Journal des débats de la Commission de l'aménagement du territoire
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 20 mars 2024
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Vol. 47 N° 45
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 50, Loi édictant la Loi sur la sécurité civile visant à favoriser la résilience aux sinistres et modifiant diverses dispositions relatives notamment aux centres de communications d’urgence et à la protection contre les incendies de forêt
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11 h (version non révisée)
(Onze heures quinze minutes)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
allô, tout le monde, bienvenue à tous, bienvenue à la Commission de l'aménagement
du territoire. Je vous demanderais juste de vérifier vos sonneries et
téléphones cellulaires pour les sonnettes.
Alors, la commission est réunie ce matin
afin de poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur
le projet de loi n° 50, Loi édictant la Loi sur la sécurité civile visant
à favoriser la résilience aux sinistres et modifiant diverses dispositions
relatives notamment au centre de communication d'urgence et à la protection
contre les incendies de forêt. Est-ce que nous avons des remplaçants ce matin, Mme
la secrétaire?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Ciccone (Marquette) est remplacé par Mme Dufour (Mille-Îles); Mme
Setlakwe (Mont-Royal–Outremont) par Mme Maccarone (Westmount–Saint-Louis); et
M. Fontecilla (Laurier-Dorion) par Mme Labrie (Sherbrooke).
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
merci beaucoup. Alors, nous recevons deux groupes, ce matin, et le premier, c'est
deux personnes, deux chercheurs. Alors, il y a M. Yan Boulanger et M. Jonathan
Boucher. Alors, bonjour à vous deux. Alors, vous avez un 10 minutes pour
présenter votre mémoire. Mais en même temps, dans un premier temps, je vous
demanderais de vous présenter avec votre titre pour qu'on vous reconnaisse
chacun, et puis d'y aller avec votre présentation.
M. Boulanger (Yan) : Bien,
merci beaucoup. Bonjour à toutes et à tous, permettez-moi de me présenter, donc
Yan Boulanger, je suis chercheur en écologie forestière, à Ressources
naturelles Canada au Service canadien des forêts. Je suis accompagné de mon
collègue Jonathan Boucher, qui est aussi chercheur sur les feux de végétation
aussi à Ressources naturelles Canada au Service canadien des forêts.
Donc, M. le ministre de la Sécurité
publique, M. le Président de la commission et Mesdames, Messieurs, membres de
la Commission sur l'aménagement du territoire, on aimerait d'abord vous
remercier chaleureusement de nous avoir permis d'analyser le projet de loi n° 50
d'un point de vue scientifique, puisqu'il est vraiment question ici du point de
vue scientifique, qu'on va aborder ici.
Donc, dans notre mémoire, nous présentons 15 considérations.
Ces considérations visent à mettre le projet de loi n° 50 dans le contexte
scientifique relatif aux incendies de végétation. Ces considérations sont
classées en thèmes variés concernant à la fois l'inclusion des changements
climatiques, le cadre d'évaluation du risque ou la mise en place de mesures d'atténuation
du risque. Certaines portent sur des éléments pertinents déjà présents dans le projet
de loi n° 50, alors que d'autres soulignent des éléments qui mériteraient
à être davantage étayés ou considérés. Donc, durant cette brève présentation,
nous discuterons des éléments qui nous semblent plus importants et nous aurons
du temps pour élaborer lors de la période de questions.
Donc, les changements climatiques ont déjà
et vont avoir un impact sur les feux de végétation. Au Québec comme au Canada,
on observe un allongement de la saison de feux au printemps et en automne, une
fréquence plus importante des conditions météorologiques favorables au feu et
une augmentation de la sévérité de ces conditions. Ceci est essentiellement le
résultat de l'augmentation des températures et des conditions de sécheresse,
puis les tendances dans ces deux paramètres sont amenées à s'accélérer. Déjà au
Canada, on observe une augmentation de la taille des grands feux, une
augmentation des feux de cause naturelle et aussi des superficies brûlées. On
parle du double des superficies brûlées de celles observées à la fin des années 50.
Ceci fait en sorte que les coûts de suppression augmentent. Les évacuations et
le nombre d'évacués augmentent aussi. La saison des feux de 2023 en est un bel
exemple puisque nous avons démontré que les conditions météo ayant favorisé les
feux de 2023 sont au moins deux fois plus probables en raison des changements
climatiques. Puis il s'agit d'estimations qui sont excessivement
conservatrices. D'ici la fin du siècle, on pourrait observer une augmentation
des superficies brûlées entre deux et cinq fois par rapport à celles des 30 dernières
années, ce qui exposerait davantage des communautés, d'infrastructures à des
probabilités de feux plus élevées. La charge de travail des pompiers forestiers
sera aussi augmentée et les altérations des écosystèmes seront conséquentes à
ces augmentations. Par conséquent, l'inclusion de l'importance des changements
climatiques dans le projet de loi nous apparaît excessivement importante et
pertinente. Je passe la parole à Jonathan.
M. Boucher (Jonathan) : Bonjour.
Il est évident de maintenir... qu'il est important de maintenir, voire
augmenter la capacité de l'organisme de charge... en charge de la protection
des incendies de végétation. Ça transparaît évidemment dans les investissements
récents qui ont été faits. Cela devra être en adéquation évidemment avec le
besoin actuel et le besoin futur, comme vient de nous le mentionner Yan. Ceci
doit par contre être... ne doit par contre pas être fait au détriment de la
gestion globale du risque visant à avoir des paysages et des communautés plus
adaptés et résilients aux incendies de végétation, ce qui nous semble être bien
considéré dans le projet de loi, mais pour lequel nous tenions à soulever l'importance
ici.
Bien que la définition du risque dans le projet de
loi est en accord avec celle que nous proposons dans le cadre d'évaluation du
risque présenté dans notre mémoire, elle utilise une terminologie légèrement
différente. Par exemple...
M. Boucher (Jonathan) : ...on
parle de conséquences, plutôt qu'impacts. Et, bien qu'elle intègre la
probabilité d'occurrence, elle n'intègre pas la notion de magnitude de l'aléa.
L'utilisation d'une terminologie... d'une même terminologie dans la définition
du risque pourrait faciliter l'intégration et l'utilisation de la science et
des produits faits à l'échelle pancanadienne, mais aussi une meilleure
intégration dans un contexte multialéas.
Nous tenions aussi à saluer le fait qu'un
processus consultatif soit aussi présent dans le projet de loi. Mis à part le
modèle de réponse aux structures de type résidentiel au feu, que nous avons
développé dans nos équipes de recherche, il n'existe actuellement pas ou que
très peu de données et modèles permettant d'évaluer la susceptibilité, rendant
ainsi difficile la production d'évaluation de risque exhaustive. Il existe donc
un besoin de développer une meilleure compréhension scientifique des
susceptibilités, tant physique que socioéconomique, des diverses valeurs sur le
territoire du Québec, et ça passe, évidemment, par un besoin de données. Je
vais y revenir à la prochaine diapositive.
• (11 h 20) •
Un autre élément de considération est le
concept de réévaluation des risques à chaque fois que les objectifs de
l'évaluation des risques changent ou lorsqu'un changement significatif se
produit dans le paysage ou dans les vulnérabilités. Ceci semble actuellement
absent du projet de loi.
Pour ce qui... Ici, dans le fond, ce qu'on
vous présente, c'est, à mon avis, l'un des points les plus importants de notre
présentation. En effet, actuellement, il n'y a pas de base de données
géospatiales exhaustive pour tous ces éléments, que ce soient pour les biens
pouvant être la source de sinistres, des ressources et actifs à protéger sur le
territoire. Ainsi, une base de données sur les impacts servirait au développement
de connaissances scientifiques sur les susceptibilités qui pourraient être
supportées par des données probantes. La SOPFEU fait déjà un excellent travail
de suivi des feux et de leurs activités de suppression, mais il serait
important de faire une base de données sur les mesures d'atténuation, afin de
faire un suivi sur leur emplacement et leurs coûts pour mieux suivre leur
efficacité dans le temps et pouvoir faire des analyses coûts-bénéfices sur les
différentes mesures d'atténuation.
Nous saluons le fait que plusieurs
articles du projet de loi portent spécifiquement sur l'importance de
l'évaluation des risques, notamment dans le contexte des incendies de
végétation. Il n'est toutefois pas apparent qu'une cartographie cohérente du
risque à grande échelle spatiale, notamment à l'échelle de... à l'échelle
provinciale, est une considération dans le projet de loi. Cela permettrait une
meilleure compréhension géographique du risque et une meilleure intégration des
mesures d'atténuation à l'échelle du paysage, et dans le temps, avec les
changements climatiques.
De plus, étant donné l'obligation des
municipalités régionales à mettre en branle une démarche de gestion du risque,
cela créera une demande accrue pour une expertise peu présente dans la
province, voire au pays. Il sera important de maintenir et promouvoir le
développement de l'expertise en gestion et analyse de risques reliés aux
incendies de végétation au Québec, voire même à développer un curriculum de
formation adapté.
Pour une meilleure résilience et
protection des valeurs à risque, il faudra mettre en place des mesures
d'atténuation proactives autour des communautés et infrastructures vulnérables
aux feux, afin d'éviter ce qui a été vu cet été, où 45 à 70 kilomètres de
coupe-feux ont été créés de manière réactive, utilisant ainsi des ressources
ayant pu travailler aux opérations de suppression. Il existe, bien sûr, le
programme Intelli-feu, mais il faudra aussi avoir une planification qui intègre
d'autres techniques de réduction du combustible à l'échelle du paysage, et nous
travaillons d'ailleurs à développer des méthodes utilisant l'optimisation, afin
de mieux identifier l'emplacement de telles mesures d'atténuation, afin, par
exemple, de réduire le risque de propagation des feux vers des infrastructures
critiques.
Finalement, sur cette image, on voit...
C'est une image qui a été captée lors de l'évacuation de Fort McMurray en 2016.
On voit ce qu'il faut absolument éviter ici, chez nous ou ailleurs,
c'est-à-dire une évacuation en urgence, avec l'arrivée du feu, créant de la
congestion. Il est à noter que, lors de cette évacuation, deux personnes ont
perdu la vie. Il est d'intérêt de se doter d'outils pour soutenir la prise de
décision, pour assurer une évacuation sécuritaire et efficace, et d'assurer une
communication et une préparation adéquates de la part de la population. Les
seuls endroits, dans le projet de loi, où l'on fait... où l'on parle
formellement d'évacuation sont aux articles 23 et 57, où les évacuations ne
sont considérées que comme une action de dernier recours. On ne retrouve pas
d'autres indications quant à la planification des évacuations dans un cadre
stratégique, de manière intégrée à la gestion du risque, ce qui nous semble un
point important à considérer. Et, à titre d'exemple, cette seconde figure
présente un outil développé au sein de notre équipe, qui permet d'évaluer le
temps d'évacuation par la route, selon divers scénarios.
Je te donne la parole.
M. Boulanger (Yan) : Donc...
M. Boulanger (Yan) : ...la
gestion du risque ne doit pas se faire en silo. Elle implique la participation
de plusieurs parties prenantes, qui œuvrent à des échelles différentes. De
plus, un risque ne vient pratiquement jamais seul. Plusieurs risques se
cumulent ou interagissent entre eux. Par exemple, les feux peuvent affecter
l'hydrologie des bassins versants ou peuvent encore affecter les risques de
glissement de terrain. Par conséquent, il est important d'avoir une gestion
intégrée de ces risques. L'adoption d'une zone appropriée, qui concerne tous
les aléas naturels, serait d'ailleurs à privilégier. Des éléments, dans le
projet de loi, laissent présager une concertation des parties prenantes lors de
la gestion des risques, ce qui est, effectivement, très souhaitable. Toutefois,
il n'est pas mentionné explicitement, dans le projet de loi n° 50, que
cette concertation devra s'inscrire dans une démarche de gestion intégrée des
risques.
Eh bien, évidemment, en tant que
chercheurs, nous sommes très sensibles au développement continu des connaissances,
notamment celles qui se rapportent aux risques de feu de végétation. Le Service
canadien des forêts est un leader dans la recherche sur les feux de végétation
et a participé à l'élaboration de plusieurs outils visant à informer la gestion
des feux de végétation. On peut penser, entre autres, à la recherche sur les
impacts des changements climatiques sur les feux et leurs répercussions sur les
communautés et infrastructures, ou encore, le développement de la méthode
canadienne d'évaluation des dangers d'incendies de forêt, qui est,
présentement, en révision, d'ailleurs.
Nous sommes nous-mêmes impliqués dans
différents projets de recherche qui pourraient fortement informer la mise en
place d'une gestion intégrée des risques naturels au Québec, en lien avec le
projet de loi n° 50. Nous souhaitons continuer de nous impliquer afin
d'améliorer la gestion des risques naturels au Québec et, là-dessus, nous
réitérons nos remerciements envers la commission pour cette invitation. Nous
sommes maintenant disposés à répondre à vos questions.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, vous êtes pile à l'heure, là, il restait quatre secondes...
Vous avez fait vos devoirs. Alors, merci pour votre présentation. Alors, on a
une période d'échange avec le ministre, pour 16 min 30 s. Alors,
allez-y.
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président. Pour moi, vous avez bien répété votre discours, c'est bien fait. Mes
salutations à mes collègues de l'opposition, en premier lieu, mes collègues
ministériels. Merci, messieurs, pour votre présentation, c'est très
enrichissant.
J'ai le goût de commencer à vous demander
un peu la situation canadienne, dans son ensemble. Vous êtes à Ressources
naturelles Canada. L'année passée, vous le savez, là, saison historique un peu
partout sur le territoire canadien. Puis la situation qu'on a vécue avant 2023,
c'était toujours... ce qu'on me disait : François, ça brûle à l'est, ça ne
brûle pas à l'ouest, ou vice versa. Et là, bien, on s'est... on a été pris dans
un contexte où ça brûlait partout sur le territoire canadien, dans son
ensemble, et c'est là le partage des forces des combattants, qui était
extrêmement difficile, parce que tu avais beau appeler dans l'Ouest, «oubliez
ça, on est pris avec nos feux». Même chose de notre côté. Est-ce que, selon
vous, la tendance va nous amener à vivre ça encore dans les prochaines années?
Est-ce que c'est une tendance...
J'ose poser la question : El Niño,
sur une courte période de temps, est-ce qu'on va revenir à une certaine
normalité entre l'Est et l'Ouest ou, selon vous, c'est une tendance canadienne
qui, selon les modèles que... de changements qu'on voit, là, qu'on risque de
voir se répéter dans les prochaines années? Une première question sur la
situation comme telle, là.
M. Boulanger (Yan) : Bien, il
faut comprendre que, d'année en année, il y a extrêmement... il y a beaucoup de
variabilité entre l'activité des feux, que ce soit régionalement ou, même, à
l'échelle du pays. Mais, évidemment, l'activité des feux est fortement
influencée par des variables météorologiques, qui sont assez pertinentes,
comme... les températures, comme les précipitations, comme la vitesse des
vents. Évidemment, si cette... ces conditions là sont amenées à changer...
Elles changent d'ailleurs déjà. On a plusieurs études qui démontrent,
justement, que l'augmentation des températures est quand même très importante.
Elle est d'ailleurs plus importante au Canada que dans le reste du monde,
puisqu'on est, justement, à des latitudes plus nordiques, où le réchauffement
se fait plus rapidement. On a remarqué que la saison des feux s'allonge. C'est
le cas au Québec, c'est le cas aussi ailleurs au Canada. Et les conditions
qui... de danger de feu, dans le fond, qui est mesuré par l'indice forêt-météo,
sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus sévères, et ça, encore une
fois, ce n'est pas nécessairement seulement qu'au Québec ou encore au Canada.
L'augmentation peut... se fait à l'intérieur du pays.
C'est sûr que l'année passée était, comme
vous l'avez mentionné, particulièrement exceptionnelle, où l'activité des feux
a été, premièrement, spatialement extensive, donc d'un océan, à l'autre, à
l'autre aussi, donc ça a été... On a eu des conditions, aussi, qui ont été très
sévères et, surtout, très persistantes dans le temps. Donc, ce n'était pas
seulement qu'une seule région, pas seulement qu'une seule partie de l'année
aussi qui a été soumise à des feux très sévères. C'est... En fait, on a eu une
saison très sévère, du mois d'avril au mois de septembre, octobre, même, dans
certains cas. Donc, c'est vraiment une activité qui est particulièrement
importante.
Nos études démontrent que, justement, avec
les changements climatiques, la probabilité d'observer des conditions comme
celles qu'on a connues l'année passée... sont de plus en plus grandes. Ça ne
veut pas dire qu'avant il n'y en avait pas. C'est juste que, présentement,
elles sont beaucoup plus possibles. Et, justement, dans le futur...
M. Boulanger (Yan) : ...selon
les différents scénarios climatiques, on devrait s'attendre à ce que cette
probabilité d'observer une situation comme ça se représente. Évidemment, ça ne
veut pas dire qu'elle va se représenter à chaque année, mais, au moins, les
conditions ont beaucoup plus de probabilités de se produire dans les prochaines
années, les prochaines décennies.
M. Bonnardel : Est-ce que les
particularités du territoire québécois, de sa forêt, de sa matière ligneuse...
si on se compare un peu plus à l'ouest, versus nous, est-ce qu'on peut
considérer qu'on va être plus affecté où on en est de même... si on analyse
l'ouest, nécessairement, et nous, comme tels, et même peut-être les provinces
qui sont proches de nous, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, là, est-ce que le
Québec va être plus touché encore que l'ouest ou on est au même... on serait au
même niveau, là, dû aux concentrations de matière ligneuse qu'on peut retrouver
un peu partout, plus au nord, en tout cas, là?
• (11 h 30) •
M. Boulanger (Yan) : Bien, je
vous dirais que ça dépend à la fois... En fait, pour expliquer ce qu'on
appelle... ce que vous décrivez, en fait, c'est le régime de feu d'un pays, à
l'intérieur du pays. Ça dépend à la fois, effectivement, de la végétation qui
va être présente sur le territoire, mais aussi des conditions climatiques, qui
vont favoriser ou pas le développement puis la propagation des incendies. Au
Canada, d'ailleurs, au Québec, on peut régionaliser ce régime de feu là en des
régions qui sont plus actives, d'autres qui sont moins actives. L'ouest du
Canada, effectivement, est particulièrement actif, notamment dans le nord des
provinces des Prairies, le centre de la Colombie-Britannique, les Territoires
du Nord-Ouest.
Au Québec en particulier, évidemment, il y
a des feux qui peuvent se produire un peu partout en province, mais il y a des
régions qui sont plus susceptibles d'en observer que d'autres, notamment le
nord-ouest, évidemment, où ça a brûlé l'année passée. C'est... Ce sont, en
fait, des régions qui sont déjà soumises à des feux qui sont quand même
relativement fréquents, des grands feux, et des feux qui sont aussi amenés à se
développer aussi dans le futur.
Ceci dit, ce n'est pas parce qu'on est
dans une région où l'exposition... où les feux sont très fréquents qu'il ne
peut pas y arriver, justement, des feux dans des régions plus... où le feu est
moins fréquent. Puis je vous rappellerais, entre autres, dans cette
situation-là... Je reviens toujours avec l'exemple du feu de... qui a eu lieu
dans la banlieue d'Halifax l'année passée. Donc, le feu de... ce feu-là est
survenu, évidemment, en Nouvelle-Écosse. La Nouvelle-Écosse, ce n'est vraiment
pas un endroit qui... où on s'attend à avoir beaucoup de feux, mais, lorsque
les conditions se présentent, lorsque les combustibles sont présents, on peut
se retrouver, potentiellement, avec des situations, là, où les impacts peuvent
être très, très, très élevés.
M. Bonnardel : Comment
vous... Je ne sais pas si vous avez vu l'article dans La Presse ce
week-end. Il y avait un chercheur scientifique, là, qui parlait de la forêt de
demain, là, puis les conditions de notre forêt, de notre matière ligneuse, puis
de revoir un peu nos façons de faire avec les travaux sylvicoles. Avez-vous
étudié un peu aussi la forêt de demain? Elle doit ressembler à quoi pour
qu'elle soit moins... vous l'avez dit, là, combustible? C'est la matière qui
brûle plus rapidement. Comment vous voyez la forêt de demain, là? J'ai un peu
la réponse, j'imagine, là, mais je veux quand même vous entendre, là.
M. Boucher (Jonathan) : Bien,
comme Yan l'a mentionné, on travaille présentement à la prochaine génération de
la méthode canadienne, puis cette nouvelle génération là de la méthode va nous
permettre de plus jouer avec la structure de la forêt, la structure du
combustible, puis de mieux comprendre le comportement d'incendie qui est relié.
Ça fait qu'on est en train d'avancer à ce niveau-là. Ce qui est connu, par
exemple, c'est, évidemment, moins il y a de combustible, moins l'intensité
dégagée va être élevée. Plus il y a de feuillus, bien, moins les feux de cime
vont être présents, parce que les feux de cime, dans le feuillu, on n'en
observe pas. Lorsque les feuillus brûlent, c'est parce qu'il y a une forte
concentration de résineux à proximité, évidemment. Donc, ça, c'est des choses
qu'on sait.
Maintenant, il y a des... Les coupes
forestières, par exemple, lorsqu'elle a lieu, laissent des débris au sol qui
sont exposés au vent, qui sont exposés à la radiation solaire, donc qui créent
une charge combustible au sol qui peut être élevée, dans certains cas, très
élevée, et menant à des intensités de feu qui sont élevées, ce qui, par
exemple, en parallèle, si on compare ça à une perturbation naturelle qui est le
feu, bien, le feu va, lui, brûler cette matière-là qui est au sol, ce
combustible-là au sol. Donc, par rapport à la foresterie, le feu vient réduire
le risque de feu peut-être un petit peu plus grand que la coupe forestière. Ça
fait qu'il y a des... si on veut, il y a des pour et des contre, là. La coupe
forestière vient réduire la charge de combustible de la cime, évidemment, mais
elle peut faire en sorte qu'un feu de surface se propage à très grande
intensité, qui peut être difficile à combattre, quand même.
M. Boulanger (Yan) : Puis je
rajouterais certaines choses par rapport à ça aussi. C'est que ce que proposait
notre collègue, justement, c'est de faire en sorte de rendre la forêt moins
inflammable, dans le fond, ou, du moins, de profiter des changements
climatiques pour instaurer des pratiques forestières qui seraient... qui
atténueraient le risque autour des communautés, ou des infrastructures, ou des
valeurs à risque. Donc, ce qu'il faut comprendre, ça, ce sont des mesures qui
sont très proactives, dans le fond. Par contre, elles peuvent...
11 h 30 (version non révisée)
M. Boulanger (Yan) : ...elles
nécessitent des coûts pour pouvoir les faire, elles nécessitent aussi de le...
en fait, on n'a pas la capacité opérationnelle aussi, je vous dirais, pour
faire en sorte que la forêt, du jour au lendemain, soit transformée en une
forêt qui serait beaucoup moins inflammable, ce serait... ce ne serait même pas
possible à plusieurs endroits, ne serait-ce qu'en raison des qualités du sol,
ou quoi que ce soit; les feuillus ne peuvent pas pousser. Et même, évidemment,
d'un point de vue écologique, ce serait... ce ne serait pas souhaitable non
plus.
Donc, le fait de changer les... la
composition forestière, notamment dans un contexte de changement climatique,
autour des... bien, en fait, ça devrait essentiellement se concentrer autour
des infrastructures, autour des... des communautés, par exemple. On pourrait
profiter justement de cette occasion-là, là, pour changer la composition, comme
le mentionnait mon collègue.
