: Les libéraux nous parlent souvent des
sièges sociaux qui quittent Québec. Avec des adresses comme cela,
cela peut peut-être faire un de plus.
M. Campeau: Ne vous en faites pas; la Caisse de
dépôt n'a pas l'intention de déménager à
Toronto.
M. Garon: On ne sait jamais.
Le Président (M. Bélisle): Est-ce une question, M.
le député de Lévis?
M. Garon: Dans votre rapport annuel, à la page 5, il est
indiqué: "La Caisse de dépôt favorise également le
principe d'une représentation au conseil d'administration
proportionnelle à l'investissement des actionnaires. " Cela veut dire
que vous recherchez donc d'avoir la proportion des administrateurs normalement
que vous nommez ou que vous faites nommer, en fonction du capital-action que la
Caisse dépôt et placement détient dans une entreprise. Par
exemple, s'il y a un conseil d'administration de quinze personnes et vous
détenez 20 % du capital-action, est-ce que cela veut dire que la Caisse
de dépôt et de placement va essayer d'avoir trois membres du
conseil d'administration qui sont nommés par elle?
M- Campeau: Est-ce qu'on peut vous faire état, si vous permettez,
M. le Président, de notre credo en fait de capitalisme? Pour nous, les
véritables propriétaires sont les actionnaires, et ce sont les
actionnaires qui devraient élire les administrateurs et les
administrateurs choisir le personnel de gestion - on peut dire le management,
si on emploie le terme anglais - de la compagnie. Bien souvent, c'est le
personnel de gestion qui choisit les administrateurs, alors c'est un peu le
monde à l'envers. Pour nous, ceux qui sont responsables sont les
actionnaires, ce sont eux qui investissent l'argent. Je pense que, là,
je vous rejoins. Or, la Caisse trouve que les actionnaires devraient être
représentés au
conseil d'administration, mais pas seulement elle, mais les autres
actionnaires importants, c'est pourquoi elle va toujours favoriser la
présence des actionnaires importants au conseil d'administration. (21 h
45)
Maintenant nous, quand nous investissons dans de moyennes entreprises ou
dans des compagnies publiques qui sont cotées à la Bourse, nous
favorisons la représentation proportionnelle au conseil
d'administration. Parfois c'est possible, parfois ce n'est pas possible. Mais
d'autre part, par exemple dans une moyenne entreprise, on tâche toujours
de faire cette représentation avec l'approbation du président de
la compagnie qui généralement est le principal actionnaire. On va
tâcher, en formant un conseil d'administration, de lui suggérer
des noms de représentants qui viennent combler un besoin à son
conseil. Il a toujours - je dirais - presque un droit de veto sur les choix.
Par exemple, on ne lui imposera pas quelqu'un avec qui il ne se sentirait pas
à l'aise, ou pas libre de faire des confidences, ou en tout cas
d'être à l'aise, ou de faire des affaires avec lui.
M, Garon: Est-il arrivé que la Caisse de dépôt, par
son action, ait pu contribuer à faire changer la direction d'une
entreprise?
M. Campeau: La Caisse de dépôt ne veut pas se
mêler des décisions journalières, mais je ne dis pas que
c'est une décision journalière. Cela reste sûrement une
décision importante, le choix d'un dirigeant important de la compagnie.
La Caisse de dépôt laisse au conseil d'administration le choix des
dirigeants de la compagnie, parce que ce n'est pas là son rôle.
Son rôle peut être de suggérer des représentants au
conseil d'administration, mais elle doit laisser le conseil d'administration
choisir les dirigeants d'une compagnie.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Vous avez mentionné tout â l'heure que,
par rapport aux dirigeants, vous êtes pour des actionnaires élus,
mais on sait par exemple que, dans les grandes corporations, les
présidents sont des gens qui deviennent des gens à temps plein,
À ce moment-là, il est difficile de faire la distinction entre
les gens qui ont été élus par les actionnaires et qui
deviennent des administrateurs, et les gens qui, donc à temps plein,
sont les représentants des actionnaires, et d'autres qui peuvent venir
les remplacer. Je comprends mal la distinction que vous faites, à ce
moment-là, quand vous parlez de gens qui sont à
l'intérieur de la boîte, qui sont des dirigeants de la compagnie -
je ne me rappelle pas le terme que vous avez employé mais il
désignait des gens qui étaient déjà dans la botte
comme personnes à temps plein - et quand vous voulez que les
actionnaires soient représentés. Je comprends mal la distinction.
Je comprends ce que vous voulez dire, mais je comprends mal la distinction
qu'on fait entre quelqu'un qui est déjà à temps plein et
Ies représentants de la direction.
M. Campeau: M. le Président, laissez moi d'abord faire
remarquer qu'un administrateur ou que l'individu qui fait partie d'un conseil
d'administration représente en fait 100 % des actionnaires. Il doit
toujours voter en vue de l'intérêt de tous les actionnaires. II ne
peut pas voter en vertu de 20 % des actions ou de 20 % des actionnaires. Pour
lui, c'est toute la compagnie, donc 100 % des actionnaires.
Un administrateur, qu'il soit là depuis 20 ans ou cinq ans, doit
se rappeler qu'il représente tous les actionnaires, quels que soient les
gens qui l'ont nommé ou qui ont favorisé sa nomination. Pour
nous, que quelqu'un soit là depuis cinq ans, 15 ans ou 20 ans, cela n'a
pas d'importance s'il défend l'intérêt de tous les
actionnaires et non pas l'intérêt d'une petite minorité
d'actionnaires ou encore l'intérêt de dirigeants à temps
plein de la compagnie. C'est notre credo et je pense que cela reflète
bien la démocratie capitaliste.
Maintenant, vous me permettrez d'ajouter que, là où il y a
un actionnaire majoritaire dans une moyenne entreprise, il fait
généralement en même temps partie du management. À
ce moment-là, les deux se confondent. Quand ils nomment des
représentants au conseil d'administration, ils les nomment à
titre d'actionnaires principaux et non pas à titre d'administrateurs de
la compagnie. On confond cela souvent.
M. Garon: Je vais poser une question, mais je ne sais pas si vous
voudrez y répondre. Il est fortement rumeur que, dans le cas de Provigo,
c'est l'action de la Caisse de dépôt qui a permis à
l'actuel président d'être élu; autrement, M. Lessard aurait
été élu. M. Lessard a été dirigeant de
Provigo durant des années. Ce cas m'apparaît comme... Je ne sais
pas si on peut parler d'un cas précis comme celui-là, mais ce
sont des choses dont on a beaucoup parlé et je me demande si le
rôle de la Caisse de dépôt pourrait aller, par exemple,
jusque-là, quand une entreprise est considérée comme une
entreprise bien administrée.
M. Campeau: C'est au conseil d'administration de prendre les
décisions qui s'imposent quand vient te temps de choisir un officier
haut placé dans une compagnie. Le conseil d'administration pourrait
même
avoir des effets sur tout le personnel d'une compagnie. C'est le conseil
d'administration qui délègue souvent cette responsabilité
à un comité de ressources humaines qui est
généralement composé d'un certain nombre
d'administrateurs. Je pense que, dans toute compagnie, le choix d'un
président, d'un vice-président exécutif ou d'un
vice-président de quelque importance que ce soit, est fait par le
conseil d'administration ou, à tout le moins, ratifié par lui
s'il est fait par le comité des ressources humaines. Je pense que cela
s'applique à toutes les compagnies dans lesquelles nous détenons
des actions.
Le Président (M- Bélisle): Est-ce qu'on pourrait
suspendre une minute, s'il vous plaît? Je déclare la séance
suspendue pour une minute.
Une voix: Pardon?
Le Président (M. Bélisle): Je déclare la
séance suspendue pour une minute.
Une voix: Bien, M. le Président.
Le Président {M. Bélisle): Cela fait longtemps
qu'on est assis. On va se délier deux minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 53)
(Reprise à 21 h 55)
Le Président (M. Polak): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
Je veux remercier le représentant de l'Opposition d'avoir
donné son consentement pour que je continue à présider
cette séance, vu que l'épouse de notre président a perdu
sa clé... Cela nous arrive de temps en temps. À cause de cette
urgence... Qui parlait? M. le député de Lévis, s'il vous
plaît!
M. Garon: Je comprends la réponse que vous m'avez faite,
sauf que vous dites: La Caisse de dépôt favorise également
le principe d'une présentation au conseil d'administration
proportionnelle à l'investissement des actionnaires. Personne ne peut
parler contre cela, sauf qu'une fois nommés au conseil, étant les
représentants de la Caisse de dépôt au conseil, même
si, une fois là, ces gens doivent agir dans l'intérêt de la
compagnie, la Caisse de dépôt a un poids assez fort - et, à
ce moment-là, je vous dis ce que l'on entend à travers les
branches - pour contribuer à changer la direction des entreprises, parce
qu'elle représente un pourcentage important des actions, mais aussi
parce que son pouvoir moral peut contribuer à changer la direction d'une
entreprise.
Je comprends que vous dites qu'il y a un concours, que l'on engage des
spécialistes qui essaient de vous dire qui seraient les meilleurs, mais,
en définitive, ce sont les gens du conseil d'administration qui
prendront la décision. À ce moment-là, le poids de la
Caisse de dépôt est assez grand pour lut permettre de donner des
orientations importantes. Croyez-vous que ces orientations doivent aller
jusqu'à faire en sorte que la direction d'une grande entreprise soit
changée parce que la Caisse de dépôt le veut ainsi?
Le Président (M. Polak): M. Campeau.
M. Campeau: Si vous me le permettez, je vous donnerai un cas
comme la... Non. Je voudrais établir notre proportion dans les actions
et notre influence que vous suggérez. Il est évident que si on a
20 % des actions d'une compagnie, normalement on va s'attendre à pouvoir
suggérer 20 % des administrateurs, une représentation
proportionnelle. À ce moment-là, les administrateurs
nommés par la Caisse de dépôt connaissent
généralement, bien entendu, le double objectif de la caisse qui
est: profitabilité et support à l'essor économique du
Québec. Dans l'orientation de la compagnie, ils vont tâcher
évidemment de voir à ce que la compagnie fasse des profits et
qu'elle puisse s'en remettre au Québec, parce qu'il ne faut pas s'en
faire, quand on disait tout à l'heure que certaines compagnies n'ont pas
le même objectif que la Caisse de dépôt, c'est un peu faux,
parce que, pour une compagnie qui exploite au Québec, plus le
Québec sera riche, plus elle fera de l'argent. C'est un peu le cas de la
Caisse de dépôt qui, à l'occasion, se vante de son double
mandat et même moi, comme président, je me vante de participer
à l'essor économique du Québec et de le favoriser, mais
c'est un peu égoïste, parce que plus l'économie du
Québec sera bonne, plus il y aura de dépôts à la
Caisse de dépôt et plus on aura d'argent à placer.
Or, dans le cas d'administrateurs suggérés par la Caisse
de dépôt ou le conseil d'administration de la Caisse de
dépôt, bien entendu on voit à ce que les officiers
nommés soient des gens qui puissent réaliser des profits. Si
jamais une compagnie a fait de mauvaises affaires, les gens au conseil
d'administration doivent faire les changements qui s'imposent, s'il y a des
changements à faire, pour renforcer le management.
Alors, là-dessus, indirectement, si vous voulez dire ou insinuer
que la Caisse de dépôt exerce son influence, les administrateurs
sont nommés et ils sont libres de faire ce qu'ils veulent, mais ils sont
suivis en ce sens qu'on leur dit: Faites des profits. Sans cela, c'est bien
sûr que l'on
ne recommandera pas leur nom. Les gens qui sont là le sont parce
que ce sont des gens du Québec. Généralement, on
suggère des gens qui ont l'esprit d'entrepreneurship, des gens qui
pensent comme nous, qui veulent faire du profit.
M. Garon: Je pense cela, mais je vous donnerai un cas
concret...
Le Président (M. Polak): Excusez-moi, j'ai oublié
de dire pour l'enregistrement, M. le député de Lévis.
Excusez-moi.