M. Bonnardel : J'étais... j'étais
à Ottawa, je le disais hier, la semaine passée, je le disais hier, mais voilà
quelques semaines à Ottawa avec mes collègues de la Sécurité civile, je pense
même un de vos collègues de Ressources naturelles était présent, nous a fait un
exposé un peu, un peu similaire, puis je le dis bien, bien humblement, je pense
que le Québec tire bien son épingle du jeu en termes de combattants, en termes
de forces de sécurité civile, je pense, vous l'avez vu aussi, la réserve qu'on
veut créer qui va donner... qui va nous donner des outils additionnels pour
répondre aux catastrophes naturelles que ce soit feu ou autre. Puis j'ai goût
de vous demander, j'ai le goût de vous demander qu'est-ce que vous auriez...
puis je voyais l'image tantôt, là, de l'évacuation de Fort McMurray, vous
savez, l'année passée, pendant ces deux mois intenses, très intenses, de mai,
juin jusqu'en début juillet, quand on a évacué, ça, je le disais à mon sous-ministre,
quand on a évacué Chibougamau, c'était justement ça qui me... qui me faisait
peur quand on me disait : François, tel feu numéro x vient de gagner 15 kilomètres
en quelques heures. Vous le savez, là, tu fais : O.K. Attends une seconde,
là, il faut... il faut réagir rapidement. Puis, bon, on a bien... on a bien
agi, mais on n'est pas à l'abri, tu sais, on veut toujours mieux prévenir puis
s'assurer qu'on peut être encore meilleurs. Qu'est-ce que vous auriez à... à
dire comme directive, une ou deux directives spécifiques à la SOPFEU? Puis
parce que j'ai une sous question qui est les bases de données comme telles, là,
le géospatial versus la cartographie, ce avec quoi on travaille présentement à
la SOPFEU, expliquez moi la différence, là, qui, pour vous, est importante puis
que la SOPFEU n'a peut-être pas parce que je le sais qu'on travaille avec des
satellites, on travaille avec des drones la nuit maintenant, alors c'est un
petit peu ce petit concept-là, là, qui pour moi, là, pourrait nous amener à
peut-être à nous améliorer encore plus cette année puis dans les prochaines
années, là.
M. Boucher (Jonathan) : Bien,
le... au niveau des évacuations, le rôle de la SOPFEU, si je ne me trompe pas,
c'est plus un rôle d'informer les gestionnaires en place pour... au niveau de l'évacuation.
M. Bonnardel : ...prendre les
décisions.
M. Boucher (Jonathan) : Puis
un élément qu'on n'a pas, puis je pense qu'il y avait... il y a peu de
municipalités qui ont cette information-là, mais combien ça prend de temps pour
sortir la communauté en place? On travaille à développer des outils pour le
faire, il va falloir évidemment valider ces outils-là, mais je pense, déjà là,
de savoir combien de temps ça prend pour une communauté à sortir, bien, on est
plus à même d'établir les... les points de... les points déclencheurs dans le
paysage, à quel moment on doit évacuer de manière plus sécuritaire pour ne pas
voir ce qu'on... ce qu'on a vu sur l'image tantôt.
Pour revenir au point des bases de
données, il y a deux aspects aux bases de données géospatiales. Là, quand on
parle de géospatiale, c'est de l'information qui est spatialisée de manière
géographique. Il y a l'aspect gestion d'urgence pour la supporter, la SOPFEU.
Donc, de savoir, par exemple, est-ce qu'il y a des biens dans le paysage ou
dans le secteur qui pourraient causer à des effets en cascade reliés au feu,
par exemple. Si cet entrepôt-là brûle, bien, ça va dégénérer, puis on va avoir
une situation qui va être pas mal plus grave. D'avoir ça dans... en termes de
gestion d'urgence, évidemment pertinent. Mais nous, l'autre aspect qui nous
intéresse plus comme chercheurs, évidemment, c'est d'avoir des bases de données
qui s'accumulent au fil des années sur, bien, ces données-là qui sont dans le
paysage évidemment, mais aussi sur l'impact des différents sinistres pour tenir
ça en compte comme données pour développer des modèles. Mais, tu sais, les
modèles qu'on a développés jusqu'à maintenant se basent sur des... des données
d'observation qui viennent de la Grèce, de l'Australie, de la Californie, puis
on n'en a pas ici. Maintenant, on travaille à apprendre de ce qui s'est passé
en Nouvelle-Écosse, justement, on collabore avec la province là-bas, avec les
gens qui ont mené les investigations sur le terrain pour améliorer nos modèles.
Puis ça fait que si on pouvait avoir systématiquement ce genre d'information
là, ici, évidemment, on ne souhaite pas de sinistres, mais si au moins on
pouvait en apprendre, de ces événements-là, ce serait mieux.
M. Bonnardel : Je termine en
vous disant, messieurs, là, je laisserais la parole à mes collègues, là, votre
modèle, là, pour les évacuations, là, j'ai avisé mon SM, là, que je veux que la
Sûreté du Québec, je veux que la SOPFEU soient capables de travailler avec vos
modèles pour s'assurer qu'on soit encore plus forts, meilleurs, parce que des
images comme celles-là, ça... ça nous interpelle tous, là, puis on ne veut pas
que ça arrive, là, mais il faut être bien capables de réagir rapidement
quand... puis je pense que vous allez être une aide très, très, très utile pour
la suite.
Si mes collègues ont des questions...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
c'est députée de Rivière-du-Loup Témiscouata. Oui? Ou député...
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Alors, député de Lac-Saint-Jean.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Ah,
oui. Bien, écoutez, merci...
Le Président (M. Schneeberger) :
Bien, vous me regardez, mais il n'y en a pas qui lèvent la main. Moi...
Une voix : ...bien deviné.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : ...j'avais
demandé la parole, mais ce ne sera pas long. Bien, c'est très intéressant,
votre présentation, parce qu'il y a quand même, d'un point de vue technique, de
la recherche, tout ça. Puis ce que je comprends, c'est que vous travaillez
aussi... vous regardez ce qui se fait ailleurs dans les autres provinces
canadiennes. Moi, j'ai... j'ai écouté quand même certains reportages, puis il y
a des similitudes avec nous. On a des communautés qui sont entourées de forêts.
Moi, entre autres, chez moi, j'en ai beaucoup. Puis c'est sûr et certain que, quand
on voit ce qui s'est passé l'été passé, ça nous... ça... ça... on se questionne
beaucoup, bon, comment qu'on pourrait réagir, tout ça. Puis j'ai vu aussi des
reportages, entre autres, qu'il y a des communautés dans le coin de la Colombie
maintenant qui vont... qui vont amener des éléments pour comment gérer les feux
de forêt, comment peut-être les prévenir. Avez-vous des exemples, justement,
là, qu'est-ce qui se fait ailleurs? Puis j'aimerais ça peut-être que vous en
énumériez quelques-uns, puis qui donnent des résultats.
• (11 h 40) •
M. Boucher (Jonathan) : Bien,
évidemment, les principes Intelli-feu, là, que j'ai mentionnés brièvement, là,
dans la présentation, ou Fire Smart en anglais, qui sont... qui sont très
similaires à ce qui se fait aussi aux États-Unis, qui est Fire Wize, qui sont
des concepts qui visent à... à aider les propriétaires de maison à réduire
leurs propres risques. Puis c'est une approche qui est basée sur une approche
un peu communautaire pour que les gens puissent s'entraider à l'intérieur d'une
communauté pour réduire le risque de manière communautaire, si on veut. Ça fait
que, premièrement, c'est s'assurer de l'état du bâtiment, que le bâtiment soit
dans des matériaux qui sont le moins ignifuges possible. On peut comparer une
toiture de tôle ou une toiture en bardeaux d'asphalte versus une toiture en
bardeaux de cèdre, qu'on voit peut-être moins ici, au Québec, surtout en forêt
boréale, dans l'Ouest, c'est probablement plus fréquent, tout ce qui est
nettoyer ces gouttières, entretenir tout ce qui est les galeries autour des
maisons, pas... pas laisser de débris en dessous des galeries, tu sais, tout ce
qui peut être un endroit qui permet à un tison d'atterrir, puis de s'allumer,
puis de partir un incendie proche de la maison.
Pour avoir parlé avec les gens de la
Nouvelle-Écosse, tu sais, des... juste des petits genévriers dans les
plates-bandes, puis le genévrier, il est collé sur la maison, bien, il
s'enflamme, le genévrier prend feu puis c'est lui qui met le feu à la maison.
C'est... C'était rarement, dans ce qu'ils ont observé en Nouvelle-Écosse, les
maisons comme telles qui brûlaient, c'était tout le temps quelque chose autour
de la maison, que ça soient des chaises sur le patio. Ça fait que, dans le cas
d'un sinistre imminent, bien là, c'est le temps de : on nettoie, on tasse
toutes les choses puis on... on évacue. Mais avant ça, bien, c'est tout ce qui
est cordes de bois, on ne les garde pas proches de la maison, on réduit la
densité de résineux sur notre... sur notre terrain. Puis on essaie d'encourager
le monde à le... à le faire de manière... à l'échelle de la communauté. Parce
que, s'il y en a quelques-uns qui ne le font pas, bien, si leur maison brûle,
bien, leur maison devient une source de tisons et de chaleur qui peut enflammer
les autres bâtiments.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Je
comprends qu'il y a une... il y a un facteur de risque aussi par le citoyen, le
citoyen qui fait gros là-dedans. Puis je vais laisser la parole à ma collègue.
Mais j'ai vu aussi que dans des... maintenant, dans le coin de la Colombie, on
utilise aussi des animaux justement pour travailler un peu le sous-bois. Puis,
tu sais, on voyait ça, des genres de producteurs qui... qui... qui faisaient de
l'élevage aussi autour des communautés. Je trouvais ça intéressant, mais je ne
sais pas si vous avez eu la chance de... d'évaluer ça un peu.
Le Président (M. Schneeberger) : En
terminant.
M. Boulanger (Yan) : Il y
a... il y a un panier de solutions disponibles. Et ça, ça... ça met en exergue,
dans le fond, que les solutions pour amener l'atténuation doivent être aussi en
lien avec l'évaluation des risques, là, qui se fait, là, dans le cadre d'un
cadre d'évaluation. Parce que ces risques-là vont être... l'exposition va être
différente d'une région à l'autre et les mesures d'adaptation vont être
différentes aussi.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous en sommes maintenant du côté de l'opposition officielle.
Et j'entends la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Alors, d'abord, merci pour votre exposé fort éclairant et votre
mémoire très exhaustif. Je voudrais peut-être d'abord vous entendre sur... sur
les zones tampons et la gestion stratégique des combustibles. Vous en parliez,
là, à la page 20 de votre mémoire, que ce serait probablement des
approches complémentaires nécessaires. Et... et j'aimerais savoir si vous avez
des exemples. Est-ce qu'on parle de créer des corridors? Est-ce qu'on parle de
créer des barrières avec des arbres ignifuges ou... ou ce que... ce que
Christian Messier parlait dans un article récemment, la diversification de la
forêt? Comment vous envisagez ça, de la gestion stratégique des combustibles?
Puis je sais que vous parlez aussi de la végétation et pas seulement des
forêts, donc je voudrais également vous entendre là-dessus, là, sur les
tourbières et les friches, par exemple.
M. Boucher (Jonathan) : Bien,
comme Yan vient de le mentionner, il y a plusieurs solutions, plusieurs
approches qui permettent de réduire le risque, que ce soit à l'échelle de la...
de l'infrastructure de la maison comme telle ou dans le paysage. Puis
évidemment, selon le risque en présence, pour une région donnée, selon
l'évaluation de risques qui en est faite et des valeurs à protéger, bien, c'est
là l'intérêt de... d'aller optimiser le meilleur choix de modification qu'on...
qu'on veut faire, que ce soit, par exemple, dans... si on est dans une région
qui est plus feuillue...
M. Boucher (Jonathan) : ...bien,
est-ce qu'on a avantage à aller réduire la quantité des résineux en forêt
éloignée? Probablement pas, probablement qu'on doit se concentrer sur d'autres
aspects. Puis, en certains milieux plus éloignés en forêt boréale, bien,
éliminer le conifère n'est pas nécessairement viable dans le paysage. Peut-être
autour des infrastructures, évidemment, ça peut l'être. Dans ces cas-là, est-ce
qu'on doit, comme mesure d'atténuation, dans l'aspect de gestion du risque, se
concentrer encore plus sur ce qui est évacuation, s'assurer qu'il y ait
beaucoup de voies... des voies d'évacuation nécessaires, que ce ne soit pas
juste une route qui rentre et qui sorte de la communauté? Les éléments comme ça
et qu'on doit tenir en compte. Ça fait qu'il y a une multitude de solutions,
toutes celles-là doivent être tenues en compte, là, évidemment. Puis c'est sûr
que la propension de combustible moins inflammable, comme une tourbière, par
exemple, dans le paysage, bien, va réduire, en certaine partie, le risque
comparativement à un paysage où il y aurait seulement du conifère qui n'est pas
en tourbière.
M. Boulanger (Yan) : Et,
juste... rajouter un petit point, c'est sûr que ça, ça démontre aussi qu'il y a
des besoins en recherche pour justement évaluer les stratégies qui seraient les
plus efficaces, notamment dans un contexte de changements climatiques, parce
que le comportement du feu va être différent, la composition, le combustible
lui-même va être différent. Donc, c'est là aussi où nous, on peut jouer un
certain rôle, justement, là, pour voir quelles seraient les mesures optimales,
dans le fond, dans ce contexte-là.
Mme Dufour : Merci beaucoup.
Vous parlez de, tu sais, les aléas versus les impacts, alors que le projet de
loi, là, parle des conséquences potentielles, plutôt. Et, quand j'ai lu cette
section-là, ça me faisait beaucoup penser aux risques par rapport aux
inondations, la nouvelle approche qui a été prise, pour les risques des
inondations, de regarder vraiment la probabilité, mais aussi la magnitude,
l'importance relative, du moins, du sinistre potentiel. Donc, moi, ce que
j'aimerais savoir, dans le fond, bien, c'est ça, l'importance pour vous de
modifier ça dans le projet de loi, la façon que c'est écrit. Puis est-ce que
vous pensez, là, qu'on devrait s'inspirer un peu de ce qui a été fait au niveau
des inondations, là, pour la prévention des risques?
M. Boucher (Jonathan) : Je ne
suis pas assez au courant de ce qui s'est fait du côté inondations. Le point
étant ainsi vrai, je pense que c'est une considération mineure au niveau de la
définition du risque, de notre point de vue. Ce qu'on favorise, évidemment,
c'est si on pouvait s'entendre ou au moins avoir des définitions qui sont les
plus près les unes des autres, comme ça, ça facilite tout ce qui est l'échange
de connaissances, l'échange de modèles et la coopération à ce niveau-là.
Au niveau de la magnitude, ce qui est
intéressant du côté des feux, c'est qu'on peut la considérer de plusieurs
manières. On peut la considérer... Souvent, ce qu'on entend, c'est l'intensité
du feu, hein, c'est vraiment l'indication au niveau de la limite de combat ou
de la suppression des feux. On peut penser à la rapidité de propagation de ces
feux-là, on peut aussi penser évidemment à la quantité de fumée ou à la densité
de la fumée qui est émise, qui ont des conséquences vraiment plus au niveau de
la santé humaine, qui sont souvent le déclencheur des évacuations. Ça fait que,
ça, c'est des éléments qu'on pensait important de soulever au niveau magnitude
pour ne pas l'oublier.
Nous, présentement, au Service canadien
des forêts, on travaille à développer un cadre d'évaluation des risques aux
feux de forêt qui se veut un guide qui dicte un peu les bonnes pratiques et qui
émet une définition, une terminologie commune. C'est un guide qui est toujours
en préparation qui devrait voir le jour au courant de l'année.
Mme Dufour : Merci. Bien, un
des éléments qui a été fait au niveau des inondations, puis j'en parle
davantage parce que j'étais aux premières loges des inondations à Laval en 2017
2019, bien, c'est une base de données géospatiales, ce que vous suggérez. Ça a
été fait vraiment... Nous, on l'avait commencé, à la ville, et là, ça a été
généralisé, là, sur l'ensemble du Québec. Et donc ce que vous mentionnez, là,
c'est qu'actuellement il n'y a pas de données, et donc difficile, là, de bien
coordonner toutes les actions. Je voulais peut-être vous entendre davantage sur
comment... je veux dire la lacune actuelle puis comment ça pourrait améliorer,
là, d'avoir une telle base de données.
M. Boulanger (Yan) : Bien, en
fait, pour l'instant il n'existe aucune, en tout cas à notre connaissance,
cartographie du risque de feu, même de l'exposition du feu à l'échelle de la
province. Il y a plusieurs travaux qui ont été faits, notamment avec nous, là,
les travaux de recherche de façon plus spécifique, de façon ponctuelle
justement pour... Par exemple, on a travaillé avec Hydro-Québec pour élaborer
le... voir quelles sont les probabilités de brûler autour des infrastructures à
risque, par exemple. Mais il existe très peu, ou du moins ça commence tout
simplement à sortir, là, les analyses plus à l'échelle provinciale. Donc, c'est
vraiment un manque qu'il peut y avoir. Et, je vous dirais, on a souligné
aussi... À ce moment-là, on pourrait parler du poids de l'expertise, là, qui...
En fait, on n'a pas beaucoup d'expertise au Québec pour pouvoir analyser de
façon exhaustive les...
M. Boulanger (Yan) : ...les
risques reliés aux feux de forêt, je vous dirais, historiquement, les études
universitaires qui ont... où les feux de forêt étaient présents, bien, c'était
surtout dans un contexte d'écologie du feu plutôt que dans un contexte de
protection des communautés, des infrastructures. Évidemment, le besoin est
présent, évidemment, le besoin va se faire encore plus présent, j'imagine,
parce que, justement, les parties prenantes vont être amenées justement à faire
des analyses de ce risque... de ce type-là.
Mme Dufour : Mais donc je
comprends que cette cartographie-là aiderait à prévenir et à accélérer
peut-être les évacuations. Comment vous voyez ça?
M. Boulanger (Yan) : Bien,
premièrement, ça permettrait de voir les régions qui sont les plus à risque,
qui sont les plus exposées, dans une certaine mesure... dans une certaine
mesure et aussi plus à risque. Et une fois qu'on connaît ces régions-là, on est
beaucoup plus en mesure de dire quelles seraient les stratégies d'atténuation
ou d'adaptation qui seraient les plus... les plus efficaces pour une région
donnée, parce que, justement, ce risque-là, il est différent géospatialement,
et les stratégies vont être très différentes aussi, adoptées par la même
occasion.
• (11 h 50) •
Mme Dufour : Excellent. Et,
selon vous, qui devrait être responsable d'une telle cartographie à l'échelle
de la province? Est-ce que c'est le ministère, un organisme, une chaire de
recherche?
M. Boulanger (Yan) : Bien,
c'est difficile à dire dans le cas concernant notre expertise, mais c'est sûr
que nous... pas seulement nous, aussi, dans certains milieux académiques, qui a
une certaine expertise qui est là pour développer des outils dans ce
contexte-là, nous, évidemment, on se cantonne à la recherche à ce niveau-là.
Mais ce qui est intéressant, c'est que, lors de la production d'outils, on peut
être amenés, par la même occasion, à faire de la recherche sur ces outils-là.
Et donc c'est ça qui peut être particulièrement intéressant, là, pour... de
manière à conjuguer les efforts de recherche et les efforts d'atténuation, par
exemple, des risques.
Mme Dufour : Excellent. Puis
vous avez mentionné que c'est déjà, en partie, là, ça se fait pour
Hydro-Québec, pour certaines installations stratégiques. Dans votre mémoire,
j'ai été surprise d'apprendre que, dans le fond, il y a eu, à un moment donné,
à risque, les installations de La Grande, et vous dites que c'est... ça
alimente 40 % du Québec. Donc, ça, ça devrait être fait, j'imagine, en
priorité de bien identifier toutes les infrastructures, disons, qui sont
critiques pour le Québec, là.
M. Boulanger (Yan) : Oui,
oui, oui, tout à fait. Puis, dans le fond, on parle de la Baie-James ici, parce
que c'est... On se demandait tantôt... on nous demandait quel était l'endroit
qui brûlait le plus au Québec, par exemple, bien, la Baie-James, c'est
l'endroit qui brûle le plus au Québec, et c'est l'endroit aussi où on se
retrouve, par la même occasion, là, le complexe de La Grande. Donc, il y a des
valeurs, des valeurs à risque qui se retrouvent là. Il y a aussi beaucoup de
communautés autochtones, évidemment, des biens... des communautés autochtones
aussi qui se retrouvent dans cet environnement-là. Donc, c'est très important
de pouvoir caractériser le risque pour éventuellement pouvoir l'atténuer.
Mme Dufour : Oui, d'ailleurs,
je souligne que vous mentionnez que les communautés autochtones sont plus à
risque de vivre les impacts, là, des feux de forêt, effectivement. Je voudrais
peut-être... il ne me reste pas beaucoup de temps, mais vous entendre sur la...
Parce que là vous avez parlé qu'il y a de la coordination au niveau canadien,
là, il y a des échanges d'information notamment, mais qu'est-ce qui se fait au
niveau international? Parce qu'il y a d'autres pays, vous l'avez dit, qui sont
aux prises avec des feux, et là, notamment, je pense, par exemple au Chili, où
il y a eu plusieurs... il y a eu des grandes séries de feux, mais qui étaient
causés intentionnellement. Est-ce que c'est quelque chose qu'on... qui se
discute, comment prévenir ça dans le futur?
M. Boucher (Jonathan) : Pas
directement chez nous, comme vous l'avez peut-être entendu hier avec la SOPFEU,
les mandats de prévention sont vraiment plus à l'échelle des agences qui
gèrent... bien, à l'échelle de ceux qui gèrent les territoires. Donc, ici,
évidemment, c'est la province et c'est via la SOPFEU que la gestion des feux se
fait. Donc, au niveau de la prévention, c'est vraiment, de leur côté, le rôle.
Mais c'est évident que, si on peut réduire les feux de cause humaine, c'est
déjà un gain par rapport avec ce qu'on a vécu cette année, qui était très
dirigé... très causée par les feux de foudre. Mais si on peut s'enlever un
petit peu de charge de travail reliée aux feux de cause humaine, ça serait un
gain. Que ce soit ici ou ailleurs, c'est sûr que c'est un avantage.
Mme Dufour : J'aimerais
peut-être, il me reste encore une minute, vous entendre juste sur les
simulations de propagation. Est-ce que c'est quelque chose que, dans une
cartographie, pourrait, selon la direction du vent, être déjà établi dans une
cartographie pour, finalement, être réactif encore plus rapidement, là?
M. Boucher (Jonathan) : Bien,
ce genre d'outil là est utilisé, si on veut, à deux stades, là, quand on parle
de gestion du... Si on parle de gestion du risque dans le cadre d'un sinistre
en cours ou imminent, dans le cadre d'opérations, on utilise des outils basés
sur la méthode canadienne...
M. Boucher (Jonathan) : ...qui
nous permettent de simuler l'accroissement des feux en fonction de la météo en
cours et prévue pour les prochains jours, en fonction du combustible, de la
cartographie du combustible qu'on a et en fonction de la topographie. Puis ça,
évidemment, ça tient compte de l'effet de la topographie sur la propagation,
mais aussi sur... l'effet du vent, tu sais. Donc, plus... si le vent est dans une
direction, bien, la modélisation va évidemment faire accroître le feu dans
cette... dans cette direction-là.
Mme Dufour : Mais, dans le
fond, ce que je comprends bien, c'est que, si la base de données, elle est bien
alimentée, ça va permettre de faire cette modélisation encore plus
efficacement.
M. Boucher (Jonathan) : Bien,
en fait, la base de données, comment... comment on le voit, nous aiderait, tout
ce qui est suivi sur les feux, par exemple, du côté de la SOPFEU, ce qu'ils
font déjà, ça nous aide à bâtir ce qu'on appelle le régime de feu pour
simuler... Ce qu'on... ce qu'on fait, c'est qu'on simule des dizaines, voire
des centaines de milliers de feux à l'intérieur d'un territoire basé sur de la
météo historique ou même de la météo future, avec les simulations climatiques.
On les simule sur le territoire, puis on les juxtapose l'une sur l'autre, puis
on voit où la propension de brûler est la plus présente. Puis ça tient compte,
évidemment, de l'effet des vents dominants à l'intérieur de tout ça. Donc, on
bâtit un régime de... puis basé sur les données.
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de la deuxième opposition, et
j'entends la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Si j'ai bien compris votre présentation, vous... vous nous dites
qu'on connaît quand même assez peu, en ce moment, les risques, qu'on n'a pas
des cartographies au Québec. Moi, je comprends que vous êtes rattachés à un
organisme fédéral, puis non seulement cette cartographie-là n'existe pas
actuellement, vous n'êtes pas nécessairement non plus en train de la développer
en ce qui concerne le Québec. Puis vous dites qu'il n'y a pas beaucoup
d'expertise non plus ici. Est-ce qu'on n'aurait pas avantage à investir dans la
recherche au Québec pour développer cette... cette... pardon, cette
cartographie-là puis aussi une meilleure connaissance de notre forêt
québécoise, puisque ça ne semble pas se passer, là, du côté fédéral.