Provigo et Sobeys
M. Garon: Par exemple, on dit qu'à Rimouski ou dans le
Bas-Saint-Laurent -Gaspésie, à Rimouski, entre autres, et plus
bas, on a laissé rentrer les Sobeys, Provigo a laissé rentrer les
Sobeys parce que c'étaient des actionnaires de Provigo en partie. Au
lieu de trouver Provigo à Rimouski, on trouve Sobeys et, à ce
moment-là, dans les orientations, au lieu d'essayer de
pénétrer le marché, par exemple, des Maritimes, ce sont
des personnes des Maritimes qu'on laisse entrer au Québec. Alors, je me
demande en matière d'orientation, je comprends que vous avez Sobeys qui
a 30 % des actions, mais je ne vois pas l'intérêt du
Québec, personnellement, à ce que Sobeys pénètre
davantage au Québec plutôt que Provigo pénètre dans
les Maritimes.
Je constate que Sobeys occupe plus de place dans Provigo
qu'antérieurement et je ne suis pas convaincu que c'est très bon
parce que je constate, quand je vais dans un magasin de Sobeys, qu'il y a moins
de produits du Québec.
Le Président (M. Polak): M. Campeau.
M. Campeau: Voici, c'est une bonne question. On me souligne que,
dans nos conseils d'administration, l'influence qu'on a, nous sommes, quand
même, limités à 30 % des administrateurs puisque nous
sommes limités à 30 % des actions.
Pour répondre à cette question particulière de
Sobeys et de Provigo, je ne suis pas du tout au courant. Est-ce qu'il y a eu
des alliances? Je n'en sais rien. Est-ce qu'il y en aurait eu? Bien, je
pourrais peut-être n'être pas surpris parce que, dans le monde des
affaires, il y a souvent des alliances qui se font aussi de part et d'autre, et
mieux vaut avoir une compagnie québécoise qui sait bien
s'entendre avec ses concurrences. D'autre part, allons plus loin. Je pense que
c'est le devoir de tout le monde au Québec qu'il y ait une saine
concurrence.
Alors, au Québec, on a trois grandes chaînes qu'on peut
dire. On a les Provigo, on a les Métro et on a Steinberg en plus de tous
les autres indépendants. Alors, c'est bien sûr que, s'il y avait
une fusion de ces trois compagnies-là, même si c'était
possédé par Provigo, et même si c'était
possédé par Métro qui est une coopérative en soi,
je ne suis pas sûr que le consommateur serait bien
protégé.
Alors, sûrement qu'il faut y veiller, nous autres, dans le but
de... Je pense qu'on a un certain devoir là-dessus. Maintenant, qu'il y
ait un Sobeys qui vienne s'établir à Rivière-du-Loup,
est-ce que c'est la fin du monde? Je ne sais pas.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Non seulement c'est une partie du territoire
québécois qui est comme laissée. On dit que Sobeys a plus
de 20 % des actions de Provigo. A ce moment-là, je suis convaincu que,
lorsque Sobeys est au conseil d'administration de Provigo et vote ses actions,
il doit penser aussi à Sobeys et pas seulement à Provigo
et...
M. Campeau: Bien cela, c'est...
M. Garon:... il peut avoir intérêt à avoir
une direction qui est moins ferme concernant la pénétration de
Sobeys sur le territoire québébois.
Le Président (M. Polak): M. Campeau.
M. Campeau: M. le Président, c'est bien sûr que les
personnes de Sobeys pensent à Sobeys. La Caisse pense, elle aussi,
à ses profits, et Unigesco, qui est le plus important actionnaire de
Provigo, pense aussi à lui et, s'il peut développer des affaires
dans le café, quand même, si c'est légal, il va le faire.
On est dans un monde capitaliste où chacun voit à son affaire.
Est-ce qu'on a un monde parfait? Non, mais c'est un monde de concurrence, c'est
un monde qu'on accepte tel qu'il est et dont on essaie de tirer le meilleur
parti possible.
Alors, Sobeys, moi, j'aime autant vous le dire franchement, j'aime
autant les voir à 20 % tranquilles qu'à 51 %. Et, je pense qu'il
y a une excellente participation ou entente entre partenaires avec Unigesco,
les Sobeys et la Caisse de dépôt.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Mais vous ne pensez pas que c'est un peu surprenant que
vous pensiez en fonction des Maritimes qui envahissent le Québec
plutôt en fonction du Québec qui envahit les Maritimes.
Le Président (M. Polak): M. Campeau.
M. Campeau: Écoutez, si c'est payant, je ne blâme...
C'est parce que, là, on est rendu dans la stratégie de Provigo,
et je ne suis pas compétent là-dedans, moi. S'ils veulent rentrer
et qu'ils pensent que c'est payant...
M. Garon: Je suis content de vous l'entendre dire, vous
n'êtes pa3 compétent là-dedans?
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis, laissez donc M. Campeau finir sa réponse.
M. Garon: D'accord.
M. Levesque: Un instant! Je voudrais dire un mot.
M. Campeau: Parfait. Je vais laisser M. le ministre des Finances
parler, si vous voulez bien.
Le Président (M. Polak): M. le ministre.
M. Levesque: Simplement, parce que je voulais ajouter que, pour
la bonne compréhension des choses, Provigo vient de faire l'acquisition
de Atlantic Trading de Matapédia, et ainsi va prendre et a
déjà commencé à prendre une partie du marché
du Nouveau-Brunswick dans les Maritimes. Alors, si d'un côté,
Sobeys a fait une pénétration dans certaines parties de l'Est,
Provigo maintenant est en train d'entrer dans une partie des Maritimes. Alors,
je voulais simplement ajouter cela.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Atlantic Trading, où sont situés ses
magasins?
Le Président (M. Polak): M. le ministre.
M. Levesque: C'était la propriété de... Le
président de la compagnie en question était M. André
Beaulieu, de Matapédia. Ils ont vendu à Provigo et, comme ils
avaient le territoire de la vallée de la Matapédia, une partie de
la Gaspésie et de la baie des Chaleurs, et ensuite le nord du
Nouveau-Brunswick, Provigo a ainsi pénétré le
marché du Nouveau-Brunswick.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Atlantic Trading est dans quel secteur?
Le Président (M. Polak): M. le ministre.
M. Levesque: Vous voulez dire quoi? Dans le domaine de
l'alimentation.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: II y a combien de magasins. Le Président (M.
Polak): M. le ministre.
M. Levesque: Il y a plusieurs magasins. Il faut être
évidemment dans l'Est pour connaître cela.
Une voix: Est-ce qu'ils vendent du fromage, du bacon, des petits
pois?
M. Levesque: Ils vendent de tout.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Ils vendent sous quel nom, Atlantic Trading?
M. Levesque: Le nom français, ils s'étaient
francisés depuis quelque temps. Je ne me souviens pas du nom. De toute
façon, ils ne l'ont pas porté longtemps parce qu'ils ont vendu
à Provigo quelque temps après avoir francisé leur nom.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: En quelle année?
Le Président (M. Polak): M. le ministre.
M. Levesque: II y a à peu près un an ou deux.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je vais souvent dans le territoire de la
Gaspésie. Je n'ai vu jamais cela, Atlantic Trading.
Le Président (M. Polak): M. le ministre.
M. Levesque: Seigneur! Si vous passez à Matapédia,
regardez les nouvelles installations de Provigo qui sont en train de prendre de
l'expansion. Ils ont justement eu des problèmes de terrain pour
l'expansion, mais cela semble être réglé. Ils vont doubler
la capacité de leurs entrepôts pour pouvoir desservir davantage
dans les Maritimes.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Essentiellement, le président de la Caisse de
dépôt a dit: "L'alimentation, je ne connais pas cela. " C'est la
dernière
phrase qu'il a dite. Et, justement, je me dis: Quand la Caisse de
dépôt siège à un conseil d'administration - les gens
qui siègent au conseil exercent des rapporta de forces qui se font dans
les grandes entreprises - de quelle façon joue-t-elle ses cartes? C'est
la question que je me pose surtout quand - je donnais le cas de Provigo -
Sobeys est actionnaire de Provigo et a des intérêts
particuliers.
Le Président (M. Polak): M. Campeau.
M. Campeau: II est bien sûr que Sobeys a des
intérêts particuliers comme tout actionnaire peut en avoir. Est-ce
qu'on devrait l'exclure de son droit d'être actionnaire de Provigo parce
qu'elle a des propriétés elle-même, parce que Sobeys a des
magasins dans les Maritimes? C'est la libre entreprise, les actions sont des
actions publiques, elle a le droit de les acheter et le droit de les garder.
Avec 20 %, je pense qu'elle a le droit à une représentation
proportionnelle au conseil d'administration. Evidemment, cela représente
un problème délicat pour les officiers de Provigo si elle venait
en concurrence directe avec Sobeys. Oui. C'est un problème
délicat pour Sobeys aussi.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je voulais attirer votre attention là-dessus
parce que c'est une question qui m'a été posée à
plusieurs reprises et pour laquelle plusieurs ne sont pas certains qu'à
ce niveau, les orientations des entreprises doivent être définies
par la Caisse d'une façon qui entre en opposition avec des gens qui sont
à l'intérieur de la compagnie comme dirigeants.
Le Président (M. Polak): M. Campeau.
M. Campeau: M. le Président, l'objectif de la Caisse,
c'est la profitabilité. Si elle investit de l'argent, elle doit
protéger l'argent qu'elle investit. Et si elle croit à la
représentation proportionnelle, elle doit suggérer des gens pour
siéger au conseil d'administration qui doivent prendre les
décisions qui s'imposent dans le plus grand intérêt de la
compagnie et de ses actionnaires. L'objectif d'une compagnie capitaliste, c'est
le profit.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Oui.
M. Campeau: Permettez-moi de compléter, M. le
Président.
Le Président (M. Polak): M. le président.
M. Campeau: Alors, la Caisse de dépôt ne donne pas
de directives à ses administrateurs. Ils sont libres de voter au conseil
d'administration comme bon leur semble. Mais ils sont au courant, quand on les
suggère, des deux objectifs de la Caisse de dépôt et ils
doivent tâcher de bien manoeuvrer, si vous voulez, avec ces
objectifs.
Évidemment, entre une compagnie du Québec et une compagnie
de l'extérieur du Québec, comme il faut faire attention à
I'essor économique, on n'y mettra pas la même pondération,
si on veut. Mais la profitabilité, c'est la profitabilité.
Je le répète. Les gens qui sont là doivent
être des gens qui veulent faire du profit. Cela ne les empêche pas
d'être des gens humains et des gens sociables et tout ça en plus.
Mais M. Péladeau, quand il siège à un conseil
d'administration, répète souvent: Pas de profits, pas de mission
sociale. Ce n'est pas mon "motto" à moi. Je dis: Pas de profit, pas de
support économique. Mais, en tout cas, il faut d'abord du profit, si on
veut avancer. C'est peut-être quelque chose qu'on n'accepte pas dans tous
les milieux, le profit. Mais c'est la loi de la survie.
M. Garon: Je suis complètement d'accord avec vous
que...
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon:... je ne mets pas en opposition le profit et les
orientations. Mais je dis qu'elle a des objectifs qui sont d'optimiser le
rendement de l'avoir de ses déposants et de contribuer à l'essor
économique du Québec et que, Provigo par rapport à Sobeys,
je me pose des questions.
Pour l'avenir, je me pose des questions, parce qu'il va y avoir
nécessairement un affrontement. Sobeys, va vouloir développer du
bord du Québec et Provigo va reculer et dire: Moi, j'avance du
côté du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Maritimes.
Là, je remarque que Provigo semble vouloir aller du côté
des États-Unis, mais je remarque, en même temps, qu'il recule du
côté du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Possiblement
qu'on a fait des concessions à ce point de vue - je n'étais pas
au courant -International Trading? Non, Atlantic Trading.
Pourtant, j'ai été en Gaspésie assez souvent au
cours des dernières années et je n'ai jamais vu ce nom, nulle
part. En tout cas, je vais m'informer.
Mais ce dont je suis conscient, c'est que, depuis des années,
Sobeys a une action par rapport à Provigo. Je crains personnellement une
participation trop grande de Sobeys
dans Provigo et que cela ne joue pa3 en faveur des intérêts
du Québec.
Le Président (M. Polak): M. Campeau.
M. Campeau: M. le Président, si on me le permet, c'est
que...
M. Levesque: Je reviens à la charge. C'est que j'entends
ça et ce n'est pas ce qui se passe dans la région de la
Gaspésie. Nous n'avions pas de Provigo à la baie des Chaleurs.
Depuis que Provigo s'est installé en Matapédia, si le
député de Lévis revient dans la baie des Chaleurs et fait
le tour de la Gaspésie, il va voir des magasins Provigo qui s'installent
maintenant tout le long de la baie des Chaleurs, dans mon propre comté
-je dois être au courant - alors qu'il n'était pas là.
Sobeys était là, par exemple, avant. Sobeys était
à New Richmond ou encore, il était à Paspébiac.
Mais vous voyez maintenant arriver les magasins Provigo qui n'étaient
pas là avant. Alors, il faudrait faire attention de sauter aux
conclusions.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Rimouski a frappé un peu les gens. Je vous dis
que, quand je pose ces questions, je reflète des préoccupations
de plusieurs personnes.
Le Président (M. Polak): M. le ministre.
M, Levesque: Je suis convaincu d'une chose. C'est qu'avec la
présence des deux dans la baie des Chaleurs, maintenant, c'est sûr
que, pour le consommateur, il y a là un élément de
concurrence non négligeable. On n'a pas de Steinberg, nous autres, il y
a bien des chaînes qui manquent. Alors, avec ces deux-là, avec les
indépendants et les coopératives, ça fait une
concurrence.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis. (22 h 15)
M. Garon: Cela fait une concurrence. Le développement
économique va s'y retrouver, si, dans les magasins, on vend davantage
des produits qui sont fabriqués chez nous. Un consommateur, ce n'est pas
rien qu'un consommateur, c'est aussi un travailleur. Si on se préoccupe
uniquement du consommateur qui veut avoir ses produits au même prix ou
à des prix concurrentiels, même s'ils sont fabriqués ici,
c'est parce que le régime de distribution est organisé d'une
certaine façon à partir des Maritimes et qu'on trouve plus de
produits qui viennent des Maritimes que du Québec dans un territoire qui
en fait n'est pas plus riche que les Maritimes. Cela va s'en aller en
Gaspésie qui est à peu près au même niveau
économique...
M. Levesque: Peut-être qu'on...
Le Président (M. Polak): M. le ministre.
M. Levesque:... peut faire la distinction entre Rimouski d'une
part, comme le mentionnait le député, et la partie de la
Gaspésie que je connais davantage, toute la baie des Chaleurs.
Traditionnellement, nous avions beaucoup plus de produits qui nous arrivaient
du Nouveau-Brunswick que nous n'avions de produits qui allaient au
Nouveau-Brunswick. Ce n'est que depuis récemment qu'on commence à
voir que les choses sont en train de changer. Vous verrez bientôt dans
les Maritimes des magasins Provigo qui n'étaient pas là. Vous
allez voir, dans la baie des Chaleurs, des magasins Provigo qui
n'étaient pas là. Alors, je ne pense pas que la situation se
détériore dans le sens de la perspective du député
de Lévis, dans cette région. Je pense que le Québec tire
bien son épingle du jeu présentement. Maintenant, si on va
ailleurs... Je ne suis pas pour faire le tour de la province à ce
moment-ci, je vais dire comme le président de la Caisse de
dépôt et placement du Québec, je ne suis pas
spécialisé dans le marketing de l'alimentation. Je ne voudrais
pas m'aventurer trop loin dans cela. C'est simplement que je réponds ou
que j'ajoute quelques propos plutôt comme observateur. Vu de l'endroit
où je me situe simplement comme observateur, je dis qu'il me semble
qu'il y a une amélioration de la pénétration de
l'industrie québécoise dans notre région.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, cela veut dire que dans le
secteur alimentaire, en ce qui a trait à la distribution, c'est un des
secteurs où les décideurs étaient, à toutes fins
utiles, 100 % au Québec. Au cours des années, cela s'est
consolidé avec l'achat de Thrift, de Dominion, etc. et,
récemment, de Super Carnaval. On se rend compte que, dans ce secteur, il
y a un cheval de Troie qui s'appelle Sobeys. Vous savez, le pouvoir des
décideurs, c'est le pouvoir d'acheter d'après l'origine des
produits aussi. Quand on parle de magasins de meubles dirigés à
partir de Toronto, souvent il y a plus de meubles de l'Ontario qui rentrent
dans ces magasins. Le rôle d'avoir, dans les grands pouvoirs d'achat, les
décideurs, ce n'est pas sans conséquence. Je dis qu'actuellement,
dans le domaine alimentaire, à toutes fins utiles, tous les grands
réseaux sont contrôlés par des Québécois,
qu'il s'agisse de Métro-Richelieu, de Steinberg, d'IGA-Boniprix ou de
Provigo. Dans le cas de Provigo, on constate quand
même qu'il y a un cheval de Troie, que, antérieurement aux
positions qui étaient maintenues par la Caisse de dépôt et
de placement du Québec et SOQUIA, des actions ont été
vendues pour lesquelles le gouvernement a établi un régime REA,
c'est-à-dire qu'il a subventionné la vente d'actions qu'il
détenait à Unigesco qui a déjà
déclaré que son principal souci c'était de "faire une
piastre". Je trouve cela sympathique, je ne trouve pas cela... Je sais que
l'entreprise privée est là pour cela. Mais quand on parle de
développement économique du Québec, on avait
déjà des concentrations de propriétés en ce qui a
trait à Provigo qui étaient au Québec. Il me semble que ce
pouvoir, actuellement, s'affaiblit et c'est pourquoi je pose certaines
questions. Il y a aussi plusieurs personnes qui se posent des questions
à ce sujet. Je dois vous dire que, au cours des derniers mois, j'ai
rencontré un certain nombre de personnes qui se posaient des questions.
C'est pour cela que je pose ces questions et si le simple fait de poser ces
questions publiquement sonnait quelques cloches d'alarme, je pense que ce ne
serait pas nuisible.
Le Président (M. Polak): Avez-vous une question pour
quelqu'un en particulier, M. le député de Lévis?
M. Garon: C'est cela que j'ai dit. La remarque que je faisais, je
la mettais sous une forme interrogative, si l'on veut, au ministre des Finances
ou au président de la Caisse de dépôt...
Le Président (M. Polak): M. Campeau.
M. Campeau: M. le Président, je pense qu'en guise de
conclusion, avec le député de Lévis, je peux dire, tel
qu'il le suggère, que j'enregistre ses préoccupations.
M. Garon: Pardon!
M. Campeau: J'enregistre vos préoccupations et nous serons
très vigilants.
Le Président (M. Potak): M. te député de
Lévis, la parole est à vous.
M. Garon: Pardon!
Le Président (M. Polak): La parole est à vous.
Avez-vous une autre question?
M. Garon: Non.
M. Levesque: Adopté.
Le Président (M. Polak): Pas tout de suite. Voulez-vous
qu'on passe ici à une question, parce que je pense que le
député de Chauveau avait juste une question, sans prendre trop de
temps du député de Lévis.
M. Poulin: J'avais une question. J'avais deux...
Le Président (M. Polak): Une question de la part du
député de Chauveau. Allez-y.
M. Poulin: Deux questions. Une d'ordre administratif et M. le
ministre a répondu à l'autre, à savoir s'il y avait des
magasins Provigo qui s'étaient établis dans la région,
parce que, l'automne dernier, je m'y suis rendu.
Je voudrais savoir combien il y a d'administrateurs au conseil et leur
mandat dure combien de temps? Est-ce que ce sont des mandats de deux où
de trois ans?
Le Président (M. Polak): M. Campeau.
M. Campeau: Vous parlez de...
M. Poulin: Du conseil d'administration.
M. Campeau:... la Caisse de dépôt et placement du
Québec.
Le Président (M. Polak): M. Campeau. M. Poulin: Oui.
M. Campeau: II y a douze administrateurs au conseil
d'administration de la Caisse de dépôt. Les mandats, pour certains
membres, sont de trois ans et d'autres membres sont nommés de par leurs
fonctions. Par exemple, le sous-ministre des Finances est là tant qu'il
est sous-ministre des Finances.
Une voix: II y en a combien à l'exécutif?
M. Poulin: C'est cela.
M. Campeau: Voilà! Évidemment, le président
de la Caisse de dépôt et placement du Québec, le
président de ta Régie des rentes et sept autres membres sont
nommés pour trois ans. Des sept autres membres, deux sont choisis parmi
les fonctionnaires du gouvernement ou les administrateurs d'un organisme du
gouvernement. Un autre est choisi parmi les représentants des
associations de salariés. Un autre est choisi parmi les administrateurs
des coopératives.
M. Poulin: Qui nomme les fonctionnaires?
M. Campeau: Le gouvernement du Québec nomme tous les
administrateurs.
M. Poulin: Par le ministère des Finances.
M. Campeau: Non. Le gouvernement du Québec.
Évidemment, il peut y avoir des suggestions du ministre des Finances.
Cela peut être directement ou indirectement lui, mais, de fait, c'est le
gouvernement qui nomme les administrateurs de la Caisse de
dépôt.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Chauveau, avez-vous une autre question?
M. Campeau: Comme on me suggère... Je suis convaincu que
c'est -après consultation ou sous la recommandation du ministre des
Finances.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Chauveau.
M. Poulin: Dans le milieu, vous avez parlé de M. Peladeau,
quels sont les gens de l'extérieur qui sont au conseil d'administration,
autres que les fonctionnaires et les statutaires? Je m'excuse, c'est parce que
je n'ai pas pris connaissance...
M. Campeau: Cela va! Vous avez M. Claude Legault,
président de la Régie des rentes du Québec, qui est
automatiquement du jury; le juge Richard Beaulieu, président de la
Commission municipale du Québec; il y avait M. Raymond Blais,
décédé, qui était représentant des
coopératives; M. Laberge, de la Fédération des
travailleurs du Québec, M. Marier, qui était président de
la Société québécoise d'initiatives
agro-alimentaires, M. Benoît Morin, qui est l'administrateur avec le plus
d'ancienneté, secrétaire général et greffier du
Conseil exécutif, M. Normand, sous-ministre des Finances, M. Fernand
Paré, président-directeur général de La
Solidarité, M. Pierre Peladeau, président de
Québécor et M. Gaston Pelletier, trésorier de la
Corporation financière du Saint-Laurent.
M. Poulin: Merci.
Le Président (M. Polak): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui ont des questions, pas trop longues, parce qu'on
voudrait commencer... Il reste environ un peu plus d'une heure avec
Loto-Québec.
M. Després: Merci, M. le Président. Étant
donné que les représentants ministériels n'ont pas
tellement abusé des questions, ce soir, je me ferai tout de même
très court, M. Campeau.
J'aimerais parler un peu des officiers de placement.
Le Président (M. Polak): Pour l'information du Journal
des débats, voulez-vous prendre note que c'est le
député de Limoilou qui a la parole. Allez-y.
Salaires des agents de placement
M. Després: Merci, M. le Président. J'aimerais
parler des officiers de placement. On sait que ces gens, surtout lorsqu'ils
sont expérimentés, sont des gens très recherchés
par les fiducies, les banques, compagnies d'assurances, les caisses. On sait
que l'échelle de salaires est très différente en ce qui
concerne ces institutions financières et la Caisse de
dépôt. C'est peut-être pour cela qu'on a souvent
l'impression que des gens qui travaillent à la Caisse de
dépôt, après avoir pris une certaine expérience,
s'en vont dans d'autres institutions financières. J'aimerais tout
d'abord savoir quelle est l'échelle de salaires, approximativement, je
n'ai pas besoin que ce soit tellement juste, et, si la Caisse de
dépôt a entrepris des démarches auprès du
gouvernement, du Conseil du trésor pour modifier éventuellement
cette échelle de salaires. Est-ce qu'elle peut... Je vais vous laisser
aller comme cela.
Le Président (M. Polak): M. Campeau.
M. Campeau: Vous savez d'abord que les barèmes et les
normes de rémunération et les autres conditions de travail de la
Caisse de dépôt sont établis par résolution du
conseil d'administration et soumis à l'approbation du gouvernement. Donc
le conseil d'administration seul ne peut pas décider des augmentations
de salaire ou de l'échelle salariale. La Loi sur l'administration
financière prévoit que le Conseil du trésor exerce les
pouvoirs du gouvernement en tout ce qui concerne les augmentations de salaire.