M. Boulanger (Yan) : Bien,
c'est sûr que, d'un point de vue... d'un point de vue recherche, au fédéral,
justement, on travaille à développer des outils, mais évidemment, on est un
organisme de recherche, on n'est pas un organisme de... qui a juridiction, dans
le fond, sur la... sur les feux. Mais effectivement, c'est une préoccupation
qui est très importante, là, au niveau fédéral où, dans le fond, il y a
plusieurs travaux de recherche, là, qui visent, justement, entre autres, à
faire cette cartographie-là, de... puis, en même temps, de trouver des
méthodes, des stratégies d'atténuation, là, qui vont... une fois que les zones
à risque sont identifiées. Il existe par exemple présentement une... une carte
pancanadienne qui nous permet de voir, dans une certaine mesure, où sont les
risques plus importants. Malgré ça, c'est toujours très important de faire des
analyses qui vont être propres à une région donnée et surtout, comme l'a
mentionné mon collègue précédemment, de faire en sorte que ces analyses-là, ces
outils-là soient réévalués aussi dans le temps, parce que la situation autour
des infrastructures et des communautés va changer dans le temps. C'est le cas
si, par exemple, il se fait de l'aménagement forestier autour, s'il y a de la
croissance de la couronne périurbaine, par exemple, et évidemment en fonction
des changements climatiques aussi. Donc, il y a évidemment de la recherche qui
doit se faire et qui continue de se faire à ce niveau-là. Et nous, on y
participe, évidemment. Évidemment, les universités aussi sont appelées à
participer, notamment, à ces différents programmes.
Mme Labrie : Est-ce que je
comprends quand même qu'on est face à... comme on investit peu en recherche au
Québec, actuellement, on est un peu dans une situation de dépendance par
rapport à d'autres organisations actuellement, pour avoir les données, pour
avoir la compréhension, pour la gestion de nos risques ici, sur notre
territoire, puis qu'on avait quand même avantage à investir la recherche
davantage de notre côté ici.
M. Boulanger (Yan) : Parce
que c'est sûr qu'au niveau... au niveau fédéral, on a des... je vous dirais,
qu'on a les fonds qui ont... pour faire ce genre d'analyse là, effectivement,
c'est difficile pour nous de parler du niveau provincial à ce niveau-là, mais
c'est d'ailleurs ce pour quoi il se fait beaucoup de recherches au Service
canadien des forêts sur les feux.
M. Boucher (Jonathan) : Si je
peux me permettre, c'est que, dans l'est du pays, dans les dernières décennies,
on a eu moins de feux, l'intérêt était moins là pour ce genre de travaux là.
Dans l'Ouest, il y a une expertise qui s'est développée, dans l'Est, on aurait
avantage à la développer, cette expertise-là. Puis il y a plusieurs façons de
le faire, puis nous, on pourrait contribuer à ce développement-là.
Mme Labrie : Je comprends.
Bien, peut-être j'inviterais le ministre à ce qu'on ne soit pas à la remorque
des priorités de recherche fédérales, puis qu'on investisse nous-mêmes ce
terrain de recherche. J'aimerais ça vous entendre aussi, il me reste peut-être
une minute, sur les meilleures pratiques dans l'industrie forestière. Vous avez
quand même nommé certains éléments où ça a un impact, là, sur les risques.
Pensez-vous qu'on a les meilleures pratiques, actuellement, ou il y a place à
l'amélioration, là, dans notre gestion de la forêt au niveau de l'industrie
pour réduire les risques?
M. Boulanger (Yan) : Bien,
présentement, il n'y a pas... il n'y a pas une gestion intégrée, comme on le
mentionnait, des risques, notamment pour les communautés, les...
M. Boulanger (Yan) : ...infrastructure
où le changement, par exemple, dans la forêt, causé par l'industrie forestière
a un impact. Donc, c'est sûr qu'en fonction des différentes stratégies qui vont
être utilisées par les compagnies forestières, le territoire va être plus ou
moins inflammable.
Ce qu'il est important de savoir, par
contre, et c'est là où il y a des besoins de recherche, c'est de voir jusqu'à
quel point ces changements dans le territoire sont importants pour causer ou
pas des risques auprès des communautés qui sont... ou des infrastructures qui
sont présentes, jusqu'à quel point le changement de composition des forêts, par
exemple, a un impact sur le risque. Donc, tout ça, c'est quand même des choses
qu'on veut évaluer. Notamment, on travaille à ce qu'il y ait des projets qui
visent à évaluer l'enfeuillement du territoire, notamment suite à de
l'aménagement forestier, pour voir comment cet aménagement-là a... pourrait
avoir des impacts sur les infrastructures, les valeurs à risque, par exemple.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Merci beaucoup pour votre précieuse collaboration. Alors, nous suspendons
quelques instants pour accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 12 h 01)
(Reprise à 12 h 04)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Alors, nous accueillons la Corporation des services
d'ambulance du Québec. Alors, bonjour à vous trois. Alors, vous avez 10 minutes
pour faire votre présentation, et, dans un premier temps, je vous
demanderais...
12 h (version non révisée)
Le Président (M. Schneeberger) : ...de
vous présenter à tour de rôle et de présenter votre présentation.
M. Toussaint (Sébastien) : Je
me présente, Dr Sébastien Toussaint, je suis président de la Corporation des
services d'ambulance du Québec. Je suis accompagné, à ma droite, de M. Jocelyn
Beaulieu, directeur général de la Corporation, et, à ma gauche, M. Sylvain
Bernier, vice-président à la Corporation des services d'ambulance.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
vous pouvez débuter.
M. Toussaint (Sébastien) : Bien,
écoutez, M. le Président, Mesdames et Messieurs les parlementaires, M. le
ministre, ça nous fait plaisir, là, d'être présents aujourd'hui. Au nom de tous
les membres, je vous remercie de nous donner l'occasion de nous prononcer sur
le projet de loi.
Permettez-moi d'abord de vous présenter
notre organisation. La Corporation des services d'ambulance regroupe la
majorité des services d'ambulance à l'extérieur de Montréal et Laval ainsi que
la majorité des centres de communications santé. Notre organisation est engagée
à promouvoir une amélioration continue de qualité des soins et des services
préhospitaliers d'urgence. Les services préhospitaliers d'urgence au Québec, c'est
plus de 6 315 paramédics, 860 véhicules ambulanciers ainsi que
10 centres de communications santé et 350 répartiteurs médicaux d'urgence
répartis à travers le Québec.
Nous sommes réunis ici pour discuter d'une
initiative législative vitale qui, nous l'espérons, marquera un tournant dans
notre capacité collective à répondre aux sinistres et à améliorer la sécurité
civile au Québec. À cet égard, permettez-moi de dire clairement, il est grand
temps de procéder à cette réforme. Le projet de loi n° 50 se présente
comme une opportunité précieuse pour réviser l'organisation des services d'urgence
et améliorer la capacité de réponse collective en cas de sinistre. Cette
démarche est d'autant plus cruciale dans un contexte où les sinistres sont
appelés à devenir de plus en plus fréquents, comme on le vu dans la
présentation précédente.
La corporation appuie fermement cet
objectif, reconnaissant la nécessité de faciliter le travail non seulement des
services d'urgence, mais également des villes dans leur mission de protéger la
population. C'est également l'occasion de reconnaître pleinement les services
préhospitaliers d'urgence comme un maillon essentiel dans la gestion des
sinistres. La capacité d'intervention rapide et de l'expertise des centres de
crise des services préhospitaliers d'urgence sont indéniables. Nos membres ont
démontré à maintes reprises leur agilité, leur efficacité dans la gestion des
situations d'urgence, comme en témoignent les interventions lors des différents
sinistres majeurs au Québec. Les exemples comme les feux de l'été dernier, l'évacuation
de la ville de Chibougamau démontrent notre capacité à agir rapidement et
efficacement, même dans des contextes extrêmement difficiles. Cette expertise
doit être pleinement intégrée et valorisée dans le projet de loi n° 50.
Permettez-moi, maintenant, de souligner
quelques-unes de nos recommandations que nous souhaitons porter à votre
intention dans le but de renforcer cette efficacité de réponse aux urgences au
Québec des services d'urgences santé. Recommandation numéro un : inclusion
des centres de communications santé dans les centres de communications d'urgence.
D'abord, nous demandons d'inclure les centres de communications santé dans la
définition des centres de communications d'urgence au sein du projet de loi,
car on était présents dans la loi précédente, dans l'article 52.1, et on
se trouve maintenant exclus comme centre de communications santé dans le projet
de loi actuel, dans l'article 26 de l'alinéa deux. Il est essentiel de
reconnaître que l'efficacité de notre réponse, de notre réponse d'urgence
collective repose sur notre capacité de fonctionner non pas en silo, mais en
tant que système intégré, fluide et coordonné. L'exclusion des centres de
communications santé risquerait de créer un fossé opérationnel engendrant des
disparités dans les normes et les pratiques dans les différents centres d'urgence.
Une telle division serait non seulement préjudiciable à notre efficacité
collective, mais compromettrait également la sécurité de ceux que nous
efforçons de protéger.
Recommandation numéro deux : inclure
les entreprises ambulancières et les centres de communications santé dans les
cellules de crise. Notre seconde demande réside dans l'intégration dans la loi
des entreprises ambulancière et des CCS, lorsque c'est pertinent, dans les
mécanismes de planification et de réponse aux sinistres, comme ce qui est déjà
en place pour les services incendie et les services de police. On est un
triumvirat qui travaille en urgence, on devrait être présents comme les deux
autres services d'urgence. Notre implication directe dans les cellules de crise
permettrait d'apporter une expertise et des informations terrain cruciales dans
la prise de décision, surtout dans les situations exigeant des évacuations
massives ou des interventions complexes où nos paramédics sont appelés à
travailler...
M. Toussaint (Sébastien) : ...notre
connaissance de la réalité terrain et de nos capacités opérationnelles est un
atout indéniable pour la sécurité publique. Mon collègue, M. Bernier, abordera
ce sujet dans quelques instants.
Dernière recommandation que je veux vous
souligner, la recommandation trois, finalement. Nous souhaitons souligner
l'importance d'établir un mécanisme formel d'analyse et d'évaluation postcrise.
Cela permettrait d'identifier les points forts et les axes d'amélioration de
nos interventions, ainsi que notre capacité à faire face aux sinistres. Quels
sont les bons coups à intégrer dans le fonctionnement futur? Quelles sont les
lacunes? Quelles sont les leçons apprises? Quelles sont les orientations
régionales et locales à prendre? Y a-t-il des... des besoins de formation, de
simulation? Y a-tu des expertises à développer? Un tel processus est essentiel
dans un contexte où les sinistres seront de plus en plus fréquents. Il devrait
impliquer tous les acteurs des services d'urgence, y compris les services
préhospitaliers d'urgence, lorsqu'ils sont impliqués dans la réponse aux
sinistres, pour tirer pleinement des enseignements de chaque situation. On a vu
les autres intervenants. Ils ont parlé de ces enjeux de communication dans les
derniers jours. Nous vous recommandons donc de créer un comité d'amélioration
de la gouvernance de gestion de crise qui aurait pour mission de revoir les
actions menées lors des crises et de recommander des améliorations concrètes à
la suite d'un sinistre.
• (12 h 10) •
Pour conclure, la corporation se
positionne favorablement envers le projet de loi n° 50, tout en plaidant pour
une intégration plus poussée et reconnue des services préhospitaliers
d'urgence. Nous sommes convaincus que ces ajustements ne seront pas
seulement... progresser... ne feront pas seulement progresser la sécurité
civile au Québec, mais faciliteront également le travail des villes et des
services d'urgence, tout en assurant une protection optimale de la population.
Nous sommes prêts à collaborer étroitement avec tous les acteurs impliqués pour
mettre en œuvre cette vision commune. Ensemble, nous pouvons construire un
système de réponse aux sinistres qui soit non seulement plus résilient, mais
aussi plus inclusif et plus efficace.
Je laisse maintenant la parole à M. Bernier
pour citer... pour terminer la présentation.
M. Bernier (Sylvain) : Merci,
Dr Toussaint. M. le Président, mesdames, messieurs les parlementaires, M. le
ministre. Dans ma section, je serai peut-être un peu plus opérationnel, donc un
peu plus focussé sur la recommandation numéro deux. Mais ce qu'il faut savoir,
d'abord et avant tout, puis je pense que je ne vous apprends rien, les
entreprises ambulancière, elles travaillent au quotidien à répondre à des
urgences, c'est notre mandat, au niveau, là, de la réponse des urgences santé,
et on travaille à tous les jours avec nos collaborateurs, qui sont les services
incendie, les services de police, et ça nous amène, dans le cadre de nos
opérations quotidiennes, à mener notamment des postes de commandement qu'on
déploie sur le terrain pour être en mesure d'avoir la relation directe avec nos
partenaires puis de coordonner les activités terrain, ça fait partie de nos
opérations au quotidien.
Paradoxalement, quand vient le temps des
sinistres, bien, on est... on n'est pas présents, on n'est pas présents dans la
cellule de crise. Les services incendie sont présents, les services de police
sont présents, le ministère de la Sécurité publique. Les services ambulanciers,
on n'y est pas, de sorte que ça génère des difficultés d'application. Je pense
qu'amplement... Vous avez certainement entendu parler que le nerf de la guerre
dans les... dans la gestion des sinistres, c'est la communication. Donc, dans
le cadre de la communication, c'est parfois difficile. Ça... On doit passer
souvent par un tiers pour être en mesure soit d'obtenir de l'information ou
transmettre de l'information ou souvent, sur le terrain, bien, on interagit
avec nos collègues qui sont de la police ou de la sécurité des incendies qui
nous disent : Bien, c'est des éléments qu'on a discutés dans la cellule de
crise.
Des sinistres qui touchent les services
ambulanciers, là, il y en a... il y en a une multitude. On peut penser
notamment aux inondations de la rivière Richelieu, où on a été impliqués dans
le cadre de l'évacuation de gens des secteurs notamment de... qui bornaient la
rivière et pour laquelle l'information, l'échange d'informations était... était
un peu plus complexe, quoiqu'on a réussi tout de même à avoir d'excellents
résultats. Je veux citer également notamment l'évacuation de la ville de
Chibougamau dernièrement, dans le cadre des feux, où l'entreprise Ambulance
Chicoutimi SLN a collaboré avec son équipe ambulancière. Cinq véhicules
ambulanciers, près de 25 paramédics qui provenaient de différentes entreprises
ambulancières, avec un centre de commandement sur le terrain, pas de présence à
la cellule de crise. Mais on peut penser également, et je finis sur cet
aspect-là, aux feux de forêt à Sept-Îles notamment, où ça a été l'implication de
13 véhicules ambulanciers, près de 50 paramédics qui provenaient notamment de
nos collègues de la coopérative de Québec, par exemple, des paramédics de la
Côte-Nord, pour venir en appui pour faire l'évacuation de plus de 55 usagers
qui ont été déplacés et pour laquelle l'interaction sur le terrain... dans
laquelle on a obtenu de bons résultats, auraient-ils pu être...
M. Sylvain (Bernier) : ...meilleur
si on avait eu le... notre présence et de pouvoir faire bénéficier la cellule
de crise de l'expertise terrain. On pense que dans cet aspect-là, il y aurait
une plus-value.
Finalement, dans le cadre notamment des
CCS et de leur implication dans la cellule de crise, mais on peut penser, entre
autres, dans les nombreuses fermetures de routes, par exemple, pensez en
Abitibi, dans le nord du Québec, Chibougamau où il y a eu plusieurs fermetures
de routes, ce qui fait en sorte qu'encore là l'aspect de la communication a été
relativement lente avant que les services ambulanciers, via les CCS, puissent avoir
une communication en temps réel en lien avec les fermetures de routes. Ce n'est
que quelques exemples qui démontrent, à notre avis, l'importance d'intégrer les
entreprises dans la cellule de crise lors de sinistres.
Donc, je... je termine en vous disant que
notre recommandation, c'est d'impliquer, comme le Dr Toussaint le disait,
les centres de communication et les entreprises ambulancières dans les cellules
de crise, lorsque c'est pertinent naturellement, afin qu'on puisse faire
bénéficier de notre expertise et d'avoir une relation directe, efficace au
sinistre et à la prise de décisions opérationnelles.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup pour votre mémoire. Nous procédons maintenant à une période
d'échange avec le ministre et aussi peut-être les députés côté gouvernemental.
Alors, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président. Merci, messieurs, d'être là. D'entrée de jeu, je veux... je veux
vous dire, en mon nom personnel et au nom de tous les collègues, de l'ensemble
des Québécois, merci. Je le disais hier à la Sûreté du Québec, à la SOPFEU,
mais vous-mêmes, vous avez été des acteurs non négligeables sur le terrain,
surtout pour 2023, même avant là. Mais 2023 a été une année, vous le savez, là,
hors normes, extrêmement difficile, la multitude de catastrophes. Puis je vous
ai vu travailler autant pour Chibougamau, je vais y revenir, autant que je vous
ai vu travailler dans une cellule spécifique de celle de Baie-Saint-Paul et...
et ailleurs partout sur le... le... sur le territoire.
Je veux juste rectifier une chose avant
d'aller sur ma première question, là. Vous parliez tantôt, là, des CCS, là,
qui... un retour en... que les CCS étaient partie prenante de la... de la
Loi sur la sécurité civile. Ce n'est pas le cas. Les CCS n'ont jamais été sous
la Loi de la sécurité civile. On va rectifier. C'est peut être une mauvaise
interprétation de votre part, là, dans l'article de loi, mais j'ai demandé à
mes équipes, là, de... de s'asseoir avec vous, là, pour que vous compreniez
bien où on s'en va... où on s'en va comme tel avec ça.
La première question, c'est certainement
sur... sur... je vais dire plan d'urgence. Je ne sais pas si c'est le bon
terme, mais je posais la question hier la Sûreté du Québec un peu : Quel
est le modus operandi? Comment on met en place rapidement, là, en termes de
nombre d'heures, vous le disiez tantôt, là, autant... autant du côté de la
Côte-Nord que l'Abitibi, du côté des feux, que Chibougamau? Donnez... expliquez-moi
un peu, là, quand... quand ce processus d'évacuation se met en place, ce plan
d'urgence se met en place, comment vous déployez vos effectifs versus ce que
vous avez besoin sur le terrain pour répondre à des appels normals x, y, là,
versus l'urgence, de dire : O.K. la gang, il faut envoyer... il faut
envoyer x nombres d'ambulances, il faut évacuer x nombre de résidents,
résidentes, là, dans des... des RPA ou tout autre, ou autres. Comment vous...
comment vous fonctionnez? Donnez-moi un peu le... en quelques minutes, là,
cette façon de faire quand on déclare une évacuation ou autre, là.
M. Toussaint (Sébastien) : Oui.
Habituellement, M. le ministre, notre donneur d'ouvrage, c'est le CISSS.
M. Bonnardel : C'est le
CISSS, oui.
M. Toussaint (Sébastien) : Donc,
le CISSS nous convoque pour des rencontres, pour planifier justement un
déploiement. Mais quand on est en situation surtout d'urgence ou de sinistre
important, souvent l'information prend du temps à nous arriver de notre côté,
du côté du coordonnateur du CISSS. Par exemple, la situation des feux sur la
Côte-Nord, c'est une autre des casernes de l'entreprise Paraxion qui est à
Sept-Îles, qui a eu l'information de Québec, la capitale nationale qui était
demandée en renfort pour aller sur la Côte-Nord, qui a interpellé le
superviseur de Sept-Îles en disant : On est en train de déployer des
ressources pour vous venir en aide. On n'avait eu aucune, aucune avertissement,
aucun... aucune communication jusqu'à ce moment-là du centre de crise ou du du côté
du CISSS. Ça fait que vous comprenez que l'entreprise a appelé le
coordonnateur, a essayé d'avoir l'information, et là, après ça, on a mis en
place une cellule qui était santé pour travailler sur cet aspect-là. Donc, ce
qui est vraiment important, c'est de penser, puis c'est ça qu'il faut que le
projet de loi puisse... puisse réaliser au bout de la ligne, c'est qu'on ne
soit pas en réaction, réaction, on peut dire même des fois quasi improvisation,
là, quand c'est trop, trop à la dernière minute. Donc, il faut être vraiment
capable d'anticiper, d'anticiper ce qui va arriver, donc il faut être présent
au niveau de la cellule de crise, et cette anticipation-là va découler dans la
qualité d'exécution. Plus on va être capable d'anticiper, plus qu'on va être
capable de regarder notre capacité au rationnel...
M. Toussaint (Sébastien) : ...rationnel?
Est-ce qu'on a des besoins logistiques? Est-ce qu'on a besoin d'aide de
d'autres services? C'est quoi notre situation? Les CISSS... Le centre de
communication santé, là, lui, il doit se demander c'est quoi l'utilisation des
véhicules ambulanciers que j'ai sur le territoire? J'ai-tu des besoins
populationnels importants? Est-ce que tous les véhicules sont bien mobilisés
actuellement pour les appels primaires ou je suis capable d'en laisser aller
pour la situation de sinistre? J'ai-tu reçu des effets de domino? J'ai-tu des
véhicules à déplacer? Si on ne prévoit pas, on n'anticipe pas, bien, la gestion
de risque du CISSS, la gestion de risque de l'entreprise ambulancière ne peut
pas être effectuée adéquatement. Donc, toute cette anticipation-là va amener
une meilleure gestion de risques, va amener une meilleure qualité d'exécution.
M. Bonnardel : Oui, je
peux... je peux comprendre. Puis je ne veux pas essayer de défendre le CISSS
sur sa situation de roulement. Vous le nommez... vous nommez comme tel.
Peut-être que l'information, vous l'auriez eue 30 minutes plus tard, une
heure après, peut-être. Je ne le sais pas.
• (12 h 20) •
M. Toussaint (Sébastien) : Mais
on travaille en collaboration avec le CISSS. Ce n'est pas ça, le but.
M. Bonnardel : Le but,
ce n'est pas... ce n'est pas de trouver un coupable, là. Vous avez répondu très
très rapidement avec l'information que vous avez eue, là, d'un tiers X qui
était un de votre gang. Puis où je m'en vais... Où je m'en vais avec ça, c'est
que je peux comprendre, là, qu'à l'étape où, là, on se dit O.K. il y a un plan
d'urgence, il faut envoyer notre gang, il faut envoyer un peu plus de monde en
haut. Puis je vais peut-être plus vous poser une question sur les opérations
par la suite, tu sais. Quand vous dites cellule de crise, oui, je comprends,
mais je vous ai vu, je vous ai vu... En cellule de crise, quand l'événement est
là, là, puis à tous les jours, à 9 heures le matin, on se dit... On est
là. Corrigez-moi, là, mais je vous ai vu avec vos vestes en cellule de crise à
Baie-Saint-Paul. Puis là, quand vous dites lorsque pertinent, vous étiez
présent aux tables, exemple, lors des... pas des... oui, oui, des évacuations
et malheureusement, les décès de nos deux pompiers, nos deux pompiers, vous
étiez à la table comme telle.
Donc, j'imagine que c'est le CISSS qui
définit dans... dans la mission santé si oui ou non on a-tu besoin de vous
autres chose sur...Bien, je veux dire, quand je dis ça, on a toujours besoin de
vous autres, mais vous êtes partie prenante, là, des... des efforts de guerre
qu'on doit faire quand on doit évacuer des gens, surtout des résidents, ou
autres, ou autres, là. Donc, ma question sur les opérations est pas mal plus,
là... Je comprends, je comprends votre point, là, mais opérationnellement, là,
comment vous... vous répondez? Parce que des ambulances, il y a un nombre x,
là. Vous avez dit il y en a 800 sur le territoire, il y a
6 300 paramédics sur sur le terrain, partout sur le territoire.
Comment vous évaluez la... Comment vous êtes capables de répondre rapidement en
disant : O.K. On envoie x nombre pour ne pas dénuder puis de dire :
Bien là, il y a un territoire qui va recevoir moins... qui aura moins de
présence sur le terrain? Ce n'est pas évident comme question, là. Puis je le
sais que c'est délicat parce que quelque part t'as un temps de réponse, puis
c'est toujours ça qui est... qui est le nerf de la guerre quand il arrive un
code x, y, quand on appelle au... quand on appelle au 9-1-1. Donc, je veux
juste bien comprendre comment vous travaillez là-dessus. Puis je prends note,
là, je prends bonne note, là, de votre... de votre réflexion et de votre
recommandation, là, sur... sur les cellules, mais vous avez bien dit tantôt,
puis je l'ai pris en note, lorsque pertinent.