Alors, c'est évident que nous travaillons avec le ministre des Finances
dans le but de faire régulariser nos salaires pour toute augmentation,
si on a besoin.
Revenons maintenant au problème que vous suggériez qui
nous touche de près. C'est le fait que les gens de la Caisse de
dépôt ont souvent des offres d'emploi où la
rémunération est fort supérieure à celle qui leur
est accordée à la Caisse. Nous, la Caisse, ce qu'on cherche
à obtenir, c'est la moyenne des salaires. Il y a quand même
certains avantages à travailler à la Caisse au moins un certain
temps, pour certains agents de placement. Malheureusement, certains
employés décident de partir peut-être un peu plus tôt
qu'on ne l'aurait souhaité.
Nous sommes victimes de l'essor économique du Québec
à l'heure actuelle, de l'économie qui va bien. Nous sommes
victimes de Montréal, au point de vue de l'industrie financière,
où il y a une qrande demande. Il y a un essor fantastique où les
francophones sont en demande partout, et on se fait voler du monde parce qu'il
y a un besoin qui n'est pas encore rempli. On pense que c'est une
évolution qui se fait au
Québec et que, dans cinq ou dix ans, tout sera revenu à la
normale. Pour le moment, tel n'est pas le cas. Alors on est condamné. Et
plus l'économie sera bonne, plus les affaires seront bonnes, plus
l'économie du Québec sera bonne, plus on devra se battre contre
des invasions comme cela et des pertes de salaire.
Ce qui arrive, c'est que, pour entrer à la Caisse de
dépôt, les gens courent, parce que c'est vrai que c'est une belle
place pour apprendre son métier. Et si on est intelligent, après
deux ou trois ans, on vaut très cher. Mais certaines personnes
décident de rester à la Caisse de dépôt par choix,
parce que, comme je disais plus tôt, il faut être un peu
missionnaire pour travailler à la Caisse de dépôt. Mais il
reste quand même que la Caisse de dépôt paie des salaires
quand même respectables.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Limoilou. Excusez-moi, avez-vous encore une autre question? M. le
député de Limoilou.
M. Després: À ce moment-là, est-ce que ce
n'est pas justement un peu dangereux pour ia Caisse de dépôt de
perdre ses meilleurs éléments lorsque ces gens-là doivent
savoir décider si on doit acheter ou vendre et à quel moment on
doit prendre ces décisions? Et lorsqu'on perd les gens les plus
expérimentés, je pense qu'on devrait vous encourager à
avoir certaines choses. J'aimerais connaître le taux de rotation si c'est
possible. Et quand vous me parlez du salaire moyen, vous voulez rajuster votre
salaire au salaire moyen, cela demanderait quel pourcentage d'augmentation du
salaire actuel? Il faudrait ajouter 10 % aux salaires en moyenne?
Approximativement, M. Campeau, je ne veux pas de chiffres très
précis.
M. Campeau: Nous travaillons à l'heure actuelle en
étroite collaboration avec le ministre des Finances et avec le
président du Conseil du trésor pour tâcher de
remédier à la situation et d'améliorer les circonstances.
C'est assez difficile pour moi de dévoiler certains chiffres aujourd'hui
à ce sujet.
M. Després: D'accord. Je comprends très bien la
situation.
Le Président (M. Polak): D'accord. Excusez-moi, c'est M.
le député de Lafontaine après.
M. Després: En ce qui concerne le taux de rotation, est-il
élevé?
M. Poulin: M. le Président, je suis en
complémentarité avec la question de... (22 h 30)
Le Président (M. Polak): Non, excusez-moi, il n'y a pas de
complément ici. Est-ce que le député de Limoilou a
terminé?
M. Després: Il me reste juste une courte question.
Le Président (M. Polak): Rapidement, parce qu'il faut
respecter aussi... N'oubliez pas qu'il faut que je protège strictement
l'Opposition, nous sommes à l'étude des crédits. M. le
député de Lévis peut s'opposer, à un moment
donné, parce qu'il y a encore un autre organisme en question.
M. Poulin: On n'a jamais eu de problème, nous, avec notre
voisin de la rive sud.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Limoilou.
M. Després: Merci, M. le Président. Tout simplement
M. Campeau comme dernière question en ce qui concerne le pourcentage de
rotation, est-ce qu'il est très élevé en ce qui a trait
aux officiers de placement, encore là toujours approximativement. Je ne
vous demanderai pas des chiffres.
M. Campeau: II est sûrement plus élevé qu'on
le souhaiterait.
M. Després: Cela veut dire quoi, M. Campeau, plus
élevé? Y a-t-il moyen approximativement d'avoir un chiffre en ce
qui concerne le pourcentage de rotation?
M. Campeau: Écoutez, disons que, au cours des quatre
dernières années, 41 employés de la Caisse de
dépôt et placement du Québec sont partis et faisaient
partie de notre personnel de gestion ou de cadre sur un effectif d'environ 100
et 120.
M. Després: C'est le tiers.
M. Campeau: II faut penser que c'est notre secteur placement qui
est en demande surtout. Je m'excuse, M. le Président, les courtiers,
c'est pire. Évidemment, on se compare nous, on est la Caisse de
dépôt et placement du Québec, il y a les autres
régimes de retraite et il y a les courtiers. Dans le domaine du
courtage, c'est tout un département qui va partir à un moment
donné et cela roule continuellement. Ce métier du placement c'est
un métier où vous rencontrez beaucoup de mercenaires, je ne dis
pas que ceux qui sont partis sont des mercenaires, mais II y a une propension,
dans la finance, à être mercenaire, c'est fantastique! donc,
à chercher les 5000 $ ou 10 000 $ de plus qu'on peut décrocher.
Quelqu'un qui vient à la Caisse de dépôt et
placement du Québec, après cinq ans, il vaut cher.
L'individu vaut cher et les gens pensent qu'il vaut cher aussi. Il y a la
perception et la réalité. Même s'il ne vaut pas cher, les
gens vont penser qu'il vaut cher.
M. Chagnon: C'est...
Le Président (M. Polak): Êtes-vous satisfait, M. le
député de Limoilou?
M. Després: Une dernière courte question. Je veux
simplement savoir si, parmi ces courtiers, il y en a qui ont pris leur retraite
dans le pourcentage dont vous parliez tout à l'heure.
M. Campeau: Non, non, je les avais exclus.
M. Després: Non, cela va, M. le Président.
Le Président (M. Polak): Merci. Juste une courte question
au député de Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. J'ai eu le plaisir
et la satisfaction, l'automne dernier, de rencontrer le président de la
Caisse de dépôt et placement du Québec dans ma
circonscription lors de la réouverture d'une partie des installations de
l'ancienne raffinerie Gulf. Nous avions, à ce moment-là,
discuté de différents sujets. Vous ne m'aviez pas dit, par
exemple, si votre présence à cet endroit augurait de la part de
la Caisse de dépôt et placement du Québec une implication
dans la pétrochimie québécoise et particulièrement
dans l'Est de Montréal. Quand on voit la situation actuelle avec le
pipeline et Soligaz, était-ce en prévision de choses comme
celles-là ou est-ce simplement le hasard d'une invitation qui vous a
amené chez nous.
Le Président (M. Polak): M. Campeau.
M. Campeau: M. le Président, un peu les deux.
Évidemment, le groupe Lavalin est un groupe très fort au
Québec et très québécois. Nous avons
étudié des projets avec le groupe Lavalin. Rien n'a encore
abouti. Souvent, ce sont des projets qu'on étudie de longue date. On me
rappelle qu'on a fait un investissement récent dans Bitumar, qui doit
être dans votre bout. Alors, on a un investissement récent de la
Caisse de dépôt et placement du Québec dans Bitumar.
Le Président (M. Polak): Une dernière courte
question.
M. Gobé: Est-ce qu'il pourrait être
intéressant pour la Caisse de dépôt et placement du
Québec, puisque, d'après ce que M. le ministre a dit, vous avez
quand même un mandat de soutien des efforts économiques du
Québec, de regarder peut-être de plus près le secteur de la
pétrochimie, où il semble y avoir des intérêts
à investir ou simplement un bon potentiel, mais qui semble, pour
l'instant, être en demande d'investissements ou de capitaux un peu plus
que les grosses multinationales?
Le Président (M. Polak): M. Campeau.
M. Campeau: Nous, pour investir il faut aussi que notre
présence soit souhaitée. À l'occasion, elle peut
être souhaitée où ce n'est pas le temps. Alors,
éventuellement, je suis convaincu qu'on viendra faire des
investissements dans cela. Demain, à part Bîtumar, je n'en vois
pas d'autres dans l'immédiat.
M. Gobé: Mais c'est marginal, Bitumar.
M. Campeau: Je sais. Vous avez raison de dire cela, mais, dans
l'immédiat, c'est difficile pour moi de parler.
Le Président (M. Polak): II reste seulement une courte
question pour le député de Chauveau. Ensuite, on retourne tout de
suite pour un prochain organisme. M. le député de Chauveau.
M. Poulin: Ce sera très bref, M. le Président. M.
Campeau, tantôt on a parlé des salaires. Est-ce que cela a
toujours été un problème depuis que la Caisse existe'
Est-ce qu'il y a déjà eu rattrapage ou s'il y a toujours eu un
rattrapage à faire, dans la question des salaires? Est-ce qu'on a
déjà été sur le marché?
M. Campeau: Tout dépend, si vous traversez... Je vais vous
faire un choix qui ne fera pas plaisir au ministre des Finances, mais puisqu'il
faut le faire... Moi, pour régler le problème des salaires
à la Caisse de dépôt, si on avait une récession au
Québec, ce serait fameux, il n'y aurait pas de jobs. Alors, les gens se
chercheraient.
Alors, dans les cas de récession, on a passé...
M. Poulin: Mais selon ce que j'ai compris tantôt quand vous
avez parlé...
M. Campeau:... à travers très bien!
M. Poulin: C'est que je me demandais si, dans cinq ou dix ans, le
marché de Montréal descendrait.
M. Campeau: On ne souhaite ça à personne.
M. Poulin: Non, je l'espère.
M. Campeau: Alors, on est esclave de la réussite aussi de
la Caisse de dépôt. Nous autres, plus nos rendements sont bons,
plus les gens viennent piger chez nous. Quand on a un portefeuille, quand nous
avons des portefeuilles internationaux de Tordre de 1 000 000 000 $, ne
pensez-vous pas que les gens qui dirigent ça ne prennent pas une bonne
expérience? Et tous ceux qui côtoient ça, qui rencontrent
les mandataires, il n'y a personne au Canada qui peut prendre ça.
Alors, il se développe une valeur fantastique et, pour cette
valeur-là, Il faudrait être en mesure, pour compétionner
les autres fonds de retraite, d'offrir un meilleur salaire, souvent, d'offrir
une participation à la compagnie et d'offrir un pourcentage de boni au
rendement, ce que la Caisse de dépôt a beaucoup de
difficulté à...
M. Poulin: Vous êtes en train de me dire que, même si
le marché est très...
Le Président (M. Polak): M. le député de
Chauveau, c'est la toute dernière question, parce que je vous ai
déjà accordé deux dernières. Alors, c'est vraiment
la dernière. Allez-y, vite!
M. Poulin: À ce que je vois, c'est qu'on aura
toujours...
M. Garon: Dépêchez-vous! Vu votre manque
d'expérience, on pourrait bien ne pas être plus mobile.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis, est-ce qu'on peut garder la paix? Jusqu'à maintenant,
ça va bien. M. le député de Chauveau, rapidement. Ne me
regardez pas avec ces yeux.
M. Poulin: Ce sera mon dernier jugement. Je voudrais rappeler au
député de Lévis qu'en fait de mobilité, je ne me
berce pas à la soirée longue.
Le Président (M. Polak): Question, s'il vous
plaît!
M. Poulin: C'est parce qu'on sent - je me souviens de l'an
passé quand on vous a rencontré - qu'au sujet des salaires, on
aura toujours un peu de problèmes, avec l'expérience qu'on va
chercher chez vous. Â ce que j'entends, on aura toujours un marché
extérieur intéressant, sauf si les marchés baissent, mais
avec le parti en place - tant et aussi longtemps qu'on sera là - il ne
baissera pas, le marché!