M. Toussaint (Sébastien) : Je
vais faire un début d'amorce de réponse à nouveau, puis je vais laisser
M. Bernier compléter, mais il faut faire la distinction entre cellule de
crise et poste de commandement. Poste de commandement, sur le terrain, on en
fait, puis on en fait même des fois unifiés avec les autres services d'urgence.
Ce qui est important... La réponse optimale qu'on aurait aimé avoir, c'est
d'être présent à la cellule de crise et d'être capable, en terminant la
rencontre cellule de crise, on s'assoit avec le CISSS. On s'assiste... On
s'assoit avec notre coordonnateur puis on dit : Regardez. Nous autres, on
a les flags qu'on vous lève. Les... Voici les risques. Voici les problèmes de
capacité. Voici les enjeux. Et donc on peut mettre à profit notre expertise
parce qu'on a capté l'information qui était pertinente puis on est capables,
même, à la cellule de crise, de lever le drapeau quand il y a une
non-faisabilité de certaines choses avant d'être obligé que tout revienne, puis
qu'on remonte l'information, etc. Donc, il y a cette distinction-là entre
cellule de crise et poste de commandement. Là, je dirais à Sylvain, là,
peut-être de commenter.
M. Bernier (Sylvain) : Oui,
mais... Mais essentiellement, là, je vous dirais, parce que vous avez dit, M.
le ministre, j'en ai vu. Oui, c'est vrai. Des fois, ça arrive. En fait,
c'est-à-dire, c'est qu'on n'a pas notre place de façon, je ne dirais pas
systématique comme... Parce que je... On parlait, là, lorsque pertinent, mais
lorsque c'est requis, en fait. Et donc on se retrouve toujours un peu entre, le
balancier, entre le coordonnateur du CISSS qui, lui, a différentes missions à
évaluer, puis notamment de faire le lien que les services hospitaliers et la
chaîne de communication. Et donc, dans certains cas, bien, on arrive et puis,
bon, le coordonnateur du CISSS, lui, dans le cadre de ses opérations, juge que
ce n'est pas nécessairement pertinent qu'on... qu'on soit là. Et donc, là, il y
a de la difficulté de communication.
Donc, nous... Moi, ce que je pense, c'est
que c'est... On est complémentaire. Donc, ce n'est pas de prendre la place de
quelqu'un, ce n'est pas de... Je pense que, dans les situations de la cellule
de crise, là où on partage de façon quotidienne de l'information avec des
partenaires avec lesquels on est habitué de travailler, vient un temps où on
n'a pas cette tribune-là. Lorsqu'il y a des... Puis à certains moments donnés,
oui, on pourrait, mais ce n'est pas de façon systématique, je dirais, que cette
opportunité-là se présente, alors qu'on pense que...
M. Sylvain (Bernier) : ...ça
devrait être systématique, dans la gestion des sinistres, que... lorsque c'est
requis qu'on soit présent, naturellement, qu'on puisse y être, et non pas qu'on
soit à la remorque d'attentes, que quelqu'un nous dise : Bien là,
effectivement, on n'a pas pris le dessus, puis là ça serait pertinent que vous
soyez là.
M. Toussaint (Sébastien) : J'aimerais
peut-être faire une petite illustration. Je suis médecin de famille, c'est ma
déformation professionnelle, je vais juste vous illustrer... Il y a une
chirurgie à faire chez un patient. Je suis médecin de famille, je suis capable
de savoir qu'il a besoin d'une chirurgie. C'est-tu moi qui dois planifier son
opération, qui connaît les risques, les contre-indications, les types
d'intervention, comment on va intervenir, quelles fournitures que j'ai de
besoin, quelle équipe que j'ai besoin, quels instruments que j'ai besoin pour
réaliser l'opération? C'est le chirurgien. J'ai besoin que le chirurgien voie
le patient. C'est la même chose. Donc, on a-tu besoin d'un généraliste autour
de la table? On a besoin... Nous, on est des experts en situation d'urgence. Il
faut qu'on soit là pour capter toute l'information, puis de lever le drapeau,
quand qu'on doit lever le drapeau, mais uniquement quand c'est des situations
qui regardent où on est intervenu ou qu'on doit intervenir éventuellement.
Et le P.D.G. des CISSS et des CIUSSS, il a
plein de missions. La mission de l'urgence, des services préhospitaliers, c'est
un grain de sable dans l'engrenage, là, vous comprenez? Puis nous autres, la
rapidité d'intervention... On est en situation de sinistre, il faut réagir, il
faut être là, il faut être au rendez-vous puis il ne faut pas se tromper.
M. Bonnardel : Je reviens sur
les opérations, juste pour bien comprendre comment vous fonctionnez versus,
exemple, Sûreté du Québec. Quand je leur ai posé la question : Il arrive
une situation d'urgence, vous évaluez, selon la gradation x, y, qu'il faut
envoyer x nombre d'ambulances, x nombre de paramédics... Est-ce que les
sociétés ont le pouvoir de dire à ces femmes, à ces hommes : Tu sors de
vacances, on t'appelle, ça sonne, c'est... bip-bip, 9-1-1, on a une situation?
Comment ça fonctionne pour répondre rapidement, rapidement à ces urgences?
Parce que ceux qui sont sur le terrain sont là, bien là, il faut qu'ils
finissent leur quart de travail, puis les autres.... là, François, il faut en
envoyer x. Comment... C'est quoi, le modus operandi, là, des opérations?
M. Sylvain (Bernier) : Oui,
c'est intéressant. Bien, naturellement, comme service d'urgence, on ressemble
énormément aux autres services d'urgence, là, avec lesquels on traite : la
Sûreté du Québec, services de police ou différents services d'incendie, on a la
capacité de mobiliser. C'est un régime un peu paramilitaire, là, si on peut le
prendre ainsi. C'est-à-dire qu'en situation de sinistre, là, naturellement, on
a des dispositions, notamment dans nos conventions collectives de travail, mais
aussi dans l'organisation, pour être en mesure de requérir tout notre personnel
en temps requis, procéder aux changements d'horaire de travail, par exemple,
annuler des congés puis noliser des groupes de travail. C'est à l'intérieur de
nos organisations.
Et naturellement on a des liens avec nos
différents partenaires de services ambulanciers, on a plusieurs entreprises
ambulancière, naturellement, pour que nos collègues puissent venir en... On a
l'interopérabilité des zones, la perméabilité, de sorte qu'on peut s'assurer
que, si on n'est pas en mesure de répondre avec nos paramédics sur notre
territoire, qu'on peut compter sur les collègues alentour de nous pour être
capable de pouvoir mobiliser ces troupes-là en temps requis.
Naturellement, cette évaluation-là, puis
c'est à juste titre que vous le dites, M. le ministre, cette évaluation-là,
elle se fait sur le terrain, d'une part, donc, quand on a l'évaluation sommaire
de ce qui se passe aux postes de commandement de terrain, mais, par la suite,
c'est à la cellule de crise que ça se passe, c'est à la cellule de crise où,
là, on analyse l'ampleur avec les collègues, qu'on prend les décisions de
mobilisation des ressources : est-ce que, là, c'est des mobilisations
intrarégionales, intrazones, provinciales, à la limite, jusqu'où on mobilise.
Et ça, on le fait en collaboration, naturellement, avec notre partenaire du
CISSS qui est avec nous, dans lequel il y aura une cohésion de décisions qui
permettront notamment... parce qu'on peut mobiliser des ressources, mais il
faut s'assurer quand même qu'on les a, est-ce... dans quel moment on va pouvoir
les avoir, c'est quoi le temps de disponibilité, les ressources matérielles,
humaines, etc. Donc, si ça peut répondre à votre question, c'est... plus sur
l'aspect opérationnel, c'est paramilitaire, là.
M. Bonnardel : Oui, bien,
c'est les termes qu'ils ont utilisés hier, donc vous me rassurez quand vous me
dites... quand vous me dites ça, là.
M. Toussaint (Sébastien) : Mais,
pour vous rassurer encore davantage, c'est dans les gènes de nos paramédics.
M. Bonnardel : Oui,
j'imagine. J'imagine.
M. Toussaint (Sébastien) : Nos
paramédics, là, il n'y a personne qui dit... ils lèvent tous la main. Puis je
peux vous dire qu'à Sept-Îles, dans la région de Sept-Îles, sur la Côte-Nord,
Chibougamau, nos paramédics ont été exemplaires, exemplaires. Ils étaient au
rendez-vous, puis il passait des heures interminables. Donc, chapeau à nos
employés. Ils sont vraiment dédiés aux services d'urgence.
M. Bonnardel : Oui, ça fait
que j'imagine que Laval puis Montréal, même vous avez dit qu'ils ne sont pas
parties de la corporation, là, ont la même façon de faire, le même «thinking»,
comme tels, là.
Une voix : C'est sûr. C'est
sûr.
M. Beaulieu (Jocelyn) : Mais
il y a d'autres entreprises qui ne font pas partie de la corporation non plus.
Comme Sylvain disait, on a quand même des interrelations avec tous tes
collègues autour, parce que mon voisin de zone, ça ne veut pas dire qu'il est
membre de la CSAQ, il peut être membre de la fédé des coops, il peut être
membre d'une autre association, mais on a tous cet échange-là, quand même,
entre nous, et c'est ce...
M. Beaulieu (Jocelyn) : ...là
pour être capable de faire face aux sinistres. Puis comme Sébastien, il
dit : Levez la main, là... On n'a pas de misère à ce que nos paramédics...
puis nos RMU, parce qu'on l'a vécu à Québec il n'y a pas longtemps. Les RMU
lèvent la main aussi, là. Il n'y a pas de... il n'y a aucune problématique avec
ça.
M. Bonnardel : Merci. Si mes
collègues ont des questions...
Mme Jeannotte : Bien, oui.
Bien, bonjour. Moi, je m'appelle Chantale Jeannotte.
Le Président (M. Schneeberger) : ...
• (12 h 30) •
Mme Jeannotte : Merci, M. le
Président. Je suis du compté de Labelle, puis on a vécu la menace de la digue
Morier, qui menaçait de céder. Puis je peux comprendre très bien ce que vous
voulez dire, dans le fond, parce que... Pourquoi vous ne seriez pas là au
premier chef, dans le fond? Après, ça ne veut pas dire que vous avez besoin
d'être là tout le temps, mais... Ça fait que je l'ai vécu le fait que vous
n'étiez pas autour de la table, ça fait que je peux très bien comprendre leur
point de vue, là, pour intervenir après. Mais j'étais curieuse de vous entendre
sur la réserve d'intervention d'urgence. Comment vous voyez ça? Voyez-vous ça
d'un bon œil ce que... ce qu'on propose, là, en cas de sinistre, de mettre sur
pied une réserve d'intervention d'urgence?
M. Toussaint (Sébastien) : Bien,
écoutez, si ça peut... Nous, notre donneur d'ouvrage, c'est le CISSS, hein? Si
ça peut donner plus de capacité au CISSS, de rapidité de donner les
autorisations. Parce que, tu sais, nous, dans nos entreprises, on dit
toujours : On regardera après la crise, là, tu sais. Tu sais, on ne
regarde pas le chéquier puis on ne regarde pas qu'est ce qu'on fait. Tu sais,
on intervient, là. Tu sais, on est en situation d'urgence, on doit donner le
service. Mais si ça permet justement de lubrifier mieux les décisions, de
permettre de rassurer les décideurs qu'ils vont être... qu'ils vont être plus
en mesure de prendre... d'avoir les coudées franches, bien, on voit qu'il y a
un côté positif, là.
Mme Jeannotte : Merci
beaucoup. C'est excellent. Sinon, je n'ai pas d'autre question pour le moment.
M. le ministre.
Le Président (M. Schneeberger) : Bien,
il reste 10 secondes de toute façon, alors c'est pas mal... c'est pas mal
terminé. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle, et
j'entends la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Alors, d'abord, merci, messieurs, pour vos... votre exposé. D'abord,
je vais peut-être revenir sur l'élément que vous avez mentionné que, lorsque
requis, hein, que votre... que vous devriez faire partie de la cellule de
crise, lorsque requis. Mais à quel moment ce ne serait pas requis, des
exemples?
M. Toussaint (Sébastien) : On
a juste à penser à un incendie qui est dans une situation non peuplée. On n'a
pas besoin d'être dans... dans la cellule de crise pour être présent. Ça
s'approche d'une agglomération tranquillement, woups, on intervient. On vous
amène à la table parce qu'éventuellement peut-être que ça peut être... il peut
y avoir une mobilisation des paramédics éventuellement. Donc, c'est dans ce...
dans cette perspective-là. Est-ce qu'on pense qu'on va devoir mobiliser,
utiliser les services préhospitaliers? Et, si c'est dans cette optique-là,
bien, il y a plusieurs... il y a une panoplie de situations qui s'invitent à
ça. Puis, dans une même situation, il peut arriver, comme on disait, que ce
soit pertinent au début, puis qu'après ça ne l'est plus pertinent, parce que
l'enjeu est tout autre, ou que c'est l'inverse, ça devient de plus en plus
pertinent dans le dénouement du sinistre.
Mme Dufour : Mais est-ce
qu'il n'y a pas un risque que, si vous ne faites pas partie de la cellule de
crise à tout moment, que ça manque... qu'il n'y ait pas... qu'il y ait
quelqu'un qu'il manque, que vous devriez en faire partie, tu sais, puis...
M. Toussaint (Sébastien) : Bien,
ça fait partie de notre troisième recommandation, tu sais. Si la loi prévoit
qu'on est... qu'on est inscrit dans la cellule de crise puis qu'on peut être
présents à la cellule de crise, nous autres, on travaille en collaboration.
Donc, si, après ça, au niveau de la gouvernance, on s'aperçoit qu'on n'a pas
été interpellés au bon moment ou on nous a fait intervenir à la cellule de
crise à la toute dernière minute, donc on n'a pas utilisé les moyens qu'on a,
qui sont dans la loi, je vous dirais que c'est là qu'on va pouvoir revoir de
nos apprentissages puis dire : Bien, il faut voir différemment. Mais
est-ce qu'on doit être systématiquement... On ne peut pas... on ne peut pas
donner cette nomenclature-là, mais de façon... en tout cas, c'est la
terminologie qu'on a trouvée qui était plus adéquate.
M. Bernier (Sylvain) : Oui.
Bien, en fait, j'aurais tendance à vous dire : Bon, plus on dispose
d'informations, mieux on est en mesure de réagir. Maintenant, il faut s'assurer
aussi d'une certaine cohérence dans les cellules de crise. On ne veut pas les
surcharger. On ne veut pas s'assurer qu'il y ait des gens qui ne soient pas
nécessairement nécessaires à ce moment-là. Donc, notre objectif était justement
de s'assurer d'une saine cohésion de la cellule de crise puis d'éviter qu'elle
soit surchargée. Donc, c'est un peu dans ce sens-là qu'on dit : Bien,
lorsque c'est pertinent, parce qu'on ne veut pas justement être un acteur, là,
qui... Maintenant, un coup, je vous dis ça, j'aurais tendance à vous
dire : Bien naturellement plus souvent on est impliqués, mieux c'est. On
prêche pour notre paroisse. Mais... mais naturellement, plus on a
d'informations, même si on n'est pas actifs, plus on détient des sources d'informations,
ça nous permet de mieux réagir, naturellement, plus on est... plus on est
préparés. On en a parlé...
12 h 30 (version non révisée)
M. Bernier (Sylvain) : ...la
meilleure réponse, c'est la préparation à l'attaque, là, au hockey, on va vous
dire que la meilleure attaque, c'est la défense, mais essentiellement c'est d'être
en mesure de pouvoir se préparer à faire face à ces diverses situations-là.
Mieux on est préparés, mieux on va pouvoir y répondre.
Mme Dufour : Mais... mais il
est là, ma... mon questionnement, c'est que, pour agir en prévention, il faut
être là dès le début. Parce que si on vous interpelle juste au moment où il y
a... c'est maintenant rendu urgent, mais vous ne pouvez plus être en
prévention.
M. Bernier (Sylvain) : Mais
vous l'avez bien dit, c'est là où tout le sens doit le prendre. C'est si on
nous appelle quand là c'est rendu urgent, effectivement, on est d'accord avec
vous, c'est trop tard.
Maintenant, des fois, dans certaines
situations de sinistre, puis Dr Toussaint en a parlé, si on parle d'incendies
de forêt, par exemple, dans le nord du Québec, où il n'y a pas de communauté,
il n'y a pas de... bon, quand même qu'on n'y serait pas, oui, peut-être qu'on
aura un bagage d'informations, mais il ne nous sera pas grandement utile, donc
on peut certainement, mais... mais il faut, je pense, que... que la... que la
cohésion... qu'on puisse déjà alimenter les équipes quand on pense qu'il va y
avoir, pas quand on est en situation d'urgence, mais quand on pense que les
services vont pouvoir être sollicités parce qu'on s'approche de communautés,
par exemple, là, c'est utile. Donc, il y a un... il y a un point, là, de
friction, entre guillemets, là, où on doit...
M. Toussaint (Sébastien) : Puis
il y a un aspect, excusez-moi, il y a un aspect qui est peut-être très
pertinent dans ce que vous dites, là, de... du fait d'être plus présent que
moins présent, il y a l'aspect, tu sais, je vous ai parlé de l'aspect rapidité
d'anticipation, mais l'aspect de collaboration avec les autres services d'urgence.
Si je ne sais pas c'est quoi le déploiement que la police puis les incendies
font sur le territoire, puis qu'ils ont peut-être besoin de mon support tantôt
parce qu'ils ont des gens à risque, bien, j'ai besoin de le savoir puis ce n'est
pas quand on va faire un appel au 9-1-1 puis qu'on va dire : Bien, venez,
mais comment ça ils sont rendus là les pompiers? Comment ça qu'ils font ça puis
qu'on n'est pas au courant de ça? Vous comprenez? Ça fait que cet aspect là de
collaboration, il était peut-être très pertinent dans vos commentaires.
Mme Dufour : Bien, exactement.
Puis, tout à l'heure, vous parliez que, bien, lorsqu'il n'y a pas de communauté
proche d'un feu, mais il y a des employés sur le terrain puis eux sont à risque
d'avoir besoin de services ambulanciers s'il y a des blessures. Donc, je
comprends que c'est plus important de vous... vous impliquer en amont, là.
Excellent.
Je veux peut-être... Parce que vous parlez
dans votre mémoire, là, des... des... de la communication qui, actuellement,
des fois, est déficiente. Actuellement, comment ça se fait? Parce que vous
donnez des exemples où vous apprenez des choses a posteriori, des fermetures de
routes, par exemple, lors d'inondations, de tempêtes, etc. Puis évidemment vous
utilisez le réseau, là, pour vous déplacer. Donc, comment ça se fait
actuellement? Est-ce qu'il y a un protocole pour communiquer ces... ces
éléments-là?
M. Bernier (Sylvain) : Non,
il n'y a pas de... il n'y a pas de protocole particulier, là, pour... pour...
pour ce type de communication là. En fait, nous, la communication, comme on
vous disait, on le déploie sur le terrain, on a la communication avec nos
intervenants. Souvent, la communication, comme je vous expliquais un peu plus
tôt, il y a les services incendie, les services de police sont à la cellule de
crise, donc, eux autres sont... sont directement informés. Nous, c'est souvent par...
soit par notre coordonnateur des SPU, des services préhospitaliers d'urgence,
qui va nous... nous relayer certaines informations, naturellement, celles qu'il
va juger utile de pouvoir nous transmettre. Alors que sur le terrain, des fois,
comme j'expliquais un peu plus tôt, on, donc, discute avec les intervenants d'urgence
dans notre poste de commandement qui nous dit : Oui, mais là la cellule de
crise nous a donné telle orientation, on est en train d'évacuer. Là, tu sais :
On est en train d'évacuer? Là, woups! là, nous, on reçoit l'information parce
que là notre coordonnateur des SPU, lui, il fait... il a... bon, il a appelé
ces différentes personnes puis il est rendu à notre tour, donc va nous appeler
également. Donc, il y a... il y a une lenteur, d'une certaine façon, dans
cette... dans cette communication-là qui, pour nous, est essentielle si on veut
être en mesure de pouvoir, là, échanger, là, dans les mesures d'urgence.
M. Toussaint (Sébastien) : Je
vais vous dire un exemple, là. Dernièrement, lorsqu'il y a eu la fermeture du
pont la Touzel dans la région de Sept-Îles, le lien primaire de circulation
était fermé complètement; pas informés. Nous, on avait les ambulanciers qu'il
fallait changer en relève sur le territoire, on monte à Natashquan, on monte à
Havre-Saint-Pierre, il y a du monde qui travaillent là qui viennent d'autres
régions, etc. On a été obligé de faire un... un pont par bateau, par chaloupe
avec les pêcheurs pour traverser nos paramédics pour pouvoir faire la
continuité des services plus loin. Ça fait que vous comprenez qu'il y a une
importance, là, de communication, d'intégration, il y a un réflexe à déployer
en nous mettant dans un... un centre de crise. Et ce réflexe-là, c'est de
renforcer les habitudes qui sont faites sur le terrain quand on est en poste de
commandement puis qu'on travaille en triumvirat avec les services de police et
incendie.
Mme Dufour : C'est quand même
étonnant parce que, normalement, tout ce qui est services d'urgence devrait
faire partie... puis là, ce que je comprends, que ce n'est pas le cas dans
votre... votre situation.
M. Bernier (Sylvain) : C'est
le sens de notre recommandation.
Mme Dufour : Parfait. Je
voudrais peut-être vous entendre sur les centres de...
Mme Dufour : ...communications
santé qui... Bon, vous dites qu'en Alberta, en Ontario, en
Colombie-Britannique, ici... on dit... on... Ce qu'on comprend, c'est qu'il y
aurait comme deux silos, là, deux centres distincts, là, deux canaux distincts,
mais qu'en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique ce n'est pas le cas et
que, là-bas, on a même vu des retombées économiques bénéfiques. Donc, je
voudrais vous entendre peut-être là-dessus.
• (12 h 40) •
M. Toussaint (Sébastien) : Oui.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que nos centres de communications santé, c'est
santé. Tu sais, on s'occupe des appels santé, on s'occupe du déploiement des
ambulances sur le territoire, on gère la circulation des priorités. On est
capable de faire une gestion de risques comme j'expliquais tout à l'heure. Mais
ce qui est le nerf de la guerre, c'est l'infrastructure technologique de ces
centres-là. Et ça, c'est relié au ministère de la Sécurité publique, c'est
relié à des ententes 9-1-1. On est soumis, dans les CCS, à signer des ententes 9-1-1.
Par exemple, le ministère de la Santé a refusé de signer ces
ententes 9-1-1 là dans la dernière mouture, alors que la Sûreté du Québec
a signé provincial, mais... alors que l'Union des municipalités ont tous signé
ensemble. Mais ces normes-là, les normes canadiennes, les technologies
intégrées au niveau des centres d'appels d'urgence, ils doivent être les mêmes.
Et, si on n'est pas en mesure d'avoir les mêmes puis qu'on ne répond pas aux
normes, ils vont nous débrancher sur le 9-1-1. Donc, on... le centre va être
inopérant demain matin. Donc, le lien, je vous dirais, fonctionnel,
technologique et l'expertise technologique, c'est du côté du ministère de la
Sécurité publique, les ententes 9-1-1. Il faut qu'on soit inclus comme un
centre d'urgence. Le ministère de la Santé peut déterminer des normes, mais, si
ces normes-là sont en déphasage ou pas en alliance avec les technologies et le
déploiement des nouvelles technologies... vous savez comment ça fonctionne, là,
on va rentrer avec les nouveaux textos, les images, la géolocalisation 3D. Il
faut que ces arrimages technologiques là soient faits dans le temps en même
temps que les autres centres d'urgence puis cette communication-là, cette
interrelation intime doit demeurer.
Mme Dufour : Pourquoi vous
croyez que ce n'est pas le cas présentement?