Le Président (M. Polak): Dernière question et
dernière réponse.
M. Campeau: C'est un problème, je pense. Mais il faut bien
situer les choses.
Nous, nous disons à nos employés que, chez nous, à
la Caisse de dépôt, ils n'auront jamais le plus haut salaire. Ils
vont toucher une moyenne des salaires. Alors, sont-ils prêts à
rester chez nous toute leur vie, une partie de leur vie ou pas longtemps? Nous
souhaitons, nous, qu'un employé qui vient demeure au moins cinq ans. Si
c'est dix ans, tant mieux.
L'autre problème: s'il est bon, il pourra toujours recevoir une
offre de l'extérieur, mais il peut être bon, aussi, et
décider de rester à la Caisse de dépôt, parce que,
pour lui, c'est ça, sa vie, et c'est là, parce que c'est quand
même agréable de travailler à la Caisse de
dépôt. C'est quand même agréable de travailler pour
une bonne organisation, forte, puissante, avec une bonne réputation, un
bon rendement, etc.
M. Poulin: Un bon salaire et une bonne atmosphère.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Chauveau, c'est terminé.
M. Campeau: Je vous ai dit qu'il nous faut être un peu
missionnaires aussi. Mais il y a de bonnes compensations et il faut aimer son
ouvrage. Si vous êtes Québécois, si vous êtes un bon
Québécois, à la Caisse de dépôt, vous
êtes heureux.
Le Président (M. Polak): Non, fini, là.
M. Poulin: C'est pas juste le salaire, ça prend une
atmosphère et de l'intérêt.
M. Campeau: Oui. Je me permets d'ajouter, quand même, au
sujet de l'atmosphère, que, quand quelqu'un a une différence de
salaire de 50 %, cela a beau être l'atmosphère, il est prêt
à "endurer" un peu, des fois, pour aller à
l'extérieur.
M. Poulin: Je ne suis pas convaincu qu'il y a une
différence de salaire de 50 %.
Le Président (M. Polak): M. le député!
M. Poulin: J'ai fini. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Polak): C'est terminé, merci.
Maintenant, on a terminé l'échange de vues avec les
représentants de la Caisse de dépôt. Mais est-ce que le
député de Lévis a une dernière question?
M. Garon: Je voudrais tout simplement remercier le
président de la Caisse de dépôt, M. Nadeau et M. Scraire et
ceux qui les accompagnent. Le député de Chauveau a pu vous poser
des questions en terminant. Il a compris qu'il fallait avoir la vocation pour
travailler à la Caisse de dépôt. Pour être
député, il faut avoir aussi la vocation, mais ça
aide quand on est dans le bon parti, parce que, dans beaucoup d'emplois, ce
n'est pas nécessairement le salaire qui est la motivation, mais les
objectifs que l'on veut réaliser.
Concernant le roulement, je lisais récemment, samedi, dans le
journal qu'on remarquait que sur 10 000 assureurs-vie au Québec: il y en
a 3000 qui entrent par année et 3000 qui sortent. Quand les gens - vous
avez parlé des courtiers en valeurs mobilières - de la commission
sont venus nous rencontrer, il n'y a pas longtemps, elle aussi s'est plainte du
roulement, parce que les gens voulaient être formés ou recevoir un
entraînement. Je pense que c'est quand même bon. Je suis content de
l'avoir entendu de votre bouche.
Souvent, les gens pensent que quand on entre dans un organisme public ou
parapublic, on vient de se caser jusqu'à la mort. Vous venez de nous
dire le contraire, en réalité. Les gens qui entrent dans un corps
public comme la Caisse de dépôt et placement peuvent être
tellement compétitifs, au contraire, que l'entreprise privée est
contente de les avoir, parce qu'elle considère qu'ils sont bien
formés.
Je pense qu'il y a des mythes qui sont souvent véhiculés
dans cette pièce selon lesquels les gens qui sont dans la fonction
publique sont là parce qu'ils ne peuvent pas être ailleurs. Dans
les organismes qui sont venus, au cours des derniers mois, devant la commission
du budget et de l'administration, on a plutôt eu les commentaires
inverses. Les gens se sont plutôt plaints que dans les organismes
publics, le roulement était fréquent et qu'ils étaient
beaucoup demandés. Je pense aussi que c'est parce qu'ils font un travail
qui est intéressant, qui est varié et qu'ils acquièrent
une expérience qui est recherchée par les meilleures entreprises.
Je suis content de voir que les députés ministériels qui
avaient parfois l'impression que c'est simplement dans l'entreprise
privée que tout fonctionnait rondement, se rendent compte,
d'après l'expérience ici, que les sociétés
d'État peuvent marcher rondement, que les entreprises dirigées
par des gens qui sont dans le secteur parapublic peuvent marcher rondement, que
la motivation n'est pas seulement le salaire mais aussi l'intérêt
pour le travail qu'ils font et les objectifs qu'ils réalisent et qu'ils
ont le sentiment de participer à une action importante dans leur
communauté.
Je voudrais vous remercier pour être venu nous rencontrer. Nous
avons posé des questions principalement en fonction de certaines
orientations qui sont plus politiques, parce que, administrativement, les
bilans qui sont présentés par la Caisse de dépôt
indiquent des rendements qui font l'envie de la plupart des organismes de
tailles différentes, des organismes similaires au Canada ou aux
États-Unis. Je pense que la Caisse de dépôt et placement du
Québec est un objet de fierté pour tous les
Québécois quand ils veulent montrer qu'ils sont bons dans quelque
chose. Avant, il y avait l'Hydro et aujourd'hui, il y a aussi la Caisse de
dépôt et placement du Québec. Je vous remercie.
Le Président (M. Polak): Merci, M. le député
de Lévis. Maintenant, le député de Chauveau avait
exprimé le désir de remercier M. Campeau au nom des
députés ministériels. Ai-je bien compris?
M. Poulin: C'est cela. M. Campeau et votre équipe, on vous
remercie beaucoup de votre intérêt et d'avoir répondu si
bien à nos questions. On vous souhaite autant d'intérêt
pour vos placements que pour vos demandes.
M. Campeau: Merci.
Le Président (M. Polak): Merci. M. Campeau, je voudrais
aussi, au nom des membres de toute la commission, vous remercier ainsi que M.
Nadeau et M. Scraire. Juste une remarque personnelle. Je suis très
impressionné que vous soyez venus ici avec très peu de personnel,
vous qui avez la plus grande enveloppe, le plus d'argent. On voit des
organismes qui ont très peu de budget se présenter avec une
énorme armée d'assistants et de fonctionnaires. Vous, vous
êtes seulement quelques-uns. Donc, cela m'impressionne beaucoup au point
de vue de l'efficacité. Merci beaucoup.
Maintenant, je crois qu'il y a une discussion prévue avec les
représentants de Loto-Québec. Est-ce qu'ils sont ici? M. Clark.
On va suspendre juste deux minutes pour préparer la séance.
(Suspension de la séance à 22 h 44)
(Reprise à 22 h 45)
Loto-Québec
Le Président (M. Polak): M. le ministre, voulez
présenter les représentants de Loto-Québec qui sont avec
nous ce soir?
M. Levesque: Il me fait plaisir, M. le Président, de
répondre à votre invitation.
À ma droite, David Clark, président-directeur
général de Loto-Québec; à sa droite, Me Marguerite
Bourgeois, vice-présidente aux affaires corporatives. Tout le monde
connaît Loto-Québec, on n'a pas besoin de rappeler sa mission.
Évidemment, c'est une mission qui est très près de mon
coeur et de mes préoccupations.
M. Garon: Et de votre budget.
M. Levesque: Et de mon budget.
La mission de Loto-Québec c'est de lever des fonds pour le
gouvernement, en commercialisant les loteries dans l'ordre et dans la mesure.
Ceci étant dit, M. le Président, je laisse ces éminents
personnages entre les mains de cette non moins éminente commission.
Le Président (M. Polak); Merci, M. le ministre. Je vois
que le député de Saint-Louis a la main levé, avez-vous une
objection à ce qu'il pose une première question, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Oui. Je suis un...
Le Président (M. Polak): Excusez, M. le
député de Lévis.
M. Garon:... je suis très respectueux des traditions.
C'est à l'Opposition de commencer, je ne veux pas établir de
précédent, et on sait que nous sommes dans le parlementarisme
britannique, on est. »
Le Président (M. Polak): Vous n'avez pas besoin de faire
votre prince, je suis d'accord avec vous. Vous avez. »
M. Garon: Nous, on a déjà été
prêts à changer, ce sont les libéraux, surtout, qui ont
voulu maintenir le parlementarisme britannique au Québec, qui l'ont
défendu, loin de moi...
Le Président (M. Polak): Vous avez démontré
une large latitude, tout à l'heure, à la fin. Donc, allez-y, M.
le député de Lévis, vous commencez.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais d'abord demander au
ministre des Finances... Je constate, en lisant le rapport annuel pour
l'exercice terminé au 31 mars 1986, qu'en 1985, à la fin de cette
année de l'exercice, soit au 31 mars 1985, il y avait un solde,
après avoir payé 240 000 000 $ de dividende, de 41 930 000 $. On
constate qu'à la fin de l'exercice du 31 mars 1986, le dividende
payé au ministre des Finances a été de 339 000 000 $ et
qu'il restait un solde, à la fin, de 5 601 000 $. Est-ce qu'on pourrait
me dire de quelle façon fonctionnent les règles, à
Loto-Québec, pour déterminer quel est le montant des dividendes
qui sera payé au ministre des Finances et le montant qui restera en
solde à la fin de l'année, puisqu'on constate qu'en 1985, il
restait 41 930 000 $ et qu'au 31 mars 1986, il reste 5 601 000 $?
M. Clark (David): M. le Président, en
général Loto-Québec verse toujours tout excédent de
se3 revenus, par rapport à ses dépenses, au gouvernement au fonds
consolidé en forme de dividendes. Au début de chaque exercice,
nous établissons, grosso modo, ce que nous pensons pouvoir faire en
bénéfice, nous le proposons au ministre de3 Finances et celui-ci
indique s'il est d'accord ou non. Évidemment, cela doit passer par notre
conseil d'administration également, mais l'actionnaire, qui est le
ministre des Finances, fixe le dividende. Cela se fait dans le dialogue.
Ce qui s'est passé dans l'année financière 1985,
notre année se terminant à la fin de mars, c'est que nous avions
dépassé de beaucoup les objectifs, mais il faut dire
également que nous avions commencé l'année avec un solde
non versé en dividendes de 29 000 000 $ déjà.
Jusque-là, nous avions offert chaque fois, au gouvernement, la
possibilité de verser cet argent et, dans l'année
financière 1986, le gouvernement a accepté. Dans notre esprit,
chaque fois que nous avons de l'argent qui n'est pas versé en forme de
dividendes, cet argent ne nous appartient pas, il appartient au gouvernement
et, tôt ou tard, il doit être versé eu fonds
consolidé. Normalement, il est versé en dedans d'un an.
Pour nous, il était tout à fait normal que le gouvernement
rapatrie cet argent, d'autant plus que, quand le gouvernement a choisi de
changer le statut de Loto-Québec pour en faire une société
de la couronne, il était indiqué très explicitement que
tout montant, sous forme de revenus nets de Loto-Québec, devait
être versé au fonds consolidé.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: On constate quand même qu'au 31 mars 1984, il
restait 29 011 000 $.
M. Clark: C'est exact.
M. Garon: Qu'au 31 mars 1985, il restait au solde 41 930 000 $ et
que, sous le nouveau ministre des Finances, qui aime beaucoup
Loto-Québec, au 31 mars 1986, il restait 5 601 000 $, parce qu'il l'aime
un peu comme un vampire aime sa victime, à condition de lui retirer son
sang.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis, est-ce que le mot "vampire" est parlementaire?
M. Garon: Oh! Je ne dis pas cela d'une façon
méchante, M. le Président.
Le Président (M. Polak): Je sais qu'il est très
tard, mais on connaît bien le ministre des Finances.
M. Garon: Ce n'est pas méchant dans mon esprit.
Le Président (M. Polak): Ah bon! Il faut bien
établir cela.
M. Garon: Je comprends, au fond, que c'est le ministre des
Finances qui détermine que les montants doivent être versés
et qu'antérieurement, le ministre des Finances laissait des soldes plus
importants à Loto-Québec. Était-ce parce que ces soldes
étaient nécessaires et qu'ils ne le sont plus maintenant ou parce
que le ministre des Finances est en train d'établir une nouvelle
pratique?
Le Président (M. Polak): M. Clark.
M. Clark: Je ne pense pas que cela représente vraiment un
changement. En 1981, 1982 et 1983, le solde était aux environs de 10 000
000 $. Par la suite, il est monté durant deux années pour ensuite
baisser à 5 600 000 $. Mais, nous venons de terminer une année
durant laquelle nous avons versé 10 000 000 $ en moins en dividendes que
ce que nous avons fait en revenus nets. Donc, le solde va encore monter
à environ 16 000 000 $ d'après nos estimations.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous êtes membre du conseil d'administration de
Loto-Québec depuis plusieurs années.
Le Président (M. Polak): M. Clark.
M. Clark: Depuis que j'en suis le président seulement,
donc depuis deux ans.
M. Garon: Depuis deux ans.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Antérieurement, étiez-vous engagé
à Loto-Québec?
Le Président (M. Polak): M. Clark.
M. Clark: Oui, M. le député. J'ai été
embauché en 1978 comme directeur du marketing. Par la suite, j'ai
été vice-président chargé des loteries, avant
d'être nommé président il y a deux ans.
M. Garon: Ah bon!
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous avez donc connu la pratique des années
antérieures. C'est pour cela que je vous demandais si vous aviez connu
cette politique.
M. Clark: Oui, absolument. Oui.
M. Garon: Quels sont les changements que l'année qui s'en
vient va apporter à Loto-Québec?
Le Président (M. Polak): M. Clark.
M. Clark: Si je parle de toute l'année,
c'est-à-dire celle qui vient de commencer au début d'avril, le
plus grand changement a été la fin de notre conflit de travail,
il y a une semaine. Nous sommes tous très heureux de cela.
Évidemment, au cours des deux ou trois prochains mois, il va
falloir qu'on reprenne les opérations et qu'on relance les
systèmes qui ont été ralentis ou même
arrêtés pendant la grève. Par la suite, il s'agira de
rajuster nos produits en fonction de la demande du marché, parce que
nous avons toujours des objectifs en croissance d'une année à
l'autre, et donc...
M. Garon: Est-ce que la...
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Clark:... pardon.
M. Garon: Non, je ne voulais pas vous interrompre. Continuez.
Le Président (M. Polak): M. Clark.
M. Clark: Donc, il faut constamment rajuster nos produits et
arriver avec des nouveaux. Dans le domaine des loteries, cela change toujours
beaucoup et c'est toujours très dynamique.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce que la grève va susciter des pertes de
revenus ou des pertes de profits, si l'on veut, à
Loto-Québec?
Le Président (M. Polak): M. Clark.
M. Clark: Pendant la grève, qui a duré environ
seize semaines, les deux premières semaines, nous n'avons presque pas eu
de pertes. Par la suite, notre manque à gagner par rapport à ce
que l'on aurait pu faire sans conflit de travail était d'environ 800 000
$ par semaine. Nous n'avons pas les montants exacts parce que nous n'avons pas
totalement terminé la comptabilité à la suite de la fin du
conflit.
M. Garon: Par ailleurs, vos dépenses
étaient moins fortes. Je ne parle pas en termes de revenus bruts,
mais en termes de revenus nets.
M. Clark: Je parle de revenus nets.
M. Garon: Vos revenus bruts ont diminué et vos
dépenses ont diminué considérablement aussi,
j'imagine.
M. Clark: Oui. Nos revenus bruts ont diminué d'environ 3
000 000 $ par semaine, donc 15 % environ.
M. Garon: Oui.
M. Clark: Et nos dépenses étaient plus basses
également. Par exemple, nous avons versé environ 3 000 000 $ de
moins en salaires à cause du conflit de travail. C'est la chose la plus
évidente. Il y a aussi certaines économies de cachées. Par
exemple, il y a beaucoup de systèmes qui n'étaient pas en
fonctionnement; il y a beaucoup de papier qui n'a pas été
utilisé, mais on ne le verra pas. C'est simplement qu'on n'aura pas des
commandes aussi rapides cette année-ci.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous ne prévoyez pas d'augmentation
considérable pour l'année qui s'en vient, puisque vous dites dans
le rapport annuel: "Nous prévoyons que le taux de croissance en cours du
prochain exercice correspondra au taux d'inflation, tant pour le chiffre
d'affaires que pour le revenu net. Toute croissance supplémentaire
importante du dividende versé par Loto-Québec devrait
nécessairement provenir du lancement d'une nouvelle forme de jeu de
hasard et d'argent. " Est-ce que cela veut dire que Loto-Québec a
l'intention de lancer un nouveau jeu de hasard et d'argent.
M. Clark: J'aimerais d'abord expliquer le contexte de cette
phrase. Nous avons connu plusieurs années d'affilée
d'augmen-tation de 15 % par an et nous pensons de plu3 en plus que cela va
aller en diminuant et va tendre ver3 le taux d'inflation. Quand on indique une
telle chose dans le rapport annuel, c'est un peu pour dire qu'il ne faut plus
s'attendre à des années de croissance de 15 % si on demeure
uniquement dans le domaine des loteries.
De plus, nous n'avons pas l'intention de lancer de nouveaux types de
jeux de hasard parce que cela n'est pas de notre ressort. La loi dit
très précisément qu'avant de lancer quoi que ce soit dans
un nouveau domaine de jeux - pas une loterie, mais autre chose - il faudrait
que le gouvernement du Québec en décide ainsi. C'est
évident que nous avons constamment un certain nombre de nouveaux projets
potentiels dont le gouvernement est informé, mais il n'y a aucun nouveau
projet de ce genre approuvé jusqu'ici. Par contre, il y a de nouvelles
loteries que l'on peut lancer et donc continuer une certaine croissance.
M. Garon: Voulez-vous dire que si vous mettez en place de
nouveaux jeux de hasard ou d'argent, cela doit être approuvé par
le gouvernement? Ai-je bien compris?
M. Clark: C'est évident. Quand je parle de nouveaux types
de jeux de hasard... Par exemple, on avait un projet de salon avec des machines
de blackjack ou de poker. C'est un nouveau type de jeu et la population trouve
normal que le gouvernement décide et non pas que cela soit simplement
une entreprise qui le décide.
M. Garon: Je comprends. M. Clark: D'accord?
M. Garon: Oui. Vous parlez d'autre chose: les maisons de
blackjack ou de poker, On entre dans une autre catégorie. Je ne pensais
pas à cela.
M. Clark: C'est a cela que je faisais référence
dans le rapport.
M. Garon: D'accord. Vous dites également dans votre
rapport: Nous avons demandé au gouvernement l'autorisation de remplacer
une partie de notre système informatique relié aux loteries en
direct; 2500 de nos terminaux installés en 1978 devaient être
remplacés. Nou3 avons, également augmenté la
capacité du réseau informatisé, afin de satisfaire la
demande pour les cinq prochaines années, compte tenu de la croissance
soutenue du Lotto 6/49. Quand vous dites par la suite que vous prévoyez
tel taux de croissance, par rapport à l'inflation, tant pour le chiffre
d'affaires que le revenu net, tenez-vous compte de ces investissements ou
est-ce que les investissements que vous indiquez, au point de vue des terminaux
et de la capacité du réseau informatisé pour la demande
des cinq prochaines années, sont en dehors de cela? (23 heures)
M. Clark: Nous tenons compte des investissements, parce que,
quand nous avons fait le dernier investissement dans le réseau
informatisé de jeux, évidemment, nous avons amorti ce
réseau chaque année. Cela crée donc un certain fonds
possible pour réinvestir. C'est avec cet argent plus la croissance
normale de nos affaires que nous pouvons investir dans un renouvellement de cet
équipement.
M. Garon: Depuis que le rapport a été
fait pour l'année 1985-1986, vous avez été
autorisé à faire ces investissements?
M. Clark: Nous avons reçu le décret du gouvernement
nous autorisant à lancer un appel d'offres. Nous avons lancé
l'appel d'offres et, actuellement, nous avons reçu les soumissions et
elles sont à l'étude. Le décret est pour un montant
d'environ 50 000 000 $.
M. Garon: Ah oui!
M. Clark: II s'agit de remplacer les 2500 terminaux de jeux qui
sont les plus anciens; aussi d'apporter 15 % de terminaux de rechange, parce
qu'il faut avoir constamment des terminaux pour remplacer ceux qui doivent
être réparés; ensuite, de remplacer le système
central, l'ordinateur central, pour augmenter la capacité et aussi la
vitesse de transaction; aussi installer un deuxième centre de calcul
pour nous protéger contre une bombe ou n'importe quel aléa qui
pourrait causer des ennuis sérieux; aussi modifier le réseau de
télécommunication, c'est un investissement d'environ 2 000 000 $.
C'est rentable, mais aussi cela nous permettra de modifier le système
d'une centrale à l'autre centrale sur demande. Donc, si jamais nous
avions une panne dans une centrale, on pourrait tout de suite mettre le
commutateur pour se brancher sur une autre centrale et ne pas perdre de ventes.
Donc, c'est grosso modo l'ensemble du décret.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce que vous avez des comparaisons entre des
systèmes de loterie du même type que ceux que vous opérez
par rapport, disons, à l'Amérique du Nord ou l'Europe, par
rapport aux ventes brutes et aux prix qui sont payés, le rapport en
pourcentage?
M. Clark: Nous regardons ce qui se passe ailleurs, bien
sûr. Nous avons beaucoup d'échanges même avec les autres
pays. En général, il y a des pays où on taxe les gros lots
et ces pays-là sont obligés de payer un peu plus en pourcentage
de remise que nous. Donc, au Canada, les loteries paient en
général environ 45 % en lots, alors qu'aux États-Unis,
normalement, c'est 50 % à 55 % pour compenser les gens pour ce qui est
repris en taxation. Deuxièmement, quand nous comparons le chiffre
d'affaires per capita ou le revenu net per capita, il faut dire que, dans les
États des États-Unis où il y a de grandes villes avec une
forte proportion de population noire, normalement, ils vendent plus que nous,
parce que les Noir3 jouent énormément dans les grandes villes
américaines. Par rapport à tous les autres États et les
autres provinces, nous faisons plus de profit net per capita que n'importe
quelle autre loterie, à part trois ou quatre exceptions aux
États-Unis.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Clark: II y a aussi peut-être une exception dans un
État d'Australie où on fait un peu mieux que nous.
M. Garon: C'est intéressant ce que vous dites. Est-ce que
vous avez déjà fait des études socio-économiques
qui indiqueraient si les gens achètent plus de billets de loterie, selon
qu'ils sont d'un milieu économiquement favorisé ou
économiquement défavorisé?
Le Président (M. Polak): M. Clark. M. Clark:
Oui.
M. Garon: Ou si voulez, si, en fonction des niveaux de vie des
territoires, les gens achètent moin3 ou plus de billets de loterie?
M. Clark: Nous faisons des sondages environ tous les neuf mois.
Nous avons donc une assez bonne idée de ce qui se passe auprès de
la population.
En général, on peut dire que presque tout le monde
achète des billets de loterie, sauf les très riches. Il faut
croire qu'ils ont des jeux plus intéressants. Ils sont parfois
entrepreneurs ou ils jouent à la Bourse ou au casino. Mais, grosso modo,
tout le reste de la population joue à la loterie. Si on prend les gros
joueurs, les joueurs très réguliers, ils représentent
environ 55 % de la population adulte québécoise.
En général, vous retrouvez ces 55 %, peu importe le niveau
de vie, mais la quantité jouée a tendance à croître
avec le revenu du foyer, jusqu'à un revenu d'environ 45 000 $. Donc,
c'est vrai que les pauvres jouent, mais ils jouent beaucoup moins que les gens
de la grande classe moyenne, et la grande classe moyenne a tendance à
jouer plus que les gens très riches.
M. Garon: Oui, je le conçois. Mais en fonction de leur
revenu, est-ce qu'on a fait l'étude en fonction des revenus?