M. Toussaint (Sébastien) : Bien,
actuellement, la loi du SPU couvre l'aspect de gouvernance, hein, la
gouvernance surtout des centres de communications santé. Et, la loi du côté de
la sécurité publique, on pense que c'est celle-là qui amène sous le joug des
centres d'urgence, donc, tout l'aspect technologique, l'aspect normatif, autant
de la technologie, mais de l'infrastructure des bâtiments, des exigences
d'opération. Donc, je pense qu'au point de vue strictement de l'organisation il
faut continuer dans cette lignée-là puis il faut la renforcir pour être unifié
de plus en plus, d'être synchrone avec les autres centres, avoir une belle
collaboration, une belle coordination. Le trou qu'on peut ouvrir, là, dans
la... dans le projet de loi actuel pourrait faire en sorte qu'on distingue,
puis qu'on ne soumet pas aux mêmes normes, puis que tranquillement, bien, on
soit en défaut par rapport à des normes canadiennes avec des
ententes 9-1-1 ou qu'on se fasse même débrancher.
Mme Dufour : ...Merci. Il me
reste quelques secondes. Je veux juste vous entendre sur la formation actuelle
des paramédics. Est-ce que vous considérez qu'elle est suffisante pour répondre
aux sinistres? Puis est-ce que vous pensez aussi que vous devriez faire partie
de la formation qui va se faire à la banque de réserve, là, des réservistes,
là?
M. Toussaint (Sébastien) : C'est
sûr que la formation... Tu sais, il faut toujours militer pour en faire
davantage, s'adapter, répondre aux nouvelles réalités. Donc, nous, on est
sujet, encore là, avec notre donneur d'ouvrage qui est le CISSS, on travaille
en collaboration là-dessus. Donc, je pense que l'apprentissage postcrise fait
partie de ça. Est-ce qu'on doit déployer des simulations? Est-ce qu'on doit
développer un curriculum de formation continue davantage pour nos paramédics,
pour renforcir des interventions en situation de sinistre ou en situation de
crise précise? Ça, ça fait partie justement de ce que le système doit être
apprenant, puis qu'on doit être, dans le temps, capable de s'adapter. Et, si
cette enveloppe-là peut servir à ça, bien, c'est très salutaire pour l'ensemble
du réseau préhospitalier d'urgence puis autant pour les centres de
communications santé.
Une voix : Mais il faut tout
de même savoir...
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Oui, on a pu... Je vous ai déjà... 25 secondes au départ. Ça fait que je
vais... il faut que je vous coupe à un moment donné, là. Alors, nous allons
maintenant du côté de la deuxième opposition, et j'entends la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je dois dire que je suis quand même surprise d'entendre que vous ne
faites pas partie des cellules de crise parce qu'effectivement vous avez
parlé...
Mme Labrie : ...Triumvira,
c'est assez clair que vous faites partie des intervenants d'urgence. J'aimerais
ça que vous m'éclairiez peut-être, parce que c'est un dossier que je ne connais
pas bien, qui décide de la composition d'une cellule de crise quand il y a un
sinistre, par exemple?
M. Beaulieu (Jocelyn) : Il y
a certaines mécaniques... qui déterminent, là, qui a l'autorité, puis c'est un
peu pour ça qu'on la modifie, qu'on veut l'améliorer. Ça fait que c'est
vraiment au niveau plus de la sécurité civile qui... Puis le CISSS détermine...
Des fois, on a vu des P.D.G. de CISSS qui étaient à la cellule de crise.
D'autres fois, on a vu que c'était des coordonnateurs. Ça fait que c'est
vraiment dans cette cour-là que ça se joue.
Mme Labrie : Mais vous vous
adressez à qui vous, par exemple, si, sur un territoire X, il y a une
situation, puis vous estimez que vous devriez faire parce la cellule de crise?
Ça a dû arriver que vous le demandiez, j'imagine.
M. Beaulieu (Jocelyn) : On va
travailler avec le CISSS. On va travailler en collaboration avec CISSS ou le
CIUSSS de la région où le sinistre arrive. Nous, c'est vraiment... Notre lien
est vraiment avec le CISSS.
M. Bernier (Sylvain) : Quand
on parlait de défi de communication, bien, c'est un peu ça. C'est que nous, là,
notre intervenant avec lequel on oeuvre au niveau des sinistres, c'est avec
notre CISSS. Donc, c'est notre intervenant avec lequel on collabore. On a une
excellente collaboration, soit dit en passant, c'est nécessaire qu'il soit là,
mais, en même temps, ce n'est pas l'intervenant terrain. Et donc, dans la
cellule de crise, ce qu'on retrouve, c'est, naturellement, des dirigeants,
d'intervenants terrain pour lequel il y a une efficacité, on pense être en
mesure de pouvoir...
Donc, c'est quand je parlais de déphasage,
une communication... d'information, bien, c'est, naturellement, celui qui la
traite qui juge ce qui est bon à transmettre sur le terrain, avec toute la
bonne volonté qu'il a naturellement. Donc... Et on pense qu'on pourrait faire
bénéficier de l'expertise qu'on a sur le terrain.
Mme Labrie : Donc, ça arrive
que vous le demandiez puis qu'on vous refuse de faire partie d'une cellule de
crise. Qu'est-ce qu'on vous donne comme argument?
M. Bernier (Sylvain) : Oui,
oui, c'est déjà arrivé. Puis, quand je vous ai parlé des inondations du
Richelieu, ça a été... c'en était un des cas où on disait : On pense qu'on
devrait être présent à chacune des conférences, par exemple, téléphoniques du
matin, de la cellule de crise où on nous disait : Bien, on est déjà là, on
a déjà l'information. On a pas besoin d'amener des intervenants
supplémentaires. On pense qu'on va être capable de vous transmettre
l'information. Bon, et c'est là qu'il y avait certaines difficultés d'arrimage,
parce que, sur le terrain, l'information qu'on recevait, quand on travaillait
avec nos collaborateurs, bien, des fois, ils nous disaient : Bien, tu n'es
peut-être pas au courant de ça, si vous n'avez pas échangé ça. Donc, c'est plus
à ce niveau-là, je vous dirais.
Mme Labrie : O.K. Ça fait que
même quand vous vous faites répondre : Ah! nous, on est en mesure de vous
transmettre l'information. Vous n'avez pas besoin d'être là. C'est ça qu'on
vous dit, là. Si vous leur amenez des exemples que, justement, il y a eu des
lacunes de communication, vous avez quand même de la difficulté à intégrer la
cellule de crise.
M. Toussaint (Sébastien) : On
n'est pas reconnu, donc, dans la loi, donc il n'y a pas d'obligation de nous
inclure dans une cellule de crise. Donc, c'est cet aspect-là qu'on veut donc...
Donc, il faut vraiment qu'on soit présent, parce qu'on travaille en
collaboration. Une fois que la cellule de crise est faite, c'est toujours notre
capacité d'anticipation, c'est notre capacité d'évaluer les activités terrain,
notre connaissance du terrain. C'est ça qu'on veut être en mesure de déployer
le plus rapidement possible.
Mme Labrie : Ça fait que
c'est à vous qu'il faudrait le demander, dans le fond. Dans la loi, ce que vous
voulez, c'est qu'on prévoit que ça soit demandé systématiquement à vous, si
vous le jugez pertinent dans cette situation-là.
M. Beaulieu (Jocelyn) : Ce
qu'on veut, c'est que la loi de la police, la loi des incendies, c'est déjà
écrit dans leur loi à eux qu'il faut qu'ils soient là. Il faut qu'ils soient
lors des crises. Ça fait que nous, les amendements qu'on propose, c'est de
dire : Allez modifier la loi, parce que ça fait partie des lois que vous
pouvez modifier avec le projet de loi, allez modifier la loi des SPU qui va
venir dire qu'à tel point, c'est l'article... que le CCS va faire partie, que
l'entreprise ambulancière va être aussi partie prenante. Ça fait qu'en venant
modifier cette loi-là, on nous permet d'être là. C'est vraiment comme ça que ça
se passe avec la loi sur la police, puis la loi sur les incendies. C'est dans
leur loi à eux que c'est prévu.
M. Bernier (Sylvain) : ...à
négocier notre présence dans une cellule de crise. Je pense que ça va de soi
que notre expertise... Puis ce n'est pas parce qu'on y tient, hein, c'est parce
qu'on pense que notre présence va être collaboratrice, qu'elle va permettre de
mieux répondre aux besoins des citoyens, mieux répondre aux besoins des
services d'urgences. C'est ça, notre objectif, on veut bien servir nos
citoyens. Nos paramédics veulent bien servir le citoyen. Donc, c'est ça,
l'objectif.
Mme Labrie : Puis peut-être
juste très rapidement, parce qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, votre
dernière recommandation sur le comité, plus, de suivi. Est-ce qu'il existe
déjà, à l'occasion, des comités comme ça, pour adopter de meilleures pratiques
pour la suite?
M. Toussaint (Sébastien) : En
fait, il y a des... terrain sur des interventions précises en situation
d'urgence, ça, ça se fait communément. Mais on veut s'inspirer de ça, mais au
niveau de la gouvernance, donc de regarder comment on a géré, au niveau de la
gouvernance, la crise. Comment... Est-ce que les communications ont bien été ?
Est-ce qu'il y a des bons coups qu'on a faits? Est-ce que les prochaines
crises, est-ce qu'on va s'y prendre de la même façon dans la cellule de crise?
Est-ce qu'on va faire une planification? Est-ce qu'on va faire rentrer les SPU,
dès le début, puis on va leur dire : Bien, sortez, si vous n'avez pas
besoin d'être présent dans la cellule de crise. C'est toute cette
rétroaction-là d'être capable de regarder, de...
M. Toussaint (Sébastien) : ...regardez
ce qu'on fait pour être une organisation d'urgence apprenante. Et le projet de
loi est extraordinaire, en lien avec la prévention des sinistres, la prévention
des événements. Et là, nous autres, on dit : Bien, profitons-en pour
dire : On va être bon dans la... dans notre mobilisation future. On va
pouvoir augmenter, justement, notre expertise de travailler conjointement les
services d'urgence puis notre réactivité puis de passer de la réactivité à
l'anticipation, puis à la rapidité.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Merci beaucoup pour votre précieuse collaboration. Alors, ceci met un terme
pour ce matin. Alors, nous reprenons nos travaux à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
14 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 heures)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon après-midi à tous. Alors, nous reprenons les travaux. Alors, nous recevons
cet après-midi les représentants du Conseil de l'industrie forestière du
Québec. Alors, bonjour à vous quatre. Dans un premier temps, je vous
demanderais de vous présenter et puis, après ça, vous avez 10 minutes pour
votre... votre mémoire. Et, par la suite, on va procéder à une période d'échange
avec les élus. Alors, vous avez la parole.
M. Samray (Jean-François) : Alors...
(Interruption) Excusez-moi. M. le
Président, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, mon nom est Jean-François
Samray. Je suis le président-directeur général du Conseil de l'industrie
forestière. Comme vous le savez, le CIFQ est le principal porte-parole des
entreprises du secteur forestier au Québec, représente les entreprises de
sciage de résineux, de feuillus, de déroulage de pâte de papier et de carton de
panneau, qui possèdent des usines sur le territoire ainsi que sur les
entreprises de biens et services qui les supportent. Notre organisme se
consacre à la défense des intérêts des entreprises, à la promotion de leur
contribution au développement socioéconomique, à la gestion intégrée et à l'aménagement
durable des forêts, de même qu'à l'utilisation optimale de la ressource
renouvelable qu'est le bois issu des forêts québécoises.
Je suis aujourd'hui en compagnie de M.
Éric Couture, vice-président aux Opérations du Groupe Crête, de M. Jonathan
Perron, Directeur, Foresterie pour la compagnie Résolu dans les régions de la
Mauricie et du Lac-Saint-Jean et de Mme Caroline Flaschner, qui est analyste en
politiques et en pratiques forestières chez nous.
Nous sommes très heureux d'être ici devant
vous aujourd'hui pour échanger sur les dispositions du projet de loi n° 50,
notamment, notamment, parce que la forêt est source d'emplois, de création de
richesses et de retombées économiques en aménagement, en voirie, récoltes,
transport, transformation primaire, secondaire, tertiaire dans les très
nombreuses usines situées sur l'ensemble du territoire. Par leurs activités,
nos membres supportent le tissu socioéconomique de plus de 900 municipalités
du Québec et contribuent à la qualité de vie de l'ensemble de la population en
général. L'aménagement durable de la forêt et la mise en valeur du bois font
partie de la solution pour assurer le maintien d'écosystèmes résilients et en
santé, siège de la biodiversité propre à la forêt québécoise. L'aménagement
forestier en général et les travaux sylvicoles contribuent à la mitigation des
impacts négatifs des feux de forêt sur les communautés forestières.
Les scientifiques l'affirment et les
données du GIEC issues du sixième rapport sur l'état du climat le confirment,
les risques et les impacts des changements climatiques associés aux écosystèmes
vont s'accentuer au cours des prochaines décennies. Ceci étant, les changements
climatiques pourraient avoir un effet sur la sévérité, la fréquence, l'étendue
des perturbations, notamment sur la tordeuse des bourgeons de l'épinette et sur
les feux de forêt. Il est donc impératif d'assurer la sécurité des communautés
forestières simultanément avec la protection de l'actif forestier.
Dans le même rapport, le GIEC est sans
équivoque sur l'importance de substituer les matériaux intensifs en carbone
dans le secteur de la construction par du bois issu de forêts aménagées de
façon... aménagées de façon durable afin de réduire les émissions de GES et les
changements climatiques qu'ils induisent. Afin de réaliser sa stratégie d'utilisation
du bois dans la construction simultanément avec la stratégie nationale de
production en bois, le Québec doit s'assurer de protéger son actif forestier
des incendies et des ravageurs.
Les entreprises... Les entrepreneurs
forestiers sont quotidiennement à l'œuvre sur le territoire québécois et
connaissent très finement sa topographie. CIFQ a soulevé, le 17 novembre
dernier, lors de l'examen post-mortem des feux effectué par le MRNF, la
pertinence de mettre sur pied une force de réserve civile servant notamment à
la lutte des incendies.
Donc, dans nos recommandations,
principalement, M. le Président, permettez-moi maintenant de vous les
présenter, et ce, en regard des dispositions touchant au premier plan les
activités de nos membres sur le territoire québécois.
Tout d'abord, la protection de l'actif
forestier. Nous sommes d'avis que les nouvelles dispositions législatives ne
permettent pas d'indiquer le rang d'importance que revêt la protection des
forêts, indépendamment de la protection des communautés et des infrastructures
stratégiques, notamment dans l'article un. En effet, lors des situations de
lutte contre les incendies, les mécanismes de priorisation doivent prendre en
considération les conséquences de choix non-intervention en laissant une forêt
à elle-même contre le feu. Le bilan 2023 de la SOPFEU est on ne peut plus
parlant...
15 h (version non révisée)
M. Samray (Jean-François) : ...incendies
ont ravagé 1 million d'hectares en zone de protection intensive, alors que 147
feux en ont ravagé 3,2 millions en zone nordique. Sans protection intensive,
trois fois moins de feux ont ravagé trois fois plus de superficie au cours de l'été 2023.
Force est donc de constater l'importance d'une lutte musclée contre l'élément
destructeur afin de protéger l'actif forestier québécois. Pour ces raisons, le
CIFQ recommande de rééquilibrer le projet de loi n° 50 et la mission de l'organisme
de protection des forêts avec la mission actuelle de la SOPFEU pour accorder
une place d'importance à la protection des forêts, lesquelles représentent un
actif forestier contribuant de matière... de manière significative à l'économie
du Québec et de ses régions.
En matière de gouvernance, l'expérience
vécue au cours de l'été 2023 a mis en lumière certaines lacunes en matière
du commandement. Le CIFQ espère que le rapatriement de l'organisme de
protection contre les incendies de forêt sous la juridiction du ministère de la
Sécurité publique permettra de mieux cadrer ses champs d'intervention et de
bien camper la répartition des responsabilités des différents intervenants lors
de l'occurrence d'un feu de forêt. La SOPFEU possède une expertise reconnue
dans la lutte contre les incendies de forêt, et nous sommes d'avis qu'il est
souhaitable que cette expertise demeure et que l'organisation conserve la
latitude d'intervention en tant que chef de file dans ce domaine. Afin d'être
en mesure d'exercer une mission claire et de permettre la latitude requise dans
ses actions de protection des forêts, le CIFQ recommande que soient mieux
définis les mécanismes de gouvernance entre les différentes instances décrites
aux articles 37 à 42 du projet de loi afin de préciser sur quelle échelle
se situe l'organisme de protection contre les incendies.
En matière d'accès au territoire, bien que
les interventions aériennes soient capitales pour freiner la propagation des
feux, les interventions de lutte... de lutte au sol sont obligatoires pour
procéder à l'extinction des feux et assurer la sécurisation des superficies
affectées et des communautés situées à proximité. Parmi les grandes
orientations des objectifs nationaux en matière de sécurité civile, le CIFQ
recommande que soit formalisé un plan d'accès au territoire forestier public
prévoyant le maintien et l'entretien d'un réseau de chemins forestiers qui
permette l'efficience des activités de lutte au sol en plus de favoriser les
opérations d'évacuation des usagers de la forêt.
Maintenant, le rôle de l'industrie dans la
lutte contre les feux. Historiquement, l'industrie forestière a été longtemps
partenaire de la SOPFEU dans les interventions de lutte contre les incendies de
forêt. L'industrie disponibilisait du personnel qui était formé par la SOPFEU
pour intervenir lorsque requis. Au fil des années, la SOPFEU a connu divers
vagues de rationalisation de ses effectifs financiers, matériels et humains. De
même, l'industrie forestière a subi des changements majeurs dans son mode de
fonctionnement en forêt. Ses équipes d'intervention au sein de l'industrie
forestière ont donc peu à peu disparu. Lors d'épisodes... des importants...
Lors d'épisodes importants d'incendies forestiers, les travaux d'aménagement
forestier sont généralement en arrêt, disponibilisant ainsi un bassin de main-d'œuvre
et d'équipement mécanisé pouvant être mis à la disposition de l'organisme de
protection contre les incendies de forêt. L'accès à ces ressources
additionnelles pourrait contribuer à élargir la force de lutte et permettrait d'allouer
des effectifs tant à la protection des communautés et des infrastructures qu'à
la protection des forêts et de la matière ligneuse. Le CIFQ recommande donc la
mise en place d'un modèle de gouvernance permettant une implication plus grande
de l'industrie forestière, permettant de mettre à contribution ses équipements,
ses ressources humaines pour une plus grande efficacité dans la protection de l'actif
forestier. Dans le même ordre d'idée, le CIFQ recommande au gouvernement du
Québec d'allouer les ressources requises pour remettre en force la formation du
personnel de l'industrie forestière et pour outiller adéquatement, sur le plan
matériel, ses équipes d'intervention.
Alors, M. le Président, je pense que ça
résume bien nos recommandations, et nous sommes là pour poursuivre la
discussion avec les membres de la commission.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup pour votre présentation. Alors, nous allons débuter une période
d'échange avec le ministre pour un temps de 16 minutes 30.
M.
Bonnardel
: Merci,
M. le Président. Merci, messieurs, dames, d'être là aujourd'hui. Merci pour
votre mémoire. Avant d'aller sur les différentes recommandations sur la
mission... la mission de la SOPFEU qui va évoluer dans le temps, vous avez des
questionnements là-dessus, je veux vous parler aussi de la réserve sur une de
vos recommandations sur la formation comme telle, mais je veux vous entendre
sur... On a eu quand même des analyses, des recommandations de certains
chercheurs. Je ne sais pas si vous les avez entendus ce matin, ceux qui étaient
là, de Ressources naturelles Canada. Puis, même ce week-end, il y a... il y a
un scientifique qui a écrit... qui avait un article dans La Presse. La forêt de
demain, pour certains, doit évoluer, doit s'améliorer. Quand je dis «forêt de
demain», vous le savez, l'industrie forestière québécoise...
M. Bonnardel : ...concentré,
en tout cas, la forêt, c'est une matière ligneuse, c'est une matière qui est
combustible, qui brûle très rapidement, vous le savez mieux que moi, mieux que
moi. Comment vous... comment vous analysez et vous voyez, donc, ces changements
possibles, ces changements possibles dus au fait que, bon, il y a des millions
d'hectares qui ont brûlé l'année passée, peut-être encore cette année. Il y a
des changements de paradigmes complets, là, complets, entre ce qu'on a connu,
ce que vous avez connu dans les dernières décennies, versus ce qu'on risque de
connaître dans les prochaines années. On ne peut pas exposer puis prétendre que
ça va être aussi pire que l'année passée, où près de 6 millions d'hectares ont
été brûlés, là, mais la forêt de demain, là, est-ce que c'est un mix de
feuillus, est-ce que c'est un mix de matières x, y? Comment l'industrie... vous
voyez ça, là, pour être capable de pérenniser vos industries, ça... je sais
pourquoi vous êtes là, mais comment, de l'autre côté aussi, on va atténuer,
donc, ces combustibles aussi importants que peut être une matière ligneuse, là?
• (15 h 10) •
M. Samray (Jean-François) : Bien,
je pense que l'Assemblée nationale désigne un forestier en chef et que celui-ci
est on ne peut plus clair sur le fait que la forêt doit être, justement,
aménagée davantage dans une approche de résilience et de lutte contre les
changements climatiques, et y avoir des modifications dans les pratiques, et
faire en sorte qu'il y ait une diversité dans la forêt. Certes, mais il faut
s'assurer que les arbres soient en mesure de pousser dans les endroits où on va
les y mettre, c'est évident. Et je vous dirais qu'après avoir été visiter dans
différents pays, on remarque qu'un pays, à titre d'exemple, comme la Finlande,
qui est 4,7 fois plus petit que le Québec, produit néanmoins une possibilité
forestière de quatre fois supérieure, a un réseau de chemins forestiers qui
permet de circonscrire excessivement rapidement les incendies et qu'il y a les
budgets qui sont là pour le suivre.
Donc, la forêt de demain va devoir se
transformer, va devoir être adaptée, puis les budgets vont devoir être là pour
aménager cette forêt, mais, oui, l'industrie pense que la forêt d'hier ne sera
pas celle de demain et que, derrière ça, les pratiques et les politiques
d'aménagement de la forêt pour sa résilience puis pour la protection des lieux
physiques et des personnes doivent être ajustées.
M. Bonnardel : Je ne connais
pas les particularités du côté du MERNF, là, des Ressources naturelles, mais
est-ce que vous participez, donc, à ces travaux avec le Forestier en chef pour
évaluer la forêt de demain, la diversification de cette forêt? Est-ce que vous
êtes des partenaires avec le Forestier ou...
M. Samray (Jean-François) : Bien,
je pense que le forestier a son équipe indépendante, ils mènent leurs travaux,
néanmoins, la ministre des Forêts a un exercice qui est bien connu de vous
toutes et de vous tous, et il est évident que les membres de l'industrie y sont
présents. Puis je vais laisser mes deux collègues, qui sont des dignes et fiers
représentants de l'industrie, peut-être ajouter là-dessus, mais, oui, on
participe.
M. Bonnardel : Ça va? Pas de
commentaires? O.K.. Parlez-moi... Bien, je suis surpris puis je ne le suis pas,
parce que je sais que vous êtes là pour défendre l'industrie forestière, mais,
dans votre recommandation numéro 1... Puis vous m'avez sûrement entendu, la
mission de la SOPFEU, avec les... dans les dernières décennies, a toujours été
celle... la mission première, vous avez absolument raison, ça a été de protéger
une industrie forestière, protéger la matière ligneuse. C'était ça, sa mission.
Maintenant, avec les changements climatiques, vous m'avez sûrement entendu dire
que la mission évolue, change, c'est pour ça aussi que la SOPFEU devient sous
l'égide de la Sécurité publique, parce qu'en premier lieu on pense, puis on est
pas mal certains, qu'avec les changements climatiques... vous n'êtes pas sans
savoir que, de sauver la vie humaine, sauver les communautés, sauver les
infrastructures névralgiques... sont importantes.
Donc, je peux comprendre pourquoi vous me
mettez dans cette recommandation numéro 1, mais vous mesurez aussi, j'espère...
vous mesurez jusqu'à quel point ça évolue, ça change, puis qu'à quelque part,
si on avait des... si on avait plus d'effectifs, plus d'avions, si on pouvait
tous vous mettre au même niveau, on le ferait, mais, malheureusement, ce n'est
pas nécessairement le cas, on va... je vais aller de la réserve par la suite,
là, mais on doit faire des choix, puis, ces choix, je pense qu'ils sont
importants. Donc, expliquez-moi un peu, là, votre raisonnement, votre
raisonnement derrière tout ça, versus le fait que la mission évolue, change, du
côté de la SOPFEU.
M. Samray (Jean-François) : Bien,
écoutez, que la mission change, certes, la société évolue. Néanmoins, il aurait
pu... il pourrait y avoir, dans l'article 1... et sans oublier ou également
l'actif forestier, qui est un actif qui appartient à chaque Québécois, et que
chaque mètre cube transformé génère 200 $ de retombées fiscales et
parafiscales. Et écoutez le discours du ministre des Finances, je pense que ces
200 $ là sont importants pour les finances du Québec. Les feux de cet été
auront un impact de 13,5 milliards, au minimum, sur l'économie du Québec. Donc,
il est évident que protéger...
M. Samray (Jean-François) : ...forestier
permet également de protéger les municipalités, les actifs stratégiques. Je
pense que le meilleur exemple, il est à Lebel-sur-Quévillon. S'il avait fallu
que la papetière qui y est située ait moins de chance et que l'élément destructeur
se rende jusque-là, je pense que c'eut été un autre portrait, parce qu'il y a
suffisamment de produits explosifs et de produits chimiques pour avoir fait
tout un autre drame, là. Donc, je pense que les actifs de l'industrie sont
présents dans les communautés, 900 communautés en dépendent. Et je pense
que les travailleurs puis les dirigeants de l'industrie habitent dans ces
communautés-là. Pour eux, c'est essentiel de sauver leur communauté, les gens
qui y habitent, de sauver leurs usines et également de sauver ce qui va
permettre d'amener de l'activité économique dans la région. Donc, pour nous,
c'est excessivement difficile de dissocier un et l'autre parce qu'ils sont dans
900 municipalités. C'est très intégré.
M. Bonnardel : Expliquez-moi
les... ce qui n'est pas clair pour vous, là, de mieux définir les mécanismes de
gouvernance, là, dans les différentes instances qui sont décrites aux
articles 37 à 42. Qu'est-ce qui vous... qu'est-ce qui vous amène à écrire
cette recommandation qui n'est... qui vous amène à ne pas avoir un portrait
assez clair des différents mécanismes, là, qui sont évoqués? Qu'est-ce qui vous
inquiète, là?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
je vous dirais que... à vos questions, hier, vous demandiez aux
intervenants : Donnez-moi votre... votre top trois de votre bilan
post-mortem. Puis, nous, ce qui est ressorti au premier, c'est avant... avant
toute chose, la résilience, Boris Cyrulnik, le psychologue... psychiatre qui a
défini ça, c'est comment est-ce qu'un comportement est modifié après un choc
pour mieux réagir, et mieux compenser, puis réagir de façon positive. Donc,
pour nous, le premier élément, c'est : Qu'est-ce qu'on va faire en 2024?
Comment on va le faire? Et il y a eu des ratés dans le qui fait quoi. Je pense que
mes collègues l'ont vécu, vont pouvoir l'expliquer, mais il est fondamental, le
temps est une ressource non renouvelable. Le temps permet à l'élément
destructeur de gagner et d'avancer. Le temps, c'est ce qui a fait défaut puis
ce que... dans le qui fait quoi, le comment, attendez, je vous reviens, ou
autres, là, ça a pris énormément de temps. Donc, d'avoir qui décide, quand,
comment et avec qui on le fait. Je pense que c'est des choses qui vont devoir
être importantes. Puis je vais laisser mes collègues donner des exemples.
M. Perron (Jonathan) : Je
peux peut-être y aller, si vous me le permettez. Peut-être à titre d'exemple,
avec la SOPFEU, on a eu des rencontres quotidiennes, sept jours sur sept,
environ 30 minutes à chaque matin pour, justement, faire état de
situations, bon, où on est rendus en termes de déploiement des effectifs de la
SOPFEU, le nombre de pompiers sur place, le nombre d'avions-citernes, etc.
Quelles sont les infrastructures qui sont à protéger, infrastructures
forestières, les ponts, les camps forestiers? Ça, ce côté-là, ça a bien été.
Quand... ensuite de ça, est venu le temps de réaccéder à la forêt pour,
justement, déployer ensuite de ça toutes les infrastructures qui sont
nécessaires à la récupération du bois brûlé, parce qu'évidemment le feu ne
décide pas où il va passer. Il ne dit pas : Bon, bien, il y a un camp
forestier à tel endroit, ça serait vraiment le fun de passer là parce que ça va
être plus facile après ça. Vous comprendrez qu'après ça nous autres, il fallait
réaccéder à la forêt. Ça a été un petit peu plus compliqué, je pense, surtout
de par le fait qu'il y a eu un très grand nombre d'hectares qui a été affecté.
Il y avait beaucoup de feu qui était en activité en même temps. Des fois...
M. Bonnardel : Je veux juste
vous couper, là, quand vous dites ça : Réaccéder à la forêt, on vous
disait : Non, parce que la SOPFEU pouvait penser qu'il y avait encore un
danger à vous faire réaccéder à la forêt. Parce que c'était ça qu'on me disait
aussi, puis qu'on disait à ma collègue Maïté, la ministre, on ne peut pas leur
permettre de revenir. Parce que je le sais que vous appeliez aux bureaux de
députés, ministres, il faut qu'on retourne chercher notre stock, vos actifs,
mais c'est un peu ça qu'on vous disait, non. Non?
M. Perron (Jonathan) : Pas
nécessairement par rapport aux actifs... excusez, pas nécessairement par
rapport aux actifs que je veux mentionner. C'est qu'à un moment donné on savait
qu'on était rendu dans une période de transition. Donc, oui, la forêt était fermée,
c'était bien correct aussi, parce que la SOPFEU, le ministère de la Sécurité
publique jugeaient, dans le fond, que ce n'était pas sécuritaire d'y accéder.
Mais ça ne se fait pas nécessairement du jour au lendemain, le procédé de
réaccéder à la forêt. Ça fait que quand il est venu le temps d'avoir ces
communications-là, ça a été un petit peu plus compliqué, des fois, avec le
ministère des Ressources naturelles, des fois, avec la Sûreté du Québec, des
fois, avec la SOPFEU. Ça fait que je pense que M. Samray veut mentionner, c'est
que c'est important, dans le projet de loi, de bien définir ces liens de
communication là pour éviter, justement, des situations comme on a vécu.
M. Samray (Jean-François) : Mais,
en même temps, je pense que de mentionner... de mentionner l'exemple qu'on vous
disait : Ne va pas à ton camp, là, ça t'est interdit d'y aller. Puis, 15
minutes après, un autre appel qui disait : Prépare le camp pour lundi, là.
Et donc c'est difficile de...
M. Samray (Jean-François) : ...préparer
pour lundi si on n'y va pas. Donc, c'est là qu'on dit l'exemple qu'il faut
avoir une chaîne de commandement claire, le qui fait quoi, et le cartable,
qu'il soit disponible à tout le monde, et qu'on ait des pratiques qui se
mettent en place dès aujourd'hui. Vous avez écrit, M. le ministre, à cet effet,
qu'il va falloir préparer la saison dès maintenant, puis on est même déjà en
retard, et de préparer ces chaînes de communication là, ces chaînes de
commandement là. Que le projet de loi soit adopté ou pas, c'est des choses qui
sont nécessaires pour cet été.
• (15 h 20) •
M. Bonnardel : Est-ce que M.
est dans le même état d'esprit ou il y a des exemples? Oui.
M. Couture (Éric) : Bien, si
je peux compléter, on était dans une période de lutte assez intense au sol. Les
gens de la SOPFEU, exemple, avaient réquisitionné un camp forestier, ils
avaient besoin de maintenir une alimentation en carburant, un service de
cuisine sept heures... sept jours sur sept, 24 heures sur 24 heures.
Donc, il y a de nos travailleurs qui devaient accéder à la forêt. La forêt
était fermée, hein, par le ministère. Puis c'était le ministère qui donnait les
autorisations de circuler, puis, à un moment donné, pour une raison donnée,
cette responsabilité-là a été transférée à la SOPFEU, sans qu'on en soit
réellement informé, on l'a appris en cours de route. Ça fait que, là, il y a eu
une rupture dans les communications. Il a été même été... À un moment donné,
c'était la Sûreté du Québec qui devait s'en occuper. On a appelé la Sûreté du Québec,
les gens de sûreté nous disaient : Non, non, non, on n'est pas au courant,
c'est la SOPFEU, pour finir par revenir à la SOPFEU puis finir par comprendre
que...
M. Bonnardel : Puis vous, en
Abitibi, vous étiez dans quelle région?
M. Couture (Éric) : Bien, à
ce moment-là, moi, j'étais dans la région de la Mauricie.
M. Bonnardel : La Mauricie,
vous.
M. Couture (Éric) : Puis...
Ça fait que, tu sais, ça l'a amené des zones de conflit. On a même été à aller
voir les policiers de la Sûreté du Québec pour leur dire : Bien,
maintenant... À un moment donné, la levée d'interdiction était... était en
vigueur. Eux, ils n'étaient même pas au courant. Il y a eu des délais avant que
les travailleurs puissent réaccéder à la forêt. Donc, des bris dans la chaîne
de communication qui étaient... qui étaient critiques, importants à ce
moment-là.
M. Bonnardel : O.K. Quand
vous parlez de votre troisième recommandation, là, qu'il y ait un plan d'accès
au territoire, c'est un peu ça que vous mentionnez, suite au retour à la forêt
pour être capable d'aller chercher la matière, là, qui a brûlé. C'est-tu un peu
ça, ça, le sens de votre recommandation 3?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
il y a ça, mais il y a également le fait... Que ce soit l'exemple français,
l'exemple finlandais et l'exemple américain, il est clair que les routes
forestières sont une voie d'accès aux feux qui permettent de rapidement mettre
les bottes sur le sol et de rapidement faire qu'un petit feu reste petit et
qu'on l'étouffe. Donc, ce faisant, que ces chemins-là soient banalisés, qui
soient... qu'on s'assure qu'ils demeurent en opération puis qu'on s'assure que
leur entretien soit fait pour que ce soit également des chemins carrossables et
qu'on y ait un accès rapide. Donc, la logistique au sol est fondamentale. C'est
la logistique qui gagne les guerres, c'est la logistique qui éteint les
incendies aussi. Donc, ce réseau de chemins là, il est vital. Et je pense qu'il
faut le reconnaître comme étant un actif fondamental de la lutte contre les
incendies.
M. Bonnardel : O.K. Mon
dernier point, là, je veux juste comprendre un peu plus, là, vos façons de
faire, là. Vous dites que... Vous souhaitez que le gouvernement alloue les
ressources requises pour mettre en force la formation de personnel de
l'industrie forestière. Ça veut-tu dire que présentement il n'y a aucun de vos
employés, de votre personnel sur le terrain qui est formé pour épauler ou
être... tu sais : On t'envoie trois gars, trois filles, trois femmes, peu
importe, pour donner un coup de main... donner un coup de main aux employés de
la SOPFEU? Présentement, ce n'est pas le cas? C'est-tu ça?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
il y a des gens qui ont... qui ont eu dans le passé cette certification-là, et,
dans certaines régions, ils se sont fait dire, puis je ne nommerai pas les
régions, je ne nommerai pas l'entreprise, mais ils se sont fait dire :
Non, vous n'y allez pas. Mais là les gens ont dit : Oui, regarde, on n'y
va pas, mais, si on ne l'éteint pas tout de suite, là, bien c'est le pont qui
va y passer, puis c'est ce qui va y passer, puis moi, mes... ma récolte de
l'année à venir, là, va y passer aussi parce que je ne pourrai plus y aller, ce
qui fait que, merci, mais, regarde, on va s'en occuper. Et donc, ce faisant,
bien, ça fait que, pour les nouveaux travailleurs, bien, il faut que cette
certification-là soit donnée. Parce qu'une milice, c'est là pour venir en appui
aux troupes régulières.
M. Bonnardel : O.K. Mais
attendez, là, vous venez de dire «les nouveaux travailleurs». Je veux juste
comprendre, là. Dans les employés que vous avez présentement, il y en a qui
sont formés officiellement par la SOPFEU, qui peuvent y aller si... Mais là
vous m'avez dit... vous m'avez dit : Non... La SOPFEU dit : Non, n'a
pas besoin de vous autres. Mais, je veux juste bien comprendre, il y en a de
formés présentement chez vous, dans l'industrie globale. C'est-tu ça?
M. Perron (Jonathan) : Je
peux peut-être répondre. Comme M. Samray mentionnait, à l'époque, il y avait,
bon, des... vraiment, des formations qui étaient données soit des combattants
au sol. La plupart du temps, c'étaient des reboiseurs qui, dans le fond, ne
pouvaient plus exécuter leur travail en raison de restrictions de travaux qui
étaient formés pour aller combattre au sol. Il y a probablement, dans
l'industrie, des travailleurs qui ont déjà reçu ce type de formation là,
également au niveau des opérateurs de machinerie. Mais ce qui est important,
c'est que ces opérateurs-là ou cette force de réserve là demeure formés, puis
qu'on demeure avec un nombre, dans le fond, qui est suffisant de ces
travailleurs-là formés pour...
M. Perron (Jonathan) : ...pour
pouvoir intervenir dans l'éventualité où la SOPFEU en aurait besoin. Ça fait
qu'on le sait, le comportement d'un incendie forestier, c'est particulier.
C'est les gens de la SOPFEU qui sont les experts à ce niveau-là.
Nous autres, de notre côté, l'expertise
qu'on a, c'est au niveau des équipements pour pouvoir exécuter des travaux,
exécuter des coupe-feu, donner accès également via des nouvelles
infrastructures, des nouveaux chemins aux sites qui pourraient être... qui
pourraient être, dans le fond, sous le risque d'une propagation d'incendie de
forêt. Ça fait que notre expertise est à ce niveau-là. Également, on a tout un
réseau de communication en forêt, que ce soit par ondes FM, un peu le même
style de système de communication que la SOPFEU possède. On en possède
principalement dans les milieux éloignés. Ensuite de ça aussi, toutes les voies
d'accès à la forêt, ce qu'on parlait tantôt, de maintenir ces voies d'accès là,
mais la logistique pour entrer en forêt et sortir de la forêt également, les
travailleurs forestiers ont une bonne expertise à ce niveau-là. En forêt, tu es
éloigné, il y a des conditions qui sont particulières en termes de santé,
sécurité, des choses comme ça. Bien, nos travailleurs forestiers, on a des
plans de mesures d'urgence, on a les éléments qui sont en place pour pouvoir
certainement contribuer à la lutte quand ça sera nécessaire.
M. Bonnardel : À votre
connaissance, êtes-vous capable de me dire combien de vos employés sont formés
ou ont été formés par la SOPFEU pour épauler, en levant la main, en
disant : Nous autres, on peut y aller, voici, là, on a été formés par la
SOPFEU? Est-ce que vous êtes capable de me donner ça? Puis ma sous-question,
c'est : si vous me dites : François, il y en a 200, puis, sur les
200, il y en a 50 qui ont été utiles ou pas du tout... Je veux juste
comprendre, là, comment vous avez pu être actifs, présents ou en ayant levé la
main, en disant : On peut être là, là, mais on n'a pas été... on n'a pas
été appelés. Ça fait que... pouvez-vous me donner ça?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
je vous dirais que c'est quelque chose qu'on pourrait, plus tard, vous revenir,
faire un appel à nos membres. Mais il y a une chose qui est certaine, c'est que
la stratégie développée pour lutter contre un incendie, ça peut évoluer dans le
temps. Il y a des nouvelles découvertes scientifiques qui peuvent faire en
sorte que le plan tactique d'attaque de l'incendie évolue. Puis c'est important
que les personnes qui sont sur le sol connaissent cette stratégie-là puis
savent comment... comment la nouvelle stratégie doit être déployée. Donc, les
plans de formation en continu sont essentiels parce qu'une milice, ce n'est pas
les troupes d'élite, là. Une milice, c'est là pour supporter. Donc, pour nous,
c'est important que la SOPFEU ait les budgets requis pour former notre monde
parce qu'elle va s'aider elle-même.
M. Bonnardel : Oui, mais là
vous comprenez aussi que ma sous-question reliée à ça, c'est : vous le
savez, qu'on crée une réserve opérationnelle d'urgence?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
on est heureux, on est contents, on a vu la même chose.
M. Bonnardel : Bon. Mais
ma... l'autre question que j'ai avec ça, c'est que, si vous me dites :
François, on a 200 personnes qui ont déjà été formées ou qui sont formées et
qui pourraient peut-être... pourraient peut-être joindre cette force, cette
réserve... Bien, c'est pour ça que je veux connaître le portrait assez précis
des gens versus la SOPFEU. Moi, je vais faire le lien, puis on va être capables
de voir de quelle façon vos employés peuvent être encore plus actifs sur le
terrain et si la formation doit être... doit être revue, améliorée. Donc, je
prends note de tout ça, mais j'aimerais ça que vous me donniez le portrait,
assez rapidement, de vos... de l'état de situation de vos... de vos forces.
M. Couture (Éric) : Si je
peux juste renchérir sur les commentaires de mon collègue...
Le Président (M. Schneeberger) : ...parce
que j'ai déjà laissé passer du temps, mais là on... il faut que... il faut que
j'intervienne. Alors, nous allons maintenant du... Peut-être poursuivre avec
l'opposition ce que vous vouliez dire, là. Alors, on est maintenant du côté de
l'opposition officielle avec Mme la députée de Westmount-Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Bonjour, Messieurs, mesdames. C'est un plaisir de vous avoir ici, en
commission parlementaire, avec nous. Petite information qui n'est peut-être pas
connue par vous, mais j'ai oeuvré dans l'industrie de pâtes et papiers pendant
13 ans pour... dans le temps, je me date un peu, c'était Stone-Consolidated,
qui est devenu Abitibi-Consolidated, qui est devenu AbitibiBowater, et j'ai
conclu évidemment avec Produits forestiers Résolu. Alors, c'est un plaisir de
vous avoir. C'est une industrie que je connais un peu.
Le lien avec les échanges que vous avez
eus avec le ministre en ce qui concerne les organisations chargées qui peuvent
être la force de l'ordre pour venir nous aider pour combattre... moi aussi, je
serais intéressée à avoir le portrait de la situation, parce que je trouve très
intéressant, étant donné que vous avez quand même un angle très important. Oui,
c'est une industrie très importante. Vous avez plusieurs employés, puis, dans
plusieurs régions, c'est la seule industrie. Alors, vous avez des emplois à
protéger aussi, des familles à protéger, surtout si on parle de le coût de la
vie, etc. Ça fait que vous avez un intérêt, je pense, très accru à protéger nos
forêts ainsi que toutes les espèces qui se retrouvent, ça fait que la faune
aussi.
Ça fait que je souhaite peut-être, comme
première question, vous entendre brièvement parce que j'ai plusieurs
questions...
Mme Maccarone : ...parce que
je sais que c'est large comme question, mais que faites-vous aussi? Parce que,
quand on parle de la protection de nos forêts puis aussi la réponse à des états
majeurs, bien, vous, souvent vous venez par la suite pour le boisement, le
reboisement, pour la transplantation, la conservation. Ça fait que peut-être
vous pourriez juste nous... par rapport à vos efforts pour protéger nos forêts
aussi.
• (15 h 30) •
M. Couture (Éric) : Bien, si
on veut préciser les... Tous les travaux sylvicoles qui suivent la... c'est la
responsabilité de l'État aujourd'hui via Rexforêt. Donc, ce n'est pas nous, les
industriels, là, qui faisons les activités de reboisement et les travaux
sylvicoles.
Mme Maccarone : Parfait. Je
sais que...
M. Samray (Jean-François) : ...
Mme Maccarone : Allez-y.
M. Samray (Jean-François) : Ce
sont les forêts de l'État. C'est l'État qui alloue des budgets. On en a eu
cette année et on vous remercie. On en a eu également cet automne, là aussi, on
vous remercie de prendre soin de l'actif forestier du Québec. Et ces travaux-là
sont contractés, mais l'industrie, elle est présente dans l'ensemble des
travaux pour aller jusqu'à... jusqu'à la récolte et la valorisation.
Mme Maccarone : Merci. Dans
votre mémoire, là, page 3, vous dites que l'ampleur des services incendie
aura un impact majeur sur l'économie du Québec. Les estimations préliminaires
du CIFQ ont mis en lumière que ces feux auront un impact négatif de
13,5 milliards de dollars sur les finances publiques. Nous savons que
les changements climatiques, ça n'ira probablement pas en s'améliorant. On a
dit que les 10 prochaines années vont probablement être vastement
différentes que les 10 années précédentes. Est-ce que vous avez estimé les
pertes possibles dans les prochaines années?
M. Samray (Jean-François) : Oui.
Le chiffre de 13,5 milliards tient compte de... tient compte de cette
estimation-là. Il tient compte que le bois brûlé, une bonne partie ne sera pas
valorisée en produit, en matériel de construction. Donc, il y a... il va avoir
une valeur moindre s'il est ultimement récolté, et, de l'autre côté, il va y
avoir des dépenses pour remettre en production l'actif. Et pendant 70 ans,
le temps de croissance, bien, il n'y aura pas de revenu qui va venir de cet actif.
Donc, le 13,5 milliards, il est là,
il est uniquement en matière forestière. Il ne tient pas compte de l'impact sur
la santé puis la qualité de l'air. Il ne tient pas compte des pertes de revenus
d'Hydro-Québec pendant la panne majeure qu'il y a eu, parce qu'il y a eu de la
suie qui est tombée sur les isolateurs, qui a fait... des lignes, là, mais tout
ça est pris en compte dans le 13,5 milliards.
Mme Maccarone : O.K. Merci.
Vous avez aussi dit dans votre mémoire, à la page 4, que le CIFQ convient de
l'importance de protéger les communautés et les infrastructures. Toutefois,
lors des situations de lutte contre les incendies, les mécanismes de
priorisation doivent prendre en considération les conséquences des choix de
non-intervention en laissant une forêt elle-même contre le feu. Vous continuez
puis vous dites : Sans protection intensive, trois fois moins de feux ont
ravagé trois fois plus de superficie au cours de l'été 2023. Et vous dites
que force est de constater l'importance d'une lutte musclée contre l'élément
destructeur afin de protéger l'actif forestier québécois. Comment on fait ça,
une protection intensive? Avez-vous des exemples?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
c'est actuellement le cas. Il y a au nord puis au sud de... puis au sud de...
c'est appelé la zone intensive, et donc, la SOPFEU été très active. Mais
derrière ça, je pense que c'est également toute l'idée de la milice civile, et
notamment avec des travailleurs de l'industrie qui, pendant qu'ils sont là pour
s'occuper des feux avec un responsable de la SOPFEU, bien, qui est responsable
de chaque équipe, ça permet d'avoir énormément plus de travailleurs pour
s'occuper des feux de forêt, de protéger les actifs que sont des ponts
forestiers, ou autres, et de faire en sorte que les autres effectifs qui sont
ainsi libérés, parce qu'il y a une milice à l'oeuvre, peuvent se concentrer sur
les... les zones stratégiques que sont les villes, les usines, les lignes haute
tension, les postes d'Hydro-Québec, ou autres, là.
Donc, il y a moyen de faire les deux. Et
c'est là toute la notion pour laquelle on a suggéré cette force de réserve
civile, puis on est très heureux de le voir à l'intérieur de ça, puis on... Les
travailleurs de l'industrie ont hâte d'avoir leur formation puis ont hâte de participer
activement, parce que beaucoup ont trépigné, beaucoup ont souffert en disant
qu'il connaît... Le terrain, on le connaît par cœur. On sait partout où sont
les petites flaques d'eau, les... On connaît tout ça. Donc, ils sont là, puis
ils sont, je pense, les... les meilleurs actifs que le Québec peut obtenir pour
lutter efficacement contre les feux de forêt, en support à la SOPFEU,
évidemment.
Mme Maccarone : Oui. Puis
parmi...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Maccarone : ...vous avez
eu des échanges en ce qui concerne votre partenariat avec la SOPFEU. Avez-vous
aussi autre partenariat que, mettons, avec la population autochtone qui réside
dans les territoires dont vous vous occupez, mais avec l'industrie de
forestière... l'industrie forestière?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
on a des travailleurs autochtones au sein de l'industrie. On a des fournisseurs
puis des gens qui...