M. Clark: Oui, on a fait ces comparaisons. C'est relativement
constant. Je dirais qu'en fonction du revenu, les foyers de 20 000 $ à
30 000 $ jouent un peu plus que les autres. C'est probablement parce qu'on
retrouve plus d'ouvriers spécialisés dans ces foyers. Ces
gens-là ont tendance à jouer beaucoup. Mais beaucoup de gros
joueurs gagnent 50 000 $ ou 60 000 $ une bonne année parce qu'ils
travaillent beaucoup d'heures ou parce qu'ils ont beaucoup
d'argent finalement.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je pensais que vous alliez dire que c'est parce qu'ils
jouent à Loto-Québec. Ha! Ha!
Je vous remercie.
M. Clark: Merci, M. le député.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis, est-ce que vous permettez une courte question du
député de Lafontaine?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lafontaine, une courte question.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Merci, M. le
député de Lévis. Ma question - le député de
Lévis l'a évoquée en partie -concerne l'informatique et
plus particulièrement les valideuses, les machines. Vous lui avez
déjà répondu, mais j'aimerais juste avoir quelques
précisions. Vous parliez de 50 000 000 $, je penses c'est 52 000 000 $,
me disait-on.
M. Clark: Le décret indique 50 600 000 $.
M. Gobé: C'est cela. D'accord. Ce programme est pour
combien de temps? Combien de temps va-t-il prendre? Est-ce un an, deux ans ou
cinq ans? C'est un plan de combien de temps?
M. Clark: Normalement, ce plan nous couvre largement pour les
cinq prochaines années et peut-être un peu plus. Là, on
parle de remplacer les terminaux que nous avons achetés en 1978. Cela
fera neuf ans au moment où on va les remplacer. Mais on a amorti
l'équipement sur cinq ans puisque, à cause de la technologie,
cela peut devenir intéressant et rentable pour nous de les remplacer
encore une fois après cinq ans. Nous voulons au moins nous couvrir pour
les cinq prochaines années et peut-être un peu plus longtemps.
M. Gobé: M. le Président, ces machines, ce
matériel qui va être acheté, vous disiez qu'ils
étaient actuellement à l'étude en ce qui concerne les
soumissions, est-ce que des critères vont faire en sorte que le choix de
l'entreprise dépendra en partie - une partie importante, je
l'espère -de l'implication que cela peut avoir sur le
développement d'entreprises québécoises dans les jeux
électroniques ou du moins dans ce domaine très particulier de
haute technologie?
Le Président (M. Polak): M. Clark.
M. Clark: Nous sommes déjà très
assurés qu'il y aura une forte proportion de contenu
québécois. Évidemment, je ne peux pas donner beaucoup de
détails car nous sommes en pleine situation d'appel d'offres. Mais
déjà, toutes les firmes qui ont répondu à notre
soumission sur l'ensemble du contrat sont soit des firmes
québécoises ou leurs sous-traitants sont de firmes
québécoises. Dans tous les cas, le logiciel central qui va
gérer le système des jeux dans l'ordinateur central provient des
Etats-Unis, d'après ce qu'on a vu.
M. Gobé: D'accord.
M. Clark: Presque tout le reste pourra éventuellement
venir du Québec.
Le Président (M. Polak): Une dernière question, M.
le député de Lafontaine. Il reste une petite question au
député de Saint-Louis et ensuite, il faut que cela retourne au
député de Lévis.
M. Gobé: Oui. Lorsque vous parlez de sous-traitants ou de
firmes québécoises, est-ce qu'on peut assister à une
situation où une compagnie américaine, ou allemande, ou d'autre
origine - elle peut être japonaise -donnerait une licence d'assemblage
à une entreprise québécoise et s'appellerait
québécoise, à ce moment-là, ou est-ce qu'on assiste
à un développement - si vous permettez - à une obligation
de faire une certaine recherche au Québec de ce produit?
M. Clark: Évidemment, il y a les deux possibilités.
Maintenant l'autre chose que j'aurais dû ajouter et peut-être que
cela peut vous fournir certaines assurances, nous avons trois grands jeux de
critères pour évaluer les fournisseurs et pour choisir le
fournisseur gagnant, finalement. Il y a, évidemment, le critère
de performance et nos critères de performance sont établis selon
le standard nord-américain des jeux actuellement. Tous les fournisseurs
qui sont en lice semblent être capables de répondre à ces
critères. Deuxièmement, nous avons évidemment le
critère du coût, ce qui est très important pour nous, selon
les règles du jeu, et aussi, nou3 avons des critères de contenu
québécois. Maintenant, nous allons aussi établir un jury
qui sera composé moitié-moitié des gens de
Loto-Québec et de hauts fonctionnaires du gouvernement. Du moins, c'est
ce que nous proposons, de hauts fonctionnaires du gouvernement du
Québec. Par exemple, le ministère de l'Industrie et du Commerce
sera fortement impliqué dans le choix final et c'est le MIC qui va nous
indiquer comment évaluer le contenu québécois. Donc, j'ai
confiance qu'avec ce système, le choix final
sera le meilleur, pour Loto-Québec et pour le Québec, et
que, je pense, ce sera un choix qui permettra de négocier le maximum de
retombées intéressantes pour l'économie
québécoise.
Le Président (M. Polak): Merci. M. le député
de Saint-Louis, très rapidement parce que les 20 minutes du
député de Lévis ne sont pas expirées et nous sommes
vraiment dans son temps. Donc, juste une courte question.
M. Chagnon: Trois très courtes questions.
Le Président (M. Polak): Allez-y là.
M. Chagnon: Depuis combien de temps avez-vous l'intention de
modifier votre système d'informatique à Loto-Québec?
M. Clark: Cela fait à peu près trois ans que nous
étudions à fond la situation. Premièrement, nous savions
qu'il fallait remplacer les terminaux et, deuxièmement, nos ventes ont
connu une croissance, en quatre ans, de trois fois le système en temps
réel. Et nous ne prévoyions pas autant de croissance dans une
aussi courte période.
M. Chagnon: Trois ans, vous dites?
M. Clark: Cela fait trois ans que nous avons commencé
l'analyse, oui.
M. Chagnon: Est-ce qu'il est vrai qu'un ancien président
de Loto-Québec - peut-être votre prédécesseur, je
pense que c'est votre prédécesseur - dirige une des firmes
d'informatique qui est en appel d'offres avec Loto-Québec?
M. Clark: Oui, mon prédécesseur qui est Jean-Marc
Lafaille fait actuellement partie de la direction de GTECH, firme qui a fourni
nos terminaux la dernière fois et une des firmes qui est en lice pour le
contrat actuel. D'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles nous avons
proposé d'établir un jury conjoint avec de hauts fonctionnaires
du gouvernement. Mais il faut dire, vous regardez n'importe quel
soumissionnaire et il y a des liens possibles. II y a notre fournisseur de
billets qui est en lice, il y a des anciens de Loto-Québec qui
pourraient être avec d'autres fournisseurs.
M. Chagnon: Est-ce qu'à votre avis, cela pose un
problème d'éthique? Le fait que votre prédécesseur
sachant qu'il y avait un marché qui s'ouvrait, fasse soumission chez son
ancien employeur?
M. Clark: Non, à mon avis ce n'est pas un problème
d'éthique, parce que, d'abord, cela fait deux ans qu'il n'est plus
à Loto-Québec et il vient d'entrer chez GTECH, il y a deux ou
trois mois, je crois. Mais aussi, c'est un homme très honnête et
je suis sûr qu'il va suivre les règles du jeu comme nous. Il est
évident que, d'un point de vue de crédibilité, il est tout
à fait dans notre intérêt de partager le choix avec
d'autres et le gouvernement semble être le meilleur partenaire possible,
surtout si on parle de hauts fonctionnaires.
M. Chagnon: Personnellement, je vou3 félicite de ce choix.
Dernière question.
Le Président (M. Polak): Oui, allez-y.
M. Chagnon: Vous avez dit, M. le président - je parle au
président de Loto-Québec - que les logiciels sur le marché
étaient des logiciels généralement américains, les
logiciels de jeux. Est-ce que vous avez exploré la possibilité de
faire faire, ou de dessiner, ou de créer plus spécifiquement un
logiciel fait au Québec pour les jeux de Loto-Québec.
M. Clark: J'aimerais apporter une distinction, parce que, lorsque
je parle de logiciels de traitement, je parle de l'ordinateur central.
Là, les Américains ont investi, depuis des années, des
dizaines de millions de dollars là-dedans. Donc il serait impensable
pour nous de refaire cet effort et d'arriver au même résultat.
Cependant, tous les logiciels de jeux de nos loteries, c'est-à-dire le
deuxième niveau de logiciels et tous les autres logiciels sont
fabriqués ici au Québec, normalement par des employés de
Loto-Québec, mais parfois avec l'aide de consultants, souvent des firmes
comme DMR, CGI ou d'autres. Donc du point de vue des logiciels, il y a beaucoup
plus d'investissements qui sont faits ici au Québec que
d'importés. (23 h 15)
M. Chagnon: Merci, ce sera tout.
Le Président (M. Polak): Je pense, avec la permission du
député de Lévis, une courte question encore du
député de Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le député de
Lévis. M. le Président, c'est une question un peu terre à
terre. J'ai un cas dans ma circonscription, et il y en a peut-être dans
d'autres circonscriptions, peut-être que le député de
Lévis a ce cas dans sa circonscription ou d'autres collègues.
Plusieurs dépanneurs ou détaillants, vendeurs de journaux, petits
magasins m'ont fait valoir le fait suivant, c'est qu'ils avaient de la
difficulté à obtenir des valideuses dans leur commerce. Il
semblerait qu'il y a un manque de machines. Vous dites que vous allez en faire
de nouvelles pour remplacer les
anciennes. Est-ce à dire qu'il n'y aura pas d'ajout de nouvelles
machines et, deuxième question, qu'allez-vous faire des vieilles?
Le Président (M. Polak): M. Clark.
M. Clark: Jusqu'ici, chaque fois que nous avons analysé la
situation, le nombre idéal de terminaux était de 4000, et cela,
depuis trois ou quatre ans. Dernièrement, nos études ont
indiqué déjà qu'il y a 200 autres détaillants qui
n'ont pas de terminaux et qui répondent à nos critères.
Mais nous n'avons plus de terminaux. Dans l'appel d'offres que nous avons
lancé, il s'agit simplement de remplacer des vieux terminaux. Cependant,
nous avons inclus, dans l'appel d'offres, la possibilité d'augmenter la
quantité, et nous avons à l'étude la possibilité
d'ajouter peut-être 500 ou 1000 terminaux au Québec, et on pense
que cela pourrait être rentable, au moins 500. Et, à ce
moment-là, il faudrait qu'on retourne devant le gouvernement pour
demander un autre décret pour augmenter la quantité. Mais c'est
quelque chose que nous envisageons sérieusement, parce qu'il nous semble
que c'est mieux pour tout le monde. C'est-à-dire qu'il y a des
détaillants qui méritent d'avoir des terminaux, nous n'en avons
plus et, avec le nouveau système, nous pourrons augmenter la
capacité, et ce sera rentable. Donc, on peut le justifier.
M. Gobé: Ma sous-question pour les anciennes?
M. Clark: Les anciennes vont "à la scrap", comme on dit,
parce qu'on ne pourra pas les ajouter au nouveau système, parce que
c'est une autre génération, donc cela crée des
problèmes dans le système. Cela ne marchera plus.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, vous êtes
accompagné d'une personne qui, me dit-on, est membre du conseil
d'administration, comme membre de la direction de Loto-Québec. Est-ce
que vous pourriez nous la présenter?
M. Clark: Pardon. Me Bourgeois est vice-présidente des
affaires corporatives chez nous.
Le Président (M. Polak): Vous pouvez la questionner aussi,
M. le député de Lévis.
M. Garon: Non, je ne choisis pas qui répond au nom des
organismes, mais je pense bien que les gens sont contents de voir qu'une femme
participe à la direction des opérations de Loto-Québec.
Comme on dit qu'au Québec actuellement... J'entendais cela justement
à l'heure du souper alors que j'ai rencontré un groupe de
personnes de l'extérieur où on disait qu'il y avait des gens des
États-Unis qui voulaient faire une étude sur la promotion des
femmes au Québec parce que le Québec, apparemment, trace la voie
dans ce secteur en ce qui a trait aux fonctions qu'occupent les femmes,
fonctions de direction, fonctions dans différents endroits. J'en profite
pour féliciter - je ne sais pas à qui est attribuable la
nomination...