Une voix : ...
M. Samray (Jean-François) : On
a des entreprises autochtones au sein de l'industrie, puis ces gens-là sont...
sont bien... sont bien présents dans plusieurs régions du Québec. Donc, oui,
ils sont là. Puis je pense, lors de la journée du bilan des feux, eux aussi
souhaitaient avoir des formations, bien, eux aussi reconnaissaient toute l'importance
stratégique du réseau routier et des... de la voirie forestière pour veiller à
la sécurité autant à la communauté que sur leurs... leurs différents camps
de... d'été, leurs camps, où ils passent une bonne partie de l'année. Donc,
pour eux, c'était fondamental, cet actif routier là, également.
Mme Maccarone : O.K. Puis l'industrie
forestière, est-ce qu'il intègre aussi des technologies, l'innovation? On a
entendu parler à quelques reprises des gens qui ont témoigné en commission,
lors des auditions, des stratégies en sécurité civile et gestion des risques.
Est-ce que vous aussi, vous avez de telles mesures que vous mettez de l'avant?
M. Perron (Jonathan) : Bien,
pas... Par rapport aux incendies forestiers, vous parlez?
Mme Maccarone : Oui.
M. Perron (Jonathan) : Oui.
Je dirais, comme c'est le rôle de la SOPFEU, non, ce n'est pas notre... notre
principal créneau, effectivement. Mais, en contrepartie, comme M. Samray
mentionnait, on connaît le territoire, on utilise aussi, nous autres, de plus
en plus de technologies, comme les drones, l'imagerie satellitaire,
effectivement. Ça fait que, oui, on est en évolution, je dirais, au même
rythme, là, que le... que l'ensemble des organismes qui sont responsables de la
surveillance puis de la protection des forêts.
Mme Maccarone : O.K. Puis en
ce qui concerne les autres éléments dont vous... parce que vous touchez
beaucoup, quand on parle de sécurité civile, on ne parle pas uniquement des
feux de forêt, on parle aussi des inondations. Est-ce que ça aussi c'est des
éléments qui vous préoccupent?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
je pense que l'inondation ne choisit pas quelle industrielle va frapper ou elle
ne frappera pas. Une inondation va frapper un territoire. Mais encore là, les
gens chez nous ont de l'équipement lourd qui peut aider à faire des voies de
drainage, qui peut aider à faire des ponts, des ponceaux temporaires, qui
peuvent aider à faire tous ces grands ouvrages là. Je pense que l'exemple de
cet été sur les... bien, les coupe-feux qui ont été faits, bien, c'est du...
des équipements de l'industrie, c'est du personnel de l'industrie qui ont été
là et qui ont voulu sécuriser leur communauté parce que c'est chez eux. Puis
ils ont voulu par la suite sécuriser leurs usines parce que c'est là qu'ils
travaillent puis ils ont voulu sécuriser ensuite l'actif forestier parce que c'est
grâce à ça que la communauté est...est vibrante.
Mme Maccarone : Parfait. Ça
va pour moi, M. le Président. Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
parfait. Alors, nous allons maintenant du côté de la deuxième opposition avec
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Ce qui se dégage beaucoup de votre mémoire, c'est le souci de la
protection de l'actif forestier. Je comprends pourquoi, assurément qu'on veut
aussi protéger la forêt. Je serais curieuse de vous entendre, parce que, ce
matin, on a entendu des chercheurs qui sont venus nous dire qu'on en connaissait
trop peu, en fait, là, sur la gestion des risques de la forêt. Notamment, ils
nous disaient qu'on n'a pas de cartographie des risques sur notre territoire,
au Québec. On a discuté du fait qu'il y avait peu de recherche, plus d'expertise
au Québec en matière de gestion des risques de la forêt. Je me demandais si,
dans votre industrie, il y en avait, des investissements en recherche, comme c'est
quand même de ça dont votre industrie dépend. Sur la gestion de risques, par
exemple, est-ce que vous avez, vous, une cartographie du territoire québécois
sur les risques qui concernent la forêt?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
je pense que les entreprises ont des... sont... sont actives au sein de... d'unités
d'aménagement, au sein de ces unités d'aménagement là. Par la suite, il y a des
plans, des cartes, et autres. Et les entreprises sont actives sur des zones où
l'État leur dit d'aller récolter. Puis ils ont une connaissance fine de ce
territoire qu'ils ont. Ils suivent également les projets de recherche qui
sont... qui sont faits. Ils contribuent également à plusieurs de ces projets de
recherche là, parce que c'est... ce sont eux qui sont sur le terrain, ils ont l'ensemble
de l'équipement satellitaire pour communiquer, pour... On a plusieurs projets
également de numérisation de l'industrie qui... qui permet de créer des
immenses banques de données qui peuvent, qui sont mises à contribution pour ces
recherches-là.
Mme Labrie : Puis il a été
question aussi ce matin avec les chercheurs de... des meilleures pratiques, en
fait, dans l'industrie, qui peuvent avoir un impact positif ou négatif, là, sur
les risques en matière de feux de forêt. J'aimerais ça savoir si, ça, il y a de
la recherche qui se fait du côté de...
Mme Labrie : ...vos
entreprises, de votre industrie pour adopter des meilleures pratiques en
matière de prévention des incendies forestiers.
• (15 h 40) •
M. Samray (Jean-François) : Je
pense que les pratiques sont toujours en évolution. Tout le monde essaie de
s'améliorer. Les Québécois et les... le reste des consommateurs veulent le
bois. Pas de bois, pas grand-chose. Et donc ce faisant, c'est évident que
l'industrie essaie de toujours s'améliorer tout en essayant de demeurer le plus
compétitive possible. Là, maintenant, il y a plusieurs théories qui avancent,
qui voient un élément de la protection sans voir la dimension économique. Il y
en a d'autres qui voient les deux. Et c'est sûr que l'industrie fait partie de
plusieurs de ces travaux de recherche là. Beaucoup d'équipes sont présentes sur
le territoire. Plusieurs de ces recherches-là, que ça soit en
Abitibi-Témiscamingue, au Lac-Saint-Jean, plusieurs chaires de recherche sont
cofinancées par l'industrie. L'industrie est très présente là-dedans, oui.
Mme Labrie : O.K. Donc, vous
participez aussi au financement, là, pas seulement pour fournir des données,
par exemple, sur le terrain.
M. Samray (Jean-François) : Tout
à fait.
Mme Labrie : Parfait. Bien,
ça répond à mes questions. Je vous remercie.
M. Samray (Jean-François) : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Alors, s'il n'y a pas d'autre question... Alors, merci pour votre
contribution.
Alors, nous allons suspendre quelques
instants pour accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 41)
(Reprise à 15 h 44)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Alors, bonjour aux gens de... l'Institut national
de la santé publique du Québec. Alors, bonjour à vous trois. Tout d'abord, vous
avez un 10 minutes pour faire votre présentation, mais je vous demanderais de
commencer par vous présenter et ensuite enchaîner avec votre mémoire.
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Merci.
Merci beaucoup. Bonjour, d'abord, M. le Président, et puis bonjour, chers
membres de la commission. Je m'appelle Pierre-Gerlier Forest, je suis le P.D.G.
de l'Institut national de santé publique. On est évidemment très honorés par
votre invitation. Vous faites un travail essentiel, puis on est vraiment
heureux de...
M. Forest (Pierre-Gerlier) : ...pouvoir
y contribuer. Je suis accompagné par deux excellentes collègues qui vont aussi
pouvoir répondre à vos questions dans quelques minutes. Je vous les présente,
Mme Christiane Thibault, qui est directrice scientifique à l'institut de
la Direction de la santé environnementale, de la santé au travail, de la
toxicologie. Mme Thibault représente aussi l'INSPQ sur le comité
interministériel en sécurité civile. Et puis, à côté de moi, à ma droite, la
Dre Lise Laplante, qui est médecin-conseil et agente de liaison en sécurité
civile, encore une fois, à l'INSPQ. La docteure Laplante a coordonné, pendant,
maintenant, presque 20 ans, la cellule de garde médicale en santé
environnementale au sein de l'INSPQ. C'est lui qui fait l'évaluation et le
soutien à la gestion des risques.
Peut-être commencer par quelques mots sur
la mission de l'institut. Je sais que vous le savez toutes et tous, le
principal centre d'expertise et de référence en santé publique au Québec, on a pour
mission de soutenir le ministre de la Santé dans sa mission de santé publique.
C'est un mandat évidemment très, très large, qui va des laboratoires jusqu'aux
politiques publiques. Ça couvre tout le cycle de vie des Québécoises et des
Québécois. C'est un mandat que, là aussi, j'imagine, vous le savez, on l'exerce
le plus souvent dans l'ombre, puisque notre rôle est surtout un rôle d'appui
aux autres acteurs, encore une fois, tous les domaines de la vie.
En sécurité civile, l'institut est
mobilisé dans le cadre de la mission santé du Plan national de sécurité civile.
On réalise des travaux qui nous sont confiés par le ministre de la Santé dans
les situations d'urgence. La loi constitutive de l'institut, l'institut a sa
propre loi, prévoit que le ministre peut demander à l'institut d'exécuter, dans
le cadre de sa mission, des travaux en sécurité civile, en priorité sur toutes
les autres activités de l'institut. En clair, on peut être mobilisé à tout
moment et laisser tout tomber pour nous consacrer à des situations d'urgence.
On mobilise, au besoin, nos deux grands laboratoires de référence. On a un
laboratoire de microbiologie, le laboratoire de Santé publique du Québec, un
laboratoire de toxicologie, le Centre de toxicologie du Québec. On dispose,
comme je l'ai mentionné, d'une cellule de garde environnementale qui est
disponible en permanence 24 heures sur 24, sept jours par semaine. Et on
peut aussi mobiliser toute l'expertise transdisciplinaire qui existe à
l'institut qui, comme vous l'imaginez, c'est une boîte d'à peu près
800 personnes, pour l'essentiel, des experts. Donc, on peut mobiliser tous
ces gens-là à tout moment, quelle que soit la nature du problème auquel on se
trouve confronté.
Une chose qu'on ne souligne jamais assez,
la plupart des sinistres comportent tôt ou tard un enjeu susceptible d'affecter
la santé de la population. Alors, qu'est-ce que c'est, le rôle des gens de
santé publique, des intervenants de santé publique, les médecins, les
infirmières, les toxicologues, les chimistes, même les anthropologues? Ça
consiste d'abord au tout début, au débat, à aider à réduire les incertitudes.
Dans les situations d'urgence, on ne sait pas toujours quelle est la nature du
risque. On ne sait pas toujours quelle est la gravité de la situation. On ne
sait pas toujours quelles sont les mesures qui doivent être prises. Puis c'est
à ça que ça sert, des gens de santé publique, à venir réduire ces
incertitudes-là puis aussi, évidemment, à proposer les interventions qui
s'imposent. On a toujours, dans l'histoire de l'institut, répondu présent.
C'est nous qui faisons l'analyse des colis suspect, c'est nous qui nous sommes
occupés des aspects sanitaires de la tragédie ferroviaire à Mégantic, les
inondations printanières en 2019, les feux de forêt de 2023 puis, évidemment,
comme vous pouvez l'imaginer, la pandémie de... de COVID-19.
En fait, peu importe l'aléa puis peu
importe son ampleur, la complexité des enjeux, il y a toujours cette
mobilisation interdisciplinaire à l'institut, d'essayer de poser des diagnostics
qui sont précis, qui sont nuancés, puis venir à l'aide des décideurs et des
responsables.
Concernant le projet de loi no° 50 qui
nous rassemble aujourd'hui, la première chose à dire, c'est qu'on souscrit
entièrement aux objectifs qu'il poursuit. C'est évident pour nous que tout au
long du continuum de gestion d'un sinistre, les mécanismes qui sont déployés
par le ministère de la Sécurité civile doivent assurer la coordination de tous
les intervenants, de toutes les parties. C'est la seule façon de garantir la
cohérence de l'action collective et d'éviter la confusion et les dédoublements
qui sont... qui ajoutent en fait aux catastrophes pendant les catastrophes. Et
donc c'est certain qu'il y a un soutien complet à cette approche.
Avec la multiplication observée des
sinistres, la perspective d'avoir un projet de loi qui institutionnalise les
mécanismes puis qui optimise la réponse aux sinistres, la distribution des
rôles et des responsabilités est bienvenue. On est aussi très satisfait de
l'accent qui a été mis sur la résilience des communautés et sur la protection
des populations, notamment dans le cas des incendies de forêt.
On pense quand même que c'est possible de
faire un certain nombre de suggestions sous l'angle de la santé publique qui
est le nôtre pour essayer de... peut-être de bonifier ce projet de loi. Puis
c'est... Je voudrais... Je voudrais en...
M. Forest (Pierre-Gerlier) : ...en
mentionner trois. Le mémoire qu'on vous a déposé fait une analyse beaucoup plus
fine, avec beaucoup plus de recommandations, mais pour les fins, là, de ma
présentation, je voudrais me concentrer sur trois idées.
• (15 h 50) •
La première, c'est... c'est le fait que
nos sociétés aujourd'hui font face à des risques inédits. La pandémie, vous le
savez, c'était la première fois qu'on faisait face à une situation comme
celle-là. Et ce qui s'est aussi... ce qui est aussi arrivé, pardon, c'est la
possibilité que plusieurs aléas se produisent simultanément ou en cascade. Vous
vous rappelez peut-être en 2021, la Colombie-Britannique a vécu, là, dans un
délai très, très court une succession vague de chaleur, feux de forêt,
inondations catastrophiques. Là, ce genre de situation, on n'est pas à l'abri
de ça, et il faut tout de suite commencer à penser au renforcement d'une
approche multirisque dans la planification qui va nous permettre de mieux
comprendre les interactions potentielles entre les... entre les sinistres et
aussi tenir compte des impacts psychosociaux de ces événements, parce que, ces
risques, ils se manifestent sur plusieurs registres différents. Il n'y a qu'une
approche multirisque qui permettrait de les prendre en compte.
Deuxième idée, c'est l'idée de clarifier
la structure de gouvernance entre les régimes qui permettent d'encadrer les
urgences sanitaires et les régimes qui font l'encadrement des urgences qui sont
propres à la... à la sécurité civile. Ce serait dommage qu'une... qu'une
imprécision entraîne de la confusion ou vienne entraver le travail d'un
intervenant en situation d'urgence. L'exemple qu'on a pris dans le mémoire,
c'est celui d'un confinement qui serait envisagé en raison d'une menace qui est
causée par un incendie ou un déversement de matières dangereuses. Ma collègue
ici a été en première ligne, par exemple dans une fuite d'ammoniac, dans un
dans un aréna qui obligé des évacuations. Mais on voudrait qu'on revienne à
l'esprit de l'article 47.3 du projet de loi actuel... de la loi actuelle
qui dit qu'il y a une obligation enchâssée dans la loi de consulter les
autorités de santé publique dans ces cas-là, parce qu'elles sont les plus aptes
scientifiquement, objectivement, à dire c'est quoi la relation entre
l'exposition à un danger biologique ou toxicologique et le... les effets
anticipés, les risques pour la... pour la population.
Troisième idée, c'est de prévoir de
préciser par règlement la composition des structures de décision et de
coordination, le mandat et les responsabilités de leurs membres. Vous le savez,
quand vous... vous regardez les... la trousse à outils de l'INSPQ, on a un grand
éventail de... de techniques, de moyens, de méthodes, de compétences, de
connaissances, et tout ça, c'est à la disposition des intervenants de santé...
de sécurité civile, aussi bien dans les états-majors où on fait les plans que,
sur le terrain, au plus près des intervenants. Et on suggère, dans le projet de
loi, de prévoir par voie réglementaire, l'idée de reconnaître le rôle
d'intervenants comme nous de façon à ce que les gens sachent qu'on existe,
qu'on est disponible, mais aussi pour créer des voies de communication directes
avec les gens qui font de la planification des... en vue de se prémunir contre
les situations d'urgence ou des sinistres.
Alors, on espère que ces réflexions,
c'est... ça s'appuie sur... sur 25 ans d'expérience à l'institut, dans la
gestion des menaces à la santé de la population, qu'on est conscients, là,
qu'on est à la fin de votre processus, mais qu'on va quand même contribuer à
éclairer la discussion autour du projet de loi. Ça va nous faire vraiment
plaisir de répondre à vos questions. Puis, comme je vous l'ai dit au début,
merci encore une fois nous avoir donné l'occasion de venir vous parler
aujourd'hui.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup pour votre présentation. Alors, nous allons débuter une période
d'échange avec les élus. Alors, commençons par M. le ministre, pour un temps
de 16 min 30s.
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président. Merci d'être là aujourd'hui. Merci pour votre mémoire. Pour moi, le
premier constat, puis le constat que je veux de vous... de vous, c'est la...
c'est 2023. Je... j'ai posé la même question à pas mal tout le monde puis je
veux un peu avoir votre... votre constat sur... sur la saison 20 23, surtout
sur les feux de forêt, sur la santé, la santé publique, sur la santé des gens.
Une sous-question que j'aurai nécessairement aussi, c'est tout le... les
décisions qui ont été prises, vous vous souvenez, là, et les décisions qui ont
été prises d'aviser les gens de fermer les fenêtres. Souvenez-vous, là, des
épisodes de... pas du smog, là, mais de... oui, tout ce qui était... qui s'est
rendu jusqu'à New York où on a dit aux gens, ceux qui avaient des problèmes
de... de santé et de tout ou autre, même chose en Abitibi.
Mais avant de... de me rendre là, je veux
juste que vous me donniez un constat, là, sur la santé publique comme telle,
d'événements qui risquent de nous toucher encore plus dans les prochaines
années. On ne le souhaite pas, mais les conditions climatiques, les changements
nous amènent à penser que ça pourrait être encore plus difficile. Donc, quel
constat...
M. Bonnardel : ...constats que
vous faites, rapidement, surtout d'une saison 2023 qui a été extrêmement
difficile, mais... pour certaines personnes en tout cas.
M. Forest (Pierre-Gerlier) : ...excellente
question. On discutait de ça entre nous et on essayait de faire le bilan de
notre année, ce matin, en préparant la présentation de cet après-midi.
Christiane a eu le privilège d'être en première ligne, pendant cette saison des
feux de forêt, et je pense que c'est elle qui est la plus à même, là, de vous
raconter son expérience qui... Alors, la situation, elle, a été tragique, comme
vous le savez, pour... à toutes sortes d'égards, là, à cause des menaces, à
cause du choc pour beaucoup de gens, mais, en même temps, pour nous, de notre
point de vue, ça a été aussi une expérience qui a été plutôt positive en termes
de la façon dont les gens ont travaillé ensemble. Christiane, tu veux prendre
le relais?
Mme Thibault (Christiane) : Oui,
avec plaisir. En fait, je suis la directrice qui représente l'INSPQ au comité
ministériel, mission santé. J'ai pu constater lors de l'événement, évidemment,
que la Sécurité civile constitue une force forte de coordination puis de
mécanismes très solides. Pour moi, ça a été vraiment... ça a été extrêmement
efficace en termes d'intervention. Ce qui est peut-être... qui a peut-être
manqué un peu, de mon point de vue... Puis ça a été excellent, on a été
sollicités, en termes d'expertise, on avait de l'information de façon très
précise, à un moment opportun, les canaux de communication étaient excellents.
Ce qui a manqué, parfois, c'est qu'on avait des communications plus directes de
l'organisation qui venait vers nous, directement, probablement parce qu'on
avait les réponses rapides et on était en situation rapide, mais, ceci dit, une
coordination efficace, éprouvée, extrêmement... J'ai été très impressionnée,
là, de l'événement des feux de forêt de 2023. Ça fait assez longtemps que je
suis en santé publique, mais c'était vraiment une bonne expérience, à
reproduire et à renforcir.
Et je dirais que je pense qu'on gagnerait
à connaître nos rôles et responsabilités mutuelles, de se connaître, comme
organisations, mieux connaître notre potentiel. Puis c'est là, je pense qu'on
va gagner en... C'est beau d'avoir des structures, des communications, mais
c'est surtout de se faire connaître, puis de faire des simulations, puis de
vraiment travailler de plus en plus ensemble pour rendre vivante cette
structure qui est forte, qui est...
M. Bonnardel : Je suis
content de... Je suis content de l'entendre de votre bouche. Puis l'autre
sous-question que je vous ai mentionnée au préalable, c'est toutes les
opérations, là, sur les... la prise de décision, là. Quand la SOPFEU nous avisait,
très tôt le matin, voici la situation de la journée, ce qui s'en vient sur un
horizon de 24 h, de... même 12 h, 6, 12, 24, 36, puis là, d'ici deux
jours, bien, le pan de fumée va atteindre x, y nombres de population. Comment
vous avez été interpelés, rapidement? Puis vous l'avez dit, là, vous êtes sous
l'égide du MSSS, mais vous êtes sur un comité d'urgence spécifique comme tel.
Donc, vous étiez une actrice, des acteurs importants. Donc, vous étiez, avec...
capables de réagir rapidement. Puis c'est un message que j'ai relayé puis que
vous avez relayé aussi, là, maintes et maintes fois, qu'on soit en Abitibi,
souvenez-vous, ou du côté de Montréal. Donc, là-dessus, ça a bien fonctionné,
j'imagine ou...
Mme Thibault (Christiane) : Oui,
tout à fait. On avait l'information à temps opportun, on avait des rencontres
très, très précises et très efficaces. Puis l'autre point également, pour nous,
c'était précieux, en fait, on est en... on est en lien avec le ministère,
évidemment, on était avec notre collègue du ministère de la Santé, la
direction... la direction nationale de la santé publique, et on était vraiment
en duo et avec la... la cellule, le comité interministériel. Puis nous, de
notre côté, bien, évidemment, on avait des modèles, qu'on s'appuyait sur des
modèles pour prévenir, pour prévoir le panache, comment le panache allait se...
se... se disperser à travers le territoire. Ça aussi, c'était tout un défi
d'aller chercher les données. On s'est dotés de... d'outils, on s'est... on
s'est acoquinés avec nos... des amis météorologues canadiens pour aussi
comprendre le phénomène, comment le panache va se... va se... va se disperser
puis quelle population qui va être touchée. Donc, on était vraiment en
communication, puis avec aussi le ministère de l'Environnement, qui était aussi
notre partenaire.
M. Bonnardel : Je vous pose
la question, parce que je l'avais posée dans le passé, puis on m'a dit, à ma
connaissance, non. Mais est-ce qui a eu des effets collatéraux, des effets
négatifs sur la santé de certaines personnes? Ça n'a pas duré longtemps, mais
quand ça... Tu sais, je me souviens, en Abitibi, là, quand... l'image m'est
restée, là, quand tu arrives puis tu vois que c'est jaunâtre, puis qu'il tombe
des cendres, tu mesures jusqu'à quel point tu es content d'avoir une santé
forte. Mais, à quelque part, il y a des gens aussi qui... qui devaient fermer
les fenêtres, qui ne pouvaient pas être dehors, qui ne pouvaient pas aller
courir ni même marcher... ni même marcher. Donc, c'était... ce n'était pas banal
comme... comme...
M. Bonnardel : ...situation.
Donc, il y a-tu eu des effets, selon vous, à long terme ou des effets, là, qui
ont frappé les... certaines personnes, à votre connaissance? Moi, on m'avait
dit non, là, mais...
Mme Thibault (Christiane) : Pas
à ma connaissance. Si tu veux...
• (16 heures) •
Mme Laplante (Lise) : Bien,
je peux parler, mais... Bonjour. Donc, à long terme, on n'a pas nécessairement
ces données-là pour le moment, là. Je ne sais pas non plus si on va... Ce n'est
pas facile à avoir non plus, là, ce genre de données là, mais effectivement, à
court terme, il pouvait y avoir certains effets plus au niveau respiratoire,
etc., là.
M. Bonnardel : O.K. Parlez...
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Une
des choses... Je peux rajouter peut-être juste une petite chose?
M. Bonnardel : Allez-y. Oui,
oui.