M. Clark: Au ministre.
M. Garon: Mais féliciter... C'est vous, ou c'est l'ancien
ministre?
M. Levesque: Répondez, madame, si vous voulez. Vous
êtes là depuis quand?
Mme Bourgeois (Marguerite): Je suis à Loto-Québec
depuis 1980, d'abord à titre de secrétaire et de conseiller
juridique, et, depuis 1983, à titre de vice-présidente aux
affaires corporatives.
Le Président (M. Polak): Les faits parlent
d'eux-mêmes. Je pense, avec votre permission, M. le député
de Lévis, que Mme la députée de Matane avait juste une
courte question?
Mme Hovington: Oui, c'était pour une information, M. le
Président. J'aimerais savoir en revenant aux valideuses dont il
était question tout à l'heure, parce que je suis
députée du comté de Matane et que j'ai
énormément de demandes en régions éloignées
pour un surplus de valideuses. Les réponses que j'ai, c'est soit qu'ils
ne sont pas admissibles, soit qu'ils ne répondent pas aux
critères. Quels sont les critères pour être admissible
à une valideuse dans un dépanneur ou dans un commerce?
M. Clark: II faut dire que, depuis la grève, il va falloir
qu'on révise nos critères parce que, avant, ils étaient
basés sur la situation. Cela va nous prendre trois ou quatre mois. Je
vous indique les critères tels qu'ils étaient. Cela va être
très semblable, mais cela va peut-être être un peu
modifié, compte tenu de la nouvelle situation.
Les détaillants qui demandent des terminaux vendent
déjà nos autres produits, nos loteries passives et nos
instantanées. Donc, notre premier critère a toujours
été 400 $ de ventes par semaine de ces produits parce que, avec
l'expérience, cela s'est toujours révélé un bon
indicateur du potentiel du détaillant.
Nous avons d'autres critères. Nous regardons la proximité
d'autres terminaux parce que cela ne sert à rien d'installer un terminal
ici et d'enlever des ventes du terminal chez le voisin. Nous essayons
d'augmenter le service et nos ventes, sî possible.
Aussi, il y a le critère d'heures d'ouverture, le service rendu
par le détaillant: Est-ce qu'il fait déjà la promotion de
nos autres produits? Est-ce qu'il paie les lots fidèlement? Est-ce qu'il
nous paie, nous? Sa solvabilité. Nous regardons tous ces critères
et, évidemment, la fréquentation de son magasin.
D'un autre côté, comme j'ai dit, il y a peut-être 200
détaillants qui satisfont déjà nos critères, mais
qui ne peuvent pas avoir de terminal parce qu'il n'y en a pas de disponibles.
Aussi, dans certains endroits dans les régions éloignées,
par jugement, on place un terminal chez le meilleur détaillant de
l'endroit parce que, autrement, la clientèle serait mal desservie. Nous
essayons d'éviter qu'une population de 400 ou 500 personnes ait à
parcourir 50 kilomètres aller-retour. Parfois ils voyagent
jusqu'à 20 ou 30 kilomètres, mais là, nous regardons les
habitudes de cet endroit. Si les gens font leur marché dans une autre
ville où il y a un terminal, peut-être que cela ne mérite
pas d'être un terminal de service. Nous avons ce genre de critères
dans certains cas.
Mme Hovington: Je suis très heureuse de vous l'entendre
dire, M. le Président, mais pour ce qui est des régions
éloignées où dans certains petits villages il y aurait
juste 400 à 500 personnes qui seraient obligées, s'il n'y avait
pas de terminal à cet endroit précis, de faire 50 ou 60
kilomètres pour aller faire valider leur billet, est-ce que vous tenez
toujours compte du fameux montant de 400 $ de ventes par semaine, parce que ce
montant de 400 $ de ventes est intégral dans tout le Québec, peu
importe que ce soit à Montréal, à Québec ou en
Gaspésie? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de penser que la vente serait
peut-être moins... Si le critère était...
M. Clark: Non. Quand j'ai parlé des cas de service, ce
sont des cas qui font exception. Parfois, ce ne sont pas des détaillants
qui vont vendre 400 $ de nos autres produits parce qu'il n'y en a aucun dans la
région qui est capable de le faire. À ce moment-là, nous
essayons de trouver le meilleur détaillant.
La plupart des cas de service ont déjà été
installés. Si nous ajoutons des terminaux au réseau total, il
pourrait y avoir d'autres cas comme cela parce qu'on nous a informés
que, dans certains cas, il y a tel village qui est très mal desservi. On
va essayer de corriger un certain nombre de ces cas.
D'un autre côté, la majorité des nouveaux terminaux,
il faudra que nous les mettions là où nous allons vendre le plus
pour que ce soit rentable. Donc, cela va être une combinaison des
deux.
Le Président (M, Polak): Merci, M. Clark. Maintenant,
étant donné le temps, il reste seulement quelques minutes, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je voudrais remercier M. Clark ainsi que madame de leur
participation. Je dois constater, malgré l'heure tardive, malgré
des sujets techniques, votre enthousiasme. Je vous félicite parce qu'on
voit que vous aimez ce que vous faites parce que vous en parlez avec beaucoup
de dynamisme. J'étais très content d'entendre les propos que vous
avez tenus, les renseignements que vous nous avez donnés.
Je voudrais terminer aussi en remerciant le ministre des Finances de la
participation pour l'étude des crédits des Finances. Je dois dire
que j'ai apprécié que le ministre n'ait pas dit non, concernant
la réforme de la fiscalité, à des ouvertures de
documentation ou de livre blanc ou encore de commission parlementaire, selon ce
qu'il décidera. Mais comme ça va arriver le 18 juin,
c'est-à-dire que la réforme de la fiscalité va être
présentée par le gouvernement fédéral le 18 juin,
en terminant, j'aimerais beaucoup, si possible, savoir le plus rapidement
possible de quelle façon le ministre entend procéder aux
consultations?
Le 18 juin, c'est déjà presque l'ajournement de la
Chambre. Au fond, on doit ajourner, je pense que c'est le 19 ou le 20.
Une voix: Le 20, vendredi, c'est ça.
Le Président (M. Polak): Cela dépend de la
coopération.
M. Garon: Cela dépend si on revient après, le
lundi. En tout cas, théoriquement, c'est le 23. Mais c'est quand
même une question peut-être de 24 heures ou de deux ou trois jours,
en incluant une fin de semaine là-dedans. Comme ensuite ce sera la
Saint-Jean-Baptiste et le mois de juillet où, au Québec, les
choses sont plutôt tranquilles, ce serait peut-être une bonne chose
de savoir, le plus rapidement possible, de quelle façon le ministre des
Finances entend procéder pour que nous puissions nous préparer un
peu en conséquence, parce que je pense qu'il va avoir un rôle
important à jouer et que cette réforme de la fiscalité
devrait avoir une certaine ampleur, d'après ce qu'on dit et que, pour ce
qui est du Québec, les gens vont souhaiter pouvoir dire ce qu'ils ont
à dire concernant cette réforme.
Je voudrais remercier le ministre des Finances de sa collaboration et
tous ceux qui l'ont accompagné - qui ne sont plus ici -pour pouvoir nous
permettre d'avoir les meilleurs renseignements possible concernant
l'étude des crédits du ministère des Finances.
Le Président (M. Polak): Merci. M. le député
de Lafontaine a exprimé le souhait de remercier M. Clark et Mme
Marguerite Bourgeois. Allez-y, au nom des députés
ministériels.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Au nom de mes
collègues de la formation ministérielle, j'aimerais, M. Clark et,
vous, madame, vous remercier d'avoir patienté tout ce temps. Il est
évident que notre collègue de Lévis s'excusait de vous
avoir là à une heure tardive. Mais je pense qu'il en porte un peu
la responsabilité, même si, vers la fin, il était
très collaborateur avec nous. Et je dois reconnaître qu'il nous a
donné de son temps, afin que nous puissions converser avec vous. C'est
peut-être là une consolation, mais quand même!
J'ai trouvé, M. Clark, que vous semblez très conscient des
défis qui attendent Loto-Québec. Je pense que vous avez pris le
virage de l'avenir avec de nouveaux produits, de nouveaux matériaux, une
nouvelle façon, peut-être, d'attirer la clientèle.
Je m'interroge seulement sur une chose et, je pense, mes
collègues aussi. Ce serait, je crois, sur une obligation ou une forte
volonté que j'aimerais vous voir avoir de faire que les contrats de 50
000 000 $ soient une incitation au développement économique au
Québec, pas seulement à Montréal, mais dans les
régions aussi.
Il y a des gens de Québec et ma collègue de Matane. Je
crois qu'un contrat de cette importance représente certainement un
levier majeur pour l'implantation d'usines ou la recherche» Je pense que
je me fais leur porte-parole en mentionnant cela. Pour le reste, vous avez
répondu à la députée de Matane.
Le Président (M. Polak): Merci, M. le député
de Lafontaine. Je voudrais simplement vous remercier, M. Clark et Mme
Marguerite Bourgeois, pour avoir échangé des opinions avec nous.
Maintenant, la parole est au ministre des Finances. D'abord, je voudrais lui
dire que vous avez adopté les crédits sans aucun incident.
Donc, il reste juste deux minutes. M. le ministre, vous pourrez
même prendre plus, si vous voulez, parce que vous avez un statut bien
spécial ici. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président. Lorsque je
m'adresse à la présidence, je veux, en même temps,
remercier Ies trois présidents qui se sont succédé au
cours de cette journée et qui ont assuré la bonne marche de nos
travaux.
M. Garon: Les présidents sont moins résistants que
nous autres!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
(23 h 30)
M. Levesque: Je voudrais remercier la commission qui a
sûrement procédé à l'examen de ces crédits
avec efficacité, avec la plus grande ouverture d'esprit. Je remercie
tous ceux et celles qui ont contribué à ces travaux, autant du
côté ministériel que du côté de
l'Opposition.
En terminant, je dois rassurer le député de Lévis
par rapport à ses derniers propos. On pourra sans doute trouver une
façon, selon les circonstances et ce qui arrivera après le
dépôt du livre blanc, le 18 juin, du gouvernement
fédéral. On verra ce qu'il y a dans le document. On veut d'abord
voir s'il y a quelque chose de substantiel là-dedans. On pourra
peut-être porter un jugement un peu plus juste, en connaissance de cause.
Je n'ai exclu aucune possibilité, comme je n'ai pas non plus
accepté aucun moyen ou modalité suggérés, mais je
garde l'esprit ouvert et j'ai noté l'intérêt
manifesté par la commission d'être impliquée à un
moment ou à un autre dans ce processus, soit la commission soit par un
autre moyen. On a même suggéré la publication d'un livre
blanc, je ne le sais pas encore. C'est un peu tôt pour prendre une
décision à cet effet. Mais je suis heureux de noter le
désir de la commission d'apporter sa contribution selon,
évidemment, les circonstances du moment. Alors, merci infiniment. On se
reverra sans doute à d'autres occasions, soit pour l'étude des
engagements financiers du ministère...
M. Garon: La loi 128.
M. Levesque:... la loi 128 et la loi...
M. Garon: 51.
M. Levesque:... pour Makivik...
M. Garon: 51.
M. Levesque: Pardon?
M. Garon: 57 pour Makivik.
M. Levesque: Je crois que c'est 57.
M. Garon: Oui.
M. Levesque: Ensuite, il y a nos rencontres périodiques
pour étudier la synthèse des opérations
financières. Enfin, nous avons diverses occasions de nous rencontrer et
j'espère que le tout se poursuivra dans le même esprit qui a
présidé à cette rencontre. Je vous remercie encore une
fois, M. le Président.
Le Président (M. Polak): Merci, M. le ministre,
M. Levesque: Évidemment, je remercie
M. Clark, comme tout le monde, et Mme Bourgeois dont le prénom
prédestiné de Marguerite a sûrement inspiré nos
travaux.
Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Polak): Et nos travaux sont
ajournés sine die. Merci.
(Fin de la séance à 23 h 33)