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Mais
une des choses qu'on a apprises, nous, importante dans notre... lorsqu'on s'est
penchés sur notre expérience aussi, c'est que ça a renforcé chez nous
l'impression qu'il y a un investissement en formation des intervenants qui est
nécessaire pour la santé publique. Et c'est certain, pour l'institut, c'est
devenu une de ses préoccupations principales en matière de sécurité civile, ça
explique aussi pourquoi on a une réaction favorable à l'idée d'une réserve
d'intervention, en particulier d'une réserve sanitaire. Vous le savez, c'est un
modèle qui a fait ses preuves dans d'autres juridictions : la France, les
États-Unis, pour nommer moins deux pays. Et c'est certain que, nous, ça nous a
attirés en disant : On voit bien, il faut mieux préparer des gens pour
pouvoir les déployer, qu'ils soient prêts à faire des interventions pour
prévenir les effets à long terme dont vous parlez.
M. Bonnardel : Parlez-moi
de... Je lisais votre mémoire à la page 10, là, du modèle de Calgary, la
séparation des équipes d'intervention et de rétablissement, là, je suis un peu
curieux de comprendre un peu l'Alberta qui établit un cadre provincial de
rétablissement. Expliquez-moi un petit peu ce modèle comme tel, là, qui...
M. Forest (Pierre-Gerlier) : L'expérience
de Calgary est connue dans la littérature parce que vous vous rappelez des
inondations en 2013, le centre-ville complètement recouvert d'eau, le... et ils
ont été capables de tenir le Stampede quand même dès que l'eau... Et ça, c'est
en partie à cause de l'idée qu'il avait eue qui était... Ils ont été les
premiers à le tester en conditions réelles, ils ont mis une équipe dans un
bunker à l'extérieur de la ville puis leur ont dit : Vous, vous faites une
seule chose, vous ne vous occupez pas de ce qui se passe en ville, vous
préparez la reconstruction. Puis ces gens-là se sont concentrés, donc beaucoup
moins fatigués, beaucoup moins stressés, mais complètement concentrés sur des
mesures de reconstruction. Une mesure très technique, là, par exemple, rétablir
l'électricité dans les maisons, évidemment, il y a un code du bâtiment, il y a
un code de l'électricité, normalement, il faudrait avoir des équipes de... des
compagnies d'électricité qui... Ils se sont dit : Non, les gens sont
probablement capables de le faire eux-mêmes. On va construire un guide. Et ça a
permis de rétablir l'électricité très rapidement dans les banlieues de Calgary
qui avaient été touchées par l'inondation. Et ça, c'est... ça a montré... et ce
modèle-là a été adopté depuis par beaucoup, beaucoup de villes américaines, de
faire une différence, il y a une équipe de rétablissement, ces gens-là se
concentrent en disant : Quand c'est fini, comment on fait? Les gens vont
revenir chez eux, quelles instructions, quelles mesures doivent-ils prendre?
Qu'est-ce qu'il faut faire comme suivi médical? Et ainsi de suite.
M. Bonnardel : ...mes
collègues qui ont des questions.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, je vais donner la parole à la députée de Labelle.
Mme Jeannotte : Merci, M. le
Président. Bonjour... du comté de Labelle. Bien que les feux étaient très loin
quand même en Abitibi, un matin, tu te réveilles à Mont-Tremblant, puis la
fumée nous empêchait de sortir sur nos balcons, et l'événement Ironman est
annulé, alors parce que les athlètes, les centaines d'athlètes qui étaient là
auraient eu des dangers. J'aimerais que vous m'expliquiez encore... nous
expliquer la coordination, là, qui s'établit entre, vous dites, les
météorologues et puis j'imagine comment ça se passe, là, le lien avec,
évidemment, la montagne qui, eux, prenaient probablement ultimement la
décision, puis ça doit se passer très, très, très vite, là, la décision. Donc,
pourriez-vous nous expliquer, bien, premièrement, si vous avez été impliqué
dans ce genre d'événement puis comment ça se passait.
Mme Thibault (Christiane) : Bien,
la décision, ces genres de décisions là sont prises par les directions
régionales de santé publique, nous on est vraiment au niveau plus troisième
ligne, deuxième, troisième ligne, donc on est en expertise, donc on conseille
en termes d'impact, les effets à la santé, les risques à la santé, les mesures
de protection, bon, toutes ces choses-là, puis c'est vraiment le local, le...
les directeurs régionaux de la région qui s'occupent de ça. Oui.
Mme Jeannotte : Parfait.
Puis, dans un contexte, vous semblez dire que même dans d'autres événements,
comme par exemple une autre chose que j'ai vécue dans mon comté, une digue qui
menaçait, il y a donc des impacts sociaux pour la population. Donc, même à ce
niveau-là, quand, dans le fond, il n'y a pas d'inondation, il n'y a pas de feu,
mais il y a un événement tragique qui fait qu'on est obligés d'évacuer des
gens, vous dites que vous souhaitez aussi, c'est très nécessaire d'être
impliqué aussi pour la santé mentale.
Mme Thibault (Christiane) : Psychologique,
oui, psychosocial, le tissu social qui est détérioré par une situation ou un
événement particulier. Donc, pour nous, puis nos études aussi le voient pour
certaines thématiques, c'est important de bien connaître les impacts
psychosociaux d'une situation particulière, de connaître...
16 h (version non révisée)
Mme Thibault (Christiane) : ...ce
que... le contexte historique, le contexte économique, le contexte social, le
contexte pour bien après reconstruire, ou pallier, ou comprendre ce qui se
passe en termes de thématique.
Mme Jeannotte : ...des laboratoires
tellement intéressants parce que... et c'est... J'y retourne, puis on sent l'émotivité,
quand on rentre dans le bunker, là, qu'on appelait... les gens sont marqués par
ces événements-là, et moi de même, parce que je l'ai vécu, on est encore... Ça
fait que c'est tout ça que vous désirez donc documenter pour pouvoir après, là,
intervenir, ça fait que... Mais vous dites que ça a... ça fonctionne bien, dans
le fond, à ce moment-ci, avec la coordination, ça... Ce que j'entendais, c'est
que ça fonctionnait bien.
Mme Thibault (Christiane) : Oui.
Mme Jeannotte : Super. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va?
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme Laplante (Lise) : J'aurais...
excusez-moi, j'aurais juste rajouté quelque chose. En fait, c'est que, les
impacts psychosociaux à court terme, il y a déjà des éclaireurs sur le terrain
par la mission santé, mais, ici, on parle aussi des effets à long terme. Donc,
c'est important de le documenter parce que ça ne s'arrête pas après l'événement.
Donc, c'est ce que voulait apporter Mme Thibault ici.
Mme Jeannotte : ...ce n'est
pas juste le court terme. Les gens sont marqués pour plusieurs années.
Une voix : Non, c'est ça.
Oui.
Mme Jeannotte : Oui.
Mme Thibault (Christiane) : ...à
la Lac-Mégantic, et on voit bien que les effets sont... sont présents encore
après 10 ans.
Mme Jeannotte : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va?
Mme Jeannotte : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
s'il n'y a pas d'autre question, nous allons du côté de l'opposition officielle
avec la députée de Westmount-Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Bonjour. Merci beaucoup pour votre témoignage et pour votre mémoire.
Un plaisir de vous avoir avec nous. D'emblée, je souhaite vous poser une
question, ce n'est pas la première fois que je le pose. On a reçu un
commentaire d'un citoyen, un M. Lemire qui nous dit qu'il était déçu de
constater que la notion de sinistre n'inclut pas la gestion des risques de
sinistre de nature technologique qui peuvent mettre en danger la population du
Québec. À titre d'exemple, les réseaux de distribution d'énergie, la gestion
des barrages, les systèmes de contrôle de l'eau potable, de filtration, d'assainissement,
ce sont des infrastructures qui mettent la population à risque en cas de
défaillance ou surtout d'intervention malveillante comme une cyberattaque. Puis
la raison que je le soulève aussi avec vous, c'est parce que vous venez tout
juste d'émettre un communiqué de presse. Ça fait que bravo. Vous êtes ici, mais
il y a un communiqué de presse qui vient d'être publié sur le réseau. Puis,
dans votre communiqué de presse, vous dites que l'INSPQ devient non seulement
une expertise sur les changements climatiques et leur impact, mais également
sur bon nombres d'autres menaces infectieuses, chimiques et radiologiques.
Alors, est-ce que nous avons une
modification peut-être à faire dans le projet de loi qui ne se retrouve pas
présentement dans votre mémoire? Puis, dans le fond, je ferais référence... je
sais que c'est une longue préambule pour vous poser une question, mais c'est
parce que... Juste pour vous rappeler, dans l'article 2 du projet de loi,
on parle d'un phénomène ou activité d'origine naturelle ou... anthropique,
notamment une inondation ou... un glissement de terrain, accident mettant en
cause des matières dangereuses, l'effondrement d'une infrastructure, un
incendie de forêt ou une pandémie, mais on ne parle aucunement d'une
cyberattaque, on ne parle pas de chimique, radiologique comme vous vous avez
fait mention. Ça fait qu'est-ce... avons-nous une élaboration à faire, une
modification à faire suite non seulement à vos expertises, mais aussi parce que...
c'est 2024, les choses avancent rapidement. Ça fait que peut-être vous pourriez
élaborer là-dessus.
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Christiane,
veux-tu...
Mme Thibault (Christiane) : Bien,
peut-être, Lise. Oui, je pense que... Oui.
Mme Laplante (Lise) : Oui, je
peux commencer. En fait, la définition de risque anthropique, ça inclut ça,
pour nous, en tout cas, dans notre chose, mais peut-être que ce n'est pas
suffisamment explicite dans le projet de loi, c'est peut-être quelque chose à
regarder de ce côté-là. Mais ça inclut les gestes malveillants, ça inclut
différents risques technologiques, dont les risques... Dans le fond, ce sont
causés par les humains, entre autres, ou des... des technologies défaillantes
ou des choses comme ça.
Mme Maccarone : Puis quel
genre de mesure devons-nous mettre en place? Selon votre expertise, quand nous
faisons face à ce... ce type d'état majeur de sinistre, si vous voulez, mais d'attaque,
que devons-nous faire?
Mme Laplante (Lise) : Avec...
Vous voulez dire, avec les risques entropiques? Bien, il y en a différents
types, là. Ça fait que... Donc, selon les types de risques, on peut décider de
mettre des choses en place et ça va différer un petit peu. Mais, par exemple,
je peux donner... Un réservoir, par exemple, de chlore, qui serait à risque. Il
y en a beaucoup dans les usines de traitement d'eau potable, là.
Habituellement, les mesures sont prises et sont adéquates, là. Je ne veux pas
faire peur à personne ici.
Mme Maccarone : Non, non,
tout à fait.
Mme Laplante (Lise) : Mais,
si jamais le réservoir fuit, bien, on peut dire aussi... Avant qu'il fuie,
bien, peut-être qu'on peut essayer de voir quelle quantité... on peut réduire
les quantités. Donc, la réduction à la source, ça...
Mme Laplante (Lise) : ...des
choses comme ça, ou le remplacement de substances par des substances qui seront
moins dangereuses, si c'est possible, des choses comme ça, là, qu'on peut voir,
mais chacun des risques demande une analyse assez poussée aussi pour voir
qu'est-ce qu'on peut faire avec ça.
Mme Maccarone : Merci.
• (16 h 10) •
M. Forest (Pierre-Gerlier) : ...expériences,
c'est aussi de faire une place à ces risques-là dans les simulations et dans la
préparation des équipes. C'est une chose importante, là, qui fait partie, là,
du manuel de préparation des équipes, d'être sûr qu'on est prêts à ces
choses-là.
Mme Maccarone : Est-ce que
c'est quelque chose qui existe déjà comme expertise, comme préparation?
Mme Thibault (Christiane) : Oui.
Il y a des organisations qui offrent ce genre de services là, mais il y a
aussi... Nous... nous sommes... à l'interne, on a... on planifie une simulation
justement pour se pratiquer à des situations de mobilisation, d'expertises à
différentes... différentes situations, en cascade, mais qui va impliquer à la
fois notre organisation, la désorganisation de notre structure, un manque de...
Internet, ou autres, de moyens de travail que les gens ont... habitués de
travailler puis aussi de fournir l'expertise en plus. Donc, oui, on... c'est de
la... c'est de la pratique, c'est ça qu'il faut faire, c'est de la simulation
de différents scénarios. Puis je suis d'accord avec... j'ai pointé Lise, parce
que, Lise, ça fait des années qu'elle travaille avec la loi de sécurité civile
et la loi de santé publique. Effectivement, anthropique fait... fait référence
à tout ce genre de catastrophes, sinistres, de situations qui...
Mme Maccarone : O.K. Merci.
Je vais faire référence à votre mémoire. Je souhaite vous entendre par rapport
à... Vous faites référence ici à votre article... proposition quatre, vous
dites que... «modifier l'article 48 du projet de loi afin d'assurer la
composition de la structure administrative de l'organisme pour s'assurer qu'on
a des représentants citoyens, milieux communautaires et municipaux.» Peut-être
que vous pourriez élaborer un peu pourquoi nous avons besoin de faire cette
modification.
Mme Thibault (Christiane) : Pour...
pour la SOPFEU, en fait, oui, c'est ça, on souhaitait, en fait, avoir une
représentativité étant donné que le mandat de la SOPFEU change également, donc,
protection de la vie des citoyens, et puis infrastructure et foresterie,
d'avoir une représentation plus plus fidèle au mandat.
Mme Maccarone : Plus...
M. Forest (Pierre-Gerlier) : L'autre
aspect, c'est de mettre ensemble l'approche de la résilience, qui est très bien
portée par le projet de loi en ce moment, et... on ne peut pas faire de la
résilience sans la population, et donc il faut l'impliquer elle aussi dans les
structures de décision. Parce que ça fait... C'est une des façons de les faire
porter, les solutions, par la suite, au moment des... moments de rétablissement
et de reconstruction dont on parlait tout à l'heure.
Mme Maccarone : Puis vous
faites référence souvent dans votre mémoire de s'assurer que vous, vous êtes
évoqués comme un acteur clé. Peut-être que vous pourriez élaborer pourquoi.
Mais, dans le fond, je pense que c'est des amendements que nous pouvons aborder
pour s'assurer que toutes les parties prenantes... ça, c'est complet. Mais
peut-être un exemple de... si c'est... si ça ne fait pas partie des amendements
qui peuvent être abordés pour bonifier le projet de loi, quel sera l'impact
pour l'INSPQ.
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Lise,
tu veux donner un exemple concret?
Mme Laplante (Lise) : Peut-être
juste répéter un petit peu votre question.
Mme Maccarone : Dans votre
mémoire, si je l'ai bien lu, puis corrigez-moi si je n'ai pas bien compris le
sens. Vous évoquez à plusieurs reprises : Partager les rôles, les acteurs
clés puis aussi d'identifier tous les partenaires, incluant évidemment Santé
publique, qui, souvent, ne fait... ne fait pas partie, comme groupes que nous
devons consulter, ou qui devront faire partie des interventions. Ça fait que,
dans l'éventualité où on commence l'étude détaillée, puis on ne peut pas
modifier le projet de loi, quel serait l'impact pour vous?
Mme Laplante (Lise) : Bien,
en fait, c'est sur la Santé publique, entre autres, et évidemment l'institut
qui est en soutien aux autorités de santé publique. Bien, par exemple, si je
prends un nuage, par exemple une fuite d'ammoniac dans un aréna, et, bien, on
se pose la question : Est-ce qu'on doit évacuer? Est-ce qu'on doit
confiner une maison ou une résidence de personnes âgées qui n'est pas très,
très loin, mais qui n'est pas nécessairement directement sous le panache, et
tout ça? Bien, à ce moment-là, quand ils consultent la Santé publique, nous, on
est en mesure d'évaluer le risque, de regarder un petit peu tout ça, le risque
à la santé, évidemment, de la population. On sait que c'est des personnes
vulnérables qui sont peut-être moins mobiles. Donc, on va considérer tous ces
éléments-là dans l'ensemble, et là on va conseiller les autorités, c'est-à-dire
les pompiers ou la municipalité, pour dire : Bien, peut-être que ça serait
mieux, eux, de ne pas les évaluer... mais les évacuer, mais plutôt de les
confiner de cette façon-là, parce que l'ammoniac, bon, c'est un gaz plus léger
que l'air, vous voyez? Faites ça. Donc, c'est un petit peu ce genre d'expertise
là qu'on peut apporter aux autorités de santé publique, qui, elles, vont faire
des recommandations plus directes que nous, là, à la municipalité ou aux
pompiers.
Mme Maccarone : Oui, il me
semble que c'est comme un incontournable, tout à fait...
Mme Maccarone : ...vous faites
référence aussi, à la page 15 de votre mémoire... l'article 51 n'oblige pas le
ministère de la Sécurité publique de vous consulter, puis vous, vous dites que,
peut-être, nous devons prévoir de préciser, par règlement, la composition des
différentes structures. Pourquoi pas le mettre dans la loi directement?
Pourquoi par règlement?
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Pour
nous, c'était parce que c'est une question qui vous appartient, au fond, hein,
de décider comment régler ces détails-là. Ce qui nous importait, c'est qu'il y
ait une solution pour ça. Mais on n'est pas des juristes, donc, de notre point
de vue, on pensait que c'était une solution qui permettrait de le faire de
façon souple et de prévoir aussi l'intégration de groupes différents, à
différents moments. Il y a des avantages à procéder par règlement, je pense,
par expérience, dans des cas comme ça.
Mme Maccarone : Parfait. On parle...
là, je pense que j'ai le temps, peut-être, pour une dernière question, mais on
parle beaucoup, lors des échanges que nous avons avec les gens qui passent en
auditions, de la formation, parce qu'il y a quand même l'article 33, paragraphe
6°, on parle de désigner des organismes... organisations chargées de mettre en
place des mesures visant à renforcer et à accroître les capacités, chose qui
est saluée puis qui est bienvenue par plusieurs personnes qui ont passé. Est-ce
que vous, vous avez un rôle à jouer en ce qui concerne la formation? Peut-être
vous pourriez élaborer un peu là-dessus?
M. Forest (Pierre-Gerlier) : De
façon générale, puis je vais laisser mes collègues compléter, mais, comme je
l'ai dit, tout à l'heure, dans une réponse au ministre, oui, de façon claire,
hein, nous, notre réflexion, en ce moment, à l'institut, porte beaucoup... on a
une mission de formation dans la loi de l'institut, et, en matière de sécurité
civile, on pense qu'on a un rôle plus important à jouer pour préparer les gens
sur le terrain. Ce serait absurde de préparer des gens à des situations de
crise, à des situations... à des sinistres, puis de ne pas leur donner, au
moins, les bases de connaissances en santé publique qui sont nécessaires pour
comprendre comment réagir, quelles questions poser. C'est...
On pense aussi que... Encore une fois,
pour nous, cette question-là est aussi très liée à la question de la réserve,
de la façon dont ça a été inséré dans la... comme une possibilité dans la loi,
parce qu'on y voit la possibilité de déployer des gens qui ont déjà ces
formations sur le terrain, et donc qui sont prêts à intervenir, avec tous les
outils scientifiques et intellectuels qui sont nécessaires pour être
immédiatement actifs sur... dans les situations dont on parle aujourd'hui.
Mme Thibault (Christiane) : Je
peux peut-être aussi... Actuellement, nous sommes... bien, en fait, le réseau
de la Santé publique est en train de se doter d'outils pour la prochaine...
espérons pas... prochaine saison de feux de forêt, et, évidemment, je... la
sécurité civile a un rôle de coordination, de cohérence, de message, de... tu
sais, de bien... de faire... bien faire huiler la machine, là, pour que la...
que ça roule très bien. Mais... avoir de la formation pour expliquer qu'est-ce
qu'est le potentiel de santé publique, les outils qu'on a, le potentiel en
expertise en toxicologie, les laboratoires, là. Tout ça est quand même des...
un arsenal très intéressant. Donc, d'échange... est-ce que c'est de la
formation ou, plutôt, de l'échange de compétences, d'expertise? Parce qu'en
sécurité civile, ils ont énormément d'expertise également. Donc c'est ce genre
d'alliance qui permettrait d'être encore plus agiles dans les réponses aussi.
Mme Maccarone : Excellent.
Merci beaucoup. Merci beaucoup pour tout ce que vous faites aussi, c'est
précieux, puis votre contribution a été très importante aujourd'hui. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la députée. Alors, nous allons du côté de la deuxième opposition, avec la
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Merci pour votre mémoire puis également, effectivement, pour votre
expertise, que vous mettez à contribution. J'ai... Bon, on étudie un projet de
loi qui concerne la sécurité civile en ce moment, mais j'ai le goût de faire
appel à votre expertise plus large, puisque vous êtes quand même fins
connaisseurs de tous les impacts aux niveaux social, économique, psychologique,
environnemental, les différents sinistres qui peuvent avoir lieu au Québec.
J'ai le goût de vous entendre, compte tenu que vous connaissez l'impact des
coûts, dans tous les sens du terme, là, pas seulement financier, que peuvent
représenter des sinistres comme ça... Trouvez-vous qu'on investit suffisamment
pour l'adaptation aux changements climatiques, pour... en prévention, par
rapport à ces risques-là?
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Moi,
ce n'est pas une question... en fait, c'est une question intéressante, mais ce
n'est pas une question facile, parce que ce n'est pas notre mandat de faire de
l'analyse économique de ce type-là, puis c'est... Une chose qu'on apprend à
l'institut, c'est de répondre à des questions sur lesquelles on a vraiment de
l'expertise, et je ne pense pas qu'on est vraiment en mesure de répondre à une
question d'évaluation économique de ce type-là. Est-ce qu'il faut se préparer
pour les changements... Bien sûr. Est-ce qu'on investit, nous, dans nos propres
programmes? Oui, bien sûr. Mais une évaluation globale...
M. Forest (Pierre-Gerlier) : ...qui
porterait sur l'effort collectif au Québec, c'est vraiment une autre question.
Mais c'est une question aussi qui demande une appréciation politique, ce qui
est, alors là, tout à fait à l'extérieur de... des capacités de l'institut.
• (16 h 20) •
Mme Labrie : Je comprends. Je
vais vous demander, à ce moment-là, peut-être, votre appréciation des moyens
que vous avez à l'institut, parce que, comme vous êtes appelés à être mis à
contribution dans tous... toutes ces différentes catastrophes qui pourraient
survenir au Québec, par exemple, et qui sont appelées à se multiplier, à être
de plus en plus complexes, parce qu'il peut y avoir, par exemple, des
catastrophes simultanées ou successives. Est-ce que vous, vous considérez, à
l'institut, que vous avez suffisamment de... de moyens pour faire la recherche
nécessaire, par exemple, pour déployer des équipes dans toutes les situations
sur lesquelles vous pourriez être appelés à mettre votre expertise à
contribution?
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Notre
mode de financement, à l'institut, est assez particulier parce qu'on a... c'est
vrai qu'on a une subvention de base, et c'est ce qui nous permet, par exemple,
de faire fonctionner les... les laboratoires. Comme toutes les organisations
publiques, il y a une pression financière qui s'exerce sur ces
organisations-là. Mais pour le moment, on a... je pense qu'on remplit les
services pour lesquels nous sommes financés. Et puis on est financés sur des
mandats, alors que, si on... on recevait des mandats de formation particuliers
dans les domaines dont on parle aujourd'hui, on les accepterait avec plaisir
puis on essaierait de mettre en place les programmes. Mais avec les moyens dont
on dispose en ce moment, moi, je n'ai vraiment pas à rougir de... du travail
qui est fait par l'institut dans... dans ces domaines-là. J'ai l'impression que
notre contribution est importante, sérieuse et qu'on a déjà un impact vraiment
mesurable sur les décisions qui sont prises, en tout cas, dans les... dans le
rapport qui existe entre santé publique et... et changements climatiques.
Mme Labrie : Bien sûr, puis
j'espère que ma question n'a pas été comprise comme une... une remise en
question de.. de votre rapport, là. Je ne sais pas si vos collègues avaient
quelque chose à ajouter. Non. Bon, bien, je vous remercie.
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? O.K. Alors, je vous remercie pour votre précieuse contribution. Alors, ceci
met fin à nos travaux. Avant de terminer, je procède au dépôt des mémoires des
personnes et des organismes qui n'ont pas été entendus au niveau public ici,
mais, par contre, je peux vous dire qu'ils seront pris en considération
précieusement.
Alors, la commission, ayant accompli son
mandat, ajourne ses travaux au mardi 26 mars, 9 h 45, où
on... nous entreprendrons d'autres travaux. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 16 h 22
)